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Détectabilité des fuites

par émission acoustique

par Didier CARON


Pôle d’activités « Ingénierie des contrôles et mesures », CETIM

1. Objet ............................................................................................................ R 2 057 - 2


2. État de l’art ................................................................................................ — 2
2.1 Caractéristiques de l’émission acoustique des fuites............................... — 2
2.1.1 Généralités .......................................................................................... — 2
2.1.2 Sources d’émission acoustique dans les fuites ............................... — 2
2.1.3 Cas des fuites à travers des fissures ................................................. — 3
2.1.4 Influence de divers paramètres ......................................................... — 4
2.2 Application de l’écoute acoustique à la détection de fuite sur robinet... — 5
2.2.1 Méthodes de détection de fuite spécifiques aux robinets .............. — 5
2.2.2 Systèmes commercialisés ................................................................. — 7
2.2.3 Discussion ........................................................................................... — 8
3. Expérimentations ..................................................................................... — 9
3.1 Expériences .................................................................................................. — 9
3.2 Résultats ....................................................................................................... — 9
3.2.1 Première expérience........................................................................... — 9
3.2.2 Deuxième expérience......................................................................... — 10
3.2.3 Troisième expérience ......................................................................... — 10
3.3 Conclusions des expérimentations ............................................................ — 10
4. Solutions acoustiques spécifiques...................................................... — 10
4.1 Détection d’émission fugitive par nez acoustique .................................... — 10
4.2 Détection d’émission fugitive par méthode photoacoustique ................ — 11
4.2.1 Spectrométrie photoacoustique avec cellule de collecte de gaz .... — 11
4.2.2 Spectrométrie photoacoustique sans collecte de gaz ..................... — 11
4.3 Comparaison des différentes méthodes acoustiques .............................. — 12
5. Conclusion ................................................................................................. — 12
Références bibliographiques ......................................................................... — 13

’émission acoustique est une technique très utilisée dans l’industrie pour la
L recherche de fuite. La méthode est plus sensible en gaz qu’en liquide et a
souvent été utilisée avec succès. Toutefois sa sensibilité est aléatoire et dépend
de nombreux facteurs (nature du fluide, géométrie du défaut, bruit environ-
nant, etc.). En règle générale sa sensibilité est plutôt de l’ordre du litre par
heure.
Ce résultat a été confirmé par les essais réalisés, sur le site du pôle d’activité
« Technologies de l’étanchéité » avec du matériel dont les spécifications étaient
similaires à celles des instrumentations du commerce.
Cela suggère que l’émission acoustique « classique » est difficilement trans-
férable au cas des faibles débits des émissions fugitives.
Par contre, des méthodes acoustiques alternatives, nez acoustique ou photo
acoustique, semblent être prometteuses.

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1. Objet —

turbulence de l’écoulement ;
jet gazeux ou liquide ;
— cavitation ;
Les législations concernant l’environnement imposent des limi- — pulsation des bulles ;
tes d’émission dans l’atmosphère des produits de l’industrie chimi- — explosion des bulles ;
que et pétrochimique. La profession de la robinetterie industrielle — choc des bulles sur les parois ;
est la première concernée, car on estime que 70 % des problèmes
— vaporisation de liquide (flashing ).
rencontrés sur site proviennent des robinets et plus particulière-
ment des étanchéités au niveau des presses-étoupes [1].
Lors de sa réunion du 7 novembre 2001, le groupe de travail 2.1.2.1 Turbulence de l’écoulement
« émission fugitive » issu de la commission Robinetterie du CETIM
a demandé que soit réalisé un dossier d’instruction sur la possibi- L’écoulement turbulent est un écoulement non permanent dont
lité d’utiliser l’émission acoustique pour la détection et la mesure le champ des vitesses possède un caractère aléatoire et non cor-
des émissions fugitives sur site de production ou sur site d’exploi- rélé dans l’espace et dans le temps.
tation au niveau des presses-étoupes des robinets. Le régime d’écoulement turbulent apparaît du fait de l’interac-
Les travaux réalisés en ce sens ont comporté trois phases : tion du fluide avec les parois de la conduite et de la présence éven-
tuelle d’obstacles. La vitesse du fluide dans une conduite est
— l’établissement de l’état de l’art de la détection de fuites par
maximale au centre et nulle sur la paroi. La structure d’écoulement
émission acoustique ;
est alors déterminée par le rapport des forces d’inertie et des
— l’étude des solutions acoustiques existantes (émissions acous- forces de viscosité dans le fluide. Ce rapport est défini par le
tique ou alternative) ; nombre de Reynolds :
— des essais de faisabilité.
UD
R = ----------
ν
avec D largeur de section,
µ
2. État de l’art ν viscosité cinématique du fluide égale à ------ ( µ étant la
ρ
viscosité dynamique et ρ la masse volumique),
L’étude de l’état de l’art d’une solution « émission acoustique » U vitesse de l’écoulement :
s’est articulée autour d’une analyse bibliographique des travaux de
Q
recherche menés sur la détection de fuite par émission acoustique U = ------
ainsi que d’une veille technologique du matériel commercialisé. A
Plusieurs bases d’informations ont été consultées : avec Q débit volumique et A section de l’orifice.
— Compendex ; Lorsque R est petit, les forces de viscosité sont prépondérantes
— Pascal ; partout et la vitesse du fluide nulle sur la surface de la paroi croît
— bases de données de brevets ; lentement de zéro à une valeur Umax lorsque l’on s’éloigne de
— Internet. celle-ci (figure 1a).
Lorsque R est grand, la variation de la vitesse croît rapidement
lorsque l’on dépasse une distance δ depuis la surface de la paroi,
2.1 Caractéristiques de l’émission la valeur de cette distance étant faible devant la dimension de la
acoustique des fuites conduite. L’écoulement n’est alors très lent que dans une épaisseur
de couche inférieure à δ (figure 1b).
Dans cette couche limite au voisinage de la paroi ou des obsta-
2.1.1 Généralités cles qui s’y trouvent, l’écoulement est laminaire, c’est-à-dire que le
fluide s’écoule en filets continus suivant régulièrement le contour
L’émission acoustique est créée par les fluctuations locales du des surfaces en présence.
champ de pression associées à divers phénomènes dans le fluide.
Si la vitesse d’écoulement augmente (ou si les dimensions de la
Chaque fluctuation est un phénomène transitoire, qui engendre conduite sont réduites), des instabilités se développent au niveau
une onde acoustique de forme impulsionnelle. Si un grand nombre de la couche limite. Celle-ci décolle et des tourbillons apparaissent,
de fluctuations se produit pendant la durée de mesure, et cela de fluctuent dans le temps, disparaissent pour réapparaître à d’autres
façon aléatoire et incohérente dans le temps et dans le volume de endroits. Le régime d’écoulement devient turbulent d’une façon
fluide, le signal résultant a l’allure d’un bruit, quasi stationnaire au d’autant plus marquée que le fluide rencontre des irrégularités sur
moins à l’échelle de la seconde. C’est ce que l’on appelle de les surfaces ou sur les bords d’attaque.
l’émission acoustique continue.
L’émission acoustique continue, dans le cas des fuites, se mani-
feste par une augmentation apparente du bruit de fond. Les
variations temporelles des fluctuations de pression étant très diffé-
rentes, le spectre en fréquence du bruit acoustique généré est alors
très étendu, proche de celui d’un bruit blanc. δ

Umax Umax
2.1.2 Sources d’émission acoustique
dans les fuites
Il existe a priori plusieurs phénomènes principaux dans l’écou- a R petit b R grand
lement d’un fluide à travers un orifice, tel qu’une fissure ou une
vanne, qui donnent naissance à de l’émission acoustique
détectable : Figure 1 – Écoulement du fluide suivant la valeur du nombre de Reynolds

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On considère que la transition entre l’écoulement laminaire vis- bulle. S’ensuivent alors des échos dus à l’onde de choc. L’allure du
queux et l’écoulement turbulent est située à une valeur d’environ spectre du bruit généré par un impact est comparable à celle de la
2 000 à 4 000 du nombre de Reynolds. Autrement dit, pour qu’un cavitation. Néanmoins, la différence tient à ce que le bruit créé par
écoulement soit turbulent, il faut au moins que la vitesse d’écou- un impact est directif et plus énergétique que le bruit de cavitation
4 000 ν pour les fluides en écoulements rapides [3] [4].
lement soit supérieure à -------------------- ou un débit Q > 4 000 ν D dans le
D
cas d’un orifice circulaire par exemple. 2.1.2.6 Jet gazeux ou liquide
Au travers de la valeur de ν, la température du fluide aura une
Un gaz ou un liquide s’écoulant à travers un orifice de fuite se
forte influence sur le phénomène de turbulence.
mélange en sortie de ce dernier avec le fluide ambiant sous forme
D’après la théorie de Lighthill, la puissance acoustique rayonnée d’un jet. Quel que soit le profil de vitesse du fluide, le jet est
par la turbulence varie en U8 ou l’intensité acoustique en U6. entouré d’une couche de cisaillement dès qu’il pénètre dans le
fluide ambiant.
2.1.2.2 Cavitation dans l’écoulement
Le développement de la zone de mélange dépend du nombre de
La cavitation dans un liquide se produit chaque fois que la Reynolds et de la géométrie de l’orifice. Pour un nombre de Rey-
pression chute localement à une valeur inférieure à la pression de nolds supérieur à 1 000, des instabilités se développent dans la
vaporisation du liquide ou à la pression partielle d’un gaz dissous couche de cisaillement et produisent des tourbillons plus ou moins
dans ce liquide. organisés.
Cette chute de pression provoque alors la formation de bulles de Ce phénomène de création de mouvements tourbillonnaires au
vapeur ou de gaz. Les bulles se déplacent et disparaissent très bru- sein du fluide s’accompagne en général de fluctuations de débit et
talement par implosion aussitôt que la pression remonte. de forces sur le bord de l’orifice de fuite. Plus la vitesse de sortie
Les variations locales de pression qui sont à l’origine de la cavi- est élevée, plus les tourbillons sont petits et la fréquence du bruit
tation peuvent être provoquées par la circulation du fluide sans émis est élevée.
qu’il y ait nécessairement des turbulences. Les variations de
dimensions de la conduite, les coudes, les changements de direc- 2.1.2.7 Vaporisation du liquide (flashing )
tion, les obstacles, les aspérités des parois... sont autant de causes
possibles pour modifier le profil de pression du liquide en écoule- La vaporisation rapide de l’eau surchauffée est très émissive.
ment. L’énergie acoustique engendrée peut être jusqu’à huit fois celle
que cause un phénomène de turbulence.
Le degré de cavitation dans une fuite à travers un orifice est
directement proportionnel aux pressions dans l’orifice de fuite et
inversement proportionnel à la différence entre la pression locale 2.1.2.8 Vibrations intrinsèques de la colonne de fluide
statique P et la somme PV des pressions partielles des vapeurs Ce mécanisme [5] se produit dans les tubes étroits selon la
saturantes et des gaz dissous. relation :
La durée d’un événement de cavitation dans l’eau est estimée 0,5 d < 0,61 λ
dans l’ordre de grandeur de 1 à 50 µs, ce qui implique l’émission
d’ondes dans un spectre de fréquence s’étendant largement de avec d diamètre de l’orifice,
quelques kHz à quelques MHz. λ longueur d’onde correspondant aux vibrations longi-
On retiendra que la cavitation se traduit par des événements tudinales de la colonne de fluide.
discrets, plus ou moins discernables dans le temps par les appa- Par exemple, ce phénomène pourrait exister dans le cas des
reils de mesure classiques, dont l’énergie acoustique est au moins fuites dans un réservoir d’épaisseur 3 mm et il correspondrait à
supérieure à un ordre de grandeur de celle engendrée par le phé- une fréquence élevée de l’ordre de :
nomène de turbulence.
C 1 500
2.1.2.3 Pulsation de bulles de vapeur ou de gaz f = ------ = -------------------------- = 0,5 MHz
λ 3 × 10 –30
(atomisation)
Ce phénomène conduit donc à un spectre à bande étroite et
 
L
À l’entrée d’un orifice long ------ >>1 aux bords aigus, le courant pourrait en particulier apparaître lors d’un impact sur un obstacle.
D
de fluide est comprimé, puis se détend à la sortie. La chute de La fréquence serait alors fonction de la longueur réelle de l’écou-
pression entraîne la formation de bulles ou même de poches de lement (  3 mm pour l’épaisseur de paroi) augmentée, le cas
vapeur ou de gaz. Le calcul et l’expérience ont démontré que cette échéant, de la distance de l’obstacle.
chute de pression est insuffisante pour produire une cavitation,
mais l’évolution des bulles et la formation de poches s’accompa-
gnent d’oscillations qui peuvent entraîner des pulsations de pres- 2.1.3 Cas des fuites à travers des fissures
sion. Ces bulles peuvent être considérées comme des oscillateurs
dont la fréquence de résonance dépend de leur taille. Une appro- En première approximation, une fuite à travers une fissure peut
che théorique montre que des diamètres de 0,1 à 1 mm conduisent être assimilée à un écoulement d’un fluide dans une conduite. Les
à des bruits de fréquences de 5 à 40 kHz. mécanismes générant de l’émission acoustique dépendent gran-
dement de deux paramètres : le profil de la pression et la géomé-
2.1.2.4 Explosion des bulles trie du canal de fuite.
Le profil de la pression le long du canal est lié à la différence de
Les bulles provoquées par l’introduction de gaz dans un liquide
pression totale de part et d’autre de l’épaisseur de la paroi (carac-
migrent verticalement. Lorsqu’elles atteignent la surface libre du
térisée par la perte de charge totale) et au rapport longueur du
liquide, elles éclatent et produisent une onde mécanique facile-
canal sur diamètre hydraulique L/D. La géométrie de la fuite est
ment détectable.
définie principalement par la forme de la section, le rapport L/D,
l’existence de rétrécissements éventuels et la rugosité de la paroi.
2.1.2.5 Chocs des bulles
Dans un tel cas et s’il s’agit d’une fuite hydraulique, la cavitation
Le bruit d’impact d’une bulle sur une paroi est assez semblable est la source principale de l’émission acoustique [5] [6]. Le niveau
dans son principe à la cavitation. Le choc crée l’explosion de la du signal acoustique augmente brusquement à partir d’une

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pression (ou d’un débit) donnée. Cette pression P*i (ou débit Q*) facilement détectable à débit massique égal qu’une fuite de liquide
correspondant à la limite théorique pour la détection de fuite est (eau par exemple).
liée à l’indice de cavitation. Un exemple est donné par Kitajima et al. [11], où l’intensité du
bruit de fuite en vapeur saturée et en eau pressurisée varie de
façon linéaire avec le débit exprimé sur une échelle logarithmique.
2.1.4 Influence de divers paramètres On constate que le niveau de bruit est 10 fois plus élevé pour une
fuite de vapeur saturée que pour une fuite d’eau pressurisée. Dans
L’émissivité d’une fuite ainsi que sa répartition spectrale
ce dernier cas, l’intensité de l’émission varie légèrement avec le
dépendent de différents facteurs dont les plus importants sont les
degré de sous-saturation.
suivants :
— nature du fluide ; Lorsqu’il s’agit d’un fluide hydraulique, sa nature est déterminée,
— type, taille et géométrie de l’orifice de fuite ; pour les bruits générés suite à des cavitations dans la fuite, par
— présence de corps parasites à l’extérieur de la fuite ; deux caractéristiques principales : la densité du fluide ρ (ou visco-
sité cinématique ν ) et pression de vapeur PV . Dans le cas d’un
— teneur en gaz ou en impuretés dans le fluide de fuite ;
fluide contenant plusieurs composants tels que le pétrole, cette
— pression et température du fluide...
pression PV , pour laquelle la formation de bulles de vapeur appa-
raît, est déterminante.
2.1.4.1 Géométrie de la fuite
Plus la pression de vapeur du fluide est élevée et plus faibles
La géométrie d’une fuite est définie par plusieurs paramètres : sont le débit de fuite Q* et la pression dans la conduite P*i pour
— la forme de la section ; lesquels le bruit acoustique est tout juste détectable par cavitation.
— le rapport longueur sur diamètre ; Par ailleurs, lorsque l’état d’écoulement reste constamment tur-
µ
 
— la rugosité de la paroi ;
bulent dans la zone de cavitation, la viscosité cinématique ν = ------
— la forme des bords d’attaque d’entrée et de sortie... ρ
n’influe pas sur le bruit de fuite.
Dans le cas des fissures réelles [8] [9] [10], l’amplitude de
l’émission acoustique a été comparée pour différents types de En revanche, si ν est très élevée, la cavitation peut se produire
fissures : fissures de fatigue (MFC), fissures de fatigue thermique même dans un écoulement laminaire (indice de Reynolds faible).
(TFC) et fissures intergranulaires (IGSCC) provoquées par corro- Dans ce cas, les caractéristiques du bruit de cavitation pourraient
sion sous contrainte. se distinguer considérablement de celles mesurées en écoulement
turbulent.
Pour deux fissures IGSCC de géométrie différente, à un débit de
fuite égal à 0,9 L/h, les signaux sont identiques dans la bande de
fréquence entre 200 et 400 kHz. En dessous de 200 kHz, l’influence 2.1.4.3 Teneur en gaz et en impureté
de la géométrie sur le signal détecté est assez nette.
Cela signifie qu’une meilleure corrélation entre le débit de fuite Il est connu que la teneur en gaz ou en air influe fortement tant
et la réponse acoustique pourrait être obtenue à hautes fréquences sur le début de la cavitation que sur l’endommagement qu’elle
d’analyse (notamment au-dessus de 300 kHz). entraîne. Même lorsque le fluide renferme des composants gazeux
à l’état dissous, il peut arriver que du gaz se dissocie de la solution
Dans l’étude de Kupperman et al. [8], les spectres de signaux des sous l’effet de l’accélération en direction de l’entrée de fuite, avec
fuites réelles se distinguent nettement des fuites calibrées. Cette pour résultat un déclenchement de la cavitation pour des valeurs
distinction a été réalisée par l’analyse de la fonction d’autocorré- de K assez élevées. À cela s’ajoutent les effets des impuretés du
lation. fluide sur le nombre et le spectre des germes de cavitation.
Les analyses sur des fuites calibrées sont en général plus quan- La valeur critique de l’indice de cavitation σc est donc d’autant
titatives. Notamment dans l’étude de Lapshin [7], la durée de plus faible que la teneur en gaz et en impureté du fluide est petite.
l’implosion des bulles varie de 6,3 à 14,4 µs pour des diamètres de Lorsque la teneur en gaz augmente, σc augmente également, ce
fuite allant de 0,4 à 1 mm. Une diminution du diamètre de fuite qui permet une détection de fuite plus facile puisque les valeurs
conduit donc à un élargissement des spectres des signaux. limites Q* et P* sont réduites. Toutefois, le niveau acoustique tend
Dans le cas où la cavitation est la source principale de l’émission à diminuer du fait de l’atténuation des ondes sur les bulles d’air et
acoustique, la section de la fuite, qu’elle soit circulaire ou rectan- d’un éventuel glissement du spectre du bruit d’écoulement.
gulaire, n’a pas d’importance sur le résultat du bruit. En revanche,
une entrée arrondie favorable à l’écoulement est plus défavorable
pour la détection de fuite : les bords à arêtes vives et rugueuses de 2.1.4.4 Nature du fluide et présence des corps parasites
l’orifice d’entrée sont particulièrement favorables. à l’extérieur de la fuite
Le paramètre le plus déterminant semble être le rapport L/ D, Les effets de différents fluides et corps parasites à l’extérieur du
notamment pour le lieu d’apparition de la cavitation. canal de fuite sont importants sur le bruit acoustique généré. Un lit
L de sable ou de graviers ou d’autres corps parasites sur la surface
Lorsque ------ >>1 , la cavitation apparaît à proximité de l’entrée de extérieure du réservoir entraînent un niveau acoustique plus élevé
D
la fuite à l’intérieur du canal. Les facteurs importants influant sur ainsi qu’un décalage du début de l’augmentation vers les valeurs
la détection de fuite sont la perte de charge et la contraction dans plus faibles de P* et Q*. La sortie d’une fuite dans un même fluide
le canal de fuite. présente de ce fait la condition la plus défavorable du point de vue
de la détection de fuite.
La cavitation à l’extérieur du canal ne peut se produire que dans
L La raison est que, au niveau des surfaces limites entre le fluide
le cas où L/D est faible. Lorsque ------ < 1 , il se produit un jet libre de fuite et les corps parasites, les ondes acoustiques sont réflé-
D
immergé, si le même fluide est avoisinant à l’extérieur. chies et qu’en cas d’apparition de cavitation dans le jet sortant,
celle-ci peut se produire par suite d’une répartition de pression
modifiée lors du contournement de l’écoulement autour du réser-
2.1.4.2 Nature du fluide de fuite voir dès que le stade des faibles vitesses de sortie est atteint.
La compressibilité du fluide est un facteur discriminant du Dans un grand nombre de cas réels, le côté de sortie de la fuite
comportement acoustique entre différentes phases d’état. D’une comporte de l’air. La forme de la fuite joue alors un rôle particuliè-
manière générale, une fuite de gaz (vapeur d’eau, air...) est plus rement important.

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L 2.1.4.6 Température du fluide


Pour des fuites à ------ >>1 et C A ≈ 1 (sans contraction superfi-
D
cielle), il se produit une émission de cavitation à proximité de Dans le modèle proposé par Henry [17] pour décrire la décharge
l’entrée de fuite comparable à la sortie dans d’autres fluides (l’huile limite de deux phases d’écoulement, il est prédit que le débit de
par exemple), à cette différence près que de petites bulles d’air fuite augmente avec la température du fluide. Cela a été confirmé
peuvent pénétrer, à partir de la sortie, dans le canal de fuite, et ce par l’étude de l’Argonne National Laboratory [8], citée précédem-
lorsqu’il s’y forme une zone de détachement en cas d’entrée à ment (§ 2.1.4.1), sur une fuite à travers une fissure de corrosion
arêtes vives. Ces petites bulles d’air sont soumises, du fait de la sous contrainte.
turbulence d’écoulement, à des pulsations de débit. Le bruit acous- Les essais sont réalisés sur un banc de simulation. Le débit de
tique généré se manifeste alors avec une intensité I, proportion- fuite étant réglé à 0,9 L/ h, l’amplitude de l’émission détectée
nelle à U6. à 375 kHz à une distance de 1 m de la source diminue lorsque la
température décroît.
L
Pour des fuites à ------ < 1 , le bruit d’écoulement étant provoqué Une série de mesures obtenues par Jax et al. [12], sur une fuite
D
par la cavitation dans le jet immergé sortant, les expériences mon- simulée de bride dans un tronçon d’essai à 150 bar et dans laquelle
trent que la sortie du jet dans l’air ne produit pas de bruit d’écou- seul le paramètre de la température a été pris comme variable,
lement, donc pas de détection de fuite possible. montre que le spectre se modifie de façon complexe en fonction
de la température, résultat qu’il faut imputer à des modifications
au niveau de l’écoulement turbulent.
2.1.4.5 Pression du fluide
Par conséquent, l’évolution du signal acoustique en fonction de
La pression du fluide intervient comme un facteur multiplicatif la température du fluide peut être interprétée soit par une variation
sur l’intensité acoustique générée par une fuite. L’amplitude de de la viscosité du fluide conduisant à une variation du débit, soit
l’émission augmente de façon monotone avec la pression sur par un glissement de spectre des signaux dans la bande passante
différentes soupapes de haute pression. du système de détection.
Des études relativement récentes sur des tubes fissurés témoi-
gnent de la progression monotone de l’amplitude avec la pression
dans la bande de fréquence 100-300 kHz. On peut constater aussi
que, pour une fissure de section 1 mm2 à débit de fuite égal et à 2.2 Application de l’écoute acoustique
la température ambiante, la détection d’écoulement d’eau est plus à la détection de fuite sur robinet
favorable que celle d’azote.
Dans le domaine des basses pressions, typiquement en dessous
de 10 bar, les variations de l’émission acoustique en fonction de la
2.2.1 Méthodes de détection de fuite spécifiques
pression du fluide sont en général plus rapides, elles suivent une
loi en puissance, comme pour les cas suivants. aux robinets
Exemples La détection acoustique des fuites internes aux vannes est l’une
Lors d’une simulation dans des conduits de chauffage à distance, sur des nombreuses possibilités offertes par l’émission acoustique.
des tubes en acier de diamètre de 20 à 60 mm, l’intensité mesurée Cette technique est déjà utilisée dans des centrales nucléaires et
dans la gamme de fréquence de 1 à 10 kHz augmente sensiblement sur de nombreux sites chimiques, pétrochimiques, pétroliers, etc.
avec la pression. Selon la nature du fluide, avec un perçage de 0,3 mm Les sources de bruit d’un robinet qui fuit ont pour origines :
de diamètre, le seuil de détection est de 7, 3 et 4 bar respectivement
pour l’huile, l’eau et l’air. — la turbulence ;
— la cavitation ;
Une série d’expériences a été réalisée sur un réservoir de stockage
[13]. Les bruits de fuites ont été analysés en fonction de la pression pour — la détente de liquide en vapeur ;
différentes tailles de l’orifice et différentes natures du contenu (gaz ou — le mouvement mécanique des pièces.
liquide). Pour un petit orifice de 0,8 mm de diamètre, une fuite d’air à L’émission acoustique globale détectable est la somme de toutes
0,069 bar et une fuite d’eau à 0,55 bar sont facilement détectables à des les sources.
fréquences voisines de 30 kHz. La détection des ondes ultrasonores caractéristiques d’une fuite
Une autre expérience [14] sur une tuyauterie de diamètre 0,6 m interne de robinet se fait par l’intermédiaire d’une instrumentation
présentant une fissure de fatigue de 0,4 mm de largeur, montre que la spécifique et de capteurs fixés temporairement aux vannes et à la
tension RMS détectée par un capteur à large bande entre 300-700 kHz, tuyauterie adjacente [18] [19].
placé à 2,6 m de la source à température ambiante et à débit
quasiment constant (3,6 L/h), varie comme le cube de la pression. L’instrumentation est adaptée pour la détection de signaux situés
dans la bande 10-100 kHz. Cette bande de fréquence a été déter-
Les variations de la pression du fluide affectent non seulement minée parce qu’elle incluait l’énergie significative émise par les
l’amplitude de l’émission, mais peuvent également introduire des robinets fuyards et que l’émission acoustique dans cette bande
modifications sur le contenu fréquentiel du signal de fuite. était fortement atténuée avec l’éloignement de la source. De ce fait,
Lucia et al. [2] [15] ont observé, lors d’un cycle de mise en le bruit de fond peut être très souvent séparé électroniquement du
pression dans une capacité à pression en acier au carbone (lon- signal.
gueur 3 290 mm, diamètre externe 109,3 mm et épaisseur 6 mm), Les relevés des spectres du signal caractéristique de la vanne et
un changement d’état de l’écoulement qui provoque des modifica- du bruit de fond peuvent être réalisés selon trois procédures en
tions relativement importantes du contenu spectral des signaux de fonction des impératifs de production ou des conditions de fonc-
fuites. tionnement des installations. Ces procédures font l’objet des para-
Dans le domaine des basses pressions, on peut observer quel- graphes suivants.
quefois l’apparition de certaines fréquences dominantes à des Plusieurs exemples de recherche de fuite sur robinet [22] [23],
niveaux de pressions définis (cas d’une fuite simulée sur le bou- notamment dans l’industrie nucléaire, ont montré qu’il serait pos-
chon d’assemblage d’un tuyau sous pression [16], où l’émission sible de détecter des fuites présentant un faible débit.
acoustique ne varie pas avec la pression du tube d’une manière
monotone, mais présente trois pics à des pressions de 0,6, 1,7 et Exemple : une fuite de 0,007 6 L/min avec un capteur situé à
4,1 bar). 61 cm de la source (316 oC et 145 bar) a pu être détectée.

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— robinets 1.2 : signature en pression ;


1.3 — robinets 1.0, 1.1 et 1.3 : signature du bruit de fond.
• Phase 6
Fermeture du robinet 1.3.
• Phase 7
1.1 1.0 1.2 Ouverture du robinet 1.2.
Comme il peut être constaté, deux signatures de bruit de fond et
une signature de pression sont enregistrées pour chaque robinet.
Par ailleurs, la méthode par comparaison de signature requiert la
Figure 2 – Séquences permettant la comparaison des signatures manipulation des robinets, ce qui nécessite le suivi d’une procé-
acoustiques dure spécifique pour éviter toute erreur dans les manipulations.
Les séquences que nous avons décrites précédemment sont typi-
ques d’une telle procédure :
2.2.1.1 Comparaison des signatures acoustiques — les positions initiales des robinets sont les positions normales
en service ;
Cette technique [18] [20] est la plus simple à mettre en œuvre. — la chronologie des séquences est telle que tous les robinets
Elle requiert : ne peuvent simultanément se trouver en position « ouvert » ;
— l’utilisation d’un seul capteur d’émission acoustique ; — tous les robinets sont testés ;
— l’utilisation d’un robinet de séparation ; — tous les robinets retrouvent leur position initiale à la fin de la
— la manipulation des robinets. procédure de contrôle.
La méthodologie nécessite le respect de plusieurs séquences Les données sont interprétées en fonction de la différence entre
illustrées sur la figure 2. Le tableau 1 résume les séquences devant la signature de pression et la signature du bruit de fond au niveau
être suivies pour le contrôle d’étanchéité du robinet 1.0. Le robinet du robinet à tester.
1.3 sert de robinet de séparation. En règle générale :
(0)

— le robinet est déclaré fuyard si l’amplitude de la signature dite


« de pression » est supérieure à au moins une des signatures de
Tableau 1 – Séquences pour le contrôle bruit de fond ;
d’étanchéité des robinets — le robinet est déclaré fuyard si l’amplitude de la signature dite
« de pression » est supérieure à au moins une des signatures de
Numéro de la séquence bruit de fond dans les hautes fréquences ;
Robinet
testé — le robinet est considéré étanche si l’amplitude de la signature
1 2 3 4 5 6 7 dite « de pression » est proche de celle de la signature du bruit de
1.0 (X) X /X/ X /X/ X X fond ;
— aucune conclusion ne peut être donnée si l’amplitude de
1.1 /O/ X (X) O /O/ O O toutes les signatures de bruit de fond est supérieure à celle de la
1.2 /O/ O /O/ X (X) X O signature dite « de pression ». Cette situation peut être rencontrée
si le signal acoustique est parasité, dans le cas d’un mauvais
1.3 (X) O /O/ O /O/ X X couplage entre le capteur et la structure ou dans le cas de variation
X : robinet fermé ; (X) : signature en pression ; O : robinet ouvert ; de bruit de fond au cours du temps.
/O/ : signature du bruit de fond ; /X/ : signature du bruit de fond.
Dans certains cas, il n’est pas possible de suivre la méthodologie
décrite ci-dessus : il n’y a pas de robinets de séparation installé sur
la canalisation, les robinets ne peuvent pas être fermés au cours de
• Phase 1 l’exploitation, le bruit de fond varie au cours du temps.
Les robinets 1.0 et 1.3 sont fermés ; les robinets 1.1 et 1.2 sont Ces difficultés peuvent être surmontées en utilisant une autre
ouverts. La signature acoustique est enregistrée au niveau de méthodologie : la méthode par mesure de la signature différen-
chaque robinet : tielle.
— robinets 1.0 et 1.3 : signature en pression ;
— robinets 1.1 et 1.2 : signature du bruit de fond.
2.2.1.2 Mesure de la signature différentielle
• Phase 2
Cette méthode, la plus couramment utilisée, consiste à enre-
Fermeture du robinet 1.1 et ouverture du robinet 1.3. gistrer le spectre au droit de la vanne dans une bande de fréquence
• Phase 3 significative et de la comparer au spectre de bruit de fond de
l’installation.
Les robinets 1.0 et 1.1 sont fermés ; les robinets 1.2 et 1.3 sont
ouverts. La signature acoustique est enregistrée au niveau de Elle requiert généralement l’utilisation de deux capteurs
chaque robinet : d’émission acoustique [18] [20]. En revanche, si le bruit de fond ne
varie pas au cours du temps (processus stable), un seul capteur
— robinets 1.1 : signature en pression ;
peut être utilisé sous réserve de le positionner aux trois positions
— robinets 1.0, 1.2 et 1.3 : signature du bruit de fond.
que nécessite la méthode.
• Phase 4 Le ou les capteurs sont placés au niveau du robinet et sur la
Fermeture du robinet 1.2 et ouverture du robinet 1.1. canalisation, et/ou en aval (à une distance d’environ 10 fois le dia-
mètre de la canalisation dans le cas des aciers au carbone ou à
• Phase 5 3-5 fois le diamètre de la canalisation dans le cas des aciers inoxy-
Les robinets 1.0 et 1.2 sont fermés ; les robinets 1.1 et 1.3 sont dables). Des signatures acoustiques sont enregistrées en amont et
ouverts. La signature acoustique est enregistrée au niveau de en aval du robinet à tester. Elles correspondent au bruit de fond de
chaque robinet : la structure.

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Le bruit de fond est ensuite soustrait du signal obtenu par écoute


du robinet. Une différence positive est significative d’un robinet Tableau 2 – Matériels de détection par voie ultrasonore
fuyard. (émission acoustique) des fuites sur robinet
Plusieurs positions de capteurs peuvent être envisagées. Si le
robinet à tester se situe entre deux robinets, les capteurs peuvent Fuites Fuites
être placés sur les robinets ou sur la structure. Si le robinet à tester Constructeurs Modèles de de
ne se trouve pas entre deux autres robinets, il faut placer un cap- gaz/vapeur liquide
teur immédiatement en aval du robinet, les autres capteurs sur la Acoustic Emission
structure à une distance telle que définie précédemment. Consulting AED-2000 Oui Oui

American gas and Sonic 3000 Oui Oui


2.2.1.3 Comparaison directe chemical co.
La méthode par comparaison directe est généralement utilisée Amprobe ULD-300 Oui Oui
quand le but du contrôle est de déterminer quels sont les robinets
les plus fuyards parmi un ensemble de robinets identiques et Control System Ultraphonic 101 Oui Oui
fonctionnant aux mêmes conditions de pression. Bestobell SteamTector Oui Non
Une signature acoustique est enregistrée pour chaque robinet Innova AirTech
sous les mêmes conditions de pression. Les données obtenues MM0100 Oui Non
Instruments A/S
sont ensuite comparées les unes avec les autres. Lorsqu’un opéra-
teur utilise cette méthode, il fait l’hypothèse que le bruit de fond Kernco Instruments LDE-10 Oui Oui
est identique au niveau de chaque robinet. Les résultats du Leak Detection Services ValveAnalyser Oui Oui
contrôle sont bien entendus caduques si l’hypothèse n’est pas véri-
fiée. Monarch Instrument AccuTrak VPE-1000 Oui Non
L’interprétation des résultats est assez facile. Il faut considérer Physical Acoustic VPAC-5131 Oui Oui
comme potentiellement fuyard chaque robinet. Toutes les signa- Corporation
tures acoustiques (spectre fréquentiel) doivent présenter la même LRUDM Oui Oui
forme. Celle présentant la plus forte amplitude pourra alors être
considérée comme correspondant au robinet le plus fuyard. Ultraprobe 2000 Oui Oui
UE System
Cette méthode s’utilise uniquement lorsque les conditions Ultraprobe 9000 Oui Oui
opératoires (température, irradiation) sont extrêmes et la durée Ultraprobe 550S Oui Oui
d’intervention limitée.
Vallen Systeme GmbH LSMI Oui Oui

2.2.2 Systèmes commercialisés


Il existe de nombreux systèmes commercialisés pour la détec- ■ Control System
tion de fuite par écoute acoustique. Le tableau 2 rassemble les
constructeurs et les matériels identifiés. Un seul de ces matériels La société Control System fabrique une instrumentation Ultra-
est spécifique à la détection d’émissions fugitives. Les matériels phonic 101 commercialisée en France par Logisonic. Cette instru-
sont présentés séparément dans les paragraphes qui suivent. mentation est constituée d’un générateur d’ultrasons et d’un petit
détecteur relié à une sonde acoustique et à un casque.
■ Acoustic Emission Consulting
La méthode consiste à introduire le générateur à ultrasons à
Acoustic Emission Consulting propose un appareil d’émission l’intérieur de l’enceinte dont on veut contrôler l’étanchéité. Le
acoustique portatif, l’AED 2000, pour la recherche d’émission détecteur est déplacé manuellement à une certaine distance de la
discrète ou d’émission continue comme dans le cas des fuites. surface externe et, après conversion des ultrasons (quelques dizai-
Pour cela, l’appareil peut travailler dans deux bandes de nes de kHz) en sons audibles (quelques centaines de hertz), le bruit
fréquence : 20-100 kHz ou 100-500 kHz. de fond est écouté à l’aide d’un casque.
■ American Gas and Chemical Co Pour ce type d’application, Logisonic indique qu’une fuite
American Gas and Chemical Co propose l’instrumentation de 0,1 mm de diamètre et sous une pression de 0,34 bar peut être
SONIC 3000. Elle est constituée d’un générateur d’ultrasons, d’un détectée jusqu’à une distance de 15 m.
détecteur acoustique, des guides d’ondes et d’un casque. La fré- Les installations en fonctionnement peuvent également être
quence de travail est voisine de 45 kHz. Les signaux sont amplifiés suivies. Dans ce cas, le générateur d’ultrasons n’est pas utilisé
a v e c u n ga i n d e 4 0 d B . L a l i m i t e d e s e n s i b i l i t é e s t d e mais c’est la génération d’ultrasons accompagnant la fuite qui fait
1 cm3/seconde (orifice de fuite : 5 mm) à une distance de 10 m de l’objet d’une détection. La variation de l’intensité du bruit de fond
la fuite. renseigne alors sur l’éventuelle présence d’une fuite.
■ Amprobe
■ Innova AirTech Instruments A/S
L’instrumentation ULD-300 d’Amprobe est un détecteur acous-
tique de fuite fonctionnant dans la bande de fréquence 35-45 kHz et La société Innova AirTech Instruments A/S propose un détecteur
comportant un casque. Il peut être associé à un générateur ultra- de fuite par écoute acoustique à sécurité intrinsèque pour la
sonore dans le cas d’enceintes ne fonctionnant pas sous pression détection uniquement de fuite de gaz : le modèle MM0100. Le
ou en arrêt d’exploitation. Son prix de vente est de 224 euros capteur est sans contact (couplage aérien).
environ.
Le seuil de détection de cet appareil dépend du bruit de fonction-
■ Bestobell Steam nement intrinsèque à l’installation inspectée. Une fuite de 1 mm de
Bestobell Steam propose le détecteur de fuite Steam Tector qui diamètre avec un gaz de pression 3 bar génère un bruit de 61 dB à
utilise des sondes avec ou sans contact. Le signal est présenté une distance de 7 m.
sous forme numérique à l’opérateur. Une sortie audio permet le Ce type de fuite peut être détecté avec l’instrumentation
suivi sous forme audible du signal à l’aide d’un casque. d’Innova à condition que le bruit de fond soit inférieur à 55 dB.

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■ Kernco Instruments
(0)

Kernco propose la sonde LDE-10 constituée d’un détecteur relié


Tableau 4 – Exemples de détection de fuite de gaz
à une sonde acoustique et à un casque. La sonde acoustique sur robinets dans une raffinerie BP
travaille dans la bande de fréquence 25-40 kHz. avec le système Physical Acoustic 5131 [21]
Un générateur d’ultrasons (LDF-13) peut être utilisé pour Différence Signal Taux
contrôler l’étanchéité d’enceintes ne fonctionnant pas en pression Référence de pression acoustique de fuite
ou en arrêt d’exploitation. du robinet
(bar) (dB) (L · min–1)
■ Leak Detection Services
PRC 401B 1 29 13,5
Le système Valve Analyser est un système développé à l’origine
SV 411 25 16 0,9
pour la détection de fuite à l’intérieur des sous-marins. Cette
instrumentation trouve des applications dans l’industrie chimique, SV 412 B 21 15 0,9
pétrochimique, les centrales nucléaires...
SV 412 A 21 16 1
Le système ValveAnalyser détecte et enregistre la signature
acoustique (amplitude en fonction de la fréquence) dans la bande D 207 21 14 0,4
de fréquences 10-800 kHz. SV 255 21 15 0,5
Des exemples de résultats obtenus avec cette instrumentation D 206 21 13 0,4
sont donnés dans le tableau 3.
(0) D 202 17 86 1 571,9
D 204 21 13 0,7
Tableau 3 – Exemples de détections de fuite de liquide
sur robinets de réservoirs sous pression obtenus
avec le ValveAnalyser [20] ■ UE System
UE System commercialise pour 6 000 euros un détecteur de fuite
Signal acoustique Taux de fuite ultrasonore, l’Ultraprobe, utilisant une technologie développée par
Référence du robinet
(dB) (L · min–1) la NASA pour la détection à longue distance. Cette instrumentation
est le module LRM-2.
HV9341 48 0,49
Il utilise un amplificateur parabolique qui permettrait d’aug-
HV9342 57 1,41 menter la sensibilité de détection en fonction de la distance ou du
HV9351 64 3,14 bruit de fond. La forme particulière du détecteur permet une pre-
mière amplification des signaux tout en guidant vers le détecteur
HV9352 51 0,7 acoustique avec un minimum d’atténuation.
HV9361 32 0,08 Les signaux sont ensuite encore amplifiés par un amplificateur
HV9362 38 0,16 interne au détecteur. C’est cette double amplification qui augmente
la sensibilité de la sonde.
HV9371 30 0,06
■ Vallen Systeme GmbH
HV9372 45 0,35
Vallen Systeme GmbH propose l’instrumentation LSM1 pour la
détection de fuite. Cet appareil fonctionne dans la bande de
■ Monarch Instrument fréquence 20-100 kHz.

Monarch Instrument propose le modèle VPE–1000 constitué d’un


détecteur acoustique, de guides d’ondes (avec ou sans contact), 2.2.3 Discussion
d’un casque et d’un générateur ultrasonore pour la recherche de
fuite sur des équipements en arrêt d’exploitation. Les caractéristiques principales de l’émission acoustique dues
La fréquence de travaille se situe entre 36 et 42 kHz pour la aux fuites et évoquées dans ce chapitre, peuvent être ainsi
sonde sans contact, entre 18 et 22 kHz pour la sonde avec contact. résumées.
Dans des conditions de pression et de température bien définies,
■ Physical Acoustic Corporation l’intensité acoustique varie en fonction du débit de fuite volumique
Plusieurs instrumentations sont proposées par Physical Acous- suivant une loi du type :
tics Corp. Le modèle 5110 fonctionne avec un seul capteur et un VRMS = k′ Qm
mode audio. Le capteur peut être à couplage aérien ou avec cou-
Nota : RMS = Root Mean Square.
plant. Le modèle 5120 est un système de détection de fuite à deux
La valeur efficace ou valeur RMS est définie par :
voies d’émission acoustique. Avec ces modèles, les données ne
sont pas enregistrées. 1 t+T
V RMS ( t ) = ---
T
7
t
[ V ( τ ) ]2 d τ
Le modèle 5130 est un système de détection de fuite permettant
l’enregistrement des données. Une sécurité intrinsèque peut lui La valeur de l’exposant m dépend du type de fuite (nature,
être ajoutée en option pour la recherche de fuite de gaz. Le modèle géométrie, environnement, etc.), des conditions de pression et de
1272 RMS Alarm Subsystem est proposé pour la détection de fuite température, de la fréquence de détection et de la distance de
de vapeurs. mesure par rapport à la position de la fuite. En hautes pressions,
Enfin, le modèle VPAC-5131 est utilisé pour la recherche de fuites l’exposant m est souvent inférieur à 2.
de gaz ou de liquide. Cet appareil est à sécurité intrinsèque. Dans le domaine des hautes pressions, le niveau de pression
Une base de données a été réalisée afin d’obtenir un système intervient comme un facteur multiplicatif sur l’intensité acoustique
expert permettant de relier un débit de fuite à l’intensité acoustique générée par une fuite. En revanche pour les basses pressions, dans
[21]. Le tableau 4 rassemble les résultats obtenus sur neuf robinets certains cas, l’évolution du signal acoustique en fonction de la
fuyards. pression peut simplement suivre une loi en puissance. Dans

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d’autres cas, elle présente des variations très importantes de spec-


tre qui se traduisent soit par un glissement de spectre, soit par
l’apparition de fréquences préférentielles pour certaines valeurs de
pression.
Peu de données concernent l’effet de la température du fluide.
Ce paramètre aurait une influence sur le spectre des signaux de
fuite.
Par ailleurs, à conditions égales, le comportement acoustique
d’une fuite varie selon la nature du fluide, qui est déterminée par
quatre paramètres principaux : la compressibilité, la viscosité, la Capteurs A3
pression de vapeur et la teneur en gaz ou en impuretés.
Le milieu sortant de la fuite a une importance non négligeable
pour la génération de l’émission acoustique. Dans certains cas, il
peut y avoir une fuite sans bruit acoustique apparent.
Une fuite à travers un orifice de grande taille ou à surface
rugueuse comme les fissures de fatigue ou de corrosion est plus
facilement détectée que celle provenant d’un orifice de géométrie
régulière (fuite calibrée par exemple). Les caractéristiques fréquen-
tielles des signaux de fuite dépendent aussi fortement de la nature
et de la géométrie de l’orifice. Cette géométrie est définie par plu-
sieurs paramètres : la forme de la section, le rapport L/D, la rugo-
sité de la paroi, la perte de charge totale et les rétrécissements en
entrée et en sortie de la fuite.
En conclusion, les études théoriques ou expérimentales pré-
Figure 3 – Implantation des capteurs
sentées dans ce chapitre montrent que les mécanismes généra- (0)

teurs de l’émission acoustique sont nombreux et très difficiles à


étudier et à modéliser dans les fuites réelles. En effet, ces méca-
nismes sont très localisés et dépendent essentiellement des
conditions locales d’écoulement.
Tableau 5 – Caractéristiques de l’instrumentation utilisée
La méthode est employée couramment dans l’industrie pétro- Fréquences Gain
lière, pétrochimique et de l’énergie (nucléaire). Cela explique la Constructeur Modèle
(kHz) (dB)
présence de nombreux fabricants et distributeurs de matériels sur
ce marché. Les matériels se présentent tous, en règle générale, de Résonnant
Capteurs PAC A3 à 30 kHz
la même façon : un capteur basse fréquence (40 kHz), un détecteur
ultrasonore (mesure de RMS) raccordé ou non à un casque audio.
Préamplificateurs PAC 0/6/10/20 C 20-1 000 20
Par ailleurs, il semblerait que l’ordre de grandeur du débit mini-
mal de fuite détectable par émission acoustique soit aux environs
du litre par heure, et dans certains cas de 0,1 L/h. Bien entendu, cet
ordre de grandeur dépend de nombreux facteurs dont la nature du Le couplage des capteurs a été réalisé soit au moyen d’embases
fluide, la géométrie du défaut débouchant, la pression, etc. Par en aluminium collées sur la structure du robinet à l’aide d’un
conséquent, si ces instrumentations semblent donner satisfaction cément, soit avec de la graisse silicone. La visualisation des
pour la recherche de fuites industrielles, il ne semble malheu- mesures a été réalisée avec un oscilloscope numérique Lecroy
reusement pas qu’elles puissent être utilisées pour la recherche 9361C Dual 300 MHz.
d’émissions fugitives en raison de leur sensibilité. Trois expériences ont été réalisées :
Des expérimentations ont été menées sur le site du pôle d’acti- — la première suivait en parallèle avec un essai de détection par
vité « étanchéité » du CETIM à Nantes pour vérifier l’applicabilité spectromètre de masse à hélium, l’activité acoustique d’un robinet
ou non de l’émission acoustique à la détection des émissions fugi- testé en cyclage ;
tives. Par ailleurs, une première approche bibliographique des pos- — la seconde mesurait l’activité acoustique correspondant à une
sibilités d’autres méthodes acoustiques pour la recherche des fuite étalon de 6,4 10–6 mbar · L/s ;
émissions fugitives a été réalisée. Les résultats de ces travaux font — la troisième consistait à écouter l’activité acoustique d’une
l’objet des paragraphes 3 et 4. fuite d’hélium générée au niveau d’un robinet (diamètre interne
0,7 mm) et sous une pression de 100 bar. Le débit de fuite était réglé
avec une microvanne.

3. Expérimentations
3.2 Résultats
3.1 Expériences
3.2.1 Première expérience
Ses expériences ont consisté en un suivi des variations de la
tension RMS. Ce paramètre est le paramètre acoustique utilisé L’implantation des capteurs est celle présentée sur la figure 3. Le
pour la caractérisation d’un bruit continu, donc d’un signal de fuite. couplage des capteurs a été réalisé au moyen d’embases en alu-
Les mesures acoustiques ont été réalisées avec deux capteurs minium collées sur la structure du robinet à l’aide d’un cément.
résonants dans la gamme de fréquence habituellement utilisée D’après les mesures au spectromètre de masse à hélium, le
pour la recherche de fuite (30-40 kHz). Les caractéristiques de robinet présentait, au moment des mesures, une fuite de
l’instrumentation acoustique utilisée sont rassemblées dans le 1,78 10–4 atm · cm3/s. Les valeurs de RMS relevées sont données
tableau 5. dans le tableau 6.

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Tableau 6 – Mesures des tensions RMS sur un robinet


présentant une fuite de 1,78 10–4 atm · cm3/s

RMS-1 RMS-2

0,59 mV 0,50 mV
CapteursA3
Capteur A3

Ces valeurs correspondaient au bruit de fond des capteurs dans


l’environnement de l’atelier et sont restées stables dans le temps
(3 heures d’écoute). Cela laisse supposer qu’elles ne sont pas signi-
ficatives d’un signal de fuite.
Une explication de la différence de tension RMS entre les deux
capteurs pourrait être leur différence de sensibilité. Pour vérifier Préamplificateur
amplificateur
cette hypothèse, les deux capteurs ont été inversés sur la structure.
Aucune variation de la RMS n’a été observée au niveau de chaque
capteur. Cela confirme l’hypothèse que la variation de RMS mesu-
rée entre les deux capteurs était due à leur différence de sensibi-
lité.
Cela signifie que la fuite de 1,78 10–4 atm · cm3/s n’a pas pu être
détectée par les moyens acoustiques mis en œuvre. Figure 4 – Dispositif pour la détection de fuite étalon (6,4 10–6 mbar L/s)

3.2.2 Deuxième expérience


L’implantation du capteur est celle présentée sur la figure 4. Le
couplage était assuré par de la graisse silicone.
Capteur A3
Les mesures de RMS sur le dispositif de fuite d’hélium calibré
(6,4 10–6 mbar L/s) n’ont pas montré de variation en présence ou
en absence de la fuite. La RMS est restée stable à 0,55 mV.
Cela signifie que la fuite de 6,4 10– 6 mbar L / s n’a pas pu être
détectée par les moyens acoustiques mis en œuvre.

Robinet hélium
3.2.3 Troisième expérience
L’implantation du capteur est présentée dans la figure 5. Le
couplage a été réalisé avec de la graisse silicone. Préamplificateur
Lors de cette expérience, le débit de fuite a été augmenté jusqu’à
mesurer une variation significative de la RMS (tableau 7).
Figure 5 – Implantation d’un capteur A3 sur un robinet hélium
(diamètre interne 0,7 mm)
Tableau 7 – Valeurs des tensions RMS pour une fuite
non détectable et une fuite détectable
Des essais sur robinet à hélium ont montré que dans les
RMS fuite non détectable RMS fuite détectée conditions de pression et de géométrie de l’expérimentation, le
seuil de détection des moyens acoustiques conventionnels était
supérieur ou égal à 10–2 atm · cm3/ s. Ce seuil de sensibilité est
0,63 mV 0,70 mV conforme à celui donné dans la littérature pour les moyens ultra-
sonores conventionnels.

Une mesure au spectromètre de masse à hélium a permis de


déterminer que le débit de fuite correspondant à la fuite détectée
était supérieur ou égal à 10–2 atm · cm3/s (saturation du spectro-
mètre de masse). 4. Solutions acoustiques
spécifiques
3.3 Conclusions des expérimentations
Les mesures réalisées au pôle d’activité « étanchéité » sur le site
4.1 Détection d’émission fugitive
du CETIM à Nantes montrent que les moyens classiques de par nez acoustique
détection de fuite par méthode acoustique (capteur basse fré-
quence résonant à 30 kHz) ne permettent pas de détecter des fuites La société Electronic Sensor Technology a développé une
dont les débits sont ceux des émissions fugitives (inférieurs à instrumentation portable, modèle 4100 SAW (Surface acoustique
10–4 atm · cm3/s). wave )/ GC constituée d’une chromatographie gazeuse, d’un

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capteur d’onde acoustique de surface et d’une interface program-


(0)

mable, l’ensemble étant agréé par l’EPA (Environmental protection Tableau 8 – Seuils de détection des composés présents
agency ) pour la recherche, l’analyse et la quantification des dans l’air [26]
composés volatiles [25] [26]. La durée d’analyse serait d’une
dizaine de secondes. Seuil de détection
Composé analysé
(ppb)
L’analyse au moyen du modèle 4100 SAW/GC est constituée de
deux séquences : acquisition et analyses. Chloroforme 65

■ Étape 1 : Acquisition Cis 1,2 Dichloroéthène 110


L’air contenant les vapeurs des composés organiques volatiles
(VOC) est pompé à travers un capillaire de faible section. Les Benzène 45
émissions se trouvent ensuite piégées et concentrées dans la
vanne. Pendant le prélèvement, de l’hélium circule à travers la Tétrachlorure de carbone 70
colonne de chromatographie gazeuse jusqu’au capteur zNose. La
durée du pompage est contrôlée de manière à obtenir des acquisi- Trichloroéthylène 10
tions reproductibles.
Toluène 4,5
■ Étape 2 : Analyses
Tétrachloroéthylène 3
Dans cette séquence, l’hélium circule à travers la colonne de
piégeage avant de circuler dans la colonne de chromatographie
gazeuse jusqu’au capteur zNose. La température initiale de la Ethylbenzène 2
colonne de chromatographie est maintenue à 40 oC.
O-Xylène 2
Immédiatement après avoir démarré la phase d’analyses, un
courant de forte intensité est envoyé dans la colonne de piégeage 1,1,2,2 tétrachloroéthane 1,3
pendant 10 ms, entraînant son chauffage rapide et la vaporisation
des produits piégés. Les vapeurs sont ensuite entraînées par 1,1,1 trichloroéthane 3 570
l’hélium sur la colonne de chromatographie gazeuse où elles sont
de nouveau piégées par la basse température de la colonne. La 1,2 dichloroétahne 370
température augmente ensuite de façon linéaire pour
« désadsorber » les différentes espèces chimiques qui sont alors Trichlorofluorométhane 25 640
entraînées à travers la colonne jusqu’au capteur zNose.
Le capteur zNose est constitué d’un élément piézo-électrique Ethyl benzène 2
(500 MHz) relié à un élément thermoélectrique permettant le chauf-
fage et le refroidissement du capteur. En sortie de colonne, les Essence 10-100
espèces chimiques sont absorbées puis désorbées de la surface du
capteur. Cela entraîne une variation de la fréquence de vibration du Diesel 1
capteur en proportion avec la quantité d’espèces chimiques
adsorbées. La dérivée de la fréquence donne une valeur assimilée
au temps de rétention du produit.
Si la fréquence de la lumière est égale à la fréquence de vibra-
Le dispositif permet la réalisation de 300 acquisitions et analyses tion de la molécule, les molécules de gaz absorberont une partie
avant d’avoir à changer la bouteille d’hélium. Le prix du système de la lumière. Plus la concentration de gaz dans la cellule est
portable est compris entre 30 000 et 50 000 euros. importante, plus la lumière sera absorbée. L’énergie absorbée se
Des exemples de seuils de détection de dix composés volatiles transforme immédiatement en chaleur : le gaz s’agite plus vigou-
dans l’air sont rassemblés dans le tableau 8. reusement et cause ainsi une hausse de pression. Comme la
lumière est modulée, la pression va augmenter et diminuer alter-
nativement, ce qui génère un signal acoustique. Ce signal est alors
détecté par deux microphones.
4.2 Détection d’émission fugitive La quantité de lumière absorbée est mesurée directement en
par méthode photoacoustique calibrant l’énergie sonore émise à partir de l’absorption de la
lumière. Les microphones utilisés sont des microphones à
condensateur.
4.2.1 Spectrométrie photoacoustique Une instrumentation photoacoustique multigaz (analyseur multi-
avec cellule de collecte de gaz gaz 1312) est disponible auprès de la société Innova. Elle permet
de faire des mesures pour tous les gaz absorbant la lumière dans
l’infrarouge, avec une limite de détection entre 1 ppb et 1 ppm. La
La spectrométrie photoacoustique infrarouge est fondée sur la
gamme de mesure de l’appareil s’étend de la limite de détection
capacité des gaz à absorber la lumière infrarouge. Avec cette
jusqu’à 100 000 fois ce seuil en général.
instrumentation, le gaz doit être introduit dans la cellule photo-
acoustique.
Un miroir convexe focalise la lumière émise par une source 4.2.2 Spectrométrie photoacoustique
infrarouge vers la fenêtre de la cellule. De cette façon, la lumière sans collecte de gaz
passe à travers un modulateur et le filtre optique. Ce modulateur
est un disque à moitié plein qui, en tournant sur lui-même comme Laser Imaging Systems a développé deux technologies breve-
une hélice, laisse passer la lumière par intermittence, permettant tées (brevet US 6,327,896) dénommée GasVue et LaserSonic pour
ainsi une irradiation de la cellule photoacoustique. la détection de fuite et d’émissions fugitives.

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GasVue est un système portable qui repose sur une visualisation Cette figure montre clairement que les méthodes acoustiques les
en temps réel des indications, ce qui permet à l’opérateur de visua- plus à même d’être une alternative à la spectrométrie de masse à
liser les fuites en direct jusqu’à un seuil de 0,000 1 cm3/s dans le hélium pour la recherche des émissions fugitives sont le nez
cas d’une recherche de fuite d’hexafluorure de soufre (SF6) à 30 m acoustique ou les méthodes photoacoustiques.
de distance. Les principales limitations du nez acoustique ou de l’instrumen-
D’après le constructeur, plus de 80 gaz peuvent être détectés tation photoacoustique avec cellule sont que ces méthodes sont
avec cette technologie, avec une variation de sensibilité de la tech- limitées quand les mesures sont faites sous le vent et qu’ils ne per-
nique en fonction du gaz recherché. La plus grande sensibilité est mettent pas de localiser les fuites (tableau 9).
obtenue pour la recherche de fuite de SF6.
Le système GasVue peut être utilisé soit monté à l’épaule, soit
mobile, soit fixe sur une installation.
Tableau 9 – Comparaison des méthodes alternatives
L’instrumentation LaserSonic est un système de détection de en termes de coûts et de particularités
fuite par moyen photoacoustique. D’après le constructeur, le sys-
tème LaserSonic serait plus rapide (0,2 s par acquisition) mais Particularités
comparable en sensibilité à un spectromètre de masse à hélium Difficultés Coûts
(jusqu’à un seuil de 0,000001 cm3/s). Méthodes pour les Localisation Utilisable d’achat
Le système LaserSonic fonctionne sur le principe de la détection mesures des fuites sur site (keuros)
de gaz par mesure photoacoustique. Quand un gaz absorbe for- sous le vent
tement la lumière laser, l’énergie absorbée se traduit par une aug-
Nez acoustique Oui Non Oui de 30
mentation de pression qui s’accompagne d’émission acoustique. à 52,5
La fréquence de l’émission acoustique générée dépend de la fré-
quence d’irradiation du gaz. Photoacoustique
avec cellule Oui Non Oui 30
Un capteur approprié détecte l’émission acoustique générée et la
convertit en un signal électrique. La réponse est comparée à celle
d’un deuxième faisceau ayant une longueur d’onde différente de la LaserSonic Non Oui Non 50
première et qui sert de mesure de bruit de fond. Une différence
dans l’émission acoustique est interprétée comme significative de Oui pour
la présence d’une fuite. La concentration en fuite peut s’obtenir à de 100
GasVue Non Oui certains à 130
partir de l’amplitude des signaux d’émission acoustique sous gaz
réserve d’un étalonnage préalable.
La méthode consiste à pressuriser l’installation avec le gaz tra-
ceur et à balayer la structure avec le laser. En utilisant de l’hexa- Les méthodes photoacoustiques sans cellule (procédé laser) ne
fluorure de soufre (SF6) comme gaz traceur et un laser CO 2 de présentent pas ces limitations. En revanche, leur prix est beaucoup
faible puissance comme source excitatrice (longueur d’onde : plus élevé. Par ailleurs, l’instrumentation LaserSonic ne trouve
10,5514 µm), des fuites jusqu’à 0,000001 cm3/s peuvent être détec- d’application qu’en qualification de matériels. L’instrumentation
tées avec une vitesse d’acquisition de 0,2 s. Cela permet une ins- GasVue est dédiée aux inspections sur site mais essentiellement
pection à une vitesse de 30 cm2/s. pour la recherche de fuite de SF6.

4.3 Comparaison des différentes


méthodes acoustiques 5. Conclusion
La figure 6 présente sur un même schéma les sensibilités en
détection de fuite des différentes méthodes depuis la bulle de Ce dossier d’instruction avait pour objectif l’étude de l’émission
savon jusqu’au spectromètre de masse à hélium, en passant par acoustique comme alternative à la spectrométrie de masse à
les techniques acoustiques. Elle a été réalisée à partir des données hélium pour la recherche des émissions fugitives.
présentées dans le brevet US 5,161,408 et celles obtenues au cours Pour cela, les possibilités de l’émission acoustique en détection
de ce travail. de fuite ont été étudiées au cours d’une étude de l’état de l’art des
connaissances théoriques et des matériels existants. Des essais
d’émission acoustique ont ensuite été réalisés sur des émissions
fugitives pour déterminer l’applicabilité de la méthode. Enfin, des
Spectrométrie de masse hélium solutions acoustiques alternatives ont également été identifiées.
Nez ‹‹ conventionnels ›› L’émission acoustique est une technique très utilisée dans
Nez acoustique l’industrie pour la recherche de fuite. La méthode est plus sensible
LaserSonic en gaz qu’en liquide et a souvent été utilisée avec succès. Toute-
GasVue fois, sa sensibilité est aléatoire et dépend de nombreux facteurs
Photoscopie acoustique avec cellule (nature du fluide, géométrie du défaut, bruit environnant, etc.). En
Bulles règle générale, sa sensibilité est plutôt de l’ordre du litre par heure.
Ultrasons
‹‹ traditionnels ›› Ce résultat a été confirmé par les essais réalisés sur le site du
pôle d’activité « étanchéité » de la CETIM avec du matériel dont les
1 10-1 10-2 10-3 10-4 10-5 10-6 10-7 spécifications étaient similaires à celle des instrumentations du
(cm3. s-1) commerce.
Cela suggère que l’émission acoustique « classique » est diffi-
Figure 6 – Domaines de sensibilité des principales techniques cilement transférable au cas des faibles débits des émissions fugi-
de détection de fuite. Le débit de fuite est exprimé en cm3/s de gaz tives. En revanche, des méthodes acoustiques alternatives (nez
pris dans les conditions normales de température et de pression acoustique ou photoacoustique) semblent être prometteuses.

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