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BILLET ECONOMIQUE N°32
MARS 2017
1 Mars 2017
L’Union Européenne Les pays émergents
Les décisions récentes des gouverneurs de la BCE sont prises pour le La majorité des pays émergents ont tiré profit des politiques moné-
maintien du QE durant l’année 2017 , c’est-à-dire la continuation du taires non conventionnelles et des taux d’intérêt faibles des pays
programme d’achat des titres avec de la monnaie nouvellement créé avancés pour financer leurs économies et attirer les investisseurs
et le maintien du taux directeur proche de zéro. La performance des étrangers, mais récemment que les taux remontent, la plupart d’entre
indicateurs macroéconomiques était insuffisante pour s’engager eux craignent des sorties de capitaux importants . Cette hausse rend
réellement dans un resserrement monétaire à l’instar du FED. Selon les placements plus intéressants aux Etats-Unis. En général, les
les statistiques de « GPM forecasts 7-12-2016 », le taux de crois- pays émergents sont contraints de relever leurs taux pour maintenir
sance du PIB et le taux d’inflation étaient respectivement de 1.6% et une certaine stabilité de leur monnaie et limiter le risque d’accentuer
de 0.2% en 2016 et la tendance future va se maintenir jusqu’à la fin ces sorties de capitaux. Toutefois, comme la plupart d’entre eux est
de l’année 2018. L’output gap est négatif montrant que l’économie dans une situation de ralentissement économique et de récession
européenne est en périodes de récession. Dans ce contexte, la BCE comme le montre l’output gap, il faudrait plutôt faire l’inverse et faire
n’optera pas pour un « tapering » jugé à risque car une hausse du baisser les taux pour favoriser la reprise de la croissance.
taux directeur n’augmentera pas la demande intérieure. La consoli- Les pays Arabe du Golfe (l’Arabie saoudite, le Koweït et Bahreïn),
dation de la croissance aux États-Unis, le risque de déflation en Eu- dont la monnaie est totalement alignée sur le dollar américain ont
rope et la persistance de la récession dans certains pays européens relevé leur taux pour éviter un affaiblissement de leur monnaie dans
contribuent à la dépréciation de l’euro face au dollar américain. une situation où le baril de pétrole est à son bas prix, ce qui les pri-
veraient à leur tour d’un outil monétaire pour relancer la croissance.
Tableau 2 : Projection des indicateurs de l’UE. Tableau 4 : Projection des indicateurs de l’Amérique
Latine.
Indicateurs 2016 2017 2018 2019 : T1
Indicateurs 2016 2017 2018 2019 : T1
Taux de croissance du PIB % 1.6 1.8 1.6 1.4
Taux de croissance du PIB % -0.5 1.1 2.3 2.7
Taux d’inflation IPC % 0.2 1.5 1.6 1.8
Taux d’inflation IPC % 6.2 4.5 3.6 3.3
Taux d’inflation sous-jacente % 0.9 1.3 1.7 1.8
Taux d’inflation sous-jacente % 5.2 4.2 3.5 3.2
Taux d’intérêt % 0.0 0.0 0.1 0.5
Taux d’intérêt % 9.0 8.2 6.4 6.1
Output gap % -1.5 -0.7 -0.2 -0.0
Output gap % -4.7 -4.9 -4.1 -3.4
Source : GPM forecasts 7-12-2016
Le Japon
L’inflation japonaise reste faible et même négative. En 2016, le Japon En outre, l’appréciation du dollar qui provient à la fois de la hausse
a connu une déflation avec un taux de -0.2% et le taux de croissance des taux américains et de la fuite des capitaux des pays émergents
reste faible proche de 0.7% comme le montre le tableau. La hausse vers le marché américain risquent de réduire la croissance mondiale,
de l’inflation et la reprise économique au cours des années 2017 et d’accroitre les déficits budgétaires (hausse du prix des hydrocar-
2018 reste peu probable. L’économie européenne est en périodes bures en dollars) et d’accroitre le coût de la dette en dollars des éco-
de récession puisque l’output gap est négatif. Dans ce contexte, la nomies fortement dépendantes du financement étranger.
BOJ n’a aucun argument pour resserrer sa politique monétaire et va Quant à la Chine, elle a intériorisé la hausse des taux du FED en
continuer à adopter le QE. changeant la fixation du taux de change de leur monnaie (yuan) du
dollar à un panel de devises. Cet assouplissement donnerait en prin-
cipe plus de liberté pour agir sur la demande intérieure et même pour
Tableau 3 : Projection des indicateurs du Japon. faire baisser les taux d’intérêt dans l’objectif de hausser la demande
de crédit des entreprises et des ménages. Les perspectives de crois-
Indicateurs 2016 2017 2018 2019 : T1
sance de la Chine reste proche de 6% et l’inflation de l’ordre de 2.2%.
Indicateurs 2016 2017 2018 2019 : T1 L’output gap est positif, ce qui montre que la phase d’expansion de
l’économie chinoise est persistante.
Taux de croissance du PIB % 0.7 1.0 0.9 0.8
2 Mars 2017
La Tunisie
La BCT est confrontée à un dilemme. Soit relever son taux pour
Tableau 6 : Projection des indicateurs de la Tunisie.
maintenir la stabilité du dinar, ce qui augmente le coût du crédit des
ménages et des entreprises soit le diminuer pour favoriser la reprise Taux de croissance du PIB
éventuelle de l’investissement et la croissance économique. (aux prix constants de l’année 1.0 1.4 2.2 2.8
2010) %
Néanmoins, l’appréciation du dollar suite à la hausse récente du taux
Taux de croissance du PIB hors
d’intérêt directeur américain aura principalement deux effets: agriculture (aux prix constants de 0.3 1.8 2.2 2 ;6
l’année 2010) %
• Un accroissement de la dette en dollars: En effet, on estime que
Taux d’inflation 4.9 3.8 5.0 4.2
pour chaque appréciation du dollar face au dinar de dix millimes cor-
respond à un coût additionnel du service de la dette de 20 millions Taux d’inflation sous-jacente (hors
de dinars du fait que le tiers de l’encours est libellé en dollars amé- produits alimentaires frais et 5.3 5.1 5.0 4.6
administrés)
ricains.
Taux d’intérêt % 9.0 8.2 6.4 6.1
• Un accroissement des subventions et du déficit budgétaire: Les
experts prévoient une hausse du prix des matières premières et des Output gap % -4.7 -4.9 -4.1 -3.4
hydrocarbures en 2017. Le prix moyen du baril de pétrole dépas-
sera celui adopté par la loi de finance 50 dollars. On estime que pour
Source : BCT (novembre 2016 page 10 et 11)
chaque hausse d’un dollar du prix du baril, le budget consacrera 48
millions de dinars, ce qui est l’équivalent de 8% de la facture des
subventions dédiées aux hydrocarbures
Il est à signaler que globalement notre économie sera moins impac-
tée que les pays dont la monnaie est rattachée directement au dollar.
Les prévisions de la BCT postulent que croissance économique
suivra une trajectoire ascendante. La progression du PIB, aux prix
constants de 2010 sera de 2,2% en 2017 et 2,8% en 2018. La crois-
sance hors agriculture s’établirait autour de 2,2% en 2017 et 2,6% en
2018. Cette faiblesse attendue s’explique par l’instabilité politique et
la baisse de la récolte des olives en 2017. Les prévisions de l’inflation
poursuivront une tendance haussière pour atteindre une moyenne
annuelle de 5,0% en 2017 et de 4,2% en 2018. Cette tendance est
expliquée par la persistance des pressions sur le taux de change et la
hausse des prix mondiaux des matières premières. L’inflation sous-
jacente reste élevée.
Conclusion
Les Etats-Unis ont renoué avec la croissance et l’inflation depuis 2015, quand à la zone euro a demeuré dans
le bas du cycle. Ce constat prouve que les cycles économiques en Europe et aux Etats-Unis ne sont pas syn-
chronisés (retard de 2 à 4 années). Cette solidité relative de l’économie américaine donne des arguments au
FED pour remonter ses taux pour les années à venir entrainant une attractivité du dollar et son appréciation.
L’Europe devient plus compétitive c’est-à-dire la production et les exportations augmentent. A l’inverse, les
importations du pétrole seront plus chères car les règlements se font en dollar. Les pays émergents seront
en difficulté car lorsque les taux américains étaient proches de zéro, ces pays ont attiré des capitaux du fait
que les obligations américaines étaient moins rentables. L’évolution future des taux de la FED entrainera un
reflux des investisseurs vers les Etats-Unis. En outre, l’appréciation du dollar risque d’augmenter les déficits
budgétaires suite à la hausse du prix des matières premières et des hydrocarbures, de grever davantage le
déficit de la balance des paiements et d’accroitre le coût de la dette en dollars.
3 Mars 2017