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Production FILMS GIBÉ

No 381 — 9-12-53
COMPLOTEZ UTNE COLLECTION
de MON FILM
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dam e

Sous cette rubrique, le Camériste répond à TOUS ses correspondants


Numéros d 10 francs.

1g = MA PETITE POLIE. — Films de


François Patrice : La Fille du diable
non trois séries... — Impossible d'uti-
liser votre r.ystème de miner. Les
peu plus attentivement le pauvre
Camériste I — Quant A la liste des films
lt945). Les Gosses mettent rempiéta, réponses insérées doivent être rompre- d'Errol Flynn, je l'ai donnée et redon-
La Rose de In mer ( tes6), La Vie ai hensibles pour tous les lecteurs, et née, et encore tout récemment. —
Numéros d 12 francs. rose (19u±), Impasse des Deux-Anges, non pour un seul. Tous mea regrets.- Derniers filins d'Amedeo Naxsari parus
Retour d ia vie, Trois garçons nue fille, en France Le Loup de la Site, Le Men-
L'Escadron blanc 1948), Le grand MIREILLE ET TIND — André songe d'une mère, Fra Diavolo, Le
Rendes-vous 1,549), Ils ow vingt ans, Dassary tourne Les Gauchos de Mar. Baiser talai, Mara /ale sauvage, La Cite,
170 — Toue I« deux. — Martine Carol est née le
10/ — L• lemme •ux cigarette.. Rua des Saussaies, Les Quatre sergents eu mai — Maria Maubau, nee des stupéfiants, Sensualita, Les Anges
103 — Le "nler du Fort-Carel, Le Pocharde (0955), du trottoir, Heureuse époque, Dernier
le to mai 1924 à Marseille, a tourné
106 — Citernel tourme«. Il s'appelle François-Patrice Privai- Un ami viendra ro soir, Patrie, Le Chan- rendes-vous, Trahison.
106 — L« 11•11e. Aubouard, né à Beyrouth le jan-
▪0 — 'Inconnue nv 13. teur inconnu, Le Cocu magnifique, Bal AMI FIDÈLE DE • NON FILM I.
90/ — enstus. ranis ses.. Vie. 1934, 1..69, bruns, yeux Cupidon, Pas deweek-end pour notre — Distribution de D' Jekyll. Mr, Hyde
904 — Mime du Bei«, marron, marie, cheveu,
ut amo ur Fra Diavolo, Quai de Grenelle, ( r94 l) Spe.er Tracy (Jultyll-Hyde),
307 — Pla.mo P•rivIng.n. ANOBLIRA. — Edwige Potinière La Passante. La Route du Caire, Ingrid Eerémmt li”), Lane Turner
Mit — Toue I« uhemtne m..... à a s conquis, en Angleterre, le titre La Table aux crevés, Le plus heureux (Bab). — Spencer Tracy mesure 11,75.
Va«.
2111 — Val« «Vlan« de plus grande actrice du monde e / Je des honores. — Une seule lettre, un Non, il ne parle pas le français. —
▪ — Le Vol« bleu. ne suis pas au courant. Expliques-moi seul puede, et trois questions par Distribution de Scarface (193a) Paul
114 — L'Héritière. un peu ça... — Distribution du Duel lecteur... Muni (Tony Camonte), Ann Dvorak
0930 : Yvonne Printemps (Thérèse (Coma). Karen Morley (Foppy), Gsgood
Jaillon), Raimu (le Père Bolbec), PLEUR DE BRUYÈRE. — Je ne Perkins (Love), Boris KarlotT
Pierre Fresnay (l'abbé Daniel), Ray- connais pas d'ouvrage relatmt la vie ney), C. He.y Gordon (Guarino),
Numéro. d 16 fronce. mond Rouleau (Henri ?dom), A. Car- de la regrettée Maria Montes. Pour Geories Rait (Rinaldo) et Vince Bamett
vous rendre sur sa tombe, renseignes-
rt:.;;.•.:r.r-
a Val« i•no•
relier ('anion). François Périer (Fran-
çois), Balpêtré (Bunier). — Je n'ai Pas
de renseignements sur Terence Young.
vous auprès du concierge du cimetière
Montparnasse lorsque vous riendrea
(Angelo). — Paul Muni est un acteur
américain d'origine polonaise. Il ne
tourne plus que rarement. — Nous
fil — lue r lit rer... — Distribution d'Entente cordiale Paris. — Votre lettre est très sympa.
Mique. N'hésites pas I m'écrire avons publié La • Maltresse de fers
890 — Aga« d. rien (0938) Gaby Morley, Victor Franc., (us 359). — Alan Ladd est né à Hot
221. — Meta« nouveau.
• — Souleva« a. Pnesieue Arlette Marcha], Janine Darcey, Pierre Springs (Arkansas, U. S. A.) le 3 sep-
824 — Les Amen« du Caprloorne Richard-Willm, André Lefaur, Ber- LULU BEL. — Françoise Arnoul tembre cm. Marié nue Carol et
480 — x.d.mo Poe« 12 vulet« nard Lancret, Jean Worms, Robert (Françoise Gautsch) est nie S Constan. père de f :unifie. Derniers fdins parns
lia — L. 131a. Tourbillon
388 — 1..0« dme• « «tee
P isani, Jacques Baumer, Louis Soigne, line (Algérie). — Je ne mis pas sOr en France : Le Dénonciateur, Rare
230 — Mau ..... Jean Galland, Paulette P., Pal que Gina Lollobrigida et Silva. Man- au hold-up, Marot! au ter, Montagne
237 L'homme ee Iole. Andin, Jean Broollard, Aimé Clariond, i/an° répondent. Essayes... — Martine rouge, Tergale sur la impie, La Mat.
Jean Toulout, Jean d'Yd, Junie Aster, Carol mesure 1`..58. tresse de fer L'Homme des vallées
ara Ni. Raya, André Roanne,_Jaque perdues, La Légion de desen •
::
ve Catelain, Dorville et Grétillat. lef Siam au sue. — Lava Turner
948 — et Lex Barker sont mariés. Ils sont
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151 — Ln bue eue MI
venus en Italie pour tourner, elle
Hildne de Troie lui Le Tont* de
Kali. — Debre Fagot, cuir 1..9 me
15. — berlue. 5933 à Denver (Colorado, U. S. A.),
188 nsieu leeue aire I
• — PaumMorla
as esses est célibataire, a les cheveux bruns,
ana — M. Mie. e/ les yeux gris et mesure t1,58.
284 — D.male, sou dieu..
187 — . /faut. I BELLE MAROUERITE. — Je ne
848 — Lee amer. Oassmees connais aucune publication donnant
ZOO Mire rouer I« le récit et des photos des opérettes et
1.1.3« films de Georges Guétary. — II est
1101 Le Peu« «Morte possible que l'on tourne un jour Pour
• — 6“ gentes Oudiaal
tee:: Don Carlos et La Route fleurie, mais,
jusqu'à présent. il n'on est pas ques-
tion. — Projets de films, projets sué.
niques... Comment savoir s'ils se réali-
seront 7 Je ne suispas devin...Patience.
IVinnéree d 80 franco.
FLAPIS/OIS. — Rate de Nen' et
241 — MM die Danièle Parole, mariées, ne tournent
— Les ...Mea eV. lieu imMise plus. — Films de Charles Boyer (à
fele partir de 194o) Six destins, L'Étran-
— boulevard ..... e gère, Obsessions, Hantise, Par la ',via
III — .1 arsomt.
915 — Amour eu broisière. d'or, Bach street, Are delrionsphe, recel
▪ LOU.. Madame la nymphe al cour Rendes-vous
▪ -• Tnsp /.ta rune. d'amour, La Folle ingénue, Agent Elisabeth BERG N ER
na— Piment. Paul MEURISSE secret, Coap de foudre, Vengeance de
▪ Mite naute.ritle eues. lemmes, Le Première légion, Sauré dans
1110 OMM au merde. dans
977 Tire. printemps, TemPite sur le temple. — La 04 d'une autre
978 Inffleteor Sorel Films de /Sarthe Vickera : Le Grand
970 — Ma
elloan e, p e I Sommeil, La Fille et le garçon, Garçons
980 — femmeeet formidable. MASOS D B STRASBOURG. —
Ré- en cage. — Films de Jean-Jacques Adresser-vous aux Filins Marcel Pa-
III — Midi. due ......
▪ CURTIS BARBON. — Delbo Le Chant de Praia, L'Homme
Le 1.1. • lin et son orchestre ont paru dans gnol, 53, avenue George-Y, Paris (8.).
aN •-• Le nen eut mon royume. out vendit non âne, L'Escalier sens /in, — Raymond Pellegrin est né à Nice
Pigalle-Saint-Germain des Prés, Me. Fm Nicolas, Les Caves dus Majestic
1115 La rem. à nouure. bique en tète, Tambour ballant; c'est Io ri janvier 19a3, — Nous ne publie-
ace anal dans notes. Adieu! chérie. La Foire aux chimères, ron pas Marion des mime.
egT — La Gares. tout pour Io moment. — Nous venons On ne menre pas comme ça, Six heur.
il] — galbais ou ta sie est de revoir Fred Astaire dans La Belle it perdre. Copie rote/orme, Le Fort de PLEUR DE CHAMPAGNE. —
na. — Cardmies mas noue. de Toc-Yods, avec Vera Ellen. — la solitude, Un flic, Erreur judiciaire, Toute œuvre littéraire, theatrale ou
510 — gamelle as. sau trots. Mais oui, Jacques Famery, interprète
gel — Terve ...anse. Cargaison clandestine, Les Souvenirs cinématographique est couverte ° par
• — L• maison n ..... tee. du film Cet dge est sans pitié. est celui nesont pas à vendre, Julie de Cartutilhan, un copyright (propriété artistique).
Sen — Lq ...... du neea-nuu qui Joue au tbéetre Valet de eamr. Le Furet, Le Roi du Bla-bla-bla, Les Dal. le générique des films américains,
▪ re. ente-Cule,
à FEND L'AIE. — Veuilles lire l'avis Deux gamines, Minuit gai de Bercy, la date qui suit l'indication copyright
and — Memhel
Tor M
e«le. souvent publié en p. 2. Lee réponses Le Gteleieseur. est celle de la réalisation du film.
808 — Maria Mi Mus du monde
1107 Vallée la sont insérées trois mois au moins après G. L. 100. — Limelight veut dire La Paramount est la seule firme
▪ — beau.. réception de la lettre. — Distribution Les Feux de la rampe. C'est d'ailleurs exiger que l'indication soit portée dans
800 — an bourreau. du Père tranquille donnée us 202, p. é. sous cc premier ritree q exploite
st Mou Film, mais le copyright existe
sot — de femms. pour toutes les autres également. —
ara — ara en rate. AMOUREUX DE NA UREBN. — en France, rame en version doublée.
—Martine Carol, su, 58. — Gina Tons les chemins tnétient el Ronte a été
t800
i ra= "
— Watteau es.. mar.
Ces artistes portent leurs véritables
noms. — Scaramouche a été réalisé beigida, 51,64. — Danielle Darrieux,
51,66.
réalisé en 0949. —.Les Inconnus dans
la maton, en 1912.
300 — Moesaline r95a. — La Femme du planteur,
307 — Vietrainwer nommé • • Veule ".
001 — L. Vemma perdue.
1952. — Le Plus bal anitele de Don
Jas or 195i. — Trois questiOne, et
DEBOBAIL — Pour les Robin des
Bois, déjà dit, chère amie. Lises un
PETIT MONDE A MOI. — Vera
Talqui est née à Nice le 17 min 0934.
▪ — eu y...m. Elle a tourné Ali delà des grill.,
810 —
—L'Aude Le Petit monde de don Camille, Bouquet
1 Lei Obuidier en made. de joie, Ronse.Paris.Ronte. '
818 — Meemmea.
iii— Les alairow • ...... la ...... . YEUX BLEUS. — Howard Vernon
8. tee Mie eu la reste. est né à Haden (Suisse) le t5

MON FILM1
811i — Va* ..... eoleb. ie. Célibataire. Oui, il réside à Paris.
19
V. MUENT. — Nous ne publions
Obeeine numéro «é sv.'« contre le
sommé de 10, 19. /5 on 20 fr. Moutex
10 17 d'expédition. quel que mon le
CINÈ mn
TOUS LES MERCREDIS. 15, boul. de. ItAllons. PARIS (2 5).
que 52 nutnéres par an. Et il parait,
dans l mémo temps, 35o fils
France 1 Évidemment, ceux que nous
m en

nombre ii«xemplairee demandée) Pour ne publions pas ont aussi leu. parti-
vol à 1,11.....r 2 fr. de p.• per Rédacteur en chef Pierre HENRY. sans. Mais qu'y pouvonsraus Films
mpila« pour fraie d'envoi. do Jecky 0111.1 Pas de vacances
Abonnements, France et Colonies : pour le Oort Dieu, La Peau d'au homme,
MON FILM 1 an 780 fr. 6 mois 420 fr. Passion, Le Roi des camelots, Si l'ou
mariait Papa, • Monsieur Lemiignoti,
s, messie dee Millet% PARIS (M. Compte rhèmes postas,: Pa ,i, 5492-59. lampiste, La Demoiselle et son revenant.
mon surin rom. rennimurieleimal. (Suite pages 8 st 9.)

2
Ci cm 'Lw Etna ECU M'id

A
VANT de sortir, Mme Dupont donnait ses instructions de son mari. Celui-ci la pressa de monter à ses côtés :
à la femme de chambre tout en mettant ses gants — Venez vite, venez vite...
et en allant et venant d'un air très affairé : — Mais où?
— Voyons, Angèle, ne fermez pas complète- — Venez, je vous dis...
ment les fenêtres, vous savez bien que Monsieur a — Mais à trois heures j'ai une conférence...
toujours trop chaud avec le chauffage central I Et n'oubliez — Il s'agit bien de ça 1
pas, le dîner pour neuf heures ; Monsieur ne sera pas rentré — De quoi, alors ?
avant, Varesco embrayait et démarrait avec une hâte fébrile,
Angèle disparut en direction de l'office et Marie Dupont s'en tout en cherchant des explications qu'il ne se décidait pas à
allait quand la sonnerie du téléphone la retint au dernier donner.
moment. — C'est très... très... grave... confia-t-il seulement comme
— Allô!... dit une voix masculine dans l'écouteur. Marie ?... ils arrivaient à destination, devant un immeuble de belle appa-
C'est Varesco... rence d'une paisible rue d'Auteuil.
— Oui, acquiesça M..° Dupont en pinçant les lèvres, j'ai En hâte il entraîna sa compagne vers un appartement du
bien reconnu votre voix, Varesco. Mais depuis quand m'appe- rez-de-chaussée, où la concierge guettait leur arrivée. Dans
lez-vous par mon petit nom? le living-room, M'"" Dupont vit un corps étendu sur le divan ;
— Excusez-moi, je suis très pressé, c'est au sujet de Dupont. son visage se contracta et elle poussa un cri bouleversé :
— Mon mari n'a pas . — François Ah
déjeuné ici, il est au mon Dieu 1
bureau. Puis elle s'abattit, san-
— Je veux vous voir glotante, aux pieds de
tome de suite! s'exclama son mari mort un mo-
l'homme d'un ton si LE BON DIEU SANS CONFESSION ment auparavant. Le
pressant que Mme Du- Réalisation de Claude AUTANT-LARA, premier instant de désar-
pont perçut enfin son &nuée le roman de Paul VIALAR. roi passé, la veuve exa-
trouble, cependant qu'il Scénario et adeptation de C. AUTANT-LARA, O. AUBOIN mina avec étonnement ce
poursuivait hâtivement ; et R. LAUDENBACH. logis inconnu et élégant.
— Je suis à côté, j'ai Dialoguée de Ghislaine AUBOIN. — Mais qu'est-il arri-
ma voiture, je passe vé ? Chez qui sommes-
vous prendre. INTERPRETATION nous ? Varesco, appelez
— Pour aller où? >aine Fréjoul Danialle DAARIEUX. vite un médecin, faites
Marie Dupont Mino BURNEY.
Mais Varesco ne Deniee Dupont lubelle quelque chose I
répondit pas à cette Françoie Dupont Henri VILBERT. — Pas de bêtises, tran-
question, il avait déjà Roland Dupont Claude LAYDU. cha rudement l'associé,
Maurice Fréjoul Ivan DESNY.
raccroché. Verte,. Grégoire ASLAN. comme Mmo Dupont ten-
Intriguée et vague- Production FILMS CIRE de joseph BERCHOLZ. dait la main vers l'ap-
ment inquiète, M'"' Du- Récit de Maurice IACOUES. pareil téléphonique. Il n'y
pont se posta à une a plus rien à faire... mais
fenêtre et descendit dès il faut sauver ce qui peut
qu'elle aperçut l'associé l'être encore. Aidez-moi I
3
lf 08
Une allée d'arbres séculaires menait à la
grande maison bâtie en haut d'une pelouse
en pente douce.
Maurice Fréjoul, sortant des écuries, s'était
avancé vers l'auto stationnée devant le per-
ron, cependant que les enfants s'extasiaient
et couraient vers un poney qui paissait en
liberté.
— Excusez ma femme, pria-t-il en intro-
duisant ses invités dans le hall, elle ne va
pas tarder... M. Varesco n'est pas des nôtres ?
— Non... avoua Dupont avec un peu d'em-
barras. Il m'a chargé de vous dire tous ses
regrets... il a été retenu à la dernière minute.
Maurice eut un peu de mal à cacher sa
déception. Il espérait décider les deux
hommes à traiter une affaire importante pour
lui et l'absence de l'un des associés rendait
impossible toute décision.
Quant à Marie, elle s'extasiait sur l'opu-
lente demeure de son hâte, admirait, ques-
tionnait sans la moindre délicatesse.

Janine était Comme il faisait mine de soulever le


exquise de cadavre, Mme Dupont voulut s'interposer :
grâce et de — Laissez-le, laissez-le I
gentillesse. — Allez-vous comprendre, à la fin? pro-
- --- testa Varese°, excédé. Il ne faut pas qu'il
reste ici... Sinon, il ne pourra jamais retour-
ner chez vous. Pour nous tous, il faut qu'il soit mort chez
lui... il faut l'emporter tout de suite. Au cas contraire,
nous serons forcés de donner cette adresse, des explica-
tions... Je n'ai pas voulu faire ça sans vous... Madame la
concierge est d'accord pour se taire, ajouta Varesco en dési-
gnant la femme qui les observait silencieusement et qu'il
avait nantie d'un confortable pourboire.
Dominée et éperdue, Marie Dupont acquiesçait
— Oui, vous avez raison...
Puis, le ton soudain durci, elle revint à son idée fixe
— Chez qui sommes-nous ici?
— Mais._ chez moi, voyons, prétendit Varesco en domi-
nant son trouble.
Aidé par la concierge, il enfouit François Dupont dans
son pardessus, lui enfonça son chapeau sur les yeux et le
transporta dans sa voiture, comme s'il s'était agi d'un simple
malaise. Ils réussirent à gagner le domicile des Dupont sans
attirer l'attention et poussèrent un soupir de soulagement
d'être arrivés à bon port.
Tout en suivant le convoi mortuaire, Mme Dupont revivait
ces heures pénibles et toutes celles qui avaient suivi. Autour
d'elle, d'ailleurs, chacun de ceux qui accompagnaient le
défunt évoquait mentalement ses relations avec cet homme
qui venait de disparaître brusquement au seuil de la cin-
quantaine.
Certes, la veuve ne s'illusionnait guère sur les sentiments
que lui portait François. Néanmoins, la découverte de l'appar-
tement clandestin où il était mort ulcérait son âme bourgeoise. — Que c'est joli chez vous I Il y a combien II fallait
Les Dupont, que beaucoup considéraient avec envie, car de pièces ? rendre
ils étaient ce qu'on appelle des gens arrivés, avaient mené — C'est assez grand... convint Maurice Fré- Diane...
cette triste vie conjugale des ménages sans amour, où l'habi- jouid'un air évasif.
tude remplace la tendresse. François était cependant un brave — Je vous dis ça parce que, quand il faut
homme, qui s'ingéniait à combler Marie et les enfants, à se faire servir, ce n'est pas facile On peut visiter ?
leur donner toujours plus de bien-être, mais il manquait à ce En dépit des protestations de Flançois Dupont, plus discret
foyer la chaleur d'une affection sincère. Inconsciemment que son épouse, Maurice entreprit de faire faire le tour du
d'abord, les deux enfants, Roland et Denise, en avaient propriétaire.
souffert, puis, en grandissant, ils avaient compris la mésen- — Il y a longtemps que vous l'avez achetée ? demandait
tente de leurs parents. Mme Dupont en montant l'escalier.
Sept ans auparavant, quand François Dupont n'était encore — C'est une maison de famille, Janine est née ici... ses
qu'un homme d'affaires très à son aise, la famille avait été parents y sont morts. Tenez, voilà même sa chambre de
invitée à passer un dimanche chez les Fréjoul. Justement on jeune fille.
étrennait une belle auto neuve que François venait d'arroser Ils pénétrèrent dans une petite pièce délicieusement tendue
avec ses copains du quartier, chez le bistrot du coin, qui était de toile de Jouy dont les meubles clairs, les étagères garnies
aussi un ami. Car, à l'époque, le ménage Dupont se conten- de livres gardaient le reflet de l'enfant qui avait longtemps
tait d'un modeste appartement dans l'immeuble commercial habité ces lieux.
où François avait son bureau. François Dupont s'attendrit :
Les fréquentations de son mari déplaisaient souverainement — Comme Mme Fréjoul a eu de la chance dit-il. On ne
à Mme Dupont, qui se jugeait d'une autre essence que ces doit plus pouvoir vivre ailleurs quand on a grandi ici.
petites gens auxquels la fortune ne daignerait vraisembla- C'était bien l'opinion de Janine, qui refusait de se séparer
blement jamais sourire. En premier lieu, elle ne digérait pas du domaine devenu trop lourd pour ses moyens actuels.
sa camaraderie avec le concierge, qui datait du régiment. Malheureusement c'était tout ce qui restait d'une fortune
— Ce n'est pas un exemple pour les enfants, répétait-elle jadis considérable; les dettes s'accumulaient et Maurice
à tout bout de champ. Ils grandissent, leur place n'est pas s'avérait incapable de redresser une situation quasi déses-
dans la loge. Je veux que nous déménagions. pérée.
Elle avait des visées sur un vaste appartement à Passy et Comme chaque matin, Janine faisait une promenade à
entendait arriver à ses fins. cheval. Elle s'excusa de son retard en trouvant ses invités
« Au fond, se disait Marie en évoquant le passé, tout a attablés au salon devant le porto, courut passer une robe et
commencé ce jour-là... » revint, exquise de grâce et de gentillesse. François Dupont
Elle revoyait cette belle matinée de dimanche, l'arrivée à était conquis, ainsi que les enfants et même Marie, en dépit
Pierrefitte dans la magnifique propriété que Janine Fréjoul de la beauté et du charme de cette jeune femme aussi distin-
avait héritée de ses parents. guée qu'elle était commune.

4
Quand le moment lui parut favorable, Maurice aborda le Pour commencer, Dupont, je le décommande, il ira dîner où
sujet qui lui tenait à coeur. : il voudra I On l'a assez vu ici...
— Alors, mon cher, demanda-t-il à Dupont d'un air faus- Janine s'interposa pour empêcher son mari de téléphoner
sement dégagé, vous avez réfléchi à mon projet ? — Mais c'est stupide I Tout l'argent qui nous manque,
— Oui, mais, vous savez, les installations électriques,. ce c'est Dupont qui l'a. C'est trop injuste.
n'est pas notre spécialité... éluda l'homme d'affaires d'un Après un silence, elle décréta :
ton significatif. — Dupont dînera ici ce soir.
— Vous en avez parlé à M. Varesco? — Sans moi I
— Oui... il n'aime pas ça... — Avec ou sans toi.
— Je crois qu'il a tort. — Qu'est-ce que ça veut dire ? Tu ne vas tout de même pas
— Possible... te jeter à la tête de Dupont ?
Dupont était rien moins qu'encourageant. Ça ne marche- — A la tête de « Dupont et Varesco o, précisa la jeune
rait pas. Le soir, les époux Fréjoul durent convenir que cette femme avec une expression significative, c'est très différent.
journée d'efforts et d'ennui ne se solderait pour eux par aucune — Pas pour
compensation. — Oh I le temps presse, fit observer Janine excédée, nous
Il fallut, dans la semaine, laisser partir le bel alezan que n'avons plus le choix. Maintenant, j'ai compris, c'est à moi
Janine montait quotidiennement avec tant de joie. Mais elle de me débrouiller. J'y arriverai, mais il ne faut pas me gêner...
n'eut pas le courage de prendre le chèque que lui tendait Dis-moi que tu me laisseras faire ?
l'acheteur et laissa à Maurice le soin de régler cette vente — Je ne sais pas...
navrante. Quand le camion fut parti, Fréjoul se mit à la — Il le faut, mon chéri. Quand on s'aime comme nous
recherche de sa fémme qui s'était réfugiée dans leur chambre nous aimons, rien ne compte, crois-moi...
et sanglotait sur le lit. Elle se pressait tendrement contre l'épaule de Maurice, qui
— Je t'avais prévenue, souligna-t-il avec embarras. Il ne ne protestait plus.
faut pas compter sur moi... Ce n'est pas de la mauvaise — Embrasse-moi... demanda Janine dans un souffle, tandis
volonté, mais je ne peux pas. que son mari la prenait dans ses bras.
— Je ne t'ai jamais rien demandé. Comme elle l'avait décidé, l'invitation à Dupont ne fut pas
— Tu ne vois pas ta tête, parce qu'on a dû se séparer de annulée, mais Maurice ne parut pas. Tout d'abord, Janine
Diane. Janine, je ne t'ai jamais menti. Si je t'ai fait la cour, feignit de croire à un simple retard et l'on se mit à table devant
c'est parce que je te croyais riche. Épouser une femme riche, les trois couverts dressés. Dupont était très fier de sa voiture :
c'était ma seule chance... — Maintenant qu'elle est rodée, j'ai mis sept minutes de
Elle eut un sourire amer : moins pour venir, montre en main I
— A moi aussi, ma seule Chance c'était d'épouser un — Vous allez trop vite, reprocha gentiment la jeune femme
homme riche... seulement, voilà... sur un ton de sollicitude inquiète.
Pour tous deux, l'amour l'avait emporté sur la raison. — Quand Marie est avec moi, je ne peux pas dépasser le
— Ce n'était pas une raison pour nous marier, observa soixante. Ce n'est pas la peine d'a voir une nouvelle voiture.
cyniquement Maurice, cependant que Janine, sans même Vous auriez peur, vous ?
s'indigner, rappelait : — Moi, non.
— Je ne voulais pas te perdre... — Alors, pourquoi vous entêtez-vous à garder votre
Fréjoul vint s'asseoir lourdement sur le lit, à côté de Janine. vieux tacot ? Pour Maurice, qui travaille à Paris, ça lui ferait
— Si je faisais des affaires comme Dupont, tout irait bien. gagner du temps.
Mais je ne gagne pas assez pour vivre ici... Quand nous nous — Quand il réussira une brillante affaire, je ne dis pas
sommes mariés, j'ai cru que tu viendrais chez moi, à Paris. non...
— N'insiste pas, je ne vendrai pas Pierrefitte. — Des gens comme vous n'ont pas besoin de faire des
affaires pour changer de voiture... protesta le jovial visiteur.
Maurice est un prudent, il fait des opérations de père de famille
pour se distraire.
Janine écoutait ces propos avec un sourire un peu triste.
Elle dit avec commisération, mais en se forçant :
— Il y a un peu de cela...
Puis, s'adressant au domestique qui faisait le service, elle
ajouta :
— Albert, vous enlèverez le couvert de Monsieur. Il ne
rentrera certainement plus dîner maintenant.
Quand elle fut installée au salon avec son hôte, devant le
plateau des liqueurs, Janine redoubla d'attention. Mainte-
nant personne ne la dérangerait plus, à elle de diriger la
conversation. Dupont continuait à parler de Fréjoul.
— Permettez-moi de vous faire une confidence : je ne pense
pas que Maurice ait l'étoffe d'un homme d'affaires...
— C'est un grand enfant...
— C'est pourquoi je ne l'ai jamais poussé à se risquer.
— C'est pour une affaires de tubes au néon qu'il nous a
abandonnés ce soir, une affaire de rien
du tout. Mais il est à l'Exposition, il
regarde les tubes qui s'allument et qui Maurice rongeait
s'éteignent, il est heureux ; il parle, il se son frein dans
vante un peu... A minuit, il aura sa chambre,

Dupont réclamait cinq I — Tu préfères


morceaux de sucre... te le faire saisir ?
— — Je ne partirai
jamais d'ici, jamais!
C'est une chose décidée et je ferai ce qu'il
faudra pour ça. Parce que je hais la médiocrité,
lança Janine, qui s'emportait. Oui, je la hais,
tu m'entends ? Ainsi que les médiocres !
— C'est parfait, conclut froidement Fréjoul.
Je ne peux plus qu'une chose pour toi.
— Laquelle ? demanda anxieusement Janine,
calinée et inquiète.
— Te quitter...
— C'est tout ce que tu trouves ?
— C'est le plus beau cadeau que je puisse te
faire.
— Mais tu sais bien que je ne pourrais pas
vivre sans toi I D'ailleurs, toi aussi tu serais
malheureux... C'est comme ça, nous n'y pou-
vons rien.
— Peut-être, admit Maurice d'un ton dur,
mais puisque tu t'entêtes c'est la seule solution.
inventé l'électricité... et il nous a complètement oubliés. Qu'il — Il y s des moments où je ne peux plus supporter ce qui
m'oublie souvent, ajouta la rouée d'un petit air désolé, ça n'a se passe... Je ne suis qu'une femme et je ne peux plus lutter...
pas d'importance, mais, ce soir, vous étiez là... et l'idée que demain on peut vendre cette maison... où j'ai
— Permettez-moi de ne pas me plaindre, protesta galam- été élevée...
ment Dupont. Dupont était stupéfait :
Puis il ajouta, avec une intonation compatissante et affec- — Qu'est-ce que vous dites ?
tueuse : — La vérité : je suis ruinée... plus rien de ce que vous
— Toute seule, ici... les soirées doivent vous paraître voyez ici ne m'appartient, j'ai dû emprunter sur tout pour
longues, quelquefois ? sauver la face. Peu à peu, je dois me défaire de tout ce que
Avec un soupir qui en disait long, Janine fit mine de raime... c'est comme ça que Diane est partie ce matin...
secouer sa tristesse pour servir le café. Elle était touchante à Tous ces sacrifices, je les ai faits de grand cœur, pensant
souhait. chaque jour que Maurice finirait par travailler. Il m'a fallu
— Combien de sucres ? longtemps pour me rendre à l'évidence, pour comprendre
— Cinq... qu'il ne ferait jamais rien. Aujourd'hui, c'est fini... je suis
— Cinq? répéta la jeune femme étonnée. toute seule...
— Oui, un dans ma tasse et quatre dans ma main... C'est Sur cette conclusion, Janine cacha son visage dans ses
pour un ami... mains; elle était secouée de gros sanglots convulsifs. Dupont,
— Un ami? atterré devant ce désespoir, la prit dans ses bras en déclarant
Dupont s'esquivait avec un geste d'excuse : résolument
— J'en ai pour un instant... Vous permettes ? — Ah I non, Janine, je suis là.
Il se dirigea vers l'écurie et donna un à un les sucres au Elle releva son visage inondé de larmes
vieux poney qui avait fait la joie de ses enfants le dimanche — Ça m'a fait du bien de tout dire à un véritable ami.
précédent. -- Mieux que ça...
— Ah... c'était ça? s'exclama Janine en le rejoignant. — Je le savais... acquiesça très bas Ie. Fréjoul, cependant
— Oui, comme ça je pourrai dire à Denise que sa com- que son interlocuteur soudain transporté de joie demandait
mission a été faite. Tiens... Diane est partie ? d'une voix éperdue :
— Oui... — Vous le savez... Est-ce bien vrai ?
— Elle n'est pas malade ? Janine se laissa étreindre par cet homme qui s'enhardissait
Sans répondre, Janine sortit de l'écurie si tristement maintenant à ouvrir son coeur :
déserte — Ah I Janine, Janine, s'exclamait-il, depuis que je vous ai
— Elle n'est pas morte ? insista Dupont, qui voyait des rencontrée vous avez tout représenté pour moi. Car moi non
larmes briller dans les yeux de son interlocutrice. plus je n'ai pas été heureux... Voilà vingt ans que ma vie est
— Pour moi, si I... vide... et que je vous attends. Il ne faut pas tenter de sauver
— Ce soir, vous m'avez semblé triste .. préoccupée... ce qui ne peut pas l'être, décida cet homme soudain résolu à
Maintenant nous sommes assez amis pour nous poser cer- faire table rase du passé, il faut construire autre chose...
taines questions...
— Je sais... mais il y a des choses qu'il
vaut mieux garder pour soi...
— Nous pouvons tout nous dire...
Devant cette injonction si affectueuse,
Janine décida de se confier.
— je ne suis pas heureuse... avoua-
t-elle douloureusement.
— J'en étais sûr I... Maurice ?
— Oui. Je l'ai épousé dans un coup de
tête... j'étais bien jeune... et bien seule...
— Ma pauvre petite. Je ne vous en
aurais jamais parlé le premier... mais on
voit tout de suite que ce n'est pas un
mari pour vous...
— Si vous saviez tout... soupira la
jeune femme tandis que son interlocuteur
l'encourageait de son mieux à poursuivre
ses confidences :
— Allons, je suis votre ami... peut-être
le plus sûr.
— Vous ne pouvez rien pour moi...

Secouant négativement la tête, elle se


mit doucement à pleurer. Puis brusque-
ment,Janine se
lança dans un
Le bruit d'un lourd grand élan de sin-
véhicule arracha cérité admirable-
Janine au sommeil. ment feint :

— C'est impossible I I Dupont mettait toute


— Pourquoi ? sa ferveur dans, cette
— Nous sommes mariés. Maison platonique.
— Vous divorcerez.
— Et vous ?
A ce rappel indirect de sa situation de famille, Dupont
devint grave :
— J'ai fait un mariage de raison.., avoua-t-il à sa ravis-
sante interlocutrice. Vous avez cru faire un mariage d'amour...
Ça n'est pas plus réussi d'un c8té que de l'autre. Mais moi
j'ai eu des enfants...
Janine s'empressa de sauter sur ce prétexte
— Oui, vous n'avez pas le droit... ils sont trop petits. Je
ne veux rien leur prendre...
Il la regarda, tout attendri par ces bons sentiments, et la
remercia d'un sourire :
— Je resterai chez moi, décida-t-il. Mais vous, vous vous
libérerez. Je vous ferai une vie digne de vous.
— Oui, acquiesça Janine, je me séparerai de Maurice...
je l'amènerai doucement à cette idée, mais je ne suis pas une
femme à vivre dans le mensonge... et je ne vous appartiendrai
vraiment que lorsque nous serons libres tous les deux... — Mais dix ans de quoi ?
Autrement, vous me mépriseriez rapidement et vous auriez — De tranquillité. Pendant lesquels il assurera ma vie...
raison. largement.
— Mais nous nous verrons, n'est-ce pas ? Comment ferons- Fréjoul se prit à ricaner
nous ? — Tu crois ça, toi ?
Elle prit un petit air de femme sacrifiée — Pourquoi pas? Je vois même encore plus loin... Avant
— Je m'arrangerai... dix ans, j'aurai fait sauter Varesco. Ce sera dur, mais j'y
— Je vous téléphonerai demain, proposa Dupont très arriverai. Je vois déjà la plaque : DUPONT et FRÉJOUL...
empressé, cependant qu'elle prenait un ton de grande per- — Tu rêves I En tout cas, si ça se repr.- duit, des séances
plexité : comme celle de ce soir, tu pourras me dire adieu... Et puis
— Je ne sais pas... Comment vous dire 1... Il faut que je tout ça ne tient pas debout... Combien paries-tu que tu
prenne mes dispositions et Dieu seul sait comment je n'entends plus parler de rien ?
m'en sortirai I Janine réfléchit puis, avec un étrange sourire, elle proposa
— De combien avez-vous besoin tout de suite ? — La maison.
— Oh I non, non... pour 9a, vous ne pouvez rien pour moi. — Tu viendras vivre avec moi à Paris ?
— Janine, répondez-moi franchement. Combien vous — Si tu gagnes, oui. Et si lu perds ?
faut-il... pour vous rendre votre sourire ? Fré joui haussa légèrement les épaules
Elle hésita, puis, en se tamponnant les yeux, elle lâcha un — J'ai gagné.
chiffre : Le lendemain matin, ils dormaient encore quand le bruit
— Soixante-quinze mille francs... d'un lourd véhicule les arracha au sommeil.
Aux beaux jours devant guerre, cela représentait un joli D'un camion stationné devant l'écurie, des palefreniers
capital. Dupont ne scille. point. faisaient descendre Diane, rachetée par les soins de Dupont.
— C'est bon, dit-il fermement. Allez vous reposer, ne Janine avait gagné son pari...
pensez à rien et laissez-moi faire... C'est promis ? Faites Ainsi commença une liaison platonique dans laquelle
confiance à votre ami... Dupont mettait taule sa ferveur. Aveuglé par rameur, il
Lorsque la grosse voiture du visiteur eut repris la route de se croyait payé de retour et admirait Janine autant qu'il
Paris, Janine monta dans se. chambre. Maurice, qui y ron- l'aimait pur ce qu'il croyait être une loyauté rens exemple.
geait son frein, la gre.t.f a d'une paie de gifles. De vraies Elle avait bien fait des façor s pour permettre à Dupont de
larmes, cette fois, coulaient sur les joues de la jeune femme la libérer entièrement de ses créanciers. Le d'fficile maintenant
tandis qu'elle protestait tristement : était de faire admettre à Maurice une situation aussi humi-
— Tu n'as rien compris. liante... C'est alors que la guerre survint, bouleversant tous les
— En tout cas, ce que j'ai compris, c'est que je vais lui problèmes de l'heure.
casser la gueule ! Janine resta seule à Plerrefitte, cependant que son mari,
— Pourquoi ? prisonnier, se rongeait d'impatience et de jalousie drns son
— Pour rien, mon ange ! Pour m'excuser de ne pas vous stalag. Maintenant, c'était l'excellent Dupont qui mettait
son point d'honneur à respecter
les conditions posées par Fré-
joul : on ne trompe pas un captif.
Mais tout en choyant sa belle
amie, qui ne devait plus normalise
de soucis matériels, François
Dupont poursuivait sa chimère.
Son futur mariage avec Janine
occupait toutes ses pensées.
Varesco, l'associé de Dupont,
venait de rentrer de zone libre
pour surveiller les affaires et
prendre sa part de profit. C'était
fort imprudent à une époque où
les Allemands traquaient impi-
toyablement les Israélites. Comme
tant d'autres, Varesco fut un jour
victime d'une dénonciation. Mais
Dupont se démena si bien qu'il
obtint sa libération,
grâce à ses relations
commerciales avec
l'occupant.
Tandis que Varesco
s'installait dans un
abri sûr du côté
de Cahors,
Dupont accu- — Vous êtes Ici
mule les pro- chez vous, ma
fits. Sa fortune petite Jante..

Varesco venait de ! avoir laissé la chambre... De vous


rentrer de zone avoir obligés à rester dans l'écurie I
libre pour m'yeti. Janine s'était ressaisie sous l'in-
ter les effet r es. i suite. Elle protesta violemment
— Maurice, tu n'as pas le droit
de me parler comme ça I... Ce matin,
tu voulais partir, tu renonçais...
— Ah I pardon, je renonce je ne partage pas...
— Mais... avec Dupont il n'y a pas de partage. Tu entends ?
Il n'y en aura pas I
— Sans blague... il t'a tout de même proposé de tout
lâcher et de filer avec lui, non ?
— Et les enfants ?
— Je ne vois pas ce que ça change.
— Mais tout, idiot ! Tu penses bien que je lui en ai parlé !
C'est un homme d'honneur... ironisa la jeune femme avec un
sourire perfide, il attendra que ses enfants soient en âge de
vivre seuls pour filer avec moi le parfait amour. C'est tout
ce que je voulais.
— Comprends pas...
— Cela nous donne dix ans.
MURETTE. — Lises l'avis souvent publié
en pages et placer votre pseudo à la An de
la lettre, s. v. p. — Nous ne nous occupons
ici que de cinéma. Votre questionnaire, lui,
ne concerne que 10 chanson. Tous mes
regretsCe k la prochaine fois
sabir, Les Neiges du Kilimandjaro, Le Sel
MISS ACCROCHE-COEUR. — Jean Ga- de la lem, Le Sorcière blanche, L'Indlsi.
Yen porte son vrai nom. Il net né à Saint. Table. — Films de Gregory Nck parus
Rome.de.Cernon (Aveyron) le lb janvier en France Les Clés du mye..., La Maison
1222. Célibataire. Cheveux bruns, yeux d. Dr Edward., Pair el le lem, Le Procès
marron, 0 5,5o. — Bob Arthur, n vingt- Panai., L'Agam Macomber, La Vallée
huit ans. Célibataire. du paiement, Le Mur invisible, Duel au
CORSAIRE ROUGE. — Films de Susan soles!, La Ville abandonotét, Passim attale,
Hayward p0005 50 France La Famille [In homme de fer, David et Bethsabée,
Sieddaet, Ma femme est une sorcière, Le Capitaine Sans-Peur, Fort-Invincible, La
Bonheur est pour dental, Une vie perme, Cible humaine, Le Monde lui appartient,
Lm Naufrageurs des 0•1012 du Sud, Le Pas. Les Neiges dot Kilimandjaro.
sage du Canyon, La Vie aventureuse de
Jack London, Le Sang de la terre, Tulsa, GUICKLY. — Jacques. Berthier perdit,
Le Maison des dtrangers, L'Attaque de en tout, se première femme, dont il a
le malle-poste, Tite folle, David et Bella deux enfants, et qui n'était pas actrice.

Un visage intéres-
sant, une voix qui se
passe de visage ; une CES AMIOURS Ce
part de Sartre, une
part d'elle-même, une

Juliette
grosse part d'avenir,
voici ce que Juliette
Greco, « La Greco s,
apporté A Ph il ip p e
Lemaire. Et, derrière
les phrases insigni-
fiantes, il y a tout
,J uliet te Greco, sur
laquelle article ne
attend son
fit pas.
ENTRE LE ELF.I , VE ET I.ES LANDES
ENTRE

-e suis venue à Paris en 1937.


— De Bordeaux.
— Vous y êtes donc née ?
— Pas précisément. J'ai vu le jour à Montpellier, oh mon père
s'était fixé pour l'exercice de sa profession. Ma mère, comme tant de
femmes, dut se résigner à la séparation et nous confia, ma sœur et moi,
à mes grands-parents.
— Ils habitaient Bordeaux même ?
— Rue de l'Eglise-Saint-Seurvin.
— A quel lycée avez-pus fait vos études ?
— Au collège Albert-Legrand.
— Vos parents étaient-ils doués pour les arts ? •
— Ma. mère peignait fort bien. Elle avait obtenu une médaille
jean SIMMONS dans le rôle d'Ophél le de Heni« d'or des Beaux-Arts, mais elle ne put se résigner à monnayer ses dons,
Qui vous a donné vos premières leçons de chant ?
(Photo Esee•Lion) — eersonne... J'ai appris en chantant.
— C'était très dangereux... On ne peut recommander ce système
à tout le monde.
Alida VALU dans la scène de théâtre du Troisième homme En effet, chers lecteurs, Juliette Greco a une personnalité qui lui
(Photo London Piles) permet d'échapper heureusement à certaines contraintes.
— Vous êtes devenue célèbre d'un jour à l'autre ?
— Dès mon arrivée à Paris, on m'a proposé de reprendre le cabaret
s Le boeuf sur le toit e, dont le célèbre Moise était le fondateur. Il
venait de mourir,
— Volis avez déjà conquis la radio, le cinéma, le disque...
A ce propos, je viens de recevoir mon dernier enregistre-
ent.
Qui est ?...
— Sur une face la chanson; de Mau- Un récent po
riac : L'Ombre. Sur l'autre face une
chanson de Louis Amade, dont la musique
est de Gilbert Becaud.
— Et cette chanson s'intitule ?
— Les Croix.
— Vous voici bien loin de Sortie, il
me semble...
— Je lui dois beaueoup, reconnalt
loyalement Greco.

POUR CELUI QUI VA NAITRE


— Où avez-vous connu Philippe
Lemaire ?
— En tournant Quand tu liras cette
lettre...
— Votre mari aime-t-il Saint-Germain
des Prés
— Il - en a horreur I
La réplique de Juliette Greco a été si
nette que je ne puis m'empêcher de lui
demander :
— Reniez-vous vos joies anciennes ?
— je ne renie pas ce qui n'est plus,
répond-elle.
Et elle ajoute :
— Saint-Germain des Prés a existé
pendant un an. Il est devenu une entre-
prise touristique qui rapporte aux patrons
des restaurants et des boites de nuit...
C'est dommage pour nous.
— Vous y regrettez quelque chose...
— La gaieté sans luxe, la fraternité,
la vie en commun de la jeunesse.

C_.Lp-c2
(1932), L'Incendie de Chicago, Marie,
Antosnatte, La Folle Parade, Le Prince X....
La Mousson (1938), Jase James le tendit
bien-aimé 0930, Requins d'acier (1942),
N'employez pas
Le Signe de Lorre (i94:), Arênes sanglantes,
ei
Il s'est remarié en ryal) avec la comédien.
Lily Baron, dont il eut un fils en 1949.
Le Cygne noir, Le Chevalier de la vengeance,
Anses rebelles, Le Fil do rasoir (19,3). -
Gary Cooper tourne depuis 1923. -- Errer
n'importe
Jacques Berthier est né le fo février 1916 Flynn tourne depuis 1933.
à Paris. Cheveux brune, yeux verts, to,80.
- Distribution de Justice est laite donnée
an s36, P. 8.
LE CAMÉRISTE.
LECTEUR recherche les numéros sui-
quel savon !
MONICA DASSARY. - André Dassary Faire vante de Mon Film 54, 33, 72, 101, 138.
a tourné : Fa« de foie (Ieoh offre à M. Lallemand René, à Crugey
TO141bili. (ente-d'Or).
de Paria (1939), Le Mariage de Ramtentcho VOUS DIT
(19e6), Paris chants 10.11j014/5 (1931), Lue LECTRICE recherche les numérossui-
Gauchos de Marseille ( rote). - Premiers vants de Mon Film : fo, 30, 39, 42, 6a, 69.
filma de Tyrone Power Dortoir de jeunes 9s, 93, 98, f f8, 134, f 54, tOr, 163, 167,
fille! filet), Queue lemme. d la se hercha ty5, 178, as, 189, 19o, mi, e99, 2o3, 23o.
du bonheur, Le Pacte (1933), L'Amour en 239. Faire offre Mn.. Nicole Creiant, rue
première page (1936), Cali Métropole, Suez des Forges, Quingey (Doubs).

-Maintenant, votre
E NOS VEDETTES*:. foyer exigeant que
vous soyez toute à
lui, vous ne pourriez
vivre ainsi.
Philippe Lemaire
'a jamais mis les
pieds à Saint-Germain,
mais il est capable En savonnant votre visage, vous
d'apprécier la frater- pouvez dessécher votre peau ou
nité que l'on garde en
son cœur et que l'on l'adoucir . Tout dépend de votre
transporte avec soi. Savon de Toilette. Suivez donc
- Comment vous l'exemple des Stars. Exigez tou-
- Ce fut indépendant de ma volonté..
êtes-vous éprise de lui ? 411) jours Lux, le savon le plus
- Aurez-vous un bébé ? blanc, donc le plus pur. Votre
-- Avec la plus grande joie.
- En est-il question, vraiment ? peau deviendra douce, veloutée!
La voix de joliette Greco as fait infiniment suave et confidentielle Adoptez, comme 9 stars sur 10, le
- Je cherche à me rendre compte de ce qui se passe en moi... Je
suis inquiète.

Aigeog kiee It/X


- De quoi ?
- De son futur visage, de son futur caractère.
- Fille ou garçon, cela vous est égal 7
- Je préférerais une fille ; les filles sont le portrait de leur père,
et Philippe est si beau...
- Sartre sera-t-il parrain 7
- Lui 7... Pauvre chéri I... Non; car il est protestant. Pour la C'EST UNE SPÉCIALITÉ LEVER LT-5 4-292
marraine, j'avais songé à ma meilleure amie, Anne-Marie Cazalis,
mais elle aussi eat protestante.
- Avez-vous choisi des noms ?
- j'hésite Jérôme pour un garçon, Barbara pour une fille.
Le bonheur n'étant jamais complet, Philippe Lemaire est entré à la
clinique pour se faire opérer de l'appendicite, et Juliette Greco passe Deborah KERR dans Marchanda d'illusions
tout le temps dont elle dispose à la clinique auprès de son jeune pre- (Photo M -G -M )
mier de mari.
- Ce bébé est pour le printemps ?
- Mais oui, en avril.
- Vous supportez bien votre état ?
- Très mal, je suis en très mauvaise santé et j'ai ordre de rester
allongée. C'est un gros sacrifice pour moi. Je ne peux m'arrêter tout
de suite, Je me trouve dans l'impossibilité de rompre mes contrats.
Je reviens de Suisse. Je vais repartir pour la Belgique. Ensuite, je me
devrai à Bobine,.
- Philippe Lemaire n'est pas con-
de Juliette GRECO trarié de votre claustration obligatoire ?
(Photo Harcourt) ' - Il est encore plus sauvage que
moi I... s'écrie la jeune femme. Cepen-
dant, malgré soi, on arrive à sortir au
maximum, même en refusant des quan-
tités de choses. Tous les sacrifices mon-
dains que nous faisons, nous les dédions
au public, ce public qui attend de nous
le meilleur et auquel nous devons bien
quelques concessions.
- Vous aimez votre public 7
-J'ai un grand respect pour lui. Je
n'ai jamais cédé à ce que l'on appelle vul-
gairement ale culot ». On n a pas le
droit de décevoir ceux qui payent, ceux
qui viennent nous applaudir, se déplacent,
à la fin d'une journée, pour nous entendre.
Auriez-vous le trac, par hasard ?
- J'ai chaque fois très peur, avoue
Juliette Greco. J'ai toujours peur de les
décevoir. Je ne me détends que lorsque
je les sens vibrer avec moi, au moment oh
j'ai la certitude que jeleur fais tout
oublier... On n'a pas le droit, je le répète,
de donner n'importe quoi à son public.
Les tâtonnements de la jeunesse ,gnorante
et qui se cherche, mais qui est sincère,
valent plus que tout le succès usurpé et
arraché à l'ignorance du public...
La naissance d'un enfant déjà chéri ne
détourne pas Juliette Greco de ses devoirs
professionnels... Bravo I
Confidence recueillie
par
Paule 'CORDAV-MARGL,

-e
assurée, il pouvait se permettre bien des satis- — Vous n'êtes pas sûr de vous ?
(sana factions. Il loua un appartement rue Paredia, Comme son interlocuteur protestait, elle fit mine de se
de la l'aménagea, puis un beau jour il fit à Janine vexer :
e.g. la surprise de l'y conduire. — Alors, vous n'êtes pas sûr de moi ?
— Mais, François... demanda-t-elle, inquiète — De vous, oui... pas de vos souvenirs... Quand vous
et stupéfaite, vous êtes ici chez vous ? reverrez votre mari, je crains que vous n'ayez pas le courage
— Non... chez vous, ma petite Janine. Voici la chambre, la de lui parler, ou que vous n'en ayez peut-être plus envie...
salle de bain ; en face, la cuisine et la lingerie. Maintenant, L'absence, Janine, quelle alliée I... soupira. tristement Dupont...
entrez dans le living-room... — Mais non, voyons, s'efforça d'affirmer Janine, qui domi-
Au bout de celui-ci, on apercevait la salle à manger avec la nait mal sa nervosité. Le jour même de son retour, je lui
table élégamment dressée. parlerai.
— Cela vous plait ? A cette promesse, le visage de François s'éclaira d'un bon
La jeune femme, confondue, dut feindre l'émerveillement. sourire
Puis elle demanda des explications. — Alors, tout est arrangé : vous restez. Ah! Janine, ce
— C'est un appartement que j'ai pris pour nous deux, il jour est enfin venu...
y a déjà longtemps. Je l'ai meublé petit à petit, en pensant à Il l'avait prise dam ses bras. Elle se dégagea et acquiesça,
vous... C'était ma joie. J'y viens tout seul, souvent ; je lis d'une voix mal assurée :
tranquillement mon journal dans ce fauteuil, près de la — Oui... je ne le voyais pas comme ça... François, pour
cheminée... Votre photo est devant mes yeux, je pense à notre vous, j'ai accepté de vivre à part... Jusqu'ici nous avons vécu
la plus belle, la plus pure, la plus honnête des histoires... Et,
S'arrachant à l'attendrissement qui l'envahissait, Dupont au moment où nous touchons au but, vous allez me pousser
entraina sa compagne dans la pièce voisine à vous céder parce que vous n'avez pas confiance en moi?
— A table! s'exclama-t-il joyeusement. Nous manquons — Je crains seulement votre faiblesse...
encore de mains pour nous servir, mais la concierge s'occupe
du poulet, il doit être à point.
Janine s'assit docilement devant son couvert ; comme elle
dépliait sa serviette, un écrin en jaillit.
— Oh I qu'est-ce que c'est ?
— Un petit souvenir de notre premier jour de bonheur,
précisa François, tandis qu'elle découvrait un superbe clip
en diamants.
— C'est trop beau... Une vraie folie! s'exclama la jeune
femme en ornant le revers de son tailleur du somptueux
bijou.
— Ce qu'il y a de trop beau, c'est de vous avoir ici... d'être
là, tous les deux...
Au comble de la gêne, Janine baissa les yeux. Fort heureu-
sement la concierge frappa à cet instant, chargée du rôti
qu'elle déposa sur la table. Comme elle se retirait, François
Dupont, tout heureux de l'effet qu'il croyait avoir produit,
fit sauter un bouchon de champagne et emplit les verres
— C'est un très grand jour, Janine... A notre bonheur...
Puis, attendri, il souligna
— Notre premier champagne ici... Je conserverai le
bouchon...
— Quel enfant vous faites I...
— J'ai mes trésors et je les garde jalousement. Voilà
pourquoi j'ai pris une grande décision, ajouta Dupont soudain
grave. Janine, notre vie doit commencer aujourd'hui. Vous 1.
allez quitter définitivement Pierrefitte et vivre ici avec moi.
— Comment ?
— Oui... Ce n'est pas pour rien que j'ai installé ma famille
à la campagne. Ne m'interrompez pas, mon chéri, laissez-
moi finir. Maintenant, mes enfants ont l'âge de se diriger
tout seuls. Marie, ce n'est pas un problème; le problème,
c'est nous deux, parce que je vous aime... et qu'il y a des
moments où j'ai peur de vous perdre.
— François... pourquoi me perdre ?
A cette question indignée, il dévoila sa pensée :
— La guerre va finir. Je veux, quand tout le monde ren-
trera, que notre situation soit nette, que nous n'ayons plus
rien à taire avec les autres...
avec... tous les autres... insista
—A notre bonheur 1... Dupont, qui ne parveriait pas à
s'exclama Dupont. I nommer Maurice.

— Ma faiblesse ? Dupont s'efforçait


Si je m'étais laissée de décider Janine
aller, il y a long- à rester avec MI.
temps que je serais -
• votre maitresse I
François se rengorgea ; très fat, non seu-
lement il ne doutait plus, mais il approu-
vait.
— Malgré cela, poursuivit Janine qui
reprenait son aplomb devant la réussite du
stratagème, vous avez agi si loyalement
que j'ai accepté ce sacrifice. Et voilà
qu'aujourd'hui vous jetez tout cela par
terre... Vous me faites beaucoup de peine.
La guerre touche à sa fin, poursuivit
l'enjôleuse d'un ton persuasif, nous deman-
derons le divorce tous les deux et dés que
vous pourrez quitter votre appartement
vous arriverez ici... Vous m'y trouverez
et, là, je serai votre femme... Vous sentez
bien ce qu'il y aurait de faux entre nous si nous agissions des parents unis... du moins en apparence... Maintenant, je
autrement. Et vous me connaissez, je ne veux pas qu'un vois que c'est inutile. Tu n'as plus besoin de moi, Denise
jour on puisse nous reprocher quoi que ce soit. non plus. Écoute, Janine n'a jamais été ma maîtresse, mais
Dupont la laissa donc regagner Pierrefitte sans se douter elle sera ma femme. J'ai cinquante ans, le temps me presse;
que depuis une semaine elle y cachait Maurice, évadé de son je vais partir avec elle.
stalag. — Est-ce que tu crois qu'on peut refaire sa vie à cinquante
Mais la captivité avait exaspéré le côté ombrageux du ans ?
caractère de Fréjoul. Des disputes continuelles éclataient entre Dupont eut un léger sursaut :
lui et Janine, car il exigeait qu'elle rompit ses relations avec — Pourquoi dis-tu cela ?
Dupont. La jaune femme s'insurgeait :il fallait vivre, et elle — Je ne sais pas... une femme qui a vingt ans de moins
tenait à son luxe. que toi...
Un soir, Janine trouva la maison vide. Maurice avait placé — Au contraire, c'est comme si je recommençais tout...
bien en vue une enveloppe qui contenait son alliance. C'était — Justement. En plus de l'âge, vous n'avez pas les mêmes
la rupture contre laquelle les sanglots et le désespoir de la goûts... Tu te vois à cheval ?
jeune femme furent impuissants. — Roland, il faut que tu me comprennes... Ta mère n'a
Cependant, les événements se précipitaient. Dès le lende- jamais été une vraie compagne pour moi.
main de la Libération, Varesco reprit possession des bureaux — Peut-être, acquiesça durement le garçon, mais c'est toi
de la rue Montmartre tandis que l'on arrêtait Dupont. Janine qui l'as choisie 1 Oh I je suis tranquille, tu feras ce qu'il faut
se mit en campagne et réussit à faire relâcher son ami, car il pour qu'elle ne manque de rien... de rien de ce qui s'achète.
Mais ce que tu ne pourras pas payer,
c'est la solitude d'une femme qui n'aura
plus personne autour d'elle, qui t'attendra
un soir ois tu ne rentreras pas... Une
femme dont les enfants seront partis de
leur côté et qui restera toute seule, avec
vingt ans de fausses joies et de faux
bonheur pour tout souvenir... Pauvre
vieille I conclut-il.
— Tout ce que tu viens de me dire
est grave... souligna François Dupont,
profondément ébranlé. Tu me juges avec
la dureté de ton âge... mais à tout prendre
je préfère être jugé par mon fils, car je
tiens à ton estime, vois-tu, avant tout...
Accoudé à son bureau, François se prit
la tête à deux mains. Son visage crispé
revêtait une expression profondément dou-
loureuse.
— J'ai peur d'avoir perdu ma dernière
chance d'être heureux.., murmura-t-il
comme pour
lui-même.
Il ne devait Quatremols dedéten-
revoir Janine [Ion avalent altéré le
que lesurlende- dynamIsme et la
main et s'ac- santé de Dupont.

La captivité avait avait très largement financé un réseau


exaspéré le c8té de résistance. Mais elle garda pour
ombrageux du ca- elle la lettre de dénonciation qu'un
ractère de Fréjoul. F. F. I. avait subtilisée dans le dos-
- sier de Dupont. Elle méditait d'utiliser
à son heure cette arme dont elle
connaissait l'auteur.
Ces quatre mois de détention avaient profondément altéré
le dynamisme et la santé de François Dupont. Il se laissa
persuader que mieux valait remettre à plus tard les projets
de divorce. Sa femme, ses enfants l'attendaient chez lui.
— Il faut vous reposer et laisser passer un peu de temps
avant de penser à nous deux, conseilla gentiment Janine.
Le travail vous changera les idées.
Elle espérait toujours le retour de Fréjoul et ne voulait pas
se compromettre irrémédiablement avec Dupont.
Ce dernier retombait dans l'engrenage de la vie de famille.
Il eut un jour une explication sévère avec son fils devenu un
homme et qui le jugeait.
Roland se plaignait de son enfance sans joie et, comme son
pêre protestait, il s'exclama :
-- Tu crois qu'un enfant peut être heureux, quand il sent
que son père n'aime pas sa mère ?
— Ah c'est ça... Eh bien! moi non plus je n'ai pas été
heureux et c'est pourquoi je pense que, maintenant, c'est
un peu mon tour.
Gêné, Dupont hésita quelques instants, puis il se décida aux
confidences
— D'abord, il faut que tu saches que... depuis que je la
connais.... j'aime...
— Janine Fréjoul?
— Qui te l'a dit?
— Personne. Il n'y avait qu'à te regarder avec elle... A
part maman, qui n'est pas très fine... c'était visible, même
gênant....
— Ah L.. je n'aurais jamais supposé...
— Bien sûr, persifla le jeune homme, tu ne penses qu'à
toi.
— Non, je pensais à ta soeur et à toi... à vous conserver
cordait cet ultime délai pour prendre la déchirante décision — Mais j'y vais, figure-toI,' ma place est retenue. C'est
qui s'imposait. pour ça que je veux une situation nette avant de m'expatrier.
Pendant ce temps, Janine faisait les cent pas devant un Seulement je pars seul, parce que je ne te croirai plus jamais.
hôtel de modeste apparence. Depuis le matin, elle guettait. Maurice était reparti et, tout en le suivant obstinément,
Soudain Maurice parut sur le seuil et elle courut à lui, bran- Janine se mit à parler avec volubilité, retenant des larmes
dissant un papier : sincères,
— Maurice I Qu'est-ce que c'est que ça ? — Eh bien I je vais aller tout lui dire, je te le jure I Que je lui
— Tu sais lire I J'ai reçu le même ce matin, c'est pour le ai menti pendant toutes ces années, qu'il est bête et que je
divorce. Nous sommes convoqués en conciliation. Seulement, n'ai jamais attendu de lui que de l'argent, que je le déteste I
moi je n'irai pas. — Je ne te crois pas, répéta Fréjoul, excédé.
— Tu as demandé le divorce ? — Mais qu'est-ce que je pourrais donc bien faire pour que
— Oui... tu me croies ?
— Pourquoi as-tu fait ça ? — Rien.., Il faudrait que Dupont soit mort, lança Maurice
— Je t'ai quittée depuis quatre mois. en plantant là sa femme à bout d'arguments et de plans.
— J'ai toujours cru que tu reviendrais, que je te retrouve- Un autre choc attendait Dupont au sein de sa famille. Il lui
rais un soir, en rentrant à la maison. vint cette fois de Denise. Cette dernière ne s'était jamais bien
— Oui, ironisa Fréjoul, goguenard, un mouvement de entendue avec sa mère. Par contre, elle adorait son père et ce
mauvaise humeur, quoi ! fut à lui qu'elle vint confier son désarroi : elle allait avoir un
— Je ne peux pas vivre sans toi, mon chéri. enfant. Mais elle n'entendait pas pour cette raison épouser son
— Il faudra t'y faire, parce que moi, ma vie, maintenant je amant, un étudiant qui préparait Normale Supérieure.
l'envisage autrement. — Puisque vous vous aimez, s'étonna François Dupont,
— Tu as rencontré une autre femme ? abasourdi, pourquoi ne vous mariez-vous pas?
— On n'a pas toujours besoin de rencontrer une autre — Nous sommes bien trop jeunes I Une femme de dix-
femme pour divorcer. Il suffit souvent de regarder la sienne.
Désignant le clip qui brillait sur le vêtement de Janine et
dont il appréciait la valeur, Maurice s'exclama d'un ton
significatif :
— Joli I
Et il tourna les talons.
Janine céurut après lui, l'attrapa par le bras et le retint
pour une explication ultime.
— Tout ce que j'ai fait, c'est pour toi I Tu ne l'as jamais
compris ou jamais voulu le comprendre... Ah I si j'avais su...
— C'est un mot qu'on dit quand il est trop tard.
— Il n'est jamais trop tard quand on s'aime, et il n'y a que
ça qui compte I affirma la jeune femme d'un ton ardent.
Est-ce que tu t'imagines...
Maurice ne lui laissa pas achever sa phrase. Il lui coupa
brutalement la parole :
— J'ai eu le temps d'imaginer, seulement je ne veux pas
qu'on m'aime comme ça. je comprends très bien que la vie
que je t'offrais ne t'ait pas paru
suffisante. Alors je te rends ta
— Est-ce que tu crois liberté... complète.
qu'on peut refaire sa — Écoute, si je quittais tout, si
vie à cinquante ans? nous partions à l'étranger comme
demanda Roland. tu me le proposais...

huit ans, ça peut à la rigueur être 1— Tout ce que


fidèle, mais un garçon de vingt ans ? rai fait, c'est pour
Se marier pour le regretter dans quel- toi I affirmait
ques années et pour faire un de ces I Janine à Maurice.
couples enchaînés... ça, non! conclut
Denise d'un ton amer.
Elle aussi avait jugé ses parents et souffert de l'atmosphère
familiale.
En dépit de cette réflexion, Dupont remarqua avec humeur
que de son temps, au moins, on a réparait ».
— C'est moi qui ne veux pas, expliqua Denise, déterminée.
Thierry était tout disposé et j'ai eu bien du mal à le convaincre.
— Je comprends tes raisons, soupira douloureusement
François, qui se découvrait une grande responsabilité dans le
manque de confiance de sa fille. Puisque c'est ainsi, tu dois
avoir le courage de tes opinions. Est-ce que ça t'ennuierait
que cet enfant s'appelle Dupont ?
— Non.
— Alors,garde ta liberté et la sienne. Si tu épouses le père,
il pourra toujours reconnaitre l'enfant. Et si vous vous écartez
l'un de l'autre, le petit sera à toi... enfin, à nous, rectifia dou-
cement Dupont, qui venait en cet instant de déterminer son
avenir et celui des siens. Tu ne peux pas continuer à babiter à
la maison... poursuivit-il en s'efforçant de maîtriser son
émotion grandissante. Il te faut avant tout pouvoir vivre comme
tu l'entendras. Moi, je t'assurerai ce qu'il faudra pour vous
deux... et je t'installerai dans un appartement que je connais. — L'amour 'que je vous porte n'est pas en cause... vous
'Thierry restera chez ses parents, il passera ses examens et il m'en voyez désespéré, mais il ne m'est plus possible de refaire
viendra t'y voir. Je ne refuserai pas de le rencontrer, de le ma vie avec vous.
connaître... Cela me permettra de le juger et de te guider. Sentant que le beau rôle lui était dévolu, Janine voulut en
Qu'en .penses-tu profiter :
Denise, bouleversée par tant de compréhensive bonté, se — François... protesta-t-elle avec une fausse émotion
jeta en pleurant dans les bras de Dupont laquelle le pauvre homme ne pouvait que se laisser prendre,
— Papa... mon petit papa... dans l'état où il se trouvait, vous ne vous rendez pas compte.
— Tu vois, plaisanta-t-il doucement, je ne suis pas trop Nous arrivions au but, après tant d'armées 1 Tous nos projets...
vieux jeu, tout de même... — C'était trop beau I Je vous demande pardon de vous
Janine se rendit plus tôt que prévu au rendez-vous fixé par sacrifier aux autres, mais vous êtes la plus solide, la plus
Dupont, à l'appartement de la rue Paredia dont elle avait forte...
toujours conservé les clés. Ils y venaient l'un et l'autre, car — Mais qu'est-ce que je vais devenir ?
Dupont prenait une joie puérile à imaginer pendant un Avec une infinie tristesse, Dupont dut donner le conseil qui
moment qu'ils étaient chez eux, mariés et réunis à jamais. lui brisait le coeur :
Sans ôter son manteau, la jeune femme ouvrit le secrétaire, — Je crois que la seule solution, c'est de recommencer
prit dans son sac une enveloppe qui contenait la lettre de votre vie... comme avant, comme si nous ne nous étions jamais
dénonciation, écrivit en grosses lettres : s Pour Monsieur rencontrés... Ce n'est pas pour cela que je vous abandonnerai.
Dupont », puis referma nerveusement le panneau, car Dupont, — Je ne veux pas de votre argent, François.
lui aussi en avance, arrivait. — Laissez-moi vous aider, qu'au moins je vous sache à
Bien décidée à rompre et à dire son fait à cet homme qu'elle l'abri. J'ai déjà rédigé pour vous une reconnaissance de
dupait depuis si longtemps, Janine se dirigea résolument vers dettes... si je venais à disparaître, vous vous en serviriez...
l'entrée : — François !
— François, si j'ai voulu vous voir... Ce cri de protestation fit naître sur le visage las de Dupont
Mais le reste de la phrase mourut sur les lèvres de la jeune un sourire désabusé :
femme : il passait devant elle sans paraître l'entendre ni la — Sait-on jamais 1
voir et s'avançait à pas pesants comme un être profon- — Je devrais vous faire des reproches, vous supplier, mais,
dément accablé. vous le savez, ce n'est pas dans mon caractère. Si vous avez
En silence, Dupont alla jusqu'à la table, y déposa ses gants, pris cette décision, c'est qu'il le fallait, conclut Janine plus
sincèrement émue qu'elle ne l'eût imaginé.
Vous êtes seul juge. Mais vous, qu'est-ce que
vous allez faire ?
— Oh I moi, rien... continuer comme
avant.
— Même au bureau ?
— Oui... Varesco va venir tout à l'heure.
J'ai besoin d'un ami... C'est le seul qui me
reste. Je connais vos doutes à son égard,
ajouta Dupont qui faisait allusion aux mises
en garde que Janine lui prodiguait au sujet
de son associé; nous nous expliquerons fran-
chement et nous reprendrons notre vieille
association.
— Pour moi, je ne vois qu'une chose, c'est
que je ne vous verrai plus, et pourtant j'au-
rais aimé m'habituer petit à petit à.l'idée que
je vous ai perdu...
— J'ai encore besoin de vous, Janine...
J'aimerais que vous voyiez Denise... Il faut la
soutenir, la guider : elle est si jeune encore...
— Je la verrai cet après-midi.
— Merci, Janine... Nous ne ferons donc
pas notre vie ensemble, conclut tristement
Dupont, tandis qu'elle se préparait à partir.
Sans doute, nous aurions dû la faire il y a des
années, en marchant sur tout... Mais, mal-
gré le regret, je suis content de m'être con-
duit aujourd'hui comme un honnête hcmme...
Ce n'est pas toujours commode, vous savez,
d'agir en Dupont...
Elle avait vivement
ouvert la porte. Sur le - Écoutez, Dupont.
seuil, elle s'arrêta oublions tout ça...
brusquement, regarda proposa V ar est o.

Denise ab son chapeau, puis fit enfin face à Janine.


lait avoir Comme elle l'interrogeait du regard, il
un enfant... leva la main dans un geste de prière :
— Non, non, laissez-moi parler d'abord,
pendant que j'en ai le courage... Janine, je
vais commettre vis-à-vis de vous une mauvaise action.
— Comment cela, François ?
— Je crois que j'en commettrais une bien plus grande
encore en n'agissant pas comme je vais le faire...
— Je ne comprends pas...balbutia la jeune femme troublée,
cependant que le quinquagénaire venait k elle, la prenait aux
épaules et déclarait gravement :
- Je vais vous demander de faire un sacrifice une fois de
plus._ J'ai été absent quatre mois : vous n'imaginez pas
comme tout change en si peu de temps : les choses et les gens.
— Voyons, vous vous faites des idées...
— Non.., j'ai trois enfants : Roland, Denise et Marie aussi...
Roland, j'ai perdu sa confiance et j'ai besoin de la retrouver.
Quant à Denise...
— Denise ? interrogea Janine stupéfaite par la tournure
que les événements semblaient devoir prendre.
— Il faut que je l'aide de toute ma tendresse. Elle n'a que
moi, vous savez... Je vais être grand-père, Janine.
Il y eut un silence, puis Dupont, toujours avec peine, évo-
qua ses sentiments personnels
Dupont et revint se jeter dans ses bras en disant, très Varesco n'était pas assez franc pour reconnaitre sa façon
émue : de penser. D'ailleurs, la colère de son interlocuteur l'impres-
— Adieu! François... Pardon... Pardon pour tout... sionnait. Il préféra se dérober :
Puis elle s'arracha à son étreinte et se sauva, lui laissant — Je n'ai jamais dit ça...
dans les mains son trousseau de clés. — Mais vous le laissez entendre I Non, mais regardez-moi !
Pour entrevoir une dernière fois Janine, Dupont alla Est-ce que vous me croyez capable de dénoncer quelqu'un ?
jusqu'à la fenêtre, puis quand l'élégante silhouette eut disparu, — Je soupçonne tout le monde...
il se retourna, accablé, vers un fauteuil où il se laissa tomber — On ne soupçonne pas « tout le monde » ! tonna Dupont
lourdement. Il y était encore quand Varesco l'arracha à sa hors de lui.
douloureuse méditation. — C'est facile à dire I
— Vous êtes souffrant ? demanda le nouveau venu frappé Dupont s'était assis, gêné par de l'oppression. Tandis qu'il
par la fatigue qu'il lisait sur le visage de son associé. cherchait à reprendre son souffle, Varesco se radoucit et ex-
— Ce n'est rien... prétendit Dupont. J'ai voulu vous voir prima des regrets pour la scène pénible qui venait de se
ici parce qu'on y est plus tranquille... Au bureau, on ne peut dérouler.
pas parler... — Nous venons de passer de sales années... balbutia-t-il
— Rien de grave ? en manière d'excuse. On perd la tête... Écoutez, Dupont,
— C'est difficile à dire... Varesco, pourquoi étes-vous si moi aussi je voulais vous voir pour que nous ayons une
gêné, depuis mon retour explication franche... pour qu'on reprenne comme avant,
— Gêné ?... Comment, gêné ? la main dans la main...
— Oui, comme on l'est envers quelqu'un avec qui on a — Quand je pense que nous avons passé dix ans côte à
mal agi... côte... souligna Dupont avec une infinie tristesse, et que vous
— Mal agi ? Moi ? Que voulez-vous dire ? avez pu croire que j'étais capable d'une chose pareille...
— Imaginez que mon « absence » n'ait pas été le fait d'un Comme Varesco tentait de protester, sans conviction d'ail-
hasard ? Que... quelqu'un m'ait dénoncé et que ce quelqu'un leurs, son interlocuteur eut un mouvement d'épaules découragé :
soit en face de moi... — Si, si... voua l'avez pensé.
— Mais vous êtes fou 7. Pour quelles raisons ? — Ne parlons plus de ça, il faut l'oublier. Je veux vous
— Voilà ce que je n'arrive pas à comprendre. proposer quelque chose... On a réussi ensemble; ça ne peut
Varesco s'insurgea violemment contre les insinuations de pas s'oublier et il faut que ça continue. Je vous propose de
son interlocuteur. repartir sur des bases nouvelles. On peut établir le contrat
— Ça ne tient pas debout 1 tout de suite et on n'en parlera plus. D'accord ?
— Si... J'ai bien réfléchi avant de vous parler. Nos conven- Dupont était profondément las. En dépit de son écoeurement,
tions disent que si l'un de nous deux disparaît, l'autre reprend il acquiesça et ouvrit le secrétaire pour en tirer de l'encre et
l'affaire. Alors... du papier. Découvrant l'enveloppe de Janine et sa suscrip-
— Et vous avez pensé que j'ai voulu me débarrasser de tion, il l'ouvrit, trouva la lettre de dénonciation manuscrite
vous ? Est-ce que depuis votre retour je vous ai demandé par Varesco, sans aucun doute.
d'arranger nos affaires ? Non. Je vous ai fait confiance, moi I — Salaud I clama-t-il au paroxysme de la colère, vous
Vous, pas... Si je vous ai fait la gare«, convint Varesco,•c'est n'allez tout de même pas me dire que vous ne connaissez pas
parce que je n'aime pas les gens qui ont travaillé avec lés cette lettre ?
Allemands. — Je ne savais plus ce que je faisais... balbutia le délateur,
Dupont bondit : effrayé par l'attitude de son associé. On a des excuses...
'Mais c'était pour vous, imbécile • — Rien n'excuse une dénonciation I...
— Pour moi ? — Comprenez-moi... quand an a passé des jours à écouter
— Oui 1 Croyez-vous que je vous aurais tiré de leurs les pas dans l'escalier... à attendre un coup de poing dans la
pattes sans l'aide de Veber, l'oberlieutenant des marchés ? porte...
- Et vous ramassiez le fric I • Maintenant, Dupont avait saisi son associé par le col et le
Crétin... Je le versais à un réseau... Je ne pouvais pas secouait rudement
crier cela sur les toits Et l'argent que je vous envoyais ? Qui — Tu m'as fait ça, toi ?
est-ce qui vous a fait bouffer, à Cahors ? — Tout de même, quelqu'un m'a donné... Mettez-vous à
— Enfin, convint Varesco de mauvaise grâce, l'utile et ma place...
l'agréable, quoi... Le sauvetage de Varesco et la fortune de — J'aime mieux pas I
Dupont. Pas maladroit ! Et quelle couverture 1... On ferait — J'ai cru... je le jure, que c'était vous qui m'aviez dénoncé
arrêter un homme pour moins que ça pour la même raison que vous le disiez pour moi... pour
— Ah I cria Dupont hors de lui, mettre la main sur l'affaire... Si ce n'est pas beau, c'est
vous avouez ? humain...
Dupont mettait — Je n'avoue rien du tout. Je Dupont poussa un véritable hurlement d'indignation
sous les yeux de son parlais de mon arrestation, parce que — « Humain » P... Salaud ! Tu oses accoler ce mot à une
associé sa lettre j'ai été dénoncé, moi. chose pareille 1 Retire-le I Retire ça ou je te...
de dénonciation. — Par moi, peut-être ? Il ne put en dire davantage : portant la main à son cœur, il
s'affaissait, terrassé par
l'apoplexie.
Le premier moment
d'affolement passé, Va-
resco détruisit la lettre,
puis manœuvra pour
ramener discrètement le
cadavre à son domicile.
Maintenant, la céré-
monie funèbre s'ache-
vait. Denise, le cœur
brisé, se penchait sur la
tombe ouverte pour dire
un dernier adieu à ce
ère qui l'avait chérie
j usqu'au sacrifice de son
dernier espoir de bon-
heur. Mûrie par la dou-
leur, elle s'appuyait au
bras de Thierry accouru
pour la soutenir dans
l'ép-euve. Forts de leur
mutuel amour, lesjeunes
gens venaient de décider
de s'unir pour le meilleur
et pour le pire, en dépit
des faiblesses humaines
qui mettent parfois le
mariage en péril, mais
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