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Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 184, 3e trimestre 2001

→ C. Brugnot, C. Beauté,
H. Hasni-Pichard, F. Lauzier, service
Prévention - CRAM Ile-de-France
Application de résines
en espaces confinés
dans l’activité BTP
Mise en évidence des expositions
et propositions de moyens de prévention

our répondre à des exigences techniques et esthétiques de plus en plus pointues, les
RESINS APPLICATION, IN
ENCLOSED SITE, FOR THE
P résines synthétiques utilisées dans les revêtements de surface (sols, réservoirs, cuves,
tuyauteries…) contiennent des substances chimiques de plus en plus nombreuses et
CONSTRUCTION INDUSTRY variées. Mais le recensement des risques posés par la manipulation et la mise en œuvre de
DETERMINATION OF CHEMICAL ces résines, en milieux confinés, sur les chantiers de BTP, met en évidence une situation pré-
EXPOSURES AND PROPOSITIONS occupante, confirmée par les résultats obtenus lors de contrôles d’ambiance et d’évalua-
OF PREVENTIVE MEASURES tions biologiques, réalisés sur 9 chantiers en Île-de-France.
Pour réduire ces risques, travailler avec tous les professionnels impliqués (formulateurs,
fabricants de matériels et applicateurs) paraît être une méthode efficace. Cette étude a
Trequirements,
o come up to stronger and stronger
technical and esthetic
the synthetic resins
surtout servi à mettre en évidence les problèmes qui se posent et nécessite d'être poursui-
vie sur un long terme par des équipes pluridisciplinaires.

used for the surface coatings (floors,


containers, tanks, pipes…) contain
 résine synthétique  application  espace confiné  risque  métrologie
more and more various chemical  mesure de prévention
substances. But the identification of
the risks generated by the handling
and the use of these resins,
in enclosed spaces, in the construction
activity, shows a worrying situation,
confirmed by the results
of atmosphere controls and biological

L
evaluations realised on 9 building sites es exigences des maîtres d’ouvra- Mais qu’en est-il des risques encourus
in Ile-de-France. ge en matière de revêtements de par les salariés qui manipulent ces pro-
To reduce these risks, working with all surfaces (sols, réservoirs, cuves, duits sur les chantiers, plus particulière-
the implicated professionnals tuyauteries…) deviennent de plus ment dans des milieux confinés ?
(formulators, material constructors en plus pointues, tant d’un point de vue
and applicators) seems to be an technique que d’un point de vue esthé- Le travail présenté commence par une
efficient method.
tique. Les résines synthétiques, qui sont étude technique, destinée à inventorier les
This study has essentially contributed
to point out the problems. It must be fréquemment utilisées pour ce type de grandes familles de résines utilisées sur les
continued by a long term work, réalisations, doivent pouvoir répondre à chantiers, ainsi que les méthodes d’appli-
realised by pluridisciplinary teams. des qualités diverses : résistances méca- cation. Puis, les risques générés par ce
nique et chimique, résistance aux chocs, type d’activité sont recensés, le risque chi-
 synthetic resin  application élasticité, rapidité de mise en œuvre et de mique étant plus particulièrement traité.
 confined space  hazard séchage… Une phase d’évaluations des expositions
 metrology  prevention measure
Qu’ils soient choisis pour assurer une sur les chantiers confinés permet ensuite
fonction d’étanchéité, anti-corrosive, anti- de mettre en évidence les problèmes réels
dérapante ou tout simplement protectrice rencontrés. Enfin, les mesures de préven-
du matériau recouvert (béton, métal), les tion sont abordées, suivies de la descrip-
revêtements mis en œuvre sont très sou- tion de la méthodologie utilisée pour trai-
vent formulés sur la base de résines conte- ter ce volet (voies à exploiter, acteurs
nant des substances chimiques de plus en potentiels…).
plus nombreuses et variées.
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 une bonne résistance mécanique et chi- sent un fort développement depuis


1. Les résines : caracté- mique (revêtements anticorrosion dans les quelques années. Leurs principaux avan-
ristiques et application industries) ; tages sont [1,9] :
 une très bonne imperméabilité et une  de bonnes caractéristiques mécaniques
grande stabilité après polymérisation et une bonne tenue chimique ;
1.1. Les différents types (contact possible avec denrées alimen-  leur imperméabilité ou étanchéité,
taires, revêtements étanches à l’intérieur  la possibilité de faire varier le module
La gamme de matières premières et de des châteaux d’eau…). d’élasticité ;
produits qu’offre l’industrie chimique,  une réactivité modulable de quelques
pour répondre à des exigences techniques Par contre, ces résines jaunissent dans le secondes à plusieurs heures ;
(et économiques) de plus en plus sévères, temps, lorsqu’elles sont exposées aux  pas de jaunissement aux UV (si isocya-
est très vaste. Néanmoins, nous avons intempéries et aux UV ; elles présentent nates aliphatiques à la base) ;
retenu 5 grands types de résines (apparte- également une faible souplesse et doivent  une réactivité plus rapide que celle des
nant majoritairement à la famille des être mises en œuvre à une température époxy à basse température (5 °C).
résines thermodurcissables) [1] : supérieure ou égale à 10 °C (au-dessous,
 les résines époxydiques, leur réactivité diminue et leur viscosité Par contre, leur durcissement en milieu
 les résines polyuréthannes, augmente). humide (air ambiant et support béton) est
 les résines poly(méth)acryliques, Toutefois, nous pouvons dire que ces parfois délicat.
 les résines polyester, résines sont très utilisées (résines « passe- Les polyuréthannes se retrouvent dans
 les résines acryliques et vinyliques (en partout ») pour de nombreux types de la composition de peintures, d’enduits,
émulsion). revêtements. d’autolissants, de mortiers souples ou
rigides. Leur souplesse, leur capacité à
1.1.1. Les résines époxydiques 1.1.2. Les résines amortir les chocs et leur confort acous-
polyuréthannes (PUR) tique favorisent leur choix pour la plupart
Pour les applications considérées, ces des revêtements sportifs, ainsi que pour
résines sont toujours livrées en 2 compo- Ces résines résultent de l’addition de les aires de jeux.
sants à mélanger dans des proportions polyisocyanates sur des polyols ou des
précises pour obtenir la réaction de réticu- polyamines. Le terme « polyisocyanates » 1.1.3. Les résines
lation : la résine de base et le durcisseur. comprend les isocyanates de base, mais poly(méth)acryliques
La base est généralement obtenue par également des composés à terminaison
réaction de l’épichlorhydrine avec un phé- isocyanate, comme les prépolymères obte- Ces résines, constituées de mélange de
nol (bisphénol A et/ou F le plus souvent) [2]. nus par réaction des isocyanates avec tout polymères et de monomères (acryliques
Les durcisseurs utilisés peuvent être ou partie des polyols entrant dans la com- ou méthacryliques) sont durcies en place
de différents types [3] : position finale. Ces composés à terminai- par polymérisation radicalaire, amorcée au
 les amines aliphatiques (et cycloalipha- son isocyanate renferment une quantité moyen de peroxydes organiques, très sou-
tiques), résiduelle variable de l’isocyanate mono- vent ajoutés en faible quantité.
 les amines aromatiques, mère d’origine. Des solvants peuvent être utilisés pour
 les polyamino-amides. Les isocyanates principalement utilisés la préparation des peintures, vernis et
comme matières premières sont [4 à 7] : revêtements.
D’autres produits auxiliaires peuvent  le 4,4’-diisocyanate de diphénylméthane Ces résines sont appréciées pour leur
être utilisés dans ces résines, leur confé- (MDI), rapidité de prise (même à des tempéra-
rant des propriétés particulières. Ce sont  le 1,6-diisocyanate d’hexaméthylène tures inférieures à 10 °C), leur forte adhé-
principalement des : (HDI), rence, leur résistance mécanique élevée.
 plastifiants (phtalates, alcool benzylique...),  le diisocyanate d’isophorone (IPDI), Par contre, leurs inconvénients sont nom-
qui vont donner plus de souplesse ;  le diisocyanate de toluylène (TDI). breux :
 pigments, pour la coloration ; Ces résines peuvent être mono- ou  résistance aux agressions chimiques
 charges (quartz surtout, brai de houille, bicomposantes, avec ou sans solvant. moyenne,
oxydes de fer…) pour :  forte rigidité,
- donner une qualité antidérapante, Les résines à un composant se présen-  retrait important (5 fois supérieur à celui
- résister aux contraintes mécaniques éle- tent sous la forme de prépolymères à ter- des époxy),
vées (bétons époxy), minaisons isocyanates (généralement en  odeur forte et persistante des mono-
- baisser le prix de revient ; solution), qui réticulent sous l’action de mères,
 solvants (cétones, alcools, hydrocar- l’humidité atmosphérique [8].  risques dus à l’utilisation de peroxydes.
bures aromatiques, dichlorométhane…) ; Les systèmes à 2 composants sont Elles sont utilisées dans certains vernis,
 diluants réactifs (éthers phényl et butyl- constitués d’une solution de polyol et autolissants et mortiers, et plus générale-
glycidyliques, éther allylglycidylique…) ; d’une solution de prépolymère à terminai- ment pour effectuer des réparations de
 accélérateurs (phénol, aminophénols…) son isocyanate (durcisseur), qui doivent sols en béton.
pour modifier les temps de prise et de être mélangées en proportions détermi-
polymérisation. nées au moment de l’application [8]. 1.1.4. Les résines polyesters
Comme pour les résines époxydiques,
Les principaux avantages des résines d’autres matières peuvent être ajoutées à Les polyesters réticulés sont obtenus à
époxydiques sont [1,3] : la résine PUR : il s’agit de catalyseurs, de partir de polyesters insaturés et d’un sol-
 un pouvoir adhérent excellent sur de solvants, de charges ou de pigments. vant monomère. Les polyesters insaturés
très nombreux supports ; Les systèmes polyuréthannes connais- résultent de la polycondensation d’un
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diacide insaturé sur un diol ou un polyol utilisées pour leur performance anticorro- étendent les produits à l’aide d’instruments
(éthylène glycol, par exemple), sous sion élevée. très simples, tels que truelle, raclette cran-
forme liquide. On obtient une résine tée, platoir, rouleau, rouleau débulleur,
« masse » après élimination de l’eau for- 1.1.5. Les résines acryliques pinceau. Ils travaillent en général à
mée. Ce polyester insaturé est ensuite mis et vinyliques (en émulsion) genoux, sauf lorsqu’ils peuvent se servir
en solution dans un solvant monomère, le d’un rouleau monté sur manche.
styrène généralement. Ces résines sont à base de copolymères.
Elles sont toujours monocomposantes. L’utilisation de la taloche est souvent
La réticulation s’effectue après addition Leur séchage se fait par évaporation de préférée à celle du rouleau (sauf pour les
des adjuvants de durcissement (à chaud l’eau et des cosolvants. couches les plus minces) car elle permet,
ou à température ambiante) : Les peintures et vernis sont préparés à selon les professionnels, d’avoir un
 catalyseurs : peroxydes organiques ajou- partir d’émulsions de résines dans l’eau, meilleur contact avec le produit, et donc
tés, à raison de 0,5 à 3 % ; dans lesquelles on ajoute des charges (sili- de mieux affiner l’application (elle permet
 accélérateurs : ce sont des initiateurs de ce…), des plastifiants (phtalates), des pig- aussi de mieux « tirer » la résine, ce qui en
décomposition des peroxydes (sels métal- ments, des solvants. diminue la consommation et représente
liques, amines tertiaires…) ; Leur faible résistance chimique et leur un intérêt économique pour l’entreprise).
 charges : poudres minérales (silice…) résistance limitée au trafic intense font
ou charges fibreuses (verre). L’adjonction qu’elles sont peu utilisées en milieu indus- 1.2.2. La projection automatique
de fibres de verre (les plus utilisées) triel, mais plutôt pour les revêtements de
donne les polyesters renforcés, ou strati- zones piétonnières ou certains aménage- Les équipements d’application sont sou-
fiés (par empilement de couches enrobées ments urbains. vent composés de :
de résine) ;  une alimentation produit (godet, réser-
 pigments ; voir ou pompe),
 solvants. 1.2. Les procédés d’application  une tuyauterie de liaison,
des résines  un pistolet de pulvérisation.
Les performances des résines polyesters
sont directement liées à la nature du poly- Deux modes principaux d’application Les peintures bicomposantes se pulvéri-
condensat insaturé (polyester, vinyles- servent à la mise en œuvre des résines, sent généralement de la même manière que
ter…) et au taux de styrène monomère. qu’il s’agisse de revêtements de sols ou de les peintures monocomposantes, mais le
revêtements de cuves ou tuyauteries : mélange est fait, soit par un salarié prépara-
Ces résines offrent une très bonne résis- l’application manuelle et la projection teur dans le bac d’alimentation produit, soit
tance chimique (surtout en milieu acide), automatique. automatiquement au niveau de la pompe.
de bonnes résistances mécaniques et une
mise en service rapide. Par contre, leur 1.2.1. L’application manuelle La pulvérisation
rigidité est très forte, et l’odeur persistante Les principales caractéristiques des tech-
de monomère très désagréable. En revête- Cette technique est largement utilisée niques de pulvérisation [10, 11] sont réca-
ment de sols, elles sont essentiellement pour le revêtement de sols. Les salariés pitulées dans le tableau I.

TABLEAU I
CARACTÉRISTIQUES DES TECHNIQUES DE PULVÉRISATION
CHARACTERISTICS OF SPRAYING TECHNIQUES
PULVÉRISATION PNEUMATIQUE PULVÉRISATION AIRMIX® PULVÉRISATION AIRLESS®
BASSE PRESSION CONVENTIONNELLE
pulvérisation obtenue par pulvérisation obtenue par pulvérisation mixte, obtenue pulvérisation sans air, obtenue
mélange air et produit en sortie mélange air et produit en sortie par effet mécanique à travers par effet mécanique à travers
PRINCIPE de pistolet - pression de l'air de pistolet - pression de l'air une buse alimentée en produit une buse alimentée en produit
comprimé : 0,7 bar maximum comprimé : 3 à 6 bars sous moyenne pression sous haute pression
(30 à 120 bars), et ajout d'air (100 à 400 bars)
(sous très faible pression)
- simplicité - simplicité - brouillard réduit de 80 % par - couche très épaisse
- facilité de réglage - facilité de réglage rapport à la pulvérisation pneu- - forte viscosité
- brouillard réduit matique conventionnelle (selon - débit très important
AVANTAGES (volume divisé par 4 par fiches techniques, mais donnée
rapport à la pulvérisation non vérifiée expérimentalement,
conventionnelle) à ce jour, sur les chantiers)
- qualité de finition excellente - couche épaisse
- viscosité et débit importants
- excellente finition
- viscosité du produit modérée - brouillard important - présence indispensable - finition délicate difficile
- débit modéré - perte de produit importante d'un compresseur sur - couche mince impossible
INCONVÉNIENTS - présence indispensable d'un - viscosité et débit modérés le chantier
compresseur sur le chantier - présence indispensable d'un
- distance faible entre compresseur sur le chantier
opérateur et zone à traiter
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Fig. 1. Application d'un primaire d'accrochage - Application of an adhesive primer


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Sur les chantiers, le procédé le plus sou- toujours très homogène, et une fraction salarié à la toxicité de substances, nettoya-
vent rencontré est la pulvérisation des composants purs peut se retrouver ge des tuyauteries nécessitant des quanti-
Airless®. Le matériel est robuste, très dans l’atmosphère (risques en fonction de tés élevées de solvants.
simple d’utilisation (pas ou peu de la toxicité des produits utilisés) ;
réglages), facile à transporter ; il permet de 1.2.3. Les modes opératoires
travailler à des débits très importants,  Mélange interne : les deux compo- La mise en œuvre d’un revêtement com-
même sur des produits très visqueux, ce sants arrivent séparément dans un mélan- porte en général plusieurs phases.
qui constitue un gain de productivité inté- geur statique positionné juste avant la
ressant pour les entreprises. buse. Le mélangeur est nettoyé en fin 1. La préparation de la surface : suivant la
d’opération seulement (quelques nature et l’état du support, elle peut se
Les pompes bi-composants grammes de solvant suffisent). faire par grenaillage, ponçage, sablage, jet
Ce type de matériel assure le dosage haute pression, décapage chimique ou
volumique précis de chacun des consti- A ce jour, les pompes bi-composants shampooing acide. Il s’agit de débarrasser
tuants (suivant le rapport préconisé par le sont essentiellement utilisées dans les la surface de toute trace d’éléments
formulateur). industries (automobile, navale, aéronau- (huiles, graisses, résidus d’anciens revête-
En fonction du modèle choisi, on peut tique, plastiques…), mais pas dans le BTP. ments..) qui gêneraient l’adhérence.
avoir un mélange au niveau de la pompe Leur conception actuelle reste encore peu
ou un mélange déporté au niveau du pis- adaptée aux chantiers : machines lourdes, 2. L’application d’un primaire d’accrocha-
tolet. Dans ce dernier cas, deux options se encombrantes, d’utilisation relativement ge (résine souvent solvantée) : il assure la
présentent là encore : pointue (réglages en fonction des pro- stabilité du support ; il en bouche les
duits), de coût élevé. Leur utilisation per- pores et permet d’éviter le bullage lors de
 Mélange externe : les deux compo- mettrait pourtant d’éviter, ou de diminuer l’application de la couche principale (cf.
sants sont véhiculés et pulvérisés séparé- la fréquence de certaines phases dange- fig. 1).
ment, de façon à ce qu’ils se croisent à reuses : préparation et mélange des com-
l’extérieur. Le mélange réalisé n’est pas posants exposant de façon importante le 3. L’application du revêtement (cf. fig. 2).

Fig. 2. Application du revêtement - Application of the coating


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4. L’application éventuelle d’une couche


de finition (peinture, vernis...).

Plusieurs couches peuvent être néces-


saires pour réaliser le revêtement, avec
différentes options suivant le résultat
recherché : projection de silice (pour
créer une rugosité nécessaire à l’accro-
chage de la couche de finition), incorpo-
ration de granulats de caoutchouc (pour
sols souples)…
Des opérations intermédiaires de débulla-
ge (avec rouleau débulleur) sont souvent
nécessaires pour évacuer les bulles d’air,
emprisonnées sous la couche qui vient
d’être appliquée, qui conduiraient à la for-
mation de « cloques » lors du séchage.
Différents types de résines peuvent être
superposés : époxydique en sous-couche
(pour meilleure adhérence) et polyuré-
thanne en surface pour une finition plus
esthétique.

Pour renforcer la résistance mécanique,


on peut réaliser une stratification : cette
opération consiste à incorporer, entre 2
couches de résine, des fibres de verre
sous forme d’un mat (sorte de tissu, le
plus souvent rencontré) ou de morceaux
découpés et projetés sur la surface par un
pistolet (figs. 3 à 6). Fig. 3. Fig. 4

Notons enfin que, pour les réalisations


d’étanchéité, un contrôle minutieux de la
surface est réalisé à l’aide d’un peigne
électrique ; il s’agit de détecter toute ano-
malie de porosité, qui correspond à un
site d’attaque possible du revêtement.
Toutes les malfaçons doivent être reprises,
jusqu’à obtenir un contrôle parfait.

2. Les risques générés

Les différents types de risques auxquels


sont exposés les applicateurs de résines
sont présentés, et tout particulièrement le
risque chimique. Les autres risques ne
seront qu’évoqués ou cités, n’ayant pas
été étudiés précisément.

Fig. 3 à 6. Opération de stratification


d'une résine - Resin laminating process Fig. 5. Fig. 6.
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2.1. Le risque chimique une tension de vapeur très faible par rap- Un tableau récapitulatif des propriétés
port aux trois autres isocyanates. Les physico-chimiques des solvants est propo-
2.1.1. Identification des dangers risques de sensibilisation, après inhalation, sé en annexe II.
devraient donc être moins importants,
Les principales caractéristiques des sub- puisque la molécule est très faiblement Les peroxydes
stances utilisées pour la fabrication des volatile. Utilisés dans les résines polyesters et
résines ont été répertoriées, permettant Le service toxicocinétique de l’INRS a poly(méth)acryliques, les peroxydes orga-
d’en déterminer les dangers (voies de ouvert une étude sur le risque MDI, dans niques sont également des facteurs très
contact et/ou de pénétration, le but, d’une part, de mettre au point et sérieux d’incendie et d’explosion. Ces
atteintes/pathologies, tableaux de mala- valider une méthode d’évaluation de l’im- composés ont la propriété particulière de
dies professionnelles correspondants, prégnation des salariés par dosages uri- se décomposer en dégageant une quanti-
incendie-explosion). naires, et d’autre part, de tenter de mieux té de chaleur importante ; la décomposi-
Les données sont rassemblées dans le déterminer les voies de pénétration de la tion s’accélère alors et peut conduire à
tableau II (page suivante). substance [30]. l’explosion.
En complément à ces informations,
quelques commentaires, propres à cer- Lorsqu’elle a pénétré dans l’organisme, Cette décomposition peut démarrer
taines substances présentant des dangers la molécule de MDI se métabolise très sous l’effet d’un échauffement (même dû
plus marqués peuvent être faits. rapidement en MDA (substance assimilée à un choc ou à un frottement), ou d’un
à une substance cancérogène). Or, les contact avec certaines matières organiques
La MDA (4,4’-méthylènedianiline, ou taux élevés de MDA détectés dans les ou certains composés minéraux (oxydes
4,4’-diaminodiphénylméthane) urines des ouvriers sélectionnés pour l’étu- de fer, alumine…).
Cette amine est utilisée comme durcis- de ne peuvent être justifiés par les concen-
seur dans certaines résines époxydiques trations en MDI (faibles ou non détec- La manipulation des peroxydes doit
requérant une qualité alimentaire (revête- tables) mesurées dans l’atmosphère. Il donc se faire avec prudence, avec propre-
ment pour réservoirs d’eau potable, châ- s’agit alors de déterminer la part de la té, et sur des quantités aussi faibles que
teaux d’eau…). La MDA est classée en pénétration cutanée dans l’imprégnation possible. Il est recommandé de veiller à ce
catégorie 2 de la classification européenne des salariés, élément essentiel à connaître que le stockage soit réalisé dans les
des cancérogènes (substance devant être pour adapter les mesures de prévention. meilleures conditions (température contrô-
assimilée à une substance cancérogène Les caractéristiques des 4 principaux di- lée, isolement, petites quantités, absence
pour l’homme). Sa très faible tension de isocyanates cités sont précisées en annexe I. de matières combustibles).
vapeur et sa liposolubilité font que la voie
de pénétration privilégiée de la MDA est la Les poussières 2.1.2. Estimation du risque
voie cutanée [16]. L’évaluation du risque Pour la préparation des surfaces, les sur les chantiers
doit être faite dans ce cas par le dosage de phases de grenaillage ou de ponçage sont
la MDA dans les urines [17]. très génératrices de poussières pouvant Le risque apparaît comme une fonction
contenir de la silice libre. Les plus gros du danger présenté par le produit lui-
L’évaluation de l’exposition profession- matériels utilisés (grenailleuse, ponceuse) même, et de l’exposition du salarié à ce
nelle à cette amine en France a fait l’objet sont généralement équipés de filtres (dont produit. L’estimation de ce risque ne peut
d’une étude menée par l’INRS [18]. l’efficacité est à vérifier dans chacun des se faire qu’à l’aide de différents para-
Il a été montré, par exemple, que les cas). Mais l’utilisation de la ponceuse à mètres.
phases de préparations des charges et de main pour les endroits moins accessibles
nettoyage sont tout particulièrement pro- (angles, bordures) expose directement Les caractéristiques du produit
pices aux contaminations. l’utilisateur. Il faut d’abord connaître la composition et
la quantité mise en œuvre du produit uti-
Suite à cette étude, l’INRS a proposé Quand des charges siliceuses sont ajou- lisé, déterminer les dangers générés par
d’abaisser la valeur d’indicateur biologique tées à la résine, l’opération se fait soit en les substances qu’il contient (toxicité, vola-
d’exposition (IBE) à 50 µg/l de MDA uri- versant directement le contenu des sacs tilité, voies de pénétration, concentrations,
naire, au lieu des 100 µg/l jusqu’alors uti- dans la préparation à appliquer, soit en risque incendie-explosion). La « fiche de
lisés par les grands groupes industriels déposant le sable directement sur la surfa- données de sécurité » [34] du produit (que
concernés. Précisons que cette valeur n’est ce enduite (à la main ou par projection). la société d’application doit absolument
qu’une recommandation technique. Là encore, les salariés sont exposés au avoir en sa possession), ainsi que l’étique-
danger. tage des emballages, fournissent des pre-
Les isocyanates mières informations essentielles. Les dan-
Parce que sa volatilité est la plus élevée, Les solvants gers ainsi mis en évidence orienteront le
le diisocyanate de toluylène (TDI) est la Pour tous les types de résines, le risque choix des mesures de prévention.
molécule la plus dangereuse de la gamme incendie-explosion est dû essentiellement
des diisocyanates mentionnés au § 1.1.2. à l’utilisation des solvants. En effet, ils sont Les phases du travail
Cette substance peut donc se retrouver quasiment tous inflammables et, en géné- L’exposition du salarié au danger dépend
dans l’atmosphère, même lors d’une appli- ral, très volatils. Leurs vapeurs peuvent for- étroitement de la tâche qu’il accomplit.
cation au rouleau. mer des mélanges explosifs avec l’air. Il est Nous pouvons mettre en évidence trois
donc utile de réaliser des contrôles d’at- postes de travail principaux pour lesquels
Le diisocyanate de diphénylméthane mosphère (le degré d’explosivité peut être le risque ne présente pas les mêmes carac-
(MDI), très fréquemment rencontré dans mesuré par explosimètre). téristiques :
la formulation des résines PUR, présente
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TABLEAU II
DANGERS PRÉSENTÉS PAR LES SUBSTANCES CONTENUES DANS LES RÉSINES
HAZARDS OF THE SUBSTANCES CONTAINED IN THE RESINS
TOXICITÉ
SUBSTANCES RÉSINES CONCERNÉES VOIES DE CONTACT ATTEINTES/PATHOLOGIES INCENDIE TABLEAUX
DANGEREUSES (RÔLE DANS LA RÉSINE) ET/OU DE PÉNÉTRATION EXPLOSION M.P. (*)
RÉSINES ÉPOXYDIQUES résines époxydiques - contact cutané - eczémas 51
(base) - dermites irritatives
AMINES ALIPHATIQUES résines époxydiques - contact cutané surtout - forts sensibilisants cutanés : 49
(durcisseurs) eczémas
- pénétration par inhalation - risques d'asthmes
(si tension de vapeur élevée)
AMINES AROMATIQUES résines époxydiques - contact cutané - eczémas 15
(durcisseurs) - dermites irritatives
- pénétration par inhalation - asthmes allergiques 15 bis
- pénétration par voie - lésions du foie, des reins 15 ter
cutanée et/ou inhalation - troubles neurologiques
- cancers du foie ou de la
vessie, pour certaines
Cas particulier : - voie cutanée surtout, - hépatotoxique
MDA (4,4'-méthylène- et/ou inhalation - cancérogène catégorie 2
dianiline) (Classification européenne)
cancers de la thyroïde et
du foie chez l'animal
ISOCYANATES résines polyuréthannes - contact cutané - eczémas
(durcisseurs) - pénétration par inhalation - atteintes de l'appareil 62
respiratoire surtout (asthmes,
bronchites asthmatiformes,
insuffisance respiratoire
chronique parfois)
Remarque :
très fortement sensibilisants ;
la sensibilisation une fois établie,
des troubles réapparaissent après
une nouvelle exposition, même
à des concentrations très faibles
CHARGES :
Siliceuses Résines époxydiques - pénétration par inhalation - silicoses 25
Résines polyuréthannes 25 bis
Brai de houille Résines époxydiques - contact cutané - lésions cutanées : (dermites
irritatives, troubles
pigmentaires, cancers 16
cutanés parfois) 16 bis
Benzo[a]pyrène - pénétration par inhalation, - cancers cutanés, pulmonaires,
(composant du brai) et/ou voie cutanée de la vessie et des reins
cancérogène cat. 2
mutagène cat. 2
toxique pour la reproduction cat. 2
(Classification européenne)
PHTALATES résines époxydiques - contact cutané - irritations
(plastifiants)
SOLVANTS toutes résines - contact cutané - dermites irritatives, eczémas 4 bis
- pénétration par inhalation - irritations des voies
respiratoires
- pénétration par inhalation, - état ébrieux (somnolence, oui 84
et/ou voie cutanée fatigue, vertiges
nausées, pertes d'appétit)

Cas particuliers :
dichlorométhane - pénétration par inhalation - tous symptômes des solvants non 12
surtout - hépatites, troubles cardio-
(substance très volatile) respiratoires
toluène, xylènes - pénétration par inhalation, - tous symptômes des solvants oui 4 bis
et/ou voie cutanée - troubles intestinaux
alcool benzylique résines époxydiques - tous symptômes des solvants très 84
(plastifiant) faible
styrène résines polyesters - pénétration par inhalation, - tous symptômes des solvants oui 84
(monomère) et/ou voie cutanée - action sur le système nerveux
central
(troubles de l'équilibre,
dépressions)
PHÉNOL résines époxydiques - contact cutané - action caustique : brûlures
(accélérateur) - pénétration par inhalation - irritations respiratoires
- pénétration par voie cutanée, - maux de tête, étourdissements,
et/ou inhalation troubles de la vision, de l'audition,
de la respiration, pertes de
conscience
PEROXYDES ORGANIQUES résines poly(méth)acryliques - contact cutané - irritations
résines polyesters - eczémas tenaces, parfois oui
(catalyseurs) - pénétration par inhalation (pour - irritations des voies respiratoires
quelques peroxydes liquides)
Remarque : cf. références bibliographiques [3, 12 à 29, 31 à 33].

(*) cf. Les Maladies professionnelles. Guide d'accès aux tableaux du régime général et du régime agricole. Paris, INRS, 2000, ED 835, 340 p.
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Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 184, 3e trimestre 2001

 La préparation du produit.
La configuration du chantier vent à leur disposition, mais ne les portent
Le salarié ouvre les emballages de pro- Les caractéristiques du lieu d’interven- pas toujours facilement, se plaignant du
duits, verse l’un des composants dans tion sont importantes à connaître. Suivant fait qu’elles leur serrent trop les jambes. Le
l’autre si nécessaire, mélange à l’aide d’un que l’application se fera dans une canali- modèle intégré aux vêtements (système
outil portatif ou d’une machine (bétonniè- sation, une cuve de très grandes ou de Hygrovet®) n'a pas été rencontré ; les
re parfois), et alimente la pompe en cas faibles dimensions, des locaux à proximi- employeurs invoquent un coût difficile à
d’application par projection. Il est donc té de zones en activité ou pas, les mesures supporter pour des combinaisons ou des
essentiellement soumis aux contacts cuta- de prévention varieront. pantalons qui ne durent pas très long-
nés avec les produits, ainsi qu’aux vapeurs temps.
des substances à volatilité élevée. 2.1.3. Conclusion En cas d’application par projection, le
salarié utilisant le pistolet doit limiter
 L’application de la résine. Deux cas Les dangers toxicologiques et/ou d’in- autant que possible les arrêts de pulvéri-
sont à distinguer : cendie-explosion présentés par les sub- sation (risque de réaction dans la tuyaute-
1 - la projection génère des quantités stances entrant dans la composition des rie, provoquant un bouchage). Il effectue
importantes d’aérosols ; la pénétration par résines, ainsi que les facteurs d’estimation donc des déplacements très rapides au
inhalation apparaît donc comme la voie des risques générés sur un chantier d’ap- milieu de la zone d’intervention qui est
d’imprégnation prépondérante. plication, ont été décrits. Soulignons que souvent encombrée (tuyauteries, échafau-
2 - en cas d’application manuelle la voie de pénétration habituellement dages, éclairage), ce qui peut conduire à
(taloche, rouleau, truelle), le salarié sera envisagée pour ces activités est l’inhalation des chutes, des chocs, des lumbagos…
soumis aux vapeurs des substances vola- (peut-être est-ce dû aux odeurs souvent
tiles ; il le sera d’autant plus s’il travaille à présentes…). Mais la voie percutanée ne 2.2.2. Manutentions
genoux, le nez à 20 ou 30 cm au-dessus doit absolument pas être négligée puis-
de la zone traitée, comme c’est souvent le qu’elle constitue, dans certains cas, le vec- Les phases d’approvisionnement se font
cas pour les revêtements de sols. Mais les teur principal d’imprégnation. Cet aspect en général de la façon suivante :
contacts cutanés sont également très pose d’ailleurs un véritable problème sur  matériel et produits apportés avec le
importants ; lors d’une application sur un les chantiers où les règles d’hygiène ne véhicule de chantier,
plafond par exemple, les salariés peuvent sont pas faciles à instituer.  déchargement à la main,
se contaminer par les égouttures qu’ils Les phases d’évacuation des emballages  acheminement vers la zone d’interven-
reçoivent sur le visage. vides sont également très préoccupantes. tion par transpalette (dans le meilleur des
Les seaux, ou fûts, sont presque toujours cas) ou à la main.
 Le nettoyage. remportés par les salariés dans les véhi-
Cette phase s’effectue le plus souvent en cules de chantier. Quand il n’existe pas de Les produits sont fréquemment condi-
utilisant des solvants, dont les vapeurs se séparation étanche entre les sièges et l’ar- tionnés en emballages de petite taille
dégagent facilement dans l’atmosphère. rière du véhicule, les vapeurs qui s’échap- (seaux jusqu’à 15 kg), mais leur nombre
Mais ces solvants favorisent également la pent des récipients peuvent tout à fait pro- est souvent élevé, ce qui multiplie les
pénétration cutanée des autres substances. voquer des effets toxiques sur les occu- manutentions. Quant au matériel, il peut
De plus, ils induisent un risque d’incendie- pants, augmentant en plus les risques d’ac- être très lourd (ponceuse, grenailleuse) et
explosion, comme nous l’avons déjà indi- cidents de la route. Oserons-nous ajouter doit être déchargé par plusieurs salariés.
qué (cf. dans § 2.1.1. « Les solvants »). que ces véhicules servent très souvent de Notons que, pour les interventions dans
vestiaires, et parfois même de réfectoire ! les bâtiments neufs par exemple, les
L’analyse du travail constitue donc un Le risque incendie-explosion, quant à ascenseurs sont rarement mis à la dispo-
élément primordial pour l’estimation du lui, est particulièrement ignoré sur les sition des applicateurs.
risque ; l’étude de chaque phase est essen- chantiers. Les applications de résines sol-
tielle puisque nous avons constaté que vantées avec - et/ou à proximité - du
certaines tâches, qu’on aurait pu croire matériel électrique sans protection adap- 2.3. Les risques physiques
inoffensives, se révèlent en fait expo- tée, ne sont pas rares. Les besoins de ven-
santes. tilation liés à ce type d’interventions ne Le bruit est la nuisance physique essen-
sont pas du tout pris en compte. tielle dans certaines phases des chantiers.
La durée et la fréquence d’exposition Il résulte du fonctionnement de certains
Les faibles concentrations de certaines appareils : grenailleuse, ponceuse, pompe
substances dangereuses, relevées dans les 2.2. Les risques Airless®…
formules de produits finis, peuvent servir liés à l’activité physique Les salariés portent surtout des protec-
d’arguments pour minimiser les risques. tions auditives pour les opérations de gre-
Mais, même si les dangers présentés par 2.2.1. Gestes et postures naillage ou ponçage.
chacun des constituants sont réduits du L’éclairage peut être déficient, surtout
fait de leurs faibles teneurs, la somme glo- Comme cela a déjà été mentionné, l’ap- pour les interventions dans les espace clos
bale des expositions n’est sans doute pas plication manuelle nécessite souvent un (cuves, réservoirs), ou même dans certains
sans conséquence. Il faut garder à l’esprit travail à genoux et/ou dans des positions sous-sols. Les projecteurs ou baladeuses
que certains salariés font de l’application parfois très inconfortables (interventions alors utilisés ne présentent d’ailleurs pas
tout au long de l’année (expositions répé- dans tuyauteries par exemple) ; les salariés toujours les indices de protection néces-
tées), et que les produits qu’ils utilisent rencontrés se plaignent quasiment tous du saires pour les opérations en cours
sont variables d’un chantier à l’autre dos. Les douleurs aux genoux, elles, sont (risques de projection, incendie, explo-
(éventail très large de substances). parfois atténuées par le port de sion..).
genouillères ; les applicateurs en ont sou-
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Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 184, 3e trimestre 2001

Les contraintes thermiques peuvent être Dans un deuxième temps, les cam- La consultation de la base de données
également préoccupantes. pagnes de mesures effectuées sur les EPICEA ne fournit quasiment rien pour le
chantiers visités en Île-de-France contri- sujet qui nous intéresse (les cas d’intoxica-
bueront à mettre en évidence le niveau tions lors d’utilisations de solvants purs ont
2.4. Autres risques réel d’exposition du personnel. été éliminés). Deux accidents seulement
ont été relevés, pour lesquels des salariés
D’autres risques peuvent, bien sûr, se ont été pris de vertiges, de malaises (l’un
présenter en fonction de la configuration 3.1. Étude des statistiques allant jusqu’au décès), alors qu’ils appli-
des chantiers, mais ne seront pas décrits quaient une peinture dont les caractéris-
ici : risques électriques, chutes de hauteur, 3.1.1. Les accidents du travail tiques ne sont pas données. Dans les deux
risques machines… cas, les causes exactes de l’accident n’ont
Exemple : pas été clairement établies.
2 juillet 1999 : Mr D. est retrouvé inanimé alors qu’il
projetait une peinture anticorrosion (résine PUR 3.1.2. Les maladies professionnelles
3. Évaluation et consé- sans solvant) à l’intérieur d’une cuve métallique de
récupération des eaux pluviales. Il décède 5 jours En ce qui concerne les maladies profes-
quences des expositions après. Ses collègues, qui ont essayé de le secourir, sionnelles, les statistiques ne donnent pas
reconnaissent qu’ils n’ont pas pu rester dans la beaucoup d’informations. Il faut préciser
cuve, étant excessivement incommodés (suffoca- qu’il est difficile de faire une recherche
Dans un premier temps, l’analyse des tions, vertiges, sensations d’évanouissement) par exhaustive en utilisant les codes risques
statistiques des maladies professionnelles une odeur anormalement forte qui y régnait. concernés. En effet, si les sociétés spécia-
reconnues et des données de la base EPI- Et pourtant, ce salarié avait déjà appliqué cette lisées portent généralement les codes
CEA devrait permettre d’appréhender les résine,sur ce même type de cuve,une dizaine de fois 452KA, 454FB, 454JB et 454JC, il est diffi-
atteintes à la santé, conséquentes à des depuis un an, dans des conditions qui, apparemment, cile d’appréhender les salariés travaillant
applications (habituelles ou occasion- étaient toujours les mêmes ! dans des entreprises autrement réperto-
nelles) de résines, effectivement recensées Bien que les causes de cet accident, survenu en Île- riées, et qui pourtant peuvent appliquer
chez les salariés concernés. de-France, ne soient pas encore vraiment éclaircies des résines épisodiquement. Les résultats
à ce jour,il est difficile de penser que la résine mise obtenus sur les 3 années (1996 à 1998),
en œuvre n’ait joué aucun rôle dans ce drame. pour la région Île-de-France, sont rassem-
blés dans le tableau III.

TABLEAU III
STATISTIQUES DES MALADIES PROFESSIONNELLES RECONNUES POUR LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE (*)
STATISTICS OF RECOGNISED OCCUPATIONAL DISEASES FOR THE ILE-DE-FRANCE REGION
452 KA 454 FB 454 JB 454 JC
49 1
51 1 2
1996 62 1
84 2
Total M.P. 0 1 6 0
Effectif 1986 3656 17746 3357
49
51 2 4
1997 62 1 1
84 1
Total M.P. 1 2 6 0
Effectif 1982 3501 16696 3253
49 1
51 2 4
1998 62 1 1 1
84 3 1
Total M.P. 1 4 8 1
Effectif 2060 3703 17128 3384
(*) Intitulés des codes risques : 452 KA Travaux d’étanchéité.
454 FB Pose de revêtement intérieur de toute nature scellé ou cloué - Pose de dallage et carrelage intérieur.
454 JB Travaux en peinture d’intérieur et travaux annexes.
454 JC Ravalement en peinture - Peinture industrielle.
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Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 184, 3e trimestre 2001

3.1.3. Commentaires Évaluation MDA - équipe rouleau : 2 applicateurs + 2 aides dans le


Caractéristiques du chantier n° 1 – Société E. confinement R2.
Objet : réfection d’un réservoir d’eau potable – sur- Produit utilisé : résine époxy sans solvant, durcis-
Les résultats recensés par l’analyse des
face : 1000 m2 environ à traiter. seur avec MDA.
données statistiques tendraient à montrer
Salariés : 1 projeteur, 1 préparateur, 2 aides. Phases du mode opératoire en cours :
que l’activité d’application de résines n’est
Produit utilisé : résine époxy sans solvant, durcis- - dans R1 : projection de la résine (pistolet
pas si préoccupante en matière de santé et
seur avec MDA. Airless®) ;
sécurité des salariés.
Phase du mode opératoire en cours : projection de la - dans R2 : reprises, après stratification, avec résine
Pourtant, le niveau de ces résultats (sur-
couche de finition (pistolet Airless®). appliquée au rouleau par 2 salariés, et grattage à la
tout pour les maladies professionnelles)
Ventilation : oui (soufflage + extraction – taux de brosse de la résine sèche par les 2 aides (prépara-
semble relativement faible lorsqu’on le met
renouvellement d’air théorique : 3) tion avant passage de la couche finale).
en parallèle avec les situations rencontrées
Mesures réalisées : Ventilation :
sur les chantiers. Différents facteurs peu-
a) MDA dans atmosphère, - dans R1 : extraction par groupe moto-ventilateur et
vent expliquer cela :
b) alcool benzylique (plastifiant) et solvants dans conduite souple,
atmosphère, - dans R2 : naturelle (2 ouvertures haute et basse).
 Une sous-déclaration possible des
c) MDA urinaire. Mesures réalisées :
MP ; elle pourrait être d’autant plus vraie
Résultats : a) MDA dans atmosphère,
que de très nombreux salariés, dans cette
a) Les valeurs de MDA dans l’atmosphère varient b) frottis pour recherche MDA,
activité, se trouvent dans des situations
entre 40 et 65 % de la VME au niveau du projeteur ; c) MDA urinaire,
relativement difficiles (populations immi-
elles sont très faibles (5 % de la VME) au poste de d) ventilation.
grées, difficultés de la langue, contrats de
préparation du mélange. Résultats :
travail précaires).
b) La concentration en alcool benzylique atteint a) Pour l’application au rouleau,pas d’exposition des
20 % de la VME au niveau du projeteur ; toutes les salariés par vapeurs ou aérosols.
 L’absence de sensibilisation au risque
autres mesures (autres solvants, autres lieux) res- Pour l’application au pistolet, la valeur relevée pour
chimique pour les salariés, pour leur enca-
tent très faibles. le projeteur est de l’ordre de 20 % de la VME, alors
drement, et même pour certains médecins
c) Les analyses urinaires réalisées sur les 4 salariés qu’elle atteint 35 % de la VME dans l’ambiance (sous
(du travail ou autres) qui ne font pas le
révèlent des valeurs comprises entre 2 et 12 fois la trappe d’accès).
lien entre la pathologie constatée et l’acti-
l’IBE (Indice biologique d’exposition). b) Les frottis de surface effectués en fin de poste
vité professionnelle du patient.
ont révélé la présence de MDA sur les mains et le
visage des salariés (malgré les protections),et sur la
 La difficulté de faire ce lien, et de le Caractéristiques du chantier n° 2 – Société E.
table du réfectoire (pollution facilement exportée).
faire reconnaître, lorsque l’activité princi- Objet : réfection de l’étanchéité d’un digesteur dans
c) Les résultats obtenus en fin de poste et le lende-
pale exercée par le salarié n’est pas la mise une station d’épuration.
main matin mettent en évidence des taux de MDA
en œuvre de produits chimiques à risques. Salariés : 1 projeteur, 1 préparateur, 1 applicateur
urinaire de :
(retouches à la spatule), 1 aide.
- 2 à 4 fois l’IBE pour les applicateurs au rouleau,
Produit utilisé : résine époxy sans solvant, durcis-
- supérieurs à 10 fois l’IBE pour le projeteur,
3.2. Campagnes de mesures seur avec MDA.
- 3 à 11 fois l’IBE pour les préparateurs de mélange,
sur les chantiers Phase du mode opératoire en cours : projection de la
- 2 à 10 fois l’IBE pour les ouvriers affectés au grat-
couche de finition (pistolet Airless®).
tage de la résine sèche.
Neuf chantiers, suivis par le service Ventilation : oui (soufflage).
d) La ventilation est négligeable dans R1 et R2.
Prévention de la CRAMIF, ont pu donner Mesures réalisées :
lieu à des évaluations de l’exposition des a) MDA dans atmosphère,
Caractéristiques du chantier n° 4 – Société B.
salariés à la toxicité des produits mis en b) solvants dans atmosphère,
Objet : reprise de joints de soudure dans des canali-
œuvre. Ces évaluations ont pu être réali- c) MDA urinaire.
sations d’eau potable (diamètre: 1 000 mm ; profon-
sées le plus souvent avec le concours du Résultats :
deur : 2 m).
Laboratoire de toxicologie industrielle a) Au niveau du projeteur, on oscille autour de 50 %
Salariés : 2 applicateurs.
(mesures d’atmosphère), le Centre de de la VME en MDA,et à 5 m de la zone de projection,
Produit utilisé : résine époxy solvantée, durcisseur
mesures physiques (ventilation) et certains on peut atteindre jusqu’à plus de 40 % de la VME.Par
avec MDA.
médecins du travail (évaluations biométro- contre,les valeurs au niveau du poste de préparation
Phase du mode opératoire en cours : brossage de la
logiques). Les résultats obtenus sont pré- et du retoucheur sont très faibles (1 à 7 %).
surface à traiter par le 1er salarié, application au
sentés après une très brève description du b) Les valeurs ne dépassent jamais 10 % de la VME
rouleau puis finition au pinceau pour la reprise de
type de chantier correspondant. Là enco- pour les solvants.
joint par le 2e salarié.
re, sont essentiellement évoquées les c) Les analyses urinaires mettent en évidence des
Ventilation : soufflage d’air en bout de canalisation
résines époxydiques et polyuréthannes, niveaux de contamination très élevés : 7 à 25 fois
(2 500 m3/h).
complétées par un seul cas d’application l’IBE (25 fois pour le projeteur, mais également 23
Mesures réalisées :
de résine vinylester-styrène. fois pour l’aide).
a) MDA dans atmosphère,
b) MDA urinaire.
3.2.1. Les résines époxydiques Caractéristiques du chantier n° 3 – Société T.
Résultats :
Objet : réfection de l’étanchéité de 2 réservoirs
a) Valeurs négligeables dans l’atmosphère (< 1 % de
Les résultats concernent des applica- (R1 : 400 m3 et R2 : 13 000 m3) dans une station
la VME).
tions de résines avec MDA et de résines d’épuration.
b) Alors que les quantités mises en œuvre sont
brai-époxy (cf. § 2), qui sont utilisées dans Salariés :
extrêmement faibles, on mesure des taux de MDA
des applications spécifiques. - équipe projection : 1 projeteur dans le confinement
urinaire 2 fois supérieurs à l’IBE.
R1, 1 préparateur + 1 aide à l’extérieur,
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Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 184, 3e trimestre 2001

Caractéristiques du chantier n° 5 – Société F. dans l'atmosphère sont nulles ou négli- Même en respectant un port correct
Objet : réfection de l’étanchéité de 2 réservoirs (R1 geables ; taux également plus élevés chez d'équipements de protection individuelle
et R2) dans un château d’eau. les salariés qui se salissent beaucoup). (EPI) adaptés (protection maximale du
Salariés : corps, adduction d'air…), il est quasiment
- équipe de projection : 1 projeteur + 1 aide à l’inté-  La présence de MDA sur le corps des impossible d'éviter les souillures sur ce
rieur ; 1 préparateur + 1 aide à l’extérieur, salariés (mains, visage) et au réfectoire type de chantier. L'action à développer
- équipe rouleau : 4 applicateurs. montrent que les mesures d’hygiène à face à ce danger grave est donc la sup-
Produit utilisé : résine époxy sans solvant, durcis- développer doivent être très rigoureuses y pression pure et simple du brai de houille
seur avec MDA. compris lors des opérations de ponçage dans ces résines d'étanchéité (certains pro-
Phases du mode opératoire en cours : de résine réticulée. duits de substitution existent déjà chez les
- dans R1 : projection de la résine (pistolet formulateurs).
Airless®) ;  L’installation de systèmes de ventila-
- dans R2 : pose du mat de verre et application de la tion doit être étudiée de façon à ne pas 3.2.2. Les résines polyuréthannes
résine au rouleau. générer des courants d’air importants qui
48 heures après,ponçage de la résine « sèche » (pré- favorisent la migration de la pollution Les 2 chantiers évalués consistaient en
paration avant passage de la couche finale). (attention à la coactivité !). des applications manuelles de revête-
Ventilation : aucune. ments de sols. Le MDI n’étant pas volatil,
Mesures réalisées :  la sensibilisation aux risques et la for- son dosage dans l’atmosphère ne présen-
a) MDA dans atmosphère, mation de tout le personnel (travailleurs te pas vraiment d’intérêt. Le dosage du
b) frottis pour recherche MDA après application temporaires inclus) est nécessaire. TDI a été réalisé pour le 2e chantier.
résine,
c) solvants dans atmosphère (débouchage pistolet, Évaluation brai-époxy Caractéristiques du chantier n° 7 – Société B.
nettoyage), Caractéristiques du chantier n° 6 - Société T. Objet : revêtement de sol dans les allées de circula-
d) MDA urinaire, Objet : réfection de l’étanchéité d’un digesteur de tion d’un collège.
e) frottis pour recherche MDA après ponçage résine station d’épuration (surface de 600 m2 à traiter). Salariés : 2 applicateurs.
« sèche ». Salariés : 1 projeteur (dans le confinement) ; 2 pré- Produit utilisé : résine PUR solvantée (avec MDI).
Résultats : parateurs (à l’extérieur). Phase du mode opératoire en cours : application à la
a) Pour l’application au rouleau,pas d’exposition des Produit utilisé : résine brai-époxydique sans solvant taloche d’une couche intermédiaire et ponçage du
salariés par vapeurs ou aérosols. Pour l’application Phase du mode opératoire en cours : projection de la sol avant application d’une nouvelle couche (pon-
au pistolet,la valeur est de l’ordre de 20 % de la VME résine (pistolet Airless®). ceuse à bande et ponceuse à disque manuelle pour
pour l’applicateur, 50 % pour l’aide (en fond de cuve Ventilation : non,mais cagoule à adduction d’air pour les bords).
pour déplacer l’échafaudage), négligeable pour le le projeteur. Ventilation : non.
préparateur. Mesures réalisées : Mesures réalisées :
b) Les frottis de surfaces effectués en fin de poste a) benzo[a]pyrène dans l’atmosphère (remarque : la a) solvant dans l’atmosphère (acétate d’éther de
révèlent la présence de MDA sur les mains et le visa- valeur limite est une valeur recommandée par la propylène glycol),
ge des salariés, ainsi que sur la table du réfectoire ; CNAMTS), b) poussières inhalables.
c) Les valeurs mesurées atteignent près de 2 fois la b) solvants dans l’atmosphère. Résultats :
VME pour ces opérations. Résultats : a) Les valeurs relevées au niveau des salariés attei-
d) Les résultats obtenus en fin de poste et le lende- a) Les valeurs relevées atteignent 44 fois la VME du gnent 50 % de la VME, et 20 % environ dans l’am-
main matin pour le taux de MDA urinaire sont de : B[a]P au niveau du projeteur, et varient de 46 à 56 biance.
- 2 à 26 fois l’IBE après l’application au rouleau. fois la VME dans l’ambiance, jusqu’à 3 m de la zone b) Les concentrations mesurées au niveau du salarié
- 5 fois l’IBE pour la pulvérisation et même 36 fois d’application. concerné sont supérieures à 50 % de la VME.
l’IBE, pour l’aide, en bas de l’échafaudage (intéri- b) Les concentrations détectées pour les 3 princi-
maire non formé). paux composés du diluant sont faibles, en accord Bien que les résultats soient inférieurs à
e) Les frottis de surface effectués en fin de ponça- avec la qualité « sans solvant » de la peinture. 50 % de la VME, le témoignage des sala-
ge de la résine « sèche » mettent en évidence une riés nous semble plus riche en informa-
présence de MDA sur les mains et visages des sala- Ces résultats montrent que l’application tions. Ils se plaignent de maux de tête
riés, avec des teneurs supérieures à celles relevées d’une telle résine expose le projeteur non réguliers, et même de raideurs dans la
après application de résine (pas de protection cuta- protégé à une substance classée cancéro- nuque, en fin de journée. Ils souffrent d’ir-
née). gène, mutagène et toxique pour la repro- ritations, de démangeaisons au niveau des
duction, à un niveau tout à fait inadmis- genoux ; ceci est sans doute dû aux salis-
L’ensemble des résultats obtenus nous sible. sures de leurs vêtements, qui leur agres-
amène aux remarques suivantes : La pénétration par voie cutanée n’a pas sent davantage la peau lors des phases de
pu être évaluée (dosages urinaires néces- travail à genoux. Le contact cutané avec le
 L’exposition à la MDA, par voie respi- saires), mais nous avons constaté visuelle- produit se révèle donc bien être un facteur
ratoire, est due à l’inhalation d’aérosols ment que les salariés, en dépit de leurs réel d’atteinte à la santé.
(projection) et non de vapeurs (applica- EPI, avaient des souillures au niveau des
tion au rouleau). mains, des pieds et du visage. Ils nous ont Caractéristiques du chantier n° 8 – Société E.
d’ailleurs confié que l’application d’un Objet : revêtement de sol dans local technique (sous-
 La pénétration cutanée semble être le brai-époxy est la tâche la plus pénible sol, local très encombré, 170 m2 à traiter).
facteur principal d’imprégnation par la dans leur métier ; après une journée de Salariés : 1 applicateur.
MDA (taux urinaires élevés chez certains travail, ils ressentent des brûlures, des Produit utilisé : résine PUR solvantée (avec TDI +
préparateurs de mélange ou applicateurs « impressions de feu » au niveau du visage HDI).
au rouleau, alors que les valeurs relevées et de la gorge.
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Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 184, 3e trimestre 2001

Phase du mode opératoire en cours : application de 3.3. Commentaires


la couche finale de peinture au rouleau. 4. La prévention
Ventilation : L’évaluation quantitative, réalisée sur le
- extraction (débit théorique : 4 000 m3/h) terrain, de l’exposition (et de la contami-
Mesures réalisées : nation) des salariés, met en évidence des Après un rappel très succinct de
a) solvant dans l’atmosphère (méthyléthylcétone), résultats plutôt préoccupants, voire cri- quelques obligations réglementaires aux-
b) TDI dans l’atmosphère. tiques. Même si parfois, pour les résines quelles sont assujettis les employeurs,
Résultats : polyuréthannes en particulier, les mesures nous allons montrer en quoi leur applica-
a) Les valeurs relevées au niveau du salarié attei- des toxiques dans l’atmosphère sont diffi- tion n'est pas toujours facile à mettre en
gnent 40 % de la VME,et ne dépassent pas 20 % dans ciles à réaliser, ou ne révèlent pas des œuvre sur les chantiers. Une méthodolo-
l’ambiance. niveaux élevés de pollution, les témoi- gie de travail, qu'il nous a paru intéressant
b) Les concentrations mesurées au niveau du salarié gnages recueillis auprès des salariés d'adopter, sera alors proposée : présenta-
sont de l’ordre de 20 % de la VME. constituent des éléments essentiels d’ap- tion des différentes voies exploitées
Dans ce cas,on constate à nouveau que les résultats préciation : les gênes, troubles ou même (actions déjà menées) ou à exploiter,
obtenus ne sont pas, a priori, très inquiétants. maladies qu’ils évoquent régulièrement recensement des nombreux acteurs pos-
Pourtant, le salarié, un ancien maçon qui applique sont autant de signes alertant sur l’existen- sibles…
des résines depuis 3 ans, nous confie qu’il souffre ce des dangers générés par les produits
régulièrement de maux de tête en fin de journée, de qu’ils utilisent. Pourtant, ces dangers sont
somnolence, ainsi que de troubles digestifs. méconnus, ou même ignorés, la plupart 4.1. La réglementation
du temps. On peut constater sur les chan-
3.2.3. Les résines polyesters tiers une absence quasi totale de sensibili- En application du Code du travail, les
sation, due essentiellement à l’inexistence employeurs doivent principalement :
Caractéristiques du chantier n° 9 - Société T. de formation ou même d’information.  évaluer les risques résultant de la pré-
Objet : étanchéité de réservoirs récepteurs d’eaux sence d’agents chimiques pour chaque
polluées en station d’épuration,situés dans un vaste Très souvent, les salariés ne savent pas poste de travail ;
hangar (22 m x 15 m au sol, 15 m de hauteur) com- comment interpréter les étiquettes (logos)  supprimer l’utilisation de ces agents,
muniquant avec l’extérieur. qu’ils voient sur les emballages, ne com- quand cela est possible, ou la réduire au
Salariés : 4 salariés (2 par étage d’échafaudage : 1 prennent pas la nécessité de porter des minimum ;
projeteur + 1 aide). EPI (qui représentent des contraintes sup-  réduire au minimum le nombre de tra-
Produit utilisé : résine vinylester dans styrène - plémentaires), ne portent pas toujours cor- vailleurs exposés, et leur exposition ;
catalyseur : peroxyde de méthyléthylcétone (pro- rectement ces EPI (qu’on ne leur a jamais  mettre en place, et faire appliquer, des
duits pompés séparément, mélangés au niveau des réellement présentés). Tous ces aspects mesures de prévention appropriées aux
buses) ; sont en fait très éloignés de leur métier de risques évalués ;
Phase du mode opératoire en cours : pour chaque base, de l’activité du BTP plus générale-  veiller à ce que les travailleurs reçoivent
équipe de 2, projection de la résine puis étalement ment. On peut remarquer, bien souvent, une formation et des informations appro-
au rouleau avant application d’un mat de verre que l’encadrement lui-même n’est pas sen- priées et actualisées,
Ventilation : soufflage d’air chaud (température sibilisé et formé à ce type de risque.  veiller à ce que les travailleurs bénéfi-
ambiante : 4-6 °C). cient d’une surveillance de la santé confor-
Mesures réalisées : Il est vrai que l’odeur reste, pour les me à leur activité.
a) styrène dans atmosphère, salariés, un facteur d’alerte important ; si
b) métabolites urinaires du styrène. elle devient trop forte ou gênante, elle Ces mesures bien adaptées à la préven-
Résultats : peut conduire à une interrogation ou une tion dans un contexte industriel sont par-
a) Les valeurs obtenues pour les prélèvements indi- inquiétude. Mais il convient d'attirer l'at- fois difficiles à mettre en place sur les
viduels sont comprises entre 70 et 130 % de la VME tention aux phénomènes d’accoutumance, chantiers. Différentes raisons sont souvent
du styrène, avec une exposition plus forte pour les qui font que certains applicateurs ne invoquées :
salariés situés sur l’étage supérieur de l’échafauda- détectent plus les odeurs des produits
ge.Notons que,pour ce chantier,l’émission de styrè- qu’ils utilisent régulièrement. De plus, de  La notion classique de poste de tra-
ne était certainement minimisée en raison de la nombreuses substances sont inodores ou vail n’existe pas sur les chantiers. Chaque
faible température ambiante,et diluée du fait du très ont un seuil de détection olfactif trop élevé nouveau chantier a sa propre configura-
grand volume du hall dans lequel se trouvaient les pour servir de seuil de sécurité. tion (situation, aération, éclairement…) ;
cuves à traiter.Tout laisse à penser que l’application Nous pouvons enfin remarquer que le les mesures de prévention sont donc
de ce revêtement dans un milieu plus confiné,à tem- risque incendie-explosion est complète- variables en fonction des paramètres.
pérature ambiante plus élevée, conduirait à des ment ignoré ; il n’est pas rare de voir
dépassements beaucoup plus importants. fumer un salarié à proximité directe de  Les opérations sont souvent de
b) Les taux mesurés sont tous inférieurs aux valeurs bidons de solvants ! durée très limitée et la mobilité des tra-
limites,confirmant que la voie de pénétration du sty- Tous les éléments rassemblés montrent vailleurs ne facilite pas la mise en place de
rène est essentiellement respiratoire. donc combien la tâche en matière de pré- mesures efficaces et durables.
vention est vaste dans ce domaine d’acti-
vités.  Les impératifs économiques et de
délai de réalisation influencent largement
le choix des solutions de prévention.

 Les interventions se font le plus sou-


vent en présence d’autres corps de métier
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qui ne sont pas formés aux risques créés de reproduire les gestes de l’opérateur ? contacts (et même des partenariats) doi-
par leurs voisins. Difficile à dire car les contraintes qui s’im- vent s’établir avec les autres acteurs pos-
posent aux concepteurs sont également sibles de la prévention. Cet aspect sera
 Les actions habituelles de forma- nombreuses. Les visites sur les chantiers développé en § 4.2.3.
tion/information sur les risques se tradui- ont montré que le matériel doit être :
sent souvent par des consignes mal com-  simple à utiliser ; 4.2.2. Les réalisations - Les projets
prises et mal ressenties.  facilement transportable (les accès sur
Malgré les difficultés évoquées, et effec- chantier ne sont pas toujours aisés) ; Les formulateurs
tivement constatées sur les chantiers, on  polyvalent par rapport aux types de pro- Les représentants des sociétés rencon-
ne peut pourtant pas se contenter de cet duits mis en œuvre ; trées nous ont fait part de leurs projets de
état de fait.  de coût modéré. développement, dont certains s’inscrivent
tout à fait dans le cadre de notre
Le travail avec les sociétés d’application, démarche. Citons quelques exemples, soit
4.2. Comment organiser quant à lui, s’articule sur différents pôles. finalisés, soit en cours :
la prévention ? En bout de chaîne, il s’agit pour eux, et
pour chacun de leur chantier, d’évaluer les  La société P, spécialisée dans les
4.2.1. Proposition risques effectivement générés par les pro- revêtements de sols industriels, a cherché
d’une méthodologie duits qu’ils mettent en œuvre, de mettre à modifier ses primaires d’accrochage
en place les mesures d’organisation, de habituellement solvantés. Aujourd’hui,
Les risques rencontrés lors des applica- protection collective et de protection indi- 95 % des primaires proposés sont sans sol-
tions de résines conduisent essentielle- viduelle les plus appropriées, et de donner vants.
ment au développement de maladies pro- les instructions adéquates à leurs tra-
fessionnelles. Ces risques étant fonction vailleurs.  La société MP, qui fabrique des
des dangers propres aux substances mises Pour un produit donné, le choix du résines dites « spéciales » (étanchéité de
en œuvre et de l’exposition des salariés à mode opératoire peut avoir une influence cuves, réservoirs…), a mis au point un
ces substances, les mesures de prévention sensible sur le niveau d'exposition. produit de substitution à une résine époxy
doivent viser à éliminer l’un des facteurs, avec MDA (en cours d'homologation pour
ou réduire au moins l’un d’eux. La mise en œuvre de ces différentes l’eau potable). Elle travaille également à
phases repose sur un élément primordial : diminuer le risque présenté par ses pro-
Pour cela, il nous a paru judicieux de la connaissance du risque chimique, qui duits en essayant de remplacer toutes les
rencontrer tous les professionnels impli- est sans doute encore plus inhabituelle substances toxiques par des substances
qués dans la chaîne, à savoir les formula- dans cette profession que dans les autres. moins dangereuses.
teurs, les fabricants de matériels d’applica- Dans ce contexte, des actions de forma-
tion et les applicateurs. tion et d’information paraissent essen-  La société R (revêtements de sols
tielles pour aider les opérateurs (et leur industriels) développe plusieurs axes de
La suppression du danger concerne encadrement) à comprendre et se sensibi- recherche qui, pour certains, ont déjà
directement les formulateurs, puisqu’il liser. abouti :
s’agirait pour eux de fabriquer des pro-
duits inoffensifs. Il leur faudrait donc, Même si on peut espérer progresser  elle a supprimé les amines aromatiques
d’une part, intégrer cette contrainte lors du dans les trois voies précédemment dans les durcisseurs de résines époxy,
développement de nouvelles résines, et décrites, il est évident que les actions de pour ne plus employer que des amines
d’autre part, mettre au point des résines de prévention seront d’autant plus efficaces aliphatiques ;
substitution pour remplacer celles actuel- qu’elles seront menées le plus en amont
lement utilisées et qui génèrent des possible. Il faut au maximum éviter aux  elle a instauré une culture « sans sol-
risques importants. Il n’en reste pas moins professionnels du BTP des procédures très vants » dans ses formules. Dans les cas
que les exigences techniques de plus en lourdes à mettre en œuvre et extrême- pour lesquels elle n’y est pas encore par-
plus pointues auxquelles doivent ment contraignantes pour leurs opéra- venue, elle a abandonné l’utilisation de
répondre les produits freinent parfois le teurs. Le réflexe trop courant de ne recou- l’acétate d’éther d’éthylène-glycol au profit
travail des formulateurs. Un directeur tech- rir qu’aux EPI doit être combattu ; il est de l’acétate d’éther de propylène-glycol.
nique cite le cas des pistes d’aéroports peu probable que la transformation des
pour lesquelles le mastic servant à faire les applicateurs en véritables hommes de l’es-  elle a pour but de supprimer totalement
joints contient une résine brai-époxy, qui pace les aidera dans la réalisation de leur l’utilisation du TDI dans les résines poly-
n’a pas encore trouvé de substitut capable tâche, et les fera adhérer à la démarche de uréthannes (les produits substituts sont au
de résister au kérosène ! prévention ! point, mais en cours d’homologation) ;
Enfin, l’aspect économique (coût) de la
La deuxième option qui se présente prévention doit être pris en compte, dès  elle veut éliminer le brai de houille :
alors est l’élimination (ou la diminution) l’appel d’offres, par les maîtres d’ouvrage. même si les recherches ont presque toutes
de l’exposition de l’opérateur au danger. abouti, la société R se heurte encore à la
Les fabricants de matériel ont, là, leur rôle Nous allons maintenant présenter les substitution d’une résine brai-époxy (utili-
à jouer, en mettant au point des outils ou thèmes qui ont été abordés avec les pro- sée dans un mastic), dont les qualités tech-
des machines supprimant (ou minimisant) fessionnels rencontrés, les réalisations déjà niques ne se retrouvent pas dans les autres
les contacts opérateur/produit. Pourrait-on accomplies et les voies qui pourraient être produits envisagés.
aller jusqu’à imaginer une sorte de petit exploitées. Parallèlement à ces actions
robot, télécommandé, qui serait capable menées dans le milieu professionnel, des
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Ces quelques exemples de réalisations


Les fabricants  la main d’œuvre des chantiers n’est pas
démontrent que des actions importantes
de matériel d’application assez qualifiée pour utiliser les machines
peuvent être menées dès la formulation Les entreprises rencontrées n’ont pas pu en question (nombreux réglages, entretien
des produits (la substitution de la MDA réellement nous proposer d’innovations régulier) ;
est, sans aucun doute, une des actions techniques importantes pour améliorer la  la formation qui doit être faite au client
prioritaires à mener). condition des applicateurs. lors de la vente d’un matériel est peu envi-
L’une d’entre elles avoue même qu’il n’y sageable dans le BTP (corporation difficile
Notons quand même, que la pression a pas eu dans ce domaine, sur le matériel à toucher) ;
exercée par certains grands maîtres d’ou- destiné au BTP, de développement réel  ce marché ne représente pas une part
vrage, qui refusent la mise en œuvre de depuis 15 ans. très importante.
produits dangereux, est bien évidemment Même si un directeur commercial nous
décisive, et très stimulante ! présente deux thèmes de développement En clair, l’airless® donne satisfaction,
possibles (diminution du brouillard formé alors pourquoi changer ?
Mais le coût du produit de remplace- lors de la pulvérisation, réduction de la Nous en arrivons donc à la conclusion
ment est généralement plus élevé que taille des pompes bicomposants), la moti- que les fabricants ne se sentent pas vrai-
celui du produit initial (dépassement de 50 vation des fabricants pour le sujet qui nous ment concernés par les risques rencontrés
% dans certains cas), et constitue un frein préoccupe, et leur implication, paraissent lors de l’application des produits. Pour
non négligeable pour le choix final. bien faibles. obtenir un engagement de leur part, il fau-
Dans le but d’obtenir un meilleur résul- La technologie performante des pompes drait absolument pouvoir mettre en évi-
tat en matière de suppression des risques, bicomposants (avec mélange interne au dence un intérêt économique. La tâche ne
un programme de priorités de recherche niveau du pistolet) trouve tout à fait sa semble donc pas facile.
bien défini, bien ciblé, et surtout élaboré et place dans le milieu industriel, mais ne Pourtant, deux remarques peuvent être
adopté par l’ensemble de la profession, correspond pas du tout à une utilisation faites : d’une part, l’élimination totale des
permettrait de réduire la liste des produits sur chantier (machines encombrantes, substances dangereuses sera difficilement
disponibles et d’en diminuer sans doute lourdes, de coût élevé). réalisable (et pas dans un futur proche, de
les coûts. toute façon) ; d’autre part, le port des EPI
Les propos tenus par les fabricants mon- s’avérera toujours une source de problème
trent que l’adaptation du nouveau matériel dans l’activité du BTP. A partir de là, la
au domaine du BTP n’est pas vraiment piste du développement de nouveaux
leur priorité ; leurs arguments sont les sui- matériels d'application se présente comme
vants : devant être absolument exploitée.
ENCADRÉ 1

LES APPLICATEURS ET LE RISQUE CHIMIQUE

Une action d’information et de formation est indispensable. Parallèlement à cela, LES AMÉLIORATIONS SUR LES CHANTIERS
des aspects doivent être améliorés sur les chantiers : l’organisation du travail, la
protection collective, la protection individuelle, l’hygiène.
Les constatations faites sur les chantiers montrent que certains
LA FORMATION aspects doivent faire l'objet de plus d'attention et de rigueur.

Bien qu’indispensable, cette formation au risque chimique L'ORGANISATION DU TRAVAIL


semble au départ difficile à réaliser pour des salariés très mobiles,
pas très habitués à ce genre d’opération, qui ne comprennent pas Elle doit contribuer à minimiser l’exposition des salariés, et les
toujours correctement notre langue. Une piste intéressante se pro- risques. Quelques mesures très simples peuvent être respectées :
file pourtant, pour atteindre ce but. Le SNFORES (Syndicat natio- ♦ installer le poste de préparation des produits en dehors de la
nal des formulateurs de résines synthétiques) et l’UNRST (Union zone d’application chaque fois que cela est possible ;
nationale des revêtements de sols techniques) ont créé, il y a trois ♦ évacuer très rapidement les emballages vides pour qu’ils ne
ans environ, l’AFFAR (Association française des formulateurs et libèrent pas leurs vapeurs dans la zone d’intervention ;
applicateurs de résines). ♦ n’approvisionner les solvants de nettoyage qu’en quantité
Une commission émanant de cette association s’occupe de juste suffisante, et ne pas laisser les récipients ouverts à l’air libre ;
sécurité, et l’une de ses priorités est maintenant la formation des ♦ respecter les procédures rigoureuses d’intervention dans les
salariés. milieux très confinés, tels que cuves, réservoirs ou tuyauteries (cf.
L’idée de l’AFFAR est d’utiliser un binôme formulateur-applica- recommandation R 276 CNAM « Cuves et réservoirs ») ;
teur pour assurer cette formation qui devrait être suivie, à terme, ♦ ne jamais laisser un travailleur isolé dans une zone d’appli-
par tous les applicateurs. L'intégration d'un module de sensibilisa- cation ;
tion au risque chimique serait tout à fait judicieuse et nécessaire. ♦ mettre systématiquement à disposition des zones réfectoi-
re/vestiaires séparées, et éloignées de la zone d’intervention.
Une telle action engagée par les organisations professionnelles
elles-mêmes garantirait, sans aucun doute, une meilleure adhésion
des sociétés.
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ENCADRÉ 1

LES APPLICATEURS ET LE RISQUE CHIMIQUE (SUITE)

LA PROTECTION COLLECTIVE Les remarques faites par les salariés, quant au port des EPI,
sont, elles aussi, très riches d’enseignement. Différents problèmes
Ce mode de protection est bien évidemment prioritaire sur la se répètent :
protection individuelle, mais on constate que les professionnels se
retranchent quasi systématiquement derrière les EPI (équipe-  Les masques anti-poussières dont l’étanchéité n’est pas suffi-
ments de protection individuelle). Pourtant, certaines mesures sante en partie supérieure, sous les yeux, lors des opérations de
semblent impératives. ponçage.

 Une ventilation adaptée devrait être systématiquement prévue  La durée d’efficacité des cartouches de masques respira-
dès le départ du projet (intégrée au PGCSPS ou au Plan de pré- toires, qu’on ne sait toujours pas évaluer (si ce n’est par la détec-
vention). Pour obtenir l’assainissement de l’air nécessaire dans les tion d’odeur qui pénètre).
zones des postes de travail, on privilégiera le captage pour les
sources ponctuelles de pollution. A défaut, une ventilation généra-  La chaleur insupportable due à la superposition de 2 ou 3 com-
le assurera un renouvellement minimum de l’air pour éviter l’accu- binaisons (1 en coton + 2 jetables type TYVECK® pour les projec-
mulation des vapeurs, en respectant certains principes : tions de résines MDA ou brai-époxy).
♦ placer les opérateurs dans un courant d’air frais ;
♦ compenser les sorties d’air par des entrées correspon- Tous ces éléments prouvent à quel point la « solution EPI » est
dantes ; lourde à supporter pour les utilisateurs. Les salariés qui doivent
♦ rechercher un écoulement général des zones propres vers souvent fournir beaucoup d’efforts pour porter ces équipements
les zones polluées ; n’hésitent pas à les retirer quand la fatigue devient trop grande. La
♦ rejeter l’air pollué à l’extérieur, en dehors des zones d’entrée priorité, pour eux, reste l’accomplissement de leur tâche.
d’air neuf ;
♦ ne dépasser en aucun cas 10 % de la LIE (limite inférieure Toutefois, la cagoule à adduction d'air, dont l'utilisation soulève
d'explosivité), 25 % lorsqu’il n’y a pas d’opérateurs. beaucoup de réticences a priori, est reconnue comme apportant
un confort certain et une autonomie illimitée.
Les ventilateurs sur les chantiers - dans les cas où on a pensé à
en installer - sont trop souvent d’une efficacité médiocre : débits La « solution EPI » ne peut donc être adoptée qu’après avoir réel-
trop faibles ou trop forts, mauvais sens d’aspiration (les salariés se lement éliminé toutes les autres solutions (intégrées ou collec-
retrouvent entre la source de pollution et le capteur). tives), ou pour des opérations de courte durée et exceptionnelles.
Les salariés doivent nécessairement être associés à la sélection
 L’interdiction de fumer devrait être généralisée et affichée sur des équipements.
les chantiers d’application (risque incendie).

 Une attention toute particulière devrait être apportée au choix L'HYGIÈNE


du matériel, y compris d’éclairage, pour l’utilisation de produits
inflammables (matériel de type « utilisable en atmosphère explo- De façon générale, la mise en œuvre de nombreuses résines
sible »). présentant des risques de contamination par voie cutanée néces-
siterait des mesures d’hygiène, de propreté, très rigoureuses.
 Des séparations étanches devraient être installées entre avant
et arrière des véhicules servant à transporter les emballages (vides Les seules actions de se laver les mains et le visage après
ou pleins) ; une aération de la zone arrière par ouvertures sur l’ex- chaque séance d’application (sans utiliser des chiffons imbibés de
térieur (grilles de ventilation, par exemple) serait utile. solvants), de changer totalement de vêtements pour aller manger,
d’utiliser des vestiaires différents pour habits de ville et vêtements
de travail, seraient très efficaces.
LA PROTECTION INDIVIDUELLE
Pour cela, les employeurs doivent effectivement mettre à dispo-
Elle constitue le dernier rempart face au risque et doit être par- sition les moyens matériels nécessaires dès la mise en place du
ticulièrement bien choisie, et portée. Néanmoins, le choix de l’EPI chantier ; les médecins du travail, ainsi que les responsables d’en-
(masque, gants, combinaison, chaussures) est souvent difficile à cadrement, doivent, quant à eux, sensibiliser les salariés. Un effort
faire. Les phrases du type « Porter des gants appropriés », trop sou- tout particulier est nécessaire dans ce domaine.
vent écrites dans les « fiches de données de décurité » des produits,
ne constituent pas vraiment une aide efficace. Pourquoi ne pas
envisager la rédaction d’un guide qui établirait une correspondan-
ce entre les substances rencontrées le plus couramment dans les
formulations, et les niveaux de protection nécessaires (type de car-
touche pour les masques, matériau des gants, nécessité d’adduc-
tion d’air...) ? Ce guide servirait de base, le choix final ne pouvant se
faire qu’en fonction de la configuration du chantier.
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Les applicateurs L’OPPBTP


Le problème crucial constaté au niveau Sa participation au groupe de travail C ONCLUS I ON
des sociétés d’application est le manque, précédemment évoqué sera sans doute
ou l’absence, de connaissance du risque motrice pour l’implication de ses repré- Le recensement des risques posés par la
chimique. Des actions doivent être sentants sur les chantiers qu’ils visiteront. manipulation et la mise en œuvre des
menées (cf. encadré 1). résines synthétiques, en milieux confinés,
Les organisations professionnelles sur les chantiers de BTP, met en évidence
Les relations inter-professions Elles constituent un atout primordial si un problème réel. Les résultats obtenus
Un dialogue semble exister entre les for- nous voulons mieux faire adhérer les lors des évaluations métrologiques et bio-
mulateurs et les applicateurs de résines, ne entreprises à la démarche de prévention. métrologiques réalisées en Île-de-France
serait-ce que par l’existence de l’AFFAR Les contacts établis jusqu’ici avec l’AFFAR ne font que confirmer le caractère préoc-
(Association française des formulateurs et ont été encourageants. cupant de la situation, même si le mesura-
applicateurs de résines) qui devrait per- ge ne reflète pas toujours le vécu des sala-
mettre d’engager des démarches construc- Une démarche en direction des organi- riés et prouve ainsi ses limites. Le manque
tives. Par contre, la collaboration avec les sations représentant les fabricants de (ou l’absence) de sensibilisation au risque
fabricants de matériel constitue un pôle matériel pourrait être intéressante. chimique rencontré chez les salariés, et
qui devra être développé. leur encadrement, provient essentielle-
Les maîtres d’ouvrage ment de l’inexistence de formation sur ce
4.2.3 Les autres acteurs Leur rôle est souvent essentiel. Lors de sujet qui semble, au premier abord, bien
de la Prévention la rédaction des cahiers des charges, ils éloigné de leur activité.
peuvent : Pour réduire les risques professionnels,
L’importance de la démarche à entre-  Refuser l’utilisation d’une résine pré- il faut alors évaluer ce qui pourrait être fait
prendre nécessite l’implication de tous les sentant des risques trop importants, créant pour diminuer (ou éliminer) les dangers
acteurs possibles, qui ne pourra que ainsi des pressions sur les formulateurs inhérents aux produits utilisés d’une part,
contribuer à l’obtention de meilleurs résul- pour qu’ils développent des produits et l’exposition des salariés à ces produits
tats. Outre les professionnels déjà cités (cf. moins dangereux. d’autre part. Dans ce but, travailler avec
§ 4.2.2), nous avons retenu : tous les professionnels impliqués (formu-
 Exiger une étude de ventilation spé- lateurs, fabricants de matériel d’application
Les médecins du travail cifique au chantier. et applicateurs) paraît être une méthode
Chargés de la surveillance médicale des efficace.
salariés, ils recueillent souvent leurs pro-  Intégrer un contrôle sérieux de la
pos riches d’informations quant aux situa- sécurité pendant le déroulement du chan- La meilleure prévention est celle qui se
tions vécues. Ils sont des interlocuteurs tier, en donnant les moyens nécessaires au fait le plus en amont possible. Dans notre
privilégiés et peuvent détecter des situa- Coordonnateur ou au responsable du pro- cas tout particulièrement, la substitution
tions préoccupantes. Hélas, ils ne connais- jet. L’attention qu’ils devraient apporter à des substances dangereuses par d’autres
sent pas toujours exactement la nature de la rédaction des Plans de prévention, ou ne présentant pas, ou que peu, de risques,
tâches réellement accomplies, ou la com- des PGCSPS suivant les cas, est également constitue une voie privilégiée que doivent
position des produits utilisés. un élément clé. exploiter les formulateurs. Mais les nom-
Un groupe de travail « Risque chimique breuses exigences techniques auxquelles
dans le BTP », composé de représentants Des actions de sensibilisation peuvent doivent répondre les résines, font que la
de l’ANACT, de l’OPPBTP et de l’INRS, être menées auprès de certains grands substitution ne pourra sans doute pas s’ap-
auquel s’est jointe la CRAMIF, a élaboré, maîtres d’ouvrage pour qu’ils intègrent ces pliquer dans tous les cas, et pas dans un
avec le concours de plusieurs médecins propositions, et cherchent même d’autres avenir proche de toute façon. Les
du travail, un questionnaire d’enquête solutions techniques. Citons l’exemple de méthodes d’application utilisées aujour-
nationale spécifique à l’application de l’un d’entre eux, qui participe activement à d’hui conduisent toujours à l’exposition
résines pour les revêtements de sols. Cette des recherches de mise au point d’un des salariés, et au port d’EPI trop contrai-
enquête devrait permettre de recueillir des béton tellement dense que l’application gnants parfois. C’est pourquoi le dévelop-
données relatives aux conditions de travail d’un revêtement d’étanchéité ne serait plus pement de nouvelles techniques constitue
des salariés dans cette activité. nécessaire. une voie intéressante, et indispensable, à
L’exploitation des questionnaires devrait explorer. Un travail commun entre formu-
apporter une aide à la recherche de Les CTR lateurs, applicateurs et fabricants permet-
mesures de prévention. Mais cette enquê- Ils représentent un relais privilégié, dans trait sans doute d’aboutir à de telles inno-
te devrait aussi permettre aux médecins la mesure où ils agissent au niveau des vations.
du travail de mieux affirmer leur rôle de organisations professionnelles. Ils peuvent L’approche avec les applicateurs doit se
conseillers auprès des entreprises. donner du relief aux travaux présentés et faire essentiellement par le biais de la for-
Précisons que la participation, au grou- constituent un excellent levier pour faire mation, de l’information dans le but abso-
pe de travail, d’un représentant du adopter, dans la pratique, les mesures pré- lu de les sensibiliser aux risques qu’ils ren-
Syndicat des Applicateurs (URNST) et d’un conisées. contrent. Des améliorations apportées à la
formulateur, a été particulièrement intéres- préparation et à la réalisation des chantiers
sante. - en matière d’organisation du travail, de
protections collectives et individuelles, et
d’hygiène - semblent indispensables,
même si les caractéristiques du BTP font
qu’il est relativement difficile d’imposer
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Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 184, 3e trimestre 2001

des règles lourdes sur des chantiers sou- l’OPPBTP, ainsi que l’engagement des Cette étude limitée dans le temps a surtout servi à
vent de courte durée. organisations professionnelles et de cer- mettre en évidence les problèmes qui se posent. Elle
D’autres acteurs constituent des relais tains Maîtres d’Ouvrage, permettront de doit maintenant se poursuivre par un travail à long
privilégiés, qu’il faut absolument toucher un nombre plus important d’en- terme, réalisé par des équipes pluridisciplinaires.
convaincre d’adhérer à la démarche de treprises, qui souvent sont de petite taille
prévention. L’aide apportée par les méde- et difficiles à trouver. Certaines actions
cins du travail, les préventeurs de sont déjà engagées dans ce sens.

BIBL I OGRAPHI E
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6. IPDI - Paris, INRS, coll. Fiche toxicologique, FT 166. Cahiers de Notes Documentaires - Hygiène et Sécurité du fonction respiratoire. Enquêtes épidémiologiques. Cahiers de
Travail, 1996, 165, pp. 467-474. Notes Documentaires - Hygiène et Sécurité du Travail,
7. TDI - Paris, INRS, coll. Fiche toxicologique, FT 46.
19. Brai de houille - Paris, INRS, coll. Fiche toxicologique, 1977, 88, pp. 315-327 (épuisé).
8. Matières plastiques et adjuvants – Hygiène et sécurité. Paris,
FT 91. 30. ROBERT A. - Vandœuvre, INRS. Communication écrite
INRS, ED 638, 46 p.
20. Benzo[a]pyrène - Paris, INRS, coll. Fiche toxicologique, du 07/10/1998 (document interne).
9. JOUAN M.P. - Sols industriels : les avantages du polyuréthanne.
FT 144. 31. BOITEAU H.L., ROSSEL-RENAC F. - Etude expérimentale de
Les Cahiers Techniques du Bâtiment, 1991, 130, pp. 121-123.
21. POIRIER A. - Toxicité des goudrons, brais et bitumes utilisés l’évaporation du styrène au cours de la polymérisation des résines polyes-
10. HAZEBROUCQ J.J. - Techniques modernes d’application des pein- ters insaturées. Archives des Maladies Professionnelles, 1978,
dans le BTP. Cahiers des Comités, 1985, 6, pp. 41-42.
tures bi-composants. Galvano-organo-traitements de surface, 39, pp. 52-59.
1999, 695, pp. 441-536. 22. Phtalate de dibutyle - Paris, INRS, coll. Fiche toxicolo-
32. CRANDALL M.S. - Worker exposure to styren monomer in the
gique, FT 98.
11. KUPS S - Les cahiers du peinturage industriel. Galvano-orga- reinforced plastic boat-making industry. American Industrial
no-traitements de surface, 1999, 695, pp. 441-53. 23. Phtalate de bis(2-éthylhexyle) - Paris, INRS, coll. Fiche toxi- Hygiene Association Journal, 1981, 42, pp. 499-502.
12. VAN PUTTEN P.B., COENRAADS P.J., NATER J.P. - Hand der- cologique, FT 161.
33. Styrène - Paris, INRS, coll. Fiche toxicologique, FT 2.
matoses and contact allergic reactions in construction workers expo- 24. Peintures à solvants – Composition et risques toxicologiques. 34. F. PILLIÈRE et coll. - La fiche de données de sécurité. Un docu-
sed to epoxy resins. Contact Dermatitis, 1984, 10, pp. 146-150. Cahiers de Notes Documentaires - Hygiène et Sécurité du ment riche d'informations, essentiel pour la prévention du risque chi-
13. Dr P. GERVAIS - L’allergie aux résines époxydes. INS, Note n° Travail, 1994, ND 1228, 12 p. mique. Cahiers de Notes Documentaires - Hygiène et
437-39-65 (document interne). 25. Phénol – Paris, INRS, coll. Fiche toxicologique, FT15. Sécurité du Travail, 1998, ND 2089, 10 p.

ANNEXE I
CARACTÉRISTIQUES DES ISOCYANATES DE BASE - CHARACTERISTICS OF BASIC ISOCYANATES
TDI HDI IPDI MDI
Liquide incolore ou légèrement Liquide incolore ou jaunâtre, Liquide incolore ou légèrement Cristaux blancs ou jaunes -
jaunâtre, odeur forte et pénétrante odeur piquante jaunâtre, odeur piquante peut être présent, en quantités
ASPECT (détectable à des concentrations importantes, sous forme d’iso-
de l’ordre de 0,17 ppm) mères, dans des produits bruts
liquides de couleur brune
DENSITÉ DE VAPEUR 6 6 7,67 8,5
(AIR = 1)
2,67 à 10 °C 1,4 à 20 °C 0,04 à 20 °C 0,0007 à 25 °C
TENSIONS DE 6,67 à 20 °C 133 à 81,5 °C 0,9 à 50 °C 0,03 à 55 °C
VAPEUR (PA) 13,33 à 38 °C 399 à 102 °C 1,73 à 100 °C
57,33 à 66 °C 1333 à 127 °C
135 °C (coupelle ouverte) 135 °C (coupelle ouverte) 155 °C (coupelle fermée) 218 °C (coupelle ouverte)
POINTS D’ÉCLAIR 127 °C (coupelle fermée) 200 °C (coupelle fermée)
LIMITES limite inférieure : 0,9 limite inférieure : 1
D’EXPLOSIVITÉ limite supérieure : 9,5
(%VOL.) DANS AIR
VLE 0,020 ppm (0,16 mg/m3) VLE 0,020 ppm (0,15 mg/m3) VLE 0,020 ppm (0,18mg/m3) VLE 0,020 ppm (0,2 mg/m3)
VLE/VME
VME 0,010 ppm (0,08 mg/m3) VME 0,010 ppm (0,075 mg/m3) VME 0,010 ppm (0,09 mg/m3) VME 0,010 ppm (0,1 mg/m3)
toxique R 23 toxique R 23 toxique R 23 nocif R 20
CLASSIFICATION irritant R 36/37/38 irritant R 36/37/38 irritant R 36/37/38 irritant R 36/37/38
sensibilisant R 42 sensibilisant R 42/43 sensibilisant R 42 sensibilisant R 42
ÉTIQUETAGE T T T Xn
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Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 184, 3e trimestre 2001

ANNEXE II
CARACTÉRISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DE QUELQUES SOLVANTS
PHYSICO-CHEMICAL CHARACTERISTICS OF SOME SOLVENTS
LIMITES D’EXPLOSIVITÉ
NOM TENSION DE VAPEUR POINTS ÉCLAIRS (% VOL.) DANS L'AIR VLE VME ÉTIQUETAGE
INFÉRIEURE SUPÉRIEURE

24,7 kPa (20 °C) - 18 °C (c.f.) 2,15 13 750 ppm


F
ACÉTONE 54,6 kPa (40 °C) - 9,4 °C (c.o.) (1 800 mg/m3)
112 kPa (60 °C)
13,3 kPa (25 °C) - 9 °C (c.f.) 200 ppm
MÉTHYLÉTHYLCÉTONE (MEC) 26,7 kPa (41,6 °C) - 4 °C (c.o.) 1,8 11,5 (600 mg/m3) F, XI
53,3 kPa (60 °C)
MÉTHYLISOBUTYLCÉTONE 2,15 kPa (20 °C) 14 °C (c.f.) 50 ppm
(MIBK) 8,83 kPa (50 °C) 23 °C (c.o.) 1,2 8 (205 mg/m3) F
3,8 kPa (0 °C) 12 °C (c.f.) 6,7 36,5 1 000 ppm 200 ppm F, T
MÉTHANOL 12,3 kPa (20 °C) 16 °C (c.o.) (1 300 mg/m3) (260 mg/m3)
34,4 kPa (40 °C)
5,85 kPa (20 °C) 12,8 °C (c.f.) 3,3 19 5 000 ppm 1 000 ppm F
ETHANOL 13,3 kPa (34,9 °C) 16 °C (c.o.) (9 500 mg/m3) (1 900 mg/m3)
53,3 kPa (63,5 °C)
1,33 kPa (14,7 °C) 15 °C (c.f.) 200 ppm
n-PROPANOL 2,66 kPa (25,3 °C) 22 °C (c.o.) 2,1 13,5 (500 mg/m3) F
7,99 kPa (43,5 °C)
4,4 kPa (20 °C) 12 °C (c.f.) 2 12 400 ppm
ISOPROPANOL 14,1 kPa (40 °C) 18 °C (c.o.) (980 mg/m3) F
23,6 kPa (50 °C)
0,58 kPa (20 °C) 35 °C (c.f.) 50 ppm
n-BUTANOL 4,49 kPa (50 °C) 40 °C (c.o.) 1,4 11,25 (150 mg/m3) XN
14,97 kPa (70 °C)
0,91 kPa (0 °C) 4,4 °C (c.f.) 1,2 7,1 150 ppm 10 ppm
TOLUÈNE F, XN
74,19 kPa (100 °C) (550 mg/m3) (375 mg/m3)
XYLÈNES 0,133 kPa (- 3,8 °C) 27 °C 150 ppm 100 ppm
o -XYLÈNE 1,33 kPa (32,1 °C) 1 6 (650 mg/m3) (435 mg/m3) XN
13,33 kPa (81,3 °C)
0,133 kPa (- 6,9 °C) 29 °C 150 ppm 100 ppm
m -XYLÈNE 1,33 kPa (28,3 °C) 1,1 7 (650 mg/m3) (435 mg/m3) XN
13,33 kPa (76,8 °C)
0,133 kPa (- 8,1 °C) 27 °C 150 ppm 100 ppm
p -XYLÈNE 1,33 kPa (27,3 °C) 1,1 7 (650 mg/m3) (435 mg/m3) XN
13,33 kPa (75,9 °C)
19,6 kPa (0 °C) 100 ppm 50 ppm
DICHLOROMÉTHANE (OU 30,7 kPa (10 °C) 13 22 (350 mg/m3) (180 mg/m3) XN
CHLORURE DE MÉTHYLÈNE) 46,5 kPa (20 °C)
68,1 kPa (30 °C)
3,3 kPa (0 °C) 13 °C (c.f.) 10 ppm
DICHLOROÉTHANE (OU
8,5 kPa (20 °C) 18,3 °C (c.o.) 6,2 16 (40 mg/m3) T, F
CHLORURE D’ÉTHYLÈNE)
21,3 kPa (40 °C)
2,65 kPa (0 °C) 200 ppm 75 ppm
TRICHLOROÉTHYLÈNE 7,71 kPa (20 °C) 12,5 90 (1 080 mg/m3) (405 mg/m3) XN, N
19,57 kPa (40 °C)
13,3 kPa (9,4 °C) - 10 °C (c.f.) 250 ppm 200 ppm
ACÉTATE DE MÉTHYLE 26,7 kPa (24 °C) - 5,6 °C (c.o.) 3,1 16 (760 mg/m3) (610 mg/m3) F
53,3 kPa (40 °C)
5,6 kPa (10 °C) - 4,4 °C (c.f.) 400 ppm
ACÉTATE D’ÉTHYLE 15,5 kPa (30 °C) - 7,2 °C (c.o.) 2 11,5 (1 400 mg/m3) F
37,3 kPa (50 °C)
2,66 kPa (16 °C) 200 ppm
ACÉTATE DE n-PROPYLE 5,33 kPa (28,8 °C) 13 à 14 °C (c.f.) 1,8 8 (840 mg/m3) F
26,66 kPa (64 °C)
5,33 kPa (17 °C) 300 ppm 250 pm
ACÉTATE D’ISOPROPYLE 7,99 kPa (25,1 °C) 2 à 4 °C (c.f.) 1,8 8 (1 140 mg/m3) (950 mg/m3) F
26,66 kPa (51,7 °C)
2,13 kPa (20 °C) 17 à 18 °C (c.f.) 1,3 à 2,4 10,5 à 15 200 ppm 150 ppm
ACÉTATE D’ISOBUTYLE F
(940 mg/m3) (710 mg/m3)
ACÉTATE DE 2-MÉTHOXY- 0,49 kPa (20 °C) 42 à 48 °C (c.f.) 1,5 12
1-MÉTHYLÉTHYLE 275 mg/m3 (*)
13,3 Pa (30 °C) 100,5 °C (c.f.) 10 ppm (**)
ALCOOL BENZYLIQUE 133 Pa (58 °C) 104,4 °C (c.o.) 1,3 13 (44 mg/m3) XN
1330 Pa (89 °C)
312 Pa (10 °C) 31 °C (c.f.) 50 ppm
STYRÈNE 600 Pa (20 °C) 37 °C (c.o.) 1,1 6,1 (215 mg/m3) XN
1095 Pa (30 °C)
(*) valeur allemande proposée (**) valeur américaine proposée c.o. : coupelle ouverte c.f. : coupelle fermée ■
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INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE SÉCURITÉ - 30, rue Olivier-Noyer, 75680 Paris cedex 14
Tiré à part de Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail, 3e trimestre 2001, n° 184 - ND 2152 - 1800 ex.
N° CPPAP 804/AD/PC/DC du 14-03-85. Directeur de la publication : J.-L. MARIÉ. ISSN 0007-9952 - ISBN 2-7389-1044-0
Imprimerie de Montligeon - 61400 La Chapelle Montligeon

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