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Correction examen septembre 2005

Barème : questions 10 et 14 sur 2 points, les autres questions sur 1 point. Le total est sur
17. Les copies doivent être corrigées pour le jeudi 8 septembre 2005. La délibération est fixée
le 14 septembre à 9h. La consultation des copies aura lieu le même jour à 14h.

Question de cours : estimation de la tension superficielle de l’eau

A. Soit L la chaleur latente de vaporisation de l’eau (L = 4 104 J.mol-1). Exprimer, en


fonction de L et du nombre d’Avogadro N, l’énergie ε qu’il faut fournir à une
molécule d’eau pour provoquer son évaporation.

L
ε=
N

B. L’évaporation de cette molécule, qu’on assimile à une sphère dure de rayon a


(a ≈ 1 nm), se traduit par une augmentation de l’aire totale de l’interface air/liquide.
€ Cette molécule, après évaporation, possède en effet une surface de contact avec l’air
δΣ de l’ordre de a2, venant en supplément de l’aire de contact de la masse liquide en
évaporation, qui n’a pas varié. Donner l’expression du travail W nécessaire à
l’augmentation δΣ de l’aire de contact en fonction du coefficient de tension
superficielle σ et de δΣ.

W = σ (δΣ)

C. On peut, en ordre de grandeur, écrire l’égalité de ε et W. Donner l’expression de σ en


fonction de ε et de a.

ε L
ε ≈ W = σ (δΣ) ≈ σa 2 → σ ≈ 2
=
a Na 2

D. Application numérique : estimer l’ordre de grandeur du coefficient de tension


superficielle σ.

4 10 4
σ≈ = 67 mN.m−1
−9 2
6 10 × (10
23
)
N.B. : La constante d’Avogadro a été donnée au tableau.
€ Problème : comment la sève monte-t-elle dans les arbres ?

Le but de ce problème est de comprendre la montée de la sève dans les arbres, en envisageant
successivement plusieurs explications : pression hydrostatique, capillarité, osmose, viscosité et
transpiration.
Chacune des sous parties est indépendantes des autres, et on gardera à l’esprit que l’ordre de
grandeur du résultat numérique est très important ici car il permettra de conclure quant à l’origine
du phénomène.
Dans tout le problème, on prendra R = 8.3 J.K-1.mol-1, T = 20°C, P0 = 1.0*105 Pa et on considérera
que la sève est une solution diluée possédant les mêmes propriétés que l’eau (masse volumique
ρ = 1.0*103 kg.m-3, coefficient de tension superficielle σ = 70*10-3 N.m-1, viscosité
η = 1.0*10-3 kg.m-1.s-1). La masse molaire du NaCl est 58 g.mol-1. On rappelle que l’accélération
de la pesanteur g est égale à 9,81 m.s-2.

Pression hydrostatique

1. En supposant que l’eau est incompressible, déterminer


quelle est la pression P(h) au sommet d’une colonne
d’eau de hauteur h et dont la base est à la pression
atmosphérique P0 ?

P ( h ) = P0 − ρgh

2. Application numérique : Quelle hauteur maximale h1


peut atteindre l’eau soumise à une aspiration sous vide ?

Sous vide : P ( h ) = 0 , donc
P 110 5
ρgh1 = P0 → h1 = 0 = = 10.2 m
ρg 1000 × 9.81

Capillarité

3. Rappeler la €
loi de Jurin donnant l’élévation h d’un liquide (de masse volumique ρ et
de coefficient de tension superficielle σ) dans un tube vertical de rayon r. On
supposera que le liquide est parfaitement mouillant.


h=
ρgr

4. Application numérique : De quelle hauteur h2 la sève brute peut-elle s’élever par


capillarité dans les canaux de xylène qui la transportent ? Le rayon des canaux du
€ xylène est : r≈25 µm.

2σ 2 × 70 10−3
h2 = = = 0.57 m
ρgr 1000 × 9.81× 25 10−6

Osmose

5. Rappeler l’expression de la pression osmotique existant entre deux compartiments A
et B à la température T séparés par une membrane semi-perméable (c’est-à-dire
perméable au solvant, mais pas aux solutés). Le compartiment A ne contient que du
solvant. Des sels sont dissouts dans le compartiment B de sorte que la concentration
globale est c. Ces sels donnent lieu à x espèces ioniques après dissociation.
N.B. : La donnée suivante a été écrite au tableau : M glu cos e = 335 g.mol−1 (ne s’agit-il pas
plutôt du saccharose d’ailleurs ?). Il a aussi été précisé que c est une concentration molaire.

π = PA − PB = xcRT

6. Application numérique 1 : Sachant que la concentration de la sève en sels minéraux
(principalement NaCl sous forme d’ions Na+ et Cl-) n’excède pas [NaCl]max=1 g.L-1, de
€ quelle hauteur h3 la sève peut-elle s’élever sous l’effet de la pression osmotique ?
Masse molaire de NaCl : 58 g mol-1. On considérera que la paroi des racines est semi-
perméable, et que la concentration en sels minéraux de l’eau qui entoure les racines est
négligeable devant la concentration en NaCl de la sève.

2[ NaCl] RT 2 ×1× 8.3 × 293


π = 2cRT = ρgh3 → h3 = = ×1000 = 8.6 m
M NaCl ρg 58 ×1000 × 9.81

7. Application numérique 2 : Certains arbres, comme l’érable, peuvent avoir en plus une
sève riche en sucre (formule brute : C12(H2O)11), à un niveau de concentration qui peut
€ atteindre 10 grammes par litre. De quelle hauteur supplémentaire h3’ cette sève riche
en sucre peut-elle s’élever par effet d’osmose ?

cRT 10 × 8.3 × 293


π = cRT = ρgh3 '→ h3 '= = ×1000 = 7.4 m
M glu cos e ρg 335 ×1000 × 9.81

Viscosité
€ 8. On rappelle que la perte de charge ΔP dans une conduite cylindrique de rayon r et de
longueur L est donnée par la loi de Poiseuille : ΔP/L = (8ηQ)/( πr4), où Q est le débit
volumique, et η est la viscosité dynamique du liquide s’écoulant dans la conduite. On
désigne par v la vitesse d’ascension de la sève dans la conduite. Exprimer le débit Q
en fonction de v et de r.

Q = πr 2v

9. Application numérique : Sachant que la vitesse d’ascension de la sève est de l’ordre de


0.5 m.h-1, évaluer la perte de charge par mètre dans les arbres.

0.5
8 ×10−3 ×
ΔP 8ηQ 8ηv 3600 = 1778 Pa.m−1
= 4 = 2 = 2
L πr r (25 ×10 ) −6

10. Comparer les différents ordres de grandeur obtenus pour les trois phénomènes
précédemment étudiés : pression hydrostatique, capillarité, osmose. Commenter
€ l’influence de la viscosité. Conclure : peut-on expliquer la montée de la sève dans des
arbres de grande hauteur (>50 m, par ex. : pin Douglas, Séquoïa) à ce stade ?

Les phénomènes de capillarité apparaissent presque négligeables par rapport aux


contributions de l’osmose et de la pression hydrostatique, assez similaires l’une et l’autre en
ordre de grandeur. La montée de la sève dans les grands arbres reste inexpliquée par ces
processus puisque la hauteur maximale atteinte est de 10 m.
Les pertes de charge sont importantes en raison de la dépendance en r-2 avec r très petit. La
vitesse est aussi faible, mais ne contribue que linéairement aux pertes de charge. La viscosité
limite la montée de la sève dans le cadre des trois processus précédents.

Transpiration

Un autre phénomène n’a pas encore été évoqué : l’évaporation de l’eau au niveau des feuilles
(évapotranspiration). Celle-ci se traduit par un taux de perte des molécules de H2O au sommet
de la colonne d’eau depuis les racines jusqu’aux feuilles. L’eau ainsi pompée par le haut
génère une force ascendante sur le fluide par effet de traction. Toute rupture du fluide due à
cet effet de traction (« claquage par cavitation », qui peut se produire après une période de
gel) peut avoir des conséquences désastreuses sur l’alimentation en sève des feuilles et
provoquer la mort de l’arbre par « embolie ». Nous allons chercher à évaluer quelle tension
(force de traction par unité de surface) l’eau liquide peut supporter sans se rompre.

11. Considérons un cylindre de section S, parfaitement étanche et fermé par un piston sur
lequel on tire avec une force F. Ce cylindre contient un liquide maintenu à température
constante. A partir d’une certaine force que l’on cherche à estimer, le liquide se rompt
(voir figure). On admet que la colonne de liquide se rompt en deux, tout en conservant
son volume, et que la surface de séparation créée est plane et bien nette. Exprimer à
l’aide de la tension superficielle σ du liquide le travail W qu’il a fallu fournir pour
créer cette séparation.

W = 2σS (deux surfaces à prendre en compte)

12. W est l’opposé du travail des forces attractives à très courte portée δ (de l’ordre de
10 nm) appelées forces de Van Der Waals, qui s’exercent entre les molécules de part

et d’autre de la surface de séparation. En supposant que W soit fourni par une force
constante Fmax sur la distance adéquate δ, calculer la tension Fmax /S pour l’eau.

Fmax W 2σS 2σ
W = −FWdW δ = Fmaxδ → = = =
S Sδ Sδ δ

13. En déduire la pression de l’eau, soumise à l’effet de traction exercé par le piston, juste
avant la rupture? Expliquez pourquoi cette pression est négative…

P=
(−Fmax ) =− 2σ =−
140 10−3
= −140 10 5 Pa soit -140 bars… P représente la force
S δ 10 10−9
exercée par les particules de liquide sur la paroi (orientée par convention de l’intérieur vers
l’extérieur) par unité de surface  si cette force s’exerce vers l’intérieur, la pression sera

négative par convention. C’est le cas ici en raison des forces de tensions superficielles qui
s’opposent à l’étirement de la colonne de liquide.

14. Evaluer la hauteur maximale théorique h4 que la sève peut atteindre avant rupture de la
colonne. En réalité, la sève qui évolue sous une pression négative se trouve dans un
état métastable (i.e. la rupture de la colonne de sève peut se produire à des pressions
inférieures en valeur absolue) et h4 est une valeur maximale. La valeur typique de la
tension supportée par la sève est plutôt de l’ordre de quelques bars. En supposant une
tension de 10 bars, quelle hauteur h5 la sève peut-elle atteindre ?

P 140 10 5
P = ρgh4 → h4 = = = 1400 m
ρg 1000 ×10
P 10 10 5
Pmétastable = ρgh5 → h5 = métastable = = 100 m
ρg 1000 ×10

15. Donner l’explication générale de la montée de la sève dans les arbres, en vous
appuyant sur l’ensemble des résultats obtenus, et en citant les différents mécanismes
€ impliqués et leur ordre d’importance.

La transpiration est le mécanisme prépondérant pour expliquer la montée de sève dans les
arbres, dépassant les 3 autres processus (commentés plus hauts) d’un ordre de grandeur dans
les calculs. L’action combinée de ces phénomènes physiques permet de vaincre les forces de
gravité et les pertes de charges engendrées par l’étroitesse des canaux.

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