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CO N S T R U C T I O N E T T R AVAU X P U B L I C S

Ti255 - Droit et organisation générale de la construction

Organisation et sécurité
des chantiers

Réf. Internet : 42225 | 2nde édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Droit et organisation générale de la construction
(Réf. Internet ti255)
composé de  :

Droit et marchés de la construction Réf. Internet : 42172

L'environnement sociétal de la construction Réf. Internet : 42236

Organisation et sécurité des chantiers Réf. Internet : 42225

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Droit et organisation générale de la construction
(Réf. Internet ti255)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Jean-Armand CALGARO
Ingénieur Général des Ponts, des Eaux et des Forêts, professeur au Centre
des Hautes Etudes de la Construction (CHEC), membre permanent du Conseil
Général de l'Environnement et du Développement Durable (CGEDD)

Christophe GOBIN
Conseiller Développement Durable, Vinci Construction France

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Sophie ANDRE Jean-Pierre MEYER


Pour l’article : SE3860 Pour l’article : SE3825

Claude BONETAT Jean-Pierre MOINEAU


Pour les articles : C125 – C126 – C127 – Pour l’article : C113
C128
Alain PAMIES
Bernard BÉZIAT Pour l’article : SE3860
Pour les articles : C125 – C126 – C127 –
C128 Patrick ROSSIGNOL
Pour les articles : C125 – C126 – C127 –
François CAIL C128
Pour l’article : SE3825
René SANDBERG
Patrick LAINE Pour les articles : C125 – C126 – C127 –
Pour l’article : SE3860 C128

Sylvie LECLERCQ Henri SAULNIER


Pour l’article : SE3865 Pour l’article : SE3865

Jean-Pierre LEFEBVRE Emmanuelle TURPIN-LEGENDRE


Pour les articles : C112 – C114 Pour l’article : SE3825

Caroline LONDON Jean-Claude VOISIN


Pour l’article : G2021 Pour l’article : C113

Alain MAYER
Pour l’article : SE3970

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VI
Organisation et sécurité des chantiers
(Réf. Internet 42225)

SOMMAIRE

1– Organisation des chantiers Réf. Internet page

Organisation des chantiers des travaux publics C112 11

Organisation des chantiers de bâtiment C114 15

Textes réglementaires relatifs aux déchets G2021 19

2– Sécurité des chantiers Réf. Internet page

Prévention des risques professionnels sur les chantiers C113 27

Équipements de protection individuelle (EPI). Réglementation, choix, utilisation SE3970 29

Prévention des risques professionnels. Risques de chute de hauteur SE3860 33

Prévention des risques professionnels. Risques liés à l'activité physique SE3825 37

Prévention des risques professionnels. Accidents de plain-pied (APP) SE3865 41

3– Échafaudages Réf. Internet page

Échafaudages. Destinations et cadre réglementaire C125 47

Échafaudages. Matériaux et matériels C126 49

Échafaudages. Calculs C127 51

Échafaudages. Diférentes destinations. Mise en oeuvre C128 55

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VII
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Organisation et sécurité des chantiers
(Réf. Internet 42225)


1– Organisation des chantiers Réf. Internet page

Organisation des chantiers des travaux publics C112 11

Organisation des chantiers de bâtiment C114 15

Textes réglementaires relatifs aux déchets G2021 19

2– Sécurité des chantiers

3– Échafaudages

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Organisation des chantiers


de travaux publics

par Jean-Pierre LEFEBVRE
Ingénieur ESTP, membre de la délégation technique de la FNTP
Gérant de JPL BTP Consultant

1. Contexte ........................................................................................... C 112v2 – 2


2. Préparation....................................................................................... — 2
2.1 Personnel ............................................................................................ — 3
2.1.1 Encadrement ............................................................................ — 3
2.1.2 Personnel d’exécution ............................................................. — 3
2.2 Études d’exécution ............................................................................. — 4
2.3 Documents précisant l’organisation .................................................. — 4
2.4 Méthodes d’exécution, matériaux et matériel................................... — 5
2.5 Plannings ............................................................................................ — 6
2.6 Partenaires et sous-traitants .............................................................. — 6
2.7 Sur site ou dans les locaux de l’entreprise ....................................... — 7
3. Fonctionnement de l’organisation .............................................. — 7
3.1 Installations de chantier ..................................................................... — 8
3.2 Préfabrication ..................................................................................... — 8
3.3 Sécurité, qualité, environnement (SQE) ............................................ — 8
3.4 Suivi de l’avancement et du budget .................................................. — 9
3.5 Approche du client ............................................................................. — 10
3.6 Gestion des interfaces et points clefs................................................ — 10
3.7 Aléas et imprévus............................................................................... — 10
3.8 Communication .................................................................................. — 10
4. Après les travaux : réception, garanties, maintenance .......... — 11
5. Chantiers à l’International ............................................................ — 11
6. Conclusion........................................................................................ — 11
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 112

C e dossier est destiné à tous les ingénieurs impliqués dans les travaux
publics et, plus particulièrement, aux directeurs de chantiers.
L’organisation des chantiers de travaux publics, correspond à l’action de pré-
parer le chantier selon un plan précis, mais aussi la manière dont les interve-
nants sur ce chantier sont structurés et agencés. Ces deux aspects seront étu-
diés dans ce dossier, le premier aspect plus spécifiquement dans la phase de
préparation, et le second dans la phase de réalisation.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPPY

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. C 112v2 – 1

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ORGANISATION DES CHANTIERS DE TRAVAUX PUBLICS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Contexte De nombreux acteurs interviennent dans l’organisation des chan-


tiers de travaux publics : maı̂tre d’ouvrage, assistant maı̂tre d’ou-
vrage, maı̂tre d’œuvre, coordonnateur de la sécurité et de la protec-
tion de la santé, etc. Tous ces intervenants agissent sur
l’organisation des chantiers de TP : le maı̂tre d’ouvrage selon ses
On désigne par chantiers de travaux publics (TP) tous les besoins, les autres intervenants selon les missions qui leur sont
chantiers de pont, de route, de voie ferrée, de terrassement, confiées par contrat. L’influence du maı̂tre d’ouvrage, le payeur
d’assainissement, d’aéroport, de canalisation, de ligne élec- final, est prépondérante. Un même chantier pour Réseau Ferré de
trique… réalisés pour le compte de maı̂tres d’ouvrages publics, France (RFF) ou Aéroport de Paris (AdP), par exemple un pont rou-


mais aussi privés. tier, sera organisé différemment de celui commandé par un conseil
Les Travaux Publics se différencient des Bâtiments (loge- général, les exigences et les capacités techniques internes étant
ments, bureaux, écoles, hôpitaux, hangars) qui ont comme but différentes.
d’abriter des personnes ou des biens.
Un chantier de TP peut être confié par le maı̂tre d’ouvrages à plu-
sieurs entreprises, chacune intervenant sur une partie de l’ouvrage
Les entreprises de travaux publics, organisées généralement de la considèrant comme un chantier à part entière. Une coordination
manière décentralisée (holding de tête, directions régionales, filia- de ces chantiers est alors mise en œuvre.
les, agences, chantiers), considèrent les chantiers comme leurs pro-
duits. Elles les vendent, puis les réalisent, contrairement à l’indus- La décision de faire intervenir plusieurs entreprises indépen-
trie qui produit avant de vendre. Plusieurs milliers de chantiers de dantes sur un même site doit rester l’apanage des maı̂tres
TP peuvent être réalisés par une même entreprise chaque année en d’ouvrages et maı̂tres d’œuvre très expérimentés dans le type
France. Peugeot, Renault fabriquent des voitures… les entreprises de chantier qu’ils font réaliser (figure 1).
de travaux publics produisent des chantiers. Ces chantiers sont en
même temps les entités les plus petites de l’organisation de ces
entreprises.
Le but de ce dossier n’est pas d’étudier l’organisation des entre- 2. Préparation
prises de TP, mais celle de leurs entités élémentaires : les chantiers
de TP. L’organisation des entreprises de TP et l’organisation des
chantiers de TP sont imbriquées. En effet, selon la répartition des
Les entreprises de TP étudiant plusieurs affaires pour en conclure
moyens de l’entreprise entre ses différents niveaux (directions
une seule, l’organisation d’un chantier donné n’est pas finalisée
régionales, agences locales, chantiers), plus ou moins de tâches
lorsque l’entreprise remet son prix. L’éventuel futur directeur de
devront être réalisées sur site.
chantier est cependant généralement connu. Ce n’est que lorsque
L’organisation d’un chantier courant (l’application de quelques l’entreprise sait qu’elle va obtenir le chantier, que la préparation
centaines de mètres de béton bitumineux sur une route départe- démarre effectivement.
mentale, par exemple) ou celle d’un chantier exceptionnel (cons-
truction d’une centrale nucléaire de 1 500 MW, par exemple) sont & Un chantier de travaux publics doit être préparé minutieuse-
très différentes. Les différences entre ces deux types d’organisation ment pour éviter toute improvisation préjudiciable à sa réussite.
seront mises en exergue tout au long de ce dossier. La période de préparation du chantier doit être suffisamment lon-
Les chantiers de travaux publics se caractérisent par des réalisa- gue pour le mettre au point. La gestation politique et administrative
tions généralement uniques, dans des lieux toujours différents, en d’un chantier de TP prend parfois plusieurs dizaines années : il
plein air et dans des délais acceptés par l’entreprise dans son serait paradoxal de n’avoir que peu de temps pour le préparer.
contrat. Le directeur de chantier a une triple obligation de résultats : Les maı̂tres d’ouvrages, qui laissent peu de temps pour la prépa-
– réaliser un ouvrage avec la qualité requise ; ration, ne peuvent pas espérer une bonne organisation de leur
– respecter les délais ; chantier.
– atteindre ses objectifs de rentabilité.
On peut estimer, par exemple, qu’un chantier de deux ans devrait
À défaut, les conséquences sont considérables et peuvent avoir une période de préparation de 25 % du temps des travaux, soit
conduire jusqu’à la disparition de son entreprise. 6 mois, mais qu’un chantier de un mois devrait avoir une période de
préparation de même durée.
Unicité et obligation de résultat conditionnent fortement
l’organisation des chantiers de TP.

Les chantiers courants sont réalisés généralement par une seule


entreprise, tandis que les chantiers exceptionnels sont souvent en
groupement c’est-à-dire pris en charge par plusieurs entreprises
associées momentanément. En droit français, différentes structures
juridiques existent comme, notamment, les groupements momen-
tanés d’entreprises conjointes ou solidaires ou la Société en Partici-
pation (SEP). Répartition des tâches ou travail en intégré (chaque
entreprise met à disposition du personnel et c’est ensemble qu’est
réalisé ensuite le chantier) sont les deux grandes lignes distinctives
de ces deux types d’organisation.
Les groupements sont assez adaptés pour les travaux routiers ou
la répartition des tâches entre les entreprises peut se faire aisé-
ment. Les SEP sont plus adaptées aux ouvrages exceptionnels,
type centrale nucléaire ou barrage. On veillera notamment à ce
que le comité de direction, comme son nom ne le précise pas
assez, soit un organisme de prise de décisions et de contrôle, le
directeur de chantier devant rester la cheville ouvrière de son Figure 1 – Centrale nucléaire, exemple de plusieurs entreprises de TP
chantier. sur le même site, coordonnées par EDF

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C 112v2 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ORGANISATION DES CHANTIERS DE TRAVAUX PUBLICS

2.1.1 Encadrement
& Pour les chantiers exceptionnels, un premier organigramme est
défini dès l’étude initiale. Le directeur de chantier a comme première
tâche de le valider, puis d’établir un planning de mobilisation de son
équipe et du personnel. Puis, il doit les « récupérer » à temps, donc
obtenir qu’ils soient libérés de leur précédente tâche à la date prévue
dans ce planning de mobilisation. Ce point est capital.
Un retard de mobilisation équivaut déjà à un retard sur le plan-
ning du chantier. Mieux vaut donc se tromper par surestimation
des besoins d’encadrement que de les sous-estimer. Il sera tou-
jours temps de libérer un responsable en surnombre lorsque le

chantier sera bien démarré. L’organisation du chantier sera adaptée
au personnel d’encadrement effectivement recruté par modification
du périmètre individuel de responsabilité. Ainsi, si un chef de chan-
tier est peu expérimenté dans l’usage d’un nouveau matériel
d’étaiement, la vérification de la conformité aux plans de cet étaie-
ment sera du ressort du conducteur de travaux.
Figure 2 – Viaducs d’Avignon, un viaduc après l’autre. Lancement L’organisation du personnel des chantiers exceptionnels est
avec un seul équipage (poutre) directement liée à l’organisation globale du chantier : par exemple,
par zones de travaux (c’est ainsi que pour un chantier de centrale
& Lorsqu’un directeur de chantier démarre son nouvel ouvrage, il nucléaire, on distinguera les équipes du réacteur, de celles de la
doit lire en détail les pièces du marché conclu, mais aussi l’étude ini- salle des machines, de celles du bâtiment combustible… et l’enca-
tiale (dont le dossier de consultation) et l’offre. En effet, ces docu- drement et le personnel seront répartis en sections correspondan-
ments définissent les besoins du donneur d’ordre et les options pri- tes). Une organisation par types de travaux peut être aussi envisa-
ses par les ingénieurs d’études de prix pour les satisfaire. Il doit y gée. Ce dernier type d’organisation est usuel dans les chantiers
déceler les points faibles de l’étude et du marché signé, points fai- linéaires, tels que la construction d’une autoroute où l’on distingue
bles qui peuvent être sources de différends ou d’amélioration du les équipes de terrassement, de celles des ouvrages d’assainisse-
résultat du chantier. Il contactera son réseau personnel pour se ren- ment, de celles des chaussées…
seigner sur les ouvrages similaires déjà réalisés afin d’en connaı̂tre
& Une entreprise se structure au fur et à mesure de son développe-
les difficultés et avoir connaissance des problèmes rencontrés. Il
ment. Un chantier de TP doit se structurer en quelques jours ou
s’attachera à visiter des chantiers similaires et à rencontrer ses
semaines. Un organigramme de l’encadrement est à préciser le
homologues, à récupérer des plannings… Il lira les articles techni-
plus tôt possible et les descriptifs des missions et des responsabi-
ques récents, français et étrangers, correspondants. Une recherche
lités de chacun seront écrits et connus de tous, tout en respectant
sur internet est à faire pour les chantiers non courants. En cas d’uti-
la classification des conventions collectives (convention collective
lisation d’une technique nouvelle, ce travail de recherche est indis-
nationale des ETAM des travaux publics, convention collective
pensable. Cette réflexion permettra de dessiner les grandes lignes nationale des cadres des travaux publics, cf. [Doc. C 112].
de l’organisation au-delà de ce que dicte le bon sens.
Les chantiers exceptionnels peuvent avoir sur le site tous les ser-
Exemples : des fondations vers les superstructures, bien entendu, vices habituels d’une entreprise : service du personnel, service
mais comment ? comptable, service des méthodes (appelé souvent « cellule métho-
Faut-il attendre les basses eaux pour construire telle pile en rivière ? des »), services généraux… On s’attachera à une certaine polyva-
Comment profiter de la bonne saison pour faire tel remblai délicat ? lence des responsables pour pouvoir gérer leurs futures absences.
Faut-il monter les deux enceintes d’un réacteur nucléaire en même Les trois missions – sécurité, contrôle qualité et suivi des problè-
temps ou l’une après l’autre ? mes d’environnement – seront, soit confiées au même responsable,
Faut-il lancer un pont d’une culée ou des deux culées ? (figure 2). soit ventilées parmi plusieurs personnes selon l’ampleur du chantier.
Ces décisions impacteront toute l’organisation du chantier. L’organisation du chantier de TP évitera la mise en compétition
des responsables de l’encadrement comme mode de management
afin de ne pas les distraire de l’objectif commun momentané : la
2.1 Personnel réussite du chantier.
Pour un chantier de TP courant, c’est-à-dire réalisé de façon régu-
2.1.2 Personnel d’exécution
lière par l’entreprise, tel que la pose de quelques centaines de
mètres de canalisation, le recalibrage de quelques kilomètres Le personnel d’exécution (les ouvriers, appelés souvent « compa-
d’une route départementale, etc., la mobilisation du personnel ne gnons » sur les chantiers de TP) est réparti en équipe de six à huit
sera pas un problème, car ce chantier se déroule généralement sous l’autorité d’un chef d’équipe. Une partie du personnel d’un
après un autre chantier similaire en cours d’achèvement. Le direc- chantier de TP est permanent à l’entreprise (CDI). Le reste de l’effec-
teur de ce chantier courant s’attachera à récupérer un noyau de per- tif est constitué par du personnel embauché pour la durée du chan-
sonnel habitué à travailler ensemble, tout en le complétant par du tier, ou par des intérimaires.
personnel muté ou nouvellement embauché. L’incorporation de ANPE et agences d’intérim sont les partenaires naturels, surtout
quelques collaborateurs, appréciés pour leur prestation sur un pré- lorsqu’il est nécessaire de recruter à l’étranger des ouvriers rele-
cédent chantier, permettra de limiter la période à faible productivité vant de professions n’existant plus en France (comme des mineurs
inhérente à un début de chantier. pour les travaux de tunnels).

Les TP sont un des rares secteurs où l’ascenseur social fonc-


Notons que les TP sont un des secteurs économiques les moins tionne (possibilité de gravir des échelons sociaux sous condition
féminisés, ce qui est regrettable. Les choses changent actuelle- d’avoir courage, volonté et intelligence). Aussi, les contrats com-
ment, mais les postes d’encadrement direct des compagnons prennent-ils souvent une clause sociale d’insertion de personnel
(ouvriers de chantier) restent difficiles à tenir pour une femme, en chômage longue durée (par exemple 7 % des heures travail-
ces compagnons admettant difficilement l’autorité féminine. lées doivent être exécutées par des personnes en insertion).

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Organisation des chantiers


de bâtiments

par Jean-Pierre LEFEBVRE
Ingénieur ESTP, membre de la délégation technique de la FNTP
Gérant de JPL BTP Consultant

1. Spécificité des chantiers de bâtiments ...................................... C 114v2 – 2


2. Préparation du chantier ................................................................. — 2
2.1 Personnel ............................................................................................ — 2
2.2 Études d’exécution – Synthèse .......................................................... — 3
2.3 Méthodes d’exécution – Matériel – Matériaux .................................. — 4
2.4 Plannings ............................................................................................ — 5
2.5 Corps d’état ........................................................................................ — 6
3. Lors de la réalisation ...................................................................... — 6
3.1 Sécurité – Qualité – Environnement .................................................. — 6
3.2 Suivi des rendements, des plannings et du budget ......................... — 7
3.3 Logistique ........................................................................................... — 8
3.4 Gestion des interfaces........................................................................ — 8
3.5 Dépenses communes ......................................................................... — 9
3.6 Aléas et imprévus............................................................................... — 9
4. Livraison et garanties .................................................................... — 9
5. Conclusion........................................................................................ — 10
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 114

n premier dossier [C 112v2] a traité de l’organisation des chantiers de Tra-


U vaux Publics. Les chantiers de bâtiment, exécutés souvent par les mêmes
entreprises (on parle d’entreprises du Bâtiment et des Travaux Publics, BTP)
sont organisés de manière semblable sur plusieurs aspects et l’auteur invite
donc les lecteurs à se référer à ce dossier initial.
Ici on insiste sur les spécificités de l’organisation des chantiers de bâtiments.
Plus particulièrement destiné à ceux qui souhaitent connaı̂tre les aspects
importants de l’organisation d’un chantier de bâtiment, pour éviter les retards,
les surcoûts et les défauts de tous ordres, ce dossier actuel ne décrit cependant
pas l’organisation d’un projet complet de bâtiment (choix du terrain, choix du
maı̂tre d’œuvre, conception, assurance…).
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPPY

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ORGANISATION DES CHANTIERS DE BÂTIMENTS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Spécificité des chantiers Ces corps d’état sont souvent regroupés en 4 groupes correspon-
dant aux 4 phases principales des travaux :
de bâtiments – les travaux préliminaires : démolitions, terrassements géné-
raux, fondations profondes, voiries et réseaux divers (VRD) ;
– le clos couvert : gros œuvre, maçonnerie, charpente et couver-
& On appelle « bâtiment » toute construction d’une certaine impor- ture, menuiseries extérieures, étanchéité ;
tance servant d’abri ou de logement. Relèvent donc du bâtiment : – les corps d’état architecturaux : structures métalliques, cloi-
– les maisons individuelles et immeubles, y compris de grande sons, menuiseries intérieures, faux plafonds, revêtements (pein-


hauteur (IGH) ; ture, carrelage…) ;
– les bureaux ; – les corps d’état techniques : plomberie, sanitaire, électricité
– les bâtiments agricoles ; courants faibles ou forts, chauffage – ventilation – climatisation
– les bâtiments industriels ou de stockage ; (CVC), sécurité, ascenseurs…
– les salles de sport ;  Après la phase d’urbanisme et la phase architecturale, les
– les hôpitaux… entreprises qui vont réaliser le chantier sont choisies parmi les
Ils sont le plus souvent en zone urbaine et raccordés aux réseaux entreprises du bâtiment : société artisanale pour une maison indivi-
locaux (électricité, téléphone, eaux potables, égouts…). Ils sont duelle…, ou grande société pour un IGH.
construits par des entreprises de tailles très variées. La Fédération Les travaux sont confiés, soit à une entreprise générale (qui
française du bâtiment, la FFB, (qui compte pour les deux tiers du sous-traite les métiers qu’elle ne peut faire avec son propre person-
chiffre d’affaire de cette profession) a 57 000 adhérents, dont nel et qui coordonne l’ensemble du chantier), soit à plusieurs entre-
42 000 entreprises artisanales (cf. [Doc. C 114]). prises qui réalisent chacune ce qui relève de leur propre métier et
sont coordonnées par un maı̂tre d’œuvre, ainsi que, dans le cas de
& L’art de disposer les bâtiments à l’échelle de la ville s’appelle « urba- marchés publics, par le responsable de la mission OPC (Ordonnan-
nisme ». L’art de concevoir des bâtiments se nomme « architecture ». cement, pilotage et coordination) (loi du 12 Juillet 1985 sur la Maı̂-
On appelle « organisation des chantiers de bâtiments » la prépa- trise d’Ouvrage Publique, communément appelée loi MOP
ration de ces chantiers, mais aussi la structure, les ressources (le (cf. [Doc. C 114])).
groupe d’individus) ayant pour but de construire ces bâtiments.
 Les contrats de construction des bâtiments relèvent des arti-
& Les chantiers de bâtiments ont des organisations très variées cles 1779 et suivants du Code civil. Ils prévoient habituellement
suivant la nature de la construction. On distinguera les chantiers une base de règlement forfaitaire, c’est-à-dire une rémunération
de bâtiments neufs (cf. figure 1) et les chantiers de rénovation et fixe et non liée aux quantités réellement exécutées.
d’amélioration de ces bâtiments. Décrire exhaustivement toutes les organisations possibles d’un
& Les chantiers de bâtiments relèvent d’un très grand nombre de chantier de bâtiment ne relève pas de ce court dossier (on se réfé-
métiers. L’organisation de ce type de chantiers tient compte du fait rera pour plus d’informations à la bibliographie jointe
qu’aucune entreprise française ne maı̂trise l’intégralité de tous ces en [Doc. C 114]). Mais, cependant, tous les chantiers de bâtiments
métiers, de tous ces « corps d’état », selon le jargon professionnel. ont un certain nombre de traits communs qui seront mis en exer-
gue. Pour les illustrer, l’exemple le plus souvent cité dans la suite
du texte est celui de l’organisation d’un chantier d’un hôpital, de
taille moyenne (20 000 m2) et de complexité élevée dans le cadre
d’un projet en conception-construction, réalisé par une entreprise
générale (cf. figure 2).

2. Préparation du chantier

2.1 Personnel
À l’obtention d’un nouveau chantier, l’entreprise de bâtiment
désigne un responsable du chantier qui aura en charge la construc-
tion de ce bâtiment. Cela peut être (selon la taille du chantier) :
– le chef d’entreprise en cas d’entreprise artisanale ;
– un chef de chantier ;
– un conducteur de travaux ;
– voire, un directeur de chantier.
& Pour les très grands chantiers de bâtiments, une équipe impor-
tante dédiée à l’encadrement vient s’installer sur place.
& Pour les petits chantiers, il n’y a pas d’encadrement permanent
sur place.
La plupart des chantiers sont organisés selon une organisation
intermédiaire entre ces deux solutions.

Pour le chantier d’un hôpital, par exemple, plusieurs dizaines de


personnes de l’encadrement vont devoir s’installer pour 2 ans, sur
place, dans des locaux provisoires.
Mais le chantier d’un petit immeuble d’habitation (R + 4) ne verra,
Figure 1 – Chantier de bâtiment neuf en ville. Pierre en façade comme seul encadrement permanent, que le chef de chantier de

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ORGANISATION DES CHANTIERS DE BÂTIMENTS

& De la qualité des ouvriers dépend la qualité des travaux et ce,


Chef d’autant plus que le chantier est petit, sans encadrement perma-
Secrétariat
de projet nent sur place. Une ancienneté moyenne d’au moins une dizaine
d’année dans l’entreprise est un gage de correcte exécution des
Conducteur de travaux travaux.
Production
gros oeuvre / principal GO /
charpente charpente Méthodes /
lots 01/02/03 Responsable de la
production
planning 2.2 Études d’exécution – Synthèse
installation /


levage
bureau
& Lors de la phase de préparation, le maı̂tre d’œuvre, les bureaux
Conducteur de travaux d’études techniques (BET), ou des entreprises, établissent, à partir
de méthodes
confirmé GO /
Responsable Bureau d'études des plans architecturaux, les plans d’exécution, et ce, pour chaque
de la gestion béton armé corps d’état.
administrative
et financière du GO Phase EXE
Ainsi, par exemple, en fonction des règles parasismiques applica-
et des terrassements
VRD Chefs de chantiers bles dans la région où le bâtiment est construit, les aciers du béton
armé sont calculés, puis dessinés.
Assistant Chefs d'équipes De même, le titulaire du lot CVC (Chauffage, ventilation, climatisa-
conducteur de travaux tion) définit les dimensions de ses gaines de ventilation en fonction
GO Compagnons
des débits d’air prévus pour chaque pièce.
Il faut harmoniser ensuite tous ces plans.
Conducteur de travaux Entreprise lots
CET 1 techniques
Par exemple, la hauteur libre au-dessus des faux plafonds doit per-
Responsable lots 13-14-15- mettre le passage des gaines de ventilation, des chemins de câbles,
CET Conducteur de travaux 16-17-18-19-20- des réseaux d’eau chaude et froide… (Cf. figure 3).
CET 2 21-22-24
& Vu le très grand nombre de corps d’état différents, ce travail est
Conducteur de travaux Entreprise lots
complexe et peut être source de litiges, car les intérêts sont fré-
CES 1 corps d'états quemment divergents. Pourquoi une société de plomberie accepte-
Responsable secondaires rait-elle une modification (même peu onéreuse) de ses plans, alors
CES lots 3-4-5-6-7-8-
Conducteur de travaux que son contrat prévoit un paiement forfaitaire, fixe, et que son sur-
CES 2 9-10-11-12
coût ne lui sera pas payé ?
Architectes et BET & Ce travail d’harmonisation, de synthèse (jargon professionnel)
Pilotage du groupement
Synthèse de la synthèse est réalisé par un groupe de techniciens, détachés de chaque entre-
Entreprise lots
techniques prise, qui se réunissent pour résoudre les conflits spatiaux et sup-
primer les incohérences.
Contrôle On parle de « cellule de synthèse ».
de gestion et de
compte projets

Figure 2 – Exemple d’organigramme d’un chantier d’hôpital


de 20 000 m2

gros œuvre, tous les autres responsables (maı̂tre d’œuvre, OPC,


coordonnateur en matière de sécurité et de protection de la santé
(CSPS), encadrement des corps d’état secondaires…) ayant plusieurs
chantiers en cours en même temps. Il est donc demandé une plus
grande autonomie à un chef de chantier sur cet immeuble R + 4
qu’à un chef de chantier œuvrant sur un chantier de grand hôpital
(cf. figure 2).

& Le personnel d’exécution (les ouvriers) des chantiers de bâti-


ments se caractérisent (contrairement à l’Industrie ou au Com-
merce) par le fait qu’ils sont en déplacement (ils viennent sur le
chantier) et par une forte proportion de personnel à contrat à
durée déterminée. Tous les chantiers de bâtiments comportent
une phase d’acclimatation du personnel à son nouvel environne-
ment de travail.

On notera aussi que, jusqu’à la fin du clos-couvert, les travaux


se déroulent à l’air libre et sont donc soumis aux intempéries,
la faisabilité de certains travaux supposant des conditions cli-
matiques adéquates (les travaux d’étanchéité par exemple).

& De la main-d’œuvre illégale est parfois rencontrée sur des chan-


tiers de bâtiments. Les donneurs d’ordre devront vérifier que les
entreprises intervenantes sont en règle (immatriculation, déclara-
tions fiscales et sociales) en début de chantier, puis tous les
6 mois (article L. 8222-1 du nouveau code du travail). Figure 3 – Chantier hospitalier en Angleterre (Crédit INEO)

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Textes réglementaires relatifs


aux déchets

par Caroline LONDON
Docteur en droit
Avocat à la Cour

1. Réglementation applicable ........................................................... G 2 021v2 – 2


1.1 Textes cadres sur les déchets ............................................................ — 2
1.1.1 En droit communautaire ......................................................... — 2
1.1.2 Au niveau interne .................................................................... — 2
1.2 Dispositions et réglementations spécifiques .................................... — 3
1.2.1 Déchets dangereux .................................................................. — 3
1.2.2 Autres déchets réglementés .................................................... — 3
2. Obligations pesant sur la production de déchets..................... — 4
2.1 Obligation de veiller au traitement des déchets conforme
à la hiérarchie et responsabilité élargie du producteur .................... — 4
2.1.1 Obligations générales pour tous les déchets ......................... — 4
2.1.2 Déchets spécifiquement réglementés ..................................... — 4
2.2 Obligation d’information ................................................................... — 12
3. Obligations dérivant des transferts transfrontaliers .............. — 13
3.1 Travaux et textes internationaux ....................................................... — 13
3.1.1 Travaux de l’OCDE ................................................................... — 13
3.1.2 Convention de Bâle (1989) ...................................................... — 13
3.1.3 Convention de Lomé IV (1989) ................................................ — 13
3.2 Réglementation communautaire ....................................................... — 13
3.2.1 Règlement n 259/93/CEE (1993) ............................................. — 13
3.2.2 Règlement (CE) n 1013/2006 .................................................. — 14
3.2.3 Droit interne ............................................................................. — 16
4. Obligation pesant sur l’élimination des déchets ...................... — 16
4.1 Mise en décharge ............................................................................... — 16
4.1.1 Au niveau communautaire ...................................................... — 16
4.1.2 En droit interne ........................................................................ — 17
4.2 Incinération ......................................................................................... — 17
4.2.1 En droit communautaire ......................................................... — 17
4.2.2 En droit interne ........................................................................ — 18
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 2 021v2

fin de déterminer quelles sont les obligations et donc les responsabilités


A stricto sensu encourues par le producteur de déchets, il convient dans un
premier temps de présenter le cadre juridique qui permet d’établir quels
déchets spécifiques ont été appréhendés et comment ils l’ont été. Dans un
second temps, il sera plus aisé de dégager à quelles obligations le producteur
de déchets doit se conformer. À cet égard, les obligations sont d’autant plus
rigoureuses que le déchet visé est considéré comme dangereux.
Les enjeux et perspectives des déchets font l’objet du dossier précédent
« Enjeux et perspectives des déchets » [G 2 020].
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQS

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TEXTES RÉGLEMENTAIRES RELATIFS AUX DÉCHETS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Réglementation applicable & Alors que, depuis l’adoption de la directive n 75/442/CEE, la


notion de matière première secondaire ou sous-produit avait été
rejetée par les autorités communautaires, cette dernière fait son
entrée dans la réglementation dans les termes suivants :
1.1 Textes cadres sur les déchets « Une substance ou un objet issu d’un processus de production
Il est intéressant de revenir sur les textes cadres sur les déchets dont le but premier n’est pas la production dudit bien ne peut être
puisqu’ils permettent de mettre en valeur les objectifs poursuivis considéré comme un sous-produit et non comme un déchet au
par le législateur tant communautaire que français à l’origine de la sens de l’article 3, point 1, que si les conditions suivantes sont


réglementation sur la protection de l’environnement. remplies :
« a) l’utilisation ultérieure de la substance ou de l’objet est
1.1.1 En droit communautaire certaine ;
La directive n 75/442/CEE du 15 juillet 1975 a été adoptée peu « b) la substance ou l’objet peut être utilisé directement sans trai-
après la publication du premier programme d’action communau- tement supplémentaire autre que les pratiques industrielles
taire pour la protection de l’environnement aux termes duquel il courantes ;
était notamment déclaré : « c) la substance ou l’objet est produit en faisant partie inté-
« La meilleure politique de l’environnement consiste à éviter, dès grante d’un processus de production ;
l’origine, la création de pollutions ou de nuisances plutôt que com- « d) l’utilisation ultérieure est légale, c’est-à-dire que la substance
battre ultérieurement leurs effets. À cette fin, il convient de conce- ou l’objet répond à toutes les prescriptions pertinentes relatives au
voir et d’orienter le progrès technique dans le but de répondre au produit, à l’environnement et à la protection de la santé prévues
souci de la protection de l’environnement et d’amélioration de la pour l’utilisation spécifique et n’aura pas d’incidences globales
qualité de vie, tout en s’assurant que le coût s’y référant soit le nocives pour l’environnement ou la santé humaine » (article 5).
plus réduit possible pour la collectivité. Cette politique de l’environ-
nement peut et doit aller de pair avec le développement écono- & Enfin, un tout nouveau concept est introduit, la fin du statut de
mique et social. Cela vaut également pour le progrès technique ». déchet :
Ce principe de base du droit communautaire de l’environnement « Certains déchets cessent d’être des déchets au sens de l’arti-
est le précurseur du principe de développement durable et cle 3, point 1, lorsqu’ils ont subi une opération de valorisation ou
annonce les bases sur lesquelles est lancée la politique menée en de recyclage et répondent à des critères spécifiques à définir dans
matière de gestion de déchets. le respect des conditions suivantes :
Dès l’origine, la directive de 1975 préconisait que (article 3.1) : « a) la substance ou l’objet est couramment utilisé à des fins
« les États membres prennent les mesures appropriées pour pro- spécifiques ;
mouvoir la prévention, le recyclage et la transformation des « b) il existe un marché ou une demande pour une telle subs-
déchets, l’obtention à partir de ceux-ci de matières premières et tance ou un tel objet ;
éventuellement d’énergie ainsi que de toute autre méthode permet-
tant la réutilisation des déchets ». « c) la substance ou l’objet remplit les exigences techniques aux
fins spécifiques et respecte la législation et les normes applicables
Progressivement, au fil des années et sous la pression du Parle- aux produits ;
ment européen et du Comité économique et social, la hiérarchie
entre les divers objectifs s’est affinée. Ainsi, dans la directive 2008/ « d) l’utilisation de la substance ou de l’objet n’aura pas d’effets
98/CE du 19 novembre 2008 relative aux déchets (JOUE L. 312, globaux nocifs pour l’environnement ou la santé humaine.
22 novembre 2008, p. 3) qui abroge notamment la directive n 75/ « Les critères comprennent des valeurs limites pour les pol-
442/CEE, l’article 4.1 précise que la hiérarchie est la suivante : pré- luants, si nécessaire, et tiennent compte de tout effet environne-
vention, préparation en vue du réemploi, recyclage, autre valorisa- mental préjudiciable éventuel de la substance ou de l’objet »
tion, notamment énergétique et, en dernier recours, élimination. (article 6).
Afin de réaliser les objectifs préconisés, l’article 28.2 de la direc-
tive exige que les États membres établissent des plans de gestion 1.1.2 Au niveau interne
de déchets qui présentent :
La loi n 75-633 du 15 juillet 1975 telle que modifiée, pionnière
« une analyse de la situation en matière de gestion de déchets
du droit des déchets en France a été abrogée par l’ordonnance
dans l’entité géographique concernée, ainsi que les mesures à
n 2000-914 du 18 septembre 2000 relative à la partie législative
prendre pour assurer dans de meilleures conditions une prépara-
du code de l’environnement (JO du 21 septembre 2000). La partie
tion des déchets respectueuse de l’environnement en vue de leur
législative concernant les déchets est donc codifiée au Livre V,
réemploi, recyclage, valorisation ou élimination et une évaluation
Titre IV du code de l’environnement qui transpose avec la partie
de la manière dont le plan soutiendra la mise en œuvre des dispo-
sitions et la réalisation des objectifs de la présente directive ». réglementaire du même code les textes communautaires. L’article
L. 541-I fixe pour objectifs :
Quant aux définitions, la directive n 2008/98/CE en propose plu-
sieurs : le déchet, le biodéchet, le sous-produit et la fin du statut de « 1 En priorité, de prévenir et de réduire la production et la
déchet. nocivité des déchets, notamment en agissant sur la conception,
la fabrication et la distribution des substances et produits et en
& La notion de déchet est définie dans les termes suivants : favorisant le réemploi, ainsi que de diminuer les incidences globa-
« toute substance ou tout objet dont le détenteur se défait ou les de l’utilisation des ressources et d’améliorer l’efficacité de leur
dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire » (article 3.1). utilisation ;

& Les biodéchets sont introduits dans la législation de la manière « 2 De mettre en œuvre une hiérarchie des modes de traitement
suivante : des déchets consistant à privilégier, dans l’ordre :
« les déchets biodégradables de jardin ou de parc, les déchets « a) La préparation en vue de la réutilisation ;
alimentaires ou de cuisine issus des ménages, des restaurants, « b) Le recyclage ;
des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les
« c) Toute autre valorisation, notamment la valorisation énergétique ;
déchets comparables provenant des usines de transformation de
denrées alimentaires » (article 3.4). « d) L’élimination ;

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– TEXTES RÉGLEMENTAIRES RELATIFS AUX DÉCHETS

« 3 D’assurer que la gestion des déchets se fait sans mettre en La directive exige des États membres qu’ils prennent les mesures
danger la santé humaine et sans nuire à l’environnement, notam- nécessaires afin que la production, la collecte et les transports des
ment sans créer de risque pour l’eau, l’air, le sol, la faune ou la déchets dangereux, ainsi que leur stockage et leur traitement soient
flore, sans provoquer de nuisances sonores ou olfactives et sans réalisés de manière à assurer la protection de l’environnement et
porter atteinte aux paysages et aux sites présentant un intérêt de la santé publique ainsi que leur traçabilité depuis le stade de
particulier ; leur production jusqu’à leur destination finale.
« 4 D’organiser le transport des déchets et de le limiter en dis- Par ailleurs, les États membres doivent prendre les mesures
tance et en volume ; nécessaires pour veiller à ce que les déchets dangereux ne soient


pas mélangés ni avec d’autres catégories de déchets dangereux,
« 5 D’assurer l’information du public sur les effets pour l’envi-
ni avec d’autres déchets, substances ou matières. Le mélange com-
ronnement et la santé publique des opérations de production et
prend la dilution des substances dangereuses.
de gestion des déchets, sous réserve des règles de confidentialité
prévues par la loi, ainsi que sur les mesures destinées à en prévenir Enfin, les autorités compétentes doivent s’assurer que, lors de la
ou à en compenser les effets préjudiciables ». collecte, du transport et du stockage temporaire, les déchets dange-
reux sont emballés et étiquetés conformément aux normes interna-
La planification est, quant à elle, encadrée aux articles L. 541-11 tionales et communautaires en vigueur.
et suivants du code. Les déchets non dangereux, sont couverts par
un plan départemental ou interdépartemental (article L. 541-14) et
les déchets dangereux, par un plan régional (article L. 541-13). 1.2.1.2 Droit interne

Les définitions communautaires sont reprises dans le code de La liste de déchets industriels spéciaux n’a été adoptée que le
15 mai 1997 en raison des difficultés engendrées par le fait qu’elle
l’environnement dans les articles suivants :
devait également assurer la transposition en droit interne de la liste
– déchet : article L. 541-1-1 ; communautaire de déchets dangereux.
– biodéchet : article R. 541-8 ;
Le décret n 97-517 (JO du 23 mai 1997) pris en application de l’arti-
– sous-produit : article L. 541-4-2 ;
cle 2.1 de la loi de 1975 modifiée permettait la pleine transposition de
– fin du statut de déchet : article L. 541-4-3.
la directive de 1991 et c’est pourquoi il s’intitulait décret relatif à la
classification non pas des déchets industriels spéciaux, comme
l’annonçait la loi de 1975 modifiée, mais des déchets dangereux. Ces
1.2 Dispositions et réglementations déchets faisaient l’objet d’une nomenclature en annexe II du décret.
spécifiques L’annexe I, quant à elle, précisait les propriétés de danger justifiant
l’inscription éventuelle d’un déchet sur la liste des déchets dange-
À des fins de simplification de la réglementation, la directive reux. Les déchets dangereux comprennent non seulement les déchets
n 2008/98/CE abroge non seulement la directive n 75/442/CEE industriels spéciaux correspondant à la liste communautaire de
telle que codifiée aux termes de la directive 2006/12/CE (JOCE 1994 mais aussi les fractions de déchets municipaux et assimilés, col-
n L. 114 du 27 avril 2006, p. 9) mais également la directive n 91/ lectées séparément qui sont incluses sous la rubrique générale 2001.
689/CEE relative aux déchets dangereux (JOCE n L. 377, 31 décem-
bre 1991, p. 20) et la directive n 75/439/CEE du 16 juin 1975 concer- Ce décret a été remplacé par le décret n 2002-540 du 18 avril
nant l’élimination des huiles usagées (JOCE n L. 194, 25 juillet 2002 (JO du 20 avril 2002) qui modifie et complète la codification
1975, p. 23). En revanche, des dispositions spécifiques sont consa- des déchets. Le caractère dangereux des déchets est indiqué par
crées, dans la nouvelle directive, aux déchets dangereux et aux hui- un astérisque.
les usagées. Ces dispositions ont été abrogées et codifiées dans le code de
Par ailleurs, la législation communautaire a affiné la réglementa- l’environnement aux articles R. 541-7 à R. 541-11 et aux annexes
tion en précisant comment devraient être gérés certains types de de l’article R. 541-8 aux termes du décret n 2007-1467 du 12 octobre
2007 (JO 16 octobre 2007).
déchets devant faire l’objet d’une réglementation spéciale soit en
raison de leur dangerosité (PCB-PCT, piles, véhicules hors d’usage, Le décret n 2005-635 du 30 mai 2005 relatif au contrôle des cir-
équipements électriques et électroniques en fin de vie notamment), cuits de traitement des déchets dangereux (JO du 31 mai 2005) pré-
soit en raison plus spécifiquement de leur volume (déchets voit notamment les obligations pesant sur le producteur, le trans-
d’emballages). porteur et les exploitants d’installations de reconditionnement, de
transformation ou de traitement de tenir un registre et d’émettre
En droit interne, si la dangerosité caractérise certains types de
un bordereau de suivi. Les dispositions de ce texte ont été codifiées
déchets (déchets générateurs de nuisances), les distinctions se
aux articles R. 541-78 et suivants du code de l’environnement.
sont effectuées tout d’abord en fonction de la provenance (déchets
industriels spéciaux ou banals, déchets ménagers et assimilés,
déchets hospitaliers, etc.). Cette divergence s’est effacée au fil de 1.2.2 Autres déchets réglementés
la transposition du droit communautaire en droit interne. Aux termes de l’article L. 541-22 du code de l’environnement, il
est précisé que, en ce qui concerne certaines catégories de déchets
1.2.1 Déchets dangereux précisées par décret, l’administration fixe les conditions d’exercice
de l’activité de gestion.
1.2.1.1 Droit communautaire Il est à noter que l’article L. 541-1-1 du code de l’environnement
Les déchets dangereux ont fait l’objet de dispositions spécifiques donne une interprétation extensive de la notion d’élimination qui est
dans la directive 2008/98/CE qui abroge la directive n 91/689 (CEE) définie comme étant « toute opération qui n’est pas de la valorisation
du 12 décembre 1991 (JOCE L. 377, 31 décembre 1991, p. 20). même lorsque ladite opération a comme conséquence secondaire la
récupération de substances, matières ou produits ou d’énergie ».
Les déchets sont déclarés dangereux en fonction de propriétés
indiquées à l’annexe III, telles que leur caractère comburant, explo- Les premiers déchets générateurs de nuisance qui ont fait l’objet
sif, inflammable, irritant, nocif, corrosif, toxique, infectieux, cancéri- d’une réglementation, sont les suivants :
gène, toxique pour la reproduction mutagène, sensibilisant, écoto- – huiles usagées ;
xique. Par ailleurs, ils sont listés dans la liste de déchets établie par – PCB-PCT ;
la décision n 2000/532/CE, telle que modifiée par la décision – emballages dont les détenteurs finaux sont les ménages ;
n 2001/573/CE du 23 juillet 2001 (JOCE n L. 203, p. 18) qui rem- – déchets d’emballages dont les détenteurs finaux ne sont pas
place la décision n 94/604/CE du Conseil du 22 décembre 1994. les ménages.

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TEXTES RÉGLEMENTAIRES RELATIFS AUX DÉCHETS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Par la suite, ce sont les véhicules hors d’usage, les déchets l’utilisateur, sous quelque forme que ce soit, de produits généra-
d’équipements électriques et électroniques ainsi que les médica- teurs de déchets, peuvent être réglementées en vue de faciliter la
ments qui ont fait l’objet de textes spécifiques sur les plans com- gestion desdits déchets ou, en cas de nécessité, interdites ». C’est
munautaire et interne. sur cette base qu’est réglementée la mise sur le marché des piles et
accumulateurs et pour certains d’entre eux, celle-ci est interdite.
Cette obligation d’élimination conforme peut être assortie d’une
obligation de remise des déchets à certains établissements ou ser-
2. Obligations pesant vices désignés par l’administration.

Q sur la production Le producteur doit, dès la conception, prendre en compte la ges-


tion des déchets qui sont générés à tous les stades du cycle de vie
de déchets du produit.
Cette obligation générale d’élimination conforme est renforcée
pour les déchets dits de l’article L. 541-22 et de l’article L. 541-10
Aux termes de la réglementation tant communautaire qu’interne, qui font l’objet d’une réglementation spécifique.
le producteur de déchets se voit imposer des obligations spécifi-
ques qui sont de trois types : 2.1.2 Déchets spécifiquement réglementés
– une obligation de veiller de la conception à l’élimination à La responsabilité élargie du producteur telle que prévue à l’arti-
réduire les incidences environnementales du produit qui se traduit cle 8 de la directive 2008/98/CE a été transposée par l’article
par la responsabilité élargie du producteur (REP) ; L. 541-10-II qui dispose : « en application de la responsabilité élar-
– une obligation d’information ; gie du producteur, il peut être fait obligation aux producteurs,
– des obligations résultant des transferts transfrontaliers de importateurs et distributeurs de ces produits ou des éléments et
déchets. matériaux entrant dans leur fabrication de pourvoir ou de contri-
Ces obligations sont d’autant plus rigoureuses que les déchets buer à la gestion des déchets qui en proviennent ». Pour ce faire,
sont dangereux. ils peuvent mettre en place des systèmes individuels de collecte et
de traitement des déchets issus de leurs produits ou mettre en
place collectivement des éco-organismes, auxquels ils versent une
2.1 Obligation de veiller au traitement contribution financière et transfèrent leur obligation.
des déchets conforme 2.1.2.1 Huiles usagées
à la hiérarchie et responsabilité
La réglementation française sur les huiles usagées vise à la trans-
élargie du producteur position de la directive n 75/439/CEE concernant l’élimination des
huiles usagées (JOCE n L. 194, 25 juillet 1975), telle que modifiée
Depuis l’adoption de la première directive cadre sur les déchets par les directives n 87/101/CEE du 22 décembre 1986 (JOCE
en 1975, une obligation de veiller à une élimination conforme n L. 42, 12 février 1987) et n 91/692/CEE du 23 décembre 1991
pesait, en application du principe pollueur-payeur, sur tous les (JOCE n L. 377, 31 décembre 1991). Ce corpus réglementaire a été
producteurs (fabricants nationaux, importateurs ou distribu- abrogé, dans un souci de simplification de la législation, par la
teurs). Au fil du temps, et notamment depuis l’adoption de la directive 2008/98/CE relative aux déchets dont l’article 21 est
directive 94/62/CE sur les déchets d’emballages, une responsabi- consacré aux huiles usagées.
lité plus étendue pesait sur les producteurs de certains déchets : L’ensemble de ces textes a notamment pour objectif de mettre en
la responsabilité élargie du producteur (REP). La responsabilité place un régime d’autorisation obligatoire et de contrôle pour les
en matière de traitement de déchets est alors transférée des col- installations des huiles usagées.
lectivités locales aux producteurs afin de favoriser le réemploi, la
prévention, le recyclage ou tout autre mode de valorisation des Par ailleurs, la directive impose la collecte séparée des huiles
déchets. usagées.
Si l’article 15 de la directive 2008/98/CE prévoit, pour le produc- La priorité à la régénération est laissée au choix du législateur
teur, une obligation de traitement conforme à la hiérarchie des national.
déchets et en protégeant la santé humaine et l’environnement, La transposition en droit interne a été codifiée aux articles R. 543-
l’article 8 de ce texte permet aux États membres d’étendre la res- 3 et suivants du code de l’environnement.
ponsabilité élargie du producteur à condition toutefois de tenir
Ces textes visent les huiles minérales ou synthétiques qui, après
compte « de la faisabilité technique et économique, ainsi que des
usage, à l’emploi auquel elles étaient destinées comme huiles neu-
incidences globales sur l’environnement et la santé humaine, et
ves, peuvent être réutilisées soit comme matière première en vue
des incidences sociales, tout en respectant le bon fonctionnement
de recyclage ou de régénération, soit comme combustible indus-
du marché intérieur ».
triel. Leur rejet dans le milieu naturel est donc interdit.
2.1.1 Obligations générales pour tous les déchets L’article R. 543-4 prévoit que les détenteurs d’huiles usagées sont
tenus de les recueillir et de les stocker dans des conditions de sépa-
L’article L. 541-2 du code de l’environnement transpose l’obliga- ration satisfaisantes, en évitant de les mélanger avec de l’eau ou
tion générale pesant sur le producteur et/ou le détenteur de déchets tout autre déchet. Les détenteurs doivent également disposer d’ins-
prévue par l’article 15 de la directive 2008/98/CE. tallations étanches permettant la conservation des huiles jusqu’à
Par ailleurs, l’article L. 541-9 prévoit que les producteurs « impor- leur ramassage. Ces installations doivent être accessibles aux véhi-
tateurs ou exportateurs » doivent justifier que les déchets générés, cules chargés de les ramasser.
à quelque stade que ce soit, par les produits qu’ils fabriquent sont Enfin, le détenteur a l’obligation de remettre ses huiles usagées à
de nature à être gérés de manière prescrite à l’article L. 541-2. un ramasseur agréé ou, alternativement, il peut en assurer le trans-
L’administration est fondée à leur réclamer toutes informations uti- port et les remettre à un éliminateur agréé. Dernière possibilité, le
les sur les modes de gestion et sur les conséquences de leur mise détenteur peut assurer lui-même l’élimination à condition d’obtenir
en œuvre. un agrément à cet effet.
En outre, l’article L. 541-10-I du code prévoit que « la fabrication, Pour que le ramassage soit assuré de manière exhaustive, le ter-
la détention, la mise en vente, la vente et la mise à la disposition de ritoire est divisé en zones géographiques. Dans chacune d’elles, le

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G 2 021v2 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– TEXTES RÉGLEMENTAIRES RELATIFS AUX DÉCHETS

regroupement, la collecte et le transport doivent être effectués par La violation des mesures prescrites par les dispositions relatives
une ou plusieurs personnes physiques ou morales ayant obtenu un aux PCB/PCT entraı̂ne les sanctions pénales découlant de l’article
agrément pour ladite zone. R. 543-41 du code de l’environnement : une amende de 75 000 €
maximum et/ou une peine d’emprisonnement de deux ans ou plus.
Un cahier des charges assortit cet agrément et définit les droits et
obligations des ramasseurs.
2.1.2.3 Piles et accumulateurs
L’agrément est délivré pour une durée de cinq ans au maximum.
La mise sur le marché et l’élimination des piles et accumulateurs
La procédure de délivrance des agréments ainsi que les obliga- a fait l’objet dès 1991 d’une directive communautaire. Cette direc-


tions du ramasseurs agréés sont établies aux termes de l’annexe tive n 91/157/CEE du 18 mars 1991 (JOCE n L. 78, 26 mars 1991,
de l’arrêté du 28 janvier 1999 relatif aux conditions de ramassages p. 38) a été abrogée par la directive 2006/66/CE.
des huiles usagées (JO du 24 février 1999).
L’objectif de ces textes est l’interdiction de mise sur le marché de
Un arrêté du même jour précise les conditions d’élimination des certaines piles et accumulateurs en raison de leur teneur en subs-
huiles usagées (JO du 24 février 1999). tances dangereuses, des obligations particulières pour les autres
(notamment collecte séparée) et le marquage.
2.1.2.2 PCB-PCT L’interdiction de mise sur le marché concerne les piles contenant
La réglementation relative aux polychlorobiphényles (PCB) ou plus de 0,0005 % de mercure en poids, à l’exception des piles de
polychloroterphényles (PCT) a pour origine la directive n 76/403/ type bouton pouvant contenir jusqu’à 2 % en poids de mercure.
CEE du 6 avril 1976 telle que modifiée par celle n 91/692/CEE du La directive étend le principe de la collecte séparée à l’ensemble
23 décembre 1991, abrogée par la directive n 96/59/CE du 16 sep- des piles et accumulateurs usagés, même s’ils ne contiennent pas
tembre 1996 concernant l’élimination des PCB et PCT (JOCE de substances dangereuses et elle introduit un objectif de taux de
n L. 243, 24 septembre 1996). collecte de 25 % au minimum, au plus tard le 26 septembre 2012 et
Ce texte prévoit l’élimination des PCB usagés et la décontamina- de 45 % au minimum au plus tard le 26 septembre 2016.
tion ou l’élimination des appareils contenant des PCB. Les appa- La directive introduit enfin des rendements minimaux de recy-
reils et les PCB qui y sont contenus doivent faire l’objet d’un inven- clage pour les piles et accumulateurs usagés (compris entre 50 et
taire et leur décontamination et/ou élimination devait se faire au 75 % selon les types de piles et accumulateurs).
plus tard au 31 décembre 2010. Ces dispositions ont été transposées en droit interne par le
La directive qui devait être transposée au plus tard dix-huit mois décret n 2009-1139 du 22 septembre 2009 codifié aux articles
après son adoption, c’est-à-dire le 16 mars 1998 a été transposée R. 543-124 à R. 543-136 du code de l’environnement.
tardivement par la France puisqu’il aura fallu attendre l’adoption Les éco-organismes, Corepile et Scrélec, ont été agréés le
du décret n 2001-63 du 18 janvier 2001 (JO du 25 janvier 2001), 22 décembre 2009 pour une période allant du 1er janvier 2010 au
modifiant le décret n 87-59, en introduisant les modalités d’un 31 décembre 2015 et se doivent de respecter le cahier des charges
inventaire des appareils contenant des PCB et d’un plan de décon- assorti à ces agréments.
tamination et d’élimination. Ledit plan national de décontamination
et d’élimination a été approuvé par arrêté, après avis du Conseil La violation des dispositions est punie par une amende de la cin-
supérieur des installations classées, le 26 février 2003 (JO du quième classe, amende de 75 000 € maximum et/ou une peine
d’emprisonnement de deux ans ou plus (article R. 543-134 du
26 mars 2003). Ces dispositions sont désormais codifiées aux ter-
code de l’environnement).
mes des articles R. 543-17 à 41 du code de l’environnement.
Sont réglementés les produits ou préparations dont la teneur en 2.1.2.4 Amiante
PCB/PCT est supérieure à 0,005 % en masse.
Au niveau communautaire, le Conseil a adopté le 19 mars 1987 la
Aux termes de l’article R. 543-20 du code de l’environnement, il directive n 87/217/CEE concernant la prévention et la réduction de
est interdit d’acquérir, détenir en vue de la vente, céder à titre oné- la pollution de l’environnement par l’amiante (JOCE n L. 85 du
reux ou gratuit, louer ou employer des appareils contenant des 28 mars 1987, p. 40). Elle a pour objectif d’éviter que les émissions
PCB/PCT. d’amiante en provenance de diverses sources mettent la santé de
Cette interdiction ne s’applique pas à certains appareils conte- l’homme en danger et qu’elles viennent également à terme conta-
nant des PCB/PCT à condition qu’ils aient été mis en service avant miner l’environnement. Elle a donc un champ d’application plus
le 4 février 1987. Il s’agit des appareils électriques en systèmes clos, large que la gestion des déchets d’amiante.
des condensateurs d’un poids total inférieur à 1 kg contenant des Toutefois, elle ne s’inscrit pas dans une stratégie d’élimination de
PCB à une teneur inférieure à 3,5 % pour les plus chlorés et à l’amiante puisqu’elle vise essentiellement les entreprises qui trans-
teneur moyenne en chlore inférieure à 43 %. forment de l’amiante brute et l’incorporent dans des produits.
Les déchets contenant des PCB/PCT sont également réglementés. En ce qui concerne la gestion des déchets d’amiante, la directive
Ceux-ci visent les PCB et les appareils en contenant qui sont hors exige des États membres qu’ils prennent les dispositions nécessai-
d’usage ou dont le détenteur n’a plus l’usage, notamment en rai- res pour que les déchets solides d’amiante « soient réduits à la
son des interdictions posées par la réglementation ainsi que les source pour autant que cela soit possible avec des moyens raison-
autres objets et matériaux contaminés à plus de 50 ppm en masse nables » (article 3).
de PCB/PCT. Tout détenteur de déchets contenant des PCB est tenu Le transport, le dépôt et la mise en décharge sont également
de les faire traiter dans une entreprise agréée. Cette obligation ne réglementés (article 8) afin de limiter la libération dans l’air de
s’applique pas au détenteur d’appareils qui ne sont pas interdits fibres d’amiante.
aux termes du paragraphe précédent.
Lors de leur mise en décharge, toutes les mesures doivent être
Par ailleurs, il convient de signaler que les mélanges de déchets prises à cet effet.
contenant des PCB avec d’autres déchets ou toute autre substance,
avant leur remise à l’entreprise agréée, sont interdits. À titre préalable, il convient de préciser que les déchets
d’amiante sont répertoriés comme déchets dangereux aux termes
Tout exploitant d’une installation de traitement de déchets conte- des textes suivants :
nant des PCB doit avoir reçu un agrément.
– catalogue européen des déchets – 3 mai 2000 ;
Cet agrément est assorti d’un cahier des charges qui fixe les – liste des déchets – Décret n 2002-540 du 18 avril 2002 (JO du
droits et obligations du titulaire de l’agrément. 20 avril 2002).

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RS

RT
Organisation et sécurité des chantiers
(Réf. Internet 42225)

1– Organisation des chantiers R


2– Sécurité des chantiers Réf. Internet page

Prévention des risques professionnels sur les chantiers C113 27

Équipements de protection individuelle (EPI). Réglementation, choix, utilisation SE3970 29

Prévention des risques professionnels. Risques de chute de hauteur SE3860 33

Prévention des risques professionnels. Risques liés à l'activité physique SE3825 37

Prévention des risques professionnels. Accidents de plain-pied (APP) SE3865 41

3– Échafaudages

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Prévention des risques


professionnels sur les chantiers

par
et
Jean-Claude VOISIN
Jean-Pierre MOINEAU

Ingénieurs ESTP
Institut national de recherche et de sécurité (INRS)

1. Spécificités de l’acte de construire.................................................... C 113v2 – 2


2. Réglementation applicable aux chantiers......................................... — 2
2.1 Origine et évolution..................................................................................... — 2
2.2 Législation et réglementation actuelles..................................................... — 3
2.2.1 Chantiers de bâtiment ou de travaux publics .................................. — 3
2.2.2 Travaux effectués dans un établissement en activité ...................... — 5
2.3 Règles de l’art .............................................................................................. — 5
3. Prévention des risques professionnels et chantier ........................ — 5
3.1 Introduction.................................................................................................. — 5
3.2 Actions de prévention ................................................................................. — 6
3.3 Coordination des opérations ...................................................................... — 7
3.4 Installations communes.............................................................................. — 7
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 113v2

e secteur de la construction est l’un des plus importants de notre activité éco-
L nomique mais, avec plus de 20 % des accidents du travail et des maladies
professionnelles pour 7 % des effectifs, il reste un secteur à risque élevé
même s’il a su diviser par plus de deux le nombre de ses accidents mortels au
cours des vingt-cinq dernières années.
Tous les intervenants à l’acte de construire sont concernés par la prévention
des risques professionnels : maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, coordonna-
teurs de sécurité, entreprises (y compris sous-traitants) et travailleurs indépen-
dants.
Une obligation générale d’organisation et de coordination de la prévention
s’applique à chacun de ces acteurs et, tout d’abord, à l’équipe de maîtrise
d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre en charge de la conception de l’ouvrage, du
choix des entreprises, de la direction des travaux et de la prévision des interven-
tions ultérieures sur l’ouvrage.
Chaque intervenant à l’acte de construire est également tenu, en ce qui le
concerne, d’évaluer les risques professionnels et de définir les mesures de pré-
vention à mettre en œuvre pour la réalisation des travaux et pour la maintenance
des ouvrages.
Ce dossier présente le secteur du bâtiment et des travaux publics avec ses spé-
cificités et montre comment on passe d’une prévention du travail en entreprise
à une prévention du travail en commun sur chantier.
Le lecteur interessé pourra consulter, en bibliographie ([Doc. C 113v2]) les références [1] à
[12].
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPV

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PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS SUR LES CHANTIERS _____________________________________________________________________________

1. Spécificités de l’acte La combinaison est d’autant plus complexe que les tâches exécu-
tées par chaque équipe se recoupent plus ou moins suivant un
de construire calendrier dont, sauf cas particulier, seule la date finale est contrac-
tuelle.
De plus, lorsque les travaux sont réalisés dans un établissement
Les professionnels du secteur de la construction partagent des en activité, il faut tenir compte, également, des risques liés à cette
caractéristiques qui les différencient des autres secteurs. activité.

■ Chaque ouvrage à construire ou à rénover est un produit unique, ■ Sur la majorité des chantiers, le système de production est peu
c’est-à-dire toujours différent et faisant l’objet d’un appel d’offres. évolué et l’innovation est plutôt l’apanage des grandes entreprises.

Le système de production de l’entreprise doit, non seulement La part de main-d’œuvre sur chantier est importante puisque
s’adapter aux résultats des appels d’offres, mais aussi gérer, pour celle-ci représente, dans le gros œuvre bâtiment, un coût équivalent

R chaque chantier, les nombreux aléas liés à la programmation du à celui des matériaux mis en œuvre et que, dans bien des cas, elle
maître d’ouvrage, aux choix architecturaux et organisationnels, à la fait partie intégrante du système de production, au même titre que
planification des travaux, à leur implantation géographique, aux le matériel utilisé. Cette main-d’œuvre a, par ailleurs, un plus faible
conditions géologiques et climatiques locales. Des adaptations per- niveau de formation et de qualification que dans les autres indus-
manentes du système de production sont nécessaires et sa flexibi- tries et comprend une plus forte proportion d’étrangers et d’intéri-
lité est un gage d’efficacité. maires.
Le matériel est généralement peu mécanisé, afin d’être facilement
Le caractère éminemment variable des chantiers et des postes de
réemployé, et le système de production souvent composé de plates-
travail, l’activité se déroulant sur l’ouvrage en construction, a tou-
formes de travail, d’hommes et d’outils qu’ils utilisent.
jours rendu difficile l’établissement de modes opératoires ou de pro-
cédures que l’on trouve plus facilement dans les autres industries. Dans un tel système où la flexibilité de la production recherchée
est obtenue par la polyvalence des matériels et des personnels, la
Le même constat a pu être fait au niveau de la mise en place d’une tendance naturelle est de laisser l’homme s’adapter à la diversité
démarche qualité, et ce, pour les mêmes raisons. des situations de travail avec prise de risque lorsque l’adaptation
Nota : une estimation CEE chiffre les coûts de non-qualité et de non-sécurité dans le n’est pas réfléchie et préparée.
secteur de la construction à plus de 30 % du coût de la main-d’œuvre.

La réalisation d’un ouvrage est donc plus proche de celle d’un


prototype que d’un produit de série.

■ Un chantier de construction fait intervenir de nombreux acteurs,


2. Réglementation applicable
maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, entreprises, coordonnateurs
SPS, bureaux de contrôle, concessionnaires, etc., pour réaliser un
aux chantiers
travail en commun.
En règle générale, ces acteurs se connaissent mal en début de
chantier et n’ont pas tous des relations contractuelles directes avec 2.1 Origine et évolution
le maître d’ouvrage, notamment en cas de sous-traitance. Pour les
travaux d’entretien ou de maintenance, il faut, de plus, gérer la
cohabitation avec les occupants. De tout temps, les hommes se sont préoccupés de leur sécurité
en s’efforçant de prévenir ce qui pouvait être une atteinte à leur per-
La coordination de l’ensemble des intervenants est d’autant plus sonne ou à leurs biens ; les villes fortifiées en témoignent abondam-
nécessaire que l’ouvrage ne sera défini dans ses moindres détails ment.
qu’à la fin des travaux comme l’atteste la demande d’un dossier des
ouvrages exécutés (DOE) en fin de chantier. C’est la dégradation des conditions de travail dans l’industrie à la
fin du 19 e siècle qui est à l’origine de la législation du travail, et
Le nombre de ces intervenants (10 à 50 corps d’état pour une opé- notamment du décret du 10 juillet 1913 intégré ensuite dans le Code
ration de bâtiment), leur présence ou non sur le chantier, leurs pro- du travail.
pres contraintes, compte tenu de leurs autres chantiers, ne facilitent
pas cette coordination. Il est à noter que le régime de réparation forfaitaire des accidents
du travail, institué par la loi du 9 avril 1898, avait été précédé par la
■ Un chantier de construction se trouve être le lieu de superposition fondation d’une société mutuelle d’assurance en cas d’accidents par
de nombreux risques. la Chambre de maçonnerie de Paris, dès 1859.
La réalisation d’un ouvrage peut se résumer de manière simplifiée Le décret du 10 juillet 1913, qui fixait des mesures générales de
à des travaux de : prévention, a été suivi de textes particuliers relatifs soit à certaines
professions, soit à certains modes de travail.
— terrassements, voiries et réseaux divers, avec des risques
d’ensevelissement, de circulation d’engins, etc. ; Un décret du 9 août 1925, concernant les règles d’hygiène et de
sécurité dans les professions du bâtiment et des travaux publics et
— structure et corps d’état du « clos et couvert », avec des risques
consacrant leur spécificité, a été remplacé par le décret du 8 janvier
de manutention, de chutes de hauteur, etc. ;
1965, qui est encore partiellement en vigueur plus de 40 ans après.
— corps d’état « techniques », avec des risques mécaniques,
électriques, d’incendies, etc. ; En raison du caractère temporaire et mobile des chantiers qui ren-
dait difficile la création des Comités d’hygiène et de sécurité dans
— finitions, avec des risques divers liés au type d’activité.
les professions du bâtiment et des travaux publics, les pouvoirs
Les différentes activités se retrouvent, en tout ou en partie, en publics ont créé l’Organisme professionnel de prévention du bâti-
même temps sur le chantier. On comprend donc aisément que, si ment et des travaux publics (OPPBTP) pour remplir les missions de
certaines activités ne génèrent normalement des risques que pour ces comités. Depuis, ces professions ont été assujetties à l’obliga-
ceux qui les mettent en œuvre, comme l’utilisation d’une machine à tion de créer des Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions
un poste de travail habituel, d’autres activités se combinent, soit au de travail (CHSCT), tout en restant affiliées à cet organisme qui a été
sein d’une même entreprise, soit entre entreprises différentes, et confirmé comme organisme de branche et renforcé dans son rôle de
créent des risques dits de coactivité. conseil en sécurité, hygiène et amélioration des conditions de travail.

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Équipements de protection
individuelle (EPI)
Réglementation, choix, utilisation
par Alain MAYER


Ingénieur Arts et Métiers ParisTech

1. Place des équipements de protection individuelle


dans la démarche « prévention » des risques professionnels SE 3 970 – 2
2. La réglementation européenne .................................................... — 2
2.1 La mise sur le marché des EPI et les obligations des fabricants ..... — 2
2.1.1 La directive européenne 89/686/CEE et sa transposition
en droit français ....................................................................... — 2
2.1.2 Les procédures d’évaluation de la conformité et le rôle
des organismes notifiés .......................................................... — 3
2.1.3 La référence aux normes et la présomption de conformité... — 4
2.1.4 Examen CE de type et durée de validité des attestations
d’examen CE de type (articles R. 4313-23 à R. 4313-39 du
Code du travail) ....................................................................... — 6
2.1.5 Déclaration de conformité de la production ........................... — 6
2.1.6 La notice d’instructions (notice d’information du fabricant) . — 6
2.1.7 Le guide pour l’application de la directive ............................. — 6
2.2 L’utilisation des EPI et les obligations du chef d’entreprise ............. — 7
2.2.1 La directive 89/656/CEE et sa transposition en droit français — 7
2.2.2 L’analyse des risques et le choix des EPI ................................ — 7
2.2.3 Maintien en état et vérifications périodiques des EPI ............ — 8
2.2.4 EPI d’occasion .......................................................................... — 8
3. La normalisation des EPI ............................................................... — 9
3.1 Les normes CEN et ISO ...................................................................... — 9
3.2 Normes harmonisées et annexe ZA .................................................. — 9
4. Les mécanismes de suivi et de contrôle .................................... — 11
4.1 Suivi de la réglementation ................................................................. — 11
4.2 Suivi et contrôle des normes ............................................................. — 11
4.2.1 Au niveau du processus de normalisation ............................. — 11
4.2.2 Au niveau juridique ................................................................. — 12
4.3 Suivi et contrôle des organismes notifiés ......................................... — 12
4.4 Surveillance du marché et procédure de sauvegarde relative
aux produits ....................................................................................... — 12
5. Les guides pour la sélection, l’utilisation et l’entretien
des EPI............................................................................................... — 12
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. SE 3 970

ans la démarche de prévention des risques professionnels, le rôle des EPI


D est ici tout d’abord resitué. Est ensuite abordée la réglementation euro-
péenne concernant la conception et l’utilisation des EPI qui s’impose aux fabri-
cants, distributeurs et responsables d’entreprises. L’importance des mécanis-
mes de contrôle et des normes européennes harmonisées venant en appui de
l’application de cette réglementation est particulièrement soulignée. Des élé-
ments de bonnes pratiques pour la sélection, l’achat, l’utilisation et l’entretien
des EPI, reposant sur une bonne implication de l’ensemble du personnel
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPQP

concerné (chef d’entreprise, encadrement, salariés) sont enfin fournis.

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ÉQUIPEMENTS DE PROTECTION INDIVIDUELLE (EPI) –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Cet article introductif a pour objectif de traiter des aspects horizontaux et de


fournir des informations de base concernant les équipements de protection
individuelle (EPI). Il sera complété par plusieurs autres qui développeront cer-
tains aspects liés, notamment, à leur utilisation, et apporteront des complé-
ments d’information spécifiques à chacune des grandes catégories d’EPI (appa-
reils de protection respiratoire, protecteurs du pied et de la jambe, vêtements
de protection, casques de protection, protecteurs de l’ouı̈e, protecteurs de l’œil
et de la face, etc.).


8. prendre des mesures de protection collective en leur donnant
1. Place des équipements la priorité sur les mesures de protection individuelle ;
de protection individuelle 9. donner les instructions appropriées aux travailleurs.
La protection individuelle n’intervient donc dans ce processus
dans la démarche qu’en dernier ressort lorsque les autres actions de prévention se
« prévention » des risques sont révélées insuffisamment efficaces. Ainsi, le port de protecteurs
individuels s’impose pour se protéger contre les risques résiduels.
professionnels Il est aussi d’autres situations classiques dans lesquelles l’emploi
d’EPI à titre principal ou à titre de complément est impératif et
sans équivalent. C’est en particulier le cas :
– avant la mise en place de la protection collective et pour la
« Rien n’est moins accidentel qu’un accident », tel est le postulat mise en place de cette dernière ;
qui fonde toute bonne politique de prévention. Cela signifie qu’un
– lorsque le travailleur est exposé à un risque de très courte
accident résulte généralement d’un enchaı̂nement d’événements durée, lors de travaux non répétitifs, ou lorsque l’on intervient
ou de la conjonction de facteurs qu’il est nécessaire de bien connaı̂- pour une opération de sauvetage ;
tre afin de pouvoir les maı̂triser correctement. C’est cette démarche
– pour suppléer à une protection collective techniquement
logique d’évaluation préalable des risques que l’on retrouve non impossible ou exagérément onéreuse.
seulement dans la directive cadre 89/391/CEE concernant l’amélio-
ration de la sécurité et de la santé au travail, mais aussi dans la
directive 89/656/CEE relative à l’utilisation des EPI.
Elle permet d’identifier les risques et donc de déterminer, en
toute connaissance, les mesures de sécurité qui s’imposent pour
2. La réglementation
éliminer les risques, ou à défaut pour les réduire. Une bonne pré- européenne
vention des risques professionnels ainsi identifiés doit être recher-
chée en premier lieu par la mise en œuvre de processus opératoi-
res sûrs, de mesures organisationnelles et d’une formation à la Deux directives européennes relatives aux EPI ont été adoptées
sécurité du personnel. En d’autres termes, les situations dangereu- fin 1989 ; l’une concerne la conception et la mise sur le marché inté-
ses doivent en priorité être combattues grâce, d’une part, à l’inté- rieur européen et l’autre porte sur l’utilisation des EPI par les tra-
gration de la sécurité dans les systèmes industriels, si possible vailleurs au travail. Elles sont codifiées dans la Partie IV du Code
dès la conception de ceux-ci, et d’autre part, à l’intégration de la du travail qui est consacrée à la santé et la sécurité au travail.
sécurité dans les mentalités et les comportements par une sensibi-
lisation appropriée des acteurs de l’entreprise. Les neuf principes
généraux de cette bonne pratique de prévention sont inscrits dans 2.1 La mise sur le marché des EPI
le Code du travail (article L. 4121-2) :
et les obligations des fabricants
1. éviter les risques ;
2. évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités ; 2.1.1 La directive européenne 89/686/CEE
3. combattre les risques à la source ; et sa transposition en droit français
4. adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne Cette directive « marché intérieur » relative à la conception des
la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipe- EPI a été adoptée le 21 décembre 1989 et est entrée en vigueur le
ments de travail et des méthodes de travail et de production, en 1er janvier 1993. Elle n’est cependant devenue d’application obliga-
vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé toire que le 1er juillet 1995 après une période transitoire de 30 mois
et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé ; ménagée afin de permettre aux industriels d’adapter progressive-
ment leur production à ces nouvelles exigences réglementaires.
5. tenir compte de l’état d’évolution de la technique ; Depuis sa publication, des modifications y ont été apportées en
6. remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux particulier par :
ou par ce qui l’est moins ;  la directive 93/95 du 29 octobre 1993 qui a retiré du domaine
7. planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohé- d’application de la directive 89/686 les casques pour motocy-
rent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de tra- clistes (décret n 96-725 du 14 août 1996, modifiant le décret
vail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, n 92-765 du 29 juillet 1992) ;
notamment les risques liés au harcèlement moral, tel qu’il est  les directives 93/68/CEE du 22 juillet 1993 et 96/58/CE du 3 sep-
défini à l’article L. 1152-1 du Code du travail ; tembre 1996 qui ont modifié le marquage CE de conformité.

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SE 3 970 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ÉQUIPEMENTS DE PROTECTION INDIVIDUELLE (EPI)

Celui-ci comprend le sigle « CE » et, pour les EPI soumis à une mesures complémentaires ou plus rigoureuses que celles prévues
procédure complémentaire de surveillance de la fabrication, dans la directive.
le numéro de l’organisme notifié. En droit français, la directive 89/686/CEE a été codifiée dans le
Par ailleurs, cette directive fait l’objet depuis ces dernières Code du travail dans la Partie IV, Livre III, Titre I, intitulé « Concep-
années d’un réexamen en vue notamment de tenir compte du tion et mise sur le marché des équipements de travail et des
règlement et de la décision adoptés en février 2008 dans le cadre moyens de protection ».
de la révision de la nouvelle approche. Cette directive ne concernant que les EPI neufs mis pour la pre-
La directive 89/686/CEE fixe les conditions de mise sur le marché, mière fois sur le marché, les autorités françaises ont introduit dans
de la libre circulation intracommunautaire, ainsi que les exigences le Code du travail des dispositions particulières (articles R. 4312-7 à
essentielles de sécurité auxquelles les EPI doivent satisfaire en vue 9) afin de couvrir les EPI d’occasion déjà utilisés dans un pays de
de préserver la santé et d’assurer la sécurité des utilisateurs. Les l’Union européenne et remis sur le marché. Ces EPI doivent être
EPI conformes à toutes les dispositions applicables de cette direc- conformes à toutes les règles techniques applicables aux EPI
tive peuvent circuler librement sur le marché européen. neufs. La vente de certains EPI d’occasion est par ailleurs interdite :
Est considéré comme EPI « tout dispositif ou moyen destiné à
être porté ou tenu par une personne en vue de la protéger contre
un ou plusieurs risques susceptibles de menacer sa santé ainsi
EPI à usage unique, EPI dont la date de péremption ou la durée
d’utilisation est dépassée, EPI ayant subi un dommage quelconque,
même réparés, casques de protection de la tête contre les chocs

mécaniques, EPI contre les agents infectieux, EPI de catégorie III, à
que sa sécurité au travail, ainsi que tout complément ou accessoire
l’exception des appareils de protection respiratoire destinés à la
destiné à cet objectif ».
plongée.
Son champ d’application est de ce fait très large et couvre la
quasi-totalité des types d’EPI existants sur le marché européen
2.1.2 Les procédures d’évaluation
qu’ils soient à usage professionnel ou privé (bricolage, sports et
loisirs). Seuls quelques genres d’EPI sont exclus de son champ
de la conformité et le rôle des organismes
d’application : les EPI conçus spécifiquement pour les forces notifiés
armées ou du maintien de l’ordre, certains EPI à usage privé contre Les EPI sont classés en trois catégories, en fonction des procédu-
des risques mineurs (gants de vaisselle, vêtements contre la pluie, res d’évaluation de conformité qui leur sont applicables. Les caté-
etc.), les EPI destinés à la protection ou au sauvetage des person- gories correspondent à différents niveaux du risque contre lequel
nes embarquées à bord des navires ou aéronefs et qui ne sont pas les EPI sont conçus pour se protéger (tableau 1).
portés en permanence, les casques et visières destinés aux usagers
de véhicules à moteur à deux ou à trois roues. La catégorie I inclut exclusivement les EPI prévus pour protéger
le porteur contre :
Les prescriptions réglementaires de la directive portent notam-
ment sur les procédures d’évaluation de la conformité, le mar- – les agressions mécaniques dont les effets sont superficiels
quage, la déclaration de conformité CE et les exigences essentielles (gants de jardinage, dés à coudre, etc.) ;
de santé et sécurité (EESS). Ces exigences précisées à l’annexe II – les produits d’entretien peu nocifs dont les effets sont facile-
de cette directive, sont de trois ordres : ment réversibles (gants de protection contre des solutions déter-
gentes diluées, etc.) ;
1) Les exigences de portée générale applicables à tous les EPI : – les risques encourus lors de la manipulation des pièces chau-
principes de conception, innocuité des EPI, facteurs de confort et des n’exposant pas à une température supérieure à 50  C, ni à des
d’efficacité, notice d’information du fabricant, etc. chocs dangereux (gants, tabliers à usage professionnel, etc.) ;
2) Les exigences supplémentaires communes à plusieurs genres – les conditions atmosphériques qui ne sont ni exceptionnelles ni
ou types d’EPI : systèmes de réglage, protection du corps, du extrêmes (couvre-chefs, vêtements de saison, chaussures et bottes,
visage, des yeux ou des voies respiratoires… etc.) ;
3) Les exigences supplémentaires spécifiques aux risques à pré- – les petits chocs et vibrations n’affectant pas des parties vitales
venir : protection contre les chocs mécaniques, chutes de person- du corps et qui ne peuvent pas provoquer de lésions irréversibles
nes, vibrations mécaniques, prévention des noyades, protection (couvre-chefs légers pour la protection du cuir chevelu, gants,
contre la chaleur, le feu ou le froid, protection contre les chocs élec- chaussures légères, etc.) ;
triques et les rayonnements, protection contre les substances dan- – le rayonnement solaire (lunettes de soleil).
gereuses et agents infectieux, dispositifs de sécurité des équipe- La catégorie III inclut exclusivement :
ments de plongée, etc.
– les appareils de protection respiratoire filtrants qui protègent
Ces exigences correspondent au plus haut niveau de sécurité contre les aérosols solides, liquides, ou contre les gaz irritants, dan-
qu’il est possible d’atteindre compte tenu de l’état du savoir-faire gereux, toxiques ou radiotoxiques ;
technique du moment. En pratique, l’application de ces exigences – les appareils de protection respiratoire entièrement isolants
doit viser le meilleur compromis possible entre les performances
l’atmosphère, incluant ceux destinés à la plongée ;
protectrices et l’aptitude de l’EPI à permettre à l’utilisateur de réali-
– les EPI ne pouvant offrir qu’une protection limitée dans le
ser son travail avec le minimum de gêne et d’inconfort. Leur formu-
temps contre les agressions chimiques, ou contre les rayonne-
lation est suffisamment précise pour constituer, lors de leur
ments ionisants ;
transposition dans la législation nationale, des obligations juridi-
– les équipements d’intervention dans les ambiances chaudes
quement contraignantes. Cependant, si elles définissent les objec-
dont les effets sont comparables à ceux d’une température d’air
tifs à atteindre ou les dangers à traiter, elles n’indiquent ou ne pré-
voient aucune solution technique pour y parvenir. Cette souplesse égale ou supérieure à 100  C, avec ou sans rayonnement infra-
permet aux fabricants de choisir la manière de répondre à ces exi- rouge, flammes ou grosses projections de matières en fusion ;
gences. Elle permet également d’adapter les matériaux et la – les équipements d’intervention dans des ambiances froides
conception du produit au progrès technologique tout en restant dont les effets sont comparables à ceux d’une température d’air
conforme à celles-ci. inférieure ou égale à - 50  C ;
– les EPI destinés à protéger contre les chutes de hauteurs ;
La directive 86/686/CEE a été transposée dans le droit de tous les – les EPI destinés à protéger des risques électriques pour les tra-
États membres de l’Union européenne. S’agissant d’une directive vaux sous tension dangereuse ou ceux utilisés comme isolants
d’harmonisation totale destinée à éliminer les entraves aux échan- contre une haute tension.
ges, ils ont dû abroger toutes les législations nationales contraires
à cette directive. En outre, ils n’ont pu maintenir ou introduire des Tous les autres EPI appartiennent à la catégorie II.

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SQ

SR
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Prévention des risques


professionnels
Risques de chute de hauteur

par Sophie ANDRÉ
Expertise et conseil technique (ECT)
Institut national de recherche et de sécurité (INRS)
Alain PAMIES
Expertise et conseil technique (ECT)
Institut national de recherche et de sécurité (INRS)
et Patrick LAINE
Expertise et conseil technique (ECT)
Institut national de recherche et de sécurité (INRS)

1. Risques de chute ...................................................................................... SE 3 860 - 2


2. Évolution des accidents liés aux chutes de hauteur ...................... — 2
3. Prévention du risque ............................................................................... — 2
4. Équipements pour le travail en hauteur ............................................ — 5
5. Compétences pour interventions en hauteur................................... — 16
6. Vérification des équipements ............................................................... — 18
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. SE 3 860

a chute de hauteur constitue la seconde cause d’accidents mortels après


L ceux de la circulation. Le risque de chute est caractérisé par un taux de
gravité élevé. Il est présent lors de travaux en hauteur (chute en périphérie,
chute au travers des matériaux...) ou travaux à proximité de dénivellation
(puits, tranchée...).
L’identification de ce risque est très ancienne. La prise de conscience de sa
gravité est fonction des situations professionnelles et de la hauteur.
Une hauteur de chute de plusieurs mètres a des conséquences importantes ;
la gravité est donc connue des intervenants. En revanche, la chute de faible
hauteur, généralement inférieure à trois mètres, ne présente pas la même prise
de conscience du risque.
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQP

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PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS ___________________________________________________________________________________________

1. Risques de chute 2. Évolution des accidents


liés aux chutes de hauteur
1.1 Chute de hauteur
Les chutes de hauteur, responsables d’une centaine de décès en
France par an, constituent la deuxième cause d’accidents mortels
Parmi les chutes, la chute de hauteur se distingue de la chute
survenant au travail, après le risque routier.
de plain-pied par l’existence d’une dénivellation de toutes les par-
ties du corps humain pendant la chute. Cette définition permet de Le risque est présent dans tous les secteurs d’activité, mais le
regrouper toutes les chutes effectuées par des personnes situées BTP est le secteur le plus touché avec 60 % des accidents.
en élévation, telles que les chutes depuis une position élevée L’évolution du nombre de décès et du nombre des arrêts de tra-
(toiture, pylônes) ou depuis un équipement qui surélève légère- vail dans les statistiques de la CNAMTS (caisse nationale de l’assu-


ment la personne (tabouret, marchepied). Le travail à proximité rance maladie des travailleurs salariés) pendant les quinze
d’une dénivellation, bien que n’étant pas un travail en hauteur, dernières années permet de constater que :
présente les mêmes risques de chute de hauteur. Il en est de
– le nombre de décès par chute de hauteur a été divisé par deux
même pour tous les travaux à proximité de dénivellation : falaise,
en quinze ans (figure 1) ;
fouille, etc.
– les décès par chute de hauteur ont diminué plus rapidement
Les situations dangereuses exposant les personnes au risque de que l’ensemble des décès. Cette tendance s’est développée après
chute sont par nature très diverses ; elles concernent donc tous les l’année 1995 mais tend à se résorber (figure 1) ;
secteurs d’activité. – les arrêts de travail dus aux chutes ont diminué plus rapi-
dement que l’ensemble des arrêts.

1.2 Conséquences des chutes


de hauteur 3. Prévention du risque
Les différentes approches de prévention des accidents de chute
Les accidents de chute de hauteur ont des conséquences impor-
de hauteur s’inscrivent dans la démarche déclinée dans les prin-
tantes qui sont proportionnelles à la hauteur des chutes et à la
cipes généraux (article L. 4121-2 du Code du travail) de prévention.
nature du point d’impact.
Le premier d’entre eux, « éviter les risques », a été utilisé dans
Les éléments statistiques ne prennent pas en compte le para- différentes situations professionnelles avec une excellente effica-
mètre de la hauteur, mais l’analyse de la gravité des accidents cité, puisqu’il soustrait les personnes au risque.
montre que les conséquences sont importantes. Le taux de gravité
des chutes représente 23 % du taux de gravité de l’ensemble des Il ne peut cependant répondre qu’à des situations précises et
risques, alors que ces accidents ne représentent que 12 % de atteint sa limite pour toutes les activités qui nécessitent malgré
l’ensemble des accidents. tout un travail en élévation. Dans ce cas, une démarche de préven-
tion est recherchée par l’utilisation de protection, en donnant la
Nota : taux de gravité = (nombre de journées perdues / nombre d’heures travaillées) priorité à la protection permanente sur la protection temporaire
× 1 000. (figure 2).

Évolution des décès sur la base de 100 en 1989


140

120

100

80

60

40

20

0
89

90

91

92

93

94

95

96

97

98

99

00

01

02

03

04

05

06
19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

20

20

20

20

20

20

20

Total Décès
D-chute

Figure 1 – Évolution des décès

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____________________________________________________________________________________________ PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS

Démarche de prévention pour la protection contre la chute de hauteur

Modifier l’équipement
Possibilité d’éviter les risques En priorité
té ou l’ouvrage pour supprimer
le travail en hauteur : travailler depuis le sol.

Si techniquement
impossible


Équipements permanents :
Prévoir des installations
En priorité
té – escaliers, passerelles,
permanentes pour l’accès
– plate-formes de travail,
et pour la zone de travail
– gardes-corps, acrotères.

Si techniquement
impossible

Équipements temporaires :
Utilisation d’équipements – non-mécanisés (échafaudages, PIR,
temporaires En priorité
té tours d’accès, filets en sous face),
(protection collective) – mécanisés (appareils de levage) :
plates-formes suspendues, PEMP...

Si techniquement
impossible

Harnais et points d’ancrage


Utilisation d’équipements Systèmes d’arrêt des chutes, ou systèmes
de protection individuelle de restriction d’accès (nécessite une formation
et un entraînement
în au port de l’équipement)
t)

Figure 2 – Démarche de prévention pour la protection contre la chute de hauteur

3.1 Éviter les risques elle nécessite donc des délais de mise en œuvre importants et de
l’anticipation.
L’application des principes de prévention (directive européenne Lorsqu’il n’est pas possible d’éviter l’exposition au risque, il faut
89-391-CE reprise dans le Code du travail) conduit à rechercher les envisager l’installation d’équipements permanents assurant une
solutions permettant d’éviter l’exposition aux risques. Pour le protection collective contre ce risque. La réflexion doit porter sur
risque de chute, cette démarche doit être conduite dès la tous les postes de travail, y compris ceux qui ne concernent que
conception d’un ouvrage ou d’un équipement de travail. l’entretien, et doit également comprendre l’accès à ces postes.
L’identification de toutes les situations de travail exposant les Pour la conception des ouvrages, la réglementation prévoit de
salariés aux risques de chute doit intervenir le plus en amont pos- formaliser le résultat de la démarche dans les dossiers d’interven-
sible. Il devient alors possible de proposer des solutions permet- tions ultérieures sur l’ouvrage (DIUO).
tant d’éviter l’exposition au risque.
Pour exemple :
– modifier la conception de l’équipement pour que l’exploitation 3.2 Obligation des chefs d’entreprise
puisse se faire depuis le sol. C’est le cas de certains mâts d’éclai-
rage qui sont équipés d’un mécanisme permettant de descendre Pour assurer la sécurité et protéger la santé des personnes effec-
au sol les appareils d’éclairage situés en élévation. L’entretien, tel tuant des interventions en hauteur, le chef d’établissement prend
que le changement d’ampoule, peut être réalisé depuis le sol. La les mesures d’organisation suivantes :
même démarche a conduit à faire évoluer les camions citernes qui – choix du moyen d’accès adapté, en s’assurant de sa
ne nécessitent plus la présence de l’opérateur en partie haute de la conformité aux règles techniques applicables ;
citerne lors du remplissage ; – formation du personnel à l’utilisation et, si besoin, au montage du
– pour la mise en œuvre d’un ensemble, procéder à un assem- moyen d’accès (cette formation dépend de la nature de l’équipement) ;
blage au sol des composants puis effectuer son élévation. – information du personnel sur les consignes de sécurité à res-
L’assemblage d’une charpente au sol et sa mise en place à la grue pecter lors de l’accès en hauteur.
en est une illustration. Si les interventions en hauteur sont effectuées par une entre-
Cette démarche nécessite souvent d’impliquer des « acteurs » prise extérieure, l’entreprise utilisatrice coordonne les mesures de
différents (concepteurs de machine, maître d’ouvrage, utilisateurs prévention de tous les intervenants, et les formalise dans le plan
des équipements, etc.) pour aboutir à une solution satisfaisante ; de prévention.

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PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS ___________________________________________________________________________________________

Pour les opérations de bâtiment et de génie civil, les interven- Pour les échafaudages, une vérification réglementaire permet de
tions en hauteur effectuées par les entreprises doivent faire l’objet s’assurer du montage et de la stabilité de l’équipement. La
d’une coordination, à l’initiative du maître d’ouvrage, afin de pré- conception de l’installation, le montage et l’exploitation sont
venir les risques découlant de l’interférence des activités. La plu- confiés à du personnel compétent, apte médicalement, et ayant
part des chantiers sont soumis à l’élaboration d’un plan général de reçu une formation adéquate.
coordination (PGC), ce qui conduit les entreprises à fournir un plan
Dans certaines situations, l’installation de garde-corps provi-
particulier de sécurité et protection de la santé (PPSPS).
soires en périphérie d’un plancher ou d’une trémie constitue une
protection contre la chute. Les garde-corps doivent répondre aux
exigences de la norme NF EN 13374 : garde-corps périphériques
3.3 Choix de la protection provisoires.
Les postes de travail qui nécessitent l’intervention en hauteur La conception de ces équipements ne relève pas de la transpo-
sition d’une directive européenne. Il n’existe donc pas de procé-


doivent être équipés en priorité avec des moyens d’accès perma-
nents. En l’absence de moyens permanents, des équipements tem- dure de mise sur le marché attestant de la conformité aux règles
poraires peuvent être utilisés. Le choix de l’équipement approprié de conception. L’utilisateur doit s’assurer de la conformité des
s’inscrit dans la logique de mise en œuvre des principes généraux équipements au regard d’un référentiel pertinent (normes, cahier
de prévention repris à l’article L. 4121-2 du Code du travail, en des charges...).
donnant la priorité à la protection collective sur la protection indi- L’utilisation des échelles et escabeaux comme postes de travail
viduelle (la protection collective ne dépend pas de l’initiative de est réservée aux situations où la mise en œuvre des équipements
l’intervenant). cités précédemment est impossible ou lorsque l’évaluation des ris-
ques a établi qu’il s’agit de travaux de courte durée ne présentant
3.3.1 Moyens permanents de protection pas un caractère répétitif, et n’exposant pas le personnel à des ris-
contre la chute ques significatifs.

La réglementation (article R. 4323-58 du Code du travail) prévoit ■ Les équipements de travail mécanisés utilisés temporairement
les conditions nécessaires à la réalisation, en sécurité, de travaux Les plates-formes élévatrices mobiles de personnel (PEMP), les
en hauteur. En introduisant l’obligation de réaliser les travaux plates-formes suspendues ou plates-formes sur mâts sont des
depuis un plan de travail conçu, installé et équipé de manière à appareils de levage permettant l’élévation du poste de travail. Ils
garantir la sécurité des intervenants, la réglementation introduit la apportent une solution efficace contre le risque de chute lorsqu’ils
nécessité de travailler depuis une surface sensiblement plane et sont utilisés dans les conditions prévues par le constructeur.
horizontale, et équipée de garde-corps périphériques.
Les règles de conception de ces appareils de levage sont défi-
Les prescriptions techniques (résistance, dimensions, etc.) des
nies dans la transposition de la directive machine 98/37/CE. Ces
équipements permanents pour l’accès en hauteur ont été définies
équipements ne peuvent être mis sur le marché qu’après la réali-
dans des normes. Ces équipements permanents comprennent les
sation d’un examen CE de type effectué par un organisme notifié.
plates-formes, passerelles, escaliers, échelles et garde-corps. Le
paragraphe 4 donne des indications sur ces équipements. Ces équipements nécessitent des vérifications réglementaires
Les postes de travail permanents peuvent nécessiter des dispo- lors de leur mise en service et de leur utilisation (§ 6). Ces équi-
sitifs complémentaires. pements mécanisés diminuent les contraintes physiques liées à
l’accès en hauteur.
Les avantages des protections permanentes sont la pérennité de
la protection, qui ne nécessite pas de montage à chaque interven- Le personnel affecté à la conduite de ces appareils doit avoir
tion. L’approche globale du coût (investissement et maintenance) reçu une formation spécifique (§ 5).
est souvent en faveur de cet équipement pérenne.
■ Les équipements de protection individuelle
Lorsqu’il y a impossibilité technique à la mise en œuvre d’équi-
3.3.2 Moyens temporaires de protection
pements de protection collective, le recours à la protection indivi-
contre la chute duelle doit être envisagé. Cette solution de prévention doit
L’installation de moyens temporaires doit être envisagée dans le également être mise en œuvre pour l’installation de protections
cas où les installations permanentes avec leurs accès ne sont pas collectives lorsque les modes opératoires ne permettent pas d’éli-
en mesure de constituer un poste de travail sécurisé. Cette catégorie miner les risques de chute.
regroupe un nombre important de solutions. Le choix de l’équipe- Les règles de conception des équipements de protection indivi-
ment dépend essentiellement de la nature du travail et de la hauteur duelle sont définies dans la transposition de la directive
d’intervention. L’évaluation du risque permet d’orienter le choix. 89/686/CEE. Ces équipements ne peuvent être mis sur le marché
Pour tous les secteurs d’activité, les articles R. 4323-58 à qu’après la réalisation d’un examen CE de type effectué par une
R. 4323-68 du Code du travail précisent les dispositions générales tierce partie.
pour l’exécution en sécurité des travaux temporaires en hauteur, y La protection individuelle repose sur l’un des deux principes
compris les accès. suivants :
Les équipements temporaires sont plus fréquents dans les acti- – atténuation de l’effet d’une chute de hauteur ;
vités liées à la construction et à la rénovation des bâtiments,
compte tenu du caractère provisoire des interventions. – restriction d’accès dont le principe est d’empêcher l’accès aux
zones à risque de chute.
■ Les équipements de travail non-mécanisés utilisés temporai- Les dispositifs qui atténuent l’effet d’une chute sont définis dans
rement les normes d’équipements de protection individuelle contre les
Les plates-formes et échafaudages (PIRL : Plate-forme indivi- chutes de hauteur (harnais, longes, connecteurs, ancrages). La
duelle roulante légère, PIR : Plate-forme individuelle roulante, réduction des conséquences du risque de chute repose sur l’utili-
échafaudage fixe et roulant) sont des équipements temporaires sation d’un système d’arrêt des chutes (coulisseau sur rail ou
apportant une protection collective contre le risque de chute de corde, stop-chute à rappel automatique, longe et absorbeur) situé
hauteur. Leur installation doit être effectuée en respectant la notice entre la personne et le point d’ancrage. Celui-ci limite les efforts
de montage. sur le corps humain lors de la chute.

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Prévention des risques professionnels


Risques liés à l’activité physique

par Jean-Pierre MEYER


Médecin au Département Homme au Travail à l’Institut national de recherche et de sécurité
(INRS), Vandœuvre R
Emmanuelle TURPIN-LEGENDRE
Physiologiste au Département Homme au Travail, à l’Institut national de recherche
et de sécurité (INRS), Vandœuvre
et François CAIL
Physiologiste au Département Homme au Travail, à l’Institut national de recherche
et de sécurité (INRS), Vandœuvre

1. Contexte...................................................................................................... SE 3 825 - 2
2. Notions d’anatomie, de physiologie et de physiopathologie
de l’appareil locomoteur ........................................................................ — 3
2.1 Anatomie ...................................................................................................... — 3
2.2 Physiologie ................................................................................................... — 4
2.3 Physiopathologie ......................................................................................... — 6
3. Troubles et pathologies liées aux activités physiques de travail
et leurs facteurs d’influence ................................................................. — 6
3.1 Risques liés à l’activité physique ................................................................ — 6
3.2 Facteurs d’influence sur les risques liés aux activités physiques ............ — 9
4. Évaluation des activités physiques au travail .................................. — 10
4.1 Approches par observation ......................................................................... — 10
4.2 Approches par l’évaluation subjective des salariés .................................. — 11
4.3 Approches métrologiques ........................................................................... — 12
5. Prévention .................................................................................................. — 12
5.1 Définition de la prévention .......................................................................... — 12
5.2 Prévention des risques liés à l’activité physique générale ....................... — 14
5.3 Prévention des pathologies des membres supérieurs ............................. — 14
5.4 Prévention des lombalgies .......................................................................... — 15
5.5 Prévention des pathologies des membres inférieurs ............................... — 16
5.6 Prévention de l’inactivité physique ............................................................ — 16
5.7 Limites de paramètres de la charge physique........................................... — 16
6. Conclusions................................................................................................ — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. SE 3 825

algré les progrès techniques qui permettent d’alléger les tâches les plus
M dures, l’activité physique reste l’une des principales sources d’accidents
du travail et de maladies professionnelles. La physiologie du travail étudie
l’adaptation des fonctions d’un organisme soumis à cette contrainte. Les
pathologies liées à l’activité physique générale au travail sont notamment
rattachées au risque traumatique, au risque musculo-squelettique (TMS du
membre supérieur, lombalgies) et au risque cardio-vasculaire. Les facteurs
d’influence sur ces risques sont liés à l’individu mais aussi à l’environnement
physique et psychosocial, ainsi qu’à l’organisation du travail et aux rythmes
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPPY

biologiques. La prévention vise à réduire les contraintes liées à l’activité phy-


sique en modifiant les situations de travail.

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PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS ___________________________________________________________________________________________

1. Contexte Pour illustrer le propos, la durée totale des arrêts de travail


après AT, 36 millions de journées en 2003, correspond au nombre
de journées travaillées en une année dans une ville de plus de
400 000 habitants. Les accidents et maladies professionnelles dus
Les statistiques de la Caisse nationale de l’assurance maladie aux activités physiques au travail mettent en arrêt de travail
des travailleurs salariés pour l’année 2003 faisaient apparaître que pendant toute l’année une ville de près de 230 000 habitants.
les atteintes de l’appareil locomoteur, principalement liées aux
activités physiques au travail telles que lombalgies, entorses, luxa- D’autres sources étayent ce constat, apparemment surprenant,
tions et douleurs ou déchirures musculaires représentaient à elles qui fait qu’en 2003 les activités physiques restent encore le
seules 60 % des accidents du travail (AT), 40 % des arrêts de travail premier pourvoyeur d’accidents et de maladies reconnus liés au
et 30 % des incapacités permanentes partielles (IPP) après AT travail. Ainsi, les résultats de l’enquête SUMER, menée en 2003
(CNAM-ts 2005) [1]. Les statistiques des maladies professionnelles par les médecins du travail, montrent que la manutention
reconnues et réglées en 2003 (34 642 au total) indiquaient que manuelle reste le premier risque pour la santé dans de nom-


77 % d’entre elles étaient liées à des activités physiques au travail breuses professions (DARES 2006) [2]. Les enquêtes sur les
(travail répétitif, applications de forces, travail local, manutentions, conditions de travail, menées par la Direction de l’animation de la
vibrations, postures agenouillées...) et qu’elles engendraient recherche des études et des statistiques (DARES 1999) [3] tous les
5,9 millions de journées de travail perdues (93 % du total) et 60 % 4 à 5 ans depuis 1978 s’appuyant sur les témoignages de 20 000
des IPP liées aux maladies professionnelles. salariés, montrent que les manutentions lourdes, les postures
pénibles, les tâches menées sous contraintes de temps pro-
gressent régulièrement depuis 1978 (tableau 1).
Tableau 1 – Astreintes au travail : perception Les résultats pour l’Europe sont proches des données françaises
de différentes contraintes physiques au travail et indiquent que les manutentions manuelles et les postures
pénibles ne diminuent pas et que les contraintes de temps sont en
1978 1984 1991 1998 progression importante (Eurofound) [4]. L’enquête européenne de
2001 montrait que sur les quatre atteintes à la santé les plus
Porter des charges lourdes 21 22 32 36 fréquemment rapportées par les salariés, trois touchent l’appareil
Postures pénibles 17 16 29 37 locomoteur. Il s’agit dans l’ordre, des lombalgies (33 % des salariés),
de la fatigue (23 %) et des douleurs musculaires (23 %). Le stress,
Rythme imposé par rapporté par 28 % des salariés, arrive en deuxième position entre les
doléances physiques mais il peut être lié très étroitement à celles-ci.
Délais-normes 21 19 38 43 En effet, les déterminants tels que les délais courts, les rythmes éle-
vés et le travail répétitif ont pour conséquence commune le stress et
Demande extérieure 34 39 57 64 les atteintes de l’appareil locomoteur (Eurofound) [4]. Sur les 157
Le tableau indique le pourcentage de salariés qui disent être millions de salariés que couvre l’enquête européenne, 6 millions
exposés à ces contraintes (DARES 1999) [3]. Résultats de déclarent souffrir d’un problème de santé lié au travail. Pour plus de
l’ensemble de l’échantillon de 20 000 salariés interrogés, sans 3 millions, il s’agit d’une atteinte de l’appareil locomoteur. Les bien-
distinction de catégories socioprofessionnelles. faits de l’activité physique sur la santé sont décrits depuis le
18e siècle (Berryman 1989) [5]. Actuellement, l’activité physique
professionnelle est caractérisée par des postures contraignantes,
des contractions musculaires statiques prolongées, des efforts loca-
lisés réalisés à fréquence élevée ou des activités violentes de durée
Durée des arrêts (jours)

2003 brève. Ces conditions ne produisent pas un effet d’entraînement


physique bénéfique pour la santé, mais surchargent localement les
90 structures ostéo-articulaires dont découlent assez logiquement
fatigue, douleurs, lombalgies, tendinites (Vuori 1987, Buckle et
80 1999 Devereux 2000) [6] [7]. À ce travail plus technique, plus fin, plus
monotone aussi, se sont ajoutées des contraintes de rendement et
de qualité depuis le début des années 1980 (Daubas-Letourneux et
70 al. 2005) [8]. Ainsi, le progrès technique a sans doute réduit le
volume et la nature des activités physiques à risque mais n’a pas
60 réduit le nombre de salariés exposés à ces risques ni la variété des
1990
activités à risque. À l’autre extrémité du spectre des contraintes phy-
siques professionnelles, le nombre de professions à faible déplace-
50
ment et à effort physique limité a lui augmenté. On continue à se
1980 faire mal dans de nombreuses professions à risque et on commence
40 très largement à gonfler le volume des professions qui ne deman-
1970 dent aucun ou de très faibles efforts physiques ; cette inactivité
pourrait poser un problème de santé publique (Vuori 1987) [6].
30
Dans ce contexte d’astreintes perçues plus pénibles, s’ajoute l’évo-
lution démographique qui impose de prolonger la vie profession-
20 nelle. Les résultats illustrés dans la figure 1 montrent qu’il est difficile
de repousser l’âge réel de la retraite sans alléger les contraintes per-
0 çues par les salariés. En effet, les causes d’arrêt après accident du
< 20 22 27 32 37 45 55 62 travail sont, dans la majorité des cas, des atteintes de l’appareil loco-
Âge moteur. Les salariés blessés, en particulier les plus âgés, vont avoir
de grandes difficultés à revenir à des tâches physiquement lourdes.
Les courbes de la figure 1 montrent que les durées d’arrêt après
Figure 1 – Durée moyenne des arrêts pour les huit classes d’âge accident s’allongent au cours des dernières années de la vie profes-
définies dans les statistiques de CNAM-ts [1] et cinq années sionnelle et cela est sensible dès 40 ans. De plus, cette tendance est
différentes de 1970 à 2003. Courbes tracées à partir des données
statistiques de CNAM-ts [1] pour les années 1970, 1980, 1990, 1999 plus nette pour les observations faites au cours des dernières années
et 2003 par rapport aux courbes des années 1970 ou 1980.

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2. Notions d’anatomie,
de physiologie Fémur
Rotule
et de physiopathologie Capsule articulaire

de l’appareil locomoteur Cavité articulaire Membrane


synoviale
Ménisque
L’homme bouge, s’immobilise et maintient une posture pour
Cartilage Tendon rotulien
être précis dans ses gestes grâce au système locomoteur. Celui-ci
(ligament rotulien)
est mis en action et coordonné par le système nerveux et nourri
grâce aux adaptations cardio-circulatoires qui augmentent l’apport Tibia


de nutriments aux muscles et éliminent les déchets. À ces actions
et adaptations à court terme s’ajoutent des régulations biochi-
miques et endocriniennes à moyen terme et un effet d’entraîne- Figure 2 – Articulation du genou. Exemple des différents éléments
ment à moyen et long terme. L’activité physique de l’homme qui constituent une articulation
dépend donc d’un système anatomique et d’adaptations physiolo-
giques complexes en évolution constante du fait de son état
interne (entraînement, santé, âge, genre...) et de l’environnement Les tendons sont les éléments fibro-élastiques qui prolongent le
dans lequel il évolue (difficultés et durées des tâches, milieu phy- muscle et assurent son insertion sur l’os. Leur longueur est
sique ou psychologique...). variable, de quelques millimètres à plusieurs centimètres. Une
gaine contenant de la synovie protège certains tendons des
frictions, soit contre l’os, soit contre les autres éléments des arti-
2.1 Anatomie culations. D’un point de vue mécanique, ils se comportent comme
L’appareil locomoteur est composé du squelette osseux, d’élé- un élastique très raide. Les bourses séreuses sont des « coussins »
ments passifs de jonction entre ces os (articulations, cartilages et situés au niveau des grosses articulations à grosse amplitude
ligaments) et d’éléments moteurs (muscles et tendons). Le sys- articulaire telles que l’épaule, le coude et le genou. Elles sont
tème nerveux moteur et sensitif interagit étroitement avec l’appa- remplies de liquide synovial qui facilite le glissement des éléments
reil locomoteur. anatomiques les uns par rapport aux autres et jouent le rôle de
poulie.
Les articulations sont constituées des surfaces articulaires revê-
tues de cartilage et de structures assurant leur liaison telles que la Les nerfs moteurs assurent la conduction des influx du cerveau
capsule articulaire et les ligaments. Ceux-ci sont semblables à des vers les muscles. À l’inverse, les informations sensorielles ou
cordages tendus entre les structures osseuses. La capsule arti- sensitives des récepteurs périphériques sont véhiculées vers le
culaire, elle, est formée de deux couches dont l’une, interne, est la cerveau par les nerfs sensitifs et sensoriels. Les informations qu’ils
membrane synoviale (figure 2). La cavité articulaire, volume virtuel transmettent sont codées sous forme de potentiels d’action.
délimité par la membrane synoviale et le cartilage, contient la L’unité motrice reçoit et transforme le potentiel d’action en action
synovie. Ce fluide lubrifiant s’écoule normalement entre les sur- mécanique. Selon les muscles, les unités motrices ont des caracté-
faces articulaires lorsque l’articulation est en mouvement. Il est ristiques de stimulation et de force variables.
sécrété et réabsorbé par la membrane synoviale. L’articulation du Les racines nerveuses qui émergent entre les vertèbres cervi-
genou, qui est la plus grosse articulation du corps illustre cette cales se rassemblent pour former le plexus brachial. Celui-ci donne
schématisation. naissance à l’ensemble des nerfs du membre supérieur. Les nerfs
Les muscles squelettiques, ou muscles striés, assurent les mou- originaires des dernières racines lombaires jouent ce rôle pour le
vements. Le muscle est constitué de fibres musculaires, membre inférieur. Cela explique qu’une lésion lombaire puisse
elles-mêmes constituées de myofibrilles. La longueur des fibres irradier dans la jambe (sciatique). Le cas extrême est une lésion
varie selon les muscles. Elles sont souvent égales à la longueur du radiculaire sans douleur locale (lombaire ou cervicale) mais avec
muscle. Les fibres musculaires sont activées par des motoneuro- des troubles sensoriels et/ou moteurs aux extrémités du membre
nes. L’ensemble formé par un motoneurone et les fibres muscu- correspondant (pied ou main).
laires qu’il innerve est appelé unité motrice. En général, les petits D’un point de vue fonctionnel, le membre supérieur comprend le
muscles, comme ceux qui contrôlent les mouvements oculaires, cou, l’épaule, le coude, le poignet et la main. Au niveau de l’épaule,
sont composés de très petites unités motrices. Les muscles plus quatre muscles constituent la coiffe des rotateurs dont l’action est
grands, comme ceux de l’épaule, contiennent de plus grandes essentielle à l’élévation du bras et à la stabilité de l’articulation. Au
unités motrices avec beaucoup de fibres musculaires. La physio- niveau du coude, la saillie osseuse externe se nomme l’épicondyle
logie et l’anatomie musculaire se rejoignent pour détailler des latéral et la saillie osseuse interne, épicondyle médial ou épitro-
fibres musculaires qui se partagent en deux grandes familles ; les chlée. La partie osseuse du coude qui repose sur la table lorsque
fibres lentes (fibres I) et les fibres rapides (fibres II). Les premières l’on est accoudé, se nomme l’olécrane. Au niveau du poignet, le
sont très endurantes, ont un métabolisme oxydatif mais leurs canal carpien (figure 3) est un espace inextensible dans lequel pas-
capacités de force sont modérées. Les fibres rapides II sont peu sent neuf tendons fléchisseurs des doigts et le nerf médian.
endurantes, ont un métabolisme principalement anaérobie par
glycolyse et ont des capacités de force élevées. Les fibres I lentes Le membre inférieur supporte l’ensemble du corps, il est aussi
sont plus fines que les fibres II. Elles ont un seuil de stimulation l’élément moteur mis en action dans les efforts les plus impor-
faible et travaillent avant les fibres II. La distribution des fibres est tants, qu’il s’agisse de déplacements (montée d’escalier, marche
variable selon la localisation du muscle et selon les individus. Les rapide avec charge...) ou pour maintenir le tronc ou bouger en
muscles posturaux (dos, tronc) sont plus riches en fibres I que les synergie avec lui (pelletage, manutentions, travail des mains...). Le
muscles des jambes. De fortes variations inter-individuelles de ces genou est la plus grosse articulation du squelette et la cuisse le
proportions sont observées, en particulier chez les sportifs. Pour segment de membre le plus puissant. Le membre inférieur est
les muscles des jambes, un sprinter peut avoir jusqu’à 80 % de innervé par des nerfs qui prennent naissance et sortent du canal
fibres rapides alors qu’un marathonien aura 80 % de fibres lentes. rachidien au niveau de la colonne lombaire.
La proportion de fibres I augmente avec l’âge, ce qui explique, en La colonne vertébrale est un empilement d’os (les vertèbres),
partie, que les plus âgés sont moins forts mais relativement plus d’éléments amortisseurs (les disques intervertébraux) et d’une
endurants. structure de soutien composée de tendons, de ligaments et de

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VO2 (l · min–1)
2
A

B
0,3
Repos Exercice Récupération

5 35 65


Temps (min)
A Dette d’O2
B Paiement de la dette d’O2
Ligament
annulaire Figure 4 – Évolution en fonction du temps de la consommation d’O2
lors d’un effort
Nerf Tendons Nerf Os du Tendons Gaine
médian cubital carpe synoviale
facteur 1 (les 10 % les plus forts) à 3 (les 10 % les moins forts).
Figure 3 – Schéma du canal carpien au niveau du poignet L’homme vit des astreintes très différentes en fonction de ses
capacités et va, grâce à l’entraînement et l’ancienneté entre autres,
adapter sa technique de travail à ses capacités.
muscles. Chaque vertèbre comporte en avant le corps vertébral et
en arrière un arc osseux qui supporte les apophyses transverses et
épineuse et délimite le trou vertébral. La superposition du trou ver- 2.2.1 Dépense énergétique des activités
tébral des vingt-quatre vertèbres mobiles supportant la tête et physiques
reposant sur le bassin compose le canal rachidien qui contient la
moelle épinière. Les disques intervertébraux sont formés d’un La physiologie de l’exercice s’intéresse particulièrement à la
noyau gélatineux amortisseur entouré et maintenu par un enroule- transformation de l’énergie chimique des aliments en énergie
ment résistant d’anneaux fibreux. La colonne vertébrale assure mécanique, thermique et électrique, qui se manifeste chez
quatre fonctions complémentaires : l’homme lors de la réalisation d’un travail. Le travail (W) est l’appli-
– la protection de la moelle épinière dans le canal rachidien ; cation d’une force (F) sur une distance (D), W = F × D. La puissance
– la solidité, car elle est le vrai support de toute posture ; (P) est le travail effectué par unité de temps (t ), P = W/t. La mesure
– la mobilité, souplesse pour bouger, ramasser, s’orienter ; de la consommation d’oxygène (VO2) est la méthode courante
– la régulation de la posture et des mouvements du tronc. pour quantifier la dépense énergétique qui est directement liée à
l’intensité du travail physique. La mesure des échanges gazeux
Cette dernière fonction est essentielle pour positionner la tête respiratoires permet de calculer la VO2 et l’élimination du dioxyde
afin d’intégrer les données sensorielles (vision, équilibre, audition) de carbone (VCO2). La figure 4 présente l’évolution de la consom-
ou bloquer le tronc pour permettre au membre supérieur de tra- mation d’oxygène en fonction du temps au cours d’un exercice
vailler avec précision. Ces différentes fonctions ne sont pas répar- sous-maximal.
ties régulièrement sur la hauteur de la colonne. Au niveau cervical,
le mouvement et la régulation de la position de la tête prédo- Au cours d’un travail modéré à puissance constante, la VO2 aug-
minent alors que la solidité et la force sont caractéristiques de la mente progressivement pour atteindre un état stable. Pendant cette
zone lombaire. L’adaptation anatomique à ces fonctions explique phase transitoire d’adaptation, le muscle dépense plus d’énergie
les modifications de formes des vertèbres ; principalement des que ne peut en fournir le système, il a donc contracté une dette
vertèbres et disques plus fins au niveau cervical et plus volu- d’énergie appelée « dette d’oxygène ». À la fin du travail, la VO2
mineux au niveau lombaire. baisse progressivement pour revenir à sa valeur de repos. Au cours
de cette phase de récupération, la VO2 consommée au-delà des
besoins de repos constitue le « paiement » de la dette d’O2. Il per-
2.2 Physiologie met de reconstituer les réserves et d’oxyder l’acide lactique produit
en excès au cours de l’exercice. Le délai d’atteinte de l’état stable et
La physiologie du travail étudie l’adaptation des fonctions d’un le temps de récupération dépendent de l’intensité de l’exercice, du
organisme soumis aux multiples contraintes liées au travail phy- degré d’entraînement et de l’âge. Le coût énergétique net du travail
sique, mental et psychologique. L’activité musculaire intervient se calcule lorsque la VO2 a atteint son état stable en soustrayant
dans la plupart des activités professionnelles. Les données de la la VO2 de repos à la VO2 de l’état stable. Selon les données
physiologie du travail doivent permettre à tous les individus de la figure 4, le coût net en O2 est de 1,7 L · min–1
d’accomplir leur tâche sans fatigue inutile et de disposer de suffi- (2 L · min–1 – 0,3 L · min–1). La consommation d’O2 peut être con-
samment d’énergie à la fin de la journée de travail pour profiter de vertie en unité de travail (1 L d’O2 = 20 kj) ou de puissance
leurs loisirs (Astrand et Rodahl 1994) [9]. (1 L · min–1 d’O2 = 340 W). Le tableau 2 présente la dépense éner-
La puissance des machines s’affiche en watts, celles des gétique de certaines activités représentatives (norme ISO 8996).
hommes aussi sauf que l’homme fatigue en cours de journée, de Une charge de travail aisément supportée par un salarié peut se
semaine, ou dort parfois mal. Il y a également des hommes, des révéler épuisante pour un autre. Il faut donc déterminer les capa-
femmes, des moins forts et des plus forts. Contrairement à cités cardio-respiratoires des salariés par la mesure de leur
100 machines qui peuvent faire exactement le même travail, la consommation maximale d’oxygène (VO2max). Par exemple, deux
réponse de l’homme (astreinte) à un travail proposé (contrainte) hommes accomplissent la même tâche qui correspond à une
sera très variable. À titre d’exemple, soulever 31 kg est possible dépense énergétique de 2 L · min–1 O2. Le premier dont la VO2max
pour 50 % des hommes. Mais, cette contrainte représente 2 fois les est de 5 L · min–1 utilise 40 % de celle-ci, il peut faire ce travail une
capacités maximales des 10 % les moins forts alors qu’elle ne bonne partie de la journée. La VO2max du second est de
représente que 2/3 de celles des 10 % les plus forts. Dans cet 2 L · min–1 ; il utilise toutes ses ressources aérobies et ne pourra
exemple de contrainte donnée, les astreintes peuvent varier d’un travailler que quelques minutes. La VO2max peut être déterminée

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Prévention des risques professionnels


Accidents de plain-pied (APP)

par Sylvie LECLERCQ R


Ingénieur Étude/Recherche
Département Homme au travail, Laboratoire « Biomécanique et Ergonomie », INRS
et Henri SAULNIER
Responsable d’études
Département Ingénierie des Équipements de travail, Laboratoire « Prévention technique –
Équipements de protection individuelle », INRS

1. Appréciation du risque d’accident de plain-pied


à travers les statistiques de la CNAMTS ........................................... SE 3 865 - 3
2. Exemples d’APP ........................................................................................ — 7
3. Aspects réglementaires et normatifs de la prévention
des APP ....................................................................................................... — 7
4. Prévention des glissades qui se produisent sur des sols
habituellement glissants ........................................................................ — 8
5. Prévention des perturbations d’équilibre en situation
de travail ..................................................................................................... — 10
6. Conclusion.................................................................................................. — 12
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. SE 3 865

e risque d’accident de plain-pied (APP) est présent dans toutes les activités
L de la vie quotidienne et en particulier au cours de l’activité professionnelle.
Cet article traite spécifiquement des accidents de plain-pied qui se produisent
en situation de travail et de leur prévention. Pour cela, il semble utile d’éclairer
préalablement ce que peuvent être les APP en situation de travail. En France et
dans le monde du travail, le terme « accident de plain-pied » est utilisé pour
évoquer une classe d’accidents du travail parmi les quarante-deux classes
selon lesquelles ces accidents sont répertoriés (tableau 1 ). La représentation
commune de ces accidents qui sont souvent appelés également « chutes de
plain-pied » est une personne qui chute pendant un déplacement. De fait, les
données statistiques nationales relatives aux accidents du travail ne permet-
tent pas de connaître les circonstances de survenue des accidents répertoriés
comme des APP. Des travaux ponctuels portant sur plusieurs centaines d’acci-
dents de plain-pied survenus en entreprise ont mis en évidence que la plupart
des accidents avec arrêt de travail répertoriés comme accidents de plain-pied
sont des accidents déclenchés par une perturbation de l’équilibre corporel de
la victime (glissade, trébuchement, heurt, faux-pas...). Ces accidents ne se pro-
duisent pas nécessairement pendant la seule activité de déplacement et ne
conduisent pas forcément à la chute de la victime. Plus précisément, ces
travaux semblent montrer que les APP conduisent moins souvent à la chute de
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQP

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la victime qu’à une lésion sans qu’il y ait chute. Une personne peut, par
exemple, poser le pied sur une surface irrégulière, subir une entorse et ne pas
chuter ou alors heurter un objet, subir une contusion et ne pas chuter [22] et
[23]. Les quelques récits d’APP particulièrement graves qui seront présentés
dans ce texte illustrent ce fait.
Bien que le terme « plain-pied » évoque une surface plane, on propose de
considérer comme des accidents de plain-pied les accidents déclenchés par
une perturbation d’équilibre de la victime et survenus sur des surfaces ne pré-
sentant aucune rupture de niveau ou présentant des ruptures de niveau telles
qu’un trottoir, des marches, un plan incliné, etc.

R Dans la littérature, d’autres termes sont utilisés pour évoquer un ensemble


d’accidents qui comprend une partie des accidents de plain-pied, tels que
définis ci-dessus, ou bien qui est inclut dans ces accidents ; par exemple les
glissades [34], les glissades, trébuchements et chutes [12], les chutes [21] ou
encore les chutes de plain-pied [3]. À notre connaissance, seuls les « underfoot
accidents » [29] font l’objet d’une définition. Il s’agit des accidents pour les-
quels le premier événement imprévu se produit entre le pied de la victime et le
sol. D’autres auteurs catégorisent les accidents ciblés dans le but de préciser
ce qu’ils sont. Haslam et Stubbs [18], dans leur introduction du livre intitulé
« Understanding and Preventing Falls », distinguent plusieurs types de chutes
selon les circonstances (glissade, trébuchement, perturbation d’équilibre, chute
de plain-pied, chute sur un sol pentu, chute dans les escaliers, chute de hau-
teur), l’âge de la victime ou la population concernée (adultes en bonne santé
en situation de travail, personnes âgées en milieu de soin, enfants au cours
d’activités sportives...). Yoon et Lockart [41] reprennent les quatre catégories
du BLS (Bureau of labor statistics) pour évoquer les accidents étudiés : les
chutes de plain-pied (lorsque le point de contact avec la source de la lésion est
sur le même niveau ou supérieur à la surface supportant la victime), les chutes
avec dénivellation (lorsque le point de contact avec la source de la lésion est
inférieur au niveau de la surface supportant la victime), les sauts vers un
niveau inférieur (lorsque la victime saute volontairement même si le saut est
destiné à éviter une lésion), les autres chutes.
Les premiers travaux menés dans le champ de la prévention des APP
concernent la prévention des glissades, et plus particulièrement, des glissades
qui se produisent sur des sols industriels gras ou en présence de neige ou de
glace. Ces travaux sont présentés dans la littérature et ont fait l’objet en 2
00 1
d’un numéro spécial dans la revue Ergonomics [12]. Ils gravitent autour de la
méthodologie de mesure de la résistance au glissement des chaussures et des
revêtements de sol. S’ils sont essentiels, ils sont cependant insuffisants pour
prévenir l’ensemble des APP. En effet, d’une part, les APP ne sont pas tous
déclenchés par une glissade du pied sur le sol, et d’autre part, l’intérêt de
prendre en compte les facteurs d’accidents qui se situent davantage en amont
de la chaîne causale qui conduit à la lésion n’est plus à démontrer [31] et [32].
Ce document se propose de rendre compte :
– de l’ampleur et de la gravité du risque d’APP à travers les données statisti-
ques de la CNAMTS ;
– de la diversité des circonstances de ces accidents à travers quelques récits
extraits de la base de données EPICEA [19] ;
– des aspects réglementaires et normatifs relatifs à leur prévention ;
– de la prévention de cas de glissades par le biais de sols et de chaussures
antidérapants ;
– des travaux concernant plus globalement la prévention des perturbations
d’équilibre.

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SE 3 865 − 2 est strictement interdite. − © EditionsT.I.

TR
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concernent des lésions aux membres inférieurs (pieds exclus).


1. Appréciation du risque Lorsque la lésion touchait les membres supérieurs ou lorsque les
d’accident de plain-pied localisations étaient multiples, le risque que l’accident entraîne une
IP était plus élevé. Le nombre moyen des jours perdus par IT était
à travers les statistiques de 67 pour les lésions multiples ou situées aux membres supé-
rieurs contre 48 pour l’ensemble des sièges.
de la CNAMTS [15] et [16]
Les AT déclarés avec arrêt de travail sont codifiés au travers de
la grille « éléments matériels » de la CNAMTS (caisse nationale
d’assurance maladie des travailleurs salariés) (tableau 1). L’élé- Tableau 1 – Liste des éléments matériels
ment matériel 01 a pour intitulé « emplacement de travail et sur- selon lesquels sont répertoriés les accidents


faces de circulation. Cas des accidents survenus de plain-pied ». du travail survenus dans les entreprises du régime
général d’assurance maladie

1.1 Ampleur et gravité du risque Numéro


de l’élément Intitulé de l’élément matériel
Les APP se situent en deuxième position, en termes de nombre matériel
d’accidents avec arrêt et de nombre d’accidents avec incapacité
permanente (IP) ainsi qu’en termes de nombre de jours perdus par 01 Emplacements de travail et surfaces
incapacité temporaire (IT) derrière l’élément matériel 03 intitulé de circulation (cas des accidents survenus
« objets en cours de manipulation » (figure 1). Ils comptabilisent de plain-pied)
plus de 20 % des AT avec arrêt, plus de 20 % des jours perdus par
IT et environ 20 % des AT avec IP.
02 Emplacements de travail et surfaces
de circulation (cas des accidents comportant
une chute avec dénivellation)
1.2 Répartition des APP suivant l’âge
et la qualification professionnelle 03 Objets en cours de manipulation
Les salariés les plus jeunes sont les plus touchés par les APP
avec arrêt, et les salariés sont d’autant plus touchés par les APP 04 Objets en cours de transport manuel
avec incapacité permanente (IP) que leur âge augmente (figure 2).
Les ouvriers non-qualifiés sont les plus touchés par les APP avec 05 Objets, masses, particules en mouvement
arrêt et par les APP avec IP. Les cadres, techniciens et agents de accidentel
maîtrise sont les moins touchés par les APP avec arrêt et avec IP
(figure 3).
06 et 07 Appareils de levage

08 Véhicules
1.3 Répartition des APP suivant
les branches d’activité 09 à 26 – 28 Machines
Au sein du régime général de la Sécurité Sociale, chaque activité et 29
professionnelle est rattachée à un comité technique national, qui
sont au nombre de neuf. Le tableau 2 montre que les salariés ne 27 Matériels et engins de terrassement
sont pas également exposés au risque d’APP avec arrêt et d’APP et travaux annexes
avec incapacité permanente (IP) suivant le comité technique qui les
concerne. Ce constat ainsi que les données rapportées sur la 30 Outils mécaniques tenus ou guidés à la main
figure 3 accréditent l’hypothèse selon laquelle les facteurs d’acci-
dent de plain-pied sont à rechercher à travers toutes les
composantes de la situation de travail, non seulement l’individu 31 Outils à mains
mais également la tâche qu’il réalise, le matériel qu’il utilise et
l’environnement dans lequel il évolue. 32 à 35 Appareils

36 Vapeurs, gaz et poussières délétères


1.4 Lésions consécutives aux APP
La CNAMTS répertorie la nature des principales lésions 37 Matières combustibles en flammes
consécutives aux APP comme étant des contusions, des « douleurs
efforts lumbagos », des entorses, des plaies, des lésions multiples 38 Matières explosives
et des fractures. La figure 4 représente la répartition des APP sui-
vant cette catégorisation de la nature des lésions. Toutes branches 39 Électricité
d’activités confondues, les lésions occasionnées par les APP sont
situées le plus fréquemment au niveau des membres inférieurs
(pieds exclus) (figure 5). Environ un tiers du nombre d’APP avec 40 Rayonnements ionisants et substances
arrêt de travail et du nombre d’APP avec incapacité permanente radioactives
(IP) ont eu pour conséquence une lésion aux membres inférieurs
(pieds exclus). De plus, environ un tiers du nombre de journées 98 et 99 Divers et non-classés
perdues par incapacité temporaire (IT) à l’occasion des APP

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TS

TT
Organisation et sécurité des chantiers
(Réf. Internet 42225)

1– Organisation des chantiers

2– Sécurité des chantiers



3– Échafaudages Réf. Internet page

Échafaudages. Destinations et cadre réglementaire C125 47

Échafaudages. Matériaux et matériels C126 49

Échafaudages. Calculs C127 51

Échafaudages. Diférentes destinations. Mise en oeuvre C128 55

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
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• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

TU

TV
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Échafaudages
Destinations et cadre réglementaire

par René SANDBERG


Ingénieur de l’École centrale de Paris
Bernard BEZIAT


Ingénieur de l’École de travaux publics
Claude BONETAT
Ingénieur Conseil
et Patrick ROSSIGNOL
Chargé des questions techniques au Syndicat de l’Échafaudage

1. Généralités................................................................................................. C 125v2 - 2
2. Destinations des échafaudages ........................................................... — 2
2.1 Service .......................................................................................................... — 2
2.2 Étaiement ..................................................................................................... — 3
2.3 Structures temporaires ............................................................................... — 5
3. Termes et définitions .............................................................................. — 5
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 125v2

ette série de dossiers a pour but de donner aux ingénieurs, dans les
C bureaux d’études et sur les chantiers, des indications générales sur les
matériels d’échafaudage pour les aider à les mettre en œuvre qu’il s’agisse
d’échafaudages de service ou d’étaiements, auxiliaires de la construction, ou
qu’il s’agisse d’autres destinations temporaires.
Elle a aussi pour but de leur donner les moyens de faciliter des échanges de
vue avec les fournisseurs de ces matériels, ainsi qu’avec les instituts de
contrôle, pour mener à bien les travaux entrepris par les utilisateurs.
Ces différentes parties remplacent le dossier datant de 1996 en tenant compte
de l’état actuel de la normalisation européenne. Le Comité de normalisation
européen (CEN) s’est consacré dans un de ces comités techniques (TC 53),
depuis un certain nombre d’années, à unifier les normes nationales concernant
les échafaudages de service et d’étaiement et il en est issu des normes
européennes devant remplacer les normes nationales. D’autres normes sont
encore au stade de l’élaboration (voir [Doc. C 125v2]).
La thématique « Échafaudages » est ainsi déclinée de la façon suivante :
[C 125v2] Destinations et cadre réglementaire ;
[C 126] Matériaux et matériels ;
[C 127] Calculs ;
[C 128] Exemples et organisation de chantier.
Dans leur plus grande généralité, les échafaudages sont des structures
réticulées formées d’éléments verticaux (poteaux), d’éléments horizontaux
(lisses, traverses) et d’éléments de contreventement pour assurer la stabilité.
Ces éléments s’assemblent entre eux par des raccords, par emboîtement ou
clavetage. Il y figure aussi des accessoires, tels que les pièces d’appui sur le
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sol, ou des pièces de soutien des charges au sommet des poteaux (fourches).

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ÉCHAFAUDAGES. DESTINATIONS ET CADRE RÉGLEMENTAIRE __________________________________________________________________________________

Les matériels d’échafaudage permettent de monter les structures requises,


puis de les démonter et de les utiliser pour de nombreux autres emplois.
Les éléments de ces matériels tiennent compte de la charge limitée à 25 kg
que peut porter un homme. Le choix s’est fixé principalement sur le tube
circulaire (acier ou alliage d’aluminium), dont le moment d’inertie de la section
est le même dans tous les azimuts. Cette section circulaire facilite les
assemblages par raccords et permet de reprendre au mieux les sollicitations en
compression.
Que ce soit pour les échafaudages « tubes et raccords » ou pour les écha-
faudages préfabriqués, les tubes les plus utilisés sont les tubes ronds en acier
de diamètre extérieur de 48,3 mm, d’épaisseur nominale 3,2 mm (NF EN 39),
ou des tubes de même diamètre extérieur mais d’une épaisseur inférieure (voir
[C 126, § 1 Matériaux]).
Ces matériels dont les éléments de base sont peu nombreux, permettent de
S réaliser des structures d’une très grande diversité.

1. Généralités Le choix des éléments se fait en tenant compte des carac-


téristiques du matériel, l’utilisation des tubes d’acier de diamètre
extérieur de 48,3 mm est prépondérante (sauf par exemple pour de
Les échafaudages ont été depuis la plus haute antiquité les lourdes charges pour lesquelles on utilise des tubes de diamètre
auxiliaires de la construction : ce sont des structures provisoires. extérieur de 60 mm, et plus).

Autrefois ils étaient en bois (perches, longerons, boulins...) et les L’utilisateur doit tenir compte de son stock et de ses possibilités
éléments étaient assemblés entre eux par des cordages, dont le d’approvisionnement.
niveau de serrage ne pouvait bien se définir, mais pour lesquels le Le choix étant fait, on procède pour la structure d’échafaudage à
savoir-faire des monteurs garantissait la sécurité. la vérification de la stabilité pour les charges données dans la
configuration retenue, les risques les plus importants encourus
Le développement des travaux de construction du bâtiment et
étant le flambement local ou d’ensemble, le déversement pour
du génie civil, a conduit à remplacer le bois par l’acier et dans
insuffisance de contreventement, le renversement.
certain cas par des alliages d’aluminium, ils permettent une justi-
fication précise par le calcul et un montage rationnel.
Il fallait un matériel permettant de nombreux emplois, facilement
maniable, dont le montage, le démontage, l’entretien, le stockage
devaient être aisés, conduisant à une diminution du temps de
2. Destinations
main-d’œuvre. des échafaudages
Les assemblages se font sans aucune soudure sur chantier, par
l’utilisation de raccords unissant deux éléments tubulaires, fixés
par boulonnage, par emboîtement ou par clavetage. 2.1 Service
C’est ainsi qu’en 1925 sont apparues en Europe, les structures à
Nota : pour les normes, se reporter à [Doc. C 125v2].
tubes assemblés par des raccords dites « à tubes et raccords »
permettant les applications les plus diverses, puis, après la guerre Les échafaudages de service équipés de planchers et de leurs
1939-1945, les échafaudages préfabriqués permettant d’améliorer accès permettent d’installer des postes de travail aux niveaux où
les temps de main-d’œuvre. les ouvriers doivent intervenir pour l’édification, la maintenance, la
réparation, et parfois la démolition des bâtiments.
Ces échafaudages se sont diversifiés suivant leur destination :
Les planchers et les accès doivent pouvoir supporter les
— en échafaudages de service (figure 1) ; hommes, les matériaux et les équipements (voir figure 3).
— en échafaudages d’étaiement (figure 2) ;
Par ailleurs, ils doivent être pourvus de protection (garde-corps,
— en structures temporaires.
plinthes, treillis, pare-gravois, filets de sécurité...) pour empêcher
Les systèmes à cadres sont apparus, puis des systèmes multi- les chutes des personnes et des objets.
directionnels. Ces derniers ont pris naissance vers 1960 sur les La circulation des hommes doit satisfaire à un gabarit de
chantiers navals, leur usage s’est ensuite généralisé. passage (hauteur libre, clair de largeur) (voir figure 4 et tableau 1).
Les calculs des structures d’échafaudages portent plus sur la (0)
vérification que sur l’optimisation, contrairement aux ossatures en
charpente métallique traditionnelle édifiée pour être définitive, et Les principaux échafaudages de service sont :
pour laquelle on peut choisir les éléments dans la très grande • Les échafaudages de façade de pied ou en encorbellement (qui
diversité des profilés proposée par l’industrie. sont amarrés à des ancrages du bâtiment contre lequel ils sont
Pour répondre aux exigences du chantier, l’utilisateur peut faire montés) (voir NF EN 12811, NF EN 12810-1, EN 12810-2).
appel aux matériels du commerce les mieux adaptés en choisissant • Les parapluies, protections pour mettre hors d’eau un bâtiment
parmi les différents systèmes d’échafaudages préfabriqués ou non. à surélever.

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C 125v2 − 2 ©Techniques de l’Ingénieur

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Échafaudages
Matériaux et matériels
par René SANDBERG
Ingénieur de l’École centrale de Paris
Bernard BEZIAT
Ingénieur de l’École de travaux publics
Claude BONETAT


Ingénieur Conseil
et Patrick ROSSIGNOL
Chargé des questions techniques au Syndicat de l’Échafaudage

1. Matériaux ................................................................................................... C 126 - 2


1.1 Généralités ................................................................................................... — 2
1.2 Exigences spécifiques relatives aux matériaux ........................................ — 2
1.2.1 Acier..................................................................................................... — 2
1.2.2 Alliages d’aluminium ......................................................................... — 2
1.2.3 Bois et matériaux à base de bois ...................................................... — 3
2. Différents systèmes d’échafaudage ................................................... — 3
2.1 Matériels à « tubes et raccords »................................................................ — 3
2.1.1 Tubes.................................................................................................... — 3
2.1.2 Raccords et accessoires ..................................................................... — 4
2.2 Systèmes préfabriqués ............................................................................... — 5
2.2.1 Systèmes « à cadres » ........................................................................ — 5
2.2.2 Systèmes « modulaires » ................................................................... — 6
2.3 Planchers, et cadres horizontaux pour les différents
systèmes d’échafaudage............................................................................. — 7
2.4 Éléments de protection, éléments de contreventement
dans les plans longitudinaux...................................................................... — 7
2.5 Accès entre niveaux .................................................................................... — 7
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 125v2

ette partie présente l’ensemble des matériels d’échafaudage et les matériaux


C les constituant.
Il convient de remarquer que l’utilisateur a le choix du matériel à employer
pour une destination donnée, et qu’il trouvera ici des indications lui permettant
d’orienter ce choix.
La thématique « Échafaudages » est déclinée de la façon suivante :
[C 125v2] Destinations et cadre réglementaire ;
[C 126] Matériaux et matériels ;
[C 127] Calculs ;
[C 128] Exemples et organisation de chantier.
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ÉCHAFAUDAGES. MATÉRIAUX ET MATÉRIELS _______________________________________________________________________________________________

1. Matériaux Les tubes d’un diamètre extérieur nominal différent de la gamme


de 48,3 mm, autres que ceux destinés à la protection latérale, doi-
vent avoir les caractéristiques nominales suivantes :
— épaisseur de paroi : ................................................. 5 2,0 mm ;
1.1 Généralités
— limite apparente d’élasticité R eH : .................. 5 235 N/mm 2 ;
Les produits utilisés pour les éléments des structures d’échafau- — allongement A :.............................................................. 5 17 % .
dage peuvent être des aciers, des alliages d’aluminium et, pour les
D’autres diamètres de tubes avec des épaisseurs différentes
planchers (surfaces de travail), du bois, du métal (acier, alliage d’alu-
peuvent aussi être utilisés (voir tableau 2).
minium ou une combinaison de ceux-ci avec éventuellement des
matières plastiques).
■ Protection latérale
La norme NF EN 12811-2 donne pour ces matériaux, aciers,
alliages d’aluminium bois, toutes les informations nécessaires à Les composants utilisés exclusivement pour la protection
leur utilisation. On peut se référer également aux DTU mentionnés latérale, autres que les plinthes, doivent avoir une épaisseur
en [Doc. C 125v2]. minimale de paroi de 1,5 mm. Pour les plinthes, l’épaisseur
Les matériaux utilisés doivent présenter une rigidité et une dura- minimale nominale de paroi doit être de 1,0 mm. Une épaisseur
bilité suffisantes leur permettant de résister aux conditions normales plus faible peut être utilisée, lorsque l’aptitude à l’emploi et la

S de service. capacité portante sont assurées, par exemple lors de l’utilisation de


sections de renfort ou de contreventement, ou de profilage de la
Les matériaux doivent être exempts de toute impureté et de tout section transversale.
défaut susceptibles de compromettre leur utilisation de manière
satisfaisante. ■ Plateaux
Les plateaux et leurs constituants immédiats doivent avoir une
1.2 Exigences spécifiques relatives épaisseur minimale nominale de 2,0 mm. Une épaisseur plus faible
peut être utilisée, lorsque l’aptitude à l’emploi et la capacité
aux matériaux portante sont assurées, par exemple lors de l’utilisation de sections
de renfort ou de contreventement, ou de profilage de la section
1.2.1 Acier transversale.

Remarque : les aciers désoxydés de type FU (aciers efferves- ■ Revêtement de protection des composants
cents) ne doivent pas être utilisés.
Les composants doivent être protégés tel que cela est spécifié
■ Tubes libres dans la norme NF EN 12811-2.
Les tubes libres en acier utilisés en échafaudage à tubes et rac-
cords sont essentiellement des tubes de diamètre extérieur 1.2.2 Alliages d’aluminium
48,3 mm par 3,2 mm d’épaisseur. Ces tubes auxquels peuvent être
reliés des raccords conformes à la norme NF EN 74-1 doivent pré-
■ Tubes libres
senter une limite conventionnelle minimale nominale d’élasticité
de 235 N/mm2 conformément à NF EN 39. Les tubes libres auxquels peuvent être reliés des raccords
Cependant et suivant les charges à supporter, on peut être conformes à NF EN 74-1 (c’est-à-dire d’un diamètre extérieur
amené à utiliser des tubes de diamètre 60,3 mm ou même 76,1 mm nominal de 48,3 mm) doivent présenter une limite conventionnelle
pour constituer les éléments porteurs (poteaux). minimale nominale d’élasticité à 0,2 %, correspondant à
195 N/mm2, et une épaisseur minimale de paroi de 4,0 mm.
Dans le tableau 1 ci-dessous sont données les caractéristiques
mécaniques de ces tubes.
■ Tubes pour composants préfabriqués
■ Tubes pour composants préfabriqués de systèmes de systèmes d’échafaudages
d’échafaudages Les tubes en alliage d’aluminium d’un diamètre extérieur de
Les tubes en acier d’un diamètre extérieur de 48,3 mm doivent 48,3 mm doivent être conformes à la spécification donnée dans le
être conformes à la spécification donnée dans le tableau 2. tableau 3. (0)

Tableau 1 – Caractéristiques mécaniques des tubes en acier S 235 suivant NF EN 39

Module
Diamètre Aire Moment Rayon
Épaisseur t d’inertie Masse linéique Allongement
extérieur D de la section A d’inertie I de giration i
de flexion w
(mm) (mm) (cm2) (cm4) (cm3) (cm) (kg/m) (%)

48,3 3,2 4,53 11,6 4,80 1,60 3,56 24 %

60,3 3,2 5,74 23,47 7,78 2,02 4,51 17 %

76,1 3,2 7,33 48,80 12,8 2,58 5,24 17 %

Selon NF EN 39 : l’acier 5235 GT pour les épaisseurs t < 4 mm donne une limite élastique R eH = 235 N/mm2, une résistance ultime à la traction R m = 340 à
520 N/mm2 et un allongement A = 24 %.

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Échafaudages
Calculs
par René SANDBERG
Ingénieur de l’École centrale de Paris
Bernard BEZIAT
Ingénieur de l’École de travaux publics
Claude BONETAT
Ingénieur Conseil
et Patrick ROSSIGNOL
Chargé des questions techniques au Syndicat de l’Échafaudage

1. Actions s’exerçant sur une structure d’échafaudage.................... C 127 – 2
1.1 Charges permanentes ................................................................................. — 2
1.2 Charges variables ........................................................................................ — 2
1.2.1 Charges d’exploitation ....................................................................... — 2
1.2.2 Charges climatiques ........................................................................... — 2
1.3 Combinaisons de charges........................................................................... — 3
2. Vérification des structures d’échafaudages. Principes des états
limites.......................................................................................................... — 3
2.1 État limite ultime (ELU) ............................................................................... — 4
2.2 État limite de service (ELS) ......................................................................... — 4
2.3 Vérification de la stabilité globale .............................................................. — 4
2.4 Imperfections ............................................................................................... — 5
3. Méthodes d’analyses............................................................................... — 6
3.1 Analyse au premier ordre ........................................................................... — 6
3.2 Analyse au second ordre ............................................................................ — 7
3.3 Procédure informatique/Modélisation ....................................................... — 7
3.4 Rappels concernant le flambement ........................................................... — 7
3.4.1 Charge critique d’Euler....................................................................... — 7
3.4.2 Charge critique d’une structure réticulée à poteaux comprimés ... — 8
3.4.3 Plan vertical de cadres dans un treillis à barrettes de liaison ......... — 9
3.4.4 Flèche sous chargement latéral et compression axiale simultanée — 10
3.4.5 Rappel des équations des barres et des nœuds .............................. — 10
Références bibliographiques ......................................................................... — 11
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 125v2

ans ce dossier sont indiquées les données sur lesquelles sont établis les
D calculs. Ces calculs sont basés sur la connaissance des actions dont les
combinaisons s’appliquent en fonction de la destination de la structure.
La méthode aux états limites exposée ici sera prise en compte avec les coeffi-
cients de sécurité applicables, et les calculs eux-mêmes seront effectués par ana-
lyse au 1er ordre ou au 2e ordre.
Pour de plus amples renseignements, le lecteur est invité à consulter les dossiers [C 125 v2]
et [C 126] déjà parus et concernant aussi les échafaudages (« Destination et cadre
réglementaire » et « Matériaux et matériels »).
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ÉCHAFAUDAGES _______________________________________________________________________________________________________________________

avec qi pression du vent,


1. Actions s’exerçant Cfi coefficient de pression,
sur une structure Ai maître couple,
d’échafaudage Cs coefficient d’emplacement.
Tous les composants soumis à l’effet du vent doivent être pris en
compte (poteaux, lisses, traverses, garde-corps, diagonales, plan-
Ces actions peuvent être classées en deux groupes : chers, plinthes, bâches, tôles, filet) sans effet d’écran. Les effets du
— les charges permanentes ; vent sur les nœuds d’assemblage (raccords, pontets, rosaces)
— les charges variables. seront négligés.
■ Pression du vent « q » (N/m2)
● Vent hors service, échafaudage de chantier
1.1 Charges permanentes La pression de base q10, indiquée dans la norme, correspond aux
régions de la carte nationale, corrigée suivant la formule :

Ce sont essentiellement le poids propre qui tient compte de tous pour un vent normal :


les composants de l’échafaudage (poteaux, lisses, traverses, diago- H + 18
nales, protections latérales, planchers, plinthes, recouvrements, rac- q corrH = q 10 × ----------------- × k s × k m × δ
cords, etc.). H + 60

avec H hauteur (en m) (NV 65 article 1.2.4.1.),


ks coefficient de site (NV 65 article 1.2.4.2.),
1.2 Charges variables km coefficient de masque (NV 65 article 1.2.4.3.),
δ coefficient de dimension (NV 65 article 1.2.4.4.).
Ces charges sont : ● Vent extrême
— les charges d’exploitation ; On fera un calcul de vérification en prenant comme valeur de la
— les charges climatiques ; pression 1,75 × qcorrH, les autres actions (poids propre et charges
— et les combinaisons de ces charges. d’exploitation) étant pondérées par 1,00 (cf. en [Doc. C 125 v2] –
règles CM66 1.2.13 DTUP 22-701).
● Vent en service pour un échafaudage non recouvert
1.2.1 Charges d’exploitation
On doit se limiter à une pression q = 200 N/m2, valeur au-delà de
laquelle le personnel ne doit plus être sur l’échafaudage.
Ce sont :
— pour les échafaudages de service, des charges sur les plan-
Remarque concernant les échafaudages de façade préfa-
chers (stockage, personnel) (cf. [C 128] § 1.1 et 1.2) ;
briqués
— pour les échafaudages d’étaiement, des charges provenant du
béton et de son coffrage ou des pièces à soutenir en cours de cons- Les échafaudages, non recouverts ou recouverts (bâches, tôles,
truction (cf. [C 128] § 1.3) ; filets), font l’objet d’essais et de calculs qui permettent aux fabri-
— pour les structures provisoires (cf. [C 128] § 1.4). cants d’obtenir la conformité aux normes ou la certification
Marque NF Échafaudages, pour une classe de charge revendiquée
pour un type donné dans une configuration conventionnelle.
1.2.2 Charges climatiques Les calculs sont faits par les fabricants suivant des conditions
conventionnelles (cf. § 3.1).
Ce sont principalement les charges dues aux actions du vent et de
la neige ; elles sont définies par les règles NV 65 et annexes, modi-
fiées en mai 1995 et décembre 1999 (cf. [Doc. C 125 v2]). Conditions d’application
Le vent hors service est défini par la courbe du tableau 3 de la
Un projet de norme européen ENV 1992-2-4 Eurocode 1 est en norme NF EN 12810-1, courbe qui couvre 70 % des chantiers au
cours d’élaboration. plan européen (cf. [C 128] § 1.1).
Cependant, certains problèmes relatifs aux échafaudages n’ont Pour le vent conventionnel en service q = 200 N/m2.
pas été traités dans ces documents ; il sera donc surtout précisé, Les fabricants remettent aux utilisateurs des notices techni-
dans le texte ci-dessous, les aspects spécifiques liés à l’échafau- ques relatives à ces conditions.
dage, en tenant compte de résultats complémentaires provenant Sur un chantier, lorsque la pression est supérieure à la valeur
d’essais effectués en Europe. Ces résultats sont exploités dans les indiquée par les notices pour le vent hors service, il faut procé-
normes européennes sur les échafaudages. Ils s’appliquent aux der aux calculs de vérification avec la pression du vent du site
structures réticulées de service, d’étaiement et aux structures provi- considéré.
soires autres que les hangars, supports de couverture, tours fer-
mées, par exemple, qui sont justiciables des règles NV 65 et
annexes. ■ Coefficient de pression Cf
● Pour les échafaudages non recouverts, le coefficient peut être
uniformément pris égal à Cf = 1,3 (NF EN 12811-1). Il s’applique pour
1.2.2.1 Charges dues au vent
les composants tels que tubes, planchers, plinthes, zone de 400 mm
La norme NF EN 12811-1 (cf. [Doc. C 125 v2]) donne, pour une au-dessus du plancher de travail, dans le cas de stockage éventuel.
structure recouverte ou non recouverte, la formule suivante pour la ● Pour les échafaudages recouverts (bâches, tôles, filets) :
force s’exerçant sur le composant i de l’échafaudage (article 6.2.7.1) — vent perpendiculaire à la façade : Cf = 1,3 ;
dans une direction donnée : — vent parallèle à la façade :
Fi = qi × Cfi × Ai × Cs • sur la face parallèle à la façade : Cf = 0,1,

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______________________________________________________________________________________________________________________ ÉCHAFAUDAGES

Cs Cs
1 2
1
3
1,0
0,8
0,75
0,6 1
0,5
0,4
0,25

0 0,2
0 0,1 0,4 0,75 1,0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 ϕB
ϕB
Cs Coefficient d'emplacement
Figure 1 – Coefficient d’emplacement Cs perpendiculaire pour ϕB Coefficient de plénitude
les échafaudages de service montés devant une façade et pour Courbe 1 - Recouvrement par filet dans les deux directions
des charges dues à l’action du vent perpendiculaires à la façade

• sur les faces d’extrémité perpendiculaires à la façade, en


perpendiculaire et parallèle au vent.
Courbe 2 - Bâche ou tôle de protection dans les deux directions
perpendiculaire et parallèle au vent.

Courbe 3 - Pour bâche ou tôle de protection, mais seulement pour le
global : Cf = 1,3 soit (0,8 face au vent + 0,5 face sous le vent). N’est calcul des efforts d'ancrage de traction perpendiculaires à la façade.
envisagé ici que le cas où les deux faces d’extrémité sont recou-
vertes. Figure 2 – Coefficient d’emplacement, Cs, pour échafaudages
de service recouverts devant une façade
■ Maître couple Ai
Le maître couple Ai est la projection orthogonale de la surface du Dans le cas de surcharge extrême due au vent, le coefficient de
composant i sur un plan normal à la direction du vent. pondération des charges permanentes, des charges d’exploitation
et de neige est pris égal à 1,0.
■ Coefficient d’emplacement Cs
Ce coefficient de réduction ne s’applique qu’aux échafaudages de
façade accolés à un bâtiment existant ou en construction (pour une Remarque
structure isolée Cs = 1,00). Concernant les échafaudages de façade préfabriqués, il n’est
pas demandé, dans la vérification pour les conditions conven-
● Détermination de Cs pour les échafaudages de façade non
tionnelles de l’échafaudage type, de tenir compte de la charge
recouverts de neige.
Cs est fonction de la valeur de la « plénitude ϕB » du bâtiment
accolé, rapport de la surface pleine à la surface totale de celui-ci
(figure 1).
En général, en France, pour un bâtiment en construction : 1.3 Combinaisons de charges
ϕ = 0,7 d’où Cs = 0,50
Ces combinaisons seront traitées dans le dossier [C 128] aux
En Europe, pour un autre mode de construction avec moins de paragraphes 1.1, 1.2, 1.3, 1.4. En particulier, au paragraphe 1 seront
fermeture, on prend : ϕ = 0,4 avec Cs = 0,75 (cf. NF EN 12810-1 indiqués certains cas de combinaisons de charges, relatifs aux diffé-
tableau 6). rentes structures étudiées.
● Détermination de Cs pour les échafaudages de façade
recouverts (figure 2)
Le diagramme de l’annexe A de la norme NF EN 12811-1 donne
les valeurs de Cs fonction de la plénitude du bâtiment pour : 2. Vérification des structures
— un filet (courbe 1 de la figure 2) ; d’échafaudages. Principes
— une bâche ou une tôle (courbe 2).
La courbe 3 est applicable pour la détermination des efforts aux
des états limites
ancrages de traction perpendiculaires à la façade d’échafaudages
recouverts de bâche, de filet ou de tôle.
Les échafaudages sont des charpentes métalliques très particuliè-
res par leur composition principale, en tubes métalliques (ronds
1.2.2.2 Neige [1] pour la plupart), liés entre eux par des raccords ou des jonctions
avec des pontets soudés aux tubes (systèmes modulaires) ou sou-
Les règles NV 65 et annexes, modifiées en mai 1995 et décembre dés entre eux (systèmes à cadres).
1999 donnent les charges dues à la neige à l’aide d’une carte et d’un
tableau des valeurs suivant les régions ainsi qu’un tableau des Ils doivent être conçus de manière à remplir les conditions de
valeurs en fonction de l’altitude (surcharges normales et surcharges sécurité vis-à-vis de la stabilité et de l’aptitude à l’emploi sous les
extrêmes). combinaisons de charges les plus défavorables (cf. [C 128]) dans
toutes les phases de montage, d’utilisation, de démontage.
Dans la prise en compte d’une combinaison de charges faisant
intervenir le vent et la neige, la charge de neige peut être réduite de Ils ne doivent présenter ni déformations exagérées, ni phénomè-
moitié. nes de flambement (locaux ou globaux), ni de déversement.

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UT
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Échafaudages
Différentes destinations. Mise en œuvre
par René SANDBERG
Ingénieur de l’École centrale de Paris
Bernard BEZIAT
Ingénieur de l’École de travaux publics
Claude BONETAT
Ingénieur Conseil
et Patrick ROSSIGNOL
Chargé des questions techniques au Syndicat de l’Échafaudage

1. Descriptions. Caractéristiques. Charges pour certaines
structures ................................................................................................... C 128 – 2
1.1 Échafaudage de service : façade de pied cadres ou modulaires ............. — 2
1.1.1 Caractéristiques .................................................................................. — 2
1.1.2 Charges de service ............................................................................. — 4
1.1.3 Conformité aux normes européennes d’un échafaudage type
de façade de pied en éléments préfabriqués ................................... — 5
1.1.4 Vérifications ........................................................................................ — 7
1.2 Échafaudages de service autres que les échafaudages de façade .......... — 7
1.2.1 Parapluies ............................................................................................ — 7
1.2.2 Tours d’accès....................................................................................... — 8
1.2.3 Échafaudages préfabriqués roulants ................................................ — 8
1.2.4 Échafaudages de service en volume................................................. — 9
1.2.5 Stabilité d’une flèche d’église en maçonnerie échafaudée ............. — 9
1.3 Étaiement ..................................................................................................... — 10
1.3.1 Charges sur l’étaiement ..................................................................... — 10
1.3.2 Disposition d’un étaiement de pied (cas du béton armé) ............... — 11
1.3.3 Étaiements de franchissement (cas du béton armé) ....................... — 11
1.3.4 Structures spéciales entrant dans la catégorie des étaiements ..... — 13
1.3.5 Étaiement de pied pour dalle inclinée .............................................. — 13
1.4 Structures provisoires ................................................................................. — 13
1.4.1 Hangars ............................................................................................... — 13
1.4.2 Passerelles provisoires....................................................................... — 14
2. Mise en œuvre du chantier, montage, démontage, entretien,
conseils ....................................................................................................... — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 125v2

e dossier, dernière partie de l’ensemble consacré aux échafaudages,


C détaille, en fonction de la destination, les différents exemples d’échafau-
dage et leurs caractéristiques de montage et de démontage. Il présente d’abord
des exemples de structures très couramment employées, pour les services, les
étaiements et les structures provisoires. Puis comme, pour tous les échafauda-
ges, une reconnaissance préalable est nécessaire pour apprécier les particulari-
tés et les possibles difficultés à résoudre, une deuxième partie traite plus
particulièrement de l’organisation du chantier.
Pour de plus amples renseignements, le lecteur est invité à consulter les dossiers [C 125 v2] –
[C 126] – [C 127] déjà parus concernant les échafaudages (« Destination et cadre
réglementaire » – « Matériaux et matériels » – « Calculs »).
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ÉCHAFAUDAGES _______________________________________________________________________________________________________________________

1. Descriptions.
(0)

Tableau 1 – Classes de largeur pour les surfaces de travail


Caractéristiques. Charges w
Classes de largeur
pour certaines structures (m)
W06 0 ,6 ⭐ w < 0 ,9
W09 0 ,9 ⭐ w < 1 ,2
1.1 Échafaudage de service : façade W12 1 ,2 ⭐ w < 1 ,5
de pied cadres ou modulaires W15 1 ,5 ⭐ w < 1 ,8
W18 1 ,8 ⭐ w < 2 ,1
W21 2 ,1 ⭐ w < 2 ,4
C’est le plus courant des échafaudages de service ; cette structure
(figure 1), à deux files de poteaux, tient sa stabilité d’ensemble de W24 2 ,4 ⭐ w
ses amarrages aux ancrages du bâtiment d’accueil, pendant la cons-
truction ou la réfection. Elle peut être recouverte (bâches, tôles, filet)

S ou non.

Les échafaudages de façade sont équipés de planchers pour les


1.1.1 Caractéristiques

Les caractéristiques générales sont données ci-dessous :


postes de travail et pour le stockage des matériaux et permettent
l’accès à ces postes par des circulations, des escaliers, des échelles, — hauteur d’étage : en France environ 2,00 m ;
munis de protection latérale (exemple : figure 2, échafaudages de
— classes de largeur (tableau 1) : elles sont définies par la norme
façade réalisés en tubes et raccords avec des planches séparées,
NF EN 12811-1 (cf. [Doc. C 125 v2]) ; les largeurs doivent être confor-
posées).
mes au gabarit de passage de la figure 2 du même document.
Les surfaces de travail et d’accès ne doivent pouvoir causer aucun
trébuchement ou dérapage et il ne doit pas y avoir d’espace vide
plus grand que 25 mm entre les éléments de plancher.

19
5 Remarque : s’il ne peut être de pied, l’échafaudage peut être
3
en encorbellement (figure 3) ou en bascule (figure 4, p. 5) si les
9
4 fenêtres sont en bon état.

7 18
13 ■ Protections latérales
23
17 Celles-ci présentent une lisse supérieure à 1,00 m au-dessus du
plancher (avec une tolérance de − 0,05), une lisse intermédiaire dis-
H 14 15 posée entre 0,45 m et 0,50 m par rapport au plancher et une plinthe
11 16 de 15 cm de hauteur (figure 5, p. 5).
12
21 Une autre disposition possible pour la protection latérale est un
22 treillis métallique donnant une sécurité équivalente (maille ne
2b 20 1 dépassant pas 50 mm).
1
2a
Recommandation : il est recommandé, pour la sécurité du
8 10 montage, d’utiliser comme protection latérale une protection
6 dite « multiservice », dont on trouve la définition en [C 125 v2]
L § 3.
Franchisse
ment
L
1 cadre vertical ■ Contreventements
2a poteau du cadre
Pour les contreventements, deux points sont importants :
2b traverse du cadre 13 cadre de garde-corps
3 cadre horizontal 14 plinthe — le plan vertical parallèle avant, proche du bâtiment d’accueil,
4 plancher monolithe ou en 15 lisse haute de garde-corps ne doit pas présenter de diagonales dans ses travées, pour ne pas
plusieurs éléments latéral gêner les travaux, ni de protection latérale si la distance au bâtiment
5 lisse 16 lisse basse de garde-corps est inférieure ou égale à 20 cm ;
6 traverse latéral
7 diagonale horizontale 17 plinthe latérale — le plan vertical arrière, parallèle au bâtiment, peut présenter
8 diagonale verticale 18 cadre de garde-corps latéral des diagonales, ou bien assurer le contreventement par des encas-
9 amarrage 19 potelet de garde-corps
trements partiels provenant des jonctions aux poteaux des lisses
10 plaque de base à semelle
des protections latérales.
20 garde-corps multiservice
fixe ou réglable 21 console ● Dans les plans transversaux verticaux
11 lisse supérieure de garde-corps 22 poutre de franchissement
12 lisse inférieure de garde-corps 23 treillis de protection
Il faut assurer le contreventement par les encastrements parfaits
des cadres ou par les encastrements partiels des nœuds modulai-
res. En effet, des diagonales gêneraient la circulation excepté aux
Figure 1 – Échafaudages à cadres préfabriqués extrémités.

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______________________________________________________________________________________________________________________ ÉCHAFAUDAGES

PT TS Y GC PL

0,90
PT

C cale en bois DH

1,80
CO collier angle droit PS X X TA
DH diagonales horizontales
DL diagonales longitudinales DH

1,80
DT diagonales transversales LI TP
E étrésillons
GC garde-corps
DH DL

1,80
LI lisse
DL

DT
V
P poteau
PL plinthe
PS plancher de sécurité

1,80
DL

DT

PT plancher de travail P
TA traverses d'amarrage
TP traverses principales

1,80
TS traverses secondaires DL
V vérins

0,20
L L Y ᐉ
CO
Les cotes sont en mètres. Coupe YY
Planches de 40 mm d'épaisseur pour L = 2,50 m et ᐉ = 1,10 m.
C E C
Pour une hauteur de 10,00 m, une longueur de 12,50 m :
- nombre de mètres de tube (∅ 48,3 mm, épaisseur 3,2 mm)
ramenés à 100 m2 = 240 m, CO V LI Coupe XX
- poids pour 100 m2 = 1 200 daN, TP
- temps de montage : 18 à 20 h / t,
LI
- temps de démontage : 8 à 10 h / t,
- charge admissible au pied par poteau : 2 t,
- coefficient de frottement bois / béton : 0,5.

Figure 2 – Échafaudage de façade en tubes et raccords en appui au sol, non recouvert – Exécution des planchers de travail

● Dans les plans horizontaux Toutefois, certains maîtres d’œuvre ne l’apprécient pas car elle
Le contreventement est assuré soit par des planchers préfabri- touche à l’intégrité de la façade. Pourtant, les trous sont de faible
qués participants, soit par des diagonales horizontales ou par des diamètre. Ils sont situés en hauteur et sont rebouchés avec des mor-
cadres horizontaux. tiers ou des résines. Ils deviennent ainsi invisibles du sol.
Cette méthode est vivement recommandée et en plein développe-
■ Amarrages. Ancrages ment pour tous les chantiers de grande hauteur ou bâchés, les
Les ancrages et amarrages sont indispensables pour éviter le pignons aveugles, etc.
renversement total ou partiel de l’échafaudage. Ils ne doivent en La cheville doit être adaptée aux efforts à transmettre et aux
aucun cas être démontés pendant la durée de l’installation de matériaux d’accueil. Des essais peuvent être nécessaires. Pour les
l’échafaudage. travaux d’isolation de façades, il convient de prévoir des dispositifs
De plus, ils doivent être disposés régulièrement sur toute la sur- adaptés aux transmissions de charges.
face de l’échafaudage (figure 6) et leur nombre doit être calculé en ● Ancrages par étrésillons (vérins)
fonction des efforts de vent à prendre en compte.
Des tubes ou étrésillons sont ancrés à l’aide de vérins soit hori-
Ce nombre est précisé par la notice du fabricant ou le plan de zontalement entre les tableaux d’une fenêtre ou d’une porte ou,
montage qui indiquent aussi la répartition des ancrages à mettre en éventuellement, verticalement entre deux planchers (figure 7).
place.
Plusieurs précautions sont à prendre :
● Ancrages par chevilles
— la maçonnerie doit offrir une résistance suffisante pour ne pas
Cette technique consiste à mettre en place, dans un mur suffisam- céder à la pression des vérins et offrir un appui sans pente ;
ment résistant, des fixations dans lesquelles sont placées des vis — la longueur de l’étrésillon doit être fonction du diamètre du tube
terminées par un anneau fermé. La liaison avec l’échafaudage utilisé (risque de flambage), au maximum 2,00 m par tube 40/49 ;
s’effectue par un tube à l’extrémité duquel est fixé un ergot ou une — entre le plateau du vérin ou du tube et la maçonnerie doit être
tête à clavette. Cette technique, qui doit être privilégiée, présente interposée une plaque de contre-plaqué CTBX non bakélisé (épais-
plusieurs avantages : seur minimale 18 mm) ;
— positionnement optimal des points d’ancrage sur la façade ; — à cause des variations climatiques, le contrôle et le resserrage
— vérification aisée de la résistance à l’arrachement par dynamo- des vérins doivent être fréquents et obligatoires à toute reprise de
mètre facile à utiliser (fortement conseillé) ; chantier et avant tout démontage ;
— fenêtres, portes et volets non immobilisés pendant la durée — les assemblages entre étrésillons et tube d’amarrage doivent
des travaux. être réalisés le plus près possible des appuis ;

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Y
Détail de la coupe YY


F

h P

X X

S F = P ᐉ/ h

Plan XX

Figure 3 – Échafaudage en encorbellement

— l’ensemble ancrage/amarrage doit pouvoir résister en perma- ■ Travaux concernés par les classes
nence à un effort minimal normal à la façade de 300 daN (valeur
d’utilisation) ; Les classes 2 et 3 concernent des opérations ne comportant pas
— l’utilisation des étais est à proscrire pour amarrer les écha- de stockage important, uniquement ce qui est immédiatement
faudages. nécessaire pour la peinture, le nettoyage des pierres, le jointoie-
ment, le plâtrage.
● Ancrages par cravatages (particulièrement en milieu industriel)

Ce sont des dispositifs permettant de ceinturer l’ossature Les classes 4 et 5 sont utilisées pour du briquetage, pour la fixa-
d’accueil. tion d’éléments en béton.
● Butonnage La classe 6 est utilisée pour les travaux de maçonnerie lourde ou
Dans un tel dispositif : pour un stockage important de matériels.
— la pièce d’appui est horizontale ;
■ Valeurs recommandées
— des précautions sont à prendre sur des colonnes et des
clochers ; les butons doivent être disposés sur la périphérie afin ● Largeurs recommandées pour le plancher
d’assurer la stabilité quelle que soit la direction du vent.
• Classes 1, 2, 3 : minimum de 0,60 m.

1.1.2 Charges de service • Classes 4, 5, 6 : minimum de 0,90 m.


● Longueurs recommandées pour les travées
La norme NF EN 12811-1 (cf. [Doc. C 125 v2]) les définit pour les
charges sur les surfaces de travail et les répartit en classes • Classes 1, 2, 3 : de 1,50 à 3,00 m.
(tableau 2). Chaque surface de travail d’une classe donnée doit pou-
voir supporter les charges figurant dans des colonnes relatives à sa • Classes 4, 5, 6 : de 1,50 à 2,50 m.
classe séparément et non simultanément. Aucun plancher n’a une ● Déflexions
capacité inférieure à la classe 2.
Pour les escaliers, les échelles et les trappes d’accès au plancher, • Sous les charges concentrées données dans le tableau 2, le
on doit respecter les valeurs suivantes : plancher ne doit pas fléchir de plus de 1 % de la portée, et la
déflexion ne doit pas dépasser 25 mm de différence de niveau entre
— escalier : se conformer aux données de la figure 8, p. 6 ; un élément de plancher chargé et un élément adjacent non chargé.
— échelle : se reporter à la norme NF EN 131-1 et 2
(cf. [Doc. C 125 v2]) ; • Pour le garde-corps, aucune lisse, principale ou intermédiaire, ne
— trappe d’accès au plancher : la largeur minimale mesurée dans doit fléchir de plus de 35 mm sous une charge horizontale de 0,3 kN,
le sens de la largeur du plancher doit être de 0,45 m et la longueur et il doit pouvoir supporter, sans désordre, une charge verticale de
minimale de 0,60 m. 1,25 kN.

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