Vous êtes sur la page 1sur 11

Manuel de construction et de réparation des structures

Février 2019

permet l’adhérence de ceux-ci au béton environnant en plus de la protection contre la


corrosion. Il est important d’obtenir la résistance de 20 MPa du coulis afin que cette
adhérence soit effective lors de l’enlèvement de l’étaiement.

4.3.3 Armature

L’armature est fabriquée selon différents diamètres, à partir de la barre 10M jusqu’à la
barre 55M. Le numéro de la barre fait référence à son diamètre approximatif; par
exemple, une barre 10M a un diamètre de 11,3 mm alors qu’une barre 25M en a un
de 25,2 mm. Il est donc facile de distinguer la dimension d’une barre par rapport à une
autre en faisant référence à son numéro. Le tableau 4.3-2 montre les caractéristiques
en mesures métriques des aciers d’armature.

Les caractéristiques des barres d’armature étaient autrefois définies en mesures


impériales. Le numéro de la barre dans ce système de mesures fait référence au
diamètre de la barre en huitièmes de pouce. Par exemple, une barre no 5 a un diamètre
de 5/8 de pouce alors qu’une barre no 7 en a un de 7/8 de pouce. Le tableau 4.3-3
montre les caractéristiques en mesures impériales de l’armature. Ce tableau est fort
utile pour trouver une équivalence métrique lors du remplacement de barres existantes.

Tableau 4.3-2 Caractéristiques de l’armature (mesures métriques)

Dimensions nominales
Nomenclature Masse Diamètre avec Aire de la
des barres Diamètre
linéique les crénelures section
nominal (mm)
kg/m (mm) (mm2)
10M 0,785 11,3 13 100
15M 1,570 16,0 18 200
20M 2,355 19,5 22 300
25M 3,925 25,2 28 500
30M 5,495 29,9 33 700
35M 7,850 35,7 39 1 000
45M 11,775 43,7 48 1 500
55M 19,625 56,4 62 2 500

4-40
Manuel de construction et de réparation des structures
Février 2019

Tableau 4.3-3 Caractéristiques de l’armature (nomenclature en mesures impériales)

Dimensions nominales
Nomenclature Masse Diamètre Aire de la
des barres linéique théorique section
kg/m (mm) (mm2)
no 3 0,56 9,5 71
no 4 1,01 12,8 129
no 5 1,57 16,0 200
no 6 2,23 19,0 284
no 7 3,04 22,2 387
no 8 4,00 25,5 510
no 9 5,06 28,7 645
no 10 6,42 32,3 818
no 11 7,90 35,8 1 006
no 14 11,40 43,0 1 452
no 18 20,26 57,3 2 581

Bordereaux

Avant le début des travaux, le surveillant se doit de vérifier de façon générale les
bordereaux d’armature donnés sur les plans afin de s’assurer que chaque type de barre
apparaissant sur les plans est bien inclus sur le bordereau; il faudrait aussi vérifier que
le nombre de barres indiqué sur le bordereau pour chaque type de barre correspond
approximativement au nombre de barres mentionné sur les plans.

Ce travail de vérification doit s’effectuer le plus tôt possible, de façon à pouvoir, le cas
échéant, aviser l’entrepreneur d’une erreur et ainsi possiblement éviter les frais qui y
seraient associés. Mentionnons que ces frais concernent principalement la perte de
temps en chantier plutôt que le coût de l’acier oublié sur le bordereau. De plus, la
vérification des bordereaux d’armature constitue une bonne façon d’étudier les plans
d’une structure. En effet, ce travail oblige à se pencher sur toutes les parties de
l’ouvrage, à analyser les détails particuliers de la réalisation et à noter au passage les
difficultés à anticiper.

4-41
Manuel de construction et de réparation des structures
Février 2019

Bien qu’il soit courant pour l’entrepreneur de commander l’armature selon les
bordereaux montrés sur les plans, la plupart des fournisseurs d’armature ont l’habitude
de refaire les bordereaux sur des formulaires ou des plans qui leur sont propres, de
façon à faciliter la tâche des ouvriers chargés du façonnage.

La plupart des entrepreneurs retransmettent les plans produits par leur fournisseur
d’armature (souvent appelés plans de pose) au surveillant pour acceptation. Il est
fortement recommandé de ne pas viser ces plans, car le surveillant n’a pas à
s’immiscer dans les procédures internes des fournisseurs, d’autant plus qu’il serait
probablement interpellé pour toute erreur qui aurait pu s’y glisser. Par contre, le
surveillant se doit de vérifier si des modifications sont effectuées par l’entrepreneur ou
son sous-traitant par rapport aux bordereaux des plans émis pour construction. Les
modifications, le cas échéant, doivent cependant être mises en évidence et identifiées
distinctement par l’entrepreneur. Cette exigence du CCDG vise à éviter que le
surveillant ait à examiner barre par barre les plans de pose afin d’y déceler les
changements. Le CCDG ne va pas jusqu’à préciser comment identifier les
changements, mais ce peut être, par exemple, au moyen de nuages, de triangles
chiffrés ou de note distincte des plans.

Le surveillant doit transmettre au concepteur, par le biais d’une demande de


modification technique (DMT), tout changement aux armatures qui a un impact sur la
structure à construire. Parmi des exemples de changements à transmettre au
concepteur, citons l’ajout de jonctions par recouvrement dans le fût des piles ou dans
les chevêtres, le remplacement d’étriers fermés par des étriers de forme double « U »
ou une modification des grosseurs ou du nombre de barres dans un élément.

Réception des armatures en chantier

Dès la réception des armatures en chantier, l’entrepreneur doit s’assurer que ceux-ci
sont déposés sur des supports suffisamment rapprochés pour éviter qu’ils se salissent
ou s’endommagent. Les barres ne doivent pas être entreposées directement sur le sol
ni être en contact avec de l’eau. Les différents types de barres devraient être classés
par paquets distincts de manière à ne pas les confondre lors de la pose. Le surveillant
ne doit pas hésiter à intervenir auprès de l’entrepreneur si les conditions d’entreposage
ne sont pas satisfaisantes.

Une fois l’armature entreposée correctement, il faut s’assurer de la conformité des


armatures livrées. Il faut d’abord vérifier la provenance de l’armature en s’assurant de la
concordance des symboles utilisés pour le marquage des barres visibles sur l’armature
livrée. Ces marques d’identification permettent d’identifier l’aciérie, la grosseur de la
barre, le type d’acier et sa limite minimale d’élasticité. Les marques d’identification des
aciéries canadiennes détenant un certificat ISO 9001 apparaissent au tableau 4.3-4.

4-42
Manuel de construction et de réparation des structures
Février 2019

Tableau 4.3-4 Marques d’identification des aciéries canadiennes détenant un


certificat ISO

Aciéries canadiennes Marques d’identification

ArcelorMittal (Usine de Contrecoeur-


ouest)

ArcelorMittal (Usine de Contrecoeur-


est)

ArcelorMittal (Usine de Longueuil)

Gerdau (Usine de Cambridge)

Gerdau (Usine de Whitby)

Puisque le Ministère exige que l’armature ne soit que du type soudable, ou weldable en
anglais, le symbole d’identification W doit se trouver sur toutes les barres d’armature
utilisées, que celles-ci soient galvanisées ou non. Cette exigence s’impose afin d’éviter
la fragilisation de l’acier lors du processus de galvanisation. Même si l’acier n’est pas
galvanisé, le Ministère exige tout de même un acier de type W pour éviter toute
confusion possible entre les armatures galvanisées et non galvanisées. De plus, l’acier
de type W est un acier de meilleure qualité que celui de type R, puisqu’il est fabriqué à
l’intérieur de tolérances plus serrées.

Les symboles relatifs à la grosseur de la barre et à la limite minimale d’élasticité doivent


aussi être vérifiés, afin de s’assurer qu’ils correspondent aux exigences des plans.

Les armatures sont livrées par paquets au chantier selon les types de barres; ces
paquets ou groupes de barres ont chacun une étiquette identifiant les barres. La
longueur des barres, l’emplacement et le façonnage des crochets ainsi que le
façonnage des étriers et autres barres doivent être vérifiés.

Une attention spéciale doit être prêtée au façonnage des barres pour s’assurer que les
rayons de courbure ont été respectés. De même, il faut veiller à la qualité du façonnage
des barres, car il arrive parfois que leurs dimensions excèdent celles des plans; cette
situation se présente notamment lorsque l’équipement servant à plier les barres est
utilisé avec un trop grand nombre de barres à la fois.

4-43
Manuel de construction et de réparation des structures
Février 2019

Lors du pliage des armatures, il est nécessaire de respecter les diamètres de courbure
minimums donnés dans la norme 5101 du Ministère. Les exigences de la norme sont
reproduites au tableau 4.3-5. Il faut respecter cette exigence pour ne pas endommager
par fragilisation les barres lors du pliage Le surveillant doit rejeter toutes les barres
pliées qui ont un diamètre de courbure non conforme.

Tableau 4.3-5 Diamètre de courbure minimal

Barres d’armature Diamètre de courbure minimal

10M, 15M, 20M 6 fois le diamètre nominal de la barre


25M, 30M, 35M 8 fois le diamètre nominal de la barre
45M, 55M 10 fois le diamètre nominal de la barre

Le CCDG indique que les tolérances concernant la longueur et le pliage des armatures
sont celles apparaissant à la figure 6-1 du Manuel de normes recommandées de
l’Institut d’acier d’armature du Canada. La tolérance quant aux diamètres de courbure
minimaux est cependant réduite dans le CCDG par rapport à ce qui apparaît dans ce
document. Ainsi, les diamètres de courbure minimaux ne peuvent être réduits de plus
de 10 % par rapport aux valeurs indiquées dans le tableau présenté ci-dessus.

C’est donc dire que, par exemple, pour une barre 15 M, dont le diamètre nominal est de
16 mm, le diamètre de courbure minimal est de 96 mm. La tolérance quant à la
courbure du Manuel de normes recommandées est de 25 mm, mais, comme le CCDG
limite à 10 % la tolérance, celle-ci est plutôt, dans ce cas, de 9,6 mm, ce qui signifie que
le diamètre minimal de pliage en considérant la tolérance serait de 86 mm. Pour une
barre 35 M, le diamètre minimal serait de 286 mm et la tolérance de 25 mm.

Il est très rare qu’une barre d’armature soit complètement exempte de rouille, même
lorsque son entreposage est effectué correctement. Quelques taches de rouille ou
même un film très mince de rouille adhérente sur toute la barre ne justifient pas son
rejet. Des études ont même démontré qu’une légère rouille améliore l’adhérence; il faut,
par contre, faire preuve de jugement et rejeter catégoriquement toute barre présentant
de la rouille en feuillets à sa surface ou, pire, une perte de section. Précisons que les
problèmes de corrosion sur les barres au chantier ont tendance à être observés surtout
sur les barres de gros diamètre, car le roulement des stocks est plus lent chez les
fournisseurs pour ces barres, ce qui accroît leur temps d’entreposage.

Barres d’armature galvanisées

Dans le cas des barres galvanisées, il faut d’abord vérifier que la qualité de la
galvanisation est adéquate. Toute barre qui se trouve dans une masse compacte,

4-44
Manuel de construction et de réparation des structures
Février 2019

retenue à d’autres barres par le zinc du bain de galvanisation ou recouverte de scories,


doit être rejetée et retournée à l’usine pour y reprendre le processus de galvanisation,
puisque ces défauts cachent un manque de galvanisation.

Mentionnons que pour les barres d’armature à haute résistance (ex. : Diwidag ou
Williams), la préparation des surfaces inclut un décapage chimique de courte durée,
appelé « flash pickling » en anglais; les deux entreprises reconnues par le Ministère
pour la galvanisation de ces barres sont Pure Metal Galvanizing (pour le fabricant de
barres Dywidag-Systems International) et Galv Cast MGF inc. (pour le fabricant de
barres Williams Form Hardware and Rockbolt Canada ltd.).

Il faut ensuite vérifier si la coupe des armatures a été réalisée avant ou après la
galvanisation; dans ce dernier cas, il faut s’assurer que les extrémités coupées sont
enduites d’un enduit riche en zinc comme mentionné au CCDG, à la section 15.14.2.2.
À titre indicatif, une liste des enduits correspondant aux exigences du Ministère pour cet
usage est publiée à la section « Galvanisation » du chapitre 14 du présent manuel.

Dans le cas des barres galvanisées pliées, il faut aussi vérifier si les barres d’armature
pliées ont bien été galvanisées avant le façonnage. En effet, tout pliage réalisé avant la
galvanisation peut entraîner la fragilisation par l’hydrogène de certaines barres, ce qui
est évidemment inacceptable pour l’intégrité de la structure. Les galvaniseurs ont affiné
leur procédé afin de diminuer l’épaisseur de zinc sur les barres (de plus de 200 à
moins de 150) afin de permettre le pliage sans entraîner d’écaillage important du zinc.

Étant donné que pour un certain pourcentage de barres, il y aura tout de même un
écaillement partiel du zinc au niveau du rayon de pliage, il est spécifié à
l’article 15.14.2.2 du CCDG qu’une surface maximale d’écaillement (c’est à dire
décollement de la couche extérieure de zinc soit par brossage ou par l’utilisation d’un
outil pointu comme un couteau) est permise. La fissuration du revêtement, sans
écaillage, n’est pas considérée comme un défaut puisque la protection offerte par le
zinc est de type électrochimique. Les surfaces non recouvertes de zinc sont donc tout
de mêmes protégées dans la mesure où du zinc se retrouve à proximité.

Il est spécifié que la surface totale maximale acceptable d’écaillement au niveau du


rayon de pliage soit équivalente à la section transversale d’une barre, soit par exemple :

200 mm2 pour une barre 15M;


300 mm2 pour une barre 20M.

Le surveillant se doit d’être attentif et de rejeter toute barre présentant un écaillage


excédant ces valeurs après brossage.

Mentionnons qu’il n’est pas nécessaire de vérifier l’épaisseur du zinc des armatures, car
le procédé de galvanisation fait en sorte que l’épaisseur est bien supérieure au
minimum exigé.

4-45
Manuel de construction et de réparation des structures
Février 2019

Le surveillant doit s’assurer que les armatures sont libres de rouille blanche, autant au
moment de la livraison des barres au chantier qu’au moment du bétonnage. La rouille
blanche est un phénomène de corrosion de la couche de zinc qui se produit dans les
premières semaines à la suite de la galvanisation à cause d’un mauvais entreposage.
Une pièce affectée par la rouille blanche présente une couche farineuse adhérée au
zinc en surface. Toute barre présentant de la rouille blanche doit être rejetée (voir
l’article 15.14.2.2.2 du CCDG) afin d’éviter une baisse d’adhérence entre le béton et
l’armature.

À noter que les jonctions mécaniques doivent être galvanisées si les armatures à relier
le sont aussi comme cela est demandé à l’article 15.4.1.2 du CCDG. Cette exigence de
galvanisation des jonctions mécaniques ne s’applique cependant pas à celles qui
comportent des pièces mobiles (ex : manchons de positions, bar-lock, etc.) car la
galvanisation gênerait le mouvement de ces pièces.

Il est important de procéder à l’ensemble des vérifications mentionnées précédemment


dès la réception de l’acier en chantier. Cette diligence permet d’apporter rapidement les
correctifs nécessaires et, généralement, de réduire au minimum, sinon d’annuler toute
conséquence négative sur l’échéancier des travaux.

Mise en place des armatures

Si une erreur s’est produite lors de la mise en place des armatures, il sera impossible
de la déceler ou d’en évaluer l’importance une fois le bétonnage achevé. Il est donc
important que le ferraillage se déroule correctement et que l’entrepreneur prenne toutes
les mesures possibles pour y arriver. Si une erreur est détectée en cours de route, il
faut en aviser immédiatement l’entrepreneur pour éviter que cette erreur se répercute
sur le ferraillage d’autres éléments ou portions d’éléments à bétonner plus tard.

Plusieurs conditions doivent être respectées pour que les travaux de ferraillage soient
pleinement réussis. Il faut d’abord que les ouvriers aient en main les plans nécessaires.
Cela peut sembler une évidence, mais cette condition n’est pas toujours remplie. Le
surveillant n’a pas à se substituer à l’entrepreneur et à lui dire où mettre chacune des
armatures. Il faut que les ouvriers puissent lire les plans, ce qui n’est pas toujours le
cas. Il faut aussi que les ouvriers travaillent avec la dernière version des plans qui
comportent toutes les corrections, s’il y lieu. Il faut finalement que les ouvriers soient au
fait des nombreuses exigences du Ministère tant en ce qui concerne l’enrobage de
béton au-dessus des armatures que les types de cales à utiliser, les tolérances et le
pliage des armatures.

Idéalement, une courte réunion devrait être organisée avant de commencer la mise en
place des armatures afin de s’assurer que les exigences du Ministère sont connues et
comprises du sous-traitant chargé des travaux. Chacun des intervenants devrait
prendre le temps de bien lire les plans et de visualiser le travail à effectuer.

4-46
Manuel de construction et de réparation des structures
Février 2019

Bien que la vérification de la condition des armatures ait été effectuée lors de leur
réception sur le chantier, il est très important de voir à ce qu’aucune barre sale,
recouverte de terre, de rouille excessive (comportant des feuillets ou réduisant la
section de la barre), d’huile ou de peinture ne soit mise en place afin de ne pas réduire
l’adhérence de l’interface armature-béton. De même, aucune barre déformée, tordue ou
dont le recouvrement de zinc est endommagé ne doit être installée.

Mise en place des armatures – capacité structurale

Pour illustrer l’importance de la position des armatures sur la résistance, prenons


l’exemple d’une poutre de béton de 500 mm de hauteur sur 300 mm de largeur. Si
quatre barres 20M sont placées à 75 mm de la face inférieure de la poutre, la
résistance de la poutre est de 153 kN-m. Si ces barres sont placées 50 mm plus haut,
c’est-à-dire à 125 mm de la face inférieure de la poutre, la résistance de la poutre
baisse à 134 kN-m. Si nous considérons qu’environ 50 % des sollicitations sont des
charges permanentes, cette perte de résistance entraîne une perte approximative
de 30 % de la capacité à soutenir les surcharges routières. Cette diminution de
résistance entraînera divers problèmes de fissuration du béton.

Les barres ne peuvent être regroupées en faisceaux (bundle en anglais) que lorsque
les plans l’indiquent. Cette exigence de la norme CAN/CSA A23.1 est importante, car
tout regroupement non prévu peut réduire de façon significative la capacité structurale
de l’élément, puisque la surface « béton-armature » est moindre une fois les barres
regroupées, ce qui augmente les longueurs de développement. L’efficacité des
jonctions par recouvrement est aussi diminuée lorsque les barres sont ainsi regroupées

Dans certains cas, la forme et l’aspect d’une barre peuvent être importants
structuralement. C’est le cas entre autres des étriers qui ceinturent les armatures
verticales des colonnes; en effet, ces barres sont la plupart du temps, constituées de
barres formant une forme fermée (rectangulaire, carrée ou circulaire selon la forme de
la colonne). Ces étriers ne peuvent pas être remplacés par des étriers ayant une forme
de « double U » avec une jonction par chevauchement, car le comportement sismique
de la pile en serait ainsi affecté.

Les armatures peuvent aussi servir à reprendre les efforts de tension occasionnés par
les variations volumétriques du béton, notamment celles dues aux changements de
température. Ces armatures sont appelées « acier de température ». La face avant d’un
mur de soutènement ou d’un mur garde-grève sont des exemples d’utilisation d’acier de
température. Les aciers de température jouent un rôle important pour assurer la
durabilité de l’ouvrage.

Une fois le principe de reprise des efforts bien assimilé, il est plus facile de comprendre
le rôle important du positionnement des armatures dans un coffrage. Puisque le
concepteur a prévu des barres d’armature de diamètre spécifique à des endroits précis
afin de reprendre les efforts de tension là où ils sont, et ce, en fonction des différents
chargements, chaque barre d’armature doit donc être mise en place selon les
indications des plans.

4-47
Manuel de construction et de réparation des structures
Février 2019

Mise en place des armatures – enrobage

L’entrepreneur doit mettre les armatures en place de manière à respecter l’enrobage de


béton demandé sur les plans. Si ce dernier n’y est pas indiqué, les valeurs de
l’enrobage mentionnées dans le Tome III – Ouvrages d’art des normes du Ministère
s’appliquent.

L’importance de la position des armatures pour la durabilité d’une structure est liée à
l’épaisseur de l’enrobage de béton de ces armatures. Le béton est un matériau poreux
et, comme tous les matériaux poreux, il absorbe les liquides comme le fait une éponge.
Si l’eau absorbée par une structure de béton contient des contaminants, comme des
sels de déglaçage, ceux-ci pénétreront à l’intérieur de la structure de béton et se
déplaceront progressivement de la surface vers le cœur de l’ouvrage. Lorsque les sels
de déglaçage atteignent les armatures, le processus de corrosion s’enclenche
rapidement. La majorité des détériorations des structures de béton armé sont dues à
une épaisseur insuffisante de l’enrobage de béton au-dessus des armatures. Une
protection insuffisante des armatures entraînera leur corrosion et, éventuellement, le
délaminage du béton. De façon générale, précisons que le recouvrement de béton
influe directement sur la durée de vie d’une structure.

Il est précisé au CCDG que l’épaisseur de béton demandée au-dessus des fils servant
à fixer les armatures par ligature est la même que celle spécifiée pour les armatures.
Cette exigence s’impose, étant donné que le fil d’acier facilite la pénétration des
chlorures vers les armatures; le fait de replier les fils fixant les armatures vers l’intérieur
de l’élément à bétonner permet de préserver l’intégrité de l’enrobage demandé pour les
armatures. Les ferrailleurs devraient donc réaliser le nœud de l’attache par ligature sur
le côté des barres; ce nœud peut être fait sur le dessus des barres, mais il devrait par la
suite être rabattu sur le côté.

Afin de s’assurer que les barres d’armature ne se déplacent pas indûment lors de la
mise en place des armatures et des coffrages, de la circulation des ouvriers sur celles-
ci ou lors du bétonnage, elles doivent être attachées à tous les croisements si ceux-ci
sont à 300 mm ou plus, ou à tous les deux croisements si l’espacement est moindre. Le
respect de ces espacements d’attache est particulièrement important dans le cas d’une
dalle où des barres galvanisées sont utilisées, puisque la galvanisation réduit la friction
entre les barres.

Puisque les barres d’armature doivent être fixées au moyen de fils d’acier, toutes les
autres méthodes de fixation sont de facto interdites, notamment celle consistant à fixer
les barres au moyen de points de soudure. En effet, cette dernière pratique est interdite
à cause des problèmes d’amorce de fissuration et de perte de section qui y sont
associés. Le CCDG fait toutefois exception à cette règle dans le cas des joints de
tablier et des éléments de béton préfabriqués. Dans le premier cas, la soudure par point
est permise pour s’assurer de bien fixer l’élément métallique du joint et parce que la
position des soudures, au-dessus des axes d’appui, ne nuit pas à la résistance de la

4-48
Manuel de construction et de réparation des structures
Février 2019

dalle, qui n’est pas tellement sollicitée structuralement à cet endroit. Dans le second
cas, la soudure par points est permise, car celle-ci est réalisée en usine dans des
conditions contrôlées par du personnel certifié, selon une procédure bien établie.

Dans le cas de travaux de démolition partielle d’un élément de béton, les attaches des
barres existantes peuvent être endommagées par l’équipement de démolition. Ces
barres doivent d’abord être redressées et remises en place et, le cas échéant, elles
doivent ensuite être fixées par ligature à chaque attache des coffrages de façon à
respecter la valeur d’enrobage exigée et une distance d’au moins 25 mm entre les
barres et le béton à conserver. Les nouvelles barres d’armature utilisées pour la
réparation doivent aussi être fixées à chaque attache des coffrages. Des cales doivent
également être utilisées entre les barres et les parois du coffrage même si les barres
sont fixées aux attaches des coffrages. Ces exigences s’imposent afin de prévenir le
déplacement des armatures vers l’intérieur de la réparation et de favoriser la
préservation de l’enrobage de l’armature.

Dans le cas de barres galvanisées, le fil d’acier utilisé pour fixer les armatures doit être
galvanisé. Cette exigence permet d’obtenir un niveau de protection contre la corrosion
comparable à celui de l’armature.

L’enrobage de béton des armatures est assuré par l’utilisation de cales d’espacement
en plastique. Le type de cales à employer varie selon les usages. Ainsi, l’épaisseur de
béton entre le dessous des armatures et un coffrage horizontal ou un béton existant est
donnée par des cales continues insérées sous les armatures. Pour les dalles,
l’épaisseur de béton entre le dessus des armatures et le dessus du béton est donnée
par des cales individuelles qui supportent les barres du rang supérieur.

Dans le cas des semelles, des radiers et des dalles de transition, le CCDG spécifie que
des pavés répondant à la norme 3402 du Ministère doivent être utilisés; cette exigence
est nécessaire compte tenu du poids considérable de l’armature se trouvant dans ces
éléments et de la faible capacité que confère le matériel granulaire compacté au fond
du coffrage. Le surveillant doit toutefois être vigilant dans ce dernier cas et éviter
l’utilisation d’un empilage de pavés; cette situation se produit parfois pour les semelles
lorsque la cage d’armature doit dégager un espace suffisant à la base pour la tête des
pieux. Cette pratique peut créer une instabilité au niveau des supports de pavés, qui
pourraient être amenés à se déplacer lors du ferraillage ou du bétonnage.
L’entrepreneur devrait plutôt recourir à des barres de support pour ces cas.

L’enrobage de béton des armatures verticales est donné par des espaceurs circulaires
en plastique; cependant, des cales individuelles doivent être utilisées si les armatures
sont des barres 25M ou plus, car les espaceurs circulaires ne sont pas offerts sur le
marché pour ces barres. Ces espaceurs doivent être posés sur les armatures situées le
plus près de la face verticale du coffrage, que ces barres soient verticales ou
horizontales. Les espaceurs circulaires en plastique ne peuvent pas être remplacés par
un autre type de cales. En effet, elles ont la propriété de jouer leur rôle même si elles
sont déplacées lors de la mise en place des armatures, des coffrages ou du béton.

4-49
Manuel de construction et de réparation des structures
Février 2019

L’enrobage des barres des pieux caissons est donné par des cales de type « patin ». Il
s’agit d’une cale de plastique robuste de forme allongée qui se fixe sur plusieurs étriers
et qui permet de glisser la cage contre les parois du tube d’acier du pieu. Précisons que
ce type de cale peut aussi parfois être utilisé sur les colonnes dans le cas où les étriers
seraient trop rapprochés pour y fixer des cales circulaires.

La figure 4.3-9 montre les différentes cales autorisées sur les structures du Ministère.

Il est important de noter que les cales de type « blocs de béton », qui ne doivent pas
être confondues avec les pavés, ne sont pas acceptées, car elles sont généralement
composées d’un mortier qui possède des caractéristiques de capacité et de durabilité
bien moindres que celles des bétons employés par le Ministère. En effet, les blocs se
brisent facilement lorsque les ouvriers circulent sur les armatures; de plus, une étude de
la Direction générale du laboratoire des chaussées (DGLC) du Ministère a démontré
que leur porosité élevée facilite l’entrée des sels de déglaçage dans la structure,
entraînant ainsi une détérioration prématurée.

4-50

Vous aimerez peut-être aussi