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Tome 2
NOUVELLE CLIO
L’HISTOIRE ET SES PROBLÈMES
COLLECTION FONDÉE PAR ROBERT BOUTRUCHE ET PAUL LEMERLE
ET DIRIGÉE PAR JEAN DELUMEAU ET CLAUDE LEPELLEY
LE MONDE BYZANTIN
TOME 2
L’Empire byzantin
641-1204
SOUS LA DIRECTION DE
JE A N-CLAUDE CHEYNET
AVEC LA COLLABORATION DE
BÉATRICE CASEAU, MARIE-HÉLÈNE CONGOURDEAU, BERNARD FLUSIN,
MICHEL KAPLAN, JACQUES LEFORT, JEAN-MARIE MARTIN,
BERNADETTE MARTIN-HISARD, CÉCILE MORRISSON, JEAN-MICHEL SPIESER
ISBN 2 13 052007 3
ISSN 0768-2379
Dépôt légal — 1re édition : 2006, novembre
© Presses Universitaires de France, 2006
6, avenue Reille, 75014 Paris
Avant-propos
premier volume. Parfois ont été glissés dans cette première partie quelques
développements un peu plus longs sur des sujets qui n’étaient pas traités ail-
leurs : l’Afrique perdue à la fin du VIIe siècle ou les rapports de l’Empire et
des croisés occidentaux.
Quelques points de recoupement avec le premier volume étaient égale-
ment indispensables, dans la mesure où il fallait éviter d’y recourir systéma-
tiquement, ce qui a entraîné quelques répétitions dans la bibliographie et
plus rarement dans le texte. La structure de ce tome est assez proche du
précédent : présentation des grandes lignes de l’histoire événementielle,
analyse des principales structures, fondements de la civilisation et études
régionales. Aux structures traditionnelles, l’empereur, l’Église et l’armée,
ont été adjoints un tableau de l’aristocratie byzantine qui a formé les cadres
de ces institutions durant toute l’époque étudiée et une description du
monde rural, qui contribua de façon majeure au ravitaillement de la méga-
lopole constantinopolitaine, au financement des guerres quasi permanentes
et au recrutement de l’armée. D’une façon générale, une place un peu plus
importante a été faite à l’histoire sociale. Les fondements de la civilisation
byzantine ayant été posés durant les siècles de l’Antiquité tardive, ils restent
identiques, mais les études régionales sont plus restreintes que dans le
volume précédent, pour tenir compte de la forte diminution du territoire
byzantin. Les territoires occidentaux, à l’exception de l’Italie, n’ont pas fait
l’objet d’un chapitre particulier, car ils restèrent peu de temps sous la domi-
nation byzantine, la conquête arabe les ayant presque complètement sub-
mergés vers 700. La situation de l’Afrique est rapidement évoquée dans le
premier chapitre d’histoire événementielle.
La bibliographie ne peut que présenter un choix limité d’une production
immense. Nous avons privilégié les ouvrages en français et en anglais, limi-
tant les références aux travaux dans les autres langues aux œuvres dont
l’équivalent n’existait pas dans les deux langues précitées. De même, les
sources présentées sont en nombre limité et données dans la bibliographie
générale, quelques-unes plus spécifiques étant précisées dans la bibliographie
par chapitre. Nous nous sommes efforcés de signaler les traductions exis-
tantes. Enfin lorsque des sujets, comme la place du commerce, sont dispersés
dans plusieurs chapitres, l’index permet de rassembler les informations1.
1. Je remercie chaleureusement les collègues qui ont accepté de relire tout ou partie du livre :
Marie-France Auzépy, Joëlle Beaucamp, Béatrice Caseau, Vincent Déroche, Bernadette Martin-
Hisard, Sophie Métivier, Paule Pagès et Constantin Zuckerman.
Introduction méthodologique
et bibliographique
TOPOGRAPHIE
[1] TALBERT R. (éd.), Barrington Atlas of the Greek and Roman World, Princeton, 2000 (excel-
lente cartographie au 1/500 000 et 1/1 000 000).
[2] Tabula Imperii Byzantini, Vienne, 1976 (Répertoire et comm. des sites connus par les tex-
tes ou l’archéologie, excellentes cartes au 1/800 000 ; les vol. parus couvrent Égée du
Nord, Hellade, Thessalie, Cappadoce, Nicopolis et Céphalonie, Galatie, Lycaonie,
Cilicie, Isaurie, Thrace, Phrygie, Pisidie, Paphlagonie et Honoriade, Lycie, Pam-
philie) [TIB].
[3] HALDON J., The Palgrave Atlas of Byzantine History, Basingstoke, 2005.
[4] RILEY SMITH J., Atlas des croisades, préf. et éd. française revue par M. BALARD, Paris,
1996.
[5] JEDIN H., LATOURETTE K. S., MARTIN J., Atlas d’histoire de l’Église. Les églises chrétiennes
hier et aujourd’hui, Turnhout, 1990.
SOURCES
Sous cette rubrique sont réunies les principales sources de l’histoire byzantine pour
l’époque concernée. En tête de chaque chapitre, des compléments sont donnés si nécessaire.
Répertoires
Les sources en grec, en latin et dans les langues orientales sont abondantes et la sélection
est nécessairement arbitraire. Les traductions, quand elles existent, sont systématiquement don-
nées. Le Thesaurus Linguae Graecae (TLG) informatisé, s’il ne remplace pas les éditions critiques,
est un instrument de travail indispensable, à la fois par la masse des textes enregistrés (en cons-
tant accroissement) et par les facilités de consultation. Nous disposons d’un répertoire ancien,
celui de I. E. KARAYANNOPOULOS, G. WEISS, Quellenkunde zur Geschichte von Byzanz 324-1453,
Wiesbaden, 1982. Il sera complété par la dernière édition du Dictionnaire des auteurs grecs et latins
de l’Antiquité et du Moyen Âge, W. BUCHWALD, A. HOHLWEG, O. PRINZ. Traduit et mis à jour
par J.-D. BERGER et J. BILLEN. Préface par J. BILLEN, Turnhout, 1991.
X Le monde byzantin
Collections
[6] Acta Sanctorum, collecta... a Sociis Bollandianis, 3a edit., Paris, 1863 sq. (textes hagiographi-
ques grecs et latins ; certaines éditions ne sont pas remplacées) (AASS).
[7] Acta Conciliorum Œcumenicorum, éd. E. SCHWARTZ, Berlin, 1914-1940 ; J. STRAUB, 1970-
1974.
[8] Archives de l’Athos, La publication des archives conservées dans les monastères de l’Athos
a commencé en 1945 et se poursuit encore. Vingt-deux volumes sont parus à ce jour.
[9] Bibliotheca Teubneriana (collection d’auteurs grecs et latins de l’Antiquité et du Moyen
Âge ; sans trad.) (« Teubner »).
[10] Corpus christianorum, series graeca, Turnhout-Leuven, 1977 sq. (textes patristiques ; sans
trad.) (CCG).
[11] Corpus Christianorum, Continuatio medievalis, Turnhout, 1953 sq. (même remarque) (CCCM).
[12] Corpus Fontium Historiae Byzantinae, 1967 sq. (certaines séries sont accompagnées d’une
trad.) (CFHB).
[13] Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, Paris, puis Louvain, 1903 sq. (riche collection
d’études et de textes dans les langues de l’Orient chrétien, avec trad.) (CSCO).
[14] Corpus Scriptorum Historiae Byzantinae, Bonn, 1828-1897 (collection d’historiens grecs, avec
trad. latine ; vieilli ; certaines éditions ne sont pas remplacées) (CSHB, ou « Bonn »).
[15] MANSI J. D., Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, Florence-Venise, 1759-1798
(actes des conciles en grec et en latin).
[16] MIGNE J.-P., Patrologiae cursus completus, series graeca, éd. J.-P. Migne, t. 1-161, Paris, 1857-
1866 (la plus riche collection d’éditions de textes patristiques, avec trad. lat. ; nombreu-
ses sources narratives ; reprend les textes du Corpus de Bonn) (PG).
[17] MIGNE J.-P., Patrologiae cursus completus, series latina, éd. J.-P. Migne, t. 1-221, Paris, 1844-
1855 (PL).
[18] Monumenta Germaniae Historica, Berlin, 1826 sq. (en partie numérisé sous http://www.gal-
lica.fr).
[19] Patrologia orientalis, éd. R. GRAFFIN et F. NAU, Paris, puis Turnhout, 1903 sq. (textes
dans les langues de l’Orient chrétien, avec trad.) (PO).
[20] RALLES G., POTLES A., Syntagma tôn theiôn kai hiérôn kanonôn, I-VI, 1852-1859 (textes
canoniques en grec).
[21] Sources chrétiennes, Lyon-Paris, 1941 sq. (textes avec trad. et notes ; auteurs grecs et
latins, essentiellement patristiques ; Vies de saints ; historiens de l’Église) (SC).
[22] Studi e Testi, Città del Vaticano, 1900 sq.
[23] Subsidia hagiographica, Bruxelles (études d’hagiographie ; éd. de textes hagiographiques).
SOURCES DOCUMENTAIRES
DIPLOMATIQUE
ÉPIGRAPHIE
[25] ALLEN J. S., ŠEVCENKO I. (ed.), Dumbarton Oaks Bibliographies, based on « Byzantinische
Zeitschrift », Series II, vol. 1, Epigraphy, Washington DC, 1981.
[26] BÉRARD F. et al., Guide de l’épigraphiste. Bibliographie choisie des épigraphies antiques et médiévales,
3e éd., Paris, 2000 (instrument de travail essentiel).
[27] FEISSEL D., Inscriptions chrétiennes et byzantines, Bulletin épigraphique (depuis 1987,
bibliographie analytique paraissant chaque année dans la REG). Ces chroniques vien-
nent d’être réunies commodément dans un ouvrage : D. FEISSEL, Chroniques d’épigraphie
byzantine, 1987-2004 (TM, Monogr., 20), Paris, 2006.
[28] OIKONOMIDÈS N., Les listes de préséance byzantines des IXe et Xe siècles, Introduction, texte,
traduction et commentaire (Le Monde byzantin), Paris, 1972 (fondamental).
[29] DARROUZÈS J., Notitiae episcopatuum Ecclesiae Constantinopolitanae, texte critique, introduc-
tion et notes, Paris, 1981.
[30] Costantino Porfirogenito, De thematibus, éd. A. PERTUSI, Cité du Vatican, 1952.
[31] Constantine Porphyrogenetus, De administrando imperio, éd. G. MORAVCSIK, traduction
anglaise par R. J. H. JENKINS (CFHB, 1), Washington, 19672.
NUMISMATIQUE ET MÉTROLOGIE
[32] BERTELÈ T., Numismatique byzantine, éd. par C. MORRISSON, Wetteren, 1978 (Introduc-
tion très claire).
[33] GRIERSON Ph., Byzantine Coins, Londres - Los Angeles, 1982.
[34] GRIERSON Ph. et al., Catalogue of the Byzantine Coins in the Dumbarton Oaks Collection and in
the Whittemore Collection, II (602-717), III (717-1081), Washington DC, 1971-1973 ;
HENDY M., IV (1081-1261), Washington, 1999 (très vaste collection ; les introductions
sont très riches).
[35] MORRISSON C., Catalogue des monnaies byzantines de la Bibliothèque nationale, Paris, 1970,
2 vol. (catalogue raisonné ; introd. brèves).
[36] SCHILBACH E., Byzantinische Metrologie, Munich, 1970.
[37] SCHILBACH E., Byzantinische metrologische Quellen, Thessalonique, 1982.
SIGILLOGRAPHIE
[38] CHEYNET J.-Cl., L’usage des sceaux à Byzance, Sceaux d’Orient et leur emploi. Res Orientales,
10, 1997, 23-40.
[39] CHEYNET J.-Cl., MORRISSON C., SEIBT W., Les sceaux byzantins de la collection Henri Sey-
rig, Paris, 1991.
[40] JORDANOV I., Corpus of Byzantine Seals from Bulgaria, vol. 1 : Byzantine Seals with Geographi-
cal Names, Sofia, 2003 (voir le c. r. de W. SEIBT, BZ, 98/1, 2005, 129-133).
XII Le monde byzantin
[41] LAURENT V., Le Corpus des sceaux de l’Empire byzantin, II : L’administration centrale, Paris,
1981 ; V, 1-3 : L’Église, Paris, 1963-1972 (inachevé).
[42] NESBITT J., OIKONOMIDÈS N., Catalogue of the Byzantine Seals at Dumbarton Oaks and in the
Fogg Museum of Art, 1-5, Washington, 1991-2005 (les cinq volumes prévus sur les régions
sont parus).
[43] SCHLUMBERGER G., Sigillographie de l’Empire byzantin, Paris, 1884 (ancien, mais a fondé
la sigillographie moderne).
[44] SEIBT W., Die byzantinischen Bleisiegel in Österreich, I, Kaiserhof, Vienne, 1978, II (en coll.
avec Al. WASSILIOU), Zentral-und Provincialverwaltung, Vienne, 2004.
[45] ZACOS G., VEGLERY A., Byzantine Lead Seals, I, Bâle, 1972, 3 vol.
[46] ZACOS G., Byzantine Lead Seals, compiled by J. W. NESBITT, Berne, 1985.
Sources grecques
[52] Theophanis Chronographia, 1-2, éd. C. DE BOOR, Leipzig, 1883-1885. Traduction anglaise,
The Chronicle of Theophanes Confessor : Byzantine and Near Eastern History AD 284-813, transla-
ted with introd. and comment. by C. MANGO and Roger SCOTT, with the assistance of
G. GREATREX, Oxford, 1997.
[53] Nicephoros Patriarch of Constantinople Short History, ed. C. MANGO (CFHB, 13), Washing-
ton DC, 1990.
[54] Georgius Monachus Chronicon, ed. C. DE BOOR (and P. WIRTH), Stuttgart, 1904, 19782.
[55] Iosephi Genesii regum libri quattuor, rec. A. LESMUELLER-WERNER et I. THURN (CFHB, 4),
Berlin, 1978.
[56] Theophanes Continuatus, ed. I. BEKKER (CSHB), Bonn, 1838 (le même volume comprend
également l’édition de Syméon Magistre, Georges Le Moine).
[57] Leonis Diaconi Caloënsis historiae libri decem, éd. C. B. HASE (CSHB), Bonn, 1828. Traduc-
tion anglaise : The History of Leo the Deacon. Byzantine Military Expansion in the Tenth
Introduction méthodologique et bibliographique XIII
Century Int., trans., and annot. by A.-M. TALBOT and D. F. SULLIVAN, Washing-
ton DC, 2005.
[58] Ioannis Scylitzae Synopsis Historiarum, éd. I. THURN (CFHB, 5), Berlin - New York, 1973.
Traduction française B. FLUSIN et annot. J.-Cl. CHEYNET, Empereurs de Constantinople
(Réalités byzantines, 8), Paris, 2003.
[59] Miguel Ataliates, Historia, Introducción, edición, tradución y commentario de Im. PÉREZ
MARTÍN, Madrid, 2002.
[60] Michel PSELLOS, Chronographie, éd. É. RENAULD (Les Belles Lettres), Paris, 19672 ; éd.
S. IMPELIZZERI, trad. S. RONCHEY, Imperatori di Bisanzio : Michele Psello. Cronografia,
Milan, 1984.
[61] Nicephori Bryennii historiarum libri quattuor, Introduction, texte, traduction et notes par
P. GAUTIER (CFHB, 9), Bruxelles, 1975.
[62] ANNE COMNÈNE, Alexiade, éd. et trad. B. LEIB, Paris, 19672. Nouvelle édition (sans tra-
duction) Annae Comnenae Alexias. Pars prior. Prolegomena et textus, rec. D. R. REINSCH et
A. KAMBYLIS (CFHB, 40/1), Berlin - New York, 2001.
[63] Kinnamos, Épitomè, éd. A. MEINEKE (CSHB), Bonn, 1836. Traduction française : Jean
Kinnamos, Chronique, J. ROSENBLUM, Paris, 1972.
[64] Nicetae Choniatae Historia, éd. I. A. VAN DIETEN (CFHB, 9), Berlin - New York, 1975.
Traduction anglaise : H. J. MAGOULIAS, O City of Byzantium : Annals of Niketas Choniates,
Détroit, 1984.
Sources arabes
[65] The History of al Tabarî (Bibliotheca Persica), vol. I-XXXVI (divers traducteurs), Albany,
NY, 1989-1992.
[66] YAHYE D’ANTIOCHE I, II, III : Histoire de Yahyà ibn-Sa’íd al-Antàki, Continuateur de Sa’íd
ibn-Bitriq, éd. et trad. par I. KRATCHOVSKY, A. VASILIEV, I – PO, 18, 1924, 700-833 ;
II – PO, 23, 1932, 347-520 ; III – éd. par I. KRATCHOVSKY, trad. franç. annotée par
Fr. MICHEAU et G. TROUPEAU, PO, 47, fasc. 4, Turnhout, 1997.
Sources arméniennes
[67] Ps. SEBEOS, The Armenian History attributed to Sebeos, trad. et annoté par R. W. THOMSON ;
comm. historique par J. HOWARD-JOHNSTON, Liverpool, 1999, 2 vol.
[68] Histoire d’Arménie, Yohannes Drasxanakertcì, Introd., trad. et notes par P. BOISSON-
CHÉNORHOKIAN (CSCO, 605), Louvain, 2004.
[69] Étienne Asolik de Taron, Histoire universelle, traduite de l’arménien et annotée par
F. MACLER, Paris, 1917.
[70] Aristakès de Lastivert, Récit des malheurs de la nation arménienne, traduction française avec
introduction et commentaire par M. CANARD et H. BERBÉRIAN d’après l’édition et la
traduction russe de K. YUZBASHIAN (Bibliothèque de Byzantion, 5), Bruxelles, 1973.
[71] Armenia and the Crusades Tenth to Twelfth Centuries. The Chronicle of Matthiew of Edessa, trans-
lated from the Original Armenian with a Commentary and Introduction by
A. E. DOSTOURIAN, New York - Londres, 1993.
XIV Le monde byzantin
Sources latines
[72] Recueil des historiens des croisades, Historiens occidentaux, publ. par les soins de l’Académie
royale des inscriptions et belles-lettres (RHC), Paris, depuis 1844.
[73] GUILLAUME DE TYR, Historia rerum in partibus transmarinis gestarum, éd. R. B.
C. HUYGENS (CCCM, 63A), Turnholt, 1986. Version française : Guillaume de Tyr, Chro-
nique du royaume franc de Jérusalem de 1095 à 1184, adapté au français moderne par G. et
R. MÉTAIS, Paris, 1999.
[74] VILLEHARDOUIN G. DE, La conquête de Constantinople, II, éd. É. FARAL, Paris, 1973.
Sources documentaires
[75] Actes de Lavra, I-IV, éd. P. LEMERLE et al. (Archives de l’Athos V, VIII, X, XI), Paris,
1970-1982.
[76] Actes de Xéropotamou, éd. J. BOMPAIRE (Archives de l’Athos III), Paris, 1964.
[77] Actes d’Iviron, I-IV, éd. J. LEFORT et al. (Archives de l’Athos XIV, XVI, XVIII, XIX),
Paris, 1985-1995.
[78] Actes du Prôtaton, éd. D. PAPACHRYSSANTHOU (Archives de l’Athos VII), Paris, 1975.
[79] MIKLOSICH F., MÜLLER I., Acta et Diplomata Graeca medii aevi sacra et profana, I-VI,
Vienne, 1860-1890.
[80] Byzantine Monastic Foundations Documents, ed. J. THOMAS, A. CONSTANTINIDES-HERO,
5 vol., Washington DC, 2000. (Cette série comprend la traduction de tous les typika
byzantins conservés, avec une introd. pour chacun d’eux).
[81] Basilicorum Libri LX, SCHELTEMA H. J., VAN DER WAL N., 7 vol., Groningue, 1955-1988.
[82] Ecloga : Das Gesetzbuch Leons III. und Konstantinos V., ed. L. BURGMANN (Forschungen zur
byzantinischen Rechtsgeschichte, 10), Francfort, 1983.
[83] JOANNOU P., Discipline générale antique : IIe-IXe s. t. I, 1 : Les canons des conciles œcuméniques ;
t. I, 2 : Les canons des synodes particuliers, t. II : Les canons des Pères grecs (Pontificia Commis-
sione per la redazione del Codice di diritto canonico orientale, Fonti, IX), Rome, 1962-
1963.
[84] KODER J., Das Eparchenbuch Leons des Weisen (CFHB, 33), Vienne, 1991.
[85] SVORONOS N., La Synopsis major des Basiliques et ses appendices (Bibliothèque byzantine),
Paris, 1964.
[86] SVORONOS N., Les novelles des empereurs macédoniens concernant la terre et les stratiotes, éd.
P. Gounaridis, Athènes, 1994 (trad. par E. MCGEER, The Land Legislation of the Macedo-
nian Emperors, Toronto, 2000). Les novelles de Léon VI sont éditées et traduites : Les
novelles de Léon VI, texte et trad. P. NOAILLES et A. DAIN, Paris, 1944.
[87] SVORONOS N., Recherches sur le cadastre byzantin et la fiscalité aux XIe et XIIe siècles :
le cadastre de Thèbes (= Id. [520], no III).
[88] VAN DER WAL N., LOKIN H. A., Historiae iuris graeco-romani delineatio : les sources du droit
byzantin de 300 à 1453, Groningue, 1985.
[89] ZÉPOS J. et P., Jus Graecoromanum, 8 vol., Athènes, 1930, 1931. Le vol. IV comprend la
Peira (9-260), un important recueil de jurisprudence du XIe s.
Introduction méthodologique et bibliographique XV
[90] Bibliotheca hagiographica graeca, 1-3, mise à jour et considérablement augmentée par
F. HALKIN (Subsidia hagiographica, 8a), Bruxelles, 1957-1967, 3e éd., et Novum auctarium
bibliothecae hagiographicae graecae, Fr. HALKIN (éd.) (Subsidia hagiographica, 65), Bruxelles,
1984 [BHG].
[91] Les plus anciens recueils des miracles de saint Démétrius et la pénétration des Slaves dans les Balkans,
I : Le texte, éd. P. LEMERLE (Le monde byzantin), Paris, 1979.
[92] The Life of St Philaretos the Merciful written by his Grandson Nicetas, ed. L. RYDÉN (Acta Uni-
versitatis Upsaliensis, 8), Uppsala, 2002.
[93] La Vie d’Étienne le Jeune par Étienne le Diacre (BHG, 1666), Introduction, édition, traduction
par M.-F. AUZÉPY (Birmingham Byzantine and Ottoman Monographs, 3), Birmingham,
1997.
[94] The Life of the Patriarch Tarasios by Ignatios the Diacon, ed. S. EFTHYMIADIS (Birmingham
Byzantine and Ottoman Monographs, 4), Aldershot, 1998.
[95] Vie d’Euthyme de Sardes, éd. et trad. J. GOUILLARD, TM, 10, 1981, 1-101.
[96] Vita Euthymii Patriarchae Cp. Text, Trans., Intro. and Com. P. KARLIN-HAYTER (Biblio-
thèque de Byzantion, 3), Bruxelles, 1970.
[97] Vie d’André Salos (BHG, 115z), éd. L. RYDÉN (Studia Byzantina Upsaliensia, 4/2),
Uppsala, 1995.
[98] The Life of Saint Nikon, Text, Translation and Commentary by D. F. SULLIVAN, Broo-
kline, 1987.
[99] The Life of Lazaros of Mt. Galesion. An eleventh-century pillar saint, Introduction, transl., and notes
by R. P. H. GREENFIELD (Byzantine saints’ lives in translation, 3), Washington DC, 2000.
[100] La vie de saint Cyrille le Philéote moine byzantin, Introduction, texte critique, traduction et
notes par É. SARGOLOGOS (Subsidia Hagiographica, 39), Bruxelles, 1964.
[101] The Life of Leontios patriarch of Jerusalem (BHG, 985), éd. D. TSOUGARAKIS (The Medieval
Mediterranean, 2), Leyde - New York - Cologne, 1993.
Les épistoliers
[102] The correspondence of Ignatios the Deacon, C. MANGO and St. EFTHYMIADIS (ed.)
(CFHB, 39), Washington DC, 1997.
[103] Theodori Studitae epistulae, éd. G. FATOUROS (CFHB, 31), Berlin, 1991.
[104] Phôtios, Epistulae et Amphilochia, ed. B. LAOURDAS and L. G. WESTERINK, I-III, Leipzig,
1983-1985.
[105] Nicholas I, Patriarch of Constantinople, Letters, ed. and transl. by R. J. H. JENKINS and
L. G. WESTERINK (CFHB, 6), Washington DC, 1973.
[106] Anonymi Professoris Epistulæ, éd. A. MARKOPOULOS (CFHB, 37), Berlin - New York, 2000.
[107] DARROUZÈS J., Épistoliers byzantins du Xe siècle (AOC, 6), Paris, 1960 (contient des lettres
de Léon de Synada, Nicéphore Ouranos, Théodore de Cyzique, etc.).
[108] Georges et Dèmètrios Tornikès, Lettres et Discours, éd. J. DARROUZÈS (Le Monde byzantin),
Paris, 1970.
[109] Michel Italikos, Lettres et Discours, éd. P. GAUTIER (AOC, 14), Paris, 1972.
[110] LAMPROS Sp., Michaèl Akominatou tou Chôniatou ta sôzoména, II, Athènes, 1880. Nouvelle
édition des lettres : F. KOLOVOU (éd.), Michaelis Choniatae Epistulae (CFHB, 41), Berlin-
New York, 2001.
XVI Le monde byzantin
MANUELS
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE I
BYZANCE SUR LA DÉFENSIVE : LA STABILISATION
DES FRONTIÈRES (DU VIIe S. AU MILIEU DU IXe S.)
[123] AUZÉPY M.-F., La destruction de l’icône du Christ de la Chalcé par Léon III : propa-
gande ou réalité ?, Byz., 60, 1990, 445-492.
[124] BONNER M., Arab-Byzantine Relations in Early Islamic Times (The Formation of the Classi-
cal Islamic World), Aldershot, 2004.
[125] BRUBAKER L. (ed.), Byzantium in the Ninth Century : Dead or Alive. Papers from the Thirteenth
Spring Symposium of Byzantine Studies, Birmingham, March 1996, Aldershot, 1998.
[126] HALDON J., Byzantium in the Seventh Century. The Transformation of a Culture, Cambridge,
1990.
[127] HERRIN J., Women in Purple : Rulers of Medieval Byzantium, Londres, 2001.
[128] KAEGI W. E., Byzantine Military Unrest 471-843 : An Interpretation, Amsterdam, 1981.
[129] KAEGI W. E., Byzantium and the Early Islamic Conquests, Cambridge, 1995.
[130] KAPLONY A., Konstantinopel und Damaskus : Gesandschaften und Verträge zwischen Kaisern und
Kalifen 639-750 : Untersuchungen zum Gewohnheits-Völkerrecht und zur interkulturellen Diplomatie
(Islamkundliche Untersuchungen, 208), Berlin, 2002.
Introduction méthodologique et bibliographique XVII
[131] KOUNTOURA-GALAKÈ El. (ed.), The Dark Centuries (7th-9th ca) (International sympo-
sium, 9), Athènes, 2001.
[132] LEMERLE P., Thomas le Slave, TM, 1, 1965, 255-297 (= Id. [501], no III).
[133] LILIE R.-J., Die Byzantinische Reaktion auf die Ausbreitung der Araber : Studien zur Strukturwan-
dlung des byzantinischen Staates im 7. und 8. Jhd, Munich, 1976.
[134] LILIE R.-J., Byzanz unter Eirene und Konstantin VI. : 780-802. Mit einem Kapitel Über
Leon IV (775-780) von I. ROCHOW (BBS, 2), Francfort, 1996.
[135] MODÉRAN Y., Les Maures et l’Afrique romaine (IVe-VIIe siècle), BEFAR, Rome, 2003.
[136] NOONAN T. S., Byzantium and the Khazars : A special relationship ?, dans She-
pard [220], 109-132.
[137] ROCHOW I., Kaiser Konstantin V. (741-775) : Materialen zu seinem Leben mit einem
prosopographischen Anhang von Cl. Ludwig, I. Rochow und Ralph-Johannes Lilie,
Francfort-sur-le-Main, 1994.
[138] SHEPARD J., The Rhos guests of Louis the Pious : Whence and wherefore ?, Early Medie-
val Europe, 1995, 4 (1), 41-60.
[139] TURNER D., The Origins and Accession of Leo V (813-820), JÖB, 40, 1990, 171-203.
[140] TREADGOLD W., The Byzantine Revival : 780-842, Stanford, Ca, 1988.
[141] ZUCKERMAN C., On the date of the Khazars’ conversion to judaism and the chrono-
logy of the kings of the Rus Oleg and Igor, REB, 53, 1995, 237-270.
CHAPITRE II
L’EXPANSION BYZANTINE
DURANT LA DYNASTIE MACÉDONIENNE (867-1057)
[142] BIANQUIS T., Damas et la Syrie sous la domination fatimide (359-468/969-1076) : essai
d’interprétation de chroniques arabes médiévales, 2 vol. (Publications de l’Institut français de
Damas), Paris, 1986-1989.
[143] BROKKAAR W. G., Basil Lacapenus, Studia byzantina et neohellenica Neerlandica, 3, 1972,
199-234.
[144] CANARD M., Histoire de la dynastie des H’amdanides de Jazîra et de Syrie, Alger, 1951.
[145] CANARD M., Byzance et les musulmans du Proche-Orient (VR), Londres, 1973 (recueil
d’articles encore très utiles).
[146] CHRISTIDES V., The Conquest of Crete by the Arabs. A Turning Point in the Struggle between
Byzantium and Islam, Athènes, 1984.
[147] DROCOURT Nicolas, Ambassades latines et musulmanes à Byzance : une situation con-
trastée (VIIIe-XIe siècle), Byz., 75, 2004, 348-380.
[148] EUPSYCHIA. Mélanges offerts à Hélène Ahrweiler, éd. M. BALARD et al. (BS, 16), 2 vol., Paris
1998.
[149] FARAG W. A., The Aleppo question : A Byzantine-Fatimid conflict of interest in
Northern Syria in the later tenth century, BMGS, 14, 1990, 44-60.
[150] FELIX W., Byzanz und die islamische Welt in früheren 11. Jahrhundert (Byzantina Vindobonen-
sia, 14), Vienne, 1981.
[151] HOLMES C., Political elites in the reign of Basil II, in MAGDALINO [155], 35-69.
XVIII Le monde byzantin
[152] HOLMES C., Basil II and the Governance of Empire (976-1025) (Oxford Studies in Byzan-
tium), Oxford, 2005.
[153] JENKINS R. H. J., The chronological accuracy of the « Logothete » for the years
AD 867-913, DOP, 19, 1965, 91-112 (= Id. [154], no III).
[154] JENKINS R. H. J., Studies on Byzantine History of the 9th and 10th Centuries (VR), Londres,
1970.
[155] MAGDALINO P. (ed.), Byzantium in the Year 1000 (The Medieval Mediterranean, 45),
Leyde-Boston, 2003.
[156] MARKOPOULOS A., Le témoignage du Vaticanus Gr. 163 pour la période entre 945-
963, Symmeikta, 3, 1979, 83-119 (= Id. [157], no III).
[157] MARKOPOULOS A., History and Literature of Byzantium to the 9th-10th Centuries (VR) Alder-
shot, 2004.
[158] RUNCIMAN St., The Emperor Romanus Lecapenus and its Reign. A Study of Tenth-Century Byzan-
tium, Cambridge, réimpr., 1990.
[159] SCHLUMBERGER G., L’épopée byzantine à la fin du Xe siècle, 3 vol., Paris, 1896-1905 (vieilli,
mais un monument de l’historiographie).
[160] SCHLUMBERGER G., Un empereur byzantin au Xe siècle, Nicéphore Phocas, Paris, 1923.
[161] SHEPARD J., Byzantium and the Steppe-Nomads : The Hungarian Dimension, Byzanz
und Ostmitteleuropa 950-1453, Wiesbaden, 1999, 55-83.
[162] TOUGHER Sh., The Reign of Leo VI (886-912). Politics and People (The Medieval Mediter-
ranean, 15), Leyde, 1997.
[163] DE VRIES-VAN DER VELDEN E., Les amitiés dangereuses : Psellos et Léon Paraspondy-
los, BSl., 60, 1999, 315-350.
[164] VLYSSIDOU V. N. (ed.), The Empire in Crisis (?). Byzantium in the 11th Century (1025-1081),
Athènes, 2003.
[165] WALKER P. E., The « Crusade » of John Tzimisces in the Light of New Arabic Evi-
dence, Byz., 47, 1977, 301-327.
[166] ZUCKERMAN C., Le voyage d’Olga et la première ambassade espagnole à Constanti-
nople en 946, TM, 13, 2000, 647-672.
[167] ZUCKERMAN C., Deux étapes de la formation de l’ancien État russe, in Les centres proto-
urbains russes entre Scandinavie, Byzance et Orient, éd. par M. Kazanski, A. Nercessian et
C. Zuckerman (Réalités byzantines, 7), Paris, 2000, 95-121.
[168] ZUCKERMAN C., À propos du Livre des Cérémonies, II, 48, TM, 13, 2000, 531-594.
CHAPITRE III
BYZANCE ENTRE LES TURCS ET LES CROISÉS
(DU MILIEU DU IXe S. À LA FIN DU XIIe S.)
[169] Alexios I Komnenos. Papers of the second Belfast Byzantine International Colloquium, 14-
16 April 1989, ed. by M. MULLETT and D. SMYTHE (Belfast Byzantine Texts and
Translations, 4/1), Belfast, 1996.
[170] ANGOLD M., The Byzantine Empire, 1025-1204, a Political History, New York, 1984.
[171] ANGOLD M., The Fourth Crusade : Event and Context, Londres, 2002.
[172] BRAND C. M., Byzantium confronts the West (1180-1204), Cambridge, Mass. 1968.
Introduction méthodologique et bibliographique XIX
[173] CAHEN C., La première pénétration turque en Asie Mineure, Byz., 18, 1948, 5-67.
[174] CAHEN C., La Turquie pré-ottomane, Istanbul-Paris, 1988.
[175] CHALANDON F., Les Comnène, I : Essai sur le règne d’Alexis Comnène ; II. Jean II Comnène et
Manuel Ier Comnène, Paris, 1900-1912 (encore utile pour l’histoire événementielle).
[176] CHEYNET J.-Cl., Mantzikert : un désastre militaire ?, Byz., 50, 1980, 410-438
(= Id. [420], no XIII).
[177] CIGGAAR K. N., Western Travellers to Constantinople. The West and Byzantium, 962-1204 :
Cultural and Political Relations (The Medieval Mediterranean, 10), Leyde - New York-
Cologne, 1996.
[178] DÉDÉYAN G., Les Arméniens entre Grecs, Musulmans et Croisés. Étude sur les pouvoirs arméniens
dans le Proche-Orient méditerranéen (1068-1150), 2 vol., Lisbonne, 2003.
[179] EASTMOND A. (ed.), Eastern Approaches to Byzantium : Papers from the thirty-third Spring Sympo-
sium of Byzantine Studies, University of Warwick, Coventry, March 1999 (Society for the Promo-
tion of Byzantine Studies Publications, 9), Aldershot, 2001.
[180] FOSS Cl., The defence of Asia Minor against Turks, The Greek Or. Th. Rev., 1982, 145-
205 (= Id. [1003], no V).
[181] GOUMA-PETERSON Th. (ed.), Anna Komnene and her Times, New York - Londres, 2000.
[182] KAPLAN M., Le schisme de 1054 : quelques éléments de chronologie, BSl., 56, 1995,
147-157.
[183] KISLINGER E., Zur Chronologie der byzantinischen Thronwechsel 1180-1, JÖB, 47,
1997, 195-198.
[184] KRESTEN O., Der « Anredestreit » zwischen Manuel I. Komnenos und Frie-
drich I. Barbarossa nach der Schlacht von Myriokephalon, RHM, 34/35, 1992-1993,
65-110.
[185] LAIOU A., MOTTAHEDEH R. P., The Crusades from the perspective of Byzantium and the Mus-
lim world, Washington DC, 2003.
[186] LILIE R.-J., Byzantium and the Crusader States 1096-1204, Oxford, 1993.
[187] LILIE R.-J., Des Kaisers Macht und Ohnmacht. Zum Zerfall der Zentralgewalt in Byzanz vor dem
vierten Kreuzzug (Poikila Byzantina, 4), 1984, 9-121.
[188] LILIE R.-J., Manuel I. Komnenos und Friedrich I. Barbarossa : Die deutsche und die
byzantinische Italienpolitik während der zweiten Hälfte des 12. Jahrhunderts in der
neueren Literatur, JÖB, 42, 157-170.
[189] LILIE R.-J., Twelfth Century Byzantine and Turkish States, Byz. Forsch., 16, 1990, 35.51.
[190] LILIE R. J., Die Schlacht von Myriokephalon (1176) : Auswirkungen auf das byzanti-
nische Reich im ausgehenden 12. Jahrhundert, REB, 35, 1977, 257-275.
[191] MAGDALINO P., The Byzantine Background to the First Crusade, Canadian Institute of
Balkan Studies, Toronto, 1996, 3-38.
[192] MAGDALINO P., The empire of Manuel I Komnenos (1143-1180), Cambridge, 1993
(fondamental).
[193] MAGDALINO P., Tradition and transformation in medieval Byzantium (VR), Aldershot, 1991.
[194] SCHREINER P., Der Brief des Alexios I. Komnenos an den Grafen Robert von Flandern
und das Problem gefälschter byzantinischer Kaiserschreiben in den westlichen Quellen,
dans Documenti medievali greci e latini : studi comparativi : Atti del seminario di Erice, 23-
29 ottobre 1995, Spolète, 1998, 111-140.
[195] SETTON K. M. (General Editor), A History of The Crusades, vol. I-VI, Milwaukee,
Londres, 1969-1989.
XX Le monde byzantin
[196] SHEPARD J., When Greek meets Greek : Alexius Comnenus and Bohemond in 1097-
1098, BMGS, 12, 1988, 185-277.
[197] SHEPARD J., « Father » or « scorpion » ? Style and substance in Alexios’ diplomacy, in MULLET-
SMYTHE [169], 68-132.
[198] SHEPARD J., Cross-purposes : Alexius Comnenus and the First Crusade, The First Cru-
sade, Origins and Impact, ed. J. PHILLIPS, Manchester - New York, 1997, 107-129.
[199] SHEPARD J., The « muddy road » of Odo Arpin from Bourges to La Charité-sur-Loire,
in The Experience of Crusading, vol. II : Defining the Crusader Kingdom, ed. by P. EDBURY and
J. PHILLIPS, Cambridge, 2003, 11-28.
[200] STEPHENSON P., Political authority in Dalmatia during the reign of Manuel I Comne-
nus (1143-1180), dans Byzanz und Ostmitteleuropa, 950-1453 : Beiträge zu einer table-ronde des
XIX International Congress of Byzantine Studies, Copenhagen 1996, ed. G. PRINZING,
M. SALAMON, Wiesbaden, 1999, 127-150.
[201] THOMAS R. D., Anna Comnena’s account of the First Crusade. History and politics in
the reigns of the emperors Alexius I and Manuel I Comnenus, BMGS, 15, 1991, 269-312.
[202] Urbs capta, La IVe Croisade et ses conséquences, éd. A. LAIOU (Réalités byzantines, 10),
Paris, 2005.
[203] VRYONIS S., The Decline of Medieval Hellenism in Asia Minor and the Process of Islamization
from the Eleventh through the Fifteenth Century, Berkeley - Los Angeles - Londres, 1971.
CHAPITRE IV
L’EMPEREUR ET LE PALAIS
Sources
[204] Liudprandi Cremonensis opera omnia : Antapodosis ; Homelia paschalis Historia Ottonis ; Relatio de
legatione Constantinopolitana, éd. M. P. CHIESA, CCCM, CLVI, Turnout, 1999. Trad.
franç. : Liutprand de Crémone, Ambassades à Byzance, J. SCHNAPP, Toulouse, 2004.
[205] Constantini Porphyrogeniti, De cerimoniis aulae Byzantinae libri duo (CSHB, éd. J. J. REISKE,
Bonn, 1829-1830. Une partie a été rééditée et traduite dans Constantin VII Porphyrogénète,
Le Livre des Cérémonies, éd. A. VOGT (Les Belles Lettres), Paris, 1935-1940 ; et
G. DAGRON, L’organisation et le déroulement des courses d’après le Livre des Cérémonies,
TM, 13, 2000, 1-174.
Littérature secondaire
L’EMPEREUR ET SA FAMILLE
[206] DAGRON G., Empereur et prêtre. Étude sur le « césaropapisme » byzantin (Bibliothèque des his-
toires), Paris, 1996.
[207] DAGRON G., Nés dans la pourpre, TM, 12, 1994, 105-142.
[208] LAIOU A. E., Imperial marriages and their critics in the eleventh Century : The case of
Skylitzes, DOP, 46, 1992, 165-176.
[209] LAUXTERMANN M., Byzantine poetry and the paradox of Basil II’s reign, in
MAGDALINO [155], 199-216.
Introduction méthodologique et bibliographique XXI
[210] MAGDALINO P., Aspect of Twelfth Century Byzantine Kaiserkritik, Speculum, 58, 1983,
326-346 (= Id. [193], no VIII).
[211] PERTUSI A., Il pensiero politico bizantino, ed. a cura di A. Carile, Bologne, 1990.
[212] YANNOPOULOS P., Le couronnement de l’empereur à Byzance : rituel et fond institu-
tionnel, Byz., 61, 1991, 71-92.
DIRIGER L’EMPIRE
[213] DAGRON G., Lawful Society and Legitimate Power : Ennomos politeia, ennomos archê, Law and
Society, in LAIOU-SIMON [333], 27-51.
[214] KAZHDAN A. P., Certain Traits of Imperial Propaganda in the Byzantine Empire from
the Eighth to the Fifteenth Centuries, dans Prédication et propagande au Moyen Âge, éd.
G. Makdisi et al., Paris, 1983, 13-28.
[215] KAZHDAN A. P., The Aristocracy and the Imperial Ideal, in ANGOLD [417], 43-57.
[216] KOUTRAKOU N., La propagande impériale byzantine : persuasion et réaction (VIIIe-Xe siècle),
Athènes, 1994.
[217] KRESTEN O., MÜLLER A., Samtherrschaft, Legitimationsprinzip und kaiserlicher Urkundentitel in
Byzanz in der ersten Hälfte des 10. Jahrhunderts, Vienne, 1995.
[218] KRESTEN O., « Staatsempfänge » im Kaiserpalast von Konstantinopel um die Mitte des 10. Jahrhun-
derts : Beobachtungen zu Kapitel II 15 des sogenannten « Zeremonienbuches », Vienne, 2000.
[219] MAGDALINO P., NELSON R., The Emperor in Byzantine art of the twelfth century, Byz.
Forsch., 8, 1982, 123-183 (= Id. [193], VI).
La diplomatie byzantine
[220] Byzantine Diplomacy : Papers from the Twenty-fourth Spring Symposium of Byzantine Studies, Cam-
bridge, March 1990, ed. by J. SHEPARD and S. FRANKLIN, Aldershot, 1992.
[221] GRABAR O., The shared culture of objects, in MAGUIRE [236], 115-129.
[222] JACOBY D., Diplomacy, trade, shipping and espionage between Byzantium and Egypt
in the twelfth century, in Polypleuros Nous, « Miscellanea für Peter Schreiner für seinem
60. Geburtstag » hrsg. von C. SCHOLTZ und G. MAKRIS, Munich, 2000, 83-102.
[223] KOUTRAKOU N., Diplomacy and espionage : Their role in the Byzantine Foreign Rela-
tions, Graeco-Arabica, 6, 1995, 125-144.
[224] KRESTEN O., Die Auslandsschreiben der byzantinischen Kaiser der Komnenenzeit : Die literarische
Überlieferung bei Anna Komnene und Ioannes Kinnamos. Mit einem Exkurs : Zur Chronologie der Aus-
landsschreiben Dölger-Wirth, Reg. 1068, 1077, 1080 und 111, RHM, 39, 1997, 21-59.
[225] SHEPARD J., Aspects of byzantine attitudes and policy towards the West in the tenth
and eleventh Centuries, Byz. Forsch., 13, 1988, 67-118.
[226] SHEPARD J., Byzantine relations with the outside world in the ninth century : An intro-
duction, in BRUBAKER [125], 167-180.
[227] SHEPARD J., Byzantine diplomacy AD 800-1204 : Means and ends, in SHEPARD-
FRANKLIN [200], 41-71.
XXII Le monde byzantin
[228] DAGRON G., Réflexions sur le cérémonial byzantin, Chrysai Pylai : Essays presented to Ihor
Ševcenko, P. SCHREINER and O. STRAKOV (eds), Cambridge, Mass., 2002, 26-36.
[229] DAGRON G., Trônes pour un empereur, in Byzantio, kratos kai koinônia : mnêmê Nikou Oiko-
nomidê, éd. A. AVRAMÉA et al., 179-203.
[230] GRIERSON Ph., The tombs and obits of the Byzantine Emperors (337-1042) with an
additional note by C. MANGO and I. SEVCENKO, DOP, 16, 1962, 3-63.
[231] OIKONOMIDÈS N., Pictorial propaganda in XIIth c. Constantinople, Glas 390 de
l’Académie serbe des sciences et des arts, Classe des sciences historiques, 11, Belgrade, 2001, 93-102
(= Id. [635], no XII).
LES MANIFESTATIONS
La célébration du triomphe
[232] AUZÉPY M. F., Les déplacements de l’empereur dans la ville et ses environs (VIIIe-Xe siè-
cles), in DAGRON-MANGO [576], 359-366.
[233] MCCORMICK M., Eternal Victory. Triumphal Rulership in Late Antiquity, Byzantium, and the
Early Medieval West, Cambridge, Mass, 1986.
[234] JEFFREYS M., The Comnenian prokypsis, Parergon, 5, 1987, 38-53.
[235] MALMBERG S., Dazzling Dining : Banquets as an Expression of Imperial Legitimacy, Uppsala,
2003.
[236] Byzantine Court Culture from 829 to 1204, H. MAGUIRE (ed.), Washington DC, 1997.
[237] CHEYNET J.-Cl., Dévaluation des dignités et dévaluation monétaire dans la seconde
moitié du XIe siècle, Byz., 53, 1983, 453-477 (= Id. [420], VI).
[238] GUILLAND R., Recherches sur les institutions byzantines, I-II, Berlin - Amsterdam, 1968.
[239] OIKONOMIDES N., Some Byzantine State Annuitants : Epi Tes (Megales) Hetaireias and
Epi Ton Barbaron, Symmeikta, 14, Athènes, 2001, 9-28.
[240] OIKONOMIDES N., Title and income at the Byzantine Court, in MAGUIRE [236], 199-
215 (= Id. [635], no XVII) (synthèse remarquable).
[241] RINGROSE K., The Perfect Servant : Eunuchs and the Social Construction of Gender in Byzantium,
Chicago-Londres, 2003.
[242] SMYTHE D., Outsiders by taxis : Perceptions of non-conformity in eleventh and twelfth-
century literature, Byz. Forsch., 24, 1997, 229-249.
Introduction méthodologique et bibliographique XXIII
CHAPITRE V
LE PATRIARCHE ET L’ÉGLISE
Sources
[243] ARRANZ M., L’Eucologio costantinopolitano agli inizi del secolo XI. Hagiasmatarion & Archieratikon
(Rituale & Pontificale), con l’aggiunta del Leiturgikon (Messale), Rome, 1996.
[244] DARROUZÈS J., Documents inédits d’ecclésiologie byzantine, textes édités, traduits et commen-
tés, Paris, 1966.
[245] DARROUZÈS J., Le traité des transferts, édition critique et commentaire, REB, 42, 1984,
147-214.
[246] DARROUZÈS J., Trois documents de la controverse gréco-arménienne, REB, 48, 1990,
89-153.
[247] GAUTIER P., Le synode des Blachernes (fin 1094). Étude prosopographique, REB, 29,
1971, 213-284.
[248] GAUTIER P., L’édit d’Alexis Comnène sur la réforme du clergé, REB, 31, 1973,
165.202.
[249] GAUTIER P., Le typikon du sébaste Grégoire Pakourianos, REB, 42, 1984, 5-145.
[250] GOUILLARD J., Le Synodikon de l’orthodoxie, édition et commentaire, TM, 2, 1967,
1.316.
[251] LOUKAKI M. (éd.), Grégoire Antiochos. Éloge du patriarche Basile Kamatèros. Texte, traduction,
commentaire (BS, 13), Paris, 1996.
[252] MATEOS J., Le Typicon de la Grande Église. Ms. Sainte-Croix no 40, Xe siècle. Introduction, texte
critique, traduction et notes (OCA, 165-166), 2 vol., Rome, 1962-1963.
[253] OIKONOMIDÈS N., Un décret synodal inédit du patriarche Jean VIII Xiphilin, REB, 18,
1960, 55-78 (= Id. [337], no II).
[254] OHME H., Das Concilium Quinisextum und seine Bischofsliste. Studien zum Konstantinopeler Konzil
von 692, Berlin - New York, 1990.
[255] SCHMINCK A., Ein Synodalakt vom 10. November 1167, dans FM, III, 1979, 316-322.
[256] The Council in Trullo revisited, ed. G. NEDUNGATT, M. FEATHERSTONE (Kanonika, 6),
Rome, 1995.
[257] TROIANOS Sp., Ein Synodalakt des Sisinnios zu den bischöflichen Einkünfte (Reg 808),
dans FM, III, 1979, 212-214.
[258] J. L. VAN DIETEN, Geschichte der Patriarchen von Sergios I. bis Johannes VI. (610-715),
Amsterdam, 1972.
[259] M. P. VINSON, The correspondence of Leo, Metropolitan of Synada and Syncellus (CFHB, 23),
Washington DC, 1985.
Littérature
[260] ANGOLD M., Church and Society in Byzantium under the Comneni, 1081-1261, Cambridge,
1995.
[261] ANTONOPOULOU Th., The Homilies of the Emperor Leo VI (The Medieval Mediterranean,
14), Leyde - New York - Cologne, 1997.
XXIV Le monde byzantin
[262] BECK H.-G., Kirche und Theologische Literatur im Byzantinischen Reich, Munich, 1959.
[263] BECK H. G., Nomos, Kanon und Staatsraison in Byzanz, Vienne, 1981.
[264] BORNERT R., Les Commentaires byzantins de la Divine Liturgie du VIIe au XVe siècle (AOC, 9),
Paris, 1966.
[265] CHEYNET J.-Cl., Le patriarche tyrannos : le cas Cérulaire, in M. Th. FÖGEN (éd.) :
Ordnung und Aufruhr im Mittelalter. Historische und juridistische Studien zur Rebellion, Franc-
fort/M., 1995, 1-16.
[266] Christian Dualist Heresies in the Byzantine world (ca 650 - ca 1405), Selected sources transla-
ted and annotated by J. HAMILTON and B. HAMILTON, assistance with the translation
of Old Slavonic texts by Y. STOYANOV, Manchester, 1998.
[267] CONGAR Y., L’ecclésiologie du haut Moyen Âge. De saint Grégoire le Grand à la désunion entre
Byzance et Rome, Paris, 1968.
[268] CONGOURDEAU M.-H., L’empereur et le patriarche dans l’Empire byzantin, Istina, 50,
2005, 8-21.
[269] Cristianità d’Occidente e cristianità d’Oriente (Settim., 51), Spolète, 2004 contributions de
M..Fr. AUZÉPY (Les enjeux de l’iconoclasme, 127-165) ; J. BEAUCAMP (La christianisa-
tion du droit à Byzance : l’exemple du statut des femmes, 917-955), Ch. HANNICK (Les
enjeux de Constantinople et de Rome dans la conversion des Slaves méridionaux et
orientaux, 171-198) ; J. HERRIN (The Pentarchy, 591-626) ; C. PITSAKIS (Droit romain
et droit canonique oriental, 1435-1469).
[270] CUNNINGHAM M. B., Preaching and the Community, in MORRIS [305], 29-47.
[271] CUNNINGHAM M. B., ALLEN P. (ed.), Preacher and audience. Studies in Early Christian and
Byzantine Homiletics (A New History of the Sermon, 1), Leyde - New York - Cologne,
1998.
[272] DAGRON G., Juifs et chrétiens dans l’Orient du VIIe s., TM, 11, 1991, 17-46.
[273] DAGRON G., Judaïser, TM, 11, 1991, 359-380.
[274] DAGRON G., Le traité de Grégoire de Nicée sur le baptême des juifs, TM, 11, 1991,
313-358.
[275] DARROUZÈS J., Un décret d’Isaac II Angelos, REB, 40, 1982, 135-155.
[276] DARROUZÈS J., Les documents byzantins du XIIe siècle sur la primauté romaine, REB,
23, 1965, 42-88.
[277] DARROUZÈS J., Deux lettres inédites de Photius aux Arméniens, REB, 29, 1971, 137-181.
[278] DARROUZÈS J., Le patriarche Méthode contre les iconoclastes et les stoudites, REB, 45,
1987, 15-75.
[279] DARROUZÈS J., Recherches sur les offikia de l’Église byzantine (AOC, 11), Paris, 1970.
[280] DUCELLIER A., Chrétiens d’Orient et Islam au Moyen Âge. VIIe-XVe siècle, Paris, 1996.
[281] DVORNIK Fr., The Idea of Apostolicity in Byzantium and the Legend of the Apostle Andrew, Cam-
bridge, Mass., 1958.
[282] EDDÉ A.-M., F. MICHEAU, Ch. PICARD, Communautés chrétiennes en pays d’islam du début du
VIIe s. au milieu du XIe s. (SEDES), Paris, 1997.
[283] ELEUTERI P., RIGO A., Eretici, dissidenti, musulmani ed Ebrei a Bizancio, Venise, 1993.
[284] GAHBAUER F. R., Die Pentarchy-Theory. Ein Modell die Kirchenleitung von den Anfängen bis zur
Gegenwart, Francfort, 1993.
[285] GARSOÏAN N., Byzantine heresy : A reinterpretation, DOP, 25, 1971, 85-113.
[286] GAUTIER P., Le chartophylax Nicéphore. Œuvre canonique et notice biographique,
REB, 27, 1969, 159-195.
Introduction méthodologique et bibliographique XXV
[287] GOUILLARD J., L’hérésie dans l’Empire byzantin des origines au XIIe siècle, TM, 1,
1965, 299-324 (= Id. [288], no I).
[288] GOUILLARD J., La vie religieuse à Byzance (VR), Londres, 1981.
[289] HAJJAR J., Le synode permanent dans l’Église byzantine des origines au XIe s. (OCA, 164), 1962.
[290] HANNICK Ch., Les nouvelles chrétientés du monde byzantin : Russes, Bulgares et Ser-
bes, dans HC, 4, 909-939.
[291] HANNICK Ch., Die byzantinischen Missionen, dans K. SCHÄFERDIEK (éd.), Die Kirche
des früheren Mittelalters (Kirchengeschichte als Missionsgeschichte, II/I), Munich, 1978,
279-359.
[292] HERMAN E., Die kirchlichen Einkünfte des byzantinischen Niederklerus, OCP, 8, 1942,
378-442.
[293] HUSSEY J. M., The Orthodox Church in the Byzantine Empire, Oxford, 1986.
[294] KHOURY A. T., Polémique byzantine contre l’islam, Leyde, 1972.
[295] KOLBABA T., The Byzantine Lists : The Errors of the Latins, Chicago, 2000.
[296] KONIDARIS J., The Ubiquity of Canon Law, in LAIOU-SIMON [333], 131-150.
[297] KOUNTOURA-GALAKÈ E., Ho Buzantinos klèros kai hè koinônia tôn « skoteinôn aiô-
nôn » / Byzantine Clergy and Society in the Dark Centuries, Athènes, 1996.
[298] MACRIDES R., Kinship and Justice in Byzantium, 11th-15th Centuries (VR), Aldershot, 1999.
[299] MACRIDES R., Justice under Manuel I Komnenos : Four Novels on Court Business and
Murder, FM, 6, Francfort, 1984, 99-204. (= Ead. [298], no IX).
[300] MACRIDES R., Nomos and Kanon on Paper and in Court, in MORRIS [305], 61-85
(= Id. [298], no VI).
[301] MATHEWS T. F., The Early Churches of Constantinople : Architecture and Liturgy, Pennsyl-
vanie - Londres, 1971.
[302] MEYENDORFF J., Byzantine views of Islam, DOP, 18, 1964, 115-132.
[303] MEYENDORFF J., Byzantine Theology, 2nd ed., New York, 1979.
[304] MICHEL A., Die Kaisermacht in der Ostkirche, 843-1204, Darmstadt, 1959.
[305] MORRIS R. (ed.), Church and People in Byzantium, Birmingham, 1990.
[306] PAPAGIANNI E., Ta oikonomika tou eggamou klèrou sto Buzantio, Athènes, 1986.
[307] PERENTIDIS S., Un canon peut-il être périmé ? Mentalités et autorité du texte cano-
nique au XIIe s., in OIKONOMIDÈS [332], 141-148.
[308] PERI V., La pentarchia : istituzione ecclesiale (IV-VII secolo) e teoria canonico-teologica,
dans Bisanzio, Roma e l’Italia nell’alto Medioevo, Spoleto, 1988 (Settim., 34), 209-311.
[309] PITSAKIS C., Clergé marié et célibat, dans Nedungatt [256], 281-289.
[310] RABELLO A. M., Giustiniano, Ebrei e Samaritani alla luce delle Fonti storico-letterarie, ecclesiastiche
e giuridiche, Milan, 1987-1988.
[311] RIGO A., Messalianismo = Bogomilismo. Un’equazione dell’eresiologia medievale
bizantina, OCP, 56, 1990, 53-82. Cf. également, Id., Il processo del bogomilo Basilio
(1099 ca) ; una reconsiderazione, OCP, 58, 1992, 185-211.
[312] SARADI H., Imperial Jurisdiction over Ecclesiastical Provinces : The Ranking of New
Cities as Seats of Bishops or Metropolitans, in OIKONOMIDÈS [337], 149-163.
[313] SCHMINCK A., Das Prooimion der Bearbeitung des Nomokanons in 14. Titeln durch
Michael und Theodoros, FM, X, 1998, 357-386.
[314] SCHMINCK A., Zur Entwicklung des Eherechts in der Komnenenepoche, in
OIKONOMIDÈS [332], 555-587.
[315] SHARF A., Jews and other minorities in Byzantium, Jérusalem, 1995.
XXVI Le monde byzantin
[316] SHARF A., Byzantine Jewry from Justinian to the IVth crusade, Londres, 1971.
[317] SMITH M. H., « And Taking bread ». Cerularius and the Azyme Controversy of 1054, Paris,
1978.
[318] SPECK P., Die vermeintliche Häresie der Athinganoi, JÖB, 47, 1997, 37-50.
[319] SPITERIS J., La critica bizantina del primato romano nel secolo XII (OCA, 208), Rome,
1979.
[320] STARR J., Le mouvement messianique au début du VIIIe siècle, REJ, 102, 1937, 81-92.
[321] STOLTE B. H., A note on the un-Photian Revision of the Nomocanon XIV Titulorum,
dans TROIANOS Sp. (ed.), Analecta Atheniensia ad ius byzantinum spectantia, I, Athènes, 1997,
115-130.
[322] STOLTE B. H., In Search of the Origins of the Nomocanon of the Fourteen Titles, dans
PAPASTATHIS Ch. (ed.), Byzantine Law, Thessalonique, 2001, 183-194.
[323] TIFTIXOGLU V., Gruppenbildungen innerhalb des konstantinopolitischen Klerus
während der Komnenzeit, BZ, 62, 1969, 25-72.
[324] TROIANOS Sp. N., The Canons of the Trullan Council in The Novels of Leo VI, in
NEDUNGATT [256], 189-198.
[325] TROIANOS Sp. N., Ostkirche und profanes Recht, dans R. F. Taft (ed.), The Christian
East. Its Institutions and Its Thought. A Critical Reflexion (OCA, 251), Rome, 1966, 465-484.
[326] VODOFF V., Naissance de la chrétienté russe. La conversion du prince Vladimir de Kiev (988) et ses
conséquences (XIe-XIIe siècles), Paris, 1988.
CHAPITRE VI
L’ADMINISTRATION IMPÉRIALE
LA FISCALITÉ
[327] HARVEY A., The land and taxation in the reign of Alexios I Komnenos : The evidence
of Theophylakt of Ochrid, REB, 51, 1993, 139-154.
[328] OIKONOMIDÈS N., Fiscalité et exemption fiscale à Byzance (IXe-XIe s.), Fondation nationale de
la recherche scientifique, Athènes, 1996 (fondamental).
[329] SARADI H., Evidence of Barter economy in the documents of private transactions, BZ,
88/2, 1995, 405-418.
[330] ZUCKERMAN C., Du village à l’empire : autour du registre fiscal d’Aphroditô (525/526) (TM,
Monogr., 16), Paris, 2004 (expose de nouvelles idées sur l’évolution du prélèvement fis-
cal aux VIe et VIIe siècles).
LA FORMATION DE LA LOI
Dans la série FM (Francfort/M.) sont édités de nombreux textes juridiques et publiés des
commentaires.
[331] BURGMANN L., Lawyers and Legislators : Aspects of Law-Making in the Time of Alexios I., in
MULLETT-SMYTHE [169], 185-198.
Introduction méthodologique et bibliographique XXVII
[332] Byzantium in the 12th Century. Canon Law, State and Society, ed. by N. OIKONOMIDÈS (Society
of Byzantine and post-byzantine Studies Diptycha-Paraphylla, 3), Athènes, 1991.
[333] LAIOU A., SIMON D., Law and Society in Byzantium, Ninth-Twelfth Centuries (Dumbarton
Oaks Research Library and Collection), Washington DC, 1994 (en particulier les contri-
butions de G. Dagron, P. Magdalino, R. Macrides, I. M. Konidaris, A. E. Laiou).
L’ADMINISTRATION
Ouvrages généraux
[334] AHRWEILER H., Études sur les structures administratives et sociales de Byzance (VR), Londres,
1971.
[335] GLYKATZI-AHRWEILER H., Recherches sur l’administration de l’Empire byzantin
aux IXe-XIe siècles, BCH, 84, 1960, 1-111 (= Ead. [334], no VIII (reste fondamental).
[336] HOHLWEG A., Beiträge zur Verwaltungs Geschichte des Oströmischen Reiches unter den Komnenen
(Miscellanea Byzantina Monacensia, I), Munich, 1965.
[337] OIKONOMIDÈS N., Documents et études sur les institutions de Byzance (VIIe-XVe s.) (VR), Lon-
dres, 1976.
[338] OIKONOMIDES N., Byzantium from the Ninth Century to the Fourth Crusade. Studies, Texts,
Monuments (VR), Aldershot, 1992.
[339] OIKONOMIDES N., Society, Culture and Politics in Byzantium (VR) Aldershot, 2005.
[340] WEISS G., Oströmische Beamte im Spiegel der Schriften des Michael Psellos (Miscellanea Byzan-
tina Monacensia, 16), Munich, 1973.
[341] WINKELMANN F., Byzantinische Rang- und Ämterstruktur im 8. und 9. Jahrhundert : Faktoren und
Tendenzen ihrer Entwicklung, Berlin, 1985.
L’ADMINISTRATION CENTRALE
[342] KARLIN-HAYTER P., L’hétériarque. L’évolution de son rôle du De Cerimoniis au Traité des
Offices, JÖB, 23, 1974 (Ead., Studies in Byzantine Political History. Sources and Controversies,
Londres, 1981, no XVIII).
[343] KAPLAN M., Maisons impériales et fondations pieuses : réorganisation de la fortune
impériale et assistance publique de la fin du VIIIe siècle à la fin du Xe siècle, Byz., 61,
1991, 340-364.
[344] MAGDALINO P., Innovations in government, in MULLETT-SMYTHE [169], 146-166.
[345] OIKONOMIDÈS N., L’évolution de l’organisation administrative de l’Empire byzantin au
XIe siècle (1025-1118), TM, 6, 1976, 125-152 (= Id. [337], no X).
[346] OIKONOMIDES N., The « Peira » of Eustathios Romaios : An Abortive Attempt to inno-
vate in Byzantine Law, FM, VII, 1986, 169-192 (= Id. [337], no XII).
[347] GKIOUTZIOUKOSTA A. E., Administration of Justice in Byzantium (9th-12th centuries). Judicial
Officers and secular Tribunals of Constantinople (Byzantina keimena kai meletai, 37), Thessalo-
nique, 2004 (très informé, en grec, mais avec un résumé anglais).
XXVIII Le monde byzantin
L’ADMINISTRATION PROVINCIALE
[348] FERLUGA J., Untersuchungen zur byzantinischen Provinzverwaltung, VI-XIII Jahrhundert : gesam-
melte Aufsätze, Amsterdam, 1992.
[349] FRANKOPAN DOIMI P. de, The workings of the Byzantine provincial administration in
the 10th-12th centuries : The example of Preslav, Byz., 71, 2001, 73-97.
[350] SEIBT W., Armenika themata als terminus technicus der byzantinischen Verwaltungsge-
schichte des 11. Jahrhunderts, BSl., 54, 1993/994, 134-141.
[351] STAVRIDOU-ZAFRAKA Al., The development of the theme organisation in Macedonia,
dans Byzantine Macedonia : Identity, Image and History : Papers from the Melbourne Conference,
July 1995, J. BURKE and R. SCOTT (ed), Melbourne, 2000, 128-138 (tout le volume est
intéressant pour l’histoire de la Macédoine médiévale).
[352] VLYSSIDOU V. N., Quelques remarques sur l’apparition des juges : première moitié du
Xe siècle, in LAMPAKIS [1053], 59-66.
[353] WINKELMANN F., Byzantinische Rang- und Ämterstruktur im 8. und 9. Jahrhundert : Faktoren und
Tendenzen ihrer Entwicklung, Berlin, 1985.
CHAPITRE VII
L’ARMÉE ET LA MARINE
Sources
Littérature secondaire
OUVRAGES GÉNÉRAUX
[362] HALDON J. F., State, Army and Society in Byzantium (VR), Aldershot, 1995.
[363] HALDON J. F., Welfare State and Society in the Byzantine World, 565-1204, Londres, 1999.
Introduction méthodologique et bibliographique XXIX
[364] KÜHN H.-J., Die byzantinische Armee im 10. und 11. Jahrhundert. Studien zur Organisation der
Tagmata (Byzantinische Geschichtschreiber. Ergänzungsband, 2), Vienne, 1991.
[365] MCGEER E., Sowing the Dragon’s Teeth : Byzantine Warfare in the Tenth Century, Washing-
ton DC, 1995.
[366] MILLER T. S. and J. NESBITT (eds), Peace and War in Byzantium : Essays in Honor of George
T. Dennis, Washington DC, 1995.
[367] TREADGOLD W. T., Byzantium and its Army, 284-1081, Stanford, Ca, 1995 (à manier
avec précaution quant aux données numériques).
[368] To Empolemo Byzantio (9os-12os ai.). Byzantium at war : 9th-12th ca, K. TSIKNAKIS (ed.),
Athènes, 1997.
THEMATA ET TAGMATA
LA MARINE
[377] AHRWEILER H., Byzance et la mer. La marine de guerre, la politique et les institutions maritimes de
Byzance aux VIIe-XVe siècle (Bibliothèque Byzantine. Études, 5), Paris, 1966.
[378] CHRISTIDES V., Two parallel naval guides of the Tenth Century. Qudama’s Document
and Leo VI’s Naumachica. A study on Byzantine and Moslem Naval Preparedness,
Graeco-Arabica, 1, 1982, 51-103.
[379] EICKHOFF E., Seekrieg und Seepolitik zwischen Islam und Abendland. Das Mittelmeer unter byzan-
tinischer und arabischer Hegemonie (650-1040), Berlin, 1966.
Le recrutement et le financement
[380] BLÖNDAL S., The Varangians of Byzantium, révisé et réécrit par B. S. BENEDIKZ, Cam-
bridge, 1978.
XXX Le monde byzantin
[381] CHEYNET J.-Cl., Les effectifs de l’armée byzantine (Xe-XIIe s.), CCM, 38, fasc. 4, 1995,
319-335 (= Id. [420], no XII).
[382] CHEYNET J.-Cl., Le rôle des Occidentaux dans l’armée byzantine avant la première
croisade, dans Byzanz und das Abendland im 10. und 11. Jahrhundert, ed. E. Konstantinou,
Cologne, 1997, 111-128.
[383] CIGGAAR K., Flemish mercenaries in Byzantium, their later history in an old norse
miracle, Byz., 51, 1981, 44-75.
[384] GORECKI D., The Strateia of Constantine VII. The Legal Status, Administration, and
Historical Background, BZ, 82, 1989, 157-176.
[385] GREGORIOU IOANNIDOU I., Stratologia kai eggeia stratiôtikê idioktêsia sto Byzantio, Thessalo-
nique, 1989.
[386] HALDON J., The Long Eight Century. Production, distribution and demand in the
Byzantine World, ca 660-840, dans The Long Eight Century. Production, Distribution and Demand
in the Byzantine World, I. L. HANSEN, Ch. WICKHAM (eds), Leyde, 2000, 226-264.
[387] HALDON J., Theory and practice in tenth century military administration : Chapters II,
44 and 45 of the Book of Ceremonies, TM, 13, 2000, 201-352.
[388] HOLMES C., « How the East was won » in the Reign of Basil II, in EASTMOND [179],
41-56.
[389] KAZHDAN A., Pronoia : The history of a scholarly discussion. intercultural contacts,
Mediterranean Historical Review, 10/1-2, 1995, 133-163.
[390] SHEPARD J., The uses of the Franks in Eleventh Century Byzantium, dans Anglo-Norman
Studies, XV, Woodbridge, 1993, 275-305.
[391] MAGDALINO P., The Byzantine Army and the Land : From stratiotikon ktema to military
pronoia, in TSIKNAKIS [368], 15-36.
[392] OIKONOMIDES N., Middle Byzantine Provincial Recruits : Salary and Armament, Goni-
mos, Buffalo, 1988, 121-136 (= Id. [635], no X).
[393] OIKONOMIDES N., The social structure of The Byzantine Countryside in the first half
of the Xth century, Symmeikta, 10, 1996, 105-125 (= Id. [635], no VI).
[394] TREADGOLD W. T., The Military Lands and the Imperial Estates in the Middle Byzan-
tine Empire, Harvard Ukrainian Studies, 7, 1983, 619-631.
e e
L’ÉVOLUTION AUX XI ET XII SIÈCLES
[395] BIRKENMEIER J. W., The Development of the Komnenian Army 1081-1180, Leyde-Boston-
Cologne, 2002 (trop rapide).
[396] CHEYNET J.-Cl., La politique militaire de Basile II à Alexis Comnène, ZRVI, 29-30,
1991, 61-74 (= Id. [420], no X).
[397] CHEYNET J.-Cl., La conception militaire de la frontière orientale (IXe-XIIIe s.), in
EASTMOND [179], 57-69.
[398] LILIE R.-J., Die Schlacht von Myriokephalon (1176). Auswerkungen auf das byzanti-
nische Reich im ausgehenden 12 Jahrhundert, REB, 35, 1977, 257-275.
[399] VRYONIS Sp., The eleventh century : Was there a crisis in the Empire ? : The decline of
quality and quantity in the Byzantine Armed Forces, in VLYSSIDOU [164], 17-43.
[400] VRYONIS Sp., A personal history of the history of the battle of Mantzikert, in
LAMPAKIS [1053], 225-244.
Introduction méthodologique et bibliographique XXXI
LA TECHNIQUE
[401] CHEVEDDEN P. E., The invention of the counterweight trebuchet : A study in cultural
diffusion, DOP, 54, 71-116.
[402] DENNIS G. T., Byzantine heavy artillery : The Helepolis, GRBS, 39, 1998, 99-115.
[403] FOSS Cl., WINFIELD D., Byzantines Fortifications. An Introduction, Pretoria, 1986.
[404] FOSS Cl., Cities, Fortresses and Villages of Byzantine Asia Minor (VR), Aldershot, 1996.
[405] HALDON J. F., Some aspects of Byzantine military technology from the sixth to the
tenth centuries, BMGS, 1, 1975, 11-47.
[406] HYLAND A., The Medieval Warhorse : From Byzantium to the Crusade, with a foreword by
Michael PRESTWICH, Dover, NH, 1994.
[407] KOLIAS T., Byzantinische Waffen. Ein Beitrag zur byzantinischen Waffenkunde vor den Anfänger
bis zur lateinischen Eroberung (Byzantina Vindobonensia, 17), Vienne, 1988.
[408] KORRES Th., « Hygron pyr » : Ena oplo tês byzantinês nautikês taktikês, Thessalonique, 1989.
[409] NICOLLE D., Warriors and their Weapons around the Time of the Crusades : Relationships between
Byzantium, the West and the Islamic world, Aldershot, 2002.
[410] SULLIVAN D., Tenth century Byzantine offensive siege warfare : Instructional prescrip-
tions and historical practice, in TSIKNAKIS [368], 178-200.
L’ÉTAT D’ESPRIT
[411] DAGRON G., Byzance et le modèle islamique au Xe siècle : à propos des Constitutions tac-
tiques de l’empereur Léon VI, CRAI, 1983, 219-243.
[412] DENNIS G. T., Religious Services in the Byzantine Army, Eulogema : Studies in honor of
R. Taft, E. Carr (ed.) (Studia anselmiana, 110), Rome, 1993, 107-117.
[413] KOLBABA T. M., Fighting for Christianity. Holy War in the Byzantine Empire, Byz. 68,
1998, 194-221.
[414] KOLIA-DERMITZAKÈ A., O Buzantinos « ieros polemos ». È ennoia kai è probolè tou thrèskeutikou
polémou sto Byzantio, Athènes, 1991 (en grec ; rassemble toute la documentation).
CHAPITRE VIII
LES CLASSES DIRIGEANTES DE L’EMPIRE
Sources
Littérature secondaire
Généralités
[416] AHRWEILER H., Recherches sur la société byzantine au XIe siècle : nouvelles hiérarchies
et nouvelles solidarités, TM, 6, 1976, 99-124.
[417] ANGOLD M. (ed.), The Byzantine Aristocracy, IX to XIII Centuries (BAR International Series,
221), Oxford, 1984.
[418] BECK M. G., Senat und Volk von Konstantinopel, Bayer. Akademie der Wissenschaft Phil.
Hist. Kl., 1966, 1-75 (= Id., [419], no XII).
[419] BECK M. G., Ideen und Realitaeten (VR), Londres, 1972.
[420] CHEYNET J.-Cl., The Byzantine Aristocracy and its Military Function (VR), Aldershot, 2006.
[421] CHEYNET J.-Cl., L’anthroponymie aristocratique à Byzance, dans L’anthroponymie, docu-
ment de l’histoire sociale des mondes méditerranéens médiévaux, éd. M. Bourin, J.-M. Martin et
F. Menant, Rome, 1996, 267-294 (= Id. [420], no III).
[422] CHEYNET J.-Cl., L’aristocratie byzantine (VIIIe-XIIIe siècle), Journal des Savants, juillet-
décembre 2000, 281-322 (= Id. [420], no I).
[423] CHEYNET J.-Cl., L’aristocrazia bizantina nei secoli X-XII : a proposito del libro di
A. Kazhdan e Ronchey S., Rivista Storica Italiana, CXIII, fasc. 2, 2001, 413-440
(= Id. [420], no II).
[424] KAZHDAN A. P., S. RONCHEY, L’aristocrazia bizantina dal principio dell’XI alla fine del
XII secolo, Palerme, 1997.
[425] MAGDALINO P., Honour among Romaioi : The framework of social values in the world
of Digenes Akrites and Kekaumenos (= Id. [193], no III).
[426] PATLAGEAN Év., Les débuts d’une aristocratie byzantine et le témoignage de
l’historiographie : système des noms et liens de parenté aux IXe-Xe siècles dans
Angold [417], 23-43.
[427] SVORONOS N., Société et organisation intérieure dans l’Empire byzantin au XIe siècle :
les principaux problèmes, Thirteenth Internationnal Congress of Byzantine Studies, Main
Papers XII, Oxford, 1966, 1-17 (= Id. [520], no IX).
[428] BURGMANN L., A Law for Emperors : On a Chrysobull of Nikephoros III Botaneiates,
dans New Constantines, The Rhythm of Imperial Renewal in Byzantium, 4th-13th Centuries (VR),
P. MAGDALINO (ed.), Aldershot, 1994, 247-257.
[429] NICHANIAN M., Aristocratie et pouvoir impérial à Byzance (VIIe-IXe siècle), thèse de l’Université
de Paris IV, 2004 (sera publiée).
[430] WINKELMANN F., Quellenstudien zur herrschenden Klasse von Byzanz im 8. und 9. Jahrhundert
(BBA, 54), Berlin, 1987.
LES ÉTRANGERS
[431] BOZILOV I., Les Bulgares dans l’Empire byzantin, Annuaire de l’Université de Sofia, Faculté
d’Histoire, 69, 1980 (1975), 143-193.
Introduction méthodologique et bibliographique XXXIII
[432] BRAND Ch. M., The Turkish element in Byzantium, Eleventh-Twelfth Centuries, DOP,
43, 1989, 1-25.
[433] GARSOÏAN N., The Problem of Armenian Integration into the Byzantine Empire, in
AHRWEILER-LAIOU [436], 53-124.
[434] PAULIKIANOV C., The Medieval Aristocracy on Mount Athos : The Philological and Documentary
Evidence for the Activity of Byzantine, Georgian and Slav Aristocrats and Eminent Churchmen in the
Monasteries from the 10th to the 15th century (Monumenta Slavico-Byzantina et Mediaevalia
Europensia, 15), Sofia, 2001.
[435] STAVRAKOS Ch., Sceaux inédits d’Arabes au service de Byzance, Graeco-Arabica, 7-8,
1999-2000, 511-518.
[436] Studies on the Internal Diaspora of the Byzantine Empire, H. AHRWEILER, A. LAIOU (eds),
Washington DC, 1998.
[437] SHEPARD J., The uses of the Franks in eleventh century Byzantium, Anglo-Norman Studies,
15, 1993, 275-305.
Les familles
[450] CHEYNET J.-Cl., Fortune et puissance des grandes familles (Xe-XIIIe siècle), HR, II, 199-
213 (= Id. [420], no V).
[451] GÉROLYMATOU M., L’aristocratie et le commerce (IXe-XIIe siècle), Symmeikta, 15, 2002,
77-89.
[452] KAPLAN M., Les monastères et le siècle à Byzance : les investissements des laïques au
XIe siècle, CCM, 27, 1984, 73-83.
[453] BEAUCAMP J., Les femmes et l’espace public à Byzance : le cas des tribunaux, DOP, 52,
1998, 129-145.
[454] Femmes et pouvoirs des femmes à Byzance et en Occident (VIe-XIe siècle), S. LEBECQ,
A. DIERKENS, R. LE JAN, J.-M. SANSTERRE (éd.), Colloque international organisé
les 28, 29, 30 mars 1996, à Bruxelles et Villeneuve-d’Ascq, Lille, 1999. Noter en parti-
culier les contributions de J. BEAUCAMP (Incapacité féminine et rôle des femmes à
Byzance, 23-36) et M. KAPLAN (L’aristocrate byzantine et sa fortune, 205-226).
[455] LAIOU A. E., Observations on the life and ideology of Byzantine women, Byz Forsch., 9,
1985, 59-102.
Les clientèles
[456] MACRIDES R., The Byzantine godfather, BMGS, 11, 1987, 139-162 (= Id. [298], no I).
[457] NESBITT J., WIITA J., A confraternity of the Comnenian Era, BZ, 68, 1975, 360-384.
[458] NEVILLE El., Authority in Byzantine Provincial Society, 950-1100, Cambridge, 2004.
[459] OIKONOMIDES N., The donation of castles in the last quarter of the eleventh century
(Dölger, Regesten, no 1012), in Polychronion : Festschrift Franz Dölger, 413-417 (= Id. [337],
no XIV).
[460] OSTROGORSKY G., Pour l’histoire de la féodalité byzantine (Corpus Bruxellense historiae
Byzantinae, Subsidia, 1), Bruxelles, 1954.
LES RÉVOLTES
[461] CHEYNET J.-Cl., Pouvoir et contestations à Byzance (963-1210) (BS, 9), Paris, 1990.
[462] CRESCI L. R., Appunti per una tipologia del tyranno, Byz., 60, 1990, 90-129.
[463] HILL B., Actions speak louder than Words : Anna Komnene’s attempted Usurpation, in GOUMA-
PETERSON [181], 45-62.
[464] CHEYNET J.-Cl., Philadelphie, un quart de siècle de dissidence, 1182-1206, dans Phila-
delphie et autres études (BS, 5), 1984, 39-54 (= Id. [420], no IX).
[465] MALINGOUDIS P., Die Nachrichten des Nicetas Choniates über die Entstehung des
Zweiten Bulgarischen Staates, Byzantina, 10, 1980, 51-147.
[466] PRINZIG G., Demetrios-Kirche und Aseniden-Aufstand : Zur chronologischen Präzisie-
rung der Frühphase des Aseniden-Aufstandes, ZRVI, 38, 1999-2000, 257-265.
Introduction méthodologique et bibliographique XXXV
CHAPITRE IX
LA POPULATION
[467] ALLEN P., The « Justinianic » Plague, Byz., 49, 1979, 5-20.
[468] AVRAMÉA A., Le Péloponnèse du IVe au VIIIe siècle, changements et persistances (BS, 15), Paris,
1997.
[469] L’Arménie et Byzance. Histoire et culture (BS, 12), Paris, 1996.
[470] BEŠEVLIEV V., Die protobulgarische Periode der bulgarischen Geschichte, Amsterdam, 1981.
[471] BIRABEN J.-N., La peste du VIe siècle dans l’Empire byzantin, HR, I, 121-125.
[472] BOURAS Ch., City and village : Urban design and architecture, JÖB, 31, 1981, 611-653.
[473] BROUSSELLE I., L’intégration des Arméniens dans l’aristocratie byzantine au IXe siècle,
in L’Arménie et Byzance [469], 43-54.
[474] BRUNET F., Sur l’hellénisation des toponymes slaves en Macédoine byzantine, TM, 9,
1985, 235-265.
[475] CHARANIS P., Studies on the Demography of the Byzantine Empire (VR), Londres, 1972.
[476] CHARANIS P., On the demography of Medieval Greece : A problem solved, Balkan Stu-
dies, 20, 1979, 193-218 (sur le degré de slavisation de la Grèce et sur la Chronique de
Monemvasie).
[477] CHEYNET J.-Cl., L’apport arabe à l’aristocratie byzantine, BSl., 56, 1995, 137-146.
[478] DAGRON G., Minorités ethniques et religieuses dans l’Orient byzantin à la fin du Xe et
au XIe siècle : l’immigration syrienne, TM, 6, 1976, 177-216 (= Id., La romanité chrétienne
en Orient. Héritages et mutations (VR), Londres, 1984, no X).
[479] DAGRON G., Entre village et cité : la bourgade rurale des IVe-VIIe siècles en Orient, Koi-
nônia, 3, 1979, 29-52.
[480] DITTEN H., Ethnische Verchiebungen zwischen des Balkanhalbinsel und Kleinasien vom Ende des 6.
bis zur zweiten Hälfte des 9. Jahrhunderts (BBA, 59), Berlin, 1993.
[481] DUCELLIER A., L’Albanie entre Byzance et Venise, Xe-XVe siècle (VR), Londres, 1987.
[482] DURLIAT J., La peste du VIe siècle, HR, I, 107-119.
[483] DVOICHENKO-MARKOV D., The Vlachs : The Latin speaking Population of Eastern
Europe, Byz., 54, 1984, 508-526.
[484] FOSS Cl., Ephesus after Antiquity : A late Antique, Byzantine and Turkish City, Cambridge,
1979.
[485] GARSOÏAN N., Armenia between Byzantium and the Sasanians (VR), Londres, 1985.
[486] GEYER B., DALONGEVILLE R., LEFORT J., Les niveaux du lac de Nicée au Moyen Âge,
Castrum, 7, 2001, 77-93 (= Lefort [493], no XVII).
[487] GEYER B., KOÇ Y., LEFORT J. et CHATAIGNER Ch., Les villages et l’occupation du sol
au début de l’époque moderne, in GEYER-LEFORT [1021], 411-430.
[488] HARVEY Al., Economic expansion in the Byzantine empire, 900-1200, Cambridge, 1989.
[489] Hommes et richesses dans l’Empire byzantin, I (IVe-VIIe siècle), Paris, 1989 ; II (VIIIe-XVe siècle),
1991.
[490] KOUTABA-DÉLÈBORIA B., O geôgraphikos kosmos Kônstantinou tou Porphyrogennètou, 2 v.,
Athènes, 1993.
[491] LAIOU-THOMADAKIS A. E., Peasant Society in the Late Byzantine Empire. A Social and Demo-
graphic Study, Princeton, 1977.
XXXVI Le monde byzantin
[492] LAIOU A. E., L’étranger de passage et l’étranger privilégié à Byzance, XIe-XIIe siècles,
in Identité et droit de l’autre, L. Mayali (Studies in comparative legal History), Berkeley,
1994, 69-88.
[493] LEFORT J., Société rurale et histoire du paysage à Byzance, Paris, 2006.
[494] LEFORT J., Radolibos : population et paysage, TM, 9, 1985, 195-234 (= Id. [493],
no VI).
[495] LEFORT J., Population et peuplement en Macédoine orientale, IXe-XVe siècle, HR II,
63-82 (= Id. [493], no IX).
[496] LEFORT J. et MARTIN J.-M., L’organisation de l’espace rural : Macédoine et Italie du
Sud (Xe-XIIIe siècle), HR, II, 11-26 (= Id. [493], no VIII).
[497] LEFORT J., Toponymie et anthroponymie : le contact entre Grecs et Slaves en Macé-
doine, Castrum, 4, 1992, 161-171 (= Id. [493], no XI).
[498] LEFORT J., Rural economy and social relations in the countryside, DOP, 47, 1993, 101-
113 (= Id. [493], no XII).
[499] LEFORT J., Les villages de Macédoine orientale au Moyen Âge, in Id. et al. [549], 289-
299 (= Id. [493], no XX).
[500] LEMERLE P., L’histoire des Pauliciens d’Asie Mineure d’après les sources grecques, TM,
5, 1973, 1-144 (= Id. [493], no IV).
[501] LEMERLE P., Essais sur le monde byzantin (VR), Londres, 1980.
[502] LEMERLE P., Les plus anciens recueils des miracles de saint Démétrius et la pénétration des Slaves
dans les Balkans, II, Commentaire, Paris, 1981.
[503] MARTIN J.-M., Une origine calabraise pour la Grecía salentine ?, RSBN, n.s. 22-23,
1985-1986, 51-63.
[504] MCEVEDY C. et JONES R., Atlas of World Population History, Harmondsworth, 1978.
[505] MORAVCSIK G., Byzantinoturcica, 2 vol., Berlin, 1958 (rééd. Leyde, 1983).
[506] MORRISSON C., Monnaie et finances dans l’Empire byzantin, Xe-XIVe siècle, HR, II,
291-315 (= Id. [661], no IV).
[507] NASTUREL P., Les Valaques balcaniques aux Xe-XIIIe siècles, Byz. Forsch., 7, 1979, 89-112.
[508] OBOLENSKY D., The Bogomils, Cambridge, 1948.
[509] PATLAGEAN Év., Pauvreté économique et pauvreté sociale à Byzance, IVe-VIIe siècles, Paris-La
Haye, 1977.
[510] PATLAGEAN Év., Structure sociale, famille, chrétienté à Byzance, IVe-XIe siècle (VR), Londres,
1981.
[511] POHL D., Die Awaren, Munich, 1988.
[512] PRITSAK O., Die bulgarische Fürtenliste und die Sprache der Protobulgaren, Wiesbaden, 1955.
[513] PRITSAK O., The Pecenegs : A Case of Social and Economic Transformation, Lisse, 1976.
[514] RUSSEL J. C., Ancient and Medieval Population, Philadelphie, 1958.
[515] RUSSEL J. C., Recent advances in medieval demography, Speculum, 40, 1965, 84-101.
[516] SAVVIDÈS A., Oi Komanoi (Koumanoi) kai to Byzantio, 11o-13o ai. m. Ch., Byzantina
13, 1985, 937-955.
[517] SPIESER J.-M., L’évolution de la ville byzantine de l’époque paléochrétienne à
l’iconoclasme, HR, I, 97-106.
[518] STARR J., The Jews in the Byzantine Empire, Athènes, 1939.
[519] STATHAKOPOULOS, Famine and Pestilence in the Late Roman and Early Byzantine Empire : A
Systematic Survey of Subsistence Crises and Epidemics (Birmingham Byzantine and Ottoman
Monographs, 9), Aldershot, 2004.
Introduction méthodologique et bibliographique XXXVII
[520] SVORONOS N., Études sur l’organisation intérieure, la société et l’économie de l’Empire byzantin
(VR), Londres, 1973.
[521] TREADGOLD W., The Byzantine State Finances in the Eight and Ninth Centuries, New York,
1982.
[522] VASMER M., Die Slaven in Griechenland, Berlin, 1941 (rééd. Leipzig, 1970, 1977).
[523] VRYONIS Sp., Byzantium : Its Internal History and Relations with the Muslim World (VR), Lon-
dres, 1971.
CHAPITRE X
ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ RURALE
Sources
[524] Beiträge zur Geschichte der byzantinischen Finanzverwaltung besonders des 10. und 11. Jahrhunderts,
ed. F. DÖLGER, Leipzig-Berlin, 1927, réimpr. 1960 (comprend le Traité fiscal).
[525] Eggrapha Patmou 2. Dèmosiôn leitourgôn, éd. M. Nystazopoulou-Pélékidou, Athènes, 1980.
[526] Geoponica sive Cassiani Bassi scholastici De re rustica eclogae, éd. H. BECKH, Leipzig, 1895,
réimp. Stuttgart, 1994.
[527] Michel Psellos, Péri géorgikôn, éd. BOISSONADE, Anecdota graeca I, Paris, 1829, réimpr.
Hidesheim, 1962, 242-247.
[528] Ptochoprodromos, éd. H. EIDENEIER (Neogreca Medii Aevi, 5), Cologne, 1991.
[529] Vizantijskij zemledelceskij zakon éd. I. MEDVEDEV, Léningrad, 1984 (il s’agit du Code
rural).
Littérature secondaire
[530] BARTUSIS M., Exaleimma : Escheat in Byzantium, DOP, 40, 1986, 55-81.
[531] BELLIER P. et al., Paysages de Macédoine, leurs caractères, leur évolution à travers les documents et
les récits des voyageurs, Paris, 1986.
[532] BOURAS Ch., Houses in Byzantium, Delt. Christ. Arch. Et., 11, 1982-1983, 1-26.
[533] BRYER A., The means of agricultural production : Muscle and tools, EHB, 101-113.
[534] DUNN A., The exploitation and control of woodland and scrubland in the Byzantine
world, BMGS, 16, 1992, 235-298.
[535] ELLYS S., La casa, dans La civiltà bizantina, oggetti e messaggio, éd. A. Guillou, Rome, 1993,
167-226.
[536] GEYER B., Aridité et sociétés du Proche-Orient ancien, problématique géo-archéologique, Habilitation
à diriger des recherches, Lyon II, 1999.
[537] GEYER B., Physical factors in the evolution of the landscape and land use, EHB, 31-45.
[538] GEYER B. et LEFORT J., L’évolution de l’occupation du sol et du paysage, in Id. [1021],
535-545.
[539] GIROS Ch., Remarques sur l’architecture monastique en Macédoine orientale, BCH,
116, 1992, 409-443.
[540] GUILLOU A., La soie du catépanat d’Italie, TM, 6, 1976, 69-84.
[541] GYONI M., La transhumance des Vlaques balkaniques au Moyen Âge, BSl., 12, 1951,
29-42.
XXXVIII Le monde byzantin
[542] HARVEY A., Risk aversion in the eleventh century peasant economy, in
LAMPAKIS [1053], 73-82.
[543] JACOBY D., Silk in Western Byzantium before the Fourth Crusade, BZ, 1991/1992,
452-500 (= Id. [608], no VII).
[544] JARDÉ A., Les céréales dans l’Antiquité grecque, Paris, 1925 ; réimpr. 1979.
[545] KAPLAN M., Les hommes et la terre à Byzance du VIe au XIe siècle (BS, 10), Paris, 1992.
[546] KAZHDAN A., Two notes on Byzantine demography of the eleventh and twelfth centu-
ries, Byz. Forsch., 8, 1982, 115-122.
[547] KODER J., Gemüse in Byzanz : die Versorgung Konstantinopels mit Frischgemüse im Lichte der Geo-
ponika (Byzantinische Geschichtsschreiber. Ergänzungsband, 3), Vienne, 1993.
[548] LAIOU A. E. (ed.-in-chief), Economic History of Byzantium. From the Seventh through the Fifteenth
Century (Dumbarton Oaks Research Library and Collection), Washington DC, 2002.
(fondamental. Trois volumes en pagination continue).
[549] LEFORT J., MORRISSON C., SODINI J.-P. (éd.), Les villages dans l’Empire byzantin, IVe-
XVe siècle (Réalités byzantines, 11), Paris, 2005.
[550] LEFORT J., Une exploitation de taille moyenne au XIIIe siècle en Chalcidique, in Aphie-
rôma ston Niko Svorôno, éd. B. KREMMYDAS et al., Rethymno, 1986, I, 362-372.
[551] LEFORT J., Une grande fortune foncière aux Xe-XIIIe s. : les biens du monastère
d’Iviron, in Structures féodales et féodalisme dans l’Occident méditerranéen (Xe- XIIIe siècles) : bilan et
perspectives de recherches, Rome, 1980, 727-742.
[552] LEFORT J., The rural economy, seventh-twelfth centuries, EHB, 231-310.
[553] LEMERLE P., The Agrarian History of Byzantium from the Origines to the Twelfth Century. The
sources and Problems, Galway, 1979.
[554] OIKONOMIDES N., Hè Peira péri paroikôn, Aphierôma [549], I, 232-241.
[555] OIKONOMIDES N., Das Verfalland im 10.-11. Jahrhundert : Verkauf und Besteurung,
FM, 7, 1986, 161-168 (= Id. [338]), no V).
[556] OIKONOMIDÈS N., Terres du fisc et revenu de la terre aux Xe-XIe siècles, in HR II, 321-
337 (= Id. [635], no XI).
[557] PAPANGELOS I., Ampelos kai oinos stèn mesaiônikè Chalkidikè, in Historia tou hellenikou
krasiou, Athènes, 1992, 219-255.
[558] RUAS M.-P., Les plantes exploitées en France au Moyen Âge d’après les semences
archéologiques, in Plantes et cultures nouvelles (Flaran, 12), Auch, 1992, 9-35.
[559] Séminaire de J. LEFORT, EPHE, Anthroponymie et société villageoise (Xe-XIVe siècle) in
HR, II, 225-238.
[560] SMYRLIS K., La fortune des grands monastères byzantins (fin du Xe-milieu du
XIVe siècle (TM, Monogr., 21), Paris, 2006.
[561] SVORONOS N., Sur quelques formes de la vie rurale à Byzance, petite et grande exploi-
tation, Annales ESC, 11, 1956, 325-355 (= Id. [520], no II).
[562] TEALL J. L., The grain supply of the Byzantine Empire, 330-1025, DOP, 13, 1959,
89.139.
[563] TEALL J. L., Byzantine agricultural tradition, DOP, 25, 1971, 35-59.
[564] THOMAS J. Ph., Private Religious Foundations in the Byzantine Empire, Washington DC, 1987.
[565] TOUBERT P., Les structures du Latium médiéval. Le Latium méridional et la Sabine du IXe siècle à
la fin du XIIe siècle, Rome, 1973.
[566] WEISS G., Die Entscheidung des Kosmas Magistros über das Parökenrecht, Byz., 48,
1978, 477-500.
Introduction méthodologique et bibliographique XXXIX
CHAPITRE XI
CONSTANTINOPLE ET L’ÉCONOMIE URBAINE
CONSTANTINOPLE
Les sources
[567] Plusieurs typika de monastères de Constantinople ont été édités et traduits par P. GAU-
TIER, Le typikon du Christ Sauveur Pantocrator, REB, 32, 1974, 1-145 ; La Diataxis de
Michel Attaliate, REB, 39, 1981, 5-143 ; Le typikon de la Théotokos Évergétis, REB, 40,
1982, 5-101 ; Le typikon de la Théotokos Kécharitôménè, REB, 43, 1985, 5-165.
[568] CIGGAAR K., Byzance et l’Angleterre : études sur trois sources de la topographie et de l’histoire de
Constantinople aux XIe et XIIe siècles, Leyde, 1976.
[569] Constantinople in the Early Eighth Century : The Parastaseis syntomoi chronikai : introd., transla-
tion and commentary edited by Av. CAMERON and J. HERRIN in conjunction with
Al. CAMERON, R. CORMACK and Ch. ROUÉCHÉ (Columbia Studies in the classic tra-
dition, 10), Leyde, 1984.
Littérature secondaire
Ouvrages généraux
[570] MAGDALINO P., Constantinople médiévale. Études sur l’évolution des structures urbaines (TM,
Monogr., 9), Paris, 1996.
[571] MANGO C., Le développement urbain de Constantinople (IVe-VIIe siècles), 2e éd. (TM, Monogr.,
2), Paris, 1990.
[572] DAGRON G., Constantinople imaginaire : études sur le recueil des Patria (Bibliothèque byzan-
tine, 8), Paris, 1984.
[573] GUILLAND R., Études de topographie de Constantinople byzantine, Amsterdam, 1969 (vieilli,
mais non encore remplacé).
[574] JANIN R., Constantinople byzantine (AOC, 4A), Paris, 1964.
[575] JANIN R., La géographie ecclésiastique de l’Empire byzantin, Ire partie. Le siège de Constanti-
nople et le patriarcat œcuménique ; III : Les églises et les monastères, Paris, 19692.
[576] MANGO C., DAGRON G., Constantinople and its Hinterland : Papers from the Twenty-seventh
Spring Symposium of Byzantine Studies, Oxford, April 1993, Londres, 1995.
[577] MANGO C., Studies on Constantinople (VR), Aldershot, 1993.
[578] NECIPOäLU N. (ed.), Byzantine Constantinople : Monuments, Topography and Everyday Life (The
Medieval Mediterranean, 33), Leyde - Boston - Cologne, 2001.
LE DÉVELOPPEMENT URBAIN
La population
[579] JACOBY D., The Jews of Constantinople and their Demographic Hinterland, in
DAGRON-MANGO [576], 221-232 (= Id., Byzantium, Latin Romania and the Mediterranean
(VR), Aldershot, 2001, no IV).
XL Le monde byzantin
[580] JACOBY D., The Venetian quarter of Constantinople from 1082 to 1261 : Topographi-
cal considerations in Novum Millennium : Studies on Byzantine History and Culture Dedicated to
Paul Speck, Cl. SODE, S. TAKÁCS (eds), Aldershot, 2001, 153-170 (= Id., Commercial
Exchange Across the Mediterranean. Byzantium, the Crusader Levant, Egypt and Italy (VR), Alders-
hot, 2005, no III).
[581] REINERT S. W., The Muslim presence in Constantinople, 9th-15th Centuries : Some Preliminary
Observations, in AHRWEILER-LAIOU [436], 125-150.
[582] BERGER A., Streets and public spaces in Constantinople, DOP, 54, 2000, 161-172.
[583] MADDEN T. F., The fires of the Fourth Crusade in Constantinople, 1203-1204 : A
damage assessment, BZ, 84/85, 1991-1992, 72-93.
[584] MAGDALINO P., Medieval Constantinople : Built environment and urban development,
EHB, 529-538.
[585] MAGUIRE H., Gardens and parks in Constantinople, DOP, 54, 2000, 251-264.
[586] OUSTERHOUT R., Building medieval Constantinople, Proceedings of the PMR Conference,
19-20, 1994-1996, 35-67.
[587] MUNDELL-MANGO M., The Porticoed Street at Constantinople, in NECIPOGLU [578],
29-51.
La ville capitale
[588] AHRWEILER H., Fonctionnaires et bureaux maritimes à Byzance, REB, 19, 1961, 239-
262 (= Id. [334], no II).
[589] BERGER A., Imperial and ecclesiastical processions in Constantinople,
NECIPOäLU [578], 73-87.
[590] HALDON J., Strategies of defence, problems of security : The garrisons of Constanti-
nople in the middle Byzantine period, in DAGRON-MANGO [576], 143-155.
[591] WOLSKA-CONUS W., Les termes nomè et paidodiskalos nomikos du « Livre de l’Éparque »,
TM, 8, 1981, 531-541.
Les palais
[592] BARDILL J., The Palace of Lausus and nearby monuments in Constantinople : A topo-
graphical study, American Journal of Archaeology, 101, 1997, 67-95.
[593] LITTLEWOOD A., Gardens of the Palace, in MAGUIRE [236], 13-38.
[594] MAGDALINO P., Manuel Komnenos and the Great Palace (= Id. [193], no V).
[595] MANGO C., The Brazen House, Copenhague, 1959.
[596] MIRANDA S., Étude de topographie du Palais Sacré de Byzance : avec un essai de
reconstitution de l’ensemble de ses édifices au Xe siècle, s. l., 1976.
La ville sainte
[597] ANGOLD M., The Imperial Administration and the Patriarchal Clergy in Twelfth Cen-
tury, Byz. Forsch., 19, 1993, 17-24.
Introduction méthodologique et bibliographique XLI
[598] DAGRON G., Constantinople. Les sanctuaires et l’organisation de la vie religieuse, Actes
du XIe Congrès international d’archéologie chrétienne, Rome, 1989, 1069-1085.
[599] GRUMEL V., Le « miracle habituel » de Notre-Dame des Blachernes à Constantinople,
Échos d’Orient, 30, 1931, 129-146.
[600] MAGDALINO P., L’église du Phare et les reliques de la Passion à Constantinople
(VIIe/VIIIe-XIIIe siècles), in DURAND-FLUSIN [699], 15-30.
[601] MANGO C., Hagia Sophia : A Vision for Empires (photogr. Ahmet Ertug), Istanbul,
1997.
[602] NELSON R. S., Hagia Sophia, 1850-1950 : Holy Wisdom Modern Monument, Chicago (Ill.),
Londres, 2004.
[603] RIANT comte P., Exuviæ sacræ Constantinoplæ, rééd. avec préface J. DURAND, 2 vol., Paris,
2004 (1877-1878).
L’économie
[604] BALARD M., Amalfi et Byzance (Xe-XIIe siècles), TM, 6, 1976, 85-95.
[605] DAGRON G., The urban economy, seventh-twelfth centuries, EHB, 393-461.
[606] HENNING J., Slavery or freedom ? The causes of Early Medieval Europe’s economic
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XLII Le monde byzantin
Contatti effettici et possibilità di studi comparati, éd. G. Arnaldi, G. Cavallo, Rome 1997
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[620] PAPAGIANNI E., Byzantine legislation on economic activity relative to social classes,
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Le ravitaillement
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La société
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[626] DAGRON G., « Ainsi rien n’échappera à la réglementation ». État, Église, corporations,
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[637] ROTMAN Y., Les esclaves et l’esclavage. De la Méditerranée antique à la Méditerranée médiévale,
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Introduction méthodologique et bibliographique XLIII
CHAPITRE XII
FINANCES ET MONNAIES
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[645] GARAFFO S., Gli scavi di Gortina e i problemi della circolazione monetaria a Creta
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Numismatik, 24/26, 1972 [1977], 9-36.
[647] GRIERSON Ph., BLACKBURN M., Medieval European Coinage, I : The Early Middle Ages,
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qu’aux Carolingiens et leurs rapports avec le système byzantin).
[648] GRIERSON Ph., TRAVAINI L., Medieval European Coinage, XIV : South Italy, Cambridge,
1998 (référence essentielle sur les monnayages de Sicile et d’Italie du Sud du Xe au
XVe siècle, souvent très influencés par Byzance).
[649] HEIDEMANN S., Die Renaissance der Städte in Nordsyrien und Nordmesopotamien. Städtische
Entwicklung und wirtschafliche Bedingungen in ar-Raqqa und Harrán von der Zeit der beduinischen
Vorherrschaft bis zu den Seldschuken, Leyde, 2002.
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(une étude pionnière et fondamentale du monnayage des XIIe-XIIIe s. que n’a pas totale-
ment remplacée le vol. 4 de DOC).
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[652] HENDY M. F., The Economy, Fiscal Administration and Coinage of Byzantium, Northampton
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XLIV Le monde byzantin
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[659] MORRISSON C. et al., L’or monnayé, I. : Purification et altérations. De Rome à Byzance (Cahiers
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[663] MORRISSON C., La Logarikè : réforme monétaire et réforme fiscale sous Alexis Ier Com-
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[664] MORRISSON C., La Sicile byzantine : une lueur dans les siècles obscurs, Numismatica e
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[667] MORRISSON C., BARRANDON J.-N., POIRIER J., Nouvelles recherches sur l’histoire
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[669] PENNA V., Life in Byzantine Peloponnese : The numismatic evidence (8th-12th cen-
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[670] PITARAKIS B., Mines anatoliennes exploitées par les Byzantins : recherches récentes,
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[671] ROVELLI A., Emissione e uso della moneta : le testimonianze scritte e archeologiche,
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[672] VRYONIS Sp., The Question of the Byzantine Mines, Speculum, 37/1, 1962, 1-17
(= Id. [523], no VI).
CHAPITRE XIII
L’IMPACT DE LA VIE RELIGIEUSE SUR LA SOCIÉTÉ
Sources
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Introduction méthodologique et bibliographique XLV
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[678] Sophrone de Jérusalem, Fêtes chrétiennes à Jérusalem (homélies), trad. J. de La Ferrière
(Pères dans la foi, 75), Paris, 1999.
[679] Syméon le Nouveau Théologien, Catéchèses, éd. B. KRIVOCHÉINE, trad. J. PARAMELLE
(SC, 96, 104, 113), Paris, 1963-1965 ; Traités théologiques et éthiques, éd. et trad.
J. DARROUZÈS (SC, 113-122), Paris, 1966-1967 ; Hymnes, 41-58, éd. J. KODER, trad.
L. NEYRAND, J. PARAMELLE (SC, 156, 174, 196), Paris, 1969-1973 ; Chapitres théologiques,
gnostiques et pratiques, éd. J. DARROUZÈS, L. NEYRAND (SC, 51 bis), Paris, 1996.
[680] Synaxarium ecclesiae Constantinopolitanae e codice Sirmondiano nunc Berolinensi adiectis synaxariis
selectis opera et studio, éd. H. DELEHAYE, Bruxelles, 1902.
[681] Théodore Stoudite, Les grandes catéchèses (Livre I) ; les épigrammes (I-XXIX ; précédé d’une étude
par Julien Leroy sur le monachisme stoudite), prés., trad. et notes de Fl. DE MONTLEAU (Spiri-
tualité orientale, 79), Abbaye de Bellefontaine, 2002.
[682] Théodore Stoudite, Petites catéchèses, trad. A.-M. MOHR (Pères dans la foi, 52), Paris,
1993.
LITTÉRATURE SECONDAIRE
[683] ABRAHAMSE D., Ritual of death in the Middle Byzantine Period, Greek Orthodox Theologi-
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[689] ARRANZ M., Les sacrements de l’ancien euchologe constantinopolitain (3) II : Admis-
sion des enfants des familles chrétiennes ( « premier catéchuménat » ), OCP, 49, 1983,
284-302 ; Les sacrements de l’ancien euchologe constantinopolitain (4) III : Préparation
au baptême, OCP, 50, 1984, 43-64 ; Les sacrements de l’ancien euchologe constantino-
politain (8) IV : L’ « illumination » de la nuit de Pâques, OCP, 53, 1987, 59-106.
[690] AUGÉ I., Convaincre ou contraindre : la politique religieuse des Comnènes à l’égard des
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XLVI Le monde byzantin
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[702] CONGOURDEAU M.-H., Syméon Métaphraste, DS, XIV, 1990, 1383-1387 et Théodore
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[703] CONGOURDEAU M.-H., Il monachesimo a Costantinopoli al tempo di Simeone il
Nuovo Teologo, in Simeone il Nuovo Teologo e il monachesimo a Costantinopoli. Atti del X Con-
vegno ecumenico internazionale di spiritualita ortodossa – sezione bizantina, Bose, 15-17 settembre
2002, a cura di S. CHIALA e L. CREMASCHI, Bose, 2003, 25-44.
[704] DAGRON G., La romanité chrétienne en Orient. Héritages et mutations (VR), Londres, 1984.
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[723] JANERAS S., Le vendredi saint dans la tradition liturgique byzantine : structure et histoire de ses offices
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[725] KALAVREZOU I., Byzantine Women and Their World, Cambridge, Ma., 2003.
[726] KAPLAN M., Les moines et leurs biens fonciers à Byzance du VIIIe au XIe s., Revue béné-
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[727] KAPLAN M., L’Église byzantine des VIe-XIe siècles : terres et paysans, in MORRIS [305],
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[728] KARLIN HAYTER P., L’adieu à l’empereur, Byz., 61, 1991, 112-155.
[729] KITZINGER E., The cult of images in the Age before Iconoclasm, DOP, 8, 1954, 83-50.
[730] KRAUSMÜLLER D., The monastic communities of Stoudios and St Mamas in the
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[731] KYRIAKAKIS J., Byzantine Burial Customs : Care of the Deceased from Death ti the
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[732] LADNER G., The concept of Image in the Greek Fathers and the Byzantine Iconoclastic
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[733] LAIOU A., Mariage, amour et parenté à Byzance aux XIe-XIIIe siècles (TM, Monogr., 7), Paris,
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XLVIII Le monde byzantin
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CHAPITRE XIV
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CHAPITRE XVI
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[1075] TIB 5 : HELLENKEMPER H., HILD F., Kilikien und Isaurien, Vienne, 1990.
[1076] TIB 7 : BELKE K., MERSICH N., Phrygien und Pisidien, Vienne, 1990.
[1077] TIB 8 : HELLENKEMPER H., HILD F., Lykien und Pamphylien, 3 vol., Vienne, 2004.
[1078] TIB 9 : BELKE K., Paphlagonien und Honorias, Vienne, 1996.
LXII Le monde byzantin
[1079] TODT K.-P., The Greek-orthodox Patriarchate of Antioch in the Period of the rene-
wed Byzantine Rule and in the Time of the First Crusades, in History of the Antiochian
Greek Orthodox Church. What specificity ?, Balamand, 1999, 33-53.
[1080] TODT K.-P., Region und griechisch-orthodoxes Patriarchat von Antiocheia in mittelby-
zantinischer Zeit und im Zeitalter der Kreuzzüge (969-1204), BZ, 44, 2001, 239-257.
[1081] Hè Mikra Asia tôn Thématôn..., /Asia Minor and its Themes. Studies on the Geography and proso-
pography of the Byzantine Themes of Asia Minor (7th-11th Centuries), éd. V. VLYSSIDOU,
E. KOUNTOURA-GALAKÈ, St. LAMPAKÈS, T. LOUNGHÈS, A. SAVVIDÈS, Athènes,
1998.
[1082] VRYONIS Sp., « The decline of Medieval hellenism... ». The Book in the Light of sub-
sequent scholarship, in LAMPAKIS [1053], 1-15.
[1083] WALTER C., The Warrior Saints in Byzantine Art and Tradition, Aldershot, 2003.
[1084] WHITTOW M., Rural fortifications in Western Europe and Byzantium, Tenth to
Twelfth Century, Byz. Forsch., 21, 1995, 57-74.
Les îles
[1085] GALATARIOTOU K., The Making of a Saint : The Life, Times and Sanctification of Neophytos
the Recluse, Cambridge, 1991.
[1086] MALAMUT Él., Les îles de l’Empire byzantin : VIIIe-XIIe siècle (BS, 8), Paris, 1988.
[1087] TIB 10, KODER J., Aigaion Pelagos (Die Nördliche Ägäis), Vienne, 1998.
[1088] TSOUGARAKIS D., Byzantine Crete : From the 5th Century to the Venetian Conquest, Athènes,
1988.
CHAPITRE XVII
LES BALKANS
Sources
[1089] Joannis Caminiatae De expugnatione Thessalonicae, éd. G. BÖHLING (CFHB, 4), Berlin, 1972.
Traduction française par P. ODORICO, Thessalonique. Chroniques d’une ville prise, Paris,
2005, 57-138.
[1090] Eustazio di Tessalonica, La espugnazione di Tessalonica, ed. S. KYRIAKIDÈS (Istituto Siciliano
di Studi Bizantini e Neoellenici : Testi e Monumenti, Testi 5), Palerme, 1961. Traduc-
tion française par P. ODORICO, Thessalonique, 141-254.
[1091] Timarione. Pseudo-Luciano, testo critico, intr., trad., comment. e lessico a cura di
R. ROMANO (Byzantina et Neo-Hellenika Neapolitana, 2), Naples, 1974. Traduction
anglaise : Pseudo-Lucien, trans. by B. BALDWIN (Byzantine Texts in Translation),
Detroit, 1984.
[1092] BEŠEVLIEV V., Die Protobulgarischen Inschriften, Berlin, 1963.
[1093] FEISSEL D. et SPIESER J.-M., Les inscriptions de Thessalonique. Supplément, TM, 7,
1979, 303-348.
[1094] ASDRACHA C., Inscriptions protobyzantines et byzantines de la Thrace orientale et de l’île d’Imbros
(IIIe-XVe siècle) : présentation et commentaire historique, Athènes, 2003 (reprend des articles
parus précédemment dans l’Archaiologikon Deltion).
Introduction méthodologique et bibliographique LXIII
Littérature secondaire
Ouvrages généraux
[1095] BON A., Le Péloponnèse byzantin jusqu’en 1204, Paris, 1951.
[1096] BROWNING R., Byzantium & Bulgaria. A comparative Study across the Early Medieval Frontier,
Londres, 1975.
[1097] FINE J. V. A. Jr., The Early Medieval Balkans : A Critical Survey from the Sixth to the Late
Twelth Centuries, Ann Arbor, 1983.
[1098] FRANKLIN S., SHEPARD J., The Emergence of Rus 750-1200, Londres - New York, 1996.
[1099] KRAVARI V., Villes et villages en Macédoine occidentale (Réalités byzantines, 1), Paris, 1989.
[1100] OBOLENSKY D., The Byzantine Commonwealth. Eastern Europe 500-1453, Londres, 1971.
[1101] STEPHENSON P., Byzantium’s Balkan Frontier. A Political Study of the Northern Balkans, 900-
1204, Cambridge, 2000.
[1102] TIB 3 : SOUSTAL P., KODER J., Nikopolis und Kephallenia, Vienne, 1981.
[1103] TIB 6 : SOUSTAL P., Thrakien (Thrakè, Rodopè und Haiminontos), Vienne, 1991.
[1104] GJUZELEV V., Forschungen zur Geschichte Bulgariens im Mittelalter (Miscellanea Bulgarica
Bulgarisches Forschungsinstitut in Österreich, 3), Vienne, 1986.
Les Slaves
[1105] ANCIÄ Ml., The waning of the Empire : The desintegration of Byzantine rule on the
Eastern Adriatic in the 9th Century, Hortus Artium Medievalium, 4, 1998, 15-24.
[1106] KOUNTOURA-GALAKÈ E., New fortresses and bishoprics in 8th Century Thrace, REB,
55, 1997, 279-287.
[1107] LEMERLE P., Invasions et migrations dans les Balkans depuis la fin de l’époque
romaine jusqu’au VIIIe siècle, RH, 211, 1954, 265-308 (= Id. [501], no I).
[1108] LEMERLE P., La Chronique improprement dite de Monemvasie : le contexte histo-
rique et légendaire, REB, 21, 1963, 5-49 (= Id. [501], no II).
[1109] OBOLENSKY D., Le culte de Saint Démétrius à Thessalonique dans les relations byzantino-slaves,
Thessalonique, 1974.
[1110] OIKONOMIDES N., St Andrew, Joseph the Hymnographer, and the Slavs of Patras,
Leimôn : Studies presented to Lennart Rydén on his sixty-fifth Birthday, 71-78 (= Id. [635],
no XXIV).
[1111] OIKONOMIDES N., A note on the campaign of Staurakios in the Peloponnese (783/4),
ZRVI, 38, 1999-2000, 61-66 (= Id. [635], no XXVI).
[1112] SEIBT W., Siegel als Quelle für Slawenarchonten in Griechenland, SBS, 6, 1999, 27-36.
[1113] TURLEJ St., The legendary motif in the tradition of Patras : St. Andrew and the dedi-
cation of the Slavs to the Patras church, BSl., 60, 1999, 374-399.
Les conversions
[1114] FRANKLIN S., The reception of Byzantine culture by the Slavs, in The 17th International
Congress of Byzantine Studies. Major Papers, New York, 1986, 383-397 (= Id., Byzantium,
Rus, Russia : Studies in the translation of Christian culture (VR), Aldershot, 2002, no I).
[1115] HANNICK Chr., Les enjeux de Constantinople et de Rome dans la conversion des
Slaves méridionaux et orientaux, Settim., 51, 2004, 171-204.
[1116] PERI V., L’ingresso degli Slavi nella cristianità altomedievale europea, Settim., 49,
2002, 401-453.
LXIV Le monde byzantin
[1117] POPPE A., The Political Background to the Baptism of Rus. Byzantine-Russians bet-
ween 986-989, DOP, 30, 1976, 197-244 (= Id., The Rise of Christian Russia (VR), Lon-
dres, 1982, no III).
[1118] THOMSON F. J., The Reception of Byzantine Culture in Medieval Russia (VR), Aldershot,
1999.
[1119] Harvard Ukrainian Studies, 12-13, 1988-1989 (numéro spécial qui porte sur les missions
de conversion, dont celles vers les Russes).
[1138] MADGEARU A., The military organisation of Paradunavon, BSl., 60, 1999/2, 421-446.
[1139] MADGEARU A., The restoration of the Byzantine rule on the Danube, RESEE, 37-38,
1999-2000, 5-23.
[1140] MILANOVA Al., L’habitat en Bulgarie byzantine (fin Xe - fin XIIe siècle) : l’apport de
l’archéologie, thèse publiée à Lille, 2001.
[1141] OIKONOMIDÈS N., Recherches sur l’histoire du Bas-Danube aux Xe-XIe siècles : la
Mésopotamie de l’Occident, RESEE, 3, 1965, 57-79 (= Id. [337], no XII).
[1142] SHEPARD J., Tzetzes’ letters to Leo at Dristra, Byz. Forsch., 13, 1979, 191-239.
Le renouveau nationaliste
[1154] DUJCEV I., Der Aufstand von 1185 und die Entstehung des zweiten bulgarischen Staates, Sofia,
1985.
[1155] MAKSIMOVIÄ Lj., SUBOTIÄ G., La Serbie entre Byzance et l’Occident, in Byzantina-
Metabyzantina, La périphérie dans le temps et l’espace (Dossiers byzantins, 2), Paris, 2003,
169.184.
CHAPITRE XVIII
L’ITALIE BYZANTINE (641-1071)
Sources
[1156] Agnelli qui et Andreas Liber pontificalis Ecclesiae Ravennatis, ed. O. HOLDER-EGGER, MGH,
Scriptores rerum Langobardicarum et Italicarum saec. VI-IX, 265-391. Trad. : Agnellus of
Ravenna, The Book of Pontiffs of the Church of Ravenna, trad. D. MAUSKOPF-DELIYANNIS,
Washington, 2004.
LXVI Le monde byzantin
dans Orientalia Christiana. Analecta, XV-2, no 53, 1929, 121-276 et XIX-1, no 62, 1930,
7-299.
[1177] ROGNONI C., Les actes privés grecs de l’Archivo ducal de Medinaceli (Tolède), I. Les monastères
de Saint-Pancrace de Briatico, de Saint-Philippe-de-Boiôannès et de Saint-Nicolas-des-Drosi
(Calabre, XIe-XIIe siècles), Paris, 2004.
[1178] SPINELLI A. et al., Regii Neapolitani Archivi monumenta edita ac illustrata, Naples, 1845-1861,
6 vol.
[1179] TJÄDER J. O., Die nichtliterarischen Papyri Italiens aus der Zeit 450-700, Lund, 1955 - Stock-
holm, 1982, 2 vol.
[1180] TRINCHERA F., Syllabus Graecarum membranarum..., Naples, 1865, réimpr. anast. Rome,
s. d.
[1181] Vita di sant’Elia il Giovane, éd. G. ROSSI TAIBBI (Istituto Siciliano di Studi Bizantini e Neoelle-
nici. Testi e Memorie, Testi, 7), Palerme, 1962.
[1182] Vita sancti Eliae (Spelaeotae), AASS, Sept. III, 848-888.
[1183] Vita S. Lucae abbatis, AASS, Oct. VI, 337-342.
[1184] Vita sancti Vitalis, AASS, Mart. II, 27-35.
Littérature secondaire
[1185] BAVANT B., Le duché byzantin de Rome, dans MEFRM, 91-1, 1979, 41-88.
[1186] I Bizantini in Italia, Milan, 1982.
[1187] BORSARI S., Il monachesimo bizantino nella Sicilia e nell’Italia meridionale prenormanne, Naples,
1963.
[1188] BROWN T. S., Gentlemen and Officers. Imperial Administration and Aristocratic Power in Byzan-
tine Italy AD 554-800, British School at Rome, 1984.
[1189] BURGARELLA F., L’eparchia di Mercurio : territorio e insediamenti, dans RSBN, n. s. 39, 2002,
59-92.
[1190] Byzantino-Sicula IV. Atti del I Congresso internazionale di archeologia della Sicilia bizantina,
Palerme, 2002 (Istituto siciliano de studi bizantini e neoellenici. Quaderni, 15).
[1191] La Calabre de la fin de l’Antiquité au Moyen Âge (actes de la Table ronde, Rome, 1er-
2 décembre 1989), dans MEFRM, 103-2, 1991, 453-905.
[1192] La Chiesa greca in Italia dall’VIII al XVI secolo. Atti del Convegno storico interecclesiale (Bari 1969),
Padoue, 1972-1973, 3 vol. (Italia Sacra, 200-222).
[1193] COSENTINO S., Prosopografia dell’Italia bizantina (493-804), Bologne, 1996-2000, 2 vol.
[1194] CRACCO RUGGINI L., La Sicilia tra Roma e Bisanzio, in Storia della Sicilia, III, Naples,
1980, 1-96.
[1195] DIEHL Ch., Études sur l’administration byzantine dans l’Exarchat de Ravenne (568-751)
(BEFAR, 53), Paris, 1888.
[1196] DITCHFIELD Ph., La culture matérielle en Pouille (Xe-XIIe siècle) (CFER), Rome, 2007.
[1197] FALKENHAUSEN V. von, Taranto in epoca bizantina, Studi Medievali, III, 9, 1968, 133-166.
[1198] FALKENHAUSEN V. von, Zur byzantinischen Verwaltung Luceras am Ende des 10. Jahrhundert,
in Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken, 53, 1973, 395-406.
[1199] FALKENHAUSEN V. von, La dominazione bizantina nell’Italia meridionale dal IX all’XI secolo,
Bari, 1978 (en cours de réédition).
[1200] FALKENHAUSEN V. von, Die Städte im byzantinischen Italien, MEFRM, 101-2, 1989,
401-464.
LXVIII Le monde byzantin
[1221] MARTIN J.-M. et NOYÉ G., Les campagnes de l’Italie méridionale byzantine (Xe-XIe siècles),
MEFRM, 101-2, 1989, 559-596.
[1222] MARTIN J.-M. et NOYÉ G., Les villes de l’Italie byzantine (IX e-XI e siècles), HR 2, 27-62.
[1223] MONTANARI M., Campagne e contadini nell’Italia bizantina (Esarcato e Pentapoli), MEFRM,
101-2, 1989, 597-607.
[1224] NOYÉ G., RAIMONDO Ch. et RUGA A., Les enceintes et l’église du Monte Tiriolo en Calabre,
MEFRM, 110-1, 1998, 431-471.
[1225] PETERS-CUSTOT A., Les populations grecques de l’Italie méridionale post-byzantine : modalités
d’acculturation (XIe-milieu du XIVe siècle), thèse de l’Université de Paris I (2002).
[1226] PRIGENT V., Les évêchés byzantins de la Calabre septentrionale au VIIIe siècle, MEFRM, 114-2,
2002, 931-953.
[1227] PRIGENT V., Les empereurs isauriens et la confiscation des patrimoines pontificaux d’Italie du Sud,
MEFRM, 116, 2004, 557-594.
[1228] PRIGENT V., La Sicile byzantine, thèse de l’Université de Paris IV (2006). V. Prigent a
relu cette contribution.
[1229] ROVELLI A., La Crypta Balbi. I reperti numismatici. Appunti sulla circolazione a Roma nel
Medioevo, in La moneta nei contesti archeologici. Esempi dagli scavi di Roma. Atti dell’incontro di
studio. Roma 1986, Rome, 1989, 49-95.
[1230] SAFRAN L., S. Pietro at Otranto : Byzantine Art in South Italy, Rome, 1992.
[1231] SANSTERRE J.-M., Les moines grecs et orientaux à Rome aux époques byzantine et carolingienne
(milieu du VI e siècle - fin du IX e siècle) (Académie royale de Belgique. Mémoires de la Classe des Let-
tres, 2e série, t. 66-1), Bruxelles, 1983, 2 vol.
[1232] Storia della Calabria medievale. I quadri generali, sous la dir. d’A. PLACANICA, Rome, 2001.
PRE M IÈ R E PA R TIE
L a f o r m a t i o n et le d évelo p p em en t
d e l ’ E mp ire m éd iéva l :
l e s évén em en ts
C HA P I T R E P R E M I E R
1. Sur la guerre entre Byzantins et Arabes, voir aussi le chapitre XVI sur l’Anatolie.
4
L’Empire vers 750
Byzance sur la défensive 5
ABATTRE L’EMPIRE
depuis 670. Constantin IV, ainsi placé sous une menace constante, défendit
difficilement le reste de l’Empire. En 676, un chef slave, Perboundos, qui
visait à s’emparer de Thessalonique, fut surpris et exécuté et les Sclavènes,
pour se venger, mirent le siège devant Thessalonique. En Italie, les Lom-
bards avancèrent jusqu’à Brindisi et Tarente dont ils s’emparèrent.
Après trois années de raids intenses contre les régions proches de la
capitale et la marche à travers l’Anatolie d’une grosse armée sous le com-
mandement de Yazîd, le propre fils du calife, Constantin IV se décida à
combattre, rassembla sa flotte et l’équipa du feu grégeois. Durant l’été 677,
les Byzantins brûlèrent une partie de la flotte ennemie, qui fut contrainte de
se replier et qui, sur le chemin du retour, subit une tempête désastreuse. Le
premier siège de Constantinople par les armées de Mu’âwiya avait échoué.
vengea en vendant comme esclaves les Slaves survivants, mais il perdait ses
précédentes conquêtes, l’Arménie passant de nouveau sous l’autorité cali-
fale. Ses armées furent incapables de repousser des raids en Cilicie et dans
le Taurus.
Justinien II réunit un concile en 691-692, dit in Trullo ou Quinisexte,
qui promulgua une série de canons, mais sans tenir compte des usages occi-
dentaux, car peu d’évêques latins étaient présents. Le pape Serge désavoua
ses légats et les décisions du concile. Lorsque Justinien II envoya un repré-
sentant arrêter le pape, les armées de Rome et de Ravenne prirent le parti
de Serge, signe d’un sentiment unitaire nouveau et dirigé contre l’Empire
en Italie centrale. Les efforts militaires avaient accentué la pression fiscale et
le mécontentement des élites, d’autant plus qu’ils se soldaient en définitive
par des échecs. En 695, une révolte à Constantinople plaça sur le trône
Léonce, un ancien stratège des Anatoliques, et Justinien II fut envoyé en
exil, après avoir eu le nez coupé.
LA PERTE DE L’AFRIQUE
LA C O N S O LI D A T I O N I S A U R I E N N E ( 7 1 7 - 7 8 0 )
Le nouvel empereur fut assiégé, dès juillet 717, par des soldats et des
marins du califat, bien supérieurs en nombre à ses propres forces. Son pré-
décesseur, Anastase, avait renforcé les défenses maritimes et stocké des pro-
visions pour un très long siège. La muraille terrestre dissuadait les Arabes
d’oser un assaut direct et le blocus fut organisé, mais une petite victoire de
la marine byzantine, qui brûla des navires adverses, rehaussa le moral des
défenseurs. Les Arabes furent contraints d’hiverner, alors qu’ils étaient
nombreux, manquaient de vivres et que l’hiver fut particulièrement rigou-
reux, leur causant de fortes pertes. Au printemps, d’importants renforts vin-
rent d’Égypte et d’Afrique, mais une partie des équipages, composés de
chrétiens, fit défection auprès de Léon III, le feu grégeois dispersa les
navires ennemis et donna aux hommes de l’empereur des possibilités de
manœuvrer. Ils dressèrent d’heureuses embuscades en Bithynie contre les
renforts musulmans qui venaient à travers l’Asie Mineure. Finalement
Maslama, dont les troupes étaient frappées par l’épidémie et attaquées sur
leurs arrières par les Bulgares, leva le siège en août 718. Sur le retour, les
navires furent détruits par une tempête.
Le triomphe de Léon était total et lui permit d’éliminer une révolte en
Sicile ainsi qu’une autre, fomentée dans la capitale par l’ancien empereur
Anastase. Cependant, les Arabes dominaient toujours sur terre. Ils ravagè-
rent Ikonion, Césarée, Gangra et manquèrent de s’emparer de Nicée
en 727. La même année, Léon avait repoussé une attaque des marins de
l’Hellade et des Caravisiens, qui avaient soutenu un usurpateur. L’empe-
reur, comme ses contemporains, interprétait ces échecs comme le signe du
courroux divin, d’autant qu’en 726 une terrible explosion volcanique près
de Théra submergea de fumée et de cendres les rivages de l’Égée.
Alors que toutes les hérésies antérieures avaient été rejetées, Léon crut
voir dans le culte excessif des images la cause de cette colère. Il aurait fait
descendre l’image du Christ qui ornait la Chalcè, la porte du Grand Palais
[Auzépy, 123] et, en 730, au cours d’une audience solennelle, il déclara son
hostilité au culte des images. Le patriarche Germain, refusant l’iconoclasme,
démissionna et finit sa vie au monastère sans être autrement inquiété. Anas-
tase, qui lui succéda, officialisa la nouvelle doctrine qui insistait sur la vénéra-
tion de la croix, et informa par une lettre synodale le pape Grégoire II, qui
critiqua cette initiative. Son successeur Grégoire III la fit condamner par un
synode en 731. Léon III ne prit pas d’autre mesure durant son règne.
14 La formation et le développement de l’Empire médiéval
La querelle des images n’était pas le seul point de contentieux qui éloi-
gnait Rome de l’Empire. Léon III, à une date mal déterminée, priva le
pape de ses importants revenus siciliens et calabrais et décida d’ajuster la
géographie ecclésiastique au cadre politique et de rattacher au patriarcat de
Constantinople la partie orientale de l’Illyricum (Macédoine, Grèce, Pélo-
ponnèse) jusque-là dépendante du patriarcat de Rome. Les vives protesta-
tions des papes se firent entendre bien après l’époque iconoclaste
(cf. chap. V, p. 90-91).
Sur le terrain militaire, Léon III ne secourut pas l’exarque de Ravenne,
qui perdit temporairement sa capitale prise par les Lombards qui, en la per-
sonne de Liutprand, trouvèrent un souverain actif et conquérant. Les raids
arabes se poursuivaient mais, en 740, Léon III, accompagné de son fils Cons-
tantin, surprit une de leurs armées près d’Akroïnos et l’anéantit, premier suc-
cès en rase campagne de l’armée byzantine depuis plusieurs décennies. Les
Khazars constituaient depuis le règne d’Héraclius une carte maîtresse de la
diplomatie byzantine pour faire pression sur les Perses, puis sur le califat au
nord du Caucase, car ces nomades étaient tentés par les richesses de la
Mésopotamie [Noonan, 136]. Léon III, reconnaissant l’importance de cette
alliance, choisit pour épouse de Constantin, l’héritier du trône, la fille du
khagan. Pourtant vers 737, Marwân, le futur calife, réussit à surprendre et
battre les Khazars et à faire accepter l’islam à leur chef.
Malgré cet échec et un terrible tremblement de terre à l’automne 740,
qui mit à bas des forteresses de Bithynie et de Thrace et ruina en partie les
murailles de Constantinople – pour la reconstruction desquelles Léon leva
un impôt nouveau d’un miliarèsion, le bilan du règne était satisfaisant.
Lorsque Léon III mourut en juin 741, la succession devait tout naturelle-
ment passer à Constantin [Rochow, 137], mais celui-ci, qui avait cependant
mené l’armée byzantine à la victoire durant l’été 741 en s’emparant de
Mélitène, fut attaqué en juin 742 par son beau-frère Artavasde, qui rallia
les troupes de Thrace et fit courir le bruit de la mort du jeune empereur,
s’ouvrant ainsi sans combat les portes de la capitale. L’usurpateur semble
avoir joué la carte du soutien aux iconodoules pour augmenter le nombre
de ses partisans. Les deux adversaires sollicitèrent tour à tour l’appui du
calife umayyade. Constantin, pour sa part, fut aidé par les troupes des Ana-
toliques et des Thracésiens et vainquit à deux reprises Artavasde, puis son
fils Nicétas en 743 et vint assiéger la capitale, ayant reçu le soutien du
thème naval des Cibyrrhéotes. En novembre 744, il fit tomber Constanti-
nople affamée, mettant fin à une guerre civile de plus de deux ans. Cet
affrontement témoigne des divisions qui partageaient la société byzantine,
rivalités régionales, iconoclastes opposés aux iconodoules. Par chance pour
Constantin V, les Umayyades ne purent en tirer aucun avantage, car eux-
mêmes combattaient les prémices de la révolte ‘abbâside [Nichanian, 429].
Byzance sur la défensive 15
À LA R E C H E R C H E D E L ’ É Q U I L I B R E ( 7 8 0 - 8 6 7 )
LE SECOND ICONOCLASME
Léon V, mais aussi nombre de Byzantins, dont sans aucun doute une
partie du corps des officiers supérieurs, constatèrent que depuis la condam-
nation de l’iconoclasme, les affaires de l’Empire, marquées par de lourdes
défaites et ses souverains tués ou renversés, ne semblaient guère bénéficier
du soutien divin. En 815, après une large consultation, mais contre les avis
du patriarche Nicéphore et de Théodore Stoudite, principal représentant
du monachisme constantinopolitain et bithynien, Léon V fit réunir un
synode qui remit en vigueur l’horos promulgué au concile de Hiéréia. La
Byzance sur la défensive 19
l’émir de Mélitène, ‘Amr, qui trouva la mort. La même année, ‘Âlî, ancien
émir de Tarse et gouverneur de l’Arménie, ainsi que Karbéas, chef des
Pauliciens, périrent. L’émirat de Mélitène ne se remit jamais complètement
de ce coup, ce qui ouvrit aux armées byzantines la route de l’Arménie, pro-
vince encore soumise au califat. Une nouvelle campagne pour reconquérir
la Crète avait été programmée en 866, mais elle fut annulée après
l’assassinat de Bardas. Seule source de préoccupation nouvelle, en 860, un
peuple du nord, les Rhôs, avaient mené un raid contre Constantinople et sa
banlieue, puis étaient repartis sans être autrement inquiétés.
Le patriarche Ignace, qui était resté fidèle à Théodora et critiquait
l’inconduite de Bardas, fut accusé de comploter et exilé en 858. Il fut rem-
placé par un haut fonctionnaire lettré, Photius, alors chef de la chancellerie.
Ce dernier reçut dans la semaine l’ensemble des ordres mineurs et majeurs.
Cette élection peu canonique – quoique non sans précédent –, fut contestée
par les partisans d’Ignace qui en appelèrent au pape. Michel III, sur propo-
sition de Photius, décida de convoquer un concile sur la question des ima-
ges ; il se tint en 860-861 et aboutit au triomphe du patriarche. Le pape
Nicolas Ier désavoua ses légats, d’autant plus que la rivalité entre les deux
Églises s’accentuait en Bulgarie. En 867, Photius réunit un nouveau concile
qui excommunia le pape pour hérésie, le désaccord sur le Filioque ayant été
exploité pour la première fois (cf. chap. V, p. 112). La chute de Michel III
et le renvoi de Photius changèrent immédiatement la donne.
Le premier patriarcat de Photius fut marqué par une activité mission-
naire inhabituelle dont les deux objectifs majeurs furent initialement la
conversion de la Khazarie et de la Moravie, deux États qui jouaient un rôle
essentiel dans la diplomatie byzantine. Constantin – qui prit plus tard le nom
de Cyrille – et son frère Méthode furent envoyés en 860 en Khazarie, en pas-
sant par Cherson, en Crimée, qui restait le point d’observation byzantin des
peuples de la steppe. L’entreprise fut un échec, car les Khazars, dont le kha-
gan en 861 avait reçu les représentants des trois religions monothéistes, choi-
sirent de se convertir au judaïsme [Zuckerman, 141]. En réaction, Basile le
Macédonien, alors empereur, tenta de convertir les juifs de l’Empire, davan-
tage par des offres de promotions que par coercition.
En 863, Photius répondant à une demande du prince de Moravie,
Ratislav, envoya Constantin et Méthode former le clergé slave de cet État.
Le remarquable philologue qu’était Constantin mit au point un alphabet
permettant pour la première fois d’écrire la langue slave et de traduire les
textes utiles à la liturgie. La mission, dont l’histoire est complexe, devait se
heurter à l’hostilité des missionnaires francs. Après la disparition de
Méthode en 885 (Constantin était mort en 869), leurs derniers disciples,
chassés de Moravie, trouvèrent refuge en Bulgarie où ils renforcèrent la
politique de christianisation en cours. En effet, le khan bulgare, Boris,
22 La formation et le développement de l’Empire médiéval
L’expansion byzantine
durant la dynastie macédonienne
(867-1057)
PAR JEAN-CLAUDE CHEYNET
L ’ É T A B LI S S E M E N T D E L A D Y N A S T I E M A C É D O N I E N N E
dans ses droits que quelques mois avant la mort accidentelle de Basile,
en 886.
Le premier geste de Léon VI, intronisé le 29 août 886, fut de transférer
les restes de Michel III avec les honneurs impériaux aux Saints-Apôtres
[Tougher, 162]. Le jeune empereur voulait ainsi libérer la dynastie de son
crime originel, moins sûrement pour honorer celui que beaucoup pensaient
être son père que pour se concilier le personnel au service des Amoriens et
unifier les élites dirigeantes. Il se vengea des amis de son père qui avaient
conseillé de l’écarter du pouvoir. Le patriarche Photius fut démis de ses
fonctions et remplacé par Étienne, le propre frère de Léon.
Un des premiers soucis de l’empereur fut de s’assurer une descendance.
Il avait épousé contre son gré la pieuse Théophanô, issue d’une des plus
brillantes familles, les Martinakioi, liés aux Amoriens, qui ne lui donna
qu’une fille, morte en bas âge. Un second mariage avec Zôè Zaoutzaina,
dont les proches complotèrent contre lui après la mort de leur parente, puis
une troisième union avec Eudocie Baïanè, ne donnèrent pas de rejeton
mâle viable. Il prit une concubine, Zôè Karbonopsina, qui lui donna l’héri-
tier tant attendu en septembre 905, Constantin. Léon VI désirant que la
légitimité de son fils fût incontestable, obtint du patriarche Nicolas Mystikos
que l’enfant fût baptisé, alors que ce compromis, nécessaire pour la paix
civile, passait mal dans l’Église, mais en outre Léon décida d’épouser Zôè.
Or l’Église byzantine, qui assortissait déjà le second mariage d’une péni-
tence, rejetait complètement les troisièmes et quatrièmes noces. L’em-
pereur, lui-même grand législateur, qui avait achevé l’œuvre planifiée par
son père en faisant rédiger l’Eisagôgè et un nouveau code, les Basiliques,
attentif à se concilier l’Église, avait promulgué une novelle interdisant les
troisièmes noces. Léon passa outre et fit célébrer son quatrième mariage à
Sainte-Sophie. L’empereur tenta avec succès d’obtenir l’accord du pape et
des autres patriarches, mais rencontra l’opposition de Nicolas, poussé par la
hiérarchie ecclésiastique. Le souverain trouva les portes de Sainte-Sophie
fermées lors de la procession solennelle à la Noël 906. Nicolas fut déposé et
remplacé par Euthyme, mais il en résulta un schisme durable au sein de
l’Église byzantine. En revanche, Léon avait politiquement gagné et, à la
Pentecôte 908, Euthyme couronna coempereur Constantin, celui que son
père n’appelait pas autrement que le Porphyrogénète. Léon VI cependant
ne vécut pas assez âgé pour éviter au jeune prince une période de régence,
après mai 912.
L’expansion byzantine durant la dynastie macédonienne (867-1057) 27
LA P O LI T I Q U E E X T É R I E U R E D E L É O N V I
Sur le plan extérieur, Léon VI, qui ne conduisit jamais les armées quoi-
qu’il eût pris de l’intérêt aux affaires militaires comme en témoigne la
rédaction de ses Taktika et de ses Naumachika, fut confronté aux ennemis tra-
ditionnels de l’Empire, Bulgares et Arabes musulmans, qui montrèrent une
vigueur renouvelée. Le successeur de Boris, Vladimir, voulant revenir au
paganisme, fut chassé par son propre père et remplacé en 893 par son frère
cadet, Syméon. Ce dernier avait été éduqué à Constantinople en futur haut
dignitaire de l’Église bulgare. Il se montra soucieux de ne pas apparaître
comme un pion des Byzantins et réagit par une démonstration de force,
en 894, à une initiative maladroite de Léon VI qui avait transféré de Cons-
tantinople vers Thessalonique la place d’échanges commerciaux avec les
Bulgares. Les Byzantins avaient pris l’avantage en lançant les Hongrois
contre Syméon, mais en 896, ce dernier l’emporta nettement sur les troupes
réunies par le domestique des scholes, Léon Katakalon. Léon VI préféra
négocier et, au prix d’un tribut annuel et de la perte de quelques forteresses
frontalières, il obtint le retour des prisonniers et une paix durable.
La guerre sur terre contre les Arabes se traduisait principalement par
des raids des émirs de Tarse auxquels ripostaient les généraux byzantins qui
pénétrèrent jusqu’en Mésopotamie et humilièrent à plusieurs reprises les
Tarsiotes. Ces opérations ne changeaient pas fondamentalement l’équilibre
des forces. Toutefois, plusieurs thèmes ou cleisouries furent formés à la
frontière orientale : le thème de Mésopotamie, les cleisouries de Sébastée et
de Lykandos. Cette dernière extension était l’œuvre de l’Arménien Mélias,
car l’Empire attirait à son service des Arméniens toujours plus nombreux.
Mélias, un aventurier entouré d’une bande de combattants, se tailla un ter-
ritoire dans le Lykandos, région désertée de la frontière qui, développée par
Mélias, devint un thème dont il fut le premier stratège. À intervalles régu-
liers, les prisonniers étaient échangés sur la frontière cilicienne et, au cours
du Xe siècle, le succès progressif des Byzantins se mesura au déséquilibre
croissant du nombre de captifs aux mains des Byzantins que les émirs
arabes mirent un point d’honneur à racheter un bon prix.
Le comportement des généraux d’Orient causa de plus graves soucis à
l’empereur, car leurs victoires plus fréquentes leur donnaient un ascendant
grandissant sur les populations anatoliennes qu’ils protégeaient mieux. L’un
d’eux, Andronic Doucas, qui avait remporté de nombreux succès sur les
Arabes – victime de sa rivalité avec Samônas, un eunuque de cour, ou bien
28 La formation et le développement de l’Empire médiéval
LA R E P R I S E D U C O N F L I T A V E C L E S B U L G A R E S
Le règne d’Alexandre, frère de Léon VI, fut bref, mais non sans consé-
quence. Il rétablit Nicolas Mystikos dans sa fonction de patriarche et refusa
de payer aux Bulgares leur tribut, ce qui poussa Syméon à se préparer à la
guerre. En juin 913, à la mort de l’empereur, Constantin étant encore trop
jeune pour régner, un conseil de régence, dirigé par le patriarche, fut mis
en place, dont Zôè, la mère de l’empereur, était écartée. Le relatif vide du
pouvoir excita les ambitions, notamment celles du domestique des scholes,
Constantin Doucas, qui fut tué en cherchant à s’emparer du Palais, en juil-
let 913. En août de la même année, Syméon se présenta à la tête de ses
troupes devant Constantinople. Les négociations entre Syméon et le
patriarche aboutirent à la reconnaissance du titre impérial pour Syméon,
mais sous la forme de « basileus des Bulgares » et aux fiançailles de sa fille à
Constantin VII. Ces concessions parurent excessives à la cour et Nicolas
L’expansion byzantine durant la dynastie macédonienne (867-1057) 29
dut céder le pouvoir à Zôè, qui fit le pari d’une politique militaire active.
Sur le front oriental, en 915, elle réussit à rétablir Asot II sur son trône
d’Arménie, après une victoire sur les Arabes, au cours de laquelle se distin-
gua Mélias. Mais en 917, les troupes d’Orient, commandées par le domes-
tique des scholes, Léon Phocas, manquèrent une opération combinée sur le
Danube avec le drongaire de la flotte, Romain Lécapène, et subirent une
défaite désastreuse à Anchialos.
La compétition pour remplacer Zôè était dès lors ouverte. Léon Phocas,
appuyé par les troupes d’Orient, semblait le mieux placé, en dépit de son
échec, mais Romain Lécapène le devança, pénétrant, grâce aux marins,
dans le Palais. En mai 919, il donna en mariage sa fille Hélène à Constan-
tin VII et en décembre 920 fut couronné empereur. Léon Phocas se
rebella, mais fut vaincu et aveuglé. Lécapène conserva au patriarcat Nicolas
qui, en juillet 920, réunit un concile et rétablit l’unité de l’Église, mise à
mal par la querelle de la Tétragamie et par la rivalité entre ses partisans et
ceux d’Euthyme. L’empereur, toujours méfiant à l’égard d’un patriarche
trop influent, fit nommer à ce poste, en 933, son propre fils, Théophylacte.
Syméon, lésé par le mariage de Constantin VII avec Hélène Lécapène,
qui lui interdisait l’espoir de gouverner l’Empire des Romains pour le
compte de son gendre, vint assiéger Constantinople et eut une entrevue,
en 924, avec Romain Lécapène, qui renouvela la promesse de la reconnais-
sance du titre impérial et d’un tribut annuel [Shepard, 1124]. En mai 927,
la mort de Syméon, qui avait tenté avec succès de réduire les Serbes
– à l’instigation de Byzance, ils étaient intervenus contre lui à plusieurs
reprises –, puis vainement les Croates, laissait la Bulgarie épuisée. Cepen-
dant Pierre, fils de Syméon, au prix d’une marche d’intimidation, obtint de
Lécapène, peu soucieux d’entreprendre une nouvelle guerre incertaine dans
les Balkans, la reconnaissance du titre impérial, le renouvellement du tribut
et la main de Marie, petite-fille de l’empereur byzantin. La paix allait
régner avec Byzance jusqu’en 965.
LE S S U C C È S F A C E A U X M U S U L M A N S
LA R E P R I S E E N M A I N P A R C O N S T A N T I N V I I
vie en captivité à Alep. Mais, en 950, Léon Phocas infligea une terrible
défaite à l’émir. En 955, Constantin VII finit par écarter Bardas au profit
de son fils aîné Nicéphore, meilleur stratège. Ce changement produisit ses
effets et dans les dernières années du règne, les armées byzantines prenaient
l’ascendant sur les troupes de l’émir d’Alep. En 958, un jeune général, Jean
Tzimiskès, de la famille des Kourkouas, secondé par Basile Lécapène le
parakoimomène, attaquait en Mésopotamie, détruisait l’armée de Sayf
al.Dawla et s’emparait de Samosate sur l’Euphrate avant de vaincre à nou-
veau le Hamdanide.
Cette même année, l’armée byzantine se montrait apte à écraser un
raid des Hongrois en Thrace. En Italie seulement, les Byzantins conti-
nuaient à enregistrer des échecs, sans graves conséquences, sinon pour les
autochtones toujours soumis aux raids des Siciliens, soutenus par les Fâtimi-
des d’Ifrîqiya.
Constantin VII mourut en novembre 959, laissant le pouvoir à son fils
Romain II, sur l’éducation duquel il avait veillé, en faisant rédiger pour lui
le seul manuel connu de diplomatie byzantine, le De administrando imperio.
LE TRIOMPHE EN ORIENT
B A S I LE I I , L ’ E X P A N S I O N E N O C C I D E N T
ET LA SAUVEGARDE DE L’ORIENT
Basile épargna Sklèros et les siens, mais châtia les Phocas, leurs plus
proches parents et leurs alliés géorgiens. L’empereur durcit, en 996, la légis-
lation visant à protéger les droits des petits propriétaires et créa l’allélengyon,
procédure rendant les puissants responsables du paiement des impôts fon-
ciers que les faibles ne pourraient acquitter, mesure qui fut ressentie comme
une sanction. Sous son influence, quelques mois plus tard, le patriarche
Sisinnios durcit les interdictions de mariage en raison des liens de parenté,
offrant au souverain un moyen de surveiller la formation des factions aristo-
cratiques [Laiou, 732, p. 25].
L’empereur, soucieux d’effacer le souvenir de l’échec de 986 et inquiet
des progrès des Bulgares durant le temps des guerres civiles, ouvrit les hosti-
lités avec Samuel de Bulgarie. Cette guerre ne visait sans doute pas à
annexer tout entière la Bulgarie, mais à rétablir le prestige impérial dans les
Balkans. La chronologie des opérations, entre 990 et 1018, reste incertaine.
Samuel se montra un adversaire valeureux, capable de raids audacieux
contre la Grèce ou Andrinople. À la longue toutefois, les ressources plus
considérables de l’Empire allaient permettre à Basile II de reprendre rapi-
dement les provinces orientales de la Bulgarie, puis de mieux contrôler le
Danube et de frapper par des campagnes répétées le cœur de l’État de
Samuel, autour d’Ochrida en Macédoine. Finalement en 1014, à la bataille
du Kleidion, Basile II captura une partie de l’armée de Samuel, qui mourut
peu après. Il fallut encore près de quatre ans de combats, souvent incer-
tains, pour réduire les Bulgares. En 1018, le souverain l’emportait autant
par la distribution de dignités et de postes aux cadres militaires bulgares
que par la force des armes. La famille royale bulgare fit sa reddition et fut
traitée avec les plus grands honneurs. Le souverain fit un voyage triomphal
dans les Balkans, célébrant sa victoire à Athènes avant de retourner à Cons-
tantinople. La frontière byzantine était de nouveau portée sur le Danube et
les princes slaves voisins de l’Empire firent prudemment allégeance à
l’empereur.
En Orient, Basile II sauva à deux reprises, en 995 et 999, Antioche et
ses alliés d’Alep, attaqués par des armées fâtimides [Farag, 149 ; Micheau,
1052]. Il finit par conclure une trêve de dix ans avec le calife fâtimide du
Caire, al-Hakîm. Il chercha, mais en vain, à consolider l’emprise byzantine
en Syrie en s’emparant de Tripoli. Il profita de son second séjour en Orient
pour régler ses comptes avec les Géorgiens et les obliger, en l’an 1001, à lui
rendre les territoires que le prince David du Tao, ancien allié de Phocas, lui
avait légués, plus au moins sous la contrainte. Une fois libéré de tout souci
avec les Bulgares, Basile II se tourna à nouveau vers l’Orient. Le roi du
Vaspurakan, l’Arménien Sénachérim Artzruni, lui donnait son royaume
qu’il se sentait incapable de défendre contre de nouveaux agresseurs aux
méthodes de combat inédites et terrifiantes, sans doute les premières bandes
38 La formation et le développement de l’Empire médiéval
Durant les trois ans et demi de règne de Romain, les ambitions des dif-
férentes factions aspirant au pouvoir se donnèrent libre cours. Les Diogènes
voulaient assurer la pérennité de leurs succès, d’autant plus qu’Eudocie
donna des fils à Romain. Anne Dalassène, belle-sœur d’Isaac Comnène,
visait à placer l’un de ses fils sur le trône qu’elle jugeait devoir revenir à un
Comnène, enfin les Doucas, conduits par le frère de Constantin X, le césar
Jean Doucas, craignaient d’être évincés si Romain Diogène par ses victoires
acquérait une trop grande popularité. Or Romain, qui conduisait lui-même
l’armée, était en train de restaurer en partie ses capacités combattantes, par
un meilleur entraînement et un recrutement renforcé. Cependant il ne rem-
porta pas de succès majeur et certains de ses généraux, tel Manuel Com-
nène, furent au contraire défaits. Lors de la bataille de Mantzikert, le fils du
césar Jean, Andronic, fit sans doute passer les intérêts de sa famille avant
ceux de l’Empire, lorsque, commandant l’arrière-garde de l’armée byzan-
tine, il laissa les Turcs encercler et capturer Diogène. Lorsque le sultan
libéra ce dernier avec une escorte turque, les Doucas saisirent ce prétexte
pour écarter Eudocie et placer sur le trône Michel VII Doucas, avec le sou-
tien actif du césar, en octobre 1071.
Romain Diogène ne se résigna pas et, s’appuyant sur sa forte popularité
en Orient, principalement en Cappadoce, il réunit des troupes, mais fut
battu à deux reprises et finalement se rendit, mais, contrairement aux pro-
messes reçues, il fut aveuglé dans des conditions qui conduisirent rapide-
ment à sa mort, le 4 août 1072. Les Doucas étaient victorieux, mais au prix
d’une terrible guerre civile qui les rendit impopulaires dans une partie de
l’Orient et qui introduisit les Turcs dans le jeu politique interne de l’Em-
pire. Le danger potentiel de cette stratégie n’avait pas été perçu puisque
c’est en Asie Mineure qu’Andronic Doucas se fit octroyer de grands domai-
nes, en récompense de sa victoire sur Diogène.
Michel VII au pouvoir ne put endiguer l’avance des ennemis. L’un de
ses ministres, l’eunuque Nicéphoritzès, longtemps décrié à la suite des chro-
niqueurs contemporains, prit des décisions énergiques [Lemerle, 631]. Il
tenta de rétablir des sources de financement, car les percepteurs ne pou-
vaient plus lever l’impôt dans une grande partie de l’Asie Mineure, en ins-
taurant un monopole du commerce du blé destiné à Constantinople. Il
s’efforça de reconstituer une unité d’élite autochtone en Asie Mineure pour
lutter contre les Turcs.
Ces efforts furent vains, car Michel VII fut contesté de toutes parts et
deux grandes révoltes militaires se déclarèrent en 1077. L’armée d’Occident,
encore largement intacte, se rallia à l’un de ses généraux, Nicéphore
Bryennios, issu des familles dirigeantes d’Andrinople, et ce qui restait des
régiments d’Orient se rangea en grande partie derrière un autre chef presti-
gieux, Nicéphore Botaneiatès. L’empereur fit appel à des troupes étrangères,
46 La formation et le développement de l’Empire médiéval
faites à leurs dépens depuis un siècle, ce qui incluait tout de même le duché
d’Antioche. Romain fut relâché avec une escorte turque, mais le coup
d’État des Doucas remit en cause le traité et Alp Arslân, puis son fils Malik
Shâh, s’efforcèrent de conquérir les territoires promis par Diogène, Édesse,
Antioche, l’Arménie.
La guerre civile quasi permanente, qui se déroula de l’avènement de
Michel VII à celui d’Alexis Comnène, permit aux Turcs de pénétrer facile-
ment en Asie Mineure, car les empereurs comme leurs adversaires firent
appel aux Turcs pour grossir rapidement leurs armées à un coût assez
modeste. Les Turcs rencontrèrent rarement une résistance organisée, sauf
dans les duchés orientaux d’Antioche, d’Édesse et de Mélitène, provinces
qui concentraient la plus grande partie de l’armée d’Orient, sous l’autorité
d’un général d’origine arménienne, Philarète Brachamios qui, à partir du
règne de Botaneiatès, gouvernait de manière autonome, non par hostilité
aux empereurs, mais parce que les Turcs l’avaient coupé du reste de
l’Empire [Dédéyan, 178]. Michel VII Doucas avait utilisé les services du
Turc Artouch pour se débarrasser de Roussel de Bailleul, le chef de la
cavalerie franque, qui se taillait une principauté autonome dans les Armé-
niaques, avec la complicité des notables locaux, satisfaits d’être enfin bien
protégés [Cheynet, 382 ; Shepard, 390]. Peu après, le même Michel fit
appel à Sulaymân, un cousin des Grands Saldjûkides en rupture de ban,
mais l’émir passa du côté de Botaneiatès. Un autre rebelle, Nicéphore
Mélissènos, hostile à Botaneiatès, parcourut l’ouest de l’Asie Mineure et prit
à son service des Turcs qu’il installa en garnison dans des cités dont ils
n’auraient pu s’emparer, faute de connaître la poliorcétique. C’est ainsi que
Sulaymân devint le maître de Nicée aux murs puissants et située au cœur
de la Bithynie, face à Constantinople [Cahen, 173 et 174].
L’ A V È N E M E N T D ’ A L E X I S C O M N È N E
pour lequel il créa la dignité de sébastokratôr qui le mit au-dessus de tous les
autres dignitaires, et sa mère, Anne Dalassène, à qui il laissa le gouverne-
ment de l’Empire, dotée des pouvoirs impériaux, avant de partir en cam-
pagne. Sur le plan militaire, ses atouts étaient également appréciables, car
l’armée d’Occident était largement intacte tandis que la situation en Ana-
tolie restait fluide. En agissant rapidement et en s’appuyant sur les forces de
Philarète Brachamios et sur les autres garnisons byzantines, un général de
talent pouvait sans doute rétablir la situation.
Robert Guiscard, accompagné de son fils, Bohémond de Tarente,
débarqua avec une forte armée et assiégea Dyrrachion, verrou qui défend
la via Egnatia, placé sous l’autorité du beau-frère d’Alexis, Georges Paléo-
logue. En octobre 1081, l’empereur fut sévèrement battu par Guiscard
devant Dyrrachion qui, peu après, tomba aux mains du chef normand, lui
ouvrant la route de Thessalonique. Alexis avait subi de lourdes pertes, ce
qui lui interdisait de songer à des opérations contre les Turcs en Orient.
Pour contenir l’avance normande, il eut recours à la diplomatie, cherchant
l’appui des Vénitiens, inquiets que Guiscard tînt les deux rives du détroit
d’Otrante et pût entraver la route des bateaux vénitiens sortant de l’Adria-
tique. Il conclut avec eux un traité, sans doute en 1082, qui, en échange
d’avantages commerciaux, mettait à son service la flotte vénitienne, pour
couper la ligne de ravitaillement du Normand [Lilie, 613]. D’autre part, il
sollicita, au prix d’une forte somme d’argent, l’intervention de l’empereur
germanique Henri IV, préoccupé de l’influence de Guiscard sur Rome. La
résistance de Kastoria et la dérobade devant toute bataille rangée arrêtèrent
l’avance des Normands alors commandés par Bohémond. Mais c’est la
mort de Guiscard en 1085 qui mit fin à la guerre.
Alexis continua de donner la priorité à la défense des Balkans, en luttant
contre les Petchénègues qui, profitant de la guerre normande, avaient étendu
leur zone de pillage jusqu’à la banlieue de Constantinople. Alexis voulut
reprendre le contrôle du Danube, mais, stratège plutôt médiocre, il fut à
nouveau sévèrement défait en 1087 à Dristra/Silistrie, forteresse contrôlant
le Bas-Danube, et dut les années suivantes se contenter d’opérations limitées
pour refréner l’avance des Petchénègues. Incapable avec ses seules forces de
mettre fin à ces incursions, Alexis chercha le soutien d’autres nomades établis
au nord du Danube, les Coumans, et en avril 1091, les Petchénègues furent
finalement battus à la bataille du Lébounion et les prisonniers furent ensuite
largement massacrés. La menace petchénègue fut éliminée et une partie des
survivants enrôlés dans l’armée byzantine.
Face aux Turcs, l’empereur se contenta de mesures défensives très limi-
tées. Sulaymân, à l’abri des solides remparts de Nicée, affermissait son
autorité sur les Turcs d’Anatolie, sans contrôler pour autant les émirs qui
continuaient à avancer vers la mer Égée aux dépens des Byzantins. Il prit le
Byzance entre les Turcs et les croisés (1057-1204) 51
titre de sultan, au grand dépit de Malik Shâh, successeur d’Alp Arslân, fon-
dant ce qu’on appela le sultanat de Rûm, puisqu’il était établi en Anatolie
sur la terre des « Romains ». Sulaymân était avant tout soucieux de ne pas
se couper de l’est d’où venaient les renforts potentiels. Suivant la grande
route militaire qui traversait l’Anatolie, il s’empara par surprise d’Antioche
en décembre 1084, en l’absence de Philarète Brachamios, mais se trouva
engagé dans les luttes internes des Saldjûkides et trouva la mort en 1086
près d’Alep. Alexis se contenta de défendre la rive sud de la Marmara et
reprit Nicomédie, passée un temps aux mains des Turcs.
La mort de Sulaymân n’apporta guère de bénéfice, car les Turcs restè-
rent fidèles à son fils Kilidj Arslân. Malik Shâh, désireux d’éliminer le sulta-
nat rival de Nicée contre lequel il envoya des troupes, proposa à Alexis de
retirer les Turcs d’Anatolie et de marier son fils à Anne la Porphyrogénète,
fille du basileus. Ce dernier, qui craignait le voisinage d’un Empire turc, uni
et puissant, et n’avait pas saisi les motivations de Malik Shâh, retarda sa
réponse au point que l’ambassade qu’il envoya à la cour de Perse arriva
après la mort du sultan. Parmi les émirs actifs en Anatolie, deux se montrè-
rent particulièrement redoutables, un nouveau venu, Dânismend au nord-
est et Tzachas dans l’ouest de l’Asie Mineure.
Dânismend, s’établissant en Paphlagonie se heurta non pas à Alexis,
mais à Théodore Gabras, duc de Trébizonde, alors plus ou moins indé-
pendant de Constantinople. En 1090, ce dernier mourut en martyr et la
Paphlagonie, avec Néocésarée et Kastamon, passa aux Turcs, mais la
Chaldie échappa à Dânismend. Tzachas, un émir qui avait un temps servi
les Byzantins, profita de la désorganisation du sultanat naissant de Rûm
pour agrandir son territoire dans la région d’Éphèse et de Smyrne. Encou-
ragé par l’absence de toute réaction byzantine, il équipa une flotte dans le
but de conquérir les îles micrasiatiques. Lorsque le risque d’un assaut de
Constantinople par mer, soutenu par une attaque terrestre menée par les
Petchénègues apparut plausible, l’empereur envoya une flotte contre Tza-
chas, qui fut battu [Cahen, 174].
Vers 1091, pour la première fois depuis l’avènement d’Alexis, l’Empire
n’était plus sous la menace d’une invasion imminente. Les années suivantes,
l’empereur entreprit la réorganisation de l’État : son pouvoir était affermi et
les principaux postes donnés à ses proches parents qui, aux yeux des digni-
taires ordinaires, s’enrichirent scandaleusement. Ceux-ci avaient aussi perdu
des postes, conséquence d’une administration moins nombreuse et sim-
plifiée, notamment dans le domaine financier. Cependant, l’autorité person-
nelle de l’empereur resta contestée, comme en témoignent les nombreux
complots qui engagèrent, notamment autour de Nicéphore Diogène, une
partie des officiers. Jean Comnène, fils aîné d’Alexis, coempereur depuis
son baptême en 1088, devint l’héritier proclamé en 1092, Constantin
52 La formation et le développement de l’Empire médiéval
LE CHOC DE LA CROISADE
Après quelques années d’accalmie, juste troublées par une invasion des
Coumans en 1095 et des incursions serbes, Alexis Comnène se tourna à
nouveau vers l’Asie Mineure. La situation était favorable, car il tenait plus
solidement la côte de la mer Noire, contrôlant mieux la Chaldie et recou-
vrant sans combat le port de Sinope. Le souverain ne désirait pas affronter
les Saldjûkides de Rûm commandés par Kilidj Arslân, fils de Sulaymân,
puisque ce dernier ne cherchait pas à s’étendre vers l’ouest, mais vers l’est,
pour garder le contact avec le réservoir de combattants turcomans. Visant à
conquérir Mélitène, encore tenue par un général jadis byzantin, Gabriel, le
Saldjûkide se heurtait à la concurrence des Dânismendides.
Toutefois, l’empereur n’osait pas mener des opérations d’envergure sans
le secours de l’Occident. Les Byzantins, qui appréciaient de longue date la
valeur des cavaliers francs, continuaient à les recruter, notamment parmi
Byzance entre les Turcs et les croisés (1057-1204) 53
LE R È G N E D E J E A N I I
culaire, mais les acquis du règne précédent ont été consolidés et Jean II
lègue à son successeur une armée performante qui inspirait le respect à ses
adversaires potentiels.
LE S A M B I T I O N S D E M A N U E L C O M N È N E
Les faiblesses du système mis en place sous les Comnènes se firent clai-
rement sentir. Tout reposait sur la capacité de l’empereur à se faire obéir
par ses proches et à les satisfaire. Or la régente Marie d’Antioche était
62 La formation et le développement de l’Empire médiéval
les Balkans des chefs locaux devinrent plus ou moins indépendants, aggra-
vant la décomposition de l’Empire. Cependant, dans les premières années
du XIIIe siècle, les gendres de l’empereur, qui n’avait pas de fils, Alexis
Paléologue et Théodore Lascaris commencèrent à redresser la situation
militaire et maintenir l’autorité impériale sur tous les territoires peuplés de
Grecs.
Les relations avec l’Occident étaient plus difficiles depuis le massacre
des Latins de 1182, auquel avait répondu celui des Grecs par les Normands
à Thessalonique trois ans plus tard. Les Latins d’Orient, privés du secours
byzantin, depuis que la Cilicie arménienne avait pris son indépendance,
avaient finalement succombé devant Saladin et perdu Jérusalem en 1187
[Brand, 172]. Cette chute provoqua une nouvelle croisade à laquelle parti-
cipèrent les grands souverains d’Occident, Frédéric Barberousse, Richard
Cœur de Lion et Philippe Auguste. Très inquiet devant l’ampleur des forces
rassemblées, Isaac Ange négocia avec Saladin, fait qui, une fois connu, sus-
cita l’incompréhension en Occident.
Les rois de France et d’Angleterre voyagèrent par mer et gagnèrent
directement Acre. Richard, toutefois, s’empara au passage de Chypre aux
dépens de l’usurpateur Isaac Comnène qui avait maltraité des pèlerins
anglais en difficulté au large de l’île. Les négociations entre Frédéric Barbe-
rousse et Isaac Ange furent difficiles et les incidents graves se multiplièrent
lors du passage des croisés allemands à travers les Balkans. Certains, dans
l’entourage de Barberousse, lui conseillaient de s’emparer de Constantinople
pour mettre les ressources de l’Empire au service de la croisade et se débar-
rasser des Grecs, perfides et séparés de Rome. Isaac II, impuissant devant la
supériorité militaire de Barberousse, céda à toutes les exigences de
l’empereur germanique. Ce dernier traversa l’Anatolie en saccageant Konya
avant de se noyer en Cilicie, au printemps 1190 [Setton, 195, vol. I].
LA QUATRIÈME CROISADE
Sous Alexis III, des relations plus pacifiques furent rétablies avec les
villes italiennes et Venise se fit confirmer en 1198 le renouvellement de ses
privilèges, Gênes et Pise obtenant plus tard leurs propres traités. Le danger
le plus imminent venait de l’union de la Sicile et de l’Empire germanique
sous un même souverain, Henri VI, qui reprenait les revendications tradi-
tionnelles des Normands. Alexis III allait lui verser un énorme tribut, pré-
levé par un impôt spécial, l’alémanikon, quand Henri VI mourut en sep-
64 La formation et le développement de l’Empire médiéval
soit de la confiscation des biens de ses adversaires politiques, soit des impôts
prélevés sur les Constantinopolitains, mesures qui le rendirent vite impopu-
laire, d’autant plus que tout cet argent semblait destiné aux Latins de plus
en plus détestés. À la suite d’une rixe, une grande partie de la ville partit en
fumée lors du terrible incendie qui ravagea le cœur de la capitale, en
août 1203, et l’hostilité contre les croisés en fut exacerbée.
Tout un parti, qui se regroupa dans la capitale autour d’Alexis Doucas
Mourtzouphlos, un cousin d’Alexis, était favorable à l’expulsion par la force
des Latins. Mourtzouphlos fit tuer Alexis IV et ouvrit les hostilités contre les
croisés. Ces derniers décidèrent de venger leur ancien protecteur et, consi-
dérant qu’aucun Grec n’était digne de régner, de prendre pour leur compte
Constantinople, décision révolutionnaire, en prévoyant à l’avance le partage
des provinces byzantines. Après un premier assaut repoussé le 9 avril, trois
jours plus tard, les croisés pénétrèrent dans la cité par les murailles mari-
times moins bien défendues, puis mirent à sac la ville la plus riche de la
chrétienté.
La déviation de la quatrième croisade reste un sujet discuté. On y a vu
le fruit de la préméditation machiavélique du doge Dandolo, qui se serait
vengé des sévices qu’il aurait subis en 1071. Si l’on observe le déroulement
des événements, en analysant les situations imprévues où se sont trouvés les
croisés et les décisions qu’ils prirent, il en ressort qu’il n’y avait pas de plan
préconçu pour se rendre vers Constantinople. La principale différence qui
caractérise la quatrième croisade par rapport aux précédentes est la désu-
nion des Grecs qui résulte de la présence d’un prétendant au trône au
milieu de l’armée latine. Par ailleurs, il est certain que les sentiments
d’hostilité réciproques entre Grecs et Latins s’étaient renforcés depuis la
mort de Manuel Comnène, rendant possible l’impensable : la prise de la
capitale des chrétiens grecs par leurs frères latins [Angold, 171 ; Urbs
Capta, 202].
D E UX IÈ M E PA R TIE
L’empereur et le Palais
PAR JEAN-CLAUDE CHEYNET
L’ E M P E R E U R E T S A F A M I L L E
LE CHOIX DE L’EMPEREUR
Les efforts de Basile Ier et de son petit-fils Constantin VII pour justifier le
meurtre de Michel III, à l’origine de la dynastie macédonienne, influencè-
rent l’historiographie du Xe siècle qui noircit Michel III, non sans réussite,
minimisant les gains du règne, voire les attribuant à son successeur. La sou-
plesse du système autorisa l’élimination d’empereurs médiocres et la venue
au pouvoir de souverains énergiques à des moments cruciaux, tels que
Léon III face aux Arabes, Léon V confronté aux Bulgares, ou les généraux
Nicéphore Phocas et Jean Tzimiskès, placés aux côtés des jeunes Basile II et
Constantin VIII.
Sans aller jusqu’à la révolte ouverte, l’opposition aux empereurs en
place fut constante [Magdalino, 210], même si les sources n’en conservent
qu’un souvenir atténué, sauf à l’époque iconoclaste. Des indices suggèrent
en particulier qu’après un coup de force, le nouveau basileus n’était pas
accepté par les partisans du souverain évincé aussi facilement que les sour-
ces narratives, souvent rédigées à l’instigation du vainqueur, souhaitent le
faire accroire. Ce ressentiment prenait des formes diverses. Des libelles cir-
culaient dans le palais, annonçant parfois la mort prochaine du basileus. Des
dignitaires s’estimaient victimes d’un traitement injuste : Jean le Géomètre,
un proche de Nicéphore Phocas, attaque dans ses poèmes le grand Basile II
lui-même [Lauxtermann, 209]. Bien des souverains furent accusés de dila-
pider le Trésor pour enrichir leurs compagnons de débauche (Michel III)
ou entreprendre des constructions dispendieuses (Constantin IX). Jean
Zônaras a dressé un véritable réquisitoire contre Alexis Comnène : le souci
de la justice, le soin de ses sujets, le maintien des anciennes traditions de
l’État, telles sont les qualités qui conviennent à un empereur.
Mais [Alexis] cherchait à changer les anciennes traditions politiques et c’était
pour lui la plus urgente des tâches, il ne traitait pas l’État comme un bien com-
mun ou appartenant à tous, et il ne s’en considérait pas le gestionnaire, mais le
propriétaire... Il ne se souciait pas en tout de la justice, car l’essence de cette
vertu est d’accorder à chacun ce qu’il mérite. Il a dilapidé l’argent public, par
chariots, en faveur de ses parents et de certains serviteurs, leur a attribué de
grasses pensions et leur a permis de vivre dans l’opulence, de se constituer des
« maisons » plus dignes de rois que de simples particuliers et d’acquérir des
demeures plus grandes que des villes et d’une richesse qui ne les distinguait pas
des palais. Le reste des aristocrates ne connut pas une telle faveur.
L’institution impériale était frappée de faiblesses structurelles, en parti-
culier lorsque s’ouvrait une régence, qui provoquait un inévitable vide du
pouvoir. La santé des empereurs, pourtant favorisés par le soin que leur
prodiguaient les meilleurs médecins du temps, n’était guère plus satisfai-
sante que celle du reste des élites et bien des souverains moururent fort
jeunes, laissant des enfants mineurs. L’âge auquel un adolescent accédait au
pouvoir effectif nous paraît fort tendre, 14 ans en théorie. De fait, Cons-
72 Les institutions de l’Empire
tantin IV succéda à 16 ans à son père Constant II, mort à 36 ans, et lui-
même laissa la place à son fils Justinien II également âgé de 16 ans. La
régence était le plus souvent organisée par le souverain défunt et assumée
en principe par un conseil que l’impératrice, mère de l’héritier, dirigeait et
auquel participait le patriarche. En fait, toutes les régences, sauf celle de
Théodora, veuve de Théophile, aboutirent à des coups d’État, soit en
imposant des co-empereurs, lorsque la dynastie était solidement établie,
comme sous les Macédoniens, soit en éliminant l’héritier : Andronic Com-
nène fit exécuter successivement la veuve de son cousin Manuel, puis le
jeune Alexis II. À partir des Comnènes, comme dans le cas précédent, puis
sous les Lascarides et les Paléologues, la défense de l’héritier servit de pré-
texte aux princes étrangers pour intervenir dans les affaires de l’Empire.
À deux reprises, une femme régna comme empereur autokratôr, Irène
entre 797 et 802, puis Théodora en 1055-1056. Dans les deux cas, sans que
fût ouvertement contestée la légitimité des impératrices, la situation était
perçue comme anormale. Irène, qui avait éliminé l’héritier naturel du pou-
voir, Constantin VI, son propre fils, fut renversée sans grande difficulté par
un coup d’État palatin et Théodora, ultime héritière de la dynastie macédo-
nienne, ne dut qu’à la brièveté de son règne d’échapper à ce sort.
Les empereurs furent en majorité recrutés parmi l’aristocratie d’Asie
Mineure, et rares furent les candidats de modeste extraction qui accédè-
rent au pouvoir et purent en appeler au modèle davidique, tel Basile le
Macédonien.
Lorsque Dieu a désigné son lieutenant, l’armée, le Sénat et le peuple
– c’est-à-dire les habitants de Constantinople rassemblés à l’Hippodrome –
acclament l’heureux élu, l’ « oint du Seigneur ». Le patriarche n’intervient
donc pas dans ce choix et c’est déjà un basileus qu’il couronne à Sainte-
Sophie, à partir de Constant II en 641. Toutefois aucun empereur ne se
dispense d’une cérémonie qui souligne son alliance divine et son
orthodoxie, tout en manifestant son emprise sur la capitale (cf. chap. V).
Pour célébrer la cérémonie avec plus de solennité, les empereurs atten-
daient souvent l’une des grandes fêtes de l’année, Pâques ou Noël. Il n’y a
pas un modèle de couronnement, mais une adaptation aux circonstances,
selon qu’on honore un homme nouveau ou un héritier [Dagron, 206].
IMPÉRATRICES ET PORPHYROGÉNÈTES
DIRIGER L’EMPIRE
LA PROPAGANDE IMPÉRIALE
LA DIPLOMATIE BYZANTINE
LE GRAND PALAIS
1. Dans les tableaux les dignités sont données dans l’ordre hiérarchique décroissant.
L’empereur et le Palais 83
LA ROGA
LA COUR
LES EUNUQUES
LE PATRIARCAT
Le décr et de Léon II I
Au début du VIIIe siècle, l’empereur usant de ses droits [Michel, 304]
prit une double mesure, de transfert à la juridiction ecclésiastique de Cons-
tantinople des églises d’Illyricum oriental (Dacie et Macédoine) et de ratta-
chement au fisc impérial des patrimoines pontificaux de Sicile et de
Calabre, ce qui impliquait le rattachement de leurs Églises à la capitale. La
perte des décrets impériaux nous prive de la connaissance de leur date, de
leur contenu exact et de leurs motivations ; la meilleure expression des faits
se trouve en 860 sous la plume du pape Nicolas Ier, revendiquant le réta-
blissement du vicariat ecclésiastique de Thessalonique et la restitution de
son patrimoine italien.
Léon visait peut-être à conforter par le biais ecclésiastique l’autorité de
l’Empire sur des territoires que l’expansion slave d’une part, les Lombards
de Bénévent et les Arabes de l’autre séparaient de Rome. Dans les Balkans,
il ne semble pas que l’Illyricum occidental ait été en cause bien que se soit
posée plus tard la question de l’épiscopat dalmate ; du côté italien, les
Les institutions de l’Église byzantine 91
La t axis de 901-905
Nous n’avons pas de listes épiscopales officielles, à l’exception de la taxis
de 901-905 rédigée sous Nicolas Mystikos et Léon VI, qui fournit une liste de
51 métropoles. L’Orient garde sa prééminence tant dans le nombre de
métropoles (33 sièges) que dans celui des archevêchés autocéphales (31
sur 50) ; mais parmi les 19 archevêchés nouveaux institués par la taxis, 6 sont
en Occident (Rhousion, Nikè, Brysis, Serres, Karabizyè, Corfou), un encore
plus à l’ouest, en Italie (Otrante) et 3 en Crimée (Gotthie, Sougdia, Phoulloi).
On constate ainsi l’incorporation des métropoles des Balkans et la créa-
tion d’une structure métropolitaine en Sicile et en Calabre. On note aussi
dans les territoires occupés par les Bulgares et les Serbes la disparition des
éparchies de l’ancien diocèse de Dacie, de Mésie et de Scythie et d’autre
part une évolution dans les régions pontiques où le développement de la
Crimée compense la disparition de l’archevêché de Zichie et de l’éparchie
de Phasis dont le nom (la Lazique) est transféré à la nouvelle métropole de
Trébizonde.
On notera enfin que l’apparente tendance à faire coïncider territoire
impérial et territoire patriarcal de Constantinople que suggérait le décret de
Léon III ne se confirme pas, puisque aucune éparchie constantinopolitaine
n’est mentionnée dans le territoire des nouveaux thèmes de Dalmatie et
surtout de Langobardie dont les titulaires sont des Latins et dont les Églises
dépendent ecclésiastiquement de Rome, même si l’empereur se réserve le
droit d’intervenir au niveau des circonscriptions.
Le patriarcat de Constantinople ressort transformé par cet équilibre
nouveau entre Orient et Occident. Au lieu d’une soixantaine d’évêques,
essentiellement orientaux, c’est maintenant un corps d’une centaine qui,
92 Les institutions de l’Empire
LE PATRIARCHE
La titu latu r e
Évêque de Constantinople, le patriarche occupait un siège dont les
titres, d’origine conciliaire, furent rappelés par le concile in Trullo :
Renouvelant la législation des 150 pères qui se sont réunis dans cette ville impé-
riale gardée de Dieu (= Constantinople I, 381) et des 630 qui se sont rassemblés à
Chalcédoine, nous décrétons que le siège de Constantinople jouira des mêmes
privilèges (presbeia) que le siège de l’ancienne Rome et obtiendra dans les affaires
ecclésiastiques la même grandeur que lui, venant en second après lui (canon 36).
À cette définition, toujours rejetée par Rome, tentera de se superposer
une définition apostolique, fondée sur la légende de l’apostolat d’André
[Dvornik, 281]. Plus tardivement, au XIIe siècle, une lecture nouvelle de la
Donation de Constantin par Balsamon permettra de revenir à d’autres aspects
historiques [Spiteris, 319 ; Angold, 260], qui conduisirent vers 1200 le
patriarche Jean X Kamatèros à revenir aux origines chrétiennes de Cons-
tantinople et de l’Empire.
La titulature du patriarche fait intervenir le qualificatif d’œcuménique
qui sous Photius devient de règle dans le protocole pour s’adresser à Sa
sainteté, mais continue à faire problème avec le pape. Cérulaire le premier
le fera figurer sur ses sceaux [Laurent, 41, V . 1, no 16] qui portent la for-
mule désormais adoptée : « Par la grâce de Dieu archevêque de Constanti-
nople, la nouvelle Rome, et patriarche œcuménique ».
L’élection
LE PATRIARCHE ET L’EMPEREUR
Il faut distinguer entre les droits de l’empereur qui ne sont pas contestés
par les clercs et ceux qui rencontrèrent une opposition plus ou moins vigou-
reuse selon l’époque. L’empereur byzantin est, en effet, pourvu de préroga-
tives importantes dans le domaine religieux. Il est tout d’abord le garant de
l’orthodoxie, et nombre d’empereurs, d’Héraclius à Léon III ou Manuel
Comnène, revendiquent ce rôle. L’empereur joue le rôle d’arbitre dans les
débats.
Le dogme une fois défini, l’empereur est chargé de l’imposer, poursui-
vant les hérétiques des rigueurs de la loi : ainsi, le patriarche Nicéphore
(806-815) demanda de faire respecter les lois condamnant à mort les mani-
chéens. Mais le rôle de l’empereur ne se borne pas à celui d’un simple pou-
voir exécutif, comme un bras séculier au service de l’Église.
Le basileus dispose de nombreux atouts pour gérer l’Église terrestre,
mais le sujet qui provoqua la controverse concernait les droits spécifiques
du souverain par rapport à tous les autres laïcs [Dagron, 206]. Ils sont
énumérés au XIIe siècle par un canoniste particulièrement favorable aux
thèses impériales, Théodore Balsamon, dans son commentaire du
canon 69 du concile in Trullo, qui interdit aux laïcs de pénétrer dans le
sanctuaire. Le canoniste rappelle à cette occasion que l’empereur n’est pas
un laïc ordinaire. Le souverain est l’Oint du Seigneur et comme tel il peut
entrer dans le sanctuaire (bèma), utiliser l’encensoir, bénir avec le triple
chandelier, prononcer des homélies [Antonopoulou, 261] : toutes fonctions
interdites aux laïcs.
Des empereurs intervinrent dans la définition même du dogme, qu’on
pense à la politique monothélite de Constant II ou à l’action de Léon III et
de Constantin V contre les iconodoules. Ils rencontrèrent une résistance
virulente de certains fidèles, notamment des moines, comme Maxime le
Confesseur face à Constant II, qui affirmait que l’empereur n’était pas prêtre
[Dagron, 206], ou Théodore Stoudite opposé à Léon V. L’échec des empe-
reurs iconoclastes a fait reculer l’interventionnisme impérial en matière théo-
logique. Au XIIe siècle, toutefois, la dynastie des Comnènes impose la vision
d’un empereur « épistèmonarque ». Ce terme désignait jusqu’alors le moine
qui, dans les monastères stoudites, rappelle à leurs devoirs ses frères négli-
gents ; il illustre la responsabilité que s’attribue l’empereur pour garder
l’Église dans le droit chemin. S’appuyant sur les clercs de Sainte-Sophie, hos-
tiles aux prétentions du patriarche et des métropolites qui l’entourent,
Alexis Ier impose une réforme du clergé en bravant l’opposition du synode
(1107). Manuel Ier, qui reprend les ambitions religieuses de Léon VI, rédige
des homélies, s’immisce dans les querelles théologiques, convoque des
Les institutions de l’Église byzantine 99
L’ADMINISTRATION PATRIARCALE
lieu de clercs ; cet intérêt impérial est sans doute dicté par le souci de con-
trôler la richesse de l’Église. En 1057, Isaac Comnène remit au patriarche
le droit de nommer à tous les offices patriarcaux et renonça à toute
ingérence dans l’administration des biens ecclésiastiques, décision qui libé-
rait le patrimoine de l’Église et rendait au patriarche la haute main sur son
gouvernement.
Dans le contexte agité des débuts de son règne (confiscation des biens
des églises, procès de Jean Italos), Alexis Comnène publia en 1094 un pros-
tagma qui clarifie l’organisation du patriarcat et met en lumière l’évolution
qui était en train de donner une place éminente au chartophylax [Darrouzès,
279 ; Angold, 260]. On voit que le patriarcat comportait cinq départements
dont les responsables avaient des fonctions précises touchant aux intérêts de
la Grande Église : le grand économe, le grand sacellaire, le grand skeuophy-
lax et le préposé à la sacelle ou sakelliou. En revanche, le cinquième
archonte qui était le chartophylax, au-delà du pouvoir qu’il détenait à Sainte-
Sophie dont il était l’archiviste, était défini comme « la bouche et la main »
du patriarche ; il en était le représentant dans le gouvernement spirituel de
l’Église, ce qui justifiait pour l’empereur, contre l’opinion des métropolites,
que, bien que simple diacre, il ait préséance sur tous, métropolites inclus.
Le sakelliou avait juridiction sur les lieux de culte et leurs desservants. Ce
texte montre une étape nouvelle dans l’évolution des services patriarcaux.
Très clairement, ce ne sont plus des services « domestiques » ; la définition
du chartophylax comme le délégué du patriarche consolide le pouvoir central
de la Grande Église en conférant aux archontes patriarcaux une position de
corps intermédiaire entre le patriarche et le synode.
Le didascale du Psautier, le didascale de l’Évangile et le didascale de
l’Apôtre (cf. chap. XIV, p. 364-366), également choisis parmi les diacres,
sur une possible initiative de Nicolas Grammatikos (1084-1111), relayée par
Alexis Comnène, sont comptés au nombre des archontes patriarcaux, où,
selon M. Angold, ils seraient devenus, en raison de leurs connaissances
scripturaires, comme les chantres des patriarches dont ils rédigeaient des
éloges (enkomia). Des luttes d’influence, auxquelles les didascales ne furent
pas étrangers, se développèrent au sein du clergé patriarcal qui constituait
également un précieux allié possible pour le pouvoir impérial contre la
puissance des métropolites et leur présence accrue à Constantinople [Tif-
tixoglu, 323].
Dans les années qui suivirent, on peut noter plusieurs transformations
dans le milieu des archontes comme l’entrée des didascales dans la hié-
rarchie des archontes, la spécialisation du sacellaire dans la gestion des
monastères de plus en plus confrontés au problème du patronage laïc, ou
encore l’émergence au XIIe siècle du prôtekdikos qui préside le tribunal ecclé-
siastique de l’ékdikeion en charge du for interne, des affaires d’asile à Sainte-
102 Les institutions de l’Empire
LE GOUVERNEMENT DE L’ÉGLISE
guait alors des décrets, souvent sous le nom de tomes, qui tiraient leur force
non seulement de la signature de l’empereur et du patriarche, mais de la
collégialité de la décision. Les métropolites étaient donc étroitement associés
à l’exercice du pouvoir.
La configuration du synode variait en fonction de la présence des
métropolites. Le rééquilibrage du ressort patriarcal en direction de
l’Occident augmenta en tout cas les participations possibles et fit du synode
un organe plus représentatif des diverses régions de l’Empire. À partir du
XIe siècle les invasions conduisirent beaucoup de métropolites d’Anatolie à
échapper à leurs obligations de résidence pour s’établir dans la capitale, ce
que leurs collègues d’Occident ne tardèrent pas à imiter ; les Comnènes
tentèrent de freiner ce mouvement, que Manuel Comnène finit par entéri-
ner en 1173.
les débats sur le pouvoir du patriarche dans son Église furent accompagnés
des débats avec Rome sur sa place dans l’Église universelle [Peri, 308 ; Gah-
bauer, 284 ; Herrin, 269].
Le Nomocan on
Le droit ecclésiastique qui régit les clercs et les laïcs procède dans le
monde byzantin d’une double source, les canons des conciles œcuméniques
et les lois impériales ; nomos et canon s’influencent et s’interpénètrent dans
un équilibre parfois difficile [Beck, 263 ; Macrides, 300 ; Troianos, 324 ;
Schminck, 255 ; Pitsakis, 269 ; Beaucamp, 269], dont le droit matrimonial
est un parfait exemple. Le droit canon byzantin, hétérogène, fut d’abord
une masse touffue dans laquelle, à côté des canons édictés par les conciles
œcuméniques, figuraient les canons des Apôtres, les canons de conciles
locaux antérieurs à 325 ainsi que des prescriptions de certains Pères de
l’Église, des constitutions et novelles promulguées par les empereurs,
notamment Justinien.
Dès la fin du VIe siècle étaient apparus, à titre plus ou moins privé, les
premiers recueils systématiques de canons [Van der Wal, 88] parmi lesquels
le Syntagma ( « ce qui est rassemblé et disposé de manière ordonnée » ),
rédigé dans les années 580, qui se présentait comme un répertoire de
canons, organisé en 14 titres, subdivisés en chapitres classés par sujet ; le
répertoire était suivi d’une collection donnant le texte complet des canons
eux-mêmes. Ce recueil fut développé vers 615 en un nouvel ouvrage, qui
incorporait, en les classant sous les mêmes titres et chapitres, canons ecclé-
siastiques et extraits de lois traitant de sujets intéressant l’Église. Ce recueil
fut connu sous le nom de Nomocanon des 14 titres ; c’était une collection
privée qui tirait son autorité non pas d’un statut ou d’un rédacteur officiel,
Les institutions de l’Église byzantine 107
LE RITE DE SAINTE-SOPHIE
Outre son rôle essentiel de culte rendu à Dieu (cf. chap. XIII, p. 326),
capable de contribuer à la diffusion du dogme ou du droit canon [Konida-
ris, 296], la liturgie de la Grande Église contribua aussi à l’affirmation, à
Constantinople, du patriarche dont les cérémonies répondaient aux cérémo-
nies impériales. Ce n’est pas un hasard si les rites de la Grande Église jouè-
rent leur rôle, à côté des innovations stoudites, dans le glissement liturgique
qui intervint au IXe et au Xe siècle entre les usages de Jérusalem et ceux de
Constantinople [Pott, 757]. Ces rites se fixèrent alors et, s’il n’existe pas de
De cerimoniis du patriarche, du moins connaît-on les normes liturgiques par
une série de livres nouvellement apparus : Typikon, Synaxaire, Euchologe
auxquels s’ajoutent différents recueils hymnographiques : Triodion, Pentecos-
taire, Octoèque, Parakliton [Taft, 762 ; Mateos, 252]. Rituel, couleur, or,
110 Les institutions de l’Empire
LE PATRIARCHE DE CONSTANTINOPLE
DANS L’ÉGLISE UNIVERSELLE
ROME ET CONSTANTINOPLE
Grégoire VII cherche à réunir des troupes pour secourir les chrétiens
d’Orient menacés par les Turcs, démarche renouvelée par Urbain II, qui
aboutit à la première croisade. Mercenaires latins et marchands italiens
peuvent vivre paisiblement dans la capitale jusqu’au massacre de 1182.
Toutefois les croisades enveniment les relations et la polémique entretient la
méfiance réciproque des plus rigides dans les deux camps. La quatrième
croisade et le sac de Constantinople rendent finalement utopique une
Union des Églises.
L’ O R G A N I S A T I O N D U C L E R G É
LA CARRIÈRE ECCLÉSIASTIQUE
L’ÉVÊQUE
Au Moyen Âge, les évêques ne sont plus élus par le clergé et le peuple
de leur cité ; ils sont désormais choisis par leurs pairs réunis en synode
provincial parmi les clercs locaux ou parmi les moines. Les laïcs sont
beaucoup plus rarement promus à l’épiscopat. Le métropolite retient et
consacre l’un des trois candidats, après que celui-ci a prononcé la confes-
sion de foi orthodoxe. Cette dernière permet de contrôler que les préfé-
rences théologiques du nouvel élu correspondent à celles du métropolite et
donc, en principe, à celles du patriarche choisi par l’empereur. L’autorité
des évêques locaux pour la désignation de leurs pairs est battue en brèche,
à partir de la fin du XIe siècle, par l’intervention de l’empereur dans le
choix des prélats.
116 Les institutions de l’Empire
PRÊCHER
LE S M I N O R I T É S N O N O R T H O D O X E S
LES MONOPHYSITES
laissent deviner, au XIIe siècle, un schisme entre des dualistes mitigés (un
principe du mal subordonné au principe du bien) et des dualistes radicaux
(deux principes égaux) qui seraient à l’origine du mouvement cathare en
Occident [Hamilton, 266]. L’accusation de bogomilisme, fondée ou non,
demeure une arme contre tous les dissidents.
LES JUIFS
La situation légale des Juifs est fixée par le Code Justinien [Rabello, 310],
repris dans les Basiliques. Les Juifs sont tolérés, et comme tels protégés
contre les exactions ; ils peuvent exercer leur religion librement et nul ne
peut les obliger à transgresser leurs coutumes ; toute affaire interne est du
ressort des tribunaux juifs. En revanche, ils ne peuvent exercer le moindre
prosélytisme, ni poursuivre ceux des leurs qui se font chrétiens. La cons-
truction de nouvelles synagogues, interdite, est tolérée en fait. Ceux qui
incitent les chrétiens à se convertir au judaïsme sont passibles de mort.
La législation de l’Église cherche à séparer les communautés afin de
prévenir tout risque de syncrétisme : interdiction des mariages mixtes, du
recours à un médecin juif, de chômer le samedi (sabbat), de participer aux
fêtes juives, de prier dans une synagogue. Cependant, le sort des Juifs de
l’Empire, sans être enviable, est moins tragique que celui des Juifs
d’Occident [de Lange, 707]. Si l’on excepte les violences du VIIe siècle, plus
politiques que religieuses [Sharf, 315], l’Orient chrétien médiéval ne semble
pas avoir connu de véritables pogroms. Cependant des initiatives locales,
comme celle de Nikon le Métanoïte à Sparte au Xe siècle, aboutirent à
l’expulsion – temporaire ? – des juifs d’une ville, non sans résistance d’une
partie des notables. Au XIIe siècle, Benjamin de Tudèle a laissé une descrip-
tion des communautés juives de l’Empire, qui paraissent prospères.
Nous ne pouvons qu’évoquer la vie religieuse des communautés juives
[Starr, 518 ; Sharf, 316 ; Sharf, 315]. Si la novelle 146 de Justinien s’adresse
à des communautés qui parlent grec, dans les siècles suivants, ces dernières
reviennent à l’hébreu : des documents byzantins en hébreu ont été retrouvés
dans la Géniza du Caire. Les relations entre les Juifs byzantins et leurs coreli-
gionnaires d’Occident, de Jérusalem, du Caire ou de Bagdad, sont attestées
par des correspondances personnelles, d’affaires ou entre communautés.
On notera la présence de nombreux Karaïtes (les Karaïtes s’en tiennent
à la Bible et refusent le Talmud) venus de Palestine au Xe siècle. Cette com-
munauté compte des savants comme Tobiah ben Moses de Constantinople
(XIe s.), ou Tobiah ben Eliezer de Kastoria (XIIe s.). Constantinople est le
122 Les institutions de l’Empire
LES MUSULMANS
L’administration impériale
PAR JEAN-CLAUDE CHEYNET
LA FISCALITÉ
LES PRINCIPES
capacités contributives de chacun, selon un barème qui variait selon les pro-
vinces, mais qui, en gros, permettait d’établir le montant de l’impôt en fonc-
tion de la richesse de chaque paysan, c’est-à-dire la superficie de terre arable
qu’il pouvait cultiver, celle-ci dépendant elle-même du train de culture dont
il disposait. Cette opposition est en fait exagérée, car la fiscalité égyptienne
montre que le taux de l’impôt ne variait pas d’année en année et qu’un sys-
tème proche de celui de l’époque médiévale était déjà en place [Zucker-
man, 330]. De fait, la continuité domine toute l’époque médiévale, même si
les modalités évoluent. Les besoins fondamentaux de l’État sont couverts par
l’impôt foncier de base et les dépenses extraordinaires sont alimentées par
des expédients, des « exactions » comme le disent les textes, qui sont répartis
sur une population donnée. C’est à cette pratique que Kékauménos dans ses
Conseils et récits fait allusion, lorsqu’il invite ses fils à ne pas exercer de charges
fiscales, car ils seraient conduits à favoriser leurs parents et amis ou à être
accusés de le faire [Kékauménos, Spadaro, 415, § 100].
Les fonctionnaires du fisc de la capitale connaissaient donc à l’avance le
niveau des recettes qui variaient peu d’année en année, sauf catastrophe
naturelle ou fait de guerre. Bien entendu, sur le long terme, les variations
dépendent de la démographie qui, elle-même, détermine la superficie
exploitée des terres. Ainsi, on peut supposer que les Isauriens étaient moins
bien lotis que les empereurs des Xe et XIe siècles. La pression fiscale pouvait
aussi varier en fonction des besoins. Les empereurs portés aux grandes opé-
rations militaires qui exigeaient en permanence des effectifs importants, tel
Nicéphore Phocas, étaient contraints d’élever les impôts, ce qui, dans le cas
de Phocas, lui a fait une réputation détestable. L’État ignore en effet le cré-
dit, ce qui explique, en cas d’urgence absolue, l’emploi de méthodes contes-
tables telle l’annulation des privilèges précédemment concédés ou la confis-
cation de la fortune des adversaires politiques, comme dans la seconde
moitié du XIe siècle, ou entre les deux prises de Constantinople par les Latins.
Les sources ne fournissent pas d’estimation des rentrées fiscales pour
une année et permettent seulement les conjectures des chercheurs contem-
porains. Un savant, par exemple, les a évaluées à 5 ou 6 millions de nomis-
mata à l’époque de Justinien, un autre les estime, vers 800, à moins de deux
millions probablement [Hendy, 651, p. 172] – ce qui semble encore très
optimiste. Le total s’accroît ensuite dans une proportion notable sous les
Macédoniens et sans doute encore sous les Comnènes, la perte du plateau
de l’Asie Mineure étant compensée par la conquête des Balkans et le dyna-
misme de l’économie.
La notion d’un budget de l’État est évidemment anachronique, car
chaque institution publique était indépendante et possédait des biens
fonciers ou des ressources fiscales censés couvrir les dépenses de son fonc-
tionnement et même au-delà. C’est pour cette raison que la direction d’un
L’administration impériale 127
Le kapnikon ou fouage
Cet impôt personnel est attesté depuis le VIIe siècle [Zuckerman, 376] et
payé par tous les cultivateurs, libres ou parèques.
L’administration impériale 129
LE POIDS DE L’IMPÔT
La charge fiscale a subi des variations au cours des siècles, mais dans
des proportions que les conditions techniques agricoles interdisaient de faire
évoluer très fortement. Les chroniqueurs sont sensibles aux mouvements de
hausse, qui provoquent évidemment l’insatisfaction des contribuables. Il
semble qu’une telle augmentation, toujours en relation avec un effort mili-
taire, ait été perceptible sous Nicéphore Ier qui, en fait, annula des mesures
d’allègement accordées peu auparavant par Irène, soucieuse de se consti-
tuer un parti fidèle, sous Nicéphore Phocas, qui imposa à chaque catégorie
de soldats une charge supérieure à celle imposée précédemment et fit finan-
cer le reste des dépenses militaires par ceux qui ne partaient pas en cam-
pagne, ou encore sous Alexis Comnène, à court d’argent au début de son
L’administration impériale 131
règne. On ne peut que présumer les moments de détente fiscale, sauf dans
le cas d’Irène. Il est possible que la dévaluation monétaire du XIe siècle ait
été favorable aux contribuables, du moins dans un premier temps, avant
que l’État n’adapte ses mécanismes de perception [Morrisson, 663]. En
revanche, l’idée que les VIIe et VIIIe siècles aient été un âge d’or fiscal pour
la paysannerie byzantine est suspecte, car ce moment correspond à un
effort de guerre considérable pour assurer la survie de l’Empire. Certes, les
paysans ont bénéficié par ailleurs d’un moindre prélèvement sur la produc-
tion puisqu’ils n’avaient plus à ravitailler les cités alors en plein déclin. À
titre de simple hypothèse, on se demandera si ce n’est pas la rente des pro-
priétaires qui a fait les frais des ajustements fiscaux [Zuckerman, 330].
Les VIIe-VIIIe siècles pourraient avoir connu un assez haut niveau de prélè-
vement étatique, inévitable en raison des dépenses, au prix d’une baisse de
la rente, ce qui expliquerait la proportion moindre – supposée – de grands
propriétaires à cette époque, puis, une fois la sécurité revenue et quelques
progrès agricoles accomplis, la possibilité d’une rente plus forte aurait de
nouveau rendu attractive la grande propriété.
Aux XIe-XIIe siècles, la part de l’impôt représentait entre un quart et un
bon tiers des revenus des paysans selon qu’ils étaient locataires, bien dotés
de terres ou non. Tous ces calculs ne sont que des estimations [Oikonomi-
dès, 328, p. 129-135].
L’EXEMPTION FISCALE
d’impôt depuis trente ans, elle était séparée du registre communal et deve-
nait la propriété de l’État (cf. chapitre X). Au Xe siècle, le fisc revendait les
terres klasmatiques à un prix souvent dérisoire, puis, à partir du XIe siècle,
décida plus souvent de garder les terres et de les exploiter pour lui-même,
car la main-d’œuvre devenait plus abondante. S’ajoutait ainsi à l’impôt fon-
cier le revenu du loyer payé par tout paysan à son propriétaire. L’impulsion
pourrait avoir été donnée par Basile II, d’autant plus qu’ayant procédé à de
vastes confiscations, il avait accru la part des terres publiques. En tout cas,
le bureau chargé de gérer les terres possédées en propre par le fisc (oikeiaka)
apparaît dans la documentation en 1030 et prend une importance crois-
sante pour devenir, au XIIe siècle, la principale caisse du fisc en province
[Oikonomidès, 340].
La pronoia offre des revenus d’État à son bénéficiaire. La dévolution
d’un revenu fiscal à un particulier n’est pas une nouveauté de la fin du
XIe siècle, puisque les empereurs donnaient, nous l’avons dit, des sékréta à
leurs proches. Basile II lui-même, après avoir vaincu Bardas Sklèros en 989,
lui pardonna et lui offrit les revenus fiscaux de deux provinces d’Orient. De
même, Constantin Leichoudès, avant d’être nommé patriarche, avait dû
rendre les documents qui lui donnaient droit aux énormes revenus du sékré-
ton qui gérait la maison pieuse des Manganes. L’institution de la pronoia
donne un cadre à cette pratique. Il s’agit de l’attribution viagère par
l’empereur à un personnage, pas nécessairement un militaire, d’un revenu
de l’État (impôt foncier d’une terre, droits de douane, etc.) en récompense
de services rendus et à rendre, voire en tant que simple libéralité impériale.
L’État n’abandonne donc pas ses droits théoriques et il peut reprendre son
bien au cas où le service attendu ne serait pas accompli. L’État concède
donc le plus souvent une quantité d’impôt que les contribuables versent
non plus au percepteur, mais au pronoiaire. Il accorde éventuellement des
donations de parèques, c’est-à-dire que les parèques qui travaillaient sur les
terres de l’État et payaient à la fois un impôt et un loyer plus ou moins
confondu dans un même versement, le pakton, versaient la même somme au
bénéficiaire de la pronoia [Kazhdan, 389].
L’État évitait ainsi tout intermédiaire entre le contribuable et le fonc-
tionnaire à un moment où il cherchait à restreindre le coût de l’admi-
nistration. Le bénéficiaire avait l’assurance de revenus plus réguliers, puis-
qu’il se les procurait lui-même. Auparavant, il n’était pas rare de déplorer
des retards très importants dans le versement des rogai, qui conduisirent à
des rébellions militaires, notamment durant la crise monétaire de la
seconde moitié du XIe siècle, alors qu’on ne note pas de tels mouvements
chez les pronoiaires, avant 1204.
En principe, rien de changeait pour le contribuable, l’agent du pro-
noiaire se substituant au fonctionnaire du fisc. Le versement de l’impôt à
134 Les institutions de l’Empire
LA LOI
L’empereur reste l’unique source des lois, auxquelles lui-même n’est pas
soumis (princeps legibus solutus est), à l’exception des coutumes locales qui ser-
vent, par défaut, sur des points secondaires, lorsqu’elles ne contredisent pas
la législation impériale. Le souverain confie à des professionnels, tels les
questeurs, la rédaction des textes juridiques. À cette activité législatrice
s’ajoutent les nombreuses réponses aux questions de droit soulevées par les
fonctionnaires de l’Empire. Ces lyseis forment la jurisprudence. On s’est
interrogé sur l’influence de la christianisation dans l’évolution du droit
byzantin. Après avoir estimé que celle-ci était nettement perceptible dès
l’époque de Justinien, les spécialistes sont plus réservés, considérant que les
pratiques sociales et les traditions, parfois héritées de la plus haute Anti-
quité, ont elles-mêmes influencé le droit impérial et qu’il est donc difficile
de déterminer la part de chaque apport [Beaucamp, 269]. Toutefois, dans
certains domaines, comme le droit du mariage, l’influence de l’Église est
manifeste dans la réduction des possibilités de divorce et s’accrut au point
que les conflits dans ce domaine furent progressivement tranchés exclusive-
ment devant les tribunaux ecclésiastiques.
LES CODES
L’E c loga
L’Ecloga (« choix » des lois) constitue le premier effort de rénovation glo-
bale de la loi en vigueur depuis Justinien. Ce n’est pas un hasard si elle fut
promulguée en 741, alors que le pouvoir des Isauriens s’affermissait. Elle est
fort brève par rapport au Code Justinien, mais ses 18 livres balaient les princi-
paux aspects de la vie quotidienne. L’Ecloga fut augmentée d’appendices,
reprenant des textes antérieurs. Parmi ceux-ci, la Loi agraire, qui n’est pas un
L’administration impériale 137
Les Basiliques
L’usurpateur Basile Ier, soucieux de paraître bon souverain, s’attaqua à
la purification des lois et décida de refaire un code. L’Épanagôgè ou mieux
l’Eisagôgè (Introduction), fut le premier recueil en 40 titres à paraître, en
partie sous l’influence du patriarche Photius, pour être remplacé peu après
par le Procheiron (Manuel), rassemblant aussi 40 titres, où les prétendus erre-
ments de Photius étaient corrigés. Les deux codes avaient pour source com-
mune le Corpus Juris Civilis. Les Basiliques, promulguées par Léon VI, com-
portaient 60 livres organisés selon les thèmes. Le texte est également fondé
sur la compilation du Digeste et du Code de Justinien, en traduction grecque,
ainsi que sur les novelles de ce souverain, en éliminant les dispositions
jugées superflues ou obsolètes. Les praticiens du droit ont rapidement
ajouté des commentaires (scholies), souvent empruntés à des commentateurs
des VIe et VIIe siècles. D’autres ont rédigé des ouvrages facilitant le manie-
ment des Basiliques, dont le plus connu, la Synopsis Basilicorum Major, a béné-
ficié d’une large diffusion. Nombre de manuscrits conservés incluent égale-
ment, en appendice, les novelles des empereurs macédoniens et des
Comnènes.
LES NOVELLES
Tout enseignement public du droit avait cessé après le VIIe siècle. Les
exigences n’étaient pas identiques pour les futurs fonctionnaires ou pour les
jeunes gens destinés à devenir notaires ou tabulaires. Les fonctionnaires de
l’Empire, les juges notamment, n’avaient pas nécessairement acquis des
connaissances juridiques approfondies, mais ils étaient secondés par des
praticiens du droit. L’idée d’éduquer au Palais les auxiliaires directs du
pouvoir remonte à l’époque du césar Bardas, mais c’est Constantin Mono-
maque qui recréa une chaire publique, celle du nomophylax, qu’il confia à
l’un de ses anciens conseillers, Jean Xiphilin, futur patriarche, et qu’il éta-
blit dans sa grande fondation des Manganes. Cet enseignement était
d’abord destiné à former de hauts fonctionnaires compétents. On a le senti-
ment que le niveau et le nombre de bons juristes a régulièrement augmenté
aux XIe et XIIe siècles et que la précision des actes conservés, notamment au
Mont Athos, va croissant, 1204 ne marquant pas sur ce point d’inflexion
durable. L’éducation de tabulaires ou notaires est connue par le Livre de
l’Éparque. Pour obtenir l’un des 24 postes de notaires privés à Constanti-
nople, les apprentis devaient connaître par cœur les 60 livres des Basiliques.
Il existait des écoles professionnelles, qui semblent liées à celles donnant un
enseignement général comme celle située dans l’église des Quarante-
Martyrs [Magdalino, 570, p. 34-37]. On pouvait aussi assister aux cours du
nomophylax, à moins que ce dernier n’ait formé que des notaires publics.
Les praticiens disposaient de manuels : outre la Synopsis des Basiliques, le
Tipoukeitos, rédigé avant 1100, constitue un index des Basiliques, assorti de
références aux sources. En 1142, un juriste resté anonyme entreprit un
commentaire des Basiliques, appelé Ecloga Basilicorum, mais ne traita que dix
des 60 livres, comprenant des éléments de la législation plus récente et des
exemples concrets.
L’administration impériale 139
L’ADMINISTRATION CENTRALE
LE RECRUTEMENT ET LA RÉMUNÉRATION
DES FONCTIONNAIRES
rappelons qu’au VIe siècle, le jeune Jean Lydos recevait comme exceptor à la
préfecture du prétoire un salaire de 10 ou 20 nomismata, mais qu’il en avait
gagné 1 000 à titre d’émoluments pour ses actes, montant certes exception-
nel pour un débutant. À l’époque médiévale, une partie des fonctionnaires
civils subalternes étaient directement rémunérés par les usagers et devaient
acheter très cher leur charge, de 20 à 60 livres d’or pour les exemples
connus. Mais les revenus générés étaient considérables, du moins pour les
fonctionnaires du fisc. Quelques militaires étaient payés selon des modalités
comparables. Ainsi, le stratège de Mésopotamie percevait traditionnelle-
ment l’impôt commercial de sa province située à la frontière. On notera
l’absence d’uniformité et l’existence de nombreuses pratiques spécifiques
dues aux traditions locales.
Les empereurs avaient accordé ces hauts revenus dans l’espoir de
réduire la corruption endémique, celle des juges de thèmes étant la plus cri-
tiquée, car elle entraînait des jugements iniques. L’empereur Andronic Ier
Comnène décida de relever fortement leur traitement à condition qu’ils
renoncent à toucher des pots-de-vin. L’effet de la réforme n’excéda pas la
brève durée du règne de ce souverain. En complément de leurs revenus
monétaires, les fonctionnaires en mission hors de la capitale pouvaient exi-
ger le logement pour eux et leur suite, ainsi que le ravitaillement, sous
forme de kaniskia, « petits paniers » contenant par exemple des volailles.
Même ces prestations secondaires étaient strictement réglementées par des
textes, ce qui n’empêchait pas des abus.
Les revenus des très hauts fonctionnaires servaient aussi à rétribuer leur
entourage, la suite qui les accompagnait dans l’exercice de leur fonction,
notamment en province, et qui les distinguait des autres fonctionnaires subal-
ternes envoyés par Constantinople. Cet entourage permettait, par exemple, à
un stratège de thème de se faire respecter par les aristocrates de la province,
qui disposaient également de leur suite personnelle [Oikonomidès, 240].
LE S P R I N C I P A U X S E R V I C E S D E L ’ É T A T
Ici ne sont évoqués que les principaux services et les fonctionnaires res-
ponsables (Pour l’administration de Constantinople, cf. M. Kaplan,
chap. XI). Les bureaux de Constantinople étaient aussi peuplés de jeunes
secrétaires (grammatikoi), promis à une belle carrière pour les plus talen-
tueux, et d’un personnel subalterne de notaires, chargés de rédiger les
documents administratifs. Ils étaient souvent recrutés dans les familles de
l’aristocratie civile.
142 Les institutions de l’Empire
LA CHANCELLERIE1
LES FINANCES
Dans l’Antiquité, les services financiers avaient été dominés par le préfet
du prétoire, le comte des Largesses sacrées (comes sacrarum largitionum) et le
comte des Biens privés (comes rei privatae), qui disparurent tous au cours de la
première moitié du VIIe siècle [Haldon, 126]. Plusieurs grands sékréta prirent
la relève, dirigés par des fonctionnaires, appelés parfois logothètes, qui étaient
souvent d’anciens subordonnés du préfet et des comtes disparus. L’ancienne
distinction entre biens de la Couronne et biens du fisc fut maintenue.
Le logothète du génikon ( « général » ) dirige le principal service fiscal et
lève l’impôt sur la terre. Ses subordonnés ont compétence pour établir les
registres fiscaux (chartulaires), réviser le cadastre, là où il existe (époptes),
percevoir l’impôt (dioecètes). N. Oikonomidès, dans un article capital [635,
no VIII], a montré l’évolution de la fonction de commerciaire, qui est
affermée, depuis le milieu du VIIe siècle jusque sous Léon III, aux plus hauts
personnages de l’État. À cette même époque, les entrepôts (apothèkai) des
commerciaires sont attestés dans toutes les provinces de l’Empire et non plus
seulement en Orient, comme au VIe siècle. L’auteur attribue cette extension
au développement de la sériciculture et des productions de soieries, hypo-
thèse qui a rencontré le scepticisme. Mais, nous l’avons vu, l’autre hypothèse
proposée, celle de la collecte de la synonè, se heurte à de graves objections. À
partir du IXe siècle, les commerciaires devinrent de simples agents de percep-
tion des droits de transactions sur les marchés, et leurs sceaux perdent la
figure de l’empereur régnant, qui les distinguait des autres fonctionnaires.
1. Toutes les informations sur l’administration centrale et provinciale sont données par
N. Oikonomidès [28 et 345], H. Ahrweiler [335] et P. Magdalino [344].
L’administration impériale 143
Le comte des eaux, chargé de percevoir les taxes sur l’eau distribuée et
le comte de Lamia, chargé de collecter et sans doute de distribuer le blé
annonaire destiné aux fonctionnaires, dépendaient également du logothète
du génikon.
Le logothète du stratiôtikon s’occupe du recrutement et du financement de
l’armée. Il tient à jour les rôles militaires, notamment ceux où sont enregis-
trés les strateiai qui déterminent la liste des soldats des thèmes mobilisables.
Le préposé à la sacelle, qui n’apparaît qu’au IXe siècle, a en charge le
Trésor de l’État. Reflet de la diversité de ses tâches, il dispose de nombreux
subordonnés. Il a autorité, entre autres, sur les protonotaires des thèmes, les
contrôleurs des poids et mesures (zygostatès), et les responsables des établisse-
ments pieux qui ne sont pas indépendants : xénodochoi (hôteliers), gèrokomoi
(chefs des hospices).
Le chartulaire du vestiarion public était responsable de l’arsenal où
étaient conservés le nécessaire pour équiper une flotte et sans doute des
réserves de métaux précieux puisque de lui dépendaient non seulement
l’exartistès (chef de l’arsenal), mais aussi l’archonte tès charagès, chef du bureau
frappant la monnaie.
Le préposé à l’eidikon ou idikon, c’est-à-dire le Trésor spécial ou privé,
disposait de stocks monétaires et d’objets précieux (d’or ou de soie) qu’il uti-
lisait pour équiper une flotte et pour payer les rogai. Il commandait naturel-
lement les chefs d’ateliers (archontes des ergodosia), qui fournissaient les
objets précieux distribués au Palais.
Enfin, le sacellaire, dont la première fonction remonte à Zénon, était à
l’origine un membre du sacrum cubiculum et, dès le VIIe siècle, les empereurs
ont confié aux sacellaires, leurs hommes de confiance, des commandements
qui excédaient leurs compétences financières. Au VIIIe siècle, le sacellaire est
devenu le contrôleur des finances de l’État. Il est représenté dans chaque
bureau par des notaires.
Les maisons pieuses (euageis oikoi) sont constituées sur le même modèle
que les grands oikoi laïcs, possédant de vastes biens fonciers dans tout
l’Empire, administrés par un personnel spécialisé d’intendants. Leurs reve-
nus étaient en principe destinés à des œuvres charitables, mais furent plus
d’une fois détournés en faveur de protégés de l’empereur. Ils prirent une
importance croissante dès le IXe siècle et plusieurs de ces établissements
obtinrent leur indépendance administrative. Le grand curateur gère les
domaines impériaux, notamment par l’intermédiaire des intendants (épiskep-
144 Les institutions de l’Empire
titai), puis il est remplacé au XIe siècle par l’économe des maisons pieuses.
Le curateur des Manganes est chargé d’un des plus grands domaines impé-
riaux, réorganisé et gratifié d’au moins une très grande propriété par
Basile Ier, puis à nouveau doté largement par Constantin IX Monomaque.
L’orphanotrophe dirige le grand orphelinat de Constantinople [Miller, 634]
qui gagne en importance à partir du XIe siècle :
Les habitants sont logés et la nourriture et les vêtements leur sont fournis sans
effort de leur part par la main impériale. De façon étonnante, ces indigents ont,
comme de riches propriétaires fonciers disposant de revenus de toutes sortes,
comme intendant et administrateur de leurs moyens de subsistance, l’empereur
lui-même et ses collaborateurs (Alexiade, III, p. 215).
LE DROME
LA JUSTICE
La justice est rendue par de nombreuses instances dont il n’est pas tou-
jours facile de démêler les compétences, qui évoluent selon les époques. Si
L’administration impériale 145
L’ A D M I N I S T R A T I O N P R O V I N C I A L E
LES THÈMES
L’armée et la marine
PAR JEAN-CLAUDE CHEYNET
THÉMATA ET TAGMATA
e
IX siècle, lorsque le thème territoire devient la seule référence administra-
tive (sur l’organisation du thème cf. chap. VI). On trouve toutefois trace
de l’organisation primitive puisque dans tous les taktika, les stratèges des
quatre grands « thèmes » primitifs d’Orient, eux-mêmes héritiers des
contingents du début du VIIe siècle, conservent la préséance sur tous les
autres stratèges.
Ces thèmes ne proviennent donc pas d’une réforme qu’on pourrait por-
ter au crédit d’un empereur précis, ils sont simplement issus de l’ancienne
armée centrale de l’Empire, redéployée dans les provinces orientales encore
sauvegardées. Ils ne se situent pas non plus dans la continuité des limitanei
du Bas-Empire, contrairement à l’ancienne opinion encore défendue par
I. Gregoriou-Ioannidou [385], puisque les limitanei avaient disparu avant
même les transformations de la seconde moitié du VIIe siècle. La survie des
anciennes unités se vérifie à nouveau lorsqu’on observe les subdivisions de
ces thèmes : ainsi l’opsikion avait incorporé les bucellaires et les optimates.
Au VIIIe siècle, deux thèmes homonymes furent créés, pris sur l’ancienne
circonscription de l’Opsikion. De même, l’unité d’élite des fédérés (Zucker-
man, NC 1, p. 166-167) associée à l’armée d’Orient, est bien attestée au
début du IXe siècle en Pisidie, région qui relevait du thème des Anatoliques.
Mieux encore, parmi les unités mentionnées dans la préparation de l’expé-
dition en 911 contre la Crète, le tourmarque des Victores et celui des Théodo-
siaci, régiments jadis placés sous l’autorité du magister militum per Thracias
selon la Notitia Dignitatum, sont encore mobilisés, précisément dans le thème
des Thracésiens [Haldon, 387].
Lorsque la situation militaire eut exigé une nouvelle répartition des
troupes, celle-ci s’effectua dans un cadre qui annonce le thème. La Sicile,
désormais front du combat contre les musulmans qui s’étaient installés
dans la préfecture d’Afrique, devint une circonscription à part entière à la
fin du VIIe siècle. La consolidation des positions byzantines face aux Slaves
permit la création vers la même époque des stratégies de l’Hellade et de
Thrace. D’une façon plus générale, le nombre des circonscriptions
s’accrut, soit, dès le VIIIe siècle, par la division des grands ensembles pri-
mitifs, soit, à partir de la seconde moitié du IXe siècle, par la création de
nouveaux thèmes découpés dans les territoires reconquis. Au IXe siècle et
dans la première moitié du Xe siècle, les armées thématiques défendirent
l’Anatolie contre les raids désormais plus limités des musulmans : elles
s’appuyaient sur un système de guet dans les passes du Taurus, qui per-
mettait de protéger les populations, et sur une tactique d’embuscades et
d’utilisation des forteresses pour affaiblir l’adversaire avant de lui porter le
dernier coup et de délivrer les prisonniers. L’importance des défilés fut
reconnue par la création des cleisouries, comme à Séleucie d’Isaurie, qui,
confiées à un cleisourarque, se développèrent parfois pour former un
154 Les institutions de l’Empire
L’ORGANISATION ET LE RECRUTEMENT
DE L’ARMÉE THÉMATIQUE
L’ÉVOLUTION DE LA MARINE
1. À partir du Xe siècle, les tagmata peuvent être sous les ordres de ducs ou de catépans.
L’armée et la marine 161
parent de Vladimir de Kiev, fut massacré avec ses hommes dont on redou-
tait le comportement, mais a contrario Harald, futur roi de Norvège, venu à
Constantinople sous Michel IV avec quelques centaines des siens, fut l’un
des héros des guerres de Sicile et de Bulgarie, avant de repartir chez lui
couvert de richesses. D’autres, tel le Géorgien Grégoire Pakourianos, restè-
rent définitivement dans l’Empire et y fondèrent une famille au brillant des-
tin. Grégoire lui-même parvint au poste de domestique des scholes sous
Alexis Ier et bâtit à Backovo, en Bulgarie, un monastère où il accueillit ses
compagnons rescapés des nombreuses campagnes. Les étrangers furent
donc bien reçus, surtout ceux qui venaient d’Orient mais, au XIIe siècle, des
officiers latins aussi firent souche. À ces étrangers venus de pays au-delà des
frontières de l’Empire s’ajoutaient les contingents des ethnies vaincues éta-
blis dans l’Empire qui, de ce fait, n’étaient plus vraiment des étrangers, tels
les Slaves des sklavinies aux VIIe-IXe siècles, les Bulgares ou les Petchénè-
gues, actifs dans les armées des Comnènes.
Ponctuellement, l’empereur renforçait ses troupes en appelant des alliés
(symmachoi), y compris des païens qu’il embauchait le temps d’une cam-
pagne, sans qu’ils fussent destinés à intégrer les cadres de l’armée régulière,
mais en les laissant combattre sous leurs propres chefs. En 1091, Alexis
Comnène, désespérément à cours d’effectifs, s’allia aux Coumans pour se
débarrasser d’un autre peuple nomade, les Petchénègues. Après la victoire
commune, les Coumans rentrèrent dans leur campement situé au nord du
Danube, chargés de la part de butin que l’accord avec l’empereur leur avait
d’avance attribuée.
L’enrôlement d’étrangers suscita souvent des critiques, à mesure que
leur nombre augmentait. Au XIe siècle une partie de l’opinion, dont Kékau-
ménos [415] se fait l’écho, jugeait excessives les faveurs que les empereurs
leur accordaient. Ce reproche n’était pas sans fondement car les étrangers,
dans la seconde moitié du XIe siècle, obtinrent souvent des dignités supé-
rieures à celles octroyées aux autochtones de rang équivalent. Au XIIe siècle,
le ton se fit plus acide : Nicétas Chôniatès, porte-parole d’une partie des
élites constantinopolitaines, accusait l’empereur Manuel d’avoir accordé
aux étrangers trop d’avantages, sans distinguer les mérites, plaçant parfois
dans leur dépendance des Grecs autochtones. Si les Varanges jouissaient
d’une flatteuse réputation de fidélité, l’indiscipline et la rapacité des Latins
étaient proverbiales. Les régiments latins furent indociles en plusieurs occa-
sions, lors des conflits internes ou externes de la seconde moitié du
XIe siècle, mais ils n’exigeaient le plus souvent qu’un paiement ponctuel de
leur solde. Le seul à mener un jeu personnel, Roussel de Bailleul, au reste
fort populaire auprès des notables du thème des Arméniaques, qu’il défen-
dait contre les Turcs, ne pouvait prétendre personnellement au trône et dut
faire alliance avec le césar Jean Doucas pour faire pression sur l’empereur
L’armée et la marine 163
LES EFFECTIFS
Ces données sont compatibles avec les 80 000 hommes que Théophane
semble attribuer à toute l’armée de Constantin V en 783, et avec les effec-
tifs que Léon VI donne aux grands thèmes, en tenant compte de la part
d’exagération d’un empereur qui se garde de dévoiler une information stra-
tégique. Les effectifs combattant réellement étaient sans doute bien infé-
rieurs. Peut-être ces nombres correspondaient-ils aux familles enregistrées
dans les rôles militaires du bureau du stratiôtikon ? Postérieurement à cette
époque, nous ne disposons plus d’estimation générale. L’effort militaire
considérable du Xe siècle aura produit une augmentation des effectifs en
rapport avec l’accroissement du nombre des thèmes, suivie d’une baisse au
siècle suivant, sous le double effet de l’emploi massif de mercenaires beau-
coup plus coûteux, donc moins nombreux que les soldats qu’ils rempla-
çaient, puis de la perte de l’Asie Mineure, avant que les Comnènes ne réta-
blissent la situation, profitant d’un potentiel démographique accru et d’un
retour à la prospérité. Il faut se garder de prendre la liste des thèmes et de
multiplier le nombre des combattants par celui des thèmes, même en tenant
compte de leur taille, car il est certain que l’effectif théorique ne fut jamais
atteint. Lorsque de nouveaux thèmes frontaliers furent créés, leurs soldats
ont été prélevés, au moins partiellement, sur les anciennes unités. Quand
s’estompe la menace ennemie, l’entretien de toutes les forteresses fronta-
lières cesse d’être assuré [Holmes, 388].
Les estimations concernant les tagmata sont aussi fort divergentes. War-
ren Treadgold, s’appuyant sur les sources arabes, accepte pour les quatre
premiers tagmata pris ensemble 12 000, voire 24 000 hommes [Tread-
gold, 367], nombre élevé que John Haldon récuse, à juste titre, pour des
raisons financières [Haldon, 387]. Les effectifs officiels des soldats et marins
L’armée et la marine 165
engagés pour les expéditions de Crète en 911 et 949 offrent une base
incomplète, mais sûre. Furent mobilisés le domestique des hicanates avec
tout son régiment, soit 456 hommes, et le domestique des excubites avec
tous les siens, soit 700 combattants, mais les effectifs ont pu varier dans le
temps. Les scholes établis en Occident comptaient 869 combattants, indice
que ce régiment était plus important que les autres. Enfin, la cavalerie
lourde des cataphractaires mobilisés par Nicéphore II Phocas, fer de lance
de son armée, n’excédait guère les 500 hommes, d’après les traités mili-
taires [Dennis, 355].
Les effectifs des différents tagmata étaient donc disparates. Les Varanges
constituèrent l’unité la plus importante, comptant selon les sources 4 000 ou
6 000 hommes, mais on ne sait s’ils se maintinrent à ce niveau durant les
deux siècles suivants. Ensuite, par ordre d’importance, les scholes rassem-
blaient 30 escadrons (banda), probablement de 50 hommes chacun. Un
tagma formé d’autochtones, comme celui des archontopouloi créé par
Alexis Comnène, réunissait 2 000 hommes, alors que la plupart des tagmata
étrangers, francs notamment, semblent avoir compris entre 500 et
1 000 combattants.
S’il est difficile de déterminer l’effectif global des soldats à une époque
donnée, la taille des armées en campagne est plus facile à établir à partir des
sources narratives et des traités militaires et n’a guère varié au cours des siè-
cles. Quand l’armée des thèmes frontaliers repoussait un raid arabe, elle réu-
nissait au plus quelques milliers de cavaliers [Dagron, 357]. Au Xe siècle,
selon un traité militaire, lorsque l’empereur participe à la campagne, il est
accompagné de 15 à 25 000 hommes, nombre corroboré par les autres
sources [Dennis, 355 ; Cheynet, 381]. Il s’explique par les limites logistiques,
notamment l’impossibilité d’accumuler assez de nourriture pour des armées
nombreuses. Les difficultés rencontrées par les croisés en sont la preuve, en
dépit des accords préalables passés entre Alexis et leur chef pour établir des
marchés bien achalandés. Les effectifs des marins sont encore plus mal
connus, mais en 911, la flotte impériale avait mobilisé 19 600 marins.
Au total, même à partir du Xe siècle lorsque le commandement opéra-
tionnel des forces byzantines fut divisé entre l’Orient et l’Occident, l’Em-
pire n’a disposé que d’une seule armée capable de s’opposer à une invasion
massive, ce qui explique pourquoi, avant d’engager une bataille jugée déci-
sive, l’empereur fût-il présent ou non, l’armée d’Orient et celle d’Occident
faisaient toujours leur jonction, tout en laissant en couverture, dans la
partie de l’Empire qui n’était pas le théâtre des opérations, des troupes de
moindre qualité, mais capables de combattre sous un bon commandement.
Léon Phocas remporta ainsi sur Sayf al-Dawla l’une de ses plus belles vic-
toires avec les contingents de réserve pendant que son frère Nicéphore
assiégeait Chandax, en Crète, avec les meilleures troupes [Dagron, 357].
166 Les institutions de l’Empire
LE FINANCEMENT DE L’ARMÉE
E T LE P A I E M E N T D E S S O L D A T S
équiper un soldat démuni et, éventuellement, payer ses impôts. Déjà, une
novelle de Nicéphore Ier évalue à 18 nomismata et demi la somme nécessaire.
Pour stabiliser le système, les empereurs macédoniens décidèrent
d’inscrire sur les registres les maisons militaires avec leurs terres (stratiôtikoi
oikoi). D’où venaient ces terres ? Les soldats résidaient durablement dans le
même village et disposaient d’un peu de numéraire qui leur permettait
d’acquérir des terres et faisait d’eux des partis sans doute assez intéressants
pour attirer des héritières. Ce processus d’enracinement des soldats et, pour
les plus heureux, l’intégration à la nouvelle aristocratie en formation
s’observent bien en Italie [Brown, 1189]. Ces terres continuaient à suppor-
ter l’impôt foncier de base, mais leurs propriétaires étaient dispensés de tous
les impôts extraordinaires puisqu’ils fournissaient un combattant.
Au Xe siècle, la valeur des terres enregistrées dans les livres du fisc
dépendait du prix du service rendu. Pour un simple soldat, il fallait inscrire
quatre livres d’or de terres, ce qui en faisait un propriétaire important
(600 modioi, soit environ 60 ha de terres arables, c’est-à-dire l’équivalent de
six à dix fermes) et le plaçait donc bien au-dessus des paysans, même aisés.
Un simple marin détenait deux livres d’or. Lorsque Nicéphore II recruta sa
cavalerie lourde, qui exigeait un équipement fort coûteux, il mit en place
une nouvelle catégorie de propriétaires inscrivant un minimum de douze
livres d’or de terres, ce qui explique le faible nombre des combattants
recrutés.
Sans aucun doute, peu de soldats des thèmes eurent les moyens de faire
enregistrer des domaines d’une telle superficie d’autant plus que les hérita-
ges divisaient à l’occasion les lots. Plusieurs propriétaires d’une part de stra-
teia pouvaient s’associer pour fournir un combattant. Au cas où le stratiote
ne pouvait durablement maintenir ses capacités, la procédure d’adoreia per-
mettait de transférer ses terres à d’autres, en attendant qu’il retrouve ses
facultés contributives [Gorecki, 384].
LE DÉVELOPPEMENT DE LA PRONOIA
ment des soldats. Un texte fameux de Nicétas Chôniatès rappelle que les
ancêtres de Manuel avaient conféré des pronoiai seulement aux plus valeu-
reux guerriers qui s’étaient distingués face à l’ennemi, en faisant une récom-
pense très recherchée. Mais en élargissant cette pratique, l’empereur, selon
Chôniatès, aurait découragé les plus braves puisque tous bénéficiaient de
cette faveur, au point que la foule se serait précipitée vers les rôles mili-
taires, fût-ce en corrompant les officiers recruteurs, pour qu’ils acceptent
même les hommes inaptes à la guerre. Des artisans qui n’avaient jamais
touché une épée auraient abandonné un métier qui, en comparaison, les
nourrissait chichement. La réflexion de Chôniatès fait écho à une plainte de
Michel Psellos qui décrivait, au siècle précédent, une situation inverse, où
tous se détournaient des armes pour embrasser la carrière d’avocat. Chô-
niatès souligne enfin une conséquence néfaste de la réforme, lorsque les
contribuables devenaient victimes des représentants des pronoiaires qui leur
auraient arraché, selon ses termes, jusqu’à leur dernier vêtement. Ces criti-
ques sont excessives car l’État, respecté sous Manuel, avait les moyens de
réprimer les abus, mais le nouveau système recelait bien des dangers poten-
tiels en cas d’affaiblissement de l’autorité centrale. Le scepticisme est de
mise sur le prétendu afflux d’artisans dans les rangs de l’armée car,
avant 1204, on ne note aucune évolution particulière dans la composition
de l’armée. En fait, on ignore quelle proportion de soldats bénéficiait de ce
mode de rémunération, si les officiers furent davantage concernés et quel
impact social eut la donation de grosses pronoiai, quoique les empereurs,
avant 1204, aient gardé, semble-t-il, le contrôle de l’institution.
Par ailleurs, il est certain que le paiement en numéraire des troupes se
poursuivit largement tout au long du XIIe siècle : en avril 1204, les Varan-
ges demandaient une augmentation de leur solde, au moment même où les
Latins pénétraient dans la ville.
CONCLUSION
Edward Gibbon, suivant en cela toute une tradition, latine puis occiden-
tale, méprisait les commandants byzantins et leurs troupes pour ce qu’il
jugeait être un manque de combativité. Sans doute aurait-il trouvé une
confirmation de ce point de vue s’il avait lu leurs ouvrages de tactique. Leurs
rédacteurs en effet, anciens officiers pour la plupart, nous l’avons vu, recom-
mandent constamment d’éviter l’affrontement en rase campagne, mais plutôt
de surveiller l’ennemi, de le harceler, notamment à partir des garnisons des
forteresses. Il ne faut pas y voir une preuve de couardise, mais une juste
appréciation du rapport de force. L’Empire a presque toujours combattu des
adversaires plus nombreux que les effectifs de ses armées, tout particulière-
ment durant les deux premiers siècles du califat, qui disposait d’une supério-
rité économique et militaire écrasante. Les stratèges des thèmes ont su habi-
lement utiliser le handicap des Arabes, gênés par la longueur inévitable de
leurs lignes de ravitaillement, et tirer profit de leur excellente connaissance
du terrain pour limiter les dommages causés par les invasions. S’il n’était
obscurci par la chute de Constantinople en 1204, qui révèle davantage les
divisions internes de l’Empire que son infériorité militaire intrinsèque, le
bilan serait impressionnant, comparé aux Empires musulman ou franc, bien
établis aux VIIIe et IXe siècles et si rapidement en déclin.
C HA P I T R E V I I I
LE R E N O U V E LLE M E N T D E L A H A U T E A R I S T O C R A T I E
ment disparu, victime des troubles militaires et, peut-être, d’un accroisse-
ment de la pression fiscale, si l’exemple égyptien de la fin du VIe siècle doit
être généralisé, ce dont il n’y a pas de raison de douter. Les propriétaires
redevables du paiement de l’impôt foncier ne purent transférer sur les pay-
sans la hausse subie et perdirent leur rente fiscale. Ce furent sans doute les
moyens propriétaires qui souffrirent le plus [Zuckerman, 330]. Cette évolu-
tion s’observe le mieux en Italie [Brown, 1189]. Une partie des sénateurs
romains s’est probablement réfugiée à Constantinople où elle s’est mieux
maintenue. C’est aux représentants de cette élite que Théophane fait allusion
lorsqu’il rapporte que l’empereur Philippikos, après une procession solen-
nelle dans la capitale, invita à déjeuner les citoyens de vieille souche, formule
qui ne peut désigner que l’aristocratie traditionnelle.
En observant, lorsque c’est possible, les antécédents des grandes famil-
les, on note que plusieurs d’entre elles surgirent à l’époque des Isauriens et
que leurs membres exerçaient des fonctions militaires ; elles étaient issues,
quand la précision est donnée, de l’Anatolie. En dépit d’une information
insuffisante pour le VIIIe siècle, on peut hasarder le scénario suivant. Les
empereurs isauriens, puis Michel II et ses descendants au siècle suivant, ont
stabilisé le pouvoir impérial en s’appuyant sur certains officiers. Les souve-
rains ont assuré la fortune de ces derniers, ont multiplié les mariages qui les
rendaient solidaires de la dynastie. En retour, ces officiers ont soutenu les
empereurs contre l’aristocratie établie de longue date dans la capitale.
Celle-ci s’est ralliée, en majorité, aux iconodoules et, grâce à sa fortune fon-
cière, se trouve à l’origine de la floraison monastique en Bithynie à la fin du
VIIIe siècle, comme le montrent les cas de Théophane le Confesseur, de Pla-
ton et de son neveu, Théodore Stoudite. Quelques sources permettent de
suggérer que certaines familles à tradition civile remontent pour le moins
jusqu’au VIIe siècle. Nous connaissons ainsi les ancêtres des patriarches Ger-
main et Photius depuis la fin du VIIe siècle.
Ce poids si précoce de l’hérédité paraît aller contre la liberté absolue de
l’empereur de distinguer qui bon lui semblait. En réalité les maîtres de
l’Empire, pour conserver le soutien de puissants réseaux, veillaient à hono-
rer les enfants de leurs serviteurs zélés et, en conséquence, la nomination à
de hautes fonctions et le bénéfice de dignités élevées se maintenaient dans
les mêmes familles pendant plus d’un siècle parfois, comme ce fut le cas
pour les Phocas, les Maleïnoi, les Sklèroi... En cas de disgrâce, il suffisait de
couper ce flux et la famille cessait de tenir le premier rang, sans disparaître
nécessairement.
Cette pratique se perçoit mieux avec l’apparition des noms de familles,
signe du sentiment d’appartenance à un même génos et garant de la
mémoire générationnelle. Des noms qui remontent aux VIIIe et IXe siècles
sont encore attestés à l’époque des Paléologues, soit durant six à sept siè-
178 Les institutions de l’Empire
cles : les Mélissènoi, les Argyroi, les Doucas, les Kratéroi. L’eugéneia favorise
les carrières et l’empereur Léon VI prétendait en faire un critère, sans
exclusivité, pour le choix de ses généraux. La glorification des ancêtres
devient une arme sociale et à partir du Xe siècle quelques chroniques utili-
sent des archives familiales, celles des Kourkouas, des Phocas ou des
Kékauménoi au siècle suivant.
Le premier noyau de l’aristocratie militaire distingué sous les Isauriens,
déjà installé presque exclusivement en Anatolie, s’est renforcé au cours de
la longue lutte contre les Arabes et s’est enraciné dans les provinces fronta-
lières. Il s’est progressivement scindé en deux groupes principaux : l’un, ori-
ginaire de Paphlagonie et de Chaldie, était tourné vers l’émirat de Méli-
tène, puis la Mésopotamie ; l’autre, établi dans les Anatoliques, puis en
Cappadoce et dans le Charsianon, s’attaquait aux Arabes de Cilicie et
d’Antioche. Au Xe siècle, s’illustrent dans le premier groupe les Doucas,
Argyroi, Kourkouas, et dans le second, les Mélissènoi, Phocas, Maléïnoi,
Sklèroi [Cheynet, 422].
La réussite d’une lignée se traduit donc par la transmission des mêmes
fonctions sur plusieurs générations. Les listes des domestiques des scholes ou
des stratèges des Anatoliques du Xe siècle sont éloquentes à cet égard, puis-
qu’on y relève les noms de Phocas, de Maléïnos ou Tzimiskès... Sous Cons-
tantin VII, les Phocas, partageant avec les Macédoniens la haine des Léca-
pènes, cumulèrent le poste de domestique des scholes, confié à Bardas, ceux
de stratège des Anatoliques, de Cappadoce et de Séleucie, détenus respecti-
vement par Nicéphore, Léon et Constantin, les trois fils de Bardas [Chey-
net, 441]. Sans doute cet exemple est-il exceptionnel puisqu’il fut ensuite
stigmatisé par Basile II dans sa novelle contre les puissants, promulguée
après sa difficile victoire sur la rébellion de Bardas Phocas le Jeune [Chey-
net, 461 ; Holmes, 152].
Les Comnènes, favorisés par Basile II, réussirent à fédérer autour d’eux
l’élite militaire du XIe siècle [Barzos, 439]. Une femme, Anne Dalassènè,
belle-sœur de l’empereur Isaac Comnène, sut par des alliances matrimonia-
les unir ses nombreux enfants aux meilleurs partis de l’époque, les Dio-
gènes, les Tarônitai, les Mélissènoi, les Doucas, et, par des intrigues, obtenir
pour eux les plus hautes charges sous trois règnes successifs, pourtant sépa-
rés par des coups d’État, ceux de Romain IV Diogène, de Michel VII
Doucas et de Nicéphore III Botaneiatès (cf. tableau général) [Femmes et pou-
voirs, 454]. Notons que la prise du pouvoir par les Comnènes ne doit pas
s’interpréter comme le triomphe de militaires provinciaux, mais comme
celui d’une faction de la capitale car, depuis Basile II, c’était à Constanti-
nople qu’ils préparaient leur succès. Finalement l’avènement du second des
fils d’Anne Dalassènè, Alexis, marqua un triomphe attendu. Le nouvel
empereur consolida son pouvoir en suivant les mêmes méthodes, confortant
le soutien indispensable des Doucas [Polemis, 443] et obtenant l’appui des
Paléologues et finalement des « Macédoniens » par le mariage de sa fille
aînée, Anne, avec Nicéphore Bryennios, petit-fils du rebelle de 1077/1078,
qu’Alexis lui-même avait combattu pour le compte de Botaneiatès. Désor-
mais dans l’aristocratie le clivage se fit entre ceux qui étaient apparentés
aux Comnènes et ceux qui ne l’étaient pas, rejetés dans un statut de
seconde zone, quelque glorieux qu’eût été le nom qu’ils portaient.
Faut-il établir une nette opposition entre les familles à tradition militaire
et celles à tradition civile et considérer que l’avènement des Comnènes
symbolise la victoire des premières ? En effet, les guerres civiles du XIe siècle
ont été parfois interprétées en termes de conflit entre militaires et civils. Or,
dans les camps qui s’affrontent, la prosopographie révèle des alliances
mêlant des familles de chaque tradition. De plus, la séparation entre les
deux groupes n’est pas étanche et des liens matrimoniaux les unissent assez
fréquemment, même si l’endogamie l’emporte. Enfin l’appartenance à une
catégorie n’est pas figée et, comme l’avait déjà remarqué Alexandre Kazh-
dan, bien des familles de l’aristocratie militaire du Xe siècle se sont recon-
182
La descendance masculine des Comnènes (Xe-XIIe s.)
Les classes dirigeantes de l’Empire 183
Pétraliphai, les Rogérioi, les Lapardai. Dans la seconde moitié du XIe siècle
et sous les Comnènes, les Turcs parvinrent à de hautes charges militaires.
Tatikios et Jean Axouch, faits prisonniers tout jeunes, furent élevés respecti-
vement avec Alexis Comnène et Jean II, dont ils devinrent les hommes de
confiance. Doit-on y voir une exception à la règle de la bonne naissance
des nouveaux venus ? Ce n’est pas certain, car on n’associait pas aux jeux
d’un futur empereur des enfants de souche médiocre [Brand, 432]. Le fils
de l’émir de Crète, capturé lors de la reconquête de l’île, se distingua rapi-
dement dans la guerre menée par Tzimiskès contre les Russes et fonda la
famille des Anémas. De même les enfants royaux bulgares, capturés
en 1018 par Basile II, furent tous unis aux meilleurs partis d’Anatolie [Bozi-
lov, 431]. Seuls les chefs de la garde varange, fussent-ils russes, anglais ou
danois, n’ont pas laissé de trace.
LE S M O Y E N S D E L ’ I N F L U E N C E
Les mariages étaient censés unir les intérêts des deux familles co-
contractantes ou, à tout le moins, interrompre les rivalités privées.
L’exemple le plus abouti de la formation d’une véritable faction est, comme
nous l’avons vu, celui des Comnènes, qui a conduit à la réorganisation de
la couche supérieure de l’aristocratie, mais il n’est finalement que le dernier
d’une longue liste. Si la formation des premiers regroupements aux VIIe et
VIIIe siècles nous échappe partiellement, faute de sources [Auzépy, 438], le
réseau d’alliances noué autour des principaux chefs militaires et même au-
delà parmi l’aristocratie de la capitale apparaît en pleine lumière au début
du IXe siècle lorsque nous découvrons que les principaux officiers secondant
le domestique des scholes, Bardanios le Turc, sont liés par mariage. Un
autre regroupement se dessine autour de la nombreuse famille de l’impé-
ratrice Théodôra, qui survécut à la chute de la dynastie macédonienne. La
réussite la plus accomplie, avant celle des Comnènes, est à mettre au
compte des Phocas au Xe siècle, qui fédérèrent toutes les lignées remarqua-
bles d’Asie Mineure (cf. tableau). Les Maléïnoi soutinrent indéfectiblement
les Phocas dans toutes leurs entreprises et partagèrent leur malheureux des-
tin, mais les Sklèroi, qui disposaient d’autres soutiens, notamment parmi les
Arméniens, ne se sentirent pas solidaires, en dépit de leurs liens matrimo-
niaux, et restèrent des rivaux dans la conquête du pouvoir [Cheynet, 441].
Tableau généalogique des Phocas
du IXe siècle au début du XIe siècle
186 Les institutions de l’Empire
De même les Kourkouas, d’où était issu Jean Tzimiskès, jouèrent leur
propre carte. Les obligations liées à la parenté, notamment l’entraide,
s’estompaient assez vite et ne se faisaient plus guère sentir entre cousins
issus de germains alors qu’elles s’exerçaient fortement entre oncle et neveu.
Les empereurs n’avaient pas qualité pour se mêler des affaires matrimo-
niales, cependant ils ne s’en désintéressaient pas. Tout d’abord les mariages
au sein de leur famille ne se concluaient pas sans leur accord, avec un con-
trôle de plus en plus élargi. Basile Ier interdit à ses filles de se marier pour
éviter des belles-familles envahissantes ; Manuel Comnène intervint pour
briser l’union entre l’une de ses cousines et un Mésaritès dont il jugeait la
naissance trop médiocre pour prétendre à une princesse de sang impérial.
Basile II choisit les conjoints de quelques-uns de ses protégés : sur son
injonction, le futur empereur Isaac Comnène épousa une princesse bulgare.
Plus généralement, les empereurs, dont Basile II une nouvelle fois, s’effor-
cèrent de maîtriser les alliances matrimoniales de la haute aristocratie par
l’intermédiaire de l’Église, qui prit des dispositions de plus en plus restric-
tives en matière d’empêchement de mariage pour consanguinité, en distin-
guant les cas dirimants où, une fois l’empêchement constaté, le mariage
était immédiatement annulé, et les autres où il pouvait être maintenu. Il
existait donc une marge d’appréciation [Laiou, 733].
Ajoutons que le mariage ne constituait pas le seul moyen de réunir des
familles ou des individus. Les parentés spirituelles offraient également le
moyen soit de confirmer une alliance, soit de désarmer un adversaire poten-
tiel, soit de marquer sa place dans la société : Michel Psellos s’enorgueillissait
d’avoir pour marraine de son petit-fils, l’impératrice Marie d’Alanie. Les
liens spirituels étaient pris en compte par l’Église dans le décompte des
degrés de parenté [Macrides, 456 ; Patlagean, 752].
La fraternité d’adoption ne recevait pas en revanche la sanction de
l’Église, mais rapprochait deux personnes par leur seule volonté. Ainsi deux
généraux, Romain Diogène futur empereur et Nicéphore Bryennios futur
prétendant au trône, s’étaient adoptés comme frères.
villes, qu’on n’atteint guère que par des stéréotypes, de la sainte femme à la
prostituée. Les prostituées, condamnées par l’Église, mais tolérées par la
société, servaient, à Constantinople, à valoriser la philanthropie impériale,
car les souverains créèrent souvent des monastères pour accueillir ces mal-
heureuses condamnées le plus souvent à la mendicité. Les seuls témoignages
exploitables, et encore, à peu d’exceptions près, proviennent-ils des cercles
masculins, concernent les femmes de la haute société.
La place des femmes est largement héritée de l’époque précédente
[Beaucamp, 271] et tient aux traits qu’on continue à leur prêter : leur « fai-
blesse » et leur pudeur menacée quand elles s’exposent au public ; elles sont
considérées comme d’éternelles mineures, sans toutefois les soumettre à une
tutelle. Dans le couple, l’inégalité est de règle : seul le père a pouvoir (exou-
sia) sur ses enfants. En conséquence, les femmes jouissent d’un statut pro-
tégé, notamment contre le rapt ou sur le plan financier, mais inférieur,
aussi bien dans la sphère civile que dans l’Église. Les femmes restent écar-
tées des fonctions publiques, n’ont pas la faculté d’agir en justice, sauf en de
rares cas, et leur témoignage ne peut être reçu que sur des points où les
hommes ne peuvent enquêter, tels les accouchements [Beaucamp, 453].
Dans l’Église, elles n’ont évidemment pas accès au sacerdoce, se voient
interdire l’entrée dans l’espace sacré délimité par le chancel, en raison des
règles de pureté d’origine vétéro-testamentaire et n’ont pas le droit de
prendre la parole en public. En revanche, elles peuvent évidemment diriger
les monastères féminins. On ne sait si ces règles rigoureuses ont toujours été
respectées dans la sphère laïque. Ainsi, les veuves, tant qu’elles ne se rema-
riaient pas, disposaient d’une grande liberté d’action au titre de leurs
enfants mineurs.
Les femmes de l’aristocratie ont toujours joué un rôle significatif, mais il
est resté en filigrane dans nos sources. À partir du XIe siècle, au sein des
familles les plus éminentes, les femmes acquièrent une place significative,
car les liens du sang pèsent davantage et elles exercent un vrai pouvoir
puisqu’elles représentent leur famille d’origine et disposent de leurs biens
propres. Elles sont libres de rédiger un testament ou de passer des contrats.
Irène Doukaina, épouse d’Alexis Ier, n’hésita pas à rompre le mariage de sa
fille Eudocie qu’elle estimait maltraitée par son époux Michel, lui-même
membre de l’illustre famille des Iasitai. L’influence des impératrices d’ori-
gine grecque s’est accrue sous les Comnènes et les Anges : Irène Doukaina
ou Euphrosyne Kamatèrissa, épouse d’Alexis III Ange, participèrent active-
ment aux intrigues politiques de leur temps. Les épouses gardaient le nom
de leur père et ne prenaient pas celui de leur époux. Il arrivait même que
des enfants relevassent le nom de leur mère, plus renommé, au détriment
de celui de leur père. Par ailleurs, certaines femmes de l’aristocratie, notam-
ment dans la famille des Comnènes, ont acquis une haute culture : Anne
188 Les institutions de l’Empire
Comnène ne fut pas une figure isolée, d’autres princesses du XIIe siècle ani-
mèrent des cercles littéraires ou se firent dédicacer des œuvres savantes
[Gouma-Peterson, 181].
LES CLIENTÈLES
Les palais des aristocrates étaient assurément gardés par des serviteurs
armés dont le nombre dépendait du statut de leur patron. D’après de rares
testaments où le testateur donne la liste des legs qu’il laisse à ses domesti-
ques, y compris les esclaves, on voit que ce nombre se compte au mieux
par dizaines chez des personnages qui ne sont pas les premiers de l’État. Le
plus riche de tous, le parakoimomène Basile, véritable empereur sans le
titre, qui avait rassemblé une clientèle hors du commun, mobilisait jusqu’à
3 000 partisans. Une bande de quelques dizaines d’hommes suffisait aux
notables locaux aussi bien pour régler à coups de bâton ou à l’arme
blanche les querelles de voisinage contre d’autres puissants, que pour com-
mettre des exactions envers les faibles, mais ne permettait pas de lutter
contre des soldats de métier. Ainsi, Constantin IX, en 1047, à bout de res-
sources face à Léon Tornikios qui l’assiégeait avec l’aide des tagmata
d’Occident, avait armé les serviteurs des sénateurs de la capitale et les avait
fait sortir hors des murailles contre les régiments du rebelle. Les malheu-
reux furent dispersés sur le champ, s’enfuirent en grand désordre et aban-
donnèrent jusqu’à la garde des remparts.
On s’est aussi interrogé sur l’éventuelle possession de forteresses par des
magnats. Durant quelques décennies à la fin du XIe siècle, une loi avait auto-
risé des particuliers à construire des forteresses, car l’État n’avait plus l’argent
Les classes dirigeantes de l’Empire 193
nécessaire, mais le propriétaire de ces ouvrages ne les détenait que pour une
ou deux générations [Oikonomidès, 460]. De plus, aucune forteresse
majeure ne semble avoir été construite de cette façon. Bien entendu, les
palais aristocratiques, notamment dans le plat pays, comportaient un réduit
défensif pour protéger le trésor et les hommes contre des bandes de voleurs.
Quel que fût le nombre de gardes ou de maisons fortes, l’empereur
n’avait pas grand-chose à craindre, même si plusieurs puissants personnages
unissaient leurs forces. La vraie menace provenait du lien très fort qui unis-
sait le général glorieux et populaire à ses hommes, attache confortée par les
solidarités familiales et territoriales. Les officiers combattaient au milieu de
leurs parents et de soldats souvent issus de la même province, du moins jus-
qu’au XIe siècle. Les Phocas au Xe siècle ou les Diogènes au siècle suivant
pouvaient compter sur le soutien indéfectible des Cappadociens qu’ils
avaient souvent conduits à la victoire et par là même enrichis. Les empe-
reurs étaient conscients de la force de ces liens et, dès qu’ils soupçonnaient
un général de trop favoriser ses hommes pour se les attacher, ils le démet-
taient de sa charge, parfois bien à tort, entraînant ce qu’ils avaient souhaité
éviter, la révolte de l’intéressé, comme le domestique des scholes Manuel
sous Théophile, Andronic Doucas sous Léon VI, Georges Maniakès sous
Michel IV. Lorsqu’un rebelle réunissait une forte armée, la masse de ses
serviteurs, fussent-ils les plus dévoués au prétendant, n’en constituait pas le
fondement, c’étaient alors les régiments de l’armée régulière qu’il avait su
rallier.
Des savants, au premier rang desquels Georges Ostrogorsky [460] et
plus récemment, avec plus de réserve, Nicolas Oikonomidès, ont considéré
que les structures étatiques se sont progressivement désagrégées au profit de
l’aristocratie qui aurait usurpé les droits régaliens de l’usage de la force, de
la levée de l’impôt et du droit de justice. Une chronologie est même pro-
posée : le XIe siècle marquerait une étape significative avec des empereurs
faibles, ce qui expliquerait le recul général des frontières, les Comnènes
auraient accentué cette évolution parfois qualifiée de féodalisation, le règne
des Paléologues en marquant l’aboutissement avec l’éclatement de l’Em-
pire. Nous avons vu que rien ne suggère un recul sensible de la puissance
publique et que les empereurs, jusqu’en 1204, ont presque conservé intactes
leurs prérogatives. Cela ne signifie pas que les notables n’aient pas exercé
d’emprise sur les populations locales. Kékauménos, dans ses Conseils et Récits,
montre qu’on attendait d’eux qu’ils favorisent leurs amis en cas de levées
fiscales exceptionnelles ou qu’ils règlent les différends opposant les villageois
sans passer par les tribunaux officiels.
194 Les institutions de l’Empire
LES RÉVOLTES
REVENDIQUER LE TRÔNE
prendre les armes et deux réussirent, Léon III et Léon V, mais aussi plu-
sieurs domestiques des scholes, lorsque cette charge devint la plus impor-
tante de l’armée à partir du Xe siècle : le meilleur exemple fut Nicéphore
Phocas en 963.
Les époques de régence ne furent qu’une variante du cas précédent.
Une longue vacance du pouvoir aiguisait les ambitions et les minorités
impériales virent se multiplier les tentatives de coups d’État : celui de Cons-
tantin Doucas – encore un domestique des scholes –, durant la régence de
Zôè, puis l’éviction de cette même impératrice par Romain Lécapène, ou
les succès de Nicéphore II Phocas et de Jean Tzimiskès durant la minorité
de Basile II. Dans d’autres cas, c’était une menace réelle ou supposée
contre les intéressés et leur faction qui guidait leur offensive : frapper avant
d’être aveuglé soi-même, tant les empereurs se méfiaient souvent des per-
sonnalités populaires à leur cour. Citons les noms de Michel II, de
Basile Ier, d’Alexis Comnène ou d’Isaac Ange.
Le succès d’un général entraînant la majorité des troupes n’était pas
garanti, comme le prouvent les échecs de Bardanios le Turc face à Nicé-
phore Ier, de Thomas le Slave devant Michel II, de Bardas Phocas contre
Basile II, pour ne citer que les déconvenues les plus spectaculaires. Les
murailles de la capitale et le trésor impérial qui permettait de solder de
nouvelles troupes sauvèrent plus d’un empereur, Michel II, Basile II ou
Constantin IX. En fait, jamais un usurpateur ne franchit de vive force les
défenses de Constantinople et ceux qui entrèrent dans la capitale dispo-
saient de complicités ou d’un parti à l’intérieur de la ville : la trahison de
Michel VI, en 1057, par le patriarche Michel Cérulaire et ses amis, en
constitue le modèle le plus éclatant.
La tactique d’un empereur confronté à une puissante opposition, armée
ou non, consistait à isoler le prétendant en le privant de ses soutiens par
une surenchère en matière de dignités et de donations. À plusieurs reprises
les chroniqueurs rapportent qu’un espion de l’empereur s’introduit dans le
camp du rebelle, porteur secret de chrysobulles offrant des dignités à ses
principaux lieutenants. Cette méthode a révélé son efficacité contre de
nombreux généraux car, pour beaucoup de conjurés, tant que le préten-
dant n’était pas apparu comme le vainqueur probable, il valait mieux négo-
cier son ralliement avant qu’il ne fût trop tard plutôt que subir le châtiment
pour crime de lèse-majesté, l’aveuglement. On vit même des proches livrer
leur chef, lorsque sa position semblait compromise, pour échapper à toute
punition, voire augmenter leurs avantages. En revanche, une nette victoire
de l’insurgé faisait basculer dans le camp du vainqueur les indécis, soucieux
de vendre leur appui à celui qui apparaissait désormais comme le futur sou-
verain. C’est ainsi qu’Isaac Comnène, victorieux à Nicée des troupes impé-
riales de Michel VI, enregistra le ralliement de nombreux dignitaires, dont
196 Les institutions de l’Empire
LE SÉPARATISME ETHNIQUE
LA DISSIDENCE GRECQUE
On s’attendrait à ce que les sujets grecs du basileus lui aient obéi sans
réserve, mais des mécontentements, le plus souvent d’origine fiscale, provo-
quèrent des oppositions armées. Au début du IXe siècle en Sicile, un officier,
Euphèmios, fit appel aux Arabes d’Afrique pour renforcer son emprise sur
l’île, se proclama basileus, davantage pour augmenter son prestige à l’égard des
populations que par une véritable envie de conquérir La capitale de l’Empire.
Finalement il échoua, quoique son geste permît aux Arabes de prendre pied
durablement dans l’île. Nous retrouvons dans ce cas plusieurs des traits d’une
révolte locale : la distance depuis Constantinople, bien qu’une armée venant
d’Italie fût capable d’étouffer la rébellion ; les ressources que fournissait l’île,
alors l’une des provinces les plus florissantes de l’Empire.
Le poids de la fiscalité poussa la population de la Calabre au Xe siècle,
celle de Naupacte et celle d’Antioche de Syrie au siècle suivant à s’opposer
par les armes aux fonctionnaires du fisc envoyés par Constantinople. Tous
ces mouvements finirent réprimés dans le sang. Les premiers signes
d’affaiblissement des liens entre la capitale et ses provinces apparaissent
dans le cadre de la crise de la fin du XIe siècle, lorsque la Crète [Tsougara-
kis, 1088] et Chypre, protégées par leur insularité, firent dissidence un bref
moment. À la fin du XIIe siècle, plusieurs mouvements soulignent la gravité
de l’évolution. Chypre à nouveau fit sécession sous l’impulsion d’un
membre de la famille impériale, Isaac Comnène. Sans doute ce dernier se
proclama-t-il basileus dans l’île, faute d’avoir réussi à entraîner le reste de
l’Empire contre Andronic Ier. Cependant l’échec d’Isaac II Ange, qui ne
put chasser l’usurpateur soutenu par les autochtones et appuyé par une
flotte normande, suggère que la population acceptait d’être séparée de
Constantinople. En revanche, sa résistance aux Anglais de Richard Cœur
de Lion et plus encore aux Latins de Terre sainte indique son désir de res-
ter sous l’autorité d’un souverain grec et orthodoxe.
Le second exemple, celui de Théodore Mankaphas à Philadelphie, est
plus caractéristique de la nouvelle tendance. Philadelphie, capitale du
Les classes dirigeantes de l’Empire 199
thème des Thracésiens, avait participé à la lutte contre les Turcs. Or Théo-
dore réussit à soustraire la ville à l’autorité d’Isaac II Ange avec l’appui de
l’aristocratie locale et à étendre son autorité sur les villes voisines, ce qui le
rendit maître de la partie la plus riche de l’Asie Mineure. Il se proclama
basileus, frappa monnaie, mais sans chercher en aucune manière à marcher
vers Constantinople. Isaac II finit par le réduire, alors que Théodore
n’avait pas hésité demander secours aux Turcs, mais les proches de Théo-
dore, avant de le laisser capturer, avaient obtenu la promesse qu’il ne lui
serait fait aucun mal. De plus, appeler les Turcs n’avait pas contribué à le
rendre populaire à Philadelphie. Peu avant la première chute de Constanti-
nople, Théodore Mankaphas s’était de nouveau rendu maître de Phila-
delphie. Cette région, dont les habitants semblent avoir envisagé d’être gou-
vernés sans référence à Constantinople, forma le cœur de l’État nicéen
après la prise de Constantinople par les Latins en 1204. La révolte de Man-
kaphas annonce la possibilité de vivre une identité byzantine hors de Cons-
tantinople [Cheynet, 464].
En Occident également, Léon Sgouros, originaire de Nauplie, qui
s’attaqua avec succès à Corinthe, chercha à se tailler une principauté ; le
blocus de Constantinople en 1203 favorisa son avance, même si le métro-
polite d’Athènes, Michel Chôniatès, s’opposa à lui, du moins tant que la
capitale ne fut pas définitivement tombée aux mains des Latins. Ce person-
nage, dont le statut d’origine reste inconnu, mais dont des parents servirent
dans les bureaux de la capitale, trouva lui aussi des appuis dans la popula-
tion locale, même s’il fit aussi pression par la force. Sans atteindre le stade
de la révolte ouverte, d’autres villes de Grèce ne laissèrent plus entrer les
agents du fisc, s’abritant derrière leurs murailles ou leur position naturelle
favorable. Les élites locales, portées par la prospérité générale, contestaient
le paiement de l’impôt alors même que le gouvernement central se montrait
incapable de les protéger efficacement. Un sentiment d’hostilité, qu’il ne
faut pas généraliser, à l’égard des habitants privilégiés de Constantinople,
s’était répandu comme le rapporte Nicétas Chôniatès, réfugié en Thrace
à proximité de la capitale. Ces dissidences, moins spectaculaires que les
grandes rébellions et moins scrupuleusement notées par les chroniqueurs,
étaient plus dangereuses pour la cohésion de l’État ; elles préfigurent
l’éclatement de l’Empire après 1204 en plusieurs États irréductibles.
L’évolution des élites byzantines partage plus de traits communs avec le
reste de la chrétienté, notamment à l’époque carolingienne, que ne le sup-
poserait l’image traditionnelle, mais simplificatrice, qu’on se fait de l’Em-
pire, structure centralisée et puissante, qui est bien celle que les empereurs
voulaient donner, mais qui dissimule en partie la dépendance de Constanti-
nople à l’égard de ses relais en province qu’étaient les aristocrates locaux.
Le souverain devait ménager les plus puissantes familles d’officiers sous
200 Les institutions de l’Empire
peine de susciter des troubles graves. Sans doute, par rapport à ses collè-
gues occidentaux, le maître de Constantinople disposa longtemps d’atouts
supérieurs en matière de richesses à répartir en raison d’un système fiscal
mieux préservé et d’une meilleure capacité à répartir des faveurs viagères.
L’aristocratie constituait l’ossature de l’Empire, comme en témoigne
a contrario la politique d’Andronic Ier Comnène. Usurpateur soucieux de
protéger son pouvoir et de le transmettre à ses fils, il fit des coupes som-
bres dans les rangs de la plus haute aristocratie et, pour une génération,
affaiblit doublement l’État en le privant de ses meilleurs officiers et de
candidats de valeur au trône, ce qui permit d’une part aux puissances
étrangères d’empiéter plus ou moins largement sur le territoire impérial et
d’autre part de laisser régner des souverains médiocres. Ce n’est pas la
seule raison de la chute de Constantinople en 1204, mais c’en est un des
facteurs incontestables.
TRO IS IÈ M E PA R TIE
L e s fo n d em en ts
d e l a c i v i lis a tio n b y z a n tin e
C HA P I T R E I X
Population et démographie
PAR JACQUES LEFORT
LA POPULATION
LA DIVERSITÉ DU PEUPLEMENT
moins peuplé des Balkans qu’en Grèce, où l’occupation du sol était plus
dense. Les régions habitées principalement par des Slaves étaient nommées
par les Byzantins sklavinies, d’après le nom des Sclavènes ; dans le sud des
Balkans, leurs habitants passèrent, parfois dès la fin du VIIIe siècle, au ser-
vice de l’empereur.
De moindre importance fut, en contrecoup de la conquête des pro-
vinces arméniennes par les Arabes, l’installation pacifique d’Arméniens
dans l’Empire, en particulier au VIIIe siècle, peut-être surtout dans la moitié
orientale de l’Asie Mineure. Ainsi, selon une source arménienne, 12 000
d’entre eux, accompagnés de leur famille, cherchant à échapper à diverses
exactions, furent accueillis vers 790 [Charanis, 475, V, p. 197]. Christiani-
sés depuis le début du IVe siècle, le plus souvent en désaccord dogmatique
avec l’Église de Constantinople sauf par esprit de compromis, dotés d’une
liturgie ancienne et d’une structure sociale forte [cf. Garsoïan, 485 ; L’Ar-
ménie et Byzance, 469], souvent installés dans un milieu faiblement hellénisé,
les Arméniens furent moins facilement intégrés à la société byzantine que
les Slaves de Grèce, sauf bien sûr dans le cas de l’aristocratie [Brous-
selle, 473], dont la place dans l’histoire politique de Byzance est, on le sait,
importante. Dans l’ensemble pourtant, les Arméniens ne s’hellénisèrent pas,
d’autant moins que le mouvement migratoire s’amplifia lorsque les armées
impériales eurent reconquis les anciennes provinces arméniennes à la fin du
Xe siècle [Asolik, 69, p. 141], et surtout au milieu du XIe siècle à l’époque
des raids saldjûkides. L’aire d’accueil, dépassant l’Anatolie orientale, attei-
gnit la Cappadoce et la Syrie.
D’autres phénomènes migratoires doivent au moins être signalés : au
début de l’époque considérée, des Grecs fuyant l’invasion ou la persécution
ont pu s’installer en Italie du Sud et en Sicile [Charanis, 475, XIV], puis des
Grecs de Sicile et de Calabre près de Gallipoli, en nombre suffisant pour
avoir partiellement ré-hellénisé cette région latine [Martin, 503]. À la fin du
e e
X siècle et au début du XI , des Syriens monophysites repeuplèrent les
régions conquises sur les Arabes [Dagron, 478]. Au milieu du XIe siècle, un
peuple turc, les Petchénègues [Pritsak, 513], pressé par le déplacement
récent d’un autre peuple de même origine, les Ouzes, traversèrent le Danube
[Skylitzès, 58, p. 455, 458] ; ils furent christianisés et installés au sud de la
Serbie, dans une région alors peu peuplée. Les Petchénègues furent suivis de
peu par leurs alliés les Coumans, eux aussi turcophones [Savvidès, 516]. Bien
d’autres indications, liées ou non à des migrations, par exemple la présence
dans l’Empire de marchands occidentaux ou musulmans, étrangers dont le
statut juridique n’est pas tout à fait clair [Laiou, 492], permettraient de com-
pléter le catalogue des peuples de l’Empire. Selon une source occidentale,
20 000 Vénitiens y résidaient à la fin du XIIe siècle, la moitié d’entre eux à
Constantinople [Hendy, 651, p. 593].
208 Les fondements de la civilisation byzantine
gènes. Il en est ainsi pour les élites sociales venues se mettre au service de
l’empereur : par exemple les Arméniens déjà évoqués ou les Arabes qui
s’agrégèrent à l’aristocratie byzantine [Cheynet, 477] ; d’autres venaient
pour bénéficier des lumières de l’orthodoxie, c’est le cas des moines géor-
giens ou amalfitains du mont Athos à la fin du Xe siècle [cf. Iviron I, p. 36].
L’hellénisation a également affecté, dans le monde paysan, les allogènes
minoritaires en pays grec, bien que le bilinguisme déjà mentionné, dont
témoignent microtoponymes, anthroponymes et signatures sur les docu-
ments de l’Athos, ait joué, à cet égard, un rôle ambigu, puisqu’il contribuait
à maintenir l’usage de la langue d’origine. Mais, en Grèce, l’étude linguis-
tique de la forme grecque des toponymes slaves suggère, au moins partielle-
ment, l’hellénisation précoce de la population slave, avant le IXe siècle dans
le Péloponnèse [Vasmer, 522], avant le XIe siècle en Macédoine orientale
[Brunet, 474].
En revanche, là où les Grecs étaient minoritaires, on ne constate pas ou
peu de phénomènes d’hellénisation. Dans ces régions, le fait que d’autres
langues que le grec aient déjà été des langues liturgiques (en Occident le
latin, en Orient le syriaque, l’arménien et le géorgien), ou qu’elles le soient
devenues (dans les Balkans le slavon à la fin du IXe siècle) a contribué à
limiter plus qu’ailleurs les progrès de l’hellénisation. Quatre domaines géo-
graphiques linguistico-religieux tendirent ainsi à se former ou à se consoli-
der, dont deux étaient entièrement ou principalement « orthodoxes », grec
dans la partie centrale de l’Empire, slave au nord des Balkans, un troisième,
romain, et enfin un domaine arménien et monophysite en Asie Mineure
orientale. Ces domaines, dont les limites furent changeantes, n’étaient pas
homogènes : en Asie Mineure comme dans les Balkans, la faible hellénisa-
tion de certains peuples, leur christianisation superficielle et leur fidélité à
leurs croyances favorisaient, parmi d’autres raisons peut-être, l’apparition
de sectes souvent liées à un groupe linguistique particulier, qui étaient
considérées à Constantinople comme hérétiques : celles qui s’épanouirent
en Phrygie depuis le VIe siècle, les Pauliciens des régions arméniennes
aux VIIIe-IXe siècles [Lemerle, 500], ou les Bogomiles de Bulgarie au
Xe siècle [Obolensky, 508].
LA P O LI T I Q U E D E S E M P E R E U R S
mière moitié du VIIe siècle. Mais par la suite ils furent nombreux, jusqu’au
Xe siècle ; le plus souvent directement liés à la guerre contre les Arabes et
les Bulgares, ils consistaient surtout à déplacer des populations des Balkans
en Orient et vice versa, les provinces d’accueil étant principalement la
Bithynie et la Thrace, qui assuraient la défense rapprochée de la capitale.
Dans la seconde moitié du VIIe siècle, des Slaves faits prisonniers dans
les Balkans furent installés en Asie Mineure pour défendre le pays contre les
Arabes, sous Constant II, puis sous Justinien II ; dans le second cas, on sait
que les Slaves furent installés en Bithynie [Ditten, 480, p. 209-234]. À nou-
veau, au milieu du VIIIe siècle, sous Constantin V, des Slaves qui avaient fui
l’État bulgare, 208 000 selon le patriarche Nicéphore [53, p. 69], furent ins-
tallés au nord-est de la Bithynie [Théophane 52, p. 432]. En sens inverse,
d’Orient vers l’Occident, des chrétiens du Liban, des Mardaïtes, furent
transplantés en Pamphylie sous Justinien II, sans doute en raison de leur
compétence dans la marine de guerre ; par la suite, ils furent utilisés en
Grèce, avec la même spécialisation [Ahrweiler, 377, p. 399-400]. Des
Arméniens et des Syriens faits prisonniers pendant les campagnes de Cons-
tantin V contre les Arabes furent installés en Thrace [Théophane, p. 429].
De même sous Léon IV, dans les mêmes conditions, plus de
150 000 Syriens, selon une source arménienne, furent établis dans la même
province [Ditten, 480, p. 192]. Sous Constantin VI, des soldats du thème
des Arméniaques qui s’étaient révoltés furent envoyés en Sicile et dans
d’autres îles [Théophane, p. 469]. Au IXe siècle, sous Michel Ier, des héré-
tiques de Phrygie, les Athinganoi (ce terme a servi ensuite à désigner les
Tsiganes) furent déportés en Europe et dans les îles [Ditten, 480, p. 199-
203] ; mais le sort des Pauliciens après la prise de Téfrikè (878) n’est pas
clair : leur rapport avec les Bogomiles de Thrace au Xe siècle, qu’on a
évoqué en raison de la ressemblance supposée de leurs croyances respec-
tives, et qui impliquerait que certains Pauliciens aient été installés dans cette
province, reste hypothétique [Lemerle, 500, p. 108-110]. À la fin du
Xe siècle, des musulmans faits prisonniers dans la Syrie reconquise furent
déportés dans l’Empire : par exemple, 200 000 en 965 [Dagron, 478,
p. 183]. Ensuite, Basile II fit venir des Arméniens en Macédoine, « pour les
opposer aux Bulgares et faire prospérer cette contrée » [Asolik, 69, p. 74].
On pourrait citer des exemples plus tardifs : ainsi, au début du XIIe siècle,
Jean II déporta des prisonniers serbes en Bithynie ; il leur distribua des ter-
res et enrôla certains d’entre eux dans l’armée [Chôniatès, 64, p. 16].
Comme technique impériale aidant à résoudre des difficultés locales ou
circonstantielles, les transferts de population avaient un long avenir. À
l’époque considérée, il semble assuré qu’ils ont joué un rôle militaire impor-
tant aux VIIe-IXe siècles, lorsque l’Empire était à la fois menacé et peu peu-
plé ; par la suite, lorsqu’une sûreté plus grande permit un essor démogra-
214 Les fondements de la civilisation byzantine
phique et que l’État, plus riche, put plus souvent solder des mercenaires, ils
n’ont eu, à cet égard, qu’un rôle plus marginal. Pour les VIIe-IXe siècles, il
est difficile d’apprécier l’importance fiscale ou économique qu’ont pu avoir
les transferts de population ; elle fut sans doute grande, dans la mesure où
l’installation de populations dans des régions fertiles et dépeuplées contri-
buait à les mettre en valeur ; les prisonniers de guerre, parfois vendus
comme esclaves, furent utilisés dans l’économie rurale jusqu’au XIe siècle.
On a discuté, mais sur des bases fragiles, le bien-fondé politique de certains
transferts de populations hétérodoxes, qui auraient déplacé l’insécurité
d’une province à une autre plutôt qu’ils ne l’auraient diminuée [Charanis,
475, III, p. 151-154]. Il semble en tout cas que l’importance proprement
démographique des transferts de population ait été exagérée, comme l’a
été, à une autre échelle il est vrai, celle de la migration slave.
QUESTIONS DÉMOGRAPHIQUES
LA RÉPARTITION DE LA POPULATION
ser des remarques. Dans l’ensemble, les régions proches de la mer, princi-
palement vouées à l’agriculture, étaient plus peuplées que l’intérieur des ter-
res, souvent consacré à l’élevage, qui nécessite moins de main-d’œuvre.
Cette répartition contrastée des formes de l’occupation du sol est attestée
sur le territoire de l’Empire avant comme après l’époque étudiée. Les diffé-
rences considérables dans la densité du peuplement qui en résultent sont
évoquées par de nombreuses sources, par exemple dans les récits laissés par
les croisés, qui opposent aux « déserts » d’autres régions bien peuplées et
cultivées rencontrées par eux en traversant les Balkans puis l’Asie Mineure
[Hendy, 651 p. 35-44].
Partout, la population était essentiellement rurale ; celle-ci était le plus
souvent groupée en villages de quelques dizaines de feux ou en plus petits
hameaux. L’existence de bourgades, dont le rôle social a été souligné pour
l’époque protobyzantine [Dagron, 479] et dont certaines sont devenues des
villes médiévales, n’empêche pas que l’opposition entre la ville et le village
ait été ordinairement tranchée, principalement parce que la première était
fortifiée et que ses fonctions étaient diversifiées, le second étant générale-
ment un habitat ouvert [Bouras, 472]. À la fin de l’époque étudiée, et en
dehors de notables exceptions (Thessalonique est la seule ville en dehors de
la capitale à avoir sans doute atteint 100 000 habitants [Charanis, 475, I,
p. 8]), et de particularités régionales (les villes de Cilicie et de Syrie du
Nord comptaient couramment plusieurs dizaines de milliers d’habitants
[Vryonis, 523, VIII, p. 220-221], la plupart des villes ne regroupaient tout
au plus que quelques milliers d’individus, si l’on en juge par les sources
écrites, rarement explicites ou faciles à interpréter, ou d’après la superficie
des enceintes urbaines, qui était souvent restreinte. Les régions dans les-
quelles le réseau des villes était le plus dense étaient proches de la mer,
aussi bien dans les Balkans qu’en Asie Mineure [Hendy, 651, p. 69-100] et
en Italie du Sud [Martin-Noyé, 1222]. Ce fait souligne les contrastes de
densité déjà signalés. Bien que le nombre des villes et la population de
beaucoup d’entre elles aient augmenté au cours de l’époque étudiée, la
population urbaine n’a sûrement jamais atteint 10 % de l’ensemble.
L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE
que l’Empire n’avait jamais été aussi densément peuplé qu’aux VIIe-VIIIe siè-
cles grâce aux invasions slaves, on y a fait allusion, puisqu’il avait été vic-
time d’un déclin démographique à partir du Xe ou du XIe siècle, en raison
du « féodalisme », et cette idée s’est durablement imposée [Lefort, 498] ;
elle est aujourd’hui abandonnée au profit d’une conception inverse, qui
rend mieux compte de l’histoire, en particulier économique, de Byzance :
un Empire peu peuplé aux VIIe et VIIIe siècles, puis un essor démographique
continu depuis le IXe siècle jusqu’au début du XIVe. Ce renversement des
perspectives est dû à la convergence d’indices fournis par des documents
nouvellement publiés et par des études indépendantes entre elles et menées
dans des domaines divers, archéologique, numismatique et paléo-
géographique en particulier.
On sait que l’Empire était bien peuplé au début du VIe siècle (NC 1,
p. 195-196). La capitale comptait alors peut-être 400 000 habitants
[Mango, 571, p. 51] et les cités qui organisaient l’espace rural dans les pro-
vinces étaient prospères. Les changements que l’on constate à partir du
VIIe siècle, le déclin des villes, ou plutôt le remplacement des vastes cités
antiques par des évêchés médiévaux souvent plus à l’étroit [Spieser, 517],
l’abandon d’habitats anciens au profit de sites mieux protégés et la diminu-
tion, voire l’interruption de la circulation monétaire [Morrisson, 506,
p. 302-303] témoignent avant tout de transformations sociales et de l’insé-
curité qui régnait. Mais d’autres faits attestent plus directement une raréfac-
tion de la population. La place accordée par un recueil juridique du
VIIIe siècle (l’Ecloga) au contrat d’emphytéose, qui est favorable à l’exploi-
tant, suggère qu’à cette époque la main-d’œuvre était peu nombreuse [Hal-
don, 126, p. 134]. L’installation de Slaves en Bithynie, d’Arméniens et de
Syriens en Thrace aux VIIe-VIIIe siècles, qui a été évoquée plus haut,
implique que ces provinces proches de la capitale aient été alors insuffisam-
ment peuplées aux yeux des autorités. Les plus anciens documents de
l’Athos montrent aussi que certains secteurs de la Chalcidique étaient
encore dépeuplés à la fin du IXe siècle [cf. Iviron I, p. 29], voire au milieu
du Xe. Enfin et surtout, des prospections archéologiques, des enquêtes paly-
nologiques [cf. Dunn, 534] et des recherches paléogéographiques [Geyer-
Dalongeville-Lefort, 486] suggèrent, en Argolide, en Macédoine, en
Bithynie ou en Lycie, une occupation du sol, cultures ou habitats, moins
importante aux VIIe-VIIIe siècles qu’elle ne l’avait été au VIe. C’est dans ce
contexte de dépopulation que les déportations évoquées ci-dessus trouvent
leur signification principale.
On s’accorde généralement à considérer que la peste de 541/542
[Allen, 467] et ses retours jusqu’en 747 ont été le principal facteur du
déclin démographique dans les villes comme dans les campagnes, bien que
celles-ci aient été moins souvent directement touchées, et même si l’épi-
Population et démographie 217
démie du VIe siècle n’a pas réduit, comme on l’a parfois admis, la popula-
tion de moitié. Une diminution dans l’ensemble comprise entre 20 et 30 %
est plus vraisemblable [Biraben, 471, p. 122-123] ; mais celle-ci fut peut-
être particulièrement forte à Constantinople, qui, pour des raisons sans
doute à la fois économiques et épidémiologiques, ne comptait peut-être que
40 000 habitants au milieu du VIIIe siècle [Mango, 571, p. 54 ; évaluation
moins pessimiste de Magdalino, 570, p. 18 : peut-être 70 000 habitants]. Il
semble en tout cas que les épidémies affectaient le volume de la population
plus gravement que les guerres, dont le rôle négatif est surtout lié aux épi-
démies qu’elles propageaient. Pour les mêmes raisons, le bénéfice démogra-
phique que constituaient les migrations vers l’Empire n’a pu être que
modeste.
L’extinction de la peste au milieu du VIIIe siècle a peut-être suffi à inver-
ser la tendance [Treadgold, 140, p. 36]. Aux siècles suivants, c’est la sécu-
rité croissante qui a permis l’essor démographique. Cet essor a été lent, en
raison de l’insécurité persistante dans certaines régions, en particulier du
fait de la piraterie le long des côtes, et de la fragilité économique de nom-
breuses exploitations paysannes, dont témoignent les famines ; elles étaient
dues à de multiples causes : par exemple à l’hiver froid de 927/928
[Lemerle, 553, p. 94] ; d’autres famines, au XIe siècle, s’accompagnèrent
d’épidémies et entraînèrent la fuite des populations locales [Svoronos, 520,
IX, p. 12-13]. L’essor démographique s’est peut-être accéléré au XIIe siècle,
surtout en raison d’une organisation croissante des activités économiques,
en particulier du commerce des grains ; on constate en tout cas qu’il n’y eut
pas de famine à cette époque [Magdalino, 192, p. 142].
Les indices de l’accroissement de la population sont nets dans le monde
urbain comme à la campagne, bien qu’ils soient tous indirects. Le nombre
des évêchés, tel qu’on peut l’estimer d’après les listes de signatures aux
conciles, a presque doublé entre la fin du VIIe siècle et la fin du IXe. Éphèse,
détruite par les Perses au début du VIIe siècle, redevint un centre actif
au IXe [Foss, 484]. En Grèce, l’essor d’Athènes et de Thèbes entre les Xe et
XIIe siècles est manifeste [Harvey, 488, p. 218-219]. Et la population de la
capitale ne cessa de croître : elle atteignit peut-être de nouveau 400 000 à la
fin du XIIe siècle, si l’on considère, comme on l’admet actuellement, que
l’estimation donnée par Villehardouin est vraisemblable [Magdalino, 570,
p. 55-57]. À la campagne, en Italie du Sud comme en Macédoine, la fon-
dation continue, à partir du Xe siècle, de hameaux situés aux confins des
territoires villageois suppose aussi une population plus nombreuse, dont
l’accroissement fut suffisant pour qu’apparaissent dès le XIIIe siècle des désé-
quilibres économiques (ils entraînèrent la désertion de certains hameaux),
ou écologiques (la destruction de quelques terroirs par l’érosion pourrait
dater de cette époque) [Lefort-Martin, 496]. Pour la même époque, vont
218 Les fondements de la civilisation byzantine
dans le même sens des faits qui attestent soit un recul de la forêt, soit une
extension des cultures, en Grèce, en Macédoine, en Thrace, en Bithynie et
en Lycie (cf. ci-dessous, p. 233). Enfin, en Macédoine orientale, les docu-
ments fiscaux qui permettent de comparer le nombre des feux dans neuf
villages ou hameaux entre le début du XIIe siècle et le début du XIVe siècle,
indiquent en moyenne une augmentation importante de la population
[Lefort, 499]. Certains indices suggèrent aussi qu’à la fin du XIIe siècle les
régions centrales de l’Empire étaient au moins aussi densément peuplées
qu’elles l’avaient été dans la première moitié du VIe siècle [Lefort, 494,
p. 215].
LE VOLUME DE LA POPULATION
Il n’est pas sûr que la courbe (par endroits floue), qui est suggérée par ces
estimations, rende suffisamment compte des phénomènes démographiques
mentionnés ci-dessus. Quant aux volumes évoqués, qui présentent parfois
des divergences importantes pour une même époque, une comparaison avec
l’Occident médiéval suggère seulement qu’ils sont tous, à défaut de mieux,
plausibles : selon P. Chaunu, l’ensemble de la chrétienté latine, à l’intérieur
de laquelle on admet des densités régionales contrastées, de 5-6 à 25-30 habi-
tants au kilomètre carré au milieu du XIIIe siècle, aurait compté à cette
époque de 40 à 45 millions d’âmes1. En Orient, des estimations faites pour la
Macédoine orientale et pour la Bithynie suggèrent une densité de 20 habi-
tants au kilomètre carré (Macédoine : Lefort, 549, p. 299, n. 59 ; Bithynie :
Geyer, 1021, p. 416), mais les disparités régionales sont considérables.
Les recherches sur la population de l’Empire, longtemps attentives à
l’étude des « nations » qui le composaient, pourraient utilement se dévelop-
per dans une direction quantitative, qui permettrait de cerner un peu
mieux une réalité dont l’importance est évidente. À ce sujet, rappelons que
les ordres de grandeur que l’on peut proposer lorsqu’on en a vérifié la
cohérence ont une vertu sinon informative du moins heuristique.
1. P. Chaunu, L’expansion européenne du XIIIe au XVe siècle, Paris, 1969 (« Nouvelle Clio », 26), p. 79.
C HA P I T R E X
LE S C O N D I T I O N S D E L A P R O D U C T I O N A G R I C O L E
L’OUTILLAGE
rés par les juristes byzantins comme les héritiers des colons de l’époque pro-
tobyzantine, qui pouvaient posséder des biens meubles, et après trente ans
obtenir un statut de locataire, mais restaient attachés à la terre qu’ils étaient
obligés de cultiver contre redevance. Au Xe siècle encore, un jugement sou-
ligne que les parèques n’ont aucun droit sur les biens qu’ils louent, qu’ils ne
peuvent donc ni les aliéner ni les transmettre [Weiss, 566], mais au XIe siècle
un autre jugement fait valoir qu’après trente ans les parèques ne peuvent
plus être chassés de leur terre ; ils en sont considérés « comme les maîtres »
(comme possessores, avec des droits analogues à ceux d’un propriétaire), à
condition bien sûr qu’ils s’acquittent du loyer [Peira, 15, 2 et 3].
La distinction entre propriétaire et locataire s’affaiblit à partir du
moment où les tenures de parèques furent considérées comme héréditaires,
et dès lors que certains parèques accédèrent à la propriété. Or, les docu-
ments suggèrent que dès le XIe siècle peut-être, et au XIIe siècle assurément,
les parèques étaient propriétaires de certaines des terres qu’ils exploitaient
[Oikonomidès, 555]. Par ailleurs, la distinction entre villageois et parèques
s’obscurcit à partir du XIe siècle, lorsque, progressivement, des villages entiers
furent transformés en domaines, sans que la condition économique des habi-
tants en fût apparemment détériorée, puisqu’on voit au contraire à cette
époque la société rurale s’affermir. C’est pourquoi, s’il s’agit d’examiner les
conditions de la production agricole, il semble légitime de considérer que,
sinon le monde paysan dans son ensemble, du moins celui des exploitants
formait une unité, quelle que fût la diversité du statut des agriculteurs. Or le
rôle de l’exploitation paysanne était prépondérant dans la production agri-
cole, même sur les domaines, comme l’a montré N. Svoronos [561].
L’exploitation paysan n e
On peut estimer que la plus grande partie des terres arables, dans le
cadre du domaine ou dans celui du village, était mise en culture au sein
d’exploitations paysannes tenues par le chef de famille aidé de sa femme et
de ses enfants, qui formaient un feu. Les maisons paysannes (sur les maisons
byzantines, cf. Bouras, 532 ; Ellys, 535) ne sont systématiquement mention-
nées qu’au XIVe siècle par les rédacteurs de certains actes fiscaux. Aussi
bien dans le village que sur le domaine, ces maisons étaient parfois rudi-
mentaires, en particulier dans le cas des pasteurs.
L’exploitation paysanne, telle qu’on la connaît à travers les documents
fiscaux entre le XIe et le XIVe siècle, comportait en moyenne non pas un
attelage comme on l’a parfois admis [Kaplan, 545, p. 195, 500], mais plu-
tôt un seul bœuf. C’était par exemple le cas au début du XIIe siècle à Rado-
libos [Iviron II, no 51]. À ce bœuf du paysan moyen, il faut ajouter – du
moins au début du XIVe siècle dans la région de Thessalonique – six têtes
de bétail. Ces données suggèrent que les exploitations paysannes compor-
taient toutes un cheptel dont l’importance n’est pas négligeable, aussi bien
pour l’alimentation que pour les capacités de fumure. Les paysans n’avaient
pas le monopole de l’apiculture, mais il semble que cette activité, à coup
sûr source de profit puisque le miel était la seule source de sucre et la cire
la principale source d’éclairage, ait été plus répandue dans les petites
exploitations que dans les grandes.
La superficie des exploitations paysannes était proportionnée à la force
de travail ; dans les régions céréalières, elle a peut-être souvent oscillé autour
de 4 à 5 ha dans le cas des boïdatoi, qui ne disposaient que d’un bœuf, et de 8
à 10 ha dans celui des zeugaratoi, qui détenaient un attelage. Mais elle pouvait
être plus réduite, principalement pour deux raisons, qui ne s’excluent pas :
a) certaines exploitations, orientées davantage vers l’élevage, vers la viticul-
ture ou d’autres activités, n’accordaient à la céréaliculture qu’une superficie
226 Les fondements de la civilisation byzantine
puisque tous les noms de cépages antiques ont disparu au Moyen Âge, de
même sans doute que la notion de cépage. Des vins qualifiés par leur origine
géographique sont de nouveau attestés au Xe siècle ; au XIIe siècle, le Ptocho-
prodrome cite, parmi les vins consommés à Constantinople, ceux de Varna
en Bulgarie, du Ganos en Thrace, de Lesbos, de Chios, de Samos et de
Crète [Ptochoprodrome, IV, p. 139-175] ; et Michel Chôniatès, entre autres,
ceux d’Eubée, de Chios et de Rhodes [Michel Chôniatès, p. 83]. La vigne
était plus particulièrement cultivée dans certains secteurs de Bulgarie, en
Bithynie, dans les îles de l’Égée et sur les côtes de l’Anatolie [Hendy, 651].
Au Xe siècle, sans doute en raison de l’altitude (1 150 m), le blé ne
venait pas à Synada en Phrygie [Hendy, 651, p. 139-140], bien qu’il soit
aujourd’hui cultivé dans cette région, sans doute à la suite de la sélection
récente de variétés plus résistantes. Importante est pour l’économie rurale la
mention de blés de printemps, qui étaient souvent semés lorsque le blé
d’hiver n’avait rien ou peu donné, et qui pouvaient intervenir dans la rota-
tion des cultures : ils étaient semés en février ou en mars, là où le climat le
permettait. L’existence du blé de printemps est attestée au début du
XIIe siècle dans le Synodikon géorgien du monastère d’Iviron [Iviron II, p. 4].
Ce qu’on sait, en particulier par les allusions au commerce ou au transport
des grains, sur les régions plus particulièrement productrices de blé, ou de
céréales en général, montre qu’elles étaient souvent proches de la mer : la
Thessalie, la Macédoine, la Thrace, les côtes de l’Asie Mineure [Teall, 562,
p. 117-128 ; Hendy, 561, p. 46, 49-50]. L’orge, panifiable comme une
grande partie des blés, venait partout, parce qu’elle est plus rustique. Le
millet, lui aussi consommable, est une céréale de printemps ; il est men-
tionné dans divers textes aux XIe et XIIe siècles. On retiendra que la culture
de deux céréales s’est répandue au Moyen Âge, le seigle et l’avoine. Le
seigle, inconnu dans l’Antiquité grecque, absent des Géoponiques, a été cultivé
en Occident dès le début du Moyen Âge [Ruas, 558], et il l’était au
XIIIe siècle en Chalcidique [Xèropotamou, no 9] ; on en faisait du pain.
L’avoine, simple mauvaise herbe dans l’Antiquité grecque, mais déjà
consommée sous forme de fourrage par les moutons des Géoponiques, était
cultivée pour le grain au XIe siècle d’après les listes d’exemptions
[cf. Lavra I, no 48]. L’avoine était sans doute réservée aux animaux, notam-
ment pour nourrir les chevaux de l’armée.
Les légumineuses cultivées semblent être dans l’ensemble les mêmes que
dans les Géoponiques (lentilles, fèves, pois chiches, etc.). Elles étaient cultivées
dans les jardins, mais certaines d’entre elles au moins l’étaient en plein
champ, et elles contribuaient à la régénération des sols (cf. ci-dessous).
Les légumes étaient variés, du moins dans les banlieues maraîchères des
grandes villes. À partir du livre XII des Géoponiques, en particulier du cha-
pitre 1, qui expose ce qu’on semait « sous le climat de Constantinople »,
228 Les fondements de la civilisation byzantine
Les prés étaient sans doute moins rares sur les domaines que dans les
exploitations paysannes. Parcelles de grande valeur, que le fisc classait
presque toujours en terre « de première qualité », ils pouvaient être assez
vastes.
Les parcelles cultivées en vigne étaient en général petites, de l’ordre de
1 000 m2. Elles étaient en majorité aux mains des petits exploitants. Au
début du XIVe siècle dans certains villages de Macédoine, les paysans possé-
daient en moyenne 0,25 ha de vigne. La viticulture jouait un rôle non
négligeable dans l’économie paysanne. La production est inconnue ; on a
émis l’hypothèse qu’elle pouvait atteindre 25 hl à l’hectare en Chalcidique
[Papaggélos, 557, p. 224], ce qui n’est peut-être pas invraisemblable, bien
que la seule donnée, indirecte, que nous ayons suggère dans la même
région un rendement deux fois moins élevé [Iviron II, no 42]. Quoi qu’il en
soit, un vigneron qui cultivait plus de 0,25 ha de vigne produisait plus de
vin que ce qui était nécessaire à la consommation du feu.
Les champs étaient en général constitués de parcelles rectangulaires, de
forme ramassée [Lefort, 494] et ils étaient souvent situés dans un paysage
ouvert ; mais leur superficie était très variable. Les données suggèrent
l’existence à certains endroits d’un parcellaire aux mailles d’autant plus
serrées que l’occupation du sol était ancienne, les partages successoraux
aboutissant à diviser certains champs ; ailleurs, là où le parcellaire était
beaucoup plus lâche, il faudrait pouvoir faire la part de conditions géogra-
phiques ou historiques qui le plus souvent nous échappent. Après la mois-
son et avant les labours, les champs étaient mis en pâture [Code rural,
§ 27 ; Iviron I, no 9], ce qui les fumait. Les rendements augmentaient lente-
ment du fait de la sélection des semences, qui est attestée chez les agrono-
mes latins et dans les Géoponiques, auxquels Psellos [527, p. 247] emprunte
les conseils qu’il donne à ce sujet. Il n’y a aucune raison de penser que les
paysans byzantins ne choisissaient pas eux aussi leurs semences et, de toute
façon, la sélection se fait pour une part automatiquement. Les rendements
obtenus pouvaient de plus se maintenir et même s’accroître lorsque la terre
laissée en jachère était cultivée en légumineuses, certaines d’entre elles aug-
mentant sa fertilité, ce que les auteurs anciens signalent déjà [Pline, HN,
XVIII, 50 ; Géoponiques, II, 12, 2]. Nous n’avons que peu d’informations sur
le mode de culture des céréales à Byzance. Il est vraisemblable qu’à la fin
de l’époque considérée, au nord de la mer Égée, en Macédoine en tout cas,
la jachère biennale était courante ; elle est certaine en Chalcidique au
XIIIe siècle [Lefort, 550, p. 368, 370]. La rotation des cultures : blé/légumi-
neuses ou blé/orge de printemps, le second ensemencement étant pris sur
la jachère, est d’ailleurs ancienne ; elle est mentionnée dans les Géoponiques
[II, 12, 2 ; III, 3, 12 ; III, 6-7]. Or les textes et l’archéologie laissent deviner
l’importance des légumineuses et leur rôle dans le système de culture. La
230 Les fondements de la civilisation byzantine
mention de l’achat à prix fixé de légumes secs dans les listes d’exemptions
du XIe siècle [par ex. Lavra I, no 48] suggère que ceux-ci n’étaient pas seule-
ment un produit du jardin réservé à l’alimentation de la famille comme on
l’a dit, mais qu’ils intervenaient dans le cycle de la céréaliculture. Il en était
ainsi dans le Latium au milieu du Xe siècle [Toubert, 565, p. 248]. Dans la
Pouille, l’introduction des légumineuses dans la rotation des cultures semble
dater seulement du début du XIIe siècle [Martin, 1215, p. 336]. Ces faits
révèlent l’existence de pratiques qui étaient connues depuis longtemps.
Dans l’ensemble, nous avons affaire à une agriculture certes tradition-
nelle, mais qui avait par elle-même, jusqu’à un certain point, la faculté de
s’améliorer. Le défrichement étant une tout autre affaire, il y a lieu de pen-
ser qu’on ne s’y décidait qu’après avoir épuisé les possibilités d’améliora-
tion, lorsque l’exploitation la plus intensive possible des champs disponibles
ne suffisait plus.
Nous n’avons pas d’informations directes sur le rendement en céréales ;
en aurions-nous qu’il faudrait rappeler leurs grandes variations interannuel-
les. En Grèce en 1921, le rendement du blé était en moyenne de 6,6 q à
l’hectare. Celui de l’orge était un peu plus élevé : 7,1 q à l’hectare [Jardé,
544, p. 203-205]. Tels sont les ordres de grandeur que l’agriculture byzan-
tine n’a sûrement pas dépassés, ni peut-être atteints sauf par exception. Au
XIIIe siècle, il semble qu’on puisse déduire d’un acte que le rendement de
l’orge était en Chalcidique d’environ 5,4 q à l’hectare [Lefort, 550, p. 369].
Pour Radolibos au début du XIIe siècle, des calculs suggèrent que le rende-
ment minimum des céréales était d’environ 5,3 q à l’hectare, ce qui repré-
sente, en gros, un rapport de quatre grains récoltés pour un semé [Lefort,
494, p. 222]. Le peu que l’on sait sur la céréaliculture byzantine, qui
s’effectuait, rappelons-le, dans le cadre de la petite exploitation – les
champs labourés à l’araire, l’existence vraisemblable d’une jachère biennale
et de cultures dérobées, l’introduction de plantes nouvelles –, suggère que
les pratiques agricoles médiévales n’étaient pas moins élaborées que celles
de l’époque protobyzantine. D’après ce qu’on vient de voir, il semble que,
dans les régions les plus fertiles, des rendements moyens un peu supérieurs
à 5 q à l’hectare soient plausibles au XIIe siècle.
L’image qu’on nous a présentée d’une céréaliculture extensive occupant
d’immenses espaces, routinière et peu productive, a joué un rôle important
dans les représentations qu’on s’est faites de l’économie byzantine ; on a
même suggéré que le sort de Byzance aurait dépendu des piètres perfor-
mances de ses agriculteurs [Kaplan, 545, p. 24, 56, 61, 66, 86, 87]. Cette
image mérite d’être revue. Le système de culture qu’on vient de décrire
avait en tout cas par lui-même la faculté de devenir plus productif et de
s’adapter à une demande plus forte.
Économie et société rurales 231
L’exploitation des z on es i n cu l t es
Les espaces incultes, souvent boisés sauf sur le plateau anatolien, étaient
partout immenses et ils constituaient une richesse potentielle. Des forma-
tions végétales intermédiaires entre la forêt et le pâturage de plaine ou
d’altitude, le maquis et la garrigue, occupaient déjà, dans certaines régions,
des étendues importantes ; elles aussi avaient une valeur économique.
Forêts et pâturages appartenaient à l’État, aux détenteurs de domaines, et,
au début du moins de l’époque considérée, aux villageois.
A. Dunn a consacré une étude à la forêt et à ses formes arbustives
dégradées, aux produits qu’on en tirait et à leur exploitation [Dunn, 534].
Parmi les arbres, on peut souligner le rôle prédominant des chênes, utilisés
principalement comme bois de charpente. La résine des conifères servait à
fabriquer la poix, indispensable à la construction des navires, à l’apprêt des
amphores et à la tonnellerie. Tout arbre pouvait sans doute procurer du
bois de chauffe, et les moins beaux servaient à la fabrication du charbon de
bois. Certaines régions, surtout maritimes, étaient davantage exploitées, en
particulier pour le bois de charpente : la Crète, Chypre, la Syrie levantine
et le Taurus, la Macédoine, peut-être le nord-est de l’Asie Mineure et la
côte albanaise [Dunn, 534, p. 258-261].
L’État ou les détenteurs de domaines qui avaient hérité de ses préroga-
tives fiscales prélevaient des droits en nature sur la chasse et sur la pêche.
G. Dagron a récemment décrit les techniques de la pêche, les aménage-
ments auxquels elle donnait lieu depuis longtemps, les prélèvements, impôt
et éventuellement loyer, qui lui étaient liés, et les modalités de sa commer-
cialisation à Constantinople [Dagron, 622].
Le bétail possédé par les petits exploitants ne suffisait évidemment pas :
les cavaliers et le train de l’armée, la boucherie, les produits laitiers, le par-
chemin, l’artisanat du cuir et de la laine représentaient une demande
importante. Seul l’élevage en grand sur les pâturages de l’État, des villages
puis des domaines a pu y répondre. On connaît mal l’organisation de
l’élevage en Asie Mineure, où pourtant il a joué un rôle déterminant. Il y
était souvent pratiqué sur de vastes domaines dont beaucoup, concédés par
l’empereur ou acquis d’une autre façon, appartenaient dès le IXe siècle aux
plus grandes familles. L’État lui-même élevait sur ses domaines anatoliens
chevaux et bêtes de somme pour l’armée. On connaît aussi le rôle de la
Bithynie dans l’élevage, en particulier pour l’alimentation de la capitale en
animaux de boucherie au Xe siècle [Livre du préfet, 15, 3]. Dans les Balkans
également, de nombreux secteurs incultes étaient consacrés à l’élevage, sur-
tout au nord, mais également dans le Péloponnèse. Après la perte du pla-
teau anatolien au XIe siècle, le rôle des Balkans dans l’élevage devint déter-
232 Les fondements de la civilisation byzantine
lent, pour une raison quelconque. Ces situations, qui n’étaient pas rares,
exigeaient naturellement une législation, entraînaient des enregistrements,
nécessitaient des décisions pour réattribuer les terres. Ces faits tiennent une
grande place dans les documents juridiques et fiscaux, mais il paraît inap-
proprié d’en donner une interprétation démographique. Quant aux aban-
dons définitifs d’habitats avant le milieu du XIVe siècle, c’est sans doute seu-
lement une documentation insuffisante qui a permis d’en suspecter la
présence en Macédoine. En Chalcidique occidentale du moins, ils ont été
rares [Lefort, 495, p. 79]. L’essor démographique à partir du IXe siècle, qui
paraît certain, modifie profondément l’image qu’on peut se faire de
l’économie byzantine.
Une population qui s’accroît implique – une fois épuisées les ressources
supplémentaires que permettaient la mise en œuvre des meilleures techni-
ques agraires dans ce milieu géographique – l’augmentation de la superficie
cultivée, et l’extension des cultures peut à la longue rendre nécessaire un
déplacement des zones de pâtures et un recul de la forêt. Or en Macédoine
tous ces faits sont attestés et ils ont revêtu une ampleur suffisante pour être
lisibles dans la succession des documents entre le XIe siècle et le XIVe. La
multiplication du nombre des champs a entraîné à certains endroits, avant
le XIVe siècle, la formation de terroirs céréaliers qui franchirent la limite des
domaines, éliminant ce qui restait de la végétation naturelle [Bellier et al.,
531, p. 109-112]. En Chalcidique occidentale, les textes, la céramique
trouvée au sol et des données géographiques suggèrent aussi une plus
grande extension des cultures au XIVe siècle qu’au début du XIIe ou même
qu’à l’époque protobyzantine. L’augmentation de la superficie cultivée a
restreint l’espace occupé au bas des versants par la pâture et la forêt, et elle
semble avoir imposé dès le XIe siècle l’usage systématique des estives. Enfin,
en Macédoine, le recul de la forêt que l’exploitation des versants a entraîné
entre le XIe et le XIVe siècle est suggéré par les documents [Bellier et al., 531,
p. 110-111, 114]. Le témoignage des archives de l’Athos est confirmé par
les enquêtes palynologiques ou archéologiques recensées par Dunn, qui
indiquent un recul de la forêt en Macédoine occidentale à partir de 850, ou
vers l’an mil sur un autre site, en Thessalie vers 900, en Lycie avant l’an
mil, en Macédoine orientale, en Thrace et en Argolide à des dates anté-
rieures au XIVe siècle [Dunn, 534, p. 244-246].
tion a été amplifié par la demande venue du nombre croissant de ceux qui
ne produisaient pas, ou qui produisaient peu. Les besoins accrus d’une
armée qui s’est révélée à la longue plus efficace en utilisant mieux la cava-
lerie, le développement des monastères, celui des villes et de l’adminis-
tration, l’émergence d’une aristocratie de plus en plus nombreuse, qui vivait
fastueusement à l’imitation de la Cour, elle-même plus nombreuse, enfin les
exportations, attestées dès le XIe siècle, impliquaient que la production agri-
cole assure aussi la consommation de tous ceux qui n’étaient pas paysans, et
dont une partie au moins avait des exigences bien supérieures pour se
loger, se nourrir et se vêtir [Harvey, 488, p. 163-197]. On doit souligner
l’importance que les changements évoqués ont revêtue pour l’économie
rurale.
Traité sur la guérilla de Nicéphore Phocas (p. 228). En Pouille, le réseau des vil-
lages était dense autour de Bari, et certains des loci étaient très peuplés au
début du XIe siècle déjà [Martin, 1215, p. 268-269]. Il en allait de même en
Macédoine, où les délimitations contenues dans les documents fiscaux per-
mettent de cartographier les territoires villageois. En Chalcidique occiden-
tale, on trouvait un village tous les 4 ou 5 km, leur territoire comptant sou-
vent 20 km2. Nous n’avons pas d’information sur la population de ces
villages, qui devait être très variable. Au XIVe siècle en Macédoine, ils com-
portaient peut-être 70 feux en moyenne, mais ils étaient auparavant moins
peuplés. Là où l’existence d’un réseau de villages est établie à l’époque proto-
byzantine, on peut sans doute supposer avec J. Haldon, malgré les troubles
des VIIe-VIIIe siècles, une continuité de l’habitat [Haldon, 126, p. 136].
Dans tout le monde méditerranéen, en Italie du Sud, en Grèce, dans la
mer Égée et au sud-est de l’Asie Mineure en particulier, les textes et
l’archéologie révèlent l’existence d’enceintes qui semblent souvent associées
à des villages. Au Xe siècle, le Traité sur la guérilla (p. 228-229) montre quelle
pouvait être la fonction de ces enceintes : en cas de menace arabe, l’armée
aidait les villageois à se replier sur un site naturellement défendu ou dans
un refuge fortifié avec leur famille, leur bétail, leurs biens meubles et quatre
mois de vivres. La dualité de l’habitat paysan qui est ainsi suggérée, en
temps de paix l’habitat permanent du village, groupé ou non, et le refuge
en temps de guerre, n’est sûrement pas générale, mais elle paraît avoir été
fréquente ; et elle n’a pu que renforcer la structure sociale que formait le
village. En Calabre et en Macédoine, les enceintes qui ont été repérées lors
de prospections sont vastes, toujours en position élevée, souvent invisibles
depuis la plaine, et elles dominent fréquemment les villages médiévaux.
La plupart de ces abris semblent avoir été édifiés ou du moins occupés
aux VIe-VIIe siècles. Ces refuges, qu’ils aient été ou non temporaires, ont dû
contribuer à renforcer ou à créer, à travers d’évidentes discontinuités
sociales, le réseau des villages byzantins.
La commu n e villageoise
Bien que nos informations soient peu sûres, il est probable que, dès le
e
VII siècle, la plus grande part de la production agricole a été assurée dans les
villages, plus que dans les domaines, et que le village est le milieu dans lequel
l’économie rurale a lentement repris. Le village n’était pas seulement la
somme des exploitations qui le composaient. C’était aussi une communauté
ou une commune (koinotès tou chôriou), qui administrait un territoire souvent
très vaste. Le village était un milieu social dans lequel des intérêts communs
existaient. Les limites du territoire villageois étaient marquées sur le terrain
par des bornes, et elles étaient décrites dans des délimitations établies par les
services du fisc, comme à l’époque romaine ; la plus ancienne délimitation
conservée date du début du Xe siècle [Iviron I, no 9]. La partie inculte du terri-
toire qui n’était pas appropriée était le bien collectif des villageois ; des « ter-
rains communs » et l’usage commun de terrains incultes sont mentionnés
aussi bien dans le Code rural (§ 81) que dans certains documents [Iviron I, no 5].
La défense des droits du village contre les initiatives des voisins faisait de la
commune, en fait sinon en droit, une personne morale, et, par ailleurs, la
nécessité de gérer le territoire impliquait un minimum d’organisation. Il y
avait dans les villages de Galatie et de Paphlagonie aux VII-IXe siècles une
élite représentative, les « premiers » du village, que l’on retrouve au
e
XII siècle en Macédoine dans un cadre domanial. Le village, en tant que
commune, détenait des terres. Il s’agit souvent de parcelles en déshérence
destinées à être attribuées à nouveau à un villageois pour répondre aux exi-
gences fiscales ; cependant, la commune pouvait aussi vendre ou acquérir des
terres. Par ailleurs, elle intentait des procès. Il arrivait aussi, selon le Code rural
(§ 81) que la commune fût en charge de moulins ; et il y avait en effet sur le
territoire de Dobrobikeia vers le début du XIe siècle un moulin pour lequel
l’impôt était dû par la commune du village [Iviron I, no 30]. Ces faits suppo-
sent une concertation et une organisation, mais on ne peut guère préciser les
formes d’un pouvoir communal qui a cependant dû exister. Les pratiques
communales ont joué un rôle économique, qui était sans doute limité, mais
qui fut important à une époque où l’insécurité était grande. À cet égard, le
village, certes dans une moindre mesure que par la suite le domaine, a été un
organisme de gestion de l’économie rurale.
La commu n e et l’État
Du point de vue de l’État, la commune était avant tout un ressort fiscal,
sur lequel l’administration s’est appuyée pour prélever l’impôt lorsque le
238 Les fondements de la civilisation byzantine
cadre des cités fit défaut. De plus, l’État étant resté fidèle au principe, hérité
du Bas-Empire, de la responsabilité collective du village pour le paiement
de l’impôt, la commune se voyait peut-être reconnaître certains pouvoirs
dans le domaine fiscal. Dans le Traité fiscal (p. 119) comme dans les docu-
ments, on voit surtout les mesures prises par le fisc, dégrèvements et allége-
ments de l’impôt, pour éviter les effets pervers d’un système qui pouvait
conduire les paysans sur lesquels pesait une surcharge d’impôt à déguerpir
lorsque les percepteurs passaient. Dégrèvements et allégements confortaient
la commune.
Il est vrai que l’État prit à partir du début du Xe siècle des mesures
fiscales qui allaient en sens inverse, et qui ont permis, au XIe siècle, de subs-
tituer dans bien des cas l’organisation domaniale à l’organisation commu-
nale. Elles annoncent donc un tournant important dans l’histoire de l’éco-
nomie rurale, même si leur effet ne fut pas immédiat. La décision d’aliéner
au profit de l’État toute terre improductive d’impôt depuis trente ans
(klasma) aboutissait en effet à retrancher ces terres du territoire communal.
La première mention d’une terre klasmatique est de 908 [Prôtaton, no 2].
Cette politique fiscale a eu pour effet de détruire l’unité territoriale de la
commune. En effet, l’empereur pouvait, après trente ans en principe, déci-
der de vendre les biens du village devenus propriété du fisc, de les louer ou
de les donner, souvent à des puissants. Or les ventes de terre klasmatique
ont été nombreuses au Xe siècle [Oikonomidès, 555].
L’État, du VIIe au IXe siècle, avait soutenu la structure villageoise, pour
des raisons fiscales et militaires. Au Xe siècle, les empereurs ont tenté de la
maintenir face aux initiatives des puissants. Leur législation avait pour but
de défendre la petite propriété villageoise et l’institution communale
menacée par les progrès de la grande propriété, ecclésiastique ou laïque.
Mais finalement, celle-ci l’emporta.
Les domaines étaient dotés d’un personnel qui était capable d’en assurer
la gestion, et dont la tâche était d’accroître les revenus que l’on pouvait tirer
de la terre. Ils ont joué à partir du Xe siècle le rôle que les villages avaient
tenu jusque-là, mais dans une économie désormais orientée par la demande,
et dans laquelle les échanges monétaires ont tenu une plus grande part,
comme Cécile Morrisson l’a montré [Morrisson, 506, p. 299-301].
grande partie des terres de l’Empire. Mais il faut rappeler que l’État ména-
geait depuis longtemps, comme l’écrit Magdalino [Magdalino 192, p. 168],
un « pool » de domaines constamment recyclables pour récompenser ses
serviteurs laïcs. En fonction des circonstances politiques, la part détenue par
l’aristocratie pouvait varier ; elle a également été très importante.
La comptabilité doman ia l e
Plusieurs textes suggèrent que les intendants étaient astreints à tenir des
comptes, périodiquement apurés par le propriétaire [cf. par exemple le Typi-
kon de la Kécharitôménè, p. 79]. Dans une lettre, Michel Italikos [109, p. 95]
évoque une comptabilité de trésorerie tenue au niveau du domaine, plus
qu’une véritable gestion. Pour les améliorations coûteuses, la décision appar-
tenait au maître du domaine ; on sait en tout cas que les fonds investis dans la
terre étaient pris sur les revenus nets résultant de l’exploitation de l’ensemble
244 Les fondements de la civilisation byzantine
FORMES DU DÉVELOPPEMENT
Même si leur dynamisme semble parfois pris en défaut, les grands pro-
priétaires ont effectué de nombreuses améliorations (plantations, construc-
tions diverses, parmi lesquelles des fortifications et des moulins) ; ils dispo-
Économie et société rurales 245
L’ARTISANAT RURAL
LE DÉVELOPPEMENT URBAIN
LA POPULATION
Les avis divergent, pour toutes les époques, sur la population de la capi-
tale byzantine. Certains la voient plus peuplée sous Justinien [jusqu’à
600 000 habitants : Durliat, 621 ; 700 000, Zuckerman, 330] qu’en 1204 ;
d’autres affirment le contraire ; la plupart des auteurs s’arrêtent, dans les
deux cas, autour de 400 000 [Madgalino, 570, p. 57], nombre donné par
Villehardouin [74, p. 54-55] et qui semble déjà une estimation haute. Le
principal désaccord porte sur le point bas. Le nombre d’habitants aurait été
divisé par un facteur dix, selon les plus pessimistes, par rapport à l’apogée
du VIe siècle [Mango, 571, p. 51-62, d’accord avec Durliat, 621, p. 602].
Un tel effondrement démographique expliquerait que la capitale n’ait pas
250
Constantinople médiévale
Constantinople et l’économie urbaine 251
L’ O R G A N I S A T I O N D E L ’ E S P A C E E T L E P A Y S A G E U R B A I N
LA V I L L E C A P I T A L E
LA CAPITALE DE L’EMPIRE
Le Palais
Ajoutons que, si depuis Justinien II, le Palais est ceint de murs dont le
périmètre s’agrandit sans cesse, il est également aéré par de nombreux jar-
dins installés sur les terrasses qui supportent les bâtiments et descendent de
31 m en 6 paliers du sommet de l’Acropole où le Palais jouxte l’Hippo-
drome vers le port du Boukoléon qui sert d’embarcadère lorsque l’empe-
reur quitte le Palais par mer, pour se rendre soit en Asie, soit à Saint-Jean-
Baptiste du Stoudios, soit à l’Hebdomon, soit encore en d’autres lieux plus
accessibles par mer. Le plus célèbre des jardins, connu sous le nom de
Mésokèpion, s’étendait de la Néa au tzykanistèrion (sorte de terrain de polo)
installé par Basile Ier qui avait fait édifier cette église sur le précédent [Lit-
tlewood, 593, p. 22 ; Maguire, 585, p. 258-259].
Enfin, le Palais abrite les ateliers où sont fabriqués les produits qui cons-
tituent des monopoles impériaux de nature politique : la monnaie, certaines
armes, dont le feu grégeois, et surtout les tissus et vêtements de soie. Ceux
de pourpre étaient réservés au seul usage impérial ; les autres, destinés à
habiller l’empereur et ses proches, constituaient aussi une partie du salaire
des fonctionnaires et dignitaires, et d’autres tissus de prix étaient utilisés à
des fins diplomatiques. Même si, dès le Xe siècle au plus tard, la partie la
moins noble de ces kékôluména est façonnée dans les ateliers des séricaires,
comme nous le verrons, les ateliers impériaux restent en activité. La pro-
duction était probablement assurée par des esclaves qui vivaient en perma-
nence au Palais, afin que les secrets de fabrication ne soient pas divulgués.
Cette présence massive d’esclaves pose toutefois des problèmes d’espace dis-
ponible et d’organisation délicats à résoudre ; au reste, il semble bien que
ces ateliers aient pu être déplacés vers des palais impériaux extérieurs,
comme l’oikos impérial de Marina, proche du monastère des Hodègoi
[Dagron, 605, p. 431].
Le peu ple
À l’exception des deux représentants officiels des factions, les démarques
des Bleus et des Verts, il n’est pas d’usage que le peuple pénètre au Palais ;
l’édification du mur de clôture manifeste clairement la limite entre le
peuple et son souverain. Pour autant, même quand celui-là n’intervient pas
dans la vie politique stricto sensu – le principal exemple pour la période
considérée demeure le renversement de Michel V en 1042 –, le peuple joue
un rôle au moins symbolique, car son acclamation est en théorie nécessaire
au nouvel empereur. Dans l’exemple cité, Michel V croit devoir faire lire
par le préfet de la Ville au peuple rassemblé au Forum de Constantin une
proclamation de déchéance de Zôé, la porphyrogénète qui l’avait fait
empereur ; mais le peuple, attaché à la dynastie macédonienne, refuse et
Constantinople et l’économie urbaine 261
L’épar qu e
LA VILLE SAINTE
de son fils aîné Alexis. Cette présence impériale accrue sur les murs de la
cathédrale correspond à la place éminente de celle-ci dans le cérémonial
impérial : dans son Livre des Cérémonies, Constantin Porphyrogénète place en
tête celle qui conduit l’empereur du Palais à Sainte-Sophie et retour après
l’office, pour les fêtes de Pâques, de la Pentecôte, de la Transfiguration, de
la Nativité et de l’Épiphanie, souvent choisies pour le couronnement
[Dagron, 206]. Autant que celle du patriarche, Sainte-Sophie est l’église
publique de l’empereur, qui dispose d’églises privées dans son palais.
L ’ É C O N O M I E [ Dagron, 2 0 0 2 ]
LES MÉTIERS
Le Livre de l’épar q u e
L’édition par Jules Nicole, en 1893, du Livre de l’éparque qu’il avait
découvert dans un manuscrit de Genève, a donné naissance à une abon-
dante littérature, reflet des débats historiographiques et surtout sociaux des
époques qui ont suivi. Byzance apparaissait comme « le paradis du mono-
pole et du privilège » ; son économie pouvait être considérée, pour l’ad-
mirer ou la décrier, comme une économie dirigée. Ces débats sont aujour-
d’hui dépassés et une étude rigoureuse a été relancée par la réédition du
principal document concernant les métiers [Koder, 84].
Constantinople et l’économie urbaine 269
Les corps de métier sont organisés depuis une loi de 391 qui figure dans
le Code Théodosien. Les principes renouvelés dans le Code Justinien sont
repris dans les Basiliques (C. Th. 1, 10, 4 = C. J. 1, 28, 4 = B. 6, 4, 13) :
Que tous les corps de métier (corporationes, sômateia) qui se trouvent à Constanti-
nople, les citoyens et tous ceux issus du peuple soient soumis à l’éparque de la
Ville.
Les corps de métier sont ensuite à peu près absents des sources jusqu’à la
promulgation du Livre de l’éparque par Léon VI au début de 912. Il est difficile
de savoir avec exactitude comment l’édit a été rédigé : les différents titres
présentent beaucoup de points communs dans la rédaction et le contenu,
mais aussi des différences apparemment inexplicables s’il s’agit d’une rédac-
tion effectuée par une seule personne ou une équipe très restreinte. Les
rédacteurs peuvent avoir consulté les archives de la préfecture, puis avoir
procédé à une harmonisation par des juristes avant d’y ajouter un proïmion
impérial qui en fait une loi ; ils peuvent aussi parallèlement s’être livrés à une
enquête auprès des métiers inscrits dans le Livre pour recueillir leurs pratiques
coutumières avant une certaine unification [Kaplan, 610, p. 321-322]. De
toute façon, le texte qui nous a été transmis par un très petit nombre de
manuscrits n’est pas le texte d’origine, car il contient des mentions d’espèces
monétaires apparues seulement sous Nicéphore Phocas et Basile II, et les
titres 21 sur les maquignons et 22 sur les métiers du bâtiment sont visible-
ment rajoutés par la suite, sans souci du plan ; cet aspect évolutif dénote un
texte effectivement appliqué au moins jusqu’à la fin du XIe siècle.
Le Livre se concentre au départ sur des métiers bien délimités : services
(notaires, orfèvres, changeurs) que l’État doit nécessairement contrôler puis-
qu’ils participent de l’exercice de la puissance publique ; métiers de la soie,
industrie éminemment politique ; métiers assurant le ravitaillement en pro-
duits de première nécessité, notamment alimentaires, dont le manque, le
surcoût ou la mauvaise qualité sont susceptibles de créer des troubles à
l’ordre public. En revanche, un nombre de métiers tout aussi essentiels
pour l’économie de la capitale, comme le travail des métaux qui a pourtant
donné son nom à l’un des quartiers de la capitale, les Chalkopratéia,
l’artisanat textile en dehors de la soie et du lin, la construction et l’équi-
pement des navires, la plupart des commerces non alimentaires, voire les
spécialistes de la mosaïque, ne figurent pas dans le Livre. Les métiers que
révèlent les autres sources sont en effet prodigieusement divers [Kaplan,
627, p. 250-251]. Le Livre ne poursuit donc pas d’objectif économique ni
même réglementaire global et n’offre pas nécessairement un modèle appli-
cable à tous les secteurs de l’économie.
270 Les fondements de la civilisation byzantine
registre notarial sont sensiblement plus élevés que les loyers cités dans la
Diataxis d’Attaleiatès et se situent entre 22 et 38 nomismata annuels. C’est
deux à trois fois le salaire d’un ouvrier qualifié et sans doute à peu près le
revenu d’un boulanger. La question n’est donc pas de savoir si l’artisan
pourra acheter sa boutique, ce qui restait sûrement exceptionnel, mais s’il
gagnera de quoi payer son loyer.
Si l’on compare le prix de la boutique au loyer, qui est net d’impôt,
puisque celui-ci est à la charge du locataire, le rendement dépasse légère-
ment les 3 % ; c’est plus que la terre et c’est un placement définitif dans
lequel il n’est point besoin d’investir chaque année, c’est donc un autour-
gion dont les Byzantins sont amateurs. Ce taux reste inférieur à celui des
prêts que les dignitaires sont autorisés à pratiquer, mais aussi à celui de la
roga augmentée (de 8,33 % à 9,76 %) qu’un dignitaire peut acquérir
auprès de l’empereur, revenu, il est vrai, viager. Un fonctionnaire avisé
comme Attaleiatès se crée un patrimoine diversifié : rogai, boutiques et ter-
res. La boutique est du reste un investissement coûteux, l’équivalent d’une
dizaine de tenures paysannes. La somme à débourser se compare aux
salaires des hauts fonctionnaires, qui dépassent rarement 20 à 40 livres
[Morrisson, Cheynet, 615, p. 859-864]. Toutefois ces questions de prix de
l’immobilier urbain, des loyers et même de l’impôt y afférent restent lar-
gement débattues.
LE GRAND COMMERCE
LE RAVITAILLEMENT DE LA CAPITALE
LA S O C I É T É D E C O N S T A N T I N O P L E
LA MONTÉE DE LA « BOURGEOISIE »
Les femmes
Elles sont difficiles à repérer dans les activités économiques ; une épouse
respectable a reçu une dot en vertu de laquelle son mari doit l’entretenir.
284 Les fondements de la civilisation byzantine
Les esclaves
Ils apparaissent dans 6 titres, soit 10 capitula du Livre de l’éparque. C’est
dire leur importance, encore insuffisamment étudiée [Rotman, 637, p. 141-
150]. En fait, leur statut n’est pas d’une grande clarté. L’accès à certains
corps de métier est purement et simplement interdit aux esclaves. Si l’on
comprend bien qu’un maître libre peut se faire représenter à la tête d’un
atelier par son esclave, c’est rigoureusement impossible s’agissant des ban-
quiers, dont les esclaves se voient interdire les activités qui constituent le
cœur de leur métier. En revanche, pour certaines spécialités, aussi impor-
tantes que celle des séricaires par exemple, un esclave peut ouvrir un atelier
sous la garantie de son maître, dont rien n’indique qu’il doit être lui-même
du métier ; autrement dit, n’importe qui, pourvu qu’il ait un esclave muni
des qualifications nécessaires, peut lui faire ouvrir un atelier de soierie. Il en
va de même pour les vestioprates, qui vendent les vêtements de soie. Plus
surprenant, ce serait vrai, semble-t-il, aussi pour les orfèvres. La possession
Constantinople et l’économie urbaine 285
EXCLUS ET MARGINAUX
L’ O R G A N I S A T I O N D E L A F R A P P E M O N É T A I R E
quer des changements dans l’origine du métal : les miliarèsia à faibles traces
d’or émis sous Constantin VI (780-797) auraient été frappés à partir de
métal d’origine arabe (certains sont d’ailleurs surfrappés sur des dirhams,
tandis que les pièces fortes en traces d’or l’auraient été avec du métal pro-
venant des mines d’Arménie. La question de la provenance du métal est
une de celles auxquelles les méthodes modernes d’analyse n’ont commencé
que très récemment à s’intéresser et auxquelles elles ne répondent encore
que très imparfaitement en l’absence de données suffisantes sur la composi-
tion de minerais bien localisés. En Anatolie, les prospections récentes de
géologues turcs ont livré des éléments de datation plus ou moins précis
(Carbone 14 pour les éléments de bois ou les restes de charbon de bois ;
chronologie fondée sur la céramique ou les monnaies retrouvées in situ) qui
indiquent la continuité de l’exploitation minière sur de nombreux sites de la
période antique à la période ottomane [Pitarakis, 670]. Analyses et prospec-
tions amènent donc à modifier le cliché d’un Empire byzantin privé de res-
sources en métaux, précieux ou non, par la conquête arabe, révision que
proposait déjà Sp. Vryonis [672], sur la base de témoignages principale-
ment littéraires et assez lacunaires et tardifs, centrés sur l’Arménie, la
Géorgie ou l’Anatolie orientale. Les principales zones d’extraction d’argent
et de cuivre à notre époque sont situées en Bithynie et Anatolie occidentale,
dans les massifs au nord de la Phrygie (Paphlagonie), dans les chaînes Pon-
tiques et dans le Taurus, où le massif du Bolkardag fournissait argent,
plomb et même étain. Plusieurs sites ou régions minières étaient protégés
par des forteresses ce qui montre l’importance qui leur était attribuée. Lou-
lon (Lu’lua, antique Faustinoupolis), à cet égard, n’était pas seulement une
place stratégique pour les communications militaires, mais aussi pour le
contrôle de l’exploitation minière en Cappadoce. De telles considérations
ont joué aussi dans l’intérêt porté par Byzance à la reconquête du nord des
Balkans dont les zones montagneuses autour des vallées de la Morava, de
l’Ibar et du Timok étaient riches en métaux précieux ou non. L’accès à des
sources de métal blanc, s’ajoutant à la déthésaurisation du VIIe siècle (fonte
de la vaisselle liturgique et autre par Héraclius), explique le rôle essentiel de
l’argent dans le système mésobyzantin contrastant avec sa quasi-absence
dans la période antérieure.
nominale est égale à sa valeur intrinsèque (1/72 de livre d’or pur dit obry-
zum1, environ 4,55 g) et elle a cours « pourvu qu’elle soit d’une frappe
authentique, d’un titre non altéré et d’un poids exact » selon un texte
(Léon VI, novelle 52) qui réaffirme les dispositions des Basiliques (LIV, 18, 1
et 3) elles-mêmes reprises du Code Justinien (CJ XI, 11, 1 et 3). Sa pureté
(titre) et son poids, à quelques exceptions près (chronologiques ou régio-
nales) que nous verrons, restent remarquablement stables au long de la
période et en font avec le dînâr, la monnaie d’or musulmane, l’un des « dol-
lars » du Moyen Âge selon l’expression de R. Lopez, reprise et étendue par
C. Cipolla. Les utilisateurs (marchands et acheteurs) vérifiaient constam-
ment le poids de la monnaie à l’aide de balances et de poids de bronze
estampillés par l’éparque de la Ville au IXe siècle (Livre du Préfet, XIII, V)
(cf. chap. XI, p. 270), comme en témoigne le nombre de balances et de
poids mis au jour régulièrement dans les fouilles.
Le tableau qui suit résume l’évolution de ce système d’une grande flexi-
bilité et d’une surprenante variété si on le compare à celui de l’Occident
médiéval réduit quasiment à une seule espèce au cours de la même période
(le tremissis mérovingien dévalué, puis le denier carolingien et postcarolin-
gien, éventuellement complété par un demi-denier, l’obole). Sa complexité
plus ou moins grande reflète les variations du niveau des échanges. Son
caractère plurimétallique ne se dément pas puisque même dans sa forme la
Déka-
Solidus Hexa- Demi- noum-
Nomisma Semissis Tremissis gramme Follis follis mion*
(~ 4,50 g (~ 2,25 g (⬇ 1,50 g (⬇ 6,72 g (de ⬇ 14 g
98 % Au) 98 % Au) 98 % Au) 96 % Ag) à 3 g)
1 2 3 12 288 576 1 152
* Le déclin du poids du follis entraîne la disparition progressive du pentanoummion (derniers ex.
connus sous Constantin IV).
1. Appelé aussi holokottinos (terme hybride formé à partir de l’expression aurum coctum « or cuit »)
dans les documents protobyzantins et dans le langage courant jusqu’au XIe siècle, date à laquelle cet
adjectif commence à être remplacé par celui de sens équivalent, d’hyperpyron (« cuit/purifié au feu » et
non pas « hyperpur » comme on le dit parfois à tort).
2. Ces données concernent seulement les monnaies frappées dans l’atelier de Constantinople.
Pour une version plus détaillée de ces tableaux avec illustration des différents types de monnaies,
cf. EHB 3, p. 921-924.
Monnaie, finances et échanges 293
b / VIIIe-Xe siècle
OR ARGENT CUIVRE
Solidus Carat/
Nomisma (Semissis)* (Tremissis)* Miliarèsion kération Follis (a)
(~ 4,50 g (~ 2,25 g (~ 1,50 g (de 2,27 g (monnaie (de ⬇ 14 g
98 % Au) 98 % Au) 98 % Au) à 3,0 g de à 3 g)
98 % Ag) compte)
1 2 3 12 (24) 288
* Très rares à partir de 741. Derniers ex. connus sous Basile Ier (867-886).
(a) Le dékanoummion disparaît sous Constantin V et le demi-follis définitivement sous Théophile.
OR ARGENT CUIVRE
Nomisma Nomisma
histaménon tétartèron
(24 carats- (22 carats- Milia- Carat/
poids) poids) rèsion 2/3 mil. 1/3 mil. kération Follis
(~ 4,50 g (⬇ 4,13 g (de 3,0 g (de 2 g (de 0,9 g (monnaie (de ⬇ 14 g
de 98 % de 98 % à 2,0 g à 1,4 g à 0,6 g) de à 3 g)
à à de 98 % de 98 % compte)
10 % Au) 10 % Au) à à
65 % Ag) 61 % Ag)
1 Valeur 12 16 36 (24) 288
inconnue
Nomisma
Hyperpère trachy Aspron
Nomisma aspron trachy Carat/ Demi-
hyperpyron (tricéphale) (staménon) kération Follis Tétartèron tétartèron
(~ 4,30 g (~ 4,30 g ; (~ 4,30 g ; (monnaie (monnaie (~ 4,0 g) (~ 2,0 g)
~ 87 % Au) de 30 à de 6 % de de
10 % Au à 2 % Ag) compte) compte)
et de 60 à
70 % Cu)
1 3 48 (24) (288) 864 ? 1 728 ?
294 Les fondements de la civilisation byzantine
plus simple (1 b), à partir de Basile Ier, il compte encore une espèce par type
d’alliage, cette structure étant à la fois adaptée et confortée par le mode de
perception de l’impôt qui consiste à exiger le paiement en monnaie d’or de
toute somme supérieure à 2/3 1/24 1/48 de nomisma (soit 35/48) et à
rendre la monnaie (l’antistrophè) au contribuable en monnaie divisionnaire
de cuivre comme le veut la Palaia Logarikè ( « antique comptabilité » ) [Mor-
risson, 663 avec les références]. C’est la persistance d’une perception en
espèces d’une partie de l’impôt qui explique la résistance de la monnaie à
Byzance au cœur des siècles obscurs.
L’ORGANISATION DE LA FRAPPE
LES ATELIERS
Atelier
(en italiques
Circonscription atelier temporaire
administrative ou irrégulier) Métaux monnayés Date d’activité
ORIENT
CONSTANTINOPLE Or, argent, puis toute la période
électrum, cuivre
Cuivre
Macédoine Thessalonique Or, électrum, IXe (et XIe ?) s.
Thessalonique- Thessalonique billon, cuivre v. 1092 - v. 1190
Strymon-Boléron
Hellade-Péloponnèse Thèbes (?) Cuivre v. 1092 - v. 1190
Macédoine-Thrace Philippoupolis (?) Or, billon v. 1092 (?)
Cherson Cherson Cuivre (coulé) 842-989 (?)
Trébizonde Trébizonde Cuivre v. 1075 - 1106 ?
(Théodore,
puis Grégoire
Gabras)
Chypre Nicosie Argent, billon, 1183-1191
cuivre (Isaac
Comnène)
Philadelphie Philadelphie Billon, cuivre 1188-1189
(Théodore
Mankaphas)
OCCIDENT
Exarchat de Carthage Carthage (transféré Or, argent, cuivre jusqu’en 695
à Cagliari) Or, cuivre 695 - av. 741
Duché de Rome Rome Or, argent, cuivre jusqu’en 776
Exarchat de Ravenne Ravenne Or, argent, cuivre jusqu’en 751
Duché de Naples Naples Or v. 660-842
Thème de Sicile Syracuse (transféré Or, cuivre 642-879
à Reggio) Or, cuivre 879-912
La « grande brèche » des siècles obscurs que l’on peut dater à Byzance
d’entre le milieu ou la fin du VIIe siècle et le milieu du IXe siècle [le « long
VIIIe siècle », v. Haldon, 386] se manifeste par la disparition de la ville
antique, le bouleversement du système fiscal et d’approvisionnement public
des grandes villes qui soutenait celles-ci, le déclin de la population, celui du
commerce en général et des échanges monétaires en particulier dans un
contexte d’insécurité, enfin la baisse des stocks de métaux précieux et des
ressources financières de l’Empire. La numismatique a depuis été long-
temps mise à contribution pour mettre en lumière et quantifier la ruine de
la vie urbaine à l’antique et la chute des échanges monétaires et a été
invoquée à l’appui de thèses contradictoires. On examinera ici son témoi-
gnage sous les deux angles complémentaires de la production (montant et
nature des monnaies émises) et de la circulation (usage et diffusion des espè-
ces monétaires) avant de souligner les indices d’une survivance relative des
échanges et de la fiscalité monétarisés.
CONTRACTION ET ADAPTATION
été soulignée depuis longtemps [Metcalf, 656 et 657]. Une chute compa-
rable s’observe dans les trouvailles de sites balkaniques purement médié-
vaux (Tirnovo, Preslav et Pernik) ou lorsqu’on agrège les trouvailles isolées
de régions entières comme l’Albanie, la Calabre, la Pouille ou la Sicile
(v. EHB 3, fig. 6 .1-15, face p. 912-913).
Par ailleurs les rares estimations du nombre originel de coins1 ayant
servi à frapper une émission donnée – beaucoup plus fiables que le simple
décompte des monnaies conservées, pratiqué autrefois par Kazhdan et
Ostrogorsky, qui donne toutefois déjà une indication grossière – fournissent
une information concordante sur l’importance relative des émissions et leur
chute à cette époque. On note par exemple sous toutes réserves que les
frappes annuelles de monnaies d’or sous les Isauriens n’auraient représenté
que le tiers de celles de la fin du règne d’Héraclius, elles-mêmes déjà infé-
rieures de moitié à celles nécessitées par l’effort de guerre contre les Perses
(EHB 3, p. 937).
Outre cette réduction générale, les émissions byzantines sont l’objet
d’autres formes d’adaptation. Le système se simplifie avec la disparition
progressive des fractions du solidus, le semissis étant extrêmement rare
après 741, tandis que le contenu du solidus de Constantinople diminue à
partir de 680 (le titre s’abaissant à 96,5 % au lieu de 98 % et le poids pas-
sant de 4,41 g pour la période 491-668 à 4,36 g en moyenne pour 668-717)
ce qui implique une faible économie de métal (2,7 %), néanmoins probable-
ment recherchée délibérément. Les fluctuations ultérieures des VIIIe-IXe siè-
cles sont encore mal étudiées [Morrisson, Barrandon et al., 666, p. 125-126,
fig. 25 et p. 248] mais révèlent une stabilisation sous les Isauriens et une
nouvelle diminution à partir de Michel II. Ces variations restent cependant
assez limitées et restent toujours au-dessus de 95 %.
1. Sur cette méthode qui repose sur l’examen individuel des empreintes d’un échantillon de
monnaies données, cf. Morrisson, « Que sais-je ? », p. 71-72.
298 Les fondements de la civilisation byzantine
1. C. S. Lightfoot, The survival of cities in Byzantine Anatolia : The case of Amorium, Byz., 68
(1998), 56-71 et C. S. Lightfoot, E. A. Ivison, The Amorium Project : The 1995 Excavation Season,
DOP, 51, 1997, 291-300 ; C. S. Lightfoot, Byzantine Anatolia : Reassessing the Evidence, RN, 158,
2002, p. 229-239.
300 Les fondements de la civilisation byzantine
1. Les diagrafa seu capita imposés aux habitants et aux propriétaires de Calabre, Sicile, Sardaigne
et Afrique selon le Liber Pontificalis (I, p. 344) sont interprétés ainsi par C. Zuckerman [376]. Cette
taxe personnelle aurait été étendue ensuite au reste de l’Empire.
2. La solde des Arméniaques s’élève en 811 à 1 300 livres (93 600 nom.) (Théophane, 489) celle
du thème de Strymon à 1 100 livres (79 200 nom.) (Id., 484). Les soldats d’Ôoryphas reçoivent sous
Théophile 40 nom. pour combattre les pillards musulmans en Crète (Skylitzès, 46 ; Théophane
Continué, 81.
302 Les fondements de la civilisation byzantine
1. Synaxarium Ecclesiae Constantinopolitanae, H. Delehaye (éd.) (Bruxelles, 1902), col. 721-722, cité
et commenté dans des sens divers par H. Antoniadis-Bibicou, Recherches sur les douanes à Byzance (Paris,
1963), p. 247-248, M. Hendy, Studies, p. 568, n. 60 et, plus récemment par A. Laiou, Händler und
Kaufleute auf dem Jahrmarkt, Fest und Alltag in Byzanz, G. Prinzing u. D. Simon (éd.) (Munich, 1990),
p. 53-70 et 189-194, aux p. 58 et 68-69.
Monnaie, finances et échanges 303
1. F. Füeg, Vom Umgang mit Zufall und Wahrscheinlichkeit in der numismatischen For-
schung, Rev. suisse de Num., 76, 1997, p. 135-160.
304 Les fondements de la civilisation byzantine
trouvaient des paquets de pièces mises en sacs, selon les montants dus, inscrits à
l’extérieur de la bourse... Le premier à être appelé fut le recteur du palais qui
emporta son argent non pas dans ses mains mais sur ses épaules puis le domes-
tique des scholes et le drongaire de la flotte reçurent des sacs de monnaies et
des pièces d’étoffe (si lourds) qu’ils durent se faire aider pour les traîner à terre
et les emporter... [on sait que les rogai des stratèges et des cleisourarches allaient
de 5 à 10 livres d’or jusqu’à 40 livres soit env. 13 kilos] (Liutprand, 204, Antapo-
dosis, 6, 10).
Les estimations de cet « or de Byzance » n’ont pas manqué : la dernière
en date [Treadgold, 521, très contestée] combine pour estimer les dépenses
impériales les données d’une description de l’armée byzantine vers 840
conservée dans quatre sources arabes indiquant le nombre des hommes et
la progression de leur roga avec les informations de Constantin VII sur la
solde des officiers de l’armée des thèmes et le nombre de titulaires civils et
militaires connus dans les listes de préséance de l’époque (taktikon Uspenskij
et Clétorologe de Philothée). Les revenus impériaux, de l’ordre de 1,7 million
de nomismata autour de 800, se seraient élevés à quelque 3,3 millions
vers 842-856, un surplus constant de quelque 300 000 nomismata par an,
source du « trésor » de 1 090 kentènaria amassé par Théophile et Théodora
[réf. in Hendy, 651, p. 224-225]. Quelle que soit la marge d’erreur ou les
excès de ces estimations, elles n’en reflètent pas moins la relative puissance
financière en partie recouvrée par l’Empire, instrument de sa politique mili-
taire et de sa diplomatie et par voie de conséquence de l’expansion de la
période suivante. La conscience de cette force transparaît dans la déclara-
tion hautaine prêtée au patrice Christophe recevant l’évêque de Crémone,
Liutprand, ambassadeur de l’empereur Otton II à la cour de Nicéphore
Phocas en 968 : « Nous qui surpassons toutes les autres nations en richesse
– et en sagesse... Avec notre argent qui nous donne le pouvoir nous soulè-
verons le monde contre [votre empereur] et nous le briserons comme un
vase d’argile » (Legatio, chap. 54 et 53).
celle des échanges à l’intérieur de l’Empire comme avec ses voisins orien-
taux, slaves ou occidentaux. Nous l’examinons ici de part et d’autre de la
crise de la seconde moitié du XIe siècle, une parenthèse dramatique certes
mais surmontée au début du XIIe siècle qui connaît sous Manuel Ier un
apogée non encore entamé par l’essor italien.
Source : CEB 2.
1. Mais qui ne peut être l’effet du hasard compte tenu de la grande maîtrise des techniques de
purification par les Byzantins (CEB 2). Le rôle décisif attribué à Michel IV dans de nombreuses
études (Grierson, Hendy, Harvey, Kaplanis) n’est pas confirmé par les données analytiques.
2. Grierson, DOC III, 1, 31-33, 37-38 ; II, 708-710 ; Hendy [651], 507-509.
308 Les fondements de la civilisation byzantine
1. En 1097, une vigne de 3 modioi et 2 modioi de terre en friche sont vendus « pour 45 nomismata
d’or au type de saint Démétrius avec la croix de la plus médiocre qualité » (Lavra, I, no 53, I).
2. CEB 2, p. 137-139.
310 Les fondements de la civilisation byzantine
1 728 entre la plus forte valeur et la plus petite) est, après celui du VIe siècle
(1 à 2 400 ou 12 000 environ entre le solidus et les deux plus petites espèces
de cuivre), le plus large de ceux qu’ait connus Byzance. Le glissement vers
des valeurs inférieures à celles du XIe siècle (le tétartèron de cuivre ne vaut
plus que le tiers du follis précédent) révèle la volonté de procurer au public
une pièce à plus faible pouvoir d’achat. Le choix pour les deux espèces de
métal précieux des valeurs respectives de 21 carats environ pour
l’hyperpère, au lieu des 23 carats des IXe-Xe siècles ou des 22 carats du
début du XIe siècle, et de 7 carats pour la nouvelle monnaie d’or blanc, le
trachy ou tricéphale (voir tableau 1 d, p. 293) ainsi que la disparition corrélée
de tout monnayage d’argent plus ou moins pur sont dus à la nécessité de
remettre en circulation le stock existant de monnaies dévaluées avec le
moins de perte de métal possible. Les deux paliers de 21 et 7 carats
s’expliquent en effet par la refonte des monnaies retirées de la circulation
réparties en deux groupes, celles du début du XIe siècle (moyenne 21 carats)
et d’autre part, les émissions fortement altérées de la dernière période. Le
système reste assez stable pendant tout le XIIe siècle : l’hyperpère reste tou-
jours au-dessus de 19 carats, son glissement par rapport au taux initial de
86 % – 20 1/2 carats à partir d’Andronic Ier s’accentue sous Isaac II et
Alexis III mais demeure relativement limité. Le trachy en revanche est altéré
dès le règne de Manuel Ier, puis sous Isaac II, sa valeur intrinsèque tombant
au 1/4 puis au 1/6 de celle de l’hyperpère. Enfin la monnaie de cuivre
argenté, le staminum des sources latines, voit son contenu d’argent baisser
des 6-7 % originels sous Jean II (1118-1143) à 2-3 % sous Alexis III (1195-
1203) et sa valeur par rapport à l’hyperpère passer de 1/48 en 1136
à 1/120 en 1190 et 1/184 en 1199 [Hendy, 650 ; Morrisson et al., 659 ;
Hendy, DOC IV, 1999].
Pendant tout ce siècle d’or, l’hyperpère remplit bien comme le dînâr fâti-
mide ou ayyûbide les conditions d’un « dollar du Moyen Âge » (stabilité et
fort pouvoir d’achat) [Lopez, 655 ; Cipolla, 642, p. 22-25], et jouit d’une
réputation méritée dans les échanges grandissants de Byzance avec ses voi-
sins méditerranéens ou européens. Plus de huit cents ans après sa création
par Constantin, ce bisantius ou besant dont les Occidentaux font depuis le
Xe siècle le symbole de la richesse de l’Empire1, est en effet encore à quel-
ques carats près fidèle aux normes de ses origines ; les marchands vénitiens
ou d’autres cités italiennes l’utilisent pour toutes leurs transactions dans le
domaine égéen. En Occident les documents d’archives français ou anglais
du XIIe siècle – sous certaines réserves car le terme de bisantius désigne par-
fois toute sorte de monnaies d’or, même musulmanes – confirment la
1. Cf. les « bezanz » et « bezanz esmerez [brillants] » de la Chanson de Roland cités par M. Bloch
(1933, p. 15-16).
312 Les fondements de la civilisation byzantine
La vie religieuse
PAR BÉATRICE CASEAU
ET MARIE-HÉLÈNE CONGOURDEAU1
La vie des Byzantins est rythmée par les cérémonies religieuses, qu’il
s’agisse de rites majeurs comme le baptême, le mariage ou les funérailles ou
des célébrations quotidiennes ou hebdomadaires, ordinaires ou festives. Les
cérémonies religieuses ont aussi une dimension publique, par la présence de
l’empereur ou de ses représentants et des différents corps de la société aux
grandes fêtes de l’année liturgique. Les Byzantins se tournent vers Dieu et
ses saints lors des crises majeures, quand ils sont confrontés à des maladies
incurables, attaqués par des adversaires irrésistibles ou menacés par les élé-
ments naturels. Aux rêves universalistes d’un Empire destiné à s’étendre
avec l’aide de Dieu jusqu’aux confins de la terre et à convertir tous les peu-
ples à la foi chrétienne, s’oppose une réalité historique qui est celle d’un
Empire menacé par les invasions, réduit dans son territoire et inquiet sur sa
pérennité. Alors que l’Empire est attaqué et connaît une importante réorga-
nisation politique, il paraît important aux contemporains d’expliquer pour-
quoi Dieu a pu laisser les siens subir autant d’échecs et perdre les Lieux
saints. Cette réflexion sur les causes des malheurs de l’Empire, qui voit le
jour, sous les Isauriens, à la suite des premières victoires contre les Musul-
mans, donne naissance à un rejet des images religieuses, dont le culte est
jugé idolâtrique. Le rétablissement de l’Empire et la fin de l’iconoclasme
permettent l’élaboration d’une spiritualité et d’une identité religieuse pro-
prement byzantines et médiévales. Les images religieuses peuplent les égli-
ses à nouveau. Les icônes trouvent leur place dans les maisons et prennent
de plus en plus d’importance dans les dévotions des fidèles. De nombreux
monastères sont fondés où se pratiquent parfois la copie de manuscrit et la
créativité en matière de poésie liturgique. Aux XIe et XIIe siècles, la culture
1. Béatrice Caseau a rédigé les pages 313-321 et 325-333, Marie-Hélène Congourdeau, les
pages 322-324 et 334-340.
314 Les fondements de la civilisation byzantine
L’ E N C A D R E M E N T D E S F I D È L E S
Tout enfant qui naît dans une famille chrétienne a en principe un choix
de vies pour son futur. Il peut rester laïc, entrer au monastère ou devenir
clerc. Pour les filles, seules les deux premières options sont ouvertes. Il
existe des passerelles entre ces différents états. Tel laïc, qui a fondé une
famille et accompli une belle carrière, peut se faire moine. Veuves, les
femmes choisissent fréquemment le couvent. Des exemples de tels choix
sont attestés nombreux au sein de l’aristocratie : Michel Psellos, ou Anne
Dalassène, mère d’Alexis Comnène, pour ne citer que deux exemples. Une
vocation monastique précoce, dès l’adolescence, peut conduire à l’épiscopat
à un âge mûr. Les familles décident pour leurs jeunes enfants de l’état de
vie qui leur est destiné. Ainsi, les parents fiancent souvent leurs enfants à un
âge tendre par crainte de ne pouvoir organiser un bon mariage de leur
vivant. D’après les Vies de saints, les enfants doués d’un talent à l’école sont
repérés pour en faire des clercs ou des moines. Il arrive aussi que leur voca-
tion monastique contrarie le projet de leurs parents (Michel Maléïnos).
Dans d’autres cas, l’entrée au monastère se produit sur décision parentale.
Les Byzantins savaient clairement la valeur de ces choix dans l’échelle de la
sainteté, et nombreux sont ceux qui finirent leur vie, revêtus de l’habit
« angélique » des moines.
Le baptême
L’entrée dans l’Église en tant que fidèle s’opère par le baptême. Le
début du Moyen Âge voit une transformation importante des rites baptis-
maux, liée au baptême des bébés et des jeunes enfants. On assiste à un
remblaiement partiel des piscines baptismales et à la création des fonts bap-
tismaux, des vasques sur pied mieux adaptées au baptême des nourrissons.
La vie religieuse 315
Le mar iage
Les mariages sont pour les familles l’occasion de créer des liens, de ren-
forcer des solidarités et d’assurer la transmission du patrimoine et du nom
aux futures générations. Plutôt que de christianisation du mariage, il est plus
juste de parler de christianisation de la famille. L’enjeu, en effet, pour l’Église
est de faire entrer dans le cadre familial les valeurs chrétiennes. Les rapports
entre les conjoints, entre les générations, le type d’éducation à donner ainsi
qu’une christianisation de la vie quotidienne sont donc les centres d’attention
des Pères de l’Église, bien plus que les rites eux-mêmes de la cérémonie.
Au début du Moyen Âge les mariages échappent très largement au
contrôle de l’Église, car, chrétiens ou non, ils restent régis par le droit civil
et relèvent de la sphère privée. L’Église légifère toutefois pour interdire cer-
tains types d’union et cherche aussi à christianiser les mariages par
l’introduction d’une bénédiction cléricale. Cette évolution est lente à se
mettre en place, car les résistances sont nombreuses à accepter un droit de
regard ecclésiastique sur cet aspect de la vie sociale.
L’Église souhaite cependant faire admettre un certain nombre d’idées sur
le mariage : la monogamie et l’indissolubilité du mariage qui trouvent leur
source dans les Écritures. Dieu a béni l’union de l’homme et de la femme en
vue de la procréation. Les enfants sont la preuve visible de la bénédiction
divine. Il est admissible de proclamer la supériorité de la vie virginale sur la
vie, mais condamner le mariage est se mettre en marge de l’orthodoxie. Les
hérétiques comme les Bogomiles qui diffament le mariage sont très sévère-
ment condamnés. Le mariage demeure un bien voulu par Dieu, dès l’origine.
L’Église tente d’influencer le droit civil en introduisant ses propres
valeurs. Mais la substitution des principes canoniques à ceux de l’ancien
droit romain ne s’est pas faite de façon continue, comme en témoigne la
procédure de divorce par consentement mutuel, supprimée par Justinien,
rétablie sous Justin II avant que l’Ecloga n’y mette fin. Le droit romain
fonde l’union conjugale sur le consentement des époux, ce qui différencie le
La vie religieuse 317
La pén iten ce
grave maladie, avant de recevoir l’onction des malades (dont la fonction est
d’aider à la guérison) ou au seuil de la mort, avant de recevoir l’ultime
communion.
Pour le commun des mortels, ces signes sont absents. Il faut donc recou-
rir à la prière et au pouvoir salvifique de l’offrande eucharistique. On
demande le secours d’une ultime communion de son vivant, puis les testa-
ments prévoient une somme d’argent destinée à faire célébrer des messes
pour le salut de l’âme. Les fondateurs de monastères insistent dans les
Typika sur la prière des moines et des moniales pour le repos de leurs âmes.
Ces craintes sur le salut expliquent que dans les tombes, à côté des croix
protectrices, on retrouve parfois des pièces de monnaies qui semblent conti-
nuer la pratique de l’obole à Charon, des amulettes magiques ainsi que de
la nourriture et de la boisson en cas de besoin. Les anciennes traditions
païennes, le recours à la magie sont donc parfois superposés aux rituels et
objets chrétiens, en guise de précaution supplémentaire [Maguire, 741].
Les soins funéraires n’ont en fait guère changé depuis la fin de
l’Antiquité : fermer les yeux et la bouche du défunt, qui demeure la préro-
gative d’un proche, laver et disposer le corps avec la tête droite, jambes
allongées et parallèles, bras allongés, ou mieux, croisés sur la poitrine. Mais
fait nouveau, on place parfois une icône ou, pour les évêques, un pain
eucharistique, ou pour les moines, un psautier entre les mains croisées
[Kyriakakis, 731].
Le mort était placé sur une bière, entouré de lumières et d’encens.
Quand la dépouille était exposée plusieurs jours, dans le cas des empereurs,
des aristocrates et des personnages réputés saints, on procédait à un embau-
mement externe du corps avec des aromates. Pour les empereurs, une mise
en scène élaborée permettait de rendre un dernier hommage à l’empereur
défunt et d’asseoir l’autorité de son successeur [Karlin-Hayter, 728].
Une procession funéraire conduisait finalement le défunt jusqu’au tom-
beau, au son des chants de psaumes et d’hymnes [Abrahamse, 683]. Jus-
qu’au règne de Basile II, qui choisit de se faire enterrer à Saint-Jean de
l’Hebdomon, camp militaire hors de la capitale, les empereurs étaient enter-
rés dans de vastes sarcophages, le plus souvent dans le mausolée des Saints-
Apôtres qui a aussi accueilli la dépouille de plusieurs patriarches. Les fonda-
teurs de monastères se faisaient enterrer dans le cimetière ou dans l’église
monastique, pour bénéficier des prières des moines. Les autres morts étaient
inhumés dans des cimetières, soit dans les grandes nécropoles antiques sises
hors les murs, soit plus souvent dans de petits cimetières en ville. On a souli-
gné la proximité des morts et des vivants pour les siècles du Moyen Âge. Les
moines, par exemple, enterraient leurs morts sur leur propriété et avaient
recours aux réductions de corps et à l’utilisation d’ossuaires pour faire de la
place. La familiarité avec les morts se manifeste aussi dans l’habitude
d’ouvrir les tombeaux des saints pour en extraire des reliques. On a pu calcu-
ler qu’il y avait dans la seule cité de Constantinople 3 600 reliques provenant
de 476 saints [Byzantine court, 236, p. 53 ; Synaxarium, 680].
322 Les fondements de la civilisation byzantine
L’ÉGLISE ET LA SOCIÉTÉ
S’il y a dans l’Ancien Testament des textes sur l’aide divine en cas de
guerre quand le peuple élu s’est montré obéissant à la Loi divine, il y a
aussi un interdit ferme : « Tu ne tueras pas. » Le Christ prescrit dans
l’Évangile selon saint Matthieu, à ses disciples de ne pas recourir au glaive
pour le défendre, au moment de son arrestation : « Remets ton épée à sa
place : tous ceux qui se serviront de l’épée, périront par l’épée »
(Mt 26, 52). Ce fondement scripturaire sert à définir un droit canonique
plus exigeant que le droit civil en matière d’homicide. Les canons de Basile
de Césarée prévoient une pénitence de onze ans pour homicide involon-
taire [Joannou, 83, canon 11], tandis qu’une peine plus légère de trois ans
est conseillée pour ceux qui tuent à la guerre [Joannou, 83, canon 13], mais
au Moyen Âge, ces canons ne sont pas strictement appliqués. Celui qui fait
couler le sang doit en principe faire pénitence et être exclu de la commu-
nion. Mais la durée effective de la pénitence peut être, le cas échéant,
négociée selon le « principe d’économie ».
À Byzance, le clerc impliqué dans un homicide ne peut plus célébrer la
liturgie, il est non seulement excommunié, mais encore déposé dès lors que
du sang a été versé. La violence militaire est interdite aux clercs et aux
moines qui ne doivent en aucun cas porter des armes. Les Byzantins sont
donc très hostiles au mélange des genres constitutif des ordres militaires des
Latins. Dans la polémique contre les Latins, ce thème de la violence des
clercs est souvent repris : « Les évêques latins font la guerre et souillent
leurs mains de sang, ils tuent et sont tués », s’indigne Michel Cérulaire dans
la Lettre à Pierre d’Antioche. Le clerc est par principe dispensé du service de
l’État (strateia), ce qui lui évite ainsi d’être impliqué directement dans la vio-
lence militaire, même s’il accompagne l’armée comme chapelain. Sans
encourager la désertion par principe, la sainteté passe par le renoncement à
la violence, comme le montre le cas de saint Iôannikios qui quitta l’armée
pour la vie monastique à la fin du VIIIe siècle.
Si celui qui tue doit faire pénitence, quel salut peut-il y avoir pour les
militaires ? Un débat se mit en place sur la validité du principe d’excom-
munication et de pénitence dès lors que l’armée était très majoritairement
constituée de soldats chrétiens qui défendaient non seulement l’Empire
mais aussi la religion chrétienne menacée par l’Islam ou par des peuples
païens. La contestation vint des empereurs comme Léon III qui ne souhai-
La vie religieuse 323
taient pas démoraliser les soldats mais au contraire les convaincre qu’ils
combattaient au nom du Christ (Ecloga, 82, § 18). Léon VI avait même
espéré obtenir que les soldats morts au combat soient déclarés bienheureux
et Nicéphore Phocas qu’ils reçoivent les honneurs des martyrs. Mais l’Église
byzantine, par fidélité au précepte néotestamentaire, est restée très hostile à
cette idée. Le patriarche Polyeucte refusa ainsi de proclamer martyrs des
gens qui, s’ils avaient survécu, auraient été écartés de la communion, un
interdit repris par les canonistes du XIIe siècle [Kolia-Dermitzakè, 1038].
Sur la pénitence à imposer aux soldats ayant tué à la guerre, les canonistes
byzantins étaient divisés. En 1155, une décision synodale précise que
l’exclusion de la communion pendant trois ans s’applique même à ceux qui
tuent alors qu’ils sont menacés par des brigands. Mais le canoniste Balsa-
mon explique que le canon 13 de Basile n’est plus en usage tandis que
Zonaras s’appuie sur Athanase pour dire que tuer à la guerre est « légal et
digne de louange ». La question de la pénitence à imposer aux soldats était
d’autant plus délicate que les Byzantins étaient confrontés à deux cultures
qui justifiaient la guerre sainte : l’Islam d’un côté avec le djihad et les Latins
avec la croisade de l’autre. S’il n’existe pas à proprement parler de guerre
sainte à Byzance, la notion de guerre juste pour se défendre est bien pré-
sente [Kolia-Dermitzakè, 1038].
Les canonistes comme Balsamon distinguent le droit pénal profane qui
punit un coupable, et le droit canonique dont les peines visent à guérir le
pécheur. La peine de mort, comme d’autres peines corporelles brutales,
existe dans le droit civil [Patlagean, 753]. L’Église n’y est pas favorable et
sollicite parfois la grâce des condamnés, pour faire commuer la peine de
mort en réclusion. Sa clémence est moindre quand il s’agit d’hérétiques.
Ainsi, vers 812, le patriarche Nicéphore, inquiet de la propagande des Pau-
liciens, demande à l’empereur de les condamner au châtiment suprême.
L’État byzantin est en effet chargé de faire appliquer les canons des conciles
qui prévoient pour les hérétiques et certaines catégories de non-chrétiens,
comme les manichéens, la confiscation des biens et même la peine capitale.
Mais, au sein de l’Église cette position ne fait pas l’unanimité : Théodore
Stoudite s’insurge et intervient auprès du patriarche et de l’empereur, si
bien que Michel Rhangabé renonce à appliquer la peine.
L’Église protège par principe ceux qui se réfugient dans les sanctuaires.
Le droit d’asile est reconnu aux églises depuis la fin du IVe siècle, avec des
restrictions pour certaines catégories de personnes, comme les juifs ou les
débiteurs du fisc. Les ecclésiastiques demandent le respect du lieu saint où
le sang ne doit pas être versé, ainsi que la commutation de la peine de
mort, quand celle-ci est prévisible, en peine d’exil accompagnée de confis-
cation des biens. Le droit d’asile n’est pas toujours respecté, comme en
témoignent les excommunications prononcées par les patriarches Taraise
324 Les fondements de la civilisation byzantine
LA VIE LITURGIQUE
les gestes et les paroles, se superpose une interprétation plus historique qui
analyse la liturgie comme un rappel de la vie et de la Passion du Christ. Le
pain qui est offert en sacrifice sur l’autel est à la fois nourriture mystique et
rappel du sacrifice du Christ sur la croix. Cette dernière interprétation, déjà
présente chez Germain de Constantinople, tend à s’imposer après
l’iconoclasme, en riposte à l’analyse symbolique de l’eucharistie dans la
théologie iconoclaste. Pour Constantin V et les évêques de Hiéreia,
l’eucharistie est la seule « véritable image du Christ » [Mansi, 15 ;
Gero, 716]. Les iconodoules ont souhaité privilégier cette interprétation
plus réaliste dans laquelle le pain est vraiment le corps du Christ, tandis que
la lancette liturgique représente la lance qui perça son côté [Brouard, 696].
L’interprétation symbolique ne disparaît pas pour autant des commentaires.
Lorsque les Typika monastiques évoquent le chant, ils expliquent volontiers
que le chant liturgique est une participation à la liturgie céleste des anges
[Dubowchik, 711]. Le symbolisme de la lumière et de l’encens est très
important dans l’esthétique byzantine, comme on peut le voir par leur pré-
sence accrue lors des fêtes.
Dans la Constantinople médiévale, un très grand nombre de fêtes reli-
gieuses réparties sur toute l’année, est célébré. Le calendrier n’est pas fixé
une fois pour toutes : des fêtes sont régulièrement ajoutées. On peut distin-
guer les fêtes liées à la Vie du Christ ou de la Théotokos, les fêtes des saints
et les fêtes commémoratives qui célèbrent des événements importants pour
la cité de Constantinople ou pour l’histoire de l’Empire. Le synaxaire per-
met de connaître les saints dont on célèbre l’entrée au Paradis. Les dates
retenues sont celles du jour de leur mort et de la translation de leurs reli-
ques. Au Xe siècle, le Typikon de la Grande Église contient 20 fêtes commé-
morant la protection divine et plus particulièrement l’intercession de la
Vierge, protectrice attitrée de la Ville. Outre l’anniversaire de la dédicace
de Constantinople le 11 mai, plusieurs fêtes permettaient aux habitants de
rendre grâces que la ville ait échappé à des incendies, des tremblements de
terre ou des envahisseurs. Les sièges de la capitale qui se sont achevés par
la déroute de l’ennemi ont donné lieu à la création d’une fête anniversaire.
Ainsi, le 16 août, on faisait mémoire de la philanthropie de Dieu qui au
temps de Léon l’Isaurien détruisit la foule des Agarènes assiégeant Constan-
tinople [Mateos, 252 p. 373]. En 626 comme en 860, la levée du siège fut
attribuée à la protection de la Vierge dont le manteau et les images furent
promenés en procession sur les remparts. Le culte de la Théotokos est par-
ticulièrement développé dans la cité qui possédait de nombreuses reliques
de la Vierge et qui s’estimait protégée par elles comme le rappelle la fête de
la Déposition de la Robe de la Vierge le 2 juillet [Vassilaki, 766]. Plusieurs
fêtes et de prestigieux sanctuaires comme celui des Blachernes lui étaient
consacrés [Grumel, 599].
328 Les fondements de la civilisation byzantine
celle-ci, y compris chez les clercs, porte un regard plus sceptique à l’égard
des formes les plus spectaculaires de l’ascèse, mais Manuel Ier porta sur le
trône de Jérusalem Léonce, un ancien salos (saint « fou »).
L’accès à la sainteté repose toujours sur une réputation acquise et sur la
capacité d’un monastère ou d’une famille – l’influence croissante de
l’aristocratie se fait sentir – à promouvoir l’un des siens par des écrits, Vie
de saint, récits de miracles. Au Xe siècle, un certain tri s’opère, lorsque sous
l’impulsion de Constantin VII, le synaxaire de Constantinople est rédigé et
lorsque Syméon Métaphraste compose son Ménologe qui connaît une diffu-
sion considérable (cf. chap. XIV, p. 360).
La sainteté est confirmée par les miracles qui ont lieu sur la tombe d’un
saint. Les saints fournissent parfois des preuves de leur présence au Paradis,
en faisant sourdre de leurs reliques de l’huile parfumée (myron de Démé-
trius, de Nicolas de Myres) ou une bonne odeur. Une fois les miracles du
saint diffusés à travers les recueils de miracles et les Vies, les pèlerinages
peuvent s’organiser dans le ou les sanctuaires conservant leurs reliques.
Certains saints attirent les pèlerins de loin, comme Démétrius de Thessalo-
nique, Nicolas de Myres, Théodore d’Euchaïtes, Syméon Stylite le Jeune au
Mont Admirable près d’Antioche. Certains sanctuaires de guérison attirent
des malades dont les médecins désespèrent ou qui n’ont pas les moyens de
se faire soigner, comme ceux des saints anargyres, Côme et Damien, ou de
saint Artémios à Constantinople. Ces sanctuaires de pèlerinages attirent les
dons des fidèles guéris, ce qui leur permet d’embellir leurs églises ou
d’accroître leurs hospices. Les Byzantins se rendaient également, de plus en
plus nombreux à partir du Xe siècle, à Jérusalem et vers les Lieux saints.
Au VIIe siècle, l’image religieuse s’est répandue, non seulement dans les
sanctuaires, mais aussi dans les espaces privés. Les scènes de la vie du
Christ, de la Vierge et des saints ornent de nombreuses églises. Ces images
narratives sont parfois juxtaposées avec des portraits du Christ et des saints,
et avec des images du monde végétal ou animal. Les mosaïques à décor
végétal ou animal ont peut-être pour but de rappeler que l’église annonce
le jardin du Paradis où le chrétien est appelé à résider en compagnie des
élus [Maguire, 740]. Tandis que les fidèles participent à la liturgie dans la
nef, au-dessus de leurs têtes, le cortège des saints et des saintes les accom-
pagne et, dans l’abside, la Vierge ou le Christ les attend, souvent entouré
des apôtres. Les Chrétiens ont sous les yeux des représentations qui leur
La vie religieuse 331
narrent les vérités de la foi : un Christ humain mais brillant d’un habit qui
manifeste sa puissance et sa divinité ; une Vierge accueillante et maternelle,
ou encore régnante ; des saints aux souffrances multiples, proches et acces-
sibles aux fidèles. Tout un décor est donc mis en place pour l’éducation des
foules.
À la fin de l’Antiquité et au haut Moyen Âge, les images chrétiennes
portables se multiplient : petites icônes, croix reliquaires et autres bijoux à
sujets chrétiens, objets de pèlerinage (ampoules de Terre sainte, eulogies des
saints). Les motifs chrétiens envahissent peu à peu les objets de la vie quoti-
dienne : objets de table, lampes, bijoux, vêtements, tandis que s’effacent les
motifs classiques souvent mythologiques.
L’art chrétien tend à privilégier le portrait, l’icône, une image frontale
déjà très codifiée, puisqu’elle doit montrer les qualités spirituelles du saint.
Les chrétiens apprécient d’adresser leurs prières à un saint par l’inter-
médiaire de son portrait, établissant avec lui un rapport personnel, ce qui
explique probablement le succès des icônes.
Dans le monde antique l’image peut se substituer à la personne. Le rap-
port des chrétiens aux images a été modelé par des siècles de gestes rituels
autour des statues divines ou impériales. L’attachement, l’allégeance poli-
tique ou religieuse avaient l’habitude de s’exprimer en manifestant du res-
pect et des dons aux images, notamment impériales.
On note durant le haut Moyen Âge, un souci de s’approprier l’image
pour contrôler le pouvoir qui repose en elle. La fusion de l’image d’autorité
et de la narration de la foi aboutit à la création de l’icône qui représente le
saint et narre sa vérité : son entrée triomphale au Paradis. De là découle
son pouvoir. Le saint étant identifié à son image, de la même façon que
l’empereur l’était à la sienne, l’image sert d’intermédiaire aux suppliques.
Peu à peu elle est investie par la présence du saint et sert alors de point de
médiation entre le fidèle et le saint. Autrefois fixé dans son sanctuaire et
attaché à ses reliques, le saint va pouvoir être appelé partout où son image
se trouve. Le développement des icônes trouve son point de départ dans les
grands sanctuaires de guérison, comme ceux de saint Ménas ou des saints
Syméon. Les pèlerins venus prier dans leurs sanctuaires emportent avec eux
la protection du saint en emmenant son image. Ils la placent chez eux et
l’invoquent en cas de maladie ou de catastrophe. Ces images commencent
donc à recevoir des signes de vénération ou de supplication qui s’adressent
aux saints, mais se font devant leur image. La multiplication des images du
saint rend sa protection et son ubiquité plus évidentes [Kislinger, 729 ;
Guillou-Durand, 886].
Cette transformation de l’image de décor en image de culte manifeste la
perte de neutralité de l’image religieuse qui est désormais investie de la
puissance du surnaturel. Ce phénomène s’explique bien par le besoin de se
332 Les fondements de la civilisation byzantine
vilégiées pour établir ce contact entre le fidèle et le monde des saints. Ces
icônes sont placées sur la barrière du chancel séparant la nef et le sanc-
tuaire et elles forment les premières étapes de l’iconostase. Elles focalisent le
regard du visiteur. Il s’agit donc bien d’un échange entre les membres de
l’Église terrestre et ceux de l’Église céleste. Toute une spiritualité de cet
échange s’élabore dans le monde byzantin, puis orthodoxe, au point de
devenir une caractéristique distinctive essentielle.
Les dévotions devant les images et les usages magiques de ces dernières
n’ont pas toujours fait l’unanimité. Le christianisme byzantin hérite des cri-
tiques vétéro-testamentaires contre la représentation de la divinité et des
êtres vivants. Cet héritage biblique explique pour une part l’aniconisme des
premiers temps du christianisme. Or le début du Moyen Âge est un temps
de relecture de l’Ancienne Loi. Là où c’est possible, on reprend les interdits
bibliques ou on les adapte. La justification donnée à l’existence d’espaces
séparés pour les clercs dans les églises se trouve dans une sorte
d’équivalence faite entre le Temple de Jérusalem et les églises. Le sanc-
tuaire chrétien est devenu le saint des saints. Il est donc assez naturel que
des voix s’élèvent pour rappeler que le péché le plus grave selon l’Ancien
Testament est celui d’idolâtrie : faire des images et leur offrir un culte. Les
protestations contre les risques idolâtriques en présence d’images, fussent-
elles des images chrétiennes, sont anciennes et les iconoclastes n’ont pas
manqué de les rappeler : Eusèbe de Césarée et Épiphane de Salamine ont
chacun manifesté des réticences ou une ferme opposition à l’image.
Outre le risque d’idolâtrie, des motivations théologiques justifient le
refus de l’image, quand celle-ci tente de représenter le Christ, les anges ou
même les saints. Selon une critique ancienne de l’image, cette dernière est
mensongère, car elle ne saurait représenter exactement le vivant et encore
moins la vérité de l’être. On ne saurait donc représenter le Christ de
manière adéquate, puisqu’on ne représente que son humanité en le pei-
gnant comme homme. Représenter sa divinité est impossible, puisque le
divin n’est pas circonscrit ; or une image l’est par nature, elle ne peut donc
en aucun cas exprimer la vérité de la divinité. Dans la même veine, des
reproches sont adressés aux images des anges, car elles ne sauraient rendre
compte de leur nature spirituelle. Ces critiques ont été suivies d’actions
d’abord ponctuelles contre les images, puis d’une action plus systématique
dans le cadre de l’iconoclasme impérial.
334 Les fondements de la civilisation byzantine
Il existe toutefois, encore après 843, des voix pour s’élever contre la
médiation des images. Il s’agit d’auteurs qui recommandent un contact
direct, mystique avec la divinité sans recourir aux médiations coutumières
que sont les sacrements ou les images.
LA TENDANCE MYSTIQUE :
SYMÉON LE NOUVEAU THÉOLOGIEN
LE MONACHISME
FONDER UN MONASTÈRE
laissant aux moines ce qu’il estimait nécessaire à leur entretien. Il est vrai
que la fortune de certains établissements était considérable : vers 1050, Ivi-
ron possédait environ 4 500 ha de terres.
Beaucoup de ces fondations, insuffisamment dotées ou aux revenus
déclinants, sont menacées de disparition rapide. L’Église encourage les aris-
tocrates à restaurer un couvent ruiné plutôt que d’en fonder un nouveau,
devenant les seconds ktitôres de celui-ci où ils sont commémorés en tant que
tels. L’établissement en difficulté est donné à un administrateur laïc appelé
charisticaire, à titre viager, éventuellement transmissible à un descendant.
Le bénéficiaire perçoit les revenus d’un monastère, à charge pour lui de
subvenir aux besoins des moines. Il investit pour restaurer l’équilibre finan-
cier et, une fois celui-ci atteint, rend le monastère à son propriétaire ou à
son autonomie. Michel Psellos, charisticaire de plusieurs monastères, semble
avoir été réellement soucieux de leur prospérité, puisqu’il y investit.
Le charisticariat s’est particulièrement développé au XIe siècle, mais il
s’est dévoyé, car les aristocrates ont mis la main sur des monastères riches,
augmentant leurs revenus personnels aux dépens des moines, notamment
les proches de l’empereur qui ont assez d’influence pour attirer le patro-
nage de grands monastères [Ahrweiler, 448]. Mais ce système génère des
abus, car des charisticaires laissent péricliter les couvents en confisquant les
revenus à leur profit, ou des monastères prospères leur sont donnés
entraînant les protestations réitérées de l’Église [cf. Gautier, 674]. En 1097,
Alexis Comnène oblige les charisticaires à restaurer les monastères dans
l’état où ils les ont reçus ; désormais la gestion de ces derniers est confiée à
des éphores rétribués. De leur côté, les fondateurs spécifient que leur
monastère ne pourra pas être attribué à un laïc.
D’une manière plus générale la gestion des monastères s’améliore consi-
dérablement entre les Xe et XIIe siècles, la fonction d’économe s’étant généra-
lisée. Les fondateurs veillent, comme Pakourianos, à l’établissement d’un
« budget » et prévoient l’utilisation des surplus. Les grandes fondations impé-
riales ou euageis oikoi sont des sékréta dotés de tout le personnel nécessaire.
La vieille idée de décharger les moines de tout souci matériel n’est pas
abandonnée. Au XIIe siècle, époque où les moines font l’objet de violentes
attaques à propos de leur mode de vie (Théodore Prodrome, Eustathe de
Thessalonique), Manuel Comnène remet en vigueur la novelle de Nicé-
phore Phocas, tout en accroissant les exemptions fiscales des monastères ;
ainsi, les revenus des moines augmentent, mais non leur fortune foncière ;
le souverain crée le monastère de Katasképè sur les rives du Bosphore.
C HA P I T R E X I V
LE S S I È C L E S O B S C U R S
puisque Nicéphore, qui les récrit, prend pour point de départ la date à
laquelle s’était arrêté Théophylacte. D’une façon générale, aux VIIe et
VIIIe siècles, la littérature profane disparaît et il faut noter aussi que très peu
de manuscrits ou de fragments de manuscrits datables de cette époque sont
parvenus jusqu’à nous. Ce tarissement de la production littéraire, symp-
tôme d’une crise culturelle, peut être rapporté à plusieurs facteurs [Hal-
don, 126]. Le déclin des cités, sensible dès la deuxième partie du VIe siècle,
va de pair avec l’affaiblissement de la classe sociale à laquelle était liée la
paideia traditionnelle. Les invasions, au VIIe siècle, aggravent le phénomène,
l’Empire se réduisant désormais à l’Asie Mineure, aux îles et à l’Italie du
Sud. L’Égypte, la Palestine et la Syrie, avec leurs centres culturels, sont per-
dues et si la culture grecque s’y maintient dans quelques foyers, il s’agit plu-
tôt de phénomènes de survivance. À Constantinople même, les circonstan-
ces politiques ne sont guère favorables à la vie culturelle. L’effort de guerre
mobilise les énergies. La population décline. La période d’anarchie qui pré-
cède le règne de Léon III semble contribuer à affaiblir ou à détruire ce qui
pouvait rester de culture. La légende de Léon III faisant brûler dans des
locaux situés près de la citerne Basilique un « didascale œcuménique » avec
ses disciples est à mettre au compte de la propagande iconophile, mais
témoigne sans doute du fait qu’au VIIIe siècle, il n’y avait plus, dans la capi-
tale, de lieu public d’enseignement supérieur.
S’il est indéniable que la fin du VIIe siècle et une grande partie du VIIIe
constituent la période la plus noire dans l’histoire de la culture écrite à
Byzance, il ne semble pourtant pas qu’il y ait jamais eu de rupture totale et
l’on peut discerner des lignes de continuité.
La littérature religieuse, tout d’abord, reste plus longtemps vivace que
les lettres profanes. Hors de l’Empire, en Palestine, l’œuvre d’Anastase le
Sinaïte est à dater de la fin du VIIe siècle et celle de Jean Damascène
[Louth, 827], actif dans la première moitié du VIIIe, est à la fois plus tardive
et plus importante. André de Crète, qui vit en Palestine, puis à Constanti-
nople et en Crète, est son contemporain. À Constantinople même, le
patriarche Germain écrit même après sa déposition (730) et si, après sa
mort ou celle de Jean Damascène vers le milieu du siècle, les écrivains
ecclésiastiques semblent disparaître, il peut y avoir là en partie une illusion.
Le premier iconoclasme, depuis le règne de Léon III jusqu’à la fin de celui
de Théophile, contribue à brouiller les cartes : les partisans des images,
dans l’Empire, peuvent difficilement s’exprimer, tandis que les œuvres ico-
noclastes ont par la suite été détruites. Seuls sont parvenus, du côté icono-
claste, quelques extraits d’une œuvre théologique de l’empereur Constan-
tin V, les Peuseis, et, des Actes du concile de Hiéreia en 754, nous n’avons
conservé que la définition de foi (horos). Quant à la défense des images, c’est
344 Les fondements de la civilisation byzantine
et à écrire un grec littéraire distinct d’une langue parlée qui s’est rap-
prochée du grec moderne [Browning, 791]. Les manuels – Théodose,
Denys, Héphestion – restent les mêmes et sans doute en grande partie les
auteurs de référence, en particulier les poètes, avec Homère et Hésiode,
mais aussi certains prosateurs, comme Démosthène. Plusieurs problèmes
demeurent. On ne sait en particulier si la distinction qui existait à l’époque
précédente entre trois degrés de l’enseignement – celui du grammatistès, du
grammatikos et du rhéteur – reste valable, l’existence du « rhéteur » et, d’une
façon générale, celle d’un enseignement supérieur à celui du grammatikos res-
tant mal documentées. La rhétorique, comme la grammaire, était
enseignée. Au début du IXe siècle, Jean de Sardes écrit un commentaire des
Progymnasmata d’Aphthonios qui montre que, dans ce domaine aussi, de part
et d’autre des siècles obscurs, le contenu de l’enseignement est resté stable
et les références inchangées. La philosophie et les disciplines du quadrivium
sont plus rarement attestées et leur enseignement, sporadique, n’a pas
d’existence autonome et dépend de la compétence personnelle d’un maître.
Les noms que nous avons cités permettent d’identifier, dans l’Empire et
dans les provinces perdues au VIIe siècle, quelques centres où l’enseigne-
ment a survécu. La Palestine a joué un rôle significatif [Mango, 830]. Cer-
tains grands monastères, surtout celui de Saint-Sabas, ont été des conserva-
toires d’une culture grecque générale. Jean Damascène est actif à Jérusalem
[Auzépy, 693] auprès du patriarche et les livres dont il a disposé pour com-
poser certaines de ses œuvres – comme le grand florilège des Sacra parallela
ou la somme théologique qu’est la Pègè gnôséôs – peuvent s’être trouvés soit
au patriarcat, soit, non loin de là, à Saint-Sabas. C’est dans ce monastère
en tout cas que, vers 800, Michel, qui sera syncelle de Méthode de Cons-
tantinople, dispense un enseignement aux futurs « Graptoi ».
Le cas de Michel le Syncelle est intéressant non seulement parce qu’il donne
une idée de la survie de l’hellénisme à Édesse et à Jérusalem, mais aussi parce
qu’il illustre les contacts entre ces foyers en Terre d’Islam et la capitale : Michel,
Théodore et Théophane arrivent en effet à Constantinople au début du règne
de Léon V. Ils s’illustrent dans la lutte en faveur des images, et, après le rétablis-
sement de l’Orthodoxie en 843, Michel devient syncelle du patriarche Méthode,
tandis que Théophane Graptos occupe le siège de Nicée et compose des poèmes
liturgiques.
Mais les monastères, en Terre d’Islam, n’ont pas été les seuls, ni même
les principaux foyers de l’hellénisme. Il est notable que Jean Damascène
appartienne à la puissante famille des Mansour et qu’il ait reçu son éduca-
tion, incluant une formation grammaticale, rhétorique et philosophique,
dans sa famille, à Damas. On voit ainsi comment, en Syrie, des familles pri-
vilégiées continuent à faire bénéficier leurs enfants d’une éducation ana-
346 Les fondements de la civilisation byzantine
un scriptorium s’y développe. Il y a eu là, dès le IXe siècle, et sans doute à Sak-
koudion dès le VIIIe, un centre de copie pour les textes religieux. Mais il est dou-
teux que Platon, Théodore et leurs compagnons aient été à l’origine de la nou-
velle écriture. On a pu penser aussi à la Palestine, où il faut localiser sans doute
certains essais faits très tôt en ce sens. Mais le fait que la minuscule naisse de la
stylisation d’une cursive documentaire peut inviter aussi à chercher dans les
milieux proches de la chancellerie impériale.
L’apparition et la généralisation de la minuscule ont une grande impor-
tance culturelle. Désormais, les Byzantins copient plus facilement des livres,
même si ceux-ci, à toutes les époques, restent peu nombreux. D’autre part, la
minuscule, devenue assez vite la seule écriture vivante, joue un grand rôle
dans la transmission des textes anciens. Aux IXe et Xe siècles a lieu en effet un
phénomène qui marque l’histoire des textes grecs : la translittération, c’est-à-
dire la transposition des textes antiques – païens ou chrétiens – de l’onciale à
la minuscule. Les textes qui n’ont pas été translittérés, en général, ne nous
sont pas parvenus. On voit à quel point notre connaissance des textes de
l’Antiquité et de l’époque protobyzantine est tributaire de l’activité et des
choix des copistes des IXe-Xe siècles et de leurs commanditaires.
LE R E N O U V E A U ( F I N V I I I e - I X e S . )
Les partisans des images, dont les œuvres, du fait de leur orthodoxie,
ont été conservées, n’ont eu à aucun moment l’apanage de la culture. Le
cas d’Ignace le Diacre [Mango, 102 ; Efthymiadès, 94], actif dans la pre-
mière moitié du IXe siècle, et auquel nous devons les vies de Taraise et de
Nicéphore, mais aussi quelques poèmes et une série de lettres, et qui,
comme Choiroboskos, a porté le titre mystérieux de « didascale œcumé-
nique », est instructif sur ce point.
Dans son apprentissage de la grammaire et de la rhétorique, il a bénéficié de
l’enseignement ou des conseils de Taraise et de Nicéphore et son œuvre
conservée permet de juger des résultats : il écrit un grec artificiel, souvent diffi-
cile, et n’hésite pas à faire référence à la culture profane, citant en particulier
des poètes, Homère et Hésiode bien sûr, mais aussi des tragiques, et quelques
prosateurs. Proche de deux patriarches iconophiles, Ignace a pourtant varié
dans ses opinions et s’est rallié un instant aux adversaires des images. C’est alors
qu’il compose certains poèmes. Revenu à l’orthodoxie iconophile, il écrit les vies
de Taraise et de Nicéphore, et regrette amèrement sa faute. Sa carrière montre
bien qu’il n’y a pas de frontière étanche entre partisans et adversaires des
images, et qu’ils partagent la même culture.
Jean le Grammairien, patriarche de Constantinople de 837 à 843, et
l’un des principaux adversaires des images, est sans doute lui aussi un
évêque cultivé, et il est possible qu’il ait manifesté de l’intérêt pour certaines
sciences [Lemerle, 823]. Mais aucune de ses œuvres n’est parvenue jusqu’à
nous et sa physionomie ne nous est accessible qu’à travers l’image déformée
qu’en donnent ses adversaires iconophiles. Il en va autrement de son
parent, Léon « le Mathématicien » ou « le Philosophe » qui, nommé métro-
polite de Thessalonique sous Théophile, doit avoir été, au moins un temps,
favorable à l’iconoclasme [Lemerle, 823 ; Wilson, 854].
D’après certaines sources, Léon aurait fait ses premières études à Constanti-
nople, dont il est originaire. Puis, n’ayant trouvé dans la capitale personne pour
lui apprendre les mathématiques, il se serait rendu dans l’île d’Andros auprès
d’un maître et, celui-ci s’étant révélé insuffisant, il aurait complété lui-même sa
formation en consultant les manuscrits conservés dans des monastères. Revenu
ensuite à Constantinople, il aurait enseigné à titre privé les sciences ainsi appri-
ses. L’un de ses élèves, fait prisonnier par les Arabes, aurait eu l’occasion d’être
présenté au calife al-Mamûn (813-833) ou al-Mutaçîm (833-842), auquel il
aurait pu montrer toute la supériorité des connaissances mathématiques acqui-
ses auprès de Léon. Le calife aurait alors pris contact avec celui-ci pour le faire
venir à sa cour, mais l’empereur Théophile, informé, aurait alors confié à Léon
un enseignement public à l’église des Quarante-Martyrs. Ce récit, qui contient
plusieurs difficultés chronologiques et qui semble destiné à démontrer la supé-
riorité de la science grecque sur la science arabe, est suspect à plus d’un titre.
L’épisode à Andros est peu vraisemblable ; quant aux manuscrits dans les
monastères, il faut imaginer au mieux de simples dépôts de livres, les bibliothè-
L’enseignement et la culture écrite 351
livres lus en son absence. La date de cette ambassade a été discutée. Sans doute
faut-il la placer avant le premier patriarcat de Photius, mais plutôt sous le règne
de Michel III que sous celui de Théophile. Une date dans les années 850
conviendrait.
Photius, répondant à la demande de son frère Taraise, fait copier une
série de 280 notices – appelées habituellement codices –, de longueur très
variable (de deux lignes à 70 pages), consacrées à des œuvres qu’il a lues
sans son frère. On s’est souvent posé la question de savoir où Photius
avait eu accès aux livres qu’il analyse. Sans doute, comme le signale l’un
de ses adversaires, Nicétas le Paphlagonien, a-t-il pu, grâce à sa fortune,
réunir lui-même une riche bibliothèque. Pour le reste, rien n’indique qu’il
ait effectué ses lectures ailleurs qu’à Constantinople et l’accès qu’il a, pour
la littérature chrétienne, à des ouvrages hérétiques a fait penser que la
bibliothèque du patriarcat lui était largement ouverte.
Pour les œuvres qu’il analyse, Photius indique l’auteur et le contenu, qu’il
résume et dont il donne souvent des extraits. Dans certains cas, il porte un
jugement sur le contenu, plus souvent sur le style, et la Bibliothèque se trouve
de ce fait appartenir à la critique littéraire, un genre mal représenté à
Byzance, mais pour lequel le futur patriarche a pu suivre les exemples de
Denys d’Halicarnasse ou d’Hermogène. La Bibliothèque fait une large part à la
littérature chrétienne, à laquelle sont consacrée 158 notices. Certains auteurs
chrétiens, comme Basile de Césarée, reçoivent de grands éloges. On notera
aussi dans la Bibliothèque la présence d’actes des conciles qui montrent bien
que l’intérêt porté aux textes chrétiens n’est pas purement littéraire. Du côté
de la littérature profane, on trouve 122 codices correspondant à 99 auteurs. La
poésie est absente, mais, pour la prose, de nombreux genres sont représentés,
avec certaines dominantes : c’est ainsi que Photius mentionne 16 lexiques et
39 ouvrages historiques. L’exemple de l’histoire [Schamp, 845] permet aussi
de mieux voir que l’hellénisme de Photius n’est nullement restreint à la
période que nous appelons classique, ni même hellénistique : les 31 historiens
mentionnés appartiennent en effet tous sauf quatre aux périodes romaine et
byzantine. Beaucoup des ouvrages analysés par Photius ne sont pas parvenus
jusqu’à nous.
La Bibliothèque donne de la culture de Photius une image déformée. Il ne
faut pas oublier que n’y sont présents que les ouvrages lus en l’absence de
Taraise. Les auteurs du corpus scolaire sont trop connus pour être évo-
qués : c’est ainsi que les poètes sont presque entièrement absents. D’autres
œuvres de Photius – les Amphilochia, ou sa correspondance – viennent com-
pléter la Bibliothèque, témoignant en particulier de la culture philosophique
du patriarche. Sans doute, pour son époque, Photius a-t-il un accès aux
livres et une culture exceptionnels. Mais l’intérêt qu’il porte au style des
ouvrages plus qu’à leur contenu, sa façon de lire l’histoire – avec un goût
L’enseignement et la culture écrite 355
copié en 895, 21, et le manuscrit des Apologistes, daté de 914, 26. Ces prix très
élevés montrent bien que les livres, à Constantinople vers 900, n’étaient accessi-
bles qu’à une petite élite fortunée.
La littérature religieuse, quant à elle, suit pour une part le mouvement
général que nous venons de décrire et profite du renouveau qui marque le
IXe siècle. Mais elle présente des aspects particuliers et un rythme propre,
son histoire, plus que celle des textes profanes, étant marquée par une
continuité. Cette littérature, qui peut être savante, s’adresse aussi à un
public plus large. Elle a recouru de ce fait à des niveaux de langue et de
style divers, parfois assez simples, comme le montre l’exemple du secteur le
plus vivant à l’époque, à savoir l’hagiographie. Dans ce domaine, qui
recouvre plusieurs genres, la production, variée, appartient à des niveaux
de culture aussi bien élevés que plus populaires. Certaines œuvres, très
vivantes, sont écrites dans une koinè assez simple. C’est le cas de plusieurs
vies monastiques ou, dans les années 920, de l’un des chefs-d’œuvre de
l’hagiographie narrative à Byzance : la Vie d’Euthyme le patriarche, consacrée
par son auteur, un moine anonyme, au patriarche de Constantinople
Euthyme, qui avait accepté le quatrième mariage de Léon VI. À côté de
ces textes substantiels, souvent savoureux et vivants, il existe d’autres
œuvres plus prétentieuses. Certains auteurs, enfin, tout en surveillant la cor-
rection de leur langue, cherchent à rester accessibles à un large public :
ainsi, Nicétas David Paphlagôn, un disciple d’Aréthas de Césarée auquel
nous devons, à la fin du IXe siècle, une intéressante Vie du patriarche Ignace.
En plus de l’hagiographie qu’on peut appeler d’actualité, consacrée à des
saints récents, il faut signaler aussi des textes honorant les saints du passé. Il
s’agit le plus souvent de textes savants et ici encore, outre certaines homé-
lies d’Aréthas ou de Léon VI, les œuvres de Nicétas Paphlagôn occupent
une place importante [Paschalidès, 838]. Sauf dans le domaine de
l’hagiographie, la littérature religieuse de l’époque, une fois passée la que-
relle des images, paraît assez peu créative. Les Byzantins tournent leurs
regards vers les grands auteurs de l’âge patristique, qui sont pour eux à la
fois les critères de l’orthodoxie et les modèles qu’ils veulent imiter. Il faut
signaler en particulier le rôle des œuvres de Jean Chrysostome et surtout de
Grégoire de Nazianze, le « Théologien » par excellence. En ce sens, le
magnifique manuscrit enluminé des homélies de Grégoire exécuté à la com-
mande de Basile Ier (Parisinus graecus 510) est symptomatique de la culture de
l’époque.
L’enseignement et la culture écrite 357
LE R È G N E D E C O N S T A N T I N P O R P H Y R O G É N È T E
L’ A P O G É E : X I e E T X I I e S I È C L E S
influent, sans cesser pourtant d’enseigner. L’empereur crée pour lui le titre de
« consul des philosophes » (hypatos tôn philosophôn), dont le contenu exact est
incertain, mais qui semble consacrer sa prééminence parmi les professeurs de
philosophie de Constantinople. Disgracié en même temps que son ami Jean
Xiphilin, il prend l’habit dans un monastère de l’Olympe de Bithynie. Il revient
au palais dès le règne de Théodora et jouera à plusieurs reprises un rôle impor-
tant. Il est en particulier le précepteur de l’empereur Michel VII Doucas. La
date de sa mort, inconnue, est à situer après 1081.
L’œuvre de Psellos permet de connaître le contenu de son enseigne-
ment. Elle est celle d’un polymathe, qui a touché à toutes les disciplines
correspondant au trivium et au quadrivium. C’est à son rôle dans l’étude de
la philosophie que Psellos semble attacher le plus d’importance et, même si
l’on peut soupçonner que cette discipline, à son époque, était tombée moins
bas qu’il ne le dit, il semble en effet qu’il a contribué à la redécouverte du
néo-platonisme. Ses œuvres témoignent de sa connaissance non seulement
d’Aristote et de Platon, mais aussi de Proclus et des Oracles chaldaïques, et cet
intérêt pour le platonisme lui a été reproché par les gardiens vigilants de
l’Orthodoxie. À l’enseignement philosophique, Psellos joint celui de la rhé-
torique, deux disciplines indissociables à ses yeux, et d’une façon plus origi-
nale mais caractéristique des intérêts de l’époque, celui du droit. Son ensei-
gnement semble avoir connu un grand rayonnement et Psellos fait état
d’élèves étrangers. Ses œuvres oratoires, par exemple en l’honneur de sa
mère, de sa fille, morte jeune, ou de ses amis Xiphilin, Leichoudès, Mauro-
pous, ses nombreuses lettres aussi, sont d’un grand intérêt, et sa Chrono-
graphie, pour les années 976-1078, au caractère prononcé de mémoires, est
une œuvre originale qui confirme que Psellos, loin d’être un simple poly-
graphe, est un authentique écrivain.
La carrière de Psellos s’infléchit de façon décisive quand il est appelé au
palais où il rejoint ses protecteurs ou amis Constantin Leichoudès, Jean
Xiphilin et surtout Jean Mauropous, le plus ancien et le plus important des
trois. L’empereur Constantin Monomaque, qui s’entoure ainsi de lettrés,
témoigne d’un intérêt personnel pour la culture et intervient dans
l’organisation de l’enseignement. C’est lui qui crée le titre de « consul des
philosophes », lui encore peut-être qui institue un « maître des rhéteurs »
(maïstôr tôn rhétorôn), attesté pour la première fois dans les années 1050. Sur-
tout, par une novelle à dater sans doute de 1047, et rédigée par Mauro-
pous, il organise l’enseignement du droit :
Constatant qu’alors que les autres sciences et les autres arts disposent de locaux
et de chaires avec des professeurs rétribués, le droit est défavorisé, il décide
d’instituer nomophylax (gardien des lois) Jean Xiphilin et d’affecter à l’école de
droit (didaskaleion nomôn) des locaux dans le monastère Saint-Georges des Man-
ganes, qu’il vient de construire. Le nomophylax, outre sa charge d’enseignement,
L’enseignement et la culture écrite 363
l’usage des Grecs, dirigent les études aussi bien des arts libéraux que des
Saintes Écritures ». La carrière de certains didascales montre bien à quel
point les institutions de l’Église et celles de l’enseignement peuvent être
imbriquées, tandis que les œuvres conservées attestent de la place que ces
clercs de la Grande Église ont tenue dans l’histoire des lettres au XIIe siècle.
Michel Italikos, né dans la dernière décennie du XIe siècle, enseigne la rhéto-
rique et la philosophie et parmi ses élèves figure en particulier un auteur
important, très caractéristique de l’époque, Théodore Prodrome. Célébré par
ses contemporains comme un « nouveau Platon », Italikos fait partie du cercle
érudit dont s’entoure Irène Doukaina. Ses œuvres conservées, des lettres et des
éloges pour l’essentiel, appartiennent au domaine de la rhétorique. Sans doute
est-il déjà diacre et, à une date inconnue, intégré au corps des didascales. À
Noël 1142, il parvient au sommet de ce corps et devient didascale de
l’Évangile. L’année suivante, il est nommé métropolite de Philippoupolis en
Thrace, un siège qu’il occupe jusqu’à sa mort avant 1157. Nicéphore Basilakès
(1115-1182 env.), l’un des rhéteurs les plus importants et les plus originaux de
l’époque [Garzya, 803], intègre lui aussi le corps des didascales : vers 1140, il
est nommé didascale de l’Apôtre. Impliqué dans une querelle théologique, il
doit toutefois s’exiler en 1156-1157, et sa carrière ecclésiastique se trouve ainsi
entravée.
Un autre personnage joue un rôle important dans le monde intellectuel
de Constantinople. Nommé par l’empereur, le maître des rhéteurs, que
nous voyons souvent entouré de ses élèves, fait figure d’orateur officiel,
chargé chaque année de prononcer l’éloge de l’empereur et celui du
patriarche. Il s’agit fréquemment d’un diacre de la Grande Église, mais rien
n’indique qu’il appartienne au corps des didascales. Le plus célèbre de ces
maïstores est sans doute Eustathe de Thessalonique (1115-1195 env.)
[Wirth, 855].
Professeur « public » (dèmosios didaskalos) et diacre de la Grande Église, où il est
maître des requêtes (épi tôn déèséôn), Eustathe est nommé maître des rhéteurs
en 1168 sans doute et finira sa carrière comme métropolite de Thessalonique,
un siège qu’il occupe de 1174 ou 1177 jusqu’à sa mort vers 1196. Eustathe est
l’un des plus grands érudits de Byzance, et nous lui devons en particulier de très
importants commentaires de l’Iliade et de l’Odyssée, où il thésaurise l’apport
des commentateurs précédents, parfois perdus pour nous. D’autres commen-
taires – sur Pindare, Denys le Périégète, ou sur un canon de Jean Damascène –
se rattachent, comme ceux sur Homère, à son activité de grammatikos. Ses dis-
cours en l’honneur de l’empereur, du patriarche ou de hauts personnages attes-
tent de son activité de rhéteur et certains peuvent être rapportés à l’époque où il
exerce sa charge de maïstôr tôn rhétorôn. À Thessalonique, Eustathe continue à
être actif et productif. Certains de ses écrits, à l’époque, sont liés à ses activités
pastorales. Mais il compose aussi une très intéressante Histoire de la prise de Thes-
salonique par les Normands (1185).
366 Les fondements de la civilisation byzantine
tout d’abord comme un art officiel et le maître des rhéteurs, avec ses élèves,
avait pour devoir, chaque année, de prononcer au palais des éloges en
l’honneur de l’empereur à l’occasion de l’Épiphanie et en l’honneur du
patriarche dans le sékréton du patriarcat à Sainte-Sophie le samedi précédant
les Rameaux [Loukaki, 826]. L’éloquence épidictique, au XIIe siècle beau-
coup plus qu’avant, donne naissance à des textes savants, difficiles, d’une
esthétique baroque, qui désorientent le lecteur moderne et semblent n’avoir
pu dépasser le cénacle très restreint des lettrés qui l’a produite. Pourtant, il
semble que les discours des rhéteurs, liés à l’actualité, aient participé aussi à
la diffusion de l’information sur les grands événements marquant la vie de
l’Empire. Plusieurs textes témoignent d’un engouement du public constanti-
nopolitain pour cet art raffiné, et la rhétorique, art officiel, doit être consi-
dérée aussi, au XIIe siècle, comme l’art à la mode. Mais si importante soit-
elle, elle n’est pas seule. C’est l’ensemble de la vie intellectuelle qui frappe
par sa vitalité. Dans le domaine des sciences, la médecine ou l’astronomie,
très liées à l’astrologie, donnent des signes de renouveau, avec par exemple
l’œuvre de Syméon Seth, déjà mentionnée. Le droit, nous l’avons vu, a
connu un regain d’intérêt au XIe siècle, et c’est à cette époque que nous
devons la Peira, précieux recueil de jugements rendus en particulier par le
juge Eustathe Rômaios. Au XIIe siècle, c’est le droit canon qui est productif
avec les grands recueils de Zonaras et de Balsamon. La théologie est peut-
être moins brillante, mais on peut signaler les œuvres exégétiques de Théo-
phylacte d’Ochrida [Mullett, 835], ou des sommes polémiques comme la
Panoplie dogmatique d’Euthyme Zigabène, tandis que les Difficultés de la sainte
Écriture de Michel Glykas montrent des tendances plus originales. Surtout,
les discussions théologiques de l’époque témoignent de contacts sérieux avec
les Latins. L’étude de la philosophie, qui semblait menacée par la condam-
nation d’Italos, ne s’interrompt pas. La charge de « consul des philoso-
phes », exercée après Italos par Nicétas Kyprianos, puis Théodore Smyr-
naios, disparaît ensuite pour ne reparaître que dans les années 1160 avec
Michel Anchialos, qui sera chargé de lutter contre le renouveau du néo-
platonisme. Mais l’intérêt pour Aristote est attesté par des personnages
comme Théodore Smyrnaios ou bien par le cercle philosophique qui se
réunit, après la mort d’Alexis Ier, autour d’Anne Comnène retirée au
monastère de la Kécharitôménè, et qui comprend Michel d’Éphèse, Eus-
trate de Nicée et peut-être Étienne Skylitzès. Théodore Prodrome, ami de
ce dernier, a appris, pour sa part, de son maître Italikos à vénérer Platon.
Considérée comme le sommet de la science, la philosophie englobe toute
une série de disciplines, celles du quadrivium mathématique, mais aussi les
sciences naturelles.
Du côté de la littérature, le renouveau est sensible et la production est
marquée par une diversité accrue. Dès le XIe siècle, le poids de l’héritage
368 Les fondements de la civilisation byzantine
L’art
PAR JEAN-MICHEL SPIESER
GÉNÉRALITÉS
650- 886
886- 1025
1025- 1204
Pendant presque deux siècles, malgré les difficultés et les drames des
dernières décennies de cette période, des œuvres extrêmement variées et
diversifiées sont produites en abondance. Les notions utilisées par P. Mag-
dalino pour caractériser de manière plus générale l’évolution culturelle et
intellectuelle sous la dynastie des Comnènes permettent aussi d’éclairer ces
manifestations de l’art byzantin. On parlera donc d’une lente évolution qui
n’est pas sans lien avec celle qui est en œuvre en Occident, où l’individu, la
sensibilité personnelle, y compris sous la forme de la dévotion privée, com-
mencent à prendre plus de place et à acquérir une certaine légitimité [Mag-
dalino, 192]. Mais à Byzance, la situation évolue moins vite : l’État byzan-
tin est centralisé, avec un pouvoir dans l’ensemble encore fort, où, malgré
des conflits ponctuels, la solidarité est grande entre l’empereur et le
patriarche. Les innovations n’y ont aucune légitimité et sont facilement
jugées dangereuses. Le procès de Jean Italos est pour le moins symbolique à
ce point de vue et, si l’on a essayé de montrer qu’il n’a pas arrêté l’activité
philosophique, par exemple dans le cercle d’Anne Comnène, il n’en a pas
moins servi d’avertissement et a conduit à empêcher que soient abordées
des questions théologiques à partir de la philosophie. Dans le domaine de
l’art, cette situation entraîne des évolutions en apparence contradictoires
qui vont se côtoyer, parfois se mélanger, de manière à former une synthèse
dont les composantes ne se lisent pas toujours clairement. Une nouvelle
L’art 373
LE S G R A N D S D O M A I N E S A R T I S T I Q U E S
L’ARCHITECTURE
Les quelques informations plus précises que nous avons sur la fin
du VIIe et le début du VIIIe siècle concernent l’architecture civile et mili-
taire : réparations aux remparts de Constantinople, réfection, toujours à
Constantinople, de l’aqueduc dit de Valens dont C. Mango a montré qu’il
fallait sans doute l’attribuer à l’empereur Hadrien [Mango, 571]. Cet
374 Les fondements de la civilisation byzantine
A Constantinople, dans la ville même, les souverains ont surtout restauré des
églises plus anciennes ; il n’y eut, du moins selon les sources, de constructions
neuves qu’en relation avec le Palais : outre la Néa déjà citée, l’église de la
Theotokos du Pharos mérite de retenir l’attention, car elle devint une véri-
table chapelle palatine abritant les reliques les plus précieuses réunies autour
de l’empereur.
L’architecture se renouvelle davantage au XIe siècle. La diversité des
plans redevient plus grande. Même si la structure fondamentale reste celle
de la croix grecque, elle apparaît sous un certain nombre de variantes. On
trouve ainsi à nouveau des églises tétraconques, où tous les bras de la croix
se terminent par une abside. L’exemple le mieux connu est celui de la
petite église des Saints-Apôtres, élevée aux environs de l’an 1000 sur
l’ancienne agora d’Athènes [Frantz, 889].
L’innovation la plus spectaculaire et qui a provoqué de nombreuses dis-
cussions sur ses origines, est constituée par les églises à trompe d’angle, plan
attesté deux fois en Grèce, entre le début et la fin du XIe siècle pour
d’importantes églises monastiques (il sera exceptionnellement réutilisé plus
tard, aux XIIIe et XIVe siècles, toujours en Grèce, sans aucun doute à cause
du prestige des exemples les plus anciens qui servaient de modèle). Dans ces
églises, les pendentifs qui, au moins depuis Sainte-Sophie de Constanti-
nople, étaient utilisés dans l’architecture byzantine pour passer du carré,
formé par les piliers, au cercle de la coupole, sont remplacés par des trom-
pes d’angles, que l’on pourrait définir comme des niches en cul-de-four,
placés sur l’angle de piliers en G. L’élargissement du diamètre de la coupole
est permis moins par le remplacement des pendentifs par les trompes
d’angles que par l’utilisation de piliers à la place de colonnes pour porter le
poids de la coupole. Il est aussi difficile de préciser l’origine de cette tech-
nique (l’Arménie, où des trompes sont utilisées couramment, mais construi-
tes sur un principe différent, a souvent été citée) que de comprendre pour-
quoi elle a été aussi peu employée. Le katholikon du monastère de Hosios
Loukas en Phocide est construit, sous sa forme actuelle, vraisemblablement
dans la première moitié du XIe siècle, mais ni les circonstances ni la date
précise de sa construction ne sont claires. On a proposé de voir, dans la
construction ou le décor du katholikon, une intervention de Constantin IX
Monomaque [Mylonas, 924 ; Oikonomidès, 927]. Le monastère de Daphni
est daté, essentiellement d’après les mosaïques de son katholikon, des envi-
rons de 1100, mais il n’existe aucune autre indication ni sur sa date ni sur
son fondateur. Ces deux monuments, qui sont assez exceptionnels, sont
ainsi les témoins d’une monumentalité nouvelle, encore soulignée par la
richesse du décor pictural sur lequel nous reviendrons.
Un élargissement de l’espace intérieur semble dès lors une priorité pour
les églises d’un certain niveau. Un exemple original en est la Néa Moni de
378 Les fondements de la civilisation byzantine
l’image lié à l’iconoclasme (les miniatures dans leur ensemble seront traitées
plus loin avec les arts somptuaires, même si certains manuscrits devront
être mentionnés dans cette partie).
Les dernières décennies du VIIe siècle et les premières du VIIIe
n’apportent pas d’innovation marquante par rapport à celles qui ont été
décrites pour la fin de la période précédente. De plus, le petit nombre de
monuments construits explique l’absence de décor peint attesté pour cette
période et c’est bien l’iconoclasme qui domine ce que l’on peut dire sur
l’évolution de la peinture byzantine jusqu’en 843. On ne peut guère faire
autrement, même si l’évolution est plus fine qu’un tel découpage ne le laisse
entendre, que de donner une place à part à la période des empereurs ico-
noclastes, mais de subtiles continuités existent avec la fin du IXe siècle où,
par ailleurs, on retrouve des évolutions qui avaient commencé avant 730.
Le Xe siècle constituera une autre période qui présente une réelle unité du
point de vue de la peinture ; une troisième partie enfin sera consacrée à la
lente, mais profonde évolution des XIe et XIIe siècles.
L’icon oclasme
Il paraît inutile de refaire ici une chronologie des différents moments de
l’iconoclasme. Mais avant d’aborder les questions fondamentales qui sont
alors soulevées sur la légitimité des images religieuses, il convient de rappe-
ler que, malgré ce que des interprétations modernes ont parfois laissé
croire, la période dite iconoclaste – au sens strict du mot, de 730 à 787,
puis de 814 à 843 – n’est pas une sorte de période barbare où toute culture
aurait été méprisée. En ne se plaçant qu’au seul point de vue de l’histoire
de l’art, les diatribes même des partisans des images montrent l’existence
d’un art dont les empereurs eux-mêmes étaient les commanditaires. Il s’agit
d’un art profane, mal connu, comme pour les époques postérieures, mais
qui s’inscrivait nécessairement dans une continuité, d’autant plus que les
empereurs iconoclastes tenaient fondamentalement à se situer dans le pro-
longement de l’Empire des siècles passés et à se rattacher à sa gloire. Leurs
adversaires insistent sur le fait que de tels décors, d’allure profane, mon-
trant des scènes de chasse, des animaux, étaient aussi utilisés dans les égli-
ses, ce qui devait, dans l’esprit des iconodoules, prouver l’impiété des empe-
reurs iconoclastes. Aucun de ces décors n’est évidemment conservé, mais il
n’est pas sûr qu’ils aient été sensiblement différents d’ensembles d’images
tels qu’on les connaît pour des pavements de basiliques paléochrétiennes.
Déjà pour ces exemples anciens, la fonction et l’interprétation posent pro-
blème : on a montré récemment quels critères permettaient de supposer
une signification symbolique ou au contraire une fonction plus ou purement
380 Les fondements de la civilisation byzantine
Le Xe siècle
trant ainsi Dieu qui veille sur ce qui se passe dans le monde. Une série, plus
ou moins importante, de scènes de la vie du Christ, également évoquées
dans les différents moments de la liturgie, constitue l’essentiel du décor sur
la partie haute des murs et sur les voûtes. Ce cycle est encore souvent dési-
gné par l’appellation cycle des Douze Fêtes, malgré les fréquentes variations
dans les scènes qui le composent [Spieser, 947 ; 949]. Ce qui paraît de
manière prioritaire recherché par les commanditaires est l’organisation en
cycle de ces images, la présence des quelques moments essentiels où, dans
la vie du Christ, l’articulation de sa nature divine et de sa nature humaine
se manifeste le plus clairement : Annonciation, Nativité, Baptême, Cruci-
fixion, Résurrection. La comparaison, qu’il n’est pas possible de détailler
ici, entre les grands monuments évoqués ci-dessus, montre comment les
préférences des commanditaires, l’architecture de l’église, sa dédicace et
divers aspects liés aux circonstances de sa fondation, entraînent une grande
variété dans le choix et la disposition des images.
Ce système, annoncé au Xe siècle, se met vraiment en place au XIe siècle,
mais, au courant du siècle suivant, on note, au-delà des variations tradition-
nelles, des changements auxquels il faut attribuer une signification et qui sont
la marque d’une véritable évolution. Celle-ci est complexe dans la mesure où
elle se joue sur un double registre. Un intérêt croissant pour l’expression des
sentiments, de la douleur, se développe. C’est ainsi qu’on interprète
l’apparition, parmi ces images, du thrène, nom donné à la scène qui repré-
sente les lamentations de la Théotokos sur le corps du Christ, dont le premier
exemple monumental sûrement daté apparaît dans l’église de Saint-
Pantéléimon à Nérézi (1164). Il faut y associer la douleur de la Théotokos, en
particulier sur certaines icônes à double face de la fin du XIIe siècle. Sur
l’autre face est souvent représenté le Christ de Pitié. Mais une partie au
moins de ces innovations est, en même temps, à mettre en rapport avec la
liturgie : on a montré que l’apparition du Christ de Pitié était due à la
volonté d’avoir une icône du Christ pouvant servir au temps de la Passion
sans être explicitement liée à un moment précis de celle-ci [Belting, 862].
Une même insistance sur la liturgie et sur son caractère sacré explique
l’apparition, dans le sanctuaire, de nouvelles images qui lui sont étroitement
liées. L’exemple le plus net en est l’apparition du mélismos auquel il a déjà
été fait allusion : entre les Pères de l’Église est représenté sur le mur du
sanctuaire un autel sur lequel sont posés patène et calice. Dans la patène se
trouve couché le Christ, montré sous la forme d’un enfant pour indiquer
sans ambiguïté la réalité du sacrifice eucharistique. Le développement du
templon, la clôture qui séparait le sanctuaire de l’espace réservé aux fidèles,
est un phénomène analogue. Quelques textes montrent qu’on insistait,
davantage encore que dans le passé, sur la nécessité d’empêcher les fidèles
de voir et même d’entendre ce qui se passait dans le sanctuaire. Le templon
386 Les fondements de la civilisation byzantine
commence alors à se couvrir d’icônes : elles vont peu à peu être systémati-
quement placées sur l’épistyle, de plus en plus souvent sous la forme d’un
véritable cycle de Douze Fêtes, ainsi nommé par des poètes contemporains
qui le décrivent, et entourant la Déisis. Ces images, dont le développement
est lié à l’importance prise par le calendrier liturgique [Spieser, 949], sont
un écho du décor de l’église et rappellent la liturgie qui est célébrée der-
rière le templon. C’est aussi vers la fin du XIIe siècle, que commencent à
apparaître, même si la question reste encore controversée, les grandes
icônes qui prennent place entre les colonnettes du templon.
Ces icônes vont devenir le support privilégié d’une dévotion person-
nelle. Mais il faut aussi mentionner, dans ce contexte, des icônes qui étaient
placées sur une sorte de lutrin, appelé proskynètarion, placé en avant de la
clôture du templon : on exposait ainsi l’icône en relation avec la fête du jour.
Elle était souvent éclairée de manière particulière et offerte à la vénération
des fidèles. Plus généralement, cette période voit un développement impor-
tant des icônes portatives. Encore une fois, on remarque, de manière paral-
lèle, le renforcement, voulu par le clergé, de l’aspect liturgique et une
ouverture vers la dévotion personnelle, qui est un phénomène profond et ne
relève pas d’un contrôle ecclésiastique. Il est impossible de ne pas mettre
cette évolution en rapport avec l’apparition de quelques signatures dans des
œuvres artistiques [Bacci, 858]. Nicolas Mésaritès, dans sa description des
mosaïques des Saints-Apôtres dans leur état du XIIe siècle, dit même que le
peintre s’est représenté lui-même dans une scène. C’est bien une lente évo-
lution vers un nouvel esprit où l’individu avait plus de place que nous
observons dans les mutations artistiques du XIIe siècle, mais elle fut arrêtée
par les événements de 1204 [Magdalino, 192].
Un ar t de cou r
Cette évolution, sous-tendue par une valorisation de l’individu, qui a été
également notée dans le domaine littéraire [Magdalino, 192], permet de
reposer la question de l’art profane. On a déjà évoqué ci-dessus, à propos
de l’iconoclasme, un art profane qui était reproché aux empereurs parce
que prouvant, soi-disant, leur impiété. Il faut rappeler l’exemple déjà cité
des images de cocher que Constantin V aurait fait représenter sur le
Milion, à la place de représentations des conciles œcuméniques, reprise de
thèmes d’un art triomphal bien compris à des périodes plus anciennes, mais
L’art 387
Au -delà de la cou r et de l a vi l l e
la fois d’un capital social et d’un capital économique larges. Mais cette pro-
duction artistique n’est pas seulement à usage privé et personnel. Ce sont
bien les mêmes qui commanditent ces objets et qui assurent la construction
et le décor des églises. Mais, même si, comme on l’a rappelé, la plupart de
ces églises sont des églises privées, il ne s’agit pas seulement de chapelles
auxquelles les commanditaires seuls et leurs familles auraient accès. Les
moines qui assurent l’office et la liturgie dans les monastères privés sont,
dans leur grande majorité, issus du monde qui ne produit pas les églises ni
leurs peintures. Ils jouent nécessairement un rôle important dans la diffu-
sion du prestige des fondateurs. Mais, davantage, la plupart de ces églises
sont ouvertes à des fidèles plus nombreux. Un bon exemple en est donné
dans le typikon de la Théotokos Kosmosôteira, ce monastère déjà mentionné
et fondé par Isaac Comnène, un des fils d’Alexis Ier. Isaac y déclare qu’il
construit une deuxième église, en dehors du monastère, à laquelle les pay-
sans devront se rendre pour assister aux offices, mais qu’ils auront le droit
de participer à la liturgie du dimanche et des fêtes dans le katholikon même
(les hommes seuls à vrai dire, les femmes n’étant admises à l’intérieur qu’à
l’occasion de la fête de la Dormition). Le décor de ces églises privées fait
donc partie des moyens par lesquels prestige et autorité se diffusent dans
tous les milieux sociaux.
Dans cette fonction, plusieurs niveaux coexistent : le fondateur de la
Kosmosôteira est un personnage de premier plan ; son église est de grande
qualité, par l’architecture, car elle est construite sur un plan relativement
complexe, qui ne le cède en rien à des églises constantinopolitaines contem-
poraines, mais aussi par le décor peint. Si les mosaïques que mentionne
Isaac Comnène ne sont pas conservées, les quelques fresques du XIIe siècle
qui subsistent montrent la haute qualité de la peinture. Mais on trouve des
donateurs bien plus modestes, notables de province qui, eux aussi, ont tenu
à fonder leur église dont architecture et peinture pouvaient être de qualités
très variables. On ne saisit pas clairement non plus jusqu’à quel niveau
social on possédait des icônes, qui, en fait, pouvaient être très simples.
Quelques indications montrent qu’elles n’étaient pas très onéreuses, sauf
évidemment celles qui recevaient un revêtement d’or et d’argent [Oikono-
midès, 926].
Si l’on passe à un niveau encore plus modeste pour essayer d’avoir
quelques indications sur l’habitat, les vêtements, les ustensiles des gens les
plus simples, nos connaissances sont relativement réduites. Sur l’habitat
proprement dit, les fouilles n’ont encore donné que peu de résultats ; il
serait plus juste de dire que peu de fouilles ont été faites dans des conditions
qui permettent leur exploitation du point de vue de l’architecture
[Rheidt, 940]. Pour la même raison, nous avons peu de témoignages sur les
objets modestes dont disposaient les habitants de l’Empire, objets qui,
392 Les fondements de la civilisation byzantine
L e s r é g io n s d e l’Em p ire
C HA P I T R E X V I
Le mot Orient (en grec Anatolè) a plusieurs acceptions dans les sources
byzantines.
Depuis la fin de l’Antiquité, Orient désigne dans un sens administratif
restreint le diocèse civil dépendant d’Antioche où réside le comes Orientis ; son
territoire, à l’est de la chaîne taurique, couvre la Cilicie, la Mésopotamie et
l’Euphratèse, la Syrie et la Palestine [carte NC 1, p. 9] et il se distingue de
trois autres diocèses, Égypte, Asie et Pont, ces deux derniers couvrant l’Asie
Mineure ; ce sens explique l’appellation de « thème anatolique » donnée au
e
VII siècle aux troupes rapatriées d’Orient et installées au cœur de l’Asie
Mineure, puis à la circonscription où ils furent établis ; il se retrouve encore à
la fin du XIe siècle dans le titre de certains patriarches d’Antioche et sur leurs
sceaux. Dans une tradition administrative plus large, Orient renvoie à la pré-
fecture du prétoire per Orientem, fixée à Constantinople, dont le territoire
s’étendait de la Thrace à l’Égypte ; ainsi les thèmes terrestres de Thrace, de
Macédoine et d’Asie Mineure étaient-ils désignés à la fin du IXe siècle comme
des « thèmes orientaux » (anatolika themata). En un troisième sens, plus géo-
graphique, Orient renvoie aux territoires de l’Empire situés à l’est de Cons-
tantinople et des détroits ; ainsi, au milieu du Xe siècle, le domestique des
scholes d’Orient (Anatolè) avait autorité sur ce qui appartenait à Constanti-
nople en Asie Mineure, Syrie, Mésopotamie et Arménie tandis que la Thrace
et la Macédoine étaient rattachées au domestique d’Occident. Il existe enfin,
attestée au Xe siècle, une équivalence Anatolè / Asie Mineure, qui se retrouve
de nos jours dans le nom d’Anatolie qui désigne l’Asie Mineure. Dans ce
chapitre Orient s’entend en son troisième sens.
Durant la période considérée, la partie essentielle et parfois unique de
l’Orient byzantin fut formée par l’Anatolie qui constitua le support fonda-
mental de l’Empire, du moins jusqu’au XIe siècle où ce rôle passa aux Bal-
kans. Le poids de l’Anatolie dans l’histoire de l’Empire est donc indéniable ;
398
Carte de l’Orient
L’Anatolie et l’Orient byzantin 399
D E L’ O R I E N T À L ’ A N A T O L I E ( V I I e - F I N I X e S . )
L’ANATOLIE EN GUERRE
Les attaques des Arabes ont été une constante de l’histoire de l’Anatolie
du VIIe au IXe siècle (cf. chap. I, p. 3-16) ; elles frappèrent et désorganisèrent
des régions que leur situation au cœur de l’Empire avait laissées désarmées
et dans lesquelles, non sans une certaine obscurité, des armées s’installèrent,
une administration prit le relais d’une autre, des hommes encore anonymes
résistèrent et sauvèrent une Anatolie contractée à l’intérieur de nouvelles
frontières.
L’Anatolie et l’Orient byzantin 401
dont la fonction militaire était liée à la mer : le thème qui avait pour capi-
tale Attaleia équipait et armait une flotte importante, que devaient illustrer
les fameux marins Mardaïtes, chargée de défendre le littoral et de s’opposer
à la marine arabe.
On peut ainsi comprendre la puissance des stratèges anatoliens et de
leurs armées, qui se manifesta dès la fin du VIIe siècle et à l’époque icono-
claste. La révolte d’un stratège tournant ses armes contre Constantinople
mettait en danger le pouvoir impérial, tout en dégarnissant les régions qu’il
était censé surveiller. Le rôle du comte de l’Opsikion et des trois autres stra-
tèges, parfois divisés entre eux, dépassa ainsi largement dans cette période
le sol anatolien. C’est pourquoi, après la crise de 742, deux circonscriptions
nouvelles furent créées aux dépens de l’Opsikion jugé trop dangereux : les
Bucellaires et, plus près du détroit, les Optimates qui furent désarmés, mais
où continuèrent à stationner les scholes.
Par une lente évolution le territoire des thèmes militaires se fixa et se
transforma en circonscription administrative. Le stratège dont les fonctions
étaient militaires reçut bientôt le contrôle des fonctionnaires civils qui
représentaient dans son territoire les nouveaux bureaux de la capitale qui se
mettaient en place. On ne peut dire à quel rythme chemina cette évolution,
si elle se fit partout au même moment et comment elle accompagna la
résolution du problème de l’entretien des armées thématiques, mais elle
était réalisée dans la première moitié du IXe siècle, non sans adaptation à
des circonstances locales. Les indications géographiques figurant sur les
sceaux des nouveaux commerciaires qui apparaissent au VIIe siècle [Bran-
des, 640, p. 601-610 ; cf. chap. VI, p. 129] permettent de mesurer la survie
administrative des provinces et des villes et l’émergence décisive des thèmes
administratifs.
À terme le stratège détint alors un pouvoir sur les hommes, non seule-
ment en temps de guerre, mais à toutes les étapes de leur vie civile ; tel est le
contexte dans lequel commença à se mettre en place une aristocratie anato-
lienne dont la stabilisation est cependant difficile à suivre faute de noms
transmissibles [cf. chap. VIII, p. 176-178]. Seul échappa au stratège le con-
trôle de l’administration ecclésiastique qui continuait à reposer sur le cadre
des anciennes provinces. Or la taille des thèmes primitifs, qui procédaient
d’une situation militaire particulière et regroupaient généralement
d’anciennes provinces centrées sur les villes, n’était pas forcément adaptée à
l’exercice de fonctions civiles nouvelles, dans des régions où la vie des hom-
mes était maintenant liée à la campagne plus qu’à la ville ; un morcellement
réaliste des thèmes était prévisible et allait être le fait du IXe siècle. De nou-
veaux choix politiques se manifestèrent également ; ainsi, dès les années 820
la création des thèmes de Paphlagonie et de Chaldie aux dépens des Armé-
niaques manifestait un intérêt nouveau pour l’espace pontique.
L’Anatolie et l’Orient byzantin 405
Sans que les grands axes routiers, tributaires du relief, soient modifiés,
on note que, à côté de la route traditionnelle, dite des pèlerins, qui, par
Chalcédoine, Nicomédie, Nicée, Ancyre, et, à l’est du lac Tatta, Tyane,
menait vers la Cilicie, la Syrie et Jérusalem, un nouvel axe se développa :
depuis Nicée, il gagnait Dorylée et Amorion, traversait la Lycaonie par Iko-
nion, et longeait en Cappadoce le Taurus vers Césarée et Sébastè pour
gagner Théodosioupolis, l’Arménie ou la vallée de l’Euphrate. Les aplèkta
qui jalonnent cet itinéraire soulignent la valeur militaire d’une route dont
les divers embranchements permettaient d’atteindre les passes du Taurus.
Entre tughûr et cleisouries, la nouvelle frontière avait de l’épaisseur et
engendra des formes de vie particulières. Toute une société s’y constitua,
avec ses ghâzî et ses akritai, vivant de raids et d’exploits, mais partageant
aussi les plaisirs plus quotidiens de la vie. Là naquit dans l’oralité le person-
nage épique de Digénis Akritas. À l’abri de cette zone frontière se retrou-
vaient transfuges et bannis, tels les Pauliciens auxquels l’émir de Mélitène
accorda asile au début du IXe siècle et qui fondèrent un redoutable État
militaire à Téphrikè [Haldon-Kennedy, 1025]. La frontière devint aussi le
lieu de formes diplomatiques nouvelles dont témoignent la pratique et le
cérémonial d’échanges de prisonniers, attestés depuis le début du IXe siècle
et jusqu’au milieu du Xe, sur le cours du Lamos [Kennedy, 1036 ; Haldon,
1024 ; Campagnolo-Pothitou, 993 ; Beihammer, 984].
L’affaiblissement du califat au milieu du IXe siècle laissa le plus souvent
la guerre aux initiatives personnelles des émirs de Tarse, de Mélitène et de
Théodosioupolis ; leurs attaques ne mirent pas en danger l’Empire, qui
répondit sur tous les fronts. Depuis la frontière un système de relais opti-
ques informait Constantinople des raids arabes. La prise de Téphrikè
en 872 entraîna celle d’une série de places entre celle-ci et Samosate, mais
pas la chute de Mélitène. D’autres victoires suivirent aux abords des passes,
où s’illustra Nicéphore Phocas l’Ancien. Raids, trêves et échanges de pri-
sonniers se poursuivirent avec les émirs de Tarse.
Sans grande avancée territoriale, la période 863-873 fut pourtant déci-
sive comme le montre la transformation assez rapide de cleisouries en thè-
mes qui gagnaient peu à peu sur l’ancien « no man’s land », ce qui suppose
un élargissement et une consolidation du pouvoir sur la région : en 830 la
Cappadoce était déjà un thème ; entre 863 et 873 Colonée et Charsianon
le devinrent. C’est dans ce contexte que le pouvoir central commença à se
préoccuper du repeuplement des régions qui venaient d’être reprises à l’est
de Césarée.
L’importance de ces changements apparaît mieux si on les met en rap-
port avec le contexte nouveau du IXe siècle qui vit la réaffirmation adminis-
trative de l’État sur son territoire. Certes le stratège était devenu et resta
puissant en son thème ; mais, au terme d’un long processsus, des structures
L’Anatolie et l’Orient byzantin 407
LA NOUVELLE ANATOLIE
elle pourrait être fructueuse pour apprécier le cadre des transformations qui
s’y firent jour durant ces siècles et qui ne furent pas seulement administra-
tives [Vlyssidou, 1081].
En effet la formulation des traits nouveaux qui caractérisent l’Empire
du VIIe au IXe siècle dans les domaines économique, social et religieux
repose souvent sur la généralisation de situations anatoliennes dont la
valeur exemplaire pour l’ensemble de l’Anatolie elle-même mériterait des
nuances régionales.
R u r alisation et ar istocr at i e
L’Anatolie participa au mouvement général de diminution démogra-
phique qui caractérisa le VIIe et le VIIIe siècle et qui ne fut pas compensé
par les implantations forcées de population, notamment en Bithynie [Dit-
ten, 480] ; la tendance s’inversa au milieu du VIIIe siècle et le développe-
ment démographique allait être continu à partir du IXe siècle, favorisant la
reprise économique [cf. chap. IX, p. 217-218]. En Anatolie, ce mouvement
démographique affecta des territoires dans lesquels les cadres de la vie des
hommes avaient subi de grands changements. C’est là notamment que la
mutation de la vie urbaine qui s’amorçait depuis le VIe siècle, sinon plus tôt,
connut la plus grande accélération, encore que ses incidences aient dû
varier avec l’inégale densité du réseau urbain [Brandes, 989].
Des monographies ont précisé ce phénomène à Éphèse [Foss, 484], Sar-
des [Foss, 1013 ; Foss et Ayer Scott, 1020], Pergame [Klinkott, 1037 ;
Rheidt, 940], Smyrne [Cheynet, 1003], en Lycie [Foss, 1017], en Pam-
phylie [Foss, 1018], en Asie égéenne [Foss, 1014], plus récemment en
Paphlagonie [Crow-Hill, 1006] et en Bithynie [Geyer-Lefort, 1021], c’est-à-
dire en général dans des régions particulièrement urbanisées et hellénisées.
On connaît beaucoup moins bien le reste de l’Anatolie, en particulier le
plateau, sauf peut-être Ancyre [Foss, 1015] ou Amorion [Lightfoot, 1044 et
1045 ; Brandes-Haldon, 641].
De rares villes, comme Nicée, Smyrne, Attaleia et Trébizonde, semblent
avoir moins souffert que d’autres, mais la plupart s’étiolèrent, plus ou moins
lentement, se réduisirent en taille, purent changer de nom ; le site parfois se
déplaça, les habitants se dissocièrent dans certains cas en communautés dis-
tinctes [Haldon, 1024].
Le plus frappant réside dans la transformation de leur aspect et dans le
changement de leurs fonctions [Brandes, 990 ; Brandes et Haldon, 641 ;
Bouras, 472 ; Dagron, 605]. Les villes, dont personne ne se souciait plus de
maintenir ou restaurer le décor monumental antique et dans lesquelles le
statut des curiales s’effaça, se définissaient maintenant par la fortification
410 Les régions de l’Empire
Vitalité r eligieu se
cités mais aux petits habitats qui surent se reconstruire, connut une renais-
sance partielle, visible à Myre à la fin du VIIIe siècle [Borchhardt, 987 ;
Kountoura-Galakè, 1040] illustrée encore à Dereazi ; la plaine de Pamphylie
ne garda qu’une seule de ses grandes cités antiques, Attaleia, qui ne cessa de
prospérer et s’affirma comme un centre majeur du commerce byzantin
[Foss, 404]. Plus loin, la massive zone de l’ancienne Cilicie Trachée réunie
avec l’Isaurie dans la cleisourie, puis dans le thème de Séleucie fut surtout
absorbée par l’effort de guerre sur le front cilicien [TIB 5, 1075].
Le Pont désigne selon les cas l’ensemble ou seulement la partie orientale
du littoral de la mer Noire, à l’arrière-pays de montagnes couvertes de
forêts ; il se différencia au début du IXe siècle avec la formation, au-delà des
Bucellaires, de la Paphlagonie et de la Chaldie. Quelques rares informa-
tions confèrent une certaine individualité, rurale et hagiographique, à la
première, tournée au nord vers la Crimée et liée au sud à la Galatie qui
était entrée avec sa nombreuse population rurale dans les Bucellaires avec
Ancyre. En Chaldie, encore étouffée par la guerre, Trébizonde qui fut un
bel exemple de continuité urbaine commençait lentement à construire son
rayonnement en direction de la Lazique et du monde ibère. Entre Paphla-
gonie et Chaldie, les Arméniaques, berceau premier des Pauliciens, ne dis-
posaient plus que d’une plaine littorale, relativement restreinte, avec
Sinope, mais ils se rattachaient par paliers vers le sud à la Cappadoce, à
travers des régions à forte tradition hagiographique [Hutter, 1033 ; Walter,
1083] et ils contrôlaient les routes vers l’Orient.
L’ A N A T O LI E E T S E S N O U V E A U X C O N F I N S
(FIN IXe - MILIEU XIe S.)
L’EXPANSION DE L’ANATOLIE
rent en compte deux changements intervenus depuis la fin du IXe siècle au-
delà des frontières ; il y eut d’abord l’éclatement de la province arabe
d’Arménie en principautés arméniennes indépendantes, dont certaines se
dotèrent peu à peu de rois, et en émirats arabes qui s’allongeaient de Théo-
dosioupolis à Mantzikert et autour du lac de Van et couvraient l’émirat de
Dvin ; il y eut ensuite la consolidation des Bagratides ibères à l’est de Trébi-
zonde. La guerre enfin vit un large recours à la diplomatie [Koutrakou,
223 ; Shepard, 1067].
L’action de Constantinople se porta au début surtout contre Mélitène et
Théodosioupolis. Cette période fut celle des Kourkouas, Théophile qui fut
stratège de Chaldie et de Mésopotamie et son frère Jean, domestique des
scholes de 922 à 944. La reprise de Mélitène en 934 augura bien du harcè-
lement contre les tughur. Mais un nouvel ennemi était apparu dans les
années 930 entre Tarse et Adata au sud-ouest, Théodosioupolis au nord-
est, avec l’établissement à Mossoul de l’émirat des Hamdanides dont
l’emprise s’étendit sur toute la Mésopotamie arabe (ou Djâzira), gardée au
nord par Sayf al-Dawla. Cependant ses efforts pour reprendre Mélitène
en 939-940 d’abord, puis en 944, restèrent vains.
À cette date, en l’espace d’une trentaine d’années, le territoire impérial
s’était agrandi, parfois sans bruit, dans la partie orientale de la Cappadoce
et jusqu’en Chaldie, comme le montre l’apparition de petites circonscrip-
tions nouvelles dénommées thèmes. Les armées byzantines qui agirent
en 944 en Djazîra manifestèrent la capacité de l’Empire à agir bien au-delà
de la zone des tughûr.
En 944 Sayf al-Dawla s’installa à Alep et établit son contrôle jusqu’à sa
mort, en 967, sur l’ensemble de la frontière syro-mésopotamienne où il fit
revivre l’esprit du djihâd. Les perspectives de guerre s’en trouvèrent modi-
fiées. L’heure de Sayf fut celle des Phocas : Bardas Phocas, domestique des
scholes jusqu’en 955, et ses trois fils, stratèges de Séleucie, Anatoliques et
Cappadoce, Léon, Constantin et surtout l’aîné Nicéphore, d’abord stratège,
puis domestique des scholes en 955, empereur en 963, qui eut à ses côtés
son neveu Jean Tzimiskès, stratège de Mésopotamie, puis domestique des
scholes en 963, empereur à son tour en 969.
Jusqu’en 955, la guerre, toujours entrecoupée de trêves, combina mou-
vements autour des passes d’Adana et d’Adata et actions maritimes ; mais il
y eut aussi de brillantes et profondes campagnes de l’émir, en 950 et 953,
jusque dans le Charsianon et les Arméniaques ; cependant, sur la frontière
nord, l’appui des Ibères permit la prise de Théodosioupolis en 949. Dès
lors, de 955 à 962, l’offensive byzantine se fit générale en Djazîra et en
Cilicie où les attaques se concentrèrent contre les forteresses et allèrent par-
fois jusqu’à Alep. L’Empire recouvra bientôt la Cilicie avec Adana, Mop-
sueste et surtout Tarse en 965, puis Antioche en 969 tandis qu’Alep signait
418 Les régions de l’Empire
leur part renoncèrent, après Basile Ier, à toute présence militaire en Anatolie
[cf. chap. II, p. 27].
Des familles d’importance inégale se repéraient un peu partout au
Xe siècle en Anatolie. Les unes, de rang modeste, étaient présentes en
Bithynie, un peu moins dans les Thracésiens ; on en trouve d’autres dans
les Anatoliques et les Arméniaques, ainsi que, à la fin du siècle, dans la
région d’Antioche. Mais le domaine par excellence des grandes familles, de
celles qui accéderont directement ou par clan interposé au pouvoir impé-
rial, fut celui des frontières orientales où se jouait la reconquête, la Cappa-
doce, le Charsianon, la Mésopotamie, la Chaldie. C’est là qu’étaient les
bases foncières des Phocas et des Maléïnos, des Kourkouas-Tzimiskès, des
Lékapènos, Argyros et Sklèros [Cheynet, 461, carte p. 246 ; stemmata].
Ces familles ne constituèrent pas un seul bloc uni par des intérêts com-
muns. Grâce à une clientèle fidélisée par les victoires, bénéficiant d’un épa-
nouissement familial propice à la concentration des fonctions et à
l’extension de leur réseau d’alliances, les Phocas formaient le groupe domi-
nant, intéressé à la progression du territoire au-delà de la Cappadoce, au
sud-est, où ils dirigèrent actions de guérilla et campagnes, non sans entrete-
nir leur gloire religieuse [Laiou, 1043 ; Walter, 1083] ; leurs liens avec les
Bagratides ibères leur assuraient des bases dans la région pontique orien-
tale. Les autres familles qui s’appuyaient volontiers sur les Arméniens
étaient davantage préoccupées par Mélitène, la Djâzira et Théodosioupolis,
et s’accordaient sur une volonté commune de freiner les Phocas.
Jusqu’à la fin des années 960 il y eut comme une alternance de ces
deux clans dont les heurts furent toutefois atténués par des alliances matri-
moniales qui empêchèrent les rivalités de se muer en guerres civiles, ce qui
est peut-être à mettre au crédit des Phocas. Mais le complot qui élimina
Nicéphore Phocas en 969 et porta Jean Tzimiskès au pouvoir fit rejouer les
lignes de fracture entre les clans dont chacun prétendit au pouvoir impérial.
Les deux grandes rébellions du dernier quart du siècle qui se déroulèrent en
Asie Mineure et dont les Phocas et les Sklèros furent les animateurs mirent
en évidence les rivalités et les méfiances entre ces clans et soulignèrent les
divisions géographiques de l’Anatolie. Les régions occidentales entrèrent
tard, quand elles y entrèrent, dans des mouvements qui étaient nés dans les
milieux militaires autour de Mélitène ou de Césarée et qui se propagèrent
inégalement vers l’ouest à travers le plateau ; les zones côtières de la mer
Noire bougèrent peu. Ces mouvements en revanche rencontrèrent un écho
favorable dans la région d’Antioche et trouvèrent des appuis hors de
l’Empire, chez les Ibères ou chez les Arméniens et parfois auprès des émirs
arabes.
Ces rébellions marquèrent le dernier éclat de la grande aristocratie ana-
tolienne du Xe siècle ; cette aristocratie était apparue pour le service de
420 Les régions de l’Empire
frontière orientale, une sorte de bouclier qui couvrait les anciens thèmes,
parfois appelés maintenant grands thèmes ou thèmes romains. Des autorités
civiles, kritai et kouratores, agissant au nom de la capitale et indépendantes du
stratège, étaient présentes dans ces thèmes que la hiérarchie du Palais pla-
çait bien après les thèmes anciens.
Jean Tzimiskès compléta l’aménagement de la frontière par la création
de trois duchés, Mésopotamie, Chaldie, Antioche, vastes circonscriptions
frontalières dont les deux premières englobaient les nombreux petits thèmes
récemment formés tandis que la troisième correspondait à des terres en
cours d’annexion ; leurs capitales ne se trouvaient pas sur la frontière et
pouvaient servir de forteresses de repli et de réserve. Dans la dépendance
du domestique des scholes d’Orient, ces ducs, assistés de topotérètes, étaient
de puissants personnages dont la fonction était purement militaire ; ils com-
mandaient des corps d’armée composés de cavaliers de tagmata, mais aussi
des fantassins et ils avaient autorité sur les stratèges. L’institution des ducs
permettait de pallier l’émiettement des forces des petits et nombreux stra-
tèges en cas d’agression ou d’offensive. Des hommes sûrs qui avaient fait
leurs preuves militaires furent mis à la tête des duchés. Le duché
d’Antioche qui couvrait la Cilicie et la Syrie est de tous le mieux connu tant
pour son personnel administratif et le patriarcat melkite qui fut reconstitué
[Todt, 1079 et 1080 ; Cheynet, 1000] que pour la diplomatie régionale ori-
ginale qui y fut mise en œuvre [Kennedy, 1036]. Sans que soient contestées
ces transformations aux frontières, l’apport de la sigillographie a pu
conduire à formuler des nuances quant à la réalité concrète et permanente
de ce système [Holmes, 1029].
Plus tard, vraisemblablement sous Basile II, émergea une vaste unité
administrative civile, attestée par les sceaux jusqu’en 1071, et dite armenika
themata, appellation collective qui avait été utilisée au Xe siècle sans valeur
administrative pour les nouveaux petits thèmes et qui devint alors un terme
technique pour désigner une circonscription civile regroupant les petits
thèmes d’un territoire situé entre la vallée de l’Halys et l’Euphrate, entre
Colonée et le Lykandos, sans Mélitène, et dans laquelle étaient établis des
juges, curateurs ou protonotaires [Seibt, 350].
Dans la nouvelle région créée par l’avancée de la frontière, Constanti-
nople s’efforça de garder le contrôle des terres reconquises pour éviter le
développement d’une nouvelle aristocratie et de nouveaux réseaux d’in-
fluence, surtout après l’écrasement des révoltes aristocratiques dans lesquelles
la Chaldie et la Mésopotamie avaient été impliquées ; les terres enlevées aux
révoltés facilitèrent l’implantation de populations plus fidèles [Howard-
Johnston, 1031]. La vie sur ces frontières ne fut donc pas celle du IXe siècle.
Dans un cadre émietté, aucune solidarité régionale ne liait plus un chef puis-
sant et des soldats, le contact trop direct avec les nouveaux voisins arabes
L’Anatolie et l’Orient byzantin 423
rendait aléatoire la razzia, les profits de la guerre disparurent et avec eux son
intérêt et son goût ; la responsabilité se dilua, laissée à des ducs de lignée
moins prestigieuse et envoyés par la capitale, qui appliquaient sans trop
d’initiative propre les directives du centre, tant qu’il put y en avoir.
sant l’Arménie démunie par le départ des rois et de leur aristocratie, leurs
armées affrontaient les nouveaux ducs ; en 1054 elles arrivaient jusqu’à
Mantzikert. Le duché d’Édesse était une poche fragile entre l’émirat mar-
wânide du haut Tigre et l’émirat mirdâside d’Alep, rapidement menacé par
l’expansion des Saldjûkides, entrés à Bagdad en 1055.
Loin de la gu er r e
Dès le milieu du Xe siècle l’intégration de nouveaux confins mit
l’Anatolie à l’abri de la guerre ; le rôle militaire des stratèges y perdit de son
importance et les armées thématiques, utiles aux premiers temps de
l’expansion et dans lesquelles le statut des stratiotes et de leurs biens s’était
précisé, cessèrent au fil du temps d’être les éléments fondamentaux de la vie
des hommes. Le retour à la prospérité, qui intéressait directement les finan-
ces de l’État, donna aux fonctionnaires civils une place accrue. Le Xe et le
XIe siècle virent donc les stratèges supplantés bientôt par les juges dans
l’administration provinciale, les problèmes fiscaux prirent le pas sur les
questions militaires et le rapport entre puissants et faibles s’aiguisa. Le mot
même de thème devint souvent un simple synonyme de région. La progres-
sive disparition du passé militaire de ce terme accompagna ainsi le retour à
la paix que d’autres signes soulignèrent encore comme la fiscalisation de la
strateia. L’Anatolie continua à fournir des hommes pour les armées, mais
même si des contingents portaient encore la référence à leur province de
recrutement, ils formèrent désormais des tagmata, placés sous l’ordre de
ducs, et souvent affectés au loin, comme en Italie. Le besoin de profession-
nels répondant mieux à la politique du pouvoir central avait fait en effet
des tagmata l’élément primordial des armées ; le recrutement de mercenaires
étrangers alla s’intensifiant ; ce qui restait de troupes thématiques échappa
bientôt aux stratèges, prélude de la transformation qui allait voir leur rem-
placement par des ducs à la tête des thèmes [cf. chap. VI, p. 148].
Ainsi, hormis les troupes des petits thèmes et les tagmata des duchés ou
encore les mercenaires étrangers cantonnés en hiver sur son sol, l’Anatolie
se démilitarisa. Le rôle militaire qu’elle avait assumé depuis le VIIe siècle, à
l’heure du danger et pour le salut de tout l’Empire, s’effaça peu à peu ; la
sécurité, retrouvée et aménagée au sein d’une administration stabilisée, per-
mit à ses potentialités économiques de s’épanouir, engendrant une prospé-
rité, qui ne fut pas sans heureuses incidences sur les finances de l’État.
426 Les régions de l’Empire
Les monastères et les églises comptaient encore parmi les grands pro-
priétaires, de même que l’empereur et l’État dont les biens, nombreux en
Asie Mineure, étaient gérés par les curateurs et episkeptitai qui en affectaient
les revenus à des services précis [Holmes, 388 ; Cheynet, 998].
La croissance démographique et l’augmentation de la production agri-
cole appuyèrent la renaissance des villes, amorcée déjà au IXe siècle ; il est
toutefois difficile de l’illustrer en Anatolie [Dagron, 605 ; Bouras, 548]. Des
phénomènes de différenciation s’observent dans les Thracésiens où, devan-
çant Éphèse et Chônes, Smyrne connaissait une animation économique qui
allait faire d’elle, au XIe siècle, la ville la plus importante de la région.
Seule cette renaissance permet de comprendre l’existence de marchés
permanents à Nicomédie et à Nicée, de petits marchés ruraux en Bithynie
et sur le littoral, ainsi que la multiplication des foires, à Éphèse, Sinope,
Trébizonde, en Paphlagonie, dans les Bucellaires ou les Anatoliques. Les
villes les plus fréquemment citées sont celles qui avaient déjà traversé la
crise du VIIe siècle sans trop de dommages, Nicée, Smyrne, Attaleia, Trébi-
zonde. Les trois dernières connurent notamment un essor qui s’inscrit dans
le remarquable développement du commerce que des marchands provin-
ciaux, assez forts pour résister aux puissants et s’organiser en associations,
animaient en toute liberté dans des conditions différentes de celles qui
régnaient à Constantinople [Laiou, 1041 ; Oikonomidès, 617].
Grâce à une diplomatie nouvelle au sein d’un monde qui avait changé,
l’Anatolie bénéficia de l’ouverture des marchés musulmans d’Iraq, de Syrie,
d’Asie centrale, d’Égypte et des possibilités offertes par le monde des step-
pes ; l’ancienne Lazique, devenue royaume des Apkhazes, le Caucase et
l’Alanie offraient de nouvelles perspectives. Le volume des échanges qui
transitaient par l’Anatolie ou exploitaient les qualités de son littoral ne cessa
d’augmenter. Amisos comme Amastris bénéficièrent à travers la mer Noire
du trafic de Cherson avec les steppes [Alekséenko, 976]. Trébizonde devint
la porte de l’Orient ; son commerce était si actif que le stratège tirait la
moitié de son salaire des revenus du kommerkion. Attaleia, mais aussi Séleucie
commerçaient avec la Syrie et l’Égypte ; un traité de commerce fut conclu
avec Alep en 970. Dès la fin du Xe siècle la valeur économique de l’Anatolie
n’échappait plus aux Vénitiens qui avaient fait ouvrir certains de ses ports à
leur commerce et les premières dévaluations monétaires du XIe siècle le
stimulèrent.
Par sa législation, par la fiscalité, par le contrôle et l’usage de la
monnaie, par les biens qu’il y possédait, l’État exerça en Anatolie une
influence économique indéniable tout au long du Xe siècle. Les révoltes aris-
tocratiques et leur répression, la défaveur et les confiscations, le développe-
ment des curatories, l’installation des Arméniens ont certainement boule-
versé la vie de l’Anatolie ; en revanche la constitution du nouvel Orient
428 Les régions de l’Empire
Aspects r égion au x
Sans pouvoir entrer dans une étude régionale de l’Anatolie, on peut
faire trois observations. D’une part le dynamisme des régions littorales
s’affirma incontestablement au Xe et au XIe siècle. Deux villes dont la conti-
nuité a déjà été notée l’incarnent : Attaleia et Trébizonde. Cependant alors
qu’Attaleia, mal reliée à l’intérieur de l’Anatolie, était relativement isolée
sur la côte égéenne, Amastris, Sinope et Amisos donnaient à la côte pon-
tique une plus large vitalité qui rejaillissait sur leur arrière-pays, en Paphla-
gonie et dans les Arméniaques, et sur des villes comme Gangres, Euchaïta,
Amasée, Néocésarée, Colonée. Trébizonde surtout animait maintenant une
vaste région, soulignée par la création de la nouvelle province ecclésiastique
de Lazique et la formation du duché de Chaldie. L’élargissement des fron-
tières orientales lui permettait d’associer activité maritime et commerce ter-
restre et Trébizonde étendait ainsi son rayonnement vers l’Ibérie,
l’Apkhazie et l’Alanie ; le contrôle de la route de Païpert et de Théodosiou-
polis lui ouvrait l’accès d’une part à la vallée de l’Euphrate, Mélitène et la
Djazîra, d’autre part à la vallée de l’Araxe, Dvin et l’Azerbaïdjan. Cette
animation nouvelle de la côte pontique et de son arrière-pays explique
peut-être l’émergence en Paphlagonie, dans les Arméniaques et en Chaldie
de familles d’importance sans doute moyenne, mais dont le rôle à l’heure
des invasions turques fut déterminant, comme les Gabras [Bryer-
Winfield, 991].
D’autre part les traits qui caractérisaient l’Anatolie occidentale se confir-
mèrent au Xe siècle. Loin du front, la Bithynie et les Thracésiens avaient joui
d’une période de paix particulièrement longue. Leur aristocratie locale,
restée faible, se tint en dehors des grands mouvements du Xe siècle et rien ne
vint rompre leurs liens humains et économiques avec Constantinople ;
l’aristocratie de la capitale et le pouvoir impérial y continuèrent leurs inves-
tissements et la reconquête de la Crête contribua au développement du com-
merce sur la côte égéenne au grand bénéfice de Smyrne.
430 Les régions de l’Empire
La pr ogr ession tu r qu e
À l’inverse des invasions arabes, globalement coordonnées et centrali-
sées par une puissance étatique unique ou déléguée et tendues vers des buts
précis, les attaques turques juxtaposèrent sans projet concerté les actions
d’hommes et de groupes aux finalités parfois communes et souvent particu-
lières et elles concernèrent au XIe siècle l’Anatolie elle-même autant que ses
confins [cf. chap. III ; Balivet, 981].
Le principal souci des sultans, notamment Alp Arslân (1163-1172) et
Malik Shâh (1172-1192), fut d’assurer et de conforter leur pouvoir sur le
califat abbaside et de contrer les Fâtimides. L’Anatolie elle-même ne fut
jamais pour eux un territoire à conquérir ; elle ne les intéressa d’abord que
L’Anatolie et l’Orient byzantin 431
L’Anatolie byzantine du XIIe siècle était formée par les régions recon-
quises par Alexis, confirmées et agrandies par Jean et Manuel. Dans sa plus
grande expansion elle comprit la Bithynie, c’est-à-dire les anciens Opti-
mates avec Nicomédie et l’Opsikion avec Nicée, Brousse, Abydos, attei-
gnant parfois seulement le rebord du plateau à Dorylée et Cotyaion ; les
Thracésiens en faisaient partie avec Adramyttion, Pergame, Sardes,
Smyrne, Philadelphie, Éphèse, Milet, Antioche, et, vers le haut Méandre,
Laodicée et Chônes ; le territoire débordait au-delà dans les Anatoliques,
du moins en Phrygie, jusqu’à Sôzopolis, Amorion et Philomélion n’étant
restés que très brièvement dans les mains byzantines. À cet ensemble assez
compact s’ajoutaient de larges parties des Bucellaires, avec Héraclée du
Pont et Claudiopolis, de la Paphlagonie avec Amastris, et temporairement
sous Jean II Kastamôn et Gangres, mais sans atteindre la vallée moyenne
de l’Halys ; la domination byzantine s’étendait encore sur le littoral des
Arméniaques et de la Chaldie avec Sinope et Trébizonde. Au sud l’Empire
contrôlait partiellement la Lycie et la Pamphylie jusqu’à Attaleia, et parfois
plus loin, jusqu’en Isaurie et en Cilicie.
L’administration, désorganisée par les incursions turques du XIe siècle,
fut reconstituée dès le règne d’Alexis Comnène avec la création de duchés
autour de villes fortifiées à Abydos (1086), Nicée, Éphèse et Smyrne (1097),
Trébizonde (1098), Kourikos et Séleucie (1103). Ses successeurs rétablirent
des thèmes plus vastes, dirigés par des ducs, dans les Thracésiens,
l’Opsikion, les Optimates, la Paphlagonie, les Bucellaires, la Cilicie. Il y eut
aussi des innovations, comme la création du thème de Mylasa et Mélanou-
dion qui rassembla autour de Milet quelques éléments des Cibyrrhéotes.
Manuel à son tour renforça la vallée du Caïque et son littoral en créant le
thème de Néakastra dans une région restée déserte, autour de Chliara,
Adramyttion et Pergame [Klinkott, 906].
Sous les trois premiers Comnènes, un réseau hiérarchisé de places fortes
réparties en profondeur et appuyées sur le rebord du plateau anatolien fut
mis en place en Anatolie occidentale. Des enceintes furent restaurées à
L’Anatolie et l’Orient byzantin 439
LES ÎLES
qui décrit une campagne misérable, l’expulsion par les conquérants latins
de riches chypriotes implique leur enrichissement antérieur. Autre indice,
le monastère de Machairas, fondé au milieu du XIIe siècle par un moine
palestinien, disposait au début du siècle suivant d’un revenu supérieur à
1 000 pièces d’or. Les Crétois exportaient du blé et surtout de grandes
quantités de fromage.
C HA P I T R E X V I I
Les Balkans
PAR JEAN-CLAUDE CHEYNET
Les Balkans
Les Balkans 445
LE S N O U V E L L E S S T R U C T U R E S
Vers 670, poussés par les Khazars qui s’établissaient à leur tour dans
les steppes de la Russie méridionale et conduits par Asparouch, sans doute
un frère de Kouber, des Bulgares obtinrent de Constantin IV, dont
l’armée fut battue en 680/681, de s’établir dans les plaines au sud du
Danube qui convenaient bien à ces nomades de la steppe. Les principes
étaient saufs car l’empereur, selon les termes du traité, accordait, appa-
remment de son plein gré, le territoire conquis et le versement d’un tribut
passait pour le paiement de la protection de la frontière par les nouveaux
venus. L’échec eut de graves conséquences puisque les Bulgares allaient, à
terme, comme leurs prédécesseurs avars, mais avec plus de succès, fédérer
des tribus slaves et former progressivement un État. Ce danger nouveau
est sans doute le motif pour lequel, antérieurement à 687, un premier
thème balkanique fut créé, celui de la Thrace, destiné à protéger les
abords terrestres de la capitale.
Les débuts de l’État bulgare sont obscurs, car ils ne sont connus que par
l’archéologie et les inscriptions protobulgares. Les premiers khagans
s’établirent à Pliska, où coexistaient un habitat en dur, des huttes de bois et
un vaste enclos où étaient dressées les tentes. Les Bulgares, depuis longtemps
en contact avec Byzance, occupèrent un territoire où la présence byzantine
s’était sans doute mieux maintenue que dans le reste des Balkans. Leur État
bénéficia donc du double héritage, nomade turc et romain. Les Byzantins
cherchèrent rapidement à utiliser les Bulgares à leur profit. En 705, Justi-
448 Les régions de l’Empire
nien II reprit le pouvoir avec l’aide de leur khagan, Tervel, qu’il fit acclamer
césar dans le palais, ce qui suppose une adhésion du khagan à l’idéologie
byzantine. Le sceau conservé de Tervel est frappé selon le modèle byzantin,
portant même une invocation à la Vierge, ce qui n’implique pas le baptême
du khagan, mais au moins un esprit syncrétique. Quelques années plus tard,
durant l’hiver 717/718, une force bulgare attaquait les arrières de l’armée
arabe assiégeant Constantinople [Yannopoulos, 1127].
Pour les Byzantins cependant, l’existence d’un État rival dans les Bal-
kans constituait un souci, d’autant plus qu’il y avait compétition pour attirer
les tribus slaves, y compris celles établies en Thrace. Dès que la situation
face aux Arabes le permettait, les empereurs s’efforcèrent de mettre fin à
cette anomalie. Constantin V fut près de réussir, car des guerres intestines
affaiblirent le khaganat mais, en dépit de plusieurs victoires importantes, il
ne put empêcher la survie de l’armée bulgare, encore très mobile et bien
protégée par la chaîne de l’Haimos. La frontière danubienne constituait
leur seule faiblesse potentielle, par où les Bulgares pouvaient être pris à
revers par un autre peuple nomade qui bénéficierait de l’appui d’une flotte
byzantine. Constantin VI reprit le projet de son grand-père, mais il subit un
désastre à Marcellai en 792. Lorsque Nicéphore Ier, usurpateur soucieux de
consolider son pouvoir par un succès militaire, prit l’offensive, il réussit
dans un premier temps à ravager et piller Pliska, la capitale, mais cet échec
ne réduisit pas les capacités militaires du khagan Kroum, et l’empereur,
surpris au retour dans une passe de l’Haimos, fut tué, avec une grande
partie de ses officiers, en 811. Après une impressionnante série de victoires,
le khagan proposa aux Byzantins le retour aux frontières antérieures, assorti
d’un tribut et d’un accord autorisant les marchands à circuler entre les
deux États. Le désordre au sommet de l’État interdit aux Byzantins de
répondre favorablement et il fallut attendre la mort de Kroum en 814, la
venue au pouvoir de Léon V, ancien stratège des Anatoliques, et un succès
byzantin pour établir une paix durable en 816. Mais le khaganat bulgare,
qui avait absorbé de nombreuses sklavinies, s’étendait désormais jusqu’au
nord de Thessalonique.
Un premier thème, celui des Helladikoi, fut créé avant 695, puisque
son stratège participa au renversement de Justinien II. C’est probablement
la conséquence de l’expédition conduite par ce même empereur qui,
en 688, atteignit Thessalonique, sans tenir le pays, mais en emmenant de
nombreux prisonniers. Les savants ont cherché, sans trouver d’accord,
450 Les régions de l’Empire
quel était le ressort de ce thème. C’est sans doute une fausse question, car
le thème n’est encore, à cette date, qu’un corps d’armée, qui aura été
recruté en Grèce continentale (principalement Thessalonique et la Thes-
salie) et insulaire sous contrôle byzantin. Ultérieurement, lorsque le thème
circonscription de l’Hellade fut établi, il comprit la Grèce centrale, dont
Athènes.
Il faut attendre un siècle pour que l’eunuque Staurakios, fidèle de
l’impératrice Irène, accomplisse, en 782/783, une nouvelle marche victo-
rieuse en pays slave, atteignant le Péloponnèse et faisant des prisonniers
[Oikonomidès, 1111]. Avant 802, le thème de Macédoine avec Andrinople
pour capitale fut créé, qui renforçait donc celui de Thrace pour la défense
de Constantinople. Les premières décennies du IXe siècle marquent une
avance décisive des Byzantins en Grèce. Sous le règne de Nicéphore, Patras
et sa région furent soumises, mais les Slaves se soulevèrent peu après et
furent réduits, comme en témoigne, entre autres sources, la Chronique de
Monemvasie. Une double réorganisation s’ensuivit, car un stratège du Pélo-
ponnèse est attesté en 812, tandis que Patras est érigée en nouvelle métro-
pole, l’Église obtenant, par un chrysobulle de Nicéphore Ier, des droits sur
ses voisins slaves, vaincus [Oikonomidès, 1110 ; Turlej, 1113]. Nicéphore
renforça l’élément hellénique par une déportation de Grecs des îles et de
l’Asie Mineure. À l’intérieur du thème toutefois, les autorités, faisant preuve
de leur habituel pragmatisme, maintinrent des sklavinies, celles des Ézérites
et des Mélingues. L’avance byzantine, favorisée par l’appui de la flotte,
atteint les rivages de l’Adriatique, base indispensable pour la sauvegarde des
territoires italiens. Successivement furent créés les thèmes de Céphalonie,
de Dyrrachion – cités pour la première fois en 843 dans le taktikon
Uspenskij –, puis dans la seconde moitié du siècle, ceux de Nikopolis et de
Dalmatie. Ce dernier regroupait les cités de Zadar, Split, et Raguse-
Dubrovnik où une flotte provinciale fut stationnée pour mieux défendre
l’Adriatique contre les Arabes qui vinrent assiéger la ville en 886. La
conversion des Narentinoi, Slaves païens et pirates notoires, facilita les rela-
tions entre Venise et Constantinople. La création des thèmes de Thessalo-
nique (avant 836) et de Dyrrachion marquait l’ambition de refaire de la Via
Egnatia un axe de circulation byzantin. Le dispositif fut complété par la
création du thème du Strymon (avant 900), qui contrôlait les passes du
Rhodope par où les Bulgares pouvaient attaquer [Oikonomidès, 28].
Même après la disparition des sklavinies, leur souvenir ne s’effaça pas
complètement. On parlait encore des dialectes slaves dans les environs de
Thessalonique aux XIe et XIIe siècles [Brunet, 474]. Un thème, créé dans la
région au Xe siècle, prit le nom d’une des tribus slaves installées depuis le
VIe siècle à proximité de la métropole, celui des Drougoubites, dont on
connaît antérieurement des archontes.
Les Balkans 451
LA Q U E S T I O N B U L G A R E
furent, à sa mort en 885, chassés de Moravie, Boris les accueillit, mais il les
éloigna rapidement de Pliska vers la Macédoine occidentale, dans la région
d’Ochrida, pour éviter une rivalité trop franche avec les Grecs.
En 889, Boris quitta le pouvoir en faveur de son fils aîné Vladimir, et se
retira dans un monastère, l’un des premiers sans doute qui aient été fondés
en Bulgarie, mais le nouveau souverain s’allia aux boyards de Pliska, laissa
détruire les églises et martyriser des prêtres, dont l’archevêque. En 893,
Boris sortit de sa retraite, fit déposer et aveugler Vladimir et proclamer son
fils cadet, Syméon, avant de revenir dans son monastère. Syméon déve-
loppa une nouvelle capitale, Preslav, après avoir abandonné Pliska, le
centre traditionnel, trop lié à son frère Vladimir, qu’il avait chassé du pou-
voir, et au paganisme, bien que des églises y aient été bâties après la
conversion de Boris. Preslav se développa rapidement : y furent construites
des églises, des maisons de pierre pour les boyards et y fut fondé un palais
admirablement décoré, connu par la description qu’en a laissée un contem-
porain, Jean l’exarque.
il est possible qu’ils aient été influencés par des Pauliciens, transférés en
grand nombre vers la Thrace, après la chute de Téphriké, leur capitale.
Le traité de Cosmas, prêtre orthodoxe, daté par les uns de 972, mais à
placer selon d’autres au XIIIe siècle, décrit bien la croyance en une créa-
tion du monde sensible par le diable, fait l’éloge de l’ascétisme le plus
rigoureux pour ceux qui veulent s’en échapper et rejette les sacrements
[Vaillant-Puech, 765]. Ce courant religieux fut populaire en Bulgarie et
s’étendit même durablement dans l’Empire puisque Alexis Comnène, à
Constantinople, sévit contre le chef des Bogomiles, qu’il fit publiquement
brûler.
LA CONQUÊTE DE LA BULGARIE
Elle se fit en deux temps, sous Jean Tzimiskès, puis sous Basile II. La pre-
mière soumission de la Bulgarie fut consécutive à la décision de Nicéphore
Phocas de refuser le tribut réclamé par les Bulgares. L’empereur obtint
en 968 la déposition de Pierre, remplacé par son fils Boris, ancien otage à
Constantinople, grâce aux raids sanglants conduits par les Russes de Svjatos-
lav, sollicités par le souverain. Svjatoslav, attiré par les richesses bulgares,
revint pour son compte à l’automne 969, prit Preslav où il captura Boris,
puis Dristra et Philippoupolis. Le successeur de Phocas dut résoudre la crise
que ce dernier avait créée en installant le prince russe au sud du Danube. La
difficile victoire de Tzimiskès en 971 le laissa maître de la Bulgarie. Boris fut
dépouillé de ses insignes impériaux et, titré magistre, devint un simple sujet
du basileus. La Bulgarie fut occupée militairement avec un commandement à
Preslav – rebaptisée Iôannoupolis en l’honneur de l’empereur, et des garni-
sons à Dristra. Les bouches du Danube furent confiées à un stratège de la
Mésopotamie de l’Occident. Les préoccupations économiques n’étaient pas
absentes, car le traité avec Svjatoslav reprenait les clauses des accords passés
avec les Russes, leur garantissant l’accès au marché de Constantinople. Svja-
toslav avait déjà noté l’intérêt économique de la conquête du Bas-Danube,
quand il avait affirmé que lui importait au plus haut point la possession de
Preslavitsa (Perejaslaveç), l’actuel Nufàrul [Stephenson, 1101, p. 56-57], qui
contrôlait l’embouchure du Danube et où furent établis une garnison sous les
ordres d’un stratège et un poste douanier, très actif au XIe siècle [Oikonomi-
dès, 1150]. Pour une meilleure sécurité, Tzimiskès, comme Basile Ier avant
lui, avait installé en Thrace des Manichéens venus de l’Anatolie orientale,
une population hérétique, mais à tradition guerrière, qui fournit à l’armée un
tagma encore efficace sous Alexis Comnène. L’établissement d’Arméniens
456 Les régions de l’Empire
Paristrion fit défection et, pendant près de vingt ans, les Petchénègues
furent en mesure de lancer des raids jusqu’en Thrace. Il fallut attendre la
victoire du Lébounion le 29 avril 1091, pour qu’Alexis Comnène libère les
Balkans de leur présence. Tout indique que les villes du Paristrion conti-
nuèrent à bénéficier des échanges commerciaux avec les peuples du nord,
dont les Coumans et les Russes. Pendant un siècle, seuls des raids coumans
troublèrent parfois la tranquillité du Paristrion, mais, en 1122, Jean II
Comnène remporta une victoire notable sur une forte bande nomade.
second un allié en plaçant sur le trône un souverain qui lui fût dévoué, en
mettant à profit les divisions au sein des Árpáds [Makk, 1137].
Après un premier épisode d’accrochages plus ou moins violents
entre 1150 et 1155, Manuel, avant de retourner dans sa capitale, arbitra un
conflit entre le joupan serbe Uroš et son frère Désa, en faveur de ce der-
nier, mais Uroš, qui s’était jeté aux pieds de l’empereur devant toute la
cour, recouvra son titre et ses terres. À la mort du roi de Hongrie Géza II,
en 1162, Manuel fit pression avec succès en faveur d’un prince fiancé à une
Comnène, mais celui-ci fut chassé sur une intervention de Frédéric Barbe-
rousse, qui ne voulait pas voir la Hongrie passer sous l’influence byzantine.
Le nouveau roi de Hongrie, Étienne III, soucieux d’éviter une guerre avec
Byzance, accepta les fiançailles de son frère Béla avec Marie la Porphyrogé-
nète, fille aînée de Manuel. Cependant, les troubles à l’intérieur de la
Hongrie provoquèrent, entre 1165 et 1167, de grandes expéditions pour
défendre Sirmium et s’achevèrent par un succès byzantin, donnant aussi à
l’Empire la Dalmatie, où un duc fut établi jusqu’à la fin du règne de
Manuel. Tenir la Dalmatie permettait également de secourir Ancône, base
de l’influence byzantine en Italie. C’est ainsi que le duc de Dalmatie, Cons-
tantin Doucas, réunit en 1174 une armée de secours pour libérer Ancône
assiégée par les hommes de Frédéric Barberousse. Enfin, à la mort
d’Étienne III, en 1172, son frère Béla monta sur le trône avec l’appui de
Manuel, assurant la paix durable avec la Hongrie.
Du côté des Serbes, le centre du pouvoir changea au cours du
XIIe siècle. Jusqu’au règne d’Alexis Comnène, le prince serbe le plus
influent gouvernait la Dioclée qui maintenait son emprise sur les territoires
voisins. Mais Constantin Bodin, finalement vaincu par les Byzantins, avait
été réduit à un rôle de client de l’Empire. À sa mort, la guerre de succes-
sion affaiblit encore la Dioclée, et la Rascie en profita pour prendre son
autonomie, puis le grand joupan serbe Uroš II s’efforça, avec l’aide des
Hongrois, de chasser l’allié des Byzantins placé sur le trône de Dioclée, ce
qui provoqua une vive réaction de l’empereur. Manuel Comnène choisit
Tichomir, puis son frère Étienne Némanja comme grand joupan des
Serbes, avant 1168, mais ce dernier se montra particulièrement rétif au
joug byzantin. Cependant, incapable de se mesurer à l’armée impériale,
en 1172, il fit sa soumission, fournissant un contingent pour l’armée byzan-
tine, et garda sa fidélité à l’Empire jusqu’à la mort du souverain. Manuel
avait reconquis tous les Balkans, à l’exception de la Slovénie et de la
Croatie, mais cette dernière province était toutefois dominée par une
Hongrie désormais amie.
462 Les régions de l’Empire
L’EXPANSION ÉCONOMIQUE
L’HELLADE ET LE PÉLOPONNÈSE
LA THRACE
La Thrace, qui constituait avec la Bithynie l’un des deux greniers à blé
de Constantinople, accompagna la croissance de la ville sous les Macédo-
niens et les Comnènes, à peu d’exception près, comme sous Michel IV où il
Les Balkans 467
occupées par les gens des métiers, preuve d’un enrichissement général, y
compris des campagnes. Les monastères de l’Athos employaient eux aussi
une riche palette d’artisans.
L’Empire des Comnènes a pu s’appuyer sur ses provinces européennes
dont la richesse croissante a compensé, en grande partie sinon en totalité, la
perte du plateau anatolien. On comprend que les membres de la famille
impériale, que ce fût sous les Comnènes ou sous les Anges, se soient fait
concéder – à titre viager – de vastes domaines publics en Épire, en Thes-
salie ou dans le Péloponnèse, dont la Partitio imperii Romanie de 1204, fondée
sur des documents fiscaux, porte témoignage. L’aristocratie de service a
également investi dans les Balkans. Les sceaux découverts, notamment en
Bulgarie, portent les noms des grandes familles, Comnène, Paléologue,
Botaneiatès, Synadènos [Jordanov, 40]. Sans doute certains d’entre eux
étaient-ils des fonctionnaires en poste dans les Balkans, mais d’autres y
étaient devenus propriétaires fonciers. Les archives de l’Athos permettent
de suivre l’installation de plusieurs parents d’Alexis Comnène dans la
région de Thessalonique, dont son frère, le sébastokratôr Isaac, et son beau-
frère, le césar Nicéphore Mélissènos.
Le développement des monastères en Occident apporte un autre indice
du basculement vers l’ouest du centre de gravité de l’Empire. L’essor des
monastères athonites n’a pas attendu la débâcle anatolienne. Dès la fin du
Xe siècle, plusieurs grandes fondations, celles de Lavra et d’Iviron, rendues
possibles par l’abondance de l’or impérial ou aristocratique, devinrent en
peu d’années propriétaires de plusieurs milliers d’hectares de terres arables.
Tout au long du XIe siècle, les nouveaux établissements se multiplient. La
Sainte-Montagne ne fut pas seule à prospérer. Grégoire Pakourianos, grand
domestique d’Alexis Comnène, reçut de nombreuses donations impériales
dans la région de Philippoupolis et érigea à Backovo, près de Sténimachos,
un monastère qui produisait dix livres d’or de surplus annuels. Cet établis-
sement était destiné à accueillir les compagnons du vieux soldat et à com-
mémorer son fondateur, non sans succès puisque, aujourd’hui, on dit
encore des messes pour le salut de son âme. Au siècle suivant, Isaac Com-
nène, frère de Jean II, établit le couvent de la Kosmosôtira en Thrace occi-
dentale, dont les revenus dépendaient non seulement d’un vaste domaine
foncier, mais des droits d’une foire annuelle et de l’utilisation de douze
bateaux dispensés de payer les taxes. Ces grands établissements, de plus en
plus nombreux dans les Balkans, étaient des centres d’exploitation écono-
mique, solidement protégés puisque Pakourianos, par exemple, y avait édi-
fié deux kastra. Lorsque Jean II fonda le monastère du Pantokratôr à Cons-
tantinople, il le dota de nombreux biens fonciers sis en Thrace et en
Macédoine.
Les Balkans 469
LE RENOUVEAU « NATIONAL »
des suites politiques beaucoup plus graves, car les populations s’habituaient
à ne plus obéir à l’autorité centrale et s’interrogeaient sur le bien-fondé des
exigences de la métropole, comme en témoigne la célèbre diatribe de
Michel Chôniatès à l’égard des habitants de Constantinople, qu’il accusait
de piller économiquement et fiscalement les provinces des Balkans, sans
s’inquiéter du sort des populations (cf. chap. XI, p. 278). La vitalité des vil-
les de Grèce leur donnait en effet les moyens d’un tel comportement. Les
Balkans étaient désormais en voie de fragmentation, avec deux jeunes États,
la Bulgarie et la Serbie, fort ambitieux et expansionnistes tandis que
l’Empire cessait d’être le centre d’attraction autour duquel s’était organisée
la péninsule, même au pire moment de l’expansion slave et bulgare.
C HA P I T R E X V I I I
LE S T E R R I T O I R E S D E L ’ E X A R C H A T
DE RAVENNE (641-751)
ET LA SICILE BYZANTINE (641-902)
L’EXARCHAT DE RAVENNE
évêques (pape compris) sont de fidèles sujets de l’Empire ; mais le pape, qui
est considéré comme le premier théologien orthodoxe et qui doit en outre
tenir compte du schisme d’Aquilée, provoqué par l’attitude jugée pro-
monophysite de Justinien, est hostile à tout compromis avec le monophy-
sisme, puis avec l’iconoclasme condamné par Grégoire II [Diehl, 1195,
p. 319-337]. Cette attitude est confortée par le milieu monastique grec de
Rome, résolument orthodoxe (de nombreux papes de la fin du VIIe et du
début du VIIIe siècle sont eux-mêmes d’origine grecque) [Sansterre, 1231].
Mais, alors que l’empereur peut faire déporter en 653 le pape Martin Ier
(qui a en outre été compromis dans la révolte d’Olympios), les tentatives
faites contre Serge Ier (pape d’origine grecque qui réussit à résorber le
schisme d’Aquilée et refuse les canons du concile in Trullo) en 693 et Gré-
goire II en 726/727 échouent, la première à cause des troupes de Ravenne,
la seconde du fait des Romains [Brown, 1188, p. 179-180]. Quant à
l’archevêque de Ravenne [Brown, 1188, p. 184-189], il profite de la proxi-
mité de l’exarque : Constant II lui accorde l’autocéphalie (vis-à-vis de
Rome) et son Église reçoit de nombreux privilèges ; mais l’archevêque Félix
(708-724), qui a soutenu l’aristocratie locale contre l’empereur, est déposé
et aveuglé. Forte de ses propriétés foncières, l’Église de Ravenne accapare
en fait le gouvernement local après la conquête de la ville par les Lom-
bards. Il va de soi que cette Église, comme celle de Rome, est latine. Un
des rares emprunts faits à Constantinople dans le domaine ecclésiastique est
la création de diaconies, institutions charitables d’origine monastique qui
prennent à la fin du VIIe siècle une grande importance à Rome, mais aussi
à Naples [Jacob-Martin, HC 4, p. 351, 354].
Au total la crise économique et sociale profonde, ainsi que la guerre
quasi permanente contre les Lombards, éloignent de Constantinople les
débris restés byzantins du territoire italien, en dépit de l’organisation mili-
taire hiérarchisée du territoire et de l’intérêt porté à l’Italie par certains
empereurs : Constant II tente en 663, sans succès, de reconquérir la princi-
pauté de Bénévent avant de s’installer à Syracuse, où il est assassiné en 668.
Mais, au VIIIe siècle, les empereurs s’intéressent à la Sicile plus directement
qu’à l’Italie. L’iconoclasme n’est pas suivi en milieu latin. L’exarque
Eutychios, arrivé en 727, saisit des propriétés ecclésiastiques. Vers 730, ou un
peu plus tôt, l’empereur décide de faire verser directement au fisc les impôts
levés sur les immenses patrimoines siciliens de l’Église romaine [Prigent,
1227], jusqu’alors utilisés à Rome (qui avait bénéficié d’une mesure favo-
rable de Constant II) puis confisque ces patrimoines ; vers la même époque,
ou peu après, l’empereur détache du patriarcat romain, avec l’Illyricum
oriental, la Sicile et la Calabre. On comprend que, au moment de la chute
de Ravenne, le pape se soit tourné vers les Francs, faisant passer dans
l’Occident politique la partie la plus importante de l’Italie byzantine.
478 Les régions de l’Empire
le droit privé, un « droit romain » dont l’origine précise n’est pas évidente,
mais qui se distingue nettement du droit lombard ; le vocabulaire de la
terre et de la propriété foncière reste antique (massa, fundus) [Montanari,
1223]. L’ancien duché de Rome, dont les Francs délèguent au pape
l’administration, conserve des particularités ; le palais pontifical est organisé
selon des normes byzantines. Dans la région de Ravenne, qui passe officiel-
lement dans le royaume lombard, puis franc tout en étant en principe sous
administration pontificale, les documents de l’Église de Ravenne montrent
la prééminence de celle-ci ; le régime domanial « classique » s’y impose dif-
ficilement, les contrats agraires imposent des redevances moins lourdes
qu’en pays lombard [Montanari, 1223]. La Vénétie et Naples, enfin, n’ont
pas été conquises (Naples ne le sera que par les Normands en 1139). Dans
ces deux petits territoires, c’est l’aristocratie locale qui prend le relais pour
faire vivre les institutions d’origine exarchale ; le duc local (« doge » en
Vénétie) devient un quasi-souverain [Martin, 1218, p. 624-631]. En
Vénétie, c’est au IXe siècle que l’actuelle Venise devient le centre politique
du duché et que commencent des relations commerciales qui permettent de
maintenir un contact avec Constantinople. À Naples, les ducs, qui conti-
nuent de reconnaître l’autorité théorique de l’empereur, exaltent en milieu
latin la culture religieuse grecque (traductions hagiographiques des IXe et
Xe siècles) et la militia d’origine exarchale protège la ville [Martin, 1220,
p. 34-43]. Amalfi – et aussi Gaète – qui se détachent de Naples au
IXe siècle, deviennent des puissances maritimes qui entretiennent des rela-
tions avec Byzance et le monde arabe.
Ajoutons à cette liste la Sardaigne : l’île, rattachée à l’exarchat de Car-
thage, s’est trouvée isolée à la fin du VIIe siècle ; il semble qu’elle ait conti-
nué d’appartenir à l’Empire jusqu’à la fin du VIIIe ; après la chute de Car-
thage, on y frappe l’or et le cuivre jusque vers 720 (cf. chap. XII)
[Rovelli, 671]. C’est sans doute au IXe siècle que la Sardaigne, isolée du
monde extérieur par la piraterie arabe, s’est partagée en quatre territoires
dont les chefs continuaient de porter le titre de iudex (gouverneur de pro-
vince). L’île semble avoir repris des contacts épisodiques avec Byzance au
Xe siècle, avant de passer sous le contrôle des villes maritimes tyrrhéniennes
[Martin, 1218, p. 631-637].
LA SICILE
LE S T H È M E S D E L A N G O B A R D I E / I T A L I E
E T D E C AL A B R E ( F I N D U I X e S . - 1 0 7 1 )
L’ADMINISTRATION
Les deux thèmes italiens comptent parmi les rares régions de l’Empire
dont on peut entrevoir le système administratif – et son évolution – à tra-
vers des actes de la pratique ; leurs enseignements s’éloignent passablement
de ceux des taktika qui présentent une vision normalisée, idéalisée des
moyens d’action et des buts de l’État [Falkenhausen, 1199 ; Martin, 1217,
p. 695-715 ; Martin, 1206, p. 517-558]. Aussi est-il difficile d’évaluer
L’Italie byzantine (641-1071) 487
Capitanate, encore au XIe siècle, on ne connaît que les taxes indirectes lom-
bardes et la corvée (angaria). Une semblable disparité peut être notée dans
un autre domaine : dans le centre de la Pouille (à Bari notamment) un
grand nombre de notables locaux ont reçu des dignités impériales ; on se
demande si elles n’ont pas été systématiquement (et gratuitement) distri-
buées peu après la conquête ; en Capitanate au contraire les titulaires de
dignités sont rarissimes [Martin, 1216, p. 699-700]. C’est encore dans le
centre du catépanat qu’on connaît, au XIe siècle, quelques commerciaires.
Enfin, les autorités laissent aux Lombards de Pouille leur droit personnel et
l’ensemble de leur organisation juridique [Martin, 1216, p. 709-711].
ment vers 950) ; mais leur environnement n’est plus le même : le pouvoir
politique se désagrège dans les principautés, et elles se dotent de seigneuries
compactes, sur lesquelles elles exercent des droits publics. Aussi leur restau-
ration est-elle accompagnée de nouveaux abandons – en fait définitifs – en
Pouille. Cette évolution fait que la Langobardie byzantine ignore pratique-
ment la grande propriété. Les exemples de grandes fortunes y sont très
rares, et dus à des concessions faites par l’État : en 999, un certain Chris-
tophe Bochomachè reçoit en charistikè l’important monastère grec de S. Pie-
tro Imperiale de Tarente [Martin, 1216, p. 662] ; au milieu du XIe siècle, le
juge de Bari Byzantios possède deux petits villages, dont l’un lui est donné
par le catépan. En 1010, d’après un sigillion grec tardivement traduit en
latin, la cathédrale d’Oria (siège qui remplace alors celui de Brindisi) a des
vaxalli, c’est-à-dire des parèques. La Pouille réalise ainsi, par hasard, l’idéal
anachronique exprimé dans leur législation par les empereurs macédoniens.
D’ailleurs, à l’époque normande, la seigneurie occidentale aura du mal à s’y
implanter et devra adopter une forme originale.
Sur la Calabre, les données sont rares, mais explicites. Les principales
viennent du brébion de la métropole de Reggio, compilé au milieu du
XIe siècle. Cette Église, qui n’a jamais cessé d’exister et qui en outre, selon
le droit canon byzantin, contrôle de nombreux monastères, dispose d’une
fortune foncière énorme : 281 domaines (proasteia), 7 communes exemptes,
de nombreux autres biens (sur lesquels on cultive notamment le mûrier
pour alimenter les vers à soie). À la même époque la cathédrale, toute
récente, d’Oppido possède déjà des terres dans plusieurs communes rurales,
de même que quelques propriétaires laïcs. Le tableau présenté par les docu-
ments calabrais du milieu du XIe siècle correspond bien à la situation
dénoncée par les novelles impériales de l’époque [Lemerle, 553]. Sous la
domination normande, la seigneurie de type occidental n’a aucun mal à
prendre la place de la grande propriété byzantine : les seigneurs disposent
de vastes réserves qu’ils font cultiver par des paysans dépendants, appelés
en grec anthrôpoi, bellanoi (vilains), parfois même paroikoi, énumérés dans des
listes officielles [Martin, 1232, p. 487-522 : p. 507-509]. Il nous semble évi-
dent que ces hommes sont les successeurs de parèques, qui tenaient une
place semblable auprès des grands propriétaires byzantins.
On voit que les deux stratèges présentés dans le De administrando imperio
administraient deux régions non seulement distinctes, mais fort différentes
et dont les liens à l’Empire n’étaient pas exactement les mêmes : la Calabre
grecque était proche de Constantinople par le droit, le rite et l’évolution
sociale ; mais elle utilisait des monnaies arabes, et son éloignement du
centre de l’Empire la rendait plus autonome. La Pouille lombarde, dont les
particularismes juridique et religieux étaient pleinement reconnus, était, en
dépit – mais aussi à cause – de sa structure sociale moins différenciée,
L’Italie byzantine (641-1071) 493
CONCLUSION
Au bas Moyen Âge encore, dans le Midi, Naples et Amalfi lui restent fidè-
les, alors que les zones hellénophones de la Calabre et du Salento ont
adopté le droit byzantin du Xe siècle, qui les distingue aussi des pays de tra-
dition lombarde. Or, en droit romain comme en droit byzantin, le statut de
la femme est beaucoup moins dévalorisé qu’en droit lombard, la solidarité
familiale est mieux affirmée. La Langobardie/Italie, au contraire, a
conservé un usage particulièrement rigide du droit lombard. Les territoires
ayant dépendu de l’exarchat se distinguent encore par une pratique ono-
mastique originale : les noms chrétiens y dominent largement ; la même
réflexion vaut pour la Calabre grecque et, même dans la Langobardie, les
noms chrétiens concurrencent les noms lombards et romans. Autre chose
est la culture grecque : si les populations hellénophones ont bénéficié de la
domination impériale dans les domaines ecclésiastique et juridique, leur
présence et leur expansion ne sont pas dues à l’administration impériale ;
leur influence culturelle est d’ailleurs très faible sur les populations latines.
Enfin, globalement, l’Italie est la seule région de l’Occident qui n’ait pas
été entièrement soumise à l’autorité d’un royaume « barbare » ; les institu-
tions impériales ont eu une influence indirecte, mais certaine, sur celles du
royaume lombard comme, plus tard, sur celles du royaume normand de
Sicile.
Conclusion générale
la capacité à lever l’impôt sur de vastes territoires ont donné un net avan-
tage aux empereurs byzantins sur leurs homologues carolingiens et même
ottoniens. En revanche, ils furent, pendant deux siècles, handicapés par
rapport aux califes de Damas puis de Bagdad, bénéficiaires de ressources
fiscales bien supérieures, mais l’Empire musulman souffrit rapidement des
fortes autonomies provinciales (Afrique, Égypte ou Iran pour ne prendre
que les exemples les plus significatifs). L’État byzantin fut atteint comme le
reste de l’Europe d’une profonde crise démographique, qui s’acheva
vers 750, avant de connaître une lente croissance, faible, mais régulière,
qui, au XIIe siècle, offrit aux campagnes byzantines les plus fertiles une pros-
périté, qui ne le cédait en rien à celles des plaines d’Occident. De même si
la disparition des cités fut un peu plus tardive en Orient, elle fut très specta-
culaire. La renaissance urbaine dont le rythme varia selon les régions – les
plus proches de la capitale étant les premières à voir leurs villes se repeu-
pler – est à peu près contemporaine du renouveau urbain du monde médi-
terranéen latin, notamment en Italie.
Les structures politiques et sociales, en apparence fort différentes,
puisque tous, sans conteste, devaient obéissance au basileus représentant de
Dieu sur terre, alors que chez les Latins des seigneurs locaux venaient, le
plus souvent, s’interposer entre le souverain et ses sujets, n’étaient pas dans
les faits si contrastées. L’empereur ne tenait les provinces de son Empire
qu’en négociant avec les élites locales, peu importait du reste qu’elles fus-
sent grecques ou allogènes. Il n’y avait certes aucun contrat formel qui liait
le souverain et les principales familles, mais l’empereur avait soin de leur
distribuer les dignités avec leurs rogai afférentes, entretenant financièrement
leur fidélité. Ce n’est pas un hasard si les distributions de dignités furent si
généreuses parmi les provinciaux proches de la frontière (Italie, Caucase)
dont l’allégeance pouvait facilement basculer vers les ennemis. Sans doute
l’abondance des ressources fiscales – encore que leur niveau durant les siè-
cles dits obscurs restent objet de débat – donna longtemps aux basileis les
moyens d’une politique libérale.
En matière de culture, les divergences entre les deux parties de la chré-
tienté furent plus marquées, car le latin n’était plus guère connu dans
l’Empire après la perte de l’Afrique et de l’exarchat, tandis que le grec était
largement oublié en Occident. Plus peut-être que les stéréotypes récipro-
ques du Grec efféminé et roublard opposé au Latin avide et brutal, c’est
l’incompréhension de leurs cultures respectives qui a élargi le fossé entre
Byzance et les Latins. Le désaccord apparaît dans le domaine religieux, tant
dans le droit canon fixé au concile in Trullo que dans les pratiques et de
rares points de dogme après la fin de l’iconoclasme. Les Grecs plus fidèles à
la tradition et donc plus conservateurs n’ont pas complètement perçu les
changements profonds de la chrétienté latine entre les VIIIe et XIIe siècles.
Conclusion générale 497
psychika biens donnés par testament à une église pour que des
prières assurent le salut de l’âme du donateur
roga traitement annuel accordé aux titulaires d’une dignité ou
d’une charge, cf. p. 83
Romanie nom donné à l’Empire par les Byzantins eux-mêmes et
repris par les autres peuples, en Orient comme en Occi-
dent. Ainsi, le sultanat turc établi en Anatolie a pris le
nom de sultanat de Rûm
scholes régiment d’élite qui gardait le palais impérial. Son chef
fut, à partir du VIIIe siècle, le chef de l’armée en
l’absence de l’empereur
sébaste dignité créée au XIe siècle, réservée aux membres de la
famille impériale sous les Comnènes et accordée à quel-
ques princes étrangers
sékréton bureau de l’administration centrale où travaillent notam-
ment des asèkrètis
silention cérémonie solennelle au Grand Palais, pendant laquelle
l’empereur fait connaître ses décisions pendant que les
silentiaires imposent le silence
stavropégie droit de fixer une croix là où une nouvelle église sera
bâtie. Ce droit implique l’autorité sur le clergé de
cette fondation et le droit d’y percevoir les redevances
canoniques
strateia (en latin militia). Désigne tout service accompli pour
l’État, et pas seulement le service militaire
stratège général qui dirige un corps de troupe, puis le
thème (cf. p. 146-147). Celui des Anatoliques était l’un des
plus puissantspersonnagesdel’Étatentrele VIIe etle XIe siècle
sultan détenteur du pouvoir d’État chez les musulmans
synaxe réunion eucharistique
synode assemblée d’évêques
tagma (pl. tagmata). Contingent de l’armée centrale, y compris
ceux de la garde impériale
taktikon document officiel qui décrit l’ordre des préséances à la
cour byzantine. Désigne également un traité militaire
taxis ordre immuable du monde, qui se décrit dans le monde
terrestre par un taktikon
thème corps de troupe, puis circonscription administrative, cf.
p. 146-149
trachy pièce de monnaie concave et « rugueuse » émise aux XIe
et XIIe siècles
typikon charte de fondation d’un monastère
Varanges corps de la garde palatine créé par Basile II. Composé à
l’origine de Russes, il fut ensuite formé d’Anglais et de
Danois. Passait pour être toujours fidèle à l’empereur en
place
LISTE DES EMPEREURS DE CONSTANTINOPLE
1. Les pages où l’entrée de l’index est spécifiquement développée sont en caractères gras.
510 Le monde byzantin
Amorion, 19, 70, 123, 299, 403, 406, Arabes, 5-6, 8, 10, 12, 13 passim, 183,
409, 412, 433, 438. 251.
Amphiloque de Cyzique, 353. Arabissos, 405.
bAmr, 3. Araxe, 429.
Anastase (empereur), 12-13. archontes, 274, 449.
Anastase (patriarche), 262. archontes patriarcaux, 100-102.
Anastase le Sinaïte, 6, 123, 343. archôn tès kharagès, 294.
Anatolie / Asie Mineure, 5, 7-8, 10, Archontopouloi, 159, 165, 435.
12, 19, 30, 45-50, 53, 62-63, 72, Aréthas de Césarée, 355-356.
103, 153, 163, 176-178, 227, 233, Argolide, 216, 233, 445.
278, 291, 397-440. Argos, 446, 470.
Anatoliques, 10, 12, 14, 16, 18, 19, Argyros (cf. Romain III), 178, 258,
31, 74, 146, 152-153, 156, 158, 410, 419, 420.
172, 178, 194, 403, 413, 419, 427, Marianos, 33.
434, 438. Argyros, fils de Mél(ès), 41, 198, 493.
Anchialos, 29, 466. Aristènos Jean, 107.
Ancône, 59, 461. Arithmos ou Veille, 157, 159, 258,
Ancyre, 19, 166, 403, 406, 409, 414, 264.
434. Arméniaques, 12, 17, 19, 49, 146,
André de Crète, 319, 343, 346. 152, 157, 162, 172 (roga), 176, 194,
Andréopoulos Michel, 361. 213, 403-404, 408, 411, 414, 417,
Andrinople, 37, 40, 45-46, 181, 443, 419, 429, 433-434, 437-438.
450, 467, 469. Arménie, 5-7, 9, 12, 21, 29-31, 38, 40,
41, 49, 84, 92, 119, 152, 207, 291,
Andronic Ier Comnène, 62, 72, 130,
377, 399, 401, 405-406, 412, 417,
141, 198, 200, 387, 437.
425, 431, 436.
Anémas, 184.
Arménie (Grande), 424.
Angélokastron, 439. Arménie (Petite), 119, 435-436.
Anges, 179, 468, cf. Alexis III, Arméniens, 23, 27, 55, 57, 85, 108,
Alexis IV, Isaac II. 118-119, 148, 161, 176, 183-184,
Anglais, 159. 191, 197, 207, 208-209, 210, 213,
Ani, 35, 38, 40, 48, 84, 183, 420, 424, 216, 251, 416, 419-421, 427, 429,
433. 433, 435, 449, 455.
Anne la Porphyrogénète, 36, 73. arménika thémata, 148, 422.
Anselme de Havenberg, 364. Arpáds, 59, 461.
Antioche, 5, 33, 37, 49, 51, 55-57, 60, Arzn, 48.
89, 105, 110-111, 119, 174, 198, Artavasde, 12, 14, 157.
330, 361, 397, 412, 419, 421-422, Artouch, 49.
429, 433, 435, 437. Artsruni, 420, 424.
Antioche de Pisidie, 403, 438. Asen, 62, 469.
antistrophè, 294. Asie, 90, 167, 251, 397, 402.
Anti-Taurus, 400-401, 405. asile, 323-324.
Antoine de Novgorod, 258. Asot II, 29.
Apkhazie/Apkhazes, 423, 427, 429. Asot III, 35.
aplèkton, 167, 406. Asparuch (khan bulgare), 9, 447.
Apokapès Basile, 41. Astolf (roi lombard), 475.
Index 511
Nicéphore, 51. Égée, 13, 28, 50, 204, 226, 229, 236,
dirham, 303. 401, 403.
Djazîra, 405, 417-421, 425, 431. Égypte, 3, 10, 13, 30, 32, 35, 60-61,
djihâd, 15, 20, 31, 173. 64, 89, 152, 161, 251, 276, 337,
Dobromir, 469. 397, 427.
Dobronas, 458. eidikon, 143, 145, 156, 167, 294.
Docheiariou, 338. Eisagogè, 97, 355.
Domninos, 253, 268. Éleïgmoi, 337.
dôréa, 188. élevage, 231-232, 466.
Dorylée, 55, 57, 403, 410, 438-439. Éleuthère (exarque), 476.
Dragonara, 486. Éleuthère de Paphlagonie, 428.
Élie le Spéléote, 490.
drongaire de la Veille, 145, 257, 264.
Elpidios, 480-481.
Drougoubites, 450.
embolos, 256.
doulos, 192.
encens/encensoirs, 98, 261, 268, 321,
Dristra, 35, 50, 455, 457, 459. 325, 327-328.
drome, 144. Enez, 378.
duc, 148, 422, 438. enkolpion, 392.
Dubrovnik (cf. Raguse), 450. Enna, 481.
Doucas, cf. Constantin X, Michel VII, éparque, 258, 260, 263-264, passim,
178, 180-181, 254, 410, 420, 431. 329, 443 (Illyricum).
Andronic (dom. des scholes), 27, Éphèse, 12, 51, 56, 217, 299, 302,
131, 193. 409, 413, 428, 435, 438-439.
Andronic, fils de Jean, 45, 244. épibolè, 128.
Constantin (dom. des scholes), 28, Épire, 432.
195. épiskepsis/épiskeptitès, 144, 170, 243-
Constantin, fils de Michel VII, 46- 244, 264, 427, 466.
47, 49, 51. ergastèrion, 272-273, 274, 283, 285.
Constantin (duc de Dalmatie), 461. Euphèmios, 480.
Irène, 365, 366. Ézérites, 450.
Jean (César), 45, 49, 162. Erzindjan, 434.
Jean (beau-frère de Alexis Ier), esclaves, 224-225, 284-285.
458. MM Étienne II (pape), 15.
Dvin, 5, 417, 424, 429. Étienne (patriarche), 26.
Dyrrachion, 46-47, 50, 56, 62, 163, Étienne de Blois, 54-55.
450, 456, 458, 460, 465, 469-470. Étienne de Hongrie, 454, 460-461.
Étienne Némanja, 470.
échanges, 298 et 299 (rétraction). Étienne de Nicomédie, 428.
Ecloga, 136, 154, 168, 276, 316-317, Étienne le Jeune (saint), 16, 253, 262,
451. 329.
école, 341, 351 (Magnaure), 357 (no- Eubée, 227, 278.
taires), 358 (Magnaure), 361 (Saint- Euchaïna, 413.
Pierre), 363. Euchaïtes, 411, 413, 429.
Édesse, 30, 39, 48-49, 53, 55, 58, 208, Eudocie Baïanè (impératrice), 26.
267, 344-346, 361, 421, 424-425, Eudocie Ingérina (impératrice), 22,
433. 196.
516 Le monde byzantin
Phrygie, 119, 167, 209, 227, 400-402, Raguse, 450, 460, 466.
411, 426, 438. Rametta, 482.
Pierre de Bulgarie, 29, 33-34, 73, 454, Rapolla, 485.
455, 469. Rascie, 461.
Pierre, frère de Asen, 469. Ratislav, 21.
Pierre Deljean, 39. Ravenne, 10, 12, 14-15, 91, 298, 475-
Pierre (patriarche d’Antioche), 111. 479, 493.
Pierre de Sicile, 120. Raymond d’Antioche, 57.
Pierre l’Ermite, 54. Raymond de Saint-Gilles, 54-55.
Pierre le stratopédarque, 33. Reggio, 296, 482-483, 492.
Pise/Pisans, 63, 161, 251, 256, 277. Reliques, 36, 113, 258-259, 267-268,
Pisidie, 153, 401-402. 321, 327-328, 330-331, 334, 373,
Platon, 177, 337, 346, 348-349, 412. 377, 451.
Pliska, 9, 447-448, 452-453. Rhaidestos, 266, 278, 279 (phoundax),
Podandos, 421. 280, 467.
Polignano, 485, 488. Rhodes, 7, 8, 227, 278, 441.
Polyeucte (patriarche), 34, 104, 174, Rhodope, 443, 450.
319, 323. Rialto, 475.
Pompeioupolis, 92. Richard Cœur de Lion, 63, 198.
Pont, 90, 251, 397, 407-408, 414, 437. Ripalta, 485.
population (estimations), 218-219, Roger II de Sicile, 58-59, 462-463.
249, 251. Robert de Flandre, 53-54.
porphyrogénète, 69, 259 (Porphyra). Robert de Normandie, 54.
Port Julien, 252. Robert Guiscard, 47, 50, 465.
Porte d’Or, 261. roga, 43, 83, 135, 140, 172, 274, 280,
Pouilles, 25, 47, 59, 226, 228, 230, 304-305, 309, 339, 363.
235, 297, 473, 482-493. Roger d’Antioche, 57.
praktikon, 127. Roger, 184.
Preslav, 34-35, 453, 455, 457, 466. Jean, 134.
Preslavitsa, 455, 459. Romain Ier Lécapène (empereur), 29-,
Prespa, 456. 31, 73, 122, 195, 253, 266-267,
prêt à intérêt, 276, 324. 339, 454.
proasteion, 223-224, 238. Romain II (empereur), 32, 33, 73-74,
Proconsulaire, 11. 87, 158, 329.
Promoudènos, 179. Romain III Argyros (empereur), 39,
pronoia, 133-134, 170-171. 254, 266, 268, 458.
Prôtaton, 336. Romain IV Diogène (empereur), 43,
Psellos Michel, 43, 180, 183, 186, 196, 45, 48-49, 70, 74, 140, 158, 166,
229, 244, 258, 281, 314, 337, 340, 186, 194, 308-309, 433-434.
361-362, 368. Rômaios Eustathe, 145, 363, 367.
Ptéléos, 278. Rome, 7, 10, 22, 31, 89-91, 93, 105-
106, 111-112, 172, 272, 298, 470,
quadrivium, 345, 351, 362-363, 367.
473, 476, 477, 479, 493.
Quarante-Martyrs, 363.
Rossano, 484, 488.
Rabbanites, 122. Rothari, 473.
Radolivos, 225, 230, 233. Roupénides, 197, 433, 435.
Index 525
Sinope, 52, 414, 427, 435, 438. Strymon, 172 (roga du thème), 443
Sirmium, 456, 458, 460-461, 469. (fleuve), 450.
Sisinnios (patriarche), 37, 95, 317. Stryphnos Michel, 149.
Sklèros/Sklèraina, 177-179, 184, 242, stylites, 335.
410, 419-420. Styppeiôtès, 25.
Bardas, 34-37, 144. Sufétula, 5.
Marie, 40, 81. Sulaymân (sultan), 45, 49-51, 432,
Romain, 40. 434.
Skopje, 443, 457-458. Svyatoslav (prince de Kiev), 31, 33-
Skripou, 376, 378, 462. 35, 455, 459.
Skylitzès, Étienne, 367. Syllaion, 411.
Slaves, 9-10, 18, 153, 156, 161-162, Syméon de Bulgarie, 27-29, 76, 173,
183, 205-207, 213, 216, 445-451, 453-454.
459. Syméon le Nouveau Théologien, 319,
Slovénie, 461. 334, 335, 360-361, 428.
Smbat, 38, 40. Syméon Métaphraste, 330.
Smyrnaios Théodore, 367. symponos, 263-264.
Smyrne, 51, 56, 160, 166, 409, 413, Synada, 227.
427, 429, 434-435, 438-440. Synadènos, 468.
Sofia (cf. Serdica), 17, 36, 443, 446, syndotès, 168-169.
456, 458-460, 466-467. synode, 102-103 ; (1166), 99.
soie, 135, 388. synodikon de l’Orthodoxie, 106-108,
Sophrone (patriarche d’Alexandrie), 117, 335, 364.
344. synonè, 129, 299, 301.
Soublaion, 61, 439. Syracuse, 7, 11, 25, 39, 298, 346, 477,
Sôzopétra, 19. 480-482.
Sôzopolis de Pisidie, 57, 438. Syrie, 5-6, 25, 28, 33, 35, 37, 54-55,
Split, 450, 458, 460. 60, 89, 118, 155, 172, 205, 207,
Spolète, 475-476. 213, 215, 226, 231, 235, 277, 337,
staminum (hyperpère), 310. 397, 399, 401, 405-406, 412, 418,
Staurakios (empereur), 17. 421-422, 427, 431, 433, 435.
Staurakios, 18, 450. Syriens/Syriaques, 208, 216, 277, 420,
stauropégie, 336. 449.
Sténimachos, 468. systèma, cf. métiers.
Stéthatos Nicétas, 113, 334, 361.
Stilo, 486, 490. tagmata, 16-17, 148, 156-159, 164-165
Stoudios (monastère), 96, 254, 260- (effectifs), 170, 172 (rogai), 258, 416,
261, 266, 272, 334, 336-337, 339, 422, 425, 435, 455, 488.
346-347, 349. taktika (militaires), 166.
stratège, 146-147, 148, 152-153, 404. Tancrède, 55-56.
strateia, 156, 169-170, 322. Tao, 37, 423.
Stratègion, 252, 255. Taormine, 25, 482.
stratiôtikon, 143, 145, 147, 164, 168- Taraise, 17, 96, 323, 346, 348, 350,
169 (terres stratiotiques), 169-170 352.
(stratiôtikoi oikoi), 253. Taraise, frère de Photius, 353-354.
Stroumitza, 134. Tarchaneiotès Grégoire, 485.
Index 527
L’Orient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 398
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V
PREMIÈRE PARTIE
LA FORMATION ET LE DÉVELOPPEMENT
DE L’EMPIRE MÉDIÉVAL :
LES ÉVÉNEMENTS
DEUXIÈME PARTIE
Le patriarcat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
e e
Le ressort du patriarcat (VII -XII siècle) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Le décret de Léon III, 90 – La taxis de 901-905, 91 – Les évolutions
des Xe-XIIe siècles, 92 – Le patriarcat et les Églises nationales, 93
Le patriarche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
La titulature, 94 – L’élection, 94 – L’origine des patriarches, 95 – Les
fonctions, 96
Le patriarche et l’empereur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Harmonie ou rivalité ?, 97 – Les pouvoirs de l’empereur dans l’Église, 98
L’administration patriarcale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Le siège du patriarcat, 99 – Le clergé patriarcal, 99 – Les archontes
patriarcaux, 100
Le gouvernement de l’Église . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Les principaux organes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Le synode permanent, 102 – La chancellerie patriarcale et synodale, 103
– Un difficile équilibre des pouvoirs, 103
Les normes de l’orthodoxie byzantine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Les derniers conciles universels, 105 – Le Nomocanon, 106 – Le Syno-
dikon de l’Orthodoxie, 107 – Le rite de Sainte-Sophie, 109
Le patriarche de Constantinople dans l’Église universelle . . . . . . . . . . 110
L’effacement des patriarcats orientaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
Rome et Constantinople . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
Les motifs de dissension, 111 – Les étapes de la rupture, 113
L’organisation du clergé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
La carrière ecclésiastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
L’évêque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Prêcher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
La loi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
Les codes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
L’Ecloga, 136 – Les Basiliques, 137
Les novelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
La formation des juristes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
TROISIÈME PARTIE
La population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
La diversité du peuplement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
Les mouvements migratoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
Les langues parlées dans l’Empire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
L’Empire comme facteur d’unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
La politique des empereurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
Questions démographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
La répartition de la population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
L’évolution démographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
Le volume de la population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
QUATRIÈME PARTIE
L’Anatolie et ses nouveaux confins (fin IXe - milieu XIe s.) . . . . . . . . . . 414
L’expansion de l’Anatolie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 416
Guérilla et campagnes anatoliennes du Xe siècle, 416 – L’aristocratie ana-
tolienne, 418 – Les nouveaux territoires orientaux, 420 – La seconde
expansion, 423
L’Anatolie et l’illusion de la paix. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 425
Loin de la guerre, 425 – L’expansion économique, 426 – Permanences
religieuses, 428 – Aspects régionaux, 429
GLOSSAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 499
INDEX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 509
Claude LEPELLEY et divers auteurs — Rome et l’intégration de l’Empire (44 av. J.-C. /
260 apr. J.-C.)
T. 2 : Approches régionales du Haut-Empire romain
J. LICHARDUS, M. LICHARDUS-ITTEN, G. BAILLOUD et J. CAUVIN — La protohistoire de
l’Europe. Le Néolithique et le Chalcolithique entre la Méditerranée et la mer Baltique
Robert MANDROU et Monique COTTRET — La France aux XVIIe et XVIIIe siècles
e e
Robert MANTRAN — L’expansion musulmane (VII -XI siècle)
Pierre MARAVAL — Le christianisme de Constantin à la conquête arabe
Hervé MARTIN — Les mentalités médiévales (XIe-XVe siècle). T. 1 et T. 2
Frédéric MAURO — L’expansion européenne (1600-1870)
Frédéric MAURO — Le XVIe siècle européen : aspects économiques
Jean-Louis MIÈGE — Expansion européenne et décolonisation, de 1870 à nos jours
Simon MIMOUNI et Pierre MARAVAL — Le christianisme des origines à Constantin
Cécile MORRISSON (sous la dir.) — Le monde byzantin
T. 1 : L’empire romain d’Orient (330-641)
Lucien MUSSET — Les invasions : les vagues germaniques
Claude NICOLET et divers auteurs — Rome et la conquête du monde méditerranéen
T. 1 : Les structures de l’Italie romaine
T. 2 : Genèse d’un empire