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Contrôle de niveaux

Systèmes pour liquides ou solides


par Michel RICHARD
Ingénieur de l’École nationale supérieure de céramique industrielle

1. Systèmes élémentaires à manipulation manuelle .......................... R 2 011 - 2


2. Systèmes de mesure par pesage ......................................................... — 3
3. Systèmes à radio-isotopes .................................................................... — 3
4. Systèmes à effet optique....................................................................... — 10
5. Systèmes de mesure par capacité électrique .................................. — 13
6. Systèmes de mesure par ondes sonores ou ultrasonores............ — 17
7. Systèmes à micro-ondes ........................................................................ — 21
8. Détecteurs à lames vibrantes............................................................... — 23
9. Systèmes à palpeur ................................................................................. — 23
10. Systèmes de mesure par conductivité ou résistivité électrique — 24
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. R 2 015

ans un premier article [R 2 010], les notions de base nécessaires à la


D compréhension des méthodes de mesure des niveaux ont été présentées.
Certaines méthodes peuvent s’appliquer à la mesure de niveaux de liquides
aussi bien que de solides. Elles sont présentées ici. Par la suite, les méthodes
particulières aux niveaux liquides seront introduites dans l’article [R 2 012], puis
celles qui ne s’appliquent qu’aux niveaux de solides dans l’article [R 2 013].
Enfin, l’article [R 2 014] comprend des tableaux comparatifs des techniques pré-
sentées dans les quatre autres articles. Ils constituent un outil de choix pour
sélectionner la ou les méthodes les plus appropriées pour chaque cas particulier.
La documentation « Pour en savoir plus » [Doc. R 2 015] contient un tableau
très complet des fabricants et constructeurs d’appareils de mesure et de
détection.

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■ Le liquide doit être parfaitement tranquille, exempt d’oscillations


1. Systèmes élémentaires et de vagues.
à manipulation manuelle ■ La jauge qui repose sur le fond (ou sur la plaque de touche) doit
présenter une grande rigidité pour résister au flambage sous son
Il s’agit des instruments suivants : jauges, piges, toises, règles propre poids ou sous l’influence de courants latéraux.
sabres, rubans.
■ Elle doit être placée bien verticalement.
Le prototype en est la jauge de niveau d’huile du carter d’un
moteur, munie des deux traits : niveau haut et niveau bas.
■ Son matériau doit être stable dans le temps (problèmes d’im-
Les jauges industrielles, de fabrication parfois rudimentaire, sont prégnation, de gonflement, etc.) et inerte vis-à-vis des milieux
à peine plus compliquées. Une règle rigide graduée est plongée contrôlés.
dans le liquide jusqu’à une butée fixe, le fond du réservoir dans le
cas le plus élémentaire, et la hauteur géométrique du liquide est ■ Le ménisque de capillarité dû à la tension superficielle introduit
lue sur une graduation, in situ si cela est possible, sinon en retirant une erreur systématique avec un même liquide.
la règle et en repérant la hauteur mouillée.
Pour les récipients hauts, une variante plus aisée à manipuler ■ Les liquides volatils exigent une opération très rapide.
consiste en un ruban lesté enroulé sur un tambour et que l’on
déploie.
Les jauges rigides sont surtout utilisées sur des liquides, mais
leur principe reste applicable pour toiser le niveau de produits pul- 1.3 Graduation en hauteur
vérulents ou granuleux dans des silos et trémies. et/ou en volume
La graduation figurant sur la jauge de mesure est généralement
exprimée en longueur, mais elle peut aussi tenir compte du facteur
1.1 Plein et creux de forme du réservoir, c’est-à-dire indiquer directement le volume
contenu. Une double graduation est possible. Quand une grande
Il existe deux méthodes, selon que le plan de référence se situe précision est requise, le barémage du réservoir est recommandé,
au-dessous ou au-dessus de la surface du liquide. Dans le premier à partir de volumes étalons ou en utilisant un compteur volumé-
cas, on mesure le plein, dans l’autre le creux. Comme il a été indi- trique précis.
qué, le fond du réservoir sert souvent de butée inférieure, à moins L’inaltérabilité des graduations, d’autant plus fines que l’on
que l’on affine la précision grâce à une plaque de touche sur recherche la meilleure résolution, pose le problème de la corrosion
laquelle viendra se poser l’extrémité de la jauge. Une face de bride et du salissement, donc d’une bonne qualité d’entretien. La
d’une tubulure verticale surmontant le toit peut servir de butée graduation peut être enduite de certains produits qui, accentuant le
haute en cas de mesure de creux. contraste au niveau de l’interface entre les parties sèche et
mouillée, facilitent la lecture.

1.2 Précision
1.4 Manipulation
La précision des mesures manuelles est au mieux celle d’une
mesure de longueur effectuée à l’aide d’une règle ou ruban gradué Les jauges élémentaires sont peu chères à l’achat, mais exigent
dit de précision fine, c’est-à-dire qu’elle peut être très bonne (pour de la main-d’œuvre pour leur entretien et leur utilisation,
fixer les idées, de l’ordre du 1/10 mm) et même servir à étalonner notamment si les relevés doivent s’effectuer fréquemment. Les
d’autres systèmes de mesurage. Cependant, plusieurs facteurs per- mesures sont portées sur un carnet et ne se prêtent guère à un trai-
turbateurs doivent être dominés. tement informatique sans saisie ultérieure. L’information n’est pas
délivrée d’une manière continue.
■ La butée, immergée ou non, doit se trouver positionnée avec au
moins la précision recherchée. Tous ces inconvénients plaident pour des solutions plus
modernes.
■ Il en est de même de la qualité du contact jauge-butée qui
requiert planéité, horizontalité, absence de dépôt et de salissure.
1.5 Jauges approuvées
■ Il est nécessaire de prendre en considération des phénomènes de
dilatation simple ou différentielle entraînés par les variations de la
température ambiante ou de la température du liquide contrôlé. La La direction régionale de l’industrie et de la recherche (DRIR)
perturbation inclut la dilatation de la jupe et du toit du réservoir (qui délivre des approbations pour des rubans de jauges manuelles en
déplace la butée haute), celle du matériau de la jauge, ainsi que la précision fine, seuls reconnus pour l’étalonnage in situ mensuel
différence entre le coefficient de dilatation volumique du liquide et des jauges à flotteur asservi approuvées. En pratique, l’étalonnage
celui du réservoir. On doit tenir compte aussi des différences de primaire des rubans de ces jauges portatives s’effectue sur un banc
température entre la masse du produit et la jupe du réservoir. Tous de l’École des mines de Douai capable de mesurer des longueurs
ces phénomènes, difficiles à appréhender, peuvent aussi induire des de 20 m.
déformations dans la structure du réservoir. Les jaugeurs manuels sont usuellement de trois types :
— les sabres destinés à la mesure des creux et comportant une
■ La masse de liquide ou les variations de pression contribuent à la barre transversale s’appuyant sur le bord du réservoir ou une butée
déformation du réservoir. haute (d’où le nom) ;
— les règles graduées pour la mesure du plein ;
■ Le vieillissement peut provoquer un affaissement des formes. — les rubans lestés.

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2. Systèmes de mesure
par pesage

2.1 Relation entre masse et niveau


Il semble facile de placer un réservoir ou un silo sur une balance
ou sur un pont-bascule pour obtenir une mesure de niveau.
La mesure de masse résulte de l’intégration du produit de la
hauteur par la masse volumique et correspond donc à une mesure
de hauteur manométrique pour les liquides, le facteur de forme ou
le barémage étant soigneusement pris en compte. S’il s’agit de
solides en vrac dont la masse volumique apparente est très varia-
ble dans l’espace et le temps (en raison de l’hygrométrie par exem-
ple, des tassements, de voûtage, etc.), la relation entre niveau et
masse devient suspecte et n’est possible que pour des produits
coulant bien. Figure 1 – Montage de pesons à jauges sur des réservoirs
Le plus souvent, le paramètre recherché est en réalité le poids,
la masse ou, éventuellement, le volume du produit et l’exploitant
ne s’intéresse au niveau que d’une manière accessoire, pour
contrôler par exemple un suremplissage, qui gagnerait d’ailleurs à Malgré ces difficultés, certains exploitants considèrent le pesage
être détecté par d’autres moyens. comme la seule solution possible pour résoudre leur problème de
Tous les appareils industriels de mesure de poids ou de masse mesure de niveau ou de volume.
(mécaniques, hydrauliques, électroniques) conviennent pour cette
mesure et il est utile de se reporter aux articles sur le pesage
[R 1 730] et [R 1 740] pour examiner les différentes technologies
disponibles.
3. Systèmes à radio-isotopes
2.2 Montage des pesons
3.1 Principe
S’agissant d’une mesure de niveau, la solution qui vient à l’esprit
est l’installation de pesons sous les réservoirs ou silos. Ces appa-
reils sont de dimensions réduites et restent donc assez faciles à 3.1.1 Mesure
placer sous les points d’appui, au moins en construction métal-
lique. Même pour un réservoir ou un silo existant, il est parfois Cette méthode de mesure mérite d’être démystifiée car il s’y
possible de les intercaler en soulevant le récipient avec des vérins. attache certaines réticences dues à sa connotation radionucléaire.
Le montage gagne à être effectué en trois points (figure 1). Mais Cependant, il s’agit souvent d’une réponse irremplaçable, très élé-
en sacrifiant sensibilité et précision, on peut se contenter de deux gante, à certains problèmes.
pesons et d’une articulation du troisième point sur rotule, ou d’un La méthode utilise les rayons γ émis par les sources de
seul peson et d’une articulation des deux autres points par un axe radio-isotopes, essentiellement le cobalt 60, le césium 137 et moins
ou sur deux rotules. Le montage sur quatre points, répondant aux fréquemment l’américium 241. L’article Détection et mesure des
quatre pieds d’un silo ou d’une trémie par exemple, est moins rayonnements nucléaires [P 2 550] traite en détail des phénomènes
favorable du point de vue de la mesure, car il n’est pas isostatique. liés à ces techniques.
L’implantation des pesons mérite un montage éprouvé, afin En réalité, les dangers encourus par les exploitants, grâce à la
qu’ils reçoivent la seule composante verticale de poids. protection légale, restent bien en deçà d’autres risques, telles
l’électricité, la toxicité, l’explosivité, etc.

2.3 Facteurs perturbant les mesures


3.1.2 Sources radioactives
Les facteurs suivants peuvent influer sur la mesure :
Elles sont constituées par une masse d’un corps susceptible de
— tare du réservoir ou du silo (y compris les équipements) ; se désintégrer en émettant des rayons γ, c’est-à-dire des photons
— réactions des tuyauteries (qui doivent rester très souples) ; à haute énergie. Chacun des N noyaux d’un nucléide radioactif
— réactions dynamiques des écoulements fluides ; possède une probabilité λ dt de se désintégrer dans un intervalle
— chute des produits au moment du remplissage ; de temps dt (λ étant la constante de désintégration du radioélé-
— dilatations différentielles, contraintes diverses dans les struc- ment).
tures, notamment à l’endroit des implantations des pesons ;
— vent, neige, pluie, verglas, etc. ; λN étant très grand en général, statistiquement λN dt noyaux se
— dépôts sur les parois ; désintègrent dans le temps dt.
— chocs, vibrations, etc. ; λN s’appelle l’activité et s’exprime en une unité qui fut long-
— défauts d’écoulement (pour les solides en vrac : voûtes, effon- temps le curie (Ci) correspondant à 37 × 109 désintégrations par
drements) ; seconde. En fait, l’unité légale est le becquerel (Bq) qui correspond
— réactions des extracteurs. à une désintégration par seconde.

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3.1.3 Période
La masse d’une source donnée n’est pas significative de son Photons Épaisseur Photons diffusés
rétrodiffusés de matière vers l'avant
activité, puisque son activité est proportionnelle à chaque instant t
au nombre de noyaux radioactifs restant à se désintégrer :
dN = – λN dt (1) Photons non
atténués
Une loi de décroissance exponentielle exprime la radioactivité
résiduaire au bout d’un temps t :
N = N 0 exp (– λt ) (2)
Faisceau Faisceau
avec N0 nombre initial de noyaux radioactifs dans la source incident émergent
neuve à l’instant t 0 ,
N nombre de noyaux radioactifs résiduaires,
λ (s–1) probabilité de désintégration par unité de temps, Figure 2 – Traversée d’une épaisseur de matière par un faisceau
propre à un radio-isotope donné, de photons 
t (s) temps écoulé.
L’intervalle de temps T1/2 au bout duquel le nombre de noyaux (il s’en faut d’un facteur 10), qui empêcherait son emploi avec les
est réduit de moitié s’appelle la période ou demi-vie. Cette période produits alimentaires.
est propre à chaque radio-isotope et est liée à λ par la formule :
Le césium 137 possède une énergie de radiation environ moitié
0,693 (0,66 MeV), lui conférant moins de possibilité de pénétration, mais
T 1/2 = ---------------- (3)
λ autorisant un meilleur contraste pour certaines applications
(§ 3.4.2).
Une autre formule permet de calculer l’activité résiduaire de la L’américium 241 a une énergie de 0,06 MeV qui limite prati-
source en fonction du nombre de mois (60Co) ou d’années (137Cs) quement son emploi, en mesure de niveau, à des épaisseurs de
écoulés depuis la mise en service : couches contrôlées minces et inusuelles.
N = N0 AT (4) Le tableau 1 résume les propriétés de deux radio-isotopes
couramment utilisés.
avec A donné par le tableau 1 selon qu’il s’agit de mois ou
d’années,
T le nombre de mois ou d’années. 3.1.5 Absorption et diffusion des rayons 
Quand un faisceau de photons γ rencontre une épaisseur de
matière, une partie seulement la traverse, l’autre étant retenue par
Tableau 1 – Caractéristiques des radio-isotopes divers phénomènes dont pour simplifier nous ne mentionnons que
60Co et 137Cs l’absorption et la diffusion.
Ceux des photons qui ne rencontrent ni électron, ni noyau pas-
Énergie sent en ligne droite sans perte d’énergie. Les autres sont absorbés
 Période ou déviés ou encore génèrent des photons secondaires, d’énergie
Constante A T1/2 du
Nucléide rayonnement moindre (éventuellement lumineux : fluorescence), diffusés dans
toutes les directions, vers l’arrière (rétrodiffusion) ou vers l’avant.
(mois) (années) (s–1) (ans) (MeV) Avec les énergies mises en jeu, la part de photons diffusés reste
1,33 faible, mais suffisante pour compliquer le calcul des sources et
60Co 0,99 0,87 4,1 × 10–9 5,27 ou 1,17 éventuellement permettre une mesure par rétrodiffusion (figure 2).
Le rayonnement transmis qui parvient au détecteur est impor-
137Cs 0,98 7,32 × 10–14 30 0,66 tant pour la mesure. La puissance de la source est calculée pour
que ce dernier fonctionne correctement, compte tenu de l’absorp-
tion dans les obstacles interposés sur le trajet du rayonnement.
Parmi les radioéléments qui intéressent la mesure du niveau, le
cobalt 60 possède une période d’environ 5 ans, qui oblige à tenir
3.1.6 Coefficient d’atténuation de la matière
compte de la décroissance dans les équipements précis et
pratiquement à changer de source au bout de ce laps de temps. Le Le nombre dN de photons émergeant d’une épaisseur de
césium 137 jouit d’une demi-vie de 30 ans. Quant à l’américium, matière dx est proportionnel au nombre N de photons incidents et
avec ses 433 ans, il nous enterrera tous. à un coefficient d’atténuation µ qui dépend de la nature de la
matière et de l’énergie du rayonnement :
3.1.4 Énergie de rayonnement dN = – µ N dx (5)
Il s’agit d’une exponentielle décroissante et l’on peut définir,
Les photons issus de la désintégration de sources variées ne comme pour la période [cf. relation (3)], une demi-épaisseur qui
possèdent pas nécessairement la même énergie. Il y a des photons réduit de moitié l’intensité du faisceau incident. La loi prend alors
mous, d’autres durs naturellement plus pénétrants, dont l’énergie la forme :
dépend de la nature du radio-isotope concerné. N = N 0 exp (– µ x ) (6)
L’énergie du rayonnement s’exprime en électronvolts (eV) et, le
plus souvent, dans le domaine qui nous concerne, en méga- avec N (photons/s) intensité du flux émergent,
électronvolts (MeV). L’énergie d’une source de 60Co, par exemple, N0 (photons/s) intensité du flux incident,
est de 1,33 MeV : le rayonnement est relativement pénétrant, mais µ (cm–1) coefficient d’atténuation linéique,
en aucun cas capable de provoquer une radioactivité induite x (cm) épaisseur de matière traversée.

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Tableau 2 – Demi-épaisseur de quelques matériaux


courants (d’après doc. Endress et Hauser)
Ω S
Source
Masse x 1/2 x 1/2
volumique
pour 60Co pour 137Ce
Matériau (g/cm3) d
ou densité
apparente* (mm) (mm)
Acide chlorhydrique 25 % 1,12 115 85
A
Acier 7,89 15 12 Source

Aluminium 2,7 45 35
Amiante 1,07 à 1,46 120 à 85 90 à 62
Ammoniaque 0,9 140 100 Figure 3 – Angle solide
Béton 2,3 55 40
Bois (morceaux secs) 0,15 à 0,27* 800 à 460 600 à 335
Bois (copeaux secs) 0,05 à 0,15* 2 500 à 850 1 825 à 620 Le tableau 2 donne la demi-épaisseur pour quelques matériaux
courants. Partant de ces valeurs, il est facile de calculer la valeur
Charbon 1,3 à 1,5* 95 à 80 70 à 60 d’un rayonnement émergeant d’un empilage d’écrans de natures
Charbon (poussières de) 0,78* 150 110 diverses :
Chaux 2,3 à 3,2* 55 à 35 40 à 25 N = N 0 × 0,5 ( EP /EP0 ) + ( EA /EA0 ) + … (7)
Ciment 1,1 à 1,4* 110 à 90 80 à 65
avec EP épaisseur effective de plomb,
Cuivre 8,9 14 10 EP0 demi-épaisseur du plomb dans un rayonnement cobalt,
Engrais 1,15* 110 80 EA épaisseur effective d’acier, etc..
Eau 1,0 120 90
Fonte 7,2 17 13
3.1.7 Angle solide
Gaz liquéfié (propane) 1,56 80 60
Goudron 1,2 95 70 L’émission d’une source est isotrope dans un milieu homogène,
Klinker (ciment) 1,8* 70 50 et la totalité des directions embrassées représente donc un angle
solide de 4π stéradians. Or les sources sont utilisées selon un pin-
Latex 0,97 120 90 ceau étroit formant un angle solide utile Ω. La figure 3 montre les
Maçonnerie 1,5 à 1,7 80 à 75 60 paramètres d’un faisceau. Les formules suivantes donnent la
valeur Ω (sr) de l’angle solide efficace :
Ordures 0,2 600 450
Ω = S/d 2
Plastique (granulés de) 0,4* 300 220
Plomb 11,34 12 9 avec S (cm2) surface utile,
d (cm) distance à la source.
PVC (granulés de) 0,75* 165 120
Si A est le demi-angle au sommet du cône d’émission :
Roche (laine de) 0,08 1 600 1 200
Ω = 2π(1 – cos A )
Sable (sec) 1,4 à 1,6* 90 à 76 65 à 55
Il y a deux limitations pratiques du faisceau :
Sable (humide) 1,9 à 2,1* 65 à 60 50 à 45
— surface du collimateur sur le conteneur de source ;
Styropor 0,02 6 000 4 400 — surface efficace du récepteur de radiation.
Suie 0,08* 1 600 1 200 En général, le faisceau est très étroit, et seule une faible partie
de la puissance de la source est utilisée.
Teflon (PTFE) 2,2 60 45
Verre 2,5 50 35
Verre (laine de) 0,05 2 500 1 800 3.1.8 Précision statistique d’une mesure par rayons 

L’émission des photons γ dans un angle solide donné est sou-


mise aux lois de la probabilité, c’est-à-dire que le nombre émis
Le coefficient d’atténuation linéique global (qui tient compte des dans un intervalle de temps donné subit des fluctuations. Toute-
phénomènes d’absorption et de diffusion), en cm –1, exprime la fois, en augmentant le nombre de photons comptés, la moyenne
probabilité pour un photon de subir une interaction avec la matière statistique montre une régularité croissante. L’écart-type est donné
traversée. En gros, il est proportionnel à la masse volumique, et par la formule :
dépend de l’énergie du rayonnement, donc de la nature du
radio-isotope constituant la source. e = N (8)
On peut aussi écrire, en notant x 1/2 la demi-épaisseur : avec N nombre d’impulsions comptées.
x 1/2 = 0,693/µ La précision statistique est : N /N .

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Doigt de gant

Source Sonde

Figure 4 – Conteneur de source

Ainsi, si le détecteur compte 100 photons, la précision sera de


l’ordre de 1/10, mais s’il enregistre 10 6 photons, elle atteindra Figure 5 – Source radioactive montée dans un doigt de gant
1/1 000. Il semblerait donc que l’on puisse obtenir une précision « à (doc. Berthold)
la demande » simplement en augmentant le nombre de photons
parvenant dans la fenêtre du compteur. Pour cela, deux moyens :
— augmenter la puissance de la source, mais il existe une limi- 3.3 Détecteurs nucléaires
tation pour des raisons physiologiques (et exigée par la réglemen-
tation) ;
— augmenter le temps de comptage, c’est-à-dire pratiquement le Le lecteur est invité à consulter l’article Détecteurs de
temps de réponse du compteur, ce qui conduit à une autre limitation rayonnements [B 3 420].
d’emploi.
Les deux méthodes sont utilisées simultanément par les
Trois types de détecteurs couvrent les besoins pour les mesures
constructeurs.
de niveau industrielles.

3.2 Conteneurs de source industriels 3.3.1 Compteur de Geiger-Müller

Les sources employées dans l’industrie sont protégées par un Il est constitué par un tube de verre étanche rempli d’un gaz rare
conteneur constitué d’une enveloppe en acier contenant une et comprend une cathode (fil spiralé) et une anode (fil tendu axia-
masse de plomb (masse volumique : 11,3 · 103 kg/m3). La forme lement), entre lesquelles existe une tension continue de quelques
optimale est la sphère qui absorbe également dans toutes les centaines de volts.
directions, pour le plus faible poids (figure 4). L’épaisseur du Si un photon γ entre en interaction avec les atomes du gaz, il
plomb est, pour fixer les idées, d’une dizaine de centimètres. Les crée localement une paire d’ions attirés chacun vers une électrode,
formes pratiques de conteneur sont la sphère ou le cube. et provoque sous l’effet de la différence de potentiel une avalanche
La source elle-même est scellée dans un étui en acier inoxydable d’électrons secondaires. Ainsi, pendant un court instant (quelques
solidaire de l’enveloppe en acier. En cas d’incendie, il est néces- nanosecondes), il se crée une impulsion de courant, image du
saire que l’ensemble évite toute fuite de radio-isotope et reste photon incident. Les impulsions amplifiées sont appliquées à un
facile à détecter parmi les débris. On demande aussi une résistance compteur délivrant un signal proportionnel à leur fréquence
certaine aux contraintes mécaniques accidentelles. Un canal cylin- d’apparition.
drique ou en forme de fente laisse sortir le rayonnement dans la
direction utile. Pendant les transports, le stockage, la manipulation,
etc., un dispositif doit en permettre l’obturation, condamnable par 3.3.2 Chambre d’ionisation
une serrure ou un cadenas.
La chambre d’ionisation ressemble beaucoup au compteur de
Le canal de sortie collimate le faisceau et lui donne le plus sou- Geiger-Müller, avec ses deux électrodes, l’une centrale, l’autre
vent la forme d’un mince pinceau conique (pour la détection) ou constituant l’enveloppe de la capacité de mesure. Cependant, cette
d’une lame verticale (pour la mesure de niveau en continu). capacité est sensiblement plus grande (pour fixer les idées : une
Pour être complet, il faut ajouter les montages où la source est dizaine de centimètres de diamètre, 20 à 30 cm de long, qui peu-
placée à l’extrémité d’un doigt de gant pénétrant à l’intérieur du vent être d’ailleurs augmentés jusqu’à quelques mètres pour obte-
réservoir (figure 5). Cette solution permet de profiter, en guise de nir un détecteur longiligne) ; la pression du gaz rare (argon) à
protection physiologique, de l’éloignement et de l’écran supplé- l’intérieur de la chambre peut être poussée jusqu’à 150 bar. Toutes
mentaire constitué par la paroi du réservoir. ces dispositions visent à augmenter les probabilités de rencontre
des photons avec les atomes de gaz, pour obtenir de meilleures
Il existe des conteneurs présentant deux sorties en opposition sensibilité et précision. Mais la construction d’une chambre parfai-
(ou plus), ce qui économise une source en cas de réservoirs ou de tement étanche sous cette pression élevée, et avec une traversée
silos adjacents. Enfin certains conteneurs sont associés à un dispo- d’électrode, implique une excellente maîtrise de la réalisation.
sitif d’écran rotatif à épaisseur variable, à commande manuelle ou
motorisée, destiné à compenser mécaniquement la décroissance
naturelle d’activité pour le 60Co, bien que cette solution puisse être 3.3.3 Détecteur à scintillation
avantageusement combinée ou remplacée par des ajustements
automatiques de gain de l’électronique des récepteurs. Il s’agit cette fois d’une technique différente. Le photon γ pénètre
Les conteneurs doivent être vérifiés une fois l’an par des orga- dans un corps solide transparent (par exemple : iodure de sodium
nismes de contrôle telle l’Apave (Association de propriétaires dopé au titane), son absorption provoquant la création de photons
d’appareils à vapeur et électriques). lumineux (scintillation). La mesure de la faible lumière produite est

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effectuée par un photomultiplicateur, et les impulsions de quelques parvenant au compteur, quelle que soit l’importance des termes
nanosecondes sont comptées avec une électronique adéquate. Les qui le précèdent, notamment l’épaisseur des écrans.
scintillateurs possèdent l’avantage de prendre toutes sortes de Pour effectuer le calcul de la source, c’est-à-dire N 0 , on part de N
formes et de dimensions. (nombre d’impulsions exigé par le détecteur).

3.3.4 Caractéristiques d’un détecteur


de rayonnement 3.4.2 Contraste

Les éléments déterminant les récepteurs sont : Il s’agit d’un facteur important pour le dimensionnement des
sources et pour le choix du radio-isotope. Le contraste est le rap-
— les taux d’impulsions admissibles en service normal (impul-
port entre les flux de photons γ parvenant au détecteur avant et
sions/s) ;
après interposition du milieu contrôlé. Il doit être au moins de
— le taux qui sature l’appareil (impulsions/s) ;
l’ordre de 2 pour les détecteurs type Geiger, c’est-à-dire correspon-
— la sensibilité à l’énergie du rayonnement (rad/h) ;
dre approximativement à une demi-épaisseur du milieu. Si l’épais-
— la dimension efficace de détecteur qui détermine la géométrie
seur est plus petite, le contraste diminue et le détecteur doit se
du faisceau de mesure ;
montrer d’autant plus sensible. Si cette épaisseur est grande, le
— la constante de temps (s).
contraste augmente, et l’on est sûr d’un bon fonctionnement. Le
Pour fixer les idées, un tube de Geiger-Müller travaille autour de choix de la source déterminant la valeur de la demi-épaisseur, il est
50 impulsions/s. parfois possible, si le contraste est trop faible avec le rayonnement
dur du cobalt 60, de remplacer ce dernier par du césium 137.
En résumé, le détecteur à scintillation est très sensible et
permet d’opérer avec une meilleure précision géométrique, car
il est possible de collimater le faisceau de photons lui parvenant
3.4.3 Précision
avec une fenêtre étroite, mais il coûte cher. Le compteur de
Avec les liquides, en cas d’inclinaison du faisceau, le contraste
Geiger-Müller, d’une grande rusticité, convient pour les appli-
nécessaire au détecteur fait apparaître une imprécision, qui est
cations de détection et parfois pour les mesures en continu
encore plus grande avec les solides en vrac dont la forme de la sur-
(empilage de compteurs Geiger). Quant au compteur à chambre
face libre et la densité moyenne sont mal définies.
d’ionisation, il est employé pour les mesures en continu.
Si l’on recherche une grande précision, il est préférable d’opérer
avec un faisceau horizontal et avec un cristal de scintillateur pré-
cédé d’un écran doté d’une fine fenêtre horizontale. La précision
3.4 Calcul de la source sera alors égale à la hauteur de la fente si l’on opère en tout ou
rien, ou même meilleure si l’on adopte une mesure en continu :
100 % de radiation fente dégagée, 0 % fente occultée.
3.4.1 Équation générale de calcul de source La précision est entachée si la vitesse de variation de niveau est
rapide par rapport au temps de réponse du compteur. Aussi ces
Il ne s’agit pas de se substituer aux constructeurs qui possèdent
deux éléments doivent-ils être précisés.
des méthodes très précises, mais de fournir une formule appro-
chée pour mieux appréhender le mécanisme des phénomènes et La présence d’un élément faisant écran à atténuation variable
dégrossir les problèmes. doit être prise en considération (par exemple, formation de dépôts
En pratique, chaque application donne lieu à un calcul de source. sur les parois).
La formule générale est : Les mousses, les aérosols, les émulsions, les fluides évoluant
dans les doubles parois, les imbibitions d’eau dans les calorifu-
s
- ⋅ 0,5 T + ( EP /EP0 ) + ( EA /EA0 ) + … ⋅ 0,5 EM /EM0 ⋅ t
N = N 0 ⋅ -------- (9) geages, les givrages, les vortex, etc., sont autant de facteurs modi-
d2 fiant l’absorption du flux de photons.
où : Par contre, les systèmes sont insensibles aux phénomènes d’agi-
tation, de vagues ou même d’oscillations, quand la période de
— N est le nombre d’impulsions parvenant au compteur dans le
ceux-ci reste faible par rapport au temps de réponse du compteur.
temps t (s) ; pour que la précision statistique (§ 3.1.8) soit bonne, ce
Un agitateur peut ne pas troubler leur fonctionnement, même si
nombre doit être élevé et l’on peut désirer intégrer sur plusieurs
les pales interceptent périodiquement le rayonnement. Les équi-
secondes (temps d’intégration, aussi temps de réponse du comp-
pements internes de réservoir invariants ne gênent généralement
teur, généralement ajustables) ;
pas.
— N 0 (Bq) est l’activité initiale de la source ;
— le deuxième terme de la multiplication exprime la valeur de
l’angle solide (en sr : s est la surface effective du compteur, d la dis-
tance source-récepteur) ; 3.5 Systèmes de contrôle
— le troisième terme représente :
• l’atténuation due à la décroissance de source (T en mois ou en
années, § 3.1.3), 3.5.1 Détection tout ou rien
• l’absorption dans les divers écrans placés sur le parcours du
faisceau (§ 3.1.6) : EP, EP0 , EA, EA0 , etc., sont respectivement ■ Occultation d’un faisceau : la variation de flux de photons parve-
l’épaisseur réelle et la demi-épaisseur de ces divers écrans, nant au détecteur (généralement un compteur de Geiger-Müller) est
(ces trois premiers termes et le temps d’intégration sont des inva- produite par le remplacement de la phase liquide ou solide par la
riants indépendants du niveau contrôlé) ; phase gaz (figure 6). En général, le contraste est suffisant. On peut
— le quatrième terme calcule l’absorption dans le milieu liquide trouver aussi l’interface entre deux liquides de densités différentes,
ou solide en vrac (EM et EM 0 sont respectivement l’épaisseur et la mais le calcul de contraste doit alors être effectué avec soin.
demi-épaisseur du milieu contrôlé). La précision est de l’ordre de quelques centimètres. Mais elle
Il est important de constater que ce dernier terme est le seul peut être augmentée (§ 3.4.3) grâce à l’emploi d’un scintillateur
paramètre dépendant du niveau contrôlant le taux d’impulsions avec étroite fente horizontale de collimateur.

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Électronique
de détection

Source

Détecteur Source Détecteur

Figure 6 – Détecteur de niveau par occultation du faisceau (doc. Véga)

Figure 8 – Mesure de niveau en continu avec une source


et un détecteur à scintillation linéaires (doc. Berthold)
Source Détecteur

200 mm
4
α
Source allongée Compteur à
3 dans un blindage Max scintillation
de plomb
α/2
2
Domaine
1 de mesure

Chapelet de tubes
de Geiger-Müller Mini

Figure 7 – Mesure de niveau en continu avec une source


et un chapelet de compteurs de Geiger-Müller (doc. Endress et Hauser)

■ Rétrodiffusion : on se sert des photons rétrodiffusés. Comme Figure 9 – Mesure de niveau en continu avec une source linéaire
ceux-ci ne sont pas nombreux, un détecteur de haute sensibilité à et un compteur à scintillation ponctuel (doc. Berthold)
scintillateur est nécessaire, appliqué tout contre la paroi. Il ne fonc-
tionne d’ailleurs que si cette dernière est mince. L’intérêt est que
source et détecteur sont du même côté. Il existe des versions porta-
tives. ■ Mesure avec une source et un compteur à scintillation linéaires :
c’est la solution idéale pour obtenir précision et linéarité, mais la
plus chère. Elle convient pour des variations de niveau jusqu’à 6 à
3.5.2 Mesures de niveau en continu 7 m (figure 8).

■ Mesure avec une source et un chapelet de compteurs de Geiger- ■ Mesure avec une source linéaire et un compteur à scintillation
Müller : la mesure est pseudo-continue et fondamentalement non ponctuel : la source est constituée par un fil de cobalt enroulé sur un
linéaire, puisque la distance d, au carré dans la formule (9), varie noyau d’acier inoxydable (figure 9). L’astuce du procédé consiste à
avec le niveau à mesure que le matériau occulte le chapelet de faire varier le pas de l’enroulement de manière que les spires soient
compteurs. L’angle d’ouverture α de la fente du conteneur est plus serrées en partie basse et compensent la non-linéarité. La
d’ailleurs pratiquement limité à 45o par ce phénomène (figure 7). La non-linéarité peut également être compensée électroniquement.
précision n’est alors pas très bonne vers le bas. La non-linéarité peut L’angle d’irradiation peut être accru. Il n’existe qu’un seul compteur
être corrigée électroniquement, de même que la décroissance de de type standard, ce qui augmente la fiabilité. La hauteur mesurable
source, qui se traduit par un relèvement artificiel du niveau. Si l’un est de 6 m.
des tubes de Geiger-Müller meurt, ce qui n’est pas facilement déce-
■ Mesure avec une source ponctuelle ou linéaire et un compteur à
lable, cela apparaît aussi comme un relèvement du niveau.
scintillation linéaire : le scintillateur peut mesurer jusqu’à 6 m, et il
Il est possible d’améliorer la linéarité ou d’obtenir un meilleur est parfaitement linéaire. Associé à une source linéaire de même
rapport distance/hauteur en disposant plusieurs sources. longueur, il constitue l’une des meilleures solutions possibles
■ Mesure avec une source ponctuelle ou linéaire et un compteur à (figure 10).
chambre d’ionisation linéaire : c’est un perfectionnement du pro- ■ Mesure par rétrodiffusion gamma : la source (de faible puis-
cédé précédent, la chambre d’ionisation ayant de meilleures carac- sance) et le cristal du scintillateur sont contenus concentriquement
téristiques de linéarité et de sensibilité. La hauteur contrôlable est dans un même palpeur, inserrés dans une protection conçue pour
de 6 m. que le rayonnement issu ne viennent pas influencer directement le
Plusieurs sources disposées en hauteur ou un chapelet de sour- cristal. Le palpeur est promené d’un côté d’une paroi. La présence
ces peuvent améliorer ici aussi la linéarité. d’un produit liquide ou solide de l’autre côté provoque une variation

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Détecteur

Source
a et b montages classiques

Espace Figure 11 – Mesure de niveau par mesure de l’épaisseur de couche

Max que pouvant être d’une très grande précision pour les faibles
40° variations de hauteur.
■ Lyre de mesure : source et compteur sont reliés par un étrier
(lyre) définissant une horizontale. L’ensemble encadre le récipient
opaque qui contient le produit. L’étrier est souvent maintenu par
une potence qui en permet le relevage.
Les applications sont :
c correction de l'influence de la forme de la trémie en partie
basse, qui introduit une non-linéarité
— contrôle du niveau haut dans des camions ou wagons-citernes,
une cale située sur la génératrice supérieure permet de compenser
les différences d’exécution des véhicules ;
— contrôle au défilé du remplissage des bouteilles de gaz
liquéfié : butane, propane dans les carrousels ;
— contrôle du niveau dans les bouteilles verticales de CO2
liquide.

3.6 Particularités de montage


Dans cette méthode de mesure par radio-isotopes, il n’y a aucun
d et e correction de non-linéarité par inclinaison du compteur contact avec le produit, ni même avec le réservoir, et par
conséquent aucun problème de pression, de température, de cor-
rosion, de consistance du produit, etc.
S’il y a un fort dégagement de chaleur, comme sur les instal-
lations thermiques, il est possible d’intercaler de minces écrans en
Max 1,5 m

aluminium qui dissipent la chaleur. Si cela n’est pas suffisant,


comme dans les contrôles de niveau dans les lingotières de coulée
Max 3 m

en continu, sources et compteurs peuvent être refroidis par double


enveloppe et circulation d’eau.
Les électroniques répondent à toutes natures de prescriptions.
Pour réduire la puissance des sources, il existe un certain nom-
bre d’artifices :
— utiliser une seule source pour deux ou plusieurs points de
détection ;
f emploi de deux détecteurs — utiliser des conteneurs offrant plusieurs directions de faisceau
sur des réservoirs ou silos adjacents ;
Figure 10 – Mesure de niveau en continu avec une seule source — viser selon une sécante, ce qui est surtout valable pour les
et un compteur à scintillation linéaire (doc. Endress et Hauser) grands réservoirs à paroi mince (figure 12) ;
— ménager un cheminement creux dans les épaisseurs de réfrac-
taires ou d’isolant ;
— placer la source en doigt de gant (figure 5).
de la rétrodiffusion qui excite le scintillateur. Des applications sont
le contrôle manuel de niveau de contenu ou la mesure d’épaisseur
de paroi. L’épaisseur maximale de paroi est 15 mm d’acier.
3.7 Problèmes de sécurité
■ Mesure avec une source ponctuelle et un compteur, faisceau
vertical : on mesure l’épaisseur H de la couche (figure 11). L’éten-
due de mesure est pratiquement limitée à une demi-épaisseur du Le lecteur est invité à consulter les articles Méthodes nuclé-
milieu contrôlé, compte tenu des possibilités des diverses natures aires d’analyse. Notions de radioprotection [P 2 545], Principes
de compteurs. La réponse est exponentielle et il est nécessaire de et normes de radioprotection [B 3 904], Techniques de radiopro-
linéariser. C’est une méthode possible, mais peu employée, bien tection [B 3 906] et le CD-Rom Sécurité et gestion des risques.

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■ En cas d’incendie, d’inondation ou d’une autre catastrophe, il faut


prévenir immédiatement les services du feu et de sécurité et recher-
cher la source parmi les décombres avec un compteur de
Source Geiger-Müller portatif.

d
■ Tenir une comptabilité précise des sources : activité, date de
livraison, implantation dans les unités, etc. (obligation d’ailleurs
légale !).

α ■ Prévoir un endroit le plus isolé possible pour le stockage des


sources, la dépose pendant travaux, etc.

e
■ Faire appel aux spécialistes pour toutes natures d’opérations.
Détecteur

Figure 12 – Mesure ou détection de niveau selon une sécante


dans un réservoir de grand diamètre (plusieurs mètres)
4. Systèmes à effet optique

Les systèmes employant les radio-isotopes sont soumis à une


4.1 Principe de mesure
réglementation, faisant l’objet de lois et de décrets.
Un faisceau lumineux (longueur d’onde λ : de l’ultraviolet
λ > 50 nm à l’infrarouge λ < 1 mm) peut être interrompu, dévié,
3.7.1 Règles légales réfracté, réfléchi, atténué, diffusé lorsqu’un obstacle, tel un liquide
ou un solide en vrac, vient s’interposer sur son parcours : tous ces
Les sources obéissent à la norme ISO 2919 qui donne lieu à la phénomènes peuvent offrir une solution pour la détection d’une
délivrance d’un certificat. Leur acquisition est subordonnée à une interface.
autorisation de la Commission interministérielle des radioéléments
artificiels (CIREA) demandée par le futur exploitant ; le fournisseur Le système le plus simple, à occultation de faisceau, comporte
l’assiste pour l’établissement des imprimés et autres documents. une source lumineuse, le milieu à analyser, le récepteur-détecteur.
L’emplacement des sources doit être déclaré à divers organismes, En outre, s’agissant de liquides ou de produits en vrac, il faut des
notamment aux pompiers. hublots transparents. Un filtre peut être interposé pour travailler
sur un domaine étroit de longueur d’onde et augmenter ainsi la
Une fois installés, les conteneurs sont visités une fois l’an par un sélectivité de la méthode.
organisme de contrôle tel que l’Apave.
La lumière du jour, au spectre large, est un facteur perturbateur,
Du côté constructeur, les conteneurs font également l’objet d’un de même que les éclairages d’ambiance. De nombreux systèmes
accord de l’Administration sur leur conception et leur mode de réa- optiques sont d’autant plus fiables qu’ils opèrent dans le noir, ce
lisation. Chaque type de conteneur n’est valable que pour une acti- qui n’est pas toujours possible. Pour éliminer l’influence du jour ou
vité de source maximale. de l’éclairage, l’émission de la source peut être modulée à une fré-
La protection des travailleurs appelés à « manipuler » des quence fixe, différente de 50 Hz, et le récepteur est muni d’un filtre
sources radioactives est déterminée par la réglementation (voir dont la bande passante est centrée sur cette fréquence. Il permet
[Doc. R 2 014]). ainsi une excellente discrimination par rapport aux sources d’éclai-
rement parasites.
Ainsi, deux natures de zones sont définies :
— une zone contrôlée interdite à toute personne non autorisée Des sources communément utilisées sur de faibles distances
et délimitée clairement par une signalisation par panneau ; les sont les diodes électroluminescentes (LED), qui couvrent visible et
personnes autorisées (manipulation, contrôle, réglage, etc.) sont infrarouge, sont simples, fiables, peu coûteuses, mais peu puissan-
soumises à des examens médicaux périodiques ; tes. Comme détecteurs, on trouve les photorésistances, les photo-
— une zone surveillée, autour de la première, où du personnel diodes, les phototransistors qui constituent l’élément de base de
non contrôlé, non affecté au contrôle des sources, peut néanmoins l’électronique, et sont aussi simples, fiables, bon marché et ont une
éventuellement évoluer ; sensibilité extrême.
— autour de cette zone, il n’existe plus de surveillance. Dans les cas difficiles, il existe des sources lumineuses plus puis-
santes couvrant l’ensemble du spectre : lampes au deutérium, au
mercure, au mercure dopé au phosphore (ultraviolet), aux halo-
3.7.2 Règles pratiques gènes, au tungstène (infrarouge), émetteurs laser.
Des verres permettent le passage des divers rayonnements,
■ Il est déconseillé d’établir un poste de travail permanent ou un comme le quartz UV, les cristaux de séléniure de zinc, le verre de
lieu de passage fréquenté à proximité d’une source. silice, les cristaux de fluorure de calcium, etc.

■ Il faut essayer de matérialiser le parcours du faisceau, s’il est Le photomultiplicateur est un récepteur fiable et très sensible.
« dans l’air », par des guides pour empêcher le personnel de passer Les méthodes optiques non invasives trouvent quelques emplois
la main ou le corps au cours d’une quelconque opération. privilégiés pour la surveillance des niveaux dans l’embouteillage et
également dans la mesure des niveaux de boue dans les clarifi-
■ Ne jamais oublier de clore le conteneur à clef, s’il doit y avoir cations, grâce à un asservissement du capteur. Elles se prolongent
intervention du personnel dans le réservoir ou le silo. La pénétration grâce à l’emploi des fibres optiques et, depuis quelques années,
en zone surveillée doit faire l’objet d’une stricte réglementation. des systèmes laser.

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4.2 Phénomènes optiques Il est parfois possible de compenser l’encrassement des fenêtres
électroniquement en appréciant le salissement par un autre fais-
ceau de référence.
4.2.1 Absorption Les solides en vrac provoquent souvent, mais pas nécessai-
rement, du poussiérage qui est une raison de limitation d’emploi
L’absorption d’un faisceau lumineux par le milieu traversé, res- des méthodes optiques.
ponsable de l’atténuation, suit la loi de Beer-Lambert (l’intensité du D’autres troubles sont causés par le vieillissement des sources et
faisceau est une exponentielle décroissante en fonction de l’épais- des récepteurs, dont la sensibilité varie dans le temps.
seur traversée). L’absorption est généralement maximale, pour un
corps donné, autour d’une longueur d’onde déterminée : par
exemple, pour de l’eau liquide, environ 1,47 µm, pour de la vapeur 4.2.5 Sécurité positive
d’eau 2,9 µm. Ainsi apparaît l’utilité d’un filtre pour obtenir une
meilleure sélection. Par exemple, le regard ne remarque pas une
Le récepteur optique doit en permanence « voir » l’émetteur.
très grande différence entre l’eau limpide et l’air contenu entre
Avec cette condition, en cas d’extinction ou d’atténuation impor-
deux hublots ; un faisceau infrarouge à 1,47 µm montrera un
tante de la source, de défaillance de la cellule de mesure, de désa-
contraste supérieur.
lignement, le système réagit comme s’il y avait obturation du
Les liquides opaques gagnent à être observés sous faible cou- faisceau, en sécurité positive. En d’autres termes, les détections de
che, en revanche les milieux limpides et clairs exigent une lon- niveau haut sont protégées, plus rarement celles de niveau bas.
gueur de parcours importante.

4.2.2 Réfraction 4.3 Mesure par transparence

Un rayon lumineux incident, non normal à l’interface entre deux ■ Transparence classique : le problème majeur est l’alignement
milieux, est réfracté suivant la loi de Descartes. L’indice de réfrac- source-récepteur. Cette méthode fut employée à une certaine
tion n = c /v est le rapport de la vitesse de la lumière dans le vide époque, en combinaison avec les niveaux à glaces à transparence
à celle dans le milieu traversé, et est donc lié également à la lon- afin de les munir d’une détection de niveau.
gueur d’onde. Le phénomène de réfraction est employé dans les ■ Transparence avec catadioptre : il n’y a pas de problème
fibres optiques et d’une manière générale dans les « conducteurs d’alignement puisque le catadioptre renvoie toujours le faisceau
de lumière ». Il est utilisé dans les niveaux à glaces bicolores (voir incident vers la source quel que soit l’angle. Autre avantage : la lon-
[R 2 012]). Une solution usuelle et pratique est l’emploi d’un prisme gueur du chemin optique est doublée, l’épaisseur de couche du
(§ 4.5). milieu étant parcourue deux fois, et donc l’absorption quadruplée.
Le contraste est augmenté dans le cas de liquides clairs. Enfin, le
système à catadioptre est facile à implanter car l’émetteur/récepteur
4.2.3 Diffusion se trouve d’un seul côté.

La diffusion, composante de l’absorption globale, est produite ■ Transparence avec catadioptre immergé : on emploie cette
par la lumière renvoyée par les particules ou hétérogénéités pré- méthode s’il faut réduire l’épaisseur de couche quand le liquide est
sentes dans un milieu, telle la poussière en suspension dans l’air. trop absorbant, ou pour des raisons d’implantation. L’inconvénient
C’est un phénomène difficile à analyser, car il dépend de la granu- est que le système est peu accessible pour le nettoyage.
lométrie, de la dimension, de la distribution, de la forme, de la cou-
■ Système à sonde immergée : la sonde comporte, sur un étrier, la
leur, du pouvoir émissif de la surface, etc., des particules. Il est
source et la cellule en vis-à-vis, le tout étant plongé dans le milieu.
possible de mesurer la lumière transmise en ligne droite, plus ou
C’est une solution possible en liquide propre, mais qui peut présen-
moins faiblement atténuée par la présence des particules, ou celle
ter de sérieux risques d’encrassement dans le cas contraire. Des
diffusée dont l’intensité croît directement avec la teneur en parti-
sondes existent cependant pour mesurer le niveau du lit de boues
cules.
en décanteur (exemple : figure 13). Un nettoyage des fenêtres reste
La diffusion (liée à la turbidité) des suspensions dans les liquides possible avec instillation continue d’eau claire.
ou les gaz (aérosols, brouillards, boues, etc.) permet la détection
Dans tous les cas, source, cellule, catadioptre et fenêtres doivent
de présence de stratifications. Si les particules ont une forme
être protégés contre le salissement et les lumières parasites.
pseudo-sphérique, la répartition de la lumière diffusée dans
L’encrassement provient le plus souvent du milieu. Les détections
l’espace sera elle-même de forme sphérique, et les mesures du
sont valables aussi bien pour les liquides que pour les produits en
rayonnement diffusé seront égales dans toutes les directions. Avec
vrac non salissants et non poussiérants. Il n’y a contact avec le
des particules transparentes, translucides ou colloïdales, cette
milieu qu’à travers les fenêtres et, pourvu que ces dernières soient
répartition se trouve déformée d’une manière généralement spéci-
en mesure de supporter les conditions de température, de pression
fique au milieu avec un angle de mesure privilégié.
et de corrosion, il n’y a pas de contrainte. La partie électronique,
complètement accessible, est réalisable en toutes natures de pro-
tection.
4.2.4 Facteurs perturbateurs
Pour qu’une mesure soit bonne, il faut distinguer le rayonne-
ment utile du bruit de fond, en utilisant des filtres optiques (lon- 4.4 Mesure par réflexion
gueur d’onde) ou électroniques (modulation de l’émission).
Naturellement, un facteur perturbateur important est constitué Il existe deux méthodes :
par l’encrassement des fenêtres et des hublots destinés à laisser — par réflexion sur la surface tranquille d’un liquide (reflet), avec
passer le faisceau dans le milieu à analyser. Il existe diverses un certain angle d’incidence ; les facteurs perturbateurs sont les
méthodes pour prévenir le salissement de ces derniers, notam- vagues et le balancement de la masse, auquel le procédé est
ment l’emploi d’un air comprimé propre et sec de balayage. Tou- particulièrement sensible, mais qui peuvent être compensés par un
tefois, ce remède reste difficilement applicable côté produit. filtrage électronique ;

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20° 20°

70
20°

Émetteur Récepteur

Quelques mm

Figure 15 – Montages de détecteurs de niveau à embout conducteur


Figure 13 – Sonde à immersion pour détection de niveaux de boue de lumière : angles d’inclinaison possibles

dans ce manchon. La lumière s’échappe du prisme s’il est plongé


dans le liquide (figure 14b ) ou reste confinée avec retour sur la
Récepteur cellule lorsqu’il est émergé dans l’air (figure 14a ).
Émetteur (photorésistance)
Ce dispositif simple existe en plusieurs exécutions (figure 15) :
— manchon supporté par le câble d’alimentation (4 fils) ;
— manchon fixé à l’extrémité d’un tube qui loge le câble ;
— manchon coulissant sur un guide, permettant le réglage en
hauteur.
Il existe des modèles compacts. En toit, l’instrument détecte les
poches de gaz ; en « plancher », il détecte la présence de liquide.
L’un des avantages du système est la faculté d’opérer dans une
toute petite zone, le diamètre du prisme étant de l’ordre du centi-
mètre, voire moins.
Certaines versions utilisent des LED travaillant dans l’infrarouge.
La précision des capteurs de niveau à prisme est de l’ordre du
millimètre. Avec quelques précautions, notamment en prenant en
compte l’erreur systématique due au ménisque de mouillage, on
a b
peut avoir une meilleure précision encore, ce qui rend ces capteurs
aptes à des opérations de calibrage de niveaux vrais. Un dispositif
répondant à cette orientation est constitué d’un capteur coulissant
Figure 14 – Détecteur de niveau à réfraction (doc. Larco) sur un vernier vertical donné pour assurer le 1/10 mm (sur des hau-
teurs de l’ordre de quelques décimètres).
L’électronique associée est logée dans un boîtier en sortie de
— par localisation d’un faisceau vertical, normal à la surface, par sonde ou en coffret séparé. Diverses protections sont possibles.
une lentille ; la détection s’opère quand le niveau coïncide avec le Les systèmes à prisme fonctionnent sur toutes natures et cou-
foyer, créant une tache de lumière vive, particulièrement sur les leurs de liquides, mais ils acceptent mal les produits déposants,
surfaces diffusantes. Cette solution fonctionne mal avec un liquide par exemple les produits colloïdaux ou visqueux. Par contre, un
limpide. film mince attaché par capillarité sur le prisme n’entame pas la fia-
bilité de la détection.

4.5 Mesure par réfraction


4.6 Systèmes optiques à tambour et câble
Il y a deux méthodes de base :
— déviation du faisceau dans un plan horizontal, sur un tube Le manchon à prisme évoqué précédemment peut être fixé à
transparent ou dans un système à deux glaces formant un dièdre l’extrémité d’un câble s’enroulant autour d’un tambour. Un dispo-
vertical : c’est le principe du niveau bicolore (voir [R 2 012]) ; sitif de palpage asservi permet de suivre l’évolution d’un niveau
— système à prisme conique. sur quelques mètres. La précision est de quelques millimètres.
Dans ce second cas, il s’agit d’un petit prisme conique en Un autre instrument à tambour et câble comporte le capteur de
plastique ou en Pyrex situé à l’extrémité d’un manchon dont la la figure 13 et permet de mesurer le niveau d’une interface eau/lit
nature et la résistance mécanique conviennent au milieu contrôlé de boue dans les décanteurs. Très spécialisé, il est muni d’un dis-
(figure 14). Une source (LED) et une photorésistance sont logées positif de relevage automatique pour laisser passer le racleur.

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Détecteur Détecteur Détecteur Tête de mesure

Source
Laser Récepteur
Source
Sortie
Coupleur Source analogique

 10 cm

Niveau à
mesurer

Liquide Liquide Liquide


Figure 17 – Mesure de niveau par laser

Figure 16 – Capteurs de niveau tout ou rien à fibres optiques


(doc. CEA/EDF/Framatome/Westinghouse)

4.7 Système à prisme


Électronique
Une société exploite le principe du détecteur à réfraction dans un
prisme avec un système de gestion centralisé permettant d’exploi-
ter, éventuellement à distance, les capacités et les manutentions de
produits dans les dépôts pétroliers ou autres.
Miroir de renvoi

4.8 Fibres optiques


Elles sont en verre ou en matière plastique ; elles peuvent
simplement être utilisées comme « conducteur de lumière » dans Insufflation
la liaison source/cellule d’un système optoélectronique classique de gaz Refroidissement par eau
en milieu hostile, ou pour résoudre les problèmes d’alignement. En
principe, la lumière confinée ne se disperse pas.
Mais il existe aussi des dispositifs à fibres optiques employées Lingotière
nues ou en liaison avec des microprismes (figure 16) qui autori-
sent des introspections reculant les limites de température et de
pression. Le prisme pouvant être minuscule, on obtient une très Brame
bonne résolution (quelques 1/10 mm). Remarquons qu’une fibre
coudée suffit.
Figure 18 – Mesure de niveau par laser dans une coulée en continu
(doc. Endress et Hauser)
4.9 Laser
Le laser est un faisceau optique (visible et infrarouge) très direc-
tionnel et puissant, donc pénétrant, d’une lumière cohérente, pola- 5. Systèmes de mesure
risée et d’une longueur d’onde précise. Il peut se substituer aux
systèmes classiques précédents, dans certains cas limites. par capacité électrique
Il existe un dispositif à laser, sorte de palmer sans contact,
offrant la possibilité de mesures très précises (1/100 mm), notam-
ment de niveau, dans une gamme de hauteurs de quelques centi- 5.1 Principe de mesure
mètres (figure 17).
Un autre système à laser permet de mesurer le niveau de métal Si l’on relie deux électrodes conductrices plongées dans un
fondu dans les poches de coulée en continu, sans contact naturel- milieu isolant à une source de courant alternatif, on réalise un
lement, en utilisant la réflexion du rayon laser sur la surface en condensateur dont l’impédance, à une fréquence donnée, déter-
fusion (figure 18). mine l’intensité du courant. Toute modification de la capacité, pro-
Une autre application courante des systèmes laser est la mesure voquée par l’évolution du niveau des produits situés entre les
des niveaux de verre fondu. électrodes, change la valeur du courant électrique.

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Avec ce principe de mesure, si l’on veut obtenir des résultats Cependant, il est également possible d’utiliser deux électrodes
satisfaisants, il est indispensable de toujours considérer la dualité gainées isolantes, le milieu conducteur jouant le rôle d’une troi-
des paramètres conductivité électrique et permittivité (constante sième armature variable, la capacité globale représentant celle de
diélectrique ) du milieu contrôlé. deux capacités variables en série. L’intérêt est que le dispositif de
Il s’agit naturellement d’une mesure de niveau vrai. contrôle se trouve alors complètement isolé, au moins pour la
composante continue, de la masse électrique produit-réservoir.

5.1.1 Mesure en milieu isolant


5.1.3 Permittivité
■ Les deux électrodes peuvent être constituées par deux armatures
verticales, isolées à la traversée de paroi, ayant pour longueur la Le tableau 3 donne la permittivité (constante diélectrique ) de
variation de niveau à contrôler (pour les mesures de niveau en quelques corps usuels, notée ε . Il s’agit de la permittivité rapportée
continu) et immergées dans le milieu. La seconde armature prend à celle de l’air prise égale à 1. Dans les liquides, il y a peu d’évo-
souvent l’allure d’une contre-électrode tubulaire qui entoure la pre- lution de cette permittivité en fonction des conditions de service. Il
mière (figure 19). La permittivité du gaz (notamment celle de l’air) n’en est pas de même pour les produits en vrac, qui sont sensibles
est beaucoup plus faible que celle des liquides ou des solides en à la granulométrie, au tassement, à l’hygrométrie et à la rétention
vrac, donc, à mesure que le niveau monte, la capacité augmente et d’eau d’une manière générale ; il faut alors s’attendre à une moin-
aussi le courant. dre précision avec les mesures en continu.

■ La sonde peut être constituée par une seule armature nue verti-
cale, isolée au passage du toit, la seconde armature étant constituée 5.1.4 Influence des dépôts et salissements
par la paroi même, conductrice, du réservoir.
Si les électrodes sont disposées d’une manière ponctuelle, le Les mesures par capacité sont sensibles à la création d’un dépôt
système fonctionne comme un détecteur de niveau. conducteur autour d’une armature isolée sur la partie émergée,
qui, en simulant la présence du milieu, donne une information
erronée. Ce dépôt altère la mesure dans le sens d’une hausse, si la
5.1.2 Mesure en milieu conducteur surface polluée est importante. Avec deux armatures parallèles
nues relativement rapprochées (cas d’une contre-électrode), le
On utilise une seule électrode verticale, entièrement gainée dépôt peut former un pont se substituant à l’air et créer ainsi un
d’une couche mince de matériau isolant qui constitue le diélectri- condensateur local. Avec une seule armature nue, l’autre étant
que. Le produit extérieur conducteur forme la seconde armature constituée par le réservoir, une perturbation apparaît beaucoup
dont la surface, évoluant en même temps que le niveau, augmente moins évidente, car l’épaisseur active de diélectrique est plus
la capacité quand ce dernier monte. Une seconde électrode, ou une grande et le danger de formation de pont faible. Avec les arma-
prise de masse sur un réservoir métallique, est cependant néces- tures nues, réservées par principe aux produits isolants, les risques
saire pour fermer le circuit électrique. Une électrode isolée de courts-circuits par des dépôts conducteurs à proximité de la tra-
compacte peut servir de détecteur. versée de cloison sont réduits, mais à considérer.
Sur les surfaces propres d’une installation neuve, il est fréquent
qu’un certain salissement se produise en début d’exploitation puis
se stabilise. Cette phase de mise en route se traduit par une dérive
Tableau 3 – Permittivité de quelques matériaux apparente des mesures de niveau en continu, qui implique une
courants (1) surveillance, assortie de quelques retouches de réglage. Avec les
détecteurs, il est préférable de ne pas régler trop « pointu », en
Nature Matériau ε (1) choisissant le point de basculement du relais plutôt près de la
valeur correspondant au remplissage par le milieu.
Air sec (≈ vide) 1
Le problème de l’influence des dépôts et colmatages a fait l’objet
Verre 5 à 8,5 d’une attention particulière de la part des constructeurs qui se sont
Mica 2,15 à 7 efforcés de fabriquer des appareils aussi insensibles que possible
à ces perturbations.
Bois 3,5
Isolants L’implantation sur les silos, notamment pour les matières en
Porcelaine 4,4 à 6 vrac, doit tenir compte de la faculté éventuelle de ces matières à
Hydrocarbures, essences, solvants, colmater des sondes protubérantes.
etc. (teneur en H2O < 0,1 % masse) <3
Produits pulvérulents secs 5.1.5 Électronique de mesure :
(sauf solides conducteurs) <3
capacitance ou admittance
Hydrocarbures, solvants, essences
contenant de l’eau > 0,1 % masse L’électronique mesure donc la capacité des sondes industrielles
Isolants Eau déminéralisée
imparfaits >3 variant de quelques picofarads (10–12 F) à quelques nanofarads
Pulvérulents humides (10–9 F). Elle est placée le plus près possible (au moins le préam-
Graviers, sables plificateur) de la tête de sonde à laquelle elle est reliée par un câble
Solutions aqueuses 50 à 80 coaxial à faible capacité répartie ; l’idéal est de l’intégrer
directement dans la tête, mais des considérations de température
Électrolytes du milieu contrôlé peuvent l’en empêcher.
Boissons
Conducteurs Alcools Pour qu’un dispositif par capacité puisse fonctionner d’une
>> 3 manière fiable, il est nécessaire que la valeur de la permittivité
Produits organiques miscibles
à l’eau relative du produit soit au moins de 2. Quelques rares appareils
plus sensibles exigent moins. La fréquence du courant de mesure
Solides pulvérulents conducteurs
est, selon les appareils, de quelques kilohertz à quelques méga-
(1) Valeurs relatives à la permittivité de l’air prise égale à 1. hertz.

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Les systèmes dont une électrode est constituée par le réservoir


métallique et l’autre par une armature nue sont particulièrement
sensibles à la foudre et doivent être protégés par des courts-circui-
teurs rapides.
L’emploi de microprocesseurs a amélioré considérablement la
mesure de niveau par capacité en facilitant diverses corrections,
par exemple la linéarisation du signal analogique si le réservoir ou
le silo présente un coefficient de forme (cône à la base), la varia-
tion de la permittivité du produit, etc. En ce dernier cas, un second
capteur fixe est installé à une hauteur donnée et permet un rééta-
lonnage périodique.
Si le milieu est conducteur et que, par adhérence, il laisse de
larges traînées sur la gaine isolée d’une sonde de mesure en
continu, l’information donnée est naturellement fausse. La trans-
mission du courant électrique s’effectue dans la zone polluée à Tube intérieur Tube extérieur
travers une impédance complexe, ou admittance, constituée par la (électrode) (contre-électrode)
capacité linéaire du pseudo-condensateur et par le cheminement à
travers la mince couche résistante. Un microprocesseur permet de
séparer la valeur de la résistance de celle de la capacité et par
conséquent d’apporter une correction, nécessaire pour donner la
vraie valeur du niveau. Figure 19 – Sonde de capacité avec contre-électrode de masse
(doc. Endress et Hauser)

5.1.6 Sécurité en zone explosible


mesure à l’influence de la paroi métallique par formation de pont
En atmosphère explosible, le principe de la sécurité intrinsèque
de dépôts conducteurs parasites. Quand la sonde est totalement
exige une boucle de contrôle ne comportant pas deux masses acci-
isolée, le revêtement ou la gaine, moyennement fragiles, méritent
dentelles et concomitantes en deux endroits différents, car, si la
d’être protégés contre les chocs, coups, usures produits par la
masse générale de l’unité est non isopotentielle (cas usuel), un
manutention ou lors de l’exploitation. On peut penser à l’abrasion
courant dépassant dangereusement la norme risque de circuler. Or,
par certains produits en vrac dans les silos.
une simple barrière de Zener implique déjà une connexion perma-
nente de la boucle à la masse générale. Un autre court-circuit sur Les parties actives de plusieurs sondes implantées sur un même
la boucle contrôlée suffit donc pour atteindre la frontière du dan- contenant doivent être séparées de quelques décimètres pour évi-
ger. Une séparation galvanique complémentaire supprime le point ter les interactions altérant les mesures.
de masse générale. Les sondes sont étalonnées sur le site, si possible avec le produit
On peut déduire de ces principes des recommandations pour les et dans les conditions d’exploitation prévues.
installations électriques incluant un risque de masse à la sonde.
■ Les réservoirs ou silos métalliques contenant un produit conduc- 5.2.1 Détecteur à tige ou à câble en milieu isolant
teur sont à la terre. La contre-électrode nue, ou l’électrode de masse,
est donc également à la terre et implique pratiquement une sépara- L’électrode comporte une partie métallique dénudée, qui vient en
tion par barrière galvanique. contact quand le niveau du produit, liquide ou solide, monte. Le
Si le contrôle s’effectue à l’aide d’une sonde comportant deux réservoir ou silo métallique forme très usuellement la seconde
armatures isolées de la masse, on peut admettre que la capacité du armature. Une contre-électrode tubulaire est utilisée avec les
capteur est trop faible pour retenir une énergie suffisante pour pro- milieux à faible permittivité, ou quand le contenant est en matière
voquer une étincelle dangereuse et, si l’électronique est agréée, isolante (figure 19).
une simple barrière de Zener devrait suffire. La sonde à tige peut atteindre quelques décimètres et être orien-
Si le contenu de ces réservoirs conducteurs est très isolant dans tée dans tous les sens.
tous les cas d’opération, le problème se simplifie avec des élec- Le câble isolé comportant une sonde nue en extrémité peut
trodes restant isolées de la masse du réservoir. atteindre quelque 40 à 50 m (figure 20). S’il est très long, il peut
être amarré en partie basse grâce à un anneau. Avec une telle
■ Les contenants isolants qui exigent un système à deux armatures longueur, il faut penser à l’effort parfois considérable que le
peuvent se contenter d’une barrière de Zener, si le milieu, éventuel- frottement provoqué par le vidage du matériau en vrac induit sur
lement conducteur, reste parfaitement isolé de la masse. le point d’accrochage en haut, et qui se trouve reporté sur le toit
De toutes manières, l’agrément Cenelec du matériel est du silo ou réservoir, exigeant parfois un renforcement local de
indispensable ; éventuellement, l’accord du LCIE ou de l’INERIS sur structure.
le montage de l’ensemble est recommandé.
Le temps de réponse varie de quelques 10 –1 s à quelques
Cenelec : Comité européen de normalisation électrotechnique secondes.
LCIE : Laboratoire central des industries électriques
INERIS : Institut national de l’environnement industriel et des risques Les pressions maximales admissibles atteignent quelques
centaines de bars ; les températures de 200 à 300 oC impliquent
une liaison par coaxial faible capacité et haute température.
5.2 Détecteurs
5.2.2 Détecteur à tige ou à câble
Les sondes métalliques (en tous métaux disponibles) sont par- en milieu conducteur
tiellement ou totalement isolées par des revêtements plastiques
(PVC, PP, PETP, et polymères fluorés : PFA, FEP, PTFE, etc.) ou Toutes les parties en contact sont isolées par la gaine qui sert de
même en céramique (cas des hautes températures). Quand le revê- diélectrique (figure 21). Si le produit est très faiblement
tement est partiel, il a essentiellement pour objet de soustraire la conducteur, une contre-électrode tubulaire est utile, afin de réduire

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ø 4 mm
Isolation
1 mm
L

Figure 22 – Détecteur de niveau à capacité type alimentaire


(revêtement élastomère) (doc. Eurojauge)

L longueur standard 2,5 m, maximale 10 à 20 m


5.2.3 Détecteur compact
Figure 20 – Sonde capacitive à câble (doc. Eurojauge)
Par ce terme, on met en évidence la double propriété : compacité
de l’élément de mesure et intégration de l’électronique dans le boî-
tier même de la sonde, qui mènent à un appareil simplifié, facile à
implanter.
Ce détecteur présente une partie active peu protubérante (une
dizaine de centimètres, ou moins) à l’intérieur de la paroi interne,
ce qui lui confère un avantage certain, en évitant les risques de col-
matage avec des produits en vrac. En outre, la compacité apporte
la robustesse (figure 22).
Il existe des appareils de ce type à électrode non isolée et
d’autres, particulièrement intéressants, où les deux électrodes sont
à l’abri derrière un étui ou une pastille extrêmement ramassée, en
matière isolante. En outre, dans ce dernier cas très favorable au
bon écoulement des produits, il n’y a plus contact électrique avec
le milieu ou avec le réservoir, et la protection en atmosphère explo-
sible s’en trouve facilitée.

L
5.2.4 Détecteur à plaque
L

La sonde est constituée par une large plaque métallique de


quelques décimètres carrés isolée par un revêtement adéquat.
L’ensemble est monté en affleurement, ce qui est une bonne
solution pour les produits en vrac lourds, à granulométrie large.

a exécution flexible b exécution rigide


5.2.5 Autres types de détecteurs

L longueur active On trouve aussi des détecteurs à collier ou à bride.


Une firme (SIE, Sensorite) présente des détecteurs capacitifs
ayant des caractéristiques originales :
Figure 21 – Sonde capacitive chemisée haute pression haute
température (350 bar à 20 oC, 210 bar à 530 oC) (doc. Sart) — détection en forme de plaque adhésive de 72 mm × 16 mm
× 4 mm, collabée avec un rayon de courbure minimale de 15 mm ;
— détecteur sous forme de pastille ∅ 18 à 30 mm, épaisseur
4 mm ;
la résistance parasite du milieu. Dans un contenant métallique, le — détecteur miniature ∅ 4 mm ;
milieu se trouve nécessairement à la masse. Si le réservoir est iso- — détecteur de niveau haut pour liquide visqueux ;
lant, une contre-électrode sert à amener le courant. — détecteur comportant une électronique incorporée.
Les caractéristiques générales sont du même ordre que pour les Les matériaux utilisés sont : PVC, PTFE, acier inoxydable, laiton
appareils précédents. chromé, polyuréthanne.

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5.3 Mesures en continu avec v (m/s) vitesse de propagation du front d’onde,


M (kg/mol) masse molaire du gaz,
Si les détecteurs de niveau ne posent guère de problème lorsque R constante molaire des gaz (R = 8,314 J · mol–1 · K–1),
la permittivité du produit contrôlé varie, il n’en est pas de même T (K) température thermodynamique,
pour la mesure en continu pour les liquides et les solides non γ facteur de compressibilité (rapport des capacités thermi-
conducteurs où cette variation induit une erreur de niveau. ques massiques, compris entre 1,3 et 1,66 selon la nature
La variation de la permittivité peut être liée, pour les produits en du gaz et les conditions de service).
vrac, au tassement, à l’hygrométrie, etc., qui réduisent les possibi- Voici quelques valeurs de la célérité du son :
lités d’emploi. air à 0 oC : 331 m/s,
Les sondes pour mesures en continu sont linéaires et se hydrogène : 1 284 m/s,
présentent à peu de chose près, à tige et à câble, comme pour les hélium : 985 m/s.
liquides non conducteurs, mais elles ne sont pas isolées ; elles sont
actives sur toute leur hauteur. Elles peuvent aussi être totalement ■ Propagation dans les liquides : dans les liquides usuels, dont
isolées pour les liquides et solides conducteurs. l’eau, la vitesse de propagation du son est de l’ordre de 1 500 m/s.
Il existe une version avec isolement en céramique pour hautes ■ Propagation dans les solides :
températures (200 oC) et hautes pressions (800 bar).
aluminium, fer : 6 000 m/s,
argent, or : 3 500 m/s,
plomb : 2 000 m/s,
5.4 Applications et exécutions
plastiques : 2 000 m/s,
particulières élastomères : 1 500 m/s.

Les principales sont :


— surveillance en continu du niveau dans des puits profonds 6.1.2 Fréquence
(900 m) ;
— contrôle d’interface huile/eau ; La fréquence des ondes sonores (perceptibles aux fines oreilles
— sonde plate verticale affleurante à la paroi pour la mesure de jusqu’à 16 kHz) s’étend de 15 Hz à 20 kHz.
niveau dans les débitmètres à lame de liquide pour chenal à ciel Celle des ondes ultrasonores, dans le domaine qui intéresse le
ouvert ; contrôle des niveaux, va de 20 kHz à quelques mégahertz.
— détection et mesure de niveau dans les liquides cryogéniques
(H2 , N2 , O2 , etc.).
6.1.3 Absorption dans l’air
Dans l’air (et les gaz), les vibrations sonores transforment leur
énergie en chaleur, au dépend de leur intensité. Le milieu est donc
6. Systèmes de mesure absorbant, notamment pour les fréquences élevées. Ainsi 1 m d’air
absorbe à 45 kHz autant que 50 m à 10 kHz. La présence d’humi-
par ondes sonores dité, de CO2 , de poussières, etc., contribue à augmenter l’absorp-
ou ultrasonores tion, sans oublier l’importance de l’influence de la température
(voir formule, § 6.1.1).

Cette méthode de mesure de niveau vrai sans contact avec le


produit, fondée sur la réflexion d’une onde sonore ou ultrasonore 6.1.4 Distance
sur l’interface produit/gaz, fut longtemps considérée comme pro-
metteuse, mais difficile. Une meilleure compréhension des phéno- Dans un milieu isotrope, l’intensité d’une émission sonore
mènes et l’apparition d’électroniques plus élaborées (notamment à décroît comme le carré de la distance à l’émetteur.
base de microprocesseurs) ont permis de dominer les problèmes L’intensité des ultrasons décroît exponentiellement avec la dis-
et de réaliser des installations parfaitement fiables. tance parcourue.

6.1.5 Réflexion
6.1 Caractéristiques des ondes sonores
et ultrasonores La plupart des dispositifs de contrôle de niveau sonores ou ultra-
sonores mesurent le délai t entre l’émission et le retour d’un son
(écho). La vitesse v de propagation dans le milieu traversé étant
Le lecteur est invité à consulter les articles Ultrasons [E 1 910] supposée connue, la distance d de l’émetteur à l’obstacle est de :
et Acoustique industrielle [R 3 120].
d = t v/2
Les phénomènes de réflexion de l’onde sonore, base de la
6.1.1 Vitesse de propagation mesure, méritent donc quelque attention.
Si l’onde rencontre l’interface de deux milieux aux propriétés
Le plus souvent, les appareils de contrôle par ultrasons utilisent acoustiques différentes, elle se trouve partiellement transmise, par-
un parcours des ondes en milieu gazeux, la connaissance des lois tiellement réfléchie, avec un pourcentage de réflexion d’autant plus
de propagation dans ce milieu est indispensable pour optimiser le élevé que les propriétés entre les deux milieux s’éloignent, comme
choix des solutions. par exemple entre l’air et un liquide (presque 90 % de retour). Par
■ Propagation dans les gaz : les ondes sonores se propagent en contre, si les propriétés sont voisines, entre la glace et l’eau, ou
suivant la loi : entre l’hydrogène et l’eau par exemple, le pourcentage de retour
devient sensiblement plus faible et donc difficile à mettre en évi-
v = R T γ /M dence.

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Temps ou distances  2

Son émis Émission Réception

Son
réfléchi t0 d N D
(écho)
Inhibition Zone d'utilisation
possible
Liquide
t0 émission ou top
d distance minimale de détection
a écho sur liquide b réflexion sur liquide D distance maximale (retour d'écho indiscernable)
tranquille recouvert de mousse
N niveau à mesurer

Figure 24 – Détection d’un écho ultrasonore

6.2 Élimination des facteurs


perturbateurs
Le plus souvent, les appareils de mesure par ondes sonores ou
ultrasonores combinent l’émetteur et le récepteur en une seule
sonde dont l’organe sensible est commuté pour assurer alternati-
vement les deux fonctions.
Une impulsion, ou top rectangulaire, comportant plusieurs
c réflexion sur produits en vrac périodes de la fréquence de mesure, est émise à intervalle fixe,
puis l’instrument se met aussitôt à l’écoute de l’écho (figure 24)
afin d’estimer le temps de retour. Une distance minimale d, dite
Figure 23 – Mesure de niveau par ultrasons : principe de la réflexion « de blocage », est requise pour éviter la confusion entre le top
des ultrasons d’émission et l’écho. À l’inverse, ce dernier ne reste perceptible
que pour une distance inférieure à D et il est alors très faible.
L’étendue de mesure est donc (D – d ).
La structure superficielle de l’interface joue aussi un rôle essen-
tiel. La longueur d’onde λ est égale à :
6.2.1 Température du milieu
λ = v/f
avec f (Hz) fréquence. Selon l’équation de la cinétique, la vitesse du son dans l’air croît
proportionnellement à la racine carrée de la température absolue
Pour un faisceau de fréquence 40 kHz dans l’air, λ ≈ 8 mm et le comme la vitesse moyenne des molécules. Si la vitesse de l’air est
quart d’onde λ /4 = 2 mm. de l’ordre de 330 m/s à 0 oC, elle atteindra donc à 100 oC une
La notion de quart d’onde qui vient d’apparaître détermine le valeur de 386 m/s, soit une augmentation de 56 m/s ou encore de
comportement du faisceau : 0,56 m/s par degré, variation trop importante pour garantir une
— si l’interface présente une distribution homogène d’irrégula- bonne précision. Si le parcours du faisceau se trouve situé à la
rités dont la dimension moyenne est de l’ordre de λ /4, elle se température ambiante, une compensation automatique à partir
comporte comme un parfait diffuseur, avec un « spectre » de retour d’une saisie de température extérieure peut suffire pour corriger.
sphérique, quel que soit l’angle d’incidence ; dans ce cas, la part Notons que la température peut varier d’une bonne cinquantaine
retournée vers l’émetteur est faible (figure 23c ) ; de degrés entre l’été et l’hiver. En revanche, s’il s’agit d’un silo
— si les irrégularités sont de dimension moyenne nettement plus recevant des vracs chauds à la sortie d’un four, la mesure de la
réduite, ou nulle comme la surface d’un liquide tranquille, l’interface température moyenne du faisceau devient très difficile à apprécier
agit comme un miroir (figure 23a ) ; dans le milieu avec une température de produit fortement aléa-
— si l’onde traverse un milieu ayant pratiquement les mêmes toire. La précision devient alors problématique, d’autant que des
propriétés acoustiques, mais finement structuré avec un pas de nuages de poussières et le pouvoir réflecteur réduit et variable
l’ordre de ce quart d’onde (par exemple une mousse, un aérosol, peuvent encore perturber la mesure.
un nuage de poussière), elle se trouve fortement absorbée
(figure 23b ).
6.2.2 Absorption du milieu
La connaissance de ces phénomènes permet de prévoir si un
dispositif ultrasonore sera ou non utilisable pour l’application envi- Des facteurs autres que la température interviennent : variation
sagée. du milieu, hygrométrie, CO2 , vapeur d’eau, poussières, mousses,
Dans bien des cas, compte tenu de l’absorption et de la distance H2 , etc. Si le milieu traversé par le faisceau sonore est homogène,
de la surface réfléchissante, l’écho ne représente plus qu’une faible une solution consiste à placer une cible à distance connue, qui pro-
partie de l’intensité du signal émis et doit être extrait d’un bruit de duira un écho et permettra donc d’étalonner en permanence la
fond important. C’est la difficulté de la mesure par ultrasons, expli- vitesse de propagation par le calcul inverse. Un mode de réalisa-
quant d’ailleurs un certain nombre d’échecs antérieurs. tion usuel est l’étrier (figure 25).

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II
800 mm

A B C
ø 4 mm
I gain de l'amplificateur de réception
II signal émis puis écho
A impulsion acoustique
B écho parasite ignoré (gain nul)
C écho utile dans la fenêtre de mesure (validé)
D fenêtre de réception
138 mm
Figure 26 – Réception de l’écho ultrasonore dans une fenêtre

Figure 25 – Système de mesure ultrasonore avec compensation


par étrier (doc. Endress et Hauser)
6.2.5 Produits en chute situés sur le parcours
du faisceau

Une autre solution consiste à placer en point haut un détecteur Les produits en chute libre lors d’un remplissage, notamment en
de n’importe quel type (y compris ultrasonique) qui fournit un silo, constituent un obstacle générateur d’écho. Cependant, l’onde
point de calage à 100 % et pourquoi pas un autre détecteur en sonore réfléchie subit l’effet Doppler et présente donc un décalage
point bas qui donne le 0 %, tous deux permettant ainsi un auto- de fréquence. Le bruit parasite peut être éliminé grâce à l’emploi
étalonnage. d’un filtre extrêmement sélectif calé sur la fréquence de mesure.
Un écho « correct » doit avoir exactement la fréquence du signal
émis.
6.2.3 Affaiblissement du signal
en fonction de la distance 6.2.6 Structure de l’interface
L’affaiblissement a pour conséquence que, pour de grandes hau- La granulométrie de surface du produit, dans la mesure où elle
teurs, le signal de l’écho risque de se trouver perdu dans le bruit se maintient constante dans le temps, peut commander le choix de
de fond. Si le niveau varie lentement par rapport à la fréquence des la fréquence de mesure pour éviter l’effet d’absorption quart
impulsions, l’électronique conserve en mémoire la valeur de la der- d’onde (§ 6.1.5).
nière position du niveau, et ne rend la détection sensible que dans
un créneau de temps de retour correspondant à la nouvelle posi- Ainsi, la présence de mousses sur un liquide risque de provo-
tion possible ; on élimine ainsi quantité de signaux parasites quer une absorption fatale à la mesure. Il est alors intéressant
(figure 26). d’employer des ondes sonores dont la longueur d’onde dans l’air
est, par exemple, de l’ordre de 2 cm, qui sont moins absorbées.

6.2.4 Présence d’obstacles


6.3 Dispositifs de contrôle
Particulièrement indiqués pour ce type de mesure, un réservoir
ou un silo ne devraient présenter que des parois lisses, sans aucun Souvent, l’élément émetteur-récepteur (figure 27) est constitué
équipement interne susceptible de générer des échos parasites. En par un cristal ou une céramique piézo-électrique vibrant selon un
pratique, il existe de nombreuses causes (renforcements des struc- axe qui coïncide avec celui de la direction de la mesure. Pour éviter
tures, tubulures, décrochements de forme, équipements, appareil- la corrosion, ce cristal ne se trouve pas en contact avec le milieu
lages et, plus grave, dépôts) qui produisent des échos visibles sur mesuré. Une paroi en matériau non absorbant assure ce contact et
l’enregistrement du signal de retour (figure 26), caractérisés par est séparée du cristal par une couche de liquide d’épaisseur quart
leur amplitude (qui dépend de la surface parasite) et leur position d’onde qui réalise le couplage acoustique. De nombreux matériaux
presque invariable (la fluctuation de position peut être due à peuvent être utilisés en fonction des conditions de corrosion, le
l’atmosphère évoluante). Leur amplitude peut être du même ordre plus courant étant l’acier inoxydable.
de grandeur que l’écho utile et provoquer une confusion quand le
produit parvient à leur niveau. Le remède consiste à supprimer les Les fréquences varient de 10 kHz (soniques) à quelques méga-
obstacles et, si cela n’est pas possible, à placer le cheminement hertz.
relativement directif du faisceau de façon à les éviter. Quelques Les impulsions ou tops sont émis à raison de quelques coups
électroniques permettent de les « effacer » en générant des pics de par seconde. Il existe un temps de montée en fréquence de la
même allure, mais en sens inverse (linéarisation). membrane, puis une stabilisation de l’amplitude pendant quelques

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« retour » dû au bord. La hauteur mesurée peut atteindre 50 m. Les


températures maximales sont de l’ordre de 60 à 80 oC, les pres-
Coulis d'atténuation
sions dépassent rarement le bar. Ce sont typiquement des appa-
reils pour utilisation à pression atmosphérique.
Les applications particulières sont le contrôle du niveau dans les
Oscillateur piézo-électrique déversoirs à ciel ouvert pour le calcul des débits, du niveau des
houles, des plans d’eau d’écluse, des crues.
Couche d'adaptation
Émission acoustique
6.3.2 Sonde immergée en base de réservoir
a oscillateur à piston L’émetteur-récepteur est orienté vers le haut et mesure la dis-
tance à l’interface par le temps de parcours du son dans le liquide.
Il s’agit du principe du sonar à l’envers.
Vis ■ Inconvénient : le matériel est moins accessible et doit résister à
l’immersion en milieu éventuellement corrosif.
Masse stabilisante en fer
■ Avantage : la vitesse en milieu liquide est moins susceptible
d’être perturbée et les mesures sont plus fidèles que dans le mon-
Deux oscillateurs piézo-électriques tage précédent.

Cylindre de transformation
en aluminium 6.3.3 Sonde immergeable avec émetteur
et récepteur en vis-à-vis
Tête de membrane en titane
Les cristaux piézo-électriques, d’une petite dimension, se font
Émission acoustique face de part et d’autre d’une lame du milieu contrôlé, grâce à un
support adéquat (figure 28). La fréquence d’excitation est de
quelques mégahertz. Les appareils sont utilisés en détecteurs de
b oscillateur de haute performance niveau tout ou rien. À cette fréquence, l’onde est rapidement
absorbée et la distance émetteur-récepteur est seulement de quel-
ques centimètres (ou quelques millimètres) ; la mesure, très sélec-
Figure 27 – Oscillateurs ultrasoniques (doc. Véga) tive, permet de détecter l’interface entre deux liquides ou la
hauteur des lits de boues dans les bassins de décantation.

périodes, enfin une extinction de la vibration. C’est alors que


l’appareil se met en écoute jusqu’au prochain top de retour.
Le signal de sortie peut être traité par un microprocesseur qui
corrige les facteurs perturbateurs et assure la linéarisation du fac- A
teur de forme du contenant, le blocage de la mesure pendant le Raccord Raccord
passage de pales d’agitateur, l’adaptation automatique de la fré-
quence de résonance de la membrane en cas de dépôts, etc.

ø 26 mm
Cristaux piézo-électriques
Il existe toutes les natures de protection, notamment pour fonc-
tionnement en atmosphère explosible.
Les émetteurs et récepteurs existent sous de nombreuses for-
mes, placés avec membrane affleurante ou au contact de la paroi Coupe A-A
à l’extérieur du contenant. Cette dernière présentation est utile Connexions électriques
A
pour les contrôles où la membrane active risque d’être baignée 130 mm
dans un produit corrosif.
Les systèmes avec émetteur et récepteur combinés sont les plus a détecteur compact à ultrasons
courants, mais on trouve aussi ceux implantés avec émetteur et
récepteur en vis-à-vis.
L’orientation est le plus souvent indifférente, à condition de
choisir les angles pour éviter les interférences entre plusieurs
appareils.

6.3.1 Émetteur-récepteur de mesure


en toit de réservoir ou de silo
Il s’agit du montage le plus classique, mesurant généralement le Cristal émetteur Cristal récepteur
creux, l’appareil étant placé sur le toit, regardant le produit et 200 mm
émettant un faisceau relativement directif, usuellement vertical,
mais pouvant être légèrement incliné pour éviter un obstacle sans b détecteur lyre
nuire à la précision.
Pour éliminer les faux échos, le montage doit faire l’objet de
quelques soins ; notamment, la tubulure qui reçoit l’instrument Figure 28 – Détecteurs à ultrasons avec émetteur et récepteur
doit être large ou coupée en sifflet pour éviter un signal de en vis-à-vis (doc. Solartron Mobrey)

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6.3.4 Autres dispositifs L’émetteur et le récepteur sont placés en vis-à-vis (figure 28)
comme pour une barrière lumineuse, la portée pouvant atteindre
Il existe des dispositifs portables de mesure de niveau par ultra- une vingtaine de mètres dans l’air.
sons (pleine échelle de quelques centimètres à quelques mètres). Les parois métalliques et les matières conductrices, présentant
Un rayonnement ultrasonique peut être utilisé à la manière d’un une permittivité élevée, agissent comme réflecteurs et interdisent
faisceau optique avec un émetteur et un récepteur en opposition l’emploi de ce principe d’introspection. Au contraire, les matériaux
placés à l’extérieur des parois d’un réservoir. à faible permittivité, donc les isolants (verre, bois, cartons, etc.),
Une « oreille sonique » peut apprécier le niveau de remplissage sont traversés avec un faible amortissement : cela permet l’intro-
d’un broyeur à boulet. spection à travers des récipients en carton ou en plastique opaques
aux rayons lumineux.
Le contrôle, essentiellement détection tout ou rien, s’effectue sur
un niveau vrai de liquide ou de solide, éventuellement au défilé,
7. Systèmes à micro-ondes car le temps de réponse est relativement rapide (20 coups/s). Autre
avantage : il n’existe aucun contact avec le produit contrôlé ou
même le récipient. Le seul inconvénient majeur reste donc l’inter-
Les micro-ondes, de nature électromagnétique, possèdent une diction d’emploi dans les contenants métalliques.
fréquence comprise entre 300 MHz et 300 GHz. Comme la lumière, Comme pour tous les rayonnements, on retrouve la notion
elles sont peu perturbées par des poussières diffuses, la vapeur pratique de demi-épaisseur, pour laquelle l’intensité du faisceau
non saturée, la pression, la température, la composition chimique incident est réduite de moitié.
de l’atmosphère traversée. Bien que les détecteurs de niveau les
exploitant soient dans l’ensemble plutôt onéreux par rapport aux Exemples de demi-épaisseurs :
autres solutions, ils ont fait l’objet d’un développement 7 mm pour le verre (dépendant de la teneur en plomb)
considérable, les prix ont diminué et la fréquence élevée permet de
200 mm pour le bois
prétendre aisément à une très bonne précision, assez facilement de
l’ordre du millimètre. Rustiques, ils supportent des hautes tempé- Plusieurs centimètres pour les plastiques (PVC, PP, PTFE, etc.)
ratures.
Cette connaissance de la demi-épaisseur est indispensable pour
Il existe quatre méthodes pour les utiliser :
adapter l’intensité de la source, qui dépend donc de l’épaisseur et
— en détection de niveau, comme une cellule photoélectrique à de la nature des parois, afin de provoquer la commutation du relais
travers les parois ; lorsque le produit, liquide ou solide, s’interpose sur le trajet du
— en mesure, par émission d’impulsions, dont on détermine le faisceau. Le raisonnement est évidemment proche de celui utilisé
temps de retour, comme dans la plupart des systèmes à ultrasons ; pour les rayons γ ; toutefois, l’émetteur, comme le récepteur,
— en émettant un train d’ondes continu modulé en fréquence, n’offre pas la souplesse d’emploi d’un système à radio-isotopes.
dont on mesure la différence de fréquences sur le train d’ondes de
retour ; Pour implanter une détection, deux possibilités sont cependant
— en guidant les impulsions émises dans un guide d’ondes, en offertes :
l’occurrence une tige ou un câble noyé dans la matière. À l’interface — une ou plusieurs plaques métalliques peuvent servir de réflec-
du niveau, une réflexion se produit dont on mesure le délai de teurs, de manière à obtenir un cheminement plus intéressant du
retour. faisceau, compte tenu de la disposition locale (figure 29) ;
Des méthodes de mesure avec radar, on peut retenir les possi- — une plaque mince de verre ou d’un absorbant quelconque
bilités suivantes : (éventuellement un matériau synthétique antistatique) peut être
interposée pour réduire l’intensité de la radiation sur des courtes
— utilisation en général en voûte de réservoir ou de silo ;
distances émetteur-récepteur et obtenir ainsi un meilleur contraste.
— utilisation possible avec un puits de tranquillisation dont le
diamètre réduit élimine les retours parasites ; Dans tous les cas, une disposition simple évite les réflexions
— emploi d’antennes en cornet, s’il y a de la place, ou antennes parasites. L’émetteur et le récepteur exigent un alignement parfait
en bâton à travers une tubulure de faible diamètre, mais exigeant et une orientation angulaire adéquate, car le faisceau est polarisé.
une fréquence plus élevée ; L’ensemble doit montrer une bonne stabilité géométrique dans le
— réchauffage de l’antenne, s’il y a risque de condensation ; temps pour conserver ses performances initiales.
— refroidissement de l’antenne si la température est trop élevée ;
— antennes déportées avec extension pour certaines applications
difficiles ; liaison par câble avec l’électronique ; 7.2 Méthode avec émetteur-récepteur
— antennes réalisables en toutes sortes de matériaux pour résis-
ter aux ambiances corrosives (inox, titane, aluminium, hastelloy, combiné à impulsions,
tantale, plastique, céramique, revêtements spéciaux) ; antennes radar sans contact
émaillées ;
— pressions jusqu’à quelques centaines de bars ; Ces appareils fonctionnent en somme comme les systèmes à
— températures jusqu’à quelques centaines de degrés Celsius. ultrasons, sans la plupart de leurs inconvénients. Les fréquences
Peu de problèmes résistent à leur compétence et les radars tra- d’émission permettent d’atteindre sans difficulté le millimètre de
vaillent aussi bien sur les liquides que sur les vracs. précision. Des tentatives sont faites en vue de les faire approuver
Les mesures sont sensibles à la permittivité des divers matériaux pour des transactions commerciales, au même titre que les jauges
composant l’installation (tableau 3). asservies, seules habilitées actuellement. Les agréments existent
en dehors de la France. Toutefois, ces jauges radar ne peuvent,
comme leurs homologues à plongeur, déterminer le « pied d’eau »,
voire la hauteur de sédiment, indispensables pour la gestion de
7.1 Méthode avec émetteur certains réservoirs de produits pétroliers.
et récepteur séparés Selon la fréquence d’émission, le récepteur a la forme d’un cor-
net ou d’une antenne linéaire (figure 30). Le choix, important pour
Avec cette méthode de mesure, le faisceau est interrompu, la facilité d’implantation, dépend donc de la fréquence et de la
comme un rayon lumineux, par le milieu contrôlé. réflectivité du produit. Les produits trop absorbants (permittivité

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Réflecteur

a montage avec une seule réflexion (réservoir vu en coupe


longitudinale)

Réflecteur Réflecteur

Figure 30 – Radar avec antenne cornet ou stick (doc. Krohne)

l’antenne peut atteindre 400 oC. Inversement, il peut y avoir des


risques de condensation. Certaines têtes sont réchauffées ou
refroidies, selon le service. Les fréquences atteignent 100 GHz. Le
faisceau se trouve alors très étroit.
L’implantation est facile en toit de bac avec télétransmission à
distance, ce qui permet la télégestion d’un parc de réservoirs de
b montage en double réflexion (réservoir vu en coupe stockage. Initialement, le système avait été développé en tant que
longitudinale)
jaugeur Marine pour contrôler le chargement des tankers. Une
version plus fine existe :
— résolution : 1 mm ;
— erreur de linéarité : ± 2 mm ;
— température au niveau de l’instrument : – 40 à 70 oC.

7.3 Méthode avec émetteur-récepteur


combiné, modulation de fréquence
Réflecteur
d’émission, sans contact
Le système émet une onde continue modulée en fréquence et on
mesure la différence entre la fréquence incidente et la fréquence
retour après réflexion, proportionnelle à la distance. Il est plus
facile de mesurer des variations de fréquences que des temps de
parcours très courts. Cela dit, la technologie des appareils reste
voisine de celle de leurs homologues sans contact et dépend de la
nature de l’atmosphère en contact : vapeurs corrosives, tempéra-
ture. Ces appareils sont désignés par l’abréviation FMCW
c réflexion par un réflecteur placé derrière le réservoir (frequency modulated continuous wave ).
(réservoir vu en coupe transversale)

Figure 29 – Déviation des micro-ondes par des réflecteurs


7.4 Méthode à impulsions
(doc. Endress et Hauser) ou ondes guidées
Ces appareils utilisent le principe de la réflectométrie en trans-
mission pour la localisation des défauts dans des lignes électriques
relative à l’air inférieure à 1,5) posent des problèmes, notamment ou des fibres optiques (TDR : time domain reflectometry ). Des
dans les vracs. Les parois métalliques des conteneurs, en provo- impulsions hautes fréquences sont introduites dans une tige ou un
quant des réflexions parasites, peuvent gêner. De même, certaines conducteur métallique suspendu sous l’émetteur sur toute la hau-
mousses fines peuvent atténuer le signal. Plus la fréquence est éle- teur du matériau à contrôler. Une réflexion se produit au niveau de
vée, plus le cône d’émission est étroit et moins sont importants les l’interface et son temps de retour détermine la hauteur de ce
risques de réflexion parasite. Dans l’ensemble, les radars donnent niveau. L’avantage est que la méthode s’affranchit des problèmes
une mesure fiable et existent en version « sécurité intrinsèque ». de réflexion parasite sur les parois des conteneurs. L’implantation
On peut les installer sur un puits de tranquillisation pour éliminer n’exige qu’une tubulure de faible dimension. En revanche, le fait
certaines réflexions parasites. La température au niveau de d’immerger un élément linéaire dans le milieu n’est pas toujours

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dénué d’inconvénients : corrosion, colmatage pouvant générer de


faux échos. Dans les vracs, il faut penser aux réactions de friction
pouvant induire une traction sur l’antenne lors des manutentions
de produit. Connexion électrique

Raccord fileté
8. Détecteurs à lames vibrantes
Tige vibrante
8.1 Système à lames symétriques
Oscillateur piézo-électrique
Deux lames, disposées tel un diapason, sont portées à leur
fréquence de résonance (de l’ordre d’une centaine de hertz) par Vibration
effet piézo-électrique. Si elles se trouvent immergées dans un
milieu liquide ou dans un solide en vrac, l’amortissement résultant
provoque le basculement d’un relais (figure 31). Figure 32 – Détecteur à tige vibrante pour liquides (doc. Véga)
Le principe des lames vibrantes est essentiellement employé
pour la détection (tout ou rien) des niveaux.
Un tel système est très sensible quand l’extrémité des lames Pour les liquides, les lames peuvent être munies d’ailerons qui
commence à être effleurée par le produit, mais il est naturellement augmentent l’amortissement quand la viscosité est faible. Certains
perturbé par la formation de dépôts ou par le colmatage, qui appareils acceptent des températures de milieu de – 40 à + 200 oC,
changent la fréquence de résonance. Heureusement, les vibrations une pression maximale de service de 25 bar, une viscosité maxi-
induisent un effet d’autonettoyage qui rend le procédé relative- male de 1 m2/s, une masse volumique minimale de 700 kg/m3.
ment fiable. Le salissement dans le creux de la fourche se montre
moins préjudiciable au bon fonctionnement que les dépôts incrus- La partie immergée ne comportant aucune cavité, les détecteurs
tants en bout de lames. à lames vibrantes peuvent être utilisés dans l’industrie alimentaire.

La température ne doit pas dépasser 80 oC ; l’appareil existe en Les lames sont réalisées en différents matériaux, y compris les
différentes versions : étanche, antidéflagrante, etc. La température revêtements type PTFE.
de l’électronique de mesure, proche de celle du milieu contrôlé car Les appareils peuvent être disposés selon différentes orien-
les deux lames sont conductrices de la chaleur, doit être surveillée tations.
si la température dans le contenant risque d’être trop élevée.
Certains appareils, comportant un préamplificateur au niveau de la
sonde, sont reliés à l’électronique d’exploitation par un câble qui
protège contre de trop fortes élévations de température. 8.2 Détecteur à tige vibrante
Les caractéristiques typiques pour les instruments destinés au
contrôle des produits en vrac sont : Au lieu d’utiliser un système constitué par deux lames vibrant
— température en trémie : – 20 à + 80 oC ; symétriquement, il existe des appareils ne comportant qu’une tige
— pression maximale : 6 bar ; vibrante plongée dans le produit ; ils conviennent pour la détection
— masse volumique minimale : 30 kg/m3 ; des niveaux sur les liquides ou sur les produits pulvérulents à fai-
— temps de réponse : 2 s. ble granulométrie et faible masse volumique.
Les lames sont assez fragiles et ne peuvent convenir pour du Ce détecteur (figure 32) jouit à peu près des mêmes propriétés,
vrac lourd ni pour les granulométries du même ordre de grandeur caractéristiques et montages que le modèle précédent à lames
que l’interpale (risque de blocage). Il est important de les sous- symétriques. Peut-être peut-on affirmer qu’il est moins sensible à
traire, grâce à un auvent interne, à la chute des produits lors des la détection, mais par contre plus robuste et indifférent au colma-
remplissages qui, en plus du danger de fausses alertes, risquerait tage et à la granulométrie des produits.
de les endommager. Les détecteurs étant naturellement sensibles
aux vibrations induites par l’installation, il en existe qui sont sus-
pendus à un câble.

9. Systèmes à palpeur
Placé en toit de réservoir ou de silo, ce dispositif comporte un
Joint d'étanchéité
tambour, un ruban et un palpeur destiné à toucher le produit lors
de balayages verticaux aller-retour périodiques, commandés auto-
Jupe du réservoir
matiquement ou manuellement (figure 33). Lorsque le contact se
produit, le ruban se relâche, ce qui provoque une inversion du sens
Lame vibrante de marche du moteur commandant le tambour et la remontée du
palpeur en position haute. Comme dans une jauge de niveau
asservie, des impulsions sont générées, dont le nombre est fonc-
Raccord fileté
tion de la longueur de ruban déroulée et permet d’apprécier le
Connexion creux. L’information périodique ainsi recueillie est exploitée par un
électrique
Manchon taraudé indicateur local ou à distance par une télétransmission. La diffé-
rence fondamentale avec la jauge asservie est précisément
l’absence d’asservissement qui fait que cette information n’est pas
Figure 31 – Détecteur à lames vibrantes (doc. Endress et Hauser) délivrée d’une manière continue.

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— les munir d’un dispositif de raclage du ruban pour empêcher


l’accumulation de salissures sur le tambour ;
— éviter de faire longer au palpeur des obstacles pouvant
l’accrocher ;
— comme dans d’autres systèmes analogues, penser au renfor-
cement du toit dans le cas où un effondrement noierait le palpeur
et une partie du ruban dans le produit et provoquerait un effort anor-
mal au moment de l’extraction.

Boîtier contenant
le mécanisme
moteur-tambour
10. Systèmes de mesure
par conductivité
ou résistivité électrique
Palpeur en
position haute 10.1 Principe de la méthode
et applications
Le principe consiste à mesurer le courant électrique passant
entre deux électrodes, ou entre une électrode et la masse métalli-
que d’un réservoir, quand le produit, nécessairement conducteur,
vient toucher et fermer le circuit. Les gaz ou vapeurs sont isolants
Palpeur en aux températures de service usuelles. Le courant amplifié sert à
position au actionner un relais à seuil. La méthode est, sauf rares exceptions,
contact réservée à la détection d’un ou de plusieurs seuils.
L’eau très pure possède une conductivité inférieure à
0,05 µS · cm–1, mais sa détection reste néanmoins possible avec
des conductivimètres performants et chers dont l’emploi pour cette
Figure 33 – Mesure par système à palpeur (doc. Auxitrol) application, sauf cas particulier, devient discutable. Les hydro-
carbures sont très isolants, comme de nombreux produits orga-
niques. La méthode devient intéressante pour les solutions
aqueuses et les différentes natures d’eaux peu purifiées.
Ce système s’applique indifféremment aux liquides ou aux L’interface entre deux liquides, l’un conducteur et l’autre isolant,
solides ; toutefois, il est juste de signaler qu’il équipe surtout les eau/huile par exemple (§ 10.4), le niveau de poudres, grenailles,
silos. granulés de produits conducteurs (métaux, carbone, etc.) peuvent
Les caractéristiques types sont les suivantes : également être détectés par cette méthode.
— hauteur mesurée : jusqu’à 70 m ; La figure 34 donne la valeur de la conductivité de divers pro-
— vitesse de descente : de 10 à 30 cm/s selon la course ; duits. Il est remarquable de constater que l’échelle de la
— précision : de quelques centimètres à 1 dm selon la course conductivité (ou de son inverse la résistivité) s’étend sur plusieurs
(fonction du nombre d’impulsions pour la course totale) ; décades.
— température de fonctionnement dans le silo : – 20 à 70 oC ;
— pression atmosphérique ;
— toutes sortes de protections (dont antidéflagrante).
10.2 Différents montages
Il existe plusieurs formes de palpeur, en fonction de la nature du
produit contrôlé : ■ Avec un réservoir en métal par exemple, une seule électrode
— palpeur standard avec ou sans pointe de touche ; convient par seuil de niveau, le réservoir étant à la masse. Avec un
— palpeur parachute pour les produits légers pulvérulents, produit moyennement conducteur, une électronique simple suffit.
comportant une sorte de parapluie en toile qui évite au contrepoids La traversée de paroi du contenant, latérale, en toit ou en fond,
de s’enfoncer, le parachute replié passe à travers une tubulure de s’effectue par un piquage isolé au passage de l’électrode. Celle-ci
petit diamètre ; peut comporter un revêtement isolant (gaine), jusqu’à l’extrémité
— palpeur sac, pour silo ou trémie munis d’un dispositif découverte.
d’extraction mécanique qui risquerait d’être endommagé par le
Si le liquide est peu conducteur, il est nécessaire d’utiliser une
décrochage intempestif d’un contrepoids massif ; le sac est alors
électronique à gain plus élevé ou un système à deux électrodes
rempli du produit lui-même en guise de lest ;
rapprochées.
— palpeur flotteur pour les liquides ;
— palpeur cloche pour les pulvérulents légers haute température ■ Avec des réservoirs isolants, il ne subsiste que cette dernière
ne permettant pas l’emploi d’un parachute. solution (figure 35).
Les parties en contact avec le milieu peuvent être réalisées en Dans tous les cas, il est important qu’un dépôt de salissures
divers matériaux adéquats. conductrices ne forme pas un pont à la surface de la gaine. Pour
Ces appareils sont d’un fonctionnement simple et sûr, mais cette raison, le revêtement isolant, choisi souvent en Teflon (PTFE)
exigent quelques précautions : peu adhérent, gaine l’électrode jusqu’à l’extrémité dénudée.
— éviter de les situer dans le parcours de chute de remplissage Inversement, des dépôts isolants ne doivent pas s’agglomérer
du produit ; autour de l’extrémité.

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volts) pour éliminer les risques d’électrocution. Les électroniques


utilisées sont incorporées en un boîtier en sortie de sonde ou
reliées par un câble. Bien que la plupart des liquides inflammables
107
ne soient pas conducteurs et donc soient peu concernés, les
conditions d’exploitation requièrent parfois l’usage de la sécurité
106 Acide sulfurique 30 % Température intrinsèque. Dans ce cas, comme le milieu est le plus souvent à la
Acide sulfurique 90 % ambiante masse, une séparation galvanique semble recommandable en plus
105 10 de la barrière de Zener quand les terres ne sont pas rigoureuse-
ment isopotentielles, ce qui est usuel (§ 5).
Eau de mer Le temps de réponse est très court (quelques millisecondes). Par
104 Jus d'orange conséquent, pour tenir compte des phénomènes de vagues s’il y a
Bière agitation, il est intéressant de temporiser le signal de sortie pour
103 103 limiter les contacts fugitifs.

102 Eau du robinet


10.3 Sécurité positive
10 105
Eau distillée Il n’y a pas de différence entre un circuit ouvert, le liquide
1 106 conducteur ne baignant pas la sonde, et une coupure accidentelle
dans le circuit. Par conséquent, par cette méthode, les niveaux
Alcool méthylique hauts ne sont pas en réelle sécurité positive. En revanche, pour le
10–1
niveau bas, le circuit est clos et une coupure éventuelle, qui res-
semble au défaut recherché, est automatiquement signalée.
10–2 108

Kérosène
10–3 10.4 Interface liquide conducteur /
Conductivité (µS · cm–1) Résistivité (Ω · cm) liquide isolant
Des exemples typiques sont les interfaces : eau/hydrocarbure,
Figure 34 – Valeurs de la conductivité électrique
eau/huile.
de quelques produits
La méthode de mesure par conductivité électrique est
certainement l’une des plus sûres pour cette application fréquente :
décanteurs, pied d’eau dans les bacs de stockage de produits
pétroliers. Dans ces réservoirs en effet, si l’on sait mesurer avec
assez de précision le niveau haut, l’interface entre la couche d’eau
qui se crée à la base, provenant de décantation naturelle, et le pro-
duit lui-même est assez difficile à estimer. Il existe donc des sondes
munies d’un capteur par conductivité, à câble et tambour qui, par
palpage, déterminent l’interface à la couche parasite.
3 Maximum

10.5 Différents types de matériel


Les sondes en diverses technologies répondent à de multiples
applications. Les électrodes sont réalisables en tous métaux. Les
gaines existent en divers plastiques, notamment en Teflon. On peut
1 2 1 2
noter l’exécution en céramique pour haute température et même
haute pression (bougie de moteur de voiture). Les longueurs vont
Minimum de quelques millimètres à 2 ou 3 m. Le réglage de la sensibilité en
fonction de la résistivité du milieu s’effectue par potentiomètre.
Il existe des sondes simples (figure 36), des sondes multi-
niveaux, des sondes à réglage de longueur.
a montage pour détection b montage pour régulation
de niveau en un point de niveau entre deux points

1 tige de masse
10.6 Exécutions particulières
2 tige de niveau bas
3 tige de niveau haut ■ Détection sur ballon de chaudières : il s’agit d’une application
usuelle, notamment sur les chaudières basses et moyennes
pressions, où le système fait office de régulateur (tout ou rien) d’eau
Figure 35 – Détecteurs conductifs pour réservoirs isolants d’alimentation et en même temps d’alarme niveaux haut et bas.
(doc. Endress et Hauser)
■ Mesure continue sur liquide cryogénique : c’est une application
peu courante, mais particulièrement remarquable. Un fil résistant
vertical est en partie baigné dans un liquide cryogénique dont la
Pour éviter les phénomènes d’électrolyse, le courant employé température est de quelques kelvins (hélium). Par conséquent, la
est alternatif, autant que possible de faible intensité (quelques partie immergée devient supraconductrice, et sa résistance prati-
milliampères), et la tension inférieure à 48 V (souvent quelques quement nulle. Il suffit de mesurer la résistance de la portion émer-

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■ Mesure sur réservoir d’essence de voiture : une résistance bobi-


née nue est immergée verticalement dans le réservoir, et un flotteur
joue le rôle d’un curseur de potentiomètre. Un contact supplémen-
taire sert d’alarme de niveau bas.

52 mm ■ Ruban détecteur de liquide conducteur : un ruban comportant


deux conducteurs métalliques inoxydables maintenus parallèles par
une structure en Teflon est déployé dans une fosse et détecte une
éventuelle fuite de fluide conducteur tout au long de son parcours.

■ Mesureur portatif : un système câble-tambour-sonde conductrice


40 mm autonome avec palpage et asservissement mesure et enregistre en
continu un niveau liquide. Il est utilisé surtout pour des variations de
l’ordre de quelques centimètres ou décimètres, afin de suivre l’évo-
lution du niveau d’une nappe de surface ou celle de l’épaisseur de la
lame de liquide d’un déversoir à ciel ouvert.
Figure 36 – Détecteur conductif simple : électrode pour chaudière
200 bar, 200 oC (doc. Kuebler France)
Des tableaux comparatifs des méthodes de mesure et de
détection des niveaux peuvent être consultés dans l’article
[R 2 014].
geante pour connaître la hauteur du liquide. En outre, la partie
baignant dans le liquide froid, supraconductrice, ne dissipe pas Une liste très complète des fabricants et constructeurs est
d’énergie. donnée dans Pour en savoir plus [Doc. R 2 015].

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