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CHAUDRONNERIE

INFLUENCE DES TRAITEMENTS THERMIQUES


DE DÉTENSIONNEMENT ET DE STABILISATION
SUR LES STRUCTURES
EN ACIER INOXYDABLE AUSTÉNITIQUE
Comparaison entre traitements
à haute et basse température

L
e choix d’un traitement thermique de détensionnement des structures mécano-soudées
relève parfois d’un compromis entre efficacité et risques métallurgiques. Des essais com-
paratifs avec des traitements thermiques à haute et basse température montrent que seul
le traitement à haute température (850°C) aboutit à une relaxation complète des contraintes de
soudure et à une stabilisation géométrique de l’assemblage, et ce, sans fragilisation aucune du
matériau.

Choix d’un traitement thermique Des essais comparatifs


de détensionnement : avec des traitements à haute
un compromis entre efficacité et basse température
et risque métallurgique ? Afin de vérifier l’utilité et le bien-fondé de ces traitements
La réalisation de structures mécanosoudées en acier austénitique thermiques, l’Institut de Soudure a effectué des essais
du type 304L peut faire intervenir des phases d’usinage impor- comparatifs. Des joints soudés fortement bridés, représen-
tantes. Se pose alors la question du détensionnement de la tatifs d’éléments mécanosoudés, ont été soumis à divers
structure et de sa stabilisation dimensionnelle. traitements thermiques ; on a ensuite comparé le degré de
détensionnement obtenu.
À cet effet, le choix d’un traitement thermique approprié
relève, entre autres, d’un compromis entre l’efficacité du Quatre assemblages de plaques de nuance 304L en joint
traitement et les risques métallurgiques encourus. bout-à-bout ont été réalisés à l’identique (avec apport de
308L, procédé EE). Trois de ces assemblages ont été
ensuite soumis à un traitement thermique, le quatrième a
Bon comportement au fluage été laissé brut de soudage pour comparaison.
des aciers austénitiques Trois traitements thermiques ont été choisis : ils présen-
tent une gradation en termes de sévérité thermique et de
Il est admis qu’un traitement thermique de détensionne-
temps de maintien en température :
ment appliqué à une structure en acier inoxydable austé-
nitique est d’autant plus efficace qu’il est conduit à des – un traitement à 400°C (RCCM) pendant 20 minutes.
températures élevées : cela s’explique par le bon compor- Chauffage : 200°C/h. Refroidissement : 50°C/h jusqu'à
tement de ce matériau au fluage, moteur de la relaxation. 300°C;
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– un traitement à 475°C (traitement de stabilisation prati-


Mais, à haute température, le traitement ne risque-t-il pas
qué dans l’industrie) pendant 1 h 30. Chauffage :
d’entraîner la sigmatisation de la ferrite du métal fondu ?
50°C/h. Refroidissement : 50°C/h jusqu'à 300°C ;
Et, à basse température, aura-t-il un véritable effet ?
– un traitement à 850°C (CODAP) pendant 20 minutes.
Chauffage : 200°C/h. Refroidissement : air calme.

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L’efficacité du traitement est alors évaluée selon le degré Par contre, les caractéristiques de la zone fondue dans
de relaxation des contraintes résiduelles de soudage et de l’assemblage traité à 850°C sont sensiblement différentes
stabilisation dimensionnelle des assemblages soudés. des précédentes, dans le sens d’une meilleure ductilité. La
limite élastique est diminuée (sans être inférieure à celle
Les contraintes et déformations sont mesurées aux diffé-
du métal de base), l’allongement à rupture et les rési-
rentes étapes : à l’état brut de soudage, après traitement
liences sont augmentées.
thermique, après débridage (la suppression du bridage
simulant une phase d’usinage importante). Le traitement thermique à 850°C n’occasionne donc pas
de fragilisation, notamment en phase σ, ce risque étant
Les conséquences, notamment métallurgiques, des traite-
d'ailleurs plus encouru par des nuances plus riches en
ments thermiques appliqués sont ensuite évaluées au moyen
chrome et/ou ferritiques.
d’essais mécaniques et d’examens métallographiques.

Relaxation des contraintes : Caractéristiques métallurgiques :


seul le traitement à haute moins de ferrite et une dureté
température est efficace inférieure grâce au traitement
à 850°C
Les résultats montrent que seul le traitement thermique à
850°C permet une relaxation efficace des contraintes de Encore une fois, l’assemblage traité à 850°C se distingue,
soudage. Les traitements à basse température apparais- avec une teneur en ferrite sensiblement moindre dans la
sent d’une efficacité très limitée. zone fondue. La haute température favorise la poursuite de
la régression de la ferrite de solidification en austénite, ce
Après le débridage, on constate que : qui explique les différences de caractéristiques
– dans le sens transversal (aggravation du pliage), les trai- mécaniques observées.
tements thermiques à 400 et 475°C font diminuer d’en-
Les mesures de micro-dureté corroborent ces résultats et
viron 20 % la contrainte relaxée au débridage par rapport
confirment, dans tous les cas, l’absence de fragilisation.
au cas non traité. Le traitement à 850°C permet, quant
Néanmoins, la dureté est nettement inférieure dans la
à lui, la relaxation quasiment complète des contraintes
zone fondue traitée à 850°C, ce qui est cohérent avec la
résiduelles : de fait, aucune relaxation supplémentaire
plus faible teneur en ferrite (la ferrite est une phase plus
n’est observée au débridage ;
dure que l’austénite).
– dans le sens longitudinal (résorption du cintrage), cha-
cun des traitements provoque une légère augmentation On observe enfin que le réseau ferritique de la zone fondue
des contraintes, mais elle est moindre pour l’assemblage traitée à 850°C est plus discontinu et fragmenté. Il est
traité à 850°C. exempt de phase σ.

De fortes déformations, Aucune conséquence néfaste,


sauf à 850°C aucune fragilisation, mais seul
Le débridage s’accompagne de mouvements importants le traitement thermique à haute
aussi bien avec les assemblages non traités que traités à
400°C et à 475°C.
température est efficace
En résumé, aucun des trois traitements thermiques prati-
Par contre, avec le traitement à 850°C, on ne constate
qués n’a donc eu de conséquences néfastes sur les carac-
aucun mouvement, ni d’accentuation du pliage.
téristiques mécaniques et métallurgiques des soudures, et
Seul le traitement à 850°C assure donc la stabilité dimen- aucune fragilisation (α' ou σ) n’a été constatée avec les
sionnelle de l’assemblage lors du débridage qui, rappe- nuances mises en œuvre. Au contraire, le traitement à
lons-le, simule un usinage important. 850°C améliore la ductilité de la zone fondue par abaisse-
ment de la teneur en ferrite résiduelle.
Des trois traitements thermiques pratiqués sur les joints
Les caractéristiques mécaniques soudés bout-à-bout et fortement bridés, seul le traitement
ne sont jamais dégradées et à haute température (850°C – 20 min) apparaît efficace.
aucune fragilisation n’est décelée Lui seul a un réel effet détensionnant et stabilisant sur la
géométrie. Les contraintes résiduelles de soudage sont éli-
Les zones fondues des assemblages non traités ou traités minées à plus de 80 %, et tout le potentiel d’auto-défor-
à 400 et 475°C présentent des caractéristiques de traction mation en cas d’enlèvement de matière est annihilé.
et de résilience similaires. Aucune fragilisation ne semble
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avoir été occasionnée par les deux traitements thermiques Les traitements à basse température (400°C - 20 min,
considérés. 475°C – 1 h 30) se révèlent quant à eux quasiment sans

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effet et équivalents. Leur durée étant nettement différen- Les phénomènes métallurgiques ne peuvent donc faire
te, la température apparaît bien comme le paramètre prin- obstacle à la mise en pratique des traitements thermiques
cipal du traitement thermique. de détensionnement à haute température pour les
constructions mécano-soudées avec ces nuances.

Votre contact :
Laurent Jubin
CETIM
B.P. 82617
44326 NANTES CEDEX 3
Tél. : 02 40 37 35 29

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