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AIKIDO - Citations diverses

Oui, mais si…


Par Jean STASS - 1974

Le défaut du débutant est bien explicable si l’on se met à sa place. Et tous nous
l’avons été. Il nous a fallu de longues séances de travail, des satisfactions et des
découragements pour obtenir le résultat actuel. Nous oublions trop facilement nos débuts
pénibles c ‘est pourquoi nous n’aidons pas assez nos partenaires à s’affranchir de ce
besoin de poser d’inutiles questions, commençant inévitablement par : si je faisais …
Le débutant dans son désir d’acquérir très vite cette science manque de patience.
Nous abordons là un problème complexe.
Pour étudier un mouvement, il nous faut l’expliquer lentement en le décomposant par
fraction, ce qui laisse évidemment des temps morts, préjudiciables à l’efficacité. En
effet, ces « temps morts » permettent à l’adversaire de changer sa position initiale, pour
la rendre « solide » pendant les explications. La prise proposée ayant perdu son efficacité
pratique, ne remplit plus son rôle d’enseignement..
Or l’élève lui, ne se rend pas compte de cette modification qui transforme le
déséquilibre en position forte. Il lui semble que le mouvement exécuté au ralenti (qui
l’empêche d’utiliser son action vivante) peut obtenir la même efficacité qu’une action
sincère.
La seconde difficulté vient de ce que le débutant n’admet pas que la prise est efficace,
si elle ne lui fait point mal. Ne s’en rendant pas compte il demande au partenaire de
résoudre un problème sans lui en fournir les moyens.
Ce sentiment commun à tous les débutants provient d’abord de ce qu’il ne « croit »
pas ce qu’on lui enseigne. Il ne peut se rendre compte par lui-même de l’exactitude des
conseils donnés, que s’il échoue dans son attaque ou s’il ne peut plus continuer à se
défendre il faut qu’il soit mis dans l’impossibilité de faire ce que ses « si » proposent,
lorsque le mouvement est exécuté au ralenti.
Le profane doit comprendre – une fois pour toutes – que tout ce qu’il peut imaginer
pour se soustraire à l’action de la prise a déjà été étudié par des milliers de pratiquants
avant lui, et que si l’on continue à enseigner cette méthode, c’est qu’elle est valable. Le
second principe auquel l’élève doit se soumettre, est de croire à l’instruction qu’on lui
donne, sans essayer de tricher en disant mais « si » je fais ceci ou « si » je fais cela,
qu’arrivera-t-il ?
Ce fameux « si a été et sera toujours dans le vocabulaire du débutant. Hélas ! ses
questions lui font perdre un temps précieux dans sa marche vers la connaissance. En
effet, lorsqu’on lui apprend un mouvement, celui-ci doit être fait dans telle ou telle
circonstance et lui est impossible de faire autre chose dans ce cas.
Le « si » je fais cela ? n’est pas concevable dans l’action sincère qui ne dure qu’un
fraction de seconde.
AIKIDO - Citations diverses

Par contre c’est possible durant le « temps mort » de l’explication lors de l’étude. Il
faut que le pratiquant admette qu’il ne lui est pas possible de changer, en une fraction de
seconde, pendant l’attaque son déséquilibre et sa position.
Le mouvement exécuté au ralenti lui permet au contraire de les modifier au cours des
explications. L’action proposée s’applique à un mouvement bien, déterminé dans un
sens, pour un effort précis, exactement comme un coureur à pieds ne peut courir, que s’il
est sur un sol permettant de le faire, que le nageur ne peut évoluer dans l’eau dans des
conditions favorables, que si la hauteur d’eau est suffisante.
C’est comme si le débutant obligeait le professeur à lui expliquer ce que ferrait le
nageur s’il manquait d’eau, ou le coureur s’il devait se déplacer dans l’eau. Que diable,
un peu de patience.
Bien sûr, le professeur vous apprendra à nager, mais ce n’est pas à ce moment là qu’il lui
faudra demander des conseils pour apprendre à courir et lorsque le moment sera venu de
courir, il ne faudra pas lui demander « si on peut obtenir les mêmes résultats en nageant.
Etudiez donc le mouvement qu’on vous enseigne sans essayer de le compliquer par
des changements d’action. En agissant ainsi vous ne perdrez pas votre temps et vous
n’obligerez pas votre partenaire à vous prouver l’efficacité de sa prise, qui pourrait
devenir si « réelle » qu’un accident en résulterait inévitablement.
Travaillez patiemment pour vous permettre d’assimiler l’enseignement que l’on vous
donne. Ne cherchez pas de complications inutiles et dangereuses.
Vos anciens n’ont peut-être pas encore assez de technique pour pouvoir vous
démontrer toutes les ressource de cet art magnifique, mais ils en savent suffisamment
pour vous apprendre ce que vous avez besoin de savoir pour débuter.
D’autre part – et cela est très important – si vous agissez en élève docile, vos
instructeurs pourront vous faire comprendre plus clairement tous les détails qui
obtiennent l’efficacité maximum mais si vous leur posez des « colles » où ils perdent la
face, ils n’auront que la ressource de vous adresser au professeur, qui vous répondra, bien
sûr, mais qui a certainement autre chose de plus intéressant à faire.
Vous ne pouvez exiger d’accaparer pour vous seul les instructeurs ou le professeur ou
alors, faites le mais prenez des leçons particulières, ainsi vous ne dérangerez pas les
autres élèves qui viennent eux aussi, pour travailler.
C’est pourquoi, je conseille gentiment aux débutants de bien vouloir étudier leur
technique dans le cadre de la leçon. Ils parviendront plus rapidement (qu’ils ne pensent)
par un travail sérieux à résoudre leurs problèmes.
Croyez-moi laissez de côté tous vos « si ». ne jouez pas au questionneur énervant.
Vous faites perdre leur temps à vos camarades, à vos instructeurs, à votre professeur et
vous perdez aussi le votre.

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