Vous êtes sur la page 1sur 36

Close window to return to IVIS

Encyclopédie de la

Nutrition
Clinique Canine

Pascale Pibot Vincent Biourge Denise Elliott

Responsable des Responsable des Directrice de


Éditions Scientifiques, Programmes de Recherche Communication
Communication, en Nutrition, Centre de Scientifique,
Groupe Royal Canin Recherche Royal Canin Royal Canin USA

Ce livre est reproduit sur le site d'IVIS avec l'autorisation de Royal Canin. IVIS remercie Royal Canin pour son soutien.
Dermatologie
Pascal PRELAUD
DVM, Dip ECVD

Dermatoses d’origine
nutritionnelle et
apport de la diététique
Richard HARVEY
DVM, PhD,
Dip ECVD

en dermatologie

1 - Facteurs de risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

Questions fréquemment posées


à propos de l’influence de la nutrition sur la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Exemples de rations ménagères adaptées à un régime d’éviction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Informations nutritionnelles Royal Canin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

61
Dermatologie

Dermatoses d’origine nutritionnelle


et apport de la diététique
en dermatologie
Pascal PRÉLAUD
DVM, Dip ECVD
Diplômé de l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse en 1984, Pascal Prélaud fonde en 1987 un laboratoire de biologie vétérinaire
à Paris (le CERI), qu’il dirige encore actuellement. Ce laboratoire fut pionnier dans le domaine des tests allergologiques en Europe.
Pascal travaille en clientèle référée de dermatologie vétérinaire depuis 1987. Il exerce actuellement en Région Parisienne. Membre
de l’International Task Force on Canine Atopic Dermatitis, il est l’auteur de nombreux articles scientifiques et conférences portant
essentiellement sur les dermatites allergiques du chien et du chat. Auteur de deux ouvrages d’allergologie vétérinaire (1991, 1999)
et d’un ouvrage d’endocrinologie (2002) traduits en plusieurs langues, Pascal Prélaud est coéditeur avec le Dr Éric Guaguère
du Guide de Dermatologie Féline (2000).

Richard HARVEY
DVM, PhD, Dip ECVD
Après avoir obtenu son Doctorat vétérinaire à l’Université de Bristol en 1978, Richard Harvey travaille d’abord en clientèle mixte
pendant 10 ans, puis en clientèle canine et féline. Dans le cadre d’une association de vétérinaires à Coventry, il s’oriente vers
la dermatologie, à l’intérieur de sa clientèle et à travers des cas référés. Richard est Diplomate du Collège Européen de Dermatologie
Vétérinaire depuis 1993 ; il a obtenu un PhD en 2000, grâce à son travail sur les staphylocoques et la peau du chien. Richard a
publié une trentaine d’articles scientifiques et coécrit trois livres. Le plus récent porte sur les affections de l’oreille chez le chien et le chat.
Richard est également rédacteur en chef pour la revue Waltham Focus.

L a peau est un organe important tant par sa surface


(1 m2 pour un chien de 35 kg) que par ses rôles
(social, homéostasie du milieu intérieur, réponse immunitaire…).
En constant renouvellement, elle mobilise une grande partie
des macro- et micronutriments apportés par l’alimentation.
Un déséquilibre d’apport en acides aminés, acides gras, vitamines
ou oligo-éléments perturbe les fonctions de barrière (Tableau 1)
et de protection immunitaire assurées par la peau : le chien
devient plus sensible aux infections, il développe plus facilement
des réactions allergiques. La peau et le pelage sont donc le
premier reflet de la santé du chien et de la qualité de son
alimentation : les dermatoses d’origine nutritionnelle sont
très variées et fréquentes chez le chien (Tableau 2).

En dermatologie canine, la nutrition tient une place privilégiée,


non seulement comme élément essentiel de la prévention des
maladies cutanées, mais aussi comme outil thérapeutique des
dermatites allergiques, kératoséborrhéiques et métaboliques.
62
1 - Facteurs de risque

Dermatologie
1 - Facteurs de risque
Les risques de développement de dermatoses d’origine nutritionnelle sont liés à la qualité de l’alimen-
tation, mais aussi à des facteurs propres à l’animal tenant au stade physiologique, au type de pelage ou
à la prédisposition à certaines maladies métaboliques ou allergiques.

Spécificités raciales
De nombreuses prédispositions raciales existant en dermatologie canine peuvent avoir un lien direct
avec la nutrition (Tableau 3).

Les deux principaux groupes de dermatoses nutritionnelles (dermatoses répondant à l’administration


de zinc ou de vitamine A) représentent les causes majeures de troubles de la kératinisation chez les
races prédisposées (ex: races nordiques à propos du zinc).

Les hypersensibilités alimentaires sont plus probables chez des chiens de races souffrant de malassimi-
lations ainsi que chez les chiens atopiques.

TABLEAU 1 - NUTRIMENTS POUVANT INFLUENCER LA FONCTION DE BARRIÈRE CUTANÉE


Acides gras polyinsaturés Ils font partie des lipides produits par les glandes sébacées
(ou AGPI) (ex: acide linoléique) qui forment le film hydrolipidique de surface

Un apport suffisant en tous les acides aminés indispensables


Protéines
est nécessaire pour la maturation des kératinocytes

Indispensable à la différenciation des kératinocytes


Vitamine A
et donc à la formation de la couche cornée

Biotine Indispensable au métabolisme des AGPI

Vitamine C Joue un rôle clé dans la formation des lipides du film de la couche cornée

Zinc
Une supplémentation en zinc permet de diminuer les pertes hydriques TABLEAU 2 - QUAND PENSER
et un déficit provoque des troubles de la cornéogénèse ALIMENTATION EN DERMATOLOGIE ?

Augmente les concentrations en céramides - Pelage terne


Nicotinamide
et en acides gras libres dans la couche cornée - Squamosis étendu
- Hyperkératoses localisées ou périorificielles
Vitamines hydrosolubles Participent au métabolisme des AGPI - Prurit
- Urticaire récidivant
Excrétée par les glandes sébacées, - Otite chronique
Vitamine E
elle permet de limiter l’oxydation des acides gras - Pyodermite récidivante

TABLEAU 3 - PRÉDISPOSITIONS RACIALES AUX DERMATOSES D’ORIGINE NUTRITIONNELLE


Carences d’apport ou d’assimilation

Dermatose répondant au zinc Races nordiques, chiens de grandes races

Dermatose répondant à la vitamine A Cocker Spaniel

Hypersensibilité alimentaire

Prédisposition ou sur-représentation Labrador retriever

American Staffordshire Bull terrier, Beagle, Berger allemand, Boxer, Bouledogues, Dalmatien, Fox terrier, Bull terrier, Jack
Prédisposition liée à un état atopique
Russel terrier, Labrador Retriever, Lhassa apso, Pékinois, Shar-Peï, Setter anglais, Shih Tzu, West Highland White Terrier

Prédisposition liée à des malassimilations Berger allemand, Setter irlandais, Shar-Peï, Soft Coated Wheaten terrier

63
1 - Facteurs de risque
Dermatologie

Chez les chiens à pelage dense (ex: Spitz de Poméranie, Shih Tzu…), la quantité de poils est telle que
l’entretien et le renouvellement de la peau et du pelage représente 30 à 35% des besoins quotidiens en
protéines (Mundt & Stafforst, 1987). Il est possible que les animaux possédant un tel pelage, long, avec
un sous-poil dense, aient des besoins nutritifs supérieurs aux chiens à poils ras.

Robe
L’influence des nutriments sur la couleur de la robe est aujourd’hui bien connue. La pigmentation du
pelage dépend de la présence et de la distribution des grains de pigment de phéomélanine (jaune rouge)
et d’eumélanine (noire) dans le cortex et/ou la médulla des poils et le long de la tige pilaire. La syn-
thèse de ces pigments dépend des apports en acides aminés aro-
matiques (phénylalanine [Phe]- et tyrosine [Tyr]) et de l’acti-
FIGURE 1 - SYNTHÈSE DES MÉLANINES vité des tyrosinases (enzyme cuprique) (Figure 1).
À PARTIR DE LA PHÉNYLALANINE

Des défauts d’apport chez des animaux ayant un pelage


Phénylalanine sombre ou noir peuvent provoquer un roussissement du poil
(Biourge & coll, 2002). Cela a été initialement démontré chez
le chat ; dans cette espèce, un léger défaut d’apport en acides
Tyrosine aminés aromatiques peut provoquer l’apparition de troubles
neurologiques (neuropathie sensorielle) (Dickinson & coll,
Les chiens albinos 2004) et l’éclaircissement du pelage chez des chats roux, ou
souffrent d’une déficience le roussissement du pelage chez les chats noirs (Yu & coll,
Dopa Tyrosinase
génétique en tyrosinase 2001).
qui explique le déficit
en mélanine.
Chez les chiens de grande taille ayant un pelage noir, le rous-
Dopaquinone Cuivre
sissement est aussi une anomalie pigmentaire fréquente. Des
travaux réalisés sur des chiots Terre-Neuve et sur des chiots
Labradors noirs (Busch-Kschiewan & coll, 2004) montrent que
Phéomélanine Eumélanine
dans l’espèce canine aussi, les niveaux de Phe et de Tyr néces-
saires pour garantir une pigmentation optimale du pelage sont
plus de 2 fois supérieurs aux besoins minima pour assurer une
croissance optimale du chiot. Ils montrent aussi qu’une supplémentation en
FIGURE 2 - INFLUENCE DU NIVEAU DE TYROSINE tyrosine des aliments permet d’augmenter l’intensité de la coloration du pelage
DANS L’ALIMENTATION SUR L’INTENSITÉ (Figure 2). Les recommandations nutritionnelles basées sur l’étude de la
DE LA COULEUR CHEZ LES CHIENS NOIRS croissance (NRC, AAFCO) ne permettent donc pas d’estimer les besoins
engendrés par certaines fonctions métaboliques très exigeantes telles que la
production de mélanine.

Âge et stade physiologique


L’âge ou le stade physiologique peuvent influencer de manière non négligeable
les relations entre l’homéostasie cutanée, la qualité du pelage et l’alimentation.

Chez le chiot, l’immaturité du système immunitaire et la plus grande perméa-


© Royal Canin

bilité intestinale peuvent en partie, comme chez l’homme (Chehade & Mayer,
2005), expliquer la prévalence des hypersensibilités alimentaires chez le jeune
chien (Day, 1999; Prélaud, 1999). Ces phénomènes peuvent être observés plus
Ces chiens ont consommé pendant 6 mois souvent lors du sevrage.
le même aliment, ne variant que par le niveau
de tyrosine et de phénylalanine (Tyr + Phe). Des symptômes de carence nutritionnelle apparaissent plus volontiers lorsque
De gauche à droite, le niveau (Tyr + Phe) les chiens ont des exigences nutritionnelles supérieures aux simples besoins
équivaut à 3,2 fois, 2,6 fois et 1,9 fois le besoin
d’entretien: lors de maladie chronique, pendant la gestation, la lactation et la
estimé par l'AAFCO pour la croissance.
L’effet du régime est visible : la couleur noire croissance, notamment chez les chiens de grandes races. En dermatologie, ce
est bien marquée à gauche alors qu'à droite, sont surtout des carences en protéines, en acides gras essentiels et en zinc, pouvant
les poils qui repoussent dans la zone rasée entraîner des troubles de la kératinisation, qui sont observées à ces occasions.
ont une couleur rougeâtre.
Chez le chien âgé, une malassimilation se caractérise surtout par des défauts
d’apport en acides gras polyinsaturés.
64
1 - Facteurs de risque

Dermatologie
Maladies intercurrentes
Toute maladie perturbant l’assimilation des nutriments peut avoir des conséquences directes et indi-
rectes sur la qualité du pelage, et favoriser le développement de maladies cutanées. Les malassimila-
À la naissance, la peau est très
tions sont associées fréquemment à un aspect terne et sec du pelage, voire à des infections bactériennes
souple et le nombre de follicules
récidivantes. Un défaut de digestion des protéines peut être à l’origine d’une rupture de tolérance immu- pileux est réduit.
nitaire comme cela est clairement démontré chez l’homme et dans des modèles murins. À cause de la finesse de la peau et
du pelage, le chiot est très exposé
Chez le chien, ce phénomène est surtout décrit chez le Berger allemand souffrant d'insuffisance pan- aux agressions cutanées, d’ordre
créatique exocrine (Biourge & Fontaine, 2004; Wiberg & coll, 1998) et le Soft Coated Wheaten terrier parasitaire ou infectieux.
souffrant d’entéropathie exsudative (Vaden & coll, 2000), qui développent fréquemment des hyper- Pendant la croissance, le derme
s’épaissit, les glandes sébacées
sensibilités digestives avec des manifestations cutanées (prurit, pyodermite récidivante). Les troubles
augmentent de taille et les follicules
digestifs chroniques ou une antibiothérapie prolongée peuvent en outre provoquer une carence en vita- pileux se multiplient: ils augmentent
mines B, et secondairement en acides gras polyinsaturés (AGPI). de 50 % chez le Caniche nain entre
10 et 28 semaines (Credille & coll,
Équilibre alimentaire 2002). La composition des lipides
cutanés se modifie également
Des apports nutritionnels inadaptés peuvent générer des déséquilibres aux conséquences dermatolo- (Dunstan & coll, 2002).
giques spectaculaires. Les plus fréquentes sont celles dues aux aliments génériques pauvres en matières
grasses et à l’abus des compléments minéraux, un excès de calcium inhibant l’absorption du zinc
(Tableau 4).

TABLEAU 4 - PRINCIPAUX DÉSÉQUILIBRES ALIMENTAIRES


AYANT DES CONSÉQUENCES SUR LA QUALITÉ DE LA PEAU ET DU PELAGE

Type d’alimentation Particularités Conséquences nutritionnelles Conséquences dermatologiques

Xérose cutanée
Protéines peu digestibles Carence protéique
État kératoséborrhéique

Apport énergétique insuffisant


Alimentation générique Faible niveau de matières grasses Carence en acides gras essentiels -
bas de gamme (AGE)

Excès de matières minérales


Carence en zinc (Zn) “Generic dog food disease”
(calcium et phytates)

Carence en acides gras polyinsaturés Xérose cutanée


Carence en AGE
(AGPI) État kératoséborrhéique
Ration ménagère
non-supplémentée
Carence en Zn, vitamine E,
Carence en oligo-éléments -
vitamines hydrosolubles

Apport protéique limité Carence en acides aminés soufrés Pelage terne, cassant

Régime végétarien
Xérose cutanée
Carence en AGPI Carence en AGE
État kératoséborrhéique

Distribution abusive
Excès de calcium Carence en Zn “Generic dog food disease”
de compléments minéraux

65
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle
Dermatologie

2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle


Les dermatoses d’origine nutritionnelle peuvent être spécifiques (carence identifiée en un nutriment
ou un groupe de nutriments particuliers) ou non-spécifiques: liées à une sous-alimentation générale, à
une digestibilité insuffisante de l’aliment, ou à un problème d’absorption lié au chien lui-même.

Carences spécifiques
Les carences nutritionnelles spécifiques sont aujourd’hui exceptionnelles. Elles peuvent cependant être
observées chez des chiens nourris avec une alimentation industrielle de mauvaise qualité ou une ali-
mentation ménagère déséquilibrée.

> Carences vitaminiques


• Vitamine A
Le rétinol, vitamine liposoluble, est indispensable à la différenciation des cellules épithéliales. Par
conséquent, lors de carence d’apport on observe un trouble généralisé de la kératinisation, avec squa-
mosis. Dans le seul cas décrit dans la littérature chez le chien, ces troubles sont associés à des déficits
visuels et à des troubles digestifs (Scott & coll, 2001).

• Vitamine E
La vitamine E est un terme générique recouvrant deux classes de molécules liposolubles: les tocophé-
rols (α, β‚ γ, δ) et les tocotriénols (α, β‚ γ, δ). Chacune de ces 8 formes différentes a une activité bio-
logique particulière. L’α-tocophérol est la forme la plus répandue de la vitamine E dans les aliments et
dans les organismes animaux: c’est la forme qui possède l’activité biologique antioxydante la plus
importante au sein des membranes cellulaires (Figure 3).

Les carences en vitamine E sont rares et surtout dues à


FIGURE 3 - ISOMÈRES DE TOCOPHÉROLS des aliments dont les matières grasses sont mal stabili-
sées (Scott & Sheffey, 1987). La vitamine E est en effet

α-tocophérol β-tocophérol γ-tocophérol δ-tocophérol


un antioxydant naturel: lorsqu’un processus d’oxyda-
tion est en cours, la vitamine E est consommée. Une
carence expérimentale chez le chien provoque l’appa-
rition d’une séborrhée sèche, d’une alopécie diffuse,
Activité antioxydante dans les produits alimentaires (huiles et graisses):
gamma(γ)>delta(δ)>>>>bêta(β)>alpha(α) d’une érythrodermie, d’une pyodermite secondaire
ainsi que d’anomalies du système immunitaire.

Activité biologique antioxydante • Vitamines du groupe B


dans l’organisme : alpha(α)>>>bêta(β)>>gamma(γ)>delta(δ)
Les vitamines du groupe B sont hydrosolubles et jouent
La vitamine E naturelle se compose de 8 isomères : un rôle de coenzyme pour des enzymes cellulaires spé-
α-tocophérol α-tocotriénol cifiques impliquées dans le métabolisme énergétique et
β-tocophérol β-tocotriénol les synthèses tissulaires. Elles sont fournies par l’ali-
γ-tocophérol γ-tocotriénol mentation et la flore digestive. Les carences sont excep-
δ-tocophérol δ-tocotriénol tionnelles. Un aliment industriel correctement formu-
lé et conservé dans de bonnes conditions contient ces
Seul l’alpha-tocophérol est synthétisé. vitamines en quantité suffisante et une supplémenta-
tion est inutile.

Les manifestations dermatologiques de telles carences varient suivant la vitamine en cause:


- carence en riboflavine (vitamine B2), sensible à la lumière: xérose cutanée localisée à la zone périor-
bitale et à l’abdomen.
- carence en niacine (nicotinamide ou vitamine PP), susceptible d’apparaître avec une alimentation
pauvre en nutriments d’origine animale: dermatite prurigineuse de l’abdomen et des membres posté-
rieurs.
- carence en biotine (vitamine B8 ou H), essentiellement décrite chez les animaux nourris avec des

66
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle

Dermatologie
blancs d’œuf en excès. Le blanc d'oeuf contient de l’avidine, molécule qui complexe la biotine et
empêche son absorption intestinale: érythème, alopécie de la face et de la zone périorbitale, squamo-
sis généralisé, leucotrichie, pelage terne et cassant.

Les vitamines du groupe B interviennent dans le métabolisme des acides gras essentiels. Un défaut d’ap-
port en vitamines du groupe B ou un défaut de synthèse par la flore digestive (à cause d’une diarrhée
chronique ou d’une antibiothérapie) peuvent générer une carence en AGPI.

> Carences en oligo-éléments


Les oligo-éléments sont des substances minérales qui agissent à très faible concentration dans l'orga-
nisme. Les oligo-éléments les plus directement liés à la beauté du pelage sont: le fer, le zinc et le cuivre.

• Zinc
Les carences d’apport en zinc sont surtout provoquées par des aliments riches en phytates qui chéla-
tent le zinc. Il s’agit le plus souvent d’aliments de mauvaise qualité riches en céréales entières, conte-
nant beaucoup de son. Cette carence d’apport s’observe aussi lors de supplémentation excessive de cal-
cium ou dans des races présentant un trouble de l’assimilation du zinc.

Le zinc étant le cofacteur de très nombreux métabolismes, une carence pro-


voque des troubles immunitaires et de la kératinisation: des épaississements TABLEAU 5 - CLASSIFICATION
DES DERMATOSES AMÉLIORÉES PAR LE ZINC
squamo-croûteux adhérents périorificiels s’observent au niveau cutané. Le dia- (Roudebush & Wedekind, 2002)
gnostic différentiel n’est pas toujours aisé. Il est donc important de confirmer le
diagnostic clinique par un examen histopathologique: tous les troubles liés à un
Apports nutritionnels anormaux
déficit d’apport en zinc se caractérisent par une importante parakératose épi- - Carence primitive en zinc
dermique et folliculaire. - Carence secondaire en zinc
- Carence en acides gras polyinsaturés
Contrairement aux autres dermatoses liées à un dysmétabolisme du zinc
Anomalie d’origine génétique
(Tableau 5), la carence simple peut être contrôlée par le seul rééquilibrage de
- Acrodermatite létale
la ration alimentaire et le contrôle des surinfections. Dans les classifications
antérieures, cette carence est appelée generic dog food disease ou dermatose répon- Malabsorption du zinc
dant au zinc de type II (fréquente chez les chiots de grandes races) (Figure 4).

• Cuivre
Le cuivre entre dans la composition de nombreuses enzymes ou protéines
porteuses. Une carence est observée essentiellement chez les chiots nourris avec
une alimentation ménagère non complémentée ou bien trop riche en zinc, cal-
cium ou fer. La carence entraîne des modifications du pelage: décoloration
débutant au niveau de la face, pelage clairsemé avec des poils ternes et secs
© P. Prélaud

(Figure 5) (Zentek & Meyer 19991).

• Iode Figure 4 - Hyperkératose du coude


Si une carence en iode peut théoriquement perturber la synthèse des hormones due à une alimentation carencée en
thyroïdiennes, ces phénomènes sont extrêmement rares chez le chien et surtout zinc chez un Fox Terrier.
sans conséquence clinique. Les besoins quotidiens en iode pour un Beagle sont
de l’ordre de 140 µg. Une diminution de la thyroxinémie totale n’est observée
qu’en dessous de 20 à 50 µg/jour, mais sans baisse de la thyroxinémie libre, ni
apparition de signes d’hypothyroïdie (Feldman & Nelson, 2004).

La quantité d’oligo-éléments apportée dans l'aliment ne correspond pas à la


quantité réellement disponible pour l'organisme. Leur niveau d'absorption
© P. Prélaud

dépend de la forme chimique sous laquelle ils sont apportés et de leur environ-
nement alimentaire. Il existe en effet des interactions entre les différents élé-
ments. Par exemple, l'absorption du zinc, du cuivre et de l'iode entre en com- Figure 5 - Leucotrichie (dépigmenta-
tion pilaire) due à une malnutrition
pétition avec celle du calcium. Le pourcentage d'absorption des oligo-éléments
chez un chiot Scottish Terrier.
est souvent inférieur à 30%.

67
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle
Dermatologie

Si les oligo-éléments sont apportés sous forme organique chélatée avec des acides aminés, leur
absorption est nettement améliorée. Ils sont donc mieux utilisés par l'organisme. Par exemple, en
présence d'un excès de calcium dans la ration qui inhibe l’absorption du zinc, les pertes fécales de zinc
augmentent. En revanche, avec la forme chélatée, l'assimilation n'est pas modifiée (Figure 6) (Lowe
& Wiseman, 1998).

FIGURE 6 - INFLUENCE DE LA FORME D’APPORT DU ZINC SUR LA CROISSANCE DU POIL


Légalement, un oligo-élément chélaté
(D’après Lowe & coll, 1998)
est constitué d’un ion métallique lié
à un à trois acides aminés.
Le total pèse moins de 1500 Daltons. zinc chélaté Vitesse de pousse du poil
Le rendement normal d’absorption + calcium (mg/jour/cm2)
des oligo-éléments varie de 5 à 30 %.
Si les oligo-éléments sont chélatés, oxyde de zinc Fixation de zinc dans le poil
+ calcium (µg/10 cm2/25 jours)
le rendement peut être supérieur
à 60 %.
zinc chélaté

oxyde de zinc

0 5 10 15 20 25

Le zinc chélaté se fixe mieux au niveau du poil que le zinc sous forme minérale (oxyde de zinc)
et la vitesse de pousse du poil est significativement plus rapide. Lorsqu’on apporte du calcium
en excès dans la ration, antagoniste du zinc, la fixation dans le poil diminue pour l’oxyde
de zinc, alors qu’elle reste identique si le zinc est apporté sous forme chélatée.

> Carence en acides gras essentiels (AGE)


Les acides gras essentiels sont appelés ainsi parce qu’ils ne sont pas synthétisés par l’organisme. Comme
cela est le cas pour la plupart des vitamines, ils doivent être apportés par l’alimentation. Ce sont prin-
cipalement des précurseurs de deux familles d’AGPI, les acides gras oméga-6 et les acides gras oméga-3.

- L’acide linoléique, précurseur des acides gras de la famille des oméga-6, est abondant dans la plupart
des huiles végétales. Il représente plus de 70% des acides gras dans l’huile d’onagre, et plus de 50% des
huiles de tournesol, de blé, de maïs et de soja.

- L’acide alpha-linolénique, précurseur des acides gras de la famille des oméga-3, existe dans les légumes
verts, les fruits, les graminées et le plancton, mais se trouve surtout sous forme concentrée dans les
huiles de plantes oléagineuses, comme le soja et le lin. Les huiles de poissons des mers froides sont très
riches en deux acides gras à longue chaîne dérivés de l’acide alpha-linolénique: l’acide eicosapentaé-
noïque (EPA), et l’acide docosahexaénoïque (DHA). Ces deux acides gras participent à la fluidité des
membranes cellulaires.

Les AGPI remplissent 4 fonctions principales:


- incorporation dans la structure de la membrane cellulaire, ce qui lui permet d’être flexible et per-
méable,
- production d’éicosanoïdes (leucotriènes, prostaglandines),
- maintien de la perméabilité de la barrière cutanée (surtout les oméga-6),
- métabolisme et transport du cholestérol.

Les carences en AGE s’observent uniquement chez des animaux souffrant de malassimilation ou nour-
ris longtemps avec une alimentation de mauvaise qualité ou des aliments chauffés de manière excessive.
Xérose, pelage terne et état kératoséborrhéique sont les principaux signes cutanés visibles. La réponse à
une supplémentation en AGPI est rapide.

68
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle

Dermatologie
> Carence globale en protéines
FIGURE 7 - STRUCTURE D’UNE MOLÉCULE DE KÉRATINE
Les aliments de mauvaise qualité ou trop cuits (D’après Credille, 2002)
se modifient à la suite de réactions de Maillard
et leur digestibilité diminue. La pousse du poil Terminaison aminée Hélice alpha Terminaison carbone
et le renouvellement de la peau mobilisant
près de 30 % des apports protéiques, une telle
carence entraîne des troubles de la kératinisa-
N C
tion et une alopécie diffuse avec un pelage
terne et sec. Des carences protéiques sont éga-
Charnières
lement rencontrées chez des chiens présentant Disque
une maladie chronique débilitante ou chez les
chiennes en fin de gestation ou en lactation, si Le mot kératine vient du grec “keratos” qui signifie corne. Il existe plusieurs types de
l’apport alimentaire n’est pas adapté. kératine qui partagent toutes la même structure hélicoïdale de base. à l’intérieur de la
molécule, des charnières leur permettent d’être flexibles et de s’associer entre elles pour
La faible digestibilité des protéines ou le traite- former des filaments résistants.
ment qui leur est appliqué pourraient favoriser
le développement d’une hypersensibilité ali- FIGURES 8A À D - ÉRYTHÈME
mentaire (Cave & Marks, 2004). NÉCROLYTIQUE MIGRANT

> Carences spécifiques en acides aminés


• Acides aminés aromatiques : tyrosine, tryptophane
Ces acides aminés sont indispensables à la synthèse des mélanines respon-
sables de la pigmentation des poils: phéomélanine (rouge, brun) et euméla-
nine (noire). Une carence d’apport provoque un éclaircissement du pelage ou 8A- Lésions podales
© P. Prélaud

un roussissement des poils noirs (voir plus haut). hyperkératosiques


et ulcérées
• Acides aminés soufrés : méthionine, cystine
Méthionine et cystine sont indispensables à la pousse du poil, puisqu'ils par-
ticipent à l’élaboration de la kératine (Figure 7). Ces acides aminés abondants
dans les sources de protéines d’origine animale font rarement défaut dans l’ali-
mentation du chien, à l’exception des régimes végétariens non complémen-
tés. Le chien est toutefois moins sensible que le chat à de telles carences.
8B- Lésions ulcérées
© P. Prélaud

et croûteuses
Maladies métaboliques périorificielles
> Érythème nécrolytique migrant
L’érythème nécrolytique migrant (ou dermatite nécrolytique superficielle, syn-
8C- Vue rapprochée
drome hépatocutané) est une dermatose grave due à une carence sévère en
des lésions
acides aminés. L’origine réside dans une affection hépatique chronique de la figure 8B :
(tumeur, cirrhose, insuffisance fonctionnelle induite par l’administration de larges ulcères
phénobarbital [March & coll, 2004]), ou plus rarement une tumeur pancréa- sur le chanfrein
© P. Prélaud

tique (glucagonome). Il s’agit le plus souvent d’une polycarence en acides ami- et croûtes
nés, en acides gras essentiels et en zinc (Campbell & Lichtensteiger, 2000; Scott très adhérentes
& coll, 2001; Outerbridge & coll, 2002; Turek, 2003).

Il n’existe pas de prédisposition de race ou de sexe. Les animaux atteints sont


généralement âgés. Sur le plan dermatologique, les lésions mucocutanées se
localisent en régions périorificielles et podales. Elles se caractérisent par un
érythème associé à une hyperkératose importante et douloureuse (Figures 8
A à D). Le diagnostic repose sur la réalisation de biopsies cutanées et l’iden-
tification de la cause de la polycarence (prise prolongée de phénobarbital,
bilan biochimique, échographie hépatique et pancréatique, biopsies). Si la
© P. Prélaud

cause ne peut pas être traitée, le pronostic est sombre. 8D- Érosions
périanales

69
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle
Dermatologie

Une nutrition adaptée permet toutefois d’améliorer rapidement l’état de ces animaux, voire
TABLEAU 6 - TRAITEMENT dans certains cas d’obtenir une guérison ou une très longue rémission. Le traitement passe
SYMPTOMATIQUE ET NUTRITIONNEL
DE L’ÉRYTHÈME NÉCROLYTIQUE MIGRANT
par des perfusions de solutions d’acides aminés (Tableau 6) ou l’administration de jaune
d’œuf, et une supplémentation en acides gras essentiels et en zinc, aux mêmes posologies que
lors de dermatose répondant à l’administration de zinc (Tableau 7).
Apport en acides aminés
Fromage blanc, jaune d’œuf (1/10 kg/jour)
Perfusions lentes de solutés d’acides aminés Le gluconate de zinc est préférable au complexe zinc-méthionine, car moins hépatotoxique.
à 10 % tous les 7 jours Ces mesures nutritionnelles sont associées un arrêt des prises d’antiépileptiques, une anti-
Apport en acides gras polyinsaturés biothérapie et l’administration d’antalgiques (morphiniques), notamment lorsque les lésions
Jaune d’œuf podales gênent la locomotion.
Acides gras oméga-3 (huiles de poisson, colza)
Apport en zinc > Acrodermatite létale du Bull Terrier
Gluconate de zinc 10 mg/kg/jour,
L’acrodermatite létale du Bull Terrier est une génodermatose rare autosomique récessive.
éviter le zinc-méthionine
Il s’agit probablement d’un dysmétabolisme du zinc, sans trouble de l’absorption. Les ani-
Fractionnement des repas maux présentent un mauvais état général dès le plus jeune âge (dès 2 semaines), ainsi que
Traitement des complications infectieuses des lésions érythémateuses et kératoséborrhéiques au niveau de l’extrémité des membres
Antibiothérapie empirique (ex : céfalexine) (Figure 9) et de la face. Les doigts sont épaissis. Il existe des symptômes généraux graves:
Antalgiques broncho-pneumonie, déformations osseuses, cataracte, gastro-entérite. Cette maladie s’ac-
Morphiniques injectables ou en patch compagne d’un déficit immunitaire sévère et est fatale dans tous les cas.

Le diagnostic repose sur des données anamnestiques et une confirmation histopathologique. La sup-
plémentation en zinc est inefficace.

> Dermatoses améliorées par le zinc


La dermatose améliorée par le zinc, dite de type I, n’est pas une maladie métabolique à proprement par-
ler, mais est due à un défaut d’absorption intestinale du zinc. Elle est essentiellement observée chez des
chiens de races nordiques, mais des chiens de nombreuses autres races peuvent être affectés aussi: Beau-
ceron, Berger allemand, Boston Terrier, Bull-Terrier, Dogue allemand…

Les lésions sont localisées aux zones périorificielles et aux doigts: érythème, squamosis en début d’évo-
lution évoluant ensuite vers des squames et des croûtes très adhérentes (Figures 10 et 11). Le prurit
est présent lors de surinfection. Un syndrome fébrile est parfois associé. Le diagnostic doit être confir-
mé par un examen histopathologique. Le diagnostic différentiel est parfois difficile; il implique d’en-
visager une éventuelle leishmaniose en zone d’endémie, une gale sarcoptique, un pemphigus foliacé ou
© E. Bensignor

une dermatophytie (White & coll, 2001).

Une supplémentation en zinc est généralement suffisante et une amélioration clinique survient en
Figure 9 - Érythème, squames moins d’un mois. En cas d’échec, l’association d’une corticothérapie à faible dose pendant 3 semaines
et ulcères des extrémités chez permet d’obtenir une amélioration rapide des signes cliniques (ex: prednisolone: 0,1 à 0,2 mg/kg/j) par
un chiot Bull Terrier souffrant voie orale pendant 3 semaines. Le traitement doit généralement être poursuivi à vie (White & coll,
d'acrodermatite létale. 2001).

TABLEAU 7 - POSOLOGIE DE DIFFÉRENTS


SELS DE ZINC UTILISÉS DANS LE TRAITEMENT
DES DERMATOSES AMÉLIORÉES PAR LE ZINC

Zinc Prises
(posologie en poids Posologie
quotidiennes
d'élément zinc)
© P. Prélaud
© P. Prélaud

Zinc méthionine 4 mg/kg/j 1


Figure 10A - Hyperkératose Figure 10B - Hyperkératose
des coussinets chez un Sibérian Husky (squames croûtes très adhé-
présentant une dermatose améliorée rentes) périoculaire chez un Gluconate de zinc 5 mg/kg/j 1à2
par le zinc ; noter la fissuration Sibérian Husky présentant une
d'un des coussinets. dermatose améliorée par le zinc. Sulfate de zinc 10 mg/kg/j 1à2

70
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle

Dermatologie
Les dermatoses dues à une carence d’apport
en zinc (alimentation riche en phytates ou
en calcium, pauvre en acides gras essen-
tiels) présentent de nombreux points com-
muns : aspect histologique identique,
hyperkératose des jonctions cutanéo-
muqueuses et des coussinets. Le traitement
repose sur le rééquilibrage de la ration ali-

© P. Prélaud
© P. Prélaud
mentaire et l’administration de zinc pen-
dant 3 à 4 semaines (Tableau 7).
Figure 11A - Squames croûtes Figure 11B - Squames croûtes
adhérentes chez un Fox Terrier adhérentes péribuccales chez un Basset
Hypersensibilités présentant une Generic Dog Hound alimenté avec un aliment
alimentaires Food Disease. générique (Generic Dog Food Disease).
Sous le terme d’“hypersensibilité alimen-
taire” sont regroupées toutes les dermatoses
provoquées par l’ingestion d’un aliment
qui, chez un individu sain, ne provoque pas
de réaction néfaste. Ces hypersensibilités,
autrefois appelées intolérances, peuvent
être d’origine non-immunologique ou

© P. Prélaud

© P. Prélaud
immunologique (Johanson & coll, 2001).
Dans ce dernier cas, il s’agit d’allergie ali-
Figure 11C - Hyperkératose Figure 11D - Dermatose répondant
mentaire. Les manifestations cliniques sont
localisée scrotale d'une dermatose à l'administration de zinc : biopsie cutanée
très variées : digestives, respiratoires, cuta- répondant à l'administration de zinc. de lésions squamocroûteuses (X 400, HE) :
nées, rénales, ou générales (Figure 12). noter l'hyperkératose parakératosique importante
(persistance des noyaux dans les cornéocytes).

FIGURE 12 - CLASSIFICATION DES RÉACTIONS D’HYPERSENSIBILITÉ DÉFINIE PAR L’EUROPEAN ACADEMY


OF ALLERGY AND CLINICAL IMMUNOLOGY (EAACI)

Hypersensibilité

Hypersensibilité allergique Hypersensibilité non allergique


(mécanisme immunologique défini (mécanisme immunologique
ou fortement suspecté) exclu)

Médiation par les IgE Pas de médiation par les IgE

Atopie Pas d’atopie

Cellule T ; ex.: dermatite de


Piqûre d’insecte contact, maladie cardiaque

Eosinophile ; ex. :
Helminthes
gastroentéropathie

Médicaments Médiation par les IgE ;


ex. : alvéolite allergique
Autres Autres

71
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle
Dermatologie

> Étiologie
• Hypersensibilité non immunologique
Les réactions non allergiques sont très variées. Certains aliments peuvent être à l’origine d’un urticaire
ou aggraver une dermatite atopique lorsqu’ils sont riches en:
- histamine: tomate, épinards, viande de bœuf, foie de porc, crustacés frais, thon, saucisson sec, fromages
- en composés histamino-libérateurs: chocolat, fraises, poisson, viande de porc, ovomucoïde de l’œuf
- en tryptamine: chocolat, fromages cuits (Prélaud, 1999).

• Allergies digestives
Les conditions de développement d’une réaction allergique tiennent à la nature des antigènes alimen-
taires, à leur présentation au système immunitaire digestif et à des facteurs génétiques.

Rupture de la tolérance immunitaire


La réponse immunitaire aux antigènes ingérés est généralement une réaction de tolérance immunitaire:
la réponse immunitaire est inhibée lorsque les antigènes sont présents en faibles concentrations.
Lorsque la concentration en antigènes est élevée, des phénomènes d’anergie ou de délétion se mettent
même en place (Chehade & Mayer, 2005). Cette tolérance immunitaire est un phénomène actif qui
dépend de plusieurs facteurs liés à l’individu et à l’antigène (Tableau 8).

Une réaction d’hypersensibilité peut être déclenchée par les facteurs suivants: augmentation de la per-
méabilité intestinale, troubles digestifs chroniques, forte teneur en antigènes insolubles, individu pré-
disposé à faire des réactions d’hypersensibilité.

Trophallergènes
Les aliments le plus souvent incriminés dans les études sur les hypersensibilités alimentaires chez
le chien sont des viandes (bœuf, poulet, agneau), l’œuf, les produits laitiers et le soja, mais toute
protéine d’origine alimentaire est potentiellement allergisante. La nature même des allergènes incri-
minés dans ces allergies est bien connue chez l’homme, chez lequel on a défini des allergènes majeurs
et leurs particularités structurales (Breiteneder & Mills, 2005).

Chez le chien, les connaissances sont très partielles. La grande majorité des allergènes identifiés chez
le chien sont des protides de fort poids moléculaire, de 40 à 70 kD. Les principaux allergènes de la
viande de bœuf et du lait de vache pour le chien pourraient être les chaînes lourdes des immunoglo-
bulines G (Martin & coll, 2004). Il existerait donc des sensibilisations croisées entre lait de vache et
viande de bœuf chez le chien. L’allergie à la caséine du lait de vache est aussi démontrée dans des
modèles d’animaux présentant des allergies alimentaires spontanées (Jackson & Hammerberg, 2002).
Enfin, certaines enzymes musculaires communes à de nombreuses espèces de mammifères pourraient
expliquer des réactions croisées entre la viande d’agneau et la viande de bœuf chez le chien. C’est le
cas des phosphoglucomutases (Martin & coll, 2004).

Contrairement à l’homme, il n’existe pas de réactions croisées


TABLEAU 8 - FACTEURS IMPLIQUÉS entre des pollens et des aliments (exception faite d’un cas de réac-
DANS LA TOLÉRANCE IMMUNE PER OS
(Chehade & Mayer, 2005)
tion croisée entre la tomate et le pollen de Cryptomeria japoni-
cum) (Fujimura & coll, 2002).

Dose de l’antigène > Facteurs prédisposants


Forte dose : délétion ou anergie lymphocytaire
Faible dose : activation des cellules T régulatrices Tous les éléments concourant à la rupture de la tolérance immu-
Forme de l’antigène nitaire peuvent favoriser le développement d’une hypersensibili-
Les antigènes solubles sont plus tolérogènes que les antigènes particulaires té alimentaire.
Génétique de l’hôte
Flore commensale • Maldigestion
Âge de l’hôte
La grande majorité des protéines alimentaires, qui sont des anti-
Les nouveau-nés présentent des réactions immunitaires plus fortes.
gènes ou des allergènes potentiels, sont lysées par les sucs gastrique
et intestinal, si bien que seuls des acides aminés ou de petits pep-

72
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle

Dermatologie
tides sont normalement assimilés par la muqueuse de l’intestin grêle. Si la digestion Figure 13A - Lésions
est défectueuse, la quantité d’antigènes présentés au système immunitaire digestif et d'urticaire uniquement
leur poids moléculaire sont beaucoup plus importants, ce qui favorise la rupture de visibles après la tonte
la tolérance. Cela explique qu’une maladie inflammatoire chronique intestinale ou chez un Yorkshire terrier.
une insuffisance pancréatique exocrine favorisent le développement d’une hyper-
sensibilité alimentaire.

© P. Prélaud
• Troubles de la perméabilité intestinale
Une augmentation de la perméabilité intestinale, en augmentant très largement Figure 13B - Lésions
la quantité d’antigènes présentés au système immunitaire, peut rompre l’état de d'urticaire chronique
tolérance et induire des réactions immunologiques délétères. La réaction inflam- sur l'abdomen d'un
matoire augmentant la perméabilité intestinale, un cercle vicieux d’entretien du chien présentant une
phénomène se met en place. hypersensibilité
alimentaire.

© P. Prélaud
• Vaccinations
Les vaccinations provoquent une augmentation de la synthèse d’IgE chez le chien
(Hogen-Esch & coll, 2002). Toutefois, cette exacerbation de la synthèse d’IgE de Figure 13C -
trophallergènes dans des modèles expérimentaux d’allergie alimentaire ne s’accom- Angiœdème facial
pagne pas de l’apparition de symptômes. dû à une allergie
vaccinale chez un chiot
• Atopie Bouledogue français.

© P. Prélaud
Par définition, un état atopique prédispose au développement de réactions aller-
giques, qu’il s’agisse d’aéroallergènes ou de trophallergènes (Prélaud & Olivry, 1998).

> Symptômes
Les symptômes cutanés d’une hypersensibilité alimentaire sont extrêmement variables et parfois peu
spécifiques. Le tableau clinique peut être celui d’une dermatite atopique, d’un prurit généralisé ou loca-
lisé, de troubles étendus de la kératinisation et évolué sur un mode aigu (rash cutané, urticaire) ou chro-
nique (Figures 13 A à C).

• Urticaire et angiœdème
Les causes les plus fréquentes d’urticaire chez le chien sont des allergies médicamenteuses (vaccins,
anti-inflammatoires, anti-infectieux, allergènes…) ou des réactions à des piqûres d’arthropodes
(Tableau 9). L’identification d’une cause alimentaire est moins fréquente. Dans ce cas, il peut s’agir de
phénomènes immunologiques (réaction d’allergie immédiate) ou de l’ingestion d’aliment riches en
amines vasoactives ou à l’origine de réactions anaphylactoïdes (dégranulation mastocytaire sans inter-
vention des IgE).

Les réactions allergiques aux vaccins ont des points communs avec les allergies ali-
mentaires, dans la mesure où, dans la majorité des cas, l’allergie est due à des rési- TABLEAU 9 - PRINCIPALES CAUSES D’URTICAIRE
dus de sérum de veau fœtal des cultures cellulaires (IgG bovines) ou à des additifs DÉCRITES ET SUSPECTÉES CHEZ LE CHIEN
protéiques (caséine, gélatines) (Ohmori & coll, 2005). Par conséquent, il est possible
que ces réactions vaccinales puissent être dues à des sensibilisations alimentaires à Alimentation
ces mêmes protéines puisque certaines des réactions allergiques vaccinales sont Médicaments : pénicilline, ampicilline, tétracycline,
observées lors de primovaccination, donc théoriquement sans sensibilisation préa- céfalexine, vitamine K, oxopirvédine, vaccins,
lable au vaccin. diéthylcarbamazine, amitraz, doxorubicine
Agents de contraste radiologique
Antisérums
• Dermatite atopique et dermatite “atopique-like” Extraits allergéniques
La dermatite atopique est une dermatite prurigineuse chronique de la face et des Piqûres d’arthropodes : abeilles, guêpes, moustiques,
chenilles, fourmis, araignées, puces
extrémités, caractérisée par une prédisposition génétique à développer des réactions
Plantes
d’hypersensibilité à des allergènes environnementaux. L’allergie à des aéroallergènes Parasites intestinaux
n’est toutefois pas mise en évidence dans 20 à 25% des cas de dermatite atopique Chaleur, Froid
vus en clientèle référée ou universitaire. Dermographisme
Aéroallergènes

73
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle
Dermatologie

Ce phénomène aussi décrit chez l’homme a amené l’Euro-


pean Academy of Allergy and Clinical Immunology (EAACI)
à proposer le terme de “syndrome de dermatite atopique”,
englobant ainsi tous les cas de dermatite atopique quelle
que soit la cause prédominante, avec ou sans allergie

© P. Prélaud
démontrée. En médecine canine le terme de “dermatite ato-
© P. Prélaud

pique-like” vient d’être proposé par l’International Task Force


Figure 15A - Érythème abdominal on Canine Atopic Dermatitis (ITFCAD) pour désigner les
Figure 14A - Érythème et alopécie cas de dermatite atopique sans allergie démontrée. Toutes
et du pli du grasset chez un Fox terrier
périoculaires chez un chien atopique ces variations de définition sont à l’origine de confusions
atopique (forme classique de dermatite
présentant une hypersensibilité et de controverses. Si l’on ne tient pas compte des résul-
atopique).
alimentaire.
tats d’explorations allergologiques, comme c’est le cas en
médecine humaine, il est impossible de différencier une
dermatite atopique due à des aéroallergènes d’une derma-
tite atopique due à des trophallergènes (Hillier & Griffin,
2001 ; Jackson & coll, 2005) (Figures 14 à 16).

Par conséquent, le diagnostic de cette entité peut reposer


© P. Prélaud
© P. Prélaud

sur des critères tirés de l’anamnèse et des signes cliniques,


comparables à ceux proposés en médecine humaine (Pré-
Figure 15B - Érythème, papules et laud & coll, 1998) (Tableau 10).
Figure 14B - Érythème des faces excoriations au niveau des ars chez un
internes des conques auriculaires Bouledogue français présentant une
signant l'existence d'une otite externe Chez environ 30 % des animaux atopiques, l’état est signi-
forme classique de dermatite atopique. ficativement amélioré par un régime d’éviction. Les hyper-
chez un Labrador atpique.
sensibilités alimentaires peuvent donc être considérées
comme des facteurs majeurs dans l’étiologie de la dermatite
atopique canine (Chesney, 2001 & 2002). Par conséquent,
face à tous les signes d’appel de la dermatite atopique
canine, il est nécessaire d’envisager l’existence d’une hyper-
sensibilité alimentaire en présence des signes cliniques
suivants (Prélaud, 2004) :
© P. Prélaud

- otite externe bilatérale,


© P. Prélaud

- cheilite bilatérale,
Figure 15C - Forme grave - pododermatite bilatérale,
Figure 14C - Érythème péribuccal de dermatite atopique chez un Cairn - dermatite à Malassezia localisée ou étendue,
chez un chien atopique. terrier : importante lichénification - dermatite érythémateuse ou lichénifiée des grands plis,
et hyperpigmentation abdominale
- hyperhidrose.
et inguinale.

Quelle que soit la forme clinique, bénigne, classique ou


grave (Tableau 11), la mise en place d’un régime d’éviction
hypoallergénique et hyperdigestible, est incontournable.
© P. Prélaud

TABLEAU 10 - CRITÈRES DE DIAGNOSTIC


© P. Prélaud

DE LA DERMATITE ATOPIQUE CANINE


Figure 15D - Forme grave de
Figure 14D - Érythème interdigité dermatite atopique, avec lésions L’observation de plus de 3 critères dans la liste
chez un chien atopique. très étendues d'alopécie, érythème qui suit permet d’effectuer le diagnostic avec
et lichénification chez un Caniche une sensibilité de 80 % et une spécificité de 80% :
(complication de dermatite
à Malassezia). - Âge aux premiers symptômes: entre 6 mois et 3 ans
- Prurit corticosensible
- Otite externe bilatérale
- Pododermatite antérieure érythémateuse
- Cheilite bilatérale

74
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle

Dermatologie
TABLEAU 11 - DIFFÉRENTES FORMES CLINIQUES DE DERMATITE ATOPIQUE
ET CONSÉQUENCES THÉRAPEUTIQUES

Forme Particularités Bases thérapeutiques Particularités


clinique cliniques communes thérapeutiques
Bénigne Localisation lésionnelle - Traitement anti- Soins locaux souvent
restreinte (ex : otite, parasitaire externe suffisants : émollients et anti-inflammatoires
pododermatite, anite…). complet et continu (corticoïdes ou tacrolimus)
Prurit modéré. - Acides gras essentiels
s'ils apportent une
Classique Localisations multiples. - Mise en place précoce
amélioration
Prurit nécessitant de la vaccination anti-allergènes
- Régime
un traitement par voie - Contrôle des surinfections
hypoallergénique ou à
générale. - Corticothérapie de courte durée
défaut hyperdigestible
- Ciclosporine A

Grave Localisation très étendue - Importance des soins locaux (tonte


des lésions, surinfections. et shampooings antiseptiques et émollients)

© P. Prélaud
Prurit important. - Traitements anti-infectieux longs
- Corticothérapie le plus souvent
contre-indiquée
- Vaccination anti-allergènes Figure 16A - Otite externe
- Ciclosporine A chronique récidivante chez un
Caniche atopique.

• Prurit localisé ou généralisé


Une hypersensibilité alimentaire peut aussi se manifester
sous la forme d’un prurit localisé, le plus souvent bilatéral.
Les lésions consistent généralement en un érythème associé
à une alopécie auto-induite (Figures 17 A & B).

© P. Prélaud

© P. Prélaud
• Dermatite pyotraumatique
(“hot spot”) Figure 16B - Lichénification Figure 17A - Prurit localisé
périmamelonnaire, forme mineure à l'extrémité des membres entraînant
Parmi les causes de dermatite pyotraumatique récidivante de dermatite atopique une alopécie et un érythème
figurent les hypersensibilités alimentaires. Toutefois, cette chez un Bouledogue français. chez un Colley présentant
hypothèse diagnostique doit être envisagée après contrôle de une hypersensibilité alimentaire.
l’infection, parfois profonde (Figure 18) et l’élimination des
hypothèses les plus fréquentes: démodécie (surtout chez le
Labrador retriever et le Rottweiler), dermatite par allergie
aux piqûres de puces (DAPP), défauts d’hygiène chez les
chiens à sous-poil dense.

© P. Prélaud
© P. Prélaud

• Pyodermite superficielle récidivante


Les pyodermites superficielles récidivantes représentent la
seconde expression clinique des hypersensibilités alimen- Figure 17B - Même chien Figure 18 - Furonculose
que sur la figure 17A après un mois pyotraumatique chez un Retriever ;
taires après le syndrome dermatite atopique. Il n’existe pas
de régime d'éviction. noter autour du hot spot la présence
de prédisposition d’âge ou de race. Les lésions (papules, pus- de papules et de furoncles, visibles
tules, croûtes, collerettes épidermiques ) sont généralement uniquement après la tonte.
d’abord observées dans les régions de prédilection: abdo-
men, région inguinale (Figures 19 A & B). Elles peuvent
s’étendre à l’ensemble du corps. La réponse à une antibio-
thérapie est toujours bonne, mais la récidive apparaît rapi-
dement après l’arrêt du traitement anti-infectieux.
© P. Prélaud

© P. Prélaud

Figure 19A - Lésions papuleuses Figure 19B - Lésions papuleuses


d’une pyodermite superficielle d’une pyodermite superficielle chez
récidivante chez un Berger allemand. un Bouledogue français atopique.

75
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle
Dermatologie

Le diagnostic repose sur l’identification des lésions et un examen cytologique qui met en évidence la
présence de polynucléaires neutrophiles avec quelques images de phagocytose de cocci. Le diagnostic
différentiel est celui de toutes les pyodermites superficielles récidivantes et comprend a minima l’ex-
clusion d’une ectoparasitose ou d’une autre dermatite allergique (DAPP, dermatite atopique). Lorsque
toutes les causes de récidives sont écartées (Tableau 12), un régime d’éviction doit être mis en place.

TABLEAU 12 - PRINCIPALES CAUSES DE RÉCIDIVE D’UNE PYODERMITE

Défauts anatomiques Causes iatrogènes


- plis, humidité excessive - Corticothérapie
- Traitement topique irritant
Dermatoses préexistantes - Antibiothérapie inadaptée ou trop courte
- ectoparasitoses, troubles de la kératinisation,
dermatites allergiques Immunodéficit
- endocrinopathies

> Diagnostic
Le diagnostic d’une hypersensibilité alimentaire repose sur l’élimination des autres causes de prurit
(infectieuses et parasitaires notamment) et la mise en place d’un régime d’éviction.

Il est tentant d’avoir recours à des dosages d’IgE spécifiques de trophallergènes pour objectiver une
allergie alimentaire ou pour éliminer certains aliments de la ration. Une telle approche est à l’heure
actuelle totalement injustifiée. Le peu d’études publiées montre le manque de fiabilité des tests
allergologiques dans cette indication (Jeffers & coll, 1991; Kunkle & Horner, 1992; Hillier, 1994; Ermel
& coll, 1997; Mueller & Tsohalis, 1998; Jackson & Hammerberg, 2002; Foster & coll, 2003; Jackson &
coll, 2003; Wilhelm & Favrot, 2005).

En fait, cette approche ne peut se justifier que dans des cas d’allergie immédiate pure, comme cela est
le cas en médecine humaine. Ainsi, chez l’Homme, le résultat positif d’une mesure d’IgE spécifiques
vis-à-vis de l’arachide, de l’œuf ou du lait de vache possède une excellente valeur prédictive chez un
patient présentant des réactions anaphylactiques. En revanche, dans le cadre de l’exploration d’une
dermatite atopique, la valeur de ces examens est aussi médiocre qu’en médecine canine (Sampson,
2004).

> Pratique des régimes d’éviction


TABLEAU 13 - EXEMPLES D’INGRÉDIENTS Le principe d’un régime d’éviction repose sur l’administration d’une ration contenant des
UTILISABLES COMME SOURCES
DE PROTÉINES ET DE GLUCIDES protéines que l’animal n’a jamais ingérées auparavant. Il est indispensable de mettre en place
DANS UN RÉGIME MÉNAGER un régime d’éviction dès lors qu’il peut être fait de façon rigoureuse. L’observance d’un tel
régime est sa principale limite.
Protéines Glucides
• Recensement des habitudes alimentaires
Cheval Riz Un régime d’éviction est prescrit après une enquête minutieuse et un consentement éclai-
ré du propriétaire. La phase de préparation du régime conditionne sa mise en œuvre ulté-
Poisson blanc Maïs rieure.

Canard Tapioca (manioc) Le recensement des aliments ingérés par un chien n’est pas simple, les sources alimentaires
étant très variées. Le questionnaire, lors de la consultation, s’attache à la description de l’ali-
Poulet Pommes de terre mentation proprement dite et à la recherche de tous les extra et sources potentielles cachées
de consommation alimentaire. Si nécessaire, il faut demander au propriétaire de tenir un
Agneau Patates douces journal dans lequel il note tous les aliments consommés durant une à deux semaines. Les
compléments alimentaires et les médicaments qui peuvent contenir des facteurs d’appétence
Lapin Bananes
protéiques (ex: foie) doivent aussi être pris en compte.

76
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle

Dermatologie
• Choix des aliments
Sources protéiques
L’idéal est d’utiliser des sources de protéines et de glucides jamais ingérées auparavant par le chien. C’est
ainsi que le cheval, le canard ou les poissons blancs (le thon, riche en histamine, est à éviter) sont des
ingrédients qui reviennent souvent. Les hydrolysats protéiques dont le faible poids moléculaire assure une
faible immunogénicité et une grande digestibilité peuvent être utilisés quelle que soit leur origine. (Les
hydrolysats disponibles sont en général obtenus à partir de viandes de volaille ou de protéines de soja).

Préparations ménagères
Une préparation ménagère doit être basée sur la limitation des sources de protéines et de glucides
(Tableau 13). L’intérêt des préparations ménagères réside dans le contrôle des matières premières uti-
lisées. Pour les chiens habitués aux préparations de ce type, leur appétence est souvent meilleure que
celle des aliments industriels secs.

L’utilisation de rations ménagères est limitée par la praticabilité d’une telle préparation, notamment
pour les chiens de grande taille. Elles sont de plus en plus rarement préparées pour les chiens de com-
pagnie; même sur une période de 1 à 2 mois, leur mise en place peut s’avérer très difficile.

Le déséquilibre de ces rations peut être aisément compensé si le régime doit être poursuivi plus de deux
mois ou s’il est prescrit à un chiot. Toutefois, les contraintes supplémentaires imposées aux propriétaires
peuvent devenir des facteurs limitant la bonne observance du régime (Tableaux 14 & 15).

Aliments industriels
Il existe une multitude d’aliments industriels affichant une indication “hypoallergénique” ou “pour der-
matites allergiques”. Trois catégories peuvent être schématiquement distinguées.

- Les aliments dont les protéines proviennent majoritairement de sources sélectionnées: ils ne peuvent
pas être considérés comme recevables pour un régime d’éviction, les sources de protéines étant très
variées.

TABLEAU 14 - AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS THÉORIQUES


DES ALIMENTS INDUSTRIELS ET MÉNAGERS

Rations ménagères Aliments industriels

Avantages

Implication du propriétaire Praticabilité

Pas d'additif Équilibre nutritionnel

Contrôle des sources de protéines

Grande diversité de sources protéiques Digestibilité (hydrolysats)

Efficacité Faible allergénicité (hydrolysats)

Appétence Appétence

Inconvénients

Pas de contrôle
Préparation lourde
sur les sources protéiques

Souvent trop riche en protéines Présence d’additifs ?

Nécessité d’équilibrer la ration pour un chiot Grande variété d’aliments proposés

77
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle
Dermatologie

- Les aliments dont les protéines proviennent exclusivement de sources sélec-


L’utilisation des hydrolysats protéiques soulève de nombreuses tionnées: ceux-ci sont plus recevables, mais ils peuvent contenir un grand
questions tant en médecine humaine qu’en médecine nombre de sources cachées de trophallergènes. Ce sont les seuls qui ont fait
vétérinaire. Seules des études de cohortes en médecine
humaine permettent d’apporter des éléments de réponse.
l’objet d’études contrôlées et les résultats sont parfois décevants (Vroom,
- Un aliment fortement hydrolysé est-il en pratique 1994; Leistra & coll, 2001; Leistra & Willemse, 2002).
plus efficace qu’un aliment hydrolysé classique ? Cela n’est
pas démontré, ni en médecine vétérinaire, ni en médecine - Les aliments formulés à partir d’hydrolysats protéiques sont en principe
humaine (Osborne & Sinn, 2003). moins allergéniques que des préparations non hydrolysées. En effet, l’hydro-
- Un hydrolysat est-il plus efficace qu’un régime ménager lyse a pour but de fractionner les protéines en petits peptides de faible poids
chez le chien ? Aucune étude ne permet de dégager moléculaire. Ces régimes à base d’hydrolysats sont donc en pratique les plus à
un avantage en faveur de l’un ou de l’autre type de régime.
- Est-il intéressant d’utiliser un aliment hydrolysé
même de constituer un régime d’éviction industriel (Biourge & coll, 2004;
chez un patient à risque avant l’apparition de symptômes ? Loeffler & coll, 2004).
Ceci n’est démontré que chez le nourrisson lorsque
l’alimentation au sein n’est pas possible (Osborne & Sinn, En effet l’hydrolyse diminue le poids moléculaire et l’antigénicité intrinsèque de
2003). l’aliment, mais elle le rend aussi plus digestible. Ces deux propriétés agissent en
synergie pour offrir une moindre stimulation du système immunitaire digestif.

L’avantage majeur des aliments industriels hypoallergéniques est leur facilité d’emploi. Toutefois, celle-
ci ne doit pas amener le propriétaire à négliger les contraintes d’un tel régime. La prescription d’un
régime industriel s’accompagne d’une mise en garde à propos des possibilités de consommation ali-
mentaire autres que la ration de base.

• Traitements concomitants
Lorsqu’un régime d’éviction est mis en place, l’état du chien peut nécessiter le recours à des traitements
concomitants qui sont, dans la plupart des cas, des anti-infectieux ou des corticoïdes. La prescription
de médicaments aromatisés doit être évitée. L’efficacité du régime est interprétée 6 semaines après l’ar-
rêt de la prise des médicaments. Si les médicaments doivent être administrés per os avec un aliment,
toute source de protéine potentielle doit être proscrite: beurre, fromage, crème glacée, viande... Le miel
est préférable.

TABLEAU 15 - EXEMPLES DE PRISES ALIMENTAIRES POSSIBLES, MAIS PROSCRITES,


EN DEHORS DE LA NOURRITURE HABITUELLE DU CHIEN

Sources alimentaires éventuelles Occasions particulières

Jouets Petit-déjeuner
Os de cuir Apéritif
Poubelle Fin de repas
Dentifrice Plateau télévision
Médicaments aromatisés
Friandise utilisée pour les prises de médicaments
Compléments vitaminés ou oligo-éléments
Nourriture de voisins bien intentionnés
Aliments des congénères
Restes de table
Fèces de chien ou chat (à la maison ou en promenade)

78
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle

Dermatologie
• Cas particuliers
Plusieurs animaux ensemble
Si plusieurs animaux sont présents dans la maison, il faut, soit interdire l'accès aux gamelles des autres
animaux, soit leur donner également le régime d'éviction.

Chiot
Équilibrer une ration ménagère pour un animal en croissance demande des aménagements particuliers
(voir exemples de rations ménagères à la fin).

Chien âgé
Chez un chien âgé, la durée assez courte du régime d’éviction ne doit pas poser de problème s’il s’agit
d’un aliment industriel ou d’une ration ménagère équilibrée (voir exemples de rations ménagères à la
fin). Par contre, l’utilisation des aliments standards peut être problématique: par exemple, une viande
aussi maigre que la viande de cheval peut provoquer un amaigrissement. Il est aussi important de ne
pas changer brutalement les habitudes du chien.

Chien difficile
Pour les chiens difficiles, il est possible que 2 à 3 jours soient nécessaires pour obtenir la consomma-
tion normale de l’aliment. S’il faut “amorcer” la prise d’aliment avec un supplément appétent, il est
essentiel, après 4 semaines d’essai, de choisir un supplément de nature différente pendant encore 4
semaines (ex: jus de viande de bœuf, puis poisson…).

Maladies associées
Lors de maladie associée, il est préférable d’avoir recours à un aliment industriel à base d’hydrolysat et
de suivre attentivement l’évolution de la maladie (ex: fructosaminémie après 15 jours de régime chez
un chien diabétique).

• Suivi du régime
L’observance du régime est parfois difficile et des visites d’information et de remotivation sont souvent
nécessaires. Tous les membres de la famille doivent être informés des interdits alimentaires qui peuvent
nuire à une bonne interprétation du régime (Tableau 15).

Afin de surveiller l’observance du régime, un suivi régulier est nécessaire. Il permet de repérer les effets
secondaires potentiels du régime d’éviction: refus de l’aliment et troubles digestifs. Un
jeûne de deux jours est tolérable. En cas d’échec, un nouveau régime doit être mis
en place. Pour limiter la survenue de troubles digestifs, une transition alimen-
taire progressive sur une période d’au moins 4 jours avec la ration précédente
est recommandée.

Selon les aliments, une prise ou une perte de poids peut survenir. Il faut en
informer le propriétaire pour qu’il surveille l’évolution du poids de son chien
et adapte les quantités distribuées en conséquence.

• Durée du régime
© Hermeline/Doxicat
Il existe aujourd’hui un consensus sur une durée de 6 à 8, au mieux de 10 à 12
semaines. Au-delà, la poursuite du régime est inutile si aucune amélio-
ration n’est constatée.

• Interprétation des résultats


L’appréciation de l’amélioration clinique est simple lorsqu’elle est spectaculaire, plus difficile lorsqu’elle Lorsqu’un régime d’éviction s’impose
est partielle. Des clichés photographiques et des scores lésionnels (CADESI simplifié: Tableau 17) ou chez un chiot, il faut veiller
de prurit (Tableau 16) peuvent s’avérer très utiles. à ce qu’il réponde bien aux besoins
particuliers de la croissance.

79
2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle
Dermatologie

L’observation d’une amélioration significative est insuffisante pour permettre d’incriminer l’alimenta-
tion dans la genèse de la dermatite prurigineuse. En effet, un certain nombre de chiens ne présentent
pas de récidives lorsqu’ils ingèrent à nouveau l’aliment initial. Par conséquent, un test de provocation
est indispensable pour pouvoir interpréter correctement les effets d’un régime d’éviction.

Lors d’absence d’amélioration, avant de conclure définitivement à une absence d’hypersensibilité ali-
mentaire, il est nécessaire de s’assurer que l’observance a été correcte et les déviations mineures.

• Provocation
Deux options sont possibles: soit le régime alimentaire précédent est redistribué tel quel, soit une nou-
velle source protéique est introduite toutes les 1 à 2 semaines. Cette dernière option permet d’identi-
fier les aliments responsables de l’hypersensibilité.

TABLEAU 16 - EXEMPLE DE NOTATION DU PRURIT


Note Description

0 Absence de prurit

1 Prurit discret, non décrit spontanément par le propriétaire, moins d’1 heure par jour

2 Prurit modéré, décrit spontanément par le propriétaire, 1 à 3 heures par jour

3 Prurit important, 3 à 6 heures par jour

4 Prurit très important, permanent, observé en consultation, troubles du sommeil

TABLEAU 17 - CADESI* SIMPLIFIÉ


Alopécie
Signes cliniques: Erythème Lichénification Excoriations Total
spontanée

Zones du corps

Zone périoculaire
Face
Zone périlabiale
Pavillons Face interne gauche
auriculaires Face interne droite

Cou Face ventrale

Gauche
Aisselle
Droite

Gauche
Région
inguinale
Droite

Abdomen -

Membres Gauche (pli du coude)


antérieurs Droit (pli du coude)
Pieds Gauche
antérieurs Droit
Membres Gauche (pli du jarret)
postérieurs Droit (pli du jarret)
Pieds Gauche
postérieurs Droit
* Évaluation de l'étendue et de la sévérité des lésions de dermatite atopique (CADESI), adaptée du “SCORing Atopic Dermatitis”
(SCORAD).
80
3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie

Dermatologie
3 - Thérapeutiques nutritionnelles
en dermatologie

Pelage terne, xérose cutanée


(Figure 20)
Le lustre du pelage est lié à la composition du sébum, cette cire naturelle sécrétée par les glandes séba-
cées et stockée au niveau des follicules pileux. Le sébum a aussi pour rôle d’éviter le feutrage des poils
en éliminant le relief des écailles. Le sébum rend la kératine des poils plus élastique et plus souple. Les
lipides entrant dans la composition du sébum sont spécifiques de l’espèce et de la race (Dunstan & coll,
2000), mais la production et la qualité du sébum sont également influencées par l’alimentation. Cer-
tains nutriments indispensables, distribués en quantités supérieures aux strictes quantités minimales
recommandées, permettent une amélioration significative de la beauté du pelage chez le chien. C’est
notamment le cas des AGPI d’origine végétale (oméga-6) et du zinc. Ainsi une supplémentation
conjointe de zinc et d’acide linoléique permet une amélioration du brillant du pelage alliée à une réduc-
tion des squames (Marsh & coll, 2000).

La sensibilité à l’oxydation des sources d’AGPI impose de surveiller étroitement leur résistance à l’oxy-
dation, et d’augmenter les quantités de vitamine E dans l’alimentation.

© P. Prélaud
Mue excessive
Les mues vécues comme excessives par les propriétaires de chiens peuvent être physiologiques, qu’elles
soient continues ou saisonnières. L’intensité de ces mues dépend de nombreux facteurs: le potentiel Figure 20 - Squamosis abondant,
signant une importante xérose cutanée
génétique, les équilibres hormonaux, la photopériode et la nutrition.
chez un Labrador atopique.

Lorsqu’une mue excessive motive une consultation vétérinaire, il faut tenter d’identifier les causes
potentiellement pathologiques des anomalies du cycle pilaire:
- endocrinopathie
- environnement inadapté
- carence relative en AGPI, biotine, tyrosine, tryptophane, cystine, vitamine E, vitamine A, choline
ou acide folique.

© P. Prélaud
De nombreux nutriments sont utilisés pour stimuler la pousse du poil, parmi lesquels notamment la
biotine (Fromageot & Zaghroun, 1990) et le paprika. L’addition de paprika (Capsicum tetragonum) à
l’aliment augmente l’intensité des couleurs du pelage et stimule la croissance des poils, particulière- Figure 21 - Lésions dépigmentées
ment durant la mue (Greer, 1981). d’un vitiligo chez un Shar Peï.

Toutefois, aucune étude à ce jour n’a montré qu’il était possible chez un chien ayant une alimentation
équilibrée de contrôler sa mue par des mesures nutritionnelles ou pharmacologiques.

Pelage noir à reflets roux


Chez les chiens à pelage noir, il est possible de prévenir le roussissement du pelage par l’enrichissement
de la ration en tyrosine. Le temps de réponse varie selon le cycle du poil. Si la majorité des poils sont
en phase télogène, ils sont plus rapidement remplacés. Les poils qui roussissent au moment de la mue
demeurent roux, même avec une supplémentation en acides aminés aromatiques.

Vitiligo
Le vitiligo est caractérisé par des lésions dépigmentées siégeant préférentiellement au niveau des
muqueuses et des jonctions cutanéomuqueuses (Figure 21). La dépigmentation est due à une absence
de mélanocytes. Les causes du vitiligo sont extrêmement variées et peu de traitements efficaces sont
connus à l’heure actuelle. Chez l’Homme la L-phénylalanine est régulièrement utilisée (Antoniou
& Katsambas, 1992; Camacho & Mazuecos, 2002) et donnerait de bons résultats chez le chien
(Guaguère, communication personnelle).

81
3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie
Dermatologie

Cicatrisation cutanée
Les nutritionnistes ont étudié les nutriments permettant d’améliorer la cicatrisation des plaies, afin de
proposer des compléments nutritifs en période pré- et post-chirurgicale. De très nombreuses prépara-
tions entérales sous forme liquide existent en médecine humaine. Les propriétés recherchées sont une
stimulation de la re-épithélialisation et du système immunitaire pour limiter l’infection. Elles sont
utilisables chez le chien adulte, mais pas chez le chiot car insuffisamment concentrées en protéines.

Les chiens souffrant d’un déficit en protéines (ex: lors d’un jeûne dû à une hospitalisation) présentent
un retard à la cicatrisation. Il est primordial de veiller à l’équilibre de la balance azotée pour faciliter
la régénération tissulaire, avec une attention particulière vis-à-vis des teneurs en glutamine et en
arginine dans l’aliment. La production d’acide nitrique à partir de l’arginine stimule l’expression du
facteur de la croissance vasculaire endothéliale.

Un déficit en zinc est associé avec un retard de cicatrisation: le zinc est indispensable à la réplication
et à la prolifération cellulaire.

Le fer et la vitamine C, sont impliqués dans le mécanisme d’hydroxylation de la proline, acide aminé
majeur dans la structure du collagène. Une carence en fer nuit à la qualité du tissu cicatriciel.

Les acides gras oméga-3 agissent positivement sur la réaction inflammatoire au lieu de la cicatrisation.
Un supplément de vitamine E aide à protéger les AGPI de l’oxydation.

Le rôle positif du curcumin, de l’aloé véra et de la bromélaïne a été mis en évidence dans le proces-
sus de cicatrisation (Fray & coll, 2004).

Idéalement, l’administration de tels nutriments doit se faire 8 semaines avant l’intervention chirurgi-
cale, délai nécessaire à l’action effective des AGPI au niveau de la peau. Le traitement doit se pour-
suivre ensuite au moins 4 semaines après l’opération, à moduler selon l’intensité de la cicatrisation
requise.

Dermatite atopique
La dermatite atopique canine, comme la derma-
tite atopique humaine, est une maladie multifac-
FIGURE 22 - STRUCTURE SCHÉMATIQUE D’UNE JONCTION INTERCELLULAIRE torielle dans laquelle la nutrition peut être utili-
sée à trois niveaux:
- rétablissement de la fonction de barrière cuta-
née : les chiens atopiques présentent des
troubles importants de cette fonction avec
notamment des défauts du ciment intercellu-
laire formé par les céramides (Figure 22)
(Inman & coll, 2001). Cela provoque des pertes
hydriques, une pénétration transcutanée
accrue d’antigènes et une augmentation de
© Waltham Centre for Pet Nutrition

l’adhérence des staphylocoques à la surface des


cornéocytes.
- diminution de l’inflammation: par l’utilisation
de nutriments agissant sur la réponse inflam-
1 - Brique matoire (acides gras polyinsaturés oméga-3 à
2 - Ciment longue chaîne: EPA et DHA) ou immunitaire
À l’image du ciment liant les briques entre 3 - Cellule de la peau (probiotiques) (Baillon & coll, 2004).
elles, les céramides assurent la cohésion 4 - Céramides
des cellules de la peau. (lipides cutanés) - prévention ou contrôle des hypersensibilités
alimentaires: en ayant recours à des aliments
hyperdigestibles et/ou hypoallergéniques.

82
3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie

Dermatologie
> Renforcement de la fonction de la barrière cutanée
Des études in vitro (cultures de kérati-
nocytes) menées par le Centre de FIGURE 23 - MESURE DE LA SYNTHÈSE DES LIPIDES CUTANÉS
Recherche Waltham ont montré que (D’après Watson, 2003)
certains nutriments (en particulier :
nicotinamide, acide pantothénique, Monocouche de kératinocytes
histidine, inositol et choline) amélio-
Incubation avec le(s) supplément(s)
rent la structure et les fonctions de la testés + marqueur radioactif
peau. D’autres (pyridoxine et proline) (C14-Sérine pour les céramides
stimulent la synthèse de céramides et C 1’ acétate pour les stérols
et les acides gras)
(Figure 23) (Watson & coll, 2003).

Les études in vivo ont confirmé cette


approche. Après 9 semaines de supplé- Détermination de la synthèse
lipidique par mesure de la
mentation avec un complément com- radioactivité des cellules normales
posé de nicotinamide, d’acide panto- comparées aux cellules Extraction du composé lipidique
thénique, d’histidine, d’inositol et de supplémentées
choline, les pertes hydriques cutanées
sont significativement diminuées chez
le chien atopique. La diminution de la
perte hydrique, et donc de la xérose
cutanée, peut avoir pour conséquence
Les résultats montrent que les substances
positive une diminution de la pénétra- testées influencent positivement
tion allergénique, mais aussi une limi- les cellules cutanées et augmentent
tation des colonisations bactériennes et la fonction de barrière cutanée
fongiques, à l’origine de poussées de
dermatite atopique.

> Acides gras polyinsaturés (AGPI)


Lors de dermatite prurigineuse d’origine allergique, il est possible d’utiliser des AGPI,
oméga-3 et oméga-6 afin de limiter l’inflammation cutanée, de restaurer l’intégrité du film
hydrolipidique de surface et donc de limiter la pénétration transcutanée des allergènes et La présence d’huile de bourrache dans
les infections bactériennes et fongiques. Diverses études montrent que l’utilisation de l’alimentation donne des résultats intéressants
compléments riches en AGPI permet de réduire l’inflammation cutanée, mais sans dans diverses manifestations allergiques (Quoc &
obtenir un effet patent sur le prurit. Ils permettent en outre de diminuer la posologie d’une Pascaud, 1996). L’huile de bourrache, très utilisée
corticothérapie au long cours lorsque celle-ci est nécessaire (Saevik & coll, 2004). en diététique humaine ainsi qu’en cosmétologie,
L’efficacité d’une telle approche thérapeutique lors de dermatite atopique canine serait est la seule huile à contenir plus de 20 % d’acide
gamma-linolénique (GLA).
meilleure en début de maladie (Abba & coll, 2005).
L’efficacité de l’huile de bourrache est encore
En médecine humaine, l’utilisation à titre préventif des AGPI est envisagée chez les mères améliorée lorsqu’elle est utilisée en association
d’enfants atopiques. Une alimentation maternelle riche en AGPI oméga-3 et oméga-6 avec des huiles de poisson, riches en EPA et DHA
permettrait d’influer sur la réponse immunitaire des enfants nourris au sein, favorisant une (Sture & Lloyd, 1995).
réponse de type Th1 (Das, 2004). Une telle approche n’a pas été utilisée chez le chien,
mais elle pourrait être tentée, notamment chez des chiens de races à risque comme le Shar Ces acides gras oméga 3 à très longue chaîne
agissent dans le même sens que l’acide gamma-
Peï ou le West Highland White terrier.
linolénique, mais par des voies métaboliques
différentes : ils inhibent la synthèse de l’acide
> Curcumin arachidonique et de ses dérivés, responsables
des manifestations inflammatoires.
L’addition de curcumin pourrait aussi, par des mécanismes plus ciblés sur la réponse
immunitaire (inhibition de l’activation mastocytaire, inhibition de la synthèse de
lipoxygénase et cycloxygénase, d’immunoglobulines…), être profitable aux chiens souf-
frant de dermatite atopique (Cuendet & Pezzuto, 2000).

83
3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie
Dermatologie

États kératoséborrhéiques
> Troubles primaires de la kératinisation
TABLEAU 18 - POSOLOGIE DES RÉTINOÏDES CHEZ LE CHIEN
De nombreux troubles primaires de la kératinisation sont justifiables
Rétinoïdes Posologie Prises quotidiennes de l’utilisation d’AGPI ou de rétinoïdes. Ces derniers agissent en
contrôlant la prolifération kératinocytaire, en diminuant la synthèse
Vitamine A (rétinol) 1000 UI/kg/j 1 de sébum et en diminuant la réaction inflammatoire (inhibition de
l’expression de chémokines). Ils sont beaucoup plus efficaces que la
Acitrétine 1-2 mg/kg/j 1 vitamine A tout en procurant moins d’effets secondaires. Toutefois
leur utilisation n’est pas dénuée de risques et ils doivent être prescrits
Isotrétinoïne 1-2 mg/kg/j 1 en informant le propriétaire et en prévoyant un suivi biologique
(Tableau 18).

• Dermatoses répondant à la vitamine A


La vitamine A régule la croissance des cellules épidermiques, ainsi que la production de sébum. Elle
permet de lutter contre la séborrhée et les pellicules qui se forment souvent après un épisode de prurit.
Elle agit en synergie avec le zinc et les acides aminés soufrés.

La dermatose répondant à la vitamine A est un trouble rare et discuté de la kératinisation décrit chez
le seul Cocker. Elle se caractérise cliniquement par un pelage terne et des plaques squameuses épaisses
et malodorantes (Figure 24). Le diagnostic repose sur un examen histopathologique qui révèle une
hyperkératose orthokératosique folliculaire importante. Une supplémentation en vitamine A
(1000 UI/kg/jour) permet d’obtenir une guérison, même si la réponse est assez lente. En cas d’échec ou
de rémission partielle, le recours aux rétinoïdes de synthèse peut être envisagé.

• Ichthyoses
Les ichthyoses sont des troubles génétiques de la kératinisation. Les chiens atteints présentent dès le
© P. Prélaud

plus jeune âge des épaississements squameux au niveau des coussinets et sur tout le corps (Figure 25).
Certaines races sont prédisposées: Cavalier King Charles, Cocker, Retrievers, Soft Coated Wheaten
Figure 24 - Lésions squameuses terrier, West Highland White terrier, Jack Russel terrier et Rottweiler. L’examen histopathologique
adhérentes en plaques chez un Cocker
permet de poser le diagnostic. Le traitement repose sur l’utilisation conjointe de shampooings kérato-
présentant une dermatose améliorée
par la vitamine A.
lytiques et d’AGPI ou de rétinoïdes de synthèse (Tableau 18).

• Séborrhées idiopathiques
Les séborrhées primaires stricto sensu apparaissent dès le plus jeune âge dans certaines races prédispo-
sées (Cocker américain essentiellement). Il s’agit d’une anomalie génétique à l’origine d’un renouvel-
lement accéléré de l’épiderme. Les lésions sont généralisées (squamosis gras), avec parfois des épaissis-
sements localisés importants (en face ventrale du cou, ou dans le pli du coude par exemple). Le
diagnostic repose sur l’élimination de toutes causes de séborrhée grasse et la réalisation de biopsies
cutanées.
© P. Prélaud

Le traitement associe un traitement anti-infectieux, des soins locaux (tonte et shampooings kératoly-
Figure 25 - Lésions d’ichthyose tiques) et des rétinoïdes de synthèse. Ils sont administrés pendant 3 à 5 mois tous les jours puis, si le
périmamelonnaire chez un contrôle est satisfaisant, les prises sont espacées tous les 2 à 3 jours.
Cavalier King Charles.
> Dermatose répondant à l’administration de zinc
Plusieurs sels de zinc sont disponibles pour le traitement des dermatoses améliorées par le zinc
(Tableau 7). Le sulfate de zinc, très bon marché est parfois mal toléré (vomissements) et doit être admi-
nistré avec le repas. Le gluconate de zinc est généralement mieux toléré (Guaguère & Bensignor, 2002).
Le zinc-méthionine est probablement le mieux absorbé, mais il n’est plus disponible actuellement que
sous la forme d’une préparation l’associant à la vitamine A, et son coût est élevé. La durée du traite-
ment varie de 3 à 8 semaines selon les animaux et doit être le plus souvent prolongé à vie.

84
3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie

Dermatologie
• Séborrhées secondaires
De nombreux troubles de la kératinisation peuvent accompagner des dermatoses inflammatoires d’ori-
gine allergique ou parasitaire. Ils ne sont pas justifiables d’un traitement par des rétinoïdes, le traite-
ment de l’infection associée et/ou de la cause primaire permettant de les contrôler. Certains auteurs
considèrent que les besoins nutritionnels sont accrus lors d’état kératoséborrhéique et qu’il est donc
nécessaire de fournir une ration adaptée, enrichie en AGPI, vitamine E, zinc et oligo-éléments.

Adénite sébacée granulomateuse


L’adénite sébacée granulomateuse est une maladie d’origine génétique caractérisée par une destruction
des glandes sébacées. Elles disparaissent progressivement, ce qui provoque des troubles de la kératini-
sation au niveau du follicule pileux et donc une alopécie et la formation de manchons pilaires. Les
lésions apparaissent progressivement et peuvent être localisées sur toutes les régions du corps
(Figures 26 A & B).

Toutes les races peuvent être atteintes, mais il existe quelques prédispositions raciales nettes: Akita
Inu, Caniche Royal, Samoyède et Lhassa Apso. Le diagnostic repose sur l’examen de biopsies multiples

© P. Prélaud
qui confirment la destruction des glandes sébacées. Le traitement fait appel à des soins locaux (sham-
pooings kératomodulateurs) et à des traitements par voie générale: acides gras essentiels, corticothé-
rapie, ciclosporine, rétinoïdes de synthèse (Tableau 19). Le pronostic est toujours réservé. Étant donné
Figure 26A - Adénite sébacée
les effets secondaires potentiels (rétinoïdes, corticoïdes) ou le coût (ciclosporine A) des autres alter-
granulomateuse chez un Akita Inu :
natives thérapeutiques, l’administration d’AGPI doit être tentée en première intention, associée à des alopécie irrégulière sur tout le tronc
shampooings kératomodulateurs. associée à un état kératoséborrhéique.

Diverses maladies dysimmunitaires


La vitamine E, par son action antioxydante, et les AGPI sont fréquemment utilisés seuls ou comme
traitement adjuvant des dermatoses dysimmunitaires.

La vitamine E (400 à 800 UI BID) est utilisée comme traitement adjuvant du lupus cutané (Scott &
coll, 2001) et de la dermatomyosite (Hargis & Mundell, 1992). Utilisée seule, elle n’est efficace que dans
un nombre très limité de cas.

© P. Prélaud
Les AGPI sont utilisés pour leur action anti-inflammatoire ou immunomodulatrice dans le traitement
des onychodystrophies lupoïdes avec d’excellents résultats dans un tiers des cas (Mueller & coll, 2003).
Figure 26B - Même chien que
sur la Figure 26A, après deux mois
Infections bactériennes récidivantes de traitement associant acides gras
polyinsaturés et shampooings
La nutrition peut jouer un rôle essentiel dans le contrôle des infections récidivantes soit en aidant au kératomodulateurs.
rétablissement de la barrière cutanée (nutriments de type “skin barrier”, AGPI), soit en aidant au
contrôle de l’inflammation allergique (AGPI, aliments hypoallergéniques).

Vers une nutrition prophylactique


En dermatologie canine, les interventions nutritionnelles sont encore aujourd’hui presque exclusive-
ment vouées à des fonctions thérapeutiques. Or, en dermatologie humaine, notamment en allergo-
dermatologie, la nutrition est surtout utilisée à titre préventif (Tableau 19).

TABLEAU 19 - EXEMPLES DE RECOMMANDATIONS NUTRITIONNELLES POUR LIMITER


LES RISQUES D’ALLERGIE ALIMENTAIRE CHEZ L’ENFANT
(Sampson, 2004)

• Allaitement au sein pendant 3 à 6 mois


• Utilisation d’hydrolysats si l’allaitement au sein n’est pas possible
• Éviter de manger de l’arachide et des fruits de mer pendant la grossesse et l’allaitement
• Ne pas nourrir l’enfant avec des aliments à risque (arachide, noisettes, fruits de mer) avant l’âge de 3 ans

85
Conclusion
Dermatologie

Une telle approche pourrait être intéressante et ce d’autant plus que l’identification des individus à
risques, problématique chez l’homme (Osborn & Sinn, 2003), est beaucoup plus aisée chez le chien,
tant certaines races ou lignées sont prédisposées à des dermatoses nutritionnelles ou dysimmunitaires
(Scott & coll, 2001).

> Aliments hypoallergéniques et hyperdigestibles


À l’heure actuelle, les aliments hyperdigestibles ou hypoallergéniques sont utilisés en dermatologie à
des fins thérapeutiques. En médecine humaine, ces aliments sont utilisés essentiellement dans la pré-
vention des allergies alimentaires chez des enfants à risque, voire chez les mères allaitantes. Chez les
enfants à risque ne pouvant pas être nourris au sein, l’utilisation d’hydrolysats permet de limiter signi-
ficativement le risque de développement des manifestations cliniques de l’atopie (Osborn & Sinn,
2003). Une telle approche pourrait être intéressante en médecine canine, mais elle doit faire l’objet
d’étude contrôlée.

> Probiotiques
Chez l’homme, il existe une corrélation entre l’utilisation d’antibiotiques dans l’enfance ou chez la mère
durant la période anténatale et le développement d’une dermatite atopique. D’autre part, des études
randomisées en double aveugle montrent que l’administration de probiotiques à des mères à risque limi-
te la survenue de manifestations de dermatite atopique (forme extrinsèque) chez l’enfant (Flohr & coll,
2005).

Chez le chien, l’addition de probiotiques dans l’alimentation se heurte à des problèmes techniques
(Weese & Arroyo, 2003). Toutefois, il est aujourd’hui possible de les inclure dans un aliment sec et d’ob-
server leur effet sur la réponse immunitaire (Baillon & coll, 2004). Si les premières applications d’un tel
© Lenfant

aliment visent la sphère digestive, une utilisation à titre préventif ou curatif chez le chien atopique
pourrait aussi être intéressante.
Dans les races à risques sur le plan
dermatologique, il serait intéressant
de tenter de prévenir les phénomènes > Acides gras polyinsaturés
d’hypersensibilité en modifiant Les infections bactériennes récidivantes ont pour origine le plus souvent des dermatites allergiques
l’alimentation maternelle pendant (hypersensibilité alimentaire, dermatite atopique) ou des défauts de défense non spécifiques de la peau.
la gestation, comme cela est fait
Dans les deux cas une supplémentation en AGPI ou un cocktail “skin barrier” peut limiter les risques
chez l’Homme.
de rechute. Toutefois, il est indispensable de rechercher les causes de récidive d’une pyodermite, avant
de conclure à une pyodermite récidivante idiopathique (Tableau 12).

Chez l’Homme, une supplémentation en AGPI chez la mère pendant la gestation et la lactation
permet de limiter les phénomènes d’hypersensibilité alimentaire chez l’enfant (Korotkova & coll, 2004).
Une telle approche pourrait être intéressante chez des chiennes de races à risque comme le Shar Peï
ou le West Highland White terrier.

Conclusion
L’alimentation joue un rôle primordial tant dans l’homéostasie cutanée que dans la prise en charge de
nombreuses dermatoses inflammatoires. L’étude de la ration alimentaire fait donc partie intégrante du
questionnaire dermatologique. La correction des déséquilibres alimentaires (à propos des apports en
zinc et en acides gras essentiels notamment) est nécessaire à une bonne thérapeutique dermatologique.

Il est important de lutter contre les idées reçues qui gênent quotidiennement la gestion des dermatites
prurigineuses chroniques: la nocivité des aliments en fonction de leur origine, la valeur des dosages
d’IgE d’allergènes alimentaires, l’absence de possibilité d’infestation par des puces ou la nocivité d’une
corticothérapie de courte durée en font partie.

86
Questions fréquemment posées

Dermatologie
Le traitement de base des troubles de la kératinisation ou des dermatites allergiques passe par l’utilisa-
tion de nutriments susceptibles de renforcer le fonctionnement de la barrière cutanée, voire de jouer
un rôle anti-inflammatoire. L’avenir s’ouvre aujourd’hui très largement sur la possibilité d’utiliser
l’alimentation dans un but prophylactique (probiotiques, acides gras essentiels…) chez des animaux
présentant des risques de maladies cutanées.

Questions fréquemment posées à propos de l’influence


de l’alimentation sur la dermatologie

Q R
Quels sont les déficits nutritionnels
Les nutriments impliqués dans des affections cutanées qui font le plus souvent défaut sont le zinc
le plus souvent incriminés
et les acides gras essentiels.
en dermatologie ?

Il peut être tentant de mesurer le niveau de zinc dans le sang ou la teneur en zinc des poils, mais
Comment diagnostiquer une carence ces méthodes ne sont pas satisfaisantes. Le diagnostic repose donc sur l’examen histopathologique
en zinc ? des lésions cutanées (hyperkératose parakératosique) et sur la réponse à la supplémentation ou la
correction de la ration alimentaire.

Que faire lorsqu’un Sibérian Husky Il faut d’abord changer de sel de zinc: par exemple prescrire du gluconate de zinc ou du zinc-méthio-
montrant des signes de “dermatose nine à la place du sulfate du zinc. La prescription de corticoïdes à faible dose (prednisolone:
améliorée par le zinc” ne répond 0,2 mg/kg/j) permet généralement d’améliorer de façon très significative l’absorption du zinc et de
pas à l’administration de zinc? contrôler la dermatose.

Les données de la littérature ne permettent pas aujourd’hui d’identifier des sources protéiques
Quels aliments sont les plus
plus allergisantes que d’autres. La connaissance de la nature même des allergènes alimentaires
allergisants ?
permettra peut-être dans un avenir proche de définir les aliments à risque.

Cette tradition colorée a la vie dure. La couleur de la viande ne préjuge en rien de son caractère
potentiellement allergisant ou a contrario, hypoallergénique. En effet, l’origine et la couleur de la
La viande blanche est-elle moins viande ne sont pas des éléments incriminés dans les études sur l’étiopathogénie des intolérances
allergisante que la viande rouge ? alimentaires chez le chien. En revanche, le risque croît avec la quantité de viande ingérée. Une
viande bien rouge, comme la viande de cheval, est d’ailleurs très largement utilisée avec succès
comme base des régimes d’éviction ménagers.

Peut-on contrôler une dermatite


Oui, mais si la réponse est insatisfaisante après deux mois de traitement, il faut envisager d’autres
atopique avec le seul recours
alternatives thérapeutiques.
à une supplémentation en AGPI ?

Seules des carences graves en protéines ou en acides gras peuvent être à l’origine d’un déficit immu-
Un défaut d’apport alimentaire peut-
nitaire, mais cela n’est observé en pratique que lors de maladies débilitantes ou de troubles diges-
il générer un déficit immunitaire ?
tifs chroniques graves.

87
Références
Dermatologie

Références

Abba C, Mussa PP, Vercelli A et al. - Essential Credille KM, Lupton CJ, Kennis RA et al. - What Greer PT- Colour and growth enhancement of the
fatty acids supplementation in different-stage atopic happens when a dog loses its puppy? Functional, coats of feline and canine. US patent Document,
dogs fed on a controlled diet. J Anim Physiol Anim developmental and breed related changes in the 1981.
Nutr (Berl) 2005; 89(3-6): 203-7. canine hair follicle. Advances in Veterinary
Dermatology 2002; Thoday KL, Foil CS & Guaguère E, Bensignor E - Thérapeutique dermato-
Antoniou C, Katsambas A - Guidelines for the tre- Bond R eds, Blackwell Publishing; 4: 37-42. logique du Chien. Paris: Masson - AFVAC; 2002.
atment of vitiligo. Drugs 1992; 43(4): 490-8.
Cuendet M, Pezzuto JM - The role of cyclooxygenase Hargis AM, Mundell AC - Familial canine
Baillon ML, Marshall A, Jones ZV et al. - and lipoxygenase in cancer chemoprevention. Drug dermatomyositis. Compend Contin Educ Pract Vet
Effects of probiotic Lactobacillus acidophilus strain Metabol Drug Interact 2000; 17(1-4): 109-57. 1992; 14(7): 855-862.
DSM13241 in healthy adult dogs. Am J Vet Res
2004; 65(3): 338-343. Das UN - Breast-feeding, atopy, and asthma. Hillier A - Inability to demonstrate food antigen-spe-
J Allergy Clin Immunol 2004; 113:1002. cific IgE antibodies in the serum of food allergic dogs
Biourge VC, Fontaine J - Exocrine pancreatic using the PK and oral PK tests. In: Proceedings of
insufficiency and adverse reaction to food in dogs: a Day MJ - Clinical Immunology of the Dog and Cat. the AAVD/ACVD Meeting, Charleston; 1994: 28.
positive reaction to a high fat, soy-isolate hydrolysate- Manson Publishing; London, 1999.
based diet. J Nutr 2004; 134: 2166S-2168S. Hillier A, Griffin CE - The ACVD task force on
Dickinson PJ, Anderson PJB, Williams DC et al. - canine atopic dermatitis (X): is there a relationship
Biourge VC, Fontaine J, Vroom MW - Diagnosis Assessment of the neurologic effects of dietary between canine atopic dermatitis and cutaneous
of adverse reactions to food in dogs: efficacy of a deficiencies of phenylalanine and tyrosine in cats. adverse food reactions? Vet Immunol Immunopathol
soy-isolate hydrolysate-based diet. J Nutr 2004; Amer J Vet Res 2004; 65(5): 671-680. 2001; 81: 227-231.
134(8 Suppl): 2062S-2064S.
Dunstan RW, Herdt TH, Olivier B et al. - Age- Hogen-Esch H, Dunham AD, Scott-Moncrieff C et
Biourge V, Sergheraert R - Dietary tyrosine and red and breed-related differences in canine skin surface al. - Effect of vaccination on serum concentrations of
hair syndrome in dogs. Proc 18th ESVD-ECVD lipids and pH. In: Advances in Veterinary total and antigen-specific immunoglobulin E in dogs.
Annual congress, Nice Sept 2002: 204. Dermatology 2000; Thoday KL, Foil CS & Am J Vet Res 2002; 63(4): 611-616.
Bond R eds, Blackwell publishing; 4: 37-42.
Breiteneder H, Mills EN - Molecular properties of Inman AO, Olivry T, Dunston SM et al. -Electron
food allergens. J Allergy Clin Immunol 2005; Ermel RW, Kock M, Griffey SM et al. - The atopic microscopic observations of stratum corneum
115(1): 14-23. dog: a model for food allergy. Contemp Top Lab intercellular lipids in normal and atopic dogs.
Anim Sci 1997; 47: 40-49. Vet Pathol 2001; 38(6): 720-3.
Busch-Kschiewan K, Zentek J, Wortmann FJ et al. -
UV light, temperature and humidity effects on white Feldman EC, Nelson RW - Canine and feline Jackson HA, Hammerberg B - Evaluation of
hair color in dogs. J Nutr 2004; 134: 2053s-2055s. endocrinology and reproduction. Saunders; a spontaneous canine model of immunoglobulin
Philadelphia, 2004. E-mediated food hypersensitivity: Dynamic changes
Camacho F, Mazuecos J - Oral and topical in serum and fecal allergen-specific immunoglobulin
L-phenylalanine, clobetasol propionate, and Flohr C, Pascoe D, Williams HC - Atopic dermatitis E values relative to dietary change. Comp Med
UVA/sunlight - a new study for the treatment of and the ’hygiene hypothesis’: too clean to be true? 2002; 52(4): 316-321.
vitiligo. J Drugs Dermatol 2002; 1(2): 127-31. Br J Dermatol 2005; 152(2): 202-16.
Jackson HA, Jackson MW, Coblentz L et al. -
Campbell KL, Lichtensteiger CA - Cutaneous Foster AP, Knowles TG, Moore AH et al. -Serum Evaluation of the clinical and allergen specific serum
markers of hepatic and pancreatic diseases in dogs IgE and IgG responses to food antigens in normal immunoglobulin E responses to oral challenge with
and cats. Vet Med 2000: 306-314. and atopic dogs, and dogs with gastrointestinal cornstarch, corn, soy and a soy hydrolysate diet in
disease. Vet Immunol Immunopathol 2003; dogs with spontaneous food allergy. Vet Dermatol
Cave NJ, Marks SL - Evaluation of 92(3-4): 113-124. 2003; 14(4): 181-187.
the immunogenicity of dietary proteins in cats
and the influence of the canning process. Fray TR, Watson AL, Croft JM et al. - A combina- Jackson HA, Murphy KM, Tater KC et al. -
Am J Vet Res 2004; 65(10): 1427-33. tion of aloe vera, curcumin, vitamin C, and taurine The pattern of allergen hypersensitivity (dietary or
increases canine fibroblast migration and decreases environmental) of dogs with non-seasonal atopic
Chehade M, Mayer L - Oral tolerance and its tritiated water diffusion across canine keratinocytes dermatitis cannot be differentiated on the basis of
relation to food hypersensitivities. J Allergy Clin in vitro. J Nutr 2004; 134(8 Suppl): 2117S-2119S. historical or clinical information: a prospective evalu-
Immunol 2005; 115: 3-12.
ation 2003-2004. Vet Dermatol 2005; 16: 200.
Fromageot D, Zaghroun P - Intérêt potentiel de la
Chesney CJ - Systematic review of evidence for the biotine en dermatologie canine. Rec Méd Vét 1990; Jeffers G, Shanley KJ, Meyer EK - Diagnostic
prevalence of food sensitivity in dogs. Vet Rec 2001; 166(21): 87-94. testing of dogs for food hypersensitivity. J Am Vet
148(14): 445-448.
Med Assoc 1991; 198: 245-250.
Fujimura M, Ohmori K, Masuda K et al. - Oral
Chesney CJ - Food sensitivity in the dog: allergy syndrome induced by tomato in a dog with
a quantitative study. J Small Anim Pract 2002; Japanese cedar (Cryptomeria japonica) pollinosis.
43(5): 203-207. J Vet Med Sci 2002; 64(11): 1069-1070.

88
Références

Dermatologie
Johanson SGO, Hourihane OB, Bousquet J - A Mundt HC, Stafforst C - Production and composi- Scott DW, Sheffey BE - Dermatosis in dogs caused
revised nomenclature for allergy: an EAACI tion of dog hair. In: Edney ATB, ed. Nutrition, by Vitamin E deficiency. Comp Anim Pract 1987;
position statement from the EAACI nomenclature Malnutrition and Dietetics in the Dog and Cat. 1: 42-46.
task force. Allergy 2001; 56: 813-824. British Veterinary Association, 1987: 62-65.
Sture GH, Lloyd DH – Canine atopic disease:
Korotkova M, Telemo E, Yamashiro Y et al. - Ohmori K, Masuda K, Maeda S et al. - IgE therapeutic use of an evening primrose oil and fish
The ratio of n-6 to n-3 fatty acids in maternal diet reactivity to vaccine components in dogs that combination. Vet Rec 1995; 137:169-170.
influences the induction of neonatal immunological developed immediate-type allergic reactions after
tolerance to ovalbumin. Clin Exp Immunol 2004; vaccination. Vet Immunol Immunopathol 2005; Turek MM - Cutaneous paraneoplastic syndromes in
137(2): 237-244. 104(3-4): 249-56. dogs and cats: a review of the literature. Vet
Dermatol 2003; 14(6): 279-286.
Kunkle GA, Horner S - Validity of skin testing for Osborn DA, Sinn J - Formulas containing
diagnosis of food allergy in dogs. J Am Vet Med hydrolysed protein for prevention of allergy and food Vaden SL, Hammerberg B, Davenport DJ et al -
Assoc 1992; 200: 677-680. intolerance in infants. Cochrane Database Syst Rev Food hypersensitivity reactions in Soft Coated
2003(4): CD003664. Wheaten Terriers with protein-losing enteropathy or
Leistra MHG, Markwell PJ, Willemse T - protein-losing nephropathy or both: Gastroscopic
Evaluation of selected-protein-source diets for Outerbridge CA, Marks SL, Rogers QR - Plasma food sensitivity testing, dietary provocation, and fecal
management of dogs with adverse reactions to food. amino acid concentrations in 36 dogs with immunoglobulin E. J Vet Intern Med 2000; 14(1):
J Am Vet Med Assoc 2001: 1411-1414. histologically confirmed superficial necrolytic 60-67.
dermatitis. Vet Dermatol 2002; 13(4): 177-186.
Leistra M, Willemse T - Double-blind evaluation Vroom MW - A prospective study of a commercial
of two commercial hypoallergenic diets in cats with Prélaud P - Allergologie canine. Masson; Paris, hypoallergenic diet in 18 dogs. Vet Quat 1994; 16:
adverse food reactions. J Feline Med Surg 2002; 4: 1999. 60S-61S.
185-188.
Prélaud P - Diagnostic clinique des dermatites Watson AL, Baker CD, Bailey J et al – Dietary
Loeffler A, Lloyd DH, Bond R et al. - Dietary trials allergiques du chien. Rev Méd Vét 2004; 155(1): constituents can improve canine epidermal barrier
with a commercial chicken hydrolysate diet in 63 12-19. function in vitro. Waltham International
pruritic dogs. Vet Rec 2004; 154(17): 519-522. Symposium, Oct 2003; Bangkok, Thailand: 11.
Prélaud P, Guaguère E, Alhaidari Z et al. -
Lowe JA, Wiseman J - A comparison of the Réévaluation des critères de diagnostic de la dermatite Weese JS, Arroyo L - Bacteriological evaluation of
bioavailability of three dietary zinc sources using four atopique canine. Rev Méd Vét 1998; 149: dog and cat diets that claim to contain probiotics.
different physiologic parameters in dogs. J Nutr 1057-1064. Can Vet J 2003; 44(3): 212-215.
1998; 128(12 Suppl): 2809S-2811S.
Prélaud P, Olivry T - Etiopathogénie de la dermatite White SD, Bourdeau P, Rosychuk RAW et al -
March PA, Hillier A, Weisbrode SE et al. - atopique canine. Prat Méd Chir Anim Comp 1998; Zinc-responsive dermatosis in dogs: 41 cases and lite-
Superficial necrolytic dermatitis in 11 dogs with a 33: 315-329. rature review. Vet Dermatol 2001; 12(2): 101-109.
history of phenobarbital administration (1995-
2002). J Vet Intern Med 2004; 18(1): 65-74. Qhoc KP, Pascaud M – Effects of dietary Wiberg ME, Lautala HM, Westermarck E -
gamma-linolenic acid on the tissue phospholipids fatty Response to long-term enzyme replacement treatment
Marsh KA, Ruedisueli KL, Coe SL et al. - Effects acid composition and the synthesis of eicosanoids in in dogs with exocrine pancreatic insufficiency.
of zinc and linoleic acid supplementation on the skin rats. Ann Nutr Metab 1996; 40(2): 99-108. J Am Vet Med Assoc 1998; 213: 86-90.
and coat quality of dogs receiving a complete and bal-
anced diet. Vet Dermatol 2000; 11: 277-284. Roudebush P, Wedekind KJ - Zinc-responsive Wilhelm S, Favrot C - Futtermittelhypersensitivitäts-
dermatosis in dogs. Vet Dermatol 2002; 13(1): 63. Dermatitis beim Hund: Möglichkeiten der Diagnose.
Martin A, Sierra MP, Gonzalez JL et al. - Schweiz Arch Tierheilkd 2005; 147(4): 165-71.
Identification of allergens responsible for canine Saevik B, Bergvall K, Holm BR et al. -
cutaneous adverse food reactions to lamb, beef and A randomized, controlled study to evaluate the Yu S, Rogers QR, Morris JG - Effect of low levels of
cow’s milk. Vet Dermatol 2004; 15(6): 349-56. steroid sparing effect of essential fatty acid dietary tyrosine on the hair colour of cats. J Small
supplementation in the treatment of canine atopic Anim Pract 2001; 42(4): 176-80.
Mueller RS, Rosychuk RAW, Jonas LD - A retro- dermatitis. Vet Dermatol 2004; 15(3): 137-145.
spective study regarding the treatment of lupoid Zentek J, Meyer H - Investigations on copper
onychodystrophy in 30 dogs and literature review. Sampson HA - Update on food allergy. J Allergy deficiency in growing dogs. J Nutr 1991;
J Am Anim Hosp Assoc 2003; 39(2): 139-150. Clin Immunol 2004; 113(5): 805-19; quiz 820. 121: 83-84.

Mueller RS, Tsohalis J - Evaluation of serum Scott DW, Miller Jr WH, Griffin CE - Muller &
allergen-specific IgE for the diagnosis of food adverse Kirk’s Small Animal Dermatology. 6th ed. Saunders
reactions in the dog. Vet Dermatol 1998; 9: WB; Philadelphia, 2001.
167-171.

89
Rations ménagères
Dermatologie

EXEMPLES DE RATIONS
À UN RÉGIME
Exemple 1

COMPOSITION
(pour 1000 g de ration)

Chevreuil, selle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 475 g


Pommes de terre (bouillie, avec pelure) . . . . . . 500 g
Huile de colza . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 g

Ajouter un complément minéral et vitaminique bien équilibré.

ANALYSE RATIONNEMENT INDICATIF


La ration ainsi préparée contient 27% de matière sèche Valeur énergétique (énergie métabolisable) 1140 kcal/1000 g
et 73% d’eau de ration préparée (soit 4250 kcal/1000 g de matière sèche)

% matière sèche g/1000 kcal Poids du chien (kg)* Ration journalière** Poids du chien (kg)* Ration journalière**

Protéines 43 102 2 190 45 1980

Matières grasses 16 37 4 320 50 2140

Glucides assimilables 29 68 6 440 55 2300

Fibres 3 7 10 640 60 2460

15 870 65 2610

20 1080 70 2760

Points clés 25 1270 75 2910

- Contrôle des matières premières utilisées. 30 1460 80 3050


• Utilisation d’une seule source de protéines, très
digestibles, contre lesquelles le chien n’est pas 35 1640 85 3190
sensibilisé (non consommées auparavant)
• Utilisation d’une seule source de glucides,
40 1810 90 3330
extrêmement digestible

- Appétence: pour faciliter la stricte observation


du régime

*Le rationnement est proposé en fonction du poids de forme du chien. En cas d’obésité, le rationnement doit être prescrit en fonction du poids idéal et
non pas du poids réel du chien.
**Les quantités peuvent être adaptées à l’évolution du poids du chien mais aucun autre ingrédient ne doit être incorporé dans la ration et aucun
supplément ne doit être distribué.

90
Rations ménagères

Dermatologie
MÉNAGÈRES ADAPTÉES
D’ÉVICTION
Exemple 2

COMPOSITION
(pour 1000 g de ration)

Canard, viande, cru . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 500 g


Riz blanc cuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 480 g
Cellulose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 g
Huile de colza . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 g

Ajouter un complément minéral et vitaminique bien équilibré.

RATIONNEMENT INDICATIF ANALYSE


Valeur énergétique (énergie métabolisable) 1325 kcal/1000 g La ration ainsi préparée contient 30% de matière sèche
de ration préparée (soit 4480 kcal/1000 g de matière sèche) et 70% d’eau

Poids du chien (kg)* Ration journalière** Poids du chien (kg)* Ration journalière** % matière sèche g/1000 kcal

2 170 45 1700 Protéines 37 82

4 280 50 1840 Matières grasses 14 31

6 380 55 1980 Glucides assimilables 43 95

10 550 60 2120 Fibres 4 9

15 750 65 2250

20 930 70 2370

25 1100 75 2500
Contre-indications
30 1260 80 2620
d’un tel régime
35 1410 85 2750
Pour un chiot, un régime hypoallergénique
40 1560 90 2870 industriel est préférable jusqu’à la fin
de la croissance.

Exemples de rations ménagères proposées par le Pr Patrick Nguyen (Unité de Nutrition et d’Endocrinologie;
Département de Biologie et Pathologie, École nationale vétérinaire de Nantes)

91
Informations nutritionnelles Royal Canin
Dermatologie

La beauté du pelage dépend


bien sûr de données génétiques,
fruit de la sélection par les éleveurs,
mais ses qualités naturelles
ne peuvent s’extérioriser
que si l’alimentation lui apporte
© Lanceau

les nutriments indispensables


à sa croissance et à son renouvellement.

Points clés
à retenir à propos du :

Rôle de la nutrition dans la prévention et le


traitement des affections cutanées chez le chien

1er objectif : renforcer devenir marginal lors de pertes - L’histidine est indispensable à la
l’efficacité de la barrière hydriques importantes ou de traite- croissance et à la maturation des
ment antibiotique. cellules de l’épiderme, les kératino-
cutanée
cytes.
- La niacine (ou nicotinamide) est syn-
27 substances susceptibles d’avoir un thétisée à partir du tryptophane. L’effet bénéfique de l’administration
effet bénéfique sur la fonction de Elle est essentielle à la respiration de ce complexe s’installe en deux
barrière cutanée ont été passées au cellulaire. En cas de carence, elle mois environ, en raison du temps
crible par le Centre de Recherche de provoque une dermite prurigineuse nécessaire au processus de différen-
Waltham. Les critères de sélection de l’abdomen et des membres pos- ciation des cellules de l’épiderme.
reposaient sur la limitation des térieurs chez le chien (on parle de
pertes en eau par l’épiderme et la pellagre chez l’homme).
synthèse des lipides cutanés. 2e objectif : contrôler
- L’acide pantothénique est impliqué l’inflammation grâce aux
Quatre vitamines du groupe B et un comme co-enzyme dans de nom-
acide aminé agissant en synergie ont
acides gras essentiels
breuses synthèses, dont celles des
été retenus (Watson & coll, 2006). Les acides gras.
vitamines du groupe B sont des vita- Certains acides gras sont dits “essen-
mines hydrosolubles, elles ne sont - Choline et inositol travaillent en tiels” parce que l’organisme est inca-
pas stockées dans l’organisme. En tandem et jouent un rôle dans l’édi- pable de les synthétiser. En cas de
général, une alimentation équilibrée fication des membranes cellulaires. carence, la peau présente une
et la synthèse faite par les bactéries Combinée au phosphore, la choline desquamation importante et une
intestinales garantissent un apport forme les phospholipides. altération de la fonction de barrière
suffisant. L’apport peut cependant cutanée.

92
Informations nutritionnelles Royal Canin

Dermatologie
L’action des acides gras essentiels est 3e objectif : garantir La sensibilité à l’oxydation des
double : ils rééquilibrent la composi- des niveaux d’apports sources d’acides gras polyinsaturés
tion du film lipidique superficiel impose de surveiller étroitement leur
vitaminiques en rapport
pour limiter les phénomènes de résistance à l’oxydation, et d’aug-
sécheresse cutanée (Fray & coll, 2004),
avec les besoins impor- menter les quantités de vitamine E
et d’autre part, ils freinent la synthè- tants liés au pelage dans l’alimentation.
se des médiateurs de l’inflammation.
Les propriétés anti-inflammatoires La vitamine A régule la croissance La vitamine H ou biotine est indis-
des acides gras oméga 3 à longue des cellules épidermiques, ainsi que pensable à l’intégrité cutanée. Une
chaîne (EPA/DHA) sont d’ailleurs lar- la production de sébum. Elle permet carence en biotine peut entraîner
gement utilisées en dermatologie de lutter contre la séborrhée et les une chute de poils plus ou moins
humaine et vétérinaire (Byrne & coll, pellicules qui se forment souvent sévère.
2000). après un épisode de prurit. Elle agit
en synergie avec le zinc et les acides
aminés soufrés.

ACTION DES NUTRIMENTS AU NIVEAU CUTANÉ

Lipides et
acides gras
Vitamine B
Histidine

Vitamine E
Zinc

Protéines
Acides aminés
Cuivre
Vitamine A

De nombreux nutriments sont indispensables à l’organe complexe que constituent la peau et le pelage.
Ce schéma n’est qu’un bref résumé des nombreux éléments indispensables à une fonction cutanée normale.

93
Informations nutritionnelles Royal Canin
Dermatologie

Gros plan sur :

L’HUILE DE BOURRACHE
La bourrache L’huile de bourrache se caractérise Le diagramme ci-dessous illustre les
(Borago officina- par une grande richesse en un acide transformations successives que subit
© C. Chataignier

lis), est une plante gras particulier de la famille oméga- l’acide linoléique pour produire
originaire d’Asie, 6 : l’acide gamma-linolénique ou l’ensemble des acides gras de la
mais cultivée aussi en GLA. La plupart des huiles végétales famille oméga 6. Chaque étape de la
Afrique du Nord et sont très riches en acide linoléique. transformation fait intervenir une
dans différents pays Mais les seules huiles apportant une enzyme spécifique.
d’Europe, dont la France, quantité intéressante de GLA sont :
l’Angleterre, l’Allemagne et les l’huile de bourrache, l’huile d’onagre
Pays-Bas. L’huile est obtenue par et l’huile de pépins de cassis. Parmi
pressage des graines. celles-ci, c’est l’huile de bourrache
qui en contient le plus.

COMPARAISON DE LA TENEUR EN GLA POUR DIFFÉRENTES HUILES VÉGÉTALES

Sources végétales Acide linoléique % Acide gamma-linolénique (GLA) %

Bourrache 35 à 40 20 à 25

Pépins de cassis 45 à 50 15 à 20

Onagre 70 à 80 8 à 12

Soja 50 à 55 -

Olive 8 à 10 -

ÉTAPES DE LA SYNTHÈSE DES ACIDES GRAS POLYINSATURÉS DE LA SÉRIE OMÉGA 6

acide linoléique (C18:2)

acide gamma-linolénique
ou GLA (C18:3)

acide dihomo-gamma-linolénique
H

O
acide arachidonique (C20:4)
C

acide docosa-pentaénoïque Double liaison


ou DPA (C22:5)

94
Informations nutritionnelles Royal Canin

Dermatologie
Enrichir l’aliment en GLA favorise les chiens d’âge mûr ou ceux souf- tion de la production d’hormones
l’incorporation de celui-ci dans les frant de déficiences enzymatiques. dont les effets anti-inflammatoires
tissus : dans le foie, les globules sont bien connus, les prostaglan-
rouges, les parois des vaisseaux… L’huile de bourrache présente un dines de type 1. Cette production se
L’efficacité de cette incorporation intérêt potentiel dans tous les pro- fait aux dépens de la synthèse
dans les membranes des cellules est blèmes d’origine inflammatoire. d’autres prostaglandines, les prosta-
bien meilleure à celle obtenue à par- C’est dans le domaine de la dermato- glandines de type 2, qui ont un effet
tir de la transformation de l’acide logie que les effets bénéfiques de pro-inflammatoire.
linoléique. L’apport alimentaire de l’huile de bourrache ont été les
GLA prévient donc le risque de mieux étudiés. La supplémentation
carence chez des animaux à risque : en GLA favorise en effet l’augmenta-

ORIGINE DE L’ÉQUILIBRE ENTRE PROSTAGLANDINES DE TYPE 1 ET 2

acide gamma linolénique ou GLA

transformation rapide

acide dihomo-gamma-linolénique
ou DGLA
H
transformation rapide transformation lente

O
prostaglandines de type 1 prostaglandines de type 2
freinant l’inflammation favorisant l’inflammation
C

Freiner la transformation de l’acide Les effets positifs sont particulière- L’huile de bourrache est aussi utilisée
arachidonique permet de limiter les ment nets chez des chiens qui pré- en cosmétologie : elle est incorporée
effets négatifs de ses dérivés, les sentent un terrain allergique. Les dans les produits qui visent à régéné-
prostaglandines de type 2, et les phé- résultats sont aussi prometteurs vis- rer la souplesse et l’élasticité de la
nomènes inflammatoires excessifs à-vis des problèmes liés à la produc- peau. Elle est particulièrement indi-
qui leur sont associés. tion excessive de sébum par la peau quée lors de sécheresse de la peau.
(séborrhée).

Références
Byrne K Campbell KL, Davis C et coll - The Fray TR, Watson AL, Croft JM et coll - Watson AL, Fray TR, Bailey J et coll - Dietary
effects of dietary n-3 vs n-6 fatty acids on A combination of aloe vera, curcumin, vitamin constituents are able to play a beneficial role
ex-vivo LTB4 generation by canine neutrophils. C, and taurine increases canine fibroblast in canine epidermal barrier function.
Vet Dermatol 2000; 11: 123-131. migration and decreases tritiated water diffusion Exp Dermatol. 2006;15 (1): 74-81.
across canine keratinocytes in vitro.
J Nutr 2004;134 (8 Suppl): 2117S-2119S.

95

Vous aimerez peut-être aussi