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Débitmètres à pression

différentielle

par Claude GAILLEDREAU


Ingénieur de l’École Nationale Supérieure de Chimie et de Physique de Bordeaux

1. Principe de la mesure d’un débit par pression différentielle ...... R 2 220 - 2


2. Aperçu théorique ..................................................................................... — 3
2.1 Fluides incompressibles.............................................................................. — 3
2.2 Fluides compressibles................................................................................. — 3
2.3 Conclusion.................................................................................................... — 4
3. Les différents types d’appareils déprimogènes .............................. — 4
3.1 Aspects normatif et de droit commercial .................................................. — 4
3.2 Terminologie ................................................................................................ — 4
3.3 Diaphragme normalisé................................................................................ — 5
3.4 Tuyères et venturis ...................................................................................... — 5
3.5 Diaphragmes et autres organes primaires non normalisés..................... — 6
3.6 Prises de pression........................................................................................ — 7
4. Propriétés physiques du fluide ............................................................ — 7
4.1 Paramètres nécessaires au calcul de l’élément primaire ......................... — 7
4.2 Détermination de la masse volumique...................................................... — 7
4.3 Détermination du coefficient isentropique γ................................................... — 8
4.4 Détermination de la viscosité ..................................................................... — 9
5. Calculs préparatoires et choix de l’élément primaire ................... — 9
5.1 Type d’élément primaire selon le diamètre de conduite.......................... — 9
5.2 Type d’élément primaire selon le nombre de Reynolds .......................... — 9
5.3 Estimation de la perte de pression............................................................. — 10
5.4 Type d’élément primaire selon la nature du fluide................................... — 10
5.5 Choix des prises de pression...................................................................... — 11
5.6 Capacité de débit et rangeabilité................................................................ — 11
6. Calcul d’un débitmètre à élément déprimogène............................. — 12
6.1 Logiciel ......................................................................................................... — 12
6.2 Méthode de calcul ....................................................................................... — 12
6.3 Estimation de l’incertitude .......................................................................... — 12
7. Traitement du signal et dynamique de mesure (rangeabilité)..... — 13
8. Contraintes de fabrication et d’installation..................................... — 13
8.1 Remarques générales concernant la réalisation des éléments
primaires ...................................................................................................... — 13
8.2 Installation.................................................................................................... — 13
9. Exemple de calcul .................................................................................... — 15
10. Aspect économique ............................................................................... — 15
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. R 2220

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DÉBITMÈTRES À PRESSION DIFFÉRENTIELLE ________________________________________________________________________________________________

L e marché du débitmètre industriel offre actuellement un grand nombre de


types différents d’instruments qui, pour les principaux, peuvent être classés
comme suit :
— débitmètres à pression différentielle (ou à orifice déprimogène),
rotamètres ;
— déversoirs et chenaux ;
— débitmètres à turbine, compteurs ;
— débitmètres électromagnétiques, débitmètres à ultrasons ;
— débitmètres de type oscillant.
Chacun de ces types de débitmètres a son domaine d’application préférentiel
en fonction du fluide, du besoin en étendue de mesure et en précision.
Les débitmètres à orifice déprimogène sont très largement utilisés dans
l’industrie, tant pour les liquides que pour les gaz et vapeurs, propres ou légère-
ment chargés.

1. Principe de la mesure
1 2 3
d’un débit par pression Pression absolue, kPa
différentielle 130

HISTORIQUE 120

L’écoulement d’un fluide à travers une constriction fut, dans


son principe, exploité dès l’Antiquité : mesure du temps par
sablier et clepsydre, « facturation » de l’eau distribuée par les 110
aqueducs romains. La première analyse scientifique du débit-
mètre à pression différentielle ne remonte néanmoins qu’au
début du 17e siècle, avec Castelli et Toricelli qui établirent que le Écoulement
débit dans un orifice est le produit de sa section par la vitesse
d’écoulement du fluide, et qu’il varie comme la racine carrée de
la chute de pression entre l’amont et l’aval. Bernouilli, un siècle
plus tard, énonça le théorème qui décrit de façon rigoureuse ce
phénomène, alors qu’Henri Pitot avait, quelques années aupa-
ravant, inventé une sonde permettant de mesurer de façon
ponctuelle la vitesse d’écoulement d’un fluide. Venturi, un peu Mercure
plus tard, avait décrit le premier instrument de mesure du débit
dans une conduite. Avec l’ère industrielle, enfin, apparurent les
premiers dispositifs standardisés : plaques à orifice aux États-
Unis, au début du 20e siècle dans l’industrie du pétrole, tuyères
normalisées vers 1930, en Allemagne [1].

La figure 1 schématise l’écoulement d’un fluide dans une


conduite fermée cylindrique et de section constante, au passage
Figure 1 – Principe de la mesure d’un débit par pression
d’un diaphragme sans épaisseur percé d’un orifice de section circu-
différentielle
laire, centré. À débit constant, dans une conduite complètement
remplie, chacune des sections droites 1, 2 et 3 est traversée en des
temps égaux par des masses égales de matière ; la vitesse d’écoule-
ment est donc, par exemple, plus élevée en 2 qu’en 1, de sorte que ailleurs le fluide, en aval de l’étranglement, retrouve nécessaire-
l’énergie cinétique du fluide s’accroît localement à la traversée de ment la vitesse qu’il avait en amont puisque le bilan matière est nul.
l’étranglement. L’évolution de la pression est également schémati- En ce qui concerne le bilan énergétique, une partie de l’énergie
sée par le bargraph figuré au-dessus de la conduite. Il est à noter interne du fluide amont est perdue par frottement à la traversée de
que ce n’est pas au droit de la constriction que la veine fluide active la constriction, et c’est l’énergie de pression qui en assure la
est la plus étroite mais un peu en aval, dans le plan dit « Vena compensation : la pression amont en 1 n’est pas entièrement res-
Contracta » qui correspond à la section 2, figure 1. taurée en 3.
La chute de pression statique à la traversée de la constriction C’est la différence de pression entre l’amont (section droite 1,
entraîne une diminution temporaire de la densité du fluide, très figure 1) et l’aval immédiat de la constriction (au voisinage de la
généralement négligeable pour les liquides, mais non pour les gaz, section droite 2) qui est exploitée pour mesurer le débit dans la
ce qui accroît encore leur vitesse et leur énergie cinétique. Par conduite.

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2. Aperçu théorique tion de la veine fluide, rappelant par analogie le coefficient relati-
viste 1 ⁄ ( 1 Ð v 2 ⁄ c 2 ) de contraction de l’espace-temps.
La formule (4) fait apparaître que le signal primaire de pression
différentielle (P1 − P2), et par conséquent les erreurs de mesure se
2.1 Fluides incompressibles trouvent multipliés par le coefficient de vitesse d’approche et l’on
devra − c’est un principe général − éviter que β ne soit trop proche
de 1, c’est-à-dire V1 proche de V2.
On considère comme incompressible un fluide dont la masse
volumique ne varie pas de façon sensible sous l’effet de la dépres- Notons encore que l’on appelait coefficient de débit α le produit
sion mise en œuvre pour mesurer sa vitesse d’écoulement. L’objet des coefficients de décharge C et de vitesse d’approche E, mais ce
de cet article étant avant tout l’ingénierie et la pratique des mesures paramètre n’est plus utilisé par la norme ISO [2], car il mêle les deux
de débit par appareil déprimogène, nous y limiterons les développe- quantités précitées C et E, qui relèvent de notions entièrement
ments théoriques, qui pourront être consultés dans les ouvrages de distinctes : ces raisons pourront apparaître comme académiques.
base. Un bref résumé peut en être fait, cependant, à partir de l’équa- Un débitmètre à appareil déprimogène peut aussi fournir, sans
tion de conservation de l’énergie, établie en 1738 par Daniel Ber- dégradation de la qualité de mesure, la valeur du débit massique
nouilli pour un fluide incompressible : Q m, qui est ici simplement le produit Q v · ρ ; il ne faut pas cependant
le considérer comme un véritable débitmètre massique, puisqu’il
1 requiert une mesure complémentaire, indépendante, de la masse
--- ρV 2 + ρgz + P = cons tan te (1)
2 volumique.
avec V moyenne sur une section droite de la vitesse L’un des points forts de la formulation (4) réside dans le fait que le
d’écoulement du fluide, coefficient C ne varie que très peu avec le diamètre de la canalisa-
tion et aussi avec le rapport d’ouverture β, au moins dans certaines
z hauteur (cote) par rapport à un plan horizontal de limites sur lesquelles nous reviendrons. Le paramètre β, dont
référence, arbitraire, dépend la forme des lignes de courant, définit le système du point
g accélération de la pesanteur, de vue géométrique mais celui-ci doit également être analysé du
point de vue dynamique. On considère à cet effet un second para-
P pression statique (absolue) du fluide, mètre qui est le nombre de Reynolds de l’écoulement, habituelle-
ρ masse volumique du fluide. ment formulé en unités SI comme :
Le premier terme de l’équation (1) exprime l’énergie cinétique du ReD = U1 · D/ν (5)
fluide et le second son énergie potentielle gravitationnelle. Appli-
quons cette relation à deux sections d’une conduite fermée telles relation dans laquelle U1, pour reprendre la symbolique de la norme
que (1) et (2) de la figure 1, conduite que nous supposerons horizon- ISO [2], est la vitesse moyenne de l’écoulement en amont de la
tale, de sorte que le terme gz soit constant, il vient : constriction, mesurée sur une section droite, D le diamètre de la
canalisation et ν la viscosité cinématique du fluide. Le nombre de
1 1 Reynolds exprime le rapport des forces d’inertie aux forces de frot-
--- · ρ 1 · V 12 + P 1 = --- · ρ 2 · V 22 + P 2 (2)
2 2 tement, au sein du fluide. La symbolique ReD indique par ailleurs
que le calcul est fait avec la vitesse moyenne dans la conduite et la
Cette équation peut aussi s’écrire, en supposant le fluide incom- valeur D de son diamètre, plutôt qu’avec ces mêmes quantités à la
pressible de sorte que ρ1 = ρ2 = ρ : traversée de la constriction, auquel cas on utiliserait le symbole Red.
Lorsque le nombre de Reynolds est faible, l’écoulement est dit
V2 [ 1 Ð V 12 ⁄ V 22 ] = 2 ( P1 Ð P2 ) ⁄ ρ (3) laminaire ; il devient turbulent lorsque ce nombre croît, la frontière
étant habituellement fixée vers Re ≅ 2 000. Un exemple de profil de
On pourrait obtenir la valeur du débit volumique Q v en multi- vitesses en écoulement turbulent est donné par la figure 2 [1] ; on
pliant la vitesse V2 par l’aire de la section 2 de la veine fluide, mais voit que ce profil est pratiquement parabolique sur 90 % du rayon à
ces termes sont peu accessibles à la mesure ; le principe retenu est partir de l’axe, la courbe représentative étant une droite compte-
donc d’admettre qu’il existe en théorie un rapport constant entre la tenu de l’abscisse adoptée : dans cette zone la vitesse des filets
vitesse amont V1 et la vitesse V2 d’écoulement au niveau de l’orifice liquides varie peu. Le profil rejoint ensuite très rapidement le point
que l’on implante entre les sections 1 et 2, figure 1, rapport qui ne de vitesse zéro, sur la paroi. Dans un tel type d’écoulement, la
dépend que de la géométrie du dispositif, ce qui conduit à l’expres- vitesse moyenne sur une section est supérieure à 80 % de la vitesse
sion suivante : axiale, et c’est dans ces conditions que l’on doit utiliser la plupart
des appareils déprimogènes. En écoulement laminaire, par contre,
1
Q v = C ------------------------------------- a · 2 ( P1 Ð P2 ) ⁄ ρ (4) le profil est purement parabolique, et la courbe représentative tend
( 1 Ð V 12 ⁄ V 22 ) vers la diagonale (1,1) de la figure 2, dessinée en pointillé : seuls les
quelques orifices conçus pour de faibles valeurs de ReD seront alors
a étant l’aire de l’orifice et ρ la masse volumique du fluide. utilisables. Ce point doit être considéré avec la plus grande
Le terme C est le coefficient de décharge. attention ; il sera précisé plus loin, et assorti de valeurs numériques
de ReD (figure 5).
La quantité :
Les diverses valeurs du coefficient de décharge C des divers élé-
1 ments primaires ont été déterminées par expérimentation sur banc
E = --------------------- d’essai, pour chaque type d’élément.
V2
1 Ð ------12-
V2

est le coefficient de vitesse d’approche, plus généralement exprimé 2.2 Fluides compressibles
par la formule 1 ⁄ ( 1 Ð β 4 ) , dans laquelle β est le rapport d’ouver-
ture, appelé aussi rapport des diamètres (diameter ratio), qui est le Dans le cas où le fluide est compressible, c’est-à-dire lorsqu’on ne
quotient du diamètre de l’orifice à celui de la canalisation. On voit pourra ignorer la diminution de sa masse volumique au passage de
que ce coefficient exprime en réalité l’effet géométrique de contrac- la constriction, et c’est le cas général des gaz et de la vapeur, la loi

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avec la symbolique de l’équation (4).


V (x ) / Va
1,0

0,9 2.3 Conclusion


Écoulement turbulent
0,8
● La réponse du débitmètre à appareil déprimogène est propor-
tionnelle à la racine carrée du signal primaire de pression différen-
0,7
tielle.
0,6 ● Cette réponse ne dépend, en outre, que de la géométrie du dis-

Écoulement laminaire
positif de constriction de la veine fluide et, dans une moindre
0,5 mesure, de la dynamique de l’écoulement, selon un ensemble de
coefficients obtenus par expérimentation.
0,4

0,3
3. Les différents types
0,2
d’appareils déprimogènes
0,1

0,0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
3.1 Aspects normatif et de droit
(x / r )2 commercial
Va : vitesse axiale V (x) : vitesse à distance x de l'axe
r : rayon de la tuyauterie Les caractéristiques métrologiques des débitmètres à appareil
déprimogène étant le plus souvent connues par construction, sans
Remarquer que l'utilisation d'une abcisse quadratique conduit à une
étalonnage avec le fluide à mesurer, on a très rapidement entrepris
droite pour les paraboles d'équation g = f (x 2)
de normaliser les types les mieux connus, de sorte que les divers
utilisateurs puissent se référer à une base commune, indiscutée. Les
Figure 2 – Profil de vitesses en écoulement turbulent
premiers organismes à le faire furent probablement l’AGA (Ameri-
can Gas Association) et l’ISA (sigle de Fédération internationale des
associations nationales de normalisation) auquel a succédé l’ISO
de conservation de la matière impose que la vitesse s’accroisse au (Organisation internationale de normalisation). Le document
niveau de la section 2, figure 1, non seulement en raison de la con- majeur en la matière est actuellement la norme ISO 5167 [2], reprise
traction de la veine, mais aussi parce que la densité du fluide décroît en norme européenne et en norme française par l’AFNOR (Associa-
avec la pression. L’analyse de cette variation de la masse volumique tion Française de Normalisation), document qui est encore en pro-
se fait en admettant que le fluide s’écoulant de 1 à 2 subit une trans- grès malgré l’expérience considérable déjà accumulée en ce
formation adiabatique, c’est-à-dire sans échange significatif de cha- domaine ; le fait de construire et d’installer selon cette norme un
leur avec l’extérieur du système, ce qui est justifié par la brièveté du débitmètre à diaphragme permet de l’utiliser sans avoir à l’étalon-
phénomène de détente/recompression partielle auquel il est sou- ner, même dans des transactions commerciales.
mis. Cette interprétation se traduit par une loi du type :
Tous les types commerciaux d’appareil déprimogène, cependant,
ne sont pas couverts par la norme ISO. C’est le cas notamment du
(P/ρ)γ = constante (6)
standard Shell [3] − adossé néanmoins à une assez ancienne norme
dans laquelle γ est le coefficient isentropique défini comme le rap- britannique [5] − pour les diaphragmes dits quart de cercle et à
port des variations relatives de la pression et de la masse volumique entrée conique, utilisables sur fluide visqueux. Il existe d’autres
dans une transformation adiabatique réversible élémentaire [2]. Ce appareils déprimogènes tombés dans le domaine public, sans être
coefficient est, pour les gaz parfaits, égal au rapport Cp/Cv des capa- normalisés au plan international ; c’est le cas de certaines variantes
cités thermiques massiques à pression et à volume constant ; pour de la plaque à orifice standardisés par l’American Gas Association.
les autres gaz la valeur de γ peut différer de Cp/Cv, voire même rester D’autres dispositifs, enfin, relèvent du domaine de la propriété
encore mal connue, mais la norme admet que l’on prenne néan- privée ; c’est la cas notamment des orifices intégrés, reposant sur
moins, dans ce cas, le rapport très généralement publié Cp/Cv. On des diaphragmes dont les spécifications sont souvent assez éloi-
calcule ensuite un coefficient dit d’expansion ε, au moyen d’une for- gnées de celles que fixent les normes et standards, mais dont le
mule théorique dans le cas des types de restriction qui moulent la constructeur fournit, sans réelles garanties parfois, la courbe d’éta-
veine fluide (tuyères et venturis), ou empirique pour les autres types lonnage.
d’appareil déprimogène. Dans ce dernier cas, en effet, les formes
anguleuses du dispositif engendrent des frottements, trop sensibles
pour que l’hypothèse d’une détente/recompression adiabatique du
fluide soit complètement valide. Ces formules, figurant à l’origine
3.2 Terminologie
dans les publications de l’American Gas Association [10] et compi-
lées par [1], ont été reprises à l’identique par ISO [2].
Il est d’usage d’appeler élément primaire la restriction qui engen-
L’équation de base (4) devient alors, dans sa forme générale com- dre une diminution locale, en partie définitive, de la pression
plétée par le coefficient d’expansion ε : d’écoulement. De part et d’autre de cet élément se trouvent deux
prises de pression, reliées à un capteur de pression différentielle, le
1 cas échéant à travers un séparateur. Ce capteur est souvent géré par
Q v = C ------------------------------------- ε a · [ 2 ( P1 Ð P2 ) ⁄ ρ ] (7) un transmetteur, qui communique le signal primaire de pression dif-
( 1 Ð V 12 ⁄ V 22 ) férentielle à un organe décentralisé, en général après en avoir

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Face amont < 0,1 D

Angle
du chanfrein
∅D conduite

45°
Épaisseur
de l'orifice
∅d orifice

45°
d > 2d
Sens
de l'écoulement Arrondi en forme
de quart de cercle
de rayon r
1,5 d ou D

Arête amont

c orifice à entrée conique [3]

b orifice quart de cercle [3] + –

a diaphragme à bord amont vif,


normalisé ISO [2]

a
∅D ∅d

θ θ
+, – prises de pression amont et aval
a largeur de la fente annulaire
pour β < 0,65 : a < 0,03 D
pour β > 0,65 : 0,01 D < a < 0,02 D
θ : le plus faible possible

d plaque à orifice excentré [1] e plaque à orifice segmental [1] f chambre annulaire Figure 3 – Les principaux types
de diaphragmes

extrait la racine carrée, pour le convertir en une grandeur propor- premiers types de prises. La plaque à orifice est un dispositif bien
tionnelle au débit. La valeur du débit peut être visualisée par un indi- connu et, compte tenu de la couverture de la norme ISO dont elle
cateur local, enregistrée, affichée sur un écran de superviseur, bénéficie, peut être utilisée sans étalonnage dans les transactions
exploitée par un régulateur, etc. commerciales, à condition de respecter strictement les spécifica-
tions de ladite norme.

3.3 Diaphragme normalisé


3.4 Tuyères et venturis
Nous ne citerons sous ce titre que l’élément primaire décrit par la
norme internationale ISO 5167 [2]. Il s’agit de la plaque à orifice, ou
diaphragme, à prises de pression (§ 3.6) à la bride, dans les angles, Les tuyères et les venturis sont des appareils qui moulent plus ou
ou D-D/2, et à bord amont rectangulaire (figure 3 a). Ce dispositif moins bien la veine fluide, en s’efforçant de suivre la configuration
peut être réversible, en l’absence de chanfrein et avec l’un des deux naturelle des lignes d’écoulement, tout en restant relativement faci-

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les à réaliser. Nous nous limiterons aux dispositifs décrits par la


norme [2].
● La tuyère ISA 1932 se caractérise par (figure 4 a) :
— un convergent dont le plan méridien est une suite de deux arcs
de cercle de rayon différent ;
— un col cylindrique.
● La tuyère à long rayon (figure 4 b), dont le convergent est pro-
filé suivant un quart d’ellipse.

1
R

R2
● Le venturi classique (figure 4 d ), composé successivement :

∅D

∅d
— d’un convergent tronc-conique ;
— d’un col cylindrique ;
— d’un divergent tronc-conique.
Le convergent du venturi peut être réalisé :

∅D

∅d
— brut de fonderie ;
— usiné, ou
— en tôle soudée brute.
● Le venturi-tuyère (figure 4 c), plus court que le venturi classi-
que, et comprenant successivement :
— un convergent aux spécifications de la tuyère ISA 1932 ; b tuyère à long rayon
— un col cylindrique, et
— un divergent identique à celui du venturi classique, éventuelle-
ment tronqué.
Pour les très nombreux détails relatifs à ces divers instruments, le
lecteur est prié de se reporter aux documents de référence, et
notamment à la norme [2].

a tuyère ISA 1932 Divergent 7 à 15°


3.5 Diaphragmes et autres organes
primaires non normalisés

Ces éléments ont rarement une diffusion internationale ; ils ont ∅D


été conçus pour donner des mesures acceptables sur des fluides ∅D Divergent
non tronqué
visqueux ou chargés, pour lesquels le diaphragme normalisé n’est ∅d
pas utilisable, et apparaissent comme des dispositifs dont l’intérêt
se limite à des problèmes spéciaux. On distinguera, pour ∅d
l’essentiel : ϕ /2 < 15°
Divergent
— le diaphragme à orifice quart de cercle (figure 3 b), dont le ∅d
tronqué ϕ /2 < 15° Col
bord d’attaque est arrondi suivant un profil circulaire, préconisé par
la société hollandaise Shell [3] pour les mesures à bas nombre de Prise
Reynolds ; une variante pour très faible Reynolds est l’orifice à de pression
entrée conique (figure 3 c) [3] ; aval
— le diaphragme à double biseau, d’origine allemande [4], Convergent
adapté au même usage ; Prise 21 ± 1°
— les diaphragmes à orifice excentré, et segmental (figure 3 d et de pression
3 e) pour fluides chargés [1], [10], inventés aux États-Unis ; aval
Cylindre R1
— l’orifice annulaire et sa variante le débitmètre à cible [1], égale-
d'entrée
ment d’origine américaine et comprenant, non plus une ouverture
centrale, mais un disque obturateur centré dans la conduite ; dans
Prise ∅D
cette variante le capteur de pression différentielle est alors remplacé de pression
par un capteur de force qui mesure l’effet du champ de pression sur c Venturi-tuyère amont
le disque.
D’autres dispositifs sont privés ; c’est le cas notamment : d Venturi classique
— des orifices intégrés (figure 9), appelés ainsi parce qu’ils
constituent un ensemble associant l’organe primaire au capteur. Figure 4 – Principaux types d’orifices profilés (cf. détails dans [2])
Ces dispositifs prennent, en quelque sorte, le relais des appareils
déprimogènes normalisés pour les faibles diamètres de conduite
(inférieurs aux valeurs normalisées soit 50 mm) et les faibles débits
mais n’ont pas les mêmes courbes de réponse et doivent, au mini- une série de prises de pression, avec l’amont et l’aval de l’écoule-
mum, être étalonnés par type sur le fluide à mesurer ; ment. La forme du barreau est étudiée pour que les vortex qu’il
— de la sonde multipitot (modèle Annubar, par exemple, engendre se forment suffisamment en aval pour ne pas affecter la
figure 8), qui mesure la différence entre la pression dynamique et la mesure de la pression statique, quelle que soit la valeur du nombre
pression statique du fluide. Ces dispositifs sont basés sur le principe de Reynolds − mais ce capteur ne convient pas aux fluides
de la sonde de Pitot, et sont constituées d’un barreau introduit dans visqueux −. Le débit est, comme pour tous les appareils déprimogè-
la conduite, perpendiculairement à son axe, et comprenant deux nes, fonction de la racine carrée de la pression différentielle mesu-
chambres internes qui communiquent respectivement, à travers rée, et le constructeur fournit des coefficients de proportionnalité,

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qui ne sont applicables qu’au barreau qu’il propose, lequel est bre- ■ Pour les autres éléments primaires normalisés, l’emplacement
veté. En débit massique, la relation est de la forme : des prises de pression est souvent unique :
— dans les angles, pour la tuyère ISA 1932 ;
Qm = k · D2 · [∆P · ρ]1/2 (8)
— à la bride ou D-D/2 pour la tuyère à long rayon ;
Q m étant le débit massique, D le diamètre de la conduite, ∆P la dif- — au milieu du cylindre d’entrée (amont) et du col (aval) pour le
férence de pression entre les deux chambres et ρ la masse volumi- venturi ;
que du fluide ; k est un coefficient sans dimension. L’intérêt d’un tel — dans l’angle amont et, en aval, au milieu du col pour le venturi-
dispositif réside essentiellement dans sa facilité d’installation et de tuyère.
maintenance, et aussi dans le peu de perte de charge qu’il génère. Il On pourra consulter la norme [2] pour les spécifications − très
existe aussi en très grande longueur, jusqu’à 3 ou 4 mètres selon le détaillées − de ces prises de pression.
modèle. Il ne saurait, en contre-partie, prétendre à la précision d’un
instrument normalisé. ■ La pression peut être prise, soit ponctuellement par un seul
Il serait difficile de lister de façon exhaustive tous ces dispositifs. piquage cylindrique (foré de préférence là où l’on ne craint pas qu’il
Citons encore, néanmoins, le débitmètre centrifuge, qui met à profit soit obstrué), soit par plusieurs piquages en couronne aboutissant à
la perte de pression au passage d’un coude à angle droit, utile en une chambre commune, soit enfin par l’intermédiaire d’une bague
régulation bien qu’il ne puisse guère prétendre au titre de débit- piézométrique s’ouvrant sur toute une section droite de conduite :
mètre, eu égard à sa dynamique restreinte. Les prises de pression voir par exemple la chambre annulaire décrite par ISO [2] pour les
(§ 3.6) sont situées de part et d’autre du coude, sur un rayon de sa prises de pression dites « dans les angles ».
courbure faisant un angle de 22,5 (ou 30) degrés, ou de 45 degrés ■ Le fluide à mesurer est parfois incompatible avec les surfaces
avec l’axe de la canalisation droite amont. La première disposition internes du capteur : il peut être corrosif, à température trop élevée,
est réputée plus précise, la seconde permet une mesure dans les etc. La pression dans ce cas, est prise à travers des membranes
deux sens d’écoulement. séparatrices. Les tubulures de liaison sont alors remplies d’un fluide
incompressible, dont les propriétés physiques sont par ailleurs tel-
les qu’il supporte, sans perdre son aptitude à transmettre la pres-
sion, les diverses contraintes qu’on lui impose.
3.6 Prises de pression

L’emplacement des prises de pression est parfois imposé par le


type d’élément primaire utilisé ; mais on dispose le plus souvent de 4. Propriétés physiques
plusieurs solutions standard.
du fluide
■ Dans le cas des diaphragmes, on a vu au §1.2 que l’écart maximal
de pression est observé entre une distance amont d’environ 1 dia-
mètre de canalisation ou plus, et le plan vena contracta ; l’inconvé-
nient de cette solution est que la distance du diaphragme à la prise 4.1 Paramètres nécessaires au calcul
aval dépend de β, et que les perçages pour prises de pression sont de l’élément primaire
donc à faire lors de l’installation, sur la canalisation, ce qui peut être
source d’erreurs et de difficultés diverses, notamment si l’on change
ultérieurement le diamètre de l’orifice, modifiant par contrecoup
La détermination du débit d’un fluide à l’aide d’un appareil dépri-
l’emplacement de la prise aval. Une solution très voisine, retenue
mogène requiert la connaissance de sa masse volumique aux con-
par la norme ISO, consiste à remplacer la prise vena contracta par
ditions de l’écoulement, à l’amont du dispositif et, s’il s’agit d’un gaz
une prise à D/2, soit à un demi-diamètre de conduite par rapport à la
ou de vapeur, de son coefficient isentropique. La viscosité du fluide,
face amont du diaphragme ; la perte de signal est minime et l’on
en outre, est requise quel que soit son type.
s’affranchit ainsi de β, mais il reste que l’on doit réaliser les prises de
pression sur le chantier. Une solution plus fiable, qui évite le risque
d’implantation imprécise ou erronée, consiste à faire réaliser en
usine, par le constructeur de l’organe primaire, des prises de pres- 4.2 Détermination de la masse volumique
sion symétriques, solidaires de cet organe, et dont la position ne
dépend pas de son dimensionnement. Ceci impose, dans le cas
général, de rapprocher l’emplacement des prises de la plaque à
Il n’est pas rare que la détermination de la masse volumique du
orifice ; on trouvera dans cet esprit :
fluide soit, pour l’instrumentiste, l’étape la plus laborieuse d’un cal-
— les prises dite 25/25 (ou 1″-1″ en mesures anglaises), et aussi à cul d’élément primaire ; sauf bien sûr lorsque les techniciens du pro-
la bride ; pour lesquelles l’axe du prélèvement de pression est situé cédé la lui fournissent. À défaut, il peut se reporter à des tables
à 25 mm (ou 1 pouce) des faces amont et aval de la plaque, spécialisées, ou aux « Handbooks » généraux d’ingénierie ou de chi-
respectivement ; mie tels que [6] [7], souvent bien documentés à ce sujet. La masse
— les prises dites dans les angles ou 0/0, implantées à distance volumique est fonction de la pression et de la température.
nulle des faces amont et aval.
La prise vena contracta qui n’est plus, depuis 1980, normalisée
dans ISO 5167, et dont la mise en œuvre est exposée aux aléas des 4.2.1 Cas des liquides
chantiers, reste évidemment utilisable [1] ; citons aussi, pour
mémoire, le dispositif appelé 2D1/2-8D [1], [10], dans lequel les pri- Dans le cas des liquides, les Handbooks indiquent parfois la den-
ses amont et aval se trouvent très à l’écart de part et d’autre de la sité (en anglais, specific gravity) à la température ambiante (qu’ils
zone de constriction, mesurant ainsi la perte définitive de pression précisent) par référence à une densité unitaire qui est celle de l’eau
provoquée par l’orifice. Ce dernier type de prises a l’avantage d’être pure à 4 °C ; il faudra donc tenir compte, le cas échéant, de la dilata-
très peu sensible aux erreurs de positionnement mais mesure aussi, tion thermique du fluide qui peut être différente de celle de l’eau.
en contre-partie, le plus faible écart de pression disponible ; il paraît D’autres densités de liquides sont données par rapport à l’eau à
être tombé en désuétude, sauf peut-être dans certaines compagnies 60 °F, soit 15,5 °C. Il faudra prendre garde aux unités : le calcul de
pétrolières américaines au sein desquelles il avait vu le jour. l’élément primaire exige une masse volumique exprimée en kg/m3,

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soit pour un liquide par un nombre voisin de 1 000 plutôt que de 1, aux conditions normales de température (0 °C) et de pression
puisque la masse volumique de l’eau pure à 4 °C est de 1 000 kg/m3. (101 325 pascals). On devra dans ce cas connaître non seulement Z1
L’effet de la pression peut être négligé, le plus souvent, car il est aux conditions de la mesure, mais aussi Z0 aux conditions norma-
de l’ordre de 10−4 à 10−5 par bar, aux températures et pressions cou- les. Par application de l’équation (10) il vient :
rantes, pour beaucoup de liquides minéraux ou organiques. Ceci P0 · V0 P1 · V1
n’est pas toujours vrai, cependant, et nombre de liquides devien- ------------------ = -----------------
- (13)
nent suffisamment compressibles pour que la mesure de débit en Z0 · T0 Z1 · T1
soit affectée, lorsque leur température dépasse environ 70 % de la
température critique (valeurs numériques exprimées en kelvins) : et
c’est le cas, par exemple, du gaz de pétrole liquéfié (GPL), à tempé-
rature ambiante. P1 Z0 T0
V 0 = V 1 ------ ------ ------ (14)
P0 Z1 T1

4.2.2 Cas de la vapeur On s’interdira généralement, pour un calcul précis, de prendre par
défaut Z0 = 1. Les Handbooks [6], et d’autres sources publiées ou pri-
Le cas de la vapeur est sans doute le plus facile : il existe en effet vées fournissent des tables de Z, et aussi de ρ, que l’on pourra
une référence généralement admise [8], qui fournit directement le consulter ; la température de référence des documents en langue
volume massique en m3/kg, dont l’inverse est la masse volumique anglaise sera souvent 60 °F (15,5 °C) et non 0 °C. Parmi les ouvrages
recherchée. Il s’agit d’un recueil de tables thermodynamiques de français, l’auteur a tout spécialement apprécié [8]. On trouve aussi
valeurs mesurées, présentées en fonction des variables pression et un certain nombre d’abaques généralisées de Z basées sur la loi dite
température. Ces tables fournissent également le coefficient isen- des états correspondants, exprimant P et T en termes de pression
tropique Cp/Cv selon les même variables. critique et de température critique. Ces abaques sont assez ancien-
nes et leur précision n’atteint probablement pas le pourcent ; elles
sont en outre généralement assorties de réserves, mineures mais
4.2.3 Cas des gaz peu intuitives, quant à leur champ d’application.
La mesure industrielle, en ligne, du coefficient de compressibilité
Le dernier cas, celui des gaz, est sans doute le plus complexe. Une peut être faite au moyen d’un instrument particulier appelé Z-mètre,
synthèse des travaux de chercheurs du 18e siècle (Mariotte, Gay- fabriqué en France par la société Desgranges et Huot. Ce matériel
Lussac, Boyle, Charles et d’autres, peut-être) conduit à la loi dite des est cependant peu diffusé en dehors des stations dites de comptage,
gaz parfaits : qui pratiquent à grande échelle la mesure du gaz naturel à des fins
commerciales.
P·V=n·R·T (9)
L’équation (12) peut être appliquée à un mélange de gaz par le
avec V volume contenant n moles du gaz, et, biais du calcul de sa masse molaire équivalente Me. Soit un
P pression (absolue) qui s’y établit spontanément à mélange contenant n composants, de fraction molaire respective x1,
la température (absolue) T, x2, ..., xi , ...xn , de sorte que :
R étant une constante égale à 8,314510 unités SI i
(souvent arrondie à 8,32). ∑ xi = 1
Cette équation sera généralement inapplicable, si ce n’est au cas
des gaz éloignés de leur point de liquéfaction, comme par exemple et de masse molaire M1, M2, ..., Mi , ..., Mn . La masse molaire équi-
l’air à pression ambiante à partir de 300 °C. Dans le cas général on valente Me est définie par :
aura recours à la relation plus générale :
i
P·V=n·Z·R·T (10)
Me = ∑ ( xi Mi ) (15)
dans laquelle Z est un coefficient sans dimension dit coefficient de
compressibilité.
Les fractions molaires des composants peuvent être déterminées
■ Un premier problème est celui du calcul de la masse volumique par séparation chromatographique, et l’on peut alors en déduire Me
aux conditions de l’écoulement. Soit M la masse molaire d’un gaz et l’appliquer à l’équation (12) avec le coefficient Z1 obtenu par
pur, dont on recherche la masse volumique ρ1 à pression P1 et tem- mesure au Z-mètre ou par tout autre procédé, pour calculer ρ1.
pérature T1, connaissant par ailleurs sa compressibilité Z1. Considé-
Certaines unités industrielles qui manipulent un gaz bien connu et
rons une mole de gaz de sorte que n = 1, le volume qu’elle
de composition constante disposent aussi de calculateurs qui déter-
occuperait à la pression P1 est V1 = M/ρ1, de sorte que l’équation (10)
minent Z1 et ρ1 à partir d’une mesure simultanée de pression et de
devient :
température sur le fluide en écoulement, selon une formule propre
P1 · M /ρ1 = Z1 · R · T1 (11) au gaz considéré. Ces machines informatiques sont parfois appe-
lées correcteurs PTZ, terme qu’il n’y aura pas lieu de commenter. On
d’où l’on tire l’expression de la masse volumique : installe parfois, à cet effet, une prise de pression supplémentaire à
l’amont de l’orifice, encore que la norme ISO admette l’utilisation de
M · P1 la prise amont de pression différentielle, sous réserve de ne pas per-
ρ 1 = ---------------------------
- (12)
Z1 · R · T1 turber la mesure de pression.

Pour la cohérence des unités, M doit être exprimé ici en kilogram-


mes au lieu de grammes (pour l’azote par exemple, dont la molécule
est diatomique, M = 0,014 x 2 = 0,028), P1 en pascals (pression abso- 4.3 Détermination du coefficient
lue) et T1 en kelvins (°C + 273,15). Dans ces conditions, on obtient ρ1 isentropique γ
en kg/m3.
■ Le second problème est celui de l’expression du débit mesuré Comme indiqué au § 2.2 on adopte pour le coefficient γ le rapport
dans d’autres conditions que celles de l’écoulement, par exemple Cp/Cv des capacités thermiques massiques à pression et à volume

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constant. Ces valeurs sont données par des références telles que [6], d’une phase secondaire hétérogène (solides en suspension,
[7] ou, pour la vapeur [8]. Le coefficient Cp/Cv croît avec la pression, condensats, etc.).
et en raison inverse de la température. Diverses formules empiri- Il serait illusoire de vouloir présenter selon une hiérarchie rigou-
ques permettent de l’évaluer − avec des fortunes diverses − sachant reuse les divers critères de choix que nous allons énumérer : ils sont
par ailleurs que, pour un gaz parfait, Cp − Cv = R. à prendre comme un ensemble dans lequel chacun établira ses pro-
pres priorités, selon l’application envisagée et ses contraintes parti-
culières.
4.4 Détermination de la viscosité On considérera comme résolu le problème du choix d’un principe
de mesure. On peut avoir besoin, par exemple, d’une détermination
de débit massique sur un fluide visqueux, pour laquelle un débitmè-
Ce sujet est couvert par l’article Viscosité du présent traité de la tre à organe déprimogène n’est pas, à l’évidence, la solution la
Collection des Techniques de l’Ingénieur, aussi nous bornerons- meilleure. S’agissant ici d’un choix à faire entre divers types d’élé-
nous à un bref commentaire. ments primaires, plutôt qu’entre des principes de débitmétrie, nous
Il existe un double système d’unités, cinématiques et dynamiques n’évoquerons pas la seconde problématique, pour laquelle on
(ou absolues) ; les unités correspondantes du Système International pourra se reporter à l’article R 2 200 « Choix d’un débitmètre ».
sont respectivement le m2/seconde et le pascal/seconde alors que Un point important est néanmoins à souligner : seul le débitmètre
leurs anciens sous-multiples − dont l’emploi n’est plus autorisé − à diaphragme est autorisé à des fins de transaction commerciale.
étaient le poise et le stokes. La viscosité cinématique prend en Tuyères et venturis seront donc à proscrire d’entrée, si tel est l’objet
compte la masse volumique du fluide. de la mesure.
Les valeurs de viscosité de très nombreux fluides sont publiées
dans les documents déjà cités [6 à 9]. Assez exceptionnellement, la
prédominance des documents anglo-saxons pourra conduire à la
découverte, dans d’autres sources, de valeurs de viscosité expri- 5.1 Type d’élément primaire selon
mées dans quelque unité hermétique. Le calcul de Re selon l’équa- le diamètre de conduite
tion (5) requiert la viscosité exprimée en m2/s, aussi proposerons-
nous ici le tableau 1 de conversion.
Il n’est généralement pas souhaitable d’utiliser un élément pri-
maire ISO ou équivalent sur une canalisation de diamètre inférieur
à 50 mm (0,05 m), même si l’on ne souhaite pas être couvert par la
Tableau 1 – Conversion de mesures de viscosité norme, et il existe des appareils dits orifices intégrés, qui couvrent
la plage de diamètres industriels DN 15 à DN 40, environ. Ces instru-
Unité Facteur de conversion en m2/s ments sont le plus souvent équipés d’un diaphragme dont l’orifice
peut être de très petit diamètre, parfois 0,05 mm, et sont donc utili-
lbf · s/ft2 3,0392/γ sables pour de très petits débits. Le constructeur en fournit la
lb/(ft · s) 9,2903 · 10−2/γ courbe d’étalonnage qu’il aura lui-même établie, souvent. À
l’opposé, pour les diamètres supérieurs à 1 mètre, on envisagera
Poiseuille 1/ρ plutôt une sonde multipitot.
Poise 10−1/ρ
Centipoise 10−3/ρ
ft2/s 9,2903 · 10−2 5.2 Type d’élément primaire selon
Stokes 10−4 le nombre de Reynolds
Centistokes (mm2/s) 10−6
Mode d’emploi : multiplier la valeur de viscosité exprimée dans L’aspect dynamique de l’écoulement est le premier à prendre en
l’unité figurant en colonne de gauche par le facteur de conversion compte lorsque le fluide est un liquide visqueux, pétrolier en géné-
indiqué en colonne de droite pour obtenir la valeur de viscosité en ral. Les éléments primaires sont en effet, pour la plupart, prévus
m2/s. γ est la masse volumique du fluide, exprimée en lb/ft3. ρ est pour être exploités en écoulement turbulent, au sens hydraulique
exprimé en kg/m3. du terme (§ 2.1). La norme ISO [2] spécifie, pour chaque type d’élé-
ment qu’elle garantit, une limite inférieure particulière du nombre
de Reynolds. Les diaphragmes à bord amont arrondi ou biseauté,
non normalisés, sont seuls valables au-dessous de ReD ≅ 5 000. Les
5. Calculs préparatoires orifices intégrés sont parfois proposés par l’offreur pour des valeurs
très basses de ReD, mais avec une forte incertitude sur le coefficient
et choix de l’élément de débit.
primaire La limite supérieure du nombre de Reynolds est, dans la norme
ISO, documentée de façon plus floue pour les diaphragmes (+ ∞),
mais la vitesse d’écoulement sera vite bornée, dans la pratique, par
Les paramètres de base d’un élément primaire sont, on l’a vu, le les besoins en énergie de pompage. Les tuyères sont limitées à 107.
rapport d’ouverture β qui définit la géométrie de contraction de Le venturi fait l’objet d’une spécification particulière, selon laquelle
l’écoulement et le nombre de Reynolds ReD qui en définit la dynami- son coefficient de décharge est affecté d’une incertitude supplémen-
que. Le § 4 ci-dessus a exposé comment déterminer les paramètres taire particulière en dehors d’une plage étroite 105 < Re < 106, incer-
physiques du fluide à l’amont immédiat de l’organe primaire, qui titude pour laquelle le lecteur pourra consulter la norme. Les limites
sont nécessaires à la mesure : la masse volumique ρ1, la viscosité ν supérieures des diaphragmes à bord amont profilé [3] recouvrent la
et, pour les gaz et vapeurs, le coefficient isentropique Cp/Cv . Nous limite basse des diaphragmes à bord amont droit, que ceux-ci soient
devons maintenant, en fonction de ces données, faire un choix pré- décrits par [1] ou par [2].
liminaire qui sera par la suite finalisé compte tenu − si nécessaire − On calculera donc l’étendue de nombre de Reynolds de l’écoule-
des particularités du fluide, et notamment de la présence éventuelle ment pour la plage de débit à mesurer, et on la reportera sur la

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Venturi "classique" ISO [2]

4 2
101 102 103 104 105 106 107

Venturi-Tuyère ISO [2]

1,5 2
101 102 103 104 105 106 107

Tuyère ISA 1932 [2]

2 7
101 102 103 104 105 106 107

Tuyère long rayon ISO [2]

101 102 103 104 105 106 107

Diaphragme à bord rectangulaire [1][2]*

4 9 2
101 102 103 104 105 106 107

Diaphragme à entrée quart de cercle [3]

1,25
2,5 3,3 2,5
101 102 103 104 105 106 107

Diaphragme à entrée conique [3]

2,5 7,5
1 2 3 4 6 8 2 6
101 102 103 104 105 106 107
ReD
* Valeurs numériques spécifiées par [2], ordre de grandeur pour [1] Zones en pointillés : Voir référence [2]

Figure 5 – Étendue de nombre de Reynolds des divers orifices

figure 5 pour y identifier le ou les éléments primaires utilisables ; Les éléments du type venturi absorbent beaucoup moins de pres-
pour les diaphragmes on ne considérera que la valeur minimale sion, de 5 à 20 %, selon une estimation sommaire à laquelle on
puisque le maximum est, en principe, l’infini. On ne pourra guère, pourra provisoirement se tenir, car l’écart avec les diaphragmes et
quoiqu’il en soit, modifier ReD au niveau de la conception du tuyères est très significatif et d’ailleurs on ne pourra faire mieux
débitmètre ; tout au plus pourra-t-on réduire ou évaser localement avec un appareil déprimogène. Le calcul élaboré de la perte de pres-
le diamètre de la conduite : la vitesse d’écoulement U1 est l’inverse sion pourra se faire lorsque l’on aura complètement défini le ven-
du carré du diamètre et le produit U1 · D (équation (5)), à débit cons- turi, à partir des informations publiées en annexe par [2], le cas
tant, variera comme l’inverse de D. échéant.

5.3 Estimation de la perte de pression 5.4 Type d’élément primaire selon


la nature du fluide
On pourra s’intéresser, à ce stade de la conception, à une estima-
tion sommaire de la perte de pression − que l’on calculera par la
suite de façon plus précise − car la pression perdue par friction au Les quelques règles exposées ci-dessous, reprises de [1], seront
passage de la restriction est l’un des inconvénients majeurs des éventuellement à prendre en compte lorsque le fluide ne comporte
débitmètres de ce type. La figure 6 présente un graphique som- pas une phase unique, homogène. Précisons que certains des dis-
maire de la perte de pression, en fonction de αβ2 (ou C · E · β2), plu- positifs évoqués à ce propos ne sont pas normalisés ; les fluides
tôt qu’en termes de β, malgré l’aspect intuitif du second type de couramment appelés « diphasiques » et constitués d’un mélange de
relation : le rapport d’ouverture n’est pas la seule variable des for- liquides non miscibles, ne peuvent être mesurés à l’aide d’appareils
mules de calcul de la perte de pression et cette simplification, bien déprimogènes.
que souvent pratiquée, est dans certains cas trompeuse. Pour un ● Si le fluide est un liquide contenant beaucoup de solides en
même Qm, par exemple, et une même ∆P la tuyère a un β plus faible suspension, ceux-ci viendraient s’accumuler à l’avant d’un
que le diaphragme, mais dissipe tous calculs faits la même fraction diaphragme ; on peut alors envisager un élément profilé tel qu’un
de la ∆P ; il convient donc de représenter ∆P en fonction d’une varia- venturi, ou une tuyère sur conduite verticale avec écoulement vers
ble qui élimine cette différence artificielle, ce qui est le cas du para- le bas, à moins que ce montage ne suffise, en lui-même, au bon
mètre αβ2. fonctionnement d’un diaphragme à orifice concentrique normalisé,

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qui concerne les prises de pression il pourra être fait usage de sépa-
Perte de pression, rateurs.
en fraction de la différentielle
1,00

5.5 Choix des prises de pression


0,90

Le choix d’un type de prise de pression normalisé ISO, à la bride,


0,80 dans les angles ou D-D/2, n’a que peu d’incidence sur l’ordre de
grandeur de la pression différentielle que l’on mesurera ; ce choix
pourra donc reposer, essentiellement, sur des considérations de
0,70 commodité de montage et aussi de maintenance, certaines sociétés
s’étant d’ailleurs fixées leur standard propre. Seules exceptions :
d’une part lorsque la norme impose le type de prise pour l’instru-
0,60 ment considéré, et d’autre part dans le cas d’une mesure réversible,
auquel cas on évitera les prises D-D/2, asymétriques. Les prises
vena contracta, qui mesurent la dépression maximale, étaient autre-
0,50 fois préférées pour la vapeur saturée car à ∆P identique elles impo-
sent une moindre contraction de l’écoulement et par là même
minimisent les condensats ; il serait souhaitable néanmoins, si l’on
0,40 souhaite y avoir recours, de ne pas le faire sur des tuyauteries de
moins de 0,15 mètre (150 mm) de diamètre, de crainte d’avoir le cas
échéant à forer la bride aval pour y implanter la prise correspon-
0,30
dante.
Notons encore que les prises à la bride − et la norme ISO s’y
0,20 oppose − ne doivent pas être utilisées sur des tuyauteries de diamè-
tre inférieur à 50 mm, sans quoi la prise aval se trouverait dans une
région de forte instabilité ; pour ces faibles valeurs de diamètre, qui
0,10 exigeraient d’ailleurs de grandes précautions quant à la rugosité de
la conduite, on n’aurait d’autre choix (hormis l’orifice intégré) que
des prises dans les angles et un étalonnage avec le fluide à mesurer.
0,00 Il est d’autre part déconseillé d’utiliser les prises dans les angles et
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 D-D/2 avec des rapports d’ouverture > 0,75, valeur maximale spéci-
αβ2 fiée par ISO [2].
orifice avec prises à la bride venturi à divergent tronqué
tuyère venturi classique
5.6 Capacité de débit et rangeabilité
Figure 6 – Perte de pression relative, en fonction de la capacité
unitaire de débit [1]
La notion de capacité de débit (Flow Capacity) apparaît dans
beaucoup d’anciens documents, et certains bureaux d’étude l’utili-
préférable car plus précis. Le débitmètre à cible est aussi une solu- saient encore il y a une décennie ou deux. En s’écartant de la sym-
tion (moins précise) à ce type de problème. Les orifices excentré et bolique peu conviviale d’AGA [10], reprise par Spink [1], on peut
segmental à montage horizontal avec ouverture basse conviennent exprimer cette quantité par :
tout spécialement aux fluides assez peu chargés en solides denses,
de granulométrie grossière ; l’orifice segmental procurant un C · ε · E · β 2 = 4 Qm ⁄ ( π · D 2 2 · ∆ P · ρ1 ) (16)
meilleur balayage. Il faut se souvenir, en ce qui concerne le débitmè-
tre à cible, qu’il présente l’inconvénient de comporter un assem- avec les notations précédemment utilisées et en remaniant l’équa-
blage mobile au contact du fluide, tout spécialement dans sa tion (7). On avait autrefois recours à ce type de formulation, sous
version pneumatique. une autre forme algébrique le cas échéant, pour dégrossir le calcul
● Si le fluide est un gaz ou une vapeur contenant beaucoup de du diamètre de l’orifice ; mais ceci n’a plus guère d’intérêt avec les
condensats, les solutions précédentes sont applicables, à l’excep- logiciels actuels. Le lecteur remarquera cependant que le débit mas-
tion du venturi en montage horizontal. sique Qm varie comme le coefficient de décharge C ce qui signifie
que, toutes choses égales par ailleurs, une tuyère (C ≅ 0,9)
● Si le fluide est un liquide chargé de solides de densité voisine
« passera » un débit plus important qu’un diaphragme (C ≅ 0,6). La
de la sienne, ayant tendance à « coller » aux parois, on n’aura pas capacité de débit peut donc être considérée lors du choix d’un type
avantage à utiliser des plaques à orifice excentré ou segmental ; d’élément primaire.
mais le débitmètre à cible pourra convenir. La tuyère, dont l’entrée
épouse au mieux le profil des lignes de courant, est également envi- Il y a lieu, en outre, d’établir une distinction entre capacité de
sageable. débit et rangeabilité. La rangeabilité (ou dynamique) est la plage de
débit qui peut être couverte par un élément primaire en fonctionne-
● Si le fluide est un liquide contenant des bulles de gaz, on peut
ment, entre les déviations minimale et maximale du transmetteur
utiliser une plaque à orifice concentrique ou une tuyère, l’un et
de pression différentielle ; elle est en général de 3 (cf. § 7). La capa-
l’autre sur conduite verticale avec écoulement vers le haut, ou bien
cité de débit, elle, est l’étendue de débit qui peut être couverte par
un orifice excentré ou segmental à ouverture haute, ou encore un
un type d’élément primaire déterminé, dans l’hypothèse où l’on
débitmètre à cible.
ferait − en théorie − varier β entre ses valeurs minimale et maximale
● Dans le cas d’un fluide corrosif, ou alimentaire, des précautions possibles : à titre d’exemple, pour un diaphragme dont β peut varier
sont à prendre au niveau des matériaux au contact du fluide ; en ce de 0,1 à 0,75, l’étendue du terme E · β2 est de l’ordre de 50. La notion

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de capacité de débit s’adresse au concepteur alors que la rangeabi- coefficients tel que C = 0,6 et ε = 1 ; on obtient alors un β inexact,
lité concerne l’utilisateur. assorti d’un nouveau jeu (C, ε) un peu plus proche de la réalité, et
ainsi de suite jusqu’à ce que la différence des résultats de deux ité-
rations successives soit inférieure à une limite que l’on aura fixée à
l’avance, par exemple 10−7 en valeur relative. On pourrait envisager
6. Calcul d’un débitmètre d’optimiser cette procédure avec des algorithmes plus élaborés,
mais ceci ne semble pas nécessaire car avec un jeu de données
à élément déprimogène cohérent la convergence est rapide, et le temps de calcul sur un PC
récent bien inférieur à la seconde.
Bien que le présent exposé ait été jusqu’à présent implicitement
centré sur la conception d’un débitmètre adapté aux données du
6.1 Logiciel processus, le logiciel considère également les problèmes de son
exploitation. Il est donc prévu de procéder, au choix, à trois types de
calcul :
Nombre d’expérimentateurs ont, depuis un siècle, mesuré les
coefficients de décharge C de divers orifices. Les données ont été — détermination du diamètre de l’orifice, connaissant le débit et
rassemblées d’abord en tables, puis on les a lissées sous forme de la pression différentielle ;
relations empiriques susceptibles d’être traitées par des calculatri- — détermination du débit, connaissant le diamètre de l’orifice et
ces numériques de bureau, et plus récemment par des micro- la pression différentielle ;
ordinateurs ; ces relations sont donc évolutives et c’est ainsi que la — détermination de la pression différentielle, connaissant le dia-
formulation due à Stolz, utilisée depuis 1980 pour les diaphragmes, mètre de l’orifice et le débit ;
tend à devenir obsolète au profit de l’équation de Reader/Harris-Gal-
lagher qui permet d’abaisser sensiblement, dans certains cas, la dans lesquels on pourra calculer l’une de ces trois variables con-
limite inférieure du rapport d’ouverture. naissant les deux autres.
La phase préliminaire exposée au § 5 nous a permis de faire un Bien que les calculs internes au logiciel soient programmés uni-
choix parmi les types d’éléments primaires connus. Il nous faut quement en unités SI, celui-ci accepte, en entrée, d’anciennes unités
maintenant confirmer et arrêter ce choix en calculant de façon pré- métriques encore employées pour leur commodité, et dont il assure
cise l’appareil envisagé. Il s’agit, on va le voir, d’un calcul itératif lui-même la conversion. La notice d’utilisation du logiciel donne
dont l’exécution manuelle est particulièrement malaisée, aussi pro- toutes explications à ce sujet.
posons-nous, avec le présent article, un logiciel permettant le calcul
par PC sous Windows 95 des appareils déprimogènes normalisés
ISO. D’autres éléments primaires pourraient être pris en compte
dans une version ultérieure de ce logiciel, s’ils apparaissaient 6.3 Estimation de l’incertitude
comme susceptibles d’intéresser un nombre suffisant de lecteurs.
Il n’a pas été jugé nécessaire, compte tenu des moyens de calcul
proposés, d’alourdir le texte de cet article en y détaillant les formu- La norme ISO [2] prévoit un calcul d’incertitude, pour lequel il
les, inévitablement hermétiques, de calcul des coefficients de conviendra de consulter également la norme AFNOR [11].
décharge et de détente des divers éléments primaires ; formules Les formules de calcul de l’incertitude associée aux valeurs de C
que le lecteur pourra d’ailleurs consulter dans la référence et ε obtenues par les formules normalisées sont spécifiées dans [2] ;
originale [2]. l’incertitude dépend de la valeur des variables : rapport des diamè-
tres, pression différentielle, pression amont. Les erreurs à prendre
en compte pour les autres grandeurs, suivant le calcul à effectuer :
6.2 Méthode de calcul — diamètre d de l’orifice ;
— diamètre D de la canalisation ;
— débit ;
L’équation de base est celle du calcul du débit massique :
— pression différentielle ∆P et
Qm = C · E · ε · ( π · d 2 ⁄ 4 ) 2 · ∆ P · ρ1 (17) — masse volumique ρ1 ;
sont laissées à l’appréciation de l’utilisateur, selon son jugement
avec la symbolique déjà citée : propre, bien que la norme admette que l’on se fixe une erreur maxi-
male « par défaut » de 0,4 % sur D et 0,07 % sur d. Un point impor-
C·E coefficient de débit, noté autrefois α, tant est que la norme admet aussi l’indépendance des erreurs, ce
ε coefficient de détente, égal à 1 pour les fluides qui n’est cependant pas théoriquement justifié puisque C et ε, entre
incompressibles, autres, sont respectivement fonction de β et de ∆P. Il devient alors
possible de déterminer l’incertitude sur la mesure par un classique
d diamètre de l’orifice,
calcul de dérivées.
∆P pression différentielle, ou différence de pression
mesurée entre les prises amont et aval, La formule spécifiée par ISO est, pour l’incertitude totale sur le
débit :
ρ1 masse volumique du fluide, en amont de la
restriction. ∂Qm/Qm = { (∂C/C )2 + (∂ ε/ε )2 + [2β4/(1 − β4)]2 [∂D/D ]2
La mise en œuvre de l’équation (17) pose problème. Les formules + [2/(1 − β4)]2 (∂d /d )2 + 1/4(∂∆P/∆P )2 + 1/4(∂ρ/ρ)2 }1/2 (18)
de calcul du coefficient C comprendront par exemple, en variable et
bien qu’il soit le résultat du calcul à effectuer, le rapport d’ouver- À ces incertitudes sont associées un niveau de confiance de 95 %,
ture β ou encore, dans le cas des gaz et de la vapeur, le coefficient de dans l’hypothèse d’une distribution gaussienne des mesures. La
détente ε, qui dépendra de la valeur de la pression différentielle que prise en compte, dans le calcul d’incertitude et pour une partie des
l’on doit justement calculer. La solution est du type itératif ; grande- variables, de niveaux de confiance différents, égaux ou supérieurs à
ment facilitée par la micro-informatique, elle peut consister à calcu- 95 % selon le cas, est traitée dans les documents AFNOR mais reste
ler une première fois β avec un jeu de valeurs approchées des trop complexe pour être commentée ici.

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7. Traitement du signal drique et à bord amont brut d’usinage. Lorsque les contraintes de
pression imposent que l’épaisseur de la plaque excède 2 % du dia-
et dynamique de mesure mètre de la canalisation, on y pratique un chanfrein à angle fixe de
45°, côté aval (figure 3 a). Les contrôles de planéité, de fini de sur-
(rangeabilité) face, se font à l’œil nu.
Les diaphragmes pour fluides visqueux diffèrent du type précé-
dent par l’usinage, plus complexe, du bord amont de l’orifice. Le
C’est sans doute l’un des points faibles du débitmètre à appareil type quart de cercle a un bord arrondi (figure 3 b) suivant un quart
déprimogène que son signal brut soit proportionnel, non pas au de circonférence de rayon r variable avec le rapport d’ouverture β, et
débit qu’il mesure, mais à sa racine carrée. Ceci réduit beaucoup donné par une table de valeurs de r/D ; il est aussi chanfreiné en
son étendue de mesure d’autant plus que, au moins dans l’état aval : les tours numériques permettent néanmoins, aujourd’hui, de
actuel de la technologie, la valeur courante du signal délivré par un le réaliser assez facilement. L’orifice à double biseau, usiné avec
capteur de pression différentielle est entachée d’une incertitude fixe deux chanfreins à angle fixe, est plus facile à réaliser mais son arête
en valeur absolue, égale à un certain pourcentage de la valeur de fin vive pourrait être plus exposée à l’abrasion ; l’orifice à entrée coni-
d’échelle réglée. Il en résulte, pour prendre un exemple, que l’incer- que (figure 3 c) est simple à fabriquer.
titude sur une mesure de pression différentielle qui ne serait, en fin
L’usinage du convergent à profil circulaire ou elliptique des tuyè-
d’échelle, que de 0,5 %, serait portée à 5 % au 1/10 de cette valeur
res présente, inévitablement, une certaine complexité atténuée
maximale, alors que la variation de débit qui a provoqué ce débatte-
cependant, en ce qui concerne la section circulaire, par de larges
ment n’est que d’un facteur 10 ≅ 3 . Les règles de l’art de l’ingénie-
tolérances. La courbure du convergent n’est pas très critique, il suffit
rie prescrivant, quelles qu’en soient les raisons, de ne pas utiliser un
d’éviter les formes anguleuses.
capteur de pression différentielle au-dessous du 1/10 de sa pleine
échelle, on voit que l’on ne pourra couvrir en débit, et pas nécessai- Le venturi, simple succession de cônes et de cylindres, est de réa-
rement dans de bonnes conditions de précision, une étendue de lisation simple : c’est aussi l’appareil déprimogène le plus encom-
mesure plus grande que 1 à 3. brant. La norme ISO [2] prévoit avec logique un convergent usiné
pour les petits diamètres, brut de fonderie pour les moyens et en
Cette contrainte est toujours apparue comme une sérieuse limita-
tôle brute, soudée, pour les forts diamètres.
tion. Les solutions utilisées dans le passé, et qui peuvent rester via-
bles sur de petites installations peu automatisées, consistaient à Il est important de soigner la réalisation des prises de pression. La
monter sur le même élément primaire deux capteurs de pression norme ISO (y consulter les détails) assigne un diamètre minimal aux
différentielle d’échelle différente, commutables, ou à déposer l’élé- perçages cylindriques et une largeur minimale aux fentes
ment primaire − en général un diaphragme − pour le remplacer par annulaires ; les axes de perçage doivent être perpendiculaires à
un autre, dont le rapport des diamètres était différent. L’apparition l’axe de la conduite.
récente des transmetteurs numériques intelligents, configurables à La connexion à la tuyauterie peut être prévue, à la fabrication :
distance à travers un bus de terrain devrait cependant, sous réserve
de précautions quant à leur étalonnage, apporter des solutions — entre brides, pour les plaques à orifice ;
beaucoup plus souples : il devient en effet possible de reprogram- — à brides, entre brides ou par filetage, pour les tuyères ;
mer au clavier l’étendue de mesure du capteur de sorte que la valeur — à brides, entre brides, par filetage ou par soudure, pour les
courante de ∆P se trouve constamment proche du maximum ; le venturis.
matériel utilisable va du clavier de poche que l’on met en œuvre au Les constructeurs d’orifices intégrés peuvent livrer leur instru-
niveau de l’unité à la console de salle de contrôle. ment avec, en option, deux longueurs de tuyauterie usinée, fixées à
Le signal brut fourni par un capteur de pression différentielle est l’amont et à l’aval de l’élément primaire. Cette pratique présente
analogique, électrique le plus souvent, bien qu’il existe encore des deux avantages : le rapport d’ouverture prévu est à coup sûr res-
capteurs pneumatiques. L’affichage du débit peut être local ou à dis- pecté et le problème des longueurs droites (§ 8.2.1) est résolu.
tance, et dans le second cas les signaux de transmission
standardisés : 3-15 psi (2 · 104 à 1 · 105 Pa) en boucle pneumatique
et 4-20 mA en boucle de courant électrique dite « fil à fil », restent
d’actualité pour sans doute encore une bonne décennie. Les bus 8.2 Installation
numériques de terrain, en effet, s’ils sont beaucoup plus simples à
installer, sont aussi plus lents en raison du volume d’informations à
transmettre sur une ligne unique, et sauf s’ils sont standardisés 8.2.1 Longueurs droites
(Worldfip, Profibus, Fieldbus, Foundation, Penet), risquent d’entraî-
ner l’acheteur dans une forte dépendance vis-à-vis du vendeur On ne peut faire une bonne mesure que si :
(réseaux « propriétaires »). — l’écoulement est, à l’amont immédiat de l’instrument, bien
parallèle à l’axe de la conduite, sans composante transversale (gira-
tion), ni instabilité de quelque nature que ce soit ;
— l’orifice engendre une constriction stable de la veine fluide,
8. Contraintes de fabrication sans tourbillon ni oscillation aucune.
et d’installation Il faudra donc que le débit soit stable, constant ou très lentement
variable dans le temps. On ne pourra guère éviter, cependant, que la
tuyauterie amont ne comporte à quelque distance des singularités
telles que coudes, changements de diamètre, tés, vannes, etc., pro-
8.1 Remarques générales concernant voquant des turbulences que l’on pourra réduire par deux moyens :
la réalisation des éléments primaires — une longueur suffisante de tuyauterie droite lisse et de diamè-
tre constant à l’amont, et dans une moindre mesure à l’aval ; cette
longueur de tuyauterie est habituellement exprimée en nombre de
diamètres ;
En matière de diaphragme le souci du normalisateur [2] est, à
l’évidence, de spécifier un organe réputé fiable parce que suscepti- — un tranquilliseur, dans les conditions indiquées ci-dessous.
ble d’être aisément réalisé de façon reproductible. La plaque doit Examinons plus avant ces différents points, que la norme ISO
être rigide, mais mince. L’orifice est un simple perçage centré, cylin- spécifie le plus souvent de façon stricte.

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■ La longueur droite minimale à ménager à l’amont de l’élément


primaire dépend de deux facteurs :
— le rapport d’ouverture β et
— le type d’él14ément perturbateur.
ISO [2] prescrit à ce sujet un tableau de valeurs, très proches de ce
que l’on peut trouver par ailleurs dans la littérature, et que l’on
pourra consulter avec profit, même si l’on ne recherche pas le cou-
vert de la norme. Ces spécifications traitent à part du venturi, beau-
coup moins exigeant en la matière. Il est à noter que la longueur
minimale prescrite peut être selon ISO réduite de moitié, sous
réserve de majorer de 0,5 % l’incertitude sur le coefficient de
décharge, auquel cas le montage reste conforme à la norme.
Il faut pour les diaphragmes de trois à quatre fois plus de lon-
gueur droite lorsque l’on passe de l’orifice le plus fermé (β = 0,1) au
plus ouvert (β = 0,75). Deux coudes ne sont guère plus perturbateurs
qu’un seul, à condition qu’ils soient coplanaires ; s’ils sont situés
dans des plans différents (normaux selon ISO, quelconques selon
[1]), jusqu’à 80 longueurs droites peuvent être nécessaires. Un tel
assemblage tend en effet à créer des composantes de vitesse nor-
males à l’axe de la canalisation, « enroulant » en quelque sorte les
lignes d’écoulement. Les vannes de régulation à ouverture progres-
sive génèrent également de fortes perturbations, de sorte qu’il est
préférable de les placer en aval du point de mesure, et de se limiter
en amont à des robinets d’arrêt (à opercule si possible) que l’on lais-
sera grands ouverts en fonctionnement.

■ Le montage d’un tranquilliseur à l’amont de l’instrument peut


permettre selon ISO [2], non pas de réduire les longueurs droites
prescrites, mais seulement d’avoir recours à des accessoires de
tuyauterie autres que ceux expressément visés par la norme sauf, le
cas échéant, dans le cas particulièrement exigeant d’un rapport
d’ouverture β élevé.
L’objet du tranquilliseur est bien sûr de restituer des lignes de Figure 8 – Sonde multipitot « Annubar » (documentation Auxitrol)
courant exemptes de tourbillons et bien parallèles à l’axe ; il y con-
tribuera mais ce n’est pas un accessoire-miracle, et il serait bon de
pouvoir en vérifier l’efficacité en place. Le profil de l’écoulement Un tranquilliseur, même non obstrué, génère nécessairement une
était autrefois vérifié au moyen d’une sonde de Pitot mobile, tempo- perte de pression que la norme ISO [2] permet d’évaluer, pour les
rairement implantée dans l’axe de la canalisation, mais une sonde à types qu’elle spécifie.
ultrasons de type non intrusif, opérant depuis l’extérieur de la cana-
lisation sans aucun perçage, est aujourd’hui préférable. ■ Certains auteurs [1] font état de la possibilité d’installer, à l’amont
immédiat des diaphragmes du type quart de cercle, un diffuseur
ISO [2] décrit cinq types de tranquilliseurs, à base de plaques per- particulier, à l’objet de recréer au mieux le profil de vitesse d’un
forées, tubes cylindriques ou canaux rectangulaires créés par inter- écoulement turbulent (figure 2), mais sans préciser les spécifica-
section de plaques, et aubes ; la figure 7 montre par ailleurs, dans tions d’un tel accessoire.
un but didactique, deux vues perspectives de matériels décrits par
[1]. La faiblesse principale de ces dispositifs est qu’ils sont faits de ■ Une certaine longueur droite de canalisation est également
tôles minces ou d’éléments soudés, et que l’on doit en exploitation requise à l’aval de l’élément primaire, pour permettre aux lignes de
s’assurer qu’ils ne s’obstruent pas, et ne se corrodent pas en libé- courant de se redistribuer en leur état amont. La valeur prescrite est
rant dans la canalisation des débris métalliques qui viendraient bou- de 4 à 8 D, selon le rapport d’ouverture [2].
cher l’orifice, ou en endommager le bord amont, et même d’autres
instruments situés en aval, le cas échéant. La référence [1] proposait
à cet effet un tranquilliseur constitué d’une simple plaque métalli- 8.2.2 Rugosité de la conduite
que pliée (figure 7 b), exempte de soudure, qu’on retrouve dans ISO
[2] sous la forme d’un type « étoile », de forme assez comparable. Les aspérités internes à la conduite engendrent des vortex ou
tourbillons de petite taille, confinés aux parois mais susceptibles de
perturber le profil de l’écoulement. Il est d’usage d’appeler rugosité
d’une canalisation la hauteur moyenne, pic à creux, de ses
aspérités ; par souci de commodité on l’évalue, en pratique, par un
test de perte de pression sur une certaine longueur de tuyauterie.
L’influence des aspérités se fait d’autant plus sentir, à rugosité égale,
que le diamètre de la conduite est plus faible, aussi définit-on la
rugosité relative, quotient de la rugosité par le diamètre.
Les appareils déprimogènes normalisés ISO tolèrent une rugosité
relative de l’ordre de quelques dix-millièmes seulement, d’autant
plus faible que le rapport des diamètres est plus grand ; les valeurs
détaillées pourront en être consultées dans [2] qui publie en outre, à
a à faisceau de tubes b type "étoile" titre d’information, un tableau des rugosités des principales tuyau-
teries industrielles. C’est sans doute pour permettre l’emploi, sans
Figure 7 – Exemples de tranquilliseurs, tels que publiés dans [1] usinage ni polissage particulier, de tubes standard industriels que le

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9. Exemple de calcul
Sous-ensemble de montage
à distance (en option)
L’exemple ci-dessous montre comment utiliser le logiciel proposé
avec le présent article ; les calculs effectués par la machine ne sont
pas développés.
Soit le cas d’école d’une conduite de diamètre 0,1 m, dans
laquelle circule de l’eau à la température de 20 °C, dont la masse
volumique est de 998,23 kg · m−3 et la viscosité de 1 centipoise (don-
nées tirées de [6], pouvant différer légèrement suivant la source), à
une pression de 2 bars absolus. On demande de mesurer un débit
Plaque à orifice
maximal de 0,03 m3/s.
représentée démontée Manifold à trois
robinets La solution la plus simple est la plaque à orifice. On choisit donc
dans la ligne « élément primaire » présentée par le programme un
Figure 9 – Orifice intégré (documentation Foxboro) diaphragme avec prises de pression à la bride. Les « matières »
seront − vraisemblablement − l’acier ordinaire pour la conduite,
mais un acier inoxydable pour l’élément primaire dont les bords de
normalisateur a limité à 50 mm le diamètre inférieur de ses débit- l’orifice doivent rester, pour une bonne mesure, insensibles à la cor-
mètres à appareil déprimogène. rosion. Dans la ligne « conditions amont » on entrera pour la pres-
sion 2 bars, simple information dans le cas d’un liquide.
L’effet des aspérités, même lorsqu’elles se situent un peu au-delà
de l’ordre de grandeur toléré par la norme, s’atténue cependant très En « variables » enfin on choisira « À calculer : diamètre de
vite, ne concernant selon ISO qu’une longueur de 10 D (diamètre l’orifice » avec un débit de 0,03 m3/s et une pression différentielle de
interne de la conduite) à l’amont et 4 D à l’aval d’un diaphragme, 2 D 2 500 mm d’eau, valeur courante que l’on pourra sans inconvénient
seulement à l’amont d’un venturi. Il est donc facile, souvent, d’amé- « rajeunir » en 0,25 bar ou 25 000 Pa.
liorer la qualité interne de la tuyauterie proche : à titre indicatif, pour On aura le désagrément, au lancement du calcul, de voir apparaî-
D = 100 mm, l’opération se limite à une longueur d’environ tre à l’écran une barre rouge clignotante affichant la mention « Jeu
1,5 mètre. de données incompatible : débit élevé ». Ceci indique l’impossibilité
Les longueurs de tuyauterie droite que livrent les constructeurs de réaliser la mesure avec une plaque à orifice. La valeur maximale
d’orifices intégrés, instruments conçus pour des diamètres souvent admissible pour le débit est aisément obtenue : il suffit de modifier
bien inférieurs à 50 mm, répondent également à ce souci. Souli- les données en ne retouchant que la ligne « variables » (on passe les
gnons cependant l’importance du facteur rugosité : un traitement autres lignes par action sur la flèche ↓), tout en réduisant graduelle-
incorrect, c’est-à-dire non conforme à la norme, du problème des ment le débit ; la première valeur qui donne un résultat conforme
aspérités se traduira par des perturbations hydrodynamiques aux prescriptions ISO est de 0,022 m3/s, avec un rapport des diamè-
imprévisibles au niveau des prises de pression, interdisant tout cal- tres de 0,74842.
cul cohérent de l’incertitude de mesure. Un premier remède peut consister à augmenter sur une certaine
longueur le diamètre de la canalisation ; en le portant à 0,12 mètre,
le débit souhaité « passe » avec un β de 0,73135, conforme à la
8.2.3 Montage et raccordement du transmetteur norme.
Une autre solution peut être d’utiliser une tuyère, dont le coeffi-
Le dispositif multipitot (figure 8) se monte au moyen d’un simple cient de décharge est en gros de 0,9, soit 1,5 fois celui du
perçage sur la canalisation. diaphragme. Il suffit de modifier les données affichées à l’écran en
On a cité au § 8.1 les types de raccordement de l’élément primaire remplaçant, dans la ligne « élément primaire », le diaphragme avec
à la conduite, disponibles pour chaque type d’élément primaire. La prises à la bride par une tuyère ISA 1932. Quelques tâtonnements
liaison de ce même élément au capteur-transmetteur de pression établiront qu’un tel élément accepte jusqu’à 0,041 m3/s pour un β de
différentielle comprend en général les accessoires suivants, de la 0,79834, conforme à la norme qui accepte jusqu’à 0,8 pour ce type
canalisation vers le capteur et selon un schéma très proche de celui d’élément. Quant au débit nominal de 0,03 m3/s que nous cherchons
de la figure 9 : à mesurer, on constate qu’il requiert un β de 0,70986.
— les robinets d’isolement élément primaire/capteur ;
— les tuyauteries de raccordement des deux chambres du cap-
teur à l’amont et à l’aval de l’élément primaire ;
— un by-pass du capteur pour vérification du zéro. 10. Aspect économique
Le capteur-transmetteur peut être positionné au-dessus ou au-
dessous de la conduite contenant l’élément primaire. Les règles de
principe sont, pour chaque type principal de fluide [1] : Un débitmètre à appareil déprimogène consommant une certaine
— liquides : positionner de préférence le capteur légèrement au- énergie de pompage, il est de bonne pratique d’évaluer le coût
dessous de la conduite afin d’en écarter les bulles de gaz, plus légè- annuel de cette énergie et de le comparer à l’économie d’investisse-
res. Le montage au-dessus est néanmoins possible à condition de ment réalisée en choisissant un tel instrument plutôt qu’un débitmè-
prévoir des évents, s’il existe en permanence une surpression à tre d’un autre principe, moins consommateur d’énergie mais plus
l’aval de l’élément primaire ; coûteux à l’achat. Ce calcul économique est en fait assez complexe
— vapeur : intercaler des chambres de condensation situées à car il faut, outre ce coût direct d’exploitation, prendre en compte des
niveau ou au-dessus de la conduite, et positionner le capteur au- éléments tels que les coûts de maintenance, la disponibilité compa-
dessous de ces chambres ; rée, la précision comparée et les gains de production qui en résul-
— gaz sec : position du capteur indifférente ; tent, l’amortissement fiscal, etc.
— gaz humide : placer le capteur au-dessus de la conduite ou En matière d’investissement, le coût d’un transmetteur de pres-
interposer des dispositifs de condensation ; l’élément primaire peut sion différentielle peut être très grossièrement évalué à 8 000 F,
aussi être monté sur une conduite verticale avec écoulement vers le somme à laquelle vient s’ajouter un millier de francs pour les tuyau-
bas. teries et robinets d’isolement divers. Ici s’arrêtent les éléments tari-

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fables, car le prix d’achat d’un appareil déprimogène dépend très requérant un séparateur ; soit des conditions locales
largement de ses spécifications, et en particulier : d’environnement :
— du diamètre de conduite ; — conditions extrêmes de température, d’humidité ;
— du type d’appareil : diaphragme, tuyère, venturi ; — présence d’une atmosphère explosible (cas d’un transmetteur
— du matériau de fabrication : acier inoxydable, hastelloy, électronique) ;
monel, autre ; — présence de vapeurs corrosives ;
— des conditions particulières de réalisation : chanfreinage, autre
usinage ; également susceptibles de créer un surcoût d’équipement. Le prix
— du type de prise : perçage, chambre annulaire ; de l’ensemble correspondant, qui peut être évalué par l’ingénierie,
— du type de montage : entre brides, à brides, à visser, à souder ; est à négocier avec le constructeur.
— de la classe des brides (le cas échéant) ; L’installation proprement dite requiert un certain nombre d’heu-
— des accessoires de montage : séparateur, chambres de con- res de montage, de raccordement électrique et d’essais, dont le coût
densation, robinets, raccords, etc. ; ne sera généralement pas évalué par l’ingénierie mais négocié avec
— des spécifications particulières à l’utilisateur, usage alimen- un installateur, à moins que l’on ne s’adresse à un ensemblier ins-
taire par exemple. trumentiste capable de prendre en charge, en sous-traitance le cas
Le transmetteur, en outre, peut être soumis à des contraintes sup- échéant, l’ensemble des prestations.
plémentaires résultant, soit du type de fluide : On pourra néanmoins considérer que le débitmètre à élément pri-
— température très basse ou très élevée ; maire déprimogène reste souvent l’un des plus économiques, tou-
— agressivité chimique ; tes dépenses confondues.

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P
O
U
Débitmètres à pression R
différentielle
E
N
par Claude GAILLEDREAU
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure de Chimie et de Physique de Bordeaux S
Références bibliographiques
A
[1] SPINK (L.K.). – « Principes and Practice of
Flow Meter Engineering » ; 9e édition,
[3] Shell Flow Meter Engineering Handbook ;
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vapeur d’eau ; Tables VDI. Springer Verlag.
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Elsevier.
O
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d’appareils déprimogènes » ; NF EN ISO
[5]
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Perry’s Chemical Engineers’ Handbook ;
[10] Orifice Metering of Natural Gaz ; AGA Gas
Measurement Committee Report # 3 ; Ameri-
I
can Gas Association Inc. ; New York.
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1998 ; Association Française de Normalisa-
tion, AFNOR.
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Fourth Edition ; Mc Graw-Hill Book Company.
Handbok of Physics and Chemistry ; Chemi-
cal Rubber Corporation.
[11] Guide pour l’expression de l’incertitude de
mesure ; norme AFNOR XP 07-020, juin 1996.
R
Constructeurs
P
Appareils déprimogènes ISO Foxboro
Atelier Pochet
Berger SA
Sondes Multipitot
Auxitrol
L
DAR
Il convient de rappeler que tout atelier de mécanique disposant d’un équi-
Endress + Hauser
Étoile International
U
pement standard à la profession est en mesure de réaliser un élément pri-
maire normalisé ISO.
Fisher-Rosemount
Orifices intégrés et sondes multipitot sont des dispositifs privés, qui ne sont
S
Orifices intégrés disponibles qu’auprès des sociétés qui en sont les propriétaires. Il conviendra,
Fisher-Rosemount avant de les acquérir, d’apprécier leur crédibilité en matière de métrologie.

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