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TABLE DES MATIERES:

PREFACE ....................................................................................................................................... 4

INTRODUCTION .......................................................................................................................... 6

CHAPITRE I................................................................................................................................. 11

L’histoire de la famille de Basile. Sa naissance et son enfance. ............................................................. 11


CHAPITRE II ............................................................................................................................... 18

Son voyage et son arrivée à Constantinople. Les premiers efforts de Basile dans la capitale de l’Empire.
................................................................................................................................................................ 18
CHAPITRE III .............................................................................................................................. 23

Basile dans l’entourage impérial de la cour de l’empereurMichel III..................................................... 23


CHAPITRE IV .............................................................................................................................. 29

Les relations entre Basile et césar Vardas. .............................................................................................. 29


CHAPITRE V L’assassinat de l’empereur Michel III et l’ascension au pouvoir de Basile Ier. ... 32

CHAPITRE VI .............................................................................................................................. 37

Les efforts de l’empereur Basile Ier pour s’auto-légitimer. .................................................................... 37


CHAPITRE VII ............................................................................................................................ 45

Phôtios, Léon VI et leurs efforts pour légitimer Basile Ier et la dynastie macédonienne. ............ 45

CHAPITRE VIII ........................................................................................................................... 50

L’image de Michel III dans la Vie de Basile comme un moyen de légitimation. ................................... 50
CHAPITRE IX .............................................................................................................................. 53

L’image de Basile Ier et la comparaison avec le David biblique et Constantin Ier. ............................... 53
CHAPITRE X ............................................................................................................................... 57

Les efforts de Constantin VII Porphyrogénète pour légitimer Basile Ier. .............................................. 57

1
La Vie de Basile, le VIème livre de la Continuation de Théophane, comme un moyen de légitimation.
................................................................................................................................................................ 57
CHAPITRE XI .............................................................................................................................. 64

La légitimation matérielle du fondateur de la dynastie macédonienne .................................................. 64


CONCLUSIONS........................................................................................................................... 72

BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................ 76

A. SOURCES:......................................................................................................................................... 76
B. LITTÉRATURE SECONDAIRE : .................................................................................................... 79
ΑNNEXE ...................................................................................................................................... 86

2
 Photos des couvertures tirées de:

SCYLITZAE Ioannis, Synopsis Historiarum, Codex Matritensis Graecus VITR. 26-2 (Fascimile

edition), scientific consultant Tselikas Agamemnon, Athènes 2000, papiers 83 et 105.

 Photos des monnaies et tableau tirées de :

MORRISSON Cécile, Catalogue des monnaies byzantines de la Bibliothèque Nationale, tome

deuxième de Philippicus à Alexis III (711-1204), Paris 1970.

 Carte de Constantinople tirée de :

CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, Η Βιογραφία του αυτοκράτορα Βασιλείου Α’

του Μακεδόνος από τον εστεμμένο εγγονό του, Introduction-traduction-commentaires, Christina

Sideri, Athènes 2010.

3
PREFACE

L’empire byzantin, pendant son histoire millénaire, connut beaucoup de dynasties et

divers empereurs. Certains empereurs accédèrentau trône impérial pacifiquement, tandis que

d’autres fondèrent leur royaume dans un contexte d’assassinats.

Pendant la période turbulente des années 811-867, l’ordre impérial fut perturbé par les

démissions ou les assassinats des empereurs byzantins. Ces conflits politiques et personnels

aigus furent causés par des fortes personnalités et donnèrent souvent lieu à l’élimination

physique des opposants.

Un exemple typique en est le fondateur de la dynastie macédonienne, Basile Ier. Il

parvint à accéder au trône impérial et à inaugurer, à travers sa nouvelle dynastie, une période

extraordinaire pour Byzance, suite à l’assassinat d’abord de césar Vardas et, après celui-ci, du

dernier descendant de la dynastie amorienne, l’empereur Michel III.

Par la manière dont Basile accéda au trône impérial, il marqua sa légitimation à travers

des actes précis que les autres descendants utilisèrent également dans le même objectif. Le but

de ce mémoire est la démonstration de ces moyens mais aussi de leur nécessité.

Je voudrais en ce lieu remercier les professeurs d’Histoire Byzantine de l’Université Paris

IV Sorbonne, Monsieur Jean-Claude Cheynet et surtout ma directrice Madame Béatrice Caseau-

Chevallier, qui m’ont inspiré le thème de ce mémoire et qui ont contribué à sa réalisation. Je

4
remercie également Madame Sophie Métivier, professeur d’Histoire Byzantine à l’Université

Paris I Panthéon Sorbonne, pour ses commentaires et ses conseils précieux.

Je remercie aussi mes professeurs de la Faculté des lettres (surtout du Département

d’Histoire et d’Archéologie) de l’Université Nationale et Capodistrienne d’Athènes pour les

notions qu’ils m’ont donné, mais aussi mes professeurs de langue française pour la correction de

ce mémoire. Je voudrais particulièrement remercier Monsieur Dimitris Theodoropoulos,

architecte, pour la création de la couverture, Madame Maria Rouziou, docteur en Marketing,

Monsieur Athanasios Paivanas, mathématicien et professeur de musique byzantine, ainsi que

tous mes amis pour leur aide et leur soutien sans faille.

Enfin, je voudrais mentionner ma famille et surtout mes parents Petros Kantikas et Maria

Paivana qui soutiennent mes pas de tout leur amour et leur force.

5
INTRODUCTION

La politique dynastique des premiers empereurs macédoniens-Basile Ier (867-886), Léon

VI (886-912) et Constantin VII Porphyrogénète (913-959) -peut paraître chaotique lorsqu’on

l’étudie à travers les événements des règnes, mais elle se dessine avec une parfaite netteté dans le

monde de la sainteté, ce monde invisible mais tout proche où se nouent les seules alliances

sûres1. Comme nous allons levoir dans ce mémoire, la dynastie macédonienne doit son nom à

son fondateur, Basile Ier. Afin de réussir son ascension au trône impérial, il n’hésita jamais à tuer

quiconque se dressait contre ses objectifs et ses ambitions. Il réussit à devenir, en peu de temps,

parakimomène (παρακοιμώμενος) de l’empereur Michel III, césar et coempereur de Michel.

Quand les conspirateurs, qui agirent selon le projet de Basile, assassinèrent Michel, Basile, en

tant que coempereur était déjà le successeur légitime et l’empereur. Il fut proclamé monocrator

au Forum de Constantin selon la norme officielle et sa couronne fut bénie par le Patriarche.

En raison de ses origines modestes, mais aussi à cause de la manière sanglante par

laquelle il accéda au trône, ses successeurs et ses descendants, et surtout son petit-fils Constantin

VII, créèrent plusieurs mythes autour de sa personnalité dans le cadre de la propagande

macédonienne. Sur la base de ce qui précède et des mythes qui entourent sa naissance, ses

successeurs ont essayé de légitimer la dynastie et de justifier l’assassinat de Michel, accusant

ainsi le dernier empereur de la dynastie amorienne. Mais Basile était empli de bonne volonté à

son propre égard et par conséquent son image devrait être proportionnelle à sa gloire. Il sera

dépeint comme un vainqueur glorieux et triomphant. L'empereur ne fut jamais un saint dans la
1
DAGRON G., Empereur et prêtre, Études sur le “césaropapisme” byzantin, Paris 1996, p. 24.

6
conscience de l'Église parce qu'il n’y avait aucune preuve de sa sainteté. Dans la conscience des

gens?

En légitimant le fondateur, on légitime le successeur. Ceci est illustré par des pièces de

monnaie, des manuscrits et des sceaux. Sur cette base, on peut conclure que les efforts visant à

consolider la continuité dynastique ne peuvent pas être contestés. Il apparaît clairement que la

dynastie devait avoir des enfants de sexe masculin le plus tôt possible, afin d’assurer rapidement

la continuité du trône.

Ceci est visible lorsque, en 867, Basile le Macédonien met fin à la “dynastie amorienne”

en assassinant Michel III, et fonde lui-même ce qu’il est convenu d’appeler la plus longue

“dynastie” de l’histoire byzantine, puisquelle a été perpétuée par des femmes, jusqu’en 1056.

L’empereur ne s’insère pas dans une institution existante: il entend la rénover afin de fonder avec

ses enfants un nouveau régime. Les sources affirment clairement qu’il s’agissait d’une prise de

pouvoir familiale: “Quand Basile se fut emparé du pouvoir romain avec ses fils…”2. “Cependant

le Ier siècle de la dynastie macédonienne voit s’affermir la puissance byzantine sur tous les

fronts. Basile n’était pas lui-même un général talentueux, faute d’expérience, et les campagnes

qu’il a conduites personnellement n’ont pas donné de grands résultats, mais ses généraux furent

plus heureux.3”

Il est vrai, cependant, que les successeurs de Basile furent très souvent confrontés à des

problèmes de légitimité et de contestation de leur pouvoir. Agissant comme des figures de proue

et choisissant judicieusement des conseillers, ils réussirent à maintenir en vie la dynastie de 867 à

2
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 52.
3
CHEYNET J.-Cl., Le monde byzantin, l’empire byzantin 641-1204, tome 2, Paris 2006, p. 23.

7
1056. Basile II ne se maria jamais et Constantin VIII ne se soucia pas de donner les compétences

nécessaires à ses filles porphyrogénètes pour que cette dynastie reste au pouvoir.

C’est un fait indéniable que cette dynastie accomplit un énorme travail dans tous les

domaines de la vie de l’empire. Elle avait des empereurs compétents, certains, grâce à leur action

politique et militaire et d’autres, grâce à leur action littéraire et législative, qui donnèrent à

Byzance et, de façon générale, à l’humanité, la Renaissance Macédonienne.

Il est évident que Basile fut accueilli d'abord avec scepticisme par une opinion générale

négative, en raison de l’assassinat sans dissimulation de Michel III, qui était son mentor. Par

conséquent, il est raisonnable d'avoir voulu cultiver et afficher une nouvelle image de l'empereur,

qui constituerait ainsi une nouvelle réalité. En général, l’idée de la légitimation pendant

l’histoire de l’empire byzantin a été developpée sur la base du contexte de l’Ancien Testament et

de l’exemple de Moïse, un exemple idéal de legislateur universel. “D’assumer la position de

législateur et de vanter les vertus civilisatrices de lois, les empereurs isauriens et macédoniens

appelés Isaïe ou Salomon dans les préambules de l’Ecloga et Prochiron.4”

Comme cela a déjà été mentionné, le but de ce mémoire est de prouver les moyens de

légitimation du fondateur de la dynastie macédonienne, Basile Ier. Le mémoire va être ordonné

de la manière suivante. Tout d’abord, nous allons examiner l’histoire de la famille de Basile, sa

naissance et son enfance; puis son voyage et ses premiers efforts dans l’entourage de

Constantinople et du Palais royal jusqu’à ce qu’il soit proclamé coempereur; Puis nous nous

intéresserons à la période ayant suivi l’assassinat de l’empereur Michel III et la proclamation de

Basile comme empereur; Pour finir, nous étudierons les efforts de Basile lui-même, de patriarche

4
DAGRON G., “Lawful Society and Legitimate Power: Ἔννομος πολιτεία, ἔννομος ἀρχή”, Law and Society on
Byzantium: Ninth-Tweltfth Centuries, éd. Angeliki E. Laiou et Dieter Simon, Washington 1994, p. 35-36.

8
Phôtios, de Léon VI et de Constantin VII pour sa légitimation. Ainsi, il s’agira de prouver le but

de la légitimation du fondateur de la dynastie macédonienne.

Dans l’introduction, il faut souligner certaines choses qui concernent les sources et les

ouvrages généraux au sujet de la dynastie macédonienne et surtout son fondateur, Basile Ier. Les

ouvrages généraux sont très utiles pour mieux comprendre cette période et pour être certains des

événements historiques. Cependant si toutes les sources ne traitent pas de la légitimation du

fondateur, elles sont néanmoins intéressantes afin de nous présenter la période qui est examinée;

les sources sont répertoriées dans la bibliographie. Dans ce mémoire, les auteurs et ouvrages

principalement utilisés sont Joseph Genesius, Ioannis Scylitzae et principalement la Vie de

Basile (le VIème livre de la Continuation de Théophane). Ce sont leur traduction en anglais et

aussi en grec moderne qui ont été employées, et elles sont mentionnées dans la bibliographie.

Tout au long des chapitres du mémoire nous citerons le résumé en français et, en bas de page, le

texte en grec ancien (grec médiéval). En ce qui concerne les autres sources, celles qui sont citées

sont la Chronographia (Χρονογραφία) de Léon Grammaticus et le Chronicon (Χρονικὸν) de

Symeon Magister. Ces deux auteurs byzantins, mais surtout Symeon sont plus objectifs lors de la

narration des événements historiques sur la fin de la dynastie amorienne et le début de la dynastie

macédonienne.

L’auteur antique Lucien de Samosate, dans son œuvre “Comment il faut écrire l’histoire”

(“Πῶς δεῖ ἱστορίαν συγγράφειν”), écrit que l’histoire ne peut jamais supporter la menterie (“ἡ δὲ

οὐκ ἄν τι ψεῦδος ἐμπεσὸν ἡ ἱστορία οὐδὲ ἀκαριαῖον ἀνάσχοιτο”)5. Fidèle à ces mots, et sur la

5
LUCIEN, Πῶς δεῖ ἱστορίαν συγγράφειν, Introduction-Traduction-Commentaires Vasilios Tsakatikas, Athènes 1997,
chapitre 7, 5-6.

9
base des caractéristiques de l’historien objectif et idéal comme le présente Lucien6, nous

étudierons les moyens de légitimation du fondateur de la dynastie macédonienne, Basile Ier.

6
LUCIEN, Πῶς δεῖ ἱστορίαν συγγράφειν, op. cit., chapitre 41, 8-15 (“Τοιοῦτος οὖν μοι ὁ συγγραφεύς. ἔστω ἄφοβος,
ἀδέκαστος, ἐλεύθερος, παρρησίας καὶ ἀληθείας φίλος, ὡς ὁ κωμικός φησίν, τὰ σῦκα σῦκα, τὴν σκάφην δὲ σκάφην
ὀνομάσων, οὐ μίσει οὐδὲ φιλίᾳ νέμων οὐδὲ φειδόμενος ἢ ἐλεῶν ἢ αἰσχυνόμενος ἢ δυσωπούμενος, ἴσος δικαστής,
εὔνους ἅπασιν ἄχρι τοῦ μὴ θατέρῳ τι ἀπονεῖμαι πλεῖον τοῦ δέοντος, ξένος ἐν τοῖς βιβλίοις καὶ ἄπολις, αὐτόνομος,
ἀβασίλευτος, οὐ τί τῷδε δόξει λογιζόμενος, ἀλλὰ τί πέπρακται λέγων.”).

10
CHAPITRE I

L’histoire de la famille de Basile.

Sa naissance et son enfance.

“L’origine de Basile, l’état de sa famille, ainsi que ses premiers pas, sont entourés

d’épaisses ténèbres. Même son petit-fils, Constantin Porphyrogénète, n’a pas réussi à percer ces

ténèbres, lui qui adorait son aïeul et il a fait de son mieux pour mettre son passé en pleine

lumière.7”

La dynastie macédonienne doit son nom à son fondateur Basile Ier. Basile naquit dans un

village d’Edirne (Adrianople) qui appartenait à la Macédoine et c’est la raison pour laquelle on

lui donna le surnom de macédonien8. Andreas Schminck mentionne que la question se pose de

savoir si et comment Basile était originaire de Macédoine. Dans l’antiquité et aux temps

modernes, Edirne appartenait à la Thrace, mais tous les chercheurs s’accordent pour affirmer

qu’à l’époque de l’empire byzantin, Edirne (Adrianople) était la capitale du thème (θέμα) de

Macédoine. Constantin mentionne le nom de cette ville trois fois dans La Vie de Basile, mais

dans aucun de ces cas il n’est indiqué ou justifié qu’Edirne (Adrianople) appartenait à la

Macédoine. Au contraire, le “communis opinio” est basé sur des passages d’auteurs tels que

7
ADONTZ N., “L’âge et l’origine de l’empereur Basile I (867-886)”, Byzantion 8, Bruxelles 1933, p. 476.
8
pour ce thème voir, CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, Ἡ Βιογραφία τοῦ αὐτοκράτορα Βασιλείου Α΄
τοῦ Μακεδόνος ἀπὸ τὸν ἐστεμμένο ἐγγονὸ του, Introduction-traduction-commentaires, Christina Sideri, Athènes
2010, p. 334.

11
Pseudo-Symeon Magistros9. À cause des ces versions différentes, il est difficile pour le

chercheur de parvenir à une conclusion sûre et précise sur la raison pour laquelle Basile possède

ce surnom.

Quoique Basile soit né10 dans la partie occidentale de l’Empire11, il apparaît clairement

que Basile était issu d’Arménie12. En général, les informations sur la famille sont également

vagues, car on a très peu d’éléments concernants sa mère et son père. L’œuvre de son petit-fils

Constantin VII, la Vie de Basile, nous donne plus de détails sur ses ancêtres; A noter que nous

ne connaissons pas les noms de ses parents13. Adontz dit que “il n’est pas arrivé, malgré tout, à

connaître ou à nous faire connaître le nom du père de Basile. Peut-être y avait-il quelque raison

pour cacher son nom, ainsi que la situation de sa famille”14.

Les auteurs qui écrivent l’histoire de la dynastie macédonienne et surtout de Basile dans

le domaine de la propagande macédonienne, présentent une image glorieuse des ancêtres de

Basile, car leur but était sa légitimation comme empereur. En outre, il leur tient à cœur

d'améliorer l'image de l'empereur, en raison de la façon dont il a accédé au trône impérial. Εn

même temps, cette idéologie contribuera à la formation de la mentalité collective et empêchera la

rupture de l'équilibre dynastique qui fut imposé pour la première fois à Byzance par les

9
SCHMINCK A., “The beginnings and origins of the Macedonian dynasty”, Byzantine Macedonia, Identity Image
and History, Melbourne 2000, p. 67.
10
SCYLITZAE I., Σύνοψις Ἱστοριῶν, chapitre 1, 60-64 (“ἤνεγκε τοίνυν ἡ τῶν Μακεδόνων χώρα αὐτόν, εἷλκε δὲ τὸ
γένος ἐξ Ἀρμενίων, ἐκ πάνυ λαμπρᾶς καταγόμενος τῆς τῶν Ἀρσακιδῶν σειρᾶς, ἐξ ἧς μόνης νόμος ἦν βασιλεύεσθαι
Πάρθους καὶ Μήδους καὶ Ἀρμενίους διὰ τὸ κλέος τοῦ πρώτου Ἀρσάκου”) et CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος
Βασιλείου, op. cit., chapitre 2, 2-4 (“αὐτοκράτωρ Βασίλειος ὡρμᾶτο μὲν ἐκ τῆς Μακεδόνων γῆς, τὸ δὲ γένος εἷλκεν
ἐξ Ἀρμενίων ἔθνους Ἀρσακίων”).
11
pour ce thème voir aussi TOBIAS N., Basil I, the founder of the Macedonian dynasty : a study of the political and
military history of the Byzantine Empire in the ninth century, Rutgers University. 1969, p. 33-34.
12
TOUGHER S., The reign of Leo VI (886-912), Politics and people, Brill, Leiden-New York-Köln 1997, p. 26.
13
ibid., p. 26.
14
ADONTZ N., “L’âge et l’origine”, op. cit., p. 476.

12
Macédoniens15. Le patriarche Phôtios fut celui qui commença cette tendance laudative

concernant la famille de l’empereur. Il fut ainsi l’inspirateur de l’arbre généalogique que nous

verront par la suite. Après qu'il eut été exilé par Basile, Phôtios essaya de l'apaiser par tous les

moyens. L'objectif du patriarche était d'apaiser l'empereur afin qu’il soit rappelé au trône

patriarcal16. Mais, l’idée dynastique, qui est directement liée à Constantin Ier, était de Constantin

VII Porphyrogénète17. Léon VI, lors des funérailles de son père, lui rattache un passé familial

illustre et royal.

En général ils nous informent que Basile descend des rois arméniens, perses et assyriens

ainsi que de Philippe, d’Alexandre et de Constantin18. Il semble donc que Basile était issu d’une

famille dont les racines remontaient à des personnalités du passé et d’une histoire ancienne et

brillante. Il semble très important que, comme nous le verrons plus loin, les origines de Basile

n’aient pas seulement été Grèce Antique mais aussi en Arménie.

Selon Dagron, “sans doute ses panégyristes fabriquent-ils au parvenu Basile Ier une

filiation royale remontant aux Arsacides et à Artaxerxés, et par eux à Constantin le Grand”19.

Tougher mentionne la même chose en ce qui concerne ce thème20. Le biographe de Basile dans

la Vie de Basile, mentionne que Basile descendit du côté de son père des Arsacides d’Arménie,

tandis que sa mère se vanta de sa parenté avec Constantin Ier et de ses origines chez Alexandre le

15
MARKOPOULOS A., “ Οι μεταμορφώσεις της μυθολογίας του Βασιλείου Α΄”, V. A. Leontaritou/ K. A.
Mpourdara / E. S. Papagianni (eds.), Antecessor: Festschrift für Spyros N. Troianos zum 80. Geburtstag. Athènes
2013, p. 947.
16
ibid., p. 954.
17
AHRWEILER-GLYKATZI H., “Ο Κωνσταντίνος Ζ΄ Πορφυρογέννητος και η Κωνσταντίνεια ιδεολογία”,
Κωνσταντίνος Ζ΄ ο Πορφυρογέννητος και η εποχή του, Athènes 1980, p. 3.
18
VOGT A., Basile Ier, empereur de Byzance (867-886) et la civilisation byzantine à la fin du IXe siècle, Paris,
1908, p. 22.
19
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 56.
20
TOUGHER S., The reign of Leo VI, op. cit., p. 25, mais pour ce thème voir aussi: SCHMINCK A., “The beginnings
and origins of the Macedonian dynasty”, op. cit., p. 65 et 67.

13
Grand21. Cependant, l'origine rapportée de Basile n'avait aucun rapport avec la réalité et elle fut

considérée comme un produit de l'imagination22.

Constantin Ier était l’Empereur, selon les byzantins, le rex perpetuus c’est à dire

l’exemple de la pensée politique byzantine. Il était essentiellement le modèle idéal pour tous les

empereurs de Byzance, quelle que soit la période. En général, les auteurs présentent l’humble

origine de Basile, mais ensemble, ils mettent l’accent sur la postérité royale de Basile, avec un

style distinctif.

En ce qui concerne la chronologie de la naissance de Basile les chercheurs ne sont pas du

même avis. Ainsi, ils proposent quatre dates différentes23. Selon la Vie de Basile, Basile naquit

avec une barrette autour de ses cheveux, tandis que sur ses vêtements il y avait des traces de

couleur rouge (violet)24. Ces informations prouvent, d’après les écrivains qu'il était destiné par

Dieu à être empereur. Quand il était petit enfant, sa famille fut capturée par les Bulgares; de

nombreux membre de la famille de Basile furent martyrisés en raison de leur foi orthodoxe.

Dans la Vie de Basile, Constantin VII exagère ce fait, car il pense que Basile tenait à l’évocation

de cet évènement25.

L’auteur de la Vie de Basile rapporte aussi un fait qui avait eu lieu à la fin de la captivité

des Chrétiens par les Bulgares. Le seigneur bulgare vit le petit Basile, pour qui il ressentait une

familiarité particulière. Le Bulgare offrit une pomme à Basile, ce qui fut considéré comme le

21
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 58-59 et p. 334-335.
22
MARKOPOULOS A., “Κύρου Παιδεία και Βίος Βασιλείου, ένας πιθανός συσχετισμός”, Σύμμεικτα 15, Athènes
2002, p. 101.
23
pour ce thème voir, CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 333-334.
24
ibid., chapitre 3, 35-37 (“ταινία τε γὰρ κοκκοβαφὴς παρὰ τὴν πρώτην ἔκφυσιν τῶν τριχῶν ἑωρᾶτο περὶ τὴν
κεφαλήν, καὶ περὶ τὰ σπάργανα πορφύρεα βάμματα).
25
ibid., chapitre 4, 27-30 (“καὶ οὕτω συνέβη πολλοὺς τῶν τοῦ Βασιλείου συγγενῶν μαρτυρικῆς εὐκλείας τυχεῖν, ὡς
μηδὲ τῆς ἐντεῦθεν σεμνότητος αὐτὸν ἀμοιρεῖν”).

14
symbole de la sphère, un symbole de la puissance de Dieu placée dans les mains d’un empereur,

ce qui prouve qu’il s’agit d’un empereur26. L’auteur de la Vie de Basile n’hésita pas de

mentionner que le petit enfant révéla sa bonté naturelle au seigneur27.

Constantin VII, mais Scylitzae aussi, se réfère aux autres événements qui concernent

l’enfance de Basile. Le plus caractéristique est l’apparition de l’aigle28. Plus précisément, un jour

d’été, sa mère le laissa dormir dans les champs pendant qu’elle moissonnait du blé. Un aigle

descendit avec ses ailes ouvertes et fit de l’ombre à l'enfant. Sa mère courut pour le protéger.

L'aigle partit à gauche, mais il revint en faisant la même chose trois fois. Constantin VII, dans la

Vie de Basile, relate que cet événement s’est répété plusieurs fois dans la vie de Basile29.

26
pour ce thème voir aussi AHRWEILER- GLYKATZI H., Η πολιτική ιδεολογία της Βυζαντινής Αυτοκρατορίας,
Athènes 2011, p. 165.
27
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 4, 36-43 (“ἰδὼν τὸν παῖδα Βασίλειον τῇ τε
μορφῇ ἐλευθέριον καὶ χαρίεν ὑπογελῶντα καὶ περισκαίροντα πρὸς ἑαυτὸν ἐφειλκύσατο, καὶ μῆλον θαυμαστὸν τῷ
μεγέθει ἐπέδωκεν. ὁ δὲ παῖς ἀκάκως καὶ θαρραλέως τοῖς τοῦ ἄρχοντος ἐπερειδόμενος γόνασιν ἐν τῷ ἀπλάστῳ ἤθει
τὴν οἰκείαν εὐγένειαν ἐπεδείκνυτο, ὡς ἐκπλαγῆναι μὲν τὸν ἄρχοντα, διαγριαίνεσθαι δὲ λεληθότως τὴν δορυφόρον
τάξιν αὐτοῦ”).
28
pour ce thème voir VOGT A., Basile Ier, op. cit., p. 26.
29
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 5, 7-44 (τῷ γὰρ καιρῷ τοῦ θέρους τῶν τούτου
γονέων ἐπὶ τὸν ἴδιον ἐξελθόντων ἀγρὸν καὶ τοῖς θερισταῖς ἐπιστατούντων καὶ διεγειρόντων συντόνως ἐργάζεσθαι,
ὡς περὶ πλήθουσαν ἀγορὰν ἡ ἡμέρα προέκοπτε καὶ ὁ ἥλιος ἤδη σφοδρότερον ταῖς μεσημβριναῖς ἀκτῖσιν ἐπέφλεγεν,
οἱονεί τινα σκηνὴν ἐκ τοῦ συνδέσμου τῶν ἀσταχύων σκευάσαντες ἐν ταύτῃ τὸν παῖδα κοιμηθησόμενον ἔθεντο,
ὅπως τῆς ἀπὸ τοῦ ἡλίου θέρμης ἀβλαβῶς διέλθῃ τὸν καύσωνα. ἐν δὲ τῷ ἐκείνους ἐνασχολεῖσθαι τοῖς θερισταῖς
ἀετὸς ἐπικαταπτὰς καὶ ἄνωθεν ἐπικαθίσας ἡπλωμέναις ταῖς πτέρυξι τὸ παιδίον ἐσκίαζεν. ἀρθείσης δὲ παρὰ τῶν
ἰδόντων φωνῆς ὅτι ὄλεθρον ἴσως ἐπάξει ὁ ἀετὸς τῷ παιδί, ἡ μήτηρ εὐθὺς οἷα μήτηρ φιλόστοργος καὶ φιλότεκνος
πρὸς τὸν παῖδα ἐξέδραμεν. ἰδοῦσα δὲ τὸν ἀετὸν σκιὰν ταῖς πτέρυξι τῷ παιδίῳ περιποιούμενον, καὶ μηδὲ πρὸς τὴν
ταύτης ἐκπλαγέντα ἐπέλευσιν ἀλλ’ ὥσπερ χαριέντως πρὸς αὐτὴν ἀτενίζοντα, οὐκ ἠδυνήθη κατὰ τὸ πρόχειρον εἰς
κρείττονα πεσεῖν λογισμόν, ἀλλὰ λίθον ἔβαλε κατ’ αὐτοῦ˙καὶ οὕτως ἀνέπτη ὁ ἀετὸς καὶ ὡς ἔδοξεν ἀπεχώρησεν.
ἐκείνης δὲ αὖθις πρὸς τὸν ἄνδρα καὶ τοὺς ἐργάτας ὑποστρεψάσης, ὁ ἀετὸς κατὰ τὸ πρότερον σχῆμα παρῆν τὸ
παιδίον ἐπισκιάζων, καὶ πάλιν ὁμοίως ἡ φωνὴ παρὰ τῶν θεατῶν, καὶ ἡ μήτηρ πρὸς τὸ παιδίον, καὶ τῇ βολῇ τοῦ
λίθου ὁ ἀετὸς ἀποσοβούμενος, καὶ ἡ τῆς μητρὸς πρὸς τοὺς ἐργαζομένους ἐπιστροφή. ἐναργέστερον δὲ ἄρα τῆς
προνοίας δηλῶσαι θελησάσης ὅτι οὐ κατά τινα τύχης αὐτοματισμὸν ἀλλὰ θείᾳ προγνώσει τὸ τελούμενον δείκνυται,
ἐκ τρίτου συνέβη τὰ ὅμοια, ὁ ἀετὸς ἐπὶ τὸ παιδίον, οἱ θεωροῦντες βοῶντες, καὶ ἡ μήτηρ ἐπὶ τὸν ἀετόν, καὶ ὁ ἀετὸς
πρὸς βίαν καὶ μόλις ἀπαλλαττόμενος. οὕτω τῶν μεγάλων πραγμάτων ἀεὶ πόρρωθεν ὁ θεὸς προκαταβάλλεταί τινα
σύμβολα καὶ τεκμήρια τῶν εἰς ὕστερον. τοῦτο δὲ καὶ εἰς τὴν ἐχομένην ἡλικίαν οὐκ ὀλιγάκις γέγονεν ἐπ’ αὐτῷ, ἀλλὰ
πολλάκις εὑρέθη ὑπὸ ἀετοῦ ἐν τῷ ὑπνοῦν σκιαζόμενος.”)

15
En général, l’aigle était un signe impérial. Dans la tradition de la Grèce antique et de

Rome, cet oiseau était considéré comme un symbole de protection, de victoire et de future

puissance. Les Byzantins continuèrent cette tradition des civilisations de l’antiquité. Mais, il faut

aussi mentionner que l’aigle était le symbole de la cour impériale de Basile. Ainsi, on peut

conclure, que la volonté divine était avec Basile dès sa plus jeune enfance.

De même, nous n’avons pas d’informations sur l’éducation de Basile. Dans l’œuvre de

Constantin, on peut lire que le petit enfant grandit près de ses parents sans éducation

remarquable30. Mais, son caractère présentait de grandes vertus comme la compassion envers les

pauvres, la sagesse et la bravoure31. La manière dont Basile acquit sa formation, est

particulièrement connue. Cela montre que l'environnement familial de Basile a été en mesure

d'élever et d'éduquer un futur empereur.

Quand Basile était adolescent, son père mourut et Basile décida d’aller à la capitale,

Constantinople, pour tenter sa chance et pour mettre en avant ses qualités. Mais sa mère n’était

pas d’accord avec cette décision. Constantin VII mentionne que la volonté divine guida Basile et

pour cette raison sa mère vit un rêve. “Un arbre d’or immense chargé de fleurs et des fruits d’or

qui couvraient les rameaux de la maison tout entière, et, une autre fois Élie le Thésbite lui

30
VOGT A., Basile Ier, op. cit., p. 23.
31
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 6, 1-18 (“Τρεφόμενος τοίνυν ὁ παῖς παρὰ τῷ
πατρί, καὶ αὐτὸν ἔχων τῶν πρακτέων ὑφηγητὴν καὶ τῶν ῥητέων ἐξηγητὴν καὶ διδάσκαλον καὶ παιδοτρίβην πρὸς
ἅπαν σπουδαῖον καὶ ἐπαινούμενον, οὔτε μιξανθρώπου Χείρωνος ἐδεήθη ὡς Ἀχιλλεύς οὔτε Λυκούργου νομοθέτου
καὶ Σόλωνος οὔτε ὑπερορίου καὶ ξενικῆς ἀγωγῆς, ἀλλ’ὑπὸ τῷ φύσαντι μόνῳ τὰ τῶν καλῶν ἐξασκούμενος κάλλιστα,
πρός τε τὸ θεῖον ὁσιότητα καὶ εὐσέβειαν καὶ πρὸς τοὺς τεκόντας αἰδῶ καὶ εὐπείθειαν, πρὸς γεραιτέρους ὕπειξιν καὶ
πρὸς ἥλικας καὶ φυλέτας ἄδολον εὔνοιαν, πρὸς δυνάστας ὑποταγὴν καὶ πρὸς πένητας ἔλεον, ἐν πάσαις ταῖς ἀρεταῖς
ἐπιδήλως ἐξέλαμψεν, σώφρων ἐκ νέου καὶ ἀνδρεῖος ἀναφαινόμενος, τήν τε ἰσότητα μετὰ φρονήσεως ἀγαπῶν καὶ
διαφερόντως τιμῶν, καὶ ἐν μηδενὶ τῶν ταπεινοτέρων κατεπαιρόμενος ἐξ ὧν εὔνοια παρὰ πάντων αὐτῷ καὶ τὸ πᾶσιν
εἶναι προσφιλῆ καὶ ἐράσμιον”).

16
prédisant que Dieu donnerait à son cher fils le sceptre de l’Empire, l’exhortant par-là à le laisser

partir pour Constantinople.32” Ce rêve était décisif pour lui accorder sa permission.

L’interprétation des rêves occupe une place particulière dans la culture byzantine. La

forme biblique d'Élie le Prophète a été associée dès le début à Basile. Il consacra des soins

particuliers au culte du Prophète et, pour son honneur, il répara et érigea des monastères. Au

cours de la narration du rêve, l’auteur se réfère à un rêve pertinent que la mère de l'ancien roi

Cyrus avait vu. Ainsi, l’historiographe utilise Hérodote33 en comparant les deux rois, prouvant

qu’il connaît l’œuvre de cet historien antique.

32
VOGT A., Basile Ier, op. cit., p. 26.
33
MARKOPOULOS A., “Κύρου Παιδεία και Βίος Βασιλείου”, op. cit., p. 102-103.

17
CHAPITRE II

Son voyage et son arrivée à Constantinople.

Les premiers efforts de Basile dans la capitale de l’Empire.

Basile arriva un dimanche soir dans la ville impériale. Il franchit pour la première fois la

“Porte d’Or”, comme un empereur triomphateur et alla se reposer à côté d’une église inconnue

jusqu’à présent, pour y dormir un peu, car il était fatigué. Cette église était celle du monastère de

Saint Diomède. Plus tard, quand il serait empereur, Basile la ferait restaurer magnifiquement car

ce fut là que sa fortune naquit34.

La volonté divine le guida, puisque le martyr Diomède, dès le crépuscule, aurait éveillé

brusquement l’higoumène du monastère, Nicolas, pour lui ordonner d’aller recevoir le futur

Empereur à la porte de l’église35. La façon dont se produisit l'arrivée de Basile à Constantinople,

montre qu'il était destiné à devenir empereur ; c’est un des premiers moyens de sa légitimation36.

34
VOGT A., Basile Ier, op. cit., p. 26.
35
ibid., p. 26.
36
HUNGER H., Βυζαντινή Λογοτεχνία, Ἡ λόγια κοσμικὴ γραμματεία τῶν Βυζαντινῶν, vol. 2 (Ἱστοριογραφία,
Φιλολογία, Ποίηση), Athènes 2009, p. 44.

18
La Vie de Basile37 présente un aspect plus mythologique quant à son voyage à Constantinople. Il

voulait, sans aucun doute, tout simplement tenter sa chance dans la ville impériale38.

Après cet événement, Basile demanda à l’higoumène du monastère de le faire accueillir

dans la maison d’une personne importante de la ville afin qu’il entre à son service. L’higoumène

connaissait le seigneur Théophylitzis (Θεοφιλίτζης), qui était parent de l’empereur Michel III et

du césar Vardas, et il lui recommanda le jeune Basile. L’historiographe, qui essaya de peindre le

portraitde Basile, met l'accent sur la force physique et mentale, qualités du jeune paysan. Il

souligne en outre qu'il est de loin supérieur par rapport aux autres. Basile réalisa ses premiers pas

dans la capitale avec un grand succès et il devint bientôt protostrator (πρωτοστράτωρ) de

37
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 9, 1-44 (Ἄρας οὖν ἐκ Μακεδονίας τῆς Θράκης
πρὸς τὴν ἄρχουσαν ταύτην τῶν πόλεων πασῶν ἐπορεύετο, τῶν δυνατῶν τινὶ καὶ περιφανῶν προσμῖξαι βουλόμενος
καὶ εἰς θεραπείαν καὶ δουλείαν αὐτοῦ ἑαυτὸν ἀποτάξαι καὶ καταστῆσαι. καὶ τὸ μεταξύ διανύσας διάστημα, καὶ κατὰ
τὰς χρυσᾶς πύλας τῆς βασιλίδος γενόμενος, καὶ δι’αὐτῶν ἤδη καταφερομένης τῆς ἡμέρας εἰσελθών, πλησίον
τυγχάνοντι τῷ τοῦ ἁγίου μάρτυρος Διομήδους προσπελάζει μοναστηρίῳ, καὶ ἀπὸ τῆς ὁδοιπορίας κατάκοπος ὢν
αὐτοῦ που πρὸ τοῦ πυλῶνος ἐν τοῖς ἐκεῖσε βάθροις ἀτημελῶς οὕτως ἐπιρρίψας ἑαυτὸν ἀνεπαύετο. καὶ δὴ περὶ
πρώτην τυχὸν φυλακὴν νυκτὸς ὄναρ τῷ τῆς μονῆς καθηγουμένῳ ὁ μάρτυς Διομήδης ἐφίσταται, κελεύων ἐπὶ τὸν
πυλῶνα τῆς μονῆς ἐξελθεῖν καὶ ἐξ ὀνόματος καλέσαι Βασίλειον, καὶ ὃς ἂν αὐτῷ ὑπακούσῃ καλοῦντι, τοῦτον
εἰσαγαγεῖν εἰς τὸ μοναστήριον καὶ ἐπιμελείας ἀξιῶσαι, τροφῆς τε καὶ σκέπης καὶ ἐνδυμάτων καὶ πάσης μεταδόντα
τῆς ἐνδεχομένης χρείας καὶ θεραπείας˙ κεχρισμένον γὰρ εἰς βασιλέα τυγχάνειν παρὰ θεοῦ, καὶ αὐτὸν μέλλειν εἰς
ἀνοικοδομὴν καὶ αὔξησιν τῆς παρούσης γενέσθαι μονῆς. ὡς δὲ φαντασίαν ἄλλως καὶ κενὸν διανοίας ἀνάπλασμα
δόξας τὸ ὁραθὲν ὁ ἡγούμενος ἐν οὐδενὶ λόγῳ ἔθετο, ἀλλὰ πάλιν ἑαυτὸν τῷ ὕπνῳ ἐκδέδωκεν, ἐκ δευτέρου βλέπει καὶ
ἀκούει τὰ ὅμοια. ὡς δὲ καὶ ἔτι νωθὴς καὶ ὑπνώδης, ὡς ἔοικεν, ὢν οὐκ ἀνέφερεν, ἐκ τρίτου βλέπει τὸν μάρτυρα,
οὐκέτι πράως καὶ ἱλαρῶς παρακελευόμενον ἀλλὰ σφοδρῶς ἀπειλοῦντα καὶ μάστιγας τῷ δοκεῖν ἐπιφέρειν
πειρώμενον, εἰ μὴ θᾶττον ὑπηρετήσει πρὸς τὰ λεγόμενα. τότε δὲ οὖν μόλις οἱονεὶ ἀνανήψας καὶ τὸν γείτονα
θανάτου ὕπνον τῶν ὀφθαλμῶν ἀποτιναξάμενος τῷ πυλῶνι ἐφίσταται, καὶ κατὰ τὸ τοῦ μάρτυρος πρόσταγμα ἐξ
ὀνόματος ἐκάλει Βασίλειε. ὁ δὲ εὐθὺς ἀπεκρίνατο “ἰδοὺ ἐγώ, κύριε˙ τί προστάσσεις τῷ δούλῳ σου;” εἴσω δὲ αὐτὸν
τῆς μονῆς ποιησάμενος, καὶ ἰδὼν ῥυπῶντά τε καὶ αὐχμῶντα καὶ πολὺν ἐπὶ τοῦ προσώπου τὸν ἥλιον φέροντα, τῆς
δεούσης ἐπιμελείας καὶ θεραπείας ἠξίωσεν καὶ πάσης φιλανθρωπίας μετέδωκεν. εἶτα τὸ μυστήριον παρ’ ἑαυτῷ
φυλάττειν καὶ πρὸς μηδένα ἐκλαλῆσαι διὰ τὸ κινδυνῶδες εἰσηγησάμενος, τὴν τοῦ μάρτυρος αὐτῷ ἐφανέρωσε
πρόρρησιν καὶ πρὸς τὸ μεμνῆσθαι μετὰ τὴν ἔκβασιν ἠσφαλίσατο.”).
38
TOUGHER S., The reign of Leo VI, op. cit., p. 27.

19
Theophylitzis (Θεοφιλίτζης), qui l’aimait et l’admirai pour ses atouts39. Basile établit ainsi des

bases solides afin de parvenir à réaliser ses objectifs et ses aspirations.

Pour cette raison, Theophylitzis le choisit comme accompagnateur dans son voyage à

Patras afin de régler certaines affaires de l’Empire40. Pendant ce voyage un événement important

eut lieu, qui fut aussi utilisé par les historiographes de la propagande macédonienne comme un

moyen de légitimation. Quand Basile alla se prosterner dans l'église de Saint-André, un moine

qui vivait là, lui adressa le message d'accueil habituellement consacré aux rois. “Il avait, du reste,

assez des qualités physiques pour que la pieuse veuve le remarqua d’elle-même sans avoir

besoin, comme le rapportent les chroniqueurs, de l’intervention d’un pauvre moine, en prière

dans l’église de Saint André qui s’était levé au passage de Basile pour le saluer - ce qu’il n’avait

jamais fait pour personne-du titre d’Empereur41”, comme l’écrit Vogt. La femme42 donna

beaucoup d’argent à Basile et d’autres cadeaux aussi43 et elle effectua une ἀδελφοποιΐα44 entre

39
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 9, 44-69 (“τοῦ δέ, ὡς ὑπὲρ αὐτὸν ὄντος τοῦ
πράγματος, μηδὲ παραδέχεσθαι δόξαντος, ἀλλὰ μᾶλλον δι’ αὐτοῦ ἀξιοῦντος εἰσοικισθῆναι καὶ πρὸς δουλείαν
δοθῆναι τῶν ἐμφανεστέρων τινί, προθύμως ἑαυτὸν εἰς τοῦτο ἐπέδωκεν ὁ ἡγούμενος. καὶ ἐπεὶ συνήθως εἶχε πρὸς τὴν
τοιαύτην μονὴν καὶ πολλάκις ἐτύγχανεν ἐκεῖσε φιλίως φοιτῶν ὁ τοῦ βασιλέως Μιχαὴλ καὶ Βάρδα τοῦ Καίσαρος
συγγενής, ὅν ὑποκοριζόμενοι Θεοφιλίτζην ἐκάλουν, ἐπώνυμον φέροντα τὸν Παιδευόμενον, τούτῳ συνέστησε τὸν
Βασίλειον ὁ ἡγούμενος˙ ἐτύγχανε γάρ πως τὸ Θεοφιλίδιον τοῦτο γαῦρον ὂν τῷ φρονήματι καὶ μεγαλοφροσύνης οὐκ
ἀφεστώς, ἀλλὰ εἰς σπουδὴν ἔχον γενναίους ἄνδρας καὶ εὐειδεῖς καὶ εὐήλικας καὶ ἐπ’ ἀνδρίᾳ μάλιστα καὶ ῥώμῃ
σώματος διαφέροντας κεκτῆσθαι περὶ αὐτὸν καὶ ἐπὶ τούτοις μέγα φρονεῖν καὶ σεμνύνεσθαι˙οὓς εὐθὺς ἦν ὁρᾶν
σηρικαῖς τε κοσμουμένους ἐσθῆσι καὶ τῇ ἂλλῃ καταστολῇ διαπρέποντας. τούτοις καταλεγέντα τὸν νέηλυν νεανίαν
Βασίλειον, καὶ κατὰ πολὺ προέχειν δόξαντα τῶν λοιπῶν καὶ κατά τε σωματικὴν ἀλκὴν καὶ ψυχικὴν ἀνδρίαν,
πρωτοστράτορα αὑτοῦ πεποίηκεν ὁ Θεόφιλος, καὶ ἡμέραν ἐξ ἡμέρας ἐπὶ πλέον ἠγαπᾶτο παρ’αὐτοῦ καὶ ἐπὶ τοῖς
οἰκείοις προτερήμασιν ἐθαυμάζετο˙ἐφαίνετο γὰρ καὶ κατὰ χεῖρα γενναῖος καὶ κατὰ ψυχὴν συνετὸς καὶ πρὸς τὸ
κελευόμενον πᾶν ὀξύς τε καὶ ἐπιτήδειος”).
40
VOGT A., Basile Ier, op. cit., p. 27.
41
ibid., p. 28.
42
pour ce thème voir, ANAGNOSTAKIS H., “Το επεισόδιο της Δανιηλίδας, Πληροφορίες καθημερινού βίου ή
μυθοπλαστικά στοιχεία;”, Η καθημερινή ζωή στο Βυζάντιο, Τομές και συνέχειες στην ελληνική και ρωμαϊκή
παράδοση, Πρακτικά του Α΄Διεθνούς Συμποσίου, Athènes 1989, p. 375-390.
43
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 11, 6-63 (“γενόμενος δὲ κατὰ τὰς Πάτρας τῆς
Ἀχαΐας ὁ εἰρημένος Θεόφιλος εἰσῄει εἰς τὸν τοῦ πρωτοκλήτου ἀποστόλου Ἀνδρέου ναὸν προσευξόμενος. ὁ δὲ
Βασίλειος περὶ τὴν οἰκείαν διακονίαν, ὡς ἔοικεν, ἀσχολούμενος οὐ συνεισῆλθεν αὐτῷ, ἀλλ’ ὕστερον καταμόνας τὸ
ὀφειλόμενον καὶ αὐτὸς τῷ ἀποστόλῳ σέβας ἀποδιδοὺς πρὸς τὸν τοιοῦτον ναὸν παραγέγονε. μοναχὸς δέ τις ἐκεῖσε

20
Basile et son fils45. Après cela, Basile retourna en Macédoine, où il aida sa famille avec sa

richesse et il retourna à Constantinople pour travailler comme protrostrator (πρωτοστράτωρ) de

Theophylitzis (Θεοφιλίτζης)46. L’entourage de son seigneur était celui que lui donna

l’opportunité de rencontrer des hommes importants de la société constantinopolitaine.

Basile assista ainsi à un dîner de gala avec son seigneur, où se trouvait aussi le césar

Vardas47. Là, il usa de toute sa force physique pour vaincre au combat de lutte bulgare. Après sa

ποιούμενος τὰς διατριβὰς καὶ τὸν πλείονα χρόνον ἐν τῷ τοῦ ἀποστόλου σχολάζων ναῷ τὸν μὲν Θεόφιλον
εἰσελθόντα ἰδὼν οὔτε διανέστη οὔτε ἐπηύξατο οὔτε τινὸς ἠξίωσε ῥήματος, μηδὲ τὴν περὶ αὐτὸν ὡς εἰκὸς
δορυφορίαν καὶ λαμπρότητα αἰδεσθείς˙ ὕστερον δὲ τοῦ Βασιλείου εἰσερχομένου ὑπεξανέστη τε ὥς τινι τῶν
κρειττόνων καὶ τὴν ἐξ ἔθους τοῖς βασιλεῦσιν εὐφημίαν προσήνεγκεν. ὅπερ τῶν ἐκεῖσε τυχόντων ἰδόντες καὶ
ἀκηκοότες τινὲς τῇ κατὰ τοὺς τόπους ἐκείνους εὐγενεῖ καὶ πλουσιωτάτῃ γυναικὶ, ἣ Δανηλίς ἀπὸ τοῦ ταύτης ἀνδρὸς
ὠνομάζετο, ἀπαγγέλλουσιν. ἐκείνη δὲ διὰ πείρας τὸν μοναχὸν γινώσκουσα, ὅτι προορατικοῦ χαρίσματος
κατηξίωται, οὐκ ἐγένετο περὶ τὸ λεχθὲν ἀμελής, ἀλλὰ μετακαλεσαμένη τὸν μοναχὸν διῆλθε προσονειδίζουσα.
“τοσοῦτος χρόνος ἐξ οὗ σοι γνώριμος” ἔφη “τυγχάνω, πάτερ πνευματικέ, καὶ οἶδάς με πάντως οὖσαν ὑπὲρ τοὺς
πολλοὺς καὶ τῶν ἐν τῇ χώρᾳ ταύτῃ ὑπερέχουσαν καὶ προάρχουσαν, καὶ οὐδέποτε οὔτ’ἐπηγέρθης θεασάμενός με
οὔτε ἐπηύξω μοι, ἀλλ’ οὐδὲ τῷ υἱῷ ἢ τῷ ἐκγόνῳ μου τὴν τοιαύτην τιμὴν ἀπένειμας. καὶ πῶς νῦν ἄνθρωπον εὐτελῆ
καὶ ξένον μηδὲ γνώριμον τοῖς πολλοῖς ἰδὼν καὶ ὑπεξανέστης καὶ ὡς βασιλέα ἐτίμησας;” ὁ δὲ εὐλαβὴς ἐκεῖνος
μοναχὸς πρὸς αὐτὴν ἀπεκρίνατο ὅτι “οὐχ ὡς σὺ λέγεις, ἕνα τῶν τυχόντων εἶδον τὸν ἄνδρα ἐγώ, ἀλλ’ ὡς μέγαν
βασιλέα τῶν Ῥωμαίων ὑπὸ Χριστοῦ κεχρισμένον εἶδον, καὶ ἐξανέστην καὶ ἐπευφήμησα˙ τοῖς γὰρ ὑπὸ θεοῦ
τετιμημένοις ὀφειλομένη πάντως ἐστὶ καὶ ἡ ἐξ ἀνθρώπων τιμή.” διατρίψαντος τοίνυν ἐν τοῖς ἐκεῖσε μέρεσιν ἐπὶ
χρόνον τινὰ τοῦ κυρίου τοῦ Βασιλείου, καὶ τὰς ἐπιτραπείσας αὐτῷ τοῦ δημοσίου δουλείας ἀνύσαντος καὶ
ἀνατρέχειν πρὸς τὴν βασιλεύουσαν μέλλοντος, ἐπεὶ ἔτυχεν ἀσθενείᾳ σώματος ληφθεὶς ὁ Βασίλειος, αὐτόθι
καταλιμπάνεται. ἐπιμελείας δὲ τῆς προσηκούσης τυχὼν μετὰ χρόνον τινὰ τῆς νόσου κρείττων ἐγένετο καὶ πρὸς τὴν
ἄνοδον καὶ αὐτὸς ἡτοιμάζετο. μετακαλεσαμένη δὲ αὐτὸν ἡ προρρηθεῖσα γυνὴ Δανηλὶς πολλοῖς καὶ μεγάλοις
δεξιοῦται χαρίσμασιν, ἐμφρόνως πάνυ καὶ συνετῶς ὥσπερ τινὰ σπόρον εἰς ἀγαθὴν αὐτὰ καταβαλλομένη χώραν, ἵνα
ἀμήσῃ παμπολλαπλασίονα ἐν εὐθέτῳ καιρῷ˙ δέδωκε γὰρ αὐτῷ καὶ χρυσὸν ἱκανὸν καὶ ἀνδράποδα πρὸς ὑπηρεσίαν
τριάκοντα καὶ ἐν ἱματισμῷ καὶ διαφόροις εἴδεσι πλοῦτον πολύν, μηδὲν ἕτερον ἐπιζητήσασα τὸ πρότερον παρ’ αὐτοῦ
ἢ τὸ ποιήσασθαι πνευματικῆς ἀδελφότητος σύνδεσμον πρὸς Ἰωάννην τὸν ταύτης υἱόν. ὁ δὲ ὡς ὑπὲρ αὐτὸν μᾶλλον
οὖσαν διωθεῖτο τὴν ἔντευξιν διὰ τὸ δοκοῦν τῆς γυναικὸς περιφανὲς καὶ τὸ αὐτοῦ κατὰ τὸ ὁρώμενον εὐτελές. ὅμως
πλείονα παράκλησιν δεξάμενος ὑπ’ αὐτῆς τοῦτο πεποίηκε.”).
44
“l’ἀδελφοποιΐα est la fraternité volontaire, une acte marqué par une cérémonie religieuse et assorti d’effets
juridiques, qui engage aussi bien les contractants que la fraternité par le sang ou par alliance;”, DAGRON G.,
Constantinople imaginaire, Études sur le recueil des Patria, Paris 1984, p. 219.
45
ibid., p. 219.
46
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 11, 71-78 (“ἀπὸ δὲ τῶν ἐντεῦθεν αὐτῷ
προσγεγονότων χρημάτων μετὰ τὴν ἐπάνοδον ἐξωνήσατο κτήματα κατὰ Μακεδονίαν μεγάλα, καὶ κατέστησεν ἐπ’
εὐπορίας ἅπαντας τοὺς προσήκοντας ἱκανῆς, καὶ γέγονε πλούσιος καὶ αὐτός ὥσπερ ταῖς ἀρεταῖς, οὕτω δὴ καὶ τοῖς
κτήμασι καὶ τοῖς χρήμασι. συνῆν δὲ ὅμως τῷ κυρίῳ αὐτοῦ καὶ διηκόνει αὐτῷ”).
47
ibid., chapitre, 12, 1-47 (“Κατὰ δέ τινα τῶν ἡμερῶν Ἀντίγονος ὁ πατρίκιος καὶ δομέστικος τῶν σχολῶν κλητόριον
ἐν ταῖς βασιλικαῖς οἰκίαις, αἳ κατὰ τὴν πλησιάζουσαν τοῖς βασιλείοις αὐλήν, ᾠκοδόμησε καὶ πολυτελὲς ἐσκευάσατο,

21
victoire tous les gens honorèrent et admirèrent Basile. La force de Basile l’emporta. Ce fait, ainsi

que l’apprivoisement du cheval sauvage de Michel III, lui permirent l’entrée dans la cour royale;

Michel le plaça parmi les palefreniers royaux et bientôt il le promu au poste de protostrator

(πρωτοστράτωρ)48. Toutefois, la vie de Basile, et en particulier son passé jusqu’à son apparition à

la cour de Michel, n’est connu qu’à travers un nuage de légendes populaires et d’inventions plus

ou moins tendacieuses.

ἑστιάτορα καὶ δαιτυμόνα τὸν οἰκεῖον πατέρα Βάρδαν ποιούμενος. ὁ δὲ Καῖσαρ τοὺς μείζονας τῆς συγκλήτου καὶ
τοὺς οἰκείους παραλαβὼν καὶ τοὺς συνήθεις πρὸς τὴν εὐωχίαν ἀπῄει, συμπαραλαβὼν καὶ τοὺς ἀπὸ Βουλγαρίας
φίλους, συνήθως κατὰ τὸν τότε καιρὸν τῇ βασιλευούσῃ ἐνδιατρίβοντας. παρῆν δὲ τῇ ἑστιάσει καὶ Θεόφιλος ὁ τοῦ
Βασιλείου κύριος οἷα συγγενὴς καὶ αὐτὸς τοῦ Καίσαρος, ἀλλὰ καὶ Κωνσταντῖνος ὁ πατρίκιος, ὁ τοῦ καθ’ἡμᾶς
λογοθέτου τοῦ δρόμου καὶ ἐν φιλοσοφίᾳ ἄκρου καὶ ἀδωροτάτου περιφανῶς πατρικίου Θωμᾶ πατήρ. οἱ δὲ
Βούλγαροι ἀεί πως οἰηματίαι καὶ καυχηματίαι τυγχάνοντες, ἐπεὶ ἔτυχον τότε μεθ’ἑαυτῶν ἔχοντες Βούλγαρον
ἐπ’ἀνδρίᾳ σεμνυνόμενον σώματος καὶ ἄκρον ἐν παλαισμοσύνῃ ὑπάρχοντα, ὃν οὐδεὶς σχεδὸν μέχρι τότε τῶν
προσπαλαιόντων κατέβαλεν, οὐκ ἀνεκτὸν ἐδόκουν ἐπ’ αὐτῷ φρονεῖν ἀλλ’ὑπὲρ τὸ μέτρον ἠλαζονεύοντο. τοῦ δὲ
πότου προϊόντος καὶ θυμηδίας χορευούσης κατὰ τὴν τράπεζαν, λέγει ὁ μικρὸς ἐκεῖνος Θεόφιλος πρὸς τὸν Καίσαρα
ὅτι ἔχω, δέσποτα, ἄνθρωπον ὃς ἐὰν κελεύῃς ἵνα παλαίσῃ μετὰ τοῦ περιβοήτου τούτου Βουλγάρου. μέγιστον γὰρ
ὄνειδος τοῦτο Ῥωμαίοις, καὶ οὐδεὶς ὑποίσει τὴν ἀλαζονείαν αὐτῶν, εἰ οὗτος ἀκαταγώνιστος ἐν Βουλγαρίᾳ
παραγένηται. τοῦ δὲ Καίσαρος γενέσθαι προστάξαντος, ὁ προμνημονευθεὶς Κωνσταντῖνος πατρίκιος, σφόδρα
φιλίως πρὸς τὸν Βασίλειον διακείμενος ἅτε καὶ αὐτὸς ἐξ Ἀρμενίων ἕλκων τὸ γένος, ἐπεὶ δίυγρον εἶδε τὸν τόπον ἐν
ᾧ διαγωνίζεσθαι ἔμελλον, καὶ ἐδεδοίκει μή πως ὀλισθήσῃ τυχὸν ὁ Βασίλειος, αἰτεῖ προτροπὴν γενέσθαι παρὰ τοῦ
Καίσαρος ἐκ ξύλων ἐπιρρανθῆναι πρίσμα κατὰ τὸ ἔδαφος. οὗ γενομένου συμπλακεὶς τῷ Βουλγάρῳ ὁ Βασίλειος, καὶ
θᾶττον συμπιέσας καὶ περισφίγξας αὐτόν, ὡσεί δεσμὸν τινα χόρτου κοῦφον καὶ ἄψυχον ἢ ἐξ ἐρίου πόκον ξηρόν τε
καὶ ἐλαφρόν, οὕτω ῥᾳδίως αὐτὸν ἐπάνω τῆς τραπέζης μετεωρίσας ἀπέρριψεν. τοῦ δὲ γεγονότος οὐδεὶς τῶν
παρόντων ἦν ὃς οὐ περιεῖπε καὶ ἐθαύμαζε τὸν Βασίλειον. ἐκπλαγέντες δὲ καὶ οἱ Βούλγαροι τὴν περιουσίαν τῆς
εὐχερείας τε καὶ δυνάμεως ἔμειναν ἐνεοί. ἀπ’ἐκείνης δὲ τῆς ἡμέρας ἤρξατο ἐπὶ πλέον ἡ τοῦ Βασιλείου φήμη εἰς
πᾶσαν τὴν πόλιν διαφοιτᾶν, καὶ τοῖς ἁπάντων διεφέρετο στόμασιν, ἀπόβλεπτος ἤδη καθεστηκώς.”).
48
ibid., chapitre 13, 31-34 (“προσεῖχε δὲ καὶ ἠγάπα αὐτόν, ὁρῶν αὐτοῦ τὸ πρὸς τοὺς ἄλλους ἐν πᾶσι διαφέρον κατὰ
πολύ. διὸ καὶ πολλάκις ἐπιδειξάμενον κατενώπιον αὐτοῦ εἰς τὴν τοῦ πρωτοστράτορος ἀξίαν ἐβίβασε.”).

22
CHAPITRE III

Basile dans l’entourage impérial de la cour de

l’empereurMichel III.

“Grâce à son charme et à sa force physique, il gagna le soutien de plus en plus des

patrons prestigieux, y compris en fin de compte de l’empereur lui-même49”. Le jeune paysan

disposait d’une vigueur telle qu’elle lui offrit la grande opportunité de se trouver dans

l’entourage de Michel50. Mais à ce stade, son grand défaut était son absence totale d’éducation51.

“Basile de son côté, était confiné dans ses écuries. Il ne laissait cependant, passer aucune

occasion de s’approcher de Michel qui le prit vite en amitié et l’éleva au rang déjà recherché de

protostrator (πρωτοστράτωρ) 52
”. De plus, Michel développa une association forte avec Basile.

Peu après, l’empereur admira sa puissance et ses compétences où il reconnut son sérieux53. La

49
WALKER A., The emperor and the world exotic elements and the imaging of middle Byzantine imperial power,
ninth to thirteenth centuries, Cambridge 2012, p. 48.
50
SCYLITZAE I., Σύνοψις Ἱστοριῶν, op. cit., chapitre 4, 25-34, (“τούτῳ συνέστησε τὸν Βασίλειον ἀεὶ σπουδὴν
ἔχοντι γενναίους καὶ εὐειδεῖς καὶ ἐπ’ἀνδρείᾳ διαβοήτους κεκτῆσθαι περὶ αὐτὸν ὑπηρέτας. τοιούτους γὰρ
προσλαμβάνων σηρικαῖς τε εὐθὺς ἐκόσμει ἐσθῆσι καὶ τῇ ἂλλῃ καταστολῇ διαπρεπῶς κατελάμπρυνε. τούτοις
ἐγκαταλεγέντα τὸν Βασίλειον καὶ κατὰ πολὺ προέχειν τῶν ἄλλων δοκοῦντα κατὰ τὴν σωματικὴν ῥώμην καὶ
ψυχικὴν ἀνδρείαν πρωτοστράτορα τοῦτον προβάλλεται. ἀεὶ δὲ τοῖς ἔμπροσθεν ἐπεκτεινόμενος ἡμέραν ἐξ ἡμέρας
ἐπὶ πλέον ἠγαπᾶτο παρὰ τοῦ Θεοφίλου καὶ ἐπὶ τοῖς οἰκείοις προτερήμασιν ἐθαυμάζετο. ἦν γὰρ κατά τε χεῖρα
γενναῖος καὶ κατὰ ψυχὴν θαρραλέος καὶ πρὸς πᾶν τὸ κελευόμενον ὀξύς τε καὶ ἐπιτήδειος.”).
51
PAIDAS C. D.S., Basile I Macédonien, Δύο παραινετικὰ κείμενα πρὸς τὸν αὐτοκράτορα Λέοντα ΣΤ’ τὸν Σοφό,
Athènes 2009., p. 119, annotation 11.
52
VOGT A., Basile Ier, op. cit., p. 30.
53
TOUGHER S., The reign of Leo VI, op. cit., p. 48.

23
relation entre les deux était extrêmement étroite et Michel lui donna des positions judiciaires

éminentes.

Il est important de noter qu’il y eut beaucoup de jeunes qui essayèrent de consulter

Michel sur ses relations et sa confiance en Basile. Selon les auteurs byzantins, sa mère,

l’impératrice Théodora, son oncle, le césar Vardas 54


et Léon le Philosophe55 s’en inquiétaient;

les prédictions de sa mère et de son oncle concernaient l’avenir de Basile et la fin de la dynastie

amorienne56. Par ailleurs, “quand Michel III remarqua Basile, le favori qui devait l’assassiner et

prendre sa place, il le confia à l’hétèriarque André pour qu’il l’enrôla dans l’hétérie57”.

Depuis que Basile avait été fait parakoimomène (παρακοιμώμενος), celui-ci vivait dans

l’entourage proche de Michel58. En général, pendant l’histoire de l’empire byzantin, les

chambellans étaient des eunuques. Mais, il y a une exception qui est célèbre, “celle de Basile le

54
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 368.
55
pour ce thème voir, ibid., chapitre 14, 14-16 (“εἶπε πρός τινας τῶν συνεπομένων συνήθων αὐτοῦ καὶ γνωστῶν ὅτι
οἶμαι πάσης τῆς γενεᾶς ἡμῶν τὴν κατάλυσιν τὸν ἄνθρωπον τοῦτον μέλλειν γενήσεσθαι”), chapitre 14, 22-24
(“πρῶτα μὲν ὅτι ὑπὸ νεανίσκου τινὸς εὑρίσκω τὴν κατάλυσιν τῆς ὑμῶν γενεᾶς”) et chapitre 15, 20-22 (“ἔλεγεν ὅτι
ὃν ἤκουον παρὰ τοῦ πατρός σου, δέσποτα καὶ τέκνον ἐμόν, μέλλειν ἐξολοθρεῦσαι τὴν γενεὰν ἡμῶν, οὗτός ἐστιν ὃν
λέγεις Βασίλειον”) et SCYLITZAE I., Σύνοψις Ἱστοριῶν, op. cit., chapitre 9, 65-71(“ὄπισθεν δὲ τοῦ βασιλέως κατὰ
τὸ σύνηθες ἑπόμενος ὁ καῖσαρ, καὶ τὸ γεγονὸς θεασάμενος, εἰπεῖν λέγεται πρός τινα τῶν συνήθων ἐν
μυστηρίῳ˙‘τοῦτον, ὦ τᾶν, ἡγοῦμαι τὸν ἄνθρωπον ὄλεθρον γενήσεσθαι ἄρδην τῆς ἡμῶν γενεᾶς.’ φασὶ δ’, ὅτι καὶ
Λέων αὐτὸ τοῦτο προεθέσπισεν ὁ φιλόσοφος ὀνομαστὶ τὸν ἄνδρα καλέσας καὶ σημεῖα ὑποφήνας τινὰ καὶ τῷ
δακτύλῳ δείξας, καὶ τοῦτον ἔσεσθαι προειπὼν τῆς συμπάσης ὑμῶν γενεᾶς τὸν ὄλεθρον.”) et chapitre 10, 85-95 (“ὅν,
ὦ τέκνον, τοῦτον λέγεις Βασίλειον, ὁ τῆς ἡμετέρας ἐστὶν ἀφανισμὸς γενεᾶς. εἶδον γὰρ ἐν αὐτῷ σημεῖον πάλαι μοι
παρὰ τοῦ σοῦ προεξηγηθὲν πατρός, πρὸς ὅπερ ἰλιγγιάσασα εἰς γῆν κατώλισθον˙ ὁ δὲ βασιλεὺς τοῦτο μὲν λόγοις
ἀποτρεπτικοῖς, τοῦτο δὲ καὶ πληροφορίαις ἐνωμότοις ἀπῆγε τὴν μητέρα τοῦ δέους, εἰς τὸ καθεστὼς ἐπανάγων καὶ
παραμυθούμενος, ‘τὸν ἄνθρωπον τοῦτον,’ λέγων, ἴσθι, ὦ δέσποινα καὶ μῆτερ ἐμή, ἄνδρα μὲν εἶναι γενναῖον, ῥώμῃ τε
ἀνυπόστατον καὶ ψυχῆς εὐγενείᾳ ἀσύγκριτον, πιστὸν δὲ τὰ εἰς ἡμᾶς καὶ εὔνουν καὶ κατ’οὐδενὸς κακονούστατον.’
καὶ τότε μὲν τὴν τῆς τοιαύτης τύχης ἐπήρειαν οὕτω παρέδραμεν ὁ Βασίλειος.”).
56
CODESO V. P., Miguel III (842-867). Construcción histórica y literaria de un reinado, Madrid 2009, p. 177.
57
KARLIN-HAYTER P., Studies in Byzantine political history: sources and controversies, Londres 1981, p. 106.
58
VOGT A., Basile Ier, op. cit., p. 35.

24
future fondateur de la dynastie macédonienne, dont Michel III fit son parakoimomène”

(παρακοιμώμενος)59.

“Michel pratiquait un commerce intime avec Eudocie depuis sa première puberté. Pour

mettre fin à cette liaison, sa mère Théodora, avec le consentement du ministre Théoctiste, avait

imposé son mariage avec une autre Eudocie, appartenant à la famille du Décapolite. Michel

épousa Eudocie, sans rompre ses liens avec Eudocie Ingérine.60” Effectivement, l’impératrice

Théodora avait rejeté le choix de Michel61.

Il faut mentionner que Basile eut une femme, qui s’appelait Maria et qui était la mère de

leurs fils, Constantin62. Mais Michel arrangea lui-même que Basile épouse sa maîtresse Eudocie

Ingérine en 865 63
qui, selon les sources, était très belle64 et avait huit enfants (quatre fils65 et

quatre filles). Ainsi, la question de la relation entre Michel et Basile est encore compliquée par le

fait que Basile épousa Eudocie. Par ailleurs, la relation entre Michel III, Eudocie Ingérine et

59
CHEYNET J.-Cl., La societé byzantine˙L’apport des sceaux, volume 1, Paris 2008, p. 178.
60
ADONTZ N. “La portée historique de l’Oraison funèbre de Basile I par son fils Léon VI le Sage”, Byzantion 8,
Bruxelles 1933, p. 509.
61
NIKOLAOU K., “Θεοδώρα και Θεόκτιστος”, Σύμμεικτα 15, Athènes 2002, p. 70.
62
pour ce thème voir aussi , RUNCIMAN St., The emperor Romanus Lecapenus and his reign, Cambridge 1929, p.
40.
63
WALKER A., The emperor and the world, op. cit., p. 48.
64
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 16, 26-32 (“μετὰ καιρὸν οὐ πολὺν
προβάλλεται παρακοιμώμενον ὁ βασιλεὺς τὸν Βασίλειον, τιμήσας αὐτὸν καὶ πατρίκιον, καὶ γυναικὶ συζεύξας
εὐμορφίᾳ σώματος καὶ κάλλει καὶ κοσμιότητι πρωτευούσῃ πασῶν τῶν εὐγενίδων σχεδόν, ἣ θυγάτηρ ἐτύγχανε τοῦ
παρὰ πάντων ἐπ’εὐγενείᾳ καὶ φρονήσει λαλουμένου τότε τοῦ Ἴγγερος”) et SCYLITZAE I., Σύνοψις Ἱστοριῶν, op.
cit., chapitre 11, 16-21 (“μετὰ χρόνον γάρ τινα προβάλλεται παρακοιμώμενον ὁ βασιλεὺς τὸν Βασίλειον, τιμήσας
αὐτὸν καὶ πατρικιότητι καὶ γυναικὶ συζεύξας εὐπρεπείᾳ τε σώματος καὶ κάλλει καὶ σωφροσύνῃ πασῶν πρωτευούσῃ
τῶν κατ’αὐτήν. αὕτη δὲ ἦν θυγάτηρ τοῦ παρὰ πάντων ἐπὶ φρονήσει καὶ εὐγενείᾳ διαβοήτου Ἴγγερος, τοῦ γένους
καταγομένου τῶν Μαρτινακίων”).
65
Ἐκ τοῦ Βίου Βασιλείου τοῦ νέου, παρὰ Γρηγορίου τοῦ μαθητοῦ αὐτοῦ (ex Basilii Junioris vita, auctore Gregorio
ejus discipulo), Historiae Byzantinae Scriptores post Theophanem, accedit Josephi Genesii Historia de Rebus
Constantinopolitani, Patriologa Graeca, 109, Belgium, p. 654 (601 A) (“Βασίλειος ὁ βασιλεύς, ᾧ τὸ ἐπίκλην
Μακεδών, υἱοὺς ἔσχε τέσσαρας, Κωνσταντῖνον, Λέοντα, Στέφανον καὶ Ἀλέξανδρον”).

25
Basile Ier fut distingué comme un “ménage à trois”66. “Cependant, Eudocie devait rester en tant

que maîtresse de l'empereur, tandis que Basile devait avoir Thècle, la sœur de Michel, en

récompense67.” Εn raison de cette relation compliquée entre Michel et Basile, les chercheurs ne

partagent pas le même avis en ce qui concerne la paternité de Léon VI, car il était né en 866,

c'est-à-dire avant l’assassinat de Michel. Sa mère est, certainement, Eudocie Ingérine, mais cette

femme, en plus d’être femme de Basile, était aussi maîtresse officielle de Michel.

En ce point, il convient de mentionner également quelques informations sur les relations

entre Basile et Léon VI. En général, Basile aima surtout son premier fils Constantin tandis qu’il

montra une attitude particulièrement sévère envers Léon VI.

Quand il atteignit l'âge nubile, Léon fut marié à Théophano, qu’il n'aimerait jamais. En

revanche, il maintint sa relation avec Zoe Zaoutzaina, qui devint sa deuxième femme, après la

mort de Théophano. Lorsque Basile fut informé des affaires extra-conjugales de son fils, il le

frappa brutalement. L'empereur utilisa des pratiques violentes afin de conseiller Léon ; Lui-

même n’était pas irréprochable, depuis qu’il entretenait des relations extra-conjugales avec la

sœur de Michel III, Thècle.

L'empereur n’hésita pas à emprisonner Léon, quand il fut convaincu que Léon organisait

un complot en vue de le renverser. Pour cette raison, il se retira pendant un certain temps dans le

palais de Margaritis (Μαργαρίτης) et perdit (pour un temps) le titre de coempereur68. Toutefois,

66
TOUGHER S., “Michael III and Basil the Macedonian: just good friends?” , Desire and Denial in Byzantium,
Papers from the Thirty-first Spring Symposium of Byzantine Studies, Bringhton 1997, p. 150.
67
TOUGHER S., “After Iconoclasm (850-856)”, The Cambridge History of the Byzantine Empire c. 500-1492, éd.
Jonathan Shepard, Cambridge 2008, p. 295.
68
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 100, 54-57 (“καὶ κατά τινα τῶν βασιλείων
οἴκων, ὃς Μαργαρίτης κατονομάζεται, ἔμφρουρον τοῦτον πεποίηται, καὶ τῶν ἐρυθρῶν πεδίλων ἀπογυμνοῖ”) et
chapitre 101, 29-30 (“καὶ τὴν προτέραν τῆς βασιλείας τάξιν καὶ τιμὴν ἀποδίδωσιν”) et SCYLITZAE I., Σύνοψις
Ἱστοριῶν, op. cit., chapitre 46, 15-17 (“πρὸς ὀργὴν κατὰ τοῦ υἱοῦ διανίσταται, καὶ ἔν τινι τῶν βασιλείων οἴκων ὃς

26
la légitimité de Léon ne fut jamais perdue après la restriction, et l'empereur lui décerna le titre à

nouveau. Le fait “conduit à la séparation des deux formes dominantes de la dynastie

macédonienne, Basile et Léon, et brisa l'image d'une famille transparente, chrétienne, qui jusque-

là avait joui des biens terrestres sous la protection de Dieu69”. Basile eut aussi deux autres fils,

Alexandre et Stéphanos (Etienne), ainsi que quatre filles, Anastasie, Anna, Maria et Hélène.

Parallèlement, il faut noter que Basile et Michel auraient prétendument entretenu des

relations sexuelles. D’abord nous allons souligner de nouveau que Basile fut le premier

parakimomène (παρακοιμώμενος) n’étant pas eunuque. Peut-être maintenait-il donc des relations

avec l’empereur, sans doute, pour défendre et pour promouvoir ses intérêts. Mais en général, les

chercheurs affirment que c’est Michel qui avait des tendances homosexuelles et que Basile

succomba à ses appétits. Il semble que les chercheurs se soient basés sur les récits de la Vie de

Basile au sujet de la la vie “lubrique” et de débauche de Michel, qui peut-être incluait des

relations homosexuelles70. Le texte de Porphyrogénète souligne également l’amour de Michel

pour Vasiliskinos71, un parakimomène (παρακοιμώμενος), qui était présent lors de l’assassinat de

l’empereur, car il dormait dans la chambre de l’empereur, comme sa garde royale72. On peut

ainsi affirmer que les relations entre Basile et Michel n’étaient pas seulement amicales. La

nomination de Basile comme parakimomène (παρακοιμώμενος) suggère un état inhabituel des

choses, vu que cette position était normalement confiée aux eunuques. La décision de l’empereur

Μαργαρίτης κατονομάζεται, ἔμφρουρον τοῦτον πεποίηκεν, ἀφαιρεῖται δὲ καὶ τὰ τῆς βασιλείας παράσημα”) et 45-46
(“καὶ τὴν προτέραν τῆς βασιλείας τιμὴν ἀποδίδωσιν”).
69
CHRESTOU I., “Ὁ Θεὸς σῴζοι τὸν βασιλέα ή πώς ο Θεός σώζει τον βασιλέα Βασίλειο Α΄”, Φιλοτιμία,
Thessalonique 2011, p. 142.
70
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 27, 59-61 (“καὶ οὗτος μὲν οὕτω βιούς,
αἰσχρῶς τε καὶ ὀλεθρίως ἑαυτῷ καὶ τοῖς πράγμασι, τοιοῦτον καὶ τὸ τέλος ἐδέξατο, τῶν προβεβιωμένων ἐπάξιον”).
71
ibid., p. 368.
72
ibid., chapitre 25, 5-7 (“Βασιλικῖνον ἐκεῖνον, ἕνα καὶ αὐτὸν τοῦ παλαμναίου συνεδρίου τυγχάνοντα, φαῦλον καὶ
μιαρὸν θηλυδρίαν τε καὶ φιλόκωμον”).

27
de donner la position de parakimomène, à Basile démontre la confiance de Michel en Basile.

Mais, le nom du poste lui-même signifie littéralement “dormir à côté” et indique donc une

proximité physique entre les deux hommes.

28
CHAPITRE IV

Les relations entre Basile et césar Vardas.

Les relations entre Basile et Vardas n’étaient jamais les meilleures, bien que le césar ait

été celui qui donna à Basile la possibilité de pénétrer dans l'entourage impérial; “la connaissance

de Michel et de Basile se réalisa, par hasard, par le césar Vardas”73. L’amour de l’empereur

envers le jeune Basile était la raison pour laquelle Vardas détesta Basile. “Les deux hommes

cherchaient l’occasion de s’entretuer.74”

Par ailleurs, le césar suspecta autant le parakimomène (παρακοιμώμενος)75 que

l’empereur lui-même. C’est la raison pour laquelle ces deux personnes prêtèrent serment devant

le patriarche Phôtios qu’ils ne mettraient jamais en danger la vie du césar76. Mais pendant

l’expédition en Crète (866), le césar fut assassiné par les conspirateurs. Les textes, qui n’ont pas

pour but les louanges au fondateur de la dynastie macédonienne, relèvent le rôle de Basile,

comme l’inspirateur de l’assassinat et comme un membre actif du groupe des assassins 77. Au

contraire, dans les sources de la propagande macédonienne, la participation et le rôle actif de

Basile sont passés sous silence78. En ce point il est important de mentionner que Michel lui-

73
CHRESTOU Ι., Αυτοκρατορική εξουσία και πολιτική πρακτική- Ο ρόλος του παραδυναστεύοντος στη βυζαντινή
διοίκηση (τέλη 8ου – αρχές 11ου αιώνα), Athènes 2010, p. 143.
74
ibid., p. 144.
75
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 382-383.
76
CHRESTOU Ι., Αυτοκρατορική εξουσία και πολιτική πρακτική, op. cit., p. 150.
77
ibid., p. 145.
78
ibid., p. 146.

29
même collabora avec Basile pour la réalisation du crime de Vardas79. On peut dire que la haine

de Vardas pour Basile lui coûta sa vie80.

Après l’assassinat de Vardas, le 21 avril 866, la campagne prit fin, car Michel et Basile

craignaient l'impact que les nouvelles de l’assassinat de Vardas auraient dans l'armée et dans

Constantinople aussi81. À la suite de leur retour dans la ville impériale, l’empereur décida

d’adopter Basile, puisque il n’avait pas d’enfants82. Il rendit hommage à Basile et lui donna aussi

la dignité de magister.

Incapable de diriger seul l’Empire, peu de jours plus tard, , le 26 mai 866, dimanche de la

Pentecôte, il résolut d’élever Basile au rang de coempereur83. Les raisons pour lesquelles Michel

prit la décision qui lui coûta la vie sont donc loin d'être claires84. Basile réussit à se mettre en

79
WALKER A., The emperor and the world, op. cit., p. 48.
80
NIKOLAOU K. –CHRESTOU Ι., “Love, Hatred and Violence in the ‘Sacred Palace’: the story and history of the
Amorian Dynasty”, Byzantion 78, Bruxelles 2008, p. 97.
81
CHRESTOU Ι., Αυτοκρατορική εξουσία και πολιτική πρακτική, op. cit., p. 146.
82
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 18, 1-5 (“τῆς δὲ προνοίας ἀγούσης τὸν
Βασίλειον εὐμηχάνως πρὸς ὅπερ ἐβούλετο, εὐθέως μετὰ τὴν ἐκ τῆς στρατείας ὑποστροφὴν υἱοποιεῖται τοῦτον ὁ
βασιλεύς (ἐτύγχανε γὰρ καθάπαξ οἰκείας γονῆς ἀμοιρῶν) καὶ τῆς τῶν μαγίστρων ὑπερλάμπρου τιμῆς ἀξιοῖ.”) et
SCYLITZAE I., Σύνοψις Ἱστοριῶν, op. cit., chapitre 13, 60-68 (“υἱοποιησάμενος ἦν τὸν Βασίλειον, ᾔδει δὲ αὐτὸν καὶ
ἀνδρείᾳ καὶ συνέσει τῶν πολλῶν διαφέροντα καὶ ἱκανὸν ἀναπληροῦν αὐτοῦ τὸ ἐν τῇ κυβερνήσει τοῦ κοσμικοῦ
σκάφους ὑστέρημα, τὸ πλέον δὲ καὶ ὑπερτάτης δυνάμεως ἐναγούσης εἰς τοῦτο αὐτόν, καὶ βασιλείας τιμῇ καὶ δόξῃ
καὶ χρίσματι κατακοσμεῖ τὸν Βασίλειον, κατὰ τὴν ἁγίαν ἡμέραν τῆς πεντηκοστῆς, ἐν τῷ περιωνύμῳ τῆς τοῦ θεοῦ
σοφίας ναῷ, δημοσίαν πρόοδον ποιησάμενος, καὶ τῷ Βασιλείῳ τὸν βασίλειον περιτίθησι στέφανον, ἕκτην πρὸς
εἴκοσιν ἄγοντος τοῦ Μαΐου μηνὸς τῆς τεσσαρεσκαιδεκάτης ἐπινεμήσεως.”) et GENESIUS J., Περὶ Βασιλειῶν, op.
cit., chapitre 27, 56-68 (“καὶ κατὰ τὴν βασιλίδα πόλιν προχωρεῖ, πρὸς ἕω τε τὴν ῥητὴν ἑορτῆς διαγελῶσαν
Πεντηκοστὴν ἡμέραν τινὶ κοιτώνων ἐγκλείσας Βασίλειον τοῖς σὺν αὐτῷ προστάττει ἐν νεύματι ἀπογυμνοῦν τοῦτον
τὼ χεῖρέ τε διατεῖναι. τούτου δὲ γινομένου κατὰ τὸ προσταχθέν, ὁ Βασίλειος καταπλήττεται, ἀλλ’ ὅμως νεανικὸς ὢν
τῆς ἐκπλήξεως ἀνακτᾶται, ἑαυτοῦ τε καὶ τοῦ βασιλέως καθίσταται, καὶ μαστίζεται παρ’ αὐτοῦ διπλοῖς ἐν
φραγγελίοις λ΄, μνήμην ἔχειν τοῦτον ἀνάγραπτον τῆς πρὸς αὐτὸν φιλοστόργου προθέσεως. καὶ τῷ μεγίστῳ ναῷ
ἐπελθὼν πρωΐας αὐτῆς στεφηφόρον ἄνακτα λαοῖς ἀναδείκνυσι, μηνὶ Μαΐῳ κς΄, ἰνδικτιῶνος ιδ΄, καὶ τῆς κατὰ
δευτερείαν αὐτῷ βασιλείας τὰ πρόσφορα δίδωσιν. ᾧ καὶ πολὺ φίλτρον ἐπιδιδούς, καὶ τὰ ἴσα, πρὸς δὲ καὶ τὰ
καθ’ὑπεροχὴν ἐμπαρέχεται.”).
83
VOGT A., Basile Ier, op. cit., p. 39.
84
CODESO V. P., “Contribución al problema de la cronologia y las Fuentes de la Vita Basilii”, Byzantinische
Zeitischrift 102/2, Munich 2009, p. 762.

30
valeur comme coempereur85 au grand étonnement de tous. Pendant le couronnement de Basile, le

césar Vardas fut condamné comme conspirateur, et c’est pour cette raison que son meurtre fut

justifié et la foi de Basile mise en relief.

“Lorsqu’il fut associé au trône le 26 mai 866, Basile avait, selon la tradition, reçu la

couronne des mains de Michel III.86”. Tout le monde applaudit et Basile fut reçut aux cris de

“Longues années à Michel et à Basile”. Si la disparition de césar Vardas de la scène politique

byzantine fut le premier pas pour le changementde l’institution impériale byzantine, l’élévation

de Basile en coempereur alors même qu’il était d’origine modeste, doit sans aucun doute être

considérée comme la deuxième étape dans cette direction87. Bien que toutes les personnes autour

de l’empereur aient été préoccupées par l’ascension de Basile, seul Michel ne se rendit jamais

compte qu’il resta sans appuis. Basile déjoua méthodiquement le nouveau complot et il marcha

calme et invulnérable vers son destin88.

85
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 18, 34-49 (“ᾔδει δὲ αὐτὸν οὐ μόνον ἀνδρίᾳ
ἀλλὰ καὶ συνέσει τῶν πολλῶν διαφέροντα καὶ ἱκανὸν ἀναπληροῦν αὐτοῦ τὸ ἐν τῇ κυβερνήσει τοῦ κοσμικοῦ
σκάφους ὑστέρημα, ἅμα καὶ τῆς θείας ἐναγούσης εἰς τοῦτο προνοίας αὐτόν, βεβαιοῖ πρὸς τοῦτο τὴν γνώμην αὐτοῦ
ὥστε Βασίλειον βασιλέα... καὶ δὴ θεοῦ συνεφαπτομένου τῆς βουλῆς καὶ τοῦ πράγματος, κατ’ αὐτὴν τὴν ἡμέραν τῆς
ἁγίας πεντηκοστῆς, ἐν ᾗ τοῦ πατρὸς ὁ παράκλητος πρὸς τοὺς τοῦ Χριστοῦ καὶ θεοῦ ἡμῶν ἐφοίτησε μαθητάς, ἐν τῷ
περιβλέπτῳ καὶ ἐπωνύμῳ τῆς τοῦ θεοῦ σοφίας ναῷ τὸν βασίλειον ὁ Βασίλειος περιτίθεται στέφανον, χειρὶ μὲν τοῦ
τότε Μιχαὴλ βασιλεύοντος, ψήφῳ δὲ καὶ κρίσει Χριστοῦ τοῦ ἀεὶ βασιλεύοντος. ἕκτην πρὸς ταῖς εἴκοσιν εἶχεν ὁ
Μαΐος μήν, τῆς τεσσαρεσκαιδεκάτης κατὰ Ῥωμαίους ἐπινεμήσεως”) et NICETAS Paphlagon, Τοῦ ἐν Ἁγίοις Πατρὸς
ἡμῶν Ἰγνατίου, Ἀρχιεπισκόπου Κωνσταντινουπόλεως, Βίος ἤτοι ἄθλησις, Patrologia Graeca 105, 1862, p. 537, B
(“Τότε μὲν οὗν ὁ αὐτοκράτωρ παρευθὺς πρὸς τὴν βασιλεύουσαν παλινοστεῖ. Πεντηκοστὴ δ’ἄρ’ἦν, καὶ Βασίλειον
ὄντα καὶ παρακοιμώμενον, στέμματι κατακοσμήσας, ἀναγορεύει βασιλέα.”).
86
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 205.
87
BLUSIDOU V., “Ὁ βυζαντινὸς αὐτοκρατορικὸς θεσμὸς καὶ ἡ πρώτη ἐκθρόνιση τοῦ Πατριάρχη Φωτίου”,
Σύμμεικτα 7, Athènes 1987, p. 37.
88
CHRESTOU Ι., “Ὁ Θεὸς σῴζοι τὸν βασιλέα”, op. cit., p. 135.

31
CHAPITRE V

L’assassinat de l’empereur Michel III et l’ascension au pouvoir de

Basile Ier.

Les auteurs des sources ne partagent pas le même avis en ce qui concerne les évènements

qui précédèrent l’assassinat de Michel III89. Soit Basile avait toujours jeté son dévolu sur le

pouvoir exclusif, soit Michel et Basile avaient tout simplement perdu confiance l’un en l'autre90.

Basile essaya de l’admonester, comme le prétendirent les sources de la dynastie macédonienne.

C’est la raison pour laquelle, Michel conspira91 contre la vie de Basile92. Mais, il convient de

dire aussi, que Michel fut peut-être informé que le coempereur le tuerait. La situation semblait

indécise et les deux personnes voulurent éliminer l’un l’autre93. En plus, les écrivains byzantins

n'expliquent pas exactement comment l'amour de Michel pour Basile fut tourné en haine94. Sans

doute, Basile devait agir pour se protéger, mais aussi pour défendre l'avenir de l'Empire95. Il faut

mentionner également, que selon les sources de la propagande macédonienne, Basile n’eut

89
pour ce thème voir aussi, WALKER A. , The emperor and the world, op. cit., p. 48.
90
TOUGHER S., “After Iconoclasm (850-886)”, op. cit., p. 292-304.
91
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 20, 11-14 (“καὶ ὅτι μετὰ ταῦτα αὐτὸς ὁ
Μιχαὴλ καθ’ ἑαυτοῦ τὰ ξίφη ἠκόνησε καὶ τὰς τῶν ἀνελόντων αὐτὸν ἐστόμωσε δεξιὰς καὶ εἰς τὴν οἰκείαν σφαγὴν
διηρέθισε”) et chapitre 24, 5-6 (“ὁρῶν ταῦτα καὶ ἀκούων ἐκεῖνος λίαν ἐδυσφόρει καὶ ἠνιᾶτο καὶ τὴν ἑαυτοῦ ζωὴν
ἀπελέγετο”), SCYLITZAE I., Σύνοψις Ἱστοριῶν, op. cit., chapitre 15, 8-9, (“Ταῖς δὲ κατ’ αὐτοῦ συνεχέσιν ἐπιβουλαῖς
καὶ μελέταις ἐκδειματωθεὶς ὁ Βασίλειος δρᾶσαί τι μᾶλλον πρὸ τοῦ παθεῖν ἠγωνίσατο”) et GENESIOS J., Περὶ
Βασιλειῶν, op. cit., chapitre 28, 69-71 (“Τοσοῦτον τὰ τῆς πληροφορίας ὁλικῶς διεξήπλωτο, καὶ φθόνος ἐκ τούτου
δαψιλὴς παρὰ πολλῶν ἐξεκέχυτο, οἳ καὶ τὰ πρὸς διάλυσιν τῆς αὐτῶν ὁμονοούσης ἀγάπης ἐντεχνιτεύουσι”).
92
pour ce thème voir aussi, VARONA P., “Contribución al problema de la cronologia”, op. cit., p. 769.
93
CHRESTOU Ι., Αυτοκρατορική εξουσία, op. cit., p. 147.
94
NIKOLAOU K. –CHRESTOU I., “Love, Hatred and Violence in the ‘Sacred Palace’”, op.cit., p. 96.
95
CHRESTOU I., “Ὁ Θεὸς σῴζοι τὸν βασιλέα”, op. cit., p. 138.

32
jamais un rôle essentiel dans l’assassinat de Michel. Au contraire, les militaires et les sénatoriaux

tramèrent le complot. Pendant cette période, Michel présenta Vasiliskinos, comme son futur

coempereur et c’est probablement à ce moment-là que Basile décida d’assassiner l’empereur.

Mais, on peut s’interroger si Basile était en position de défense, et s’il n’avait aucun autre choix

que de tuer Michel. Pourtant, l’assassinat de Michel était la dernière étape avant son ascension au

trône impérial.

Basile était celui qui décida d’agir en premier. Il avait réuni ses amis, qui étaientceux qui

avaient participé à l’assassinat de Vardas et “bientôt les abords de la chambre impériale furent

envahis par les conjurés.96”. Dans la nuit du 23 au 24 septembre 867, les conspirateurs tuèrent

l’empereur Michel III dans le palais de Saint Mamas97. “L’empereur était mort. Byzance qui

entrait, cette nuit du 23 au 24 septembre, dans l’année 867 recevait un nouveau souverain et une

nouvelle dynastie. 98” L’assassinat de Michel fut rapporté dans la Vie de l’Impératrice Théodora,

mère de Michel III99.

Selon les auteurs de la propagande macédonienne, l’assassinat de Michel était le résultat

de son comportement, qui peut-être caractérisé comme irréligieux. Il est très intéressant qu’à la

96
VOGT A., Basile Ier, op. cit., p.41.
97
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 27, 47-52 (“δι’ἃ δὴ πάντα συμφρονήσαντες
τῶν ἐν τέλει οἱ δοκιμώτατοι καὶ τὸ ἔμφρον τῆς συγκλήτου βουλῆς, διὰ τῶν προκοιτούντων τοῖς βασιλεῦσι
στρατιωτῶν, ἐν τοῖς παλατίοις τοῦ ἁγίου μάρτυρος Μάμαντος ἀναιροῦσιν αὐτόν, ἐκ τῆς ἄγαν οἰνοφλυγίας
ἀνεπαισθήτως τὸν ὕπνον τῷ θανάτῳ συνάψαντα”), SCYLITZAE I., Σύνοψις Ἱστοριῶν, op. cit., chapitre 15, 10-12
(“οὐκοῦν καὶ παρασκευασάμενος μετά τινων οἰκείων τε καὶ συγγενῶν καὶ τῶν προκοιτούντων ἐν τοῖς βασιλείοις
στρατιωτῶν ἀναιρεῖ τὸν βασιλέα ἐν τοῖς παλατίοις τοῦ ἁγίου μεγαλομάρτυρος Μάμαντος. καὶ Μιχαὴλ μὲν οὕτω
βιοὺς ἀνειμένως καὶ μαλθακῶς τοιοῦτον καὶ τὸ τέλος ἐδέξατο, ἀναγορεύεται δὲ μόναρχος εὐθὺς ὁ Βασίλειος παρά
τε τῶν συνωμοτῶν πρῶτον, εἶτα καὶ τῆς συγκλήτου βουλῆς καὶ τῶν βασιλικῶν ταγμάτων καὶ παντὸς τοῦ
στρατεύματος καὶ τῆς πληθύος τῆς ἀστικῆς.”) et GENESIOS J., Περὶ Βασιλειῶν, op. cit., chapitre 28, 80-84 (“ὅθεν
οἱ τὰ συνοίσοντα φρονοῦντες τῷ Βασιλείῳ πρὸς φόνον ἐκίνουν τοῦ αὐτοκράτορος˙ὡς δ’ οὐκ ἔπειθον τῆς πρὸς
αὐτὸν εὐνοίας μηδ’ ὅλως ἐκτετραμμένον ἢ καὶ πρὸς μιαιφονίαν ἰλιγγιῶντα, αὐτόχειρες γίνονται τῆς σφαγῆς, ἵνα μὴ
σὺν αὐτῷ διαπόλοιντο”).
98
VOGT A., Basile Ier, op. cit., p. 41-42.
99
MARKOPOULOS A., “Βίος τῆς αὐτοκράτειρας Θεοδώρας”, Σύμμεικτα 5, Athènes 1983, p. 252.

33
lecture des chapitres concernant Michel III et son assassinat, il apparaisse que le coupable n’était

jamais l’assassin, mais la victime100. Ainsi, Basile fut présenté comme un outil des assassins de

son prédécesseur101. Au contraire, la désignation de Basile au trône impérial était la volonté de

Dieu. On peut ainsi déduire que les auteurs essayèrent de délier Basile de la responsabilité de

l’assassinat de l’empereur.En 867, Basile mit entièrement fin à la dynastie amorienne en

assassinant Michel III102. “Quoiqu’il en soit, la nuit du meurtre de Michel III, il renforçait la

garde de son poste habituel: en effet, Basile, après avoir commis son forfait, se rendit au Grand

Palais accompagné d’un certain Euloge le persan, qui annonça à l’hétériarque Artavasde, dans sa

langue, que Michel était mort, tout en le sommant d’ouvrir à l’empereur – c’est-à-dire Basile.

Artavasde courut chercher le papias (παπίας) à qui Basile, dès qu’il fut à l’intérieur du palais,

prit les clefs, les gardant sur lui jusqu’au matin, quand il nomma un nouveau papias mais non,

semble-t-il, un nouvel hétériarque.103” La dynastie macédonienne évinça la dynastie amorienne

en 867, après deux assassinats affreux, dont Basile était le moteur104. “Basile était le dernier

empereur, qui était d’origine humble et qui accéda au trône impérial grâce à l’aide d’une équipe

de membres proches de sa famille et des non-ressortissants, principalement militaires, qui

occupaient des postes actuels.105”

Aussitôt après l’issue heureuse de la conspiration, Basile se dépêcha d’arranger les

affaires politiques. Il commença avec sa proclamation en monocrator (μονοκράτωρ) au Forum de

Constantin par l’éparque (Ἔπαρχος) de Constantinople, qui était Marianos (Μαριανοῦ υἱοῦ

100
HUNGER H., Βυζαντινὴ Λογοτεχνία, op. cit., p. 147.
101
ibid, p. 160.
102
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 52.
103
KARLIN-HAYTER P., Studies in Byzantine Political History, op. cit., p. 106.
104
JENKINS J.-H.-R. ,“Studies on Byzantine History of the 9th and 10th Centuries, Variorum Reprints, London 1970,
(The Classical Background of the Scriptores Post Theophanem”, Dumbarton Oaks Papers 8, 1954), p. 22.
105
CHRESTOPHILOPOULOU Ek.., Τὸ πολίτευμα καὶ οἱ θεσμοί τῆς Βυζαντινῆς Αὐτοκρατορίας 324-1204, Κράτος-
Διοίκηση- Οικονομία- Κοινωνία Αthènes 2004, p. 214, annotation 56.

34
Πετρωνᾶ). Il est notable que Marianos était fils de Petronas et neveu de l’impératrice Théodora.

Le choix de cette personne cacha une opportunité politique. Basile voulut prouver à l’opinion

publique que la dynastie précédente, qui avait été renversée, approuvait aussi le coup, c’est-à dire

la manière dont Basile accéda au trône de l’empire. Cela était la plus grande légitimation

dynastique pour Basile.

Il fut également très important que Basile choisit aussi d’être érigé autocrate par les

conspirateurs. Il s’agissait de ceux qui connaissaient la vérité sur l’assassinat de Michel. C’était

un moyen pour légitimer son ascension fulgurante au pouvoir. “Après avoir assassiné Michel III,

le 23 septembre 867, il se serait fait à nouveau couronner, cette fois à l’église des Asomates (les

“sans-corps” Michel et Gabriel), restaurée par lui, afin qu’il soit bien clair qu’il ne devait

l’Empire qu’à Dieu, par l’intermédiaire de ses archistratèges/archanges. 106” De manière

caractéristique, Basile fut le premier empereur à être couronné par le Patriarche de

Constantinople. Dagron souligne que “seul, à ma connaisance, Basile Ier aurait reçu des mains

du patriarche, comme un empereur nouvellement promu, la “couronne d’autocrator”

(autokratorikon stemma), mais c’était pour effacer le souvenir de son premier couronnement par

Michel III et, comme l’écrit l’historien Génésios, sensible à cette anomalie, pour “fixer lui-même

un autre commencement à sa basileia” 107”. “Il en est de temps pour Michel III, auquel Basile Ier

faisait comprendre le danger que représente la “haine” du peuple, surtout quand elle est partagée

par l’Église et le Sénat.108”

106
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 205.
107
ibid., p. 102.
108
KOUTRAKOU N.-C., La propagande impériale byzantine, persuasion et réaction (VIIIe-Xe siècles), Athènes
1994, p. 58.

35
Par conséquent, “Basile émergea comme l’agent choisi de Dieu, dont le destin impérial

fut annoncé par les signes et les visions prophétiques”109. Selon les auteurs, et comme nous

l’avons déjà vu, la volonté divine guida Basile depuis qu’il était enfant. Sa progression au trône

impérial est présentée comme légitime et elle est légitimée par Dieu. D’ailleurs les empereurs

byzantins reçurent le titre : “αὐτοκράτωρ ἐν Χριστῷ πιστὸς βασιλεὺς Ῥωμαίων”110.

109
TOUGHER S., The reign of Leo VI, op. cit., p. 30.
110
CHRESTOPHILOPOULOU Ek., Τὸ πολίτευμα καὶ οἱ θεσμοί, op. cit., p. 197.

36
CHAPITRE VI

Les efforts de l’empereur Basile Ier pour s’auto-légitimer.

En général, on peut dire que l’empereur doit être l’image de Dieu, selon les byzantins. Il

devait être gouverné par les lois de Dieu (βασιλευόμενος) afin de diriger l’empire avec légitimité

(βασιλεύειν ἐννόμως)111.

Après l’assassinat de Michel III, Basile, qui était maintenant empereur (μονοκράτωρ),

essaya de légitimer son ascension au pouvoir, car le peuple de Constantinople mais aussi le Sénat

et l’Armée étaient au courant de la manière sanglante dont Basile avait obtenu le trône impérial.

Toute la population de Constantinople sut que Basile était l’assassin de Michel III, bien que

Basile n’était jamais présenté comme le membre principal du groupe des conspirateurs.

Tout d’abord, Basile avait besoin d’affermir112 une nouvelle dynastie et il fallut aussi la

consolider. Cependant, le nouvel empereur était “arrivé au pouvoir après l’assassinat de son

prédécesseur, Michel III, et dont l’assise politique resta longtemps fragile”113. C’est la raison

pour laquelle il semble que Basile fit rapidement le choix d’associer son fils aîné Constantin au

pouvoir et quelque temps après son autre fils Léon VI114. Après la mort de son premier fils,

111
DAGRON G., “Lawful Society and Legimate Power”, op. cit., p. 32.
112
PAIDAS C. D.S., Basile I Macédonien, Δύο παραινετικὰ κείμενα op. cit., p. 37.
113
CHEYNET J.-Cl., La societé byzantine, op. cit., volume 1, p. 328.
114
TOUGHER S., The reign of Leo VI, op. cit., p. 31.

37
Constantin, il associa aussi Alexandre, son troisième fils et il consacra Stéphanos (Étienne), son

dernier fils, à l’église dans le but de devenir patriarche de Constantinople115.

Comme Gilbert Dagron mentionne, “trois fils nommés empereurs (Constantin, Léon et

Alexandre) pour identifier l’Empire à un patrimoine héréditaire, et le quatrième (le futur

patriarche Étienne/Stephanos) “offert” par son père à l’Église pour préparer le moment où cette

dernière devait perdre son indépendance de contre-pouvoir et tomber, elle aussi, sous influence

familiale.116”. Au surplus, les souvenirs de l’Iconoclasme, terminé en 843, étaient récents, et

Basile voulut évidement obtenir un patriarche, qui serait prêt à s’entendre et à coopérer avec

l’empereur, en ce qui concernait les questions ecclésiastiques. Selon Tougher, “un autre moyen

de la réussite impériale était la relation entre l’empereur et l’église; si les affaires de l’église

étaient plus sédentaires, la réputation de l’empereur aurait pu être probablement meilleure. 117”.

Des raisons de besoin dynastique obligèrent Basile à mettre en valeur plusieurs coempereurs

avec la propriété d’empereur paritaire118. Toutefois, il était encore nécessaire pour Basile de

promouvoir la légitimité de sa prétention au trône impérial.

Basile essaya aussi de prouver que sa famille était chrétienne; elle vécut selon les règles

de l’Orthodoxie et de Dieu et la volonté divine était avec lui. C’était une des raisons pour

115
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 34, 26-34 (“βουλόμενος δὲ ἐπὶ μᾶλλον
ἀναστεῖλαι τὰς ὁρμὰς τῶν ἀδίκως ζητούντων ἀλλότριον θάνατον καὶ πᾶσαν αὐτῶν ἐλπίδα περιελεῖν, ἀνάγει πρὸς τὸ
τῆς βασιλείας ἀξίωμα τοὺς τῶν παίδων καθ’ἡλικίαν προέχοντας.”) et chapitre 35, 7-11 (“μετὰ χρόνον τοίνυν τινὰ
μεταδίδωσι τοῦ στέφους καὶ Ἀλεξάνδρῳ τῷ τρίτῳ υἱῷ˙ τὸν δὲ τούτων νεώτατον Στέφανον, ὡς τὸν Ἰσαὰκ ὁ Ἀβραάμ,
προσάγει θεῷ καὶ τῇ τοῦ θεοῦ ἐκκλησίᾳ ἐγκαταλέγει καὶ ἀφιεροῖ.”) , SCYLITZAE I., Σύνοψις Ἱστοριῶν, op. cit.,
chapitre 17, 88-90 (“ἀνακόπτων δὲ τὰς ἐπιβουλὰς τῶν βασιλειώντων στέφει Κωνσταντῖνον καὶ Λέοντα τοὺς
οἰκείους υἱούς. τῷ δὲ τρίτῳ ἔτει τῆς μοναρχίας ἀναγορεύει καὶ Ἀλέξανδρον τὸν τρίτον υἱόν. τὸν δὲ νεώτερον
πάντων Στέφανον ἱεροῖ καὶ τῇ τοῦ θεοῦ καταλέγει ἐκκλησίᾳ.”) et GENESIOS J., Περὶ Βασιλειῶν, op. cit., chapitre
29, 94-97 (“υἱέσι τε τρισὶν ἑαυτοῦ, Κωνσταντίνῳ Λέοντι καὶ Ἀλεξάνδρῳ, τὴν ὁμοίαν στεφοδοξίαν μετὰ καὶ τῆς
βασιλικῆς ἐντίθησι, τὸν δὲ Στέφανον ἱερώσας τῷ πατριαρχικῷ θρόνῳ πρὸς τὸ μέλλον ἀφώρισεν”).
116
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 52.
117
TOUGHER S., The reign of Leo VI, op. cit., p. 31.
118
CHRESTOPHILOPOULOU Ek.., Τὸ πολίτευμα καὶ οἱ θεσμοί, op. cit., p. 202.

38
lesquelles il choisit d’offrir ses filles à l’Église suivant l’exemple de son fils Stéphanos, et elles

ont été placées dans un monastère. Basile choisit de “fermer” ses filles dans un monastère119 afin

de garantir et d'assurer la continuité dynastique. Celles-ci en effet, en tant que filles de

l’empereur, devaient nécessairement épouser des hommes membres d'une famille réputée et

aisée. De cette façon, les familles de “dynatoi” (δυνατοί) entreraient dans le Palais Sacré. En

même temps, les revendicateurs et les prétendants au trône impérial augmenteraient. Ainsi

transparaissent tous les efforts de Basile visant à assurer sa dynastie. Il n’hésita jamais à se

prononcer sur l'avenir de ses enfants, sur la base de son intérêt et de ses buts.

Basile, après être monté au trône de l’Empire, essaya de montrer un caractère et un

comportement qui le légaliserait devant le peuple. L’empereur proclama progressivement ses

trois fils et successeurs comme ses coempereurs, il essaya d'améliorer son image afin d'éviter

toute réaction de la part du peuple de la capitale impériale. Lui, bien que sans éducation, créa des

illusions et des mythes à son propre sujet et sur son avenir aussi, afin d’améliorer son image.

Basile établit un certain portrait de lui-même, qui semble avoir eu un grand effet sur les membres

de sa famille ; il était l'élu de Dieu et il fut guidé par la volonté divine pendant sa vie entière.

Le but de Basile était donc la présentation de son règne comme une période de

restauration et de renouvellement. Comme Constantin Ier et puis Justinien qui renovèrent

Constantinople avec des bâtiments et des églises, il suivit un projet de reconstructions, tout aussi

important, en réparant des bâtiments préexistants. Il réussit ainsi à être loué comme un redresseur

de la ville impériale. En effet, le nombre d’œuvres ayant bénéficié d’une reconstruction est

119
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 35, 11-20 (“τὴν θήλειαν δὲ γονὴν ἰσάριθμον
οὖσαν τῇ ἄρρενι ἐν ἱερῷ σεμνείῳ τῆς πανευφήμου μάρτυρος Εὐφημίας καθιεροῖ καὶ ὡς δῶρον δεκτὸν καὶ ἀνάθημα
θεῷ ἀνατίθησιν, καὶ σχήματι καὶ καταστολῇ κοσμήσας ὁμοίως ταῖς καθαρῶς καὶ ἀμιάντως τῷ ἀθανάτῳ νυμφίῳ
νυμφευομέναις παρθένοις Χριστῷ”) et SCYLITZAE I., Σύνοψις Ἱστοριῶν, op. cit., chapitre 17, 90-91 (“ἐπεὶ δὲ καὶ
τέσσαρες ἦσαν αὐτῷ θυγατέρες, ἐν τῷ θείῳ σεμνείῳ τῆς πανευφήμου μάρτυρος Εὐφημίας καὶ ταύτας καθιεροῖ”).

39
important. La majorité d'entre elles était située dans les temples de la capitale et le palais

Sacré120. L'expression de la piété de Basile, en fait, dépassa les limites de la mesure

traditionnelle121.

Selon l'idéologie impériale de Byzance, l’empereur avait des tâches spécifiques en ce qui

concerne l’Orthodoxie. Il devait propager la religion, mais aussi renforcer la foi du peuple.

L’Empire byzantin n’était jamais un empire théocratique, mais il était régi par les principes du

Christianisme et de l'esprit grec ancien.

Les empereurs choisissaient donc généralement de construire de nouvelles églises, qui

seraient dédiées aux saints protecteurs de leur dynastie (par exemple le prophète Élie, les

archanges Michel et Gabriel122, Saint Démétrios, Saint Nicolas etc.)123. Ils donnaient aussi de

l'argent ou des privilèges accordés aux monastères.

C’est dans cette entreprise que Basile se lança également, puisque, la manière de son

accès au trône impérial confirmait que Dieu était avec lui. Il construisit une église124, située à

côté du palais impérial. Cette église était connue sous le nom d’“Église Nouvelle”, “Nouvelle

Église Impériale”, “Nouvelle Grande Église”, “Grande Nouvelle Église” ou seulement

120
CHRESTOU I., “Ὁ Θεὸς σῴζοι τὸν βασιλέα”, op. cit., p. 139.
121
CHRESTOU I. “Εκφράσεις ευσεβείας του Βασιλείου Α΄και του Λέοντος ΣΤ΄, Απόρροια της αυτοκρατορικής
ιδεολογίας ή πράξη σκοπιμότητας;”, Aureus, Athènes 2014, p. 841.
122
voir la communication de RODRIGUEZ-SUAREZ А., “The Archangel Gabriel: Patron Saint of the Macedonian
Dynasty?”au 23e Congrès international des Études Byzantines, Belgrade, août 2016,
https://www.academia.edu/28100660/The_Archangel_Gabriel_Patron_saint_of_the_Macedonian_dynasty.
123
CHRESTOU Ι., “Εκφράσεις ευσεβείας ”, op. cit.,p. 840.
124
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., chapitre 76, 1-5 (“κατὰ δὲ τὸν καιρὸν ἐκεῖνον καὶ ὁ
περικαλλὴς οὗτος ναὸς καὶ περίοπτος ᾠκοδομεῖτο ὃν νέαν βασιλικὴν ἐκκλησίαν λέγειν εἰώθαμεν, ὃς ἐπ’ ὀνόματι
τοῦ σωτῆρος ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ καὶ Μιχαὴλ τοῦ πρώτου τῶν ἀγγέλων καὶ Ἠλιοῦ τοῦ Θεσβίτου ἠγείρετο”), et
SCYLITZAE I., Σύνοψις Ἱστοριῶν, op. cit., chapitre 41, 67-73 (“ἀνήγειρε δὲ καὶ ἐκ καινῆς ἐν ταῖς βασιλείοις αὐλαῖς
εἰς ὄνομα τοῦ δεσπότου Χριστοῦ καὶ τοῦ πρώτου τῶν ἀγγέλων Μιχαὴλ καὶ Ἠλιοῦ τοῦ προφήτου. ἔτι δὲ καὶ τῆς
θεομήτορος καὶ Νικολάου τοῦ περιωνύμου ἐν ἱεράρχαις τὸν περικαλλῆ τουτονὶ ναόν, ὅν Νέαν ἐκκλησίαν
κατονομάζουσιν, εἰς εὐπρέπειαν καὶ κάλλος καὶ ὡραιότητα μηδενὶ ἑτέρῳ ὑπερβολὴν ἢ σύγκρισιν καταλιμπάνοντα,
προσόδους τε ἔταξεν ἱκανὰς εἴς τε φωταγωγίαν καὶ χρείαν τῶν δοξολογούντων”).

40
“Nouvelle” (“Νέα”)125. La construction de cette église était en fait une victoire, et une

reconnaissance de Basile par lui-même. La nouvelle église fut dédiée au prophète Élie et à

l'archange Gabriel ; elle était célébrée le 20 juillet et le 8 novembre. “Ce fut ce dernier (le

prophète Élie) qui avait prédit la montée de Basile au pouvoir impérial et donc cette église a été

construite en honneur spéciale par la dynastie.126” La manière dont l’église était célébrée révélait

au peuple la relation spéciale qu’avait la dynastie avec le prophète et les archanges. Elle occupait

une place particulière dans le calendrier de Constantinople pour une autre raison également,

puisque son inauguration le 1er mai 880 était aussi célébrée tous les ans, Basile voulant imiter

Constantin Ier qui lui aussi célébrait l'inauguration de son mausolée. Une note dans le livre des

cérémonies (“De cerimoniis aulae byzantinae”) indique que la fête était un “fait nouveau”

(“ἐκαινουργήθη”) sous Basile I. Il est raisonnable de supposer que l'ordre de la cérémonie décrite

ci-dessus a été instituée après la grande ouverture de la Nea Ekklesia le 1er mai 880127.

L'effort de Basile pour s’auto-légitimer comme le nouveau Constantin est évident,

puisqu’il s’agissait d’un triomphe personnel et impérial. “De souligner que la Nea n’était pas une

chapelle du palais est de ne pas nier que ce fut une base très personnelle avec un caractère

dynastique prononcé.128” “Comme un monument dynastique la Nea semble inaugurer la tendance

à une piété individualiste plus privée qui était de caractériser le patronage religieux impérial dans

les siècles suivants.129” L’adjectif “nouvelle” (Nέα) est significatif de l’effort de l’empereur pour

présenter son règne comme une période de renouvellement et d’imposer simultanément le

125
MAGDALINO P., “Observations on the Nea Ekklesia of Basil I”, Jahrbuch der Österreichischen Byzantinistik 37,
Vienne 1987, p. 51.
126
TOUGHER S., The reign of Leo VI, op. cit., p. 53.
127
MAGDALINO P., “Basil I, Leo VI and the feast of the prophet Elijah”, Jahrbuch der Österreichischen
Byzantinistik, Vienne 1988, p. 193.
128
MAGDALINO P., “Observations on the Nea Ekklesia”, op. cit., p. 61.
129
ibid., p. 62.

41
concept de supériorité. L’église a été bâtie pendant l’apogée de son règne, quand les expériences

traumatisantes et les péchés du passé avaient décliné. Le caractère et la personnalité tout entière

de Basile ont contribué à cela parce que cet homme progressiste, mais sans éducation, sans

fondements moraux et sans être préparé à un tel rôle et provenant d’une classe sociale inferieure

avait accédé au trône de l’Empire Byzantin. Dagron écrit qu’“elle est placée sous le thème de la

renovatio imperii d’un renouveau cyclique qui fut longtemps d’inspiration purement romaine,

mais qui, accompagnant l’apparition d’une nouvelle dynastie, prend ici un autre sens et résonne

d’échos bibliques130”.

En dehors de la reconstruction de la Nea (Νέα), Basile s’intéressa à la restauration du

monastère de Saint Diomède. Celui-ci fut fondé par Constantin Ier. Basile le reconstruisit plus

grand, il le décora et il le pourvut aussi de nombreuses propriétés131. Évidemment, le but de

Basile était la comparaison avec le fondateur de l’Empire byzantin, dans un autre effort d’auto-

légitimation. Il convient de rappeler que c’est dans ce monastère qu’il avait reçu l’oracle l’ayant

guidé à la royauté132 et c’est là que sa fortune naquit.

Mise à part la restauration et la construction de nouvelles églises, Basile montra un grand

intérêt pour l'évangélisation des Juifs et surtout ceux de Constantinople, imitant ainsi Justinien

dans cet effort En effet, il diffusa le Christianisme et surtout l’Orthodoxie aux infidèles. Pendant

les années qu’il gouverna, les Russes furent baptisés et les Bulgares furent renforcés dans leur

foi.

130
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 219.
131
DAGRON G., Constantinople imaginaire, op. cit., p. 320.
132
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 202.

42
Basile écrivit un ouvrage parénétique à son fils Léon. Il est composé de 66 fonds

parénétiques. Si le projet indiquait clairement que l'auteur est le fondateur de la dynastie

macédonienne et l’ouvrage était adressé à son fils Léon VI, les chercheurs se demandent

comment Basile, qui était inculte, avait été capable d'écrire un texte d’une telle qualité.

Markopoulos signale que “sous le titre commun Chapitre parénétiques, on trouve deux textes

différents.”133 “Étant donné l’analphabétisme du fondateur de la dynastie macédonienne, on

comprend que la recherche contemporaine refuse, presque uniquement, d’attribuer à Basile Ier la

paternité des Chap. Par. I.134” L’auteur des Chapitres Parénétiques était peut-être le patriarche

Photius. Cependant, la rédaction du texte peut être datée entre mars 880 et 881/882.

Ces textes peuvent être considérés comme un testament spirituel (parakatathèke) du

fondateur de la dynastie à son successeur. Basile, en essayant d'imiter David, donne ses conseils

à son fils, se rapportant à la vie correcte d'un homme. Ces conseils sont régis par les

enseignements de l'église chrétienne puisqu’il se compare à David, et il compare Léon à

Salomon. Comme Salomon était sage, Léon sera nommé sage aussi135. Il réussit donc, à prouver

le caractère sacré de sa famille, tout en tenant de ternir l'image de son prédécesseur et de prouver

sa propre légitimité136. L'assassinat de Michel était considéré comme le salut de l'empire et

Basile utilisa ses fonds comme un autre moyen de s’auto-légitimer.

133
MARKOPOULOS A., “Autour des chapitres parénétiques de Basile Ier”, Ευψυχία, Mélanges Offerts à Hélène
Ahrweiler, vol. II, Paris 1998, p. 469.
134
ibid., p. 472.
135
TOUGHER S., The reign of Leo VI, op. cit., p. 127.
136
PAIDAS C.D.S., Basile I Macédonien, Δύο παραινετικὰ κείμενα op. cit., p. 159, annotation 33.

43
Il faut aussi mentionner que pendant les années du règne de Basile137, on a fait réaliser le

célèbre tableau représentant le rêve célèbre de Constantin Ier “ Ἐν τούτῳ νίκα”. Cette initiative

ne peut pas être attribuée à Constantin VII, mais au contraire à Basile138.

137
pour la mort de Basile voir ALEXAKIS A., Γάμοι κηδεῖες καὶ μεταμέλειες, Ο Βίος τοῦ Πατριάρχη Εὐθυμίου, ὑπὸ
ἀνωνύμου μοναχοῦ, Athènes 2006, p. 22, 24, 26, 28.
138
AHRWEILER-GLYKATZI H., “Ο Κωνσταντίνος Ζ΄ και η εποχή του”, op. cit., p. 1.

44
CHAPITRE VII

Phôtios, Léon VI et leurs efforts pour légitimer Basile Ier et la

dynastie macédonienne.

Pendant la fin du 9ième siècle, Phôtios et son éléve Léon VI pensèrent que l’ascendance

noble et aristocrate était une caracteristique importante et indispensable pour la fondation d’une

nouvelle dynastie. La légitimation de Basile s’imposa à cause de son passé sombre et suspect139.

Suite aux efforts de Basile pour légitimer sa nouvelle dynastie, la contribution du

patriarche Phôtios fut également notable. La relation entre ces deux personnalités dynamiques

n’était pas la meilleure au début, en raison de la question du trône patriarcal même. L’ascension

de Phôtios à cette grande dignité ecclésiastique avait signifié la réduction d’Ignatius140. C’est

pour cette raison qu’une fois empereur, Basile, déposa Phôtios et réhabilita Ignatius. Après la

mort de ce dernier, le patriarche érudit assuma de nouveau le trône patriarcal de Constantinople.

Phôtios, depuis les années de son exil, s’était engagé dans une démarche laudative envers Basile

mais aussi envers la dynastie macédonienne. Il estest clair que le patriarche exilé essaya de se

reconcilier avec le nouvel empereur afin d’être rappelé à la ville impériale141.

Tout d’abord, Phôtios écrivit une histoire fictive en lettres majuscules, dans laquelle il

fait le récit selon lequel Basile descendait de la famille de Tiridate qui était un roi de

139
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας»”, op. cit., p. 839.
140
pour ce thème voir, NICETAS Paphlagon, Τοῦ ἐν Ἁγίοις Πατρὸς ἡμῶν Ἰγνατίου, op. cit., 105.
141
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας»” op. cit., p. 954-955.

45
l’Arménie142. La généalogie de l’empereur sur les Arsacides fut possiblement inventée par le

patriarche suite à sa relation avec l’Arménie, peut-être par sa mère143.

Pour regagner la confiance de Basile Ier, Phôtios n’aurait rien trouvé de mieux que de

fabriquer une fausse prophétie promettant le pouvoir à une mystérieuse progéniture du nom de

BEKLAS (initiales de Basile lui-même, de sa femme Eudocie, et des ses quatres fils Constantin,

Léon, Alexandre et Stéphanos)144. On peut voir que les noms des filles de l’empereur ne sont pas

mentionnés.

En général, comme nous le verrons par la suite, la légitimation de Basile s’appuya

fortement sur des histoires et des narrations fictives. Celles-ci suivirent des modèles spécifiques

en vertu desquels l’empereur est présenté comme providentiel pour la rédemption de l’empire. Il

est généralement admis, que l’empire byzantin entra dans une période signiicative avec la

dynastie macédonienne.

Hormis la création de l’histoire se rapportant à l’origine de Basile, le patriarche Phôtios

écrivit trois hymnes chantant les louanges de l’empereur. Ces trois poèmes furent transmis

seulement dans un seul manuscrit, le codex Vaticanus Barberianus gr 310 (autrefois 246), qui fut

copié à Constantinople à la fin du 10ème siècle; il contient, des poèmes “Anacreontics”

(Ἀνακρεόντεια) de 5ème siècle jusqu’au début de 10ème siècle145.

Il est bien sûr très important d’examiner de près le contenu de ces poèmes. Tout d’abord,

ces poèmes ont un rapport clair à l’hymnographie ecclésiastique; ils contiennent des citations de

142
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας»” op. cit., p. 955.
143
SCHMINCK A., “The beginnings and the origins”, op. cit., p. 67.
144
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 53.
145
CICCOLELLA F., “Three Anacreontic Poems to Photius”, Orientalia Christiana Periodica 64, Roma 1998, p.
306.

46
la Bible, mais aussi des psaumes de David. De manière remarquable, on y rencontre aussi des

acclamations qui ont subsisté dans l’œuvre de Constantin VII Porphyrogénète “De cerimoniis

aulae byzantinae” (“Περὶ τῆς βασιλείου τάξεως”). Parallèlement, afin que Basile acquière de la

gloire, l’action par laquelle il accéda au trône est dissimulée par les auteurs. De plus, Phôtios

essaya d’intégrer le fils aîné de Basile, Constantin, parmi les Saints de l’Église, afin de renforcer

la dynastie par une canonisation146.Le patriarche tenta sans succès la canonisation de Constantin.

Dans le synaxaire de Constantinople, figure une note à la date du 03 septembre : “τοῦ ἐν ἁγίοις

βασιλέως Κωνσταντίνου τοῦ νέου ἐν τοῖς Ἀποστόλοις”; il n’y a pas d’autres information, mais

cette annotation se référe peut-être au fils de Basile147.

L’initiative et les actions de Phôtios, sans ou avec l’éloge de l’empereur, avaient une

orientation explicite, à savoir l’embellissement de la nouvelle dynastie. Le fils et coempereur de

Basile, Léon VI, suivit l’exemple du patriarche. L’élève de lérudit Phôtios, ne pouvait qu’essayer

d’égaler son “professeur”.

Comme cela a été vu, les relations entre Basile et Léon n’étaient jamais les plus

harmonieuses et heureuses. La rumeur persistante sur la paternité de Léon était peut-être l’une

des nombreuses raisons de la dureté de la relation entre les deux personnes. Pourtant, le

successeur de la nouvelle dynastie avait lui-même besoin d’être légitimé devant, surtout, le

peuple de Constantinople148. Comme Phôtios, Léon VI reproduisit le même modèle au sujet de

leurs ancêtres et de la naissance de Basile. Le seul but du successeur était la légitimité de

146
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας»”, op. cit., p. 959.
147
ibid., p. 843.
148
pour ce thème voir aussi, ADONTZ N., “La portée historique de l’Oraison funèbre de Basile I”, op. cit., p. 501-
513.

47
l'empereur149. Les références fréquentes et constantes aux Arsacides d’ Arménie ou à Constantin

Ier, servent à cette fin. Dans un même temps, les parallèles avec le David biblique, ont donné

l’une des nouvelles caractéristiques à Basile.

En général, “les discours funéraires (épitaphes) suivaient le même schéma, aligner le

portrait de l’empereur sur le portrait du prince idéal.150”. Telle était l’oraison funèbre de Basile

qui fut écrite par Léon VI. On peut dire que cet exemple est un panégyrique qui présente une

version plus officielle des événements151. Léon VI, dans l’Oraison, souligne qu’il sera traité

comme son père et sa mère; il justifie son opinion avec une citation d’une Épître de Paul

(“κεφαλὴ γυναικὸς ὁ ἀνήρ”)152.

Il convient à présent de mentionner quelques éléments qui concernent le manuscrit de

l’oraison funèbre. “Le manuscrit qui contient l’Oraison funèbre de Basile I a été soigneusement

décrit par M. Serruys dans son article sur les Homélies de Léon le Sage. C’est le manuscrit de

Vatopédi, à l’Athos coté No 360 par M. Serruys et Λ 408 par Mgr Eustratiadès superbe in- fol.

en parchemin, écrit sur deux colonnes de vingt et un ligne chacune.153” L’occasion était

probablement le deuxième anniversaire de la mort de Basile. Léon utilisa cette date à l’image de

Grégoire de Nazianze qui livra son discours funèbre pour Basile de Césarée deux ans après la

mort de ce dernier154.

La réinterprétation de l'histoire fut jugée nécessaire. Elle fut combinée avec certains

thèmes que l’on pourrait qualifier de propagandistiques. En outre, le nouvel empereur définit
149
ANTONOPOULOU TH., The Homilies of the Emperor Leo VI, New York 1997, p. 77.
150
KOUTRAKOU N.-C., La propagande impériale byzantine op. cit., p.176.
151
ibid., p. 176.
152
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας»”, op. cit., p. 960.
153
VOGT A. et HAUSHERR I., Oraison funèbre de Basile I par son fils Léon le Sage, Orientalia Christiana, vol.
XXVI-1, Roma 1932, p. 5.
154
ADONTZ N., “La portée historique de l’Oraison funèbre de Basile I”, op. cit., p. 248.

48
comme son but l'imitation des faits glorieux de l'empereur défunt, élément central dans le

système de valeurs byzantin155. De fait, Léon n’écrivit pas quelque chose de nouveau. Il utilisa

l’oraison comme un moyen de légitimation et il reproduisit ce qu’il avait entendu à la cour, du

temps du règne de son père156. Τoutes les actions de Léon étaient fondées sur la base

ecclésiastique-hagiographique, afin de montrer son respect envers l'église et par extension envers

toute la dynastie. Léon, imitant son père, choisit de célébrer la restauration de la relation lors de

la célébration du prophète Élie157.

Ces efforts, qui peuvent être considérés comme réussis, avaient pour seul but de mettre en

valeur le premier empereur macédonien comme un chrétien idéal, un renovateur de l’Empire et

un homme qui fut guidé par Dieu. Parallelement, Léon construisit un modèle “type” de

l’empereur. Toutes les actions étaient fondées sur des sources écrites, mais aussi des

constructions monumentales. La divinisation de la dynastie et l'accent mis sur la protection de

Dieu aaussi laissé ses traces dans l’art158.

155
ANTONOPOULOU TH., The Homilies, op. cit., p. 249.
156
ADONTZ N., “La portée historique de l’Oraison funèbre de Basile I”, op. cit., p. 249.
157
CHRESTOU Ι., “Εκφράσεις ευσεβείας ”, op. cit., p. 840.
158
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας»”, op. cit., p. 842.

49
CHAPITRE VIII

L’image de Michel III dans la Vie de Basile comme un moyen

de légitimation.

“Les chroniquers dévoués aux Macédoniens exploitent plus tard le même filon et

décrivent Michel III, authentique porphyrogénète, comme un ivrogne et un hippomane, et en

opposant ce fantoche sans consistance physique ni morale à Basile Ier, homo novus qui dompte

un cheval sauvage, s’empare de l’Empire et fonde une dynastie. Même dans l’éloge de Léon VI,

nous l’avons vu, la légende d’une origine “royale”de son père ne prévaut pas contre l’image forte

du rénovateur.159” Les auteurs essaièrent essentiellement de déprécier les actes de Michel dans

tous les domaines de l’empire. Ils le présentèrent comme un homme idiot, méchant, immoral et

ivre160. L’empereur Michel III, le dernier descendant de la dynastie amorienne, fut terrassé par la

propagande macédonienne161, faisant de lui un anti-héros de l'Histoire. De la manière où Basile

est le véhicule de toutes les vertus, Michel est l'incarnation de tous les vices: il aurait raillé les

rites divins et se serait moqué des deux institutions de l'État et des lois de la nature. Autour de lui

se seraient réunis des gens impies, misérables et mauvais, ne montrant aucun respect envers la

dignité du pouvoir impérial et ridiculisant les symboles de la foi chrétienne. Michel serait devenu

159
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 57.
160
CHRESTOU I., “Εκφράσεις ευσεβείας ”, op. cit., p. 838.
161
ibid., p. 846.

50
cruel. Michel serait le bienfaiteur de Basile jusqu'au moment où il nomma Basile son coempereur

et plaça avec ses propres mains la couronne sur la tête de Basile162.

Il faut cependant préciser qu’il y a deux “traditions représentées, chacune par deux ou

plusieurs rédactions”163. “Les chroniques les plus anciennes qui racontent le règne de Michel III

remontent dans la forme que nous les connaissons, au Xe siècle.164” L’image laide de Michel

était utilisée comme un moyen de légitimation de Basile. Pour cette raison, elle sera utilisée

uniquement dans la narration de la Vie de Basile qui fut peut-être écrite par son petit-fils,

Constantin VII. Il s’agit d’un livre qui peut être considéré comme l’éloge de Basile et le blâme

de Michel. Cependant, le blâme de Michel dans le livre V qui précéde la Vie de Basile, justifie

seulement l’assassinat du dernier empereur de la dynastie amorienne165.

Les descriptions des erreurs de Michel, qui existent aussi dans l’œuvre de Genesius, ont

pour seul objectif la justification de l’assassinat sauvage de Michel par Basile. 166
Les autres sont

plus lucides pendant la narration de ces événements, qui concernent les relations entre

l’empereur et le coempereur et surtout l’assassinat de Michel.

Dans la Vie de Basile, l’effort de Constantin VII et de son état-major pour assombrir

l’image de Michel III et pour mettre en valeur Basile en tant que sauveur de l’empire apparait

162
KAZHDAN A., A history of byzantine literature (850-1000), éd. Angelidi Christine, Athènes 2006, p. 140-141.
163
KARLIN-HAYTER P., “Études sur les deux histoires du règne de Michel III”, Byzantion XLI, Bruxelles 1971, p.
454.
164
ibid., p. 454
165
CODESO V. P., “Contribución al problema de la cronologia ”, op. cit., p. 749.
166
JENKINS J.-H.-R., Studies on Byzantine History, op. cit., (Constantines VII’s Portrait of Michae l), p. 71.

51
clairement 167. C’est la raison pour laquelle le caractère et les réussites du dernier successeur de

la dynastie amorienne sont couverts de diffamations168.

En réalité, l’œuvre de Constantin VII présente une image de Michel comme le

correspondant d’Antoine dans l’œuvre de Plutarque, parce que l’empereur a été influencé par

l’historien antique et ses ouvrages169. Dans la Vie de Basile, Michel est l’exemple même de la

vulgarité, de l’ivrognerie, de l’irrévérence et de la dureté. L’indulgence, la débauche, l’impiété et

le gaspillage de l’argent de l’État, comme cela a déjà été vu, dominent le récit170. De plus, dans

les chapitres sur l’assassinat de l’empereur, on arrive à la conclusion que le coupable n’était pas

le tueur, mais la victime171. Nous pouvons affirmer que les événements de l’assassinat sont

convenablement rapportés172. La tentative de justification de l’assassinat de Michel devient

évidente chez les auteurs de la propagande macédonienne (surtout dans la Vie de Basile) et le

rôle de Basile comme instigateur est passé sous silence173. Une fois de plus, Michel est la

victime, qui est responsable car incapable de gouverner l’empire174.

Selon ses défenseurs, Basile empêcha la chute de l’empire puisqu’il réussit à écarter

Michel III qui était, selon les auteurs, fou et irrespectueux. Le nouvel empereur parvint à guider

l’État dans une renaissance politique, militaire et religieuse175.

167
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 377.
168
JENKINS J.-H.-R., Studies on Byzantine History, op. cit., (Constantines VII’s Portrait of Michae l), p. 71.
169
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 34-36.
170
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας»”, op. cit., p. 966 et MARKOPOULOS A., “Κύρου
Παιδεία και Βίος Βασιλείου”, op. cit., p. 108.
171
HUNGER H., Βυζαντινὴ Λογοτεχνία, op. cit., p. 147 et WALKER A., The emperor and the world, op. cit., p. 48.
172
CHRESTOU I., “Ὁ Θεὸς σῴζοι τὸν βασιλέα”, op. cit., p. 137.
173
ibid., p. 138.
174
NIKOLAOU K.-CHRESTOU I., “Love, Hatred and Violence in the ‘Sacred Palace’”, op. cit., p. 97.
175
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας», op. cit., p. 838.

52
CHAPITRE IX

L’image de Basile Ier et la comparaison avec le David biblique

et Constantin Ier.

En ce qui concerne l’image de Basile, on peut dire que les descriptions de sa mort dans

les sources contiennent à la fois des éléments symboliques et des liens avec la légende

populaire176. La structure et la nature des événements décrits dans la scène de la mort de

l'empereur byzantin se réfèrent clairement à la mort du héros de Trézène, Hippolyte177, comme le

parallélisme de Basile Ier avec David mais aussi avec l’empereur Constantin Ier. Bien sûr, il

convient de souligner que les Byzantins utilisèrent les références aux modèles bibliques et

surtout de l’Ancien Testament. En fait, les Romains, comme se dénommaient eux-mêmes ceux

que nous appelons Byzantins depuis le XVIe siècle, avaient connecté la reconnaissance de

l’empereur avec le modèle des rois de l’Ancien Testament; le Nouveau Testament constitua le

code de déontologie des empereurs178. En particulier, David sera le modèle positif d’un

souverain idéal.

Ainsi, l’image du nouvel empereur ayant été renforcée, l’idéologie de la nouvelle

dynastie contribua à l’instauration d’une opinion collective au suje de Basile et de la dynastie.

176
MARKOPOULOS A., History and Literature of Byzantium in the 9 th-10th Centuries, ASHGATE VARIORUM,
2004, p. 5.
177
ibid., p. 10.
178
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας»”, op. cit., p. 949.

53
Cet événement empêcha la perturbation de l’équilibre dynastique que les Macédoniens

imposèrent à Byzance, pour la première fois179.

La littérature et l’art des dernières décennies du 9e siècle servent également la propagande

dynastique. L’iconographie place clairement le meneur de la dynastie macédonienne à l'intérieur

de la tradition de Constantin 1er, et cela malgré le fait que de son vivant, les modèles de Basile

n’etaient pas tant royaux que bibliques avec David et Salomon180. Dans les œuvres

hymnographiques de Phôtios, Basile est comparé pour la première fois à Constantin Ier. Hélène

Ahrweiler qualifia l’idéologie qui prédomina à l’époque de Constantin Ier comme

constantinienne181. La référence aux origines modestes de Basile comme un élément concluant et

primordial de l’image impériale n’a pas été adoptée par Constantin Porphyrogénète. Son père,

Léon VI, évoqua son origine parmi les Arsacides ainsi que de Constantin Ier. Il s’agit de la

première fois qu’un empereur byzantin prétend avoir aussi des liens sanguins avec le fondateur

de l’Empire Byzantin182.

David en particulier constitue l'exemple biblique par excellence auquel aspire Basile. Il

existe de nombreux parallèles. David comme Basile, est d’origine humble. Cette similitude

revient même dans les éloges, s’ajoutant au prestige propre du “particulier” (idiôtès) qui ne doit

son accession au trône qu’à ses mérites et limitant quelque peu les succès de la généalogie

179
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας»”, op. cit., p. 947.
180
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit. , p. 454.
181
ibid, p. 339.
182
ibid, p. 339-340.

54
fabriquée qui rattachait le parvenu aux Arsacides183. Il succède à Saül, un roi non accepté par le

peuple d'Israël, comme référence pertinente à Basile ayant succédé à Michel III184.

Le David biblique deviendra progressivement la norme symbolique non seulement de

Basile, mais de la toute dynastie macédonienne. Cependant, on ne sait pas quand les signes de

cette nouvelle tendance commencèrent. Il semble que Phôtios utilisa David comme un autre

moyen de légitimation de Basile. Le patriarche, via ses hymnes, soutint que l’empereur avait

gouverné avec la faveur et le consentement de Dieu lui-même185.

Phôtios accorda à Basile l'onction royale de David et la sagesse de Salomon aussi. Les

origines modestes de David sont bien sûr comparées à celle de l'empereur byzantin186 ; les

enfants de Basile, comme nous le verrons, remercièrent Dieu qui les avait sauvés de la pauvreté

relative (“ἐκ πτωχείας δαυϊτικῆς”) du roi biblique. La “métaphore” d’une royauté davidique se

développa et se perpétua pour ainsi dire sur trois générations au moins de la “divine dynastie”

macédonienne187.

Mais, en dehors de la comparaison de Basile avec David, via la propagande

macédonienne, les comparaisons et les références à Constantin Ier ne manquèrent pas. Le

fondateur de la dynastie macédonienne fut mis en parallèle avec le fondateur de l’empire

byzantin. La relation entre Constantin le Grand et Basile tel qu’elle est présentée par Phôtios ne

183
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 206.
184
MARKOPOULOS A., “Constantine the Great in Macedonian Historiography: models and approaches, New
Constantines: the rhythm of imperial renewal in Byzantium, 4 th-13th centuries: papers from the Twenty-sixth Spring
Symposium of Byzantine Studies, St. Andrews, March 1992/ éd. by Paul MAGDALINO, Aldershot: Variorum 1994,
p. 161.
185
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας»”, op. cit., p. 952.
186
MARKOPOULOS A., “An anonymous Laudatory Poem in Honor of Basil I”, Dumbarton Oaks Papers 46,
Washington 1992, p. 225.
187
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 206.

55
devrait pas nous surprendre car le premier correspondait à l’image standard de l’idéologie

politique de Byzance188.

Jolivet mentionne que “l’iconographie macédonienne reflète aussi l’assimilation,

fréquente depuis Constantin, de l’empereur aux héros bibliques et, surtout, à David. En sa qualité

de Seigneur, le roi-prophète, modèle de piété, de clémence et de sagesse, est évoqué comme

modèle idéal du souverain chrétien, célébré comme un “nouveau David”. Ce sont surtout les

miniatures des psautiers et les reliefs de coffrets en ivoire, qui témoignent aujourd’hui de la

glorification de David, comme prototype de l’empeur, dans l’art de l’époque macédonienne. La

fréquence des rapprochements dans les textes officiels, entre Basile Ier et David, et la dédicace

impériale du manuscrit conduisent aussi à interpéter en ce sens l’image de l’onction de David par

Samuel.189”

MARKOPOULOS A., “Constantine the Great in Macedonian Historiography”, op. cit., p. 162.
188

JOLIVET-LEVY C., “L’image du pouvoir dans l’art byzantin à l’époque de la dynastie macédonienne (867-1056),
189

Byzantion 57, Bruxelles 1987, p. 460-461.

56
CHAPITRE X

Les efforts de Constantin VII Porphyrogénète pour légitimer

Basile Ier.

La Vie de Basile, le VIème livre de la Continuation de

Théophane, comme un moyen de légitimation.

A travers ses efforts concernant la légitimation de Basile, Constantin VII dissuada un

insurgé de tenter la confiscation du pouvoir. La montée de la dynastie macédonienne avait été

bénie et par conséquent avait été légitimée par Dieu190.

Constantin est plus attentif que Léon au problème des ancêtres de Basile. Comme on le

voit déjà, ce fut Phôtios qui introduisit l'idée de la descente de Basile de la lignée royale

arménienne des Arsacides, et Léon resta, mais brièvement et à contrecoeur sur cette idée: Il

s’agit d’un sujet particulier, et il ne le modifia pas de peur d’être accusé d'avoir enfreint les

règles du panégyrique. Constantin est plus éloquent sur le thème et affirme que la mère de Basile

pouvait se targuer d’être issue de la descendance de Constantin le Grand et même d’Alexandre

de Macedoine même191.

190
CHRESTOU Ι., “Εκφράσεις ευσεβείας”, op. cit., p. 845.
191
KAZHDAN A., A history of byzantine, op. cit., p. 139.

57
Constantin VII, imitant son père Léon VI et le patriarche Phôtios, essaya de légitimer

Basile et ainsi, toute la dynastie. C’est la raison pour laquelle il demanda à Genesius d’écrire

l’histoire des empereurs byzantins depuis le 9ième siècle jusqu’à la fondation de la dynastie

macédonienne. On sait que cet écrivain avait une rélation de parenté avec la famille impériale et

parallèlement il semble qu’il occupait une haute fonction à la cour royale. Hunger remarque que

l’œuvre Βασιλεῖαι (Royaumes) de Joseph Genesius était, en réalité, une œuvre complémentaire à

la biographie étendue de Basile, qui fut écrite par Constantin VII192. Il semble que Genesius

utilisa la Vie de Basile, comme source. Effectivement, la lecture de ces deux ouvrages permet de

constater leur importante similarité. Joseph Genesius participa et soutint la propagande en faveur

de la dynastie macédonienne. Constantin VII imite les autres membres de l’“expédition” pour la

justification de Basile qui avaient “ l'intention de montrer que le nouveau souverain byzantin,

avait toutes les conditions préalables nécessaires pour se distinguer et pour promouvoir la gloire

de la nouvelle dynastie dont il était un chef de file.193”

Il convient à présent d’insister sur certains éléments concernant la Vie de Basile. Cet

ouvrage est le VIème livre de La Continuation de Théophane et son but était, comme on verra, la

légitimation de l’empereur, Basile Ier. L’historiographie de l’époque macédonienne possède des

caractéristiques particulières, qui instituent une innovation stylistique unique. Il s’agit de l’éloge

d’une personnalité, comme elle est observée chez l’ensemble des auteurs de cette période. On est

sûr que le biographe est un intellectuel byzantin du Xe siècle.

“Parfois, les sources font mention d’une phrase qui résume un programme politique, et la

mettent dans la bouche d’un souverain. Tel est le cas de Basile Ier, présenté par la VITA

HUNGER H., Βυζαντινὴ Λογοτεχνία, op. cit., p. 161.


192

pour ce thème voir MARKOPOULOS A., “Constantine the Great in Macedonian Historiography”, op. cit., p. 160-
193

161.

58
BASILII en train de se mettre - et de mettre aussi l’empire- sous la protection divine par une

déclaration publique, le jour de son couronnement.194”

Constantin VII impose à l’école des historiographes un genre littéraire; Il réintroduit la

tendance à écrire “Les Vies des empereurs” du 9e siècle et il abandonne aussi la narration des

chroniqueurs, spécialement de Théophane, qui peut paraître ennuyeuse et sans caractère

littéraire. Son modèle est Plutarque, dont Constantin reprend la langue grecque simple,

l’écriture pure et la clarté du discours. La Vie de Basile fut rédigée pendant la monocratie de

Constantin VII Porphyrogénète, environ en 949-950 avec la précision “terminus post quem”

portant sur la chute des Adates, qui est datée autour de 947-948195.

Du titre du livre, il ressort que l’auteur de la Vie de Basile est Porphyrogénète lui-même,

mais pas avec une certitude absolue. La phrase du préambule: “τῷ γράφοντι προσανατέθετο” (et

soumis à l’auteur du présent)196 ne nous permet pas d’être certains de l’auteur. En général, le

genre et le degré de l’empereur ne sont pas très clairs, même si dans la Vie de Basile sa

contribution est considérée comme importante. Mais, il semble que Constantin ait réunit les

éléments, les ait remis à un employé qui les aurait traités ou il se peut que ces éléments aient été

dictés par l’empereur197. Il semble que Constantin fut non seulement l’inspirateur de cette

tentative, mais qu’il fut aussi celui qui fixa les objectifs, détermina les termes et en conçu le

cadre198. En général, il existe un doute sur l’identité du rédacteur résultat final199.

194
KOUTRAKOU N.-C., La propagande impériale byzantine, op. cit., p. 203.
195
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 26-27.
196
ibid., p. 50.
197
ANAGNOSTAKIS H., “Οὐκ εἰσιν ἐμὰ τὰ γράμματα, Ιστορία και Ιστορίες από τον Πορφυρογέννητο”, Σύμμεικτα
13, Athènes 1999, p. 100.
198
ibid., p. 100-101.
199
ibid., p. 101-102.

59
La Vie de Basile constitue l’ouvrage, qui quant à son genre et à son style, brise l’unité du

groupe des six livres de la Continuation de Théophane, en dépit de leurs différences

individuelles. Cette particularité est constituée par la narration à la première personne, mais aussi

en partie par le titre, dont on a attribué la paternité à Constantin200. La relation de l’empereur

avec cette œuvre est celle d’une affaire personnelle et la relation entre l’empereur et l’écrivain

est probablement très spéciale.

Dans la Vie de Basile, Constantin apparaît comme celui qui choisit les éléments dans les

différents récits et qui les rassemble, puis il les concentre dans une unité spéciale dans le but

d’écrire le récit historique. Pendant la collaboration avec les écrivains pour l’écriture de la Vie de

Basile, l’empereur se contentait de raconter, narrer où dicter de manière formelle dans un

langage soutenu201. En outre, Constantin VII voulut écrire cette collection (la Continuation de

Théophane) non par intérêt scientifique, mais pour faire de la propagande politique de la dynastie

macédonienne202.

Dans la Vie de Basile, une grande partie du récit est occupée par les nouvelles. Dans sa

préface, Constantin VII indique déjà sa préférence pour la mise en valeur du matériel narratif. En

ce qui concerne Michel III, les récits sont nommés honteux (“αἰσχρὰ διηγήματα”). Son grand-

père, Basile, écoutait des narrations historiques (“ἠκροᾶτο ἱστορικῶν διηγημάτων”), ce qui est

considéré comme une grande vertu.

À partir du 10ème siècle, la tendance à l’humanisme classique revit autour des secteurs de

la littérature et de l’art aussi. Isocrate, Plutarque et Polybe influencèrent l’éducation de

200
ANAGNOSTAKIS H., “Οὐκ εἰσιν ἐμὰ τὰ γράμματα” ,op. cit., p. 102.
201
ibid., p. 108.
202
HUNGER H., Βυζαντινὴ Λογοτεχνία, op. cit., p. 145.

60
Constantin et de son écriture historique. L’“école” de Constantin apporte au renouveau du

classicisme un humanisme étranger aux générations dernières : l’homme en tant qu’individu est

projeté en l’avant. Ce livre adopte en partie le style de Xénophon et de l’éloge isocratique.

Plutarque a une valeur historique et il a pour but la présentation d’une image parfaite d’un chef

ou d’un politicien afin de susciter l’admiration et l’imitation des générations suivantes203. Peut-

être Constantin choisit-il l’éloge pour des raisons politiques.

La Vie de Basile devient la biographie d’une personne exemplaire avec des éléments

édifiants, des proverbes et des dictons. Il était nécessaire pour le patriarche de la dynastie

macédonienne d’expurger ses crimes et de rétablir son image. C’est la raison pour laquelle

Constantin VII a été conduit à utiliser des éléments comme des croyances populaires, peut-être

inventées par lui-même. Il est évident que pendant l’écriture, les normes furent suivies. Cela

prouve que le but de l’écrivain était la présentation de Basile comme unempereur qui allait

prêcher par l’exemple pour les générations suivantes204.

L’axe principal et formel de la Vie de Basile est la montée de Basile à la monocratie et il

sépare l’œuvre en deux parties. La première section constitue l’introduction de l’origine et de

l’accession de Basile au pouvoir. Constantin respecte les règles structurelles du discours royal,

puisque il dénonce les actes et le comportement de l’éloge. La deuxième section est divisée en

“actes de la paix en général- actes de la guerre-actes de la paix personnelles”. Par la suite, les

derniers chapitres sont constitués d’incidents indépendants. Toutefois, la structure est distincte et

sa narration est exprimée avec plaisir et sans effort205.

203
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 37.
204
MARKOPOULOS A., “Κύρου Παιδεία και Βίος Βασιλείου”, op. cit., p. 95.
205
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 41-42.

61
La Vie de Basile est clairement utilisée par Constantin VII Porphyrogénète comme un

moyen de légitimation du fondateur de la dynastie macédonienne. , Comme l’écrit Paul Lemerle,

cet ouvrage correspond à ce que Constantin souhaitait: à la fois une Vie exemplaire et un éloge

dynastique à intention politique206. Basile y est présenté comme le sauveur de l’empire byzantin

après la mauvaise gouvernance de son prédécesseur, Michel III. “L’empereur s’y présentait

comme l’élu de Dieu, donnait une garantie de la politique qu’il suivrait- politique qui aurait la

protection et l’agrément divin- et en même temps se justifiait, toujours par référence à Dieu, du

meurtre de son prédécesseur et bienfaiteur Michel III.207”

La tendance à la légitimation de Basile commence, cela a été vu, à partir de sa naissance.

Puis, son biographe ne manquera pas de mentionner que Basile descendait du côté de son père

des Arsacides d’Arménie, tandis que sa mère se vantait de sa parenté avec Constantin Ier et de

ses origines chez Alexandre le Grand208. Comme on déjà vit, la famille de Basile possédait non

seulement une ascendance noble (Arsacides, Constantin Ier), mais aussi l'honneur de compter

parmi elle certains martyrs, victimes de la persécution des chrétiens dans la Bulgarie

d’Omurtag209.

La biographie de Basile reprend non seulement ce que l'on pourrait appeler les tendances

médiévales générales, mais aussi des problèmes spécifiques de l'État byzantin au milieu du Xe

siècle, lorsque la législation agraire et la soi-disant défense des pauvres ont été au centre de la

206
LEMERLE P., Le premier humanisme byzantin. Notes et remarques sur enseignement et culture à Byzance des
origines au Xe siècle, Paris 1971, p. 275.
207
KOUTRAKOU N.-C., La propagande impériale byzantine, op. cit., p. 204.
208
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 58-59 et 334-335.
209
CODESO P. V., “In search of a Byzantine narrative canon: the Vita Basilii as uncanonical work”, Byzantine and
Modern Greek Studies, vol. 39 no 2, Birmingham 2015, p. 182.

62
propagande sociale. Conformément à l'idéologie du Xe siècle, fortement colorée par l'éthique

chrétienne, "Constantin" présente son héros comme un protecteur de l'indigent210.

En ce qui concerne cet ouvrage, on peut dire que la Vie de Basile est une œuvre

historique, dans laquelle la vie et l’action du fondateur de la dynastie macédonienne sont

présentés du point de vue de Constantin VII. La narration est très intéressante parce que le mythe

et la vérité sont confrontés dans une narration attrayante 211. C’est un éloge d’une personnalité

très importante qui jette les bases d’une nouvelle ère de l’Empire byzantin. La position prise par

la Continuation de Théophane et la Vie de Basile est tout à fait différente de celle de Léon VI

dans l'éloge funèbre en l'honneur de Basile212. Finalement, la dynastie macédonienne que Basile

instaura a duré pendant plus de deux siècles, et Michel Psellos signale à son sujet, “je crois

qu’aucune de famille n’a été favorisée par Dieu comme celle-ci”213.

210
KAZHDAN A., A history of byzantine, op. cit., p. 143.
211
CONSTANTIN VII Porphyrogénète, Βίος Βασιλείου, op. cit., p. 9.
212
CODESO P. V., “Contribución al problema de la cronologia”, op. cit., p. 772.
213
MANGO C., The Oxford Dictionary of Byzantium, Oxford University Press, 2002, p. 202.

63
CHAPITRE XI

La légitimation matérielle du fondateur

de la dynastie macédonienne

Des personnalités et des hommes éminents, qui occupèrent la scène politique et religieuse

de l’Empire Byzantin, comme Léon VI, le patriarche Phôtios et Constantin VII, essayèrent de

légitimer le fondateur de la dynastie macédonienne. Simultanément, la légitimation matérielle

par l’intermédiaire des monnaies, des sceaux, des manuscrits et des mosaïques, de l’empereur

était nécessaire. Cheynet mentionne que le pouvoir de Basile arriva après l’assassinat de Michel

et c’est la raison pour laquelle l’assise politique resta fragile. L’empereur voulait que son règne

et surtout celui de son fils, Léon VI, soit fort214. Il était donc très important d’avoir recours à une

propagande “matérielle”.

L’image du pouvoir dans l’art byzantin à l’époque de la dynastie macédonienne doit ses

traits à la conception de l’empereur, non plus en tant qu’homme-dieu, mais comme élu de

Dieu215. L’État se trouve à l’apogée de sa puissance car l’Iconoclasme s’est terminé. L’art servit

donc les prétentions de l’empereur au pouvoir et sa domination universelle. L’origine divine de

son autorité fut soulignée, il fut présenté comme l’oint du Seigneur, choisi, promu et protégé par

Dieu pour guider le nouveau peuple élu vers le Salut216. Il faut mentionner aussi que l’origine

214
CHEYNET J.-Cl., La société byzantine, op. cit., volume 1, p. 328.
215
JOLIVET-LEVY C., “L’image du pouvoir dans l’art byzantin”, op. cit. , p. 442.
216
ibid., p. 442.

64
divine du pouvoir de Basile ne pouvait pas exprimer plus clairement la légitimité du fondateur

représenté. “L’empire des Macédoniens, en pleine expansion, se réclame de la tradition

constantinienne pour affirmer sa primauté sur les autres nations et le basileus se présente comme

le successeur du premier empereur chrétien, modèle idéal des souverains médiévaux.217” L’art

officiel des Macédoniens n’a, en revanche, pratiquement pas exploité le thème de la

philanthropie impériale, vertu traditionelle et particulièrement cultivée par les basileis des IXe –

XIe siècles (surtout Basile Ier, Léon VI, Constantin VII, Romain Lécapène et Constantin IX

Monomaque)218.

Il faut tout d’abord mentionner les monnaies qui étaient un moyen de légitimation très

fort car elles circulaient dans tout l’empire byzantin. On sait que Michel III, qui était le dernier

empereur de la dynastie amorienne, “inaugure dans le domaine monétaire, un type

iconographique qui sera conservé par les Macédoniens”219. Les premières monnaies de Michel

avaient un type “familial” car il y avait sa mère Théodora, l’impératrice qui avait aussi les

attributs du pouvoir, Michel III et sa sœur Thècle. Il est très important de souligner qu’ “en 843,

pour marquer sur les monnaies le retour officiel du culte des Images, on repris l’effigie du Christ

introduite par Justinien II à la fin de son premier règne”220. Pendant le règne du dernier empereur

de la dynastie d’Amorium, il n’y a pas de follio (φόλιο) frappés à l’image de l’empereur. Mais,

“à la fin de son règne, la légende MIHAEL IMPERAT(OR) BASILIYS REX accompagne des

follio (φόλιο) d’un type particulier avec l’effigie de chacun des empereurs.221” Cela marque

l’opposition qu’il y a en grec dans la titulature impériale entre le βασιλεὺς αὐτοκράτωρ

217
JOLIVET-LEVY C., “L’image du pouvoir dans l’art byzantin”, op. cit., p. 457.
218
ibid., p. 454.
219
MORRISSON C., Catalogue des monnaies byzantines de la Bibliothèque Nationale, tome deuxième de
Philippicus à Alexis III (711-1204), Paris 1970, p. 517.
220
ibid., p. 517.
221
ibid., p. 518.

65
(empereur) et le συμβασιλεὺς (coempereur), à travers laquelle est visible la supériorité de Michel

III sur Basile I222.

Pendant le règne de Basile Ier la succession des coempereurs s’établit ainsi :

23 septembre 867-10 février 868→ Basile Ier seul

10 février 868-6 janvier 871→ Basile Ier et Constantin

6 janvier 870- 3 septembre 877→ Basile Ier, Constantin et Léon

3 septembre 877-28 août 886→ Basile Ier, Léon et Alexandre223.

A travers cette séquemce, on peut comprendre les démarches de Basile en ce qui

concerne la légitimation. Tout d’abord, il était le seul empereur. Après il associa son premier fils

Constantin et ensuite son deuxième fils Léon. À la fin, et à cause de la mort de Constantin, il

associa Alexandre aussi pour être sûr de sa dynastie. Morrisson souligne qu “il n’y eut des séries

complètes (nomisma, miliaresion, follis) que sous le règne conjoint de Basile et de Constantin.

Cela peut être un indice de la préférence manifestée par Basile Ier pour son premier fils et

héritier et explique que nous ne possédions ni nomisma (νόμισμα), ni miliaresion (μιλιαρέσιον)

frappé en l’honneur de Léon.224” Nous avons déjà mentionné la relation entre le père et son fils.

Cette absence prouve que leurs rapports étaient tendus.

Pendant son règne et peut-être vers 870, Basile entrepris la construction et la décoration

de l'appartement impérial connu sous le nom de Kainourgion (Καινούργιον), qui a été documenté

222
MORRISSON C., Catalogue des monnaies byzantines, op. cit., p. 518 et aussi MORISSON C., SCHAAF G.,
SPIESER J.-M., Byzance et sa monnaie (IVe- XVe siècle) Prècis de numismatique par Cécile Morrisson suivi le
catalogue de la collection Lampart à l’Université de Fribourg par Georg-D. Schaaf, Ouvrage publié avec le
concours du Collége de France, 15 Réalités Byzantines, Lethielleux, p. 59.
223
MORRISSON C., Catalogue des monnaies byzantines, op. cit., p. 538.
224
ibid., p. 538.

66
dans la Vie de Basile dans une section étendue consacrée aux réalisations de construction de

l'empereur. Des portraits de la famille impériale, en mosaïque, décoraient également son

palais225. Cette mosaïque avait été installée dans une chambre hors de l'espace central de

l'appartement, pour célébrer la dynastie macédonienne. La mosaïque présentait une image forte

de l'unité familiale et de la solidarité, une image d'une dynastie juste et désignée par Dieu. Cet

ouvrage répondait sans aucun doute à une logique propagandistique mais révèle exactement

comment Basile souhaitait voir sa famille226. Bien qu’il fût sans éducation, il pensa aux études de

ses enfants227.

“De même a-t-on assez peu de témoignages concernant les thèmes traditionels de l’art

triomphal: l’empereur victorieux à la guerre, à la chasse ou à l’hippodrome. Dans le palais du

Kainourgion, des mosaïques montraient les batailles victorieuses de Basile Ier et l’empereur

triomphant apparaissait trônant, escorté pas ses généraux, qui lui offraient les cités qu’ils avaient

conquises.228” Les mosaïques au Palais, à la salle du Kainourgion, représentaient l’empereur

trônant avec sa femme Eudocie et ses enfants “comme des astres lumineux, peints tout autour de

la pièce, eux aussi vêtus d’habits impériaux et ornés de diadèmes, les fils tenant en main des

rouleaux où sont écrits les “préceptes divins” et les filles le livre des Évangiles pour montrer que

ces filles aussi savent lire et qu’elles ne sont pas dépourvues de connaissances théologiques.229”

La chambre de Kainourgion, au Grand Palais, servi au fondement idéologique de la

légitimité de la dynastie. Comme la dynastie était nouvelle, la salle du palais était nouvelle aussi.

225
JOLIVET-LEVY C., “L’image du pouvoir dans l’art byzantin”, op. cit. , p. 444.
226
TOUGHER S., The reign of Leo VI, op. cit., p. 49.
227
pour ce thème voir aussi, NIKOLAOU K., Η γυναίκα στη Μέση Βυζαντινή Εποχή, Κοινωνικά πρότυπα και
καθημερινός βίος στα αγιολογικά κείμενα, Athènes 2005, p. 193.
228
JOLIVET-LEVY C., “L’image du pouvoir dans l’art byzantin”, op. cit., p. 455.
229
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 53.

67
Les remerciements des enfants de Basile à Dieu, qui éleva leur père, prouve la proximité avec le

grand roi biblique David230. On était heureux, en tout cas, de voir monter sur le trône un homme

qui avait connu la pauvreté et savait par expérience quelle dure vie était faite par les riches à tous

les humbles et les petits231.

Les mosaïques et la façon dont la famille impériale les constitua, avaient pour objectif la

légalisation du pouvoir de Basile. Il était tellement évident que la dynastie n'avait rien à envier

aux précédentes. Au contraire, Dieu bénit Basile, il lui donna une grande famille chrétienne et fit

de lui le fondateur de l'une des dynasties les plus réussies de l’Empire byzantin.

Entre 879 et 883 un manuscrit fut offert à Basile ou commandé par lui. Les chercheurs ne

sont pas du même avis pour la chronologie du manuscrit mais, ils posent le terminus post quem

en 879, la chronologie de la mort de Constantin, parce que le manuscrit n’avait pas son

portrait232. C’est un manuscrit qui concerne les Homélies de Grégoire de Nazianze; Il s’agit du

premier manuscrit impérial qui nous soit parvenu. La copie illustrée du manuscrit se trouve à la

Bibliothèque Nationale de France à Paris (cod., gr 510).

Tout d’abord il faut faire une description de ces manuscrits. Les portraits de Basile Ier, de

sa femme et de leurs fils Léon et Alexandre apparaissent au début. Les conjugués B-C sont

décorés avec les portraits d’Eudocie et des garçons face au Christ Pantocrator233 trônant. C’est la

deuxième personne de la Trinité, “Dieu au visage humain dont la representation scelle la récente

victoire sur l’Iconoclasme.234”. Le portrait de l’empereur est dans le folio C verso. Basile se tient

230
MARKOPOULOS A., “Οι μεταμορφώσεις της «μυθολογίας» ”, op. cit., p. 958.
231
VOGT A., Basile Ier, op. cit., p. 46.
232
KALAVREZOY-MAXEINER I., “The portraits of Basil I in Paris Gr. 510”, Jahrbuch der Österreichischen
Byzantinistik 27, Vienne 1978, p. 19.
233
voir aussi, CHATZIDAKI N., Ελληνική Τέχνη, Βυζαντινά Ψηφιδωτά, Athènes 1994, p. 244.
234
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 203.

68
entre l'archange et une autre figure, probablement le prophète Élie. Il est couronné par Michel et

le prophète présente le labarum tenu à la fois par le prophète et l'archange aussi.

Commme Constantin est le modèle de Basile, l’impératrice Hélène, assise sur un trône

richement décoré et tenant le globe, symbole de la puissance, peut être considérée comme le

modèle de l’Eudocie impératrice qui partage avec son mari les honneurs des portraits

dédicatoires. Au 10ème siècle, les liens de Basile avec Constantin étaient passés de la conception

à la réalité. Les images à Paris Gr. 510 anticipent ce saut de la foi, mais contiennent le même

message235.

En ce qui concerne les titres des empereurs, l’on peut formuler certaines remarques.

Suivant la détermination initiale d’Omont, on peut lire ΔΕCΠΟΤΗC au dessus de la tête de Léon

et AΔ[ΕΛΦΟC] au dessus de la tête d’Alexandre. Ces deux adjectifs peuvent être expliqués par

les différents statuts des deux fils. Parce que Léon avait été couronné coempereur en 870, il est

qualifié de ΔΕCΠΟΤΗC tandis qu'Alexandre, qui ne fut couronné qu'après la mort de Constantin

est simplement appelé AΔ[ΕΛΦΟC]. Le choix inhabituel du prophète Élie comme un messager

de la victoire est d'une signification personnelle pour Basile ; Élie joua un rôle particulier dans la

vie de Basile, puisque c’est sous le règne de Basile que la célébration de la fête d'Élie fut créée à

la cour impériale byzantine236.

Le texte du Christ dans Par. gr 510 véhicule plusieurs messages.

Tout d’abord il est une promesse de paix pour Basile, sa famille et pour la ville impériale aussi. Il

renforce les anciennes valeurs constantiniennes de l'empire byzantin. Le portrait du Christ

235
BRUBAKER L., “To legitimize an emperor”, New Constantines: the rhythm of imperial renewal in Byzantium,
4th-13th centuries: papers from the Twenty-sixth Spring Symposium of Byzantine Studies, St. Andrews, March 1992/
ed. by Paul Magdalino, Aldershot: Variorum 1994., p. 158.
236
KALAVREZOY-MAXEINER I., “The portraits of Basil I”, op, cit.,p. 19-20.

69
préface les portraits impériaux de Basile et Eudocie, flanqués de leurs deux fils dans la ligne de

succession. Christ bénit la ville impériale, Basile et ses successeurs dynastiques. Il célèbre la

fondation de Constantinople et le mariage de Basile. En ce qui concerne les croix, elles

renforcent le message constantinien237. Il existe aussi un autre texte qui est une partie de la

collection initiale des Homélies, la traduction d’Ecclesiastes238. Dans cet illusration est

représentée le rêve de Constantin Ier ; la bataille du pont Milvius avec le signe de la Croix, vu

par Constantin sur son chemin vers Rome. “Constantin est présent dans l’iconographie du

Parisinus gr. 510 non seulement par l’insigne du labarum, mais par le choix de certaines images :

le rêve qui lui fit voir pour la première fois la croix, la victoire du Pont Milvius. Au concile de

869-870, Basile est salué comme Nouveau Constantin et sa femme Eudocie, comme nouvelle

Hélène.239”

La preuve en est moins claire dans le cas de la Gregorie de Paris, mais la possibilité que

Phôtios avait joué un rôle dans la direction de ces illustrations peut également être envisagée.

Indépendamment de la participation de Phôtios dans l'illustration du manuscrit de Paris, le fait

demeure qu'il est un exemple remarquable de la manière dont les images ont été utilisées pour

exprimer des idées religieuses et servir la mystique impériale selon un type d'illustration des

homélies qui n'a jamais été répété240.

La famille macédonienne, celle du fondateur, se plaça sous le signe de l’Orthodoxie

triomphante avec des protecteurs du monde divin, des saints -le prophète Élie et les

archistratèges- qui accompagnèrent et protégèrent Basile “dans la conquête du pouvoir, qui

237
BRUBAKER L., “To legitimize an emperor”, op. cit., p. 157.
238
DER NERSESSIAN S., “The illistrations of the Homilies of Gregory of Nazianzus: Paris Gr. 510. A study of the
connections between text and images”, Dumbarton Oaks Papers 16, Washington 1962, p. 219.
239
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 206.
240
KALAVREZOY-MAXEINER I., “The portraits of Basil I”, op, cit., p.227.

70
continuent d’intervenir dans les principaux épisodes de la politique impériale, et dont les cultes

s’organisent peu à peu en réseau de commémorations et de processions. Sur trois générations au

moins, la piété des Macédoniens est déliberèment dynastique; elle englobe ou cherche à

englober, avec un demi-succès, quelques saints issus de la famille elle-même, et fait naître, sinon

une nouvelle architecture religieuse, au moins un nouveau programme architectural et une

nouvelle organisation culturelle dont la “Nouvelle Église” (Nea ekklèsia) est l’expression

achevée.241”

241
DAGRON G., Empereur et prêtre, op. cit., p. 203.

71
CONCLUSIONS

Le but de ce mémoire était la démonstration des moyens de légitimation du fondateur de

la dynastie macédonienne, Basile Ier. On doit raisonnablement se demander pourquoi Basile

avait besoin d’une telle légitimation.

Tout d’abord, la manière dont Basile acceda au trône impérial était la raison pour laquelle

ses descendants et lui-même aussi essayèrent de le légitimer. L’empereur Michel III décida de le

proclamer après l’assassinat de césar Vardas. Il faut souligner que Basile était l’assassin de césar

Vardas, avec l’accord de Michel III. Mais la proclamation du nouveau fondateur de la dynastie

macédonienne en coempereur était une décision et une action de l’empereur Michel III. Cela

signifia en même temps la légitimation de Basile lui-même. Puisque il fut proclamé coempereur,

il était automatiquement le légitime successeur suivant. Mais, comme cela a été mentioné, la

succession au trône de l’empire byzantin ne se réalisa jamais d’une manière pacifique, mais au

contraire après l’assassinat du dernier descendant de la dynastie amorienne, Michel III par le

fondateur de la dynastie macédonienne. Cet événement était la raison pour laquelle Basile avait

le besoin d’être légitimé.

Par le fait d’être coempereur, le nouvel empereur devint le successeur légitime du trône

impérial, puisque Michel III n’avait pas d’enfants. Mais, Basile comprit qu’il fallait faire

quelques actions qui concernaient la vie politique de l’État. Il commença donc son règne avec sa

proclamation en monocrator (μονοκράτωρ) au Forum de Constantin, selon la norme officielle,

par l’Éparque de Constantinople; l’Armée, le Sénat et le peuple le légitimèrent aussi et, pour la

72
première fois dans l’histoire byzantine, le Patriarche bénit sa couronne. Le choix de Marianos

était très important puisque que l’Éparque était le fils de Petronas et le neveu de l’impératrice

Théodora. Cela donna une opportunité politique à Basile. Avec cela, le nouvel empereur voulut

prouver à l’opinion publique que la dynastie précédente (cela d’Amorium) approuvait aussi le

nouveau souverain. Cet événement constitua la plus grande légitimation dynastique pour Basile.

Il voulut cacher la manière dont il avait accédé au trône de l’empire byzantin. Les problèmes

soulevés montrent qu’on ne peut pas être assez prudent dans la lecture de la littérature officielle

de la dynastie macédonienne, non seulement lorsqu’elle noircit la dynastie renversée par Basile

Ier, mais aussi quand elle insiste sur la continuité essentielle de la succession dynastique établi

par Basile Ier.

Simultanément, Basile essaya aussi de s’auto-légitimer grâce à d’autres éléments, surtout

devant le peuple de la capitale de l’Empire. Basile était une nouvelle réalité pour l’Empire. Pour

des raisons concernant sa légitimation, Basile écrivit une œuvre, “Les Chapitres Parénétiques”

pour son fils, l’empereur et successeur, Léon VI, dans laquelle il tenta une identification aux

royaumes plus anciens et aussi bibliques. Du fait de la manière sanglante par laquelle il se

proclama “monocrator” (μονοκράτωρ), il nécessitait la référence au fondateur de l’empire

byzantin, Constantin Ier, qui était toujours l’empereur plus important pour les Byzantins. Dans

ses efforts, il convient d’inclure la construction de l’Église Nea, la restauration de Saint

Diomède, l’érection de Kainourgion, ainsi que le manuscrit de Parisinus Graecus 510. Pour cette

raison le patriarche Phôtios écrivit des hymnes élogieux pour l’empereur. Le patriarche, en plus,

était la première personne qui mit en parallèle le fondateur de la dynastie macédonienne avec le

fondateur de l’empire byzantin.

73
Léon VI, le fils et le successeur de Basile Ier, suivit l’exemple de Phôtios. Associant

Basile aux Arsacides d’Arménie, à Constantin Ier et à Alexandre le Grand, il essaya de prouver

et de souligner le passé royal et glorieux de son père. Il tenta aussi, avec l’Oraison funèbre de ses

parents, de montrer que Basile était le sauveur de l’empire byzantin car Michel III aurait été un

empereur incapable et dangereux pour l’État. La biographie de Basile marque la naissance d'un

nouveau genre de panégyrique populaire. Elle contient quelques éléments stylistiques

occasionnels recommandées par Ménandre pour l'oraison impériale, mais elle diffère

sensiblement des panégyriques impériaux existants à l'époque romaine tardive. Il est vain de

spéculer dans quelle mesure elle s’inspirait de la biographie de Néron par Plutarque, cette

biographie étant perdue. Le travail de Constantin VII appartient au Xe siècle. Les problèmes

politiques et sociaux sont ceux de la dynastie macédonienne, et ses approches artistiques sont

une continuation critique de la littérature historique et rhétorique du IXe et du début du Xe

siècle242.

Il est assez surprenant que le thème de la légitimité de l’empereur ait été traité par

Constantin VII Porphyrogénète, le petit-fils de Basile Ier. Constantin VII était le fils de Léon VI

de son quatrième mariage avec Zoe Karvonopsina. Suite à des querelles et des controverses

surtout ecclésiastiques et politiques, Léon VI réussit à proclamer Constantin en tant que son

successeur mâle. Quand Léon VI et son frère Alexandre moururent, Constantin n’avait que 7 ans.

Le commandementde l’empire fut assumé par un jury. Le patriarche de Constantinople Nikolaos

Mystikos243 était aussi un membre de ce comité. Après sa majorité, Constantin épousa la fille de

242
KAZHDAN A., A history of byzantine, op. cit., p. 144.
243
pour ce thème voir CHRESTOFILOPOULOU ΑΙΚ. “Ἡ ἀντιβασιλεία εἰς τὸ Βυζάντιον”, Σύμμεικτα 2, Athènes
1970, p. 43-61.

74
Romain Lécapène, le futur empereur. Progressivement, Romain supplanta Constantin, il tira les

ficelles de l’empire et il promut graduellement ses fils.

Pendant son règne, Constantin s’occupa surtout de l’écriture de livres. Puisque il perdit,

pour quelque temps, le trône impérial à Romain Lécapène, il voulut prouver qu’il était le seul

successeur légitime de l’empire et il écrivit la Vie de Basile qui était le moyen le plus fort afin

de légitimer son grand-père. Cela constitue la seule raison pour laquelle cette œuvre a été écrite.

En réalité, la Vie de Basile était le dernier effort pour légitimer le fondateur de la dynastie

macédonienne, avec succès. La dynastie qui fut fondée fut l’une des plus réussies et l’une des

plus vivantes de l’époque byzantine.

Pour conclure, assassiner un bienfaiteur est une chose grave et odieuse. Mais on juge les

actes d’après leurs conséquences. Le crime de Basile était de ceux qui mènent vers les cimes; il

inaugura pour l’Empire une ère nouvelle et brillante: la civilisation byzantine allait aboutir à

l’apogée de sa splendeur. Aussi ce crime ne fut pas blâmé. La nouvelle dynastie devait durer

jusqu’au onzième siècle. Toute une littérature célébra son fondateur244.

244
ADONTZ N., “L’âge et l’origine”, op. cit., p. 476.

75
BIBLIOGRAPHIE

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2. Ouvrages spéciaux

ADONTZ Nicholas, “L’âge et l’origine de l’empereur Basile I (867-886)”, Byzantion 8,

Bruxelles 1933, p. 475-500.

ADONTZ Nicholas, “La portée historique de l’Oraison funèbre de Basile I par son fils Léon VI le

Sage”, Byzantion 8, Bruxelles 1933, p. 501-513.

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ΑNNEXE

86
Monnaies de l’empereur Michel III et de l’empereur Basile Ier.

87
Le monnayage de l’empereur Basile Ier.

88
La carte de Constantinople.

89

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