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Norbert Zongo

journaliste de Haute Volta / Burkina Faso

Norbert Zongo est un journaliste burkinabè né en 1949 à Koudougou et mort assassiné le 13 décembre 1998 à Sapouy. Fondateur et
directeur de la publication de l’hebdomadaire L'Indépendant, il est également auteur de deux romans : Le Parachutage et Rougbêinga[1].

Norbert Zongo

Biographie
Naissance 31 juillet 1949
Koudougou

Décès 13 décembre 1998 (à 49 ans)


Sapouy

Pseudonyme Henri Segbo

Nationalité Burkinabée

Activités Journaliste, écrivain

plaque commémorative
Biographie

Né à Koudougou, il obtient son baccalauréat en 1975. Il est enseignant depuis 1971[2]. Il enseigne à Pô et à Ouagadougou. Comme
journaliste, il commence sa carrière en 1986 au sein de l'organe officiel Sidwaya puis au Carrefour africain. Il fonde en 1993
L'Indépendant[3] ; il dénonce alors la corruption qui gangrène l'État et s'oppose au régime de Blaise Compaoré[4].

Il est une des figures du combat pour la démocratie et de la liberté de la presse en Afrique. Il a animé de nombreuses conférences
partout au Burkina sur les questions de démocratie et de défense des droits humains.

Il aime à dire :

« Le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens bien[5],[6]. »

Assassinat

Après avoir commencé une enquête sur la mort mystérieuse de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, le frère du
président burkinabè Blaise Compaoré, Norbert Zongo est assassiné le 13 décembre 1998, avec les trois personnes qui l'accompagnaient
(Blaise Ilboudo, Ablassé Nikiéma et Ernest Zongo), soulevant une très vive émotion à Ouagadougou, à travers tout le pays mais aussi
dans les pays voisins[7],[8]. En réaction, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans tout le pays, les plus violentes ont été
enregistrées à Koudougou (à l'ouest de Ouagadougou), où était né Norbert Zongo. Les partisans du parti au pouvoir, organisés en milice
et armés de gourdins, se sont livrés à une chasse aux manifestants dans plusieurs villes du pays[9].

L'enquête officielle

Cédant au mécontentement populaire, le président Blaise Compaoré laisse une enquête judiciaire s'ouvrir. En sept ans d'instruction, un
seul suspect, Marcel Kafando, un adjudant de la sécurité présidentielle, a été inculpé, mais le témoin l'accusant s'est rétracté au cours
d'une confrontation judiciaire.

En août 2000, ce fut au tour de cinq membres de la garde présidentielle d’être inculpés du meurtre de Ouedraogo. Marcel Kafando,
Edmond Koama et Ousseini Yaro, également suspectés dans l'affaire Zongo, furent reconnus coupables et condamnés à des peines de
prison. Edmond Koama est décédé le 4 janvier 2001.

Le procès Zongo s’est conclu par un non-lieu le 19 juillet 2006 qui a provoqué un tollé international[10],[11].

En décembre 2012, la famille du journaliste, les avocats de la partie civile et le Mouvement burkinabè des Droits de l'Homme et des
Peuples (MBDHP) saisissent la Cour africaine des Droits de l'Homme et des Peuples à Arusha. La cour se déclare compétente le
21 juin 2013 pour le dossier. Le 28 novembre 2013, les juges passent au jugement de l'affaire, qui est délibérée le 28 mars 2014. Dans
son arrêt, la cour a condamné l’État burkinabè pour avoir « violé les droits des requérants à ce que leur cause soit entendue par la justice
nationale ». Cette décision sonne comme une réouverture du dossier Norbert Zongo[12].

La justice burkinabè rouvre le dossier après la déchéance de Blaise Compaoré en octobre 2014. Elle procède à « trois autres inculpations
et des dizaines d’auditions » selon l’avocat de la famille, Prosper Farama. François Compaoré, frère cadet de l’ancien président, est
considéré comme l’un des principaux suspects[13]. Ce dernier est interpellé le 29 octobre 2017 par la police française à son retour
d'Abidjan à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle[14], mais son extradition semble peu vraisemblable avant 2020[13]. Le 5 mars 2020, le
premier ministre français, Édouard Philippe, signe le décret d'extradition de François Compaoré[15].

Les enquêtes indépendantes

Des journalistes étrangers et une commission d'enquête internationale ont mené vers d'autres membres de la garde présidentielle
burkinabè[16].

La commission indépendante a conclu que la mort de Norbert Zongo était due à des motifs purement politiques, en raison de ses
investigations au sujet de la mort après torture de David Ouedraogo, chauffeur de François Compaoré. Ce dernier fut inculpé du meurtre
de David Ouedraogo en janvier 1999. Le tribunal militaire abandonna ensuite les charges retenues contre lui.
Reporters sans frontières (RSF) a affirmé[17] le 20 octobre 2006 que le rapport d'enquête de la Commission d'enquête indépendante (CEI)
sur l'assassinat de Norbert Zongo avait été expurgé d'éléments mettant en cause François Compaoré, le frère du président Blaise
Compaoré, et un homme d'affaires proche du pouvoir, Oumarou Kanazoé. Plusieurs fois cités dans cette affaire, Compaoré et Kanazoé
ont toujours nié toute implication.

Le journal L'Événement a repris l'enquête de RSF et François Compaoré a porté plainte pour diffamation contre le journal. Le
8 janvier 2007, l'affaire est passée devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou, mais faute de l'original du journal, l'audience a
été renvoyée au 22 janvier[18].

Influence culturelle de la mort de Zongo

Le chanteur reggae ivoirien Alpha Blondy a écrit une chanson Journalistes en danger qui dénonce l'assassinat de Norbert Zongo et le
pouvoir burkinabè qui essaie d'étouffer cette affaire. Norbert Zongo est également cité dans la chanson Les martyres d'un autre
reggaeman ivoirien, Tiken Jah Fakoly (album Cours d'histoire), dénonçant ainsi les nombreux assassinats politiques ayant eu lieu sur le
continent africain.

Un collectif de rappeurs burkinabè s'est créé, « Artistes Unis pour Norbert Zongo » (Studio Abazon), afin de dénoncer le meurtre du
journaliste ainsi que la culpabilité de l'État burkinabè dans cette affaire. Le rappeur Didier Awadi, membre de ce collectif a également
mis un discours de Norbert Zongo en musique sur son album Présidents d'Afrique sous le titre Le silence des gens biens.

Lieu commémoratif de l'assassinat de Zongo à Sapouy.

En 2012, un lieu commémoratif a été érigé à l'endroit où Zongo fut assassiné, au bord de l'autoroute N6 (Ouagadougou - Léo) proche de
la ville de Sapouy.

Références

1. « « Rougbêinga » de Norbert Zongo : Un bréviaire de la liberté - leFaso.net, l'actualité au Burkina Faso » (http://lefaso.net/spip.php?ar
ticle26868) , sur lefaso.net (consulté le 16 mars 2018)

2. Biographie de Norbert Zongo (http://thomassankara.net/spip.php?article52)

3. Pascal Bianchini, « Entre instrumentalisation et autonomisation : Journalistes et militants dans les luttes scolaires et universitaires
au Sénégal et au Burkina Faso (années soixante - quatre-vingt-dix) », Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs, no 1, 2012
(lire en ligne (http://cres.revues.org/1696) )

4. Transparency International, Robin Hodess, Rapport mondial sur la corruption 2003, Karthala Éditions, 2003, 423 p.
(ISBN 2-84586-405-1, lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=ZbkmnJFT5f4C&pg=PA297&q=%22l%27ind%C3%A9pendant%2
2) ), p. 297

5. « Burkina-Faso : Autour de l'affaire Zongo », Politique africaine, no 74, 1999, p. 163-183


(DOI 10.3917/polaf.074.0163 (https://dx.doi.org/10.3917/polaf.074.0163) , lire en ligne (http://www.cairn.info/revue-politique-africain
e-1999-2-page-163.htm) )

6. Abel Kouvouama, Abdoulaye Gueye, Anne Piriou, Anne-Catherine Wagner, Figures croisées d'intellectuels. Trajectoires, modes d'action,
productions, Karthala Éditions, mars 2007, 474 p. (ISBN 978-2-84586-866-3, lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=G3W4F7a0
uQQC&pg=PA146&dq=%22le+pire+n%27est+pas+la+m%C3%A9chancet%C3%A9+des+gens+mauvais%2C+mais+le+silence+des+gens
+bien%22) ), p. 146

7. « Burkina Faso : les enjeux d'une crise politique » (http://www.fmsh.fr/fr/c/5213) , Fondation Maison des sciences de l'homme,
mai 2014 (consulté le 6 novembre 2014)

8. « Burkina » (http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Burkina/110582) , Encyclopédie Larousse (consulté le 6 novembre 2014)

9. Alpha Barry, « La deuxième mort de Norbert Zongo » (http://www1.rfi.fr/actufr/articles/012/article_5967.asp) , Radio France
internationale, 15 décembre 2000 (consulté le 6 mai 2019)

10. Alpha Barry, « Assassinat de Norbert Zongo : dix ans après, ni vérité, ni justice » (http://www1.rfi.fr/actufr/articles/108/article_7599
9.asp) , Radio France internationale, 12 décembre 2008 (consulté le 6 novembre 2014)

11. « Dossier Norbert Zongo : le non-lieu du juge Wenceslas IIboudo est nul et (...) - leFaso.net, l'actualité au Burkina Faso » (http://lefas
o.net/spip.php?article15456) , sur lefaso.net (consulté le 16 mars 2018)

12. Salfo, « Ajourd8 au Faso - Arusha et l’affaire Norbert Zongo » (http://aujourd8.net/index.php/sante/13-cogito-d-aujourd-hui/64-arusha-


et-l-affaire-norbert-zongo) , sur aujourd8.net (consulté le 29 septembre 2015)

13. Sophie Douce, « Vingt ans après, l’assassinat impuni de Norbert Zongo hante toujours le Burkina » (https://www.lemonde.fr/planete/
article/2018/12/12/l-afrique-doit-prendre-sa-part-de-responsabilite-dans-la-lutte-contre-le-changement-climatique_5396144_3244.ht
ml) , sur lemonde.fr, 15 décembre 2018 (consulté le 15 décembre 2018)

14. « Burkina : François Compaoré interpellé à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle – JeuneAfrique.com », JeuneAfrique.com,
29 octobre 2017 (lire en ligne (http://www.jeuneafrique.com/487905/societe/burkina-francois-compaore-interpelle-a-laeroport-de-paris-
charles-de-gaulle/) , consulté le 29 octobre 2017)

15. « Burkina Faso : la France autorise l'extradition de François Compaoré » (https://www.france24.com/fr/20200305-burkina-faso-la-fran


ce-autorise-l-extradition-de-fran%C3%A7ois-compaor%C3%A9) , sur france24.com, 5 mars 2020 (consulté le 6 mars 2020)

16. Affaire Norbert Zongo : un nouveau témoignage accablant pour la garde présidentielle, sur RSF (http://www.rsf.org/article.php3?id_arti
cle=8782)

17. Reporters sans frontières apporte de nouveaux éléments à la justice burkinabé, 20 octobre 2006 (http://www.rsf.org/article.php3?id_art
icle=19378)

18. Source audience procès en diffamation de F. Compaoré contre l'Evénement (http://www.lefaso.net/article.php3?id_article=18449)

Voir aussi

Bibliographie
Non-lieu dans l'enquête sur la mort du journaliste Zongo, Le Monde, 21 juillet 2006

Affaire Zongo: RSF affirme que le rapport d'enquête a été expurgé, AFP, 20 octobre 2006

Habibou Fofana, Mort tragique d'un grand journaliste : l'affaire Norbert Zongo comme analyseur d'une révolte populaire au Burkina Faso,
École des hautes études en sciences sociales, Paris, 2016, 2 vol., 788 p. (thèse de Sociologie)

Loro Mazono D., Hommage au journaliste Norbert Zongo : un homme face à son destin ou La parabole du lion, L'Harmattan, Paris ;
Budapest ; Torino, 2003, 63 p. (ISBN 2-7475-5022-2)

Documentaire radiophonique
Julie Chambon & Jean-Louis Rioual, Petite histoire d'impunité, diff. février 2001, 2 × 57 s 20, Prix radio 2002 de la SCAM (Société civile
des auteurs multimédia)

Filmographie
Borry Bana, le destin fatal de Norbert Zongo, film documentaire de Luc Damiba et Abdoulaye Menès Diallo, Zarafa films, Pantin, 2008
(cop. 2003), 57 min (DVD)

Liens externes
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International Standard Name Identifier (http://isni.org/isni/0000000026364751)  ·
Bibliothèque nationale de France (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb121608482) (données (http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb121608482) )
 · Système universitaire de documentation (http://www.idref.fr/077353595)  ·
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Dernière modification il y a 3 mois par HenriDavel

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