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L'Utopie de Thomas More Au Portugal
L'Utopie de Thomas More Au Portugal
gne du martyre infligé à deux hommes qu'il tient explicitement pour des
« sancti uiri ». On se livre, en Angleterre, aux pires infamies, écrit-il et il
précise aussitôt : la première est l'exécution inique de Fisher et de More,
qui sont restés jusqu'au bout, noblement, fidèles à leur religion et à leur
conscience ; mais il y a aussi le martyre des Chartreux, auxquels on a
infligé un cruel supplice, la confiscation des maisons religieuses pour un
usage profane, et la destruction de tant de documents, monuments de la
chrétienté.
Peu après, 20 Os6rio revient à la charge : quel crime odieux avait
donc commis l'évêque Fisher, pour que ni l'austérité de sa vie, ni la
dignité de sa charge n'aient pu lui épargner la mort ? Avait-il conspiré
pour la perte de son roi? l'avait-il trahi en pactisant avec ses ennemis? En
aucune façon. Ce saint homme innocent fut châtié comme un criminel
parce que, avec une inébranlable constance, il s'obstina à obéir à sa cons-
cience. Quant à Thomas More, homme remarquable, d'une incomparable
érudition, quel fut son crime ? Aurait-il dilapidé les finances du
royaume ? Fallait-il lui imputer la mort de quelque citoyen ou une con-
duite agressive? Nullement. C'est uniquement parce qu'il a refusé d'adu-
ler Je monarque et s'est exprimé librement qu'on lui a coupé la tête en
public, comme à un traître. 2 1 Après une nouvelle référence au sacrifice
des Chartreux « pendus, éviscérés puis brûlés », Os6rio évoque avec une
indignation croissante tous ceux qui ont été incarcérés, spoliés et désho -
norés en Angleterre pour avoir écouté la voix de leur conscience. 22
Au milieu de l'ouvrage, 23 Os6rio insiste, presque dans les mêmes
termes . Mais il va plus loin encore :c'est l'usurpation par Henri VIII de
l'autorité de l'Église, affirme-t-il, qui a conduit l'évêque Fisher, More et
tant d'autres saints hommes à leur perte-- si ce mot d'exitium convient
pour désigner une mort acceptée avec noblesse pour la gloire du Christ et
la sainteté de la religion . Un corollaire de cette usurpation, ajoute-t-il, a
été de multiplier les sectes, et de répandre des opinions aussi nocives que
la peste , avec leur cortège de misères et de trahisons. 24
Une dernière référence constitue une sorte de synthèse des précé-
dentes : 25 les martyrs sont exaltés parce qu'ils ont voulu attester la vérité
chrétienne, en préférant aux joies éphémères du monde la vie éternelle, au
prix d'épreuves qu'ils n'ont pu supporter que soutenus par leur foi.
En somme, dans l'esprit d'Os6rio, Thomas More est un martyr de
l'Évangile et de l'Église, parce qu'il a choisi de mourir plutôt que de trahir
sa conscience . Ce héros est par surcroît doté d'une prodigieuse érudition .
Enfin, si lui et Fisher ont subi Je martyre, c'est pour avoir refusé de recon-
naître Je roi comme chef de l'Église, autrement dit pour avoir voulu faire
L'UTOPIE DE MOREAU PORTUGAL 141
même lettre, qui ne sont pas moins révolutionnaires, n'aient pas été con-
damnés . 63
La seconde coupure, dans la lettre de Budé, présente Erasme
comme un grand homme, à qui les lettres sacrées et profanes doivent
beaucoup dans tous les domaines . 64 Il fallait en effet qu 'Erasme fût tenu
au Portugal pour un« auctor damnatus »pour que l'on juge dangereux
cet éloge de son savoir.
Quant à 1' Utopie, elle est purement et simplement interdite, en
latin comme dans la version italienne de Sansovino ; 65 celle-ci, nous
l'avons laissé entendre, devait circuler largement au Portugal. Les cen-
seurs du 17e siècle étaient mieux informés au sujet de ce livre que certains
critiques d'aujourd'hui qui pensent , peut-être parce qu'ils ne l'ont pas vu,
qu'il ne renferme que de longs extraits de la traduction italienne, 66
publiée en 1548, alors qu'on y trouve le Livre II en entier, à l'exception
des deux dernières pages .
L'édition lovanienne des Opera est encore attaquée pour un autre
texte, où il ne s'agit pas directement de More, mais de Luther. 67 Comme
la réponse de More n'a pas mérité la censure, nous pouvons nous deman-
der, trois siècles et demi après, pourquoi le censeur a jugé que le lecteur de
la réfutation n'avait pas à prendre connaissance du texte réfuté. N'avait -il
qu'une confiance relative dans la valeur des arguments de More ? Ou
faut-il conclure que notre logique, même si c'est celle de la stricte ortho-
doxie d'un catholique du 20e siècle-- et même dans une optique d'avant
Vatican II --, est différente de celle des censeurs de 1'Inquisition au 17e
siècle? ... A moins qu'ils ne soient partis du principe que tout ce qu'écri-
vait un hérétique devait être censuré, et que tous ses actes, pour la seule
raison qu'ils sont le fait d'un homme quis 'est séparé de 1'Eglise Romaine,
portent atteinte à 1'intégrité de la foi. Mais ne nous écartons pas du sujet.
Il importe, avant de conclure notre article, d'indiquer d'autres passages
de l'Index concernant Thomas More. Ceux que nous venons de relever
suffiraient à montrer avec quelle sévérité on traitait 1' Utopie dans le pays
d 'Hythlodée. Les autres surviennent dans des lettres, soit de lui, soit à lui
adressées, sur lesquelles nous ne nous attarderons pas.
Erasme figure en effet dans cet Index comme « Auctor damna-
tus »et les passages expurgés dans ses Opera omnia (Bâle, 1540) couvrent
79 pages, sur 158 colonnes serrées, 68 incluantplusieurs morceaux de sa
correspondance avec More . Cinq lettres au moins sont désignées, et dans
1'une d'elles trois passages sont expurgés. 69 Cinq autres lettres adressées à
Thomas More ont fait l'objet de coupures. Celle qui lui dédie le Moriae
encomium est complètement interdite, de même que le beau texte qui la
suit, et qui, depuis des siècles, est considéré comme le chef-d'oeuvre du
prince des humanistes . 70
148 JOSÉ V. DE PINA MARTINS
Nous avons voulu montrer ici que, si !'Index de 1624 rend hom-
mage aux vertus, à la sainteté et à l'érudition de More, il n'en censure pas
moins !'Utopie et plusieurs de ses lettres. A ses côtés, on trouve ses amis
Erasme et Budé, et d'autres que nous n'avons pas pu citer. Tout cela
prouve que l'oeuvre de Thomas More, notamment les Opera (Louvain,
1566), les Lucubrationes (Bâle, 1563), et la traduction italienne du Livre
II de !'Utopie dans l'édition de 1561, était lue au Portugal: autrement, le
censeur n'autait pas pris tant de précautions, allant jusqu'à indiquer les
éditions les plus diffusées. Cet Index est donc un document précieux pour
l'étude du rayonnement de Thomas More dans la culture portugaise aux
16e et 17e siècles.
En guise de conclusion.
L'Utopie n'a certes pas eu autant de succès au Portugal que dans
d'autres pays : en Belgique, par exemple, où parut en 1516 à Louvain
l'édition princeps, en attendant la publication (1565, 1566) des Opera 71 ;
en France, où fut publiée à Paris la seconde édition en 1517, puis en 1550
la première traduction française ; 72 en Italie, où sortirent à Florence en
1519la première édition avec le titre« Utopia » 73 , et à Venise en 1548 et
en 1561 des traductions intégrales de l'ouvrage et du livre II ; en
Espagne, 74 où le texte traduit en castillan fut diffusé à partir de 1637. Et
que dire du lointain Mexique, où un noble Espagnol, humaniste et juriste,
devenu évêque tenta de mettre en oeuvre ce plan de communauté
modèle ? 75 C'est, dans le monde, le seul exemple historique d'un essai
réussi d'application concrète d'un projet utopique au 16e siècle . Rien de
comparable à tout cela au Portugal. Mais le succès qu'y remporta 1' Uto-
pie mérite d'être étudié à fond parce qu'il est significatif.
Tout d'abord, pour écrire son livre, Thomas More a dû lire des
textes portugais ou concernant les Découvertes portugaises, vraisembla-
blement dans des traductions en latin: les Découvertes sont à l'origine de
l'Utopie, et elle n'eût peut-être pas existé sans elles. Hythlodée en est la
preuve.
Les références puisées chez Damiao de Gois et Jer6nimo Os6rio
soulignent les très grandes qualités de l'humaniste et surtout du martyr :
hommage rendu à un exemple insigne de fidélité au Christ. Le fait que
1' Utopie soit mentionnée dans des textes fondamentaux de la culture por-
tugaise au 16e siècle, ayant pour auteurs Joao de Barras et Heitor Pinto,
peut sembler sans grand intérêt : il prend tout son sens éthique et politique
si on le situe dans son contexte littéraire et historique.
L'UTOPIE DE MORE AU PORTUGAL 149
N 0 TES
1. Certains critiques, qui ignorent 1'existence de cette édition, disent que le titre
«Utopie »est tardif. Dans notre catalogue« L'Utopie», Fondation Calouste Gulbenkian,
Centre Culturel Portugais, Paris, 1977, p. 18, nous avons écrit:« Cette édition est celle qui
consacre comme définitif le titre de l'ouvrage». La rareté de l'édition pourrait peut-être
expliquer cette ignorance.
2. Thomas More en parle dans le début du Livre Ide l'Utopie (De optima Reip.
Statu deque noua insu/a Utopia, Bâle mars 1518, p. 28) : « Rapha~l iste, sic enim uocatur
gentilicio homine Hythlodaeus, [... ] orbis terrarum contemplandi studio Americo Vespucio
se adiunxit, atque in tribus posterioribus illarum quatuor nauigationum quae passim iam
leguntur, perpetuus eius cornes fuit, nisi quod in ultima cum eo non rediit ».
5. Voir catalogue cité« L'Utopie >>,p . 23 : « Ce texte fut édité une quarantaine de
fois au moins au cours du XVIe siècle, à partir de 1510, date de la première édition italienne,
et de 1511, date de la première traduction latine. La première traduction allemande est datée
de 1515 et la première édition en langue castillane, de 1520. Quelques-unes des nouvelles
correspondent à celles du livre de Duarte Barbosa. Par ailleurs, certains détails concernant
1'organisation sociale des peuples visités ne sont pas sans rappeler le discours de Rapha~l
Hythlodée, mais cela ne suffit pas à tirer des conclusions qui nécessiteraient une preuve
solide. Thomas More aurait pu avoir connnaissance directement ou indirectement du récit
des aventures de Vartema, même avant la composition de l'Utopie>>.
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JO. Des. Erasmi Rot. Ecclesiastae siue de ratione concionandi libri quatuor,
Basileae in Officina Frobeniana anno M D XXXV, fi. a 3r : [En ce qui concerne Thomas
More] << qui fuit eius regni supremus iudex, cui pectus erat omni niue candidius, ingenium
quale Anglia nec habuit unquam nec habitura est, alioqui nequaquam infelicium ingenio-
rum parens ». Ce traité sur la prédication lui avait été demandé par John Fisher.
Il. La Comtesse Margaret Pole, mère du cardinal et cousine du roi, fut exécutée le
28 mai 1541.
12. Il s'agit du livre Pro unitatis ecclesiasticae defensione, Rome, 1536, dont parle
Damiào de Goes dans une lettre au cardinal. Voir la traduction française de ce texte par
Noëlle-Marie Egretier, Reginald Pole, Défense de l'unité de l 'église, Vrin, Paris, 1967.
13. Voir cette lettre dans la thèse d' Amadeu Torres, Noese e Crise na Epistolografia
Latina Goisiana : l -As Carias Latinas de Damiào de Gois, Introduçao, texto critico e ver-
sao, Braga, 1979, p. 94: << Habeo tibi gratiam pro Thomae Mori mortis explanatione; fuit
donum no bis gratissimum . Amici tui, quos hic habes plurimos et eruditos, quorum consue-
tudine familiariter utor, mirantur quod mortem tarn cari ac intimi amici scriptis non cele-
bres tuis. Nonnulli dicunt mentionem, quam in prologo Ecclesiastis de eo atque Rofensi
facis, dignam non esse tantis uiris, quod prolixius debebas, aiunt, in materiam tarn dignam
procedere. Tu scis quid sis factums , ego tamquam amicus moneo ». (P.S. Allen, XI, p.
270).
14. Voir aussi cette épigramme dans l'édition Antonii Goueani Opera iuridica, philo-
logica, philosophica [... ], Roterodami, Apud Henricum Beman, MDCCLXVI, p. 696.
15. Sur les idées philosophiques d'Antonio de Gouveia, voir l'ouvrage toujours
valable de Joaquim de Carvalho, Antonio de Gouveia e o Aristotelismo da Renascença,
L'UTOPIE DE M ORE AU P ORTUGAL 151
Coimbra, 1916, édité de nouveau en 1978 in Joaquim de Carvalho, Obra Completa, 1- Fila-
sofia e Historia da Filosofia (1916-1934), FundaÇao Calouste Gulbenkian [Lisboa], pp. 1-
116, sous notre direction. Mais la meilleure étude sur la vie, l'oeuvre et la personnalité de
l'humaniste, est le livre Antonio de Gouveia e o seu tempo de Joaquim Verissimo Serrlio,
Coimbra, 1966.
16. Voir, sur cet ouvrage, ce que nous écrivons dans notre catalogue L'Humanisme
Portugais (1500-1580) et l'Europe, pp. 39-40 : « l'auteur fait preuve, en pleine période de
Réforme catholique et alors que s'amorçait la répression inquisitoriale, d'une compréhen-
sion vraiment iréniste et déjà oecuménique de la situation des Juifs, contraints de se conver-
tir ou d'abandonner le Royaume après les mesures de 1497 >>.
19. FI. 6r (b 2r) : << Quid ais ? Tu ne sol us ignoras, ex quo primum tempo re Britannia
grauia infamia laborel ? Quomodo enim fieri potuit, ut cum sancti uiri loannes Fischerus
pontifex Rofensis, atque Thomas Morus propter religionis atque fidei constantiam publiee
iugulati sunt : cum Carthusiani uiri religiosissimi fuere crudelissimo supplicia mactati : cum
aedes in quibus perpetuae castitatis domicilium constitutum fuerat, publicatae & in profa-
nas usus conuersae sunt : cum multa sanctitatis monimenta fuissent euersa, ut Britannia non
in admodum insigni infamia uersaretur >>.
20. FI. 7r (B 3r) : [... ] quod nam tantum fuit illud episcopi Rofensis facinus, ut eum
neque uitae grauitas, neque pontificia dignitas ab interitu uindicaret ? Fuerat ne pestem in
patriam machinal us ? De principis nece coniurauerat ? De prodenda rep . cum hostibus con-
silia inierat ? Minime. Sed ob id tantum quod impiae sententiae suffragari constantissime
recusarat, uir sanctus & innocens scelestorum hominum poenam sustinuit >>.
21. lb. : << Quid Thomas Morus uir optimus, & eruditione singulari praeditus
admiserat ? Publicas ne literas corruperat ? Opes regias domum auerterat ? Necem aut
grauem al iquam iniuriam ciuibus suis attulerat ? Nihil horum. Sed ea tantum de causa ,
quod Regi adulari & assentari noluit, libereque sententiam dixit, fuit illi publiee tanquam
proditori caput abscisum >>.
22. FI. 7r (B 3r-v) : << lam uero Canusiani homines summa religione praediti , fori
atque publicae lucis insolentes, cur ita crudeliter uexati, suspensi, dillacerati , atque tandem
flammis absumpti sunt? Ob id certe, quod sententia sua id quod eis nefarium uidebantur,
minime comprobarant. Quid de sanctis pontificibus, quibus cathenas iniecistis, quos tene-
bris inclusistis, quos opibus & honore spoliastis dicendum est ? Fuitne aliud eorum crimen,
nisi quod noluerint ullo modo decretis, quae eis iniqua uidebantur , assentiri? >> (Cuthbert
liunstal, ami de More, fut dépossédé de son siège épiscopal à l'avènement d'Elizabeth, et
mourut prisonnier en 1559).
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23. FI. 78v (L 2v) : « [ ... ] nefarii cuiusdam uiri consilio & authoritate sibi persuasit
esse se ecclesiis omnibus, quae Britanniae fini bus continerentur, praepositum [il s'agit du
roi]. Ea res episcopo Rofensi & Moro, & reliquis sanctis hominibus, qui extremum suppli-
cium subierunt, exitio fuit, si exitium potest appellari clarissima mors, pro Christi gloria, &
religionis sanctitate constanter oppetita ».
24. FI. 79v (L 2v) : « Inde tot opiniones pestiferae, tot sectarum dissidia, tot homi-
num furores in Britannae ecclesiae statum, cum magna moris antiqui pernicie, redunda-
runt ».
25. FI. 134r (S 2r) : « Quod uero dicis, multos fuisse apud uos, qui Euangelii sin-
cerum cultum exilio, nuditate, fame, sanguine etiam atque spiritu sanxerint : fateor. Sic
enim Episcopus Rofensis, sic Morus, sic sancti Cartusiani, ut reliquos taceam, clarissimam
pro Christi gloria mortem obierunt. Sic sancti pontifiees euersi bonis, spoliati dignitate, in
carcerem coniecti sunt. [... ] ».
26. Dans l'édition des Omnia Latina Opera de More, Louvain, 1566, la Responsio
ad Lutherum occupe les fis. 59r-117v, chaque page ayant deux colonnes.
27. Cordoue, 1637, version castillane de Medinilla y Porres, avec un célèbre pro-
logue de Francisco de Quevedo qu'on pourra lire dans la récente édition de Utopia, Mexi-
que, 1978, pp. 17-18. Le jugement de Quevedo sur l'Utopie est le suivant (p. 18): « Ellibro
es corto ; mas para atenderle como merece ninuna vida sera larga ; escribi6 poco y dijo
mucho ; si los que gobiernan le obedecen, y los que obedecen se gobiernan por él, ni a aquél -
los sera carga, ni a éstos cuidado ».
28. Silvia Zavala a prouvé qu'un exemplaire de l'édition de Bâle, Novembre, 1518,
appartenait au premier évêque de México, Juan de Zumarraga : cet exemplaire se trouve
a ujourd'hui à la bibliothèque latino-américaine de l'Université du Texas, aux États-Unis.
Voir, à ce sujet, le beau chapitre<< El Humanismo de Vasco de Quiroga »,dans le livre de
Zavala, Recuerdo de Vasco de Quiroga, México, 1965, pp. 57-70.
29. L 'édition princeps des épigrammes de Thomas More est celle de Bâle, Mars
1518, pp. 165-271, après le texte latin de l'Utopie. La très belle édition de l'Utopie d'André
Prévost [Paris, Marne, 1978], reproduit le texte de novembre 1518 en fac-similé, avec une
excellente version française.
30. La meilleure synthèse sur l'oeuvre et la personnalité de Barros reste toujours celle
d'J.S. Révah, in Revista do Livro, Rio de Janeiro, mars 1958 {N ° 9), pp. 61-71. Il faut toute-
fois consulter le travail récent d'Antonio Alberto Banha de Andrade, Joao de Barros, His-
toriador do Pensamento, Humanista Português de Quinhentos, Lisbonne, 1980 (212 pages
in-4 °). Sur le problème de l'érasmisme de Barros, voir notre mise au point<< Joao de Barras e
a tradiçà'o erasmiana »,in Humanismo e Erasmismo na Cu/tura Portuguesa do Século XVI-
Estudo e Textos, Fundaçao Calouste Gulbenkian, Centra Cultural Português, Paris, 1973,
p_p. 49-61.
31. Voir op. cit., p. 63: <<L'extraordinaire hardiesse de Ropica Pnefma (1531-1532)
serait incompréhensible hors de l'atmosphère érasmisante de la cour de Jean III. Que cette
oeuvre ait plu à Jean -Louis Vivès, cela n'a rien d'étonnant : l'humaniste espagnol le fit
savoir à Joao de Barras en lui dédiant, au mois d'août 1535, ses Exercitationes animi in
Deum».
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32. Voir notre catalogue L'Humanisme Portugais (1500- 1580) et l 'Europe, p. 35.
33. Giambattista Vico, Opere, a cura di Fausto Nicolini, Riccardo Ricciardi Edit ore,
Milan -Naples, [!953], pp. 950-951, in« Discoverta del vero Dante ovvero Nuovi Principi di
Critica Dantesca >> : << [ ... ]nell a Nua va Scienza d'intorno alla natura delle nazioni abbiamo
[professato] Omero essere il primo storico della ge ntilità >>.
34. Da Asia de Joao de Barras, Decada Terceira, Parte Primeira, Lisboa , 1777,
p. [4] : << porque deo a entender a verdade aos sapientes debaixo de huma nuvem de ficçao
poetica >> .
35. Op. cil., ibidem : << E Macrobio diz delle [Homero], que he fonte , e origem de
todalas divinas invençoes. >>
36. Barras ne cite presque que des auteurs classiq ues. More, qu'il place à côté des
plus célèbres, est le seul moderne dont il fait l'éloge. Si les<< fables >>peuvent être une source
d'éducat ion, !'Utopie est toutefois la seule par laquelle son auteur a voulu que<< les Anglais
apprennent l'art de se gouverner >>.
37. Op. cil. , ibidem : <<Fabula moderna he a Utopia de Thomaz Moro ; mas nella
quiz elle doutrinar os Inglezes como se haviam de governar >>.
38. La meilleure étude sur l'oeuvre théologique et spirituelle d'Heitor Pinto est
celle d'Edward Glaser, dans l'introduction à son édition de lmagen de la vida cristiana, Bar-
celona , 1967 .
40. l magem da Vida Christam, [.. .], Tomo 1, Lisbonne, 1843, pp. 170-171 : << Donde
veo Platao a definir & descreuer hua republica, a mays excellente que elle imaginou, a qua!
nunca foy, nem ha de ser. E Xenophonte excellente philosophe & orador condiscipulo do
mesmo Platao pintou na Pedia de Cyro hü perfeyto principe, qua! elle nunca vira, ne cria q
veria nunca. [... ] E o mesme Cicero, co que agora allegaua, descreueo hum perfeyto orador,
qua! nunca ouue, nem auerà. A estes authores imitaram em nessos tëpos Thomas Morus
Conde de lnglaterra, no liure da Cidade, q hi nà ha : & Balthasar Castellao Code de Italia
no seu liure do perfeito cortesam >>. Nous citons la meilleure édition moderne : l'édition
princeps remonte à 1563 .
41. Dans son travail sur<< L'édition scolaire coimbroise des Colloques d'Erasme >>,
in Etudes sur le Portugal au temps de l'Human isme, Fondation Cal ouste Gulbenkian, Cen-
tre Culturel Portugais, Paris, 1974, p . 198: <<Les Colloques imprimés parmi les Conimbri-
censes vers 1546 éclairent un secteur de plus de cette Réforme catholique qui jugeait Erasme
avec indépendance, mais non sans égards , souvent avec une secrète tendresse, et qui du
moins ne s'en faisait pas un épouvantail >> .
154 JOSE V. DE PINA MARTINS
44 . Voirpp.l5, 17et 43 .
45. Voir pp. 110, 115 . Pour Thomas More, pp. 180 et 186 (deux fois).
46. Voir pp. 463, 465, 473, 474, 490 et surtout p. 1030.
48. Luigi Firpo, « Thomas More e la sua fortu na in Italia », in !dea di Thomas
More, a cura di Angelo Paredi, Marialisa Bertagnoni e Cesare Gram pa, Neri Pozza Editore,
Vicenza, 1978, p. 276. L'étude très fouillée de Luigi Firpo occupe les pp. 251-282.
49. Luigi Firpo, p. 276 op. cil., ne fait mention que des éditions vénitiennes
de 1561, 1567, 1578 et 1607.
50. Dans la verion d'Ortensio Lando, 1548, Je Livre II de J'Utopie ne dépasse pas en
effet trois pages , si l'on prend comme point de répère l'édition de J'Utopia, a cura di Luigi
Firpo, Torino, I 971 (pp. 186-189). Dans la version de Luigi Firpo (e non d'Ortensio Lando),
présentée in Utopia, Neri Pozza Editore, Vicenza, 1978, Je même texte occupe à peu près
cinq pages (229-239), à côté du texte latin.
52. Index 1624, p. 186, col. A : << Vtopia Opus sic inscriptum De optimo Reip.
statu ; quod etiam Italico sermone circunfertur in opere Francisci Sansouini De Guberna-
tione Regnorum & Reip . impresso Venetij s anno 1561 >>.
53 . Index 1624, p. 186, col. B : « Vtopia. Vejase acima entre os Latinos. >>
54. Index 1624, p. I80, col. B: « Thomae Mori, viri alias sa nctissimi, seu (vt habe-
tur) in editione Louaniensi 1566 Raphaelis Hythlodei Vtopia omnino prohibetur. At vero
Epistolae lucubrat ionibus eiusdem Thomae adiunctae, donec emedentur iuxta praescripta in
Expurgatorio >>. En ce qui concerne l'édition des Opera de Thomas More, Louvain, 1566,
au fi. 6v, on peut lire cette note, signée par« F. roannes Hentenius sacrae Theologiae Pro-
fessor >> : « Haec Thomae Mori opera, ita correcta, iudico no sine fructu excusa tradi mor-
talibus posse, cum & pietatem & delectationem no irreligiosam adferat , quod attestor ego )),
juste avant la signature.
L'UTOPIE DE MORE AU PORTUGAL 155
55. Index, 1624, ibidem : « Vtopia omnino prohibetur ». Remarquer (n. 54) qu'on
dit « 1'Utopie de Thomas More ou (comme le veut son attribution) de Raphael Hythlodée >>.
56 . Index 1624, ibidem : << Thomae Mori, viri alias sanct iss imi [... ] ».
-57. Index 1624, ibidem : «At vero Epistolae [... ) donec emëdentur iuxta praes-
cripta in Expurgatorio ».
58. Voir, par exemple, Index 1624, p. 15, col. A, où il est quest ion d'Erasme consi-
déré comme « auctor damnatus ». Parmi les livres érasmiens interdits, on voit les Collo -
ques, Morio, Lingua, Christiani Matrimonii lnstitutio, etc.
60. Index 1624, ibidem : « Ex Thomae Mori Angliae Ornamenti eximij, lucubratio-
nibu s [... ] ».
61. Index 1624, ibidem : «Ex Thomae Mori [... ] lucubrationibus [... ] Basi-
leae apud Episcopium F. 1568 [1563) [... ]. Louaniensis editio operum Thomae Mori paulo
antiquior, anni videlicet 1566, sic expurganda. [... ]. Eadem Vtopia inserta est operi de
optimo Reipub. statu editio Italico idiomate a Francisco Sansouino Venetijs anno 1561, est-
que totus liber 18 siue vltimus [... ] ». Il appert que le censeur a bien voulu 1568; l'erreur
provenait sans doute de la ressemblance entre 3 et 8.
62. Thomas More, Omnia latina opera, Louvain, 1566, fi. A iijr, col. A : «Quo
certe instituto Christus omnia iuris, istius ciuilis pontifificiique adeo recentioris argumen-
to sa volumina, inter suos quidem abrogasse mihi videtur, quod ipsum ius hodie arcem
tenere prudentiae videmus, ac fa ta nostra regere ». Dans 1'édition parisienne de 1517, ce
passage se trouve aux fis. A iijv-iiiijr. Dans les éditions bâloises de mars et novembre 1518
on peut lire ces mot s au fi. a 4r, ou p. 7 (L'édition d'A. Prévost conserve cette pagination).
Les éditeurs de Louvain ont remplacé omne par omnia dans la première ligne, et introduit
après iuris une virgule qui n'est pas dans 1'édition princeps de la lettre (Paris, 1517). Pour les
éditeurs de Yale (CW 4, p. 273), omne s'accorde avec institutum sous-entendu.
63. La lettre de Budé est d'une audace chrétienne extraordinaire. Il suffirait, pour en
être convaincu, de lire seulement ce passage (Éd. bâloise 1518, fl.a 3r): « CÜ si ad ueritatis
normam , & ad simplicitatis Euangelicae praescriptum exigere iura uelimus, nemo sit tarn
stupidus quin intelligat, nemo tarn uaecors quin fateatur si urgeas, tarn ius & fas hodie ac
iàdiu in sanctionibus pontificijs, & ius atque aequü in legibus ciuilibus & principum placitis
dissidere quàm Christi rerum humanarum conditoris instituta, eiusque discipulorum ritus,
ab eorü decretis & placitis qui Croesi & Midae aceruos bonorum finem esse pu tant & felicita-
lis cumulÜ » (A. Prévost, p. 5, lignes 14-22).
64. Thomas More, Omnia latina opera, Louvain, 1566, fi . A iijv, col. A:« [... ] cla-
rissimi viri ac de literis sacris, profanis, omneque genus meritissimi ».Le texte, après la cou-
pure imposée par le censeur, serait réduit à la phrase« quod Erasmi [... ] amicus est iuratissi-
mus ». (Prévost, p . 10).
156 JOSE V. DE PINA MARTINS
65 . Voir supra note 61 et toutes celles qui concernent l'édition de l'ouvrage de 1561
attribué à Sansovino.
66. Nous penson s, parmi d'autres , aux critiques Frank E . Manuel et Fritzie P.
Manuel qui, dan s leur beau livre Utopian Thought in the Western World, Harva rd Uni -
versity Press , Cambridge, Mass achu sett s, 1979, écrivent:<< In 1561 More' s Utopia became
more widely known in Italy when Francesco Sansovino included in his compendium of com-
pa rative poli tics, Del governo dei reg ni et delle republiche cosi an tiche come moderne libri
XVIII[ ... ], long passages from the Landi translation under the rubric << Del governo della
republica d'Utopia » by << Tomaso Moro cittadino di Londra, & huomo santi ss imo di
vita ».
67. Thomas More, Omnia latina opera, Louvain, 1566, fl . 59r-v (K iiiij r-v) :
<< Praejatio Lutheri script a ad quendam no bi lem bohemum qua suam ipse invidiam ac livo-
rem, tum in Pontificem, tum in ipsum Caesarem, Germaniae principes viros un iversos, pro -
dit[ .. . ])).
69. Index 1624, p. 463, col. B ; 465, col. A (Epistola Thomae Mori ad Petru
Aegidiu) ; p. 473, col. A ; p. 474, col. A ; p. 490, col. B, deux lettres censurées.
70. Index 1624, p. 468, col. A, deux lettres censurées; p. 474, col. A; p. 489, col. B;
et 492, col. B, interdiction totale du Mo riae encomium, avec la lettre de dédicace à Thomas
More : << Praecidatur etiam totum Moriae Encomium id est, Stultitiae Laus, cum praefixa
epistola Erasmi ad Thomam Morum [. .. ] >>.
71. En ce qui concerne l'édit ion p rinceps de l'Utopie, voir notre catalogue
<<L'Utopie >>,Paris, 1977, p. 15, avec la description de l'exemplaire de la Bibliothèque de la
Sorbonne .
72. Catalogue<< L ' Utopie>>, p. 16 (édition parisienne de 1517) et pp. 46-47 (fac-si-
milé de la première traduction française, Paris, Charles AngelieJ:,I550).
73. Catalogue<< L'Utopie>>, pp. 17-18, avec la description d'un exemplaire de l'édi -
tion rarissime de Florence, 1519.
75 . Sur 1'histoire de 1'utopie topique (car elle a pu avoir une réalisation historique
réelle), voir les études de Silvia Zavala , au moins La « Utopia » de Tomas Moro en la
Nueva Espana, El Colegio Nacional [México], 1950; Recuerdo de Vasco de Quiroga, Edito -
rial Porrua, México, 1965 , très belle publication où le premier travail a été reproduit (pp. 11-
40) ; et, tout dernièrement, A lgunas paginas adicionales sobre Vasco de Quiroga (Memoria
de El Colegio Nacional, Tomo IX, Num. 2, Ano 1979), Editorial de El ColegioNacional,
México, 1980 . Ce dernier travail est une importante mise au point bibliographique .
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