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banking : l’impact sur la
performance organisationnelle des
banques de détail sur le marché
français
Sommaire
Introduction générale.........................................................................................................5
Chapitre I : Les facteurs d’évolution de l’Internet bancaire.........................................7
1. Une compétition accrue...............................................................................................7
2. L’apparition des nouvelles technologies....................................................................14
3. L’évolution du Net Banking.......................................................................................23
4. Les avantages procurés aux clients...........................................................................30
5. L’intérêt du Web pour les établissements bancaires.................................................31
6. Les risques et faiblesses du canal Internet.................................................................34
Chapitre II : Un impact positif sur la performance bancaire?....................................39
1. Une définition délicate de la notion de performance.................................................40
2. Une évaluation multicritère.......................................................................................43
3. Proposition d’un système de mesures........................................................................45
4. La satisfaction de la clientèle.....................................................................................49
5. L’efficience organisationnelle et humaine.................................................................54
6. La santé financière.....................................................................................................56
Chapitre III : L’étude du phénomène sur le marché français.....................................62
1. La méthode de recherche...........................................................................................62
Variable indépendante.....................................................................................................65
Degré d’adoption du canal Internet...............................................................................65
Variable dépendante........................................................................................................65
Performance organisationnelle......................................................................................65
2. Le profil des répondants............................................................................................66
3. La toile française et ses facteurs d’adoption.............................................................68
4. L’impact du canal Internet sur la performance organisationnelle............................77
5. Conclusions et limites................................................................................................91
Conclusion.........................................................................................................................93
Bibliographie.....................................................................................................................95
Annexes............................................................................................................................104
Résumé
Dans les années 1980, la révolution technologique de l’information et de la
communication, accompagnée de la mondialisation de l’activité financière, a
profondément bouleversé le monde bancaire. La loi de 1984 ouvre une période
de déréglementation accélérée. Les marchés financiers apparaissent de plus en
plus décloisonnés et, très vite, on assiste à une multiplication des acteurs sur le
marché. Aux côtés des établissements de crédit français, viennent s’implanter
des banquiers étrangers ainsi qu’un grand nombre de concurrents issus de
secteurs d’activité très différents. Pour faire face à cette compétition exacerbée et
gagner en parts de marché, les banques françaises doivent trouver un moyen
d’améliorer leur performance et compétitivité.
Or, la banalisation d’un certain nombre de prestations bancaires change la
donne en matière d’avantage concurrentiel : Désormais, ce dernier semble plus
reposer sur un système de distribution performant que sur la gamme de produits
proposés. A partir de ce constat, les établissements de crédit envisagent des
politiques de développement audelà de leurs métiers et services traditionnels.
Les nouvelles technologies apparaissent comme une réelle opportunité et de
nouveaux canaux électroniques voient rapidement le jour. L’Internet banking
constitue l’un d’entre eux.
De manière générale, la littérature fait grand état des avantages que
procure le canal Web à la clientèle et aux banquiers. Cependant, l’omniprésence
des risques et faiblesses de ce phénomène, notamment en ce qui concerne la
sécurité et la réticence des consommateurs, pousse les établissements français
à s’interroger sur les investissements à consacrer à cette nouvelle technologie.
Très peu d’études se sont véritablement intéressées à l’évaluation de la
performance suite à l’adoption de l’Internet banking ; la nécessité de cette
dernière reste pourtant indéniable avec tout changement technologique et
stratégique. Après avoir proposé un modèle d’appréciation pour cette notion
multidimensionnelle et subjective, une enquête a été menée auprès d’un
échantillon de 25 banques et sociétés de crédit ciblant une clientèle de
particuliers sur le marché français. Au niveau de l’hexagone, le canal Internet
semble avoir trouvé une certaine maturité dans sa phase de croissance.
L’adoption de cette pratique d’affaires, répandue et assez homogène parmi les
différents prestataires, semble favorisée par la taille et la présence à
l’international de l’établissement qui l’utilise. Les bienfaits de la toile sur la
satisfaction de la clientèle et l’efficience organisationnelle et humaine ont été mis
en avant de manière très concluante. Cependant, à l’heure actuelle, les éventuels
gains financiers n’ont pu être démontrés. La récente adoption du Web banking et
la complexe appréciation de la rentabilité par canal de distribution rendent difficile
l’analyse du retour sur investissement.
Introduction générale
Depuis ces trente dernières années, l’activité bancaire française a connu
une mutation importante en matière de distribution. Alors que le canal
électronique existait déjà sous forme de guichets automatiques et d’opérations
téléphoniques, il est aujourd’hui stimulé par l’Internet. Le web pénètre
inexorablement l’ensemble des foyers de l’hexagone. La démocratisation de cet
outil électronique est telle qu’on en vient à se demander si ce dernier ne
constituerait pas le nouveau paradigme de l’activité bancaire.
Néanmoins, les banques de détail françaises s’interrogent encore sur la
nécessité d’instaurer et de développer, ou non, le canal de distribution et de
communication par Internet. Si elles étaient sûres des bienfaits de l’Internet
banking sur leur performance, l’investissement leur serait rendu plus facile. Or, le
débat reste toujours d’actualité.
De manière générale, la littérature fait grand état des avantages que
procure le canal électronique à la clientèle et aux banquiers. Les projets de
recherche en marketing se sont, eux aussi, multipliés afin d’étudier le
comportement des consommateurs face à ce nouveau phénomène. Or, très peu
d’études se sont véritablement intéressées à l’évaluation de la performance ; la
nécessité de cette dernière reste pourtant indéniable avec tout changement
technologique et stratégique. L’impact du canal Internet sur la performance
organisationnelle des établissements de crédit constituera alors notre thème de
recherche pour ce mémoire.
Avant toute chose, il convient de préciser le contexte dans lequel nous
avons choisi d’analyser le phénomène Internet banking. La performance
organisationnelle ne sera étudiée qu’au niveau des établissements de crédit à
caractère commercial. Les banques d’affaires (activités de marché, gestion
d’actifs, ingénierie financière etc.) n’entreront pas dans notre champ d’analyse.
Le choix de distinguer ces deux corps de métier intervient dans la mesure où les
problématiques, les besoins et les tendances sont, par définition, différentes
d’une activité de « retail » à celle de « wholesale ». En tant que particuliers, notre
sensibilisation, plus importante pour tout ce qui a trait à la vente de détail, nous
assurera une meilleure compréhension du phénomène.
Par ailleurs, ce projet de recherche sera restreint au niveau du territoire
français, les marchés étrangers n’étant utilisés qu’à des fins de comparaisons
introductives. Le choix du contexte français s’explique par l’importance du
secteur bancaire dans ce pays mais aussi par un développement considérable
du canal Internet ces dernières années. Ce procédé, certes révolutionnaire, mais
à la portée encore incertaine, pousse les établissements de l’hexagone à
s’interroger sur l’importance à accorder à cette nouvelle technique bancaire.
L’absence d’études académiques portant sur la relation entre l’Internet banking et
la performance organisationnelle a été un élément déterminant dans le choix de
ce thème de recherche.
Ce projet présente trois objectifs principaux. Chacun d’entre eux
constituera un chapitre de ce mémoire. Le premier consiste à mettre en avant les
facteurs d’évolution de l’Internet banking en France. L’analyse du contexte
historique, réglementaire, économique, technologique mais aussi sociologique
sera de rigueur. Cette première partie permettra de comprendre de quelle
manière l’Internet banking peut, ou ne peut pas être, vecteur de performance
bancaire.
Par la suite, un modèle d’évaluation de la performance devra être proposé.
Cette étape sera principalement réalisée à partir de données dites « primaires »,
c’estàdire émanant de la revue de la littérature sur le sujet. Ce chapitre
permettra une appréhension des bénéfices de la toile ; des hypothèses pourront
alors être dressées.
Enfin, le dernier objectif consistera à tester le modèle établi afin d’étudier
l’influence de l’Internet banking sur certaines dimensions perceptuelles de la
performance organisationnelle des établissements financiers. Cette dernière
étape sera réalisée à partir d’une étude empirique basée sur l’administration d’un
questionnaire auprès de banques et sociétés de crédit établies sur le marché
français.
Au niveau de la pratique, les résultats obtenus permettront aux contrôleurs
de gestion et experts en canaux de distribution bancaires de mieux informer les
responsables décisionnels des impacts du web banking sur la performance
bancaire. Ces derniers pourront montrer, étude empirique à l’appui, la manière
par laquelle sont perçus les résultats de l’investissement dans le canal Internet.
Ces données refléteront l’ensemble du marché français des banques et sociétés
de crédit ciblant une clientèle de particuliers.
Les résultats de cette étude permettront également aux gestionnaires de
mieux fixer les objectifs découlant du réseau de distribution en ligne, et ce autant
au niveau de la rentabilité financière, de la satisfaction de la clientèle que de
l’efficience organisationnelle et humaine.
Chapitre I : Les facteurs d’évolution de l’Internet bancaire
Cette première partie a pour objectif d’exposer le phénomène bancaire sur
le Web ainsi que ses facteurs de développement. Ainsi, un rappel historique et
législatif du contexte bancaire, une présentation du développement des nouvelles
technologies de l’information et de communication, un exposé des avantages
procurés aux clients mais aussi aux banques, ainsi que l’énoncé des risques liés
au phénomène, seront de rigueur. Cette première partie nous permettra de
comprendre de quelle manière l’Internet banking peut, ou ne peut pas être,
vecteur de performance bancaire.
1. Une compétition accrue
Dans la deuxième moitié du XXème siècle, le secteur bancaire a connu
des mutations profondes dans son cadre législatif et réglementaire. Les
établissements de crédit doivent alors s’adapter à une nouvelle donne en matière
de concurrence.
1.1. Le bouleversement du système bancaire français
1.1.1. Banque commerciale versus banque d’affaires
Avant toute chose, il convient de préciser qu’il est courant d’opposer la
« banque commerciale » à la « banque d’affaires » dans les activités bancaires.
La première est également connue sous les noms de « banque de détail »,
« banque à réseau », « retail banking » ou encore « banque de proximité ». La
seconde, quant à elle, fait référence aux activités de marché, à la gestion d’actifs,
à l’ingénierie financière, à l’investissement et à la gestion technique des titres.
De la Villarmois (1999) fait référence à McGoldrick (1995) afin de proposer
différentes définitions du commerce de détail. De manière étymologique, cette
expression réfère à « la vente de biens en petites quantités ». Or, un autre sens
attire notre attention : « la vente de biens et services au consommateur pour son
usage personnel » (McGoldrick, 1995). Ainsi, nous comprenons que nous nous
situons principalement dans le cadre des activités « particuliers » (B2C :
« business to consumers »), à opposer aux activités « entreprises » (B2B :
« business to business »).
Nous utilisons les termes « principalement à destination des particuliers»
car, selon nous, la banque de détail peut également, dans certains cas,
s’adresser à des entreprises. De Coussergues (2005), par exemple, affirme que
la clientèle de la banque de détail se compose de particuliers mais aussi de
Petites et Moyennes Entreprises (PME) et de professionnels. Nous rejoignons
son idée sur le sujet. A nos yeux, la banque commerciale peut s’adresser aux
entreprises et professionnels dès lors que les prestations vendues demeurent les
mêmes que celles proposées à la clientèle de particuliers.
Blanco et Négiar (2003) précisent le périmètre d’activités inclus dans les
services de la banque de détail. Celuici se compose :
des transactions de paiement : il s’agit des retraits d’argent, des
paiements par cartes de crédit et débit, par prélèvements, par virements et par
chèques,
des dépôts : par le biais de comptes et livrets à terme,
des prêts : ils peuvent être de nature immobilière, liés à la
consommation, prendre la forme de découvert etc.,
de la distribution de valeurs mobilières : par exemple les actions,
obligations, SICAV etc., mais cela exclut les produits d’assurance vie,
des requêtes d’informations
Cette énumération conforte l’idée que les activités de la banque de détail
sont à l’origine conçues pour les particuliers : Tout ce qui a trait à la banque de
gros (wholesale banking), à la gestion d’actifs, à la banque d’investissement, au
corporate banking et enfin aux produits d’assurance ne fait pas partie du
périmètre d’action des banques commerciales.
Nous venons de préciser la portée de notre étude : Elle se limitera aux
banques de détail. Ainsi, dans les analyses qui vont suivre, nous mettrons
principalement l’accent sur les activités liées à la clientèle de particuliers.
Toutefois, il convient de noter que certaines remarques, comme le contexte
historique, peuvent également s’appliquer à d’autres activités financières.
1.1.2. La situation avant 1984
C’est dans les années 1940 que voit le jour la première législation
spécifiquement bancaire. Sous le régime de Vichy, l’acte du 13 juin 1941 impose
aux banques un modèle rigide basé sur le corporatisme : Les établissements
sont regroupés en une association professionnelle unique. Un Comité de
Surveillance est créé, et la tutelle de l’Etat se renforce par une vague de
nationalisations.
Les pouvoirs publics de 1966 et 1967 décident d’assouplir cette
réglementation bancaire. Tout d’abord, les statuts s’uniformisent : il n’existe plus
de distinction entre banques de dépôts et banques d’affaires. Par ailleurs,
aucune autorisation préalable n’est désormais exigible pour l’ouverture de
nouveaux guichets. Cette plus grande liberté accordée aux banques incite ces
dernières à se développer. La concurrence se fait plus intense et pousse les
établissements à multiplier leurs offres de services.
Alors qu’en 1982, le monde bancaire français entre dans une phase de
nationalisations, ce sont des mesures complètement inverses qui sont adoptées
par le gouvernement de 1986 : l’ère de la privatisation entre en scène. Les
banques et compagnies financières sont alors privatisées les unes après les
autres, soit par le biais d’offres publiques de vente avec une mise sur le marché
des actions, soit par des appels d’offres entraînant des ventes de gré à gré.
1.1.3. La réforme de 1984
Un cadre juridique unique
La vocation universelle des établissements de crédit
La loi bancaire de 1984 a favorisé le principe d’universalité des activités
pour ces établissements. Désormais, ces derniers sont habilités à réaliser toutes
les opérations de banque ainsi que la quasitotalité des actes financiers (gestion
et intermédiation, mise à part la négociation des valeurs mobilières). Les
banques sont ainsi libres de choisir leurs clientèle, produits et modes
d’organisation.
Or, puisqu’un établissement de crédit peut désormais exercer toutes les
activités bancaires, il convient d’exiger de lui certaines conditions au moment de
son agrément. Ces dernières interviennent en matière de fonds propres,
d’organisation, de projets de développement et d’honorabilité des dirigeants.
Même si le principe d’universalisme est mis en avant par la législation de
1984, certaines autorisations restreintes sont tout de même délivrées. Cela est le
cas des sociétés financières et des institutions financières spécialisées.
La classification des établissements de crédit
Si la loi de 1984 se veut avant tout unificatrice, le législateur a néanmoins
entendu préserver les spécificités des établissements. A cet égard, il a distingué,
dans l’article 18, six catégories de structures bancaires, réparties ellesmêmes en
deux grands groupes :
Les banques membres de l’Association Française des Banques (AFB), aux
actes professionnels nombreux et divers, et aux réseaux de dimension locale,
régionale, nationale voire internationale. (ex : BNPParibas, Société Générale,
Crédit Lyonnais, la Société Marseillaise de Crédit…)
Les banques mutualistes et coopératives qui exercent les mêmes actes
professionnels que les banques AFB mais qui sont soumises à des contraintes
émanant de leurs organes centraux respectifs (ex : Banques Populaires, Crédit
Mutuel, Crédit Agricole Mutuel, Crédit Coopératif…)
Les Caisses d’Epargne et de Prévoyance, à caractère non lucratif et affiliées
à un organe central : le Centre National des Caisses d’Epargne et de Prévoyance
Les Caisses de Crédit Municipal : Etablissements publics communaux de
crédit et d’aide sociale. Bien qu’ils détiennent le monopole du prêt sur gage, ils
ont un agrément plus restreint que les catégories précédentes : Autorisés à
recevoir des dépôts de la part des personnes physiques et morales, elles ne
peuvent consentir à l’octroi de crédits que pour les associations et les
établissements publics locaux.
Les établissements spécialisés, autorisés à l’exercice d’opérations restreintes
spécifiées dans leurs agréments ou, le cas échéant, dans leurs statuts propres :
Les sociétés financières dont les opérations bancaires sont réglementées par
un cadre dépendant soit de leur statut législatif et réglementaire (ex : les sociétés
de crédit différé…) soit de leur agrément pour une activité précise (organismes
de crédit à la consommation, établissements de crédit immobilier…)
Les institutions financières spécialisées, pour lesquelles une mission définie
leur a été confiée par l’Etat (ex : Crédit Foncier de France)
L’année 1984 marque une rupture dans la législation bancaire. Elle
constitue le début d’un processus de déréglementation et de libéralisation
financière, rendu possible par une diminution de la mainmise de l’Etat. Après
cette période, l’environnement réglementaire n’a eu de cesse d’évoluer, toujours
dans le sens d’une plus grande harmonisation. Or il convient de préciser que ces
réformes ne sont pas restreintes à l’échelle nationale. La création de l’Europe a
été, elle aussi, source de nouvelles réglementations bancaires.
1.2. Les banques face à l’internationalisation financière
1.2.1. La libéralisation des mouvements européens