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21/02/2021 La présentation de Marie au Temple

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Icône de l’École crétoise, XVe siècle (Wikipedia).

La présentation de Marie au Temple

LUC CASTONGUAY | 16 NOVEMBRE 2020

« Prépare-toi à devenir l’agréable et splendide habitation de Jésus. » [1]

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21/02/2021 La présentation de Marie au Temple

La présentation de Marie au Temple est célébrée par les catholiques et les orthodoxes le 21 novembre. Nous verrons dans cet article que, dans le
cycle des fêtes mariales, celle-ci frappe par la singularité de sa référence dans les écrits mystiques et par la complexité de l’icône qui la
représente.

Un peu d’histoire
Aucun des évangiles ou des autres écrits canoniques ne font référence à cet évènement. C’est dans un écrit du IIe siècle, le Protévangile de Jacques, appelé le Juste ou le Mineur,
frère, demi-frère ou cousin de Jésus (selon les interprétations que l’on donne aux textes et/ou selon la traduction admise) que nous retrouvons son origine. Cet évangile
apocryphe, qui relate des faits antérieurs à ceux écrits dans les évangiles canoniques, décrit notamment la conception (4,1-4), la naissance (5,2) et la rentrée ou présentation de
Marie au Temple (7,2-3 ; 8,1).

Cette fête fut célébrée très tôt dans l’histoire de l’Église orientale. Elle correspond au jour de la bénédiction de la basilique de Saint-Marie-Nouvelle à Jérusalem en 543 [2].
Finalement elle ne fut étendue solennellement dans toute l’Église chrétienne qu’à partir du XVIe siècle.

 L’Église orthodoxe honore avec une grande vénération la Vierge Marie. La fête de son entrée au Temple, à l’âge de trois ans, prépare et annonce la nativité du Christ par celle qui
se fait reconnaitre en ce jour comme le temple de Dieu. « C’est la préparation mystérieuse de l’humanité de Jésus : dans le Temple de Jérusalem, la Vierge est préparée à devenir
elle-même temple, ‘le très saint Temple du Sauveur’ » [3].

présentation de Marie au Temple

Un peu de technique
Cette icône a une mise en scène assez complexe et très symbolique. Son iconographie est bien définie, et elle n’accepte que quelques variantes. Une seule image représente les
versets 6 et 7 en entier de l’évangile de Jacques. Il est courant de voir sur une même icône plusieurs scènes de l’histoire représentée.

Au fond, le Temple de Jérusalem ; le voile rouge sur son toit nous rappelle, comme nous l’avons déjà vu, la présence de l’Esprit Saint et signifie que la scène représentée à
l’extérieur de l’édifice se passe en réalité à l’intérieur du Temple. Au premier plan nous voyons à droite Joachim et Anne qui, dans un geste d’o rande, viennent porter Marie au
Temple, ce qui était leur vœu fait à sa naissance (4,1). Ils sont accompagnés de jeunes vierges ; chacune d’elles porte une chandelle et forme un cortège traditionnel et solennel
(7,2).

Nous ne pouvons que nous étonner de voir le personnage principale, Marie, représentée d’une si curieuse manière. Elle a la taille d’un enfant mais l’apparence d’une femme
adulte ce qui symbolise « sa maturité spirituelle dès sa naissance » [4]. Elle porte des vêtements aux couleurs qui lui sont propres sur toutes les icônes qui la représentent : sa robe
bleue et son manteau pourpre. Ce sont les couleurs inverses de celle de son fils, Jésus étant représenté portant une tunique pourpre et un manteau bleu. Notons que les teintes
du rouge et du bleu peuvent être nuancées d’une icône à l’autre, petite liberté laissée à l’iconographe qui l’écrit.

Nous étudions ici une icône écrite au XVe siècle. Il n’est pas rare sur les anciennes icônes que certains détails soient e acés, qu’ils aient disparus au fil des temps (ou parfois mais
rarement tout simplement manquants c’est-à-dire négligés par l’iconographe). Je fais allusion ici aux trois étoiles sur le maphorion (manteau) de Marie qui symbolisent sa virginité
perpétuelle : avant (ante partum), pendant (in partum) et après (post partum) l’enfantement. La Vierge n’est jamais représentée en iconographie sans elles.

Retournons à notre image. Nous la voyons en bas, à gauche, accueillie par le grand-prêtre Zacharie, père de Jean Baptiste, qui a vêtu ses précieux habits sacerdotaux pour bien
marquer l’importance du moment (8,3). Nous la retrouvons en haut, à gauche, dans le Saint des Saints du Temple où elle reçoit sa nourriture des mains des anges et ce jusqu’à
l’âge de 12 ans selon l’évangile apocryphe (8,1-2).

Un peu de théologie

L’étude de cette icône, issue d’un texte apocryphe, montre l’importance qu’a voulue donner l’Église, et très tôt dans son histoire, à la personne et au rôle de Marie qui deviendra
Mère de Dieu : dès sa naissance et dans son enfance Marie devait se démarquer. Ces évènements devaient laisser présager la place importante qu’elle allait tenir dans l’Église du
Christ. La Tradition chrétienne a voulu montrer que le grand-prêtre, représentant de l’Église, accueille et introduit Marie « dans le sanctuaire pour devenir elle-même Temple du

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Seigneur […] d’où il sortira vêtu du corps de sa mère, qui lui-même est aussi temple, le temple immaculé du Fils de Dieu qui se donne en sacrifice » [5]. La théologie de cette icône
introduit aux mystères de la virginité de Marie, de la nativité et des deux natures de Jésus (vrai Dieu et vrai homme) et la présence de la Trinité divine y est marquée.

« En ce jour la Vierge immaculée est présentée au Temple pour devenir la demeure du Seigneur Dieu et Roi de l’univers et nourricier de toute vie ; en ce jour le sanctuaire très-pur,
à l’âge de trois ans, est porté en o rande au Saint des Saints. C’est pourquoi nous lui dirons comme l’ange : réjouis-toi, seule bénie entre toutes les femmes. » (Laudes, 21
novembre, ton 2)

Luc Castonguay est iconographe et étudiant à la maîtrise en théologie à l’Université Laval (Québec).

[1] [s.a.], Le Spoutnik, nouveau Synecdimos, Parme, Diaconie apostolique, 1997, p. 821.
[2] Alfredo Tradigo, Icônes et Saints d’Orient, Paris, Hazan, 2005, p. 98.
[3] Elgon Sendler, Les icônes byzan nes de la Mère de Dieu, Paris, Desclée de Brouwer, 1992, p. 29.
[4] Hiqoumène Cyrille Brade e, De l’image à la ressemblance, Les icônes des douze fêtes majeures, Wentworth, [s.é.], 2003, p. 43.
[5] Elgon Sendler, Les icônes byzan nes …, p. 29.

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