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Université de Batna 2 Faculté de médecine 1ère année de médecine

Chapitre 5
LES JONCTIONS INTERCELLULAIRES

Objectifs principaux

1. Définir les joncions intercellulaires.


2. Indiquer les familles de molécules d’adhérence et leurs localisations.
3. Décrire quelques modèles d’adhésivité :
4. Indiquer quelques pathologies liées aux disfonctionnements d’adhérence
Introduction
Dans un tissu, les cellules voisines sont séparées par des espaces intercellulaires. Malgré cette
séparation, ces cellules restent en contact en certains points appelés jonctions. (Le sang est le seul
tissu à posséder des cellules libres),
Les jonctions intercellulaires contiennent de nombreuses molécules responsables de la
transmission de signaux. Ce sont également des structures dynamiques capables de se modifier au
cours d’événements normaux ou pathologiques : leur déstabilisation permet aux cellules d’envahir
les tissus voisins et au cancer d’évoluer défavorablement.
Ces jonctions intercellulaires diffèrent en fonction de leur forme, de leur fonction et de la largeur
de l’espace intercellulaire. En prenant en considération la largeur de l'espace intercellulaire, trois
types de jonctions peuvent être cités : les jonctions serrées, les jonctions d'ancrage, et les
jonctions communicantes.

Figure 1. Les 3 types communs de jonctions intercellulaires

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1. Jonctions occlusives(serrées)ou zonula occludens (tightjunctions)


Elles constituent une bande continue entourant toute la circonférence de la cellule. Les feuillets
externes des deux membranes de 2 cellules adjacentes sont unis de telle manière qu’aucun espace
ne les sépare ce qui empêche le passage de toute substance. Elles sont constituées
essentiellement par des protéines transmembranaires de type : claudines, occludines et
cadhérines. Elles jouent un rôle fondamental dans le maintien de la fonction de filtrage sélectif
des épithéliums, les échanges se font donc obligatoirement à travers les cellules et non pas les
espaces intercellulaires. Elles arrêtent les déplacements latéraux des protéines et des lipides : la
MP apicale et la MP basale conservent leur composition moléculaire caractéristique de leur
différence de fonction. On les retrouve dans les épithéliums surtout, sur les cellules musculaires
lisses et entre les neurones(Figure 2).
 Pathologies liées aux jonctions occlusives : une lésion des jonctions occlusives provoque une
perte de leur étanchéité : les conséquences peuvent en être extrêmement graves puisque le
milieu intérieur de l’organisme et le milieu extérieur ne sont plus séparés. Une désorganisation
liée à une mutation génétique ou à une altération des claudines par une toxine bactérienne
provoque une fuite de l’eau, des sels et des protéines. Une toxine bactérienne, la Zonula
toxine secrétée par le vibrion cholérique, désorganise les claudines et permet une fuite
considérable de liquide par les espaces intercellulaires qui se traduit par une diarrhée. Un
cholérique perd environ 10 litres d’eau par jour. Les gastro-entérites saisonnières sont
principalement dues à des rotavirus qui agissent de la même manière

2. les jonctions communicantes (ouvertes ou gap junctions)


Ce sont des régions spécialisées des membranes de deux cellules adjacentes, qui se caractérisent
essentiellement par un rapprochement des 2 membranes, la présence de connexon (canaux
transmembranaires qui font communiquer les compartiments cytoplasmiques de 2 cellules) et un
espace intercellulaire perméable. Elles assurent le transfert d’informations, elles s'appellent ainsi
car elles permettent à de petites molécules (ions, vitamines, acides aminés, oses...) de passer
directement du cytoplasme d’une cellule au cytoplasme de l’autre. Mais elles ne permettent pas
de partager les macromolécules (protéines, acides nucléiques....). La baisse du pH, l’augmentation
du calcium intracellulaire, la phosphorylation des molécules de connexine diminuent la
perméabilité des jonctions communicantes en fermant totalement ou partiellement les
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connexons. De nombreux types cellulaires portent des jonctions communicantes, dont les cellules
musculaires du cœur où elles jouent un rôle essentiel dans la transmission de l’activité électrique
entre les cellules. (Figure 2)
 Pathologies liées aux jonctions communicantes : les altérations ou l’absence de
connexines entrainent des comportements cellulaires pathologiques.
- Maladies génétiques : les mutations de gènes codant les connexines induisent des maladies
génétiques. La mutation de Cx 32 portée par le chromosome X est une neuropathie humaine
héréditaire : la maladie de Charcot-Marie-Tooth caractérisée par une atrophie musculaire. Une
mutation du gène Cx 26 provoque une surdité chez l’homme qui apparait avec le
vieillissement.
- Tumorigenèse : l’inhibition de contact est cette propriété, que possèdent les cellules normales,
d’interrompre tout mouvement membranaire et toute mitose lorsque, dans une culture, elles
entrent en contact les unes avec les autres. Les cellules cancéreuses en culture demeurent
indépendantes les unes des autres et continuent à se multiplier et à migrer car elles ne
possèdent plus cette propriété d’inhibition de contact. Cette autonomie des cellules
cancéreuses dépend de l’absence d’information intercellulaire, car de telles cellules ne
possèdent pas de jonctions communicantes

3. Jonctions d'ancrage
L’ancrage des cellules est réalisé par 2 groupes de jonctions qui diffèrent par leur composition
moléculaire :
• Les desmosomes qui attachent les cellules les unes aux autres et qui sont un assemblage
de protéines d’adhésion transmembranaires de la famille des cadhérines ;
• Les hémidesmosomes qui fixent les cellules à la matrice extracellulaire et qui sont un
assemblage de protéines d’adhésion transmembranaires de la famille des intégrines.

3.1. Lesdesmosomes: sont des jonctions intercellulaires d’ancrage unissant 2 cellules


épithéliales : ces jonctions sont caractérisées par des plaques denses de protéines de type
cadhérines dans lesquelles s’insèrent les filaments intermédiaires des 2 cellules adjacentes. Ils
sont observés essentiellement dans les épithéliums prismatiques ou cubiques simples des cellules
polarisées. Ils sont localisés au voisinage du pôle apical au-dessous de la jonction occlusive.

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Au niveau des desmosomes, l’espace intercellulaire s’élargit, les surfaces cytoplasmiques


opposées présentent des densifications en forme de plaques sur lesquelles s’ancrent des filaments
cytoplasmiques convergents. Les desmosomes sont largement répandus dans les tissus soumis à
une tension mécanique brutale, comme les muscles cardiaques, l’épithélium dermique et le col de
l’utérus, ce qui indique leur importance dans la cohésion cellulaire. (Figure 2)
3.2. Les hémidesmosomes : Ils sont présents sur la MP des cellules en contact avec la lame
basale. Les hémidesmosomes ressemblent aux desmosomes, leurs molécules d’adhérence
appartiennent à la superfamille des intégrines mais au lieu de réunir les membranes des
cellules épithéliales adjacentes, ils unissent la surface basale des cellules épithéliales à la
membrane basale sous-jacente. (Figure 3)
 Pathologies liées aux desmosomes :
- Les maladies acantholytiques : maladies de l’épiderme, dues à une perte de cohésion des
kératinocytes, soit entre eux soit avec la lame basale, par absence des desmosomes.
- Le pinphigus vulgaire mortel : les desmosomes sont détruits par des anticorps anti Dsg1 et anti
Dsg3
- La cancérogenèse épithéliale : les cadhérines sont modifiées par mutation d’un seul acide
aminé. L’adhérence intercellulaire diminue ce qui facilite la mobilité des cellules cancéreuses
et augmente le risque demétastase (dissémination des cellules cancéreuses par voie sanguine,
lymphatique,…)

Figure 3. Desmosomes et hémidesmosomes

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Figure 2. Trois types de fonctions spécialisées de la MP


(a) desmosome, (b) jonction occlusive, (c) microscopie électronique de 2 cellules épithéliales
intestinales unies par une jonction occlusive à proximité de la surface luminale et d’un
desmosome sous la jonction occlusive, (d) jonction communicante.

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Chapitre 6
LA MATRICE EXTRACELLULAIRE
Objectifs principaux
1. Définir la matrice extracellulaire
2. Déterminer les composants moléculaires de la MEC
3. Donner quelques exemples de rôles assurés par la MEC

1. Définition :la MEC est un réseau complexe formé de macromolécules secrétées localement
par les cellules et libérées dans le milieu extracellulaire.
Les cellules sécrétrices de la MEC sont :
• Les fibroblastes (tissu conjonctif)
• Les chondroblastes (tissu cartilagineux)
• Les ostéoblastes (tissu osseux)
La matrice extracellulaire existe dans tous les tissus (foie, cœur...), mais certains d’entre eux en
sont très riches, comme l’os ou le cartilage, composé à 95% de matrice extracellulaire

Figure 1. Organisation générale de la MEC dans les tissus


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2. Constituants de la matrice extracellulaire


Dans les tissus conjonctifs, les cellules (fibroblastes) sont enfouies dans la substance fondamentale
qui constitue en fait la MEC. Cette dernière renferme 2 constituants essentiels :
• les protéines fibreuses
• les polysaccharides.

2.1. Les protéines fibreuses : renferment essentiellement :


 les protéines fibreuses structurales : le collagène et l’élastine
 les protéines fibreuses adhésives : la fibronectine et la laminine.
2.1.1.Les protéines fibreuses structurales :
2.1.1.1. Le collagène : c’est une glycoprotéine présente chez tous les animaux
pluricellulaires (25% des protéines totales). Le collagène possède une structure hélicoïdale rigide
formée de 3 hélices α (1000 acides aminés pour chaque hélice).
Le collagène est riche en 4 acides aminés : proline, glycine, hydroxyproline et hydroxylisine.

Figure 2. Structure hélicoïdale du collagène

Il existe plusieurs types de collagène dont les plus connus sont : type I, II, III et IV.

Lorsque les fibrilles se groupent en fibres, on parle de collagène fibrillaire. On en trouve des types
majoritaires, comme le collagène I, II et III et des formes minoritaires, le V et le XI.
Les collagènes non fibrillaires peuvent s’associer aux collagènes fibrillaires ; c’est le cas du IX, X et
XII, ou former des réseaux comme pour le collagène VII et dans les lames basales pour le collagène
IV.
Par exemple, ici on a le collagène II, grosse fibre retrouvée dans le cartilage, associé à des
molécules de collagène non fibrillaire IX

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Figure 3. Différents types de collagène dans le tissu cartilagineux

Comme toutes les protéines de l’organisme, le collagène est renouvelé en permanence. Sa durée
de vie est estimée à 2 mois environ dans le derme.
Il existe un certain nombre d’enzymes ; les matrix-métalloprotéinases ou MPP qui permettent de
dégrader le collagène. Elles jouent un rôle dans la physiologie (croissance fœtale par exemple) et
en pathologie (métastase osseuse). Elles peuvent être inhibées par une autre série de protéines :
les IMPP (tissue inhibitor of métalloproteinases).
Le collagène est synthétisé dans le réticulum endoplasmique granuleux, quelques molécules de
lysine et de proline sont hydroxylées puis acheminées vers l’appareil de Golgi pour poursuivre sa
glycosylation et enfin passe dans des vésicules de sécrétion jusqu’à la membrane plasmique où il
est libéré dans l’espace extracellulaire par exocytose.
Les étapes de la biosynthèse d’une fibre de collagène sont décrites dans la figure 4.
Dans la MEC, les fibres de collagène présentent des diamètres différents et s’organisent de façon
différente dans les tissus :
 les fibres sont entrelacées dans la peau pour résister aux tensions extérieures ;
 les fibres sont parallèles dans les tendons ;
 les fibres sont superposées en couches ordonnées dans les os et la cornée

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Figure 4. Synthèse du collagène fibrillaire de type I

 Pathologies des collagènes


Il existe des maladies monogéniques dues à des mutations dans la séquence codante d’un
collagène. Ces maladies sont rares et leur génotypage très difficile car le gène du collagène est
très long : il comporte 41 exons et la mutation peut se trouver n’importe où.
 La maladie de Lobstein ou maladie des os de verre : due à une mutation dans la séquence
codante du collagène I. Le phénotype est uniquement osseux car l’os ne contient que du collagène
I ; la peau par exemple, parce qu’elle a aussi du collagène III, sera moins affectée.
Si on a une mutation dans la séquence codante du collagène II, ce qui est plus rare, les tissus les
plus touchés seront le cartilage, qui sera de mauvaise qualité, provoquant des arthroses à début
précoce et au niveau de l’œil une forte myopie.
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 Le syndrome d’Ehlers-Danlos : Une mutation au niveau de la séquence du collagène III,


entraine les symptômes suivants :
• une peau fragile (fine, sujette aux ecchymoses)
• une rupture d’organes (côlon, utérus)
• des anévrismes vasculaires
La durée de vie des patients atteints de ce syndrome est inférieure à celle de la population
générale.

2.1.1.2.L’élastine : c’est le composant majeur des fibres élastiques secrétées par les
fibroblastes. C’est une protéine non glycosylée riche en proline et glycine comme le collagène. Les
molécules d’élastine sont secrétées dans l’espace extracellulaire et forment des filaments et des
feuillets dans lesquels elles sont reliées par des liaisons transversales entre les lysines comme dans
le collagène. Les molécules d’élastine peuvent s’allonger ou se rétrécir formant ainsi un réseau
élastique.
Les fibres élastiques sont dégradées par une enzyme, l’élastase secrétée dans la MEC par les
fibroblastes et les polynucléaires neutrophiles.
Les fibres longues non extensibles de collagène sont entrelacées aux fibres élastiques pour limiter
l’étirement et éviter le déchirement des tissus
L’élastine est très présente dans la peau, les ligaments et les poumons.

Figure 5. Organisation des fibres élastiques


.
Des microfibrilles formées de glycoprotéines appelées fibrilline, peuvent exister dans la MEC et
entourer les noyaux d’élastine.
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 Pathologies de l’élastine : Syndrome de Marfan


Il est dû à une mutation du gène de la fibrilline. Son incidence est d’1/10 000, c’est donc une
maladie rare, dont étaient atteints notamment Aménophis 4 et Lincoln. Ce syndrome se traduit
par :
• un allongement excessif et une gracilité des membres et des doigts : les individus atteints
du syndrome de Marfan peuvent très facilement faire le tour de leur poignet avec leurs doigts, alors
que pour un individu normal, c’est plus difficile.
• une hyper extensibilité cutanée
• une ectopie du cristallin
• une altération de la paroi vasculaire (la média), provoquant des anévrismes vasculaires

2.1.2. Les protéines fibreuses adhésives.


La MEC contient un certain nombre de glycoprotéines d’adhérence qui se lient à la fois aux cellules
et aux autres molécules de la MEC et favorisent ainsi la fixation des cellules à la matrice. Parmi ces
protéines, les plus importantes sont : la fibronectine et la laminine.
2.1.2.1. La fibronectine : c’est une glycoprotéine volumineuse formant des fibrilles qui existent
chez tous les animaux. C’est un dimère composé de 2 sous unités identiques (2500 résidus
d’acides aminés chacune), reliées par une paire de ponts disulfure S-S. Elle possède des sites
liaisons particuliers (Figure 6) :
 Deux avec le collagène
 Deux avec les protéoglycanes
 Deux avec les membranes des fibroblastes : les intégrines.
La fibronectine existe sous 3 formes :
• La fibronectine plasmique : circule dans le sang où elle augmente la coagulation sanguine,
la cicatrisation et la phagocytose
• La fibronectine de surface cellulaire : oligomère attaché de façon transitoire aux surfaces
cellulaires
• La fibronectine matricielle : fibrilles de fibronectine très insolubles qui se forment dans la
MEC.
La fibronectine a plusieurs rôles :
 L’adhérence des cellules à la MEC
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 La migration cellulaire pendant les stades embryonnaires


 L’organisation de la MEC.

Figure 6. Structure de la fibronectine

2.1.2.2. La laminine : c’est une glycoprotéine secrétéee par les cellules épithéliales et
représente le constituant majeur de toutes les lames basales. Elle se lie à la fois aux cellules
épithéliales qui la secrètent et au collagène de type IV, le principal type de collagène présent dans
la lame basale (Figure 7).

Figure 7. Structure de la laminine

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2.2. Les polysaccharides : parmi les polysaccharides de la MEC on distingue :

2.2.1/- Les gycosaminoglycannes : (GAG) ce sont de longues chaines de polysaccharides non


ramifiés composés d’unités disaccharidiques répétitives (Figure 8). Ils sont généralement reliés à
une protéine pour former des protéoglycanes. L’un des deux résidus glucidiques est toujours un
glucide aminé( N-acétylglucosamine ou N-acétyl galactoamine).

Figure 8. Structure d’un motif disaccharidique répétitif d’un GAG

Figure 9. Représentation scématique d’une protéoglycane

Les GAG possèdent une forte charge négative qui attire fortement les cations osmotiquement
actifs tels que le Na+ ce qui provoque l’absorption de grandes quantités d’eau dans la matrice.
Ceci crée une pression de gonflement qui permet à la matrice de résister aux forces de
compression. La quantité de GAG dans le tisu conjonctif ne dépasse pas, en général, 10% de la
quntité de protéines fibreuses. Cependant, du fait de leur organisation poreuse et hydratée, les
chaines de GAG remplissent la plus grande partie de l’espace extracellulaire fournissant un
support mécanique aux tissus et permettent la diffusion rapide des molécules hydrosolubles et la
migration des cellules.
On distingue 4 groupes de GAG :
1. L’acide hyaluronique
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2. La chondroitne sulfate et le dermatane sulfate présents dans le derme et le cartilage


3. L’héparane sulfate et l’héparine ayant des propriétés anticoagulantes
4. Le kératane sulfate.

 L’acide hyaluronique : C’est le plus simple des GAG présent en quantités variables dans
tous les tissus animaux adultes et particulièement abondant dans les jeunes embryons.
Il joue plusieurs rôles :
• Résistance des tissus et articulations aux forces de compression
• Remplissage des espaces pendant le développement embryonnaire
• Cicatrisation et migration cellulaire
• Lubrifiant des articulations.

2.3.Les protéoglycanes : tous les GAG sauf l’acide hyaluronique se lient de façon covalente avec
une protéine pour former des protéoglycanes (Figure 9).
Les proéoglycanes diffèrent des glycopotéines par la nature, la quantité et la disposition de leurs
chaines glucidiques.
Le % en poids des glucides est plus élevé dans les protéoglycanes (il peut atteindre jusqu’à 95%)
que dans les glycoprotéines (il varie entre 1 et 60%).
Les protéoglycanes peuvent former des gels et fonctionnent alors comme des filtres pour régler la
migration des molécules et des cellules selon leurs tailles et/ou leurs charges.
Exemple : les protéoglycanes du glomérule rénal filtrent les molécules entre le sang et l’urine.
Les protéoglycanes jouent un rôle dans la liaison des cellules à la MEC et dans la disposition des
macromolécules de la matrice secrétées par les cellules.

2.4. La lame basale : couche mince et continue spécialiséequi sépare le tissu épithélial du tissu
conjonctif. Elle se trouve à la base de toutes les structures épithéliales, cellules musculaires, cellules
adipeuses et les cellules de Schwann. Elle sépare donc ces cellules du tissu conjonctif sous-jacent.
La lame basale comporte un seul type de collagène, le collagène IV, organisé en réseau, ainsi
qu’une protéoglycane, le perlécan, et un type de protéines adhésives : la laminine

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 Rôles de la lame basale


 Déterminer la polarité cellulaire
 Réguler le métabolisme cellulaire
 Organiser les protéines dans les membranes plasmiques adjacentes
 Induire la différentiation cellulaire (réparation des tissus)
 Contrôler la migration cellulaire
 Filtration des molécules du sang dans l’urine
 Permettre le passage des macrophages, les lymphocytes ou les prolongements nerveux
entre les différents feuillets cellulaires.

Figure 10. Différentes formes de lames basales dans les tissus humains
 Pathologies des lames basales :

 Le syndrome deGoodpasture : Pathologies acquises, avec le développement d’auto-


anticorps, entraînant une insuffisance rénale sévère. Ces anticorps sont par exemple dirigés contre
la laminine.
 Le syndrome d’Alport : pathologies héréditaires, les mutations entraînent des
manifestations essentiellement cutanées ou rénales provoquant une insuffisance rénale.
Dans tous les cas, ce sont le perlécan, le collagène IV ou la laminine qui sont touchés car ils sont
spécifiques de la lame basale.

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Chapitre 7
LE CYTOSQUELETTE : Squelette interne de la cellule
Objectifs principaux
1. Définir le cytosquelette
2. Donner les différents constituants du cytosquelette
3. Pour chaque élément :

 Décrire ses caractéristiques morphologiques (aspects en microscopie électronique)


 Donner ses composants moléculaires
 Indiquer leurs distributions cellulaire et tissulaire
 Donner leurs propriétés physiologiques in situ
 Préciser l’effet de quelques drogues corrélativement à leurs applications en
thérapeutique
 Expliquer le mode d’intervention de chaque élément dans les processus de biomotilité.
 Décrire quelques pathologies humaines liées à leur dysfonctionnement.

1. Introduction
A la différence des bactéries, les cellules eucaryotiques présentent un degré d’organisation interne
très élevé et une grande diversité de formes, y compris au sein d’un même organisme. De plus,
elles sont capables de déplacer leurs organites à l’intérieur du hyaloplasme et, au moins pour
certaines d’entre elles, de se mouvoir à l’aide de structures spécialisées ou en modifiant leur
forme. Toutes ces propriétés sont liées à l’existence, chez ces cellules, de trois types de réseaux
protéiques formés de fins filaments ou de tubules qui parcourent et emplissent le hyaloplasme.
2. Définition
Le cytosquelette est une structure interne qui constitue à la fois un « squelette » et une
« musculature » à l’échelle cellulaire. Le cytosquelette n’existe pas chez les Procaryotes et il fait
partie des différences majeures qui les distinguent des Eucaryotes. Il est constitué par 3
éléments (figure 1) :
1. Les microtubules (MT)
2. Les microfilaments (MF)
3. Les filaments intermédiaires (FI).

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Figure 1. Le cytosquelette est constitué par des polymères de protéines globulaires


ou fibreuses et des protéines associées

Les MT et les MF sont le plus souvent associés aux fonctions dynamiques du cytosquelette, mais ils
entrent aussi dans la constitution de nombreux édifices stables et sont communs à tous les
Eucaryotes. En revanche, les FI forment toujours des structures fibreuses qui ont un rôle
essentiellement architectural ; ils n’ont été identifiés, jusqu’à présent, que dans les cellules
animales.
Ce réseau confère à la cellule :
 Son architecture interne ;
 Sa capacité de changer de forme ;
 Ses mouvements.

3. Structures cytosquelettiques des cellules Eucaryotes

3.1. Les microtubules(MT)


3.1.1. Structure
Les MT sont des tubes cylindriques creux de 25 nm de diamètre, ils sont formés par l'assemblage
de deux protéines globulaires : Tubulinesα et β. Ces protéines existent toujours en quantités
équimoléculaires et s’associent en dimères αβ. La succession de plusieurs dimèresαβ forme un
protofilament. 13protofilaments se disposent côte à côte et forment la paroi des
microtubules(figure 2). La polymérisation utilise de l'énergie sous forme de GTP et des ions de
Mg2+, et peut être influencée par les températures basses (< 4°C), les hautes pressions (>250
Kg/cm2) ou certains composés chimiques qui sont connus pour être des agents dépolymérisant.
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La dépolymérisation correspond au processus inverse, avec une dissociation des microtubules


pour libérer les tubulines (Figure 2).
Dans les cellules animales interphasiques, les MTs se développent radialement à partir d’un
corpuscule adjacent au noyau appelé centrosome ou diplosome ou centre organisateur des MTs
(MTOC ou microtubule organising center). Dans une cellule en interphase, le centrosome contient
2 centrioles disposés perpendiculairement l’un à l’autre. Chaque centriole est constitué de 9
triplets de MTs qui sont régulièrement espacés.
Au cours de la mitose, le diplosome se dédouble puisqu’il existe un diplosome à chaque pôle du
fuseau et à partir des deux centrosomes formés, ils se réorganisent en un fuseau mitotique
bipolaire qui joue un rôle central dans la séparation mitotique des chromosomes entre les
2cellules filles.
On montre également expérimentalement qu’un certain nombre de protéines sont associées aux
MTs, dont elles modifient les propriétés et auxquels elles confèrent une grande diversité de
fonctions. Ces molécules nommées MAPs (Microtubule AssociatedProtein) interviennent, soit
pour stabiliser les MTs, soit pour les organiser en édifices complexes, comme les centrioles ou les
axonèmes, soit pour leur permettre de s’associer à d’autres constituants cellulaires (figure 3).

Figure2 :Formation des microtubules par polymérisation des tubulines α et β.

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Figure 3. Structure schématique des centrioles


3.1.2. Drogues perturbant les MTs
Diverses substances à propriétés pharmacologiques (chimiothérapie des cancers), tirées de
plantes réputées vénéneuses et connues depuis longtemps, interfèrent avec les MTs dynamiques
des cellules.
 La colchicine : alcaloïde extrait du colchique, entraine l’arrêt de la mitose dans les cellules
en division en se liant aux dimères de tubuline libres en solution, elle les empêche de participer à de
nouvelles polymérisations. Les MTs qui disparaissent ne sont pas renouvelés, ce qui conduit
rapidement, par exemple, à la disparition du fuseau de division dans les cellules animales en mitose.
 La vinblastine : alcaloïde extrait d’une pervenche, provoque l’association de la tubuline
cytoplasmique libre en gros cristaux à motif hexagonal ; en immobilisant la tubuline sous une forme
insoluble, son effet est semblable à celui de la colchicine.
 Le taxol : substance toxique extraite de l’écorce ou des feuilles de l’if, dont les propriétés
sont inverses de celles des 2 composés précédents ; il empêche les MTs de se polymériser en
formant un manchon atour d’eux et ainsi les stabilise.

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3.1.3. Les différents types de MTs : on distingue : les MTs stables et les MTs labiles.

1. Les MTs labiles : libres dans le cytoplasme, en particulier autour des centrioles dans la
cellule interphasique ou rayonnant, sous forme d’asters, dans la cellule en mitose. Ce type de
MTspeut être dissocié en dimères en abaissant la température de 35° à 4°C. De plus, ils
disparaissent sous l’action de colchicine et ne constituent pas d’édifices complexes.
2. les microtubules stables : intégrés dans des structures complexes (centrioles, cils et
flagelles), résistants à la colchicine et aux conditions de température.
3.1.4. Fonctions
 Formation du fuseau de division et mouvements des chromosomes ;
 Maintien de la forme des cellules ;
 Migration des vésicules d’endocytose et d’exocytose ;
 Maintien de la structure de la membrane plasmique ;
 Intégrité de l’appareil de Golgi ;
 Transport axonal dans les cellules nerveuses ;
 Déplacement des cellules par mouvements ciliés et flagellés ;
 Transport dirigé des ARNm : les ARNm se lient aux MTs par l’extrémité 3’ non traduite.

3.2. Les microfilaments (MFs)


3.2.1. Structure : il s’agit de fibres très fines de 7 à 8 nm d’épaisseur et de 2 à 3 nm de long que
l’on trouve dans le hyaloplasme de toutes les cellules eucaryotiques et qui se présentent le plus
souvent sous la forme de faisceaux serrés.
Ils sont constitués par de nombreuses molécules d'actine globulaire (ou actine G) polymérisées
entre elles pour former de l’actine F (actine fibreuse) et qui consomment de l’énergie sous forme
d’ATP (figure 4).
L’extrémité (+) est celle qui allonge le MF alors que l’extrémité (-) est celle qui raccourcit le MF.
Cependant, à la différence des MTs qui nécessitent un centre organisateur pour pouvoir s’allonger
par l’extrémité (+) et qui ont toujours une extrémité (-) bloquée, les MFs présentent deux
extrémités libres et ne peuvent former des édifices complexes et organisés.

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Figure4. Assemblage schématique des microfilaments d'actine.

3.2.2.Les protéines associées aux MFs


Les MFs nus et libres dans le cytoplasme ne peuvent accomplir aucune activité. De nombreuses
protéines s’associent aux MFs pour modifier leur propriétés et leur permettent d’assurer des
fonctions diverses (figure 5). Les principales protéines de liaisons aux MFs sont :
• Les protéines de réticulation ou de rassemblement : elles associent les MFs pour donner
des gels tridimensionnels (filamine) ou bien pour former des faisceaux ou des câbles serrés (α
actinine, fimbrine, villine) ;
• Les protéines de stabilisation ou de fragmentation : les premières protègent et consolident
les MFs en formant un manchon autour d’eux (tropomyosine) ; les secondes, au contraire, les
fragmentent en courts morceaux (gelsoline) ;
• Les protéines de coiffage : elles se fixent aux extrémités des MFs et les empêchent de se
polymériser. Certaines d’entre elles ancrent, par exemple, les MFs à la membrane plasmique par
leur extrémité (+) (vinculine) ;
• Les protéines de type myosine des cellules musculaires striées ou lisses : elles s’associent à
l’actine pour assurer la contraction par glissement des 2 types de filaments les uns par rapport aux
autres ;
• Les protéines d’ancrage aux membranes comme la vinculine
Toutes ces protéines qui contrôlent l’association, l’allongement, le glissement,… des MFssont-elles
même sous la dépendance d’autres facteurs comme le pH, les ions ca2+, la température,…

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Figure 5. Mode d’action de quelques protéines de liaison à l’actine

3.2.3 . Rôles des MFs : ils interviennent essentiellement dans :


 La contraction musculaire : les myofibrilles correspondent aux éléments contractiles des
cellules de muscles squelettiques, et sont constitués de filaments fins d'actine intercalés entre
les filaments épais de myosine. La contraction musculaire se fait par glissement des filaments
d'actine entre les filaments épais de myosine, sans modification de leur longueur. Les
mouvements de contraction et de relaxation des fibres sont régulés par le calcium et l’ATP.
 Les mouvements des cellules non musculaires : la présence de protéines contractiles
comparables à l’actine et à la myosine dans le cytoplasme des cellules non musculaires peut
assurer :
 Des mouvements amiboïdes des cellules ;
 Des courants cytoplasmiques entrainant le flux des organites ;
 Les mécanismes assurant l’exocytose des produits de sécrétion ou des déchets ;
 Le phénomène de cytodiérèse pendant la mitose.

3.2.4. Drogues perturbant les MFs


 Les cytochalasines extraites de champignons microscopiques, en se fixant sue l’extrémité
(+) des MFs, empêchent la fixation de nouvelles molécules d’actine G : elles empêchent donc la
polymérisation des MFs.

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 Les phalloïdines : inhibent la dépolymérisation des Ms.

3.3. Les filaments intermédiaires (FIs)


3.3.1. Structure
Ce sont des fibres protéiques de 8 à 12nm de diamètre ayant l'aspect de cordes. Ils constituent les
éléments les plus stables du cytosquelette et sont particulièrement nombreux dans les cellules
soumises à de fortes tensions (cellules épithéliales, musculaires,…).Les FIs ont été décrits depuis
longtemps dans 2 types majeurs de cellules animales : les cellules épithéliales des vertébrés, en
particulier les cellules épidermiques et leurs dérivés (cheveux, ongles, écailles,…), et les cellules
nerveuses (neurones et cellules gliales). Ces FIs ont été décrits sous le nom de tonofilaments de
kératine et de neurofilaments ; ces derniers s’organisent en faisceaux épais (neurofibrilles) bien
visibles dans le corps cellulaire et dans les prolongements nerveux. Pratiquement tous les types
cellulaires animaux contiennent des FIs.

3.3.2/- Protéines constitutives des FIs


Les protéines fibreuses qui se polymérisent pour donner des filaments intermédiaires sont
extrêmement diverses constituant ainsi une famille très hétérogène. Les Fis interagissent avec les
MTspar l'intermédiaire d'une protéine la kinésine. Les réseaux de FIs, spécifiques des cellules
animales, présentent de grandes différences, au plan moléculaire, avec ceux constitués par les
MTs et les MFs :
• Ils sont constitués de monomères qui sont des molécules fibreuses et non globulaires ;
• Les molécules élémentaires sont spécifiques de types cellulaires particuliers ;
• Les Fis sont chimiquement et structuralement très stables et ne présentent pas les aspects
dynamiques décrits pour les 2 autres réseaux. Leur auto assemblage ne nécessite aucun apport
d’énergie chimique.
On distingue six grandes familles présentant une spécificité tissulaire plus au moins grande :
 Les kératines spécifiques des cellules épithéliales et des dérivés épidermiques tels que les
cheveux, les poils et les ongles (voir figure.3) ;
 Les protéines des neurofilaments au nombre de 3, spécifiques des neurones ;
 La desmine spécifique des cellules musculaires lisses, cardiaque et striées ;
 La vimentine:est présente dans de très nombreuses cellules d'origine mésodermique :
fibroblastes, adipocytes, cellules endothéliales ;
 Les lamines nucléaires, rencontrées dans la lamina du noyau de toutes les cellules
animales
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 La protéine fibrillaire gliale acide : spécifique de certaines cellules gliales du système


nerveux

3.3.3. Auto assemblage des FIs

Les monomères s’assemblent en dimères hélicoïdaux parallèles (extrémité N et C du même côté),


puis en tétramères antiparallèles de 70 nm de long en se disposant de façon légèrement décalée.
Ces tétramères se mettent ensuite bout à bout pour former un protofilament ; enfin, 8
protofilaments parallèles forment un FI. Cette disposition à base de tétramères antiparallèles fait
qu’un protofilament n’est pas polarisé, contrairement aux MTs et MFs.

On ne connait pas de drogues ou d’agents physiques capables de dégrader les FIs.

Les FIs représentent la partie stable et insoluble du cytosquelette et seraient impliqués dans la
stabilité structurale de la cellule. Ils contribuent à la solidité de la cellule, alors que les MTs et les
MFs déterminent la forme de la cellule et régissent ses mouvements.

Figure 6. 0rganisation moléculaire des filaments intermédiaires

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3.3.4. Fonctions
 Communication entre le noyau et la membrane plasmique.
 Communication entre cellules épithéliales par les desmosomes.
 Communication entre les cellules et la lame-basalepar un hémi-desmosome.

3.3.5. Relation entre matrice et cytosquelette


Il existe une interaction réciproque entre la MEC et les filaments d’actine intracellulaires. Les
fibrilles de fibronectine extracellulaires s’assemblent parallèlement aux filaments d’actine
intracellulaires. Cette connexion à travers la membrane plasmique s’établit grâce à des récepteurs
protéiques de la fibronectine tels que la talline et la vinculine.
Expérience : quand les cellules sont traitées par les cytochalasines, les fibrilles de fibronectine
extracellulaires se dissocient de la surface cellulaire car les filaments d’actine sont rompus.
Le cytosquelette des cellules ordonne donc les molécules de la MEC qui, à son tour, organise le
cytosquelette des cellules voisines et propage l’information de cellule en cellule et maintient
l’orientation des cellules dans les tissus et les organes au cours du développement.

Figure 7. Faisceau d’actine et point de contact focal avec la membrane plasmique et la MEC

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Chapitre 8
LE NOYAU INTERPHASIQUE
Objectifs principaux

1. Donner les caractéristiques morphologiques des noyaux


2. Décrire l’ultrastructure des composants nucléaires : l’enveloppe nucléaire, la chromatine,
le nucléole et le nucléoplasme
3. Donner la composition moléculaire de chaque compartiment
4. Préciser les rôles spécifiques à chaque compartiment
1. Définition
Le noyau indispensable à la vie des cellules eucaryotes, est un compartiment qui contient la
presque totalité de l’ADN et occupe environ 10% du volume cellulaire total. Il retrouve sa forme
normale en fin de division.
Le noyau contient (Figure 1) :
• un nucléoplasme peu colorable ;
• de l’ADN sous deux formes : hétérochromatine et euchromatine ;
• des nucléoles ;
• une enveloppe nucléaire qui sépare le nucléoplasme du cytoplasme.

Figure 1. Le noyau interphasique

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2. Caractères généraux
2.1. Variation de nombre : les cellulespossèdent habituellement un seul noyau (cellules
mononuclées). Cependant, certaines cellules peuvent posséder plus d’un noyau : les hépatocytes
sont tétraploïdes, les ostéoclastes contiennent 10 noyaux, les syncytiums sont plurinucléés,…
Il existe, cependant, des types de cellules anucléées chez les mammifères : les hématies, les
kératinocytes et les thrombocytes.
2.2. Variation de forme : la forme du noyau diffère en fonction de la morphologie et de l’activité
de la cellule (Figure 2).
 Dans les cellules épithéliales cubiques ou polyédriques, il est sphérique ;
 Dans les cellules musculaires lisses, il est allongé ;
 Dans les cellules pavimenteuses, il est discoïde ;
 Dans les granulocytes et les cellules tumorales, il est lobulé.

Figure 2. Formes du noyau


1. Noyau sphérique d’une cellule cubique 2. Noyau ovoïde d’une cellule prismatique 3. Noyau discoïde d’une cellule
muqueuse 4. Noyau multilobulé d’un polynucléaire 5. Noyau bourgeonnant d’un mégacaryocyte

2.3. Variation de volume : le volume nucléaire, remarquablement fixe pour le même type
cellulaire, varie d’un type à l’autre.
 Le Rapport nucléoplasmatique (RNP) :

RNP = volume nucléaire / volume cellulaire

Le RNP est constant pour une espèce donnée et varie en fonction :

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 Du capital chromosomique : dans les cellules tétraploïdes, le RNP vaut le double de celui
des cellules diploïdes ; en interphase, il augmente car le volume nucléaire augmente en raison de la
réplication de l’ADN ;
 De l’activité fonctionnelle : une augmentation du RNP traduit une activité métabolique
intense. Dans les glandes endocrines, le RNP augmente pendant la phase d’élaboration des
hormones.
2.4. Variation de position : le noyau occupe généralement le centre de la cellule. Cependant, sa
position dépend de l’importance des réserves élaborées ou des différentiations cellulaires : il est
périphérique dans les adipocytes, basal dans les cellules glandulaires exocrines,….

3. Structure du noyau
3.1. L’enveloppe nucléaire
Le noyau est délimité par une enveloppe qui emprisonne la chromatine dans le nucléoplasme
pendant l’interphase et constitue une barrière physique permettant à des molécules sélectionnées
d‘être activement transportées depuis et vers le cytoplasme.
L’enveloppe nucléaire est une double membrane dont les 2 feuillets sont séparés par un intervalle
de 20 à 40 nm appelé espace périnucléaire. Cette enveloppe est directement liée au réticulum
endoplasmique par sa membrane nucléaire externe (Figure 3).
 La membrane externe de 7,5 nm d’épaisseur porte des ribosomes et participe à la
biosynthèse des protéines et à leurs modifications (N-glycosylation, maturation,…). Des
protéines transmembranaires « nesprines » relient l’enveloppe nucléaire avec le
cytosquelette : MF d’actine, MT et FI.
 La membrane nucléaire interne comporte en particulier 3 types de protéines
transmembranaires, agissant comme de véritables récepteurs pour les lamines A, B et C, 3 FI
qui constituent la lamina nucléaire (voir cours cytosquelette) dont l’épaisseur est de 100 à 300
nm. La lamine B a une affinité pour la membrane nucléaire interne, les lamines A et C ont une
certaine affinité pour la chromatine et participent vraisemblablement à l’adhérence de la
chromatine sur l’enveloppe nucléaire.
L’enveloppe nucléaire, en continuité avec celle du REG, constitue comme elle un site de stockage
des ions Ca++ au niveau de l’espace péri nucléaire. Elle comporte sur sa face cytosolique une
Ca++ATP ase qui assure le transport actif des ions Ca++ du cytosol vers la lumière et sur sa face
nucléo plasmique plusieurs canaux de libération du Ca++ : le récepteur de l’inositol triphosphate

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(IP3), le récepteur de la ryanodine. Les ions Ca++ interviennent dans les échanges nucléo-
cytoplasmiques et les fonctions nucléaires en général.

Figure 3. Représentation schématique de l’enveloppe nucléaire et de ses rapports avec le REG

3.2. Les pores nucléaires


L’enveloppe nucléaire de tous les eucaryotes est percée de pores nucléaires. Un pore nucléaire est
une structure complexe de 24 nm de diamètre et qui contient le NPC (NuclearPore Complex)
formé par 8 granules périphériques protéiques disposés en cercle et qui entourent parfois un
granule centra (Figure 4)l.
Les pores nucléaires sont des structures dynamiques susceptibles de disparaitre au cours de la
mise au repos de la cellule ou de réapparaitre lorsque les échanges sont augmentés entre le
nucléoplasme et le cytoplasme.
Les pores contrôlent les transports nucléo cytoplasmiques, aussi bien dans le sens cytoplasme
noyau (importation) que dans le sens noyau cytoplasme (exportation). Les ions et les petites
molécules dont le PM est inférieur à 40 KDa (acides aminés, mono ou disaccharides) franchissent
les canaux latéraux des pores nucléaires par transports passifs n’entrainant pas de dépense
d’énergie. Les transports actifs intéressent les molécules d’un PM supérieur à 40 KDa et se
produisent à travers le granule central (Figure 5).

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Figure 4. Vue en perspective d’un pore nucléaire

Figure 5. Un pore nucléaire : vue de face à partir du cytosol


3.3. La chromatine
Le noyau contient plusieurs segments linéaires d’ADN organisés en une double hélice, les
chromosomes. Le génome nucléaire humain est constitué par 23 paires de chromosomes, 22
paires d’autosomes (identiques au sein d’une même paire) et 2 chromosomes sexuels. La longueur
de l’ensemble des segments d’ADN est de l’ordre de 2 mètres.

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Dans le nucléoplasme, l’ADN est compacté par association avec des protéines spécifiques, les
histones et les non histones pour former la chromatine. Ce phénomène de compaction est
indispensable pour que l’ensemble du génome nucléaire soit contenu dans le volume du noyau
(environ 800 à 1000 µm3), soit l’équivalent de 40 Km de fil très fin contenu dans une balle de
tennis.
Les histones sont de petites protéines basiques, riches en acides aminés chargés positivement (ce
qui facilite leur liaison avec l’ADN) et jouent un rôle important dans la détermination de la
structure des chromosomes et de l’empaquetage de l’ADN.
Les non histones sont des protéines acides et contiennent les enzymes de la réplication et de la
transcription, ADN et ARN polymérases et les protéines impliquées dans la régulation de la
synthèse de l’ADN et de l’ARN. Les histones nucléosomiques contrôlent le 1er niveau de
compaction de l’ADN en intervenant dans la constitution des nucléosomes : ce sont les histones
H2A, H2B, H3 et H4. Le nucléosome est un petit cylindre de 11 nm de diamètre, constitué de 4
paires de ces histones : 142 paires de bases de la double hélice d’ADN s’enroulent autour de ce
cylindre. L’histone H1extranucléosomique permet l’association des nucléosomes entre eux et
contrôle le degré d’enroulement ou de condensation du filament de chromatine formant ainsi un
chapelet. Celui-ci peut passer à un degré supérieur d’enroulement en formant un solénoïde.
Au début de la mitose, la compacité de l’ADN nucléaire augmente encore.
Avec l’aide de nouvelles protéines, la chromatine se condense en chromosomes mitotiques
visibles alors au microscope optique (figures 6 et 7).

Figure 6. Structure du nucléosome

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Figure 7. Les différents degrés de compaction de l’ADN nucléaire


La chromatine n’est pas homogène et se présente sous 2 formes différentes :
1) L’euchromatine : faiblement colorée, présente peu d’enroulement et son ADN se trouve
sous forme active ou partiellement active (c’est-à-dire qu’il peut être transcrit) ;
2) L’hétérochromatine : fortement colorée, présente un état de repliement d’ordre supérieur
et se trouve dispersée parmi l’euchromatine et son ADN est sous forme inactive ; d’ailleurs
l’hétérochromatine se réplique plus tard que l’euchromatine au cours du cycle cellulaire.

3.4. L’ADN nucléaire


Il comprend le patrimoine génétique de la cellule. L’ADN est une macromolécule parfois très
longue, un polymère de nucléotides constitués de 2 chaines hélicoïdales antiparallèles,
indispensable à la vie cellulaire, puisqu’il contient les informations (transmises de génération en
génération) nécessaires à la synthèse des protéines structurales et enzymatiques.

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3.4.1. Les nucléotides


Les mononucléotides, monomères de l’ADN, sont des désoxyribonucléotides : ces esters
phosphoriques d’un désoxyribonucléoside sont formés par la combinaison, en quantité
équimoléculaire, du phosphate, d’un pentose (le 2-désoxy-D-ribose) et d’une base azotée à noyau
cyclique purique (adénine, guanine) ou pyrimidique (cytosine, thymine) désignée par des lettres
A, G, C, T.

3.4.2. Structure de l’ADN

Figure 8. Structure tertiaire de l’ADN

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3.4.3. Les différents types d’ADN


L’hélice d’ADN peut avoir plusieurs configurations suivant la séquence et la concentration ionique
des milieux.
• ADN forme A : hélice droite où les pdb sont inclinées de 19° par rapport au plan
perpendiculaire de l’axe de l ‘hélice, sa présence dans les cellules est relativement rare ;
• ADN forme B : hélice droite où les pdb sont perpendiculaires au plan de l’axe de l’hélice. Sa
présence est très fréquente dans les cellules ;
• ADN forme Z (Z = zigzag), hélice gauche où les pdb sont perpendiculaires au plan de l’axe
de l’hélice. Cette forme est trè rare. La forme Z n’est en fait qu’une séquence alternée de bases C et
G (CGCGCG…).

3.4.4. Propriétés de l’ADN


1. Réplication : mécanisme complexe au cours duquel la quantité de matériel génétique
cellulaire double. Elle se déroule pendant la phase S (phase de synthèse du cycle cellulaire), au
moment de la préparation de la cellule à la mitose. Elle donne naissance à des molécules
d’ADN absolument superposables aux molécules d’ADN existant auparavant. La réplication
obéit à des régles rigoureuses.

 Précision et rapidité :chez l’homme, la vitesse de polymérisation atteint 50


nucléotides/seconde et 500 nucléotides/seconde chez les bactéries ;
 Brin matrice : chacun des brins sert de matrice pour former un nouveau brin ;
 La réplication est semi conservative : chacune des 2 molécules formées par réplication
contient une chaine de molécule d’ADN d’origine (figure 9) ;
 La réplication est bidirectionnelle.
Il existe des ADN polymérases pour ouvrir la molécule d’ADN et assurer la réplication. Les cellules
eucaryotes contiennent 5 ADN polymérases (4 ADN pol nucléaires et 1 ADN pol mitochondriale).

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Figure 9. Réplication semi conservative de l’ADN


2. Transcription (voir cours « synthèse des protéines »)
3.5. Le nucléole
3.5.1. Définition
Le nucléole est un compartiment nucléaire, non limité par une membrane, responsable de la
synthèse de 3 des 4 ARNr, présent dans le noyau au cours de la totalité des phases G1, S, G2 et
disparaissant pendant la mitose.
Sa fonction principale est la biogenèse des ribosomes (transcription et maturation de l’ARNr,
assemblage de chacune des sous-unités qui demeurent séparées dans le nucléole), mais il
intervient aussi dans la biogenèse de nombreux ARN cellulaires transcrits dans le noyau, il joue un
rôle important dans des mécanismes tels que le contrôle du cycle cellulaire, la modulation de p53
(protéine qui contrôle la prolifération des cellules) et le contrôle de la méiose.
Rappelons que les ARNr représentent environ la majorité de l’ensemble des ARN d’une cellule
eucaryote, qui synthétise environ 2000 à 3000 ribosomes par minute.
3.5.2. Les constituants du nucléole
Le nucléole est composé:
 d’ADN nucléolaire : Composé de 5 paires de chromosomes acrocentriques. Il s’agit des
paires 13, 14, 15, 21 et 22 (figure 10) .
 De protéines histones ;
 De protéines structurales des ribosomes ;

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 De protéines enzymatiques intervenant dans le métabolisme des ARNr (ARN polymérases I,


II, et III).

Figure 10. Structure de l’organisateur nucléolaire.

3.5.3. Organisation du nucléole


Chez les eucaryotes, le nucléole est organisé en 3 régions distinctes, visibles au MET(figure 11).

Figure 11. Représentation schématique du nucléole


CF : centre fibrillaire ; CFD : centre fibrillaire dense ; CFG : composant granulaire. La pointe des flèches indique les sites
de transcription de l’ARNr.

1. Centre fibrillaire : c’est une région claire, qui contient les gènes des ARNr et des protéines
impliquées dans la transcription comme l’ARN pol I.Il contient également des espaces
intergéniques non transcrits. Les gènes ribosomaux sont situés à la limite des centres
fibrillaires et du composant fibrillaire dense.

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2. Composant fibrillaire dense : c’est une zone dense située autour du centre fibrillaire qui
contient une protéine, la fibrilarine, impliquée dans le clivage du pré-ARNr et dans
l’assemblage post-transcriptionel des pré-ribosomes.
3. Composant granulaire : il entoure le composant fibrillaire dense : c’est le site d’assemblage
des pré-ribosomes.
3.5.4. Fonctions du nucléole : Synthèse et maturation des ARNr : voir cours « Ribosomes ».
3.4.5. Dynamique du nucléole au cours du cycle cellulaire
Les nucléoles sont indispensables à un déroulement normal de la mitose. Des altérations
importantes des nucléoles provoquent le blocage des cellules à la phase G2, phase qui précède la
mitose (phase M).
La taille du nucléole reflète son activité, elle varie selon les cellules et peut changer dans une
même cellule. Il est, par exemple, très petit dans certaines cellules dormantes (végétales ou
animales) mais peut occuper jusqu’à 25% du volume total du noyau dans les cellules qui
fabriquent des quantités importantes de protéines (cellules digestives).
Lorsque la cellule approche de la mitose, la taille du nucléole commence par décroître puis il
disparait quand les chromosomes se condensent et que toute synthèse d’ADN s’arrête de sorte
qu’il n’y a généralement pas de nucléole en métaphase. Quand la synthèse de l’ARNr redémarre à
la fin de la mitose (pendant la télophase), de très petits nucléoles réapparaissent.

Figure 12. Le nucléole au cours du cycle cellulaire.


Le noyau est représenté isolément : son enveloppe disparait au cours de la métaphase et réapparait en télophase.

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3.4.6. Volume nucléolaire et activité cellulaire


A. Variations morphologiques physiologiques
Le nucléole subit des variations morphologiques dont certaines sont physiologiques et
d’autres anormales ou pathologiques.Les augmentations de volume sont induites par des substances
physiologiques comme les hormones qui contrôlent normalement l’activité cellulaire.

Exemple :les androgènes contrôlent l’activité nucléolaire des cellules glandulaires prostatiques
(la prostateest une glande annexe du tractus génital mâle). Les cellules prostatques privées de
testostérone, élaborent des quantités très faibles de protéines insuffisantes pour maintenir leur
volume habituel, car le nucléole régresse et ne synthétise plus un nombre suffisant de ribosomes.
L’injection de testostérone provoque une stimulation nucléolaire, augmente la synthèse d’ARNr
45 S et augmente donc le nombre de ribosomes.

B. Variations morphologiques pathologiques


Dans des conditions pathologiques, le nucléole subit des altérations qui entraînent soit une
inhibition, soit une stimulation anormale de son activité
1. Inactivation nucléolaire : elle est provoquée soit par :
 Une augmentation du nombre des nucléoles ;
 Une diminution du volume des nucléoles (hypotrophie nucléolaire) ;
 Une expulsion nucléolaire qui exprime la souffrance cellulaire (phénomène rare) ;
 Une fragmentation survenant au cours de la phase G2.
2. Hypertrophie nucléolaire pathologique : elle indique habituellement une stimulation du
nucléole, d’origine physiologique, toxique ou pathologique.
3. Ségrégation nucléolaire : elle se définit par une séparation des divers constituants du
nucléole (éléments fibrillaires, granulaires et matrice).
Les variations nucléolaires pathologiques peuvent être causées par :
 Des agents physiques : chaleur, radiations (X, UV,..) ;
 Des agents chimiques : antibiotiques, antimitotiques, substances carcinogènes, …,
 Des infections bactériennes (toxines bactériennes) et virales.
Dans les cellules néoplasiques, le nucléole représente un organite de choix pour les
cytopathologistes car il permet d’identifier une cellulecancéreuse.Il faut cependant insister sur
le fait que ces altérations nucléolaires ne sont pas spécifiques du cancer, qu’elles ne sont pas
suffisantes à elles seules pour confirmer le diagnostic et qu’elles doivent être associées à
d’autres modifications nucléaires ou cytoplasmiques.
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3.6. Le nucléoplasme
C’est une solution colloïdale gélatineuse contenant des sels, des nutriments, des enzymes et des
nucléotides, dans laquelle les nucléoles et la chromatine sont en suspension. Il assure une
continuité entre les différents constituants moléculaires du noyau et du cytoplasme. Il est en effet
le support des substances qui transitent entre les fibres chromatiniennes, les nucléoles et le
hyaloplasme tels que les ARNm et les ARNt, les pré-ribosomes et de nombreuses protéines qui
sont synthétisées dans le cytoplasme puis transférées dans le noyau.

4. Pathologies liées au noyau


En dehors du cancer, le noyau est impliqué dans de nombreuses pathologies humaines :
 Dans les maladies auto-immunes,le sérum des patients contient des anticorps dirigés
contre des molécules présentes dans le nucléoplasme ;
 Le nucléoplasme est la destination finale de nombreux génomes viraux,
 Une douzaine de maladies génétiques, quelques maladies acquises concernant des
protéines de l’enveloppe ou de la matrice nucléaire (lamina nucléaire).

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Chapitre 9
LE CYCLE CELLULAIRE
Objectifs principaux
1. Définir la notion de cycle cellulaire
2. Citer les phases du cycle cellulaire et indiquer leurs caractéristiques
3. Indiquer les trois points de contrôle du cycle cellulaire.
4. Nommer les familles de protéines impliquées dans ce contrôle
Définition
Il corespond à l’ensemble des événements cellulaires se déroulant depuis l’apparition d’une cellule
jusqu’à sa propre division en 2 cellules filles. La réalisation d’un cycle nécessite l’expression
descyclines qui sont des protéines de régulation. L’entrée en cycle cellulaire dépend de la
réception de signaux véhiculés par les facteurs de croissance et les intégrines de la matrice
extracellulaire.
Hormis les cellules souches, les cellules normales ne dépassent pas une centaine de divisions en
moyenne. Elles entrent enuite en apoptose(Figure 1).
Remarque : les cellules tumorales ont des capacités de divisions illimitées. Les facteurs de
régulation du cycle sont défectueux et l’apoptose diminue.
Un cycle comporte une interphase et une phase de division appelée mitose.

Figure 1. Cycle cellulaire

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1. L’interphase
C’est la période comprise entre la fin d’une division et le début de la division suivante : elle
correspond, en général, à la plus grande partie du cycle. L’interphase se décompose en 3 phases :
• Une phase G1 (G : gap ou intervalle) ;
• Une phase S (S : synthèse) ;
• Une phase G2.
La durée de cette phase varie en fonction de la nature et des conditions physiologiques de la
cellule : les cellules à croissance rapide se divisent toutes les 12 ou 36 heures, les cellules
intestinales se divisent 2 fois par an, les cellules hépatiques une à deux fois/an. Ce sont là des cas
extrêmes.
1.1. Phase G1
C’est l’intervalle qui sépare la fin de la mitose et le début de la phase de réplication de l’ADN
(phase S), au cours duquel un ensemble de mécanismes contrôle la cellule et l’oriente soit vers un
nouveau cycle soit vers l’arrêt du cycle en entrant en phase G0.
Les fibres nucléosomiques sont dispersées dans le noyau et forment la chromatine. Les synthèses
protéiques et lipidiques sont intenses, aussi bien pour assurer le renouvellement moléculaire de la
cellule que pour répondre à son activité spécifique. C’est le cas notamment des cellules
sécrétrices, chez lesquelles les organites cellulaires responsables de ces synthèses sont en
conséquence bien développés, notamment le réticulum endoplasmique et l’appareil de Golgi.
1.2. Phase S
C’est une phase courte, située entre la phase G1 et la phase G2, d’une durée de 8 heures, au cours
de laquelle se déroule la réplication de l’ADN. La quantité d’ADN nucléaire double au cours de
cette phase : la cellule devient une cellule tétraploïde.
La réplication commence simultanément sur plusieurs filaments de chromatine et se poursuit
jusqu’à ce que tout l’ADN ait été recopié c’est-à-dire en 8 heures.
A chaque site où débute la réplication se forme un « œil de réplication », comportant à chaque
extrémité une région appelée « fourche de réplication » (figure 2). Ele s’effectue dans le sens
5’→3’ . En effet, les correc ons des erreurs de réplica on par l’ADN polymérase ne peuvent être
réalisées que dans ce sens.
Étapes :

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1. Déroulement des hélices d’ADN à l’aide d’une enzyme, l’hélicase, et maintien de la


structure déroulée par des protéinesde liaison aux brins d’ADN. Chaque brin de nucléotides devient
une matrice.Les fourches de réplication sont initiées par des protéines se fixant sur des séquences
particulières. L’hélicase se lie ensuite aux complexes protonucléiques formés.
2. Amorce : fixation d’une petite molécule d’ARN de 10 nucéotides sur l’ADN, servant de
signal pour l’ADN polymérase.
3. Positionnement par complémentarité des bases des désoxyribonucléotides libres face aux
brins matrice, et synthèse de brins néoformés grâce à l’ADN polymérase. Cette enzyme ne peut
fonctionner que dans une seule direction, aussi la synthèse de l’un des brins, le brin avancé, se
poursuit de façon continue à partir de la fourche de réplication, alors que celle du brin
retardés’effectue par segments d’une centaine de nucléotides, les fragments d’Okazaki, dans la
direction opposée. Une amorce d’ARN est nécessaire pour chaque fragment.
4. Ces segments seront liés plus tard par l’ADN ligase.
La vitesse d’assemblage des nucléotides à chaque fourche de réplication est de l’ordre de 100 à la
seconde.
Chaque nouvelle molécule bicaténaire est constituée d’un brin matrice et d’un brin néoformé,
d’où l’appellation de réplication semi-conservative. Dès que la réplication est terminée, des histones
s’associent à l’ADN, complétant ainsi la formation de chromatides reliées par un centromère.

Figure 2. Fourche de réplication de l’ADN

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Figure 3. Evolution de la quantité d’ADN au cours du cycle cellulaire


1.3. Phase G2
Cette phase prépare la mitose et dure environ 4 heures. Le noyau est encore délimité par son
enveloppe. Il contient 1 ou plusieurs nucléoles. Le centrosome s’est dédoublé durant l’interphase,
et les MTs rayonnent à partir des 2 centrosomes formés, constituant des asters. Les événements
de la division reposent sur le fuseau de division formé par un ensemle de MTs associés à des
protéines. Les MTs, dont l’assemblage commence dans le MTOC, s’allongent et incorporent des
tubulines afin de former des faisceaux durant la 1ère phase de la mitose ou prophase.
Les synthèses protéiques se poursuivent, notamment celles des facteurs de condensation des
fibres chromatiniennes.
2. La mitose : phase M
La prolifération cellulaire se traduit par un accroissement du nombre des cellules pourun volume
donné et dépend de la rapidité du cycle cellulaire : lorsque l’interphases’allonge, on aura une
prolifération lente. Si la cellule cesse de se diviser, on aura uneprolifération nulle (Figure 4).
a) Prophase
 Les lamines nucléaires se phosphorylent et se dissocient, entraînant la fragmentation de
l’enveloppe nucléaire en petites vésicules éparses ;
 Les nucléoles se désagrègent puis disparaissent ;
 la chromatine qui est diffuse au cours de l’interphase, se condense lentement en
chromosome bien définis ;
 Chaque chromosome s’est dupliqué et est constitué de deux chromatides sœurs reliées par
un centromère ;

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 La paire initiale de centriole se réplique pour en donner deux ;


 Chaque paire devient alors une partie d’un complexe centriolaire qui forme le foyer d’un
arrangement radial de microtubules :l’aster ;
 Les deux asters qui étaient côte à côte, s’éloignent en prophase d’une façon préférentielle
suite à l’interaction des MTs polaires ;
 De cette façon, le fuseau mitotique bipolaire extérieur est formé.
b) Prométaphase
 Le fuseau mitotique se forme ;
 Formation de structures spécialisées : les kinétochores de part et d’autre du centromère et
deviennent liés à un ensemble de MTs ;
 Les fibres ou microtubules kinetochoriens irradient dans des directions opposées de
chaque côté de chacun des chromosomes, et interagissent avec les fibres du fuseau bipolaire, d’où
un mouvement très désordonné des chromosomes ;
 Les chromosomes se rapprochent alors du plan équatorial.
c) Métaphase
 les chromosomes se disposent de telle sorte que leurs centromères soient tous alignés sur
le plan équatorial ;
 Chaque chromosome est maintenu au niveau de la plaque équatoriale parles kinetochores
appariés et leurs fibres associées dirigées vers les pôles opposés du fuseau.
d) Anaphase
 La métaphase dure longtemps contrairement à l’anaphase qui ne dure quequelques minutes ;
 L’anaphase commence au moment où les kinetochores appariés sur chaque chromosome
se séparent, permettant à chaque chromatide d’être lentement tirée vers un pôle du
fuseau ;
 Les chromatides se déplacent à 1 μm/minute ;
 Les MTs kinetochoriens se raccourcissent en se dépolymérisant alors que les MTs polaires
permettent l’allongement de la cellule.
e) Télophase
 Lorsque les chromatides filles arrivent aux pôles, les microtubules kinetochoriens disparaissent ;
 Les fibres polaires s’allongent encore davantage. Une nouvelle enveloppe se reforme autour de
chaque groupe de chromatides filles ;
 La chromatine condensée se décondense par déphosphorylation de certaines histones ;

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 le nucléole commence à réapparaître.


f) Cytodièrèse : Le cytoplasme se divise :
 La membrane s’invagine autour du centre de la cellule perpendiculairement à l’axe du
fuseau et entre les deux noyaux fils pour former le sillon de division qui se creuse
progressivement jusqu’à ce qu’il rencontre le reste du fuseau mitotique entre les deux
noyaux.
 Un anneau contractile constitué par des MF et des myofilaments de myosine II se met en
place immédiatement sous la membrane plasmique ;
 L’anneau se contracte par glissement des MF et des filaments de myosine ;
 La membrane plasmique se ferme comme un diaphragme ;
 La répartition des organites se fait selon un processus encore mal connu.
Remarque : pendant la télophase, il y a reconstitution des pores nucléaires et les
protéinesdéphosphorylées de la lamina se réassocient pour la former de nouveau.

Figure 4. Evolution des chromosomes lors de la mitose d’une cellule animale

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