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L’avenir des 

véhicules électriques selon les experts du secteur de l’énergie


Renault Zoé est actuellement le véhicule électrique le plus vendu au sein de l’Union européenne
(15% de parts de marché) et leader en France (avec 70% de parts de marché). 
Depuis que Tesla a commercialisé son premier véhicule électrique (VE) au milieu des années
2000, plusieurs constructeurs automobiles tels que le Chinois BYD, Renault-Nissan ou BMW se
sont positionnés clairement sur ce marché. Les VE promettent d’améliorer la qualité de vie en
milieu urbain grâce à la réduction de la pollution de l’air et des nuisances sonores.
L’augmentation significative de la part des VE devrait également réduire les émissions de gaz à
effet de serre, notamment si l’électricité utilisée pour la recharge des batteries provient de
sources décarbonées.

Selon le dernier rapport global sur les VE de l’Agence internationale de l’énergie, en 2016, le
chiffre record de 750 000 véhicules électriques vendus a été atteint, dont plus de la moitié en
Chine. Le marché des VE devrait continuer sa croissance dans les années à venir et d’ici à 2020,
entre 9 et 20 millions de VE sont attendus sur les routes. À noter également qu’en 2016, les
infrastructures de stations de recharge publiques ont crû sur un rythme annuel de 72%.

Pour soutenir le développement des VE, plusieurs pays proposent des réductions de prix aux
acheteurs. En France, cette aide peut s’élever à 6 000 euros (plus une prime additionnelle de 2
500 euros si un véhicule diesel de plus de 16 ans est mis à la casse). En 2017, près de
31 000véhicules électriques ont été immatriculés en France. Ce chiffre correspond à une part de
marché de 1,2%, ce qui reste bien en dessous du pays champion du VE, la Norvège, où 17% des
ventes sont électriques. En Allemagne pour la même période, les ventes sont un peu moindres
mais se situent dans une fourchette assez similaire à la France.

En lien avec ces développements, l'édition hiver 2017-2018 du Baromètre du marché de


l’énergie de Grenoble École de Management et du Zentrum für Europäische
Wirtschaftsforschung (Centre pour la recherche économique européenne) questionne les
perceptions des experts du secteur de l’énergie sur le développement du véhicule électrique en
France et en Allemagne.

Adaptation majeure des réseaux de distribution

Experts français et allemands s’accordent pour dire qu’aucun changement majeur ne sera requis
au niveau de la production d’électricité et du réseau de transport. Selon une grande majorité des
spécialistes de notre échantillon français, une part de 10% de véhicules électriques en France
d’ici 2025, soit environ 4 millions de voitures, ne nécessite pas de tels changements.
En revanche, les experts des deux pays pensent que si la part des VE atteint 10%, cela
nécessitera de larges investissements dans le réseau de distribution, c’est-à-dire au niveau des
transformateurs et des câbles dont la puissance devra être augmentée.

À titre d’exemple, recharger un VE pourrait doubler la demande électrique d’un foyer. Les
réseaux de distribution existants pourraient ne pas être en mesure de supporter la charge
supplémentaire si les véhicules sont chargés en parallèle des usages conventionnels. Les niveaux
d’investissements sont incertains mais une étude récente d’Artelysmontre que pour la France, la
facture pourrait s’élever à 150 millions d’euros par an et ce jusqu’en 2030. À défaut, le système
électrique risque de ne pas pouvoir faire face.

Domination des distributeurs d'électricité

Pour réduire le stress que les VE pourraient imposer au réseau d’électricité et aux capacités de
production, un pilotage de la charge peut être mis en œuvre afin de recharger les véhicules
électriques en dehors des périodes de pointe et lorsque beaucoup d’électricité renouvelable est
injectée dans le réseau. Ainsi, le pilotage des batteries et la charge des VE peut apporter un réel
service au système électrique et à son équilibrage. Beaucoup d’incertitudes demeurent sur qui
pourrait profiter de ce marché émergent, et l’opinion des spécialistes est assez divisée.

Les experts des deux côtés du Rhin s’attendent à ce que les distributeurs d’électricité jouent un
rôle important, quitte à développer des nouvelles compétences (sur la gestion des données par
exemple). Cependant, ils ont des opinions assez divergentes en ce qui concerne le rôle des
constructeurs automobiles, traders (négociants), start-ups, ou fournisseurs historiques
d’électricité, et les experts allemands envisagent un rôle plus prononcé pour ces deux derniers.

Ces divergences peuvent refléter des potentiels différents dans chacun des deux pays et sont
révélatrices de l’intérêt exprimé par des acteurs très divers pour ce marché porteur.

Des prix élevés et une faible autonomie

Interrogés sur les freins à l’achat de véhicules électriques, les experts se montrent assez
pessimistes et voient de nombreuses barrières à surmonter avant que les VE puissent
véritablement concurrencer les voitures thermiques. Ils s’accordent autour du besoin d’améliorer
considérablement la performance technologique des VE afin de diminuer leur prix et
d’augmenter leur autonomie. Environ 38% des Français et 52% des Allemands pensent que les
prix d’achats élevés sont une barrière très importante. Actuellement, les coûts d’achat d’un VE
sont de 15 à 25% plus élevés que pour un véhicule traditionnel.
Dans un futur proche, l’augmentation des volumes de production de voitures électriques devrait
permettre de réduire les coûts, et notamment le prix des batteries. Les constructeurs automobiles
eux-mêmes ne manquent pas d’annoncer la sortie de véhicules électriques à bas coût, comme
Tesla et son modèle 3 (vendu à partir de 35 000 dollars) ou Renault qui ambitionne de
commercialiser une version électrique de la Renault Kwid pour 7 à 8 000 dollars dès 2019 en
Chine.

De même, les VE ont des coûts de fonctionnement plus limités tant en carburant qu’en entretien
du fait d’une mécanique simplifiée (pas de vidange, pas besoin de changer les bougies, etc.).
Cependant, l’autonomie reste limitée à environ 250 kilomètres pour la plupart des modèles (c’est
environ le double pour la Tesla Model S). Ainsi, il n’est pas étonnant de constater que 44% des
experts français et 64% des experts allemands voient la faible autonomie des VE comme un frein
très important.

Le développement des infrastructures de recharge est également souligné. Ainsi, 61% des
Français et 47% des Allemands considèrent le manque de stations de recharge comme une
barrière importante – et respectivement 29% et 45% comme très importante. Le fait que la
France dispose d’un faible taux de densité de station à 0,1 site pour 1 000 voitures immatriculées
(comparé à 3 pour le Land de Baden-Württemberg en Allemagne par exemple) peut expliquer
ce résultat.

Les temps de charge trop longs sont aussi considérés comme des barrières importantes par 60%
des Français et 56% des Allemands. Vraisemblablement, des temps de charge de batteries
jusqu’à 12 heures expliquent ces résultats, même si des sites de charge rapide de 30 minutes
existent. Cela devrait s’améliorer dans les années à venir. Ainsi, l’Ademe soutient
financièrement l’installation de 13 200 bornes de recharges et plusieurs énergéticiens investissent
dans le développement de bornes de recharges (EDF, Engie ou Total notamment).

Il est à noter que les spécialistes allemands s’affichent comme plus pessimistes que leurs
collègues français, les barrières à la diffusion du véhicule électrique étant plus importantes selon
eux. Cela peut refléter une baisse de confiance dans les annonces faites par l’industrie
automobile à propos des performances technologiques des véhicules après le scandale
Volkswagen.

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