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Technologie/Process

La pratique du contrôle
particulaire des salles
classées à l’usage
Michel
COMBET
Consultant
des mémoires défaillantes
michel.combet@gmail.com

Quoi de neuf en ce domaine ? Essentiellement des compteurs de Bien sur le matériel choisi aura été préalablement étalonné mais
particules qui gagnent en performance et l’évolution des normes le technicien de service aura encore à faire preuve de
et textes réglementaires. professionnalisme dans son comportement.
Les normes et les textes réglementaires sont le premier point sur Il aura pris connaissance des procédures d’accès à la zone tant
lequel on peut buter. Il n’est pas rare de trouver dans des pour l’habillement que pour l’entrée du matériel. Ceci signifie que
protocoles de tests une liste de textes auxquels on doit se référer le compteur lui-même doit être propre voire décontaminé et non
et qui ne sont pas tous en cohérence. Le rédacteur dans un élan extrait d’un coffre de voiture ou d’un emballage douteux. Ce qui
qui se veut sécuritaire a compilé toutes les normes relatives au est vrai pour le compteur l’est également pour les équipements
comptage particulaire et y a ajouté quelques textes annexes, sonde, tuyaux, chariot de transport, pied support de
réglementaires tendant à prouver sa compétence en la matière. Il sonde sans oublier les inévitables rallonges électriques qui ne
ne reste plus qu’à choisir celui qui va permettre d’approuver la manquent pas de trainer au sol.
conformité des résultats obtenus.
Pour la classification des locaux, les prélèvements d’air se font
Faire référence à plusieurs textes n’est pas une faute si on généralement « à hauteur d’homme » en utilisant une sonde
précise ce que l’on prendra en compte dans chaque texte. On isocinétique pour toute mesure sous flux laminaire. Le principe de
pourra par exemple préciser que les mesures seront effectuées cette sonde est de permettre une entrée d’air dans le circuit de
en suivant la méthodologie de la norme ISO 14644 mais que les prélèvement vers le compteur de particules avec une vitesse la
critères d’acceptation sont définis par les niveaux de classes de plus proche possible de celle du mouvement d’air dirigé (Figure
l’annexe 1 des BPF. Déjà là, il y a matière à discussion puisque 1). Bien sur, mais il vaut mieux le rappeler, la sonde isocinétique
les 2 textes ne sont pas d’accord sur les limites de classe A ou sera tournée face ouverte vers le flux d’air. On aura pris soin par
ISO 5. Alors si on veut en plus être en règle avec les exigences conséquent de vérifier par visualisation les mouvements réels de
des USA, ça se complique et il va falloir être précis sur ce que l’air au point de prélèvement. Comme on sait bien qu’un flux
l’on retiendra de chaque texte. La description précise d‘une laminaire n’est laminaire que tant qu’on n’y met pas d’obstacle, il
méthodologie de prélèvement peut aider en cela. y aura toujours des turbulences au niveau du bâti des machines
de répartition. La sonde du compteur sera donc placée
Encore faut-il bien sur choisir le bon texte. Appliquer les limites
légèrement au dessus de cette surface en respectant toutefois la
des classes d’air à l’hôpital (Afnor S90351) à une unité de
règle du volume critique défini par les américains comme la
préparation hospitalière, à une stérilisation centralisée ou à un
distance maximum d’un pied du point sensible.
labo de thérapie cellulaire sous prétexte qu’ils sont situés sur un
Figure 1
site hospitalier peut amener à des conclusions de conformité plus
que critiquables.
Comme la plupart des textes évoluent avec le temps, il convient
d’être vigilant en appliquant les données des textes en vigueur, en
oubliant les anciens protocoles standard qu’on aimait bien depuis
longtemps et en évitant de prendre une avance inutile sur des
projets de révision non approuvés.
Ces réflexions préliminaires passées il faut s’armer du compteur
et partir sur le terrain. Pas si vite, quelques précautions
s’imposent.
Nous examinerons d’abord le cas de la qualification initiale d’une
installation ou d’une requalification.
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Pour les dispositifs à flux d’air non laminaire, la sonde Figure 2


isocinétique n’a pas d’influence sur la mesure mais reste
pratique pour effectuer des prélèvements là où le compteur lui
même ne peut pas être placé directement sans tuyau
d’aspiration.
Ce tuyau d’aspiration n’est pas non plus sans incidence sur le
résultat du comptage. Il sera dans tous les cas propre tant
intérieurement qu’extérieurement, dans un matériau
suffisamment rigide pour ne pas se plier mais suivre des courbes
du plus grand rayon possible. Ceux fournis par les fabricants sont
généralement dans un matériau non électrostatique et d’une
longueur limitant les pertes qui pourraient être importantes
surtout pour les particules supérieures à 5 μm.
Le matériel choisi on va pouvoir commencer les mesures.
Attention à ne pas se précipiter en utilisant un compteur resté
toute la nuit dans un coffre de voiture. Une période de chauffage
va s‘imposer pour éviter les phénomènes de condensation. S’il
est prudent de pratiquer les mesures en commençant par la zone
la plus propre et en allant croissant, il n’en demeure pas moins
qu’une vérification régulière du “blanc” est nécessaire en plaçant
un filtre à l’entrée du tuyau de prélèvement.
La sélection du ou des textes applicables effectuée, il convient
d’établir un plan d’échantillonnage. La norme ISO en vigueur ne
prenant pas en compte le niveau de classe de propreté, on s’en
tiendra au nombre de points donnés par la racine carrée de la
surface du local exprimée en mètres carrés. Ce nombre de points
est à répartir dans la salle en n’oubliant pas que le calcul
statistique imposé sur les résultats de mesures a pour objectif de
vérifier l’uniformité de l’empoussièrement dans l’ensemble du
volume. Ceci nous pousse à répartir ces points de façon régulière
dans la salle (Figure 2). Il n’y a pas là de recherche de point
critique particulier comme ce sera le cas pour les sondes de
monitoring. L’évolution future en discussion nous annonce une
approche de calcul plus « statistique » du nombre de points. On
verra ; c’est le futur, mais il n’est toujours pas question de points
critiques à ce stade.
Question : doit-on tenir compte des équipements volumineux au
sol pour minimiser la surface de référence ? Deux cas sont Combien d’échantillons faudra-t-il prélever en chaque point de la
possibles. Soit l’équipement volumineux est pourvu de son surface ? Un raisonnement simple amène à faire plusieurs
propre système de traitement d’air et il sera l’objet d’une étude prélèvements pour établir une valeur moyenne. Ce plusieurs ne
séparée, donc une surface à décompter de la surface du local. peut-être bien sûr ni un, ni deux, mais au minimum trois. Cela
Soit l’équipement n’est que volumineux (absence de système n’est pas suffisant ; encore faut-il examiner les résultats obtenus
intégré) et on décidera en rapport du ratio de surface entre la pour ces trois échantillons. Les valeurs doivent montrer une
salle et l’équipement en question. A moins de 10% de la surface stabilité de l’empoussièrement et surtout pas une augmentation
il serait mal venu de faire une soustraction qui au demeurant ne du nombre de particules pour autoriser le calcul de la moyenne.
ferait pas gagner grand-chose (Tableau 1 ci-dessous). (voir tableau 2 ci-contre).

Surface
2à6 7 à 12 13 à 20 21 à 30 31 à 42 43 à 56 57 à 72 73 à 90 91 à 110
en m²

Nombre
2 3 4 5 6 7 8 9 10
de Points
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Nombres de particules obtenus lors de 3 prélèvements successifs au même point

1er prélèvement 128784 129492 129492


2e prélèvement 129125 128784 129125
3e prélèvement 129492 129125 128784

Empoussièrement croissant Empoussièrement stable Empoussièrement décroissant


Moyenne autorisée
Moyenne interdite Moyenne autorisée
mais pas conseillée

Il convient parfois d’attendre le cinquième ou le L’analyse statistique demandée par la norme ISO 14644-1, et qui est restée
sixième échantillon pour voir l’empoussièrement identique à celle antérieurement incluse dans la vieille Fed Std 209E, permet de
se stabiliser et enfin pouvoir enregistrer les vérifier que la classe obtenue n’est pas une valeur moyenne de l’empoussièrement
résultats. Par chance les classes A et B qui local mais atteste de l’uniformité de cet empoussièrement.
nécessitent des grands volumes d’échantillons
sont moins concernées par ce phénomène en
raison du plus fort taux de renouvellement d’air.
En ce qui concerne le volume de chaque
échantillon à prélever, il y a convergence entre
les indications de la norme ISO et les exigences
de l’annexe 1 des BPF. En effet ISO 14644-1
précise qu’il faut : « Prélever en chaque point de
prélèvement, un volume d'air suffisant pour que,
à la limite de la classe ISO spécifiée, 20
particules au moins soient détectées de la taille
de particules la plus grande considérée »
Ceci nous amène à prélever 1m3 pour la classe
ISO 5 comme pour la classe A, ou la classe B au
repos. Pour les autres classes (ISO 7 et ISO 8)
quelques litres suffiraient, donc les compteurs
avec des débits de 25, 28, 50 ou à fortiori 100 L
/ minute conviennent parfaitement. On pourra
jouer sur la durée des prélèvements pour
réduire le temps d’échantillonnage.

En effet l’homogénéité de l’empoussièrement est un des deux critères, avec le


niveau d’empoussièrement, qui permettent de classer une salle en conformité avec
la norme. En d’autres termes, même si le dénombrement des particules reste
inférieur en chaque point à la limite supérieure définie par la norme, il ne doit pas y
avoir de disparité importante entre les niveaux obtenus à chacun de ces points.
L’absence d’homogénéité de l’empoussièrement peut résulter d’une situation
anormale comme une émission locale mal maîtrisée ou d’une conception
Nous voilà maintenant avec une collecte de aboutissant volontairement à une différence de niveaux de propreté. C’est
données à traiter pour établir la conformité des régulièrement le cas pour des sas personnels ayant une arrivée d’air filtré (côté
classes mesurées. entrée en salle propre) et la reprise d’air (côté opposé vers le couloir d’accès).
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Même si tous les comptages particulaires sont inclus dans les Deux technologies existent pour le monitoring particulaire. Soit
limites de la classe, la différence de propreté entre les deux cotés l’échantillon d’air prélevé est transféré au compteur de particules
du sas entraîne suite à l’analyse statistique une impossibilité de par un tuyau ne dépassant pas 5 à 6 mètres et en évitant les
classer le local. Il convient alors de lever cette non-conformité en coudes. Soit la mesure est effectuée par une cellule placée au
justifiant les décisions du choix conceptuel. plus près de la sonde et c’est l’information numérisée qui sera
reportée sur un système d’enregistrement. Dans les deux cas les
En ce qui concerne le monitoring, c'est-à-dire des contrôles à niveaux limites seront fixés pour déclencher une alarme en cas
fréquence rapprochée, il est désormais admis que la surveillance de dépassement. L’enregistrement des résultats pourra être
peut être effectuée sur des échantillons de 28 l prélevés en une continu ou limité aux seuls dépassements à partir d’un logiciel
minute. Ces contrôles sont réalisés en activité avec des seuils qualifié et généralement conforme au 21 CFR Part 11.
limites ajustés au volume d’échantillonnage. Il ne faudra donc pas
Le monitoring de la zone commence dès le début des
dépasser 100 particules pour celles ≥ 0,5 μm, et 1 particule sera
interventions préalables à une activité en classe A et B. Seule la
à la fois seuil d’alerte et seuil d’action pour les particules ≥5 μm.
fréquence de ces surveillances automatisées est différente entre
En effet 1 particule ≥ 5μm dans 1 pied cube d’air correspond à
les 2 classes.
un empoussièrement de 35 particules par mètre cube, ce qui est
supérieur à la limite de 20 particules par m3 donné par l’annexe D’une façon générale l’essentiel de ce qu’il faut savoir apparait
1 des BPF pour la classe A. dans les textes normatifs ou référentiels. Bien sur les BPF en
version 2011 / 8 bis mais surtout les normes ISO 14 644 6 -1, 2
Le nombre et le choix des emplacements des sondes fixes de et 3. A tout cela s’additionne l’expérience du technicien en
comptage particulaire devront toujours être établis sur la base charge des contrôles, sans oublier les rédacteurs, vérificateurs,
d’une analyse de risque mettant en évidence les points critiques approbateurs de protocoles de mesures et enfin les relecteurs et
du procédé. Ces points critiques seront déterminés par approbateurs des rapports. S’il y a de grands risques lorsqu’un
l’expérience ou suite à des dénombrements effectués en phase technicien qui connait la pratique des mesures n’a aucune notion
de qualification. Les positions seront justifiées et les décisions d’assurance qualité, il est bien pire de vouloir faire de l’assurance
documentées. qualité sans connaissance technique.

P
P P Tours, le jeudi 5 avril 2012 7e
édition
Centre de congrès Vinci

Thème 2012 : Le Capital Humain


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Des conférences présentées par :
on

é d i t i Aguettant
 Sébastien
ème
Président de la commission des affaires
industrielles du Leem
 Guillaume Clément
Président de Léo Pharma
 Philippe Leininger
Consulting Partner Management and
People Solutions - oxo pharma

Six ateliers proposés par :


 Le Grepic
 L’Afipral
 Le Gipso
 Le Gimra
 Bio Médical Alliance
 Le Groupe IMT

Programme détaillé et inscription : www.les-ppp.com


G R E P I C

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