Dossier : Fours & équipements
32 | Traitements & Matériaux 427 Mars - Avril 2014
Classification des fours
de traitement thermique
Claude Leroux, consultant
La famille des fours de traitement thermique est large. Au sein des fours à charge et les
fours continus, plusieurs catégories existent qu’il est possible de distinguer selon leur milieu
de chauffage ou leur concept général.
L
e type de chauffage « électrique »
ou « au gaz », ne fait pas partie des
critères de classement même si, lors
du choix, il faut décider lorsque cela
est possible, quel mode de chauf-
fage est choisi. Pour les basses tempéra-
tures (< 700 °C), l’électricité s’impose le plus
souvent. Pour les fours sous vide, le chauf-
fage au gaz est exclu. À cette exception près,
pour des températures < 1 000 °C, il est pos-
sible, quelle que soit la conception du four,
de choisir l’un de ces deux modes de chauf-
fage. Pour les plus hautes températures, le
chauffage électrique est indispensable. Les
fours à bains de sels à électrodes sont natu-
rellement électriques. Certains concepts de
four sont mieux adaptés au chauffage élec-
trique, comme les fours à cloche. On dis-
tingue deux grandes catégories : les fours à
charge et les fours continus qui vont se sub-
diviser selon le milieu de chauffage (atmos-
phère) ou leur concept général.
• Le milieu de chauffage (atmosphère)
La pression dans les fours à air est la pres-
sion atmosphérique, les fours sous atmos-
phère contrôlée (neutre ou active) sont en
Fours à charge ou fours continus
Four à air Four sous atmosphère
« sans atmosphère » contrôlée
FIGURE 1 : Subdivision selon le milieu de chauffage.
légère surpression afin d’éviter les entrées
d’air extérieur, les fours sous basse pression
sont étanches et mis en dépression par pom-
page continu. On parle de vide lorsque la pres-
sion est inférieure à 0,1 mbar (on parlera de
basse pression ou pression réduite pour des
valeurs de quelques mbar ; cas de la cémen-
tation (entre 3-20 mbar).
• Le concept général (figure 2)
Subdivision des fours à charge
horizontaux
FIGURE 2 : Subdivision de conception des fours.
Certains fours à chambre peuvent être multi-
chambres ou multicellules, le plus souvent à
deux chambres de traitement précédées par gaz et un sas de trempe huile. Les différentes
un sas d’enfournement et terminées par un chambres sont séparées par des portes inter-
sas de défournement contenant le bac de médiaires relativement étanches, actionnées
trempe. Ces fours sont proches des fours par des vérins.
continus puisque sous réserve d’une bonne Dans le cas des fours à chariot ou à sole mobile,
synchronisation des temps de séjour, il peut la présence de deux chariots ou soles permet
y avoir jusqu’à cinq charges présentes dans d’avoir une sole en traitement et une sole en
l’installation : une charge entrante, deux déchargement ou préparation. Le plus souvent
charges en traitement se déroulant en deux le four est traversant doté de deux portes pour
séquences de longueur identique, une charge sortir un chariot alors que l’autre rentre. Si
en sortie. Si ce concept est appliqué aux fours le four n’est pas traversant, il peut y avoir un
sous vide, il peut y avoir un sas de trempe système de translation latérale devant le four.
Fours à chargement horizontal avec ou sans moufle (mouflé ou non mouflé)
Four sous basse pression Four monochambre à chariot ou sole Four rotatif Four multicellule
ou sous vide ou multichambre à bac mobile
de trempe incorporé (1 ou 2 soles)
FIGURE 3 : Subdivision des fours à charge horizontaux

© ECM Technologies
Four multicellule ECM Technologies.
Les fours multicellules sont soit conçus avec
une mobilité de la ou des cellules de traitement
devant les moyens de refroidissement (bac de
trempe, cellule de refroidissement sous gaz)
soit avec une mobilité des moyens de refroi-
dissement devant les cellules de traitement.
Il peut également y avoir une cellule mobile
de transfert des charges des cellules de trai-
tement vers les cellules de refroidissement.
Subdivision des fours
à charge verticaux
Fours verticaux
Four à Four à sole Four à Four puits –
cloche élévatrice élévateur four à pot
(1 ou 2 soles)
FIGURE 4 : Subdivision des fours à charge verticaux.
© Solo
Four à cloche Solo.
Le principe du four à cloche est d’avoir la pos-
sibilité d’une ouverture verticale de l’ensemble
de la cellule de chauffe au-dessus de la charge
placée sur une sole fixe. Il peut y avoir deux soles
pour une cellule de traitement, permettant le
chargement et le déchargement en temps mas-
qué. La cloche est déplacée latéralement pour
aller se placer sur la sole chargée. Ces fours
peuvent être dotés d’un moufle étanche (ou pot)
pour les traitements sous atmosphère contrô-
lée. Ce type de four est particulièrement uti-
lisé pour les recuits sous azote ou sous hydro-
gène (recuit de globulisation des coils de fils
pour l’obtention de pièces réalisées par mise
en forme à froid). L’inconvénient est l’espace
occupé en hauteur (deux fois la hauteur du four).
Terminologie
Traitements & Matériaux 427 Mars - Avril 2014 | 33
Lexique complémentaire
sole :
partie supportant la charge dans le laboratoire ou chambre de chauffage du four. La sole peut être
constituée d’éléments en alliage réfractaire (tuiles emboîtées) en céramique, de supports type
chenets, de rails métalliques ou en graphite pour les fours sous vide.
moufle :
carcasse interne placée dans le laboratoire du four, il peut être étanche (cas des pots) ou ouvert,
destiné à favoriser la circulation des gaz d’atmosphère et réduire les effets du rayonnement direct
des éléments chauffants. Les moufles sont en alliage réfractaire ou en céramique. Les fours sous
vide sont particuliers, la carcasse étanche est à double paroi métallique refroidie par l’eau. La par-
tie laboratoire chauffant appelée « hot zone » par les anglo-saxons, appelée « casing » en France,
est constituée soit d’une carcasse métallique sur laquelle sont accrochées des plaques de feuilles
de molybdène (les résistances sont des barreaux de graphite ou de molybdène ou de tantale pour
les très hautes températures > 1400°C), soit de plaques de graphite haute densité et de résistance
en graphite. Les supports de charge sont en graphite sauf sur les fours entièrement métalliques
(pour des raisons de risque de contamination par le graphite) où ils sont en molybdène.
résistor :
ensemble du système chauffant par résistance.
tube radiant :
tube en alliage métallique moulé ou roulé soudé, ou en céramique, recevant la source de chauf-
fage : brûleur à gaz ou résistance électrique. Les tubes radiants sont nécessaires pour éviter la
présence des gaz de combustion dans le laboratoire ou pour protéger les résistances de l’action
des gaz d’atmosphère.
convection forcée :
la convection de l’atmosphère gazeuse (air ou atmosphère contrôlée) est un élément essentiel d’ob-
tention de l’homogénéité de température et des réactions thermochimiques éventuelles. À haute
température, la convection naturelle est importante, le brassage d’atmosphère est moins crucial,
toutefois pour les traitements thermochimiques, elle est indispensable. Pour les plus basses tem-
pératures (150 à 700 °C) la convection naturelle est insuffisante. Le laboratoire est doté d’une ou
plusieurs turbines de brassage dont le placement et le sens de rotation sont choisis en fonction du
dessin du moufle, celui-ci contribuant à la bonne circulation des gaz. En général, on fait en sorte
qu’il y ait une circulation du bas vers le haut.
rayonnement :
lors du chauffage par convection, la chaleur est transmise à la charge par les gaz qui sont réchauf-
fés au passage sur la source de chauffage, selon la température de la source de chauffage il y aura
une propagation de la chaleur par effet de rayonnement de la source chaude vers la source froide
(selon les lois du rayonnement), le rayonnement n’est vraiment efficace qu’au-delà de 800 °C,
d’où la difficulté d’obtenir un chauffage efficace dans les fours sous vide (sans aucune convec-
tion) aux basses températures, nécessitant une purge par le vide suivie d’une réintroduction d’un
gaz neutre pour obtenir la convection. Noter dans le cas d’un chauffage par rayonnement, l’im-
portance de la position des éléments rayonnants par rapport à la charge.
isolation :
le rendement de chauffage dépend de l’isolation destinée à réduire les pertes par les parois. On
estime que les parois extérieures d’un four ne doivent pas dépasser 40°C. Trois types d’isolation
sont utilisées : les matériaux minéraux lourds (briques réfractaires), les matériaux minéraux
légers (briques réfractaires en béton cellulaire), les matériaux fibreux (laine de roche, laine de
céramique) le plus souvent en nappe.
Dossier : Fours & équipements
34 | Traitements & Matériaux 427 Mars - Avril 2014
Sur les fours à sole élévatrice largement uti-
lisés pour les fours sous vide, la cellule de
traitement est placée en hauteur (équiva-
lente à la hauteur de la charge utile). La sole
qui tient lieu en même temps de support de
charge et de couvercle monte à l’aide d’un
système d’élévation par chaînes après son
chargement au niveau du sol. Le plus sou-
vent, la sole peut être translatée vers l’avant
ou sur le côté pour faciliter le chargement, il
peut y avoir deux soles permettant les char-
gements ou déchargements en temps masqué.
Ces fours nécessitent naturellement une hau-
teur d’atelier importante qui peut être encore
augmentée de la distance nécessaire à l’ex-
traction de la turbine de convection, lors des
maintenances si celle-ci est placée en voute.
Le four à élévateur est proche de la sole élé-
vatrice, mais dans cette désignation la charge
est placée dans une nacelle tractée depuis le
four dont la porte (souvent de type guillotine)
est indépendante. Ce type de four est notam-
ment utilisé pour la trempe des alliages légers ;
le bac de trempe est placé directement sous
le four de façon à réduire le temps de trans-
fert de la charge lors de la trempe.
Les fours puits sont spécialement adaptés aux
pièces longues devant être traitées verticale-
ment, c’est un choix également adapté à toute
morphologie de pièces. Ils nécessitent logique-
ment d’être placés en fosse, leur placement
au sol nécessite une plateforme de travail et
une hauteur sous plafond deux fois supérieure
à la profondeur du four. Les fours non mou-
flés permettent de transférer la charge vers
un bac de trempe. Ces fours sont souvent « à
pot », on parle simplement de « fours à pot ».
Four à sole tournante AFC Holcroft.
© BMI Fours industriels
Four sous vide à sole élévatrice.
© AFC Holcroft
Le pot métallique étanche permet de réaliser
des traitements sous atmosphère contrôlée,
neutre ou active. Un four peut être équipé de
trois pots avec en plus de la station de traite-
ment une station de préparation – chargement
et une station de refroidissement – décharge-
ment. La trempe directe n’est évidemment
pas possible. La charge est posée sur le fond
du four ou sur le fond du pot (ce qui limite le
poids), il est également possible de suspendre
la charge sur le couvercle.
Fours à creuset (bains de sels)
L’application des traitements en bains de sels
est en voie de réduction importante, il reste
notamment l’application pour les traitements
de nitrocarburation en bains de sels. Jusqu’à
des températures de l’ordre de 1 000 °C, les
fours sont à creuset métallique ou en tôle d’al-
liage réfractaire (ou titane pour les nitrocar-
burations) ; pour les températures les plus
élevées, on doit utiliser des cuves en réfrac-
taire minéral (briques ou béton réfractaire).
Le chauffage s’effectue soit avec des élec-
trodes plongeantes ou immergées, soit avec
des électrodes submergées (type « Upton »)
placées au fond du creuset. Cette conception
ne tolère pas un arrêt du chauffage. Dans ce
cas, il faut vider le creuset de son sel afin d’évi-
ter sa solidification.
Fours à lits fluidisés
Ces fours verticaux, de type puit ou à creu-
set, sont constitués d’une cuve dont le fond
percé de trous calibrés, est alimenté en gaz
de fluidisation (neutre ou actif). Ce type de
four ressemble aux fours à bains de sels. Ils
sont actuellement peu utilisés.
Les fours continus
Le choix d’un four continu est évidemment
justifié pour les grandes séries. Le type de
four continu est justifié par la morpholo-
gie des pièces selon qu’elles doivent être
disposées sur des montages de présenta-
tion (panier, plateau) ou simplement posées
sur un support plan (type tapis) ou en vrac.
Les fours à plateaux poussant sont adaptés
au premier cas. Les fours à tapis, les fours
tournants à axe horizontal basculant ou les
fours à cornue rotative sont adaptés aux
pièces légères. Le rangement est toutefois
possible sur les fours à tapis. La principale
utilisation des fours à tapis et tournants est
destinée au chauffage de lopins et semi-pro-
duit avant une opération de mise en forme à
 Terminologie
Traitements & Matériaux 427 Mars - Avril 2014 | 35

© Seco Warwick
Four poussant Seco
Warwick. Four à balancelles.

chaud - (cornue), dans le cas d’une trempe,
les pièces vont tomber en pluie dans le bac
de trempe.
Les fours à sole tournante sont destinés au
chauffage des pièces unitaires destinées à
être trempées sous presse. Une rotation com-
plète correspond au temps de chauffage (la
vitesse de rotation peut varier). Ce concept a
été utilisé pour des traitements de cémenta-
tion ; en imposant des nombres de tours dif-
férents, il est possible de réaliser différentes
profondeurs de cémentation. Les fours conti-
nus à rouleaux commandés (appelées aussi
fours à petits rouleaux) assurent un bon sup-
port des pièces planes type barres ou bagues
de roulement durant leur progression dans le
four de type tunnel.
Les fours poussants : la longueur détermine
le nombre de plateaux contenus dans le tun-
nel de traitement, une fois la taille du pla-
teau fixé. La cadence d’entrée/sortie des pla-
teaux va dépendre du temps de traitement
souhaité et du nombre de plateaux ; exemple
un four contenant vingt plateaux, nécessitant
une durée de traitement de 80 minutes, per-
mettra une entrée et une sortie toutes les
4 minutes, si chaque plateau contient 30 kg
de pièces, la production sera de 450 kg/heure
(60/4 = 15 * 30 = 450). Ces fours peuvent être
à une ou plusieurs files. Ils sont bien adaptés
aux traitements en ligne (dégraissage, trai-
tement de type trempe ou traitement ther-
mochimique, lavage, revenu).
Les fours continus à balancelles font progres-
ser via des chaînes, des balancelles contenant
les pièces, ce type de four peu répandu est
appliqué aux traitements à basses tempéra-
tures comme par exemple les revenus après
trempe par induction.

Analyseurs élémentaires pour C, H, N, O, S

Analyses de haute
qualité du ppm
jusqu’à des
pourcentages
élevés

www.eltra.org
 Dossier : Fours & équipements
36 | Traitements & Matériaux 427 Mars - Avril 2014
© Safed

Four à tapis transporteur Safed.

Les fours à tapis transporteur (appelés aussi

fours à tablier) peuvent être conçus soit avec
un canal non mouflé, soit avec un canal mou-
flé en alliage réfractaire mieux adapté aux
traitements sous atmosphère contrôlée (meil-
leure maîtrise de la composition et réduction
des volumes de gaz). La présence de tur-
bines de brassage est à prendre en compte
ainsi que le type de tapis (en fil métallique
tissé, en tuiles) et le mode de déplacement
du tapis (tiré, supporté par une sole à pas
de pèlerin). Ce concept est bien adapté au
traitements de trempe et revenu et de car-
bonitruration des pièces légères (pièces en
tôle découpée, axes, boulonnerie). Les trai-
tements de trempe et revenu sont possibles
en ligne. L’application recuit est également
fréquente ainsi que le brasage sous atmos-
phère neutre ou réductrice. Ces fours peuvent FIGURE 5 : Schéma de différents types de fours.
être « en dos d’âne » pour réduire les échap-
pements de gaz. Ils sont également très uti-
lisés pour le frittage.
Les fours à secousses ont été remplacés par Four à atmosphère contrôlée
les fours à tapis. Ces fours sont constitués (Ipsen).
d’une sole métallique plane placée dans un
canal chauffé, dépassant celui-ci vers l’avant
où les pièces sont déversées, elles glissent
sur la sole animée d’un mouvement produit
par des secousses alternatives pour les ame-
ner jusqu’au bac de trempe.

Four à secousses Elti.

1. Carcasse métallique du tambour

2. Maçonnerie 10. Table de
3. Chambre de chargement
chauffe 11. Bac de trempe
4. Moufle étanche incorporé
5. Sole mobile 12. Canal de retour
6. Mécanisme 13. Siphon d’eau
d’entraînement de la 14. Entrées de gaz
sole mobile 15. Canal de chute
7. Tapis transporteur 16. Turbines
Four à tapis transporteur (Safed). 8. Tambour 17. Rideau
d’entraînement d’étanchéité à fluide
9. Mécanisme 18. Rideau
d’entraînement de flammes

FIGURE 6 : Coupes d’un four sous atmosphère à bac de trempe incorporé (marque Ipsen) et d’un four à tapis transporteur (marque Safed).
© Elti