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Université PARIS-VI Pierre et Marie Curie

Faculté de Médecine Pitié-Salpêtrière

Cours d’Histologie
Moléculaire

PCEM1

1998 - 1999

Dr. Jean-Michel ANDRÉ (jmandre@ext.jussieu.fr)


Pr. Martin CATALA (martin.catala@psl.ap-hop-paris.fr — catala@ext.jussieu.fr)
Dr. Estelle ESCUDIER
Dr. Michèle KUJAS (michele.kujas@psl.ap-hop-paris.fr)
Mr. Jean-Jacques MORÈRE
Pr. Jacques POIRIER (jacques.poirier@psl.ap-hop-paris.fr)

Service d’Histologie - Embryologie

Mise à jour : 13 octobre 1999


Relecture : J. Poirier, J.M. André
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Table des Matières

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3 Table des Matières

15 Avant-Propos

17 Chapitre 1 : Les Méthodes de l’Histologie

17 1.1 La technique (préparation des échantillons) rend visible ce que l’on veut
observer.
18 1.1.1 Pour la MO : fixation au formol, inclusion en paraffine, colorations standard
(hématéine-éosine ou trichrome).
19 1.1.2 Pour la ME : fixation à la glutaraldéhyde, post-fixation à l’acide osmique,
inclusion en épon, coloration par l’acétate d’uranyle et le citrate de plomb.
20 1.2 La production des images est liée à la mise en oeuvre de moyens optiques, le
plus souvent du type des microscopes.
20 1.3 L’interprétation des images vise à donner du sens aux images et doit tenir
compte des incidences de coupe et des artéfacts.
20 1.3.1 Donner du sens aux images.
20 1.3.2 Reconnaître les incidences de coupe.
21 1.3.3 Se méfier des artéfacts.
21 1.3.3.1 Les artéfacts sont des images artificielles créées par la technique.
21 1.3.3.2 Les déformations des images
21 1.3.3.3 Enfin, il faut tenir compte du risque fréquent de mauvaise préservation des
tissus.

23 Chapitre 2 : L’Immunocytochimie et l’Hybridation In Situ

23 2.1 L’immunocytochimie permet la détection et la localisation précise des


molécules protéiques.
23 2.1.1 Les techniques d’immunofluorescence sont les plus anciennes.
24 2.1.2 Les techniques immuno-enzymatiques sont largement utilisées.
25 2.1.3 La lectinocytochimie (LCC).
25 2.2 L’hybridation in situ permet la détection et la localisation précise de séquences
d’ADN ou d’ARN.
26 2.3 Des doubles et triples marquages sont possibles.

27 Chapitre 3 : Les Niveaux d’Organisation. Les 4 Grandes Familles


Tissulaires

27 3.1 Chez le vivant, on peut reconnaître plusieurs niveaux d’organisation


structurale, allant de l’organisme entier aux molécules qui le constituent.

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28 3.2 Les tissus se répartissent en 4 grandes familles auxquelles s’ajoutent les


populations cellulaires libres et les cellules de la lignée germinale.
28 3.3 Les épithéliums de revêtement sont faits de cellules étroitement juxtaposées et
jointives revêtant l’extérieur du corps et les cavités de l’organisme.
28 3.3.1 Les épithéliums de revêtement sont polarisés.
28 3.3.2 La classification des épithéliums de revêtement fait appel à trois critères : la
forme des cellules, le nombre des couches cellulaires et le type de
différenciation des cellules qui le composent.
29 3.4 Les épithéliums glandulaires sont faits de cellules épithéliales spécialisées
dans un rôle de sécrétion.
29 3.5 Les tissus conjonctifs sont très variés, mais se caractérisent tous par la présence
entre leurs cellules d’une abondante matrice extra-cellulaire.
30 3.5.1 Le tissu conjonctif lâche.
30 3.5.2 Le tissu réticulaire.
30 3.5.3 Les tissus conjonctifs denses.
31 3.5.4 Le tissu adipeux.
31 3.5.5 Le tissu cartilagineux.
31 3.5.6 Le tissu osseux.
31 3.6 Les tissus musculaires sont spécialisés dans la contraction
31 3.7 Le tissu nerveux est spécialisé dans le traitement des informations
32 3.8 Les populations cellulaires libres se distribuent dans tout l’organisme et jouent
un rôle crucial dans les processus de défense.
32 3.9 Les cellules de la lignée germinale siègent dans les gonades et assurent la
conservation de l’espèce.

33 Chapitre 4 : Les Communications et Interactions Cellulaires

33 4.1 Les molécules d’adhérence cellulaire sont des glycoprotéines


transmembranaires.
34 4.1.1 Les intégrines sont les responsables essentiels des interactions cellule-MEC.
34 4.1.2 Les cadhérines, calcium-dépendantes, sont responsables d’interactions
cellule-cellule.
34 4.1.3 Les sélectines jouent leur rôle à l’intérieur du compartiment vasculaire.
35 4.1.4 Les immunoglobulines interviennent dans les interactions cellule-cellule.
35 4.2 Les systèmes de jonction, identifiables en microscopie électronique, sont de 3
types : occludens, d’ancrage et gap.
35 4.2.1 Les jonctions cellule-cellule sont de quatre types différents : zonula
occludens, zonula adhaerens, desmosomes et gap-jonctions.
35 4.2.1.1 Les zonula occludens (ZO)
35 4.2.1.2 Les zonula adhaerens (ZA) sont des jonctions d’ancrage qui constituent des
ceintures d’adhérence.
36 4.2.1.3 Les desmosomes sont également des jonctions d’ancrage, mais auxquelles
s’attachent les filaments intermédiaires du cytosquelette intra-
cytoplasmique
36 4.2.1.4 Les gap-junctions (ou nexus ou jonctions communicantes) permettent une
communication directe entre les cytoplasmes des cellules adjacentes.

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37 4.2.2 Les jonctions cellule-MEC comprennent les contacts focaux et les


hémidesmosomes.
37 4.2.2.1 Les contacts focaux (ou adhérences focales ou plaques d’adhérence) sont
des jonctions adhérentes ponctuelles entre la membrane plasmique de la
cellule et la MEC sous-jacente.
37 4.2.2.2 Les hémidesmosomes réalisent le chaînon intermédiaire entre les
molécules de la MEC et les filaments intermédiaires du cytosquelette.
38 4.3 De nombreux types cellulaires sécrètent des molécules de signalisation qui
agissent à plus ou moins longue distance.
38 4.3.1 Ces molécules de signalisation sont de nature biochimique très variée.
39 4.3.2 Les modalités de diffusion des différentes molécules de signalisation sont
également très diverses.

41 Chapitre 5 : La Matrice Extra-Cellulaire et les Cellules qui


l’Élaborent

41 5.1 Les principaux polysaccharides de la MEC sont des glycosaminoglycanes et


protéoglycanes.
42 5.2 La superfamille des collagènes comprend plus de 29 types différents.
43 5.3 L’élastine est la molécule principale des fibres élastiques.
43 5.4 La fibronectine est une glycoprotéine extra-cellulaire ubiquitaire. Elle est un
des maillons-clés de l’adhésion des cellules à la MEC.
44 5.5 Diverses cellules élaborent la MEC.
44 5.6 Les membranes basales, entourant certains types cellulaires, correspondent à
une zone particulière de la MEC.
45 5.6.1 La membrane basale
45 5.6.2 Principales molécules constituant la MB.
46 5.7 La matrice péri-cellulaire se situe entre la membrane plasmique des cellules et
la MEC.

47 Chapitre 6 : La Cellule Épithéliale

47 6.1 Les cellules épithéliales sont hautement polarisées.


47 6.2 La membrane plasmique comprend 2 domaines distincts : apical et basolatéral.
48 6.3 Les 2 domaines sont séparés par un anneau de jonctions serrées.
49 6.4 Le pôle apical des cellules épithéliales présente des différenciations.
49 6.4.1 Les microvillosités apicales sont banales.
49 6.4.2 Le plateau strié et la bordure en brosse sont caractéristiques des entérocytes
et des cellules du tube contourné proximal du rein.
49 6.4.3 Les stéréocils correspondent à des microvillosités longues et flexueuses.
50 6.4.4 Les cils vibratiles permettent à certains épithéliums de mettre en mouvement
les éléments du contenu de la cavité qu’ils bordent.
50 6.4.5 Les sécrétions polarisées des cellules des épithéliums de revêtement sont soit
exocrines soit plus rarement endocrines.

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50 6.4.6 La membrane plasmique du pôle apical des cellules de l’urothélium est


asymétrique.
51 6.5 La région latéro-basale des cellules épithéliales est le siège de systèmes de
jonction.
51 6.6 Les filaments intermédiaires du cytosquelette des cellules épithéliales
appartiennent à la famille des kératines.

53 Chapitre 7 : Les Cellules Sécrétrices. Les Glandes Endocrines. La


Signalisation Endocrine.

53 7.1 Cellules sécrétrices


53 7.2 Les molécules exportées ont deux grands types de destination.
53 7.2.1 Soit les molécules sécrétées sont destinées à sortir de l’organisme à plus ou
moins court terme :
54 7.2.2 Soit les molécules sécrétées restent à l’intérieur de l’organisme pour y agir en
tant que signal sur une cellule-cible située plus ou moins loin ;
55 7.3 Le plus souvent, les cellules glandulaires se groupent en épithéliums
glandulaires.
55 7.4 La sécrétion constitutive est continue, la sécrétion régulée est déclenchée par
un signal.
56 7.5 Les glandes exocrines déversent leur produit de sécrétion dans le milieu
extérieur (extrusion).
56 7.5.1 Sauf exceptions, les glandes exocrines comportent une portion sécrétrice et
un canal excréteur.
57 7.5.2 Les cellules exocrines sécrétent des protéines enzymatiques, des mucines ou
des protéines associées à des lipides.
57 7.5.2.1 Les cellules exocrines sécrétant des protéines pures correspondent aux
cellules dites «séreuses».
57 7.5.2.2 Les cellules exocrines sécrétant des mucus (ou mucines) correspondent aux
cellules dites «muqueuses».
58 7.5.2.3 Autres cas
58 7.5.3 Selon la façon dont le produit de sécrétion est déversé à l’extérieur de la
cellule glandulaire on distingue classiquement plusieurs types de glandes
exocrines.
58 7.6 Les glandes endocrines déversent dans le courant sanguin leur produit de
sécrétion (appelé hormone) qui agit à distance sur les récepteurs des organes-
cibles.
59 7.6.1 La structure générale des glandes endocrines est centrée par la présence de
cellules glandulaires et de capillaires sanguins.
59 7.6.2 Les hormones hydrophobes/lipophiles ont des récepteurs intranucléaires.
60 7.6.3 Les hormones hydrosolubles se lient à des récepteurs localisé dans la
membrane plasmique des cellules.
61 7.6.4 La sécrétion des hormones fait l’objet d’un contrôle rigoureux.
61 7.7 Les cellules neuroendocrines (cellules NE), à sécrétion autocrine/paracrine, ont
avec les neurones des rapports étroits de similitude et de proximité.

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61 7.7.1 Dispersées dans les épithéliums, les cellules NE forment une sorte de sytème
endocrinien diffus ou plutôt disséminé, à l’inverse des glandes endocrines
proprement dites qui forment des organes anatomiquement individualisés.
62 7.7.2 Les vésicules de sécrétion des cellules NE sont caractérisées en microscopie
optique, en microscopie électronique et surtout en immunocytochimie.
62 7.7.3 Les cellules NE sont auto/paracrines et éventuellement endocrines.

65 Chapitre 8 : Les Cellules du Sang et l’Hématopoïèse

65 8.1 La numération-formule sanguine est un examen de routine.


65 8.1.1 La numération globulaire.
65 8.1.2 La formule sanguine (ou formule leucocytaire).
66 8.1.3 La numération des sous-populations lymphocytaires.
66 8.2 Les globules rouges effectuent le transport de l’oxygène fixé par
l’hémoglobine.
67 8.3 Les plaquettes maintiennent l’intégrité du système circulatoire et assurent
l’hémostase quand les vaisseaux sanguins sont endommagés.
67 8.4 L’hématopoïèse s’effectue dans la moelle osseuse.
67 8.4.1 Il existe, dans la moelle osseuse, une cellule-souche pluripotente commune à
toutes les lignées hématopoïétiques.
68 8.4.2 L’hématopoïèse se déroule dans 3 compartiments cellulaires successifs.
68 8.4.3 La cellule-souche pluripotente donne naissance à 9 lignées cellulaires
différenciées.
68 8.5 De nombreuses molécules interviennent dans la régulation de l’hématopoïèse.

71 Chapitre 9 : Les Cellules Impliquées dans l’Immunité et dans


l’Inflammation

71 9.1 Les barrières tissulaires empêchent la pénétration des agents infectieux dans
l’organisme.
72 9.2 Les monocytes-macrophages et les granulocytes sont les phagocytes
professionnels.
72 9.2.1 L’ensemble des macrophages et des cellules dont ils sont issus constitue le
système macrophagique ou système des phagocytes mononucléés.
72 9.2.2 Les granulocytes interviennent dans les réactions de défense non spécifiques
de l’organisme.
73 9.2.2.1 Les granulocytes neutrophiles sont les plus nombreux.
73 9.2.2.2 Les granulocytes éosinophiles interviennent dans les réactions
d’hypersensibilité retardée.
74 9.2.2.3 Les granulocytes basophiles et les mastocytes interviennent dans les
réactions d’hypersensibilité immédiate (réactions allergiques).
74 9.3 Issus de la moelle osseuse, les lymphocytes passent dans le sang et se
répartissent dans l’ensemble de l’organisme.
75 9.4 Les lymphocytes T sont impliqués dans l’immunité cellulaire.

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75 9.4.1 Il existe 2 classes de lymphocytes T, cytotoxiques et auxiliaires, qui ont des


fonctions différentes.
75 9.4.2 Le récepteur des lymphocytes T (TCR) ressemblent aux anticorps.
76 9.4.3 Les protéines CD4 et CD8 agissent comme des corécepteurs liant le CMH.
77 9.4.4 Antigènes exogènes et activation des lymphocytes auxiliaires T4.
77 9.4.5 Antigènes endogènes et activation des lymphocytes cytotoxiques T8.
77 9.5 Les lymphocytes B et les plasmocytes sont responsables de l’immunité
humorale.
78 9.6 Le tissu lymphoïde renferme des macrophages, des cellules dendritiques et des
lymphocytes.

81 Chapitre 10 : Les Adipocytes et le Tissu Adipeux

81 10.1 La graisse blanche est la plus importante réserve énergétique de l’organisme.


81 10.1.1 Les adipocytes blancs renferment une volumineuse vacuole de triglycérides.
81 10.1.2 Le tissu adipeux blanc représente 15 à 20% du poids de l’adulte
82 10.1.3 L’activité métabolique de l’adipocyte blanc comporte 3 étapes : la synthèse,
le stockage et la libération des lipides.
82 10.1.3.1 La synthèse des lipides (ou lipogénèse) est stimulée par l’insuline.
82 10.1.3.2 Le stockage des lipides se fait sous forme de triglycérides.
82 10.1.3.3 L’hydrolyse des triglycérides (ou lipolyse), stimulée par les
catécholamines, libère dans le sang des acides gras non estérifiés.
83 10.1.4 L’adipocyte blanc est également une cellule sécrétrice endocrine et auto-
paracrine
84 10.2 La graisse brune est une source de chaleur.
84 10.2.1 Surtout abondante chez les mammifères hibernants, la graisse brune est
néanmoins présente dans l’espèce humaine.
84 10.2.2 Les mitochondries des adipocytes bruns contiennent une protéine
découplante, la thermogénine, qui permet de dissiper l’énergie des
oxydations sous forme de chaleur.
85 10.3 Les adipocytes proviennent d’une cellule souche d’origine mésodermique.

87 Chapitre 11 : Le tissu Cartilagineux et le Tissu Osseux

87 11.1 Le cartilage comprend des chondrocytes et une matrice extra-cellulaire très


complexe.
87 11.1.1 On distingue 3 variétés de tissu cartilagineux.
88 11.1.2 Dans le cartilage, les échanges métaboliques se font par diffusion à travers sa
matrice extra-cellulaire.
88 11.1.3 Le chondrocyte est le seul type cellulaire du tissu cartilagineux.
88 11.1.4 Quatre molécules différentes constituent les collagènes spécifiques du
cartilage : II, IX, X et XI.
89 11.1.5 De très nombreuses protéines non collagéniques font de la MEC du cartilage
un milieu extrêmement complexe.
89 11.1.6 Le tissu cartilagineux peut s’accroître selon 2 modes.

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89 11.2 Le tissu osseux est caractérisé par une matrice extra-cellulaire calcifiée.
89 11.2.1 Le tissu osseux contient 4 types de cellules.
90 11.2.2 Dans la matrice extra-cellulaire de l’os, on distingue deux composantes : la
matrice organique et la matrice minérale.
91 11.2.3 Qu’il soit compact ou spongieux, le tissu osseux de l’adulte est de type
lamellaire.

93 Chapitre 12 : Remodelage Osseux et Ossification

93 12.1 Le squelette est en permanence remodelé.


93 12.2 La formation de tissu osseux est liée à la prolifération des ostéoblastes.
94 12.3 La résorption de tissu osseux est le fait des ostéoclastes.
94 12.3.1 L’ostéoclaste est une cellule géante multinucléée dont la filiation exacte n’est
pas encore connue.
95 12.3.2 Les ostéoblastes régulent l’accès des ostéoclastes à la matrice extra-
cellulaire.
95 12.3.3 L’ostéoclaste est la seule cellule assurant la résorption osseuse in vivo.
95 12.3.4 La régulation de la résorption osseuse se fait essentiellement lors de la phase
de différenciation ostéoclastique.
96 12.3.5 Les ostéoblastes produisent de nombreux facteurs capables d’agir sur la
lignée ostéoclastique.
96 12.4 Le TGF-β permet le couplage formation-résorption du tissu osseux.
96 12.5 Le cartilage de conjugaison assure la croissance osseuse par ossification
endochondrale.
97 12.6 L’os peut se réparer spontanément après une fracture.

99 Chapitre 13 : Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

99 13.1 Le sarcomère représente l’unité élémentaire d’organisation des protéines


contractiles.
99 13.1.1 Les myofibrilles sont des cylindres parallèles allongés dans le sens de la
cellule.
100 13.1.2 Les filaments épais sont essentiellement formés de l’assemblage régulier de
molécules de myosine.
100 13.1.3 Les filaments fins sont essentiellement composés de polymères d’actine.
101 13.1.4 Les disques Z sont formés par l’organisation quadratique de filaments d’α-
actinine.
101 13.2 Le sarcoplasme exo-sarcomérique contient des mitochondries, du
cytosquelette, le réticulum sarcoplasmique longitudinal et du glycogène.
102 13.3 Le sarcolemme et la région sous-sarcolemmique présentent des
différenciations fondamentales.
102 13.3.1 Le système T est un système transversal de canalicules.
102 13.3.2 La jonction neuro-musculaire est la synapse entre la terminaison du
motoneurone α et la cellule musculaire striée squelettique.

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103 13.3.3 Le complexe dystrophine-protéines associées à la dystrophine établit un lien


entre les filaments d’actine du myocyte et la laminine de la membrane
basale.
104 13.3.4 Les costamères servent à attacher les filaments d’actine intracellulaires aux
protéines de la MEC (en particulier la fibronectine).
104 13.3.5 Les rhabdomyocytes s’insèrent sur les os par l’intermédiaire de tendons.
104 13.3.6 La membrane plasmique des rhabdomyocytes comporte de nombreux
récepteurs et des transporteurs de glucose.
105 13.4 Les phénomènes moléculaires de la contraction musculaire et du couplage
excitation-contraction sont maintenant bien connus
105 13.4.1 La contraction de la myofibrille répond à la modification des liaisons (ponts
d’union) unissant les filaments d’actine et de myosine.
106 13.4.2 Le couplage excitation-contraction
106 13.5 A l’intérieur d’un muscle strié squelettique, tous les myocytes ne sont pas
identiques.
106 13.5.1 On distingue des myocytes de type I et de type II.
107 13.5.2 Un muscle squelettique est constitué par des cellules musculaires striées
groupées en faisceaux et assemblées par du tissu conjonctivo-vasculaire.
107 13.6 Les fuseaux neuro-musculaires sont des récepteurs sensoriels encapsulés,
répondant au degré de tension et à la vitesse d’étirement du muscle.
108 13.7 Les cellules satellites.

109 Chapitre 14 : Le Tissu Myocardique

109 14.1 Le tissu myocardique se caractérise par son aptitude à se contracter


rythmiquement et harmonieusement, de façon spontanée.
110 14.2 Les sarcomères des cardiomyocytes sont quasi-identiques à ceux des
rhabdomyocytes.
110 14.3 Le cytoplasme exosarcomérique présente de nombreuses analogies, mais aussi
quelques différences.
110 14.4 Le sarcolemme présente des analogies, mais également des différences
majeures.
110 14.4.1 Dans la cellule myocardique comme dans le myocyte strié squelettique :
111 14.4.2 La cellule myocardique se distingue du myocyte strié squelettique par 3
points essentiels :
112 14.5 Il existe trois variétés principales de cardiomyocytes.
112 14.5.1 Les cardiomyocytes contractiles.
112 14.5.2 Les cellules myoendocrines.
112 14.5.3 Les cellules cardionectrices.

115 Chapitre 15 : Les Cellules Musculaires Lisses

115 15.1 Les protéines contractiles ne sont pas organisées aussi rigoureusement que
dans le muscle strié.

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116 15.2 La présence de gap-jonctions permet la diffusion de l’excitation entre les


CML.
116 15.3 Entre les gap-jonctions, le sarcolemme des CML est divisé en 2 domaines
distincts.
117 15.4 Les CML sécrètent les molécules de leur membrane basale et de la MEC
environnante.
117 15.5 Les CML sont isolées ou groupés en tuniques ou en muscles individualisés.
118 15.6 Parler de la CML est trop réducteur, il faut parler des CML.
118 15.7 Les CML sont innervées par le système nerveux végétatif, et sont l’objet de
régulations auto/paracrines.

121 Chapitre 16 : Les Neurones

121 16.1 La fonction des neurones est indissociable de leur forme.


121 16.1.1 Le neurone comprend un corps cellulaire, des dendrites et un axone.
122 16.1.2 Il existe plusieurs classifications morphologiques des neurones.
122 16.2 La structure des neurones est caractéristique.
122 16.2.1 Le noyau, volumineux et sphérique, contient un gros nucléole.
122 16.2.2 Le cytoplasme est riche en organites.
123 16.3 La membrane plasmique neuronale est le siège de la réception des signaux, de
la naissance et de la conduction de l’influx nerveux ainsi que de sa
transmission synaptique.
124 16.4 Le flux axonal permet les transports bidirectionnels entre le corps cellulaire et
les extrémités axonales.
124 16.4.1 Le transport axonal rapide antérograde.
124 16.4.2 Le transport axonal rapide rétrograde.
124 16.4.3 Le transport axonal lent, uniquement antérograde.

127 Chapitre 17 : Les Synapses

127 17.1 On distingue les synapses électriques et les synapses chimiques.


128 17.2 L’élément pré-synaptique renferme les vésicules synaptiques contenant les
neurotransmetteurs.
128 17.2.1 Les neurotransmetteurs au sens propre, ou neurotransmetteurs classiques,
sont nombreux.
128 17.2.2 Les neuropeptides sont plus des neuromodulateurs que des
neurotransmetteurs au sens propre.
129 17.2.3 Le monoxyde d’azote (NO) peut être considéré comme un neurotransmetteur
très particulier.
129 17.2.4 La co-existence de différents neurotransmetteurs et/ou neuromodulateurs
dans une même synapse est fréquente.
129 17.2.5 On distingue les petites vésicules synaptiques et les grandes vésicules
synaptiques.
129 17.2.5.1 Les petites vésicules synaptiques renferment des neurotransmetteurs
classiques.

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130 17.2.5.2 Les grandes vésicules synaptiques à centre dense renferment des
neuropeptides, éventuellement associés à des neurotransmetteurs
classiques.
131 17.3 L’élément post-synaptique présente de nombreuses structures spécialisées.
132 17.4 Il existe plusieurs variétés de synapses.
132 17.5 Fonctions trophiques du neurone et plasticité synaptique.

133 Chapitre 18 : Les Cellules Gliales du Système Nerveux Central

133 18.1 Les astrocytes jouent un rôle considérable.


133 18.1.1 La membrane plasmique astrocytaire.
134 18.1.2 Astrocytes et hormones.
134 18.1.3 Par leurs prolongements cytoplasmiques, les astrocytes forment un véritable
réseau.
134 18.1.3.1 Relations entre astrocytes.
134 18.1.3.2 Relations avec les neurones.
135 18.1.3.3 Relations avec les capillaires sanguins.
135 18.1.3.4 Relations avec les espaces leptoméningés.
136 18.2 Les oligodendrocytes élaborent la myéline du SNC.
136 18.2.1 Les oligodendrocytes de la substance grise.
136 18.2.2 Les oligodendrocytes de la substance blanche.
136 18.2.2.1 Ils se disposent entre les fibres nerveuses myélinisées.
136 18.2.2.2 En microscopie électronique, en coupe transversale, la myéline normale
apparaît comme une structure lamellaire spiralée régulièrement arrangée.
137 18.2.2.3 La composition chimique de la myéline est très particulière.
137 18.2.2.4 La myélinisation des axones accélère la conduction de l’influx nerveux, au
moindre coût énergétique et dans le minimum d’espace possible.
138 18.3 Les épendymocytes constituent le revêtement du système ventriculaire.
138 18.4 Les cellules microgliales font partie du système des monocytes/macrophages.
139 18.5 Le SNC est organisé en substance grise et substance blanche.
139 18.5.1 La substance grise contient les synapses.
139 18.5.2 La substance blanche est faite de faisceaux d’axones myélinisés.

141 Chapitre 19 : Les Fibres Nerveuses Périphériques

141 19.1 Les fibres nerveuses périphériques associent toujours un ou des axones à une
succession de cellules de Schwann.
141 19.2 Une fibre nerveuse périphérique amyélinique est constituée par un faisceau
d’axones associés à une même séquence de cellules de Schwann.
142 19.3 Une fibre nerveuse périphérique myélinisée est constituée par un seul axone
myélinisé, associé à une même séquence de cellules de Schwann.
142 19.3.1 La myéline compacte (ou serrée).
143 19.3.2 La myéline non-compacte.
143 19.3.3 L’architecture moléculaire de la myéline du SNP est différente de celle de la
myéline du SNC.

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Table des Matières

143 19.4 Dans les troncs nerveux, les fibres nerveuses se groupent en fascicules.
144 19.5 Les axones des fibres nerveuses périphériques sont issus d’un corps cellulaire
neuronal.
144 19.6 Les terminaisons des fibres nerveuses périphériques (ou terminaisons
nerveuses) sont soit afférentes, soit efférentes.

1998 - 1999 Cours d’Histologie Moléculaire - Dr André, Pr Catala, Dr Escudier, Dr Kujas, Mr Morère, Pr Poirier 13/145
Table des Matières

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Avant-Propos

Avant-Propos
• Le site Internet d’Histologie moléculaire est un outil pédagogique général.

http://www.chups.jussieu.fr/polys/histo/index.html

Son but est d’apporter les bases élémentaires de l’histologie moléculaire à tout médecin ou
étudiant en médecine - quels que soient son année et son cycle -, au moment où cela peut lui
être utile pour comprendre un mécanisme physiologique ou physiopathologique ou pour lire
un article médico-scientifique.

• Deux livres de référence peuvent également être consultés.

Les étudiant(e)s désirant, pour ce qui concerne l’histologie, approfondir certaines de leurs
connaissances ou mieux comprendre certains points difficiles, pourront consulter :
— Histologie moléculaire. Texte et Atlas (J. Poirier, J.L. Ribadeau Dumas, M. Catala, J.-
M. André, R.K. Gherardi, J.F. Bernaudin, 1 vol, 6è édition, éditions Masson, Paris,
1999).
— Biologie moléculaire de la cellule (Bruce Alberts et collaborateurs, 3è édition, éditions
Flammarion-Médecine, 1995).

• Pour les étudiant(e)s de PCEM1 de la Faculté de Médecine Pitié-Salpêtrière, le site In-


ternet ne remplace aucunement les ressources pédagogiques existantes.

Le cours magistral d’histologie moléculaire, les Travaux pratiques/Enseignements dirigés


d’histologie, ainsi que le cours polycopié d’histologie moléculaire et le Guide polycopié de
Travaux pratiques/Enseignements dirigés d’histologie restent les ressources nécessaires et
suffisantes pour la préparation du concours. Les données permettant de répondre aux ques-
tions posées lors de l’examen d’histologie se trouvent obligatoirement dans l’un ou l’autre de
ces 2 polycopiés.

Pour leur contribution gracieuse à l’iconographie du document électronique, nous tenons à


remercier : Professeur Jean Racadot, Professeur Léon Olivier, Professeur Jean-Claude Nouet, et
Docteur Roger Du Boiteslin.

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Avant-Propos

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Les Méthodes de l’Histologie

Chapitre 1

Les Méthodes de l’Histologie


L’histologie (étymologiquement, science des tissus, du grec istos : tissu et logos : science) s’est
constituée, au milieu du 19ème siècle, à partir de la conjonction de l’avènement d’une théorie qui
révolutionnait la biologie, la théorie cellulaire, (avec Schleiden et Schwann, puis Virchow) et du
perfectionnement qui rendait enfin performant un instrument vieux d’environ deux siècles, le mi-
croscope optique achromatique.
Rapidement, l’histologie s’est dégagée d’une anatomie microscopique purement descriptive, stric-
tement morphologique, pour développer l’histophysiologie expérimentale. L’histologie devenait
plus une physiologie microscopique, une biologie cellulaire et tissulaire, qu’une anatomie des tis-
sus.
Après la deuxième guerre mondiale, au début des années 1960, l’introduction de la microscopie
électronique en biologie et en médecine fut une véritable révolution qui donna lieu, grâce à la des-
cription des ultrastructures, à une réécriture complète de l’histologie.
La deuxième révolution qui a bouleversé l’histologie a été celle de la biologie moléculaire des an-
nées 1970-1980. L’utilisation conjointe des moyens actuels d’observation microscopique (photo-
nique, à fluorescence, électronique, confocal, etc) et des techniques modernes de détection in situ
des molécules (histochimie, histoenzymologie, immunocytochimie, hybridation moléculaire in si-
tu, PCR in situ) permet une véritable histologie moléculaire, indispensable à l’appréhension des
mécanismes biologiques normaux et pathologiques. Ainsi, l’histologie est aujourd’hui la science
qui s’occupe d’identifier et de localiser, à leur place, les constituants moléculaires de l’organisme.
Elle a pour but la visualisation in situ - dans les tissus, dans les cellules, dans leurs organites ou
dans la matrice extra-cellulaire - des molécules (en particulier des gènes, de leurs ARN-messagers
et des protéines pour lesquelles ils codent), en déterminant précisément dans quel emplacement,
dans quelle configuration, se trouvent les différentes molécules qui constituent ces structures. Dé-
crire la morphologie cellulaire et tissulaire en termes d’architecture et d’interactions moléculaires,
tel est l’objectif de l’histologie moléculaire. Discipline visant à détecter, identifier et localiser in
situ les différentes molécules constitutives de l’organisme vivant, l’histologie d’aujourd’hui est
donc devenue une histologie moléculaire.
Le dénominateur commun à toute activité histologique réside dans l’action de voir (observer) et
d’interpréter ce qui est vu. Dans toute démarche d’ordre histologique, 3 étapes se succèdent : 1) la
visualisation des structures ou des phénomènes que l’on désire étudier, 2) la production d’images
de ces structures ou de ces phénomènes, 3) l’interprétation de ces images.

1998 - 1999 Cours d’Histologie Moléculaire - Dr André, Pr Catala, Dr Escudier, Dr Kujas, Mr Morère, Pr Poirier 17/145
Les Méthodes de l’Histologie

1.1 La technique (préparation des


échantillons) rend visible ce que l’on veut
observer.
Pour rendre visible ce que l’on veut observer (visualisation des structures ou des phénomènes), il
est nécessaire de mettre en oeuvre des techniques diverses que l’on applique au matériel (échan-
tillon ou specimen de cellules, tissus, organe ou fragment d’organe considéré) :
Les techniques «standard» de microscopie optique et de microscopie électronique sont utilisées en
routine pour le diagnostic et pour les travaux de recherche. Qu’elles soient destinées à l’observa-
tion en microscopie optique (MO) ou en microscopie électronique (ME), les coupes sont le fruit de
procédures techniques dont les principes restent analogues (successivement : fixation, inclusion,
coupe et coloration).

1.1.1 Pour la MO : fixation au formol, inclusion en paraffine,


colorations standard (hématéine-éosine ou trichrome).
La technique dite «standard» consiste en la préparation d’un fragment d’organe pour examen en
microscopie optique. Elle requiert plusieurs temps successifs : fixation, inclusion, coupe, colora-
tion, montage.

La fixation
a pour but la conservation des structures et le durcissement des pièces. Elle doit se faire im-
médiatement après le prélèvement, par immersion de la pièce dans un grand volume de li-
quide fixateur. Les liquides fixateurs les plus utilisés en pratique courante sont le formol ou
le liquide de Bouin (mélange de formol et d’acide picrique). La durée de la fixation varie
selon le volume des prélèvements (de quelques heures pour un petit fragment biopsique à
plusieurs semaines pour un cerveau humain entier).
L’inclusion
a pour but de permettre la réalisation de coupes fines et régulières. Le milieu d’inclusion le
plus utilisé est la paraffine. Comme la paraffine est hydrophobe, le prélèvement doit
d’abord subir une déshydratation (par immersion dans des bains d’alcool de degré crois-
sant puis dans des bains de toluène) avant d’être coulé dans de la paraffine fondue (chauffée
à 56× C), donc devenue liquide, qui infiltre alors toute la pièce. Après refroidissement, on
se trouve en présence d’un bloc de paraffine, dur, à l’intérieur duquel la pièce prélevée est
incluse. Dans certains cas particuliers, on peut être amené à utiliser d’autres milieux d’in-
clusion (celloïdine, résines plastiques, etc.).
Les coupes
du bloc de paraffine sont faites grâce à un microtome qui permet de réaliser des tranches
de section (coupes) de 2 à 5 mm d’épaisseur. Les coupes sont recueillies et collées sur des
lames de verre.

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Les Méthodes de l’Histologie

Les colorations
sont réalisées sur ces lames. Comme les colorants sont en solution aqueuse, les coupes doi-
vent en premier lieu subir une réhydratation. Celle-ci est effectuée après déparaffinage
des coupes (par la chaleur et des bains de toluène) en immergeant les lames dans des bains
d’alcool de degré décroissant puis dans l’eau distillée. Le but des colorations usuelles est
d’accentuer les contrastes afin de mieux distinguer et reconnaître les différents éléments de
la préparation. Les colorations les plus fréquemment utilisées associent deux ou trois colo-
rants différents : l’Hématéine-Eosine (H.E.) associe l’hématéine qui colore les noyaux en
violet et l’éosine les cytoplasmes en rose ; les colorations trichromiques usuelles sont l’Hé-
matéine-Eosine-Safran (H.E.S.) par ajout de safran colorant en jaune les fibres de colla-
gène, et le trichrome de Masson qui associe un colorant nucléaire (hématoxyline), un
colorant cytoplasmique et un bleu ou un vert colorant les fibres de collagène.
De nombreuses colorations spéciales (colorations signalétiques) permettent de visualiser
différentes structures ou composants des tissus, comme par exemple les fibres de réticuline
par des colorations argentiques, les fibres élastiques par l’orcéine, ou les constituants pré-
sentant des groupements glycol par le PAS (Periodic Acid Schiff reaction = acide périodi-
que-réactif de Schiff).
Le montage.
Après avoir subi une déshydratation (par bains d’alcool de degré croissant puis bains de to-
luène), les coupes colorées sont montées entre lame et lamelle avec une résine synthétique
dont l’indice de réfraction est voisin de celui du verre. Ainsi dispose-t-on d’une «prépara-
tion microscopique» (simplement appelée «lame» dans le langage courant) prête à être ob-
servée au microscope optique.

1.1.2 Pour la ME : fixation à la glutaraldéhyde, post-fixation


à l’acide osmique, inclusion en épon, coloration par l’acétate
d’uranyle et le citrate de plomb.
La technique dite «standard» de microscopie électronique est analogue dans ses principes à celle
de microscopie optique. Elle requiert plusieurs temps successifs: fixation, inclusion, coupe, colo-
ration (ou plus exactement contraste).

La fixation
se fait habituellement dans de la glutaraldéhyde tamponnée et est suivie d’une post-fixation
à l’acide osmique (Os O4 ou tétroxyde d’osmium).
L’inclusion
se fait dans une résine synthétique type Epon ou Araldite, après que les fragments ont été
déshydratés dans les alcools et dans l’oxyde de propylène.
Les coupes
ultrafines des blocs se font grâce à un ultramicrotome qui permet de réaliser des coupes
ultrafines d’environ 80 nm d’épaisseur. Les coupes sont recueillies sur des grilles de cuivre.
Le contraste
des coupes s’effectue habituellement avec de l’acétate d’uranyle (contrastant les

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Les Méthodes de l’Histologie

nucléoprotéines : noyau, nucléole, ribosomes) et des sels de plomb comme le citrate de


plomb (contrastant les membranes).

1.2 La production des images est liée à la mise


en oeuvre de moyens optiques, le plus souvent
du type des microscopes.
Il faut avoir produit une image de la préparation devenue observable, afin que cette image puisse
être regardée ; la production des images est liée à la mise en oeuvre de moyens optiques tels que
loupes, microscopes optiques (ou photoniques), microscopes électroniques. La photographie et le
cinéma permettent de conserver les images. La vidéo permet actuellement d’exploiter au mieux
l’information visuelle : l’image peut ainsi être observée, communiquée, mesurée, modifiée, analy-
sée, archivée, éditée. La numérisation des images permet leur stockage, leur archivage et leur trans-
mission à distance par ordinateur.
L’observation microscopique requiert une bonne connaissance de l’échelle des grandeurs, ou plu-
tôt des ordres de grandeur ; l’épaisseur d’une membrane plasmique (environ 7 nm) et le diamètre
d’un globule rouge (environ 7,5 µm) sont des références courantes et commodes.

1.3 L’interprétation des images vise à donner


du sens aux images et doit tenir compte des
incidences de coupe et des artéfacts.

1.3.1 Donner du sens aux images.


L’interprétation permet de procurer une signification aux images observées, de détecter la présence
d’une structure, d’une molécule, d’une fonction chimique et de les localiser au niveau de la cellule,
du tissu, de l’organe ou de l’organisme ; les principaux mécanismes mis en jeu dans cette activité
sont ceux des processus de reconnaissance de formes, de contrastes, de couleurs, souvent combinés
de façon peu dissociable dans des processus de reconnaissance plus globale de «formules», de «pa-
trons». Parmi les difficultés d’interprétation, les plus élémentaires tiennent aux incidences de cou-
pe et aux artéfacts.

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Les Méthodes de l’Histologie

1.3.2 Reconnaître les incidences de coupe.


Les images observées sont situées dans un plan ; elles font partie d’un monde imaginaire à deux
dimensions, à partir duquel il faut restituer le monde réél à trois dimensions. Dans certains cas, on
oriente le bloc par rapport au plan de coupe, mais le plus souvent les structures sont coupées selon
une incidence due au hasard.

1.3.3 Se méfier des artéfacts.

1.3.3.1 Les artéfacts sont des images artificielles créées par la technique.
Si l’on prend comme exemple une préparation histologique de routine (fixée au formol, incluse en paraffine,
colorée à l’hématéine-éosine) on reconnaît des artéfacts de prélèvement (pinces, ciseaux, coagulation, ge-
lures, etc.), de fixation (déssèchement, retard de fixation, fixateur trop ou trop peu concentré, etc.), d’inclu-
sion (vides artificiels dus à la rétraction des cellules ou des tissus), de coupe (stries de rasoir, coupes trop
épaisses ou trop minces, etc.), de collage (décollements, plis et replis de la coupe), de montage (bulles d’air
entre la lame et la lamelle), de coloration (empâtements, dépôts, taches de colorant, etc.).

1.3.3.2 Les déformations des images


Dues à des imperfections des moyens optiques d’observation, comme les aberrations de sphéricité
ou les aberrations chromatiques, les déformations des images peuvent être rapprochées des arté-
facts.

1.3.3.3 Enfin, il faut tenir compte du risque fréquent de mauvaise préservation


des tissus.
La mauvaise préservation des tissus est fréquente en histologie humaine, qu’il s’agisse de prélèvements
biopsiques ou per-opératoires (par exemple au cours des processus anémiques ou anoxiques ou encore
de tissus situés à proximité de zones pathologiques) ou surtout de prélèvements post-mortem (autopsies
tardives, conditions agoniques).

1998 - 1999 Cours d’Histologie Moléculaire - Dr André, Pr Catala, Dr Escudier, Dr Kujas, Mr Morère, Pr Poirier 21/145
Les Méthodes de l’Histologie

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L’Immunocytochimie et l’Hybridation In Situ

Chapitre 2

L’Immunocytochimie et
l’Hybridation In Situ

2.1 L’immunocytochimie permet la détection


et la localisation précise des molécules
protéiques.
L’histochimie (ou cytochimie) et l’histoenzymologie (ou cytoenzymologie) regroupent de nom-
breuses techniques permettant de mettre en évidence différents constituants chimiques des tissus
(lipides, glucides, protéines, acides nucléiques, métaux, enzymes, etc). Actuellement, ce sont les
techniques immunohistochimiques (ou immunocytochimiques - ICC) qui sont les plus utilisées.
Elles ont pour but commun la visualisation sur coupes histologiques de sites antigéniques ayant
réagi avec des anticorps mis au contact de la coupe. Ces techniques peuvent également s’appliquer
aux cellules (du liquide céphalo-rachidien, par exemple). Il existe de très nombreuses variantes
techniques reposant sur des principes de mise en évidence différents et de multiples procédés de
détail permettant d’améliorer la qualité des résultats.

2.1.1 Les techniques d’immunofluorescence sont les plus


anciennes.
Les techniques d’immunofluorescence (IF) consistent à coupler à l’anticorps (immunoglobuline
comportant 2 chaines lourdes et 2 chaines légères, dissociable par la papaïne en 2 fragments Fab
et un fragment Fc) choisi un produit fluorescent (fluorochrome) qui permettra donc de localiser le
site de la réaction antigène-anticorps par l’observation des coupes en microscopie optique à rayons
ultraviolets. Ce type de technique nécessite habituellement pour l’obtention d’images convenables
l’utilisation de tissu frais, non fixé, coupé à congélation ou au cryostat. Les conditions d’observa-
tion ne permettent pas d’apprécier les détails cytologiques ni de reconnaitre de façon fiable les
sous-populations cellulaires. De plus, la fluorescence est éphémère et les résultats ne peuvent être
conservés que par des microphotographies. Ces difficultés et limites expliquent la relative inadé-

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L’Immunocytochimie et l’Hybridation In Situ

quation des techniques d’immunofluorescence au diagnostic histo-pathologique de routine.

2.1.2 Les techniques immuno-enzymatiques sont largement


utilisées.
Les anticorps, au lieu d’être couplés à des produits fluorescents, sont conjugués à un enzyme qui
peut être visualisé dans les tissus par l’utilisation d’un chromogène. Les deux enzymes les plus
utilisées sont 1) la peroxydase du raifort (horseradish peroxydase ou HRP) dont la révélation se
fait habituellement avec de la diaminobenzidine (DAB) qui donne lieu à un produit de réaction
brun directement observable en microscopie optique ; la sensibilité et la fiabilité de cette méthode
ont été améliorées par plusieurs méthodes d’amplification du signal telles que la méthode d’immu-
noperoxydase indirecte et surtout la technique dite de la peroxydase-antiperoxydase (P.A.P.) qui
est devenue actuellement la méthode de choix pour le diagnostic histopathologique de routine
(l’anticorps secondaire s’accroche par un de ses sites à un complexe de peroxydase et d’anticorps
anti-peroxydase) ; les peroxydases endogènes doivent évidemment être préalablement bloquées
par l’eau oxygénée H2O2 ; 2) la phosphatase alcaline ; la technique dite APAAP (Alcalin Phos-
patase Anti Alcalin Phosphatase) est analogue avec la phosphatase alcaline de la technique PAP
avec la peroxydase.
Les méthodes immuno-enzymatiques ont le grand avantage sur celles d’immuno-fluorescence de
pouvoir être utilisées sur du matériel fixé dans le formol et inclus en paraffine et aussi de pouvoir
être adaptées à l’observation en microscopie électronique, ce qui permet la localisation exacte de
l’antigène à l’échelle sub-cellulaire (techniques d’«immuno-électronique»).
En ME, les premiers marqueurs opaques aux électrons susceptibles d’être couplés à des anticorps
ont été la ferritine, le mercure, l’uranium, puis surtout la peroxydase (ou d’autres enzymes). Ac-
tuellement, l’un des marqueurs les plus utilisés est l’or colloïdal (immunogold) ; sa disponibilité
en petites sphères de diamètres différents (de 0,8 à 5, 10, 20 nm) permet l’identification de 2 ou de
plusieurs antigènes sur la même coupe. Le marquage des anticorps par les particules d’or colloïdal
s’effectue grâce à une protéine adsorbée à la surface des particules d’or et possédant une affinité
spécifique pour la région Fc des immunoglobulines.
L’utilisation en immunocytochimie du système biotine-avidine est très répandue et applicable à
beaucoup de problèmes. La biotine (petite vitamine hydrosoluble) peut être attachée (conjuguée,
couplée) à de nombreuses substances et ensuite détectée par sa liaison (de haute affinité et de gran-
de spécificité) à l’avidine ou streptavidine (protéine bactérienne), elle-même couplée soit à un fluo-
rochrome, soit à une enzyme (HRP ou phosphatase alcaline), soit à de l’or colloïdal. On peut
également localiser la biotine en utilisant des anticorps anti-biotine, eux-mêmes couplés comme
précédemment soit à un fluorochrome, soit à une enzyme (HRP ou phosphatase alcaline), soit à de
l’or colloïdal. La biotine peut être remplacée par la digoxigénine (DIG) qui sera détectée par des
anticorps anti-DIG, eux-mêmes couplés, selon la formule précédente, soit à un fluorochrome, soit
à une enzyme (HRP ou phosphatase alcaline), soit à de l’or colloïdal.
En définitive, les techniques d’ICC peuvent être effectuées :

• en MO (techniques d’IF ou techniques immuno-enzymatiques) sur coupes au cryostat de


matériel frais ou congelé ou sur coupes à paraffine de matériel formolé ; dans ce dernier
cas, on peut être amené à mettre en oeuvre des procédés destinés à démasquer les antigènes

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L’Immunocytochimie et l’Hybridation In Situ

sensibles à la fixation, comme, par exemple, une digestion enzymatique par une protéase
(trypsine, pepsine, pronase par exemple) et/ou le chauffage des lames au four à micro-ondes ;
• en ME (techniques immuno-enzymatiques ou techniques d’immuno-gold) ;
• avec des anticorps polyclonaux (sérums polyclonaux) ou monoclonaux. Les récents pro-
grès des technologies immunologiques ont fait que sont actuellement disponibles dans le
commerce pour le diagnostic immunohistochimique non seulement des anticorps classiques
(sérums polyclonaux) mais aussi de nombreux anticorps monoclonaux produits par la techni-
que des hybridomes. La spécificité des anticorps monoclonaux est évidemment supérieure à
celle des sérums polyclonaux, mais leur sensibilité peut être inférieure.

2.1.3 La lectinocytochimie (LCC).


Les lectines sont un groupe de protéines d’origine animale, végétale ou bactérienne, caractérisées
par leur capacité à reconnaître des copules hydro-carbonées dans des composants cellulaires, com-
me la surface cellulaire ou certains organites, et à s’y lier. Les lectines peuvent être détectées grâce
à leur marquage (fluorochrome, enzymes, biotine, etc). La possibilité de conjuguer les lectines
avec des particules d’or colloïdal permet de les utiliser en ME. Les interactions entre une lectine et
une membrane cellulaire dépendent du type d’hydrate de carbone présent dans la membrane. Com-
me les lectines sont spécifiques d’un sucre particulier, la LCC est un bon outil pour étudier la com-
position chimique des membranes.
A titre d’exemple : telle lectine reconnaît l’α-L-fucose, telle autre le D-galactose, telle autre l’α-mannopyra-
noside, etc.

2.2 L’hybridation in situ permet la détection


et la localisation précise de séquences d’ADN
ou d’ARN.
On appelle hybridation in situ (HIS ou ISH pour «In Situ Hybridization») l’utilisation de sondes
d’acides nucléiques pour mettre en évidence et localiser, dans des cellules ou des tissus, des sé-
quences d’acides nucléiques, complémentaires de la sonde par leurs bases. L’HIS est un outil in-
comparable pour étudier l’expression des gènes. Elle est très proche, dans son principe, des
Southern et des Northern blots et repose, comme eux, sur l’hybridation d’une sonde d’acide nucléi-
que (ADN ou ARN) marquée avec une séquence complémentaire d’acides nucléiques que l’on
cherche à identifier et à localiser. Mais les Southern et Northern blot se font sur des broyats de tis-
sus, alors que l’HIS s’effectue sur une coupe histologique de tissu, apportant ainsi des informations
précises sur la localisation des acides nucléiques étudiés. Les sondes utilisées sont le plus souvent
de l’ADN (double brin ou plus rarement monobrin) ou un ARN-messager (riboprobes) ou des oli-
gonucléotides synthétiques (de 20 à 50 nucléotides). Le marquage des sondes peut être réalisé par
des isotopes radio-actifs («sondes chaudes» : tritium H3, phosphore P32 ou P33, soufre S35) ou

1998 - 1999 Cours d’Histologie Moléculaire - Dr André, Pr Catala, Dr Escudier, Dr Kujas, Mr Morère, Pr Poirier 25/145
L’Immunocytochimie et l’Hybridation In Situ

par des produits non radio-actifs (sondes dites «froides») soit fluorescents (FISH) soit non-fluores-
cents comme la biotine («sondes biotynilées»), la digoxigénine ou des enzymes (phosphatase al-
caline par exemple). Le mode de révélation varie en fonction de la nature du marquage,
autoradiographies en cas de sondes radioactives, microscopie à fluorescence en cas de FISH, avi-
dine ou streptavidine pour la biotine, anticorps marqués par un enzyme et/ou par l’or colloïdal pour
la digoxigénine, anticorps ou chromogènes pour les enzymes. Le comptage des grains d’argent sur
les autoradiographies permet une étude quantitative (ou plutôt semi-quantitative).
Primitivement décrite pour la microscopie optique, l’HIS est actuellement tout à fait réalisable en
microscopie électronique grâce en particulier à l’introduction de milieux d’inclusion hydrosolu-
bles comme le Lowicryl. L’or colloïdal est considéré comme le marqueur de choix pour les mé-
thodes d’HIS en ME. Plusieurs tailles de grains (permettant des doubles marquages) peuvent être
utilisées (0.8 à 20 nm) ; la taille des grains peut être augmentée par des méthodes à l’argent.

2.3 Des doubles et triples marquages sont


possibles.
Ainsi, par les techniques immunocytochimiques et par l’hybridation in situ, des doubles, voire des
triples marquages sont possibles en MO et/ou en ME : 1) soit double immunocytochimie, 2) soit
double hybridation in situ, 3) soit combinaison hybridation in situ + Immunocytochimie. La com-
binaison de FISH et de FICC permet par exemple de détecter simultanément, par une seule obser-
vation en microscopie confocale à fluorescence, dans un même noyau, des protéines nucléolaires
et des séquences spécifiques d’ADN (spots de fluorescence verte + spots de fluorescence rouge,
par exemple).
La PCR (Polymerase Chain Reaction), procédé d’amplification génique (de l’ADN) impose d’ex-
traire l’ADN et donc de broyer les tissus et cellules, ce qui élimine toute possibilité de localisation.
La PCR in situ associe l’extrême sensibilité de la PCR et les techniques de localisation cellulaire
de l’HIS. Elle peut être utilisée en microscopie électronique. Cette technique, très récente, est dé-
licate à mettre en oeuvre ; le contrôle de la contamination en PCR est fondamental : maintenir un
environnement sans ADN contaminant est absolument nécessaire mais très difficile.
Des signaux multiples peuvent être localisés simultanément dans la même cellule : ADN, ARNm
et protéines peuvent par exemple être détectés simultanément dans une même cellule. Les protéines
sont marquées par des anticorps par les techniques habituelles d’immunocytochimie, puis les am-
plifications (PCR) in situ d’ARN et d’ADN sont réalisées. Les produits peuvent alors être marqués
avec diverses sondes donnant des couleurs différentes (Hybridation in situ ; FISH).

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Les Niveaux d’Organisation. Les 4 Grandes Familles Tissulaires

Chapitre 3

Les Niveaux d’Organisation.


Les 4 Grandes Familles
Tissulaires

3.1 Chez le vivant, on peut reconnaître


plusieurs niveaux d’organisation structurale,
allant de l’organisme entier aux molécules qui
le constituent.
On reconnaît, dans l’organisme, différents niveaux d’organisation structurale qui correspondent,
en allant du plus complexe vers le plus élémentaire, aux systèmes et appareils, aux organes, aux
tissus, aux cellules, aux organites, aux macromolécules et aux petites molécules.
Ces différents niveaux d’organisation structurale de l’organisme sont couverts par des disciplines
distinctes dont les champs se recouvrent en partie (anatomie, histologie, biologie cellulaire, biolo-
gie moléculaire, biochimie, etc). L’anatomie décrit des systèmes (nerveux, macrophagique, etc) et
appareils (digestif, respiratoire, urinaire, etc) et des organes (le coeur, la rate, le foie, l’estomac,
etc) macroscopiquement individualisés. Les organes sont faits de différents tissus. Les tissus - pre-
mier niveau d’organisation supra-cellulaire - sont des ensembles coopératifs de cellules différen-
ciées qui forment une association à la fois territoriale, fonctionnelle et biologique. La cellule est
l’unité élémentaire de vie. Tissus et cellules se situent au niveau du microscope optique et pour
l’étude des organites cellulaires la microscopie électronique est indispensable. Les molécules en-
trent dans le champ de la biochimie, de la biologie moléculaire, de la cytologie et de l’histologie
moléculaires.

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Les Niveaux d’Organisation. Les 4 Grandes Familles Tissulaires

3.2 Les tissus se répartissent en 4 grandes


familles auxquelles s’ajoutent les populations
cellulaires libres et les cellules de la lignée
germinale.
On peut reconnaître 4 grandes familles de tissus : les épithéliums, les tissus conjonctifs, les tissus
musculaires et le tissu nerveux. A ces 4 grandes familles tissulaires, il faut adjoindre les popula-
tions cellulaires libres et les cellules de la lignée germinale.

3.3 Les épithéliums de revêtement sont faits


de cellules étroitement juxtaposées et jointives
revêtant l’extérieur du corps et les cavités de
l’organisme.
Le corps humain est entièrement limité par le revêtement cutané (la peau) qui constitue une inter-
face fondamentale entre l’organisme («monde intérieur») et le milieu extérieur («monde exté-
rieur»). A l’intérieur du corps, existent de nombreuses cavités qui ressortissent de plusieurs types :
les unes représentent des prolongements du monde extérieur à l’intérieur du corps (comme, par
exemple, les voies aériennes, le tube digestif, les voies urinaires et les voies génitales ; le revête-
ment de ces cavités s’appelle une muqueuse), les autres sont entièrement closes et correspondent
soit aux cavités cardio-vasculaires (dont le revêtement s’intitule endocarde pour le coeur et intima
pour les vaisseaux), soit aux cavités coelomiques (dont les principales sont les cavités pleurales,
péritonéale et péricardique, dont le revêtement porte le nom de séreuse). On donne souvent le nom
d’endothélium à l’épithélium de l’endocarde et de l’intima des vaisseaux, et celui de mésothélium
à l’épithélium des séreuses.

3.3.1 Les épithéliums de revêtement sont polarisés.


Voir Chapitre 6 page 47.

3.3.2 La classification des épithéliums de revêtement fait


appel à trois critères : la forme des cellules, le nombre des

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Les Niveaux d’Organisation. Les 4 Grandes Familles Tissulaires

couches cellulaires et le type de différenciation des cellules


qui le composent.
Selon la forme des cellules superficielles
on distingue les épithéliums pavimenteux (les cellules les plus superficielles sont aplaties,
plus larges que hautes), cubiques (les cellules les plus superficielles sont aussi larges que
hautes) et prismatiques - ou cylindriques - (les cellules les plus superficielles sont plus hau-
tes que larges).
Selon le nombre de couches de cellules
on distingue les épithéliums simples (ne possédant qu’une seule couche de cellules), stra-
tifiés (possédant plusieurs couches de cellules) et pseudo-stratifiés (paraîssant présenter
plusieurs couches de cellules, mais en réalité le pôle basal de toutes les cellules repose sur
la membrane basale).
Selon les spécialisations fonctionnelles et les différenciations qui les sous-tendent
on distingue des épithéliums de protection (mécanique ou chimique), d’échanges, d’ab-
sorption ou d’excrétion, de mouvements, de réception sensorielle, de sécrétion, etc.

Certains épithéliums sont tellement particuliers qu’ils échappent à la classification précédente :


c’est le cas de l’épithélium interne de la capsule de Bowmann du glomérule rénal, de l’épithélium
des tubes séminifères du testicule, de l’épithélium des voies urinaires (dit épithélium polymorphe
ou épithélium de transition ou - mieux - urothélium).

3.4 Les épithéliums glandulaires sont faits de


cellules épithéliales spécialisées dans un rôle
de sécrétion.
Ils sont faits de cellules épithéliales étroitement juxtaposées et jointives, spécialisées dans la sécré-
tion et groupées en amas de forme et de taille variables (voir chapitre 7 page 53).

3.5 Les tissus conjonctifs sont très variés, mais


se caractérisent tous par la présence entre

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Les Niveaux d’Organisation. Les 4 Grandes Familles Tissulaires

leurs cellules d’une abondante matrice extra-


cellulaire.
Dans cette matrice extra-cellulaire (MEC), l’histologie classique distinguait des fibres (collagènes,
élastiques et de réticuline) et une substance fondamentale (microscopiquement amorphe).

3.5.1 Le tissu conjonctif lâche.


Le tissu conjonctif lâche est très répandu dans l’organisme, notamment sous la peau (tissu conjonc-
tif sous-cutané), entre les masses musculaires, dans le chorion et la sous-muqueuse du tube digestif,
dans le chorion des voies respiratoires, des voies génitales et urinaires, dans l’adventice des vais-
seaux, sous l’épithélium des séreuses, dans de nombreux organes pleins (stroma conjonctif). Le pa-
renchyme du système nerveux central est dépourvu de tissu conjonctif. Le rôle que joue le tissu
conjonctif lâche dans l’organisme est tellement important et complexe que nous ne pouvons ici
qu’attirer l’attention sur quelques points essentiels : le tissu conjonctif possède un rôle de soutien
et d’emballage des divers tissus et organes ; il assure le passage de nombreuses substances entre le
sang et les autres tissus ; siège de nombreuses cellules libres du système immunitaire (lymphocytes
et plasmocytes, monocytes et macrophages, granulocytes, mastocytes), il joue un rôle majeur dans
les réactions inflammatoires et dans les phénomènes immunitaires ainsi que dans les processus de
cicatrisation (par prolifération des fibroblastes et production des macromolécules de la matrice ex-
tra-cellulaire).

3.5.2 Le tissu réticulaire.


Le tissu réticulaire (ou réticulé) correspond au tissu conjonctif qui constitue le stroma des organes
hématopoïétiques et lymphoïdes (ganglions lymphatiques, rate, moelle osseuse) et du foie ; sa
charpente collagène, principalement faite de collagène de type III, peut être visualisée en micros-
copie optique après coloration argentique sous la forme d’un réseau de fines fibres colorées en noir,
dites fibres de réticuline. En microscopie électronique, le collagène de type III apparaît sous forme
de microfilaments apériodiques d’environ 7 nm de diamètre, dispersés au sein d’une matrice riche
en protéoglycanes.

3.5.3 Les tissus conjonctifs denses.


Ce sont des tissus conjonctifs riches en fibres, pauvres en cellules et en substance fondamentale,
ont une fonction essentiellement mécanique. Les tissus conjonctifs fibreux denses contiennent es-
sentiellement des fibres de collagène; ils se répartissent en deux sous-groupes : 1) les tissus fibreux
non orientés (derme, périoste, capsules articulaires, dure-mère, capsules des organes pleins comme
le foie, la rate, les reins, etc) et 2) les tissus fibreux orientés (unitendus : ligaments et tendons, ou

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Les Niveaux d’Organisation. Les 4 Grandes Familles Tissulaires

bitendus : aponévroses et stroma de la cornée). Dans les tissus élastiques, les fibres (ou lames) élas-
tiques prédominent largement, entre de rares fibroblastes (comme dans le ligament jaune de la nu-
que) ou entre les cellules musculaires lisses (comme dans la media des artères de gros calibre,
l’aorte par exemple).

3.5.4 Le tissu adipeux.


Voir chapitre 10 page 81.

3.5.5 Le tissu cartilagineux.


Voir chapitre 11 page 87.

3.5.6 Le tissu osseux.


Voir chapitres 11 page 87, et 12 page 93.

3.6 Les tissus musculaires sont spécialisés


dans la contraction
Voir chapitres 13 page 99, 14 page 109, et 15 page 115.

3.7 Le tissu nerveux est spécialisé dans le


traitement des informations
Voir chapitres 16 page 121, 17 page 127, 18 page 133, et 19 page 141.
Le système nerveux central (SNC) formé par l’encéphale et la moelle épinière est concentré dans
le crâne et le rachis, alors que le système nerveux périphérique (SNP) composé des terminaisons
nerveuses, des nerfs et des ganglions nerveux est dispersé dans l’ensemble de l’organisme.

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Les Niveaux d’Organisation. Les 4 Grandes Familles Tissulaires

3.8 Les populations cellulaires libres se


distribuent dans tout l’organisme et jouent un
rôle crucial dans les processus de défense.
Les populations cellulaires libres (ou systèmes cellulaires dispersés ou cellules migratrices) se dis-
tribuent dans tout l’organisme, pour partie dans les liquides biologiques biologiques (essentielle-
ment le sang, mais aussi dans la lymphe et le liquide céphalo-rachidien), pour partie dans les
tissus, qu’il s’agisse des organes du système immunitaire (moelle osseuse, thymus, ganglions lym-
phatiques, rate), du tissu conjonctif (dans ses différents localisations) ainsi que de beaucoup d’épi-
théliums. Il s’agit des hématies, plaquettes, granulocytes (neutrophiles, éosinophiles et basophiles),
mastocytes, lymphocytes, plasmocytes, monocytes /macrophages (voir chapitres 8 page 65, et 9
page 71).

3.9 Les cellules de la lignée germinale siègent


dans les gonades et assurent la conservation
de l’espèce.
Les cellules de la lignée germinale sont à part. A l’état normal, elles siègent uniquement dans les
gonades. Il s’agit des gonocytes primordiaux, des gonies (ovogonies et spermatogonies), des ga-
mètes (ovocytes I et II, spermatocytes, spermatides et spermatozoïdes). On en rapprochera l’oeuf
fécondé ou zygote, résultant de la fécondation d’un ovocyte par un spermatozoïde (se reporter au
cours de Biologie du développement et au cours d’Embryologie).

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Les Communications et Interactions Cellulaires

Chapitre 4

Les Communications et
Interactions Cellulaires
La vie d’un organisme pluricellulaire repose de façon incontournable sur la communication et les
interactions entre les cellules qui le composent. Il existe deux grands types de communication : 1)
la communication verticale, qui n’est autre que l’hérédité, c’est à dire la transmission de parents
à enfants des caractères de l’espèce et des spécificités individuelles liées à la recombinaison et à la
redistribution des gènes qui s’opèrent pendant la gamétogénèse (méiose) et la fécondation ; 2) les
communications horizontales, qui s’effectuent à l’intérieur d’un même individu et qui, pour l’es-
sentiel, ressortissent soit aux contacts directs entre cellules (molécules d’adhérence et systèmes
de jonction cellule-cellule), soit à l’action de molécules de signalisation (ou molécules informa-
tives ou informationnelles) plus ou moins diffusibles, synthétisées et sécrétées par différents types
cellulaires (en particulier dans le système nerveux, les régulations hormonales, les processus im-
munitaires, l’hématopoïèse) et allant se lier après un trajet plus ou moins long (à travers la cellule,
la MEC et éventuellement le sang), à des récepteurs membranaires, cytoplasmiques ou nucléaires
de cellules-cibles plus ou moins loin situées, et capables de les reconnaître. Les molécules de si-
gnalisation peuvent être soit hydrophobes, comme les stéroïdes traversant les membranes pour ac-
tiver leur récepteur intracytoplasmique, soit hydrophiles comme les neurotransmetteurs et la
plupart des hormones, activant alors des récepteurs à la surface membranaire. La plupart des pro-
téines constitutives des récepteurs membranaires génèrent un signal transmembranaire après ac-
crochage avec leur ligand, soit en activant une enzyme liée à la membrane (adénylate cyclase)
modifiant alors un médiateur intracellulaire (AMP cyclique), soit en modifiant la perméabilité de
canaux ioniques tels que les canaux calciques.

4.1 Les molécules d’adhérence cellulaire sont


des glycoprotéines transmembranaires.
Les molécules d’adhérence cellulaire (ou molécules d’adhésion cellulaire, Cell Adhesion Molecu-
les, CAM) jouent un rôle important dans trois circonstances : 1) au cours du développement em-
bryologique, 2) chez l’adulte normal, pour la maintenance des épithéliums et la réparation
tissulaire, 3) dans certains processus pathologiques, en particulier cancéreux.
Les modes d’interaction des CAM font intervenir plusieurs facteurs. Les mécanismes sont dits ho-
mophiliques ou hétérophiliques selon que les partenaires moléculaires d’interactions sont iden-

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Les Communications et Interactions Cellulaires

tiques ou différents ; ils sont dits homotypiques ou hétérotypiques selon que les types cellulaires
en jeu sont identiques ou différents.
Les CAM sont des glycoprotéines transmembranaires appartenant à au moins 4 superfamilles :
celles des intégrines, des cadhérines, des sélectines et des immunoglobulines.

4.1.1 Les intégrines sont les responsables essentiels des


interactions cellule-MEC.
Ce sont des glycoprotéines faites de deux sous-unités α et β associées de façon non-covalente. El-
les constituent une superfamille de récepteurs de diverses molécules de la membrane basale et de
la MEC. Leurs principaux ligands extra-cellulaires sont les collagènes I et IV, la laminine, la fibro-
nectine, la vitronectine, le fibrinogène. Les intégrines sont une des voies majeures de la transduc-
tion des signaux venus de la MEC à destination des cellules épithéliales et de leur machinerie
cellulaire (régulation de l’expression de leurs gènes).

4.1.2 Les cadhérines, calcium-dépendantes, sont responsables


d’interactions cellule-cellule.
Ces glycoprotéines transmembranaires jouent un rôle important dans les processus du développe-
ment ainsi que dans les processus pathologiques. Les cadhérines sont indispensables à la formation
des complexes de jonction (si l’on bloque la fonction des cadhérines avec des anticorps, les com-
plexes de jonction des cellules épithéliales se disjoignent).

Les cadhérines classiques


sont concentrées dans les jonctions adhaerens et forment avec les caténines le système cad-
hérine-caténine (qui joue un rôle central dans l’organisation structurale et fonctionnelle
des contacts cellule-cellule dans les épithéliums). On distingue la E-cahérine (épithéliale)
ou uvomoruline, impliquée dans la compaction de la morula et dans la génèse et la mainte-
nance des couches de cellules épithéliales, la N-cadhérine (nerveuse), la P-cadhérine (pla-
centaire).
Les cadhérines desmosomales
ne sont présentes que dans les desmosomes : il s’agit des desmogléines 1, 2 et 3 (antigène
du pemphigus vulgaire) et des desmocollines 1, 2 et 3.

4.1.3 Les sélectines jouent leur rôle à l’intérieur du


compartiment vasculaire.
Il s’agit d’une famille de 3 protéines responsables, à l’intérieur du compartiment vasculaire sanguin, des in-
teractions adhésives entre les leucocytes et l’endothélium vasculaire ainsi qu’entre les leucocytes et les
plaquettes : la L-sélectine (présente sur tous les leucocytes circulants), la P-sélectine (présente dans les

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Les Communications et Interactions Cellulaires

plaquettes), la E-sélectine (présente dans les cellules endothéliales activées).

4.1.4 Les immunoglobulines interviennent dans les


interactions cellule-cellule.
Les principales immunoglobulines d’adhérence cellulaire sont la N-CAM (Neural-CAM), la I-CAM (Intercel-
lular-CAM) et la V-CAM (Vascular-CAM).

4.2 Les systèmes de jonction, identifiables en


microscopie électronique, sont de 3 types :
occludens, d’ancrage et gap.
Les systèmes de type occludens et de type gap sont toujours des jonctions cellule-cellule alors que
les jonctions d’ancrage se rencontrent aussi bien entre deux cellules (zonula adhaerens et desmo-
somes) qu’entre une cellule et la MEC (contacts focaux et hémidesmosomes).

4.2.1 Les jonctions cellule-cellule sont de quatre types


différents : zonula occludens, zonula adhaerens, desmosomes
et gap-jonctions.

4.2.1.1 Les zonula occludens (ZO)


Voir chapitre 6 page 47.

4.2.1.2 Les zonula adhaerens (ZA) sont des jonctions d’ancrage qui constituent
des ceintures d’adhérence.
Elles réunissant entre elles des cellules épithéliales adjacentes dont elles font tout le tour. Les zo-
nula adhaerens forment ces jonctions par l’intermédiaire de molécules transmembranaires respon-
sables d’une adhérence homophilique calcium dépendante, les cadhérines classiques. Bien que
l’adhérence de ces molécules dépende de leur domaine extra-cellulaire, celle-ci est modulée par
trois molécules cytoplasmiques, les caténines : 1) l’α-caténine se lie au domaine cytoplasmique
des cadhérines, aux filaments d’actine, à la vinculine et à la taline ; 2) la β-caténine est un homo-
logue du produit du gène armadillo de drosophile (qui code pour une protéine de la famille win-
gless), et de la plakoglobine ; la β-caténine se lie à l’α-caténine et au domaine cytoplasmique des

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Les Communications et Interactions Cellulaires

cadhérines. ; 3) la γ-caténine serait identique à la plakoglobine ; elle se lie à l’α-caténine et au do-


maine cytoplasmique des cadhérines.
D’autres protéines intra-cytoplasmiques entrent dans la composition des zonula adhaerens, comme
l’α-actinine (qui relie entre eux les filaments d’actine), la zyxine, la radixine, la ténuine.

4.2.1.3 Les desmosomes sont également des jonctions d’ancrage, mais


auxquelles s’attachent les filaments intermédiaires du cytosquelette intra-
cytoplasmique
Ce sont des structures en forme de disque d’environ 0,1 à 0,5 µm de diamètre et 100 nm d’épais-
seur. Ils sont présents non seulement dans les cellules épithéliales (filaments intermédiaires de cy-
tokératine), mais également dans les cellules arachnoïdiennes (filaments intermédiaires de
vimentine), les cellules réticulaires dendritiques des follicules lymphoïdes des ganglions lympha-
tiques (filaments intermédiaires de vimentine), les cellules myocardiques et les cellules de Purkinje
du coeur (filaments intermédiaires de desmine). Les desmosomes assurent les liaisons intercellu-
laires par des molécules transmembranaires de la superfamille des cadhérines (desmogléines 1, 2,
3 et desmocollines 1, 2, 3). Ces molécules sont en relation avec la plaque desmosomale qui con-
tient de la plakoglobine et des desmoplakines I et II, ainsi que diverses autres protéines associées
à la plaque. Le mode de liaison des desmosomes avec les filaments intermédiaires est encore in-
connu sur le plan moléculaire.

4.2.1.4 Les gap-junctions (ou nexus ou jonctions communicantes) permettent


une communication directe entre les cytoplasmes des cellules adjacentes.
Les gap-junctions n’existent pas seulement dans les épithéliums, mais également dans la plupart
des tissus de l’organisme (foie, coeur, cerveau, etc). Au niveau des jonctions communicantes, les
cellules adjacentes sont unies entre elles par des sortes de petits canaux intercellulaires tubulaires.
Chaque canal intercellulaire est formé de l’aboutement 2 hémi-canaux (ou connexons), chacun fai-
sant partie de la membrane de chacune des 2 cellules adjacentes. Chaque connexon est fait de 6
sous-unités protéiques ou connexines (Cx), visualisables par examen en microscopie électronique
après cryofracture, sous la forme d’aggrégats de particules intra-membranaires. Les connexines
sont une famille multigénique dont une douzaine de membres ont été identifiés et clonés. Les 3
connexines les plus fréquemment rencontrées dans l’espèce humaine sont les connexines 43, 32 et
26. La topologie des connexines consiste en 4 domaines transmembranaires reliés par une boucle
intra-cellulaire et 2 boucles extra-cellulaires. Les domaines transmembranaires et les boucles ex-
tra-cellulaires sont hautement conservés entre les différentes connexines, alors que les domaines
cytoplasmiques sont souvent divergents. Les connexons d’un même canal intercellulaire peuvent
être constitués des mêmes connexines ou de connexines différentes.
Le renouvellement des gap junctions s’effectue : 1) par la synthèse de leurs protéines au niveau
des ribosomes du réticulum endoplasmique et le transport dans la membrane plasmique par les
voies habituelles de la sécrétion protéique constitutive, 2) par leur retrait de la surface cellulaire par
un mécanisme d’invagination membranaire et d’endocytose suivi de dégradation autophagique.
Les jonctions communicantes permettent des passages directs de molécules : électrolytes et peti-
tes molécules (jusqu’à 1500 daltons) : seconds messagers - comme le Ca++ ou l’AMP cyclique -,

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Les Communications et Interactions Cellulaires

métabolites, d’une cellule à ses voisines, permettant par exemple un couplage électrique ; ce pas-
sage peut être visualisé par la micro-injection intra-cellulaire de traceurs fluorescents (le Jaune Lu-
cifer, par exemple) dont on peut suivre la diffusion dans les cellules voisines. L’ouverture des
canaux intercellulaires est contrôlée par divers facteurs, en particulier le pH et la concentration de
Ca++ et d’AMP cyclique.
En culture de cellules, l’addition au milieu de culture de fragment Fab d’anticorps dirigés contre
les domaines extra-cellulaires des connexines empêche le transfert intercellulaire de colorants et
inhibe l’assemblage des gap-junctions.

4.2.2 Les jonctions cellule-MEC comprennent les contacts


focaux et les hémidesmosomes.
La face basale des épithéliums de revêtement repose sur la matrice extra-cellulaire du tissu con-
jonctif sous-jacent par l’intermédiaire d’une membrane basale qui a un double rôle de soutien et de
barrière (filtration, diffusion, échanges,...). Les épithéliums étant dépourvus de capillaires san-
guins, leur nutrition est assurée par les capillaires du tissu conjonctif sur lequel ils reposent ; les
échanges se font à travers la membrane basale.

4.2.2.1 Les contacts focaux (ou adhérences focales ou plaques d’adhérence)


sont des jonctions adhérentes ponctuelles entre la membrane plasmique de la
cellule et la MEC sous-jacente.
Ils réalisent le chaînon intermédiaire entre les molécules de la MEC et les microfilaments d’actine
du cytosquelette. Les récepteurs membranaires assurant les interactions cellule matrice extra-cel-
lulaire au niveau des contacts focaux appartiennent à la famille des intégrines ; la principale inté-
grine intéressée dans les contacts focaux est l’intégrine α5-β1. De nombreuses protéines intra-
cytoplasmiques (taline, vinculine, paxilline, zyxine, tensine, radixine, ténuine, α-actinine, etc.)
assurent le lien entre le domaine cytoplasmique des intégrines et les microfilaments d’actine.

4.2.2.2 Les hémidesmosomes réalisent le chaînon intermédiaire entre les


molécules de la MEC et les filaments intermédiaires du cytosquelette.
Les protéines hémidesmosomales sont loin d’être toutes bien identifiées ; les deux les mieux con-
nues sont l’antigène de la pemphigoïde bulleuse (BP 180) et l’intégrine α6-β4 qui se lie à la la-
minine-5 (kalinine/nicéine ou épiligrine) de la membrane basale. Les protéines de la plaque
hémidesmosomale ne sont pas encore parfaitement identifiées.
Les zonula adhaerens, les desmosomes, les contacts focaux et les hémidesmosomes entrent dans le
cadre des jonctions d’ancrage (par opposition aux jonctions serrées et aux jonctions communi-
cantes).

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Les Communications et Interactions Cellulaires

4.3 De nombreux types cellulaires sécrètent


des molécules de signalisation qui agissent à
plus ou moins longue distance.

4.3.1 Ces molécules de signalisation sont de nature


biochimique très variée.
Les molécules de signalisation peuvent être soit hydrophobes, comme les stéroïdes traversant les
membranes pour activer leur récepteur intracytoplasmique, soit hydrophiles comme les neurotrans-
metteurs et la plupart des hormones activant alors des récepteurs à la surface membranaire. La plu-
part des protéines constitutives des récepteurs membranaires, après liaison avec leur ligand
génèrent un signal transmembranaire : soit en activant une enzyme liée à la membrane (adénylate
cyclase) modifiant alors un médiateur intracellulaire (AMP cyclique), soit en modifiant la perméa-
bilité de canaux ioniques tels que les canaux calciques.
Les molécules de signalisation les plus répandues sont les les neurotransmetteurs et neuromo-
dulateurs (voir chapitre 17 page 127), les immunoglobulines (voir chapitre 9 page 71), les hor-
mones et neurohormones (voir chapitre 7 page 53), les eicosanoïdes et le réseau des cytokines.
Les eicosanoïdes sont des molécules de signalisation de nature lipidique. Ils dérivent de l’acide ara-
chidonique (acide gras essentiel à 20 atomes de carbone). Ils comprennent les prostaglandines, les
thromboxanes, les prostacyclines, les leukotriènes et les lipoxines.
Les cytokines constituent une vaste famille de médiateurs protéiques extracellulaires sécrétés prin-
cipalement, mais pas seulement, par les lymphocytes (on parle alors de lymphokines) et/ou les mo-
nocytes/macrophages (on parle alors de monokines). Les principales cytokines sont :

Les cytokines pro-inflammatoires :


interleukine-1 (IL-1), Tumor Necrosis Factor (TNF), interleukine 6 (IL-6).
Les chémokines
(ou cytokines chémotactiques) - dont une quarantaine sont individualisées aujourd’hui - qui
ont la capacité d’attirer dans les tissus, lors du processus inflammatoire et de la réponse de
l’hôte à une infection, les leucocytes, pourvus de récepteurs aux chémokines.
Les cytokines anti-virales :
interférons (IFN) α, β et γ.
La superfamille du TGF-β
(Transforming Growth Factor-β) : TGF-β-1, TGF-β-2, TGF-β-3 ainsi que les Bone Mor-
phogenetic Proteins (BMP).
Les facteurs de croissance
(ou Growth Factors) sont extrêmement nombreux : CSFs (Colony-Stimulating-Factors ou
facteurs de croissance hématopoïétiques, comme l’érythropoïétine, la thrombopoïétine,
l’interleukine-3, le G-CSF, le M-CSF, le GM-CSF), EGF (Epidermal Growth Factors),
FGFs (Fibroblast Growth Factors), IGFs (Insulin-like Growth Factors), PDGF (Platelet-
Derived Growth Factor), VEGF (Vascular Endothelium Growth Factor), HGF/SF (Hepa-

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Les Communications et Interactions Cellulaires

tocytic Growth Factor/Scatter Factor), la famille des neurotrophines (dont le NGF ou Nerve
Growth Factor), etc.

Les cytokines jouent un rôle clef dans divers types de communication intercellulaire. Les méca-
nismes par lesquels elles influencent l’activité des cellules sont de plusieurs types : principalement
autocrine/paracrine, mais également juxtacrine et même endocrine (les effets endocrines sont dis-
cutés, mais on ne peut exclure la possibilité que les cytokines produites par quelques cellules agis-
sent sur d’autres cellules du tissu adjacent via la circulation capillaire locale).
Les récepteurs membranaires aux cytokines sont classés en plusieurs groupes. Ils induisent des si-
gnaux spécifiques à chaque cytokine et des signaux communs aux différents stimuli. Un certain
nombre de produits d’oncogènes ou de protooncogènes agissent comme des cytokines ou des ré-
cepteurs aux cytokines.

4.3.2 Les modalités de diffusion des différentes molécules de


signalisation sont également très diverses.
La signalisation s’effectue par des molécules diffusibles qui gagnent une cible plus ou moins éloi-
gnée de la cellule qui les a produites.

Neurocrinie.
La transmission de l’information est ici ponctuelle au niveau d’une synapse ; la diffusion
de l’information est extrêmement réduite. Elle concerne les neurotransmetteurs.
Autocrinie/Paracrinie.
Dans l’autocrinie, les molécules de signalisation modifient l’activité de la cellule qui les a
produites ou des cellules voisines de même type, réalisant ainsi une régulation en feed-back
(ou rétro-action). Dans la paracrinie, les molécules sont sécrétées localement et modulent
l’activité de cellules adjacentes au sein du même tissu (par exemple, le TNF produit par les
macrophages activés dans la moelle osseuse stimule la synthèse d’ADN par les ostéoblastes
voisins). En fait, on parle de plus en plus d’autocrinie/paracrinie parce que les deux méca-
nismes sont le plus souvent associés et étroitement intriqués.
Endocrinie.
Déversées dans le sang par les glandes endocrines anatomiquement individualisées (hypo-
physe, épiphyse, thyroïde, parathyroïdes, cortico- et médullo-surrénales, îlots de Lange-
rhans du pancréas, ovaires, testicules), les hormones vont agir à distance de leur lieu de
sécrétion sur leurs cellules-cibles pourvues des récepteurs appropriés.
A part, deux mécanismes très particuliers :
1) l’intracrinie : la molécule de signalisation ne sort pas de la cellule qui l’a synthétisée et
se lie à son récepteur à l’intérieur de celle-ci ; 2) la juxtacrinie : il s’agit d’un mécanisme
de stimulation cellulaire non-diffusible, ainsi, par exemple, une cytokine accrochée à la
membrane cellulaire se lie directement sur place à un récepteur membranaire d’une cellule
adjacente.

Au total, les glandes endocrines, le système nerveux, le système immunitaire, les eicosanoïdes, le
réseau des cytokines, et certainement d’autres classes de molécules de signalisation non actuelle-

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Les Communications et Interactions Cellulaires

ment identifiées, assurent de multiples échanges de signaux entre les cellules de l’organisme et réa-
lisent un entrecroisement complexe et interdépendant de communications intercellulaires.

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La Matrice Extra-Cellulaire et les Cellules qui l’Élaborent

Chapitre 5

La Matrice Extra-Cellulaire et
les Cellules qui l’Élaborent
Comme son nom l’indique, la matrice extra-cellulaire (MEC) est retrouvée, à tous les niveaux de
l’organisme, emplissant l’espace entre les cellules. L’abondance et la composition de la MEC varie
selon les tissus : très abondante dans les tissus conjonctifs lâches, particulière dans les tissus osseux
et cartilagineux, très pauvre entre les cellules épithéliales.
Actuellement, il importe d’être capable d’identifier et de localiser précisèment les différentes mo-
lécules présentes dans la MEC (essentiellement protéiques et glycoprotéiques) afin de concevoir
les interactions entre cellules et entre cellules et MEC à l’oeuvre dans de très nombreux processus
embryologiques, physiologiques et pathologiques.
Les principales macromolécules de la MEC sont des polysaccharides (glycosaminoglycanes et
protéoglycanes) et des protéines fibreuses, qu’elles soient de structure (collagènes et élastine) ou
d’adhésion (fibronectine et laminine), jouant un rôle important dans les mécanismes d’adhésion
cellule-cellule et cellule-MEC.

5.1 Les principaux polysaccharides de la


MEC sont des glycosaminoglycanes et
protéoglycanes.
Les glycosaminoglycanes
sont de longues chaînes polysaccharidiques faites de la répétition d’un même motif disac-
charidique. Les disaccharides de ce motif comportent un monosaccharide A (acide glucu-
ronique, acide iduronique ou galactose) et un monosaccharide B (N-acétylglycosamine ou
N-acétylgalactosamine). Les principaux glycosaminoglycanes présents dans la MEC sont
l’acide hyaluronique, le chondroïtine-sulfate, le dermatane-sulfate, l’héparane-sulfate,
l’héparine, le kératane-sulfate. De nombreuse protéines extra-cellulaire de la MEC (colla-
gène, fibronectine, laminine) ou des récepteurs cellulaires de surface peuvent se lier à l’aci-
de hyaluronique.
Les protéoglycanes
sont formés par un noyau protéique sur lequel se lient des glycosaminoglycanes. Les plus
répandus sont la décorine (chondroïtine-sulfate/dermatane-sulfate) dans tous les tissus con-

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La Matrice Extra-Cellulaire et les Cellules qui l’Élaborent

jonctifs, le perlecan (héparane-sulfate) dans les membranes basales, l’aggrécane, le β-gly-


cane, le serglycin, le syndecane-1.
Les agrégats de protéoglycanes
correspondent à une molécule d’acide hyaluronique sur laquelle se lient de multiples pro-
téoglycanes. Leur charge négative élevée permet de retenir de grandes quantités d’eau. Ils
ont la capacité de se lier aux facteurs de croissance et aux cytokines.

5.2 La superfamille des collagènes comprend


plus de 29 types différents.
Les collagènes constituent une superfamille de molécules formée par 19 protéines classiques et 10
protéines portant des domaines de type collagénique. Chaque molécule de tropocollagène est com-
posée d’une triple hélice α dont la composition en acides aminés diffère selon le type de collagène.
Dans un trimère, les chaines α peuvent être identiques ou non. Les fibres de collagène sont for-
mées, dans l’espace extra-cellulaire, par l’assemblage bout à bout et côte à côte de molécules de
tropocollagène synthétisées et excrétées par les fibroblastes selon les mécanismes classiques de la
sécrétion protéique. On subdivise cette superfamille en plusieurs groupes. Nous n’envisagerons ici
que les types de collagène les mieux connus.
Les collagènes I, II et III sont de type fibrillaire, alors que les collagènes IV, VIII et X forment des
réseaux.

Le collagène I est le plus communément distribué.


Il se trouve dans le tissu conjonctif banal, dans le tissu conjonctif dense, dans le tissu os-
seux. En microscopie électronique, les fibrilles de collagène ont un diamètre variant de 20
à 100 nm et présentent une striation transversale due à l’alternance de bandes sombres et
claires selon une périodicité de 64 à 67 nm. Ces fibrilles élémentaires, jamais anastomo-
sées, ont une longueur indéterminée et se groupent pour former des fibres qui elles-même
s’assemblent en faisceaux plus ou moins onduleux visibles en microscopie optique, surtout
après certaines colorations (le safran les colore en jaune, les trichromes en vert ou en bleu,
le rouge Sirius en rouge). Ces faisceaux, diversement orientés dans l’espace, sont le subs-
tratum essentiel du rôle de soutien mécanique dévolu au tissu conjonctif.
Le collagène II est surtout présent dans le cartilage
ainsi que dans le corps vitré de l’oeil. Il se présente sous forme de fines fibrilles qui ne se
groupent pas en fibres de plus fort calibre.
Le collagène III est celui des fibres de réticuline.
Le tissu réticulaire (ou tissu réticulé) correspond au tissu conjonctif qui constitue le stroma
des organes hématopoïétiques et lymphoïdes (ganglions lymphatiques, rate, moelle osseu-
se) et du foie.
Le collagène IV est particulier aux membranes basales
où il constitue les plaques d’ancrage (anchoring plaques).
Le collagène VI forme des filaments perlés.
Présent, en petites quantités, partout où se trouvent des collagènes I ou III, il est particuliè-

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La Matrice Extra-Cellulaire et les Cellules qui l’Élaborent

rement abondant dans la cornée de l’oeil.


Le collagène VII forme des fibrilles permettant l’accrochage aux lames basales.
Il est présent dans la membrane basale de beaucoup d’épithéliums et tout particulièrement
au niveau de la jonction dermo-épidermique où il constitue les fibrilles d’ancrage (ancho-
ring fibrils) qui semblent accrocher la membrane basale (dans laquelle elles s’insèrent à
leurs deux extrémités) aux fibrilles de collagène I et III (autour desquelles elles s’enroulent)
de la MEC sous-jacente.
Le collagène VIII
est produit par les cellules endothéliales et est parfois dénommé collagène endothélial.
Le collagène X
est un des collagènes les plus spécialisés. Il est produit par les chondrocytes hypertrophiés.

5.3 L’élastine est la molécule principale des


fibres élastiques.
En microscopie optique, les fibres élastiques (caractérisées, comme leur nom l’indique, par leur
élasticité) ne sont visibles que par des colorations spéciales (orcéine, fuchsine-résorcine) qui les
font apparaître sous forme d’un réseau de très fines fibres allongées et anastomosées, à trajet ap-
proximativement rectiligne.
En microscopie électronique, les fibres élastiques se présentent comme des plages d’une substance
amorphe plus ou moins dense aux électrons contenant en périphérie des microfibrilles d’une di-
zaine de namomètres de diamètre, dépourvues de striation, constituant un réseau microfibrillaire.
La composition moléculaire des fibres élastiques est plus complexe qu’il n’a semblé en première
analyse. Le composant amorphe est principalement constitué d’élastine (précédée par la tropo-
élastine) ; le réseau microfibrillaire est fait de plusieurs glycoprotéines dont les plus abondantes
sont les fibrillines 1 et 2.
Les fibres élastiques sont dispersées en nombre variable dans le tissu conjonctif lâche et sont abon-
dantes dans les ligaments élastiques, les lames élastiques des grosses artères, le cartilage élastique.

5.4 La fibronectine est une glycoprotéine


extra-cellulaire ubiquitaire. Elle est un des
maillons-clés de l’adhésion des cellules à la
MEC.
Elle est présente sous forme soluble (sécrétée par les hépatocytes et les cellules endothéliales) dans
les liquides de l’organisme et sous forme insoluble dans la MEC, où elle est sécrétée par les cellules

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La Matrice Extra-Cellulaire et les Cellules qui l’Élaborent

mésenchymateuses (en particulier les fibroblastes) et par certaines cellules épithéliales. Elle joue
un rôle fondamental dans de multiples processus physiologiques, tels que l’embryogénèse, la cica-
trisation, l’hémostase et la coagulation. Elle se présente sous la forme d’un dimère dont les deux
monomères sont reliés par deux ponts disulfure à proximité du COOH terminal. Elle présente de
nombreux sites de liaison (binding sites) pour des protéines de la MEC (comme le collagène, la
thrombospondine), des récepteurs membranaires tels que les intégrines, des protéines du sang cir-
culant (comme la fibrine), des glycosaminoglycanes (comme l’héparine et le chondroïtine-sulfate).

5.5 Diverses cellules élaborent la MEC.


Les fibroblastes (ou fibrocytes) sont les cellules principales du tissu conjonctif.
Les fibroblastes ( = fibrocytes) sont des cellules fusiformes ou étoilées possédant de longs
prolongements cytoplasmiques. En microscopie optique, leur cytoplasme est peu visible et
seul leur noyau, ovoïde, allongé, avec un ou deux nucléoles, est bien visible. En microsco-
pie électronique, on y décèle tous les organites cellulaires habituels et surtout, dans les fi-
broblastes en pleine activité, l’abondance des organites impliqués dans la synthèse des
protéines (ribosomes, réticulum endoplasmique granulaire, appareil de Golgi). En effet, ce
sont les fibroblastes qui synthétisent les macromolécules protéiques et polysaccharidiques
de la MEC du tissu conjonctif.
Les chondrocytes sécrètent la MEC du tissu cartilagineux
Voir chapitre 11 page 87.
Les ostéoblastes et les ostéocytes sécrètent la MEC du tissu osseux
Voir chapitre 11 page 87.
Les odontoblastes sécrètent la dentine (ou ivoire) des dents.

Les adamantoblastes sécrètent l’émail des dents.

5.6 Les membranes basales, entourant


certains types cellulaires, correspondent à une
zone particulière de la MEC.
Les relations entre les cellules et la MEC sont fondamentales. L’exemple des cellules épithéliales
est particulièrement démonstratif. Morphologiquement, on peut identifier, au niveau de cette inter-
face, deux types de structures : la membrane basale et les jonctions. Beaucoup des interactions en-
tre les cellules et la MEC sont médiées par des récepteurs de la surface cellulaire appartenant à la
famille des intégrines. On ne connaît pas encore en détail les mécanismes précis par lesquels s’ef-
fectue la transduction des signaux venus des protéines de la MEC et transmis à la machinerie in-

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La Matrice Extra-Cellulaire et les Cellules qui l’Élaborent

tracellulaire qui contrôle la croissance, le comportement et la différenciation cellulaires.

5.6.1 La membrane basale


Dans un but de simplification, nous considérerons comme synonymes les termes de membrane
basale et de lame basale.
La membrane basale (MB) correspond à une région de MEC spéciale formant une couche protéi-
que complexe autour de tout ou partie de la membrane plasmique de certaines cellules. Visible en
microscopie optique sous la forme d’un trait rouge (après coloration par le PAS) ou noir (après im-
prégnation argentique) surlignant le pôle basal des cellules épithéliales, la MB apparaît en micros-
copie électronique sous la forme d’un fin feutrage de filaments irréguliers s’orientant dans les trois
plans de l’espace. Elle est constituée de 3 couches superposées : de la membrane plasmique vers
la MEC, successivement, la lamina rara (ou lucida) (transparente aux électrons), la lamina densa
et la lamina reticulata (qui inclut des fibrilles de collagène, des plaques d’ancrage (collagène IV)
et des fibrilles d’ancrage (collagène VII).
La distribution topographique des MB est ubiquitaire : une membrane basale se trouve bien sûr à
l’interface entre la face basale des cellules épithéliales (qu’il s’agisse d’épithéliums de revêtement
ou glandulaires) et la MEC sous-jacente, mais également autour des adipocytes, des cellules mus-
culaires, des cellules de Schwann, de certaines régions des astrocytes, etc. La plupart d’entre elles
ont moins de 0,2 µm d’épaisseur et sont qualifiées de «fines» par opposition à certaines MB parti-
culièrement «épaisses» (> 2 µm), telles que la capsule du cristallin.

5.6.2 Principales molécules constituant la MB.


La famille des collagènes IV.
Caractéristiques des MB, les collagènes IV forment un réseau stable de polymères.
La famille des laminines.
Chaque molécule de laminine est faite d’un hétérotrimère de 3 chaînes (α, β et γ). Les mo-
lécules de la laminine 1 s’assemblent pour former un réseau qui, associé au réseau formé
par le collagène IV, constitue la trame de fond de la plupart des MB. La laminine 2 (ou mé-
rosine) joue certainement un grand rôle dans le maintien de la fonction normale du muscle
squelettique. Les laminines 5, 6 et 7 sont des laminines d’adhésion aux cellules épithéliales.
La laminine 5 (ou kalinine/nicéine) se trouve au niveau des hémidesmosomes.
Le nidogène/entactine
relie, au sein du double réseau de laminine et de collagène IV, les molécules de laminine,
de collagène IV, de perlecan, de fibuline.
D’autres molécules sont dispersées dans la MEC :
le perlecan (heparan-sulfate protéoglycane) lié à la laminine et au collagène IV, la SPARC
(secreted protein acidic and rich in cystein) lié au collagène IV, la fibuline liée à la laminine
et au nidogène/entactine.
Les MB renferment également des constituants extrinsèques
en particulier de la fibronectine.
La surface des cellules faisant face à la MEC présente de nombreux récepteurs à des molé-

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La Matrice Extra-Cellulaire et les Cellules qui l’Élaborent

cules de la MEC
en particulier des récepteurs à la fibronectine (intégrines), des récepteurs à l’acide hyaluro-
nique (en particulier le CD44), des récepteurs à de nombreuses cytokines.

5.7 La matrice péri-cellulaire se situe entre la


membrane plasmique des cellules et la MEC.
Dans cette zone de transition (de 50 nm à 20 µm d’épaisseur selon le type cellulaire et selon que
l’on y inclut ou non le cell-coat - ou glycocalyx, ou revêtement cellulaire - visible à la surface de
certaines cellules), les ectodomaines des glycoprotéines, protéoglycanes et glycolipides de la mem-
brane plasmique se trouvent entremêlés avec de l’acide hyaluronique et une variété de glycopro-
téines et protéoglycanes de la MEC.

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La Cellule Épithéliale

Chapitre 6

La Cellule Épithéliale
Les cellules épithéliales sont caractérisées par : 1) leur morphologie : les cellules épithéliales pren-
nent, du fait de leur étroite juxtaposition et de leur jointivité, une forme pavimenteuse, cubique ou
prismatique, au lieu de la forme grossièrement arrondie des cellules libres (lymphocytes, mastocy-
tes, etc), de la forme allongée des cellules musculaires ou de la forme étoilée de certaines cellules
comme les neurones, les astrocytes, les fibroblastes ; 2) le développement considérable de leurs in-
teractions cellule-cellule par l’intermédiaire des molécules d’adhérence cellulaire et des systèmes
de jonction spécialisés qu’elles forment ; 3) leur polarité cellulaire très marquée ; 4) la présence
de filaments intermédiaires de cytokératine dans leur cytosquelette ; 5) les relations cellule-MEC
qui s’effectuent, à travers la membrane basale, par l’intermédiaire de molécules d’adhérence cel-
lulaire et de systèmes de jonction spécialisés.

6.1 Les cellules épithéliales sont hautement


polarisées.
La capacité des cellules animales à générer et maintenir une distribution polarisée des composants
de la surface cellulaire et des organites intracellulaires est capitale pour leur capacité à fonctionner
en réseaux pluricellulaires. C’est une caractéristique fondamentale pour les interactions cellule-
cellule, la sécrétion, l’immunité cellulaire, le fonctionnement, le développement et la morphogé-
nèse des tissus. La plupart, sinon toutes les cellules, possèdent un certain degré d’asymétrie. La po-
larité cellulaire est particulièrement démonstrative dans les cellules épithéliales qui bordent les
cavités de l’organisme et l’exemple des entérocytes est parmi les plus parlants.

6.2 La membrane plasmique comprend 2


domaines distincts : apical et basolatéral.
La surface des cellules épithéliales est typiquement divisée en au moins deux domaines fonction-
nellement et biochimiquement distincts, mais en continuité physique. Le domaine apical de la
membrane plasmique, celui qui regarde la lumière de l’organe, est le domaine le plus spécialisé,
car la surface apicale contient la plupart des protéines nécessaires aux fonctions spécifiques de l’or-

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La Cellule Épithéliale

gane (digestion, absorption de nutriments, résorption). Par contre, le domaine basolatéral de la


membrane plasmique contient la plupart des protéines requises pour les processus cellulaires fon-
damentaux communs aux cellules polarisées et aux cellules non-polarisées.
La génération et la maintenance de ces 2 domaines membranaires distincts implique le tri des mo-
lécules constituant la membrane plasmique. Les protéines apicales, comme les protéines basolaté-
rales, sont synthétisées dans le réticulum endoplasmique granulaire et transportées dans le
complexe de Golgi, mais sont finalement présentées dans des domaines opposés de la membrane
plasmique. Le problème est encore compliqué par le fait qu’il s’effectue un échange permanent en-
tre les deux domaines, du fait de l’internalisation de composants membranaires par endocytose de-
puis une surface cellulaire jusqu’à la surface opposée (processus de transcytose). Les
microtubules et microfilaments jouent un rôle important dans le tri et l’adressage des protéi-
nes aux 2 domaines de la membrane plasmique.

6.3 Les 2 domaines sont séparés par un


anneau de jonctions serrées.
Les domaines apical et basolatéral de la membrane plasmique sont séparés par des jonctions serrées
(ou jonctions imperméables, jonctions étanches, tight-junctions - T.J. -, zonulae occludentes -
Z.O. -, jonctions occludens). A leur niveau, les deux membranes cellulaires adjacentes sont fu-
sionnées le long des crêtes (ou fibrilles) linéaires formées par une succession de protéines intra-
membranaires engrenées les unes avec les autres à la façon d’une fermeture éclair. Ces lignes de
fermeture (ou crêtes jonctionnelles ou chaines de scellage) sont plus ou moins nombreuses et s’en-
trecroisent de façon variable si bien qu’elles constituent un réseau plus ou moins dense réalisant
une barrière d’autant plus efficace qu’il est plus dense.
La protéine transmembranaire spécifique des zonula occludens est l’occludine. Y sont associées
d’autres protéines comme la Z.O.1, la Z.O.2, la cinguline. Aucune cadhérine n’a été détectée dans
les zonula occludens. ZO1 interagit avec la spectrine qui elle-même interagit avec les microfila-
ments d’actine du cytosquelette.
L’anneau (ou ceinture ou zonula, par opposition à des jonctions portant sur des surfaces membra-
naires limitées et dites alors de type macula) de jonctions étanches qui entoure complètement les
faces latérales des cellules épithéliales assez près de leur pôle apical a un triple rôle : 1) il permet
aux cellules adjacentes d’adhérer les unes aux autres ; 2) il constitue une barrière qui régule le flux
des molécules à travers l’espace para-cellulaire; cette barrière sépare, dans l’espace para-cellulaire
(c’est à dire dans l’espace extra-cellulaire compris entre deux cellules épithéliales adjacentes), un
compartiment «luminal» (apical) et un compartiment «sérosal» (baso-latéral), ce dernier étant en
continuité avec le liquide interstitiel et, finalement, le sang ; entre les sous-unités protéiques de la
Z.O., d’étroits pores peuvent être ménagés pour permettre le passage des ions ; 3) il sépare les deux
domaines différents de la membrane plasmique (le domaine apical et le domaine baso-latéral) en
empêchant la libre diffusion des lipides et des protéines de chaque domaine dans l’autre.

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La Cellule Épithéliale

6.4 Le pôle apical des cellules épithéliales


présente des différenciations.
Directement au contact du milieu extérieur ou de la lumière des cavités de l’organisme, le pôle api-
cal des cellules épithéliales de revêtement peut être le siège de diverses différenciations (dites dif-
férenciations apicales), déjà visibles en microscopie optique, mais surtout bien identifiables en
microscopie électronique.

6.4.1 Les microvillosités apicales sont banales.


Il s’agit de petites expansions cytoplasmiques plus ou moins nombreuses, de longueur et de dispo-
sition irrégulières. On en trouve au pôle apical des cellules de nombreux épithéliums.

6.4.2 Le plateau strié et la bordure en brosse sont


caractéristiques des entérocytes et des cellules du tube
contourné proximal du rein.
Le plateau strié, situé au pôle apical des entérocytes de l’épithélium intestinal, est constitué par un
grand nombre de microvillosités rectilignes de même calibre (0,1 µm), de même longueur (1 à 2
µm), disposées parallèlement de façon très ordonnée. A la face externe de leur membrane plasmi-
que, le feutrage du glycocalyx est bien visible en microscopie électronique. Ce dispositif augmente
considérablement la surface membranaire du pôle apical de la cellule et, de ce fait, joue un rôle
considérable dans les phénomènes d’absorption. Les microvillosités du plateau strié contiennent
en leur centre un important faisceau de microfilaments parallèles d’actine maintenus ensemble
par les protéines de formation du faisceau d’actine, principalement la fimbrine et surtout la villine.
Les termes de plateau strié et de bordure en brosse (brush border) sont utilisés indifféremment dans
la littérature de langue anglaise, mais les auteurs français réservent le terme de bordure en brosse
aux arrangements où les microvillosités sont habituellement plus longues et moins régulièrement
disposées que dans le plateau strié. La fonction d’absorption est analogue à celle du plateau strié.
Les cellules à bordure en brosse les plus typiques sont celles du tube contourné proximal du rein.

6.4.3 Les stéréocils correspondent à des microvillosités


longues et flexueuses.
Les stéréocils sont dépourvus de microfilaments centraux, et, bien qu’ils soient parallèles à leur ba-
se, ils deviennent très sinueux et entremêlés à leur extrémité distale. Les cellules à stéréocils les
plus typiques sont celles du canal épididymaire et du canal déférent.

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La Cellule Épithéliale

6.4.4 Les cils vibratiles permettent à certains épithéliums de


mettre en mouvement les éléments du contenu de la cavité
qu’ils bordent.
On les rencontre surtout au niveau de l’épithélium des voies respiratoires et de l’épithélium de cer-
tains segments des voies génitales (trompes utérines chez la femme). L’appareil ciliaire comprend
trois éléments : 1) le cil proprement dit, expansion cytoplasmique en doigt de gant limitée par la
membrane plasmique de la cellule et contenant 9 paires de tubules périphériques et 2 tubules cen-
traux, tous parallèles au grand axe du cil ; on décrit de plus, dans le cil, un manchon central entou-
rant le doublet microtubulaire central, les bras externes de dynéine, les bras internes de dynéine,
les filaments de nexine et les filaments radiaires ; 2) le corpuscule basal, de structure voisine de
celle des centrioles dont il dérive, avec ses 9 triplets de tubules périphériques sans tubules
centraux ; 3) la racine ciliaire, inconstante et de signification fonctionnelle inconnue, partant de
la base du corpuscule basal et s’enfonçant dans le cytoplasme sous-jacent.
On peut rapprocher des cellules ciliées les cellules sensorielles (cellules olfactives, cellules vesti-
bulaires, cellules auditives, photorécepteurs rétiniens) dont le pôle apical est le siège de dérivés ci-
liaires plus ou moins sophistiqués qui témoignent de la double valeur originelle du cil (moteur et
sensitif).

6.4.5 Les sécrétions polarisées des cellules des épithéliums de


revêtement sont soit exocrines soit plus rarement endocrines.
Un certain nombre de cellules des épithéliums de revêtement ont une fonction glandulaire et se ca-
ractérisent morphologiquement par la présence de vésicules de sécrétion accumulées à leur pôle
apical pour les cellules exocrines et à leur pôle apical ou basal selon les cas pour les cellules endo-
crines. Il s’agit habituellement de cellules glandulaires exocrines (muqueuses ou séreuses) isolées
(glande unicellulaire) ou groupées (glande intra-épithéliale, épithélium sécrétoire). On doit égale-
ment signaler la présence possible, dans certains épithéliums (du tube digestif, par exemple), de
cellules glandulaires endocrines (cellules dites neuroendocrines).

6.4.6 La membrane plasmique du pôle apical des cellules de


l’urothélium est asymétrique.
L’urothélium (épithélium qui revêt la lumière des voies urinaires excrétrices : bassinets, uretères,
vessie et partie initiale de l’urèthre des mammifères) élabore un produit de différenciation très par-
ticulier, représenté par la membrane plasmique asymétrique qui constitue le pôle apical de ses
cellules les plus superficielles. Cette membrane est qualifiée d’asymétrique parce que l’épaisseur
de son feuillet externe est proche du double de celle de son feuillet interne. Son feuillet externe est
composé de particules protéiques de 12 nm de diamètre. Les principales protéines de ce feuillet ex-
terne sont les uroplakines. La topologie probable de ces uroplakines montre qu’elles ont de 1 à 4

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La Cellule Épithéliale

domaines transmembranaires et que leur domaine extra-cellulaire est beaucoup plus important que
leur domaine cytoplasmique qui est très réduit.
Des études morphologiques et physiologiques suggèrent que cette membrane asymétrique soit im-
pliquée dans l’étirement et la stabilisation de la surface cellulaire, probablement grâce à des inte-
ractions avec le cytosquelette sous-jacent. Ce dispositif permet ainsi d’éviter la rupture de la
membrane pendant la phase de remplissage de la vessie.

6.5 La région latéro-basale des cellules


épithéliales est le siège de systèmes de
jonction.
La région latéro-basale de la membrane plasmique de la cellule épithéliale est en contact avec les
cellules adjacentes par l’intermédiaire du compartiment basolatéral de l’espace para-cellulaire.
Elle entre également en contact avec la matrice-extra-cellulaire (MEC) du tissu conjonctif sous-
jacent. L’adhésion (ou adhérence) cellule-cellule et cellule-MEC résulte de la redistribution sélec-
tive des molécules d’adhérence (voir chapitre 4 page 33) dans la surface cellulaire de telle sorte
qu’elles se concentrent dans les sites de contact intercellulaire où elles peuvent former des systè-
mes de jonction spécialisés (voir chapitre 4 page 33).

6.6 Les filaments intermédiaires du


cytosquelette des cellules épithéliales
appartiennent à la famille des kératines.
Dans les cellules épithéliales humaines, les filaments intermédiaires sont constitués par des poly-
mères de kératine (appelée aussi cytokératine ou α-kératine). Les filaments de kératine sont atta-
chés aux desmosomes et aux hémidesmosomes. Ainsi, les filaments intermédiaires de cellules
adjacentes sont en contact par l’intermédiaire des desmosomes. Cette disposition indique un rôle
de cohésion intercellulaire pour ces structures.
Les filaments intermédiaires de kératine peuvent être visualisés dans le cytoplasme cellulaire par
immunocytochimie avec des anticorps dirigés contre les diverses cytokératines. A noter que tous
les épithéliums, qu’ils soient ou non kératinisés, contiennent des filaments intermédiaires de cyto-
kératine. Par contre, les cellules épithéliales sont habituellement dépourvues des filaments inter-
médiaires caractéristiques d’autres types cellulaires : vimentine (cellules conjonctives), desmine
(cellules musculaires), GFA (astrocytes), neurofilaments (cellules nerveuses). A l’intérieur du
noyau, se trouve, comme dans toutes les cellules, des filaments intermédiaires de lamine.

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La Cellule Épithéliale

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Les Cellules Sécrétrices. Les Glandes Endocrines. La Signalisation Endocrine.

Chapitre 7

Les Cellules Sécrétrices. Les


Glandes Endocrines. La
Signalisation Endocrine.

7.1 Cellules sécrétrices


Toutes les cellules «synthétisent» les molécules de leurs propres constituants (leurs membranes,
leurs organites...).
Le concept de «sécrétion» renvoie à l’idée qu’une cellule synthétise des molécules qu’elle ex-
porte hors de son cytoplasme.
Presque toutes les cellules de l’organisme ont une activité sécrétrice libérant des molécules cons-
titutives (par exemple : gycosaminoglycanes, albumine), des molécules à activité métabolique (par
exemple : enzymes) ou des molécules de signalisation (par exemple : cytokines, hormones, neuro-
transmetteurs).
Certaines cellules épithéliales sont spécialisées dans l’activité sécrétoire et sont alors appelées
cellules glandulaires.

7.2 Les molécules exportées ont deux grands


types de destination.

7.2.1 Soit les molécules sécrétées sont destinées à sortir de


l’organisme à plus ou moins court terme :
ce sont les sécrétions externes, produites par les glandes exocrines.

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Les Cellules Sécrétrices. Les Glandes Endocrines. La Signalisation Endocrine.

Tableau 1 : Glandes Exocrines

Sécrétions externes Glandes exocrines


- Sueur - Glandes sudoripares
- Sébum - Glandes sébacées
- Larmes - Glandes lacrymales
- Lait - Glandes mammaires
- Salive - Glandes salivaires
- Bile - Foie
- Suc gastrique - Estomac
- Suc pancréatique - Pancréas exocrine
- Etc. - Etc.

7.2.2 Soit les molécules sécrétées restent à l’intérieur de


l’organisme pour y agir en tant que signal sur une cellule-
cible située plus ou moins loin ;
et l’on aura à faire selon les cas à une signalisation plus ou moins ciblée: endocrine, auto/paracrine
ou neurocrine. Ainsi, les glandes endocrines sécrétent des hormones qui inondent l’organisme alors
que la sécrétion neurocrine (voir chapitres 16 page 121, 17 page 127, 18 page 133, et 19 page 141)
est focalisée sur une synapse.

Tableau 2 : Glandes Endocrines

Glandes endocrines Hormones (sécrétions internes)


- Glande thyroïde - Hormones thyroïdiennes (T3, T4)
- Calcitonine
- Glandes parathyroïdes - Parathormone (PTH)
- Glandes surrénales
médullosurrénale - Adrénaline, noradrénaline
corticosurrénale - Minéralocorticoïdes
- Glucocorticoïdes (cortisol)
- Pancréas - Insuline
- Glucagon
- Ovaires - Oestrogènes
- Progestérone

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Les Cellules Sécrétrices. Les Glandes Endocrines. La Signalisation Endocrine.

Glandes endocrines Hormones (sécrétions internes)


- Testicules - Testostérone
- Hypothalamus - (Voir tableau 3 page 60)
- Hypophyse - (Voir tableau 3 page 60)
- Etc. - Etc.

7.3 Le plus souvent, les cellules glandulaires


se groupent en épithéliums glandulaires.
La plupart des épithéliums glandulaires se sont détachés, pendant l’histogénèse, des épithé-
liums de revêtement. Ainsi, les glandes sudoripares, sébacées et mammaires se forment à partir
de l’ectoderme de surface; les glandes oesophagiennes, les glandes gastriques, les glandes intesti-
nales, le foie, le pancréas, se différencient à partir de l’épithélium d’origine endodermique de l’in-
testin primitif; les corticosurrénales naissent de l’épithélium coelomique d’origine mésodermique.
Etroitement associés à du tissu conjonctif richement vascularisé, ces épithéliums glandulaires
constituent des amas de taille variable, bien individualisés, que l’on nomme des glandes. Celles-
ci peuvent constituer des organes identifiables à l’échelle macroscopique (glande pinéale ou épi-
physe, hypophyse, glande thyroïde, surrénales, glandes parotides, glandes mammaires, pancréas,
foie, prostate, etc) ou identifiables seulement à l’échelle microscopique dans la paroi d’organes
creux (glandes oesophagiennes, glandes gastriques, glandes intestinales, glandes trachéales, etc)
ou sous forme de cellules isolées dans un épithélium de revêtement (cellules à mucus, cellules neu-
roendocrines, etc).
Les glandes amphicrines sont à la fois exocrines et endocrines, soit que la glande ne comporte
qu’un seul type cellulaire exerçant les deux fonctions (comme la cellule hépatique dans le foie),
soit que la glande comporte des portions faites de cellules exocrines et d’autres de cellules endo-
crines (comme le pancréas, avec les acini séreux exocrines et les îlots de Langerhans endocrines).

7.4 La sécrétion constitutive est continue, la


sécrétion régulée est déclenchée par un signal.
Lors d’une sécrétion continue dite constitutive (par exemple : les protéoglycanes et glycopro-
téines de la matrice extracellulaire), il existe un flux continu de vésicules d’origine golgienne ve-
nant fusionner avec la membrane plasmique. Les vésicules de transport destinées à la membrane
plasmique quittent la face trans de l’appareil de Golgi vers deux destinations. Les protéines asso-
ciées à la membrane et les lipides sont destinés à la membrane plasmique alors que les protéines
solubles sont sécrétées dans l’espace extracellulaire. La fusion des vésicules avec la membrane

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Les Cellules Sécrétrices. Les Glandes Endocrines. La Signalisation Endocrine.

plasmique se fait par exocytose.


Dans les cellules spécialisées dans la sécrétion (par exemple : les cellules glandulaires endocrines
et exocrines), les produits de sécrétion sont stockés dans des vésicules (ou grains) de sécrétion,
avant d’être libérés à la demande (sécrétion régulée). Dans ces vésicules de sécrétion, les protéi-
nes sécrétées subissent différents types de modifications. Elles sont tout d’abord concentrées, d’en-
viron 200 fois par rapport à leur concentration dans le Golgi. D’autres modifications interviennent
tel que le clivage par protéolyse d’une protéine inactive en protéine active, ou le clivage d’une po-
lyprotéine servant de précurseur à des peptides différents. La dernière étape dans la sécrétion régu-
lée est celle de la libération le plus souvent par exocytose déclenchée par un signal. Le signal de
sécrétion est en général une hormone ou un neurotransmetteur s’associant à son récepteur à la sur-
face de la cellule sécrétrice, déclenchant une cascade d’événements intracellulaires dont une aug-
mentation du Ca++ cytosolique. Ce signal induit la mobilisation de la vésicule sur le lieu
d’exocytose, sa fusion à la membrane plasmique, la libération du contenu puis le recyclage de la
membrane de la vésicule par endocytose.

7.5 Les glandes exocrines déversent leur


produit de sécrétion dans le milieu extérieur
(extrusion).

7.5.1 Sauf exceptions, les glandes exocrines comportent une


portion sécrétrice et un canal excréteur.
Le plus souvent, le produit de sécrétion est déversé dans le milieu extérieur soit directement soit
dans une cavité de l’organisme en continuité avec le milieu extérieur, par un canal excréteur.
Portions sécrétrices et canaux excréteurs sont enveloppés par un stroma de tissu conjonctif conte-
nant de nombreux capillaires sanguins ; dans les glandes composées, le stroma délimite des lobu-
les. Pour la description morphologique des glandes de ce groupe, il est nécessaire de tenir compte
des caractéristiques des portions sécrétrices et des canaux excréteurs : glande simple (canal excré-
teur unique), glande composée (canal excréteur ramifié), glande tubuleuse (portion sécrétrice en
forme de tube allongé), glande acineuse (portion sécrétrice en forme de petite sphère à lumière ré-
duite), glande alvéolaire (portion sécrétrice en forme de sac arrondi à lumière importante). Une tel-
le classification est évidemment trop rigide et tous les intermédiaires sont possibles, d’où les
qualificatifs de tubulo-acineux ou tubulo-alvéolaire.
Il existe quelques exceptions où le canal excréteur fait défaut. Le produit de sécrétion de la glande
est alors directement déversé dans le milieu extérieur ou dans une cavité en continuité avec lui. Il
s’agit de cellules glandulaires situées dans un épithélium de revêtement (comme les cellules mu-
queuses caliciformes réparties par exemple dans l’épithélium intestinal), de glandes intra-épithé-
liales (comme dans l’épithélium urétral) ou d’un véritable épithélium sécrétoire (comme
l’épithélium gastrique).

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7.5.2 Les cellules exocrines sécrétent des protéines


enzymatiques, des mucines ou des protéines associées à des
lipides.

7.5.2.1 Les cellules exocrines sécrétant des protéines pures correspondent aux
cellules dites «séreuses».
Les exemples les plus représentatifs sont les cellules acineuses du pancréas, les cellules parotidien-
nes, les cellules principales de l’estomac, etc. Leurs produits de sécrétion sont des protéines enzy-
matiques (trypsine, amylase, pepsine, etc). Ces cellules se caractérisent par le développement des
organites impliqués dans la synthèse et l’exportation des protéines : nucléole volumineux, réticu-
lum endoplasmique granulaire très développé, appareil de Golgi important, présence de vésicules
de sécrétion.
La succession des évènements est actuellement bien connue : 1) la cellule puise, dans le sang, les
matériaux nécessaires à l’édification de la protéine, et en particulier les acides aminés que la cellule
n’est pas capable de synthétiser ; 2) au fur et à mesure de leur synthèse au niveau des ribosomes,
les protéines pénètrent directement dans les citernes du réticulum endoplasmique granulaire ; 3) de
là, elles gagnent l’appareil de Golgi, où elles sont concentrées et empaquetées sous la forme de vé-
sicules de sécrétion (où le produit est entouré par une membrane d’origine golgienne) ; 4) les vé-
sicules de sécrétion s’approchent alors de la membrane plasmique de la cellule. La membrane de
la vésicule s’y accole. Les deux membranes fusionnent sur une courte distance et le contenu de la
vésicule de sécrétion peut ainsi être déversé à l’extérieur sans qu’il se produise de rupture de la
membrane plasmique (phénomène d’exocytose). Dans beaucoup de cellules glandulaires, le pro-
cessus de sécrétion n’est pas continu mais cyclique ; c’est, en particulier, le cas des cellules séreu-
ses. On décrit trois phases à ce cycle sécrétoire : 1) phase de mise en charge, où les vésicules de
sécrétion s’accumulent au pôle apical de la cellule ; 2) phase d’excrétion, pendant laquelle le pro-
duit de sécrétion est expulsé hors de la cellule, là encore déclénché par un signal ; 3) phase de repos,
pendant laquelle les organites de synthèse se reconstituent au sein de la cellule.

7.5.2.2 Les cellules exocrines sécrétant des mucus (ou mucines) correspondent
aux cellules dites «muqueuses».
Les exemples les plus courants sont les cellules caliciformes, les cellules à pôle muqueux fermé de
l’épithélium gastrique, les très nombreuses glandes du tube digestif, de l’arbre trachéo-bronchique
et du tractus uro-génital, etc. Les mucus étant des produits visqueux riches en glycosaminoglyca-
nes (muco-polysaccharides) ou protéoglycanes (mucoprotéines), les processus cytophysiologiques
sont analogues à ceux des cellules exocrines sécrétant des protéines. Dans le cas où l’hormone est
une molécule glycoprotéique, c’est au niveau de l’appareil de Golgi que s’effectue l’adjonction de
groupements glucidiques. Habituellement, l’abondance des vésicules de sécrétion de mucus fait
qu’en microscopie optique la cellule muqueuse a un aspect «clair» qui s’oppose à l’aspect «som-
bre» des cellules séreuses.

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7.5.2.3 Autres cas


A côté des glandes séreuses et des glandes muqueuses, très largement distribuées dans l’organisme,
il existe un certain nombre de glandes dont le produit de sécrétion n’est ni une protéine ni une
mucine et qui apparaissent comme très particulières tant morphologiquement que
fonctionnellement ; citons les glandes sudoripares (situées dans la peau et sécrétant la sueur), les
glandes sébacées (situées dans la peau et sécrétant le sébum), les glandes mammaires (situées sous
la peau et sécrétant le lait), les glandes fundiques (situées dans le fundus de l’estomac et sécrétant
l’acide chlorhydrique), les hépatocytes (cellules du foie, sécrétant la bile).

7.5.3 Selon la façon dont le produit de sécrétion est déversé à


l’extérieur de la cellule glandulaire on distingue
classiquement plusieurs types de glandes exocrines.
• En fait, l’extrusion du produit de sécrétion s’effectue le plus souvent par le mécanisme géné-
ral d’exocytose (glandes dites mérocrines).
• Certaines glandes cutanées font toutefois exception :
— les glandes sébacées (dont les cellules sont éliminées avec leur produit de sécrétion lipi-
dique, le sébum, qui remplit entièrement leur cytoplasme) sont dites holocrines ;
— les glandes mammaires et les glandes sudoripares apocrines (dont le produit de sécrétion
est éliminé avec la couronne de cytoplasme qui les entoure et qui se détache du reste de
la cellule) sont dites apocrines ; c’est le cas du composant lipidique de la sécrétion lactée
des glandes mammaires et du produit de sécrétion des glandes sudoripares apocrines qui
siègent dans les creux axillaires et dans la région des organes génitaux externes.

7.6 Les glandes endocrines déversent dans le


courant sanguin leur produit de sécrétion

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(appelé hormone) qui agit à distance sur les


récepteurs des organes-cibles.

7.6.1 La structure générale des glandes endocrines est centrée


par la présence de cellules glandulaires et de capillaires
sanguins.
Le plus souvent, les cellules glandulaires se disposent en travées, en cordons ou îlots au sein d’un
stroma conjonctif contenant de nombreux capillaires sanguins de type fenêtré. La disposition des
cellules glandulaires en follicules est propre à la thyroïde. Selon la nature chimique de l’hormone
sécrétée, on en distingue 2 groupes principaux : les hormones hydrophobes/lipophiles (dont les sté-
roïdes et les hormones thyroïdiennes) et les hormones hydrosolubles (hormones peptidiques et
amines biogènes).

7.6.2 Les hormones hydrophobes/lipophiles ont des


récepteurs intranucléaires.
• Ces hormones diffusent librement au travers de la membrane plasmique et se lient à des ré-
cepteurs nucléaires appartenant à la superfamille des récepteurs hormonaux intranucléai-
res. Cette superfamille comprend deux familles : celle des récepteurs aux hormones
stéroïdes (comme les oestrogènes, la progestérone, la testostérone, l’aldostérone, les gluco-
corticoïdes) et celle des récepteurs aux hormones non-stéroïdes, comme l’hormone thyroï-
dienne (T3), la vitamine D et l’acide rétinoïque (métabolite de la vitamine A). Une fois
activés, ces récepteurs se lient à l’ADN et modulent spécifiquement la transcription de cer-
tains gènes.
• Les cellules endocrines sécrétrices d’hormones stéroïdes se caractérisent essentiellement
par trois points : 1) le réticulum endoplasmique lisse est extrêmement abondant ; 2) les mito-
chondries sont très nombreuses et beaucoup d’entre elles possèdent des crêtes tubulaires et
non lamellaires comme dans la plupart des autres types de cellules ; 3) des vacuoles lipidiques
(liposomes) sont très fréquentes et parfois même très abondantes. En microscopie optique,
l’utilisation de solvants des graisses dans la préparation des coupes vide ces vacuoles de leur
contenu lipidique et donne à ces cellules un aspect spongieux («spongiocytes»).
De plus, il est fréquent de rencontrer, dans le cytoplasme de ces cellules, des amas de pigment
lipoprotéique (lipofuscine) dont la signification n’est pas bien connue. Les enzymes permet-
tant la synthèse des hormones stéroïdes à partir du cholestérol (puisé dans les capillaires san-
guins ou plus rarement synthétisé sur place) sont principalement localisées dans les
mitochondries pour les unes et dans le réticulum endoplasmique lisse ou à son voisinage pour
les autres.
Le produit de sécrétion n’apparaît pas sous forme figurée (les liposomes ne sont pas des vé-

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sicules de sécrétion mais représentent des réserves d’esters de cholestérol), leur extrusion se
fait par diffusion à travers la membrane plasmique et ne donnent pas lieu à des phénomènes
morphologiquement observables.

7.6.3 Les hormones hydrosolubles se lient à des récepteurs


localisé dans la membrane plasmique des cellules.
• Ces hormones sont soit des peptides (de quelques acides aminés jusqu’à des protéines de gran-
de taille) soit des petites molécules chargées ou amines biogènes (adrénaline, noradrénaline,
mélatonine, etc.).
Les récepteurs à ces hormones sont couplés à des systèmes de transduction tel que: le coupla-
ge à des protéines G ou l’activation d’enzymes telle que les tyrosines-kinases activant à leur
tour un complexe multiprotéique.
• Les cellules endocrines à sécrétion polypeptidique, protéique ou glycoprotéique ont les
mêmes caractéristiques morphologiques que les cellules exocrines sécrétant des protéines en-
zymatiques ou des glycoprotéines. Les mécanismes cytophysiologiques de synthèse, d’accu-
mulation intracellulaire et de rejet sont analogues. Les produits de sécrétion sont déversés à
l’extérieur par phénomène d’exocytose. Reste alors aux molécules à franchir la lame basale
des cellules glandulaires, le tissu conjonctif adjacent puis la lame basale et l’endothélium du
capillaire sanguin.
• Le concept de neurosécrétion renvoie à la sécrétion d’hormones par des cellules nerveu-
ses (on parle alors de neurones neurosécrétoires et de neuro-hormones). Il en existe deux
types :
— Les neuro-hormones hypothalamiques contrôlant la sécrétion hormonale de l’adéno-hy-
pophyse sont synthétisées par des neurones de l’hypothalamus latéral. Ces neuro-hormo-
nes agissent sur les cellules glandulaires de l’adéno-hypophyse pour les stimuler
(libérines) ou les freiner (statines).

Tableau 3 : Neuro-Hormones Hypothalamiques

Hormones adéno- Neuro-hormones hypothalamiques hypophysiotropes


hypophysaires Libérines Statines
- ACTH - Corticolibérine (CRH)
- TSH - Thyrolibérine (TRH)
- FSH et LH - Gonadolibérine (GnRH)
- STH (ou GH) - Somatolibérine (GRH) - Somatostatine (SRIF)
- Prolactine - Prolactolibérine (PRH) - Prolactostatine (PIF)

— Les neuro-hormones dites post-hypophysaires (ocytocine et vasopressine - ou hormone


antidiurétique ou ADH) sont sécrétées par les neurones hypothalamiques des noyaux su-

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pra-optiques et paraventriculaires.

7.6.4 La sécrétion des hormones fait l’objet d’un contrôle


rigoureux.
L’action coordonnée de l’ensemble des hormones, certaines agissant sur un temps court alors que
d’autres agissent lentement, nécessite une régulation particulièrement fine de leur sécrétion.
Les hormones polypeptidiques de même que les catécholamines sont stockées dans les vésicules
de sécrétion intracytoplasmiques sous forme active. Le signal de sécrétion déclenche l’exocytose.
Les hormones polypeptidiques, cependant, nécessitent différentes étapes de maturation
intracellulaire ; elles sont synthétisées sous forme de prohormone (exemple de la proopiocortine)
et sont à l’origine de plusieurs hormones obtenues par clivage grâce à des protéases spécifiques qui
assurent donc la spécificité de la sécrétion hormonale de la cellule endocrine.
Les hormones stéroïdes, au contraire, ne sont jamais stockées sous forme d’hormones actives, la
stimulation cellulaire entraînant la modification enzymatique de leur précurseurs.
La cellule endocrine régule par des mécanismes de rétro-contrôle sa sécrétion hormonale en fonc-
tion de l’effet métabolique obtenu. Par exemple, la cellule β des îlots de Langerhans du pancréas
sécrète de l’insuline lorsque le glucose extracellulaire dépasse une certaine concentration, cette sé-
crétion s’interrompant lorsque le glucose extracellulaire atteint une concentration inférieure à ce
seuil. Le glucose est donc le principal facteur déclenchant. De plus, l’augmentation du glucose in-
tracellulaire entraîne l’activation du gène de l’insuline.

7.7 Les cellules neuroendocrines (cellules NE),


à sécrétion autocrine/paracrine, ont avec les
neurones des rapports étroits de similitude et
de proximité.

7.7.1 Dispersées dans les épithéliums, les cellules NE forment


une sorte de sytème endocrinien diffus ou plutôt disséminé, à
l’inverse des glandes endocrines proprement dites qui
forment des organes anatomiquement individualisés.
• On trouve des cellules NE dans l’épithélium de revêtement de tout le tube digestif sous-
diaphragmatique ainsi que dans l’épithélium des glandes gastriques, mais elles prédominent

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au niveau de l’intestin grêle et de l’appendice. Leur pôle basal, renflé, repose sur la lame ba-
sale de l’épithélium dans lequel elles siègent ; leur pôle apical effilé peut atteindre ou non la
lumière du tube digestif. Les cellules NE du pancréas forment, avec celles du tube digestif, le
système gastro-entéro-pancréatique.
• Des cellules NE se trouvent également dans l’arbre bronchique.
• Entrent aussi dans le cadre des cellules NE les cellules de Merkel (des épithéliums malpi-
ghiens cutanéo-muqueux : épiderme, cavité buccale, oesophage, canal anal, col utérin).
• Enfin, les cellules des paraganglions (médullo-surrénales, corpuscules carotidiens, glomus
jugulaires, etc) sont également des cellules NE.

7.7.2 Les vésicules de sécrétion des cellules NE sont


caractérisées en microscopie optique, en microscopie
électronique et surtout en immunocytochimie.
• En microscopie optique, les vésicules de sécrétion ne sont visibles qu’avec des techniques
spéciales (réactions argentiques, réactions chromaffines, fluorescence, etc.).
• En microscopie électronique, les vésicules de sécrétion apparaissent comme des grains
denses entourés par un halo clair cerné par une membrane.
• En fait, seuls les immunomarquages permettent de caractériser précisément les cellules
NE.
Les cellules NE possèdent certaines caractéristiques immunocytochimiques générales, com-
me, par exemple, la positivité des immunomarquages de l’énolase neurone-spécifique (Neu-
ron Spécific Enolase ou NSE), de la protein gene product 9,5 (ou PGP 9.5), des
chromogranines A, B, de la sécrétogranine II, de la synaptophysine, de la cytokératine.
Des marqueurs particuliers, anticorps spécifiques des différents peptides et/ou amines sécré-
tés par chacune des variétés de cellules NE peuvent également être utilisés.

7.7.3 Les cellules NE sont auto/paracrines et éventuellement


endocrines.
En effet, les cellules NE sécrétent différents peptides et/ou amines qui passent dans le milieu ex-
tracellulaire (où il exerce une action locale ou locorégionale par voie autocrine et/ou paracrine) et/
ou dans le sang (pour aller exercer par voie endocrine une action hormonale sur des cellules-cibles
situées à distance).

• Les cellules NE du système gastro-entéro-pancréatique et celles de l’arbre bronchique


ainsi que les cellules C de la thyroïde sécrètent de la sérotonine (5-Hydroxytryptamine)
associée à divers peptides.
La liste de ces différents neuropeptides s’allonge encore chaque jour (par exemple, la subs-
tance P, les enképhalines, la somatostatine, l’insuline, la TRH, le glucagon, le CRF, le poly-
peptide pancréatique, la gastrine, la cholécystokinine, la pancréozymine, l’entérogastrone,

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Les Cellules Sécrétrices. Les Glandes Endocrines. La Signalisation Endocrine.

l’entéroglucagon, la motiline, la sécrétine, la neurotensine, la bombésine - ou gastrin-re-


leasing-peptide GRP -, la calcitonine, le calcitonin gene-related peptide ou CGRP, etc).
• Les cellules des paraganglions sécrètent de la noradrénaline, de l’adrénaline, de la do-
pamine et/ou de la sérotonine associées à des enképhalines.

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Les Cellules Sécrétrices. Les Glandes Endocrines. La Signalisation Endocrine.

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Les Cellules du Sang et l’Hématopoïèse

Chapitre 8

Les Cellules du Sang et


l’Hématopoïèse
Des échanges cellulaires permanents se font entre tissus et sang qui permettent de considérer ce
dernier comme le véhicule principal des courants de migration cellulaire.

8.1 La numération-formule sanguine est un


examen de routine.

8.1.1 La numération globulaire.


Elle consiste à compter le nombre de globules rouges (GR), de globules blancs (GB) ou leucocytes
et de plaquettes par unité de volume de sang. Les résultats normaux sont les suivants :

• GR : 5 000 000 plus ou moins 500 000 par microlitre, chez l’homme,
4 500 000 plus ou moins 500 000 par microlitre, chez la femme.
• GB : 7 000 plus ou moins 3 000 par microlitre, chez l’adulte.
• Plaquettes : 150 000 à 400 000 par microlitre.

8.1.2 La formule sanguine (ou formule leucocytaire).


Elle consiste classiquement en l’établissement, sur un frottis sanguin, du pourcentage des différen-
tes variétés de leucocytes.

• Granulocytes neutrophiles : 50 à 70 %
• Granulocytes éosinophiles : 1 à 3 %
• Granulocytes basophiles : 0 à 1 %
• Lymphocytes : 25 à 40 %
• Monocytes : 2 à 10 %

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Les Cellules du Sang et l’Hématopoïèse

Actuellement, les résultats de la formule sanguine s’expriment en nombre absolu ; les valeurs nor-
males sont les suivantes :

• Granulocytes neutrophiles (les plus nombreux) : 2 000 à 7 500 par microlitre.


• Granulocytes éosinophiles : 40 à 700 par microlitre.
• Granulocytes basophiles (les plus rares) : 3 à 100 par microlitre.
• Lymphocytes : 1 500 à 4 000 par microlitre.
• Monocytes : 200 à 1 000 par microlitre.

8.1.3 La numération des sous-populations lymphocytaires.


Elle donne, à l’état normal, les résultats suivants, à titre d’exemple pour un nombre total de lym-
phocytes de 2000 par microlitre :

• Lymphocytes B, environ 200 à 300 par microlitre.


• Lymphocytes T, environ 1500 par microlitre, dont :
— Lymphocytes T4, environ 1000 par microlitre.
— Lymphocytes T8, environ 500 par microlitre.
(donc, un rapport T4/T8 de l’ordre de 2).
• Lymphocytes NK, environ 200 à 300 par microlitre.

8.2 Les globules rouges effectuent le transport


de l’oxygène fixé par l’hémoglobine.
Les globules rouges (ou hématies, érythrocytes, normocytes) sont des cellules anucléées, en forme
de disque biconcave, d’environ 7,5 micromètres de diamètre. Le volume globulaire moyen est de
80 à 100 µm3.
Le rôle principal des globules rouges est de maintenir à l’état fonctionnel le pigment respiratoire
qu’est l’hémoglobine ; l’hémoglobine représente en effet le constituant majeur (environ 1/3 de son
poids) du globule rouge. Elle a 3 fonctions principales : 1) transporter l’oxygène des poumons aux
tissus, 2) permettre le transfert d’une partie du CO2 des tissus aux poumons, 3) tamponner les pro-
tons H+ libérés par les tissus. Le glucose représente la principale source d’énergie pour le globule
rouge (glycolyse anaérobie intra-érythrocytaire). La membrane plasmique de l’hématie est le siège
des antigènes qui déterminent les groupes sanguins (A, B, O et Rhésus). La durée de vie des glo-
bules rouges est de 120 jours.

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Les Cellules du Sang et l’Hématopoïèse

8.3 Les plaquettes maintiennent l’intégrité du


système circulatoire et assurent l’hémostase
quand les vaisseaux sanguins sont
endommagés.
Les plaquettes sanguines (ou thrombocytes) sont des fragments cellulaires anucléés, donc des frag-
ments de cytoplasme, de 2 à 5 micromètres de diamètre, contenant des mitochondries, des vésicu-
les à coeur dense et un cytosquelette riche en protéines contractiles. Leur durée de vie est de 8 à 12
jours. Elles jouent un rôle fondamental dans les processus de l’hémostase et de la coagulation.

8.4 L’hématopoïèse s’effectue dans la moelle


osseuse.

8.4.1 Il existe, dans la moelle osseuse, une cellule-souche


pluripotente commune à toutes les lignées hématopoïétiques.
Plusieurs moyens expérimentaux permettent l’étude de la lignée hématopoïétique, en particulier la
culture cellulaire in vitro et la greffe syngénique (où receveur et donneur sont de la même espèce)
de cellules progénitrices chez une souris préalablement irradiée à une dose suffisante pour détruire
toutes ses cellules hématopoïétiques. C’est ainsi qu’il a été possible de reconnaître l’existence
d’une cellule-souche pluripotente commune à toutes les lignées hématopoïétiques.
La moelle osseuse contribue à la formation des cellules sanguines et contient les précurseurs de ces
cellules. On distingue plusieurs lignées cellulaires : les lymphocytes B et T, les érythrocytes, les
polynucléaires neutrophiles, basophiles et éosinophiles, les monocytes et les plaquettes. Il existe
une cellule-souche commune à toutes ces lignées. Une telle cellule, très indifférenciée, n’est pas
reconnaissable morphologiquement.
Afin de déterminer le lignage hématopoïétique, il a été nécessaire de reconnaître les étapes inter-
médiaires de la différenciation hématopoïétique. Ceci a été possible grâce à la mise en évidence de
marqueurs membranaires reconnus par des anticorps monoclonaux. Ces marqueurs ont été appelés
CD pour «cluster de différenciation». En règle générale, aucun CD n’est spécifique d’un type cel-
lulaire. Par contre, une combinaison de CD permet de spécifier l’étape du lignage. Cette stratégie
a conduit à une complexification extrême du lignage hématopoïétique qui est un des mieux connus
chez les vertébrés.

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Les Cellules du Sang et l’Hématopoïèse

8.4.2 L’hématopoïèse se déroule dans 3 compartiments


cellulaires successifs.
Le compartiment des cellules-souches.
Les cellules-souches, pluripotentes, pour la plupart d’entre elles hors cycle mais entrant en
cycle en cas de besoin, garantissent la permanence de la production hématopoïétique au
cours de la vie de l’individu.
Le compartiment des cellules précurseurs
(ou cellules déterminées) est hautement prolifératif, mais les cellules qui le constituent ne
sont plus capables que d’un nombre limité de divisions.
Le compartiment des cellules en voie de maturation
constitue une étape de transition entre les compartiments précédents et le compartiment
cellulaire sanguin ; les cellules qui le constituent sont les seules morphologiquement iden-
tifiables.

8.4.3 La cellule-souche pluripotente donne naissance à 9


lignées cellulaires différenciées.
• La cellule souche lymphoïde (CFU-L) donne naissance aux lymphocytes T, aux lympho-
cytes B (qui se différencieront en plasmocytes) après le stade de cellules déterminées, respec-
tivement lymphocytes pré-T et pré-B, et aux lymphocytes NK.
• La cellule souche myéloïde (CFU-GEMM) est à la source de 5 types de cellules détermi-
nées : 1) la BFU-E donne les hématies, 2) la CFU-MEG donne les plaquettes (le cytoplasme
de chaque mégacaryocyte thrombocytogène se fragmente et donne naissance à plusieurs mil-
liers de plaquettes), 3) la CFU-GM donne la CFU-G, à l’origine des granulocytes neutrophi-
les et la CFU-M, à l’origine des monocytes, 4) la CFU-Eo donne les granulocytes
éosinophiles, 5) la CFU-B donne les granulocytes basophiles et les mastocytes.

Qu’il s’agisse de la lignée neutrophile, éosinophile ou basophile, toutes les cellules qui donneront
naissance aux granulocytes, passent successivement par les stades de CFU, myéloblaste, promyé-
locyte, myélocyte, métamyélocyte, granulocyte.

8.5 De nombreuses molécules interviennent


dans la régulation de l’hématopoïèse.
Un grand nombre de molécules interviennent dans la régulation de l’hématopoïèse, en particulier
des cytokines, désignés par le terme de facteurs stimulateurs de colonies (Colony-Stimulating-Fac-
tors ou CSF) qui agissent sur des récepteurs membranaires appartenant à la superfamille des récep-
teurs aux cytokines. Les facteurs les mieux connus sont l’érythropoïétine (sécrétée par les reins,

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Les Cellules du Sang et l’Hématopoïèse

elle intervient dans la différenciation des cellules de la lignée érythrocytaire) ; la thrombopoïétine,


qui intervient dans la différenciation de la lignée mégacaryocytaire ; plusieurs interleukines et en
particulier l’interleukine-3 (Il-3), sécrétée par les lymphocytes T et les cellules de l’épiderme, qui
a pour cible la majorité des cellules précurseurs et les mégacaryocytes ; le G-CSF, le M-CSF et le
GM-CSF, sécrétés par les lymphocytes T, les cellules endothéliales, les fibroblastes et les macro-
phages, qui agissent respectivement sur les cellules précurseurs des granulocytes, des monocytes
et de ces deux variétés de cellules.
Les facteurs de croissance sont produits par l’environnement et agissent sur les cellules en cours
de différenciation. Pour le bon fonctionnement du système, il est crucial que les cellules-souches
puissent conserver leur caractère pluripotent et indifférencié.

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Les Cellules du Sang et l’Hématopoïèse

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Les Cellules Impliquées dans l’Immunité et dans l’Inflammation

Chapitre 9

Les Cellules Impliquées dans


l’Immunité et dans
l’Inflammation
Le corps humain, dans son environnement, est en permanence soumis à un risque d’agression par
divers agents infectieux. Les mécanismes de défense vis-à-vis de ces agents infectieux sont les uns
non-spécifiques, correspondant à une première ligne de défense faite des barrières tissulaires et des
phagocytes «professionnels», les autres spécifiques (ou immunité spécifique acquise) nécessitant
un contact préalable avec l’agent infectieux puis sa reconnaissance. L’organisme distingue ses pro-
pres molécules (le «soi», dont le principal marqueur est le système HLA) des molécules (antigènes)
qui lui sont étrangères (non «soi»).

9.1 Les barrières tissulaires empêchent la


pénétration des agents infectieux dans
l’organisme.
Les barrières tissulaires empêchent la pénétration des agents infectieux d’une part grâce à l’orga-
nisation des épithéliums, d’autre part du fait de sécrétions recouvrant ces épithéliums. Les
meilleurs exemples en sont la muqueuse intestinale, la muqueuse des voies respiratoires et surtout
la peau, dont l’épiderme est un épithélium pavimenteux stratifié kératinisé, et dont la surface est
recouverte par la sueur (bactériostatique) et le sébum.

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Les Cellules Impliquées dans l’Immunité et dans l’Inflammation

9.2 Les monocytes-macrophages et les


granulocytes sont les phagocytes
professionnels.

9.2.1 L’ensemble des macrophages et des cellules dont ils sont


issus constitue le système macrophagique ou système des
phagocytes mononucléés.
• Une fois formés dans la moelle osseuse, les monocytes passent dans le sang. Ce sont les
plus grands des leucocytes normaux (12 à 20 micromètres). Leur noyau est volumineux, cen-
tral ou périphérique, réniforme ou indenté. Leur cytoplasme est caractérisé par des voiles cy-
toplasmiques ondulants, visibles en microscopie optique et des expansions cytoplasmiques
visibles en microscopie électronique, ainsi que par la présence de grains azurophiles (en MO)
correspondant à des lysosomes primaires (en ME).
• Après être sortis du sang, les monocytes entrent dans les tissus et s’y différencient en
macrophages. Ainsi, se trouvent-ils disséminés dans l’ensemble de l’organisme. Les macro-
phages se distinguent des monocytes par une plus grande taille (20 à 50 micromètres) et le
développement considérable de l’appareil vacuolaire (vésicules d’endocytose, endosomes, ly-
sosomes primaires, phagosomes, phagolysosomes) ainsi que des expansions cytoplasmiques
qui forment de véritables pseudopodes. Les propriétés fondamentales des macrophages sont
leur mobilité, leur pouvoir de phagocytose et leur capacité sécrétrice. Cette capacité sécrétrice
est particulièrement multiple : fractions du complément, cytokines telles que l’interleukine 1,
le TNF-α, l’interleukine 6, facteurs hématopoïétiques tel que le GM-CSF, des protéases et an-
tiprotéases (α-1 antitrypsine), des prostaglandines, des radicaux libres (oxyde nitrique, eau
oxygénée, radical OH), etc... Du fait de ces propriétés, les macrophages jouent un rôle pré-
pondérant dans la défense de l’organisme. Ce rôle est double : rôle de nettoyage non spécifi-
que («cellules poubelles») et rôle dans les réactions immunes. Les fonctions des monocytes
et macrophages peuvent être augmentées par différentes cytokines tel que l’interféron g pro-
duit par les lymphocytes T.
• Les macrophages font partie des cellules présentatrices d’antigènes (voir plus loin).

9.2.2 Les granulocytes interviennent dans les réactions de


défense non spécifiques de l’organisme.
Les granulocytes possèdent un noyau unique qui présente plusieurs lobes affectant diverses for-
mes, ayant pu faire croire, à tort, qu’ils étaient multinucléés, d’où le nom de «polynucléaires». Se-
lon les affinités tinctoriales en microscopie optique de leurs granulations cytoplasmiques, les
granulocytes sont répartis en trois catégories : neutrophiles, éosinophiles et basophiles.

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Les Cellules Impliquées dans l’Immunité et dans l’Inflammation

9.2.2.1 Les granulocytes neutrophiles sont les plus nombreux.


Leur cytoplasme contient de nombreuses petites granulations, ressortissant de deux grands types
principaux : 1) les granulations primaires, azurophiles, (environ 1500 par cellule), de teinte rou-
ge-vineux, les plus volumineuses et les plus denses aux électrons, contiennent entre autres de la
myélopéroxydase, des hydrolases acides, de l’élastase, des cathepsines, des protéines cationiques
(«protéines tueuses»), du lysozyme et des défensines ; 2) les granulations secondaires, neutro-
philes, (environ 3000 par cellule), de teinte marron-beige clair (dites aussi granulations spécifi-
ques), les plus nombreuses, les moins volumineuses, dépourvues d’enzymes lysosomiales et de
péroxydases, contiennent principalement du lysozyme, de la lactoferrine, du cytochrome b, de la
collagénase, de la gélatinase, de la phosphatase alcaline.
La durée de vie des granulocytes neutrophiles est de l’ordre de 24 heures. Le rôle principal des neu-
trophiles est de détruire et d’éliminer les agents pathogènes qui auraient pénétré dans l’organisme
ainsi que les cellules ou molécules devenues anormales. Cette fonction s’accomplit en différentes
étapes plus ou moins intriquées : 1) déplacement des granulocytes neutrophiles qui se rendent sur
les lieux, 2) phagocytose (reconnaissance puis englobement de la proie), 3) dégradation de la proie
par les «protéines tueuses» des granulations azurophiles et par les systèmes tueurs dépendants de
l’oxygène (dès que la phagocytose est engagée, les réactions oxydatives sont mises en jeu et abou-
tissent à la production de substances puissamment bactéricides telles que H202, radical OH et
HOCl) ; les substances antibactériennes oxygène-indépendantes contenues dans les lysosomes pri-
maires (défensines, protéinases neutres comme la cathepsine G, lysozyme) conduisent à une des-
truction bactérienne, mais, en fait, ce sont les monocytes/macrophages qui mèneront cette
dégradation à son terme.

9.2.2.2 Les granulocytes éosinophiles interviennent dans les réactions


d’hypersensibilité retardée.
Les granulations éosinophiles, arrondies, sont colorées en rouge-orangé avec les colorations
habituelles ; en microscopie électronique, elles contiennent une matrice finement granulaire au
sein de laquelle siège une formation cristalline («cristalloïde») présentant un arrangement régulier
périodique de bandes claires et de bandes sombres. La matrice des granulations des éosinophiles
contient des eicosanoïdes et de nombreuses protéines qui possèdent une action destructrice directe
sur un certain nombre de parasites et qui, pour certaines d’entre elles, entraînent la dégranulation
des mastocytes et la libération d’histamine. La peroxydase des éosinophiles, différente de la myé-
loperoxydase des neutrophiles et des monocytes, permet également la production d’H2O2 et de
produits halogénés qui ont la capacité de détruire de nombreux microorganismes, en particulier des
parasites, mais également des cellules tumorales.
Après une demi-vie de 4 à 5 heures dans la circulation sanguine, les éosinophiles passent dans les
tissus (principalement dans la peau, les poumons, le tube digestif) où ils restent de 8 à 12 jours.
Au total, les granulocytes éosinophiles, en tant que cellules effectrices interviennent
principalement : 1) dans l’immunité anti-parasitaire : le granulocyte éosinophile peut être considé-
ré comme une cellule tueuse de parasites, d’ailleurs les helminthiases s’accompagnent habituelle-
ment d’une hyperéosinophilie sanguine ; 2) dans les réactions d’hypersensibilité retardée ; 3) dans
la résistance aux tumeurs.

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Les Cellules Impliquées dans l’Immunité et dans l’Inflammation

9.2.2.3 Les granulocytes basophiles et les mastocytes interviennent dans les


réactions d’hypersensibilité immédiate (réactions allergiques).
Les granulations cytoplasmiques des granulocytes basophiles, volumineuses, métachromatiques,
apparaissent de couleur bleu-noir après coloration au May-Grunwald-Giemsa. La durée de vie des
basophiles est de l’ordre de 3 ou 4 jours. Souvent groupés autour de petits vaisseaux sanguins, les
mastocytes sont des cellules arrondies, à noyau central. Leur cytoplame contient des granulations
métachromatiques en microscopie optique et de structure feuilletée et lamellaire en microscopie
électronique.
La membrane plasmique des basophiles et des mastocytes contient des récepteurs au fragment
Fc des immunoglobulines E. Leurs granulations renferment de l’héparine (dont le pouvoir anti-
coagulant et l’action sur le métabolisme des lipides sont connus), de l’acide hyaluronique et de
l’histamine. Les basophiles et les mastocytes sont également une importante source de cytokines
(en particulier plusieurs interleukines et du GM-CSF) et de leukotriènes. Chez le rat, les mastocy-
tes sécrètent de la sérotonine.
Certains types d’antigènes (allergènes) ont la propriété de stimuler la production d’anticorps IgE
chez des sujets génétiquement prédisposés. Les anticorps IgE se lient de façon non spécifique, par
leur fragment Fc, aux récepteurs membranaires des basophiles et des mastocytes. La liaison sub-
séquente des antigènes aux fragments Fab des anticorps IgE liés aux cellules entraînent la libéra-
tion dans le milieu extracellulaire des produits contenus dans les granulations (en particulier
l’histamine) et la production de leukotriènes. Ces réactions sont responsables de phénomènes al-
lergiques, comme l’urticaire, le rhume des foins, l’asthme, voire des chocs anaphylactiques graves.

9.3 Issus de la moelle osseuse, les lymphocytes


passent dans le sang et se répartissent dans
l’ensemble de l’organisme.
lls se distribuent en particulier dans les organes lymphoïdes, dans le tissu conjonctif lâche, dans la
plupart des épithéliums de revêtement. Ce sont les cellules principales de la lymphe.

• L’aspect morphologique des lymphocytes est monomorphe. Ils se caractérisent par : 1)


leur forme, régulière, arrondie ; 2) leur taille, le plus souvent petite (7 à 8 micromètres de
diamètre) ; toutefois, à côté de ces petits lymphocytes, on distingue des moyens et des grands
lymphocytes, de taille modérément plus grande ; 3) leur noyau, sphérique, foncé, sans nucléo-
le visible, occupant la presque totalité du volume de la cellule ; 4) leur cytoplasme, réduit à
une mince couronne contenant les organites cellulaires habituels en quantité très restreinte.
• Les lymphocytes comprennent trois grandes familles fonctionnelles pouvant être recon-
nues par des antigènes membranaires différents : les lymphocytes T (de «Thymus»), les
lymphocytes B (de «Bone marrow») et les lymphocytes ni T ni B ou NK (Natural Killer).
La maturation des lymphocytes T s’effectue dans le thymus. Ils sont identifiés par les anti-
corps anti-CD2 ou CD3 (marqueurs «pan-T»). Ils sont caractérisés par la présence dans leur

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Les Cellules Impliquées dans l’Immunité et dans l’Inflammation

membrane plasmique d’un molécule protéique servant de récepteur spécifique pour les anti-
gènes, appelé récepteur T (ou TCR, pour T-Cell Receptor). Les lymphocytes T interagissent
avec les autres cellules du corps qu’ils tuent ou contrôlent.
Identifiés par les marqueurs «pan-B», les lymphocytes B effectuent leur différenciation dans
la moelle osseuse. Les lymphocytes B sécrètent des anticorps qui peuvent agir à distance. Les
plasmocytes, étape finale de la maturation de la lignée B, sont responsables de l’immunité
humorale : ils synthétisent les immunoglobulines (principalement Ig G, Ig A, Ig M, Ig E). Par-
mi ces différentes populations lymphocytaires, sont reconnues des sous-populations aux fonc-
tions différentes ou à une durée de vie plus ou moins longue (lymphocytes mémoires).
Les lymphocytes NK ont l’aspect de lymphocytes granuleux contenant des granulations azu-
rophiles (LGL : Large Granular Lymphocytes).
Les recombinaisons géniques expliquent la grande diversité des parties variables soit des im-
munoglobulines, soit des TCR expliquant la richesse des répertoires T ou B. De fait, il existe
avant tout contact antigénique un lymphocyte T ou B capable de reconnaître un antigène don-
né, lymphocyte générant un clone après reconnaissance de l’antigène (sélection clonale).

9.4 Les lymphocytes T sont impliqués dans


l’immunité cellulaire.

9.4.1 Il existe 2 classes de lymphocytes T, cytotoxiques et


auxiliaires, qui ont des fonctions différentes.
Les lymphocytes T sont spécialisés dans la reconnaissance des antigènes étrangers seulement si
ceux-ci sont à la surface d’une cellule cible. Les antigènes sont partiellement dégradés dans les cel-
lules cibles et certains de leurs fragments sont ensuite exposés en surface. Les lymphocytes T cy-
totoxiques (ou suppresseurs) tuent directement les cellules inféctées par un virus ou tout autre
microorganisme intracellulaire. Les lymphocytes T auxiliaires (ou helpers ou inducteurs) aident à
stimuler la réponse des autres cellules (par exemple macrophages et cellules B activées), le plus
souvent en sécrétant des médiateurs locaux (lymphokines, interleukines ou cytokines).

9.4.2 Le récepteur des lymphocytes T (TCR) ressemblent aux


anticorps.
Le TCR est une protéine membranaire hétérodimérique composée de deux chaînes associées par
des ponts disulfures. La majorité des lymphocytes T (99,5 à 85% des lymphocytes T sanguins) fa-
brique des récepteurs TCR2 composés de chaînes α et β, une faible proportion (0,5 à 15% des lym-
phocytes T sanguins) fabrique des récepteurs TCR1 composé des chaînes γ et δ. La diversité du
répertoire du TCR provient des réarrangements des portions de gènes codant pour les chaînes α-β

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Les Cellules Impliquées dans l’Immunité et dans l’Inflammation

ou γ-δ.
Le TCR est associé au CD3 composé de 5 chaînes polypeptidiques différentes. Le complexe CD3
assure la transduction intracellulaire du signal après reconnaissance de l’antigène par le TCR.
Ces différents TCR ne reconnaissent les fragments de protéines étrangères exprimés à la surface
cellulaire, que liés aux molécules du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH). Sur le plan
structural et fonctionnel, il existe 2 classes distinctes de molécules du CMH : les molécules HLA
de classe I, portées par presque toutes les cellules nuclées, qui présentent les peptides étrangers aux
lymphocytes cytotoxiques et les molécules HLA de classe II, portées par les cellules présentatrices
d’antigènes (CPA), qui présentent les peptides étrangers aux cellules auxiliaires.

9.4.3 Les protéines CD4 et CD8 agissent comme des


corécepteurs liant le CMH.
Des récepteurs accessoires (ou corécepteurs ou costimulateurs) sont nécessaires pour stabiliser
l’interaction TCR/complexes peptide-CMH en augmentant l’adhérence entre le lymphocyte T et la
cellule cible. Les récepteurs accessoires ne sont pas polymorphes et ne lient pas l’antigène. Parmi
eux, les plus importants sont les protéines CD4 et CD8, protéines transmembranaires qui se lient à
la partie non variable du CMH. Le domaine cytoplasmique de CD4 et CD8 est associé à une pro-
téine spécifique de type tyrosine kinase qui participe à l’activation des cellules T.
L’expression de la molécule CD4 sur la membrane plasmique caractérise la sous-population des
lymphocytes auxiliaires (T4 ou Th). Ils reconnaissent un antigène capturé par la cellule cible par
endocytose et transformé avant d’être présenté en surface, en association avec les molécules HLA
de classe II. La présentation des antigènes est effectuée par les cellules capables d’exprimer les mo-
lécules du CMH de classe II (CMH-II). Ces cellules présentatrices d’antigènes (CPA) sont princi-
palement les cellules dendritiques folliculaires des centres germinatifs (interréagissant avec les
lymphocytes B), les macrophages activés, les lymphocytes B, les cellules dendritiques interdigi-
tées présentant les antigènes aux lymphocytes T (à ce groupe appartiennent les cellules de Lange-
rhans de la peau et les cellules à «voile» de la lymphe), les cellules endothéliales. L’antigène
exogène est internalisé par endocytose dans la CPA puis subit une fragmentation en petits peptides.
Le plus immunogène de ces peptides est couplé à une molécule CMH-II avant d’être présenté à la
surface cellulaire. CD4 est aussi le récepteur du virus du SIDA, ce qui permet au virus d’unfecter
les lymphocytes T auxiliaires).
L’expression de la molécule CD8 sur la membrane plasmique caractérise la sous-population des
lymphocytes cytotoxiques (ou T8). Ces lymphocytes reconnaissent les antigène endogènes couplés
aux molécules HLA de classe I (CMH-I). Les antigènes endogènes sont des protéines synthétisées
par la cellule elle-même, à partir de son propre propre génome (antigène cancéreux) ou à partir d’un
génome viral (antigène viral). L’ensemble des cellules nucléées de l’organisme (en dehors du neu-
rone et de la cellule musculaire non stimulés) expriment le CMH-I à leur surface. L’antigène pro-
téique synthétisé par la cellule subit une fragmentation. Un des peptides issu de la fragmentation
est transporté vers le réticulum endoplasmique où il est couplé à une molécule CMH-I avant d’être
présenté à la surface de la cellule.
L’activation des lymphocytes T nécessite également l’intervention de molécules d’adhésion
accessoires : plusieurs couples «costimulateurs» ont été décrits, chaque couple étant composé
d’une molécule présente sur la cellule qui présente l’antigène et d’une molécule complémentaire

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Les Cellules Impliquées dans l’Immunité et dans l’Inflammation

présente sur le lymphocyte T.

9.4.4 Antigènes exogènes et activation des lymphocytes


auxiliaires T4.
Les lymphocytes auxiliaires n’agissent pas directement pour tuer les cellules cibles portant les an-
tigènes exogènes (antigènes microbiens, par exemple). La reconnaissance du complexe peptide
exogène-CMH II par les lymphocytes T4, déclenche une prolifération clonale de lymphocytes T4
spécifiques de l’antigène. Ces lymphocytes T4 vont stimuler les cellules effectrices de la réponse
immunologique toxique dirigée contre l’antigène. Il existe, selon les types de cytokines qu’ils pro-
duisent, deux sous-types de lymphocytes T4 : les cellules Th1 qui stimulent les lymphocytes T cy-
totoxiques spécifiques, et les cellules Th2 qui stimulent les lymphocytes B, les éosinophiles et les
mastocytes. Tous ces événements sont régulés par une activation en cascade du réseau des cytoki-
nes.

9.4.5 Antigènes endogènes et activation des lymphocytes


cytotoxiques T8.
La reconnaissance du complexe peptide endogène-CMH I par les lymphocytes T8 spécifiques de
l’antigène, entraîne l’autodestruction de la cellule cible. Les mécanismes de la cytotoxicité sont liés
au relargage dans le milieu extracellulaire de différents produits de sécrétion : perforine (créant des
pores dans la membrane plasmique de la cellule cible, induisant l’induction de l’apoptose dans cet-
te cellule), TNF-β, sérine protéases ou granzymes parmi lesquels les fragmentines induisant
l’apoptose.
La cytotoxicité est le fait soit des lymphocytes cytotoxiques T8, soit des lymphocytes NK. La re-
connaissance des cellules cibles se fait différemment pour les T8 et les NK : les T8 reconnaissent
spécifiquement l’antigène porté par le CMH-I de la cellule-cible alors que les NK reconnaissent un
double signal. Pour les cellules normales, le deuxième signal permet la reconnaissance d’un pepti-
de caractéristique du «soi-normal» qui inhibe la cytotoxicité. Si ce peptide est modifié et non re-
connu, la lyse intervient.

9.5 Les lymphocytes B et les plasmocytes sont


responsables de l’immunité humorale.
Dans les lymphocytes B matures (ceux du sang et des organes lymphoïdes), les molécules d’im-
munoglobulines sont insérées dans la membrane plasmique et ce sont ces molécules d’immunoglo-
bulines de surface (ou immunoglobulines membranaires) qui sont le récepteur pour l’antigène et
qui constituent le marqueur phénotypique essentiel de ces cellules. La grande majorité des lympho-

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Les Cellules Impliquées dans l’Immunité et dans l’Inflammation

cytes B du sang humain portent des Ig M, très peu des Ig G ou des Ig A.


Dans les plasmocytes, l’expression des immunoglobulines de surface a disparu et a été remplacée
par la présence d’immunoglobulines intracytoplasmiques (dans les citernes du réticulum endoplas-
mique granulaire). Après la commutation, le phénotype majoritaire est maintenant Ig G et Ig A.
Les plasmocytes sont répartis dans les organes lymphoïdes et hématopoïétiques et dans le tissu
conjonctif lâche. A l’état normal, on n’en trouve pas dans le sang ni dans la lymphe. Morphologi-
quement, les caractéristiques des plasmocytes les rendent très faciles à reconnaître : 1) leur forme
est ovalaire ; 2) leur noyau arrondi, situé en position excentrique, possède une chromatine disposée
en grosses mottes à la périphérie du noyau (donnant un aspect en rayons de roue) ; 3) leur cytoplas-
me comporte deux zones : une petite zone claire, périnucléaire, contenant les centrioles entourés
par un volumineux appareil de Golgi et le reste du cytoplasme, occupé par un réticulum endoplas-
mique granulaire très développé, avec de nombreux ribosomes libres (responsables de l’intense ba-
sophilie du cytoplasme) ; les citernes du réticulum granulaire sont parfois distendues par la
sécrétion d’immunoglobulines.

9.6 Le tissu lymphoïde renferme des


macrophages, des cellules dendritiques et des
lymphocytes.
Le tissu lymphoïde permet l’intégration des interactions cellulaires complexes intervenant dans les
réponses immunes. Ce tissu lymphoïde se rencontre d’une part, dans les organes lymphoïdes cen-
traux ou primaires (moelle osseuse, thymus), d’autre part dans les organes lymphoïdes périphéri-
ques ou secondaires, lieux de développement de la réponse immune. Les organes lymphoïdes
périphériques sont soit encapsulés (ganglions lymphatiques, rate) réagissant aux antigènes d’origi-
ne tissulaire ou sanguine soit non encapsulés présents d’une manière diffuse dans les muqueuses
de l’organisme en particulier la muqueuse digestive, la muqueuse bronchique, la muqueuse urinai-
re (MALT : Mucosal Associated Lymphoid Tissue) réagissant aux antigènes atteignant la surface
des muqueuses. La communication entre ces compartiments du tissu lymphoïde est le fait d’un
pool de lymphocytes recirculants.
Dans tous les cas et à l’exception du thymus qui constitue un organe lymphoïde très particulier,
l’organisation du tissu lymphoïde comporte toujours une trame de tissu réticulaire dans les mailles
de laquelle se situent macrophages, cellules dendritiques et cellules lymphoïdes. Ainsi les capaci-
tés immunologiques dépendant des éléments lymphoïdes sont toujours étroitement liées au systè-
me macrophagique qui les entoure.
Les follicules lymphoïdes secondaires possédant un centre germinatif sont observés après stimula-
tion antigénique. Ils contiennent de nombreux lymphocytes B en cours de prolifération (centroblas-
tes), associés à des cellules dendritiques folliculaires présentatrices d’antigène et quelques
macrophages associés à des lymphocytes T. Les centres germinatifs sont entourés d’une couronne
de petits lymphocytes de type B. Ces structures ont un rôle important dans le développement des
réponses immunes impliquant les lymphocytes B, en particulier dans la mémoire de la réponse mé-
diée par les lymphocytes B qui paraît être la fonction première des centres germinatifs. La présence

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Les Cellules Impliquées dans l’Immunité et dans l’Inflammation

de centres germinatifs est étroitement liée à l’activité immunologique du tissu lymphoïde. C’est
ainsi que chez un animal nouveau-né à l’abri de tout contact antigénique, il n’existe que des folli-
cules primaires ; les follicules secondaires n’apparaissant qu’après stimulation antigénique répé-
tée.

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Les Adipocytes et le Tissu Adipeux

Chapitre 10

Les Adipocytes et le Tissu


Adipeux
Il existe deux variétés d’adipocytes (ou cellules adipeuses) - les adipocytes blancs et les adipocytes
bruns - et, par voie de conséquence, deux types de tissu adipeux (couramment appelé «graisse») :
le tissu adipeux blanc ou graisse blanche et le tissu adipeux brun ou graisse brune.

10.1 La graisse blanche est la plus importante


réserve énergétique de l’organisme.

10.1.1 Les adipocytes blancs renferment une volumineuse


vacuole de triglycérides.
Les adipocytes de la graisse blanche sont des cellules sphériques, d’un diamètre d’environ 100 mi-
cromètres ou plus (150, voire 200). Leur cytoplasme renferme une volumineuse vacuole lipidique
unique (triglycérides), entourée par une mince couronne cytoplasmique (contenant un appareil de
Golgi, du réticulum endoplasmique granulaire, du réticulum endoplasmique lisse et des mitochon-
dries). Du fait du passage dans les solvants des graisses, la vacuole lipidique disparaît sur les pré-
parations microscopiques standards, après inclusion en paraffine ; pour l’observer, il est nécessaire
de faire des coupes à congélation et d’utiliser des colorants des graisses comme l’huile rouge (oil
red O) ou les Soudans (noir, par exemple). Le noyau, aplati, est refoulé contre la membrane plas-
mique. Une fine membrane basale entoure la membrane plasmique.
Les adipocytes blancs peuvent être isolés au sein du tissu conjonctif lâche et dans la moelle osseuse
ou être groupés pour constituer le tissu adipeux blanc.

10.1.2 Le tissu adipeux blanc représente 15 à 20% du poids


de l’adulte
Dans le tissu adipeux blanc, les adipocytes, tassés les uns contre les autres, prennent une forme po-

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Les Adipocytes et le Tissu Adipeux

lyédrique. Ils sont séparés par des fibres de réticuline et de très nombreux capillaires sanguins ainsi
que par des fibres nerveuses amyéliniques représentant des fibres sympathiques noradrénergiques.
Les adipocytes sont groupés en petits lobules, visibles à l’oeil nu, séparés par de fines cloisons con-
jonctives contenant des fibroblastes, des macrophages, des mastocytes et des fibrilles de collagène.
Sa répartition se fait dans 3 types de localisation : 1) le pannicule adipeux sous-cutané, diffus et
régulier chez le foetus et le nouveau-né, prédominant sur la nuque et les épaules chez l’homme, sur
la poitrine, les hanches, les cuisses et les fesses chez la femme ; 2) les régions profondes, comme
le mésentère, les épiploons, les régions rétropéritonéales ; 3) les orbites, les paumes et face palmai-
re des doigts, les plantes et face plantaire des orteils. Les deux premières localisations correspon-
dent à des réserves énergétiques qui fondent lors du jeûne, alors que la troisième joue un rôle de
soutien et de protection mécanique et est peu sensible au jeûne.

10.1.3 L’activité métabolique de l’adipocyte blanc comporte 3


étapes : la synthèse, le stockage et la libération des lipides.

10.1.3.1 La synthèse des lipides (ou lipogénèse) est stimulée par l’insuline.
Cette synthèse s’effectue à partir de différents substrats (triglycérides d’origine alimentaire et glu-
cose). Le glucose pénètre dans l’adipocyte par diffusion facilitée grâce à deux protéines transmem-
branaires qui servent de transporteurs, GLUT1 et GLUT4. GLUT1 est situé de façon prédominante
dans la membrane plasmique, alors que GLUT4 est en majorité situé dans la membrane de vésicu-
les intracytoplasmiques. L’insuline exerce son action en stimulant, par l’intermédiaire de son ré-
cepteur membranaire, la transcription du gène codant pour GLUT4, en stimulant la traduction de
ses ARN-messagers et en activant la translocation vers la membrane plasmique des vésicules dont
la membrane contient GLUT4. Les vésicules s’amarrent à la membrane plasmique et fusionnent
avec elle. C’est par ce même mécanisme que l’insuline stimule l’entrée du glucose dans la cellule
musculaire striée squelettique et dans le cardiomyocyte.

10.1.3.2 Le stockage des lipides se fait sous forme de triglycérides.


Le tissu adipeux blanc renferme environ 95% des triglycérides stockés dans l’organisme ; il repré-
sente, de ce fait, une des plus importantes réserves énergétiques de l’organisme. C’est à cette ré-
serve que l’organisme fait appel lorsque les réserves de glucides sont épuisées (jeûne, efforts
physiques, lutte contre le froid, etc.), ou inutilisables (diabète grave).

10.1.3.3 L’hydrolyse des triglycérides (ou lipolyse), stimulée par les


catécholamines, libère dans le sang des acides gras non estérifiés.
Cette hydrolyse est due à l’action de deux lipases présentes dans le cytoplasme des adipocytes. Ces
enzymes lipolytiques sont activés par les catécholamines (adrénaline et noradrénaline), qu’il
s’agisse des hormones médullo-surrénaliennes ou des transmetteurs venus des terminaisons sym-

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Les Adipocytes et le Tissu Adipeux

pathiques. Le récepteur β-3-adrénergique représente le principal régulateur de la lipolyse adipocy-


taire. Ce récepteur de l’adrénaline et de la noradrénaline, principalement exprimé dans les
adipocytes (et dans le tube digestif), est semblable au récepteur β-1 surtout exprimé dans le coeur
et au β-2 essentiellement exprimé dans l’arbre bronchique. Il est le principal régulateur de la lipo-
lyse, aussi bien dans les adipocytes du tissu adipeux blanc que dans ceux du tissu adipeux brun.
Son rôle est souligné par le fait qu’une mutation ponctuelle de ce gène, constatée chez 8 à 10% de
la population générale, est présente chez plus de 50% des Indiens Pima obèses héréditaires. Les
acides gras non estérifiés que les adipocytes libèrent ainsi dans le sang sont utilisables par les autres
cellules de l’organisme à des fins énergétiques.

10.1.4 L’adipocyte blanc est également une cellule sécrétrice


endocrine et auto-paracrine
• L’adipocyte sécrète une hormone, la leptine, produit du gène ob, qui agit comme un li-
postat au niveau de l’hypothalamus.
Chez la souris, la mutation du gène ob est responsable, à l’état homozygote, d’une obésité gé-
nétique. Ce gène, exprimé dans le tissu adipeux, code pour une protéine synthétisée par les
adipocytes et exportée dans le sang pour agir au niveau de récepteurs (codés par le gène db)
situés dans certains neurones de l’hypothalamus. Dans l’espèce humaine, le gène homologue
du gène ob de la souris a été identifié et cloné, et, dans la majorité des cas, les adipocytes des
sujets obèses synthétisent en abondance de la leptine (protéine hautement conservée chez les
vertébrés). La leptine se comporte comme une hormone de la satiété, agissant en régulant l’ap-
pêtit en fonction de la masse de tissu adipeux, par un rétro-contrôle hypothalamique. Au ni-
veau de cette boucle régulatrice de la prise alimentaire, la leptine active la voie anorexigène
(qui coupe la faim) passant par la pro-opio-mélanocortine, l’α-MSH et son récepteur hypo-
thalamique MC4-R, et exerce un effet inhibiteur sur les circuits orexigènes (qui ouvrent l’ap-
pêtit), principalement représentés par le neuropeptide Y. La leptine inhibe également la
sécrétion d’insuline en exerçant son action sur les récepteurs de la leptine situés dans la mem-
brane plasmique des cellules β des îlots de Langerhans du pancréas endocrine.
Par ailleurs, la leptine jouerait un rôle dans la biologie de la reproduction (maturation sexuelle,
fécondité, stérilité).
• Des protéines du complément (C3, facteur B et surtout facteur D ou adipsine) sont sé-
crétées dans le sang par les adipocytes. Rappelons toutefois que 90% des protéines du com-
plément sont synthétisées dans le foie par les hépatocytes.
• Des cytokines, en particulier du TNF-α (qui peuvent intervenir dans la régulation du poids
corporel et de la masse adipeuse), ainsi que de nombreuses prostaglandines sont également
synthétisées et sécrétées par les adipocytes.

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Les Adipocytes et le Tissu Adipeux

10.2 La graisse brune est une source de


chaleur.

10.2.1 Surtout abondante chez les mammifères hibernants, la


graisse brune est néanmoins présente dans l’espèce humaine.
Contrairement aux adipocytes blancs, les adipocytes bruns ont un noyau central et un cytoplasme
rempli de nombreuses petites vacuoles lipidiques (la cellule est dite multiloculaire) et de mitochon-
dries. Surtout abondante chez les mammifères hibernants (comme la marmotte), la graisse brune
est néanmoins présente dans l’espèce humaine, principalement au début de la vie. Chez le foetus
et le nouveau-né, elle se répartit dans la région interscapulaire, autour des gros vaisseaux (aisselles,
cou), autour des reins et du coeur et représente 4% du poids corporel. Chez l’adulte, sa persistance
est sujette à caution.

10.2.2 Les mitochondries des adipocytes bruns contiennent


une protéine découplante, la thermogénine, qui permet de
dissiper l’énergie des oxydations sous forme de chaleur.
La graisse brune est impliquée dans la thermogénèse sans frisson et celle induite par l’alimentation.
Sa localisation habituelle au contact immédiat des principaux vaisseaux sanguins facilite la diffu-
sion dans tout l’organisme de la chaleur qu’elle produit (calorifère naturel, source de chaleur). La
vascularisation et l’innervation sympathique sont richement développées. Chaque adipocyte, por-
teur de récepteurs β3-adrénergiques, est au contact d’une terminaison sympathique noradrénergi-
que.
Au lieu d’être couplée à la phosphorylation oxydative, l’énergie libérée par l’oxydation mitochon-
driale des acides gras a la capacité de se convertir en chaleur. La protéine mitochondriale respon-
sable de ce découplage est la thermogénine ou UCP1 (pour UnCoupling Protein 1). Il existe une
étroite corrélation entre le contenu en thermogénine, dont l’expression est contrôlée au niveau
transcriptionnel par les catécholamines, et le potentiel thermogénique du tissu. L’adipocyte brun
contient de la T4-5’ déiodase, enzyme capable de convertir la T4 circulante en triiodothyronine, et
indispensable pour que la transcription du gène de l’UCP 1, et donc la réponse au froid des adipo-
cytes bruns, soit maximale. L’invalidation du gène Ucp 1 conduit à constater que les animaux Ucp-
/- sont très sensibles au froid, ne peuvent maintenir leur température à un niveau élevé et que leurs
adipocytes bruns accumulent une quantité anormalement élevée de triglycérides, ce qui confirme
le rôle essentiel de l’UCP dans la thermogénèse normalement induite par le froid.
Par immunocytochimie ou hybridation in situ, il est possible de détecter dans les mitochondries la
protéine découplante UCP 1 ou son ARN-m, caractéristiques de l’adipocyte brun ; par contre les
enzymes de la phosphorylation sont absents (il n’y a pas de particules élémentaires sur la membra-
ne interne des mitochondries), en effet, il n’y a pas de phosphorylation oxydative : le couplage avec

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Les Adipocytes et le Tissu Adipeux

la phosphorylation de l’ADP en ATP ne se fait pas. Par contre, l’oxydation des acides gras est
abondante dans ces mitochondries, la consommation d’O2 est élevée et les cytochromes oxydases
y sont abondantes (ce qui donne la couleur brune à ces adipocytes).

10.3 Les adipocytes proviennent d’une cellule


souche d’origine mésodermique.
Les cellules souches mésenchymateuses multipotentes sont à l’origine des chondroblastes (futures
cellues cartilagineuses), des myoblastes (futures cellules musculaires) et des adipoblastes, futures
cellules adipeuses. Les adipoblastes (impossibles à distinguer morphologiquement des fibroblas-
tes), se différencient en préadipocytes. À un stade proche de la différenciation terminale, il existe
un préadipocyte blanc, qui se différenciera en adipocyte blanc et un préadipocyte brun, qui se dif-
férenciera en adipocyte brun. L’innervation sympathique est responsable du recrutement des préa-
dipocytes bruns et facilite leur différenciation en adipocytes bruns, alors qu’à l’inverse cette même
innervation sympathique freine le recrutement des préadipocytes blancs et leur différenciation en
adipocyte blanc. Le doute existe quant à la possibilité de conversions entre préadipocytes blancs et
bruns, et, plus encore, entre adipocytes blancs et bruns.

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Les Adipocytes et le Tissu Adipeux

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Le tissu Cartilagineux et le Tissu Osseux

Chapitre 11

Le tissu Cartilagineux et le
Tissu Osseux
Le cartilage (tissu cartilagineux) et l’os (tissu osseux) constituent les «tissus squelettiques» formés,
comme tous les tissus conjonctifs, de cellules dispersées dans une matrice extra-cellulaire. La ca-
ractéristique singulière de ces tissus réside dans la nature solide de cette matrice. La matrice osseu-
se est de plus, largement calcifiée, ce qui la rend opaque aux rayons X et permet l’étude des os par
radiographie.

11.1 Le cartilage comprend des chondrocytes


et une matrice extra-cellulaire très complexe.
Comme le tissu osseux, le tissu cartilagineux a la particularité d’être de consistance solide, mais,
contrairement au tissu osseux, il n’est pas calcifié. Le cartilage est formé de cellules, les chondro-
cytes, environnées par une matrice extra-cellulaire riche en collagène de type II. Les chondrocytes
sont responsables de la synthèse de la matrice. Des mutations des gènes codant pour les chaines
constituant le collagène de type II ont été associées à certaines maladies du cartilage. Le cartilage
est bordé en surface d’un tissu conjonctif dense, le périchondre, formé d’une couche externe fibreu-
se et d’une couche interne cellulaire, qui participe au renouvellement des cellules cartilagineuses.

11.1.1 On distingue 3 variétés de tissu cartilagineux.


Le cartilage hyalin
contient peu de fibres et uniquement des fibres collagènes de petit calibre, disposées en un
réseau à mailles larges invisible en microscopie optique. Ses principaux sièges sont les car-
tilages articulaires, nasaux, trachéaux, bronchiques, costaux, ainsi que certains cartilages
laryngés, les os longs et os courts du squelette fœtal avant l’ossification.
Le cartilage fibreux
(ou fibrocartilage) contient de très nombreuses fibres de collagène (de type I) groupées en
faisceaux. Ses principaux sièges sont les disques intervertébraux, l’insertion du tendon
d’Achille et les ménisques des genoux.

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Le tissu Cartilagineux et le Tissu Osseux

Le cartilage élastique
contient de très nombreuses fibres élastiques et quelques fibres de collagène. Ses princi-
paux sièges sont le pavillon de l’oreille, la paroi de la trompe d’Eustache, l’épiglotte et cer-
tains cartilages du larynx.

11.1.2 Dans le cartilage, les échanges métaboliques se font


par diffusion à travers sa matrice extra-cellulaire.
En effet, le tissu cartilagineux ne contenant pas de vaisseaux sanguins, la plupart des cartilages sont
nourris à partir des capillaires de la couche interne du périchondre. Le cartilage articulaire quant à
lui, se nourrit essentiellement à partir du liquide synovial, et, pour une part, grâce à des échanges
avec l’os sous-chondral.

11.1.3 Le chondrocyte est le seul type cellulaire du tissu


cartilagineux.
Les cellules cartilagineuses (ou chondrocytes) sont volumineuses, arrondies et situées dans de pe-
tites logettes (ou chondroplastes) qu’elles emplissent complètement à l’état vivant. Leur noyau,
central, volumineux et sphérique, renferme un ou deux nucléoles. Leur cytoplasme contient les or-
ganites habituels de la cellule (centrosome, appareil de Golgi, réticulum endoplasmique granulaire
et ribosomes libres, mitochondries, etc), des vacuoles lipidiques, des grains de glycogène et parfois
du pigment. Les chondrocytes réalisent la synthèse et la dégradation de tous les composants de la
MEC du cartilage. De nombreux facteurs de croissance et des cytokines interviennent dans la ré-
gulation de cet équilibre entre synthèse et dégradation qui assure l’homéostasie de la MEC.
Les chondrocytes possèdent de nombreux récepteurs en particulier pour l’hormone de croissance
(GH), les vitamines A et D, la parathormone, les glucocorticoïdes et les oestrogènes.

11.1.4 Quatre molécules différentes constituent les collagènes


spécifiques du cartilage : II, IX, X et XI.
De plus, les collagènes VI, XII et XIV de localisation plus ubiquitaire sont aussi présents dans la
MEC.

• Les collagènes II et XI sont les seuls collagènes fibrillaires du cartilage. Le collagène II est de
loin le plus abondant des collagènes cartilagineux (il représente environ 80 à 90% du contenu
collagénique de la matrice). Le collagène IX se lie au collagène II et permet la stabilisation
des fibrilles.
• Le collagène XI représente 5% du contenu collagénique de la matrice cartilagineuse.
• Le collagène X est exprimé spécifiquement par les chondrocytes hypertrophiés au niveau des
zones d’ossification endochondrale. Son rôle dans la minéralisation de la zone du cartilage hy-

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Le tissu Cartilagineux et le Tissu Osseux

pertrophique a été démontré par transgénèse chez la souris.


• Dans les cartilages fibreux, du collagène I est présent dans une proportion variable. De même,
les cartilages élastiques sont riches en fibres élastiques.
• Les protéoglycanes les plus abondants dans la MEC cartilagineuse sont les protéoglycanes
sulfatés (60% de chondroïtine-sulfate et 40% de kératane - sulfate) et les hyaluronates.

11.1.5 De très nombreuses protéines non collagéniques font


de la MEC du cartilage un milieu extrêmement complexe.
La matrice extra-cellulaire cartilagineuse est un milieu moléculairement très complexe. Outre les
collagènes, plus d’une douzaine de molécules différentes y ont été individualisées. On y trouve
également de nombreux facteurs de croissance (cytokines) produits par les chondrocytes et/ou pro-
venant de cellules situées à distance telles les monocytes/macrophages et les synoviocytes.

11.1.6 Le tissu cartilagineux peut s’accroître selon 2 modes.


La croissance appositionnelle
(ou périchondrale) s’effectue par transformation progressive des cellules les plus internes
du périchondre en chondrocytes fonctionnels avec apposition de couches successives à la
surface de la masse cartilagineuse.
La croissance interstitielle
(rare chez l’adulte) se fait par mitoses des chondrocytes. Les deux cellules issues de la di-
vision d’un chondrocyte siègent pendant quelques temps dans le même chondroplaste. Si
les mitoses se font suivant une seule direction, on aboutit à un groupe de chondrocytes dis-
posés en ligne (groupe isogénique axial) ; si les mitoses se succèdent dans des directions
diverses, on aboutit à un groupe de chondrocytes disposés circulairement (groupe isogéni-
que coronaire).

11.2 Le tissu osseux est caractérisé par une


matrice extra-cellulaire calcifiée.

11.2.1 Le tissu osseux contient 4 types de cellules.


Les ostéoblastes, les ostéoclastes et les cellules «bordantes» de l’os se trouvent à la surface des pla-
ges de tissu osseux, alors que les ostéocytes sont situés à l’intérieur de celui-ci. Les ostéoblastes,
les ostéocytes et les cellules «bordantes» dérivent de cellules mésenchymateuses locales, tandis
que les ostéoclastes proviennent de la fusion de précurseurs mononucléés d’origine sanguine. Les

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Le tissu Cartilagineux et le Tissu Osseux

ostéoblastes élaborent la matrice de l’os (tissu ostéoïde) qui ensuite se minéralise. Les ostéoblastes
qui deviennent entièrement entourés par la matrice prennent alors le nom d’ostéocytes.

Les ostéoblastes
sont des cellules renflées situées à la surface du tissu osseux en croissance. Ils sont riches
en organites impliqués dans la synthèse protéique (réticulum endoplasmique granulaire
abondant, appareil de Golgi volumineux). Leur principal produit, le collagène I, est assem-
blé en fibrilles dans le milieu extra-cellulaire. Ce sont les ostéoblastes qui sécrètent égale-
ment la plupart des autres composants de la MEC osseuse (ostéonectine, ostéocalcine,
protéoglycanes, sialoprotéines, autres glycoprotéines, et quelques facteurs de croissance) et
initient sa minéralisation.
Les ostéocytes
sont des ostéoblastes entièrement entourés par la matrice osseuse minéralisée. Ils sont de-
venus incapables de se diviser. De leur corps cellulaire, fusiforme et contenant le noyau,
naissent de nombreux et fins prolongements cytoplasmiques, plus ou moins longs et reliés
entre eux par des jonctions communicantes. Les ostéocytes siègent dans des logettes (os-
téoplastes) d’où partent des canalicules anastomosés qui contiennent leurs prolongements
cytoplasmiques. Les organites, du même type que ceux des ostéoblastes, sont moins déve-
loppés. Les ostéocytes assurent le maintien de la matrice osseuse, avec des capacités de
synthèse et de résorption, contribuant ainsi à l’homéostasie de la calcémie.
Les ostéoclastes
sont caractérisés par leur très grande taille (50 à 100 micromètres) et par la multiplicité de
leurs noyaux (30 à 50) ; ils sont situés à la surface du tissu osseux en voie de résorption (voir
chapitre 12 page 93).
Les cellules «bordantes» de l’os
sont des cellules aplaties, très peu épaisses, allongées, qui tapissent la plupart des surfaces
osseuses de l’adulte. Elles ont peu d’organites et sont inactives, revêtant les surfaces osseu-
ses soumises ni à formation ni à résorption osseuse. Elles sont reliées entre elles et avec les
ostéocytes voisins par des gap-junctions. Leur fonction précise est mal connue : elles cor-
respondraient à des cellules ostéoprogénitrices potentielles, servent de barrière sélective
entre l’os et les autres compartiments liquidiens extra-cellulaires, et participent à la nutri-
tion des ostéocytes.

11.2.2 Dans la matrice extra-cellulaire de l’os, on distingue


deux composantes : la matrice organique et la matrice
minérale.
La matrice organique
est composée de collagène de type I (collagène fibrillaire formant 90% de la matrice orga-
nique osseuse), de collagène de type V (collagène fibrillaire), de protéoglycanes, d’ostéo-
pontine (qui relie l’hydroxy-apatite aux cellules osseuses), d’ostéonectine (qui pourrait
jouer un rôle dans la minéralisation par son affinité pour le collagène I et le calcium), d’os-
téocalcine (qui jouerait un rôle dans la minéralisation), de sialoprotéine osseuse et de

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Le tissu Cartilagineux et le Tissu Osseux

thrombospondine (molécules permettant l’attache des cellules osseuses à la matrice via un


récepteur membranaire de la famille des intégrines). Il est probable que la composition
exacte de la matrice organique osseuse est encore plus complexe. En particulier, il existe
dans cette matrice des facteurs de croissance qui jouent un rôle fondamental dans la régu-
lation du remodelage osseux.
La matrice minérale
est constitutée de cristaux d’hydroxy-apatite (Ca10(PO4)6(OH)2) et de carbonate de
calcium. L’os représente ainsi un réservoir de calcium puisqu’il contient 98% du calcium
de l’organisme et joue donc un rôle primordial dans la régulation calcique. La minéralisa-
tion de sa MEC rend compte de la dureté du tissu osseux. Des cristaux d’apatite hydratée
ou hydroxy-apatite (phosphate de calcium cristallisé) sont visibles en microscopie électro-
nique entre les fibres de collagène et/ou à l’intérieur de celles-ci, sous la forme de petites
aiguilles ou hexagones denses aux électrons. Les ions Ca++ et PO4- situés en surface des
cristaux participent à des échanges rapides avec le liquide interstitiel et donc avec le courant
sanguin.

11.2.3 Qu’il soit compact ou spongieux, le tissu osseux de


l’adulte est de type lamellaire.
Qu’ils soient longs, courts ou plats, les os sont entourés par une couche de tissu conjonctivo-vas-
culaire, le périoste, sauf au niveau des surfaces articulaires où se trouvent les cartilages articulaires.
Les os sont vascularisés et innervés.
Chez l’adulte, la matrice osseuse est disposée en lamelles superposées où les fibres collagènes sont
arrangées parallèlement selon une direction qui se modifie dans chaque lamelle successive. Entre
ces lamelles se situent les ostéoplastes contenant le corps cellulaire des ostéocytes. Chez le foetus,
le jeune enfant, ou en cas de fracture, la trame de fibres de collagène produite par les ostéoblastes
est irrégulière et le tissu osseux est transitoirement non-lamellaire.

Le tissu osseux compact


(ou cortical ou haversien) est principalement constitué d’ostéones ou systèmes de Havers
fait de 4 à 20 lamelles osseuses cylindriques disposées concentriquement autour du canal
de Havers. Celui-ci contient des capillaires sanguins et des filets nerveux amyéliniques en-
robés d’un peu de tissu conjonctif lâche. Les ostéocytes sont situés dans les ostéoplastes
interposés entre les lamelles. Les canaux de Havers sont reliés entre eux, avec la cavité mé-
dullaire et avec la surface de l’os par des canaux transversaux ou obliques : les canaux de
Volkmann. Cette disposition confère à l’os compact un maximum de résistance. Entre les
ostéones se trouvent des lamelles osseuses, vestiges d’ostéones anciens partiellement résor-
bés et constituants les «systèmes interstitiels». La diaphyse des os longs est bordée exté-
rieurement et intérieurement par des lamelles osseuses circonférentielles, réalisant le
«système circonférentiel externe» et le «système circonférentiel interne».
Le tissu osseux spongieux
(ou trabéculaire) est formé par un lacis tridimensionnel de spicules ou trabécules de tissu
osseux, ramifiés et anastomosés, délimitant un labyrinthe d’espaces intercommunicants oc-
cupés par de la moelle osseuse et des vaisseaux.

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Le tissu Cartilagineux et le Tissu Osseux

La plupart des os sont constitués d’une zone externe d’os compact et d’une zone interne de tissu
osseux spongieux.

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Remodelage Osseux et Ossification

Chapitre 12

Remodelage Osseux et
Ossification

12.1 Le squelette est en permanence


remodelé.
Le remodelage osseux est un processus complexe qui fait intervenir deux activités opposées mais
complémentaires, conduisant au maintien de la masse osseuse : la formation de tissu osseux (prin-
cipalement par les ostéoblastes, et, très accessoirement, par les ostéocytes) et la destruction - ou
résorption - de tissu osseux (principalement par les ostéoclastes, et, très accessoirement, par les os-
téocytes). C’est ainsi que le tissu osseux peut remplir son rôle métabolique (libération des sels mi-
néraux lors de sa destruction) et son rôle de soutien (adaptation architecturale aux changements de
conditions mécaniques).

12.2 La formation de tissu osseux est liée à la


prolifération des ostéoblastes.
L’augmentation du nombre des ostéoblastes est la conséquence de la stimulation de la division cel-
lulaire de leurs précurseurs (cellules ostéoprogénitrices), puis de leur activation. Ainsi, les ostéo-
blastes sécrètent les éléments de la matrice organique du tissu osseux (substance pré-osseuse ou
tissu ostéoïde, non encore minéralisé).

Les ostéoblastes dérivent des cellules ostéoprogénitrices.


Les cellules ostéoprogénitrices, présentes à la surface des tissus osseux (au niveau de la
couche la plus interne du périoste, des cavités médullaires ou des canaux de Havers ou de
Volkmann) interviennent au cours du développement et dans les phénomènes de réparation
(comme les fractures). Elles dérivent de cellules mésenchymateuses, pluripotentes, capa-
bles de proliférer et de se différencier en réponse à des stimulus spécifiques, en adipocytes,

1998 - 1999 Cours d’Histologie Moléculaire - Dr André, Pr Catala, Dr Escudier, Dr Kujas, Mr Morère, Pr Poirier 93/145
Remodelage Osseux et Ossification

chondroblastes et fibroblastes. La différenciation ostéoblastique s’accompagne en particu-


lier de l’expression des gènes codant pour les phosphatases alcalines, le collagène I, la fi-
bronectine, l’ostéocalcine, l’ostéopontine, les sialoprotéines et le TGF-β.
Le Fibroblast Growth Factor de type 2 (FGF2) est synthétisé par les ostéoblastes et régule
leurs fonctions.
Le FGF2 favorise la multiplication des ostéoblastes et inhibe la synthèse de collagène et
l’activité des phosphatases alcalines. Le FGF agit sur différents récepteurs membranaires
de type tyrosine kinase dont l’expression tissulaire est variable, modulant ainsi son action
sur les tissus osseux.
La prolifération, la différenciation et l’activité des ostéoblastes est régulée par de nombreuses
hormones.
Elle est en particulier régulée par l’hormone parathyroïdienne (ou parathormone, PTH), les
oestrogènes, la progestérone, les androgènes, le 1, 25 dihydro-cholécalciférol (métabolite
de la vitamine D), et l’hormone de croissance (GH). L’hormone de croissance hypophysai-
re n’agit pas directement sur l’os mais par le biais des Insulin Growth Factor (IGF) 1 et 2
dont elle stimule la synthèse hépatique. Par ailleurs, les ostéoblastes peuvent aussi synthé-
tiser ces IGF, présents en grande quantité dans la MEC du tissu osseux.
La minéralisation du tissu ostéoïde assure la rigidité de l’os.
La minéralisation du tissu ostéoïde dépend de nombreux facteurs favorisant une concentra-
tion optimum d’ions calcium et phosphate. L’ostéocalcine augmente la concentration loca-
le de calcium extra-cellulaire et le fixe sur le tissu ostéoïde. Les ostéoblastes (comme les
odontoblastes ou les chondrocytes) produisent des vésicules matricielles, réservoir de phos-
phatases alcalines et d’ions, qui interviendraient dans l’initiation de la minéralisation du tis-
su ostéoïde. Les phosphatases alcalines augmentent les concentrations locales en ions
calcium et phosphates.

12.3 La résorption de tissu osseux est le fait


des ostéoclastes.

12.3.1 L’ostéoclaste est une cellule géante multinucléée dont


la filiation exacte n’est pas encore connue.
Les greffes de moelle osseuse ont permis de démontrer que les ostéoclastes proviennent de précur-
seurs médullaires, mais on ne connaît pas exactement leur lignage (CFU-GM: cellule souche com-
mune aux ostéoclastes, macrophages et granulocytes; CFU-M: cellule souche commune aux
macrophages et ostéoclastes).

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Remodelage Osseux et Ossification

12.3.2 Les ostéoblastes régulent l’accès des ostéoclastes à la


matrice extra-cellulaire.
A l’état quiescent, la surface de la matrice extra-cellulaire de l’os est recouverte par une bordure
d’ostéoblastes qui empêchent l’accès des ostéoclastes. Sous l’action des facteurs ostéorésorbants
(PTH, 1,25 dihydro-cholécalciférol et prostaglandine E2), les ostéoblastes se rétractent et laissent
la place aux ostéoclastes qui peuvent adhérer à la matrice. La PTH et la prostaglandine E2 stimulent
la synthèse et l’activation de collagénase qui dégrade la couche superficielle non minéralisée re-
couvrant l’os et permet l’accès à la matrice extra-cellulaire osseuse.

12.3.3 L’ostéoclaste est la seule cellule assurant la résorption


osseuse in vivo.
L’ostéoclaste est une cellule capable de se mobiliser à la surface du tissu osseux qu’il détruit. Il
existe dans leur cytoplasme de nombreuses vésicules, vacuoles de phagocytose et lysosomes grou-
pés sous la bordure en brosse, présente au pôle situé en contact de la matrice osseuse. Les ostéo-
clastes expriment de façon constitutive certains récepteurs membranaires de la famille des
intégrines : α2-β1 (liée au collagène de type I) et αV-β3 (liée aux protéines de la matrice osseuse
comme la thrombospondine, l’ostéopontine et la sialoprotéine osseuse). La rétraction des ostéo-
blastes permet le début de la résorption de la matrice en libérant l’accès à ces sites de liaison. Les
ostéoclastes se fixent au niveau du lieu de résorption par des systèmes de jonction, les podosomes,
constitués des intégrines, de taline et de vinculine associés à des faisceaux d’actine. Ces systèmes
d’adhérence cellulaire favorisent la création d’un microenvironnement compris entre la matrice os-
seuse et l’ostéoclaste où la résorption a lieu. La morphologie des ostéoclastes reflète leur degré
d’activation : la vitamine D et la PTH qui stimulent les ostéoclastes fait augmenter à leur surface
la bordure en brosse, alors que la calcitonine qui inhibe leur activité la fait diminuer et disparaître.
Les ions H+, produit dans l’ostéoclaste par une anhydrase carbonique permettent l’acidification du
microenvironnement (pH 5) grâce aux pompes à protons situées dans la membrane plasmique de
la bordure en brosse de ces cellules. Au cours de la résorption, cette acidification assure la disso-
lution de la phase minérale de l’os. La résorption est complétée par la dégradation de la matrice
organique de l’os réalisée par les enzymes lysosomiales produites par les ostéoclastes et libérées
dans le microenvironnement.

12.3.4 La régulation de la résorption osseuse se fait


essentiellement lors de la phase de différenciation
ostéoclastique.
Plusieurs cytokines sécrétés localement, jouent un rôle régulateur dans la prolifération (IL1, IL6,
TGFβ, M-CSF) et la différenciation (interféron g) des précurseurs ostéoclastiques et dans la diffé-
renciation (TGFβ) et l’activation (PGE2) des ostéoclastes. En fait, l’action de ces facteurs est com-

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Remodelage Osseux et Ossification

plexe et pas toujours directe. Seuls deux facteurs agissent directement pour réguler l’activité
ostéoclastique, la calcitonine et la prostaglandine E2.

12.3.5 Les ostéoblastes produisent de nombreux facteurs


capables d’agir sur la lignée ostéoclastique.
La résorption osseuse est étroitement régulée par des facteurs synthétisés par les ostéoblastes (es-
sentiellement PGE2, mais aussi IL1, IL6, TNF, GM-CSF, M-CSF). Formation et résorption osseu-
se sont donc étroitement associés et il est licite de regrouper ces fonctions sous le terme générique
de «remodelage» osseux.

12.4 Le TGF-β permet le couplage formation-


résorption du tissu osseux.
Lors de la résorption, les ostéoclastes synthétisent le TGF-β sous une forme inactive puis le relar-
gue dans la matrice osseuse où il est stocké. La parathormone, le 1,25 dihydro-cholécalciférol et
l’IL1 permettent la libération du TGF-β alors que la calcitonine l’inhibe. A la fin de la résorption,
le TGF-β est activé (par clivage du propeptide en milieu acide ou par action de la plasmine) et in-
duit la prolifération des ostéoblastes (effet mitogène). Le TGF-β stimule aussi la synthèse des in-
tégrines, du collagène et des protéines non collagéniques. Par ces effets, le TGF-β libéré puis activé
pendant la phase de résorption osseuse, peut alors agir et promouvoir la formation osseuse. Sur le
site même où vient de se produire la résorption, les ostéoblastes de voisinage se mettent à sécréter
une nouvelle matrice osseuse qui sera ensuite minéralisée, complétant le cycle de remaniement os-
seux, fruit du couplage entre la formation et la résorption du tissu osseux.

12.5 Le cartilage de conjugaison assure la


croissance osseuse par ossification
endochondrale.
Jusqu’à l’âge adulte, la croissance en longueur des os s’effectue grâce à la prolifération des cartila-
ges de conjugaison suivie d’une ossification endochondrale. L’ossification endochondrale est un
processus complexe imparfaitement connu, intervenant chez le foetus et tout au long de la crois-
sance.

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Remodelage Osseux et Ossification

Le cartilage de croissance est organisé en colonnes dans lesquelles survient une lamination.
Les cartilages de conjugaison sont fertiles sur leur versant diaphysaire, siège de nombreu-
ses mitoses des chondrocytes. La prolifération des chondrocytes permet la formation de co-
lonnes verticales (groupes isogéniques axiaux du «cartilage sérié»). Les chondrocytes de
forme arrondie deviennent progressivement de plus en plus aplatis. Puis, le volume des
chondrocytes est multiplié par 5 à 10. Cette couche prend le nom de «couche hypertrophi-
que» dans laquelle les chondrocytes synthétisent du collagène de type X. Le taux de phos-
phatase alcaline augmente considérablement. C’est dans la zone de maturation et la zone
hypertrophique, que l’on note la présence de vésicules matricielles dans les chondrocytes.
La phosphatase alcaline permet la libération de phosphate inorganique qui se lie au calcium
pour former des cristaux d’hydroxy-apatite, au niveau de la zone de «cartilage calcifié». Pa-
rallèlement, les chondrocytes hypertrophiques dégénèrent et meurent.
La transition entre le tissu cartilagineux et osseux est abrupte au niveau du front de minéra-
lisation.
Au fur et à mesure que les cartilages de conjugaison s’accroissent par prolifération des
chondrocytes, ils sont remplacés par du tissu osseux grâce à l’avance de l’ossification en-
dochondrale de la diaphyse vers l’épiphyse. Des capillaires sanguins pénètrent dans les
chondroplastes laissés vide par la mort des chondrocytes, et amènent des cellules indiffé-
renciées. La majorité des ostéoblastes proviennent de précurseurs présents dans la moelle
osseuse. Contrairement aux données classiques, il semble que les chondrocytes pourraient
aussi participer à la formation d’ostéoblastes grâce une division cellulaire asymétrique don-
nant naissance à un ostéoblaste et un chondrocyte qui meurt par apoptose. Les ostéoblastes
élaborent du tissu osseux qui progressivement remplace le tissu cartilagineux.
La régulation de la croissance cartilagineuse est mal connue.
La zone du cartilage la plus lointaine du front d’ossification constitue une zone de réserve
de chondrocytes. Quand tout les cartilages de conjugaison ont été remplacés par du tissu
osseux et qu’il ne reste plus de chondrocytes susceptibles de se diviser, la croissance en lon-
gueur de l’os est définitivement terminée.
De nombreux facteurs dont le couple PTHrP (PTH-related Protein, synthétisée dans l’épi-
physe osseuse) et son récepteur interviennent dans la croissance et la différenciation du car-
tilage de conjugaison.

12.6 L’os peut se réparer spontanément après


une fracture.
Lors d’une fracture, la réparation osseuse se réalise selon une cascade d’événements : condensation
de cellules souches mésenchymateuses attirées par chémo-attraction, prolifération de ces cellules
en réponse à des signaux mitogènes, différenciation cartilagineuse, angiogénèse et différenciation
osseuse. Cette réparation tissulaire peut être favorisée par l’adjonction de matrice extra-cellulaire
osseuse déminéralisée. Ce fait indique l’existence de facteurs ostéogéniques dans cette matrice. En
analysant les composants de la matrice osseuse, on a isolé une famille de 8 protéines ostéogéni-
ques, les Bone Morphogenetic Proteins (BMP 1 à 8). Ces molécules (sauf la BMP1) appartien-

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Remodelage Osseux et Ossification

nent à la superfamille du TGF-β. Les BMP ont une action synergique assurant le recrutement et la
différenciation ostéoblastique. Par ailleurs, certaines BMP agissent sur la chondrogénèse.

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Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

Chapitre 13

Le Tissu Musculaire Strié


Squelettique
Spécialisés dans la production d’un travail mécanique, la contraction musculaire, les myocytes (ou
fibres musculaires ou cellules musculaires) se caractérisent par la présence dans leur cytoplasme
d’un matériel protéique filamentaire contractile, les myofilaments d’actine et de myosine. On dis-
tingue trois types différents de cellules musculaires : striées squelettiques, striées cardiaques et lis-
ses.
Les muscles striés squelettiques relèvent de deux groupes : 1) les muscles striés squelettiques au
sens propre, c’est-à-dire ceux qui s’insèrent sur les os et assurent la motricité de la vie de relation,
et 2) les muscles striés viscéraux, c’est-à-dire ceux de la langue, du pharynx, de la région supérieure
de l’oesophage, du diaphragme.
Cernée par sa membrane plasmique entourée d’une membrane basale, la cellule musculaire striée
squelettique (ou fibre musculaire striée squelettique ou rhabdomyocyte) a la forme d’un cylindre
allongé, dont le diamètre est d’environ 10 à 100 micromètres et dont la longueur excède rarement
10 cm. Elle possède plusieurs centaines de noyaux situés en périphérie de la cellule, contre sa mem-
brane plasmique. Son cytoplasme (ou sarcoplasme) contient les organites cellulaires habituels,
mais se caractérise surtout par la présence d’un matériel protéique fibrillaire contractile organisé
de façon spécifique en myofibrilles.

13.1 Le sarcomère représente l’unité


élémentaire d’organisation des protéines
contractiles.

13.1.1 Les myofibrilles sont des cylindres parallèles allongés


dans le sens de la cellule.
Elles sont faites de la succession régulière, bout à bout, de petits cylindres identiques appelés sar-
comères (ou cases musculaires). Chaque sarcomère est fait d’un faisceau de myofilaments parallè-
les à son grand axe. La répartition des deux contingents de myofilaments (filaments fins d’actine

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Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

et filaments épais de myosine) détermine au sein du sarcomère des régions de structure différente
rendant compte de la striation transversale des myofibrilles bien visible en microscopie optique.
Les filaments épais sont disposés au milieu du sarcomère à l’emplacement du disque A ou disque
sombre. Le disque M correspond à leur apparent renflement médian. Dans le disque H, ils sont
seuls présents. Par contre dans les parties latérales du disque A, les filaments fins et épais se che-
vauchent, les filaments fins se disposant entre les filaments épais selon un mode hexagonal régu-
lier, avec des ponts d’union. Au niveau du disque I ou disque clair, les filaments fins sont seuls
présents. Le disque Z est marqué par l’interpénétration sur une faible distance des extrémités des
filaments fins de deux sarcomères contigus, avec, à ce niveau, un double système quadratique de
ponts entre les filaments fins de chacun des deux sarcomères.

13.1.2 Les filaments épais sont essentiellement formés de


l’assemblage régulier de molécules de myosine.
Chaque molécule de myosine est formée de 2 chaînes lourdes identiques et de 2 paires de chaînes
légères. Il existe de nombreuses isoformes des chaînes légères et lourdes de la myosine : elles sont
exprimées à différents temps de la myogénèse et rendent compte du caractère plus ou moins rapide
de la contraction des différents types de fibres musculaires. Les deux chaînes lourdes de la myosine
sont identiques et accolées l’une à l’autre : leur longue queue forme un axe torsadé, et leur pôle
globulaire émerge du filament épais sous la forme d’une tête double. L’émergence des têtes de
myosine se fait selon une disposition générale ayant l’apparence d’une vis sans fin. La partie distale
des têtes de myosine, appelé domaine moteur, possède une poche de fixation de l’ATP (à sa face
interne) et un site d’interaction avec l’actine caractérisé par la présence d’une profonde crevasse (à
sa face externe). La tête de myosine possède une activité ATPasique qui s’accroit au contact de
l’actine (activité ATPasique actine-dépendante). Les deux paires de chaînes légères sont situées à
la base des têtes de myosine, dans une région appelée domaine de transmission, dont elles assurent
la rigidité.
Les disques M renferment des filaments de myomésine qui relient entre eux les filaments de myo-
sine et les maintiennent groupés en faisceaux.
La titine (ou connectine) est une protéine qui, dans chaque demi-sarcomère, relie chaque filament
épais à la strie Z. Composant élastique, elle maintient l’alignement des filaments épais et oppose
une résistance à l’étirement excessif du sarcomère.

13.1.3 Les filaments fins sont essentiellement composés de


polymères d’actine.
L’actine est une molécule polypeptidique de forme globulaire. La polymérisation des monomères
d’actine se fait sous une forme filamentaire. Les polymères d’actine s’accolent par deux pour for-
mer une longue double hélice. Les myofilaments fins sont formés de l’association de cette double
hélice d’actine et de deux protéines régulatrices : la tropomyosine, dimère filamenteux rigide de
renforcement, et la troponine, complexe de trois sous-unités polypeptidiques (I, C et T) disposées
à intervales réguliers le long des filaments d’actine, en regard de chaque tête de myosine, et impli-

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Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

quées dans la régulation de la contraction musculaire par le calcium.


De plus, chaque extrémité libre des filaments d’actine est coiffée par une molécule de tropomo-
duline (dont on peut penser qu’elle joue un rôle dans le maintien et la stabilisation de la longueur
finale des filaments fins après qu’il se sont assemblés au cours de l’histogénèse du myocyte).
La nébuline, qui est associée à chaque filament fin du muscle strié squelettique (elle est absente
du muscle cardiaque), est supposée déterminer la longueur du filament fin en réalisant un guide
pour la polymérisation de l’actine.

13.1.4 Les disques Z sont formés par l’organisation


quadratique de filaments d’α-actinine.
Ils servent à relier l’extrémité des filaments fins de chaque sarcomère entre elles et avec les extré-
mités des filaments fins du sarcomère adjacent.

13.2 Le sarcoplasme exo-sarcomérique


contient des mitochondries, du cytosquelette,
le réticulum sarcoplasmique longitudinal et
du glycogène.
• L’abondance des mitochondries.
Disposées en file entre les myofibrilles, les mitochondries fournissent l’énergie chimique
(ATP) nécessaire à la production d’énergie mécanique par le rhabdomyocyte.
• Le cytosquelette exosarcomérique, situé à l’extérieur des sarcomères, comprend des mi-
crotubules et des filaments intermédiaires de desmine.
Au cours de l’histogénèse du myocyte strié, la vimentine, la desmine et la nestine sont expri-
mées à des stades différents ; dans le myocyte mature, seule persiste la desmine.
• Le réticulum sarcoplasmique longitudinal.
Il est constitué par un réseau de canalicules et de saccules anastomosés, longitudinaux, entou-
rant chaque myofibrille et se résolvant en une citerne terminale au niveau de chaque jonction
entre les disques A et I.
• Le sarcoplasme renferme également, en quantité variable, des grains de glycogène, bien
visibles en microscopie électronique.

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Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

13.3 Le sarcolemme et la région sous-


sarcolemmique présentent des
différenciations fondamentales.
On appelle sarcolemme l’ensemble de la membrane plasmique du rhabdomyocyte et de la mem-
brane basale qui la tapisse.

13.3.1 Le système T est un système transversal de canalicules.


Ces canalicules représentent des invaginations tubulaires de la membrane plasmique et entourant
les myofibrilles au niveau de chaque jonction entre les disques A et I. La membrane basale du myo-
cyte passe en pont au dessus de l’origine des tubules T. Les canalicules du système T forment avec
les citernes terminales du réticulum sarcoplasmique des «triades». A ce niveau, la membrane des
canalicules T renferme des canaux calcium - récepteurs de la dihydropyrydine et celle des citernes
terminales des canaux calcium - récepteurs de la ryanodine (voir plus loin, le couplage excitation-
contraction).

13.3.2 La jonction neuro-musculaire est la synapse entre la


terminaison du motoneurone α et la cellule musculaire striée
squelettique.
Dans un muscle squelettique normal, chaque cellule musculaire possède une innervation unique.
La plaque motrice est l’endroit du sarcolemme où s’effectue la jonction neuromusculaire. A ce ni-
veau, les ramifications terminales de l’axone ne sont plus entourées que par des cellules de
Schwann. Chaque arborisation axonale repose dans une gouttière creusée à la surface de la cellule
musculaire. Dans cette gouttière synaptique, l’axone repose directement sur la membrane plasmi-
que de la cellule musculaire dont il n’est séparé que par la fente synaptique primaire. Il renferme
des mitochondries et des vésicules synaptiques et est recouvert à sa face supérieure par une cellule
de Schwann. La membrane plasmique de la cellule musculaire, revêtue de sa membrane basale, est
déprimée, à ce niveau, en de multiples invaginations parallèles déterminant les fentes synaptiques
secondaires dont l’ensemble constitue l’appareil sous-neural de Couteaux, très riche en cholines-
térase.
La jonction neuro-musculaire est la synapse dont le fonctionnement est le mieux connu sur le plan
moléculaire. Au niveau de la terminaison nerveuse, plusieurs types de canaux ioniques sont pré-
sents. On trouve des canaux sodiques et potassiques voltage-dépendants comme sur toute la lon-
gueur de la fibre nerveuse. De plus, il existe des canaux calciques voltage-dépendants. Ces canaux
s’ouvrent en cas de dépolarisation axonale et permettent un influx intra-cellulaire de calcium.
L’augmentation de la concentration de calcium dans la terminaison axonale déclenche la fusion des

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Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

vésicules d’acétylcholine, neurotransmetteur de la jonction neuro-musculaire, à la membrane plas-


mique du neurone. Ainsi, de grandes quantités d’acétylcholine sont libérées dans la fente synapti-
que. En fait, les études électrophysiologiques ont montré qu’il existait en permanence une
libération faible d’acétylcholine dans la fente synaptique. Cette libération est assurée par l’excré-
tion du contenu d’une seule vésicule (c’est-à-dire environ 10000 molécules d’acétylcholine). Ce
processus a été appelé libération quantale de l’acétylcholine (le contenu d’une vésicule représen-
tant la quantité minimale, ou quantum, de neurotransmetteurs pouvant être libérée). La libération
d’un quantum d’acétylcholine entraîne l’apparition d’un potentiel synaptique miniature, incapable
de produire une dépolarisation de la fibre musculaire et par suite une contraction. Lors de la trans-
mission du signal axonal, la libération de neurotransmetteur est brutale et massive entraînant une
dépolarisation membranaire de la fibre musculaire et une contraction.
Une fois libérée dans la fente synaptique, l’acétylcholine se lie à un récepteur à l’acétylcholine, ré-
cepteur spécifique situé dans la membrane plasmique de la cellule musculaire uniquement au ni-
veau de la fente synaptique. La localisation précise du récepteur à la zone synaptique est hautement
régulée et fait appel à différents mécanismes moléculaires. Le récepteur à l’acétylcholine est une
molécule transmembranaire formée de cinq sous-unités qui forment un canal ionique ligand-dé-
pendant. Quand l’acétylcholine se lie à son récepteur, elle entraîne l’ouverture de ce dernier et l’en-
trée de sodium dans la cellule musculaire. Entrent également en jeu des transferts d’ions à travers
les canaux-potassium et les canaux-chlore de la membrane de la cellule musculaire. Ainsi, se crée
une dépolarisation et donc un potentiel d’action musculaire.
L’inactivation de l’acétylcholine de la fente synaptique se produit selon deux processus élémentai-
res différents. Une partie du neurotransmetteur est éliminée par diffusion passive hors de la fente.
Le reste est hydrolysé en acétate et choline par l’acétylcholinestérase, enzyme synthétisée par le
myocyte et excrétée dans la fente synaptique où elle s’enchâsse dans la membrane basale.

13.3.3 Le complexe dystrophine-protéines associées à la


dystrophine établit un lien entre les filaments d’actine du
myocyte et la laminine de la membrane basale.
La dystrophine est une protéine sarcoplasmique située sous la membrane plasmique de tous les ty-
pes de myocytes (squelettiques, cardiaques et lisses). La dystrophine mermet l’accrochage des fi-
laments d’actine de la cellule musculaire à la laminine de la membrane basale. En effet, elle se lie
d’une part aux syntrophines (protéines intracytoplasmiques sous-sarcolemmiques) et aux filaments
d’actine et d’autre part à un complexe de protéines associées à la dystrophine composé de 5 glyco-
protéines transmembranaires (dont le b-dystroglycane et l’adhaline) et d’une protéine extracellu-
laire, l’α-dystroglycane, qui se lie à la laminine de la membrane basale. Les ARN messagers de la
dystrophine et des protéines associées sont préférentiellement localisés dans les régions sous-sar-
colemmiques.
Au niveau de la jonction neuro-musculaire, le même type d’arrangement est présent, mais la dys-
trophine est remplacée par l’utrophine, la laminine par l’agrine et le complexe de protéines asso-
ciées est relié aux récepteurs à l’acétylcholine par des molécules de rapsyn (receptor-associated
protein at the synapse).
Trois maladies musculaires génétiques sont reconnues comme étant liées à des mutations touchant

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Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

les gènes codant respectivement pour la dystrophine, l’adhaline et la laminine-2 (ou mérosine).

13.3.4 Les costamères servent à attacher les filaments


d’actine intracellulaires aux protéines de la MEC (en
particulier la fibronectine).
Les costamères, analogues aux plaques d’adhérence (ou contacts focaux), sont des épaississements
et densifications sous-sarcolemmiques situées entre les disques Z et la membrane plasmique qui se
trouve en regard. On trouve donc à leur niveau une forte concentration de vinculine et de taline,
protéines cytoplasmiques qui, d’un côté, se lient à l’α-actinine des disques Z (reliée aux filaments
d’actine des myofibrilles), et, de l’autre, aux intégrines de la membrane plasmique qui constituent
des récepteurs de la fibronectine de la MEC.

13.3.5 Les rhabdomyocytes s’insèrent sur les os par


l’intermédiaire de tendons.
C’est au niveau des jonctions myotendineuses que les forces générées par la contraction des myo-
fibrilles sont transmises à travers la membrane plasmique du myocyte pour agir sur le tendon. Cette
fonction de transmission de forces se traduit au niveau de la jonction myotendineuse par une dif-
férenciation morphologique et moléculaire particulière. A cet endroit, la membrane plasmique du
myocyte est le siège de nombreux replis qui multiplient la surface de l’interface entre la cellule et
la MEC par un facteur de 10 à 50. Les microfibrilles de collagène du tendon s’enfoncent entre les
évaginations cellulaires et arrivent en étroit contact avec la membrane plasmique du myocyte et sa
lame basale. Les filaments fins d’actine du dernier sarcomère sont présents jusqu’à l’extrémité des
digitations cytoplasmiques et s’attachent à la membrane plasmique de celles-ci au niveau de zones
denses sous-sarcolemmiques riches en taline et en vinculine, dépourvues d’α-actinine et donc dif-
férentes des stries Z.

13.3.6 La membrane plasmique des rhabdomyocytes


comporte de nombreux récepteurs et des transporteurs de
glucose.
Outre les récepteurs de l’acétylcholine situés au niveau de la plaque motrice, il existe de nombreux
récepteurs à différentes molécules de signalisation (hormones - en particulier l’insuline -, cytoki-
nes, etc).
Après un repas ou au cours de l’exercice, le muscle squelettique est le consommateur majeur de
glucose de l’organisme. Le glucose pénètre dans le myocyte par diffusion facilitée grâce à deux
protéines transmembranaires qui servent de transporteurs, GLUT1 et GLUT4. GLUT1 est situé de

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Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

façon prédominante dans la membrane plasmique du myocyte, alors que GLUT4 est en majorité
situé dans la membrane de vésicules intracytoplasmiques. L’insuline, ainsi que l’exercice muscu-
laire et l’hypoxie, exerce son action intracellulaire en stimulant, par l’intermédiaire de son récep-
teur, la transcription du gène codant pour GLUT4, en stimulant la traduction de ses ARNmessagers
et en activant la translocation vers la membrane plasmique (y compris au niveau du système T) des
vésicules dont la membrane contient GLUT4. Les vésicules s’amarrent à la membrane plasmique
et fusionnent avec elle, grâce à de nombreuses protéines assez semblables à celles qui se trouvent
au niveau des vésicules synaptiques (cf. cours sur les synapses). C’est par ce mécanisme que l’in-
suline stimule l’entrée du glucose dans la cellule musculaire striée squelettique, mais également
dans le cardiomyocyte et dans l’adipocyte, cellules qui expriment dans leur membrane des récep-
teurs de l’insuline et le même transporteur de glucose GLUT4.

13.4 Les phénomènes moléculaires de la


contraction musculaire et du couplage
excitation-contraction sont maintenant bien
connus

13.4.1 La contraction de la myofibrille répond à la


modification des liaisons (ponts d’union) unissant les
filaments d’actine et de myosine.
Il en résulte une progression des filaments d’actine entre les filaments de myosine, entraînant un
raccourcissement du sarcomère, donc de la myofibrille, donc du muscle. La modification structu-
rale des liens unissant myosine et actine est associée à une déphosphorylation de l’ATP musculaire.
Cette réaction est étroitement dépendante de la présence d’ions Ca++. Celui-ci est contenu à une
concentration élevée dans les citernes du réticulum sarcoplasmique. La dépolarisation de la mem-
brane plasmique déclenchée par l’acétylcholine libérée par l’influx nerveux se propage le long des
membranes du système T (qui comportent des canaux calcium voltage-dépendants connus sous le
nom de récepteurs des dihydropyridines), puis est transférée au réticulum sarcoplasmique par l’in-
termédiaire des triades ; la dépolarisation de la membrane du réticulum sarcoplasmique libère le
Ca++ nécessaire (qui sort du réticulum sarcoplasmique par des canaux de libération du calcium,
protéines transmembranaires connues sous le nom de récepteurs à la ryanodine) et entraîne la con-
traction musculaire.

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Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

13.4.2 Le couplage excitation-contraction


Le déroulement des phénomènes du couplage excitation-contraction se fait de la façon suivante :

• libération du Ca++ dans le cytosol,


• fixation du Ca++ sur la troponine C,
• rupture de la liaison troponine I-actine,
• léger déplacement de la molécule de tropomyosine,
• dégagement de sites de liaison myosine-actine qui étaient bloqués par la tropomyosine,
• contact actine-myosine,
• activation de l’ATP-ase de la myosine,
• hydrolyse de l’ATP (ATP donne ADP + énergie),
• fixation de l’actine sur la myosine,
• changement de conformation de la tête de myosine,
• déplacement du filament d’actine (= contraction).

En définitive, la dépolarisation de la membrane au niveau des triades entraîne une série d’événe-
ments conduisant d’un état relâché à un état de contraction. Les quatre temps principaux sont : 1)
la fixation d’une molécule d’ATP sur la tête de myosine, ce qui dissocie la myosine de l’actine (état
relâché) ; 2) le Ca++ accumulé dans le cytosol lors de la dépolarisation de la membrane au niveau
des triades se fixe sur la troponine C ce qui induit le déplacement de la tropomyosine, le contact
actine-myosine, l’activation de l’ATPase actine-dépendante de la myosine et l’hydrolyse de l’ATP.
La disposition de la tête de myosine sur le filament d’actine fait un angle d’environ 90° ; 3) le dé-
tachement du phosphate de la tête de myosine s’associe à la libération d’énergie entraînant la fixa-
tion plus forte de la myosine sur l’actine et une rotation de 45° de la tête de myosine qui entraîne
un déplacement d’environ 10 nanomètres ; 4) la libération de l’ADP laisse la tête de myosine an-
crée à l’actine.
Plusieurs maladies musculaires sont dues à différentes mutations de gènes codant pour les protéi-
nes-canaux ioniques de la membrane plasmique des rhabdomyocytes.

13.5 A l’intérieur d’un muscle strié


squelettique, tous les myocytes ne sont pas
identiques.

13.5.1 On distingue des myocytes de type I et de type II.


Les myocytes de type I (ou «fibres rouges», car riches en myoglobine) sont de petit calibre et à
contraction lente (essentiellement pour maintenir la station debout et les postures). Ils sont riches
en mitochondries et sont donc identifiables en histo-enzymologie par leur richesse en enzymes

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Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

oxydatives. Ils fonctionnent principalement par la voie de la glycolyse aérobie.


Les myocytes de type II (ou «fibres blanches», car pauvres en myoglobine) sont de grand calibre
et à contraction rapide (essentiellement pour les mouvements des membres). Ils sont riches en gly-
cogène. Ils fonctionnent principalement par la voie de la glycolyse anaérobie.
Il existe des myocytes de type intermédiaire, possédant certaines caractéristiques de ceux de type
I et d’autres de ceux de type II.

13.5.2 Un muscle squelettique est constitué par des cellules


musculaires striées groupées en faisceaux et assemblées par
du tissu conjonctivo-vasculaire.
Le tissu conjonctivo-vasculaire se répartit à plusieurs niveaux : l’endomysium entoure chaque
myocyte, le périmysium entoure chaque faisceau et l’épimysium revêt le muscle dans son entier.
Pour une espèce donnée, la composition d’un muscle en myocytes de type I et de type II, est re-
marquablement fixe et il existe une certaine corrélation entre le type des cellules musculaires
striées et les propriétés contractiles du muscle. Une unité motrice, c’est à dire l’ensemble d’un mo-
toneurone a et des rhadomyocytes qu’il innerve, est formée de cellules musculaires du même type.
En effet, le type des cellules musculaires est régulé par la cellule nerveuse qui exerce une influence
permanente sur elles. Au sein de l’unité motrice, la dépendance de la cellule musculaire vis-à-vis
du motoneurone a et de son axone est démontrée par la section nerveuse qui entraîne son atrophie
(atrophie de dénervation).

13.6 Les fuseaux neuro-musculaires sont des


récepteurs sensoriels encapsulés, répondant
au degré de tension et à la vitesse d’étirement
du muscle.
Ils sont disposés en parallèle avec les cellules musculaires striées extrafusales. Ils sont faits de cel-
lules musculaires striées spécialisées dites intrafusales et de fibres nerveuses. Les fibres motrices
(fibres γ) maintiennent les cellules intrafusales à un certain degré de contraction. Les fibres sensi-
tives, sensibles à l’étirement, sont ainsi en permanence juste au dessous de leur seuil d’excitation.
Quand survient un étirement, les influx qui partent de ces terminaisons permettent un mécanisme
de rétro-contrôle de la force de la contraction musculaire (boucle γ).

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Le Tissu Musculaire Strié Squelettique

13.7 Les cellules satellites.


Ce sont des cellules possédant un seul noyau et qui sont situées sous la lame basale myocytaire,
entre elle et la membrane plasmique du rhabdomyocyte. Ces cellules satellites sont capables, en
cas de lésion musculaire, d’être activées et de contribuer à la réparation des myocytes lésés ou à la
formation de nouveaux myocytes (régénération musculaire).

108/145 Cours d’Histologie Moléculaire - Dr André, Pr Catala, Dr Escudier, Dr Kujas, Mr Morère, Pr Poirier 1998 - 1999
Le Tissu Myocardique

Chapitre 14

Le Tissu Myocardique

14.1 Le tissu myocardique se caractérise par


son aptitude à se contracter rythmiquement
et harmonieusement, de façon spontanée.
En effet, les battements cardiaques et leur rythme (environ 70 par minute) ne sont pas dus au sys-
tème nerveux végétatif du coeur mais sont déterminés par l’activité intrinsèque des cardiomyocytes
du noeud sino-auriculaire. Plusieurs constatations en témoignent : 1) les battements cardiaques
s’observent dès le début de la 4ème semaine du développement embryonnaire et quelques jours
plus tard le sang se met à circuler dans les vaisseaux de l’embryon, alors qu’il n’existe pas encore
d’innervation du coeur, 2) des contractions spontanées et rythmiques s’observent au niveau des
cardiomyocytes en culture de cellules, 3) un coeur transplanté continue à battre alors que toutes ses
connexions nerveuses ont été coupées. Ainsi, les cardiomyocytes sont spontanément excitables ;
leur dépolarisation et repolarisation rythmique est indépendante du sytème nerveux. Le système
nerveux végétatif exerce toutefois une influence sur le rythme des contractions : schématiquement,
le parasympathique (acétylcholine) ralentit le coeur alors que le sympathique (noradrénaline) l’ac-
célère.
Dans l’ensemble, les cellules myocardiques présentent beaucoup d’analogies avec les cellules
musculaires striées squelettiques ; elles en diffèrent toutefois par de nombreux points.
Tout d’abord, leur aspect général est fondamentalement différent à deux titres : 1) les cellules myo-
cardiques, beaucoup moins allongées que les rhabdomyocytes, ont une forme de cylindre dont les
extrémités présentent des bifurcations, grâce auxquelles elles entrent en connexion avec les cellu-
les myocardiques adjacentes pour former un réseau tridimensionnel complexe ; 2) au lieu des cen-
taines de noyaux sous-sarcolemmiques des rhabdomyocytes, chaque cardiomyocyte possède un
noyau, central, unique, allongé dans le sens du grand axe de la cellule.
Ensuite, comme nous allons le voir maintenant, même s’il existe de nombreuses analogies, des dif-
férences notables s’observent au niveau des sarcomères et du cytoplasme exo-sarcomérique, mais
surtout au niveau du sarcolemme.

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Le Tissu Myocardique

14.2 Les sarcomères des cardiomyocytes sont


quasi-identiques à ceux des rhabdomyocytes.
La structure, l’ultrastructure et l’architecture moléculaire du sarcomère des cardiomyocytes est
identique à celle du sarcomère des cellules musculaires striées squelettiques.
Toutefois, à la différence de celles des cellules musculaires striées squelettiques, les myofibrilles
sont moins bien individualisées et le matériel protéique contractile se présente plutôt comme une
volumineuse masse cylindrique de myofilaments parallèles, incomplètement subdivisée en fasci-
cules irréguliers. Ce fait apparaît nettement lorsque l’on compare une coupe transversale de cellule
musculaire striée squelettique et de cellule myocardique en microscopie électronique. Par ailleurs,
les cardiomyocytes contiennent de la titine mais pas de nébuline.

14.3 Le cytoplasme exosarcomérique présente


de nombreuses analogies, mais aussi quelques
différences.
Les myofibrilles divergent autour du noyau et laissent, comme dans la cellule musculaire lisse, une
région axiale fusiforme dépourvue de matériel contractile et contenant divers organites cytoplas-
miques. Par ailleurs, les mitochondries sont plus nombreuses et les grains de glycogène plus abon-
dants que dans les rhabdomyocytes. Enfin, comme nous le verrons plus loin, le réticulum
sarcoplasmique longitudinal ne se résoud pas en citernes terminales transversales.

14.4 Le sarcolemme présente des analogies,


mais également des différences majeures.

14.4.1 Dans la cellule myocardique comme dans le myocyte


strié squelettique :
La membrane plasmique est revêtue par une membrane basale, l’ensemble formant le sarcolemme.
Les disques Z sont reliés à la MEC adjacente par des costamères.
Il existe un système T analogue ; toutefois, les tubules du système T sont de plus gros diamètre et
se situent au niveau des disques Z et non à celui des jonctions A-I ; de plus, comme le réticulum

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Le Tissu Myocardique

sarcoplasmique longitudinal ne se résoud pas en citernes terminales transversales étagées, il s’en-


suit l’absence de «triades».
Le complexe dystrophine-protéines associées à la dystrophine établit un lien entre les filaments
d’actine du myocyte et la laminine de la membrane basale.
La membrane plasmique comporte de nombreux récepteurs (récepteurs muscariniques de l’acé-
tylcholine, récepteurs α-1, β-2 et surtout β-1 de l’adrénaline/noradrénaline, récepteurs de l’angio-
tensine II, canaux calciques voltage dépendants, canaux calciques ligand dépendants, etc) et des
transporteurs de glucose (GLUT4). Rappelons, à cette occasion, que la fixation de l’adrénaline/
noradrénaline sur les α-récepteurs entraîne des effets opposés à ceux de sa fixation sur les β-récep-
teurs et que, d’autre part, les β-1-récepteurs se trouvent prioritairement sur les myocytes cardia-
ques, les β-2-récepteurs sur les cellules musculaires lisses (en particulier bronchiques et
vasculaires) et les β-3-récepteurs sur les adipocytes.

14.4.2 La cellule myocardique se distingue du myocyte strié


squelettique par 3 points essentiels :
L’absence de jonction myo-tendineuse.
L’absence de jonction neuro-musculaire et donc de plaque motrice.
L’existence de dispositifs de jonction. Des dispositifs de jonction très particuliers assurent en ef-
fet la cohésion des cellules myocardiques de l’ensemble du coeur et permettent d’une part la trans-
mission d’une cellule à l’autre de la tension développée par la contraction des myofibrilles et
d’autre part la diffusion rapide de l’excitation d’une cellule à l’autre à travers le coeur. Ces dispo-
sitifs de jonction (ou «traits scalariformes» ou «disques intercalaires» ou «stries intercalaires») vi-
sibles en microscopie optique aux extrémités de chaque cardiomyocyte sous la forme d’un trait
continu globalement transversal mais fait de la succession alternée de segments transversaux et de
segments longitudinaux, apparaissent en microscopie électronique comme constitués de desmoso-
mes, de zonula adhaerens et de gap-jonctions.
Les desmosomes sont situés indifféremment au niveau des portions transversales ou longitudina-
les des traits scalariformes ; les filaments intermédiaires de desmine s’y attachent. Les desmoso-
mes permettent une forte adhésion des cellules entre elles et évitent ainsi que les contractions
régulièrement répétées ne les détachent les unes des autres.
Les zonula adhaerens, situées dans la portion transversale des disques intercalaires, servent de
jonctions d’ancrage et constituent la zone de liaison entre l’extrémité des filaments d’actine des
derniers sarcomères ; elles sont riches en α-actinine.
Les gap-jonctions, situées dans la portion longitudinale des disques intercalaires, forment des
voies de faible résistance permettant la transmission intercellulaire directe des signaux contractiles.
Chaque cardiomyocyte présente environ 8 à 10 disques intercalaires avec ses voisins et environ
1000 gap-jonctions au total, chaque gap-jonction regroupant de nombreux canaux intercellulaires.
Au niveau des myocytes contractiles, les gap-jonctions sont majoritairement constituées de con-
nexine 43, alors que celles des cellules du réseau de Purkinje sont faites de connexine 40. Les con-
nexines 43 et 40 ne peuvent pas former de connexons hétérotypiques ; par voie de conséquence,
des compartiments de communication séparés sont créés avec d’une part les myocytes contractiles
et de l’autre les myocytes du système de conduction. Au niveau terminal, la cellule de Purkinje et
la cellule myocardique contractile avec laquelle elle entre en contact, exprimant chacune sa propre

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Le Tissu Myocardique

connexine (43 ou 40), constituent des gap-jonctions mixtes dans lesquelles se disposent parallèle-
ment des canaux intercellulaires faits de connexine 43 ou de connexine 40.
Une mutation ponctuelle sur le gène de la connexine 43 est capable d’entraîner de très graves mal-
formations cardiaques.

14.5 Il existe trois variétés principales de


cardiomyocytes.

14.5.1 Les cardiomyocytes contractiles.


Qu’ils siègent dans les ventricules ou dans les oreillettes, les cardiomyocytes contractiles corres-
pondent - à des nuances près - au type de description.

14.5.2 Les cellules myoendocrines.


Pauvres en myofibrilles, ces cardiomyocytes ont également une fonction endocrine. Ils contiennent
de nombreuses vésicules de sécrétion, denses aux électrons, contenant le précurseur d’une famille
de polypeptides collectivement connus sous le nom de cardiodilatine ou Atrial Natriuretic Poly-
peptide (ANP) ou Facteur Auriculaire Natriurétique (FAN), hormones impliquées dans la régula-
tion du volume sanguin et la composition électrolytique du liquide extra-cellulaire. Elles entraînent
une vasodilatation, une baisse de la pression artérielle et une diminution du volume sanguin, avec
une considérable augmentation de la diurèse et de l’élimination urinaire de sodium.

14.5.3 Les cellules cardionectrices.


Ce sont des cardiomyocytes modifiés qui constituent le système de conduction du myocarde (sy-
tème cardionecteur). Ces cellules sont spécialisées dans l’initiation de l’excitation (qui est myogé-
nique) et dans la conduction de l’excitation. On les distingue, en fonction de leur localisation
anatomique, en deux variétés principales.
Les cellules nodales sont situées dans le noeud sino-auriculaire, le noeud auriculo-ventriculaire et
le tronc du faisceau de His. Nettement plus petites que les cardiomyocytes banals, elles sont pau-
vres en myofibrilles et riches en glycogène. Leur aspect fusiforme et leur disposition enchevêtrée
au sein d’un tissu conjonctif abondant et dense peuvent les rendre difficiles à différencier des fi-
broblastes qui les entourent, mais à un examen attentif on découvre leur striation transversale. C’est
là que naît l’initation de chaque battement : le noeud sino-auriculaire est le pace-maker de l’exci-
tation cardiaque.
Les cellules de Purkinje sont situées dans les branches du faisceau de His et dans le réseau de Pur-

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Le Tissu Myocardique

kinje. Ce sont des cellules beaucoup plus volumineuses que les cardiomyocytes banals. Elles sont
faciles à reconnaître : elles possèdent un ou deux noyaux situés au centre d’une masse de cytoplas-
me abondant, clair, riche en glycogène et en mitochondries, pauvre en myofibrilles. La conduction
de l’onde de dépolarisation se fait à la vitesse de 2 à 3 m/seconde alors que dans les cardiomyocytes
banals elle est de l’ordre de 0,6 m/s.

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Les Cellules Musculaires Lisses

Chapitre 15

Les Cellules Musculaires


Lisses
Les cellules musculaires lisses (CML), ou léiomyocytes, jouent un rôle majeur dans la vie végéta-
tive. Elles se caractérisent par le fait qu’elles sont le siège de contractions spontanées, susceptibles
d’être régulées par de nombreux stimuli (nerveux, hormonaux, cytokiniques) et qu’elles sécrètent
de nombreuses molécules.

15.1 Les protéines contractiles ne sont pas


organisées aussi rigoureusement que dans le
muscle strié.
Fusiforme et allongée, la CML comporte un noyau unique central et un cytoplasme qui présente
deux zones : l’une contient les organites vitaux de la cellule et coiffe les deux pôles du noyau,
l’autre occupe la plus grande partie de la cellule et est remplie de myofilaments. Son cytoplasme
renferme des protéines contractiles, actine et myosine, qui ne sont pas organisées selon l’agence-
ment précis et rigoureusement parallèle visible dans les myofibrilles du muscle strié. Seuls les mi-
crofilaments fins d’actine sont visibles en microscopie électronique de routine ; ils se groupent en
faisceaux irréguliers orientés selon le grand axe de la cellule, plus ou moins obliquement par rap-
port à celui-ci. Comme dans le muscle strié, les filaments d’actine sont associées à des molécules
de tropomyosine ; en revanche, ils sont dépourvues de troponine. Les microfilaments épais de
myosine ne peuvent être mis en évidence que par des techiques particulières. Les myofilaments
d’actine et de myosine s’attachent à des zones denses constituées d’α-actinine (et donc analogues
à du matériel de strie Z) et soit dispersées dans le cytoplasme soit accolées à la face interne de la
membrane plasmique. A ces zones denses, s’attachent également des filaments intermédiaires de
desmine et de vimentine.
Les phénomènes moléculaires de la contraction de la CML sont différents de ceux de la cellule
musculaire striée ou cardiaque. Le rôle du calcium y est également essentiel, mais l’absence de tro-
ponine modifie les modalités de la liaison de l’actine à la myosine. Le premier événement est l’af-
flux de calcium dans le cytoplasme ; Ca++ provient soit du réticulum endoplasmique lisse soit de
l’espace extra-cellulaire. Dans ce dernier cas, il pénètre à travers les canaux-calciques voltage et/
ou ligand-dépendants du domaine cavéolaire de la membrane plasmique. Une fois dans le cyto-

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Les Cellules Musculaires Lisses

plasme, Ca++ se lie à la calmoduline (calcium-binding protein) pour former un complexe Ca++/
calmoduline qui active une enzyme, la kinase des chaines légères de myosine, qui permet la pho-
phorylation d’une des deux chaînes de myosine légères de chaque tête de myosine, l’énergie étant
fournie par un ATP qui devient ADP. Cette phosphorylation entraîne le démasquage du site de
liaison de l’actine sur la tête de myosine lourde, d’où s’en suit la liaison actine-myosine et la con-
traction de la CML.

15.2 La présence de gap-jonctions permet la


diffusion de l’excitation entre les CML.
Selon les variétés de CML, et éventuellement selon les conditions fonctionnelles, le nombre des
gap-jonctions est extrêmement variable. Ainsi, les CML de la vessie ne comporteraient que de très
rares gap-jonctions. Les CML utérines (myomètre) ont également des caractéristiques particuliè-
res. Chez la femelle non-gestante, ou au cours de la gestation jusqu’au moment du travail, il y a un
parallélisme entre d’une part la faible activité contractile des CML de l’utérus, la restriction spa-
tiale de cette activité contractile et son caractère asynchrone dans les différentes parties du myo-
mètre et d’autre part le fait que les gap-jonctions et l’expression de la connexine 43 sont
indétectables. En revanche, dès que le travail commence, les contractions des CML s’intensifient,
se propagent sur de grandes distances et se synchronisent dans les différentes régions de l’utérus ;
parallèlement, on observe une expression croissante de la connexine 43 et l’apparition de gap-jonc-
tions de plus en plus nombreuses. Ces événements sont sous la dépendance d’une régulation hor-
monale et sont déclenchés par l’accroissement en fin de grossesse des concentrations d’estrogènes,
de progestérone et de prostaglandines.

15.3 Entre les gap-jonctions, le sarcolemme


des CML est divisé en 2 domaines distincts.
La membrane plasmique des CML est revêtue d’une membrane basale qui repose sur la MEC ad-
jacente.

Un domaine correspond à des plaques d’adhérence.


Ces plaques d’adhérence sont impliquées dans l’accrochage des filaments d’actine de la
cellule aux molécules de la MEC. A leur niveau, se trouvent des intégrines et de nombreu-
ses protéines cytoplasmiques dont la vinculine et la taline.
L’autre domaine est appelé cavéolaire.
Ce domaine correspond aux zones situées entre les précédentes et riches en invaginations
vésiculaires ou caveolae, dont une des principales protéines constitutives est la cavéoline ;
c’est au niveau de ce domaine que l’immunofluorescence et l’immunoélectronique permet-

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Les Cellules Musculaires Lisses

tent de localiser le complexe dystrophine-protéines associées (cf. le cours sur la cellule


musculaire striée squelettique). Ce complexe présente des récepteurs à la laminine qui per-
mettent l’adhérence de la cellule à la MEC. On note également la présence de très nom-
breux récepteurs membranaires, en particulier à l’acétylcholine, à l’adrénaline-
noradrénaline (récepteurs adrénergiques α, β-1 et surtout β-2), à l’ocytocine, à la vaso-
pressine, à l’histamine, à l’angiotensine II, aux prostaglandines, etc., ainsi que des ca-
naux calcium (les uns voltage-dépendants et les autres récepteurs-dépendants) et des
canaux potassium (de plusieurs types, dont l’ouverture entraîne une hyperpolarisation et
la relaxation de la CML, alors que leur fermeture déclenche une dépolarisation et donc la
contraction de la CML).

15.4 Les CML sécrètent les molécules de leur


membrane basale et de la MEC environnante.
Les molécules constitutives de la membrane basale des CML et de la MEC adjacente (collagène,
élastine, laminine, fibronectine, protéoglycanes et glycosaminoglycanes, à l’exception - semble-t-
il - de l’acide hyaluronique, absent du tissu musculaire lisse, contrairement au tissu musculaire
squelettique ou cardiaque) sont synthétisées et sécrétées par les CML. Ainsi, les CML artérielles
peuvent présenter, selon les conditions physiologiques et/ou pathologiques, un aspect différent :
phénotype sécrétoire (dévolu à la synthèse des macromolécules de la MEC de la paroi artérielle)
ou phénotype contractile (prédominance du matériel myofilamentaire contractile).

15.5 Les CML sont isolées ou groupés en


tuniques ou en muscles individualisés.
Les CML peuvent être isolés, dans la capsule ou le stroma de certains organes pleins (comme la
prostate ou les corps caverneux), dans le tissu conjonctif sous-cutané (au niveau du scrotum ou du
mamelon du sein) ou encore au centre des villosités intestinales. Le plus souvent, elles sont grou-
pées en couches superposées pour former des tuniques qui constituent la musculature lisse des
organes creux (vaisseaux sanguins et lymphatiques, tube digestif et canaux excréteurs des glandes
digestives, arbre trachéo-bronchique, voies uro-génitales, utérus). Enfin, rarement, les CML se
groupent pour former des petits muscles individualisés, comme les muscles arrecteurs des poils
(dont la contraction entraîne la «chair de poule»), les muscles constricteur et dilatateur de l’iris (qui
règlent le diamètre de la pupille), les muscles ciliaires (qui permettent l’accomodation dans la vi-
sion de près).

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Les Cellules Musculaires Lisses

15.6 Parler de la CML est trop réducteur, il


faut parler des CML.
Il existe en effet de multiples variétés différentes de cellules musculaire lisses.

Les CML viscérales.


Les CML viscérales correspondent dans l’ensemble au type de description pris ci-dessus.
Il existe toutefois des différences considérables selon les localisations (uretère et vessie,
voies de conduction aérienne, tube digestif, utérus, etc).
Les CML vasculaires.
Les CML entrant dans la constitution des parois vasculaires (artères, artérioles, veines et
veinules) sont sensiblement différentes de celles des viscères. Les techniques immuno-his-
tochimiques et histo-enzymologiques permettent de mettre en évidence des différences
dans la nature des protéines cytosquelettiques et enzymatiques des CML viscérales et des
CML vasculaires. Les péricytes, qui, dans certains capillaires, entourent les cellules endo-
théliales en étant logés dans un dédoublement de la membrane basale, ont des caractères
qui les rapprochent beaucoup des CML ; en particulier, ils sont immunoréactifs avec les an-
ticorps anti-actine musculaire lisse et sont susceptibles de se contracter.
Les cellules myoépithéliales.
Ce sont des CML de forme étoilée qui se moulent sur les acini de certaines glandes exocri-
nes comme les glandes sudoripares, lacrymales, salivaires, mammaires, bronchiques. Leur
contraction entraîne l’expulsion du produit de sécrétion hors des acinus glandulaires.
Les cellules myoépithélioïdes.
Les cellules myoépithélioïdes sont des CML ayant subi une différenciation particulière les
rapprochant de cellules épithéliales glandulaires : elles contiennent à la fois du matériel
contractile myofilamentaire et des vésicules de sécrétion. Dans l’appareil juxta-glomérulai-
re du rein, les cellules myoépithélioïdes de la paroi artérielle sécrétent la rénine.
Les myofibroblastes.
Présents dans de nombreux organes (comme par exemple dans le testicule, autour des tubes
séminifères), les myofibroblastes ont - comme leur nom l’indique - une morphologie inter-
médiaire à celle des CML et des fibroblastes. Ils contiennent des filaments d’actine et de
myosine, des filaments intermédiaires de vimentine et de desmine. Ils jouent un rôle impor-
tant dans les processus de cicatrisation et de réparation tissulaires.

15.7 Les CML sont innervées par le système


nerveux végétatif, et sont l’objet de
régulations auto/paracrines.
La contraction de la CML ne s’exerce pas sous le contrôle de la volonté. Elle peut être spontanée

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Les Cellules Musculaires Lisses

ou dépendre du système nerveux végétatif, d’une stimulation hormonale (à titre d’exemple, les hor-
mones dites post-hypophysaires, la vasopressine et surtout l’ocytocine entraînent une contraction
des CML) et/ou de modifications locales survenant à l’intérieur du muscle lisse lui-même et en par-
ticulier de l’étirement. Les molécules agissant par voie paracrine (en particulier celles synthétisées
par les cellules endothéliales des vaisseaux) sont nombreuses, les unes à action vasoconstrictive
(angiotensine II en particulier), les autres à action vasodilatatrice (NO, système kallikréine-kinine,
histamine, prostaglandines). Les terminaisons nerveuses qui innervent les CML sont des terminai-
sons nerveuses libres ; il n’existe pas de synapse identifiable.
Le degré de contraction des CML de la paroi des vaisseaux est responsable du tonus musculaire
lisse des petites artères et artérioles. La vasoconstriction due à leur contraction entraîne une réduc-
tion du calibre des vaisseaux et donc une augmentation des résistances périphériques au courant
sanguin ce qui conduit à une élévation de la pression artérielle.
La bronchoconstriction due à la contraction des CML de la paroi des voies aériennes entraîne une
réduction du calibre des petites bronches et joue un rôle de premier plan dans l’asthme. Le para-
sympathique, par la voie du nerf pneumogastrique, libère de l’acétylcholine qui, en se liant à ses
récepteurs muscariniques situés dans la membrane des CML, entraîne un effet bronchoconstric-
teur, dont l’antagoniste est l’atropine. A l’inverse, les fibres sympathiques post-ganglionnaires li-
bèrent à leurs terminaisons de la noradrénaline qui en agissant sur les récepteurs β-2 des CML
entraîne une bronchodilatation.
Outre les fibres nerveuses cholinergiques et noradrénergiques, il existe également pour inner-
ver les CML des fibres peptidergiques multiples et variées. Ces fibres peptidergiques sont parti-
culièrement importantes dans le système nerveux entérique qui innerve les CML du tube digestif.

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Les Neurones

Chapitre 16

Les Neurones
Le système nerveux humain est fait de deux grands ensembles anatomiques : le système nerveux
central (SNC) et le système nerveux périphérique (SNP). Le SNC (ou névraxe), est concentré à
l’intérieur du crâne et de la colonne vertébrale qui le protégent ; il est formé par l’encéphale - cer-
veau, tronc cérébral et cervelet - et la moelle épinière. Le SNP, essentiellement formé par les nerfs
qui irradient du névraxe vers tous les points de l’organisme, assure l’acheminement des informa-
tions vers le SNC et celui des ordres du SNC vers les effecteurs périphériques.
Les neurones (ou cellules nerveuses) sont des cellules hautement différenciées, spécialisées dans
la communication intercellulaire. Ils reçoivent, traitent et transmettent des informations (des si-
gnaux). Chaque neurone est unique, n’étant ni équivalent à son voisin, ni interchangeable ; son ori-
ginalité tient à sa position particulière dans le système nerveux et aux connexions (synapses) qu’il
entretient avec d’autres neurones ou avec des cellules réceptrices (sensorielles) ou effectrices
(musculaires ou glandulaires). Les neurones matures, cellules post-mitotiques, ne se divisent plus.
Les neurones qui meurent - que ce soit spontanément (par apoptose) ou accidentellement (par né-
crose) - ne sont donc pas remplacés ; tout neurone qui meurt est un neurone de moins.

16.1 La fonction des neurones est


indissociable de leur forme.

16.1.1 Le neurone comprend un corps cellulaire, des


dendrites et un axone.
Délimitée par sa membrane plasmique, la cellule nerveuse est constituée par un corps cellulaire
(ou soma ou périkaryon) d’où partent des prolongements (ou neurites) de deux types, les dendri-
tes et l’axone, qui diffèrent par de nombreux caractères. Les dendrites sont habituellement multi-
ples, alors que l’axone est toujours unique. Les dendrites sont habituellement très courts, alors que
l’axone peut être très long (pouvant atteindre 1 mètre). La polarité des microtubules, différemment
organisée dans les dendrites et dans l’axone, rend compte de la répartition différente de certains
organites : les dendrites contiennent des ribosomes et des corps de Nissl alors que l’axone en est
totalement dépourvu. Enfin, l’architecture moléculaire de la membrane plasmique des dendrites est
différente de celle de l’axone, en particulier au regard des récepteurs et des canaux ioniques.

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Les Neurones

16.1.2 Il existe plusieurs classifications morphologiques des


neurones.
A partir de ce schéma de base, de très nombreux aspects morphologiques peuvent être réalisés. Un
certain nombre de critères ont permis d’établir des classifications morphologiques des neurones.
Selon la disposition générale des prolongements par rapport au corps cellulaire, on distingue des
neurones unipolaires (qui n’ont qu’un seul prolongement), bipolaires (qui ont un prolongement
afférent et un prolongement efférent), pseudo-unipolaires (ayant un prolongement unique qui se
bifurque à distance du corps cellulaire en un prolongement afférent et un prolongement efférent)
ou multipolaires (qui ont des prolongements multiples : un seul axone, mais de nombreux dendri-
tes).
La forme du corps cellulaire peut être très différente d’un neurone à l’autre. Ainsi peut-on recon-
naître des neurones étoilés, fusiformes, côniques, polyédriques, sphériques, pyramidaux (selon leur
volume, on distingue les cellules pyramidales en petites, moyennes, grandes ou géantes).
Selon l’organisation dans l’espace des ramifications dendritiques, on distingue des neurones iso-
dendritiques (divergence des dendrites dans toutes les directions), allodendritiques (asymétrie li-
mitée de l’arbre dendritique) ou idiodendritiques (organisation spécifique de l’arbre dendritique).
La longueur de l’axone diffère dans les neurones de Golgi type I (neurones de projection) qui ont
un axone long - pouvant atteindre plus d’un mètre - et dans les neurones de Golgi type II (neuro-
nes d’association) dont l’axone, court, ne sort pas des environs immédiats du corps cellulaire.

16.2 La structure des neurones est


caractéristique.

16.2.1 Le noyau, volumineux et sphérique, contient un gros


nucléole.
La plupart des neurones possèdent, au milieu de leur corps cellulaire, un noyau unique, volumi-
neux, sphérique, clair, à chromatine dispersée, avec un gros nucléole, arrondi, dense, bien visible
en microscopie optique.

16.2.2 Le cytoplasme est riche en organites.


Les corps de Nissl sont des amas de réticulum endoplasmique granulaire.
L’examen en microscopie optique de préparations colorées par des bleus basiques montre
que le cytoplasme du corps cellulaire neuronal et des dendrites contient un matériel inten-
sément basophile réparti de façon variable et se présentant sous forme de blocs assez volu-

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Les Neurones

mineux ou au contraire d’un fin semis de granulations. Ces corps de Nissl correspondent,
en microscopie électronique, à des amas de citernes de réticulum endoplasmique granulai-
re. L’abondance de cet ergastoplasme est le témoin de l’importance des synthèses protéi-
ques de la cellule nerveuse.
L’appareil de Golgi, juxta-nucléaire, est habituellement volumineux.

Les mitochondries sont nombreuses.


Elles sont réparties dans le corps cellulaire, les dendrites et l’axone.
Le cytosquelette est particulièrement riche.
Présent dans le corps cellulaire, les dendrites et l’axone, le cytosquelette est composé de
microfilaments (actine), de filaments intermédiaires (ou neurofilaments ; leur diamètre
est de 10 nm) et de microtubules (voir plus loin le flux axonal).
Au niveau de la membrane plasmique, de nombreuses synapses sont visibles en microscopie
électronique.
Les synapses sont des zones spécialisées de contact permettant la transmission de l’influx
nerveux d’un neurone à un autre neurone (voir chapitre 17 page 127).

16.3 La membrane plasmique neuronale est le


siège de la réception des signaux, de la
naissance et de la conduction de l’influx
nerveux ainsi que de sa transmission
synaptique.
Le nombre, la nature et la répartition des protéines membranaires sont responsables de ces fonc-
tions et confèrent aux neurones leurs spécificité fonctionnelle. Les principaux types de protéines
de la membrane plasmique des neurones sont les connexines des gap-jonctions, les canaux ioni-
ques (cf. plus loin, les synapses), les pompes membranaires et autres protéines transporteuses
(en particulier la Na+K+ ATPase qui transporte simultanément le sodium vers l’espace extra-cel-
lulaire et le potassium vers le milieu intra-cellulaire et la Ca++ ATPase qui transporte le Ca++ vers
l’espace extra-cellulaire), et les protéines membranaires de transport des macromolécules
dans le neurone (endocytose) ou hors de lui (exocytose).

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Les Neurones

16.4 Le flux axonal permet les transports


bidirectionnels entre le corps cellulaire et les
extrémités axonales.
Les synthèses protéiques ont lieu dans le corps cellulaire du neurone et ne peuvent se produire dans
l’axone. Ainsi, les produits nouvellement synthétisés doivent cheminer le long de l’axone pour per-
mettre le maintien de l’intégrité de la terminaison nerveuse qui est parfois très éloignée du site du
corps cellulaire comme dans le cas des motoneurones lombo-sacrés. Ce cheminement est permis
par des mouvements intra-axonaux appelés transport axonal ou flux axonal. On distingue deux
types de transports axonaux selon la direction du mouvement : le transport antérograde va du corps
cellulaire vers la périphérie, le transport rétrograde chemine en sens inverse. Une subdivision sup-
plémentaire est apportée par la vitesse du flux axonal antérograde permettant de distinguer un
transport rapide et un transport lent.

16.4.1 Le transport axonal rapide antérograde.


Le transport axonal rapide antérograde permet des déplacements à une vitesse de l’ordre de 200 à
400 mm par jour, du corps cellulaire vers les extrémités axonales. Il concerne les organites entourés
d’une membrane, en particulier les mitochondries et les vésicules synaptiques, ainsi que que les
canaux ioniques et des neurotransmetteurs et neuropeptides. Il est assuré par les kinésines qui se
lient aux organites à transporter et aux microtubules axonaux. Le mouvement est généré grâce à
l’activité ATPasique de ces molécules. La régulation de ces mouvements est encore mal connue.

16.4.2 Le transport axonal rapide rétrograde.


Le transport axonal rapide rétrograde permet des déplacements à une vitesse de l’ordre de 100 à
200 mm par jour, des extrémités axonales vers le corps cellulaire. Il concerne des lysosomes con-
tenant les matériels transportés par le transport antérograde rapide qui retournent au corps cellulai-
re pour y être recyclés ; s’y ajoutent des molécules (facteurs neurotrophiques) synthétisées par les
cellules-cibles de l’axone et allant informer le corps cellulaire ; il concerne également la peroxy-
dase du raifort (utilisée comme traceur) ainsi que des virus (rage, herpès) et des neurotoxines. Il
est assuré par les dynéines qui réalisent comme précédemment un pont protéique entre l’organite
et les microtubules. De même, le mouvement est généré par l’activité ATPasique de ces molécules.

16.4.3 Le transport axonal lent, uniquement antérograde.


Il assure des déplacements à une vitesse de 0,2 à 8 mm par jour et concerne les protéines du cytos-
quelette sous forme d’oligomères ainsi que les protéines solubles (enzymatiques par exemple).

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Les Neurones

Contrairement à ceux du transport axonal rapide, les mécanismes du transport axonal lent sont as-
sez mal connus.

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Les Neurones

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Les Synapses

Chapitre 17

Les Synapses
Si le neurone est l’unité constitutive fondamentale du tissu nerveux, c’est l’articulation de plusieurs
d’entre eux qui le définit. On évalue le nombre total des neurones du système nerveux humain à
une centaine de milliards ; en multipliant ce nombre par environ mille, on obtient approximative-
ment celui des synapses. Les synapses sont des zones spécialisées de contact permettant la trans-
mission de l’influx nerveux d’un neurone à un autre neurone (ou d’une cellule réceptrice à un
neurone ou d’un neurone à une cellule effectrice). Chaque synapse comporte un élément présynap-
tique et un élément post-synaptique séparés par une fente synaptique d’environ 20 nm d’épaisseur.
Les synapses du système nerveux périphérique (SNP) sont situées dans les ganglions ou dans les
organes périphériques (récepteurs ou effecteurs). Toutes les synapses du système nerveux central
(SNC) sont localisées dans la substance grise, la substance blanche en étant totalement dépourvue.

17.1 On distingue les synapses électriques et


les synapses chimiques.
Les synapses électriques sont des gap-jonctions (jonctions communicantes) situées entre les neu-
rones. Leur architecture moléculaire est strictement la même que celle des gap-jonctions qui s’ob-
servent dans la plupart des types cellulaires : elles sont composées de multiples canaux
transmembranaires fait de l’aboutement de deux hémi-canaux (ou connexons) constitués chacun
par six connexines. Les connexines les plus représentées dans le système nerveux central (neuro-
nes, oligodendrocytes, épendymocytes, astrocytes, cellules leptoméningées) sont les connexines
43, 32 et 26.
Contrairement à ce qui se passe dans les synapses chimiques, où la transmission de l’influx nerveux
fait appel à un mécanisme de médiation chimique (avec libération d’un neurotransmetteur dans la
fente synaptique), la diffusion électrotonique de l’influx nerveux dans les synapses électriques est
passive, bidirectionnelle, très rapide, sans fatigabilité (on parle de couplage électrotonique des
deux neurones concernés). Il est possible d’observer entre deux neurones des synapses les unes
électriques et les autres chimiques. Il existe également des synapses mixtes dans lesquelles on
trouve côte à côte une synapse chimique et une synapse électrique et où transmission chimique et
couplage électrotonique interagissent pour moduler l’efficacité de la synapse.
En pratique, lorsqu’il s’agit du système nerveux d’un mammifère et plus encore du système ner-
veux humain, parler de synapse sans autre précision, revient à parler de synapse chimique. Tout le
reste de ce chapitre sera relatif aux synapses chimiques.

1998 - 1999 Cours d’Histologie Moléculaire - Dr André, Pr Catala, Dr Escudier, Dr Kujas, Mr Morère, Pr Poirier 127/145
Les Synapses

17.2 L’élément pré-synaptique renferme les


vésicules synaptiques contenant les
neurotransmetteurs.
En dehors des mitochondries et du cytosquelette, les deux constituants les plus importants de
l’élément présynaptique sont les vésicules synaptiques (dites aussi vésicules présynaptiques) et
l’épaississement de la membrane présynaptique. Le feuillet interne de la membrane présynaptique
apparaît en effet plus épais et plus dense aux électrons que le reste de la membrane plasmique du
neurone. Cette densification membranaire correspond à une structure complexe appelée grille pré-
synaptique, faite de l’arrangement régulier, trigonal, de projections denses reliées par de fins mi-
crofilaments et circonscrivant ainsi des emplacements où les vésicules synaptiques peuvent se
loger individuellement. De petites dépressions (synaptopores) visibles à la face externe de la mem-
brane présynaptique s’enfoncent en regard des emplacements vésiculaires situés sur l’autre face de
la membrane.
Les vésicules synaptiques peuvent être classées selon leur taille, leur forme et la densité de leur
contenu. Elles renferment les neurotransmetteurs qu’elles déversent dans la fente synaptique.

17.2.1 Les neurotransmetteurs au sens propre, ou


neurotransmetteurs classiques, sont nombreux.
• Acétylcholine
• Amines biogènes : catécholamines (noradrénaline, adrénaline, dopamine), sérotonine (5 hy-
droxy-tryptamine), histamine.
• Acides aminés excitateurs excitateurs : glutamate (50% des synapses du SNC sont glutama-
tergiques), aspartate.
• Acides aminés inhibiteurs : GABA (1/4 à 1/3 des synapses du SNC sont GABAergiques),
glycine.
• Purines : ATP, adénosine.

17.2.2 Les neuropeptides sont plus des neuromodulateurs que


des neurotransmetteurs au sens propre.
En effet, ils exercent une action de régulation au niveau de nombreux récepteurs extra-synaptiques,
plutôt qu’au niveau de sites purement synaptiques. On distingue les neuropeptides opioïdes (ou
endorphines), agonistes endogènes naturels des récepteurs aux opiacés, et les neuropeptides non-
opioïdes (ocytocine, vasopressine, substance P, vasointestinal peptide, somatostatine, neuropepti-
de Y, etc).

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Les Synapses

17.2.3 Le monoxyde d’azote (NO) peut être considéré comme


un neurotransmetteur très particulier.
Le monoxyde d’azote ou oxyde nitrique NO (à bien distinguer du dioxyde d’azote NO2 et du pro-
toxyde d’azote ou oxyde nitreux ou gaz hilarant N2O) est une molécule toxique car sa grande ins-
tabilité la conduit à s’oxyder très rapidement sous l’action de l’oxygène ou de l’eau en nitrates et
en nitrites. Dans le cerveau, la stimulation des récepteurs NMDA (appelés ainsi parce qu’ils fixent
également un acide aminé artificiel, le N-Méthyl-D-Aspartate) par le neurotransmetteur excitateur
qu’est le glutamate entraîne la production de NO par le neurone post-synaptique : la fixation du
glutamate sur les récepteurs NMDA entraîne l’ouverture des canaux calcium de la membrane post-
synaptique et donc l’entrée de calcium dans le neurone post-synaptique ; le calcium s’y lie à la cal-
moduline qui active la NO-synthétase.
Par immunocytochimie avec des anticorps anti-NO-synthétase on a pu montrer que la NO-synthé-
tase était présente dans les neurones.
Le rôle exact du NO est inconnu ; il semble agir comme neurotransmetteur, mais sans être stocké
dans des vésicules synaptiques, puisqu’il est libéré à travers la membrane du neurone par simple
diffusion. De la même façon, il pénètre par simple diffusion dans le neurone receveur.

17.2.4 La co-existence de différents neurotransmetteurs et/ou


neuromodulateurs dans une même synapse est fréquente.
Les études en immunocytochimie et en hybridation in situ ont bien montré que toutes les combi-
naisons de co-localisation étaient possibles. Il peut s’agir de :

• 2 ou plus neurotransmetteurs au sens propre,


• 1 neurotransmetteur au sens propre + un ou plusieurs neuropeptides,
• 2 ou plus (jusqu’à 7, identifiés à ce jour) neuropeptides.

17.2.5 On distingue les petites vésicules synaptiques et les


grandes vésicules synaptiques.

17.2.5.1 Les petites vésicules synaptiques renferment des neurotransmetteurs


classiques.
D’environ 50 nm de diamètre, elles sont groupées près des «zones actives» de la membrane présy-
naptique. Après leur exocytose, elles sont recyclées et remplies localement. Leur membrane est ri-
che en synaptophysine, protéine transmembranaire majeure des petites vésicules synaptiques du
SNC et du SNP ainsi que des cellules neuroendocrines. Ces vésicules ne contiennent pas de pro-
téines solubles du type de la chromogranine.
On distingue 3 variétés de petites vésicules synaptiques : 1) les petites vésicules synaptiques

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Les Synapses

sphériques à centre clair ont un contenu transparent aux électrons, fait d’acétylcholine, d’acides
aminés excitateurs et/ou de purines ; 2) les petites vésicules synaptiques sphériques à centre
dense (ou à coeur dense) renferment des amines biogènes et/ou des purines ; 3) les petites vésicu-
les synaptiques ovalaires à centre clair contiennent souvent des neurotransmetteurs inhibiteurs
comme le GABA ou la glycine.
Le potentiel d’action (influx nerveux) qui atteint l’extrémité présynatique entraîne une dé-
polarisation de la membrane plasmique qui provoque l’ouverture des canaux Ca++ voltage-
dépendants situés dans cette membrane. Il s’en suit l’entrée de Ca++ dans la terminaison présy-
naptique.
L’entrée de calcium dans la terminaison présynaptique entraîne la libération du neurotrans-
metteur dans la fente synaptique. Le cycle des petites vésicules synaptiques dans la terminaison
nerveuse requiert successivement : 1) le remplissage des vésicules avec le neurotransmetteur, 2) la
translocation des vésicules vers les zones actives de la membrane présynaptique, 3) l’arrimage des
vésicules à la membrane plasmique présynaptique, 4) la fusion des membranes avec ouverture de
«pores» de fusion, 5) la libération du neurotransmetteur par exocytose dans la fente synaptique, 6)
le recyclage membranaire des vésicules.
Le rôle du complexe NSF/SNAPs/SNAREs est majeur dans les processus d’arrimage et de fu-
sion des vésicules synaptiques avec la membrane présynaptique. Associé à des SNAPs (Solu-
ble NSF Attachment Proteins), le NSF forme un complexe protéique capable de se lier à des
protéines situées les unes (comme la synaptobrévine - ou VAMP) dans la membrane des vésicules
et les autres (comme la syntaxine et le SNAP-25) dans la membrane présynaptique. Par ce méca-
nisme, le NSF permet donc la fusion des vésicules synaptiques et de la membrane présynaptique.
En l’absence de NSF, les vésicules s’accumulent contre la membrane acceptrice sans s’y fusionner.
Le NSF (NEM-Sensitive Factor) doit son nom au fait que le NEM (N-ethylmaleimide) empêche la
fusion des vésicules avec la membrane présynaptique en inhibant le NSF.La synaptobrévine, la
syntaxine et le SNAP-25, du fait de leur capacité à se lier aux SNAPs, sont souvent qualifiées de
récepteurs aux SNAPs ou SNAREs (SNAPs receptors).
La synaptotagmine est une calmodulin-binding protéine transmembranaire présente dans toutes les
vésicules synaptiques (petites vésicules et grandes vésicules à centre dense) ainsi que dans les
grains chromaffines. Elle joue un rôle majeur dans le déclenchement par le Ca++ entré dans la cel-
lule de la fusion de la vésicule synaptique avec la membrane pré-synaptique.

17.2.5.2 Les grandes vésicules synaptiques à centre dense renferment des


neuropeptides, éventuellement associés à des neurotransmetteurs classiques.
Les grandes vésicules synaptiques à centre dense (ou à coeur dense) sont sphériques, d’environ 70
nm de diamètre et contiennent en leur centre un grain dense aux électrons séparé de la membrane
par un halo clair. Elles sont produites dans le corps cellulaire par le réseau trans du Golgi. Elles
contiennent des neurohormones ou des neuropeptides, éventuellement associés à des neurotrans-
metteurs classiques. Elles contiennent également des protéines solubles du type de la chromogra-
nine. Les vésicules (ou grains) chromaffines, tels qu’on les observe dans les cellules de la
médullo-surrénale ou les cellules neuroendocrines par exemple, sont assez analogues aux grandes
vésicules à coeur dense, mais leur diamètre est habituellement plus grand.
La libération des neuropeptides à partir des terminaisons nerveuses du SNC a plus de points com-
muns avec la libération des hormones à partir des cellules endocrines qu’avec l’exocytose des pe-

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Les Synapses

tites vésicules synaptiques. L’exocytose des grandes vésicules à centre dense se distingue en effet
de celle des petites vésicules synaptiques par au moins 4 points : 1) Les grandes vésicules à centre
dense sont situées à distance des zones actives et les neuropeptides sont libérés de façon ectopique,
c’est à dire pas directement dans la fente synaptique ; 2) Il n’y a pas de recyclage local des grandes
vésicules à centre dense dans les extrémités présynaptiques, car les neuropeptides sont synthétisés
de novo par clivage de précurseurs peptidiques synthétisés dans le corps cellulaire ; 3) Les grandes
vésicules à centre dense sont dépourvues de la plupart des protéines spécifiques associées aux pe-
tites vésicules synaptiques, ou en contiennent des quantités bien moindres (c’est le cas de la
synaptophysine) ; 4) Le contenu des grandes vésicules à centre dense est libéré par une augmenta-
tion globale de la concentration en Ca++ et non par un couplage localisé entre les canaux calcium
et l’exocytose.

17.3 L’élément post-synaptique présente de


nombreuses structures spécialisées.
Les épaississements de la membrane post-synaptique.
La face interne de la membrane post-synaptique (ou sous-synaptique) est souvent le siège
d’un épaississement dense aux électrons, plus marqué que les épaississements pré-synapti-
ques.
Les appareils sous-synaptiques.
A une certaine distance de la membrane post-synaptique, de nombreuses structures de mor-
phologie variée ont été décrites et peuvent être regroupées sous le terme d’appareils sous-
synaptiques. Les mieux caractérisés sont les appareils épineux situés à la base des épines
dendritiques et se présentant comme un empilement parallèle de citernes aplaties.
Les canaux ioniques et les récepteurs membranaires.
Le neurotransmetteur libéré dans la fente synaptique se fixe sur les récepteurs ionotropi-
ques ou métabotropiques de la membrane postsynaptique.
Les récepteurs ionotropiques (ou récepteurs-canaux) ont leur ouverture contrôlée par
un neurotransmetteur. L’ouverture des canaux sodium, récepteurs de l’acétylcholine ou du
glutamate (NMDA), entraîne l’entrée de Na+ dans l’élément post-synaptique et par voie de
conséquence une dépolarisation de la membrane de la cellule-cible et donc une excitation
neuronale. L’ouverture des canaux chlore, récepteurs du GABA ou de la glycine, entraîne
une hyperpolarisation de la membrane de la cellule-cible et donc une inhibition neuronale.
Les récepteurs métabotropiques, à la différence des récepteurs ionotropiques, sont sépa-
rés des canaux ioniques dont ils règlent le fonctionnement, le couplage étant assuré par une
protéine membranaire de la famille des protéines G.

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Les Synapses

17.4 Il existe plusieurs variétés de synapses.


Les synapses sont soit excitatrices, soit inhibitrices.
Lorsque la stimulation électrique de l’élément présynaptique entraîne au niveau de l’élé-
ment post-synaptique une dépolarisation traduite par un potentiel post-synaptique d’exci-
tation, on parle de synapse excitatrice. Si, au contraire, on observe une hyperpolarisation,
traduite par un potentiel post-synaptique d’inhibition, on parle de synapse inhibitrice.
Lorsque se trouvent côte à côte sur les mêmes éléments pré et post-synaptiques deux sy-
napses de sens opposé, on parle de synapses réciproques.
Les synapses dites conventionnelles sont de loin les plus fréquentes.
Ce sont les synapses axo-dendritiques (c’est à dire celles qui se font entre une terminaison
axonale présynaptique et un dendrite post-synaptique) et les synapses axo-somatiques
(c’est à dire celles qui se font entre une terminaison axonale présynaptique et un corps cel-
lulaire neuronal post-synaptique).
Les synapses dites non-conventionnelles sont beaucoup plus rares.
Les plus fréquentes d’entre elles sont les synapses axo-axoniques (impliquées dans les
phénomènes d’inhibition présynaptique) et les synapses dendro-dendritiques. Plus rare-
ment, il s’agit de synapses dendro-somatiques, dendro-axoniques, somato-dendritiques, so-
mato-somatiques ou somato-axoniques.

Enfin, se classent à part les synapses entre cellules sensorielles réceptrices et neurones d’une part
et entre neurones et cellules effectrices (musculaires ou sécrétrices) de l’autre.

17.5 Fonctions trophiques du neurone et


plasticité synaptique.
Après avoir intégré les informations qu’il a reçues, le neurone y répond d’une façon univoque par
la libération à ses terminaisons axonales d’un produit qui, soit agit directement sur une cellule post-
synaptique - c’est la neurotransmission - soit est déversé dans la circulation sanguine pour agir à
distance sur des cellules-cibles de nature diverse - c’est la neurosécrétion -. En plus de ces fonc-
tions de traitement de l’information, le neurone possède des fonctions trophiques dont la définition
est plus malaisée.
Ces fonctions trophiques recouvrent toutes les influences réciproques des neurones entre eux et
avec leurs cellules-cibles, susceptibles d’entraîner des modifications structurales et/ou fonctionnel-
les (anatomiques, biologiques, physiologiques) de l’un et/ou de l’autre membre du couple. Les neu-
rones synthétisent et échangent en permanence des molécules protéiques spécifiques servant de
signe de reconnaissance, leur permettant par le déterminisme précis de leurs connexions, d’occuper
une place et donc un rôle spécifique au sein des circuits neuronaux constitutifs du système nerveux.
Ces «marqueurs protéiques» pourraient aussi intervenir dans le blocage sélectif de certaines synap-
ses au bénéfice d’autres plus utilisées.

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Les Cellules Gliales du Système Nerveux Central

Chapitre 18

Les Cellules Gliales du


Système Nerveux Central
Le SNC est constitué de neurones (voir chapitres 16 page 121, et 17 page 127), de cellules gliales
et de capillaires sanguins. Le groupement préférentiel de certaines parties de ces éléments rend
compte de l’organisation du SNC en substance grise et substance blanche. Il existe 4 variétés de
cellules gliales : les astrocytes, les oligodendrocytes, les cellules épendymaires et les cellules mi-
crogliales. Les termes de cellules névrogliques, de névroglie ou de glie sont synonymes de celui de
cellules gliales.

18.1 Les astrocytes jouent un rôle


considérable.
De forme étoilée, les astrocytes sont faits d’un corps cellulaire contenant le noyau et de prolonge-
ments cytoplasmiques diversement ramifiés. En microscopie électronique, ils se caractérisent par
l’abondance, dans le cytoplasme du corps cellulaire et des prolongements, de filaments intermé-
diaires (gliofilaments) riches en GFAP (protéine glio-fibrillaire acide) et de grains de glycogène.
Ce stock glycogénique constitue la principale réserve énergétique cérébrale.
Sur la base de critères morphologiques, immunocytochimiques et topographiques, on distingue tra-
ditionnellement les astrocytes protoplasmiques, riches en organites cytoplasmiques, pauvres en
gliofilaments, peu immunoréactifs avec les anticorps anti-GFAP, situés dans la substance grise, et
les astrocytes fibreux (ou fibrillaires), pauvres en organites cytoplasmiques, riches en gliofila-
ments, très immunoréactifs avec la GFAP, situés dans la substance blanche. Par des techniques im-
munocytochimiques faisant appel à des marqueurs de maturation, on a pu individualiser sur des
cultures de nerf optique de rat en développement deux types d’astrocytes : des astrocytes de type
1 et des astrocytes de type 2, mais l’extension à l’homme de cette distinction reste discutable.

18.1.1 La membrane plasmique astrocytaire.


• Canaux ioniques voltage-dépendants. La membrane astrocytaire contient de nombreux ca-
naux ioniques voltage-dépendants (canaux Na+, canaux K+, canaux Ca++, canaux Cl-) ainsi

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Les Cellules Gliales du Système Nerveux Central

que des canaux ioniques mécano-sensibles activés par l’étirement (et probablement impliqués
dans la régulation du volume cellulaire).
• Transporteurs ioniques actifs. On y trouve également un certain nombre de transporteurs
ioniques actifs (pompes et échangeurs).
• Récepteurs membranairesmembranaires. Il s’agit de récepteurs membranaires pour de
nombreux ligands différents : neurotransmetteurs, neuropeptides, cytokines et facteurs
de croissance.

18.1.2 Astrocytes et hormones.


• Les astrocytes synthétisent et sécrètent des neurostéroïdes.
• Les astrocytes contiennent des récepteurs nucléaires pour les hormones thyroïdiennes
(qui stimulent la prolifération et la maturation astrocytaires), pour les stéroïdes sexuels (oes-
trogènes, androgènes et progestérone) et pour les corticostéroïdes.

18.1.3 Par leurs prolongements cytoplasmiques, les astrocytes


forment un véritable réseau.
Les prolongements astrocytaires contractent d’importantes relations entre eux, avec les neurones
et en particulier les synapses, avec les capillaires sanguins et avec les leptoméninges. Ils constituent
un véritable réseau astrocytaire qui se superpose au réseau neuronal.

18.1.3.1 Relations entre astrocytes.


Par le réseau tri-dimensionnel que forment leurs prolongements cytoplasmiques, les astrocytes
jouent un rôle de support structural au sein du parenchyme du SNC. Les astrocytes sont couplés les
uns avec les autres de façon extensive par des gap-jonctions à travers lesquelles ils sont capables
de propager des «vagues calciques». Ces vagues peuvent être initiées en réponse à une grande va-
riété de stimuli physiologiques et pathologiques, et peuvent en retour réguler beaucoup de fonc-
tions astrocytaires, comme le métabolisme énergétique, les interactions vasculaires, le captage et
le métabolisme des neurotransmetteurs, les transports membranaires, la sécrétion d’un multitude
de molécules (facteurs trophiques, peptides, NO, etc.). Le réseau astrocytaire réalise ainsi un sys-
tème de transmission organisé qui se superpose au système neuronal et qui joue un rôle majeur de
modulation des activités neuronales.

18.1.3.2 Relations avec les neurones.


• Au niveau des synapses. De petites languettes cytoplasmiques partant des prolongements cy-
toplasmiques entourent les synapses. De ce fait, les astrocytes jouent un rôle dans la sélectivité
de la transmission nerveuse en empêchant la diffusion des neurotransmetteurs.
• Au niveau des noeuds de Ranvier. La membrane plasmique des prolongements astrocytaires

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Les Cellules Gliales du Système Nerveux Central

péri-nodaux contient de nombreux canaux-sodium qui peuvent être activés par transmission
nerveuse extra-synaptique au niveau des noeuds de Ranvier. C’est également dans cette ré-
gion que les astrocytes et les oligodendrocytes sont fonctionnellement couplés par des gap-
jonctions.

De plus, par l’intermédiaire d’acides aminés excitateurs (comme le glutamate) sécrétés par les neu-
rones et par les astrocytes eux-mêmes, ces deux types cellulaires établissent entre eux d’importan-
tes relations bilatérales. Il existe des gap-jonctions entre les astrocytes et les neurones. Les
astrocytes contiennent de la glutamine-synthétase, enzyme important pour le métabolisme des neu-
rotransmetteurs glutamate et GABA.

18.1.3.3 Relations avec les capillaires sanguins.


Les astrocytes envoient des prolongements cytoplasmiques (ou pieds vasculaires des astrocytes)
qui entourent complètement les capillaires sanguins et les séparent des cellules nerveuses. Entre
ces prolongements astrocytaires et l’endothélium capillaire se trouve une lame basale, dont les
constituants sont synthétisés en partie par les cellules endothéliales en partie par les astrocytes.
L’endothélium des capillaires sanguins est le lieu principal de la barrière sang/cerveau. Les échan-
ges entre le sang et le tissu nerveux dépendent en effet, au moins pour les grosses molécules comme
la peroxydase, des particularités de l’endothélium des capillaires et non des rapports particuliers de
ceux-ci avec les pieds vasculaires des astrocytes. Les capillaires du SNC sont des capillaires con-
tinus, faits de cellules endothéliales jointives entourées par une lame basale continue se dédoublant
par endroits pour envelopper des péricytes. Ils se distinguent morphologiquement des capillaires
continus banals (dépourvus de fenestrations) par trois points essentiels : 1) la présence de jonctions
intercellulaires de type zonula occludens, 2) la rareté des vésicules de pinocytose, et 3) l’abondance
des mitochondries.
Les cellules endothéliales des capillaires cérébraux sont hautement polarisées et la membrane plas-
mique luminale présente une architecture moléculaire (en particulier enzymatique) différente de
celle de la membrane abluminale. L’absence de pores et la présence de jonctions occludens conti-
nues font que les nutriments hydrosolubles doivent, pour pénétrer dans le cerveau, utiliser la voie
de transporteurs membranaires. Ces transporteurs membranaires assurent la sélectivité de la bar-
rière sang/cerveau. C’est ainsi que sont captées préférentiellement dans le sang et transportées vers
le tissu nerveux des macromolécules telles que le D-glucose (grâce à un transporteur de glucose,
le GLUT1), des peptides et des acides aminés.

18.1.3.4 Relations avec les espaces leptoméningés.


La surface du névraxe est formée par la juxtaposition de prolongements cytoplasmiques astrocy-
taires réalisant un revêtement astrocytaire marginal dont la face externe est en contact, par l’inter-
médiaire d’une lame basale continue, avec le liquide céphalo-rachidien (LCR). Les astrocytes ont
donc un rôle dans les échanges entre le LCR et le SNC.

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Les Cellules Gliales du Système Nerveux Central

18.2 Les oligodendrocytes élaborent la


myéline du SNC.
Les oligodendrocytes (ou oligodendroglie ou oligoglie) possèdent un corps cellulaire de petit vo-
lume d’où partent quelques prolongements cytoplasmiques, plus fins et moins nombreux que ceux
des astrocytes.

18.2.1 Les oligodendrocytes de la substance grise.


Ils sont souvent situés tout contre les corps cellulaires des neurones (oligodendrocytes satellites).
De ce fait, on suppose l’existence de relations métaboliques étroites entre oligodendrocytes et neu-
rones.

18.2.2 Les oligodendrocytes de la substance blanche.

18.2.2.1 Ils se disposent entre les fibres nerveuses myélinisées.


Ce sont eux qui assurent la formation de la myéline du SNC par l’enroulement de leurs prolonge-
ments cytoplasmiques autour des axones. La structure membranaire régulièrement spiralée et pé-
riodique de la myéline s’explique par cet enroulement et par l’accolement consécutif des
membranes plasmiques des prolongements cytoplasmiques oligodendrogliaux. L’oligodendrocyte
envoie un certain nombre de prolongements qui s’enroulent autour des axones adjacents. Ainsi un
oligodendrocyte myélinise en moyenne 40 internodes situés sur des fibres nerveuses différentes
dans le système nerveux central. Les oligodendrocytes enroulent leur propre membrane plasmique
en couches superposées qui forment une spirale serrée autour de l’axone sur un segment de fibre
nerveuse appelée internode (ou segment interannulaire), séparé des internodes adjacents par les
noeuds de Ranvier, dépourvus de myéline, au niveau desquels l’axone est entouré par des prolon-
gements astrocytaires. La disposition des lamelles myéliniques au niveau des noeuds de Ranvier
s’explique par le mode de formation de la myéline et par le fait que la longueur de chaque tour de
spire va en croissant de l’axone vers la périphérie.

18.2.2.2 En microscopie électronique, en coupe transversale, la myéline


normale apparaît comme une structure lamellaire spiralée régulièrement
arrangée.
La myéline apparaît constituée par l’alternance de lignes denses majeures (ou périodiques) et de
bandes claires (intrapériodiques). Chaque bande claire est elle même divisée en deux parties égales
par une ligne dense mineure (ou intrapériodique) plus fine, parfois absente. La disposition périodi-
que de la myéline résulte de la conjonction de trois phénomènes : (1) l’aplatissement d’une portion

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Les Cellules Gliales du Système Nerveux Central

de la cellule myélinisante en un mince feuillet dépourvu de cytoplasme (fusion des faces internes
des membranes cytoplasmiques réalisant la ligne dense majeure) ; (2) l’enroulement de ce feuillet
autour de l’axone ; (3) et le raprochement des tours de spire avec accolement des faces externes des
membranes cytoplasmiques (réalisant la ligne dense mineure) : ce compartiment extracellulaire in-
tramyélinique est séparé de l’espace extracellulaire général par des complexes de jonction.
La différence de rapprochement des membranes selon qu’il s’agit de l’accolement de leurs faces
internes ou de leurs faces externes, est liée à une différence dans la composition protéique de deux
faces de la membrane. La composition protéique différente de la myéline centrale et de la myéline
périphérique (cf infra) se traduit par une périodicité légèrement différente des deux types de myé-
line.
Les fibres myélinisées dont les axones sont les plus larges ont les gaines de myéline les plus épais-
ses (c’est à dire ayant le plus grand nombre de tours de spire), les internodes les plus longs, et la
vitesse de conduction la plus élevée.

18.2.2.3 La composition chimique de la myéline est très particulière.


En effet la myéline centrale contient 70% de lipides et 30% de protéines ; ce rapport est inversé
dans la membrane des autres types cellulaires. La proportion de lipides est encore supérieure dans
la myéline périphérique (80%). Cette richesse en lipides exclut l’eau et les ions qui y sont dissouts,
et fait de la myéline un bon isolant électrique. Les principaux lipides de la myéline centrale et pé-
riphérique sont le cholestérol, les phospholipides et les glycolipides. Le cholestérol et les phos-
pholipides ne sont pas spécifiques de la myéline. Les glycolipides principaux sont le
galactocérébroside et le sulfatide, son analogue sulfaté. Le galactocérébroside est très rare dans la
membrane des autres cellules ; on pense qu’il joue un rôle important dans l’interaction spécifique
entre la cellule myélinisée et l’axone. Les principales protéines spécifiques de la myéline du
SNC sont la PLP (ProteoLipid Protein), la MBP (Myelin Basic Protein) et la MAG (Myelin As-
sociated Glycoprotein).

18.2.2.4 La myélinisation des axones accélère la conduction de l’influx nerveux,


au moindre coût énergétique et dans le minimum d’espace possible.
L’accélération de la conduction nerveuse.
La myéline est un bon isolant électrique. Les noeuds de Ranvier constituent une zone de
faible résistance électrique au niveau de laquelle à peu près tous les canaux Na+ de l’axone
sont concentrés. Les noeuds de Ranvier constituent donc la zone privilégiée pour le déclen-
chement des potentiels d’action. Les propriétés d’isolant électrique de la myéline facilitent
la propagation passive au noeud suivant des courants associés au potentiel d’action nodal,
la conduction nerveuse le long de l’axone myélinisé s’effectuant de façon saltatoire d’un
noeud de Ranvier à l’autre.
L’économie d’énergie.
L’énergie métabolique axonale est conservée en cas de myélinisation puisque l’excitation
active nécessaire à la propagation de l’influx est restreinte aux petites régions nodales.
L’économie d’espace.
La vitesse de conduction est proportionnelle au diamètre de la fibre pour une fibre myéli-

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Les Cellules Gliales du Système Nerveux Central

nisée et à la racine carrée du diamètre pour une fibre non myélinisée, ce qui explique la pro-
digieuse économie d’espace qui résulte de la myélinisation. On a calculé qu’une fibre non
myélinisée devrait avoir un calibre de plusieurs centimètres pour conduire l’influx à la
même vitesse (100m/s) qu’une fibre myélinisée de 20 micromètres de diamètre. Ainsi, pour
que les vitesses de conduction y soient conservées, la moelle épinière de l’homme devrait,
si les fibres n’étaient pas myélinisées, posséder un diamètre de plusieurs mètres.

18.3 Les épendymocytes constituent le


revêtement du système ventriculaire.
Les épendymocytes (ou cellules épendymaires) forment un épithélium cubique ou prismatique
simple cilié assurant le revêtement des cavités ventriculaires du SNC (ventricules latéraux, troisiè-
me ventricule, aqueduc de Sylvius, quatrième ventricule, canal de l’épendyme) et jouent ainsi un
rôle dans les échanges entre le LCR et le SNC. Les faces latérales des cellules épendymaires sont
reliées par des zonula adhaerens (riches en cadhérines) et d’abondantes gap-jonctions (faites de
connexines 26, 32 et 43), mais il n’existe pas de zonula occludens. Leur pôle apical est cilié et pré-
sente, entre les cils, de nombreuses microvillosités dont le glycocalyx est riche en acide sialique,
en poly-N-lactosamine et en D-galactose, qui jouent certainement un rôle important dans les échan-
ges avec le LCR. Leur pôle basal émet un prolongement cytoplasmique qui s’enchevêtre avec les
prolongements cytoplasmiques des astrocytes sous-épendymaires. Les cellules épendymaires ex-
priment la GFA et la vimentine. L’épendyme règle les mouvements d’eau entre le LCR et le com-
partiment extracellulaire du système nerveux central ; il exerce également une activité
d’endocytose, de phagocytose et de dégradation lysosomiale vis à vis des protéines sériques, des
particules de ferritine, des colorants, des traceurs fluorescents, des billes de latex, qui peuvent se
trouver dans le LCR.

18.4 Les cellules microgliales font partie du


système des monocytes/macrophages.
Les cellules microgliales (ou microglie) représentent 5 à 20% de la population gliale totale et se
rencontrent plus fréquemment dans la substance grise que dans la substance blanche. En micros-
copie optique, les cellules microgliales apparaissent comme des cellules de petite taille, avec un
noyau arrondi ou ovalaire, dense et un cytoplasme visualisé soit par des colorations argentiques,
soit surtout actuellement par des lectines ou des anticorps monoclonaux (la microglie exprime de
façon spécifique l’enzyme nucléoside-diphosphatase) ; ainsi peut-on mettre en évidence leurs
courts prolongements cytoplasmiques branchés. Les cellules microgliales proviennent des mono-
cytes sanguins ayant pénétré dans le parenchyme du SNC. Elles peuvent, lors de lésions du tissu
nerveux, s’activer et se transformer en macrophages. Les cellules présentatrices de l’antigène dans

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Les Cellules Gliales du Système Nerveux Central

le SNC sont les cellules microgliales. Lorsqu’elles sont activées, les cellules microgliales expri-
ment à leur surface de nombreuses molécules, en particulier les antigènes du CMH de classe I et
de classe II ; elles sécrètent également de nombreuses molécules dont plusieurs cytokines, des pro-
téases, des anions superoxyde et de l’oxyde nitrique NO.

18.5 Le SNC est organisé en substance grise et


substance blanche.

18.5.1 La substance grise contient les synapses.


La substance grise (SG) correspond aux régions où s’établissent les connexions interneuronales
(synapses). C’est à son niveau que sont intégrées les informations et construit le signal. Elle est
donc constituée par le groupement des corps cellulaires neuronaux et de leurs prolongements qui
se fait suivant une organisation spatiale particulière à chaque région (architectonie), par des cellu-
les gliales et par des capillaires. On appelle neuropile les plages de substance grise situées entre
les corps cellulaires neuronaux, les corps cellulaires gliaux et les capillaires sanguins ; le neuropile,
tel qu’il apparaît en microscopie électronique, est donc constitué par l’enchevêtrement d’innom-
brables prolongements cytoplasmiques neuronaux (axones et dendrites) et gliaux de calibre varia-
ble et souvent impossibles à identifier précisément. Tous ces éléments sont jointifs et ne laissent
entre leurs membranes plasmiques qu’un espace de 20 à 25 nm qui définit le compartiment extra-
cellulaire de la substance grise. Le volume du compartiment extra-cellulaire est important si l’on
envisage l’étendue des surfaces de contact entre ces innombrables prolongements. Représentant de
20 à 30 % du volume tissulaire total, son rôle est fondamental. Les neurones n’ont en effet aucun
contact direct avec les capillaires et leurs échanges avec le sang peuvent s’effectuer par l’intermé-
diaire des astrocytes ou par diffusion dans l’espace extra-cellulaire.

18.5.2 La substance blanche est faite de faisceaux d’axones


myélinisés.
Là aussi, les éléments sont jointifs et ne laissent que peu d’espace extra-cellulaire. Le fait structural
dominant est le groupement en faisceaux des axones myélinisés. Les cellules gliales sont groupées
entre ces faisceaux ou allongées suivant leur axe longitudinal. Les capillaires sanguins sont peu
nombreux. La substance blanche est avant tout un organe de conduction et son organisation très
différente de celle de la substance grise va de pair avec une activité métabolique moindre.

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Les Cellules Gliales du Système Nerveux Central

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Les Fibres Nerveuses Périphériques

Chapitre 19

Les Fibres Nerveuses


Périphériques

19.1 Les fibres nerveuses périphériques


associent toujours un ou des axones à une
succession de cellules de Schwann.
En effet, qu’ils soient ou non myélinisés, les axones des nerfs périphériques sont toujours entourés
par des cellules de Schwann. L’ensemble «axone(s) + succession de cellules de Schwann» est dé-
signé par le terme de «fibre nerveuse périphérique».
Chaque cellule de Schwann est limitée par une membrane plasmique revêtue d’une lame basale ;
elle possède un noyau ovalaire allongé et un cytoplame contenant les organites habituels de la cel-
lule ainsi que diverses inclusions ; et surtout, elle est caractérisée et définie par le fait qu’elle en-
toure un ou plusieurs axones invaginés dans des dépressions de sa membrane plasmique ; les
rapports précis qu’affectent les axones avec les cellules de Schwann qui leur sont associées per-
mettent de reconnaître deux types fondamentaux de fibres nerveuses périphériques : les fibres ner-
veuses amyéliniques et les fibres nerveuses myélinisées.

19.2 Une fibre nerveuse périphérique


amyélinique est constituée par un faisceau
d’axones associés à une même séquence de
cellules de Schwann.
Chaque axone est logé dans une invagination de la cellule de Schwann et apparaît ainsi suspendu
à la surface de la cellule par un «mésaxone». Ce mode d’engainement des axones par la cellule de

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Les Fibres Nerveuses Périphériques

Schwann varie grandement en complexité selon les fibres. Parfois, il n’y a que quelques axones
associés à chaque cellule de Schwann ; dans d’autres cas, les axones sont très nombreux et l’on
peut alors trouver un mésaxone principal se divisant en mésaxones secondaires pour aller entourer
chaque axone.

19.3 Une fibre nerveuse périphérique


myélinisée est constituée par un seul axone
myélinisé, associé à une même séquence de
cellules de Schwann.
Dans le SNP, au cours des premiers stades du développement, l’axone qui deviendra myélinisé se
comporte comme les axones non myélinisés, c’est à dire qu’il s’invagine dans une dépression de
la cellule de Schwann qui finit par l’entourer presque complètement en laissant un mésaxone. En-
suite, les feuillets externes de la membrane plasmique fusionnent au niveau du mésaxone qui de-
vient alors virtuel. Ainsi transformé, le mésaxone s’allonge et s’enroule en spirale autour de
l’axone. Au début, les différents tours de spire du mésaxone sont séparés les uns des autres par du
cytoplasme de la cellule de Schwann, mais ensuite, un accolement se réalise qui fait disparaître le
cytoplasme intermédiaire.

19.3.1 La myéline compacte (ou serrée).


Une fois la myélinogénèse achevée, la myéline prend l’aspect ultrastructural d’une structure la-
mellaire spiralée périodique. La ligne dense majeure ou périodique, formée par l’accolement
des faces cytoplasmiques de la membrane plasmique de la cellules de Schwann, se situe à l’empla-
cement où se trouvait le cytoplasme. La double ligne dense mineure ou intrapériodique, située
entre les lignes denses majeures, correspond à l’apposition des faces extracellulaires de la mem-
brane plasmique de la cellule de Schwann, et se situe donc dans la continuité de l’espace extra-cel-
lulaire. De part et d’autre de la spirale compacte ainsi constituée, persiste un court mésaxone, situé
dans la continuité de la ligne dense mineure, et reliant la membrane plasmique de la cellule de
Schwann respectivement à la lamelle de myéline la plus externe (mésaxone externe) et la plus in-
terne (mésaxone interne).
Une cellule de Schwann myélinise un seul internode d’une seule fibre nerveuse périphérique.
Les noeuds de Ranvier sont le siège d’un enchevêtrement cytoplasmique des deux cellules de
Schwann adjacentes.

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Les Fibres Nerveuses Périphériques

19.3.2 La myéline non-compacte.


Les incisures de Schmidt-Lanterman sont des incisures transversales qui apparaissent en micros-
copie électronique comme une dissociation focale des lignes denses majeures s’expliquant par des
manques partiels d’accolement qui entraînent la persistance entre les tours de spire d’un peu de cy-
toplasme schwannien.
Les languettes paranodales correspondent à des languettes superposées de cytoplasme situées en
bordure du noeud de Ranvier, probablement reliées entre elles par des jonctions communicantes
«réfléchies». Ces réseaux cytoplasmiques permettent le renouvellement moléculaire et la circula-
tion entre le corps cellulaire et les différentes régions de la myéline.

19.3.3 L’architecture moléculaire de la myéline du SNP est


différente de celle de la myéline du SNC.
Dans le SNP, les principales protéines de la myéline sont les protéines Po, MBP (Myelin Basic
Protein ou P1) et PMP22 dans la myéline compacte, MAG et Connexine 32 dans la myéline non
compacte.

19.4 Dans les troncs nerveux, les fibres


nerveuses se groupent en fascicules.
Les nerfs périphériques sont constitués de fibres nerveuses périphériques, myélinisées et amyéli-
niques, groupées en fascicules (ou faisceaux). Chaque fascicule est limité par son périnèvre. A l’in-
térieur de chaque fascicule, entre les fibres nerveuses, se trouve l’endonèvre. L’ensemble des
fascicules est maintenu par l’épinèvre.

L’endonèvre est le tissu conjonctif lâche situé à l’intérieur des fascicules.


Il comporte des fibroblastes dispersés, quelques mastocytes et de nombreuses microfi-
brilles de collagène orientées longitudinalement. Il contient de nombreux capillaires san-
guins de type continu.
L’épinèvre est le tissu conjonctif dense qui enveloppe le tronc nerveux et réunit les uns aux
autres ses différents fascicules.
Il est fait de fibroblastes et de faisceaux longitudinaux ou obliques de microfibrilles de
collagène ; il contient un nombre variable d’adipocytes et de nombreux vaisseaux sanguins
(vasa nervorum).
Le périnèvre entoure chaque fascicule.
Chaque fascicule nerveux est entouré par une dizaine de couches de cellules périneurales
aplaties, revêtues par une lame basale, disposées concentriquement et séparées les unes des
autres par quelques microfibrilles de collagène le plus souvent longitudinales. Les cellules

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Les Fibres Nerveuses Périphériques

périneurales sont Protéine-S 100 négatives et EMA (= Epithelial Membrane Antigen = An-
tigène Epithélial de Membrane) positives.

19.5 Les axones des fibres nerveuses


périphériques sont issus d’un corps cellulaire
neuronal.
Les corps cellulaires neuronaux d’où partent les axones des fibres nerveuses périphériques sont re-
groupés soit dans les noyaux des nerfs moteurs situés dans la substance grise du névraxe (moelle
épinière et tronc cérébral), soit dans des ganglions nerveux.
Un ganglion nerveux est constitué par un amas de corps cellulaires neuronaux entourés par des cel-
lules capsulaires, avec les neurites (dendrites et axones) qui en naissent, qui s’y terminent ou qui
le traversent. Il comprend un stroma conjonctif en continuité avec l’enveloppe fibreuse du gan-
glion. Il existe deux grands types de ganglions :

Les ganglions sensitifs spinaux et crâniens.


Les ganglions nerveux sensitifs spinaux (ou rachidiens) et leus équivalents situés sur le tra-
jet des nerfs crâniens sensitifs contiennent le corps cellulaire des neurones sensitifs pseudo-
unipolaires (neurones en T). Aucune synapse ne s’y fait.
Les ganglions sympathiques et parasympathiques.
Ces ganglions, qui appartiennent au système nerveux végétatif, contiennent le corps cellu-
laire des neurones végétatifs (sympathiques ou parasympathiques) dits post-ganglionnai-
res. De nombreuses synapses s’y effectuent.

19.6 Les terminaisons des fibres nerveuses


périphériques (ou terminaisons nerveuses)
sont soit afférentes, soit efférentes.
Les terminaisons afférentes.
Ce sont des récepteurs capables de transformer une stimulation mécanique, chimique ou
thermique en un message afférent. L’élément fondamental de leur structure est la terminai-
son du prolongement périphérique d’une cellule nerveuse en T du ganglion rachidien ou
crânien.
Les terminaisons efférentes.
La variété la mieux connue est la jonction neuromusculaire (voir cours sur le muscle strié
squelettique chapitre 13 page 99). Les terminaisons efférentes au niveau des cellules mus-

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Les Fibres Nerveuses Périphériques

culaires lisses et des glandes se présentent comme des terminaisons nerveuses libres.

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