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(Contexte,
enjeux, limites…). Faire 2 pages à 2.
Contexte
Dans la lutte pour contenir les effets du réchauffement climatique, les Etats-Unis ont mis en place l’Inflation
Reduction Act (IRA) en aout 2022. Par 51 voix contre 50, le Sénat des États-Unis a adopté le plus ambitieux
plan climat de l’histoire du pays, prévoyant une enveloppe de 369 milliards de dollars pour réduire de 40 %
les émissions de CO2 entre 2005 et 2030.
Des incitations fiscales, subventions et crédit d’impôts, sont accordées aux entreprises de production
d’énergies renouvelables (solaire, éolien, etc…), au nucléaire, à l’électricité verte, au stockage d’énergie
(hydrogène), à la décarbonation via la capture de carbone et aux transports durables par les véhicules
électriques. Ainsi, les Etats-Unis comptent stimuler la production de technologies vertes sur le sol américain
et devenir le leader mondial contre le changement climatique.
L’IRA est une loi protectionniste qui instaure une préférence nationale en infraction des règles de
l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la loi de traitement national garantissant des conditions de
commerce loyales aux partenaires. Les Etats-Unis adoptent une réponse extrême à l’hégémonie de la Chine
dans ces domaines. (La Chine domine à hauteur de 80 % la chaîne d’approvisionnement mondiale en
véhicules électrique, panneaux solaires et en minéraux nécessaires à leur fabrication)
Cette délocalisation est aussi visible pour la filière de l’hydrogène « vert », l'IRA a constitué un tournant en
incitant les fabricants d'électrolyseurs américains et européens à investir dans des usines de production aux
États-Unis, remettant ainsi en question la domination de la Chine et de l'Europe. L’analyse de Alan Hayes de
S&P Global note qu’« à trois dollars de crédit d'impôt par kilo, (...) vous devenez compétitif dans plusieurs
secteurs, notamment le transport routier ».
La compétitivité énergétique
Une autre problématique pour la France est liée au prix de son électricité pour défendre son attractivité et la
compétitivité de ses industries face aux mesures de l’IRA. Les énergies fossiles en abondance sur le sol
américain sont exploitées pour maintenir ce différentiel de prix de l’énergie avec la France, comme le
souligne le Rapport d'information n°1913 déposé à la commission européenne : « les États-Unis bénéficient
d’un prix de l’énergie particulièrement compétitif, en raison notamment de l’exploitation sur leur sol du gaz
de schiste (38% du mix énergie), particulièrement nocif pour l’environnement. Alors que l’IRA prévoit
également un investissement massif dans l’hydrogène, la différence des coûts de l’énergie pourrait encore
s’accroître entre les deux zones ».
Le déclenchement d’un conflit commercial
L’IRA en tant que loi protectionniste est une démarche contre-productive dans le temps et paralyse les Etats-
Unis en les privant à l’accès à des technologies et des approvisionnements compétitifs. Selon une étude du
MIT, la mondialisation a permis une chute spectaculaire du prix de vente des panneaux photovoltaïques.
Cette baisse provient des économies d’échelle mondiale. Faire revenir l’industrie sur le sol américain aurait,
certes, l’avantage de renforcer la sécurité du pays dans un environnement géopolitique instable, mais les
consommateurs américains risquent d’acheter leurs produits plus chers. Ce protectionnisme pourrait sur le
long terme nuire à la transition rapide vers l’énergie propre.
Nous voyons aussi que le protectionnisme de l’IRA soutient la production et l’augmentation des capacités
nationale ce qui engendre une concurrence à l’accès des ressources en matières premières et compétences.
Ce qui pourra à terme faire apparaître des goulots d’étranglement et une tension sur les prix de ces
ressources pour la France. Les Etats-Unis imposent déjà des accords restreint avec la France sur les matières
critiques comme le souligne l’Union Européenne : "Sur les 50 matières premières répertoriées par les USA
comme étant critiques, l’offre dont ils nous ont fait part n’en mentionne que 5".
Il en est de même pour la production d’hydrogène, selon l’Agence internationale de l’énergie, pour atteindre
zéro émission nette d’ici à 2050 au niveau mondial, il convient de « tripler la valeur du commerce mondial de
minéraux essentiels et d’encourager le commerce mondial d’hydrogène pour le porter à 1 500 fois son
niveau actuel, qui est négligeable ». Hors, la production d’hydrogène va être concentrée aux USA grâce aux
subventions américaines.
Nos propositions
Nos propositions pour la France en réponse à l’IRA doivent être sur le plan économique de préserver la
compétitivité de l’industrie par l’accroissement des budgets alloués aux filières technologiques
décarbonées. Les budgets seraient financés à l’aide d’une taxe sur les biens importés hors zone UE.
Le prix de l’énergie reste un axe d’amélioration. Le prix de notre énergie doit favoriser la compétitivité des
entreprises face à l’envolée des prix de l’énergie. Le prix de notre électricité devrait être sécurisé pour les
industries pour leur garantir la stabilité des coûts sur une période de 5 années avec un prix plafond pour
donner de la visibilité aux entreprises.
Pour la France, sur le plan du commerce international, les États-Unis demeurent un partenaire privilégié au
niveau international. Faire revenir, les Etats-Unis sur une position plus modérée doit rester un objectif pour
contrecarrer la Chine et coopérer sur les subventions liées à la protection de l'environnement. Un
engagement sociétal et environnemental doit être une contrepartie à l’attribution des subventions et crédit
d'impôts. Les industriels s’engagent à réduire les effets négatifs de leurs activités et à développer les effets
positifs sur la société et l’environnement dans une perspective de développement soutenable du territoire
Une opportunité de l’IRA pour la France est aussi de mettre en place une augmentation de ses accords
d’échanges commerciaux de matières critiques et de produits énergétiques avec ses partenaires de libre-
échanges. Le but étant de s’accorder sur la disponibilité des ressources et de matières premières nécessaires
pour réaliser la transition énergétique.
Les impacts mondiaux potentiels comprennent une stimulation économique grâce à des investissements
dans les infrastructures et les énergies propres, mais aussi des défis tels que l'augmentation des prix des
matières premières et une concurrence accrue pour les investissements dans les technologies propres. La loi
vise à renforcer la compétitivité américaine, réduire les inégalités, mais sa mise en œuvre pourrait
rencontrer des défis logistiques et financiers.