Vous êtes sur la page 1sur 16

La conception bioclimatique

Des maisons confortables et économes

Comment tirer parti du lieu, du climat, et de l'énergie solaire


grâce aux serres, murs capteurs, puits canadiens;
Comment ventiler naturellement en récupérant la chaleur en hiver, la fraicheur en été;

Comment concevoir des parois isolées avec des matériaux


sains, et confortables, en toutes saisons;
Sommaire

INTRODUCTION .......................................................................................................................................................................................................................................... 3
I. L'OUBLI DE LA CONTRAINTE THERMIQUE ............................................................................................................................................................................. 3
II. LES CONSEQUENCES DU CHOC PETROLIER DE 1973 ................................................................................................................................................... 3
III. LA PRISE DE CONSCIENCE PAR TOUS DE LA "FINITUDE DU MONDE" ET LES ENJEUX ACTUELS ................................................ 4
IV. POUR UNE NOUVELLE CIVILISATION, D'URGENCE! .................................................................................................................................................... 4
V. UNE APPROCHE BIOCLIMATIQUE DE L'HABITAT.............................................................................................................................................................5

QU'EST-CE QUE LE BIEN-ETRE THERMIQUE ? ......................................................................................................................................................... 6


I. L'EQUILIBRE THERMIQUE DU CORPS HUMAIN...................................................................................................................................................................... 6
II. LES PARAMETRES MESURABLES DU CONFORT THERMIQUE ................................................................................................................................... 6

LES BASES DE L'ARCHITECTURE BIOCLIMATIQUE ............................................................................................................................................ 8


I. LE MODE DE VIE BIOCLIMATIQUE .............................................................................................................................................................................................. 8
II. PRINCIPES DE CONCEPTION DES ESPACES ET DES ENVELOPPES ........................................................................................................................ 8
III. LES RESSOURCES (LIEUX ET CLIMATS) ..............................................................................................................................................................................10
IV. LES OUTILS (NOTIONS DE BASE) ........................................................................................................................................................................................... 11

DES PAROIS PERFORMANTES ................................................................................................................................................................................................... 14


I. PROPRIETES ET PERFORMANCES THERMIQUES DES PAROIS OPAQUES ........................................................................................................... 14

Pour aller plus loin...

L'isolation thermique écologique, est le complément indispensable avant tout projet de construction ou de
rénovation. Il fournit les outils pratiques pour répondre aux exigences de réduction de consommation
d'énergie dans l'habitat, tout en respectant le confort et la santé des habitants. On y trouve, dans un
langage très accessible, les détails et illustrations des techniques de mise en oeuvre en privilégiant les
systèmes les plus durables au travers de 3 thèmes: introduction sur l'isolation (principes, pourquoi,
fonctionnement), les matériaux d'isolation (synthétiques, minéraux, végétaux, issus du recyclage, d'origine
animale, spéciaux), et les techniques de mise en oeuvre (murs extérieurs, sols, toitures, baies vitrées).
Architecture et voluptés thermiques, est un petit receuil écrit en 79 qui devrait être mis d'urgence au
programme de tous les cursus d'études des architectes et ingénieurs thermiciens. Cela aiderait les premiers
à sortir de leur monoculture visuelle, de leur fascination du concept, et les seconds à relativiser leurs calculs
pour découvrir enfin qu'il n'y a pas que le U dans la vie. A l'heure où l'urgente et nécessaire sobriété
énergétique se voit corsetée et dévoyée par des normes énergétiques bricolées sous le poids techniciste et
réducteur des lobbies du développement durable, c'est une belle leçon de liberté et d'autonomie, innervé
d'une grande culture. En plus d'être bien écrit, ce livre de l'âge solaire révèle une nouvelle dimension de la
pratique architecturale et aide à renverser cette situation actuelle où l'importance accordée aux systèmes
de chauffage central, d'air conditionné, et aux bâtiments hermétiquement clos, contribue à diminuer notre
résistance thermique, à détériorer nos mécanismes sensitifs, et à supprimer le symbolisme thermique.
L'étonnant pouvoir des couleurs est très intéressant car il montre les dernières études scientifiques sur les
influences psychiques ou physiologiques des couleurs. Nos comportements, notre assurance, notre humeur,
notre capacité de concentration, nos désirs, nos résultats sportifs, notre force physique sont influencés par
la couleur ! On apprends ainsi à quel point la couleur modifie nos comportements, quel qu'en soit le
domaine. D'un point de vue pratique, les résultats de ces études scientifiques permettront à chacun de
mieux choisir ses couleurs selon le but recherché : couleurs de vêtements, couleurs en décoration
d'intérieur, couleurs de bureaux, d'un point de vente, etc.

2 sur 16
INTRODUCTION

Aujourd'hui, même les tenants les plus rigides de la construction conventionnelle le reconnaissent:
l'accroissement rapide du coût de l'énergie, la raréfaction des ressources et l'urgence de réduire les causes
du réchauffement climatique imposent une nouvelle évolution des modes de construire et d'habiter.
On ne peut se contenter de comparer les solutions et appareillages disponibles sur le marché. Il faut
prendre le problème à la racine, c'est-à-dire à la définition des besoins réels.
Le postulat de départ étant que l'énergie sans conteste la plus économique et écologique de toutes est
celle que l'on ne consomme pas.
La conception bioclimatique permet justement, par ces différentes méthodes, la décroissance des besoins
thermiques et le contrôle énergétique à partir des éléments du bâti.

I. L'oubli de la contrainte thermique


La standardisation des procédés de construction et la possibilité d'en acheminer partout les produis, offerte
par le chemin de fer, ont initié le déclin des modes de productions locaux adaptés aux conditions
climatiques régionales par de longues traditions.
Après la Première Guerre mondiale, la reconversion massive des industries chimiques et mécaniques
chauffées à blanc par l'effort de guerre dans la production de matériaux nouveaux a suppléé à la perte
des savoir-faire artisanaux, puis l'a définitivement précipitée, pour ouvrir une nouvelle ère du monde du
bâtiment.
Enfin les Trente Glorieuses qui suivirent la Seconde Guerre mondiale consacrent définitivement le triomphe
de la séparation entre la conception architecturale et technique du bâtiment et sa problématique
thermique. Désormais l'ingénieur thermicien a acquis un statut autonome: il élabore des appareils pour
chauffer ou climatiser des bâtiments déjà conçus.
Parallèlement, l'évolution des modes de vie a entrainé une dépense énergétique croissante due à la hausse:
- du nombre des pièces chauffées;
- de la durée de la période de chauffe;
- du niveau de la température (en 1936, la référence maximale à ne pas dépasser sous peine de
complications physiologiques était de 16°C!).
Cette croissance des besoins a coïncidé avec l'occultation progressive des moyens par lesquels s'obtient le
confort thermique. Ce processus d'abstraction et d'éloignement concerne tout à la fois:
- la participation physique (quasiment plus de transport de combustible);
- la perception physiologique (température homogène dans l'espace);
- la conscience des couts réels (facturation fractionnée et décalée dans le temps, moyens de
paiements rendus abstraits...).

II. Les conséquences du choc pétrolier de 1973


La crise pétrolière sonne le glas de cette joyeuse inconscience. La facture énergétique est devenue soudain
exorbitante, il faut trouver dans l'urgence des solutions réparatrices. Les principales mesures de la "chasse
au gaspi" - promue alors priorité nationale – visent l'amélioration du rendement des chaudières et la
réduction des fuites de calories à travers des parois souvent non isolées.
On exhume alors une mesure thermique du 19ème siècle servant pour les entrepôts frigorifiques: le
coefficient de transmission surfacique qui mesure la résistance des parois aux passages des calories ( la
valeur "U" européenne).
L'industrie de l'époque fournit alors en grandes quantités des matériaux répondant à cette unique
exigence (laine minérale, polystyrène, polyuréthane, etc) dont on va tapisser par l'intérieur tout ce qui
s'habite. Presqu'aucune attention n'est portée aux autres caractéristiques thermiques des matériaux utilisés
(capacité thermique, effusivité, diffusivité) qui permettent de gérer plus finement les flux thermiques ente
espaces intérieurs et extérieurs. Parallèlement, aucune attention n'est réellement portée à la durabilité
effective des performances de ces solutions correctives, ni aux toxicités qu'elles peuvent induire.
Qui plus est, on isole par l'intérieur des constructions traditionnelles non conçues pour ce traitement, les
mettant en danger en modifiant leur équilibre hygrométrique et les rendant désormais sensibles aux
surchauffes d'été.
Les réglementations thermiques qui vont suivre améliorent peu à peu cette approche mais restent bien en
deçà des objectifs environnementaux actuels. Car si nos agences gouvernementales communiquent sur les
3 sur 16
énergies renouvelables et soutiennent de nombreuses initiatives au niveau des systèmes de chauffage ou
de rafraichissement, force est de constater qu'elles n'ont pas les moyens d'initier des programmes capables
de remettre en cause les principes de conception et de construction hérités d'une histoire où les soucis
environnementaux étaient inconnus.
De fait, aujourd'hui, il faut souvent aller voir ce qui se fait à l'étranger (Suisse, Allemagne, Autriche,...)
pour découvrir que les nombreuses pistes ouvertes par les pionniers de l'architecture bioclimatique,
développées avec constance et cohérence ont engendré des constructions hautement performantes que
des pays comme la France n'envisagent d'égaler qu'à l'horizon 2050!

III. La prise de conscience par tous de la "finitude du monde" et les enjeux actuels
Le gouffre séparant les vertueuses paroles des décisions politiques susceptibles de leur donner un effet ne
peut pas dédouaner chaque citoyen de ses responsabilités personnelles. A l'heure où "la maison brûle"
effectivement, il est vain de ricaner de ceux qui le crient et font si peu pour éteindre le feu: les habitants
doivent se prendre en charge, car c'est de leur survie individuelle et collective qu'il s'agit.
L'impact de nos modes de vie, et particulièrement des consommations énergétiques de nos habitats, sur
les grands équilibres planétaires est considérable.
Les mesures réglementaires prises depuis la crise de 73 ont porté leurs fruits puisque les habitations
construites aujourd'hui en Europe consomment en moyenne 60% moins d'énergie pour les besoins
thermique qu'il y a 30 ans, et les pays les plus exigeants améliorent encore de 30 à 40% ces résultats.
Pourtant, la consommation totale d'énergie dans le bâtiment a doublé en valeur absolue depuis 1970!
L'explication est simple car augmentent simultanément:
- le nombre d'habitants;
- la surface moyenne par habitant;
- la proportion des espaces chauffés dans chaque habitat;
- le niveau des températures moyennes (chauffer à 22°C nécessite 7 à 14% d'énergie de plus qu'à
21°C)
Et depuis peu, l'habitude s'installe de consommer aussi de l'énergie pour se rafraichir l'été...
Le concept de développement durable replace l'homme au centre du dispositif, le
considérant comme l'acteur majeur de l'équilibre entre les 3 sphères – sociale,
environnementale et économique – dans lesquelles il se meut, et qui ne peuvent plus
s'opposer, mais doivent se concilier. Pour autant, en quelques années, ce concept est
devenu fort ambigu car il est souvent un alibi à des pratiques qui n'ont rien de
durable!

IV. Pour une nouvelle civilisation, d'urgence!


Le modèle de vie occidental - inoculé à toute la planète, et qui fait, aujourd'hui, la preuve scientifique de
ses impasses - est fondé sur la prédominance d'une technique: la production d'énergie à partir de
machines thermiques (moteur à explosion, centrale électrique, système de chauffage...) utilisant pour
carburant les ressources fossiles stockées depuis des millions d'années sur Terre. Les principaux effets vont
du changement climatique en passant par la pollution des sols, de l'eau, de l'air jusqu'aux conflits et
accaparements des biens et richesses aux mains d'une infime minorité.
Pour autant, une prise de conscience – qui entraine une fondamentale remise en cause de notre mode de
vie et du gaspillage - peut permettre un futur vivable et désirable.
Dans le domaine de notre habitat, en reprenant conscience de la matérialité de notre vécu thermique et
de ses implications, deux solutions s'offrent à nous:
- soit on choisit d'ignorer la réalité, et on subit la nécessaire mutation qui s'annonce, auquel cas on
sera acculé à revoir à la baisse nos moyens de confort de façon draconienne;
- soit on anticipe sur la société de rareté énergétique qui vient, en créant dès aujourd'hui, les
conditions du confort auquel on aspire par des moyens radicalement plus performants vis-à-vis de
leur impact sur l'environnement.

4 sur 16
V. Une approche bioclimatique de l'habitat
La problématique du confort thermique ne peut être envisagée de façon conventionnelle sous le seul
aspect du chauffage ou du rafraichissement. Il faut se baser sur conception globale de l'habitat considéré
comme une enveloppe bâtie "vivant avec son climat". Une approche inspirée de celle des anciens en fin de
compte et qui s'est développée depuis les années 70 sous le nom de bioclimatisme.
Mais la fonction d'un habitat ne se limite pas à la seule problématique thermique. Elle doit composer avec
tous les autres déterminants – économiques, environnementaux, sanitaire, esthétiques, sociaux,... - de la
construction. Pour un projet d'habitat, il faut alors trouver l'adéquation, chaque fois unique, entre les 3
acteurs de base que sont les habitants, leur environnement (dans lequel ils s'inscrivent) et leur habitat (qui
va traduire cette insertion).
L'interaction de chaque projet avec son environnement s'effectue par le biais de 5 pôles où chacun est le
lieu d'une recherche d'équilibre entre les souhaits et les possibilités des habitants d'une part, et les 4 autres
pôles d'autre part, et puis par le biais de ceux-ci, avec l'environnement extérieur ou la collectivité. Chaque
pôle devant aller de concert car leur équilibre étant celui de l'ensemble, les habitants sont au centre de
ceux-ci car la réussite du projet dépend d'abord de sa bonne définition et de la connaissance des objectifs
à atteindre.
C'est alors qu'on comprend que le bien-être thermique doit être redéfini car, contrairement à une
approche simplificatrice, il n'est pas lié à la seule température de l'air mais à un ensemble complexe de
réalités physiques, psychologiques, culturelles, et d'ambiances.
En outre, dans une construction bioclimatique, et bien que certaines fonctions peuvent être automatisées,
l'habitant n'est plus un simple consommateur passif "presse-bouton" mais vit dans une certaine intelligence
avec son habitat et participe à son adaptation selon les variations (jour/nuit et les saisons).
Le lieu
Un examen attentif de toutes les caractéristiques du lieu d'accueil est la condition première pour partir du
bon pied. Les conditions climatiques caractérisant un lieu sont à examiner à plusieurs échelles allant de
celle du macroclimat (zone géographique) jusqu'au microclimat (site d'implantation): exposition au
rayonnement solaire selon les saisons, régime des vents et incidences de l'environnement proche sur eux...
Ces données constituent les ressources climatiques dont on va tirer parti dans la conception.
Dans le cas d'une réhabilitation, à cette connaissance du lieu, s'ajoute celle, fondamentale, du
fonctionnement du bâti existant qui doit guider tout projet d'intervention.
La forme architecturale
On conçoit un espace autour du "projet de vie" des habitants. Tout en respectant les fonctionnalités du
bâtiment (qualité de circulation, de vues, de la lumière, etc), la conception des espaces se fera:
- en fonction de l'ambiance thermique souhaitée dans les différentes zones;
- en tirant parti au mieux des caractéristiques de l'implantation pour capter et gérer les éléments
positifs du climat et se protéger de ses éléments négatifs;
- en optimisant la forme architecturale selon les rôles thermiques différenciés de l'enveloppe;
- en utilisant les organes bioclimatiques spécifiques tels les serres ou les murs capteurs.
Les matériaux
Les matériaux composant les différentes parois du bâtiment doivent souvent cumuler plusieurs rôles
simultanément ou alternativement (un bon isolant de toiture pour le froid peut être très médiocre contre
les surchauffes d'été par exemple). Il est donc très important de bien connaître leurs propriétés physiques
pour les utiliser à bon escient. (lire "L'isolation thermique")
La mise en oeuvre
Le type de mise en oeuvre conditionne largement les choix faits en amont au niveau de la conception
(choix des matériaux selon la nature du projet et des compétences locales que l'on peut ou non mobiliser),
mais détermine aussi, en aval, la réussite effective du projet (la qualité de la mise en oeuvre a une
incidence importante, le soin porté aux détails comme les ponts thermiques ou les étanchéités à l'air est
déterminant dans la performance thermique).
Les fluides et les énergies
C'est tout ce qui sort et entre du bâti pour y produire un effet: chauffer, rafraichir, air, eau, électricité,
télécommunications. Une conception bioclimatique tend, du point de vue des besoins thermiques, vers
l'autonomie. Si les autres pôles sont intégrés en équilibre, la part des fluides et énergies (non captées dans
l'environnement naturel extérieur) est minimisée et conçue en termes d'appoint voire annulée.

5 sur 16
Qu'est-ce que le bien-être thermique ?

Il est plus facile de définir le confort thermique par la négative en précisant ce qui crée l'inconfort, c-à-d
nous fait prendre conscience d'une ambiance thermique gênante. Le confort est donc plutôt un non-
inconfort, largement inconscient.
La notion de bien-être thermique est plus large que celle de confort thermique. Elle fait intervenir celle de
plaisir, qui commence par le ressenti conscient de l'ambiance thermique et qui s'accompagne d'autres
ressentis: visuels, auditifs, tactiles, et psychologiques, dont joue aussi l'architecture bioclimatique pour créer,
au-delà de la simple absence d'inconfort, un art de vivre avec les éléments naturels.
Ici, on se bornera à approcher les paramètres du confort thermique. Pour les autres aspects du bien-être
sont cependant très bien évoqués dans l'excellent petit ouvrage "Architecture et voluptés thermiques".

I. L'équilibre thermique du corps humain


Le corps humain se maintient à une température avoisinant les 37°C grâce aux apports de calories des
aliments et par un ensemble de mécanismes biologiques. Il échange en permanence de la chaleur avec son
environnement immédiat suivants plusieurs mécanismes distincts:
- Par conduction: Au contact direct d'un corps plus chaud ou plus froid (par ex: main/eau, pied/sol)
- Par convection: Entre le corps et l'air ambiant, accentué par l'écart de t° ainsi que la vitesse de l'air
- Par rayonnement (ou radiation): Les rayonnements infrarouges entre le corps et les parois
- Par évaporation: En passant de liquide à gazeux, l'eau absorbe des calories
L'habitat, en microclimat relativement stable face aux variations climatiques extérieures, minimise les
besoins d'échanges entre notre organisme et l'environnement. Il permet au corps d'atteindre plus
facilement un équilibre thermique, et ce, sans faire intervenir nos mécanismes physiologiques.

II. Les paramètres mesurables du confort thermique


Le ressenti thermique est la résultante de plusieurs paramètres physiques dont les principaux sont
présentés ici.
La température de l'air ambiant
C'est la température mesurée à l'ombre. On considère que la zone de confort se situe entre 19°C en hiver
et 26°C en été. Le premier objectif thermique d'un habitat est de maintenir les températures dans cette
fourchette malgré les écarts extérieurs jour/nuit et saisons. Le second objectif est de créer une certaine
homogénéité dans l'espace: l'air chaud montant et l'air froid descendant, il est peu confortable de vivre les
pieds au froid et la tête au chaud.
Pour cela, on intervient principalement via:
- le choix d'un terrain adapté;
- la conception bioclimatique (orientation, compacité,...);
- l'ouverture au soleil (baies, serres, murs capteurs,...);
- l'isolation thermique de l'enveloppe;
- l'intégration d'options bioclimatiques (espace tampon, puits canadien,...);
- l'étanchéité à l'air du bâtiment;
- le système de ventilation optimisé;
- l'inertie du bâtiment;
- le type et la qualité du système chauffage/rafraichissement
La température des parois
Généralement sous-estimée voire ignorée, l'impact de cette température (dite aussi rayonnante) est très
importante dans la sensation de confort (ou d'inconfort) thermique, tant en été qu'en hiver. Une paroi
froide comme un simple vitrage en hiver absorbe le rayonnement chaud du corps et produit une sensation
de froid. A l'inverse, si elle est plus chaude que le corps, c'est elle qui rayonne et produit une sensation de
chaleur. Pour cela, on intervient principalement via:
- l'isolation thermique de l'enveloppe;
- l'effusivité des matériaux de parement intérieur;
- l'inertie du bâtiment;
- le système de ventilation;
- le type et la qualité du système chauffage/rafraichissement
6 sur 16
La température air/parois
En l'absence de courants d'air perceptibles et pour une humidité relative moyenne de l'air, on estime que:
𝑡° 𝑎𝑖𝑟 + 𝑡° 𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖
𝑇𝑒𝑚𝑝é𝑟𝑎𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑟𝑒𝑠𝑠𝑒𝑛𝑡𝑖𝑒 =
2
De plus, une sensation perceptible apparaît à partir d'une différence de plus de 4°C entre la température
de l'air et celle des parois.
Ainsi en hiver, on a la même sensation de confort avec des murs et un air à 19°C qu'avec de l'air à 21°C
et des murs à 17°C (t° ressentie= 19°C). Et avec des murs à 14°C, il faudra chauffer à 25°C pour un
même ressenti! Dans les deux derniers cas, les degrés supplémentaires qu'il va falloir fournir à l'air vont
nécessiter beaucoup plus d'énergie que dans le premier: plus la différence de températures entre l'interieur
et l'exterieur est grande, plus les déperditions (très volatiles) sont grandes. Alors que les calories stockées
dans les parois bénéficient, grâce à l'inertie, d'une beaucoup plus grande stabilité.
De même en été, le ressenti est aussi agréable avec un 30°C et des murs à 20°C, qu'avec un 24°C et des
murs à 26°C. Sauf qu'avec des parois à forte inertie, le premier cas sera plus facilement obtenu sans
dépense d'énergie.
L'humidité relative (HR) de l'air
C'est la teneur en vapeur d'eau de l'air exprimée en pourcentage de la quantité potentielle maximale pour
une température avant condensation. Plus la température est élevée, plus l'air peut contenir de vapeur
d'eau. L'HR peut varier de 35 à 70% sans causer de désagrément particuliers; en-dessous de 20%, l'air
nous paraît trop sec (assèchement des muqueuses). En été, l'inconfort est plus grand dans un air humide
car il ralentit l'évaporation de notre sueur qui régule notre température de peau. On intervient surtout via:
- l'étanchéité à l'air et surtout le système de ventilation adéquat;
- les parois perspirantes;
- l'absence de ponts thermiques;
- le type et la qualité des émetteurs de chaleur;
- le type et la qualité du système rafraichissement éventuel
Les mouvements de l'air
L'air en mouvement accélère les échanges thermiques par convection au niveau de la peau. Plus sa vitesse
est élevée, plus les échanges sont grands: déperditions inconfortables en hiver, souvent appréciables en été.
Ces mouvements de l'air sont dus en partie aux inétanchéités, au système de ventilation, à la stratification
de l'air par convection (air chaud plus léger), et à des différences de pression atmosphériques.
Pour cela, on intervient principalement via:
- l'étanchéité à l'air et surtout le système de ventilation adéquat;
- le type et la qualité des émetteurs de chaleur;
- le type et la qualité du système rafraichissement éventuel;
- l'absence de ponts thermiques, dans une moindre mesure.
Les facteurs psychologiques et culturels
La sensation que chacun peut avoir de ce confort dépend de nombreux paramètres personnels (âge, sexe,
santé, acclimatation, psychologique,...) auxquels s'ajoutent les facteurs socioculturels (confort entre 14-21°C
pour un anglais, 20-26°C pour un américain, et 23-30°C pour un des tropiques).
Par ailleurs, tous les sens participent au ressenti thermique: couleurs chaudes, lumière, vue du feu, sons
évocateurs accentuent l'impression de chaleur; à l'inverse, couleurs froides, ombre, son ou vue d'eau
accentuent l'impression de fraîcheur.

7 sur 16
Les bases de l'architecture bioclimatique
I. Le mode de vie bioclimatique
L'architecture bioclimatique consiste à construire et vivre avec le climat et non contre lui. Cela passe par
deux objectifs.
Le premier est la recherche d'une adéquation entre:
- la conception et la construction de l'enveloppe habitée;
- le climat et l'environnement dans lequel l'habitat s'implante;
- les modes et rythmes de vie des habitants.
De cela, découle le deuxième objectif qui, visant à réduire au maximum les besoins de se chauffer ou de
climatiser, cherche une adéquation alors entre:
- le bâtiment;
- les systèmes de captages et de protection, l'installation de chauffage et de régulation;
- le mode d'occupation et de comportement des habitants.
Les machines destinées à assurer notre confort thermique reposent sur une approche strictement
mécaniste du confort. La température constante que ces parfaits "serviteurs" programmés assurent est
non seulement très onéreuse à maintenir, mais elle nous prive aussi d'une dimension importante de la vie:
celle du plaisir des sens.
Au contraire de l'architecture bioclimatique qui permet de recréer une relation plus intime avec les
rythmes, et instaure un nouveau lien avec le temps, avec l'espace, avec les autres. On redécouvre, entre
autres, l'attraction du foyer rayonnant le plaisir du feu, des espaces ouverts vers l'extérieur baignés de
lumière, des murs plein de fraicheur lors des chaleurs d'été.
Cette "respiration spatiale" induite par les rythmes thermiques extérieurs s'accompagne d'une prise de
conscience du passage d'un "laisser-aller thermique" installé dans le comportement général vers un rôle
"d'animateur énergétique": l'habitant devient "actif".
Néanmoins, on constate que même si le comportement d'un habitant influence fortement sur les
consommations énergétiques d'un logement, il n'annule pas les efforts consentis au niveau de la conception
pour optimiser sa performance thermique. Globalement, un occupant "gaspilleur" dans un logement
bioclimatique induit moins de dépenses qu'un occupant "économe" dans un logement aux normes
actuelles. Evidemment, le comportement "économe" dans une maison bioclimatique fera encore beaucoup
mieux! Notons enfin que, sans tomber dans la "maison gadget" qu'on peut proposer, certains dispositifs
peuvent être plus ou moins assistés, rendant à la fois plus simple et plus ludique certaines adaptations.

II. Principes de conception des espaces et des enveloppes


Afin d'obtenir un confort jour et nuit et en toute saison, en limitant au maximum les besoins énergétiques
autres que ceux gratuits, fournis par l'environnement; la démarche bioclimatique affecte aux différentes
parois de l'habitat plusieurs fonctions de base dépendantes des conditions extérieures et des besoins
internes qu'elles assureront elles-mêmes sans recours à des moyens mécaniques actifs: captage, stockage,
conservation, protection, et même distribution et dissipation.
Elle diffère en cela de l'approche conventionnelle qui a tendance à ne concevoir les parois qu'avec une
addition d'interventions monocritères: par exemple, les murs sont seulement pensés en terme de stabilité et
de solidité, le critère climatique n'est envisagé qu'ensuite en action additionnelle comme l'isolation qui elle-
même n'est pensée que pour l'hiver ce qui pénalise le confort d'été qui et alors corrigé par un système de
climatisation qui engendre à son tour de nouveaux besoins etc. On est ici dans une approche
essentiellement corrective et additive (pour ne pas dire "addictive").
Alors que dans une conception bioclimatique cohérente, la performance d'un élément constructif ne saurait
être apprécié dans un seul domaine, ni évaluée selon un seule critère: la bonne réponse à un problème ne
doit pas créer de nouveaux problèmes, au contraire, elle doit en résoudre plusieurs simultanément, et de
façon économique.
Ramené en kWh/m2.an, (convention internationale pour qualifier la performance énergétique), l'objectif
d'une conception bioclimatique peut se résumer ainsi:
- en réhabilitation: divise par 3 à 8 les besoins de chauffage et de rafraîchissement des bâtiments
existants, les faisant passer de la classe "existant" à "basse énergie";
- en neuf: construit un bâtiment sans besoin de production de fraicheur et à peine 35 kWh/m2.an
au maximum de chauffage, le rendant 3x plus performant que les standards actuels.
8 sur 16
Armons-nous donc sur les conditions climatiques: le soleil, la pluie, le froid, la chaleur, les vents,...
Préoccupons-nous des contraintes de l'environnement, et nous serons certains de construire avec sérieux.
Enfin, cherchons l'essentiel sans avoir recours à des apports superflus: jeux de matières, effets, formes. Et
sans vouloir accomplir des gestes techniques qui dépassent la stricte nécessité.
Composer avec le site
D'une façon générale, en construction neuve, on choisira sur le terrain, l'emplacement privilégié pour
bénéficier au maximum:
- des protections naturelles au vent froid et au soleil estival par les mouvements du terrain naturel et
la végétation existante;
- de l'ensoleillement hivernal en évitant les masques portés par les feuillages persistants, le relief et
les bâtis existants.
Il est souvent possible d'intervenir aussi pour aménager l'environnement proche par des mouvements de
terrain ou des plantations: essences caduques au sud et au sud-ouest, persistantes au nord, haies de
hauteur limitée à l'est, permettant l'arrivée rapide du soleil en hiver...
Et, quand la configuration du lieu le permet, on a tout intérêt à valoriser les qualités d'inertie du sol et du
sous-sol qui, non seulement assurent une protection contre les éléments extérieurs, mais en outre
permettent de réguler le températures quotidiennes voire saisonnières. Un certain nombre de réalisations
se sont même fondées sur une mise à profit maximale de cette inertie par des habitats troglodytiques ou
recouverts de terre. Ainsi, quel que soit le climat, les résultats thermiques sont toujours très satisfaisants et
demandent très peu d'appoint thermiques en hiver.
Optimiser la forme et l'orientation
La meilleure configuration (tant pour des habitats isolés ou groupés), sauf contraintes particulières, est la
forme allongée dans l'axe est-ouest. Cette allongement est-ouest, et la réduction en profondeur nord-sud,
(quand ils sont compatibles avec les autres considérations de site ou de programme) favorisent aussi très
efficacement l'éclairage naturel des pièces de vie durant la journée. D'ailleurs, les éclairagistes préconisent
de limiter la profondeur des pièces à 2,5x la hauteur des fenêtres (soit 4 à 5m de profondeur pour des
baies standard). Cette profondeur est également la distance maximale pour un chauffage efficace par
rayonnement d'un mur.
Pour un volume habité équivalent, l'enveloppe présentant la plus faible surface des parois extérieures sera
celle présentant le moins de déperditions thermiques.
Cette recherche de compacité relative se justifie aussi largement d'un point de vue économique: moindre
quantité de matériaux, moindre complexité, et donc moindre coûts (économiques et écologiques) de
construction et de maintenance.
Une autre économie appréciable est encore de pouvoir disposer au centre de l'habitat d'un unique
appareil de chauffage par rayonnement qui apporte l'appoint nécessaire en saison froide. Le coût très
modéré de cet équipement de chauffage unique et simple amortit d'ailleurs en partie – ou totalement – le
surcoût des dispositifs bioclimatiques spécifiques.
Enfin, il n'est pas cohérent non plus de concevoir les bâtiments uniquement sur le critère énergétique. La
qualité globale de la fonction "habiter" intègre aussi celle des vues et des relations avec l'extérieur, celle de
la lumière, des ambiances, des matières, des couleurs, des rythmes, des odeurs, des sons, etc. Autant de
facteurs décisifs qui ne doivent pas être occultés par un seul paramètre, fusse-t-il bioclimatique. C'est tout
l'enjeu de l'organisation de la complexité qui est le défi posé à chaque projet.
Organiser les zones d'habitat selon l'ambiance thermique des espaces
Les espaces habités en permanence de jour ou de nuit étant ceux qui nécessitent le plus de chaleur en
hiver sont séparés de l'extérieur par des espace intermédiaires dits "tampons" qui jouent le rôle de
transitions et de protection thermique. On parle alors de double enveloppe avec:
- au nord, prioritairement des espaces non chauffés (garage, placards), locaux d'utilisations
irrégulières (atelier), ou ne nécessitant pas une température élevée (sanitaire, hall, buanderie);
- au sud, la serre: espace tampon habité temporairement limitant le refroidissement de nuit en hiver
mais aussi et surtout espace capteur de calories;
- à l'est et à l'ouest, des pièces demandant plutôt à être tempérées que chauffées fortement, comme
les chambres à coucher
Bien sûr, ce principe de double enveloppe peut être modulé: chaque lieu, chaque projet de vie en ces lieux
étant différent, la disposition et l'organisation thermique des espaces suivront les rythmes de vie.

9 sur 16
La course quotidienne du soleil et sa hauteur saisonnière incitent à des orientations "naturelles" où les
chambres ouvrent de préférence au soleil levant (l'arrivée de la lumière le matin réchauffe et participe à
la dynamique du lever. Et, en été, les chambres à l'est restent relativement plus fraiches en soirée.
Dans les maisons à étage, la disposition des chambres en hauteur est intéressante en hiver car leur
température de confort peut être obtenue par la seule convection de l'air chaud montant. Attention
seulement à utiliser des isolants à forte capacité thermique pour éviter les surchauffes en été du toit.
Les pièces de vie diurnes seront orientées au mieux au sud ou sud-ouest/sud-est tant été qu'hiver.
Les pièces où l'on séjourne le soir peuvent être reculées au coeur de l'espace habitable.
Les zones de travail seront disposées non seulement en fonction de la chaleur mais aussi de la luminosité:
l'orientation à l'est est alors tout adaptée; ou à l'ouest si l'on prévoit de bonnes occultations solaires.
Maison individuelle ou habitat groupé?
La comparaison des coefficients de forme montre à l'évidence que l'habitat groupé est une voie
importante pour réduire les coûts en agissant simultanément sur:
- le coût du foncier; - le coût d'équipements collectifs;
- le coût de construction; - les coûts induits par la rallonge des
- le coût de chauffage; dessertes.
Le cumul de ces facteurs d'économie peut aboutir à une réduction de l'ordre de 50% du prix total et
permettre ainsi un accès facile à un habitat de qualité.
Très développée en Europe du Nord, cette formule pâtit chez nous d'un mauvais préjugé dû à:
- la très mauvaise qualité générale de l'habitat collectif édifié en masse après guerre;
- l'idée installée dès les années 50 que le seul contre-modèle pour fuir cette "pauvreté" est le pavillon
à l'américaine;
- la relative disponibilité d'espace dont jouit notre pays et les politiques commerciales flattant
l'individualisme ont le fait reste.
Néanmoins, les multiples réalisations du Nord ayant démontré que l'habitat groupé peut apporter une
réponse adaptée aux besoins d'habitat de qualité (y compris sur l'intimité et l'espace), une tendance se
dessine de plus en plus avec des associations de personnes ou de famille qui constituent des projets "d'éco-
hameaux" ou "d'éco-lotissements", et des promoteurs tant privés que publics commencent à s'y intéresser.

III. Les ressources (lieux et climats)


La démarche bioclimatique débute par une phase de découverte et d'exploitation des données locales du
projet (avec, en réhabilitation, une priorité aux caractéristiques de l'existant). De la qualité de cette
approche dépendra la garantie de ne pas faire une architecture "hors-sol" qui, pour pallier son manque
d'adaptation, devrait faire appel à toutes sortes d'intrants énergétiques.
Les caractéristiques climatiques, se scindent en contraintes dont on cherchera à se protéger et en apports
bénéfiques dont on cherchera à tirer le meilleur parti. On a d'abord les valeurs moyennes pour la zone
climatique étudiée (ou macroclimat) disponibles auprès des stations météorologiques.
Quatre variables interviennent pour définir les caractéristiques locales, elles-mêmes influencées par
l'altitude, la nature des sols, et l'environnement proche. L'architecture doit prendre en compte ces
phénomènes de manière combinatoire et non pas isolément, car tous les facteurs climatiques agissent
simultanément sur le bâtiment. Les 4 variables sont:
- Le rayonnement solaire incident et son intensité
Le rayonnement atteignant le sol dépend de la composition de l'atmosphère qui va partiellement
l'absorber et le réfléchir. Une autre partie est également diffusée dans toutes les directions par les
molécules d'air et les particules. Le reste (qui atteint directement le sol) est le rayonnement direct.
De ça, l'orientation la plus favorable est la verticale sud car elle permet de récupérer une énergie
maximale en hiver et minimale en été. Ce qui fait de la façade sud, l'outil-paroi primordial.
- L'amplitude des températures de l'air
La température de l'air au-dessus du sol, dite température ambiante, est essentiellement influencée
par l'ensoleillement, mais également les vents, l'altitude et la nature du sol. Elle varie donc
graduellement selon les rayonnements solaires et la couverture nuageuse. Cette connaissance pour
chaque mois de l'année sera une donnée primordiale pour définir l'enveloppe du bâtiment
(proportion des vitrages, type de parois,...), en de quantifier la puissance du système de chauffage.
- Le régime des vents
Représenté par une rose des vents exprimant la distribution statistique des vents selon leur
direction, il doit néanmoins être recoupé avec les constats de la réalité sur le terrain car plusieurs
paramètres très localisés agissent sur le vent et sa vitesse (freiner, dévier, créer des turbulences).

10 sur 16
- L'humidité de l'air
L'air est un mélange d'air et de vapeur d'eau. Lorsqu'il y a une grande quantité d'humidité dans
l'air, le rayonnement solaire est ralenti et les variations de températures jour/nuit sont réduites. Au
contraire, dans les climats secs comme la méditerranée, les amplitudes jour/nuit sont accrues.
Pour autant, on se penchera aussi sur le mezzoclimat (influences locales plus ou moins étendues comme
celles induites par le relief, l'eau, le sol) et le microclimat (à l'échelle précise du site d'implantation avec la
végétation, les vents) qui peuvent apporter des variables importantes au climat de base:
- Influence des sols et de la végétation
La température locale de l'air est directement dépendante de la nature des surfaces environnantes
interceptant la radiation solaire. Couvert de végétation, le sol favorise l'évapotranspiration d'eau et
réduit ainsi le réchauffement de l'air. Un sol minéral à forte inertie, lui, stocke la chaleur durant les
journées ensoleillées et rayonne en début de soirée, ce qui retarde la chute des températures
nocturnes. Enfin le troisième type de "sol" est l'étendue d'eau qui stocke aussi une grande quantité
de chaleur, mais agit comme un volant thermique en ne réémettant lentement (à l'inverse des sols
minéraux) lors des chutes de températures; ce qui réduit les amplitudes de variations. Cette
influence de l'eau sur les régimes des vents peut se faire sentir jusqu'à des centaines de kilomètres!
- Influence de l'altitude et du relief
L'altitude influence fortement le climat local par une diminution des températures (proportionnelle
à l'altitude du fait de l'amincissement de la couche atmosphérique), une plus grande variation de
leur amplitude jour/nuit (pour les mêmes raisons), et une exposition aux vents plus intense (au fur
et à mesure qu'on monte car non freinés par la rugosité des reliefs et autres).
Le relief, lui, peu importe l'altitude, ajoute encore les différences qu'il induit de jour sur l'insolation
des pentes (selon orientation et inclinaison), les modifications du régime des vents (détourne,
abrite, ou intensifie), et des faces plus froides que celles protégées des vents. Sans parler de l'effet
de foehn, ce courant d'air chaud descendant qui peut faire remonter la température de 20°C en
une seule journée dans une vallée.
Ces facteurs engendrent une gamme très variée de microclimats où les vallées sont souvent en
journée plus chaudes que les pentes et les sommets, mais plus froides la nuit (en fond de vallée).
- Influence des masques solaires
Quel que soit le lieu où l'on se trouve, il n'est pas toujours certain que l'on puisse bénéficier sur une
façade sud du soleil à toutes les heures et à toutes les périodes de l'année, à cause des effets de
masque porté par le relief, les bâtiments environnants ou la végétation. Dans certains cas, ces
masques peuvent être bénéfiques pour éviter les surchauffes en été (arbres à feuilles caduques à
l'ouest), mais généralement ils seront fortement pénalisant pour une conception solaire passive.
- Le microclimat urbain
En milieu urbain, un certain nombre de phénomène modifie sensiblement le climat local. Véhicules,
industries, chauffages, sols à forte inertie, etc réchauffent l'atmosphère et le dôme de pollution en
limite les radiations tout en freinant la chute des températures qui sont alors 2 à 3°C plus élevées.
De plus, la densité des constructions occasionne souvent des masques au rayonnement solaire et
une moindre vitesse générale des vents et de courants d'air et de turbulences.

IV. Les outils (notions de base)


Outre la connaissance des paramètres du climat extérieur, il faut s'appuyer aussi sur la connaissance fine
des propriétés des matériaux qui vont constituer ces interfaces entre climats extérieur et intérieur à savoir
les parois.
En effet, pour aboutir à des constructions dont les besoins de chauffage ou de rafraichissement sont
minimes, il est nécessaire de permettre au bâtiment de garder au maximum la chaleur ou la fraicheur
dont il a besoin; d'utiliser au mieux l'énergie gratuite fournie par le rayonnement solaire; et pour cela de
comprendre comment nous arrive ce rayonnement et comment y réagissent les surfaces.
Intensité du rayonnement solaire
La quantité totale d'énergie arrivant sur une surface se compose du rayonnement direct, diffus, et réfléchi.
Elle dépend principalement de l'intensité du rayonnement et de la nébulosité, de l'angle avec la surface de
la paroi, et de la nature des surfaces avoisinantes.
Dans le cas d'un rayonnement perpendiculaire au plan, l'angle d'incidence est de 0, la quantité d'énergie
que reçoit alors la surface est maximale. Plus l'angle d'incidence augmente, plus cette quantité diminue
mais de manière non linéaire: un angle de 25° perçoit encore 90% du rayonnement. Ainsi, une orientation
un peu décalée sur l'orientation optimale ne contrarie que modérément la performance du captage du

11 sur 16
rayonnement direct; ce qui laisse une réelle liberté dans la conception puisque la recherche du "plein sud"
n'est pas une nécessité absolue. Attention: on parle bien de la quantité reçue et non absorbée qui, elle,
dépend des propriétés de la paroi.
Ensuite, selon les régions, les composantes du rayonnement solaire global peuvent être très variables! Dans
les climats à faible nébulosité (le sud, en altitude), le rayonnement direct prédomine toute l'année alors
qu'ailleurs ce sera le rayonnement diffus qui sera prépondérant.
Cette donnée est particulièrement importante pour la configuration des organes de captage de l'énergie
comme la serre: plus la composante directe est importante, plus la recherche du meilleur angle d'incidence
est importante (le plan vertical orienté sud sera le meilleur compromis hiver/été). En revanche, plus la
composante diffuse est importante, plus on gagnera d'énergie avec des surfaces inclinées qui captent
mieux le rayonnement diffus provenant principalement du ciel.
Enfin, l'intensité du rayonnement réfléchi qui arrive sur une paroi dépend du type de surface des parois
avoisinantes; et des angles que la surface réfléchissante a tant avec le rayonnement qu'avec la paroi.
Le choix des matériaux et des couleurs pour les plans horizontaux en avant des parois extérieures
captrices, comme les terrasses, sera donc important soit pour amplifier le captage en hiver, soit pour éviter
les surchauffes en été ainsi que les risques d'éblouissement: la neige fraiche réfléchit un maximum, un
dallage clair aussi, alors qu'un sol enherbé réfléchit très peu.
Pour des baies orientées sud-est ou sud-ouest, des volets dont la face interne est revêtue d'un matériau
réflecteur et ouverts à angle droit par rapport au plan de la façade sont plus efficaces que les ouvrants
horizontaux (la hauteur du soleil d'hiver le matin et l'après-midi étant faible, les surfaces réfléchissantes
verticales ont un meilleur rendement que les horizontaux). Dans les deux cas, ces volets mobiles peuvent,
une fois fermés, renforcer l'isolation la nuit et ne causent pas de surchauffe en été puisqu'ils peuvent être
rabattus vers l'extérieur ou, mieux, vers l'intérieur.
Comportement des surfaces réceptrices
Une partie du rayonnement solaire atteignant une surface est réfléchie par celle-ci. Selon la nature des
matériaux de la surface rencontrée, la partie non réfléchie du rayonnement va être totalement absorbée
sous forme de chaleur par le matériau, ou bien partiellement absorbée et partiellement transmise.

La proportion variable de chacun de ces 3 phénomènes s'exprime par les coefficients d'absorption α
(alpha), de réflexion ρ (rhô), et de transmission τ (tau) des récepteurs dont la somme est égale à 1, la
totalité du rayonnement reçu.
L'aluminium poli, très réfléchissant a un ρ de 0.85, un α de 0.15 et un τ de 0 puisque le rayonnement ne
le traverse pas. A l'opposé, le cas extrême du "corps noir" a un α de 1.

Avec un matériau absorbant, lorsque le rayonnement frappe sa paroi opaque, une partie de l'énergie
solaire est absorbée sous forme de chaleur tandis que le reste est réfléchi. Il n'a cependant pas transmission
directe car l'énergie absorbée est restituée de part et d'autre de la paroi par rayonnement avec un certain
déphasage selon ses propriétés.
Avec un matériau transparent, le rayonnement est partiellement réfléchi, partiellement absorbé, et sa plus
grande partie est transmisse. La fraction absorbée est ensuite réémise de part et d'autre de la paroi par
rayonnement. Sa transmission énergétique totale, et donc les gains solaires, sera cependant fonction de
l'angle d'incidence des rayons et des propriétés du verre utilisé.
Propriétés et performances thermiques des matériaux
Les matériaux ont aussi des caractéristiques thermiques particulières tenant à leur structure et à leur
masse qui leur permettent de gérer différemment les apports caloriques. Elles sont de 2 ordres:
- Les caractéristiques statiques:
Comment tel matériau se comporte-t-il en présence d'un flux thermique indépendamment du
temps de réaction? Ce sont la conductivité et la capacité thermique.
- Les caractéristiques dynamiques:
A quelle vitesse tel matériau gère-t-il le flux thermique? Ce sont la diffusivité et l'effusivité.
Dérivées des caractéristiques précédentes, elles font en plus intervenir le facteur temps.
Si la conductivité des matériaux est maintenant bien connues des professionnels, les autres caractéristiques
sont beaucoup moins connues et utilisées, et ne sont que très rarement indiquées sur les fiches techniques
des fabricants. Or, la prise en compte des caractéristiques dynamiques est essentielle pour bénéficier des
transferts thermiques, et pour expliquer des phénomènes incompréhensibles à partir des seules
caractéristiques statiques comme par exemple le fait que des habitats en bois massifs soient si confortables
et si peu voraces en énergie...
12 sur 16
- La conductivité thermique (λ)
Aussi appelé coefficient lambda, c'est la propriété qu'ont les matériaux de transmettre la chaleur
par conduction. Elle est exprimée en watt par mètre Kelvin (W/m.K). Plus elle est grande, plus le
matériau est conducteur. Plus elle est faible, plus il sera isolant.
Elle permet donc de quantifier le pouvoir isolant des parois, c-à-d leur aptitude à s'opposer au
passage des calories contenues dans l'air que l'on nomme U (coefficient de transmission calorique
surfacique) ou anciennement R (résistance thermique en mètre carré Kelvin par watt, m2.K/W,
avec R=1/U). R sert surtout à quantifier le pouvoir isolant pour une épaisseur donnée où
Rmatériau=épaisseur/λ. Plus R est grand, plus le matériau est isolant.
- La capacité thermique (ρC)
Exprimée en wattheure par mètre cube Kelvin (wh/m3.K), c'est l'aptitude à stocker de la chaleur.
Plus elle est grande, plus la quantité de chaleur à apporter au matériau pour élever sa
température est importante. On parle de matériau dit "à inertie".
Cette propriété est essentielle pour un bâtiment performant en confort d'hiver comme d'été car on
l'utilise pour la gestion "passive" des apports solaires où il faut "mettre en réserve" les calories. On
lisse ainsi sur la journée ces apports pour les utiliser plus tard (hiver) ou les dissiper la nuit (été).
Cette capacité ne concerne pas que des matériaux lourds et denses, il y a aussi des isolants qui,
outre une très faible conductivité, stockent en été suffisamment pour un déphasage jour/nuit.
- La diffusivité thermique (a)
Exprimée en mètre carré par heure (m2/h où a=λ/ρC), c'est l'aptitude à transmettre rapidement
une variation de température, soit la rapidité de déplacement des calories à travers la masse du
matériau. Plus elle est faible, plus le front de chaleur mettra du temps à traverser l'épaisseur du
matériau: le déphasage s'en trouve alors augmenté.
Cette propriété est précieuse pour gérer le temps de restitution de la chaleur à travers une paroi,
tel un mur capteur. Mais elle peut aussi concerner le confort d'été et les matériaux légers: certains
isolants, malgré une très faible conductivité, peuvent ralentir suffisamment pour un déphasage
jour/nuit grâce à sa capacité thermique et ainsi participer grandement au confort intérieur.
- L'effusivité thermique (b)
Exprimée en watt racine carré d'heure par mètre carré Kelvin (W.h0,5/m2.K où b= (λ/ρC)), c'est
l'aptitude à absorber rapidement une variation de température, soit la rapidité avec laquelle un
matériau absorbe les calories. Plus elle est élevée, plus le matériau absorbe l'énergie sans se
réchauffer notablement. Au contraire, plus elle est faible, plus vite le matériau se réchauffe.
Connaissant l'importance du différentiel de t° air/paroi, on voit l'importance de cette propriété des
matériaux qu'on a intérêt à choisir selon le climat, les besoins thermiques de la pièce et son usage.
Par exemple, le bois pour la salle-de-bain en pays froid dont la faible effusivité permet de
demander beaucoup d'énergie pour chauffer la pièce. A l'inverse du carrelage ou du marbre qui
en pays chaud retarde au maximum l'échauffement des paroi et permet de maintenir plus
longtemps un confort malgré l'air chaud.
Particularités thermiques des matériaux transparents
Avant tout, il faut comprendre le principe de l'effet de serre: les corps transparents laissent passer le
rayonnement infra-rouge de courte longueur d'onde et s'oppose à celui de grande longueur d'onde.
Donc, lorsque les rayons du soleil frappent un vitrage, celui-ci laisse passer une partie du rayonnement
visible et les infra-rouge de courte longueur d'onde. Cette part est alors absorbée par les parois du local
qui s'échauffent. Celles-ci réémettent ensuite, dans toutes les directions, un rayonnement thermique
composé, lui, d'infra-rouge de grande longueur d'onde et donc piégé à l'intérieur.
Les vitrages ont de nombreuses caractéristiques mais 3 propriétés nous intéressent ici:
Le facteur solaire (g): Pour un angle d'incidence égal, le rayonnement solaire qui atteint une paroi vitrée
est réfléchi, transmis, ou absorbé dans des proportions variables selon la nature du verre et son aspect de
surface. Chaque type de vitrage est affecté d'un "facteur solaire" qui représente le pourcentage du flux
énergétique qu'il laisse passer sur le rayonnement reçu. Cette valeur est essentielle pour connaître les
apports énergétiques d'une paroi vitrée.
La transmission lumineuse (τ): C'est le pourcentage de lumière solaire transmise. Il ne mesure pas
l'énergie calorique transmise mais seulement la lumière. On l'appelle aussi le coefficient de transparence.
Au plus il est faible, au plus il réduit la transmission énergétique.
La déperdition thermique (U): Exprimée en watts par mètre carré Kelvin (W/m2.K), c'est l'aptitude d'un
vitrage à s'opposer à la fuite des calories. Plus le coefficient est faible, plus le vitrage est isolant. Si, au fur
et à mesure des améliorations du U, on perd sur la valeur du facteur solaire, le bilan gain/déperdition
thermique final s'améliorent considérablement du simple vitrage au triple.

13 sur 16
Des parois performantes

S'opposer seulement à la fuite des calories en période de chauffe correspond à la stratégie conventionnelle
appliquée aux parois et dont découlent de graves problèmes de surchauffes en été (dus à un manque
d'inertie du bâtiment) et de piètres performances en confort d'hiver (dues notamment à la présence de
ponts thermiques).
Alors que dans la conception bioclimatique, les parois sont, là, les principaux moyens pour gérer les flux
thermiques en captant, stockant, conservant et redistribuant l'énergie calorifique. Cela étant, il ne s'agit pas
d'additionner des matériaux, fussent-ils performants, mais de chercher à composer avec des parois
cohérentes entre elles pour obtenir un ensemble performant.

I. Propriétés et performances thermiques des parois opaques


Pour offrir une réponse globale, la conception de l'enveloppe devra d'une manière générale:
- choisir des complexes constructifs permettant une adaptation aux besoins des diverses saisons, en
intégrant de plus les notions de rythmicités des apports caloriques extérieurs ou intérieurs;
- porter une attention à toutes les faiblesses potentielles notamment les ponts thermiques et les
défauts d'étanchéité;
- estimer les phénomènes de condensation par une attention fine aux transferts de vapeur d'eau;
- porter une attention spécifique aux matériaux de finition intérieurs qui devront être choisis entre
autre selon leur effusivité;
- tenir compte dans le choix des matériaux de leurs performances réelles (souvent différentes de
celles annoncées en laboratoire) et de la durabilité de celles-ci ainsi que du système en lui-même.
Performances isolantes d'une paroi
Si on utilise désormais le U et non plus le R, celui-ci sert toujours pour quantifier la performance thermique
de chaque matériau pris séparément et pour calculer le U d'une paroi puisque:
𝑅 𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 = 𝑅 𝑚𝑎𝑡é𝑟𝑖𝑎𝑢 1 + 𝑅 𝑚𝑎𝑡é𝑟𝑖𝑎𝑢 2 + … + 𝑅 𝑠𝑢𝑝𝑒𝑟𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒𝑙𝑙𝑒
𝑈 𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 = 1/𝑅 𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖

Bien que cette valeur soit souvent la seule prise en compte, elle ne renseigne que sur la performance
théorique de 1m2 de paroi courante. Pour en connaître la performance réelle, il faut retrancher aux valeurs
U l'incidence des liaisons entre parois, des ponts thermiques, des défauts d'étanchéité à l'air, des éventuels
défauts de pose qui accentuent les points précédents, et des pertes de performances des matériaux.
- Les ponts thermiques
Ce sont les parties de l'enveloppe d'un bâtiment où sa résistance thermique est affaiblie de façon
sensible: tassement isolant ou mauvaise pose, jonctions parois façade/mur-sol, entourage
menuiseries extérieures, etc. Conséquences: importantes déperditions thermiques, surconsommation
chauffage (pour compenser rayonnement froid et mouvement d'air), et condensation pouvant
entrainer une pollution de l'air intérieur ainsi qu'une dégradation prématurée du bâti.
Typiquement ce qu'on retrouve dans le cas d'isolation conventionnelle par l'intérieur qui en plus,
appliquée sur ossature métallique, réduit à 50% les performances annoncées.
Ce n'est pourtant pas une fatalité! En neuf, cela dépend du système constructif choisi: peu de
ponts avec une isolation répartie, quasiment aucuns avec les ossatures bois ou avec les isolations
extérieures. En rénovation, l'isolation extérieure reste de loin le plus efficace mais, si on opte pour
autre chose, il y a des mesures pour limiter les ponts existants et pour ne pas en créer d'autres.
- Défauts d'étanchéité à l'air
Ils représentent 10% des déperditions thermiques d'un bâtiment récent et jusqu'à 20% d'un
bâtiment "basse énergie". Cela est dû au fait que l'étanchéité à l'air est proportionnelle à la mise en
oeuvre irréprochable. Le plus souvent ça se situe aux entourages de portes et fenêtres, des prises
de courant, interrupteurs et autres appliques électriques, des gaines techniques, des liaisons
structure/isolant et plancher/façade. Outre les pertes thermiques, ces défauts entrainent des
faiblesses acoustiques, des dommages dus à la condensation, ainsi qu'une pollution de l'air intérieur
(poussière, moisissures, polluants).
Pour prévenir plus possible ces défauts, il faut être surtout attentif aux étapes les plus sensibles que
sont la pose des isolants, la pose des menuiseries, et l'installation électrique.

14 sur 16
Inertie thermique
La résistance aux variations thermiques des conditions extérieures est une des stratégies majeures pour
avoir un bâtiment confortable: l'air n'ayant quasiment aucune capacité à stocker les calories, il faut
pouvoir confier cette fonction aux éléments du bâtiment qui présentent les propriétés nécessaires à l'inertie
thermique: la masse et la capacité thermique.
Ainsi, quelle que soit la saison, la forte inertie du bâtiment, en contribuant à atténuer les fluctuations de
températures dans les locaux, est une source de confort car elle permet d'éviter des surchauffes comme les
chutes trop brutales de températures.
Si la stratégie d'été est adaptée à tout type d'occupation, la stratégie d'hiver sera particulièrement
bénéfique dans les lieux occupés de façon permanente. Dans les lieux occupés de façon intermittente, la
logique voudrait que les calories produites pendant la période d'occupation soient utilisées instantanément
pour le confort des habitants et non stockées dans les parois. Dans ce cas, il vaut mieux en théorie que
l'inertie soit la plus faible possible mais cela doit être modulé selon le climat, le rythme d'occupation, et le
potentiel des apports solaires passifs hors occupation. Par exemple, pour une résidence à la montagne,
l'utilisation de parois en bois massif ou de parements intérieurs en bois est un bon compromis pour toute
saison grâce à la capacité thermique et l'effusivité de ce matériau.
Prenons une maison de 100m2 offrant 30m2 de sa surface sud au rayonnement et étant sur un climat
type Paris, l'énergie reçue par la seule façade sud sur les 7 mois de chauffe (octobre/avril) est 1,2x
supérieure aux besoins de chauffage d'une maison conforme à la réglementation thermique. Si elle est
bioclimatique, cela monte de 4x (basse énergie) à 9x (très basse énergie) les besoins de chauffages. Ce
rapide calcul justifie la démarche bioclimatique qui cherche à réaliser des bâtiments très isolés en même
qu'elle compose avec l'inertie des parois pour les ouvrir au soleil.
Cependant, pour que l'inertie puisse jouer pleinement son rôle, il importe que ces masses inertielles soient
correctement intégrées. Surtout il est nécessaire qu'elles tiennent compte des surfaces d'échanges entre la
source de chaleur/fraicheur et le volume intérieur:
- façade sud: captage solaire + déphasage;
- toiture et façade ouest: protection solaire + déphasage;
- sol intérieur recevant le rayonnement: stockage;
- paroi intérieur balayée par mouvement d'air: stockage;
- paroi intérieur pouvant servir d'émetteur: émission avec ou sans stockage;
- espace entre volume habité et la terre: stockage + déphasage
Quelles que soient les caractéristiques du climat, la toiture reste la paroi sujette à l'essentiel des
sollicitations thermiques, été comme hiver. La nature de l'isolant et la qualité de sa mise en oeuvre sont
alors essentielles. Il convient de choisir un isolant ayant une conductivité thermique faible, une capacité
thermique élevée, et une faible diffusivité. Ce qui donnera des épaisseurs minimales requises très
différentes avec au deux extrémités des types d'isolant: 17,3cm (hiver) et 18,5cm (été) pour les panneaux
en laine de bois; alors qu'un polyester nécessite 19,5cm (hiver) et 110cm (été)!
Autre point sur la toiture: la ventilation des sous-toitures. Dans la plupart des cas, le tirage thermique de la
lame d'air de sous-toiture est insuffisant pour éviter les surchauffes de la sous-couverture (des pics à plus
de 80°C en journée d'été). Pourtant, augmenter la hauteur du passage d'air de 27 à 60mm et tripler les
entrées et sorties d'air réglementaires est une solution simple, quasi gratuite et très efficace pour limiter
grandement ces surchauffes.
Durabilité des performances des parois
S'assurer que les matériaux garderont leurs performances longtemps après leur mise en oeuvre est
souvent une question de bon sens. Mais, sauf à être un maître d'ouvrage insistant sur le sujet ou avoir la
chance de travailler avec des professionnels sensibilisés, ce point est trop rarement abordé dans les projets
de construction ou de rénovation.
Sous nos climats, la différence de température en hiver entre l'intérieur et l'extérieur est importante et se
trouve de fait entre les faces intérieures et extérieures des diverses parois de l'enveloppe. L'air intérieur,
plus chaud, se trouve alors en surpression par rapport à l'air extérieur et cherche à traverser les matériaux
constituant la paroi. Au fur et à mesure qu'il s'approche de l'extérieur, cet air se refroidit et perd ainsi
progressivement de sa capacité à contenir de l'eau sous forme de vapeur. Et une fois arrivée au point de
saturation en vapeur d'eau (dit "point de rosée"), la vapeur se condense et imbibe d'eau les matériaux.
Cette présence d'humidité peut être très néfaste pour l'efficacité et la durabilité des isolants, pour la
pérennité du bâti, ainsi que pour le confort et la santé des habitants. Le fonctionnement hygrométrique
des parois doit donc être pris en compte et géré minutieusement afin d'éviter ces nuisances.

15 sur 16
Le système de renouvellement d'air a en particulier pour vocation de limiter grandement les risques de
condensations sur et dans les parois. Mais, outre un système de ventilation adapté, deux stratégies
différentes gèrent le phénomène plus ou moins efficacement:
- La stratégie conventionnelle
On essaye d'empêcher la vapeur d'eau de pénétrer dans la paroi par la pose d'un pare-vapeur,
film étanche à l'air et à la vapeur d'eau. Mais l'étanchéité de cette barrière, posée côté chaud de la
paroi, n'est que théorique: l'air étant un fluide, la surpression le fait confluer vers tous les défauts et
toutes les discontinuités du pare-vapeur. Le résultat est donc une concentration de la vapeur d'eau
et de la condensation dans les ponts thermiques, raccords entre parois, ossatures, passages câbles
électriques, etc. L'incidence due à un pare-vapeur ayant une fente de 1mm de largeur sur 1m de
longueur pour 1m2 de laine minérale, divise le pouvoir isolant par 5 à peu près (4,8)!
- La stratégie bioclimatique
On considère l'ensemble de la paroi comme un organe du bâtiment régulant non seulement les
échanges thermiques mais aussi les échanges hygrométriques. Ces parois, dont les parements sont
conçus de façon à ce que la vapeur d'eau puisse sortir plus facilement qu'elle n'y rentre, sont
constituées de matériaux poreux peu sensibles aux migrations de vapeur d'eau, et, pour certains,
peu sensibles à l'éventuelle présence d'eau de condensation.
C'est le principe de la perspiration, calqué sur le fonctionnement de la peau humaine qui laisse
l'humidité sortir et s'évaporer sans qu'il y ait transpiration. Cela suppose une excellente étanchéité à
l'air, assurée au besoin par un film pare-vent intérieur (dit "frein-vapeur") régulant la pénétration
de la vapeur d'eau. Certaines parois perspirantes (comme l'argile ou la terre crue) ont même la
capacité de stocker une quantité d'humidité qui peut, quand l'air se dessèche ou la température
s'élève se reévaporer vers l'intérieur et ainsi apporter un certain rafraîchissement qui est un grand
confort en été.
Toutefois, selon le type de paroi et selon que l'on se trouve dans le cas d'un bâtiment neuf ou d'un
projet en réhabilitation, ces problématiques se posent de manière sensiblement différente. Les
détails, explications et exemples de ces stratégies sont exposés dans le livre Isolation écologique,
conception, matériaux, mise en oeuvre.

Ce chapitre continue en traitant des différents types de parois pour l'enveloppe; des parois et parements
intérieurs; du choix d'orientation, du dimensionnement, et des optimisations des parois vitrées.
Le chapitre suivant traite des techniques bioclimatiques spécifiques: murs capteurs accumulateurs, serres
bioclimatiques, capteurs à air, et puits canadiens.
Ensuite, on aborde la ventilation: principes de base, principaux systèmes, éléments pour une ventilation
bioclimatique.
Et le dernier chapitre avance les stratégies pour des bâtiments économes et confortables: choix
architecturaux et mesures concernant l'adaptation au lieu, les techniques de construction et le choix des
matériaux, la qualité et le soin de la mise en oeuvre, les installations techniques, et le comportement et les
choix des habitants.

16 sur 16

Vous aimerez peut-être aussi