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Physiologie et pathologie du goût


C. Gomez

Le goût est une sensation permettant l’appréciation exclusivement de la sapidité d’une substance
alimentaire, alors que la gustation en permet l’appréciation combinée goût-arôme-caractères physiques.
Les sensations plaisir-indifférence-déplaisir induites par l’ingestion d’un aliment permettent d’en
déterminer la palatabilité : un aliment palatable favorise son ingestion, alors qu’un aliment non
palatable limite ou inhibe son ingestion. La saveur sucrée et la teneur en lipides des aliments sont les deux
principaux déterminants d’une palatabilité élevée (rôle des lipides principalement dans l’appréciation de
l’arôme et des caractères physiques). Cette étude synthétique des modalités de la réception gustative, de
la neurophysiologie de la transmission gustative, de la systématisation anatomophysiologique des voies
gustatives et de la pathologie du goût est justifiée, non seulement par l’intérêt actuellement attribué à la
fonction gustative longtemps considérée comme secondaire, mais aussi et surtout par l’intérêt d’en
connaître les dysfonctions tant « physiologiques » que pathologiques.
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Plan Le réflexe gustosalivaire favorise la dissolvabilité d’une


substance sapide en modulant non seulement le débit salivaire,
¶ Physiologie de la réception gustative 1 mais aussi la qualité de la salive en fonction des « besoins » du
Différents types de saveurs 1 stimulus.
Différents types de substances sapides 2
Récepteurs gustatifs 3 Différents types de saveurs
Transduction énergétique d’un stimulus sapide 4
¶ Physiologie de la transmission gustative 5
Conditions d’efficacité d’un stimulus sensoriel 5
Saveurs élémentaires
Informations gustatives 5
Une saveur élémentaire est, par définition, une saveur non
Sensibilité gustative et seuils gustatifs 6
qualitativement discriminable. Elle est représentative non
Adaptation gustative 6
seulement d’une substance sapide fondamentale, mais aussi
¶ Systématisation anatomophysiologique des voies gustatives 7 d’un mélange de deux ou plusieurs substances sapides fonda-
Voies gustatives périphériques 7 mentales ayant la même qualité de saveur (puisque la saveur
Voies gustatives centrales 7
d’un tel mélange n’est pas qualitativement discriminable).
¶ Pathologie du goût 8 Il est classique de distinguer quatre saveurs élémentaires : le
Différents troubles du goût 8 sucré, l’amer, le salé et l’acide. Toutefois, il est probable qu’il
Étiologie 8 existe d’autres saveurs que leur caractère non qualitativement
discriminable doit faire considérer comme élémentaires. Parmi
de telles saveurs, la saveur des glutamates dite umami (termino-
logie japonaise) a la particularité d’exhausser le goût de
■ Physiologie de la réception nombreux aliments ; le glutamate de sodium est actuellement
de plus en plus utilisé comme additif « de palatabilité ».
gustative
La sapidité d’une substance ne peut être perçue que lorsque Saveurs mixtes
cette substance est à l’état liquide, c’est-à-dire en solution ou
dissoute dans la salive (cas de la plupart des substances alimen- Une saveur mixte est composée de deux ou plusieurs saveurs
taires) : une telle condition est indispensable pour que les élémentaires de qualité différente. Elle est représentative d’une
éléments de sapidité (molécules sapides elles-mêmes ou leurs substance sapide non fondamentale ou d’un mélange de deux
produits de dissociation salivaire ou enzymatique) soient ou plusieurs substances sapides (fondamentales ou non) ayant
véhiculés au niveau des récepteurs gustatifs. Toutefois et de des qualités de saveur différentes.
façon inexpliquée, certaines molécules véhiculées par voie Certaines saveurs classiquement considérées comme mixtes
sanguine peuvent être sapides : c’est le cas principalement de seraient, en fait, des saveurs élémentaires supplémentaires en
certains médicaments, non seulement après leur administration raison de leurs caractères qualitativement probablement non
parentérale, mais aussi après leur ingestion (dès le passage discriminables : c’est le cas de la saveur « métallique » des
sanguin de leurs métabolites). métaux lourds et de la saveur « alcaline » des sels alcalins.

Médecine buccale 1
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–A–H B– succédanés des sucres en raison de leurs potentiels caloriques


Molécule sucrée 3 A Récepteur
souvent semblables aux sucres dont ils dérivent.
• L’aspartam (dipeptide synthétique composé d’acide
–B H–A–
L-aspartique et de L-phénylalanine sous forme de méthyles-
Figure 1. Structure stéréochimique commune à l’ensemble des com- ter) est couramment utilisé en raison de sa qualité de saveur,
posés ayant une saveur sucrée. de son indice de sapidité (150 à 200) et de son absence de
toxicité (à la condition de le déconseiller aux enfants de
moins de 30 mois et surtout de le contre-indiquer en cas de
Saveurs particulières phénylcétonurie).
• L’acésulfame K (dérivé synthétique des oxathiazinones-
La sensation gustative « piquante » d’une substance épicée est
dioxides) a un indice de sapidité semblable à celui de l’aspar-
plus une sensation somesthésique extéroceptive qu’une sensa-
tam et a l’avantage, par rapport à l’aspartam, d’avoir une
tion gustative proprement dite. Il en est de même pour certaines
grande stabilité à la chaleur (instabilité de l’aspartam dès
substances fortement alcoolisées ou fortement acides.
50 °C).
• Les sacchariniques et les cyclamates doivent être utilisés avec
Différents types de substances sapides modération en raison de l’incertitude quant à leurs potentiels
cancérigènes (l’Organisation mondiale de la santé conseille de
Le type d’une substance sapide est déterminé par sa qualité ne pas dépasser 350 mg de sacchariniques par jour ; l’utilisa-
de saveur mais non par sa structure. Quel que soit le type de tion des cyclamates est interdite dans l’alimentation mais
substance sapide, deux ou plusieurs saveurs de même qualité autorisée dans l’édulcoration de produits pharmaceutiques).
ont un effet additif (mais exceptionnellement synergique) et • La glycyrrhizine (acide estérifié extrait de racines de réglisse)
deux ou plusieurs saveurs de qualité différente ont un effet de est commercialement exploitée malgré des risques d’hyper-
masquage (mais jamais d’insipidité). tension artérielle et de déplétion potassique.
L’importance de la sapidité d’une substance est convention- • Les dihydrochalcones (dérivés synthétiques de certaines
nellement déterminée, pour chaque type de substance sapide, flavones du pamplemousse) et les extraits de certains fruits
par son indice de sapidité qui est défini par l’inverse de la tropicaux (thaumatine, miraculine, monelline) ne sont pas
valeur moyenne de sa molarité permettant d’évaluer son seuil utilisés en raison d’une innocuité incertaine (dihydrochalco-
de stimulation, une telle valeur étant corrigée par une constante nes), d’un potentiel allergisant (thaumatine), d’une interac-
K dont la valeur conventionnelle est telle que l’indice 1 corres- tion perturbatrice de sapidité (miraculine) et d’une difficulté
pond à la substance de référence. L’indice de sapidité, ainsi de conservation (monelline).
déterminé par le rapport 1/seuil/K, permet de comparer le
potentiel sapide d’une substance à celui de la substance de Autres substances sucrées
référence de même type : par exemple, une substance sucrée
ayant un indice de sapidité de 150 signifie que 1 g d’une Certains acides aminés ont une saveur plus ou moins sucrée :
dilution au 1/150e de cette substance a le même pouvoir sucrant c’est le cas du D- ou L-glycocolle et de la L-alanine (indices de
que 1 g de saccharose. référence 1), de la D-leucine et de la D-thyrosine (indices 5), de
la D-histidine et de la D-phénylalanine (indices 7), et du
Substances sucrées D-tryptophane (indice 30) qui ne peut être utilisé comme
édulcorant en raison d’effets secondaires probablement dus à
La saveur sucrée est probablement conditionnée par une une hyperproduction de sérotonine. Seul le glycocolle, dit sucre
structure moléculaire commune (Fig. 1) caractérisée par une de gélatine, est couramment utilisé dans l’alimentation.
distance de 3 Å entre le radical A-H électropositif et le radical B La plupart des sels de béryllium et des sels de plomb (princi-
électronégatif [1]. Cette structure activerait, par l’intermédiaire palement l’acétate de plomb) ont une saveur plus ou moins
d’un pont hydrogène, les sites récepteurs de polarité inverse ; sucrée.
une telle activation se fait d’autant plus facilement que l’hydro- Le chloroforme, en raison de son importante dissolvabilité
phobie des sites récepteurs est importante [2]. salivaire, peut avoir une saveur sucrée importante (indice 40).
La plupart des substances sucrées sont des glucides mais tous
les glucides ne sont pas sucrés. En outre, certaines substances Substances amères
dites sucrées sont perçues initialement sucrées puis amères (en Le déterminisme d’une substance amère est inconnu. Toute-
raison des différentes zones réceptrices successivement activées fois, il est probable que certains radicaux (NO2, NH2, SH2, SO2)
lors du temps buccal de la déglutition). ont un potentiel amérogène : c’est le cas principalement des
alcaloïdes qui sont les substances amères non seulement les plus
Sucres et succédanés fréquentes, mais aussi les plus amères (l’intense saveur amère
Les principaux sucres proprement dits sont les oses et des alcaloïdes dangereux, tels que les toxines de certaines
holosides suivants : le fructose (hexose à indice 1,6), le saccha- plantes, en raison de la sensation très désagréable d’une saveur
rose (diholoside à indice de référence 1), le glucose (hexose à amère intense, permet le rejet immédiat du toxique ainsi
indice 0,8), le xylose (pentose à indice 0,4), le galactose (hexose rapidement perçu). Les principaux alcaloïdes amers sont la
à indice 0,3), le maltose (diholoside à indice 0,3) et le lactose brucine (indice 11), la strychnine (indice 3), la quinine (indice
(diholoside à indice 0,2). de référence 1), et la phénylthio-urée (indice 0,9). Il existe une
Parmi les succédanés des sucres, les sucres hydrogénés dits insensibilité ethnique et/ou familiale pour certains apparentés à
sucres-alcools ont l’avantage d’avoir une plus faible cariogénicité la thio-urée possédant un groupement N-C = S.
que les sucres dont ils dérivent : c’est le cas principalement du La plupart des sels de magnésium et des sels de potassium
xylitol (indice 1) qui est probablement non cariogène, et du (principalement l’iodure de potassium) ont une saveur plus
sorbitol (indice 0,6) qui est utilisé couramment dans l’alimen- amère que salée. L’acide picrique est presque exclusivement
tation, plus en raison de ses avantages technologiques (viscosité, amer.
humectance) que de sa faible cariogénicité. Le maltitol et le De nombreux hétérosides de poids moléculaire élevé et
mannitol ne peuvent être utilisés dans l’alimentation en raison certains acides aminés (principalement les formes L des acides
respectivement d’une mauvaise absorption intestinale et d’un aminés sucrés) ont une saveur plus ou moins amère.
effet diurétique important.
Substances salées
Édulcorants
La sapidité d’un sel est probablement conditionnée par une
Un édulcorant [3, 4] devant avoir un potentiel calorique nul interaction anion/cation avec une prépondérance salée pour le
ou négligeable, il est abusif de considérer comme tel les sodium, le chlore et le lithium.

2 Médecine buccale
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Figure 2.
A. Représentation schématique. 1. Cellule
« prégustative » ; 2, 3. cellules gustatives ;
4. cellule basale.
B. Aspect histologique (cliché et coupe
histologique réalisés par G. Briançon).

1 2 3 1 2 1

Toutes les substances salées sont des sels mais la quasi- Cellules « prégustatives ». Les cellules « prégustatives »
totalité des sels ont une saveur concomitante : le chlorure de (cellules de type 1) sont des cellules périphériques peu fonc-
sodium (indice de référence 1) est pratiquement le seul sel ayant tionnelles induites par les cellules basales (cellules de type 4)
une saveur « pure », bien qu’il puisse avoir, à de très faibles provenant de la différenciation des cellules épithéliales de
concentrations, une légère saveur concomitante sucrée. l’épithélium buccal. Elles sont caractérisées par des microvillo-
sités pénétrant plus ou moins le pore gustatif et des granula-
Substances acides tions apicales denses probablement responsables de la sécrétion
de la substance mucoïde osmophile contenue dans la lumière
La sapidité d’un acide est conditionnée par la résultante
centrale.
pH-effet tampon salivaire et probablement par certains anions,
Cellules gustatives proprement dites. Les cellules gustatives
voire par la conformation spatiale de la molécule.
proprement dites sont des cellules prématures et matures
Toutes les substances ayant une saveur acide « pure » sont des
(cellules de type respectivement 2 et 3) issues des cellules
acides mais tous les acides n’ont pas une saveur « pure ». Pour
« prégustatives » ayant « migré » au centre du récepteur. Elles
un même pH, un acide organique (tel que l’acide acétique) a
sont caractérisées par des microvillosités ne pénétrant pas le
souvent une saveur plus intense qu’un acide minéral (tel que
pore (cellules de type 2) et par une évagination pénétrant le
l’acide chlorhydrique, indice de référence 1). L’acide borique est
pore mais dépourvue de microvillosités (cellules de type 3). En
insipide, quel que soit son pH.
outre, les cellules matures ont l’importante particularité de
Les acides aminés sont plus souvent sucrés ou amers
posséder des vésicules cytoplasmiques basales de type
qu’acides.
synaptique.

Récepteurs gustatifs Connexions neuronales


Les récepteurs gustatifs apparaissent chez le fœtus entre 3 et Les extrémités dendritiques des fibres gustatives forment un
4 mois et deviennent de plus en plus nombreux pendant la vie plexus au niveau du tissu conjonctif sous-jacent au récepteur et,
fœtale. Leur nombre diminue de l’enfance à l’âge adulte, en après s’être démyélinisées, se connectent aux cellules gustatives
particulier à partir de 45-50 ans et surtout chez le sujet âgé [5] : par l’intermédiaire de renflements terminaux non synaptiques
alors qu’un adulte jeune possède environ 10 000 récepteurs (cellules de type 1 et 2) et de synapses de type axonal (cellules
gustatifs, un sujet très âgé peut n’en posséder que quelques de type 3).
centaines. Chaque fibre gustative innerve plusieurs dizaines de récep-
teurs (une même fibre innerve souvent un petit groupe de
Histologie quatre à six papilles fongiformes) et chaque récepteur reçoit
l’innervation de dix à 20 fibres différentes. Il existe des extré-
Un récepteur gustatif (Fig. 2) est un amas cellulaire ovoïde mités neuronales dépourvues de récepteurs gustatifs dont
inclus dans l’épithélium de la muqueuse buccale et en certaines peuvent probablement être activées par des stimuli
connexion neuronale avec les extrémités dendritiques des sapides intenses.
protoneurones gustatifs. Il est constitué d’une cinquantaine de
cellules parmi lesquelles la moitié sont des cellules fusiformes de Topographie
« soutien » dont la disposition lamellaire délimite une lumière
centrale en communication avec le milieu buccal par un orifice Récepteurs linguaux
annulaire dit pore gustatif [6]. La grande majorité des récepteurs gustatifs sont localisés au
Les récepteurs gustatifs subissent un renouvellement constant niveau de la langue : chez le sujet jeune, environ 8 000 des
(probablement tous les 7 à 10 jours) rendu nécessaire par les 10 000 récepteurs gustatifs sont des récepteurs linguaux. La
agressions physicochimiques permanentes de la muqueuse quasi-totalité des récepteurs linguaux est incluse dans l’épithé-
buccale. En outre, toute insuffisance fonctionnelle des fibres lium des papilles gustatives fongiformes, circumvallées et foliées.
gustatives (section anatomique ou fonctionnelle) induit la Papilles fongiformes. Les 150 à 200 papilles fongiformes
dégénérescence des récepteurs correspondants (dégénérescence (Fig. 3) sont des saillies épithéliales pédiculées de l’ordre de
en quelques jours, disparition en quelques semaines) et le 1 mm dont la couleur rouge les rend facilement repérables.
rétablissement fonctionnel de l’innervation des récepteurs Comme les récepteurs gustatifs, leur nombre diminue avec l’âge
gustatifs induit leur régénération (probablement par induction (parfois jusqu’à quelques dizaines chez le sujet très âgé).
chimique à partir du neurone régénéré). Les papilles fongiformes sont localisées à la face dorsale de la
langue, principalement sur les bords marginaux antéromoyens
Cellules gustatives avec un débord dorsal d’autant plus important que leur locali-
Les cellules fonctionnellement différenciées sont des cellules sation est antérieure : la majorité des papilles fongiformes sont
à différents stades de maturation : faiblement différenciées en ainsi localisées au niveau de la pointe de la langue. La base de
périphérie du récepteur, matures au centre du récepteur. la langue ne possède pratiquement pas de papilles fongiformes.

Médecine buccale 3
28-170-M-10 ¶ Physiologie et pathologie du goût

Tableau 1.
Zones de réception gustative préférentielles. Les saveurs élémentaires en
italique correspondent à une réception optimale dominante.
Réception linguale
pointe sucré salé
bords antérieurs sucré salé
moyens salé sucré
postérieurs acide salé
V lingual amer
Réception extralinguale
voile amer acide
épiglotte pas de spécificité préférentielle
pharynx

Figure 3. Les papilles fongiformes possèdent des récepteurs gustatifs


intraépithéliaux principalement localisés au niveau de leurs renflements
apicaux et un tissu conjonctif très vascularisé. 1. Récepteur gustatif ; Localisations vélaire et épiglottique. Les récepteurs vélaires
2. tissu conjonctif (cliché et coupe histologique réalisés par G. Briançon). sont localisés principalement au niveau de l’union voile mou-
voile membraneux, des régions sus-amygdaliennes et du bord
libre du voile (à l’exclusion de la luette).
Les récepteurs épiglottiques sont localisés presque exclusive-
ment au niveau de la face postérieure dite linguale de
l’épiglotte.
Autres localisations. L’oropharynx (principalement ses parois
latérales) et parfois la partie supérieure de l’hypopharynx
possèdent quelques récepteurs gustatifs. Il pourrait en être
parfois de même au niveau du tiers supérieur de l’œsophage.
Exceptionnellement et presque exclusivement chez le jeune
enfant, le palais dur peut posséder quelques récepteurs gustatifs
essentiellement localisés au niveau de sa partie postérieure.

Systématisation des zones de réception gustative


La répartition irrégulière des récepteurs gustatifs permet de
systématiser différentes zones de réception quantitativement et
qualitativement préférentielle (Tableau 1).

Réception linguale
Figure 4. Les papilles circumvallées (A) possèdent des récepteurs gus-
tatifs intraépithéliaux principalement localisés au niveau du versant papil- Au niveau des deux tiers antérieurs. Les zones de réception
laire de leurs sillons périphériques. Les papilles foliées (B) possèdent des préférentielles, largement intriquées, correspondent non
récepteurs gustatifs exclusivement localisés au niveau des sillons interpa- seulement à un grand nombre de papilles fongiformes (récep-
pillaires. Le tissu conjonctif sous-jacent possède des glandes séreuses dont tion quantitativement préférentielle) mais aussi à une majorité
les canaux excréteurs font issue au fond des sillons. 1. Récepteur gustatif ; d’entre elles ayant la même sensibilité préférentielle (réception
2. glande séreuse ; 3. canal excréteur (clichés et coupes histologiques qualitativement préférentielle) : une telle répartition est respon-
réalisés par G. Briançon). sable, pour une zone déterminée, d’une sensibilité préférentielle
« bivalente » sucré-salé dont une sensibilité dominante.
Au niveau du tiers postérieur. Les zones de réception
préférentielle correspondent aux papilles circumvallées (sensibi-
Une papille fongiforme possède moins de dix récepteurs
lité nettement dominante à l’amer).
gustatifs principalement localisés au niveau de son renflement
apical, chaque récepteur possédant moins de dix cellules Réception extralinguale
gustatives matures.
Papilles circumvallées. Les neuf à 12 papilles circumvallées Les récepteurs vélaires ont généralement une sensibilité
(Fig. 4A) constituant le V lingual sont des saillies épithéliales préférentielle « bivalente » à l’amer et à l’acide (dominance
non pédiculées de l’ordre de 2 à 3 mm de diamètre cernées d’un probable à l’amer), alors que les récepteurs épiglottiques et
sillon périphérique contenant une substance séreuse sécrétée par pharyngés n’auraient pas de spécificité préférentielle.
les glandes de Von Ebner sous-jacentes aux papilles.
Une papille circumvallée possède 100 à 200 récepteurs Transduction énergétique d’un stimulus
gustatifs principalement localisés sur les parois latérales de leur
sillon périphérique, chaque récepteur possédant de dix à
sapide
20 cellules gustatives matures.
Papilles foliées. Les papilles foliées (Fig. 4B) sont de petites Adsorption des éléments de sapidité
crêtes épithéliales localisées sur les bords postéromoyens de la
Les éléments de sapidité sont « piégés » par les microvillosités
langue, principalement au niveau des extrémités du V lingual.
lors de l’ouverture des pores gustatifs (l’ouverture du pore
Ces papilles, rudimentaires chez l’homme, sont très développées
dépend des ions zinc et cuivre alors que sa fermeture dépend de
chez certains animaux.
la fonction sulfydride R-SH) puis se lient, hypothétiquement par
l’intermédiaire d’une combinaison avec la substance mucoïde
Récepteurs extralinguaux
des récepteurs, à la structure probablement protéique des sites
Le nombre des récepteurs extralinguaux diminue rapidement récepteurs. Une telle liaison est faible puisqu’un simple passage
avec l’âge : un sujet âgé en est pratiquement toujours dépourvu. d’eau suffit à abolir la saveur.

4 Médecine buccale
Physiologie et pathologie du goût ¶ 28-170-M-10

Bien que les sites récepteurs aient chacun une importante probabilité d'efficacité
sélectivité d’absorption, leur distribution statistique au hasard %
100
rend compte de la plurisensibilité de chaque cellule gustative :
Pfaffmann [7] énonce : « une cellule peut être très sensible au
sucré et peu au salé alors qu’une cellule voisine peut avoir une
sensibilité inverse ». Seule l’affinité globale de l’ensemble des
50
sites récepteurs d’un récepteur ou d’un petit groupe de récep-
teurs (papille fongiforme par exemple) permet un rapport
d’activation tel que le récepteur ou le groupe de récepteurs est
généralement très préférentiellement sensible à une seule qualité
0
fondamentale de stimulus. juxtaliminaire

infraliminaire supraliminaire intensité


Potentiel de récepteur du stimulus

Figure 5. Relation statistique entre l’intensité du stimulus et sa proba-


L’adsorption des éléments de sapidité est responsable d’une bilité d’efficacité. Parmi les stimuli juxtaliminaires, le stimulus liminaire est
modification de la perméabilité membranaire des cellules défini par sa probabilité d’efficacité à 50 %, c’est-à-dire par l’activation
gustatives qui induit une dépolarisation membranaire [8], c’est- statistique de 50 % des fibres.
à-dire un potentiel de membrane moins négatif que le potentiel
initial de repos. Un tel potentiel de récepteur se propage des
sites récepteurs aux extrémités neuronales : il est dit potentiel potentiel
récepteur (PR) lorsqu’il concerne les cellules réceptrices et membranaire
potentiel générateur (PG) lorsqu’il concerne les extrémités c
neuronales.
Un PR ne pouvant induire un PG que lorsque le seuil d’exci-
tabilité neuronale est au moins atteint, la suffisance d’amplitude 0
d’un PR pour la formation d’un PG dépend du type de
connexion neuronale : nécessité d’un PR de forte amplitude au
niveau des connexions avec des cellules de types 1 et 2, alors
que la probabilité de formation d’un PG au niveau des
connexions synaptiques avec les cellules de type 3 est augmen-
tée par la fonction excitatrice de ces synapses (grâce au passage
transmembranaire des vésicules cytoplasmiques dans ces b d seuil d'excitabilité
synapses).
a e potentiel de repos
■ Physiologie de la transmission f
gustative Figure 6. Morphologie schématique d’un potentiel d’action (PA) uni-
taire. ab : prépotentiel (partie infraliminaire du potentiel générateur) ;
Conditions d’efficacité d’un stimulus bcd : pointe de PA ; de : postpotentiel négatif (repolarisation terminale) ;
ef : postpotentiel positif (hyperpolarisation). L’amplitude et la durée d’une
sensoriel pointe de PA ne dépendent pas de l’intensité du stimulus mais du type de
fibre et de son milieu extérieur (température et concentration ionique).
Un stimulus, pour être efficace, doit non seulement être
adéquat vis-à-vis de la spécificité des récepteurs et de leurs fibres
afférentes (principe des énergies nerveuses spécifiques) mais potentiel
aussi avoir une intensité suffisante pour dépasser le seuil membranaire
d’excitabilité neuronale. Une telle réponse neuronale est dite
par « tout ou rien » puisqu’elle rend compte de l’efficacité d’un
stimulus sans modalité de réponse intermédiaire.
0
Dans les conditions physiologiques de pluralité d’activation
neuronale et en raison de la pluralité des valeurs des seuils
d’excitabilité, l’intensité d’un stimulus est statistiquement
définie par sa probabilité d’efficacité (Fig. 5).

Informations gustatives potentiel


de
Il convient de distinguer informations gustatives et informa- repos
tions de la gustation, les informations de la gustation étant des Figure 7. Train d’influx lors d’un stimulus prolongé. L’action stimulta-
informations mixtes olfactogustatives et somesthésiques extéro- née du mécanisme de repolarisation et du potentiel générateur confère à
ceptives : la phase de retour au potentiel de repos du postpotentiel positif une pente
• les informations gustatives, dues à l’activation exclusive du « accélérée » qui conditionne le temps d’émission du potentiel suivant et,
système gustatif, permettent la sensation de goût, c’est-à-dire de ce fait, le rythme de répétitivité des potentiels d’action.
l’appréciation exclusive de la sapidité d’un stimulus ;
• les informations olfactives de la composante olfactive de la
gustation, dues à l’activation du système olfactif par les Alors que l’unité d’influx est le potentiel d’action (PA)
molécules odoriférantes du stimulus (tant par voie nasale que (Fig. 6), le train d’influx (Fig. 7) en est sa stricte reproductibilité
rétronasale par reflux choanal des molécules odoriférantes), répétitive par auto-induction de proche en proche. La fréquence
permettent l’appréciation de l’arôme du stimulus ; des PA d’un train d’influx dépendant de l’amplitude du PG
• les informations somesthésiques extéroceptives buccopharyngées (dans la limite de la saturation des fibres en PA), la durée d’un
de la composante somesthésique de la gustation permettent train d’influx dépend de la persistance d’une amplitude suffi-
l’appréciation des caractères physiques du stimulus (impor- sante du PG pour dépasser le seuil d’excitabilité neuronale
tance de la somesthésie linguopalatine lors de la mastication (c’est-à-dire de la persistance d’une intensité stimulante au
et du temps buccal de la déglutition). moins liminaire).

Médecine buccale 5
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acuité de saveur (logarithme) second stimulus : un stimulus sucré diminue la sensibilité à un


saturation
second stimulus acide et augmente la sensibilité à un second
stimulus amer ; un stimulus amer augmente la sensibilité à un
« seuil » maximal second stimulus sucré.

Cohérence de sensibilité
insipidité seuil d'identification
seuil de détection Il existe fréquemment un certain degré de cohérence de
intensité
du stimulus sensibilité pour les stimuli sucré/salé-amer, salé/sucré, et amer/
(logarithme) salé : un sujet est d’autant plus sensible au salé et à l’amer qu’il
Figure 8. Relation entre l’intensité du stimulus et l’acuité de saveur. Le est sensible au sucré ; un sujet est d’autant plus sensible au
logarithme de l’intensité du stimulus est une fonction linéaire du loga- sucré ou au salé qu’il est sensible respectivement au salé ou à
rithme de l’acuité de saveur, du seuil de détection au « seuil » de satura- l’amer.
tion en potentiel d’action.

Adaptation gustative
Codage quantitatif Comme toute adaptation sensorielle à un stimulus prolongé,
Alors que l’information neuronale d’une fibre unitaire est l’adaptation gustative est un phénomène temporel responsable
quantifiée par la fréquence des PA et non par leur amplitude, le d’une diminution d’acuité gustative d’autant plus importante
codage quantitatif d’un ensemble de fibres est déterminé par la que le stimulus est prolongé. Ainsi, et comme toute acuité
densité globale des PA (chaque fibre conserve son propre codage sensorielle, l’acuité d’une sensation gustative n’est pas une
en fréquence) et par l’amplitude du PA globale qui dépend du traduction fidèle de l’intensité du stimulus sapide mais plutôt
nombre de fibres activées (le nombre de fibres activées croît une interprétation dépendante de ses modalités adaptatives
avec l’augmentation de la surface stimulée et de l’intensité du périphériques et centrales (probablement et contrairement aux
stimulus). autres systèmes sensoriels, plus centrales que périphériques).

Codage qualitatif En cas de stimulus unitaire


Le codage qualitatif d’un ensemble de fibres (une fibre L’adaptation gustative est d’autant plus importante non
unitaire ne peut coder une information que quantitativement) seulement que la durée du stimulus est prolongée, mais aussi
est déterminé par un rapport d’activation neuronale privilégié que ce stimulus est intense : bien qu’une telle adaptation soit
vis-à-vis de la qualité du stimulus. dite lente, elle est relativement rapide les 2 ou 3 premières
Si on admet que la répartition des récepteurs gustatifs en secondes du stimulus puis lentement dégressive jusqu’à la fin
zones de réception préférentielles permet la systématisation de du stimulus.
réception d’une « image » du stimulus et que le pourcentage
Pour une durée et une intensité de stimulus déterminées,
d’activation et d’inhibition des récepteurs (efférences inhibitri-
l’importance de l’adaptation gustative est identique pour une
ces d’origine centrale) permet d’en déterminer le « contraste »,
même qualité de stimulus mais différente pour chacune des
le codage qualitatif d’un stimulus peut être considéré comme la
qualités de stimulus (elle est souvent plus importante pour le
reproduction de l’« image » plus ou moins « contrastée » formée
sucré ou le salé que pour l’amer ou l’acide) : une telle spécificité
par sa réception.
adaptative rend compte, lors d’un stimulus à effet de masquage,
de l’augmentation relative de certaines saveurs avec la durée du
Sensibilité gustative et seuils gustatifs stimulus (c’est le cas principalement pour la saveur amère d’un
stimulus sucré-amer).
Alors que la sensibilité d’un sujet à un stimulus est détermi-
née par l’acuité minimale perceptible de la sensation induite par
ce stimulus, le seuil d’un stimulus est déterminé par l’intensité En cas de stimulus consécutif
stimulante nécessaire pour « atteindre » la sensibilité du sujet à
L’adaptation gustative à un second stimulus est d’autant plus
ce stimulus. Ainsi, une forte valeur de seuil correspond à une
importante, non seulement que ce stimulus succède rapidement
faible sensibilité et une faible valeur de seuil correspond à une
au premier, mais aussi que l’adaptation au premier a été
forte sensibilité.
importante. Ainsi, et dans les conditions physiologiques d’un
Un stimulus gustatif est cliniquement défini par deux types
stimulus alimentaire, les mouvements de la mastication et le
de seuil (Fig. 8) :
temps buccal de la déglutition, grâce à une brève activation de
• le seuil de détection (seuil proprement dit) correspond à la
différents groupes de récepteurs, permettent une adaptabilité
molarité minimale d’un stimulus permettant d’en apprécier le
minimale responsable d’une réponse gustative optimale.
caractère sapide ;
• le seuil d’identification, généralement deux à trois fois plus
élevé que le seuil de détection, correspond à la molarité Rôle de la composante olfactive
minimale d’un stimulus permettant d’en apprécier la qualité
de saveur. La composante olfactive d’un stimulus gustatif ne peut avoir
un rôle important qu’en tout début de stimulus puisque la
Facteurs de variabilité sensation olfactive d’un stimulus de plusieurs minutes, non
seulement excède rarement 1 minute (alors que l’adaptation
La sensibilité gustative augmente chez l’enfant et l’adulte gustative est rarement responsable de la disparition complète de
jeune (rôle important de l’apprentissage de la gustation) puis la saveur) mais aussi diminue très rapidement dès les premières
diminue à partir de 45-50 ans (rôle de la diminution tant secondes du stimulus (l’acuité olfactive est souvent deux fois
numérique que probablement fonctionnelle des récepteurs). moindre dès la deuxième ou troisième seconde). En outre, la
Chez le sujet âgé, alors que le seuil de détection est significati- sensibilité olfactive à un second stimulus consécutif peut être
vement augmenté, l’acuité gustative reste proportionnelle à diminuée pendant plusieurs dizaines de minutes après le
l’intensité du stimulus [9, 10]. premier stimulus (la « récupération » du seuil d’excitabilité des
Lors de deux (ou plusieurs) stimuli consécutifs, il existe récepteurs olfactifs est souvent plus lente que celle du seuil
fréquemment un certain degré de modification de sensibilité au d’excitabilité des récepteurs gustatifs).

6 Médecine buccale
Physiologie et pathologie du goût ¶ 28-170-M-10

■ Systématisation 1

anatomophysiologique des voies 2

gustatives 3

4
L’innervation gustative (Tableau 2) est assurée non seulement
par les fibres gustatives des voies du nerf intermédiaire (VII bis)
et des nerfs glossopharyngien (IX) et vague (X) mais aussi, en
ce qui concerne sa composante somesthésique, par des fibres
somesthésiques extéroceptives du nerf trijumeau (V) et des IX et 5
X. Les fibres gustatives peuvent être systématisées [7, 11-13], dans
le sens de leurs afférences, en voies périphériques et centrales
(Fig. 9) :
6
• les voies périphériques correspondent, pour chacune des fibres
7
gustatives, à un trajet dendritique du territoire d’innervation
au ganglion périphérique « spécifique » (ganglion géniculé
pour le VII bis, ganglions inférieurs pour les IX
et X) ; Territoire d'innervation
• les voies centrales correspondent à un trajet bulbo-ponto- du VII bis
thalamo-pariétal (projections néocorticales) et un trajet Territoire d'innervation
du IX X
bulbo-ponto-limbique (projections hypothalamiques et
corticolimbiques). Territoire d'innervation
du X
8
IX
Voies gustatives périphériques 9

Voies du VII bis


10
Les fibres gustatives innervant les deux tiers antérieurs de la
langue sont des fibres du VII bis véhiculées successivement par
VII bis
le nerf lingual, la corde du tympan, le VII intrapétreux mastoï-
dotympanique, le ganglion géniculé, le VII intrapétreux laby-
rinthique et le VII pontocérebelleux. Quelques fibres gustatives
quittent le nerf lingual pour rejoindre le ganglion otique (par
l’intermédiaire d’un bref trajet dans le nerf maxillaire inférieur) Figure 9. Schématisation des voies gustatives périphériques et centra-
puis le ganglion géniculé (par l’intermédiaire du petit nerf les. 1. Cortex gustatif primaire ; 2. cortex gustatif secondaire ; 3. noyau
thalamique sensitivogustatif ventro-postéro-médian ; 4. aire hypothala-
pétreux superficiel qui est issu de ce ganglion).
mique olfactogustative (efférences au système limbique) ; 5. noyau pon-
Les fibres gustatives innervant le voile du palais sont des
tique gustatif ; 6. noyau bulbaire gustatif ; 7. ganglions périphériques ;
fibres du VII bis véhiculées successivement par le nerf palatin
8. trou stylomastoïdien ; 9. corde du tympan ; 10. nerf lingual.
postérieur, le nerf sphénopalatin, le ganglion sphénopalatin, le
grand nerf pétreux superficiel et le VII pontocérébelleux.
Voies gustatives centrales
Voies des IX et X
Les fibres gustatives innervant la base de la langue sont des
Voie bulboprotubérantielle
fibres du IX véhiculées successivement par les branches termi- Chaque nerf gustatif s’individualise, dès sa pénétration dans
nales du IX, le IX parapharyngé, le ganglion inférieur du IX et le tronc cérébral, en un contingent gustatif et un contingent
le IX intracrânien. somesthésique extéroceptif. Les fibres de ces contingents font
Les fibres gustatives innervant l’épiglotte sont des fibres du X relais ipsilatéralement dans le noyau bulbaire dit gustatif du
véhiculées successivement par le nerf laryngé du X, le X faisceau solitaire selon une systématisation telle que seule sa
rétrostylien, le ganglion inférieur du X et le X intracrânien. Une partie moyenne, recevant exclusivement les fibres gustatives,
partie des afférences gustatives basilinguales juxtaépiglottiques doit être considérée comme le noyau gustatif proprement dit
provient du nerf laryngé du X. (les parties crâniale et caudale reçoivent les fibres somesthési-
ques respectivement des VII bis et IX-X). Les fibres gustatives
issues du noyau bulbaire gustatif font relais bilatéralement
Tableau 2. (probable controlatéralité préférentielle) dans le noyau pontique
Innervation gustative et somesthésique de la gustation. parabrachial puis, avant leur pénétration dans le diencéphale,
s’individualisent en un contingent à destinée néocorticale et un
Types de fibres Innervation contingent à destinée limbique.
gustatives somesthé- anatomique Les relations fonctionnelles internucléaires bulbaires entre le
siques noyau gustatif et les noyaux salivaires, et entre le noyau gustatif
Langue deux tiers VII bis V nerf lingual (V) et le noyau dorsal du X sont responsables d’une sécrétion
antérieurs « gustative » réflexe respectivement salivaire et gastrique.
base IX IX branches
terminales du IX Voie thalamonéocorticale
Épiglotte X X nerf laryngé
Après avoir rejoint les fibres trigéminales de la voie lemnis-
supérieur (X)
cale, les fibres gustatives à destinée néocorticale font relais
Voile VII bis V nerf palatin ipsilatéralement dans l’extrémité médiale du noyau thalamique
du palais postérieur (V)
ventropostéromédian puis se terminent dans les aires néocorti-
Palais * V nerf palatin copariétales gustatives :
antérieur (V) • l’aire gustative primaire est localisée, comme l’aire buccale
* Le palais a un rôle important dans la composante somesthésique de la gustation. somesthésique primaire, dans la partie tout inférieure du

Médecine buccale 7
28-170-M-10 ¶ Physiologie et pathologie du goût

gyrus pariétal postcentral (elle permet une analyse plus hypogueusies ou rarement des hypergueusies (à différencier des
somatotopique que discriminative des informations gustati- pseudohypergueusies par réaction « gustative » émotionnelle
ves, une telle analyse étant précédée d’un prétraitement accrue) ; les dysgueusies qualitatives ne peuvent être classées
semblable bulbo-ponto-thalamique) ; rationnellement en raison de leurs grandes variétés et/ou de
• l’aire gustative secondaire est localisée, comme l’aire somesthé- difficultés de sémantique (elles sont parfois dites paragueusies,
sique secondaire, dans la partie profonde juxta-insulaire de la la terminologie cacogueusie ne rendant compte que du caractère
scissure latérale (elle permet un complément d’analyse très interprétatif très désagréable d’une paragueusie).
discriminatif des informations gustatives).
L’intrication des sensations olfactogustatives est due aux Phantogueusies
relations fonctionnelles entre le néocortex gustatif et le paléo-
cortex olfactif (zone temporale interne sus-jacente à l’uncus Les phantogueusies sont des sensations gustatives indépen-
hippocampique) par l’intermédiaire probablement principal de dantes de tout stimulus sapide [20] ; elles sont intermittentes ou
l’insula dont le pôle cortical inférieur juxtapaléocortical est de continues, et généralement de type « métallique » avec ou sans
type transitionnel néo-cortico-paléo-cortical. concomitance amère. Il est parfois difficile de différencier une
phantogueusie d’une pseudophantogueusie qui est une sensa-
tion gustative induite par un stimulus sapide mais inhabituel tel
Voie limbique
que certaines substances intrabuccales d’origine locorégionale
La systématisation du contingent gustatif à destinée limbique ou parfois même certaines molécules véhiculées par voie
est très partiellement connue. Toutefois, il est classique sanguine (c’est le cas principalement pour certains médicaments
d’admettre que les relations fonctionnelles amygdalo- non seulement après leur administration parentérale, mais aussi
hypothalamo-cortico-limbiques permettent la régulation de la après le passage sanguin postingestif de leurs métabolites) ; une
prise alimentaire de la façon schématique suivante : activation telle difficulté de diagnostic différentiel devient majeure lorsque
par l’hypothalamus latéral et inhibition par l’hypothalamus le stimulus sapide potentiellement responsable d’une pseudo-
ventromédian, sous le contrôle modulateur de l’amygdale ; phantogueusie est non probant (incertitude de son imputabilité)
réponse plaisir-indifférence-déplaisir par le cortex du cingulum ou, a fortiori, lorsque l’existence d’un tel stimulus est incertaine.
qui permet l’interprétation émotionnelle des sensations olfacto-
gustatives mémorisées par le cortex parahippocampique. Étiologie
Les dysgueusies par dysfonction de la réception gustative sont
■ Pathologie du goût 1 généralement de type dissocié, alors que les dysgueusies par
dysfonction de la transmission gustative et/ou de l’analyse
corticale des informations gustatives sont généralement de type
Le goût devant être distingué de la gustation dans le sens
complet [21].
restrictif d’une sensation dépourvue de composantes olfactive et
Les phantogueusies sont classiquement psychogènes ou
somesthésique extéroceptive buccopharyngée, la pathologie du
idiopathiques mais aussi parfois secondaires à une lésion
goût sous-entend une pathologie concernant exclusivement le
potentiellement responsable d’une dysgueusie. Toute phanto-
système gustatif proprement dit. Ainsi, et en raison de la
gueusie peut aggraver une dysgueusie préexistante ou concomi-
fréquente difficulté de discrimination entre l’arôme et le goût
tante et certaines phantogueusies peuvent précéder l’apparition
d’une substance alimentaire, la vérification de la fonction
d’une dysgueusie.
olfactive s’impose chez tout sujet ayant un trouble de la
gustation [14].
Alors que la gustométrie chimique ne peut être pratiquée
Causes non neurologiques
couramment en raison de sa réalisation longue et délicate Les dysfonctions de la réception gustative secondaires à de
(malgré son intérêt tant qualitatif que quantitatif), l’électrogus- petites lésions localisées traumatiques ou pathologiques de la
tométrie permet une détermination rapide et facile des seuils muqueuse buccale ne sont pratiquement jamais spontanément
gustatifs mais de façon exclusivement quantitative [15-19]. Une perçues en raison de l’influence négligeable d’une petite zone
électrogustométrie doit être réalisée non seulement lorsque le déficitaire de réception sur l’acuité gustative globale (intérêt de
sujet perçoit un trouble de la gustation, mais aussi systémati- l’électrogustométrie). Il en est de même pour les fréquentes
quement lors de toute suspicion d’une lésion pouvant concerner petites zones congénitalement dépourvues de papilles fongifor-
les voies gustatives (les troubles du goût de certaines lésions, mes, alors que la rare dysautonomie familiale (absence anato-
principalement lorsqu’elles sont unilatérales, peuvent être mique ou parfois « seulement » fonctionnelle de la totalité des
« insuffisants » pour être perçus par le sujet). papilles gustatives linguales) est responsable d’une agueusie
linguale.
Différents troubles du goût Causes salivaires
Bien qu’il soit usuel d’attribuer la terminologie dysgueusie à Les troubles du goût secondaires à un déficit salivaire dépen-
toute anomalie de la fonction gustative, il est cliniquement dent non seulement de son importance, mais aussi et surtout
préférable de distinguer dysgueusie et phantogueusie : une d’une éventuelle lésion xérostomique des récepteurs gustatifs (la
dysgueusie est un trouble du goût proprement dit, c’est-à-dire dépapillation fongiforme en étant l’expression clinique
un trouble de la perception de la sapidité d’un stimulus ; une majeure). En outre, de tels troubles du goût peuvent être
phantogueusie est une sensation gustative sine materia. aggravés par la cause même du déficit salivaire.
Les troubles du goût secondaires à certains excreta salivaires
Dysgueusies (pathologiques, médicamenteux, toxiques, voire physiologiques
en excès) sont classiquement des pseudophantogueusies.
Une dysgueusie est dite complète lorsqu’elle concerne la
totalité des saveurs élémentaires, et dissociée lorsqu’elle n’en Causes infectieuses
concerne pas la totalité. L’aggravation d’une dysgueusie disso-
ciée peut la rendre complète. Parmi les stomatites, les candidoses buccales sont le plus
Les dysgueusies peuvent être quantitatives et/ou qualitatives : fréquemment responsables de troubles du goût : la glossite
les dysgueusies quantitatives peuvent être des agueusies, des candidosique chronique dépapillante diffuse est classiquement
responsable d’une importante hypogueusie ou agueusie linguale.
Les troubles du goût secondaires aux infections parodontales
1
cédérom : Gomez C. Le goût. YN Productions (Productions et réalisations sont classiquement des pseudophantogueusies (outre la fré-
audiovisuelles). quente stimulation olfactive par reflux choanal de leurs

8 Médecine buccale
Physiologie et pathologie du goût ¶ 28-170-M-10

Tableau 3.
Médicaments pouvant être responsables de troubles du goût (liste non exhaustive). Les médicaments distingués par un astérisque ont fait l’objet d’une
mention spécifique dans la rubrique « effets indésirables » du dictionnaire Vidal® édition 1998. Les médicaments non ou plus commercialisés en 1998 ne sont
pas mentionnés.
Antibiotiques Antifongiques Antiparasitaires Antiviraux
lincomycine amphotéricine B métronidazole* interféron*
éthambutol terbinafine* tinidazole* didanosine
sulfasalazine griséofulvine* lévamisole zalcitabine*
sulfafurazole kétoconazole pentamidine* zidovudine
amoxicilline
ampicilline Anti-inflammatoires et assimilés
doxycycline D pénicillamine*, tiopronine*, sels d’or, colchicine, phénylbutazone, acide acétylsalicylique
Médicaments à effets cardiovasculaires
Inhibiteurs de l’enzyme de conversion Diurétiques Autres
captopril hydrochlorothiazide amiodarone*, propranolol,
fosinopril* acétazolamide labétalol, amrinone*,
énalapril furosémide dipyridamole, antivitamines K
lisinopril clofibrate, colestyramine
Médicaments à effets neurologiques et/ou psychiatriques
Anxiolytiques Antidépresseurs Autres
diazépam clomipramine lévodopa, bromocriptine,
zopiclone* paroxétine carbamazépine, lithium
Autres médicaments
metformine, glipizide, carbimazole*, méthyl- et propylthiouracile, métoclopramide, cimétidine, allopurinol, disulfirame*, certains antinéoplasiques
et immunosuppresseurs, anesthésiques locaux et certains antiseptiques locaux

molécules odoriférantes). Il peut en être de même pour certai- Il est probable que les troubles du goût des sujets en état de
nes infections du cavum et des sinus (outre leurs classiques malnutrition protéinique (voire en état d’hypoprotéinisme
troubles olfactifs). relatif par excès d’apport de glucides et/ou de lipides) soient
Les viroses respiratoires et certains coryzas intenses peuvent principalement secondaires à une carence en zinc et/ou fer
être responsables (outre leurs classiques troubles olfactifs) de et/ou vitamine B12. Il peut en être de même pour la consom-
troubles du goût pouvant persister plusieurs semaines, voire mation excessive de fibres alimentaires (chélation du zinc et du
rarement être définitifs. Il peut en être de même pour certaines fer par les phytates des fibres) et pour certains comportements
hépatites virales. compulsifs pseudoalimentaires tels que l’ingestion de terre dite
« géophagie » (chélation du zinc et du fer par l’argile).
Causes endocriniennes
Causes iatrogènes
La ménopause est la cause endocrinienne le plus fréquem-
ment responsable de troubles du goût. De tels troubles du goût, La radiothérapie cervicofaciale est classiquement responsable
généralement associés à une stomatodynie, sont classiquement d’hypogueusie dès 20 Gy. De tels troubles du goût, générale-
des phantogueusies. ment majeurs et parfois définitifs au-delà de 60 Gy, sont
Le diabète et l’hypothyroïdie peuvent être responsables plus secondaires probablement plus aux lésions radiques des récep-
souvent de dysgueusies (principalement hypogueusies) que de teurs gustatifs qu’à leurs lésions xérostomiques.
phantogueusies. Les troubles du goût secondaires aux matériaux d’obturations
L’insuffisance corticosurrénalienne et l’hypercorticisme et de prothèse (principalement les résines acryliques) sont
androgénique peuvent être responsables d’hypergueusies. presque toujours a minima. Il peut en être de même pour les
prothèses à plaque palatine dont le retentissement sur la
Causes carentielles fonction gustative ne peut s’expliquer que par une perturbation
La carence en zinc est responsable non seulement de la de la composante somesthésique de la gustation.
grande majorité des troubles du goût de cause carentielle, mais Les médicaments peuvent être responsables de troubles du
aussi de fréquents troubles olfactifs [22] . La fréquence des goût (Tableau 3) qui sont plus souvent des phantogueusies ou
carences en zinc, principalement chez le sujet âgé et lors de pseudophantogueusies que des dysgueusies [23]. Il est probable
toute situation d’hypercatabolisme, est probablement sous- que de nombreux troubles du goût d’origine médicamenteuse
estimée en raison de la fréquente difficulté clinique de suspecter soient secondaires à des carences par chélation en zinc et en
une telle cause carentielle et de l’imparfaite évaluation de la certaines vitamines B.
concentration tissulaire du zinc par le dosage de la zincémie
(intérêt du dosage concomitant des phosphatases alcalines qui Causes neurologiques
sont classiquement diminuées lors d’une hypozincémie).
Les carences en fer, en vitamines B9 et/ou B12, et les rares La réalisation d’une électrogustométrie doit être toujours
autres carences vitaminiques B (B2, B3, B6) peuvent être respon- bilatérale en raison non seulement de la fréquente difficulté
sables de troubles du goût principalement lors de la dégénéres- d’appréciation d’une dysgueusie unilatérale (compensation par
cence symptomatique des récepteurs gustatifs (la dépapillation le système gustatif controlatéral et probablement par une
fongiforme en étant l’expression clinique majeure). Les troubles régulation centrale), mais aussi pour des raisons évidentes
du goût attribués aux carences vitaminiques A et C seraient, en d’orientation du diagnostic topographique de la lésion : une
fait, secondaires respectivement à une carence en zinc (rôle du topographie lésionnelle périphérique doit être suspectée lorsque
zinc dans la libération hépatique de la vitamine A) et à une les anomalies électrogustométriques sont unilatérales ; une
carence en fer (rôle de la vitamine C dans l’absorption intesti- topographie lésionnelle centrale doit être suspectée lorsque les
nale du fer). anomalies électrogustométriques sont plus ou moins bilatérales.

Médecine buccale 9
28-170-M-10 ¶ Physiologie et pathologie du goût

Lésions du nerf lingual Les lésions du cortex olfactif temporal peuvent être responsa-
Les troubles du goût secondaires à une lésion du nerf lingual bles non seulement d’hallucinations olfactives et de troubles
sont classiquement associés à un déficit somesthésique extéro- olfactifs, mais aussi parfois d’hallucinations gustatives et
ceptif des deux tiers antérieurs de la langue et, pour les lésions hypothétiquement de troubles du goût. De telles hallucinations
dans son trajet latéropelvibuccal ou interptérygoïdien, à un sont classiquement associées à une crise comitiale uncinée avec
déficit sécrétoire des glandes salivaires sous-mandibulaires. ou sans crise psychomotrice et/ou végétative.
Le type marginal d’une glossectomie permet une « récupéra- La maladie d’Alzheimer, plus rarement les démences séniles
tion » optimale du déficit sensitivogustatif d’origine ainsi de type Alzheimer et la sclérose en plaques peuvent être
chirurgicale. responsables d’hallucinations gustatives et/ou surtout olfactives.
Il en est de même pour les psychoses hallucinatoires et la
Lésions de la corde du tympan schizophrénie.

Les troubles du goût secondaires à une lésion de la corde du


tympan sont presque exclusivement secondaires à une fracture L’article original a été publié en première parution dans le traité EMC,
du rocher, un cholestéatome, un traumatisme lors d’une Stomatologie/Odontologie, 22-009-D-10, 1999.
chirurgie de l’oreille moyenne, voire une fracture du condyle.
De telles lésions sont également classiquement responsables
d’un déficit sécrétoire des glandes salivaires sous-mandibulaires.

Lésions du VII intracrânien ■ Références


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10 Médecine buccale
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C. Gomez, Stomatologiste, attaché des Hôpitaux.


Service de stomatologie, chirurgie maxillofaciale, chirurgie plastique de la face (professeur J.-M. Mondie, professeur G. Peri), Hôtel-Dieu, B.P. 69, 63003
Clermont-Ferrand, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gomez C. Physiologie et pathologie du goût. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Stomatologie/Odontologie, 22-009-D-10, 1999, Médecine buccale, 28-170-M-10, 2008.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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