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Occident
Occident
À partir du XVe siècle, le monde connaît deux bouleversements importants : la Réforme protestante qui
bouleverse le christianisme occidental et la prise de Constantinople par les Ottomans. La prise de Grenade en
1492 marque à la même période la fin de la Reconquista dans la péninsule ibérique. Les États européens
abandonnent la route de la soie et commencent à chercher de nouvelles route vers les Indes : cette période
nommée des « Grandes découvertes » aboutit à la conquête progressive du « Nouveau Monde ». S'ensuivra
une période de progrès technologiques, l'établissement des comptoirs coloniaux, qui deviendront avec le temps
des empires coloniaux, le « Siècle des Lumières » et enfin la révolution industrielle. L'Empire russe
s'occidentalise dès Pierre le Grand, soucieux de réformer une société russe sclérosée par les anciens privilèges
sur le modèle français, mais l'avènement de l'URSS conduira pendant la seconde moitié du XXe siècle à la
guerre froide et à un monde bipolaire dominé, d'une part, par les États-Unis et leurs alliés au sein du bloc de
l'Ouest, organisé autour de nombreuses alliances parmi lesquelles la plus importante est l'OTAN ; d'autre part,
par l'URSS et les autres pays communistes, constituant le bloc de l'Est.
Au début du XXIe siècle, on admet généralement que l'« Occident » regroupe l'Europe occidentale (c'est-à-dire
3, 4
l'Union européenne et l'AELE), le Canada, les États-Unis , l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Par analogie
à la notion d'Extrême-Orient, mais aussi pour souligner leur proximité avec le monde occidental, les pays
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latino-américains sont parfois désignés comme l'« Extrême-Occident » . Les citoyens des pays du monde
occidental sont couramment appelés « Occidentaux ». L'Occident regroupe approximativement 950 millions
de personnes dans sa définition la plus restreinte (Europe de l'Ouest, Amérique du Nord, Australie et
Nouvelle-Zélande) et environ 1,6 milliard de personnes si on inclut l'Amérique latine.
Sommaire
Étymologie
Terminologie
Évolution historique
Critiques du terme
Notions de système monde
Définition de plusieurs Occidents
Histoire
Délimitations au début du XXIe siècle
Actuellement
Vu d’ailleurs
Influence dans le monde
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
Étymologie
Le terme occident est emprunté au latin occidens, participe présent de
occidere. Ce verbe est composé de la particule ob signifiant « objet »
et de cadere qui signifie « tomber, choir », « tomber à terre »,
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« succomber, périr » . En parlant d’un astre (notamment du Soleil), le
terme signifie « se coucher » et peut se traduire littéralement par
7
« soleil couchant » . Ce terme s'oppose à l'orient (du latin oriri,
« naître », « surgir »), qui désigne l'endroit où le soleil se lève.
Terminologie
Aspect religieux : le christianisme
occidental (catholicisme et
protestantisme) et le christianisme
Évolution historique
oriental (christianisme orthodoxe).
Du point de vue démographique, de l'organisation de la société, de l'économie adoptée par cette dernière ainsi
que des mentalités, l'Occident est néanmoins plus aisé à retrouver. En ceci, l'« Occident » de l'époque moderne
renvoie à la « vieille » Europe, à savoir à celle du Haut Moyen Âge pour ses frontières, celle de l'impérialisme
colonial (XIXe siècle) pour ses conceptions morales, économiques et intellectuelles. Dans le dictionnaire de
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Furetière , le terme « Occident » renvoie premièrement à l'astronomie, mais se dit également de certaines
nations selon leur position géographique par rapport à d'autres. Par exemple, les Amériques sont qualifiées
d'Indes occidentales. Ce qui aujourd'hui est nommé « océan Atlantique », est appelé à cette époque « oceanus
occidentalis ». Le terme s'emploie aussi dans un sens moral : être dans son occident signifie être dans sa
décadence.
Cependant, au-delà de l'Europe, la question des Amériques est importante. En effet, avec l'arrivée des
Européens (Espagnols, Portugais, Français, Britanniques…) dans ce qu'on a longtemps appelé le « Nouveau
monde », le territoire européen et donc occidental s'est en quelque sorte élargi par cette colonisation dite de
« peuplement », en particulier après que les épidémies apportées d'Europe ont décimé par endroits jusqu'à
80 % de la population indigène du Nouveau Monde. L'Occident peut donc être élargi, de l'Europe occidentale,
à ce qui est appelé en anglais « Western Hemisphere », soit l'Amérique, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, et
aux pays membres de l'OTAN (Turquie exclue), suivant ce critère purement ethnographique.
Dans une définition politique du XXe siècle, le mot englobe les États membres de l'OTAN (1952). Cette
signification, pour Occident et ses dérivés, a changé de sens avec la disparition et/ou l’évolution des régimes
des pays d’Europe de l'Est (Europe orientale), en 1989-1990.
Samuel Huntington, dans Le Choc des civilisations, a instrumentalisé la notion d'Occident pour l'opposer à
l'islam et tenter d'expliquer les clivages actuels et futurs sur la planète. Son système de pensée présente comme
antagoniques d'un côté un monde occidental qui serait démocratique et presque laïc et d'un autre côté un
monde dont le caractère religieux serait la dimension centrale. Le point de vue de Samuel Huntington fait
grandement débat en raison de sa dimension réductrice et antagoniste des rapports culturels. De plus, il est
impossible aujourd'hui de concevoir l'Europe comme un tout unique et homogène ni même y inclure les États-
poss b e aujou d u de co cevo u ope co e u tout u que et o ogè e ê e y c u e es tats
Unis dans un grand ensemble unifié et constituant « un » Occident. De la même manière, considérer l'islam
comme un tout homogène est faux, car la religion est vécue de façons très diverses au sein des pays où vivent
des musulmans. C'est depuis le XIXe siècle seulement que la
notion est investie de significations autres, liées à une idée de
progrès, de hiérarchie parmi les sociétés, et renvoie donc à une
forme de domination et de supériorité que l'Occident porterait.
Dans cette perspective, l'idée d'Occident apparaît dans la
filiation du Fardeau de l'homme blanc.
Le terme « monde occidental » est également problématique, car il tend à diviser la planète en différents
mondes distincts (Tiers monde, Monde arabe...), et donne donc l'image d'un Occident isolé du reste de la
planète et centré sur lui-même. Couplée à la dimension civilisationnelle du terme Occident, ainsi qu'à l'idée de
sa supériorité morale, intellectuelle et à la vision européocentriste de l'histoire qui prédomine dans les pays
occidentaux, cette notion concentre de façon effective tout le progrès du monde dans un ensemble isolé et
restreint, un "système monde" qui aurait tout développé seul, sans aucune influence externe. Cette idée, outre
le fait qu'elle soit fausse d'un point de vue historique (l'usage de chiffres arabes, le fait que des personnalités
non-européennes comme Avicenne, Augustin d'Hippone ou Moïse Maïmonide aient eu une influence très
forte sur le christianisme et les sciences européennes montrant que l'Europe n'a jamais été un système isolé), est
surtout problématique idéologiquement, car elle constitue un terreau fertile pour les racismes en considérant
que l'homme de type européen est supérieur de façon historique et donc intrinsèque sur les autres.
Georges Corm écrit : « La notion d’Occident, aujourd’hui plus qu’hier, lorsqu’elle suscitait des querelles entre
Européens, n’est plus qu’un concept creux, exclusivement géopolitique, sans contenu enrichissant pour la vie
de l’esprit et pour bâtir un avenir meilleur. C’est la culture politique américaine qui a repris la notion à son
compte et en a fait un usage si intensif au temps de la Guerre froide qu’elle ne semble plus pouvoir
l’abandonner. En Europe, les vieilles et redoutables querelles philosophiques, mystiques et nationalistes, qui
s’étaient polarisées sur ce terme chargé d’émotion, désormais apaisées, c’est avec délectation que le concept est
employé pour confirmer sa fonction mythologique d’une altérité unique par rapport à tout ce qui est hors
d’Occident et d’un sentiment de supériorité morale à laquelle le reste du monde doit s’ajuster ». Bien que très
critique et sceptique, cette idée de désuétude du terme permet de déconstruire une notion qui est constamment
mobilisée. Elle permet d'aborder avec prudence et d'être conscient de ce qui cache derrière le mot
« Occident ».
L’Europe (et les États-Unis aujourd’hui [Quand ?]) se pensent en modèle et ce qui s’affiche continuellement
dans les médias fait état d’un seul Occident, d’un seul monde occidental qui incarne cette base de références
culturelles, politiques, économiques. Malgré la polysémie qui se cache derrière ce terme, c’est une notion qui
dans son sens englobant oriente les recherches académiques, les réflexions politiques, les débats
journalistiques. Il y aurait plusieurs Occidents si l’on accepte de remettre en question l’unité de ce monde de
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pays capitalistes développés d'héritage religieux chrétien et de tradition libérale .
Ceci souligne l'épineuse question des aires d'influence religieuse, qui participe, elle aussi, à la définition de la
civilisation occidentale et de l'Occident. Il faut nuancer ces particularités trop généralisatrices du monde
occidental, vu comme homogène. La situation tend à se compliquer dans le monde moderne, précisément
parce que l'un des traits caractéristiques de la « civilisation occidentale » contemporaine est, surtout en Europe,
l'athéisme, ou plus justement une forme croissante d'indifférence religieuse. Ainsi, en France, plus de la moitié
de la population ne se réclame d'aucune religion, et seule 5 %, toutes religions confondues, a une pratique
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assidue . À l'inverse, aux États-Unis, seuls 16 % de la population est irréligieuse, et presque la moitié a une
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pratique hebdomadaire . La religion peut donc difficilement être retenue comme dénominateur commun aux
pays occidentaux actuels, tout au plus peut-on dire qu'il s'agit de pays où les diverses religions chrétiennes ont
joué un rôle prééminent au cours du dernier millénaire.
De ce point de vue, la confrontation actuelle entre l'Occident et les islamistes issus du Monde musulman est
moins un choc entre christianisme et islam, qu'un frottement entre un espace où la religion tend, comme l'a fait
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remarquer Marcel Gauchet [réf. incomplète], à n'être plus envisagée que sur le mode de la croyance privée,
voire de la dérision, et des sociétés où les pratiques religieuses les plus extrémistes et sectaires (wahhabisme
notamment) sont en pleine ascension. De plus, les causes socio-économiques et géopolitiques ne peuvent pas
être négligées; dans un monde où à l'issue de la Guerre froide l'Impérialisme américain peut s'exercer sans
contre-pouvoir, les ressentiments des populations affectées par des interventions militaires parfois illégales aux
yeux du Droit international (comme l'invasion de l'Irak en 2003) ou par la pauvreté nourrissent les seuls
groupes qui prétendent s'y opposer à l'échelle internationale, c'est-à-dire les djihadistes.
La recherche d'une définition exacte du mot continue de souligner son imprécision, comme la catégorie dans
laquelle doit être classé le Japon. D'un point de vue géopolitique, économique et militaire, le Japon est souvent
assimilé à l'Occident ; or sa population n'est pas liée aux populations originaires d'Europe occidentale.
Néanmoins, c'est aussi un pays d'Extrême-Orient qui s'est développé sur le modèle industriel occidental et en a
adopté les valeurs et la vision du monde à la fin de l'Occupation américaine du Japon en 1955. L'affiliation du
Japon à l'Occident n'est donc que la prise en compte du fait que le Japon a été intégré à l'Occident géopolitique
au moment où les États-Unis leur ont rendu leur indépendance après avoir supervisé la rédaction de la
première Constitution japonaise. A contrario, les pays d'Europe centrale et de l'Est, qui sont désormais
considérés comme des pays occidentaux au sens propre étaient, il n'y a encore qu'une vingtaine d'années, dans
la phraséologie d'alors, les « pays de l'Est ». L'appartenance d'un pays à l'Occident est donc déterminée par
l'appartenance à l'OTAN et à la sphère d'influence américaine, avec en outre une économie de marché et un
gouvernement démocratique, plus que par des critères ethnographiques ou culturels.
La conception d’un Occident a un caractère mythique, car reposant sur une soi-disant homogénéité, elle nie les
différences qui ont toujours structuré le continent européen. La notion possède également une acception
culturelle : le mythe d'Antigone opposant sa conscience individuelle à la raison d'État reste présent en Occident
de Sophocle jusqu'à Jean Anouilh, accompagné d'autres modèles exaltant l'individu. Celle-ci se constitue
également en opposition avec un prétendu despotisme oriental, en exaltant la liberté individuelle des
Occidentaux comme leur principale qualité. Il n’y a pourtant pas de continuité historique qui voit une Europe
homogène, démocratique et pacifique. Claude Prudhomme, historien, a soulevé que l’évolution du terme
d’Occident va vers le triomphe d’une véritable « essentialisation » du terme géographique et géopolitique au
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profit de valeurs et de comportements . On essaie de mettre avant un caractère mystifié d’un Occident
dominant, pacifiste, homogène. S'en élèvent plusieurs risques : « Dérive ethniciste et raciste, qui attribue le
succès de l’Occident à des données démographiques et biologiques ; dérive culturaliste qui affirme la
supériorité du modèle par son fondement religieux (chrétien en l’occurrence) ou philosophique (l’avènement
de la raison) ( ) Le raisonnement tiré de l’analyse historique est alors effacé au profit de l’affirmation de
de la raison). (…) Le raisonnement tiré de l analyse historique est alors effacé au profit de l affirmation de
vérités ontologiques qui attribuent à l’Occident le privilège d’avoir fait triompher la raison et la science et
revêtu une signification et une valeur universelles ». Il faut alors se détacher de cette idéalisation de l’histoire
du continent européen qui aurait toujours eu une unité culturelle, philosophique, voire politique. L’existence et
la mise en place du marché commun participe de cette volonté.
Histoire
Le terme de monde occidental peut prêter à confusion car il recouvre
des réalités différentes selon les époques et selon des considérations
politiques, culturelles, idéologiques, religieuses ou philosophiques. Il
est donc intéressant de l’étudier dans une perspective historique.
Depuis la chute de l'Union soviétique, la délimitation des « pays occidentaux » en tant qu'espace de culture
commune s'est élargie, mais elle reste mouvante selon les circonstances et les points de vue. Les pays ou les
régions qui constituent à l'heure actuelle l'Occident ne peuvent pas être identifiés de manière arrêtée et fixe :
ceci en raison du fait que la notion même d'Occident renvoie à des dimensions culturelles, idéologiques,
politiques, économiques et sociales diverses et difficiles à définir. Cependant certains pays sont fréquemment
associés à la notion d'Occident : l'Europe de l'Ouest et l'Europe centrale, mais aussi les anciennes colonies
d'Outre-mer majoritairement peuplées d'Européens (Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande)
Certains autres pays révèlent certaines tensions ou hésitations quant à leur inclusion ou exclusion au monde
occidental/oriental, comme c'est le cas de la Turquie ou de la Russie, qui ont depuis longtemps eu des relations
culturelles et politiques étroites (par exemple, Henri Ier de France épousa Anne de Kiev en 1051, ou encore
l'Alliance franco-ottomane qui dura du XVIe au XIXe siècle) avec l'Europe de l'Ouest. Le Japon est lui aussi
un exemple de nation difficilement assimilable exclusivement à l'une ou l'autre de ces deux catégories.
L'Occident peut aussi inclure l'Amérique latine, où l'on pratique le christianisme et où l'on parle des langues
européennes (espagnol et portugais surtout) ; certains de ces pays sont même essentiellement peuplés de
descendants d'Européens de culture latine (Argentine, Brésil, Chili, Uruguay…).
A l'heure actuelle donc, les limites géographiques de l'Occident sont très floues et dépendent de ce que la
personne qui l'emploie lui donne comme signification. Cette dernière varie donc grandement d'un auteur à
l'autre, d'un journaliste à l'autre, d'un politicien à l'autre. Il faut également être conscient de la tendance actuelle
à calquer la vision contemporaine de l'Occident à des périodes plus anciennes, ce qui est une erreur. Claude
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Prudhomme cite notamment l'exemple de Charlemagne, à qui certains auteurs donnent le titre d'Empereur
d'Occident au lieu du titre utilisé à son époque, qui était empereur des Romains. De même, on parle dans les
années 1960 de civilisation occidentale ou d'Occident médiéval à propos du Moyen Âge en Europe de l'Ouest,
ce qui a le net avantage de faire référence à un territoire doté de traits sociaux et politiques relativement
homogènes à l'époque car regroupant les territoires récemment contrôlés par l'Empire carolingien. Cependant,
il est nécessaire de remettre en question ce postulat d'un Occident dont on pourrait suivre l'histoire qui serait
continuelle et harmonieuse à travers les âges. Les délimitations actuelles de l'Occident ne sont donc pas claires
et dépendent de l'usage commun des débats et enjeux politiques et idéologiques liés à ce terme
et dépendent de l usage commun, des débats et enjeux politiques et idéologiques liés à ce terme.
Actuellement
Outil fort mobilisé pour penser la mondialisation, le terme « Occident » dans son utilisation courante est
souvent marqué d'une majuscule. Avec la minuscule celui-ci renvoie à une situation géographique, d’un
positionnement à l’ouest par rapport à une autre région, un autre emplacement. C’est donc souvent son dérivé
occidental qui est employé dans ce cas, comme pour désigner un humain. L’exemple de l’Empire romain
d'Occident, bien que ce nom ne fut jamais utilisé par ses contemporains qui utilisaient Empire des Romains,
illustre non seulement un positionnement géographique, mais déjà une notion politique. Cette dimension
politique est celle qui prévaut aujourd’hui dans le langage courant. L’usage du mot continue à s’imposer dans
le discours politique, les sciences politiques, l’histoire et la géographie. L’utilisation de Occident avec
majuscule renvoie à l’Europe ainsi qu'à l'Amérique du Nord et plus généralement aux membres de
l’Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN). C’est donc un point de vue politique et dans une
moindre mesure culturel. Occident est, comme Orient, ce que Georges Corm, un économiste et historien du
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Proche-Orient, appelle une méga-identité . Souvent utilisée dans les médias et les discours politiques pour
l’opposer par exemple au pays en voie de développement, à l’Islam ou aux pays du Moyen-Orient, la notion
d’Occident décrit donc l’Europe de l’Union européenne, le Canada et les États-Unis, l'Australie et la
Nouvelle-Zélande, présentés dans ce cas comme un monde occidental homogène, démocratique, développé et
chrétien dans sa majorité. C’est une construction géopolitique et culturelle.
L'entrée « occident » semble manquer dans plusieurs ouvrages de référence, notamment historiques ou
géographiques. Parmi d'autres, citons quelques principaux: le Dictionnaire de géographie et de l'espace des
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sociétés , l'ouvrage Les Concepts de la géographie humaine ou le Dictionnaire de l'histoire, le Petit
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Mourre . Est-ce par simple lacune académique, par souci de clarté à propos d'un terme qui ne détient pas
qu'une seule signification ? Peut-être est-ce parce qu'il s'agit d'une notion galvaudée et qui est trop utilisée pour
en défendre la définition ? Quoi qu'il en soit, il paraît intéressant à relever cette lacune à propos d'un terme qui
est sans cesse mobilisé aujourd'hui. Cela est peut-être expliqué par le fait que le seul Occident qui soit
justifiable d'un point de vue général est le bloc géopolitique et idéologique qu'il constitue, car au niveau des
cultures, des valeurs et de l'histoire les situations particulières des pays qu'englobe cet ensemble sont difficiles à
concilier avec la notion d'un Occident unifié au sens géographique, religieux ou culturel.
Vu d’ailleurs
Bien que ce soit l’Europe qui, dans sa construction historique, a principalement participé à entretenir cette
étiquette d’Occident moderne et avancé, par rapport à d’autres régions qui s’en démarquaient du point de vue
culturel, idéologique, politique, confessionnel, les pays non compris dans cette aire géographique participent à
cette catégorisation. À l’heure où l’histoire récente a montré le rôle d’une Europe occidentale puissante et
moderne dans la dynamique des interventions militaires, scientifiques et religieuses dans de nombreuses
régions de la planète, il faut constater qu'Occident devient aussi une catégorie (ré)utilisée par les pays qui ne
s’y incluent pas, afin de s’en démarquer, afin de revendiquer certains droits ou dénoncer des pratiques
occidentales qui les menacent. Notamment dans les régions colonisées où l’homme occidental, perçu comme
barbare et étranger s’impose avec des valeurs et des pratiques différentes et exerce inévitablement une
influence sur les populations partagées entre le rejet de l'envahisseur, la fascination pour la nouveauté ou
l'ambition d'en tirer profit. C’est souvent en tant que victimes que les personnes concernées par le clivage
Occident - reste du monde discutent de cette partie du globe située à l'Ouest de manière générale [réf. nécessaire].
C’est donc un processus qui va dans les deux sens et qui participe de ce besoin de s’identifier en s’opposant à
un autre monde, à une autre vision du monde.
La persistance du terme Occident est d'ailleurs un point de clivage important, qui empêche souvent l'abandon
total des ressentiments et idées préconçues issues de la colonisation, d'un côté comme de l'autre. Les
intellectuels occidentaux en particulier jouent de ce concept à une époque où la bulle historique créée par la
intellectuels occidentaux en particulier jouent de ce concept, à une époque où la bulle historique créée par la
Révolution industrielle qui avait permis à l'Europe (ne représentant que 6% des terres émergées) de prendre le
contrôle du reste du monde tend à se résorber, pour tenter de justifier une domination persistante de l'Occident
et une place essentielle dans la culture, la philosophie et l'histoire de l'humanité. Dans ce sens, il faut souligner
28
l'idée d'Edward Saïd qui affirme que l'Orient est lui-même une pure construction issue du monde occidental .
Prudhomme dit également que lorsque l’Occident prétend ne plus savoir ce qu’il est, les autres viennent lui
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rappeler ce qu’il représente pour eux . L'idée d'Occident à l'heure actuelle entretient donc le clivage entre
pays développés (et anciennes puissances coloniales) et pays dits "émergents", en entretenant les premiers dans
une vision mythifiée et héroïque de leur passé et de leur civilisation, en confinant les seconds à un rôle
subalterne dans l'héritage culturel, religieux et philosophique de l'humanité et en leur refusant une place dans la
grande histoire du monde (le terme émergent donnant l'impression, comme le terme Nouveau Monde, que les
pays n'existaient pas avant leur "découverte" par les Européens).
L'Occident conserve une influence considérable dans le monde actuel, sur le plan politique, économique et
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culturel . Sur les dix premières puissances économiques mondiales en 2010, six sont des pays occidentaux
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voire huit si l'on compte le Brésil et la Russie . À eux deux, l'Union européenne et les États-Unis
représentaient la moitié du PIB mondial à cette date. Cependant, son poids dans l'économie mondiale ne cesse
de s'amenuiser depuis le Premier choc pétrolier, avec l'émergence économique de rivaux à son hégémonie tels
que la Chine, l'Inde ou encore l'Indonésie. Ainsi, en 2018, l'Inde est passée devant le Royaume-Uni et la
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France au niveau du PIB nominal, et la Chine se rapprochait des États-Unis au niveau du PIB nominal. Pour
le PIB PPA, un indice du FMI tenant compte du coût de la vie dans les pays concernés, l'écart est encore plus
grand. La Chine est en 2016 la plus grande puissance économique mondiale, l'Inde 3e, et les pays
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« occidentaux », en incluant le Japon, ne représentent plus que cinq des dix plus grandes économies .
L'Occident est donc en train de perdre lentement mais sûrement sa prééminence économique, au profit d'une
répartition des richesses, ou du moins de la production, plus juste à l'échelle de la planète. Cependant, son
influence culturelle et idéologique reste très présente, en premier lieu parmi les Occidentaux, et il bénéficie en
outre de sa position de rédacteur et vigile principal du droit international et de ses trois sièges permanents au
Conseil de sécurité des Nations unies sur le plan géopolitique. S'il est donc difficile de quantifier l'influence
exacte de l'Occident dans le monde à l'heure actuelle, il est certain qu'elle demeure très
importante [réf. nécessaire].
Notes et références
1. (en) Samuel P. Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, Simon
& Schuster, 2011, p. 151–154. (ISBN 978-1451628975).
2. Ainsi, chez des auteurs comme Kipling ou Maurois.
3. Dictionnaire Hachette, édition 2006, entrée « occident » : « 3 (avec une majuscule) Ensemble
des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord ».
4. Dictionnaire Petit Robert, édition 1993, entrée « occident » : « 3 POLIT L’Europe de l'Ouest, les
États-Unis et, plus généralement, les membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord
(OTAN). La défense de l'Occident (autrefois opposé à Est, pays de l'Est) ».
5. Rouquié, Alain., Amérique latine : introduction à l'Extrême-Occident, Ed. du Seuil, 1998
(ISBN 2-02-020624-2 et 9782020206242,
OCLC 40398358 (https://worldcat.org/oclc/40398358&lang=fr), lire en ligne (https://www.worldc
at.org/oclc/40398358)).
6. Cette étymologie est utilisée par le philosophe Oswald Spengler dans son œuvre de synthèse
historique Le Déclin de l'Occident qui contribue à assimiler occident et civilisation.
7. Hakim Karki et Edgar Radelet, Et Dieu créa l'occident : la place de la religion dans la
conceptualisation de la notion d'Occident, L'Harmattan, 2001 (lire en ligne (https://books.googl
co ceptua sat o de a ot o d Occ de t, a atta , 00 ( e e g e ( ttps //boo s goog
e.com/books?id=qhhtQ9FoVsoC&pg=PA183&dq=occident+%2B+%22soleil+tombant%22)),
p. 182.
8. Claude Prudhomme, « Occident », in Christin, Olivier (dir), Dictionnaire des concepts nomades
en sciences humaines, Éditions Métailié, Paris, 2010, p. 360.
9. Ambroise Queffélec, Le français en Algérie : lexique et dynamique des langues, De Boeck
Supérieur, 2002 (lire en ligne (https://books.google.com/books?id=28CA67Tr4X0C&pg=PA491
&dq=roumi+%2B+occidental)), p. 491.
10. Claude Prudhomme, « Occident », in Christin, Olivier (dir.), Dictionnaire des concepts nomades
en sciences humaines, Éditions Métailié, Paris, 2010, p. 357.
11. Jean-Christophe Victor, « Occident, l'Empire du soleil couchant ? (http://www.arte.tv/fr/392,CmC
=396,view=maps.html) », Le Dessous des cartes, mars 2011
12. Pierre Bayle (préface), Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots françois,
tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences et des arts, Rotterdam, 1690,
(posthume).
13. Testot, Laurent, « Comprendre l'hégémonie occidentale », in « L'ascension de l'Occident. Un
débat historique », Sciences humaines, coll. « Les Grands Dossiers », no 12, 2008.
14. Georges Corm, L’Europe et le mythe de l’Occident – la construction d’une histoire, La
Découverte, Paris, 2008, p. 17
15. Brunet, R., Ferras, R., Théry, H., Les Mots de la géographie – dictionnaire critique, Reclus – La
Documentation française, Paris, 1993, p. 356 ?
16. Leila Marchand, « Plus de la moitié des Français ne se réclament d'aucune religion », Le
Monde, 7 mai 2015 (lire en ligne (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/05/07/une-
grande-majorite-de-francais-ne-se-reclament-d-aucune-religion_4629612_4355770.html),
consulté le 30 mai 2019).
17. « Les religions aux États-Unis », La Croix, 19 janvier 2009 (ISSN 0242-6056 (http://worldcat.or
g/issn/0242-6056&lang=fr), lire en ligne (https://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Les-religions
-aux-Etats-Unis-_NG_-2009-01-19-530164), consulté le 30 mai 2019).
18. Marcel Gauchet, Le Monde, 13 mars 2006.
19. Claude Prudhomme, « Occident », in Christin, Olivier (dir), Dictionnaire des concepts nomades
en sciences humaines, Éditions Métailié, Paris, 2010, p. 350.
Il s’inspire aussi d’écrits de Weber.
20. Histoire de la civilisation occidentale - La période médiévale (476-1492) (http://faculty.marianop
olis.edu/c.belanger/civilisation/moyenage/index.htm)
21. La Civilisation de la Renaissance (http://leaule.com/culture/delumeau-civilisation-renaissance/)
22. À noter que dans le cas de la Guerre froide, il est plus courant d'utiliser l'opposition Est-Ouest
plutôt qu'Orient-Occident. Est-ce dû aux limites linguistiques du français par rapport aux
langues germaniques ou est-ce du fait que le bloc communiste ne correspond pas à la
définition stéréotypée d'Orient ?
23. Prudhomme, Claude, « Occident », in Christin, Olivier (dir), Dictionnaire des concepts nomades
en sciences humaines, Éditions Métailié, Paris, 2010, p. 353
24. Corm, Georges, L’Europe et le mythe de l’Occident – la construction d’une histoire, La
Découverte, Paris, 2008
25. Lévy, Jacques, Lussault, Michel, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés,
Belin, Paris, 2003.
26. Bailly, Antoine (Dir), Les Concepts de la géographie humaine, Armand Colin, Paris, 2005.
27. Michel Mourre, Dictionnaire de l'histoire. Le Petit Mourre, Larousse, Paris, 2001.
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Voir aussi
Bibliographie
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« L'Occident est-il fini ? », Courrier international, hors-série, février-mars-avril 2011.
Articles connexes
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Liens externes
Le sens de l'Occident au XXIe siècle (http://www.rsr.ch/#/info/les-points-forts/2901430-le-sens-
de-l-occident-au-21e-siecle.html)
L’Occident est-il fini ? (https://www.courrierinternational.com/magazine/2011/2011-2-l-occide
nt-est-il-fini)
Occident, l'empire du soleil couchant ? (http://www.arte.tv/fr/semaine/244,broadcastingNum=
1255925,day=1,week=32,year=2011.html), émission Le dessous des cartes sur Arte
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