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Clic Musique 

! ClicMag n° 60
Votre disquaire classique, jazz, world Mai 2018

PAVEL KOLESNIKOV
La vérité sort de la bouche des enfants

© Colin Way

Retrouvez les 25 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com !


Sélection Regis

J.S. Bach : Variations Goldberg J.S. Bach : Suites pour violoncelle L. van Beethoven : Concertos pour L. van Beethoven : «An die Ferne J. Brahms : Sonates pour B. Birtten : Young Person’s Guide
Glenn Gould, piano n° 1 à 6 piano n° 4 et 5 geliebte», op. 98 / J. Brahms : violoncelle, op. 38, 78 et 99 to the Orchestra; Extraits de «Peter
Dinu Lipatti, piano Robert Cohen, violoncelle Emil Guilels, piano; Philharmonia Orches- Valses, op. 52-53 Richard Markson, violoncelle Grimes»; Sinfonia da Requiem...
tra; Leopold Ludwig, direction Hermann Prey; Richard Lewis… Jorge Federico Osorio, piano OS du Danemark; Britten, direction
RRC1264 - 1 CD Regis RRC2001 - 2 CD Regis RRC1367 - 1 CD Regis RRC1427 - 1 CD Regis RRC1098 - 1 CD Regis RRC1417 - 1 CD Regis

F. Chopin : Œuvres pour piano Copand dirige Copland : Appala- Voices from Heaven. Durufle, A. Dvorák : Symphonie n° 8; Sym- G. Holst : Les Planètes, suite op. F. Liszt : Concertos pour piano
Arthur Rubinstein, piano chian Spring; The Tender Land; Billy Howells : Requiems. phonie «Du nouveau monde» 32; A Moorside n° 1 et 2
The Kid Chœur de St John College Cambridge; Royal Philharmonia Orchestra; Sir Yehudi LSO Alfred Brendel, piano; Orchestre Pro
LSO; Boston SO; Aaron Copland, direction Christopher Robinson, direction Menuhin, direction; Paavo Järvi, direction Richard Hickox, direction Musica de Vienne; Michael Gielen
RRC6010 - 6 CD Regis RRC1404 - 1 CD Regis RRC1341 - 1 CD Regis RRC2006 - 2 CD Regis RRC1200 - 1 CD Regis RRC1362 - 1 CD Regis

Sir Colin Davis. The Early Mozart W.A. Mozart : Le nozze di Figaro; G.P. da Palestrina : Missa Aeturna G. Puccini : Les grands opéras R. Schumann : Kreisleriana, op.16; Richard Strauss : Une symphonie
Recordings : Symphonies n° 33, 37, Don Giovanni- Die Zauberflöte... Christi Munera Callas; Schwarzkopf; Gobbi; V. de los Sonate pour piano n° 1, op. 11 alpestre, op. 64
36, 39-40, Ouvertures, Sonates… Wachter, Schwarzkopf, Sutherland, Pro Cantione Antiqua Angeles; G. di Stefano; Bjorling Hélène Grimaud, piano European Community Youth Orchestra;
LSO; Sir Colin Davis, direction Giulini, Karajan… Mark Brown, direction James Judd, direction
RRC3015 - 3 CD Regis RRC9013 - 9 CD Regis RRC2040 - 2 CD Regis RRC9011 - 13 CD Regis RRC1340 - 1 CD Regis RRC1055 - 1 CD Regis

R. Strauss : Don Quixote; Till Johann Strauss II : Valses célèbres P.I. Tchaikovski : Concerto pour Hans Hotter chante Wagner et Verdi Musique pour piano d’Écosse de Tchaikovski, Glazounov, Medtner :
Eulenspiegel; Don Juan OP de Vienne piano n° 1, op. 23 / R. Schumann : Hans Hotter, basse-baryton Scott, Center et Stevenson Sonates russes pour piano
Paul Tortelier, violoncelle; OP de Berlin; Willi Boskovsky, direction Concerto pour piano, op. 54 Heinrich Hollreiser, Clemens Kraus & Murray McLachlan, piano Sviatoslav Richter, piano
Rudolf Kempe & Fritz Lehmann, direction Van Cliburn, piano Hans Weisbach, direction Emil Gilels, piano
RRC1371 - 1 CD Regis RRC1421 - 1 CD Regis RRC1391 - 1 CD Regis RRC1413 - 1 CD Regis RRC1246 - 1 CD Regis RRC1403 - 1 CD Regis

L’Art de Sviatoslav Richter. Œuvres Lieder de Mozart, Beethoven, Schu- Fischer-Dieskau chante des Lieder Kathleen Ferrier. What is Life : Joan Sutherland; Airs d’opéra The Voice of Peter Pears. Œuvres de
de Beethoven, Haydn, Debussy, bert, Schumann, Brahms… de Schubert, Schumann, Brahms. Mélodies choisies. Son premier récital en 1959 Copland, Dowlan, Schubert...
Rachmaninov, Moussorgski… Elisabeth Schwarzkopf, soprano; G. Dietrich Fischer-Dieskau, baryton Kathleen Ferrier, contralto Joan Sutherland, soprano Peter Pears, ténor; Benjamin Britten,
Sviatoslav Richter, piano Moore, E. Fischer, W. Gieseking, piano piano; Julian Bream, guitare
RRC6011 - 6 CD Regis RRC1268 - 1 CD Regis RRC1313 - 1 CD Regis RRC1057 - 1 CD Regis RRC1364 - 1 CD Regis RRC1393 - 1 CD Regis

La voix d’Alfred Deller. Mélodies L’Art de Mstislav Rostropovitch. L’Art du violon. Arthur Grumiaux The artistry of Dennis Brain. Œuvres Musique baroque pour trompette. British Light Music. Œuvres de C.
populaires élisabéthaines, Airs Œuvres pour violoncelle de Schu- joue Mozart, Beethoven, Brahms, concertante pour cor de Beethoven, Maurice André joue Telemann, Williams, E. Coates, S. Torch…
jacobiens et Purcell. mann, Britten et Debussy Mendelssohn, Tchaikovski et Lalo Mozart, Dukas, Haydn, Schumann… Haendel, Vivaldi Charles Williams and his Concert Orches-
Alfred Deller; The Deller Consort Mstislav Rostropovitch, violoncelle Arthur Grumiaux, violon Dennis Brain, cor Maurice André, trompette tra; Queen’s Hall Light Orchestra...
RRC1419 - 1 CD Regis RRC1406 - 1 CD Regis RRC7010 - 7 CD Regis RRC1363 - 1 CD Regis RRC1405 - 1 CD Regis RRC1381 - 1 CD Regis

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En couverture / Alphabétique
Opus Magnum, vol. 2. crus). Mais à l’écoute transparaissent
réglé. Son imagination discrète, son
Transcriptions pour piano d’œuvres de J.S. aussi l’imagination (les dissonances
art de la confidence sotto voce s’allient
Bach par A. Ziloti, S. Rachmaninov, A. du Staccato et de la Gigue du duo I,
parfaitement à la langue du Grand
Tirabassi, R. Burmeister, E. Naoumoff, A. le climat surprenant du Largo du II),
Louis  : son clavier est nu, et passe en Cortot, W. B. Goldberg et F. Zabel la tendresse mélodique, et la fausse
clin d’œil du charme au tragique, le Angelika Nebel, piano naïveté (la minuscule Fugue du II). On
tout en estompe. Rien ne pèse dans cet
HC17075 • 1 CD Hänssler Classic ne présente plus Stefano Marcocchi,
art, qui semble idéalement apparié au
passé (comme alto principal) du Mah-
toucher plein mais évocateur du jeune
pianiste sibérien. Si ce n’est pas une A vec ce second volume d’Opus Mag-
num, voici la fin du périple entrepris
par Angelika Nebel parmi les transcrip-
ler Chamber Orchestra à Tafelmusik,
via Europa Galante et autres Talens
rencontre ! Mais malgré ce ton réservé,
tions d’œuvres de J.S. Bach en par- Lyriques. Simone Laghi le seconde au
lorsqu’il faut danser vraiment, les doigts
courant la totalité des tons majeurs et même niveau, ce que requiert l’écriture
claquent des talons et lancent le pas  :
mineurs. Cette fois la première partie du équilibrée des parties. A eux deux, ils
écoutez seulement la «  Gavotte  » de
programme est tournée vers la musique concoctent un savoureux assemblage
la Suite en ré, et les «  Canaries  » qui
Louis Couperin (1626-1661) instrumentale (préludes pour claviers, de sonorités et nuances subtiles : ron-
suivent. Soudain, c’est Rameau qui se
fragments d’une partita et d’une sonate deur, acidité, boisé, profondeur (Laghi
Danses du Manuscrit Bauyn profile, et rien d’étonnant à cela, la base
pour violon, d’une suite pour luth), la est aussi œnologue)... qui transforme
Pavel Kolesnikov, piano de la syntaxe du dijonnais a toujours été
seconde renouant avec les cantates. une musique d’inspiration populaire pas
CDA68224 • 1 CD Hyperion plus proche de celle de Louis que de
Côté arrangeurs, opposition très nette vraiment géniale en un moment d’heu-
celle de François. Mais impossible de ne
T rois Suites de Louis Couperin, com-
positeur dont l’œuvre est déjà plutôt
rare au disque sous les doigts des cla-
pas souligner que ce qui charme Koles-
nikov et nous charme d’abord, c’est
entre tendance à donner aux originaux
des formes romantiques (les russes
reuse dégustation. (Olivier Eterradossi)

l’indicible mélancolie des chaconnes, Rachmaninov et Ziloti, mais aussi


vecinistes – Blandine Verlet y excelle – la stèle ouvragée du « Tombeau de Mr l’allemand Burmeister qui ne fut pas
et plus rare encore chez les pianistes : de Blanrocher » où un luth s’évoque et pour rien élève de Liszt et qui entraîne
Pierre Chalmeau en avait gravé chez avec lui presque un chanteur, c’est ce le prélude I.8 du Clavecin bien tempéré
Fondamenta un plein disque assez clavier qui songe les yeux ouverts dans vers les abîmes graves du piano) et ten-
magnifique où les danses s’imaginaient les roideurs de ce Grand Siècle hiver- dance à une fidélité sobre (Tirabassi,
en couleurs vives. Aujourd’hui Pavel nal, poète sans mots dont les notes Cortot, Naoumoff, Goldberg, Zabel)…
Kolesnikov lui répond de son toucher tourmentées cherchent et trouvent ici Quant à Bach, il démontre qu’il reste le
sensible, faisant chanter les esquisses cette consolation, cette sérénité dans meilleur arrangeur de lui-même (pen-
de danses dans les splendeurs secrètes l’art consommé d’un si jeune-homme. sant plus contrepoint qu’harmonie ver- Hector Berlioz (1803-1868)
de son très beau Yamaha artistement (Jean-Charles Hoffelé) ticale)  ! Aidée par un programme plus « Harold en Italie », op. 16; « La captive
diversifié et peut-être plus familier de Orientale », op. 12; « Plaisir d’amour »;
l’auditeur, la pianiste (qui m’avait parue « Andante und Rondo ungarese »; « Auffor-
un peu monochrome dans le volume I) derung zum Tanz », J 260 op. 65
adopte ici un jeu plus varié mettant en Bergen Philharmonic Orchestra; Andrew Manze
valeur les affects et les techniques des CDA68193 • 1 CD Hyperion

Q
compositeurs  : pour s’en convaincre, u’arrive-t-il à l’alto en général si ins-
on peut courir plage 11 écouter la piré de Lawrence Power ? Il savonne
qualité de timbre trouvée pour l’aria ici et là le portrait gigantesque que Ber-
« Schafe können sicher weiden » pour lioz aura fait du héros de Byron, et peine
F. Chopin : Mazurkas P.I. Tchaikovski : Les Saisons, op. soprano, deux flûtes à bec et continuo. à se faire entendre dans le décor pâteux
Pavel Kolesnikov, piano 37b; 6 morceaux, op. 19 Mais le reste est du même tonneau,
Pavel Kolesnikov, piano que lui dresse Andrew Manze qui ne
CDA68137 - 1 CD Hyperion CDA68028 - 1 CD Hyperion
donnant un disque très intéressant. m’avait pas habitué à un tel à peu près.
(Olivier Eterradossi) C’est d’autant plus dommage que les
couleurs de l’Orchestre Philharmonique
finalement assez musique ancienne, où de Bergen auraient pu apporter leur
par exemple ladite guitare sonne un peu touche si particulière à l’univers de Ber-
en luth élisabéthain. Notez que dans lioz. Mais non, l’ensemble est brouillé,
leur anthologie (trop brève, il y avait la le soliste atone et presqu’aphone, le tout
place chromée pour deux fois plus), ils sans vrai relief, sans le nerf qu’il faudrait
prennent le parti exagérément exclusif y mettre, il suffit d’entendre la version
de tempi assez planants, avec un peu de géniale de Walter Trampler et de George
cette élégante liberté improvisatrice jaz- Prêtre pour s’en persuader. Alors,
zeuse pour la ligne mélodique (superbe faites l’impasse sur cet Harold sans
Johann Sebastian Bach (1685-1750) clarinette basse), et le gros avantage Emmanuele Barbella (1728-1777) envergure, et consolez-vous avec deux
Improvisation sur « L’art de la fugue » de nous rappeler que Bach, eh bien mélodies transcrites où l’alto diseur et
Duos pour altos n° 1 à 6
Austrian Art Gang [Klaus Dickbauer, saxophones, ça swingue. Bref, expérience d’autant subtil de Lawrence Power se ressemble
Stefano Marcocchi, alto; Simone Laghi, alto
clarinettes; Daniel Oman, guitare; Wolfgang plus intéressante que toujours d’un enfin, où avec les deux brillants opus de
Heiler, basson; Thomas Wall, violoncelle; Wolfram goût parfait, où seule manque peut- PAS1046 • 1 CD Passacaille
Weber (dans le second Berlioz a mis sa

V
Derschmidt, basse] être une réelle perception contrapun- ous avez bien lu  : à deux altos. plume d’orchestrateur) qui referment
GRAM99142 • 1 CD Gramola tique, donc polyphonique. Vous l’aurez Voici pourtant bien les duos pour le disque avec un tout autre bonheur.

M oi j’ai dit bizarre, mon cher Jean- compris, et n’en déplaise à Eliot Ness violons op. 3 de Barbella, mais dans (Jean-Charles Hoffelé)
Sébastien, comme c’est bizarre  ! augmenté de Jean Giraudoux, entre une transcription pour altos de la fin
A le supposer œuvre didactique désin- nous et cet Austrian Art Gang, la guerre du 18ème siècle (due à Schicht, alors
carnée que, du clavier pinçant ou frap- n’aura pas lieu. Les intentions de nos chef du Gewandhaus de Leipzig et futur
pant, on peut ensuite instrumentaliser à oreilles, il est vrai, étaient pacifiques. Thomaskantor). Si l’on en croit Charles
l’orchestre ou pour la chambre, l’Art de (Gilles-Daniel Percet) Burney dans son «  Histoire Générale
la fugue (et attention à notre éternelle de la Musique  », le violoniste et com-
faute de frappe : art de la figue...) nous positeur napolitain Barbella était un
est ici mijoté à la moderne  : saxos et personnage sociable, spirituel et doté
clarinettes de diverses tessitures, gui- d’un léger grain de folie  : Passacaille
tare, basse, avec les moins transgres- semble rendre hommage à ces traits
sifs basson et violoncelle. Mais à peine de caractère jusque dans l’illustration
armions-nous dans notre poche les pis- du boîtier (un tableau déjanté de Tra- Johannes Brahms (1833-1897)
tolets absents de notre circonspection versi, exact contemporain napolitain du Intégrale des mélodies, vol. 7
de précieux dégoûté que ça fait pschitt. compositeur, spécialiste des trognes, Benjamin Appl, baryton; Graham johnson, piano
Car c’est très séduisant, d’une sonorité des cadrages tordus et des éclairages CDJ33127 • 1 CD Hyperion

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Alphabétique
Das Kleine Konzert; Hermann Max, direction colie le dispute à la fantaisie, inspirèrent s’attache « à plaire et à toucher » sans
Sélection ClicMag ! BRIL95596 • 14 CD Brilliant Classics à Christophe Rousset son tout premier viser, chose rare à notre époque, les
disque (EMI, à rééditer). Apport majeur sèches démonstrations intellectuelles
L e plus poètes des fils Bach  ? Cer-
tainement, et pour cela le moins
connu et le moins couru, ce qui rend cet
de ce coffret, toute l’œuvre clavier, y
compris la musique d’orgue, s’y trouve
et barbares, mais qui, en fin de compte,
place la barre très haut. (Danielle Porte)
enfin. Le disque de Filipo Turri sur le
abondant album d’autant plus essentiel.
Zanin de l’église Sant Antonio Abate de
Brilliant y a assemblé tous les disques
Padoue confirmera que Jean-Sebastian
parus jadis chez Capriccio, Sinfonia et
avait trouvé en Wilhelm Friedemann le
Suites selon Hartmut Haenchen, pleines seul parmi ses fils qui put reprendre son
de surprises harmoniques, de traits génie pour la «  wondrous machine  ».
étranges qui veulent capturer les émo- Mais c’est au clavecin que tout son art
W. Friedemann Bach (1710-1784) tions, Cantates où les mots prennent se résume et s’exhausse, musique des
Wilhelm Friedemann Bach Edition
une dimension pathétique, sous la sentiments et des émotions déjà abso-
Barbara Schlick, soprano; Claudia Schubert, alto;
direction contrastée d’Hermann Max, lument romantique, qui anticipe Mozart,
Wilfried Jochens, ténor; Stephan Schreckenberger, disques désormais de plein droit histo- et pour cet ensemble parfait Claudio As-
riques dans la réévaluation de l’œuvre Nicolas Capron (1740-1784)
basse; Wilbert Hazelzet, flûte traversière; Marion tronio se révèle un guide éclairé, aussi
Moonen, flûte traversière; Jaap ter Linden, de Wilhelm Friedemann. S’y ajoutent les Premier livre de sonates à violon seul et
poète que virtuose  : écoutez ses Polo-
violoncelle; Marco Facchin, clavecin; Jacques Sonates et Trios de flûte, œuvres ma- basse
naises, la grande Suite en sol mineur,
Ogg, clavecin, Silbermann piano; Filippo Turri, giques d’un pastoralisme raffiné jouées Ann Roux, violon; Marieanne Lee, violoncelle;
les incroyables Fantaisies, alors oui, Lionel Desmeules, clavecin
orgue [Orgue de F. Zanin organ (2007), Chiesa
à la perfection par Wilbert Hazelzet. vous ne pourrez plus vous déprendre
di Sant’Antonio Abate, Padua; Orgue Truhenorgel CLA1809 • 1 CD Claves
(1988) de Luigi Patella]; Kammerorchester « Carl
Mais l’essence de l’œuvre de Wilhelm de ce génie du tendre, de cet aède des
Philipp Emanuel Bach »; Hartmut Haenchen,
direction; Harmonices Mundi; Claudio Astronio,
Friedemann réside dans tout ce qu’il
écrivit pour son cher clavier, dont les
sentiments, figure majeur de cet Emp-
findsamkeit dont Goethe aura magnifié V ioloniste célèbre, pédagogue recon-
nu, Capron mourut à 44 ans seule-
ment, un lustre (en cristal de chapelle
clavecin, orgue, direction; Rheinische Kantorei; Polonaises, opus majeurs où la mélan- l’esprit. (Jean-Charles Hoffelé)
royale) avant la Révolution. Maître de
concert, il fut un pilier (avec Leclair et

D eux albums chez Sony, un beau


récital Schubert édité par Wigmore
Hall auront fait la réputation de ce jeune
que l’artiste modère, creusant le son,
tirant de son clavier un éventail de
nuances, couleurs et dynamiques exac-
conception. Douze choristes, deux vio-
lons, un alto, un violoncelle, un piano-
orgue-accordéon, et un flûtiste…De
Mondonville, ou encore Gossec et Va-
chon, avec lui précurseurs du quatuor
à cordes) du Concert spirituel lancé par
baryton allemand, Liedersänger selon tement apparié à la syntaxe de l’ultime quoi faire jaillir une étonnante magie. Philidor sous privilège d’un Louis XV se
le cœur de Fischer-Dieskau, qui lui Brahms. Tout ici semble à la limite du Le maître d’œuvre est Helge Burggrabe, tamponnant pourtant pas mal de la mu-
prédisait un bel avenir. Graham John- silence, sans que rien de la profusion créateur d’un style inconnu et, je dirai : sique. Il compta parmi les promoteurs
son le débauche pour le 7e volume de harmonique n’en soit sacrifié. Pour le «  inspiré  »  : des phrases extraites de de la sourdine et des appoggiatures
son intégrale Brahms. Peu de lieder quatuor des opus 116 à 119 c’est mer- textes variés, St-Augustin, la Bible, dans cette première institution française
de premier plan, il faut y mettre une veille, avec cette nostalgie des contre- Nicolas de Flue, le chef lui-même, sont de concerts publics, où la musique ins-
certaine imagination, Benjamin Appl la chants, l’abandon de la mesure, quelque chantées – ou priées, selon l’adage trumentale conquit sa vraie place. On
place d’abord dans les mots, quitte à chose de libre, d’un peu rapsode, qui « Celui qui chante prie deux fois » - sur y assista à la prise de pouvoir du vio-
les accentuer un rien trop, sans dureté me rappelle Radu Lupu. La liberté des une mélodie simple, voire simpliste lon et à la réforme de mamie la viole
pourtant. La voix, si fluide chez Schu- lignes de chant pourra surprendre, les tout exprès, toujours la même ; mais se pour bons mais trop soyeux services.
bert, lutte un brin avec l’écriture plus ponctuations inédites reforment les voient enrichies à chaque reprise par les Le présent opus illustre parfaitement
sinueuse de Brahms, mais la poésie phrasés, il y a une maitrise du discours broderies instrumentales, voire vocales ce qu’on a pu appeler le style galant,
du timbre compense et offre pour les qui surprend à la première écoute, et jusqu’à réaliser un édifice sonore d’une où de touchantes lenteurs sobrement
pages les plus lyriques des moments conforte la vision lors des suivantes. rare amplitude. Dans ce jardin d’har- expressives côtoient de rapides arpèges
délicieux  : écoutez seulement la «  Se- Le jeune Brahms lui va-t-il aussi bien ? monies peuplé de sons et d’accords qui fulgurent, dans une inspiration foi-
renade  » de l’opus 58, ou «  An die Oui, si l’on accepte sa manière de faire exquis, attendus, car répondant au pur sonnante mais où les prouesses tech-
Tauben » où Brahms ses souvient jus- la Troisième Sonate absolument clas- plaisir de l’oreille, mais surprenants niques n’excluent pas le raffinement de
tement de Schubert. La fête vient à la fin sique, tenue, sans grandiloquence, aussi à chaque instant, car minutieu- suraigus surprenants, en écho presque
de l’album avec huit Deutsche Volkslie- mais non sans élan. La grande forme sement, amoureusement sentis et gracile parfois (sur la brillante chante-
der délicieusement croqués, populaires l’inspire, il tend les lignes mais sans travaillés par un maître, l’auditeur en- relle, je vole jusque dans les cieux, mir-
dans les mots, savants dans la manière, les raidir, et la plénitude contrôlée de voûté, captif bienheureux de ces lignes litonnait Michel Corrette via son Art de
alors l’accord avec Graham Johnson sa sonorité indique à quelle maitrise du déroulées à l’infini, plane au-dessus se perfectionner dans le violon). N’en
est parfait, versant heureux d’un disque clavier il parvient, même dans l’infer- du monde. Enfin un compositeur qui fleure pas moins l’aloi d’une placidité
plus souvent cherché que trouvé. nal «  Scherzo  ». Fait significatif, c’est
(Jean-Charles Hoffelé) la même palette ombreuse qui parait
dans l’opus 5 comme dans les pièces dirige la Cinquième plutôt preste, du
de la fin. De telles affinités veulent une Sélection ClicMag ! moins pours les trois premiers mou-
suite. Je me demande bien ce qu’il vements, expositions claires, temps de
ferait des cahiers de «  Variations  ». résonnance où les harmonies se dorent
(Jean-Charles Hoffelé) dans l’espace acoustique si ample de
la basilique, cela chante, se répond,
tel un immense soliloque qui pour-
rait être aussi bien celui d’un orgue.
Mais dans le final, ces allégements,
cette spiritualité ailée, laissent place à
un monument que Sergiu Celibidache
Johannes Brahms (1833-1897) n’eut pas désapprouvé. Les silences
Sonate pour piano n° 3, op. 5; Intermezzi, Anton Bruckner (1824-1896) y sont eux même des architectures,
op. 117; Fantaisie, op. 116; Klavierstücke, Symphonie n° 5 en si bémol majeur, WAB l’attentisme de la battue crée des glacis
op. 118; Klavierstücke, op. 119 105 envoutants, dont émerge à mesure la
Philipp Kopachevsky, piano Altomonte Orchester St. Florian; Rémy Ballot, grande charpente polyphonique, irréelle
PCL10141 • 2 CD Piano Classics Helge Burggrabe (1973-) direction
à force de majesté sereine et dont les

V
Hagios II, Chants de prières et de médi- GRAM99162 • 2 SACD Gramola
ingt-sept ans et si poète dans les épisodes plus enlevés sont comme
tation
derniers opus de Brahms ! Ecoutez
comment l’Intermezzo qui ouvre l’opus
119 se modèle dans un presque rien de
Christof Fankhauser; Elbcanto
0301065BC • 1 CD Berlin Classics
R etour pour Remy Ballot à son cher
Altomonte Orchester et à son lieu de
résidence, la Stiftbasillika de St Florian,
des encorbellements baroques. Alors
oui, si vous voulez tenter l’expérience
des Bruckner hors normes de Rémy
son où le clavier n’est qu’ondes. C’est
l’une des qualités premières du jeu de
Philipp Kopachevsky, un toucher royal
Inattendue, cette réalisation qui s’im-
pose par la perfection de l’exécution,
mais surtout par l’originalité de sa
pour la symphonie de Bruckner où on
l’attendait le plus. Surprise, lui qui est
toujours un adepte des tempos larges
Ballot, commencez donc par cette Cin-
quième comme venue d’un autre temps.
(Jean-Charles Hoffelé)

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Alphabétique
trop constante dans l’écoute d’affilée PAS1045 • 1 CD Passacaille

E
de ce disque par la modernité coupable- cclésiastique, maître de chapelle,
ment trop blasée de nos oreilles pour- organiste et compositeur provincial
tant bien disposées. Une impeccabilité modeste - apprécié cependant par le
interprétative de conservatoire ne s’en- padre Martini, alors autorité musicale de
richirait-elle pas de l’audace d’un léger premier plan -, Ignazio Cirri fit carrière
déboutonnage  ? Vous le saurez dans dans sa ville natale, Forli. Son œuvre,
le prochain épisode de notre palpitant dont la partie éditée est peu abon-
feuilleton mélomane  : ça va bouillir  ! dante, comprend essentiellement des L. van Beethoven : Symphonies L. van Beethoven : Symphonies L. van Beethoven : Symphonie n° 5
(Gilles-Daniel Percet) n° 1, 2, 8 n° 3 et 4 OP de chambre de Pologne
sonates  : 12 pour orgue (op. 1) et les Wojciech Rajski Wojciech Rajski Wojciech Rajski
6 enregistrées sur ce CD (op. 2). Grâce TACET238L - 2 VINYLE Tacet TACET239L - 2 VINYLE Tacet TACET240L - 1 VINYLE Tacet
à son frère Giovanni Battista, de 13 ans
son cadet, qui, par son entremise, était
devenu musicien de chambre du duc
de York, elle fut publiée par des impri-
meurs londoniens renommés. Dans ces
6 sonates, qui relèvent de la musique
galante, le rôle principal est dévolu au
clavecin. Le violon, bien moins prolixe,
ponctue, suit la main droite du claveci- L. van Beethoven : Symphonie n° 6 L. van Beethoven : Symphonie n° 7 L. van Beethoven : Symphonie n° 9
Frédéric Chopin (1810-1849) niste, dont il reprend çà et là les motifs, OP de chambre de Pologne OP de chambre de Pologne OP de chambre de Pologne
les imite à la tierce, ou se borne à sou- Wojciech Rajski Wojciech Rajski Wojciech Rajski
Ballade en sol mineur, op. 23; Mazurkas
op. 24 n° 2, 4, op. 6 n° 2, op. 7 n° 1; ligner l’harmonie par des notes tenues. TACET241L - 1 VINYLE Tacet TACET242L - 1 VINYLE Tacet TACET219L - 2 VINYLE Tacet
Étude en sol bémol majeur, op. 10 n° 5; La structure des œuvres — exception L’année 1700 marque un changement,
BRIL95597 • 2 CD Brilliant Classics
Nocturnes, op. 48 n° 2, op. 27 n° 2; Fantai- faite de la dernière, plus libre — est avec les sonates Opus 5 pour un seul
sie-Impromptu en do dièse mineur, op. 66;
Scherzo en si mineur, op. 20; Polonaise,
op. 71; Valse, op. 61 n° 1
régulière  : 3 mouvements vif/lent/vif,
divisés chacun en 2 sections, dont le
N é à Fusignano en Romagne Infé-
rieure dans une famille aisée en
1653, Corelli commence très jeune sa
violon et continuo, 12 sonates dont la
dernière constituée de variations sur
Hubert Rutkowski, piano (Pleyel 1847) second fait amplement appel à la modu- le célèbre thème espagnol de la Follia,
formation musicale (violon et compo-
lation, à la variation ou à la digression, qui va inspirer les musiciens pour plu-
PCL10129 • 1 CD Piano Classics sition) à Bologne auprès des meilleurs
avant de reprendre le matériau initial. sieurs siècles. Le succès du recueil est
maîtres, pour se rendre à Rome dès
C hopin et Pleyel, c’est une histoire
d’amour bien connue. Quand il se
rend à Majorque avec George Sand à
C’est souple, fluide, élégant, mais
assez convenu et sans grande densité.
1671, avant de s’y fixer en 1675. Il
devient très rapidement le protégé de
foudroyant, extraordinaire, et durable
(50 rééditions jusqu’en 1800  !), le
Arpèges, schémas mélodiques relati- public plébiscite les mélodies claires et
l’hiver 1838, c’est un piano Pleyel qu’il puissants personnages : la reine exilée
vement simples, émaillés, en surface, naturelles de Corelli, très éloignées de la
emmène avec eux, et dans un courrier à Christine de Suède, les cardinaux Pam-
d’ornements : l’interprétation est déliée, virtuosité des contemporains allemands
un ami, Chopin décrit les pianos Pleyel phili puis Ottoboni (ce dernier, neveu du
habile, mais il n’y a dans ces pages, à ou austro-tchèques qui utilisent fré-
comme «  le dernier mot de la perfec- pape, l’embauche dans son orchestre
proprement parler, ni innovation, ni quemment doubles ou triples cordes, et
tion ». En effet, le Pleyel était apprécié privé, le loge dans son palais et lui attri-
audace. (Bertrand Abraham) bue de généreux honoraires). Délivré scordatura. Loin de ces artifices, Corelli
de Chopin pour son timbre gradué et sa
des soucis matériels, il peut peaufiner établit un monumental archétype de la
sonorité légèrement voilée qui conve-
nait parfaitement à son style. Pour ce une œuvre restreinte mais d’une qualité sonate pour violon, qui va marquer tous
récital représentatif, le pianiste Hubert exceptionnelle, qui, exception extraor- les compositeurs des générations sui-
Rutkowki, lauréat du Concours Inter- dinaire dans l’Italie du XVIIème siècle, vantes, à commencer par Vivaldi dans
national Chopin à Hanovre en 2007, est exclusivement instrumentale. Sa son Opus 1 composé de sonates en
joue sur un magnifique Pleyel de 1847. renommée est telle que la publication de trio et terminé par une Follia, Haendel,
Parmi les pièces importantes et emblé- son Opus 1 (12 Sonates en trio pour 2 Bach, Locatelli, Geminiani, Telemann
matiques, Rutkowski propose la Bal- violons et continuo, Rome, 1681) est at- avec ses «  Sonates Corellisantes  »,
lade en sol mineur et l’impressionnant tendue par toute l’Europe et donne lieu etc… Des transcriptions contempo-
Scherzo en si mineur, la Fantaisie-Im- à 39 rééditions. Fidèle à sa formation raines fleurissent, remplaçant le violon
promptu en ut mineur, puis une sélec- Arcangelo Corelli (1653-1713) fétiche, Corelli va composer puis pu- par une flûte à bec, ou une viole. Gemi-
tion de mazurkas, nocturnes, études, Sonates pour violon, op. 5 blier successivement 3 autres recueils niani transcrivit ces sonates en concerti
valses sans oublier la Polonaise en si Rémy Baudet, violon; Jaap ter Linden, violoncelle; (alternativement de 12 sonates d’église grossi, comme il l’avait déjà fait pour
bémol mineur. Ces œuvres, magnifiées M. Fentross, théorbe; Pieter-Jan Belder, clavecin ou de chambre chacun), tous les 4 ans. l’Opus 3. Corelli décède 13 ans plus
et amplifiées par le registre scintillant
du Pleyel, renaissent et revivent sous
les doigts experts de l’interprète qui dé-
montre ici une connaissance profonde
Sélection ClicMag ! A ubaine, Hänssler réuni en un coffret
de quatre CD tous les enregistre-
ments Brahms que le Quatuor Verdi réa-
sance de touche qui en font de vastes
symphonies de cordes. Les Sextuors
en particulier, si amples, comme portés
du compositeur, un sens de la nuance et
lisa entre 2001 et 2008. Cette intégrale par une houle de mer, renouvellent l’ab-
une sensualité rare. Rutkowski parvient,
de ce le compositeur du «  Requiem solue réussite des Solistes des Berliner
par le son unique du Pleyel, à nous em-
allemand  » écrivit dans le domaine de Philharmoniker (Philips). Pour la triade
mener à Nohant où Chopin composait
la musique de chambre pour les cordes des Quatuors, le Premier étonnera par
et jouait sous l’œil attendri de George
sans clavier aura risqué de passer ina- une sonorité resserrée, un ton plus
Sand. Un remarquable enregistrement !
perçu face au geste autrement drama- lyrique que symphonique, c’est comme
(Philippe Zanoly)
tique des Manderling (Audite). Ce serait l’envers du grand geste des Berg, cela
une injustice, car cet ensemble formé peut surprendre mais dans le Deuxième
de musiciens de Cologne déploie chez Quatuor, cette façon de gainer le chant
Johannes Brahms (1833-1897) Brahms une telle intelligence du dis- éclaire cette œuvre assez sombre, et
cours, un jeu si vif qui profite à plein à pour le Troisième, je l’ai écrit d’emblée
Quatuor à cordes n° 1-2, op. 51; Quatuor
la pastorale joyeuse du 3e Quatuor, une c’est merveille. Le sommet de cet album
à cordes, op. 67; Quintette à cordes, op.
palette de nuances expressives qui en- reste le Quintette avec clarinette où
8; Quintette à cordes, op. 111; Sextuor à
tend tout de cet univers. Avec cela, les vient rêver le timbre sylvestre de Fran-
cordes, op. 36; Sextuor à cordes, op. 18;
Verdi jouent dans la grande tradition, ly- çois Benda. Quel automne, quel art de
Quinette pour clarinette, op. 115
rique, appassionato comme le faisaient tout laisser dans une suspension de lu-
Hermann Voss, alto; Peter Buck, violoncelle; les Amadeus et comme eux ils se sou- mière, quelle merveilleuse évocation qui
Ignazio Cirri (1711-1787) François Benda, clarinette; Quatuor Verdi [Susanne cient d’abord de l’expression avant que va droit au cœur du génie de Brahms.
Rabenschlag, violon; Johannes Hehrmann, violon; de la seule beauté sonore ; cela nous Je vois que l’éditeur vient d’assembler
6 Sonates pour clavecin et violon, op. 2
Karin Wolf, alto; Zoltan Paulich, violoncelle] vaut des Quintettes et des Sextuors tous leurs quatuors de Schubert, j’en
Sezione Aurea [Luca Giardini, violon; Filippo
Pantieri, clavecin] HC16084 • 4 CD Hänssler Classic d’une intensité expressive, d’une puis- suis impatient. (Jean-Charles Hoffelé)

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tard, parachevant son œuvre par son ou plus encore, celle, pleine de poésie la technique digitale, familières à tous
ultime opus, publié à titre posthume des Kuijken et de Kohnen (où seuls les Sélection ClicMag ! les apprentis pianistes. Son Concerto
en 1714, douze concerti grossi Opus 2 premiers concerts sont donnés avec op. 153 (1830) est ainsi une démons-
6 joués en Angleterre jusqu’à la fin du 2 des Nouveaux Concerts) restent les tration de gymnastique pour les dix
XIXème siècle. Déjà Francois Couperin références. (Bertrand Abraham) doigts. Inutile de chercher à le dis-
au début du XVIIIème siècle avait rendu tinguer des concertos virtuoses de la
hommage à l’immortel violoniste et même époque (Kalbrenner, Moscheles,
compositeur dans son « Apothéose de Herz...etc), on y trouve exactement les
Corelli  », qui est une sonate en trio… canons du genre : un Allegro classique
(Jean-Michel Babin-Goasdoué) de forme sonate, un Adagio «  espres-
sivo  » qui rappelle fortement Chopin,
et un final sautillant « alla polacca » en
Carl Czerny (1791-1857) apothéose. Les deux œuvres de Max
Concerto pour piano à 4 mains, op. 153 / Bruch sont d’un autre intérêt. La Fan-
M. Bruch : Fantaisie pour 2 pianos, op. 11; taisie pour deux pianos op. 11 (1860)
César Cui (1835-1918) Concerto pour 2 pianos, op. 88a est une belle page à la polyphonie soi-
Duo Genova-Dimitrov; Genesis Orchestra; gneusement ouvragée qui se termine
Suite n° 2, op. 38; Minaturen, op. 20;
Orchestre Symphonique de la radio nationale de logiquement par une robuste fugue.
Minaturen, op. 39
Bulgarie; Yordan Kamdzhalov, direction Quant au Concerto (créé en 1911), son
Maria Ivanova, piano; Alexander Zagarinskiy, piano
CPO555090 • 1 CD CPO profond lyrisme et son écriture inven-
HC17049 • 1 CD Hänssler Classic tive nous charme et nous convainc
François Couperin (1668-1733)
Les Concerts Royaux
I Fiori Musicali
E nfin Cui, qui l’eût cru  ? Critique in-
fluent, ami du bien généreux Liszt, D eux concertos pour piano(s) et
quatre mains. Le Concerto de Carl
Czerny convoque les quatre mains sur
d’emblée. Les deux pianistes et l’or-
chestre y engagent un constant dia-
il fut du groupe des Cinq avec Mous- logue triangulaire où chacun trouve sa
LDV14031 • 1 CD Urania sorgski, Rimski-Korsakov, Borodin, un seul clavier, celui de Max Bruch place, loin du pianisme besogneux du

C onçues pour la cour, d’où leur nom aussi l’aîné Balakirev qui le marqua et réclame lui deux pianos. Carl Czerny concerto de Czerny. Saluons la perfor-
de Concerts Royaux, ces quatre l’initia à Glinka. Ils prétendaient fonder compositeur autrichien épigone de Bee- mance du duo Genova & Dimitrov, évi-
pièces obéissant au schéma de la suite une musique russe, en réalité assez thoven, auteur d’une œuvre méconnue demment sous les feux des projecteurs,
de danses françaises n’ont pas été des- souvent d’un néoromantisme mou en regard de ses nombreuses études fort bien accompagné par l’orchestre.
tinées expressément à tel(s) ou tel(s) tendance centriste. On les appela par «  mécaniques  » visant à perfectionner (Jérôme Angouillant)
instruments. Elles peuvent être inter- dérision «  le puissant petit groupe  »,
prétées au clavecin seul, ou, inscrites pour l’influence et l’autopromotion. Cui
en fut paradoxalement le porte-parole et plusieurs œuvres. Pari audacieux, assu-
au répertoire d’ensembles plus ou
le plus influencé par la musique euro- rément, car remplacer par deux harpes
moins fournis, permettre des alliances
péenne. Disons du fané Mendelssohn : aussi bien l’orchestre (Danse sacrée et
de timbres et de couleurs variables, gé-
nérant des atmosphères plus ou moins en art, on n’est jamais mieux servile que danse profane) que le piano (Proses
intimes  : ainsi, la version de Savall et par soi-même. Hermétique à Wagner lyriques, Ballade, Chansons de Bilitis,
du Concert des Nations s’avère plus comme à Debussy, jusqu’à commettre Épigraphes antiques) est loin d’aller de
démonstrative, festive ou solennelle drôlement au piano un Songe d’un faune soi  ! Mais, comme le laisse entendre
que celle du simple trio formé par B. et après la lecture du journal (on dirait leur texte de livret, l’essentiel pour les
W. Kuijken avec Robert Kohnen. Le jeu Satie relevant un passage pas trop mal deux harpistes semble moins résider
des Fiori Musicali est ici d’une franche vers midi moins le quart dans De l’aube Claude Debussy (1862-1918) dans la fidélité absolue aux œuvres
rusticité, et fait ressortir de façon extrê- à midi sur la Mer...). Ici, d’orchestrale, Danse sacrée et danse profane, pour 2 elles-mêmes que dans l’évocation assez
mement nette l’origine populaire de cer- la Suite est une réduction de l’auteur, harpes; Proses Lyriques, pour voix et libre et poétique de l’univers sonore de
2 harpes; Ballade, pour 2 harpes; Trois Debussy, dont la harpe, instrument à la
taines danses (cf. notamment la « mu- les Miniatures de l’opus 20 titillant un
Chansons de Bilitis, pour voix et 2 harpes; fois aérien et liquide, capable de faire
sette  » du 3e concert). Et le recours à schumannisme universel intégré, celles Six Epigraphes Antiques, pour 2 harpes
la flûte à bec soprano ou à la flûte de de l’opus 39 existant en version violon- entendre aussi bien les vents que les
Duo Bilitis [Eva Tebbe, harpe; Ekaterina Levental,
voix renforce encore la verdeur. Cette piano. Notre brave César, surtout russe flots, les orages ou la neige, est sans
mezzo-soprano, harpe]
version manque cependant parfois de de par son second prénom (Antono- aucun doute un élément important.
BRIL95657 • 1 CD Brilliant Classics (Emmanuel Lacoue-Labarthe)
couleurs et d’éclat  : déséquilibre entre vitch), finit aveugle, faisant d’agréables
instruments dans le premier concert où
le basson tend à tout écraser, et donc
joliesses tomber dans l’oreille d’un
copiste pas assez sélectivement sourd. L e nom du Duo Bilitis dit assez l’atta-
chement des deux harpistes qui le
composent à Debussy  : Bilitis est en
basse continue trop effacée. C’est mat Aussi notre duo interprète ici, lui-même
et comme empâté, au sens pictural assez pépère, a-t-il du mal à nous cap- effet cette poétesse grecque inventée
du terme. Ailleurs, la flûte soprano, tiver toujours au-delà de la valeur docu- par Pierre Louÿs, dont Debussy a rendu
inégale, déçoit. Paraît parfois s’étran- mentaire d’un compositeur qui respirait les poèmes durablement célèbres en
gler dans l’aigu, ou, pour se détacher, un air plus inspiré que lui-même. Mais les mettant en musique. Eva Tebbe et
devenir perçante. Une sorte de «  lais- basta, ça meuble entre ces trous qu’il Ekaterina Levental ont donc composé
ser-aller », de manque de finition dans ne faut plus dans l’éternité du silence, un programme entièrement dédié à ce
le rendu du détail. La version de Savall non ? (Gilles-Daniel Percet) compositeur, fait d’arrangements de
August Duranowski (1770-1834)
CPO777577 • 1 CD CPO difficile (une première version achevée Fantaisies suivie de 2 airs variés pour le
Sélection ClicMag ! en 1942 fut perdue pendant la guerre, violon, op. 11 et 9; Concerto pour violon,

C e n’est pas parce qu’il est né en


Haute Autriche et qu’il a été choriste
à Saint Florian que Johann Nepomuk
le manuscrit ayant brûlé lors d’un bom-
bardement), sa plus grande concision
op. 8
Pawel Wajrak, violon; Angelina Kieronska, violon;
Karolina Stasiowska, alto; Anna Podkoscielna-Cyz,
recèle une tension polyphonique de
David, compositeur et symphoniste violoncelle; Ewelina Panocha, piano; Tarnowska
tous les instants qui culmine dans le Orkiestra Kamelrana; Piotr Wajrak, direction
prolixe, doit être considéré comme un
vaste scherzo central, aux accents cette
épigone de Bruckner. Elève de Joseph AP0360 • 1 CD Acte Préalable
fois indiscutablement brucknériens.

L
Marx, attiré par Schoenberg, il évoque Pour ces deux découvertes majeures, e Polonais August Duranowski étu-
surtout Paul Hindemith. Sa vaste 2ème l’orchestre radio-symphonique de die le violon à Paris avec Viotti et
symphonie (1938) de près de 45 mi- Vienne, familier du répertoire viennois développe une technique exceptionnelle
nutes dédiée à Hermann Abendroth du XXème siècle (on lui doit une inté- influencée par Paganini : il devient l’un
qui la créa à la tête du Gewandhaus en grale très remarquée des symphonies des plus éminents violonistes de son
Johann Nepomuk David (1895-1977)
1939 ne pâlit pas à côté de la célèbre d’Egon Welllesz chez le même éditeur) temps, menant au cours d’une exis-
Symphonies n° 2 et 4 symphonie Mathis der Maler de son est un guide idéal sous la baguette tence mouvementée une carrière de
Orchestre Symphonique de la radio de Vienne; exact contemporain allemand. Quant à experte de Johannes Wildner. La suite, virtuose rythmée par de nombreuses
Johannes Wildner, direction la 4ème symphonie (1948), à la genèse vite ! (Richard Wander) tournées européennes, amassant des

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fortunes aussitôt dissipées, dirigeant et d’une série de 3 symphonies restées instruments de 1800 et 1810. Loin des
un temps l’orchestre de l’opéra de Sélection ClicMag ! manuscrites, il devint l’ami de Mozart à modèles mozartiens, Eberl combine
Bruxelles, s’enrôlant subitement dans la fin de la décade, et écrivit une can- habilement dans cette œuvre brillante
l’armée avant de faire de la prison à l’is- tate funèbre pour le décès de ce der- esprit martial et humour, remplaçant le
sue d’une obscure querelle, et terminant nier. Lors d’une tournée de concerts en mouvement lent par une marche quasi
sa vie comme premier violon du théâtre Allemagne pendant l’hiver 1795-1796, militaire où trompettes, timbales et cors
de Strasbourg. Porté par des musiciens il accompagna Constanze Mozart et sa s’en donnent à cœur-joie, et faisant pré-
d’un excellent niveau, ce tout premier sœur Aloysia, jouant les concertos pour céder la danse allègre du rondo final
disque qui lui est consacré réserve la piano et la musique de chambre du d’une introduction lente faussement
sympathique surprise d’un très beau célèbre défunt. Parti à la fin de l’année lugubre. La marche réapparaît pour
Concerto pour violon (1810) encore 1796 tenter sa chance à la cour de Saint quelques mesures en un ultime clin
empreint de classicisme viennois : avec Pétersbourg, il y fut un professeur de d’œil. Les deux sonates à 4 mains ont été
une partie soliste narrative et chantante Anton Eberl (1765-1807) piano et compositeur estimé, sans écrites à Saint Pétersbourg et publiées
et son orchestration raffinée il s’inscrit Concerto pour 2 pianos, op. 45; Sonates obtenir aucun poste officiel. De retour en 1797, probablement à l’intention de
plus qu’honorablement dans la lignée pour piano à 4 mains, op. 7 n° 1-2 à Vienne fin 1799, il s’essaya à nouveau ses aristocratiques élèves russes. Leur
de ceux de Haydn, Mozart et Spohr. Les Paolo Giacometti, piano-forte; Riko Fukuda, à l’opéra, avec un succès mitigé, retour- difficulté technique témoigne du haut
Trois Thèmes Variés pour violon et vio- piano-forte; Kölner Akademie; Michael Alexander nant à Saint Pétersbourg en 1801 pour niveau de l’enseignement d’Eberl. Si les
loncelle méritent également le détour  : Willens, direction diriger trois exécutions triomphales de mouvements lents gardent l’esprit de
le second est une superbe et émouvante La Création de Haydn. Revenu définiti- Mozart, les sections rapides lorgnent
CPO777733 • 1 CD CPO
cantilène dont les variations distillent et vement à Vienne dès l’année suivante, fortement vers le langage nouveau qui
prolongent admirablement le parfum, et
le troisième reprend l’air de Papageno C e n’est qu’à la banqueroute de son
père, officier impérial, que le jeune
Eberl, né à vienne en 1765, dut d’échap-
il se consacra dorénavant presque
uniquement à la musique instrumen-
sera celui de Weber, Field, Hummel ou
Wölfl. Nos deux pianofortistes spécia-
qui ouvre «  La Flûte enchantée  » pour tale, rencontrant enfin le succès avec listes de ce répertoire réalisent ici une
en souligner habilement la joie, la per à une carrière de juriste. Auteur dès des œuvres originales et innovantes lecture précise, colorée et pétillante de
légèreté et la facétie. Les deux Fan- les années 1780 d’œuvres scéniques telles que le concerto pour deux pia- cette musique fraîche et savoureuse.
taisies qui complètent ce programme représentées avec un certain succès, nos enregistrés ici sur deux précieux (Jean-Michel Babin-Goasdoué)
tournent en revanche un peu à vide.
(Alexis Brodsky)
Tomé; John Aler; Daniel Kirch; José Antonio majeures (Ne vous fiez pas au titre  !).
Lopez; Ding Gao; Janusz Monarcha; Ludek Vele; Le Stabat Mater, œuvre fondatrice com-
Prager Kammerchor; WDR Rundfunkchor Köln;
Chœur Philharmonique de Varsovie; Henryk posée entre 1875 et 1877, fut créée à
Wojnarowski; Orfeón Pamplonés; Igor Ijurra Prague, à Brno, puis à Londres sous la
Fernández; Orchestre Philharmonique de Varsovie; direction de Dvorák lui-même. L’œuvre,
Antoni Wit; The Washington Chorus and Orchestra;
consécutive au décès de trois de ses
Robert Shafer; Orchestre Symphonique de Navarra;
Antonio Wit; WDR Sinfonieorchester Köln; Gerd enfants, est une longue déploration
Albrecht chorale. L’interprétation qu’en donne
BRIL95609 • 7 CD Brilliant Classics l’orchestre et le chœur de Washington, Joseph Haydn (1732-1809)

C offret intéressant qui regroupe si elle est loin d’égaler la version diri- Stabat Mater, Hob XXbis
Antonín Dvorák (1841-1904)

comme celui publié par Supraphon gée par Belohlavek, respecte bien l’at- Sarah Wegener, soprano; Marie Henriette Reinhold,
Intégrale de la musique chorale sacrée
en 2015 (Qui comprenait lui d’autres mosphère endeuillée et la progression alto; Colin Balzer, ténor; Sebastian Noack, basse;
Livia Aghova; Ewa Biegas; Christiane Libor; Kammerchor Stuttgart; Hofkapelle Stuttgart; Frieder
Marina Rogriquez-Cusi; Marietta Simpson; pages essentielles), l’Opera Sacra d’An- dramaturgique. Équilibre et homogé- Bernius, direction
Michelle Breedt; Ewa Wolak; Piotre Beczala; Javier tonin Dvorák, en tout cas les œuvres néité de l’orchestre et du chœur plus un
CAR83281 • 1 CD Carus
quatuor de solistes convaincant. Le Re-

Sélection ClicMag !
néoromantique, brève période à laquelle
succédera une esthétique postmoderne,
quiem (1890), met en valeur l’orchestre
symphonique. Progression agogique,
F rieder Bernius remet le Stabat Ma-
ter de Joseph Haydn sur le métier,
quelques décennies après une version
proche d’Arvo Pärt, minimaliste et répé- pupitres bien définis, il bénéficie ici sobre et racée comprenant notamment
titive. Crée en 1976 au festival de Royan de la direction avisée d’Antoni Wit. La Kristina Laki et Julia Hamari. On sait les
(Ernest Bour), la troisième symphonie messe op. 86 composée en 1887 pour affinités que le chef allemand a avec
«  des chants plaintifs  » opus 36 pour le répertoire baroque (Schutz, Bach)
le public anglo-saxon justifie parfaite-
soprano et orchestre, où s’entend la et classique (Mozart). Mais ce Stabat
profonde foi catholique du compositeur, ment ce qu’en dit l’auteur : «  »Seul un
artiste dévot peut engendrer une œuvre Mater là ne se livre pas facilement car
est constituée de trois mouvements
il faut extraire l’expression et surtout
lents comme une procession liturgique, de cette sorte, Bach, Beethoven en sont
l’émotion d’une écriture certes admi-
quasi statiques, d’inégales durées, la preuve.  »  » Combinant une facture rable mais moins évocatrice que celle
dominées par les cordes. Ce hiératisme classique (Beethovénienne) et l’austéri- des messes. Cette dernière mouture ne
Henryk Mikolaj Górecki (1933-2010) quelque peu glaçant et funèbre donne à té liée à une spiritualité intense et vécue, changera guère la donne quant au style
Symphonie n° 3 pour soprano, op. 36 l’œuvre une tension tragique extrême,
la messe est une sorte de baume conso- de direction du chef, rigoureux, élégant,
« Symphony of Sorrowful Songs » amplifiée par les textes des trois chants
lateur qui une fois appliqué, pénètre en mais peu téméraire. Un orchestre et un
Ewa Izykowska, soprano; Orchestre Philharmo- de douleurs, comme surgissant de la
musique elle-même, évoquant la sépa- profondeur. Le chef polonais Antoni Wit chœur (Hofkapelle et Kammerchbor de
nique de Poznan; Andrzej Boreyko, direction
ration des êtres aimés, la certitude de la restitue de façon aussi efficace la trame Stuttgart) incomparables. Si le splen-
DUX1459 • 1 CD DUX dide Dolorosa d’ouverture témoigne de
mort et l’espoir de la résurrection : une plus originale du Te Deum, (1892) se-
C ontemporain de Serocki, Baird et
Penderecki, Henryk Gorecki, après
ses études en Pologne, parfait sa for-
prière polonaise du XVe siècle, des graf-
fitis d’une prisonnière de la Gestapo, un
condé par des chanteurs tout aussi in-
vestis. Quant à l’oratorio «  »Svata Lud-
la qualité de l’équipe de Stuttgart (Sur
des rails), on apprécie moyennement le
chant populaire silésien. Regard d’un ténor (Colin Balzer pas toujours juste
mation musicale à Paris au début des mila » » op. 71, il réclame des effectifs et timbre un brin serré). La suite de
chrétien sur la condition humaine, cette
années soixante et s’initie aux diffé- œuvre impressionnante par la pensée importants et donne un rôle important l’œuvre montre en revanche une pro-
rentes modernités musicales (dodéca- musicale et métaphysique qui l’anime aux solistes, mais son écriture gênée gression dramatique frémissante due
phonisme viennois, Varèse, Messiaen, compte parmi les chefs d‘œuvre du aux entournures laisse peu d’échap- principalement au dialogue du chœur
Stockhausen, Boulez, Xenakis). Ses siècle dernier. De cette symphonie très patoires aux exécutants. Un chœur avec l’orchestre mais reste variable
premières œuvres manifestent la re- souvent enregistrée, le chef Andrzej Bo- selon les solistes. La soprano Sarah
pragois, deux orchestres allemands
cherche d’un syncrétisme d’avant-garde reyko et l’orchestre philharmonique de Wegener possède un timbre extraverti
(Cologne) fournissent cependant un dé-
où Claude Rostand verra une forme Poznan proposent une version recueillie hors sujet ici et semble s’écouter chan-
de «  Tachisme  » musical. Revenu en cor somptueux où s’ébat notamment la ter. L’alto (Marie Henriette Reinhold) se
voire extatique magnifiée par le talent
Pologne en 1968 où il enseigne à l’Aca- et de la beauté vocale de la soprano lumineuse soprano Livia Aghova (Lud- révèle dans ses deux airs plus émou-
démie de Katowice, il renoue avec une Ewa Izykowska. Ne pas manquer  ! mila). Un coffret hautement recomman- vante. On notera enfin la pulsation dy-
certaine tradition musicale polonaise (Emilio Brentani) dable. (Jérôme Angouillant) namique des ensembles vocaux (Para-

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disi Gloria fugué) et chaque intervention PCL10138 • 1 CD Piano Classics On en viendrait à pardonner sa facilité
du chœur est un régal. Encore un bon Sélection ClicMag ! (Charles Rosen dirait sa vulgarité) à ce
millésime qui enrichit le legs discogra-
phique de l’infatigable Frieder Bernius.
P lein la vue… pardon, l’ouïe  ! Ne
vous fiez pas au profil de «  bête à
concours  » de Tyler Hay et écoutez
Liszt-là, jongleur de foire. Les qualités
de belcantiste du pianiste se retrouvent
(Jérôme Angouillant) partout, depuis les quatre «  Valses
comme il chante. Le programme est
oubliées  » (et comment la troisième
peut-être un tribut à son premier prix au
dialogue avec l’andantino con senti-
concours 2016 de la Liszt Society, mais
mento de la Ballade n° 1 !) jusque dans
il nous montre un jeune pianiste (24
les deux grands hommages à Bach, et
ans) qui ne considère pas la virtuosité
des «  Jeux d’eaux  » qui traduisent si
comme un but : dans des tempi qu’on bien l’indication «  un poco marcato la
trouvera peut-être modérés il soigne le Melodia et legatissimo ». Après tant de
Franz Liszt (1811-1886) discours, le son et le legato. Combien notes le disque se termine presque dans
en a-t-on entendues, des «  Mephisto le silence, « una corda » puis « perden-
Fantaisie et Fugue sur le Thème B.A.C.H.;
Valse oubliée n° 1-4; « Les jeux d’eaux
Waltz n° 1  » chahutées par les plus dosi  » avec le minuscule et laconique
à la Villa d’Este »; Valse Mephisto n° grands sous prétexte d’en traduire la «  Abschied  » dont les notes sont à la
Alberto Hemsi (1898-1975)
1; Ballade n° 1; Variation sur le thème brutalité ou le démonisme  ? Des di- portée d’un quasi-débutant  : chapeau,
Coplas Sefardies, op. 7, 8, 14, 18
« Weinen, Flagen, Sorgen, Zagen », de zaines. Mais combien tiennent ainsi la on reparlera de ce jeune homme si les
Assaf Levitin, baryton; Naaman Wagner, piano Bach; Abschied pulsation de valse au point de nous faire petits cochons du « star system » ne le
ROP6155 • 1 CD Rondeau Tyler Hay, piano croire qu’on pourrait danser dessus  ? mangent pas. (Olivier Eterradossi)

A l’image d’autres ethnomusicolo-


gues-compositeurs beaucoup plus
connus que lui (Bartók en est le meil- sies traduits en allemands et anglais. de la fugue et du contrepoint, il com- avec Reinecke y contribua beaucoup.
leur exemple), Alberto Hemsi fit un tra- (Nicolas Mesnier-Nature) posa des milliers d’opus dont la plupart L’incise rythmique déploie son potentiel
vail de collecte considérable du folklore ont disparu lors d’un incendie. Les de puissance dans la profusion d’idées
juif ibérique. Cette prise de conscience enregistrements des œuvres épargnées qu’elle génère mais plus mémorable que
à laquelle il voua sa vie nous revient sont rares et donnent l’occasion de dé- toute incise, le motif 3 brèves - 1 longue
sous la forme d’un premier volume (il couvrir une qualité d’écriture toujours
apparaît dans le développement du
devrait y en avoir trois) des opus 7, remarquable. Les concertos sacrés pro-
premier mouvement du sextuor. Haydn
8, 13 et 18, tous composés en 1932 posés ici sont tous pour voix de basse
accompagnée d’un ensemble formé de démontra la fécondité de ce motif en le
et contenant six chansons chacun.
manière variable à partir de deux vio- projetant dans de multiples directions
La tradition orale ne comportant pas
lons, un orgue, un théorbe, une viole de avant que Beethoven ne l’immortalise
d’accompagnement écrit, Hemsi créa
une partition pianistique originale qui va gambe et un fagot. Chaque musicien se en lui donnant sa physionomie défini-
au-delà du simple soutien pour devenir doit d’être de niveau irréprochable au tive. Désormais sculpté dans son visage
Johann Philipp Krieger (1649-1725)
un petit commentaire très bien ciselé en service d’une musique dont le caractère de fatalité, il reviendra hanter celui qui
Concertos sacrés sur les Psaumes 3, 10, sacré et dépouillé exige virtuosité et
regard du contenu de chaque poésie. 22, 62 et Fortunae ne crede se voulut le plus digne héritier du Titan
Toutes proportions gardées, on trou- attention de la part de l’auditeur. Klaus musical. Après avoir traversé les plus
Klaus Mertens, basse; Hamburger Ratsmusik; Mertens qui a fait ses classes auprès
vera une semblable approche dans les Simone Eckert, direction épiques mouvements de Brahms tel un
restitutions pianistiques plus simples des plus grands chefs baroques sert
CPO555037 • 1 CD CPO spectre, il poursuivra son destin en se
de Hartmann à propos des traditions avec conviction des partitions dont
transmettant comme un flambeau à de
K
recueillies par Gurdjieff. Le baryton rieger fut l’un de ces musiciens ger- l’importance des textes est soulignée
maniques qui sillonnèrent les cours par un accompagnement instrumental zélés et ardents cadets, tels Krug chez
Assaf Levitin, chantre à la synagogue
de Hanovre, possède un beau timbre allemandes et établirent de fructueux qui reprend essentiellement la ligne de qui cependant la sûreté du trait ne ter-
de voix qui convient remarquablement contacts lors de voyages d’études en chant. La réalisation globale impeccable nit pas la couleur : le remplacement du
à cette musique. Texte original des poé- Italie. Admiré de Haendel pour son art permet de découvrir des œuvres rares second violoncelle par une contrebasse
mêlant rigueur germanique et allant ita- contribue à charpenter davantage le
lianisant. (Thierry Jacques Collet) sextuor dans ses basses et cette intru-
son goût pour le chant et l’Opéra, en
Sélection ClicMag ! témoigne la puissance mélodique et
sion augmente paradoxalement la pléni-
tude sonore de l’ensemble. Tout est prêt
rythmique de la longue cadence du
pour que l’auditeur s’immerge comme
premier mouvement et les nombreux
un peintre de l’Ecole de Barbizon dans la
thèmes caucasiens disséminés dans
une partition où s’écoule une veine forêt de Fontainebleau. Cette très belle
rhapsodique irrépressible. Le deuxième œuvre née en 1896 perpétue davan-
Concerto de Penderecki (1980) est issu tage le ton automnal et le mystère des
de sa période postromantique. Il est derniers quintettes de Brahms que les
composé de six épisodes fragments incessants crescendos de tensions de
ou cadences ou le dialogue soliste/ Arnold Krug (1849-1904) ses sextuors composés trois décennies
Aram Khachaturian (1903-1978) orchestre maintient une tension dra- Sextuor à cordes, op. 68; Quatuor pour auparavant. La composition de l’op. 16
matique continue. A défaut des per- piano, op. 16 se situe quant à elle juste après l’achè-
Concerto pour violoncelle en mi mineur / K.
Penderecki : Concerto pour violoncelle n° 2 cussions, emblématiques de sa période Ensemble Linos vement du troisième quatuor avec piano
Astrig Siranossian, violoncelle; Sinfonia Varsovia; «  sonoriste  » Penderecki exploite ici à CPO555030 • 1 CD CPO de... Brahms. On en retrouve le lyrisme
plein la dialectique du concerto et la
A
Adam Klocek, direction aussi exacerbé dans les tendres aveux
mateurs de solitude introspective
CLA1802 • 1 CD Claves technique de l’instrument (Clusters, que dans les cris de désespoir. Créée
dans le cadre d’un paysage recou-
glissandi, frottements...) sombrant
P rogramme arménien-polonais pour vert de brume entretenant la mélanco- comme le quatuor op. 15 de Fauré en
quelquefois dans ses tics d’écriture lie, autrement dit auditeurs ne cessant
ce disque signé d’une violoncel- 1879, l’œuvre de Krug n’apporte par
(Ostinatos répétitifs), afin de créer une d’aiguiser vos sens au Brahms cham-
liste arménienne et d’un orchestre et comparaison rien de bien nouveau dans
un chef polonais. Le sombre et lyrique série de climax aussi évocateurs que briste (le plus essentiel), hâtez-vous de l’histoire du quatuor avec piano mais
Concerto pour violoncelle en mi mineur possible. Sans rivaliser avec les grands découvrir cet Arnold Krug que le monde son final surprend beaucoup par l’élé-
d’Aram Khatchaturian, créé au conser- interprètes de ces deux pages (Navarra, discographique commence tout juste
Rostropovitch) Astrig Siranossian en gance et les subtilités d’une respiration
vatoire de Moscou en 1946, témoigne à révéler. Comme Brahms, il naquit à
donne une lecture franche et acéré au bien plus aérienne traversée de frémis-
des difficultés du compositeur en pleine Hambourg, comme Brahms, il perpétua
moyen d’un jeu puissant et dynamique cette tradition dans laquelle, indisso- sements où la matière se raréfie, toutes
tourmente soviétique (Il sera par la suite
accusé par Jdanov, le censeur nationa- et d’un son élégant et charnu. Le Sin- ciables comme le yin et le yang, rigueur caractéristiques ramenant au grand
liste, comme ses confrères Prokofiev et fonia Varsovia dirigé par Adam Klocek et imagination s’alimentent et se forti- compositeur français, certes lui-même
Chostakovitch d’écrire de la musique lui sert remarquablement de faire-valoir. fient mutuellement. Nul doute que son initialement marqué par Schumann.
hermétique) mais l’œuvre reflète aussi (Jérôme Angouillant) séjour (1868-70) à Leipzig où il étudia Mouvement perpétuel. (Pascal Edeline)

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à celui de sa bien-aimée. Les deux polyphonies fuligineuses s’incarnent
motets « Trop plus est bele » et « Helas Sélection ClicMag ! puis se subliment dans des jeux for-
pour quoy  » virent offrent à chaque mels quasi abstraits. Cette plénitude
voix des combinaisons polyphoniques du son que je n’avais pas rencontrée
inédites, révélant des sens cachés d’un ici depuis la première lecture du Qua-
hermétisme certain. Les «  Fab Four  » tuor Alban Berg pour Telefunken se
de l’Orlando Consort manient à mer- construit sur des lectures rigoureuses,
veille le moyen français et parviennent respectant toutes les reprises, ce qui
à détailler la broderie polyphonique de amplifie considérablement les œuvres :
Guillaume de Machaut (1300-1377) Machaut en mariant probité et suavité. quasi quarante minutes pour les « Dis-
Fortune’s Child Une seule réserve, le poli sophistiqué sonances », chaque quatuor dépassant
The Orlando Consort des voix (Made in Britain) masque par- largement la demi-heure, le message
fois la cruauté, la crudité et l’ambiguïté W. Amadeus Mozart (1756-1791)
CDA68195 • 1 CD Hyperion de Mozart, qui au-delà de l’hommage
que le « fin’amors » peut parfois receler. Quatuors à cordes, KV 387, 421, 428, 464,

C omme dans les autres volumes de KV 465 « Dissonance, KV 458 « The Hunt » rendu à Haydn projette le quatuor dans
(Jérôme Angouillant)
l’édition Machaut l’Orlando Consort Quatuor Auryn le préromantisme, éclate ici avec une
a choisi dans ce cinquième numéro TACET972 • 3 CD Tacet puissance singulière. Mieux, l’ensemble
une approche thématique. «  Dame du cahier se structure comme une
Fortune  » allégorie du destin, person-
nage du « Roman de Fauvel » et figure
L eur fulgurante intégrale des Quin-
tettes avec l’alto de Nobuko Imai
avait bouleversé ma discographie de
arche parfaite, Mozart ayant cherché
par delà la diversité des opus un ton,
du Tarot. Chaque chanson illustre à sa une intensité expressive, une perfection
ces œuvres, voici les Auryn arpen-
manière l’amour courtois et les revers de la forme qui forme un discours uni-
tant de leurs archets vigoureux les Six
de l’amant(e) en proie aux caprices de taire dont les Auryn font leur miel. On
«  Quatuors pour Haydn  ». Commen-
la (Dame) Fortune. Les affects y sont ici pourrait qualifier leur version d’intellec-
cez par le « Dissonance » Quartet, son
contrastés. Si la ballade « Gais et Joli » tuelle, mais impossible ne pas se laisser
introduction entre chiens et loups et ce
et le virelai « Dame vostre dous viaire » gagner par la présence si intense de leur
Gustav Mahler (1860-1911) solaire allegro qui suit. Ils les jouent
chantés ici comme un standard des grain, la puissance suggestive de leur
avec des subtilités, une intelligence des
Beatles présentent d’évidents signes « Das Lied von der Erde », Symphonie pour
jeu à quatre, l’exactitude de leur style.
ténor, alto et grand orchestre (Le Chant de tempos qui dessinent chaque épisode
d’allégresse sous forme de mélismes Toute grande version, et maintenant, les
la Terre) (et même l’esquisse de menuet) avec
exubérants ou de traits ascendants, la « Quatuors prussiens » s’il vous plait !
Dagmar Pecková, mezzo-soprano; Richard Samek, une grâce et pourtant une énergie où
plupart des chansons montre l’amour (Jean-Charles Hoffelé)
ténor; Schoenberg Chamber Orchestra; Petr toute la complexité harmonique, les
comme une maladie chronique. « Dame
Altrichter, direction
je vueil endurer  » profite à contrario
de l’émission limpide comme de l’eau SU4242 • 1 CD Supraphon de Richard Samek… mais guère plus .
claire du contre-ténor Matthew Ven-
ner. L’attente lancinante de « Comment
puet on miex ses maux dire » est sou-
J e me réjouissais à l’annonce d’un
«  Chant de la Terre  » avec Dagmar
Peckova, qui jadis avait gravé un beau
(Jean-Charles Hoffelé)

ligné par les ressassements des trois disque Mahler. Hélas, il est trop tard  !
voix de soutien. La cruelle «  ballade  » le vibrato a défait cette voix qui ne
« Riches d’amour » narre la frustration peut plus tenir les grandes lignes de
et la détresse de l’amant qui, faute de l’Abschied et essaye de sauver ce qui
trouver un remède à son amour, se reste de son art en incarnant le texte
résigne à mourir. En guise de consola- quitte à le surligner. C’est plus d’une Felix Nowowiejski (1877-1946)
tion philosophique, Machaut convoque fois troublant, tant les intentions sont Symphonies n° 2 et 3
Boèce pour nous engager à la pondéra- justes malgré la ruine de l’instrument. Orchestre Philharmonique de Poznan; Lukasz
tion. «  Honte paour doubtance  » nous Trahie par sa voix, elle trouve pourtant Borowicz, direction
détaille ainsi le comportement idéal de un accompagnateur attentif en Petr Claudio Monteverdi (1567-1643) DUX1446 • 1 CD DUX
l’amante par de courtes lignes vocales Altrichter, mais même dans la version
L
« Madrigaux, Livre V; Madrigaux, Livre VI » a richesse de l’œuvre de Nowowiejski
aux harmonies inattendues. Le virelai allégée pour ensemble de chambre de
Le Nuove Musiche; Krijn Koetsveld, direction ne tient pas seulement à l’étendue
« Dame mon cuer enportez » recours à Reiner Riehn rien n’y fait. Alors, pour
relative et à la variété de son œuvre,
la symbolique du cœur greffé de l’amant le ténor d’un bloc mais pourtant stylé BRIL95659 • 2 CD Brilliant Classics
mais réside aussi dans la densité de
ses partitions. Les 2 symphonies que
disque Chabrier, les Concertos de Ravel dans un équilibre des deux mains qui proposent L. Borowicz et le Philhar-
Sélection ClicMag ! et la Fantaisie de Debussy avec Jean magnifie la polyphonie tragique de ce monique de Poznan en apportent un
Martinon). Mais le grand âge venu, un Ré mineur est en soi une perfection nouveau témoignage, participant d’un
disque Janacek paru chez un autre édi- toute mozartien que Yannick Nézet-Sé- effort éditorial salutaire pour mieux
teur révélait enfin son piano profus et guin accompagne avec des intentions faire connaître la musique de ce com-
élégant, ce clavier de grande école dont inspirées. Le Deuxième Concerto de positeur. Ces deux ouvrages de la
la beauté n’avait rien à envier à celle de Rachmaninov, dont Ciccolini avait gravé maturité prennent en fait l’aspect d’un
Sergio Fiorentino, d’Arturo Benedetti en 1957 une version rapsode sous la dialogue entre les tendances caracté-
Michelangeli, de Dino Ciani. Puis les direction de Constantin Silvestri étran- risant de manière complémentaire le
«  live  » hélas peu nombreux encore à gement assortie à son propos, capté en musicien qui s’efforça, non sans diffi-
être dévoilés – des Préludes de Debussy 2011, est d’une fidélité au texte aussi cultés à plusieurs moments de sa vie,
enregistrés au Japon n’ont rien à voir remarquable que le fut la propre ver- de concilier son inspiration polonaise
W. Amadeus Mozart (1756-1791) avec ceux d’EMI – nous rendirent le vrai sion du compositeur, et comme celle- et une approche culturelle plus large-
Concerto piano n° 20 / S. Rachmaninov : visage sonore de Ciccolini. Les échos ci pas une once de pathos, des traits ment européenne, d’ailleurs jalonnée de
Concerto piano n° 2 de deux concerts londoniens en mai formés dans leur moindre détail, une rencontres marquantes. A présent que
Aldo Ciccolini, piano; London Philharmonic 2009, et octobre 2011 sont un apport simplicité éloquente qui sont les signes certaines controverses sont apaisées,
Orchestra; Yannick Nézet-Séguin, direction précieux à sa discographie. Le 20e de du grand art. On y sent parfois une admettons que l’équilibre et l’origina-
Mozart, joué avec une clarté, une inten- légère fatigue physique qui n’amoin- lité de cette musique symphonique
LPO0102 • 1 CD LPO
sité, une simplicité surtout, sera pour drit jamais les textes ni la perfection de sont bien réels. Dynamique, rythmée,

Il faut bien l’admettre, la plupart des


enregistrements d’Aldo Ciccolini ne
rendent pas compte de la simplicité
beaucoup un étonnement  : Ciccolini,
à force de Satie et de Liszt, ne passait
l’exécution, mais peut réduit les dyna-
miques ce qu’entend en fin musicien
contrastée, colorée, elle trouve des
illustrateurs de choix en ces interprètes
pas pour un mozartien, mais justement Yannick Nézet-Séguin qui contient son inspirés qui s’attachent à la beauté de
éloquente de sa sonorité, surtout ceux son art épuré, son toucher lumineux orchestre sans en réduire l’intensité l’ensemble dans le soin des détails. Si
réalisés par son éditeur historique, donnent à entendre tout le texte, et expressive. Doublé magnifique, qui fait les cuivres et les percussions la carac-
EMI (sinon les microsillons mono, les cette manière d’aller jusqu’au bout des regretter leur collaboration si brève. térisent volontiers, elle ne manque pas
Scarlatti, le premier album Séverac, le phrases, d’articuler sans rien assécher (Jean-Charles Hoffelé) non plus, en effet, de subtiles nuances.

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Aussi rien d’étouffant dans ces compo- dans les suites tirées du ballet homo- disponibles jusqu’ici datent des années
sitions copieuses, où se dévoile oppor- nyme. S’il y avait un lien musical à faire, Sélection ClicMag ! 90 ou début 2000. Cette version enre-
tunément la personnalité du musicien. on irait le chercher du côté de Schnittke, gistrée en avril 2017 sur un fac-similé
(Alain Monnier) avec ses citations, ses collages, ses mé- 2015 d’un clavecin Taskin 1769 est
langes de romantisme et de modernité, donc très bienvenue pour renouveler le
d’humour et de naïveté. Mais il faudrait catalogue. C’est un régal de vivacité, de
avoir un éventail beaucoup plus large rythme, de notes inégales et de pour-
que l’éthique discographie actuelle pour suites sans fin de croches piquées. La
être complètement objectif. Les ver-
claveciniste polonaise Ewa Rzetecka-
sions proposées ne déméritent pas (St
Niewadomska en donne une interpréta-
Petersburg Philharmonic en tête avec
tion gaie et détachée, limite malicieuse,
Temirkanov) même si la fantaisie sym-
phonique finale avec le State Kapella Henry Purcell (1659-1695) sans doute proche de l’esprit du com-
SO laisse entendre quelques faiblesses Suites pour clavecin n° 1-8, Z 660-669 positeur. Ces suites représentent une
solistiques. (Nicolas Mesnier-Nature) Ewa Rzetecka-Niewiadomska, clavecin fusion (on parlait à l’époque de « goûts
Henry Purcell (1659-1695)
réunis ») des styles allemand, italien et
DUX1437 • 1 CD DUX
Intégrales de la musique pour orgue français. Composées de 3 ou 4 danses
de Annibale Padovano (1527-1575) et
Vincenzo Pellegrini (?1562-1630)
Luca Scandali, orgue (Orgue Graziadio Antegnati
V oici un CD de clavecin joyeux et
léger, très agréable à écouter,
presqu’inattendu. Mort jeune à 36
elles sont courtes (moins de 7’, on
n’a pas le temps de s’ennuyer), vives
de 1565, Basilique de Santa Barbara, Mantua, ans, on ne sait pas quelle utilisation et enjouées ou graves mais pas trop.
Italie) Purcell réservait à ces 8 suites. On en Saluons l’ingénieur du son Krzysztof
BRIL95259 • 1 CD Brilliant Classics doit la publication dès 1698 à sa veuve Sztekmiler pour une prise de son et une
Frances. Peut-être étaient-elles conçues supervision remarquable. Livret très
comme des œuvres récréatives ou des informatif mais seulement en polonais
études. Les quelques enregistrements et en anglais. (Benoît Desouches)
Josef Gabriel Rheinberger (1839-1901)
Sonate pour violon et piano n° 1 en mi
l’atmosphère et les principes formels. le plaisir de la découverte comme celui
bémol majeur, op. 77; Sonate pour violon
et piano n° 2 en mi mineur, op. 105; 5 En somme, par le forme et le traitement de l’écoute ne sont pas au rendez-vous.
Songs, op. 4; « Im Sturm », extrait de 7 des thèmes, ces deux œuvres sont Si, en plus d’un livret plutôt attrayant,
Songs, op. 31 typiques de la musique de chambre du l’ensemble Estro Barroco propose un
Thomas Schrott, violon; Piero Barbareschi, piano dernier quart du XIXe siècle. Thomas accompagnement orchestral honnête,
Schrott et Piero Barbareschi en pro- les moyens déployés par Paola Rogge-
Andrei Petrov (1930-) BRIL95635 • 1 CD Brilliant Classics
posent ici une interprétation de haute ro rendent imparfaitement les « affetti »
La création du monde; Fantaisies sym-
phonique « The Master and Margarita » et
Farewell to... »
O rganiste lui-même, Josef Rhein-
berger est avant tout connu pour
l’ampleur et la qualité de sa musique
volée. (Charles Romano) supposés de ces œuvres d’un musicien
vénitien élève de Monteverdi. Alors
que lors d’une première exécution, en
Maria Lyudko, soprano; Orchestre de chambre de pour orgue. Pourtant, avec près de 200 1646, le compositeur reconnut tout ce
Saint-Pétersbourg; Edward Serov, direction; State œuvres, il a touché à tous les genres qu’il devait justement à la «  suavità  »
Kapella Symphony Orchestra; Alexander Tcher- avec succès. S’inspirant principalement et aux «  dons hors du commun  » de
nushenko, direction; Orchestre Philharmonique de Bach et de Mozart, il se présentait lui-
de Saint-Pétersbourg; Yuri Temirkanov, direction;
l’interprète. Ici, à défaut d’un jeu plus
même comme un classique. Toutefois, raffiné sur les nuances et d’une exu-
Alexander Dmitriev, direction
ces deux sonates pour violon et piano bérance mieux maitrisée, l’expression
NFPMA9983 • 1 CD NOrthern Flowers font plutôt écho à Brahms, Franck, Men- tombe à plat : l’artifice reste flagrant et

C ertes, on n’ira pas se rouler par terre


en criant en se demandant comment
delssohn ou encore Dvorak. La sonate
op. 77 (1874) se compose de trois
les difficultés pas toutes surmontées
empêchent trop souvent de parvenir
on a pu vivre jusqu’à aujourd’hui sans mouvements. L’Allegro con fuoco est Giovanni Antonio Rigatti (1613-1648) à une reconquête du naturel, qu’auto-
connaître le nom d’Andreï Petrov. Si caractérisé par un dialogue passionné Motets pour soprano, Livre II riserait certainement plus d’aisance.
le concept revendiqué de compositeur entre les solistes et un matériau théma- Ensemble Estro Barocco On aimerait pourtant tellement qu’au-
soviétique garde toute son aura mépri- tique très contrasté. L’Adagio espres- delà de la curiosité musicologique,
LDV14034 • 1 CD Urania
sante de notre côté, et s’il n’est pas ici le sivo s’ouvre sur une mélodie idyllique ce type d’enregistrement s’adressât
moment de faire un cours sur l’histoire
de la musique d’après la révolution de
au violon puis se poursuit sur une
section rythmique, véritable hommage V ouloir faire découvrir des œuvres
ou des compositeurs méconnus
relève d’un désir louable. Encore faut-
également, avec les acclimatations
nécessaires, à toute la sensibilité de
1917, il reste toutefois salvateur d’écou- à Brahms. Enfin, le «  Finale alla taran- l’auditeur d’aujourd’hui. Pensons no-
ter une composition hors contexte. Il ne tella » renvoie à la musique folklorique. il savoir se montrer convaincant pour tamment aux œuvres d‘Agostino Stef-
faudra pas non plus chercher une des- Composée seulement trois ans après susciter l’adhésion de l’auditeur. Or, je fani par Cecilia Bartoli et Nuria Rial.
cription réaliste de la création du monde l’opus 77, la sonate op.105 en reprend dois avouer qu’en ce qui me concerne, (Alain Monnier)

Sélection ClicMag ! J e crois bien tout compte fait que c’est


là le chef-d’œuvre de Rachmaninov.
Il était attaché à sa grande Vigile, ses
intime, sereine, dorée à l’or fin, du
Chœur de l’Opéra de Podlasie, Théâtre
lyrique de Pologne qui depuis quelques
«  Vêpres  » de guerre écrites en 1915, saisons proposent des productions ins-
au cœur du premier conflit mondial, pirées. Les vieux modes kieviens n’ont
comme à aucune autre de ses partitions aucun secret pour Violetta Bielecka qui
et la citera dans son opus ultime, les fait entendre leurs «  dessonances  »
« Danses Symphoniques ». Cette vaste avec un art consommé. Quelle concen-
symphonie de chœurs, office hésitant tration dans les lignes de chants, quels
tendresse et rêve, ardemment conso- rêves étoilés lorsque le ténor miellé de Nikolai Rimski-Korsakov (1844-1908)
latrice, a de la chance au disque ces Rafal Bartminski y envole sa voix pro- Shéhérazade, Suite symphonique, op. 35;
Caprices Espagnol, op. 34 (Versions pour
derniers temps, Sigvards Klava et son fonde et souple. Et quelle merveille que
piano à 4 mains)
Sergei Rachmaninov (1873-1943) chœur Letton (Ondine), Charles Bruffy le mezzo quasi contralto d’Agnieszka
Marco Sollini, piano; Salvatore Barbatano, piano
Les Vêpres, pour voix seul et chœur mixte et ses chorales du Kansas (Chandos) en Rehlis, voix compassionnelle d’une
a capella, op. 37 ont donné deux magnifiques versions tendresse incommensurable. La basse LDV14035 • 1 CD Urania
Agnieszka Rehlis, mezzo-soprano; Rafal Bart-
minski, ténor; Krzysztof Drugow, basse; Chœur
et Philharmonie de l’Opéra de Podlasie; Violetta
très opposées, preuve que la partition
de Rachmaninov est un territoire ouvert.
Il faudra leur ajouter, au même degré
claire de Krzysztof Drugow conduit cet
office intime et éloquent, le chœur lui ré-
pond ses litanies emplies de chérubins,
O n ignore généralement que deux des
partitions symphoniques les plus
connues de Nicolaï Rimski-Korsakov,
Bielecka, direction d’excellence dans l’exécution et d’ins- faisant au final un disque bouleversant, réputé pour ses talents d’orchestrateur,
DUX1404 • 1 CD DUX piration dans l’interprétation, la lecture indispensable. (Jean-Charles Hoffelé) ont commencé leur existence sous la

10  ClicMag mai 2018  www.clicmusique.com


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forme de pièces pour piano à quatre nourrice-accompagnatrice, ici alto mais nante pour la simple beauté du jeu. Mais
mains, respectivement en 1887 pour souvent contre-ténor, et Holopherne, on est loin du caractère que leur donnait
le Capriccio, et l’année suivante pour ténor. Dans un ordre implacable se Edwin Fischer. (Jean-Charles Hoffelé)
Schéhérazade. Séduit comme beaucoup succèdent courts récitatifs et arias (ou
de Russes par l’exotisme oriental évo- duos). Les trois chanteurs sont italiens,
cateur d’ailleurs pleins de mystère (et ce qui explique une diction parfaite,
de chaleur) de ces contrées lointaines ce qui n’est pas toujours le cas dans
qui ignorent les rigueurs de l’hiver d’autres versions avec interprètes fran-
russe, Rimski-Korsakov déploya tout çais  ! Ils sont accompagnés par treize
son génie d’évocation en prenant pour musiciens menés par Estévan Velardi Franz Schubert (1797-1828)
argument les contes des Mille et Une où brille particulièrement le violoncelle Sonate pour piano en si bémol majeur, D
Nuits de la tradition orientale, contés d’Antonio Fantinuoli. La musique est 960; 4 Impromptus, op. 142, D 935
par la princesse Schéhérazade, faisant souple, franche et fraîche, souvent Marc-André Hamelin, piano
chatoyer toutes les couleurs et les res- basée sur des rythmes de danse. Un CDA68213 • 1 CD Hyperion Heinrich Schütz (1585-1672)
sources du clavier pour ressusciter à disque émouvant, sensible et délicieux,
nos oreilles les subtilités des aventures
des héros de ces contes, et les saveurs
à découvrir. (Michel Lagrue)
M arc-André Hamelin, le plus virtuose
des pianistes de sa génération, qui
aura commencé sa carrière discogra-
Petits concerts spirituels, vol. 2
Gerlinde Sämann; Isabel Schicketanz; Maria Sto-
siek; David Erler; Georg Poplutz; Tobias Mäthger;
et contrastes de toutes les Espagnes, de Tobias Berndt; Felix Schwandtke; Stefan Maass;
la suavité des aubades jusqu’à la vigueur phique avec les œuvres les plus ardues
Matthias Müller; Ludger Rémy
endiablée du Fandango final dans le Ca- du répertoire en vient aujourd’hui à
Schubert. Un premier album où le rejoi- CAR83271 • 2 CD Carus
priccio. La lecture très inspirée de nos

C
deux pianistes italiens met en lumière gnait Steven Osborne l’avait montré e que propose Carus concernant
des aspects insoupçonnés de ces parti- chez lui dans un univers où, préjugés l’œuvre de Schütz est généralement
tions justement célèbres, réinventant tel obligent, je ne l’attendais pas. Mais ici d’excellente qualité et ce double cd
ou tel passage que l’on croyait connu et c’est au chef d’œuvre qu’il touche, étape n’est pas de moindre valeur en termes
qui réintègre la saveur de la nouveauté supplémentaire et pour ainsi dire ultime d’interprétation comme de documenta-
sous cet éclairage inédit. Ces pièces, qui dans l’univers même de Schubert. tion (livret). Ce volume 2 des «  Kleine
Samuel Scheidt (1587-1654) Le fameux trille qui gronde chez tant geistliche Konzerte  » (op. 9, 1639)
relèvent de la musique à programme au
Cantiones Sacrae, Motets (1620) / F. de pianistes se fait ombre, murmure réunit cette trentaine de pièces - dont
meilleur sens du terme, sont en fait un
Schwemmer : « Die Stimme meines inquiet dans le murmure général de
poème autant qu’une peinture en mu- 10 écrites en latin - liées au calendrier
Freundes », Motet d’après les textes du
sique pour Schéhérazade, et un folklore l’exposition, où un clavier fluide, sans liturgique (Noël, Passion et Pâques)
« Cantique des Cantiques » et du « Livre
idéalisé et réinventé pour le Capriccio, des proverbes de Salomon » aucun appui, dit son chant en estompe ; comme aux différents moments de la
caractère qui ressort de façon proba- Athesinus Consort Berlin; Klaus-Martin Bresgott peu à peu la lumière gagne, mais jusque vie chrétienne (espérance, confiance,
blement plus flagrante dans la version dans le forte, ce toucher veut suggérer. louange, abandon). La brièveté des
CAR83488 • 1 CD Carus
pianistique. Au-delà de la diffusion po- Au long de la Sonate, une décantation pièces n’empêche pas leur profondeur,
tentiellement plus large de ces créations
sous cette forme, Rimski-Korsakov ne S amuel Scheidt est avec Johann Her-
mann Schein et Heinrich Schütz,
l’une des figures marquantes de la
de l’harmonie se produit, qui fera les
deux mouvements finaux légers comme
au contraire, puisque c’est justement
sur ces contrastes et sur la dynamique
pouvait pas résister à l’opportunité de des plumes, très sereins mais sans les proprement dramatique les caractéri-
mettre ses brillants talents d’orchestra- première moitié du dix-septième siècle piaffements, le contraste qu’on y trouve sant qu’a travaillé le maître de Dresde.
teur en œuvre pour ciseler les joyaux en Allemagne. Organiste et maître de si souvent et qui sonnent trop voulus Il suffit de comparer les interpréta-
symphoniques que sont ces deux chapelle à Halle sa ville natale, il laisse après les mystères des deux premiers tions des SWV 307 ou 308 à d’autres,
pièces sous leur forme orchestrale. Il un imposant catalogue d’œuvres desti- mouvements. Les «  Impromptus  » D plus anciennes, pour entendre ici ce
n’empêche que le prototype demeure nées au clavier, de la musique chorale 935 pécheraient par un excès d’élé- que chanteurs et musiciens – dont le
une expérience sonore inédite et sa- et instrumentale. Le recueil des « Can- gance si ces doigts véloces, ce clavier si regretté Ludger Rémy – font ressor-
voureuse qui conserve toute sa valeur. tiones Sacrae  » composé en 1620 éduqué ne rendaient leur écoute fasci- tir d’intimité et d’expressivité. Dans le
(Jean-Michel Babin-Goasdoué) prend sa source dans les textes des
Psaumes et des Evangiles. Scheidt y
combine habilement textes latins et rêve et brio, très Weber dans l’esprit.
chorals luthériens. Klaus Martin Bres- Sélection ClicMag ! Piers Lane a choisi deux opus de la
gott a choisi de compiler uniquement maturité, après que Ries ait passé dix
des motets en langue allemande inspi- ans à Londres où enfin on avait reconnu
rés des Psaumes. Tous sont composés son talent à sa juste valeur avant de s’en
pour double-chœur à huit voix mais ils retourner dans son pays natal. Le grand
revendiquent intimement dans leur écri- Concerto en la bémol majeur «  Gruss
ture une exécution instrumentale, ainsi an den Rhein » célèbre les retrouvailles
Bresgott les complètent d’un conti- avec sa chère Rhénanie. Il est empli de
nuo  : violoncelle et orgue. Influencée stupéfiants paysages sonores, son écri-
Alessandro Scarlatti (1660-1725) par Sweelinck, Praetorius et Schütz, ture n’est que fantaisie et songe, son
« La Giuditta », oratorio pour 3 voix et l’écriture de Scheidt réussit à synthéti- discours rapsode étonne sans cesse,
instruments sur un Livret de Pietro Ottoboni ser les styles néerlandais, flamands et Ferdinand Ries (1784-1838) bien dans le style des concertos narra-
Rosita Frisani Judith, soprano; Marco Lazzàra italiens. L’aspect madrigalesque et poly- Concerto pour piano n° 8 « Gruss an den tifs dont John Fields popularisa la veine
Nurse, alto; Mario Nuvoli Holofernes, ténor; choral ajouté au goût du compositeur/ Rhein »; Concerto pour piano n° 9; Intro- en Albion, et comme le Nocturne de
Alessandro Stradella Consort; Estévan Velardi duction et Polonaise, op. 174
organiste pour le contrepoint et la varia- son Larghetto est émouvant à force de
BRIL95536 • 1 CD Brilliant Classics tion caractérisent les dix-sept motets Piers Lane, piano; The Orchestra Now; Leon mystères. C’est une toute couleur que
Botstein, direction
L a belle Judith libère la ville assiégée
de Béthulie en séduisant et décapitant
enregistrés ici. Notons que Bresgott a
ajouté à son programme un « motet » CDA68217 • 1 CD Hyperion
Ries déploiera sept ans plus tard dans
son ultime Concerto, sombre forêt tein-

P
le général assyrien Holopherne. Cette à dix voix écrit par le compositeur Frank rofesseur puis ami de Beethoven, tée d’éclairs dramatiques qui dés son
histoire biblique a inspiré plusieurs di- Schwemmer, né en 1961 en écho avec pianiste virtuose mais d’abord introduction donne le ton. Sa virtuosité
zaines d’opéras et d’oratorios, les plus la musique de Scheidt. Habile méta- compositeur inspiré du premier ro- incendiaire souligne à quel point il se
célèbres étant Judita triomphans de morphose du modèle de motet choral mantisme, Ferdinand Ries ne mérite voulait encore ce virtuose flamboyant
Vivaldi (1716) et la Betulia liberata d’un orné en tentant d’en extraire du plein pas l’oubli relatif dans lequel le tient qui avait enchanté Londres et qui bril-
Mozart de quinze ans. L’oratorio présent du vide, un dessin flou ou déformé. la musicologie contemporaine. Piers lera plus encore dans la tardive Intro-
est La Giuditta dite « de Cambridge » où On passe d’un bronze de Donatello à Lane a mille fois raison de se pencher duction et Polonaise, avec son portique
fut conservé le manuscrit (1697) ; le une suspension de Calder. Merveilleux avec tant de grâce et de poésie sur ses où résonnent de mystérieux cors de
livret est celui du prince Ottoboni et une Athesinus Consort Berlin  : justesse, Concertos pour piano qui jadis retinrent chasse. Le clavier ailé et tonnant de
précédente version, que Scarlatti tenait équilibre, clarté de l’émission, précision l’attention de Felicija Blumental. Est-ce Piers Lane parle naturellement la langue
en haute estime, avait été composée de l’articulation. Prise de son superbe. le début d’une intégrale ? Il faut l’espé- de Ries, subtilement accompagné par
en 1693 à Rome. Il s’agit d’un drame à Que demander de plus  ? Un second rer, car seul chez Naxos une intégrale l’orchestre assemblé par Leon Botstein.
trois personnages, Judith, soprano, sa volume... (Jérôme Angouillant) honnête donnait accès à ces opus entre Vite, la suite ! (Jean-Charles Hoffelé)

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contexte douloureux de la Guerre de six poèmes d’Alexandre Blok, essai de musique. Ne boudons pas notre plaisir
Trente ans, « inapproprié aux arts libé- biographie musicale du poète, suite de car l’interprétation de Pyrc ne manque
raux », si Schütz, dans sa dédicace au tableaux à l’orchestration quelque peu ni de couleurs ni de caractère  ! Ce 5e
Prince Frédéric de Danemark s’excuse weilienne, pleine d’ingénuité sardo- prix du concours national Chopin de
de présenter «  une œuvre si courte et nique et de sombre dramatisme, «  Ô
Varsovie de 2011 au jeu aussi nuancé
si simple », il propose en fait un opus mes enfants, si vous saviez, le froid et
les ténèbres des jours futurs  !  ». Des qu’incisif et à l’expressivité aussi
éminemment personnel, se concen-
œuvres à découvrir. (Emilio Brentani) réfléchie qu’extériorisé se révèle enfin
trant alors sur l’essentiel. Mais plus
particulièrement sensible et inspiré chez
qu’une approche synthétique, c’est à
une discrète débauche de procédés où Sergei Slonimsky (1932-) Szymanowski. (Pascal Edeline)
l’influence vénitienne est explicite qu’est Symphonie n° 2; Cantate « A Voice from
the Chorus »
convié l’auditeur. (Alain Monnier)
Eugenia Gorokhovskaya, mezzo-soprano; Sergey
Leyferkus, baryton; Yuri Semyonov, orgue;
Leningrad Philharmonic Orchestra; Leningrad Phil-
harmonic Chamber orchestra; State Capella Choir;
Gennady Rozhdestvensky, direction
NFPMA99123 • 1 CD Northern Flowers

F ils de Mikhaïl Slonimsky, l’un des


«  Frères Serapion  », Serguei Slo-
nimsky (1932-) fait ses premières
Karol Szymanowski (1882-1937)
Étude en si bémol mineur, op. 4 n° 3; 4
Mazurkas, op. 50; Fantaisie en do majeur, Georg Philipp Telemann (1681-1767)
études musicales à Moscou puis suit op. 14 / J. Ekier : « Colourful Melodies »;
l’enseignement du conservatoire de 2 Préludes, op. 1; 2 Mazurkas, op. 2; Die Stille Nacht, cantates pour basse seule
Johann Sebastiani (1622-1683) Leningrad dont il deviendra lui-même Berceuse, op. 3 n° 1; Humoresque, op. 3 Peter Kooij, basse; L’ Armonia Sonora; Mieneke
enseignant. Son talent éclectique trouve n° 2; Toccata, op. 4; Mazurka, op. 5; « A van der Velden, viole de gambe, direction
Passion selon St. Matthieu
Highlander Dance »
Colin Balzer; Christian Immler; Ina Siedlaczek; à s’épanouir dans tous les genres  : PAS1034 • 1 CD Passacaille
13 symphonies, plusieurs opéras Wojciech Pyrc, piano
Nathan Medley; Jason McStoots; Jonathan Woody;
Boston Early Music Festival Chamber Ensemble; dont «  Virineïa  » (1967), musique de DUX1458 • 1 CD DUX
U n surdoué  : premier opéra - mal-
heureusement perdu, comme les
D
Paul O’Dette, direction; Stephen Stubbs, direction chambre et … de cinéma. Son intérêt ans les années 30, certains critiques
CPO555204 • 1 CD CPO pour la littérature le conduit à mettre en le plaçaient aux côtés de Lutos- suivants - composé à l’âge de 12 ans.
musique des poèmes de Blok, Mandels- lawski et de Panufnik dans la relève Prolifique  : 1700 cantates, dont seule-
D eux théorbistes : Stephen Stubbs et
Paul O’Dette sont à l’origine de la
découverte de cette Passion selon St
tam, Tsvetaieva, et, sous forme d’opéra
de chambre, le roman « le Maitre et Mar-
prometteuse pour l’avenir musical polo-
nais mais l’humilité de Jan Ekier fut telle
ment 1400 nous sont parvenues. Il sa-
vait jouer de tous les instruments dont
guerite » de Boulgakov achevé en 1972 que l’éditeur prit finalement le pas sur l’époque disposait. La nature lui avait
Mathieu de Johan Sebastiani, contem- … et représenté en 1989. Un musicien le compositeur. La valeur des pièces
poraine de celle de Schütz et créée au donné en plus une belle voix de baryton.
engagé dans son temps qui, maître du enregistrées par Wojciech Pyrc nous
festival de Boston en 2014. Comme répertoire national savant et folklorique, Il est donc fort probable que Telemann
le fait regretter, même en considérant
toutes les Passions archaïsantes (Jo- est à l’écoute des musiques contempo- l’incontestable nécessité d’un projet composa à sa mesure les cantates pour
hann Theile, Thomas Selle), cette œuvre, raines occidentales, côtoie l’avant-garde aussi immense que l’édition complète voix basse dont ce disque nous donne
déclinée en sept parties bien distinctes, de son pays et développe un style per- des œuvres de Chopin, fil conducteur un échantillon, centré sur la Passion du
privilégie l’évangéliste (Afin de facili- sonnel très épuré (prudent diront cer- de toute une vie. Ekier fut trois fois pré- Christ. Peter Kooij leur prête le velours
ter l’écoute et la compréhension des tains !), à l’écart des dogmes de l’Union sident du jury du concours internatio- de son timbre et l’autorité de sa pro-
fidèles) en alternant ici son récit avec des Compositeurs. La maison de disque nal de piano Frédéric Chopin où il avait jection. Programme sérieux, austère,
de brefs chorals et des interventions «  Northern Flowers  » de Saint Peters- obtenu le huitième prix en 1937 et écri- auquel des sonates à 4 et à 6 offrent
des différents protagonistes, Jésus, bourg nous offre aujourd’hui deux enre- vit comme Szymanowski des mazurkas.
une respiration bienvenue, mettant en
Pilate, Judas et la foule. Dispositif que gistrements d’archives (1977 et 1979) L’ensemble de ses pièces pour piano
d’œuvres de Serguei Slonimsky inter- se caractérise par un foisonnement de valeur l’ensemble Armonia Sonora.
l’on retrouve dans les Passions de Tele-
prétées par l’orchestre philharmonique rythmes, de couleurs et de mélodies Conclusion (et sommet de l’album),
mann, de Stölzel ou de Haendel et bien
de Leningrad sous la direction de Guen- faisant rejaillir la sève des musiques po- l’aria « Gute Nacht, Ihr meine Lieben ».
sûr dans celles de Bach qui réinvente
nadi Rojdentvensky. La symphonie n° 2 pulaires dans un dépaysement harmo- Au fait, qui d’autre a chanté l’accep-
le genre tout en le sublimant. L’œuvre
en trois mouvements (1978) où s’expri- nique et tonal réjouissant. L’art si créatif tation de la mort et l’espérance de la
de Sébastiani n’évite pas une certaine
ment le syncrétisme du compositeur et de donner une allure singulière ou une résurrection avec de telles ressources
monotonie due à cette prééminence du
la finesse de l’écriture orchestrale (un apparence inattendue sinon méconnais-
récitant (Le ténor Colin Balzer méritant de timbres, avec ce legato, cette mez-
surprenant andante jazzifiant et un ricer- sable aux tournures les plus naïves ou
mais sans relief), à l’absence de chœur za-voce qui font du soliste l’évident
care final triomphant) et une œuvre plus archaïques fait parfois résonner des
(la « Turba » est ici restituée par les six ancienne, rendue possible à l’époque du échos de Bartók dans la stylisation de médiateur du message du Christ  ? Ah
chanteurs), et d’un instrumentarium vo- dégel khroutchevien : La cantate « Une la fausse simplicité. D’autres noms oui  ! Fischer Dieskau dans son récital
lontairement restreint (Un violon, quatre voix dans le chœur » (1963), pour so- viennent à l’esprit au cours de l’audition Bach de 1958. «  Es ist vollbracht...  »
violes de gambe, deux théorbes, un prano, baryton et chœur, cycle illustrant mais cela n’enlève rien à l’attrait de cette (Olivier Gutierrez)
orgue et un clavecin) réduit le plus sou-
vent à la fonction d’accompagnement.
Le compositeur mélange volontiers le
style orné italien (Natif de Koenisberg, Sélection ClicMag ! R éalisé depuis une compilation
d’enregistrements parus chez Hype-
rion entre 2005 et 2016 (dont certains
Tout l’intérêt de ce florilège est d’illumi-
ner le savant résultat de canevas musi-
caux à géométrie variable d’une beauté
il étudia en Italie d’où le Sébastian(i)
et la rhétorique luthérienne (L’utilisa- récompensés de prix internationaux), et d’une sophistication sidérantes. Il
ce disque regroupe diverses pièces faut pour en révéler la splendeur et la
tion inédite de chorals dans l’œuvre).
caractéristiques des «  Antiennes vo- portée mystique une cohorte de chan-
La musique de Sébastiani évoque bien
tives » composées par Tallis au fil de sa teurs exceptionnels à la fois solistes
souvent celle d’Heinrich Schütz sans
carrière. Thomas Tallis (ca1505-1585) et choristes, parfaitement à l’aise avec
en posséder ni le génie rhétorique ni la vécut sous quatre souverains, avant et la prosodie particulière de ces pièces
subtilité harmonique. Quelques beaux après la Réforme, dans une Angleterre virtuoses baroques. Le chef Andrew
moments soutiennent cependant l’inté- qui passa du protestantisme au catho- Carwood et son ensemble The Cardi-
rêt (Crucifixion et Mise au Tombeau). licisme. Henri VIII et Marie Ière dans nall’s Musick sont depuis 1989 des spé-
De la distribution vocale, on retiendra une moindre mesure ne juraient que par cialistes reconnus de ce répertoire. On
le Jésus de Christian Immler, blessé de Thomas Tallis (?1505-1585) des pièces longues, tandis qu’Edouard est porté par leur virtuosité impliquée,
toutes parts, et le Judas tourmenté du Les antiennes votives VI et Elisabeth I privilégiaient les pièces la pureté vocale et la perfection de la
contre-ténor Nathan Medley voix fragile plus courtes voire ramassées. Tallis dut mise en place que sublime une prise
The Cardinall’s Musick; Andrew Carwood, direction
hantée par son personnage. Une belle constamment s’accommoder de ces de son parfaite. Une sacrée réussite.
découverte. (Jérôme Angouillant) CDA68250 • 1 CD Hyperion préférences et renouveler son style. (Thierry Jacques Collet)

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Hanna Herfurtner, soprano; Joowon Chung, Ruben Dubrovsky. La soprano Hanna
Sélection ClicMag ! soprano; Andreas Scholl, alto; Bach Consort Wien; Herfurter et la mezzo Joowon Chung,
Salzburger Bachchor; Rubén Dubrovsky, direction timbres bien assortis nous valent un
GRAM99165 • 1 CD Gramola très séraphique Gloria. Mais l’excel-
lence de tous ces interprètes n’y peut
P laisir d’écouter un enregistrement
dans lequel tous les musiciens sont
mis en valeur. L’ensemble viennois Bach
rien, le triomphateur de ce disque
s’appelle Andreas Scholl. L’autorité de
la projection, les infinies ressources de
Consort tout d’abord, dont on apprécie
legato (Adagio du rare « Filiae Maestae
la large palette de couleurs, la préci-
Jerusalem  »), et peut-être, de tous les Géza Zichy (1849-1924)
sion de l’articulation, la vigueur des contre-ténors en activité, le timbre le
attaques, en particulier dans le concerto Intégrale de l’œuvre pour piano seul
plus beau et le plus naturel, on ne sait Artur Cimirro, piano
Antonio Vivaldi (1678-1741) en sol mineur et la sonate à quatre en qu’admirer le plus dans un anthologique
mi bémol majeur qui ouvrent le disque. Stabat Mater. La prise de son restitue AP0371 • 1 CD Acte Préalable
Concerto, RV 156; Sonate a quatro en mi

C
bémol m ajeur, RV 130; « Filae Maestae Belle homogénéité des pupitres du Salz- l’acoustique somptueuse de l’Abbaye de omplétant les transcriptions pour
Jerusalem », Introduction au Miserere, RV burger Bachchor, instrument puissant Klosterneuburg. Un beau panorama du piano du Comte hongrois Géza Zi-
638; Stabat Mater, RV 621; Lauda Jerusa- et ductile (« Et in terra pax » du Gloria) meilleur Vivaldi, dans une interprétation chy, le pianiste manchot (voir chronique
lem, RV 609; Gloria, RV 589 au service d’un chef inspiré, l’argentin magnifique. (Olivier Gutierrez) Acte préalable AP0372), le brésilien
Artur Cimirro présente l’intégrale des
œuvres pour piano pour main gauche,
Parole del Ricordo moi !; Consolazione; jours la même rengaine, erreur  ! Rap-
Ninna nanna; Due piccoli Notturni; For ever devenant ainsi son interprète attitré.
pelons que l’orgue intègre l’orchestre
and for ever; Piccolo Valzer; Aimez quand Après avoir travaillé avec Liszt, Zichy
pendant la période baroque particulière-
on vous aime ! étudia la composition et l’harmonie
ment avec Haendel et Vivaldi. Si Haen-
Duo Alterno avec Robert Volkmann. Il écrivit prin-
del compose des concertos pour orgue,
LDV14033 • 1 CD Urania cipalement des pièces pour piano dont
Vivaldi l’utilise comme accompagne-
un concerto pour main gauche, moins
L e programme, en premier lieu, cohé-
rent, construit avec une lumineuse
intelligence artistique. Le duo Alterno (la
ment d’un orchestre réduit où les solos
de violon restent essentiels. L’orgue
équilibre les cadences, solidifie la ligne
célèbre que celui de Ravel, quelques
opéras, un ballet (Gemma) très joué en
Boris Tichtchenko (1939-2010) soprano Tiziana Scandaletti, le pianiste mélodique et étoffe le discours musical Hongrie et en Allemagne et quelques
Symphonie n° 2, op. 28 Riccardo Piacentini) s’en explique dans avec des épisodes solistes brillants et oeuvres vocales. Les pièces pour
Orchestre Philharmonique de la République de le texte de présentation. Des mélodies des échanges enlevés avec les cordes. piano sont constituées d’une sonate,
Carélie; Edward Chivzhel, direction de 1916 uniquement, c’est le dernier Il aurait donc été dommage de passer dix études, un divertissement et une
NFPMA99105 • 1 CD Northern Flowers Tosti, qui brise son image d’aimable à côté de ces œuvres ensoleillées, exu- sérénade, le tout pour main gauche.
mélodiste de salon pour égaler en L’influence de Liszt est évidemment très
F idèle à la tradition sans être traditio- bérantes, pleines de joie et d’allégresse.
modernité Puccini lui-même (sa petite Gianluca Cagnani et le Turin Baroque nette mais l’ensemble reste très clas-
naliste  », Boris Tichtchenko, même
valse de 1894 est donnée en guise de Orchestra interprètent cinq concertos sique et d’un intérêt musical moyen.
s’il se frotte aux techniques nouvelles,
clin d’œil). La partie de piano est parti- dont trois pour violon, orgue et cordes Précisons que Zichy reversa les béné-
du dodécaphonisme aux micro-in-
culièrement austère, l’accompagnement (RV 541, 542 et 766), un pour violon, fices de tous ses concerts à des œuvres
tervalles, suit avec détermination ses
propres règles, sans dogmatisme, et se plus d’une fois – comme chez Hugo violoncelle, orgue et cordes (RV554a), de charité, en particulier pour les han-
concentre avant tout sur ce qu’il veut ex- Wolf - s’affranchit de la partie soliste. un pour flûte, orgue et cordes (RV767), dicapés, écrivant une autobiographie
primer. Resté au pays malgré les aléas Pour réussir les difficiles et subtils équi- plus une sonate, cordes et orgue dans laquelle il fournit de nombreux
politiques, élève de Galina Ustvolskaya, libres de ces mélodies, c’est un magni- (RV779). Chaque concerto respecte la conseils pour ceux qui, comme lui, ont
puis de Dmitri Chostakovitch, dont il ne fique Erard de 1904 qui est joué ici, dont codification de Torelli et Albinoni, soit été forcés de vivre avec un seul bras.
dénature pas l’esprit, il a su imposer les couleurs automnales conviennent trois mouvements : rapide, lent, rapide. Cimirro, talentueux pianiste de 34 ans,
une esthétique reconnaissable dès les idéalement à la poésie décadente de Ga- Les interprètes, excellents, rivalisent reconnu comme un grand spécialiste
premières mesures - ici, par exemple, le briele d’Annunzio. Deux bémols cepen- de maîtrise avec beauté des timbres et de Liszt et souvent comparé à Cziffra,
thème acéré des trompettes. Affichant dant : les aigus serrés, le timbre minéral équilibre de l’ensemble, le tout agré- démontre ici sa remarquable tech-
une indépendance artistique qui tranche de la soprano finissent par lasser, mal- menté d’une prise de son déliée et aé- nique dans ces compositions particu-
avec les us soviétiques, sa Symphonie gré une indéniable expressivité (Resta rienne faisant de ce disque une évidente lières. Un disque singulier à découvrir.
n° 2, prénommée « Marina », s’appuie nel sogno, entre autres exemples). Les réussite. (Philippe Zanoly) (Philippe Zanoly)
sur les textes de Marina Tsvetaïeva, insolites « photos sonores » issues des
poétesse excentrique, à la langue aussi lieux où vécut Tosti ne nous semblent
précise que suspecte aux oreilles de rien ajouter de significatif à cet al- litaine Sant’Angelo a Nilo, on sait peu de
Staline - l’homme de musique contribue bum passionnant mais inaccompli. Sélection ClicMag ! choses. Ce qui est certain, en revanche,
ainsi à établir la reconnaissance de la (Olivier Gutierrez) c’est qu’il nous donne, dans ce recueil,
femme de lettres au début des années un témoignage de son talent dans des
‘60. Ecrite pour chœur mixte et grand genres variés : fantaisie, ricercare, salve
orchestre, cette symphonie porte, au regina, danses et réductions de chan-
long de ses cinq mouvements, une ten- sons parmi les plus célèbres de son
sion émotionnelle intense. Adepte d’une époque. Fabio Antonio Falcone joue ces
pensée tonale libre, Tichtchenko y déve- pièces sur un clavecin et un virginal très
loppe le matériau thématique initial par bien enregistrés et sonnant de manière
greffes successives, confrontant sans ronde et belle. Mais, en plus d’un jeu
cesse intuition et calcul mathématique. plein de finesse et de libre lyrisme, ce
(Bernard Vincken)
Antonio Valente (?1520-?1580)
qui rend cet enregistrement particuliè-
« L’Intavolatura de Cimbalo », Recueil de
Antonio Vivaldi (1678-1741) pièces pour clavecin / A. Willaert : « Qui
rement attachant est qu’il nous donne,
Concertos, RV 541, 542, 554a, 766, 767; la dira » / T. Crecquillon : « Pis ne me en complément, les trois chansons très
Sonate, RV 779 peut venir » / P. de Monte : « Sortez mes bien chantées et accompagnées, avec
Turin Baroque Orchestra; Gianluca Cagnani, orgue pleurs » flûte et violes de gambe, par l’ensemble
(Orgue Pinchi de l’église vaudoise de Turin), Ensemble L’Armorosa Caccia; Fabio Antonio L’Amorosa Caccia (cinq autres pièces
direction Falcone, clavecin, virginal, direction ayant également droit à un tel accom-
ELEORG044 • 1 CD Elegia BRIL95326 • 1 CD Brilliant Classics pagnement). On tient donc là une belle

C L
es concertos avec orgue “obliga- ’intavolatura de cimbalo (1576) est fenêtre ouverte non seulement sur l’art
toire” s’avèrent d’un grand intérêt l’un des premiers recueils compo- séduisant d’un compositeur peu enre-
car peu enregistrés et on se demande sés spécifiquement pour le clavecin. De gistré mais aussi sur la vie musicale de
Paolo Tosti (1846-1916) pourquoi ? Les détracteurs du « prêtre son auteur, Antonio Valente, aveugle de la Naples rayonnante de la fin du XVIe
La Sera; Resta nel sogno !; Anima mia; roux  » pourront arguer que c’est tou- naissance et organiste de l’église napo- siècle. (Emmanuel Lacoue-Labarthe)

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Récitals
une phrase glissée dans l’introduction concert. Le résultat est surprenant, to- auteur lui aussi d’œuvres virtuoses
Sélection ClicMag ! des Mikrokosmos a fourni le déclic à nique, enrichissant. Le contact entre les pour le clavecin, y rencontre le Ferrarais
la conception de ce CD — objet musi- pièces du maître hongrois du XXe siècle Girolamo Frescobaldi lors du séjour de
cal d’une sagacité prodigieuse qui interprétées sur un clavecin de facture ce dernier en 1607- 1608. Considéré
conquiert et ravit l’auditeur. «  [...] Les moderne et des œuvres baroques soi- comme le compositeur pour le clavier
numéros 76,77,78,79, 92, 104 b, parmi gneusement choisies — notamment le plus important de la première moitié
les plus faciles, et les numéros 117, pour leur rythme — et jouées sur ins- du XVIIème siècle, publiera son premier
118, 123, 145, parmi les plus difficiles, trument d’époque, agit comme un révé- recueil de Toccatas à Rome en 1615. Le
conviennent aussi au clavecin. [...]  », lateur, et fait merveilleusement ressortir succès de ce recueil sera à l’origine de
écrit en effet Bartok. Donnant suite, le caractère de palimpseste, de kaléi- quatre rééditions, dont la dernière en
avec enthousiasme, à cette suggestion, 1637 avec plusieurs additions, telles
doscope, de macrocosme, des petites
Helga Várady l’étend à d’autres pièces que les brillantes variations des « Cento
pièces du Mikrokosmos. L’aspect per-
Œuvres pour clavecin des 6 recueils. Idée d’autant plus perti-
cussif de l’écriture bartokienne, comme Partite sopra Passacagli  », tandis que
B. Bartók : Mikrokosmos, BB 105, Sz 107 / nente que de nombreux titres, dans ce les deux Toccatas sont extraites de
rafraîchi, renvoie aux sonorités du
J.S. Bach : Le Clavier bien tempéré, Livre corpus, renvoient à l’univers baroque l’édition initiale. A travers Froberger
— de «  l’Hommage à J-S Bach  », cymbalum, instrument traditionnel de
I, BWV 847 / F. Couperin : Pièces de Clave- (1616-1667), principal élève de Fres-
aux «  Inventions chromatiques  », à la la musique populaire hongroise chère
cin, Livre n° 3, Ordre n° 18 / D. Scarlatti : cobaldi et familier également du style
Sonate en mi majeur, K 162 Bourrée, aux Variations etc. — et que, au compositeur. Aucun passéisme
français (notamment dans ses Suites
comme le souligne l’interprète, le com- réducteur dans cette option, qui, sans
Helga Varadi, clavecin et ses Tombeaux), l’influence du maître
positeur s’est intéressé, dans les an- rien enlever à la modernité de l’écriture
CLA1807 • 1 CD Claves de Ferrare atteint entre autres Johann
nées 1920 aux techniques des maîtres des Mikrokosmos, leur restitue comme
Kaspar Kerll, qui maîtrise comme son
B artók & Baroque. Rien de gratuit
dans ce titre qui joue sur la proxi-
mité phonétique entre le nom du com-
italiens, français et allemands du XVII et
XVIIIe, ce dont témoignent ses arrange-
un substrat mémoriel, et les rapproche
en même temps du propos musi-
ami Froberger l’idiome parisien dans
sa suite en Fa majeur, mais aussi le
ments de pièces de Rameau, de Scar- cal plus récent d’un Kurtag dans ses langage italien dans sa Ricercata, tan-
positeur et une « période » de l’histoire latti et de Couperin publiées à Budapest, « Játékok ». Une admirable réalisation. dis que la Passacaglia semble une sorte
de la musique qui n’est pas la sienne : qu’il interprétait volontiers (au piano) en (Bertrand Abraham) de Goûts Réunis avant l’heure combi-
nant avec bonheur les deux styles. Le
sité à la Gottschalk et qu’un amateur de virginalistes anglais. Parmi eux, John magnifique clavecin, à l’exceptionnelle
jazz, dans la variété des compositions Bull, réfugié aux Pays Bas dès 1613, sonorité, choisi pour cet enregistre-
de Bacalov, peut entendre comme une ment par Agnes Ratko, magnifie ces
influence Jan Pietersoon Sweelinck,
révérence amoureuse, à la manière de pièces souvent foisonnantes par la
le plus grand compositeur néerlandais
Carla Bley, à l’esprit libertaire du Tango. rondeur de son timbre, sa résonance
de l’époque, qui parfaitement au fait de moelleuse et la profondeur de ses
Très recommandé. (Emilio Brentani) la musique anglaise de son temps, re- graves. L’original, copié avec talent par
prend ici à son compte le célèbre thème Titus Crijnen à Amsterdam en 2000,
de John Dowland «  Flow my Tears  », est dû à Hans Ruckers fils, conservé
Luis Bacalov dans sa Pavana Lachrimae. Résidant actuellement au musée de Colmar.
également aux Pays Bas, Peter Philips, (Jean-Michel Babin-Goasdoué)
I. Cervantes : 3 Danses [El velorio; Adios
Cuba; La glorieta] / I. Albéniz : Tango / V.
Greco : Rodríguez Peña / C. Gardel : El dia
signées par leur «  spécialité  », Vivaldi
que me quieras / E. Morricone : Indagine
/ A. Yapanqui : Los ejes de mi carreta / E.
Sélection ClicMag ! avait notamment distingué Anna Maria
Donato : Adiós Muchachos / F. Canaro : dal Violin, virtuose hors pair pour la-
Madreselva / L. Bacalov : 3 Tanghitudes; quelle il composa vingt-cinq concertos.
Corrientes y 9 de Julio; Seducción; Il Les premiers maîtres du clavier L’originalité de cette version tient au fait
Postino Astoriando / A. Piazzolla : Invierno Œuvres de Cabezón, Bull, Sweelinck, que les œuvres du prêtre roux sont en
porteño; Libertango / A. Villoldo : El Choclo Frescobaldi, Kerl partie réalisés ou reconstruits d’après
Luis Bacalov, piano Agnes Ratko, clavecin le cahier personnel d’Anna Maria, qui
LDV14610 • 1 CD Urania KL1524 • 1 CD Klanglogo offre un aperçu inestimable sur l’orne-

R
mentation dont elle agrémentait ces
L
écemment disparu, le compositeur e XVIème siècle vit apparaître en
Luis Enrique Bacalov, né en Argen- Europe une école de clavecin (et cla- pièces et contient même des audaces
tine en 1939, de formation classique vicorde), initiée par des compositeurs- harmoniques absentes dans d’autres
La Venezia di Anna Maria copies, et difficilement imputables à
mais imprégné de musique populaire interprètes qui sont à l’origine des orga- A. Vivaldi : Concertos pour violon, RV des erreurs de transcription. Plus que la
et de jazz, installé en Italie en 1959, nistes, et dont Antonio de Cabezón en 260, 308, 270a, 248 « per Anna Maria »;
s’est consacré presque exclusivement Espagne est un des pères fondateurs. musique d’une époque, c’est l’usage qui
Concertos, RV 120, 158; Sinfonia, RV 140 /
à la musique de film, collaborant entre Aveugle dès l’âge de 8 ans, il poursuivit B. Galuppi : Concerto a Quattro n° 1 en sol en est fait, l’exécution qui en est don-
autres avec Corbucci, Rosi, Fellini, cependant une brillante carrière d’ins- mineur / T. Albinoni : Concerto a Cinque en née, son ancrage dans un contexte et
Pasolini, Kurys. En 1995, il obtient un trumentiste à clavier et de compositeur, si bémol majeur, op. 10 n° 1 une pratique sociale bien précis qui sont
Oscar pour la musique d’ « Il Postino » suivant son maître le roi Philippe II en Midori Seiler, violon seul; Concerto Köln approchés ici. Les recherches musico-
de Michael Radford. Il nous offre ici, Angleterre, Italie, Pays Bas, et y rencon- 0301052BC • 2 CD Berlin Classics logiques effectuées ont amené à étoffer
enregistré en 2015, un récital de piano la trame sonore, par adjonction aux
A
trant sûrement les meilleurs musiciens. u début du XVIIIe siècle, Venise
« dans l’attitude … et l’esprit » du Tan- Son œuvre publiée après sa mort par comptait 4 «  Ospedali  », qui, entre cordes d’instruments à vents divers —
go. Une promenade pianistique où il re- son fils Hernando comprend un très autres fonctions, prenaient en charge flûtes, basson, hautbois et chalumeaux
visite, pour son plaisir et le nôtre, sous grand nombre de tientos, diferencias les nouveau-nés abandonnés et les or- — coutume des plus répandues à l’Os-
forme de relecture et d’hommage aux (variations), ainsi que des pièces plus phelins. Ceux-ci, confiés à des nurses, pedale. Cet apport semble, à l’écoute,
musiques d’Amérique latine, des pièces directement destinées à la liturgie. Les étaient ensuite éduqués dans ces insti- appelé et comme nécessité par la struc-
musicales cubaines (Cervantes), uru- variations, composées à partir de chan- tutions. L’ »Ospedale della Pieta » était ture des passages concernés. Albinoni
guayennes (Canaro) ou argentines (Vil- sons populaires, sont un reflet direct réservé aux filles. Celles qui faisaient et Galuppi élargissent la perspective.
loldo, Greco, Gardel, Donato, Yupanqui, du grand talent d’improvisateur de Ca- montre de talents musicaux étaient Avant tout, c’est à une véritable redé-
Piazzolla) mais aussi d’Albeniz, de Mor- bezón, telles celles sur le « canto llano orientées vers la pratique du chant ou couverte de Vivaldi que nous convie le
ricone et de sa propre composition où del Caballero  », et sont les prototypes des instruments. Les plus douées rece- Concerto Köln. L’œuvre est revivifiée,
s’expriment la richesse et la diversité de du genre. Les œuvres publiées par Her- vaient les leçons de musiciens et com- revêt une vigueur, un allant, un éclat,
son univers musical. Musique sensible, nando dans les «  Obras de Musica  » positeurs de renom, tels Vivaldi, qui une ampleur et des couleurs inouïes,
fermement articulée, interprétée avec peuvent être jouées à la harpe, ou même constitua une phalange exceptionnelle irrésistibles. Jeu brillant, enlevé, aérien,
précision et clarté, qu’un puriste du par un ensemble instrumental pour cer- de chanteuses et de musiciennes char- incisif. Contrastes magnifiquement ren-
«  sexteto tipico  » peut ressentir, dans taines. La génération suivante voit appa- gées d’accompagner sans être vues le dus et splendide performance du violon
les reprises du répertoire de Tango, raître une littérature exclusivement des- service divin et de donner des concerts solo. Un enregistrement incontour-
passée au tamis d’un certaine virtuo- tinée au clavecin, sous l’influence des profanes. Parmi les pensionnaires, dé- nable. (Bertrand Abraham)

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Récitals
orgue, op. 27 / E.L. Leitner : Sonate de Rudin, violoncelle; Capella Istropolitana; Jaroslav
chambre pour alto et orgue / F. Martin : Krcek; Orchestra da Camera « Ferruccio Busoni »;
Sonate de chambre pour viole d’amour et Massimo Belli; Århus Chamber Orchestra; Ove
orgue Vedsten Larsen; I Solisti Aquilani; Flavio Emilio
Bénédicte Royer, alto, viole d’amour; Katharina Scogna; Oslo Camerata; Stephan Barratt-Due; New
Teufel-Lieli, harpe; Bettina Leitner, orgue Zealand Symphony Orchestra; James Judd
GRAM99168 • 1 CD Gramola BRIL95655 • 5 CD Brilliant Classics

The Bach Circle Duos concertants pour clarinettes


Œuvres pour orgue des élèves majeurs
de Bach. J.C. Kittel : « Der angehende C. Saint-Saëns : Introduction et Rondo
praktische Organist »; « So gehst du nun, caprioccioso, op. 28 / C. Baermann :
mein Jesu, hin »; Prélude pour orgue /
J.L. Krebs : Fantaisie sur « Freu dich sehr, Duo Concertant, op. 33 / A. Ponchielli :
o meine Seele », Krebs-WV519; Toccata Divertimento « Il Convegno », op. 76 / G.
et Fugue en la mineur, Krebs-WV411 /
Bizet : Fantaisie Carmen / S. Prokofiev :
J.C. Vogler : « Mach’s mit mir Gott nach
deiner Gut » / J.G. Walther : Concerto del Rejoice ! A continent united by music Suite extrait de « Roméo et Juliette » / G.
Sigr. Meck, appropriato all’organo / C.P.E. Œuvres pour chœur et orgue. C. V. Stan- Gershwin : Fantaisie sur le thème « Rhap-
Bach : Fantaisie et Fugue en do mineur, Wq ford : « For Io, I raise up », op. 145 / A. Ludwig Güttler Edition Europa. Œuvres de
119 n° 7; Sonate pour orgue en la mineur, Pärt : « The Beatitudes » / J. Macmillan : Bach, Dvorak, Haendel, Hasse, Haydn, sody in Blue »
Wq 70 n° 4, H 85 / J.S. Bach : Toccata et « Beatus vir » / H. Norman Howells : Mozart, Neruda, Pisendel, Telemann,
Alexander Gurfinkel, clarinette; Daniel Gurfinkel,
Fugue en ré mineur, BWV 565 « Communion Service « / O. Messiaen : « O Vivaldi et Zelenka
Emanuele Cardi, orgue (Orgue Giorgio Carli Opus sacrum convivium » / C. Ives : Psaume n° Ludwig Güttler clarinette; Philharmonisches Orchester des
101, Eglise Saint Martino, Cimego, Italie) 135 / B. Britten : « Rejoice in the Lamb », Staatstheaters Cottbus; Evan Alexis Christ
0301066BC • 4 CD Berlin Classics
op. 30
BRIL95649 • 1 CD Brilliant Classics
Wolfgang Kogert, orgue; Bachchor Salzburg; Alois AVI8553396 • 1 CD AVI Music
Glassner, direction
GRAM99156 • 1 CD Gramola

Œuvres pour cor et piano


Belle Epoque à Turin
L. van Beethoven : Sonate pour piano et
Compositions jouées à l’Exposition cor en fa majeur / R. Schumann : Adagio Irish Holidays
universelle italienne de 1884 et adaptées
pour l’orgue. Œuvres de Meyerbeer, Verdi, Sérénades romantiques pour et Allegro pour piano et cor, op. 70;
Musique classique irlandaise pour clari-
Fantaisie pour piano et clarinette, op. 73; 3
Wagner, Massenet, Saint-Saëns, Gounod, cordes
Faccio, Catalani, Marenco Romances pour piano et hautbois, op. 94 / nette et piano. Œuvres de Bax, Stanford,
Sérénades et autres oeuvres de P.I. G. Klebe : Sonate « Veränderung » pour cor
Roberto Cognazzo, orgue (Orgue Carlo Vegezzi- Tchaikovski, A. Dvorák, V. Kalinnikov, Ferguson, Barry, Wilson…
et piano, op. 95
Bossi de l’Eglise San Massimo Vescovo de Turin, L. Janácek, Sir E. Elgar, N.W. Gade, B.
Premysl Vojta, cor; Tobias Koch, piano John Finucane, clarinette; Elisaveta Blumina, piano
1885) Bartók…
ELEORG037 • 1 CD Elegia Ensemble Instrumental Musica Viva; Alexander AVI8553383 • 1 CD AVI Music GEN18495 • 1 CD Genuin

les ensembles d’instruments à vent qui si, présente pour seule extravagance le
Sélection ClicMag ! accompagnent les corps d’armée, et qui mouvement surnuméraire intitulé « Fa-
écrivent aussi fréquemment des pièces vorito  », en fait une sorte de gavotte.
de divertissement pour l’aristocratie Pavel Vranicky (Paul Wranitzky en alle-
ou la riche bourgeoisie, pièces desti- mand), né en Moravie la même année
nées à être jouées le plus souvent en que Mozart appartiendra à la même loge
plein air. C’est le cas pour Jiri (Georg) maçonnique que lui après son arrivée à
Druzecky (Druschetzky dans la gra- Vienne en 1776. Après avoir abandonné
phie allemande), et Jan Nepomuk Vent ses études de théologie au séminaire, il
Fantaisies espagnoles pour orgue (Johann Nepomuk Wendt), tous deux embrasse définitivement une carrière
Œuvre de A. de Cabezón, J. de Cabezón, H. nés en 1745, et auteurs entre autres de de musicien, apprécié aussi bien en tant
de Cabezón, A. Carreira, M. R. Coelho, F. nombreuses œuvres pour octuor à vent que violoniste que comme compositeur
Correa de Arauxo et J.B. Cabanilles Musique pour la chasse des (2 hautbois, 2 clarinettes, 2 cors et 2 et chef d’orchestre (Beethoven et Haydn
Montserra Torrent Serra, orgue (Orgue Luigi Maîtres tchèques anciens bassons), la formation ayant le plus la lui confiant la direction de leurs œuvres).
Concone e Figli, 1838, San Filippo Neri, Turin,
J. Druschetzky : Partita Berdlersgarn / J.N faveur du public et des compositeurs. Directeur des orchestres des théâtres de
Italie)
Vent : Partita en ré dièse / P. Vranicky : La partita « Berdlersgarn » de Druzecky la cour, il est l’auteur de nombreux opé-
ELEORG048 • 1 CD Elegia Sinfonia, op. 25 « La Chasse » fait allusion à la localité bavaroise de ras et singspiele à succès. Son œuvre
Collegium Musicum Pragensae; Orchestre Sym- Berchtesgaden, célèbre à cette époque instrumentale comprend, entre autres,
phonique de Prague; Frantisek Vajnar, direction
pour la fabrication de nombreux jouets 80 quatuors à cordes, 5 concertos, et
SU4228 • 1 CD Supraphon en bois tels que crécelles, pipeaux, 51 symphonies au style vigoureux, dont

L a deuxième moitié du XVIIIème siècle appeaux, petits tambours etc., qui celle en ré majeur, «  La Chasse  » (par
vit une accélération de l’émigration viennent apporter un renfort incongru allusion au dernier mouvement ainsi
des musiciens tchèques vers la capitale et rafraîchissant aux instruments clas- intitulé). Il ne s’agit pas d’une musique
de l’empire, Vienne. Instrumentistes, siques dans cette œuvre pittoresque à à programme, mais plutôt d’un clin
chanteurs, compositeurs, professeurs l’atmosphère bien plus carnavalesque d’œil à la popularité de la chasse à
et théoriciens venaient tous tenter leur que cynégétique. Wendt s’est rendu cette époque. L’interprétation délicieu-
chance dans cette capitale de l’Empire, célèbre par de nombreuses et habiles sement vivante et colorée de ces trois
Œuvres pour alto et orgue vraie Mecque de la musique. Vienne transcriptions d’œuvres scéniques, et œuvres, fait totalement oublier qu’il
Y. Sköld : Fantaisie pour alto et orgue, étant aussi le centre des opérations notamment d’opéras de Mozart, qui s’agit d’une réédition d’enregistrements
op. 12 / Y. Bowen : Fantaisie pour alto militaires, on y trouve à cette époque connurent un grand succès. Sa «  par- effectués à Prague en 1970 et 1971.
et orgue; Poème pour harpe, alto seul et de nombreux musiciens employés dans tita » instrumentée pour octuor elle aus- (Jean-Michel Babin-Goasdoué)

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Récitals

S ur le mythe d’Orphée, le chef An-


dreas Küppers compose un pastic-
cio en six parties (Orphée, Eurydice, La
Sélection ClicMag !
l’importance de ce disque du label amé-
ricain Parnassus qui réunit les trois
compositeurs tchèques. Enregistré
mort d’Eurydice, Aux Enfers, Le retour, en 1928, le quatuor se compose alors
La fin), en puisant dans les œuvres d’Hoffman, de Suk, de Jeri Herold (Alto)
d’une quinzaine de compositeurs du et de Ladislas Zelenka (Violoncelle). A
XVIIème siècle. Jacopo Peri, puisqu’il l’écoute le son du quatuor paraît assez
fut le premier à marier musique et verbe brumeux (mono repiqué sur du 78t)
autour du mythe, à Mantoue pour les mais c’est la grande liberté agogique,
Les musiciens d’Haendel noces d’Henri IV et Marie de Médicis. les tempi rapides et fluctuants, la fran-
Sonates et autres œuvres de G. Sam- «  Antri ch’a miei lamenti  », avec son chise rythmique et une grande palette
martini, J.B. Lœillet de Londres, G.B. dramatisme et ses élans passionnés, de couleurs expressives, audibles mal-
Bononcini, W. Babell, A. Caporale… « Non piango », de la plainte à la révolte, Quatuors à cordes gré la précarité de la prise de son, qui
Benoît Laurent, hautbois baroque, flûte à bec sont déjà pleinement des airs d’opéra. B. Smetana : Quatuor à cordes n° 1 « From captivent à chaque mesure. Des parti-
baroque; Teatro del Mondo Sont également convoqués Monteverdi, My Life » / A. Dvorák : Quatuor à cordes n° tions que chaque membre du quatuor
PN1703 • 1 CD AVI Music Purcell, Byrd, jusqu’aux moins célèbres 12, op. 96 / J. Suk : Quatuor à cordes n° connaît sur le bout des doigts, que
1, op. 11 chaque phalange à définitivement mé-
mais excellents compositeurs Kinder-
mann et Belli. Le ténor Julian Prégar- The Bohemian Quartet morisé et qui ne servent plus qu’à des
dien a la versatilité propre à réussir la PACD96058 • 1 CD Parnassus moments de convivialité et de partage,
d’authentique émotion. Merveilleux
B
difficile unité esthétique de ce récital. ien avant les Talich, les Panocha,
On admire son legato dans « Filli mia » quatuor Américain de Dvorák qui jamais
les Prazak et les Vlach qui perpé-
de Rasi et dans « Break now my heart » n’a respiré ainsi. Pareil pour le chaleu-
tuent l’école d’aujourd’hui du quatuor
de Campion, le subtil dosage de la mez- reux quatuor de Suk (Ecrit pour eux et
à cordes tchèque, il y eut ce Bohémian
za-voce dans «  Wann sich der werte créé à Prague en 1896), son élève et
Quartet fondé quasiment au dix-neu- beau-frère, joué si simplement comme
Gast  » de Kindermann. Des interludes vième siècle en 1891 et dissout en à la maison entre deux Pilsner. Entendre
orchestraux comme les sobres « Pleurs 1934. Il était composé de Karel Hoff- aussi comment les «  Bohémiens  »
Delight in Musicke d’Orphée ayant perdu sa femme  » de man, de Josef Suk, d’Oskar Nedbal à prennent la polka du premier quatuor de
Mélodies et musique instrumentale Rossi nous permettent d’apprécier l’alto et d’Otto Berger au violoncelle. En Smetana, presque en tapant des pieds
anglaises aux 16ème et 17ème siècle. le niveau inouï des instrumentistes quarante années de carrière, quelques pour retenir ensuite des bassines de
Œuvres de V. Veldhoven, W. Byrd, E. de l’ensemble Teatro del Mundo, qui changements intervinrent par la suite
Gibbons, J. Baldwine, C. Tye…
larmes sur le Largo. Portamenti enflam-
finissent de faire de ce projet de haute au sein du quatuor, seul Hoffman més, attaques discordantes, équilibre et
Klaartje van Veldhoven, soprano; Seldom Sene culture un accomplissement artistique. resta fidèle au poste de primarius. Ils justesse précaires (Le Vivace du Sme-
BRIL95654 • 1 CD Brilliant Classics (Olivier Gutierrez) enregistrèrent hélas peu : Dvorák, Suk, tana  !) rien ne vient entacher la pure
Smetana et quelques mouvements de essence de l’interprétation, au sens vrai
quatuors de Beethoven et de Schubert du mot. Irremplaçable et jubilatoire.
(Chez Polydor indisponible). C’est dire (Jérôme Angouillant)

G esualdo Six est un tout jeune


ensemble de six chanteurs  : deux
la fois avec les catholiques qui préco-
nisaient le latin et une écriture adap-
contre-ténors, un ténor, un baryton et tée à la liturgie et les protestants qui
deux basses dont Owein Park, qui dirige réclamaient une plus grande simplicité
l’ensemble. Leur premier disque est et polyvalence et l’usage de la langue
Orpheus Motets de la Renaissance consacré, non pas au musicien italien anglaise. Ici, la «  grande forme  » et la
Lieder, airs et madrigaux du 17ème siècle Œuvres de Tallis, Byrd, Tomkins, Shep- (qu’ils interprètent au concert), mais polyphonie sophistiquée de Tallis et
Julian Prégardien, ténor; Ensemble Teatro del pard, Gibbons, Taverner, Morley… à un florilège de motets anglais de la Byrd s’inscrit plutôt dans la tradition
Mondo; Andreas Küppers, direction The Gesualdo Six; Owain Park, direction Renaissance. Sous le règne d’Elisabeth catholique alors que les œuvres simi-
CPO555168 • 1 CD CPO CDA68256 • 1 CD Hyperion I, les musiciens devaient composer à laires (Motets, anthems) des Tomkins,
Gibbons Cornysh ou Parsons sont plus
proches des consignes protestantes.
création en 1795, il en deviendra Direc- nu son ami et l’a incité à composer pour
Sélection ClicMag ! teur en 1822, jusqu’à sa mort vingt ans le cor, outre ce quintette et la série de
Le programme des Gesualdo Six tout
en respectant les différences entre ces
plus tard. En 1804 existent deux classes 24 œuvres susmentionnée, un nombre
deux tendances, souligne aussi juste-
de cor au Conservatoire, animées par important d’œuvres utilisant un ou plu-
ment leur porosité. Ainsi le motet latin
Domnich (cor grave) et Duvernoy (cor sieurs cors. Répétiteur d’une classe de
mixte). On ignore pour quel interprète solfège dès 1802, il devient professeur d’ouverture de Thomas Tallis « Suscipe
ont été conçues ces deux pièces, qui assistant en 1816 puis professeur à quaeso domine  » décline une grande
sont peut-être destinées à l’enseigne- part entière en 1818 au Conservatoire, variété de techniques vocales et poly-
ment. Né à Prague en 1770, Anton Rei- jusqu’en 1842. Excellent compositeur phoniques tandis que son «  If ye love
cha est arrivé à Paris lui aussi, en 1799. et virtuose accompli, il composera de me  » (Pris ici a un tempo d’escargot)
Il sera nommé professeur de fugue au nombreuses œuvres pour son instru- sonne comme une chanson médiévale,
Conservatoire en 1818, puis professeur ment, dont une série de 3 quintettes tout comme le motet latin de Dunstable.
Paris 1804 de contrepoint et fugue. Compositeur Opus 6 dont celui en mi bémol majeur Le «  Vigilate  » de William Byrd a des
L. Cherubini : Sonate n° 1 pour cor; Sonate de grand talent lui aussi, il a entrepris est le dernier. Œuvre ambitieuse qui allures de madrigal mais son austère
n° 2 pour cor / L-F. Dauprat : Quintette, entre 1815 et 1819 la composition de exige un interprète chevronné, elle est, «  Miserere mei Deus  » étreint. Chan-
op. 6 n° 3 / A. Reicha : Grand Quintette, 24 quintettes à vent dont il confie l’exé- comme toutes les pièces enregistrées tés parfaitement, les deux sublimes
op. 107 cution à des collègues et amis, Guillou ici, destinée au cor naturel, qui gardera «  Libera nos salva nos  » de John
Alessandro Denabian, cor naturel; Quatuor Delfico (flûte), Vogt (hautbois), Dauprat (cor), la faveur des cornistes et compositeurs
Sheppard et le Taverner nous ouvrent
PAS1032 • 1 CD Passacaille Boufil (clarinette), et Henry (basson). jusqu’à la fin du siècle, malgré l’inven-
de vastes horizons. Le Cornysh et le
Plein de gratitude pour l’exécution bril- tion des pistons dès 1818. Instrumen-

P aris 1804. Napoléon s’auto-cou- Morley s’apparient dans leur pureté


lante et soignée de ses quintettes par tant sa Pavane pour une Infante Défunte
ronne Empereur des Français, et ces virtuoses, il dédie à chacun un quin- en 1910, Ravel exigeait encore 2 cors vocale et la concentration de l’écriture.
Cherubini met le point final à la parti- tette avec accompagnement de quatuor naturels en sol. Le jeune soliste de cet Sans omettre l’étonnante psalmodie du
tion de ses «  Deux Sonates ou études à cordes. Celui destiné à Dauprat (Opus enregistrement, Alessandro Denabian, «  Deliver me from mine enemies  » de
pour le Cor avec accompagnements  » 106 en Mi majeur) voit le jour en 1828. magnifiquement soutenu par les ins- Robert Parsons. Que de purs joyaux (...
(de quatuor à cordes). Né à Florence en Ce dernier l’a conseillé pour la composi- truments d’époque du Quatuor Delfico, de la Reine) restituées ici de façon mira-
1760, arrivé à Paris en 1786, il devient tion de l’œuvre. Après avoir été l’élève de signe ici une performance exception- culeuse par six voix d’anges. La totale !
inspecteur au Conservatoire dès sa Reicha, entre 1811 et 1814, il est deve- nelle. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) (Jérôme Angouillant)

16  ClicMag mai 2018  www.clicmusique.com


DVD et Blu-ray

Sélection ClicMag ! D ans sa «  Forza del destino  » Verdi


aura tenté l’impossible  : produire à
l’opéra l’équivalent des grands romans
campe un Alvaro «  di forza  » - juste-
ment -, bravoure vocale où se profile
le souvenir de Mario del Monaco, et qui
romantiques où tous les styles se rembourse d’un personnage univoque.
mêlaient. David Pountney s’engouffre Alastair Miles, en dehors des standards
dans cette brèche pour composer un des basses italiennes sublime son
spectacle qui en irritera plus d’un, avec Padre Gaurdiano (et les quelques mots
son couvent hôpital délirant, Preziosilla méprisants, amer du Marchese di Cala-
en meneuse de revue de saloon et j’en trava ne s’oublieront plus), le terrible
W. Amadeus Mozart (1756-1791) passe. À la fin on ne voit plus que sa Don Carlos d’Alvarez devient un vrai
direction d’acteur, si puissante, si sug-
Le Nozze di Figaro, opéra en 4 actes; Cosi personnage de Dumas, violent, obsédé
gestive : ses libertés de réinterprétation
fan tutte, opéra en 2 actes; L’Enlèvement par sa vengeance et chanté avec cette
Giuseppe Verdi (1813-1901) n’ont plus aucune importance. Mais
au sérail, singspiel en 3 actes concentration du timbre, cette vivacité
La Force du destin, opéra en 4 actes
révérence gardée face à un spectacle
S. Matthews; V. Priante; The Orchestra of the
discuté et discutable, l’essentiel de la des mots qui en font le grand baryton
Age of Enlightenment; Robin Ticciati, direction; Alastair Miles; Niina Stemme; Carlos Alvarez; Verdi du moment. Au final c’est Zubin
soirée n’est pas là : c’est le cast, splen-
Michael Grandage, mise en scène (Les Noces de Wiener Staatsballet; Chœur du Wiener Staatsoper; Mehta qui réalisé ici son grand œuvre,
Thomas Lang, direction; Orchester der Wiener
dide, qui fait renouer « La Forza » avec
Figaro); T. Lehtipuu; L. Pisaroni; The Orchestra of direction stylée où le composite de
Staatsoper; Zubin Mehta, direction; Beate Vollack, ses grandes distributions historiques
the Age of Enlightenment; Ivan Fischer, direction; la partition s’unifie dans les timbres
chorégraphie; David Poutney, mise en scène perdues depuis trop longtemps. Nina
Nicholas Hytner, mise en scène (Cosi fan tutte); S. magiques des Viennois, rappelant le
Stemme est à se damner, assumant tout
Matthews; E. Montvidas; The Orchestra of the Age CM751008 • 2 DVD C Major Enter- geste parfait de Gino Marinuzzi. Soi-
l’éclat vocal, dans l’élégie comme dans
of Enlightenment; Robin Ticciati, direction; David tainment le drame, mais surtout dessinant un rée historique, tout simplement, mais
McVicar, mise en scène (L’Enlèvement au sérail)
CM751104 • 1 BLU-RAY C Major personnage qu’on ne peut oublier, Sal- préparez-vous à un sacré spectacle  !
OA1245BD • 5 DVD Opus Arte Entertainment vatore Licitra, décidément très aztèque, (Jean-Charles Hoffelé)
OABD7242BD • 3 BLU-RAY Opus Arte
direction (Giselle); Frederick Ashton, chorégraphie; Lebrecht; Craig Urquhart...
Orchestra of The Royal Opera House; Anthony
CM744108 • 4 DVD C Major
Twiner, direction (La Fille mal Gardée); Marius
Petipa, chorégraphie; Frederick Ashton, David
Bintley, chorégraphie; Valeriy Ovsyanikov, direction
(Lac des Cygnes); The Royal Ballet; Orchestra of
L es films sont bien connus, qui
documentent l’œuvre et la vie de
quatre chefs mythiques du XXe Siècle,
The Royal Opera House
les revoir à la suite grâce à ce coffret
OA1267BD • 4 DVD Opus Arte qui les assemble permet de saisir les
OABD7243BD • 4 BLU-RAY Opus Arte différences qui opposent leurs arts
Une soirée au Royal Opera House d’autant que les angles d’approche sont
The Lover’s Garden An Evening with the Royal Ballet : Romeo variés en fonction de chacun. Karajan
& Juliet; Voices of Spring; The Sleeping est portraituré comme un esthète du
The Lover’s Garden (Il giardino degli
amanti), Ballet sur des musiques de W.A.
Beauty; The Firebird; La fille mal gardée; son démiurgique que l’image fascine,
Giselle; Sylvia; Swan Lake; Coppélia; The Solti tel un chef exhaussé par le disque
Mozart Nutcracker / An Evening with the Royal
Nicoletta Manni; Roberto Bolle; Ballet de la
d’abords, Bernstein en génie de la com-
Opera : Il barbiere di Siviglia; La traviata;
Scala de Milan; Mauro Bigonzetti, direction; Erika Le nozze di Figaro; Carmen; La bohème; munication, et Carlos Kleiber comme
Carretta, décors, costumes; Massimiliano Volpini, Dido and Aeneas; Don Giovanni; Il trova- un mystère en soi. Le portrait de Georg
chorégraphie tore; Hansel and Gretel; Macbeth; Gianni Solti est diablement émouvant, qui fait
Schicchi; Die Zauberflöte; Falstaff apparaître derrière le constant bouil-
CM743708 • 1 DVD C Major Tamara Rojo; Carlos Acosta; Leanne Benjamin; Callas - Tosca 1964 lonnement de son art une personnalité
CM743804 • 1 BLU-RAY C Major Aline Cojocaru; William Tuckett; Johan Kobborg; Film documentaire sur Maria Callas [Inter-
Darcey Bussell; Roberto Bolle; Bethany Keating;
fragile, rongée par l’exil, au parcours

2
views de Pappano, Villazon, Wainwright,
016, 250e anniversaire de la mort Iohna Loots; Emma Maguire; Romany Pajdak; Luke longtemps différé mais vengé par le
Opolais…] / G. Puccini : Acte 2, extrait de
de Mozart, La Scala commande à Heydon; Miyako Yoshida; Steven McRae; Maria- « Tosca », opéra en 3 actes [Performance team Decca et John Culshaw qui lui fera
Massimiliano Volpini tout un grand nela Nunez; Thiago Soares; Christopher Saunders; de 1964 au Royal Opera House avec Maria enregistrer un « Ring » de légende. Ce-
ballet sur des musiques de l’enfant de Renée Fleming; Joseph Calleja; Miah Persson; Callas] lui d’Herbert von Karajan, très partiel, ne
Jonas Kaufmann; Erwin Schrott; Sarah Connolly; Maria Callas; Holger Preusse, réalisation; Antonio
Salzbourg. Elles seront prises dans Simon Keenlyside; Teodor Llincai; Hibla Gerzmava; lui rends pas vraiment justice en effleu-
Pappano; Rolando Villazon; Rufus Wainwright;
les quatuors et les quintettes, des ori- José Cura; Diana Damrau; Angelika Kirchschlager; rant son art uniquement par le biais de
Kristine Opolais; Thomas Hampson; Wolfgang
ginaux parfois élargis à l’orchestre de Inna Duka; Ekaterina Siurina; Ailish Tynan; Bryn Joop; Jürgen Kesting; Anna Prohaska; Brian sa fascination narcissique pour l’image,
chambre qui créent une pluri-dimen- Terfel; The Royal Ballet; The Royal Opera Chorus; même si ses démêlés avec Niebeling
McMaster
Orchestra of the Royal Opera House; Antonio
sionnalité sonore où l’action peut se CM745008 • 1 DVD C Major autour d’une captation décidément sin-
Pappano; Andris Nelson; Christopher Hogwood;
couler. Un bal en rêve où se bouscule Charles Mackerras; Carlo Rizzi; Colin Davis; gulière de la « Pastorale » réjouissent.
CM745104 • 1 BLU-RAY C Major
les dramaturgies des opéras montrent Andris Nelsons; Bernard Haitink Leonard Bernstein est croqué sous
certains de leurs personnages (Reine OA1261BD • 2 DVD Opus Arte toutes ses facettes, sans cette hagio-
de la nuit, Figaro, Don Giovanni) qui y graphie un peu encombrante qui ac-
transportent leurs faits et gestes, assu- compagnait le portrait de Karajan ; son
rapport à Mahler, face au Wiener Phil-
rant une richesse de vocabulaire choré-
harmoniker qu’il lui faut convaincre, ne
graphique que magnifie dans la danse
cesse d’étonner. Mais la palme revient
un art de la pantomime consommé.
au très beau film de George Wübbolt
Toutes les premières scènes sont, en
qui cherche à saisir l’insaisissable Car-
costumes modernes, comme le pro-
los Kleiber. Son mystère se précise par-
logue d’un ballet à rebrousse-temps  : fois au détour de quelques témoignages
Les grands chefs
on gagne progressivement l’époque de pour mieux échapper la seconde sui-
C. Kleiber : « I am Lost to the Wolrd » / G.
Mozart, costumes et danses, le langage L’Art de Marianela Nuñez Solti : « Journey of a Lifetime » / L. Berns- vante, le contrepoint avec les extraits de
chorégraphique délaissant progressi- L. Minkus : Don Quichotte / A.C. Adam : tein : « Larger than Life » / H. von Karajan : concerts, de représentations, de répéti-
vement le lexique contemporain pour Gisèle / P.I. Tchaikovski : Le lac des Cygnes « Maestro for the Screen » tion apportant à l’ensemble un rythme
revenir au grand style du ballet clas- / F. Hérold : La fille mal gardée Georg Wübbolt, réalisation; Carlos Kleiber; certain qui n’exclue pas la nostalgie.
sique. Magnifique voyage à rebours Marianela Nuñez (Kitri); Carlos Acosta; Christo- Riccardo Muti; Michael Gielen; Otto Schenk; Ioan Magnifique. Bonus pour Karajan, un
pher Saunders; Carlos Acosta, chorégraphie- Mar- Holender; Sir Georg Solti; Valerie Solti Valery
où brille un couple stellaire  : Nicoletta concert Bach inédit filmé par François
tin Yates, direction (Don Quixote); Marius Petipa, Gergiev; C. von Dohnanyi; Gustavo Dudamel;
Manni et Roberto Bolle s’y subliment. chorégraphie; Peter Wright, chorégraphie; Chris- Stephen Sondheim; Kent Nagano; Marin Alsop; Reichanbach, archive passionnante.
(Jean-Charles Hoffelé) topher Carr, mise en scène; Barry Wordsworth, Sir Peter Jonas; Christoph Eschenbach; Norman (Jean-Charles Hoffelé)

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Sélection Brilliant Classics

Carl F. Abel : Musique J.S. Bach : Passion selon St. J.S. Bach : Passions selon St. Jean J.S. Bach : Pasison selon St. Jean J.S. Bach : Intégrales des suites Muzio Clementi : Les Sonates
pour flûte et cordes Matthieu et St. Matthieu; Messe en si mineur; Ainsley; Bott; Chance orchestrales pour piano, vol. 1
G. Browne, flûte Kirkby; Chance; Covey-Crump; King’s Oratorios de Pâques et Noël King’s College; Stephen Cleobury Consort of London Costantino Mastroprimiano, piano-forte
Nordic Affect College; Stephen Cleobury Artistes divers Robert Clark
BRIL94304 - 1 CD Brilliant BRIL94248 - 4 CD/DVD Brilliant BRIL94382 - 10 CD Brilliant BRIL94400 - 3 CD/DVD Brilliant BRIL94413 - 1 CD Brilliant BRIL93338 - 3 CD Brilliant

Muzio Clementi : Intégrale des G. Frescobaldi : Messes «di G.F. Haendel : Le Messie (meilleurs J. Haydn : Quatuors à cordes, J. Haydn : Concertinos et Haydn : Mélodies et Cantates
sonates pour piano, vol. 6 Fiorenza» et «della Monica» moments) op. 54-55 divertimenti pour trio avec clavecin Emma Kirkby, soprano
Costantino Mastroprimiano, pianoforte La Stagione Armonica Chœur du King’s College; Brandenbourg Buchberger Quatuor à cordes L’arte Dell’ Arco Marcia Hadjimarkos, pianoforte
Sergio Balestracci Consort; Stephen Cleobury
BRIL94342 - 3 CD Brilliant BRIL93780 - 1 CD Brilliant BRIL93270 - 1 CD Brilliant BRIL93871 - 2 CD Brilliant BRIL94004 - 1 CD Brilliant BRIL94204 - 1 CD Brilliant

A. Vivaldi : Sonates en trio, op. 1 n° F. Liszt : Prélude & Fugue, S 260; G. Mahler : Symphonie n° 5 F. Mendelssohn : Elias; Paulus Mozart : Apollo et Hyacinthe, opéra W.A. Mozart : Concertos pour flûte
12, op. 12, 13, 54, 56, 110 Variations, S 673; Fantaisie & Rudolf Barshai, direction Orchestre de l’Opera de Francfort; en 3 actes n° 1 et 2
L. Cavasanti; M. Staropoli, flûte à bec; Fugue, S 624 Orchetsre de la SWR Lager; Haase; Morvai; Prey Peter-Lukas Graf, flûte; English Chamber
Accademia del Ricercare Hans Kaiser, orgue Sylvain Cambreling; Joshard Daus Nicol Matt, direction Orchestra; Raymond Leppard
BRIL94173 - 1 CD Brilliant BRIL93789 - 1 CD Brilliant BRIL93719 - 1 CD Brilliant BRIL94319 - 4 CD Brilliant BRIL93127 - 2 CD Brilliant BRIL93290 - 1 CD Brilliant

D. Scarlatti : Intégrale des sonates F. Schubert : Intégrale des trio R. Schumann : Intégrale de la R. Schumann : Intégrale de la P.I. Tchaikovski : Concertos piano P.I. Tchaikovski : Intégrale des
pour clavecin, vol. 8 pour piano musique chorale profane musique pour alto et piano n° 1 et 2 symphonies
Pieter-Jan Belder, clavecin, orgue, piano Klaviertrio Amsterdam Studio Vocale Karlsruhe L. Falconi, alto; D. Goracci, clarinette D. Han, piano; Philharmonia Vladimir Fedoseyev; Alexander Gibson;
Werner Pfaff S. Bacchini, piano St. Petersbourg; Paul Freeman Gennady Rozhdestvensky; Yuri Simonov
BRIL93031 - 3 CD Brilliant BRIL93798 - 2 CD Brilliant BRIL94383 - 4 CD Brilliant BRIL94487 - 1 CD Brilliant BRIL93313 - 1 CD Brilliant BRIL94307 - 7 CD Brilliant

G. P. Telemann : Concertos G. Verdi : Requiem A. Vivaldi : Les 4 saisons; Concertos Classic for the people, vol. 1. Classic for the people, vol. 2. Grieg, Für Elise, Klaviermusik für Kinder
Amsterdam Bach Soloists Nedialkova; Ninova; Doikov pour violon, op. 8 n° 5-6 Royal Philharmonic Orchestra; Philip Saint-Saëns, Puccini, Verdi... Œuvres de Beethoven, Schumann,
Musica ad Rhenum Ivan Marinov, direction La Magnifica Comunità Ellis, Owain Arwel Hughes & Nick Davies, RPO; O. Hughes; P. Ellis; J. Rigby; B. Tchaikovski et Debussy
Martin Haselböck; Thomas Indermuhle direction Wordsworth; R. Stapleton Klara Würtz, piano
BRIL99677 - 3 CD Brilliant BRIL93958 - 1 CD Brilliant MMK93818 - 1 CD Brilliant BRIL94982 - 2 CD Brilliant BRIL94935 - 2 CD Brilliant BRIL99283 - 1 CD Brilliant

Dvorák : Serenade Op.44; Haydn : Vivaldi, Du Puy, Villa-Lobos, Olthuis Œuvres pour guitare de Barrios, Adios mi amor. Duos pour vihuela Préludes pour guitare du Novecento. Salve Regina : Œuvres récement
Sinfonia Concertante Hob. I : 105 : Concertos pour basson Castelnuovo-Tedesco, Asencio, de Guerrero, Victoria, Morales, Œuvres de Boris, Ponce, Badings... découvertes de Monteverdi et
Amati Ensemble B. van Sambeek, basson; Sinfonia Ponce Josquin… Cristiano Porqueddu, guitare) Frescobaldi
Rotterdam; Conrad van Alphen Elise Neumann, guitare Delitiae Musicae Il Pegaso; M. Croci, orgue, direction
BRIL9142 - 1 CD Brilliant BRIL9149 - 1 CD Brilliant BRIL9287 - 1 CD Brilliant BRIL94302 - 1 CD Brilliant BRIL9292 - 3 CD Brilliant BRIL94286 - 1 CD Brilliant

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Bach : Variations Goldberg (1955). Gould. RRC1264 7,57 € p. 2 
August Fryderyk Duranowski : Concerto pour violon - M... AP0360 12,48 € p. 6 
Bach : Suites pour violoncelle n° 1-6. Cohen. RRC2001 12,84 € p. 2 
Beethoven : Concertos pour piano n° 4, 5. Guilels, Lu... RRC1367 7,57 € p. 2  Dvorák : Intégrale de la musique chorale sacrée. Wit,... BRIL95609 22,56 € p. 7 

Beethoven, Brahms : Lieder. Prey, Lewis. RRC1427 7,57 € p. 2  Anton Eberl : Concerto pour 2 pianos - Sonates pour p... CPO777733 15,36 € p. 7 
Brahms : Les sonates violoncelle et piano. Markson, O... RRC1098 7,57 € p. 2  Gorecki : Symphonie n° 3. Izykowska, Boreyko. DUX1459 13,92 € p. 7 
Britten : Œuvres orchestrales. Britten, van Beinum, A... RRC1417 7,57 € p. 2  Haydn : Stabat Mater. Wegener, Reinhold, Balzer, Noac... CAR83281 15,36 € p. 7 
Chopin : Œuvres pour piano. Rubinstein. RRC6010 24,00 € p. 2  Alberto Hemsi : Coplas Sefardies, Chansons judéo-espa... ROP6155 12,48 € p. 8 
Copand dirige Copland : Appalachian Spring - The Tend... RRC1404 7,57 € p. 2  Khachaturian, Penderecki : Concertos pour violoncelle... CLA1802 14,64 € p. 8 
Voices from Heaven. Durufle, Howells : Requiems. RRC1341 7,57 € p. 2  Johann Philipp Krieger : Musicalischer Seelen-Friede,... CPO555037 15,36 € p. 8 
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Holst : Les Planètes. Hickox RRC1200 7,08 € p. 2  Liszt : Œuvres pour piano. Hay. PCL10138 13,92 € p. 8 
Liszt : Les 2 Concertos pour piano. Brendel, Gielen. RRC1362 7,57 € p. 2  Machaut : Fortune’s Child. The Orlando Consort. CDA68195 15,36 € p. 9 
Sir Colin Davis. The Early Mozart Recordings. RRC3015 12,48 € p. 2  Mahler : Le Chant de la Terre. Peckova, Samek, Altric... SU4242 13,92 € p. 9 
Mozart : Les grands opéras. Wachter, Schwarzkopf, Sut... RRC9013 33,60 € p. 2  Monteverdi : Madrigaux, Livres V & VI. Le Nuove Music... BRIL95659 8,16 € p. 9 
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Puccini : Les grands opéras. Callas, Schwarzkopf, Gob... RRC9011 33,60 € p. 2  Mozart : Quatuors dédiés à Haydn. Quatuor Auryn. TACET972 24,00 € p. 9 
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R.Strauss : Alpensinfonie / Alpine Symphony RRC1055 7,08 € p. 2  Pellegrini, Padovano : Intégrales de la musique pour ... BRIL95259 6,72 € p. 10 
Strauss : Don Quixote. Tortelier, Kempe, Lehmann. RRC1371 7,57 € p. 2  Andrei Petrov : The Master and Margarita. Terminkanov... NFPMA9983 11,76 € p. 10 
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Tchaikovski, Schumann : Concertos pour piano. Cliburn. RRC1391 7,57 € p. 2  Rachmaninov : Les Vêpres, op. 37. Rehlis, Bartminski,... DUX1404 13,92 € p. 10 
Hans Hotter chante Wagner et Verdi. RRC1413 7,57 € p. 2  Joseph Rheinberger : Intégrale des sonates pour violo... BRIL95635 6,72 € p. 10 
Musique pour piano écossaise. Scott, Center, Stevenson. RRC1246 7,57 € p. 2  Giovanni Antonio Rigatti : Motets pour soprano, Livre... LDV14034 11,40 € p. 10 
Tchaikovski, Glazounov, Medtner : Sonates russes pour... RRC1403 7,57 € p. 2  Rimski-Korsakov : Shéhérazade - Capriccio Espagnol (v... LDV14035 11,40 € p. 10 
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Ferrier K. / What is Life ?. Morceaux choisis RRC1057 7,08 € p. 2  Schubert : Sonate et Impromptus pour piano. Hamelin. CDA68213 15,36 € p. 11 
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The Voice of Peter Pears. Pears, Britten. RRC1393 7,57 € p. 2  Johann Sebastiani : Passion selon St. Matthieu. Balze... CPO555204 15,36 € p. 12 
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L’Art de Mstislav Rostropovitch. Œuvres pour violonce... RRC1406 7,57 € p. 2  Ekier, Szymanowski : Œuvres pour piano. Pyrc. DUX1458 13,92 € p. 12 
L’art du violon. Arthur Grumiaux joue Mozart, Beethov... RRC7010 28,32 € p. 2  Telemann : Die Stille Nacht, cantates pour basse seul... PAS1034 15,36 € p. 12 
The artistry of Dennis Brain. RRC1363 7,57 € p. 2  Tallis : Les antiennes votives. The Cardinall’s Music... CDA68250 15,36 € p. 12 
Musique baroque pour trompette. Maurice André joue Te... RRC1405 7,57 € p. 2  Boris Tichtchenko : Symphonie n° 2. Chivzhel. NFPMA99105 9,60 € p. 13 
British Light Music. RRC1381 7,57 € p. 2  Paolo Tosti : 1916, les dernières mélodies pour sopra... LDV14033 11,40 € p. 13 
Pavel Kolesnikov Antonio Valente : Tablature de clavecin. Ensemble L’A... BRIL95326 6,72 € p. 13 
Louis Couperin : Danses du Manuscrit Bauyn. Kolesnikov. CDA68224 15,36 € p. 3  Vivaldi : Stabat Mater - Gloria. Scholl, Herfurtner, ... GRAM99165 13,92 € p. 13 
Chopin : Mazurkas. Kolesnikov. CDA68137 15,36 € p. 3  Vivaldi : Concerti con organo obbligato. Cagnani. ELEORG044 12,48 € p. 13 
Tchaikovski : Les Saisons. Kolesnikov. CDA68028 15,36 € p. 3  Géza Zichy : Intégrale de l’œuvre pour piano. Cimirro. AP0371 12,48 € p. 13 
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Bruckner : Symphonie n° 5. Ballot. GRAM99162 22,56 € p. 4  Bowen, Martin, Sköld, Leitner : Œuvres pour alto et o... GRAM99168 13,92 € p. 15 
Helge Burggrabe : Hagios II, Chants de prières et de ... 0301065BC 14,64 € p. 4  Rejoice ! : Œuvres pour chœur et orgue. Kogert, Glaßn... GRAM99156 13,92 € p. 15 
Nicolas Capron : Premier livre de sonates à violon se... CLA1809 14,64 € p. 4  Sérénades romantiques pour cordes : Dvorák, Elgar, Ja... BRIL95655 16,08 € p. 15 
Brahms : Quatuors à cordes - Quintettes - Sextuors. V... HC16084 21,12 € p. 5  Ludwig Güttler Edition Europa : A continent united by... 0301066BC 25,44 € p. 15 
Chopin on Pleyel : Œuvres pour piano. Rutkowski. PCL10129 13,92 € p. 5  Metamorphosis : Œuvres pour cor et piano. Volta, Koch. AVI8553383 15,36 € p. 15 
Ignazio Cirri : Six sonates pour clavecin et violon, ... PAS1045 15,36 € p. 5  Duos concertants pour clarinettes. Duo Gurfinkel, Chr... AVI8553396 15,36 € p. 15 
Arcangelo Corelli : Sonates pour violon, op. V. Baude... BRIL95597 8,16 € p. 5  Irish Holidays : Musique irlandaise pour clarinette e... GEN18495 13,92 € p. 15 
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Beethoven : Symphonies n° 3 et 4. Rajski. [Vinyle] TACET239L 44,40 € p. 5  Les musiciens d’Haendel. Laurent, Teatro del Mondo. PN1703 15,36 € p. 16 
Beethoven : Symphonie n° 5. Rajski. [Vinyle] TACET240L 23,28 € p. 5  Delight in Musicke : Mélodies et musique instrumental... BRIL95654 6,72 € p. 16 
Beethoven : Symphonie n° 6. Rajski. [Vinyle] TACET241L 23,28 € p. 5  Orpheus : Lieder, airs et madrigaux du 17ème siècle. ... CPO555168 10,32 € p. 16 
Beethoven : Symphonie n° 7. Rajski. [Vinyle] TACET242L 23,28 € p. 5  Paris 1804 : Musique pour cor et cordes. Denabian, Qu... PAS1032 15,36 € p. 16 
Beethoven : Symphonie n° 9. Rajski. [Vinyle] TACET219L 44,40 € p. 5  Motets de la Renaissance anglaise. The Gesualdo Six, ... CDA68256 15,36 € p. 16 
Couperin : Les Concerts Royaux. I Fiori Musicali. LDV14031 11,40 € p. 6  Smetana, Dvorák, Suk : Quatuors à cordes. The Bohemia... PACD96058 11,76 € p. 16 
César Cui : Transcriptions pour piano. Duo Ivanova-Za... HC17049 13,20 € p. 6  DVD et Blu-ray
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Verdi : La force du destin. Stemme, Miles, Licitra, A... CM751008 25,44 € p. 17  Felix Mendelssohn : Elias - Paulus BRIL94319 13,20 € p. 18 
Verdi : La force du destin. Stemme, Miles, Licitra, A... CM751104 29,28 € p. 17  Mozart : Apollo et Hyacinthus, opéra. Lager, Haase, M... BRIL93127 8,16 € p. 18 
Massimiliano Volpini : The Lover’s Garden, ballet. Bo... CM743708 19,68 € p. 17  Mozart : Flute Concertos 2-13 BRIL93290 6,72 € p. 18 
Massimiliano Volpini : The Lover’s Garden, ballet. Bo... CM743804 29,28 € p. 17  Scarlatti : Intégrale des sonates pour clavecin, vol.... BRIL93031 9,60 € p. 18 
Une soirée au Royal Opera House. OA1261BD 19,32 € p. 17  Franz Schubert : Trios pour piano (Intégrale) BRIL93798 8,16 € p. 18 
L’Art de Marianela Nuñez : Don Quichotte - La Fille m... OA1267BD 30,72 € p. 17  Schumann : Intégrale de la musique chorale profane. P... BRIL94383 13,20 € p. 18 
L’Art de Marianela Nuñez : Don Quichotte - La Fille m... OABD7243BD 35,76 € p. 17  Schumann : Intégrale de l’œuvre pour alto et piano. F... BRIL94487 6,72 € p. 18 
Maria Callas : Magic Moments of Music, Tosca 1964. CM745008 19,68 € p. 17  Tchaikovski : Concertos pour piano n° 1 et 2. Han, Fr... BRIL93313 6,72 € p. 18 
Maria Callas : Magic Moments of Music, Tosca 1964. CM745104 29,28 € p. 17  Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonies (Intégrale) BRIL94307 22,56 € p. 18 
Les grands chefs : Kleiber, Solti, Bernstein, Karajan. CM744108 42,96 € p. 17  Georg Philipp Telemann : Concertos BRIL99677 9,60 € p. 18 
Sélection Brilliant Classics Giuseppe Verdi : Messa da Requiem BRIL93958 6,72 € p. 18 
Carl Friedrich Abel : Musique pour flûte et cordes. B... BRIL94304 6,72 € p. 18  Vivaldi: Für mein Baby MMK93818 4,80 € p. 18 
Bach : Passion selon St. Matthieu. Kirkby, Chance, Co... BRIL94248 13,20 € p. 18  Classics for the People, vol. 2. Royal Philharmonic O... BRIL94935 8,16 € p. 18 
Bach : Passions, Oratorios Noël et Pâques, Messe en si. BRIL94382 32,16 € p. 18  Classics for the People, vol. 1. Royal Philharmonic O... BRIL94982 8,16 € p. 18 
J.S. Bach: Johannes Passion (DE) BRIL94400 9,60 € p. 18  Für Elise, Klaviermusik für Kinder BRIL99283 6,72 € p. 18 
Johann Sebastian Bach : Suites orchestrales (Intégrale) BRIL94413 6,72 € p. 18  Antonin Dvorak - Joseph Haydn : Sérénades pour cordes BRIL9142 6,72 € p. 18 
Muzio Clementi : Sonates pour piano (Intégrale, volum... BRIL93338 9,60 € p. 18  Vivaldi, Du Puy, Villa-Lobos : Concertos pour basson.... BRIL9149 6,72 € p. 18 
Muzio Clementi : Intégrale des sonates pour piano, vo... BRIL94342 9,60 € p. 18  Agustin Barrios International Guitar Competition, vol... BRIL9287 6,72 € p. 18 
Frescobaldi : Messes. Balestracci. BRIL93780 6,72 € p. 18  Adios mi amor : Duos pour vihuela. Delitiae Musicae. BRIL94302 6,72 € p. 18 
Haendel : Le Messie (meilleurs moments). Cleobury. BRIL93270 6,72 € p. 18  Préludes pour guitare du Novecento. Porquedu. BRIL9292 9,60 € p. 18 
Joseph Haydn : Quatuors à cordes (Volume 10) BRIL93871 8,16 € p. 18  Salve Regina : Œuvres récement découvertes de Monteve... BRIL94286 6,72 € p. 18 
Haydn : Concertinos et divertimenti pour trio avec cl... BRIL94004 6,72 € p. 18 
Haydn : Mélodies et cantates. Kirkby, Hadjimarkos. BRIL94204 6,72 € p. 18 
Vivaldi : Sonate a tre. Accademia del Ricercare. BRIL94173 6,72 € p. 18 
Franz Liszt : Œuvres pour orgue BRIL93789 6,72 € p. 18 
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