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CHAPITRE I : LES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN

Une juridiction de droit commun est en principe compétente pour tout litige qui n’est pas
spécialement attribué par la loi à une autre juridiction. On distingue :

Section 1 : Les Tribunaux de Première Instance

1 : Organisation : Elle comprend : Président, Vice-président et Juges; Procureur du roi, Premier


substitut du procureur général et d’un ou plusieurs substituts; Secrétaire général du tribunal;
Présidents des services; Greffe. Ces tribunaux peuvent être divisés en chambres selon la nature des
affaires qui leur sont soumises (chambre civile, de statut personnel et successoral, commerciale,
sociale ou pénale...).

Chacune des chambres peut comprendre un ou plusieurs magistrats. Toutefois, toute chambre peut
valablement instruire et juger, quelle qu’en soit la nature, les affaires soumises au tribunal à
l’exception des affaires relevant des sections de la famille qui sont de la compétence exclusive de la
chambre du statut personnel et successoral.

2 : Attributions et compétence : Les tribunaux de première instance peuvent connaître de


toutes les matières sauf lorsque la loi attribue formellement compétence à une autre juridiction.
C’est une compétence générale qui s’étend à toutes les affaires civiles, immobilières, pénales et
sociales.

Toutes les questions relatives au statut personnel, familial et successoral relèvent également de la
compétence du tribunal de première instance, que ces questions mettent en cause des nationaux,
musulmans ou israélites, ou des étrangers. Les affaires relatives au statut personnel des marocains
de confession juive sont soumis aux règles du statut personnel hébraïque marocain, un Magistrat
rabbinique statue sur ces affaires.

En matière civile, lorsque le montant du litige est égal ou inférieur à 20 000 dirhams, les décisions du
TPI peuvent faire l’objet d’un appel devant des chambres, dites chambres d'appel (qui siègent aux
TPI), qui connaissent de certains appels formés contre les jugements rendus par les TPI en premier
ressort.

Si la valeur du litige est supérieure à ce montant ou si elle est indéterminée, le tribunal statue en
premier ressort et dans ce cas l’appel peut s’exercer devant la cour d’appel.

En matière pénale, les tribunaux de première instance sont compétents pour juger les délits et
certaines contraventions. En revanche, les crimes relèvent de la compétence de la Cour d’appel. Le
tribunal de première instance statue en collégialité (trois Magistrats). Néanmoins, il peut aussi
statuer à juge unique pour certaines affaires.

Section 2 : Les Cours d’Appel

1 : Organisation :
A côté des juridictions de première instance, il existe des cours d’appel, juridictions de second degré,
dont le rôle est d’examiner les recours en appel des décisions rendues par les juridictions inférieures
c'est-à-dire les tribunaux de première instance. Elle comprend: Premier président; Procureur général
du Roi; Vice-président et conseillés; Premier substitut du procureur général du Roi et des substituts;
Secrétaire général du tribunal et présidents des services; Greffe

A la tête de chacune d’elles se trouve un Premier Président ;

Quant au nombre des magistrats (conseillers), il varie suivant l’importance de la juridiction. Elles
comprennent également un certain nombre de chambres spécialisées dont une chambre de statut
personnel et successoral, une chambre sociale et une chambre criminelle. A la tête de chaque
chambre est placé un président de chambre. Toutefois, toute chambre peut valablement instruire et
juger, quelle qu’en soit la nature des affaires soumises à ces cours, à l’exception des affaires relevant
des sections de la famille qui relèvent de la compétence exclusive de la chambre de statut personnel
et successoral.

Le ministère public est représenté aux audiences des cours d’appel par le procureur général et ses
substituts. Elles comportent également un ou plusieurs magistrats chargés de l’instruction, un ou
plusieurs magistrats chargés des mineurs, un greffe et un secrétariat du parquet général.

En toute matière, l’audience est tenue et les arrêts rendus par un collège de trois Conseillers assistés
d’un greffier, sauf si la loi en dispose autrement. Ainsi, la chambre criminelle siège, en raison de la
gravité des affaires qui lui sont confiées, avec cinq Conseillers, un président de chambre et quatre
conseillers.

2 : Attributions et compétence :
Les cours d’appel, juridictions du second degré, examinent une seconde fois les affaires déjà jugées
en premier ressort par les tribunaux de première instance. Elles connaissent donc des appels des
jugements rendus par ces tribunaux ainsi que des appels des ordonnances rendues par leurs
présidents. La cour d’appel exerce son contrôle en droit et en fait. Les chambres criminelles des
Cours d’appel constituent des formations particulières, compétentes pour juger des crimes en
premier et dernier ressort.

Section 3 : La cour de cassation


Elle est placée au sommet de la hiérarchie judiciaire et coiffe toutes les juridictions de fond du
Royaume. La Cour de cassation a été créée au lendemain de l’indépendance par le dahir n° 1-57-223
du 27 septembre 1957. Son organisation et sa compétence sont déterminées par la loi du 15 juillet
1974 fixant l’organisation judiciaire du Royaume, le Code de procédure civile, certaines dispositions
du Code de procédure pénale et du Code de la justice militaire.

1 : Organisation : la Cour de cassation se compose de : Premier président; Vice-président ;


Président de la première chambre et présidents des chambres; Conseillers et conseillers assistants ;
Procureur général du Roi assisté par des avocats généraux; Présidents des sections; Secrétaire
générale de la Cour et présidents de services; Greffe
La Cour Suprême comprend six chambres : une chambre civile (dite première chambre), une
chambre de statut personnel et successoral, une chambre commerciale, une chambre administrative,
une chambre sociale et une chambre pénale. Chaque chambre est présidée par un président de
chambre et peut être divisée en sections. Toutefois, toute chambre peut valablement instruire et
juger, quelle qu’en soit la nature des affaires qui lui sont soumises.

La Cour Suprême est une juridiction collégiale. A ce titre, les audiences sont tenues et les arrêts
rendus par cinq magistrats. Dans certains cas, cette collégialité est renforcée et les arrêts sont rendus
par deux chambres réunies et dans certaines affaires, par toutes les chambres réunies en assemblée
plénière. La présence du ministère public est obligatoire dans toutes les audiences.

2 : Attributions et compétence :
La Cour Suprême contrôle la légalité des décisions rendues par les juridictions de fond (si la loi a été
appliquée ou non) et assure ainsi l’unité d’interprétation jurisprudentielle. La Cour suprême ne
constitue pas cependant un troisième degré de juridiction, elle contrôle la conformité au droit sans
réexaminer les faits et fixe le sens dans lequel la règle de droit doit être appliquée. En principe, toute
décision rendue en dernier ressort par les cours d’appel peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation.

Les attributions de la cour suprême sont nombreuses et très diversifiées. De la longue énumération
donnée par l’article 353 du code de procédure civile, on cite: Les recours formés contre les actes et
décisions dans lesquels les juges excèdent leurs pouvoirs; Ou encore les instances en suspicion
légitime, etc...

Section 4 : Les Juridictions de proximité


La principale nouveauté apportée par cette loi, devenue opérationnelle depuis mars 2012, réside
essentiellement dans la mise en place d'une justice de proximité à la place des tribunaux
communautaires et des circonscriptions où exerçaient des juges non habilités, une expérience qui a
montré ses limites. C’est pour éviter justement les obstacles qui ont été à l’origine de l’échec des
tribunaux communaux que le législateur a conçu des structures plus solides et dirigées par des juges
professionnels issus du corps de la magistrature et qui ont le même statut que ceux qui officient dans
l’appareil judiciaire classique.

La création de ce type de juridictions répond également au souci des pouvoirs publics, d’abord, de
désengorger les tribunaux et surtout d’offrir aux citoyens la possibilité de régler des litiges dont les
victimes présumées ont souvent du mal à recourir aux instances juridiques existantes en raison du
caractère peu grave de l’affaire et des frais élevés de la procédure.

1 : Organisation : Les sections des juridictions de proximité se composent d'un ou plusieurs


juges et d'agents de greffe ou de secrétariat. Elles siègent par un juge unique assisté d'un greffier,
hors la présence du ministère public. La nouvelle loi a conçu des juridictions de proximité plus solides
et dirigées par des juges professionnels issus du corps de la magistrature et qui ont le même statut
que ceux qui officient dans l’appareil judiciaire classique. Ils seront soit entièrement affectés à cette
tâche dans les régions où le volume des affaires est important, soit partiellement chargés de ce type
de dossiers quand le nombre de litiges est limité.
2 : Attributions et compétence
Les attributions des juridictions de proximité se réduisent aux affaires mineures en matière civile et
pénale.

En matière civile : Le juge de proximité connaît de toutes les actions personnelles et mobilières si
elles n'excèdent la valeur de cinq mille dirhams. Il n'est, toutefois, pas compétent pour les litiges
relatifs au statut personnel, à l'immobilier, aux affaires sociales et aux expulsions. Le montant des
litiges qui rentrent dans les compétences des tribunaux de proximité est plafonné à 5 000 DH au lieu
de 1 000 DH dans l’ancien système.

En matière pénale : le législateur a en plus élaboré une liste des affaires qui seront traitées par le
juge de proximité. Ainsi, le juge de proximité est compétent pour connaître de certaines
contraventions commises par des personnes majeures, lorsqu'elles sont commises dans la
circonscription sur laquelle le juge exerce sa juridiction ou lorsque l'auteur y est domicilié.

Il s’agit de 55 infractions qu’on peut classer dans trois catégories : civisme, protection des animaux et
préservation des biens d’autrui et de l’Etat.

Le juge de proximité ne peut, en aucun cas, prononcer des peines d’emprisonnement. Ses décisions
se limitent à des amendes allant de 200 à 1 200 DH.

Les juridictions de proximité sont instituées dans le ressort des tribunaux de première instance, leur
compétence territoriale englobe les collectivités locales situées dans le ressort de ces tribunaux.

La procédure devant les sections des juridictions de proximité est orale, gratuite et exempte de
toutes taxes judiciaires.

Le juge de proximité procède, obligatoirement, avant l'examen de l'action, à une tentative de


conciliation. Si elle a lieu, il est procédé à l'établissement d'un procès-verbal par lequel

le juge constate cette conciliation. Si la tentative de conciliation échoue, il statue, dans un délai de 30
jours, par un jugement non susceptible d'aucune voie de recours.

Néanmoins, la partie lésée peut, dans certains cas, intenter un recours en annulation du jugement
devant le président du tribunal de première instance dans un délai de 8 jours à compter de la date de
notification du jugement.

CHAPITRE II : LES JURIDICTIONS SPECIALISEES


Contrairement aux juridictions de droit commun à compétence générale, les juridictions spécialisées
reçoivent de par la loi une compétence d’attribution limitée et précise. Ce sont les tribunaux
administratifs et les tribunaux de commerce dont les affaires relevaient de la compétence des
tribunaux de première instance.

Cette spécialisation a permis effectivement d’alléger les tribunaux de première instance d’un fardeau
encombrant, ainsi que d’améliorer la qualité du travail judiciaire. En effet, les tribunaux ordinaires
n’étaient pas toujours qualifiés du point de vue scientifique ou technique.
Section 1 : Les juridictions administratives
Les juridictions administratives comprennent d’une part les tribunaux administratifs, et d’autre part,
les cours d’appels administratives.

Les tribunaux administratifs sont régis par le dahir du 10 septembre 1993 instituant les tribunaux
administratifs. Ils sont installés dans les principales régions du Royaume .

1 : Organisation :
En vertu de l’article 2 de la loi n° n° 41-90 instituant les tribunaux administratifs, ces derniers
comprennent : un président; vice-président; plusieurs magistrats ; un ou plusieurs commissaire
royal de la loi et du droit; secrétaire général du tribunal; présidents des services; greffe.

Le tribunal administratif peut être divisé en plusieurs sections selon la nature des affaires. Les
audiences du tribunal administratif sont tenues et leurs jugements rendus publiquement par trois
magistrats, dont un président, assistés d’un greffier. La présence du commissaire royal de la loi et du
droit à l’audience est obligatoire.

La cour d’appel comprend : Premier président; Vice-président; Conseillers ; Un ou plusieurs


commissaires royaux de la loi et du droit; Présidents de chambres , Secrétaire général de la cour et
présidents de services; Un greffe.

2 : Attributions et compétence :
Le tribunal administratif est doté d'une compétence générale en matière administrative. De ce fait, il
est habilité à juger en premier ressort par exemple : Les recours en annulation pour excès de pouvoir
formés contre les décisions des autorités administratives; les litiges relatifs aux contrats
administratifs; le contentieux électoral; le contentieux fiscal; le contentieux de l'expropriation pour
cause d'utilité publique.

Certaines matières administratives particulièrement importantes sont de la compétence exclusive de


la cour suprême. Les jugements rendus par les tribunaux administratifs sont susceptibles d’appel
devant les cours d’appel administratives.

Section 2 : Les juridictions de commerce :


Les juridictions commerciales comprennent les tribunaux de commerce et les cours d’appel de
commerce.

1 : Organisation
Le tribunal de commerce comprend : un président, des vice-présidents et des magistrats; un
ministère public composé d’un ou plusieurs substituts du procureur du Roi; Secrétaire général du
tribunal, présidents des services et fonctionnaires de greffe241 ; le tribunal désigne aussi :

• Un ou plusieurs magistrats chargés du suivi des procédures d’exécution; un juge chargé du registre
de commerce; un ou plusieurs juge délégué chargé des affaires relatives aux affaires des difficultés
d’entreprise.
Le tribunal de commerce est généralement divisé en chambres suivant la nature des affaires dont il
est saisi. Cependant chaque chambre peut instruire et statuer sur les affaires qui lui sont soumises.

La composition des cours d’appel de commerce La cour d’appel de commerce comprend :

- Premier président, Vice-président , Des présidents de chambres; Conseillers; Ministère public


composé d'un procureur général du Roi et de ses substituts; Secrétaire générale de la Cour et
présidents de services; Greffe;

La cour d'appel de commerce peut être divisée en chambres suivant la nature des affaires dont elle
est saisie. Toutefois, chaque chambre peut instruire les affaires soumises à la cour et y statuer.

2 : Attributions et compétence :
Le tribunal de commerce est compétent pour connaître : Des actions relatives aux contrats
commerciaux ; Des actions relatives aux effets de commerce - Des différends entre associés d’une
société commerciale ; Des différends à raison du fond de commerce.

Sont exclues de la compétence des tribunaux de commerce, les affaires relatives aux accidents de la
circulation. Le commerçant peut convenir avec le non-commerçant d’attribuer compétence au
tribunal de commerce pour connaître des litiges pouvant les opposer à l’occasion de l’exercice de
l’une des activités du commerçant. Les parties peuvent également convenir de soumettre les
différends à la procédure d’arbitrage.

Les parties peuvent également convenir par écrit de désigner le tribunal de commerce
territorialement compétent.

Les tribunaux de commerce statuent en premier et dernier ressort, lorsque la valeur initiale du litige
ne dépasse pas 20.000 dirhams.

Le président du tribunal de commerce a une multitude d’attributions qui répondent aux besoins de
célérité commandés par l’activité commerciale, il en est ainsi des ordonnances en référé. Les cours
d'appel de commerce constituent le second degré des tribunaux de commerce.

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