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Machines portatives :
réduire les risques, de la
conception à l’utilisation
Dossier coordonné par Agnès Aublet-Cuvelier, INRS, département Homme au travail, Jacques Chatillon, INRS,
département Ingénierie des équipements de travail, Jean-Raymond Fontaine, INRS, département Ingénierie des procédés
Savoirs & actualités
B
âtiment, travaux publics, exploitations non normalisés ne permettant pas un raccordement
Nicolas
forestières, fonderies, ateliers méca- aisé à un groupe d’extraction [4]. L’inhalation de
Trompette,
niques, mines et carrières... Toutes les poussières issues du travail de la pierre ou de maté-
Patrice
branches d’activité sont aujourd’hui riaux en contenant peut, quant à elle, être à l’ori-
Donati
concernées par l’utilisation de machines gine de maladies professionnelles du type silicose
INRS,
portatives ou guidées à la main. Plus de 5 % des (si les poussières contiennent de la silice cristalline)
Ingénierie des
salariés manipulent régulièrement ces outils selon ou d’autres pathologies associées à une surcharge
équipements
l’enquête Sumer 2003 1. Il s’agit surtout d’hommes pulmonaire (si les poussières sont inertes).
de travail
âgés de 25 à 55 ans. Parmi ces machines, les plus De nombreuses machines portatives ou guidées
vendues sont les meuleuses (environ 400 000 à la main, comme les brise-béton, les meuleuses
Jean-
par an), les perceuses et les perforateurs (environ ou les perforateurs par exemple, génèrent égale-
Raymond
300 000 par an), les scies sauteuses ou alternatives ment des niveaux vibratoires élevés. Par contact,
Fontaine,
(environ 100 000 par an) et les clés à choc (envi- ces vibrations sont transmises à la main et au bras
François-
ron 70 000 par an) utilisées dans les travaux des de l'opérateur. Une exposition régulière peut ainsi
Xavier
métaux ou du bois. Des centaines de milliers de entraîner à long terme des troubles vasculaires,
Keller
débroussailleuses, tronçonneuses, tondeuses sont neurologiques et muscolosquelettiques (TMS),
INRS,
également achetées pour assurer la maintenance regroupés sous le nom de « syndrome des vibra-
Ingénierie
des espaces verts ou boisés. tions » [5].
des procédés
Quel est l’impact de ces machines sur la santé et la
sécurité des salariés ? Elles sont la source de nui- Des nuisances multiples
Laurent
sances multiples, comme l’émission de poussières En outre, le poids de la machine portative, les
Claudon
ou la génération de vibrations [1] et de bruits [2]. caractéristiques de la poignée et de la gâchette
INRS,
Il faut ajouter les contraintes biomécaniques (dimensions, forme, position sur la machine,
Homme
(gestes répétés, efforts excessifs, postures incon- matériau utilisé) et le dispositif d’alimentation en
au travail
fortables…) et les risques d’accidents liés à leur uti- énergie (câble, tuyau), peuvent aussi générer des
lisation (Cf. Encadré). contraintes biomécaniques importantes pour les
Plus spécifiquement, le risque d’exposition aux utilisateurs et ainsi contribuer à la survenue de
poussières concerne avant tout les utilisateurs de TMS (syndrome du canal carpien, tendinites, etc.).
machines portatives travaillant dans l’industrie du Les nuisances sonores sont également à prendre
bois et de la pierre. Parce qu’ils peuvent provoquer en considération chez les utilisateurs de scies cir-
des cancers de l’éthmoïde et des sinus, les procédés culaires, raboteuses, meuleuses et perforateurs
émettant des poussières de bois sont classés sur notamment. Les fabricants annoncent souvent des
la liste des procédés cancérogènes. Une situation niveaux d’émission susceptibles de conduire à des
d’autant plus problématique que ces machines sont expositions quotidiennes supérieures aux seuils
rarement connectées à un système d’aspiration. d’action réglementaires [6]. Selon l’enquête Sumer
Seules 5 % d’entre elles l’étaient en 2008 selon une 2003, 41 % des employés de l’industrie du bois et
enquête conduite par les ministères du Travail et 31 % de ceux du bâtiment et des travaux publics
de l’Agriculture [3]. (BTP) sont exposés à des niveaux de bruit supé-
Par ailleurs, une étude INRS de 2010 concernant rieurs aux limites recommandées pour préserver la
trois types de machines portatives à bois (scies santé auditive.
circulaires, défonceuses et ponceuses orbitales) Enfin, l’utilisation de machines portatives est
a montré que les dispositifs de captage étaient également source d’accidents. Les plus courants
souvent fragiles, peu efficaces et équipés de conduits entraînent des amputations, des coupures et
Scie
Meuleuse/disqueuse Perceuse/perforateur
Causes (14
(12 accidents) (11 accidents)
accidents)
Mode d’utilisation de la machine 25 % 18 % 21 %
D Tableau : Causes principales des accidents selon Epicéa en fonction des principales familles de machines citées.
des écorchures, une fois sur deux au niveau de plique la mise en œuvre de la prévention tech-
la main. L’examen de la base Epicéa 2 de l’INRS nique du risque chimique lors de l’utilisation des
(Cf. Tableau) montre que les causes des accidents machines. En effet, lors de l’achat d’une machine
sont liées principalement à la dangerosité de la portative, l’utilisateur ne dispose d’aucune infor-
machine (risques inhérents), à son mode d’utilisa- mation relative aux émissions de poussières des
tion (utilisation de façon non conforme à ce qui matériels pour le guider dans son choix.
est prévu) et aux incidents techniques (problèmes Au niveau des utilisateurs, la prévention des
au niveau de l’activité des opérateurs) survenus risques liés à l’inhalation des poussières émises est
au cours de l’accident. Trois familles de machines encadrée par les mesures de prévention du risque
sont particulièrement dangereuses : les meuleuses- chimique prévues dans les articles R. 4412-1 à
disqueuses, les perceuses-perforateurs et les R. 4412-57 du Code du travail. Ces mesures, ren-
scies. Quant aux secteurs d’activité principalement forcées en cas de poussières classées CMR ou de
concernés, il s’agit du BTP et de la métallurgie. procédé cancérogène comprennent l’évaluation
Suivant les machines et les métiers, le type d’ex- des risques, la substitution par un agent moins
position à ces multiples risques varie. Les meu-
leuses et les disqueuses sont globalement les plus
nuisibles : elles combinent bruit, vibrations, pous- Les métiers et les machines
sières, dangerosité et peuvent causer des affections
particulièrement concernés
péri-articulaires. Les ponceuses et les polisseuses
par les maladies professionnelles
présentent les mêmes nuisances, plus élevées en ce
qui concerne les poussières et moins élevées pour Les maladies professionnelles liées à l’utilisation de machines
le bruit. Les marteaux-piqueurs, les perforateurs tenues à la main figurent aux tableaux 25 (silicose), 42
et les burineurs sont particulièrement bruyants (pertes auditives), 47 (poussières de bois), 57 (affections péri-
et vibrants. Enfin, les scies sont surtout à l’origine articulaires (TMS)), 69 (syndrome des vibrations et TMS)
d’accidents et engendrent une exposition au bruit du régime général - des tableaux analogues existent pour
et aux poussières. Dans tous les cas, la réduction du le régime agricole. L’étude des maladies professionnelles
nombre et de la gravité de ces accidents/patholo- reconnues fait émerger quatre groupes de métiers concernés
gies passe par une meilleure évaluation des risques par les affections dues à l’utilisation de machines portatives :
liés aux situations de travail, mais aussi par la prise • les tôliers-chaudronniers et les mouleurs et noyauteurs
en compte de l’ensemble de ces risques dès la de fonderie ;
conception des machines. • les mineurs et carriers ;
La réglementation incite les fabricants à conce- • les charpentiers et menuisiers du bâtiment ;
voir et à fabriquer des machines sûres émettant le • les fendeurs et tailleurs de pierre.
moins possible de bruit, de vibrations et de pous- Les machines portatives utilisées dans ces professions
sières dans les limites de la technique actuelle. sont les suivantes :
Dans ce but, la directive européenne 2006/42/CE
• les meuleuses – disqueuses ;
du 17 mai 2006 [7] fixe les exigences essentielles
• les ponceuses – polisseuses ;
de santé et de sécurité à respecter. Par exemple,
• les perforateurs – burineurs ;
les niveaux d’émission de bruit et de vibrations
• les marteaux de rivetage – riveuses ;
doivent apparaître dans les brochures techniques.
Problème : dans sa forme actuelle, la directive ne • les perceuses, pistolets de scellement - cloueurs – agrafeurs ;
prévoit pas d’informer l’utilisateur sur les niveaux • tous types de scies à bois (circulaire, à onglet, sauteuse…),
d’émission en substances dangereuses, ce qui com- rainureuses, défonceuses-fraiseuses portatives. q
dangereux (rarement applicable pour les poussières protection des travailleurs (circulaire DGT 2010/03
émises lors du travail avec une machine portative), du 13 avril 2010).
le travail en système clos et des dispositifs de pro- La directive européenne 2002/44/CE [8] transpo-
tection collective (captage à la source), la formation sée en droit français (article R4441-1 et suivants
du personnel, l’évaluation régulière de l’exposition jusqu'au R4447-1 du Code du travail) concerne les
et le contrôle annuel obligatoire de la valeur limite prescriptions minimales de sécurité et de santé
relatives à l'exposition des travailleurs aux risques
dus aux vibrations. Ils définissent une valeur vibra-
POUR EN SAVOIR toire d’action au-delà de laquelle l’employeur doit
évaluer le risque sur la santé, le contrôler en met-
• Consultez les dossiers web « Poussières émises lors de la
transformation du bois », « Vibrations transmises aux membres tant en place des moyens de protection, sensibili-
supérieurs » et « Petit à petit le bruit rend sourd » sur www.inrs.fr ser les salariés et les former pour qu’ils travaillent
en sécurité, et prévoir une surveillance médicale.
Ils définissent également une valeur vibratoire pla-
d’exposition professionnelle (VLEP) avec arrêt des fond au-delà de laquelle l'exposition régulière aux
postes en cas de dépassement, le suivi des exposi- vibrations présenterait un risque tel pour la santé
tions, la surveillance médicale… que les vibrations doivent être réduites.
Concernant plus précisément le secteur du bois, La prévention des risques dus au bruit fait l’objet
les procédés émettant des poussières inhalables des articles R. 4431-1 à R 4437-4 du Code du tra-
sont classés comme procédés cancérogènes depuis vail. Ces articles reprennent les dispositions de
2000 (arrêté du 5 janvier 1993 modifié) et les la directive CE n° 2003/10 du 6 février 2003 [6].
poussières de bois font l’objet d’une VLEP contrai- L’employeur doit s’assurer que l’exposition au bruit,
gnante à 1 mg/m3 depuis le 1er juillet 2005 (article mesurée en tenant compte de l’effet du protecteur
R. 4412-149 du Code du travail). auditif, ne dépasse pas le seuil de 87 dB(A) spécifié
Dans le cas du travail de matériaux contenant de la dans l’article R. 4431-2. Deux limites d’action (80
pierre, l’exposition professionnelle doit être évaluée et 85 dB(A) mesurées sans tenir compte du protec-
en tenant compte de la composition des poussières teur auditif) sont également définies au-delà des-
alvéolaires (en poussières silicogènes et non silico- quelles un certain nombre de dispositions, telles
gènes) et des VLEP réglementaires contraignantes que la surveillance médicale des salariés et la mise
fixées pour les composés silicogènes (0,1 mg/m3 en œuvre d’un plan de réduction du bruit, doivent
pour le quartz et 0,05 mg/m3 pour la cristobalite être appliquées. Il est en particulier spécifié que
et la tridymite) et pour les poussières alvéolaires les équipements de travail doivent être choisis
sans effets spécifiques (5 mg/m3), conformément « émettant, compte tenu du travail à accomplir,
aux articles R. 4412-154 et R. 4412-155 du Code
du travail. Les procédés émettant des poussières
le moins de bruit possible ». •
1. Enquête Sumer (Surveillance médicale des expositions
contenant de la silice cristalline sont en cours de aux risques professionnels), 2003.
classement comme procédés cancérogènes au 2. Epicéa (Études de prévention par informatisation
niveau européen. En cas de dépassement d’une des comptes rendus d’enquêtes d’accidents du travail)
est une base de données rassemblant plus de 18 000 cas
VLEP contraignante, l’employeur doit immédia- d'accidents du travail survenus à des salariés du régime
tement prendre des mesures propres à assurer la général.
Bibliographie
[1] Agence européenne pour de bois - Résultats de la [6] Directive Européenne 25 juin 2002 concernant les
la sécurité et la santé au campagne nationale 2008. INRS, n°2003-10 du 6 février 2003 prescriptions minimales de
travail. Workplace exposure to Hygiène et sécurité du travail, du parlement et du conseil sécurité et de santé relatives
vibration in Europe: an expert 2009, 217, PR 41. concernant les prescriptions à l'exposition des travailleurs
review. 2008. ISBN 978-92- minimales de sécurité et de aux risques dus aux agents
[4] Muller J.P., Fontaine J.R.
9191-221-6. santé relatives à l'exposition des physiques (vibrations) (seizième
et al. Évaluation des
travailleurs aux risques dus directive particulière au sens
[2] Agence européenne performances de captage de
aux agents physiques (bruit). de l'article 16, paragraphe 1, de
pour la sécurité et la santé trois types de machines à bois
la directive 89/391/CEE) JOUE
au travail. Noise in figures. portatives. INRS, Hygiène et [7] Directive Machines 2006/42/
n°177 du 6 juillet 2002.
2005. ISBN 978-92-9191- sécurité du travail, 2010, 218, CE du 17 mai 2006, relative
150‑X. ND 2321. aux machines et modifiant la
directive 95/16/CE.
[3] Lamy D., Pegon O., Calvez [5] Actes du colloque INRS
O., Tirilly V., Bourges PH., « Bruit et vibrations au travail ». [8] Directive Européenne
Accart R., Vincent R. Exposition INRS, Hygiène et sécurité du 2002/44/CE du Parlement
professionnelle aux poussières travail, 2011, 223. européen et du Conseil du
De l’importance du captage
des poussières pour les
machines à bois portatives
Les machines à bois portatives doivent comporter des systèmes de captage
raccordés à un groupe d’aspiration. Mais ces dispositifs sont souvent mal conçus
ou utilisés. Cet article propose des pistes de progrès à destination des fabricants
et des recommandations pour les utilisateurs.
L’
exposition aux poussières de bois Une étude conduite par l’INRS 2 livre un constat
Jean-
n’est pas sans risque pour la santé. inquiétant sur les performances de captage de
Raymond
Ces particules fines, lorsqu’elles sont trois types de machines électro-portatives (scies
Fontaine,
inhalées, peuvent être à l’origine circulaires, défonceuses et ponceuses orbitales).
François-
de multiples pathologies 1 : allergies Les matériels de quatre fournisseurs ont été com-
Xavier
respiratoires, allergies cutanées mais aussi can- parés et une quarantaine de configurations ont
Keller
cers. Tous les travaux exposant aux poussières de été évaluées en laboratoire. D’un point de vue
INRS,
bois (sciage, ponçage, corroyage….) sont classés technique, trois aspects ont été pris en considé-
département
au niveau national sur la liste des procédés can- ration : les performances du dispositif de captage
Ingénierie des
cérogènes. En France, entre 300 000 et 400 000 de la machine, les performances du système cen-
procédés
salariés sont exposés. La solution de prévention tralisé d’aspiration et l’adéquation entre les deux
passe alors par l’aspiration des poussières au plus éléments.
près de leur source d’émission. Mais force est de L’un des principaux résultats fait apparaître que
constater que de nombreux progrès restent à faire seule une scie circulaire sur huit, équipée d’une
dans ce but, notamment dans le cas de machines lame plongeante, possède de très bonnes per-
portatives (Cf. Encadré). formances de captage. Dans la majorité des cas,
L'entreprise
Patrick Avrilla,
© Gaël Kerbaol/INRS
ébénisterie
d'art, a équipé
ses machines
électroportatives
de systèmes
d’aspiration. q
la conception des capots de protection aspirants de bonnes pratiques sont respectées (nettoyage
n’est pas efficace. L’étude montre également que fréquent des ateliers à l’aide d’un système cen-
si les petites défonceuses présentent globalement tralisé d’aspiration, utilisation exclusive d’outils
de bonnes performances de captage, trois grosses aspirants…), l’exposition mesurée varie entre 0,4
défonceuses sur quatre génèrent des niveaux et 1,1 fois la valeur limite d’exposition profes-
d’empoussièrement trop importants. De même, sionnelle (VLEP = 1mg/m3). Pour les opérations de
trois ponceuses orbitales sur quatre possèdent ponçage, cette variation est comprise entre 0,6 et
des dispositifs de captage satisfaisants, mais l’une 1,3. Ces résultats sont conditionnés par le respect
d’entre elles était équipée d’un simple sac de col- des débits d’aspiration recommandés pour chaque
type de machine, et ce, durant toute la période de
travail.
Des travaux en cours Pour chaque type de machines, des pistes de
progrès ont été identifiées et communiquées à la
pour faire évoluer
Ficime (Fédération des entreprises internationales
la réglementation
de la mécanique et de l’électronique), organisation
et la normalisation
regroupant les fabricants. Il est ainsi recommandé
À l’heure actuelle, les industriels de :
ne disposent pas d’informations sur les • prévoir des dispositifs de captage plus
émissions de poussières des machines enveloppants ;
portatives. Et pour cause : la directive • améliorer la conception et l’implantation des
« Machines » ne mentionne rien à ce sujet
buses ou orifices de raccordement de ces
alors qu’elle impose une évaluation par les
machines au réseau d’aspiration ;
fabricants de l’émission de bruit aérien
• normaliser les diamètres des conduits de raccor-
ou de la transmission de vibrations.
Afin de développer une méthode de mesure dement au réseau d’aspiration ;
de ces émissions de poussières et pour • optimiser l’aérodynamique du dispositif de cap-
caractériser les dispositifs de captage, tage de la machine pour réduire les pertes de
une étude dont les conclusions sont prévues charges ;
fin 2015 est en cours à l’INRS. Une méthode • renforcer la résistance mécanique des capots de
de mesure du débit d’aspiration et de la la machine.
perte de charge est également intégrée De leur côté, les professionnels de la prévention en
à cette démarche. En parallèle, des travaux entreprise peuvent s’appuyer sur la brochure INRS
de normalisation sont entrepris pour « Installations d'aspiration de poussières pour des
imposer au minimum un étiquetage des
machines à bois portatives et pour le nettoyage »
machines avec une indication de la valeur
(ED 6052) afin de rédiger leur cahier des charges
du débit d’aspiration recommandé et de
la perte de charge associée. Il s'agit aussi
en vue d’acquérir un système d’aspiration à haute
d'uniformiser les valeurs des diamètres dépression. Ce document reprend les principales
des conduits de raccordement au réseau fonctionnalités à faire figurer et comprend la spé-
d’aspiration. À terme, les retombées de cification des éléments suivants :
l’étude devraient conduire à compléter • les machines portatives elles-mêmes et les sys-
l’étiquetage des machines en fonction des tèmes de captage intégrés pouvant être raccor-
émissions de poussières qu’elles génèrent dés au réseau centralisé d’aspiration ;
(classes A, B, C, D par exemple). • les outils de nettoyage également raccordables
au réseau ;
• le réseau collecteur et le réseau de conduits
lecte des poussières et ne pouvait donc être reliée pourvu de prises de raccordement ;
au réseau à haute dépression. Cette situation est à • la centrale d’aspiration et de dépoussiérage.
proscrire, d’autant plus que la migration des fines Un chapitre concerne également les conditions de
particules à travers le sac a été mise en évidence. réception et de mesurage des débits d’air extraits
Enfin, un seul constructeur a pris en compte de au niveau de chaque machine. Une méthode de
manière efficace la prévention de l’exposition aux mesure des débits d’air pour des réseaux à haute
poussières de bois sur la quasi-totalité de son dépression a été élaborée et intégrée sous forme
matériel. d’annexe à la brochure. Elle est applicable aux
Dans un second temps, des prélèvements ont été conduits de faible diamètre (< 100 mm) soumis à
effectués sur 22 salariés de 13 menuiseries pour
évaluer leur exposition professionnelle aux pous-
de fortes dépressions (plusieurs kPa). •
1. Les maladies professionnelles associées aux poussières
sières de bois lors de l’utilisation de matériels per- de bois sont reconnues au titre du tableau n° 47 du régime
général de la Sécurité sociale et du tableau n° 36
formants identifiés durant les tests en laboratoire. pour le régime agricole.
Ces travaux montrent que, dans les situations où 2. Hygiène et sécurité du travail, 2007, 218, ND 2321.
L' évaluation simplifiée
du risque vibratoire, une
démarche en trois étapes
La manipulation de certaines machines portatives peut provoquer des troubles
vasculaires, neurologiques ou articulaires. En cause : les vibrations des machines.
Une étude menée par l’INRS avec le soutien des Carsat permet aux entreprises
d’effectuer une évaluation simplifiée du risque vibratoire, et ce, sans réaliser
de mesures.
E
nviron 11 % des salariés seraient expo- •e stimer et, si nécessaire, mesurer l’exposition
Éric Caruel,
sés à des vibrations transmises à la main vibratoire journalière A(8), en m/s², des opéra-
Patrice
et au bras par des machines portatives teurs concernés ;
Donati
(meuleuses, perforateurs…) ou guidées à • comparer les valeurs d’exposition estimées A(8)
INRS,
la main (plaques vibrantes, tondeuses…) 1. aux valeurs d’action et limite fixées par la régle-
département
Ces vibrations, parfois intenses, sont susceptibles mentation (Cf. Tableau 1).
Ingénierie des
à long terme d’être à l’origine de maladies profes- L’identification des sources d’exposition peut être
équipements
sionnelles reconnues dans le tableau 69 du régime faite en recensant les procédés induisant des
de travail
général de la Sécurité sociale (troubles vasculaires, vibrations, les machines vibrantes utilisées ou les
neurologiques ou articulaires). En 2012, ces mala- tâches qui nécessitent un opérateur pour les tenir
dies professionnelles étaient au nombre de 160. ou les guider. De nombreux métiers dans diverses
Face à ce risque vibratoire, que doivent faire les activités sont concernés (Cf. Tableau 2).
employeurs ? La réglementation leur impose d’éva- Les textes réglementaires mentionnent que l’éva-
luer les niveaux de vibrations auxquels les salariés luation du risque vibratoire doit être réalisée par
sont exposés [1]. Cette démarche comporte trois du personnel compétent [1] et en prenant cer-
étapes : taines précautions [2]. Cette évaluation de l'expo-
• identifier les sources (machines vibrantes et sition vibratoire quotidienne A(8) s’appuie sur la
conditions d’utilisation) ; norme NF EN ISO 5349 [3] mentionnée par l'arrêté
D Tableau 1 Valeurs seuils d’exposition aux vibrations main-bras pour une exposition journalière de 8 heures [1].
D figure 3 Machines portatives utilisées dans la maintenance des espaces verts ou forestiers.
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 POUR EN SAVOIR
Meuleuse angulaire (106) • Dossier « Vibrations transmises aux
Meuleuse verticale (12) membres supérieurs » sur www.inrs.fr
Meuleuse droite (28) • Calculette vibration main-bras, outil
43, téléchargeable sur www.inrs.fr
Tournevis/visseuse (12)
Clé à choc > 1/2’’ (12) les vibrations expose souvent les opérateurs à
Clé à choc ≤ 1/2’’ (21) des niveaux de vibrations supérieurs aux valeurs
Clé impulsion/rochet (11) limites réglementaires après un quart d’heure
Décapeur/pistolet à aiguilles pour les machines percutantes et une heure pour
non suspendu (12)
les autres machines. De nombreux fabricants ont
Décapeur/pistolet à aiguilles suspendu (12)
conçu des machines moins vibrantes qui per-
Ponceuse angulaire (12)
mettent une utilisation sans risque plus longue.
Ponceuse orbitale (73)
Une fois l’accélération totale pondérée et la durée
Ponceuse vibrante (20)
quotidienne d’exposition obtenues, des calculettes
Perceuse (16)
(dont celle de l’INRS accessible gratuitement sur
Perceuse percussion (10) www.inrs.fr) permettent de déterminer facilement
Scie sabre (13) l’exposition quotidienne A(8). Celle-ci doit alors
être comparée aux valeurs limites d’exposition
afin de savoir si des actions de prévention doivent
10e percentile 75e percentile
Bibliographie
[1] Décrets n° 2005-746 et [2] Galmiche J.-P., Caruel É. générales, Avril 2002 et Partie 2 : percutantes ? INRS, Hygiène et
748, 4 juillet 2005, relatifs aux Vibrations : pourquoi et quand Guide pratique pour le mesurage sécurité du travail, 2013, 231,
prescriptions de sécurité et santé faire de la métrologie ? INRS, sur le lieu de travail, pp. 46 - 52.
applicable en cas d’exposition Hygiène et sécurité du travail, Décembre 2001.
[6] Directive 2006/42/CE du
des travailleurs aux risques dus 2011, 223, pp 121-124. [4] Arrêté du 6 juillet 2005 : parlement européen et du
aux vibrations mécaniques et
[3] Norme NF EN ISO 5349-1 JORF n°200 du 28 août 2005, conseil du 17 mai 2006 relative
modifiant le Code du Travail.
et 2. Mesurage et évaluation page 13984 aux machines et modifiant la
NOR : SOCT0511142D et NOR :
de l’exposition des individus directive 95/16/CE (refonte). J.O.
EQUT0501065D (articles [5] Caruel É., Donati P.
de l’U.E. L157/24. 9.6.2006.
R. 4441-1 et suivants jusqu'au aux vibrations transmises par Comment mesurer les vibrations
R. 4447-1 du Code du travail). la main - Partie 1 : Exigences émises par les machines
L
a prévention de l’exposition au bruit que la mesure à vide minore systématiquement
Nicolas
des machines portatives passe en prio- la puissance acoustique délivrée en charge et les
Trompette
rité par le choix d’un équipement le écarts vont jusqu’à 7 dB. De plus, les mesures réa-
INRS,
moins bruyant possible. Mais sur quelles lisées en travail normal montrent que les mesures
département
données s’appuyer pour se décider ? normatives en charge sous-évaluent significati-
Ingénierie des
Les fabricants ont l’obligation de déclarer le niveau vement (jusqu’à 8 dB) l’exposition au bruit des
équipements
de bruit émis par leur machine (Cf. Encadré 1). opérateurs. L’écart entre une mesure normative et
de travail
Pour autant, cette valeur est insuffisante. Compte la réalité peut donc atteindre 15 dB.
tenu des conditions de mesurage (Cf. Encadré 2), À l’inverse, pour les clés à chocs pneumatiques,
elle constitue au mieux une indication afin de hié- très répandues dans les usines d’assemblage ou
rarchiser les machines pour une tâche donnée. en maintenance, la norme NF EN 60745-2-2 [3]
Au pire, elle n’est pas représentative des conditions prescrit des essais en charge donnant des résul-
réelles de travail et n’a donc qu’un intérêt limité. tats assez représentatifs du niveau sonore réel
Le cas des meuleuses portatives, outil portatif observé sur site. Dans tous les cas, les machines
le plus répandu avec les perceuses, illustre bien les plus bruyantes à vide ne sont pas forcément
cette situation. Une étude de l’INRS s’est intéres- les plus bruyantes en charge.
sée aux déclarations des fabricants de dix meu- Le bruit émis varie également en fonction des
leuses portatives, reposant sur la norme NF EN technologies employées. En effet, le son provient
60745-2-3 [1]. Celle-ci impose des mesures à vide. du contact entre l’outil et la pièce, mais aussi du
Ces informations ont été comparées aux mesures rayonnement du corps de la machine et de la pièce
obtenues par la norme NFE 65-1311 [2], qui recom- qui sont excités mécaniquement lors de l’usinage.
mande des essais en charge, ainsi qu’à des mesures Le son est aussi lié à l’écoulement de l’air com-
réalisées en conditions réelles de travail. Il s’avère primé dans le cas des machines pneumatiques et
Encadré 1
Les exigences sur le bruit de la directive « Machines »
La directive « Machines » aux postes de travail, lorsqu’il pondéré A, aux postes
précise que « la machine dépasse 70 dB(A) ; si ce de travail, dépasse 80 dB(A).
doit être conçue et construite niveau est inférieur ou égal Lorsque la machine est de
pour que les risques résultant à 70 dB(A), cela doit être très grandes dimensions,
de l’émission du bruit aérien mentionné ; l’indication du niveau
produit soient réduits • la valeur maximale de puissance acoustique
au niveau le plus bas compte de la pression acoustique peut être remplacée par
tenu du progrès technique et de instantanée pondérée C, l’indication des niveaux
la disponibilité de moyens de aux postes de travail, de pression acoustique
réduction du bruit, notamment lorsqu’elle dépasse 63 Pa continus équivalents en
à la source ». (130 dB par rapport des emplacements spécifiés
La documentation technique à 20 μPa) ; autour de la machine.
du fabricant doit, quant à elle, • le niveau de puissance En ce qui concerne la mesure
préciser les points suivants : acoustique émis par la d’émission sonore, le fabricant
• le niveau de pression machine lorsque le niveau applique un code d’essai qu’il
acoustique continu de pression acoustique précise. Sinon, il doit décrire
équivalent pondéré A, continu équivalent ses conditions d’essai.
q
Bibliographie
[1] Norme NF EN 60745-2-3 Outils Partie 2-2 : règles particulières [7] Norme ISO 15744 Machines
électroportatifs à moteur. Sécurité. pour les visseuses et les clés à chocs. portatives à moteur non électrique
Partie 2-3 : Règles particulières pour AFNOR, Janvier 2010. - Code pour le mesurage du bruit -
les meuleuses, lustreuses et ponceuses Méthode d'expertise (classe
[4] Trompette N. Noise control in heavy
du type à disque. AFNOR, avril 2011. de précision 2), ISO, 2002.
vehicle tyre maintenance centre. Colloque
[2] Trompette N., Cafaxe M. Analyse Noise At Work, 2007, Lille, France. [8] Série des normes NF EN 60745
de la méthodologie de la déclaration Outils électroportatifs à moteur.
[5] Aoustin D., Gainche N. Bruit des
du bruit des machines : application Sécurité.
clés à chocs - Exemple de substitution.
au cas des meuleuses électriques. Colloque « Bruit et vibrations au
INRS, Hygiène et sécurité du travail, travail » 2011, Paris, France.
2006, ND 2246.
[6] Les équipements de protection
[3] Norme NF EN 60745-2-2 Outils individuelle de l'ouïe - Choix et
électroportatifs à moteur. Sécurité utilisation. INRS, 2009, ED 868.
E
fforts élevés, positions articulaires (encore appelées outils à main énergisés), revêt
Laurent
extrêmes, vibrations, pression, chocs une importance capitale. Un outil doit en effet
Claudon,
et gestes répétitifs… L’utilisation de maximiser la performance mais aussi améliorer
Fanny Zoré
machines portatives s'accompagne les conditions de travail de l'opérateur. Aux cri-
INRS,
fréquemment de contraintes bioméca- tères techniques traditionnels visant à faire mieux
département
niques importantes, à l’origine de troubles mus- et plus vite que la main sont donc venus s’ajouter
Homme
culosquelettiques du membre supérieur (TMS-MS). des critères ergonomiques visant à minimiser les
au travail
Cette situation se vérifie dans de nombreux contraintes physiques et ainsi éviter l’apparition
pays européens 1. Mais certains secteurs indus- de TMS-MS [1].
Jacques
triels sont particulièrement touchés, comme celui Quels sont ces critères ? Les premiers, de nature
Marsot
de l’automobile ou de l’assemblage d’appareils technique, sont liés à la machine. Sa masse ne doit
INRS,
électroménagers. pas excéder 2,2 kg. Dans le cas contraire, la mise
département
Face à ce constat, la conception des outils à main en place d’un système de soutien est recommandée
Ingénierie des
et, plus particulièrement des machines portatives (suspension, équilibreur, etc.). Le centre de gravité
équipements
de travail
Encadré 1
Les critères de conception d’une bonne poignée
Concevoir une poignée de machine portative doit être il s’agit d’assurer un maintien
machine portative implique conçue de façon à réduire ferme de la machine dans
de respecter certaines les déviations angulaires des la main, un confort maximal
contraintes de : différentes articulations du de préhension par une
• dimensions : le diamètre de membre supérieur. L’analyse répartition optimale de la
la poignée se situe entre des tâches effectuées avec pression dans la main et
30 mm et 40 mm. Afin de ne la machine va permettre une réduction des effets des
pas provoquer de points de de définir l’inclinaison vibrations ou des chocs.
compression sur la paume la plus appropriée, voire Il est également important
de la main, la longueur de de concevoir différents de considérer dans le
la poignée doit être plus modèles de machine choix du matériau d’autres
grande que la largeur de la portative (visseuse droite ou caractéristiques comme
main, soit entre 100 mm et visseuse pistolet). Enfin, il celles liées à l’isolation
130 mm. Pour certains outils, est généralement préférable électrique, au confort
il est même recommandé d’éviter les empreintes pour thermique (notamment
de réaliser des poignées de les doigts. En effet, sauf si lorsque l’air comprimé
dimensions différentes et celles-ci sont personnalisées, circule dans la poignée), à
facilement interchangeables leurs dimensions risquent de l’imperméabilité à certains
en fonction de l’utilisateur ; ne pas être adaptées à toutes produits chimiques ou encore
• formes : l’inclinaison de les mains et de provoquer au caractère allergisant de
la poignée par rapport à des points de compression ; certains matériaux (chrome,
la partie opérante de la •m
atériau et d’état de surface : nickel).
doit, pour sa part, se trouver dans l’alignement de tives, via les câbles d’alimentation électrique ou Cet opérateur
dispose d'une
l'axe de préhension afin de ne pas générer d’effort les tuyaux d’air comprimé, peut être source de
visseuse
musculaire supplémentaire pour le maintien de poids supplémentaire, de déséquilibre ou de gêne. « pistolet »
la machine. Si ce n’est pas possible, l’ajout d’une Il faut aussi s’assurer que le système d'échappe- adaptée à sa
tâche. Son dos
deuxième poignée permet de répartir l’effort sur ment d'air comprimé d’une machine pneumatique est droit, ses
les deux membres supérieurs. Les dimensions n’est pas dirigé vers l’opérateur. Cette situation bras sont le long
du corps et sa
(diamètre, longueur), la forme, les matériaux et occasionne en effet des postures inconfortables. main est dans le
l’état de surface de la poignée de l’outil jouent Les dispositifs de protection vis-à-vis de projec- prolongement
également un rôle dans la bonne répartition de la de l'avant-bras.
tions ou de captage de poussières, quant à eux, contraintes. Les temps de pause sont source de
ne doivent pas gêner la tenue en main ou la mani- récupération.
pulation de la machine, ni occulter le champ de Le contexte d’utilisation de la machine doit éga-
vision de l’utilisateur ou occasionner des efforts lement être examiné afin d'éviter que celle-ci ne
supplémentaires. devienne inconfortable, voire dangereuse pour
Toujours sur l’aspect technique, l’exposition aux l'utilisateur. Un point important concerne le port
vibrations main-bras peut entraîner une perte de de gants de protection. En effet, selon le maté-
sensibilité tactile, des troubles de la circulation riau employé, ils sont susceptibles de modifier
sanguine (syndrome de Raynaud) et l’apparition les dimensions externes de la main, de réduire
de TMS tels que le syndrome du canal carpien. la capacité de mouvement, de diminuer la sen-
De ce fait, les machines portatives doivent être sation tactile et de modifier le coefficient de
conçues de façon à réduire la transmission des friction entre la main et l’outil. Autant de fac-
vibrations, des chocs ou encore des couples de teurs qui agissent sur le maintien de l'outil par
réaction (Cf. article « L' évaluation simplifiée du l'opérateur.
risque vibratoire, une démarche en trois étapes » N’oublions pas qu’il existe par ailleurs différents
page 27). types d’accessoires comme les supports d’outils
La deuxième famille de critères à prendre en ou les équilibreurs, qui limitent le poids effectif
compte est liée à l’environnement de travail. Il est de l’outil, ainsi que les barres anti-couples, qui
Étape 3
Validation
Résultats
non satisfaisants
Résultats satisfaisants
important de s’assurer que la nature de la tâche réduisent le couple de réaction. Ils doivent être
demandée, l’aménagement du poste de travail et facilement mis en place, sans restreindre la zone
la machine portative elle-même sont compatibles de déplacement de l’outil. En outre, une machine
avec les préconisations en termes de postures, portative bien entretenue réduit les sollicitations
d’efforts et de répétitivité (norme NF EN 1005-1 biomécaniques de l'opérateur, améliore les perfor-
à 5) [2]. Plus précisément, l’espace de travail doit mances et favorise un travail de meilleure qualité.
permettre à l’opérateur de se déplacer et de chan- Une vérification régulière de l’état de la machine
ger de position régulièrement (alternance debout/ est à prévoir.
assis). Des plans de travail et des sièges réglables Enfin, la troisième famille de critères est liée à
sont utiles pour adapter le poste à la taille de l’utilisateur. Même si le champ d’application des
l’opérateur et à la tâche, tout en réduisant les posi- principales références normatives concerne à
tions contraignantes (NF EN ISO 14738, 2008) [3]. la fois les hommes et les femmes de la popula-
L’organisation du travail est essentielle pour favo- tion adulte en âge de travailler (20-65 ans), il est
riser les rotations de poste afin de varier les pos- conseillé de garantir une représentativité des âges
tures et d’alterner les activités à fortes et à faibles et des genres lors du recueil du ressenti d’utilisa-
Encadré 2
Comment rédiger un cahier des charges
pour l’acquisition d’une machine portative ?
Le cahier des charges permet aux exigences essentielles fonction de la future
à l’utilisateur d’exprimer de sécurité qui leur sont machine portative. L’analyse
précisément son besoin applicables. La connaissance fonctionnelle complétée à
et ses exigences. Ce document et le respect de cette directive partir de ce questionnaire
sert de base aux fournisseurs relèvent du savoir-faire des fournit une expression
pour proposer des solutions, concepteurs (fournisseurs). des besoins techniques,
une offre chiffrée et des délais Cela n’interdit toutefois enrichis des usages
de réalisation. Bien rédigé, pas d’en rappeler certaines attendus de la future
il réduit en outre les risques traitant des principaux risques machine portative ;
d'éventuels litiges ultérieurs. connus (efforts, manutentions • les conditions de réception
Attention : le cahier des charges répétitives…) ; de la machine portative.
ne doit pas être qu’un document • la description détaillée des La rédaction d’un cahier
technique traitant des fonctions usages attendus pour chaque de charges n’a d’utilité
et des performances de la fonction technique de la que si l’atteinte des objectifs
machine portative. Il doit machine portative. fixés est vérifiée, sans
également comporter tous Ces données sur les usages attendre la mise
les éléments nécessaires ne doivent pas être en production. Il est donc
à la prévention des risques : simplement juxtaposées nécessaire de définir
• le rappel des règles de sécurité aux fonctions techniques les points d’étape (revues
à respecter : réglementation (paragraphes séparés). de projets), les modalités
en vigueur, règles spécifiques Elles doivent être imbriquées de vérification (plans,
à l’entreprise, à l’utilisation dans ces dernières. Pour maquettes, prototypes…),
envisagée (atmosphère cela, il est proposé une les scénarios et critères
explosive, par exemple). Les démarche basée sur l’analyse d’évaluation.
machines portatives entrent fonctionnelle du besoin. Une fois le (ou les) prestataire(s)
dans le champ d'application Elle comporte des questions retenu(s), le cahier des charges
de la directive « Machines » simples (pourquoi, quoi, qui, peut être annexé
(Directive, 2006) [7]. comment, où, quand ?) à la commande et devenir
Elles doivent donc satisfaire à se poser pour chaque ainsi contractuel.
teurs durant les différentes phases de validation (droite, pistolet, renvoi d’angle) ainsi que des
de conception ou de choix d’une machine por- limites de poids et de fréquence d’utilisation [5].
tative. Ainsi, le recours à des normes anthropo- Que ce soit pour l’acquisition ou la conception
métriques concernant les dimensions de la main d’une machine portative, la démarche à suivre
(NF X35-002) [4] ou la mesure de ces données doit être participative. En effet, les utilisateurs
sur un échantillon représentatif d’utilisateurs est finaux doivent être au centre des préoccupations
recommandée pour déterminer le dimensionne- de l’acheteur et du concepteur. La démarche doit
ment d'une poignée. Une telle démarche a pour également être itérative afin d’appréhender pro-
but de s’assurer que le dimensionnement de la gressivement les situations de travail. Comme le
poignée et l'effort requis lors de son utilisation montre la figure 2, cette démarche comprend trois
sont adaptés à tous. étapes essentielles.
De même, une machine portative doit être conçue Dans un premier temps, le recueil d’informa-
et installée de manière à être utilisée indifférem- tions doit permettre de renseigner les critères
ment par un opérateur droitier ou gaucher. Sinon, précédemment listés. Il est nécessaire pour cela
les deux configurations sont à prévoir. L’utilisation d’identifier et d’analyser de façon détaillée des
d’une machine portative nécessite un certain situations de travail comparables (transposables)
temps d’apprentissage, d’où la nécessité d’infor- aux situations futures du point de vue de l’usage.
mer et de former les opérateurs. Et ce, afin de constituer des scénarios de tests qui
Ces trois familles de critères interagissant entre seront exploités dans les deux étapes suivantes.
elles, aucune ne peut être ignorée, ni traitée sépa- L’ensemble de ces informations doit être formalisé
rément des autres (Cf. Figure 1) lors de l’acquisi- dans un cahier des charges (Cf. Encadré 2).
tion ou de la conception d’une machine portative. La seconde étape vise à établir des mises en situa-
Pour preuve, le positionnement d’une visseuse tion sur la base des scénarios précédemment éta-
par rapport à son utilisateur détermine son type blis, en vue de valider les critères ergonomiques q
POUR EN SAVOIR
• Ergonomie des outils à main – Problématique et état
de l’art. INRS, Note Scientifique et Technique,
NS 168, 1998, 148 p.
• Conception et ergonomie – Méthodes et
outils pour intégrer l’ergonomie dans le cycle
de conception des outils à main. INRS, Note
Scientifique et Technique, NS 219.
• Conception des machines et ergonomie.
INRS, ED 6154, 2013, 11 p.
Bibliographie
[1] Lindqvist B. L’ergonomie [4] X35-002 Modèles of the 2nd conference PREMUS, Montréal,
des machines portatives. Atlas Copco, anthropométriques de la population Canada, 1995, 405-407.
1998, ISBN : 91-630-5217-2, 180 p. masculine et féminine, AFNOR, 1982.
[7] Directive 2006/42/CE. Directive
[2] NF EN 1005 -1 à 5 Sécurité des [5] Ulin S.S., Armstrong T. J. 2006/42/CE du Parlement Européen et
machines. Performance physique Development of guidelines for the use du Conseil du 17 mai 2006 relative aux
humaine, AFNOR. of powered hand tools. Proceedings machines et modifiant
of First PREMUS Conference, Stockholm, la directive 95/16/CE (refonte).
[3] NF EN ISO 14738 Sécurité
Suède, 1992, 293-295.
des machines. Prescriptions
anthropométriques relatives [6] Bobjer O., Bergqvist H., Lohmiller
à la conception des postes de travail W. R. Development of prototype tools for
sur les machines, AFNOR, 43 p. field testing. Proceedings
L
e phénomène est bien connu des tra- portatives (perceuses ou meuleuses) peut être
Henri Lupin
vailleurs du bâtiment : lorsqu’ils utilisent dangereux. C’est donc à partir de cette valeur
INRS,
une meuleuse électroportative, il arrive qu’il convient d’intégrer des dispositifs de protec-
département
fréquemment que le disque se bloque tion aux machines portatives afin de prévenir les
Expertise
dans le matériau découpé, provoquant risques associés au blocage de l’outil. Parmi les
et conseil
ainsi une éjection de la machine (Cf. Encadré 1). mesures à privilégier figurent :
technique
Cet effet rebond, aussi appelé kickback, peut alors • le choix d’organes de préhension convenable-
contraindre l’utilisateur à lâcher la machine. À ce ment dimensionnés et positionnés. En complé-
risque d’éjection déjà particulièrement dangereux
en lui-même, peuvent s’ajouter des risques graves
tels que des fractures des métacarpiens ou du poi- Encadré 1
gnet, un déséquilibre provoquant la chute de l’opé- Principe de l’effet rebond
rateur, voire son décès. Le blocage du disque en
Le blocage d’un disque dans le matériau
rotation peut aussi causer la rupture de la meule
découpé provoque une augmentation brutale
avec projection d’éclats de disque (Cf. Encadré 2).
du couple de réaction. Concrètement,
Afin de mieux appréhender cet effet rebond, l’INRS
cela se traduit par une brusque poussée
s’est appuyé sur une étude du Laboratoire natio- au niveau des organes de préhension
nal d’essais (LNE). Son objectif était de déterminer de la meuleuse. Ce phénomène entraîne
la valeur limite du couple de blocage, c’est-à-dire alors la machine dans la direction opposée
la poussée à partir de laquelle l’utilisateur risque au sens de rotation du disque au point
de lâcher la machine en cas d’effet rebond. Cette de coincement. Pris par surprise, l’opérateur
étude a été réalisée avec des perceuses porta- peut alors lâcher son outil. Du fait de l’inertie
tives, mais plusieurs résultats sont transposables des pièces en mouvement ou parce que
aux meuleuses portatives. le moteur reste alimenté, le disque reste
en rotation, d’où des risques de fractures
Concrètement, un échantillon de 11 opérateurs
et de coupures très graves.
volontaires a utilisé des perceuses portatives en
vitesse lente ou rapide avec des couples de blocage
allant de 2,6 à 6,4 m.kg. Les essais ont été faits
en position accroupie avec une machine portative
horizontale à hauteur des genoux et en position
debout-courbé avec une machine portative ver-
ticale orientée vers le bas. Il est apparu que des
couples de 2,5 m.kg au blocage sont supportés sans
Rejet de la machine
problème par tous ces opérateurs. En outre, l’effet
de surprise disparaît dès le second essai, le blocage
étant alors attendu par l’opérateur et donc mieux
© 3 Zigs pour l'INRS
Embrayage centrifuge
sur la broche
Embrayage Débrayage
Moteur
Arbre
moteur
Ressort
© 3 Zigs pour l'INRS
© 3 Zigs pour l'INRS
Pignon
D figure 1 Principe du débrayage mécanique centrifuge. D figure 2 Principe du système limiteur de couple.
meuleuse meuleuse
matériau à couper
matériau à couper
Vers la fin de la coupe, les pièces découpées Vers la fin de la coupe, la pièce découpée
se referment sur le disque. s’écarte du disque et tombe par gravité.
X
éviter le phénomène de rebond. Il faut notamment : se produire un phénomène de rebond ; d Figure 3
Points d'appui du
• maintenir solidement la meuleuse, positionner •n e pas redémarrer la découpe, disque dans le matériau à couper.
le corps et le bras de manière à pouvoir résis- matériau, car celui-ci peut se coincer et provo-
ter aux forces de rebond et toujours utiliser la quer un rebond. Le laisser atteindre sa pleine
poignée latérale pour contrôler au maximum les vitesse et le replacer avec précaution dans la
rebonds ou les réactions de couple au moment coupe ;
du démarrage ; • faire attention au mouvement des pièces décou-
• ne pas positionner le corps dans l’alignement pées. En fin de coupe, elles ne doivent pas se
du disque en rotation afin de ne pas se trouver refermer sur le disque (Cf. Figure 3) ;
sur la trajectoire de la meuleuse susceptible, lors • faire très attention lors de la réalisation d’ou-
d’un rebond, d’être propulsée ; vertures dans des cloisons existantes ou dans
• être particulièrement prudent lors d’opérations d’autres zones dont la partie arrière n’est pas
sur des coins, des arêtes vives, etc. Ceux-ci ont visible. Le disque peut couper des conduites
tendance à accrocher le disque en rotation et à de gaz ou d’eau, des fils électriques ou d'autres
provoquer une perte de contrôle ou un rebond ;
• ne pas appliquer une pression excessive sur le
objets entraînant un rebond. •
disque et ne pas tenter de réaliser une découpe
trop profonde car une surcharge du disque aug-
mente sa probabilité de torsion ou de blocage POUR EN SAVOIR
à l’intérieur de la coupe et, par conséquent, la
possibilité de rebond ou de casse du disque ; • Norme NF EN 60745-1 : « Outils
• couper l’alimentation de la meuleuse et la tenir électroportatifs à moteur. Sécurité. Partie 1 :
sans bouger jusqu’à l’arrêt complet du disque Règles générales », AFNOR, novembre 2009.
lorsque celui-ci se coince ou si l’on interrompt la • Norme NF EN 60745-2-3 : « Outils électroportatifs
coupe pour une raison quelconque ; à moteur. Sécurité. Partie 2-3 : Règles particulières
• ne jamais essayer de sortir le disque de la coupe pour les meuleuses, lustreuses et ponceuses
tant que celui-ci est en mouvement, sinon il peut du type à disque », AFNOR, avril 2011. q
L
es meuleuses sont soumises à l’annexe I de qui sont communes à la plupart des outils électropor-
la directive « Machines » 2006/42/CE, trans- tatifs à moteur. La norme EN 60745-2-3 d’avril 2011
posée dans le Code du travail par l’article « Outils électroportatifs à moteur. Sécurité. Partie 2-3 :
R. 4312-1, qui stipule que « la machine est Règles particulières pour les meuleuses, lustreuses et
conçue et construite pour être apte à assu- ponceuses du type à disque » donne, quant à elle, les
rer sa fonction et pour qu'on puisse la faire fonctionner… prescriptions qui complètent ou modifient les prescrip-
sans exposer quiconque à un risque lorsque ces opéra- tions données dans la norme EN 60745-1, afin de tenir
tions sont accomplies, dans les conditions prévues par compte des caractéristiques et des dangers particuliers
le fabricant, mais en tenant également compte de tout de ces outils spécifiques. Elle s’applique, entre autres,
mauvais usage raisonnablement prévisible… ». aux meuleuses dont le diamètre de disque ne dépasse
Comment prévenir ces mauvais usages ? Qu’ils soient pas 230 mm pour une vitesse périphérique inférieure
intentionnels ou non, ceux-ci sont prévisibles sur la ou égale à 80 m/s.
base de retours d’expérience, d’enquêtes menées à la
suite d'accidents et de la connaissance du comporte-
ment humain. Parmi ces mauvais usages, on distingue :
• le mauvais positionnement du corps et du bras, ainsi que
le non-usage de la poignée latérale pouvant provoquer
une perte de contrôle de la meuleuse par l’opérateur ;
• le fait d’appliquer une pression excessive sur le
disque pensant que cela va le débloquer, alors que
cela risque au contraire de le casser ;
•u n défaut de concentration menant l’opérateur à
redémarrer la coupe, disque dans le matériau ;
• l’application de la « loi du moindre effort » pour la
coupe d’un matériau, par exemple lorsque l’opérateur
néglige de maintenir fermement la meuleuse ;
• la volonté de maintenir la meuleuse en marche à tout
prix, par exemple, lorsque le disque commence à se