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Parlons
impôts
en 30 questions
Jean-Marie Monnier
nouvelle
édition
2013
Parlons
impôts
en 30 questions
(nouvelle édition)
Jean-Marie Monnier
professeur d’économie
au Centre d’économie de la Sorbonne (Paris I),
spécialiste des questions fiscales
La documentation Française
Responsable de la collection
Isabelle Flahault
Titre dirigé par
Céline Persini
Secrétariat de rédaction
Martine Paradis
Conception graphique
Sandra Lumbroso
Bernard Vaneville
Mise en page
Dominique Sauvage
Édition
Dagmar Rolf
Promotion
Stéphane Wolff
Avertissement au lecteur
Les opinions exprimées n’engagent que leurs auteurs.
Ces textes ne peuvent être reproduits sans autorisation.
Celle-ci doit être demandée à :
Direction de l’information légale et administrative
29, quai Voltaire
75344 Paris cedex 07
© Direction de l’information légale et administrative, Paris, 1ère édition 2012, 2e édition 2013.
édition 2012 - ISBN : 978-2-11-008787-4
édition 2013 - ISBN : 978-2-11-009258-8
Sommaire
Panorama.................................................................................................................... 5
Questions-réponses....................................................................................... 23
3
Comment font ceux qui fuient l’impôt ?......................................................... 62
Comment lutter contre la fraude fiscale ?...................................................... 64
Les niches, calamités fiscales ?.............................................................................. 66
Vers une fiscalisation de la protection sociale ?.......................................... 68
La fiscalité locale, de vieux impôts à réformer ?......................................... 70
La taxe professionnelle supprimée et après ?.............................................. 72
Vers un impôt européen ? Pourquoi ?............................................................... 74
Peut-il exister une fiscalité internationale ?................................................... 76
Des taxes pour les générations futures ?........................................................ 78
Peut-on fusionner l’impôt sur le revenu et la CSG ?................................. 80
Les impôts sont-ils sexistes ?.................................................................................. 82
@ vous la parole.................................................................................................. 85
Bibliographie et sitothèque................................................................. 99
4
Panorama
Panorama
De la mise en œuvre d’une taxe carbone
pour combattre le réchauffement climatique
à la lutte contre les paradis fiscaux, il n’y
a plus de domaine où la fiscalité n’est pas
sollicitée comme instrument de politique
publique. Peut-on exiger autant de l’impôt ?
Ses missions principales ne sont-elles pas
la collecte des ressources publiques et la
redistribution des revenus ? Pourtant, il ne
remplit plus pleinement ces objectifs. Le
système fiscal ne doit-il pas être réformé
de façon à en améliorer la rentabilité et à le
rendre plus redistributif ?
7
Qu’est-ce que la dette publique ?
La dette publique est l’ensemble des emprunts effec-
tués par les administrations publiques et sociales (État,
collectivités locales et Sécurité sociale). Son montant
résulte de l’accumulation de déficits publics (situation
où les recettes sont inférieures aux dépenses).
8
Panorama
9
classes moyennes seraient les plus imposées. Malgré
la suppression du bouclier fiscal au printemps 2011,
la légitimité de notre système fiscal est toujours en
question. Cette mesure qui limitait à 50 % la part
imposable des plus riches était devenue, pour certains,
le symbole d’une forme d’injustice fiscale.
10
Panorama
11
Du côté de la fiscalité des entreprises, différentes
mesures visent à rapprocher le taux effectif d’impo-
sition des grandes entreprises de celui supporté par
les petites.
Coût
Nombre de
estimé
Mesures Impôts bénéficiaires
(milliards
en 2011
d’euros)
Taux de 5,5 % (7 % à compter
du 1er janvier 2012) sur les travaux
d’amélioration des logements TVA 325 000 5,33
Crédit d’impôt recherche IRPP et IS 14 300 3,35
Abattement de 10 %
sur les retraites IRPP 13 621 000 3,28
Taux de 5,5 % (7 % à compter du
1er janvier 2012) sur la restauration TVA Non chiffré 3,08
Prime pour l’emploi IRPP 6 760 000 2,46
Emploi d’un salarié à domicile :
crédit d’impôt IRPP 1 598 200 2,10
Réduction d’impôt IRPP 2 237 100 1,57
Taux réduit de taxe sur le fioul Droits
indirects Non chiffré 2,10
12
Panorama
13
Structure fiscale, en % des prélèvements obligatoires
dans quelques pays de l’OCDE (2010)
le patrimoine
les sociétés
Cotisations
Impôts sur
Impôts sur
Impôts sur
Impôts sur
les salaires
et services
le revenu
Taxes sur
les biens
sociales
Divers
Pays
14
Panorama
15
La gabelle
La gabelle, c’est l’impôt sur le sel, devenu permanent
le 5 décembre 1360. Le sel étant alors le seul mode de
conservation des aliments et un élément indispensable
à la nourriture des animaux, sa taxation était stratégique
et très mal supportée. La gabelle s’accompagnait de
contrôles tatillons et vexatoires, et d’une obligation
pour les chefs de familles d’acheter une quantité mini-
male de sel aux greniers royaux. La contrebande du sel
était durement réprimée et donnait lieu à de lourdes
peines : les galères ou la mort. En 1774, elle représentait
15 % des ressources du royaume.
16
Panorama
17
La fiscalité française en quelques dates
4 août 1789 : abolition des privilèges, notamment
fiscaux.
26 août 1789 : Déclaration des droits de l’homme et
du citoyen.
1914 et 1917 : création de l’impôt sur le revenu des
personnes physiques (IRPP) par les lois du 29 mars
1914, du 15 juillet 1914 et du 31 juillet 1917.
Ordonnance du 4 octobre 1945 : création de la Sécurité
sociale et généralisation des cotisations sociales.
Loi du 31 décembre 1945 : création du quotient
familial.
Décret du 9 décembre 1948 : création de l’impôt sur
les sociétés (IS).
Loi du 10 avril 1954 et décrets du 30 avril 1955 :
création de la TVA.
Loi du 30 décembre 1981 : création de l’impôt sur les
grandes fortunes (IGF). Supprimé en 1987, il est rétabli
et remplacé par l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF)
par la loi 23 décembre 1988.
Loi du 28 décembre 1990 : création de la contribution
sociale généralisée (CSG).
18
Panorama
19
Enfin, au niveau du budget de l’État, la place de
l’impôt s’amoindrit du fait des allégements d’impôts
et de l’accumulation des niches. Ainsi, on obtient une
dynamique dans laquelle l’emprunt remplace l’impôt
et produit une forte croissance de la dette.
20
Panorama
21
sociales. D’autre part, elles visent à revenir à plus de
justice fiscale. Cependant, des dimensions essentielles
de notre système fiscal ont été ignorées et devront être
modernisées. C’est notamment le cas de la fiscalité
directe locale des ménages et de la fiscalité environ-
nementale. Au-delà, c’est la modernisation de notre
fiscalité et son ouverture sur de nouveaux domaines
(ex. bit tax, à savoir taxer l’utilisation d’internet en
fonction des volumes transférés) qu’il faut envisager.
22
Questions-réponses
››››››››
Qui a dit qu’il fallait payer
des impôts ?
Le roi, pour financer la guerre
En France, la guerre de Cent Ans conduit le roi à lever
des impôts pour faire face à l’augmentation des charges.
Jusqu’alors la puissance publique fonctionnait grâce
aux « recettes ordinaires » du domaine royal (terres et
droits appartenant au roi). Le roi est alors obligé de faire
appel à l’aide exceptionnelle de ses sujets. Ce sont les
« recettes extraordinaires ».
Les états généraux pour y consentir
Cette assemblée représente les trois ordres du royaume :
clergé, noblesse et tiers état. Créée en 1302, elle ne
siège pas en permanence et se réunit uniquement à la
demande du roi. Son accord est obligatoire pour créer
de nouvelles recettes extraordinaires. Elle devient aussi
un lieu d’expression critique quant à leur usage. Le roi
réussit à limiter son rôle car il ne la convoque plus entre
1614 et 1789.
Les parlements prennent la suite
Tout au long du xviiie siècle, le droit royal d’imposer est
contesté par les parlements de province et de Paris.
L’opposition de ce dernier à la réforme fiscale de 1787
joue un rôle dans la convocation des états généraux par
Louis XVI en 1789. À partir de la Révolution et jusqu’à
aujourd’hui, le Parlement siège en permanence et ses
pouvoirs financiers ne cessent de croître.
24
›››››››› Questions-réponses
Un roi fauché
› › › Un des rois de France, Jean II Le Bon, a été contraint de
finir sa vie à Londres car il n’avait pas réussi à lever assez
d’impôts pour payer sa rançon. En effet, après sa défaite
à Poitiers, le 19 septembre 1356, il avait été emprisonné
par les Anglais, qui exigeaient quatre millions d’écus, soit
plusieurs années de recettes fiscales.
25
››››››››
Quels principes pour
une fiscalité démocratique ?
Le principe d’égalité fiscale
D’après les articles 13 et 14 de la Déclaration des droits
de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, le principe
de répartition de la charge fiscale entre les citoyens est
l’égalité. Cependant, chacun doit contribuer à hauteur
de ses moyens (facultés contributives). Tous sont égaux
devant la loi fiscale, dont chacun a le droit de contrôler
la mise en œuvre.
Le principe de légalité
Cela signifie qu’il n’y a pas d’impôt ni d’allégement
fiscal sans loi. Dans une démocratie représentative, le
peuple souverain ou ses représentants ont seuls le droit
de consentir à l’impôt. Ainsi, chaque année – selon le
principe d’annualité –, l’article 1 de la loi de finances
autorise la collecte des impôts.
Le principe de nécessité
Pour financer les dépenses publiques, l’impôt est néces-
saire. En effet, sans consentement à l’impôt il ne peut
y avoir de dépenses communes et de services publics.
Avec l’impôt, on passe de l’individuel au collectif. Il
permet ainsi à chacun de participer au développement
du lien social et du bien commun.
26
›››››››› Questions-réponses
27
››››››››
Les impôts : quels penseurs,
quelles controverses ?
L’impôt, c’est le vol ?
Selon les économistes Frédéric Bastiat (1848) et Murray
Rothbard (2002), l’impôt est un instrument de spoliation.
À l’inverse, l’homme politique Léon Bourgeois (1896)
défend l’impôt au nom de la solidarité entre les membres
du corps social. Les hommes et les générations sont
interdépendants. Les êtres humains ne sont rien sans
la société.
Un seul impôt, c’est mieux ?
Remplacer les différents impôts d’un système fiscal par
un seul impôt est une utopie fréquente dans la théorie
économique. Au xviiie siècle, l’école de pensée des
Physiocrates préconisait un impôt unique sur le foncier.
Au xxe siècle, Nicolas Kaldor (1955) prônait un impôt
unique sur la dépense (consommation et investissements)
et Maurice Allais (1988), sur le capital. En revanche,
selon l’économiste Joseph Stiglitz (1988), un système
fiscal composé de plusieurs impôts à taux faibles est
préférable à une ou quelques taxes à taux élevés.
Faire payer plus ceux qui gagnent plus ?
Pour certains économistes, c’est un principe juste. Pour
d’autres, cela serait inefficace. Ce que l’on appelle un
« impôt progressif » découragerait le travail et l’épargne
chez les individus qui produisent le plus.
28
›››››››› Questions-réponses
peut être d’un niveau élevé chez les peuples jouissant d’un
haut degré de liberté. Mais il doit être plus faible là où la
servitude est forte. En effet, sans liberté, les contribuables
ne peuvent adhérer aux choix fiscaux du Gouvernement.
Le consentement est impossible. C’est pourquoi l’asser-
vissement détruit la confiance et provoque des révoltes
fiscales. Inversement, la liberté renforce le civisme fiscal.
Proudhon et l’impôt-échange
› › › Le théoricien Proudhon défend l’idée que l’État échange
des services contre l’impôt (1860). Ce dernier serait com-
parable au prix payé lors d’une transaction commerciale.
En cela, il s’oppose aux défenseurs de la conception des
« facultés contributives ». Ainsi, pour l’économiste John
Stuart Mill (1848), l’impôt juste est calculé en fonction des
moyens des contribuables. En effet, si l’on voulait propor-
tionner l’impôt aux bénéfices retirés par chacun, il faudrait
faire payer moins les riches que les pauvres puisque ces
derniers sont vulnérables et ont plus besoin de protection.
Mais ce serait injuste.
29
››››››››
Que sont les prélèvements
obligatoires ?
Des versements destinés aux administrations publiques
Les prélèvements obligatoires (PO) sont les versements
obligatoires des contribuables, sans contrepartie directe,
et à titre définitif. Ils sont perçus par les administrations
publiques (État, collectivités locales et Sécurité sociale).
Des impôts et des cotisations sociales
Ce sont les deux catégories de PO définis par l’article 34
de la Constitution. D’une part, les impôts sont collectés
par l’État pour son propre compte (ex : l’impôt sur le
revenu), pour le compte des collectivités locales (ex : la
taxe d’habitation) ou pour celui des administrations de
Sécurité sociale (ex : la contribution sociale généralisée
[CSG]). D’autre part, les cotisations sociales sont desti-
nées au budget des administrations de Sécurité sociale.
30
›››››››› Questions-réponses
Cotisations
Salaire brut + sociales = Coût du travail
employeurs
-
Cotisations URSSAF***
sociales salarié
-
CSG
déductible* URSSAF
-
CSG URSSAF
non déductible*
-
CRDS URSSAF
=
Salaire net versé CSG non Salaire brut
au salarié par + déductible + = fiscal**
l’entreprise CRDS*
* Une fraction de la CSG est déductible du salaire imposable à l’impôt sur le revenu,
l’autre partie ne l’est pas. La contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS)
n’est pas déductible non plus. Cela signifie que la CSG non déductible et la CRDS sont
prises en compte pour le calcul de l’impôt sur le revenu.
** Le salaire brut fiscal figurant dans le bas de la feuille de paye est l’assiette brute de
l’impôt sur le revenu. Après déduction de 10 % pour frais professionnels, on obtient
le salaire net imposable.
*** L’URSSAF est l’organisme de collecte des cotisations sociales.
Jean-Marie Monnier
31
››››››››
Que sont les impôts
et à quoi servent-ils ?
Des prélèvements de l’État
L’impôt est un prélèvement obligatoire. Seul l’État détient
le pouvoir de lever l’impôt car c’est un acte de souve-
raineté. Il capte ainsi par la contrainte une fraction des
revenus créés dans l’économie. Les impôts servent prin-
cipalement à financer les dépenses et services publics
(ex. piscines municipales). Ils sont également un moyen
d’agir sur la politique économique et sociale.
Impôts directs et impôts indirects
Les impôts directs visent directement les ressources
des contribuables (ex. impôt sur le revenu). Les impôts
indirects ciblent leur emploi (ex. taxe sur la valeur ajoutée
[TVA]). Un impôt direct trouve donc son origine dans une
situation (avoir un revenu), tandis qu’un impôt indirect
intervient à la suite d’un événement (un achat).
Impôts proportionnels, progressifs, régressifs
Un impôt est dit proportionnel quand on prélève la même
part de richesse à tous. Le taux de prélèvement est
donc identique quelle que soit la grandeur économique
(revenu, patrimoine, etc.) à laquelle il s’applique (base
imposable ou assiette). Un impôt est dit progressif lorsque
l’on prélève une plus grande part à ceux qui ont plus.
Il est dit régressif lorsque l’on prélève une proportion
moins importante à ceux qui ont plus.
32
›››››››› Questions-réponses
Le saviez-vous ?
› › › L’impôt a toujours été payé en monnaie. Mais à la fin
du Moyen Âge, la monnaie était rare et le troc, un moyen
d’échange répandu. Pourtant, il fallait bien régler ses impôts.
Les difficultés à payer l’impôt furent l’une des causes des
révoltes fiscales des xve et xvie siècles.
33
››››››››
Qu’est-ce qu’un impôt
redistributif ?
Un impôt qui corrige des inégalités
Un impôt est redistributif quand il réduit les inégalités
engendrées par la répartition des revenus issue de l’acti-
vité économique (ex. les salaires). Tous les impôts n’ont
pas un objectif redistributif, comme c’est le cas pour
l’impôt sur le revenu. Mais tous ont un impact redistributif
car ils affectent le revenu global des ménages.
Une redistribution horizontale et/ou verticale
La redistribution verticale des revenus consiste pour l’État
à prélever plus sur les riches et moins, ou pas du tout,
sur les pauvres. Elle s’appuie donc sur la hiérarchie des
revenus. Ainsi l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF)
visait à financer à l’origine le revenu minimum d’insertion
(RMI devenu Revenu de solidarité active [RSA]). En
revanche, la redistribution horizontale est motivée par
d’autres critères. Ainsi, l’impôt sur le revenu dépend du
nombre de personnes par foyer fiscal, etc.
Une forme de redistribution parmi d’autres
Pour corriger les inégalités des revenus, l’État se sert
de l’impôt mais il fournit également des prestations en
nature à un prix faible (ex. école) ou encore en verse en
espèces (ex. allocation adulte handicapé). Enfin, il peut
mettre en place des règles contraignantes, par exemple
pour imposer un salaire minimum interprofessionnel de
croissance (SMIC).
34
›››››››› Questions-réponses
35
››››››››
Qu’est-ce
qu’un « bon » impôt ?
Un bon impôt a trois qualités
Il doit procurer le plus de recettes possible. Son taux
et son assiette doivent être stables afin de sécuriser les
projets de chacun (y compris ceux des administrations
publiques). Il doit enfin s’adapter aux évolutions éco-
nomiques et sociales. Le plus souvent, ces trois impé-
ratifs sont contradictoires et donc difficiles à satisfaire
simultanément.
La fiscalité optimale : un idéal…
Pour certains économistes, un bon impôt serait celui
qui participe à une « fiscalité optimale ». Celle-ci serait
équitable – la charge fiscale serait répartie selon les
moyens de chacun –, efficace en ne décourageant pas
les activités économiques et efficiente en ayant les coûts
de gestion les plus faibles possibles. La satisfaction
collective (ou bien-être) serait ainsi maximale.
… car chacun cherche à éviter l’impôt
Les consommateurs diminuent leurs achats quand
des taxes augmentent les prix des marchandises. Les
ménages peuvent reporter sur d’autres la charge fiscale
dont ils sont redevables (ex. taxe foncière). Enfin, il y
a la fraude et l’évasion fiscales. Les activités écono-
miques en sont affectées et les coûts de gestion de l’impôt
majorés. La fiscalité comportementale peut transformer
ce défaut en atout en luttant contre les actes jugés
nuisibles (ex. lutte anti-tabac).
36
›››››››› Questions-réponses
37
››››››››
Trop d’impôt tue l’impôt ?
Trop d’impôt ferait fuir les contribuables
Au-delà d’un certain seuil, les impôts décourageraient
l’activité économique. Certains préféreraient « l’exode
fiscal » et trouveraient « refuge » dans des pays fran-
cophones proches pratiquant une fiscalité attractive.
Des industriels ou artistes y trouveraient le moyen de
réduire la taxation d’une partie de leurs revenus. Ces
comportements restent cependant minoritaires.
La trappe à inactivité
Selon certains, les inactifs (ni en emploi, ni au chômage)
touchant des minima sociaux seraient dissuadés de
reprendre un emploi. Le montant de leurs aides sociales
sans travailler serait en effet supérieur à celui de leur
salaire sans les aides et avec les charges induites par
la reprise d’une activité (ex. CSG, transports). C’est ce
que l’on appelle la trappe à inactivité.
Quelles solutions pour éviter ces effets négatifs ?
Pour lutter contre l’exode fiscal, un « bouclier fiscal »
a été créé en 2006 puis supprimé en 2011. Avec ce
mécanisme, les impôts directs d’un contribuable ne
pouvaient pas dépasser 60 % puis 50 % de ses revenus.
Pour favoriser l’activité des ménages les plus pauvres, la
prime pour l’emploi (PPE) a été instaurée en 2001. Cette
aide fiscale est accordée lorsque l’un des membres du
foyer a une faible activité professionnelle.
38
›››››››› Questions-réponses
Le saviez-vous ?
› › › Entre 1942 et 1964, le taux le plus élevé du barème
fédéral de l’impôt sur le revenu aux États-Unis dépassait
90 %. En 1970, ce taux était encore de 70 %. En 2013, en
France, un nouveau dispositif visant à remplacer la taxation
exceptionnelle de 75 % sur les revenus supérieurs à un
million d’euros, censurée en décembre 2012 par le Conseil
constitutionnel, devrait être instauré.
39
››››››››
Les Français sont-ils
trop imposés ?
Des taux supérieurs à la moyenne européenne
C’est ce que montrent les comparaisons internationales
se basant sur la part de la richesse produite et imposée
tous les ans dans chaque pays (taux de prélèvements
obligatoires – PO). Alors que le taux moyen des pays
de l’Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) était de 33,8 % en 2010, celui de
la France s’élevait à 42,9 %, celui l’Allemagne à 36,1 %
et celui de l’Italie à 42,9 %.
Une statistique à utiliser avec prudence
Chaque pays a une politique fiscale différente selon la
forme de son intervention publique. Ainsi, lorsque les
dépenses de santé et de protection sociale sont financées
par l’impôt ou par les cotisations sociales, cela pousse le
taux de PO à la hausse. Entre la France et l’Allemagne,
l’écart résulte principalement du mode de calcul du
taux de PO et de différences dans l’organisation de la
protection sociale.
40
›››››››› Questions-réponses
41
››››››››
Fiscalité en France
et en Allemagne : qui gagne ?
De fortes similitudes
La convergence fiscale franco-allemande est devenue une
priorité pour notre Gouvernement. Les deux pays ont des
points communs. D’une part, les cotisations sociales et la
taxe sur la valeur ajoutée (TVA) y représentent une part
importante des prélèvements obligatoires (PO). D’autre
part, la fiscalité environnementale ne concernait en 2010
que 5,8 % des PO en Allemagne et 4,2 % en France.
Mais des divergences notables
Les impôts sur les revenus sont plus importants et plus
progressifs en Allemagne qu’en France. Par ailleurs,
l’Allemagne n’a pas d’équivalent de la contribution sociale
généralisée (CSG). Le poids de sa fiscalité du patrimoine
est plus faible. En effet, sa fiscalité foncière est moins
importante et l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) a
été suspendu. De plus, il existe moins de niches fiscales
qu’en France. La fiscalité est ainsi bien plus lisible.
Évolution de la répartition des prélèvements obligatoires
(en % des PO)
Allemagne France
1995 2010 1995 2010
Fiscalité indirecte 30,2 29,8 37,6 35,5
Dont TVA 16,3 19,1 17,3 16,5
Dont Autres impôts sur la consommation 6,6 6,7 6,5 5,1
Fiscalité directe 27,5 29,4 19,7 25,8
Impôts sur les revenus personnels 23,4 22,0 12,3 17,8
Impôts sur les revenus des sociétés 5,0 5,8 4,2 4,4
Autres (impôts sur le patrimoine) 1,8 1,7 3,3 3,6
Cotisations sociales 42,3 40,8 43,5 39,3
Pour mémoire : taux de PO 37,2 36,1 42,9 42,9
Source : Eurostat, 2012.
42
›››››››› Questions-réponses
Le saviez-vous ?
› › › En 2009, l’Allemagne et la France se classaient res-
pectivement 23e et 26e sur 27 pays de l’Union européenne
pour le poids de la fiscalité environnementale dans leurs
prélèvements obligatoires.
43
››››››››
La fiscalité française
est-elle juste ?
Les plus riches ne sont pas les plus imposés
La somme d’euros qu’ils versent est certes plus impor-
tante que celle des autres. Mais, en proportion de leur
revenu, les plus riches paient moins d’impôt que les
classes moyennes et, surtout, que les plus mal lotis. En
effet, comme le montrent les économistes C. Landais,
T. Piketty et E. Saez, le système de prélèvement est pro-
gressif jusqu’à 20 000 euros de revenu pour un individu,
proportionnel jusqu’à 50 000 euros, puis régressif au-delà.
Un impôt sur le revenu (IR) trop peu redistributif
Il représente seulement 2,6 % du PIB (soit le taux le
plus faible de l’OCDE), alors qu’il est en principe l’impôt
le plus redistributif de notre système fiscal. De plus, le
taux de prélèvement de la tranche la plus élevée (pour
les plus aisés) a baissé depuis 1985 de 65 % à 41 % du
revenu puis remonte à 45 % en 2013. Enfin, l’assiette de
l’IR est réduite par les niches fiscales. Certains revenus
du capital (ex. dividendes) ne sont pas pris en compte.
Le travail, plus taxé que le capital
Selon Eurostat, en 2010, le taux global de taxation des
revenus du travail s’élevait en France à 41 % et celui des
revenus du capital à 19 %. La moyenne dans l’Union
européenne était respectivement de 33,4 % et de 15,6 %.
44
›››››››› Questions-réponses
0%
P0-10
P10-20
P20-30
P30-40
P40-50
P50-60
P60-70
P70-80
P80-90
P90-95
P95-96
P96-97
P97-98
P98-99
P99-99,9
P99,9-99,99
P99,99-99,999
P99,999-100
Percentiles* de revenu individuel
* Le percentile 0-10 désigne les 10 % des personnes avec les revenus les plus faibles, P10-20 les
10 % suivants, etc.
Lecture : le graphique montre le taux global d’imposition (incluant tous les prélèvements) par
groupe de revenus au sein de la population des 18-65 ans travaillant à au moins 80 % du plein
temps. Les taux d’imposition croissent légèrement avec le revenu jusqu’au 95e percentile puis
baissent avec le revenu pour les 5 % les plus riches.
Source : C. Landais, T. Piketty & E. Saez, Pour une révolution fiscale, La République des idées,
Seuil, 2011, p.50.
45
››››››››
Impôt sur les revenus :
comment ça marche ?
Premier calcul : le revenu net global imposable (R)
C’est la somme des revenus du travail et du patrimoine
sans les (nets des) frais professionnels, déductions,
abattements et charges déductibles (pensions alimen-
taires, etc.). Tous les revenus n’entrent pas dans l’as-
siette, comme les intérêts servis pour divers comptes
(ex. livret A).
Second calcul : les droits simples
Il faut alors utiliser le quotient familial. Il consiste à diviser
R par le nombre de parts (N) (1 pour le conjoint, ½
pour le 1er et 2e enfant puis 1 par enfant). Cela donne
le revenu pour une part. Le barème de l’impôt sur le
revenu des personnes physiques (IRPP) s’applique au
revenu pour une part. Cela donne l’impôt pour une part.
On multiplie celui-ci par N, on obtient l’impôt brut. La
décote, ou réduction d’impôt pour les impôts n’excédant
pas 960 euros (en 2012), l’annule ou le réduit. Pour les
plus aisés, l’avantage en impôt dû au quotient familial
est limité (plafonné).
Résultat final : l’impôt net à payer
On corrige les droits simples des réductions et crédits
d’impôt. Ce sont des sommes accordées en contrepartie
de certains emplois du revenu (ex. dons aux œuvres).
Les réductions d’impôts ne sont pas remboursables en
cas d’impôt égal à zéro. Les crédits d’impôt le sont (ex. la
prime pour l’emploi).
46
›››››››› Questions-réponses
Déductions et abattements
Charges déductibles, ex. : pensions alimentaires
= Revenu net global imposable (base imposable ou assiette)
Barème
Plafonnement
IxN = éventuel
Décote impôt des effets
éventuelle brut du quotient
familial
Droits simples
+/-
Crédits et réductions d’impôt
=
IMPÔT NET À PAYER
Au total, environ la moitié seulement des contribuables payent l’impôt sur le revenu
Jean-Marie Monnier
47
››››››››
ISF, bouclier fiscal : pourquoi
un impôt sur le patrimoine ?
Le patrimoine est une faculté contributive
Le patrimoine est l’ensemble des avoirs corporels
(ex. immeubles) et incorporels (ex. actions) d’une per-
sonne. Ces avoirs lui procurent des avantages non pris
en compte par la fiscalité des revenus. Par exemple,
celui qui possède son logement ne paie pas de loyer,
ce qui équivaut à un revenu. Ce flux supplémentaire de
ressources peut contribuer au système fiscal.
Il existe quatre types d’impôts sur le patrimoine
L’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) est un impôt
annuel sur le patrimoine net de ses dettes. Il est progressif
mais comporte de nombreux allégements.
Les droits de mutation à titre onéreux correspondent à
l’essentiel des « frais de notaire » acquittés lors d’une
vente d’immeuble.
Les droits de mutation à titre gratuit sont payés en cas
de donation ou de succession.
La fiscalité à base foncière (taxes foncières sur la propriété
bâtie et non bâtie et taxe d’habitation) est destinée aux
collectivités locales.
Le bouclier fiscal limitait cette imposition
Supprimé en 2011, il visait à ce qu’un contribuable ne
paie pas plus de 50 % de son revenu en impôts directs
payés. À partir de 2013, s’applique un plafonnement
de l’ISF payé par un contribuable à 75 % de son revenu
au maximum.
48
›››››››› Questions-réponses
Le saviez-vous ?
› › › Ne pas payer de loyer améliore en moyenne de 15 %
le niveau de vie des propriétaires de leur logement. S’ils
doivent rembourser un emprunt lié à son acquisition, le
gain moyen de niveau de vie n’est que de 9 %.
49
››››››››
La TVA, un impôt injuste ?
Une taxe proportionnelle et régressive
La TVA est proportionnelle à la consommation. Elle
représente une part fixe du prix d’achat. Les taux sont
de 19,6 %, 7 %, 5,5 % ou 2,1 % selon les produits. Ils
seront de 20 %, 10 %, 5 % et 2,1 % en 2014. Mais la
TVA est régressive par rapport aux revenus. En effet,
plus on est riche, moins la part de revenu qu’on alloue
à la consommation est importante. Inversement, les
ménages les plus pauvres consomment l’intégralité de
leurs revenus. La TVA pèse donc plus lourdement sur eux.
Vers plus de redistribution ?
Certains ont proposé d’instaurer des taux de TVA diffé-
rents. Ainsi, les taux des produits consommés par les
ménages modestes seraient réduits. Ceux des produits
de luxe seraient majorés. Cette idée n’est pas applicable.
En effet, les modes de consommation se sont rappro-
chés. Les personnes défavorisées consomment aussi
des biens de luxe et les plus riches profiteraient aussi de
la baisse des taux. Enfin, la réduction des taux pourrait
être captée par les producteurs ou les distributeurs s’ils
ne diminuaient pas leurs prix.
Une fiscalité indirecte régressive
Elle représente en moyenne 12,5 % du revenu des
ménages. Ainsi, pour les 10 % de ménages les plus
démunis, elle représente 17 % de leurs revenus alors
que pour les 10 % les plus riches, seulement 8 %.
50
›››››››› Questions-réponses
51
››››››››
Nos entreprises sont-elles
trop ou mal taxées ?
Une fiscalité en apparence élevée
La part des prélèvements obligatoires (PO) reposant
sur les entreprises est plus élevée en France (39 % en
2006) que dans les autres pays de l’Union européenne
(UE) (29 % en moyenne en 2006). L’importance des
prélèvements sur le travail l’explique. Néanmoins, les
allégements fiscaux récemment adoptés tendent à limiter
les impôts des entreprises (ex. suppression de la taxe
professionnelle).
L’inégale taxation du bénéfice des entreprises
Les grandes entreprises payent moins d’impôt sur les
bénéfices que les petites. Elles ont plus souvent recours
aux services de conseillers fiscaux. Elles pratiquent
plus fréquemment l’évasion fiscale, les niches fiscales
et les régimes fiscaux dérogatoires. Elles peuvent ainsi
localiser plus facilement leurs bénéfices dans des pays
où la fiscalité est faible.
La politique fiscale française à contre-courant
Ces dernières années, les pays de l’UE ont souvent réduit
le taux de leur impôt sur le bénéfice des sociétés (IS) et
élargi son assiette. La France a conservé son taux de l’IS
(33,33 %), mais grignoté son assiette avec des niches
fiscales. Pour 2013, les avantages fiscaux des grandes
entreprises ont été réduits.
52
›››››››› Questions-réponses
Le saviez-vous ?
› › › En 2008, le poids de l’IS payé effectivement par les
PME se serait élevé à 22 % de leur bénéfice financier, alors
qu’il n’aurait représenté que 8 % du bénéfice financier
des entreprises du CAC 40 (Conseil des prélèvements
obligatoires, 2009).
53
››››››››
Les impôts comme
instruments de politique
économique ?
Un outil de la relance
Pour les économistes dits « de l’offre », l’impôt sert à
améliorer la compétitivité des entreprises et à accroître
l’épargne. Pour cela, ils préconisent la baisse des cotisa-
tions sociales employeurs, des impôts des entreprises et
des plus riches. Pour les économistes dits « keynésiens »,
l’impôt est utile dans la relance de la demande. Ils pro-
posent de baisser les impôts des classes moyennes et
défavorisées qui consomment le plus. Mais, selon eux,
une hausse des prestations sociales serait plus efficace.
L’impôt permet d’orienter les comportements
L’impôt sert à orienter les entreprises et les ménages vers
des activités économiques jugées désirables : celles qui
profitent à l’ensemble de la société (ex. la recherche).
L’impôt permet aussi de détourner chacun des activités
« nuisibles ». Ces dernières ont un impact global négatif
comme les activités polluantes.
L’impôt, principal outil des politiques nationales
en Europe
Dans l’Union européenne, la création monétaire et la
fixation des taux d’intérêt relèvent de la Banque centrale
européenne. La discipline budgétaire limite la capacité
des États à augmenter leurs dépenses. La politique fiscale
est donc le principal outil restant aux États membres.
54
›››››››› Questions-réponses
55
››››››››
Une réforme de la fiscalité
est-elle possible ?
Trente ans de réformes fiscales
Elles ont modifié l’architecture des prélèvements. La fisca-
lité directe des ménages a été reconfigurée, notamment
avec la création de l’impôt de solidarité sur la fortune
(ISF) en 1989 et de la contribution sociale généralisée
(CSG) en 1990. La suppression de la taxe professionnelle
et son remplacement par la contribution économique
territoriale en 2010 ont affecté la fiscalité directe des
entreprises et la fiscalité locale. Enfin, la fiscalité indi-
recte a été harmonisée au niveau européen (ex. la TVA).
La réforme fiscale en douceur… ou pas !
Une réforme progressive permet d’étaler dans le temps les
changements et de procéder à d’éventuels ajustements.
Mais elle peut également être brutale. L’objectif est alors
de bénéficier du choc psychologique provoqué par cette
rupture. Ainsi, le Gouvernement Fillon visait avec la loi
sur le travail, l’emploi et le pouvoir d’achat (Tepa, 2007)
une hausse soudaine du nombre d’heures travaillées
par les salariés. Cela a peu fonctionné.
De nouvelles réformes sont indispensables
La crise économique a révélé la défaillance des systèmes
de redistribution. L’accumulation des déficits a mis en
évidence l’insuffisance des ressources fiscales.
56
›››››››› Questions-réponses
57
››››››››
Des augmentations d’impôt
plus redistributrices
que la dette ?
S’endetter pour relancer l’économie
L’emprunt permet d’obtenir l’épargne disponible pour
financer des dépenses publiques supplémentaires.
Celles-ci peuvent stimuler l’activité économique (ex. la
mise en œuvre de grands travaux). En théorie, cela
engendre une hausse des recettes fiscales qui permettent
de rembourser la dette.
Mais la dette a un impact contre-redistributif
Quand l’État emprunte (et donc s’endette), il s’adresse à
ceux qui disposent d’épargne à prêter, soit les plus riches.
L’impôt permet de rembourser et de payer les intérêts.
Or l’impôt est payé par tous, même les plus pauvres.
L’emprunt provoque ainsi un transfert des plus pauvres
vers les plus riches. Son bilan est contre-redistributif. Le
plus souvent, il vaut donc mieux augmenter les impôts
(qui sont redistributifs) qu’emprunter.
La dette publique est principalement celle de l’État
La dette publique (État, collectivités locales et Sécurité
sociale) a augmenté de 21 % du PIB en 1978 à 90 %
en 2012. La dette de l’État a massivement contribué à
cet accroissement puisqu’elle est passée de 13 % du
PIB à 71 % sur la même période. Les hausses d’impôts
et les diminutions de dépenses publiques prévues dans
le budget pour 2013 visent à ramener le déficit à 3 %
du PIB et à réduire la dette de 7 points de PIB entre
2012 et 2017.
58
›››››››› Questions-réponses
59
››››››››
Tous fraudeurs ?
Fraude, évasion et optimisation fiscales
Ce sont des manœuvres légales ou illégales effectuées par
un contribuable afin de réduire ou de se soustraire à ses
obligations fiscales et sociales. En cas de fraude fiscale,
l’irrégularité est intentionnelle pour échapper à l’impôt.
En cas d’évasion fiscale, des procédés juridiques légaux
sont détournés illégalement pour réduire ses impôts.
Enfin, l’optimisation fiscale consiste à utiliser toutes les
règles légales pour diminuer légalement ses impôts. La
différencier de l’évasion fiscale est parfois difficile.
La fraude, un manque de civisme fiscal
Les possibilités pour échapper à l’impôt augmentent
avec la complexité du système fiscal. Elles ne résultent
pas seulement d’un arbitrage entre gains et coûts de la
fraude. Elles sont également liées au refus du pouvoir
fiscal et à la non-acceptation des politiques fiscales.
La fraude, entre 29 et 40 milliards d’euros perdus !
En 2007, la fraude fiscale et sociale représentait donc
une perte pour l’État de 1,7 % à 2,3 % du PIB. D’autres
estimations l’évaluaient à 5 % du PIB. Il est difficile de
connaître l’ampleur de la fraude des particuliers. Les
grandes entreprises fraudent peu car elles pratiquent
plus facilement l’optimisation fiscale.
60
›››››››› Questions-réponses
61
››››››››
Comment font ceux
qui fuient l’impôt ?
Les paradis fiscaux
Ils permettent de placer des sommes importantes avec
une fiscalité très faible et ce, en toute discrétion. Ils
facilitent ainsi la fraude et le blanchiment de l’argent
sale. Malgré la difficulté à les évaluer, les sommes tran-
sitant par ces entités s’élèveraient à 5 % du PIB mondial
(Assemblée nationale, 2009).
Les délocalisations fiscales
Au sens strict, ce sont les transferts d’entreprises à
l’étranger pour payer moins d’impôt. Dans les faits, le
cas est assez rare. Les entreprises déplacent surtout leur
base imposable (ce sur quoi elles sont imposables). Ainsi,
la manipulation des prix de transfert est une technique
très connue. Ce sont les prix des biens et prestations
échangés dans un groupe international. On fixe les prix
de vente entre filiales : élevés pour celles qui sont dans
des pays à fiscalité attractive et bas pour les autres. Au
total, il y a plus de bénéfices à déclarer dans les pays à
fiscalité réduite. Le groupe paie donc moins d’impôt. Le
commerce intra-groupe représente 60 % du commerce
international.
L’exil fiscal des riches
Il consiste à changer de résidence fiscale pour bénéficier
d’une fiscalité avantageuse. En 2008, 821 personnes
l’auraient pratiqué pour 566 000 redevables de l’impôt
de solidarité sur la fortune. Néanmoins, aucune enquête
n’est réalisée sur les retours et les implantations fiscales
d’étrangers en France.
62
›››››››› Questions-réponses
Le saviez-vous ?
› › › Les avoirs financiers (transferts de fonds) dissimulés
dans les paradis fiscaux que sont Guernesey, Jersey et
l’Île de Man s’élèveraient à 934 milliards de dollars, ceux
qu’abriterait la Suisse à 807 milliards de dollars. Enfin, les
Îles Caïman hébergeraient, à elles seules, 2 000 milliards
de dollars.
63
››››››››
Comment lutter
contre la fraude fiscale ?
Par une politique de prévention élargie
La crainte de la répression a longtemps servi de base à la
prévention. Désormais, d’autres aspects sont considérés.
Il faut d’abord simplifier et stabiliser le droit fiscal. En
effet, son actuelle complexité décourage les comporte-
ments vertueux. Améliorer l’administration fiscale est
une autre possibilité. Enfin, il faut rétablir la confiance
dans le fisc en général.
Par la rénovation du contrôle fiscal
Elle est nécessaire car la fraude s’est diversifiée. Cette
dernière recourt notamment à l’Internet qui permet de
rapides transferts de fonds empruntant des circuits
compliqués à contrôler. Pour contrer ces tendances, les
contrôles doivent reposer sur une analyse des risques
et se diversifier. Mais ceci ne doit pas s’effectuer au
détriment des droits des contribuables.
L’indispensable coopération internationale
L’Union européenne a aboli les frontières nationales
et adopté des règles fiscales communes. Mais il n’y a
pas d’administration européenne chargée du contrôle
fiscal. Cela a facilité l’européanisation de la fraude. La
coopération entre les administrations fiscales nationales
est donc nécessaire. Cette dernière implique la création
d’outils communs et l’échange d’informations.
64
›››››››› Questions-réponses
La e-administration fiscale
› › › Un portail fiscal par internet a été ouvert. Il offre des
informations en ligne. Il permet aux contribuables de dis-
poser d’un compte fiscal dématérialisé. Chacun peut faire
ses déclarations et paiements en ligne. Les déclarations
d’impôt sur le revenu sont pré-remplies. Ces nouveaux
services fluidifient les relations entre le fisc et les contri-
buables. La confiance de ceux-ci dans l’établissement de
l’impôt s’en trouve renforcée. Cela affaiblit la tentation de
la fraude. A contrario, en dévoilant les informations qu’elle
détient, l’administration fiscale révèle ses lacunes, ce qui
peut inciter à la fraude.
Un contrôle multiforme
› › › Le contrôle « sur pièces » est en principe systématique.
Il s’opère par l’examen du dossier fiscal des contribuables.
Le contrôle « sur place » cible les fraudes graves. C’est une
opération lourde qui s’effectue à l’extérieur du service.
Elle mobilise des moyens étendus de recoupement. De
nouvelles formes de contrôle plus souples associent les
deux méthodes. Dans ce cas, la coopération des autres
administrations est davantage sollicitée.
65
››››››››
Les niches,
calamités fiscales ?
Des niches qui alourdissent la dette
Ce sont des avantages fiscaux correspondant à des
dérogations légales aux règles fiscales et sociales. Elles
se traduisent souvent par des réductions ou des crédits
d’impôts (ex. réduction d’impôt pour les investissements
immobiliers Outre-mer) ou des exonérations spécifiques
(ex. intérêts du livret A). Avec les autres allégements de
la fiscalité (ex. baisse des taux de l’impôt sur le revenu),
elles ont contribué à creuser les déficits. Leur accumu
lation aurait été responsable de 30 % du surcroît d’endet-
tement depuis le début des années 1980 (projet de loi
de finances 2011).
Des niches peu redistributives
Les dépenses contraintes (ex. alimentation) des plus
aisés représentent une faible part de leurs revenus.
Ils peuvent donc employer leurs revenus restants de
façon à bénéficier des niches fiscales et à minorer leurs
impôts. Par exemple, les 20 % des ménages les plus
riches bénéficient de 79 % des réductions d’impôt et
de 63 % des crédits d’impôts (hors prime pour l’emploi
[PPE]) (Conseil des prélèvements obligatoires, 2011).
Des niches complexifiant le système fiscal
Elles nuisent à sa lisibilité. Le nombre de règles fiscales
à connaître augmente. Certains contribuables renoncent
alors aux avantages dont ils pourraient bénéficier, faute
d’en comprendre les mécanismes.
66
›››››››› Questions-réponses
67
››››››››
Vers une fiscalisation
de la protection sociale ?
L’impôt finance 24 % environ de la protection sociale
Cette part a fortement augmenté depuis le début des
années 1990 et la création de la contribution sociale
généralisée (CSG). Les prélèvements sociaux reposaient
alors sur les seuls salariés. Il a donc fallu les élargir
aux retraités et aux revenus du patrimoine. Ensuite, la
croissance des besoins a nécessité de nouveaux finan-
cements. Enfin, l’impôt a permis à l’État de compenser
le manque à gagner pour la Sécurité sociale résultant
des exonérations de cotisations sociales.
Moins d’assurance, plus de solidarité ?
Demain, la protection sociale devra notamment financer
la hausse du coût de la dépendance des personnes
âgées. Certains pensent qu’il faut ajuster le financement
à la nature des prestations. Les prestations relevant de
l’assurance conserveraient les cotisations (ex. chômage).
Celles qui dépendent de la solidarité devraient être finan-
cées par l’impôt, c’est-à-dire la CSG, puisque tout le
monde ou presque la paye.
Un appauvrissement de la protection sociale ?
Selon certains, la fiscalisation pourrait transformer la pro-
tection sociale en un simple filet de sécurité. Mais cette
évolution n’est pas inéluctable. Ainsi, au Danemark, les
cotisations sociales représentent 2,1 % des PO (en France
38,7 %), mais la protection sociale y est de haut niveau.
68
›››››››› Questions-réponses
69
››››››››
La fiscalité locale,
de vieux impôts à réformer ?
Des allégements faute de réforme
La fiscalité locale est composée d’impôts vieillis, com-
plexes et difficiles à réformer (ex. la taxe d’habitation
[TH]). Les prélèvements sur les ménages utilisent une
assiette archaïque, la valeur locative. Ils créent de nom-
breuses inégalités. Faute de réforme, l’État a multiplié
les allégements et en finance le manque à gagner pour
les collectivités.
Une décentralisation sans réforme fiscale
Entre 1982 et 1983, les collectivités locales ont obtenu
d’importants transferts de compétences sans que soit
réglé le problème de leur financement. Pour accroître
leurs recettes, l’État leur a donc attribué des impôts (dits
transférés) dont il percevait auparavant les recettes. Il
a aussi créé des dotations, soit des concours financiers
qu’il apporte aux collectivités.
De fortes inégalités entre collectivités
et entre contribuables
Les mécanismes de redistribution des richesses entre
collectivités (« péréquation ») sont peu efficaces. Dès
lors, sont inégaux l’offre de services publics locaux mais
aussi les niveaux de taxation des contribuables. Ainsi,
à Valenciennes, le taux de la TH s’élève à 35,53 % et
à 30,02 % pour le foncier bâti, alors qu’à Neuilly-sur-
Seine, il est de 12,57 % pour la TH et de 2,9 % pour le
foncier bâti.
70
›››››››› Questions-réponses
et groupements
Départements
Communes
Régions
Total
Total
4 taxes directes 63,9* 61,8 31,1 7,2 100
Taxe d’habitation 14,9 66,8 33,2 0,0 100
Taxes foncières 21,1 62,1 30,1 7,9 100
Taxe professionnelle* 28,0 58,9 30,7 10,4 100
Autres impôts 36,1 40,6 41,9 17,5 100
TEOM** 4,9 100 0,0 0,0 100
DMTO** 7,8 22,0 78,0 0,0 100
Taxe produits pétroliers 8,7 0,0 61,5 38,5 100
Divers 14,7 54,7 25,1 20,2 100
Total 100 54,1 35,0 10,9
* Compensation par l’Etat de la suppression de la taxe professionnelle
** TEOM : taxe d’enlèvement des ordures ménagères. DMTO : droits de mutation à
titre onéreux.
Source : Direction générale des collectivités locales, Les collectivités locales en chiffres, 2012.
71
››››››››
La taxe professionnelle
supprimée et après ?
La suppression de la taxe professionnelle (TP)
Créé en 1975, cet impôt local très controversé s’appliquait
alors sur les équipements et les salaires payés par les
entreprises. Après la disparition de la part portant sur
les salaires en 1999, la TP était considérée comme un
frein à l’investissement. Elle a été supprimée en 2010
dans le cadre d’une réorganisation de la fiscalité locale.
La contribution économique territoriale (CET)
La TP a été remplacée par une contribution économique
territoriale (CET), une imposition des entreprises de
réseau (transport, électricité, etc.), de « petites » taxes
(ex. taxe spéciale sur les contrats d’assurance) et de
nouvelles dotations. La CET comprend deux prélève-
ments : la cotisation foncière des entreprises (CFE) et la
cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).
La fiscalité locale des entreprises reste trop complexe
Depuis la décentralisation, l’accumulation des allége-
ments compensés par l’État a grignoté la TP. La charge
en a été fortement réduite pour les entreprises, mais
son mode de calcul est devenu illisible. Finalement,
cet impôt mal accepté a été remplacé par deux impôts,
dont l’un (la CVAE) a un mode de calcul compliqué et
s’ajoutent aux autres prélèvements dont les entreprises
sont redevables.
72
›››››››› Questions-réponses
Le saviez-vous ?
› › › Les recettes de la TP se sont élevées à 31,4 milliards
d’euros en 2009. En 2011, le produit des taxes écono-
miques payées par les entreprises en remplacement de la
TP (imposition des entreprises de réseaux, CFE et CVAE)
s’est élevé à 22,3 milliards d’euros. Le manque à gagner
pour les collectivités locales a été compensé par des taxes
indirectes et des dotations de l’État.
73
››››››››
Vers un impôt européen ?
Pourquoi ?
La création d’un pouvoir fiscal européen est nécessaire
Il donnerait à l’Union européenne (UE) une capacité
d’intervention devenue indispensable avec la crise écono-
mique. Il consoliderait ainsi ses institutions, en particulier
le Parlement, puisqu’il ne peut y avoir d’impôt sans
vote. Le transfert à l’UE de l’impôt sur les sociétés, par
exemple, s’inscrirait dans la lutte contre la concurrence
fiscale et la spéculation.
Un processus d’harmonisation en panne
L’ouverture du marché unique et l’instauration de l’Union
économique et monétaire (UEM) ont été précédées d’une
phase active d’harmonisation. Il s’agissait de faciliter la
libre circulation des marchandises et des capitaux. En ce
qui concerne la TVA et la fiscalité indirecte (ex. taxes sur
le tabac), le processus a été partiellement mené à bien.
En revanche, il a échoué pour la fiscalité de l’épargne
et l’impôt sur les sociétés.
L’UE souffre de la concurrence fiscale
Certains pays (ex. l’Irlande) ont choisi la concurrence
fiscale au détriment de l’harmonisation. La pratique de
modifications agressives des paramètres fiscaux, appelée
dumping, en est la forme extrême. Ce type de comporte-
ments conduit à des stratégies fiscales dommageables.
Les pays concernés ont attiré des entreprises motivées
par des gains de court terme. Plus globalement, cela a
participé à la crise financière.
74
›››››››› Questions-réponses
Le saviez-vous ?
› › › 129,1 milliards d’euros, c’est le budget de l’UE en 2012,
soit 0,98 % de son PIB. La création d’une fiscalité propre
avec le projet de taxe Tobin permettrait d’augmenter les
ressources de l’UE.
75
››››››››
Peut-il exister une fiscalité
internationale ?
Deux réponses à la mondialisation
La fiscalité internationale peut se traduire par une coor-
dination des politiques fiscales ou la création de taxes
globales. La globalisation économique et financière dés-
tabilise les économies nationales devenues fiscalement
interdépendantes. Elle favorise notamment la mobilité
de leurs bénéfices et bases d’imposition (ex. Google) et
accroît les inégalités internationales.
Financer la lutte contre les fléaux mondiaux
Dans une économie mondialisée, la faim, la pauvreté,
les inégalités et les pandémies sont des facteurs de
déstabilisation. Les objectifs du Millénaire pour le déve-
loppement sous l’égide de l’ONU en 2000 prônaient la
lutte contre ces fléaux. À cet effet, la générosité privée
et l’aide publique au développement sont insuffisantes.
Les taxes globales stabiliseraient les financements.
Vers des taxes globales ?
Elles s’appliquent aux activités prédatrices (ex. spé
culation) ou aux secteurs émergents trop peu taxés (ex. la
bit tax qui reposerait sur le volume du trafic internet).
Elles supposent une application transnationale. Or, si
des initiatives partielles existent déjà, leur généralisa-
tion se heurte à la volonté politique des États. Outre la
coordination des politiques fiscales, l’Union européenne
pourrait dans l’avenir être à l’origine de cette stratégie.
76
›››››››› Questions-réponses
77
››››››››
Des taxes
pour les générations futures ?
Des taxes, pour quoi faire ?
Elles peuvent financer la lutte contre la dégradation
environnementale et favoriser les comportements éco-
logiquement vertueux. Dans le premier cas, le lien entre
l’impôt et le service est lisible (ex. taxe pour l’élimination
des déchets). Dans le second, le coût des conséquences
(externalités) de la pollution sert au calcul de la taxe
(ex. taxe sur les émissions de CO2). On vise alors la
modification des comportements responsables de la
pollution.
Une fiscalité environnementale faible en Europe
Des réformes fiscales guidées par l’impératif écologique
ont été réalisées par la Suède (1991), le Royaume-Uni
(2001) et l’Allemagne (à partir de 1999). La France
reste en retrait malgré le Grenelle de l’environnement
de 2007. En 2010, les taxes environnementales repré-
sentaient 7,4 % des prélèvements obligatoires (PO) de
l’Union européenne.
Que faire de ces recettes fiscales ?
Ces taxes, comme celle pénalisant les émissions de CO2,
ont un effet anti-redistributif. C’était le cas de la contri-
bution climat-énergie abandonnée en 2009. Certains ont
donc proposé de financer, avec les recettes, des com-
pensations versées aux ménages défavorisés, d’autres
la conversion écologique de l’économie ou encore de
réduire le coût du travail.
78
›››››››› Questions-réponses
79
››››››››
Peut-on fusionner l’impôt
sur le revenu et la CSG ?
Une réforme pour demain
Évoquée depuis 1991, cette réforme est envisagée pour
rationaliser notre système fiscal et pour en améliorer la
redistributivité. En fusionnant l’impôt sur le revenu avec
la contribution sociale généralisée (CSG), la contribution
au remboursement de la dette sociale (CRDS) et le
prélèvement sur les revenus du patrimoine destiné au
fonds de solidarité vieillesse (FSV), la progressivité serait
généralisée à l’ensemble des impôts sur les revenus.
Comment les fusionner ?
Si l’assiette utilisée est celle de la CSG car elle est large,
deux scénarios sont envisagés. Le premier scénario
consiste à supprimer l’impôt sur le revenu et introduire
dans la CSG un barème progressif. Le nouvel impôt
serait alors individualisé. Selon le second scénario, la
CSG est supprimée et les taux de l’impôt sur le revenu
augmentés en compensation. L’impôt fusionné serait
donc « familialisé », il fonctionnerait par foyer fiscal.
Les avantages de la fusion
Avec la nouvelle assiette de l’impôt rénové, les niches
fiscales ne seraient plus d’actualité. Le prélèvement à
la source faciliterait d’ailleurs leur suppression. Pour le
contribuable, la disparition des niches et de plusieurs
impôts améliorerait la lisibilité du prélèvement et rap-
procherait ce dernier du revenu effectivement perçu.
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›››››››› Questions-réponses
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Les impôts sont-ils sexistes ?
Des dispositifs fiscaux défavorables à l’emploi féminin
Le régime des emplois familiaux couplé aux chèques
emploi-service encourage les contrats de travail très
flexibles, le plus souvent à temps partiel et occupés par
des femmes. La prime pour l’emploi pousse les femmes
pauvres vivant en couple à arrêter de travailler. Enfin, le
système d’allocations familiales et le principe de l’impo-
sition jointe des couples peuvent aussi décourager le
travail des femmes.
Des inégalités professionnelles hommes/femmes
renforcées
La fiscalité participe ainsi au phénomène de surrepré-
sentation des femmes parmi les emplois à temps partiel
et de qualité médiocre. Leur salaire moyen est d’autant
plus faible par rapport à celui des hommes.
Renoncer à l’imposition jointe des couples ?
Certains pensent qu’elle surtaxerait le « deuxième salaire »,
celui des épouses ayant un emploi. Leurs salaires, souvent
inférieurs à ceux de leurs maris, seraient considérés
comme une variable d’ajustement. En Europe du Nord,
l’impôt sur le revenu est individualisé. Cela favoriserait
l’insertion des femmes sur le marché du travail. Ainsi, le
taux d’emploi des femmes de 25 à 54 ans en 2011 était
de 79 % aux Pays-Bas et de 76,2 % en France. Mais,
parmi ces femmes actives, 73,7 % avaient un emploi à
temps partiel aux Pays-Bas et 29,1 % en France.
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›››››››› Questions-réponses
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@ vous la parole
@ vous la parole
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La situation française n’est pas exceptionnelle dans l’UE.
L’Allemagne, cependant, compte moins de prélèvements
que la France. Cela s’explique par l’organisation institution-
nelle différente de chacun des deux pays. L’Allemagne est un
État fédéral où les impôts sont partagés entre l’État fédéral,
les États fédérés et les communes. Par ailleurs, elle utilise les
cotisations sociales pour la protection sociale. La France est
un État unitaire décentralisé dans lequel les prélèvements ont
été spécialisés par catégories d’administration. L’État prélève
les impôts sur les activités économiques : sur les revenus,
sur les sociétés, TVA, etc. Les collectivités locales perçoivent
principalement une fiscalité à base foncière et immobilière.
La Sécurité sociale est financée par des cotisations sociales.
Cette « spécialisation » des prélèvements en a augmenté le
nombre. Elle s’atténue cependant depuis vingt ans, avec la
fiscalisation (c’est-à-dire le recours à l’impôt) de la protection
sociale et l’introduction d’impôts partagés entre l’État et les
collectivités dans les ressources locales.
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@ vous la parole
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D’une part, la détention du patrimoine est très concentrée.
En 2010, les 10 % de la population les plus riches détenaient
48 % du patrimoine total des ménages (biens immobiliers, actifs
financiers, patrimoine professionnel). À l’inverse, les 30 % les
plus pauvres possédaient 1 % du patrimoine total des ménages,
les 6 % les plus pauvres n’ayant pas de patrimoine. On peut
ajouter qu’il y a en moyenne un lien étroit entre le niveau de
revenu et l’importance du patrimoine détenu : plus on a des
revenus élevés, plus on possède une fortune conséquente.
D’autre part, pour être imposable, le patrimoine des ménages
devait dépasser 800 000 euros avant la réforme de 2011. Depuis
la réforme, le seuil de taxation correspond à un patrimoine
minimum de 1,3 million d’euros.
Compte tenu des exonérations et exemptions qui restreignent
l’assiette de l’ISF (objets d’art, patrimoine professionnel, etc.), les
patrimoines taxés sont principalement composés d’immeubles.
Avec le gonflement des prix de l’immobilier, certains contri-
buables disposant de revenus moyens ont pu, dans le passé,
voir la valeur de leur patrimoine franchir le seuil de taxation.
S’ils ont existé, ces cas étaient exceptionnels et pouvaient être
résolus grâce au dialogue avec l’administration fiscale.
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@ vous la parole
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malveillantes situées dans un autre État membre de se faire
rembourser par l’administration fiscale des crédits de TVA fictifs.
La fraude à la TVA est ainsi devenue une industrie très lucrative.
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@ vous la parole
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s’agit de prendre en compte plus directement la situation du
marché locatif. Le changement complet des valeurs locatives
professionnelles devrait être effectif en 2014.
Cette révision était rendue nécessaire par la suppression de la
taxe professionnelle et la création d’une contribution écono-
mique territoriale comprenant une contribution foncière des
entreprises. Celle-ci s’ajoute à la taxe foncière (bâti et non bâti)
que payent déjà les entreprises. Or les valeurs locatives servant
effectivement au calcul de ces impôts fonciers datent de 1970.
La révision de 1990 a certes été votée par le Parlement, mais
celui-ci a aussi décidé de ne pas l’appliquer car l’ampleur de
ses implications risquait de compromettre la décentralisation
elle-même. En conséquence, en dehors de réévaluations basées
sur l’inflation, les valeurs locatives sont obsolètes.
Lors des discussions budgétaires de la fin 2012, le gouvernement
s’est engagé à lancer une procédure de révision des valeurs
locatives des locaux d’habitation en 2014. Elle s’inspirera du
processus expérimental déjà utilisé pour les locaux profession-
nels. La révision étant réalisée en 2016, les nouvelles valeurs
locatives seraient prises en compte dans les impositions de 2018.
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@ vous la parole
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plus importante en France (24,5 % des PO en 2008) qu’aux
États-Unis (17,6 %).
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@ vous la parole
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Bibliographie et sitothèque
◗◗ Nicolas Delalande,
Les batailles de l’impôt, Le Seuil, 2011.
◗◗ Camille Landais, Thomas Piketty, Emmanuel Saez,
Pour une révolution fiscale, La République des idées, Le
Seuil, 2011.
Téléchargeable sur le site : http : //www.revolution-fiscale.
fr/le-livre.
◗◗ Jacques Le Cacheux,
Les Français et l’impôt, coéd. Odile Jacob, La Documentation
française, 2008.
◗◗ Jean-Marie Monnier,
Les prélèvements obligatoires, Economica, 1998.
◗◗ Michel-Pierre Prat, Cyril Janvier,
Petit dictionnaire de la fraude fiscale, Dalloz, 2011.
◗◗ André Roux (dir.),
Finances publiques, coll. Les Notices, La Documentation
française, 2011.
◗◗ « Fiscalité : à l’aube d’une révolution ? »,
Cahiers français, no 373, La Documentation française,
mars-avril 2013.
◗◗ « Réforme fiscale : quels enjeux ? »,
Regards sur l’actualité, no 375, La Documentation fran-
çaise, novembre-décembre 2011.
◗◗ Site de la Cour des comptes :
www.ccomptes.fr
◗◗ Site officiel d’information fiscale :
www.impots.gouv.fr
99
◗◗ Site de l’Institut national de la statistique et des études
économiques :
www.insee.fr
◗◗ Site du ministère de l’Économie et des Finances :
www.performance-publique.budget.gouv.fr
◗◗ Site du dictionnaire encyclopédique des finances
publiques de la Société française de finances publiques :
ww.sffp.asso.fr/dictionnaire
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Collection Doc’ en poche
Série « Entrez dans l’actu »
1. Parlons nucléaire en 30 questions
de Paul Reuss
2. Parlons impôts en 30 questions (2e édition mars 2013)
de Jean-Marie Monnier
3. Parlons immigration en 30 questions
de François Héran
4. France 2012, les données clés du débat présidentiel
des rédacteurs de la Documentation française
5. Le président de la République en 30 questions
d’Isabelle Flahault et Philippe Tronquoy
6. Parlons sécurité en 30 questions
d’Éric Heilmann
7. Parlons mondialisation en 30 questions
d’Eddy Fougier
8. Parlons école en 30 questions
de Georges Felouzis
9. L’Assemblée nationale en 30 questions
de Bernard Accoyer
10. Parlons Europe en 30 questions
de David Siritzky
13. Parlons dette en 30 questions
de Jean-Marie Monnier
14. Parlons jeunesse en 30 questions
d’Olivier Galland
21. Parlons justice en 30 questions
d’Agnès Martinel et Romain Victor
À paraître en octobre 2013
22. France 2014, les données clés
À paraître en octobre 2013
Parlons impôts…
En 2012, le débat fiscal a encore été intense (impôt sur la
fortune, taxe à 75 %, mouvement des « pigeons »…). Les
impôts font l’objet de réformes de façon récurrente rendant
notre système fiscal complexe et controversé. En temps de
crise budgétaire, ils représentent un enjeu essentiel pour
financer les dépenses publiques et contribuer à réduire les
inégalités sociales. Mais qu’en est-il des impôts en France ?
Comment comprendre le fonctionnement et les objectifs de
notre système fiscal ? Pour sortir du brouhaha médiatique,
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factuelles et chiffrées sur les impôts.
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