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Faculté de théologie
B.P. 2143 Kinshasa XI
MUGENI Geoffrey
ÉPIGRAPHE
1 Cor 5, 7 – 8.
~ iii ~
REMERCIEMENTS
Au terme de cette recherche exégético-théologique, portant sur La Pâque juive et la Pâques
chrétienne. Continuité et Discontinuité, qui sanctionne notre parcours du premier cycle en
théologie, il nous est impérieux de nous acquitter de notre devoir en remerciant tous ceux et
toutes celles qui, de loin ou de près, ont contribué, d’une façon ou d’une autre, à sa réussite.
Avant tout, nous glorifions Dieu, le Tout Puissant, qui nous prête vie et nous appelle à sa
suite. Ensuite, nous pensons au Prof. Sylvain BADIBANGA qui a assuré la direction de ce
travail avec assiduité et objectivité. À lui nous joignons le Prof. BAMBI Godez, S.J, et Mr.
DJEKOLA Michel qui ont lu et apporté des recommandations du fond à notre texte. Nous
remercions notre famille biologique, précisément nos parents qui ont suscité en nous le désir de
connaître Jésus, de l’aimer et de le servir, et connaître les mystères de notre Foi.
Enfin, nous témoignons de notre reconnaissance à toutes les autres personnes que Dieu a
placées sur notre route pour nous guider, nous seconder et nous soutenir afin d’atteindre notre
objectif tant désireux. Ici, nous mentionnons la famille de Mr et Mrs Joseph MAYAKA de
l’Australie pour leur soutient distingué à notre formation.
Que tous trouvent dans ces quelques lignes l’expression de notre gratitude.
MUGENI GEOFFREY
~1~
INTRODUCTION GÉNÉRALE
0.1. PROBLÉMATIQUE
Dans ce travail, nous allons chercher à trouver des liens de convergences et de divergences
dans la conception de la Pâque dans la tradition religieuse juive et la Pâques chrétienne.
L’année chrétienne comme l’année juive est rythmée par des fêtes qui, pour la plupart
commémorent des interventions de Dieu dans l’histoire de son peuple, les visitations du
Seigneur parmi son peuple. Nous pouvons donc dire que l’année liturgique de l’Église est
modelée sur celle des Juifs. Nous le savons bien que le christianisme trouve ses racines dans
les traditions religieuses juives. Alors, nous ne pouvons pas parler de la Pâques dans le contexte
chrétien sans développer la question de la Pâque dans le milieu où elle est née, le contexte juif.
L’étymologie du mot hébreu xs;P’, (Pessah) se traduit par passer ou passer outre, passer par-
dessus quelqu’un, ou encore mieux en anglais, Passover.
Depuis l’apparition de la fête de la Pâque dans l’histoire d’Israël, la tradition veut qu’un
enfant pose la question : « que signifie pour vous ce rite ?» (Ex 12, 26). À cette question, nous
trouvons deux réponses : La première (Ex 12, 27) fait de la Pâque le mémorial du passage de
Dieu parmi les Hébreux en Égypte, ou plus précisément le fait que le fléau ait épargné les
maisons juives lors de la mort des premiers-nés des Égyptiens1 ; La deuxième raison se trouve
dans Deutéronome 16 qui met l’accent sur l’immolation de l’agneau et la sortie d’Égypte, un
« passage » de l’esclavage à la liberté2. C’est cette signification qui est beaucoup connue car la
Pâque est une histoire de libération d’Israël de la maison d’esclavagisme.
H. Cousin remarque que la Pâque fait partie des trois fêtes de pèlerinage prescrites par la
Torah. Ces trois fêtes sont ; la Pâque, Pessah ; la Pentecôte, Shavuot ; les Tabernacles, Sukkôth.
Ces fêtes ont été célébrées par Jésus et ses disciples; ils ont pratiqué certains de leurs rites, prié
certaines de leurs bénédictions, et comme eux, la première Église a également célébré plusieurs
fêtes d’institution rabbinique, mentionnées dans l’Écriture3. Ces deux raisons sont une
motivation pour nous et nous poussent donc à entrer dans le rituel et dans les textes de ces fêtes
1
LE NOUVEAU THEO, l’Encyclopédie Catholique pour tous, Paris, Mame, 2009, p. 1060.
2
Ibid.
3
H. COUSIN, Note préalable, in Supplément au Cahiers Evangile, no 86 (1993), Les fêtes juives, Paris, Cerf,
p. 4.
~2~
célébrées pour nous y imprégner. Ce qui nous conduira à découvrir la manière propre de
célébrer ces fêtes chez les Juifs comme chez les Chrétiens.
Pâque est l’événement principal faisant la charnière entre la foi juive et la foi chrétienne.
Pour les chrétiens, ce mystère pascal comprend la célébration de la mémoire de la Passion, Mort
et Résurrection de Jésus Christ, alors que pour les juifs, la Pâque est une fête qui commémore
le miracle de la libération d’Israël, sorti d’Égypte en traversant la Mer Rouge à pied sec. Jésus
donne une nouvelle signification de la Pâque juive, au cours de la dernière Cène, par les paroles
qu’il prononce sur le Pain et sur le vin, les faisant ainsi devenir son propre corps et sang pour
le salut des multitudes. C’est ce que les synoptiques présentent comme l’institution de
l’Eucharistie.
Pour les chrétiens, ce n’est plus l’immolation de l’agneau pascale qui leur rappellera qu’ils
sont sauvés, mais la mort de Jésus ; il devient lui-même l’agneau pascal. Jésus transforme cette
fête juive en une commémoration de sa Passion, Mort, et Résurrection. Voilà ce que l’Église
appelle, le Mystère Pascal. La Pâques chrétienne, tout en rappelant cet événement de jadis,
célèbre le passage de la mort à la vie de Jésus, crucifié et ressuscité. Le salut devient universel,
et non plus particulier à un peuple choisi.
Quelles sont les éléments faisant la continuité et la discontinuité de la Pâque juive dans la
Pâques chrétienne ? La réponse à cette interrogation contribuera à étoffer notre travail.
Pour ce qui est de la délimitation de notre travail, nous allons tracer l’origine et l’histoire
de la Pâque dans la Bible, d’abord dans le Pentateuque, chez les Prophètes, dans les Écrits, et
aussi son évolution au cours de l’histoire dans le judaïsme du second Temple. Ensuite, dans le
Nouveau Testament, notamment chez les Synoptiques, Saint Paul, le Quatrième évangile et
l’Apocalypse. Cependant, notre recherche ne va pas consister en une étude sur des récits de la
résurrection et des apparitions du Christ. Toutefois, nous en ferons mention.
~3~
Pour mener à bien notre travail de recherche, nous allons nous servir de l’approche
comparative pour pouvoir faire sortir la nouveauté que Jésus a apportée à cette fête de Pâque.
Notre travail sera structuré en trois parties : la première sera consacrée à la Pâque juive ; la
deuxième à la Pâques chrétienne, et enfin, la troisième portera sur les convergences et les
divergences entre la Pâque juive et la Pâques chrétienne.
~4~
Ce chapitre vise en premier lieu à mettre en avant les fêtes de printemps chez les peuples
sémitiques voisins d’Israël. En deuxième lieu, nous présenterons des principales articulations
de la Pâque d’Israël4. En Troisième lieu, nous verrons comment la Pâque est vécue dans le
judaïsme. En quatrième et dernier lieu, sera lieu de montrer le rattachement de la Pâque à
l’histoire du salut. Nous allons entamer notre travail par une recherche sur les pratiques des fêtes
de printemps chez les peuples anciens de l’ancien Orient, peuples pasteurs et nomades comme
les Hébreux. Nous avons préféré les termes peuples de l’ancien orient ; peuple sémitique ;
nomades pasteurs aux termes arabes ou bédouins que les auteurs consulté ont employés parce
qu’ils mettent mieux en exergue la situation des peuples pré-israélite.
L’ARRIÈRE-FOND PROCHE-ORIENTALE DE LA
PÂQUE JUIVE
La Pâque est l’une des fêtes de printemps, et selon J. Henninger, le printemps ici a un sens
climatique, un « temps où la végétation revit et où la vie animale prend un nouvel essor »5.
« Pour les nomades pasteurs », dit-il, « c’est le temps où les animaux mettent bas et où la
production du lait devient abondante ; pour les agriculteurs, celui où recommencent les travaux
des champs »6. Il est constatable, ainsi, que « l’une et l’autre circonstance donne lieu à des
pratiques rituelles »7.
D’après l’opinion de la « Myth and Ritual School », la Pâque n’est rien d’autre qu’une
célébration du « pattern » général de la fête du Nouvel An existant dans toute l’Asie antérieure
ancienne. Cette théorie a été développé par I. Engnell et soutenu par S.H. Hooke qui tiennent
que la Pâque est une fête de sédentaire ; elle est un hag, une procession dont l’épisode essentiel
était un ‘exode’ cultuel au désert, c.à.d. à la campagne, un ‘drame cultuel’, où le premier rôle
était joué par le roi, représenté par Moïse dans le récit de l’Exode. Elle serait une forme Sud-
Cananéenne de la fête du Nouvel An »8.
4
R. MARTIN-ACHARD, Essai biblique sur les Fêtes d’Israël, Genève, Labor et Fides, 1974, p. 9.
5
J. HENNINGER, Les fêtes de Printemps chez les sémites et la Pâque Israélite, Paris, Gabalda et Cie, 1975,
p. 27.
6
Ibid.
7
Ibid.
8
Ibid., p. 95.
~5~
Chez les autres peuples de l’ancien Orient, nous trouvons, quelques traces des sacrifices de
sang similaires à ceux d’Israël : les principales occasions de sacrifices sanglants étaient, les
fêtes annuelles des divinités locales pendant lesquelles les gens faisaient des pèlerinages à leurs
sanctuaires, et immolaient devant les pierres sacrées les animaux qu’ils avaient avoués9. C’était
au printemps que ces fêtes étaient célébrées, plus exactement au mois de Rağab10.
Dans cette perspective, il y a quelques indices permettant de supposer que les animaux
qu’on offrait au mois de Rağab étaient originairement non des animaux quelconques, mais les
premiers-nés des troupeaux. Henninger, les cite ainsi :
En guise de conclusion de cette partie, nous nous alignons dans le point de vue exploité par
ces auteurs qui place la Pâque israélite dans son milieu socio-culturel ayant quelques similitudes
avec des sacrifices et rituels des peuples sémitiques voisins. En comparant l’ancienneté de la
pratique des sacrifices en Israël avec ceux des autres peuples sémitiques qui étaient ses voisins,
9
J. HENNINGER, op.cit., p. 37.
10
Ibid., p. 38.
11
Ibid., p. 39-42.
12
Ibid.
13
Ibid., p. 44.
~6~
nous trouvons que la probabilité qu’Israël a emprunté ses rites au milieu dans lequel il vivait,
est grande.
Ainsi le constate D. Jaffé en disant que, « les fêtes et autres consécrations du calendrier juif
sont souvent la reproduction de cérémonies païennes en cours à l’époque des premiers écrits
talmudiques »14. Pour illustrer cela, il cite l’exemple de la célèbre nuit pascale qui reprend le
symposion gréco-romain et deviendra le sacrifice du Christ comme agneau divin dans le
christianisme primitif15.
M. Noth est aussi de l’opinion qu’Israël hérita avec les lieux saints de nombreuses traditions
et coutumes cultuelles des cananéens. Israël a emprunté au pays une grande quantité de ses
traditions quand il y fut fixé ; on faisait les sacrifices comme on les faisait dans le pays ; on
célébrait les fêtes agricoles en vigueur dans le pays de cultures 16, mais en rejetant comme
étrangers et idolâtriques des cultes comme celui de la Mère des Dieux et les pratiques en
honneur du jeune dieu de la végétation17 C’est ainsi que les grandes fêtes agricoles en usage en
Canaan étroitement unies au cours des saisons, furent adoptées par Israël.
Donc, les rituels de Pâque israélite, ancienne fête des bergers nomade 18, que nous allons
ensuite étudier ne sont pas une pure invention d’Israël.
14
D. JAFFÉ, Jésus le Galiléen : Un juif de son Temps, in Le Monde de la Bible, no 228, (2019), Paris, Bayard,
p. 35.
15
Ibid.
16
M. NOTH, Histoire d’Israël, Paris, Payot, 1954, p. 110.
17
Ibid., p. 111.
18
Y. SAOUT, Le Grand souffle de l’Exode, Paris, Fayard, 1977, p. 85.
19
J. HENNINGER, Les fêtes de Printemps chez les sémites et la Pâque Israélite, op.cit., p. 27.
20
P. ZYLBERMANN, La Pâque Juive. Réflexions sur un message universel, Paris, Harmattan, 2010, p. 15.
21
Ibid., p. 16.
22
J. HENNINGER, op.cit., p. 52.
23
P. ZYLBERMANN, La Pâque Juive. Réflexions sur un message universel, op.cit., p. 16.
~7~
Selon le constat de Henninger, « la plupart des chercheurs sont aujourd’hui d’avis que la
Pâque et la Fête des Azymes étaient originairement deux fêtes distinctes qui ne furent combinés
qu’à une époque tardive, la Pâque ayant déjà existé à l’époque nomade, alors que la fête des
Azymes et les autres fêtes ne furent introduites qu’après la sédentarisation des Israélites en
Canaan »24. Cependant, il y a aussi certains chercheurs qui insistent sur les passages de la Bible
selon lesquels l’agriculture était déjà pratiquée au temps des patriarches, du moins dans une
certaine mesure, d’où ils déduisent que des fêtes de caractère agraire avaient pu se célébrer à
cette époque-là25. Ainsi donc, s’appuyant sur la conviction de Henninger, « la Pâque est une
fête de caractère éminemment pastoral et elle remonte à l’état nomade des tribus israélites, avant
l’entrée en Canaan »26.
Dhorme formule, ainsi, les points principaux qui accusent le caractère pastoral et nomade
de cette fête suivant Ex 12, 2-11 :
24
J. HENNINGER, op.cit., p.54.
25
Ibid.
26
Ibid., p. 58.
27
E. DHORME, Hébreux nomades, cité par J. HENNINGER, op.cit., p. 59-60.
28
R. M-ACHARD, Essai biblique sur les Fêtes d’Israël, op.cit., p. 30.
~8~
après l’exil que « l’école deutéronomiste lui a conférée une portée nationale et le courant
sacerdotal a consacré définitivement son rituel et son rôle de mémorial et de gage du salut »29.
Aujourd’hui encore, continue M-Achard, « des familles juives réunies autour du Séder30, qui a
peu changé depuis le second Temple, célèbrent la nuit de Pâque, différente de toutes les autres
nuits, qui est, tout autant que rappel des délivrances du passé, et espérance de la venue de l’ère
messianique »31.
Ainsi, année après année, dans un même mouvement, Israël célèbre son Dieu qui donne
la fécondité au troupeau, les fruits à la terre et la libération à son peuple32. Le peuple de la Bible
lie sa libération à la fête des bergers nomades de l’ancien Orient.
1.2.1. ÉTYMOLOGIE
Le mot Pâque se présente à nous sous plusieurs formes : פסָ חen hébreu, פסחָ א
ְ en araméen,
et Πάσχα en grec33.
R. de Vaux détient que l’étymologie du mot pèsaḥ est inconnue. Selon lui, Ex 12,13.23.27
donnent l’explication selon laquelle, « cette nuit-là, Yahvé a sauté ou omis ou protégé les
maisons des Israélites »34 ; une explication secondaire, dans son entendement car, « la Pâque
de la sortie d’Égypte n’est pas la première que les Israélites aient célébrée : elle est introduite
sans explication dans Ex 12,21 comme quelque chose connue ; elle est peut-être le sacrifice ou
la fête pour Yahvé que Moïse et les Israélites demandent au Pharaon la permission d’aller
célébrer au désert (Ex 3, 18 ; 5, 3 ; 7, 16 ; 8, 4.16.23 ; 9, 1.13 ; 10, 3.7.11.24.26) »35. Et même
« le nom de pèsaḥ fut interprété comme Yahvé « sautant, passant, épargnant, protégeant »36 les
maisons des Israélites marquées par le sang de la victime pascale, Ex 12, 23 (J) »37.
29
R. M-ACHARD, op.cit., p. 30.
30
Le Séder est la soirée du premier jour de la Pâque juive, qui commémore la libération du peuple juif de
l’esclavage d’Égypte et sa traversée du désert vers la « Terre Promise » sous la conduite de Moïse. Cf. P.
ZYLBERMANN, op.cit. p. 11.
31
Ibid.
32
GENÈSE ET EXODE, in Bible 2000, vol.1, (1996), Strasbourg, Signe, p. 149.
33
B. COUROYER, L’origine égyptienne du mot « Pâque », in Revue Biblique, no 62, (1955), Paris, J. Gabalda
et Cie, p. 486.
34
R. DE VAUX, Histoire Ancienne d’Israël. Des origines à l’installation en Canaan, Paris, J. Gabalda et Cie,
1971, p. 346.
35
Ibid.
36
N. Ph. SANDER et I. TRENEL, Dictionnaire Hébreu-Français, Genève, Slatkine Reprints, 1995, p. 585.
37
R. DE VAUX, op.cit., p. 348.
~9~
Pour M. Buber, la signification secondaire du verbe pāsaḥ : passer et épargner avait déjà
eu le droit de cité depuis l’époque d’Ésaïe (Is 31,5)38, et signifierait : « se mouvoir sur un pied,
puis sautiller »39. Ce verbe suppose, donc, qu’au cours de la vieille fête des nomades, une danse
sautillante était exécutée, peut-être par des jeunes gens portant des masques de boucs40.
Pour O. Artus, l’expression sacrifice de la Pâque dans Ex 12,27, suppose un cadre cultuel
officiel, et non plus familial, pour la célébration de la Pâque (…) attesté par le Deutéronome
(Dt 16,5-7)41.
Et O. Keel a soutenu dernièrement l’idée que l’emploi de p-s-h évoquait à l’origine les sauts
grotesques et sinistres du Destructeur42.
Il y a certains qui soutiennent que Pâque est un mot d’origine égyptienne. C’est l’opinion
de B. Couroyer, qui pense que le mot signifierait « le coup »43. Il relève six implications du
verbe pāsaḥ dans Ex 12 comme les probables provenances du substantif pèsaḥ: « le passage de
Yahvé (Ex 9,4 ; 12,12.23) ; le coup porté aux Égyptiens (Ex 11,1 ; 12,12.13.23.27.29) ; la
préservation des Hébreux (Ex 12.13.23.27) ; le souvenir (Ex 12.14) ; la fête (Ex 12,14) ; le
sacrifice (Ex 12,21.27) »44.
Nous pouvons conclure donc, que l’étymologie du mot Pâque n’est pas certaine. Mais, il
évoque surement l’idée de Passover, comme chez la plus parts d’auteurs qui lui accorde le sens
d’épargner ; sauter ; passer-outre ; préserver ; protéger. Le mot est mieux expliqué en relation
avec les exploits de Yahvé pour Israël : il a sauté ou protégé les maisons des Israélites pendant
qu’il frappait les Égyptiens au moment où les Israélites célébraient la fête qu’Il les avait
38
M. BUBER, Moïse, Paris, PUF, 1957, p. 83.
39
Ibid.
40
Ibid.
41
O. ARTUS, Les Livres de la Loi. Exode-Lévitique-Nombres-Deutéronome, Paris, Bayard, 1998, p. 27.
42
Ibid., p. 30.
43
B. COUROYER, L’origine égyptienne du mot « Pâque », op.cit., p. 486-492.
44
Ibid., p. 484.
~ 10 ~
ordonnés à célébrer. Le danger passe à côté des maisons israélites, et ils vont passer de
l’esclavage à la liberté, de l’Égypte au pays promise à leurs pères.
Comme déjà énoncé, nous retenons que la Pâque est antérieur à l’installation des Israélites
en Canaan, elle appartient à la période où leurs ancêtres vivaient de leurs troupeaux de chèvres
et de moutons ; elle pourrait être la fête à laquelle fait allusion Moïse quand il demande au
Pharaon la permission de se rendre dans le désert pour célébrer Yahvé (Ex 3,8 ; 5,3 ; 7,16.26,
etc.)45.
Le mot « Pâque » se lit quarante-neuf fois dans l’Ancien Testament, selon H. Haag, dont
quatre fois au pluriel ; il se rencontre exclusivement dans des textes historiques et juridico-
liturgiques, il n’est utilisé ni par les prophètes, ni par les sages, ni par les psalmistes. Dans la
majorité des cas (trente-quatre fois), pèsah désigne le rituel pascal, et dans quinze cas, la victime
pascale (Ex 12,21 ; Dt 16,2.5s ; Esd 6,20 ; 2Chr 30,15.17s ; 35,1.6-11.13). Il est question dans
ces passages de la Pâque ou encore douze fois d’une Pâque pour Yahvé ; à deux reprises
seulement cette fête est qualifiée de hag c.à.d. fête ou pèlerinage (Ex 12,14 ; 34,25b).
Nous rencontrons le terme Pâque vingt-neuf fois dans le Nouveau Testament. Israël fait la
Pâque, c’est-à-dire célèbre la Pâque (vingt-cinq fois) : ainsi (Ex 12,48 ; Dt 16,1 etc.), sacrifie
la pâque (Dt 16,2) ou immole la victime pascale (Ex 12,6), cuit la pâque (Dt 16,7), et la mange
(Ex 12,43s.). On retrouve ces expressions dans le Nouveau Testament (Mt 26,18 ; Mc 14,16 ;
Jn 18, 28).
La plupart des critiques s’accordent donc pour admettre une origine nomade au rituel pascal
qui nous a été conservé jusque dans les couches les plus récentes de la tradition sacerdotale, et
qui, de fait remarquable, ne comprend ni sanctuaire, ni prêtre, ni autel à l’inverse des habitudes
liturgiques d’Israël.
R. de Vaux montre bien du fait que chacun des détails du rituel se comprend parfaitement
dans le cadre de la vie pastorale des anciens Israélites46. La fête se déroule à la pleine lune,
après le retour des troupeaux du pâturage et à la veille d’une nouvelle étape ; la victime est
choisie parmi les bêtes du troupeau, elle est rôtie et non bouillie, comme le veut l’usage
R. DE VAUX, Les Institutions de l’Ancien Testament, II, Paris, Cerf, 1960, p. 391.
45
46
IDEM, « Les Sacrifices de l’Ancien Testament », in Cahiers de la Revue Biblique 1, (1964), Paris, J.
Gabalda et Cie, p. 414.
~ 11 ~
sacrificiel en Israël (Ex 29, 31 ; Lv 8, 31) ; Avec le sang de la victime, ils oignent les montants
et le linteau de la porte de leur maison ; le pain sans levain est la nourriture des pasteurs nomades
de même que les herbes amères qui l’assaisonnent. Le costume des fideles n’est autre que celui
de pasteurs nomades qui s’apprêtent à lever le camp47, c.à.d. les reins ceints, les sandales aux
pieds et le bâton à la main. Elle est célébrée la nuit, où l’on n’a pas le souci du troupeau, et la
nuit de la pleine lune, parce que c’est la plus claire48.
C’est avec la réforme cultuelle du Deutéronome (sous Josias, en 622 avant notre ère) que le
culte de la Pâque est centralisé à Jérusalem, et comme changement, la Pâque, fête familiale,
devient désormais une fête de pèlerinage au Temple de Jérusalem49.
Qu’est-ce que nous pouvons dire du rapprochement qu’il y a entre la Pâque et la Dixième
Plaie ? R. de Vaux considère que « si la Pâque est antérieure à la sortie d’Égypte, sa liaison
avec la Dixième Plaie est accidentelle, ou occasionnelle : cette sortie s’est produite au moment
de la Pâque »50. Cependant, Il ne trouve pas d’appui textuel pour affirmer que les victimes de
la Pâque aient été les premiers-nés du troupeau51. Selon lui, la loi des premiers-nés édictée dans
Ex 13,1-2.11-16, fait partie des additions au récit ancien ; elle n’est pas rattachée à la Pâque
mais à la mort des premiers-nés des Égyptiens, et dans le Code de l’Alliance, Ex 22,28-29, elle
est indépendante de la Pâque52. Ce lien dans l’entendement de R. de Vaux, s’est établie par le
rite de sang : « ce rite était le plus important de la fête, celui qui devait protéger bêtes et gens
des coups du Destructeur ; c’est aussi ce sang qui a protégé les maisons des Israélites pendant
que le Destructeur frappait les premiers-nés d’Égypte, Ex 12,23 (J) ; 12,11b-13 (P) »53.
Pour expliciter cette laison, R. de Vaux cite l’addition deutéronomisante d’Ex 12,27 : c’est
le sacrifice de la Pâque en l’honneur de Yahvé, qui a protégé (ou : est passé devant) les maisons
des Israélites en Égypte, lorsqu’il a frappé l’Égypte tandis qu’il épargnait nos maisons54. Cette
addition (vv.24-27), explique toute la fête de la Pâque comme le mémorial de la sortie d’Égypte
(Ex 13,3-10)55. Cette signification est aussi présentée par le Deutéronome lui-même, Dt 16, 1-
3:
47
R. DE VEAUX, Histoire Ancienne d’Israël. Des origines à l’installation en Canaan, op.cit., p. 345-346.
48
Ibid.
49
O. ARTUS, op.cit., p.29.
50
Ibid.
51
R. DE VAUX, Institutions de l’Ancien Testament, II, op.cit., p. 390.
52
IDEM, Histoire Ancienne d’Israël. Des origines à l’installation en Canaan, op.cit., p. 346-347.
53
Ibid., p. 347.
54
Ibid.
55
Ibid., p. 348.
~ 12 ~
En fait, nous remarquons qu’ici, il s’agit d’une « historicisation » de la Pâque avec le but
de montrer que le culte a servi pour préserver le souvenir de cet événement historique, parce
que, temporellement, la sortie d’Égypte s’est faite au moment de la Pâque, ainsi, l’histoire de
la Dixième Plaie et de la sortie d’Égypte n’a pas été inventée comme une légende cultuelle pour
expliquer la fête57.
Les textes Sacerdotaux et Ez 45,21 sont les seuls à préciser la date de la Pâque, c’est le
14/15 du premier mois, Abib, donc à la pleine lune de ce mois58.
56
R. DE VAUX, Histoire Ancienne d’Israël. Des origines à l’installation en Canaan, op.cit., p. 347.
57
Ibid., p. 348.
58
Ibid., p. 390.
59
Ibid.
60
Ibid.
~ 13 ~
Deux ou trois jours avant la veille de la fête, il y a l’opération pour la chasse au ’hamets,
dont la consommation, selon la Torah, est absolument interdite. Dans cette interdiction, la
signification se porte sur l’évocation que le ’hamets offre : le ’hamets évoque les
bouillonnements, la tendance à pécher – la pâte qui gonfle et monte en est l’illustration63.
Pour cette partie, nous allons nous référer au cours du prof. R. Wawa dans lequel les étapes
du repas pascal juif sont bien articulées64.
- On apporte ensuite du pain azyme (symbole de pureté) et des herbes amères (symbole
de la souffrance endurée en Égypte) pour les tremper dans la première coupe qui par
son nom Sefira Endurance, témoigne de l’éternité temporelle du Dieu équitable65.
- Un enfant pose la question : « En quoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres
nuits ? » En réponse, celui qui préside le repas évoque Dt 26,5ss et explique les
événements advenus durant la nuit de libération en Égypte.
- Consommation de la victime pascale – sans en briser les os (Ex 12,46) – avec les azymes
et les herbes amères.
61
O. ARTUS, op.cit., p. 29.
62
Ibid.
63
J. GRUNEWALD, Le Livre du Séder. Nous sommes tous sorties d’Égypte, Jérusalem, Tsipa Laor ltd, 2011,
p. 9.
64
R. WAWA, Milieu Socio-Culturel du Nouveau Testament. Notes du cours, USAKIN, Kinshasa, 2016-2017,
Inédit.
65
J. GRUNEWALD, op.cit., p. 20.
~ 14 ~
On peut se demander, pourquoi toutes ces coupes ? Grunewald répond en disant que :
« c’est parce qu’en réponse à Moïse qui a baissé les bras, désespéré d’avoir rendu plus dur
l’esclavage des Hébreux par sa démarche auprès de Pharaon, Dieu le charge d’annoncer que
c’est Lui, donc, qui va les délivrer (Ex 6, 6-7). Par quatre fois Dieu agir et par quatre fois
au Séder, Israël lui en rend grâce69.
Selon R. de Vaux, les Azymes, maṣṣôt, sont des pains sans levain. Et cette fête marquait le
début de la moisson des orges70. La fête des pains sans levain a un caractère d’une première
offrande des prémices. C’est une fête agricole qui a commencée d’être observée qu’après
l’entrée en Canaan (Lv 23, 10) et donc, les Israélites auraient emprunté cette fête aux
Cananéens71. Elle dépendait de la maturité de la récolte et ne pouvait pas avoir de date plus
précise que « le mois des épis », le mois d’Abib72. En réalité, pour emprunter l’expression de
Y. Saout, la fête de Paque fut plus forte que celle des Azymes et arracha celle-ci au Sabbat73.
C’est ainsi que « la date de la Pâque, déjà fixée à la pleine lune, resta ce qu’elle était et les
Azymes lui furent rattachés, la suivant immédiatement pendant sept jours »74, cette union est
devenue effective après le Deutéronome et la réforme de Josias »75.
66
J. GRUNEWALD, op.cit., p. 20.
67
Ibid.
68
Ibid.
69
Ibid., p. 16.
70
R. DE VAUX, Les Institutions de l’Ancien Testament II, op.cit., p. 391.
71
Ibid., p. 392.
72
Ibid., p. 393.
73
Y. SAOUT, op.cit., p. 86.
74
Ibid.
75
R. DE VAUX, Histoire Ancienne d’Israël. Des origines à l’installation en Canaan, op.cit., p. 348.
~ 15 ~
Sur ce sujet, O. Artus, constate que certains rituels mentionnent la fête des pains sans levain
indépendamment de la célébration de la Pâque, par exemple ; le cas du calendrier cultuel du
code de l’Alliance (Ex 20, 22-23, 19)76. Pour lui, « le regroupement des deux rites en Ex 12
(comme en Dt 16) résulte peut-être d’une coïncidence de calendrier où il s’agit de deux fêtes
de début de printemps : la fête des pains sans levain (…) représentant une tradition religieuse
de populations sédentaires de cultivateurs, la fête de Pâque trouvant son origine chez des
éleveurs nomades »77.
Le rite des pains sans levain a la fonction du rappel de la sortie d’Égypte : « les pains sans
levain sont devenus le signe de la hâte de ce départ, Ex 12, 34, 39 (J) »78. Le levain ancien,
symbole de la captivité, est supprimé, et les galettes sans levain sont le pain nouveau, symbole
de la nouvelle ère de liberté qui s’ouvre pour Israël79.
Dans le Pentateuque, nous trouvons la mention de la Pâque dans : Ex 12-13 ; 23,15 ; 34,18-
20.25 ; Lv 23, 5-8 ; Nb 9, 1-14 ; 28, 16-25 ; Dt 1-11 ; 16, 1-8.
Pour ce qui concerne les Livres Historiques, la Pâque est mentionnée dans Jos 5, 10-11 –
c’est la première Pâque qu’est célébrée depuis l’entrée en Canaan ; celle de Josias, 2 R 23, 21-
23 ; 2 Ch 35, 1-18 ; celle du retour de l’Exil, Esd 6, 19-22 ; et la Pâque d’Ézéchias, 2 Ch 30 2
R 23, 21-23 ; 2 Ch 30 ; 3580.
Chez les Prophètes, nous avons trouvé une allusion à la nuit pascale chez Is 30, 27-33, et
Éz 45, 21-24 qui parle de la Pâque. Nous avons remarqué un silence sur la Pâque chez les autres
Prophètes, mais il y a le thème qui fait référence à la délivrance de Yahvé chez Am 2, 10 ; 3,
1 ; Mi 6, 4 ; Os 13, 4 ; Jr 2, 6.
76
O. ARTUS, op.cit., p.30.
77
Ibid.
78
R. DE VAUX, Histoire Ancienne d’Israël. Des origines à l’installation en Canaan, op.cit p. 348.
79
Ibid.
80
IDEM, Les Institutions de l’Ancien Testament II, op.cit., p. 383-384.
~ 16 ~
Enfin, dans les Écrits, le thème de la Pâque est repris sous forme du grand miracle
d’autrefois qu’Israël se rappelle. C’est le cas du grand Hallel dans Ps 136 ; il y a aussi les
Psaumes de la liturgie pascale : Ps 113 – 118. D’autre référence à la Pâque sont dans Ps 66 ;
77 ; 78 ; 105 ; 106 ; 114 ; 135 ; 136. Les Livres de Sagesse décrivent l’intervention de Dieu
vengeant les injures faites aux saints persécutés, se souviennent de son intervention lorsqu’il
délivra les Israélites des persécutions des Égyptiens, les arrachant ainsi aux ténèbres pour les
conduire à la lumière (Cf. Sg 18-19)81.
Mais aussi nous trouvons cette attestation de la célébration d’autres Pâques dans les
documents extrabibliques importants : un papyrus et deux Ostraca82 qui proviennent de la
colonie juive d’Éléphantine nous attestent de la célébration de la Pâque en dehors de
Jérusalem83 dont P. Grelot et J. Pierron nous fait part.
81
P. GRELOT-J. PIERRON, « La Nuit et les Fêtes de Pâques », in Évangile, n° 21, (1956), Paris, Tournon &
Cie, p. 7.
82
R. DE VAUX, Les Institutions de l’Ancien Testament II, op.cit., p. 384.
83
P. GRELOT-J. PIERRON, op.cit., p. 44.
84
Ibid., p. 18.
85
R. DE VAUX, Les Institutions de l’Ancien Testament II, op.cit., p. 393-394.
86
P. GRELOT-J. PIERRON, op.cit., p. 18.
87
R. DE VAUX, op.cit., p. 394.
~ 17 ~
Vaux affirme que : « il y avait eu, en un certain printemps, une intervention éclatante de Dieu,
la libération d’Égypte, qui avait marqué le début de l’histoire d’Israël comme peuple, et comme
peuple élu de Dieu, et qui s’était achevée par l’installation en Terre Promise. Les fêtes de la
Pâque et des Azymes ont servi à commémorer cet événement dominant de l’histoire du salut »88.
M. Buber considère la Pâque comme une fête qui n’est pas du simple pieux souvenir de la
libération en Égypte, « mais de présence toujours renouvelée des faits qui se sont produits dans
la nuit des temps »89. C’est ainsi, dit-il que chaque année, dans la nuit de la Pâque, les
générations du peuple se fondent ensemble à la suite des clans de la communauté ethnique juive
qui se sont fondus ensemble cette nuit-là90.
En effet, le rituel de la Pâque juive nous exhorte ainsi, « dans tous les siècles, chacun de
nous a le devoir de se considérer comme s’il était sorti lui-même d’Égypte »91. Être sorti
d’Égypte veut-dire, être sauvé par Dieu, être rendu libre spirituellement mais avec les
implications comportementales physiques92.
88
R. DE VAUX, op.cit., p. 394.
89
M. BUBER, Moïse, op.cit., p.85.
90
Ibid.
91
P. GRELOT-J. PIERRON, op.cit., p. 9.
92
Ibid.
~ 18 ~
En lisant les Évangiles à l’Apocalypse, nous retrouvons les thèmes de la Pâque juive repris
sur un registre différent. À travers ces thèmes, vont s’exprimer et se dévoiler les mystères de la
Rédemption définitive. Nous les rencontrons tout d’abord dans la prédication de Jésus, mais ils
dominent surtout le récit de la Cène et de l’institution du nouveau repas pascal (Eucharistie) –
commun aux trois premiers évangiles et à Saint Paul. Ensuite dans la réflexion chrétienne, des
épîtres à l’Apocalypse, prenant volontiers pour thème : « Le Christ, Notre Pâque » ; « Agneau
immolé ». Enfin, le Quatrième Évangile organise tout le ministère de Jésus autour de trois fêtes
de Pâque. Il présente le Seigneur comme l’Agneau de Dieu, qui, sur la Croix, porte les péchés
du monde et inaugure l’Exode définitif, pour nous introduire, à sa suite, auprès du Père. Jésus
est offert comme l’agneau pascal sur l’autel de la Croix.
Selon J. Jérémias, les Synoptiques sont d’accord que le dernier repas de Jésus a été un repas
pascal, et donc qu’il a eu lieu dans la nuit du 14 au 15 Nisan94 (Mc 14,12.17 ; Mt 26,17-19 ; Lc
22,15-16) c.à.d. le jeudi soir, veille de sa mort95. Mais, Jean situe la Pâque juive le vendredi soir
93
X. LÉON-DUFOUR, Les Évangiles et l’Histoire de Jésus, Paris, Seuil, 1963, p. 357.
94
J. JÉRÉMIAS, La Dernière Cène. Les Paroles de Jésus, Lectio Divina 75, Paris, Cerf, 1972, p. 12-13.
95
X. LÉON-DUFOUR, Les Évangiles et l’Histoire de Jésus, op.cit., p.357.
~ 19 ~
(Jn 18,28 ; 19,14.31), au moment où mourrait Jésus96, à trois heure de l’après-midi, au moment
où l’on immolait les agneaux97 rituels.
Nous constatons qu’en Mc 14,12, la phrase : le premier jour des Azymes où l’on immolait
la Pâque, fait référence au jour précédant qui selon l’avis de J. Jérémias il existe une
contradiction dans la manière de dater ce jour ; car selon la manière de compter habituelle, c’est
le 15 Nisan qui est le premier jour des Azymes98. Mais la deuxième moitié de cette référence
chronologique, où on l’immolait la Pâque, indique si clairement le 14 Nisan99. Par conséquent,
« la préparation de la salle de fête pour Jésus et ses disciples a eu lieu le 14 Nisan, le jour de la
préparation de la Pâque »100.
Les données extrinsèques aux évangiles selon certains auteurs donnent naissance aux
hypothèses concordistes qui enlèvent la contradiction entre les évangélistes : « Selon
Chwolson, la préparation officielle avait lieu le jeudi, la manducation officielle le vendredi.
Selon Biller Beck, les pharisiens célébraient la Pâque le jeudi, les sadducéens le vendredi. Selon
Lagrange, la Pâque variait en fonction du comput de la lune : le peuple avait pu la fêter le jeudi,
tandis qu’elle demeurait officiellement fixée au vendredi »101.
Il y a aussi l’hypothèse émit par A. Jaubert qui est relatif au découvertes de Qumrân. Pour
elle, Jésus, observant le calendrier sectaire de Qumrân (l’ancien calendrier sacerdotal de type
solaire en vigueur chez les esséniens102), aurait célébré la Cène en la vigile du mercredi, aurait
été arrêté dans la nuit suivante et crucifié deux jours après, le vendredi103. Selon cette hypothèse,
le repas dernier de Jésus aurait eu lieu le soir de Mardi, 12 Nisan correspondant au 15 Nisan de
la secte104, mais sans l’agneau rituellement immolé.
Revenons dans les évangiles pour voir comment les récits de la Cène sont organisés. Selon
Mc 14,17, le dernier repas de Jésus eut lieu le soir venu, c.à.d. dans la nuit du 14 au 15 Nisan ;
c’était donc un repas pascal. Ceci est confirmé par Mc 14,14 : où je pourrai manger la Pâque
avec mes disciples, et Mc 14,16 : et ils préparèrent la Pâque.
96
X. LÉON-DUFOUR, Les Évangiles et l’Histoire de Jésus, op.cit., p. 357.
97
J. RADERMAKERS, La Bonne Nouvelle de Jésus selon saint Marc, Bruxelles, Institut d’Études
Théologiques, 1975, p. 365-366.
98
J. JÉRÉMIAS, La Dernière Cène. Les Paroles de Jésus, op.cit., p. 13.
99
Ibid.
100
Ibid.
101
X. LÉON-DUFOUR, Les Évangiles et l’Histoire de Jésus, op.cit., p. 358.
102
J. RADERMAKERS, La Bonne Nouvelle de Jésus selon saint Marc, op.cit., p. 366.
103
A. JAUBERT, La date de la Cène. Calendrier biblique et liturgie chrétienne (Études Bibliques), Paris,
Cerf, 1957, p. 107.
104
J. RADERMAKERS, La Bonne Nouvelle de Jésus selon saint Marc, op.cit., p. 366.
~ 20 ~
Dans Lc 22,15, l’expression, j’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous,
témoigne, lui aussi du caractère pascal du dernier repas de Jésus ; car le touto, dit J. Jérémias,
ne permet linguistiquement aucune interprétation que celle d’un agneau placé devant Jésus105.
Chez Jean, les indications sur la chronologie du dernier repas de Jésus ne sont pas
uniformes. Nous avons trouvé un passage qui s’écarte de la datation synoptique : c’est Jn 18,28 :
(…) Ceux qui l'avaient amené n'entrèrent pas dans la résidence pour ne pas se souiller et
pouvoir manger la Pâque. Ce verset montre que : « la manducation de l’agneau pascal était
encore en perspective au moment de la mise en accusation de Jésus devant Pilate »106. Donc,
« d’après Jean, le crucifiement de Jésus eut lieu le 14 Nisan, jour de la préparation de la Pâque.
Et par conséquent, son dernier repas n’était pas un repas pascal, il eut lieu vingt-quatre heures
auparavant »107. Pour Jean, l’événement de la Passion au sens restreint, c.à.d. tous les
événements depuis le dernier repas de Jésus jusqu’à son ensevelissement, sont localisé dans la
nuit du 13 au 14 Nisan et 14 Nisan ; les synoptiques, eux les placent dans la nuit du 14 au 15
Nisan et le 15 Nisan »108. La particule pro, (avant la fête de Pâque) qu’on lit dans l’exorde au
récit de la Passion de Jésus (Jn 13,1), précise qu’à la différence des synoptiques, la scène
commence avant le repas pascal, de sorte que Jésus sera immolé en même temps que l’agneau
de la fête (19,14-16)109. Jean se plaît à rattacher la mort de Jésus à la fête de Pâque (11,55 ;
12,1 ; 18,28.39 ; 19,14) suivant l’étymologie populaire du temps de Jésus, qui traduit le mot
Pâque avec « traversée, passage ».
Donc, la mort de Jésus est « sa Pâque », son passage du monde vers le Père, qui rendra
possible l’accès de tous au Père (14,1-11)110. Dans cette même optique, H. Van den Bussche
affirme que pour Jean, le repas d’adieu a eu lieu le 13 Nisan, la veille du jour où se célébrait le
repas pascal, et la coïncidence qu’il pourrait avoir avec le repas pascal juif, est celui de
l’institution de l’eucharistie comme repas pascal de la Nouvelle Alliance111.
Alors, qu’est-ce que nous pouvons dire en guise de conclusion sur ce sujet de la datation de
la dernière Cène ? La composition des évangiles, les Synoptiques en particuliers, dit J.
105
J. JÉRÉMIAS, La Dernière Cène. Les Paroles de Jésus, op.cit., p.15.
106
Ibid.
107
Ibid., p. 16.
108
Ibid., p.17.
109
X. LÉON-DUFOUR, Lecture de l’Évangile selon Jean, t. 3, Paris, Seuil, 1993, p. 15.
110
ACEBAC, Les Évangiles. Traduction et commentaire des quatre évangiles, 2e édition, Montréal,
Bellarmin, 1983, p. 665.
111
H. VAN DEN BUSSCHE, Jean. Commentaire de l’Evangile spirituel, Bruges, Desclée de Brouwer, 1967,
p. 376-377.
~ 21 ~
Radermakers, dénote d’une intention symbolique à ne pas ignorer : ils nous montrent que la
mort de Jésus est à la fois accomplissement et universalisation de la Pâque juive où apparaît
l’aspect de la rupture par l’imposition d’un sens nouveau112. C’est à cause de cette
préoccupation que Marc déplace l’accent de la fête de Pâque et des Azymes (14,1.12) vers le
jour du sabbat et de sa préparation (15,42 ; 16,1), auquel succède le jour de la résurrection, avec
sa célébration chrétienne hebdomadaire113.
Cependant, X. Léon-Dufour est d’avis différent concernant le fait que la dernière Cène
racontée par les synoptiques futs un repas pascal. Pour lui, la contestation se trouve dans
l’évangile de Jean qui ne donne pas complètement les concordances avec les synoptiques :
« selon le texte, il eut lieu avant la Pâque (Jn 13,29)114. Il note que l’ambiance est bien pascale,
mais le sens du repas doit être recherché d’abord dans la signification ordinaire de toute
convivialité selon la mentalité sémitique115, tel Le Banquet de Platon116. Dans le récit
johannique, il n’est pas seulement question d’un repas, mais aussi d’une bouchée tendue par
celui qui le préside : marque d’hospitalité (cf. Rt 2,14) soulignant une relation intime117.
En lisant Luc, c’est à l’âge de douze ans que Jésus s’est rendit à Jérusalem avec ses parents
afin d’y prendre part à la Pâque (Luc 2,41-42). Luc, de manière laconique présente cet
événement s’arrêtant sur ce qui se passe à la fin de l’histoire : Jésus resta à Jérusalem tandis que
ses parents s’en retournaient vers Nazareth ; ils le retrouvèrent dans le Temple, au milieu des
docteurs qui enseignaient sous les portiques, les écoutant et les interrogeant (Lc 2,46). Luc fait
un écho d’Exode 12,26-27 : Quand vos fils vous diront: ‹Qu'est-ce que ce rite que vous faites?
› Vous direz: ‹C'est le sacrifice de la Pâque pour le SEIGNEUR, lui qui passa devant les
maisons des fils d'Israël en Égypte, quand il frappa l'Égypte et délivra nos maisons.› ». En effet,
nous voyons Jésus comme un enfant qui interroge les anciens pendant le repas pascal. Le
contenu de ses questions, dit P. Grelot, est supposé par l’ambiance de la fête de Pâque, qui vient
112
J. RADERMAKERS, La Bonne Nouvelle de Jésus selon saint Marc, op.cit., p. 366.
113
Ibid., p. 366-367.
114
X. LÉON-DUFOUR, Lecture de l’Évangile selon Jean, op.cit., p. 25.
115
Ibid.
116
X. LÉON-DUFOUR, Le Partage du Pain eucharistique selon le NT, Paris, Seuil, 1982, p. 46-50.
117
IDEM, Lecture de l’Évangile selon Jean, op.cit., p. 26.
~ 22 ~
de se terminer118. Que reçoit-il des docteurs en réponse ? Nous pouvons penser sans doute qu’il
reçoit le riche enseignement traditionnel qui se développait autour des textes sacrés119. Ainsi,
Jésus veut recevoir une éducation pleinement juive qui lui amènera chaque année à participer à
la joie de la célébration pascale. Et pourtant, c’est en Jésus que la Pâque va « s’accomplir » en
plénitude ; ainsi, cette première Pâque de Jésus annonce-t-elle mystérieusement la dernière120.
Le deuxième moment où nous voyons Jésus faire l’annonce de la Pâque nouvelle est au
début de son ministère public. Nous sommes à Nazareth, le village de Jésus, un jour de sabbat,
et dans la synagogue (Lc 4,16-21 ; Mt 13,54-58 ; Mc 6,1-6). Ici, il est bien connu comme le
charpentier. Il se lève pour faire la lecture. On lui présente le livre du prophète Isaïe. Il le déroule
et lit : l’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la
Bonne Nouvelle au pauvres. Il m’a envoyé proclamer aux captifs la Libération et aux aveugle
le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d’accueil par le
Seigneur. Jésus replie le livre et le rend au servant. Tous ont les yeux fixés sur lui attendant le
type de commentaire qu’il va faire suivre sa lecture. Mais Jésus annonce un autre message :
Aujourd’hui s’accomplit le passage d’Écriture que vous venez d’entendre (Lc 4,21).
Le troisième moment de la Pâque chez les synoptiques : c’est la dernière Pâque de Jésus.
Dans les récits des trois premiers évangiles et aussi chez saint Paul, chacun rend compte des
événements survenus lors de la dernière Cène du Seigneur à sa manière. Avant le repas pascal,
Jésus nous montre qu’il n’a pas de prétention sur ce qui va se passer pendant cette Pâque :
« vous le savez, dans deux jours, c’est la Pâque : le Fils de l’homme va être livré pour être
crucifié » (Mt 26,1-2 // Lc 22,1-2 // Mc 14,1-2). Jésus ne se retire plus devant la menace (cf. Mt
118
P. GRELOT-J. PIERRON, op.cit., p. 60.
119
Ibid.
120
Ibid.
121
Ibid., p. 62.
122
Ibid.
~ 23 ~
12,15 ; 14,13), mais affronte son sort, qu’il prédit en style direct et auquel il donne un sens en
le liant à la fête pascale123.
C’est au cours de ce repas que Jésus instaura la Pâque nouvelle et mangea pour la dernière
fois la Paque ancienne au milieu d’eux124. Bien plus, dit, J. Jérémias, le caractère pascal du
dernier repas de Jésus est unanimement attesté par les éléments suivants125 :
Selon 1 Co 11,23 et Jn 13,30, c’est durant la nuit qu’a eu lieu le dernier repas de Jésus ; ce
qui concorde avec Mc 14,17 et Mt 26,20 qui rapportent que Jésus vint avec ses disciples « le
soir venu » pour le repas126 car le repas pascal est un repas nocturne : la Pâque ne peut être
mangée que la nuit127.
Nous voyons que Jésus et ses disciples boivent du vin au dernier repas (Mc 14,23.25). Le
vin se buvait à l’occasion des fêtes comme celles de familles; lorsqu’on avait des convives, au
banquet de la circoncision, et aux festins des fiançailles et des noces, et aussi pendant les trois
fêtes de pèlerinage128. Le vin utilisé ici est le vin rouge qui renvoie à la comparaison entre le
vin rouge et le sang, une prescription d’utilisation du vin rouge à la Pâque, qui aurait été
obligatoire, selon Rabbi Yirmeya129.
Il est aussi remarquable qu’au dernier repas, Jésus annonce sa Passion imminente sous
forme de paroles interprétatives sur le pain et le vin. Ce qui s’inscrit dans le rituel pascal,
introduite par la question du fils (Ex 12,26s ; 13,8), et prenant sa place après la fin de l’entrée
et après le mélange de la deuxième coupe rituelle130. Mais il y a une différence entre
l’interprétation des particularités du rite pascal, et les paroles interprétatives de Jésus – la
première se rapporte avant tout au passé de l’histoire salvifique, tandis que celles de Jésus, vise
l’actualité de l’histoire du salut, dans le contexte de son repas dernier131. Deuxièmement, Jésus
ne lie pas son interprétation à la Haggadah pascale qui prend place à la fin de l’entrée,
Karpass132, mais à la prière avant et après le repas principal ; son interprétation se limite au
123
Cf. NOUVEAU TESTAMENT TOB, Mc 26,1 note l.
124
P. GRELOT - J. PIERRON, La Nuit et les Fêtes de Pâques, op.cit., p. 62.
125
J. JÉRÉMIAS, op.cit., p. 65.
126
Ibid., p. 45.
127
Ibid., p. 47.
128
Ibid., p. 52-53.
129
Ibid., p. 56.
130
Ibid., p. 59.
131
Ibid.
132
Karpass : usage de manger des légumes apéritifs avant le repas du Séder qui date de l’époque du Second
Temple, cf. A. STEINSALTZ, La Hagada. La Pâque juive expliquée à tous, Paris, Albin Michel, 2013, p. 30.
~ 24 ~
pain et au vin faisant voir le souhait de Jésus de lier sa nouvelle interprétation au partage des
mets133.
La parole interprétative sur le pain a été prononcée par Jésus à l’occasion de la prière de
table inaugurant le repas principal : c’est seulement à ce moment, insiste J. Jérémias, qu’on
disait sur le pain une prière de louange, car on ne mangeait pas du pain à l’entrée du repas
pascal134. En ce qui concerne la parole interprétative sur le vin, « celle-ci n’a pu être prononcée
qu’à l’occasion des grâces (Mc 14,23 : eucharistèsas) après le repas, puisque, selon Marc, elle
a été dite après la fraction du pain (14,22) mais avant le Hallel (14,26) »135. Jésus a donc mis à
profit les grâces du repas pascal proprement dit pour y ajouter ses paroles interprétatives sur le
pain et sur le vin136.
C’est à peine entré dans la grande salle situé à l’étage que les Douze entendent Jésus
déclarer : J'ai tellement désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. Car, je vous le
déclare, jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le Royaume de
Dieu (Lc 22,15-16). Même si Jésus insiste sur sa souffrance imminente, il ne s’empêche pas
d’ouvrir aux siens une perspective pleine d’espoir. C’est sa dernière Pâque terrestre ; mais la
Pâque eschatologique dans le royaume de Dieu va la suivre immédiatement137. Ainsi, l’attente
du Messie séculaire d’Israël touchera sa fin.
Jésus dès la première coupe, précise la pensée qu’il exprimait en entrant : Prenez-la et
partagez entre vous. Car, je vous le déclare: Je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne
jusqu'à ce que vienne le Règne de Dieu (Lc 22,17-18). Effectivement, cette parole annonce la
fin de la Pâque ancienne et la proximité du festin où Jésus boira le vin nouveau dans le Royaume
de Dieu (Mc 14,25)138. F.-X. Durrwell, voit dans cet aspect eschatologique, le mystère pascal
qu’il exprime en termes du salut : « le salut étant accompli tout entier dans le Christ et dans sa
Pâque (…) toutes les réalités sont concentrées en lui. La résurrection n’est pas seulement une
133
J. JÉRÉMIAS, op.cit., p. 65.
134
Ibid., p. 95-96.
135
Ibid., p. 96.
136
Ibid.
137
P. GRELOT - J. PIERRON, op.cit., p. 65.
138
Ibid.
~ 25 ~
anticipation de l’eschatologie (…), mais, le Christ pascal est l’eschatologie elle-même, tout
entière concentrée en lui »139.
c) Le récit du repas
Jésus est entouré par les Douze au dernier repas (Mc 14,17 ; Mt 26,20) comme il est indiqué
dans la Ḥabourah pascale : le repas pascal devait comporter au moins dix personnes140
considéré comme la moyenne car on estimait qu’un agneau d’un an pouvait rassasier dix
personnes141. D’après Jn 13,10, le dernier repas est pris en toute pureté lévitique : o leloumenos,
« celui qui a pris le bain rituel » prescrit par Nb 19,19. Cette pureté lévitique était requise pour
la manducation de l’agneau pascal, qui appartenait à la catégorie des choses sacrées de degré
inférieur142.
C’est au cours de ce repas que Jésus rompt le pain (Mc 14,18-21.22 ; Mt 26,21-25.26). Ici,
nous remarquons que l’emploie des mots esthiontôn autôn (tandis qu’ils mangeaient)
décrivaient les cours d’un repas complètement différent de l’ordinaire parce qu’ils supposent
que le repas était déjà commencé avant la fraction du pain, ce qui est surprenant selon, J.
Jérémias, car il était normal de commencer le repas ordinaire par rompre le pain143. Ce fait
inhabituel nous renvoie à l’explication donnée aux enfants sur leur demande (Ex 12,26) les
particularités du repas pascal144. Et l’une des questions que l’enfant était incité à poser est :
Pourquoi trempons-nous chaque soir le pain dans le plat, alors qu’aujourd’hui nous trempons
dans le plat sans pain ?145 Cette question de l’enfant, pour J. Jeremias montre avec certitude,
que le repas pascal était l’unique repas familial de l’année où un plat (Mc 14,20) précédait la
fraction du pain146.
Il y a la mystérieuse parole que Jésus ajoute ce soir-là au geste simple de la fraction du pain,
qui donne une signification bouleversante. Il dit : ceci est mon corps, donné pour vous. Ce qui
fait allusion claire à sa mort toute proche. Cette mort est un sacrifice rituel dont il est le prêtre
et la victime, un sacrifice de substitution, où son corps, est offert pour les siens, en expiation
139
F.-X. DURRWELL, « La Pâque du Christ selon l’Écriture », in Lectio Divina 112, La Pâque du Christ
mystère du salut. Mélanges offerts au P. François-Xavier Durrwell, Paris, Cerf, 1982, p. 12.
140
J. JÉRÉMIAS, op.cit., p. 49.
141
Ibid.
142
Ibid., p. 51.
143
Ibid., p. 51-52.
144
Ibid., p.52.
145
A. STEINSALTZ, op.cit., p. 36.
146
Ibid., p. 52.
~ 26 ~
des leurs péchés (Is. 53,10)147. Ainsi est institué un repas pascal d’un nouveau genre, où le corps
du Seigneur est consommé sous le signe du pain.
Ici, c’est le texte de Mc 14,12.14.16 qui nous fournit des éléments importants dans lesquels
nous remarquons ce qui suit : le dernier repas de Jésus a eu lieu à Jérusalem, aussi dit Jn 18,1.
Cela est bien vrai pour ce repas que Jésus a mangé avec ses disciples parce qu’il a été prescrit
que l’agneau pascal, qui faisait partie de la catégorie inférieure des choses sacrées, devait être
mangé à l’intérieur des murs de Jérusalem148. Le repas pascal était pris dans les maisons de
Jérusalem, c’est ainsi que Mc 14,13-15 présume que la chambre haute pour le repas est cédée
sans plus à Jésus et à ses disciples149 qui y ont effectué les préparatifs de Pâque, v.16.
Cependant, il est important de noter qu’au temps de Jésus et déjà auparavant il n’était plus
possible de célébrer le repas pascal, comme l’avait prescrit la réforme de Josias (Dt 16,5-7 ; 1
Ch 35,13-19), dans les parvis extérieurs du Temple vu le nombre élevé des pèlerins. Désormais,
on la faisait dans les maisons, voire dans les cours ou sur les toits de Jérusalem dont on étendait
le district urbain pour la circonstance150.
Aussi rattaché au préparatif de la Pâque est l’onction à Béthanie que selon X. Léon-Dufour
est insérant au récit de la Passion chez les synoptiques (Mt 26,6-13 = Mc 14,3-9) pour
manifester la conscience de Jésus entrant dans son épreuve151. C’est leur manière d’affronter le
scandale d’un Messie crucifié.
147
P. GRELOT - J. PIERRON, op.cit., p. 67-68.
148
J. JÉRÉMIAS, op.cit., p. 44.
149
Ibid., p. 45.
150
S. LÉGASSE, « L’Evangile de Marc », t. 2, in Lectio Divina Commentaires 5, Paris, Cerf, 1997, p. 857.
151
X. LÉON-DUFOUR, Lecture de l’Évangile selon Jean, op.cit., p. 15.
152
J. JÉRÉMIAS, op.cit., p. 90.
153
Ibid.
~ 27 ~
C’est ainsi que à chaque célébration eucharistique, le rappel et prolongement du dernier repas
de Jésus est opéré comme c’était déjà dans son temps (1 Co 5,7-8).
La Pâque pour les juifs est un temps de célébrer la Fête, la grande nuit de veille, suivie des
sept jours d’Azymes, renfermant pour eux la promesse du salut final. Cependant, pour les
chrétiens, comme l’envisage saint Paul, le salut est acquis déjà : le Christ, leur Pâque, a été
immolé, une fois pour toutes (Rom 6,10) : ils sont passés de l’esclavage à la liberté, comme
leurs pères d’autrefois (1 Co 10,1-13). Paul se sert de la vie d’Israël au désert pour montrer la
préfiguration de la vie chrétienne qui est, de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière (Col
1,12s ; Eph 5,8 ; 1 Th 5,5).
Saint Paul, invitent les chrétiens à travers l’invitation aux Corinthiens au moment de
Pâques154, à vivre le mystère de chaque anniversaire de Pâque avec foi en les exhortant :
Purifiez-vous du vieux levain pour une Pâque nouvelle puisqu’aussi bien vous êtes des Azymes.
Car notre Pâque, le Christ, a été immolée. Célébrons donc la Fête, non pas avec le vieux levain,
un levain de malice et de perversité, mais avec les azymes de pureté et de vérité (1 Co 5,7- 8).
Saint Paul, estime que la Pâque nouvelle, ici, est tout à la fois le Christ et les chrétiens qui ne
font tous ensemble qu’un seul corps avec le Christ155.
Le récit, le plus ancien156 du dernier repas de Jésus se trouve précisément dans la Première
lettre aux Corinthiens157, dans laquelle, il s’agit d’une tradition provenant du Seigneur,
exprimait dans les mots apo tou kyriou, que Paul a reçu (paralambanein) et transmise
(paradidonai) (1 Co 11, 23). Cette tradition circulait d’abord de façon autonome158. Et Paul la
rappelle aux Corinthiens pour remettre de l’ordre dans la célébration du repas du Seigneur
(11,23-25)159. Il dit : car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe,
vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne (v.26). Ainsi donc, désormais,
quand le chrétien mettra ses lèvres à la coupe de la Délivrance, son attente du retour du
Seigneur en deviendra plus forte et plus ardente160.
Le récit de l’institution à laquelle nous faisons allusion ici provient d’une tradition
autonome d’après les observations chez Marc et Luc, et il a circulé dans l’Église primitive tout
154
P. GRELOT - J. PIERRON, op.cit., p. 75.
155
Ibid.
156
J. JÉRÉMIAS, La Dernière Cène. Les Paroles de Jésus, op.cit., p. 45 note 158.
157
P. GRELOT, Le repas Seigneurial (1 Co 11,20), in Lectio Divina 112, La Pâque du Christ mystère de
salut. Mélanges offerts au P. François-Xavier Durrwell, op.cit., p. 211.
158
J. JÉRÉMIAS, op.cit., p. 112.
159
Ibid., p. 211-212.
160
P. GRELOT - J. PIERRON, op.cit., p. 74.
~ 28 ~
entière comme tradition liturgique indépendante, et cela jusqu’à l’époque de la composition des
évangiles161. Cependant, celui de l’institution de l’eucharistie chez Luc a plus d’affinités avec
le texte de Paul, tandis que les récits de Marc et de Matthieu sont très proche l’un de l’autre162.
Les seuls éléments du dernier repas de Jésus dont le souvenir a été conservé sont ceux que
reproduit la célébration eucharistique que nous remarquons ici chez Paul. P. Grelot pense que,
les deux gestes essentiels de ce repas religieux ne sont pas choisis arbitrairement ; ils ne font
que reprendre ceux que Jésus a faits lui-même la nuit où il était livré (1 Co 11,23) : gestes du
pain rompu et de la coupe de bénédiction (1 Co 10,16 – là, Paul cite les deux choses dans l’ordre
inverse). (…) Le Christ en gloire, qui ouvre sa table à l’ekklèsia réunie, est en effet
identiquement Jésus de Nazareth qui : la nuit où il était livré, prit du pain puis, ayant rendu
grâce, le rompit et dit : ‘‘Prenez, mangez, ceci est mon corps qui est brisé/donné pour vous ;
faites cela en mémoire de moi.’’163 Ces paroles sont celles du rite juif de la fraction du pain que
Jésus reprend et lui donne un sens nouveau164. Jésus en disant, ceci est mon corps, implique le
présent de la nouvelle Pâque. Et effectivement, pour réaliser la nouvelle Pâque, l’union dans la
vie divine et l’amour du peuple des enfants de Dieu, il faut que Dieu lui-même s’investisse et
soit présent avec les énergies pascales165.
Le texte est précis, dit Surgy et Carrez, par les paroles, qui est pour vous : une expression
ancienne qui ne signifie pas simplement que le pain rompu va être distribué aux disciples
présents, mais qu’elle indique les destinataires de l’Eucharistie, et donc de la Pâque du Christ166.
Elle veut dire que Jésus par-delà sa mort, demeurera la nourriture des siens et leur restera, ainsi
personnellement présent dans leur vie de disciples. Cette expression signifie aussi la valeur
libératrice, vivifiante, salvifique de la mort du Christ, dans ce récit où Jésus parle de
« la nouvelle alliance en mon sang »167.
Revenons sur les paroles prononcées sur la coupe. Saint Paul, les présente ainsi, « De même
aussi la coupe, après qu’il eut pris le repas, en disant : ‘‘Cette coupe est la nouvelle alliance en
mon sang ; faites cela chaque fois que vous en boirez, en mémoire de moi’’ » (1 Co 11,23b-
25)168. C’était l’habitude qu’à la fin du repas, le président prenait une coupe de vin et prononçait
161
J. JÉRÉMIAS, op.cit., p. 118.
162
P. DE SURGY - M. CARREZ, Les Épîtres de Paul. I Corinthiens, Paris, Bayard, 1996, p. 82.
163
P. GRELOT, op.cit., p. 212.
164
P. DE SURGY - M. CARREZ, op.cit., p. 83.
165
Ibid.
166
Ibid.
167
Ibid.
168
P. GRELOT, op.cit., p. 212-213.
~ 29 ~
une nouvelle bénédiction suivie d’action de grâces. Mais, lors du repas pascal, c’était la
bénédiction de la troisième coupe, dit P. Surgy. Et Jésus reprend ce rite en lui donnant une
portée nouvelle : la coupe est la nouvelle Alliance en son sang169 qui va réaliser une communion
vivante entre le peuple nouveau et son Dieu170.
L’expression la nuit même où il était livré, évoque l’ancienne Pâque que la Pâque nouvelle
accomplit : l’agneau pascal était la seule victime à être consommée cette nuit-là, et Jésus est
l’agneau de la nouvelle Pâque (1 Co 5,7). Par cette phrase, Paul situe l’institution de
l’Eucharistie dans le contexte de la Passion, et la relie au plan chronologique, et plus encore au
niveau de sa réalité profonde, à la mort du Seigneur171.
Enfin, par l’expression « faites cela en mémoire de moi », Jésus demande aux siens de
renouveler l’Eucharistie en sa mémoire, c.à.d. célébrer le repas du Seigneur dans le présent de
leur vie dans la nouvelle Alliance, en faisant mémoire des merveilles de la nouvelle Pâque et
en proclamant par leur célébration sa mort et sa résurrection, la mort du Seigneur, dans l’attente
de sa venue en gloire, « jusqu’à ce qu’il vienne »172.
Par l’étude de 1 Co 11, 23-25, récit plus ancienne et traditionnel du mystère pascal
accomplit dans le repas du Seigneur, trois dimensions de l’Eucharistie célébrée dans le peuple
de la nouvelle Alliance en marche ici-bas avec Dieu, sont repérable : communion actuelle au
corps et au sang du Christ ; mémoire de la dernière Cène et la mort du Seigneur, et orientation
vers la venue du Seigneur en gloire.
169
P. DE SURGY - M. CARREZ, op.cit., p. 84.
170
Ibid.
171
Ibid., p. 82.
172
Ibid., p. 85.
~ 30 ~
digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction !" (Ap
5, 12).
Cet Exode est miroité dans la description que fait l’auteur du peuple des Sauvés (Ap 7,9-
17). Ici, le sang de l’Agneau nous introduit dans un contexte pascal, cela se voit aussi dans la
fin de la vision qui reprend les termes mêmes des promesses prophétiques qui annonçaient en
Isaïe (Is 49) la nouvelle Pâque et le nouvel Exode.
173
P. GRELOT - J. PIERRON, op.cit., p. 78.
174
Ibid., p. 78.
175
Ibid., p.79.
176
Ibid., p. 78.
177
Ibid., p. 80.
~ 31 ~
semblaient particulièrement riche de sens178. Nous allons essayer d’identifier ces trois Pâques
dans l’œuvre de Jean.
« La Pâque des Juifs était proche et Jésus monta à Jérusalem. Il trouva dans
le temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes ainsi que les
changeurs qui s'y étaient installés. Alors, s'étant fait un fouet avec des
cordes, il les chassa tous du temple, et les brebis et les bœufs; il dispersa
la monnaie des changeurs, renversa leurs tables; et il dit aux marchands de
colombes: «Ôtez tout cela d'ici et ne faites pas de la maison de mon Père
une maison de trafic.» Ses disciples se souvinrent qu'il est écrit: Le zèle de
ta maison me dévorera. Mais les Juifs prirent la parole et lui dirent: «Quel
signe nous montreras-tu, pour agir de la sorte?» Jésus leur répondit:
«Détruisez ce temple et, en trois jours, je le relèverai.» Alors les Juifs lui
dirent: «Il a fallu quarante-six ans pour construire ce temple et toi, tu le
relèverais en trois jours?» Mais lui parlait du temple de son corps. Aussi,
lorsque Jésus se releva d'entre les morts, ses disciples se souvinrent qu'il
avait parlé ainsi, et ils crurent à l'Écriture ainsi qu'à la parole qu'il avait
dite ». (Jn 2,13-22).
Jésus monte à Jérusalem, mais on ne saura pas comment il a célébré concrètement les sept
jours que dure la fête179. L’évangéliste nous informe seulement d’un événement qui se déroule
dans le temple et qui a dû sérieusement perturber les préparatifs de la solennité180.
Plusieurs éléments dans ce texte mettent ce passage en relation avec la Pâque de la mort et
résurrection de Jésus : le Temple détruit et reconstruit en trois jours, faisant allusion à son
propre corps (2,21) ; la « mémoire » des disciples qui les aide à comprendre, après la
résurrection, le sens du geste de leur maître (2,22)183.
178
P. GRELOT - J. PIERRON, op.cit., p. 80.
179
B. ESCAFFRÉ, « Évangile de Jésus Christ selon saint Jean. 1- Le livre des signes (Jn 1-12) », in Cahiers
Évangile, no 145 (2003), Paris, Cerf, p. 22.
180
Ibid., p. 22
181
P. GRELOT et J. PIERRON, op.cit., p. 81.
182
B. ESCAFFRÉ, op.cit., p. 23.
183
Ibid.
~ 32 ~
Jésus se manifeste par le miracle des pains (Jn 6,1-15) qui aboutira dans le discours sur le
pain de vie (Jn 6,24-71). Ce discours se trouve aussi chez les synoptiques dont nous remarquons
chez Marc que c’était au printemps, car les gens s’asseyaient sur l’herbe verte (Mc 6,39), mais
Jean situe le discours à Capharnaüm dans la synagogue (6,59). Et il nous fournit la précision
claire : La fête juive de la Pâque était proche (Jn 6,4).
Voyons en quoi consiste ce miracle des pains, selon l’analyse de Jn 6,1-15 par B.
Escaffre184: quand Jésus voit venir la foule, il ne s’adresse pas aux gens qui s’approchent mais
se tourne vers Philippe et lui pose la question surprenante : « Où pourrions-nous acheter du pain
pour qu’ils aient à manger ?» (6,5). Philippe se laisse prendre au piège de la question et répond
en termes économiques et arithmétiques : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas
pour que chacun ait un petit morceau de pain » (6,7). Calculs justifiés : la foule ne peut pas être
rassasiée par un achat-onéreux-de pain. André intervient en signalant la présence d’un jeune
garçon porteur de cinq pains d’orge et de deux poissons, mais cela n’apporte pas plus de
solution que les calculs de Philippe : « Qu’est-ce que cela pour tant de monde ?» (6,9).
Jésus demande aux disciples d’inviter tout le monde à un repas, non pas hâtif mais quelque
peu solennel. Il prend les quelques pains et les deux poissons, ne fait ni les calculs de Philippe,
ni ceux d’André, et rend grâces. Il accomplit le geste du père de famille au début du repas
auquel il a convié la foule présente. Après la distribution, tout le monde est rassasié et il y a des
restes, ainsi nous sommes passés du calcul qui divise et ne permet pas de nourrir les personnes
au geste qui déclenche la surabondance.
Parlant du pain de la vie, A. Feuillet souligne que le pain de la vie se réfère avant tout à la
manne185. Le souvenir de ce prodige est évoqué dans toutes les parties du discours
(vv.31.32.49.5.58), et la déclaration du v.50 rappelle celle d’Ex 16,15 : C’est ici le pain que
Yahvé vous donne pour nourriture186. Jésus, dans son enseignement interprète ce prodige de la
manne d’une manière différente et plus profonde de celle de ses interlocuteurs : la manne et le
pain matériel qu’il a multiplié sont une figure grossière de la seule nourriture vraiment céleste,
184
B. ESCAFFRÉ, op.cit., p. 33-35.
185
A. FEUILLET, Le discours sur le pain de vie, Paris, Desclée de Brouwer, 1962, p. 25.
186
Ibid.
~ 33 ~
celle que Dieu doit donner au monde par l’entremise, mieux encore en la personne même du
Messie187.
J. Jérémias remarque chez Jean que même s’il ne fasse pas mention de l’institution de la
Cène du Seigneur, il rapporte la parole interprétative sur le pain dans le contexte d’un discours
de Jésus (Jn 6, 51c), parole qui n’est pas pour autant facilement reconnaissable comme telle188.
Il suppose qu’en Jn 6,51c.53-58 nous trouvons un exemple de la manière par laquelle « la
proclamation de la mort du Seigneur » a eu lieu lors de la célébration de la Cène du Seigneur
comme racontée en 1 Co 11,26189.
Nous notons avec A. Feuillet, que le caractère sémitique des termes chair et sang, les
formules manger la chair, boire le sang correspondent aux paroles prononcées par le Christ à
la Cène, et semblent présupposer l’institution du sacrement et provenir de la liturgie
eucharistique190. L’existence d’une fête pascale chrétienne déjà dans le Nouveau Testament (1
Co 5,6-8 ; Ac 20,6-7) modelée sur la Pâque juive a eu l’influence sur Jean 6 191. Cela se voit
dans les diverses questions (vv.28.30s.42.52) qui scandent le développement du discours sur le
pain de vie, comme un rappel de celles que les Juifs posaient au cours du repas pascal, et de
leur côté, les réponses que fait le Christ peuvent être comparées à celles qui étaient faites en
cette ocassion par le président du repas192.
Ce point de vue est renforcé par B. Gärtner qui souligne que les événements que raconte
saint Jean au chapitre 6 se situent au temps de la Pâque juive, et dans la synagogue de
Capharnaüm, comme nous l’avons déjà dit. À ce moment-là, les instructions synagogales, note
Gärtner, étaient commandées par la fête pascale prochaine. Donc, nous pouvons penser que
Jésus lui-même a profité de cette occasion pour mettre pour la première fois en rapport la Pâque
juive et le festin messianique193.
Avant la fête de la Pâque, Jésus sachant que son heure était venue, l'heure de passer de ce
monde au Père, lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu'à l'extrême
(Jn 13,1).
187
A. FEUILLET, Le discours sur le pain de vie, op.cit., p. 28.
188
J. JÉRÉMIAS, op.cit., p. 123.
189
Ibid.
190
A. FEUILLET, op.cit., p. 115.
191
Ibid., p. 116.
192
Ibid.
193
Ibid., p. 117.
~ 34 ~
Cependant, dans le long discours du chapitre 6, Jésus va parler de manger sa chair et boire
son sang. On retrouve donc le même enseignement, mais dans un contexte et un cadre
différents : pour les synoptiques, Jésus est à Jérusalem avant sa passion ; pour le Quatrième
évangile, il est en Galilée, près du lac ; ce n’est pas encore sa Passion, ni sa dernière Pâque,
mais le narrateur a pris soin de situer la multiplication des pains « un peu avant la Paque qui est
la grande fête des Juifs » (Jn 6,4)197.
Nous affirmons que le récit relatant le dernier repas de Jésus avec ses disciples dans le
Quatrième évangile correspond en gros à celui de la tradition synoptique (Mt 26,26-29//Mc
14,22-25//Lc 22,15-20) par le fait que les deux traditions ont en commun les éléments suivants :
le rattachement du dernier repas à la trahison de Judas Iscariote ; annonce du reniement du
Pierre, de la dispersion des disciples, et l’appel à être sauvé198. Mais, les deux récits divergent
dans leurs perspectives, par exemple, chez Jean, Jésus au lieu d’instituer l’eucharistie, procède
au lavement des pieds de ses disciples199, un geste qui représente et annonce la mort de Jésus
sur la Croix, en tant qu’agneau pascal (13,1-15)200.
Dans le récit johannique du dernier repas, nous avons les parties suivantes : une description
de l’action de lavement des pieds (13,4-5.12) ; un dialogue de Jésus avec Pierre (13,6-11) ; et
un discours explicatif par Jésus au groupe des disciples sur la portée de son action (13,12-17).
194
B. ESCAFFRÉ, « Evangile de Jésus Christ selon saint Jean. 2- Le livre de l’Heure (Jn 13-21) », in Cahiers
Évangile no 146 (2008), Paris, Cerf, p. 7.
195
IDEM, « Évangile de Jésus Christ selon saint Jean. 1- Le livre des signes (Jn 1-12) », op.cit., p. 36.
196
J-M., LAGRANGE, « L’Évangile de Jésus-Christ », in Études Bibliques (1932), Paris, J. Gabalda et Fils,
p. 494.
197
B. ESCAFFRÉ, « Évangile de Jésus Christ selon saint Jean. 1- Le livre des signes (Jn 1-12) », op.cit., p.
36.
198
X. LÉON-DUFOUR, Lecture de l’Évangile selon Jean, op.cit., p. 24.
199
Ibid., p. 25.
200
B. ESCAFFRÉ, « Evangile de Jésus Christ selon saint Jean. 2- Le livre de l’Heure (Jn 13-21) », op.cit., p.
10.
~ 35 ~
Selon, le Père Léon-Dufour, le lavement des pieds est à interpréter comme un acte d’humble
service, modèle du comportement chrétien201 à la suite de Jésus qui prend la place du serviteur.
C’est à la suite de l’ancienne Pâque qui était le passage de Yahvé (Ex 12,13), que la dernière
Pâque de Jésus, selon Jean, devient un passage de ce monde à l’autre où Jésus rejoindra son
Père. C’est un passage douloureux, puisqu’il lui faudra traverser la mort ; mais Jésus l’annonce
avec une plénitude de joie (Jn 17,13), car il retournera ainsi comme notre avant-coureur dans la
gloire éternelle du Père202. Jésus appelle sa Pâque son Heure (Jn 17,1) pour laquelle il est venu
sur terre. Cette Heure fait référence au moment de l’accomplissement du projet de Dieu, et pour
le Quatrième évangile, ce temps de Dieu se réalise à la crucifixion203. C’est l’Heure du retour
de Jésus vers le Père (13,1), donc celui de l’élévation (3,14 ; 12,32-33), de la gloire sur la Croix
(19,25-27.34).
Dès le début du Quatrième évangile, s’affirme un autre aspect du mystère pascal de Jésus :
le sacrifice de l’agneau. Que Jésus soit l’agneau de Dieu, c’est un des points essentiels du
témoignage de Jean-Baptiste : Le lendemain, il voit Jésus qui vient vers lui et il dit: «Voici
l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (Jn 1,29). Et encore : Le lendemain, Jean se
trouvait de nouveau au même endroit avec deux de ses disciples. Fixant son regard sur Jésus
qui marchait, il dit: «Voici l'agneau de Dieu.» (Jn 1,35-36). De ce témoignage de Jean, nous
voyons une allusion au portrait du serviteur souffrant brossé par le Deutéro-Isaïe : Brutalisé, il
s'humilie; il n'ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l'abattoir, comme une brebis
devant ceux qui la tondent: elle est muette; lui n'ouvre pas la bouche (Is 53,7). Le prophète
écrit encore du même personnage : Il a offert sa vie en sacrifice expiatoire. Il s’est livré à la
mort et fut compté parmi les pécheurs, tandis qu’il portait les péchés des multitudes et
intercédait pour les pécheurs (Is 53,10.12).
201
X. LÉON-DUFOUR, Lecture de l’Évangile selon Jean, op.cit., p. 27.
202
P. GRELOT - J. PIERRON, La Nuit et les Fêtes de Pâques, op.cit., p. 82.
203
B. ESCAFFRÉ, « Evangile de Jésus Christ selon saint Jean. 2- Le livre de l’Heure (Jn 13-21) », op.cit., p.
4.
~ 36 ~
Tout le récit de la mort de Jésus dans l’Évangile de Jean est une allusion explicite à l’agneau
pascal205. Jean situe la mort de Jésus au moment où, dans le Temple, les agneaux étaient
immolés pour la Pâque. Il est aussi le seul à parler d’hysope pour l’éponge mouillée tendu à
Jésus sur la Croix, l’hysope étant spécifié dans l’Exode comme ce qui servait à imprégner du
sang de l’agneau. Il est aussi le seul à préciser qu’aucun des os de Jésus ne devait être brisé
selon Ex 12,46 ; Nb 9,12206 (Jn 19,33-36). Jean le note également qu’au moment où débute le
procès public de Jésus devant Pilate, la Pâque n’était pas encore mangée : Cependant on avait
emmené Jésus de chez Caïphe à la résidence du gouverneur. C'était le point du jour. Ceux qui
l'avaient amené n'entrèrent pas dans la résidence pour ne pas se souiller et pouvoir manger la
Pâque (Jn 18,28). Comme la manducation de l’agneau pascal exigeait un état de pureté rituelle
qu’eût rompu le contact avec un lieu fréquenté par les païens impurs, l’attitude des chefs des
Juifs montre bien qu’ils n’ont pas encore mangé la Pâque : ils la mangeront la nuit qui suivra la
mort de Jésus. Cette année-là, comme nous renseigne F. Josèphe, les Pharisiens permettaient
de commencer l’immolation des agneaux rituels dès trois heures et demie207, et même, si la
Pâque tombait un jour de sabbat, une heure et demi plus tôt208 était permise. Étant le cas, cette
année-là, le jour de la crucifixion de Jésus était celui de la Parascève, c.à.d. de la préparation
du sabbat (Mt 27,26 ; Mc 15,42 ; Lc 23,54, Jn 19,31.42).
Lorsqu’à la neuvième heure du jour Jésus expira (Mt 27,46 ; Mc 15,34 ; Lc 23,44), une
énorme foule s’affairait au Temple. Les lévites n’en finissaient pas de verser sur l’autel le sang
des agneaux égorgés. Mais sur le monticule du Golgotha, hors des portes de la ville (He 13,12),
l’agneau de la nouvelle Pâque mettait un terme aux sacrifices figuratifs et portait la Paix, la
Lumière et la Vie au monde, par le sang de sa Croix (Col 1,20)209.
Nous repérons une inclusion (la répétition d’une même image au commencement et à la fin
d’une histoire) dans l’évangile de Jean qui se manifeste sur ce thème de l’agneau pascal, d’après
J. Bonnet : si, au moment où Jésus va cesser de vivre, il est identifié à l’agneau pascal, il en est
204
B. ESCAFFRÉ, « Évangile de Jésus Christ selon saint Jean. 1- Le livre des signes (Jn 1-12) », op.cit., p.
22.
205
J. BONNET, Le « Midrash » de l’Evangile de Saint Jean, Paris, SIREN, 1981, p. 33.
206
Ibid.
207
J-M., LAGRANGE, L’Évangile de Jésus-Christ, op.cit., p. 496.
208
Ibid.
209
J. BONNET, Le « Midrash » de l’Evangile de Saint Jean, op.cit., p. 33.
~ 37 ~
de même le jour de sa première apparition dans l’Évangile de Jean210. Si Jean dit que l’Agneau
de Dieu enlève les péchés du monde, c’est parce que dans le christianisme, c’est la mort de
Jésus qui délivre du péché.
CONCLUSION
Au terme de notre travail, nous notons avoir perçu les différents thèmes qui parlent de la
Pâque de Jésus. C’est cette Pâque de Jésus qui est la Pâque chrétienne. Jésus a bien mangé la
Pâque avant sa mort, dit A. Marchadour, mais, cela était la Pâque des Esséniens, selon
l’hypothèse émis par A. Jaubert211. Le Quatrième évangile nous aidé a remarqué que Jésus était
bien mort la veille de la Pâque, mais, ici il s’agit de la Pâque officielle.
Jésus en se substituant à l’Agneau pascale, a été immolé pour la libération des siens (selon
le Quatrième évangile), et par les paroles interprétatives qu’il prononça sur le pain et le vin,
devenus sa chair et son sang (selon les synoptiques et saint Paul), il a inauguré une Pâque
Nouvelle. Cette Pâque Nouvelle comme le souligne saint Paul, est un sacrifice continuel que
les chrétiens actualisent chaque fois qu’ils se réunissent pour faire la fraction du pain, dans
l’eucharistie parce que le Seigneur Jésus lui-même demanda à ses disciples réunis à table, avec
lui, de « faire ceci en mémoire de moi » (1 Co 11, 26).
« …Jésus est ressuscité des morts et Il vous crie : qui plaidera contre
moi ? Qu’il vienne ! C’est moi qui ai délivré le condamné, c’est moi qui
ai vivifié le mort, c’est moi qui relève l’enseveli. Qui me conteste ? c’est
moi, dit le Christ, c’est moi qui ai aboli la mort, qui ai vaincu l’ennemi,
qui ai piétiné l’enfer, qui ai lié le fort, qui ai ravi l’homme au plus haut
des cieux, c’est moi, dit-Il, le Christ. Venez donc, tous les peuples
d’hommes qui étaient englués dans le mal, recevez le pardon de vos
péchés. Car je suis votre pardon, je suis la pâque du salut, je suis votre
lumière, je suis votre sauveur, je suis votre résurrection, je suis votre
210
J. BONNET, Le « Midrash » de l’Evangile de Saint Jean, op.cit., p. 33.
211
A. MARCHADOUR, L’Évangile de Jean, Paris, Bayard, 1992, p. 189-190.
212
ÉPHRAÏM, Jésus. Juif pratiquant, Tournai, Fayard, 1987, p. 326.
~ 38 ~
roi. Je vous emporte vers le faîte des cieux, je vous montrerai le Père
Éternel, je vous ressusciterai de ma main droite… »213
C’est toujours remarquable que dans la fête chrétienne de Pâques, la mort du Christ notre
Pâque, n’était pas séparée de sa résurrection, ni la résurrection de sa mort sur la Croix. Ce sont
là les deux volets d’un dyptique, les deux aspects d’un même mystère : souffrance et gloire,
deux aspects inséparables dans la vie du Fils de Dieu fait homme, comme dans la grâce de salut
approprié par Lui aux siens : Le Christ est mort pour nos péchés et ressuscité pour notre
justification (Rm 4,25). La Pâque du Christ, mystère de mort et de résurrection, redevient ainsi
pour tout chrétien une réalité actuelle. Il le vit dans son baptême dont sa spiritualité garde
comme parfum la Pâque.
213
MÉLITON DE SARDES, Traité sur la Pâque, Sources Chrétiennes, vol. 123, Paris, Cerf, 1966, p. 203.
~ 39 ~
LES CONVERGENCES
i) La préparation de la Pâque
Jésus fait préparer la Pâque (Mt 26,17-19) par l’envoi de ses disciples dans la ville, et ils
préparèrent la chambre haute. Jésus suit la réquisition ancienne qu’avant la célébration de la
Pâque, il faut se préparer extérieurement par la recherche des pains levés et les vieux levains,
et procéder à leur destruction. Nous voyons là comment le Christ est enfoui comme un levain
nouveau dans la pâte humaine214, à l’heure de la préparation de la Pâque juive (Jn 19,42), c.à.d.
à la tombée de la nuit, l’heure à laquelle on allumait les lampes du Sabbat (Lc 23,54), et l’heure
où toute trace de vieux levain devait avoir disparu des maisons215.
La nouvelle Pâque est restée un repas sacrificiel comme l’ancienne Pâque. Il s’agit d’un
sacrifice au sens propre ; cela se voit dans les paroles que Jésus prononce sur le pain et le vin :
« Prenez et mangez, c’est mon corps livré pour vous ; Buvez-en tous, c’est mon sang versé pour
la multitude » (Mt 26, 26-27 ; Lc 22,19-20). Ces paroles de Jésus sont à comparer avec celles
que prononça Moïse : « Ceci est le sang de l’Alliance que Yahvé a conclu avec vous moyennant
toutes ces clauses » (Ex 24,8). Cela manifeste clairement la place de l’Eucharistie dans l’histoire
du salut, le lien indissoluble entre la première et la deuxième Alliance, entre les prophéties et
la réalisation216.
214
L. CORLAY, Pâques. Le fil conducteur de la Bible, Paris, Médiaspaul, 1984, p. 72.
215
Ibid.
216
ÉPHRAÏM, Jésus. Juif pratiquant, op.cit., p. 328.
~ 40 ~
Les deux Pâques sont des repas d’Alliance. Le texte d’Ex 24,11 montre le lien étroit entre
la Pâque d’Égypte et le pacte du Sinaï. Dieu, en cette nuit égyptienne avait sauvé les Israélites,
les arrachant à la domination du Pharaon et acquérant ainsi un droit sur ces gens qui
composeront bientôt le peuple choisi. Le repas pascal, dans la tradition future, apparaît comme
le prélude, l’ouverture de cette route de l’Exode dont la grande étape serait le Sinaï, et le grand
événement l’Alliance217.
Le récit de la Pâque (Ex 12,1-20) qui est intercalé entre l’annonce de la 10e plaie (Ex 11,4-
10) et sa réalisation (Ex 12,29-34), fait rattacher le repas pascal au « passage » de Dieu à travers
le pays d’Égypte : tandis que les Égyptiens sont atteints par les morts des premiers-nés,
l’Exterminateur épargne les maisons marquées du sang de l’agneau pascal. En outre, le repas
pascal étant un prélude de l’Exode, alors, il y a, déjà, passage virtuel de la servitude à la liberté.
Les événements : Pâque, 10e plaie, et autorisation de partir, fait un ensemble. Cependant, cette
liberté reste conditionnelle, en ce que, Dieu la dépose aux mains d’un médiateur, Moïse. C’est
lui qui les guidera dans leur itinéraire de libération. D’ailleurs, cette liberté étroitement liée à
l’entrée dans la Terre Promise, devra être conquise par un choix personnel : en face des
difficultés du désert, les avantages matériels de l’ancienne servitude pourront apparaitre
supérieurs et constituer une véritable tentation (Ex 14, 11-12 ; Nb 14,1-4 ; Dt 8,2)218. De même,
la Pâque de Jésus est un repas du salut ; un passage de la servitude (péché et mort) à la liberté
(pardon et vie).
En lisant Deutéronome 16, 1.3, la commémoration de la fête de Pâque pour les Juifs n’est
pas un simple anniversaire : c’est au mois d’Abib que Yahvé ton Dieu t’a fait sortir, de nuit,
d’Égypte ; c’est en toute hâte que tu as quitté le pays d’Égypte. Il fallut encore la précision de
la Mishna, quelques 6 siècles plus tard : « chacun est obligé de se considérer, de génération en
génération, comme s’il était lui-même sorti d’Égypte »219. Alors, la première Pâque visait le
salut immédiat d’Israël par Dieu, dont les Pâques qui suivront constitueront un souvenir. Or la
représentation liturgique de l’événement de salut le rend actuellement présent (Ex 12,42). Donc,
217
ÉPHRAÏM, op.cit., p. 853.
218
J. DHEILLY, Dictionnaire Biblique, Tournai, Desclée, 1964, p. 854.
219
Traité Pesahim 10,5 cité par J. DHEILLY, Dictionnaire Biblique, op.cit., p. 854.
~ 41 ~
ce ne sont pas seulement les Hébreux vivant en Égypte que Dieu a sauvés ; c’est le peuple choisi
en tant que tel. Aussi chacun de ses membres, à chaque génération, est-il bénéficiaire de ce
salut220. Cela est poursuivi dans la Pâques chrétienne, dans l’histoire, à travers le salut réalisé
une fois pour toute par Jésus. C’était une action permanente que Jésus a opéré.
Ce repas de Jésus avec ses apôtres se termine par le chant des Psaumes (Mc 14,26 et Mt
26,30) tout comme est prescrit dans la Haggadah pascale. En effet c’est depuis la sortie
d’Égypte que le chant du Hallel (Ps 113 à 118) accompagnait chaque année la consommation
de l’agneau pascal et sert toujours, dans le judaïsme, de conclusion au récit de la Haggadah
pascale221.
LES DIVERGENCES
a. L’institution de l’Eucharistie
C’est au cours du repas pascal que Jésus affirme d’avoir désiré manger cette Pâque avec
ses apôtres (Lc 22,15). Ce qui est nouveau est que c’est pendant qu’ils mangeaient que Jésus
institue l’Eucharistie. Les évangiles Synoptiques et la tradition paulinienne du récit de la Pâque
nous ont bien montré cela. Ainsi, la nouvelle Pâque se réalise à l’intérieur du rituel ancien,
même s’il n’y a pas manducation d’agneau rituellement immolé comme vu dans le Quatrième
évangile.
220
J. DHEILLY, Dictionnaire Biblique, op.cit., p. 854.
221
ÉPHRAÏM, op.cit., p. 331.
222
J. DHEILLY, op.cit., p. 855.
223
L. CORLAY, Pâques. Le fil conducteur de la Bible, op.cit., p. 71.
~ 42 ~
la Croix est assimilé par l’évangéliste à l’agneau rituel du repas pascal dont aucun de ses os n’a
été brisé224.
Un autre élément est que le soir de son dernier repas, Jésus reste dans la ville de Jérusalem,
surpeuplée parce qu’il était prescrite que l’agneau pascal devait être mangé à l’intérieur des
murs de Jérusalem225. Mais, dans l’optique d’accomplir les Écritures, Jésus, face à la passion et
mort, estime qu’un prophète ne doit pas mourir hors de Jérusalem (Lc 13,33), comme dit P.-M
Beaude226, ce qui est un sens nouveau par rapport à la dite prescription.
Comme l’ancienne Pâque, la nouvelle Pâque est un repas d’Alliance. C’est la nouvelle
Alliance, qui surélève les éléments de la précédente. « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance
nouvelle227 qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26,28). Jésus
par son sacrifice de sang versé sur la Croix, et qui scelle cette nouvelle Alliance, acquiert le
droit sur tous les hommes qu’il sauve. Il mène à terme aussi, l’Alliance qui, jadis avait été
scellée au Sinaï par le sang des victimes (Ex 24,4-8) ; il annonce implicitement que s’accomplit
aussi l’Alliance nouvelle prédite par les prophètes (Jr 31,31-34), et il proclame la valeur
universelle de son sacrifice pour la multitude, c’est-à-dire, selon le sens sémitique de la formule,
pour l’ensemble des hommes (cf. Is 53,12)228 ; la nouvelle Pâque n’est pas seulement spirituelle,
par son caractère universel, elle s’adresse à l’humanité entière229. Ainsi tous les hommes
peuvent conclure avec Dieu cette nouvelle Alliance dont le sacrifice du Christ en est le moyen.
Ainsi, dans la pensée du Christ, les deux thèmes de l’Alliance et de la Pâque se compénètrent :
la nouvelle Alliance se conclut au cours du repas pascal. Alors, c’est quand le chrétien
participera à la Pâque du Christ, qu’il fera Alliance avec Dieu ; quand il mettra le sang du Christ
sur les linteaux de son âme qu’il recevra le salut230.
224
J. DHEILLY, op.cit., p. 855.
225
ÉPHRAÏM, op.cit., p. 327.
226
P.-M. BEAUDE, L’Accomplissement des Écritures, Paris, Cerf, 1980, p. 316.
227
Ajout de la Vulgate selon J. Dheilly.
228
TOB, Mt 26,28, note j.
229
J. DHEILLY, op.cit., p. 855.
230
Ibid., p. 856.
~ 43 ~
le souvenir, la conclusion de la première alliance et tout ce qui s’y rattachait, esquissaient sur
un plan inférieur les traits de son sacrifice et du Royaume fondé par lui231.
La Pâque de Jésus est un repas du salut tout comme l’ancienne Pâque. C’est un passage de
la servitude à la liberté. Cependant, la servitude dont on fait référence ici, est celui du péché,
qui est effacé dans la Pâque nouvelle. Ce qui est nouvelle de plus, est que la réconciliation de
l’homme avec Dieu, dépend du médiateur Jésus, sans qui le salut ne peut se faire. Il y a aussi
dans cette Pâque nouvelle, la supposition d’un choix personnel : le rejet du péché et
l’acceptation de la Loi nouvelle.
Comme la première Pâque visait le salut immédiat d’Israël par Dieu, dont les Pâques qui
suivront constitueront un souvenir, la Pâque de Jésus s’est étendu à toute l’humanité. Jean se
démarque de la conception juive de l’histoire de salut, de l’Exode, dit, J. Casey, quand il
proclame que ce n’est pas une histoire, fut-ce une histoire sainte, mais une espérance accomplie
dans le Christ et un paradigme de l’action constante de Dieu en faveur de son peuple 232. Mais,
à la différence du salut dans la Pâque juive, ce salut nous atteint personnellement quel que soit
l’éloignement qui nous sépare de la Pâque du Christ233. C’est pour cela que chaque année, selon
Dheilly, la liturgie nous en rappelle l’anniversaire pour que notre choix s’actualise à nouveau
et qu’ainsi nous participions d’une présence plus active à ce mystère de salut234. Ainsi, plus que
l’ancienne Alliance, le mémorial de la Passion, Mort et Résurrection de Jésus c.à.d.
l’Eucharistie, se fait action de grâce personnelle.
Pour l’ancienne Pâque, aucun incirconcis ne peut y participer, puisqu’il n’appartient pas au
peuple choisi. Mais, s’il s’est agrégé à la communauté d’Israël, s’il participe à la même
espérance, il peut célébrer la Pâque (Ex 12,43-49). C’est pour souligner la pertinence de
célébrer la Pâque pour tout Juif sans empêchement que cette prescription a été émise. Sinon il
risque d’être frappé d’une excommunication (Nb 9,13), s’il y manque sans raison grave. La
différence principale avec l’ancienne Pâque se trouve dans la dimension que la nouvelle
231
P. GRELOT, Sens Chrétien de l’Ancien Testament, Tournai, Desclée & Co, 1962, p. 24.
232
J. CASEY, Le thème de l’Exode dans l’Apocalypse sur fond de Nouveau Testament, in Concilium 209
(1987), L’Exode et ses relectures, Paris, Beauchesne, p. 47.
233
J. DHEILLY, op.cit., p. 856.
234
Ibid.
~ 44 ~
Alliance propose : tous les hommes peuvent y participer, puisque tous sont appelés, et les seuls
qui ne sont pas purifiés (spirituellement) en sont incapables. Mais, pour rejoindre la prescription
de Nb 9,13, un chrétien qui se prive de célébrer la Pâque délibérément, se retranche en fait de
la communauté chrétienne.
À travers le thème de la Pâque chez saint Paul et aussi dans l’Apocalypse, nous relevons
ces différences avec la Pâque ancienne.
Saint Paul dans la première épître aux Corinthiens, mentionne que : « Notre Pâque, le Christ
a été immolé ». C’est le rapprochement qu’introduit Paul en parlant du Christ agneau pascal (1
Co 5,7)235. De cette indentification du Christ avec l’agneau pascal, Paul nous présente une
exégèse symbolique dont nous tirons les conclusions pratiques suivantes : la première est dans
le symbolisme des azymes : il faut enlever de soi le vieux levain spirituel (malice et perversité)
pour célébrer la fête avec des azymes de pureté et de vérité (1 Co 5,7-8). La deuxième est dans
la portée eschatologique de la Pâque chrétienne que saint Paul nous montre. J. Dheilly, note
que déjà un semblable caractère tendait à s’exprimer à propos de la Pâque ancienne dans les
années qui précédèrent la venue du Christ236. C’est par exemple le cas de Rabbi Aqiba dans la
prière qui termine le rite pascal : « Que Yahvé (…) nous fasse ainsi parvenir en paix à d’autres
solennités et fêtes qui viennent à notre rencontre »237.
Alors, saint Paul va accentuer cette note en disant : Vous annoncez la mort du Seigneur,
jusqu’à ce qu’il vienne (1 Co 11,26). La Pâques chrétienne n’est pas seulement un mémorial,
elle est un repas liturgique qui rend présent la mort du Seigneur, et aussi un repas d’attente : il
s’agit ici de la Parousie souhaitée par l’Église (Ap 22,20). Effectivement, c’est ce qui est
exprimé dans certaines paroles de Jésus chez les Synoptiques : quand Jésus dit, « Je ne mangerai
plus jamais cette Pâque avant qu’elle ne s’accomplisse en sa perfection dans le royaume de
Dieu (Lc 22,16), il pointe alors une Pâque à venir. Le Royaume de Dieu a une part sur terre et
un achèvement auprès de Dieu. Le sacrifice eucharistique est cette Pâque achevée en perfection.
Cependant, il faut encore dépasser ce stade et songer à cet Agneau immolé dont parle
l’Apocalypse et qui est en lui-même la Pâque permanente de l’éternité. Par sa référence au
Christ comme à « celui qui nous a lavés de nos péchés par son sang » (Ap 1,5b), Jean attire
notre attention sur les conceptions vétéro-testamentaires de l’efficacité et de la puissance du
235
C. WEINER, Le livre de l’Exode, in Cahiers Évangile, no 54 (1985), Paris, Cerf, p. 55.
236
J. DHEILLY, op.cit., p. 856.
237
Ibid.
~ 45 ~
sang sacrificiel, dit Casey238. Mais en ajoutant la phrase d’Ex 19,6 : et il a fait de nous un
royaume, des prêtres pour son Dieu et Père (cf. v.6), Jean, sans nier l’importance de la mort de
Jésus produisant expiation, purification ou sanctification, donne la priorité à une conception de
ce sacrifice comme sang versé pour libérer les hommes du péché afin qu’ils servent Dieu
comme rois et prêtres, comme un peuple saint239. Ainsi donc, le sacrifice de Jésus est celui d’un
Agneau pascal nouveau et plus grand, dont la mort rédemptrice effectue un Exode nouveau et
plus grand240.
Le texte plus primitif, selon Marc dit : « jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’au
jour où je le boirai, nouveau, dans le Royaume de Dieu » (Mc 14,25), ce que Luc rend ainsi,
« Je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu’au moment où le Règne de Dieu sera venu (Lc
22,17-18). Ce texte nous renvoie à la « Pâque eschatologique » qui rejoint la parabole du festin,
déjà présente dans l’Apocalypse d’Isaïe (25,6), et reprise par Jésus dans la parabole du festin
des noces (Mt 8,11 ; 22,2-10 ; Lc 14,15-24)241, et Ap 19,9.
CONCLUSION
Nous avons montré dans cette troisième chapitre de notre travail, les points de convergence
et de divergences entre la Pâque juive et la Pâques chrétienne, notamment que c’est à l’intérieur
de la Pâque juive que Jésus institue l’Eucharistie par les paroles interprétatives qu’il prononça
sur le pain et le vin, ce qui restera signe et mémorial de sa Passion, Mort et Résurrection. Il
ouvra aussi la porte à toute l’humanité à célébrer sa Pâque à la différence de la Pâque juive qui
est retreinte aux seuls peuples juifs.
238
J. CASEY, Le thème de l’Exode dans l’Apocalypse sur fond de Nouveau Testament, op.cit., p. 48.
239
Ibid.
240
Ibid.
241
J. DHEILLY, op.cit., p.857.
~ 46 ~
CONCLUSION GÉNÉRALE
Au premier chapitre, nous avons parlé de la Pâque juive. Premièrement nous avons présente
son arrière-fond dans les pratiques des fêtes de printemps chez les peuples sémites anciens du
Proche-Orient ancien. Deuxièmement nous avons présenté les articulations principales de de la
Pâque d’Israël tout en affirmant avec R. De Vaux qu’il y eût, en un certain printemps, une
intervention éclatante de Dieu, par laquelle il sauva Israël de l’esclavage en Égypte. Cette
intervention marquera le début de l’histoire d’Israël comme peuple, et comme peuple élu de
Dieu, et prit fin à son installation dans la Terre Promise. C’est alors que les fêtes de la Pâque et
des Azymes servirent à commémorer cet événement phare de l’histoire du salut dans le
judaïsme. À cause de cela le rituel de la Pâque juive nous invite tous de génération en génération
à se considérer comme étant sortie d’Égypte c.à.d. nous sommes sauvé par Dieu, nous sommes
rendu libre spirituellement.
En sus ; nous avons souligné que l’expression la Pâque de Jésus renvoie à la Pâques
chrétienne car la Pâques chrétienne suit la réinterprétation de la Pâque juive faite par Jésus
avant sa mort. C’est alors que nous nous sommes intéressés aux instances de la Pâque
mentionnées dans les évangiles synoptiques, ainsi que le Quatrième évangile; dans lesquels
nous avons relevé les thèmes de la Pâque juive reprises sous une autre forme chez saint Paul et
dans l’Apocalypse. Ils expriment et dévoilent les mystères de la Rédemption définitive qu’opère
Jésus dans sa Pâque. Ils apparaissent tout d’abord dans la prédication de Jésus, mais ils
dominent surtout le récit de la Cène et de l’institution du nouveau repas pascal (Eucharistie) qui
est commun aux trois premiers évangiles et à Saint Paul. Saint Paul a mis en exergue le thème
~ 47 ~
de « Le Christ, Notre Pâque a été immolée », tandis que dans l’Apocalypse c’est le thème de
Jésus « Agneau immolé ». Pour saint Jean tout le ministère de Jésus est organisé autour de trois
fêtes de Pâque. Il présente le Seigneur comme l’Agneau de Dieu, qui, sur la Croix, porte les
péchés du monde et inaugure l’Exode définitif, pour nous introduire, à sa suite, auprès du Père.
Jésus en se substituant à l’Agneau pascale, a été immolé pour la libération des siens (selon le
Quatrième évangile), et par les paroles interprétatives qu’il prononça sur le pain et le vin,
devenus sa chair et son sang (selon les synoptiques et saint Paul), il a inauguré une Pâque
Nouvelle. Cette Pâque Nouvelle comme le souligne saint Paul, est un sacrifice continuel que
les chrétiens actualisent chaque fois qu’ils se réunissent pour faire la fraction du pain, dans
l’eucharistie parce que le Seigneur Jésus lui-même demanda à ses disciples réunis à table, avec
lui, de « faire ceci en mémoire de moi » (1 Co 11, 26).
Enfin ; le troisième chapitre, a porté sur la synthèse des thèmes des deux chapitres
précédents, en relevant les points qui montrent la continuité, et la discontinuité entre la Paque
juive et la Pâques chrétienne. Nous avons montré, pour reprendre un peu ce qui est dit, que c’est
à l’intérieur de la Pâque juive que Jésus institue l’Eucharistie par les paroles interprétatives
qu’il prononça sur le pain et le vin, ce qui restera signe et mémorial de sa Passion, Mort et
Résurrection. Il ouvra aussi la porte à toute l’humanité à célébrer sa Pâque à la différence de la
Pâque juive qui est retreinte aux seuls peuples juifs. La Pâques chrétienne comme la Pâque
juive est une histoire toujours actuelle de salut des hommes commencée dans les temps anciens
et récapitulé en Jésus. Tous les deux sont des repas sacrificiel, des repas d’alliance, des repas
du salut, de libération, mais il y des nouvelles significations dans la Nouvelle Pâque qu’institua
Jésus. Nous avons aussi remarqué que parmi les distinctions entre la Pâque juive et celle
chrétienne, Jésus a pris la place de l’agneau pascal. Il devient lui-même l’agneau pascal qui est
immolé sur l’autel de la Croix pour le pardon des péchés de tous ainsi faisant le peuple racheté
de la mort à la vie auprès du Père.
~ 48 ~
BIBLIOGRAPHIE
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ÉPIGRAPHE ...................................................................................................................... ii
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