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University of Toronto

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HISTOIRE UNIVERSELLE

DR

L'ÉGLISE CATHOLIQUE
iiisToiiii: inivi:iîsi:lle
OB

L'ÉGLISE CATHOLIQUE
PAR

L'ABBÉ ROHBBACllEH
DOCTIU* RN THÉOLOGIK DE l'UNIVERSITB CATHOLIQUE DE LOUVAIN, BTC., BTC.

NOUVELLE EDITION
RBVUE, ANMOTtï, AUGMENTÉE d'UNB VIE DE ROHRBACHER, DE CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES,
DE DISSERTATIONS ET CONTINUÉE JUS(J.U'EN 1900

Par Monseigneur FÉVRK


FBOTONOTAIRE APOSTOLIOl'K

S ÉpiPHANE, I. I, C. V, Contre Itt H^réiitt.


.

Uhi Peirus, ihi F.ccleiia.


S. AuDR., /m Ptalm. XL, n. 3U.

TOME QUATHlf^ME

PARIS
LIBRAIRIE LOUIS VIVES
13, RUE UELAMHKli. 13

1901
JUL26)y
HISTOIRE INIVERSELLE
DB

L'ÉGLISE CATHOLIQUE

LIVRE TRENTE ET UNIÈME


DE l'an 313 a l'an 826 de l'ère CnRÉTIENSB

Après avoir combattu pour l'unité de Dieu, l'Eglîee combat pour la divinité
du Christ et pour sa propre unité» — Premier concile cecuménique.

Ces combats de l'Eglise David les araît Dioclès et Maximien-Hercule, Galérius et Maxi-
annoncés dix siècles d'avance. « Pourquoi les min Uaïa, se sont insurgés et ligués contre
nations ont-elles frémi, et les peuples ont-ils riiternel et contre son Christ, pour en re-
forme de vains projets ? Les rois de la terre se pousser la ]oi et en empêcher l'empire. Mais
sont soulevés, et le>. princes se sont ligués l'iiternel s'est.^'i d'eux. Nous les avons vu bri-
contre Jéhova et son Christ. Rompons leurs ser l'un aprèsVautre comme des vases d'argile.
liens, ont-ils dit, et rejetons leur joug loin de Galérius et Data ont entrevu avec terreur la
nous. Celui qui habite dansl es cieux se rira, main qui les frappait. Constantin et Licinius
Adonai se moquera d'eux. Alors il leur par- commencent à comprendre. La guerre contre
lera dans sa colère, et il les consternera dans l'Eternel a cessé.
sa fureur. Pour moi, j'ai été par lui sacré loi Étonnés de ces merveilles, les païens eux-
sur Sion, sa montagne sainte, et j'en |iiilijierai mêmes confessaient que le vrai Dieu pouvait
le décret. Jéhova m'a dit Tu es num l'ils; je
: seul en être l'auteur. C'est ce que nous apprend
t'ai engendré aujourd'hui. Demande-moi, et un témoin oculaire, Eusebe. Suivant le même
je te donnerai les nations pour ton héritatre, témoin, les chrétiens, au comble de la joie,
et pour ta possession les extrémités de la terro. chantaient les hymnes prophétiques de David,
Tu les gouverneras avec un sceptre de fer qui annonçaient depuis quatorze siècles cette
et tu les briseras comme le vase du potier. conversion du monde. « Chantez à l'Eternel
Maintenant donc comprenez, ô rois; instruisez- un cantique nouveau; chantez à l'Eternel, ha-
vous, juges de la terre. Servez .léhova dans la bitants de toute la terre. Annoncez sa gloire
crainte, et réjouissez-vous dans le tremble- jiarmi les nations, et ses inervcilles au milie-u
ment. Adorez le Fils par un baiser d'hom- de tous les peuples. Venejr, peujiles dilVi-rents,
mage, de peur qu'il ne se mette en colère et venez rendre hommage à l'Elernol et recorn
que votre route politique ne vous perde, pour naîlre sa puissance ; dites parmi les nations :
peu ipie sa colère s'allume. Heureux tous ceux Jéhova règne! oui, Jéhova règne! Que la terre
qui espèrent en lui (1)1 » tressaille de joie et que les îles sans nombre
(In voit ici l'histoire abrégée de l'Kglise. Les s'en rejouissent Chantez à l'Eternel i..; can-
!

nations de la gentilité et les peuples d'israid tique nouveau, parce qu'il a fait des prodiges.
se sont émus avec luniidle; les inms cl les L'I'.teruid a fait connaître son Sauveur, il a
princeè, Hérode et Pilalu, Néion et Uomilien, manifesté sa jublice aux yeux des ualiuiis. II

Ps., B.

t. ET.
.

CATHOLIQnE
HISTOrRE UNIVERSELLE DE LfiGLlSE
Troiié
et des pro- un latin digne de Cicéron, écrivait eon
bVsI »)uvci.u de sa mis.ricorde fie In ni'-rl def j/itséaiieiir$. où il retrace le tin
s a la maison
m.sses de vénU- qu'il MV.-.it la. le tragique de ces ennemis de
l'Eternel el de son
terre ont de la
toul-'S le? oxtn-.uil.'» ourrcye de
d'Israol ;
Christ. écrivait son Irmlr ,Ih
Il
I

Sauveur de notre Dieu (I). »


vu le _ où il prouve
bien ou de In fnnnaliuii a* lliomiiip,
Une occasion solennelle de se livrer a cette divine par
dédi^racc des église^. contre les épicuriens la providence
sainte alléf;r..sè. était la
laseule inspection du corps
humain. Il com-
Abattue* au nommencemenl de la perseciiiion. .levelopp.ir celle idée Dieu, qui
mence par :

on les relevait plus prrandes et plus magni- l'homme intelligent.


<réé
6ve.|ues esl intelli^'eiice. a
fi„ues. Pour en faire la dédieace, les donnée à l'homme supplée
paris. Cette intelligence
assemblaient de toutes
et les peuples s'y naturels donnés h certains
revoyaient avec une tous les avantage*
amis se
animaux. Au dire des épicuriens, la nature
Les pari-nls, les esl
ioie incroyable c'était comme une résurrec- qii une
pour l'homme une marâtre bien plus
:

tion universelle. Celle


nmltilude si diverse UueJ-
voix, les psaumes mère: les animaux sont mieux partage*.
chantait, comme d'une seule
qucsuns. peut-être: les oiseaux, non.
Hsbali»-
dont raccompli-semcnl frap-
et les prophéties
éve.pie^ eu rai;^aient sent, couvent, nourrissentavecaulanldesollici-
pait tous les veux. Les Ce qui a été départi a di-
ludc que l'homme.
dans leurs discours Ainsi a
la
l'application
ver* animaux, l'homme se le procure lui-
lyr, 1 histo-
dédicace de la nouvelle église de et c'est ce qui la
de (.esan-e en même par son intelligence,
rien Kusèbe, dès lors évéque Créé sans besoin, imp.issible, im-
que nous développe.
Pabsline, prononça un paneg>nquc muet,
voir, entre autres, mortel, il eût vécu en brute insocial,
avons encore, et où il fait
cruel; sa fragilité. .=es besoins, sa
morlalilé
a la
l'accomplissement de ces paroles d Isaie grands biens. esl
lui font trouver les plus
Il
l'Kglise du Chnsl « Leve-toi
tiouvelle Sion. :
àme.
secoue d'ailleurs immortel, quant à son
revêts ta force et ta gloire !
dt
lève-toi
Laclance écrivait son hmli- di- In roh'C
!

lève-loi. Lève tes yeux tout


la poussière et
Dii-u. où il montre que Dieu n'est
point apa-
sont as-
autour, et recarde tous ceux-ci se bien et au
thique, insensible indilVérent au
:

que .)e
semblés et viennent à toi. Aussi vrai ].rélendaient les stoïciens: mai»
l'Eternel, tu seras rev.-tue de tous nid comme
vis dit
en seras qu'il y a en esp -ce de colère qui con-
lui cette
ceux-ci comme d'un ornement, tu punir. H écn-
tes sisle h réprimer le mal ou à le
parée comme une épouse. Tes déserts, de» /«*/ifu'io'W
de tes ruines seront trop vail surtout son grand ouvrage
terre
dlriw^. divisé en .*epl livres, comme
solitudes, la celui
étroits pour tes habitants; ceux
qui ic dévo-
d'Arn(d)e, son maître. Dans le
premier, iiiti-
enfants (pie
raient seront chassés au loin. Les
ceux que tu as perdus diront luIé De In fnmst- reli<iiim. il \iarl de ce fait :
:

tu auras après hommes, hormis quelques épicuriens


elroil Tous les
encore à tes oreilles Le lieu m'est trop :
;

autres philosophes, àdmellenl


habi- réfuté* par l.-s
fais-moi di" l'espace, afin que j'y puisse providewe
dans ton cœur Qui donc a m une providence divine. Mai? celle
ter. Et tu diras :
plusieurs.' .\pivg
est-elle d'un seul Dieu ou de
engendré ceux-ci, moi sans enfanls et délais- de
qui quelques raisonnements il prouve l unile
sée moi captive et exilée? Et ceux-là, des prophètes, dont
Dieu par le lèmoienage
donc les a nourris? J'étais demeurée seule
:

les prédic-
Ainsi parle Adoiiai lout le monde voyait ^•accompllr
ov"i étaient lionc ceux-ci? poêles el dei
ma main vers les tinns; par le témoignages des
Jéhova Voici que j'étendrai d Her
l,bilo*ophe?; enfin parle lémoiirnage
:

nations el j'élèverai mon étendard


ver? le?
iné* Tn*mégi*le. des
- 'des oracle?
leurs
peuples ; et ils t'apporteront tes fils entre des païens.
t'amèneront tes filles «ur leurs dont l'auloiité étail i

bras, et il?
ilivinités pai. unes, fait voir que
el Quant aux il
épaules. El les rois seront les nourriciers,
ce n'élail q les hommes, dont la plupart
leurs reines tes nourrices, el ils
baiseront la
ne s'étaient distingué» que par des crime»
poussièi-e de tes pieds (2). »
Dans second livre, intitule : /V furitpnt
le
r.oii-laiilin el Licinius commençaient à
vé-
1* ou
prédielion. Le de rcnfw. il se propose ce :

rifier la dernière i>î;rlie delà r.ai. nr


vient que le Dieu vivant ri n .

premier surtout de grandes libénililés


faisait
du ciel el de la lerre. «lue seul on devrait ad.,
pour la rouslriiclioneirornemenl des église*, «•'•• '• "".in*, et ou .ii
en particulier des rer, esl celui qu''Mi
le soulag-menl des pauvres, enl'
clerc* lui pr^'fère des houn el
reuves cl de? orphelins. Il exemptai! le? -.iai.nl ci
Ceux qui ai;i»*eni
de toutes les charges pul.liipies, afin que rien r ne venail qi.
panloiiiiable*. 'i •

ne les délournM du service de la religion.


Il

leur ignorance: m m- ...mnie nous


v... ..^
admettait les évéqiiesàsa table, el fournis,*ait ".n-
s*Mivenl les adoral.iir- mêmes des dieux
à Ions les frais de leurs voyages. Nous verrons Dieu saïuvem I
monlrvr fessor el pn>clainer b-
sa mère, l'impératrice sainte Hélène,
p;inion p.tiv. ni-il- .-pérer. s'ils
i

plus de pieté encore (31.


Les idole» i.ui tombaient déii\ malcr»^ les pas cehr
empereurs ino'!.*.;res. toinbcivnl encore bien CAr qu'i
plus avec .-ux. Les scienc* et le? lellivs chn^-
tiennes rïi ï^,hevaienl la chute. Ui lan.f, dans
de-
qu 11
.1
«cw Mvit. - W l«i«. x«x •! LU B«s*l., But.. I. X. c. m. - H;/*-., L X, «.
(D P.., MT.
;
LIVRE TKENTE ET UNIÈME. 3

jju'ils attestent, mais Dieu seul, tant il est il a fait; contre les païens, qu'i! convenait qae
vrai que la nature fait jaillir la vérité du fond le Christ souffrit, afin de présenter aux
des cœurs malgré qu'on en ait. Du reste, s'ils hommes le modèle parfait
eL frrécusabie u«
en agissent de la sorte, ce n'est p.as quand ils toutes les vertus. Les miracles que ce Dieu-
sont dans la prospérité car jamais ils n'ou-
; Homme opérait sur les corps, figuradent de
blient Dieu plus complétcmerl que lorsqu(\ plus grands miracles qu'il allait opérer sur les
comblés de ses bienfaits, iis devraient bénir âmes pareillement, les souffrance»' qu'il en-
;

davantage sa divine miséricorde mais, sont- ; dure dans sa personne, figurent celles que
As frappés de quelque ^rand malheur, aussi- nous devons endurer nous-mêmes pour établir
tôt il se souviennent l'c Dieu mais la guerre,
; et dans nous «t dans les autres le it>gne de la
mais la peste, mais une longue sécheresse, vérité et de la vertu. L'instrument de son
mais une horrible tempête, mais la grêle les supplice, la croix, est la preuve de sa puis-
jttte-t-elle dans l'épouvante, au- ilôt ils re- sance; elle met en fuite les démons, et rend
courent à Dieu, ils implurent le secours de muets leurs oracles. Cela est si vrai, que les
Dieu, ils conjurent Dieu de venir à leur aide. empereurs nous ont persé«utés à cause de
Est-on exposé à faire naufrage ou à quelque cela.
danger semblable, c'est lui qu'on invoque, c'est Quelqu'un demandera peut-être comment
«
lui qu'on réclame; quelqu'un, tombé dans la il en disant que nous adorons
se fait que, tout
dernière misère, est-il réduit à mendier son un seul Dieu, nous assurons cependant qu'il y
pain, c'est pour l'amour de Dieu et de Dieu en a deux. Dieu le Père, et Dieu le Fils, as-
seul qu'il dciuMiKJr l'auniiHiie; c'est par son sertion qui a fait tomber la plupart dans une
nom divin et unique qu'il implore la compas- très-grande erreur. Trouvant probable ce que
sion des hommes. Ils ne se souviennent donc nous disons, ils nous croient inconséquents en
jamais de Dieu que quand ils sont dans la ce seul point, que nous confessons encore un
peine dès qu'ils n'ont plus rien à craindre,
: autre Dieu, et un Dieu mortel. Quant à la
dès qu'ils sont hors de danger, ils courent tout mortalité, nous en avons parlé précédemment ;

joyeux aux temples de leurs dieux; c'est à cx|>liquons maintenant ce qui regarde l'unité.
ceux-là qu'ils ollVenl des liiiations, des sacri- Quant nous disons Dieu le Père et Dieu le
(ices et des couronnes. Quant à Dieu, qu'ils Fils, nous ne disons pas un dieu diflerent, ni
avaient iniploi('i dans leur malheur, ils ne lui ne séparons i'un de l'autre, parce que le Père
adressent pas seulement une parole de recon- ne peut ètr>' séparé du Fils, ni le Fils du Père,
naissance, tant il est vrai que la prospérité attendu que le Père ne peut être nommé sans
engendre la dissolution, et la dissolution l'im- le Fils, ni le Fils être engendré sans le Père.
piété envers Dieu, aussi bien que lis autres Comme c'est donc le Père qui fait le Fils, et
crimes (1). le Fils le Père, ils n'ont tous deux qu'une in-
Lactance se demande quelle peut être la telligence, qu'un esprit et qu'une substance.
cause de cet elfroyable désordre, et il dit qu'il Mais l'un est comme la fontaine qui jaillit,
n'y en a point d'autre que la puissance enne- l'autre comme le ruisseau qui en découle ;
mii', .Satan et ses dénions. C'est de là qu'il l'un comme le soleil, l'autre comme le rayon
dérive l'oiigine de l'idolâtrie et tout ce qui qui en émane. Cher et fidèle au Père souvc;-
s'y rattache. Toutefois, le vrai culte lui est de rain, il n'en est pas séparé non plus que le
;

beaucoup antérieur. Sous les divers noms des ruisseau n'est séparé de la fontaine, ni le
idoles, c'étaient les démons qui se faisaient rayon du soleil car, et l'eau de la fontaine
:

adorer; comme ils étaient forcés d'en conve- est dans le ruisseau, et la lumièn^ du s()leil
nir, lorsqu'ils étaient conjurés par les chré- dans le rayon. C'est pourquoi, comme l'inlcl-
tiens. ligence et l:i volonté de l'un est dans l'autre,
Le troisième livre est intitule De la Fmtsse : ou plutôt qu'elle est la même dans tous les
Sagesse. Suivant la définition de Lactance, la deux, l'un et l'autre est appelé avec raison un
sagesse est la science jointe à la vertu. Les seul Dieu, parce que tout ce qui est dans le
philosophes n'en avaient qu'une fausse et in- Père, s'épanche dans le Fils, et tout ce qui est
complète témoin leurs contradictions. La
: dans le Fils descend du Père. »
raison indiquée dans le second livre et déve- C'est avec cette précision que Lactance,
loppée dans le troisième, la voici Voir ce : quoique plus littérateur qae théologien, s'ex-
qui est faux, est de las.ig('sse humaine savoir : rimc sur la divinité et la consubstantialité du
Ç'
ce qui est vrai, est de la sagesse divine. Dans erbe. Il en tin; cette consé(|uence » Ij« :

le qualiièine livre, /«' In Vraie Sar/esse, il en- Dieu souverain et unique ne peut donc être
seigne ([ue la source en est Dieu ci son Verbe, adoré que par le Fils qui s'imagine adorer
:

son l'ils. engendré selon l'esprit, avant tous le Père seul, celui-là, n'adorant pas le l'ils,
les siècles, et dans le tetnps selon la chair; n'adore pas mrme le Père. Mais celui qui re-
Créateur <lu ciel et de la terre Dieu de Dieu, ; (;oit le Fils et en porte le nom, ccl"i-là. avec
Dieu et luunnii', auti-ur des deux Teslaniunts, le Fils véritable, adore en mémi Imips le
qui, au rouil, ne ^ont ciu'un. Il |)iouve. C()nlre Père, parce qiu^ le Fils est l'envoyé et le pon-
les .luils, pal' les prnphcles, que U: Christ de- tife (lu l'ère souverain. C'est lui l'enlnc du
vait naiire d'une vierge, vivre et mourir comme grand temple, lui la voie de la huniàru, lui

U) lAot.,iiuM. diM« 1. II, a. t


HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÊGI-ISE CATIIOLîyDE
le guide du salul, lui la porte de la vie (1). » fait.Notre croyance en un Dieu unique, ré-
Mais comnif il s'csl élevé beaucoup d'héré- munérateur de la vertu et vengeur du crime,
sies et que le peuple de Dieu a été divisé par tend à éloigner les hommes du mal, à le»
l'instigation des démons, il nous faut signaler porter au bien et à les unir tous dan' la même
brièvement la vérité, et la placer dans son concorde. Or, c'est pour cela nieme qu'on
propre (''ymicile, afin que si quelqu'un veut nous hait, qu'on nous persécute, qu'on nous
puiser l'eau de la vie. il ne se détourne point emprisonne, qu'on nous torture, qu'on nous
à de« citernes rompues, qui n'ont point la bride, qu'on nous met à mort. Et les chrétiens,
source, Tiais qu'il connaisse l'inépuisable enfants et femmes, lassent leurs bourreaux;
fontaine de Dieu, et que s'y étant abreuvé, le feu même ne peuî leur arracher un gémisse-
il jouisse de la lumière éternelle. Il faut donc ment. Vous appelez quelquefois notre reliirion
savoir avant tout, et que le Christ et que ses une folle superstition de femmelettes. Mais si
apôtres ont prédit qu'il y aurait plusieurs les femmes s'égarent par la faiblesse de leur
Bectes et hérésies qut rompraient la concorde sexe, les hommes seront sages. Si les jeunes
de la sainte corporation, et qu'ils nous ont gens sont étourdis, les vieillards jugeront avec
avertis de prendre bien garde à ne pas tomber maturité. Si une cité devient folle, les autres,
dans les pièges de cet adversaire, contre le- étant sans nombre, ne sauraient l'être. Si une
quel Dieu veut que nous combattions. Tous province, une nation manque de prudence,
ceux donc qui se sont laissé prendre à ses toutes les autres en auront. Puis donc que la
ruses diaboliques ont perdu le nom et le culte loi divine est reçue depuis l'Orient jusqu'à
divins; car en s'appelent montanistes, nova- l'Occident que tout sexe, tout âge. tout pays,
;

tirns, valciitiniens, marcionites, ils ont cessé toute nation sert Dieu avec le même zèle que ;

d'être chréliens. puisqu'en perdant le nom partout c'est la même patience, le même mé-
du Christ, ils ont pris des noms d'hommes. pris de la mort ne devrait-on pas com-
;

11 n'y a donc que la seule Eglise catholique prendre qu'il y a un motif pour persévL-rer
qui retienne le cidte véritable. C'est là la fon- avec cette invincible constance qu il y a une ;

taine de la vérité, le domicile de la foi, le cause pourquoi cette religion, au lieu de pé-
temple de Dieu qui n'entre pas là, ou qui en
: rir par les mauvais traitements, en devient
sort, est étranger à l'espi^'ancede la vie et du toujours plus considérable et plus ferme?
salut éternel {-2). Rome, par exemple, se glorifie d'un Mutius
Le cin(]uième livre est : De In -Justice. Sui- Scévola ou d'un liégulus. Voici que le sexe le
vant les poètes, la justice régnait sur la terre plus faible et l'àgt le plus tendre se laissent
au temps de Saturne, c'est-à-dire au temps où déchirer, se laissent brider par tout le corps,
l'on n'adorait pas encore d'idoles, mais Dieu non par nécessité car, s'ils voulaient, ils
;

seul. Depuis, elle a quitté la terre pour se re- pourraient éviter tout cela mais volontaire-
;

tirer au ciel. Le chrisliariisme la ramènerait, ment, parce qu'ils croient en Dieu, (/est là la
si tout le monde obéissait au christianisme. véritable vertu que les philosophes exaltent
Dans le paganisme, la piété même était en paroles, sans la montrer jamais en elTel,
cruelle Ainsi, dans le tendre Virgile, le pieux quand ils disent que le sage ne se laisse dé-
Ence immole huit jeunes captifs sur la tombe tourner de son devoir par aucun supplice.
de SOI» and. Parla, qu on juge du reste. Les Le sixième livre traite Du vrai mile, qui
adorateurs des dieux ne pouvaient pas être comprend deux choses la piété envers Dieu,
:

bons et justes. Comment, en ell'et, s'abstenir la charité et la miséricorde envers les hommes.
du sang lorsqu'on adore des dieux sangui- Les païens ne connaissaient point la véritable
naires, Mars et Bellone comment honorer
'.'
piété la leur ne s'occupait que des dehors :
;

son père, lorsqu'onadore Jupiter qui a chassé offrir dans le temple un lambeau de >ictime,
le sien"? coionienl aimerses enfants, lorsqu'on briller devant l'idole un grain d'encens, tout
adore Saturne '.'comment garder la pudeur, lors- se bornait là. Les philosophes détruisaient !a
qu'on adore une déesse nue, adultère, comme charité et l'humanité car ils rangeaient la
;

In prostituée des dieux'.' comment s'abstien- compassion et la miséricorde parmi les vices
l'.ra-l-on de tromper, lorsqu'on révère les vols dont le sage doit se corriger, et la vengeance
de Mercure? comment réprimera-t-on ses parmi les vertus. Les chrétiens, au contraire,
i>a>sions, quand on adore Jupiter, Hercule, pour obéir à Dieu que seul ils adorent,
{acchus, Apollon et autres, dont les adultères exercent rhospilalilé, nourris-eni les pauvres,
et les infamies ne sont pas seulement connus rachètent les captifs, proti'genl la veuve et
des savduls. mais représentés encore et chan- l'orphelin, soulagent les malades, donnent la
tés sur les théâtres, alin que personne n'en sépulture aux morts.
ignore? comment des hommes, même natu- Le septième livre, intitulé De la vie l>i&n- ;

reili'tneul lions, pourraient-ils être justes au hetiretise est comme la conclusion de six pre-
.

milieu de '.Mit? ela? miers. Lactance y établit l'immortalité de


Comparez-leur les chrétiens. Lorsque Platon l'àme, la risurrection des corps, le jugement
et Cireron après lui, ont tracé le portrait du dernier, l'éternité des récompenses et des pu-
juste méconnu, calomnié, pei-sécuté. mis à nitions dans l'autre vie (3).
mort, c'est le portrait des chrétiens qu'ils ont De ce grand ouvrage, il fit un abrégé qt*

(M L. IV, D. 2» - (2) L. IV, n. 30. - Ci) Voir LMOurrit., Appmrt., u O


LIVRE TRENTE ET UNIÈSûR.
BOUS avons également. Le styie de Lactance l'inanité des efforts que se donnaient les phi-
est d'une urande beauté il a été surnommé ; losophes pour allégoriser la mythologie (ies
justement le Cicéron chrétien. On ne sait point poètes, dont les dieux n'étaient a { fond que
au juste de quel pays il était oriuinaire on le ; des hommes mortels. Les explications de Plu-
croit communément d'Afrique, il enseigna la tarque ne sont pas seulement divei-ses les unes
rhétorique à iVicomédie,sous DiocliHien. Etant des autres, mais contradictoires et d'ailleurs
déjà vieux, il fut appelé par Constantin dans purement matérielles rien n'en sort d'intel-
;

les Gaules, pour présider à réducal ion de son lectuel ni de divin. Les allégories égyptiennes
fils aine, le césar Crispus. Malgré ce poste ne s'élèvent pas au- jessus de l'aniinal. Por-
éminent, Lactance vécut et mourut pauvre. Il phyre, après un exorde emphatique, ne s'é-
eut la douleur de survivre à son digne élève, lève pas plus haut. Enfin, toutes les tentatives
qui fut mis mis à mort par son père, sur une des philosophes en ce genre n'ont abouti qu à
accusation calomnieuse de Fausta, sa marâtre. d'irrémédiables contradictions. Bon gré, mal
Constantin aj-ant recoimu plus tard l'inno- gré, ils en revenaient à un Dieu invisible et
cence de son fils, lui fit élever une statue souverain; ce qui ruinait de fond en comble
d'argent doré. la mythologie entière (.3).
Dans temps même que Lactance écrivait
le Après avoir ainsi réfuté, dans les trois pre
en Eusèbe de Césarée publiait en grec
latin, miers livres, la théogonie fabuleuse des
son grand ouvrage De In Préparation et de In poètes et la théogonie physique ou allégori-
Démonstration évangélif/ne. Dans la première que des philosophes, il réfute, dans les trois
partie, prépare l'esprit à croire l'Evangile
il ;
suivants, la théogonie politique ou légale des
dans seconde, il en dchnontre la vérité. La
la villes et des provinces. Elle reposait sur la foi
Préfjaralion a quinze livres; en voici la subs- des oracles et l'art de la divination. Le philo-
tance. sophe Porphyre s'en était fait l'apologiste.
Comment, disaient les païens, vous qui Eusèbe montre, par les paroles mêmes de
êtes lli'iiènes d'origine comme nous, avez- Porphyre, que ces prétendus oracles n'étaient
vou- abandonné la religion de nos pères pour la plupart que des impostures que s'il y avait
:

embrasser, par une foi aveugle et sans exa- quelque chose de plus, c'était l'œuvre des
men, la religion d'un peuple méprisable et mauvais génies ou des démons, comme on le
bailiarc, les Juifs? Comment, .disaient leâ voyait par les sacrifices humains qu'ilsexigèrent
Juifs de leur côté, vous qui êtes 'rangers à par plusieurs de îenrs oracles qu'enfin, de
;

notre nation, osez-vous envahir nos Ecritures, l'aveu de tout le monde, et ces oracles et ces
vous emparer de nos prophéties sauo vouloir sacrifices cruels aveient cessé depuis l'avéne-
observer notre loi? Y a-t-il rien de pius ab- ment du Sauveur. Il met surtout Porphyre en
surde ? Eusèbe répond d'abord sommaire- contradiction avec lui-même. Ce philosophe
ment que si les chrétiens commencent par la disait, dans un de ses écrits, que, pour pro-
foi, il n'y avait rien là d'étrange ; car la vie céder avec une inébranlable certitude, il s'at-
entière dépend de la de l'espérance.
foi et tachait fidèlement aux oracles des dieux en:

Leur foi, d'ailleurs, est fondée sur les rai- conséquence, il en citait un grand nombre,
sons puissantes et les plus incontes-
les plus surtout d'.\pollon, qui prescrivaient la ma-
tables l'accompii'^sement visible des prophé-
: nière dont chaque dieu devait être honoré, le
ties dans le Christ, ainsi ijue ses prophéties à sang de quels animaux il fallait lui otlrir en
lui-même la merveilleuse propagation de son
; sacrifice. Puis ce même philosophe, dans son
Evangile malgn- tous les obstacles le prodi- ; livre Dt l'abstincnre des c/iortcs animées, ensei-
gieux changement * de l'univers, même des gnait comme un dogme capital, qu'il ne fal-
peuples barbares. Après quoi, avec une érudi- lait ni brûler d'encens, ni immoler rien de
tion immense, il passe en revue la mytholo- vivant, ni en l'honneur du Dieu souverain, ni
gie et la philosophie païennes, et fait voir que en l'honneur des dieux secondaires; car, di-
les chrétiens les abandonnaient avec rai- sait-il, puisque verser le sang de ce qui a vie
son pour s'attacher à la doctrine des Hé- est une impiété exécrable, il est impossible
breux. que cela plaise à aucun dieu. D'où il suivait
Sur r>îrigine du monde et de l'homme, il nalurelleinent que, ni son dieu Apollon qui
rapporte, en de longs extraits, les cosmogo- prescrivait des sacrifices sanglants et même
nies dseordantcs et contradictoires des an- des sacrifices humains, ni la fouie des dieux
ciens [ihiiosrjphes, entre autres les paroles de qui les acceptaient, n'étaient vraiment des
Socrate, qui se moque d'eux et les traite de dieux, mais d'impurs et exé^crables démons.
fous, et il cotielut que les chrétiens pensent Les chrétiens faisaient donc bien d'y re-
commit vSocrale (I). Il rapporte de même les noncer.
théogonies laijuleuses des Plu'nieiens, des AvMnt ainsi nionlrt' pourquoi les chrétiens
Egyptiens, des Grecs ; mais il cite aussi l(>s avai(M)l quille le panani-me, il fait voir pour-
paroles de Platon, qui bannit de sa républi- quoi il> avaient embrassé la doclrihi- îles Hé-
que la mylholegie, nuTue la mytlioloi;ie allé- breux, dont il fait ressortir rineonqi.irable
gorisée, conelulet il que les chrétiens f.ii- prééminence sur celle des autres nations. Eu-
«oitiiU conime Platon (2). il montre ensuite sèbe désigne sous le nom d'Hébreux leg pa-

{% 8«MebM Pra^aral. tvanf»ii — {"i) lu IIi -* (9) L< UI.


eiSTOIPK IlNlVKrifilîTXF DF i.-er.MBE CATHOIJQCT:
Iriarches cl les anciens fidèles, depuis Adnm que les patriarches, pourquoi dont ne »'ap
iusqu'à Moiso ; cl ?oii3 le nom de Juifs, le plirpienl-il- pa^ comme eux laisser une po<
i

«euplc fjMrliciiliiM' que Moisc conKliliia dans ti-rilé nonibieu^e. et n'ollicnt-ils point d>; sa-
le désert pour h.ihitcr la l'alcdinc. (','<->l le crilices sanglant"'? La raison de cette diiréreneo
Verbe de Dieu qui apparail aux palriairhca et est (pie les palriarehcs vivaient dans les pre-
Moise, cl qui les insiruil c'est lui, et non pas ; miers temps du monde, où la propagation da
des éléments inertes, le principe de la créa- genre humain était plu* nécessaire (|ue de nos
lion. Vient ensuite l'excellence de la loi de temps, où l'univers est peuplé; vivant dans une
Moïse l'histoire de la version des livres hé-
: position |ilus tranquille et plus indépendante,
breux sous Plolémée-I'hiladclplie grand ; ils pouvaient s'appliquer plus facilement à
nombre d'écrivains grecs qui ont fait mention leurs devoirs religieux avec toute leur famille,
des Juifs; antiipiilé des Hébreux les (Ireca : que les chrétiens, qui se voient continuelle-
ont tout emprunté à ceux qu'ils appelaient ment Iravei-és |iar mille embarras: enfin, dam
barbares, même leur alphabet ; la [ihiNisopliie la corruption qui régnait alors chez tous le»
ffrecque, plus récente que l'histoire entière des peuples, ils cherebaient à prfqtager, par leur»
Juifs; la philosophie de l'ialon, conforme, enfants, la succes-ion de la vraie piété aujour- ;

dans les choses principales, à la doctrine des d'hui «pie la multitude des natitms revient à
Hébrenx o<\ l'Iaton est d'accord avec les Hé-
: même rai,son n'existe plus. H y a don*
l'ieu. la
breux, les ehiéticns l'y suivent où l'Iaton se ; parmi les chrétiens deux manières de vie let :

trompe, les chrétiens lui pn'l'èrenl l(^s Hé- uns demeurent dans la vie commune, dan* le
breux: Platon n'est point conséquent avec lui- mariage, soin des enfants et d'une famille;
le
même et adore, avec Socrale, la déesse du jiorlant les armes, labourant, traliipiant, fai-
l'irée ; imperfection de ses lois, comparées à sant toutes les fonctions de la vie civile, maii
celles de Moïse les Hébreux, d'accord en tout;
: sans négliger la [liété, ayant des temps réglés
les philosophes, dans une perpétuelle discor- pour s'y exercer et pour s'en instruire. Les
dance Porphyre lui-même en convient et
: autres, plus parfaits, renoncent au mariaire,
ajoute que les (irccs se sont égarés de la vraie aux enfants, à la possession îles biens teuq>o-
religion, et qu'elle se trouve chez les barbares, rels, pour se consaerer entièrement a liieu et
entre autres chez les Hébreux. Comment donc lui olfrir continuellement, pour tous le» autres,
peut-il blâmer les chrétiens de l'avoir cher- les sacriûces de leurs prières et de toutes sorte»
chée où elle c;,l (I)? de vertu.s. Cet état de continence est l'elat
llestaient les plaintes des Juifs Pounpioi ; propre de ceux qui sont consacri'- 'T
les chrétiens, s'eukjjarant de nos Kcritures et docc et occupés de ce qui est du eu ;).

de nos prophéties, n'obscrvent-il*-,pas notre Les patriarche^, offraient p^uir la de '

loi? Eusche répondit à ses plaintes dans les leurs péchés des sacrilices d'anim ue
vinyt livres de sa iJernniislruInni évanf/r/ique, ce (|ue la terre présentait de plus <• ! .e u la
d(nil il ne nous est parvenu que les dix pre- place d'eux-mêmes, et en attendant li viliine
nners. Les chrétiens, qui sont de tous les pays sainte et divine, qu'ils sav.iient. "•
et de tous les peuples, n'observent fias la loi phèles, devoir s'olfrir un j<uir. (• ne
de Moïse, parce que cette loi n'était l'aile ipie adorable, qui est le Christ, l'-Vuneau '!• |ii.ii,
pour un seul peuple, habitant un nieuie pays, éta:it venue, s'elant immolée sur la n>i\. et
ayant un seul et même temple, faisant le> se- nous en ayant l.iissé le mémorial dans l'au-
mailles, la moisson, les vendantes aux iiieuies guste sacrilice de nos autels, il n'\ .i olu-. ,[e
époques, pouvant aller à Jérusalem trois fois motif pour olfrir encore le sang <\' x.
1 année choses impossibles, non-seulement à
; l'artiuil on voit ce que .Malhchie av.u; u;
la multitude des nations que devait convertir (I llepuis le lever du soleil jii-qu'a ron cou-
le Messie, mais aux Juifs mêmes, dès qu'ils chant, le nom du Seigneur trst grand parmi
étaient hors de la Judée. Aussi Moïse leur an- les nations, et en tout lieu on lui oitre une
non(;ait-il un autre pro|)hèle, un autre lésis- oblation pure (i). « Knfin. si non- p-
lateur, le Christ, qui serait l'attente des naticuis jinqirions les proplM^lies de l'Ai i-
et en q\ii toutes les natiims seraient 1» nies. inent. c'crl qu'elles nnus appartii : )-
Que si les chrétiens n'observaieul pas la loi coup plus qu'aux Juifs; car v- is
nationale des .iuifs, ils observaient la loi beau- qu'elles p.irh'ut. c'est à non- '
ii-
coup plus ancienne des Patriarches, tels ipie ccnt les plus grands bien-, 1., j-

Noé, Abraham, Melchisédech, Job, à qui la sent la conversion l' us


Christ apparaissait dés lors et servait de mai- que pour les Juifs, t-
Ire, et que, ooiir cette raison, Dieu même bation de la masse et la «ons-
appelle ses christs. Le christianisme est donc ment du petit nombre (3). Ce qu lU I

à la fois plus ancien et plus nouveau que le voir très :iu long.
judaïsme plus ancien dans les patriarches,
:
L'objet principal des prophéties est le Christ,
plu> nouveau dans le Christ, qui la renouvelé que les nations adorent et que les J'iif-; .ml
par toute la terre (2). rejeté. (>'esl lui ce pmplièle comme Miu-e.
Mais si les chrétiens ont la môme religion qu'il faut écouler sous peine d être reli-ancba

^'''^'"'-
'«"'"S-. I XIV. c X.— (2)Euseb., DemonUral. exùiigeL.l. L — (J)L. Il, c. *ui •>
(4) L. 1, c. X. —
ir.
— ^îiw""?"'' (&) L. II.
trVRE TRENTE ET UNIÈME.
de son peuple et dévoué à la vengeance du détruit-elle pas de soi-même? On dit en pro-
ciel. Il l'est comme Moïse, mai? il l'est beau- verbe Il n'y a point d'amitié entre un mé-
:

coup plus. Moïse a été le chef, le législateur, chant et un méchant, ni même entre un mé-
le libérateur d'un seul peuple Jésus-Christ ; chant et un bon. Comment dopc, dans une si
l'est de tous les peuples. C'est lui dont il est grande multitude, un tel accor., de méchan-
écrit Etablissez., Seigneur, un législateur sur
: ceté ? une telle unanimité de témoignage en
les nations, afin qu'elles se reconnaissent toutes choses? et une telle unanimité jusqu'à
•lommes. (Hommes, non pas bétes hommes,
et ; la mort ? Qui jamais se fût attaché un seul
et non pas dieux.) C'est lui ce descendant de instant à un imposteur qui eut enseigné de
Juda qui, selon Jacob, devnit être l'attente des pareilles abominations? Direz-vc^is que les
peuples lui ce rejeton do David, en qui, selon
; disciples n'étaient pas moins fourbes que le
Isaïe, les nations devaient se réconcilier et maître? n'avaient ils pas vu sa fin? Hé quoi, !

mettre leur confiance lui ce dominateur en ; c'est après son infâme supplice qu'ils en font
Israël, qui devait naître à Bethléheni d'Kpli rata. un dieu sans que rien puisse les détourner de
!

Et de fait, tout le monde confesse que Jésus, leur entreprise! Qu'espéraient-ils donc? de
le (ihrist, est né à Bethléhem, et que les habi- périr du même supplice, et cela sans aucun
tants y montrent la caverne aux pèlerins qui espoir (3).
affluent de toutes parts (I). Eusébe pousse ces raisonnements avec beau-
Quelqu'un dira-t-il que c'est un imposteur? coup de force et d'éloquence, et fait voir plus
qu'il nous montre dans l'histoire un imposteur clair que le jour, dans tout son troisième
pareil, qui enseigne toutes les vertus, proscrit livre, qu'on ne peut suspecter le récit des apô-
non seulement tous les crimes, mais la pensée tres sans admettre les plus absurdes contra-
même d'en commettre qui persuade une mo- ; dictions, et que si leur témoignage n'est pas
rale aussi parfaite, non-seulement à quelques reçu, il n'y a aucun témoignage au monde qui
disciples choisis, mais à la multitude des na- puisse l'être.
tions qui, des ténèbres de l'idolâtrie, élève
; Dans il expose ce qu'est
les livres suivants,
leur intelligence au-dessus de toutes les choses le Cliiist etprouve sa divinité. Sur ce dernier
créées, et jusqu'au Créateur invisible qui leur ;
point, Eusébe avait personnellement des idées
apprend à l'honorer, non par le sang des bien défectueuses, l'ar exemple, l'Ecriture
bifufs, mais par l'imitation de ses infinies compare Dieu le Père a la lumière éternelle,
perfei'linns Soyez parfaits comme votre Père
: et le Fils à la splendeur, au rayon de cette lu-
céleste est parfait. » Peut-on aimer la vérité mière. Nous avons vu tous les Pères de l'Eglise
sans conclure que c'est là, non pas un impos- développer ainsi cette belle comparaison :
teur, mais un envoyé de Dieu (2)'? Comme le rayon émane de la lumière, qu'il
Quelqu'un soutiendra-l il qu'il i\'y a rien de est de même nature et de même âge, qu'il en
vrai dans les miracles que les disciples rap- est distinct, mais inséparable, ainsi le Fils
portent de leur maître'/ que celui-là donc procède du Père. Eusébe emploie aussi cette
nous dise pourquoi et de quoi l'un a été maî- comparaison, mais en ajoutant qu'elle n était
tre et autres disciples, il leur ensei-
les pas tout à fait exacte, en ce que le rayon
gnait : Ne possédez
ni or ni argent dans vos coexiste avec la lumière, que la lumière le
ceintures, pas même de sac pour le voyage, et produit nécessairement, et qu'il en est insépa-
ainsi du reste; il leur prescrivait une morale rable tandis qu'il en est autrement du Père et
;

plus parfaite que celle de Moise. Or, des hom- du Fils. Cela prouve seulement qu'Eusèbe,
mes devenus disciples et prédicateurs, à leur plus disert que pénétrant, plus érudit que
tour, d'une pareille doctrine, quelle raison y théologien, avait là-dessus des idées fort con-
a-t-il de soupçonner r|u'ilsonl menti dans tout fuses et ne comprenait pas trop ce qu'il disait.
ce qu'ils ont attesté de leur maître'.' Ils étaient On encore mieux dans la suite de son
le voit
douze priiici|);iux et soixante-dix autres ;
ouvrage. applique à Jésus-Christ, dans les
Il

quelle probabilité qu'ils aient tous menti de six derniers livres, une foule incroyable de
tonct;rt'/ Comment ne pas croire cette multi- passages du Pentateuque, des psaumes, des
tude d'hommes qui abandonnent ce qu'ils onl prophètes, et fait voir qu'il y est appelé peut-
de plus cher, pour rendre à leur maître un être plus de cinq cents fois Seigneur Dieu,
témoignage unanime'? Tout-Puissant, Eternel, sans commeneemeni
Mais supposons un instant que le maître ni fin et cependant il voudrait conclure qu'il
,

leur ait enseigné une doctrine toute contraire : n'est ni égal ni coéternel au Père, il a peur de
l'impiété, l'immoralité, l'injustice, l'iiypo- l'appeler Dieu. Cette confusion d'idées nous
erisie ;
que exercés à ces
les disciples se soient explique d'avance la part malheureuse qu'il
crimes et à de plus grands encore; qu'enfin prendra aux erreurs d'Aritis mais il n'en est
:

ils se soient mis à exalter leur maître par les (iii'un plus irrécusable témoin de l;. •croyance
mensonges les plus impudents, et qu'ils lui ae l'Eglise et de l'application qu'elle faisait à
adent attribué faussement toutes sortes de mi- Jésus-Christ de tant de passages de l'Ecriture,
racles, afin qu'on les admirât eux-mêmes et où il est appelé manifestemeid Dieu, Eternel,
qu'on Ifi* félicitât d'avoir été les disciples d'un Tout-Puissant, et Jéhova ou Ciain oui r.sr-
pami personnage. Cette supposition ue se Des hommes peuvent raisonner mal pour le

(1) £u.sel)., Dtmêntt. L lu. •. «. - (2) a a, a. 3. - (S) L. UL


HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÊGfJSE rATIIOLIQOE
chn«lianisme, des hommes peuvent raisonner lostralc sur Apollonius de Tyane, qui. opr^s
ni.il contre mais le chrislia-
le clirisliaiiisme; tout, comme le remarque Eu-ehe dans 'a ré-
Tiisnir est un fuit au-ilcssus de tous les raison- futation qu'il en a faite, ne tient à rien et
nements, ot dont tons les raisonnements doi- n'aboutit ;t rien, tandis que le christianisme
vent i>n!tir. Il remonte de nous an (llirisl, et se montrait à la fois en posseBsion du passé,
du Christ, par les firopliétes, par Moïse et les du présent et de l'avenir.
jusqu'au picniicr homme, cjui fut
p;ilii.irr,lii'^. Les savants soutenaient ainsi la religion p^r
de l)iru.( 'est dans la réalité toute riii>li(ire leur doctrine et leur éloquence : mais il y
huni.iine lui setd emluasse les faits de l'iiu-
; y avait ei'rlains ignorants qui la soutenaient
ni.inilé rnliére et en tinnne le sens. Sans Uii, encore mieux par leurs vertus et leurs mira-
'luininniti; ne saurait ni d'où elle vient ni où cles, .souvent iiienie par une sagesse qui con-
elle va. Moisc lui trace l'iiistoire de son ori- fondait les sages Le principal était -ainl
gine avec des aijereus sur son avenir les pro- ; Antoine. Revenu d'Alexandrie apn-s la per-
plic les lui dévoilent le luit providenlir'l des sécution de Maximin , il était rentré dans
empires tcri-eslres, ainsi que de la future his- son monastère avec la résolution de n'en
toire del'tmpire de Dieu; les Pères de l'Iiglise plus sortir et de n'y laisser entrer personne ;
nous font voir tous les siècles et tous les em- mais on ne l'y laissa pas tranquille. In <om-
pires aboutissant à cet empire divin et éternel, mandanl de "troupes, nommé Martinien dont
comme au but final de leur existence. Justin la lille était tourmentée du démon, ne cessa
de Palestine, Clément d'Alexandrie, Talien de un jour de frapper à sa porte, en lui criant de
Bahylone, Théophile d'Antioche, Jules l'Afri- venir et de prier pour elle. Antoine , sans
cain, avaient commencé à faire ressortir ce ouvrir, mais regardant par le haut, lui dit :

maj^iiifique ensemble. Eusèbe, profitant de homme pourquoi criez-vous à moi? je suis iw


!

leurs travaux et y ajoutant lui-même dim- homme comme vous. Si vous croyez, priez
menses recherches, compose sa C/noun/ue ou Dieu, et il vous sera fait.L'autre crut aussitôt,
ses tables d'histoire universelle depuis le com- pria le Christ et trouva sa fille guérie. Beau-
mencement du monde, année par année, jus- coup d'autres malades vinrent l'importuner et
qu'à son temps. Des moines arméniens catho- furent guéris de même. Craignant de succom-
liques en ont retrouvé, de nos jours, la ]>re- ber à la vaine gloire ou d'être trop e-lifné, il
niière partie, qui était perdue de])uis des voulut se retirer dans la haute Theb:iide pour
siècles. Le cardinal Mai, dans le tome VU de y vi\Te inconnu. .Mais une voix d'en haut lui
sa C'dUection d'niK leiu ouleurs.a donné de toute apprit (juil aurai! encore plus de peines, et
cette chronique une édition complète. Eusèbe que pour Ipjuver le repos.il devait aller au
y ajouta son J/ùtnire ce l'l.(jlhe, où l'on fond du désert. El qui m'enseignent le eliemin?
commence à découvrir les merveilleux résul- deraanda-l-il. Aussitôt la voix lui montra les
tats de la providence de Dieu sur l'humanité. Sarrasins qui allaient de ce coté là il les joi-
;

L'histoire ecclésiastique d'Eusebe, ainsi que la gnit cl les pria de lui permettre d'aller en leur
plupart de ses autres écrits, est moins im ou- compagnie dans le désert ils le lui accor-
;

vrage achevé, une histoire proprement dite, dèrent volonliers.


qu'une collection de pièces historiques, de Ayant marché avez eux trois jours et trois
longs passages d'auteurs anciens, dont les nuits, ilviutà une montagnelres-haute.au \\r>\
ouvrages se sont perdus depuis. Son princifial de laquelle coulait une eau douce, limpide et
méiite est de nous avoir conservé tant de pré- très-fraiche: autour était une plaine avef
cieux monuments. quelques palmiers négliges, il prit ce lieu en
Ainsi le christianisme, à peine établi dans afleclion, el, ayant accepte quelques pains de
le monde, s'y montrait aussi ancien que le ses compagnons de voyaue, il y demeura s«^ul,
inonde , et avec une histoire où les le regardant comme sa maison. Les Sarrasins
causes, les moyens et les eM'els se révèlent y repassaient exprès el lui apportaient avet
avec des proportions toujours plus grandes, plaisir du pain ; il recevait encore quelque
toujours (dus dignes de Dieu et plus lionora- p-li'. soulagement des palmiers. Celle mon-
bl.'s pour l'Iiomme. Uieii de pareil dans la tagne, nommée Colzim ou le mont Sainl-.\n-
philosophie ni dans le paganisme la philoso- ; toine. est à une journée de la mer lîoiige. .Ses
phie et l'idolâtrie n'ont pas même d'histoire. frères, ayant ap|iris le lieu de sa retraite,
Témoin rin'ie, où les philosophes régnent de- curent soin de lui envoyer du pain, l'our leur
ptiis des siècles, et qui n'a pas une ombre l'pargner celle peine, il les psia de lui rap-
d'histoire soit universelle soit nationale.
, 'i.irler une bêche el une hache avec un peu
Témoin philosophie et l'idolâtrie de la
la e blé. Il laboura un pelil terrain autour de la
Grèce et de lùune, qui. dans une lutle de trois iionlagne, et, l'arrosant au moyen ie .-va fon-
siècles conire le chrislianisme, ne surent pas taine, il l'ensemença. Il rccueillil ainsi tous
proiliiire un enscmhle liisloricpie et raisonné les ans de quoi faire son pain, avec la satis-
pour leur pirqire défense. Lactance leur en faction de n'être à charge â personne il
;

portait le deli solennel {\). Le philosophe planta même des légumes, pour scr\ir de ra-
Hiéroelts. étant mis à l'ienvre. ne trouva
. îraichissemenl a ceux qui venaient W vi-it.>r.
rien ae mieux que l'insipide roman de. Phi- .'
u comiucucctucut, les htiU« du d«é«rt, h»i>è»

(1) Jmi(. dmi., 1. V, . Va,


LIVRE TRENTE ET UNIÈME.
hi^es à venir boire, lui dérangeaient ses se- car il pour avoir vieilh
n'était point agreste,
mailles. Il en saisit une avec douceur, et leur dans la montagne, mais agréable et civil, et
dit à toutes: Pourquoi me faites-vous du ses discours étaient assaisonnés d'un sel tout
dommage, moi qui ne vous en fais point? divin.
Allez-vous-en, et, au nom du Seigneur, n'ap- D'autres philosophes étant venus lui de-
procbez \)\ui d"ici. Et, comme effrayées par ce mander
raison de notre foi au Christ et de
conimandemunt, elles n'approchèrent plus. notre vénération paur sa croix, afin d'en faire
Comme il devenait vieux, les frères lui de- des risées, Antoine eut pitié de leur igno-
mandèrent la permission de lui apporter tous rance, et, après avoir réfléchi un moment,
les mois des olives, des légumes et de l'huile. leur dit par son interprète Lequel est le plus :

Il leur donnait, en récompense, des corbeilles beau, ou de confesser la croix ou d'attribuei


qu'il travaillait lui-même. Eux entendaient des adultères et des sodomies à vos dieux."*
souvent un grand tumulte de voix et comme Ce que nous disons est une marque de cou-
un bruit d'armes, et voyaient, la nuit, la mon- rage et une preuve du mépris de la mort; ce
tagne pleine de bétes farouches, tandis qu'il que vous dites, sont des passions d'ignominie.
était en prière. Car il soutint dans ce désert Après avoir développé ces idées et d'autres
de terribles tentations. avec beaucoup de grâce et de force Com- :

Etant prié un jour par les moines de des- ment, dit-il, vous moquant de la croix, n'ad-
cendre de la montagne pour les aller voir, il mirez-vous pas la résurrection? car ceux qui
partit avec eux. faisant porlersur un chameau ont parlé de l'une ont éciit de 5'aulre. Pour-
de l'eau et du pain. Car tout ce désert est sec, quoi, parlant sans «sse de la croix, ne dites-
et il n'y a de l'eau potable que dans cette mon- vous mot ni des morts qui ressuscitent, ni des
tagne seule où était son monastère. L'eau leur aveugles qui recouvrent la vue, ni des paraly-
manqua dans la route, par une chaleur tiques et des lépreux qui sont guéris, ni de
extrrine ils en cherchèrent de toutes parts,
; tant d'autres miracles qui nous démontrent le
jusqu'à ce qu'enfin, ne pouvant plus marcher, Christ, non plus seulement homme, mais Dieu?
ils se couchèrent par terre, laissant aller le Vous me semblez tout à fait injustes envers
chameau à l'aventure. Le saint vieillard, pé- vous-mêmes, de n'avoir pas mieux lu nos
nétré de douleur de les voir en ce péril, Ecritures. Lisez-les, et vous verrez que les
s'écarta un peu en soupirant, et se mit a prier choses opérées par le Christ démontrent qu'il
à genoux et les mains étendues. Aussitôt le est Dieu, venu en ce monde pour le salut des
Seifj;neur fit sortir de l'eau de l'eniiri»! il m hommes. Mais vous-mêmes, dit(>s-nous pareil-
s'était mis en prière ils en burent ions et re-
; lement Cl qui vous regarde. Que direz-vous
prirent haleine remplirent leurs outres,
, de ces bé es brutes, si ce n'est des choses bru-
cherchèrent le chameau^ et le trouvèrent atta- tales et cuelles? Que si vous me répondez
ché à une pierre où sa corde s'était accrochée que ce sont là des mythes, et que, par vos al-
par hasard ils achevèrent ainsi heureusement
: légories, vous fassiez de Proserpine la terre,
leur voyage. Antoine étant arrivé aux monas- de Vulcain le feu, de Junon l'air, d'Apollon le
tères de Pisper, il y fut reçu comme un père, soleil, de Diane la lune, de Neptune la mer,
et sentit une grande joie de voir la ferveur des vous n'en adorez pas plus pour cela Dieu
moines, et sa sœur ipii avait vieilli dans la même, vous n'en servez pas moins la créature
virginité et conduisait d'autres vierges. Après au lieu du Créateur. Que si la création vous
quelques jours, il relourna à la montagne, où parait belle, vous deviez vous en tenir à l'ad-
plusieurs continuaient à l'aller trouver, pour niiralion et non pas la déifier, pour ne point
recevoir ses instructions ou la guérison de transporter à l'ouvrage honneur de l'ouvrier.
1

leurs maladies. Que répondez-vous donc à cela, pour que


Parmi ces visiteurs, se trouvèrent un jour nous puissions voir si la croix est digne de
deux philosophes païens. Antoine s'avança et, risée ?
leur parlant par interprète, leur dit Pour- : Ces philosophes ne sachant j|ue répliquer
quoi, o philosophes vous fatiguez-vous tant
! <t se tournant de côté et d'autre, .\ntoine se
à chercher un i;isensé'? Eux ayant répondu mit à sourire et leur dit Ces choses sont si :

qu'ils ne le croyaient point insensé, mais au ilaires, que, pour en être convaincu, il suffit
contiaire très-sage, il leur répliqua Si vous ; lie les voir. Mais vous voulez des Jéuionstra-
venez chercher un insensé, votre peine est tions. Eh bien donc, dites-moi, qu'est-ce qui
"inutile et si vous me croyez sage, devenez
; nous donnera une connaissance plus certaine
tomme moi Car si j'étais allé vous trouver, ieDieu? Une démonsiration en paroles, ou
je vous imiterais; or, je suis chrétien. Ils se foi qui se denioiitri^ elle-même par ses œu-
retirèrenl '.c>:il étonnés. D'autres croyant se s'.' Us répon<lirent que c'était une pareille

moijncr de ce qu'il n'avait pas étudii', il leur . ii. C'est bien répondre, dil le saint; or,
dit Une vous en semble"? lequel est le pre-
: . lyez maintenantlillerence
la nous nous :

mier, le bon -cn^ ou les lettres; Icipiel est la '|iuyons sur la au Christ, vous sur des
foi
cause de l'autre t^'est, dirent-ils, le bon sens
'.'
, -;omachies so|ililsti<pies. Eh bien, vos idoles
qui est le preiniei' et (|ui a trouvé les lettres. 1 et notre foi s'étend partout. .\vec
.iiulent,
Donc, reprit Antoine, les lettres ne sont pas 1 vos syllogismes, vous ne persuadez pas
lus
néci'~-aires à qui a le sens droit. Ils s'en une àme de passer du christianisme à l'Iiellô-
•Uècunt iurpri« de la «aymte (i« ont Ignorant f aitme et noui, en préchuat la foi au Uxtiti
;
10 BISTOIRE UNIVERSELLIi DE LEni.lSB CATHOLIQUE
Boai ruinons toute votre superstition, tout le jour même
de ses noce», il lut à «a femme
le monde renonuai-sHant que le Ciirist est Dieu l'éloge que saint Paul de la vir/îiiuie. et
fait
et Fils de KiiMi. Avec tout votre ?nvoir liilrr;, lui ()ersnada de vivre avi'e lui dans: une conti-
vous ne pouvez enipùcher la doclriiif du (>liri.-l; nenee perfiétuelle. .\i)ris avoir ainsi vécu en-
et nous, au seul nom de ce (jruiitié, nous sendile dix-huit ans, ses parents étant morts.
aaeltons en fuite les d(^mons. que vous crai- il quitta sa maison, où sa femme réunit dé«
gnez, comme des dieux où l'on fait le signe
: lor- un grand nombre de vierge ferventes,
ne la croix, la mafiie perd \tm\c sa force, et qui sous =a conduite, retraçaient les vertuâ et
le venin son pouvoir de nuire. Dites-moi, s'il les austérités des plus l'élèbres anachorètes.
vous plaît, on sont maintenant vos oracles? Pour Ammon, il se relira sur la monUi^e de
ort sont ces charmes des Kgyptiens? où sont Nilrie, où il passa vingt-ileux ans, et où. p;u
(«s spectres de vos enchanteurs? Ouand est-ce les conseils de *on ami', daint .\ntoine, il fonda
que toutes ces choses ont cesst; et perdu leur un grand noirdtre de monastères.
force, sinon (piand la croix du Christ a paru? De jeunes soldats, enrôlés de force pendant
Est-ce donc elle (|ui est di.mie de risi-c, nu les guerres de .Maxence et rie Constantin, dé-
plutôt les choses qu'elle aholil et dont elle fait banpiaient à 'l'hebes en Egypte. Ils étaient
voir la faiblesse ? tenus comme en prison el traités assez mal.
Voici ce qui n'est pas moins admirable. On Tout d'un coup des hommes de la ville s'ap-
n'a jamais persécuté votre religion les hom- : proehenl, les saluent comme leurs cnfant«. et
mes, au contraire, l'honorenl dans tonles les leur |Moeurent tous les secours qui étaient en
villes ; mais on persécute les chrétiens. \'X leur pouvoir, l'n des conscrits, il se nommait
cependant notre religion ne laisse pas de lleu- Paeome, demanda qui étaient ces hommes si
de croître aux dépens de la votre. .Malgié
rir et charitables. On lui dit que c'élaienl des clire-
lesacclamations des peuples, qui lui font lieiis. et i|u'ils étaient ainsi eharitaliles envers
comme un rempart, la votre s'en va en ruine; lout le monde, mais principalement envers
tandis que la foi el la doctrine du Christ, tour- les étrangers. Il demanda alors ce f|ue voulait

nées en dérision par vous, et souvent persécu- dire ce nom de chrétiens. On lui riil que
tées par les rois, ont rempli l'univers. Quand c'élaienl des hommes pipux. qui croyaienl m
jamais a-t-on vu resi)lendir à ce point et la Jésuf-Christ, Fils uuitpie de Dieu, et faisaient,
connaissance de Dieu, et la pratique de la autant qu'ils pouvaient, dw bien à loul le
tempérance, mépris de
et la virginité, et le monde, clans l'espoir d'une récompense à venir.
la mort, sinon depuis que la croix du (;hrist a Pacome. frappé d'admiration, se retira uu peu
Paru ? Nul n'en doutera, s'il regarde dans à l'écart et leva '-es mains au ci 1. en «lisant :

Eglise tant de martyrs miSprisant la mort Dieu tout puissant. ,pi; avez fait le ie| et la <

pour l'amour du Christ, tant de vierges qui, terre, si vous regardez favorableiuenl la [iriere
pour l'amour du Christ, conservent leurs corps que je vous fais, si vous m'accordez une con-
purs et sans tache. Voilà certes des «preuves naissance parfaite de voire saint nom el que
suffisantes que la foi chrétienne est la seule vous me délivriez de ces fâcheuses entraves,
religion véritable. je me consacreni à voire service tous les jours
Mais pourquoi tant de paroles? Voici des de ma vie, el méprisant le siècle je m'alla-
nersiuincs touriueulées des démons. Guérissez- cherai éternellemenlà vous. Cette prière finie,
les par vos syllogismes ou parle! autre moyen chaque fois tpie Pacome ressentait îles tenta-
que vous voudrez, ou même
par la magie, en tions impures, il lesre[.oussail par le souvenir
inv(i(|nant vos idoles. Que si vous ne le pouvez de ses promesses.
Îias, cessez de nous combattre, et vous verrez .\yanl eu son congé, il accomplil son vfpo,
a puissance de la «roix du Christ, .\yant ainsi reçut le baptême el alla trouver un ancien
tmrlé, il invoqua le Christ sur les possédés, solit.iire. nommé
Palèmon, pour recevoir de
es manjua du signe de la iroix deux et trois lui l'habit monastique Palémon. enlr'ouvrant
fois, .Aussitôt ces hommes se levèrent avec un la porte de sa cellule, lui dit Vous ne pouvex
:

sens rassis et rendant grâces. Les philosoiihi's pas devenir moine ici car ce n'est pas chou
;

restèrent stupéfaits et dt, la sagesse du vieil- facile d'être un moine véritable beaucoup y ;

lard et du mir.icle qu'il venait de faire. .*sur sont déjà venus, mais n'ont point persévéré.
quoi il leur dit l'oiirquoi v(uis étonnez-vous?
: Cela peut être, dit Pacome. mais tous ne sont
Ce pas nous <|ui l'avons fait, mais le
n'est as de même. Le vieillard répliqua Je vou» :

Christ, qui opère ces choses par ceux qui F ai déjà dit, vous n»» pouvez devenir moine
croient en lui. Croyez-y vous-mêmes et vous Ici :allez vous essayer ailleurïi. v<uis viendmc
le verrez. l'adminTent encore en ceci, el,
Ils après Car je mène une vie passablement
l'ayant salué, ils se retirèrent, en confessant frugale ilu pain el du sel font toute ma nour-
:

qu ils avaient beaucoup profilé de l'avoir riture. Je pas.«e la m.iiiie de la nuil à cbinter
Tn(l). les psaumes (»u à niéditer les sain'— Ecriture*.
D'autres solitudes se peuplaient d'aulre< (Juelquefois il marrive d'être la nuit euliért
saints, l'n jeune homme de viiiirt-deux an-, sans dormir. Pacome eut peur eependaat, :

nommé .\mmon. d'une famille nobli' el rii'lie. fortifie par la grâce de Dieu, il répondit :

fut obligé par ses parents de se marier M.n- J'espère de Noire Sei^ineur Jèsia-Chrisf qm»,

(I) JkihMm., nu àmttm.


LIVRE TRENTE ET UNIÈME.
soutenu de vos prières, je persévérerai jus- était large de quatre pieds, haute de cinq, et
qu'à la mort dans ce genre de vie. Et il tint ainsi plus basse que lui, mais un peu plus lon-
parole. Après un noviciat de plusieurs années, gue qu'il ne fallait pour son corps, de sorte
ayant eu une révélation, il se rendit avec qu'elle ressemblait à un tombeau bien plus
Pamélop-.dans le vaste désert de Tabenne, qu'à demeure d'un homme vivant. Il cou--
la
au diocîraede Tentyra ou Dendérah, et y bâtit cha jusqu'à sa mort sur la terre dure ou sut
plusieurs monastères, aux(juels il donna une une natte de jonc. Il ne se coupait lescheveux
règle et où il vit, avant sa mort, jusqu'à sept qu'à Pâques. Jamais il ne lavait le sac dont i!

mille religieux. était revi'tu, disant qu'il était superflu de cher


Un troisième jeune homme, d'auprès de cher de la propreté dan? un cilice; il ne quit-
Gaza en Palestine, étudiait les tettres à .\Iexan- tait sa tunique que (piand elle était tout à fait
drie. Il se faisait admirer par ses talents et usée. Il augnicnla encore ses austérités avec
aimer par ses vertus. Il fit plus encore païen : l'âge; cependant il vécut jus([u'à l'âge de qua-
comme sa famille, i) se convertit et reçut le tre-vingt ans Ililarion fut ainsi le patriarche
baptême. Il s'appelait ililarion. Ayant entendu de la vie solitaire dans la Palestine, comme
parler de saint Antoine, il alla U^ trouver dans saint l'aconie dans la Thébaïde et saint An-
son désert. Touché de ses exom|)Ics, il chan- toine en Egypte. Pacôme et Ililarion eurent,
gea de vêtement et se mit à imiter son genre comme .\ntoine, de grands combats à soute-
de vie. Mais, après deux mois, cette solitude ne nir contre les démons, et firent comme lui un
lui parut point assez solitaire. 11 y affinait sans grand nombre de miracles. Quand il venait au
cesse une multitude de personne qui venaient saint vieillard des malades du côté de la Sy-
chercher auprès d'Antoine la guérison de leurs rie : Pourquoi, leur disait-il, vous etes-vous
maladies. Ililarion ditqu'il n'était pasvenu dans fatigués à venir si loin, puisque vous avez là
ledésertlpourvoiraulantde monde qucdans les mon fils Hilarion (1)'?
villes, et qu'il devait commencer par une soli- On voit en tout ceci l'accomplissement ne ce
tude plus entière, comme avait fait .\nlnine qu'avait dit Isaie. « Alors se réjouira le désert,
lui-même dans sa jeunesse. Il prit donc congé la région impraticable alors la solitude tres-
;

du saint vieillard et, accompagné de quelques saillira et fleurira comme un lis: elle tleuiira
solitaires, s'en retourna dans son pays, la Pa- et fructifiera de toutes parts elle tressaillira
;

lestine. C'était vers l'an .'507. A son arrivée, il de joie et de louanges. La gloire du Liban lui
trouva que son père et sa mère étaient morts. sera donnée, la beauté du Carmel et du Sa-
Il donna une partie de son bien à ses frères, ron ils verront la gloire deJéhova, la beauté
;

et le rc !i; aux pauvres, sans se réserver quoi de notre Dieu. Fortifiez les mains languis-
que Cl' iiil pour lui-même. Après quoi il se santes et soutenez les genoux trem. liants. Dites
retira tl.ins un désert, qu'on lui dit infesté de aux pusillanimes: Prenez courage, ne craignez
voleurs et de meurtriers il répondit qu'il ne
; point; voici votre Dieu qui vient vous venger
craignait que la mort éternelle. Il n'avait en- et rendre à vos ennemis ce qu'ils méritent.
core que quinze ans; sa complexion était très- Dieu viendra lui-même, et il vous sauvera.
délicate et excessivement sensible au froid et Alors s'ouvriront les yeux des aveugles, et
nu chaud. Cependant tous se" habits consis- les oreilles des sourds se déboucheront, .\lors
taient en un sac, avec une tu..jque de peau le boiteux bondira comme un cerf, et la lan-
que lui avait doimée saint .\ntoine, et un pe- gue du muet éclatera en louanges, parce que
tit manteau de paysan. II se retrancha d abord des eaux ont jailli dans le désert et des lor-
le pain, et ne mangea, pendant six ans, que rciitsdans la solitude; le lieu de la sécheresse
quinze figues sèches par jour, qu'il prenait sera un étang, et les régions de la soif des
après le soleil couché. Lorsqu'il sentait quel- sources d'eau vive Dans la demeure des dra-
que tentation de volupté, il dirninnait cette gfins. là où ils se couchaient autrefois se ver-
nourriture et passait quelquefois trois ou qua- rfuit des joncs et des roseaux verts. El il y
tre jours sans manger. La solitude où il de- aura là une chaussée, et une voie (|ui sera ap-
mcuiait était fort vistc. mais enfermée entre pelée la voie sainte: celui qui est impur ne la
la mer et un marais. Personne avant lui ne traversera point, il y aura des guides qui mar-
s'y était fixé. Ce[)endarit il changeait souvent cheront devant, en sorte que les insensés
de place à cause des voleiirs, quoi qu'il fit pro- même ne s'y è>;areront pas. Il n'y aura point
fession de ne pas les craindre. Il s'occupait à là de lion, il n'y montera point de bete farou-
labourer la terre, et, pour (liversilicr son tra- che, ni ne s'y en trouvera; les raclu-tés y
vail, il '"aisait aussi des ciubeilles de jonc marcheront. Les affranchis de Jéliova retour-
comnif us solitaires d'Kgypte, pour en tirer neront et viendront en Sion, chantant des
de quoi pourvoir à sa subsistance. louanges une allégresse éternelle sera sur
:

Depuis l'âge de seize ans ju.siiu";\ vingt, il leur lcl(' comm(; une «'ouronne; ils posséde-
n'eut point d'autre abri contre les chaleurs et ront la joie et le bonheur, la douleur et lea
les pluies, qu'une cabane qu'il avait faite avec gémissements fuiront loin d'eux (2). »
du jonc et quelques autres herbes maréca- Lne région, juscpie-là non moins âpre ((ue
geuses. Depuis il se bâtit une p.liti! cellule les déserts de l'Egypte, l'univers p(ilili(|iie,
qui se voyait du temps de saint Jérôme elle : commençait à s'humaniser sous l'iatlueDceda

(t) Voir ••• Vies dans S. JérdOM, «t KUa fP., de kswaid*. — (S) 1m!«.izxt.
n mSTOlRE UNIVERSKLLK DE I/l'j'.LISE CATHOLIQUE
christianisme. L'empereur Constantin sans , dans les persécutions précédentes, et à se re-
être proprement ehrélien, sans en avoir eon- tirer dans les montagnes el les solitudes. Cc-
trael6 les obligations par le ijaptemc (|u'il ne pi;ndantLiciniu- ne voulait pas qu'on parlùtde
recevra ipie peu de jours avant sa moil.s'rlait persécution, et la désavouait de paroles, tandia
déclaré pour la cause chrétienne et la l'avori- ([u'il l'exerçait si eruelleinerit en eirel. Saint
Bait. Son beau-frère Licinius fit d'abord di- iSlaise, évèque de Séba-le <n Arménie, souflrit
même, mais il ne persévéra point. Dés '3\'i, le mai'lyre à celle époque. .Apres avuir eu les
les deux empereurs se firent la guerre pour cé)tés déchirés avec des peignes de fer el en-
des brouillerics de famille Licinius ayant
: dur'- plusieurs autres fourmenls, il eut la tète
^té battu deux fois, ils se raccommodèrent in tranchée, et deux jeunes enfants avec lui. On
rf15. furent consuls ensemble et créèrent trois fit aussi mourir sept femmes, qui furent re-
ésars, le jeune Licinius deux
lils de Cons-
et connues chrétiennes, parci- qu'elles recueil-
jeune I,ieiiiiiis
lantin eteréèrenl trois césars, le laietil les gouttes de son sang (1).
lit deux (ils de Constantin, Cri-pus cl Cons- Dans la même ville île Sebasle, il y eut
Inntin le jeune mais la bonne intclligenci; ne
; quarante autres martyrs, illustrés par les pa-
dura guère. Licinius rci-iiumieni'a bientôt à négyriques des Pères de l'Eglise c'étaient :

brouiller les all'aires et à persécuter les chré- quarante soldats. Ayant courageuse-
coiifes.sé
tiens en liaine de Constantin. Pour trouver des miMil la foi l'hrétienne devant leur général
f)rétexles de ciiomnie cDutre les évèqucs, il ainsi que devant le gouverneur de la province,
eur défendit d'alb/r dans les maisons des ils furent exposés nus sur un étang glacé par
païens, de peur (|ii'ils ne les convertissent, le froid de l'hiver. « Une mauvaise nuit non*
d'avoir aucune communication les uns avec vaudra l'éternité, » se disaient-ils les uns au»
les autres, de visiter les églises voisines, ni de autres. Ils firent tous ensemble cette prière :
tenir des conciles. Knsuile il chassa tout d'un <iSeigneur, nous sommes entrés quarante au
coup de son palais tous les chrétiens, envoya combat, ne permettez pas qu'il y en ait moins
en exil ses serviteurs les plus fidèles, donna de quarante de couronnés qu'il n'en manque ;

comme esclaves ceux qu'il avait honorés pour pas un du nombre que vous n'avez point limité
leurs grands services' confisqua leurs biens et sans dessein. » Cependant, à coté se trouvait
les menaça même de mort. C'était l'an .'tl'J, un bain chaud pour celui qui voudrait se re-
Sûus le cinquième consulat de Constantin avec tirer en renonçant à Jésus-Christ, l'n garile
Licinius le jeunr. Licinius le père fit une se- veillait auprès. Tout à coup il vil des anges
conde loi, par ia(iuellc, sous prétexte d'hon- descendre du ciel et distribuer des couronnes;
nêteté, il détendait aux femmes de se trouver mais il n'y en avait que trente-neuf. Comme
avec les hommes aux prièrt^s communes ou il se demandait pourquoi il en manquait une,
aux instructions dans les églises, et aux il vit un des quarante entrer au bain et expi-

évèqucs de les instruire. Il voulait qu'elles rer. Frappé de cette vision céleste, le garde
fussent instruites par d'autres b'inmes. .Mais appela le commandant du poste, se déclara
comme tout le monde se moquait de son cliri'tien. ota ses vètemenls et se joignit aux
règlement, il s'avisa d'un autre moyen |)our trente-neuf martyrs pour obtenir la quaran-
détruire les églises. Il voulut que les assem- tième couronne. Le lendemain on mit les
blées se fissent hors des villes, en pleine l'am- corps des martyrs sur un chariot pour les
pagne, attendu que l'air y était meilleur. briller dans un bûcher. L'n d'eux, le plus
Licinius fut ainsi le premier empereur sacris- jeune, respirait encore. Les bourreaux le
tain. laissèrent dans l'espérance qu'on pourrait le
Comme vit que cette dernière ordonnance
il faire changer. .Mais sa mère le prit entre ses
mieux observée que l'autre, il com-
n'était pas bras el le plaça elle-même sur la voilure, en
mença à pers'cuter ouvertement, et com- lui disant Va. va, mon fds. arhever cet heu-
:

manda qu'en chaque ville les officiers des reux voyage avec tes camarades, afin que tu
gouverneurs fussent cassés s'ils ne sacrifiaient ne te présentes pas à Dieu le dernier. C'était
aux idoles plusieurs perdirent ainsi leurs
: une femme, et une femme du pelil peuple (2)!
charges. La persécution se fil principalement Celle perséi-ulion. jointe à quelques ni- i

contre les évéques, qu'il regardait comme ses dcnls politiques, occasionna une rcconde
plus grands ennemis, à cause de l'aflection guerre enlre Constantin el Licinius Ce der
que Constantin leui lènioignait. On conqite nier s'était encore rendu odieux par son ava
entre autres saint Basile, cvèque d'.Vmasée rice, sa cruauté, ses débauches il faisait ;

dans le Pont. Ce fut dans celte ville el les mourir plusieurs personnes pour avoir leurs
autres de la même |irovince que l'on exerça richesses, ou il corrompait leurs femmes. Les
les plus grandes cruautés. On abattit queli]ues préparatifs de cette guerre furent considéra-
églises de fond en comble on ferma les
; bles de part cl d'autre. CÀinstantin avait cent
autres. t1n lit mourir plusieurs évèques.el il y trente mille homme», tant su\ terre que sur
en eut dont les corps furent mis en pièces, mer son fils Crispus commandait la llolte.
:

comme 'a chair à lu boucherie, puis jetés à la Licinius avait environ cent soixante-dix mille
mer pour èlre la pàlure des poissons. Les hommes. Constantin, pour montrer qu'il at-
fidèles recommencèrent à s'enfuir, comme tendait de Dieu la victoire, menait avec lui

(1> Bu>4b.» Vif CoHtL; e> xus-fcvi. '« |S) fiuiDkTl. A*f y il. •! Atla SS X •na'f.
LIVRE TRENTE ET UNIÈME. Il

des évèqnes, et faisait marcher à la tête de Constantin resta donc seul maître de l'em-
ses troupes l'enseigne ornée de la croix, c'est- pire. Quoiqu'il ne fût pas encore chrétien ni
à-dire le Labarum. On le gardait dans une même catéchumène, ses mer urs étaient chas-
tente séparée loin du camp et, la veille des ; tes ses ennemis mêmes ne lui font aucun re
;

jours de combat, l'empereur s'y relirait pour proche à cet égard. On n'en peut pas toujours
prier avec peu de personnes, observant une dire autant en ce qui est de la douceur chré-
pureté particulière, et pratiquant le jeune et tienne. Dans ses guerres contre les Francs, il
la mortification. fit dévorer plus d'une fois les captifs, même
Licinius s'en moquait, et menait avec lui des rois, par les bêtes de l'amphithéâtre. Ce
des devins d'Egj'pte, des magiciens, des em- spectacle rappelait les dieux sanguinaires du
poisonneurs, des sacrificateurs et des prophè- Capitole, et non pas le Dieu de l'Evangile.
tes d'idoles auxquelles il offrait des victimes Zozime, Eutrope et saint Jérôme lui repro-
pour les interroger sur l'événement de la chent encore d'avoir fait mourir Licinius con-
guerre. Elles lui promettaient une victoire tre la foi jurée, peu après l'avoir envoyé à
certaine par de longs oracles composés en Thessalonique Socrate en donne pour raison
vers magnifiques. Les interprètes des songes, que Licinius commençait à remueret à tramer
les augures et les aruspices lui faisaient les des intelligences avec les Barbares (:2) Mais
mêmes promesses. Plein de confiance, il as- Eusèbe, éternel panégyriste de Constantin,
sembla les plus familiers de ses gardes et de n'en dit mot. Ce qui est encore plus fâcheux^
ses amis dans un bois qu'ils estimaient sa- c'est qu'après le père, il tua le fils, le jeune
cré, rempU d'un grand nombre d'idoles et, ; Licinius, son propre neveu, qui n'avait que
après qu'il leur eût allumé des cierges et fait onze ans. Le monde nommera ceci politique,
les sacrifices ordinaires, il dit à ceux qui l'ac- raisons d'Etat le christianisme le nomme
;

compagnaient Voilà, mes amis, les dieux de


: cruauté. Ce qui n'est pas moins déplorable,
nos pères, que nous honorons comme nous c'est que, l'année suivante, sur l'accusation
avons appris d'eux notre adversaire les
: calomnieuse de Fausla, sa seconde femme, il
a abandonnés pour je ne sais quel Dieu fit mourir l'ainé de ses propres fils, le césar

étranger, dont le sijine infâme profane son Crispus, dont Eusèbe lui-même fait l'éloge et
armée cette occasion fera voir qui de nous
; qui venait de s'illustrer par une victoire na-
est dans l'erreur. Si ce Dieu étranger de vale. Peu après, il découvrit que le jeune
Constantin, dont nous nous moquons aujour- prince était innocent, et qu'il n'y avait de cou-
d'hui, lui donne la victoire malgré l'avantage pable que sa marâtre; il la fit étouffer dans
du nombre, il faudra le reconnaître si les ; les vapeurs d'un bain. Ces exécutions tragi-
nôtres l'emportent, comme il n'en faut pas ques dans la maison impériale coûtèrent la
douter, nous ferons la guerre aux impies qui vie à plusieurs amis de l'empereur même. Il
les rejettent. Voilà ce qu'Eusébe assure avoir courut à cette occasion un distique sanglant,
appris d'un témoin oculaire (I). qui le taxait à la fois de luxe et de cruauté :
Licinius, campé avantageusement sur une « Qui regretterait le siècle d'or de Saturne?
montagne près d'.\ndrinople, se confiait ainsi Le nôtre est de perles, mais de perles à la
en ses dieux et en leurs oracles , lorsque Néron. » Eusèbe garde sur toutes ces exécu-
Constantin le surprit, mit son armée en dé- tions le plus profond silence ce qui dit beau-
;

roule et se rendit maitro de son camp. C'était coup. Sans doute, Constantin était encore plus
le 3 juillet 32i. Licinius, après avoir laissé malheureux que coupable sans doute (|uc la
;

trente-quatre mille hommes sur le champ de foi romaine l'absout, cette loi de fer qui met-
bataille, s'était enfui et enfermé dans Byzance. tait la fenmie, les enfants, la famille entière à
Peu de temps après, Crispus ayant également la discrétion de son chef; mais la loi des dé
défait sa tlotte, il s'enfuit de Byzance à Chal- cemvirs n'est point la loi du Christ, ni même
cédoine. Constantin le poursuivit. Il y eut une de l'humanité (3).
Beconde bataille prés de la dernière de ces A côté de ces restes barbares de son origine
«illes L'cinius y fut encore défait, et avec un
: Ihrace et de la dureté romaine, on voit dans
r.el carnage, que de cent trente mille hommes les lois de Constantin l'humanité chrétienne
qu'il avait, à peine s'en sauva-t-il trois mille. qui commence à poindre comme une aurore
Aussitôt Byzance et Chalcétioine ouvrirent nouvelle. Durant les guerres civiles, particu-
leurs portes : Licinius se retira à Nicomédie ;
lièrement sous la tyrannie de .Maxence. plu-
Constantin l'y assiégea encore. Alors, déses- sieurs personnes avaient perdu leur liberté.
pérant de ses affaires, il sortit en état de sup- Par une loi de 314, Cousliinliu ordonne de la
pliant, lui présentant la pourpre, le recon- leur rendre, sous des peines très-sévères,
naissant |)OMr son empereur et p(jur son mdilre mêmes contre ceux qui, connaissant de co»
dciiiiiiid.iiil ]iai(liiii du passé, et se con- personnes injustement retenue? ei servitude,
Iciitaut qu'il lui sauvàlla vie, en considération n'en avertiraient ]>as les magistrats-, et il dé-
do sa femme' Constancie, sœur de Conslaulin. clare que même
soixante ans ne peuvent nres
Le vainqueur lui accorda celle grâce et l'en- crire contre la liberté de l'homme. Jusqu'alnrs
voya à Thessalonique. on marauait sur le front ceux qui étaient con

11) Eiiseb., VUa Contt., l II, c. ni-snr. — (2) Zoiime, 1. U. Eutrope, Con$t. Hiéron,, Chron. — (3)TU»e.
ment, H:il. lUt tmp.
u HISTOinE UNFVERRRLLE DE L-ËGLIBE CATnOLIQDB

damnés à l'amphithi-âlre ou aux mines : nir les accusés en prison, on la leur rendra
Constantin ddcnd en :i\~t, de df^'^iionorer
,
la plus douce qu'il se pruirra, el qu'on ne les

ainsi le visage de l'homme, attendu qu'il y melira jamais <lans les cachot», mais toujours
paraît un vestige de la majesté du ricl. I.a dans les lieux le» plus commode»ctoi'i il vaura

même année, il abolit le supplice ignominieux le plus d'air, surtout durant le jour, et il prfv
des esclaves, le supplice do la croix depuis ;
noni'e peine de mort contre Ie«ne6lier» quitnal-
que le Christ on était mort, et que la croix Iraiteraienl le» détenus. En .'li-"». il d'-fenil le§
était devenue l'étendard des braves, son igno- eoitdtat» des gladiateurs el tcuI que les cri-
minie tournait en gloire. Mais où l'on voit le minels que l'on y condamn.iil luparavanl
pas immense aue le christianisme avait déjà soient envoyés aux mines, adn Je leur conser-
fait faire à l'Iiumanité, c'est dans une autre ver la vie -ans laisser leurs crimes impunis.
loi de la même anmc. L'ancienne législation L'an 322, il oi'dorme que si on dispute la li-
de Sparte et de Kome, nfin-seulcmenl per- berté à un homme oui en jouit, et qu'il ne se
mettait, mais ordonnait au père de ramille de trouve personne qui veuille la lui défendre
faire mourir le jeune enfant qu'il no voudrait comme les biis romaines le deniandaient, on
ou ne pourrait nourrir. Constantin traite ceci fera des proclamations el des affiches pour
de parricide, et ordonne que dés qu'un père exhorter et contraindre même ceux qui se-
apportera aux officiers fies finances un enfant raient assurés de sa liberté à le défemirc ;

qu'il sera hors d'étaV le nourrir, ils prendront que si, après cela, il est condamné faute d'avoir
indifléicmmcnt ou sur le trésor public, ou sur trouvé un défenseur et que dans la suite il en
le domaine du prince, ce qui sera nécessaire trouve un, non-sculemenl il sera reçu a prou-
pournouirir et habiller l'enfant; et cela sans ver sa liberté, mais, au cas qu'il la prouve,
aucun délai, attendu que la faiblesse de l'en- celui qui se l'est fait adjuger comme esclave
fant n'eu supporte pas. Il veut que cette loi perdra, pour peine de son injuste poursuite,
soit publiée dans toutes les villes d'Italie, et y un autre de ses esclaves. Il fit encore, l'année
demeure gravée sur l'airain pour la rendre suivante, une autre loi dans le même sens (I).
comme En 32:2.11 fera pour l'Afiique
éternelle. Le paganisme autorisant les célibalaires i
une non moins charitable, ordonnant aux
loi vivre dans le libertinage, les époux à tourner
proconsuls, gouverneurs et trésoriers, de venir le mariage en débauche, les pères à égorger

au secours des pères de famille que l'indi- leurs nouN-eaux-nés.la population courait grand
gence réduirait :\ vendre leurs enfants. Dès risipie de dimirmer en bien des pays. Pour
3l.'i, défendit encore, sous peine de la vie,
il prévenir cet inconvénient, l'empereur .VukusIa
de pour dettes ni les valets, ni les ani-
saisir avait accordé des priviléires aux époux qiii
maux qui servent au labourage. avaient des enfants léi^ilinies. et imposé des
Tout le monde sait que, sous le paganisme, peines a ceux qui n'eid raient pas clan* le ma-
la masse du genre humain était esclave, et riage, ou ([ui n'étaient point assez heureux
qu'il n'y avait de libre ipu' le petit nombre. pour dever.ir pères. Lechrisliani>me. qui con-
I^'airranchissemenl n'était point aisé selon le : damne le libertinage comme un crime, qui
droit romain, il ne devait se faire que devant ordonne fie se marier ou de garder la conli-
les pri'teurs et les consuls, et avec de grandes nenee parfaite, qui commande aux époux d«
formalités ; en sorte qu'il était difficile à un n'user du mariage que dans les vues de la
maître, quelque désir qu'il en eût, de rendre Providence, el d'élever avec soin tous les en-
un esclave libre et citoyen romain. En 3I(), fants qu'elle bnir enverra le rhri.'tianisme ;

Constantin leva tous ces obstacles en per- , changeait eomplélemeni l'elal de.» choses. l'Iut
mettant à tout le monde d'affranchir ses es- il met la virginité en honneur, plusil sanrtilie

claves dans l'église, en présence du peuple l'union conjugale el favorise la population


chrétien et des évéquos, n'y demandant sjiine et legilinio. Aussi, plus on voit de vier-
d'autres formalités qu'une simple alle.-*tation ges chrétiennes dans un paj's, plus on y voit
signi e des minit.'.res de l'Kglise. Il déclara [inr les familles nombreuses: e'esl une obs<<rva-
une autre loi, que tous ceux qui auraient été tion de saint .\mbroise ^i). ."sous le rbrisli.i-
all'r.-.nclus de celte manière jouiraient pleine- nisme. la loi d'Auguste devenant ain-i sjins
ment de tous les droits de citoyen romain. liul. Constantin l'abolit en ce qu'elle avait
Dans une loi du mois île b-vrier .'t^o, il défend d'injurieux pour la virginité et la conti-
de faire souffrir aux débiteurs du fisc, ni les nence (3).
prisons ordinaires, qui ne sont, dit-il. que En ro qui regarde plus direclement la reli-
pour !es criminels ni les fouets et les autres gion, Constantin ruinait peu à peu le pag»>
supplices invenli's, lit-il, par l'insolence des uisme sans le perséculer. .Vujounrhu», il nocs
juges, et néanmoini ordinaires eu ces lenip*- souveraii»emenl riilicule el absurde,
p.irailr.'iil

là pour la simple i]i estion. voulant qu'on les lie vouloir counaiire les volontés Ju ciel par
tint seulement arrêtes en des lieux où on eùl les entrailles des bêle- ou par leur nunam^
toute liberté de les voir. La même année, il c'est-à-dire par les aruspices et le^i augures.
ordonne que les procès criminels s'examine- Les sénateurs de Home ivitonne en peu-.-iicnt
ront el se videront avec toute la diligence a peu pn'-s eouïme nous. Ciciron ne concevait
possible ; el que s'il faut nécessainMOfinl rwlo DOS comment un aruspice en pouvait regar

(1} Voir le C«d« (AiocftMini.Tiilemoot el Biolber^. — (t^Àniir., Vwf. '. lit. ~ (3) TiOemuol, 4ru 41
LIVRE TRENTE ET CNlftME. 15

der nn antre sans rire. CepenHant Cicéron rendons grâces des bienfaits passés, et nousen
était lui mr'nc augure, el il s'en gliii'ifie com- es[ii'ronsde vous pour l'avenir. .Nous vous sup-
me du |ilu5 granfl honneur. C'est que ces par- plions de nous consei-ver longtemps, sauf et
leurs (le sagesse gouvernaient la mullilude par vainqueur, notre empereur Constantin et ses
ces ridicules superstitions. Il y a plus dans : bien-aimés enfants. »
son Trnité 'ics lois, où il constitue à son grii Lorsipie. par la défaite de F.iciniuB, il fut
la ré|nil)li([ue, il condamne à mort «juiconque également uiaili'e de tout l'Orient, il y publia
n'olii'it point à ce que prononcera l'aruspice divei'ses proclamations, l'une en particulit^r
ou l'augurr [te ('n<;on (pie ce pliiloso[ilie légis- adressi'e aux églises de Dieu l'autre au peu[)le
lateur, qui reonnait d'un coté (pie la supers- de chaque ville. Dans cette dernière, que noua
tition étoulle la raison de l'Iionime, contraint a conservé(^ Ivisèbe, il relève d'abord la puis-
de l'autre ce ni(';iue homme à se soumettre à la sance de Dieu par les heureux succès qu'il lui
Voià ce que la rai-
supfîrstition qui l'étouH'e. avait accordés, et par les malheurs arrivés à
s-on humaine pouvait attendre d'une législa- ceux qui avaient pers('culé les chrétiens. Il
lation purement humaine. Mais le bon sens, reconnaît que Dieu, voulant délivrer le monde
dont .Moise avait fait un dogme pour les Juifs, des calamtés où l'impiété des dernie''= persé-
Jf> christianisme répandait depuis trois siè-
le cuteurs l'avait plongé, et faire éclater partout
cles [)artnut, même
dans l'esprit des servantes la majesté de son nom, l'avait choisi pour
et des vieilles femmes il ne pouvait manquer
;
•exécuter ce grand dessein, et l'avait amené
à la fin de pi'netper dans les lois publiques. On les extrémités de l'Occident à celles de l'Orient,
en voit d('jà quelque chose dans celles que en dissipant devant lui tout ce qui s'opposait
Constantin fit à ce sujet en 31';'» et 'MO. Il y à sa marche. Je ne manquerai donc jamais de
traite les aruspices de superstition mais il ne ; reconnaître un bienfait si grand, et je crois
les proscrit pas encore. Seulement il y met des fermement devoir employer ma vie, mon àme
restrictions plus ou moins gênantes; il défend, et tout ce que je puis avoir, pour accomplir
sous des peines très-sévères, de consulter les un si grand ministère.
entrailles des victimes dans les maisons parti- il ajoute que ceux qui avaient souffert pour

culières il veut
; qu'on le fasse en public et la foi n'avaient nul besoin de la faveur des
dans les temples, et même qu on lui en rap- hommes, puisqu'ils attendaient de Dieu, dans
porte le résultat. Comme i^'avait été un puis- le ciel , une récompense infiniment plus
sant moyen de gouvernement, peut-être que grande et plus glorieuse mais cela ne le dis-
;

lui-même n'en était pas encore tout à fait pensait pas, lui, d'honorer leurs mérites car ;

désabusé. il est bien juste que ceux qui se sont exposés

Dès le temps des apôtres, le premier jour de a toutes sortes d ignominies et de tourments
la semaine, jour de la résurrection du Christ sous la tyrannie des ennemis de Dieu, rei'oi-
et de la descente du Saint F.sprit, était devenu vent des honneurs et des récompenses de ce-
le dimanche ou le jour du Seigneur les chré- : lui qui fait toute sa gloire d'être serviteur du
tiens s'y réunissaient à l'église poar chanter même Dieu II ordonne donc que ceux qui
les louanges de llieu, écouter sa parole, avec, auront été condamnés pour la foi, à l'exil,
les explications qu'en donnaient ses ministres, aux mines ou à quehpie autre peine que ce
assisterau sacrifice et partici[)er à la cominu- soit, seront rétablis dans leur premier état ;
îiion.Ce jour devenait ainsi naturellement un qu'on rendra les biens à ceux qu'on en avait
jour de fête, où cessaient les travaux ordi- clépouillés ;
que ceux (pii avaient été privés
naires. Comme c'étaient principabMiient en ce de (pielque charge militaire, auront la liberté
jour i|u'on recevait et qu'on instruisait les ca- d'y rentrer on de vivre avec honneur dans le
U'chiimènes, et que juifs et païens pouvaient repos qu'ils auront préféré à ces t;mplois :

assister aux instructions publiques, on sent que, pour ceux qui étaient morts dans le mar-
que l'usage de fêter le dimanche dut s'intro- tyre, leurs biens seront rendus à leurs héri-
duire insensiblement parmi les païens mêmes. tiers naturels, ou, s'ils n'en ont point, à l'K-
Constantin en lit une loi l'an .'i'JI. Les tribu- glise de Dieu, à moins que les saints n'en
naux devaient y vaquer, on devait cesser les eussent disposé eux-mêmes; que tous ceux
travaux ordinaires; il en exci'|)la les travaux qui se trouveron* en possession de ces biens,
d'agriculture, dans lesquels un jour est (]U('I- soit les parliculi(!rs, soit même le fisc, s'en
qnefois de grande importance. Il donnait tout dessaisiront au plus tôt, sous peine d'encourir
cejiiur aux soldats chrétiens poui- aller à son indignation qu'on rendra aussi tout ce
;

l'église et offrir à Dieu leurs prières l'our les qui peut avoir ap|iarteuu aux églises mai- :

autres, il les envoyait dans une belle [ilaine, sons, terres, jardins ou toute autre chose da
où les mains el les yeux élevés vers le ^(^l, il même nature, mais particulièrement les liens
leur faisait réciter à tous, en latin, la pricre où étaient enterres les saints martyrs; (|U8
suivante Nous vous reconnaissons le seul
:
•• du lise, ou rei;n c»
c(uix (pli aiii'aient acheté
Hieii, nous vous faisons honmiage coiiinn' à don des empereurs (piebpie bien de ce genre,
notre roi, nims vous invoipmns à notre se- seront obliges deh" rendre ((Uniiie les autres,
cours. (Veslpar V(UiS(pie nous avons rem|iorti' mais pourront espérer de sa boulé un dédotn»
(a victoire et sur|ia>si' nos ennemis. Nous vous magerneut raisonnable (1).

(t) Bu^b., Vila Coiisl., I. II, 0. xxiv-xu>


16 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'RGLISE CATnOLTQtjn
Non contonl d'avoir rendu à l'Iîglise une sait le creux des idoles, On ne trouvait, dans
entière lil)crlt;, Con^tantin envoya dans la plu- les parties plus secr.-tes dts temple-, ni
les
part des provinces des gouvorn^urs chnHiens. dieu t|ui rendit des oracles, comme ou avait
Ceux mêmes qui ne relaient pas avaient or- cru. ni démon, ni fantôme ténébreux. Il n'y
dre de ne point sacrifier aux idoles, ni de avait caverne si obscure et îi profonde, ni
faire aucun acte de cette nature la même ; sanctuaire si fermé, où le» envoyés de l'em-
défense s'étendait à tous es grands officiers,I pereur et les soldats mêmes ne pénétrassent
même aux préfets du prét^Dire. Puis il du-fen- impunément : on reconnaissait l'aveugle-
dit par une loi, qu'il confirma souvent, de ment qui régnait depuis tant de siècles (2).
consacrer de nouvelles idoles, de consulter Ce qui étonne après de si beaux actes dans
les devins ou faire quelque action semlilable, Constantin, c'est que, sans les prendre lui-
et même généralement d'offrir aucun sacri- même, il ait souffert qu'on lui appliquât le?
fice. Cette loi était accompagnée d'une autre, termes d'éternité, d'adoration et autres sem-
qtii ordonnait de rétablir les églises négli- blables introduits par l'orgueil des empe-
gées durant la persécution, ou de les aug- reurs idolâtres et l'impie adulation des cour-
menter et le? faire plus grandes, ou d'en b;'i sans. C'était une espèce d'idolàti-ie, qui lendaif
tir de nouvelles, qui pussent contenir tous les à faire de l'empereur même un faux dieu.
habitants des lieux, puisque nous espérons, L'incurable vanité des successeurs de Cons-
disait-il, qu'ils embrasseront tous la foi du tantin portera les choses encore plus loin.
Dieu véritable. 11 voulait qu'on prit sur son L'Eglise triomphait de l'idolâtrie, mais d'an-
domaine particulier les dépenses nécessaires tres ennemis se présentaient à combattre le :

pour ces bâtiment!', et qu'on n'y épargnât schisme et l'hérésie car, plus encore que la
;

rien. Il écrivit sur le même sujet aux évoques vie de l'homme, la vie de l'Eglise sur la terre
métropolitains, qu'il appelle ses trcs-chers est un combat continuel. Ainsi que nous le
frères. Eusèbe rapporte la lettre qu'il en reçu» vei'ion», r.Vfrique était diviséepar le schisme
comme archevêque de Césarée. C'est la pre- des donatisles, l'Egv'pte par celui des mélé-
mière que lui écrivit ce prince (1). ciens. Mélèce de Lycopolis en Thébaide, ayant
La piété de Constantin croissant toujours, été convaincu de plusieurs crimes, et entre
il adressa comme une proclamation pasto- autres d'*voir sacrifié aux idoles, fut déposé
rale à tous ces peuples d'Orient, pour les dans un concile, par Pierre, évèque d'.\lexan-
exhorter à reconnaître le Dieu supr.'me et drie. .Mélèce n'eut point recours à un autre
son Christ, le Sauveur. Il fait ressortir les concile, et ne chercha point à se justifier de-
merveilles de sa providence, des événements vant les successeurs de Pierre, car il vécut
lui venaient de se passer sous leurs yeux; longtemps après mais il fit un schisme, se
;

d'un cuté la vie heureuse de son pêrc Cons- séparant de Pierre et des autres évi'-ques, con-
tance, et de l'autre la mort funeste des persé- tre lesquels il commença à publier des calom-
tuteurs. Il y prie d'une manière touchante nies, pour couvrir la honte de sa déposition.
pour la conversion et le bonheur des Orien- Il prétendait s'être séparé de Pierre pour
taux. Si le paganisme n'avait pas encore été n'avoir pas été de même avis touchant la ré-
trop enraciné, il aurait abattu les temples d'i- conciliation des apostats, et l'accusait de trop
doles. Avec le temps, il les ferma, défendit d'indulgence. Ce schisme commencé vei-s l'an
d'y entrer. 11 y en eut dont il lit oter les por- 301. eut de graves suites. Nous le verrons as-
tes d'autres qu'il fil découvrir, en sorte
; soup; i'an 3:J.ï, dans le concile de Nicée qui
qu'ils tombaient en ruine; d'autres dont il fit conservM honneur épiscopal à Mélèce et ra-
1

enlever les statues de bronze, révérées et fa- tifia ses ordinations.


meuses depuis plusieurs siècles, pour les expo- Ce concile cul à décider une affaire bean-
ser aux yeux de tout le monde dans les places plus grave; il eut à condamner une erreur
publiques. Quant aux idoles d'or et d'argent, non moins funeste que l'idolâtrie, une erreur
il les faisait fondre, pour les distribuer en li- qui ramenait l'idolâtrie sous un autre nom et
béralilês. Il y en eut quelques-uns qu'il dé- Sapait le chri^tianisme par sa base.
molit entièrement, à cause des impureti-s abo- En mourant pour l'unité de Dieu, les mar-
minables qui s'y commettaient; tels le temple tyrs mouraient aussi pour la divinité de son
d'Alphaque sur le mont Liban, celui d'Kge en Christ ; ils ne séparaient point ces deux vérités
Cilicie, cl celui d'IIeliopolis en Phênicie. l'n ilans leur confession : les païens mêmes en
grand nombre de païens ouvrirent alors les sont témoins. Ce que les martyrs écrivaient
yeux et reconnurent la vanité de leur religion : avec leur santj sur les places publiijues, les
plusieurs dcvenaienl chrétiens, idusicurs mé- Pères de l'Eglise l'écrivaient dans Icjrs livres.
prisaient au moins ce iju'ils respeclaieiil au- Nous l'avons vu dans saint li;nace, .<iint Tliéo-
paravant, en voyant ce (|uc cachait cette belle liliile, saint llippolyle. Clément d'.Vlexandrie.
apparence des temples et des idoles. On y Origène. saint (in-goir»' Thaumaturge. Deny»
trouvait ou des ossements ou des têtes do Alexandrin et autres parmi les Grecs; dans
morts détournées pour des opérations magi- Minucius Félix, Tcrtullien. saint Cyprien. \t
Sues, ou de sales haillons, ou des monce.nix 'be. I.actance parmi les Latins. \a' mot de
e foin et de paille car voilà ce qui rcmplis-
; consubslanliel ou d'horaoousios était le mot

(1) Easeb., ViU Const . I. II. e. xlvi -(2> lb,d.. I. III. Soc., I. I. Soi.. I. II.
LIVRE TRENTE ET UNIEME.
proi)re dont le vulisaire même des chrétiens sai d'Athanase. Sa ^^e entière sera consi
se «crvait pour exprimer sa foi sur la divinité à défendre et à développer ces grandes
du Christ. rites.
Un homme devait eomme résumer en soi Le disciple bien-aimé du Sauvent disait dans
les trois premiers siècles. D'une foi profonde ^on Kpitrc: » Mes enfants, ains'i que vous
et inébranlalîic, d'une pénétration qui voyait l'avez entendu dire, l'Antéchrist vient ;t déjà
clair dans le? affaires les plus endinniiliées. il est dans le monde; déjà maintenant il y a

d'une prudence que les ennemis les plus rusés eu plusieurs antechrists. Ils sont sortis d'avec
ne pourront jamais trouver en défaut, d'une nous, maisils n'étaient pasd'entrenous. Quicon-
dialectique qui dissipera comme une toile que nie que Jésus soit le Christ, celui-là est un
d'araignée les plus astucieux sophismes, d'une antechrist; il nie le Père et le Fils. Quiconque
éloquence qui met à la portée des plus simples ne confesse pas que Jésus-Christ est venu dans
les questions les plus hautes, d'une fermeté la chair, celui-là est un antechrist. Pour nous,
que le monde entier n'ébranlera point cet : nous savons que le Fils de Dieu est venu et
homme se nommait Athanase; ilétait d'Alexan- nous a donné l'intelligence pour connaître le
drie, à ce que l'on croit. On ne connaît rien Dieu véritable; et nous sommes dans le véri-
de son enfance et de sa jeunesse. Comme le table, dans son Fils Jésus-Christ: celui-ci est
soleil, depuis sa première apparition jusqu'à le vrai Dieu et la vie éternelle (2). » Dans ces
son d(^,lin, il fut toujours semhlable à lui- paroles, avec la foi immuable des chrétiens,
même, grand, sublime, sans tache. 11 mena saint Jean signale aussi le caractère de l'Anté-
d'abord la vie d'ascète sous la direction de christ et de ses précursenrs; c'est de nier soit
saint Antoine, auquel il fut toujours uni d'une l'éternelle divinité du Christ, soit la réalité de
inaltérable amitié. son incarnation. Tels les ébionites. qui en fai-
.ic'iiiie encore, il écrivit contre les pa'iens saient un pur homme tels les docètes, qui ne
;

deux livres. Son but y est de prouver, par lui altiibuaientqn'une incarnation apparente ;

l'ceuvre même
de la croix, que le Crucifié est telles les dillerentes sortes de gnosliques, qui
IHeu et le fils de Dieu. En voici comme la en faisaient une espèce d'avorton de l)ieu.
substance La création et la rédemption sont
: Tous ces hérétiques se séparaient de l'tglise.
l'ceuvre du même Verbe, Le \'erbe est l'image Une nouvelle hérésie, reprenant le fonds de
du Père; le premier homme a «Té fait à l'i- toutes ces erreurs, voudra les implanter dans
mage du Vci'be dans son àme comme dans un
; l'Eglise même. Ce sera comme l'avant-garde
miroir, il voyait le Verbe, et dans le Verbe le de l'Antéchrist, qui essayera dés lors de s'as-
Père. Le Verbe avait, de plus, imprimé son seoir dans le temple de Dieu. La guerre se
vestige dans la création l'homme s'en ser- ; fera non plus directement contre l'Eternel,
vait encore, comme d'un degré, pour s'élever ainsi que sous les persécuteurs idolâtres, mais
à la contemplation divine. Le mal n'existait contre son Christ. Et cette querre durera éga-
point ori,i;iiiellement; ce n'est [las non plus lement trois sièiles, sous le nom d'ariaiiisme.
une sid)stance, c'est une défection de l'honiine, Voici quel en sera le fonds :
qui, par son libre arbitre, préféra le non être Le caractère de l'arianisme sera la sépara-
à l'être, la créature au Créateur. L'idolàliie en tion de monde d'avec Dieu. Il posera pour
fut comme une suite naturelle. Albanase en l.remier principe, que Dieu est trop grand
fait voir l'extravagance et démontre l'unité de pour que la créature puisse soutenir son
Dieu. Pour s'élever ri la connaissance de îlieu action immédiate trop grand pour qu'il
;

le Pêrc, le Veriie adnnné à rniunine son âme, puisse être en relation immédiate avec ce qui
le spectacle de l'univers, et enlin la loi et les est fini que d'ailleurs cela n est pas de sa
;

prophètes ; ar la loi et les prophètes n'étaient


( dignité. Lors donc qu'il voulut créer le monde,
pas pour mais pour tous les
les Juifs seuls, il créa d'abord le Verbe, afin de créer par lui
peuples. Comme Verbe qui a crée
c'est le le reste. Le Verbe n'est donc ni éternel, quoi-
l'honinie, c'est aussi le Verbe (jui le restaure. que anti'rieur au monde, ni Dieu en réalité,
Il s'unit un corps humain, afin que, mourant mais seulement de nom Telle sera la doctrine
à la place de tous les hommes, et tous les (les ariens sur le Fils de Dicvi ils mettront
:

hommes mourant en lui, la mort n'ait plus de rFsprit-Saint encore plus bas. Et cependant
droit sur aucun d'eux, mais que tous |iarlici- ils adoreront le Père, et le Fils, et le Sai.it-Es-
pcnt à. sa pi'opre résurrecli(ui. Le Christ a prit. Ce (pii était ramener le polythéisme. Ce
vaincu la mort la preuve, c'est que tous les
: qui sup|Kis,ait que le Christ, an lieu de dé-
chrétiens la méprisent. Le Christ est ressus- truire l'itlolatrie, en avait établi une nouvelle;
cité ; temiiin \i' monde entier qu'il ressuscite. ipie les Juifs avaient eu raison de le \uetlre à
Tous dieux y sont reconnus Imnnnes
les laiix mort que les martyres, qui avaient versé
;

mortels; le Christ seul v es», reconnu Dieu vé- leur sang pour lin, n'étaient [is? iioins ido-
ritable. Dieu N'erbc de Dieu. Les païens mêmes lâtres que leurs persécuteurs: que le chrislia-
admiraient ce changemcnl; seulement ils en iiisme n'était au fond (pi'un pagatnsmc Ira-
D)éconriaissaieut la isnisc, semlilables à des versî (pie
; c'est à quoi aluiiilissaient les
t(immr i|iii, énieiveillés de ii luuiii re, nie- merveilles de la création et de la rédemption; et
«meraieni le soieii
p*"ii>eraienL soleil ^i;. lei nu
(Ij. Tel fui le lucinier es- (tut cela
htiii, ce en vcrlu de ce principe, que Dieu

(I) .Mhan., ewtra gentu. — (,i) Juan., i, 18-23; v, 18 ot 30.


T. IV
(9 msTOlRE UNIVERSELLE DE L'ÉULISE CATIIOI.IQUB

étant trop fcrand pour produire par lui- vers l'an ;<I3. Sa vie ét.'it ian? repr chp m
en produisit d'aiiord une,
rnt'rnr; la crr'aliire. docirine apostolique il était éloqo' nt. aii'i<*
;

po>ii' profluire par clic les autres: contradic- du clergé et du peuple, doux, allaoïe, libéral
tion idisurdo car s'il en a pu prodiiiie une,
; et chaiitable envcr.î les pauvres .Ma. s Arnis
pOMiipioi pas les aulres si jias les autres,
! avait compté être évêqiie bii-mème. Il ne put
jidurtpioi UTie ? Lui est-il plus impo??ilile supporter ((u'on lui en edt préféré un autre.
d'être en relation inmiédiate avec celle-ci j\e trouvant rien à reprendre aux ino-urs
qu'avec celle-là ? Mais les ariens, se tenant à d'Alexandre, chercha à calomnier sa doc-
il

l't^force, à lies raisonne incnis superficiels, ne trine. Ainsi, comme


.Mexqndre, suivant en
s'apercevront pas de la profundc déraison, tout la floctrine de l'Kvangile et de« ap iff^,
de riiorrililc iiMi)iélé de leur dodrinc (I). enseignait que le Fils de Dieu est .
i

Comme l'ICglise est un champ oi'i le bon Père et de la mènie substance. Ariii- i

grain et l'ivraie croissent |)i'le-méle iusrpi'à la soutenir que c'était là la doctrine de .'s,ii,.-liiiis :

moisson, il ne faut pas s'élijnner d y voir en que le Fils avait été fait et créé; qu'il n'a pris
tout temp.-^ l'ivraie mêlée au bon grain d'y ; toujours été; qu'il a été tiré du néant; que
voir, à coté de saints personnages, plusieurs par son libre arbitre il a été ca[)able de vice
autres qui ne le sont pas; d'y voir, même et de vertu. Il avait même de la hardiesse de
paiiiii les prêtres et les évéques, des esprits dire que le Fils était incapable de v^ir et de
amliilieux, suiierbes, corrompus, légers, su- connaître parfaitement son Père et de se con-
perlicifils, n'ayant du cbrisliani.-nie que l'exté- naître lui-même.
rieur, et ne s en servant que dans des vues hu- Arius ne répandit d'abord pa doctrine q'ie
maines. Il y a eu de cette ivraie parmi les dans des entretiens particuliers, en sorte que
apiitres, il y en a eu parmi les fidèles, il y en le mal demeura caché ouelcpie temps mai» ;

a eu dans les trois premiers siècles ; il y en quand il se vit écoulé cl soutenu d'un grand
avait au commencement du qualiièmc, et il y nombre de sectateurs, il la prêcha publique-
en avait beaucoup témoin le scliisme des
: ment. Les autres prêtres, qui gouvernaient les
clonatistes, que des évèqurs traditeursl'orment églises d'Alexandrie, se donnèrent aussi la
en Afrique témoin le schisme que Mclèce,
; liberté de prêcher des doctrines diirerentcs. et
autre évèqne apostat, forme en Egypte; témoin le peuple prenait parti pour chacun d'eux.
surtout l'hércsie arienne. Les plus fameux ét.iient (;ollulhe, Carponaset
L'homme qui donnera le nom à cette hé- Sarinate maiscesdcux derniers se rangeaient
:

résie, est Arius, prélre d'Alexandrie. 11 était du coté d'.Vrius, qui attira un grand nomlirc
natif de la Libye cyréna'iquc , comme Sabel- de vierges, douze diacres, sept prêtres et même
lius. C'était un homme d'une (aille avanla- deux evêqucs de Libye. Saint .Mexandre es-
tageuse, d'une figure imposante, d'un main- saya d'abord de le ramener par de? avcrli-isc-
tien grave qui inspirait le respect. Son abord ments charitables, et usa d'une telle patience
aflable et gracieux, sa conversation douce et que (]uolques-uns s'en plaignirent. l!ollulhe en
agréable appelaient la confiance. Des mœurs prit prétexte de se séparer, de tenir des a?-em-
austères, un air pénitent, un zèle apparent blées à part, et même d'ordonner des prêtres
pourla religion, im rare talent pour la dialecti- comme s'il eût été évêque, pn-tendant avoir
que, des connaissances assez étendues dans les besoin de celle autorib- pour résister à Arius;
sciences profanes et ecclésiastiques, mais sans mais le parti de Colluthe se dissipa bientôt.
beaucoup di; consistance ni de profondeur ;
Celui d'Arius, au contraire, croissant tou-
tout cela couvrait un fond de mélancolie, d'in- jours, saint Alexandre tint avec «on clerué
quiétude, d'ambilion, et un poùt secret pour deux conférences Arius eut la liberté de s^y
:

les nouveautés. L'apostat Mélèce ayant formé explicpier et de s'y rcconnailrc. Outre ce<ciin-
son scliisme. Arius s'y jeta. S'en étant retiré ferences publiques et particulières, le saint
depuis, saint Pierre d Alexandrie le rc(^ut de évê(pie le pressait encore, par ses lellres. de
nouveau à la communion, l'ordonna même renoncer à l'impiété et de revenir à la foi ca-
diacre, mais fut obligé de l'excommunier pou tholique. Tous ces moyens ayant été inutiles,
après, il cause de ses nouvelles liaisons avec il assembla un concile de prés de cent éveque*
les scnismatiques. Après le martyr de saint et d'Kgyple et de Libye: .\rius.yayant renou-
Vierre, il implura la démence de son succes- velé ses blasphèmes, y fut excommunié, av.ic
seur, saint Achillas qui non-seulement lui
, une douzaine de ses princiiiaux adhérents,
pardonna, mais l'ordonna prêtre, lui confia prêtres et diacres, l'.'ét.iit l'an ;t70.
une des principales églises d'Alexandrie, et Arius .-c retira dans la l'alestine, s'y fit df
même renseignement public des saintes Icllres. nouveaux partisans, même parmi les eveques.
Arius ne se posséda plus de vanité. Il s'ap- Plusieurs le recurent à leur communion et lui
pelait lui-même l'illuslre, à qui Dieu avait permirent de tenir des assemblées avec «-s
communiqué dans une mesure extraordi-
, sectateurs beaucoup d'autres, tant de la
;

naire, la science et la sagesse. Palestine que des provinces plus éloignées,


Suinl Achillas étant mort, on élut Alexandre écrivirent en sa faveur à saint Alexandre. A

0) *'|"'V;V
frmri. \. III. t«l
^ " ""'• ^'"'"''- *• *'f . »» et xxviu. M(Ttilpr. IV 'le tninl Athnnntt ou Ai'tnnntt le
oiivrajîo est le meillyur irsiié sur rananl.^ni.^ qu'il m fMU
y a.L I>e \n teur f aDcai»,
q« *iHU savoir la ihèologii», na pat toujours bien Misi ou reudu U
seo* de l'âulcur.
tIVBË TRENTE ET UNIÈME. 19

celle nouvelle, le saint éc^i^^t lui-même aux parce qu'Eusèbe de Césnrêe, voire frère, Ibéo-
évéques de Palestine, de Pliénicie et de Céle- dote, Paulin, Athanase, Grégoire, /Etiuset ^ous
ste, pour se plaindre de ceux qui avaient les Orientaux disent que Ilieu est avant son
reçu i!et hérétique. Les évéques répondirent Fils sans commencement, ils ont été frappé»
pour s"excuser et se justifier, les uns avec sin- d'anathème, excepté seulement Philogone,
cérité, les autres avec déguisement et hypo- Ilellaniqiie cl Macaire, trois hérétique igno-
crisie. Il y en eut qui déclarèrent qu'ils n a- rants qui disent que le Fils est, les uns una
vaient aucintenient reçu Arius d'autres ; expiration, les autres une projection, les autres
avouèrent qu'ils l'avaient reçu par ignorance; non engendré comme le Père, Impiétés que
d'autres dirent qu'ils ne l'avaient rc' u que nous ne pouvons seulement entendre, quand
pour le gagner et le r.inener à son devoir (I). même ces hérétiques nous menaceraient de
Mais Arius lui-même en avait gagné un, qui mille morts. Pour nous, ce que nous disons
l'cvint des lors le patron de ti)ute la secte et ce que nous pensons, nous l'avons enseigné
Celait un de ses anciens condi ciples. Ils et nous l'enseignons encore Que le Fils n'est
:

a>'aient eu pour niailrc tous les deux un cer- point non engendré, ni portion du non en-
tain F^ucien, disciple lui-même de Paul de gendré en aucune manière, ni lire d'aucun
Sainosate, et qui étaient resté excommunié sujet. Mais que, par la volonté et le conseil du
évéques d'Antioche (2). Ce patron
lUS trois Père, il a subsisté avant les temps et avant les
. liiit Eusèbe, évèqiie de Nicomédie. Il pensait siècles, pleinement Dieu, Fils unique, inalté-
comme Arius, avant même. Il passait pour rable, et qu'avant que d'être engendré, ou
avilir apostasie dans la persécution depuis il , créé, ou terminé, ou fondé, il n'était pas; car
était devenu, on ne sait comment, évê |ue de il n'était pas non engendré. Nous sommes
Héryle en Pliénicie. Plus courtisan qu'autre persécutés pour avoir dit Le Fils a un com-
:

chose, il s'insinua dans les bonnes grâces de mencement et Dieu n'en a point. C'est pour
Coiistancie. sonir de Constantin et femme de cela qu'on nous persécute, et pour avoir dit :
Licinius. L'évCché métropolitain de Nicomédie Qu'il est tiré du néant. Ce que nous avons dit,
é!;Mit venu à vaquer, Knsébe, qui mesurait la parce qu'il n'est ni une portion de Dieu, ni
(iif<nité épiscopale par la grandeur des villes, tiré d'un sujet. C'est pour cela qu'on nous per-
(]iiilla, sans aucune autorisation canonique, sécute. Vous savez le reste. Je souhaite que
la petite ville de Bérytc pour la ville impériale vous vous portiez bien dans le Seigneur, et
de Nicndémie. Lorsque Licinius faisait la que vous vous souveniez de nos afflictions,
guerre tout à la fois et aux ch rétient et à pieux Eusèbe collucianiste (3). »
Constantin, Kusèbe était pour Licinius Cons- ; Il appelle Eusèbe collucianiste, parce qu'ils
tantin vainqueur, il sut capter la faveiu- de avaient été ensemble disciples de Lucien, dis-
Constantin. Nous le verrons plus lard quitter ciple lui-même de Paul de Samosate, qu'il ne
Nicomédie pour Constantinople, et devenir le faut pas confondre, comme plusieurs ont fait,
préci'pteur de Julien l'Apnstat avec le martyr saint Lucien, prêtre d'.Vntioche.
Arius, s'étant donc retiré d'Alexandrie, im- On voit dans cette lettre toute l'hérésie d'Arius:
plora la protection de cet Eusèbccthii écrivit Que le Fils a commencé et qu'il est tiré du
cuire autres la lellre que voici. « Au très- néant, d'où suit, par une conséquence néces-
désiré seigneur, à l'homme de .(icu.au fidèle, saire, qu'il n'est qu'un Dieu nominal et une
à l'orthodoxe, à Eusèbe : Arius, injustement pure créature. On y voit aussi la doctrine de
persécuté par le pape Alexandre pour la saint .Mcxandre Que le Fils procède du Père
:

vérité victorieuse de tout que vous dé'fcndc» et qu'il lui est coéternel. Quant au reproche
vous-même salut dans le Seigneur. .Mon péi-e
; qu'Arius lui fait de dire que le Fils est à la
Ammonius parlant pour Nicomédie, j'ai cru fois engendré et non engendré, c'est une im-
qu'il était de mon devoir de prendre cette oc- posture contre laquelle le saint évêquc pro-
casion de vous saluer, et en 'me temps d'in- m testera liaulement. Celte imposture jouait sur
foi-uicr voire actuelle charité et rallcition que une équivoque. Comme nous l'.ivons déji\ re-
vous avez envers les frères pour Dieu et son marqué, les mots grecs gi>iirins et qennHns,
Christ que révi'que nouii pcrsi'cule et nous ainsi que leurs dérivés, signifiaient autrefois
exlermine graniicinent, invoquant cl remuant indill'èremmenl, enqrndiâ, né, /irndiiif, créé,
tout ciiiilre n(tus, jusqu'à nous avoir chassi-s fait. En sorte qu'avec les mêmes mots, le
de la ville, comme des impies, parceque nous calliolique disait que le Fils est en^rendré,
ne convenons pas de ce ipi il ilil publique- mais non crée et l'arien lui fai-ait dire cpie
;

nient : l)ieu est toujours, le Fils est (oujours; le Fils était engendré et non en.Lsenilré. Soit
le l'ère et le Fils sont(\ la fois, le Fils coi.'xistc ignorance, soit mauvaise fois, jamais les arienr
nu Père sans être engendré, il est loujiuirs n'ont éclairci cette équivoque.
engendré, il e?.t engendri- et ne l'est pas. Lo Les évoques que, dans celle le'.tre, Ariut
l'ère ne |U'écède pas le Fils d'un moment, pas donne comme ses partisans, sont Eusèbe de :

iiii'ini' de la pensée. Toujours Dieu, toujours ('èsarén en Palestine, Thiodote de Laodicée


le Fils lo Fils prucùiie de l)iou même. Et
; on Syrie, Paulin de Tyr, Athanase d'Anazaru»

(1) TIlIflTnnnt, art. At^mnifr», Arint. oto, Mnnt'V- Aifinnate le Gmnil. Dans c« rt'rniT oiivriKm •
tr ii,, I
.1 .1.1 !; c ilo lu 13 1. s |.a ,i„. , .;,,.. ,,ju* (iouiions l8 résulldl. — (î) Nicèpb., 1. ViU, ••
kj^i. — (ij EpipU., Umn»., ixu, u. S, Thcotl., L i, «h v.
n HISTOIRE l NIVF.RSELLE DE LÊGLISE CATIIOLIQUB

en Cilicie, Gri^goire de Bérjte. AiHias de Lydda, est Iplle. )< Puis, dans quelques phrases c.itor»
Hiilicmenl Diospolis. Quand il ajonle qu'ils tillées, ils exposent tout le venin de leur héré-
oui été frappi'S d'anathéme par Alexandre, sie : Que le Fils n'est point éternel ni coeternel
ainsi que tous les Orientaux, c'est une calom au Père, mais une créature parfaite, proiluite
nie visible. Les trois qu'il avoue lui être con- par le Père avant le temps; prolestant de nou-
traires, sont Saint Philogone d'Anliorhe,
: veau jusqu'à deux fois, avec une incroyalije
lleilaniquf de Tripoli en Phénicic. et saint eOYonterie, que c'était de lui-rnéme, bienheu-
Macaire d(* Jérusalem. Pliilogone fut d'abord reux pape Alexandre, qu'ils avaient appri?
engagé dans les allaires temporelles, cl plaida cette doctrine. Et peu auparavant, dans ro
devant les tribunaux il avait été marié et
; lettre à Eusèbe de Nicomédie, le même .\rii:*
avait une fdle. Son mérite le fit élire évcque reprochait au même Alexandre d'ensei;;iifi
d'Anliorhe, vers l'an 318, après Vital, succes- publiquement que le Fils procède du l'en;
:

seur de Tyran, qui avait tenu ce siège aposto- et qu il lui est coeternel. Qu'on juge de la

lique depuis l'an 2'J'.t jusqu'en 3)2. Philogone bonne foi de l'hérésiarque et de ses parti-
gouverna l'église d'Antioche pendant cinq sans !

ans, en des temps fort difticiles. La persécu- Voici qui n'en révèle pas moins le carac-
tion ne venait que de cesser, il en restait des tère. Il y avait parmi les païens, une espèce
suites fâcheuses et bien des abus à corriger; de chansons bouffonnes, de chansons à boire,
et il eut besoin d'une grande sagesse pour nommée- thalies. Les païens qui se respec-
arrêter le cours de l'hérésie qui commençait à taient tant soit peu s'en abstenaient on ne ;

paraître. Macaire,èvèque de Jérusalem, avait les entendait chanter qu'à des bouffons, au
succédé à Ilermon en 314, et saint Athanase milieu du vin et de la débauche. L'air, le
le compte entre les plus grands évéques de style en étaient si mous et si elféminés les ;

son siècle. Arius les traite tous les trois d'igno- images si licencieuses Sotade, leur principal
;

rants hérétiques, parce qu'ils ne pensaient pas auteur, éiail tellement r.-garde comme un in-
comme lui. fâme, que le plus obscène des poètes latins,
Eusèbe de Nicomédie, ayant reçu la lettre Martial en rougissait Eh bien
. pendant !

d'Arius, lui répondit entre autres ces mots : qu'il était avec Eusèbe .\rius composa sous
,

«Vos sentiments sont fort bons, et vous n'avez le nom même de Thalle, dans le même style,
rien à souhaiter que de les voir embrasser par sur la même mesure et sur les mêmes airs, un
tout le monde. Car personne ne peut douter recueil de chansons pour populariser se«bl,x~
que ce qui a été fait n'était pas avant qu'il phèm s contre le Christ II y en avait pourles
fût fait, puisqu'il faut qu'il ait commencé à voyatreurs, pour les marinii-rs. et même our i

être (I). 1)Ensuite il écrivit à Paulin de Tjt, reux qui tournaient la meule. Le prologue,
louant le zèle d'Eusèbe de Cé.«a'~'e ^ur la que nous a conservé saint Athanase,elail aussi
défense de la vérité, c'est-à-dire \'^ doctrine tutile, aussi plein d'atleterie que vaniteux. Il
d'Arius. et blâmant le silencf dt. l'aulin. qu'il était conçu en ces termes • Suivant les élus
:

exhorte à écrire pour la soutenir. Lui-même de Dieu, les habiles de Dieu, les enfant.- saints,
explique cette doctrine. Parmi les équivoques les orthodoxes, qui ont reçu le Saint-Esprit
signalées plus haut, sur les mots gréa t/eiinélus de Dieu, moi j'ai appris ces choses de ceux
et "f/cnmlos, il la ramène à deux points que : qui participent à la sagesse, qui ont été fine-
le Fils n'est point engendré de la substance ment civilisés, qui ont été enseignés de Dieu,
du Père, mais qu'il a été créé comme tout le qui sont sages en tout j'ai marché sur
:

reste. 11 le presse de mettre ces idées en o-uvre leurs traces d'un pas harmonique, moi l'illus-
et de les écrire au seigneur Alexandre « car ; tre, moi qui aibeaucoup soutferl pour la
je m'assure que vous le persuaderez. » gloire de Dieu, moi qui ai appris de Dieu la
Ainsi que nous l'avons déjà vu, il en fut sagesse et connu de lui la connaissance. »
Lien autrement. Alexandre se plaignit avec Apivs ce début ridicule, il semait ses impiétés
force des évéques qui avaient reçu Arius à leur à pleines mains.
communion. L'impression de ses lettres fut Ses amis ne s'en cachaient pas plus, même
.'file, que personne ne voulait plus recevoir dans les suppliques qu'ils adressaient à saint
i'hérésiari|ue. Il se réfugia donc chez Eusi-be .Mexandre. "Pourquoi, lui écrivait .\lhanase
de Nironudie. Les deux serpents, pour micuj d'.Vnazarbe. pourquoi blàmez-vous les amis
répandre leur venin dans l'Eglise, s'étudièrent d'.Xrius de dire que le Fils de Dieu est une
il y rester maigre elle. Eu.^èbe écrivit et fij cn^iture tirée du néant, et que l'en est une
écrire pl-j'iJ-Mirs fois à Alexandre en faveur pirmi toutes les autres? Car si toutes les créa-
d'Arius. Arius lui-même, avec les prêtres ei tures sont figurt'es dans les cent brebis île la
les diacres excommuniés lui adressèrent, de parabole, le Fils en est une. Si donc cella
Nii'omédie. une lettre audacieusement hypo- centaine ne sont point des cn^atures, ou bieo
crite. Elle commençait en ces termes k A : si, outre ces cent, il y aquelque chose Je plua,
notre bienheureux pape et évêque Alexandre, le Fils ne -era pas non plu.* une crrature, ni
les pri'lres cl les diacres, salut dans le Sei- une un:té de la totalité. .Mais si les cent <oni-
gneur. 1x1 fui que nous avons reçue de nos prenncnt 'outes les créatures, et que hors da
ancêtres et npprùe de vous, bienheureux Pape, là i' *'} ^,\ que Dieu, qu'avancenl donc la*

0) Albao. IM Sf/Hod.
LIVRli TRENTE ET UNIÈME. îl
•riens âe absurde, lorsqu'ils coinplent les
si qui parlent de son incarnation et de son
cent, et qu'ils le disent un de la totalité (I)? » abaissement, et repoussent ceux qui parlent
L'n autre arien, nommé Georges, lui écrivit de son étern(;lle divinité et de sa gloire. Pen-
également d'Anlioche « Ne blâmez point les : sant du Christ comme les Juifs et les païens^
ariens, quand ils disent Il y a eu un temps : c'est d'eux qu'ils ambitionnent les éloges ;
où le [''ils de Dieu n'était pas car Isaïe était ; aussi excitent-ils tous les jours contre nous des
fils d'Amos, et cependant Amos était avant séditions et des persécutions, soit en nous tra-
Isaïe, et Isaïe n'était pas d'abord, mais il duisant devant les tribunaux par le crédit de
exista ensuite. » Aux ariens, au contraire, il quelques femmes indociles qu'ils ont séduites,
,jrivait : « Pourquoi blàmez-vous le pape soit en déshonorant le christianisme par l'in-
Alexandre, quand il dit que le Fils est du solence des jeunes filles de leur-^>arti que l'on
\jre? Vous-mêmes ne craignez pas de le dire, voit courir dans les rues. Ce n'est pas tout la :

/•^ar si l'Apôtre a écrit que tout est de Uieu,, tunique indissoluble du Christ, que les bour-
bien qu'il soit clair que tout a été tiré di» reaux mêmes ne voulurent point partager,
néant, et si le Fils est une créature, on pourra eux ne craignent pas de la déchirer. Ayant
bien dire qu'il est de Dieu, puisqu'on le dit de donc considéré leur conduite et leur entre-
tout (2). » prise impies, nous les avons chassés de l'Eglise
Dans ces extraits, on voit avec quelle in- qui adore le Christ. Eux, courant de coté et
croyable légèreté quel esprit superficiel,
, d'autre, cherchent à surprendre nos collègues,
quelles misérables équivoques, les ariens trai- sous prétexte de leur demander la paix et
taient une vérité aussi capitale. On le voif, l'union, mais, dans la réalité, pour en entraî-
encore mieux dans la lettre qu'Eusébe de Cé- ner quelques-uns dans leur pestilence par de
sarée écrivit au même saint Alexandre, en belles paroles, et en tirer de grandes lettres
faveur d'Arius et des siens « Vos lettres les : qu'ils puissent lire à leurs dupes, afin de les
calomnient, accusant de dire que
dit-il, en les retenir dans l'impiété, comme ayant avec eux
le Fils est tiré du néant, comme tout le reste. des évéques. Mais ce qu'ils ont enseigné et l'ait
Ils m'ont montré la lettre qu'ils vous ont de mal chez nous, ils le passent sous silence
adressée ils y confessent en propres termes
; ouïe couvrent de paroles trompeuses. Aussi,
que le Fils est une créature parfaite de Dieu, déjà quelques-uns ont souscrit à leurs lettres
«t non pas une créature comme les autres (;j). g et les ont rerus à l'église. Ceux de nos
Telle est la misérable subtililé où liusèlje de collègues qui ontosé le faire, s'exposent à une
Césarée se prend ou se laisse prendre, pour grande flétrissure car ils ont agi contre le
;

i'ustifier les ariens. En vérité, nous devons à canon apostolique et enflammé l'audace dia-
)ieu et à son Eglise de grandes actions de bolique des sectaires contre le Christ. »
grik'os pour nous avoir conservé, avec la pu- Après quoi, saint Alexandre expose et ré-
reté de la foi, le bon sens du langage. fute l'impiété des ariens ; il relève surtout linir
Alexandre, qu'on importunait ainsi de tou- mépris de la tradition. « Ils ne croient pas
tes parts, était extrêmement âgé. Son zèle qu'on puisse leur comparer aucun des an-
Ï)our la foi en péril lui redonna la vigueur de ciens ou de ceux qui ont été nos maîtres en
a jeunesse. Il avait d'ailleurs, pour l'aider, notre jeunesse, ni qu'aucun des évéques qu'il y
son diacre Atlianase. Il écrivit donc à tous les a au monde soit arrivé à une mesure passable
évéques pour les instruire de ce qui se passait, de sagesse; eux seuls sont sages, eux seuls
et animer leur zèle. Saint Epiphane connais- sont parfaits, eux seuls sont les inventeurs des
sait soixante-dix de ces lettres, la plupart cir- dogmes; à eux seuls a été révélé ce qui n'est pas
culaires. y en avait une en particulier au
Il même venu en pensée à aucun autre sous le
pape saint Silvestre, qui existait encore au soleil. l'impie arrogance ni la* clarté des
!

tenipsdu pape l,ibérius('i). Dans le grand nom- divines Ecritures ni l'accord de nos collègues
bre, il y avait un tome ou niémoii'c, que les n'arrêtent leur fureur. Les démons mêmes no
évéques catlioli(|ues souscrivaient, pour étouf- supporteraient pas leur impiété car les tlé- ;

fer l'hérésie par leur accord, lie toutes ces mons évitent avec soin de dire aucun blas-
lettres, il ne nousen re-teque deux une pre- : phème contre leChrist. Parce que nous repous-
mière à l'évcque de IJyzauce, qui se nommait sons impiété des sectaires, ils nous accusent
1

également Alexandre. 11 y dit entre autres d'enseigner ipi'il y a deux êtres engendiés, et
choses : soutiennent ipi'il faut le dire, ou dire, comme
« Arius et les siens ont depuis peu formé eux, que le Fils est tiré du néant. Ignorants
une conspiraiion contre l'Eglise. Ils tiennent et irrétléchis, ils ne voient pas la distance
continuellement dos assemblées s'exercent , qu'il y a enln- le Père non engendré et les

i'our et nuit à inventer des calomnies contre créatures qu'il a faites de rien au milieu de :

ésus-Cbrist et contre nous. Ils censurent la ces deux extri'mes est le Fils uniqu It^ Dieu
saine doctrine des apùlres et, imitant les Juifs, Verbe, par (pii le Père a fait tuul île rien,
ils nient la divinité de notre Sauveur et le dé- mais (pie le Père a engendré lui-même.
clarent pareil aux autres hommes. Dans ce but » Pour nous, nous crovons avec l'Eglise
impie, ils recueillent avec soin tous les textes apostolique, en un seul Père non engendré,

(I) Athan. Dt ayuuU., a. 17. — Cl) Ibid., u. 18. — (») Ubbe, t. VII. Conc, 498. — (4) Lib.>r«, AJ ConM.
UbiM, t. U.
-

1? IJISTOirtE UNIVFînSELI.r nB L'Pr.l.ISE rATIIOLUjUR

qui n*a mif in principe rto son ètrr ; immuable >) Arius et les outres qui combatlenl avec lui

elinalUTulili;, tuujoiirs le même, incnpahie ilc ces vérité», ont été chassés de l'I'.glise. suivael
climiiuition quia donni'^ lu loi ; cette parole de saint Paul si quelqu'un voufl
Iirogiès ou (le
:
;

espropholca elles Evangiles,quicsl II' Sijigneur annonce un autre Evangile que celui que vdus
des paliiarches, des apolres t-t de lous lc8 avez reçu qu'il soit analhèrne. Qu'aucun de
ainls. lA en un seul Seigneur Jùàus-Cilirist, le vous ne reçoive donc wux que nos frères onl
Fils j.iique de Dieu, engendré, non du néant, excommuniés; que pei'sonnc n'écoute leurs
mais du l'éio qui est non à la manière des ;
discours, ni ne lise leurs écrits; ce sont des
eorps, par rolranclieincnt ou iToulenient, imi)osteurs qui ne disent j.imaif la vérité;
«onime le veulent Saliflliiis et Yalenlin, mais s'ils (ourent de ville en ville, hypocrites et

dune manière incllable et inériarraiilo; comme imposteurs, ce n'est que, pour donner et rece-
il est dit raconlcra sa génération ? et
: U'ii voir des lettres sous prétexte d'amitié cl de
comme il a dit lui-même Personne ne con- : paix, afin d'égarer plus facilement un |" lit
nait qui est le P. re, si ce n'est le Fils et per- ; nomluede femmclelles chargées de pc bn», .

sonne ne connuil le l'iU si ce n'est le l'ère. qu'ils ont séduites, tlomlamnez-les avec nous,
Nous avons appris qu'il est immuable et inal- à l'exemple de nos cnnfrères qui in'onl écrit,
térable comme le l'ère, qu'il n'a besoin de et qui ont souscrit au méninire (pie je vous
rien, qu'il est parlait et semblable au pere, et envoie avec leurs lettres. 11 en a de toute 1 E-
qu'il n'a de moins que de n'eirc pas non en- gypte el de la Thébaide; de la Libye et <|(' la
gendré c'est en ce sens qu'il a dit lui-même :
;
Pentapole de Syrie, de Lycie, de Pamphylio,
;

Le l'ère est plus grand que moi. Nous croyons d'Asie, de Ca|)padoce el des provinces cir-
aussi que le Fils procède toujours du Père; convoisines. Je m'attends à recevoir de vous
car il est la splendeur de la gloire et le carac- des lettres semblaldes car, après plusieurs
;

tère de i'bypuslase paternelle. Mais qu'on ne autres remèdes, j'ai cru que ce coiisentemoiil
nous soupçonne pus pour cela de nier qu'il des évéques achèverait de guérir ceux qu'ils
soit engendre car ces mots, il cloil et IdKJutirn,
; ont trompés (I). »
et aviaii ics siècles, ne signifient pas la nieme Dans cette même lettre, saint Alexandre di-
chose (pie tion enQeufiic. Ils semblent signi- sait des ariens « jls Sont échauffés par l'ap-
:

fier comme une exlension du temps mais ils ; probation de trois évetpies de Syrie orrionnés
ne peuvent exprimer dignement la divinité, je ne sais comment, dont le jugi.inenl doit vous
et, pour du Fils unique ;
ainsi diic, l'anliquilé être réservé. » Ces trois évequcs, qu'il ne
les saints emploient iiour expliquer ce
les nomme point par retenue, sont Eusébd de O*-
mystère autant (|ue possible, en réclamant ;Mrée en Palestine Paulin de lyr. et Patro-
l'indidgence de leurs auditeurs, et en disant ; phile de Scythûpolis. Deux ai;' \.iienl
Aillant que nois avons pu y atteindre. Il faut fait la même chose, mais qui '. nt de <

donc conserver au Père cette dignité propre d« b. juridietion du saint, avaient deju été ex-
n'être point engendré, en disant qu'il n'a au- communies dans le concile d'Alexandrie :
cun priui ipe de son être mais il faut aussi ; c'était Second do Ptolémaïdc, dans la I*cnl4-
rendre au Fils l'honneur i|ui lui convient lui : pole, elThéonas de Marmariuue.
attribuant d'être engendre du Père sans coni- QuanI à Eusèbe de NicoineJie, lui surtout
nieneement, et reconnaissant comme la seule prenait hautement le parti d'Arius fier du :

propriété du Père, de n'être point engcndriS, crédit qu'il avait à la cour, il se flattait peul-
Nous confessons encore un seul Saint-Es-
I) 6tre que nul n'oserait le contredire. Le vieil
prit, qui a également san^'ilié les saints do (jvéïpii! d'.-Mexandrie n'en écrivfl qu'avec plus
I'.\ncien Testament et les .vins docteurs du cjo liberté contre lui-même, dans une lettre
Nouveau une seule Eglise catholique et apos-
; adresséij à lous les éveques du monde, oi'i il
tolique, toujours invincible, quoique le monde dit: Qu'il avait voulu garder le si! .r
erdier conspire à lui faire la guerre, et victo- étouffer le mal en la personne des . t

rieuse de toutes les révoltes inqiies et heb'ro- ne pas souiller les oreille.- '
;iil.
loxes, le Père de laniiUe nousen ayant cjonné pies. » Mais, ajoute t-il, ••. qui
i

l'assurance, lorsqu'il s't'cric Ayea conlianco, : croit disposer «les affaires do 1 l.j^iue, parce
j'ai v.iincu le monde. Après cela nous recon- qu il a ipiitté Ibrylo et usurpé l'églisode .Ni-
naissons la résurrection des morts, dont Notre Comcdie eans qu'on en ail fuit justice, se met
Seigneiii- Jésus-Christ a été les |n'émiccs, ayant aussi à la tele de ces apostats, et écrit de tous
pris de Marie, mère de Dieu (thi'olocos), un C'ilés en leur laveur, je suis oldige de rompre
corps véril.ijilo, non en apparence. Sur la le silence pour vous faire connaître à tous,
fin lies sièt les, a habité avec le genre humain
il
cl les personnes des apostats, et les malheu-
pour di'tr néehé; il a été erucilié.il est
I.'
"'^ le reux discour» de leur néresie, afin que vous
piori, sans ;iiaii|»"«iri'jiidice de sa divinité; il i;l ne vous arrêtiez ^>oint à ce qu'uusèbc pourrait
ressusciti", il est monté au eiel, et il est assis à vous écrire; (ur d fait semblant d'écrire pour
la droite de la nlaje^té.Voilàccque nousensei- eux, mais, dans la réalité, c'est pour lui-
gmui-. ce que nous pn ehons voilà les dogmes ;
nieinc; il cherche à renouveler par eux ses
apiK-loliques de l'Lgliso, poiu- leîc|ucls nous mauvais seninucnU d'autrefois, que le Uuipi
sommes prelsàsoutlrir la mort et les IcMirru ni lit fait oublier.
n)T!i«oaorel. I. I, n. tu.
LIVRE TRENTE ET DNIÈlHi,
» \xs apostftts sont Arius, Achille, Aïlhale, : dit Je suis dans le Père, tt le P-^e est en moi?
!

Carpone, un mitre Arius, Sarmate. ci-ilcvant el encore: Moi et le f'dre nous sommes une m<'>n,e
ppitres lùizoïus. Liiciiis, Jules, Menas, Hel-
; etiose;ct parle Prophète Voyez-moi, jjnneque
:

îade et (iaùis, ci-devant diacres et avec eux, ; je suis et ne clmuf/e jjas'} Car quoique ces paro-
Second et Théonas, ci-devant évèques. Voici les puissent se rapporter au Père- on les entend
lus inventions qu'ils débitent contrairernent toutefois mieux du Serbe, parce que, devenu
aux Ecritures. homme, il n'a pas changé; mais, comme dit
Dieu n'a pas toujours été le Père, mais il
1) ï Xpàire Jésns-Cfn'ist est le mèuie mijourd'liui
:

y a eu un temps qu'il ne l'était pas. Le Verbe qu tiiev, et dans tous les siècles. Oiielle raison
de Dieu n'a jias loujours éti', mais il a été fait ont-ils dédire qu'il a été fait pour nous, quand
du rien ce l''ds est une créature et un ouvrage
; ;
saint Paul écrit Que tout efl iiour lui et pur tuil
:

il n'est pas semblable au Père en substance, Quant à ce blasphème, que le Fils ne connaît
ni son Verbe véritable, ni sa vraie sagesse, pas parfaitement le Père, il renverse cett«
mais une des choses faites et créées. On le parole du Seigneur Comme le l'ère me cotr
:

nomme improprement Verbe et Sagesse, ayant nuit,moi uUf-si je connais le Père. Si donc lu
été fait lui-même par le Verbe propre de Dieu, Père ne connaît le fils qu'imparfaitement, le
et par la sagesse qui est en Dieu, parlaijuolle Fils connaît le Père de même. Que s'il n'est
Dieu a tout fait. Cl'est pourquoi il est chan- pas permis de le dire, et que }e Père connaisse
geant et altéi'al)le de sa nature, comme toutes parfaitement le Fils, il est évident que le Fils
les crualuies raisonnables; il est étranger, connaît <le môme son Père.
dilVérent cl séparé de la substance de Dieu. Le 1) C'est ainsi que nous les avons souvent ré-
Père est ine!l;ible pour le Fils, qui ne le connaît futés par les divmes Ecritures; mais ils chan-
ni ne peut lu voir parfaitement; car le Fils ne gent comme le caméléon. Ce sont les pires de
coniiail pas même sa propre substance telle tous les hérétiques, puisque, voulant détruire
qu'elle est. Il a été fait pour nous, afin d'être la divinité du Verbe, ils approchent le plus de
comme l'instrument par lequel Dieu nous a r.Vntcchrist. Ayant donc ouï nous-mêmes de
créés; et il n'aurait point été, si Dieu n'avait nos oreilles, leur impiété, nous les avons ana-
voulu nous faire. On leur a demandé si le tliématisés et déclarés étrangers à la foi et à
Verbe de Dii;u peut changer, comme le diable l'Eglise catholique; et nous en donnons avisa
a fait; et ils n'ont pas eu horreur de dire: voire piété, nos chers et vénérables collègues,
Oui, il le peut; car il est d'une nature chan- afin que, si quelqu'un d'eux a l'audace de se
geante puisqu'il est d'une nature engendrée présenter à vous, vous ne le receviez point, et
et créée que vous n'en croyiez ni Eusèbe ni quelque
» Comme Anus et ses sectateurs soutenaient autre qui pourrait vous en écrire à leur su-
tout cela avec impuilence, nous les avons ana- jet (!).»
tliémalisijs, étant assemblés avec les évèques Avant d'expédier ces lettres, Alexandre
dLgypte et de Libye, au nombre de près de réunit son clergé, les lui lut et les lui fit sous-
cent, kusébe et son parli les onl reçus et s'ef- crire. Eusèbe et son parti se trouvèrent prodi-
forcent de mêler la vérité avec le mensonge, gieusement offensés de la fermeté du saint
la piété avec l'impiété. Mais ils n'y réussiront vieillard. Ils conçurent dès lors une haine
pas la vérité demeure victorieuse
: car qui ; mortelle contre Athanase, diacre d'Alexan-
a OUI rien de semlilahle'? ou qui peut l'enlen- drie car, s'en étant informés curieusement,
;

dre maintenant sans être surpris cl sans se ils apprirent qu'il était continuellement avec
boui lier les oreilles, de peur ipTidles n'en l'évcque, et qu il en était singulièrement es-
Boicul souillées'/ (jiii peut entendre dire à timé. Ils assemblèrent donc un concile en Bi-
saint .leau : Au ciiiuinciircinnet (Hait le Verbe, thynic, et écrivirent à tous les évèques du
eans condamner ceux qui disent: il a été un nionde de communiquer avec les ariens,
leui|)s qu'il n'était point"? Qui peut ouïr dans comme ayant des sentiments orthodoxes, et
Fi.vaugile Le Fils unique, et Tuut a été fuit
: : de dispose! Alexandre à» comnmniquer avec
pin- lui, sans détester ceux qui disent que le eux. Le trouble n'eu devint que plus grand.
(ils est une des créatures'? Comment peut-il Ce n'étaient plus seulement les évèques
L'Ire l'une des choses qui ont été faites par lui; et les prêtres qui disputaient, les peuples
ou comment est-il Fils unique, s'il est mis au entiers se divisèrent. Il y avait déjà un
nnitdue de tous les autres? Comment est-il grand nombre de lettres écrit('s de jiarl et
sorti du néant, puisque le Père dit Je t'ai en- : d'autre par les évèques. Arius n'cuuillil toutes
Qcuiiié de iiiim sein iiiuinl l'uurnre? Comment celles qui l(! favorisaient, saint .Mcxandrc re-
[)iul-il cire dissemblable au Père en substance, cueillit toutes celles qui soutunaient la doctrine
lui qiu est ritii;uu parfaite et la splendeur du catholique.
Père, et ijui dit : i i-tui qui mv voit, viiil aussi Tel était l'état des esprits et des choses,
mon S'il est. lo logos, c est-à-dire la Hai-
l'ère l lors(]ue, après la défaite cle l.icinius, Conslau-
Km Sagesse du Père, comment n'ai il
et la tin su vit maître du tout r(trienl. .•fut seusi- I

éli''? ils doivent doue dire que blcmenl


CHS toujours aflligé d',ip|)rcridru cctlu iliviri'Hi; il

iiu a éti" sans raison et sans sagesse'? Com- lu fut d'iiMt.int plus qu'Eusèbe de Nicouu'ilic,
meui peut-il cire sujet au changement, lui qui Où il lit quelque séjour, lui permada ^ue c«

(Ij Tbeodorut, L I, o. IT.


HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
n'était qu'une dispute de mots; que le plus diquc, dans la Dacie, Alexandre de Thessa-
grand mil était l'aigreur des esprits, et en loniiiue, et quelques autres dont nous lisonc
particulier l'aversion de l'évéque Alexandre les éloges dans les C-crits de saint \thanase,
conire Arius; et qu'il était de la piété de de saint Uilaire, dir saint Grégoire de.Nazianze,
l'empereur d'employer son autorité pour lui de Théodorel, de Kulin, de Gélase deCyzique,
imposer silence. Constantin écrivit alors une de Socrate et de Sozomène.
lettre, avec celle inscription : « Constantin Mais parmi ces grandes lumières de l'Eglise,
victorieux trés-^,;-» j Auguste, à Alexandre il se trouva aussi des évèques qui appuyaient

et à Arius. » 11 leur reprochait longuement à l'erreur, particulièrement les deux Eusebes,


x)us les deux de se diviser et de diviser le peu- <ie Nir.imédie el de Césarée. Théognis de
ple chrétien pour une question frivole, el les Nicée, Patrophile de Scythopolis, Maris de
exhortait à cesser leur oiseuse dispute (1). Il Chalcédoine el .Narcisse de .Nèroniade. Enfin,
ne disait pas néanmoins en quoi consistait ce outre tous ces éveques de l'I trient et de l'Occi-
débat si futile (]e n'élait rien moins que de dent, du septentrion el du midi, il y avait un
savoir Jésus-Christ était Dieu ou créature,
si évéque des Perses et un évéque des Scythes.
el par conséquent, si tant d'autres martyrs el Jamais rien de pareil ne s'était vu ni même
d'autres saints, qui l'avaient adoré depuis la imaginé. On voyait l'élite de l'humanité chré-
publication de l'tvangile, avaientélé idolâtres tienne |)rèle à résumer dans un acte de foi
en adorant une créature ou s'ils avaient adoré
; el d'amour, la foi, l'espérance, la sagesse vti-
deux dieux, supposé qu'étant Dieu, il ne fût ritables de tous les siècles passés, présents el
pas le même Dieu que le Père. Celle lettre fut ii venir. Jusque-là. l'élite de l'humanité
portée à Alexandrie par un évéque d'Ls- païenne, les philosophes, avait beaucoup dis-
pagne, Osius de Cordoue. Il y assembla un serté sur Dieu, sur sa nature, sa providence,
concile nombreux, où le prélre Colluthe, qui l'onscmble de ses œuvres; et, après des siècles
avait fait schisme et s'était porté pour évé- de dissertations, de raisonnements el de sub-
que, rentra dans son état de simple prêtre ;
tilités, pas une vérité n'avait encore été défi-
ses ordinations furent déclarées nulles, et nie d'un commun accord, ni mise à la portée
ceux qu'il avait ordonnés redevinrent simples du commun des hommes. Or, ee que n'avaient
laïques. Mais l'atlaire d'Arius fut loin d'y pren- pu les philosophes grecs après dix siècles, ce
dre fin. Osius el Alexandre conseillèrent à que ne pourront les philosophes de l'Inde
l'empereur d'assembler un concile universel. après trente et quarante, les pasteurs chrétiens
L'empereur Constantin el le pape saint Sil- le feront en peu de jours à Nicec ; ils
vesirc convoquiTont donc ce concile à .Nicée le feront malgré toutes les ruses, toutes les
en BiUiynie. Nous disons l'empereur Constan- arguties du philosophisme arien ils le feront ;

tin el le pape saint Silveslre, parce que cela en consignant dans leur Credo la doctrine
est dit en toutes lettres dans l'action 18 du qu'ils venaient de confesser dans les prisons,
sixième concile général, troisième de Cons- au fond des mines, devant les tyrans et les
tantinople(2). Si des historiens ont passé sous bourreaux qui leur avaient crevé les yeux,
silence la coopération du Pape, le fait n'en est brille les mains, coupé le jarret doctrine hé-
;

pas moins certain. Les éveques s'assemblè- réditaire qu'ils avaient rc<ju? des martyrs, les
rent en conséuuence à Nicée, au nombre de martyrs des apolres, les apulres du Christ, le
trois cent dix-nuit, sans compter les prêtres, Christ de Dieu ; el ce Credo, qui définit avec
les diacres et les acolytes. On leur fournit, à une si merveilleuse précision les vi-rilés les
eux et à leur suite tontes les choses néces- plus sublimes, deviendra jusqu'à la fin du
saire par ordre de l'empereur. Les principaux monde. el pour tout l'univers chrétien, un hanl
d'entre les évoques étaient Osius de Cordoue, populaire de foi, d'espérance etd'amour.
saint Alexandre d'Alexandrie, saint Eustache Ce qui montrait de plus en plus l'Egliso
d'.Vnlioche, saint Al^caire de Jérusalem, Cèci- comme l'humanité divinement ri-lablie dans
lien de Carthage; saint Paphnuce, èvèque l'unilé. c'est que cette auguste asscnblée était
dans la haute Thébaide, saint Polamon d'ilé- présidée par le vicaire de Jésus-I^hrisl. le suc-
racléc, tous deux du nombre des confesseurs; cesseur de saint Pierre, le pqpe saint Silveslre,
Euphration de Halanee. dans la Syrie, saint dan~ la personne de ses légats. Osiiis de Cor-
Paul de .Néocésarèe, sur l'Kuphrate, à qui on doue, el les pr 1res Viton el Vinrent, du clergé
avait brillé les nerfs avec un fer chaud dans romain. Le Grec Gélase de Cyzique dit et
la persécution de Lioinius saint Jacques de
: propres termes qu'Osius d'Espagne y tenait 11
Nisibe, dans la .Mésopotamie saint .\mpbion; place de Silvestre évéque >lo Kume avec la
d'Epiphanie, qui avait a.issi confessé Jésus- piètres romains Viton et Vincent- D'ailleurs,
Christ dans les persécutions précédentes ; le pape saint Jules et les historiens greci
Léonce de Césiirée en Cappadoce, saint P.asile Socrate et -Sozomène nous apprennent que dès
d'Amasée, saint Mèlèce de Sébastopole, Lon- lors c'était une règle de l'Eglise, qu'on ne
gien de Néocésarèe, sainl llypace de Gangres devait ni tenir de concile, ni ordonner quoi
en Paphlagonie, sainl Nicolas de Myre, saint que ce fut sans le consentement de l'évéque
Alexandre de B^-zance, Prologène" de Sar- de Home ^3). Enfin dans les souscriptions ><

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<^*^"'"""'' '• "• =• "'=' - (») I^l'be, t. VI, p. 10i9. - (3) Jul.. Epùi. .. Sof ., .. u
LIVRE TRENTE ET UNIÈME. 25
concile de Nic<^e, Osius est le premier avec les vorisaient l'erreur, soutenaient qu'il ne fallait
deux prêtres romains. Or, comment im simple pas suivre sans examen les anciennes opinions.
éveque d'Espagne, qui, dans son propre pays, Il y eut des discussions longues et approfon-

au concile particulier d Elvire, n'avait souscrit dies. Les évoques orthodoxes engagèrent les
que le second, aurait-il précédé tous les autres à proposer leurs raisons, et les réfu-
évoques du^îionde, dans un concile œcumé- tèrent solidement. Ils les pressèrent d'abord
nique, en présence des patriarches d'Alexan- de dire nettement ce qu'ils entendaient par
drie et d'Antioche, s'il n'avait été le repré- ce nom de Fils car, si le Christ n'est pas Fils
;

sentant du chef de l'Eglise. A la vérité, Osius de Dieu par nature, mais simplement par
élait confesseur de la foi; mais il y en avait l'imitation dss perfections divines comme tous
au concile un grand nombre d'autres et de les saints, qu'aura-t-il au-dessus des autres,
plus illustres que lui tels que saint Eustache : et pourquoi est-il unique? Il
appelé le Fils
d'Anlioclie, saint Paul de Néocésarée, saint est ainsi appelé, disaient les ariens, parce que
Putaïuuii et saint l'aphnuce, et plusieurs autre seul il a été l'ait par Dieu seul, tandis que tout
qui faisaient même des miracles. le reste Dieu l'a fait par le Inls. Nouveauté
Avant le jour de la séance publique, les insensée et impie, répliquait les orthodoxes;
évoques s'assemblèrent dans une église assez car c'est supposer ou que. par faiblesse, Dieu
grande pour les contcnirtous. comme le ditex- n'a pas pu faire le reste tout seul, ou que, par
pressément Eusèbe (1). Us y tinrent des con- orgiu^il, il n'a pas voulu. N'ouveauté d'ailleurs
férences particulières où ils appelèrent Arius. menst)ngi're, car le psalmiste nous dit que
Il développa devant eux toutes ses erreurs, c'est Dieu lui-même qui nous u faits, et que nous
comme il avait fait devant Alexandre Que : ne nous sommes /jus faits nous-mêmes, et saint
Dieu n'avait pas toujours été Père, et qu'il y a Paul // n'y a quun Dieu de qui sont toutes
:

eu un temps où le Fils n'était pas qu'il est ;


choses, et un seul Seigneur Jésus-Christ par qui
tii'é (lu néant, créature et ouvrage comme le sont toutes choses.
rfesle. Il est changeant de sa nature c'est par ; Les ariens recouraient à cet autre subter-
son libre arbitre qu'il a voulu demeurer bon, fuge Comme les autres créatures ne pou-
:

et, quand il voudra, il pourra changer comme vaient soutenir l'action immédiate de l'Etre
les autres. (Vest pourquoi Dieu, prévoyant incréé, il a fait d'abord seul le Fils seul, et
([u'il serait bon, l'a prévenu de cette gloire tout le reste par le Fils, comme son aide.
(|u'il a eue depuis par sa vertu en sorte qu'il ; Réponse absurde et futile, s'écriaient les or-
est devenu tel par ses œuvres que Dieu a pré- thodoxes car, si les créatures n'ont pu soute-
;

vues. Il disait donc que Jésus-Christ n'était nir la main de Dieu, et que le Fils en soit une,
pas vrai Dieu, mais par participation, comme comment a-t-il pu être fait par Dieu seid'.'' Si
tous les auties à qui le nom de Dieu est attri- les créatures ont eu besoin d'un internu'diaire,
bué. Il ajoutait qu'il n'était pas le Verbe et que le Fils soit une créature, il avait besoin
substantiel du Père ni sa propre sagesse par d'un inlermétliaire lui-même, et cet autre d'un
laquelle il a tout fait, mais qu'il a été fait lui- autre, et ainsi à l'inlini. Qu»' si, pour échapper
même par la sagesse éternelle, qu'il est étran- à l'absurdité, vous convenez que le Fils, quoi-
ger en tout à la substance du Père que nous ;
que créature, a pu être fait par l'Etre incréé,
n'avons pas été faits pour lui, mais lui pour vous êtes forcés de convenir que l'Etre incrée
nous, quand Dieu, qui élait seul auparavant, a pu faire de même toutes les autres, et votre
a voulu nous créer qu'il a été fait par la
;
production du Verbe devient inutile. C'est
volonté de Dieu, comme le reste, n'étant point ainsi que les évêques catholiques réfutaient les
auparavant; car il n'est point une production fauteurs d'Arius (3).
propre et naturelle du l'ère, mais un effet de Cependant jour de la séance publique
le
sa gràee ; il n'est point la vertu naturelle et arriva. C'était le 9 de juin, l'an 3:25. L'empe-
véritable de Dieu, mais l'Ecrituie lui donne reur était venu de .Nicomédie à Nicée. Tous
le nom de vertu, comme elle le donne aux ceux qui devaient assister au concile se rendi-
chenilles et aux haniielons. Il liisail encore rent dans la grande salle du palais, autrement
que le Pèi'e est invisilih; au Fils et qu'il ne de la basilique ('(), où, s'élant assis sur des
peut le connaître parfaitement, mais seule- sièges qui leur avaient été préparés ils atten-
ment selon la mesure de son l'tre ([ui a com- daient en silence. Alors entrèrent quelques
mencé en sorte e'i'il ne connaît pas sa propre
; personnes de la suite de l'eirpereur, non de
substance (2). sa garde ordinaire ni des hommes armés, mais
l'exposé de ces odieux blasphèmes, les
,\ de ses atuis et des chrétiens. Tous se levèrent
<vécpies assemidi's de tant de pays se bou- au signal ipii niMr(|!iail l'entrée du prince il ;

chaient li's oreilles d'h'M-reiir et rejetaient parut au milieu de l'assemblée, vêtu de pour-
celte doctrine comme ét.angère et opposée ,'i pre et tout couvert d'or et de pierreries. La
la foi de La plupart voulaient con-
l'Eglise. religion et le respect paraissaient sur sou
damner sans examen toute nouveauté, pour visage il rougissait, il baissait les yeux et
:

se tenir à la foi (pi'ils avaient re(;ue par tradi- marchait modesli'uient. D'ailleurs, il élait bien
tion dés le commencement D'autres qui fa- fait et d'une taille au-dessus de tous ceux qui

(lyEuseb., Kl n C istnniiiii, 1. 111, c, vu. - mMhaa.Ailepisc.jViiypIi a. 12et 13. — (3) AtliaD., D* D»


tut. Mi»., «tai — {ii Kuir U« «unolallont fin U«Drl a« VaWlt lur Kutib»» ^i* ck Coiuimun, 1. lit, A. te
M HISTOIRE UNIVERSELLE pE LEOl.IBE CATHOLIQUE
l'environnnifint ; tous ces avantages rehaus- dons-le. puisipifi cela nou« est comntan avec
saÎL-nt s!i iiioilostie cl sa pit'-lé. Klaiil arrivé au lui ; car il est éirit ; // n'y n m'tm Dieu, deijui
h.itit (li: lii salle, il se tint (I<j1ioiiI an miliuii, à e.,' (oui ; et i:iicore : Je cfiu»f$ now-
'"/« foulet

la pn'iiiii're place, devant un petit siège d'or nlt'Set liiut est lie Dieu. Mais les évéques,
qui lui était préfiaré. 11 ne s'assit (ju'apn's (|uo viiyant leur artifice, exprimèrent la même
Ifls évéfpies l'en eurent prié par signe, et tous rliiise en des termes plus clairs, et dirent qim
s'assirent après lui. 11' rils était de la substance de Dieu, de la
Alors ;"<*vôque qui était assis le premier du substance du Père, ce qui ne convient à au-
côté droit, on croit que c'était saint Kuslache cune créature. Il est vrai néanmoins de dire
d'Anlioche, se leva, et. adressant la parole à qu'ellessont de Dieu, pui-qu'il en est l'auteur;
l'empereur, rendit gn'ices à Dieu pour lui, mais le > erbe seul est du Père et de la subs-
après quoi il se rassit et tous demeurèrent en tance du Père.
silence, les yeux arrêtés sur l'empereur 11 les Les évéfiues demandèrent à ce petit nombre
regarda d'un visage serein et après s'être un ; d'ariens s'ils diraient que le Fils est la vertu
peu recueilli en lui-même, il parla d'une ilu Père, .«on unique sagesse, son image éter-

voix douce et tranquille, leur téuioignant une nelle, qui lui est semblable en tout: immua-
giandc joie de les voir tous rassemldes, et un ble, subsistant toujours en lui, enfin vrai fJieii.
extrême désir de les voir tous paifailement Les eusébiens se contenaient et n'osaient con-
réunis de sentiments. Il parla en latin, qui tredire ouvertement, de peur d'être ''onvain-
éta t sa langue naturelle et la langue de l'em- cus. .Mais on s'api?rçut au'ils se parlaient tout
pire mais on l'expliquait en gn.'C, parce que
: bas et se faisaient signe «les yeux que ces termes
la plupart des Pères entendaient mieux cette de iemliiiLlf. et lonjouis, et en lui, et le nom de
langue, qui était répandue par tout l'Orient. vciiii, nous étaient encore communs avec le
Ensuite l'empereur donna la parole à ceux Fils. Nous pouvons, disaient-ils. sans peine
qui présidaient au concile, et laissa aux évo- accorder ces termes. Celui de temLInble, parce
ques une pleine liberté d'examiner la doc- qu'il est écrit: Que l'homme est l'image et la
trine. gloire de Dieu. Celuide toujours, parce <pi'il csl
On examina d'abord celle d'Arius: on l'en- écrit Car nous qui vivons, somnii'S toujours.
:

tendit lui-même, et il avança les mêmes blas- En lui, parce qu'il est dit : En lui nous sommes,
filièmes en présence de l'empereur. Les eusé- et nous avons la vie et le mouvement. \ji mot
liens, voulant les défendre, cherchaient à d'immmi/ile. parce qu'il est écrit: Que rien ne
disputer, et ne disaient que des impiétés les ; nous sépare de la charité de Jésus-t^liri-l. ta
autres évêques, qui étaient sans comparaison vertu, parce qu'il est parlé de plusieurs vertus ;
le plus grand nombre, leur demandaient dou- et, ailleurs, la chenille et le hanneton siuil ap-
cenuMil de rendre raison de leur doctrine et pelés vertu, et la grande vertu. Souvent, en
d'en apporter des preuves conformes à la reli- parlant du peuple, il csl dit Que' plm : l.-v

gion jlais sitdt qu'ils voulaient parler, ils se grande puissance de Dieu sortit d'Egypte et -.

comliallaient eux-mêmes, demeuraient inter- il y a d'autres vertus célestes, car il est dil :

dits à la vue des qbsurditi's de leur hérésie, et j.e Seigneur des vertus est avec vous. Enfin,
conlêasaient, par leur silence, la honte que quand ils diront que le Fils csl vrai Dieu, nnus
leur attirait leur vanité. Il y eut plus encore : n'en serons point choqués; car il l'est vrai-
on lut en plein concile i|ne lettre d'Kusèbede ment, puisqu'il l'a été fait.
Nicouiédie, (|ui contenait l'hérésie nianifeste- Alors les évèque», voyant leur dissimula-
ment et découvrait la cabale du parti. Klle ex- lion et leur mauvaise foi furent contraints,
cita une telle inilignation cpi'on la déchira pour s'expliquer plus nellemenl. de renfermer
de\anl tout le monde, et [Cusèbe fut couvert en un seul mol le sens des heriliires, et de dire
de contusion. Il y dit-ait entre autres que si que le Fils est consubsimitirl au Père, en grec
l'on reconnaissait le Kils de Dieu increé, il liomoousios expression qui fait entendre que
;

faudrait aussi le reconr. litre consubslantiel au le Fils n'est pas seulement si-mblaldcau Père,
Père. C'était appaienun -nt sa lettre à Paulin mais si semblable qu'il est une même chose,
de iyr, où il dit la menu chose, quoique en une même substance aves le Père, et qu'il en
d'autres ternu's Les arien; présentèrent aussi est inséparable; en sorte que le Père el lui ne
À l'assemblée une confe.-,sion de foi qu'ils ;ont qu'une même chose, comme il le dit
avaient dressée niais situt qu'elle eut ete lue.
; lui-même; Le Verbe est toujours dans I0
on la d*i la nommant fausse et
mit en pièces, Père, cl le Père dans le Verbe, comme U
illegilimu; il s'excita contre eux iwi grand tu- splendeur est a l'è^-ard du soleil. Voilà pour-
multe, et tout lo nfun^t! li^â accusa de trahir la quoi les pères de Nicee, après en avoir d li-
vérité. béré longtemps, s'arrêtèrent au mol de rtm-
i.e concile, voulant détruire les termes im- ^i.bstanUfl, comme nous l'appreml siinl.\llia-
pies diint s'étaient servis les ariens et em- nase, nui è'y trouvai présent el '.enail un des
ployer paroles autorisées par 1 Kcriturc,
les rangs les plus con:-ideraliles (I). ||> eurent eo-
dit que Fils était
le Dieu. Le.* eusebiens, core une autre rai-on d'user de cc!erme; car,
croyant que celle façon de parti r favorisait ayant vu par la lettre d'i.usèbe de .Nic.uncdic.
'eor erreur, se disaient l'un à l'autre : Accor- qu'on avait lue en plein concile, que ce»

\!:,.ll., UiQfPfi.ffH., B.
LIVRE TRENTE ET UNiP.ME. 2t

fvèqiie trouvnit un grnnd inconv(^niRnt à re- Pèro. Eusèhe de Ci^sarée fut obligé do le re-
connaître le Fils inrréé, à rause qu'il faillirait connaître lui même.
aussi confesser qu'il est de la môme substance Après que l'on fut convenu do ce mot et des
que le l'ère, ils se servirent contre lui de l'é- autres les plus propres à exprimer la foi ca-
pée qu'il avait tirée lui-même. tholique, Osius en dreesa le formulaire,
Les ariens /ejetèrent avec murmure et mo- et Ilermogène, depuis évèque de Césarée en
querie ce terme île consul slantiol ou cocssen- Cappadoce, l'écrivit. Il fut coneu en ces termes:
tiel, disant qu'il ne se trouvait point dans Nous croyons en un seul Dieu, l'ère lout-
<i

l'Kcriture, et qu'il eni'crmait de. mauvais sens. puissant, créateur de toutes choses, visibles
Car, disaient-ils, ce qui est de mutne substance et invisibles et en un seul Seigneur Jésus-
;

qu'un autre, en vient de trois manières, ou par Christ, Fils unique de Dieu, engendré du
division, ou par écoulemcnl, ru [lar éruption. Père, e'gsl-àdire de la substance du Père ;
Par éruption, comme la [il.i;;ie de sa racine; Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu
par écoulement, comme les enfants des Pères ; de vrai Dieu, engendré et non fait ; consub-
par division, comme deux ou trois coupes stautiel au Père par qui toutes choses ont
;

d'une seule masse d'or. Les catholiques répli- été fait(!s au ciel et en la terre. Qui, poumons
quèrent que quand il est r|uestion de Dieu, il autres liommes et pour noti-e salut, est des-
faut se dé[irendre de toutes idées basses et cendu des cieux, s'est incarné et fait homme;
terrestres, écarter bien loin toute pensée cor- a soulTert, est ressuscité le troisième jour, est
porelle, et, s'élfcvant au-dessus de tous les monté aux cieux, et viendra juger les vivants
sens, concevoir avec une iiitellifii'nce pure et et les morts. Nous croyons aussi au Saint-
par res|irit seul, la véritable génération du Esprit. Quant à ceux qui disent Il y avait :

Verbe. Qu'au reste, dans les créatures mémos, qu'il n'était pas (-2) ; et Il n'était pas avant
:

il était une image moins grossière c'est la lu :



d être engendré ; et : Il a été tiré du néant ;

niière et sa splendeur. Le Père est comme le ou qui prétendent que le Fils de Dieu est
soleil, le t'ils on est comme le resplenilisse- d'une autre hypostasc ou d'une autre substan-
ment. Or, qui osera dire que la splendeur est ce, ou uiualile, ou altérable, la sainte Eglise ca-
étrangère et dissemblable au soleil'? ou [)lulot, tholique et apostolique leur dit anatbèmo. »
qui est-ce qui, en voyant ce qu'est la splen- Tous les évèqiies approuvèrent ce symbole
deur du soleil et l'identité de la lumière, ne et y souscrivirent, hors uu petit nomiire d'a-
dira pas bardiment Kn vérité, la lumière et
: riens. D'abord ils furent dix-sept qin s'y relu-
la splendeur sont une même clu)se, celle-ci se sèrent ensuite ils se réduisirent à cinq. Ku-
;

démontre dans celle-là, et la splendeur est sèbe de Nicomédie, Théognis de Nicée, Maris
dans le soleil; en sorte que, qui voit le soleil, de Chalcédoine, Théonas el Second de Libye.
voit aussi sa splendeur. Ûr, celte unité et Kiisèbe de Césarée approuva le mot de con-
cette pro|)riété naturelle, ceux (jui la croient substantiel, après l'avoir combattu le jour
et la voii'ut, peuvent-ils l'appeler avec justesse, pri'cédent. Des cinq, il y en eut trois qui cé-
si ce n'est une génération ou production con- dèrent h la crainte d'être déposés et bannis ;
subslanlielle (1)? car la délinilion du concile ayant été |iort.'e à
L'empereur lui-même comprit alors la jus- Constaulin, ce prince, reconnaissant que ce
tesse de cette expression. Les ariens ne pou- consenteuKMil unanime de tant d'év. ques
vaient pas la rejeter, sous prétexte qu'elle était l'ouvrage de Dieu, il la rci;.ut avec res-
n'est pos flans rKi'riture,euxqui cnqjloyaicnt pect, et mcnara d'exil ceux qui reluseraieut
tant lie mots qui ne sont pus dans l'Kciiture, d'y souscrire. Il n'y eut que Theonas et Second
en disant que le l'ils de Dieu était tiré du <pii demeurèrent opiniâtrement attachés à
néant et n'avait [)as toujours été, mais sur- Ariiis, et le concile les condamna avec lui. Les
tout leur mot si équivoque d'af/owlos, qu'ik trois qui cédèrent, furent Ijisèbe de Niconi''-
avaient enq)runlé aui pliiloso|(lies grecs et die, Théognis et Maris. Eusébe se donna bien
qui siguidait (anlot inru;é, tantôt non vnr/en- du mouvement pour engager l'empereur à le
arr. Uue si l'expression de cniintliataniicl n'est soutenir, lui faisant parler sous main par
pas dans récriture en lowlcs lettres, elle y est dilièrenlcs personnes, pour so gai'anlir d'eire
f)our le sens, comme quand le Lils y dit de d posé. Mais cnlin il céda aux persuasions do
lui-même « Moi et mon l'ère nous sommes
: Conslanlia, sœur de l'einijereur et, ne pou- ;

un. " D'ailleurs, commi- on iiciil expi'imer une vant viler de souscrire, il dislingiia la pro-
i

erreur nouvi-lle avec dan. iens mois, on peut fc-siiin de foi de l'arLiihonie qui èlait à 11 lin,
aussi, par un mot nouvi;au, exprimer uue vé- el souscrivit à la foi, mais non pas à l'ana-
rité uncicnu... finalement, le mol de comnhs- tiiènie, parce, disait-i|, qu'il dait persuadé
tanlicl n'clail pas nouveau, et d'illustres évé- qu'Arius n'était pas tel que les Pères le
qucs de lîomc et d'Alexandrie, (c'étaient les croyaient, en ayant une connaissance particu- •

deux saints Deiiys,) s'en étaient servis pour lière p.ir ses lettres et parsesconversalions (il).
condamner ceux qui disaient que le Lils rtait On dit iiicme. et c'est I hilostorge. aiileur
un ouvrage, et non pas consubstautiel au arien, qui lo dit (1), qu'Lusèbe et ihéognis

(I) Athnii., D>: Décret. Nu:.. II. 2i. — ('2)(kUle pliro'»!' est ainsi ilans lo bivc ; nous ou verriiin plus
t;irl li< m) siéra. - (3) Tliéodoret, L L Sociut., l. I. aozom., t. U, elc. Voir Tillsinont. — (4J U U,
C. IX.
n HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÊGLISE CATHOLIQLB
usèrent de fraude dans leurs souscriptions, et d'élireceux qu'il leur nlaira,ou d'en proposer
que, ilans le mot liomoousios, ils insérèrent les noms, sans le con'-:nlcment de l'évéque
un iota, qui faisait komoiousios, c'est-à-dire catholique soumis à Alexandre ; ce qui était
semblable en substance, au lieu que le pre- nécessaire pour empèclier qu'ils ne fortifias-
mier signifie de même substance. On voit que sent leur cabale. Au contraire, ceux qui n'a-
la fourberie et la mauvaise fui étaient iiibé- vaient point pris de part ^u schisme, et qui
rentcs aux ariens. Leur chef, Arius, fui ton- élaicMit demeurés sans reprfjche dans l'Eglise
damné avec ses écrits, et nommément sa catholique, on leur conserve le pouvoir d'élire
Tbalie. On condamna aussi les personnes que et de proposer les noms de ceux qui seront

le concile d'Alexandrie avaient condamnées dignes d'entrer dans le clergé, et eénérale-


avec lui. entre autres le diacre Euzoïus, depuis nient de faire toutes choses selon la loi ecclé-
évèque arien d'Antioche, et Piste, depuis évc- siastique. Que si quelqu'un d'eux vient i
que arien d'Alexandrie. mourir, on pourra faire monter à sa plaça
Le concile de Nicée termina une autre ques- quelqu'un des nouveaux admis, pourvu qu'il
tion, celle de la Pàquc. Depuis les conciles en soit trouvé digne, que le peuple le choi-
tenus à ce sujet sous le pape saint Victor, et sisse et que l'évéque d'Alexandrie confirme
par son ordre, les éfîliscs de l'Asie avaient re- l'élection. Tout cela fut accordé aux mélé-
noncé à leur coutume particulière pour se ciens; mais, pour la personne de Mélèce, on
conformer à l'Eglise romaine Kn sorte que, défendit de lui donner aucun pouvoir ni nu-
non-seulement tout l'Occident, l'Italie, l'Es- cune autorité, à cause de son esprit indocile et
pagne, la Gaule, la Bretagne, mais encore entreprenant, de peur qu'il n'excitât de nou-
l'Afrique, la Libye, l'KgypIe, la Grèce, l'Asie veaux troubles.
et le Pont célébraient la Pàquc, avec Home, l'our plus de sûreté, saint Alexandre lui
le dimanche qui suivait le quatorzième de la demanda une liste des éveques qu'il préten-
lune de mars Cependant les églises, ou plutôt dait avoir en Egypte, des prélres et des dia-
des églises de Syrie et de Mésopotamie, sui- cres qu'il pouvait avoir à Alexandrie et dans
vaient encore l'usage des Juifs et célébraient le territoiie qui en dépendait. Ce quil fit. de
la l'âque le quatorzième de la lune, sans con- peur que .Mélèce, abusant de la liberté que le
sidérer si c'était le dimanche ou non. Le con- concile lui avait accordée, ne vendit plusieurs
cile ordonna cl les Orientaux promirent de titres et ne fit des faussetés en supposant louî
célébrer la P;\que avec les Romains. les jours ceux qu'il voudrait. .Mélèce donna
Le concile de Nicée concilia une autre af- la liste des évéques. au nombre de vingt-neuf,
faire, mais d'une façon qui a lieu de nous donl lui-même était le premier; et le dernier
étonner, habitués que nous sommes à nous Jean de Memphis, qui. par ordre de l'empe-
représenter les premiers siècles de l'Eglise reur, devait être avec l'archevi-que, apparem-
comme ceux de la plus grande sévérité. Il ment alin qu'on put robser%'er de plus près ;
s'agit du schisme des mèlécicns, qui depuis les clercs d'.Vlexandrie étaient quatre prêtres
vingt-quatre ans désolait l'Egypte, llomme on et cinq diacres. .Mélèce, fn donnant celte
a vu, Mélèce, évoque de Lycopolis, avait sacri- liste, présenta à saint Alexandre ceux qui
y
fié aux idoles dans la persécution, lléposé par étaient nommés il lui rendit au-si les églises
;

l'évéque d'Alexandrie, au lieu de se soumet- dont il avait usurpé la supériorité, et demeura


tre, il forma un schisme, ordonna des évéques, à Lycopolis, où il mourut quelque temps
des prêtres et des diacres de son parti et ; ai'irês. .Mais en mourant il nomma pour son
quand les ariens parurent, les méléciens s'uni- successeur, contre I ordonnance du concile de
reut à eux, sans pai'tager néanmoins leur doc- Nicée. un de ses disciples nommé Jean, peut-
trine. Or, pour mettre lin à ce schisme, né de être le même Jean de .Memphis. Ainsi le
l'apostasie et fauteur de l'hérésie, le très-saint schi-me recomme/ica. el les m. léciens conti-
concile, tout en déclarant qu'à la rigueur Mé- nuèrent leurs assemblées : il y en cul toutefois
lèce était indigne d'aucun pardon, usa néan- qui revinrent de l-onne foi a l'unité de l'E-
moins envers lui d'indulgence, et lui permit glise. Le nombre en eût été certainement
de demeurer dans sa ville de Lycopolis, avec beaucoup plus grand, sans les intrigues des
Ib titre et les honneurs d'évcque mais sans ; ariens. Néanmoins ce schisme n'eut pas toutes
aucun pouvoir, ni d'élire, ni d'ordonner, ni les suites funestes que nous verrons au schisme
de iiaraitre pour ce sujet ou à la campagne ou des donatistes (I).
dans aucune autre ville. Quant à ceux qu'il Après avoir terminé ces trois grandes affai-
avait ordonnés, il fut i^'i qu'ils seraient con- res, le concile dressa des canonj ou règles de
.ii-niés par une plus sainte imposition des discipline Nous les verron> piUs loin avec
niains et admis à
coniu)unioii avec l'hon-
la celles d'Ancyre, de .Néoi-ésaree el d'Arles.
neur et les fonctions de leur ordre ; mais à Enlin il écrivit la lettre suivante :

charge de céder le rang, en chaque diocèse et « A


léglise d'Alexandrie, sainte el grande
en chaque église, à ceux qui avaient été or- par grâce de Dieu, el à nos bien-aimés
la
donnés auparavant par l'évéque d'.Mexandric. frcres de l'Egypte de la Libye et de la Penl.i-
Le concile veut encore que ceux qui ont fié ftole : les éveq'ies assurables a Nie- c. cl f.irmanl
ordonnes par Melece n'aiciil aucun pouvoir e grand etsainlconcile; salut dans le Soigneur.

^) Tli4odordl, 1. l, e. IX. Sdcr. L I, c. u Tjiltmonli


LIVRE TRRNTB ET UNIÈME. M
» Par i& grâce de Dieu, et par les soins de difficulté ;
qu'il a été résolu, tout d'une voix,
l'empereur bien- aimé de Dieu, Constantin, que laPàque serait partout célébrée le même
qui nous a l'éunis de diderentes provinces et jour, et que l'on n'aurait, sur ce point, rien
de difîércntes cités, le grand et saint concile de commun avec les Juifs. Il exhorte tout le
s'étant formé à Nicée, il a paru nécessaire de monde à exécuter l'ordonnance du concile,
vous écrire aC /îcm de tout le sacré concile, ajoutant ces paroles remarquables « Tout ce;

afin que vous puissiez savoir ce qui y a été qui se fait dans les saints conciles des évéques
proposé.,'.xaminé, résolu et décidé. Avant doit être r^ihporté à la volonté de Dieu. » Il
toutes choses, l'impiété d'Arius a été examinée envoya des .opies de cette lettre dans toute
en présence de notre empereur bien-aimé de les provinces.
Dieu, Constantin il a été résolu d'une voix
; La seconde est adressée en particulier à
unanime de l'anathématiser, lui, sa doctrii"' l'église d'Alexandrie et, après avoir parlé de
;

impie, ses paroles et ses pensées de bla.-- l'union dans la foi, il ajoute h C'est pour
:
y
phéme, par lesquelles il blasphémait contre le parvenir que, par la volonté de Dieu j'ai as-
Fils de Dieu, en disant qu'il est tiré du néant, semblé à Nicée la plupart des éveques, avec
qu'il n'était point avant que d'être engendré, lesquels moi-même comme un d'entre vous,
et qu'il y a eu un temps auquel il n'était pas ;
car je me fais un souverain plaisir de servir
que par son libre arbitre il est capable de vice et le mime maître, je me suis appliqué à l'exa-
de vertu, et qu'il est cri'ature. Le saint concile men de la vérité. On a donc discuté très-exac-
a anathématisé tout cela, ne supportant pas tement tout ce qui semblait donner prétexte
même d'entendre cas paroles de blasphème, à la division. F.t, Dieu veuille nous le par-
d'extravagance et d'impiété. Pour ce qui est donner, quels horribles blasphèmes a-t-on osé
de sa personne, vous avez appris déjà, ou vous avancer toucliant notre Sauveur, notre espé-
apprendrez assez, comment il a été traité. rance et notre vie, professant une créance
Nous ne voulons pas paraître insulter à un contraire aux Ecritures divines et à notre
homme qui a reçu la digne récompense de son sainte foi. Plus de trois cents évéques, très-
crime (par l'exil auquel l'empereur l'a con- vertueux et très-éclairés. sont convenus de la
damné). Son impiété a eu la force de perdre même foi, qui est en eflet celle de la loi di-
avec lui Théonas de Marmarique. et Second vine Arius seul a été convaincu d'avoir, par
:

de Ptoli'maïde et ils ont été traités de même.


; l'opération du démon, semé cette doctrine
Ainsi par la mis('ricorde de Dieu, l'Kgypte est impie, premièrement parmi vous, et ensuite
délivrée de l'impiété et de la contagion de ailleurs. Kccevons donc la foi que le Dieu tout-
cette erreur et de ces blasphèmes, et de ces puissant nous a enseignée; retournons à nos
hommes inquiets qui n'ont pas craint de for- frères, dont un ministre impudent du démon
mer des partis et des divisions dans un peuple nous avait séparés Car ce que trois cents
jusque-là paisible, o évéques ont ordonné, n'est autre chose que la
Le concile expose ensuite ce qui avait été sentence du Fils unique de Dieu le Saint- :

ordonné touchant les méléciens, comme on Esprit a déclaré la volonté do Dieu par ces
l'a vu plus haut, se remettant du surplus a grands hommes qu'il inspirait. Donc que per-
l'évcque Alexandre, parce que tout s'est fait sonne ne doute, que personne ne ditVère ;

avec sa participation et de son autorité. Il mais revenez tous de bon conir dans le chemin
rapporte aussi la conclusion touchant la de la vérité. »
Pàipie, et ajoute « Hôjouisscz-vous donc de
: Il publia encore une autre lettre, ou plutôt
tant d'heureux succès, de la paix et de l'union un ('dit, qui condamne Arius et ses écrits en
de l'Eglise, et de l'extirpation de toutes les ces termes « Constantin, vainqueur, tr^s-
:

hérésies, et recevez avec beaucoup d'honneur grand, auguste, aux évéques et aux peuples.
et d'amour noire collègue votre évoque , Puisque Arius a imité les méchants, il mérite
Alexandre, qui nous a réjouis par sa présence, d'être noté d'infamie comme eux. Porphyre,
et qui, dans un âge si avancé, a pris tant de ayant composé des écrits impics contre la re-
peine pour vous procurer la paix. Priez aussi ligion, est devenu l'opprobre de la posb'rité,
pour nous tous, afin que 'os choses qui nous et ses écrits ont été supprimés de même,
;

paraissent bien réglées d^ neurent fermes par qu'Arius et ses sectateurs soient nommés por-
iNotrc Seigneur Jésus-Ch 'st étant faites, , phyriens, aliu qu'ils portent le nom de ceux
comme nous le croyons, suivant le bon plaisir qu ils ont iiuilfb que s'il ^e trouve quelque
;

de hieu le Pore dans l'Ésprit-Saint, à qui la écrit composé par Arius, u soit jeté au feu,
gloire dans 1,'8 siècles des siècles. Amen (I). •> afin qu'il n'en reste aucun monument et je ;

L'empereur Constantin l'crivil en même déclare que quicoiu]ue sera convaincu d'avoit
ttmps deux lettres pi>ur publier les ordon- caché quelque écrit d'Aiius, au lieu de le re-
nances de concile et les faire connaître à ceux présenter et de le briller, celui-là sera puni
qui n'y avaient |ias assisté. La première est de mort aussitôt (]u'il sera pris, .le prie lHeu
adressée aux églises en général, et ce qu'elle qu'il vous ciuiserve. »
explique en beaucoup de paroles se réduit à On voit ici comment l'empereur use de son
dire que la (pieslion de la foi a été examinée autorité temporelle pour exécuter le juge-
et si bien éclaircie, qu'il n'y est resté aucune ment du concile. On croit qu'il donna aux

(1) Thiodoret, t. I, o.
niSTOinE UNIVF.nSELLE DE L'ÊOLISE CATUOLIQUB
ariens le nom de porpliyriens, pour montrer certaine quantité de blé aux vîerpes, aux
qu'ils Voiilalcnl ramener car di-
riclol.'ilric ; veuve» et aux clercs. Knfin. quand furent \'.

sant que lu Fils, qu'ils appelaient Dieu oii- prèls à se séparer, il leur parla pour prendre
gond '•, ^lait une cr(?alure, ils adoraient la congé d'eux et les exhorli.rà la paix, à l'union
créai .re outre le Créateur, et ne diiléi'aient cl la condescendance réciproque, et conclut en
des paTens qu'en ce qu'ils n'en adoraient 8c recommandant à leurs prii-res.
qu'une. Kn même tcnq)s l'emiiereur exila Plusieurs i.vaifnt drmné lieu de leur recom-
Arius cl les deux évéques qui élaienl demi'u- mander l'union et la paix. Comme la suite le
rés les plus opiniâtres dans son puiii, Second fera voir, c'f'taicnl sans doute les ariens. Dés
et Théonas (I). que l'empereur fut ari-ivé à .Vicée. ils lui pré-
On trouve encore, dans Gélase de Cyzique, sentèrent fies plaintes contre quelques uns de
une longue lellre de Constantin à Arius et aux leurs collègues. Constantin fixa un jour pour
ariens. Il y parle, non plus en empereur ni examiner toutes leurs requêtes. Ce jour venu,
même en ealliolique pi'udent, mais en riiéleur il s'assit sur son Irùne et fil un di-cours qui
amijoul'; il y dispute contre Arius, lui dit des est ci'lèbre dans les historiens, quoiqu'ils ne
^ijiires, lo raille et tourne eu ridicule son le rapportent pas tous de la rn-'uie manière.

t itéiieur sévère et négligé il le provoque


;
I
Dieu vous a faits ses pontifes, dit-il aux
il\cc em|)ha?e comme à un duel d'argu- évéques, et vous a donné la puissance de ju-
ments. Homme à la pensée de fer, donnc-
<( ger nos peuples et nous-mêmes : il est donc
moi une preuve de ta résolution si tu as ;
juste que nous nous soumettions à vos juge-
connanre en toi-môme, si tu es ferme sur la ments, et non pas que nous entreprenions
foi. si tu as la conscience tout ù fait pure, d'être vos ju^es. Dieu vous a établis pour être
viens à moi viens, dis-je à l'homme de Dieu,
; comme nos dieux, et qu'elle apparence que
{•"ois persuadé que, ]iar mes interrogations, je des dieux fussent jugés par des hommes? Il
découvrirai les secrets de ton cœur; et s'il y n'est pas même à propos que le peuple con-
avait en toi quelque folie, je te guirirai par- naisse les fautes des prélats, de peur qu'il
faitement de sa morsure en invoquant la grftre n'en prenne uh sujet de scandale et un iiré-
divine. 0"e si tu es trouvé avoir l'esprit sain, textc de pécher plus librement. Remettez donc
reconnaissant en loi la lumière de la vérité, tous vos didérends à celui qui est le ju«e et le
je rendrai grâces à Dieu et je me filicileiai llleu des dieux, ou plutôt oublions toutes ces
moi même (2). » Avec son style de mauvais ]>lainlps. Imiluns la divine bonté en nous par-
goût, cette lellre décèle encore une vaniteuse donnant les uns aux autres, et unissons-nous
légèreté d'esprit. tous ensemble par une amitié fraternelle; pour
A l'époque môme où finissait le concile, chercher, dans la paix et l'union des cœurs,
commencail la vingtième année du règne do les vérités de la foi pour lesquelles nous nous
Constantin. Les eiiiperi-urs étaient dans l'usage sommes assemblé? IM). »
de célébrer la ein(]uii''mp, la dixième, la Il eut l'té à souhaiter pour Constantin qu'il
vingtième année de leur règne. Ce fut donc se souvint toujours de ses propres leçons et de
une grande solennité par tout l'empire. En ses propres exemples; il n'aurait pas, peu
cette joie pulilique, lùisèbe de (lésarée pro- après le concile, par une précipitation déplo-
nonça un panégyrique à la louange de l'em- rable, condamné à mort l'aine elle plus digne
pereur, et en sa présence, au milieu des descs enfants, le césarCrispus il n'aurait pas, ;

évéques, et l'empereur voulut les régaler ma- un peu plus lard, par son inconstance et se»
gniliquement avant qu'ils se retirassent dans ]irocédés iniques envers les plus saints évéques,
leurs provinces. Ils se rendirent lous au palais, ranimé l'hérésie et les divisions dans l'hglise
et c'était pour eux un spectacle bien nouveau, liourdeuK et trois siècles.
de passer sans crainte au milieu des gardes tjuanl au concile de Nicée. Gélose de Cyri-
qui étaient à rentn'C, l'épée nue à la main. que nous apprend que les prlnci|i;(iix évèt|iics
Us entrèren' jusqu'aux appartements le? plus lurent chargés de porter dans leurs province*
secrets et se mirent à table, les uns avec l'ein- et de faire cnnn.iitre partout ses ordonnan>-es
perrur. les autres séparément sur des lit- pré- (Isius, por les prêtres Viton »»t Vj-nont, les
parés des deux cotés. Ils croyaient voir une envoya à Home, en Italie. -ue «l à '

image du règne de Jésus-Christ, et plutôt un toutes les nations, jusqu'à l'i -t-.à-dire '

songe qu'une vérité Ce prince, ayant remar- en Gaide. en (iermanic, en Hrci.iuno; Alexan-
qué que quelques-uns de ces évéques avaient dre d'.Mexandrie. avec Athannse son archi-
l'œil droit arraché ytnr la cruauté des empe- di.icre à toute rKuyiite, la Libye, la l'enlapole
reurs perséculeiirs. baisa leurs plaies, espér.iiil riaux provinces voisines Maraiic de Jérusa- ;

tirer de cet attouchemenlune bénéiliction par' lem, avec Kus"be de Cesarce à la j'alestine,
ticulière. In le dit entre autres, do l'aphiiuce,
( . l'.Arabic cl la l'hènieie Lnslalhe d'.Vulioche,
;

qu'il taisait souvent venir dans son palais par à la Célésyrie. la Mes. [lolamic cl lo '.^ilirie;
le respect qu'il lui portait. Après le festin il Jean, évequo porsau, h buile la l'crsc et aux
leur distribua divers présents, à proporlinu de Grandes-Indes Léonce de Césanne, à la ( ap-
;

leur dignité, et y ajouta des lettres [lour Inire pa<loce, la Gaiatie, le Poiil. la Paphiaeonie.
délivrer lous les ans, daus chaque église, uno la grande et la pelile Arménie; Ihcouas de

n) Latobs, t. IL Théod.. 1. I, etc. — (2) ULbe, t. U. - (3) Euseb., Fi.'a Contl., l. Ul. c xxvu.
LIVRE TRENTE ET UNIEME.
Cyzique, à l'Asie, rFIellespont, la Lydie et la vaise honte, il feint d'avoir été reflressé par
Carie; iN'unérhiiis de Laodicée, à la première un empereur plutôt que par ses collègues. Il
et à ia seconde Phrygie André de Thessalo- ; dit donc qu'il avait proposé lui-même une
niqiie, à la premirre et à la seconde Macé- confession de foi, mais i' ne dit pas qu'elle,
doini;. avec la Gn-ce, la Thessalie, l'Achaïe, avait été rejetée par le concile, t'.e qu'il dit,
riUyrie, l'une et l'autre Scylliie Alexandre de ; c'est que le très-sage et très-pieux empereur
Byzancc, à toi/ tes les îles Cyclades; Protogène la trouva bonne, en y ajoutant seulement un
de Sardique, à la Dacie, la llardanie et les mot, celui de consubstantiel, afin que tout
pays voisins; Piste de Marcianople, à la Mysie le monde fut d'accord que, finalement, il ;

et aux nations voisine»; Cciilien de CarthaL'C, n'avait souscrit au symbole du concile, en par-
â toutes les provinces d'Afrique, de Numidie ticulier au comubstantiel, qu'après que l'em-
et de Mauritanie (!). pereur, par SM doctes explications, lui eut
Dans la collection des conciles, on trouve fait voir qu'il avait un bon sens (.'t). Tel est le
une lettre des Pères de Nicée au pape saint fond de la lettre comme du caractère d'Eu-
Silveslre pour lui demander la confirmation sèbe on y cherche l'évèque
: on ne trouve ;

de leurs actes, ainsi que la réponse du Pape, que le courtisan.


qui les confirme en eil'ot. Mais il y a dans ces Quant à Eusèbe de Nicomédie et Théognis
doux pièces des dinicullés de ilate et do stjle de Xicée, ils firent bientôt voir que leurs sous-
qui en font suspecter 1 authenticité. Quoi qu'il criptions n'avaient pas été sincères. On dit
en soit, il n'en est pas moins certain que la qu'ils ayant gagné celui qui
les effacèrent,
confirmation aura été demandée; car, comme gardait les actes du concile par ordre de l'em-
nous l'avons déjà vu, les historiens grecs So- pereur, et qu'ils entreprirent d'enseigner pu-
crate et Sozomène nous apprennent que dès bliquement qu'il ne faut pas croire que le Fils
lors il y avait un canon ecclésiastique qui dé- soit consuhstanticl au Père qu'Eusèbe, en ;

fendait de rien ordonner sans le consentement étant accusé, dit hardiment à l'empereur, en
de l'évèque de Rome. De plus, l'an 'iSi, un montrant l'habit qu'il portait Si l'on déchi- :

concile romain, présidé par le pape Félix III, rait ce manteau en ma présence, je ne dirais
écrit au clergé d Orient que les trois cent dix- jamais que les deux pièces fussent de la même
huit saints Pères de Nitée. suivant cette parole substance. Il est certain que l'empereur ayant
du Seigneur Tu es Pierre, et sur cette pierre
: fait venir d'Alexandrie des ariens qui brouil-
je bâtirai mon Kglise. déférèrent la confir- laient encore, Eusèbe et Théognis les recu-
mation et l'autorité des allaires à la sainte rent, les mirent en sûreté et commmiiquèreni
Eglise romaine (2). avec eux. On tint donc un concile où ils
Eusèbe de Césarée n'était pas peu embar- furent déposés, et d'autres évèques mis à leur
rassé de sa propre conduite. Il s'était d'abord place Amphion, à Nicomédie. et Chrestus, à
:

déclaré pour Arius et contre ia consubstan- Nicée. Pour Eusèbe et Théognis, l'empcreu"
tialité du Verbe, et puis il avait fini par sous- irrité les envoya en exil dans les Gaules, troi*
crire à la consubslantialité du Verbe et à la mois après le concile de Nicée, et ils y demeu-
condamnation d'Arius. Il fallait se justifier rèrent trois ans (*).
auprès de son église. Il donc une lui écrivit Con4antin écrivit en même temps à l'église
assez longue lettre pour apprendre au vrai lui de Nicomédie une grande lettre, dont la pre-
comme l'afiaire s'était passée. Mais, si humi- mière partie est un discours de théologie
liant que tout fût pour lui, il n'était pas en- assez obscur sur la divinité du Verbe; le reste
core clevenu assez humble. Son récit n'est que est une invective véhémente contre Eusèbe 11
déguisement. Il ne relève sans cesse que l'em- l'accuse, comme d'une chose notoire, d'avoii
pereur c'est l'empereur qui recommande la
; été complice de la cruauté du tyran, c'est-à-
lormule de même suhstance c'est l'empereur ; dire de Lioinius » Témoin, dit-il, le massa-
:

<iuil'explique et la défend, comme si l'empe- cre des évèques, mais d'évéques vêritahles ;
reur eut été le plus habile théologien, et que témoin encore la cruelle persécution des chré-
les théologiens eux-mêmes n'eussent pris au- tiens. Je ne parlerai point des espicms qu'il
cune part ni aucun intérêt à la chose il tait ;
envoyait contre moi pcndani les troubles il ;

combien il y avait de son coté et combien <lc ne lui a manrjué que de prendre .es arme»
l'autre il tait les fourberies et les équivoques
; pour le tyran j'en ai des preuves par les prê-
:

mises en œuvre par son parti, si ce n'est par tres cl les diacres de sa suite que j'ai pris.
lui-même, pour tromper la bonne toi et la Pendant le concile de Mcée, avec quel empres-
simplicité des évoques; il présente cette affaire sement cl quelle impudence a-t-il soutenu
comme s'il ne s'était agi que du mot cmisiihs- contre le témoignage de sa conscience, l'ei--
latiliel, non pas du sens, et dissimule ainsi quo reur convaincue de tous cotés! tantôt en m'en
les ariens étaient opoosé^ au sens, et par là voyant diverses personr.es pour me parler eu
eeulemenl, au mot. Plus érudil compilateur sa faveur; tanl6l en iiiiploranl ma protection,
que savant docteur, il rougissait, ce semble, de peur qu'étant convaincu d'un si gr;nul
d'en avoir trouvi': dans l'Eglise de plus savants crime, il ne fut privé dé sa dignité. Il m'aci--
et de plus profonds, et, pour pailicr sa mau- convonu et surjjris honteusement, et a fait

(I) CMase, apud Labbt, t. U. - (2j Labb», I. VI. ©ol. Mît. - (S) Tli«odor«t, 1. I, o. xjl — W TWo-
<toiot, i. I, «. u.
HlSTOinE UNIvriSRLLE DE L'fiGLTSR OAinOLIQUB
3?

passer toutes choses comme a voulu. Encore 1 de Cartlin^e, <^l.int mort, ses collègues s'as-
il a fail avec ']'h(-o- semblèrent en celte ville pour lui donner un
depuis peu, voyez ce .|ii'il
J'avas cominand"^ qu on amenai d A- 6U(cessei;r. Deux clercs ambitieux. Holriis et
criis
aspiraient à cette chaire ils firent
lexandrie (|iielques déserteurs do notre foi,
Céleiisiiis, :

qui alluniaieiil la discorde; ces bons évéques, en sorte que l'on n'appelât que les évèque»
voisins, sans attendre ceux de Numidie,
le concile avait réservés pour
que faire péni-

tence, non-seulement les ont reius et proté-


comme, en eflet, il n'était pas nécessaire ear ,

c'était la coutume que les évéques des grands


gés, mais encore ont comniunii|ué avec eux.
C'est pourquoi j'ai fait prendre ces ingrats cl sièges étaient ordoimés, non par d'autres mé-
envoyés au loin. » Il exhorte les peu- tropolitains des provinces voisines, mais par
les ai
ples auxquels il écrit à s'attacher à la vraie un évèque de la mrmeprovince .\insi, àRome
foi et à recevoir avec joie les .vcques fidèles,
même, l'évéque d'Oslie était dès lors en pos-
purs et sincères, c'est-à-dire Amphion et session d'ordonner le l'ape. Les évéques de la
Chrestus. menaçant de punir sans délai ceux province d'Afrique s'ètanl donc assemblés à
qui oseront encore faire mention des séduc- Carlhage, choisirent, par le suffrage de tout
teurs et donner des louaii^'cs (1). Cesl
leur le peuple, Cécilien, diacre de la même église.

ainsi que Constantin dépeignait Eusèbe; c'est Félix, éscque d'Aplonge, lui imposa les
ainsi qu'il l'accusait de l'avoir trompé hon- mains, cl il fut ordonné évèque. Comme il fut
teusement. Et ce même Constantin se laissera assis dans la chaire épiscopale, on lui remit
tromper plus honteusement encore par le le mémoire des vases d'or et d'argent que

minie Eusèhe; et cette incroyable inconsis- Mcn^urius, son prédécesseur, avait confiés à
tance de Constantin sera une des principales son dé|)art aux anciens de Carthage. Le mé-
causes des maux de l'Eglise. moire fut présenté à Cécilien en présence de
Le saint 'Icillard Alexandre surv'écut peu à témoins; on appela les anciens à qui le dépôt
la gloire li'avoir terrassé l'iiérésie arienne il ; avait été confié. Ces braves gens avaient
mourut pour ainsi dire dans son triomphe, compté en profiter, et, oluiot que de le
cinq mois après son retour à Alexandrie, le rendre ,ils firent un parti contre Céci-
n avril lit), ilavait puissamment servi l'E- lien.
glise pendant il ne la servit pas moins
sa vie ;
Botrus et Céleusius, irrités de n'avoir pas
à sa mort,en préparant, par une espèce été élus, se joignirent à eux ; Lucille s'y joi-
d'inspiration divine, l'épiscopat de saint Atha- gnit aussi. C'était une femme riche, puissante
nase. Comme il était près de mourir, il l'ap- et factieuse. Cécilien, n'étant encore que
pela p.ir son nom. Prévoyant ce qui arriva, diacre, l'avait reprise de ce qu'avant la sainte
saint Ath;inase s'était en'ui et caché, l'n autre communion. elle baisait un ossement de mort,
Alhanase. qui était pré- cul. répondit; mais et d'un mort inconnu, comme d'un martjT.
saint Alexandre ne lui dit mot, montrant que Outrée de celte réprimande, elle s'en était
ce n'était pas lui qu'il avait appel". 11 appela allée de l'église tout en colère. Ce fut bien pis
encore .Vlhanase, et répéta ce nom plusieurs quand elle vit Cécilien évèque. Le ressenti-
fois. Celui qui était présent se tut; on comprit ment de cette femme turbulente, joint à l'am-
de qui le saint évèque parlait, et il ajouta par bition de ces deux clercs et à lavaricc de
esprit prophétique Alhanase. tu penses avoir
: quelques fabriciens enrichis des biens de l'é-
écliap[)e par la fuite, mais tu n'échapperas glise, enfantera un schisme des plus funestes,
pas. En elVel, après la mort d'Alexandre, les et qui désolera l'.Vfrique jusqu'à sa ruine. Les
évéques de la province s'ètanl assemblés avec trois partis ne firent qu'un, qui se di'clara
tout le peuple catholique, la mullilude s'é- contre Cécilien, refusant de communiquer
c-ia toul d'une voix pour demander Alha- avec lui, et voulant faire casser son ordina-
nase témoignant que c'était un homme ver- tion. Le chef de ce parti l'tail un nommé Do-
tueux, pieux, vérilablement chrétien, menant nat. des Cases-.Noires, qui, dès le temps que
la vie ascétique. Ils le demaid dent publique- Cécilien était diacre, avait déjà fait un schisme.
ment à Jésus-Christ et conjuraient les éviques Ils envoyèrent à Second, cveque de Tigise et
de l'ordonner, ne sortant point de l'église primai de Numidie, le priant de venir à Cai^
pendant plusieurs jours, et ne les en laissant thage. Avec lui vinrent Donat de Mascule,
pas sortir. Il fut donc ordonne évèque d'.\- Victor de Russicade, .Marin de Tibilc, Donat
lexandrie par le plus grand nombre des évé- de Calame et plusieurs autres évéques, jus-
ques, à la vue de toute la ville et de toute la qu'au nombre de soixante-dix, irrites de n'a-
province. Celait le -l'i décembre de celle an- voir pas été appelés à l'ordination de ré\'
née ;<26. Depuis ce jour jusqu'à celui de sn de Carthage. 'lous ceux qui s'étaient a\
mort, le ù mai 373, il sera "le boulevard de la traditeurs dans le concile de Cirlhc étaient de
vérité, la terreur de 1 hérésie, et comme le ce nombre, en parlicu ier Purpurius de Limale.
centre de l'histoire ecclésiastique. qui s'y était glorifié d'avoir tué ses Jeux ne-
He siui coté, Cécilien de Carthage. le seul veux. Ces soixante-dix évéques furent reçus e\
évéqui' d'Afrique qui assista au concile de logés par le parti contraire à Cécilien, el )>»«
Nicée, fui. lui aus>i,le s'.ijet principd de lo;ilr un d'eux nalla a la basilique, imi près pi..
une histoire. Dès l'an 31 1 Mensarius, évcque toute la ville était assemblée avec lui, où

(l)Ubb6, t a p. «».
LIVRE TRENTE ET UNIÈME.
étalent la chaire épiscopale et l'autel sur pauté de la chaire apostolique, et où il était
iequel saint Cyprien, saint Lucien et les au- prêtplaider sa cause. Ce sont les réfiexions
ii

tres évèques avaient oflerl le sacrifice mais ; et les expressions de saint .\uguslin, qui en
ils érigèrent autel contre autel, et s'assemblè- donnent cette raison plus remarquable encore :
rent séparC'ment en concile. Car il s'agissait non pas de prêtres ou de dia-
Ils citèrent Cécilien à comparaître devant cres, ou de clerrs inférieurs, mais d'évèques,
eux; mais le peuple catholique ne l'y laissa qui peuvent réserver leur cause entière au
pas aller, et lui-même ne jui;ea pas raisonna- jugement d'autres collègues, principalement
iîle de quitter l'église pour aller dans une mai- des églises apostoliques (l). Telle fut l'origine
son particulière s'exposer à la passion de ses du schisme des donatistes; car on leur donna
ennemis. Il leur manda pour n'ponse S'il y : ce nom à cause de Donat des Cases-Noires et
a quelque chose à prouver cou(i-e moi que d'un autre Donat plus fameux qui succéda
l'accusateur paraisse et qu'il le prouve. Ils ne à Majorin dans le titre d'évèque de Car-
purent rien inventer contre la personne de thage.
Cécilien mais ils nommèrent qiielipies-uns
;
Les donatistes furent loin de suivre la règle
de ses confrères comme étant traditeurs; ce de l'Kglise, rappelée par saint Augustin. Au
qu'ils disaient être prouvé par des actes pu- lieu d'en appeler à la principauté apostolique
blics, et toutefois ils ne firent point lire ces des Papes, ils en appelèrent à la principauté
actes dans leur concile. Celui qu'ils accusaient politique des Césars. Le proconsul d'Afrique,
le plus àprement était Félix d'Aiitonge, ordi- Anulin, ayant reçu ordre de réprimer leur
nateur de Cécilien, et ils disaient qu'il était la turbulence, ils lui présentèrent un mémoire
cause de tout le mal. Cécilien l'ayant appris cacheté et une requête ouverte, avec prière
leur manda pour réponse Si ceux qui m'ont
: do les envoyer à la cour. Le paquet portait
ordonné sont traditeurs, s'ils croient que Fé- pour titre « Mémoire de l'Eglise catholique
:

lix ne m'ait rien donné par l'imposikion de ses touchant les crimes de Cécilien, présenté par
mains, qu'ils m'ordonnent eux-mêmes comme le parti de Majorin.» La requête contenait ces
»i je n'étaisencore que diacre: ce qu'il disait, mots : « Nous vous prions, ô Constantin !
non qu'il révoquât en doute son ordination, très-eRcellent empereur, vous qui êtes d'une
mais pour se moquer d'eux et leur otcr tout race juste, dont le père a été le seul, entre les
prétexte. Les schismatiques, ayant reçu cette empereurs, qui n'a point exercé la persécu-
réponse, dirent leur avis chacun en particu- tion, que, puisque la Gaule est exempte de ce
lier, commençant par Second de Tigisn qui crime, vous nous fassiez donner des juges de
présidait l'assemblée. L'homicide Purpurins Gaule, pour les différends que nous avons en
de iJmate s'écria Qu'il vienne recevoir
: Afrique avec les autres evêques. Donné par
l'imposition de nos mains, nous lui casserons Lucien, Dignus, Nassutius, Capiton, Fiden-
la tète pour pénitence. tius et les autres évèques du parti de Majo-
Enfin, ils condamnèrent Cécilien et fondè- rin C2). »
rent leur jugement sur trois chefs sur ce : L'empereur, ayant lu ces pièces, s'écria
qu'il n'avait pas voulu se présentera leur con- d'indignation: « Quoi! vous me demander
cile ; sur ce qu'il avait été ordonné par des des juges, à moi qui suisdans le siècle tandis ;

traditeurs; sur ce que l'on disait qu'étant dia- que moi-même


j'attends le jugement du
cre, il avait empêché de porter de la nourri- Christ. Toutefois il finit par leur assigner
I)

ture aux martyrs qui étaient en prison. Ainsi, pour juges irois évèques de Gaule, auxquel.s
regardant le siège de Carthage comme vacant, le pape Miltiade, qui les présida tous, adjoi-
ils prooéflèrent à une noiivrlle élection, et gnit quinze évèques d'Italie. L'empereur !it
ordonnèrent un nommé Majnrin, domestique égahnnent remettre au Pape, auquel il en
de la fameuse Lucille, qui avait été lecteur écrivit, tous les mémoires et papiers que le
dans la diaconie de Cécilien. Kn faveur de proconsul lui avait envoyés sur ce sujet. Le
cette ordination, Lucille donna quatre cents concile s'assembla dans le palais de Latran,
bourses. On ne sait point ce que valait une le 'i octobre ."tLJ (3). Cécilien y parut avec trois
bourse dans ce temps; aujourd'hui, parmi les évèques calholiques, et Donat des Cases-Noi-
Turcs, elle vaut quinze cents frams. A|)rès res, avec dix évèques de son parti. Le premier
tout, ce doit être une somme considérable. jour, les juges s'informèrent qui étaient les
On fit courir le bruit que c'était pour les pau- accusateurs et les témoins contre Cécilien. Lcî
vres; mais aucim. ni des clercs, ni des veuves évèques donatistes présentèrent un mémoire,
et du reste du menu pcuide, n'en loucha rien; comme si tout le peuple de Carthage l'avait
les évi-ques partagèrent tout entre eux. Lu- accusé. Mais les juges n'y eurent aucun égard,
suite les schismatiques écrivirent des lettres parce qu'on n'y voyait que des cris confus d'une
de tous côtés en Afrique pour détourner tous nnillilude, sans accusateur certain. Us deman-
les fidèles de la communion de CiM-ilicn Quant daient des témoins et des personn^.i qui vou-
à lui, il se crut siirtis.numenl
étant juslilii-. iussenl soulenii j'accusai ion en leur nom;
uni par lettres de ciMumuriiou avec toutes les ceux ipie produisirent les donatistes déclarè-
églises, et principalement avec l'Kgli-ic ro- rent qu ils u'avaii'iit rien àdire conlre Cécilien.
laine, où a toujours ètt en vigueur ia princi- Alors Cécilien accusa Donat luiii>-«»e d'avoir

Aiig., Epitl. ^u^^ n. 7. — (?) Optât., I. I, — (3) Kat. Alex., Oiiitrt.

t. n.
31 WÎSTOIRE IJVTVERSELLE OE LÉOLIRB CATHOLTQtJB

commenc<? le schismr Carihage du vivant


ii élection ; mais il ne sépara point de sa com
de Men«urius, d'avoir rnbaptisc^, d'avoir im- munion les évèques qui avaient eondamné Ce
posé de nouveau lus main? à des évêques tom- cilien, ni ceux (|ui avaient été envoyés poui
bés dan? la persécution. Enfin, dit-il, Donat l'accuser. Itonat des (^ases-Noires fut le seul
et ses cdllègiies accusateurs
ont soustrait les qu'il conclainri.'i, comme
auteur de tout le mal
et les témoins qu'eux-mêmes avaient amenés et convaincu grands crimes par sa propre
île

d'Afrique ^ontre moi, tant leur calomnie était confession. C'est ce que saint Augustin rap-
évidente. Donat confessa qu'il avait rebaptisé porte en ces termes Quand le bierdieun.-ux
: <>

et imposô les mains aux évèques apostats, et Milliade \iiit à prononcer la scnlence driini-
promit d.* représenter les personnes néces- live, coml'ien n y lit il pas paraître de dou-

saires A la cause, qu'on l'accusait d'avoir sous- ceur, d'inté(.'rilé, de sagesse, d'amour fioiir la
traites. Mais après l'avoir promis deux fois, il paix ! Il n'eu* garde de rompre la communioi;
fie retira et n'osa plus lui-même se présenter avec ses collègues, pui-c|u'ûn n'avait rien
au concile, craignant que le.-; crimes qu il prouvé contre eux se bornant à condariincr
:

avait confessés ne le fissent condamner présent, Donat qu'il avait reconnu l'auteur de tout le
lui qui était venu de si loin pour faire con- mal, il laissa les autres en étal de renlnT,
damner Cécilien. s'ils l'eussent voulu, dans la paix de l'Et-'li^-e.

Le second jour, quelques-uns donnèrent Il offrit même d'écrire des lettres de commu-

contre Cécilien un libelle de dénonciation. On nion ù ceux qui avaient été ordonnés par Ma-
examina les personnes qui l'avaient donné et jorin en sorte que, dans tous les lieux où se
;

les chefs d'accusation qu'il contenait: mais il trouvaient deux évèques à cause du schisme,
ne se trouva rien de prouvé. Le troisième jour, celui qui aurait élé ordonné le premier fut
on examina le concile tenu à Carthage par mainleiui, et qu'on trouvai un outre évéché
soixante-dix évèques, qui avaient condamné pour le dernier. l'excellent homme 6 le I

Cécilien et ses ordinateurs. C'était le grand vrai enfant de la paix chrétienne 6 le vrai !

fort de ses adversaires ils faisaient sonner


: père du peuple chrétien (I)! »
bien haut ce grand nombre d'évèques, et, Voilà comme saint Augustin admire la sen-
qu'étant tous du pays, ils avaient jugé avec tence delinilive du saint pape Milliade. Voilà
grande connaissance de cause. Mais Miltiadc comme le saint pape Milliade jugea dèfinili-
et les autres évoques du concile de Home n'eu- vcmenl l'aflaire des donalistes Voilà comme
rent aucun égard au concile de (^arthnge, le concile de iNicée jugea définitivement l'af-
parce que Cécilien y avait été condamné ab- faire des méléciens d'Egypte. Voil comme <

sent et sans avoir été entendu Or, il rendait penseront tous les évèipies d'Afrique au letups
de bonnes raisons pour ne s'y être pas pré- de saint Augustin. C'est dans ces grands exem-
senté. Ils savaient que ces évèques avaient été ples des ['apes et des conciles généraux
appelés à Carihage par ses adversaires, qu'ils qu'on voit le véritable esprit de l'ancienne
logeaient chez eux et concertaient tout avec discipline, esprit qui est le même dans tous
eux. Il savait les menaces de Purpurius. évè- les temps.
que de Limate, dont la violence était connue. Le pape Milliade mourut trois mois après,
Milliade et les évèques du concile de Rome le 10 janvier .lH. Il avait succédé, le i! juil-
jugèrent donc que tout ce qui avait été traité let IXl, au pape saint Eusèbe. qui lui même
en ce concile de Carthage était encore en son avait succédé au pape saint Marcel au mois
entier, savoir Si Félix d'Aplonge était tra-
: d'avril 310. Il eut pour succe6*eur le pape
ditcur ou quelque autre de ceux qui avaient saint Silvestre, le 31 du même mois de jan-
ordonné Cécilien. Mais i's trouvèrent celte vier.
question difllrile et inutile. Elle étail diffi- Donat des C^ses-Noires demanda qu'il lui
cile, parce (|u'ily avait des témoins à interro- fût permis de retourner en .Afrique, à la charge
ger, des actes à examiner, et que Ci'cilien ac- de ne point aller à Carihage. l n nomm<- hi- I

cusait ses accusateurs du même crime d'avoir lumène, qui sollicitait l'empereur pour lui,
livré les saintes Ecritures, à cause du con- demanda aussi que, pour le bien de la p)tix,
cile de Cirlhe où ils l'avaient confessé. H'ail- Cécilien fût retenu à Itresce en Italie: ce qui
leurs. il était inutile d'examiner si Félix était fut fait. Cependant on envoya en .\frique
tradileur. puisque quand il l'eiil été, il ne deux évèques. Eunomiusct Olympius. qui d»"-
s'ensuivait pas que lordination de Cécilien fut meun-rent quarante jours à Carihage, pour
nulle car la maxime étail constante, qu'un
; déclarer où était l'ELlise catholique; mais If
évèque, tant (|u'il esl en plai'c, sans être con- parti de Donal voulait l'empêcher, et tous les
damné ni déposé |>ar un jugement ecclcsias- jours il y avait du tumulte. ! nlin Eunoinius
li(|ue, peut legitimcmem faire des ordinations et Olympius prononcèrent que l'Eglise catho-
et toutes les autres fonctions èpiscopales. lique était celle qui était rt'pandue par luut
Milliade, ivec les évèques qu'il présidait, le monde, cl que le jugement p>orté à Home
crut donc ne devoir point loucher à cette ques- par les dix-neuf évèques ne pouvait être in-
tion, de peur d'exciter de nouveaux troubles firmé Ainsi ils communiquèrent arec le clergé
dans l'Eglise d'.Vfrique au lieu de la pacifier. Cécilien, et s'en nn-ini-enl. après avoir dn'-»t
Il déclara Cécilien innocent et approuva suo dea actea de toute leur proccdurs. Ce-

<1) Aii«u«t., Mpmt. a.


LIVRE TRENTE ET DNIfiME. %t

pendant Donat vint à Carthage, contre sr» Agrécius, etc., salut éternel ('ans le Seigneur,
parole ce que Cécilien ayant appris, il reviiW
: L'nis ensemble par le lien de la charité et par
aussi en diligence à «on troupeau. Ainsi \:-- l'unité de notre mère, l'Eglise catholique,
division recommença de nouveau entre ir après avoir été amenés en la ville d".\rles par
dçiux partis. la volonté du très-pieux empereur, nous vous
Les donatistes en appelèrent de nouveau ; saluons de là, très-glorieux Pape, avec la vé-
l'empereur, qui de nouveau s'écria: « Quoll nération qui vous est due. Nous y avons eu à
eflronterie quelle fureur! quelle rage ils in-
! supporter des hommes emportés et pernicieux
terjettent appel, comme les païens dans leuis à notre loi et à la tradition. .Mais l'autorité
procès (I). » Les schi>ui.itiques soutenaient présente de notre Dieu, la tradition et !a rè-
toujours que Cécilien itait indignp des fonc- gle de la vérité les a repoussés de telle sorte,
tions du sacerdoce. L'empereur leur repré- qu'il n'y avait de consistance et d'accord ni
senta que la cause avait (Hé terminée à Rome dans leurs discours, ni dans leurs accusations,
par des juges irréprochables; mai? ils criaient ni dans leurs preuves. C'est pourquoi, par le
qu'elle n'avait pas été entendue tout en- •jugement de Dieu et de l'Eglise, notre mère,
tière, et que des évêques en petit nombre laquelle connaît les siens et le» approuve, ils
s'étaient enfermés dans un lieu et avaient ont été ou condamnés ou repoussés. Et pliit à
jugé ce gu'ils avaient voulu avec précipita- Dieu, bien aimé frère, que vous eussiez jugé à
tion. Le prétexte pour dire que la cause n'avait propos d'a-sister à ce grand spectacle voas- :

pas été ouïe tout entière, était l'affaire de mêmes, jugeant avec nous, leur condamnation
Félix d'Aptonge, que le concile de Rome en eût été plus sévère, et notre joie plus
n'avait pas voulu examiner. Pour j' satisfaire, grande. Mais vous ne pouvez quitter ces lieux
Constantin la fit examiner juridiquement par où les apôtres président chaque jour, et où
h proconsul d'Afrique. Félix fut prouvé inno- leur sang rend continuellement gloire à Dieu.
cent, et son principal accusateur convaincu Nous n'avons pas cru toutefois devoir seule-
d'avoir falsifié un acte public, pour donner ment traiter du sujet pour lequel nous étions
quoique couleur à sa calomnie. assemblés nous avons fait divers règlements,
:

(Cependant, fatigué par les plaintes des do- en présence du Saint-Esprit et de ses anges,
nati.stes, qui disaient toujours que leur cause et suivant ses mouvements. Nous avons cru
n'avait pas été entendue tout entière. Constan- aussi devoir vous er^ écrire, afin que par vous,
lin leur accorda d'être jugés une seconde fois qui présidez aux plus grands diocèses, ils soient
par d'autres évêques dans la ville d'Arles; notifiés, insmicés k tous. »
(1non pas. dit saint Augustin, que cela fut né- Le mot diocèse se prend souvent pour l'in-
cessaire, mais cédant à leurs importunilés et tendance ou la juridiction sur jilusieurs pro-
désirant réprimer tout à fait une si grande vinces. Ou connaît le diocèse ou la diocèse d'O-
impudence (i). » D'après sa volonté et à ses rient, le diocèse ou la diocèse d'Egypte, pour
frais, des évêques s'y assemblèrent d'Italie, désigner les patriarcats d'.-Vnlioche et d'A-
de .Sicile. d'Afrique, d^s Gaules, de l'Fspagne lexandrie. Ainsi les grands diocrses dont parle
et de la Bretagne. On n'en voit qu'une tren- ici le concile, et que le pontife romain gou-

taine dans la souscrifilion des actes mais il : verne, indiquent tout l'Occidenl, divisé en sept
y a lieu de croire que leur nombre allait à ou huit de ces diocèses, doutles Gaules ne for-
deux cents. Le pape .Silveslre y envoya quatre maienl qu'un.
légats, deux prêtres et deux diacres. C'était le Le concile d'Arles ne fut pas tout à fait inu-
i" août 314. On examina de nouveau la cause tile pour les donatistes plusieurs renoncè-
;

de Cécilien, qui s'y trouvait en personne. Les rent au schisme pour se réunir à Cécdien; mais
donatistes avançaient contre lui deux choses: quelques chicaneurs opiniâtres a])[)elèrenl du
la première, qu'étant encore diacre, durant la jugement des évêques à l'empereur. 11 en fut
persécution, il était allé, par ordre de l'èvê- exuèmemeut irrité et envoya des tribuus et
que Mensurius, à la porte de la prison, avec des soldats de son palais pour amener à su cour
(les fouets et une tconpe de gens armés, pour ces sédileu.v, menaijant de les maltraiter, s'ils
empêcher de porter de la nourriture au.\ mar- ne se souniettaieul au plus toi. Il miuuia éga-
tyrs qui y étaient enfermés. L'autre chef d'ac- lement au vicaire d'Afrique d'envoyer à son
cusation était, que les évèqiios ordinateurs ilc palais, sous bonne yanle, tous ces rt^belles. Il
Cécilien, entre autres Félix d'Aptonge. avaient en écrivit au.\ évêques ir.VrIcs. qu'il ap(ielle ses
livré les F.critnres. Les évêques du concile bien-aimés frères, se léjouissant du grand
d'Arles, non plus que ceux du concile de nombre ([ue leur jugement avait ramenés <i la
Rome, ne trouvèrent, aucune preuve de ces Inniièie île catholique. 11 avait espéré
la loi
accusations ainsi Cécilien fut encore absous,
, le même fruit pour les plusopirnàlres. Mais ni
et ses accusateurs condamnés. Mais avant de ri''quii(> de leur décision ni l.i grâce divine
se séparer, les évêques du concile d'Arles n'avait fléchi leur coeur. « iucoriigibie- dans
firent des canons de iliscipline, qu'ils adressè- leur perversité, ils continuent île réclamer
rent au pape saint Silveslre avec une icllro mon jui;enient, moi qui attends jugement K
synodale, qui commoncjj en ces termes : du (.liii-l Je dis ce qui est vrai le jugement
! :

H Au bien-aiiné pape Silveslre : Marin, dei ponliltià doit être regardé cumme lu Juga»

(t) OpUL, 1. L — eu -^ug. Mput. uni» a. Mk


HISTOIRE UNIVERSELLE DE I, ÉGLISE CATHOI.IQUB

ment du même car il ne leur est


Seigneiir ; Le principal auteur du schisme dans la No-
permis do penser de ju^ei- qneselon ee qu'ils
et midie, etqui y entretenailla sédition, était
ont été eiispii-'nés par le Clinst. Que vcul'iit hilvain, 1 évéque Iraditeur de Cirlhe. C'est lui
donc ces raéchiints, vrais suppôts du dial)le? qui enleva leuré:,'iise aux catholiques. Sa vio-
Ils invoquent le tribunal sc^culieren laissant le lence envers un des siens /ui attrra une dis-
tribunal du eiel Faut-il d'autres preuves de
!
grâce l'an 320. Il avait dépo-éun nommé Non-
leurs crimes'' Car, s'ils s'emportent avec celte dinaire, son diacre et son élevé, prétendant
fureur coiitre Dieu même, de quoi ne sont-ils en avoir été offensé. Celui-ci avait essayé de
pas coupalili's envers les hommes Cependant, ! l'apaiser, sans avoir pu rentrer dans ses bon-
Dien-aimés frères, vous qui marchez sur les nes grâces. De dépit, il se rendit son dénon-
pas du Sauveur, ayez encore patience et lais- ciateur et donna aux catholiques les preuves
sez-leur encore la libcité de choisir. Que si de ses crimes d'avoir livré les vases sacres
:

vous les voyez opiniâtres, alors avec ceux que dans la per-écution et de s'être tait ordonner
le Seigneur a jujiés diL;nes de son culte, re- évèque par brigue et par simonie. La chose
tournez à vos sièges et souvenez-V(.us de moi, fut prouvée juridiquement au tribunal du
afin que notre Sauveur ait toujours pitié de gouverneur de la [uovince nous en avons
:

moi(1). encore le procès-verbal (2). Informé de- tout


Après quelques autres incidents, l'empereur, ceci par le gouverneur, Constantin envoya Sil-
uniquement pour céder aux importnnités des vain en exil avec quelques autres de -a fac-
donatistes, pour leur fermer la bouche à ja- tion. Mais en 321 à la requête des évéques
,

mais et pour n'omettre aucun moyi-n de paci- donatistes. il le rappela de l'exil, ainsi que le»
fier l'Éuiisc, ronscnlit à revoir lui-même l'af- autres, et leur accorda à tous la liberté de
faire. 11 fit l'onc venir devant lui Cecilicn et conscience. Ils n'en usèrent pas mieux qu'au-
ses accusateurs dans son consistoire on nom- : paravant, car nous les verrons remplir tout»
mait ainsi le conseil où l'empereur traitait les l'Afrique de violences et de meurtres.
all'aires lesplus importantes et où il jugeait Vers le temps où s^' tint le concile d'.Xrles
en personne. Mais ce jiigi-ment l'ut rendu se- dans les Gaules, c'est-à-dire vêts l'an 314, se
crètement avec les seules personnes nécessai- tinrent aussi les conciles d'.Xneyre en (îalatie,
res, et cela par respect pour U religion, afin et de Néocésarée dans le Pont. Ces trois con-
que le- païens ne connussent pas les ciitférends ciles, ainsi que celui de Ganiires en Paphla-
des évcques. L'empereur écouta tout ce que gonie. l'an 324, et celui de .Nicée en 32.">. fi-
les parties voulurent projioser il examiua ; rent divers canons ou rèïles de discipline,
très-soigneusement toute l'atTaire, ayant tous dont es principaux se retrouvent dans le re-
les actes tant exclésiastiques que sècu'itjfs, car cueil connu sous le nom de Cuunns n/ioflulî-
On lui avait tout envoyc. Knfiii il donna sa sen- ques. Nous avons difl'éré d'en [>ailer. afin de
tence, par laquelle il déclara (>écilicn inno- les présenter dans leur en>emble. Le plus im-
cent, et les évequesdu paiti de Donat, calom- porlant est le sixième canon de .N'icée.
niateurs. C'était le 10 novembre 31B. Pour en bien pénétrer le sen<, d faut se
Les donatistes ne se rendirent pas plus au rappeler cette parole de Jésus-Chii>t » Tu es :

jugement de l'empereur qu'à celui des évéques. Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon
Ils se plaignirent qu'il s'était laissé gagner Église. )) Nous avons vu saint Cypnen deCar-
par l'évéque Osius, qui favorisait Cécilien. thage, nous verrons saint Optât de M lève dé-
C'est pourquoi Constantin fut obligé, malgré river de celte parole et l'unité de I Église «>
toute sa douceur, de bannir les plus séditieux ;
l'unité de son épiscopat. Nous avons enleudi
ce qu'il fit dans ce même mois de novembre ilire à Terlullien, nous entendrons dire à siin
.'116. Mais, au reste, il écrivit aux évéques et Optât, que ^ le Seinneur a laissé les clefs di
au peuple catholique d'attendre de lUcu le ciel à Pierre, et par lui à l'Eulise ; » qu<'. u pour
remède de ce mal. et de ne se défendre que le bien de l'unité, Pierre seul a reçu les clefs
par la patiiuice, con>i(ierant que ceux qui se- du royaume des cieux, pour les communiquer
raient maltraites par les séditieux auraient la aux autres. » Or, saint Pierre avait fait C"mme
jîloire du mailyre. Les donatistes n'en devin- une elfusion trine de celte puissance une.
rent que plus insolents. ACirlhe, nommée dès .\yant fondé par lui-même l'église d'Antioche,
lors CoMSiantine, ils enlevèrent aux catholi- iMpitale de l'Orient; l'efilise d'.\lexaiidri". ca-
ques l'église que l'empereur vi'nait de leur pi;ale de l'Egypte, par son disciple saint Marc;
faire bàtir si'mmés plusieurs fois, et par l'cm-
; mais surtout ayant fondé par lui-même l'é*
peri'ur et parles juges, de la rendre, ils s'y re- glise de Rome, capital de l'univers, où il fixa,
fusèrent. Les catholiques demandèrent et ob- l>ar sa mort, la source même
de sa pui>sanc^
tinrent tin aulre implacement p4)ur y bàtir ces trois illustres églises. Home, Alexandrie,
une autrt ecrlise. Les donatistes ne gardant Antioche, furent comme trois grands fleuves
plus de mesiue dans leur insolence et leurs qui, sortis d'une même «ource et coulant à
vexations, Ctmstantin finit par iaire contre l'orient et à l'occident, se partageaient l'uni-
eux une loi tres-sévère. par laqucilo il leur vers pour le féconder. C'est à cette origine
6lait les basiliques et confisquait tous les lieux que les Pères et les conciles feront remonter
où ils avaient coutume de s'assembler. la prééminence de ces trois égliàes «t leur di-

(1) Labb«, t. I, coU. lUl. — CU Apud Bslus., Ifitr '7., m Ubb«, t. L


tIVRE TRENTE BT UNIÈMB.
gnité de patriarches. Les Pères et les conci- tioche. Et, en conséquence, iMéc'are que celui
les ilirontavec saintGrégoire h- Grand Quoi- : i qui aurait été ordon'^é sans le consentemct'iu
qu'il y ait eu plusieurs apôtres, il n'y a pour- métropolitam, c'est-à-diredu patriarche, nedoit
tant qu'un seul d'entre eux, placé ea trois pas être évèque. Tel nous parait le sens natu-
lieux ditlerent?, qui ait eu autorité >ur les au- rel et vrai de ce fameux canon. Le même con-
tres sièges. Suint Pierre a élevé au premier cile confirma aussi à l'èvêque de Jérusalem
rangcelui où il daigna se fixer et ti'rminer sa certains honneurs dont il était en possession.,
carrière mortelle. C'est lui qui a illustré le mais sans pr.'judicc de la dignité du métropo-
siège où il envoya l'èvangéli^te, son disciple, litain, c'est-à-dire du patriarche d'Antioche,
c'est eu'^ore lui qui établit le siège qu'il de- métropole de tout l'Orient, et de l'evèque de
vait abandonner après l'avoir occupé; septans: Césarée, métropole de la Palestine.
ainsi ce n'est qu'un seul et même siége(I). Les Le concile de Nicée dit encore, touchant la
trois patriarciics sont assis dans une seule et juridiction des évéques « Pour ce qui regarde
:

même chaire apostolique, parce qu'ds ont les excommuniés, clercs ou laïques, la sentence
tous succédé au siège de Pierre et à son Eglise, doit être observée par tous les évéques de
que Jésus-Christ a fondée dans l'unité, et à chaque province, suivant le canon qui défend
qui il a donné un chef unique pour présider que les uns reçoivent ceux que les autres ont
aux trois sièges principaux des trois villes chassés. Mais il faut examiner si l'evèque ne
royales, afin que ces trois sièges, indissolu- les a point excommuniés par faiblesse, par
blement unis, liassent étroitement les autres animosité ou par quelque passion semblable.
églises au chef divinement institué (2). » Or, Afin qu'on puisse l'examiner dans l'ordre, lia
c'est cette divine constitution de l'Eglise que été jugé à propos de tenir tous les ans deux
rappelle le dixième canon du concile. conciles en chaque province, où tous les
Parmi les privilèges dont jouissaient les pa- éveques traiteront en commun ces sortes de
triarches d'Alexandrie et d'Antioche, et qui questions; et tous déclareront légitimement
n'étaient qu'un rejaillissement delà primauté excommuniés ceux qui seront reconnus avoir
céleste dont J(;siis-Christ honora saint Pierre, offensé leur évoque, jusqu'à ce qu'il plaise à
se trouvait celui d'ortlounerou de confirmer, l'assemblée de prononcer un jugement plus
le premier, tous les évéques d'Egypte et de favorable pour eux. Or, ces conciles se tien-
Libye le second, tous ceux de l'Orient ou de
;
dront, l'un avant le carême, afin qu'ayant
dix-sept provinces. Or, Mélèce, évèque di; Ly- banni toute animosité, onpré'sente à Dieu une
copolis dans la Thébaide, s'étaut permis, par olfrande pure ;le second, vers la saison de
suite de son schisme, d'ordonner des éveques l'automne. » Le concile d'Arles avait déjà
sans le consentement de l'archevêque d'A- dit : « Ceux qni ont été excommuniés ne

lexandrie, le concile, après avoir mis fin au peuvent rentrer dans la communion qu'au lieu
Bckîsme. fit ce canon pour en empêcher le re- Même où ils en ont été privés. »
toBi. ,jt voici tel qu'il se lit dans |)lusieur3 Touchant les ordinations, les deux conciles
mas'jscrits très-anciens, et tel qu'il a été de Nicée et d'.\ries ont plusieurs règlements.
«te. aaus le concile de Chalcé.loine, par l'é- Il est dit dans le quatrième de Nicée :
^eque Pascliasin, l'ègat du saint-siege. « L'E- « L'évi'^ue doit être institué, autant qu'il se
glisi' romaine a toujours possédé la [primauté. se peut, par tous ceux de sa province. Mais si
Ûue les anciennes coutumes soient doin' raain- cela e-it difficile, pour une nécessité pressante
term(;s en vigueur dans lEgypte, la Libye et ou lalongueur du chemin, il faut du moins
la Pent:qiolc, en sorte ipie tous y soient sou- qu'il y en ait trois assemblés, qui fassent l'or-
mis à l'évciiue d'.\leXMndrie, parce que telle dination avec le suffrage et le consentement
est la coutuine du [lontil'i romain. Qu'il en soit par écrit des absents mais c'est au métropo-
;

de même pour ce qui concerne l'èvcipie d'An- litain, en chaque province, à confirmer -c. qui
tioche et cpie, dans les autres provinces, les
; a èb' fait. » Le concile d'Arles avait ordonné
églises conserveut cgaliMnent leurs privilèges: la même chose contre quelques <'vêques qui
car il est maiiife-te que si un èvètjui' est or- s'attribuaient l'autorité d'ordonner seuls
donné sans le consenlement du mèlivjpolitain, d'autres éveques. On peut joindre à ce canon
le grand conrilea d lini i[ue ciduL qui est ainsi le quinzième, qui deb-nd les translations en
ordonné ne duit pas être evèquc. » ces termes m A cause des grands troubles et
:

En méilitant bien toutes les paroles de des séditions qui sont arrives, il a été résolu
ce canon, on voit ipi'il se réduit à ce raison- d'abolir entièrement la coutume qui se trouve
DCiniMit, qui compri'nd tout ensemble et la dé- introduite en quelques lieux contre la règle,
cision du l'onrilc et b's motifs de cette déci- en sorte que l'on ne transfère d'une ville à
sion rE'.,'li^e
; romaine possède la [iiimauté l'autre, ni évèque ni prêtre, ni diacre. Que si
sur toutes les autres églises
or, elle a statué ;
quel(|u'iin, après la définition du saint concile,
que l'Egypte, Libye et la Penta|iole seraient
la entreprend rien de semblable, ou v consent,
soumises à l'évcque d'Alexandrii' donc on ne ; on causera entièrement cet altcmtat, et il ^era
tient soustraire ci's provinces è sa juridic lion. rendu à l'église dans laquelle il a été ordonné
looDclulde même pour le palriurcat d'Au- évèque ou prêtre. » Le seiiicine canoAi étend

(1) Efi^l ad Eiiliu/., t. VIF, cp. xl. — (î) Greg, M., Eyst. ai liuln.,.. I. XIH (•|i. XLi ; Ei'i'l- >*• Laoa'8.
aUanatol.iS.dtlat t. IV| uul. 120^, «tCi
«Vt, i Lalitiw,
38 Ul^lUlKl:; UNIVF.RSKLLE DR VROUHE CATIKJLrQl'R

même cette règle ù tous les clercs, en disant : baptême. Celui qui a été bapti«é en maladie
« Ceux qui témi-raircment, sans avoir la ne peut-être ordonné pr<'lre, parce qu'il
crainte de Dieu devant les yeux, ni connaître senibie n'avoir pas embrassé la foi avec une
les canons, se retirent de l'église dans laquelle liberté' entière on [jourra toutefois l'ordonner
:

lis sont prêtres, diacres, ou en quelque rang pour son mê-rile et pour la rareté de^» sujets. »
du clergé que oe soit, ceux-là ne doivent au- Le concile de .Nicée exclut encore îles ordre»
cunement être reçus en une autre église mais ; ceux qui se sont mutilés volontairement, il dit
on doit leur imposer une nércssilé absolue de de plus, dans mjîi cimon neuvième Si quel- : <c

retourner dans leurs diocèses, ou les excom- qu'un a été orrlonné prêtre sans examen, ou
munier, /ils demeurent. Que siquelqu'un a si, dans l'exanii'n, il a /onfessé les (lèchés
la hardiesse d'enlever celui qui dépend d'un (|u'il avait commis, et qu'afirés sa conri--i"n

autre, et l'ordonner dans son église sans le on n'ait pas laissi- de lui imposer les in.dns,
consentement du propre évèque d'avec lequel contre les canons, nous ne le recevrons point ;

le clerc s'est l'ordination sera sans


relire, car- l'Lglise catholique soutient la qii.ilili-
effet. » Le concile d'Ancyre dit sur la même d'irrépréhensible. » Le ilixième canon a[iplii|n<!
matière n Ceuxijui, étant ordonnés évéques,
: cette règle en particulier à cimix qui a\r(i<-iil
n'auront pas été reçus par le peuple auquel idolâtré pendant la en di-.ml
per.Ȏcution. :

ils étaient destinés, et qui voudraient s'empa- « Ceux qui, étant tombés,
ont été ordniin'-s
rer d'un autre diocèse et y exciter des sédi- par ignorance ou avec connai--ance de la part
tions contre l'évéque établi, seront séparés de des ordinateurs, ne pn-judii ient point à la
la communion. S'ils veulent siéger parmi les règle; car, étant connus, ils sont <b-po-és. »
f)rétres où ils étaient auparavant, on leur Pour ce qui est du célibat <les clercs, la loi
aissera cet honneur; mais s'ils y excitent des et la pratique en ctaienl dès lors si notoir*'*,
séditions contre les évéques, ils seront privés que, dans sa //éniorislmlton l'rnngfliquf, KiisélKJ
même de l'honneur de la prêtrise, et excom- se fait cette objection « Mais si les ehn'lifns
:

muniés (1). !) ont la même religion que les p.'ilriaiN-lii-s,


Quant à ceux qui peuvent être ordonnés ou pourquoi donc ne s'aii|ilii|iient-ils pas loinme
non, le concile de Nicée exclut les néophytes eux à laisser une posicritê nombri-use? » Il y
en ces termes « Parce qu'il s'est fait bien des répond :Il y a parmi les chrétiens deux ma-
<:

choses contre la règle de l'h^^lise, par néces- nières de vie les uns demeurent dans In vie
:

sité ou en cédant a l'importunité en sorte que ; commune, dans le mariaite, le soin des en-
des hommes, à peine sortis du paganisme fants et d'une famille ; les autres, plus uar-
pour embrasser la toi après avoir été instruits faits renoncent au mariagi-, aux enr-inl-;. a la
peu de temps, ont été amenés au baptême et possession des biens temporels, pour s»- con-
aussitôt promus à l'épiscopat ou à la prêtrise, sacrer entièrement à l>ieu et lui olfrir conti-
il a été jugé à propos que désormais on ne nuellement, pour tous les autres, les sacrili« t-s
fasse rien de semblable. Car il faut du temps de leurs prières et de toute sortes de vertus.
pour instruire le catéchumène, et encore plus Cet état de continence est l'état propre de
pour l'éprouver après qu'il est baptisé. J/a- ceux qui sont consacrés au sacerdoce et oc-
pôtre dit clairement Non pas un néophjte,
: cupés du culte divin, des docteurs et des pré-
de peur que l'orgueil ne le fasse tomber dans dicateurs de la parole divine, qui s'appliquent
la condamnation et le piège du diable. Quesi, à propager une postérité divine et ini oqto-
ilans la suite du temps, cet eccléfiaslique se relle, et à élever dans la sainteté, non pas
trouve coupable de quelque péché animal, et un enfant ou deux, mais une multitude in-
en est convaincu par deux ou trois témoins, iioml>rable {£}. »
qu'il soit privé de son ministère. Qui con- Saint Epiphane, qui avait une quinzaine
treviendra à ce canon, se mettra lui-même en d'années lors du concile de .Ni>'ee, assure for-
péril d'i'tre déposé, ayant la hardiesse de ré- mellement que ceux qui sont honorés du sa-
sister au grand concile. » Sur ce dernier point, cerdoce, doivent i-tre vierges ou au moins
le concile de Néocésarée a des règlements i-onsacrés. pour le reste de leurs jours, à la \ie
ïemblables. » Si un pri'tre confesse qu'il a monastique ou à la oontincnce. et ipi'il est
commis un péchi' de la chair avant son ordi- nécessaire, s'ils ont été maries, qu'ils ne l'aient
nation, il n'otl'rira plus, mais il gardera le Ité qu'une fois enfin, il témoigne que les lec-
;

reste de ses jvantages à cause de ses autres teurs sont les .HMilsqui puissent jouir du com-
bonnes qualités: car beaucoup disent que les merce conjugal; mais que les soiis-diain'*,
autres péchés sont remis par l'imposition des les diacres, les prêtres et les evéqueji ne U
mains. S'il ne le confesse point et n'en est peuvent en façon quelconque. Ce Père rom
point convaincu, on laisse à sa Jiscri>linn d'en prend les sous-diacn'S même» dans l'irilre sa
user comme il voudra. Le diacre qui si- trouve cerdotal, et il proteste qu'on ne les élit qut
dans le même ca«, sera mis au rang des mi- il'entre les vierces, ou ceux qui s'abstiennent
nistres inférieurs. On ne doit point ordonner de leurs propres femmes. Voilà la disolplioe
de prêtre avant trente ans, quelque digne qu'il de l'Eglise universelle, et surtout de 1'' iiiise
•oit. puisque Notre Seigneur Jésus-Christ n'a grecque, dans les lois de laquelle ce Père était
eommencé à wseigaer qu'à cet âge, après son beaucoup plus verse. Il dit ailleurs que Jesu»>

(t) Can. ZTUi,— (2) Dussb., X>*m. «v., 1. 1, ca.


LIVRE TRENTE ET UNIÈME.
Christ est lepremier instituteur de cette dis- manque d'uniformité plus d'une cause : wn-
ripliiie, et quu les apôtres en ont fait de- ca- seulemcnt la pente naturelle de l'homme à se
nons et des lois. En conscqiience, l'Eiilise relâcher, la pénurie des ministres mais en-
n'admet point à l'ordre de diacre, de prêtre, core quelque chose de plus idéal. En tous lieux,
d'éveque, ni nn'me de sous-diacre, i:eliii qui, en tous temps, l'universalité des hommes a
étant marié, use encore du mariagd, quoiqu'il cru que rien n'est plus agréable à la Divinité
n'ait épousé qu'une femme. Elle admet celui- que la continence; et que non-seulement toute
là seulement, ou qui s'abstient de son unique fonction sacerdotale, mais tout sacrifice, foute
épouse, ou qui est veuf cela se fait princi- ; prière, tout acte religieux exigeaient des pré-
palement dans les lieux où les canons de parations plus ou moins conformes à cetttJ
l'Eglise sont observés exactement. Car ce Père vertu. Aussi, en tous lieux, en tous temps,
avoue qu en certains endroits il y avait des tous les sacrificateurs étaient astreints à la
prêtres, des diacres et des sous-diacres qui, continence, sinon perpétuellement, du moins
mariés auparavant, usaient encore du ma- dans le temps de leurs fonctions. Le sacrifice
riage mais il repond que c'était un abus
; chrétien étant d'une sainteté infinie, cetUs
inlrod lit contre la règle ou le canon, par la obligation devenait, pour les sacrificateuri'
pente qu'ont les hommes à se relâcher avec le chrétiens, infiniment plus sacrée. Or, le prin-
temps et à cause de la multitude pour la- cipal sacrificateur est l'évèque. Dans les pre-
quelle on ne trouvait pas de ministres (I). miers siècles, vu le petit nombre de fidèles,
Saint Jérôme, contemporain de saint Epi- lui seul offrait le sacrifice en la ville. Les prê-
phane, dit également que les églises d'Orient, tres ne le faisaient qu'à son défaut, et comme
d'Egypte et du sii'ge apostoli |ue. prenaient ses suppléants. De plus, on n'olfrait le sacri-
pour clercs des vierges ou des continents, ou fice qu'une fois dans un jour, et pas encore
que, s'ils avaient des femmes, ils cessaient tous les jours. Les diacres et sous-diacres n'j
d'être leurs maris (2). Voilà donc les trois avaient qu'une participation indirecte. Telie
grands patriarcats. Rome, Alexandrie et An- est au fond la raison morale pourquoi la con-
tioche (car ce dernier est ce
appelle qu'il tinence des différents ordres a été dès le com-
l'Orient), c'est-à-dire, voilà l'Eglise universelle mencement plus ou moins rigoureuse celle :

qui observe la loi de la continence pour les des évêques, toujours indispensable, soit en
clercs. Orient, soit en Occident celle des prêtres de
;

L'on voit même


chose dans les conciles.
la même, sauf une exception inventée et prati-
Celui d'Elvirc, canon xxxiii, ordonnegénérale- quée par les Grecs Ils eonviennent de l'an-
ment aux éveques, aux prêtres, aux diacres, cienne règle, rappelée par le concile de Néo-
et à tous les clercs qui sont dans le ministère, césarée, que nul prêtre ne peut se marier mais ;

de s'abstenir de leurs femmes, sous peine ils admettent que, par tolérance et faute de
d'être privés de l'honneur de la cléricature. sujets, un laïque marié peut être ordonné.
Le concile de Néocésari'e décrète que si un Puis, par un sophisme qui trahit bien son
prêtre se marie, il sera déposé. origine grecque, au lieu d'ordonner un candi-
Celui de Gangres, de son côté, prononce dat, quoique niurié, ils le marient /yo«?' l'ordon-
annlhème contre ceux qui souten;iienl qu'on ner, de manière qu'en violant la règle antique,
ne devait point assister au sacrifice d'un prê- ils la confessent expressément.
tre qui avait été marié c'étaient, comme : Le concile de Nicée n'a point de canoR
nous le verrons, certains hérétiques qui direct sur cette matière, mais un autre qui en
avaient le mariage en horreur. L'Eglise, approche, et qui est le troisième. « Le grand
comme la vi'rité, tient le juste milieu entre concile a défendu généralement, que ni évê-
tou.s les excès. Si elle exige de ses ministres ce que, ni prêtre, ni diacre, ni aucun autre clerc
qui est plus parfait, la virginité ou la conti- ne puisse avoir de femme sous-introduite, si ce
nence, elle n'enseigne pas moins la sainteté n'est la mère, la sœur, la tante et les autres
de l'union conjugale. personnes qui sont hors de tout soupyon. » Il
Uuant aux ministres inférieurs au prêtre, il ne se parle pas d'épouse. On nommait femmes
parait que la discipline n'i'tait pas fixi'e uni- sous-introduites, principalement à Antioche,
formément dans toutes les églises particulières. celles que les ecclésiastiques tenaient dans
On lit dans le dixième canon du concile leurs maisons, par un usagi^ que l'Eglise con-
il'.Vncyre " Les diacres qui, à leur ordina
: damnait, comme il *"ut reproché à Paul de
ticui, ont proteste qu'ils prétendaient se ma- Samosate; car, encore que ce fût sous prétexte
Ticr. s'ils l'ont fait ensuite, deineurenuit dans de charité et d'amitié spirituelle, les consé-
le ministère, puisque l'évèque li'Ieur a permis. ipiencesen étaient trop dangereuses, ne fut-ce
S'ils n'ont rien dit dans leur nidination et se que pour le scandale.
marient ensuite, ils seront privés du minis « On a coutume, dit le docte père Thomas-
tére. 1) sin, d'o[)poser au célibat des ecclésiastiques
On voit ici la vérité de ce que dit saini l'iiistoire de l'évèque Paphnuce, qui, au dire
Epiphane, que la conliiu'nce des clercs était lie Socrate et de Sozomène, obligea les Peii-s
la règle générale, mais (ju'elle n'était pas tou- du concile de Nicée de ne point faire de cunon
jours bien observée partout. Il y avait à co pour assujettir les évêques, les prêtres, i<ii

(I) Epii'h., Hxpos.fid., c. Uares., iLVui, ii, 7. ul ux, n. t. — {.Xi AU». Yiyiianl.
ISTOIRE umvnnsi;u.E DE LÉGU8E CATUOLIQUB
diacres el les sous-diacres a la continence esclaves à mépriser leurs mallresetà les aban-
avec les femmes qu'ils avaient ('pousées .-ivant df)nuer, au lieu de les servir a\ec afTection et
leur ordination, puisque l'ancienne tradition respect; soutenaient qu'on ne devait pas com-
ne leur r'ctVndail que les nouveaux mariaijcs munier de la main d'un prêtre qui avait été
après Ici, ordres re(;us. Mais Socrate cl Sozo- marié méprisaient la maison de Dieu el les
;

mène ne sont pas des auteurs si irrcprodialilcs, assemblées qui s'y font, pour en tenir de par-
ni de si bons garants, qu'on soit oliligi- de les ticulières et y faire les fonctions ecclésiastiques
croire sur leur parole, surtout en un point de sans la présence d'un prêtre et le consente-
cette conséquence. Ilque le fond
so j)cut faire nu'iil de l'éveque; prenaient à leur profit les
de l'histoire soit que Socrate
véritable, el oblations faites à l'églLse, ou en disposaient
n'ait manqué qu'en ce qu'il a ajouté du sien. sans le consentement de l'éveque el de «'eux
En efl'et, il n'est pas hors d'apparence que le qu'il en avait cliar^'és embrassaient la virgi-
;

nombre des prêtres et des diacres inconlinenls nité ou la continence, non pour la beauté de
fût déjà si grand dans l'église orientale, au la vertu mais par borw.-ur pour le mariage, et
temps même du concile de Nicée, que ces insultaient aux gens maries; méprisaient les
iages évèques jugeassent plus à propos de agapes ou re[ias rie charité qui se faisaient
dissimuler le mai qu'ils ne pouvaient guérir. en l'iifumeur de !)i'-u, el ne voulaient point y
On peut faire le même jugement des coiuib's ]jailii'i|ii'r Snus |iielexle de vie ascétique, ils

d'Ancyre, de Néocésarée et de Gangres, qui poilairnl un babil singulier et condamnaient


n'ont point fait de règlement contre ce de- ceux qui portaient des habits ordinaires. Sous
sordre, parce qu'ils le jugeaient irremédi.ibli'. le même pietexle les femmes abandonnaient
Mais quand Socrate dit que l'micientie tradiluni leurs maris, par aversion pour le mariage, et
de Clùjlise défendait seulement aux clercs s'habillaient en hommes; les parents aban-
supérieurs de se marier, sans leur ôter l'usage donnaient leurs enfants, sans rendre soin de
d'un mariage précédent, nous en appelons ù leur nourriture ou de teur conversion : le»
Eusèbe, à saint Kpiphane et à saint .iiM'onie, enfants leurs parents, sans leur rendre l'hon-
qui, d'ailleurs, plus anciens que lui, étaient neur qu ils devaient. Entin, sous le même
incomparablement mieux instruits des anciens prétexte, ils jeûnaient le dimanche el mépri-
usages de rKglise. Ainsi, Socrate a mis dans saient les jeûnes communs et traditionnels de
la bouche du saint évéque Paphnucc une l'Eglise, avaient en horreur les mémoires des
harangue qui n'en sortit jamais. Ce saint pré- martyrs, les assemblées qui s'y tenaient el les
lat put juger avec tout le concile, et avec officesqu'on y célébrait.
toute l'église grecque dans les siècles suivants, Les Pères du concile de Gangres, parmi les-
qu'il valait mieux tolérer cet abus que d'ex- quels on lit le nom d'Osius de Cordoue, pro-
poser l'h^glise au schisme, et ces clercs à une noncent analhème contre toutes ces erreurs,
incontinence plus criminelle; mais il ne put el terminent par ces excellentes paroles:
jgnorerque ce ne fiit un abus et un violement « Nous ordonnons ces choses, non pour sépa-
des anciens canons et de la discipline plus pure rer ceux qui veulent, suivant les Ecritures,
établie par les .\p6tres. Socrate même avoue s'exercer dans l'Eglise par ces pratiques de
que dans la Thessalie. la Macédoine et la conlinence et de pieté, mais contre ceux qui
Grèce, les clercs étaient excommuniés s'ils se servent du prétexte de ces sortes d'austerilés
rentraient dans le commerce conjugal avec les pour s'élever avec arrogance, mépriser ceux
iemmes qu'ils avaient épousées avant leur qui mènent une vie ordinaire, et introduire
ordination. Quant à ce qu'il ajoute que tous lies nouveautés contraires à l'Ecriture el aux
es Orientaux s'abstenaient également île leurs lois ecclésiastiques. Nousadmirons la virginité,
femmes précédentes, il est d accord avec Ku- quand elle est accompagnée d'humilité: nous
aèbe, saint Jérôme el saint lipiphane. .Mais louons l'abstinence qui est jointe à la pieté et
quand il dit qu'ils n'y étaient obligés par au- à la modestie nous respeclons la retraite qai
;

cune loi, pas même


éveques, il est en con-
les se fait avec humilité: mais nous honorons aussi
tradiction non-seulemenl avec ces trois Pères, le mariage; nous ne blâmons pas les richesses,
mais avec un grand nombre d'autres, el ne quand elles soûl en des mains jusles el bien-
mérite par conséquent aucune créance (I). n faisantes nous estimons ceux qui s'habillent
;

Une autre raison pouvait empi'cher le con- niodesleineiit. sans faste el sans aireitaliou,
cile de .Nicée de transformer en loi expresse et nous avons de l'horreur pour les habille-
la continence des clercs, déjà établie par une ments deshonnétes ou voluptueux; nous ho-
tradition apostolique c'était la erainle île
: norons les maisons de IHeu. et nous approu-
paraître favoriser certaines erreurs que venait vons les assemblées qui a'y font, comme s^iinles
de conilauiiier le concile de Gangres. l'n cer- el utiles, sans toulefuis renfermer la pieté
tain Kustalhe avec ses sectateurs, snus pré- dans les murailles nous loU'>ns aussi les
;

texte de mener une vie plus parfaite, condam- grandes libéralités que les frères font aux
naient le mariage el disaient qu'une femme pauvr > par le minislère de Eglise. En ua 1

vivante av<^c son mari ne pouvait être sauvée ; mol, t., us souhaitons qu on v pratique tout
qu'il n'y avait poii't espoir de salut pour qui ce que nous avons appris i>ar les di\ines Ecri
mangeait de la ciiair. Ils enseignaient aux turcs et par la tiadiliou doC apulres. > Les

'l; S«c., 1. y, c. tX. Themsti., OiteqA., (xri. i, i, U,


LTVRE TRENTE ET UNIÈME il

évèques du concile, au nombre d'une quin- à-dire les déserteurs. Le douzième de Nic'e,
zaine, envoyèrent ces canons avec leur lettre au contraire, condamne ceux qui, ayant quitté
synodale aux évèques d'Arménie. Quatre- les armes pour faire pénitence publique, les
vingts ans plus tard, le pape saint Symmaque reprenaient après. Voici ses parole? « Ceux :

dira au sixième concile de Rome que les qui, ayant «île appelés par la grâce et ayant
canons du :onciie de Gangres avaient été montré d'abord de la ferveur et quitté leur
dressi''s par l'autorité apostolique ce qui au- : baudrier, sont retournés ensuite, comme des
torise à croire qu'Osius de Cordoue y présidait chiens, à leur vomissement, jusqu'à donner de
en ipialité de légat du saint-siége. l'argent et des présents pour rentrer dans la
Dans ces divers conciles, il y a divers autres milice, ceux-là seront dix ans prosternés
règlements touchant la conduite des ministres après avoir été (rois ans auditeurs, Mais sur-
de l'Eglise. En celui d'Ancyre Défense aux : tout il faut examiner leurs dispositions et le
choréveques d'ordonner des prêtres ou des genre de leur pénitence. Car ceux qui vivent
diacres et aux prêtres de la ville de rien
; dans la crainte, les larmes, les soufTranceSs
faire en chaque diocèse sans la permission par les bonnes eiivres, et qui montrent leur con-
écrit (le l'évèque. Les choréveques n'étaient, version, nul: par leur extérieur, mais par les
comme l'on croit, que des prêtres à qui l'évè- elTets ceuxià, ayant accompli leur tempsd'au-
;

que donnait presque toute son autorité pour la diteurs, pourront participer aux prières; ee
campagne. En celui de Néocésarée Défense : outre, il sera libre à l'évèque d'user envers
aux prêtres de la campagne d'offrir dans eux d'une plus grande indulgence. Mais ceux
l'église de la ville, en présence de l'évèque ou qui ont montré de l'inihlférence et qui ont cru
des prêtres de la ville mais, en leur absence,
; que l'extérieur d'entrer dans l'Eglise suffisait
celui qui s'y trouvera seul, le peut les choré- : pour leur conversion, ceux-là accompliront
veques oITrent par préférence. Comme il n'y leur temps tout entier. » Cette renie, qui dé-
tvait qu'un sacrifice il était nécessaire de fend de retourner à la milice séculière après
régler qui devait y présider. Dans les conciles la pénitence publique, nous la verrons inter-
Û'Arles et de Nicée Défense : aux diacres d'of- prétée et appliquée dans ce sens par les saints
Âir, comme ils faisaient en divers lieux, ou papes Sirice, Innocent, Léon, et invoquée en-
de (iiinner la communion aux prêtres, ou de core après le douzième siècle.
la recevoir avant eux. Les diacres de la ville Ce n'était pas le seul cas où l'application qtiG
épiscopale ne doivent rien s'attribuer de ce l'Kglise faisait de la loi divine s'étendit à
qui appartient aux prêtres, ni le faire sans des choses temporelles. Nous avons vu le con-
leur participation. Comme les diacres avaient cile d'Elvire, tenu vers l'an 303, défendre sé-
alors l'administration des offrandes et de tout vèrement aux chrèliens laïques le duumvirat,
le ]j(T5onnel des églises que c'était par leurs
;
mai,'istrature annuelle dans les colonies et les
mains que les pauvres recevaient les aumônes, villes muniripnles, ordonnant que ceux qui
et les clercs leurs pensiona*î leurs honoraires, l'accepteraient fussent séparés de l'Eglise toute
cela leur attirait une grande considération et l'année qu'ils seraient en charge. La paix
une espèce d'autorité sur les prêtres les moins ayant succédé aux persécutions, on se relâcha
désintéressés. Défense encore à tous les clercs de cette première sévérité. 11 fut permis aux
de prèier à usure, sous peine d'être excommu- fidèles de remplir des fonctions civiles; mais
niés ei déposés. à une condition importante, qui se trouve au
vir.mme, en Orient, on sortait de la persé- septième canon du cniieile d'.dles. Ceux d'en-
culion de Licinius, il y a dans ces mêmes con- tre les fidèles qui l'taient promu» à des charges
ciii'S plusieurs canonstouciiaiit laréconciliation publiques devaient [irendre des li'ttres de com-
(les apostats et autres jiénitents. En général, munion de leur éveque; ensuite, (|uelque par(
les pénitences y sont beaucoup moins longues qu'ils allassent exercer leur préfecture ou leur
et moins sévères que dans le concile particu- emploi, ils étaient soumis à la surveillance de
lier d'Klvire ce qui prouve de nouveau qu'il
: l'évi'que du lieu, pour être excommunies dés
n'y avait point de règle tiien fixe à cet ('gard. qu'ils viendraient à agir contre la di-ci[i!iue.
De plus, on y laisse une grande latitude aux Jusqu'alors la loi ruuiaine permettait le ma-
évèques d'user d'indulgence suivant la ferveur riage entre beau-frère et helle-so'ur. Le con-
des pénitents. Kleury a l'usage de répéter dans cile d'Klvire le détend dans son canon soixante
ces occasions, que dès lors ou se relâchait de it-un, el condamne les coupables à cinq ans
la rigueur de l'ancienne discipline. La vérité de {lénilence après leur séparation. Le concile
est, Il lin nie l'a démontré lel'.Morin par les faits de Néocésarée est |dus sévère. Il décide, en
de l'histoire, que, pendant les trois premiers son deuxième canon, qu'une femme qui au-
siècles, l.« iscipline pénitentiaire était beau- rait é]ious(' son beau- frère sérail excommuniée
coup moiur, si'vèreque dans les sièclessuivanls. jusqu'à la mort; qu'on pourrait ce|iendaiil l8
Il y a deux canons plus renianjuables. Le réconcilier au dernier moment, si elle proinclt
troisième du concile d'Arlt^s exeoinniunie ceux de rompre le lieu de celle union lorsqu'ellts
qui. |ienilant la paix, (iii plutnt, ennime por- aurait recouvré la santé. Nous verrons cette
tent d'aneienv manuM lits. |)enilanl la guerre règle de l'Eglise Iransperli' dans le dmit civil
el dans la buluille, jettent leurs armes, c'eijl- par les empereurs ctirétieasll). Pareilleuiuul,

m C6M'. mm\ 1; Uli ti mit


M HISTOIRE UNIVERSELr.E DE LÉfJLISE CATHOLIQUB

la loi romaine autorisait le divorce et de se évéque ou im prêtre catholiqne, II e»t érident


remarier après. Le concile d'Arles, canon que éveipie de l'Eglise catholique aura la
I

dixii'uie, rappelle auxmarisclirébens qui sur- dignité épiscopale et celui qui porte le nom
;

prennent leur femme en adultère, qu'il leur d'évèque, chez le» soi-disant purs, aura le
est défendu de se remariera d'autres femmes nom de jiri'tre; si ce n'est que l'évdq-r, catho-
du vivant des leurs, quoique adultères. Avec lique veuille bien lui faire part du nom d'é-
le temps, nous verrons encore la loi civile se vêque. Autrement, il lui trouvera jne place
réformer en ce point sur la loi de l'Eglise. Le de chorévéi|ue ou de [irêlre, afin qu'il pa-
concile d'Arles ordonne encore que les filles raisse elTectivement dans le clerg'-, et qu'il
chrétiennes qui épousent des païens seront n'y ait pas deux évi'que» dans la même
quelque letnps séparées de la communion, tn ville, n
celui de Nfocésaree, on voit que ceux qui se jtans le désir de réunir les églises, l'empe-
mariaient plusieurs fois étaient mis en péni- reur Constantin avait appelé au concile un
tence pour un certain temps. C'est pourquoi évéque novalien nommé Acésius. .Xpr-'S que
il était défendu aux prêtres d'assister aux fes- l'on eut écrit le décret de la foi, et que le con-
tins des secondes noces; quoiqu'elles fussent cile y eut .souscrit, l'empereur demanda à cet
permises, on les regardait comme une faiblesse. évéque s'il était d'accord sur la confession de
Quant à la réception des hérétiques, voici foi et le décret touchant laPàque. Il répondit:
les règles (ju'on trouve. Comme la coutume Seigneur, le concile n'a rien ordonné de nou-
de rebaptiser durait encore en Afrique, le con- veau c'est comme je l'ai apjtri-, ce qui s'est
;

cile d'Arles ordonne que, siquelque hi'réti(|ue conservé depuis le commencement et depuis
vient à l'Eglise on lui demande le syndiole. les apiitres. touchant Ja règle de la foi et le
Si l'on trouve qu'il ait été baptisé au nom du temps de la l'Aque. Pourquoi donc, repril
Père, du Fils et du Saint-Esprit, on lui impo- l'em lêreur, vous séparez-vous de la commu-
sera seulement les mains, alin qu'il reroive le nion des autres ? Acésius lui expliqua ce qui
Saint-Kspril s'il ne répond pas suivant la foi
; était arrivé sous la persécution de Décius,
de la Trinité, qu'on le baptise. » Comme le et la sévérité du canon qui défendait, à c»
prétexte du schisme des donalistes était que prétendaient les novaliens. de recevoir à
d'accuser les catholiques de souiïrir les tra- la |iartii'ipation des saints mystères ceux qui,
diteurs, le concile ordonne encore que ceux après le baptême, avaient commis quelqu'un
qui seront coupables d'avoirlivré les Ecritures de ces péchés que l'Ecriture appelle dignes d?
ou les vases sacrés, ou dénoncé leurs frères, mort ; qu'il fallait les exciter à pénitence,
soient déposés de l'ordre du clergé, pourvu sans leur faire espérer de pardon par le mi-
qu'ils en soient convaincus par des actes pu- nistère des prêtres, mais (lar la seule bunl»^
blics, non par de simples paroles. Que s'ils de Dieu, qui a toute puissance de remettre le<
ont ordoniu' quelqu'un qui soit approuve d'ail- pèches. Après qu'il eut ainsi parlé, l'emperc-ur
leurs, (]ue cette ordination ne lui nuise point. lui dit « Acésius, prenez une échelle et mon-
:

Ceci se rapporte manifestement à Cécilien. Le tez au ciel tout seul (1). »


concile ajoute « Et parce que phisieurs ré-
: autre canon du concile de Nicée. tou-
l'n
sistent à la règle de l'Eglise, et prétendent chant certain.s hérétiques, est le dix-neuvième,
être admis à accuser avec des témoins corrom- qui porte " Quant aux paulianisles qui re-
:

pus par argent, qu'ils ne soient point reçus, viennent à l'Ev'li-e cathiilique. il est di-cidé
sinon à prouver par actes publics, comme il qu'ilfaut absolument les rebaptiser. Que si
a été dit.» Cela regarde les calomnies des do- quelques-uns ont •Mè aulrelois dans le clergé
natistes. Et encore " Ceux qui aeusent leurs
: et sont trouvés sans reproche, étant rebapti-
frères à faux, ne recevront la communion sés, ils seront orilonnès par l'evèque de l'E-
qu'à la mort.» glise catholique: mais si.dans l'examen, on
Le huitième canon du cjncile de Nicée les trouve indigues,
il faut les diqKiser. Dn
traite des novaliens en ces termes « Ceux : gardera même
règle à l'égard des iliaco-
la
qui se nomment eux-mêmes purs, en grec nesses et généralement de tous ceux qui sont
cathai'es. s'ils reviennent à l'i'.iflise catholiijue. comptés dans le clergé, u On parle des diaco-
le grand concile' juge qu'après avoir reçu nesses que l'on trouve [lortanl l'Ii.ibit : niait
l'imposition des mains, ils doivent demeurer comme elles n'ont reçu aucune impo-ili<Hi des
dans le cierge. .Mais avant toutes choses, il mains, elles doivent L-tre comptées absolument
faut qii'ils dèelarent. par écrit, qu'ils apj.rou- entre les laïques.
veronl et suivroni les décrets de l'Eglise ca- Les paulianisles étaient les sectaleurs de
tholi()ue et apostolique, savoir de communi- : Paul de Samosale, qui ne croyaient Jésus-
quer avec les bigames et avec ceux qui sont Chi'ist qu'un pur homme, et no Uaplisaient
tombés dans la perséeulion, à qui l'on a réglé point au nom du Père, et du Fils, et <lu Sainl-
le temps de leur pénitence. Ilans les lieux Espril. C'est pourquoi le concile ordonne de
donc où il ne se trouvera point d'autres clercs, les baptiser, et non pas les novatiens, qui
«oit villes, soil villages. qu'ils gardent le rang n'erraient ni dans la foi de la Trinité ni ilans
où ils se trouvent ordonnés. .Mais si quelques- la forme du baptême. Ce qui c>t à rvmanjuer
uns reviennent dans un lieu où il v ai' un surtout, c'est l'esprit d'ij)dulgenc« et de cca-

(I) Soc. I. I, c. X. Sot., L I, e. TTii


LIVRE TREME ET UNIÈME (I

ciliation avec lequel le saint concile reçoit patriarche a puissance sur ceux qui lui sont
dans le clergé catholique, mm-seulemenl les subordonnés, de même aus.si le j'oidifci a puis-
clercs novaticns, mais encore ceux des paulia- s;ince sur tons le- patriarches, étant leur prmce
nistes qui en sont trouvés capables. Le saint et leur chef, comme saint Pierre lui-même, à
pa|ie Miltiaiie lui en avait donné l'exemple dans qui a été doiiui''e la puissance sur tous les
t'all'aire ilrs donatisles. princes chn''tieiis et sur leurs peuples, attendu
Le vingtième, c'est-à-dire le dernier canon qu'il est le vicaire de Noire ."^eioniMir Jésus-
de Nicée regarde une simple cérémonie, et (Ihrist sur tous les peuples et sur l'Eglise chré-
porte Parce qu'il y en a i|ui fléchissent les
: <i tienne. Qu conque y contreilira, est excom-
genoux le dinianclie et prndant le temps pas- mniiii'par le concile. » Telle est la base, la
Ciil,afin que tout soit unilorme dans tous les ic^le foudameiitale que toutes les chrétientés
diocèses, le saint concile à ordonni' que l'on d'Orient reconnaissent à leur hiérarchie et à
fera debout les prières que l'on doit à Dieu. » leur droit canon, et que, depuis les premiers
(lutre ces vingt canons, rec(Uinus authentiques siècles, elles attribuent au grand concile de
par tout le monile, le concib; de Mcée parait Nicée.
en avoir fait encore plusieurs autres. Du moins Aux canons de ces divers conciles, on peut
est-il que ces chrétiens orientaux, non-
certain ajouter certaines lois de Constantin, faites,
seulement des derniers siècles, mais encore -ans doute de l'àvis des principaux évèques.
des premiers, lui ont attribué toute l'ancienne Il avait exempté les clercs des charges pu-
discipline c'est ce qu'on appelle les Canons
: liliqiies. Parmi ces charges, il yen avait do
arabiques du concile de Nici'c, parce qu'iui Irès-iméreuses. surtout pour les ciiriaiss ou
les connut d'abord en Occident par une ver- tlécurious, c'est-à-dire les propriétaires ai-^és,
sion arabe; mais on les trouve également dans membres de la curie ou corps municipal de
toutes les langues orientales, le copte, ou leur cité. La loi les attachait presque comme
l'ancien égyptien, l'éthiopien, l'arménien, le des esclaves à leur mmi cqjc. et les o ligeai"
chaldien, le syriaque. Le trente-septième d'en administrer les atlaires aux dépens de?
canon statue qu'il ne doit y avoir dans tout leurs. ,\ussi cheichaient-ils à sortir de leur
l'univers que quatre patriarches, comme il n'y condition, en entrant furti emenl soit dans
a que quatre évangélistes et que quatre fleu- les charges publiques, soit dans le sénat ro-
ves du paradis. Leur prince et leur chef est main, soit dani l'armée. On fit des lois pour
le seigneur qui occupe le siège de saint Pierre les en empêcher. Quand le clergé chrétien fut
à Kome, ainsi que l'ont ordonné les apôtres. exempt de ces servitudes municipales, ils s'ef-
Après lui vient le seigneur de la grande forcèrent d'entrer dans le clergé. Constantin
Alexandrie, et c'est le siège de saint Marc. Le le défendit par une loi de 3:26. Da s la suite,
troisième est le seigneur d'Ephèse, et c'est le les empereurs trouvèrent ce tempérament :
siège de Jean le Théologien. Knfin, le qua- ils permirent aux membres de ceite bour-
trième est le seigneur d'Antioche, et c'est geoisie municipale d'entrer dans le clergé,
aussi le siège de Pierre (I). On voit que lors- mais à condition ou bien de céder à un de
que ce canon futrérligé.la dignité de patriarche leurs parents les terres auxquelles les charges
n'était point encore transférée à Constant ino- cuiiali's étaient attachées^ ou bien de cr. er à
ple il n'est parlé de cette translaliciu (pie
; leur place un substitut.
dans lecanon suivant. Le cinquante-ipiatricme La même année, Constantin fit deux autres
défend d'une manière ex])resse, comme saint lois touchant les hérétiques. L'une au 1" sep-
.\ugustin nous apiiriMid, que le concile de Ni- tembre, et porte Que les privil ges accordés
:

cée a l'ait, d'ordoimer deux évèques pour la en considération de la religion nedoivent pro-
même ville. fiter qu'aux catholiques, non aux hèrètiipies
y a surtout tm canon remarquable et qui
(I et aux schismatiques, cpiidoivent au contraire
détermine exceili-'umcnt le sens du sixième ètie charg(''S plus que les autres. La dernière
de Nicée c'est le trente-neuvième d'une col-
: accorde aux novaticns la paisible possession
lection, le quarante-quatrième d'une autre (2). des maisons de leur église cl de leurs sépul-
11 a pour Idre De In solliritude et de la puis-
: cres qu'ils avaient acijiiises à .juste titre, non
sance du /lalrian/ie sur les év'ques et les arche- de ce qui. avant la division, avait appartenu
vêques de son patriarrnt, et de la primauni de à l'Kglise catholique, Entre les sectaires de ce
l'éri'qup dp Riime sur Imis. u Le patriarche, temps là, les novatiensètaienl h^s moiiisodienx.
liit-ii, do t considértîr ce que les évèipie-; et A propos lie si^s lois contre les bi'i'è'ii]ues,
tes archevcques font dans leurs provinces et ; les juifs et les païens, Con>taiilin ilisaitagréa-
j'il trouve quelque chose de aidrenuMit fait blement aux (''vêqiies catholiques en causant
qu'il ni^ faut il le changera et U'. réglera avec eux à table, que lui aussi était éveque.
commi; il jugera à prn[io< car il e^^t le père : ((Vous êtes évèipies des personnes et des cho-
de tous, et eux sont se> fils. L'arclievè(pH' est ses (jiii sont dans l'ICglise, leur disait-il, moi
parmi les éveques comme le frère aine, le jia- je suis évi'cpie des |ieisonnes et des clio-es
triarche, coii;.Tie le père. El de même que le qui sont dehors (3) : » c'est-ù-dire, des liéro-

Mnn-i, concilos, t. II, col. 9S>2- — (î) Mirf., col. 965 o' 995. foir encore Boiiix. Du cnri/r pr' vmeial,
,.%
p.iaO el 341. — (8) T[i:î'« (lèv tC>v itaia rij; ixxAr,3(a;- l^ù il tOv IxTbj JitloxoroçBu90b., Vtta Cijtt tanliiii.
1. l\, C. XXIV.
u HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQDB
tiques et des infidèles, ainsi que de te qui ces.iode le remercier. Ce Di?a iuprime, qui
les regarde. En cfl'et, Eusèbe, qui cile cos au plus haut des cieux, ne demande
li.'ibite

paroles dans la Vie de Constantin, \cs, justilic pai les sacrifices de chair et de sang, ni les
comme une conséquence de'^es lois contre ]>•< funiée.i mai odorantes qui ont aveuglé tant

idolâtres, dont il fit fermer les tempies et in- de nations, mais un cœur pur, une ime ver-
terdit les sacrifices, et contre le^ juifs aux- lueii-e. Il aime la foi, l'équité, la douceur, et

quels il défendit d'avoir des esclaves clirv- punit l'infidélité et Torsueil. .Ne croyez pas,
liens(l). Bien des auteurs modernes, au lieu mon frère, (pje je nie tnjinpe en confessant ce
de rapporter cxacleinent ces paroles de con- Dieu, l'ère et .Maître de toutes cho-es. La plu-
versation, leur oui supposé firatuilement une. part de ceux qui ont tenu cet empiie, séduits
portée qu'elles n'ont jias, ,jus(pi'a fairi' dire à par des erreurs insensées, entreprirent de nier
Constantin Qu'il l'I.iit l'évèijnf f-itorieur de
:
ce Dieu. Mais tous ont été punis de telle sorte
l'Eglise. Voilà comme on traduit les textes que, depuis ce moment, tout le genre hiimaiu
qu'on n'a pas lus. souhaite leurs calamités à quiconijue vou-
Constantin recevait sans cesse des ambassa- drait faire de même. De leur nombre était
des de toute sorte de nations, en particulier celui que la colère de Dieu, comme la foudre,
de l'Inde et de l'Elliiopie il en profitait i»our
: jeta liors de nos frontières dans les vôtres, où
jeur faire connaître et estimer la religion il est devenu pour les siens un trophée d'igno-

chrétienne. Le roi de Perse lui-même, Sapor, minie. De nos jours mêmes j'ai vu les funé-
lui envoya une ambassade solennelle avec des railles de ceux qui, par des édils injustes, ont
présents", pour solliciter son amitié et son vexé le peuple voué à Dieu. Aussi ne cessc-Jc
alliance. Le roi de l*erse comptait alors le de bénir sa souveraine providence d'avoir ra-
pays (les Sèrcs ou la Chine, avec sa ceinture mené la paix et le bonheurparmi les hommes,
de murailles et ses deux grands fleuves, p.irmi en les ramenant eux-mêmes à la loi divine.
les provinces de son empire ainsi que nous
, Je suis persuadé que c'est lace qui peut arriver
l'apprenons d'Ammien .MarceHin, auteur du de mieux pour la félicité et la sécurité univer-
temps, A l'est, et par delà les deux S( ylliies
(i selles. Ju.i,'ez donc quelle a été notre joie d'ap-
une enceinte circulaire de hautes murailles prendre que les principaux endroits de l'erse
enferme la Siiique, immense contri'c, d'une ont l'avantage d'avoir pour ornement plu-
fertilité aduiiralile, qui louche à la Scythiepar sieurs de ces hommes, c'est-à-dire des chrétiens,
l'occident, par l'est et le nord à des déserts car c'est d'eux que je parle. C'est un bonheur
glacés, et s'étend au midi jusqu'à l'Inde et pour vous, pour eux
et aussi votre bonheur
;

jusqu'au Gange. Les noms de ces montagnes Parla vous vous assurez la
est aussi le leur.
sont Anniva, etc. Deux fleuves roulent sur la clémence du souverain Maître. Je les recom-
pente rapide de ces plateaux, et, d'un cours mande donc à votre bienveillance. Eu les
ralenti, traversent ensuite une vaste étenduç aimant, vous ferez à vous-même, ainsi qu'à
^le terres... Les Sères, de toutes les races nous une grâce infinie (I).
<rhommes la plus paisible, sont absolument Ces ambassades de Constantin et de Sapor
étrangers à la guerre et à l'usage des armes... sont à remarquer. Nous avons vu par les an-
Le pays est boisé, mais sans épaisses forets. nales de Chine que. soixante ans avant la ve-
On y recueille sur les arbresune espèce de duvet nue du Christ, l'empire chinois et empire ro-
1

d'une mollesse et d'une ténuité ftxl reines, (pie main se louchaient sur la mer Caspienne que ;

n'en file ensuite et qui devient Itwoie, ce tissu les Chinois appelèrent l'empire romain Ta-lsin
réservé jadis aux classes élevées, et que tout ou la grande Chine, lanl ils en avaient une
le monde porte aujourd'hui (2). » Constantin haute idée qu'ils en recurenl des ambvissades
;

apprit que dans cet empire de Sapor les de la part de l'empereur.\ntun ou .\ntonin. Et
églises de Dieu étaient nombreuses et ([ue les voilà que, sous Constantin, au moment où le
peuples se réunissaient par milliers dans le christianisme triomphe en Europe, en .Vfriijue,
bercail du Christ il en ressentit
; une ;,'raiide et en .\sie jusqu'à l'Euplirate, voila que l'.Vsie
joie, et profila de l'occasion pour rendre ser- ultérieure, y compris la Chine, réunie sous la
vice à ces chrétientés lointaines. Il envoya domination du roi de Perse, nous découvre
lui-même des ambassadeurs à Sapor, avec des dans son sein des chrétientés nombreuses.
présents beaucoup plus considérables qu'il Comme il est naturel de le penser, on bàlit
n'en avait reçu, il lui écrivit surtout, comme alors un grand nombre d'églises. Le pape saint
à son frère, une lettre d'amitié, où il lui an- Silveslre en bàlit une à Rome, dans la mai-
nonce que, par la foi divine , il reconnaît le son d'un de ses jirêlres nommé Equitius, donl
Dieu très-saint et professe son culte. C'est par elle porta longtemps le titre. C'est l'église ac-
l'assistance de ce Dieu, qu'à partir des extré- tuelle de .Saint-Elienne-des-.Uonls. Le Pape la
mités de l'ttcéan j'ai délivrt^ toute la terre dota d'un revenu annuel d'environ huit mille
habitable des tyrans qui l'opprimaient. C'est francs en fonds de terres, maisons et jardins.
ce Dieuquej'adore.el mon armée. qui lui est con- A son exemple et à sa persuasion, l'empereur
sacrée et porte son étendard sur ses épaules. Constantin bàlit à Rome prerai-remenl la ba-
ne cesse de remporter des victoires dont je ne silique qui, de son nom, a toujours été nom-

Ci) Ibtd., e. xxni, xiiv. xiv, et xxvii. — (î) Amin. Man-vlin de M. Xisârd, 1. XXJII, ven Ik fia. -
J.t) Bu«eb,, fi<« Contlanlùii, 1. IV, e.
e iz et «eqq., _Thuodorti, Hitt. Sccit4., i, 1, c, «xrv.
-
LIVRE TRENTE ET UMfcME n
ûiée Constanfinicnne, autrement l'église du stantin donna l'ilc de Sardaigne ainsi que ,

Sauveur , dans le palais de l'impératrice deux autres, avec toutes leurs appartenances
Fausta, sa femme, auparavant nommée la et leurs rcvenns, a l'église de Saint-Marcellin
maison de Latran. où s'était déjà tenu le con- et de Saint-Pierre-de-Rome (I).
cile contre les donatistes. Et parce qu'il y fit Il se convertissaitnombre de
un grand
aussi un japtistère. et que les baptistères païens les uns par la connaissance de l'inu-
:

avaient l'image de saint Jean-Baptiste, on tilité de leurs anciennes superstitions et de


nomme plus ordinairement cette éplise Saint- leur peu de fondement les autres, par ému- ;

Jean- de-Latran. C'est la principale église de lation des chrétiens qu'ils voydient honorés et
Rome, et les Papes j- ont fait leur résidence chéris de l'empereur, et pour se conformer à
prndant plusieurs siècles. Il bâtit encore à l'inclination du maître. D'autres, s'appliquant
home six autres églises celle de Saint-Pierre,
: à considérer la doctrine chrétienne, touchés
au Vatican à la place d'un temple d'Apollon, par des miracles ou des songes, ou par les
pour honorer le lieu du mart3Te et la sépul- entretiens des évèques ou des moines, ju-
ture du prince des apôtres celle de Saint-
; geaient qu'il valait mieux être chr.tiens. De-
Paul, au lieu de son martyre celle de Sainte- ; puis ce temps, on vit les villes et les peuples
Croix, en la maison de Sessorius, que l'on entiers se convertir, abattre d'eux-mêmes leurs
nomme Sainte-Croix-de-Jérusalem, à cause temples et leurs idoles, et bâtir des églises.
dune portion de la vraie croix qu'il y mit; Les habitants de Majuma. qui était le port de
celle de Sainte-Agnès, avec un baptistère, à Gaza en Palestine, auparavant très-attachés à
la prière de sa fille Constantia, et de sa sœur leurs anciennes superstitions, se firent chré-
de même nom, qui furent baptisées par saint tiens tout d'un coup et l'empereur, répon-
;

Silvestre celle de Saint- Laurent, hors de la


; dant à leur piété, érigea en cité ce lieu qui
ville, sur le chemin de Tibur, au lieu de la sé- ne l'était pas, et la nomma Constantia, du
pulture de ce martyr; celle des martyrs Saint- nom de Constantius, le plus cher de ses fils.
Marcelhn et Saint-Pierre, au lieu dit Entre- Par une raison semblable, il nomma Constan-
ies-deux-lauriers, où fut la sépulture de sainte tine une ville dePhénicie. Il nomma aussi Hé-
Hélène. lénople, en l'honneur de sa mère, une petite
On trouve, suivant les anciens mémoires de ville de Bithynie. nommée auparavant Dré-
l'Eglise romaine, que Constantin donna à ces pane, qu'il érigea en cité, avec exemption de
sept églises de Rome, en maisons et en terres, tributs, en l'honneur du saint martyre Lucien
non-seulement en Italie, mais en Sicile, en d'Antioche, dont les reliques y étaient.
Afrique, en Grèce, en Egypte et en Orient, Hors des limites de l'empire romain, le
vitigt-sept mille sept cent vingt-neuf sous christianisme se propageait d'une manière plus
d'or cinquante-quatre mille cinq cent de admirable encore Constantin reçut vers co
revenu annuel, ce qui, en prenant, comme temps l'ambassade inattendue d'un peuple bar-
on fait, le sou d'or à vingt francs et quelques bare, qui lui demandait des évèques. C'étaient
centimes, ferait un total de plus de cinq cent les Ibériens, campés dans le voisinage du Pont-
quatre-vingts francs sur quoi l'église Cons-
: Euxin. Ils avaient été convertis par une pauvn;
tantiniennc ou de Saint-Jean de-Latran, avec captive, dont le nom n'est pas seulemerr.
son baptistère, avait à elle seule deux cent venu jusqu'à nous. Ils l'avaient emmenée pri-
soixante-dix-huil mille six cent quatre-vingts sonnière dans une de leurs incursions. Caplive
francs L'église de Saint-Pierre, de son côté, chez eux. elle excita bientôt leur admiration
avait des maisons dans Antiochc et des terres parla pureté de sa vie, sa sobriété, sa fidélité,
aux environs, à Tarse en Cilicie, et à Tyr; son assiduité à l'oraison, qui lui faisait veiller
elle en avait en Egypte, près d'Alexandrie et les nuits entières. Les Barbares étonnés, lui
ailleurs et dans la province de l'Euphrate,* demandaient ce que cela voulait dire. Elle
près de Cyr. Une partie de ces terres étaient déclara simplement qu'elle servait ainsi le
destinées à fournir tous les ans une certaine Christ, son Dieu. Ce nom leur était aussi nou-
quantité de nard de baume, de storax, de veau que le reste. Mais sa persévérance exci-
cannelle, de safran et d'autres substances pré- tait la curiosité naturelle des femmes, pour
cieuses pour les encensoirs et les lampes. Ces savoir si ce grand /èle de religion était bon a
églises avaient de plus une rente de plus de quelque chose. Celait leur coutume, quand
vingt mille livres pesant, en (livers aromates quelque enfant était malade, (pic !a mère le
que les terres d'Egypte et d'Orient devaient portait par les maisons pour s'informer si
fournir en espèces. On ne parle point des vases quelqu'un savait un remède.
d'or et d'argent pour le si.'rvice et l'ornement Une femme, ayant ainsi porté son enfan'
dt;ces mûmes églises, dont les mémoires rap- partout inutilement, vint aussi trouver la cap
portés par .\nastase le Bibliothécaire font un tive.Elle lui dit qu'elle iiesavaitaucun remèd»
long (l"nombrement. Il peut avoir confondu humain mais que son Dieu, Jésiis-Chrisl
;

ce qui avait l'té donné par d'autres empereurs ; qu'elle adorait, pouvait donner la santé au'
mais les litres des iinniculiles doivent avoir ma'ades les plus desi-sperès. Ayant donc im-
été mieux conservés. Ce (pie ces derniers nous l'enfant surle ciliée cpii lui servait de cou. Ii
'

up[irennent de plus curieux, c'est que Con- et ayant fait sur lui sa prière, elle le rcmii-i

it) Jjiast.. SUvMI.


46 HISTOIRE UNIVKRSELLE DE LEGUSB CATHOUQtJB
giipri A «a nii^rc. Le briiil dn c(^ iniracln se ri^- des troupe:* romaines dans la Palestine, boui
jjunil et vii'iil aux oreilli'sdo la reiniMiiii (•lait reni(iiTCur 'rin-odose (I .

malndfi avec de grandes iloiileurs et rédiiilc D'un autre coté, les nations des environ» du
au dr-Hi'fpoir. hlle prie qu'on lui ainènfc .a niiiii. et les parties les plus reculée- di- la

captive, qui refuse d'y aller, erait'iiant de (iaule vers l'Océan, étaient déjà chr tiennes :

paraître avoir trop bonne opinion d'cUe-méinc les Golhs et les autres peuples voisin- du Da-

et man(|uer à la bienséance de son sexe. La nube l'étaient aussi; et la religion tvail iloiiué
reine se fait porter à la cellule de la caplive. à toutes ces nation» des maMirs (dus douce»
qui la met surson cilice, et. ayant invoqué et plus raisonnables. Elles avaient commencé
le nom de Jésns-Clirist, la fait lever aussitôt à se convertir par les incursions qu'elles firent
en parfaite santé. Elle lui apprend que c'est sous l'empereur Gallien, environ soixante
Jésiis-Clirisi, Dieu et Tils du Kieu souverain, ans auparavant ; les évèques captifs leur
qui l'a puéi'ie, et l'exhorte à l'invoquer, disant avaient inspiré l'amour de la religion par
que c'est lui f|ui donne la puissance aux rois leurs vertus et par leurs miracles, et, les ayant
et la vie à tous les hommes. instruits y avaient formé des «'gliseô. Quant
reine relouiria ciiez elle remplie de joie;
La aux Arméniens, nous l'avons déjà vu, ils
le roi lui deniarida comment elle avait été avaient reçu le chri-tianisme depuis long-
guérie si proniplement et, l'ayant appris, il
;
temps. Le commerce de l'Arménie l'avait fait
commanda qu'on portât des présiids à la passer en Perse, où nous avons déjà vu de»
rnpiive. Mais la reine lui dit : Seigneur, elle églises nombreuses, et où nous verrons bien-
ini(irise tout cela ; elle ne veut ni or, ni tôt d'innombrables et illustres martjTs.
grgent; le jcime est sa nourriture la seule ;
Tandis que les Ibériens, d'un cot'*, en-
recompense que nous pouvons donner, lui voyaient une ambassade à l'empereur Con-
c'est d'adorer Jé^us-Ohrist, ce Dieu qu'elle a slanliii pour lui demander des éveques. sa nt
invoqué pour me
Le roi dilféra pour
giu'rir. .Mbanase sacrait, d'un autre, par suite de cir-
lors et négligea de se convertir, (pioi(pie sa constances merveilleuses, le premier èvéque
femme l'en pressât souvent; mais un jour, et l'apiïtre de l'Inde ultérieure. Voici le texte
comme il chassait dans le- bois, il survint une de lîulin qui nous l'apprend Dans le partage
:

obscurité si épaisse en plein jour, que toute de l'univers, que les aputres tirèrent au sort
sa suite s'écarta, et il demeura seul, égaré, pour la prédication de la parole divine, l'on
ne sachant où se tourner. Dans cet endtarras, dit que la Parthie échut à s.'iint Thomas, l'E-
il lui vint en pensée que si ce Christ, dont la thiopie (ou le Cusistan) à saint Matthieu, et
captive avait parlé à sa femme, le délivrait de l'Inde ultérieure qui lui est limitrophe.;! saint
ces ténèbres, il quitterait tous les autres dieux Barthélémy. Entre celle-ci et la Parthie. mais
pour l'adorer. Sitôt qu'il eut fait ce vœu de beaucoup plus confinée dans les terres, se
pensée, sans prononcer une parole, le jour trouve l'Inde ultérieure, habitée par beaucoup
vevint, et il arriva heureusement à la ville. Il de langues et de nations dircrses. et qu'à
conte le fait à la reine on fait promptemcnt
;
cause de son éloigneraent nul n'avait encore
venir la ea|)tive; le roi lui déclare qu'il ne défrichée par la prédication apostolique. Ce-
veut plus honorer d'autre Dieu que Jésus- pendant, au temps de Constantin, elle reçut
Christ, et lui demande la m.inière de le servir. les premières semences de la foi, à l'ori-.i-Min
Elle l'explique autant qu'elle en était capable, des événements que voici. Un certain philo-
demande (]ue l'on bâtisse une église et en dé- sophe Métrodore, dans le but de voir les pays
crit la forme. et d'étudier l'univers, avait pénétré ju-^ue
Le roi,ayant rassemblé son peuple, expose dans l'Inde ultérieure. (Cédrénus ajoute ciue
ce qui était arrivé à lui et à la reine, et les Métrodore, revenant de l'Inde par la Parthie
instruit, comme il pouvait, dans la religion ou la Perse, fut dépouillé par isapor des
chrétienne : de son coté, instruit les
la reine, pierres précieuses que le roi de l'Inde lui
femmes ; commun con-
on s'empre-^se d'un avait données pour l'empereur Constantin.)
sentement à bàtii- l'eiilise le ciel les seconde
; Excite par l'exemple de >lelrr>dore. un philo-
PC de nouveaux miracles qui augmentent sophe de Tyr, appelé .Merope. voulut, pour
Feur zèle. L'église achevée, comme ce peuidc
le une cause semblalde, visiter l'Inde, ayant
désirait ardemment d'être instruit dans la foi, avec lui deux enfants, ses proches, dont il
on envoie, par le conseil de la captive, une faisait l'i'ducation. Le plus jeune se nommait
ambassade, au nom de toute la nntinn. à l'em- Kdèse. l'autre Frumence. Le philostiphe
pereur Constantin, le priant d'envoyer des ayant s,-itisfait sa curiosité, commen(;ajt 4
éveques pour achever l'ieuvre de Dieu. Il les revenir, lorsque le vaisseau qui le portait re-
envoya avec nonm-ur. l't seidil plus de joie lâcha dans un port pour renouveler ses pro-
de celle conversion que d'une grande con- visions. Les barbares du pays, chaqu" fois que
quête. Rufin, qui rapporte cette bisloire. ainsi les nations voisines leur annonçaient être mal
que Socralc, Sozoméne et Thijodoret, dit l'a- avec les Romains (et on vo^t. par la vnolenrt
voir apprise, à Jérusalem, de Bacurius, faite à Métrodore, que c'était le cas de* Par-
homme très-pieux et très sincère qui. après thés), avaient l'habitude d'égorger tous lef
avoir été roi de celte nation, devint (^encrai Komaioâ qui se trouvaient parmi eox. ils ao-

vLI, «. X. 8ofc, L I, «.
trVRE TRENTE ET UNIÈME
vahirent donc le nn\'ire du philosophe, et le forma des peuples chrétiens et des église*», et
tuèrent avec tous ses compagnons. que commença le sacerdoce. Nous avons aji-
En s'en retournant, couverts de sang et de pris tout cela, conclut Kufin, non par l'opi-
butin, ils rencontrent les deux enfants i|ui nion du vulgaire, mais par le récit d'Edes-.j
étaient descendus à terre, et quiétudinicnl leur lui-même, devenu prêtre de Tyr, après avoir
Icinn, assi.ssousun arbre. Les Barbares en ont été compagnon de Frumence (I). Voilà ce
pitié. Au lieu de les mettre à mort, ils les con- que dit Kufin, et ensuite Socrate, Théodoret.
\hii~ii't/il a leur roi. Celni-ri prend en afTec- et Sozomène.
tion le* deux cillants. Il lit Eilése son échan- D'après ces divers textes, c'est dans l'Inde
son. Quap'. a Fnimence, croyant lui voir plus ultérieure et non dans l'Ethiopie, qiie ce saint
d'esprit ;t de conduite, il lui confia ses écri- Frumence prêcha l'Evangile. Ce qui a trompé
tures et ses comptes, c'est-à-ilire ses finances. les critiques modernes, que nous avons suivis
Depuis ce temps, ils furent fort honorés et fort de confiance dans la première édition, c'est le
aimés. Le loi mourut laissant le royaume à sa nom grec d'Ethiopie, pays qui s'appelle Cush
femme avec un fils encore enfant, ayant ac- ou Kousch dans le texte original (le la Bible.
cord(; aux deux jeunes hommes, avant d'ex- Cush est un fils de Cham. La postérité de
pirer, la liberté de faire ce qu'ils voudraient. Cush, qui se traduit ordinairement par Ethio-
Mais la reine, qui n'avait personne de plus piens, parait s'être répandue et dans l'Asie,
fidèle dans le royaume, les pria instamment où l'on trouve encore le Cushistan ou pays de
d'en partager soin avec elle, jusqu'à ce que
le Cush, et dans l'Arabie, d'où la femme de
son fils fiit en âge. Elle voulut principalement Moïse est appelée Cushite ou Ethiopienne, et
conserver Frumence dont la sagesse était plus dans l'Ethiopie africaine, dont les habitants
profonde car Edèse ne montrait que de la
; viennent originairement de l'Inde, suivant
iiilélité et de la modération. Philostrate ['2). Et de fait, les Indiens appel-
Frumence, ayant ainsi le gouvernement de lent encore leur pays, de Chus ou Cush, fils
cet Ktat, Dieu lui inspira de chercher avec de Cham, Chuschad Widpa, c'est-à-dire pays
soin s'il y avait des chriHiens parmi les Ro- de Cush (;{). L'Etiiiopie échue à saint Matthieu
mains qui y venaient trafiquer de leur donner : et de laquelle l'Inde citérieure est limitrophe,
Bn grand pouvoir, et de les exhorter à faire c'est donc tout naturellement le Cushistan,
en chaque lieu des maisons d'assemblée pour voisin de la Parthie et de l'Inde c'est tout na-
:

y prier en commun, à la manière des lio- turellement ce pays de Cush, que les textes
tnains. Eui-mème en donnait l'exemple, atti- grec et latin de la Genèse nomment Ethiopie,
rant chacun à l'imiter par sa ferveur et par pays arrosé par le Géhon, le second des qua-
ses bienfaits. Il fournissait les places pour tre fleuves d'Eden, et qui sortait de la même
bâtir et les autres choses nécessaires, s'em- source que le Tigre et TEuplirate (i). De tout
pressant à planter et à faire fructifier le chris- cela il reste à conclure, avec Baronius et d'a-
tianisme. Le jeune roi étant venu en âge de près le texte même de Rufin. que c'est bien
gouverner, E<lèse et Frumence lui rendirent dans l'Inde ult rieure que saint Frumence prê-
un compte fidèle de leur administration, et cha la foi et fonda des églises. Aussi saint
revinrent en leur pays malgré les prières de la Athanase dit-il dans sa lettre aux èvèques
reine et de son fils roi. Edèse se pressa d'aller d'Afrique contre le conciliabule de Bimiiii :

h ïyr pour revoir ses parents; rrumence prit « Le concile de Nicéc est connu des Indiens,
le chemin d'Alexandr e, disant qu'il n'èlait pas et de tout ce qu'il y a de chrétiens parmi les
raisonnable de cacher l'a-uvre de Dieu. 11 ra- autres Barbares, d Toute 1 Eglise honore la
conte à saint Athanase, qui en était évèque de- mémoire de saint Frumence, les Latins le
puis peu, tout ce qui s'était passé, et l'exhorte à 27 octobre, les Grecs le 30 novembre.
choisir quelqu'un qui fut digne d'être envoyé Les Aby.-isins reconnaissent un saint Fru-
pour évèque à ce grand nomlire de chrétiens mence poiirleur apôtre. Nous voyons, en eflet,
déjà assemblés, et à ces églises bâties dans les sur l'an .'l.'iti, que l'empereur Constance, livré
terres des Uarbares. Saint Athanase. considé- aux ariens, écrivit aux magistrats d'Axum,
rant attentivement les discours et les aelions au-dessus de l'Egypte, quant a leur évèque
lie dans une assemblée d'èvèipies,
Friiriience Fiumeiitius, autrefois ordonné par Athanase,
dit.eomine Pharaon à Jose|>h El quel aiitie : de r''nvoyei'aii |ilus vile à Alexandrie, afinqu'il
pourrons-nous trouver qui ail l'esprit de Dieu fùlexamiué etordonné de nouveau parles èvè-
comme vous, et qui jmisse exèeiiter de si ques fidèles, c'est-à dire par les ariens. Aussi
grandes choses? fuis, l'ayant ordonné évè- Baronius reconnait-il deux Frumence; l'un
que, il lui commanda de retourner avec la évèque d'Axum. bon catholique, et qui eut
glace de Dieu au lieu d'où il venait. Etant beaucoup à soufTrirdes ariens; l'autre, envoyé
doue retourni- évèque dan» l'Inde, on rapimrte évèque dans l'Inde ultérieure, de laquelle il
que Dieu lui communiqua une si giaiide était revenu, et qu'il est impossible de confon-
grâce, qu'il opéra des miracles comme les dre avec l'Ethiopie d'.Xfrique. Car, suivant le.
apoires »t convertit une infinité de harb.iies. témoignage de Cèdrénus, le philosophe Mé-
L'esi de là que dans les parties de l'Inde, il se trodore, première cause du voyage, reveuanJ

(11 HiiUd, HuI. Euclei, 1. X, e. ix. — ^l) VUu Apollonii, o. n. — (3)Th. Mauric«, But- de tlndouiUm. -^

(4, Odaése, n, Uk
/,g HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATHOLIQUE

de l'Inde pnr la Perse, fut di'pouillé par Sa- hébreu, comme il l'avait écrit. La leeturi^ do
des {lierres précieuses que le roi de l'Inde ces livres el le souvi-nir de ce qui s'était passé
fior
ui avait données pour l'empcrcurConslanlin. au bapt'-me du patriarche, donnait k Joseph
Or l'Ethiopie africaine n'a point de pierres de grandes inquiétudes. Cependant le jeune
préeieuses, et le clieniin pour en venirà Cons- patriarche Judas, devenant grand, s'aban-
tantinople n'est point par la Perse, mais par donna à la débauche jusqu'à employer la ma-
l'Egypte (I). De plus, Théodoret ilil expressé- gie, pour corrompre des femmes. Il attaqua
ment (pie le nouvel éveque de l'Inde ne crai- aussi une femme chrétienne, qui rendit les
gnit point de traverser de nouveau l'irnrnense charmes inutiles par le nom de Jésus-Cbrisl el
Océan pour évangéiiser son peuple inculte, le signe de la croix. Cette preuve du pouvoir

ce qui ne convient nullement à. lElliiopie li- de Jésu.s-Chrisl louclia encore fortement Jo-
mitrophe de l'Kgyptc. d'on l'on peut y aller seph, mais sans le persuader de se faire chré-
pai- terre,mais jjien à l'Inde ulterie jre. La tien. Le Sauveur lui ajiparut lui-même en
distinction de Baronius est le moyen natuiel songe et lui dit: Je suis Jésus que les pi-res
de concilier tous les textes, sdi;- l'aire violence ont sacrifie crois en moi. Il ne se rendit pas,
;

^aucun. et tomba dans une grande maladie dont on


Le christianisme faisait des po=clytcs jusque désespérait. Le Sauveur lui apparut encore,
jarmi les chefs de la synagogue. C'était à disant de croire el qu'il serait guéri. Il le pro-
Tibériade que se trouvait la synagogue la plus mit, mais il ne tint pas sa parole el demeura
fameuse. Là résidait le patriarche des Juifs: dans son endurcissement. 11 tomba dans une
c'est ainsi (|u'ils appelaient le chef de leur autre maladie aussi dangereuse, el, comme on
nation. Les premiers après lui, et qui for- crut qu'il allait mourir, un vieux docteur de
maient son conseil, portaient le nom d'apôtres. la loi vint lui dire à l'oreille Crois en Jesus- :

T)e leur nombre était un nommé Joseph, natif Christ, crucifié sous Ponce- Pilate, Fils deUieu
de Tibériade même. Le patriarche était alors et ensuite né de Marie, qui est le Christ de
Hillel,de la race du fameux Gamaliel. Hillel Dieu, qui est ressuscité el qui doit venir juger
étant tombé malade et près de mourir, dit à les vivants el les morts. Saint Epiphane. qui
Joseph de prier l'évèque voisin de Tibériade rapporte celle histoire, témoigne que les Juifs
de venir le trouver: c'était pour lui donner le avaient accoutumé d'un user ainsi, el qu'il
baptême sous prétexte de médecine. L'évèque avait appris d'un autre, qui était encore juif,
vint à titre de médecin, et fit préparer un bain qu'étant encore malade à la mort, on lui avait
comme un remède utile au malade, qui, de dit à l'oreille Jésus-Chrisl crucifié. Fils de
:

son coté, fit retirer tout le monde, comme par Dieu, te jugera. Il semble qu'ils employaient
pudeur. Ainsi, le patriarche fut baptisé et ces paroles comme un caractère pour guérir
reçut les saints mystères. Mais Joseph était à les malades.
la porte, qui regardant par des l'entes, vit Joseph demeurait toujours endurci. Jésus-
tout ce qui se passait en dedans, el le remar- Cbrisl lui apparut encore en songe et lui dit :
qua soigneusement. Il vit aussi que le patriar- Je te guéris crois quand lu seras relevé. Il
:

che ayant dans la main une quantité d'or releva, en etfet, de celte maladie mais il ne ;

'lonsidérable, le donna à l'évèque en disant : crut point. Jésus-Christ lui apparut en songe
OfTrez-le pour moi; car il est écrit que ce que comme il était en santé, lui en fil des repro-
les prêtres de Dieu lient et délient sur la terre, ches el lui dit Pour te convaincre, si lu veux
:

est lié et délié dans le ciel. Ensuite on ouvrit faire quelque miracle en mon nom je te l'ac-
les portes. Ceux qui étaient venus voir le pa- corde. Il y avait à Tibériade un insen*e am
triarche, lui deman''aient comment il se trou- allait tout nu par la ville el déchirait tous le*
vait de son bain et il répondit ipi'il se portait
; habits qu'on lui donnait. Joseph, voulant faire
Irès-bien, l'entendant d'une autre manière l'expérience de sa vision, mais encon." incer-
qu'eux. Après deux ou trois jours, pendant tain el honteux, l'amena chez lui, el, ayant
lesquels l'évèque le visi ail souvent comme fermé la porte, prit de l'eau sur laquelle il
médecin, il mourut heureusement, laissant son avait fait le sianc de la croix, el en arrosa d«
fils, qui était très-jeune, sous la conduite de sa main le furieux en disant .Vu nom de Jésus :

Joseph el d'un aiiti-.' personnage très-vertueux. iNazan-en, le crucilié, sors de lui,démon, et


Ce lils. nommé judas était le patriarche des qu'il soit guéri. Cet homme fil un grand cri,
Juifs car celte dignité passait de père en fils
; tomba par terre, écuma. se dèbaltil violem-
par succession, et, pendant son bas âge, ses ment, puis demeura longtemps immobile.
deux tuteurs gouvernaienl tout. Joseph crut qu'il était mort. Ine heure après
11 y avait à Tibériade une chambre destinée il se leva en se froUanl le visage, el. voyanf
à gai'der le trésor, et scellée ce qui faisait
: sa nudité, il se couvrit des mains comme i
8oup(;onner qu'elle renfermait de grandes fiul, ne pouvant plus se souffrir ain'-. Josepk
richesses. Joseph eut la hardiesse de l'ouvrir ui donna un babil ; il /en veli' el. etam
en secret mais il n'y trouva que des livres,
; revenu en son bon sens, il lui r«ndil, el «
savoir l'Evangile selon saint Jean el les actes
: Dieu, de grandes actions de grâces, voyant
ies apolres, l'un et l'autre traduits de grec en qu'il elail guéri par son moyen Ce miracle
hébreu, et l'Evangile selon saint .Matthieu en fut connu par toute la ville, el les Juifs di-

(I) r«tr P«gi, «m. tO.


LIVRE TRENTE ET UNlItME. 49

saient Joseph a ouvert le trt^sor, il a trouvé


: quatre coudées : les citoyens en voulaient
écrit le nom
de Dieu, et, l'ayant lu, il fait de faire un bain public. Le comte Joseph, ayant
grands miracles. Ils disaient la même chose entrepris d'en faire une église, lit bâtir hors
de Jésus-Christ, qu'il avait fait ses miracles de la ville sept fours à chaux; mais les Juifs
par la vertu du nom inetTable de Dieu qu'il I arrêtèrent le feu par des enchantements
i) :

avait trouvé dans le temple. Joseph demeura i.n sorte que les ouvriers, voyanf [u'avec
encore endurci. quantité de menu bois ils ne pouvaient faire de
Le patriarche Judas, étant venu en âge feu, s'en plaigniicînt au comte. Il y accourut
d'hommi% lui donna, par reconnaissance, ou aussitôt, ayant fait emplir d'eau un grand
et
lui ronfiruia la charge d'apotre. qui était lu- vase de cuivre, en présence d'une grande mul-
crative chez les Juifs. 11 l'envoya en Cillcie titude de Juifs ra?s;'mblés pour voir ce qu'il
avec ses lettres, où, étant arrivé, il faisait voulait faire, il fit de son doigt le signe .le la
payer les dîmes et les prémices par les Juifs croix sur le vase, et dit Au nom de Jésus le
:

de la province. Dans une certaine ville, il se Nazaréen, que mes pères et ceux de tous les
trouva logé près de l'église; ayant fait amitié assistants ont crucifié, que cette eau ait la
avec l'évéque, il lui demanda secrèlemeut les vertu de délier tout le charme que ceux-ci ont
E\-angiIes et les lisait. tSa charge d'apotro l'o- fait, et de donner au feu son activité pour
bligea de déposer et de changer plusieurs l'accomplissement de la maison du Seiirneur.
moindres officiers, comme des archisynago- II prit de l'eau avec sa main et en arrosa cha-

gues, des (irètres, des anciens, des azanites : que fournaise. Le charme s'évanouit, et la
c'est ainsi qu'ils nommaient ceux qui tenaient flamme commença à sortir à gros bouillons
•ieu de diacres ou de ministres. Joseph, vou- devant tout le peuple, qui s'écria Il n'y a
:

lant corriger leurs fautes et conserver la disci- qu'un Dieu qui assiste les chrétiens; et ils se
pline, s'attira la haine de plusieurs. Pour s'en retirèrent Comme ils persécutaient souvent
venger, ils recherchaient curieusement ses le comte Joseph, il se contenta de bâtir à Ti-
actions ; si bien qu'étant entrés chez lui tout bériade une petite église dans une partie du
d'un coup, ils le surprirent lisant les Kvan- temple d'.\drien. et vint s'établir à Scytho-
giles. Ils se saisirent du livre et de Joseph lui- polis. Il bâtit aussi et acheva des églises à
même, le traînant par terre et le maltraitant Diocésarée et en quelques autres villes. Lui-
avec de grands cris ils le menèrent à
; la même raconta toute son histoire à saint Epi-
synagogue et le fouettèrent; l'évèquc accourut phane, qui nous l'a conservée (1).
et le tira de leurs mains. Une autre fois, ils le La Palestine voyait encore d'autres exem-
rencontrèrent en un voyage, le jetèrent dans ples non moins merveilleux la veuve du per-
:

le fleuve Cydnus, qui passe en Cilicie, et cru- sécuteur .Maximien-Hercule faisant le pèleri-
rent l'avoir noyé mais il s'en sauva et rei^ut
; nage des lieux saints. C'était Kutropia, dont
peu de temps après le baptême. Il alla à la Constantin avait épousé la fille. Elle écrivit
cour, et fut aimé de l'empereur Constantin, à de Palestine à son gendre, qu'auprès du chêne
qui il raconta toute son histoire. L'empereur de Marabré, où Abraham avait exercé l'hospi-
lui flonna la dignité de comte, et lui dit de talit envers les trois anges, on avait dressé

demander encore ce qu'il voudrait. Joseph des idoles et un autel, et que l'on y offrait des
demanda pour toute grâce d'avoir commis- sacrifices impies. Ce lieu se nommait autre-
sion de l'empereur pour faire bâtir des églises ment le Térébinthe, à cause d'un arbre très-
dans les ville-; et bourgades des Juifs, où ja- ancien c'était à dix lieues de Jérusalem. On
:

mais personne n'en av.iil pu bâtir, parce iju'il y faisait tous les ans, en été, une fête célèbre,
n'y avait en ces lieux avec eux, ni païens, ni et on y tenait une foire où venaient un grand
samaritains, ni christ iens. Ce qu'ils obser- nombre de marchands du pays même, et des
vaient principalement à Tibériade, à Diocé- parties plus avancées de la Palestine, de la
Barée, à Séplioris, à Nazarelli et à Caphar- Phènicie et de l'Arabie, Chacun célébrait la
naum, de n'y souffrir aucun mélange d'étran- fête selon sa religion les Juifs honoraient la
:

gers. mémoire de leurs patriarches; les chrèt ens,


.loseph ayant re(;u ce pouvoir par des lettres l'apparition du Fils de Dieu car c'était la
;

de ri'iu|>crcur, avec la dignité de comte, vint croyance commune qu'il y avait paru lui-mi-me
à'I'iliér ade. Ses lettres lui donnaient cominis- avec deux anges. Les païens honoraient les
bion de faire travailler aux dépens de l'empe- anges mêmes, et l'on croit (pie les idoles qu'ils
reur, et lui allrihuaient une {.ension. Il com- y avaient dressées étaient pour les représenter
mença à bàlir |)r(;mièrement à '1 ibériade, et se comme des dieux ou des démons favorables.
servit d'un faraud temple qu'il y trouva com- Ils les invoquaient et leur olfriicnt des liba-
mencé et iin|iarfait, que l'on nommait Adria- tions de vin et de l'encens d'antres immolaient
;

née, parce commencé


ipi'il avait él«' pai' ['("m- un bn'uf, uu lioiic, un moul<ui ou un coq.
pereur Adiicn, apparemment dans le dessein Chacun nourrissait avec soin, pend- it toute
de le con^acrer à Jfsiis-llhrisl. comme il en l'anni-e ce qu'il av.iit de lucill.'ur. ,>our en
Gl dans toutes les villes, au rapport de Lam- faire, avec les siens, le fesliii de celte IVle. Ils
pride. C.c\ui de Tibériade était déjà élevé à avaient tous nn tel respect pou'' ce lieu, ou
quelque hauteur et bàli de pierres carrées de craignaient lellemeul la vengeance divine,

(t) Bpipti., Baret xxx. a. t


t. IT.
M HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'CGLISE CATHOLIQUE

s'ilsl'eussent prof&né, qu'il» n'osaient y com- vous jugez les plus convenables, afin que «e
mettre aucune impureté ni avoir commerce les y fasse conduire. Je ser li bien nise Je
avec les femmes, quoiqu'elles y fussent plus savoir si vous j'igez à propos que la voùlc
en vue cl plus purées cju'à l'ordinaire et qu'ils de l'église soit ornée de lambris ou de quel-
campassent tous pèle-méle car c'était un
; que autre sorte d'oiivrafie; si c'est du lambris,
camp sans bâtiments, hors la maison qu'on on pourra y mettre de l'or.
disait être celle d'Abraham, auprès du chêne Ce fut sainte Ileb-ne. mère de l'empereur,
et du Duits. où personne ne puisait pendant '|ui se chargea elle-menie de l'pxéculiun. E!l<:

la fête, parce que les païens en gâtaient l'eau tait alors âgée de qualre-vinj-'ls ar.s, vivai.t

en y jetfnl du vin, des gâteaux, des pièces de • lepuis plusieurs années dans la piété et dans
inoniiaib, de» »arfnms secs ou liquides, outre \<:i œuvres de charité. L'empereur, son lil»,
les lampes (juils allumaient sur le bord. connaître la vraie reli;:ion qu'elle igno-
lui fit

La bollc-Bière de Constantin étant donc lailauparavant, lui donna le litre d"augi;-te


enufc en Palestine pour accomplir un vœu, et ou d'iin[iiTrlrice, et fil mettre son effii-ie i-ur
ayant vu ces superstitions qui se pratiquaient la monnaie d'or. Elle disnosail de ses trésors,

au chêne do Miimbré,lui en donna avis et il ;


mais c'était pour faire des libéralit'-s al des
écrivit une lettre à saint Macaire et aux autres aumônes. Elle était très aspirine aux églises,
évèques de Palestine, par laquelle, après leur les parait de divers ornemerÉls, el ne négli-
avoir doucement reproché leur négligence à geait pas les oratoires des moindres villes on ;

souffrir une telle [irofanation, il dit qu'il a la voyait au milieu du peuple avec un habil
écrit au comte Acaoe de faire incessamment simple et modeste dans les assemblées de re-
brûler les idoles qui se trouvaient en ce lieu- ligion.
là, renverser l'autel et punir selon leur mérite Elle alla, nonobstant son grand âge, visiter
ceux qui, au mi'pris de cette défense, seraient les saints lieux prendre soin d.; les orner
et
assez nardis pour y commettre quelque im- de somptueux édifices par la libéralité de son
piété. 11 ajoute qu'il a ordonné que le même fils. En traversant l'Orienl. elle fil des lar-
lieu Boit orné d'une église, et recommande gesses extraordinaires aux gens de guerre, aux
aux évêques que s'il se passe quelque chose communautés et à chacun des particulier? qui
de contraire à ses ordres, ils ne manquent s'adressaient à elle. Aux uns. elle dormait de
pas de l'en avertir incontinent, afin que les l'argonl, aux autres des habits ; elle délivmil
coupables soient punis du dernier supplice. les uns des prisons, les autres du travail des
En exécution de cet ordre, on bàtil en ce lieu mines elle rappelait les exilés. Etant arrivée
;

une église magnifique (1). 11 y avait plus de à Jérusalem, elle commeni;a p;ir faire .ibattre
deux mille ans que le Seigneur y avait dit à le temple el l'idole de Vénus qui profanaient
Abraham, que toutes les nations de la terre le lieu de la croix el la résurrection. On ola
seraient bénies en lui dans un de sa race. les terres, on creusa si avant que l'on décou-
Toutes les nations de la terre en présentaient vrit le saint sépulcre et tout proche,
; on
et en voyaient alors l'accomplissement. trouva trois croix enterrées. On ne savait la-
Le Seigneur avait encore dit à la nouvelle quelle était celle du Sauveur l'évèque saint :

Jérusalem J'élèverai mon étendard vers les


: » Macaire imagina ce moyen pour s'en éclaircir.
{)euples. Et les rois seront tes nourriciers, et Il fil porter les croix chez une femme de qua-

es reines tes nourrices. Ils t'adoreront le lité, malade depuis longtemps el réduite à
visage incliné vers la terre, et ils baiseront la l'exlrémilé on lui appliqua chacune des
:

poussière de tes pieds. » L'ancienne Jérusalem croix en faisant des prières; et sitôt qu'elle
en voyait l'accomplissement pour la Jérusalem eut touché la dernière, elle fut entièrement
nouvelle. guérie. Avec la croix, on trouva aussi le titre,
Les païens s'y étaient efforcés d'abolir la mais séparé, avec les clous, que saint;- Hélène
mémoire de la résurrection de Jésus-Christ. envoya à l'empereur, avec une partie considé-
Ils avaient comblé la grotte du saint sépulcre, rable de la croix, laissant l'autre à Jénisalem.
élevé au-dessus une grande quantité de terre, i;ile la fit mettre dans une châsse d'arcenl, et
pavé de pierres le haut et bAti un temple de la donna en garde à l'évèque pour la conser-
Vénus, où ils offraient des sacrifices à cette ver à la postérité. En efTet, dans le siècle sui-
idole, afin que les chrétien^ parussent l'ado- vant, on ne la montrait qu'une fois l'année, à
rer quand ils viendriùenl en ce lieu pour ado- la solennité de Pâques, c'csl-à-dire le vendredi
rer Jésus-Christ. Constantin donna ordre d'y saint. L'évèque, après l'avoir adorée le pre-
bâtir une église magnifique, et en écrivit à mier, l'exposail pour être adorée de tout le
l'évèque Macaire, lui recommamlant que ce peuple et de là sans doute est venue dans
;

bâtiment surpassât en beauté non-seuU'mcnl toutes les églises celle pieuse cérémonie. On
les autres églises, mais tous les édifices des ne montrait noint à Jérusalem la vraie croix
autres villes. J'ai donné ordre, ajoute-l-il. à hors ce seul jour; sinon quelquefois, par
Dracilien, gouverneur de la province, d'em- grâce particulière de l'évèque. en faveur de*
ployer suivant vos ordres les ouvrier.= nécos- personnes de piété qui avaient fait expn's le
saires pour élever les murailles Mandez-moi jielerinage. Quant aux clous. ('x)nstanlin en fit
quels marbres précieux et quelles colonnes mcllrc ime partie dans son casque, cl une

(1) Soc, 1. I, •. MI. Soi., UL o., iv.Bu9«b., Kiio I. lU, c. lc et un.


UVRE TRENTE ET UNIEME
partie à lu bride de son cheval, pour lui ser- à Dieu ; les ayant toutes assemblées et
car,
vir de sauvegarde dans les combats. fait asseoirsur plusieurs nattes, elle les servit
Cependant, par ses ordres et par les soins à table, tenant elle-même l'aiguière sur le
de sa mère, on bâtissait l'église du Saint- bassin, pour leur lave, ios mains, apportant
Sépulcre, qui ne fut achevée que six ans après. les viandes, versant le vin et leur prés^ntanf
Autour s'élevait une ville comme l'ancienne, à boire. Enfin cette pieuse" princesse étant
mais non à la même place, et ce semblait être retournée à Rome, y mourut au mois d'août,
In nouvelle Jérusalem prédite par les pro- cette même année 326, entre les bras de l'em-
phètes. Près de là, sur le haut du mont des pereur, son fils, et de ses petits-fils, les césars,
Olives, l'empereur fit .nussi bâtir une église <[ l'empereur lui fil des funérailles royales (I).

magnifique, pour honorer le lieu de l'ascen- L'Eglise honore sa mémoire le dix-huitiènte


sion de Jésus-Christ: el une autre à Bethlôhem, l'août.
pour honorer la grotte sanctifiée par sa nais- Le titre de la croix, retrouvé par sainte
sance. Ces édifices étaient ornés de dons pré- Hélène, fut déposé dans l'église qu'elle fonda
cieux, de vases d'or et d'argent, dévoiles de 1Rome, el qui est connue sous le nom de la
diverses couleurs, et servaient à éterniser la '^iiinte-Criiix-de-Jèrusalem.On le mit si'r le
mémoire de l'empereur et de sa mère. Elle liaut d'une arcade, où il fut retrouvé en iVM,
fil encore quelque séjour en Palestine; et, renfermé dans une boite de plomb. L'inscrip-
entre les autres marques de sa piété, elle ren- tion, qui est en hébreu, en grec et en latin,
dit un grand honneur aux vierges consacrées est sur du bois blanchi et en lettres rouges.

(t) Eu^eb., Viia Cansl., 1. III. Soc, L II, c. xvii. Soz.'.., Il, c. :. Theod., I, c. xviii. Ruf., 1. II, e.
nSSERTATIONS SUR LE LIVRE TRENTE ET LMÈME

OE L'HERESIE D'ARIUS ET DU PREMIER CONCILE ŒCUMÉNIQUE


TENU A NICÉE

L'hérésie d'Arius qui troubla si longtemps le jour même où il devait j rentrer en


et si profoniiément l'Eglise r,itholi(juc, s'é- triomphe.
leva ail IV" siècle. Son nom lui vient d'Arius, Nous n'écrirons pas l'histoire de celle héré-
lié sur les frontière» de Lyl>ie, dans un jiays sie qui troubla l'empire juscpi'à la dernière
voisin de l'Egypte et soumis à l'évéqiie d'A- heure et pénétra même jusqu'aux tribus bar-
lexandrie. Arius était un homme d'esjirit et bares, pour se propager, par l'inva^^inn. dans
d'éloquence, habile dans l'art de feindre la toutes les contrées de l'Europe. Nous nous
piéfi', ami des nouveautés et par dessus tout, bornerons à en indiquer les divisions. Eusèbe
désireux de parvenir à lépiscopat. Durant le deNicomi die ne voyait, lui, dans ariani«me,
I

schisme de Méléce, il fut privé de la commu- qu'une doctrine qui nf> ble-sail pas le> prin-
nion pour avoir adhéré à ce schisme; mais il cipes de la foi, et ne la faisait consister que
y fut rétabli plus taid et ordonné piètre. A la dans une certaine façrm d'expliquer subtile-
mort de l'cvèque Achille, voyant qu'on lui ment le dogme de la Trinité. Lui el les siens,
avait préféré Alexandre, il fut tellement irrité avec cette basse intelligence des cho»e=, con-
de n'avoir pas été promu à ré[iiscopat, qu'il stituaient le parti /jo//'//ç«ed'.\riu5. Maintenant,
commença à répandre ses erreurs. Or, Arius, à coté des Ariens purs; il y avait trois autres
combatlait la divinité du Verbe; car il aflir- sectes : la première était relie des Anoméeos,
mai( (jue le Fils de Dieu était une créature, et qui disaient K- Fils dissemblable du Père et
n'élait pas de sa nature, vraiment Dieu; et avaient pour coryphées, Aètius, Ennomius et
bien qu'il convint que le Verbe avait existé plusieurs autres; — la seconde était celle des
avant tous les siècles, il niait cependant qu'il Sèmiariens ijui niaient la consubstantialité
,

fût coclcrnel au Père. Alexandre, dans un du Verbe et nilirm&i' nt poui tant (jue le Fils
concile tenu en 31!) ou 3iO, rejeta de l'Eglise était en tuul semblable au Père, même en
Arius et s*" .idlicreiits. Arius se retira en sub-tance; les principaux chefs de cette secte
Palestine avec iiuel(]iies partisans et s'y conci- élaieiil Basile d'Anes re Gcor;res de Laodicée
lia l'amilie de plusieurs évèques qui entre- et Eustliatc de Sebasle;
,

— entin la troisième
piirenl de le délénilre. Le plus zélé d^' ces ilé- était celle des Acaciens, ainsi nommée d'.\-
lens'urs fut Eusebe de Nicomédie qui écrivit cace, éveque deCesari'C en Palestine, qui ne
plusieurs lettres à l'évéque Alexandre pour niait ni le consubstantiel, ni la similitude de
l'amènera révoipier la sentence poitée contre substance , mais atlirmait seulement que le
Arius, et tint un concile pour le di'lermincr Fils était semblable au Père Toutes ces sectes
avi'c p usiiHirs evèques, à recevoir Arius dans réunies tournèrent leurs etforls contre l'hé-
leur communion. Arius, plus .audacieux, se roïque défenseur de la divinité du Vetbe,
mit à propager ardemment «on hérésie et le grand .\llianase ; mais elles ne réussirent
m.irchaiit sur b'S traces d'un poète anacréon- point à Ttiballre par la calomnie el il leur ré-
ti«]ue,nommé l'olade, il composa un poème sista toujours avec une invincible constance.
abomiiialiie. intitulé 1 halte , en ce genre de .\ l'époque où l'aiiani'me dés(dail l'Eclise,
vers qu'aiment à chanter les gens du peuple. éclatait le schisme de Mélece. Méléce éveque
.

Alexandre lui répondit par une lettre pleine «le deLicopolis, avait u-iirpé les droits et les pri-
foi et de 'ocliine et empêcha l'hérésiarque vilèges 1 atriarcâux de l'évéque d'.Mexan-irie.
d'aliuser le pi'uple avec son poème. .'Vrius , Saint .Vthaïase, dan* sa seconàe .-l/-''/ 7tV. dit
après une \ie di;ilée en Palestine et à Constan- qu'il avait été condamné en synode par saint
lioople, mourut misérableiuent à Alexandrie, Pierre , évèque d'Alexandrie , eotre autr«
DISSERTATIONS SUR LE 6IVRE TRENTE KT UNIÈMB.
ertmes, pour être tomlié, durant la persécu- œcuménique, les représentants des sièges
tion de Dioolétien, dans l'idolâtrie; et, pour ce orientaux dirent que l'empereur Basile, imi-
motif, il avait excité un schisme très-grave tant les anciens empereurs, avait réuni c«
dans le patriarcat d'Alexandrie. Non-seu- synode universel et pourtant rien n'est plus
;

lement il avait refusé à l'évèque une juste certain que la lettre d'Adrien II, pour l'indic-
obéissance, mais comme dit Théodoret (I),
,
tion de ce concile lettre adressée à l'Empe-
,

« il avait exercé sa tyrannie contre le pri- reur, qui fut lue dans la première session et
mat » Gélase de Cyziijue dit à son tour
; où l'on remarque ces paroles « Nous vou-
:

« qu'il avait entrepris sur les prérogatives de lons, volumus, que par l'industrie de votre
l'évèque d'Alexandrie, » par ambition ajoute , piété, vous convoquiez, à Constantinople un ,

Atlianase, pour être le niaitre de toutes choses. nombreux concile » Les légats du Souverain
Méléee avait tellement usurpé l'autorité dans Pontife qui présidèrent ce concile, dirent :

la Thébaïde et dans les provinces limitroplies « Le très-pieux et très-chrétien empereur,


de l'Egypte qu'il s'y montrait comme un
,
suivant les exemples de ses aïeux, a envoyé à
nouveau patriarche. Pour ménager un appui Rome ses très-nobles ambassadeurs, pour
à ses efforts impies, il avait formé, avec les demander un concile. » Quoique les anciens
Ariens, qu'il détestait d'ailleurs, une conjura- auteurs disent le concile de Nicée convoqué
lion contre l'Eglise. par Constantin, on doit donc tenir pour cer-
Enfin l'Eglise était encore troublée par la tain que si, d'une part, dans cette grave cir-
controverse sur la Pâque , soulevée dès le constance, il mérita bien de l'Eglise ce n'est ,

tem[)S du pape Victor par les évêques de point, d'autre paît, par son ordre, mais par
l'Asie Mineure qui voulaient célébrer cette
,
l'autorité de saint Silvestre, qu'eut lieu la con-
fête, le quatorzième jour du mois de Nisan, vocation.
malgré la tradition contraire des Apôtres, Le concile se tint en 325 trois cent dix-huit
;

conservée par la chaire apostolique. évèques y assistèrent la plupart, durant la


:

Tandis que l'Eglise était affligée de ces persécution de Dioclétien, avaient souffert,
maux, on crut nécessaire d'y opposer, comme pour la religion, toutes sortes de tourments.
remède, l'autorité de toute l'Eglise. Le pape Avec les évèques étaient venus, à Nicée, un
Silvestre 1", qui avait, dans les attributions de très-grand nombre de diacres et de prêtres,
sa puissance souveraine, l'indiction des con- et bien qu'ils ne portassent point suffrage dan»
ciles généraux, décida que la première assem- le concile, parce ([ue ce droit ^l'appartient pas
blée œcuménique tiendrait à Nicée, en
se à leur ordre, ils assistèrent cependant les
liiihynie. Constantin mit tous ses soins à la évèques, dans l'examen des controverses, de
célébration de ce concile et mérita si bien de leurs soins, de leurs conseils et de leurs doc-
l'Eglise que les historiens du temps affirment trines. Dans l'ancienne collection des conciles,
qu'il réunit lui-même le concile. En efl'ct, il de Cresconius, évèque d'Afrique, on rappelle,
eut soin, par l'envoi de lettres très-honorables, d'après la tradition, que le concile dura de-
d'inviter de tous cotés les évcques ; il accorda puis le 13 des calendes de juillet, jusqu'au 8
gracieusement la ville de Nicée ,très-com- des calendes de septembre.
mode pour une grande réunion ; eut l'atten- Le pape Silvestre présida le concile, non
tion d'olfrir cluiipie jour, aux évèques assem- par lui-même, parce que la vieillesse l'em-
blés, d'abondantes provisions; et voulut même pêcha d'entreprendre un si long voyage, mais
assister 'le sa |)ersonne au concile, non-seule- par ses légats, Osius, évèque de Cordoue,
ment pour illustrer de sa présence la sainte Vitou et Vincent, prêtres de l'Église romaine.
assemblée, mais encore pour ([uc tout se pas- Gélase de l^yzique, dans son histoire du con-
sât avec ordre et selon les rites de l'Eglise. cile de AVcp'e('2), dont il a [)uisé les détails dans
Nous ilonnons ces détails pour montrer que si la Vie de Couslantin [)ar Eusêbe (3), dit :
les anciens auteurs disent le concile convoqué « Osius, des Espagnes, remari|uable. par la
par (lonstanlin, il ne s'en suit pas ([ii'il fut célébrité de son nom et de sa renommée, oc-
convin|ué en vertu de son autorité |)olili(]ue cupait la place de Silvestre, évèque de la
et au détriment de la seule autorité compé- grande Home, avec les prêtres romains, Viloa
tcnli^ (lu Souverain Pontit'e. et Vincent ; il assista avec beaucoup d'autre»

Nous pourrions citer plusieurs exemjiles aGn au concile. On ne dit pas ici expressément
1)

il'étaliiir que cette manière de parler ne peut qu'Osius ('tait légat du i)ape saint Silvestre,
prouver (|ue b- concile fut convo([Mé par t'au- mais Zaccaria, dans VAiilileljioiiius (4), dit
lorité de l'empereur non par l'autorité du
, qu'il y a quelque chose de trou([ué dans ce
Pape. Au (Concile de, Sar(li(|ue, les Pcres, dans passage d'Eusêbe. Mais il ne manque pas d'au-
leur lettre synodale disent que le concile a
, tres monuments pour s'ex|ili(|uer, en termes-
été c(jnvoqué par les très-religieux pritu'cs formels,sur celle Icgaliou il'l isius.O.i les trouva
Constant et Constance; et Atiianase, larlanl entre autres, expressément dans l'aucienno
du même synode dans sa lettre aux siditaires colleclion de Canons, oU'erls à Charleinugae
dit : a Que Jules, ponlit'e romain, écrivit qu'd |iar Adrien I" en 784 Pliolius (fi), le con-
;

fallait tenir un concile. » Au vni' coucilo fesse également ; si tout ce que saint SilvosUa

(1) Ttiéoiiorel, liv. !, ch. iv — (2) Géliwcil.i Cyieiuc. Uni. du C'ihc. dr Stréf, liv. II, <;I|. v. ~''i) Bii-.ùi):, Vit
la Cu'<«(untiti, Liv. lU. » (i.) Zucoârik, Àntifiirvii>u4, i" part., liv. tV, cU.u. -~fi) PUdtiui, 'u«d. uuuvt.M
BISTOIHE UNrVBHSBLLB OB L'BGLISE CATHULigf R

ou fait existait encore, peut-être la siège, il simplement évéque de Cordoue;


était
a écrit
léf^Hlion serait-elle coDfirmee par le témoi- il soumis aux droil.s provinciaux de
était
l'évéque de Séville Est-il croyable que, s'il
gDaj^e du poDtife.
:

Launoy qui, dans sa n'eut représenté la plus grande puissance,


il est facile de réfuter

lettre à Raymond Formentin , prétend .)ue celle du pontife romain, et tenu la jjlac du

Vilon et Vincent ont nspislô au concile, mais pap", il eût, hors de sa province, eu Orient,
ne l'ont pas préside qu'O^ius le présida, mais
;
présidé un concile général, avant les légats
à cause de sa reiiommi^e et de ses mérites dans du saint-siége, avant les {latriaches d'Alexan-
la délenso do la foi; point à la place du
pape drie et d'Antiocbe, avant le primat de toute
suit l'opinion r.'Vtrique? Est-il croyable qu'il eût lempli, à
et par son autorité. l'>lmjniu=i
Nicée, la l'onctionpubli que duchel'de l'hulise,
de LauDov. 11 est facile, dis-je, de les r.'tiiter:
car, pour parler d'abord de Viloii et Vincent,
quand au coni ile d'Elvire, dans une petite
assi4er au concile au ne m du pape et remplir assemblée d'éveques, Osius n'eut que le second
sa place, c'est la même chose que le présider. rang, et, au concile d'.Vrles, ré\èc|ue de Cor-
Celui qui supplée la présence ilu Souverain doue n'est même pas compté parmi les princi-
Pontile, est supposé remplir les foni^tions de paux évêques?
celui à qui il aiqiartient de présider, en toute Oue dire des évèques qui devaient être
puissance. l'Église universelle. C'est ce qu'af- fnnemis d'Osius, parce qu'il avait défi-nda
firme parfaitement saint Léon, dans ce passage v'.illamment le foi catholique et combattu
riiérésie arienne? Il est parfaitement certain
de sa lettre au concile de Chalcédoine, dont
abuse Launoy « Il faut embrasser, dit le
: qu'ils n'eussent pas voulu souffrir, dans un
pontife, le conseil plein de religion du très- concile œcuménique, la présidence d'Osius,
clément prince qui vous invite à vous réunir s'iln'eut été avéré qu'Osius devait présider le
pour détruire les embûches du démon et ré- concile, non comme évéque de Cordoue, mais
tablir la paix de l'Église mais en respectant
,
au nom du pape. Théogène, évéque de Nicée,
le droit cl l'iionnoiir du bienheureux apôtre ; où se tenait le concile . Eusebe de Nicomédie
c'est pourquoi, il nous avait invité, par ses et plusieurs autres, étaient ambitieux et ariens.
lettres, à nous rendre à ce vénéralde concile ; Qui se persuadera qu'ils ne seraient pa*
mais ni les nécessités des temps, ni la coutume intervenus quand Osius prit 1» présideute,
ne pouvaient le permettre ; du moins que votre s'ds n'eussent compris que son autorité procé-
fraternité jjens^ que nous présiderons ce con- dait de ses foni-tions de légat du saint-siéife?
cile par nos frères Pascan et Hmentian, Pour comprendre combien ceci est invraisem-
évèqnes, Boniface et Basile, prêtres, (|ui sont blable, il sut'tit de rappeler, entre autres, un
envoyés par le siège apostolique. » Assister au trait du sixième concile général. Dans c«
concile au nom du pontife romain est donc la concile, les métropolitains, qui étaient sou-
même chose que présider à cause de son sou- mis à l'évéque de Constantinople, résistèrent
verain pouvoir dans l'Église. Saint Léon ne à Fortunius, évéque de Carthage, et primat
s'exprime pas moins clairement dans sa lettre de toute l'Afrique, qui voulait avoir sur eux
à l'empereur Marcien n J'ai appelé de la pro-
: droit de préséance. Si les ariens, sous Cons-
vince, (jui paraît la plus tranquille, mon frère tance et grâce à sa faveur, tirent tant d'ef-
et co-évêque Pascan et l'ai envoyé pour sup- fiu-ts pour atténuer la force des décrets de
pléer ma présence je lui ai adjoint notre
;
Nicée et ne se servirent jamais, pour détruire
frère et co-prétre Boniface et ceux que j'avais son autorité, de cet argument Qu'on avait
:

dépèchésprécédemment ,je leurdonno maint^^- violé le droit ecclésiastique en déférant la pré-


nant pour coadjuteur notre irère, l'évéque Ju- sidence à l'évéque de Cordoue cela prouve
:

lien.... Parce que plusieurs de nos frères, au manifestement qu'alors pci-sonne ne pouvait
milieu des troubles de terreur, n'ont pas su mettre en doute qu'Osius eut présidé parce
garder la constance catholique il convient , qu'il tenait la place du pontife romain, qui a
que mon frère et co-évèque préside le concile seul le droit de présideme. Ou conclut donc
à ma place. » Que si, d'après ces témoignages, qu'Osius, à cause de son siéae, ne pouvait
suppléer dans un concile les fondions du pon- avoir, au concile, aucun litre à la présidence.
tife romain et y assister à sa place, est la même On ne peut pas dire dav.intage que les mé-
chose que présider le concile à cause de l'au- rites d'Osius l'aient fait préférer, ^^r, avec
torité du pontife romain, il est clair que Vitou lui, assistaient au Cuncile, des hommes qui ne
et Viment n'ont pas a-ssislé seulement au con- lui étaient point inférieurs en mérites Tel :

cile de Nicée mais l'ont présidé puisi|u'ils


, ,
I tait Paphnuce qui, par ordre de Maximiu,
tenaient la place et représentaient la dignité avait soutferl les plus cruels tourments,
de Silvestre. tel était Polamon qui avait soutTert, pour la
Avec juel argument probable peut-on se religion, les plus affreuses tortures tel était ;

persuader qu'Osius. éveque de Cordone, pré- Paul , évéque de Néocé.^arée de l'Euplirate,


sida le concile de Nicée, non par l'autorile du qui, dans la persécutiuu de Licinius avait
pape, mais à cause de la célébrité de son nom ib'iiné les plus beaux exemples de ccnstaiice
et de ses mérites dans la défense de la loi'.' i-t de bravoure. Leur gloire est célébrée dans
Osius n'était pas évèquc de quelque grand Kuliu, Epiphane et Théodoret (I). Il y av.iit

(l)EutlD, liv, 1, c. IV ; Épipli., Biréiit uix ; Théodoret, li». I, ch. va.


DISSERTATION^ tVii LE :.: ,UE TRENTE ET UNIÈME.
encore d'autres évèques recommandés par le torité des actes ce Nicée, publiés par Gélase
par les iiiiiaeles, comme
ditn de piopluHie et de Cyziijue.
nous l'npprenous de Théodoret et de Kufîn, Les canons, dressés à Nicée et parvenus jus-
pour Spiridion, évpque de Tiraiuntlie en Cy- qu'à nous, sont seulement au nombre do vingt.
pre, saint Jacques de Nisilic, en Mésopotamie, D'innombrables manuscrits en fourn'ssenl la
et Nicolas de Myie.en Lycie. Eusthate.évèque preuve les anciens auteurs^ parlant des ca-
;

d'Antioehe et Alexandre, patriar. he d'Alexan- nons de Nicée, n'en comptent également que
drie étaient présents Tliéodoret (1) comble : vingt. Théodoret (3), ne compte pas plus de
d éloges; Sozoméne (2) recommande for-
celui-ci vingt canons de Nicée et dit qu'on en a trouvé
tement l'éloiiucnce de l'autre. Ce ne sont donc autant dans les archives d'Alexandrie, d'An-
pas les mérites d'Osius qui ont pu être un tioehe et de Constantinople, lorsque les évèques
motif de piél'érence, mais il n'a dû le grand d'Afrique recherchèrent ces mômes canonSj
honneur de présider qu'à son titre de léj;;: avec grand soin, au v<: siècle. 11 n'y a pas op-
du pontife rcjmain. position entré Théodoret et Rufiu qui (4),
Le concile général du Nicée définit que le comjite vingt-deux canons car Rufin a :

Fils de Dieu était consuhstantiel au Père, et coupé deux canons en deux, comme l'ont
proscrivit absolument tout ce qui n'était pas prouvé plusieurs érudits, et de deux, il en
conforme à la doctrine catliolique sur la divi- a fait ainsi quatre. Cela réfute abondam-
nité du Verbe. En ce qui regarde la vieille ment P. Cbrysostome de saint Joseph,
le
controverse sur la céléliration de la fête de qui, dans sa dissertation sur le nombre des
Pàque, les pères de Nicée ordonnèrent de cé- canons de Nicée, outre les vingt dont nous
lébrer cette fête le ciuatoizièrae jour de la lune parlons, prétend que le concile eu pui)lia
après l'é(|uinoxe de printemps, et ainsi le décret plusieurs autres sur les appels au pontife ro-
du concile général déclare ce qu'avait statué, main, les bigames, les lettres fermées, les
dès le ne siècle, le pape Victor, traitant avec sacrifices d'après midi et plusieurs autres
les évèiiues d'Asie. points de discipline ecclésiastique. On voit
Gélase de Cyzicjue, évè<{ue de Césarée. en également par là, combien s'est gravement
Palestine, écrivit l'histoire des actes du pre- trom|ié François Turriani, en publiant, d'après
mier concile de Nicée. Cette histoire, qui fut un exemplaire aralie, quatre-vingts canons
écriteau temps de Basilique, c'est-à-dire à une qu'il affirme avoir été dressés par les pères de
époque postérieure, ne s'accorde pas avec la Nicée Abraham EchcUens, Maronite, publia
;

Vie de Constantin par Eusèbe auliv II, chap. également quatre-vingt quatrecanons nicéens
xiv, où on lit « Ur, ce dont on était convenu
: avec plusieurs autres statuts qu'il attribuait
en commun, pères le firent confier à l'écri-
les au concile et le P. Ciirysostome de saint Jo-
;

ture et le confirmèrent de leur souscription.» seph s'efl'orça de soutenir l'opinion de Tur-


Or, on convint, d un avis commun, seulement riani. Mais tous ces canons que les melchites,
du symbole, des canons et de la lettre syno- les jacobiles, les nestoriens, les coptes, les
dn'e. Outre cela, on n'écrivit donc rien comme abyssins, les arméniens, les grecs et les maro-
o'uvr(! du concile Et cela ne contredit pas le nites tinrent pour légitimes canons de Nicée,
témoignage d'Athanase, au livre De Synodis doivent être regardés comme apocryphes (3).
que Baronius, à l'an 3^j, II" Gi, pense avoir Plusieurs contiennent des détails inconciliables
éi rit lui-même
les actesde Nicée. L'exacte ver- avec toute antiquité et contredisent même le
sion ce passage de saint Atbanase porte :
lie concile de Nicée. Pour établir que ces canons,
« Si, pour cette affaire, on désire connaître quoique anciens, ne sont pas cependant plus
les usages du synode, nous avons les écrits anciens que le concile de Chalcédoine, il suffit
des pères. Car ceux qui avaient assisté au con- de remarcfuer qu'on y lit souvent le nom de
cile de Nicée ne furent pas négligents, mais patriarche, qui ne commen(ja à être employé
ils écrivirent avec soin « Ce passage se rap-
: qu'au V' siède.
port!! sans doute à ce qui fui décidé d'un com- il n'est pas inopportun de dire, en passant,
mun suffrage, au symbole, aux cations et à la un mot du vi' canon de Nicée. Ce canon porte:
lettre synodale. 11 parle d'ailleurs d'un autre Il Que l'antique coutume soit conservée en
texte dt! saint Albanasi! que les actes ne furent Egypte, en Lybie et dans la Pentapole, de
pas écrits. Dans sa lettre De derietis Nicœnœ manière que l'évèque d'.Mexandrie ait la puis-
Sijnodi, Athanase parle ainsi « Puisque votre : sance (métropolitaine) dans ces contrées, piircc
dilection désire connaître ce qui s'est fait au que Ùrliifi Homœ Episi'opi parilis inos est. >^

synode, je n'ai admis aucun retard et vous ai Rulin d'Aquilée (6), traduit ainsi ce canon :

fait connaître sur-le-cliarap cei]ui s'est passé. » «Que l'on conserve la coutume iv*.\lexan-
Si les actes du concile avaient été recueillis drie comme à Rome, d? manière cpie
et publiés, Athanase n'aurait pas eu Imsoin l'évèque égyptien ait la sollieitnde ib;
de faire ce récit, il lui eût sufUl d'en appeler ri'^gypte, comme l'évèipie de Rome a la sol-
aux actes ipii eussent contenu cxplieileiiienl licitude des églises suburbicaires. n On sait
tous les détails. Ou voit donc quelle est l'uu- la controverse qu'a excitée, parmi les on •

(1; Ttièotloret, liv. a. ch. nvi. — (2) Sozonioiio, liv. II, ch. x. —(S) Théodoret, liv. I, ^h. viw. —
(4) IMlIti, liv. I. ch. V. — (5) Hiilln d'Aquil^M, De kitmsibui, cil. VI. —(6) Voir lù-desaus la diaserUtiQB
5e HISTOIRE ONlVBnSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUB
dits, cette interprétationdu concile de N'icée. sion de régler l'atlàire d'une manière générale
Pour toucher un mot de celte querelle, nous et de statuer en sorte que les droits des pa-
n'avons rien à dire des eusébiens et de leur triarcat'- et des grands sièges ne souffris'^ent
conventicule de Philippopoiis, où l'on pensa aucun détriment. I^s pères n'employèrent pas,
que ce canoa renversait la priniùpauté de la dans le canon, le mot d'ordination ; ils vou-
chaire romaine et la monarchie de touUi lurent pourtant mettre a couvert les droits et
2'Égiise, pour introduire un système aristocra- privilèges de l'église d'Antioche et des autres
tique, partageant, entre les trois patriarches, sièges principaux, <jui n'avaient, d'ailleurs,
un égal pouvoir. Nous ne dirons rien non ])lus rien à démêler avec le schisme de Mèlecc. Le
des raisons avec lesquelles Hhotius s'ell'orça de sens du canon est donc celui-ci L'évèque d'A- :

justifier cette grosse erreur, pour défendre lexandrie doit exercer son pouvoir sur le« pro-
l'impie projet de la dissidence qui déchira vinces soumises àson droit |)atriarcal, l'Egypte,
l'Kglise. 11 estévident que les di'oils de la pri- la Lybie, la l'entapole, comme toute» le; pro-
mauté du pontife romain ne sont jjas violés vinces d'Occident sont soumises au droit
par ce canon, et après comm^' avant le concile patriarcal de l'évèque de Rome. Et certaine-
de Nicée, ce fut dans l'É^hse, ro[iin on com- ment, dnws le passaw précité telle ooil être
,

mune, que le souverain pontife avait sur les l'opir:: ;Ti di; Ruiin ijui donne plutôt une para-
patriarches la prirauiUé do juriiliclion. Témoin plirase qu'une version c'est du restp, le sen-
;

la session iv du concile d'Eplièsc, où Juvénal, timent de Valois dans ses Observations sur la
évéque de Jérusalem, dit « C'est la coutume, : nouvelle venion de l'Ilisioire de Sucrate et
par l'ordre et la tradition des apôtres, que le Sozomène {\). Celui ijui croit devoir au-epter
siège d'Anlioche soit diri";é et jugé par le cette explication n'a plus à demander avec
siège de Rome. » Témoin le concile de C.hal- Léon Allatius : D" rouseiisinne Orinitalis et
cédoine. qui déclare, dans son rajqtorl au Occideiitnlis Ccclesiœ (2) : • A quoi bon songer
pape Léon « Qu'à l'évèque de
: Rome a d'urliicairc et de suhurbicaire, dont il n'y a
été contié le soin de la vigne.... En gouver- même pas trace dans les paroles du concile?»
nant selon 1h coutume, vons étendez le rayon Celui-là, dis-je, devrait allirmercpie RuIin par
apostolique jusiju'à la ville de (]onstanti- suhurbicaiie. a entendu tous les sièges de l'Oc-
nople. » Témoin Félix III, qui, dans la lettre cident et les a crus, de droit patriarcal, soumis
synodale aux prêtres et aux archimandrites à la puissance de Rome. Et qu'on n'objecte
de Bythinie et de Constanlinople dit « Trois : pas que par provinces et par pays suburbi-
cent dix-huit saints pères, assemblés à Nicée, caires, selon la manière ordinaire de parler, oa
ont déléré à l'Eglise romaine, la considéra- ne poite pas si loin le sens de l'expression.
tion de toutes choses et l 'autorité. » Enfin, « Com' ien y a-t-il de mots, dit Jac<|ues Sir-
Gélase et Roniface hr rendent le même témoi- mond (.(); dont lasignificationvariesuivanl les
gnage. L'un, dans sa lettre VIII à l'empereur circonstances? Les contins de l'Orient sunt-ils
Anastase, dit L'autorité du siège aposto-
: (( les mêmes, lorsque nous parlons du comte d'O-
lique, qui le met au-dessus de tous les sièges rient et du préfet du prétoire d'Orient? Les
chrétiens de l'Église universelle, est confirmée bornes de l'Asie sont-elles bs mêmes, lorsque
par la série des canons des pères et par une nous parlons du proconsul d'.\sieet du vicaire
multiple tradition. "L'autre, dans sa lettre xiv du diocèse d'.\sic? Les limites de l'Italie sont»
aux évècpies de Thessalie, dit u Le concile de : elles les mêmes quand nous parlons du pays
Nicée n'a rien osé mettre au-dessus de l'Eiilise gouverné par vicaire d'Italie et du pays
le
romaine, parce que le Seigneur avait tout ac- atimini>trè par le préfet du prétoire il'Il.ilic?
cordé à cette église. » l'aiirquoi donc l'u-age qui a donné à ces mots
Pour expliquer le sens de ce canon, il faut et à mille autres des sens ditlèients, ne peut-
rappeler ce que nous avons dit du schisme de il pas tomber sur les régions suburbicuires,

Mèlèce, évèque de Lyeopulis, qui avait u-uipé que Sauuiaise entend ilcs régions soumi>es au
les droits patriarcaux de l'évèque d'.\lexan- préfet de la ville et que j'interprète, moi. des
drie. L'évèque .Mexandre avait appniié au pays soumis au vicaire? De même, les églises
concile de graves plaintes contre l'audace .-uburbiraires ne peuvent elles pas rè;{ulié-
et l'arrogance de sa ccmduili'. On ilressa donc remenl s'entendre de celles qui .stmt situéci
ce canon sixième, pour défendre contre l'iu- dans le dii>cèsc et sous la puis^aoce de l'évc^ue
daee de Mclèce, surtout les droits d'urdinalion de Rome (4)? •
propres au.\ patriarclies; et l'on i>ritde là occa-

(1) Ch. I. sur le vi* concile lia Nicée.— (-2) Liv. II. oh. va. u. 4.— (S) Di*s<?rt II, Dr tuburLicariù.—(h' Oi:tr*
les ailleurs précités, consulter Emmauuel â^uleslraui. L'antig.iitéile
» t'éutist par Ut momtuntti,
aimoulrét r-
rom. U, Dissen. IL
DISSERTATIONS SUR LE LIVRE TRENTE ET UNIÈMS. SI

DE LA RÉCENTE DÉCOUVERTE DES ACTES DU CONCILE DE NICÉE

Une découverte des plus impartantes pour les traces de leur condamnation et les preuves
l'histoire ecclésiastique vient d'êtr»cnmiinici- de leur défaite.
quée à l'Académie des Inscriptions ot Bolles- ))De ces actes nombreux, dont la collection,
iettres,dans sa séanoe du 9 février 1872. au dire d'un historien du cin(]uième siècle,
En explorant, aux mois de septembre et ressemblait à une vaste mer, il ne nous est
d'octobre de l'année précédente, les manuscrits jtarvenu que le Symbole, résumé de la partie
orientiux du cé'èbre muses de Turin, un jeune dogmatiipie, et une vingtaine de canons con-
savant, M^ Eugène Révillout, a découvert, au cernant la discipline. Nous avons bien encore
milieu (.«is papyrus, une version copte des ac- des dociiiuents provenant de l'arabe, mais
tes du premier concile œcuménique de Nicéo, beaucoup d'érudits les tiennent pour apo-
ayant pour titre Actes du saint concile. D'a-
: cryphes.
près lescaractères palèographiques, cet anti- » Les fragments extraits par M. Révillout
que et vénérable manuscrit appartiendrait au de-; papyrus de Turin appartiennent à la par-
quatrième siècle. M. Révillout, (jui a, sans lie murale des actes du fameux concile ; de
doute, comparé le texte copte avec les divers "elle partie, pas plus tpie des registres des
monuments du concile de Nicée, peut-être délibérations, nous n'avions absolument rien.
même avec les manuscrits syriaques de Lon- Cette découverte ne manquera [las de causer
dres réi'cmment édiles, ne doute pas de l'au- une grande cuiotion dans le monde savant.
tbentiiilé de l'orii^inal. Nous n'avons non plus Les caractères paléographiques et philologi-
aucune raison d'en douter, jusqu'à plus am- ques des pa[iyrusnutorisent a les faire remon-
ple information. ter à la seconde moitié du quatrième siècle;
Les manuscrits connus qui ont servi à compo- ils seraient donc contemporains du concile de
ser les grandes collections des conciles ne con- Nicée.
tiennent qu'un abrégé îles actes du concile de » Gélase de Cyzique, qui a fait l'histoire du
Nicée, tel qu'il nous a été transmis par Ihisto concile, raconte qu'il eut entre les mains, dans
rienGf'lasede Cy/.ique.Cet abrégé est très-court sa jeunesse, un exemplaire complet de ses
et ne peut donner aucune idée des actes origi- actes; qu'il les avait étudiés longtemps; il
naux. La récente publication du troisième li- renonça, dit-il, à les apprendre par cœur ou
vre de l'Iiistoire de GiUase, par M. Ceriani, de même à les copier en entier à cause de leur
Milan, avait complété ce court extrait; maia immensité, il dut se contenter de prendre des
ce n'était encore qu'une petilcaddition.Au con- notes.
traire, les fragments des actes trouvés par I) Plus tard, il essaya en vain de se procurer
M. Révillout sont volumineux et Irès-impor- cette collection; il n'en obtint que des frag-
tants. ments ; ainsi, dès le cinquième siècle, les actes
Aussi l'Académie, fra[)pée de l'importance du concile, autant à cause de l"aostilité des
d'une telle découverte, a-t-ellc écouté avec un ariens qu'à cause de leur grande étendue,
vil' inlérél la communication du jeune et étaient déjà perdus ou [leu s'en faut.
sympathique savant et lui a-t-elle donné les » M. Révillout a parlé avec-admiration des
encouragements les plus llalteurs. fragments qu'il a dticouverts et qu'il va pu-
Voici, du reste, comment le Journal officiel blier; ils inléressent l'histoire profane aussi

du 10 février a rendu compte de la séance dans bien que l'histoire ecclésiastique ; ils doivent

laquelle M. '\évillouta lu la note relative à sa éclaircir plusieurs points importants et dou-


découverte. teux ;le slyle en est élevé, la pensée élo-
« M. Eugène Révillout lit une note sur les quente et forte. 11 a promis d'en communi-
recherche» couronnées di; succès qu'il a faites quer pr,ochainement à l'Académie des passa-
en septcuibri' êl octobre de l'an dernier, dans ges. 1)

les papyrus copies du musée de Turin. Il y a Nous devons à l'obligeance d'un ami la tra-
découvert deux fiagmeiits importants ayant duction de deux passages de la version copte
pour titre Actes du saint concile. C'e-l du
: du concile de Nicée.
concile de Nicce qu'il s'agit; on sait que pres- Voici comment s'ouvre le premier chapitre
que tous ses actes sont perdus, les matiuïtcrits « Bon est Dieu le l'erc, bou le Christ, Sei-
ayant été détruits avec une fureur persistante gneur. Dieu bon le Saint-Esprit.
;

par lai hérélii^uus aricn»| int^rawé* à «tfao«r » Dieu, qui n'a ai coBumcuceuieul ui lai'au«
63 HISTOIRE UNIVERSELLK DE LÊGUSB CATUOLIQUB
nous embrasse dnns ?a divinité, car il est lo sim tabernacle, c'est la lumière en vérité.
priiicilifi el la tin de luiiivers. » S il n'e-t au pouvoir de personne de voir
» 11 n'y a pas de ci-6atfîiir dans la Trinité ; l'être même du soled, c'est ù cause du taber-
mais lui, Seif^neur, a criiii l'univcMs; il n"y a naeb; do Dieu, quoii|u'il soit bien pale en la
pas d'autre Seigni;ur que lui pour aucuuii de pré-encedc la gloire de Dieu (lacune.)
ses œuvres. » Le soleil a donné sa cLaleur, aucun fruit
I) Il a donné le libre arbitre à ceux qui sont ne peut prospérer sans lui, car Dieu l'a établi
dans le mcimle pour (|ue les volontéi' se révè- pour être la puissance du jour.
lent. La volonté de qurlinies-uns les a fait IlSi la créature est si admirable, de com>
asseoir prés du Christ, et les a élevés au-des- bien celui qui l'a créée ne la surpasse-t-il
sus des anges; pour les autres, elle les a por- pas ?
tés dans les enfers. IlLes peuples ne sont qu'un verre d'eau de
» Dieu n'a rien créé de mauvais les dé- : la mer vis-à-vis de la gloire de Dieu. Il est
nions mêmes ne sont pas mauvais par leur élevé, il est admirable, au-dessus de toute
naluic, mais par leur volonté. création; car Dieu est ioGni. Il remplit l'uni-
B La nature île IHcu n'a besoin de rien des vers; il repose sur les chérubins, Uii^sant
choses qui ont été ciéécs mais l'univers, lui,
; l'univers tremblant; il est le désir du monde.
a besoin lie Dieu. Rien n'a été ci'éé [)our sub- I) ("est [lourquoi il dit : Qui donc repous-
sister de sui-meme mais tout subsiste par la
; sera l'amour, qui donc ne désirera pas cette
force de sa volonté. » mer cil le cachée dans son corps et dans son
i

Ajjrés telle magnifique infrodurtion sur la sang, le saint mystère?


nature de Dieu et ses rapports avec les créatu- Il Si quelqu'un ose y participer sans être
res, les ['ères du cjuuile parlent de l'homme pur. il restera coupable du corps et du sang
et de ses devoirs. de Noire-Seigneur.
Ces pages sont i)lcincs île conseils et do pré- D 11 est la sainte oblation à laquelle tous les
ceptes (|ui eu feront, pour la théologie et pour hommes doivent participer avec amour
l'histoire, une source de documents du plus Telle est la loi. »
grand intérêt. Après la reproduction de ces extraits, qui
Voici, par exemple, au milieu des conseils permettent de juiçer du caractère des actes
donnés aux femmes sur la modestie et la pu- originaux du concile et d'ap[irécier le mérite
reté, une page de la plus haute et de la plus de la découverte de M. Flévillout, il ne nous
belle doctrine :

reste qu'à féliciter le jeune savant, auquel ses
« Une
vierge sainte ressemble à Marie. Qui travaux assurent déjà un rang distingué parmi
peut dire la grâce de la mèie de Nolre-Sei- les hommes qui ont bien mérité de la science
gnenr que Uieu a aimée à cause de ses œu- et de la religion.
vres 1 C'est pour cela qu'il a ("ait habiter chez Nous empriintonsau Journal officiel io nou-
elle son iils bien-aimé. On l'appelle le Père veaux renseignements qui complètent ceux
éternel, le Père du Christ, et ou appelle aussi que nous avons déjà donnés sur la découverte
Marie la mère du Seigneur; et en vérité, c'est elle de fragments imi>ortants des actes originaux
qui a engendré celui qui l'nmil créée. Kt il n'a du premier concile de Nicée,
pas été amoindri parce que Maiie l'avait en- Ce fameux concile, qui eut à combattre la
genihé, et elle n'a pas perdu sa virginité. Elle plus puissante des héré-iies, l'arianisme, eut
a enfanté 11! Sauveur; mais lui, il se l'est ré- lieu en 323. Soit que les matières qu'il traita
servée comme un tréi^or précieux. » aient rempli des volumes trop consiitèralilcs,
Ici, une regrettable lacune ; puis le texte par suite difficiles à copier et à transmettre,
reprend : soit que la fureur des aiiens condamnés se
« Le Seigneur regarda dans sa création soit exercée contre ces vénérables documents
entière, et il ne vii rien qui ressemblât a Ma- dont les hérétiques poursuivaient la destruc-
rio c'est pour cela qu'il la choisit pour être
; tion, les actes du concile ne nous sont pas
sa mère. Si donc unelémme désire (jifon l'ap- parvenus. Nous n'avtins, pour nous cons<jler
pelle vieriçe, qu'elb- ressemble à Marie, Marie de leur perte, que le symbole, résumé s iccincl
qu'on a ap|iclée en vérité la mère du Sei- de la paitic dogmatiipie. et une vingtaine de
gneur. canons concernant la discipline ecclc-iiisti|ue.
Celui i|ui reçoit avec pureté le corps du
I)
Le reste de ce qu'on a publié snus le nom dtf
Christ ri'çoit une nourriture sublime et il a la concile de .Nicét^ n'inspire qu'une très-uicilei-
la iiuissauce de ressusciter les lucu'ls. .admira- cre counauce et pas;c eu général pour a,"i-
ble est le soleil au sommet les cieux mais son , cryphe.
éclat n'est rien devant la gloire de Dieu. Les témoignages des cnnlem|w»rain5 sur la
Comme une étincelle par rapport au feu, beauté, l'éloquencf, l'élévaliiiii des ael -
ainsi est la gloire du soleil devant la gloire concile de .Nicée sont faiis pourauLim-' !
de Uieu. S'il n'est au piiuvoir d'aucun homme regrets de cette lacune d ins i'Li^loir'
de coiUempler la face du soleil si p;\le qu'il tianism Cette lacune vient d'être
. •

est, de même il n'est au pouvoir de persimne parla découverte de fcui lets existant >lan~ a
de cniiteuipler la grandeur iutinie de Dieu, cidlection des pipyrus du musée de Tu;....
car nul homme vivant ne voit su face. Il a Quelques-uns de ci-s leuiilels. couvert-- d une
place, dil-U, sou tabui'uade dau:> le sulâil : écriture çvpte trè* ancienne, ont été rcvon-
DISSERTATIONS SUR LE LIVRE TRENTE ET UNIBMB. M
nus par M. Eusfpni; hévilloiit pour des frag- viiptions sont plus sévères
Clu^couque : «
ments lie la collection conciliaire dont Gélasô s'oiiibellit à l'église en-dehors do sa nature,
de Cyzique, l'hislorien du concile, nous parle fait outrage au créateur. » 11 est lecommandé
avec tant d'a.imiration et (]u'il avait lue u.v femmes de ne ^« présenter dans
.
les lieux
dans r.a jeunesse, ("rs fragments ont trait .-iiinls et en public que le visage voilé.
à la morale et constituent une suite de pré- Oa sait qu'il existait au ([uatrième siècle
ceptes propres à guider le fidèli; dans la pra- «'eux états de virginité pour les femmes il :
y
tique de la vie. Les caractères de l'écriture . vait les vierges qui menaient la vie monasti-
permettent de faire remonter les papyrus ue ou cénobitique dans les couvents •
il
y
JUS ju'au i|iiatri(''me siècle, à une époque voi- :iit les vierges, appelées aussi sœurs
.
ipiri-
sine du concile. Dne note curieuse, phuéi; en ulles, qui restaient dans le monde et recher-
tête des feuillets, indique qu'ils ont été donnés Uaient la société des prêtres. Saint Jérôme se
par une pieuse veuve à un couvent de la ïlié- ,
ononça avec vigueur contre rii;°l tuiion des
1

baïde, dont nous connaissons l'Listoirc et qui eurs spirituelles, alors lort en vogue, et à la-
n'existait plus à une époque Irès-ancifimc. On juelle il trouvait de grands dangers; quelques-
est donc doublement certain d'avoir mis la iinscroieutque ce fut la principale cause qui
main sur une version copte (vraisemblui)le- 1 empêcha d arriver au souverain pontificat.
mcnt contemporaine du concile) cîes actes de Dans d'autres fragments, la charité est en-
celtefameuse assemblée. seignée comme le loiidement de la leligion
Les fragments débutent ainsi « Bon est : du Christ et en des termes d'une grande élé-
Dieu le père, et le Clirist Seigneur Dieu Bon ;
vation. L'as.sistance aux réunions religieuses,
est le Sainl-E-iprit. Itieu, qui n'a ni commen- le respect et la di'cenci! «jui doivent
y piési-
cement ni terme, nous embrasse dans sa divi- der sont l'objet de prtiscriptions réitérées.
nité ; car il de l'univers.»
est le [irincipe et la fin Nous ne pouvons relever toutes bs indica-
Sur la question du libre arbitre, de la co- tions historiques ou dogmatiques qui i-ésiilteut
existence piélendue des deux principes le du texte de ces fragments; ont voit, par les
Bien et le Mal, les fragments s'expriment en citations .précédentes, qu'ils conlirment ou
ces termes « Dieu a donné le libre arbitre à
: éclairent des faits déjà connus ; ils eu lévelent
ceux qui sont dans le monde, afin que les vo- d'autres tout à fait iguorés; ils jettent sur les
lontés apparaissent. La volonté de quelques- mœurs du temps une vive lumière. Le pas-
uns les a fait asseoir près du Christ...; pour sage relatif à la disposition dans laquelle on
les autres, elle les a portés dans l'enfer. Dieu doilabiuder le sa<;rement eucharistique, dit
n'a rien créé de mauvais. Les démons mêmes entre autres choses :« Celui qui va vers le
ne sont pas mauvais par leur nature, mais corps du Christ comme à un feslm iniie Dieu,
parleur volonté. » et celui qui y participe en s'euivraul perd sa
Le rôle de créateur démiurge du Verbe est propre àme. a
nettement indiqué a Dieu n'a rien créé que
: Nous terminons cette analyse incomplète en
par son fils. » transcrivant icil'endioit trés-cuneux (jui con-
L'usure est flétrie : tient une sorte de définiiiou imagée de iiieu.
« Celui qui porte son calcul vers l'usure, « Aimirable est le soleil dans le soimuet
que veut-il pcjur lui dans l'Eglise? Il vaut des i'ieus. mais ce n'est rien devant la gloire
;

mieux que lui, celui i[ui dortdanssa maison.» de Dieu. Ciuime est une etinculle iievaoi le
Les l'ères ont trouvé bon de ccinsai-rer à Um, ainsi est la gloire du soleil devant la
blâmer le soin excessif de la toilitte cbcz les gloire de Dieu.
femmes un passage considérable dont nous » S'il n'est au pouvoir d'aucun homiui' de
détucbons ce qui suit « Celle qui porte
: contempler le feu du soleil, si peu qu u est,
des pierreries sur la tète montre son peu de de lueiue il n'esl au pouvoir de piisoiiue de
cervelle, et celle dont les cbevi-tix sont dé- contempler la giandeur iuliiiie tie L)i. u, car
noués, c'est-à-dire llollaiits, appelle à elle les nul livimme vivant ne voit sa lace. Il a j) acé,
in.sensés... Orne-toi pour ton mari par les ilil-il son tabernacle (habilution) dans le so-
œuvres de tes mains et pai' la sagesse de ta leil. Son tabernacle, c'est la luiere, eu vé- I

bouche. N'aime pus à te parer, 6 iénime, mais rité S'il n'est au pouvoir de personne de
souvien>-loi de toutes les belles qui sont dans Voir l'être même du soleil, c'est a cuise du
le sépulcre... Mon
éloigne-toi dune
fils ,
tabernacle île IJieu, qui est eu lui, .pioiqu'il
feuune qii aime la parure, car c'est alUclier soil bien pâle eu la piescuce de lu -loire de
l'ailultère que se couvrir d'anneaux et de Dieu Si la créature est si admir.ibl , de
cloclieltes. Tu reconnaîtras une femme qui combien celui qui l'a créée ne la depasse-l-il
Lait b; |)écbé à la |Mireié de son visa^je; (puuit pas'.' Les peu|des ne sont qu'un Verre d'eau
il celle qui mil dn noir à ses yeux, elle mon- lie la ruer, vis-à-vis ib' la gloire de Dieu... Il
tre par la sa futilité le soin du corps n'a pas
; rem[dit l'univers il repose sur les clierubiii.s^
;

besoin de ces chose». C'est vanité cjue de les l.iissuul l'univers Ireiulilanl. Il est le désir du
po. tc'r. A quoi sert le noir des yeux / On gâte muude. Il

une belle image par la fumée des lam|ies. » M. Eugène Bévillout est chargé par le mi-
Voilii pour lu vie ordinaire et, en quelque '>lerede l'insti u.liMii publnaie ib; continuer,
sorle, pidiane mai';, ipiand il s'agit du es-
; r.i i.alie, les leelierches cpi'il a .si heureu-n-
tuujc que l'ou duil ^.oi ter à l'Eglise, les preg» xottul cummuucue*
klblOlRE UNIVERSELLE DE LÉGLISE CATHOLKJL'B

III

LA DONATION DE CONSTANTIN

Le Liher Pnnfi/îmhs éniim^re une qnnnlit •


de sa guCiison par le pape Silvestre, «nrait
de pit'ri>s île loirc dont C'Hisl.iii-
fie inaisoiis ni accordé à ce pape et à se-- succc'-seurs un t;rand
lin doit avipir doii' l'I^g-lise de Home. Ces ilo- nombre di; droits ecclésiasti(|ues e' ;-iviU et
nations sotit ifcjà siis|ifcl''s, à cau«e du livre au clergé romain beaucoup de privilèges d'hon-
qui les relaie et qui a fait un si élran;çe aliU'^ neur et par-dessu-- tout à .Saint Pierre, dans la
de toutes les liclions (le5teni|is de Symmaque. personne <lu pape, la ville de Rome et l'Italie
Mais la suspicion augmente encore, si l'on tout entière.
'considère que toutes ces donations sont attri- Il de répondre à deux questions:
s'agit ici
buées au seul (Constantin, tandis que le livre où etquand ce document a-t-il été fabriqué?
ne sait plus parler d'aucune autre faite jiar Ce document exi-te en grec et en latin ;

ses successeurs, justju'à Justin et Justinien, au mais on ne le trouve pas plus dans les ancien»
VI* siècle, qui, eux, n'auraient donné à l'E- manuscrits de la Légende de Silvestre, que
glise que des vases pour Saint-Sacrifice. 11
le dans les premiers exeniplaires du Liôer Pon-
faut ajouter à cela le silence de tous les cm- lificalis ;» il a été inséré dans les uns et les au-
temporainset la cinon-tance que Constantin, tres, à une epo(ju3 postérieure. Cepenilaut on
quelque généreux qu'il se soit du. reste mon- le lit dans les plus anciens manuscrits de la
tré envers l'Eglise, ne l'a jamais dotée de ter- coileclion ps''udo-isodorienne, ce qui prouve
res, mais de revenus et de secours d'argent. qu'il a été confectionné avant l'année 830.
L'auteur de la vie de Silvestre, dans le Lif/er Baronius déjà prétendait que la donation
Ponlificaliii \)i\Ta.it donc prendre toute la liste était d'invention grecque et (jue le document
des biens que l'Eglise avait acquis jusqu'au qui la relate avait été écrit en crée et tnms-
vir ou viii'^ si( cle, temps oii il vivait, comme porlé d'Orient à Rome. Bianchi a accueilli
la liste des donations faites par Constantin. cette assertion avec bienveillance, mais toute-
Néanmoins, Assemanie pcn-e qu'Adrien I" fois avec l'indication peu fondé-' qu'elle se
avait encore des titres de donations de Cons- trouvait dans Balsam'n(3). Plu< réc-mment,
tantin en main, puisqu'il s'apjiuie, dans son Ricbter (4) pensait à son tour que le docu-
écrit à Cliarlemagne, en 775, sur ces titres, ment était d'origine grecque ; mais le con-
qu'il dit déposés dans les archives du Vatican. traire est démontré jusqu'à l'évidence, aussi
Mais lorsqu'on y regarde de plus près, l'on bien par le texte grec que par le contenu.
voit qu'Adrien parle de donations en Tuscie, Dès l'introduction, Constantin parle de ses
à Spoléte, etc., faites par divers empereurs, SfUnipes, auxquels il donne le pas sur le Sé-
patriciens ou autres personnes pieuses, à Saint nat et les Archontes (optimates). Or cette ex-
Pierre et à l'Eglise de Home, mais enlevés à pression n'était pas en usage chez les Byzan-
l'Eglise par les Lombards. 11 existe encore tins, mais à Rome et chez les Occidentaux,
Ehisieurs titres de cette catég(wie (1). Chp-lien comme nous le remarquons dans la lettre de
upus avait déjà remarque qu'Ammicn .Mar- l'aul I"à Pépin (,T)et dans un document de
cel lin ne jiarlait qi;e d une seule source de l'empereur Etheired (au lieu de Ealdormani).
richesse pontificale, en 370, des oftVandes des En outre, le traducteur grec n'a pas bien
matrones (c'est-à-dire de tous les tiilèles) et compris ou mal lu le passage de l'auteur l-itin,
qu'à Cette époque, l'Eglise romaine n'était pas quand il dit que l'empereur s'était choisi
encore en possession de grands et de riches comme patron auprès di- Dieu, saint Pierre et
patrimoines (:2). ses successeurs, firmos apud /Jeum patronos, car
Jusqu'au milieu du viii' siècle il n'existe il traduit avec non sens nftitoj; -»; -(,> 6t4»
donc pas de trace de cette douation, devenue nitipi;, c'est-à-dire primas apud Deum patres 6).
sicélèDre, par laquelle Constantin, imnu'l •- Il est certain qu'un auteur grec, en ènume-

tâment après son baptême et en recouuoutsancc rant les quatre trincs orientaux, n'aurait pas

(1) Ital. hittoriir scrip. illust. III. 329. L'indication de Gfroerer (Gr^s.VII.i.V, p. 6) est erronée, lorsqu'il dit
(}ac Baronius avait publié plii>leurs documems, par k-sipiols Cons;nntm avait fuit don de. irois twi'.ili'pies
j-rincuiales do Rome, de miii-uiis. etc. B-iromus avait coi>iè ces passages du tiVr P.niificald. vi —
Synn-
tlcrutr, gtnT. Décréta. «!c —
Bruxelles, 1671. IV. S9;. (3) D-lla t>otrtla e polizin delta .«*«•. V. p. I -JOg.
— (4) Droit "colésisslique, 6' t'dil., ii. 77.— (5) D'ictm .•fM^I'-lmum cwi rjw s :linfiitu>. Ap. O'nni m nu-
vtenia, I. 154. C'est a iisi que le roi Luilprand envoie ses duce- ei ju/r,!^. i,. iil,. ,, .utif. éd. v'unjii, II, 63.
—{6) Oe l'tdiJiUoai aai ScfivTwpo^. il faut conclure qu'il y «vait dans l'or.i^iaal latm du traducteur palir<.«Of <r
DISSERTATIONS SUR LE LIVRE TRENTE BT tJNIËΫ. Cï
placé ConstanWnople en dernière, mais bien Enfin, l'assertion que : Constantin, en tenant
en première ligne. Cela n'a pu se faire qu'à les rênes du cheval deSilvestre, aurait rem|)li
Rome où l'on refusa de reconnaître Inno- le rôle de palefrenier, cr:dtTwpo5 6<f«pixiov licoiTiaaaEv,
cent III, 1<'= canons des deuxième et quatrième est tant pour les paroles que pour la chose elle-
conciles t;énéraux, qui réglaient les rangs des même d'origine occilentale, puisqu'elle répu-
sièges patriarcnux. gne aux monir-retaux habitudes des Orien-
l)"un autre côté cependant, l'on aperçoit les taux. La première fois qu'un fait de cette
intentions byzantines du traducteur, lorsqu'il nature eut lieu, c'est lorsqu'en 7,'^4 Pépin ren-
maintient l'affirmation que le palais de Latrnii dit cet honneut Jl) au pape Etienne lil, qui
surpassait en magnificence tous les palais dir était venu le visiter. Cet acte de Pépin avait
la terre, tout en écartant le privilège attaclio tant plu à Rome que peu après on l'attribua
a l'église Saint-Jean de Latran, qu'elle était la également à Constantin, alîn de l'établir
tète et la mère de toutes les églises du monde, comme un exemple et une règle à suivre par
caput et vertex onimum ecdesiarum in univeno les rois et les empereurs.
orbe ler7'arum. La supjiression dans le grec du La question principale de l'original latin,
passage des possessions de la Judée, de l'Asie, c'est-<à-dire l'abandon de la ville de Rome et
delà Grèce et de l'Afrique, etc., que Constan- de l'Italie fait aux papes, est de rechef repro-
tin aurait données à 1 église de Rome pro duite dans le texte grec de Balsamon, tandis
concinnalinne luminarium est tout aussi carac- qu'elle manque dans d'autres comptes-rendus
téristique, f\ la qualilication de summus Pon- grecs, notamment dans ceux de Matthieu Bios-
tifcx et univevsalis urbis Romœ Papa, simple- tares il3.'r)(:2), cl dans celle de Boulanger et
ment traduite par tw \i.i'(i'kM Ij:it/<o;:u> xa't xaO'jXizù deFabricius(3)qui l'avait tirée d'un manuscrit
jtira, avec l'intention manifeste de
ne pas parisien. Celas'cx[ilique clairement. La dona-
employer le mot oîxou|jlevi/.65 (|ue revendique tion fictive a obtenu chez les Grecs une consi-
aussi le patriarche de Constantinople et qui dération distinguée, voire même canonique ;
aurait mieux répondu à uniccrsalis que le mot elle se trouve insérée, depuis B ilsamon, dans
".ïOoXt/.oî, de manière à ce que toute la qualiO- un grand nombre de manuscrits (4) apparte-
ration, jelon l'usage reçu dans le langage nant au droit canonique oriental. Les yeux
ecclésiasiiquc oriental, convenait tout aussi des Grecs, pour le reste si clairvoyants en ce
bien au patriarche d'Alexandrie qui s'appelait qui concerne les inventions latines, étaient
également t.xtzii, qu'à l'évè que de Rome ; tout dans le cas présent tellement voilés, qu'ils
cela, dis-je, dcmnc à penser sur la fia que se crurent et exploitèrent laigement, dans ia
proposait le lradui;teur. pratique, la fiction si manifeste des Romains.
De plus, nous rencontrons dans le document Blaslarcsen est tout ébahi. Selon lui il r/v a
grec le mol xoOvaouXoi pour Consules, mot qui, rien de plus [lieiix, rien déplus honoraole que
à notre connai-sance, n'a jamais été en usage le l'ail de Constantin, et il tandrail l'annoueer
dans la langue grecque, tandis ((ue uitaxoc n'y et le publier partout. Lel entliouMa^me avait
est ajouté que comme explicatif. Cette ma- pour principe un lalciil biensimple. L" canon
nière d'agir ne se comprend que d'un traduc- du deuxième concile général de 381, ce Palla-
teur. Au même endroit le texte grec trahit une dium du droit de l'Eglise byzantiuc, décrétait
évidi'ute mutilation de l'uriginal faite par le que l'éveque de Constantinople devait avoir
Iradurleiir. L'original en etlet dit que le : tous les privilèges de 1 éveqiie de Rome, cl
flergé devait jouir, de même que le sénat conséqiiennnent que le clergé de la nouvelle
impérial, du privdége de voir de ses membres Rome (levait à son tour jouir de tous les di oiU
nommés pralricieus et consuls, c'e-t-à-dire de du cierge de l'ancienne. Ainsi dit Balsamon cl
les voir nommés aux plus grands honneurs ainsi pensèrent avec lui les clercs de la capi-
auxquels on pouvait atteindre dans l'empire tale : tout ce que Constantin avait si piudigu-
grec. Au lieu de cette distinction, qui exprime lement accorilé en honneurs, richesses et pri-
un désir naturel et réalisable dans la posuinn vilèges au clergé de la i'iome anlujue, devait
où se trouvait alors le clergé romain, le texte revenir en part égale aux prêtres et aux
grec renferme une décision dont personne patriarches de Constantinople. Un déLiet
n'espérait sérieusement la réalisation à , im[iérial postérieur, égal menl reproluit par
Bav(jir que le clergé romain ail à aequéiir la
: Balsamon (£), servit de conliriuatioii au dèi ret
noblesse et la grandeur que possédaient les canonique, il disait que Cou^tanlinoii e ne
membres du ^rand Sénat, les praticiens, bs dcvuil pas jouir de.-- privilèges de l'Italie siin-
consuls elles autres personnages de dibliucUou plemcut, mais mcmo de ceux de Rome. Les

(tl Vicf SIrntnris utque aliquanlum loei juxln


tn yHn S'i-p^ann'.* Vignoli II. 101.
pjiis sielinrum properuvU.
— (2) Dans Fioviiriilge Pamlntif Cannnum 1, [i
:
. ,
'
i. p.
••- •

117. SiMilmiienl il est à coustaler que lo tradncloiir
latiii 11 ndiciili'îiiiMil cléllgiiié le sisiis en faisaie
'lire à l'enifiiTCur Pl'n-mi ni pn/ia ,iii m'ie Homu et ncci'l'ii-
liilil/us u nilius /inivinci X
. i «riiAu.i rrinl. —
(3) liihliuth. griicn. Ed. iiov VI. G'J9. ('i) lU sont ou £;imi1'IiJ —
pallie énuniéiis dans Bienei' De (.olleciwin'w cmi num. hul. Gracœ. 1827. |i. 79. U.ins lo Cod^'X do VI iino
:

dicii; par Lanibcciiiu Gummoiit. ib. Vlll, p. 1U19, nov. edt.. on lil la iomari|ue suivanle
:
nj^EÇcSXi) :

6>j iito TOI» âyiiutiTou jcaipiip/ou KtoV(rt«vTivo):4XEU)i; xupoO (ftoxiou taûta. Un hoinino aussi ver.^é que l'Iini.ud
ilaiis la liliéraluie et l'iii.itDiiO ceouuuut iiuliirclli'iiienl n.ni-seiili'iiienl i'urigine upociyplio, mais iu»''>i'i) la
Umdaoce d» U llctiba. — (âj Cf. lit. I. C. 36. p. Mi. puis titul. \IU. c. i. p. UM «9. ÉMio Pans. l(i:0. —
HlHTdlhR L'MVKMsKLLK ; . l.fiOLISE r.ATHOUgLT!

•nirorpiirs du Bne-Fmjiirfi arrppl/rpnt em- Italie, quand bien rréme son jonc psrftt in«tip-
nomo'* les décisions du dnciimniit ipii avaient pirtable comme sous Ie« deux ieonoclaslp»
.i|i|i<>rl aux ditîniti^s pcclésiasliijiip'; pt fiviles, l.éon et Constantin Copron^Tne iU ne le ;

f' cV"! vpitn de res décidions (]\\o Mii-lifl


Pti voulaient pas. alors mémp qu'ils pn avaient
Palf'oloiriie ordonna pn 1270 an patrinrchi- l'occasion et le pouvoir. Indépendamment d»
»iii(', paiTP qnn Ini, ompPrPiir, avait élcvt^. le cela nruis voyons, depuis rtS.1 jusqu'en T4I,
dinctp Tlii'nnoro Skiitariolc; aux fondions dp di\- Papes »p succéder. i|ui tous, un seul excepte,

Itilta-oiiiiilax (jutr<' siiprèmi- tu cus/os jii.<ili/i(p), elaienl les uns Syriens cominp Jeai. <', S*T(fiu!-,
il ait î\ à IVlpvcr à nnp diffiiitp cor-
suri lOiir Si-innius, Constantin et Grécoire 111; 1p!i
rospondantc, h colli". par pxpmido. dp Rxfikn- .lutres Grecs, pomme Konon. Jean VI. Jean VI|
lakoïlos(asse?spiir dn patrinrolip avecpri^-pance et Zacharie. Ce f'"''- à lui -eul, montre 'Uifl-
snr les pvl^tjnps), confortnémcnl au rp'^crit de srimmenl que l'inflnence byzantine êtai:
Constantin à Silvpstrp (1). •
•ncore toute-puissante à Rome, et le seui
La donation Ptait du rpste poniuip d('|)ui^ Romain entre tous ces Pape- cité»:, Gréifire II,
dps sirrlps pn Oi'cidpnt avant qup Ips Grpcs lui fit précisément tout ce cpii Mail en s^jn pou-
accordpipnt nnp séripusp alleiilion. GporRPs voir pour maintenir .^ou« la domination trrec-
Hamartluilu^f'ii l'écommpnt publii^ et cpii avait riue les Italipns exa-pérés par la tyrannie de
écrit en 84 'i rappoitp assez pomplélprnpnt Ips l'iconoclaste Léon el rlèjà décidé- à se rhoisir
fables de !u léi'ei\de de Silvpstrp, mais il ne un emperpur véritablement romain. Fn'*
dit pas lin mnt de la donation. Il laisse plutôt révolte s'étant déclarée contre Byzancp, dans
Pemperpur, aprps qu'il avait choisi lîvzance le duché romain, Gré'.'oirp II y envoya de»
pour résidence impéiiale, aliandoniuT l'Oppi- troupes romaine- pourl'npai'ipr et fit porter :
dent à ses h'I' Constance et Constant et à son Constantinople la lèle dps chefs des in-urgé-.
neveu Dalmalius. Le premier Byzantin ipii Les Papes considérèrent toujours toute con-
en fasse usage c'est Balsaraon qui mourut quète faite en Italie par les Lombards au pré-
comme patriarche d'Antioche en 1180, aune judice des Grecs comme un malheur qu'ils
époque où les Grecs avfyent depuis longtemps cherchaient à éviter par la prière et les re-
pprdu ju-^qu'à la dernière tracp de ])Osspssi(m montrances, même par des intercessions per-
teniloriale l'n Italie, et où la donation de l'Ita- -onnelles auprès des rois Lombards. Ils recon-
lie au Saint Sié^^e était ahsidument pour eux naissaient bien que lorsque la possession de
une chose devenue tout indifl'érente. Mais, en ce l'exarchat de Ravenne aurait aggrandi la
temps-là, les Latins dominaient depuis long- puissance lombarde et excité son désir rie
temps en Syrie, et il est très-probable que posséder la presqu'île toute entière, leur
c'est par eux que le document dont il s'agit est propre dépendance et celle de Rome de cette
tombé en son pouvoir. puissance détestée serait immédiatement ré-
Il est donc hors de doute que la donation de solue.
Constantin a été imaginée en Occident, en la crainte des Lombards et l'an-
Combien
Italie, à Rome, par un membre du cler^îé tipathiecontre leur domination n'onl-ellej
romain. C'est ce qu'indique encore l'époque pas du être fortes à Rome, pour qu'on leur
où elle fut répandue. préférât toujours le joug byzantin, i]uoique
C'est avec une vraispn)blancp qui louche à les papes et le clerj^é romain n'eussent cer-
la certitude que l'on peut fixpr l'origine du linement [las eu autant à endurer de leur
I

document de la donation de. Constantin à cette "art i]ue de celle des Grecs. Car que d'cxar-
période d'années où la puissance des Lom- lions n'ont-ils pas eu à souffrir et à .«uptiorter
bards commençait à cire ébranlée, c'est-à- p l'avidité des exarque» i l'un desiiuels il a
.

dire 752 jusqu'à 777, époque où le pape :.llu livrer une fois comme caution les vase*
Adrien" 1" fait, pour la première fois, mention sacrés de Saint-Pierre (vers 7tK)).
du document. L'auteur ne pouvait pas, à une Ensuite les papes n'etaient-ils pas obli^A
époque antérieure, attendre de succès pour sa de se justifier chaque fi>is que l'empereur
fiction. Il voulait fonder un granil Etat cm- avait conçu ipielpie soupçon? C'est ainsi que
bra.ssant toute l'Italie sous la nomination pon- jnocédajuslinien II avec le pape Sergius; et
lilicale, à la pface de cette Italie, divisée entre I pape Constantin, en 709. ne fut-il pa5 dans
les Lombards dans laquelle Uome
et les Gi'ecs, 1.1 nécessité de se rendre à Nicomedie a l'ap-
était exposée aux assauts des uns et aux mau- jipI de l'empereur pour s'expliquer pendant
vais traitements des autres. A Rome, ou préfe- ]iic i'i'xarque Jean lii exécuter à K>>me quatre
rait néanmoins la douiinali(mi;rectph','|uclijue ii;enibres rlist.ngués du clenre de lavile(-«).
écrasante (|u'elle tùl parfois, à lelle îles Lom- Kl Cependant le deifoùl -ie- Lombiirls l'em-
bards, que l'on regardait comme le plus j;rand -rla. La cause princip.iie de celle haïue était,
I

de tous les malheurs, tandis que l'on obéis-ait lanmi! il semb e, l'i-pril remUAUl >-l dctasia-
volontiers à l'Empereur et a l'exarque de leur de» Lombards, ce bexiin de pillage el
Ravenne. Les Papes étaient bien oloii;nés de '.'i cendie qui menuç.iil finaleuienl de clian-
vouloir renverser la puissance grecque eu ^ r tuut« celle belle |ircs<|u ile.:u ux vaste dé

(\)Novell(t Cnn<lit»t'onff Imptrntn' tan po$l Juilvuan'tm, tdit. Zaoli.ir.T, I8i7. p. 5?i.—<21 C^ tmiecm, «4
B. (le Murallo. Wiropoli 1859. g. >»9. — fJ) Ki(o C mtanUni. Bd. Vife-noli. II. p. ».
DISSERTATIONS SUR LE r.frns THENTE ET UNIÈME. 6S

fert. Ce ne fut qu'alors ([iiaml riiicapacité des Le contenu et l'intention de


ait attribuéi'.
Grecs, ou leur antipathie à soul'nir le? vro- cette tictionétaient éiianLjers à cet auteur
vinccs ital enoi's loiitre los Loinharils força français des Tinsses décrétâtes; le lani^age
les Romains à renoncer à louis ilésirs et à ilcs même est différent. Cependant il n'est pas
es]iéranoes lona^lenips l'.iros'-éfvi, t[u'ils se jetè- possible qu'elli' soit seulement du x« siècle,
rent entr le? liras des Francs. En 732, comme le prétend l'oratorien Morin. Il at'tirme
Etienne IV avait encore supplit^ l'empereur i^u'Othon III indicpiait dans sa charte des do-
pree d'arriver avec une année pour diMendre nations de l'année 999, un diacre du nom de
l'Italie contie les Loinliards. Jean , surnommé digitormm mutins (c'est-à-
Grégoire II avait tenté, vers 728, <le former iliro mulilus, mozzo), comme celui i]ui aurait
une confédération entre les villes pour s'op- écrit le document sous le nom de Constantin,
poser autant aux Grecs qu'aux Lombards, avec des lettres d'or. Morin croit que ce diacre
nome devait être la tète et le centre de la Jean est le même dont le pape Jean XII se
confédération. La tentative échoua. Cependant serait d'abord servi comme d'un instrument à
l'on mûrissait, de plus en plus à Rome, le pro- ses desseins, et auquel il aurait ensuite, en 964,
jet que la puissance pontificale pouvait liien fait couper la main droite (3i. Morin se trompe;
être substituée d'un côté à la domination ilé- car on aurait jamais surnommé digitorum mu-
faillante di-s Grecs et de l'autre au joug in- tilus, avec les dois^ts coupés, celui ipii était
supportable des Lombards, et c'est dans cette privé d'une main. La donation constantinienne
pensée que fut rédigé le document ilont il est était certainement déjà connue avant que le
question, document (|ui piésenlait cette foime diacre Jean, dont il est question dans la charte
comme la plus normale, déjà pressentie et dé- d'Othon, l'ait copiée en lettres d'or, pour lui
sirée par les premiers empereurs chrétiens. Il donner un plus grand éclat.
n'est plus possible aujourd'iiui de bien déci- L'analyse et unp élude plus approfondie
der, si ce document fut fait avant ou après la du contenu de la donation, donneront une
donation de Pépin; mais il est certain qu'il certitude plus grande à l'assertion qu'elle a
vit en tout cas le jour avant la fondation du été rédigée à Rome, entre 750 et 774.
royaume franc en Italie, avant 774, car depuis Voici, par articles, ce que la donation oc-
cette fondation toute idée se rattachant à la troie aux jiapes et au clergé romain.
création d'un royaume italien, sous la domi- 1 Constantin veut élever le siège de saint
.

nation des papes, n'aurait plus eu de raison Pierre au-dessus de l'empire et de son propre
d'être. Cependant, le document a pu être ré- siège, en lui concédant des prérogatives impé-
digé après la concession de l'exarchat par riales.
Pépin, afin d'avoir nne prétention historiiiue 2. Le Saint-Siège doit avoir nne puissance
à établir sur toute l'Italie au moment de la, supérieure à celle des patriarches d'Alexandrie,
chute prévue du royaume lombard. C'est dans d'Antioche, de Jérusalem, de Constantinople
ce but que fut ima^Mné peu après, sous Char- et de toutes les enlises du monde (4).
lemagne, un nouveau document écrit en un 3. Il doit juger et prononcer sur tout ce qui
latin barbare et souvent inintelligible, fai- touche au culte et à la foi chrétienne (,5).
sant raconter à Pépia des événements qui se 4. Au lieu du diadème, que l'empereur vou-
seraient passés entre les Grt^cs, les Lombards, lait poser sur le front du pape et que celui-ci
le pape Etienne et lui, d'après lesquels il au- refusa, l'empereur lui a accordé, à lui et A ses
rait promis au pape prcsipie toute l'Italie, y successeurs, de porter le phrygiuni (la tiare)
compris la Vénétie et l'islrie comme donation et le lorum que les empereurs avaient autour
et Bénévent et Naples comme prix de sa vic- du cou, ainsi que les autres ornements et in-
toire (1). signes impériaux.
Le pseudo-Isidore a reproduit, comme nous 5. Le clergé romain doit jouir du privilège
l'avons déjà dit plus haut, la donation de insigne des "sénateurs impériaux, de pouvoir
Constantin dans la pensée qu'elle datait
,
obtenir les honneurs du pitriciat et du con-
d'une époque [dus reculée, et en ellet elle se sulat et de porter les ornements permis aux
trouvait dans tous les manuscrits connus. Il employés nobles de l'empire (aux Opli-
n'en est certainement pas l'auteur, ((uiuque mates).
toui récemment eucore Grugorovius (2) la lui 6. Les fonctions des Cu/nculani. Ostiarii et

(1) Pépin y nomme au lionl'empereur Constantin l'ompereiir Léon l'IsKurien de I^m inssuilenr
rie ,

(Marinus) ilitquel il 11 y a ici unis cniifinion entr-


aurait en la visiio. le prêtre Manima envoyé ne Homei
Pépin et Spatliunuo Marinus que Lénn avait oii^nvé à R.inie avec la permission ilo fuiro ilupuraitro
.ivail lor-
à'i la scène iln moufle le pnno GréK'oire II. Le rlo.-nniCMi racnnle ilu reste qne l'om|iereiii' «rue
mellement pi-nnis an papo île rc^lieiolier nn antre protecteur avec, lequel il iléeiilerait lilirenn'iit sur hi
sort du (Inché île Itoiiie et do l'evaroual. Ce ilooument n'a évnlemnient été l'ait t|iie (Inna le
double
dessein de faire di-iparallre une iliDi nlii'i ilo droit par la concesaion byzantine et d'obtenir une ( omiliuu
plus étendue He Chmlumagne. —
(i) Hi^lo.rr dp la mile de Rome. II 400. Conni a »o itoiin 'i^ya la inOinâ
chose et WflU'''?"'!''"» »>•«''•'<«' "-"rfi'i*, comme it dit. Uonum. 1,30'.. —
(3) D'aprùs I.uiiliraad, W W.
Olioitis.

Collée. Portï V. 340— (\) l/s Orocs ont supprimé cet article dani la rérensino de Ulaslares et
dans celle
du manuscrit pansiijn. —
>) hniifinlis rm/i/wj ot|5ït(a que Mnach (-«nr la dnnalion do Constautiii, V- i^t
traduit par «l'armée inipénalo» insinuant pur là pie le cler«* romain éiait avi.l.i .le porter des
m-^unea
ta mot
aiilitairu-. S'il avait ouvert le Gtouanum d* Ducangt, il aurait vu ce que jigiulUt à oette ipo.) le
militui ou Ttfazia,
6i HISTOIRP, UNIVKnsEr,LE DE I.ËGI.ISE CATHOLIQUE
Exnthitœ, doivent être dans les allrihutions tine. Ce Sénat dont
clergé voulait être
, le
de l'Eslise romaine. l'égal prérogatives
dans certaines n'était ,

7. Les membres du clergé romain doivent pins cet ancien sénat de Rome, qui avait dis-
monter des chevaux caparaçonnés de blanc el paru au VI' siècle, pemlant les guerres des
porter des sandales blanches comme les séna- Goths et des Lombards. Oublié pour ain«i dire
teurs. et perdu de vue depuis la fin du vT siècle
8. Si un membre du Sénat voulnit, avec jusqu'au milieu du viii' ^2), le Sèonl ne repa-
l'approbitioD du pape, entrer i\nu< le elerfj'é, raît à riiorizon (ju'en ITtl commr, issemblée
personne ne devait l'en empéi-lier (1). des Oiitimaies (.3). Depuis celte i|:oque, il a
y. Constantin abandonne la pos-e-sion de été fait mr-ntion de deux salle* sé'iaiorialcs,
Rome et des provinces, des villes et de< bour- établies dans les deux principales églises d«
gades de toute lltalie ou des contn-es o-'i- Rome où pape distribuait de sa main la
le
deiitales, au pape Silvestre et à ses succes- sainte communion à ceux qui avaietil le droit
seurs. de s'y trouver (4). On avait préciséra-'ut créé
D'après les détails et les soins avec les piels à Rome une nouvelle noblesse, compoM?e eu
tous ces articles sont traités, il est hors de parlii" lie l'aristocratie bourireoi^e-militaire et
doute que les diverses parties et la couleur de3 en partie de dignitaires ecclésiastiques; ce»
ornements pontificaux, les titres honorifiques derniers devaient (car tel était le but de l'au-
et les insignes, tenaieiil plus au cœur de l'au- teur du document de la donation) avoir part
teur, qui était certainement un membre du aux privilèges d'honneur, que les empereurs
eli!rgé, que ce neuvième article, si important ava ent coutume d'accorder aux membres les
néanmoins, en ce qu'il contenait la donation plus distingués de l'arislocralie militaire
>> Rome et de l'Italie et qui se trouve j)lacé laïque. L'honneur du Palricinl et du Consulat^
i: la suite des autres avec une si grande [lar- aiiqui'l le clergé romain devait avoir droit,
cimonie d'expressions. Et il est à remarquer selon l'auteur, était à moment la dignité c
ici <pie l'.uileur ne voulait pas qn»- tout l'Oc- la plus élevée à laquelle l'ambiiion (.i) pou-
cident appart nant à l'empire de Constantin, vait prétendre. Le patricien, c'est-à-dire le
à savoir les Gaules, l'Espagne, la Grande- membre du conseil impi-rinl secret, itait re-
Bretagne, fussent comprises dans le texte de vêtu d'un grand manteau brodé lorsqu'il pre-
la donation il n'était question que
: de la nait posse-sion de sa change, et les gou\'er-
seule Italie, il ne connais-ait probablement neurs des provinces se trouvaient extrêmement
pas les limites de l'empire au temps de Con- honorés lorsqu'ils recevaient ce litre, le plus
stantin, mais seulement l'état des choses du brillant de tout l'empire.
Viii" siècle, puisqu'il dit l'Italie ou les con-
: Le pape lui-même pensait, depuis l'année
trées occidentales, afin d'établir plus exacte- ~54, qu'il pouvait accorder le t tre île patri-
ment la configuration géographique de l'Ita- cien de la ville de Rome, avec l'agrément du
lie, qui comprenait alors encore l'istrie et les peuple romain el au nom de la republiqu»
Iles (le Corse et de Sardaigne Ce n'est que romaine {respublica romina] , qui parai>îait
plus tard que l'on a changé le ou en et. C'est encore toujours exister dans les idées, et il
dans le sens que nous venons d'indiquer avec l'accorda de fait à Pépin et à Chanemapn»,
ou et non et que 1 on a longtemps compris la qu'ilnomma patriciens. Cette prérogative .le-
donation, et les Papes Adrien 1", Léon I.\, vait concéder la dignité la plus élevée aprée
l'empereur Othon, le carilinal Pierre Uamieu, la dignité impériale, mais sans préjudici
ne trouvcriHit dans le fameux document (jue théoriipie de la dignité impéri de. Avec la
la cession de la seule Italie. disparition de la domination grecque dans le
Que si l'on examine maintenant les autres nord et le centre de l'Italie, disparut aussi le
aiticles louchant la concession des privilèges palriciat, comme dignité accordée aux seuls
que domMnilait et désirait si ardemment le gouverneurs des viUes, el il ne resta que l'uni-
clergé romain, l'on aperçoit facilement qu'ils que palriciat romain comme gouvernement
se rapporient en tout point aux circonstances ou admiuisfraliou de la ville de Rome
da.is le-quelb's ou se trouvait à Rome et en Ce n'est é:.'ak'ment qu'au viii* siècle ,

Italie, vers le milieu du viu° siècle. L'auteur comme l'a déjà remarque Savigny (6). qu'il
se préoccupait naturellement moins des arran- est pour la première fois question des Consuls
gements et des dispositions de préséance en qui formaient le premier degré des digni-
usage à Cojistantinople que de ceux qui ,
taires après les patriciens ; ce litre, qui dès
étaient en vfgueur dans cette partie de l'Italie, lors devint purement honorifique, au- 'était
alors encore soumise à la domination bv/.an- trefois porte par les premiers magislrals de la

(1) Telle est la traduction du texte grec. Le texte Jalin : nullut n n-t^tiliut prirtumnf «wpt'»» -it'-». ne
douno pa<. d'nprôs ce i|'ii pr^<cède, un sens satisf.iis .t. — (i) l> - iqs .le isi
"

rom..in, 1.367) sont exagérées eu ce qui .oacernc ct; poinu H 'd y ac. ;
,

des traces év! lentes de la coniimiitt- du S*iial romuiu. Celle j , ...^J n'est pas ....c- . :

pO'ir la périide qbi s'est écoulée .l.!p us UtiO à 750 '.3) S^i»i'inti set—eu c>u< prictru'n tt-.
diuer.M pop l> co.gregntio. VîJ. Cenui U 116 (1; Mibillm —
Mut. Uni. 11. XLIV, LIX. u. p.
. ;

gnoli. I. ^79. Viln Aç'i honi\. Dans coite vio les gi.iids divn.iain-s son! ainsi class.-s P./'n.j.. Hj,.i:t
eum Sj/iiCUiiiK Thfophylarius élan en 701 Cubicuiartut, Pulnciui al Exa'C'ius UaiuM. /6ul 1. 31^—(6) A. a. O. â.
t7d.ll cite Faiuii77i. Mnn Bav. I.tS.
DISSERTATIONS SUR LE LIVRE TRENTE ET UNIÈME.
ville.Théofiat le précfpteur d'Adrien (", en- et Pa il. En pape Paul I" écrivit à
eflfet, le
suite primicier de l'Eglise romaine , était Pèjiin, en 761, que
guerre que le roi avait
!a
consul honoi'.iirc et duc. C'est ainsi aussi que entreprise contre l((s Lrimbards avait pour
le moine Léonins avait été précédemment à la mobile de rétablir les lampes au tombeau de
fois cons\il et duc (1). saint Pierre (7).
On se faisait encore accorder le droit, tou- C'est ain^i que les caractères imrinsèques et
jours sous le couvert de Constantin, d'avoir extrinsèques du document nous indiquent la
des carac! iciî pontificaux, des gardes-portes période écoulée entre 730 et 77.'», comme
et dos gnrdi'S du corps {cubicidnrii oslinrii,
, l'époque où la donation de C'^nstantin fut
excubitorcs). Ici le temps s'accorde avec l'épo- composée La pensée d'Alexandre Noël et de
que delà composition du document. Il n'y son successeur Cenni, qu'elle n'était point
avait auparavant que des camériers ou cliam- connue à Rome avant le milieu du xi' siècle,
bcllan^ impériaux ce n'est qu'avec Etienne IV
; est certainement erronée Adrien I" y fait
et Adrien 1°' qu'npparait un l'amérier papal, évidemment allusion quan I il dit : que Cons-
Paul Atiarta, (]ui était à la fois cainérier et tantin avait accordé à l'Eu'i-e romaine n la
superista, c'est-à-dire intendant du palai_s (2). possession di's contri'(^s hcsiéiiennes » ces ;

Il fut question, pnnrla première fois, du ca- contrées sont les régions occidentales de la
moi'ier tonsuré {aibimlarius tonsura(u^) qui province Sj3;ji~iv yopùv îr.ïy/\xi dont parle le
présentait les ornements pontificaux dans le , document de la donation. .Malgré cela, on ne
prcuiior Ordo Romain, rcproduitpar M.diillon s'était pas donné, dès le ju-incipe, beaucoup
et proscrivant le rite romain, tel qu'il fut de peine pour la propager Depuis Adrien I""
d'usage à la fin du viii" et au commence- (760) ju-iju'à Léon IX (1033). on n'en fit pas
ment du XI' siècle. mi-ntion dans les écrite pontificaux, pas plui
Des portiers ou gardes-portes {Porlnrii vel que dans les premiers manusi^rits du Liber
Oi/inrii pro cuslnflicndo prilntio) sont dans , pontificnlis. Ce n'est que depuis, et par le
l'ordo de Ccncius (xii" siècle), nommés en psendo-I-idore (840) surtout, qu'elle se lépan-
seconde ligne parmi les corps des servitrurs dit hors de l'Italie et qu'elle ftit probable-
pontificaux, et déci'its parles fonctions qu'ils ment beaucoup plus connue en France qu'eu
aval nt à remplir (.<). Italie même. Car pendant que Luitprand (8),
Lod E.ixuhitores enfin, ou les gardes du évèque de Crémone, parfait ilogicu^emenl à
corpi. sont ceux q :! furent plus tard nommes Byzanceoù il était lé^at impérial, des magni-
Afk'i.lratnrfls. garde d'honneur qui accompa- fique» donations faites par Constantin à
gnait le pipe auxprocessionsetdanslesgrands l'Eglise de Rome, en Per-e, en Mésopotamie
cort('g''3 (i). et en Babvlonii', sans faire mr-ution du docu-
L'auteur de la donation attache évidrmmi'iit ment fictif qu'il ne connaissait pas et dont il
nn graml prix à ce que le clergé romain i'.;norait même l'existence, ce même document
ionise du privilège de monter des chevaux fut accepté par Enée évèq-e de Paris et
caparaçotniés de blanc. Ci'lti! anilntion se rap- llincniar de Rinms, c'est-à-dire par l's deux
porte parfaileraent au temps et an lieu, où ce hommes les plus savants et les plus distingués
j>i i\ ilégc était regardé comme une faveur pré- de leur temps, dans l'histoire et la littérature
cieuse, cxtraoc'linaire , dépas-ant tous les ecclésiastiques. Enée oppuse aux G: ecs en 868:
autres privilèges du clergé de Rome. Voilà que Con>tantin avait déclaré que deux em-
pourquoi le papeGré^oire le Grand avait déjà pereurs, l'un pour l'Etat et l'autre pour l'E-
lait connaître à l'archevèqui! de Ravennc t[ue glise, ne pouvaient jias simultanément régner
le clergé romain ne voulait absolument pas dans la môme voilà pourquoi Constan-
ville ;

accorder l'usage des caparaçons [mn/ipulœ) tin avait lran-=porté le siège de rem[)ire civil
aux ecclésiastiques de Ravenne (5). Le bio- à Byzance, en soumettant au siéueapostoli.|ue
graphe témoigne un grand mécontentement à le duché de Rome et d un grand nombre de
l'endroit du pape Ci.uion qui, en 687, avait provinces en accordant au pape la puissanca
»
permis au diacre Constantin qu'il avait établi royale(9). Ilincmarest plus réservé. Il neparle
rectcurdu patrimoine île saint Pierre à Syra- ainsi que son contemporain. Ado de Vienne
cusCj sa patrie, de se servir d'un caparaçon <lai\s sa chrouiijue (860), ipie d'-. la seule ville
eeml'.lable (6). de Rome, einicèdée au pape par l'empereur
Enfin la déclaration SI'' Constantin est en Constat: tin (10).
tout point conformi; à l'esprit du viu° siècli-; Le pape Léon IX en 1031 commuiiiina,
il aurait enrirni l'Eglise romaine de posses- sans hésitation aucune et sans supposeï- la lai-
sions en Orient et en Occident, afin que leur bli's-e morale du docurutMit, la piè.-e presque
revenu servit à brûler des lam[ies dans les textuelle au paliiaiche Miihel 1-! Cérulaire,
églises et aux tombeaux des upùlrcs Pierre afin (pieceUu-ii put se convainc? udelapuiS'
HISTOmE UNIVKRSEIXF, DT. Lftr.LISF. CATHOUQUE
sance céleste et terrcptip ol fUi?acr'rc)occ royal Giéjjoire VII, se décidèrent à retourner Mut
du Snint-Sit'-fre iom;iiii » et i«>uv iiu'il ne lui la domination du cons-
Saiipl-Sii'ffe. l't il est
resffil plus aucun 'oupçoii, comiHR si lu si<';';e tate parla b-itre dTrbain II à Ilaibert, évt-que
romain avait voulu « se cn''i!r une puissanrc de Pise, que ce retour se fit à répo(|ue que
au moyen de vieilles failles usées et sans nous venons d'indiquer, ou fort peu de temps
saveur (1). » Léon IX e^t du reste le seul pape après (3).
qui ait livré au pulilic le document ilans ses On s'appuya donc sur la pen=èe que c'étaient
parties princijiales et l'ait ainsi soumisl'orinel- principalement les iles que Con-lantin avaient
lement à Par un contraste reinar-
la critiiiu(^ abandonnées 'a la libre di<positiim des papes,
qual>le, t,jn conseiller, qui lui succéda sur le quoiqu'il n'tm fut pas question dans le docu-
siège ponlitical sous le nom de Gréf^oire VII, ment c'est (lourquoi, par un saut audacieux,
;

n'en a jamais fait u^age, ni menlion dans les la ilonation Conslanlinienne se traii'-poi ta de
nomlireusis lettres rpi'il a ccrilcs. Ce silence Corse vers l'oue-l lointain, en Irlande, pour
de sii part est vraiment merveilleux ipiandon revendiquer lapo«^ession de cette Ile que les
réfléchità la ténacité delà tenlati(m qu'il a dii Romains non-seulement n'ont jamaisfKJssedée
vaincre pour ne pas s'en servir comme d'une mais qu'ilsimt à peine connue. C'est AtrienlV,
arme sûre contre ses nombi eux et si ]>uis-ants un Anglais de naissince, qui reverid><|ua l'Ir-
ennemis. Son ami, le cardinal l'ierreDam'en, lande : anf/licnnâ o/fcclione, comme s'exprimè-
n'imila pas son exemple. Celui-ci opposa au.'c rent en I3l61es chefs irlandais dans un écrit
Allemands, qui s'étaient ériges en défenseurs qu'ils adressèrent à Jean.XXlI (C), et sur un
des intérêts de l'antipape impéiial (^adalous, •lésir exprimé par le roid'Anulelerre Henri II,
le privilège de Constantin comme un bouclier il lui accorda la souveraineté de celte île qui,

impétiétrable, et il n'oublia pas d'ajouter i|ue (1 pareillement à toutes les autres lies chré-
cet empereur avait aussi accordé aux papi-s le tiennes. appartenait iu<bibitablemerit au patri-
pouvoir juridique sur le royaume italien (:>). » moine de saint Pierre et à l'Eglise romaine.
L'usage de la signification delà donation en- Par là, le roi d'An;.'lelerre eut, il est vrai, U
tra jusqu'à uncertaiii point dans une nouvelle souveraineté nominale do l'ile, mais il fallut
phase L.r,jue Urbain II s'en servit pour reven- encore de fait la conquérir par les armes, et
diquer eu faveur du Saint-Sié.Ke le droit «le les .Vnglais n'en furent réelb'raenl possesseurs
propriété de l'île de Corse. Il faisait dériver le qu'après une lutte de cini] siècle«i et aprèi
droit de Constantin de céder des lies, du prin- l'avoir repeuplée parla colonisation. Il serait
cipe singulier ijue toutes les iles étaient léiia- peu juste, aux .Vn-^lais de dire aux Irlandais .

lement du ressort du droit public, /uns /,«///iti que leur ib; avait aulrefoisaïqiarlenu au pape,
et par conséquent d(jmaines do rÉlal. N'est- mais que depuis iju il l'avait cédée au roi
il pas surprenant de ne pas voir Uibain en Henri II, il était d-- leur devoir de se sou-
appeler en préférence à la donation de Cliar- mettre à la domination auL-laise
lemagne ? Zar non seu'ement l'Ile de Corse Les Irlandais, qui n'ont jamaisétéélranircrs
ee trouvait comprise dans le nombre des dona- à l'histoire île leur pays, savaient très-bien
tions que doit a\oir faites Charlemagne, mais que ni les empereurs romains, ni les papes
Léon III le rappelle encore positivement dans n'avaient jamais possédé un pouce de terrain
une lettre qu'd écrivit à l'empereur d'Ocident dans leur patrie et ne voulaient par conséquent
en 808 (3) et ilans laquelle il mentionnait que pas l'omprendre que le pane Adrii>n |V put
l'Eglise, n'ayant pas de flotte, ne pouvait pas disposer d'eux en faveur de l'.Vnglcterre.
maintenir sa domination sur une lie sans cesse Adrien en effet m- nomme pas dans sa bulle
exposée aux descentes des Sarrasins, et il la donation de Constantin; mais son ami de
priait par conséipient l'empereur de reprendre cœur, Jean d^ Salisbury, qui, d'nprè» son pro-
l'ile et de la défendre par « la force de son jire aveu, avait été son conseiller (7) dans c<'lte
bras » contre les incursions malioméianes. concession néfaste, parle de la donation du
C'est ainsi, dit l'historien corse l.imperani, premier empereur chrélion comme de la base
que Sainl-Siége perdit pendant 181» ans
le du ((droit de saint Pierre» sur toutes ces
toute suzeraineté sur l'ile de la Corse (4). Ce iles (8).
n'est qu'eu 1077 que les Corses, au dire de Comme le clergé romain avait, grâce aa

(t) Har.liiin. Conc. VI, 93V —


(î) W., loeo ntalo, I. C. llîî. (3) Conni II. M. —
(1) hlorid deHa Cc*- —
nca. Ronm 17S0. Il, 1. — (5) Lif>. Yl. n.is:. 12. —
(6) M O.oghegnn, H.slout rf-^/.n-f-. If tnfi. e' «(li'v. Il»
exposèrent i|u'jls avuieiu eu jusqu'en 1170, «oiXMnie ei un rois; • nulhim in '

peiivrem » el (in'Ailrien avml ùgt » imleln'e ordme juru omisse o/niii>i.. •


régi Anglorum, Henri':o II, cotice-ail et dfdil lli^eiu mn jurt hctrtditiin ... i ,

tuiilur III hodiumui» di-ni. Sun oni'ies iii.<ulit du jure an iguo, ex don
dotai it, diciinliir ail Rnmnnam Erc/eti im pi-rl nere. Metalig i. tî. 'i \
tion (les Irlandais postérieurs, vis-à-vi-i
E'I.
de la Inille fut ii.'
l^iV, Jahliu ISi'J p. 184) et Lracli ou Gniuaiiu- Luei

1.

Hit.,: M
43i --i; i

s'eiViir -OUI, mais on \ain, de la fdi'e passer poui une ma.


IV. IliO) au lOiiliaire la regarde roinine aulheiiiijue el l

Ma -UeOKliegnn (Hishtre de fl/ande P.iris I7.i8. 1, 462.) :

couU'iilo de lire Lo p.i(ie. -pu élan né son siijei, lu> a


:
S<i ilcUlItilvitt.
nai.on entiCre lui .sacnlléo a rambiiiou de i'uu par la l'au''^•- (8) Lai -
[PiHirinr du p'ipe s r le< toiivfrnm<. II. |47. é.lil. do IjOuvaui, ij. .e.iKiiUr
tr.T 'pie le P*ï*'
.i iV .

r'trait pts dû tout voulu disposer de l'Irlande par M


biille, qu'il n'y avâii parlé' ijue de jjridictMM m
DISSERTATIONS SUR LR LIVRE TRENTE ET UNIÈME. 07
rJocuniRnt impérial, si bien atteint son but, un mains d'une poignée de Romains, d'une plèbe
essuy.i lin mArnp raoyi'n en favinii' :lu clei'f;i! uibaino constammefil reiiforcée par l'adjonc-
nn|i(ilifain. Il <-tait liit iliins une clironique d ; tion de la populace des campagnes et qui de-
ITjsV\='C Stri-.Vnria det Priwipo{\), i(uc C<>n-- vaient être Ir's représentants et les Iiériliers
tîintin avait aussi donné au pape
Silvestre, ii des anciens Romains de l'empire. A ces trou-
iléjwniiiniinent des autres possessions, toiili bles naissants étaient venues se joindre le-
les pi-ovinces du royaume de N.i pics situées > mésintelligences entre l'emp reur Fréiiih-ic 1»'
deçà et au delà du Faro; il n'aurait excepi des Hohenstaufen et le St-Siége. Dans la diffi-
qui' la seule villcdeNapl s, réservée à laehun culté de la situation on eut donc .ci encore
bre impériale; qu'apii'-s retle concession I recours à la dotation de Constantin. Le parti
deux Constantin et .Siivestre, seraient veni, pontifical en appela à la donation qui donnait
à Naples, que l'empereur, pour avoir souve: Rome au pape loisqu'une faction nuuaine,
enli'ndii la messe à l'église épiscopale, y aura excitée par Arnold de Rrescia, voulut prendre
créé la dignité de cimeliarqne, puis quatorz en main le gouvernement et l'administration
prébendes avec possessions territoriales. de la ville. iMais l'arnoldiste We/zel, dans un
Dans l'intervalle, on se gardait bien àRo'i écrit à Frédéiic (Ha-i), prétendit «que le men-
de rejeter ladnnation romano-cunstantiniein! songe ou hérétique qui assurait que.
la fable
lorsqu'elle était en contradielion avec des r.- Constantin avait abandonné à Silvestre les
eiaination- juridiques ou des plans politiqui; . droits impériaux sur la ville de Rome était dé-
Il y eut à Rome, eu IIOS, une lutle entre '< 1 voilé et que les journaliers et les témmes du
moines du couvent de Farfa, si rirhement do- peuple connaissaient suffisamment la duperie
té-: par li'S empereurs, et quehjues gentils- pour en remontrer même aux plus savants, et
liomnies de lu ville, au suji't du droit de pm- que le pape et les cardinaux ne pouvaient pas
prii'li" d'un iM4id. Ces derniers invoquèrent le se montrer en public, tellement ils en étaient
dniit de ri'^glise romaines!//' le caste! pa litige, honteux (,'}).»
droit du pii'l dépendait le leur propre, et ilsb; Eugène m avait été en effet obligé de quitter
tirent iléiiver de l.i dotation de Constantin. Rome pour la seconde l'ois, au commencement
I/'s moines ne conteslérent pas absolument de 1150, et il séjournajusqu'en décembre 1152
j'aulhenticité du document, mais ils en appe- à Segny et à Ferentino. Mais il est vraiment
lèrent à un (émoignage formel et historique, curieux de voir que les arguments au moyen
h savoir (jiie le doiMimcnt ne devait pas ètri; desi[uels l'arnoMiste Welzel et ses journaliers
jiris dans le sens d'une donation de toute l'Ita- et ses femmes de Rome s'entendaient si bien à
lie, puisque les empereurs après Coustantin battre en brèche la donation de Constantin,
gardèrent de fait la souverainté absolue sur s'appuyaient eux-mêmes sur des erreurs el
l'Italie. En conséquence les empereurs pou- des fictions. Welzel prétend que Constantin
vaient bien n'avoir accordé aux papes que des avait été chrétien, par conséquent ba|itisé
droits purement si>irituels (2). A ci'lle ôpoqm; avant lestenqis de Silvestre, donc toute la do-
(sous Pascal on regardait à Rome si p(!u le
II), nation de Constantin faite à Silvestre était
pape comme monanjue d'un Etal s|iécalement fausse. En conlirmalion de son assertion,
déterminé, que les moines, ayant leur abbé à Wetzel cite un passaue d'un écrit apocrypiie
leur tête, puretit allirmer comme un lait re- de la collection [)seudo-isidorienne, également
connu, devant les juges romains, sans être rapporté par Gratien et qui était attrihué à
contredits, qu'un gouvernement et une souve- Melehiade, le prédécesseur de Silvestie. et il
raineté temporels ne convenaient nullement fut ainsi prouvi' (ii par illisloria tripartùâ
au pape, parce qu'il n'avait pas reçu de Dieu (Cassiodore) que Constantin était déjà chré-
les clefs d'un royaume terrestre, mais les ciels tien lorsqu'il lit son enlri'e dans Rome (5).
du royaume des cieiix. Indiqiendamment de cette contradiction, la
C'est à peu près quarante ans plus lard que donation servit à celte épo pie, peut être déjà
coipraencéreiit en Italie ces mouvements poli- auparavant (lin du xi» siècle), à étaler des
tico-religieux et, a Home, ces etl'orts inccssaii'- prétentions persistantes et de plus en. pliii
des arnoldisles qui vonlaienl mettre le dro i étendues.
de disposer de la dignité impériale entre le. Déjà du temps de Grégoire VII ou de Bon

ipirituelle sur l'Irlnnde el de son denier de saint Pierre, Les rBinons de l'atibé Gosselin
ilroit ifélnhlir !•
gonl Uùs-liiililcjs cl il |)n<.> sDiH Sileivi! l^ôs-lll^'.is Is. Il pn-se sous siloiico co i|iii) dit
ilos Ujui ii{nii)î'*s
Aciriiii, savoir 'pio l.'S lr\ni\ l.iis ilevuient uo'i-|i.'
: fi vénérer cominu iei>r aoiiverii
i- {fini Od-'hiih'h leue- >

relur) le roi d'An^leierro i\w pisipi'iia n'avnit pas le ino ndre droit sur leur ilo. 11 piisne sou* silonco fas-
sortioii de .Jeiiii lie S.ilisiniiv |iii, mioiix i(im loin nuire, étnit uisiriiil de la loueur el du sens iiis|iiré piip
lui (le lu bulle luipiilH, Il p,i>a,! »oin ,siloi)c;i) enliii ((u'Adiion investit eomme souverain d'irliii le. lu roi
Henri II, autpiel il envoya un anneau couiiiid p hiivo d'invo-tiliire. is.>iîlin Veut (pie l'on iipplnpio les
termes ipie lout-JS les i\,•^ iip|i ir unaiiint a wl jus "•(/! Pu n, » eoulralpuneiit à l'u^axe d la laïuilii ilu lé- •

poipie, & la lundiciioa .spiiitu dli doi papns. —


(I) H<*li"'ice Farfenx'-t. I^onz. mon m. Jtlll. 57i. (2) Pa- —
rascandoli), MKiiiinriK ni >' i;:i. iln.litmaiiciiK <Utlii liiesa il, Sniio' , I8.'i7. p. 212. La clironiii le pariill iippar-
lenir à la lin du xii* un au couinnineoinoui du xiu* siôolu (3) l/n"/ Marleno, aniiil. (loti. II. .i.iij. -7
(4) Un duoumuiil dont il n l'Uii luii «niiid mn;.'m el iiul esl c. nui snus lu liim: Lilvl'u\ ite iiiuni/i lia
Ciin\liinlini, —
(fi) Wnuel uo snppiiie pas, conim.) on devait s'y all'udrH, sur le liapi'>ini! du Ni imii'dia
reçu par Uouslan m
à la Un do «a va m
i|ue la l'r /ini-litu a uinpriintA & Butàb^ Il en n^t einpAolié )Ntr It
représeuuitiuu du tiaptiiuu rcgu à Rome si profoadAmeat euraoïoéo dans l'eipni de» HomAiua.
ee HISTOIRE UNIVERSELLE DK L'EGLISE CATHOLIQUE
uccesseur Urliain fl on manifesta le dessein que ne pouvant pas être attribué à Hiltenbrad
Je faire de la donation un usa^e fréquent en (Grégoire VII). mais formulé de son temps, est
l'inscranl dans le nouveau corps du droit évidemment extrait de la donation. Ce canon
[Corpus Jmis). C'ti^l ce <juc firent Ansclm de dit « que le pape seul peut faire usage des in-
Lucque^, la KaLidhvdl Pkudonné cl le coin|.ila- signes impériaux. » On n'a jamais pris celle
teur delà collection connu sous le nom (VYves concession au sérieux les papes n'ont jamais
;

de Chartres (1). Jurckord de Vorms au con- pris le globe en main ni poile le sceptre et
traire ne l'i'vait pas reçue dans la collcclion l'épée, à l'exception de Bonifaie VIII, qui, d'a-
qu'il publia entre les années 1012 et 1023. Ce près une nouvelle du lemp-, en aurait fait
qui surtout est surprenant dans Anselm, c'est usage à la létejubilaire de 1300 Si donc Cons-
le changement du coù» en un oet», clianf^e- tantin a réellement cédé aux [lapes l'Italie et
ment signiticatif et de grande portée. Ainsi il tout l'Occident, il en résulterait naturellement
dit: Quod Conslantitius i" perator pupie concessit et en toute justice que l'effitàre, dan- toi'te
coronnm et omnem regiam dignitatem in urhi l'étendue de s^s possessions constituait un
romana et Itulia i£T in parlibus occidentuliùus. don librement fait aux souvc'a'iis pontirc^;
Quant à ce sen* nratiiiue que certains mem- et en raison des dispositions et les arr.injc-
bres du clergé romain voulaient donner à ces ments en vigueur, tout l'emjiire ét;iil un lie»
dernières expressions, il se fait connaître dans du St-Siége, l'empereur le va-^sal et le pape le
une assertion tVOlhod de Freysivgen. Ci,'lui-ci, seigneur suzerain. Dans cette supposition, si
dans une chronique écrite entre 1 14.3 et il 46, le royaume allemand échappait à la suzi-rai-
dans laquelle il reconnaît (2) l'authenticité de neté, on ne pourrait pas en dire autant du
la donation et raconte comment Constantin royaume d'Italie et de la couronne Lombarde.
s'était retiré à Byzance après la cession des Il est vrai qu'on avait fait du chemin depuis
insignes impériaux au pape, ajoute: C'est l'annéi- SOO, époque de la fondation du royau-
pour cela que l'Eglise romai ne prétend qur les me d'Occident. Le pape s'était alors jeté à
Etats occidentaux de l'empire lui ont été coii- genoux devant l'empereur iju'il venait de cou-
ccilés par Constantin el qu'elle cxi^e encore ronner et avait dépose à ses pied- ses homma-
aujourd'hui (1 14(1) un tribut de tous ces Etats, ges dan- la :'
me eu usage chez les anciens
ir

à i'excepiion «les deux empires francs (c'est- empereur- (o).


à-dire de l'empire germanique et de la Maintenant, au contraire, on avait plac;*
France). Triais les pailisans de l'empire objec- dans une de- salles du jialai-de Latnin un ta-
tèrent que Constantin n'avait pas abandonné bleau r pré-eut.int l'empereur Lolliaire aux
par cet ac(e l'imiure aux papes, qu'il les avait pieds du souverain pontife. L'emjiereur tenait
simpl mivit choisis pour les pére> spirituels de dans ses mains un écrii en veis disant, que
ses Etats. Il n y a du reste aucun document, devant le» portes de la vi.le il s'était engagé,
ducune preuve à notre connaissance qui indi- par serment, à reconnaître les droits <le la
que que les [lapes se soient aiqmyés sur la do- cite romaine, et s'était déclare le vassal {homo)
nation de Constantin pour percevoir des im- du pape, en conséqui'uce de quoi il avait reçu
pots dans tout un Etat, si ce n'est en Ir ande; la couronne impériale (6).
et Grégoire Vil, tjui a. plus qu'aucun autre, En même temps un certain nombre de Ro-
prélevé des impn-itions, n'en a jamais api)elé mains prétendaient que les empereurs alle-
dans ce but à la donation, mais sur des droits mands n'avaient reçu l'empire romain et le
de location contiactés aniérieuremcnt envers royaume d'Italie que comme un don ijui leur
le St-Siége. C'est en mettant ces droits en avait été fait par les papes (7). C'e*t là l'ori-
avant que lii-égoire VII a établi ses exigences gine du mécontentement qu'excita en .MIô-
vis-à-vis de la Fiance, sans les avoir jamais vu magne^llu", la lettre d'.\iirien à Frédéric Bar-
agréer (3). Grégoire VII cepeiulant. comme le bciou--e et dans laquelle le pape |>arle di- bé-
démontrent ses lettres (4), a fait examiner les néficia qu'il avait accordés ou qu'il pouvait
archives pour découvrir des temoii^naitcs sur encore accorder à l'empereur, et au nombre
Jesqueis il pùv se fonder pour revendiquer en desquels il compte express«>ment la couronne
faveur du St-Sit'ge une suzeraineté féodale sur im|>ériab'. Ce btiiefieiiit;'. était regardé à la cour
des Etats déterminés et des étendues du terri- de Frédéric comme un fief, feudum. .\drien
toire démarquées. pouvait facilement se justifier, en disant qu'il
Néanmoins le xi* canon des Diclalus, quoi- avait pris le mot de bénéfice dans le sens vul-

(1) Pour de plus amples renseignements, vovoz Antnnius Ausuetinus, De tment. Grol. O/tp. ni. Lmeens. ÏTI.
il, dans les uotes. — (2)01^011. 3. 3. ap. Ur'iis, 1.80. — (3) Vrle Mumtori, Anli-'nin liai. Firenne. I8J3,
X, 126. — (4) Episli'l. xxni. /i6.. vni.— (5) Annni'es L'iu-t'xen^'s. Perlli. 1 <38: E> posi tawlcit- ni-r"i-l ^. m-re
awitiiinrum ,.ri„ri>iH.,i ddoraliis «./. _ (6) l{:i lovii-. I. 10; Murât. VI. 748. —
(7)1 -per'Un. : ne
pouvait n:is*.icconlHr l. .lignite impériale elto-niiSine en verni de la donatioa a<; Co: nt,
comme pensaient lesRomains, comme o.gano et au nom de ta républi.f le romam- qni sc l.i-
lière de t'ancien peuple romain, ou l)ien encore, comme disaioni les (uirtisan? de la donation, en qualité
'""'"
nairement "'^
"' inliérenl '
'"
* In
à "^ '
répul.liqiie
' ....
de souverain île la ville de Rome auquel incoml>a l conséq lemiioat l" droit .lu choix d-- l'erpfronr or gi-
romaine. Ainsi, qu.in I bien môme i'em|. ire n'au
du Sainl-Siéjce (en etr. t l'eii.pire n'a .jani.Tis i^lé regai-.ié
.

comiD iol\ on pouva t ném noiu


m tief
.-.

, . ^
^
comme à Roiue
que le pape seul (.o->édail le dreil do ce. 1er l'impériu;, urbis et la souveraineté de l'Lal e ^ ...-j svâ t r.-pu
les deux cuoses 'te Constaulia el qu'il pûuva.t les céder comme fiefâ tout «n gwtUaC la sui suieraiueti ; eu
Mas c«3 deux droits il n'y avait pus d'empire.
DISSERTATIONS SUR LE LIVRE TRENTE ET UNIÈME 69

gaire et non point dans le sens juridique et (|u'à la souveraineté de la seule ville de
qu'il voulait dire par là que c'était lui, le Rome (8).
pajio, ijui avait couronné l'empcicur !1). Mais ce qui est d'autant plus merveilleux,
Mais en AUempgne on se mctiait du clergé c'est l'examen que fit de la donation, à la fin
romain ut l'on garda le souvenir de la mau- du xii" siècle, un homme (|ue l'f n dirait reven-
vaise impression produite par la lettre d'A- diquer la double nationalité d'allemand et
drien, comme le rappcnle le prévôt Gerhoh de, d'italien. Godefroi, de race allemande, élevé
Reigersberg, homme pourtant très-dévoué au à Bamberg, puis notaire et cha|ielain des trois
St-Siége. Celui ci pensait (s'appuyant aussi empereurs Conrad, Frédéric et Henri VI, enfin
sur la donation de Constantin) que l'usage décédé à Viterbe en qualité de chanoine, dit
qu'avaient les empereurs de tenir les étriers dans 9on Pa)itktJon {[)] ih'iWù i Urbain III, en
au pape quand il montait à cheval, avait ins- 1I8G « Pour rendre la paix à l'Eglise, Cons-
:

piré aux Romains de peindre de ces tableaux tantin .-î'est retiré avec un(! grande pompe à
ihoiiuants sur lesquels les rois et les empereurs Byzance, chez les Grecs, et a accordé aux
itaient représentés comme des vassaux du papes des droits de réarale en vertu desquels
papi'et qui ne produisaient d'autre résultat que ils sont devenus, comme il semble, posses-
d'exaspérer les souverains et les exciter à la seurs de Rome, de l'Italie et des Gaules. »
jnédisance et à la calomnie (â). Si, en tolérant C'est pour la première fois que les Gaules sont
de pareils tableaux, les papes se croyaient les comprises dans la donation. D'après cela, il
rois et les maîtres des empereurs et des rois en laisse libres et « les partisans de l'empire » et
les déclarant leurs vassaux, ils ne faisaient « les défenseurs de l'Eglise » d'établir leurs
autre chose que détruire l'autorité instituée raisons pour et contre la donation et sa por-
par Dieu et résister à l'ordre divinement éta- tée. Les premiers, dit-il, en appellent au fait
bli. historique, c'est-à-dire au partage de l'empe-
Du quesoient le sens etla portée
reste, quels reur Conslantin entre ses fils et aux passages
attribués à prétendue .lonation par des
la connus des Saintes Ecritures; les seconds pré-
membres du clergé de Rome, sens et portée tendent que la volonté divine se trouvait ma-
insérés dans le nouveau corps Ju droit, les nifestée dans le fait de la donation, car l'on
historiens de cette époijue et des temps pos- ne peut admettre que Dieu ait voulu que son
térieurs s'appliquèrent, tout en relatant la Eglise faillisse dans la jouissance d'une pos-
donation, de la circonscrire dans des limites session injustement acquise. Godefroi, comme
fort étroites. Sicard de Crémone qui donne on voit, n'a pas le courage de décider, il
de long détails (3) sur le bapti'me si contro- abandonne la solution de la question aux
versé de Constantin, ne tire de la donation que puissances établies.
la Concession de droits régaliens faite par On lit dans Otia imperialia (heures de loisir)
Constantin à Silvestre, et d'une juridiction que Gervais de Tilbury écrivit vers 1211 pour,
pleine et entière sur les évèques de l'empire. l'empereur Otlion IV, que Constantin avait
il ne s'arrête pas à expliquer la nature de ces voulu accorder au pape Silvestre la souverai-
droits de légale. Romuuld de Salerne connaît neté sur les contrées occidentales, sans lui
et fait à peine mention de ce privilège ecclé- céileren réalité l'ernpire, qu'il s'était réservé
siasli(jue. Robert Abolant se contente d'é- pour lui-même; maiscidui qui donne est pluf
noncer simplement que Constantin avait ac- grand que celui ([ui reçoit et la puissant iS
corde aux [tapes un privilège qu'il n'indique royale et imitérialo vient innneiliatemcnt <le
pas (4). Un siècle plus laid l'historien ponti- Dieu. Dieu, dit-il, est l'auteur de l'em[tire,
iical, Toloméo dcLucques, ne mentionne la do- mais rem[)ereur est l'auteur de la gloire pon-
nation que pour diie que l'empereur avait tificale (10).
concédé à queli[ui's membres du clertré de I.a -'"nation cependant gagna en considé-
Rome (plus lard les cardinaux) les droits et lei ration depuis la fin du xa' siècle. On y crut
l)iivilé;4es du sècat rom;iin(.")). Kt [tendant que plus généralement ainsi qu'à l'extkînsion du
le biouraplie pa|ial, R'^rnanl Guiiion ou Gui- territoire que l'empereui- devait avoir cédé au
donis [tasse la donation conqtli'temenl sous si- souverain Pontife. Gralien ne l'avait jias lui-
lence, Amalric AuLjtM'ii n'y trouve cjuc la ces- même inscrite dans son décret, mais elle y
sion de la ville de Ritme i;t le ihvtil de [torter fut bii-ntot insérée(l l)citmme jjL.leu, ettrouva
lis insi^'ues impéiiaux(()). L'es[iagnol Lucde de cette manière une luilrce tout ouverte
Tuy(en l'J3(>) [tretend y voir lacessionde toute dans les écoles du droit canoni([ue, en sorte
VlinWt' 'n'i/nuiii /liiliœ] en faveur du [ta[te(7), que les juristes en furent les défenseurs et les
ialduin et le belge son couteinitorain, moine
,
pro|iagateurs les plus actifs Voilà pourquoi
au C(juvi'nl de .N'innove, [laitage les idées il'AI- le langai^c des papes devint depuis lors plus
maric et n'étend la donation de Constantin ferme et plus assuré. Innocent 111(1:2) dit;

(1) Per hoc vnra/jiilum « cnnlulimns n ml nliud intrlleximu^ qunm n imi<oiuimW!. n — (2) Eiplicnlwn du Pré-
v6l. O.Tlii.h lit! R.ij,': De invuslii/ulmne Auli Clin^li, puliliiJ par StOlz. Vienne, I858, d. 51, M. — (3) /(/i.

Mniatori. VII. 551. —


(1) Cln-m.'ol gin. Truris. lliO". p. W. —
(5) //i.s7»nv écriés. 5, H. 1,
'i,m,l Mitnilori, IX.

825. — (6) Av. Eo.Mrl. II 11165. —


(7) Corpus rlimucorum Fliviilri'e, eilil. iln Sinet. II.
613. (8) C/'ro- —
nieon miin.h. «/.. ScViolli''. //i./,(m. tllu^lr. IV. 30- .\v t'.slor, II. H^. -(10) Ai>.
'.)) Lollmiu SS. «niubvic.
I. 882. —(11; Punrlaiil iiu.'c; 1. )(|ii'.ia^inn niitiifro llnlium seu occ^l'utulet rtgwnu et liou pas avoo lo «
:

tnrlslliil d'Aselme. —
(11) 9rrmri (/» S, Silvtflro Oimnt, Vunetlls, 157», l. 97,
70 HISTOinB UNIVKnHEr.LH DB L'EGLISE CATHOLIQUE

onme rcf/tium Occùlentis (Silvfiftro) Irodidit et présidait au gouvernement de Martin


IV' eldt

dimint . (jviiw'n-e- IX en lira Ins conMCinictiCfS Boniface dunaticm de Conslanlin re-


\'lll, la

loisiiup, dans un lanKa^i; ([ui surpassait en çut des interprétations et des n|ipli' ations
énergie tout ce (ju'ont \\\\ dire ses préilécps- bien diverses. Le dominii;;iin Tidom-'o dcLu;;-
peurs, il apposa à FréfWrie II, l'ennemi le plus ques, auteur des deux fb-rniers livres de l'ou-
tcrriliie ^i"! le plus rusé iju'cfit la papauli' vrage intitulé De rc/jimine priiici/>nim et
:

parmi les empereurs d'occiilent, ipie Constan- dont les deux pn'mierssont dusà saint Thomas
tin avait à jamais céiié i\ la sollicilmle des d'Aquin, considéra, en dépassant ses prédé-
papes, avec les insignes impériaux, Rome, le cesseurs rians leurs interptétilions ^'J) la do- .

(iiiché et tout l'cnipife. En cons'quence les nation comme l'acte formel de la déposition
papes, sans diiniiiuer en rieti la snlislnnee de de Constantin en faveur de .Silvcstr'- (4), et
leur jnriiiiclion, créèrent le trllmnal l'c l'em- rattachant à cette donation des lait' bislo-
pire, le concéilèient ensuite aux Allemands et ri(|ues en partie faux et en partie iiicom(iris;
86 réservèrent le droit d'octro\er aux empe- il en coticlul que toute la pui-sance des princes

reurs la puij<saiice du glaive dans la cérémo- tirait sa force et son efficacité de la i»uissance
nie du couroimcment(l). ecclésiastirjue des [tapes. Celte conclusion de
D'après tout cela, il ne restait qu'à conclure Tolomeo ne suffit pas; on ne voulait pa« res.
que Tautoiité impériale était de création pu- ter en route, voilà pourquoi peu i<e tennis
rement pontificale, (|ue les papes |iouvaieiit après, à l'occasion de la lutte de Boniface Viij
selon leur bon plaisir, l'étendre ou la res- avec le roi de France Philippe, rauifii-tin
treindre et demander compte aux empereurs Gilles de Colonna, moine romain que le pai»e
de l'usage qu'ils faisaient du pouvoir qu'ils avait nommé à l'archevêché di.» Bourses, tira
leur avaient concédé. Avec cela le sommet de toutes les conséquences possibles de la nou-
l'échelle n'était pourtant point atteint. Il ne velle doctrine et les rendit [tubliques dan» un
le fut qu'au moment où le successeur de Gré- ouvrage qu'il ilédia à l'un de se* protec-
goire, Innocent IV, fit décréter par le concile teurs (5). Celle même voii' fut suivie ver» le
lie Lyon la déchéance de Frédéric et sut[ia?sa milieu du 'iècle par deux théologiens de la
ainsi tous ses jnédécesseurs dans le renchéris- cour pontificale, Au!;uslin Trionbt et .\lvaro
sement de ses exigences et dans le déploie- Pela>o, le premier de nation italienne elle
ment de l'autorité pontilieale. C'est une er- second de nation espagnole; les deux de l'or-
reur de croire, disait Innocent en J2io, que dre des frères mineurs de Saint François.
Constantin fut le premier qui ait accordé un Cette théorie, réduite à sa plus sim le ex-
pouvoir temporel au Saint-Siège; Jésus- pression, se résume ainsi : le (>hri-t i-tait le
Christ lui-même a donné à Pierre et à ses suc- Sei'jneur de la terre entière et à sa mort il a
cesseurs le double pouvoir sacerdotal et royal transmis cette siiuvcrainelé à son vicaire ici-
et mis entre ses mains les renés des deux juiis- bas, à saint Pierre et ù ses successeurs, .\insi
sances terrestre et céleste. Constantin n'a la plénitude de la puissance spiritU' lie ol
donc que restituer à l'Kgli-e, propriétaire
fait tempiu-elle, l'ensemble de tous les droits cl «le
légitime,un pouvoir qu'il possédait injuste- toutes les allribulions sont déposés entre le»
ment, pouvoir que celle-ci a ensuite bénévo- mains du (lape. Chacpie monarque, quelloqtn;
lement rendu (2). soit sa puissance, n'en pos.séde en r<Vilii<;
Un demi-siècle plus tard les théologiens, à i|u°autant ipie le pape lui en abiiud'Unc.
leur tour, s'emparèrent de la nouvelle doc- Trionfo écrivait sans ménagement aucun :
trine pour lui donner une l'orme régulière, et (! Si uu empereur tel que (Àtusiantin a donné
ils l'entourèrent de tout lapparat, si élitslique à .Silvcstii' lies positions tempur'-lles> il n'a
en paieille matière, que fouinissait l'art sco- fait que restituer ce qui avait été injuïlemenl
lastique récemment introduit en théoloi;ie. et lyrunniquemenl rav.^G).»
Sous l'influence îles événements qui sç pas- Cette llieorii-, inconnue aux papes pn-eé-
saient à la lin du Xiii" .siècle et de l'esprit qui denls et à la chrétienté toute entière, n"a élc

(1) Ai)u<l Raynald ad n. 1236. 2i. p. 481. c,/. Il„i,.n , (2) Cml. eri't. 1 —
pKlolo'i. Cl. fol. 70-305. r. 83 H.imncr. llisi. de< llv/i'iis nu/en, IV. IT- '.O
ment ic Irile Inliii. Le ilociiiiu'iil n'étail i-ns a
siivnit (|u'Iniioc'nl XV y avnii nianil'uslé une > , I.

XLIII, aiinéo 1350) .lit : Cillahu aiilein C"iisi :

lius IV rfijive iiiiieralon Freilerico i/iiein ileiosml. — u, I

nent la mort l'Adolphe de Nassau, tué par Allieil, coin


ilii" apimiet, gui Si vetiro in " • •

1562, |i. ni. - (5) Si l'ôci it u // .1


;'œuviu de Gilles Coloiiim, il ci'; .»-
lippe. Mais connue Giile-, eu qt.. r M
rendii-iiit h Home pour assster au !

de leur dés diéissniiuc fiicnl puiiLS par m ie


oiiviago viSrii.iMe, qui ii'e>i
lui. Diiiiâ s^on i«
gommaiieniciil le co..teiiu d. is un livre i (. i

dit Sëcliemeut et u\ec lillliieur : Hoti luini uumin (eni/mruiiu


/bc/o, yi/o;i am ii.utli (o) !.• hu c /uri rclullantar. itrjii'e liinm ri
f«cla,a qiwjwi et a qu» debilo uuUaltnus i>
itunt «6" .
y tS. — ti MiMV i « te
DISSERTATIONS SUR LE LIVRE TRENTE ET UNIÈME 71

imaginée que pour répondre aux olijections théorie immédiatement de la puis»^auce uni-
contre la donation. On élevait de toutes parts verselle de Jésus-Christ, l'Homme-Uiou dans
la V lis pour dire que Constantin n'avait ja- l'ordre spirituel et temporel , précisément
mais pu faire une donation aussi attentatuira parce que le document n'était ni assez clair
à l'existence de l'empire qu'un empereur
;
ni assez développé, et c}u'il n'a jamais été
n'avait pas le droit de diviser l'empire, puis- considéré comme légitime et fondé en droit(5).
qu'une semblable division était absolument Cependant la donation de Constantin fut
pour
contraire à sa (!i!j;nité(l). ce même homme une arme bienvenue contre
L'avocat français, Pierre Dubois, de Cou- la primauté du Saint-Siège en général parce
lances, s'exprima de la manière suivante au qu'il en déduisait très-facilement la conclu-
sujet de la bulle de Bonilace VIII à Philippe, sion que la puissance suprême ecclésiastique
roi de France a La donation est en principe
: du pape sur les autres églises et sur les évéques
illégitime et illégale selon l'ivis de tous les ne reposait uniquement que sur la concession
juristes, mais le temps écoulé depuis qu'elle de l'empereur, c'est-à-dire sur des droits pu-
a été laite lui vaut actuellement droit de i-ement humains, passagers et, dans la ques-
prescription (2). tion, sur des droits sans valeur. Marsiglio sut
A la même dominicain Jean Qui-
époque, le ainsi tirer à sa guise profil du découvert qu'of-
dort, professeur à. la faculté de théologie de frait la théorie (6),
Paris (13U0), manifesta une opinion opposée 11 existait encore au quatorzième siècle,
dans son livre De la puissance pontificale et comme précédemment, la même incertitude,
royale, lorsqu'il dit que la donation de Cons- le même arbitraire dans les appréciations re-
antin, au jugement de tous les juristes, pou- lativement à l'étendue réelle de la donation.
vait être renversée et déclarée nulle et illi'gi- Dans la décrélale du pape Nicolas lli, il n'a
time par chacun de ses successeurs dans la ui- été question, conformément au but spécial de
guité impériale, parce (jue (l'empereur étant ce document, que de la seule concession de
toujours auguste) n'avait que le droit d'éten- Rome faite aux papes par Constantin (7). Clé-
dre les limites de l'empire ei non pas celui de meut V lit jurer à Henri Vil (1308), par sa for-
les diminuer ou de les mutiler, n'eu étant que mule du serineut qu'il prononça a son couron-
raiJmiiiislrati;ur (3). nement, qu'il maintiendrait et protégerait
l^cjjuis que l'iiaimonie entre la papauté et tous les droits que les empereurs, et en pre-
l'empcre détruite; depuis qu'un cnullit
etiiit mier lieu Constantin, avaient concédés à l'E-
succé.lail à lautie entre les deux pouvoirs glise romaine, sans cependant déterminer en
comme par une fatale nécessite; depuis que quoi consistaient tous ces clioits (8j. Jean XXII
le passage du pouvoir pontilical entre des ne rappelle qu'en passant, dans sa réfutation
mains liuui^aises rendait le rétablissement des de .Marsiglio de Padtme (1327 j, lefaitque Cons-
relations ue convenance impossible; en un tantin avait abandonne le siège de l'empire à
mot, depuis la moil de Frédéric H jusqu'à la Sylvestre, et il cite à l'appui quelques mots de
mort de Louis de liaviére [i'ZoOl.iAÙ), la do- la ilonaliou (U). Le plus ancien commentateur
uauou con=iantiar une tut souvent diverse- de Danle, le compilateur de VUltimo Cui/imen-
ment d.sculée dans des documents contradic- to, qui écrivait en 1333, se contente de cette
toires, dans les appréciations et les apologies phrase peu claii-e, que Constantin avait cédé
qui .•e rapportaient à l'objet de la lutte. Les a Sylvestre « les dignités de l'empire (10). i>
partisans de lacause impeiuile s'appliquaient, L'auteur du commentaire de Dante, qui
eu s..ppiiyaiil sur le= avis puisr-anls des ju- écrivait eu 1375, croit simplement que l'em-
ristes civils, à deelarer la ilonalion nulle ou pereur Constantin avait donné au pape préci-
tombée en désuétude (4). Le franciscain Mar- sément ce que les papes avaient possède jus-
siguo de l'adoue, l'un «les deleiiseurs les plus que à (11). Par couire , un commentateur
i

udioils et Ils pius subtils rlu pouvoir impérial, postérieur, Guniforto delli Bargigi, ne veut
».- sait trop coiuiueiit s'expliquer. Plusieurs voir dans la donation que u lu patrimoine de
peieudent, dit-il, que Conslauliu a accordé Toscane dans la proximité de Kome^lij.
un privilège au pape mais, quant à lui, il
; Rodolphe ou Panduiphe Coloniia (13), cha-
pense que, du cote des p.irli.iaiis puulilicaux, noine de Sienne et probablement Romain do
un a imagine de faire dériver toute la nouvelle naissance, donne de rechef au quatorzième

(1) Plus développé dans le Dante : De >w,narc/,iii 3, 10. O/'Cre minori, éd. di FraticoUi. Firenze 1857, U.
4CU. — ("; Aji. U piiy, //is(. (/» ilijlirnd, pieuvo, p. 4U. — (3J t'ralris Jouii. de l"arl-iis,
Truci. île /luteslale
rtj. et l'iiii-, lu feciiuKjil cuil. Ui: J'triMiuti'me inij,., p. "iUS ei seq. —
(4) Ainsi s'expi'iiiio i'Uiituiir du la
riiiesiioù: Lu pui^e u-i-il pa imposer un uruiistiôo ù leuipereur lleun Vil f a/j. Ua;iinij,'0), Ardi llcnrii-i
Vil 11. 158. — (i) l»e/tf'<»ur utica-. Heidelberij, IJ'JU, p. 101 . —
(U) /. c- Cil., p. -21)3.
.
(7) —
' Iii-G. 1. G, 17. ' —
'8; CloinoulKi. 'J.Oe f.ie niuù. — (U) A/n'iJ H^yii;ild, ai 31.— [\t})
ISll 31.
a. 132J,
.

(lU) L'ullimo
'
cuinuunlo ditta i/.ui/n/ -••mne-
iâ5. Pierre
l'iau, 1627, 1. 305.
iia. l'iad, Pifire Aurculi, eu 131(3, dit lu intime cUo>e hunor iiiipeni UaniiaU.a e4 ii per-
:

tvuiiui >ilieslri et m
rwn. Kcdesuim Aurtii siri/iluris etuciikviu. VuneUis, s. a. I. SU. —
(I IJ t'hi^»'' supra
Ounle, le^lo ineililu. Firenze, 184(3, p. IGl.— (l'i) Lo i>i/V;hu, nul iommeiilo Ui G. </. U ;iii6(//. (/u O. Zaolier-
ruuym.Firenze. 1838, p. 45<j. —(13) Non pas Raoul de Culoiiniello, tbuiiuino do Chuiire», conimo l'indKjiie
tll',luire liiliraire île la Fiance, XXI. 151.Cclli-ci du elle-niiime que l'uulour est ii) p lé dan.s d.'ux nianus-
criti de son livie, Cuiiumnia ^ineiisn, lainlis ph' dans un soul aulre il est uouiui6 CmijiiicU' Ci" n"''-"'''-
Un Français se soiuil ceilaïueujuiit uxpi'inié auiiemtiUl sur la Irauslation de l'empire des Français aux
3*rmuiDtj ; il ne se serait pas cuuuuté de parler ainsi: Rcyiium munUt tramlatum tsi uil Qtrmanoi Vil Ttw
n HISTOIRE UNlVERSELLIi DE L'EGl^isE CATHOLIQUE
siècle la plus prnndc extension à la donation l'Occident avant comme après Con'lnntln, et
de (lonsl.iiitin. Selon lui comiireMuit
, elle il atrouvé lui-même dans les ouvrages du
« Rora(^ ritiilii' et toutes les contrées uvv\de,n- droit eccloiaslique des passages qui parlent
taies (1). Nicolas ilc Clanienf^e croit, à son
1) tout simiilenient de la cession de la \illede
tour, que oonstantin avait donné à l'Eglisr; ro- Rome aux papes. Enfin il renonce à t<jute dé-
maine toute la partie occiilenlale de son em- cision (telle était encore la foi en la donation)
pire et avait fait, des cardinaux, les membres et abandonne la solution de la question aux
du sénat romain (2). grandes puis-unces.
I*endantce temps on cherchait à se garantir Au point de vue du droit la question resta
en Frauce contre les conséquences que l'on donc indécise. On ne pouvait cependant pas
pouvait liier de la dona'ion qui, dans ?on s'cX])liquor clairement comment Constantin,
étendue, semldait embrasser tout l'Occident. qui était un empereur d'élection, avait pu cé-
C'est dans ce but que Jac(]ues Almain, lliéo- der la moitié de l'empire. On croyait que les
logien de Paris, ex| ose que Constantin n'a-
: élections des empereurs romains se faisaient
vait pas le droit de concédei' l'empire au ])apc autrefois comme les élections de l'eraiiire ger-
sans le consentement du peuple (:i) que l'em- ;
manique au XV' siècle. Dans un écrit (qui au-
pire gallican ne pouvait, en tout cas, ne uas tant i.ue je sache n'e>t pas encore irnjirimé),
être compris dans la concession, puisquelcsHo- au temps de Louis de Bavière, écrit provoqué
maius n'avaient jamais été les souverains des sans nul doute par les luttes de ce prince [i',),
Francs, et qu'enfin le peuple franc n'avait on avait examiné la question île savoir si l'em-
jamais manifesté le désir de se soumettre à la pereur jiouvait, en vertu de son élection et
domination romaine. Il parait n'avoir pas i^u immédiatement après, administrer l'empire,
une idée exacte du déféré anijuel la population ou s'il était nécessaire qu'il ait le consente-
celtique des Gaules s'était laissé gagner jiar ment du pape. En conséquence de la donation
les Romains. Du reste;, Almain prétend que, Constantinieiine, dit l'auteur, toute la juridic-
d'après l'enseignement généial des docteuis, tion de l'empereur dépendait naturellement el
Constantin n'avait jamais renoncé réellement sans aucun doute de la confirmation jiontili-
à l'empire (4). cale mais ce qui s'oppo-ait à cette coulirma-
;

LupoM de Babenberg s'occupe encore de tion, c'était que les dnuts et les parties consti-
la donation au quatorzième siècb; d'une ma- tutionnelles de l'empire ne pouvaient pas
nière très-favoraîde à la tendance romaine. arbitrairement être aliénées sans le consente-
Dans un livre intitulé l'Emjiirc romain, et dé-
: ment des princes, des barons el des grand iligni-
dié à Balduin, archevêque de Trêves (13l)7- taires de l'em|>ire (7).
Vio'i), il discute' la question de savoir si le roi La donation trouve par contre un ardent
de Rome était ol)ligé de prêter le serment défenseur vers la lin du xv' siècle, en Jean Hui;,
d'hommage-lii^e au souverain pontité (5). Cette curé de Slra>bourg etoriginaire de Sche.estadt,
question n'est pas pour lui de peu d'importance, dans son Véhicule de la "sainte Lgiseet de l'em-
car il s'agissait de décider si le pape est réel- pire romain dédié au cardinal Raymond de
,

lement le suzerain de l'empire germanique et Gurck (l'ti)3-l"J0o). llug dit qu'.lct«j«jiM avait
le titulaire du dominiiim direcltun, de manière déclare que la donat.on était ?ans force et
qu'il ne revienne à l'empereur dans toutes les sans valeur à cau^e de son exagéiation, mais
contrées de l'empire, que le duiiiiiHum tuile. que JeanleTeutoniquc, le glossateurdu décret
Nous rencontrons encore ici les opinions les Je Cratien , avait établi sa force immuable
plus dill'érentes sur la force ou l'illi'gitimilé d'après la Clémentine qui a\ait insère la do-
de la donation. C est ce qui fait dire à Lupuld natiop. ilans li formule du serment impérial.
que tous les caïKmisles prétendaient ijuc la Les ouvrages allemands de dioit ont donné
donation avait forcedeloi et était irrévocable. une extension pai ticiilièrc à la donation de
Mais ,dans ce cas, les autres royaumes Constantin, en ce qu'ils prétendent que Con-
d'Occident seraient pareillement des "ticfs du stantin avait accordé à Silvesire le ban ilu roi
Saint-Siège. Lupold est pourtant assez clair sur les individus jusqu'à la somme de soixante
voyant pour découvrir tout ce qu'i.l y a d'his- schillings u afin de forcer tous ceux qui ne
toriquement contralictoire da.is toute la fic- voulaient pas s'améliorer >elon le corps de
tion. 11 sait que les empereurs ont régné sur payer de leurs biens. » {Oumit zu zu-m/ien aile

iomcos. 297. Toute 1 explical.on historique porte la trace d'une plume romaine dans la notice, où il dit
que le pape Adiieu éluil oé i« regiont Viiellnt*. (p. 2028) RoJol|ihe u du reile copié Marâiglio de Padoue
ou a été copié parce ilcraicp. Con. Sclinidiiis, p. 2y7 «t p. 2'J6.
(1) Df inmshtioiie im;,erii. S hard, p. 286. —
(2) De annaii< noi tohend.s. Ooera. éd. Lydius, p. S2. —
(3) Coulru.iict.iitr fiopid; <.caileii(nli..
A,: Gerson, opp. II. 97 1. Conf. p. 1063. —
(4) Qui >etgn t^ii imirnum
occidentale. nuiiK/imm legitur. U eH exlraurdinaiie que l'on ail encore pi élie aus:-! ignoraot dans une
chose pourtaiu si rlairo h une époque uusii moderne. Aluiam é.-rivit en 1,M0: Q innl on se souvent de
la RI au le pénétialiun hisioiique de quelques autoui-s du xn» sùcle, on est nié de dir- que |>eu lani les
;

trois siècles uni suivirent on a l'ail plus de chemin ennnière que de pro^iréspour toul ce qui tuuch- f.u-
tellinenco do l'iusi me. — (.i) Aft. Scuard. p. 391. —
(6; 8/<ti> imanius d<- jn isdi to^t tm
!:ales<.mmi pntifici»- C)C(i im,.ri,'i,. Cud. lai. 18.12, de la bi.dioih. rovale te M.inich. f. 131. St.
-t imcl.r,.
7 .«^rf
m —
tontra i>oc est. qiwil f nLini/iei ii ii/iV/m nun poMU'i\ qi,um sii> buni îriubtcd. inj sme ;.i.'..i ;< ./fi alif/ui
i

dii-penturi non P"'>(<"', nt sunt pnncif.4t it barunei M quorum utltrtit usattrt mmitUna .mitartatt ok/k rfi-
MTMi'bm anicum. f, ^U
DISSERTATIONS SUR LE LIVRE TRENTE ET UxNIÈME
jette die tichnick bessem wollen mit dem Leibc, tinrent et la répandircnl activement. Elle finit
das man sie dazu zwinge mit dem Gute)\\]. decetio manière par devenir une opinion pu-
Cette idée est vraiment une invention allo- lilique.
mande, inconnue aux nations romanes. En La dimalion de Constantin a donc trouvé
voici le sens en conséquence des jugemonts
: partout un accueil facile, parce ijue cette
synodaux agissant dans un cercle très-étendu étrange fiction ié|ionilait parfailemeiit au sens
mais indéterminé, il fut d'usage en Allemagne et aux besoin? des peuples de ces temps-là.
que les juges ecclésiastiques imposassent des Le moyen âge, avec sa tendance de se créer
amenries pécuniaires pour toutes sortes de dé- une personnalité déterminée, se révélant pai
lits qui étaient absolument du ressort civil. un fait à l'aide de circonstances et de situa-
Alexandre III avait déjà réclamé, mais en vain, tions qui se déveloiipent progressivement, ne
contre cet abus, en 1180, et l'avait formelle- pouvait se rendre autrement compte de l'E-
ment défendu Or, comme on avait besoin glise autrefois pauvre et devenue successive-
d'un pour justifier cet usage anor-
titre légal ment riche, qu'en se figurant que cette tran-
mal et qu'on n'en trouva point, on en demanda sition de la pauvreté à la richesse n'a été que
un à la donation de Constantin, à ce complai- momentanée, c'e;t-à-dire que l'Eglise, hier
sant et inépuisable trésor dans lequel on pui- pauvre encore, était devenue subitement riche
sait à pleines mains, selon tous les besoins et mise en possession de la jdénitudedes biens
politiques ou civils (2). terrestres par la volonté de deux hommes,
Cependant la donation de Constantin avait l'un donateur impérial et 1 autre donataire
encore obtenu une application bien plus éten- pontifical. Voilà jourquoi il y eut un grand
due dans les idées des laïques et du peuple. nouiliie qui crurent que la boite de l'andore,
Nous remarquons, vers la fin du moyeu âge, fermée aupa:avant, avait été subitement ou-
deux courants tout opposés se dresser l'un verte pour l'Eglise et (lu'elle était en vérité la
contre l'autre. D'un coté, des efforls inces- source d'où découlait tout le mal qui rongeait
sants pour doter l'Eglise de bénéfices consi- l'épouse de Jé^us-Christ (3); d'autres qui,
dérables et la faire jouir d'une possession ter- scientifiiiuement pirlant, marchaient à la
ritoriale de plus en plus étendue et pour tète de leur siècle, déplorèrent amèrement la
augmenter le nombre et le bien-être des ecclé- prodigalité de i'emi^cieur Constantin, car,
siastiques prébendes; d'un autre côté, au selon eux, cette prodigalité, du reste toute
contraire, l'idée de plus en plus persistante bienveillante, était la cause des fautes de l'E-
depuis le xii° siècle que les grandes posses- glise, de la dègénéieseence du clergé et des
sions, les riches revenus de l'Eglise étaient interminables conDils entre le pouvoir civil
un grand malheur, la source de presque tous et le pouvoir ecclésiastque. De ce nombre fu-
les abus et la cause de la décadence des mœurs rent deux contemporains, D.inlc^.i) elOttokar
parmi les ecclésiastiques. deHorueck, dont les jugements et les obser-
Cette idée prit peu à peu une forme sérieuse vations sont presque iileiUiques. Le premier
et passablement menaçante pour le clergé, considère l'avidité du clergé et la simonie
quand on en conclut que dans le principe
: comme les conséquences latales de la dona-
les membres du clergé étaient pauvres, ne tion ; le second prétend que Constantin eu
vivaient que de dons librement faits etétaient cédaiit l'empire à l'Eglisi;, a uni l'epée à
réellement restés pauvres jusqu'au moment l'étole et par là a brisé la puissance impé-
où Constantin enrichit le clergé romain par riale (5).
ses donations que Silvestre, en les accep-
;
L'idée, qu'à la suite de la donation, la
tant, avait donné aux membres du clergé un ruine avait fait irruption dans l'Eglise, devint,
exemple fiilélement suivi depuislors, e.\emple dans ce temps si lècoud en fictions, un véri-
fui avait enraciner dans les idées den-
lait table événement. Un ange
avait paru dans les
tales la soif du lucre
et des richesses. airs et avait ci iè : Malheur ! C'est
.Mallicur I

Lei* richesses de rEgli=e furent de plus en en ce jour que le poison a été inoculé à l'E-
plus considérées comme le plus grand obs- glise. Cette légende se trouve déjà dans
tacle à toute réforme. Les sectaires, qui se Walther von der \ogclweide, au toiumeuce-
levèrent eu gi and nombre, depuis le milieu meiil du xiii' siècle. «L'ange a dit la vérité, »
du xu° siècle, en lialie, en France, en Alle- jirétend le poète, et ilepluiant l'abaissement
magne, s'attachèrent à cette idée ou l'entre- de l'empire comme la consèqueuce pernicieuse

^t) Miroir de Saxe, de Homeyer, I. 238. (3. 63.) Le livre du droit par dlsiinctioaa, publié par Orlloll. p.
la
32j. Miroir Snuabe, daas Senckenherg, Corp.juris german. il. 10.
île lu —
(i) L':s cardinaux A Ailly oi Zi-
rabi.'ila soulevôienl des oUjeciioDs au concile do Coiisunco coiilrci rexjilicaiiou liscale îles InbLiiiau.v Sy-
noilaiix et coaire lea impo^inoDa laites par lus aUici.iliiés et ilemainlèi'uiit (|u'ua sévit couny ccj abus
{Ap. llardt, Cmc. Coml, I. p. g, p. A2\ et p. 9. p. 524. Néaamoius eus abus s; inaiiilinienl i!;i Allemagne el
ik; contribuèrent pas peu à eieiler les esprils contre le clergé, coinino on jioul a'un convaincre en li.sant
les Grnvdiii'tia nuitoniê Germimca. G. M
de l'année 1522. —
(3; Le pussaiçe suiv.int de l'oiiviM^-e d'un moine
B riiaid Wilio {H >loria Wtsiy/iuliœ, Munan. 1778, p. 61) qui écrivait vers U70 uionlre qiiul.e élan ou-
Cure 11 uai.elé d'un grand nombre d'ecclôsiusiiqu'js et u'hislorioiis vers lu fin iiioyon égo qui avaient
adopté l'idée de la doualiou dans le sens populaire tS'Ivt.^lro pi}iiii/ica-i(e...-tcciesiarut>i pia<a:i, qui liacltum
m pauiiirtul* vixtiunt, imo nihil haOtnlu il umnia poisUtntts foimsioun hattn tnciptrunl. > — (4) lufi
,

18, itt-iui - (ft) c«i». M, niMrf Vtm, m. u»t


74 HISTOIRE UN'lVEUsirLLE UE LÉGLISE CATUOLIQUB

de la donation Conslanlinienne, il s'écrie : chose (|ue ce qu'il fullnit momentani^ment


mil êreri, p(iur l'entretien des prêtres. Ils •oiibidérdient
Aile vOrsieii lehent iiù
Wdu der liijî iste isl gos liwaeliet tous la .lonatioQConstantin couiuie le
de
Daz hat der [ifaireii wal guiiachot (I). I>oint décisif qui a la ruine, amené
voire
C'est ainsi que 9'cx|irime encore le chroni- même la destruction totale de l'Egli-'C. L'E-
queur strapboiiri^eoi^ Kij'nif4sli(»llen; " Vuici f.'li-e, disaieiit-ils, était restée pare jusqu'à

que l'on enlcinlil une vuix lu-dcssus de Home, Silveslre; mais en lui elle a délailli et s'est
et cjtte voix disait C'est aiijoiiid'liui i[w le
: éteinte, parce qu'elle a acccjdé la richesse et
l.i puissance terre-Ire dos mains det^onslanl'c,
liel et le poison ont tM6 vcrsi-s dans le Itreu-
vage de la chn''icnlc; et ?aclicz que ix .-era et elle n'a été relevée quj par u le- pauvret

làun germe de disuot.!-'. entre le; iiapcs et les de Lyon» (8). Avec la pauvreté de lEg isc dis-
empereurs (2). » jiaïut aussi son existence; la pOMC-^:vn des
La vue des maux qu'avait engendrés la biens matériels fut pour elle un poison ilont
hoine de Louis de liaviére contre les [i:ipes elle mourut. Silve^tre Cst donc ce loi puis-

d'origine fraiiqaise, Irùn- niimiur lit din; au sant, hardi et rusé, annoncé par Daniel (9)
JeandeWinlcitliur; Nos temps juslilicnt [ilei- (]ui délinira le peuple des élus. 11 est au-si

nement la piédirlion de l'aiigo, lorsqu'il an- l'Antéchrist, l'homme du péché et le fils de


nonçait que celte l'atalc dotalion et ces dons la damnation, dont a pailé saint l'aul (10).
spleudides que. Conslantin avaient faits à l'E- Valdez au eoutr.iire, le londaleur diS pauvres
glise, avec une intention droite sans doute, de Lyon, est l'Elias qui selon les paroles da
mais dont les conséquences ont été funesles, Christ doit venir rétablir le loul(l I).
n'étaient autre chose pour elle qu'un poison Plus tard, les Vauduis trouvèrent qu'une
pernicieux (3). Eglise qui avait disparu pendunl 800 ans, de
Les théologiens eux-mômes ne dédaignèrent Silveslre à Valdez , pour reparaître ensuite
pas d'en appeler à la voix de l'ange. Jean de comme sortant du néant était un rêve creux;
Paris en conclut que la donation avait déplu à ils prétendirent en conse<[uence que leur secte

Dieu ('i). Un siècle plus lard, Thiciry Vrie, était née dej i du temps de Silveslre(l:J) et que
Augusiiu d'Usnaliruck, admet que le poison dcjiuis ce pape, tous ses suceeiïeur; et tous leâ
i réellcmeiil été inocule à l'Eglise, mais seu- prêtres etaii.-ut damnés (13;. Le nom de Leo-
lement par l'ahus qui avait été t'ait de la do- ncnses (c'est-à-dire de Lyon) lit alors inventer
nation, car les ricliesses ne sont pas et ne un cerlaiu Léon , connue fomlalcur nominal
peuvent pas être par elles-mêmes un mal de la secte. Au temps de Constantin un homme
pour l'Eglise (5). t^e cri de l'ange devint taci- pieux de ce" nom « un disciple et un co ilrére
tement, même «lans la Louche du peuple, uu du pape Silvestre « se serait séparé de ce
proverbe usuel (G). pape devenu riihe cl dont il auiaii ab.iorré
Dans le principe cependant, l'ange qui avait l'avarice pour vivre vol <nlaiicmenl dans la
proclamé rempoisonnemeiit de l'Eglise pa- pauvreté du .Seigneur ;,I4).
raissait être un ange réprouvé, car le premier L'iiiee que hi pauvreté la plus complète et
qui ra[)porle le miracle, Giraud de (Cambrai l'éloignement de toute possession lui iiéces-
(vers M8U), et que les autres clironiqueiirs, cessairc à l'existence de 1 Eglise, que Con-'.an-
selon l'allirmation de Pccock de Chichesler tin et Sylvestre étaient par conséquent les
(I43U), n'ont l'ail que copier, met les paroles auteurs de la ruine de Ihg.isc; lelte idc^,
dans la bouche du « vieil ennemi » {!). En dis-je, devint si pu.ssautc, si conforme uu cou-
tout cas, ce « mauvais auge » s'est trauslorme rant des ide s de l'époque que rien ni- parvint
peu apiés en un ange de lumière. à la dominer. Voilà poiirquni les Dubini^leset
Les héreliipies des xiT cl xiii^ siècles, no- les l'rèicsdes .\potres qui à leui lnur vunluienl
tamment \aihlois elles Catiiares, purlirent
1er- aussi, au commencement du xiv' m'i le, r«j-
de ce principe que toute pos.-cssion ecclé-
: tablir l'Eglise dans sa puicié piimiiive, di-
siastique eluit en soi une chose blâmable, et saient que c était ?aiaii qui avait ouvert les
t^u'il était mauvais de douuer à l'Ejjiisc autre portes de la société humaine et de l'Eglise (15).

(1) Princes, vivez-vous honorableinent. lorsque le plm grand d'entre voii?> o?i nlTsit'Ii f OM li M qui a
hit UD gian.l bien aux piôlrus. (2) Ou doune — >uii. .e tune ou cum ... . dlUi la
maiiuâciil de Vic.ii. catts. 29, /!./. icoimn. du xiii* siCcU-)
: ///<(. yu : j f. •,.ifi'»r

!-e/igi'iiit: L Uisluiie de l'uiiRe se trouve aus-i .laiis le Cfun. n m. V i ; M , Juf/.-. 1. . .

182; daus la chioiii.|ue de S'iiéodor Ei'gelUusen, ifud L'ibuilt. tcnr. B u«ii il i.'si. —\i}Af'. Ko an), I. ,

1889, — V*) Jir- Scliurd. S>ilug p. JlO. ,



(51 llisl. Conc Constant o, . vou .1er Hsr.ll. I. III . 6' <ft —
omnibus reclittur, ici'iuw^ U" Constimiiiius li. im- i h'imf fCic .i"i. n'; n/ii r>; r .x m «#/< Il :

tu»i venenum nt e<:' lesia. Jo. Mayor, Depol. pa,..r. CE, es le Gersoa 11. 159. m
(7) Tht p // r..fm k > 1 —
tiuiCf^ l'i lie en: Pe. 0'jk"s £''/. Oy Onnx/n./ B binyln,,, Loudon, Ity.'* • ' '

Peeock,dan3 lu C'. Hi. ./"/l'i " llitern a icGiraul.f. Il u.- se trouve i

imprime., lunij il poiUiaii se iruu.er duns la !'« ptxo mumli < :

(S) Haiiier. bucclmui m U


rlen^ llietaur, V 1775. M l'ta, ntii-er.ut La'i„i, > V i.il. e. 112- VII, . — ,: .

24.— (,10^ i/.'i-('i. 4,203.— 1,11) Mallli., viii, II.— (12, i'ierre de Pluh ion Coi.'r.i n'.iW» «-. H, iii.m. t

Luy(lu,i>. XXV, 278. — (13) l>- ha-rtsi lau/.. île iui/it. Ai: Ma !
"
V. 177".» — ^n-
gei- à Boiiie, en U20. dans su C'irviiii/ue de R'ine, \\. 385.— yiti.feiias ptr
S. Siliei"""'". '"". suitciUds vilçc fUtl sutilracia c.i/f.iar et il>^
Piarie de
m— ni hw. ; -^^ -

c«re le dulolDisia Lucq"^ »?• Liuiborob, Hul. inqmt. p. 350.


DISSERTATIONS SUR LE UvnB TRENTE ET UNIÈME
Dnlcin lui-même, dans sa première épltre d'éloquence, une déclamation (il le tenait lui-
adies-ée à la clirétienté, avait apjielé Silvi's- même comme son chef-d'œuvre oratoire
tre l'ange de Pergame « qui demeuie où Satan qu'une étud- historique sérieuse et calme (7).
a établi son trône (1).» Malgré cela Valla, lorsque son écrit fut ré-
Le ptéiursour anglais du proti-stanlisme, l)andu de tous les coté^, et qu'il eût excité l'at-
Wiclptlo i.irtigea celle opinion. Il prcteniiait tention, rc rendit à Homeà l'appel de Nicolas V
que CoM-taiitin s'était luiné lulmi^meot avait et reçut de ce pape, ainsi que son successeur
rutné l'Eyli-e d'une manière insensée en ce Callixte III, toutes sortes de laveurs, quoiqu'il
qu'il a ainsi surchargé l'Eglise de biens doma- n'existe aucune trace de rétractation de sa part.
niaux (2). Dans son Triulogue il annonce à Les juristes cependant ne se laissèrent point
grand bruit que la donation de Constantin tromper et ils tinrent encore près d'un siècle
avait engendré l'Antéchrist et il en déduit la pour la fiction (8;.Aiitonni, archevêque de F)o-
Tuinede l'empire romain (3). renec, fit la remarque qu(î la donation ne se
Néanmoins les jours de la donation Cons- trouvait pas encore dans les plus anciens ma-
tantinienne étaient comptés. Di-j en 1443 i nuscrits du décret de Gratien ; mais il observa
EnéeSilviodePiccolomini, plus tard le pape en même tem[is que les légistes (les maîtres
Pie II, mais alors encore le secrétaire de Tem- du droit civil) coudjattaient la vali'ur juridique
pe icurFrédéricllI, avaient rrcommandéà l'em- de la donation, tandis cjuc les canonisiez elles
pereur d'assembler un concile qui devait entre théologiens la soutenaient. Ilado|da lui-même
autres cliosi's, sur la proposition i!e Fréili-ric, l'idée d'une souveraineté pontificale univer-
déci'ier la question lie la donation Cnnstaiiti- selle reposant sur les dispositions de la Provi-
niennequi n'avait déjà que trop bouleversé les dence et reconnut en cnnséquence dans la
esprits. Il était en personne convaincu de la donation une véiilable restitution (:i). Il y eut
lîclion de la donation et il mentionne lui- même aussi parmi les léi,àstes des défenseurs
même qu'il n'a jamais dé iiucstion de cette delà validité de la donation (10). A leur tele se
don ition ni dans les anciens historiens ni dans trouve liartolo (1330) auquel, comme le rap-
Damasus (c'est-à-dire le livre des pape<). Le porte Tiralioschi, on rendit presque des h fa-
caiactére apocryphe delà donation devait être neurs divins.
d<''claré par le concile et cette déclaration ca- Mais tandis que celui-ci indique le terrain
chait l'arriére-pensi'C d'Enée que Frédéric sur lequel lui et ses lecteurs se s(ml placé>. il
devait regagner et reprendre par elle au moins laisse deviner sa véritable opinioii(l I). l'ai' on-
une partie des biens et des richesses cédés par position i\icolaTudeschi,(}uesescoutenqioraiii3
la donation et reconstituer par cette reprise ont regardé pour le plus savant des canonis-
sur une nouvelle base en Italie la puissance tes,pretçn<l que celui qui nie la donali.jii doil
inqiériale ipii s'évaporait peu à peu sous le feu être tenu pour hérétiiiiie(l^2i.Le car.linal I'. P.
de la lutte et de la discorde (4). Parisius et l'évèque espagnol AiikiM .VU'ert
Presque en même temps parurent au xv* siè- furent du même avis. Ce dm-nierdit qu'en dé-
cle UeginaldPecok, évèque de Chichestre, le clarant la donation invalide on approchait
fardinal Cusa et LorenzD Valla, qui tous trois déià de V/u'rcsie, mais qu'on était viai iit

prouvèrent historiijucnii'iit (jui; le fait de la liérelique en rejetant son authenticité (l.'t).


donation et le document lui-même ctaient une AntoincUnselliis(|.i)et Louis Goinez 13) prut'es-
pure hction. Les argumentations de Cusa (3) sêrent la même doctrine. Le cardin.d Jeioine
étaient sans doute peu solides à coté de la Albano trouve qu'il fallait être bien impud Mit
ponctualité que Pecock apportait à ses vigou- pour refuser son adla'^sion relativi-ment à la
reux raisonni'ments (6). A Paris, oii la scolas- donation ConstanliiiieMiie à Vundiinri.t imisen-
tique tenait encore le sceptre, on n'avait pas sus lot et laulnrum Pulrumn (m sid'Ui l'expres-
encore formulé des conclusions aussi péi'cmi.- sion lie Pierre Kmuis; 1 6) à la lot/i (niniinstiinim et
loires, même cincfuante ans plus tard, comme ligistiiriim ticndemia et au consenteuienl una-
l'indique Almain. Valla alla certaincincnt nime des théologiens. Cependant, lorsque le
lia.iucou[i [dus loin que Pecock. Il [uitlendit, cardinal ISaronius eut ili'claré la ci nation iiou
lui, que le pape n'avait aucim droit sur Home authentique et fauss -, l:)us ces défenseurs,
"A les Etals de l'Eglise cl iju'il n'élait que le vi- uauuèresi nombreux, ilisparurenl dans Vom-
caire du Christ et non jias celui de César bre, et il se; lit autour de la question le plus
(tinitum \ icariiis C/in's/i et non i:li"in Ccfsaris). profond silence.
Il.iis son travail était [t\\i\<,[ une umvre Eu concluant, nous ferons encore observer,

ms'il. C'ilh. M hmrcl., ijit :l. XVII, n. 14. — (li) Tra'l. île /mleti . pii/iœ Lwjit. s. n. p. 3'20. — (là) Aii. Dursatu*.
i, c, ibO. — (16} louludoe:) aasurtioas et uo grand aosibr* (l'auirus s* irouvaui Jaai Bur;iatus, loc, cit.
n ITISTOIHE UNIVERSELLE DE LBGLISF. CATUOLIQUB
qu'en oonséqaence du droit de bourgeoisie esl insérée dans la Kormezaia JTniga le tw/jtJ
accordé par le? Grecs à la donation el à toutes juris canonici de l'Eciise greoo-.'liivo, ira. luit
les idéesd'extensionqu'on y ajoutait successive- aux iii° au xiV siècl'- ilu £?rec en langue slave
ment, celle-ci trouva entrée en Kussie, car elle par un Serbe ou un Bulgare (1).

{\) Ànnaie» titlirairet de Vienne. Vol. XXIII. 2fiJ.


LIVRE TRENTE-DEUXIÈME
BE l'an 3!26 A l'an 346 DE l'ère chrétienne

peraonnlflée dans saint i%thanase, n'a pas moins à soulTirir de ta


I.'fegllse,
légèreté et de l'Inconstance de Constantin que de la cruauté de Sapof
le roi des Perses, et trouve son salut dans la prééminence de l'évéque
de Rome, le pape saint Jules

C'était vers l'an 326. Constantin fonda à la mer, dans les champs mêmes que les héros
Byzant-e une nouvelle ville de son nom: c'est d'Homère av.àent illustrés par leurs combats,
Constanlinople, devenue dans la suite la source une nouvelle cité sortait de terre. Déjà s'éle-
de Ijien des hérésie-^, le siège d'un schisme vaient les murs de son enceinte et ses portes,
déplorable, et enfin la capitale de l'empire an- lorsque Constantin l'abaudonna pourByzance.
tichrétien de Mahomet. Depuis assez long- Tout le monde convient que la position de
temps, la plupart des empereurs, étant barba- Byzance, autrement Constantiiio|ile, est in-
res d'origine, avaient comme une certaine comparable. Assise, ainsi que Rome, sur sept
antipathie pour Rome. Galérius ne l'avait pas collines, mais sous un climat sain et tempéré,
même vue; Dioclétien lui préférait Nicomédie. dans une contrée naturellement fertile; de
Quoique le sénat et le peuple romain ne fussent plus, appuyée sur deux mers poissonneuses,
plus qu'une ombre d'eux-mêmes, la majesté la Propontide et le Pont-Euxin, elle domine
historique <ie l'un, les railleries satiriques de tout ensemble les rives de l'Europe et de l'Asie.
l'autre, n'accommodaient point les soldais par- Son canal du Bosphore, (jui sépare les deux
venus qui aspiraient au despotisme oriental. continents, lui forme un port vaste et sur, où
Pour ce qui est de Constantin, né dane l'an- les plus gros navires lui amènent, du nord et
cienne Mésie, la Servie actuelle, élevé à lacour du sud, les richcssesde l'univers jusqu'au pied
de Nicomédie, proclamé empereur en Breta- de ses maisons. Constantin commença de bâtir
gne, Home, où il séjourna peu, lui était pa- cette nouvelle capitale en 3-26. et en lit faire
reillement comme étrangère. Ce qui l'en solennellement la dédicace l'an 339, le II mai.
dégoûta, suivant le païen Zosime, ce fut que, Elle fut nommée en grec, qui était la langue
n'ayant pas voulu parlicijjer à une fête du pays, Conslanlùioit-poliK, c'est-à-dire ville
païenne, le sénat et le |ieuple, encore idolâtres de Constantin on la nomma aussi h\ nouvelle
:

pour la plupart, se permirent contre lui des Rome. La dédicace s'en céléinait tous les ans
discours injurieux (I). D'autres motifs ont pu comme un jour de fête, avec des jeux S(jlcn-
s'y joinilre. Il venait d'y ensanglanter son pa- nels. L'enceinte des nouveaux murs fut de
lais et sa famille par la mort de son fils, le quinze stades, environ trois ([uarts de lieue :

césar Crispus, et par la mort de sa femme, mais elle fut augmentée par les empereurs
l'impératrice Fausta, ainsi que d'un gr.ind suivants. Constantin y attira de nouveaux ha-
nombre de leurs amis. Les discours des Ro- bitants lie l'ancienne Rome et des provimes,
mains, les rcurels de sa i ropre conscience et lui donna de grands revenus, tant pour
durent lui rendre importune la vue même de l'entretien des bâtiments (jue pour la nourri-
Rome. Il donc sans retour, pour se
la ipiilta ture des citoyens. Il y établit un sénat, des
faire ailleurs une autre cipitale. magistrats et des oriires du peuple, sembla-
Cotnmi- les Romains se disaient une colonie bles en tout à ceux lie Rome, ilonl les lois y
troycnnc, Jules (lésar déjà avait formé le des- étaient observées, et la nouvelle Rome cnavail
sein (le lob.iiir Troie, et d'y trans[>orli'r ou tous les privilégies Elle était divisée, comme
re[)orlei le siéye de l'cinp re. On allrilnn' I i r.iurienm;, on (pialor/e régions n\\ (juarliers,
méuie pen^i'e a (;é<ar-.Vu'.;ii-te. (>oii-iiaiiii i
et ornée de^ ineni'> sorte-; d éditifos puldics.
l'c.xécula. Entre les ruines du l'ancien Uion cl hormis lus temple» d'idoles. Il y avait plusieurs

V) Zoi.,1. U, o.Matl
n HISTOinE USIVKnSETXE DE LÉGMSB CATHOL10UB
[jluces environnées de portiques ou K'''lerie8 a|)parlcm«'nls pour ceux qui avaient la «arde
couvertes. Lm [iriiicipule de ces places gar>la du lieu. Coii-tanlin la destina pour sa séj.iil-
le nom ilc Constantin, et sa statue était uu mi- ture, et y ii mettre son tombeau au milieu de
lieu sur une colonne de [)orpliyre. Il y avait douze auln- qu'il avait élevés pour la mé-
deux palais pour la demeure de l'empereur ;
moire des aijotres, six de chaque côté. Il la
et, devant le plus ^rand, un cir(|ue ou lii(>|io- fit |iar un mouvement de f'ii, pour parlici[ier

drome pour la course des chevaux, des stades après sa mort aux [iriéres qui s'y cdébraicut
ou carrière» pour les courses de pied, un ani- en l'honneur des apôtres, persuadé de l'utilité
philiiéàtre pour les comltats de bétcs, des qui en reviendrait i son àme(l). C'est ainsi
théâtres pour les autres S|iei'tacles, plusieurs qu'en parle Kusèbe de Césarée.
portiques ou galeries |iour les i)roinenades ; Outre le grand nombre des éirlises, Cons-
des bains, dcsaijucducs.des fontaines en srand tantin mit encore ailleurs des mari|ues de sa
nombre, il y avait uu capilolc, où les iiroles- religion. Sur les fcmtaines qui étaient au mi-
seuis des sciences et des arts avaient leurs lieu des places, on voyait l'image du bon pas-
salles ou ar.ditoi.'es; un prétoire et plusieurs teur, et Daniel entre les lions de bronz'- doré, 2).
autres tribunaux de diU'éreiites juridictions: Dans la pri.'icipale chambre de son palais, aa
plusieurs basilicjucs ou maisons royales, où milieu et tout en haut, était un tableau conte-
l'on s'as~einblait pour !e< all'aires. Desi^reniers nant une croix de pierres précieuses enchàs-éta
publics et un grand noinljre d'endroits pour dan-" l'or. Au
vestibule étaitun aulie tnble^iu,
distribuer le pain à trais sortes de personnes: où il avec ses enfant», ayant
était représenté
aux ol'liciers du palais, aux soldats et aux ci- la croix sur sa tète, et sous se- pieds un dra-
toyens. Car Constantin accorda à toux ceux gon percé d'un dard par le milieu du ventre,
qui bâtissaient dans «a ville, une certaine etpri'cipil'' dans la mer.
quantité de pain pour eux et leurs familles, à fiUait des livres pour le service des nou-
Il

pcrpéluité. velles églises de Constantinople. L'empereur


Mais ce qu'il y eut de plus considérable à s'adres-a pour ce sujet à Etisèbe de Césarée,
Constantinople furent les é;;lises. Cmi-tanlin et lui éi-rivitune lettre par laquelle il lui mar-
bannit de la ville nouvelle toule d'idobUrie; il que ((u'une grand'- multitude s'elant conver-
D'y laissa point de temples, ou il les fil consa- tie à la foi dans cette nouvelle ville, il a jugé
crer à Dieu; il n'y souffrit point d'autels où à propos d'y bâtir [dusieurs églises, et le charge
l'on biùlàt des victimes, et ne laissa des idoles de faire écrire, en beau parcheicin, par les
que dans les lieux profanes, pour y servir meilleurs ouvriers, cini]uanteexe[upl.iires des
d'ornement. Il fil même apporter exprés celles saintes Ecritures, lisibles et portatifs, d'une
qui étaient les plus renommées dans chaque écriture belle et correcte. J'ai écrit, ajoute-
province, pour exposer au mépris et à la dé- t-il, au trésorier de la province de fournir
rision publique ce qui était ^tardé ilans les toute la dépense nécessaire vous aur.z soin :

temples avec plus de vénération. Ainsi l'on


1 que ces exemplaires soient écrits au plus tôt,
voyait d'un ôté l'Apollon Pylhien, d'un autre
i
et, en vertu de cette lettre, vous prendrez des
côté le SminUiien le trépied des Delphes, si
: voitures publiques pour me les envoyer par
fameux par ses oracles, était dans l'hippo- un des diacres de votre église. Eu-cbe ne man-
drome; les rau5"s de l'Hélicon, dans le palais. qua pas d'exécuter promplcment cet ordre, et
Constantinople en était toute remplie. On d'envoyer à l'empereur ces exemplaires eu ca-
y
voyait aussi Rbéo, la mère des dieux, appor- hiers de trois et de quatre feuilles, magnifi-
tée du mont de Dindyme, prés de Cyziquc, où quement ornés {:]). Au reste, il avait rai-on «le
l'on disait que les .\rgonautes l'avaient placée. s'adresser à Eusebe plutôt qu'à un autre pour
Constantin la .lélisura en lui ôtant ses lions et avoir des exemplaires corrects car, outre ;

chanu:eant la situation de ses mains, en sorte qu'il était connu pour très-savant, il avait hé-
qu'elle paraissait sniïpliunle. rité de la bibii>théque du martyr Pamphilc.
La principale église l'ut dédiée à la sairesse Constantin donna à sa ville tout ce qu'il put,
éternelle, d'où elle garde encore le nom de pour l'égaler ;\ Home; mais il ne put pas lui
Sainte-Sophie. Il y en eut une en l'honneur donner ^e qu'il n'avait pis lui-même, la cons-
des douze apôlres. Klle était en forme d.' croix, tante fermeté dans !a foi. Il semble, au con-
d'une hauteur merveilliMi-e: incrustée eu de- traire, qu'.ivec la fondation de Couslanlmo-
dans de marbres de diverses couleurs, depuis ple, il ail dégel ér>' de lui-même; car on le
le i>avéjusqu'au toit, (pii était revêtu d'un voit dès lors, inlidéle ù ses parole- et à ses ac-
lambris tout doré. Li' dessus était couvert île tes antérieurs, troubler lE'clise par ses incon-
cuivre au lieu de tuiles, cl doré en plusieurs séquences: incon-éqi.'Mces déplor.ibbs. <|ui
endroits: en sorte qu'il lédéchissait fort loin préludent à riiicon>!-Mince plu> dcploriide
les rayons du soleil le douie était environné
; encpre de Son fils Cousl ince, cl «boulir" '.
>

d'une biilustr.ide de cuivre et d'or. Cet te église l'apostasie de son n veu Julien tri-le i;;. - :

était au milieu d'une gran>le cour carrée, fer- de la futur»' hi-t">ire.i Co islacdnuple nu ..

mée de quatre i;aleries, accompagnée de l>ains. Philostorgf \ .luimr arien, u^us app oJ .

de grandes salles, de chambres et de div.: ~ que, quand La-r.'C de .Nicom^die et sa cabaia

fl) Euséb.. Vita Conft., 1. IV, c. lviii et lxix. — (2) Euseb., VUa conit., 1. Ul, xLvui et seq. — [S} Ba«

,

ieb.. Vita Comt., 1. IX, c. hvi. (4) Phdost, 1. U, c. ii.


LIVRE TRENTE- DEUXIÈME. 7»

soii-orivirPTif nu roncil'» fie Nii-'''P. i's If firpnt même fait comme une loi de l'Elat. Et le
avef des re-triction- f'randiili'u-^fi<. ft |ini' les voilà qu'au lieu d" faire soiisiiiie pui émeut
conseils de Constimoin, -œur de Con-lantin. et simplement cette loi tout ensemble reli-
Elle «'lait veuve de Lii'iniiis. Aprè^ lu mort de gieuse et civile, perriet à de.ux individus de
saillie" Hi'lène, leur mère coinmiine, l'empe- s'en fabii juer une dilterente; le voilà, lui
r«ur, son frère, lui témoig^nn heiiiicoup d'af- qui a protesté tant de fois (]u'au lieu de juger
fection. Elle en profita pour lui reenramiinder, les jugements dcl'E'ulise, il en était lui. même
dans sa dernière malHdie.iin prêtre arien i[ui justiciable, le voit;' qui inconsidérément
avait su gagnorsa confiance, et lui p'Tsuader renverse ce qiie l'Eirlisc a jutrè. et, par celte
qu'Arius avait été C"ndamné injustement. imprudence, va troubler l'Eglise et l'empire
Pour ino, di-^ail-elle, étant prèle à sortir du pmir des siècles, péchant non moins contre
moi'de, je n'y ai plus aucun intérêt miii-; je ; les règles d'une -âge politique, que contre les
crains pour vous je 'T.iin'; que les souffran-
: règles de la loi chréiienne.
ces des innocents cxi'és n'ait rent la ruine de Eu-^èbe de Nicomédie et Théngnis de Nicée,
votre Etat. Constantin, p -rsiiadé de la bonne ayant appris dans leur exil le rappel d'Arius,
intention de sa sœur et de son afl'cction pour envovèrent aux principaux évèqucs une ré-
lui, ilonna libre accès à ce prèlie. Ci>lui-ci, tractation par écrit en ces termes Ayant été ;

qui avisait d'après les suugestionsd'Euscbe de condamnés par votre piôti'^ sans connaissance
Nicoméilie. ayant gagné la confiance de l'em- de cause, nous devons souQ'rir en patience
pereur, lui insinua, comme il avait fait à sa votre jugement; mais de peur de donner nous-
sœur, qu'Arius ne pensait pas diliV'reiunient mêmes par notre silence un prétexte aux ca-
du concile de Nicce, et qu'il souscrirait à ses lomnies, nous déclarons (]uc nous convenons
décrets, s'il daignait l'admettre en sa présence, de la foi, et qu'avant examiné le sens du mot
l/empereur étonné, répondit Si Arius sous- : de eonsubstantiel, nous sommes entièrement
crit aux décrets «lu concile, et s'il a les mê- portés à la [laix, n'ayant jamais suivi l'hé-
mes sentiments, je le recevrai volontiers et le résie. Mais après avoir représenté, jiour la
renverrai avec honneur à Alexanlrie. trani|uilli'é des églises, ce qui nous venait à
Nous avons vu que déjà précédemment, l'esprit, et avoir persuadé ceux que nous de-
dans une lettre publique, après lui avoir dit vions satisfaire, nous avons souscrit à la pro-
des injures, il l'avait invité avec une emphase fession de foi. Il est vrai que nous n'avons pas
pédantescjue à venir conférer avec lui pour souscrit à l'anathème; non que nous trou-
reconnaître ses erreurs ou se justifier. Il lui vions à dire à la profession de foi. mais [larce
écrivit alors nommément pour lui témoigner que nous ne croyions pas que l'accusé :nt tel
sa surjirise de ce qu'il ne s'était pas plus em- que vous pensiez, étant assurés du contraire
pressé de venir, et pour lui laire espérer sa par lettres (ju'il nous avait écrites et par ce
bienveillance et le retour dans sa patrie. Arius qu'il nous avait dit de sa bouche. Mais si votre
vint donc à Constantinople, avec Euzoïus, ilé- saint concile l'a cru coupable, nous ne nous
posé du diaconat. L'em]iereur leur demanda opposons pas à votre jugement, nous y ac-
s'ils étaient d'accord en la foi, et, sur leur ré- quiesçons, et nous vous assurons par cet l'crit
ponse afiiruiative, leur enjoignit de présenter d(! notre consentement Non que nous ayons
leur profession. Ils lui en présentèrent une, peine à porter l'exil, mais pour nous purger
-.- l'article _:_.!
de tout soupçon d'hciésie; car, si vous vouiex
-' 1. ...:
vague et équivoque, où, sur
-
pnnei 1

pal, ils disent c|ue Dieu, le Verbe, a été pi'o- bien nous admettre en votre présence, vous
duit ou crée(l) du père avant tous les siècles. nous trouverez entièrement soumis à vos juge-
Ils finissent par prier l'enipcieur de mettre un ments. Au reste, puisque vous avez usé d'in-
terme aux disputes oiseuses sur des questions dulgence envers l'accusé lui-même, jusqu'à If.
puiumeut spéculatives, afin que tous étant rappeler, il serait étrange de nous rendre sus-
unis dans TEglise prient sans relâche pour le pects par notre silence, tandis que celui qui
bonheur de son règne et pour toute sa ta mi lle(2). semblait coupable est rappelé et justifié. Ayez
Ces questions, oiseuses suivant eux, étaient donc la bonté, comme il est digne de vous,
de savoir si .lésus-Christ est Dieu ou créa- d'en parler à rem[iereui', de remettre en ses
turi' ; si, par conséquent, les chrétiens étaient mains cette rciiuète, et de résomlre au plu»
idolàlns ou non. tôt ce (jue vous voudrez faire de nous (.'().
Con-tanlin fut satisfait de celte profession Ajirès le rappel d'Anus, on ne pouvait guère
de foi, "l bs reçut tous les deux en grâce. refuser Eiisêîie et Théognis. ils lurent doiib
InconsèqiKMu-e iléplorable, ipii remettait en rappelés après environ trois ans d'exil, c'est-
question tout ce qui avait été décidé, et rou- à-dire l'an 328. \h rentrèrent dans leurs
vrait la porte à des disputes .-ans fin. Un con- églises, et en chassèrent ceux ijui avaii'iit été
cile. œcuméni<|uc avait été assemblé à grands ordonnés à leur jilace. Nouvelle ineousétiuence
frais ; il avait terminé les controverses par de la part de Constantin. Dans .«a proclania-
une profession di^ foi claire et nette ; tout le lionaux habitants do Nicomédie, il avait ac-
mi>nde l'avait souscrite l'empereur en avait
; cusé Eusèbe de l'avoir trouipe honteusement

Le mot grec peut


1 algaiflor l'un ot l'autre. (2) Soorate, I. I, o. xivi. — (J) Soc, l. I, c. xiv ;
Soi.
(J)
XVI-
80 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE

et plusieurs foi", rt leur rfcommanflait vive- ditexpressément que, pour la preuve, il faut
mont leur nnuvel cvé'|ue. Et le voilà i[ui lai=se deux ou Iroi- témoios, et saint Paul déf.-nd
chassi'r ce même évèque qu'il a tant reom- de recevoir autrement une accu-ation c'Tilre
manJf^, et prolc^'/e celui qui l'a trompé lion- un prêtre. Toutefois, Ku^tatlie demeura con-
teiiscment. et qui le trompera plus hoiileuse- damné! el déposé, seulement on .ic publia
mcnt encore. pas In cause. On dit sourdement ^u'il avait
A peine Eusèhe et Tliénsnis ?e furent-ils été chargé d'un crime honteux, à quoi l'on
TBssaisis de leurs poste?, qu'ils niirent tout en joignit le reproche banal <îe sabelliani-me.
œuvre pour se vcnf^er fie ceux {]ui avaient Au reste, la malhourease femme, ^tant tom-
combattu la doctrine d'Arius avec le plus de bée dans une lontruect fâcheuse maladie, dé-
tèle. d'habileté et de succès. Eustathe d'An- couvrit à un prauil nombre d'évèques toute
tiochefut attaiiué le premier. Il avait confessé l'imposture: carelle dit «ju'elle avait été en-
la foi durant les per'^éculions; el, docte, élo- Rairéc à cette calomnie pour de Tarirent; que,
quent, il s'était déclaré des premiers contre toutefois, son serment n'était pa^ enliér.-mect
l'hérésie arienne, et ne cessailde la combattre faux, parce qu'elle avait eu cet enfant d'un
avec beaucoup de force par un arand nombre ouvrier en cuivre nommé Eustathe (1). Telk-
d'écrits. Son exactitude l'cmpéchi d'admettre était la conscience des deux Eusèbes eldel'jur
dans son clergé plusieurs personnes su=pecles. phalange.
Non content de préserver ainsi son église, il A la place de saint Eustathe on voulut
envoyait dans les autres des homme< capables mettre Eufèbe de Césarée. Les évèquesdu com-
d'instruire et J'encomaiTcr les fidèles. 11 ne plot en écrivirent à l'empereur, témoignant
craignait point de se déclarer contre Eusèbc qu'ils désiraient celte translation, et que le
de Césarée, Paulin de Tjt et Patropliile de peuple y consentait. .Mais, en efTet. il n'y en
Scythopolis, qui, par leur autorité, entraî- avait qu'une partie; l'autre tenait ferme pour
naient la p'upart des évoques d'Orient. Les Eustathe et voulait le conserver. Cette division
ariens résolurent de le perdre. du p!"U|ile vint jusqu'à la sédition, et pen.si
A cettefin,Eusèbe deNicomédie feignit un renverser la ville d'.Vntiche; car tout ">
grand désir de voir Jérusalem, et en paiticu- monde prit parti, même les masislrats et les
lier l'égT se magnifique que l'empereur y fai- pold.its, et ils en seraient venus au mains, ei
sait bâtir. 11 flatta si bien Constantin par ce l'empereur n'y eut mis ordre. Eusêbe de Nico-
prétexte, qu'il parlitde Nicomédic avec grand médie et Théognis retournèrent le trouver
honneur, l'eraiiereur fournissant les voitures prompteraent, et lui persuaiièrcnt qu'Eu^tathe
et tous les trais du voyage. Thé02;nis de Nieée, seul était coupable de tout le mal. Sur quoi il
son confidt^nt, partit avec lui. Arrivés à An- le fit venir et l'envoya en exil avec plusieurs
tioche. ils se couvrirent du masque de l'ami- prêtres et diacres. C'est ainsi que l'inconstint
tié, etreçurent de saint Eustathe toutes sortes Constantin, faute de s'en tenir purement et
de bons traitements et toutes les mari]uesde simplement à la règle fixée parleconiile rpcu-
Ja chariié Iratcrnelle. Quand ils furent arrives méui(iue, se laisse entraîner jus.ju'à devenir
aux saints lieux, ils virent ceux qui étaient de le persécuteur des saints ; car les ariens chas-
leurs sentiments, entre autres Eusébe de Cé- sèrent encore de même deux autres saints
sarée leur découvrirent leur dessein et revin-
;
évêqucs, .\sclépa3 de Gaza el Eutrope d'.\n-
rent avec eux à.\ntioclie, ceux-ci les aceom- driuople.
pagnant au retour, sous prétexte de leur té- Ccpi'udantEusèbede Césarée, qui coopérait
moigner l'ur considii'raiion. à ces indignes manœuvres et à cause duquel
Tous CCS éveques, se trouvant ensemble à Antioche avait failli périr, eut la prudence
Antioche, tinrent un concile où Eust:ithe as- d'en refuser l'épiscopat. On y mil d'abord Pau-
sista, ainsi que plusieurs évéqucs cathojujues lin de Tyr, puisEulaliu>, puis Euphroniiis.qui
qui ne savaient rien du complot. Quand on vécurent peu tous les trois. Enfin, Flacillus
eut fait soriirtout le monde, les ariens firent fut ordonné vers 331, et tint le siège douze
entrer une prostituée qu'ils avaient apostéc ans. Tous ces évéïphîs claienl du parti des
d'avance et qui, montrant un enfant à la ma- ariens. Lo peuple catholique, qu'ils nommaient
melle, criait avec impudence qu'elle l'avait eustathicns, tenait à pari ses iisS''mblée5..\vant
eu de l'évèque Eustalhe. Celui-ci demanda de partir |)Our l'exil, où il mourut, saint Eus-
qu'elle produisit quelque témoin; elle dit tathe l'avait réuni une dernière fois, cl ex-
qu'elle n'en avait point; mais les juges lui dc- horté a domeuicr ferme dans la l>unne doc-
féréreul le serinetit. Elle jura, et dit encore à trine.
haute voix qu« l'eufaut était à Eustathe; et, Aires CCS premiers essais, les ariens esptv
comme s'il eut été convaincu, il fut condamné raicnt peut-être triompher dans tout l'Orient;
à la pluralité des voix. Les évéques qui n'é- mais il re-tait saint .Athanase. .\rius, soutenu
taient jias du complot reclamaient hautement de l'empereur, cherchait à rentrer ilin<
«intre la sentence, et défendaient à Eu-talhe Alexandri'-. Il éprouva un refus Eusrbe de
d'y acquiescer. Ils représentaient qu'elle était Nicnmé.lie, se croyant, par son adie»e, plus
jouire toutes les règles, puisque lu loi del>icu puissant que l'empereur, écrivit às>iiut Alha-

(1) Soc. 1. I, c. XXIV ; Soz.. 1. Il, c XIX.


LIVRE TRENTE -DEUXIÈMB. Rf

n>»», pour le prier et le presser de recevoir avec joie votre évèque Athanase, je lui al
Arius à sa communion. Sa lettre était arcom- parlé comme à un homme de Dieu, et je l'ai
pasnéo de menaces verl.ales, que, s'il ne vou- chargé de vous saluer de ma part. Que Dieu
lait pas s'y rendre, il s'en trouverait mal. vous garde, bîen-aimés frères (1). «
Athanase répondit qu'il ne ferait rien contre Saint Athanase eut une autre consolation
le concile deNieée. Désappointés de ce côté-là, vers ce temps. Le patriarche des solitaires,
leseusébiens se liî^uèrent avec les mc'léciens, saint Antoine, n'avait point reparu dans
qui remuaient toujours en Egypte. Les deux Alexandrie depuis la persécution de Maximin,
partis n'étaient nullement d'accord sur la foi; Les ariens se vantaient qu'il était de leur sen-
car, dans ce temps, les meli'ciens professaient timent. Alors, à la prière des évèques et de
la consubstanlialitéiln Verhe. Mais ils se réu- tous les fidèles, il descendit de la montagne,
nirent contre Allianase, l(nir commun adver- et, étant entré dans la ville, il excommunia
saire. Ils l'accusèrent donc auprès de l'empe- les ariens, disant que c'était la dernière héré-
reur d'être La cause de tous les troubles. Lui sie, celle qui précéderait l'Antéchrist. Il en-
«eul refusait la communion de l'K^lise catho- seignait au peuple que le Fils de Dieu n'est
lique à ceux (jui la demamtaicnt, quoiqu'ils point une créature ni fait de rien, mais éter-
fussent tous orthodoxes. Si l'on accordait nel, de la substance du Père, son Verbe et sa
cette riMinion, on finirait certainement toutes sagesse. « N'ayez donc, disait-il, aucune com-
les dis])ules. Athanase fit connaître à l'empe- munication avec les impies ariens. Vous êtes
reur le véritable étal de choses; comment les chrétiens eux, qui disent que le Fils de Dieu
:

méléciens ne cessaient de violer les décrets de est une créature, ne diffèrent en rien des
Nii'ée, et comment les autres, qui deman- païens, adorant la créature au lieu du Créa-
daient la communion de l'Eçlise, étaient op- teur. ))Tout le peuple se réjouissait de lui
posés à la foi de l'EsT^lise. Les eusébiens ap- entendre anathématiser l'hérésie on accou-
;

puyèrent leurs amis de toutes leurs forces, et rait en foule pour le voir les païens mêmes
;

l'erapcreur envoya ordre à Athanase de ne re- et leurs sacrificateurs venaient à l'église en


fuser' la communion de l'Ei^lise à personne. La disant Nous désirons voir l'homme de Dieu,
:

lettre contenait ces paroles entre autres : car tous le nommaient ainsi, et, par ses priè-
Etant donc informé de ma volonté, laissez re». Dieu délivra plusieurs possédés et guérit
libre l'entrée de rEt;lisc à tous ceux qui veu- plusieurs aliénés d'esprit. Beaucoup de païens
lent y venir car si j'apprends que vous l'ayez
; demandaient au moins de toucher le saint
refusée à quelqu'un de ceux qui la désirent, vieillard, persuadés qu'ils étaient d'en rece-
j'enveiTai aussito' vus déposer et même vous voir qucbjue avantage et, dans ce peu do
;

éloigner du pays. Saint Athanase, sans s'é- jours, il se fil plus de chrétiens qu'il ne s'en
tonner de ces menaces, écrivit à l'empereur, serait l'ait en une année. Quelques-uns, croyant
et lui lit entendre qu'une hi;résie qui attaque ([ue la foule pourrait l'importuner, voulaient
Ji'sus-(;hrist ne peut avoir de communion avec faire retirer tout le monde; il leur dit sans
l'Ei^lise catholique. s'émouvoir Ils ne sont pas en plus grand
:

Les mi'lcciens, par le conseil d'Eusèbo de nombre que les démons avec qui nous combat-
Nicomédii', |>roduisirent de nouvelles plaintes; tons sur la montagne. Comme il s'en retour-
ils avancèrent (prAlhaiiase avait ini[)Osé aux nait, accompagné de plusieurs personnes et
Eiryptiens un nouveau tribut, s:ivc)ir destu- : do saint Athanase lui-même, lorsqu'ils furent
nicpies de lin pour l'etçlise d'Alexandrie, et à la porte de la ville, une femme criait der-
•pi'il avait commencé [lareux à l'exi^n-r. Fleu- rière lui Demeurez, homme de Dieu, ma fillo
:

reuscmrnt il se trouva au|irès de reni|icrcur est cruellement tourmentée par le démon;


deux prêtres d'Alexandrie, Apis et Macaire; demeurez, je vous prie, de peur que je n'ex-
il les interrogi'a et renvoya les méliicieiis, pire moi-même à force de courir. On le pria
a[irès avoir reconnu lafaussi-té do leurs accu- d'arrêter, et il le fit volontiers. La femme
sations. Mais il fut bientôt assailli de nou- s'a[q)rocha ; sa fille se jetait par terre ; mais
velles et très-graves plaintes. Allianaso, di- Antoine ayant prié et nommé Jésus-Christ, le
sait-on, avait pris part à une conspiration démon sortit et la fille se leva guérie. La mêra
contrit l'iimjiereur, et envoyé pour cette tiu bénissait nom de Dieu, tous lui rendaient
le
un coffre rcmiili rl'orà un certain Philumèiu-. gr;\ces, etAntoine partit avec joie, retournant
(liMistantiii manda l'accusé, reconrml aisé- à la montagne comme à sa maison (2).
iiumt son innocence et lecongi'dia honorable- Après l'issue humiliante de leurs premières
ment avec une lettre au |ieu|»li' catholique accusations contre saint Athanase, les mélé-
^'Alexandrie, où, après avoii- dcq)loré la ma- ciens se tinrent en repos; mais ils furent
lice d(! ceux ipii troublent et divisent l'Eglise excités de nouveau ;\ prix d'argent par les
pour salisfaliir btrTJalousie et leur andiition, cusi'biens. Les nouvelles accusations surpas-
il ajoute « Les méchants n'ont eu aucun [lou-
: sent tout ce qu'on di>it allendro d'hommes
voir contre votre évè]iie; croyez-moi, mes sans conscience.
fi'ircs, tonte leur ap|ili(ation c;sl d'abuser de Dans la province de Maréote, un certain
notre teiujiset de se mettre hors il'étut île se Ischyras s'clait lui-même fait prèlr(> dans un
repentir en celte vie. i> Et ensuite : « J'ai re^u pulii. Uumuaii. Mais il a'avuit ni iiJcles ui

(t} Athaa., Apolo$. — (2) àXbho., Vita Ànto».


S. n.
n

8Î tlISTOIRE UNlVi:nSKI,LE DE L1><JLISE CATIIOUQUE


é{[flise; sBiilrunont, i|uel(iues-un9 do se» pa- traindre, déclarant, au inrplug, que tout*
rents, au tioiiilire de sopl, assislaient à sa l'accusation était fausse, et qu'il n'y avait eu
priHoiidue litiirfiçiH dans uiio ch(iml)r»!. Déjà, ni calice brisé, ni autel renver.si\ Cet écrit,
du tninps (|ii'Osius était à Aloxandric c-l i]u'il tpte nous avons encore, «si ki({n'' d'|-<chyras,
du pi'ètru (^nlhithe, il iivail
exaiiiiiiuil l'aDaire et fut donné en préAuncc do six prêLrcï et de
cil!qu(islion de l'outro[irisc d'Iscliyriis car il
;
sept diacres, ijui y sont nommés,
avait «outcnu cjun (lollulhe lui avait eonfc-rc Au sujet d'Ar.sène, Atbanase eut souproa
lus ordres. Mais, outre i|u'Osius déi'iara nulle* qu'il vivait, quoiqu'il ne l'eût [dus vu dtpuii
"îutcs les onlinalions de (iollullie, il fut en- six ans. Un diacre lidèle, envoyé dans la haute
core avéré i]u'ls(^hyras n'avait pas même reçu Lnypte pour le lrou\er, s'il y avait moyen,
l'imposition de^ mains du prêtre >eliismatiijue. fut assez heureux pour découvrir ses traces.
11 re(;ul dès loi.s la déieuse de faire le prêtre. Il tenu caché dans un monastère. .Mais
s'était
Cependant, dan» la visite ordinaire i|ue saint l'inné, prêtre mélécien de ce mona^^têre, ve-
AtlianasB fit dans la Maréule, les curés de ce nait de le faire endiarquer |iour lu basse
.uanton se plai^nireid i|u'|seliyras continuait Ktîypte, ayant eu nouvelle de Varrivce du
ses fonctions sacerdotales. Le cuié, dans la diacre et du but de son voyage. Celui-ci, ce-
paroisse (hKjuel se trouvait le hameau d'Js- pentlant, se saisit du jirêtre l'inné et du moine
cliyras, ainsi i|uele prêtre Alacaire de la suite Elle, ami d'Aisêne, conduire à Alexan-
et les fit

d'Allianasc, lui furent envoyés avei: ordre de drie. On les présenta au duc de la province :
le ramener à l'obéissance. Ils le trouvèrent c'était l'oflicier qui y commandait les troupes.
malade au lit : ils recommandèrent alors à Là ils avouèrent qu'Ar.-ène vivait encore et
son père de lui défendre d'oser dnvanlaf;e qu'il avait êtê caché clicz eux. l'inné écrivit
exercer aucune fonction sacerdotale. Ischyras aussitôt tout ceci à Jean Arcaph, le chef des
passa aux méléciens, »]ui tournèrent cet inci- méléciens, aiin qu'il ne s'opiniàtràl pas da-
dent à leur manière, l'obiiqc'ant d'allirmer vantage à accuser saint .\tbaiuise de la mort
que Maoaire avait rompu son calice et riii- d'Arsène, iiui>que toute l'Kgypte savait i|ue
voi'sé l'autel. Alhanaso devait expier la vio- cet homme était vivant. La lettre tomba entre
lence de son prêtre. les mains de saint .\lhanase. Knfin on décou-
Une seconde accusation fut ourdie. Un éve- vrit .\rsêne lui-même à Tyr, où il s'était en-
<juo mélécien, Arsène d'Hypsêle, avait pris la fui. H nia d'abord son identité; mais il en
Itiite depuis quelque temps, à cause do cer- convint ipiant il fut présenté juridi.]uemcnt à
taines prévarications, et se tenait caché. On Paul, évêque de Tyr, qui le connaissait depuis
lui oflrit de l'argent s'il cimsentait à ne plui longtemjis. Athanase envoya les ade» de tout
se montrer en public. Le successeur de Mi-iêre, ceci à Constantin car il .se refusait, et i.our
;

Jean et les siens répandirent là-dessus le bruit de justes raisons, à comparaître devnnl llal-
qu'Arsène avait été mis à mort par Albanase, mace et les évèqm-s tusebe et Théo^nis.
dans le dessein d'employer ses restes à des L'empereur révoqua le tribunal qu'il avait
opérations de manie. Ils demandaient avec établi à Antioche, et écrivit à saint .Vthanasc
des larmes feintes qu'on leur rendit au moins une lettre où il condamne avec indignation
son corps. Pour itièces de conviction, ils col- les impostures des méléciens. Il onlonne
portaient partout, dans une boite, une main qu'elle soit lue souvent au peuple ; et ajoute
coupée, qui était, disaient-ils, colle du mal- que, si les imposteurs continuent leurs ma-
heureux Arsène, Les ilcux accusations fuient nœuvres, il ne les traitera plus .selon le» lois
portées devant Constantin. Uuant à la pre- de riA'lise, mais selon les lois publiqiie.=>, et
mière, le calice rompu par Macaire, il n'en lit prendra conuai.ssancc de l'affaii-e par lui-
aucun état car déjà précédemment il en
; nuMue. Les méléciens cédèrent à ce coup. Ar-
avait reconnu la fausseté à Mcomédio; quant sène lui-uicme écrivit à s;iint .Vthana-^, au
à la seconde, il or;louna une en»iuèle, dont il nom de tout son clergé d'Hypsêle, pour lui
confia la conduite au censeur Daimace, un do deuiauder sa communion et lui protester
ses oncles. Athanuse reçut ordre de se trouver, l'obéissance qu'il lui dev;iit, s<loa les canons,
à une époque iixée, à Antioche, pour se dé- comme à son métropolit.iin. Je ui, le cfi' f de»
fendre Eusèbo de Niconiédie, ihéognis il
; méléciens, demanda aussi la p.iix et lamilià
quelques autres devaient, conjointement avec de saint Athanase, et en écrivit à l'e-upcreur,
Daimace, compo^er le tribunal. qui en eut tant de joie, qu'il manda à Jean do
Mais bientôt Ischyras, pressé par les répri- venir le trouver par les voitures publi.picâ
mandes de parents et les rejuiiches de sa
ses pour recevoir des marques île si bienxciU
lonscience, vint, tondant en larmes, sejetci lance. Ainsi finit alors laffaire d'Atst'ne J).
aux pieds d'Atlianaseet lui demander sa com- Par les paroles ite Constantin, on voit qu'i.
munion. U lui donna même uue déclaration avait de bonnes intentions, qu'il chcrcbiit I4
par tkrit, signée de sa main, où il proteste paix de l'Kiiiisc. Son inconstance nnumcntcra
que ce n'est point de son propre mouvement les troubles. Trop sensible à la fl.-itterie, il na
qu'il a parlé contre lui, mais à la sufti;. -lii se déliait point a-scz des évêques courlisani.
de trois évéques méléciens, qui ra\ai.'iil en particulier d'tuscbc de Nicoiu>-die, di'iit il
même frappe oulim;cu»cmi;ul pow l'y «uu- 4tait vruiuieut U
dupe. Mcu« apreii lnut c«

(t) Athan., Apoi.

À
LIVRE TRRNTR-HEUXIt^MR. 85

qui »enait de se passer, cet Eusèbe et ceux de rient, et surtout le comte Denys, pnvoyé ex-
son paiti n'alinridntiiiérenl point leur entre- l's de la cour pour ctttr commission, qui
prise inuis, ayant gaijné de nouveau qnelipies
;
l'.t accompagné i!o ministres de justice,
méléciens, ils les prési-ntèrent à l'empereur, .qipariteurs et de soldats. C'était un goidier
renouvelant eontre Allianase des accusa- ;iii tenait la porte pour faire entrer les évè-

tions vai;ues de criini-s énormes. Ils firent pies, au lieu (pie les diacres devaient le faire,
tant ([u'ils le portèrent à assembler un con- l.e prêtre Macaire, dont Constantin avait ce-
cile, et proposèrent la ville de Cèsaréc en Pa- pendant reconnu l'innocence, fi. amem- d'A-
lestine, ^cause d'Eusèbe, qui on était évèque, lexandrie, chargé de chaiues et traîm- par des
l'un des principaux du parti. Saint Athanasa soldats. Comme saint .\tlmnase lardait, on lui
ae voulut point s'y rendre, sachant qu'il n'y envoya des lettres de i'empereur (|ui le mena-
aurait point de liberté. 11 se passa deux 'ins et çaient de le contraindre par la force ; et nous
demi, depuis l'an 'A'i\, que ce concile avait été en voyons encore une, adressée au concile,
indi(|uè, jusqu'à l'an oJi. Enfin les eusébiens qui menace même d'exil celui qui refusera
se pliiiïriirent à l'empereur de la désobéis- d'y assister. Saint Athanase vint enfin pour
sance d'Atkanase, le traitant de superbe et de oter à ses ennemis tout prétexte do le décrier
tyran. L'empereur en tut irrité et en prit de auprès de l'empereur et de dire qu'il désobéis-
mauvaises impressions contre lui. Il changea sait parce ([u'il se .sentait coupable. Il amena
le lieu du coni-ile, et ordonna qu'il s'assem- avec lui ijuarante-neuf évèques d'Egypte, en-
blerait à Tyr. Ce fut en l'année 333, la tren- tre autres les illustres confesseurs Papbuuce
tième du récrie de Constantin. La cau-e de la et Potamon.
convocation de ce concile était, disait-on, pour Quand
.saint Athanase fut entré, on le fit
réunir les évoques divisés et rendre la paix à demeurer debout, comme un accusé «levant
l'Kylise. L'empereur <'tait_ bien aise encore ses juges. Potamon en répandit des larmes,
.l'assembler un grand nombre d'évéïpies en et, s'adressant à Eusèbe deCésarée, il lui dit
l'alesline, pour rendre plus folennclle la dé- tout haut Quoi
: Eusèbe, tu es assis pour
1

dicace lie l'Knlisc de Jérusalem, nouvellement juger Athanase qui est innocent ? le peut-on
aelii'vèe; mais par l'iiitriuue des eusébiens il souH'rir ? Uis-moi, n'étais-tu pas en piison
111^ in.<^nda ù ce cnncili^ (jue les évèques qu'ils avec moi durant la persi-cution ? pour moi,
lui manpièrent, et il y envoya un comte pour j'y perdis un œil : te voilà sain el entier ;

les appuyer de son autorité, sous prétexte de comment en es-tu sorti sans rien faire contre
maintenir l'ordre et d'empêcher le tumulte. ta conscience? A cette terrible inlerpcl'.alioQ,
Ce comte était Flavius Denys, auparavant con- Eusèbe se leva soudain et sortit do l'assemblée
sulaire de Pliénicie, dont Tyr était la cafiitale. en di.snnt Si vous avez la hardiesse de nous
:

L'assemblée fut nombi-euse. Il y eut des évo- traiter ainsi on ce lieu, peut-on douter que
ques de toutes les parties de l'Egypte, de la vos accusateurs ne disent vrai ? et si vous
Libye, de l'Asie, de la Bitbyiiic, de toutes les exercez ici une tyrannie pareille, que ne fai-
parties de l'Orient, do la .Macédoine, de la le.s-vous [loiiit chez vous Eusèbe n'a jamais
'?

Fannonie ; mais ils tiraient arieas pour la plu- donné l'explication (|u'on lui demandait et
part. Les plus fumeux étaient les deux Eusè- qu'on .ivail droit de lui ilemantler. Quant à la
bes, Flaccilo d'.\ntioche, Théognis do Nicée, tyrannie, nous avons vu et nous vei-rcms en-
Maris de Clialcédoiiie, Narcis.se de Néroniade, core de quel coté elle t-tait. Pour le saint con-
Théodore d'Héracléo, l'atro|)bile de. Scytho- fe.-seur Paphnucc, il s'adressa à Ma.xime de
Ei)lis,Maci'donius de Mop.sueste, Georges de Jérusîilem, et, traversint l'assembli-e, il le
aoilicée, Ursacc de Sinjjidon,el Valens de prit par la main et lui dit Puisque je porte
:

Murse, deux villes de Pannonie. Singidon et les mêmes marques ipievous, et que nous
Valens étaient des premiers dis.'i|des d'Arius. avons perdu chacun un œil pour Jésus-t'brist,
11 y avait aussi quelc]ues évèques (jui n'étaient je ne puis soutl'iir de vous voir assis dans l'as-
pas du parti des ariens, entre autres, .Maxime semblée des méchants. Il le lit sortir, l'instrui-
de Jérusalem, aucces.seur de saint Alacaire. sit de toute la conspiration qu'on lui avait
Dans la persécution de Maximin, il avait été dissimulée, et le joignit pour toujcuirs à la
oonibimné aux mines, et on lui avait crevé communion de saint Athana.se. Les autres
l'ieil droit et brûlé un des jarrets, comme à évêiiues d'Egypte insistaient aussi à ne point
plusieurs autres confesseurs. Marcel il'Aucyre recoiniaître p;7ur juges de leur archevêque
et Alexandre de Tbessaloniipie vinrent égale- ceux i|ui fiaient ouverti^ment d('clarés contre
ment, ainsi (]u'Asclépas de (Jaza, avec (piid- lui. C'était invoquer un principe d'é )uité na-
ques autres à qui l'on im|iutaii des erreurs lurelle. Ils récusaient iiiuum<'ment b's deux
contre la foi. On y coii)|itail soixante évèques Eusebes, Narcissi^ Fle.ceile, 'lliéognis. Maris,
Bans les Egyptiens, ([ui ne vinrent pasd'abord, Tliéod(ne, Palrophile, Miuédoniu.- Ceorges,
car saint Athanase refusa tant qu'il put de s'y Ih'sacc el Valens. Ils reprocbaic^nl à Eusi-be
rendre. de Césarée son apostasie, do quoi il ne s'est
Il sav.iit que Flacrilc, undestes adversaires, jamais justilié à Grégoire de Laodicée, qu'il
;

pre>iilait le loneile, rommn t>vfque d'.\ntioibe, avait éli'î dépo-é par sainl .Mexamlre ; mais
capil dede tout l'Orii-iil; ilsavait qui? plusieurs on n'eut point d'ègaid à leurs remonlrancco.
maui-ti.its séiii' ' ,
y assistaient le gouver-
; Nous aviuis vu que >aiol Mlianafee avai! iMé
Quui' de lia i'MJrtuliim, Ai'diclaiià, cumte d'O- orduiuié évtx^uu d'Aiexaudrie par la ^lu
HISTOTBE UNIVERSELLE DE LÉGLISE CATHOLTQUB
grand nombre des évêques d'Egypte, à la vue tant les circonstances du temps et du Hea
<te toute la ville et do toute la province. Jamais avec beaucoup de paroles. La pli>[iart de»! as-
archevêque ne fut plus aimé de ses suffra- sistants ne purent s'empêcher de rire, de voir
çants, ni de ses diocésains : témoin l'atiacii''- une accusation si mal coni'ertée et si bien dé-
inent héroii]uc que lui porteront les uns et les truite et ceux qui avaient fait venir cetta
;

autres, jusnu'à la fin de sa vie. Or, on osa lui malhi'\ireu«e furent couverts d'une telle con-
reprocher*.! Tyr, d'avoir été ordonné en ca- fusion, qu'ils la cbas.sêrent promptemenl de
ch(!ttc par six» )u sept évêques, et d'avoir l'assemblée, nonobstant l'ojqiosition d'Atha-
tout son peuple contre lui. Par cette seule nase, qui demandait qu'elle fut arrêtée et
accusation, qu'on juge du reste. Quedis-jc? mise à la question, s'il était besoin, pour dé-
on n'en pourrait pas même juger, car le reste couvrir les auteurs de la calr)m[iie. Ils empê-
surpasse toute imagination. L'accusation du chèrent même que cette ridicule accu'^ition
ealice rompu tut rc[iro(luitect amplifiée avec, ne fut insérée dans les actes du concile {i).
une incroyable impmlcur. On disait donc Telle était la probité de ces jutres.
qu'Athanase, faisant sa visite dans la Maréole, Ils s'écrièrent en tumulte qu'il y avait des
voulut interdire Ischyras, et envoya le prêtre crimes plus im[iortants à examiner, qu'on ne
Mac.iiie, qui arriva comme Ischyras étiiit à s'en justifiait point par subtilité, qu'il suffisait
Vautel et offrait le sacrifice ; que .Macaire d'avoir des yeux pour en être convaimu.
entra avec violence, rompit le calice, brisa Alors ouvrirent leur boite mystérieuse et
ils

l'autel, renversa à terre les saints mystères, firent paraître cette main desséchée, qu'ils
bn'ila les livres sacrés, abattit la chaire sacer- gardaient depuis si longtemfis. .\tlianase !
dotale et démolit l'église jusqu'aux fonde- dirent-ils, voilà votre accusateur voilà la !

ments. Voilà ce qu'on disait ; tandis (ju'il main droite de l'évêque Arsène c'est à vous à !

était notoire qu'Ischyras n'était pas prêtre, dire comment et pourquoi vous l'avez coupée.
qu'il n'avait ni calice, ni autel, ni chaire, ni Il s'éleva alors un bruit confus; tous s'écrièrent
église, et que, d'après la déclaration écrite d'étonnement et d'indignation, les uns contre
d'Ischyras même, tout cela était une manœu- saint Athanase, croyanlTaccusation véritable;
vre des méléciens. Les eusébiens dirent alors les autres contre ses accusateurs, sachant
qu'il fallait envoyer des commissaires sur les combien elle était fausse. Saint Athanase,
lieux, pour faire des informationsplus amples. ayant obtenu enfin un peu de silence, demanda
La procédure était parfaitement inutile. Du si quelqu'un de la compagnie connaissait Ar-
moins les catholiques et le bon sens deman- sène. Plusieurs se levèrent en disant qu'ils l'a-
daient que les commissaires fussent choisis vaient connu partieuliêrem'mt. Alors saint
d'un commun consentement et parmi des per- Athanase demanda un de ses domestiques, et
sonnes non suspectes. Ce fut tout le contraire: lui donna ordre <le quérir un homme, qu'il
les eusébiens s'assemblèrent en secret et clioi- montra à l'assemblée, lui faisant lever la tète
sirent six des plus grands ennemis d'Atha- et disant hst-ce là cet Arsène que j'ai tué et
:

nase. Les évêques d'Egypte protestèrent par à (jui j'ai coupé une main après sa mort, cet
écrit. Les commissaires n'en partirent pas homme que l'on a tant cherché? Ceux qui
moins, avec une escorte de soldats (i). connaissaient Arsène furent étrangement
Cependant, on continuait à Tyr de calom- surpris de le voir, les uns jiarce qu'ils le
nier saint Alhanasc. Si l'on doit s'en rappor- croyaient mort, les autres parce qu'ils le
ter à ce (jne disent Hulin, Thèodorel et Sozo- croyaient fort éloigné car Ar-ène n'a\ait
;

mêne, mais dont on ne trouve pas de vestige point paru d'abonl au concile de Tyr. On dit
ailleurs, il fut accusé d'avoir violé une viergr-, même que les eusébiens le tenaient caché dans
consacrée à Dieu ; et, en effet, les évêques un autre pays; mais iju'ayant su le péril où
('tant assemblés, on fit paraître au milieu se trouvait saint Athanase à son occai.ioD, il
d'eux une jiersonne qui s'éoi'ia qu'elle était s'enfuit de nuit et vint le trouver en diligence.
bien malheureuse, qu'elle avait fait vœu de Quoi iju'il en soit, il s»- rendit secrètement à
virginité, mais qu'ayant logé chez elle l'évè- Tyr et vint s'otfrir à saint .\thanase, qui le tint
quc Athauase, il avait abusé d'elle, malgré caché chez lui, jusqu'au moment où il l'en-
toute sa résistance, et lui avait fait ensuite voya chercher pour le produire daos le con-
<iui'l([ue présent pour rai>aiser. Saint Atha- cile.
uase -taitaverti, et avait concerté ce qu'il Arsène se présenta couvert de son man-
nevait faire avec un de ses prêtres nommé teau, en Sorte que ses mains ne paraissaient
Timoihee. Etant entré, et sommé de répondre pas. Saint .\thanase en découvrit une en le-
à tetli accusation, il ne ilit mot. comme si vant un coté du manteau. On attendait s'il
elle 1). l'eut pas regardé. Mais Timoihêe, i>riî- montrerait l'autre, lorsqu'il lira un peu .\r-
naoi la parole et se retournant vers la femme, par derrière, comme pour lui «lire de s'en
st-ne
dit: Quoi vous prétendez que j'ai loge chez
! aller ; mais à l'instant
il levH l'autre cote du

vousi'l que je vous ai dé-honorée? Laiomme manteau découvrit l'autre mnin. .\lors il
et
étendit 'a main ver- Timothèe, le uuuilra du s'adressa a tout le coucile, et dit Voiia .Ar- :

doigt et s'éciia toujours plus haut Oui, c'est : sène avec ses deux mains; Dieu ne nous en a
vous-même «jui m'avez fait cet outrage, ajou- pas donné davantage c'caI a mes uccusaleurt ;

(l) Alb*D.. ifii ~ (î) S.ci.. L 1, c. ivtr : Tt)éod , L L o, xix : Soion., I U. c


LIVRE TRENTE-DEUXIÈME.

à chercher où pouvait être placée la troisième, entra chez lui que ce n'était pas un diman-
;

ou à vous à examiner d'où vinnt celle ([u'uu che, seul jour où l'on offrit alors le sacrifice;
vous montre. Les ariens s'écrièrent qu'Atha- et qu'enfin, il n'y avait point en de livres
nase était un magicien qui trompait les yeux brûlés. Aussi les commissaireseurent-ils grand
par ses prestiges. Jean le mélécien sortit dans soin de cacher leur procédure. Ils en prirent
le tumulte et s'enfuit- les autres se jetèrent en seulement une copie pour eux, e défendirent
furie sur saint Athaciise, et l'auraient mis en au greffier d'en donner à qui que ce fût. De-
pièces, si le comte Arcliéhiûs et les autres offi- puis, ils se virent contraints de les envoyer au
ciers de l'empereur ne l'eussent arraché de pape Jules, qui les envoya à saint Athanase,
leurs mains. Ils furent contraints, pour le lequel put ainsi les lire, au grand déi)it des
mettre en sûreté, de l'embarquer sur un vais- eusébiens. Et pour les rendre plus aulhenli-
seau et de If faire partir la nuit suivante (1). ques. Dieu conserva longtemps en vie celui
Ainsi se conduisaient les Eusèbes et les eusé- qui avait servi de greffier dans cette informa-
biens à Tyr. tion. Enfin deux des commissaires, Ursace et
Leurs commissaires dans la Maréote fe Valens, confessèrent au même pape Jules que
montrèrent dignes de ceux qui les envoyaient. toute cette enquête n'était qu'une calomnie.
Arrivés à Alexandrie, ils emmenèrent avec En attenilant, les prêtres et les diacres d'A-
eux Philagre, préfet d'fc]gypte, homme de lexandrie, ainsi que ceux de la Maréote,
mauvaises mœurs, païen et apostat: ses soldats adressèrent trois protestations contre cette
étaient également païens. Les commissaires procédure : l'une aux commissaires l'autre ,

menaient avec eux l'accusateur, l'indigne au concile de Tyr, la troisième à Philagre et


Ischyras, qui manueait et logeait avec eux. à d'autres magistrats d'Egypte. La dernière
Etant arrivés dans la Maréote, ils prirent sa est du septième de septembre 3H3.
maison pour y loger et y faire leurs informa- Les commissaires étant de retour à Alexan-
tions. Quant à l'accusé, le prêtre Macaire, il;; drie, les soldats qui les accompagnaient, com-
l'avaient lais'^éen prison à Tyr. Les prêtres ot mirent des violences odieuses contre des vier-
les diacres d'Alexandrie et de la Maréote leur ges catholiques on tira l'épée contre elles,
:

reprochèrent l'iniquité de cotte procédure, et on les déchira à coups de fouet, quelques-nues


deraanilèrent, puisque ui leur évêque ni l'ac- furent tellement maltraitées qu'elles en de-
cusé n'y étaient, qu'eux au moins y fussent meurèrent estropiées et boiteuses. Les arti
présents et entendus. Non-seulement on leur sans et la populace païenne furent soulevés
refusa uni'demande aussi juste, on les chassa contre elles et excités à les dépouiller toutes
même avec injures par le moyen de Philagre. nues, à les frapper, à les menacer d'autels et
A leur place, on lit parler i!es [larents d'Is- de sacrifices idolâtres. 11 se trouva un homme
cliyras, ainsi que des ariens et des méléciens assez insolent pour prendre par la main une
qu'on avait fait venir de toute l'Egypte; cai- il de ces vierges consacrées à Dieu, et la traîner
n'y en avait point er.core dans la Maréote. devant un autel qui se trouvait là par hasard,
On entendit même des catéchumènes, des juifs comme eût voulu renouveler la persécu-
s'il
et des païens, (juoi^u'il s'agit du s.iinl sacri- tion ; autres vierges s'enfuyaient et se ca-
les
fice et des mystères, dont il n'y avait que les chaient, et les païens se moquaient de la reli-
chrétiens ha[)lisés ijui fusr,ent instruits ; on gion chrétienne. Ces violences secommeltaieni
n'osait inèinr l'ii parler devant h-s autres, sui- en la maison où les évêques étaient logés et
vant la ilisi'i[)line qui s'observait cncoro présents, comme pour les divertir, et encore
exactement dans ri'iglise. (]e qui est encore en un jour de jeûne, par des gens qui sor-
plus iticoncevalili', parmi ces tcmuiiis, il yen taient de leur table.
avait ipic l'on pri'ti'udait (ju'Atlianase avait Quand ils revinrent à Tyr, ils n'y trouvè-
faitenlever parle trésorier gi'oeral d'Egypte, rent plus saint Athanase; mais, après qu'il;
en sorte qu'on ne savait ec qu'ils étaient deve- eurent fait le rafiport de leur empiète, les
nus; et, toutefois, ils s(! trouvaient [irésents eusébiens firent prononcer contre \ui une
el diqiosaieiil ilans les informations. Outre sentence de déposition avec défense de de-
que les eiiminis^'aireschoisissaieiil les témoins meurer à Alexandrie, de peur que sa présence
(ju'ils voulaicMil, intimidaient encore
ils les n'y excitât de nouveaux troubles. La plupart
nar leurs menaces et par la ciainle de I*hi- des évoques souscrivirent à ce jugement ;
lagre Us leur marquaient par des signes ce
; néanmoins, outre ceux d'Egyidc, il y eu eut
qu'ils devaient répondre, ot les soldais frap- qui le refusèrent constamment, entre autres
liaient et outrageaient ceux qui faisaient Marcel d'Ancyre. Le concih;, ou plutôt U' con-
résistance. ciliabule, écrivit à Constantin pour lui mandei
Toutefois ces informations dérisoires dé- la déposition d'Alhanase; ils l'écrivirent aussi
mentaient encore raccusatioc. Ou avait publié à tous les évêques, les avertissant de ne piy
partout que lorscpie Maeaire entra, Iscliyras l'admettre dans leur communion, de s'abstenii
était delioul et ollïail le saerilice. Or, par U'S de lui écrir(ï ou île recevoir se' .'cllres. Ils di-
inlonnatinns inèuies des coruniis-ainw, il resta saient pour motif de sa conuamnalion (pi'a-
établi (pi'lscliyraM'Iait nialiidc et couché dans près s'etie l'ait liuiglemps iitleiuJre à Cesarée,
une petite chambre qu.ind le prêtre Mueairo jilétait venu a Tyr avec une grande escorte.

W aun Thaoïl, Soi. Albun,, Aprl., a>


M HISTOIRE UNIVERSELLE DE VÈCiUSK CATROLigUB

et y avait ernté An trouble, refusant de ré- Sainte-Croix, c'esL-ù-dire le 13 de septembre.


pondre, récusiint se« jupes et faisant injure à Voilà ce qui paraissait uu eUor» uiais, ;

plusieurs évéïiues ifu'il avait été convaincu


, dans les assemblées des uvêques qui cumiio-
d'avoir brisé un calioe, par les inibruiations Falenl le concile, ou traitait «rautres .lUaires.
faites dans la Maréote, et de plusieurs autres Arius y vint avec ur.e lettre dii l'empereur et
crimes qu'il? -apportaient succinctement. Ils une profession île loi ipi'il lui avait pi'ési:iilée.
ne rougirent pas niùme de le proclamer cou- C'était probablement ci.-lie dont nous avons
pable de la mort d'Arsène. Et, dans le même parlé déjà, et qui lui était commune avec Eu-
temps, eux recevaient Arsène k leur commu- zoius. L'empereur crut que tous les deux
nion. Il y eut <|uel(]ue chose île [ilus i)rodi- étaient revenus de bonne foi à la décision du
gieux encore le nom d'Arsène lisuni parmi
: concile de Nicée ; il en eut de la joie, mais il
les signataires du jugement, et celui ijui; l'on ne s'attribua [tas de les recevi.ir à la c/itnnm-
disait mis à mort par .Xtlianase souscrivit vivant nion avant le jugement de ceux qui devaient
à la déposition d'Athanase. C'est la rellexion de les examiner suivant la loi île l'figliso. 11 les

l'historien Socrate. Ils reçurent également à retivoya donc au concile de Jérusalem, au-
leur communion Jean le mélécien avec tous quel il écrivit d'examiner leur pr^ le

ceux de son parti, leur conservant tous leurs foi et déjuger eu leur faveur s'ds [ ..1

honneurs, comme à des gens injustement orthodoxes et calomniés par envie, ou ='jU -'tj-
persécutés. Ils donnèrent aussi ù Ischyras le Iaient repentis après avoir été légitimement
nom d'évèque et obtinrent de l'empereur
,
condamnés. Les eusebiens ne manquèren'. pis
qu'on lui liàtirait une église ce qui toutefois
: d'embrasser celte occasion, qu'ils cherchaient
n'eut pas lieu. Ils étaient prés d'achever leur depuis longtemps. Ils reçurent Ariu' cl Eu-
ouvrage en recevant de même Arius, quand il zoius avec tous les prêtres de leur parti ut
leur arriva des lettres de l'empereur qui leur avec toute la multitude du peuple qui avait
ordonnait de terminer cette alfaire et de se été séparé de l'Eglise à cause d'Arius. Ils eu
rendre en diligence à Jérusalem pour y dédier écrivirent une lettre synodale à luus les évo-
l'église qu'il avait fait bâtir (1). ques du monde. Le point sur lequel ils insiâ-
Ce qui précède était une étrange prépara- tenl le plus, c'est que l'empereur avait recon-
lion à une dédicace d'église : c'est après de nu l'orthodoxie d'Arius et des siens. On
pareilles inii[uités (jue les eusébieus s'appro- recounail a leur langage les évèques de cour.
chèrent du sépulcre du Seigneur! Ils trouvè- Marcel, évoque d'Ancyre, métropolitain de
rent à Jérusalem d'autres évèques que Cons- Galatie, ne se irouva point à ce concile, parce
tantin y avait fait venir en grand nombre de qu'il ne voulait avoir aucune part à la récep-
tous côtés. Il y avait entre autres un évèque tion d'Arius. Les eusebiens le citèrent imur y
rie Perse que l'on croit être le marlyr saint comparaître, l'accusant d'avoir écrit des er-
.Milles. Un peuple innombrable était accouru reurs contre la foi. Ils poursuivaient celle af-
de toutes provinces de l'empire pourvoir la
les faire, lorsqu'ils furent mauili's inopinément
cérémonie on leur fournissait à tous les cho-
; par l'empereur el obl.gcs d'aller à ConsLinli-
ses nécessaires aux dépens de l'empereur, qui uople pour rendre raison du jugement qu'ils
avait envoyé des personnes considéiables de avaient rendu contre saint .Mhinasi- (2).
sa cour pour faire les honneurs de cette fêle. Car, s'etant sauve de Tyr, il vint à tlons-
Ils distribuèrent de grandes sommes d'argent, tunlinople; el comme l'empereur entrait à
et un grand nombri; d'halùts à une iuliuité cheval dans la ville, il se pré.-enla tout d'un
de pauvres, et offrirent de riches présents pour coup à lui, au milieu de la rue, aciompagué
orner la nouvelle église. de quebpies autres. Constantin, qui ne s'at-
Pendant la fête de la dédicace, les évèque» tendait à rien moins qu'à trouver .\thanase
jccupiiienl le peuple de divers exercices de eu ce lieu, en fut Irès-surpris ; el,ne le recon-
piété. Les uns oUraient des sacrifices non san- naissant pas d'abord, il demanda qui il était :
glants et des prières pour l'iiglise, pour l'em- quelques-uns des sieus le lui tirent connaitre
nereur et pour ses enfants. Ceux qui étaieul et lui coulèrent l'injustice qu'il av.iil -<iuf-
les plus savants et les plus éloquente faisaient ferle. Saint .\lhanasc demandait audii-uce,
des discours publics, soit pour expliquer ce mais Constantin refusait de l'écouter, ne
qu'on avait lu des saintes Écritures et en dé- voulant point < ommuniquer avec un homme
couvrir le sens mystique, soit pour enseigner qu'il regardait comme eouilimnepar un mn*
la théologie la [ilus sublime, soit pour taire cile d'evéques, el peu s'en fallal qu'il ne la
Jes panégyriques à Li louange de l'enqiereur, fil chasser iinmciiiatemenl de sa présence.
»t relever, parleurs discours, la magnilicence .Mors saint .\tlianas<' lui «lit a Le S-igneur
:

de la nouvelle t'glise. Euscbc de Cesaree s'y jugera entre vous el moi, piii que vous vm.
signala entrv, tous par un très-long, très-lourd joignez à ceux qui me c.ilomnienl ; » et il i:
et très-fastidieux panégyrique de Constantin, sisla hardiment, disant <)u'il uc dem
qu'il a eu soin de nous conserver, el qu'il ré- aucune grâce, sinon de faire venir cei... ,...
cita quebjuo temps après à Constantin lui- l'avaientciindamné, ahude pouvoirsepl.iiiulre
même. Cette dédicace eut lieu en 335, en eu sa pre^cnce. Celte demande parut rai- !- •

•méoie temps qu'on célébrait la fête de la uable à l'empereur el conforme à ?es max.-

(l) Ahku. Ai)ol.,\\, Soc, 1. I, c. xxiii; Soimd., L II.c xxt.—<q Sj«,, L Le- xmn, uxvi; Soum .1. U.c.».
LIVRE TRFNTE nEUXlftMB.
mes; c'est pourquoi il éorivit aux évêquo? Arrivé à Trêves, saint Athanase y fut très-
qui avaii'tit été assemblés à Tyr, d(! venir tous bien rei^u par Constantin le jeune, qui, à l'âge
à CoDstaritinople pour lui faire une relation de vingt ans, y pré.-idait aux légions. 11 eut
exacte lie tout ce qui s'était passé en ce con- aussi la consolation d'y trouver un digne col-
cile, où l'on ilisait qu'on avait procédé avec lègue, saint Maximin, évèque de Trêves, il-
.beaucoup de désordre et de tiimullL'. Dans lustre pour la pureté de sa foi, la sainteté de
cette lettre, il leur ordonne jus(ju'.'\ trois fois ses mœurs et ses miracles.
de venir tous. Nonobstant cet ordre, les eu- A Rome, le dernier jour de l'an ;J3.i, mou-
sébions ne permirent pus à tous île venir ;
rut saint Silvestre, après avoir tenu le saint-
quelques-uns auraient pu avoir assez de con- siége près de vingt-deux ans. Le cardinal Mai
science ou lie courage pour dévcùlcr le mys- a découvert, cités par les Grecs, plusieurs frag-
tère iriniipiité. Il n'y eut que les deux Ëu- ments d'un ouvrage jusqu'à présent inconnu
scbes, Tliconriis, Pa ropliilc, Ursace et V:ilens du pape saint Silvestre. C'est une dispute du
pour faire le voyage de (lonslanlinoido. Ils con- Pontife avec les Juifs. Les fragments retrouvés
naissaient le faii)le de Constantin et le secret expliquent, par les comparaisons tirées de la
de lefaire tourner. nature, comment, dans la personne de Jésus-
ils ne parlèrent plus
Arrivés dans la capitale, Christ, l'humanité a pu souffrir, pendant que
d'abord ni du calice ni d'Arsène, mais ils in- la divinité demeurait impassible. « Si quel-
ventèrent une nouvelle calomnie. Ils dirent qu'un, en plein midi, au grand soleil, vouliit
qu'Atlianase avait menacé d'empêcher, à l'a- couper un arbre, ne frapperait-il pas cet arbre
venir, que l'on ne transiiortàt du blé d'Alexan- entouré du soleil de toutes parts? Sans —
drie à tioii-lanliniqde. Ace discours, au lieu doute. — Mais peut-il se faire que le soleil
de reviser le jugement de Tyr, l'empereur s'en- même soit frappé ou coupé, bien qu'il entoure
flamma de colère et lit de terribles menaces de toutes parts et la hache et l'arbre? Ainsi,
contre Athanase car il était fort jaloux de
;
dans le Christ, le corps est l'arbre, la hache est
la giaudeur de sa ville de Coustantinople, qui la Passion, le soleil est la divinité. Le Christ a
ne pouvait subsistersans les convois d'Egypte; soutfert, sans que la divinité ait éprouvé au-
et, sur un sou[>i;oii ncmblablo, si l'on [icut en cune diminution à cause de la souffrance (2).»
croire Eunape, il avait fait trauclier la tète au Le successeur de saint Silvestre fut saint
philosophe Sopater, qu'il chérissait aupara- Marc, qui, élu le 18 janvier 336, mourut le 7
vant. Athanase i;émil et protesta que cotte octobre de la même année. Après sa mort, la
accusation n'était point vraie. Car, disait-il, chaire apostoliijue resta vacante jusqu'au 6
comment aurais-je un tel pouvoir, moi qui ne février 337, jour où y fut élevé saint Jules.
suis qu'un simple particulier et un homme Cependant les eusébiens achevèrent à Con-
pauvre? Mais Èusébe de NicoméiUe soutint stantinople ce qu'ils avaient commencé à Jé-
publiquement la calomnie et, pour la rendre ;
rusalem contre Marcel d'Ancyre : ils le dé-
vraisemblable, jura qu' Athanase était riche, posèrent et l'excommunièrent. Eusèbe da
puissant et capable de tout. Voyant que l'em- Césarée écrivit contre lui cinq livres. On y
pereur en croyait ses paroles, poussa l'im- il voit quel était le principal crime de Marcel.
pudence plus loin, ramena
accisa- les vieilles Il ose s'élever, dit Eusèbe, tantôt contre Aslé-

tions, entre autres celle du calice rom|iu, dont rius, tantôt contre le grand Eusèbe (celui de
il donnait pour témoins Théotçnis, Ursace et Nicomôdie), tantôt contre Narcis.se, tantôt
Valens. Constantin crut user de beaucoup contre Paulin, le saint homme de Dieu, tantôt
d'indulnence eu ne condamnant pas Athanase contre l'autre Eusèbe (de Césarée); en un mot,
à mort. H se contenta de l'exiler à Trêves, il méprise tous les Pères de l'Église (c'est-à-

alors tti capitale des Gaules. Les cusôbien-; dire tous les chefs iriens) (3). Astérius était
firent rtannir en même temps quatre prêtres un sophiste de profession, qui avait sacrilié
de réalise, d'Alexandrie, et voulurent établir aux idoles et professait le plus crûment l'aria-
un autre évèque à la iilaco di! saint Athanase; nisme dans ses écrits. Marcel écrivit un livre
niais l'empereur refusa d'y envoyer celui qu'ils pour le réfuter. Il y disait entre autres J'ai :

avaient choisi, et comme ils insistèrent, il les lu dans une lettre de l'évèque Narcisse de
fli.;iia(;a si sévèrement, qu'ils abandonnèrent Néroniado, qu'Osius lui avait demandé un
f enlri'prisi'. Plusieurs conclurent de cet inci- jour si, comme Eusèbe de Palestine, il recon-
dent, queConslaulinavaitcxilé saint Athana=c naissait deux essences dans la Divinité. J'ai
moins pour le punir que pour le soustraire à vu, par cette lettre, qu'il en recoiuiaissail aussi
la l'iii-eur de ses ennemis et pi'ocurer (lar son trois. Eusèbe de Césarée, disait encore Mircel,
éloiKnemeut la paix à rK^lisc. Il y avait un ose séparer de Dieu le Verbe, et l'apiiider un
moyen |>lus sur et plus facile de conserver autre Dieu, différent du Père quant ù l'i-ssenca
celbr paix ou do la ramoner: c'était de s'en et la puissance. Ailleurs Marcel blâme Paulin,
tenir purement et sim|diuncnl au concile do parce qu'il disait que le Christ était un second
Nicée(l). Kaute do le faire, Constantin, avec l)ieu, quelquefois même que c'était une créa-
toutes ses bonnes intentions, cntrctiul lui- ture, et qu'il y avait un premier Dumi et un se-
même le truublt^ qu'il voulait apaiser. cond. Or, que fait Eusèbe? Au lieu do se jusli-

(I) Alhnn., -(/lo/., Il; 8oo., Soi., Tlmod. —(2) Mnï, fipkiltq.ro»i., t. Itl, p. 701 : Scriplor ,
vêler., t. VII,
p. 134; l. Vlll, II. .'G ; CViïJici aucturet, t. X, p. jM. —(3) A'Iv. M'ircHl., 1. I, o. IV,
88 HISTOIRE TJNIVERSELLE DE L ÉGLISE CATHOUQLB
fier lui-même, il iilùme Marcel de ce qu'il de sa douceur. .Mexandre répondit: La dou-
trouvait à Ijlamer ce.^ paroles, et il en conclut ceur dont j'u-iiai> envers Arius serait une
qu'il était sabellienl 0)raine les ariens con- vraie cruanlé a lègard d'une infinité d'autres;
fondaient hypostase et essence, Marcel n'ad- les lois de l'hglisi; ne me peruietl4Mit pa.s de
mettait point trois byposlases en Dieu, mais contrevenir, par une fausse compassion, à ce
une seule hypostase en trois personnes (1). Il que j'ai moi-même ordonné avec tout le saint
reprochait au sophiste Aslérius de dire que le concile de Nicêe.
Père et le Fils étaient, non pas deux personnes Les eusébiens, voyant qui- l'artifice était
distinctes, comme traduit Fleury, mais deux inutile, s'emportèrent contre Alexandre et le
personnes séparées. Car, pour montntr l'unité menacèrent hautement que, s'il Ae recevait
d'essence entre les trois personnes divines, il Arius un certain jour qu'ils lui marquaient,
fait ce raisonnement remarquable: « Le Verbe ils le lui-même et. qu'après
feraient dê[>oser ;

procède du Père, et il est dit du Saint-Esprit, l'avoir relégué bien loin, on mettrait en sa
tantôt qu'il procède du Père, taiilot qu'il pro- place un autre evêque ijui ne manquerait p.is
cède du Verbe par consé(}uent, il procède à
; de recevoir Arius et ses disciples. L'exemple
la fois de l'un et de l'autre. On ne saurait de saint Atbanase montrait quel était leur
concevoir qu'il procède de tous les deux, si le pouvoir, et rE'.'lise semblait réduite à une
Père et le Fils étaient des êtres séparés; car terrible extrémité. Alors saint Jacijues de Ni-
nécessairement il procéderait du Père à l'ex- sibe, qui se trouvait à Gonstantinople, con-
clusion du Fils, ou du Fils à l'exclusion du seilla aux fidi'b's d'avoir recours à Dieu el de
Père puis donc qu'il procède du Père et du
;
faire, pendant se[it jours, des jeûnes el de*
FiLs, ils sont tous deux une même chose. » 11 prières. Comme on savait qu'il avait le don dea
conclut par ces paroles « N'est-il donc pas
: miracles et de prophétie, on suivit son con-
clair et incontt'stable que, quoique d'une ma- seil ; .-Mexandre l'exécuta le premier il re- :

nière incompréhensible, l'unité s'émane en nonça aux discoui-s et aux contestations, et


trinité, mais sans aucunement admettre de pendant que les eusébiens s'agitaient par leurs
séparation (2) » Or, Eusèbe prétend i[ue tout
"?
intriijues, il s'enfermait seul dans l'église de
cela était du sabellianisme. (ie qui ne [irouve la Paix. Là, se jetant aux pieds de l'autel, le
qu'une chose c'est qu'Eusèbc ne comprenait
: visage contre terre, il priait avec larmes, et
point la théologie catholique, dont il se van- continuait sans interruption pendant plusieurs
tait d'être le défenseur (3). Une chose non jours.
moins curieuse,c'est que ce même Eusèbe, le Les eusébiens persuadèrent à l'empereur
plus courtisan des évéques, fait un crime à qu'.\rius tenait la doctrine de l'Eglise, el, sur
Marcel d'avoir voulu gagner Constantin par ce fondement, résolurent de le faire recevoir
des louanges H) ! Les eusébiens regardaient à la communion un certain jour, qui était un
comme leur monopole de flatter et d'abuser dimanche. Le samedi précédent, Constantin,
les rois. voulant s'assurer davantage, lit venir .Viius
Mais leur but principal, dans ce concQe de dans son palais et lui ilemauda s'il suivait la
"onstantinople, était le rétablissement entier concile de Nicée. Arius dit que oui. Constiin-
d'Arius. II était présent, el l'empereur l'avait tin lui demanda
sa profes.sion de foi par écrit.
fait venir pour rendn' compte de sa conduite. Arius la donna aussitôt. Fille était coni;ue avec
Car, après qu'il eut été rcqii à Jérusalem, il uu tel artitice, que l'hérésie n'y paraissait
s'en alla à Alexandrie, espérant protitcr de jioint, et on n'y voyait que des paroles de
l'absence de saint Athanase; mais le peuple l'Écriture. Constantin lui demanda >'il n'avait
catholique ne l'y pouvait souB"rir; et, comme point d'autre croyance et ajouta : Si vous
;1 avait grand nombre de partisans, il s'excita parlez sincèrement, vous ne devez pas crain-
des émeutes, ce qui porta l'empereur à man- dre de prendre Dieu à témoin de la vérité;
der Arius à Gonstantinople. On disait même mais, si vous laites un faux serment, craignez
que les eusébiens avaient sollicité cet ordre; la vengeance divine, .\rius jura qu'il n'avait
du moins ils voulurent en proliter pour faire jamais dil ni écrit autre chose que ce qui était
rentrer .\rius en la communion de lÉvrlisc, dans son papier, et qu'il n'avait jamais tenu
dans la ville ira|iériale, à la face de l'univers. les erreurs pour lesipielles on l'avait rondamné
Le saint évéque Alexandre de Gonstantinople, à Alexandrie. Muflques-uns ont dit que le pa-
(juoique âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, pier qu'il tenait à la main était îe symbole de
leur résista avec une force invincible ; et, .Nicée, qu'en même temps il tenait sous le
n'ayant pu détourner l'ordre de l'empereur bras un auln- papier où et.iit sa vériUdtle doc-
pour faire venir .\rius, il n'eut aucune com- trine, et que c'était à ce dernier i]u'il préten-
plaisance pour lui quand il fut arrivé. Les ilail rapporter son serment. ^Jniii Tju'il en siit,
eusébiens le priaient d'avoir compassion de ce l'empereur, trompé par ce sormenl, mamia
prêtre e' de le recevoir en esprit de paix : ils l'évéque .\lexan.ire et lui dit qu'i' fallait tt-n-
le taisaient solliciter par d'autres personnes, drc la main à un homme qui cherchait à se
qui, ne s'apercevant pas de leur malice, ve- sauver. Alexandre s'etforça de détromper
naient de bonne foi lui faire de grands éloges l'empereur mais, voyant qu'il ne faisait que
;

(1) M(av ûî:6<it«oiv TftroéatoTo».—(?) De tkeoltgiea eecl., L IH. c. iv.—(3) l'uir Moetiler, Vu de tatnt .4('.aa«/«.
— (4) Adv. Mtu-fU., 1. U. m âue.
LIVRE TRENTK-DEUXIÈMB.
l'irrilnr par ses remontrances, il se tut et se lieu où elle arriva futregardé comme maudit ;
retira. on allait le voir en foule, et on s'avertissait
Les ensébiens le rencontrèrent comme ils d'éviter le siège funeste. Cela ciuia juscpi'à ce
accompagnaient Arius, qu'ils avaient pris à qu'un arien, riche et puissant, y fit bâtir une
la sortie du palais, et le menaient par la ville maison, afin d'en etl'arcr la rai'Uîoire en chan-
avec pompe pour le faire voir à tout le monde. geant la forme de l'étlilice (I).
Ils voulaieni le faire entrer dans l'Eglise à Les eusébiens étaient iionteux et consternés
l'heure même et, comme Alexandre s'y op-
; l'une pareille cataslrojilie. Ils ne cliamièrent
[losait, ils renouvelèrent leurs menaces et lui pas pour cela. Poiii se tirer d'allaire, il leur
diront qu'ils avaient fait venir Arms à (loiis- restait toujours l'inlrigncel la llalli'rie.l'ar ce
taiitinople maljjjrè lui, et qu'ils sauraient bien moyen, ils tournaient l'empereur à leur ijré.
aussi, malijrè lui, le faire recevoir à la com- Le patriarche des solitaires, saint Antoine,
munion le jour suivant. Eusèbe de Nicomédie était animé d un esprit tout dill'érent. Cons-
lui dit ces propres paroles Si vous ne voulez
: tantin lui écrivit avec ses deux lils Constance
pas le recevoir de gré, je le ferai entrer de- et Constant, le traitant de père et lui deman-
main avec moi dés le point du jour et com- ; dant réponse. Antoine, sans s'émouvoir quand
ment l'empècberez-vous ? Alexandre, saisi de il reçut ces lettres, appela les moines et leur
douleur, entra promptement dans l'église, dit: Ne vous étonnez pas si un empereur nous
accompagné de deux personnes, dont l'une écrit, ce n'est qu'un homme étonnez-vous
;

était Macaire, prêtre d'Alexandrie. Là, le saint plutôt de ce que Dieu a écrit une loi pour les
vieillard, fondant en larmes, se prosterna de- hommes, et nous a parlé par son propre Eiis.
vant l'autel, le visage contre terre, et dit : Il ne voulut pas même recevoir ces lettres,
« Seigneur, s'il faut qu'Arius soit demain disant qu'il ne savait pas y ri^pondre. .Mais les
reçu dans l'Eglise, retirez vus serviteurs de ce moines lui ayant représente que les empereurs
monde mais si vous avez encore pitié de
; étaient chrétiens, et qu'ils pourraient se scan-
votre Eglise, et je sais que vous en aurez pitié, daliser comme étant méprisés, il permit qu'on
voyez les paroles d'Eusébe ne permettez pas; les lût et y fit réponse, donnant aux empe-
(]ue voire héritage tombe dans le mépris ;6tez reurs des avis salutaires de ne pas faire grand
:

Arius de ce monde, de peur que, s'il entre cas des choses présentes, mais de penser
dans votre Eglise, il ne semble que l'hérésie y plutôt au jugement futur; de considérer que
Soit entrée avec lui. » Alexandre priait ainsi Jésus-Christ est le seul roi véritable et éternel:
le samedi, sui- les trois heures après-midi, et enfin, il les priait d'être humains, d'avoir soin
cependant les eusébiens continuaient amener de la justice et des pauvre». Cette lettre fut
Arius par la ville comme en triomphe et lui^ ; bien reçue mais il n'en fut pas de même de
;

»'! comptant déjà pour réiabli, tenait plusieurs quebpies autres qu'il lui écrivit pour le prier
discours. Il était prés de ia place de Constan- de rappeler saint Athauase, et de n'en pas
iin, où était la colonne de porphyre, lorsque, croire les calomnies des méléciens. Après
tout d'un coup, il changea de couleur. Seseu- publiquement d'avoir été honteu-
s'être plaint
ianl pressé subitement d'une nécessité natu- sement trompé par Eusèbe de Nicomédie, il
relle, il demaiula s'il n'y avait pas dans les fut sa dupe jusqu'à sa. mort, qui arriva
environs d(r ((immodités publiijues. On lui en l'an 337.
montra, où il entra aussitôt, laissant à la Le saint évèque de Constantinople. Alexan-
porte un vali't qui le suivait. Là, tombant sou- dre, était mort lui-même peu aprèsson triom|die
dain en dél'ail lance, il vida en même temps sur Arius. Il avait près de cent ans. On lui
les boyaux, les intestins, le sang, la rate et le donna pour successeur saint Paul, que nous
foie, et mourut, crevé par le milieu du corps, verrons terminer par le marlyre. 11 était
Bomme .ludas. jeune d'âge et non de prudence. Mais le
Cette nouvelle s'étant n'pandue par toute fameux Eusèbe, qui avait «juitti- IJéryte pour
accoururent à l'Eglise pour
îa ville, les lidéles Nicomédie, songeait à (juiltiu- Nicomédie pour
rendre grâces à Dieu d'une protection si visible Constantinople. Afin de s'aplanir les voies, il
qu'il avait donnée à la vérité ; car ils ne re- intrigua si bien, ipie Constantin exila saint
gardaient point la mort d' Arius comme un Paul dans le Pont. Ce fut la dernière injustice
accident naturel , mais comme l'eU'et des que commit cet empereur contre de saints
prières d'Ab^xandre et de Jacques de Nisibe, évè([ues.
et comparaient celte mort iiidicuse à celle de 11 allait marcher contre les Perses, ouand il

Judas, dont .Vrius avait imité l'impiété. Cons- tomba malade, à l'a i^e d'environ soixante-cin([
tantin, voyant le iloip;l dt: Dieu dans cette ans. 11 eut d'al»ord recours ai^x iiains diauds

)iroinpt<- punition du paijure d'.Vrius ne , de Constantiuoide, puisa ceux d'Helénople. Il


iloula plus (|u'il nt! fui verilablement héré- ne s'en trouva jias ntieux. Ce fut seulement
tique, et s'attacha pins que jamais à la foi de alors ipie. se voyant proche de sa lin, il réso-
Nic.ée. L'r »;rand nombre d'ariens se conver- lut dtî recevoir le baptême. Il reçut d'abord
tirent ma s ceux i|ui demeurèrent opiniâtres,
; l'imiiosition des mains avec les premiêi'e»
ulti itiuerent celle mort à un sortilège, tant il oraisons, pour êln' mis au rang des catécliu-
était constant ipi'cllc n'était pas naturelle Li oiùncs. Puis, s'étaut fait trausporter prè* d»

(1) AthAu. Bu/. Soc. Sui. Tb»od.


60 HISTOIRE UNIVERSELLR DE LEr.MBFJ CATHOMQUE
Niconn'-die, l'éviViiiie de rntle ville, Ir; famoiix femmes eunuque», les prardo* mAmes.
et les
Eusèlie, el les f;VLMllIn^^ ([ui racc(mi|i;miiai(înt, Di- là le mal se riqi;iiidil dans le- familles par-
lui (loiiniTenl lu Itiiiilèiiie cl les autn's Biicn'- ticulières, dans les autres villes et dans les
menl?. Dès lors il •|uillii la pourpre et m; proviiuM.'f» é'Ioigiii'CS car le tumulte que cau-
;

porta plus que l'iialiil lilanc dos noopliylrs saient ces que-ljonH eX'ilait tout le monde i
jusqu'à sa m.irl, qui ;irriva peu de jourRnpn- en demander le sujet et à entrer en <li«pule.
le jour de la Penlecole, i(l mai '.ï.il. Les Grei L'Illyrie, toutefois, i-t le rc-le de rOeeideut
riionorent(^onimc saint il Test sans douli'. ; n'y prirent aucune part et demeurèrent dans
étant mort peu après i^oii l)a|)téino. Il a fail la foi de .Nicée. Kusi bo Ha Nicomédie et Théo
du l)ion à l'É^liso : mais il lui a fuit aussi du gnis conriireiit alors de !<-raiides o«|>orances; et
jnal : il lui en a 8iutoul prciparè lieaueoiip pai- ])our empêcher saint AthanaBe de rcnlrerdan»
sa irv!j;èrcté el aes rni'onsi'queiii-es. Il a et.' Alexandrie, ils résolurent d'y muttre uo évéqu»
heaueoui) loué, il a ('.le liraucou]» lilàmé ; i de leur parti.
avait d'assi'z ^randiv. quaiili-s et d'assez Mai-; ri'Ue bijs.ilsn'cn eurent point le temp».
grands défauts iiour justiliei' à la fois et lu. Alhanase revenait, a|irès dimx an» el (juatre
éloges el les jilàmes. mois d'exil. Le diduiil empereuravail nidonné
l)(! son vivant, il avilit pai-tiic?)' l'empire sou rappel avant de mourir. Constantin U-.
entre ses trois lils et deux de ses neviïux. jeune, ipii l'avait si bien reçu à Trêves, le
Aucun de ses ttls no se; trouva présent à sa renvoya, dès .'J;J8, avec une lettre trés-allec-
mort. (Constance, qu'il avait niandi- eoinrne le luciiie [ic;;r lu peuple d'.Mexandrio. Athanasc
"jlus proche, n'arriva ipie pour les liuierailles, fut donc rec^u daus son égli-'e avei- une jnia
pii furent magnifiques. Le déCunt ein[)ereur incroyable de tout le monde. Les autres
fut déposé dans le tombeau (pi'il .s'était fait évèques qui avaient élé idiassé.» do h-urs
faire dans le vestibule de l'église des Apolres. sii'ges lurent également rétablis, enlre autres
Des funérailles d'un autre genre, eurent lieu Asclép.is do Gaza, Marcel d'.Vncyre et l'aul de
dans le palais. Les soldats massacrèrent les Constantinople.
deux frères et le beau-frère du détunt em- Les ariens désappointés. Inventèrent de
,

pereur, ainsi que sept de ses neveux. La plu- nouvelles calomnies contre Athanase, entre
part des auteurs, soilclirétiens, sjit païcns(l), autres d'avoir vendu à son prntil lo blé dcslmo
disent que ce fut avec le consi'nlement cl par l'ancien cmperiuir aux veuves el aux
même par l'ordre de Cunstaïu'e, quicepriidant ecclésiasliipies de Libye el d'Egvplc. Ils en
dvait é[iousé la fille d'une de ces viidimcs et écriviri'iil aux empereurs. Constance en
trois
donné sa sœiir:\ une aulri;. On n'épargna ijue Orient, Constant en Italie, Conslaiilin le jeune
deux enfanta, frères de sa femme: Gallus, que dans le-i (iaiilcs. .Mai< ce* calomnies no tirent
dans la suite il fera c(';s;ir pour le faire mourir pas grand ellct auprès des deux dernier-^,
peu après id Julien. i|ui, élevé par Kusi'be
; quoique les eusébien» y eussent envové des
de Nii'cmi'die , deviendra Julien l'Apo-itat. diqiuli'-; pour les soutenir car saint Alhann'ift ;

(l'est là (pr.ibnutit la nombreuse fumillo du y envoya aussi des ecclésiastiques avec des
grand tloiislantin 1 Icltres qui le ju-tifiêrenl el couvrirent bw
Constance avait tous les défauts de son père, ennemis de confusion.
sins aucune de si>s vertus. On dirait tpio la Le jeune Constantin ne vécut pas lontr'emps
nature lui avait refusé une intidligeiice propre, après. 11 était enlré en dillen'iid avec Cons-
et qu'il no se mouvait que pai' la volonli'ul'au- tant, toui'hant l'.Xfrique ci l'Italie: Onstant
trui, tant il y aura d'inconslance et doeonlra- dissimula sa haine pendant ;rois ans, dans lo
diction dans ses lettres dans ses actes. Son el dessein do surprendre son frère cnlin le ,

lègue scr.i le règniMles eunuipics. Le principal voyant entré sur ses terres, il envoya de»
était Eusèlie, pn-tét de la cliambro ou grand troupes, sous prétexte de donner du «eiours &
chambellan, homme vai." "vare, injii.tto et Constance pour la guerre ci)ntre les Perses.
•ruel. Sorti il'nni' Irès-bassi; ,...ginn. il gou- Ils prirent Cimstantin en embuscade, et le
verna telleminl i.iinstance, qu'on dirait [dai- tuèrenl près d'Ai|uilèe. l'un 310. Con<laii( joi-
•amuii'nt Il faut avouer que l'i'inpi'reur a
: gnit à son iiarta^'o celui de son malheureux
Lieaucou[i de cri'ilil auprès d'I^usèlie (2). frère, et tout l'empire fut réduit à deux par-
Le didunl empereur avait conlié son festn- ties, rOrieiil et l'itccident.
jenl à ce prêtre arien, tpie sa sieur lui avait Vers le mémo
temps mourut En<fr'>e da
eeommandé en mourant. Il devait ne le re- Cè-;aréc , une répulation équivoque
avec
.nettre «juentrn les mains de son lils Cons- «l'homme plus ériidit que profund, plus rhé-
tance, t'.elti! commission lui valut une gr.iudc leur que théologien, plus courtisan qu'évèque.
auloritr- et une grande liberté d'enln-r d.iiis plus arien qu'orthodoxe. D.ius ce qu'il a écrit
le palais. Il pour gagner à l'aria-
en prolil.i après le concile de .Nicéo, il paraît un peu
nisme le grand chambellan et en infeclcr l'es- moins inexaet i|ue dans ce i|u il avait écrit
prit de l'impérairice. Le nouvid empereur eoin- au|iaravant. Mais, avant et après, nu voit que
mcnça lui-même B révoquer eu diOito ce que jamais son intelligence ne pénétra les profun-
l'on de VU' l croire de celle nouvelle upiiiinii : deiir» mysiéi ieuses du christianisme, pi «pi'il
oui le muuae ea disputait dans lo palais, les n'eu apercevait que la surface, .'Htu curaclàre

(I) AthtD., Ad S»lil. Hivron., Cfiron. JuJtan. oé Athen., Sot. — (1) mm., 1 XVUI. ». I*.
LIVRE TRENTE- nEUXiftMB.
étftît encore au-desjous cle son esprit, témoia lonique, au comte Denys, sur l'irrégulanté
lapart qu'il prit aux fourberies des ariens. des procédures de Tyr; la rétractât on d'Is-
Le cardinal Mai, mit dans le premier tome chyras, les protestations du clergé d'Alexan-
de ses Anciens uuleurs, a pulilié plusii'urs ou- drie et de la Maréote ; les attestations de di-
vrages retrouvés d'EusiMie principalement
,
vers évèques d'Egypte et de Libye, que saint
des commentaires ou fragments de commen- Athanase avait distribué fidèlement le blé des
taires sw l'Ecriture sainte. Nous n'y avons veuves; la lettre îles eusébiens en faveur des
rien découvert qui donne lieu de modifier le ariens. Plusieurs autres évèques écrivirent
jugement que nous avons porté sur le savant également au pape Jules en faveur de saint
évèque de Césarée, sa doctrine et son carac- Athanase.
tère. Les députés du concile d'Alexandrie étant
Son homonyme,. Eusèbe de Nicomédie, va- arrivés à Rome, y trouvèrent les envoyés d'Eu-
lait encore beaucoup moins. Pour celui-ci, la sèbe, qui avaient remis sa lettre au Pape,
grande aflfaire était l'amljition, la grande avec les actes de l'information dans la Ma-
science l'intrigue; la piété consistait dans la réote. Ils travaillaient de tous Imirs moyens à
richesse et la grandeur des villes. Depuis que décréditer Athanase et à recommander Piste.
Constantinople était devenue la ca|iitale de Mais quand ils surent la prochaine arrivée de
l'empire, 1! convoitait Constantinople. Son la députation d'.\lexandrie, ils en furent tel-
saint évoque Paul y était revenu de l'exil. lement consternés, que le chef d'entre eux, le
Eusèbe suscita une accusation contre lui, par prêtre Macaire, se sauva de nuit tout malade,
l'intermédiaire d'un |irétre de Constantinople, et quoi({ue le Pape l'attendit à l'audience.
appelé Macédonius, le fit déposer dans une Les autres députés demeurèrent :c'i-laient
assemblée d'évèques^ et se mit lui-même à sa deux diacres, nommés Martyrius et Hésychius.
place. Ceux de saint Athanase, étant arrivés, tirent
Son ambition satisfaite, il voulut satisfaire connaître au Pape que ce prétendu évèque
sa vengeance. Le principal objet de sa baine Piste était un des premiers disci|)les d'Arius ;
(•tait saint Athanase. Pour le cbasser de nou- que lui et Second de Ptolémaïde qui l'avait
veau d'Alexandrie, on entrepritce qu'on n'avait ordonné, avaient été excommuniés par suint
pas encore pu, d'y envoyer un evèque de la Alexandre, et ensuite par le concile de Nicéo ;
Secte. C'était le moyen le plus sûr de diviser et le diacre Martyrius n'osa dire le contraire.
cette église, d'y élever autel contre autel, et Ils confondirent lie même les eusébieas, sur
d'y causer un scbisme. On choisit, à cette tin, tous les chefs d'accusation, dans une coni'é-
un [irctie nommé l'iste, arien opiniâtre, cjui rence publique en présence .lu Papi-. Eiilin les
avait été excommunié nommément, non-seu- députés des euséhiens le prièrent d'assenililer
lement par saint Alexandre, mais encore par un concile et d'y man 1er .Vthanase et ses ac-
le concile de Nicée. On le lit ordonner par Se- cusateurs: déclarant (ju'ils réservaient à y
cond de Ptolémaïde, déposé et excommunié produire leurs preuves. Le Pape accepta la
tiar le même concile. Eusèbe et les siens lui priqiosilion, écrivit aux uns et aux autres, et
«•nvoyaient publiquement des diacres et des manda saint Athanas en particulier.
•ottres, et recevaient des siennes en signe de Cette tournure des all'aires n'accommodait
«jmmunion. Ils osèn^nt plus; ce fut de lui guère les euséhiens. Us sentirent qu'ils ne
«htenir la communion du ]iapc Jules. Ils en- seraient i)as les maitres de Rome. A[)iès avoir
voyèrent donc une dépiitatiori à Rome, avec demaiiilé un concile et un jugement au Pape,
des lettres contre Athanase, Marcel d'An- ils aimèrent mieux se rendre juges de leur

cvre et Asclépas de Gaza, et eu faveur de propre cause. Ils s'assemblèrent à Anlioche.


Piste. L'occasion en était la dédic^ice d'une église,
Saint Athanase, de son côté, ne s'endormait <jue le grand Constantin y avait commencé
point. Il asseiulda dans Alexanilrie un con- dix ans auparavant. Aihaiia.'se y fut iléposé, •

rile d'environ cent évèques de l'Éi^yple, de la sous prétexte qu'il était remonté sur son siégo
Thehaide, de la Lii)ye et de la Pentapoh;, (jui sans la permi-^sion [uéalalilc d'un concile, et
tous enseuilde écrivirent à tous les évèques un autre tut élu à sa place. On aliandonnii
ciiholiques du lUfinde, en parlirulier au pape Piste comme trcq) décrié et comnii' hors d'éial
saint Juii's, une lettre synodale que nous avous de se soutenir à Alexanilrie contre Allianase.
ctinire, (ît où ils justillent leur patriarche de Le choix lomha il'aliurd sur Eu^èlie, ile|iuis
tmites les calomnies inventées contre^ lui^ et évèque d'Einèse, homme savant, migiiiairo
relèvent les proi'édures irn-gulières et tyran- d'Edesse et foruié à l'écnlc d'Eusehe de Césa-
nicjues des cusébiens (I). Ci'tlc lettre était ac- rée. Mais il ('tait Inq) sage pour devenir évè-
«•oinpagnée de pièces justificatives, savoir: les que irAlexandiie. Il savait coiuliien Alhanaso
pmres cii; ceux (jue Je gouverneur d'Egypte y était aime. Lu certain Grégoire de Cippi-
avait fait punir avant le retour de saint Atha- doce accepta, et lut oi donné à .Vntinclie.
nase, et .jue les euséliiens nutluient sur le Les evcipies de ce concile |iuhlièreiit succes-
compte du saint; la lettre (|ue le grand Cons- sivement <|ualre professions de loi dill'érenli'».
tantin avait l'c.rile qiiiind il sulqu'Ar>ène était Comme les piiucqraux o'entre eux etnieni
vivant; celle d'Alexandre, éveijue de TLesia- Mxuâés d'hérésie, ils disaieut dans la pre-

l\) Apud Athan., A/i"!., n.


HISTOIRE UNIVERSELLE DR LtlGLISE CATHOLIQOT

mière : Nous n'avons point été les sectnleuis [lel au Pape, et que les eusébiens avaient violés

d'Arius: commiMil suivrions-nous un juélri', d'avance, nciu* les verrons les tourner contre
étant évéques? Nous n'avons reçu aucune au- saint Atbanase et ses défenseurs. Mais la pri-
4-e [)rot'ession de foi (jue celle uni a été |ir<)- mauté du Pape était dès lors si bien reconnu*
j)osée dés le commenceraent. Mais nous avons en Orient, que .Socrate, auteur grec du mèm«
examiné et éprouvé sa créance, et nous l'avons siècle, prouve l'irrégularité du concile d'An-
•eçu plutôt que nous m; l'avons suivi. Vous le lioclie, en ce que Jules, évèi|ue dt la grande
ferrez parce ([ue nous allons dire. Venait cn- Ilome, n'y assista point ni n'envoya pervnne
«uite une formule conçue de telle sorte, qu'elle à sa place, bien qu'il y eut une /"ègle ecclé-
/louvait contenter les catholiques et les ariens. siastique qui défendait aux églises de rien
i.es eusébiens eurent soin d'envoyer cette let- n-gler sans le consentement de l'évéque de
tre à tous les évèques dans chaque ville. Mais Ilrjme (2).
comme demeurèrent longtemps à Antioclie,
ils Pendant ce temps, le Cap(iadocien Grégoire
ils proposèrent et envoyèrent une nouvelle avait commencé son
intru>ion d'Alexandrie à
formule, condamnant ainsi la [iremièrc. C'était main armée. Pour le soutenir. Constance, qui
celle du martyr saint Lucien, ([ue nous avons présidait en quelque sorte à toutes ces ma-
vue en son temps. Bientôt on la trouva trop nœuvres, avait nommé Philagre pour la se-
longue, et par là même un peu obscure. conde fois préfet d'Egypte. Il élaitdelaCappa-
Théophrone, évêquede Tyane, en proposa une doce, comme Grégoire, mais, de plus, apo>tat
plus courte, avec un analbème contre Marcel et sans mœurs. Les eusébiens avaient déjà
d'Ancyre et contre Sabellius et i'atil de Sa- éprouvé son talent jxmr persécuter les catho-
mosate, dont on l'accusait de suivre les er- liques, quand
ils tirent les informations ilans

reurs. Enfin, plus tard, Narcisse de Néroniade la .Marèote.D'après les ordres qu'il avait reçus,
et Maris de (^halcédoine, avec deux autres, il annonça donc, par forme d'édit, que Gré-
en envoyèrent une quatrième à l'emiiereur goire était le nouvel évèque envoyé par la
Constant, dans les Gaules. A l'exception du cour. Comme jusque-là on n'avait entendu
mot consubslantiel, les ariens s'exprimaient parler de rien, une consternation extraordi-
dans ces diverses formules comme les catholi- naire s'empara de tous les esprits. Bientôt on
ques (1); mais ils ne croyaient pas ce qu'ils vit le nouvel évèque entouré d'ariens. Des la-
disai(!nl, comme la suite le fera voir; ils vou- mentations épouvantables remplirent toute la
laient seulement s'aflermir par un air d'or- ville, mais particulièrement la demeure des
thodoxie, pour répandre ensuite leurs idées. principaux magistrats. Là, les catholiques se
Outre les quatre formules de foi, on attri- plaignaient que leur évèque eût été déposé
bue encore à ce concile vingl-cinc] canons de sans aucun jugement canonique, que c'était
discipline ; mais plusieurs sont apparemment pour plaire aux ariens qu'on se permettait
d'autres conciles d'Antiochc, tenus avant ou ces procédés inouïs. S'il y avait <ief plainte»
après tels que ceux qui renouvellent les ca-
: contre l'évéque, il fallait assembler le |>euble.
nons de Nicèe et d'Arles, touchant la célébra- et, en sa présence, examiner le tout d'après
tion delà Pàque, l'élection, l'ordination et la les lois ecclésiastiques. L'évéque fùl-il coupa-
translation des évèques, les em|(ii'tements de ble,on ne pouvait pas imposer à l'Eglise ua
juridiction, la stabilité et la subordination des évèque étranger, un homme vendu, un arien.
clercs, la défense d'aller à la cour sans une Ainsi parlait le peuple. C'était précisément
lettre du métropolitain, la tenue des deux le saint temps de carême, la préparation à la
conciles par an. Ceux qu'on peut croire être fête des soutlVances du Sauveur; les églises
vraiment du concile eusébien de 341, sont étaient par conséquent tres-fréquentees. Le
les suivants: Si un évèque est condamné tout pauvre peuple afiluait encore à l'église, comme
d'nne voix par tous les les évèciues de la pro- si elle ne pouvait être envahie et profanée

vince, il ne pourra plus être jugé par d'autres, par l'évéque intrus, tant que lui-même y se-
Bt ce jugement subsistera. Si un évèque dé- rait .Mais Grégoire s'avani^a avec des s«.ildats;
!

posé par un coodJe, ou nn prêtre ou un dia- des Juifs et des [laieus furent requis par Phi-
cre déposé par son évèque, ose s'ingi-rer dans lagre pour prendre part à l'assaut Ls péné- !

le ministère comme auparavant, il n'aura trèrent avec des armes de toute espèce les :

plus d'espérance d'èti'e rétabli dans un autre vierges consacrées à Dieu furent dépouillées
concile, et ses défenses ue seront pi us écoulées. et maltraitées, les ascètes foulesaux pieds et
Même tous ceuï qui conniiunii(ueront avec Lallus à mort, Its sanctuaires profanes, l'é-
lui seront chassés de l'Eg'ise, [)rinci|ialemeul glise pillée et livrée aux tlammcs. Il y eut des
s'ils savaient la condamnation. Si un prêtre catholiques tués à coups d'épee. il^' en eut
ou un diacre ilèposé par son évèque ou un d'autres emprisonnés et vendus comme es-
évèque déposé par un concile, ose importuner claves. Grégoire, escortai du gouverneur, re-
les oreillles de l'.?mpereur, au lieu de se pour- nouvela des horreurs pareilles dan"»iine se-
voir devant un plus grand concile, il sera in- conde église, le jour même d'v vendredi saint.
digne de pardon on n'écoutera point sa dé
; Alhanase >e trouvait dan> tjne auln». Pour
fense, et il n'aura poiui d'espèraniedelre réta- prévenir de plus granils malheurs et ne pas
bli. Ces règlements, qui sembleutexclurelap- voir les mêmes abouiinalioos répétées par-

(I) AUuJiu, Dt Synod. BiUi^ Ot %nW. — U; Soc, L U, c. toi.


LIVRE TUENTB-DEUXriMK.
*oul, il prit la fuite. En efifet, Phila^re avait f^oire se tenait assis avec un officier nommé
rpçii nnlre de 1r l'Iiei'clier et de lui couper la Balacius, qui portait le titre de duc. Après
liHe. Force fut alors d'abandonner les églises quoi il invitait tout le monde à communiquer
aux arien«. avec lui, ne voyant pas la contradiction de
Le peuple se vit dans la ncce-sité ou de les faire maltraiter comme des méchants, et
comrnuniiiuer avec eux, ou de se priver de la de leur offrir sa communion comme à des
pricrc en commun et du culte public. Il ne lui saints. Il persécuta la tante de saint Athanase
était pas nième loisible de prier chez soi car ; jusqu'à ne permettre pas qu'on l'enterrât
quiconque le faisait et n'assistait point aux quand elle morte et elle fût demeurée
fut ,

a'^scmlili'csariennes, était maltraili'. Jamais il sans sépulture, si ceux qui l'avaient retirée
n'y avait eu persécution pareille. Précédem- ne l'eussent portée en terre, comme leur ap-
miMit, on pouvait au moins prier et recevoir partenant. Voilà une partie des violences de
le baptême en secret ; mais alors la cruauté Grégoire (1).
imilalt les Babyloniens. Comme ceux-ci dénon- Après l'invasion de cet intrus, saint Atha-
cèrent Daniel, de même l'intrus Gn-goire dé- nase se tint caché quelque temps dans le voi-
nonça au préfet ceux qui priaient à la maison. sinage d'Alexandrie pour voir un peu les
,

Il espionnait outrageusement les ministres de suites. Il écrivit alors une lettre circulaire à
x'E^lise, en sorte que beaucoup de fidèles cou- tous les évêques, où il fait connaître publi-
raient risque de ne pas être baptisés, d'autres quement l'histoire de l'intrusion du nouvel
de n'être pas visités par les prêtres dans leur évèque A la fin, il les presse de ne pas rester
maladie ce qu'ils déploraient comme un mal-
; indifférents au grand malheur de l'église d'A-
heur plus >rand que la maladie même. Ils lexandrie; de ne pas laisser fouler aux pieds
avaient une telle horreur de l'hérésie arienne, par les lii'rétiquos un membre si distingué du
qu'ils aimaient mieux rester exposés à tous corps de l'Eglise universelle, mais de compa-
ces périls ([ue de se laisser toucher la tête par tir à ses soutïrances; car l'Apôtre dit que,
un arien. Grand nombre de prêtres et de quand un membre souffre, tous les autres
laïques furent traînés devant les tribunaux et souffrent avec lui qu'il faut pleurer avec
,

battus de verges. Dans une seule heure, Gré- ceux qui pleurent. Or, l'outrage d'une église
goire fit ainsi battre et jeter en prison qua- devait être regardé comme l'outrage de toutes
rante-trois personnes, vierges, femmes mariées les églises ; le Sauveur de toutes était blas-
et hommes considérables. De peur que ces phémé les lois de toutes oiiprimées. C'est
,

violences ne vinssent à être connues, il fit pourquoi ne devaient pas reconnaître Gré-
ils
donner les ordres pressants aux maîtres des goire, ni luienvoyer des lettres de commu-
vaisseaux et même; aux passagers de ne point nion, mais se prononcer contre lui, et, en
]i.irler contre lui, et au contraire de se charger compatissant aux évêques et au peuple de
de ses lettres quelques-uns le refusèrent et
; l'Egypte, leur donner l'assurance qu'ils n'é-
soulfrirent pour ce sujet la prison, les fors et taient ni seuls ni abandonni-s, afin qu'ils se
les tourments. 11 lit aussi écrire, par le gou- pussent réjouir de l'unité de la foi eu Jésus-
verneur apostat et iilolàtrc un dt'cret adressi; Christ.
à rem[iereur comme; au nom du pou[dri,
, Saint Antoine avait eu révélation de ces
contre saint Athanase, le chargeant de calom- maux de l'Eglise et les avait [iri'dits, deux an-
nies si atroces, qu'il y avait de quoi le con- nées avant qu'ils arrivassent. Quand il eut
damner, non-seulement à l'exil, mais à la appris l'intrusion de Grégoire, il lui iHrivit
mort. Ce décret fut souscrit par des [)aiens et pour le faire rentrer en lui-nièmo. Mais Gré-
des gardiens d'idoles, et par les ariens avec goire ,ne s'a|)puyanl que sur la puissance
eux. temporelle, se tenait bien plus honoré de l'a-
Voilà comme Grégoires''installadansAlexan- mitié des ma'^istrats (]ue de celle des ovèijues
drie. Bientôt il eiitre[(rit la visite de la pro- et des moines. Quand il recevait des lettres do
vince, accompagné do Pliilagrc. Comme les l'empereur, d'un gouverneur ou d'un jugi;, il
évoques ne voulaiitnl pas reconnaître un mé- ne se poss(Nlait pas de joie, et faisait des |ué-
tropolitain imposé de force, à l'élection iluqucl senls à ceux ipii les a[qiortaient mais quand ;

ils n'avaient pas été a[)[iclés, et (pi'ils n'a- le patriarche des solitaires lui écrivit do la
vaient [)as ordonné ainsi ijuc l'exigeaient les montagne, il n'en témoigna (jne du mépris.
ranons, on les fouettait et on les mettait aux Le duc Balacius imita son exem[de. Car samt
tors : Sara[(amm<)n, évéque et confesseur, fut Antoine ayant ap[iris les violences «lu'il tai-
i>anni; l'otamon, aussi evéciue et confesseur, sait pour servir jusqu'à battre des
les ariens,
le morne ipii avait assisté aux conciles de Nicéo vierges, dos solitaires il
d(''[>ouiller et f(Uietter
et de 'l'yr, fui liappe sur le cou jusipi'a qu'où lui écrivit en ces ternu;s « Je vois la adère de
:

le crut uiort. A peine imt-ou le faire revenir Dieu venir sur toi. (^onse donc de por.séculcr
au '"iiil()cqucl(nies heures à force do remèdes: les chrétiens, île [leur qu'elle ne te surprenne;
il mouruc piMi ilo temps aprt;s, av(!c la gloiro car elle est prête à éclater. > Balacius se mit
d un double mai lyr(!. Il y cul heaucoiip d'autres à rire, jeta la leltre par terre et cracha dessus :
éveijui:s battus, et beaucoup dt; solitaires l'us- il maltraita leux qui lavai. •m
apport/'o, et lot
ligés. l'eudunl ces exéiiilions, l'intrus Gre- chargea Uo duo a Autoiuo pour rtpouse ;

0) Boc. I. II. c. vni. 8oz , 1. III. c.r. Atlian ,et«w


M HISTOIRE l^NIVEnf^EU.B DE r;i^:oi,ISR CATIIOUQUB
t Puisque tn pronds poin dci! moinns, jo viiis dizaine après la mort de saint Alh»na«e,
aussi vi'nir <\ toi, » Cinq jmiis n'i'-taiont p:i9 Ilfaut (ibsi-rve- toutefois que ces affaire- n«
passf's, i|U(' la vfnponni'o divini' l'-iliila. Bnla- «e terminèrent pas aussi proniptemcnt qu'ils le
cius s'en allait avec lo vicairn il'Kiîyplf, mnn- di-iTitoii >-cmbleiit leilire; car elles traînèrent
tés sur deux i\v. ses clinvaux, h'^ (ilii-^ iloiix ilo nncore plu'-icurs aTuées. En attendant saint ,

son écurie. Crs clinvaux ajant l'omminci'! à so Alhanase lut reçu avec une e«tin> particu- '•

•cucr oridcmlilo, l'un se ji'lli', tmit il'iiii coup lière ilu pape saint Jules. ^:.<om.'ne dit # La :

•tur Bulacins, lo mord et lui dcrliii-ft !a cnissn. primat de l'Kglise romaine et tous les pontifes
On le rapporta ù la ville; il incuiriit en trois ili^ l'Occident regardèrent ces choses l'intru-

jours, et tout U>. prompt ac-


moiulr. adiniia le sion des siéces d'Antiochc, d'Alexandrie et de
romplissemcnt de la pr«''dirtion de saint An- Constantinople, comme une injure faite à
toine. Aussi les antres officiers avuient-ils un eui-mèmos. Car ayant approuvé dès h- cora-
respect merveilleux jiour lui. Tons les jni;03 mencemi'nt la décisiim do ceux qui étaient
lo priaient do descendre de la montagne, venus à Nicée, ils avaient fiersévéré jusqu'a-
puisi|u'ils ne pouvaient l'y aller trouver à , lors dans les mêmes sentiments. Alhanase
cause de ceux suivaient pour linirs af-
cpii li^s élail donc venu vers eux, ils le ret;iirent ave^
faires, ils demandaient seulement à le voir; beaucoup de bicnvcillaDce, et eutrepriroDt da
et comme ils s'en excusait, ils lui envoyaient lui rendre justice (4). »
des criminels conduits [lar des soldais. Ainsi Jules envoya aux eusébiens les prêtres El*
foicé par la compassion ipi'excitaient leurs pido et Philoxènc. afin qu'ils vinssent d'au-
plaintes, il venait à la monlapne exti-rienre, tant plus sûrement au concile <iu'il» l'avaient
et ce n'clnil ]>as sans fruit. Il conseillait aux cux-inèmes provoqué. Mais eux s'épouvan-
jupes de préférer la juslire à toutes clir)scs, do taient d'un jugement libre, ecclésiastique, et
craindn' Dieu et de se souvenir qu'ils seraient avaii'nt peur d'Athanase. Ils o.sérent même
jufiés comme ilsauraient juf;é les autres; mais retenir les li'gals plusieurs mois puis, eu les ;

rien ne lui était si cher que lo séjour de la (•on g('' liant, ils leur donnèrent jxuir Jules une
montaiîne (I). lettre composée, dit Sozomena (.)), avin; tous
Ceiieudant saint Atlianase, après avoir rem- les arlitices de la rhétorique et de la chicane,
pli sesolilitfations env(Ms son é;;lise ilWli'xan- respirant l'ironie et la mi-nace. Klb- [Mirtait
ilrie et envers l'Kglise universelle, s'emliarqua que la solliciluilo de l'Eglise romaine était
pour Riune, où il était appeli-, alin de provo- universellement connue car dès l'origine,
;

quer une décision tinale contre les tuiséliiens, elle a été l'école des apôtres et la métropole
dans le concile qu'ils avaient eux-mêmes de- de la piété, quuitiue les docteurs de la fui lui
mandé. Le Pape était l'unique soutien du fussent venus do l'Orient. Eux, toutefois, ne
granil nombre des persécutés; car non-seule- croyaient pas devoir lui céder à c-ause de sa
ment saint Atbanase, mais Marcel d'Ancyre et grandeur et de la multitude de son peuple,
Asclépas de Gaza, chassi's tous deux de nou- attendu qu'ils lui étaient supérieurs en verlui
veau, de pins un fçrand nombre d'évéquea de et en sentiments. On voit ici le caractère in-
Tlirace^ de Syrie, de t'Iiénicic et de l'alestine, délébile de tons les sectaires. .No pouvant nier
s'élaient réfuf<iés auprès de lui alin d'être , la primauté de Home, ils la lourneul en déri-
tenus par le chef comme membres du corps. sion. Les expressions de respect sont des équi-
Socrate dit « Quand ils eurent instruits
: voques moqueuses. Le mol grec que uouj
Jules de ce qui les concernait, celui-ci, selon avons rendu par solluiliuif, signitie encore
la prérojiative de TK^lise romaine, les munit 7-ifalilé, amhitiuH. Le mot que nous avons
de lellres où il s'exprimait avec une grande rendu par des apôtres est en i;:.. le
ccoJe
anlorité, et les renvoya en Orient, après avoir même t]u'em|>loie Aristoj'hane pour deM^rner
rendu à chacun d'(nix son siéi,'e, et blâmé for- ridiculement la mais<m de Socrate, et peut se.
tement ceux qui avaient eu la témérité de les rendre trivialement buudtjue à /iri.ifr. (In voit
dé|ioser. Ktant donc partis de Htuue, et a[i- quel esprit animait les eu-ebiens. ll> faisaient
pnyés sur les rescrits do l'évèciue Jules ils re- un crime à Jules d'avoir reçu Athana-e, et
prirent po.s.session de leurs églises, et en- s'indi;;naient de ce que leur concile a eux clair
voj'èrent les lettres à ceux à qui elles étaient ainsi vilipende cl leur jugement abrt.u;e, coa-
adressées (2). » S(»zomène dit de son coté : trairement aux lois de l'Eylise, que leurs pré-
o L'evèipui de Rome, ayant examiné la cause décesseurs avai' ni observées en respedanc
de chacun et les voyant tous d'accord en la foi la décision de lEgli-->e roraaiuf couln- N-iva-
du concile deNicée, les re<^iit à sa communion, tien. C'était, ajoulaien! ils, d.ins un e>|ihl de
allcnilu qu'ils pensaient couuue lui. tt parce partialité que Jules prêterait la communioa
que le soin de tout lui appartient en vertu de d'.Vthanase à la leur. Ils di<;iieut à l.i lin que,
la dignité de son liVuie, il rendit à chacun son quoique trèà-otfcnscs, ils continueraient ce-
église (3). C'est ainsi que parlent ces deux
i>
|ii'udaul la communion avec Julc», s'il ap-
historiens grecs, nés une quarantaine d'au- ]irouvait la déposition de ceux «ju'ils avaient
nées apro& la cuuulusioQ de ces afiairus, uuo ciiassés, et riustiluliou de ceux qu'il» avaieat

(l> Alhan., Vtla Ànl. — (2) Soc, L U, e. 1». — (3) Sombl. L UI, c \ui. — (i) Utd., c. »u. ~ ^i) i»,é.
c vui.
tlVHE TKliNTiii-DEUXlÈME, M
«rflo iné?; à .eur plapp. Sinon, ils lui annon- soit examinée par d'autres, no ciaignanl pas
çaient tout le contraiie. Quant à ce qu'ils que ce ont bien jugé devienne jamais
qu'ils
avaient fait contre les décrets du concilia de injuste. C'est pourquoi le grand concile de
Nic'y, ils lie répondirent rien, si ce n'est qu'ils Nicée a permis que les décrets d'un con iiii
nvfiient eu des raisons pour le faire, et (]u'il fussent examinés dans un aulre, afin (jue les
était inutile de les dire, puisqu'on les accu- juges, ayant devant les yeux le jugement (]ui
sait sur tout. Pour ce qui est de venir au con- l>ourra suivre, soient plus exacts dans l'exa-
cile de Home, ils ne le pouvaient pas, parce men des affaires, et que les parties ne croii;nt
que le ternie était trop court, et(ju(', d'ailleurs pas avoir été jugées par passion. Vous ne
ils en étaient empêchés par la guerre des pouvez honnêtement rejeter cette règle car ;

Perse»'. '^•^[Ik comme s'excusaient, ou plutôt ce qui a une fois passé en coutume dans l'JÏ-
comme se jouaient les euséliiens. glise, et qui est confirnié par les conciles, ne
Jules répondit avec la véritable dignité doit pas être aboli par un petit nombre.»
d'un pasteur suprême, avec autant de fran- il leur représente ensuite combien ils sont

cliis(r et d'énergie que de douceur chrétienne, déraisonnables de se plaiu'lre d'avoir été ap-
avec la simplicité et la eordialitéd'un apcitre, pelés à ce concile, puiscju'il avait été deman-
non moins qu'avec le zèle et rincorruptjiiilité dé pkL? leurs propres députés, le prêtre ."tla-
d'un protec'leur de l'innocence opprimée. La caire et les diacres Mart\rius et Ht-sychius,
lettre était écrite à la prièredu concile de qui se trouvaient confondus par les députés
Piomc, (|ni, après un soigneux examen, avait d'Athanase. Delà, il passeà une autre plainte,
absous Athauase et Marcel «J'ai lu la lettre
: Chaciue concile, disaient les eusébiens, doit
que m'ont apportée mes prêtres Elpidius et avoir une autorité inébranlable, et c'est dés-
Pliiloxène, et je me suis étonné que, vous honorer le juge, que de faire examiner par
ayant écrit avec charité et dans la sincérité d'autres son jugement ce qu'ils disaient
:

de mon cœur, vous m'ayez répondu avec un principalen>ent pour soutenir leurs conciles
esprit de contention et non pas comme il était de T\r et de Constantinoplo. A quoi Jules ré-
convenable ; car la lettre respire l'orgueil et pond ainsi « Voyez, mes chers frères, i|ui
:

l'iirrogance :ce qui est éloigné de la foi chré- sont ceux qui déshonorent un concile et (|ui
tienne. .\ ce qui vous avait été écrit avec cha- renversent les jugements d<>jà prononcés? Et,
rité, il fallait répondre avec une charité pour no charger personne eu particulier, je
.
égale, et non pas avec un esjirit de dispute. me borne àce.iui vient d'être fait. Les ariens
Car n'était-ce pas une marque de charité qu'Alexandre, évèque d'Alexandrie, d'iieu-
d'avoir envoyé des prêtres pour compatir aux reuse mémoire, avait cha'^sés qui avaient élé
;

affligés et pour exhorter à venir ceux qui non-seulement excommunies dans (ha(pio
m'avaient écrit, afin de régler promptement ville, mais anathématisés par tout le concile
toutes choses et faire cesser les soultrancess de Nicée, et dont le crime était si grand,
de nos frères, ainsi que les plaintes que l'on non pas à un homme,
puisqu'ils s'attaquaient,
faisait contre vous? Quand j'eus lu votre mais à Jésus-Christ même, le Fils du llieii
lettre, après y avoir bien rélléchi, je la gar- vivant on dit que ces ariens rejetés par
:

dai par devers moi sans la faire voir, espérant toute la terre et notés d'infamie dans toute
toujours que quelc[u'un viendrait de votre l'Eglise, .sont maintenant reçus. Je ne crois
jiait et que je ne serais pas obligé de la ])u- pas que vous-mêmes jiuissiez l'apprendre s;ins
lilier;sachant combien elle aftligiMail liean- indignation. Qui sont donc ceux qui ileslio-
cou(> des noires. Comme personn(^ no venait norent les conciles? ne sont-ce pas ceuv qui
et qu'il devint nécessaire de la icndri! [lu- comptent pour rien les sufl'rages ib^s tmis
blicjue, je vous avoue (]ue tout le monde en cents évêtpies, et qui prét'èient l'impiiMé à la
fut étonné et eut de la peine à croire ijue piété? Car l'iK'résie des ariens a élé ct>n(laui-
vous l'eussiez écrite c'est une lettre de con-
;
née et prosi'rite par tous les évêques du
tention plutôt que do charité. Si celui (jui en monde; mais Athanase et Marcel en tmt un
est l'iiutcura cherché la gloire de l'éloquence, grand nombre qui parlent et écrivent pour
ce motif conviendrait mieux à d'autres. Dans eux. On nous a rendu témoignage (jue Mar-
les atïaires occlésiasti(]uoâ, il ne s'agit pas cel avait n'-sisté aux ariens dans le concile de
d'ostentation de paroles, mais des canons Nii'ée; qu'Athanase n'avait [las étr- convaimu
apostoliques et de la scjllioiluile à ne scanda- dans le concile de Tyr, et cpi'il n'était pas
liser [las un des plus petits .le l'Kgliso. prdsent dans la Maiéote,où l'vin prétend avoir
» Que si la cause de votre lettre est le cha- î'.iit des proci'dures contre lui. Or, vous savez,

grin et l'aniuiosité iiuc quelques petits esprit mes bionsaimés, que ce qui se fait en l'ab-
ont con(;,us 'es uns contre les autres, il ik^ sen<'e d'une des parties, est nul et suspect. Nu-
fallait pas que le soleil se courhiU sur leur nobst.mt tout cela, piuir connaitie exacte-
colère, ou du moins qu'elle lût poussée jus- ment la vérité, et ne recevoir de préjugé, ni
qu'à la montrer par écrit. Car, enfin, t|uel contre vous ni contre ceux qui nous t)nt écrit
sujet vous en ai-je donné par ma lettre? eu leur laveur, nous les avons tous pressés de
Est ce paroi; ijne je vous ai exluu-tés i\ vous venir, afin de tout examiner dans un conoila
trouvera un rnnrile? Vous ditvie/ |dutol vous et ne pas condamner l'innocent ou absoudre
en ri'jciuir. Ceux qui se tiennent assurés de le coupable. <>o n'est donc |ias nous qui iU\s-
leur conduite ue trouvent pui» luauvui* uu'eile Ituuurous auuua cuacile, utau mux qui, cuutrt
nlSTOinE UNIVRnSELLE DE I/Ear,iK CATnOUQUB
la ponlonnn des juges, ret-oiveut les ariens même mis en chemin, <ft «lu'ils avaient retenu
CoiulMiniiés par tout le monde. si longtemps ses prêtres c'est donc s«;uic-
:

» ^ju'ainsi soit, nous le savons par re qui mi-nl une jireuve qu'ils se déliaient de leur
s'est [)iiss6 à Alexaridiie ; car un rertuin Imt- cause. La guerre des Perses n'avait aucun
pone, chassé jiar Alexandre à cause de l'Iii;- rajqiort avec un voyage en Italie; du moins,
résie d'Arius,acconjiiat,'ni'' de (jiieiiiues autres, avant tout, elle aurait di'i h-s empétdier «le
chiisstSs également i)our la iiiéine lii-résie, est causer des schismes, des afiliclions et des
venu ici, envoyé jiar un cerlain (Jn'goire. pleurs dans les égliiies. Les eiiseliiens se plai-
Nous le savons encore de vos (le]uités;ear gnaient encore r|ii'il n'avait «Nrit qu'à Eusèhe
avant l'arrivée des prêtre» d'Alliauase, ils seul, et non à eux tous il dit qu'il n'a dù
:

nous pressaient d'envoyer di-s lettres à un cer- répondre qu'à ceux (|ui lui avaient écrit, u Au
tain Piste à Alexatidiie. .Mais les lu'étres d'A- reste, vous devez savrdr que, si je vous ai
tlianase, survenant, iirent ronnailrc! i]uc ce écrit seul, ce n'est pas le sentiment de mot
Pislt^ était un arien, excommniiic par l'évé- seul, mais encore de tous les évéques d'Italie
quf Alexanilif! et le concile de Nieée, ensuite et de <'es pays-ci ;
je n'ai pas voulu les faire
ordonné par un certain Second, également écrire tous, de peur que ce ne fût à plusieurs
cliassi' comme arien par le grand concile. Vos une charge onéreuse. .Mais, encore à présent,
dé|iulés ue purent en disconvenir. Considérez les ('véiiues sont venus au jour nommé et ont
maintenant qui sont ceux qui méritent le été du même avis, tel que je vous le marque
Lliime, de nous, qu'on n'a pu persuader d'é- de nouveau dans ma lettre, .\insi, mes Lien-
eriie à l'arien Piste, ou de ceux qui nouseon- aimés, quoique je vous écrive seul, sachez
g('illaient de mépriser le grand concile et cependant tjue c'est le sentiment de tout le
d'envoyer des lettres à des impies comme à monde. »

des hommes pieux. vient ensuite au fond île l'aUaire, et mon-


Il

» Que si, comme


vous l'écrivez, d'après tre (}ue ce n'est ni légèrement ni inju--tement
l'exemple de Novat de Paul de Sumosate,
et qu'il a reçu à sa communion saint Athunase
il faut que ces décrets des conciles conservent et .Marcel d'.\ncyre. « Eusébe m'a écrit aupa-
leur force, il ne fallait pas inlirmer la décision ravant contre Alhauase vous venez vous-
:

des trois cents, il ne fallait jias (pie le concile mêmes de m'écrire; mais la plupart des évé-
universel lut méprisé par un petit nomhre. (jues d'Egypte et des autres provinces m'ont
(^ar ariens sont hérétiques aussi hien ijue
l(!s écrit iiour .\thanase. Or, premièrement, les
ceux-là les sentences qui ont condamné les
: lettres que vous avez écrites contre lui.-^ con-
uns et les autres sont scnddahles. Maintenant tredisent, et les secondes ne s'accordeut point
donc qu'on a osé de pareilles choses, qui sont avec les premières; en sorte qu'elles ne foDt
ceux (jui ont rallumé le feu de la discorde ? point de preuve. Ue plus, si vous voulez iju'ua
C'est nous que vous en accusez dans vos let- croie vos lettres, ou doit aussi croire celles
tres. Quoi ? nous avons ramené la discorde, qui sont eu sa faveur, d'autant plus que vous
parce que nous avons compati à des frères qui êtes éloignés, et que ceux qui le défendent,
souillent, et que nous avons tout fait selon la étant sur les lieux, savent ce qui s'est passe,
régie? Ne soi't-ce pas plutôt ceux (pii, par connaissent sa personne, rendent témoignage
contention et contrairement à la règle, ont à sa conduite et assurent ((ue tout n'est «jue
violé les décrets des trois cents et déshonoré cahunnie. Il avait été encore dit dans uu
le concde en tout? Car, non-seulement les temps, qu'un certain évèque Arsène avait ete
ariens ont été reçus, mais des évéques ont mis à mort par.Vthanase ; mais nous avons
cherché à passer d'un lieu à un autre. Si vous appris qu'il était vivant, et même .son ami.
croyez véritahlement t\u>: la dignité épisco- Quant à l'atlaire d'ischyras, le >ainl Pape la
pale est égale partout, et si, comme vous di- deliiouille avec la même supériorité et le
tes, vous ne jugez [loint des évèqiies par même calme. Il apprend aux eusebieus que,
la grandeur des villes, il fallait que celui à dans le concile de Uome, Atlianasc avait dé-
qui on en avait conlié une petite y demeurât, iuontri',et jtarla déposition orale de plusieurs
sans passer à celle dont il n'est pas ehnrgé, témoins, et [lar la lettre de tous les évéques
ni mépriser celle i|u'il a reçue de Dieu, et d'Egypte et de Libye, et par les procés-ver-
Dieu même qui l'y a mis, pour rechercher la haiix des commissaires euséhiens dans la
vaine gloire des hommes. » .Maiéole,ct par la décliiration écrite d'ischyras
On ne pouvait, avec plus de fiuesse, de mé-- même, qulschyias n'était pas prêtre, qu'il
nagement et de dignité, tourner contre les n'y avait pas eu de calice rompu et que toute
euséhiens un reproche qu'ils avaient voulu celle accusation n'était encon'queuien>onge.
faire à l'Kglise romaine. La translation d'Ku- • En présence de tant de témoins el de tant

«èhe, de liéryte à Nicomédie, de .N'icomédie à de preuves de son innocence, que deviuns-


Constantinople, était tlagrante. Toute la lettre nous faire? que demandait I» -jgli de l'E-
du Pape est aussi merveilleuse : c'est un cliif- glise, si ce u'e.-t de ne pas condamner cet
d'œuvre. homme, mais de le recevoir et de le tenir pour
Les euséhiens se plaignaient de la brièveté eveque. ainsi que nous avons fait? car, outre
Ju terme que Jules leur avait ilonné pour ve- tout cela, il esl demeun» ici un an el six mois,
nir au coucile il leur montre que ce n'est
; atleiulanl votre arrivée et coufondant lous>C3
^u'uQ prétexte, puisqu'ils ue se sont p<u iidvciàaii'cs par sa preseuce, parce qu'il uese-
/.IVRE TRENTE-DEUX [ËME
.Bvenu s'il n'avait eu confiance dans sa nation avait été légitime, on n'aurait pas
ase. En crtet,il venu de son [nopre
n'est pas employé des voies illégitimes pour forcer à
mouvemoiit, mai- après avoir clé appelé et obéir ceux qui lui résistaient légitimement.
après avoir reçu nos lettres, pareilles à celles Cependant, avec tout cela, vous écrivez qu'une
que nous vous avons envoyées à vous-mêmes. profonde paix règne dans .\lexandrie et en
Et cependant, après tout cela, vous nous ac- Egypte! C'est donc que la paix a changé de
cusez d'avoir agi contre les canons 1 nature, ou que vous donnez à tout ceci la
)) Considérez donc qui sunt ceux qui ont nom de paix. »
agi contre les canons nous qui avons reçu un
; Venant à Marcel d'.\ncyre, il tém.,ign e être
homme si bien justifié, ou ceux qui, dans An- entièrement satisfait de sa profession de foi
lioclie, à treiite-six jou"née3 de distance, ont cl la trouver conforme à celle de l'Eglise ca-
donné le nom d'évèqufe a un étranger, et l'ont tliolique. « De plus, il r.ou a assuré qu'il
envoyé à Alexandrie avec une escorte de sol- avait toujours eu les mêmes sentiments; et
dats. Ou ne l'a pas fait quand Allianase fut nos prêtres, qui ont assisté au concile de Ni-
envoyé ilans la Gaule car on aurait du le
; cée, ont rendu témoignage qu'il était ortho-
faire alors, s'il avait été véritablement con- doxe. En étant ainsi assurés, et par ses pro-
damné. Certainement à son retour, il a , pres paroles el par le témoignage des autres,
trouvé son église vacante et prépart-e à le que devions-nous faire? si ce n'est de le rece-
recevoir. Maintenant, je ne sais comment tout voir comme évèque"? Je vous écris cela, non
s'est fait. pour plaider leur cause, mais pour vous con-
» Premièrement, pour vous dire le vrai, vaincre que j'ai agi selon la justice et les ca-
après que nuos avions écrit pour linir un con- nous, et que c'est à tort que vous me cher-
cile, il ne fallait pas que quelques-uns en pré- chez querelle. De votre coté, il est juste aussi
vinssent le jugement; ensuite, il ne fal- que vous fassiez tous vos efforts pour corriger
lait pas introduire uue telle nouveauté ce qui a été fait contre les canons, afin que
dans l'Eglise. Car qu'y a-t-il de sembla- les églises jouissent de la paix et qu'on ne
ble dans les canons ou dans la traililion vous accuse plus d'être des auteurs de schisme ;
aiiostolique? que l'Eglise étant en paix, et car, je vous l'avoue, ce qui a été fait sont des
tant d'évèipies vivant dans l'union il'Alha- causes de division et non pas de paix.
nase, évéque d'Alexandrie, on y envoie Gré- « En etfetjCene sont pas seulement les évè-
goire, étranger, qui n'y a point été ba[disé, ques Athanase et Marcel qui sont venus ici
qui n'y est point connu, n'a été demandé
(jui pour se plaindre de l'injustice qui leur avait
ni par les prêtres, ni évèi|ues, ni par
par les été faite, mais encore un grand nombre d'au-
le peuple ; qu'il soit ordonné à Antioclie et tres évèques de la 'i'hrace, de la Célèsyrie, d^
envoyé à Alexandrie, non avec des prêtres et la Fhênicie et de la Palestine : de plus, beau-
des diacres de la ville, ni avec des évèquea coup de prêtres, les uns d'Alexandrie, les au-
d'Egypte, mais avec des soldats car c'est C8 ; tres d'autres provinces. Or, eu présence du
que ilisaient ceux qui sont venus ici, et do concile, ils se sont plaints que leurs églises
quoi ils plaignaient. Quand nièine, a[irès
.-e avaii'iit souffert les mêmes choses que celle
le coiiiilc, Atlianase eût èti^ trouvé coupable, d'.Mcxandrie. Des prêtres, venus récemment
l'ordination ne devait [las se laire ainsi conlre d'Egypte avec des lettres, se sont lamentés
les lois et les règles de l'Eglise il fallait que
; qu'un grand nombre d'évêques et de prêtres,
lesévèques de la [irovince ordonnassent un qui voulaient se rendre au concile, en avaient
liomme de la même église, d'entre ses préires èlé emiièchês. Ils disaient que depuis le dépar/
ou ses clercs. Si l'on avait fut la même chose d'.Mlianise jusqu'à présent, des évèques con-
contre quelqu'un de vous, ne crieriez-vous fesseurs élaieiit assommés de coups, que d'au-
pas, ne demanderiez-vous pas justice/ Mes tres étaient jetés dans les prisons; que d'auciena
bien-aimès, nous vous />arlons en vérilé pontifes, qui ont passé un grand nombre d'an-
comme en la présence de Dieu, cette conduite nées dans l'êpiscopat, étaient condamnés aux
n'est ni sainte, ni légitime, ni ecclésiastique. travaux publics; que [u'Cque tous les clercs et
L'entrée seule de Grégoire montre de (juelle les peuples de l'Eglise culholique étaient en
nature e-t sou ordination cir, d'après le té-
; butte aux [déges et aux persécutions; qu'ea
moignage lie ceux cjui sont venus d'Alexan- elfel plusieurs évèques et plusieurs frères
drie, et d'a[irès les lettres des évèques, au mi- avaiiMil été bannis, uniquement pour les con-
lieu de ce temps de paix, il y a eu une traindre à communiquer avec Grégoire et se*
eglisi; incendiée, îles viergi'S mises à nu, des arii'us. En outre, on nous a fait des plaintes si
solitaires foidés aux pieds, des prêtres et beau- atroces contre qui'l((ui's-uns de vous, car je no
coup de peuple en butte aux oulragcs et aux veux pas l(!s nommer, que je n'ai pu me ré-
ioliMices, des évêqutis jetés en prison, un soudre à les écrire mais peut-être les avcz-
;

grand nombre traînés ç, i et là. Les saints vous a[q)risi!s d'ailleurs. C'est même ,.rincipa-
mystères, au sujid ib-sipieis on accusait le lement pour cela que j'ai l'crit et que je vous
jiretre .Maiaire, ont ète mis rn (liêces par les ai pressés de venir, afin de vous dire de bou-
païens et jetcs a terre, el tout ci-la [lour f.dre rhe, et que l'on put corriger et rétablir tout.
aiqirouver à quebpii;s-uns l'ordiuition île C'est ce qui doit vous exciter à venir pour ne
Cri'goire. Tout cela montre bien qui muiI pa^ vous rendre suspects el uo [louvoir voua
oeux qui ont violé les cunous ; car, -i l'ordi- iustitiur. »
I. IV.
HISTOIRE UNIVERSELLE Dh! L'IÎGLISK CATMOIJQUB
exhorte ensuite à corri^CT Ions ces dé-
Il 1p,s de Constantin ne sont que de fai-
el les lollres
sor(lr(!S, eliinit par ces paroles: « Sii|)[)osé bli's Rome était dès lors l'a-ile
amplifications.
qn'Atliaiiase et Marcel aient été déposés de du bon goi'it comme de la vraie foi. Il faut
leui's sièges cimiine vous l'écrivez, ijue dire des surtout rem-irquer ce que dit le pape Jules,
autres, soit évêques, soit prêlrcs, iiui sont toui-liaiil b'S juLTcmiMils ecili'-si^istiqui-s et l'au-
venus ici de divers lieux? Eux encore ont pro- toi'ilé de l'Eglise romaine. « Ne savez-vou^ pas
testé avoir été en bulle aux niêincs violences que c'est la coutume de nous écrire d'aboid,
el aux mêmes maux. mes hicn-aiuiis, les el que d'iri dev.iit venir la deri-^ion de ce qui
ju^fnients di' ne sont pins selon
l'Ej^liso est jusli? Il lallait ilonc écrirr ;i l'i-glis'' d'ici.»
l'LvanKilc ils vont désormais au bannissement
;
Ce que deux historiens grec-, Sozomène el
et à la mort. Que si absolument, comme vous Nicéphore. ré-nmenlcn ces termes: «Il y avait
dites, ils étaient coupables en cjuclque chose, une loi sacerdol 'le ou ecclésia.sti<jue qui dé-
il fallait procéder au jugement sebju la r-aU clarait nul touV .'e ipii se faisait sans le cun-
de TE^lise, et noi -".omme on a fait il fallait ; senlemenl de l'évéïiue de R"ime(2)i) D'aprM
nous écrire ù tous, ailn t|ue ce qui est juste fût ces témoins non suspects, il parait évidem-
décidé par tous. Car c'étaient des évêques et ment que la fiircc des jugements ecclésiasti-
dos églises (]ui .soutiraient, et non pas des ques dépendait dès lors de l'assentuDCDl do
églises du commun, mais celles que les apôtres Pape.
ont gduvernées eux-mêmes. Pouri|uoi ne nous Cependant le principal auteur de tous cm
écrivait-on pas principalement touchant l'é- troubles, Eusèbe de Nicomédie, intrus d«
glise d'Alexandrie? Ne savez-vous p:-.s que Constan'inople, étant nuirt, les catholiques
c'était la coutume de nous écrire d'abord, et rapf ..lèrent 11' lé;;ilimc évèque de Ct)nslanti-
que d'ici devait venir la décision de ce qui est nople, saint l'aul. .Mais les eu-ébiens, conduits
juste? Si donc il y avait des soupçons de ce par Théognis de Nici'e et Théodore d'Iléradée,
genre contre révèi(ue de ce lieu-là, il fallait ordonnèreul Maré.lonius, depuis hércsiar«|ue,
écrire à l'église d'ici. Maintenant, sans nous en l'e qu'il nia la divinité du .Saint-Esprit. Le
avoir instruits, mais après avoir fait ce qu'on peujde des deux partis s'ècliaufTa lellemrnt,
a voulu, on veut que nous y consentions sans qu'il en vint à une sédition et à une espi-eedo
connaissance de cause. Ce ne sont pas là les guerre civile il y avait continuellement des
:

ordonnances de Paul; ce n'est pas la tradition combats, el plusieurs pi-r.-onnes y jierirenl.


de nos pères, c'est une nouvelle forme de con- Ce désordre vint aux oreilles de l'empereur
duite. Je vous prie, prenez-le en bonne part, Constance, qui était encore à Antioche; et,
c'est pour l'utilité publique que je vous écris : comme il envoyait en Thracc. Ilermogi-ne,
je vous déclare ce que nous avons appris du maitre de la milice, il lui donna ordre, en |>a.s-
bienheureux apôtre Pierre; et je le crois si sant, de chasser Paul. Ilermogène, éUinl ar-
bien connu de tout le monde, que je ne l'au- rivé à Constantinople, la mit tout en émeute,
rais pas écrit sans ce qui arrive. Des évèi|ues vmilant exécuter cet ordre par violence. Le
sont enlevés et chassés de leurs sièges d'au- ; peuple se souleva cl se mit en devoir de dèfi*n-
tres sont mis à leur place; on dresse des em- dre son évè(|ue el comme Ilermogène insistait
;

bûches à d'autres; en sorte que les peuples pour l'enlever à main armée, la multitude
pleurent ceux qu'on leur enlève, et sont vio- irritée, commi- il arrive en ces occasions, s'em-
lentés pour ceux qu'on leur envoie c)n ne veut ; piu'ta contre lui avi'c fureur, brûla sa maison,
pas qu'ils regrettent ceux qu'ils veulent, m.ds le tua lui-même el le tr.iina par la ville. C'était
qu'ils reçoivent ceux qu'ils ne veulent pas. Je en '.Hi. ','onslance, ayant appris le meurtre
vous en prie, que cela n'aiTÏve plus Ecrivez ! d'Hermosène, monta à cheval, partit d'An-
]ilulôt contre ceux qui entreprennent de ces tioche el vint à Con>lanliniiple avec une
choses, afin que ni église, ni évèque, ni prêtre, extrême diligence, nonobstant les neiges et
ne soient plus exposés a des vexations et for- les pluies «le l'hiver. Il ne lit mourir jK^rsoone,
cés d'agir contre leur conscience, de peur mais se laissa llèchir aux larmes du peuple,
d'exciter la risée des païens, mais principale- qui vint au-di- ml de lui, et aux prières du
ment la colère i'". Dieu; car au jour du juge- sénat; il se coulenla, pour punir le peuple, de
ment, chacun do nous rendra compte de ses lui ôter la moitié du blé que l'empereur, soii
enivres d'ici-bas. Fasse le ciel que tous vien- père, lui fais^iit donner gratuitement et qui
nent à pen.ser selon Dieu, afin que les églises, venait d'Alexaniirie. M.ds il chas>a PjuI de la
ayant récupéré leursévèques, se réjouissent sans ville, sans toutefois contirmer l'eleclion de
cesse en Jésus-Christ, Notre Seigneur, parijui Macédonius, étant mal satisfait de ce qu'un
est la gloire au Père dans li.-s siècles des siè- l'av.iil ordonné sans son conscnleraeul, el le
cles, ainsi soit-il. Je souhaite que vous vous regardant, aussi bien que Paul, comme la
portiez bien dans le Seigneur, mes bicn-aimés c.ausc de la sédition. Il le laissa seulement
et bien-ilés''és frères(i). » comme il était soulTranl, iju'il tint .scî as-ein-
Telle fui 'a lettre du pape sainl Jules. Elle blees dans l'église où il avait été or.lonaé, el
est admirable de sagesse. île majesté, de dou- s'en retourna à .Xnlioihe. Quant a saint l'aul,
ceur, de véritable éloquence. A
côté de ce il se rendit peut-êln" alors à l\ome, où SiK-rate
monument, les harangues d'Ensèbe de Césarée et Sozom-me as.-urent formellement qu'il vint

Coust^, Jii»tl. Hom. t'P Atbtii., Àp-I., p. 141, édit Bend . — (2) soi., J. lU, c. i. Niceph., 1. IX, o. x.
LIVRE TRENTE-OKUXIRMI: 99

trouver le pnpe Jules, qui le irlalilit dans son trouva évéïpies de plus de trenle-ciiiq pro-
(les
siège ainsi ipie hrs autres. Mais la rliose a pu vinces, eulj-e autres de Home et dîtaiie, d'Es-
airiviT avant ou après; car au milieu des pagne, de r.iule, d'AI'ri |ue, de Pannonie, d«
tioiililes et des bouleversements (jue renouve- Uacie, de Tbrace, de .Macédoine, de Tliessalie,
IiiiMit sans cesse les intrit,'ues des ariens et la d'Achaïi-, des Cyclades, de Pliiygie et des au-
manie llii-ologique de Constance, il est diffi- tres [irovinces de l'Asie .Mineure; de C£p[ia-
cile de retrouver la date précise pour les dé- doce, de Galatie, de Cicilie, de Syrie- de Méso-
tails. polamie, de Phéiiieie, de Palestiiy *,rArabie,
Les lettres et les efforts du Pape Jules n'ob- deTliébaide, d'Egypte. Le nond)rc de.s évoques
tinrent pas immédiatement tout leur ellet. Il fut d'abord d'environ cent soixante dix cent:

Jciir fallut encore du tem|)S et des négocia- Occidentaux etl-s autres Orientau.x. .Mais à la
tions. D'abord informa l'empereur Constant,
il finlesïeulâ ..atholiques pas.sèrent trois cents,
<|ui écrivit à de
•>nstanee. son frère, le priant soit à raiso',1 de ceux qui survinrent, soit à
lui envoyer trois évèques pour rendre compte raison des absents qui souscrivirent. Les Occi-
de la déposition de Paul et d'AHianase. Cons- dentaux arrivèrent seuls: leur père était Osius.
tan<'e en envoya quatre, qui vinrent en Gaule Les Orientaux, ou plutôt les eusébiens qui lej
comme députés du concile d'Antioche. Maxi- dominaient, amenaient avec eux des péda-
inin de Trêves ne voulut point les recevoir, et gogues et des avocats, le comte Musonien et
eux ne voulurent point accepter de confé- Hésychius, généial d'armée. Avec leur puis-
rence avec saint Atliànase, prétendant justifier sance, ils secroyaient maîtres du concile; c'est
leur procédé et soutenir le jugeni'nt des pourcpioi ils y vinrent avec beaucoup d'em-
Oiienlaux. Et comme on leur demanda leur liressement.
pr(dessioii de foi, ils caclièrent celle qui avait Mais quand ils virent que les Occidentaux
été [>ubliée à Anlioclie, c'est-à-dire lasccoiide, n'avaient à leur tète qu'Osius et les légats du
et présentèrent à l'emiiereur (Constant la qua- papi! Jules, et que ce cojicile serait un juge-
trième, com[io>ée quelipii s mois a[irès. [I vit ment purement ecclésiastique, sans assis-
ainsi qu'ils avaient persécuté ces deuxévèqncs tance de comte ni de soldats, ils furent sur-
sans suji't, et ijue ce n'était pour aucun crime. pris el troublés par les remords de leur cons-
Comme ils prétendaient, mais parce (ju'ils ne cience. Ils s'étaient imaginé que saint Atba-
convenaient pas avec eux de la doctrine; ce nasc et les autres accusés n'oseraient pas
(jui obligea l'eraiicreur à les renvoyer, sans se même se présenter; cependant ils les voyaient
laisser persuader à leurs discours (I). com]iaraitre liardiment. Ils voyaient qu'il
Les euséliiens, se voyant suspects aux Occi- était venu contre eux-mêmes des accusateurs
dentaux, s'assemblèrent à Aniioclii! l'an 343, de diverses églises, avec les preuves en main;
et firent une cinquième profession de foi très- que quelques-uns de ceux qu'ils avaient fait
liui'jue. Sans nommer les ariens, ils en con- bannir, paraissaient avec les chaînes dont on
damnaient les principales pro|iositions; mais les avait chargés que des évtsqucs venaient
;

ils condamnèrent en même temps Marcel d'.Vu- parler pour des collègues encore exilés; que
cyre et son disciple Phot in, évè(iueili: Sirmium. des parents et des amis de leurs victimes, se
Ce dernier se trouva vraiment l'iiMdaniiialpJe. pr('!S(^iitaient : (Uie d'autres évèques racon-
lis envoyèrent leur longue formule à Milan, taient i)ar quelles calomnies ils avaii-nt mis
nù se trouvaii'nl assemblés [dusieurs i-vé |ues, leur vie en [lèril, et avaient fait effectivement
n n-i ijue saint Alhanase, que l'enqu-reur pèi'ii' plusieuis [lonlifes, entre autres l'évèquo

(icirislaiit y avait fuit venir. Les Occidentaux 'l'iiéoilule, qui inouiut dans sa fuite. (Juelques-
vi'pondirenl sim[dement qu'ils se cuntentaieut uns montraient les coups d'épée qu'ils avaient
de la foi de Nicée, sans rien clierclier au delà, reçus; d'autres se plaignaient de la faim
et refusèrent de souscrire la nouvelle formule. qu'on leur 'ivait fait souil'rir. Ce n'étaient pas
Au conlraire, ils pressèrent les d('qiutés orien- s(Hdi'incnt jes particuliers, mais des églises
taux de condamner nommément la doctrine enlières, dont les députés représentaient les
(i'.Vrius ; répondi' Mt par un refus, et se
ils violences des soldats et de la populace, les
retirèrent en colère lui concile de Mila:' .c'était menaces des juges, les sup|>ositions de lettres
l'an 'i\(j. Cependant, à la prière de, ' ^pe saint fausses, les vierges dépouillées, les ministres
Jules et d'autres évécpies, l'empei"''^!' Constant sacrés jetés en prison, les églises incendiées
avait écrit à son frère Cotistance, |,our assem- et tout cela pour contraindre les catholiques
bler un ciincilc d'Orient et d'Occident, afin de à communiquer avec les ariens. Les eusébiens
léunir l'Eglise divisée, et rétablir Aibanase et voyaient encore (pie deux évèi|ues ori(Milaux,
Paul dans leurs sièges. On convint de paît el Macaire de l'alestim; el A.-térius d'Arabie,
d'autre de tenir un C(mcile à Saidique en après avoir l'ait b; voyage avec eux, les (juit-
lliyrie,aux confins des rieux empires. Il y fut taicnt pour se réunir aux Occidentaux, à qui
ciinvoipié par l'autorité du |)a|(e saint Jules ; ils (lécouvraienl leurs fourberies el leurs
t';ir Socratc nous apprend «[ue quel piesOi ien- alarmes.
taux l'accusèrent d'avoir IL^é un lermo trop Dans ils r6s(durent de
celle situation, pa-
court (2). laitre à Sardi(iue,pour témoigner de la coii-
Le concile s'assembla donc en 347. Il s'y liunce ou leur cause ; mais y élanl airiv(!S, ili

Suc, 1 U, c. zviii. tsoi.. 1. m, e. z. — (i) âuc. ibiu. Mi««{>k., 1. LX,


too IIISTOIBE UNIVERSELLE DE L RCMSE CATnOUQDB
se renfermèrent dans le palais où ils claicnl condamnation. Les Occidentaux rejetèrent
Jog^'s, el se (lin ni uns aux autres Nous
les : cette proposition, qui ne tendait qu'à éluder
sommes venus [lour une chose, el nous en le jugement et à multiplier les procédâtes
voyons une autn- nous avons amené «les
;
inutiles; outre qufr (jrégoirc élatit le nnitre
BDmtes, et le jugement se fait sans eux nous : en Egyplf, les eusébiens y eussent fait ce
ferons assurément condamnés. Vous savez (]u'ils auraient voulu, (-omme ils étaiiMit ve-

lous quels sont les ordres des empercuis : nus trouvi-r Osius dans l'église où il demeu-
Athanasij a les jirocédures de la Maréote, qui rait, il les invita à proposer ce qu'ils aval* nt

ne serviront qu'à le justilier et à nous couviir à dire contre Athauase, les exhortant à parler
de confusion. A i|i!oi donc nous arrélons-uous? hardiment et les assurant qu'ils ne devaient
Inventons des prétextes et nous reliions il : altcnon- (l'un jufretnent très équitable. I» le

vaut mieux fuir, quehjue honte qu'il y ait, fil une et deux fois, iijoutanl que s'ils ne vou-
que d'être convaincus et jugés calonmiatcurs. laient [las parler devant tou' le concile, ils
Si nous fuyoBs, m. ..^ pouvons encore soutenir s'explicassent du moins à lui seul. Je vous
notre parti : s'ils n<ius condamnent en notre promets, disait-il, que si Athanase se trouve
absence, nous avons la protection de l'empe- coupable, nous le rejetterons alisolunient : et
reur, qui ne nous laissera pas chasser de nos quand même il se trouverait innocent cl vous
églises. Telles étaient les pensées des eusé- convaincrait de calomnie, si vous ne fmuvez
biens. Osius et les autres évéques leur par- vous résoudre à le recevoir, je me fais luit de
laient souvent, relevant lu contiance de saint l'emmener en Espagne avec moi. Sainl .Mha-
Alhanase et des autres accusés Si vous crai-
: na.^e consentait à celle iiropo'iti'in mais ^cs;

gnez le jugement, disaient-ils, pourtjuoi étes- ennemis sdléUaienl tant di' leur cause, qu'ils
vous venus "?
il ne fallait jias venir, ou ne la refiisêrenl comme les autres.
pas reculer ensuite. Voilà Athanase el ceux Le concile était d'ailleurs bien informé de
que vous accusiez en leur ahsence ils se : leur mauvaise volonté par .Macaireel.\stérius,
présentent, afin que vous puissiez les con- qui les avaient quittés, aiirès élre venus d'd-
vaincre, si vous avez de quoi le faire. Si vous ricnl avec eux. Ces deux évèques racontaii-nt
reculez, vous êtes des calomniateurs mani- que, pendant tout le voyage, les eusi-biens
festes ;et c'est le jugement que le concile faisaient en certains lieux des assemblées où
portera de vous. ils avaient résolu que, quand ils seraient

Les Pèrcf du concile firent souvent ces re- arrivés à Sardique, ils ne se soumettraient à
présentations aux Orientaux, de vive voix et aucun jugement et ne s'assembleraifnl pas
par écrit ceux-ci, pour ne pas se joindre à
;
même avec le concile ; mais, qu'ayant si::nalé
eux, prirent diverses prétextes. Ils leur re- leur présence par une protestation, ils se re-
prochèrent d'ahord qu'ils communiquaient tireraient promplemenl. En elfel, étant arri-
avec Athanase, Marcel et les autres accusés. vés, ils ne permirent point à ceux qui etaieul
Ils demandaient (jue les Occidentaux com- venus d'Orii-nt avec eux d'entrer dans le con-
mençassent par les séparer de leurcommunion, cile, ni mèuie il'approcher de l'église ou il s«
Ceux-ci soutenaient que cela n'était ni conve- tenait. Car il y avait plusieurs évèques; orien-
nable ni possible, puisque .Mliariase avait taux attachés à la saine doctrine qui voulaient
pour lui le jugement du pape Jules, rendu se séparer d'eux, el qu'ils retenaient par mena-
avec grande connaissance de cause, el le té- ces et par promesses. C'est ce que témoignaient
moignage de quatre-vingts évèques. Les .Macaire et .\slerius, se plaignant de la vio»
Orientaux prétendaient qu'.MIiaiiase, .Marcel lence qu'ils avaient eux-mêmes soulferle.
et les autres dont ils se plaignaient, étaient Les eusebicus ne pouvant plus reculer, cl le
jugés par les conciles, contre lesquels on ne jour marqué pour le jugement étant expiré,
pouvait plus revenir; d'autant moins que la ils dirent qu'ils étaient obligés de se retirer,

plupart des témoins, des juges et des autres parce ijuc ''empereur leur avait écrit pour
personnes néces?/ -es ne vivaient plus. On
'
célébrer .<a l'toire sur les Perses ; el ils n'cu-
.

leur répondit qut^ concile de Sardique était reirt point de honte d'envoyer une telle
assemblé pour exauiiner ces prétendus juge- excuse par Euslachc, prêtre de l'église de
ments; qu'Alhanasc présentait pour être
se Sardii|ue. Le concile, ne pouvant plus douter
jugé, tandis qu'on condaniué absent,
l'avait de leur mauvaise intention , leur écrivit nette-
et que les procédures faites contre lui étaient ment Ou venez vous défendre de.saccusalions
:

rapportées. dont vous êtes charges, particulièrement des


Les Orientaux se réduisirent à dire : Puis- calomnies ; ousachez que le concile vous con-
que de six évèques, qui ont fait l'information damnera comme coupables, et déclarera ceiij
dans la Maréote, il y en a encore cinq de vi- qui sont a. ec .\thanase inni.K-euls el cxempli
vants, (jue l'ou envoie de chaque colé quel- lie tout reproche. Leur conscience les pressa
ques évèques sur les lieux où .Mhanase a com- plusqueci'tte lellre: ilss'enfuin'nlendilii;enre
mis les crii/' '»; s'ils se trouvent faux, nous et se retirèrent à Phili|ipop(dis en Thracc.
icrons condanniès et non recevahles à nous Il y avait trois chose^s à triùler dans le ci-n-
plaindre 4j)i aux empereurs, ni au concile, ni cile Ja foi callioli(|ue. Ii-s causes de ceux (juo
:

H aucun évèque ; s'ils se Iruuvenl vrais, vous les l'usebians aicus<ùent et les plaintes
,

idamnes et non recevahles, vous qui formées contre les eusébiens même?. On prô-
AltoA4^ limuniqué avec Âthana^e depuis sa nera de composer une nouvelle profe.s»ion de

8T-
"y.
MICHAEL-S N'^-U

^ COLLEGE yt
<^ (
LiIVBE TRKNTE-DEUXIÈME. 101

foi, *>t proposilion fut soutenue avec


cftie au concile de Nicée et notés en particulier, et
clialeiir, mais reji'lée par le concile avec indi- que non-seulement ib les avaient reçus dans
(ïnation.îl ordonna qu'on n'écrirait rien toa- l'église, mais cmcore qu'ils avaient élevé les
cliîinl la foi, et que l'on se contenterait du diacres au sacerdoce et les prêtres à l'épisco-
symbole de Nicée, jiarce qu'il n'y manquait pat. On voyait partout leur dessein d'établir
rien, et qu'en faisant une autre formule, il celte hérésie, car toutes les violences qu'ils
semlilerait que l'on jugeât ce symbole impar- avaient commises à Alexandrie et ailleurs
fait, et on donnerait prétexte à ceux qui vou- n'étaient que contre ceux qui refusaient de
laient écrire souvent des confessions de foi. communiquiîr avec les ariens. Ils furent con-
Ceux qui avaient fait cette proposition ne vaincus de calomnie par la justification de
laisscrent pas de dresser une formule que ceux qu'ils avaient voulu perdre. Tliéognis, en
quelques-uns firent passer depuis sous le nom particulier, fut convaincu d'avoir fabriqué de
(lu concile de Sanlicjue. fausses lettres contre Aihanase, Marcel et As-
On
traita l'atlaire de saint Atlianasc et, ; clépas, afin d'irriter les empereurs contre eux;
quoique la fuite de ses adversaires le justiuAt les lettres furent lues dan* le concile et ceux,

assez, on examina de nouvea" leurs accusa- qui avaient été alors diac.es de Tliéognis en
lions autant qu'on le pouvai' -.ti leur absence. montrèrent la fausseté. On prouva que Valens
Uuantau meurtre d'Arsène, .a calomnie était avait voulu quitter son église de Murse pour
Hiil.'ute et f^rossière, puis(ju'il vivait, comme usurper celle d'Aquilée beaucoup plus con-
,

tout 1(! monde le savait, et qu'il se montra lui- sidérable et que dans la sédition qui s'en-
; ,

même. Quant au calice brisé chez Ischyras,les suivit, un évèque nommé Viator avait été
])r()pies iiifi'rmations lailos par les adversaires tellement pressé et foulé aux pieds, qu'il en
dans la Maréote diitruisaient leur prétention ; éiait mort le troisième jour à Aquilée même.
d'ailleurs, deux prêtres, autrefois méléciens, Le concile prononça donc une condamnation
et depuis reclus par saint Alexandre, ren- contre les chefs de cette fraction, que l'EyJi^e
daient témoii;nap;e([ue jamais Ischyras n'avait avait tolérés jusque-là, savoir Théodore
:

été prêtre, même du temps de Mélêce. Ainsi, d'Héraclée, Narcisse de Néroniade, Etienne
on reconnut la justice du jugement rendue d'Antioche, Georges de Laodicée, Acace de
Rome pur le pape Jules en faveur d'Athanase, Césarée en Palestine, Ménophante d'Ephèse,
et la vérité du témoignage que lui rendaient Ursace de Singidon, et Valens de Murse. Ces
les quatre-vingts évèques d'Egypte. Sa cause huit furent déposés et excommuniés, c'est-à-
se trouva sans aucune difficulté, et tous les dire privés non-seulement de l'épiscopat, mais
évèques le reconnurent innocent elle confir- de la communion des fidèles. On traita de
mèrent dans la communion de l'Eglise. Ils même les trois usurpateurs des sièges de saint
déclarèrent encore innocents quatre prêtres Aihanase, de Marcel et d'Asclépas, c'est-à-dire
d'.Xlexandrie, que les euséliiens avaient per- Grégoire d'Alexandrie, Basile d'Ancyre et
Eccutc's et obligés à fuir pour éviter la mort. Quintien de Gaza. On défendit de les recon-
Le concile examina la cause de Marcel naître pour évèques, d'avoir aucune eommu-
d'Ancyre. Et comme les eusébicns renfer- nication avec eux, de recevoir hnirs lettres, do
luaient leur accu.-alion dans son écrit contre leur écrire. Les Pères de Sai'ili(iue firent en-
II' sophiste Astérius qu'ils prétendaient être suite quelques canons de disi-i[>line, dressèrent
]ili'in d'iiérésie, le concile fit lire cet l'urit, et leurs lettres synodales, envoyèrent une am-
iniuva n'avançait que par manière de
([u'il bassade à Constance, et s'en retournèrent chez
i|Mcstion ce que
l'on prétendait qu'il eût sou- eux.
liiui. Z:i lisant ce(|ui [ui'cé.lait et ce qui sui- Les lettres étaient adressées à l'église d'A-
vait, ou voyait qu'il était ort'iodoxe car il ne : lexandrie, aux évèques de Libye et d'Egy[ite,
disait point, cimiuie eux i).i't('ndaii'nt, que le à tous les évèques de l'Eglise catholique et au
Verlie de ilieutn'it pris son commencement de pape saint Jules ; car pour des raisons très-
la sainte Vierge M !ri(î, ni que son règne dût graves, Jules n'avait pu lui-même assister
finir, mais que sou règne était sans commeu- au concile, il y avait seulement envoyé des
Cfunent et sans fin. Ainsi le concile le déclara légats; en son absence, Osius avait présid|^
innocent. Asclépas de (iaza rapporta l'es pro- Dans les lettres à l'église d'Alexandrie et aux
cédures faites à Auliocheen présence de ses évèques d'Egypte, Ir" évèques disent ([u'ils
accusateurs et d'Eusèbe d Césarée, et son connaissaient déjà les intrigues des ariens
innocence parut par les avis de ceux (]ui l'a- avant l'arrivée de leurs lettres pour la défiuise
vaient ju(;i' dans le même concile, oi^i fut dé- d'Athanase; car il était notoire que les ariens
posé, sur des calomnies, saint Eust.illie d'An- en voulaient à la foi catholiipie. Ils avaient
lioclie. Les l'eres du concile de Sanlii|ue jugè- avancé des accusatiims très-graves contre Aiha-
rent ddui- .Xseli'pas pleinement justifié. nase; mais lui, toujours intrépide, '^ apiiela
Ils vinrent ensuite à In troisième; question eux-mêmes (mi jugement: ce qu'ils n'osèrent
qu'ils avaient à juger, et ipii, sans doute, était aicepter. « Nous vous prions donc, bicn-aiinc'S
plus consiiliuable, savoir: Ic^s pl.iintcs formées frères, conliuueul-ils, de conserver avant tout
de toutes [)arts contre les i-u>el)ieiis. La plus la loi de l'Eglise catholique; car vous avez
capitale était celbî que le piipe .Iules avait iléjà scuilleit bien des afilictions, l'église c.itho-
déji'l si bien lelevi'i- dans sa letlri^ qu'ils
: liipu^ a soullerl bien des outrages et de< vio-
kBuilUUliiqiUltiuiil ttvt>4 lo« HI'iniR tluiidailUIOl luncos; muia qui yeïtèvèrc jusqu'à U liu ^er»
lot HISTOIRE UNIVERSELLE DR f/RGMSR CATHOMQUR
sauvé. Que si donc on vous maltraite nou- île traire, que
les jiarlies soient sans cesse rl'accurd

veau, regardez cette triliulation comme une avec le tout. F>t ccimine le l'ape. héritier i\>- la
joie car ces sortes de souffrances sont une
;
diunité de l'ii'rre, tist le chef, lu léle avec
portion di' flartyr.- vous avez contessé et
: lii.[uelie sont unis tous les iiiernitre''- du corps,

souffert, mais cela ne restera point sans récom- tous les mouvemenls des églises p.r licullrres
pense, vous en recevrez la couronne de Dieu. ne doivent non plus se produire M.e de con-
C'est pourquoi comf)attez pour la sainte doc- cert avec ce chef. i»e mên e «pie, par 1» vertu
trine et pour l'innocence d'Allinnase, votre toute-puissante du Sauveur, ce qui avait élé
évèiiue et notre collègue. Nous, non plus, nous séparé redevenait un de mènieil y ava:t dans
;

n'avons pas gaidé le silence ni négligé ce qui l'arianismc, (jui niait du Rauv««ur,
la divitdlé
est de votre sécurité; au contraire, nous avons un germe de de
séfiaraliun, d'indépendam-e,
fait avec grande s((lli(itn<le ce que la charité deslructio:i, ainsi que le démontre toute son
ileman.le, car nous souflroiis nxcc nos frères histoire. Comme' dans l'Eglis" c^itholique emu-
qui sûull'rcnl, l't leurs doulf'urs sont nos dou- haltait l'arianisme. il était (\-in-' la nature
leurs. » Ils mandent ensuite qu'ils ont prié des choses ipie. |par une in-p' lion .secrele,
les empereurs de délivrer c'mjx d'entre eux elle en cumbattit aussi la teii. lance sépara-
qui seraient en prison, de déffiiclre aux ma- liste, et ipi'avec le centre et le chef invi-ible

gistrats de se mêler lies affaires ecciésiasticiues, del'Egli-e, elle en relevât aussi le centre et le
afin que chacun pût, suivant le ilésir de son chef visible. Dans la défende d'Athanase. le
cœur, |irofesser la toi catliolicine et apostoli- représentant de l'Eglise lathidique comb^itlanl
que dans la tranquillité de la paix. Quant à pour la divinité du Sauveur, ce fut donc le
1 intrus Grégoire, ils écrivent enfin diî ne pas chef de l'Eglise vi-ible i|ui fixa les re:.'.iii|s.
le reconnaître pour évèque, mais de recevoir Tout se tient. Oux cjui défendaie-jt la dignité
avec joie leur véritable évèque .\thanasc. Itans du chef invisible s'attachèrent au chef visible,
la lettre circulaire à tous les évèques de oui l(!s défendit à son tour; <le celte manière,
rEylisecatholique,ilslont l'histoire du concile, ils furent rendus à leurs églises, afin de [)0u-

telleque nous l'avons racontée. voir défendre le chef invisible avec un nou-
La lettre au pape Jules est moins longue veau courage. De là, au commencement de la
que les autres. C'est que le concile lui envoyait lettre des Pères doSardiiiue, cette mystérieuse
en outre tous les actes et toutes les pièces, et comparaison, où le (»a|)e, «juoiipie absent, e-^t
que du surplus il s'en rapjiortait à la relation censé parlé par eux, comme le Christ, quoique
verliale des légats, les prêtres Archidume et invisible, parlait par le doc-teur des nations.
Philoxéne, et le diacre Léon. Mais le com- La même chose se manifeste encore dans les
mencement de cette lettre est remarquahle. canons du concile. Persécuté- par les ariens,
« Ce que nous avons toujours cru, nous le les èvèqiies catholiques avaient eu recours au
pensons encore maintenant; car l'expi'rience Pape, comme à leur supérieur et au cons.-r-
prouve et confirme ce que chai'un a entendu valeur des canons. Ne ]iouv.int nier cette
dire: c'est la vérité, que le bienheureux l'aul, suiiériorité, les arienscherchaieut à la tourner
docteur des nations, a dite concernant lui- eu ridicule et ;\ enljMvcr le droit d'appel au
même: ]'oulez-vous une preuve de celui qui Pa[)e. Ile là, comme nous l'avons vu. cerlaias
parle en moi, au Christ? Car, comme le Sei- Ciinons de leur conciliubuli! d'Antioche. Le
gneur Jésus habitait en lui, il est sans doute con' ile de Sardique, au coulraire, n^connail
que l'Esprit-Saint a parlé par son timc et formellement et explique ce droit d'app<-l dans
retenti par l'organe de son corps. Vous aussi, les canons ipii suivent, et qui ont été insérés
biiMi-aimé frère, séparé de corps, vous nous texluellciuent par Plioliu<dans son Si/iii'ti/m
avez été présent en esprit et en volonté. Votre ou c'nssilieation méthodique des canons I).
absence était juste et nécessaire, de peur que • Osius dit Que si un évèque Bpn*s avoii
:

les loups schismatiques ne vinssent furtivement été jugé, se tient si assuré de son bon dr<>il
à ravager le troupeau, les chiens hérëliiiiies qu'il veuille être jugé de nouveau, honorons,
à troubler parleurs frénétiques aboiements,
le si vous le trouvez bon, la mémoire «le l'apAtre
le serpent blasphémateur à l'iidecler de son saint Pierre queeeux qui ont examiné l'alTaire
;

venin. (>ar il n'y a rien de meilleur ni de plus écrivent à Jules, évèque «le Kome s'il juge ;

convenable, sinon que les prêtres du Seigneur à pnq-.os de renouvelé'- le jugement, i|u'il
ra|qiorlent tout, de chaque pro u-c, au chef, donne lies juges; s'il nt> rroil pas <u|'il y ail
c'est-à-dire au siège de l'apôtre l'ierre. » lieu d'y reveidr, on s'en tiendra à ce qu'il
Ceci est très-digne d attention. Dans leurs aura ordonné. Cela plaît-il à tout le monde?
poursuites contre .Mhanase, les arii-ns ne Le concil- répondit Cela nous plail. Gau-
:

voyaient qu'eux-mêmes; toujours ils avaient denee, évèque de Naisse en Mesie, dit Il faut, :

prétendu que l'Eglise universelle devait ap- SI vous le troi:vcz bon, ajouter au décr-l plein
prouver sans façon la tendance destructive de sainteté que vous venez de taire, que si un
d'une de ses parties, bien loin que cette p.irtie évèque a été déposé p.ir le jui^emenl de- .•>••-
malaile cherihàl la guèrison dans l'universa- ijiics du voisiuav'e.el «lii'il ail annoncé v

lité. Le concile de Sardique ordonne, au con- lailer son alfairc à Home, on n'onioi.m i.i

(I) Mai Spicit-giiim rommiiwii. t. VIL Syniagm.-, Photii, tiL I, c. v, p. Î6 et V} . Ul. IX. c T tt I.
p. iâù 01 2ài,
LIVBE TRENTE-DEUXIÈME.
cullfiment, après l'intcrpollalion de celui qui la iiriraaiité ,1e juridiction accordée par
parailra il^^iosi;, un autre évêqne à sa place, sus-Christ à saint Pierre et à ses successeurs.
iu<iiii',i l'c cine l'évoque (le Rointi ait jugé sa Le concile ne fait que le développer contre
cau^o. l*i)ur éclaircir davantaiçe le canon pré- les elforts des ariens pour l'oliscurcir. Dans ce
céileut, Osiu.s dit : Quaml un évéïjiie iléposé qu'il en dit, on voit que dès lors le Pape en-
par le cuncilc de la pinvincc aura appelé et eu voyait ce "u'on a appelé depuis de., /égals i
recours à révè(juedft Uoiue, s'il jume à propos (aie. s. Le ?xte grec du cinijuiéme canon se
(|ue l'atlaire soit examinée de nouveau, (ju'iî gerf mèmt ie. cette dénominatiou-là.
daitçiie écrire aux évéïiucs île la provim e voi- Parmi k .autres canons du concile (il en fît
sine, aliu ((u'ilsexaminent le to'it asec dili- '.a toat vit "t), les principaux défendent les

^;çnce et décident selon la vérité. Que l'appe- '.i ^anslati.on d'évcques sous peine de n'avoir
persuade à révi'ijue de Konie .l'envoyer
i.iiit pas même l communion laïque ; d'établir nn
uu prélre d'auprès de sa personne, il sera en évèque dau; m
village on dans une ville si
sou pouvoir de faire ce (ju'il voudra et jugera petite qu'un seul prêtre
y peut suffire les fré- ;

leplus à |)ropos. S'il se déli)-'"niine à envoyer quents voyages des évéques à 1» cour; aux
descoinuiis^aircs, qui, cliargt„ Je son autorité, évéques, aux prêtres et aux 'acics, de s'ab-
jugent avec les évéques, il eu sera le luaitre; senter plus de trois semainesiie leuré lise{4).
mais s'il croit que les évéques suffisent pour Ainsi que nous l'avons déjà remarqué, les
terminer l'affaire, il fera ce que sa sagesse lui canons du concile de Sardiijue, notamment
suggérera (I). » ceux sur l'ajjpcliation au P.ipe ont élé insé-
Cette di'riiiére phrase est traduite sur la rés textuellement par Photius, patriarche de
version latine de Denys le Petit et d'Isidore ConstantijKiple, dans le droit canon de l'E-
Mercator. Mais cette version est fautive. Le glise grecque; même les canons louchant l'rqv
texte grec, qui est l'original, et qui nous a été pellation au Pape y sont relatés jusqu'à trois
conservé par l'hotius même, donne ce sens : fois.
« Que si l'évéque de Rome croit connaître Comme de Sardique ne fut qu'une
le concile
suffisamment l'alfaire et pouvoir porter la sen- suite et un complément de
celui de Nicée, qu'il
tence sur l'évéque a[)pi;lant, il fera ce qu'il ne voulut point d'autre symbole, qu'il ne fit
juyera ;\ propos dans sa sagesse (2). » Ce texte que développer quelques-unesde ses règles de
aulliiMiti(iue com|dèle les dilTéieules formes discipline, >es canons ont été cités quobiuefois
judiciaires |>roposées dans le cas d'appel au sous le nom de canons de Nicée. Gratus, évo-
l'a}ie de la part de l'évéque condamné i" Les : que de Cartilage, qui y avait assisté avec plu-
évéquesécriront au l'on tife romain; 2° si le Pape sieurs évéques africains, mi parle sous le nom
•roit connaître suffisamment l'alfaire et pou- de Sardique, dans le concile tenu à Cartilage
Toir porter la sentence sur l'évctpie appelant, il l'année suivauîe, 348. Plus tard les papes In-
fera ce qu'il jugera à propos dans sa sagesse. nocent et Zosime les citeront sous le nom de
C'est-à-dire que le Pui)e peut juger par lui- canons de Nicée. Mais c; qu'il y a d'étonnant,
même et sans faire réviser sur les lieux. Ce c'est ipie les évéques d'Afrique ne coiinaitront
droit du Pape éiait tellement regardé comme plus alors ni le concile de Sardique, ni celui
certain, l'usage que venait d'en faire Jules 1"' de Cartilage qui l'avait cité en 348: ce (jui
était tellement présenta l'espiit des [iùri;s de indique une négligence singulière dans l'é-
Sardiipie, qu'ils ne songent même pas à l'ex- piscojiat africain.
poser avec develo[(peineiit, et ils s'étendent Les ariens eurent plus de zèle et de pru-
urnquement sur les foimes à suivre lorsque le dence. Après s'être enfuis de Sardique, sous
Pai)e voudra faire leoommencer le jugement prétexte d'aller célébrer les victoires de Cons-
sur les lieux. C'estpour ce cas que sont éla- tance, ils s'arrêlèrent à Pliilippopolisen Tlira-
lilies les mesures suivantes: .S" il daignera ce: les victoires de Constance ne Icspressaient
écrire aux évéïiui's voisins <ie la province; i" jilus. Là ils écrivirent une longiii; lettre à
ces évéques examineront de nouveau et pro- plusieurs évéques, entre autres à Uonat, évê-
nonceront 5" si le condamn< eu appelle en-
; qiic scliisinalique de Caitliage, qui eut bien
coie de cette secomlc sentence, on ne pourra soin de la conserver. /' <»'y disent ellrontê-
'

pas lui donner un successeur, mais il faudra ment assemblés à Sardi (>. , et y avoir célébré
atlenilre i[ue le Pape ait porté la sentence dé- leur concile. Puis après s'être vantés d'un
finitive (;j). grand zélo pour la disci|)line de l'Egli-c et la
Voilà comme, en 3'(7, le concile deSardique iciinrlé doses jugements, ils s'emportent cou-
reconnaissait et cxpliipniit le droit d'appel- Iri- saint ,\tlianase, Paul do Constaulinople,
lation au l'ape. 11 ne l'filaljlissait pas ; car nous Marc( 1 d'Ancyre, Asclépas de Gaz.i et Lncius
le voyons eu usage dés les pi cmiers siècles, et d'Anilrino(dc, et, avec une incroyable i l'U-
il une conséquence nécessaire de
est d'ailleurs dence, leur reprochent précisément les ev.uea

(1) Lalibe, t. II. Can. 3, 4. 5. — (2) Eî il iÇapxEfv vo[i(llot npbj xr^i to3 np^Yiiaro; {n'Y^uai» x«^ i;t<çxoiv toî
iniaxiitou, ::oi/,oti Knip Sv Tfi ?|J.!ppovioiitî) «JTou jioATJ xaXiTj; ïfi\t 3<iÇi). LiUtnileiiioril h Si aiUuiii siillliora
:

piiliivoril ml pi-i i;o>;iiilii)nuiii, i!i o|>is<:.i|ii auiitiMiiKiiii.' lai-i.'l i['io.| priKliiuis'iiiio l'jiis coiisilio rode lia l'oro
vi(|ct)iliir, n La vriNioii ^uiv.inti) di- Di-iiys lu l>,!i.i cliiiiiif.i Si vuro cruili In il
ooinpUliMii.'iii lu tuxie : «
ejiisropiH ul iK'Kiilii) li.'î'mmnin imiionaiii, l'iiri..t nuod s»|iiiHiii=i^iiiii) cnmilio suo juiiic»vorpt. * Mt«-
siilllcoii-,
»il., III, cul. 10, laii. V. —
C'I. i:>. can. vu. Mai H.n-U. rom — t. VU. |i. V, lit. I, Uo lldt orlh.. a. V.—
(3j tiuiiix, Ou <.oucUi! t)ruviiu:tij, p. lilii ut J17. —
(4) Lubbo, t. Il, [>, (iJl «l fn.
104 HISTOIRE UNlVliUSEl-LE DE L'ftGMSh,

dont eux-in^;mes rendiis (iui|)iil>les ;


s'élaii'iil ver un vieillard qui dormait, et qu'elle i»-
ils n'oublient jupciu'au ineiiitrc d'Arstmo,
jiîib connut être un évèque. C'était le [dus àg<*,
par où l'on peut ju^'T <lu reste. Kniinils osent Ruphrata de Colo".;ne. Celui-ci, réveillé au
excommunier A tlianiise,Miircel,Asrléiias, Paul, bruit lie ses pas et entemlanl la voix d'une
Osius, l'iotoi^ène de Sariii(]ue, Gaudence de femme dans les ténèbres, crut que c'était une
Naïbse, J^nxiiuin de Trêves, et même le pape illusion du démon, et appela Jésus-Christ à
Jules, l'viiiime anteur de tout le ir jl('). son secours. F^a femme s'ecrin qu'on l'avait
Leur conduite répondit à lei r lettre. Les trompée. Les libertins accoururent pour lui
clercs d'Andrinople ne voulurent, poJnt com- faire crier avec eux que les évèques l'avaient
muniquer afcc eux (]uand ils y )as3èrenl, lec. demandée, et i|ue c'étaient des scélérats. Ce-
regardant comme des fimilifs et fe" coupables. penriant des demestique,'» Gdèles fermèrent la
Ils s'en plaif;nirent à rem{)ere jr Constanci;, porte de la cour, arrêtèrent sept de; conjurés,
et lirent couper la tète à di ; Ulques, em- et les livrèrent ainsi que la femme entre 1. s
ployés à la l'ahiiiiue des armi^ .,zz était en mains de la justice. Celait aux fêtes de Pâ-
lette ville. L'Eglise les li(more comme mar- ques. Le lendemain, les deux Ii't,'aL«. accom-
tyrs. Saint Lucius, leur évéciue, m'uirut pour pagnés du général Salii n. ;illèrent porter
la même cause. Comme il parlait ctnitri; les leurs plaintes au palais .1 /'enqiereur. La
ariens avec une grande liberté, et réfutait justice séculière interrogea les personnes ar-
leur hérésie, ils le firent charger de deux cliai- rêtées, et constata juriiliquemeni (|ue le tout
nes de fer qui le tenaient par le cou et jiar les s'était fait par ordre cTEtiennc. Il fut aussitôt
mains, et l'envoyèrent ainsi mourir en exil ; remis entre les mains des évèques pré-enls,
on les soupçonna même d'avoir avancé sa qui le déposèrent et le chassèrent de i'E—
mort. Ils persécutèrent de même plusicui-s au- glisc(3).
tres évèques, en particulier les <leux qui les L'empereur Conslance, frappé de cet évé-
avaient quittés à Sardique. Comme ils en vou- nement, commença un jieu à rentrer en lui-
laient principalement à saint Alhanase, ils même. Ce que les ariens avaient fait à Eu-
firent reléguer en Arménie deux ]irètrcs et phratas, lui fit juger de leurs autres entre-
trois diacres d'Alexandrie ; ils lirent écrire de prises. Dès lors il ordonna le nippel des prê-
garder les ports et les entrées des villes, de tres et des diacres d'.Mexandrie, <|ui étaient
peur que saint Athanase ne se servit de la exilés en Arménie, et il écrivit expressément
permission de retourner que le concile lui à Alexandrie même
de ne plus pcr-ècuter les
donnait; ils tirent même écrire aux juges clercs ni les laïques qui étaient pour ^aint
d'Alexandrie que si Athanase ou quelques Athanase. D'autres motifs pouvaient influer
prêtres qu'ils nommaient, étaient trouvés dans encore sur son retour à la justice le grand :

la ville ou dans son territoire, il serait permis nombre d'évèipies ijui .souscrivirent au con-
de les décapiter. Ils obtinrent des voitures pu- cile de Sardique (il y en eut \Au< de trois cent
bliques pour aller en divers lieux et quand : ipiaranle, parmi lesquels (piinze de la Pales-
ils trouvaient quelqu'un qui leur reprocliail tine, trente-quatre des Caules, trente-six de
leur fuite ou qui détestait leur hérésie, ils les r.Vfrique cl (]ualre-vingt-seize de l'Egypte) ;
faisaient fouetter, emprisonner ou bannir. Li la lettre de son frère Constant, qui, dis<Mit
teireur faisait plusieurs hypocrites, et un grand qnebjucs historiens, le menaçait delà guerre,
nombre s'enfuyaient dans les déserts [ilulol s'il ne rendait jusiice aux évèques persécutés ;

que de tomber entre leurs mains (2). enfin, l'inlrus d .Me.xandrie Gréuoire venait
La méchanceté des ariens alla si loin qu'elle de mourir dans une émeute populaire.
se trahit elle même. Le concile de Sardique Constance eut envie île voir et d'entretenir
avait envoyé deux légats à Constance c'était : lui-même Athanase. Il lui écrivit donc une
Vincent de Capoue et Euphratas de Cologne. lettre trèsHibligeanle, «lû il ti-moigae une
Avec les lettresdu concile, ils portaient des grande compassion des maux qu'il a soullerls,
lettres de l'empereur Constant, qui, pour ren- éloigné de sa pairie. J'espérais, dil-il, que
dre leur ambassade (dus solennelle, leur avait vous viendriez vous-même m'en demander le
adjoint un gén rai d'armée, nommé Salien, remède,: peut-être la crainte .ous a retenu :

illustre par sa vertu et sa pieté. Constance je vous écris donc, alin <pja vous veniez au
les reçut favorablement mais Etienne, évé-
; plus tôt, et qu'après avoir e|>rouvé notre clé-
que arien d'Antioche, pour les perdre de ré- mence, vous soyez rendu aux vôtres. Dans
putation, trama contre eux une de ces four- cetti- vue, j'ai prié mon seigneur et mon frère
beries diaboliques, familières à la secte. IVa- rem|iereur Conslant, de vous permettre «le
près SCS ordres, une troupe de libertins se mit venir. Saint .\tlianase ne se pressa pas, et
en embn-^^ -'ide près du logis des deu.x évèques. Constance lui écrivit une seconde lettre, poui
La nuit, .• ant gagné uu des domestiques pour l'exhorter à venir hardiment à sa cour, et lui
leur ouvrir la porte, ils introduisirent une oIVril les voitun-s publiques. Il lui envoya
prostituée jusque dans l'appartement des lé- même une lr<>isiême lellre par un diacn». pour
gats, en lui persuadant qu'un jeune homme le assurer et le presser de venir incossam-
I

l'y attendait. Elle lut bien surprise de lri>u- luenl. Il lui fit encore écrire par sii de sc«

.
^V '^'j'^' ' •'• —W Alhan., Bitl. Adr.un. ad Monach.— (3) Allian., Ilul. AJrian. od Uooach., «t Tbco.i»
LIVRE TRENTE-DEUXIÈME. 105

eomfea, auxquels il qu'Athanase so


savait de plus gloriiiiv trophées. Par là il est devenu
fierait davnnlaffe. Ils l'assuraient que l'em- célèbre jusqu'aux extrémités de la terre, et
pereur l'alleiulait depuis un an entier, et qu'il pour la saintelé rie sa vie, et pour sa cons-
n'avait jamais voulu permettre que l'on or- tance et sa dociiine, et pour l'immortel amour
donnât un évèque à Alexandrie à la place de que vous lui portez. H revient donc maintt>
Grégoire. nant à vous, bien plus illustre qu'il n'en était
Saint Athanase quitta alors Aquilée, où il parti. Car si les métaux précieux, l'or et l'ar-
séjournait après le concile de Sardiqiie, et vint gent, sont éprouvés et ]iiirities par le fini, com-
à l'iomc faire ses adieux au pape Jules, et lui ment parler ilii^ni'ment de ce grand homme,
montrer les lettres de Constance. L'Eglise ro- qui, après avoir surmonté tant d'afllictions et
maine en eut une joie incroyable car elle re- ; de périls, vous est enfin rendu, démontré in-
gardait l'empereur d'Orient comme revenu à nocent non-senliment par nous, mais par tout
la vraie i'oi, puisqu'il rappelait Athanase. saint un concile? C/est pourquoi, bien-aimi's frères,
Jules écrivit à l'église d'Alexandrie la lettre accueillez avec toute sorl»^ de gloire et de joie
suivante : selon Dieu votre évèque Atlianase, ainsi que
« Jules, évèque, aux prêtres, aux diacres ceux qui ont partagé s souffrances, et ré-
et au jeuple d'Alexandrie, nos bien-aimés jouissez-vous, au comble de vos vœux, vous
frères, salut dans le Seigneur. Je me conjoins qui, par vos écrits salutaires, avez comme
avec vous, frères bien-aimés. de ce que vous nourri et abreuvé voire pa-teur, affamé etal-
voyez devant les yeux le fruit de votre foi. téri' de votre piété. Car vous avez été sa con-
Car, qu'il en soit vraimen. ainsi, chacun l'a- solation dans les régions étrangères au mi- ;

perçoit sans peine dans mon frère et eoé- lieu des persécutions auxquelles il était en
vèque Athanase^ que Dieu vous redonne, et butle, vous l'avez soutenu par votre fidélité.
à cause de la pureté de sa vie, et à cause de Pour moi, ce m'est un délice, quand je me re-
vos prières. Ce qui montre combien pures et présente en esprit le retour de mon frère, la
pleines de charité ont été les oraisons que sans joie de chacun di' vous, la [liété du peuple al-
cesse vous avez offertes à Dieu. Car, vous sou- lant à sa rencontre, l'alli'gresse de ceux qui
venant des promesses divines et de l'amour accourent de toutes parts: quel jour ce sera
que vousav aient inspiré (lour elles les enseigne- pour vous Le passé sera fini ce retour tant
! :

ments de notre frère, vous avez connu d'a- désiré unira tout le monde dans la même ju-
vance e{« irévu, dans votre foi vive, que celui bilation. La part que nous prenons d'avance à
que vous portiez dans vos saintes âmes comme cette joie est d'autant plus grande, que l'ieu
toujours présent, ne pouvait vous être enlevé nous a fait la grâce de connaître un si grand
à toujours. Aussi, en vous écrivant, n'ai-je homme. » Le Pape finit par des prières, pour
pas besoin de beaucoup de paroles car tout ; leur attirer les grâces qu'ils mi'ritent (I).
ce que je pourrais vous dire, votre foi l'a Ou voit ici toute l'âme de l'Eglise. Qu'elle
déjà prévenu, et ce que vos voîux unanimes était belle au milieu de tant de calamités!
ont (lemand(;, se trouve accompli [lar la grâce quelle sainte joie dans l'Eglise entière, quand
de Jesus-Chiist. Je vous félicite donc, je le il arrivait du bien â un de ses membres 1
répc'ti', lie Cl' que vous avez conservé vos âmes quelle cordialité, quelle intimité bienheu-
in\iniililes dans la foi. Je ne félicite pas reuse Mais qui a la vraie foi, possède aussi
1

moins mon frère Atlianasc de ce qu'au milieu la charité, et dans la charité e.st le bonheur.
de tant de traverses, il n'a jamais oublié ni Le pape saint Jules ne fut pas le seul à féli-
votie charité ni votri' désir de le revoir, (^ar, citer l'i'glise d'Alexandiie. Lorsque saint
quoiqu'il parût éloigné de vous quant au Athanase traversa la Palestine, il s y assem-
corps et pour un tenqis, toujours cependant bla tout un concile, qui envoya pareillement
il vivait en espiit au milieu de vous. Pour des lettres en Egypte et en Libye. On y lit
moi, bi(!n-aimés, je pense que les é|ircuves où entre autres Vos prières ont éb' vraiment
:

il a passe, n'ont pas été sans utilité et sans exaucées par le Dieu tout-puissant, qui a soin
gloiie. Parce moyen, votre fol et la sienne de son Eglise, qui regarde vos larmes et vos
unt été connues et admirées de tout le monde. gémissements, et écoute pour cela vos sup-
Sans tout cela, qui aur.iil jamais cru, ou que plications. Vous étiez (mime des brebis dis-
vous eussiez une telle eslinui l un tel amour persées el persécutées, qui n'ont point de pas-
pour un tel évèque, ou que lui fût orné de leur aussi le vrai pasteur, qui veille sur ses
:

tant de vertus dignes du ciel il s'est donc


'i" brebis, vous a visités du haut du ciel, et vous
acquis le glorieux témoignage de la conli s- reiionne celui que vous désiiezsi ardemment.
sion, et po\ir ce monde et pour l'autre. Kx- Nous aussi nous avons tout fait pour la paix
posi- plus d'une fois sur terre et sui il a niei', de l'Eglise nous avons respiré avec voire
;

foule aux pieds les mano'uvres de l'hi-résie charité, nous l'avons embrassé les premiers,
arienne; au milieu dis l'mhi'nhi'S contre sa par lui nous nous sommes mis en communion
vie, il a mi'prlsi' la mort, pi(.ti';,'i' par le Dieu avec vous el vous saluons maintenant, alin
lout-pnissanl l't par Notre .Seif^neur Ji'>us- que viuis sachiez que nous sommes unis avec
lilirist, espérant noii-sculenieiit évitri- les piè- lui et avec vous par le lien de la paix,
(cil»
ges, mais vous coii-oler par son lelour avec lettre était souscrita par saint Maxim»

(0 Ailian. Apol. Uuu.t 11 lli «> Mxiii. tiui., 1. tu, u. n, aM.i CuuiUu(i Uabbai
100 msTOinr: UNivERsuLt.B de i/êgmsr r.ATJfoi.iouiï

de Jt'nisrili'm et (Hiinzo autres évAi|ue8. s'assemblent libieinent à.\nlioche, leur firaaâ


(^iiiistaiicc, (jui l'iait à Antiochc, n'Qiit saint noinbri; paraîtra et ils entreprendront ijuci^ua
Allianase avec bienveiliaine, et lui (((iilirtiia chose. Il Viiiit do.-ie mieux demeurer connue
rie vivL' voix ce 4111- iléjà il lui avait iiiamli'; nous sommes. En ellel, ils voyaient que, bien
par letlri's. Le saint se ]ilaii;iiit alors ilc ce qu'ils fu-si'nl maîtres de-* égli-e» at i|u'iine
que l'empereur avait aulrelois écrit contre lui, f;rande partie du peupli' ealholique s'j as-eiu-
et le pria de ne plus écouter ses ennemis en blàt avec eux, les calho'iipies wlaijsaient
son al)sence. Ap]iele/.-les, dit-il, si vous vou- jias de témoiicner la diversité de leur créance,

lez je suis content (jn'ils paraissent, et je les


: dans la conclusion des psau.iies, en disant :
convaincrai. L'empereur ne le voulut [las ;
Gloire au l'ère, et au Fils, et au Saint-tsprit,
mais il ordonna d'ell'acer tout ce qui avait été et non pas, comme les arie-ns : Gloire au l'eK
écrit à son liésavunla^e, et l'assura qu'il ne par le Eils. Léonce n'osait l'euipi-cher niais;

recevrait plus de cjiiomnies contre lui. Pour il en voyait bien la con- 1 ti iicc, el di>ait en
montrer (|ue cette résolution serait inijliran- touchanl ses cheveux blancs :Uuand ce-tte
laiili', il par des sermi'nts, et en
la coiiiii'ina neige sera fondue, il y aura liii;ii de la boue ;
j)iit ItiL'u à tc'moin. Il lui dit encore plusieurs pour marquer la division du peuple qui écla-
outres choses pour le coiisoli-r. terait a|ués sa mort.
La mullilude du peuple d'.Anlioclie était Athanase dut nécessairement avoir fait une
eathidique ; cependant les arien, v étaient grande imjiression sur Constance ; car celui-ci
maîtres de toutes les églises Apiés r';j;iiomi- fit expédier plusieurs lettres trop honorables

nieuse déposition d'Etienne, ils cuieut \<icore l)our que le sentiment n'y eût aucune part.
le c.réilit de l'uii'C nommer ù sa place u . des Aux évoques et aux prêtres de rK^li-se culiio-
leurs. Son nom était Léonce. Précédemment liqiie, il adressa la circulaire suivante : " Ln

il avait été di'posé de la prêtrise, parce qu'il trés-vénéraldc Athanase n'a pas été délai>.sé,
s'i'lait lui-mi'ine fait eunuque, pour ne passe par la grâce de bieu ; s'il a été soumis pour
séparer d'une jeune Cemnie qu'on disait qu'il un peu de temps à îles éjireuves huiu^iine.-*, il
av.-iit con r)mpue, et ([u'il faisait passer iiour a été jusiitié par la toute-puissanU; Frovideuc,
vierge, il était arien dans l'àrae, mais profon- comme il le méritait; et par la vohinle de
d('ment dissimulé. Au lieu de persécuter ou- ViAtc suiirêmc et par notre jugement,, il a
vertement la multitude des catholiques qui récu|)éré sa patrie et son 4Kli<$e, dont la vo-
s'assemblaient aux tombeaux des martyrs, lonté de Dieu l'avait fait le chef. En cou>é-
sous la conduite de deux moines, Diodore et quence, notre clémence a résolu île livrer à
Flavien, dont le dernier devint plus tard évè- l'oubli toutes les ordonnances contre ceux iiui
que d'.\ntioche, il les pria, avec une douceur communiquaient avec lui, d'abolir tout soup-
apjiarente, de faire ce service dans l'ésçlise. çon contre eux, et decontirmcr les immunités
C}uoi(ju'ils connussent bien sa malice, ils ne dont SCS clercs jouissaient auparavant. .Notre
laissèrent [las de lui obéir mais il y avait;
bienveillance pour lui a cru devoir ajouter
toujours à Antioche un autre parti de catho- encore, que tous les éveques ou clercs qui lui
liques, qui ne communiquaient point avec les ont été attachés, auraient une sécurité en-
ariens et ne reconnaissaient point d'évéque tière. Etre uni avec lui, sera une preiive stif-
depuis saint Eustathe aussi les nommait-on
: fisante de la boune disposition de chacun.
eustathiens. Nous voulons (jiie tous ceux qui. d'a|irt4 uu
Saint Athanase, étant en cette ville, ne jugement el une inspiration meilleurs, choi-
comnuniiqua point avec Léonce, mais avec siront sa communion, jouissent de notre fa-
les eustathiens, qui s'assemblaient dans des veur suivant la volonté divine, ijue Dieu vou»
paisous particulières. L'empereur lui dit un conserve, n .\u [leuple d'.-Mexan-lrie, il eciivit
jour ^ Vous voyez que je suis prêt à remplir de recevoir .Vtlianase avec joie, el de s'attacher
tout ff que je vous ai promis; mais j'ai aussi à lui de toute leur àme et de tout leur oeur;
uni" gi Ace à vous demander c'est que de tant
:
il exhorte, en outre, tout le monde à la con-

d'cjtifes qui dépende:.! de vous, vous en lais- corde et à la paix, et menace de punir qui-
siez une à ceux qui ne sont pas de votre com- conque la troublerait. Entin •> ordonne aux
munion. AtlianaserépiMuiit avec une merveil- îuagislrats civils de l'Esypl'- d'elfaci-r, dans
leuse prudenre Il e: t jn-te, sei.:,'ne;ir, de vous
:
les archives, tout cequi s'y trouverait ^ntra
obéir mais puisque dans celle Hl d'Anlio-
;
Allianase el les siens, et di' faire jouir COD
che il y a aussi des gen> qui fuie,..- la commu- clerité des anciennes immunités (Ij
ni<m de ceux qui ne sont pas ilans les mêmes Saint Athanase entra en Egypte pa/ l>élus«;
Hcntiments, je clemande pour cu\ la mérae et. tr.-iversaiit le pa\- pour gagner .-Vlexan-
grâce, qu'ils aient une église où ils puissent drie, il recommamlait p.irlont de s'éloigner
s'assembler en liberté. La proposition p-irut des ariens el de s'attacher à ceux qui confes-
juste ù l'empereur mais les nrisns ne furent
;
eaient le cousubslantiel. Il lit même de^ ordi-
pas d'avis de l'accepter. Oar, disaient-ils. nations en quebpies egli.^es. Enlin il arriva à
nolie doctrine ne fers [las s;rand progrés A Alexandrie, où il fut rei;u avec une joie in-
Alexandrie tant qu'Alhanuse y sera; au con- croyable, nen-seiileiueut ilu peuple, mai> dut
traire, si nous soutirons jue les eustathiens évéques d'Egypte el des deux Libres, qui ac-

n. Alhin., Apoi
LIVRR TRENTR-DRUXIÈMB. 107

couraient de tous eolés. Ils se réjouissaient île où le du néant,


Fils n'était pas, qu'il est tiré
voir enc.nre leur ami en vie contre toute espé- qu'il n'a pas été avant les siècles. Oui, nous
rance, et de se voir eux-mêmes délivrés de la déclarons encore une fois que nous avons coa-
tyranide les licréliques. L'allégresse était damnt' à jamais l'hérésie arienne et ses au-
générale, >'!, dans les saintes assemblées, on teurs. » Tout cela était écrit de la main de
s'excitait les uns les autres à la vertu. lîrau- Valons, et au-dessous, de la main d'Ursace :
coup de tilles, qui auparavant se destinaient (iMoi Ursace, évèque, j'ai souscrit celte pro-
au mariage, consacrèrent à Jésus-Christ leur fession do fui (i). »
virginité. Beaucoup de jeunes liomuies em- On voit que précédemment déjà, dans un
lirassèicnt la vie monastique, toudiés de concile de iMilan, où l'on sait que se trouvaient
l'exemple des autres. Les pères y excitaient des prêtres de l'Église romaine, ils avaient
leurs enfants, ou du moins se laissaient fli'chir condamné l'arianismo et demandé pardon de
à leurs prières pour ne les en jioint détour- leur faute, (rétait l'an 349 , (iucb|uc temps
ner. Li's maris et les femmes ""^ pei-suadaient après (ju'ils eurent appris le retour triomphal
l'un à l'autre de vaquer à la piière, suivant d'Athanase, et deux ans après un autre con-
le conseil de l'Apôtre; la charité des peuples cile de iMilan, où les Ovidenlaux condam-
s'appliijuait à nourrir el à \ètir les orphelins nèrent l'héri'sie de Phot^,,. La lettre au pape
et les veuves l'rmulatiou était telle, que
;
Jules avait été écrite à l\omc. Peu après, ils en
chaque maison semblait être une église des- écrivirent une d'Aquilée à saint Athanase lui-
tinée à la pi'ière et à la pratique des vertus. même elle était con(;inî en ces termes « A
; :

Voilà les eifels que la joie [inWiciLie produisait notre Seigneur et frère Allianast;, Ursace el
chez les lidèies d'Alexandrie et d'Kgypte. Valons. Nous avons trouvé l'occasion de notre
Toutes les églises étaient dans une paix pro- frère, le prêtre Moïse, (jui va vers votre cha-
fonde tous les évèipies écrivaient à saint
;
rité, par ipii nous vous saluons très alb-ctueu-
Allianaseet recevaient de lui des lettres |)aci- semenl de la ville d'Aipnlée, et nous souhai-
(iques, selon la coutume. Plusieurs se rétrac- tons que cet'e lettre vous trouve en bonne
taient de ce qu'ils avaient écrit contre lui. santé. Vous nous donnerez de la conliance,
l'iusieurs de ses enneuns se réeoncil aient SI vous voulez bien nous écrire aussi de votre

av(;c lui sincèrement. Quelques-uns venaient part. Soyez assuré par cette Icltie que nous
le trouver de iniit, et s'e.veusaient sur la né- avons avec vous la paix el la communiou
cessité ([ui les avait engagés avec les ariens, ecclésiastiques. Que la divine boulé vous con-
dont ds délestaient l'hérésie, et protestaient serve, bien-aimé frère. » Ces deux lettres il'Ur-
qu'ils avaient toujours coaimuniqué avec lui sacc et de Valons furent envoyées à saint Atha-
de coîur. nase par l'aulin, évêqut! de Trêves, successeur
(la (|u'il y eut dp plus extraordinaire, c'est de sanit Maximin. Ursace et Valons souscri-
qu'Lrsace et Valons, eux qui, apiès la mort virent ensuite à des lotlri^s paciticpies qui b'ur
d'Kiiséhe de Nicomédie, étaient les i)lus vio- furent présentées par des prêtres de saint
liMils ennemis d'Athanase, allèrent à Iloine et Albanasi!, qiioiiiu'il ne leur enl pas donne de
])r(''scnlerei)tau l'api' la ri'lractatioosinvante :
lettres pour eux (2).
" Au seigneur h bienheureux pape .Iules, Va- Dans le temps cjue saint .\thanase rentrait
lens et L'rsaie, salut. Parce ipir nous avons ci- à Alexandrie, les autres évè quO'^ exiles ren-
devant écrit [ilusieurs cliosi's làidieuses lou- trai' ut (igalomenl dans leurs sièges, comme
chant l'i'vèquc Atlianase, et qu'ayant éli- ad- Asclepasà Caza, Marcel à .\neyrc, Paul à Coa-
)uonestés sur ce sujet par les lettres de Votre slanlino[d(î. Ce fut alors sans (loulc que s'exé-
Sainteté, nous ne lui en avons pas rendu cuta litli'raloment ce que disent Socrate el
ii)nii)te, nous déclarons devant Votre Sain- Sozomênc, savoir, que le pape Jules, en vertu
tilô en présence de tous nos frères, les de la primauté de sa chare, rendit leurs
piètres, que tout ce ((ui est venu jusqu'ici à églises à chacun des évêques persécutés.
vos oreilles, touchant cet évè(|ue, a été faus- Tandis (lu'.Xtharase, de retour en |£gyple,
semiml rapiioité, par nous el ne doit avoir au- renouvelait en (luelque sorte tout l'Orient, i!
cune force pur conséquent, nous '''obrassons
; coniinuait il'agir sur l'Occident. Le premier,
de très-bon cieur la ciuiiminnoii lu susdit il y avait fait connailnî la vie proprement
Atlianase, d'autant jdiis qiiir Notre .Sainteté a monastique. Jus(]u'alois les mi>inc\î y étaient
daigné, suivant la bonté qui lui e-.l naturelle, ou inconnus ou iiiè|irisés, su, oui à Home,
nous pardonner notre faute. Non-; déclarons ville de luxe et île [ilaisir. M.iis ipiand Atlia-
encore qui; si les Orientaux ou Atliana^! lui- nase vint se rid'ugier auprès du jiape Jules, il
même voulaiiMit nous apjieler de nouveau en était accompagné de deux moines di-tingués,
ciiii'e à ."uauvais ilcssein, nous ni^ nous
y pré- Amuionius et Isidoic. Le pn-uiier l'tail si ab-
feiitiu'on? 'jassans votre aven. Nous diii tarons ^orbi'; dans les choses divines, qu'il ne daigna
aussi par ci;t i;crit signé di; notre niaiji, eoinmo voir aucun des superbes monuments dellome;
nous r .vous déjà fait par notre premier écrit il ne visita que l'église de Sainl-Pierre el-
présenté à .Milan, qie- nous analliématisons cl Sainl-Paul. Le second, par sa sagesse et par
mainliuiMiit et a jamais l'hi-i'idi que Arius et une aménité toute célosle, lit une impre-sion
ses sectateurs, qui disent qu'il y avait un lemps si grande cl si générale, que des pi^ieus mêinos

(l)Alliuu., A/iol Uilur., Prajm. Gonatanl. L«bl)8. — (2) Albun., Apol. tlilar., Fiiifnt. Couslnnl. Lnbb»
108 HISTOmE UXIVKRRKI.LE DE LÉCUSE CATnOMQUR
l'aimaiont. Boniuoup <le Romain< imitrront lion. Ayr-nt fuit la pri<-re, ils s'assirent «ur le
leur vie. C'est ainsi que la vie moii-i^îiiiue b'»rd de la fontaine. pour savoir qui
Mais là,

vint à Rome, et si* re^parulit bicnliM, loiijcnrs roin|ir.nit le pain, il s'éleva une dispule qui

par Athanasc, dans les Gaules. Il enliftftiail j en a durer jusqu'au soir. Paul alléf<uai( l'hos-
avec les moines de ces pays un comnei-ro a'.- pilalilé, et Antoine l'à^e. Ils convinrent à la
sidu, et i?crivitpour eux la 17e <ifi saint A n- lin que chacun liri-railde son côté. Ensuit(Mls

toine, dans la vue de leur donner un nio ide. bnicnt un peu d'eau, appliquant lu bouche
Ce modèle, à son tour, en enjratfca lieaucoup sur la fontaine, et pûssèrful la nuit en veilles
à le retracer en ciix-raêines. f,l en prières.
Quant à saint ,\ntoine liii-mèmc, il avait Le jour étant venu, Paul dit h Antoine :
quatre-vi«,i;t-(lix ans lorsipTil lui vint en [irn- Mon frère, je savais, il y a bnifflemps, que
sée (jue nul autre que lui "'avait emore iié m vous dein 'uriez en ces régions, et Dieu m'avait
dans les déserts la vie d'un solitaire iiaifait. )iromis i;uc je vous verrais, mais parce que
La nuit suivante, comme II ilorniait, il lui fut l'heure de mon repos est arrivée, il vous a cd-
révéli'î que, plus avant, il y on avait un autre voyé pour couvrir mon vrtxr-, de terre, .\lors
Lonucou)) meilleur, et qu'il devait aller le Antoine pleurant et souj. ni, le priait de ne
voir. Sitôt que le jour parut, le saint vieil- jias l'abandonner, mais de l'emmener avec lui.

lard commeni^a à marcdior, npiniyé sur un Il répondit Vous ne devez pas chercher votre
:

liàton, sans savoir où il allait mais £c con- ;


avantage, mais celui des autres: il est utile
fiant que Dieu lui ferait voir son serviteur. aux frères d'être encore instruits par votre
En etïet, comme il le lui avait fait connaître, exemple. C'est pourquoi je vous prie, si ce
il lui fit trouver le clicmin de sa demeure, et n'est pas trop de peine, allez quérir, pour en-
le troisième jour, de j^rand matin., il Arriva à velopper mon corps, le manteau que vous a
la caverne où saint Paul, le premier ermite, diinné l'évèque Alhanase. Ce n'est pas que le
s'était retiré il y avait (luatre-vinjîl-dix ans, bienheureux Paul se souciât beaucoup que
à peu près à l'époque où saint Antoine était son corps fût enseveli, mais il voulait épargner
né. Celui-ci ne vit rien d'altord, tant l'entrée à son hùte l'afflitlion de le voir mourir. Peut-
en était obscure. Il a^^'ancait doucement, s'ar- être aussi voulait-il témoigner par là qu'i'
rèlant de lemp? en temps pour écouler, mar- mourait dans la communion de saint Alhanase,
chant lénèrement et retenant son haleine. alors persécuté par les ariens. Saint .\ntoine,
Enfin, il aperçut de loin quel(|ue lumière; cela étonné de ce qu il avait dit de saint .Vlhanase
le lit hâter en se hâtant, il heurta des jiieds
: et du manteau, crut voir Jésus-Christ présent
contre une pierre et lit du bruit. Alors saint en lui cl n'osa rien répliquer; mais en pleu-
Paul ferma an verrou sa porte qui était on- rant, il lui baisa les yeux et les mtins. et re-
vcrte. Saint Antoine se prosterna devant, et tourna à sou monastei-e avec plus de diligence
y deraeuta jusqu'à midi passé, le priant d'ou- que son corps épuisé de jeûnes et de vieillesse
vrir, et lui dis.int Vous savez qui je suis,
: ne sen blail porter. Deux de ses discipleo, tjui
d'où je viens et pourquoi. Je sais que je ne le servaient depuis longtemps, vi::renl au-
mérite pas de vous voir ; toutefois je ne m'en diîvant de lui et lui dirent Mon père, où
:

irai pas sans vous avoir vu. Je mourrai à votre avez-vous tant demeuré? Il répondit AUl :

porte ; au moins vous enterrerez mon corps. malheureux pécheur que je sui: ji- paite bien !

Paul lui répondit On ne demande point en


: à faux le nom de moine! J'ai vu Eli^>, j'ai vu
menaçant ; vous étonnez-vous que je ne vous Jean dins le désert, j'ai vii Paul dans le para-
rcçiiive pas, puisijue vous ne venez que pour dis Il n'en dit pas davanlaire, et, se frtjqiant
!

mourir? la poitrine, il tira le manteau de sa cellule.


Alors il lui ouvrit la porte en souriant. Ils Ses disciples le priaient de s'expliquer; mais il
s'embrassèrent, se saluèrent par leurs noms, leur dit II y a temps de parler et temps de se
:

eux qui n'avaient jamais ouï parler l'un de taire.


l'autre, et rendirent ensemble grâces à llicu. .\lors il sortit, et, sans prendre aucune
Après le saint baiser, s'étant a^sis, Paul com- nourriture, il retourna par le mi-me chemin,
mença ainsi Voici celui que vous avec cher-
: ayant toujours Paul et ilans l'e-pril et devant
ciie avec tant de |H'ine un corps consumé de
; les yc^ux, el craitinaatco qui arriva Le l'nde-
vieillesse, couvert de cheveu: blancs et né- m .iii, il avait ilejà marché trois heures, quand

gligés un homme qui sera bientôt réduit en


; il vit, au milieu des anijes les proplièlcs et
poudre. Mais, dites moi, comment va le jîi'nre des apôtres, Paul monter en haut, revêtu
humain"? fait-on de nouvclb's maisons dans d'une blantlicur éclatante. Aus.sitùt il se pros-
les anciennes villes? sous quel empire est le terna sur le visae.e, jota <lu sable sur sa ti'tc,
monde? y a-t-il encore des adorateurs des dé- cl dit en pleurant Paul, pourqucu me quittez
:

mons? Comme ils s'cnlretenaieut de celle vous? je ne vous ai pas dit adieu; fallait-il
sorte, ils voient un corbeau perché sur un vous connaitre si lard pour vous por.lre si tôt?
arbre, qui, volant doucement, vinl mettre Il sondila voler pendant le reste du chemin.
devant eux un pain tout entier, et se relira. Quand il fut arrivé à la caverne, il Uviuva le
Ah dit Paul, voyez la bonté du Seiiincur,
! corps à ponoux, la lèle levée, les mains ten-
qui nous a envoyé à diner! ily asoixanie ans duis au ciel. Il crul d'abord qu'il vivait el
que je reçois tous lesjours la moitié d'un pam ; priail encore, et se mit aussi à prier ; mais ne
à votre arrivée, Jésus-Cliriil a Uuubld lu pur* i'wulcuUant put «oupirer, cuwme il avait cou*
LIVRE TRENTE-DEUXIÈME. 109

tome dans la pricro, il l'embrassa en pleu- le nom. Comme lesaint avait délivréplusieurs
rant, et vit ([u'il ne priait plus tjue de la pos- possédés de cette nation, quand ils surent
ture. Il envelojipa le corps, le tira de la ca- qu'il passait par là, ils vinrent au-devant, par
verne, et chai/la (les hymnes et des psaumes troupes, avec leurs femmes et leurs enfants,
suivant la tradition de l'Eglise. Mais il était baissant la tète et criant: fi^wec, c'est-à-dire
affligé de n'avoir point apporté d'instrument en syriaque, H'jnisscz. 11 les reçut avec dou-
pour creuser la terre, et ne savait quel parti ceur et humilité, les conjurant d'adorer Dieu
prendre, de retourner au monastère ou de de- plutôt <jue des pierres. En même temps il re-
meurer, (juanu deux lions, les crinières flot- gardait le ciel, fon.lant en larmes, et leur pro-
tantes, accoururent du fond du désert. D'abord mettait devenir les voiisouvent s'ils croyaient
il en frémit mais la pensée de Dieu le ras-
; en Jésus-Christ. Ils ne le laissèrent point aller
sura. Us vinrent droit 'i corps de saint Paul, qu'il ne leur eût tracé le plan d'une église, et
et, le flattant de lea/.. queues, se couchèrent t|ue leur sacrificateur, couronné comme il
à ses |iieds, rnjîissar.t comme pour téruoii;ner l'tait,n'eût été' fait catéchumène ('2).
leur douleur, l'uisila commencèrent tout près Dans la conduite du saint pape Jules, du
de là à gratter la lorre de leurs ongles, et, je- grand saint Athanase ainsi que de saint
,

tant le sable dehors, ils firent une fosse ca- Antoine et de se.^ disciples, on voit le véritable
pable de tenir un homme. Aussitôt, comme esprit de l'Eglise on voit cette sagesse d'en
;

pour demandiT une récompense ils vinrent à , haut, sagesse qui est chaste, pacifique, mo-
saint Antoine, la tète basse et remuant les deste, docile, pleine de miséricorde et de
oreilles. Il comprit ([u'ils demandaient sa bé- l)ons fruits, sans critique et sans hypocrisie.
nédiction, et dit Seitçneur, sans la volonté
: En un mot, on y voit comme un rejaillisse-
duipiel pas une feuille d'arbre, pas un passe- ment de celte sagesse divine, qui atteint d'une
reau ne tombe à terre, donnez-leur ce que extrémité à l'autre avec force, et dispose tout
vous savez qui leur convient; et, faisant sii;ne avec douceur. Dans la conduite des ariens,
de la main, il leur commanda de s'en aller. on voit, au contraire, la sagesse d'en bas,
Après qu'ils funmt partis, il enterra le corps sagesse terrestre, animale, sagesse de dé-
et éleva de la terre dessus suivant la coutume. mon (3), avec les rivalités, les cabales, les
Le lendemain il prit la tunique que saint
, bouleversements et toutes les œuvres mau-
Paul s'était faite lui-même de feuilles de pal- vaises.
mier entrelacées, comme on faisait pour les Il en est de même des donatistes en Afrique
corbeilles il retourna à son monastère avec
; Nous avons vu comme leur schisme fut en-
cette riche succession et raconta tout par
, fanté par la colère d'une femme, l'ambition
onlre à ses disci[iles. Il se revêtit toujours de- de deux clercs et l'hypocrisie de quelques
puis de la luniiiuc de saint Paul aux jours so- évoques traditeurs. La suite répondit à ce
lennels de Pâques et de la Pentecôte (1). commencement. Il se forma bientôt parmi eux
Ihi autre sujet de (.grande consolation pour des fanatiques d'étrange sorte. C'étaient des
saint Antoine, était les nouvelles qu'il a[i- paysans ipii abandonnaient l'agricuitnre, et
prenait de tcm|is en temps de saint llilarion, ensuite, pour avoir de quoi vivre, couraient
son disciiile, en Palestine. Il lui écrivait et (;à et là autour des celles ou cabanes des
recevait avec joi(î de ses lettres. Et (juand il champs, circian ccUas, sans avoir de demeure
venait à lui des malades du côté de la Syrie : fixe; d'où leur vient le nom de circoncellions.
Pourcjuoi, disait-il, vous êtes vous fatigu('s à Leur fureur était de tuer les autres et de se
venir si loin, puisipie vous avez là mon fils tuer eux-mêmes. On les voyait, quelquefois
Hilarion ? L'i^xcmplede ce saint ayant {)roduit des troupes entières, se jeter du haut d'un
une multitude innombrable de monaslèies pri'cipiee, ou dans les eaux profondes, ou
dans toute la Palestine, il les visitait à cer- dans un feu ([u'ils avaient eux-mêmes allumé.
tains jours avant la vendange car ces moines ; Ils voulaient se faire passer p(uir martyrs, et
avaient des vignoe (|u'ils cultivaient. Tous les la multitude des donatistes les honorait
frères se joignaient à» ni [lour l'accompagner comme tels. Quclquo.i-uns annonçaient d'a-
en cette visite, portant leur provision, et ils vance l'époque de leur suicide ; dès lors on
s'assemblaient quel([uelois jusqu'à deux mille. leur apiiortait abondan.uienl à manger ,
Mais, avec le temps, clia(|ue bourgade ollrait comme à des victimes (pi'on engraisse. Maiii
de 1)011 coMir aux moines de son voisinage des il ne leur plaisait pas toujours de se tuereux-

vivrez po\ir ces saints hôtes. Hilarion ne man- mêmes |dus d'une fois ils forçaient les pas-
;

ijnait à visiter aucun de ses frères, quchjuo sants de leur lendre ce service, sous [leine
peu considérable qu'il lïil, et dressait un de le reci^voir d'eux. Un jeune homme se tir;?
mémoire de sa visite, marquant les lieux où de leurs mains d'une manière assez plaisante
il devait loger et ceux où il no faisait que Il rencontra un jour une troupe de ces fréné<

passer. Dans une de ses visites, il vint à tiques, qui lui lué.senlêrenl l'epée nue, avei
Eleusc en iduuiée, le jour que tout le peu[)le onire de les en percer, s'il ne voulait ((u'iU
était asscmldé dans le tem|de île Vénus pour l'en perçassent lui-même. Le jeune homme n»
célébrer sa Iclc car les Sarrasins adoraii;nt
;
le refusa [las mais il lour dit que quarid il
;

jcllc dccssc, à cause de lu planète qui eu [lorle aurait tué les |uemiei3, les autres iiiurruicnt

(t) HiBi-.. Viia Pauli. — (I) Uior., Vila Hilarion. — Ci) Jucob, o. ui, T. ii-17.
110 HISTOinK UNIVEnSKI-LE DK Lf;(;i,ISK UATHOUQUB
bien fli.intccr de résolution et te ji'lor sur lui; venaient exciter la persécution que quand
;

(jii'il fullail (loiictiu'ils les l'uïlfous, el qu'eii- l'autel ferait préparé pour le saint sacrilicc, ils
siiili' iljionrrait faiicàlrur désir. Ils y con- feraient paraître une image et In meltniieiil
si se laissèrent lier ; mais ([uanil il»
rilireiil el 8ur l'autel. Ce qui faisait dire: Quiconque
furent hors (l'i'tal de lui faire violcrice, il les Participera à ce sacrilice, c'est comme s'il
i'ouetla vigoureusement, les laissa tous gar- mangeait des viandes immolées aux idoles.
rottés comifie étaient el ronlinuî son elie-
i's .Mais quaml ils furent arri\és, on ne vit rii-n
inin. Dans que les païens étaient
le lein[»s de semblable, et le saint sacrifice fc célr-brê
CTxcore les maîtres, ces forcenés allaienl ex- à l'ordinaire, sans rien ajouter ou diminuer.
près renvr^rser leurs temples pour se faire Aussi y eut-il un gianil nombre de donatistes
tuer. Plus d'une fois, aux grandes solennités (]ui se réunirent à ''lv.ilise catholique.
païennes, des Iroupes entières se présentaient, Paul et .Mieaire l'adre sériant à Itonat, faux
non pas pour briser "es idoles, mais uni'|ue- évèque de Cartlia;:e, lui déclarant pourquoi
nienl ponr se faire 6uer par les idolâtres. La ils étaient venus, et comme l'emnereur en-
chose était si connue, i]ue, d'avance, les jeunes voyait des ornements pour les égli.'^'s el des
gens les plus vigoureux d'entre les païens fai- nurnones [lour les pauvres. Il est vrai qu'il n'y
saient vœu à leurs idoles de leur en immoler avail riei) ])oiir Douai en particulier. Il répon-
tidou t(d nombre (1). dit donc en colère Qu'a de commun l'empe-
:

Les circoncellions n'étaient pas moins cruels reur avec l'Eglise'/ et dit beaucoup d'injures
envers les autres qu'envers eux-mêmes. Ils à l'emp reur. Il est bon de se rap[(eler com-
avaient en particulier des bâtons qu'ils nom- bien de fois les mêmes donatiste> eu appelèrent
maient Isrnélilcs, avec lesquels ils frappaient du jui-'ement de l'Efiliseà l'empereur Cnnstaii-
tous les jouis. Ils ne tuaient pas sur-le-champ, tin. Dotiat ajouta qu'il avait déjà envoyé des
mais ils brisaient teileuient un homme, ipi'il lettres partout pour défendre de distribuer aux
en mourait de douleur à la longue. Quand ils pauvres ce qu'ils avaient apporté, l'n autre
voulaient faire miséricorde à quelqu'un, c'était Douai, évèque sidiismatique de Bai,'aie, lit
d(! lui d()nncr un si bon coup, (|u'il en mourut encore jiis. Comme il sut que Paul et .Macaire
sur la place. Leurs chefs s'appelaient les capi- approchaient de sa ville, il envoya des crieurs
taines des saints. Mais ces saints de nouvelle dans les lieux circonvoisins et dans les mar-
es[)èie passaient leur vie à .s'enivrei' |ièle-mèle, chés, pour appeler à son aide ces mêmes cir-
hommes cl femmes, dans des festins de dé- concellions, que les évèques donatistes avaient
bauche ensuite à courir de côté et d'aulie,
; abandonnes précédemment. Paul et .Macaire,
se livrant à toutes sortes de violences, au mé- craiguaiit les emportements de ces l'uiieux,
])ris des lois et des magistrats. Il n'y avait plus (lemandcreut main-forte au comte Silve-trc,
de sûreté sur les gi-ands chemins ni dans les non pour faire violence, mais pour se défendre
cam[iagncs. Les maitres étaient contraints de et conserver l'argent des pauvres dont ils
descendre de leur voiture et de servir de cou- étaient chargés.
leur à leurs esclaves, qui montaient ;\ leur L''s schismatiiiucs assemblèrent donc une
place. Quiconque leur résistait, voyait bientôt grande multitude de leurs circoncellions, el,
sa maison rasée un brûlée. La justice n'osait ]iour la nourrir, ils firent d'une égli.-* leur
inlniiner contre eux. Les catholiques, et ceux magasin de vivres. Ces forcenés avaient a leur
qui voulaient le devenir, étaient les principaux tète Douai de Kagaïe et un nomme Marcule.
objets de leur fureur ; mais plus d'une fois ils Quand les fourriers du comte Silveslre arri-
n'épargnaient pas même ceux de b'ur parti. vèrent pour niari]uer les logements des.-oldals,
Loujs excès allèrent si loin, que les évèques on refusa de les recevoir. On en tua même ••eux
donatistes, dont ils étaient au fonil le princi- ou trois, et les autres retournèrent maltraités
pal appui, écrivirent au comte Taurin, qu'il à leurs compagnies. Tous les militaires en
leur était impossible de les corriger el qu'il furent iiriles, do -lie .sortes que leurs nflicicrs
Ils réprimât lai-mcme. Il envoya "contre eux mêmes ne pour:ii.-iil les retenir. Il se rencon-
des soldaLs, qui en tuèrent plusieurs les ; tra donc des gens armés de part el d'autre,
donatistes les honorèrent depuis comme mar- qui remplirent les villes de tumulte. Les évè-
tyrs. ques doiiatisles s'eufuireul avec leur clergé :
A
l'époque où l'Orient et l'Occident accom- quelques-urK *'ureut tués, <|uclques-uns priî
plissaient U réunion que nous avons vue, el relégès en des lieux éloignes. .MarcC'C se
l'empereur Constant envoya deux persoimages précipita d'un roclur lu>natde U.igaïc sejela
;

consiilérables en Afrique. Ils se nommaient dans un puits. Les donatistes les liouorereiit
l'aul et Macaire. Leur mission ostensible était comme martyrs; mais ils n'étaient martyrs
de distribuer des aumônes el îles dons aux «juo de leur propre fureur, el d^- la rage de
églises. Ils apportaient, à cet effet, de grandes voir un grui'l ''"''re de leurs dupci revenir à
richesses. .Mais en même temps, sans faire l'unité de i i

aucune menace, sans intimider personne, ils Les cveqi.. .,..;.. .iqueà n'avoicnl pris au-
exlurfaieiit tout !e monde à reveuir à l'unité cune parla la manier-» dont Paul et .Maciire
et à quitter leschisme. Les chefs des donatistes avaient rempli leur <ommissi'>ii. S iilcmi nt,
avaient luit eourirle bruit que Paul et Macaire pour consolider la réuuioD de ce grand iioui-

(11 Optai, 1. 111. TiUmb., Domatuut. ~ (X) OptAt, L HL


LîVKE TRENTE-nEUXTÈifE. lit

ferè ie donatisles, ils s'assemblèrent de toulos vant tout le monde


« Quel crime ont donc
li'sprovinces d'Afrique à rarth:i!;e, etytin- commis pour i]ue tu les outrages
tes frères,
rpnt un concile sou^ la présiilencede son évè- avec lant de haine ? Te crois-tu donc un dieu ?
quo, Gratus, ie mémo qui avait assisté au N'est il pas écrit Que le premier parmi vous
:

Cfincilo de Sardiquc C'était l'an HIS mi 349. soit votre serviteur? —


Insensé! répon lit i*a-
Gralus en fit l'ouverture en renier, il Dion pas avec colère, tu veux ra'instruire de ces

i,-;

d'avoir ri'uni les membres de son ('uli.-e, et choses comme si je ne les savais pas ? »
pnqjosa aux cvèques de faire les ri'iiloments Alors le saint, prenant le livre des Evangiles
ncci»ssaiie> pour conserver la discipline sans qu'il portail n^'ait avec lui, le posa pur la
altérer l'union par une excc'^sive dureté. Des laide; puis., s'adressani à Papas, il lui dit :

quatorze canons qt, l'on y Qt, le premier est d'apprendre ces choses da
Si tu déda' "'nés
pour ne point relinptister ceux qui l'ont été moi, qui sui»,. mortel, ne dédaigne pas au
dan« la foi de la Trinité. C'était l'erreur capi- moins de les apprendre de l'Evangile du Sei-
tale «les donatistes, de croire nul le baptême gneur que Voilà, n Papas, ne se possédant
donné liors de leur communi(m. C'est aussi plus de fureur, frappe le livre de sa main, en
contre leurs abus que l'on défend, dans le s'écriant Parle, Evangile
: <( parle (Tonc •
! !

canon suivant, de profaner la dignité des Milles, effrayé de ces paroles, embrasse l'Evan-
martyrs, en lionorant comme tels ceux qui gile de ses mains, le baise respectueusement
s'étaient précipités ou tués autrement par folie et le porte à ses yeux. Ensuite, en présence
et à cpii l'Eglise n'accorde la sépulture que de tout le pen|de, il dit à haute voix à Papas:
par compassion: à plus forte raison, ceux qui « Puis(jue, dans ton orgueil, tu as osé parler

se tuent par désespoir et par malice. Les de la sorte contre les paroles de vie do iVotre-
autres canons resardent la bonne vie des clercs Seiïncur, voici que son ange est prêt à sécher
et ilu peuple Gratus y cite entre autres le
: la moitié de ton corps, pour inspirer la terreur
-aitilconcile de Sardiqiie (1). atout le monde; cependant tu n'expireras
Dau'i l'empire des Perses, l'Eglise de Dieu point la vie te sera conservée comme un
:

agissait et soutirait, comme dans l'empire ro- prodige de ]iunition. » A l'instant même. Pa-
main. On y voyait une chrétienté nombreuse pas, frappé d'en haut, sentit la moitié de son
et florissante. Eugène, disciple de saint An- corps sans mouvement et sans vie; et tombant
toine, y avait introduit la vie monastique. sur le côté, y resta douze ans, jus(ju"à sa
Dés auparavant il y existait un grand nombre mort, en 326, avec d'incroyables douleurs.
de vierges consacrées à Dieu. Eugène eet ap- Saint Milles avait passé sa jeunesse à la
liclé jiar les Syriens .4 ôo)«n ou Avoum, c'est- cour de Perse, et occupé même un poste con-
à-dire Notre Père. C'est lui (pie Sozomène sidérable dans l'armée mais ayant embrassé
;

nomme par corruption Annes. Ses moines le christianisme, il se retira à Ebim ou Ely-
achevèrent de convertir la Syrie, et leurs pré- maïs, ainsi nommé d'Elam, fils de Sem. C(Ute
dications firent briller le flambeau de la vraie ville n'était pas loin de Suse, où les Orien-
foi parmi lu' Perses et les Sarrasins (2). Dès taux montrent encore le tombeau du jirophèle
3 j.S, un évèque persan assista au concile de Daniel. Par ses exemples et ses exhortations,
Nicée. Il y vint également un député de l'é- Milles y convertit un grand nombie d'infi-
glise de Séleucie et de Ctésiidion, sur le Tigre. dêles. Il co:)sentit enfin à recevoir les s dut*
Ce- deux villes, capitiles de la Perse, étaient ordres, pour le service de C(;tte église nais-
Mir les deux rives du fleuve, à peu piès vis-à- sante. Peu après, il fut élu évèque de Suse,
vis l'une de l'autre. Elles ne formaient toutes et sacri" par saint Gadiabe, évèque de La|ieta,
deux qu'une seule église, à qui. suivant le qui mérita depuis la couronne du inarlyre.
tcmoignage des Orientaux, le concile île Nici-e Pendant trois an^, il y déploya un zèl(î infa-
îiccorda la ])réémiti.-uce sur tous les autres tigable pour 'iHrulre ie culte des idoles et Itîs
sii'ges, après les quatre grands patriarches. superstitions le- mages; mais peu en proti-
Ix's Sarrasins, ayant détruit plus tard Séleu- tcrent, il fut mèu.e maltraité par les païens,
iie. bâtirent ensuite sur ses iiiines la ville de qui souvent le traînèrent par les rues et par
liagdad. Séleucie elle-même avait été bâtie les chemins, en l'accablant de coups et en lui
uvci; les ruines de Babylone, (jui n'étaient pas faisant souffrir mille indignités.
loin. La ville de Suse était riche. Quoiqu'elle eiit
Lora du concile de Nicée, l'église de Séleu- été pilh'e par Alexandre, elle était redevenuo
cie et Ctési|)hon avait pour évèque un nommé très-fl(jrisâante. On
y voyait eiuore l'aucieu
l'ajias, et pour coadjutcur saint Siuiéoii. l'a- palais, ([u'ou disait avoir été bàli plusieurs
pas avait (Hé fra|>]ié d(' paralysie, à l'occasion siècles auparavant, et (|ui était un des plus
que nous allons dire. Son orgueil et sou ar- vastes et des plus magniliqucs (ju'il y eût
rogance lui avaieiitaliéiiésou clergé, et causé dans l'univers; mais les vices (jui marcbeot
un schisiiic. iléplorable. Les évé(|ues s'assem- à la suite des richesses s'y étaient introdiiils
blèrent eiiioncilc, l'an 314, pour juger celle, avec files, il y régnait une corruption cl-
alfaire. .Mais Pa|ias les niéi)iisiiit avec haul(Mir froy.ible. Les chrétiens, tjuoi«pi'en petit nom-
et traitait sou clergé cncora pbn cruellement. bre, n'obs(ïrvaicul point les préc(!p!cs de l'E-
Alors sailli Milles, évè(iuede Suse, lui dit de- vangile et se laissaient infecter par l.i c«ula-

tl)t«hb»« >. II, p. 715, eau. T. — {!) SozoDi., t. VI, c, zxxiT.


m HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ftGLISE CATIIol-IOL'E
Saint Milles les trouvant incor- de presque tous ses merabn-s, se, lit porter .;.:
gion b'ciiérule.
pouvant continuer su résidence logis du saint. Ililemanda si <"lle vonln!*
lui
riKil'l''s, et ne
des per- croire f,n un seul Dieu et espérer de lui la
au' milieu d'eux, à cause de la fureur
guérison. Elle répondit Oui, seigneur, je
géculi'urs et des Uimulles d'une guerre civile,
:

confesse <pie Dieu est un et unii|ue. Alors


résolut d'abandonner la ville, «pn'-s avoir an-
vengeance du ciel à ses crimiriels iia- saint Milles, ayant prié quelque '.-mps, lui
noncé la
Troi.: mois s'étaient à jieine éccul'-s prit la main droite, et dit Au nom de Dieu,
:
bitanls.
en vous croyez, levez-vous, marchez el
depuis son départ, «lut; le roi Sa]>or (Mivoyaunc
i,u:
bénissez-le de votre parlait rétablissement.
armée avec trois cents éli'piianls. pour l'Unir
une révolte (jui 'ail t'oinii'i- à Suse, et dans
'-' Aussitôt elle sa trouva guérie, «l retourna
]rti(uclleétaient .«utrés les Klainilcs. Le -géné- toute seule à la mairon. Jn autre miracle ar-
riva ilaus le même lieu. Deux hommes vin-
ral avait ordre de passer les liaiiitanls au (il
rent trouver le saint. L'un, siiup<;Mniiaii)
de l'épée, de raser les maisons et les aiities
l'nutre de vol, lui déférait le serment l'auTC
édilices, d'en diHruire jusqu'aux loiidations,
;

ayant accepté la condition, winl .Milles l'aver-


de iaiie passer la charrue sur le terrain, et de
tit lie prenilre garde d'appi-Ier Dieu à témoin
l'ensemencer. Cet ordre fut rigoureusement
ex('cuté. La ville cependant se releva de ses
d'un mensonge et <le tromper son frère. L'au-
ruines. Elleétait trop avaiita|,n>usement située tre ne craignit point défaire un faux serment.
sur les Ixirds ilu fleuve (^Imaspe, et sur une Aussitôt le saint, lixant sur lui les yeux, lui
colline (pii la rendait comme imprenable. dit :Si tu as appelé Dieu à témoin de la vé-
C'était là que les rois de l'erse avaient cou- riir-, lu relourneras chez toi sain et sauf;

tume de passer l'hiver depuis Cyrus pour :


mais si tu as fait un 'faux .serment, tu l'en
l'été, ils le [lassaient à lîchatane, où il faisait retourneras avec la lèpre de Giézi. Aussitôt
moins chaud. Enfin, tpioiqui' ré):,'lise de Suse le parjure fui frappé d une lèpre horrible, au

ne réiiondit pas pour le moment au zèle île son point «pie les haliilants de la ville eu fun-nt
évé([ue, elle ne laissa pas d'enfanter plusieurs épouvantés, et (ju'un ijrand nombre de païens
illustres martyrs. renoncèrent au culte des idoles pour se faire
Saint Milles lit le pèlerinage de J(;rusalem, eiiréliens. C'e^t ainsi que saint Milles, forcé
ne portant avec Inique le livre des Evangiles. de ipiitter sa [iropre église, devint l'apolre
De là, il se rendit à .Alexandrie, pour voir Am- de [ilusieurs provinces.
monius, disciple de saint Antoine, père des Dans une de ses courses apostoliques, il
Pleureurs. C'est ainsi que les l'erses aiipellcnt rencontra un diacre qui était accusé il'incesle.
les moines, à cause de l'hahit noir ([u'ils por- Le saint l'exhorta au milieu de l'egli-e à apai-
tent, il y demeura deux ans, aliu de visiter ser Dieu par la pénitence, s'il était coujiahle,
les moines du désert. En retournant dans sa et à ne [>as irriter sa justice en servant a I'hu-
patrie, il alla voir saint Jacques de iNisihe, tel, s'il n'i'tait pas innocent. L'autre assura
qui faisait bâtir alors sa grande église. iJe que tout n'i'tait ipie mensonge el calomnie,
Nisilii; il passa dans l'Assyrie, où il acheta une et uKjnta hardiment eu chaire pour chanter
grande (juantilé de soie, dont il lit présent des psaumes, .\ussitot on vit une main sortir
à saint Jacques, afin de l'aiiler dans sa pie\isc du sanctuaire, et frapper la bouche du diacre
entreprise. Ce fut peu après ([u'il mit lin au imi)ur, qui tomba mort ù l'instanl. Tous les
schisme de Séleucie, l'an 314, en la m;iniére habitants furent saisis de frayeur. Un jeune
que nous avons vue. homme du même lieu fut l'objet d'un miracle
S'étant ensuite retiré dans la province de plus consolaut. Depuis ses premières années,
Maisan, appelée Mi-sène par les Latins, sur et il en avait alors vingt, il était tellement
l'Euiihrate, il alla demeurer avec un saint er- perclus lies jambes, qu'il était réduit à se
mite. Le seigneur du lieu l'ayant appris, lui tiainer sur les genoux. Le saint évèquc,
envoya un serviteur jiour le prier de vouloir l'ayant \\\\i p;>r la main, le guéril par ces pa-
bien venir le trouver; car il était grièvement roles .Vu nom de Jésus le Nazaréen, levc-loi
:

malade depuis deni ans. Le ^aint re|mndil : cl marche !

Ue'ournez, et, entré dans "'ajqiartement de .Vinsi des miracles ne manqua


la gle-i-e
votre inailre, dite- à haute voix .\in-i parle
:
point à l'église Perse la gloire du marlvre
«Je :

Milles Au nom de Jésus le Nazaiecn, soyez


: ne lui man.|uera pas non plus. Ce que llio-
guéri, levez-vous et marchez ! L'autre 'ibeil. clitien el Galère ont été pour Icj» fubles de
lut guéri à l'iuitanl, vint trouver le saint l'empire romain, Sapor 11 et ses suicess<.'urâ
évéque, et rendit à Dieu de grandes actions de léseront p^iur le- lidi-les de l'emiire persan.
grâces avec tous les habitants du pays. Tou- Né en ;tlO, Sapor
mourut en 3.S0, ajires
liés lie ce miracle, un grand nombre de
chés soixante ans de régne. On dil qu'il
- «lis
païens embrassèrent la religion chrétienne. régna même avant que d'être né, el que sou
De nouveaux miracles eu convertirent d'au- père étant mort, les magesi le couronnèrent
tres encore. uvaul sa naissance, en mettant le diadème sur
Quelque temps après, il retourna dans son sa mère. D'autres Instoriens rapportent la
çays natal, la i>rovince des Razicliéens. I.a chose dillèremmcnt. Il avait un fnre nommé
une noble dame, qui depuis neuf ans soullVail llorini.*das, mais d'une autre mère, lequel,
i'uue cruelle maladie et avait perdu l'usage après avoir clé jelé bien du temps en prison.
LrVRE TRBNTE-DEUXTBMB. tu
s'en échappa par radre=se de sa femme et se plies d'épines, et, en attendant, séparèrent les
rpfugia auprès de Constantin le Grand. 11 pa- deux frères. Ayantrenfermé Birch-Jésusdans
rait avoir embrassé le christianisme et servit une obscure prisim, ils s'efforcèrent, par les
avec distinction dans les armées romaines. plus terribles menaces, de persuader à Jonas
Sapor envoya une amliassade à Constantin de sacrifier au feu, au soleiletà l'eau, suivant
pour renouveler la paix. C'était apparemment les ordres du roi. Tout fut inutile, .\lors le
vers le concile de Nicée. Constantin ayant ap- chef des mages ordonna de dèpouilier le
pris qu'il y avait beaucoup de chr(';tiens en martyr, de l'attacher à un pieu placé .-ious le
Perse, écrivit à Sapor po'ir le? lui recûmman- nombril, et de le frapper avec les ve.ges jus-
der. Mais on a lieu de noii-.j que Sa])or, dans qu'à ce que les côtes fassent à nu. Tout le
son ambassade même, ne cheicliait que les temps du supplice, Jonas ne dit autre chose
moyens de se préparer à la fi;uerre. Ce qu'il y que cette prière Je vous rends grâces. Dieu
:

a de certain, c'est que la dix-liuitiétne année d'Abraham, notre père, qui, le prévenant de
de son règne, l'an 327, il s'éleva u le cruelle votre miséricorde, l'avez fait sortir autrefois
persécution contre les cluéliens de Perse. On de ce lieu, et nous avez rendus diijnes «l'ap-
en a des actes autlienliiiues, que, dans les prendre par lui les mystères de notrefoi. Main-
commencements du dix-huitième siècle, le tenant donc je vous prie. Seigneur, de nour
pape Clément XI fit acheter au poids de l'or accorder ce que l'Esprit-Saint annonçait pal"
dans les monastères de Nitric en Egypte, sur la bouche de David, notre père, de vous offrir
une multitude innombrable de monuments du un holocauste parfait. A la fin il s'écria à haute
même genre, que les moines égyptiens ne voix: Je renonce au roi idolâtre et à tous ses
voulurent céder pour aucun prix()). sectateurs, que je déclare ministres du mau-
L'an 327, dix -huitième de son règne, Sapor vais démon. Je renie en outre le soleil, la
se mit doncà renverser les églises et les autels, lune, les étoiles, le feu et l'eau. Au contraire,
à incendier les monastères et a persécuter je crois et je confesse le Père, et le Fils, et le
cruellement tous les chrètii'ns. Ouiconque re- Saint-Esprit. Les juges lui firent attacher une
fusait d'adorer le soleil, le feu et l'eau était corde aux pieds et traîner dans un étang
soumis à d'intoli-raldes tortures. 11 y avait deux glacé, pour toute la ntiit, avec des gardes pour
frères également vertueux, dans la ville de l'empôcher d'en sortir.
Betb-Asa; leurs noms étaient Jonas et Rireh- Après avoir soupe et pris un peu de som-
Jésus, c'esl-à-dire Béni-Jésus. Ayant appris meil, les princes des mages firent comparaître
qu'on tourmentait les martyrs en certains Birch-Jésus, et lui dirent que son frère avait
lieux, ils résolurent d'y aller. Arrivés dans la embrassé leur religion. Eli bien, répondit le
ville de Hubaham, ils y trouvèrent en prison saint martyr, je louerai d'autant plus mon
un grand uombrt; «le lidèles, qu'ils encouragè- Dieu, le Dieu véritable, que mon frère l'a plus
rent par leurs exhortations; si bien que les uns outragé par son apostasie, comme vous me
confessèrent giori(nisemcnt la foi, et que les l'apprenez: quoii[ue je sente bien qu'en ceci
autres remportèrent la couronne du martyre. encore vous avez menti et (pie vous cherchez
Ces derniers furent au iiombri- de neuf. à me circonvenir. Mais la vérité ne le permet-
Le juge, ayant su la conduite des deux frè- tra pas. Car qui serait assez aveugle pour
res, les lit amener à son tribunal et essaya croiie avec vous qu'il y a quelque chose de
d'abord de leur [lersuadiM-, par de douce- [)a- divin dans les corps matériels destinés au ser-
roles, à obéir au roi «les rois, c'est-i-diic. jiu vice des hommes? Comment, sans être insen-
roi de Perse, et à adorer le soleil, la lune, le sés, pourrions-nous rendre des honneurs <li-
feu et l'eau. Les saints rc'pondiient: Vous de- vins au feu, que le souverain Créateur a fait
vez respecter non-seulemeul le roi dont vous pour la commune utilité des mortels, puis(jue
B.vcz reçu la puissance, mais beaucoup plus nous voyons tout le monde en user également,
encore celui qui vous a donné la sagesse et b's |iauvres aussi bien que les riches? Le saint
l'intelligence. C'est pouri[uoi il vous fautcber- développa ces pensées avec tant de force et
elier d'abord qui est ce Roi des rois, souverain d'éloquence, que les mages, étonnés, se di-
vieigneur du ciel et de la terre, 'qui fixe les rent: Ne permettons pas qu'il parle davantage
temps et les change à son gré, dont l'autiuité en public autrement les adorateurs mêmes
;

fait les juges, et ijui leur donne la puissance du soleil abandonnei'out :iolre culte et nous
pour délcndic. la vérité. Nous vous [irions doue traiteront d'impies. Ils résolurent donc de ne
.1 niitrtj tour de déciiler auquel de ces rois il l'interroger plus que la nuit. En même temps
faut nous coulr.iindro d'olieir, ntms autres apidiciuèrenl sur cliaqui; bras des lames
ils lui

mortels, ou à celui qui est le souverain Créa- de fer toutes rouges, en disant; Par la fortune
teur de toutes chosiîs, ou bien à ce roi que la du rois des rois, si tu fais tomber nue de ce»
mort enlèvera dans peu [lour le rè,unir à ses lames, nous dirons que tu as renoncé à la foi
ûMcetres'? Les princca :.'es mages fui'ent cxlre- des chrétiens. M.iuvais démons, ministre d'uu
meuient irriiés de leur •entendre dire i[ue le roi impie Is'écria le bienheureux -nartyr;
roi n'était [las immortel, mais ([u'il mourrait non! pur Noire Seigneur Jésus-Christ, le Fils
ou jour. Ils lircat préparer des verges rem- de Dieu ; uou 1 dis-je, je ua crains piu votra

(t) Stcpb. Assemani, Àcla MM. Onmt,


soa. If.
m niSTOIRE UNIVEnSRrXE nE I/fiCLlSU CATnOLIQUl!
fen, et pns nnc rie vos Inmes ne m'<^cliai»|>ora ! puis il le scient par morceaux et l«s jettent
Pour ui^mn, je vous en conjure, rfiinis-
I)!!'ii rlans une citerne dee.séehée, avec des gardes
PCï vos (ouniicnls (le toute espèeeet h.\tez-vons jiour empêcher qu'on ne les enlève.
d'eu faire en p^oi ri'|iiouvc. Car qui eoinbnt Après avoir fini de celle manière avec \b
p lur [)i('u est iilcip fie eourafijc. A ees mots, (iremier, les jnges font amener son frère
les ju^'cs lui firent verser iln i)lomb fonrln dans IJireh-Jésus, et l'exhortent à avoir fiilié de son
les narines et dans les yeux, après ijnoi on le corps. Il ri'poridil: Ce n'est pa^ moi qui me le
ramena en prison, où il fut pendu par un suis fait, ce n'est pa' moi non plu< qui le [ler-
pied. (irai. Dieu qui l'a r-réé lui ren Ira la forme
Le lendemain, les ma^es sVt^it fait pn^sen- perdue. Mais vons, vous en serez [lunis potir
ter Jon.'is, lui dirent: Comment vous porlez- votie cn«uté, vous et votre roi in«en«é. qni,
vous? Peiif-ètre ()ue la nuit dernière vous a clé ignorant son Seigneur et s<jd Créateur, 8'ef-
pénible, l'ayant passée sur un élans fîlacial. forcc d'établir contre sa volonté des lois im-
Non, ré[)oi)dif Jouas, je vous l'assure par le pies. Alors le prince des mages dit anx anlre« :
vrai Dieu que mon âme espère voir fdentôt ;
Nos délais sont injurieux au roi. On ne gagne
Don, dejniis que ma mère m'a mis au
te ji>ur rien avec cette es[ièce d'hommes, ni par les
monde, .je n'ai [tas eu de jour plus agréable discours ni par les tourments. Dans leur co-
et jilus (iélieieux: le souvenir du Clirisl souf- lère, ils ordonnèrent donc que le martyr serait
frant a été pourmoi uneconsol.ilion ineflable. battu avec de* joncs dont la pointe était très
Les mages reiirircnt: Il faut que tu s.ieliesque aiv'uè; qu'ensuite son corjis serait couvert
ton compagnon a renoncé. Oui, réplique le d'éelats lie roseau, que l'on ferait entrer dans
martyi-, je sais depuis lonL;tcmps qu'il a re- la chair avec des cordes étroitement serrées;
noncé au diable et à ses anges. Prends garde, <|ue quand il aurait (té [lerré de tontes parts,
dii-eiit les mages, de périr misérablement, el ([ne son cor[is oH'rirait l'imase d'un porc-
abandonné de I)icu et des liommes. Mais von.s- épic. on le roulerait par lern.-. Ce ne fot pas
mèines, répondit le saint, si vou^ êtes sages, tout. A[uès celle horrible torture, ils loi firent
comme vous vous en flafli'z, dites-moi s'il ne verser dans la bouche de la poix boaillante et
vaut pas mieux semer le blé que île le laisser du .soufre. Ce dernier supplice réunit Birrh-
eu tas dans un grenier, sous prétexte de le Jésns à son frère Jonas. Un de leurs anciens
préserver des pluies et des orag(s. La vie est amis, nommé .\bluciatas, racheta leurs enrps
comme une semence que le chrétien jette sur pour cinq cents drachmes et trois vêtements
la terre: produira ilans le monde à venir,
elle; de soie, après s'être engagé de plus par ser-
où le Christ la renouvellera dans une gloire ment à n'en rien dire.
immortelle. Prends garde, dii'cntles magesde I/auteur des actes de ces martyrs les ter-
nouveau, prends garde que vos livres ne mme ainsi Ce livre, écrit sur la reJation des
:

t'abusent; car ils ont iléjà trompé bien du témoins oculaires, contient les actes de-^ saint»
monde. 11 est vrai, repartit le saint, qu'ils ont martyrs Jonas, Birch-Jé<ns, Zébine, Lazare,
détaché un grand nombre de personnes des Maruthas Nars<'-s, Elie, .Maharis. Sahas et
vohqités du siècle, ajirès leur avoir faiti,'oùler Sceml:«ise, martyrs du Christ, <)ui, après les
les douleurs du Christ souffrant. Car dès qu'un avoir soutenus dans le comlwt, leur a fait
chrétien s'est une fois enivré de l'amour du remporter la victoire el la couronne. Puisse
Christ mourant pour lui sur la croix,
oublie il avoir fait part à leurs prières, Isaie, fils
richesses, honneurs, or, argci.t. Se souciant d'.Vdab, d'Erzeroum, des cavaliers du roi, qni
fort peu des rois et des princes, il sou]iire a (!>té présent aux interrogatoires di^s martyrs,
après la vue du seul roi véritable, dont le cl s'est chargé d'écrire leur triomphe (li!
royaume est éternel et la puissance de généra- On voit, par ce précieux monument, qoe
tion en génération. celle première pers<H-ulion était g»'nérale. et
Les juges, voyant l'inébranlable constance pour les lieux el pour les personnes. On n'y
du martyr, lui font couper les doigts des fait aucune <listinclion entre les prêtres el les
mains et des pieds, phalange par phalange, et lanpies. Il est à regretter ijuc les savant' ma-
les sèment de coté et d'autre. Puis, s'adres- ronites .\ssémanie, qni secondèrent si bien le
sanl au martyr: Vois-tu, dirent-ils, comme zèle du pa|>e Clément .\l, n'aient pu obtenir
nous avons semé tes doigts? Tu n'as qu'à at- un plus grand nombre de monumenb de ce
tendre la moisson, pour récoller de cette gfui-e, sur la multitude «ins nom^r»* 'pii sont
semence un grand n<unbrc de mains. Je ne re- enfouis dans les niniiaslères .Nmis
demande pas un grand nombre île mains, aurions sans dmite jdusde ren nts sur
répondit le bienlieiireu.v Jonus. Dieu tjui m'a la première persécution de S«|Hir. el sur la
créé d'abord, me créera de nouveau des ailes manière dont elle s'('st terminée. Tout c»- qn»
nouvelles. Aussilot ou lui arrache la peau de nous pouvons dire, c'est (ju'elle se terniinj
la lète, on coupe la langui-, el on le jelte
lui San? «pie saint Siméon, archevè<jne de (!ti*^i-
dans uiifc Jiaudiére de (loix bouillante. .Mais phon et Sèleucie. parais.se avoir eu à soutlrir.
la poix s'i'chappe tout à coup sans endomma- Il était natif de Siisc, et avait le surnom àe

ger le martyr. Alors les juges l'elendent sons Barsaboé, c'est-à-dire Kil--do-Foul«n, da
une presse de bois et lui lirisenl les membres, métier de sou père, suivant c« qui se prali-

m JM. Utl Orimi., p. tu.


lAVRE TRENTE-DEITXrftMR IIS

qnait cliez les Orientaux. Il avait deux smurs, nous n'adorons que lui seul. Mais est-il, ré-
i|ui aviiient consacré leur virginité à IJieu. un dieu lueillctn- que Hormiz-
jiliqiia le roi,
Son neveu et son arcliidiacre, saint Sciadust date, ou plus foit qu'Haramane irrité? Et qui
ou Sadolli, avait assisté en son nom au con- d'ailleuis iynore qu'on doit adorer le soieil ?
cile de Nicée. Il était d'une lif^ure vénérable. L'évèque Sapor lui répondit Nous ne con-
:

Sapor lui-même coD<;ut pour lui de l'aUcetion naissons d'autre Dieu que celui-là seul qui a
et le voyait avec plaisir. Ce qui, entre autres, créé le ciel et la terre, le soleil et K Itmc?, et
avait pu ramener le roi à des dispositions tout C(î qui .s'apiîrçoit par les yeux ou par
aussi favorables, c'est que le firemici' seigneur l'iiilelligence ; nous cmyons encore ijue .lésus
de Perse, celui-là ni6me qui l'avait élevé dès le Na/.aiéen est son Fils. Le roi ordonna de
son enfance, était chrétien. Les choses chan- frapper révè(|uc sur la bouche; ce ([ui fut
gèrent bien de face en .'lil. exécuté avec tant de cruauté, qu'on lui fit
L'empereur Constantin étant mort l'an .'137, sauter toutes les dents; ensuite on lui meur-
daiis le moment qu'il se pr('|iarait à maiclicr trit le corps et oe lui lirisa les os à coups de
contre les P(!rses, qui avaient rompu la jiaix, liàton. après quoi il fut chargé de chaineg.
Sapor en profita pour fairi' une irruption sur Isaac ayant comparu, le roi lui re[u-ochala
l'euipiro romain. L'an XiH, il vint assiéger hardiesse qu'il avait eu(! de bâtir des églis(!S ;
Nisibe, dont saint Jacipies était évé{]ue. mais il ne, put ébranler sa conslanei'. Alors
L'armée des Perses était innombrabbi en il lit comparaître les jirincipaux d(! la ville,
cavalerie et en infanterie; ils avaient aussi un et leur jiarla de celle sorte Vous savez sans
:

grand nombre d'éléphants et des machines do doute (|ne qui conspir(! contre la vie du roi
unerre de toute espèce. Mais, a[u"ès soixante- est coupalile de lèse-majesté et mérite la mort.
trois jours de siéf^e, Sapor fut obligé de se Comment donc avez-vous si peu ressenti mei
retirer i'.;nominieusemenl et de retourner outrages, qui cependant sont aussi les vôtres,
dans se.s Etals. Son armée, fré(piemment har- t|ue vous ayez comploté avec Isaac et pas.se
celée par l'ennemi et ('puisée de fatigues, pé- dans son caiu]) ? J'en jure par le sob'il et par
ril à la lin parla famine et par des épidémies. le feu i]uine s'éti^indra point, que vous me
Ce revers dut proiligieusement Immilier Sa- précéderez tous dans la tombe. Aussitôt ces
jxir Les mages et les juifs en prolifèrent pour uobles, qui jusque-là se disaient chrétiens,
iindis|)(iser contre les chrétiens. sont saisis de frayeur, se jettent la face contre
L'an trente de son règne, ^3!) de l'ère chré- terie. emmènent l'évèiiue Isaac et le f.mt
tienne, les mages lui dire : Nous no pouvons mourir sous une grèlo de pierres. Le bienheu-
plus adorer ni le soleil et l'air, ipii nous reux Sapor trioniidia de joie à la nouvelle de
donnent les jours sereins, ni l'eau qui nous sa miul. I)(uix jours après, il mourut lui-
purilie, ni la terre qui nous sert d'expiation. même de ses jdaies dans la prison. Le roi,
Nous en sommes réduits là par les Nazarè-ens pour s'assurer de sa mort, lui fit couper la
qui les méiirisent et les outragent. Sapor en tète et se la lit apporter. On amena les trois
lut tellenienl irrité, qu'il renonça à un voyage autres ]uisounicrs. Pressés jiar le roi d'adorer
qu'il avait dessein de faire, et |)ublia un ('dit répondirent bien nous
le soleil et le feu, ils :

jiniir arrêter les Nazaniens c'est ainsi ([u'au-


: préserv(Mrun pareil crime; notre résolution
jiiuid'lmi encoie on appelhi l(!s clinJliens en constante est d'adorer Jésus et de le confes-
Perse. Mulianès, Abraham et Siméon furent ser. Alors, par ordre du roi, Mahanès fut
lt!s[in;miers (lu'on arrêta. I>e lendemain, les écorclu' depuis le haut de la tête jusqu'au
mages dirent d(! nouveau au roi Sapor,
: nombril, et expira dans ce supplice; Abraham
«jvèiiue de Belh-Nictor, et Isaac, évcMjue de eut, les yeux percés avec un f(^r rouge, et
Beth-Siiloucio, bâtissent des oratoires et des mourut deux jours après Siméon fut enterrti
;

églises, et séduisent le peuple par de iloui' s jus.pi'à la poitrine, et tué à coups de flèches
paroles. J'ordonne, dit le loi, iranspoilé de Les chrétiens enlevèrent sscrètemeut leuiC
colère, qu'on recherche les coupabiiis dans coriis, et les enterrèrent {i).
tout mon riiyaume, et qu'on les interroge L'année pcrsécuCion devint
d'a|)rès, àii), la
sous trois jours. On ht partir des cavali(!rs, plus vi(ilenl(> encore. Sa|ior publia contre les
qui, courant jour cl nuit |iar toutes les pro- chrétiens un décret général qui t»)nilamnait
vinces de Perse, emmenèrent surtout ceux que leurs personnes à l'esclavage et ruinait leurs
les mages avaient accusés. On les enferma biens par dos impots excessifs. Saint Siméon,
dans lu mèm(! [irison ipie les premiers. Le évèc[ue de la cajiilah^ que le roi luuKuait
lendemain, Sapor, Isaac, Mahanès, Abraham jusqu'alors de son amitié, et que sans doute,
et Siméon funMil conduits devant le roi, qui suivant l'usage do l'Orient, il voulut faire
leur iJil Ne savei-vous pas que je suis issu
: exécuteur dé la sentence, lui écrivit la h-llre
du sang des «lieux, et (juc je sacrifie ce[)en- suivanU; « Le Christ a racheté
: son Église
daiU au sohsil et rends au feu des iionneurg par sa mort, il a délivré son peuple |iar sou
divins? Mais vous autres, (jui êtes- vous, jiour sang, il nous a affranchis du joug de la servi-
désobéir à mes lois, pour ouliager le soleil ut tude lorsque nous g(;uiissionssous d'insuppor
DK'pri-er le feu ? Us lui ré[iiindiri'iil tout d'une tabhïs lardeaux il iious
; a promis en ()ulra
voix : Nuu3 ne cuouaissous t^u'un Ditm, ut du muguiiiques i-écomptiuseï dant le siixle \

Oi AttmUm. Onm..9- *>•<


ne HISTOIRB UNIVERSELLE DE LEGLISE CATHOLIQUB
venir, il a élevé nos espérances ; <;ar son cm encore, ordonner aux ouailles de devenir le*
pire est éternel, et jamais il ne périra. Tatit bourreaux <ie leur pasteur c'est à ce |irix
:

(lue Jésus .sera donc le Koi des rois, notre ré- qu'était sa bienveillance. Apres la noble -é-
'1
, ...
solution est de ne point recevoir le joug i|iie ponse de l'éveque, il ne 9<; posséda plus de
vous voulez nous imposer. A Dieu ne plaise fureur. Sur-le-champ il ordonna de mettre 4
que nous s(/vons assez coupables pour (irélérer mort les prêtres et les diacres, de démolir les
à la liberté, de laquelle il nous a fait don, la égli>es, et d'employer à de.» isages prolauet
servitude des mortels. Le Seigneur, à qui nous tout ce qui avait servi au culte du vrai l>ii;u.
sommes décidés d'obéir, est j'autiniret le mo- Quant à Siméon, ajouta-l-il, Siméon, le clii;(
dénileur de votre souveraineté. Nous n'avons de ces Scélérats, qui méprise ma royale ma-
pas la coutume de supporter l'empire inique jesté, qui n'obéit qu'à César, qui n'adore que
de nos coserviteurs. De plus, comme n(jlre le dieu de César et se moque du mien, qu'oa
Dieu est l'auteur et le créateur de ce que vous me l'amène et qu'on lui fasse sou procès de-
adorez comme une divinité, nous regardons vant moi !

eonime une impiété horrible d'égaler à Dieu Les Juifs, toujours ennemis des clireliens,
Sème les choses qu'il a créi'cs et qui vous saisirent cette occasiou pour animer le prince
j'nt pareilles. Vous nous demandez enfin de encore davantage contre eux. Grand roi, lui
jor, à nous qui n'avons ni or ni argent, et à dirent-ils, rien n'est plus juste que votre co-
qui le Seigneur a défendu d'avoir ni or ni lère. Si vous écrivez à César les lettres le»
argent dans leurs bourses; à nous qui avons plus éloquentes, accompagnées des pre>eiits
reçu de l'Apotre ce précejne Vous avez été
: les plus magnifiques, il n'en fera nul ca-. Mai*
achetés à un grand prix, ûe ùevenez pas les que Siméon lui envoie la plus petite lettre,
esclaves des hommes. » seulement quelques lignes, aussitôt il se levé,
Le roi fut extrêmement iriité de celte adore les misérables feuillets, les prend res-
remontrance, et fit répondre à Siméon : pectueusement dans les deux mains, et com-
M Es-tu assez fou peur exposer, par celte mande que tout ce qu'elles contiennent soit
audace, non-seulement ta propre vie, mais exécuté prumpteraent. .\insi les Juifs calom-
encore celle de ton peuple? car ton excessive niaient les chrétiens devant Sapor, comme
arrogance t'a persuadé de le pousser à la leurs ancêtres avaient calomnie le Christ
défection. Mais j'aurai soin de briser ce com- devant Pilate. Siméon fui donc chargé de fers,
plot, d'exterminer cette peste, et de vous ainsique deux des douze prêtres de sou église,
efl'acer du souvenir même des hommes. » lesquels se nommaient .\bdhaicla (Serviteur-
Siméon répondit sans s'émouvoir « Puisque : du-Temple; et Mananias. Quand il fut arrivé
Jésus est mort volontairement et de la mort à Suse, sa patrie, il pria qu'on ne le fil puint
la plus cruelle, pour tout l'univers, qui suis-je, passer devant une église des chrétiens que lea
pour ne j)as donner ma vie pour ce peuple, mages venaient de convertir en une synago-
au salut duquel je me suis volontairement gue, pour ne pas voir une telle prolauation.
dévoué Ne doutez dcmc pas que je ne sois
'! Ses gardes ayant fait une grande diligence, il
résolu à olfrir ma tète, plutôt que de trahir arriva en peu de temps à la ville oii etiiil le
mon troupeau, pour que vous l'écrasiez jimt roi: c'était Lédan, capitaine clés Huzites, à
de cruelles exactions. Je ne désire point lie l'orient de la Susiane.
vivre, puisque je ne peux vivre sans crime : Sapor le Ut paraître, Siméon ne s'éLanl pas
non, non, pour jouir quelque peu de cette lu- prosterne suivant l'usage: du pays, le roi lui
mière, je n'irai jioint plonger dans les misères demanda eu colère, pourquoi il lui refusait
de l'esclavage ceux qu(! mon Seigneur a ren- maintenant un honneur qu'il lui rendait au-
dus libres. Dieu me préserve de chercher ma paravant. C'est, répondit Siméon, que je n'ai
sécurité au péril de ceux qu'il a rachetés par jamais comparu devant vous charge de fers,
son sang de vouloir acheter les aises de ma
; ni pour être force de renier le vrai Dieu. Les
vie au prix des âmes que le Christ a honorées mages l'accusèrent de con>piratiou et conclu-
de sa miséricorde, ou de chercher les délices rent qu'il méritait la mort, alleudu qu'il refu-
de mon corps dans les travaux excessifs «les sait de payer les tributs opplcs^ifs par les-
corps de ceux que Jésus a délivrés de la servi- quels ou voulait ruiner les c'>reliens. Miséra-
tude. Je ne suis point as<pz lârhc pour craindre bles, s'écria Siméon, n'esl-ic point as^ez pour
de marcher sur les traces de Jésus. .Ma reso- vous d'avoir abandonne Dieu et perdu ce
lution est donc de vous livrer ma lèle et de royaume '/ faut-il encore que vous cher-
mourir pour mou troupeau. Quant à la ruine chiez à nous rendre complices de votre
«iont vous mcimcez les fidèles de ma religion, crime "?

cette ruine sera le fuit de votre impiété, et non Le prenant alors un visage moins sé-
roi,
pas de mon amour pour Dieu et pour son vère, lui dit Laissez là cette disjiule, Siméon.
:

peuple : ce sera uu crime à laver dans votre Croyez-moi, je vous veux du bien. Adorez le
eang, et non dans le mien. Pour moi et mon soleil. C'est ce qu'il y a de plus avantageux et
peuple, no"s en serons innocents. « pour vous et pour les vôtres. —
Sim«-jn Je :

On par ces débats, quelle était la poli-


voit, ne peux piis vous adorer vous-même, 6 roi,
tique infernale du mi. Il voulait que le pas- quoique vous soyez plus exctUeut que le
teur d.evint le bourreau de ses ouailles, comme soleil, puisque vous êtes doue d'esprit et de
uou$ 'avons vu, et comme noas l'^ ''errons
l sagesse. Comment donc adorerais-je ce dieu
LIVRE TRENTE-DEUXIÈME. 117
privé de raison, qui ne sait pas plus vous vous me faites, de défigurer la beatflé telle
récompenser, vous ([ui l'adorez, que me punir, quelle de cette chair, elle a un réparateur qui
moi i|ni lui insulte? Quant au saint de mon la ressuscitera et lui rendra avec usure cet
peuple, que vous dites assuré, si je veux, sa- éclat d'une gloire d'ailleurs méprisable. C'est
clicz que nous autres chrétiens, nous n'avons lui qui l'a créée de rien, et ornée.
qu'un Seigneur, qui est le Christ, le Crucitié. Le roi finit par le renfermer dans un»
Moi donc, le moindre de ses serviteurs, je étroite prison jusqu'au lendemain, persuadé
mourrai pour lui, pour moi et pour mon que la réflexion lui ferait changer de senti-
peuple. Je ne suis point nn enfiint qu'on puisse ment.
gagner par des bagatelles; j'achèverai sainte- Il y avait à la porle du palais un vieil eunu-
ment mon œuvre comme il sied à un vieillard, que nommé Guhsciatazade, qui avait élevé
— Le roiSi encore tu adorais un dieu vivant,
. Sapor et qui jouissait à la cour de la plus
j'excuserais ta folie; mais non, tu viens d« haute considération. Il était le premier sei-
dire que ton Dieu est uu homme qui a expiré gneur de Perse et occupait la place d'azzabade
sur un infâme gibet. Deviens plus sage, adoré ou de grand chambellan du roi. Il avait pro-
le soli'il par qui l'univers subsiste. Si tu le fessé la religion chrétienne mais il l'avait
;

fais, je te promets des honneurs, des richesses quittée depuis quelque temps et avait adoré
et les |)lus grandes dignités de mon royaume. publiquement le soleil, craignant la violence
— Siméon Jésus est le Seigneur du soleil cl
: de son maître. Ayant vu passer le saint évoque,
le créateur des hommes ; lorsqu'il expira entra il se mit à genoux pour le saluer. Siméon
les mains de ses ennemis, le soleil s'éclipsa, détourna les yeux, aliu de lui faire sentir
comme un serviteur qui pleure la mort do l'horreur qu'il avait de son apostasie. L'eunu-
son maître. Pour lui, il est ressuscité après que, touché de ce reproche secret, rentra en
trois jours, et monté au ciel au milieu du lui-même et détesta son crime. Malheureux
concert des anges. Quant aux honneurs et que je suis! s'écria-t-il, les yeux baignés de
au.\ richesses que vous me promettez, c'est larmes. Si Siméon, qui m'était uni de l'amitié
en vain j'en attends de bien plus magnifiques
;
la plus étroite, est tellement indigné contr
que les vôtres, des iionneurs et des richesses moi, quel ne sera pas Dieu, dont j'ai trahi h
si grands, que vous n'en avez pas même • foi ? Plein de ces pensées, il court à la maison,
l'idée. — Le Epargne ta vie, épargne le
roi : quitte les habits précieux dont il était revêtu,
sang d'une multitude innombrable que je suis en prend de couleur noire, couleur de deuil
déterminé à punir, si tu persistes dans ton chez les Perses, et retourne aux portes du
opiniâtreté. — Siméon : Si vous versez le sang palais.
innocent des chrétiens, vous sentin'z l'énor- Le roi, informé de ce qui se passait, envoya
mité de ce crime, eu ce jour terrible où vos demander à l'eunuque les motifs de sa con-
décrets et vos actes contre nous seront exami- duite. 11 répondit Je me reconnais cou|)able,
:

nés devant tout l'univers, et où l'on vous j'ai mérité le dernier supplice; faites-moi
demandera compte de toute votre vie. Les exécuter Cette réponse paraissant encore plus
!

chrétiens, que vous menacez de mort, échan- énigmatique, le roi se le lit amener. Il faut,
geront (ineliiiios jours périssables contre un lui dit-il en le voyant, qu'un esprit enni-mi se
royaume riiMiicl; mais vous, leur sup[ilice soit emparé de vous, pour tenir un propos
vous retombera sur la tète. Quant à moi, je ne si funeste. L'eunuque répondit Nul esprit :

demanda p.is mieux i|ue de vous abandonner mauvais ne m'inspire, je dans mon bim
suis
une vie caduipie pour celle qui m'est réservée sens, je pense comme il convient à un vieil-
dans le' Christ, l'rencz-la donc au plus tôt. — lard de penser. Pourquoi donc alors, reprit le
Le roi Comment ton insolence va jusqu'à
: ! roi, ces vêtements de deuil ? pourquoi dire
n'avoir pas pilié de toi-nième? Eh bien, moi, que vous êtes indigne de vivre? La cause en
j'aurai pitié de tes sectateurs, et j'espère les est, dit Culisciatazale, à la trahison que j'ai
guérir de celte folie par la sévérité de ton commise contre Dieu et contre vous contre :

châtiment. Sinicon —L'expérience vous ; Dieu, en violant la toi ipie je lui avais promise
apprendra que les clire.iens ne sacrilient point et en prélevant à sa venté votre bienveillance;
lu vii; qui leur est réservée en Dieu, pour ce contre vous-même, en feignant d'adorer le
qu'ils ont à vivre avec vous, et qu'ils ne vou- soleil quanil vous me le commandiltcs car :

draient [>as écliannei-, contre votre diadème, mon co'ur était loin d'y consentir. Quoi

!

le nom immortel qu'ils ont reçu du Christ. s'écria le roi en ctdère, telle est la cause de Ih
Le roi S/ lu icruses dt m'bouornr eu pré-
: doiilcîur, vieil imbécile aurai bientôt
? Je t'en
sence des granils de mou royaume, i;l de ni'a- guéri, si louti-fois tu persévères dans cette
dorer avec le solril, divinilc de tout l'Orient, opinion impie. Le confesseur répliipia Je :

je ferai demain déchirer de coups et ensan- prends à témoin le Seigneur du ciel et do la


glanter ce visage si beau et ce cor[)s d'un lerie, (pieje ne vous obéirai plus désonuais
aspect si vi'neiable. — Siméon : Cominenl ! et (jue je ne recommencerai [loinl ce que je
vous apiielez le soleil un dieu dans le moment déplore d'avoir fait. Je suis chrétiei., cl je ne
même que vous i'egalez à vou-, qui êtes un prelérerai plus un homme perlide au Dieu
homme? car vous venez d'exiger le même véritable. J ai pitié de ta vieillesse, ajouta le
culte. Au fond, si vous èlea sage, vous êtes roi, et je regiett>' tes longs services envers
plus grund que lui. Uuaut ù lu oiiuace uuo moi ol euvcis mon père, '".'osl i)Oorqaoi| jt t«
Ht HISTOIRE UNIVERSELLE DE LEGLISE C.\Tnnt,T(?TTE

conjnrf', quitte l'npinioii île, ces scélérats; mains levées au ciel. Les deut
ainsi, avait les
aulit'ini'nt tu ]iéiii;i:;niisi;Tal)lement avec eux. prêtres qui éluient emprisonnés avec lui, re-
Sachez, ô roi rejirit (iulisei.ilaz.-ide, que ni
! gardaient avec ailmiration s<m visage, qui
vous ni vos grands ne me ]ifHsuaderez d'aban- était comme transliuur'! p.ir l'amour et la joie.
donner le Créntour pour adorer les créatures Siméon passa en du jeudi saint.
prières la nuit
qu'il » Caites. MiséraMes insista le roi, j'adore
! Jésus disait-il, exaucez-moi, tout indigrm
!

donc bus créatures qu'il a faites? Le saint dit que je suis de vos miséricorde-! Faitee que je
tranquillement Si c'étaient encore «les créa-
: boive ce calice au jour et à l'heure même de
tures vivantes mais ce qu'il y a de plus déplo-
! votre Passion. Que les siècle* à venir [.ubiient
rable, ce sont des créatures sans vie et sans que j'ai été mis à mort au jocj île mon Sei-
raison que vous adorez. Le roi, outré de colère, gneur! Que les enfants apprennent des parent.*
ordonna qu'il fût mis mort sur-le-champ
;'i que Siméon a été docile à la voix de son
Lorsi|u'on était sur le point de le conduire maitre, et (|ui a l'ié immolé de la même ma-
au supplice, il envoya prier le roi de lui accor- nière que son Dieu, le quatorzième jour, la
der une dernière grâce, pour tous les services sixième fi-rie.

qu'il venaitde rappeler c'i-laitde faire, pulilier


: En effet,le jour même, le vendredi .-a nt,
qu'on le mettait à mort, non pour avoir com- à la troisième heure du jour, il fut anii-iié
mis (juclque crime, mais uniquement parce devant le tribunal. Le roi, devant lci|'i.l
qu'étant chélien, il n'avait pas voulu renier il ne se prosterna jias plus qun la pico: ro .

IHeu. Son hut, on faisant celle piiére, était de fois, lui demanda : Eh quel est le
bien,
n>parcr le scandale qu'il avait causé par son résultat des réflexions que vou" avez faites
apostiLsic. Le roi lui accorila ce i|u'il deman- cette nuit? l'rolitez-vous de ma bienveillance,
dait par un motif tout contraire. Il s'imaginait ou persistez-Vous dans votre o[iiniàtri-lt'. qui
que la mort d'un fidèle sujet, exécut»! pour vous faisait choisir la mort ? .\dorez le .-oleil
r,Huse de christianisme, en dt-tournerait la seuli:ment une fois, et ji' vous laisserai libre
multitude. S'il eût mieux connu les chrétiens, pour la suite. A cette condition, je m'engage
il aurait vu que le repentir de ce hrave ofticier même à me déclarer votre protecteur contre
devait les rendre plus counu',eux à confesser voscnnemis. A Dieu ne plai-e,ri'|»ondit Simém,
la foi. Le saint vieillard fut décapité le jeudi que je me rende coupable d'un tel crime,
saint, le treizième jour de la lune d'avril. ni ipie je donne à mes ennemis sujet de dire :
Siméon, ayant appris en prison le niarl>*re Siméon, craignant la mort, a préféré à Dieu
de son vieil ami, en fut au comble de la joie. une vaine idole. I.* souvenir de notre ancienne
Jésus, notre Dieu s'écria-t-il, que votre cha-
! amitié, reprit le roi, m'avait porté à f.iire
rité est grande que votre puissance est inef-
! usage des voies de ilouceur mais |inisqu'elb-s
;

fable Vou.s ressuscitez les morts des enfers et


! sont inutiles, les suites vous regariîent. d ~- z
vous relevez ceux qui sont tombés vous con- ; de Vouloir me séduire [>ar vos Ciire-.ses, i>;.ii-
vertissez les pécheurs et vous rendez l'espé- ipia le saint. l'ounpioi diffiTCZ-Vous de m'im-
rance à ceux qui sont désespérés, (^clui qui, niider? L'heure du festin est venue; la tabb'
selon mon opinion, était le dernier, le voilà, est dressée ; je suis en retard.
selon mon désir, devenu le ]iremier Celui qui ! Le roi,s'adressant aux satrapes et aux ofli-
s'était égaré est devenu ma loi et mon modèle. ciei-s qui l'entouraient, leur dit, en montrant
Et moi, pourquoi tardé-je encore? Le voilà Siméon ; Voyez-vous la merveilleuse ili:;nilé
qui m'appelle Siméon, vous n'avez plus à
: de ce vi.siige, et l'auguste majesté de tout le
vous plaindre de moi, ni votre aspect ne me corps? J'ai parcouru des nations loinlaini-.-,
jettera [dus dans le deuil. Venez [>articipcr an ainsi que noire pnqire pays: jamais je n'ai n-n
bonheur que vous m'avez pn-paré venez par- ;
vu di; si gracieux et de si \h-iim. Conovez
tager les joies de l'éternité, comme nous avons maintenant la folie de ei-t homme, qui |uTd
partagé celle du temps. l'heureux jour, i]ue toul cela pour une sullisel Les >:rand> re, ..n-
le jour qui me conduira au supplice Seigneur, ! dirent tout d'une voix, qu'il u^ fidiait jm, .1
accordez-moi cette couronne, qui- vous savez s'arrêter à son corps, mair nombre i

que j'ai tant désirée. Et puisque toute ma vie de personnels qu'il avait inl' .•ncneiir.
je TOUS aiaimé du fond de mon iime, accordez- Il fut donc condamné à être decupile, el c»n-

moi une seule chose maintenant c'est de vous : duit .sans délai au su|>plicc.
Foir, c'est de jouir lie vous, c'e.st de me repo- Il y avait, cm|irisonni'< dans la même ville,

ser en vous. Prenez-moi, de peur que, retenu cent aulrc^ cbrélieus. Quelque,— uns eLiient
plus lonirlemps dans le siècle, je ne voie les évèques el prêlros; le re,sic. diacres el antres
calamités de naon peuple, la ruine de vos clercs inférieurs. On lestil tous sorti r au même
églises el de vos autels, la chute des faibbs. instant. I.,e principal juge leur dit ifu'ils |tuu-
^apostasie des lâches, le liiomphe insultant vuienl sauver leur vie en adorant le s<»ieil ;
de vos ennemis. En attendant. Seigneur, tout mais ils ré(>o']dirent d'une voi.v uuanimequ'ils
m*n désir est d'accomplir jusqu'au bout la soulTrir.iienl loute<i sortes de tourments plutôt
charge que vous m'avez conlic e. et de servir que d'outrager le vrai Dieu p.ir une l.icbe
de moilcle à votre peuple, i|ui Inbile l'Orient, apostasie. Les bourreaux se mirent donc en
afin qiif moi qui étais as.~is le premier à votre devoir de les exécuter. Siméon, qu'on rendit
t,.'lo, je sois aussi le premier à mourir pour témoin de leur supplice, dans re>|HTanie iju'il
vutts (iaus Le >y>iubat. Le saint, en parltiul se laisserait peut-àlre ébrasler. les exiiurUiil à
UVRE TRENTE-DEUXIÈME. 119

persévérer dans la confession de la foi, et les piassacrer des chrétiens, depuis la sixièmo
consolail par l'espérance d'une heureuse résur- heure du vendredi saint jusqu'au premier
nx-tioii. Lorsque les c<;iit chrétiens eurent été dim.inrhe après Pâques.
tlécapitcs, Siiiicon reçut aussi la couronne du La nouvelle de l'édit ne se fut par plus tôt
martyre, avec les prêtres Ahdliaicla et Jla- répandue dans les provinces éloignées, que
nanias. les gouverneurs emprisonnèrent ceux qui ado-
Tandis que le deriîier ôtait ses habits, il fut raient le vrai Dieu, dans le dessein de lea
tout à coup saisi d'un trembleirient involon- mettre à mort dès que les ordres du prince
taire, l'husikius, créé depuis pou intendant des seraient parvenus jusqu'à eu.\. A peine
travaux du roi, s'en apci^utet lui dit Rassu- : les eurent-ils reçus que, sans autres forme.i
r.z-vous, Hananias iérnioz les yeux, et dans
; de procès, tous ceux qui se dirent chrétiens fu-
un moment vous verrez la divine lumière du ient inhumainement égorgés. Parmi les fidèles
Cluist. Aussitôt IMiusikius l'ut amené devant dont ic! sang coula pour Ji'-sus-l^haisl, était un
le roi piiur y rendre compte de ce qu'il venait eiiniqne ciieii du roi, et qui se nommait.\z;ide.
de dire. Sapor lui reprocha d'être iusensibU; à Sapor l'ut si vivement touché de sa mort, qu'i'
ses bien laits et d'avoir négligé sa chai'ge pour publia un autre édit, par lequel il restreignail
aller voir mourir quelques misérables, l'husi- la pei'sécutiou aux évéques, aux prêtres, aux
kius répondit Kl mm, je voudrais pouvoir
; moines aux religieuses. 11 y eut en ceth;
et
échanger ma vie contre leur mort. Je renonce occasion une multitude innombrable de mar-
donc à vos honninirs remjdis de troubles et tyrs de tout sexe et de tout âge, dont oq ne
d'inquiétmles. La grâce que je vous demande sait pas les noms. Sozomène en compte sidze
est de m'associer avec ceux dont je viens de mille ; mais un ancien écrivain persan en porte
voir le supplice. Uien ne saurait être plus heu- le nombre jusqu'à deux cent mille (2).
reux que la mort qu'on leur a l'ait soull'rir. Sur ces entrefaites, la reine de Perse tomba
Comment !s'écria le roi, tu préfères la mort dangcureusemenl malade. Les Juifs, qui
a ta dignité '/ 11 faut donc que lu sois extiava- avaient toute sa confiance, lui persuadèrent
gani. Je u'extra vague pas, réphqua l'hisikius, que sa maladie venait d'un sortilège employé
mais je suis chretieu ; et voila pourquoi la par les sœurs du bienheureux Siméon, pour
mort, jointe a une terme espéranc.e en Dieu, venger la mort de leur frère. On se saisit aussitôt
uje puiait prelérable à tous les honneurs. Le de la vierge Tharba, uon qui signifie i'aes-
ri(i, furieux, ordonna ([u'ou lui fil soull'rir un cence, el de sa sœur, qui, étant ucvenue veuve,
genre de mort extraordinaire. Les bourreaux s'était engagée par vieu à passer le reste de sa
lui percèrent le cou el lui arrachèrent la lan- vie dans la continence. La servante de Tharba,
gue. 11 expira daus celle horrible torlm-e. 11 qui était vierge aussi, fut ègalemefil arrêtée.
avait une lide qui avait cou.sacie à Dieu sa vir- On les conduisit toutes les trois devant les
giniié. Elle fui également arrêtée el condam- juges, où elles furent accusées d'f voir rendu
née a mort. la reine malade par leurs enchaatements. A
Saml Siméon souffrit, ainsi que ses compa- quoi bon, répondit Tharba, nous accuser de
gnou3, le v.udredi saint, 17 avril 341. Saint choses ijui n'ont aucun rapport avec la sain-
Marulhas, eveque de Mésopotamie, transfera teté de notre profession c;ir rien n'est plus
'/

ses reliques dans sa ville episciqtale, qui prit éloigné de la religion chrélii.'nue que le crime
de la le uom de Martyioi)olis, au lieu de l'agrit dont vous parlez. Une si vous avez soif de
qu'elle porl.iilauiiaravant. Le même Alarutlias notre sang, conteulez votre soif. Si c'est votre
a composé les actes des martyrs qui sonll'ri- plaiï.ir de mettre notre corps en pièces comme
reul dans la persécution de Sapor, laquelle vous faites chaque jour aux chrétiens, nous
dura quarante aus (1). sommes clirelieiincs, nous mourrons chrétien-
Le jDiir mémo que le saint archevêque de nes, el jamais nous ue cesserons de professer
l'iTsu lempuria la couronne du martyre avec la religion chrétienne car il nous est prescrit
;

se.i compagnons, savoir le vi.'iidredi suiiit 3 il, d'adorer un seul Dieu, de ne lui rien égaler
Supiir publia un sanglant edit, qui condain- de ce qu'il y a au ciel et sur la terre, et, ijuaut
u.iii a mort tous les chrétiens qui ne renonce- aux enchiuileurs, de les punir de mort par
raient pas a leur religion. Ou ne voyait de l'autorité publique. Et comme l'on disait que
toutes puits ({ue des instruments de supplices, c'était un moyen employé [lar la vengeance,
les hileies loinde trahir leur foi, volaient gé- la sainte ajouta: Quelle raison ponviuns-nous
néreusement à la mort, el les bourreaux, avoir d'ollèiiser Dieu aussi g; ieveiiient, pour
fatigues, s'avouèrent plus «l'une fois vaincus venger la mort lie notre frère'? car on ne lui ".
par lu patience de leurs victimes. La croix, rien luit qui doive nous aflligcr. Vous, vous
dit saint Muruthas, geimasurles ruisseaux de l'avez tué par haine et par envie; mais lui ne
sang. La vue de ce sigue >alutane ht tressaillir cesse pas de vivre, ayant la vie immorlel -.

de joie la sainte li'ou[ie des lideles elle les : dens le royaume celesle, qui penira le votn-,
remplit d'un nouveau courage, qu'ils inspirè- si ferme ([u'il soit, el vous renversera de Nolri!
rent aux autres. Kuivres des eaux fecoiidi;s domination. Apres cel interrogatoire, les Irois
du divin aiiiiiur, ils unfuiiléi eut une race spiri- saintes fiirenl menées en prison.
tuelle digne de leur succéder. Un ne ic.^sa de Cummc iharba était d'une rare beauté, H>9

(1) Àdu UM., p. 10. - (ï) iM*., f. 42 M Mil.


» HISTOIRE UNIVERSELLE DE I/EOLISE CATnOI.TQnB
trois jugesavaicnt conçu pour elle, dès le premier tiles par leur constance, tous les moyen? qu'on
aspect, une passion violente. Chacun à l'insu employa au soleil. Lia
[>our les faire sacrifier
des autres, songeait au moyen de la gagner. (ronb'sseursne cessaient de louer le Sei-
Baiiits
Le président lui tit dire le lendemain iju'il lui gneur dans leur prison.
obtiendrait du roi la liberté, ainsi que celle Au commencement de l'année (les Cbal-
de ses sœurs, pourvu qu'elle lui prurait de déens la commencent encore aujourd'hui le
l'épouser. Misérable, lais-toi! réjjondit la 1" octobre), Hormisda faisait des préparatifs
vierge avec horreur je suis l'épouse du
: pour une grande cha.sse de bètes fauves.
Christ; je lui ai consacré ma virginili'; et je la Comme il s'en réjouissait beaucoup, il se fit

lui garderai sans tache. Loin de craindre la amener martyrs enchaînés pour leur
les trois
mort, je la regarde comme la fin de mes faire leur prorès. Il était d'un naturel hautain
maux. En me faisant (lispamitie de ce monde, et superbe. S'adrcssant donc à saint Milles :
elle me réunira à mon Irère dans le repos Qui es-tu, toi? demanda-t-il en ricanant un ;

éternel. Ses deux autre? juges lui ayant tiiit Dieu ou un homme? quelle est ta religion,
<es mêmes propositions, ils en reçurent la quels sont ses dogmes? Développe-nous la
même réponse. sagesse de ton àme. pour que nous devenions
Alors ils les condamnèrent toutes les trois tes disciples autrement, si tu continues à nous
;

comme coupables de sortilège, ils portèrent cacher ta secte, sois bien sûr que lu seras tué
l'atl'airc au roi, et lui dirent que le crime était sur-le-champ comme ces bêle-;. Le saint, qui
prouvé. Mais le prince n'en voulut rien croire; ne méconnaissait pas l'intention de c-s pa-
il ordonna même qu'on leur laissât la vie et roles, répondit tranquillrmeni Je sui> homme
:

qu'on les mît en liberté si elles consent.-iienl à et non pas dieu du reste, je ne mêlerai cer-
;

adorer le soleil. Elles s'y refusèrent en disant : tainement pas à vos badinages les mystères
Non, jamais nous ne rendrons à la créature de la vraie religion. Cependint je vous dirai
l'honneur qui n'est dû qu'à Dieu. Les mages avec franchise .Malheur à toi, tyran impie
; I

s'écrièrent alors tout d'une voix Périssent : malheur à à tes semblables, qui repous-
toi et
ces malheureuses, dont les enchantements ont sez la religion et Dieu ! car Dieu vous jugera
ravi la santé à la reine? dans le siècle à venir, et, vous condamnant
Le roi permit alors aux mages de les con- aux feux et aux ténèbres qui vous attendent,
damner au supplice qu'ils jugeraient à propos. il changera votre orgueil en pleurs éternils,

Ils ordonnèrent qu'on sciât leurs corps en parce que, comblés de ses bienfaits, vous vous
deux et qu'on les rangeât ensuite sur deux élevez contre lui avec insolence, au lieu de
lignes, alin que la reine pût passer au milieu, vous montrer reconnaissants. A ces mots, lo
ajoutant que par là elle recouvrerait la santé. gouverneur s'élance de son «iége et lui e«-
Lorsque tte sentence eut été prononcée, le
c, i'once un poignard dans le coté; .Narsêî, frère
principal juge, qui avait proposé à Tharba de d'Hoimisda, lui perce aussi d'un coup de poi-
l'épouser, revint encore à la charge et lui fit gnard le coté opposé. Le saint évêquc mourut
promettre la liberté avec la vie, en cas qu'elle peu de temps après en leur prédjsanl
voulut s»* rejidre à ses désirs. Mais la chaste que le lendemain ils se tueraient eux-
vierge, ^^lisie d'indignation, ne put s'empê- mêmes l'un l'auice. Abrosime et Sina fu-
cher de lUi répondre le plus impudent des
: rent conduits sur le haut de deux collines qui
hommes jusqu'à quand vous occuperez-vous
! se regardaient, et les soldats les lapidèrent.
d'une telle pensée? Mourir courageusement Ce lendemain, les deux frères, qui étaient
est pour moi une vraie vie mais une vie
; excellents chasseurs, poursuivant de deux
achetée par l'infamie me serait mille fois plus côtés opposés un cerf qui venait d'échapj>er,
insupportable que la mort. lui ilécochèrent au passage leurs flivhcj, qui
Qunnd les saintes furent arrivées au lieu du les atteignirent eux-mêmes et les tuèrent toi»
supplice, on les attacha à deux poteaux, puis les deux à l'heure mêmeoù la veille ils avaii-ut
on les scia par le milieu du corps. On coupa tué saint .Miles. Leurs corps restèrent sur la
ensuite chaque moitié en six, et Von jeta tous place jusqu'à ce que les bêtes et les oiseaux de
les morceaux dans autant de paniers qui furent pioie en eussent dévoré les chairs. Car c'est
suspendus à des pieu.x sur deux rangs. La ainsi <]ue les anciens Perses ensevelissaient
reine, conduite par les mages, passa au mi- leurs morts. Les Perses chrétiens cnlerrai<'nt
lieu de ces lambeaux sanglants, et, après elle, les leurs comme les chrétiens des autres pay>.
toute l'armée (1). C'était le 3 mai 3il. Les corps des trois martyrs, qui souffrirent
L'évcque de Suse, saint Milles, qui conti- le ." de novembre, lurent portés -.u château de
nuait à faire des miracles et des conversions Mal m et déposés dans un tombeau qu'on
dans sou pays natal, fut lui-même arrêté par leur avait préparé. Les habitants du pays se
Hormisda, gouverneur de la province. Ses crurent redevables à leur protection de ce
deux disciples, le prêtre Abrosime et le diacre qu'ils ne furent plus exposés dans la suite aux
Sina, eurent le même sort. On les chargea de incursions des .\rabes sabéens {i).
fhaines (ous trois et on les C(U)duisit dans la Vers le même temps où le saint évèque d«
capitale de la salranie. Ils soulfrir^'Ul deux Suse remporta la couronne du martyre, on
fois une cruelle Ûagellatioo, et rendirent iuu- dénonça barsabias, abbc d'un monasiiTd tu

l\)Aet, UM. Q^itnt.,t'H. —(2) liitir,


f. tê.
LrVhK ÏRENTa-DEUXIÈMS. 12!

Perse. Il était accusé de vouloir abolir la reli- jamais. Il se cacha d'abord avec une partie
gion des mages. On l'arrêta donc, ainsi ([no de son clergé, non par crainte de la mort,
les dix moines qu'il gouvernait. Us furent mais pour attendre que Dieu lui fît connaitre
tous chargés de chaînes et conduits dans la sa volonté d'une manière plus spéciale. Il ne
ville d'Astrahara, près des ruines de Persé- laissa pas de pourvoir secrètement aux be-
polis, oi\ le gouverneur faisait sa résidence. soins de son troupeau, et d'exhorter les fidè-
Ce juge inhumain inventa les supplices les les à confesser généreusement Jésus-Christ.
plus cruels pour les tourmenter. Il leur fil Ayant eu une vision dans le lieu de sa re-
écraser les genoux, casser les jambes, couper traite, il assembla ses prêtres et ses diacres
les bras, les côtés et les oreilles on les frappa ; pour leur faire part de ce qui lui était arrivé.
ensuite rudement sur les yeux et sur le visage. J'ai vu en songe, leur dit-il, une échelle tout
Enfin le gouverneur, furieux de se voir vaincu environnée de lumière, dont le sommet tou-
pui' leur courage, les condamna à être déia- chait an ciel. Saint Siméon, brillant de gloire,
pités.Les martyrs allèrent avec joie au lieu y était appuyé. M'ayant aperçu, au bas de
de l'exécution en chantant des hymnes el des l'échelle, il m'a appelé d'un air riant Mon- :

psaumes à la gloire du Seigneur. Ils étaient tez, Sciadust, m'a-t-il dit, montez et ne crai-
enviionnés d'une troupe de soldats et de bour- gnez rien. Je montai hier, c'est votre tour de
reaux une multitude innombrable dépeuple
;
monter aujourd'hui ce qui me paraît signi-
;

les suivait aussi. fier que, comme mon saint prédécesseur en-
I.e saint abbé demandait à Dieu de voir dura la mort l'année dernière, je dois la souf-
aller dans le ciel avant lui les âmes qui avaient frir i-ette année. Il exhorta ensuite son clergé
été confiées à ses soins, et sa prière fut exau- à pratiquer toutes sortes de bonnes œuvres et
cée. Lorsqu'on commençait l'exécution, uu à faire un saint usage du temps, alin que, si
mage qui passait avec sa femme, ses deux en- la mort ?e présentait, ils pussent la recevoir
tants et plusieurs domestiques, s'arrêta en en vrais disciples du Christ, et dans l'espé-
voyant le peuple attroupé. Il fend la presse rance d'avoir part à l'héritage céleste.
et s'avance pour être instruit de ce qui se pas- Le roi Sapor étant venu à Séleucie dans la
sait. 11 aperçoit le saint abbé qui paraissait seconde année de la persécution, le saint évè-
ii'mjili de jdie, qui chantait les louanges de que fut arrêté avec une grande partie de son
Mien et <]ui prenait chacun de ses moines clergé, quelques ecclésiastiques de son voisi-
par la main comme pour les présenter an nage les moines et les religieuses de son
bouiTeau. Il lui semble voir une croix lumi- église ce qui faisait en tout cent vingt-huit
;

neuse sur les corps des martyrs déjà consom- personnes. On les conduisit en prison, où ils
més Frappt- de ce prodige et changé soudain,
. souffrirent des maux incroyables durant l'es-
il descend de cheval, change d'habit avec le pace de cinq mois entiers. Ou les en tira trois
domestique .qui l'avait suivi; puis, s'appro- fois pour les étendre sur le chevalet. On leur
ciiant de Bar-abias, il lui raconte tout et le liait les jambes avec des cordes qu'on serrait
prie de le recevoir au nombre de ses disci- si fortement, qu'on entendait craquer leurs
ples. L'abbi- y consent il le prend par la
; os. Ce qu'on voulait d'eux, c'était qu'ils ado-
main, aprèb le neuvième, et le présente au rassent le soleil, lis s'y refusèrent constam-
bourreau, ipii lui coupe la tète sans le con- ment et marchèrent enfin au supplice ea
naitre. Harsabias, le père de tous ces martyrs, chantant des hymnes et des cantiques ce qui :

fut décapité le dernier. Les corps de ces douze arriva le 8 février 3-42 (2).
saints furent abandonnés à la voracité des Deux ans après le martyre de saint Milles,
bètes et des oiseaux de proie mais on porta
; le prêtre Daniel et la vierge sainte Verda,
leurs tètes dans la ville et on les suspendit c'est-à-dire Rose, furent arrêtés par l'ordre
ilans le temple de Nahitis ou d(! Vénus; car, du gouverneur de la province des Razichéens.
inoiqne les mages eussent en horreur toutes Ils souffrirent pendant trois mois les tortures
liit idoles, il y avait cependant plnsieurs sec- les plus cruelles. Entre autres supplices, oa
tes d'idolâtres en diflëientes contrées de la leur perça les pieds, qu'on tint cinq jours do
Perse. L'exemple du mage converti toucha suite dans de l'eau gelée. Rien n'étant caiiablu
vivement sa famille, et elle se fit chrétienne d'ébranler leur constance, le gouverneur les
ainsi qu'un grand nombre d'autres per- condamna à jierdre la tète ce qui fut exécuté
:

.«onnes. Ces martyrs souffrirent le 3 de juin le 21 février 3 'ti (3).


342 (1). La même année, le roi Sapor, étant à Sé-
Trois mois après le martyre de saint Siméon, leucie, lit airèterdans le voisinage, cent vingt
évèque d<! Séleucie et de Ctésiphon, on lui chrétiens, parmi lesquels se trouvaient neuf
donna pcnir successeur son neveu saint Sadolh vierges ccuisacrées au Seigneur ; les autres
eu pinlijt Sciadusl. Ce nom veut dire ami du étaient prêtres, diacres et clercs de dillërenta
roi : les Chaldéens l'appellent souvent Jésu- ordres. On les conduisit tous dans des cachots
Du.st, c'est-i\-(iirc ami de Jésus. Cumme nous obscurs el infects, où ils restèrent ju'iciu'à la
l'avons déjà vu, ce saint avait nssisti' au con- fin de l'hiver, c'est-à-dire durant l'espace de
l'i.i' de Nicée, au nom du métropolitain de six mois. Une femme riche et vertueuse do la
l'er-e. La persécutioQ était "^lus violente que ville d'Arbèle, Qommée Ja^dundoole, c'est-

H) Àettt MM. ttititt., p. 03, — (l}/ii(/>, f.ti$— (U t<>»i., p. tQli


m HISTOIRE liNIVERSELLP DU L'fiCIJSB CATIlf)I,iyf'B

à-<lirc ^àf-de-Dieu, se fbarfçea snuli', liu soin mauvais Irailemenls que la cruauté ie^ niagPS
do les nomiii', no vonlunt partager cette fut ca[iable d'imaginer. Onze mois api es no.
bouuc œuvre .-iven pcisonric. Li-s Siiints [iri- le rappela devant le roi avec s<;s com|>agnon^.
sonniers furent souvent aiipliquC^s ;\ di; crucllivs Ils étaient tnirs horriblement di-fi^ures. Il n'y

tortures luais ilsiunt'i'ssi'renl toujours f;t';né-


;
avait aui une (laitie de leurs corps qui ne fftl
reusement Jésus-t^lirist. Jamais, disaient-ils, toute meurtrie de coups, et le mauvais air do
nous n'adorerons le soleil, «jui n'est qu'une la prison avait rendu leurs visages noirs ei
simple créature nous ne soupirons qu'après
;
livides.
ie moment qui, eu lerminanl notre vie, com- Cependant Sapor, persuadé que l'exemple
mencera notre bonlieiu'. de l'évéque serait imité par le clergé, fit de
Jaztlundoiti', ayaul iippris le jour qu'ils nouvelles tentatives poui gagner Barba'^cemin
devaient être exécutes, se rendit, la veille, à à la religion nationale. Il lui -iinit de ric.lieg
la prison, leur lava les pieds et leur donna à présents et lui jiromit une des premières di-
chacun une rolie lilaiiclie. Klle leur lit ensuite gnités de l'empire s'il voulait être initié aux
préparer un ),(raiid l'estin et les se-rvit (^lle- niyîlèresdu soleil. Le saint lui répomlit cons-
mèuie à table. Elle les exliorlait en même lainment cju'il aimait mieux mourir que de
temps à la constance par les pi'omesses qiuî vi(der la loi de Jésus-Urrist, qui ajndamnail
iait l'Evangile aux vrais disciples de .lesus- les apostats à des suppb'kfs éternels. Il fut
Obrist. Une telle conduite surpiit beaucoup décapité avec ses compagnons, le 14 janvier
les confesseurs, et ils en demandèrent iuuli- •lib. à I.,(:dan dans la province des llu-
,

lenient la raison. Le lendemain, Jazdundocle zites (i).


alla les voir; mais ce tut p<jur leur dire que Saint Maruthas, auteur des actes de nos
Jour ne passerait point ipi'ils ne reçi!ss(>nt
l'C saints martyrs, ajoute que Sapor, pour exter-
la couronne du martyre. Elb' les pria «le solli- miner le iKjra chiétien dans tout .«on empire.
citer instamment auprès de Dieu le pardon piddia un nouvel éilit qui ordonnait démettre
de s(!s péchés, afin qu'elle eut le bonheur de à mort tous ceux qui refusaient d'adorer le
leur être réunie dans le royaume céleste. soleil, le l'eu et l'eau, et de manger du .sang
l'eu de temps après, le roi envoya des or- des créatures vivantes. Les chrétiens s'en abs-
dres pour qu'on ext'^înlàl les confesseurs sans tenaient encore, conformément à ce qui avait
délai. On
fil donc soitir île la piison. Jaz-
les été décidé par les.\p6tr-es. Le siège de Sideuiîie
dundocle attendait à la poi'te elle se Jeta
les ;
resta vacant l'espace de vingt années, à causi;
à leurs pieds et leur baisa ies|)eelueus(unent de la per.s('cution. di)nt lei ravages se liivnl
les maius. Les gardes se hâtèrent de le-s con- sentii' dans toutes le.s provinces de la l'erse.
duire au lieu du supidice l^à, l'oflii'ier (|ui l>a multitude des martyrs fut innombrable.
présidait, demanda si quelqu'un d'entre eux !?aint .Maruthas, qui n'avait pu connaître ieur^
voulait sauvei sa vie en adorant le soleil. Ils noms, célébra leur glorieux triomphe dans un
répondirent unanimement ijue la mort n'avait beau pénéi,'yrique, où l'on trouve les senti-
rien d'ellrayaut pour eux, et <pi'ils la préfé- ments de lu dévotion la plus tendre.
raient à une criminelle apostasie. L'oOicier, Nous avons eependanl du même saint les
désespérant de les séduire après nue réponse particuliers de queb|ues martyr^ mis à
ai'tiîs
aussi terme, les condamna à être décapités, mort viTs cette époque. Tels, saint Jucque>,
w eut lieu sur-lechamp. A l'entrée de la
ijui prêtre d'un boursi sur l'Euphrute. et -a ,*<eur
nuit, Ja/ilundoele lit ensevelir leurs corps, Marie, tille de l'alliance, c'est-à-dire, dans le
qui furent entei'res cinq à cinq à une assez langage de l'Orient, viertre coR.s;»crée à Uieu.
grande distance de la ville. Elle avait pris Le gouverneur iNar.^''s Tamsapcr, n'ayant pu
touti s ses |)récaLitions pour n'être (mint dé- leur persuader de manger di: siiug, les lit
couverte par les ma^es. (".es martvrs, mis a déchirer cruellement à (.tiups de fouets. Eux,
mort le 21 avril Ml, étaient de rAdiabene, levant les mains au ciel, pria!e.'<t Uieu de les
dont Arbéle élail la ca()itale. Cette proviniM, .soutenir. Cn que voyant, le gouverneur tit
qui comprenait la plus grande partie de l'an- venir un certain l.iïque, nommé .Mahl>aile,
cienne Assyrie, n'elaU ij;ueie habitée que i»ai- lii>mme di^tingue selon le monde, mai> chré-
des chrétiens (I). tien seulement de nom, puis il lui commanda
Après la mort de saint Sciadusl, sou frère de trancher la tète aux iteux martyrs. Ce que
Barbascemin. neveu comme lui de saint Si- le mis<*rable exécuta le :2i mars .'{40 '3).
méoii, pai leur mère, fut élevé sur le siéjçe Vers le même lemp.-. ou deuunija au même
métropolitain de iSéleucie et de Ctésiphon. gouverneur un ccrLain i'aul, prêtre d'une pe-
Ayant jj;ouvenié sou église six ans, il fut dé- tite ville. Cje qui ilonna lieu à rarcusiilion lu-
noncé comme l'eDDcmi de la rcli^iou persane. rent les riche.ss<'s du prêtre, que les délateurs
Ou l'arrêta avec seize (>eisonnesdeson clergé. disaient immenses, .\nssitot le gouverneur en-
Sapor, qui ne put l'ebrauler pai- ses meuac<-s, voie des satellites qui entourent mai'-KO,
I .

le tit renfermer dans une prison d'où s'exha- jettent le prêtre dans les fers. <; //vreut au
lait une odeur insupportalde. Le saiut eut à pillage et em|iorlent une granilc so'omc d'.ir-
souffrir, dans celte ati'reuse demi.'ure, les ri- geiit trouvée dans un collrc. On arrêta par '»>
gueurs de la faiui et de U soif, avec tous les même occaMoo cinq vierges consacrées à

MM.triml.,,. Mt. - ^ U,d., p. ili. - 1^ H*<i.,p. iXL


. ,

LIVRE TRENTE-DEUXIKMB m
Dieu : Marie, MarlliP, une anl:c Marie,
riit'.rle, changé en loup, hommerapace, vous rava-
et Anna. Elles furent enchaînées comme le gez le bercail! Est-ce là le sacrement qui
prélre, et emmenées dans une forteresse. Paul apaise Dieu, .?! ipie naguère nous recevions
parut le •>remier devant le tribunal de Tam- de tes mains? K-t-re là le sang qui donne la
sapor, .,.nlui dit: Si tu fais ce que le roi or- vie, et que tu olfrais à notre bouche"? Au
donne, si tu adores le soleil et manges du reste, le fer que tu as tiré contre nous va
sang, tu ne perdras rien, et tu recouvreras nous procurer le salut et la vie. Nous allons
aussitôt l'argent qu'on t'a enlevé. Le mal- à Jésus, qui est notre sort et notre héritage.
lieurcux, qui aimait son argent plus que sou Mais toi, tu auras un sort différent; car cet
àme, promit aussitôt tout ce que l'on vou- argent et ces richesses pour lesquels tu es si
drait, et le fit encore plus promptement. Le passionné, jamais tu ne les auras. La peine
gouverneur, qui comptait garder l'argent que tu mérites va fondre sur loi. Mets le com-
jiour lui-même, fut très-fàclié de l'apostasie ble à tes crimes par notre mort. Que tardes-
de Paul. Après y avoir rédéchi ([uelques tu? délivre-nous au plus vite, de peur que
temp-;, il rt'solut de lui commander d'égorger nous ne voyions le funeste spectacle à venir,
de sa main les cinq vierges, persuadé que la lorsque, pendu à une poutre, tu lutteras en
crainte de l'infamie l'empêcherait de le faire, vain contre la corde, et que, dans un alïreux
et (ju'il fournirait aissi un autre préte.Kte de désespoir, lu agiteras dans l'air tes mains et
ne pas lui rendre ce qu'on lui avait pris. ti's pieds, jusqu'à ce que tu tombes au fond de

Les vierges furent amenées au tribunal l'eufer. »


Le gouverneur, d'un air farouche, leur dit : Ces paroles terribles ne firent aucune im-
81 vous n'obtempérez par à l'édit du roi, pression sur l'apostat. Au milieu d'une foule
savoir, de sacrifier au soleil et de vous marier, de monde, qui le traitait d'exécrable bourreau
vous n'échapperez point à la plus cruelle il tire le glaive il
; coupe la tète aux cinq
torture, ni à la peine capitale. Les vierges lui vierges, sans aucune émotion, sans aucun
répondirent à haute voix C'est en vain, or-
: tremblement, comme aurait fait le, plus ha-
gueilleux *yran, que tu n.-'us épouvantes ou bile exi!cuteur. C'était le 6 juin 350. Il n'y
nous flattes. Que ne fais-tu au plus vile ce gagna rien ; car cette nuit-là même il l'ut
qui t'est commandé? Jamais nous n'aban- étranglé par ordre du gouverneur, qui crai-
donnerons Dieu, notre Créateur, pour suivre gnait qu'il n'en appelât au roi pour ravoir
tes conseils. Le gouverneur les lit battre à son argent (t).
coups de verges chacune en reçjut cent coups,
: Dans la persécution de Sapor, on voit quel-
et avec tant de courage, que, le corps tout que chose de plus satanique que dans les per-
déchiré, elles criaient tout haut; Jamais nous sécutions des Romains, c'est de contraindre
ne préférerons le soleil à Dieu ; jamais nous les ouailles à devenir les bourreaux des pas-
ne serons assez folles pour adorer avec vous teurs, et les pasteurs des ouailles. Du reste,
la créature au lieu du Créateur. Aus.sitôt le chez les Perses comme chez les Romains, le
gouverneur prononce la senleuce de mort, et motif principal de persécuter, c'est l'idolâtrie
en commet l'exécution au prélre apostat, en polilicjue. Sapor se dit issu des dieux et se fait
ces termes Or çà, si tu égcjrges ces vierges
: ailorer avec le soleil. L'adoration du sol 'il
de ta main, je te promets qu'on te resliluera seul revenait au même. Comme le roi de
tout. Perse s'intitulait frère du soleil, cousin delà
Le nouveau Judas se montra encore plus lune et camarade des étoiles, adorer le soleil
cruelle que l'ancien. 11 saisit le glaive nu et ou la lune, c'était adorer iini>licitement leur
s'avauce contre les vierges saintes. Elles frère et cousin. On voit enfin, dans ces actes
étaient ses ouailles, ses parobsienncs; elles des martyrs, aussi bien que dans Xériophon,
avaient servi comme diaconesses, comme (juc si les Perses n'ailorai.'nt [las d'idoles pro-
chautuuscs dans son église. Quand donc elles pii.-ineiit dites, c'esl-à-dirc des images taillées,
l'apperi^urent avec le glaive du bourreau, elles ou de fonte, ils n'en étaient pas moins idolà-
lui lireut ces reproches: « Lâcliepasleur, c'est tnvs. eu ce qu'ils adoiaieril des créalui-es,
ainsi que vous vous jetez sur voire trou pi;au, et comme le soleil, le feu, à la ^ç<'. du Créa-
que vous •s-orgez vos brebLs ! C'est ainsi que, teur I

V) Jf'a Uart. arienl.. p. 123.


DISSERTATION SÏJÏl LE LIVRE TRENTE-DEUXIÈME

DU CONCILE DE SARDIQUE ET SIL PST VRAI QU IL INTRODUIT LE DROIT


D'APPEL AU SAINT-SIÈGE

Le conciledeSardi(iuesetinten3i7. Le pape parmi les Romains, ajouté aux quatre concilei


Jules I" l'oyant qu'il ne pi)uvait contenir œcuméniques, cela vint de ce que le concile di!
raudace des eusébiens, ordonna la tenue de Sardique était regardé comme une annexe du
ce concile et obtint, des empi'rours Constant et concile de Nicée, ou plutôt de ce que, comptant
Constanci!, qu'il fut célclirc à Saidiijue, ville les conciles qui doivent être reçus comme les
métropolitaine de la Dacic. Le jiain' Jules ne Evangiles, on croyait ne devoir atlrib::er cet
présida pas en personne mais il lionna, de
; honneur qu'à ceux qui ont défendu la toi
son absence, une bonnét(;et nécessaire excuse, catholique en condamnant quelques parlicu-
« comme porte la première lettre synodale. » A lières hérésies. C'est ainsi qu'onacilé le concile
sa place cependant, il voulut ((ue le concile fut de Nicée qui proscrivit .-Vrius; le concile de
présidé par Osius, évéque de Cordoue, par Constantinople, contre .Macédonius; le con-
Arcliidame et Philosème, prêtres de l'Eglise cile d'Ephèse, cotatre Victorien; le concile de
de Rome, et par Léon, diacre de la même Chalcédoine, contre Eutychês. Quant au con-
Eglise. Ces quatre pcrsounatces furent les vrais cile de Sardique. qui n'exerça son autorité que
Î)résidents 'du concile. Ce point est établi par contre le reste de l'arianisme, sans écraser
a troisième lettre synodale, par le contexte une hérésie distincte, on ne crut pas devoir
de presque tous les canons et par la suscription lui donner une mention spéciale, mais on le
des évèques du synode et cela est vrai surtout
; regar<la comme un ap|)eudice du concile de
pour Osius. C'est ce que prouve encore, pour Nicée, ce qui n'est pas, tant s'en faut, une
ne point parler d'autre monument, la relation raison pour ne pas le compter au nombre des
du concile de Cbalcédoiue à l'empereur .Mar- conciles oecuméniques. »
cien a Parmi ceux qui se réunirent à Sardi-
: Kn ce qui regarde le nombre des évèques
que, contre les restes d'Àjius, Osius fut le qui assistèrent à ce concile, les érudits, déter-
premier a donner son avis. » minés par de graves arguments, estiment
On ne peut mettre en doute rn>cuménicité qu'il y avait soixante-seize euséliiens d'Oi ient
du concile deSardiijue. il est certain que tous et quatre-vingt dix- sept catholiques. Ce chif-
les èvèques de la catholicité y furent invités ;
fre s'accorde parlaitemenl avec le témoignage
ils .s'y rendirent, portèrent des décrets avec d'Athanasc dans son Histuirede C.\ rianisme: "Oa
les légats du Pontife romain et formèrent convient, dit-il, qu'il y avait, à Sardiipie, tant
ain^iun concile général. Les évè(|ues ariens d'Orient que d'Occident, soit un peu plus soit
qui abandonnèrent Sardiquc pour se retirer à un peu moins, cent-soixante-dix évèques. d
Phililipopolis, ne purent empêcher l'autorité de Les canons publiés à Sardique sont au nom-
ce concile. Aussi les anciens auteurs l'out-ils bre de vingt ou de vingt et un. Parmi ces
appelé le grand concile, le concile formé des canons, les plus célèbres sont ceux qui traitent
évequcs de toute la chrétienté. des appels du jugement de chaque évoque au
Les décrets de ce concile furent rei;us non- jugement du Saint-Siéi;e. On a voulu voir,
seulement des Occidentaux, mais des Orien- dans ces canons, l'origine du droit dont jouit
taux qui, dans le cours du iv siècJelcs ratta- le Pontife Romain de recevoir appel du ju;:e-
chèrent aux décrets du concile de Nioée. Nous ment <ics cvètjues: telle est, en particulier
nous servirons ici des paroles des frères l'opinion de Pierre de Marca { 2). de Quesnel (3),
Pierre et Jérôme Ballcrini (1) pour montrer de Dupuis (4) et de Fehronius. Cette opi-
que le concile de Sardique doit être, sous nion a été savamment réfutée par Noèl .Alexan-
son nom propre, compté parmi les conciles dre (ô), par les frères Ballerini (i">) et ar Zac-
;

œcuméniques: «Que si, disent-ils, ce con- caria (7). Or, il est facile de montrer que
cile ne fut pas, jusqu'à présent, même ce pouvoir de recevoir les papes n'» pas

(1) Jérôme et Pierre Balleiini, ch. vi\, n. 6. Première partie de leur dissertation «ur '
< .-.r; -
/i>--
Unns de canons niant Gralien. -• (2) Pierre Msr.-a. De la cmcorrie
S'Vtnloce tt rf-
liu Vil. —
f3) Qiiesnel, 5* diss. sur les Œuvigs île saini l.ijon. —
t4) Diipuis. V
•h-.!-, sur i'A- •
ii »f A
— —
i

rUgitse. (5) Noël Alexandre -29' diâsortatioa de son Uni. ecirUf, iv -iècl». (6i Balianni. (Kmwh ^
Mgit Uan, tome II. —
\J) £acoar,a| aiii/ïtroninr) liv, lU, parti B| «ki Wi
DISSEPTATION SUR LE LIVKB TRENTC-D-ÎUXIEME. m
été établi par décret d'anciens canons,
le puisqu'il est statué que les juges doivent
mais qu'il est propre au Pontife Romain écrire à l'évèque de Rome, non celui qui au-
Dar rinstitution de la primauté. Les Pontifes rait été condamné.
Romainsayant,par le droit divin de leur ins- En outre, il e>t certain que dans ce canon
titution, dans toute l'Eglise, la primauté seulement, a été employée par les pères, U
l'honneu" et de puissance, ont, par là même, formule Honorons la mémoire de saint Pierre,
:

de droit t e recevoir, de toute l'Eglise, appel apôtre. Là où n'intervenait pas expressément


contre les jugements ecclésiastiques. Ce pou- l'aïqiel au Saint-Siège, le nouveau jugement
voir souverain dans l'Eglise, reçu de Jésus- que l'on demandait, était ordinairement rendu
CLrist, /ait qu'ils jouissL-nt du droit d'appel I>ar les évèques voisins, comme le [trouve le
dans le.s causes ecclésiastiques, qu'ils reçoivent xiV canon du Concile d'Antioche et d'autres
les appels de tous ceux qui n'acceptent point la témoignages. L'autorité apostolique n'était
sentence des juges inférieurs :double droit qui point nécessaire en ce cas. Lorsque les pères
tient à ce que le Pontife Romain estlesouve- de Sardique, non en vertu d'un droit coercitif,
rain supérieur de tous les juges ecclésiastiques. mais par déférence pour le Saint-Siège, or-
Pour prouver que la nouveauté de ce droit donnent d'observer cette procédure, ils pa-
a été introduite par les canons du concile de raissent avoir employé cette formule, afin de
Sardique, Fébronius prétend tirer un argu- relever par là l'aut'irité et l'honneur de la
ment des paroles du troisième canon, m Si chaire apostolique, (|ue les eusébiens s'efl'or-
quelque évoque, est-il dit, a été jugé dans çaicnt de rabaisser. En agissant ainsi, ils te-
quelque cause et croit sa cause assez bonne naient com|itu de la primauté du Pape. Certes,
pour qu'on l'examine à nouveau, s'il vous pbiit les pères du Copciie n'auraient point déféré
honorons lamémoive de Saint Pierre A fjôtre, aiin cet honneur au siège romain s'ils eussent ,

qu'il juge si l'on doit réitérer l'examen, et. s'il pensé qu'il n'ava't aucun droit en matière
le croit bon, donne des juges. Si, au contraire, d'appel (droit qu'ils reconnurent assez dans
il pense que la cause a été bien jugée, qu'il les canons suivants); mais parce que, dans
est inutile de revenir sur ce qui a été fait, cette circonstance, les juges étaient fournis
l'atl'aire sera terminée. Cela vous plait-il à par les provinces voisines ils crurent qu'ils
,

tous? Le concile répondit: cela nous plait.» devaient être nommés par le Souverain Pon-
Sur c" canon voiti comment raiso'ine Fé- tife, à cause de la juridiction que la primauté
bronius (1): «Qu'il s'agisse, dit il, d'iutroduire \li\ donne sur toutes les provinces de l'Eglise,
ici (]uclque chose de nouveau, c'est ce que mon- plutôt que }tar le métropolitain qui, par lui-
trent les paroles d'Osius : S'il plaît à votre même n'avait aucun droit sur les évèques de
dilection, honorons la miinoire de Pier^'e.' quand
'
il la province voisine.
propose, si cela plait aux pères, d'iionorer la mé- Au suiplus, dans les canons suivants, où
moire du B. Pierre, il désire qu'on défère cet l'on traitait de l'appel proprement dit au Saint*
honneur au Pontil'e Romain, non qu'on con- Siège, ils s'al)Slinrcnt de cette foi'mnle, parce
serve au Saint-Siège un droit préexistant. qu'il ne s'agissait pas seulement d'honneur,
Osius ajoute: S'il parait bon à votre charité: mais parce qu'ils défenilaieut le droit [iropre
c'est-à-dire si ma proposition et mon conseil du Siège Apostolique. Les paroles de ce canon :

vous sourient, honorons la mémoire de l'ierre. Si voliis placct : ne sont pas les paroles
Ces paroles ne peuvent se rapporter à la d'homme-; hésitants et indécis; c'est une for-
primauté de Pierre ni à quelque droit qui lui mule commune, comme le montrent les antres
ap[)artiennent en propre, car ces choses-là ne canons qui rem[iloient, même lorsqu'ils dé-
dépendaient point de l'arbitrage du synode; terminent des lois certaines et très-justes, et
par conséquent elles tou(;hcnt à (lucliuc privi- n'ailmettent par conséciucnt ni incei-liliidc ni
lège spécial, que les pères voulaient ailjuger crainte. Ces observations que nous imuiuuu-
au succ(;sseur de Saint i'ierre, dans la cause tons aux Ballerini dans leur réfutation de
en débat, savoir, pour contenir l'audace des Qiiesnel, montrent rine|itie de Fébrniiiiis qui
héréliijueset ne pas permettre que leurs artifi- pense trouver là une preuve [lour établir que
ces ou leurs ruses lissent avorter les jugements le concile de Sardique a introduit le droit
de l'Kglise. » d'appel au Saint-Sii'ge.
Ce que dit là Fébronius ne prouve eu aucune Les canons de Sardique, où il est vraiment
ffiaruere re ([u'il [iri'tend, à savoir, que le droit cl proprement question île Tappel au' Pontife
de recevoir iiqjcl a été concédé au Souverain- romain, sont le i|ualriéme et le septième dans
Pontife par (es canons du concile du Sardique. la collection latine; le qualriènie cl le cin-
lîien plus, 'oulc cette argumentation de Fé- quième dans la collection grecque. C'est pour-
bronius. tirée des pnroles: S'il vous plait, ho- quoi le |iape Zozime , dans le Commonitotrt
norons lu mémoire du If l'ierre, repose, comme
. qu'il remit, en à ses légats en Afrique,
-118,
l'observe Zaecaria, sur une fausse supposition. (lans l'aH'aire d'Apiarius , Ktrsqu'il voulut
Dans ce canon, en efl'ot, il s'agit de la simple prouver que l'appel avait été confirmé par le
demande d'un nonvcau ju:.;cmcnt, sans aii|icl concile iie Sardique n'invoqua pas le troi-
,

au Ponlifc iîomain; et non d'un a[H)cl |)n)[irc- sième, canon du concile de Saidique, maii U
ment dit, qui n'est pas même meutiouué. septième et le ainifuième.

(t) Febrouiui^ cti. vi, m. I-A.


fie mSTOFRE UNIVERSELLE DE LÊr,r,TSE CATHOLIQtjB
Le quatrième cannn est conçu eu ce> termes : Sardiipie, sont, par le seul exposé de ces ca-
« L'évèquc Gauilcnce dit S'il vous i>i;iit, nous
: nons, irès-évidemment convaincus d'erreur et
ajoulcrous à lu «b'tjsion que vcius iivez |i(iilt'C 'le fausseté. Dn jiourrail d'ailleurs établir ipie
avec beaucoup (le safl;csse lors.ju'un ovi-que
; le< Ponlire- rrtin.iins, dans Ip-; temps antérieurs
aura été déposé par li; Jufîi'ineul des évi-qucs et dès |fs premiers siérles de l'Kgli'e, ont
voisins et aura iféciarf' qu'il veut traiter sou joué, par ledroit propre delà primauté, de la
all'aire dans la ville de Uoine, un autre évèque faculté de recevoir les appels «l de juger, à
ne sera pas ordonné pour la caliirdrale de Home, les décisirtns des concile».
l'évèque qui parait di-posé, à moins ipie l'af- Le im-me exposé des canons dc^'ouvre mani-
faire n'ait été l(.'rminée par li; jugement de festement combien s'éloignent de la vi-rilé,
l'évèque de Home. » i'ar ce canon, comme on Marca, Fébrouius et les autres, lorîqa'ils pen-
le voit, il est décidé .(Ue l'on ne peut mettre sent qu'il s'agit, dans ces canon», Tie dècern(T
personne à la place d'uu évéqucqui a été con- au souverain Pontife, le droit d(3 reconnaitro
damné par les évéques de sa [irovince, qui a les jugements, mais non d'uu droit propre de
vu ensuite sa déposition cotdirmée par les connaître par lui-mèm-!, de cliaijue ju;;eujeijl
évéques que le Saint-SiéLtc lui a iloiiiié pour ec^'lésiasli'pie. dont il est fuit appid à son tri-
jut;i'set qui en appelli' au l'outil'e romain pour bunal. I)e Marca (1), dit que, dans ces caunns,
que son a liai rc soit lerminéi; par le jugement il a été sim|ilen;eiil décidé (jue si l'évèijiie c<tn-

(lu Saint-Sicsc. Lt voilà ce qui est d('cidé pour damné en a|ipelle au Pape, il doit étr.- au
ces appi'ls au Poutiî'e romain, après les sen- pouvoir du i'ape de répéter l'appel el, pir le
tences des premiers et des deuxièuies juges. fait, de conlirmer la sentence des évéques de
Ce qui est (lôc.ri'té dans les canons v et vil, la province, afin (jue ceux-ci en connai.—ent,
rcLçanle l'appel au Pape, seulcmi'nt ajirès le en présence du légat du Pape, (juand le Pajie
premier jugement des évèijues. L'évèque
<( aura cru devoir en envoyer un. L'opinion de
Osius dit : 11 vous plait que, si les évéques Ouesuel, assez semblable a celle île .Marca, a
de sa paroisse l'ont diiclui de sa dinriilé. et que et ' n'futée par les H.dierini.
le déposé en ap[)elle, se conlie a l'évèque de Fébronius (2) ajoute : « Par ces canons,
1 tlslise romaine et veuille en être entendu; on n'accorde pas l'appel au Pontife romain,
s'il pense juste qu'on renouvelle son .juge- el on ne lui défère pas le pouvoir de juger
ment ou Texameu de sa cause et daii^nc écrire définitivement dans la cause de l'évèque con-
aux évéques de la province voisine pour qu'ils damné dans sa province, mais on lui con-
recherchent diliijemment toutes choses et dé- fère seulement une «ertaiin; auloril* pour dé-
Jinissent selon l'exacte vérité : que si celui cider la révision. Cela est tellement vr.ii, i\uo
(jui demande une nouvelle entente de sa cause, le Pape n'a ptis obtenu par le Concile de S.ir-
a obtenu par sa prière, que révè([ue de Rome di(iue, le droit de définir la caus^ à Itome,
envoie un prêtre à lateie, il sera au pouvoir de qu on lui accorde tout au plus le droit d'en-
l'évèque, ce qu'il voudra et ce iju'il jugera, voyer un légat au second jugement qui se
tl s'il décide qu'il faut envoyer des hommes doit rendre dans la province, tandis que ce
(jui, présents, jugent avec les évéques, ayant jugement de révision ap|;artieiit aux mémea
l'autorité de celui i[ui les a envoyés, cela dé- évéques do la province, qui ont primili\emcnt
liendra de son arbitrage. Si, au contraire, il jugé Hiiicmar observi; que tel est lecaraclèr'i
:

croit que les évéques suffisent pour terminer de l'intervention poutilicale. »


l'affaire, il fera ce qu'il aura jugé suivant son Quoi ipie prèteudent Fébronius et consorts,
très-sage conseil. » [»our qui lit ce canon, on l'exposition des canons accuse pérempl<jirc-
voit cpi'i' \c. dit rien autre et «pie les pères de ment leur erreur. En premier lieu, il est
Sardiijut, en le dressant, n'ont rien fait que certain (juc, dans les canons vu et v, il n'est
de déterminer le mode d'appel, après le pre- question que des évéïiues de la province
mier jugement, de telle sorte qu'on remet en- voisine, >\iii ont jugé, lors<pie d'abord l'évè-
tièrement l'affaire à la décision du souverain que, dont la cause est en litige, a été condam-
Pontife. né. Au canon iv, il est uniquement <]uestion
Dans ces deux canons, il n'y a donc rien des évéques de la province voisine el de la
qui insinue la nouveauté du droit, puisque le sentence portée par leur tribunal contre quel-
quatrième n'accorde pas la faculté d'interpo- que prélat. Eidiu le canon m
porte que le
ser ou de recevoir appel, mais la présume cer- Pontife Ilomain doit donner de« juges ce i|ui
taine et que le septième déclare ouvertement
; ne peut s'entendre des évéques «lui ont décidé ^
que le propre du pouvoir des pajics et leur au premier jugement, et ce iiui serait tout-à-
droit natif est de recevoir appel seulement les
; fait étranger au but ciu 8*f»cjle: les Per.»s de
Pères, en dressant ce septième canon, indi- Sardiiiue, en effel, se probo-aienl de changer
(jucnt le moyen qui leur paraît plus conve- es juges pour répaier l'injure iju'uu -'ve jue
nable pour recevoir appel et le fait dépendre; lénosé aurait soufferte au premier j\.^ement.
entièrement du bon plaisir des souverains .lela montre combien il est taux que lescinoni
Pontifes. Ainsi Fébrouius et consorts , qui de Sardique aiqullcutà rendre le second juge-
prétendent i]ue ce droit du souverain Poubfe ment, les évéques qui ont 4ugé lêi (i oùv*
ft été accoiV^ ii*' ^Aa canons du coaiùla d« lalfjifg.
DISSERTATION SUR LE LIVRE TRENTE- DEUXIÈME. m
L'opinion qui prétend qu'on n'accorde au Romain, déjuger à Rome, par lui-même îles
pape ijue le (louvuir de commander un nouveau causes dont il est fait appel à son tribunal, et
jugemont dans !a province n'est pas moins en lui ait concédé seulement le droit d'octroyerun
désaccorfl avec les canons du Concile. Le nouveau jugement dans laprovince. C'est
canon m, dans le(]uel il n'est pas vraiment et l'observation qu'ont faite les Rallerini. Les
proprement question de l'appel, décide certai- canons v et vu s'occupent seulement du mode
nement que de nouveaux juges doivent être à employer pour recevoir les appels, mode
donnés.Dar le Pontife Romain pour rendre un qui dépend du bon plaisir du Pape, et lorsque
nouveau jugement, si, tout bien considéré, le ces canons disent que les délégués Apostoli-
l'ape estime qu'il y a lieu de revoir l'allaire; ques (si le Pape en envoie) ont l'autorité de
ie même canon décide que si l'examen scru- celui (pli leur a donné mission: habere auctori-
puleux de la chose incline le Pape à penser tatem ejitf: a f/uo suni deMindti, il énonce assez
qu'il n'y a pas lieu de ju^er à nouveau, ce clairement le droit qui appartient au Pape
qu'il aura décidé sera confinnc, en sorte ([ue la dans ces sorles d'affaires. L'objet du canon iv
décision du Concile provincial doit valoir et tombe tout droit sur l'évêque ipà, déposé par
sortir son effet, par l'autorité du Siège Aposto- le second jugement des évèques de la province,
lique. C'estla raison même quedonncsaint Léon déclare qu'il veut traiter son affaire à Home:
le Grand aux évèques de la province de Vienne agendum sibi ner/otiiim in urbn Roma. On décide
lorsqu'il écrit (1): « Que votre fraternité qu'on ne doit pas mettre un autre évèque à
reconnaisse avec nous, que le Saint-Siège, sa place si la cause n'a é'.é terminée au tribunoi
suivant le respect qui lui est dû, a souvent été du pontife Romain; nisi causa fuerit in jitdicti
consulté, par des prêtres de votre province, Romani Episccpi detenmnala. Si le sens do
pour un grand nombre d'affaires, et que, par ces paroles n'est pas que les Pères de Sardiqu«
l'appel de différentes causes, suivant que le affirment pour le Pontife Romain, le droit de
demandait une ancienne coutume, les juge- juger par lui-même, dans la ville de Rome,
ments ont été cassés ou confirmés. » des causes dont il est appel à son tribunal, je
Piirn ne peut être plus clair que l'exposition déclare ne plus comprendre quand les moU
des canons vil et v, et que les termes du canon employés pour exprimer la pen- e, seror.l
IV. Là il st vraiment question de l'appel, et plus clairs, plus propres à .iliquer la
l'on voi.^ qu'il est faux que le Concile de vraie pensée des auteurs et poi'---.nt, mieux
Sardique ait méconnu le droit du Pontife Aie ceux-ci, la faire connaître aveccertitude.
LIVRE TRENTE-TROISIÈME

DB l'an 346 A l'an 361 de l'£Re cnBÉriEKmi

L'ËglIse ,
persécutée pnr <::oiii4tur>ce et par Sopor»
enTunte ses plu« grandis clocteura

Constance avec ses eunuques, Sapor avec chrétien que sur ses médailles : car, après
ses mages, Julien avec ses philosoiihes, em- avoir détrôné et tué son bienfaiteur, il favo-
ploiiTont la ruse et la violence la ruse qui
: risera le paganisme et finira par "^e luei iui-
iiunipe, la violence qui abat. Dans l'Eglise, mème avec toute sa famille.
les Invoques seront cou Ire les évèques, le chef Rome eut un empereur à elle pendant vingt-
mémo ne sera pas toujours pareil à lui-même. huit jours. C'était Népotien, neveu de Cons-
(;i'[)rn(lant l'Eglise triomphera. Là parait le taiitiu par sa mère Eulropie. Escorté d'une
caraclèie des Pères de l'Eglise, surtout de troupe de gladiateurs et autres gens de cette
samt Athanase. espèce, il s'em[)are de la ville le 3 juin et la
Vers l'au 34'.), l'Eglise, toujours tranquille remplit de sang. Vingt- huit jours après, la
en Occident, recouvra aussi la jiaix eu Orient ville est reprise par un général de Magnence,
et en Arménie. Constance même s'y prêta. et la tète de .N'éiiotien portée au bout d'une
Prince médiocre en tout, il n'était ni assez pique. Magnence vint jouir de sa comiuéte le :

i)on ni assez méchant pour faire lieaucoup de massacre des principaux citoyens lui tint lieu
liicn ou beaucoup de mal ]iiir lui-même: il de triomphe. Tout ce qui tenait de prés ou >le
était l'instrument d'aulrui. Les lemontrauces loin à la famille impériale de Constantin le
et les menaces de son iVrre Constant l'cuiiior- Grand fut égorgé. Sous peine de la vie, les
tèrt-nt alors surinirigues des courti-an^ ;;l
l?>s llomains durent payer au tyran la moitié de
des eunuques ariens. Mais Constant lui iué leurs biens. En même temps, les médailles et
l'an 350. Orthodoxe sur la foi, vainqueur les inscriptions lui donnaient les titres pom-
plusieurs foi des Barbares, le jeune iirince peux de restaurateur de Home el de l'em|iire,
parait avoir manqué de quelijucs autres ipia- libérateur de la république, réparateur de la
îilés d'un bon souverain. Taudis qu'il passe liberté, bonheur el gloire du peuple.
son temps dans les forets aux plaisirs de la Mais, dès le 1" mars, les troupes d'Illyrie
chasse, plusieurs de ses ministres et de ses avaient proclamé empereur leur vieux gé-
généraux, à la suite d'un festin, proclament néral Vétraiiion. Il s'en était fait aimer par
empereur l'un d'entre eux, nommé ALignence. sa probité, sa douceur el une certaine rusti-
C'était le 18 janvier. Constant voulut se sauver cité soldatesque. Ne dans les pay> incultes de
en Es[iagne; mais il fut alleiul dans sa fuite la haute .Mésie (Bulgarie actuelle), il et.iit
et massacré la treizième année de son règne resté dans une ignorance si barbare, qu'il lui
et la trentième de son âge. 'fout le monde fallut apprendre a lire quand il se vil empe-
l'avait abandonné, à l'exception d'un seul reur. ne régna pas a^sez longtemps pour
Il

Franc, connaître tout l'alpliabet. il envoya des dé-


Magnence était originaire d'au delà du putés à Con^lance lui protester qu'il le se re-
llhiu. Emmené prisonnier dans les Gaules, gardait que comme son lieulenant, tt qu'il
rendu à la liberté par Constantin, incorpoie n'avait accepté le nom d'empereur qu'aliu de
dans la milice romaine, il devint avec ic lenqis proliter, contre .Magnence, de l'atl'eclion des
capitaine des gardes. Constant, «pii l'aU'ec- soldats en même lemp*. il lui demandait dt
;

tionnuit, lui donna le commandement des I argent el des troupes, et l'exhortait à venfc»
deux premières légions. Il lit plus. .Mugnenie lui-même repousser l'usuipaleur. Constance
étant un jour sur le point d'èlrc raassacre feignit de lui savoir gre de son zèle il ap- ;

dans une émeute militaire, Constant le cou- prouva son élection, il lui envoya mi-mc le
vrit de sou manteau de pourjne el lui sauva diadème et des >oniiues d argent, el il ordonn»
la vie. Les Gaules, l'Espagne, l'.Vfriq.ie, l'Iti- aux légions de Pauuouie de se reunir »<)U5»es
liese dédai'érent bientôt pour le nouvel em- drapeaux.
pereur. Ses médailles ont des marques de Constance était en Orient, occupé contre
christianisme; mais il parait qu'il n'était les Perses, el, par son exemple, apprenait
UVRE TRENTE-TROISIÈME.
Hux Romains à trembler et à fuir. Quand il les accusations et à les faire naifre l'nùe
iippi-il révolution d'Occident, il revint à
la l'autre.
Auliojh.', puis en Europe. Vétranion et Ma- Constance ne se hasardait j;w)int dans le
gnence envoyèrent une ambassade pour
lui batailles militairi-s. Pendant ivVle de .Hurs^
lui proposer un traite d'alliance. Il avait peur : il se tenait prudemment dans une église voi
un so:ige le rassura. Il ne conclut de traité sine. Valens, évéque de
la ville l'accompa-
i|u'avec Vétrauiou. Les deux armées se réu- plus fourbe des arions. Pcii-
gnait,, (tétait le
uisseut dans une plaine, autour d'un tribu- dint que l'empereur et ses courtisans étaient
deux em-
nal élevé, sur lequel s'asseyent les dans l'inquiétude, il vint dire que les enne-
p.'reurs, sansarmeset sans gardes. Ils allaient mis fuyaient. L'empereur lui dit de faire en-
iiélibérer sur les mesures à prendre contre trer celui qui en avait apporté la nouvelle.
Sljgnrnce, leur ennemi commun. Constance, Valens répondit que c'était un ange. En grec,
I.; premii'r, ayant pris la parole, déplora le ce mot veut dire littéralement messager; et
lueurlie de son frère, rappela aux soldats les Valens en avait posté sur la route pour ètrt
bienfaits de son père et le serment qu'ils averti le premier. Constance crut que c'était
avaient fait de ne souffrir de diadème que sur un ange du ciel, et dit souvent depuis qu'il
la lele de ses enfants. Finalement, les deux devait cette victoire bien plus aux mérites
aimées [iroclamèreut (lonstance si;ul auguste, de Valens qu'à la bravoure de ses troupes.
seul euipereur. I, 'argent prodigué parmi les Celte imposture augmenta beaucoup le crédit
soldats, et les intrigues d'un capitaine des des ariens (1).
gardes de Vélraniou, gagné d'avance, avaient Où Constance était hardi et téméraire, c'é-
préparé cette merveille de la harangue im- tait dans les batailles théologiques. L'une
périale. Vétranion, etlVayé, quitte la pourpre n'était pas finie, ([u'il en commençait une
et le diadt-me et se jette aux pieds de Cons- autre. Le but de tant d'efforts était de vaincre
tance, qui le rassure le fait manger à sa ta- Athanase. Il y tenait bien plus qu'à vaincre
ble, lui vante L; bunlieur de la vie privée et les Perses et les Barbares. La peur de Jl*-
l'envoie a Pruse eu Bilbynie, avec un train gnence occasionna une suspension d'arme?-
maguitique et de grands revenus. Il y vécut Athanase était renommé par tout l'univers .

encore six ans dans les pratiques de la piété son autorité était gi ande surtout en Egypte.
cLiréliennc, et si conti-nt de son sort, qu'il Les émissaires de Magneuce s'efforcèrent de le
maud à Constance
lit Vous avez tort de ne
: gagner au parti de leur maître. Constance,
pas prendre voire part de ce bonheur que de son coté, lui écrivit jusqu'à trois fois pour
vous savez procurer aux autres. Il n'avait ré- l'assurer de sou immuable faveur, l'appelant
gné que dix mois. son bien-aimé père, lui recommandant de ue
l'our défendre les provinces de l'Uiicut con- pas craindre les intrigues de seb' 'ivarsaires,
;

tre les incursions éventuelles des Perses, parce que si volonté ferme était qu'il fût à
Coiistance créa césar son cousin germain Gal- jamais évèqne sur son siège. Ces «eltres fu-
lus,échappé, ainsi que Julien, son frère, au rent apportées par des seigneurs de la cour,
massacre de la famille impériale, qui inau- les plus athdés et les plus puissants, et amis
gura le nouveau régne. Callus avait vingt- d'ailleurs de saint Athanase. Le gouverneur
quatre ans quand il fut fait césar, et n'était de l'Egypte reçut ordre, en même temps
guère propre à ce poste élevé. .Maguence, de d'arrêter les poursuites qu'on avait recom-
son cote, créa cé^ar sou frère Uecciuius, et mencées contre le sainl depuis la mort de
l'envoya dans les Gaules. Pour lui, il marcha (Constant, son protecteur. Le vrai but de Cons-
de Milan contre Constance. Apres plusieurs tance, dans toutes ces démarches, était moins
négociations et lusieurs petits combats, il-
|
d'assurer de sa faveur Athanase que de s'as-
y eut, le ÛH septembre ;jol, près de Murse ea surer de la sienne. Le saint n'avait pas besoin
Pannonie, une balailie générale et décisive. d'être sollicité pour dem-surer sujet lidele. Eu
Lcb deux armées se battirent avec acharne- présence même de l'émissaire de Magnence,
m'jnt. Plus de cinquante mille hommes res- il versa des torrents de larmes sur la mort de

tèrent morts sur lu place. L'avantage fut pour Constant. Puis, assemblant le peuple, il dit
Constance. Magnonce s'enfuit dans les Gaules, ces mots Prions pour le salut du très-pieux
:

où, vaincu île nouveau et menacé pai' ses empereur Constance. Et tout le peuple ré-
propr.'S Soldats, il égorge tout ce qu'il u de pondit d'une voix Jèsus-Clirisl , sccour. z
:

parents et d'amis, lue sa propre mère et se Constance et il continua celle prière long-
1

lue eidin luv-meme. Celait le It uoùl 3o3. temps. Comment d'ailleurs Athanase, l'ami et
Sept jours après, son frère Décenlius, qui ac- le protégé lie Constant, aurait-il pu eu voir le
courait à son secours, s'étrangla île ses pro- meurtrier sans horreur'/
pres mains. Constance, victorieux, pardonna à A mesure que les dangers politiques dimi-
quelques ciiupalilcs, mais lit pi'rir un grand nuaient, la manie descoucile.i et des disputes
nombre d'iunoienli [lar sa lacildé à écouler repr.'nait le dessus dans Constauf . .Vprès
les delati'urs. Li: plu^ f iineux de ces derniers ([u'il eut dépouillé Vélra...on de l'empire, lo.s
l'iait un eunuque itumme Paul, et surnommé évoques orientaux qui le suivaient dans sci
la eùaiiie, à cuuse de sua adresse à euchainur voyages s'assemblèroni eu concile à Siriuiuuï,

out, Uiil des "H


V. IV.
a

130 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LRGI.IBB CATHOLIQUE

pour condamner et déposer Ph->lin, évèi|ue pres, chez le premier desquels il avait reçu
de cctlo ville, déjà condamné cl dé|iosii par lui-iuèrae la plus «énéreuse lio-piLilité pen-
les Orcidchlaux, mais rcsli- sur son siéfce par dant son exil. Une dernière accusation, c'est
l'dpposilioii ''il peuple. Les Oiienlaux, dont que, •ans la particip ilion de Constance, il
les chefs éta'ii'nl ariens, dressèrent une noii- avail ilédi<! une «•gli^cd'.Vb'xandrii-, bâtie aux
vellc profession de foi c'i-lail la sixième,
: frais de l'empereur. Si insinnilianle que fût
l'allé est suivie de vingt-sept aiiallièmcs et,
; la (hose, elle n'était pas vraie. Il n'avait dé-

jans nommer en condamne leiretir,


iMiclin, dié celle égli.se. Seulement, à la félc de l'à-
ijui était de dire avec Saliellius et Paul de Sii- ques le peuple catholique Voulant à toute
mosate (lue In Cliiisl n'était pas avant .Marie. for^'C s'a^'cmliler tout entier sous lea yeux de
Saint llilaire, qui a fait un examen di'-laillé gim pasteur, et les autres églises étant bien
de celte profession, la trouve orthodoxe (I). Irrq» ;icliles, il fallait ou s'assembler dans le»
Kt de fait, dans le premier anallièine, il est déserts ou dans l'église neuve, qui était très-
dit Ceux i|ixi disent
: le Fils de Uicu est de
: va.ste. Saint Athanase crul que ce dernier

Dieu, et il était un temps ou un siècle au<piel parti avait le moins d'inconvénient*, d'au-
il n'était point, la sainte Kglise catholique les lanl plus (jue sou prédéce-seur, saint .Vb-xan-
lient éloignés d'elle. C'est bien là condamner dre. avait agi de même dans un de cas pa-
10.fond de l'arianisme. Les évèques lui pro- reil. Telles l'taient les nouvelles accu.sations
posèrent de la rétablir, s'il souscrivait ce for- des ariens. Le faible Omstance s'en échauffa
mulaire. Il s'y refusa et en appela à l'empe- tellement la tète, qu'il oublia et les lettres
reur, qui lui acconla de disputei' puliliiiuc- favorables qu'il avail écrites à saint Athana-se,
menl eonire Basile d'.\ncyre, en pn^sencc des et les promesses qu'il avais faites de vive voix,
évèijucs et de huilséiiateurs. Pliotin ayant été même avec serment, de le laisser tranquille
vaincu, l'empereur le bannit, et il passa le sur son siège et île n'écouler idus ses enne-
reste de sa vie en exil, où il composa un ou- mis. Il résolut, au coiitraire, de le taire con-
vrage ontre toutes les hérésies, qui ne ten-
( d.imner pir les évèques d'Occident, et de le
dait qu'a établir la sienne. On mit à sa place chasser encore de son église.
Germinius- v^nu de Cyzique et du parti des Les ariens commencèrent par s'adresser au
ariens. Pape: c'el.iit Libère. Il avail succédé à Jules,
Apre; <a de Constance sur Ma-
victoire qui mourut le 12 avril 3.'»2, après avoir t«.'nu
gnence, devinrent bien plus hardis,
les ariens le saint-siège quinze ans deux mois et six
t'rsace et Valens. qui avaient puhlii(uement jours. Libère fui <'lu malgré lui un mois ou
rétracté leurs calomnies contre saint Allia- deux après: il était Komain, de grande nais-
nasc, rétractèrent alors leur rétractation. Saint sanci', et s'était acquitté avec une grande
Paul de Conslantinopli! fut enlevé une der- humilité de son devoir dans un ministère in-
nière fois (le celte ville, déporté dans les dé- féiieur. Des évèques d'Orii-nt lui i-crivirenl
serts du mont Taurus, où, comme il ne mou- donc contre saint .Vlhanase, pour lui persuader
rait pas assez vite de faim, on l'étrangla dans de lui refuser sa communion; mais il reçut en
son cachot. A sa place, on intronisa à main même teuîps une lettre de quatre-vingts évè-
armée l'hérésiarque Macéilonius. 11 périt à ques d'Kgypte en faveur ilu s<»int. Libère
cette occasion plus de trois mille peisonnes : assembla un concile, y lut des lettres de part
les unes tuées par les soldats, les autres étouf- et il'aulrc. Comme on vil un plus ;:ranJ nnm-
fées dans la presse. L'exécuteur de ces ordres bre d'évèques pour Athanase. on jui;ea cm-
de Constance, le préfet Philippe, reçut son traiie a la loi divine de consentir aux Orien-
châtiment avant la tin de l'aimée destilué,
: taux. Et Libèi-e leur répondit dan< ce sens.
banni à son tour, il périt misérablement. Quelque modérée que fùl celle manière d'avrir,
Mais l'homme à qui les ariens en voulaient Coiislance en fut tellement irrité, qu'il publia
le plus était toujours saint Athanase. Ils le un édit pour condamner au bannissement
voyaient avec dépit, tranquille sur son siège tous ceux qui ne sou.*criraienl point a la con-
et en comrauniim avec le Pape, ainsi ipi'avec damnation d'.\t'iiana.*e.
la plus grande partie de rK^'liso. Leurs chefs, D'accoril avec son concile, Libère en-
déposés au concile de Sardiqne, s'adressent voya à l'empci-eur deux èvèque» de Ciimpiiie,
à Constance ; lui représentant la décadence de pour le prier de faire as.sembler un cjuicib-
leur secte, le péril où ils sont, et eux et lui, Aquilée, Comme il avait, résolu di'|iuïs |t>ng-
d'être appelés hérétiques. Athanase d'ailleurs temps. L'un des légats était Vincent île Capijue,
avait mal parlé de lui à Con-tanl, son frère. le même qui avait pn'sidé avec Osius au con-
Par une rare prudence. Alhana.se ne lui avait cile de .Nicée. de la part ilu pape sjiinl Silves-
parlé ([u'en présence de l'évèque de la ville i>t tre. Libère ci>mptait beain-oup sur lui; mais
du principal oftii-ier de la cour. L'accusation il ne répondit point à l'attente de Lilen^.
avait été ainsi yéluli-e avant d'être faite. Mais L'empen-nr étant à .Vrlos, le* b-giits allèD^il
il avait • lé du parti de Magncnce et lui avait l'y trouver. Il s'y forma un concile, ou dmni-
écrit une lettre? 11 avait seulement donné naient b^s évèque.* ariens, qui suivaient par-
l'hospilalilé à deux evèques des Gaubîî, saint tout la cour. Ceux-ci demandèrent I'MiI d'a-
Biaximin if Trêves et saint Servais, Je Tou- bord la coU'Iamuatiou d'AlUanase. Leà levait

(I) Hil., De byitad.


LIVRR TRENTE-TROiaïKME. ISl

voulaient i]n'ou traitât la cause de la fui avant nase mai-; de beaucoup d'autres ohose;, en
la cause personnelle d'un parlicnlior, et ipn^ particulier du maintien de la foi, fondement de
l'on conmieuçàt par la condamnation de l'hé- toiile espérance. Il ne (.eut s'imaginer qu'on
résie d'Aï ius. Us allèrent inéiui.' jusiiu'à pro- l'accuse d'avoir snpprimi' les lettresdes Orien-
mettre, et par écrit, qu'à cette condition ils taux. Il a reçu des lettres de l'Orient et de
consentiraient à la condamnation d'Alliana^e. l'Egypte il les a lues toutes à l'église, il les
:

Ils croyaient, par cette concession, ramener a lues au concib»; il a ré|)ondii aux Orientaux
la paix dans les éj^li-^es. On s'assemida qu'on ne pouvait, contre la loi divine, approu-
là-dessus; mais après avoir délibéré, les Orien- ver leur sentiment, attendu qu'Alhanase était
taux répondirent iju'ils ne pouvaient condam- juslifiè.par un plus grand nombre ,,'évêi|ues,
ner la doctriui! d'Arius et qu'il fallait excom- savoir iiuatre-vingls évèques d'Egypte. Dieu
:

munier Alliauase; car c étaitla seule chose lui est témoin, ainsi ipie tous les membres de
qu'ils prétendaie»'"", Entin, Vincent de Capoue son église, qu'il avait foulé aux piiids toutes
céda à la aux mauvais traitements,
violence et les choses de ce monde, et que c'était malgré
et consentit à condamnation de l'évè<jue
la lui qu'il avait été élevé à cette charge ; aussi
d'Alexandrie. Saint Paulin, éveque de Trêves, voulait-il s'en acquitter sans olfeoser Dieu. Ja-
refusa constamment d'y souscrire, d''clarant mais il n'avait mis en avant ses propres dé-
qu'il consentait SfMdemeiit à la eondaïunalion crets, mais veillé seulement au maintien et à
de Pliotiii etde Maicd, mais non pas à celle l'observation des déirels a[piistoliques. Il avait
d'Atlianase 11 (ut donc hanni et envoyé suivi la coutume et l'ordre de ses prédéces-
en l'liryi,'ie pai mi les montanistcs on chan- : seurs, ne souffrant ni i(u'on ajoutât ni qu'on
gea de temps en temps U\ l'um de son exil, olàt rien à l'i'piscopat de la ville de Home.
jusqu'à ciî qu'il mourut cinq ans après, en Son vœu constant était de conserver sans
a.'iH. tache la foi transmise par la succession de tant
Li> ayant a|)pris la faiblesse do
papi! liihèri!, d'évèques, dont plusieurs martyrs. Sa sollici-
Vinci'nl. en sensiblement aflli(,'é. Il ea
fut tude pour l'Kglise exigeait qu'il parlât ouver-
parlait ainsi dans une lettre à Osius: J'espérais tement à l'empereur. Les Orientaux deman-
beaucoiqi de lui, parci; ipi'il savait très-bien daient sa communion, sa paix. Mais la com-
l'all'.iire et qu'ilen avait [dusieui's fois jugé avec munion n'était pas possible; car, hu-itansau-
vous; non-seulement il n'a rien obtenu, mais paravant, plusieurs d'entre eux avaient re-
il a élé enirainé lui-même dans la dissimula- fusé, à Milan, de condamner les erreurs d'A-
tion. J'en suis doublement
afllii^é, et j'ai réso- rius. Ce n'était pas clio.se nouvelle que sous le
lu de mourir Dieu, plutôt que d'être le
[)oiu- nom d'Atlianase, on attaquât la doctrine de
dernier délateur (1) il veut dire, être le ca-
; l'Kglise. Heancoup de prèlres el d(! diacres,
îomjiiateur de saint Atlianase. 11 eu écrivit déposés autrefois comme partisans d'Arius,
aussi à O'cilien, évèque de Spolèio, l'exluu'- étaient devenus évèques. Et ce .'^eiail à de pa-
tanl à ne pas se di;ci)urager par l'action «le reilles gens que le reste des évè(iucs serait
Vincent. Comme; Libère était en cette peine, obligé de se foumeltre Encore, à Arles, on
!

Voyant qu'on pressait publiquiîment les autres s'était refusé à condamner la di^clrine d'Arius
évécpies d'Italie pour les contrain Ire à se sou- pour priver .\tlianase de la communion. L'em-
mettre au jugement des Orientaux, Lucifer pereur (!lail donc supplié d'accorder un con-
vint tort à pr(q)os le trouver. Il était évèque cile pour examiner attentivement cette affaire,
de Cagliari, métropole de Sardaigne et des vl conserver inviolable la loi que l'Eglise uni-
îles voisines. Son mé[iris pour
monde, son
le versidle avait unanimement jiroclamée en
amour pour pureté de sa
les saintes letlies, la prési'nce de Constantin, son père, de sainte
vie et sa constance dans la foi l'avaient déjà mémoire (l').

rendu illustre dans l'Lglise. il connaissait à C'estainsi i|ue Libère écrivit à Constance,
foml toute cette affaire, (il savait que le dessein le priant à la lin il'écouler favorablement ses
des hr^réliques était d'attaquer la foi, sous pré- légats. Il écrivit eu même temps à Euscbe,
texte de la personne de saint Atiiana.se. Il évèque lie Verceil. Il était natif de Sardaigne,
s'olfril, avec un friand zèb;, d'aller à la cour el de là pouvait venir sa liaison avec Lucifer
et d'expliquer tout à l'empereur, pour obtenir de (^auliari mais il quitta son pays et le re-
;

de lui qu'on put li aller dans un concile tout pos dont il pouvait jouir ilaiis sa famille. A
ce >|iii était eu question. home, il fut oriloniii! b'cteur; ensuite il vinl à
Libère acceptJi celte oU're el envoya aV( i Vi'iceil et s'y lit estimer à tel [loinl que, le
Lucifer un pretie nomme Pancrace on Kutro- sii'gevenant à vaquer, on le prêtera à tous
jie, el un iliacri' nomuH' llibiin', qu'i! c!i .(gea ceux du pays, 'l'oul le peu|)le le demanda, les
d'une lettre \i'jnr l'empereur, pleine de ie.î[iect évêqui's l'élurent et c'est le premier évèque
;

et de fermeli'. T lui témoigne mjii di'plaisir de de cette église que l'on CAiiinaisse. Il fut le
ce que, malgré tous ses eU'orls, il n'avait pu premier dans l'Occident qui joignil la vie mo-
regagner .ses bonnes gràei's. Il .souhaite avec, nastiqiu! àla viivclèricalc! vivant iui-mèmo
:

lui une p.iix sincère, qui ne consiste pas en et faisant vivre ses clersdans la ville, à peu
paroles trouipeilses, mais qui soil conlniuie à prés cumme l.'S moines des dé.serls, dans les
l'b^vtuigile. U ue s'agit [Aurn seulemenl d .\tlia- jeûnes, la prière fréquente le jour el la uuil,

0)^Wl., Lput. rtm. Pomtif. lMiii«., t. U. —% {2) Lil)., Jii"tt . iv.


,

HISTOini', UNTVERSELLE DE LÉOUSE CATIlOLlgUB


la lecture et le travail; sépar(5s de la compa- de Constance lui font le procès et lui coupeo.
gnie îles leinines, se gard.iiit l'un l'iiulre f(jn- la tète, liés le moment iju'on dépouilla Gal-
tre les tcnlatinns, Leur commun.iulcj se nom- lus des marques de sa dignité, un courtisan
mait aussi niona-^tère, cl rie celle sainte école s'était saiside ses brodequinsde pourpre.puis,
sortirent plusieurs illustres évéques. Saint liu- prenant poste etcouianl à toute bride Jus-
la
sèlio [irolila lui-même de celle vie austère pour qu'à crever plusieurs chevaux, il vint à Mdan
sup|iortei |)lus facilement les [lersecutions les jeter aux pieds .ie rem[>ereur, comme ^i
qu'il eut à soullVir ensuite. Le pape Lil)ére c'eût été les dépouilles d'un roi de l'erse. La
connaissait son zèle et son union avec Lucifer; mort de Gallus fut reçue à la cour avec autant
c'est pounpioi il lui écrivit, le priant de se de joie (ju'une victoire complète. Les courti-
joindre à lui, s'il en trouvait l'ijccasion, pour sans s'é|iuisaii;nt en adulations sur le bon-
persuadera rem[)ereur cequi étailtle l'intérêt heur, sur la toute-puissance de I emiicreur,
des églises. Non content de celle premiéie qui, lui-même, ne se possédant plus di; va-
lettre, il lui en écrivit une seconde après que nité, se crut [dus qu'un homme. Dans les
ses légats furent partis, le priant encore de écrits de sa propre main, il s'intitulait lo
se joindre à eux pour la déii'Dse delà foi ca- maître du monde cl prenait le nom à'Hemel Les
tholique et de l'absent, que l'on voulait con- évêques ariens, qui refusaient celte (pialité au
damner contre toutes lus lois, c'est-à-dire de Fils de Dieu, ne rougirent plus de la donner
saint Alhanase. au vaniteux et ridicule Constance (2).
Euséljc accueillit très-bien les légats, et en Ce dans ces conjecture» que ^c tint ie
fut
écrivit à Libère, (jui le remercia par une troi- concile de Milan. Constance l'avait accordé
sième lettre, l'encourageant de plus en plus à sans peine. Ayant déjà gagné une fois Ic^ suf-
travailler pour la cause de l'Eglise et à pro- Irages des éveques, il ue lui semblait pas dif-
curer le concile (1). Libère avait encore écrit licile d'y réussir une seconde lois. U s'y en
à Fortunulien, évêquc d'Aquilée, le croyant trouva peu de l'Orient, mais il y eut lus de |

plus touché de l'espérance de biens éteriiels trois cents Occidentaux. Eusèbe de Vcrceil ne
que de la crainte des hommes; il le priait de prévoyait rien de bon et ne voulut point y pa-
s'appliquer avec eux à cette ad'aire, et même raître. .Mais cl les éveques de la cour, et (Cons-
de les aider de sa présence s'ils le désiraient. tance, et les légats du l'ape, le prièrent de
Forlunalieu était Africain de nation, et écri- venir; les uns voyaient en lui un soutien pour
vit, d'un style court et rustique, des com- Athanase, les autres voulaient aulori>er leurs
mentaires sur les Evangiles. entreprises contre Athanase par le crédit d'un
Sur ce^" •sntrefailes, la cour de Constance, personnage aussi considéré. U arriva. Mais il
qui se tenait d'ordmaireà Milan, éprouva une lui fallut attendre dix jcjurs avant d'être ad-
joie extrême pour un sujet assez triste. En ilSl mis au concile; c'est qui-, |icadaDt ce temps,
Constance avait créé césar son cousin Gallus, les ariens tenaient les assemblées secrètes.
et lui avait donné en mariage sa so'ui- Coiis- Quand leurs mesures fuient prises, ils le ile-
tantine, avec l'Oiient à gouverner. Gallus se mandércnt. Il vint avec les trois légats du
fil remarquer d'abord par quebpies vertus et l'ape. On le pressa d'abord de souscrire à la
par son zèle pour le christianisme, il aliolil couilamnation de saint .\thanase. U dit qu'il
l'oracle d'Apollon dans un faubourg d'.\n- fallait d abord être assuré de la foi des éve-
tioche, dom[ita les Juifs révoltés, et délit les ques, ilont quelques-uns étaient légitimement
Perses. Mais d'un caractère inégal et mal suspects. U proposa le .symbole de .N'icée, et
élevé, il manifesta bientôt des iienchanls promit que, ijuand tous l'auraient signe, U
cruels. Au lieu de l'adoucir, sa fenune Cons- liiail ce «lud'on doirerait. llcnys, é>eque de
tanline, encore [dus méchante, lui lit com- Mdan, succe-eur de l'roiais,se mil le premier
nicllre plusieurs actes de tyrannie. D'illustres en devoir de soujcrire au symbole de .N'icée;
citoyeiis irAutioche furent mis à mort, l'oiir mais Valeus de .Murse lui arradia le papier et
le ramener à la modération. Constance lui la plume d'entre ses mais, et s'écria qu'on ne
envoya de ses courtisans qui ne lirenl que le ferait jamais rien par celle voie. La coules-
pousser à bout |.„r leur hauteur et leur inso- tatiou lit tant de bruit, qu'elle vint à la coa-
lence. Sun iuq)érial cou>in et beau frerc, qui naissaucc du peuple, et tout le moude se mit
I3 saupçonnait de vouloir se rendre indépen- à crier Je douleur La fui est attaquée par
:

dant, iCîulul donc sa mort. 11 Tengagra, lui le- evèques! Lesaiieus.craiguant lejugemcnt
Cl sa femme, parles lettres les pluspnssantes du pi'Uple, passei,^ul de l'église aupalair.par
et les plus aileclueuses, u se rendre auprès de ordre de l'empereur, qui voulut présider a ce
lui, pour qu'il eut le bonheur de les embras- jugement.
ser. Constaiitinc mourut eu roule. Gallus, Le concile étant donc transféré au palais,
étant an ivé à l'eltau, ville de Styrie, sur b les ariens y proposèreui un cdil ou une lettre
i>ravc, fut arrête, ilepouillé de. la pourpre, de l'empereur, ou clail contenu loul le venin
puis mené à t'iatnione dans l'Istrie. non loin de leur here?ie et ou ils taisaient parler c«
de l'oie, où, vingt huit ans auparavant, b' ce- prince comme un prophète qui avait reçu or-
car Crispus avait clé mis à mort jiar ordre de dre en songe de taire ce qu'il faisait. Cons-
bou père; la, des eunuques et des coui titans tance voulait obliger le« evèques à recevoir

Cl) Lib..£/)i>l.m, V, VI. — ;îjtf.i/. rfu B<j>-i'..|)., L ViU.


LIVRE TRENTE-TROISIÈME. 193

ret é(\\\; et, pour cet effet, il leur fit parler par communiquer avec les hérétiques, ils lui
l'es ofticiiTS en un lieu où il n'y avait qu'un dirent que ce n'était pas la règle de l'Eglise.
rideau entre lui et eux. Il alléguait pour ses .Mais ce que je veux, dit-il, doit passer pour
raisons qu'il voulait établir la paix dans ses règle les évèques de Syrie trouvent bon que
;

Etals i/t ne plus foutn-ir la division des évè- je parle ainsi oliéissez donc, ou vous serez
:

qiios, qu'il ne faisait rien en cela que pour exilés. Les évèques lovèrent les mains au ciel
plaire à Dieu et que si sa foi, que Lucifer
; et lui représentèrent hardiment que l'empire
traitait d'arianisme, n'était pas véritalilement ne lui appartenait pas, mais à Dieu, de qui
eatlioli(iue, Dieu ne l'aurait pas rendu pos- il l'avait reçu, et qui pouvait l'en priver, ils
sesseur de tout l'empire romain. .Mais les lé- le menacèrent du jour du jugemnntet lui con-
gats du Pape lui répondirent que la foi de seillèrent de ne pas corrom[ire la discipline
Nicée avait toujours té la foi de rEu:lise, et
i de l'Eglise en y mêlant la puissance. Mais il
Lucifer déclara que, quand Constance, qui les n'écouta rien; et, sans les laisser parler da-
entendait, armerait contre eux toutes les vantage, il les menaça, il tira l'épée contre
forces de son empire, il ne pourrait pas les eux et commanda d'en mener quelques-uns
empêcher de mépriser son édit sacrilège, et au supplice puis changeant aussitôt d'avis, il
;

d'avoir ses blasphèmes en exécration ; que les condamna seulement au bannissement.


tous lesservileurs de Dieu étaient unis en ce Denys, évèque de .Milan, s'était laissé persua-
point et qu'ils foulaient aux pieds toute son der de souscrire la condamnation de saint
autorité ridicule. Lui et les autres légats Athanase, pourvu que les évèques examinas-
pressèrent fort Constance afin que la secte sent la foi mais comme il demeura ferme à
;

d'.\rius fût couilamnée. Et comme il osa sou- soutenir la foi de i\ici''e, sa souscription ne lui
tenir qu'elle était catholique, ils le traitèrent servit de rien et il fut envoyé en exil. Avant
de précurseur de l'.Vntechrist. Constance se qu'on emmenât les léuats du Pape, le diacre
plaignit qu'on lui disait des injures contre la Hilaire fut fouetté sur le dos pour satisfaire Ur-
détense des livres sacrés, et il dit que Lucifer sace et Valons, ainsi q le les eunuques de leur
était un insolent, qu'il ne les avait pas pris parti, qui, pendant cette cruelle opération,
pour ses conseillers, et que ce ne serait pas lui insultaient en disant : Pourquoi n'as-tu
eux qui l'empêcheraient de suivre Arius si pas résisté à Libère' pourquoi as-tu apporté
cela lui faisait plaisir. Pour faire diversion à ses lettres? Lui cependant bénissait Dieu.
cette dispute^ les ariens répindirent au de- Les tribuns se firent un cliemin au travers
hors la lettre de l'empereur, afin que si le du peuple avec toute sorte de cruauté, et en-
peuple la recevait favoraldement, elle fût au- trèrent jusque dans le sanctuaire, fjour arra-
torisée fi elle était mal reçue, que la faute
; cher les évèques de l'autel. Ils partirent pour
en retombât sur l'empereur, en qui elle se- leur exil, levant les yeux au ciel et secouant
rait [iar<lonnable, [larce que, n'étant que ca- la poussière de leurs pieds Telle fut l'issue du
téchumcne, il encore ignorer les
pouvait concile de Milan la plupart des évèques, par
:

mystères. Mais cette lettre ayant été lue dans surprise ou par faiblesse, souscrivirent à la
l'Église, le peu, le la rejeta. condamnatiim de saint.Vthanase. On remarque
On revint donc à presser la condamnation entre les autres, Fortunatien évèque d'.\-
,

de saint .Vthinase. L'empereur ayant fait (piilée, qui succomba après avoir résisté cou-
venir Lucifer, Eusèbe et Kenys, les pressait rageusement. Denys, Eusèbe et Lucifer ne
d'y souscrire. Eux insistaient sur la rétrac- furent pas les seuls qui demeurèrent fermes ;

tation d'Ursace et de Valens,(iui avaienteux- il y en eut plusieurs autres qui n'abandon-

memes reconnu son innocence. Alors l'empe- nèrent point saint Athanase et qui furent
reur se leva brusquement et dit C'est moi
: bannis comme eux, soit au sortir du concila
qui suis l'accusateur d'.Vtlianase ; croyez sur de Milan, soit quelque temps après. .Mais on
ma parole ce ([u'on vous flit contre lui. Ilsré- inventa des calomnies contre chacun d'eux,
pondirint El quand mrine vous seiiez son
: afin qu'ils ne parussent pas bannis pour la
accusateur, on in; peut le juger en son ab- cause de Dieu (i).
sence. Il ne s'agit p:is ici d une alf.iire ti'Ui- Les ariens triomphaient mais leur triomphe
;

porellc, [)our Vous en croir.' comme em[iereur: tournait contre eux-mêmes. Les évèques exilé?
c'est le jugement d'un évèque, où l'on doit profitèrent de leur exil pour servir l'Eglise. Eu
ag r avec uiu' iiui»artialité égale envers l'ac- ipielque lieu «pi'ils allassent, ils iirechaienl
cusateur et l'aiiuisc. Mais comment poiivu/.- dans leurs fers la foi catholiipu', condamnaient
vous l'accuser'.' Vous êtes trop éloigné i)our l'hêrésiu arienne et publiaient l'inl'ànu! rechute
saviiir le fait pat vous-iui'nie; et, si vous ililcs d'I'rsace et de Valons. Tout le monde les re-
ce que vous avi'z appris de ses ennemis, il est gardait avec resjject comme des confesseurs dt
jusie que vous croyiez aussi ce qu'il dit. Si Jésus-Christ; on leur appculail de tous cotés
vous les crctye/. plutôt que lui, on pouira ju- en abondance, de l'argent (lour leur déiiense,
g»r (ju'ils n'aciusent Allian se (jue [luur vous et presijue toutes les provinces leur envoyèrent
plaire. L'empereur se tuit DH'ensé de ce dis- des dépulé-i; au contraire, les aiit.ri' étaient
couis; et, comme il les pressait toujours de en horieur comme leurs bourreaux. Eu ell'el,
souscrire ù la comlamnatiuri iTAlbanase et de leur exil fut accompagné des circuustaueM

(1) TlU«aiont, Culiliur, Fluurr-


i)4 HISIDIRE UNIVER8BLLE DE L'ÊOLISK CA lUOLIQUE

)pg plus l'ârhftuses, et «m les (nivoyn dniis des formait encore de retirer de leur pnrtl t«t.,
lieux réparés, ce qnp Maxirnifi) ri If» nutres ceux fpi'il pou. ait, pei-uailépMit à l'empereur
pei^éciitcuis idolàtiTs ni' iiiisiiinnt pas. Euscbe de le ^'ayner, espérant «pic s'il y réuwissu.l. ii'>
•le Vcrccil l'ut rcU-^né en Palcsliiie, à Scylho- se renlraienl bientôt maîtres de tous le*
polis, dont révêi|iie était l'alrupliilc, l'un des autres. Gon^^lance lui-même dé-irail aid'in-
chefs des ariens. Lucifer l'ut eiiNoyé à Germa- ment (|ue In condamn.ilion d'Atli inase fût
nicie ei\ .•^vrie, dunt Eudoxe, antre arien fa- confirmée [lar l'autorité prépondérante ipi'ont
meux, était évèiiue, et il parle ainsi lui-mènn! les évèques de la ville élernolle (2 Ainsi .

de ce qu'il .soulfrait, «'adressant A l'empereur : parle Ammien .Marcellin, lii>>lorien païen da


Parce que nous nous sommes séparés de votre même temjts.
concile d'iniquité, nous sommes exilés, nous L'empereur envoya donc à Libère l'eunuque
languissons (;n prison juives de la vue du
,
Eusébe, avec de« [iré-enls pour le itaifner, et
soleil, gardés avec soin dans les ténèbres, et des lettres menacanles pour l'intimider. L'eu-
on ne laisse entier personne pour nous voir. nuque, étant venu à Home, exhorta Libère
Saint Denys de Milan fut reléyué en Cajipa- A souscrire contre saint Alhanasc el àcominu-
diice, cl il oblirit, par ses prières, d'y mourir ni(pier avec le- ariens, riisant que c'était la
prora[ttement iiour ne jias voir le trouble de vidontii de l'empereur: puis, lui montraiil le*
son église. Ses reliques furent rapjjorlées de- jirésenls, '! [m prenait les main^ et liii di-^iit :

puis à Milan, el l'Eiilise honore sa mémoire le Obéissez .'( 1 cmiiereurct recevez ceci, ly- Pape
ijri (le mai. A sa place on mil Auxence, urien, répondit (lommenl serait-il po-sild<! de con-
:

qui avait été fait prêtre par (iréfçoire, le faux (îamner Allianase, nprè< qu'il a été si bi<în
évé(|ue d'Alexanilrie. L'empereur le fit venir jiistilié, niMi-seulemenl par un con.ile, mais

exprés de Cappadoce à Milan, on il n'était par deux, a-semblés de Ions les jiayg du monde,
point connu, et il ne savait pas parler lalin et que l'Euli-e romaine l'a renvoyé en pais'?
non plus que la plupart des Grecs. C'était jiki- qui nous recevra, si nous rejetons absent ce-
lôt un lialiile homme d'afl'aires qu'un chré- lui que nous avons chéri présent '?C<! n'esl pas
tien, et il fut introduit dans son église à main la la règle de l'Eiflisc ni la tradition que iiouj
armée. avons reçue do nos pères, qui l'avaient rwue
Le pape Libère écrivit à saint Eusèbc de du bienheureux ap()lro saint Pierre. M.iis si
Verceil et aux autres coufesseure exilés une l'enqiereur prend soin de la p^iix de l'Euliic,
lettre circulaire, où il dit: «Quelle louiini;e s'il veut faire révo(juer ce que nous avons écrit

puis-je vous donner, partagé «pie je suis entre pour Allianase, ([ue l'on casse aussi ce (pii a
la douleur de votre absence el la joie de votre été fait contre lui el eontre tous le» autres; que
gloire '.'La 'ueilleure considation <jue je puis-e l'on tienne un concile vraiment pcclé-ia>ti(|ue,
vous offrir, c'est que vous vouliez me croira loin du palais, sans (pie l'empereur y soit,
exilé avec vous. J'aurais souhaité mes bien- , sans comte, sans juge ipii menaci' mais où ;

aimés frères, èlre le [iremier immolé pciur l'on se contente (le la crainte de llieu et de
vouslous,et vousdormer rexem;Je de l.i gloire lordonnance desap«)tres, afin (ju'avanl toutes
que vous avez accjuise mais celle prérogative
;
choses on conserve la foi de l'Êudi-e. que les
a été la récompense de vos mérites. Je supplie l'ère- ont déclarée dans le concile de .Virée.
donc votre charité de me croire présent avec Une les ariens soient cha-sés de leur liéré<iie
vous, et de penser que ma grande douleur anathémalisce, puis on verr.i l'aflViirc dWtlia»
c'est d'être séi>aré de votre compagnie. Et nase, et d'auties, s'il en e,<t. On chassera leâ
parce que vous êtes devenus plus proches de coupables, et les iniiocenis paraîtront avec
Dieu , secourez-moi auprès de lui par vos assurance. Car il n'esl pas possible d'ndmeltre
prières, moi votre frère el son serviteur; alin au concile eeux dont la ci-oyan.e e.-t impie,
que nous puissions supporter patiemment les ni bienséant de jucer une aifiir»? perâ<innelle
violence.8 donl on nous menace de jour en jour avant l'examen de la foi. Noire Seigneur
et qui en frappent des plaies d'autant plus J''sus-tJiri-l ne guérissait les malades (prapn>.«
rotondes. Priez (pie la loi demeure inviolable, (jn'ils avaient déclaré ce ipi'iis croyaient de
r
étal de l'église catholique en son entier, et lui. Voilà ce que nous avons appris de nos
(jue le Seigneur daigne me rendre pareil à jières diles-le à l'empTcur; car c'est ce qui
:

à vous. El comme je désire .«avoir jdus exuc- lui est utile et ce qui peut éililier l'Eu-lise.
temenl tout ce qui s'est passé dans le combat, Un'il n'écoute jioinl l"rsa( o el Valens; a|.n>à
vous prie do me marquer tout dans vos leur rétractation, ils ne méritent plus aucune
J"e
ettres, alin (pie votre exhortation puisse for- créance. Ainsi parlait le piipe L'bere.
litier mon C(iur;n;e abattu par diverses mala- L'eunu(pie, allligé, mm
i>a> lanl de ce qu il
dies, et mon corps même dont les forces sont refusait de souscrire contre saint .\lhana<e,
exténuées. Une Itieu vous con-erve sains el (]uo parce (piil se déclarait ennemi de lliéré-
saufs, mes-cigiieurs mes frères (I). » sie, ouiilia (ju'il cuit devant un éveque, et
Libère ne lut longlem|>s sans res-enlir
jnis lui de grande- menaces; puis il s'en alla A
lit
l'elfel (les memices donl il parle dans'ii letln'. l'église (le Saint-Piorre, où il di'posa ses pré-
Les ariens, suclianl qu'il elail non-seulement sents comme une oll'ninde. MaisLiU-re, l'axant
très-atlaché & la foi oilLo loxe, mais qu'il s'uf- appris, eu fut extrumemout irrite cunlre la

(1. i.iL., (/.Ul., vu. — cy A(u., 1,1.. XV, c ».

À
LIVRE TRENTE-TROISIÈME. 135

gardien de l'éaflise, qui ne l'avait pas emp<>- la crainte et l'infamie ?Libère dit Tous ceux :

clié, et jeter deliors cette otïramlc pro-


il fit qui n'aiment pas la gloire de Dieu, préférant
fane. L'eunuque en fui encore plus en colère, vos bienfaits, ont condamne, sans le juger,
ft, étant de retour, il dit à l'empereur pour celui qu'ils n'ont pas vu cela ne convient pas
:

l'aiLTrir Il ne faut plus se mettre en jifine de


: à de; chrétiens. L'empereur dit Toutefois il :

ce que Lihère ne veut pas souscrire, mais (le a été jugé, étant présent au concile de Tyr ;

ce qu'il se déclare contre notre doctrine, jus- et, dans le concile, tous les évèqucsdu monde
qu'à anatliématiser nommément les arii'iis. Il l'ont condamné. Libère répondit Jamais il :

éilirtufta par ce discours les autres eunuques, n"a été jugé en sa présence toui œux qui le ;

qui étaient en ^rand nomlin- auprès de {'on- condamnèrent alors le condamnèrent sans
sl.mce et pouvaient toul sur son esprit. L'era- raison, après qu'il se fut retiré.
jicreiir écrivit donc à Léonce, qui était gou- L'eunuque fcusède dit Il a été reconnu
:

venii'ur de Rome, do surprendre Liiière par ennemi de la foi calholiipie dans le c jncilo de
ortifice pour l'envoj-er à la cour, ou de le per- Nicée. Libère, sans s'arrêter à cette absurde
sécuter à force ouverte. La terreur fut grande interruption, continua ainsi de répondre à
pur toute la ville on employa de grandes
; l'empereur Il n'y a que cinq qui l'ont jimé,
:

promesses pour e.xcilor plu-ieurs personnes savoir cen.x qui ont été envo.yés dans la Ma-
:

contre Libère. On menai;a plusieurs familles ; réote pour informer contre lui. De ces cinq,
plusieurs évèque.s se cachèrent plusieurs ;
deux sont morts, Théognis et Théodore les ;

femmes de qualités se retirèrent à lu cain- trois autres vivent, savoir Maris, Valons et
:

prigne pour éviter les calomnies des liéré- Ursace. Le concile de Sardiqne a prononcé sa
liques. On mit en fuite dos per.sonne* établies sentence contre ces commissaires, et ils ont
et dornieiliée« à Rome; on tendit des pièges donné des reiiuétes au concile pour demaniler
aux ascètes ; on garda le port et les avenues pardon des informations calomnieuses qu'ils
de la ville, atin qu'aucun catholique ne put avaient faites d'un seul parti {'2) contre Atlia-
entier pour voir Libère. Rome connut (lar nase, dans la Maréote nous avons mainte-
:

expi rience ce qu'elle ne pouvait croire du ra- nant leurs requêtes entre les mains. A qni
v.i^e i|ue faisaient les hérétiques dans les doit-on nous persuader de communiquer ? à
autres églises. Eidin Libère fut enlevé de ceux qui ont condamné Athanase „t en ont
Roin- au milieu de la nuit et avec grande dif- ensuite demandé pardon, ou à ceuK qui viea-
liculté, [>ar la crainte du peuple, qui le uLéris- nent de condamner ces derniers ?
faitardcmmetit (i). L'évoque Epictète dit Prince, ce n'est pas
;

Quand il fut arrivé à Milan, l'empereur lui pour l'intérêt de la foi ou des jugements
dormi audience ou plutôt l'interrogea appa- : ecclésiastiques que Libère vous tient ce dis-
remment dans son consistoire. C'est ainsi cpie couis mais pour se vantera Rome, aux séna-
;

l'on nommait le conseil où s'examinaient les teurs, qu'il a confondu l'empereur. Libère ne
nlfaires les plus importantes, et les actes en répondit point à cette insinuation courlisa-
•tnieut lôdig''? par des sténographes ce (jui : nesque. Mais (Ainstanco dit à Libère Pour :

donna moyen à des personnes pieuses de con- combien vous comptez-vous dans le monde,
servei' cet interrogatoire [lour exciter le zèle de vims élever seul avec un impie pour trou-
des chrétiens. L'om|iereur Constance dit : bler la paix de l'uuivers? Libère dit Quand :

l'nrce que vous êtes chrétien ol évèque de notre je serais seul, la cause de la foi ne succombe-
villes nous avons jn^é à propos de vous faire rail eas pour cela. Autrefois il ne se trouva
venir pour vous exhorter à renoncer à cette que trois personnes qui résistèrent à l'ordon-
maudite extravagance, à la communion de nance. Il entendait loscompagnons de Daniel;
l'iiiqiie. .\thanuse. Toute la terre l'a jugé ainsi reunu(]ue Eusebe le comprit bien et dit Vous :

cl l'a retranché de la communion de l'Kglise faites de l'empereur un Nabuchodonosor


'.'

|i\r la sent''nce d'un concile. L'évèque Ijlière Libère répondit Non : mais vous n'êtes [las
;

iipiudit Prince, les jugements ecdésias-


: plus raisonnable de vouloir ([ue nous condam-
lii(ues doivent se faire avec une grande équité. nions un homme que mnis n'avons pas jugé.
Cet pourquoi, tii votre piété le trouve à pro- Je demande aussi, moi, que l'on commence
pos, ordonner c|ui! l'un établisse un tribunal; par apporter une souscriiitioii générahi qui
et si Alliunasc est trouvé digne de conilum- conlirmo la foi de Nicee qu'inisuito on rap-
;

nalion, sa ecntenco sera prononcée suivant pelle de leur exil tous nos frères, qu'on lus
l'oidie, de la [irocédure ecclésiasticpie car ; rétablisse dans leurs sii'^ges et quandon vecra
;

nous ne pouvons condamner un honune que ceux qui troublent maintenant les églisiis se
riou> n'avons pas jugé. L'emiiereur Constance conformer à que tous
la foi apostolique, alors
dit :Toute la terre a condamné son impiété, s'assemiilent à .\lexandrie, où sont raccu»6
et il ne cheicliec|u'ii gagner du temi>s comme ol les accusateur», et ceux cpii (u-i'iinuiil leurs
ila toujoui'i) fait. Libère dit Tous ceu.\ ipii : inlérèls, alin qu'ayant tout uxamiué, nous mi
ont son&ciit n'ont point vu de leurs yeux ce pui.^sioiis juger.
qui s'e>t passé ils l'ont l'ail par le di'sir de la
; Epictàte dit Los voitures publiques ne
:

gloire ou [lar la crainte de l'infamie de votre snniront |ias pour tiaiispiu-ier tant d'evequoi.
part. L'empereur ilil Que veut dlie la gloire,
: Libère ré[iondil : L'Eglise n'a pas besoin do

(I) Atbao., Ad U'.nach. — (2) 'Ex |M)VOtUfa(.


HISTOIRE UNIVERSELLE DE LKGLISE CATHOLIQUE

vollurcî puliliqnes ; chaque (Sp;lisc fournira tèfe, ilsen ont lie=oin. Commp il n'«r«î( rcn
Lien à cimiluiro son évôiiiin jii'^qu'A la mer. voulu prendre ib; l'empereur ni de l'impéra-
L'eiiipprnur dil Ce qui est une loi'! n'^li- ne
: trice, l'eunuque Eu'^èbe lui en offàt d'autres.
peut être renverst^ : le jugement de la plupart Mais Libère lui dit Tu as rendu déserte? tou-
:

des (^,vè(iues doit l'emportrr. Vous êtes le seul tes les é:;li-cs du monde, et tu m'oflres une
qui vous attanhez à l'amitié de cet impie. F^i- aum'iue comme à un criminel va, romuience ;

bère dil Prince, nous n'avons jamais ouï


: par te faire clirélien. C'est «pie, dans la réa-
dire i|u'u" icousi'' n'étant paspré-sent, \in juiçe lité, les ariens, rpii niaient la divinité du
le traite il'im[iii', comme étant son entienii Christ, n'en méritaient pas le nom. Libère,
pai-ticulier. L'empereur dit Il a otTensé gé- : après avoir ainsi parlé et sans rien pren-
néralement tout le monde, et moi plus que dre, partit trois jours après pour aller en
personne. Il ne s"est pas ronlenlé de la jierle exil(l).
de mon frère aîné il n'a point cc^sé d'exciter : II ne se fut pas pliistAt mis en chemin, que

Constant à me haïr, si je n'avais résisté, par l'emficreur fit mettre un évèque de Rome à
ma douceur, à ses eflorts et A ceux de mon sa place. Il se servil, à cet cfiV'l, du ministère
frère, ,1e ne me saurai si lion lire de rien, non d'Épictète, jeune néophyte, hardi et violent,
pas même de la défaite de Magiience ou de qu'il avait fait évèque de Centumcelles, 'ur
Silvnin, que d'avoir éloiuné ce scélérat des la mer de Toscane,et il choisit, potir rempla-
affaires de l'Église. Ce Silvain était un capi- cer Libère, Félix, archidiacre de TR'-Misc ro-
taine de la nation des Francs, nourii parmi maine. L'élection se fil d'une manière as^ez
les Romains, qu'il servit longtemps fidèlement; élran'je. Trois eunuques représentèrent l'.os-
mais, poussé au désespoir par des calomnies semblc'cr du peuple; trois évèijues, indicnes
dont on le noircit auprès de Constance, il se de ce nom, dont l'un était .\cace de Césaréo
révolta et fut tué à Cologne, après avoir porté en Pale-tine, lui imposèrent les mains dans le
le titre d'empereur seulement vingt-huit palais de l'empereur car le peuple romain
;

jours. Cet événement était arrivé cette même ne peimit pas qu'une ordination aussi irrégu-
année S;),*). licre seà l'église, el de tous les habitints
fit
Libère dit Prince, ne vous servez pas des
: de Rome
pas un ne voulut y entrer depuis,
évèques pour vous venger de vos ennemis : lorsiiue Félix s'y trouvait. On lui rend toute-
les mains des ecclésiastiques doivent être oc- fois ce témoignage, qu'il conserva toujours la
cupées à sanctifier et à bénir. (>ommandez, foi de Nicée et qu'il fut irrépréhensible dans
s'il vous plaît, aue les évèques soient renvoyés sa conduite, hors l'union qu'il avait avec les
chez eux et, s ils s'accordent sur la foi or-
; ariens ilès avant son ordination '2).
thodoxe de Nicée, qu'ils s'a^semlilent alin do L'alfectueuse vénération des Romains pour
pourvoir ;\ la paix de l'univers mais (]u'il ne ; le paiie Libère survivra à son exil et à sa
semble ,.as qu'on veuille opprimer un inno- mort. L'an H52, il avait donné le voile des
cent. L'einjnreur dit Il n'est question que : vier.ïCs à la fille d'Ambroise. préTet des Gau-
d'une chose. Je veux vous renvoyer à Rome les. C'était à la messe de NoOl, en présence
quand vous aurez embrassé la communion des d'un peuple innombrable. Nousavons encore
églises. Cédez au bien de la paix souscrivez ; la belle allocution (|u'il fil on celle solennilè.
et retournez à Rome. Libère répondit J'ai : 11 y parle à la vierge de la dignité de son
déjà pris congé des frères de Rome; caries époux. C'e>t celui-là même qui venait de
lois de rRglise sont préférables au séjour de nourrir tout ce peuple, non plus avec des
Rome. L'empereur dit Vous avez trois jours : pains d'orge, mais avec son corps descendu
pour délil)é'rer si vous voulez souscrire et re- du ciel celui qui, ce jour-là même, naquit
;

tourner à Rome, ou voyez en quel lieu vous homme d'une vierge, mais avant toutes choses
oulez être mené. Libère répliqua L'espace : est engendré du Père, Dieu de Dieu. C'est
de trois jours ou de trois mois ne change point lui qu'elle doit aimer c'est lui qu'elle doit
;

ma résolutiou ; c'est pourquoi envoyez-moi honorer par la sobriété, la modestie, le si-


où il vous plaira. lence. Celte jeune vierge s'appelait Marccl-
Deux jours après, l'empereur fit aiqicler Li- line, el elle esthonorée comme sainte. Son
))ère;et, comme il n'avait point changé de frère, saint Ambroise, évèque de Milan, nous
sentiment, il ordonna dele reléguer à Hérée a consi'rvé celle exhortation du pape Libère,
en Thrace. QuMud Libère fut sorti, l'empereur qu'il appelle de bienheureuse, de sainte mé-
lui envoya cinq cents sous d'or pour sa dé- moire il dit à sa soMir, avec laquelle il avait
;

pense : plu* do dix mille francs de


c'était coutume île s'en entretenir, qu'elb- la lira avec
notre monnaie Libère dit à celui ijui les avait d'autant plus de plaisir ijue le personnage
apportés .\llez, donnez-les ù l'empereur, il qui la lui avait faite était plus saint (3). C'est
en a besoin pour ses solilats. L'impératrice aillai qu'un <aint parlait à une sainte, du pape
lui en envoya autant. Lihère dit Rendez-les : Lihère, ipulqucs annéi's après sa mort. Saint
à l'empereur, il en a besoin pour la dépense Basile. s;iint Kp-pbane, saiul Sirice parlent I
de ses armées ; et sil'empereur n'en u pas comme saint Ainl>ruise. Une foule de Irès-
beeoJD, qu'il les donne à Auxence ou à Épic- auciens m
irlyruluges placent la fête de saint

(1) Atlian., Hiit. Aria>i. ad Monach.,n. 39. Tlicoil., I. !. c. IS el 16. — <i) Alh*n., Hul. Jnam. od iffM«S
reaoU., Ha^ Arxm». ad Moneeh,, o. xvu. -- Ainbr., _'< Virg^ lU
(3; I.
I
LIVRE TKENTE-TROISIÈME. 137

Libère anx 23 et 24 septembre. Les Grecs, Ips vous et votre frère Constant d'heureuse mé-
Coptes, les Éthiopiens la lont au 2" août. Le moire. J'invitai moi-même les ennemis d'Atha-
ménologe des Grecs l'annonce en ces termes: nase à venir dans l'église où je logeais, pour
« Le bii-'nheureux Libère, défenseur de la vé- dire ce qu'ils savaient contre lui, les exhortant
rité, était évèque de Rome sous l'empire de à ne rien craindre et à n'attendre qu'un juge-
Conslaoce. «Emlirasé du zèle de la loi ortlio- ment équitalde. Je ne le fis pas une fois, mais
doxe, ii protégea le grand Athanase,vesé jiar deux, leur olfraiit, s'ils ne voulaient pas que
les hérétiques et chassé d'Alexandrie, parce ce fût devant lout le concile, du moins de me
qu'il défendait la vérité hardiment. Car tant le dire à moi seul, et promettant, s'il se trou-

«inp vécurent Constantin et Constant, la foi vait coupable, que nous le rejetterions abso-
orthodoxe fut maintenue ; mais Constance lument. Kn cas (ju'il se trouve innocent, di-
étant resté seul maître, comme il était arien, sais-je, et qu'il vous convainque de calomnie,
les hérétiques prévalurent. Libère, ayant cen- si vous ne voulez pas le recevoir, je lui per-
suré avec force leur impiété, fut relégué à suadi'iai de venir avec moi en Espagne. Atha-
Bérée en Thrace. Mais les Romains, lui çlant nase y conscatiiit mais ils n'osèrent et refu-
;

attachés par la foi et par l'alléction, allèrent sèrent également. Athanase vint ensuite à
trouver l'empereur et le lui redemandèrent. votre cour, à Aiitioche, quand vous l'eûtes
11 fut donc renvoyé à Rome, pour cette cause, mandé et, comme ses ennemis y étaient, il
;

et y termina sa vie après avoir saintement demanda qu'on les appelât tous, ensemble ou
gouverné son troupeau (1). « sépaieiueiit, alin qu ils prouvassent en sa pré-
Après l'exil du pape Libère et de tant d'é- sence iCurs accusations, ou qu'ils ne le calom-
vèques, les ariens crurent encore n'avoir rien niassent plus en sou absence. Vous ne l'écou-
fait tant qu'Osius serait en repos. 11 était re- làtes point, il ils le rehisèient de leur coté.
gardé comme le premier desévèques, ii avait » lourquoi donc les écoutez-\ous encore?
été confessenr, il avait plus de soixante ans r.ouiuient soull'rez-vous Valens et Ur.-ace,
d'épiscopat. 11 conduisait tous les conciles ; :i[:ci ([u'ils se sont rétractés et outreconnu
ses lettres étaient reçues partout avec soumis- jii.rcent leur calomnie"? car ils ne l'ont point
s-ion ; il avait proposé le symbole de Mcée et fait pur force, comme ils prétendent ;ils
déclaré partout les ariens hérétiques. Ils s'a- n'ont point été pressés par des soldats votre
;

dressèrent donc à l'empereur et dirent que frère n'y a point eu de paît, On n'eu' usait pas
tout le reste était inutile, si l'on ne gagnait de son temps comme l'on fait aujourd'hui, à
ce vieillard. L'empereur lui écrivit et le lit Dieu ne plaise! Eux-mêmes, de leur hon gré,
venir dans le même temps qu'il écrivit à Li- vinreiuàKome et écrivirent en présence de
bère. Quand il fut arrivé, l'empereur voulut l'evequc et des prêtres, ayant auparavant écrit
lui persuader de condamner saint Athanase à Athanase une lettre d'amitié ei de paix. S'ils
et de communiquer avec les ariens; mais le prétendent avoir souU'ert violence, s'ils recon-
saint vieillard lui témoigna la peiue que de naissent que c'est un mal, si vous ne l'ap-
tels discours lui faisaient, même à entendre ; prouvez pas, ne le faites donc pas; n'écrivez
il le reprit avec autorité, et lui persuada de point et n'envoyez point de comtes; rappelez
le laisser retourner à son église. Les ariens les exilés pour ne pas exercer de plus grandes
s'en plaignirent; et les eunuques de leur parti violences que celles dont vous vous plaignez.
pressèrent tant l'empereur, qu'il écrivit en- Car qu'est-ce que Constant a fait de sem-
core à Osius avec menaces et d'une manière blable'/ quel évoque a été exilé? quand a t-il
injurieuse, lui nomm.int les autres exilés, et assisté à un jugement ecclésiastique? quel de
lui reprochant qu'il était le seul qui lui résis- ses olliciers a contraint de souscrire contre
tât : qiieli]uefoiâ aussi, il le Uallait et le nom- quelqu'un, pour donner prétexte à Valens de
mait car il lui écrivit plus d'une fois.
SDii père ;
tenir ces discours? Cessez, je vous prie, d'agir
O-iur. dimcura ferme, et réiioiidit à l'empe- ainsi, et sou venez- vous (jue vous êtes un
reur par celte lellie : homme mortel. Craignez le jour du jugement,
» Umus a l'empereur Constance, salut dans ne Vous ingérez poml duos les alfaires ecclé-
le Seigneur. J'ai confessé la première fois siastiques ; ne jirétendez point uous donner
dans la persécution sous iMaxinuen, votre des ordres en ces matières ; aiquenez-les
aïeul. Si vous voulez aussi me persécuter, je plutôt de nous. Dieu vous adonne l'empire, à
suis encore prêt à tout soullVir, plulôt que de uous il a conliel Eglise. Comme celui qui vous
répandre le sang iniidcent
et de uahir la vé- dérobe votre puissance coulrevient à l'ordre
rité ; t à votre communion, si
je reuouci' de Uieu ainsi craignez de vous charger d'ua
;

vous écrivez et menacez do la sorle. iN'ecri- grand crime, si vou.-> lirez a vous ce qui est de
Vez donc jilus ainsi, ue .suivez pas la doctrine 1 Eglise. Il est écrit ; Rendez à César ce qui
d'Aiius, n'écoutez pas les Orientaux, et ne est à César, et a Dieu ce qui est à Dieu. Il ne
croyez [las Ursace et Valens. Ce n'est pas tant nous est donc pas permis de dominer sur la
contre \llianase qu'ils parlent qu'en faveur terre; et vous n'avez pas la puissance de sa-
de leur hérésie. Croyez-moi, Constance, je crilier. Je vous écris ceci par le soin i|ue j'ai
buis voire aieul par l'agc. J'étais au concilede de votic salut. Quant à ce que vous m'avez
Sardligue, (luauil vous uous assemblâtes tous, luaudé, voici mou seulimeut. Jo uo tiultaiiisH

(() Àet» M, M 11^.


138 HISTOIRE UNlVIjriRKLLli UE LRfW.lSK CATIIOLIQL'B
point avec Jes arion», mais j'aiiiillu'-iniiti^ne mtif;islrals municipaux
avec mcnaci; d'a-
,

leur liéri'sie ; je n'''i rirai [mini iimlii- Atliu- mende; ne lonlraiunaient eliucun leur
s'ils

nase, jusliliépar l'Knli-i; idiiiaiiit;, par loul le éveiiue à souscrire. Toutes les ville» étaient
concile et par iiou--iiR'iiii'. Vous lo «avez si pliiues de crainte et de Iroulile. On envoyait
bii;n, ijui- vous avez iicr-
l'avcit iap|>clé cl lui qui'lipies é\éipies à l'empereur, .iHn qu'ib
ruis lie rclouriicr avic lioiiiiriir dans son pays fussent intimidés par sa préseiu'o on inven- ;

et dans son oglisc. Quel piéli'Xte avc/.-vous tait contre quelques-uns îles raloniniei pour
d'un tel cliangcHicnt? il a les mi^mos ennemis épouvanter les autres; et il y ei/cal pinsirurs
iju'auparavanl; ce (lu'ils disent tout lias, car qui cédèrent et qui renoncèrent à la commu-
ils n'osent le dire tout liant en sa pn-smce, nion de saint Atlianase. (^'ux qui venaient
c'est c;e qu'ils disaient contre lui, avant que trouver l'empereur n'avaient [loint la pennif-
vous l'eiissioz rappelé; c'est ce qu'ils (ui- siun de le voir ni même de sortir de leur lo
bliaicnt dans le concile, et dont ils ne purent gis un ne leur donnait aucun relâche qu'iU
;

donner de prnuv(! quand je les en pressai, n'iaissent souscrit, et, s'ils le refusaient, ils
couiine j'ai dit. S'ils en eussent eu, ils' n'au- étaient imnnis. Les ariens voulaient gn)~Btr
raient pas lui SI lioiitiMisi'mciit. t)n' donc vous leur parti, du moiii^t en ap|pareiice, en amas-
a pt'rsuadé, après tant de li inps, d'ouldier sant un grand nombre de signature:-, i/em
Vos lellrcs et vos [laroles? ArrrIe/.-vous et pcreur ne relâchait point les éveque?? exilés
n'écoutez ]ias les aiéthants, de pour de vous pour ce suji-t, quoique dans le même temps ii
renilre coupable pour leurs intérêts. Vous souvent au buut de peu de mois,
ra[ii'elàt,
agissez ici pour eux; mais an jour du juge- des criminels bannis pour des larcin«, des
ment, voufc vous détendiez tout seul, ils veu- meurtres ou des séditions.
lent se servir devons pour ojqirimer leur en- Quiconque était ami des aricnii. quoique
nemi particulier, et vous rendre le min sire chargé d'nilleurs et convaincu d'une inlinite
de leur méclianceté pour semer dans l'I-'ylise de criuies, n'était point accu>é ou s'il était
;

leur délestalile hérésie. Il n'est pas tli- l;i piu- jugé pour la forme, il était acquitté, il deve-
dence de se jeter dans un péril évident, [loiir nait célèbre parmi eux, et ami de l'empereur;
l'aire plaisir à d'autres. Cesse/c, je vous prie, il obtenait des juges tout ce qu'il voulait. Au

et croyez-moi, Constance, il me convient de contraire, celui qui combattait leur lieretiie,


vous écrire ainsi, et à vous de ne le pas mé- quelque innocent qu'il fût, était aussitôt en-
priser. I) levé sous quelque prétexte, comme d'avoir
Telle fut la lettre admirable d'Osius. Mais mal parlé de l'empereur ou bla.>pbéiné contre
l'empereur n'en l'ut point touché; il ne laissa Dieu il était juge par l'empereur cl envoyé
;

pas de le menacer et de chercher des pré- en exil. A la place d'un évcque ainsi exilé,
textes pour le maltraiter. Et quoiqu'il iren on envoyait aiis?ilol quelqu'un de zélé [mur
trouvât point, sinon qu'il encouraueail lus l'heresi,', que l'on laisail recevoir a main ar-
autres éveques, principalement en Espagne, mée par les peuples qui ne le connai~->aient
à ne pas abandonnor saint Allianase, Cnui- point, et l'on puni-sail de contisoaliiin cl des
tanccne laissa pus de se le faire encore ame- pcinei les [dus rigoureuses, ceux qui relu-
ner, et de le tenir un an à Sirminm, sans saient lie ^'y soumetlre. On voulait les con-
respect pour son agi;; car Usius avait envi- traindre à hiiir ceux qu'ils aimaient, qui les
ron cent ans(l). avaient instruits, qui étaient leurs perc*
Cette persécution contre les calholiciues fut spirituel, pour aimer un homme d<>nl ils ne
gcnerule. L'empereur Constance envoyiiit voulaient point, et conlier leur- enfants a
l»;irl(iul des olliciers avec des ordres mena- u«-lui dont ils ne connaissaient ni la /le la m
;jauta adressés aux éveques et aux jiigi'S. .Vux conduite (J).
évo<iue8, pour écrire contre saint Atliauase et L'ariaiiisme et Constance qui le soutenait
oominuiii(juer avec les ariens, sous peine de par la ruse et la violence, sunl qualities de
bannisseiui'iit pour eux, et pour les peu|ilcs précurseurs de l'Anlechnst par les l'eres de
qui s'assemldaient avec eux, de prison, île i'LgIise. Ou ne peut s'en étonner. Ij: carac-
tunitiuu corporelle, de couliscalion de biens, tère [iroprc lie r.\utecliri~l linal, c'est d'etrfl
es juges étaient chargés de l'exéeuliou et, ; rennemi du Christ. Or, les ariens n'eiiétaieui
pour les y exciter, ceux qui élnienl envoyés ils pit~ les ennemis, en niant, en coinliatlant
avaient avec cu.v des clercs d'L'rsacu et de sa diviniie'/ Ue plus, ils recédèrent et pf>-'p»
|

Valens, qui dénoiii^aieut ù l'cmpoieur les rérent un premier aalecliiist, Julien lAp-is-
juges négligents. Lesautres liéioii^iuesavaient tat Julien etail cousin de Cunstance. Au
:

la liberté de publier leurs bla^pllemu^à la la- massacre de sa famdle, il fut épargne à cause
veur dos aiien> il n'y avait que les calho-
; de sa jeunesse. 11 courut de nouveau de
liques de per.-écule->. l'Iusieurs evéques lun'ul graiiils daugers, lorsque Constance lit mourir
donc menés devant les juges, qui Inur ordon- son frère, le cé^ar t^idlus. .Sun carai 1ère «Lait
naient de souscrire ou de se retuer de leurs un mélange de taux el de vrai, ov uM ul de
églises. Plusieurs particuliers s'ucarlèrenl en bien ses maîtres ne le ledi'e&scieuL p.is. On
:

chaque ville, de peur délie accuses comme compte parmi eux Eusi-be de .Nicouiedie, le
amis des évequea; car un avait aussi cciil aux pilla louri>e des arieos ; kocbule, iiuplusla, qui

(1) A.\htn.,A(l Uu'iach.. n 41. — (2; Itid., q. 4& «Ise^.


LIVRE TRENTE-TFlOrSlPlME. «9
nptiamait rontrc idoles sous Constance,
les rélo(inence à celle de Périclès ; comme encore
adorait les sous Julien, et joua le rôle
i.loles Victorin d'Afrique, qui enseignait avec éclata
de piMiilent sous Jovien; eiitin Aëtius, d'abord Rome, où il voyait, parmi ses disciples, les
esclave, juiis cliaudronniiM-, puis charlatan, plus illustres sénateurs, et où il embrassa le
puis mi^decin, puis sophiste, puis le plus im- chiistianisme sous l'empire de Julien même.
pie des ariens, parce qu'il en était le plus Dans le nomlue des rhé'tenrs que l'all'ectioQ
con<éi[U(-iit soutenant (juo le Verbe, non-seu-
: liltiu-aire pour Ilomèiti, l'iaton, .Vristote, bien
lement n'était pas égal au Père, ils qu'il ne m plus que la. (.nviction, retenait dans le paga-
lui était pas même semblable. Sous des mai- nisme, le plus illustre était 'l'héuiistius, que
tri'S pareils, le léger et superficiel Julien dut l'empereur Constance éleva au rang de séna-
ne voir dans le christianisme ([u'une œuvrf teur de Conslanlinople, et ijui se lit estimer
d'homme, qu'un système inconséquent, qui jusijue sous l'empereur Tln'^odose, pur soa
avait détruit la vieille iJi^lâLrie pour en intro- nolde araclèri»
I
puis Lilianius, originaire
;

duire une nouvelle. Caries purs ariens étaient d'Aiitioche, d'un caractère et d'un' é'lo(pien(,'e
de vrais idolâtres ils adoraient le Fils et le
: ]dus p('danlesi[ues. Le goût des lettres forma
SaiMt-lLS[irit, qu'ils reconnaissaient ci-pendant des liaisons d'amitié entre ces rhi'tmirs et des
pour de pures créatures. Julien, loutelois, l' de l'Kgli^e. Ainsi, saint Gci'goire de
d'après ce i(u'il Jiious Hp|a'eu<l lui-même, de- Nazianze recommande l'amilièremeiil ses amis
meura chrétien jusqu'à l'âge de vingt ans. Il à Thémistius, qu'il appelb; roi de l'cdoquence.
fréquentait les églises et les monastères il : Ainsi Libanius, après avoir envoyt; nue de ses
entra même dans le cbîrgé, et remplit [dus compositions oratoinis'â saint lîasilc, lui écrit
d'une fois les fonctions de lecteur. A l'âge de jilus tard que, puisqu'elle a mérité son suf-
vingt ans, il devint seci'ètement apostat, en frage, elle n'avait plus à redouter la critiiiue.
atteudant de se montrer tel publiquement, Mais outre ces païens lettrés, pour qui le
quand sera empereur. Ainsi (juc nous l'a-
il paganisme était peul-èli.', moins une religion
vons déjà vu, le surnom d'Aposlat, devenu qu'une littérature, il y avait d'autres sojiliistes
inséparable de celui de Julien, donne précisé- qui s'en faisaient une profession de sciences
ment en gicc le nombre mystérieux de >ix occultes. Ceux-ci visaient [iliis au titre de phi-
cent soixante-six, que saint Jean avait piédit losophes qu'à celui d'orateurs. Comini! le ciiris-
au nom humain du rcstauiateur de l'idolâtrie tiaiiisme avait battu en ruine bi pliilosiqdiie
romauie : a (I) n (80) o (70) a (6) « (1) x {MO) païenne ou le paganisme philoso[duqiie, les
il(8) i{-2m); total, 000(1). nouveaux philosophes eu envebqqièrenl les
Les causes de son apostasie furent diverses : débris de mystères. Pour y être admis, il fal-
l'instruction avait re<^ue ties
fautive qu'il lait des épreuves et des puritications. On in-
ariens le scandale «le leurs intrigues et de
; venta même une cérémonie nouvelle [lour
leur.s passions; la haine iju'il portait â Cons- purifier et régénérer l'homme: c'était le lauro-
tanci',ct qui se transforma en haine du chris- liole. Le postulant descendait dans une fosse
tianisme; un esprit curieux, superUciel et d'une que couvrait un plancher percé de trous, sur
piodigii'use vanité. le([uel on égorgeait un taiiivau ou un mouton,
l'armi les hommes île science, les plus soli- dont l'initié recevait le sang par les trous sur
des et les plus profonils embr:issaienl toute la toutes les parties du corps. Il n'y avait point
perfection du christianisme; devenaii'iit des liesouillure dont cette expiation ne piiriliâl.
l'cres de T'Kglise, des hommes puissants en Cesrérémonies mystériiiuses avaient pour but
paroles et en œuvriis. Ceux qui tenaient plus de rendre vénèiables aux initiés les supersti-
à l'élégance du langage qu'à la vérité des tions surannées de l'idolâtrie, les augures, les
choses mêmes, se faisiiienl sophistes ou [)ro- ^a^trologie, la magie et
ai u-.idces, les oracles,
fesseurs d'éloquence. Ils ensrignuient à dccla- antres divinations; mais surtout les supersti-
nicr sur toutes sortes de sujets, pour ou contre tions nouvelles do la thénirgie on l'art d'évo-
d'une manii'rii (ilausible, et a siiduire l'audi- quer les démons et les dieux, et même de so
trur par <les lieux communs et des vraisum- l'cndre visible la divinité suprenii\ Telb; est la
lilaiicespiqiulaiies, sans se souc^ier île la vérité. philosophie que l'bdin, l'oridiyro et Jainbli-
IK tenaient des écobîs dans les principales que avaient piiip:igée d.ms liMrs eciils el
vides, et .se provoquaient ipielquelnis â i)ui parmi leurs disciples et qui lit de Julien un
tiarierait mieux dans des séances publiques, apostat.
jcs disciples prenaient [)arti poui' leur niailrej Le principal soutien de cetti- philosophie
cl tàchaii nt de lui procurer le [dus d'élèves (tait alors le sophisti' Ede-iu-i;. peigame, avec
qu'il se pouvait. \ cet ell'el, ils s'em[)ar,ilenl ses disciiiles Eusèbo, Chrysanle ul iMaxime.
lies n'oiivcanx arrivants, les initiaient dans Julien, cjiii, pendant que son frère Gallin' était
leur société par des cérémonies moitié sérieu- césar, jouissait de la liltoi ti! et >U'. grands biens,
i-es,^moitié liurlesques, quelquefois même par alla trouver ICdésius, iiui, étant trop vieux, lo
un sei'mi-nt de uc pus (juiller leui' école renvoya â ses disciples. Lusèhe, i-.t Cl.rysanthe
l'armi ces lu'ofesseurs de rluHoi ique, il y en agirent ensemble de manière â exriti'r eu lui
avait du rliiétiens: comme l'rolierûsius, ipii un di'sir irrésistible de connaitri! lu.smysléri'S
enseignait à Athènes, et dont Julien comp.uc de la Ibi'urgie. Eusèbe parais-ail lu mépriser.

{\) ioiiU., /lf>ucai., un.


-

140 HTSToinr: univf.rski.le de léclise catiiouqde


Il finissaitironliiiiiirc sos discours par ces ci'iémonie pour efl'acer son baptême ce fut :

parolrs Voilà en ([u'on doit appolpr dos véri-


: sans doute celle du taurohole Ca).
tés solides; car pour les prodiufs dos préten- Ce iiu'il y a de certain, c'est que Maximf!
dus thaiimaturRos, ce sont dos illusions ot des lui piodit l'empire, qu'il fil briller à ses yeux
extrava^anros ([u'il faut laisser aux insensés le |iroji'l d'anéantir la religion dominante pour
qui ont rommorce uvoc les puissances malé- rét iblir celle de ses ancêtres, et qu'à force de
rit'llos. Julien lui ayant demandé rox|diiation pi'i'dictions, de flatteries et de prestiges, il le
/le cctlo espèce de refr.iiii. Ivisélio lui répondit; renilil le païen le plus fanatique ••'i fût ja-
Maxime (il était alors à K[diese) est un dos mais. Julien ne se regarda plus que comme
plus anciens et des plus lialiili'S disciples d'Edé- un prince appelé par les dieux pour être le
sius, mais il donne dans des folios. Il n'y a pas restaurateur de leurs autels. Il soupirait en
'cngtemps qu'ils nous conduisit tous, tant ipio voyant l'état du p.i'_'ani«me il s'allenilri'saic
;

-!0us étions, au temple d'Iii'cMte. Quand nous jusqu'aux larmes sur la ruine et l'abandon des
'i\mes arrivés et ipie imus eûmes salut; la teinides, dont les dépouilles étaient -'u proie
déesse, il nous dit : Asseyo/.-vous, mes chers aux favoris de Constance. Il disait quelque-
amis, vous viTrez si je suis un Ijomme onli- fois à ses amis que, s'il di'venait empereur, le
naire. Nous nous assîmes. Il purilia un grain monde serait heureux, c'est-à-dire qu'il réta-
d'encens, et lécita tout lias, je ne sais iiuelle blirait l'idolâtrie. Dès lors il commença à ré-
hymne. Aussitôt la statue île la dé sse se mit gner sur les cœurs de ceux des païens qui su-
à sourire. Nous fûmes oIVrayés mais il nous ; rent son changement. Ils otfraient pour lui
dit Ce n'e-^l qu'une lia^'atelle. Les llamlicaux
: des sacrifices en secret. Quelques-uns entre-
qu'elle tient vont s'allumer. En olfct, les prenaient des voyages uniquement pour voir
flambeaux s'allumèrent avant qu'il ont lini de et [lour entendre celui qu'ils considérait nt
parler. Nous fûmes frap(i<'s un instant de cei dt'jà comme leur libérateur.
prestiges mais il n'y a rien là qui m'étonne
; Les soupçons de son apostasie parvinrent
ni qui doive vous étonner. L'essentiel est ju-qu'aux oreilles de son frère Gallus. ipii lui
d'épurer sa raison. —
Je vous laisse avec vos envoya l'a ien Aolius (lour l'affermir tlans la
raisonnements, reprit brusquement Julien. foi qu'ils avaient héritée de leur=[ières. Afl us
Adieu, vous m'avez montré l'iiomme que je revint édilié d'- Julien; au font!, ce que d saient
cherche. El il partit [Kuir E|ihosu. C'est le les philosojdies du Logos ou Verbe tlivin, uo
siphisle ou philosophe iMinape, disciple de dillérailguère du pur arianisme. Gallus écrivit
(^hrysanlhe, qui nous apprend ces dé donc à son frère une lettre que uou- ..vons
tails(l). encore, et où il lui témoigne combien était I

Julien se livra sans réserve à la conduite de satisfait d'aïqireiidre qu'il fréquentait --idù-
Maxime ; et, dès qu'il eut pris ses leçons, il ment les maison* de prières,
ne q illait
et
brisa, dit Labanius, comme un lion en fureur, point les tombeaux des martyrs. Juli'-n pous-a
tous les lii'iis oui rattachaient à la religion [ilusloin son hy[iocrisie il se fit raser la tète
:

chrétienne. .Maxime, qui avait iiout-élre be- et joua la vie de moine. Lorsque son frère fut
soin d'un second, l'ii [)or.->ua(la de faire venii- mis à mort, il.se trouva en péril lui-même;
Chrysanthe et ces deux philosophes, cpu'ique
; mais il avait une prolectrice à la co :r c'était :

habiles qu'ils fussent, no pouvaient suftire l'impératrice Eusébie. Elle lui oblinl la per-
qu'avec peine à l'avidité do leur disciple, qui mission d'aller continuer ses éludes à Athè-
croyait n'avoir rien appris tant (pii lui restait nes, a
quelque chose à apprendre. Enlin, ils l'intro- Cependant l'empereur Constance, tout oc-
dni>irent dans le secret de leurs mystères. On cupé à tenir tics conciles et à tourmenter les
dit que le philosophe qui devait l'initier (c'é- évéques. négligeait la iléfen- 'do l'empire. Les
tait sans doute .Maxime), l'avant mené dans un Gaules étaient infestées par les Barbares de la
temple, le lit doscendre dans une grotte sou- Germanie, l'Orient étail insulte par les Per-
terraine. Quand les évocations furent ache- ses. Constance avoua pour la première fois
vées. on entendit liuit à coup un bruit ef- qu'il succombait sous le poids des atTaires.
froyable; on vil iiaraitre îles spectres de teu. Par le créilil île l'impéralricc. Julien fut rap-
Julien encore novice, fut saisi de frayeur, et pelé d'Vthènes. On lui coupa sa barbe, on lui
fit, par habitude, le signe de la croix, tout dis- 6la son u)anleaii de philosophe et on l'habiila
parut à l'instant ; et. la même chose étant ar- en homme de guerre. Enlin le 6 novembre
rivée jusqu'à deux fois, Julien ne put >'em- 3rio, Constance le proclama césar à .Milan, en
pèchor de dire à .Maxime «[u'il admirait la présence de l'armée. Peu de jours après, il lui
vertu de ce signe des chretien<. .Maxime, qui lit épouser sasœurHébneetlui conlin le gou-
vit chanceler son prosélyte, lui dit d'un air vernement des Gaules. Julien, qui ava l alors
d'onthousiaslo Quoi donc croyez-vous avoir
: ! vingl-qu lire ans, fit un panégyrit|ue*le l'im-
fait peur aux dieux'.' Non, prince; mais les pératrice et deux de l'empereur. Il si diflicile •

dieux ne veulent point avoir de commerce de porter plus loin l'hypocrisie et l'adulalioa
avec un profane comme vou~. Julien se paya Il méprisait el dél^ :'>.ait Constance au fond de
de cette raison, ne troubla plus la cérémonie son Ctour el cepe'.'ùanl, à renlendre. ce
;

et se laissa initier. Plus tard, il lit une autre même Constance surpassait en vcrUis et eo
(t) Funap., h Maxim. — Çt) Tbtod., I. IIL o. tn.
LIVRE TRENTE-TROISIÈME. 14t

f5(5nie tous les grands hommes de l'antiquité, tendresse comme leur fils. Transporté de joie,
y compris Alexandre le Grand. Enfin, s'é- il leur demanda qui elles étaient et d'où elles
otpz d'iloniùre It^s noms propres de
cric-l-il, venaient. Filles répondirent qu'elles se nom-
ses héros, mettez-y colui de Constance, lepoi'te maient l'une la Chasteté, l'au're la Tempé-
:

semblera (larliT plus juste. Tel se montre Ju- rance; qu'elles assistaient au trône du roi Jé-
lien ses propres œuvres (I).
dans sus, et se riélectaienl en la beauté des vierges
AAthènes, il avait vu deux hommes qu'il céle-tes. Elles l'engagèrent à unir son âme à
aurait bien voulu s'attaciier c'étaient saint: leur àine. afin qu'elles pussent un .'our le
Gré.i,'oire de Nazianze et son ami saint Basile. transporter dans les cieu.< et le placer dans
Ils étaient tous deux du même âge et du même les splendeurs de l'éleruelle Trinité. Après
pays, la Cappadoce 11 y avait trente ans que quoi elle s'élevèrent an liel. Cette vision le
Créu;oire s'appliquait à l'élude des sciences et remplit d'un anlent amour pour la pureté vir-
des lettres. ginale. Son plaisir u'élait point aux amuse-
11 était né, vers l'an 316, d'une mère chré- ments de la jeunesse, mais avec les personnes
tienne et d'un père encore païen, dans la pe- qui avaient consacré à Dieu la pureté <le leur
tite ville de N'azianze, non !oin de Césarée, corps et de leur ;\iùe. Avec un cœur pur, il
capitale de la province. Sa mère, sainteNonne, reçu une inlelligence insatiable 11 aima les
avait .lemandé à Dieu un fils, et le lui avait livres, il aima les savants
; mais les livres et
consacnô d'avance quand elle se vit exaucée,
;
les savants ijui pariaient de Dieu. S'il aima,
elle le lai consacra de nouveau il fut nomme s'il cultiva les lettres profanes, ce n'était que

Cn\i,'oire, comme son père Elle eut un second pour mieux servir les lettres sacrées Lui-même
tils, saint Césairc, et une tille sainte Gorgonie. nous aii[i:end, dans ses poèmes, ces particulari-
La pieuse mère éleva elle-même ses enfants tés de son enfance.
dans la piété, et leur apprit à lire dans les li- Quand il eut appris tout ce qu'il pouvait
vres saints. Elle leur donnait l'exemple de a[)pren(ire dans son pays natal, il se remlil ;•.

toutes les vertus. Sa chanté envers les pauvres Césarée de Palestine, et son frère Césaire à
était sans bornes. S'il eût été permis, elle se Alexandrie. A Césarée se trouvait l'école fon-
sérail donnée elle-même. Son respect dans déii par Urigène, el la fameuse bibliothèque
les églises était si grand que non-seulement de son disciple, le martyr eaiut l'amphile,
elle y gardait le silence, mais qu'elle se fai- augmenté.! par le savant Eusebe.
sait scrupule de cracher sur le pavé et de tour- 11 y avait alors dans la même province saint

ner le dosa l'autel. Dès avant qu'elle fût mêie, Cyrille, d'abord [irêtre, ensuite éveque de Jé-
elle demandait à Dieu, par ses prières, ses rusalem, où il êtail né vers l'an ;il."). Ordonné
jeûnes a' ses larmes, la conversion de soû prêtre vers l'an ii'io, par saint Maxime, il fut
époux. Çiiand Dieu lui eut donné un fils, elle chargé de prêcher tous les dimanches dans
y travaille avec plus de zèle encore. Grégoire l'as embliie des fidèles, el en même temps
le père n'était pas propremeul idolâtre, mais d'instruire les catéchumènes. Il nous reste de
de la secte des hypsistaires, ainsi nommés lui vingt-trois catéchèses où instructions fa-
parce qu'ds faisaient profession d'adorer le milières et orales, dont les dix-huit [uemièrcs
Dieu três-iiaut, en grec Hypsistos à quoi ils ; expliquent le symbole, cl les cinq autres les
mêlaient plusieurs observances lê,^ales des sacreinenls de bapiênie,, de conlirmatioii et
Juifs. Il re rendit enfin et reçut i 'iMptème, d'eucharistie, que les néopliytu's recvaiciit le
en 32.J, des mains d'; saint Léonce, évéque de même jour. C'e.-t un inoiiuuieiit d'un prix
Césarée, qui passait par iNazianze pour aller inestimable, par la clai té et la suite avec la-
au concib; de Nicée. Comme avant son bap- ijucUe la doctrine chiétienne y est exposée el
tême il pratiquait déjà toutes les vertus mo- deli'udue contre les païens et les héreliipies.
raii's, il Ut de si grands progrès dans les vertus Ces catéchèses ou catéchismes, <|ui duraient
chiéticnnes (jue, quatre a:is après, il fui fait une heure, se faisaient sous le porche île l'é-
évèquc de Naziauze. 11 avait alors en\iron glise, non pas dans l'église même, les audi-
cinijuanle-ciuq ans, ainsi que son épouse il ;
teurs n'élant pas encore baptisés, ((jaléclieses
en vécut encore quarante-cinq, c'esl-a-dire ou catéchismes, inslruitioiis de vive voix. C i-
en tout, près d'un siècle. Telles sont les dates téchumènes, les juifs ou païens i[ui éc(juleul
qui lésullent nécessairement des détails que cette espèce d instruction.) Saint l^yiille donne
Giegoirc le lils nous donne sur sa vie el sur le nom de fidèles à ceux qui, même awiiil d'e-
celle de ses parents (2). lle baptisés, croient de cœiii el piofcssenl de
Avec la pieuse éilucation de sa mère, le bouche lout ce que l'Eglise croit et enseigne.
jeune Grégoire re(;ut des grâces particulières Dans ces anciens calecluunes, les ainlileiirs
d'en haut. Dans cel ùge où les notions de vice étaient assis, el les huamics si'paiés des fem-
cl de vertu commencent a se développer dans mes. Les catéchumènes devaient g.irder le si-
l'àme, il eut, la uuit, un songe. 11 apen^ul à lence sur les mystères, devant b's intitièles
ses cotes deux vierges, velues dt; blanc, dune Sailli (Cyrille commence par un discours
mode-lie el eu même temps d'une maje>lii préliminaire, sur les disposiliuiis générales
surhumaines, qui &e mireul a l'embi asser av' • qu'il laut .ipporter à ces iiistrucli uis, el à lu

0) Orat., u. p. 75, édil. Spanh. Vie de Julien, par La Bleliirie, Gordit, Jondot, T'ilemonl, etc. - (2) ic*.
Sa.,t. IL mai . II., I. LU, «>/(. Gui/e.-ou/c/, 9 muii. AlLi'irji, Vte Jt S. (jrig. dt Nus.
147 lUSTniRE UNIVERSELLE DE L'ÊOLISE CAÏUULrQUB

jécr|/li()n piorluiinc du sacrfiiucnt ilfi liiiptêiii»! mais qui :ie fait presque jias de m.il à qni
et aulies iiiysU'ics. Ces in-tnii-tions c)ii-
di'8 ji'ttei.iit an'-itot.
l'uieiil <|iiaraiile jours, tout le li'in|is du ca- Il Mais, dira pr-ul-élre ipielqu'un, (|u'est-rc
i-ém!\ Il ne liiulpas s'y présoiilcr comme Si- que \<' |iéché?... Le péché c-l unr- iiiauvaisft
njoii le Maf;ii:irn. Il fui ploiiKi' 'l'ins les eaux jiroduction de votre voloidé. lté;:li'z vos re-
du liaplème, maisil ne pas ilInniiiK^; l'eau
lut garnis, et il n'y aura point d». r-oucuj>i.scerire :
lava son corps, niaisl('Saint-K>piit 11 V'da ira pas ne faite-i tort à [lersonn"', ''l il n'y ui'.a plus
son cœur; sou eorllS(ll'^cendil dans l'eau ri eu de larcin ; pensez au juifetnent. et il n'y aura
suitil, mais son àiue ne lui pas ensevelie avec plus ni fornication, ni adultén-. ni li"uii<ide,
Jésus-Clirisl, et aussi ne ressuscila-l-ellc pas ni autres désoidres. C'e-l eu oubliant Vs ju-
avec lui. Ne faites pas non plus comme celui gements d'- Kieii, qu'on pense à faire du il, m
qui entra au feslin d(^s noces, sans avoir le vê- et i|ue l'on commet l'iniquité. Vous n'éb-s jias
temeul nuptial, lieccvez les exorcismes ciunme toujours seul auteur du mal qu'' vous fuiti-s :
uu feu qui purilie l'or de loul alliage. L'uni- il arrive souvent que vous y êtes excité par
que chose que Dieu vous demande, c'est la un autre ; c'est le diable qui vous le sug^'ére,
bonne volonli':. et qui le suggère à tous les homm'-s, et qui
Dans la première insiruetion, Cyrilleexhorie surmonte votre résistance première, quoique
les ni'opliyles à se dépouiller du vieil homme sans vous faire violence... Le prince du pé-
par la pénileuce cl la confession, atin de re- ché c'est le démon... Il a péché, non qu'il y
vélirriiomine nouveaudans le l)a|ilème. « C'est fût porté par aucune nécessité niilun-lle ,

jirés(Mitemenl le Icmi'S propre |)our se confes- comme si pouvait a<-cuMîr le Cré-iiti-iir


l'on
ser. Confessez ce que vous avez commis, soil il'èlre la cause cle .sa chute; mais ayant été
jiar paroles, soil par œuvres, la nuit ou le jour; cri'é bon, il est devenu diable par sa propie
confessez-vous dans ce lemi)s favorable... La Volonté... C'est de lui que vii;nni'nl rimpurcl"'-,
rémission des péchés se donne à tous éiçaie- l'adultère et les autres péclu-s. C'esl à cause
ment;maisle Sairil-Kspiii communique ses de lui qu'Adam notre premirr pèn*
, fut ,

dons à un chacun selon la grandeur de sa chassé du paradis délicieux où Dieu l'avait


foi. Si vous avez ajqxulé peu de pré|)araliou, mis, où la lerre produisait d'ellf-mArue di-s
vous recevrez moins si vous avez lieaui'oup
; fruits excellents; au lieu qui- préM-nte'ucnl elle
travaillé à vous en rendre digne, votre récom- ne porte plus i|ue des épinis.
pense sera plus grande c'est pour vous que
: '1Quoi ilouc, dira quelqu'un, est-ce que
vous travaillez. Voyez si vous avez quelque n 'lis périrons tous après avoir été séduits?
chose conire quelqu'un, et lui pardonm-z; car est-ce qu'il n'y a plus desalut à e»(H'rcr?... En
avec quelle hardiesse oseriez-vous dire au un mot, si nous somme» morts, est-ce que nous
Seigneur Remettez-moi toute la multitude
: ne pouri'ons plus re--uiciter? homme ipii —
de mes iniquités, si vous ne vouliez pas par- parlez de la sorti-, arrêtez vos murmures. Ce-
donner quelque faute à volrt; fière"? » lui qui a ressuscité Lazar<'. qui était depuis
La seconilc instruction est sur la pénitence. quatre jouri dans le tomlteau, ne p>'ul-il pas
• Le péché est ([uelque cho.se d'énorme c'est ; beaucoupplus facilement vousrcssusciler i-tiinl
une !c5 maladies les plus aiguës de l'àme il ; encore dans celte vie? Gdui qui a n-paudu
hii ote toutes ses forces, et la ren digne du 1 pour vous son |u-écieus sang, nous tb-livri-ra
feu éternel c'est un mal du libre arbitre et
: de nos péchés. .\e nous dé^e^péron> point, mes
une semence volontaire. Car, que nous pé- frères ne nous dé'-ouraneons point, l^e plus
;

chions volontairement, le Prophcle le dit assez grand de tous les péchés, ce de ne pas s.- con-
clairement par ces paroles Je vous ai /jhnlce : fier en la pénitence... Nous sommes donc de
cuminc KHL' L'igiie qui drcnit forterdu Irvii et tonte nous-mêmes susceptibles des grâces qui ope
vraie ; cummint vun-i ites-vous c/iimgce en amer- reut le salut; mais il faut «le plus que ninis lo
tume, telle (ju'wic VKjiie élranyère (1)? Ce n'est voulions. Songez «juc Uieu e-t bon. et même
pas que nous ne soyons de bons plants, mais Irèé-bon. .\iusi ne ililes point qu'ayant com-
le fruil qui vient de notre volonté est mauvais. mis, uoii une fois, luaisplu-ieurs fois, des pé-
C'est pour cela qu'on ne [)cut en ri'ji'ler la chés énormes, il n'y a plus de pardon pour
faute sur celui qui a piaulé ci-llc vigne, quoi- vous et que Dieu ne voudra pas les oublier.
qu'elle méiile d'être mise uu feu parce que, ; Ecoutez le p.vdm sle qui s'écrie Se:i:n<'ur, :

'
ayant été destiiiée à faire le bien, il arrive ohj t/ue la ntu/ti ttJedfrof 2 .

qu'elle ne produit que du mal par sa mau- ISos péchés ne peuvent j;i. il-

vaise volonté... Comme Uieu est bon, il ne litude des mi>ei ic4»rdo> de Dieu, tl U l.cs que
peut rien créer de mauvais, et la créature ue soient nos plaies, elles ue sont point incura-
peut devenir m:in\aisi' que par sa propie vo- bles à ce souverain médecin, pourvu ipie vous
k).de. C'est doue cpiel pu* chose de bien énorme lui soyez tidfle. Dec^iuvrez a votiv uie-icciu
que le ]iéché, mais n'est i)as incuiuble. Il
il votre état, il. saut avec David Je cvu/estemi :

n'est formiilable ipie pour ceux quis'y alla- cimlre tnni-iiiènie mon iniquité au Seijfoeur, et ii
ch''nt, et non pour ci'ux ipii le quittent par la vous arrivera comme à ce prophète, W /)irt4
pénitence semblable à un charbou ardeul
; )n'a rettiit; liHtquit'' de mon neiir ^3 . •
qui ue brûle que ceux qui voudraient le tenir, Voulez-vous être persuadés de la cnarilé

U) Jfreui., XXI. - (2) l>saliu., xxx. 21. — (,i)It>,à.. ij.ii, i.


-

à-fVRE trrnte-troisièmf;. 143

de Dieu, ronnaître les richesses de sa boulé, vous ne croyez point à ces paroles, croyez du
si

de «il palieiiie, el de ?a loiiuuo oltentc? Ei-cni- moins à la vertu de ce qui se voit dos yeux.
lez co qui et arrivé à Adam, à Gain, aux Tous les rois, en mnuranl, perdent toute leur
homm(3s du tf^mps di' Noé, au giand pn'lri' autorité avec la vie; mais Jésus-Christ, apré»
An:iin et au peuple d'Israël, à R;ilial),à llavid, avoir élé crucifié, est adort- par toute la terre.
Arb'.b, JtM-oboam, Ezérhias, Maiiassès, aux Quanrl nous nommons le (Inicifié, les démons
trois aufauls dans la fournaise, à Nal.u- trendil"nt. Il y a eu bien des hommes atta-
cliodonosor, enfin à Pierre, le prince des chés la croix: mais y en a-t-il un seul dont
.':

a poires. » le nom invoipié mette en fuite les démons? N'a


Ivi troiïirme inslrnclion est sur les figures, rougissons «lone pas de la croix de Jésus
la nécessité et b's ed'cts du baptèuie. Chi'ist, et ne la portons point en cachette.
La ((uatriéme a pour texte ces paroles de Inqirimez la sur vi.iiie front, afin i[ue les dé-
saint Paul au3( Colossicns: Prenez garde que mons, voyant l'idendard du roi, s'enfuient en
personne ne vouft surprenne par la philnsn/i/iie. et tremblant. Faites ce sig'ne, et quand vous
par des raisonnanents vains et trompeurs, selon mangez, et quand vous buvez, et quand vous
/p.'; traditions ues hommes, et non pas selon Jésus- êtes assis ou debout, el quand vous vous cou-
r//w.s7(i). chez ou que vous vous levez, et quand vous
Saint Cyrille expose les précautions à pren- parlez, et quand vous marchez, et, pour tout
dre pour se préserver de celte séduction de. diri' en un mcit. faites le dans toutes vos actions
Satan, q\ii se transforme en ange de lumière. et dans loules vos entreprises.
« Toute la reli'jion consiste à savoir les dog- I/honime eU composi' de deux substances,
mes ipi'il faut croire, et les bonnes (navres de r.'unc et du corps, el Dieu est le créateur de
qu'il faut praliiiuer. On ne peut plaire à Dieu l'un et de l'autre. Vou^ devez savoir ijue votre
sans ces deux choses ensemble. Il servirait âme a un libre aibitre, qu'elle est un des plus
peu d'avoir de Dieu des sentiments 'lignes de parfaits ouvrages de Dieu, qu'il l'a créée à sa
lui, et de vivre dans le désordre, comme aussi ressemblance, (ju'elle est immortelle à cause
de mener une vie réiilée, et de ne pas avoir qu'il lui a donné l'iinmorlalilé, qu'il l'a rendue
de Dieu les sentiments (]u'il mérite. Il est donc vivante, raisonnable et ineorrupliblc, qu'elle
d'une extrême conséquence de connaître' ces est libie de faire ce im'elle veut. Car ce ne
deux choses. D'autant pins q\ie beaucoup cher- sont pas les astres, ni le destin qui vous por-
chent àsédidre par la philosophie et de vaines tent au péché, malgré vous. «Saint Cyrille
erreurs : les hellènes ou païens, par une signale les merveilles de la Providence, jus-
éloquence de courtisane; les .luifs, par l'Ecri- que dans le corps humain, dont l'Esprit-Saiut
ture qu'il-' interprètent mal les hérétiques,
; fait son temple. « Apprenez des solitaires,
par un venin caché sous l'apparence de doc- dit-il, à estimer la continence: « ce sont eux
trine chrétienne. Le Seigneurdit, par rapport qui, s(''parés même des vierges, mènent sur
à tous ceux-là: Prenez garde que per- la Icrre une vie semblable à celle des anges.
sonne ne vous induise en erreur (2). C'est pour- M lis ou vous proposant de vivre dans la chas-
quoi nous enseignons ce qu'il faut croire, et teté, donnez-vo\is de garde de bl;\mer ceux
ensuite nous l'expliiiuerons. » qui sont engagés dans les liens du mariage.
S;iiut Cyrille réduit li doi'trinn chrétienne à L'.Xpi'dre dit que le mai'iaqe est quelque çiiose
di\ dogmes prini'ipaux Dieu, J('sus-Chri<t, sa
: li! nuptinl sans tache ['.l)
d'IionoraJde et le Vous
naissance d'une vierge, sa mort sur la croix, donc, qui vous proposez de vivre chastement,
sa sépulture, sa résurr(N'tion, S(m ascension, le vous êtes nés de personnes mariées. Il ne faut
juiiement dei'nier, h; Saint-Esprit, l'àine hu- pas rejeter l'argent, parce ([u'on a de l'or. Les
maine, le corps, les aliments, la résurrection gens mari s peuvent aussi espiuer le salut,
des corps, la sainte Ecriture. s'ils usent légitimement du mariage, dans l'in-
Sur le premier article, qu'il n'y a qu'un tention d'avoir des enfants, et non pour con-
seul Dieu, il réfute sommairement les mani- tenter leurs passions brutales. Ccu.v qui n'ont
chéens et les munîioniles, qui en admettaient éli'mariés qu'une fois, ne doivent pas noa
deux, et les païens ipii en admettaient sans ])liiscondamner ceux qui aspirent à de secon-
nombre. En p.irlant de Jésus-Christ, il dit : des noces. Car, comme dit l'Apoti'e de ceux
« Il a été vérilidilemenl crucifii'; pour m. s pé- qui ne peuv(uit garder la eoidineuce // vaut
:

chés. Si quelqu'un en doulait,il n'a «pi'à faire mieux se marier que de brûler {h).-»
nltention au lieu même où nous sotnines: c'est Saint Cyrille parle des aliments, à cause
le saint lieu de Colgotba, où il » été crucifié, que les manieliiMuis et les marcionites prétcn-
et où l'on a bàli le tenqib; dans leipiel nous daieid ipie les viandes et b; vin étaient mau-
Sommes assi-iubli'seu l'honneur di; celui qui a vais de leur nature. « Ouaiid nous jeûnons,
été attaché à la croix; el toule la tcri'e est dit-il, nous nous abstenons du vin et de lu
remplie clu bois de la croix, coupé en pelils chair non que nous ayons eu horreur ce-t
.

moict>ai:x.. .\près avoir achevé la cariière <bi choses, comme si elles étaient abominables ;

la sonH'r.inc et rachète les bomtucs de leurs



mais pour lui'riler davantage en méprisant ce
péiht'^s, J(tet.i-Clirist e l monté au «iei, acc(un- qui est agi'i'alde aux si^us. afin de jouir i\c. la
pagné des anf;<!S, et à la vue îles apùlres; que table céleste, et aiiû qu'uprès avoir semé ici-

Ci) Coloss., u, 8. - (2) Mollt)., ixiv. — (3) Helir., juu, 4. — (4) I Cor., T
m HÎSTOIRE UNIVKHSRI-LK UE LÊGLISE CATHf)[,IQL'B.
bas dans les larmes, nous inoissunnions uvce et vous aurez un trésor dans les deux. Je vou»
joie dans l'uutie vie. » tlisces choses pour vous fortifier contre cer-
Quant à rEcriture sainte, il dit à ses aiidi- tains hérétiques, qui aoathématisent les ri-
leurs « Si vous entende/. i|iieli|iii'fois des lié-
: chesses, les biens et le corj»s. »
rétiques condamner la loi (^t les propliéles, et La neuvième instruction est une suite de la
même charger de reproches, opiiosez-leiir
les pr<'cédente, el explique que Dieu a fait le ciel
«elle [iarol(! de Jésus-C^lirist Je ne .-uls pus : et la terre, les choses vi«ibleset les invisible,
vemi pour dissoudre la loi mais pour l'ue-
;
que c'est le Père et le Filv qui ont fait tout^'S
complir (1); mais surtout aiipienez de l'K'jlise, choses le Fils, [lar la pui-'^ance du Père
:

quels sont les livres dr rAiicieii et du N-iuveau qu'il a re(;ue dans sa génération éternelle ; el
Testament, el ne lisez aucun de ceux c|ui sont qu'ainsi le Fib est un même Dieu avec le
apocryphes. Quand vous saui'ez ceux qui sont Père.
reçus par toute l'Eglise, à quoi hon cliercluM- La ilixiè'uc instruction explique cet article
ceux qui sont douteux et controversés? n du symbole Et en un Seigneur Jésu's-(;iirisl.
:

La cinquième instruction traite de l-i foi, C'est proprement un tr.iité de la Trinité contre
et nous en montre le modèle dans Aliraham les Juifs. Si quebpi'un veut honorer pieuse-
Il

et d'autres saints personnages. La sixième ment le Père, il doit adorer au-si le Fils, au-
enseigne la monarchie ou la s luveraine unité trement son culte ne sera point agréé. Le Père
de Dieu, contre le paganisme et contre les a prononcé du haut des eieux : Celui-ci est
liéi' siesde Manès, de Marcion et a'.itn^s gr.os- mon Fils /ucn-aimé,en qui j'ai mis mes complai-
ti(jues. La septième expose que de toute étel'- sances.Le Père se complaît dans le Fils si :

nilè Dieu est l'ère d'un Fils iiniiiue; la hui- donc vous-même ne vous y complaisez pa.«,
tième, (|ue Dieu est toul-|)uissant. vous n'aurez point la vie.. Ne vous laissez donc
« Il n'y a donc rien qui ne soit soumis à la point séduire par l'artifice de-^ Juifs, qui se ré-
toute-puissance de Dieu car c'est de lui que
: crient qu'il n'y a qu'un seul Dieu mais après ;

l'Ecriture dit Toutes choses vous sercen' (2).


: avoir connu qu'il n'y a qu'un seul Dieu, sa-
Mais au delà de toutes ces choses soumises, il chez que Dieu a un Fils unique. Ce n'est pas
y a son seul et unique Fils, et son seul E'^prit- moi qui l'ai dit le premier; le p-almi-tc lui-
Saint. donc soumis au Si'i-
Tout l'univers est mômts a dit en la [ler-ounc du Fils ; /> .Set-

gneur et le sert par son Fils uni([ii(' et dans li' yncw tn'a dit : Tuengendra
es mon Fils, je t'ai
Saint-Esprit. Le Fils a donc l'empire sur tout''s aujourd'hui. Ne vous arrêtez donc point ce .-i

choses; tolère les homicides, les larrons,


il que disent les Juifs, mai~ à ce que disent les
les fornicateurs, mais il leur a prescrit un prophètes. Vous élonnerez-vous si les' Juifs
certain temps marqui' par sa patience et par rejettent les paroles des prophètes, eux qui onl
sa longue attente : et t|uand il rendra à cha- lapidé les prophètes mêmes ?
cun ce qui lui est dû, ceux qui auront attendu » L'Ancien Testament rend lémoi:fnage à la
trtq) longtemps pour se convertir, serontpunis divinité du Fils. Dii?u dit : Faisons l homme; il

avec plus de rigueur. ne pas à mon image., mais à notre image;


dit
M y a des lois d'hommes qui régnent sur
11 et après la formation d'.Vdam il est ilit Meu :

la terre, mais non pas indépendamment de la fit l'homme à son image, il le fil à Cimuge de
puissance d'en haut. Nahuclindonosor rap[irit Dieu. L'Ecriture n'attribue pas seulement au
fiar expérience, quand il dit que son tè/jne : Père la dignité de Dieu, mais elle y comprciiil
est lin que ia puissance s'étend
rèi/ne éternel et aussi le Fils, pour marquer que l'homme n'i-Sw
de génération en génération. Ce n'est [las au pas seulement créature de Dieu le PiTi-, mais
diable que sont les richesses, l'or el l'argent, encore de Notre Seigneur Jésus-Clirist. C'est
comme quelques-uns le pensent. C'est au lidèle ce même Seigneur coopi-rant au Père, qui Ici
que sont toutes les richesses du moude ; l'inti- a coopéré dans la punition de Soilom»', sui-
dcle n'y a pas une obole (3) or, nul n'est : vant celte parole de l'Ecriture La Seigneur :

fit ulcuvoir sur Sodome et Gomorrhe


plus inlidi'le que le diable. Aussi le Seigneur du foufre
dit-il maiiit'eslemenl par le Prophète C'est à : et du feu du ha'it du ciel, de la part (tu Seigneur.
moi l'or et iaryait , et je le donne à qui je C'est le même S/igiieurqui apparut a Moïse...
veux (4). Faites seulement un bon usage de Dans le .Nouveau ïeslament, il y a beaucoup
l'argent, et on ne vous blâmera pas d'eu avoir. de témoignages eu faveur du C'irist. Esl té-
Mais quand vous Uï>ez mal d'uue chose qui moin Dieu le Père qui du li:iui*au ciel le dé-
est bonne, eX que vous ne voulez pas recon- clare son Fils est témoin l'Espril-Saint ijui
;

naître le mauvais usage que vous eu faites, descend sur lui sous la form de coloml>e; e-l •

vous rejetez votre faute sur le Créateur même. témoin l'archange (îabriel qui l'annonce à
On peut même devenir juste par les richesses : .Marie esl témoin ia vierge Thèoto-'os ou .Mère
;

Car, dit- il, j'ai eu faim, et vous m\ivez donne à de Dieu; esl témoin l'elable où i' "st no,
manger ; j'ai été nu, et vous m'avez revêtu; ca l'Egypte où il s'est réfugié dans son eiifaiiee;
qui ne se peut faire sans le secours de l'argent. est témoin Siméon qui le reçut er.lre ses briis,
Voulez-vous savoir que les richesses peuvent et .\nne la prophélessc; «îst témoin Je.in-Baj«-
ouvrir la porte du ciel"? écoulez celle parole ; lisle, le plu> grand d'entre les prophètes, le
Vendez ce que vous avez, et donnez-le aux pauvres. (premier homme du Nouveau Teslaoïcul, et

(3) Proverb., jtvii, «. — (4) Agg.. n.


EIVRE TRENTE-TROISTftMB. (4$

^'.liroiinil le=iloux Testaments en sa personne. marque les particularités suivantes. On voyait


Est témoin le Jouivlain. entre les fleuws, et, encore sur le mont de> Olives l'empreinte des
entre les mers, celle de Tibériade; sont té- pieds de Jésus-Christ montant au ciel saint :

moins les aveugles, les iioîteux, les morts res- Cyrille en prend à témoin tous les habitants
suscites témoins les démons mômes, quand
; de Jérusalem ; il y voit l'accomplissement de
ils disent ; Qu'y a-t-il entre vous et nom ? car cette parole du prophète Zacharie En et :

nous srwons que vous êtes le Fils âe Dieu ; sont jour-là il sera debout à pied sur la montagne des
témoins les vents apaisés, les cin([ pains mul- Olives qui est proche de Jérusalem à [orient de
tipliés pour nourrir cinq mille hommes. Est lu ville {{). Saint Augustin témoigne égale-
témoin le bois de la croix, trouvé ces jours-ci ment qu'on allait en Judée adorer les vestiges
parmi nous, et tlont ceux qui en prennent avec de Jésus-Christ, qui se voyaient au lieu où il
fui ont presijue rempli tout le monde. Est té- était monté au ciel (2). —
Pourquoi le Fils
moin \ii palmier qui est dans cette vallée, et de Dieu s'est-il incarné dans le sein d'une
qui donna de ses branches aux enfants qui vierge? Saint Cyrille répond comme saint
bénissaient le Seigneur. Est témoin Gdbsé- Iréiiée La mort étant venue par la vierge
:

mani, qui semble encore signaler le traître Eve, il était à propos que la vie nous vînt par
Juda aux spectateurs. Est témoin le Gol>,'olha, la vierge .Marie : le serpent a trompé l'une,
cette sainte montagne que l'on découvre de l'ange Gabriel annonce la bonne nouvelle à
toutes part- le sépulcre où il a été enseveli,
; l'autre. —
Saint Cyrille dit positivement que
et la pierre même qui est là jusqu'aujourd'hui, c'est sur le Tbabor que le Sauveur fut trans-
Est témoin le soleil qui nous éclaire présente- figuré. Ce témoignage de l'évêque de Jérusa-
ment, et qui s'éclipsa au temps de sa Passion ;
lem nous montre la'tradition du pays. Il —
les ténrbres qui couvrirent la terre depuis la rappelle incidemment l'obligation du célibat
sixième heure jusqu'à la neuvième la lumière ; ecclésiastique, par cette réflexion « Si ceux :

qui luit depuis la neuvième heure ju-qu'au qui exercent le sacerdoce de Jésus ne doivent
soir. Est témoin cetle sainte montagne des avoir aucun commerce avec une femme, com-
Olives, d'où il monta vers son Père; sont té- ment le même Jésus aurait-il pu naître d'un
moins ces nuées qui reçurent le Seigneur lé- ; homme et d'une femme? —
La loi de Moïse
moins les portes du ciel, dont le psaume avait ordonnait, pour la purification l'oftVande de
,

dit : Ouvrez-vous, portes prineipales, et le Iloi deux tourterelles ou de deux petits de co-
de entrera. Sont témoins ses ennemis
(jloire lombes. L'Evangile ne dit pas laquelle de ces
mêmes parmi eux le bienheureux l'aul, (jui,
: deux otl'randes fit la sainte Vierge, Jaint
après lui avoir fait la guerre quelque lemps, (Cyrille nous apprend d'après la trhtvîitioa de
,

l'a servi de longues années. Sont témoins les Jérusalem, que ce furent deux tourterelles.
douze apôtres qui ont prêché la vérité, non- La treizième instruction est sur h-, crucifie-
seulement par leurs paroles, mais encore par ment et la sépulture de Jésus-Christ. On y lit,
leurs souffrances et par leur mort. Est témoin touchant l'heure du crucifiement « Il a été
:

l'ombre de saint Pierre, qui guérissait les ma- crucifié pour nous. Il fut jugé de nuit, dans
lades au nom du Christ. Sont témoins les un temps où il faisait froid, et où l'on faisait
suaires et les demi-ceintures de Paul, «pii, du feu pour se chauffer. C'est à la troisième
par la vertu du même Christ, rendaient la heure qu'il fut crucifié; et depuis la sixième
santé. Sont témoins les Perses et les Golhs, jusqu'à la neuvième, le soleil s'éclipsa, et il re-
ainsi que toutes les n;itions qui meurent pour ]>arut lumineux après la neuvième heure.
lui, quoii|u'ils ne l'aient pas vu des yeux du Voyons comme tout cela est écrit. Le prophète
corps. Sont témoins les dcmons, que les lidèles Zacharie avait dit: En ce jour-là il n'y aura pas
chassent encore aujourd'hui des possédés par de lumière, et il fera froid, et il y aura de la
lavertudeson nom. Et avec tant et de si excel- glace i^i); et de fait comme il faisait froid,
lents témoins, vous ne croiriez pas encore? Pierre se chauffait. Le prophète ajoute Et ce :

Enfin Jésus-Christ a rendu témoignage lui- jour-là sera connu du Seigneur. Ce n'est pas que
même. Il Dieu ne connaisse tous mais entre
les jours;
La onzième in-truc)ion explique cet article tant de juurs (pi'il y jour de la Pas-
a, c'est le
du syndiole Je crois au Fils unii[ue de Dieu,
: sion du Seigneur, le jour que le Seigneur a
engendré du Père, vrai Dieu avant tous les , fait, jour que IcSeigneurconnaît spécialemenL
siècles, et par ijui tout a été fait. C'est une Alors, dit le prophète, il n'y aura ni jour ni
espèce de traité sur la divinité de Jésus-Christ, nuit. Quelle est cette énigme? L'Evangile nous
prouvée par l'Ancien et le Nouveau Testament, l'explique. Il n'y avait point de jour, parce
en particulier par la confession de; saint que le scileil ne luisait pas perpétuellement de
Pierre, prince des apôtres et souverain prédica- l'Orient à l'Occident, mais ininde/iuis la sixième
teur defEfilise. heure jusqu'à la neuvième il y eut da trnèlires au
La douzième instruction expo-;e l'incarna- milieu du jour. Or, Dieu a donné aux ténêbies
tion du Fils de Itieu, i-oiiformément aux pro- le nom de nuit. C'est pouniuoi il n'y aura ni
phéties de Jacob, de David, d'Isaie, etc., et jour ni nuit: car la lumière n'était pas lolalo
•X paroles de l'Evangile, ainsi <juc du sym- P'uir être apjieléc jour, ni non plus les té-
des apôtres. La iiiélé chrétienne y re- nèbres, pour élro appelées nuit; mais le soleil

«XY. — (2) Aug., Uomil. M, la Itan. — (3) Zach., iiv, •.

10
/

un HISTOmn UNlVRnSKI.LB t)B L-ROI.tSB CATIIOUQDB


reparut apri-s la neuvième Iieun^ l,i' [ir()|)ln'le les linires funèbres tju'il laif:^ en ressusrilant.
a luiiinc priiilit celte ilerniére circonslarice: Len gardes qui ont reçu del'artient elc<.-ux<|ui
car, ayant ilil // nrj aura ni jour ni nuit, il
: leur en ont donné, et |i; sépulcre qu'on voit
ajoute Kl la lumière purotha sur (< soir. Vous
: emorc prési-ntemeut, et ce .'•aint temple que
voyez ri'xacl(' certitude îles prophètes, vous l'empereur Constantin a fait élever cl orm-r
voyez la vile des Koriturcs. Mais vous de- avec tant de magnificence, l'n témoin de la
mandez àiioelle heure pri^cise le soleil s'écli]»sa: résurrection de Jésus, est la veuve Tabilli qui
si c'est à la iini|uième. à la huiticme ou à la ressu>icila jtar la veilu de son nom. (iomnienl
dixième. Le prophète Amosvous l'apprendra : ne pas croin; que le Christ esl ressuscili-, puis-
En ce jmir-lfi, dit Seigneur, le soleil se cou-
(e que son noiu même ressuscite les morts? o
chera en plein midi [K). EU'i'ctivement, depuis la iJau" quinzième instruction, saint Cy-
la
sixième heure il y eut des ténèlires, et la lu- rille expl!<iue cet article du symbole: Il vien-
mière fut obscurcie sur la terre pendant le dra encore une fois sur la terre, {lour ju;;cr
jour. Et (]ui'l sera ce temj>s, et quel sera ce les vivants et les morts, et son règne n'aura
jour, ô prophète"? Je changerai, dit-il, ros fêtes point de fin.
solennelles en deuil: cela se passait eflicctive- Dans les instructions seize et dix-sept, il
nicnt au temps des Azymes ou de la Pàquc. expli(iue éloquemment l'arlicle ilu Saint-E.s-
11 ajoute Je ferai verser sur lui des larmes comme
: prit. Par ses explications, on voit que l'EKl'se
sur un fils unique, et ce sera un jour de douleur lie Jérusalem avait ajouté dès lors au sym-

pour lui et pour tous ceux gui sont avec lui. bole, dans l'article de l'Esprit-Saint, ce «pie le
Aussi en ce jour solciniel des Azymes, les deuxième concile oecuménique, premier de
femmes fomlairnten larmes et pleuraient sur Coiistanlinoide, y ajouta depuis universelle-
lui ; et les ap6lres,(jui s'étaient cachés, étaient ment contre l'hérésiaique .Macédoniu'. Saint
dans rabattement. Que cette prophétie est Cyrille prouve, avecelfusion de cofur, el pur
merveilleuse!» l'Ancien et par le Nouveau Te^tilmeut, que
La quatorzième instruction exiilique ces pa- le Saint-Esprit est bieu; qu'il est consubstan-
ndes du symbole: 11 est ressuscité des morts tiel au père l'I au Fils;
qu'il lire son origine
le troisième jour, est monté aux
cicux, et est du Fils, comme le Fils tire son origine du
assis à la droite du Père. Saint Cyrille prouve Père. «Tout excellente que soit la nature des
la résuirection et rasccnsion de Jésus-Christ anges, dit-il en l'instruction â*Mze, ils ont elé
et par les prédictions nombreuses des prophè- tiiésdii néant par leur création ; mais le Saint-
tes, et par les témoignages irrécusables des Espril procède éternellement de Dieu, l.a na-
hommes et des choses, n Si vous n'en croyez ture des anges est sujette au changement,
pas un témoin unique (saint Paul), vous en comme toutes les choses créées lors même
avez douze. Ensuite, il s'est manifesti'^ à plus qu'ils ne changenl pas; mais le Siiint-Esjrit
de cinq cents frères à la fois. Si l'on n'en croit est immualilc. étant consubstanlicl au Père et
pas douze témoins, que l'on en croie uinc] rents. au Fils. C'est cel Esprit qui a prédit Jcâus-
Après cela il a été vu de Janjues, sou parent, Christ par les prophètes, qui a opéré dans les
remier évoipic de celte église. Vous, disci|)lc apôtres, el qui aujourtriiui encore marque les
'un tel évè([ue, qui assure avoir vu Jésus i-.-s- âmes dans le l',a|itème. L' Père a donné au
suscité, vous ne sus[iecterez pas son témoi- Fils, et le Fils a donni'au Saint-Esprit. Ce u'ejil
nage. Dircz-vous qu'il l'a rendu par all'eition pas moi qui le dis, mais Ji-sus même: Touta
e famille? Eh bien, il a été vu par Paul, en- choses m'ont été doumas par le Pr c: puis, eu |>ar-
nemi. Or, ce que vaut le témoignage d'un lanlduSaint-E-pril: (Juandl' ni» sera
ennemi, vous le savez et vous douteriez en-
; venu, il me gl"rifiera.fxiiTeiji. du mi'^i,
.

core"? Je le persécutais d'adord, dit-il, et main- et ilvous l'annoncera. i> Saint Cyrille dit encore
tenant je vous aunome sa résurrection. Il est dans l'instruction suivante « Nuu-seulcment
:

encore beaucoup d'autres témoins de la résur- saint Paul, mais les autn-s apôtres, et tous
rection du Sauveur. La lumière de la pleine cpux qui, parle ministi-re, ont cru au Père et
lune, car c'était la seizième nuit du mois. Le au Fils, et au Sair.l-Esprit qui leur e,«t con-
tombeau qui l'a retenu et la pierre de dessus substanlicl. ont été remplis du Saint-Esprit. »
déposeront contre bs Juifs; celte pierre levée Quant au mot ronfubstanliel. en grec knmo-
et que l'on conserve encore aujourd'hui. Les OM.<io<.nous avous vu qu'au moins s«>i\.inte
anges présents sont témoins delà résurrection ans avant le concile .le Nieée, il était n-ile
du Fils unique. De même, Piern^ Jean, Thomas même parmi les simples fulelos. el icgarde
et tous les apôtres; ceux ijui couraient les pre- par eux e<>nime l'expn'.vsioii di^ijnclive de la
miers au sépulcre et qui ne trouvèrent i]ue b's vraie foi, el que ceux qui ne s'e^i -

linceuls dont il avait été enveloppe; ceux c]ui pas leur devi-naienl su*|»ocls. Aus.si
ont touche ses pieds cl ses mains, et qui ont nous saint ('yrille s.nihailer A 1 1

vu les ouvertures îles clous tous ceux ijui reçii-


; Constance de glorilier à jamais !a -
i

retd de lui le souffFe divin, avec le i)ouvoir de cunsubstantielle Trinité .Nous verrons de piiia
remellre les pè-chès. Les saintes femmes qui saint l'piplian-', «'orupalriole i-[ ronlem|M)mia
lui embrassèrent les pieds, cpii virent le lrt*m- de ^aiiil Cyrille, dan- -i>n .\nr<jr(il, n^u-soule-
blemenl de terre, l'éclat des anges, aiu-i cjue meni prouver la divinité et la oonsubslanlu-j

(l^ Am»j, via.


LITRE TRENTE-TROISlftMB <«
'ité flu S'iint-Esprit, maisrt'["Hfr nu moins dix trois sacrements de baptême, de çorfirination
lois (lu'il pioci'ile .lu IVmo et liu ['[[< ijuil pro- et d'eucliari-lie. VicMiicat ensuite cinq calé-
cède de l'un et di' l'.mtre. Il ne Uvd donc pns chèses ou .atéchismes sur ces sacrement-
s'étonner, comme ralloclent certains criti- mêmes que les néophytes venaient de recevoir.
quC' (1), si dans saint Cyrille on rencontre des La première et la seconde de ces instructions
expressions semblables. traitent du baptême, des renoncements à
En parlant de la descente du Saint-Esprit Satan, à ses œuvres et â ses pom[ies, ainsi que
le jour de la Peiilecole, saint Cyrille rappelle des autres cérémonies usitées à Jérusalem,
de nouveau, dans sa dix-septième instruction, comme l'onclior» sainte par tout le corps, la
l'heure à laquelle Jèsus-CUii-t a été attaché à triple immersion, le vêtement blanc, qui mar-
la croix. Répondant à la lailli'rie de ceux ijui quaient les clléts du sacrement.
disaient que les apôtres étaient ivres « Ils : La troisième catéchèse mysto'^rjgique, ou
l'étaient, oui, mais du vin de la vigne spiri- sur les mystères, parle du saint chrême ou de
tuelle qui a dit Ja suis la vigne et vous êtes les
: la coniirmation, que les iéophyles recevaient
6ranc/ies. Si vous ne m'en croyez [las, comiire- immétiiatement après le baptême. Ne vous

nez ce que je dis par rhcure tju'il est. C'est la imaginez pas, ditsaiiil (Cyrille, que ce soit une
troisème licuri- du jour. Or, celui qui a été huile communiî. Car comme le pain de l'eucha-
crucifié ù la troisième bi'ure, comme dit s;iiiit rislie, après l'invocation de rEs[)ritSaint n'est
Marc, a maintenant cnvoyi' à la troisicme plus du pain commun, mais le corps de Jésus-
heure la giàce. Car la grâce du Fils n'est pas Christ de même le saint chrême, a|>rès l'in-
;

autre que la grâce du Saiut-Esprit ; mais ce- vocation, n'est plus une huile commune, mak
lui iiui a été crucilié alors et avait promis, un don du Christ, et qui, par la présence de
accomplit sa promesse. » On voit [lar cette sa divinité, a la vertu de procurer le Saint-
obsci vation ri'pcicn de saint Cyrille, que d'a- Esprit. Ainsi, pendant qu'on fait l'onclion sur
près lui et d'ai>iès la tradiliun de l'c-glise de le front et les autres sens du corps, l'âme est
Ji;riisalem, Noire Seigneur Jésus-Christ fut sanctifiée par l'Espril-Saiiit et viviliant. »
cruritiè â la même heure qu'il envoya, depuis, Dans l'Eglise do Jérusalem, l'onction tlu saint
le Sainl-Es[iril sur les apôlres c'est-à-dire a chrême se faisait non-seulcuient suu lo front
neuf ln'ures du matin, suivant notre manière du néophyte, mais encore sur les oreilles, les
de compter. narines et la poi rini, comme pour l'armer
bans la dix-huitième instruction, expliipiant p£ir tous les st;us contre l'enfer et le monde.
ces paroles du symliolc « Je crois
: aussi la La quatrième instruction sur les saints
sainti! Eglise catholiipie, la résuriecticm de la mystères traite du cor[is et du sang «le Jêsus-
chair et la vie éternelle, saint Cyrilif! dit « (jue (Jirisl, ajirès la lecturi; do ces paroles aux Co-
l'Eglise est appelée cathnliipie, parce «(u'elle rinlhions : J'ai appris du Sci'j'if'ur, et je vous
est répandue par toute la terre; parce tiu'cUc Fui aussi laissij par trudilion, etc. Saint Cyrille
enseigne universellement et sans exception tout y parle en ces termes :

ce qui est nécessaire au salut; parce qu'elle La doctrine de saint Paul que vous venez
(1

soumet au vrai culte tout le genre humain, d'entemlre suflit pour vous rendre ccrlains
les souverains et les sujets, les savants et les des divins mystères, dont vous avez été jugés
ignorants; parce qu'elle guérit universellement dignes et qui vous ont renilus parliei|)antsdu
tous les péchés, et possède universellement corps et du sang de Jésus-Christ. CarrA[i6tre
toutes les vertus, il iaut donc observer avec vous criait tout à l'heure : La nuit même que
soin cet article du symbole, afin d'éviter les Seigneur Jésus-C/ii'ist était trahi, il prit
A'-ifi'e
ct)nventicules impurs des hérétiques. Lors du piiin, et, ayant rendu grâces, il le rompit, en
donc que vous arrivez dans une \ille iHran- disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Et
gère, no demandez pas siuqdemcnt: Où est la ayant pris le calice et rendu grâces, il dit Pre-
:

maison du Seigneur? car loi hérésies s'ell'or- nez, buvez, ceci est mon sang. Puis donc (jne
cent de donner ce nom à leurs repaires. Ne lui-même assino du pain Ceci est mon corps,
:

demandiez pas non plus simplement Où e>t : qid osera en douter encore? Et puisque lui-
l'Eglise? mais, où est l'Hyliscî catholi<pie? Car même certilie Ceci est mon -^nng, qui jamais
:

tel est le nom projire de la sainte; Enlise, notie en doutera, disant que ce n'est pas son sang?
mère à tous et l'i'pouse île Jé.sus-Chiist. l'ersé- Aulnfois, en Cana de Calilée, il changea
cutée aulrel'ois, elle couionnait ses martyrs l'eau en vin, qui approche fort du sang et il :

avec les couronnes iminorlelles et variées de ne sera pas digne di; créance, lorsipi'd change
la patience; aujourd'hui, dans la paix, elle s(; le vin en son sung menu,'? Invitt- ù dos noces
voit hon<ii-ee par les rois, par le» grands, par cor|iorelle-;, il lit ce miracle >iuprcnant et :

les hommes, de toute rondition. Au reste, les l'on ne coid'cssera pas bien [dus encore qu'il a
rois s(jnt bornés ù des nuliouH particulières, gralilié de la jouissanii-. de son 'orps et de
leur |)uissancc a des limites : il n'y a que la son sang les enlaids de l'éiioux cèhîslo. ? Ainsi
sainte Eglise catholique <lunl la puissance s'é- reeevons ces chost-s avec uik; pleine ccrliludo
tende sans bornes sur loule la l.,rre. » comme b; corps et lo sang du Christ. Car sous
Ces dix-huit instru. lions ont pour but de le type du |iuin vous est tlonué son corp-^, et
préparer laj oalci'liumènes à recevoir les sous le type du vin sou sang, alin que vous

(t) Ealr* auli us 1<; bAuéJiclia Tuutté«, éditeur da sftiol Cyrille.


Uft HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÉGLIBE CATHOLIQUE
deveniez un même rorps et un même sang des vanités. Mais après que vous avei qnitW les
avec lui. Nous devenons, en effet, de cette vêtements du vieil homme, et que vous avez
manière des porte-Christ, son corps et son revêtu larobespitituellement blanche, il faut
sanj; étant disliilmés dans nos memhres; et, la f;aidcr toujours. Ce n'e-t pas que vous de-
selon le Metiheureux l'icrre, nous sommes viez toujours porter un habit blanc, mais con«
particiiiniit? de la nature divine. server toujours la vraie blancheur spirituelle,
w Aulrcfit^s Jésus-Christ, ])arlant aux Jui^, alin que vous puissiez dire avec le bienheu-
leur disail • Si vous ne mangez mu chair et ne reux Isaïe Que mon âme se réjouisse dans le
:

buvez mon '<ung, vous n'aurez point la vte en Seigneur ; car il m'a revêtu dey n'-tements de sa-
vous. Mais eux. n'entendant jioint ^jiirituelle- lut, et m'a paré des ornements de la justice.

ment ces paroles, s'en scandalisèrent et se re- » Instruits de ces choses et [ileinement cod«

tirèrent, s'imayinant qu'on voulait leur faire vaincus que le pain i|ui parait n'e.-t pas du
manger de la chair humaine. 11 y avait aussi pain, quoi(|u'il soit sensible au «oùt, mais le
tlaiis l'Ancien Tcslamoiit des pains de propo- corps «lu Christ, et que le vin qui parait n'est
sition ; mais parce qu'ils appartenaient à cette pas du vin, quoique le goût le veuille, mais le
ancienne alliance, ils ont cessé avec elle. sanj,'du Christ, et que David en a parlé ifuand
Dans la nouvillc alliance, au contraire, il y a il dit dant le psaume que le pain fortifie le
un pain céleste et un breuvage du salut, qui cœur de [homme, et gue l'huile fait paraître
sanctitient l'àme et le corps : et comme le plus gai son visage : fortiliez donc voire co-ur
pain est nourriture propre au corps, ainsi
la en mangeant de ce pain spirituel, et réjouis-
le Verbe est la nourriture propre à l'àme. Ne sez le visage de votre àme. Puissiez-vous,
les considérez donc pas comme un pain et un ayant ce visage à découvert dans une bonne
Tin communs car c'est le corps et le sang
: conscience, contempler la gloire du Seigneur
du Christ, selon l'assurance du Seigneur. Que comme dans un miroir, et marcher de clarté
Bt les sens ne vous en persuadent pas, la foi en clarté, en Notre Seigneur Jesus-Christ, à
vous en rendra certains. Ne jugez pas la qui honneur, puissance et gloire dan» les siè-
«hose parle goût; mais assurés par la loi, te- cles des siècles. Amen. »

nez pour certain que vous avez reçu le corps Nous avons traduit celte instruction de
et le sang de Jésus-t^hrist. saint Cyrille en son entier et le plus littéra-
David vous signale la vertu de ce mys-
1) lement possible, alin que tout le monde puisse
tère, quand M dit Vous avez dressé une table
: juger quelle était la foi des premiers (idcles,
devant moi, Ci,.dre ceux qui me troublent, cyest- en [larticulier de l'église de Jérusalem, tou-
à-dire Avant votre venue, les démons avaient
: chant la sainte eucharistie. Si saint Cyrille
dressé aux hommes une table impure, souil- avait eu dessein de réfuter d'avance les pro-
lée et remplie de puissance diabolique mais ;
te^tanls du seizième siècle, il n'aurait guère
dp|iuis ((uc vous êtes arrivé. Seigneur, c'est pu s'exprimer avec plus de force qu'il a f lil,
vous gui avez préparé une table devant moi. sur la présence réelle de Jésus-Christ dans
Lorsi]ue l'homme dit à Dieu Vous avez pré- : l'eucharistie, sur le saint sacrilice de la messe
paré devant tnoi une table, que veut-il si<;nitier, et autres points de cette nature.
si ce n'est la table niysti(|ue et intelliituelle Dans la cinquième et dernière instruction
que Dieu nous a préparée, vis-à-vis de l'ad- sur les mystères, il rappelle et explique cer-
\ersaire, et en opposition avec celle des dé- taines cérémonies de la messe, telle qu'on la
mons? En eûct, la première procurait la célébrait à Jérusalem. Ln diacre donnait à
communion avec démons, celle-ci la pro-
les laver les mains au célébrant et au.\ pn-tres
cure avec Dieu. ajoute : Et vous avez par-
11 «lui entouraient l'autel : non pour mar(]uer
fumé d'huile ma t été. Cela s'est passé à votre la jiroprelé corporelle, car tous les assistants
égard, lorsqu'on a imiirimé sur votre front, se lavaient avant d'entrer dans l'église, mais
avec le saint chième, le sceau de Dieu, aiin pour iniliquer la pureté spirituelle qu'il fallait
que vous en soyez une empreinte, une chose y apporter avant tout.
que Dieu môme a sanclitiée. Il dit aussi Que : Le diacre disait à haute voix : Embrassent-
votre calice gui a la force d'enivrer est adniira- nous. Ce n'était pas le baiser ordinaire, tel
btel Vous voyez qu'il s'agit du calice que Jésus que des amis se le donnent dans la rue, mais
ayant pris dans ses mains, il rendit grâces et le saint baiser du cœur, qui remet toutes les
dit Ceci' est mon sang, qui est répandu pour
: oll'eiise^. Le célébrant criait ensuite Stusum :

plusieurs cr- rémission des péchés. corda, eu haut les conirs! Les assistant^ ré-
D C'est ^lourquoi Salomon, insinuant la pondaient llabcmus ad Dominum, nous les
:

rnenie grftce, dit dans l'E' clésiasle I'chc;, : avons au Seigneur. Le célébrant répliquait :
mangez avec joie voire pain (le pain spirituel). Gratins agamus Domino, rendons grâces aa
\'enez (il appelle de cette vocation salutaire et Seigneur. Les assistants répondaient Di- :

qui rend heureux), et buvci votre vin avec al- gnum et j'ustu est, cela est digne et juste.
.

légresse, (le vin spirituel) ; et que Phuile soit ré- Ce que le célébrant confirmait en iuvitaot
pandue sui votre tète. Voyez- vous comme il toutes les créatures, principalement les an-
désigne le chieme
mystique'.' Et que vos vé'e- ges, à dire avec lui Sanctus, Sonctus Sont-
:

me}ils soient blancs en tout (nnps, car le Seigneur lus Dohiiniis Dcus Sabaoth, il est saint, il e
a ayrée vos œuvres. Car avant que vous eussiez saint, il est taint, le Seigneur Dieu des u-
r«)^u cette grùcc, vos œuvres élAteul vanité mée*.
LIVRE TRENTE TROISIÈME. 14k

Après nous être sanctifiés par ces canti-


« d'or, n'apporferiez-vous pas tous vos soins
ques spirituel'^, nous prions le Dieu de bonté pour n'en rien perdre? Après avoir ainsi com-
fi'envoyer le Saint-Esprit sur les dons off(!rts, munié au corps de Jésus Chriat, approchez-
afin qu'il fasse du j>ain le corps de Jésus- vous du calice de son sang non pas en éten-
;

Christ et du vin son san^. Car tout ce que dant les mains, mais en vous inclinant
touche le Saint-Esprit est sanctilii' et trans- comme pour l'adorer et lui renilre hommage,
muté. Ensuite, quand est accompli ce sacri- en disant Amen. Vous serez ainsi sanctifié»
fice spirituel et ce culte non san'.;lant, nous par le sang de Jésus-Christ que vous rece-
prions Dieu sur cette victime de propitialion, vez. Et pendant que vos lèvres en sont encore
pour la paix universelle des églises, pour le trempées, essuyez-les avec la main, et portez-
bon ordre du monde, pour les rois, pour les la aussitôt à vos yeux, à votre front, et aux
armées, et pour nos alliés pour les malados, ;
autres organes de vos sens, pour les consa-
pour les affligés, et pour tous ceux qui ont be- crer. Enfin, en attendant la dernière oraison
soin de secours. Et nous ofïrons pour cela le du prêtre, remerciez Di^u de vous avoir fait
sacrifice. Nous faisons ensuite mémoire de participer à de si grands myslères. »
ceux qui sont morts avant nous, d'abord des Voilà ce que d.t saint Cyrille, encore prêtre,
patriarches, des prophètes, des apôtres et des dans ses instructions aux catéchumènes. On y
martyrs, afin que, par leur intercession. Dieu voit quelles étaient les cérémonies de la com-
accueille favorablement nos prières. Après munion dans l'église de Jérusalem. Outre ces
quoi nous prions pour les saints pères et les instructions aux néophytes, le prétie Cyrille
évèques, et généralement pour tous ceux des prêchait encore chaciue dimanche aux fidèles
nôtres qui se sont endormis avant nous, fer- dans l'église, ce qu'il appelle non pas caté-
mement persuadés que leurs âmes reçoivent chèses, mais homélies. Il ne nous en reste
un très- grand soulagement des prières qu'on qu'une, sur la guérison du paralytique.
offre pour eux dans ce saint et redoutable sa- Dans ses catéchèses il appelle saint Pierre,
crifice. » à plusieurs reprises, le coryphée, le chef des
Saint Cyrille mentionne ensuite l'oraison apôtres, le souverain prédicateur de l'Eglise,
dominicale, qui était récitée tout haut ou le porte-clefs du royaume des cieux, qui a
chantée. « Cela fait, le prêtre dit Les choses : rec^'u la charge de paître les brebis intellec-
saintes pourli^s saints. Les choses saintes sont tuelles. Non-seulement il l'apiielle' le cory-
les dons offerts sur l'autel, et sanctifiés par la ph('e, mais le plus coryphée des apôtres,
descente du Saint-Esprit. Les saints, c'est comme s'il lui fallait un mot nouveau pour
vous-mêmes que le Saint-Esprit a doués de sa exprimer une si haute prééminence. Il ajoute
grâce. Les choses saintes sont donc ainsi pour (lue Pierre étant venu à Rome avec Paul, ils
les saints. Vous répondez Il n'y a qu'un : obtinr.'nt par leurs prières que Simon le Ma-
Saint, qu'un Seigneur, Jésus-Christ. Cela est gicien, qui, par ostentation, volait en l'air,
vrai. Lui seul est saint, saint par nature ; ce- tombât à terre. Ce qui n'est pas étonnant,
pendant nous aussi nous sommes saints, non dit-il, car c'était Pierre, qui portait partout
par nature, mais par participation, par la les clefs du ciel, Paul revenu du troisième
et
(iralique des bonnes o'uvres et par la prière. ciel, où il avait entendu des choses iueû'a-
Vous avez entendu ensuite comme une musi- bles(l).
que céleste et toute divine, qui vous invitait à Saint Maxime
étant mort, le prêtre Cyrille
la communion des saints mystères, eu chan- de l'année 330, Le com-
lui succ(''da vers la fin
tant avec le psalmiste Gi'i'dez et voyez com-
: mencement de son épiscopat fut illustré par
bien le Seif/neur est doux; ne remettez point un grand prodige, dont il s'empressa de ren-
ce discernement à la dégustation cor(ioielle, dre compte à l'empereur Constance. Dans les
non mais à la foi inébranlable. Car à ceux
; cinquante jours de la Pàcpu! à la Peiilci ôte,
qui goûtent il est ordonné de goûter, non pas le 7 mai 331, à neuf heures du matin, une
le pain et le vin, mais les espèces ou antitypes immense croix de lumière parut au-dessus du
du corps et du sang de Jèsus-Clirist. Ccdgotha, s'étendant jusqu'à la montagne des
11 Or, quand vous vous aiq)rocliez pour Olives; elle se montra lrês-tlistincleui(!nl, non
lommunier, il ne laut pas y venir les mains à une ou deux |)eisonnes, mais à tout le peu-
étendues, m
le-doigts ouverts, mais soutenant ple de la ville. Ce ne fut ;)oint, comme on
de la main gauche comme d'un troue voire pouirail le penser, un phénomène passager :

main droiti;, où iloit leposcr un si giand roi ; d subsista au-dessus de la terre pend. ml plu-
vous recevrez dans le cr(^ux de cette m.iiii b'. su'urs heures, visibb- aux ycux^H plus écla-
corps de Jésus-Christ, en disant «w^h. Alors, tant que le soleil, dont la lumière l'aurait
après avoir eu soin de suuctilicr V(js yeux par elVacè, si la sienne n'avait été plus forte. .\u8-
l'attoucbemi'iil il'un <'(irps si saint, comniu- -ilôt tout le peuple accourut à l'église avec
ni(tz en le mangeant. .Mais prenez bien ganle une crainte mêlée de joie le? jeunes et les
:

qu'il n'en tombe


consiileranl la [jeite
rien, vieux, les hommes et les femmes, et jus-
que vous feriez d(! la moinilre miette, ctunnie qu'aux tilles les plus rttiré(ïs les chrétiens;

si vous perdiez (piehju'un de vos meiidires. .lu pays et les étrangers, et les païens >\u'\ y
Car si quebpi'un vous d(Hinait des lingots étaient venus de divers lieux. Tous, d'une

U) Édition d« ToutUt, s. SU U«, MO, ai7|aT7>


150 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATKOLKjUE

voix, Notre SeiRnciir J('-iis Clirist,


louaient point afiliué d'èlrc nveni'le. Didvmfl
n'ét:iit
de Dieu, le fiiispiir de niirarlcs,
le Fils iiniiiiio eut d'al..!!-! d'avouer elle faib'i- e.
bonté
voj'anl par expiiiiciice la vérité de la doctrine Comme il ne lè, iiiiait rien, saint Anli'ine
cluétionne, h oui le ciel rendait li-moif^nnRe. lui lit la incmeune «econde fois et
i|iicslioii

Dans cette lettre, que nous avons encore, saint une troisiènio. l'idvme ronfe-sa ingé-
fi:-Ui\

Cyrille donne à Con^^tance les ^'pitlièles les nument qu'il en •'tait atlli'.ié. Je m'étonne,
plus honoraliles c'était sans doute pour
: dit saint Antoine, qu'un homme Mge ••"allli^e
l'afTedionner davantage ft '^a viaie foi car il ; d'avoir perdu ce que possèdent les fourinif et
finit par lui souhaiter de glorilii-r à jamais la les moucherons, au lieu de se réjouir d'avoir
sainte et con^ulistantielle Trinité. L'église ce qu'ont eu les sairils et les apôlros. Il vaut
grecque célèbre au 7 mai de ce mira- la fètc mieux voir de l'e-pril, que de ces yeux dont
cle, qui d'ailleurs est attesté par un grand un seul regard peut perdre l'homme éternel-
nombre d'autres historiens (I). lement (2).
Alexandrie, où Césaire était aller étudier, Toutes les sciences s'enseignaient à Alexan-
voyait à la tèle de sa célèbre école un aveu- drie. Cé.saire les embia*«a toutes la rbélo- :

gle : c'était Didjme. Né vers l'an 308, dans rique, la philosophie, la géoraétri". l'astro-
Alexandrie même, il perdit la vue dès l'âge nomie, mais parliculièremeiit lu méd cinr.
de quatre ou cinij ans, dans le moment qu'il 11 y fit étonnants, qu'il eHuçi
des progrès si

commençait à apprendre ses li'tires. Cet acci- les plus célèbres siècle. Cié-
médecins de son
dent neralcnlil point son désir de savoir, goire, son frère, vint le rejoindre de l'aies-
mais l'enflamma au contraire. Il se fit graver tiiie, et passa quelque temjis av<-c lui ; api-és
l'alphaliot sur du bois, puis api>rit par le tact quoi il s'embanjua pour Athènes, qui était
et les leltros, et les syllabes, et les mots, et l(jujours regardée cumme la métropole des
les phrases entières. Son ardeur pour l'étude sciences et des lettres. La saison n'i'luil as |

n'en demeura pas là. 11 allait écouter les plus favorable. Il y l'ut une furieuse tem|ièt'^ de
célèljres professeurs, se faisait lire les meil- vingt jours. Un moment, le navire se trouva
leurs livres. Quand ses lecteurs s'endor- jdein d'eau, lorsipie tout le monde, et marins
maient, il méditait longtemps sur ce qu'il et pilote, ceux-là mêmes qui peu avant ne
venait d'enleiiiire, et le gravait ainsi dans sa reconnaissaient aucun Dieu, invo.iuércnt à
mémoire. Il aiqirit de cette façon non-seule- haute voix Jésus-Christ, et le navire fui sauvé.
ment les règles de la grammaire, tout ce Mais ils manijuaieut d'eau douce ; les va«cs
qu'enseigne la rhétorique, et les plus beaux qui en contenaient avaient été jinVipités à la
endroits des poëtos et des orateurs; il se ren- mer par une secous-e plus violente de la tem-
dit encore très-habile dans la connaissance pèlc. Un navire marchand de Hhénicie, qu'ils
de toutes les choses divines et humaines des , rencontrèrent, etit l'humanilc et le eouraifc
écritures de l'Ancien et du Nouveau Testa- de leur en passer. Ct-pendant la tempête ne
ment, qu'il ex|iliquait mol à mot, d'un bout diminuait point ; l'équipage perdait toute
à l'autre, en divers sens des dogmes de l'L- : espérance. Ce qui désolait surtout Gr^^LMire,
glise, qu'il développait avec autant d'exacti- c'est qu'il n'avait pas encore reçu le baiii.'uie.
tude que de netteté de la philosoiihie de
; Sa douleur était si grande, que le- ma'.i-lols
Platon et d'Aristote; de la géométrie, <le la mêmes en avaient pitié. Il priait Dieu avec
musique, de l'astronomie, et des i!itlV'rcntis larmes, et lui con-an.-iit île nouveau sa vi.>
opinions des philosophes. Il les posséd;iit si entière s'il daign.'iit le sauver de ce péiil. Sa
parfaitement, i]u'il répondait avec facilité à piiêre fut exauiée : la l'^mpèle .se calma. 1! y
toutes les objections, et que jamais personne eut plus : lotis ceux cpii étaient avec lui d.ins
ne put le vaincre dans la dispute. Iljoi^'nait le mémo navire embr.issèrent avec beaucoup
la prière à l'étude, et demandait couliiiuelle- tle|iié;é la foi du Cliri>t, cl arrivèienl heureu-
ïient à Dieu la lumière intérieure. C'était uu sement à Athènes.
>rodige. Aussi arrivait-il ù Alexandrie une Grégoire parle de celle ville avec enlhou-
foule de personnes, les unes pour l'eiilendre, sia luc. On y voyait alors les niailre» -
'- I

lesautres seulement pour le voir. Saint Alha- di tingiiés, enlri' andos l'or.iteur .\i
nase avait pour lui une estime singulière, et que Constance lit piél'et du nrétoiri-; le i.-.i-
le chargea de la fameuse école où il fut un l>ri'Dioph nie, inventeur ib' l'aluèbre. et Pro-
des plus illuslres successeurs d'Origène. l:éré-ius, dont nous avons déjà p;irlé. Préré-
C'était une faveur de la Providi-nce pour celte demment, l'empereur Constant l'avait appelé
ville. Didyme, en elfel, y rendit un lémoi- dans les Gaules. Km rep.is*anl pnr H'-me, il
guage éclatant à In foi de la consubstantia- s'y lil lellemenl admirer, que le sénat lui eii-
lité, et s'opito^a*" ivec autant de zèle que de gea une statue avec cillc inscription Rome, :

lumières à l'impiété >s ariens, renversant la reine de l'univers, au roi de l'éloquence.


iou8 leurs sophismes et ilissip:ttil l'illusion d •
Ce qui mil le comble au bonheur de Gré»
leurs discours. e-timé des plus sairils
Il était goire.ce fut l'arrivée de son ami «ami Hir-.le.
moines de l'Kgypte. Suint .\nloine le visila Ils .se connaissaienl d»'^jà auparavant mats ;

quand il vint à.Mexandrie p' ur r. ndi'e léinoi- alors leur amitié devint intime. I>su d'iino
gDageàsaiut Athanase. Il lui demanda s'il famille où l'on comptait une suite de béruâ

(l) Soc. L 11. «. xiyui ; Soxom , 1. IV c. v. - (i) Til'.enioni, D. UiUUr.


LIVRE TRENTE-TROISIIÏMB. tSI

oelèhre- Basile naquit h Césaiée, on Cappa-


,
tait comme ravi hors de lui-mAme toutes les
doce, à la même époque que Grégoire, vers fois qu'il entendait Basile parler en public.
l'an 317. 11 était le second de dix enfants, Jl entretint toujours, depuis, avec lui un com-
parmi lesquels il y en a quatre que l'Eglise merce, de lettres, et ne cessa de lui donner
lionnri> coninii' saints Basile même sa sœur
: ;
d(^s marques de la haute estime et de la véué-
Mairine. (|ui était l'aînée Grégoire, évèquo;
ration profonde qu'il avait conçues pour son
de Nyss(\ et Pierre, évê(iue de Séhaste, qui mérite.
était le plus jeune. L'^ur père se nommait Enfin, de Constantinople Basile vint à
,

Basile, et leur mère Emmélie, l'un et l'aiitri) Athènes. Sa renommée l'y avait devancé; son
comptés au nombie .les saints. Le père de nom était dans la bouche de presque tout !e
sainte Eramélie avait soutl'ert le martyre dans monde, chacun tenait à bonheur de faire le
la persécution de Maximien Galère. Dans la l)remier sa connaissance. Son ami Grégoire,
même persécution, les aïi'uls paternels de qui s'(!tait attin; l'estime et l'ull'ection univer-
saint Basile sainte Macrine et son mari,
,
selles, lui avait concilié d'avance tous les es-
avaient suhi un exil de sept ans au milieu des piils. Basile, d'ailleurs, avait la gravité d'un
forêtsdu Pont, exposés aux intempéries du vieillard. Il fut exempté des cérémonies bur-
temps et aux soullrances de la l'aim, eux tjui lesques auxquelles on soumettait les nouveaux
avaient été élevés dans les richesses. Us priè- arrivants. Athènes, avec tous ses avantages,
rent Dieu de les soulager, comme il avait ne répondit point à l'idée qu'il en avait con-
secouru son peuple dans le désert, et aussitôt çue. L'amitié de Grégoire Py retint. Ils se
il leur envoya une quantité de cerfs, dont ils communiquèrent leurs pensées les plus in-
prirent autant (prils voulurent. Tels étaient times, le désir qu'ils avaient de la perfection
les ancêtres de saint Basile. chrétienne. Ils demeurèrent ensemble, eurent
Son aïeule, sainte Macrine, était originaire une table commune, ne fréquentaient de
de Néocésarée dans le Pont, et avait été ins- leurs compagnons que les plus chastes et les
truite dans la foi par saint Grégoire Thauma- plus paisibles. Deux rues seulement leur
turge. Elle pouvait avoir soixante-six ans, étaient connues dans la ville celle qui con-
:

lorsque son petit-fils vint au monde. On le duisait à l'église et aux docteurs qui y ensei-
lui envoya dès son enfance. Elle lui servit gnaient la foi; l'autre, qui conduis;iit aux
comme de nourrice et fit sa première éduca- écoles publi([ues et aux maîtres -qui ensei-
tion. Elle l'instruisit surtout dans les dogmes gnaient les sciences humaines. Ils laissaient
de la foi, usant des mêmes termes que saint aux autres les rues par lesqiuilles on allait au
Grégoire Thaumaturge avait employés pour théâtre, aux spectacles et aux divertissements
l'Instruire elle-même. Saint B.tsile s'en glori- profanes. Leur sanctification faisait leur
fiaitdans la suite comme d'un très grand grande atfaire; leur unicpie but était d'être
bienfait de Dieu. Son père, qui résidait habi- appelés et d'être efiectivement chrétiens. Co-
tuellement dans le Pont, et qui était l'orne- tait en cela qu'ils faisaient consister toute
ment de cette province, autant par sa piété leur gloire.
que son éloquence, voulut être lui-même
(lar Le.- premiers pour la piété, ils n'en furent
son [iremier maître dans les lettres sacrées et pas moins les premiers pour les sciences et
profanes il parait même qu'il enseignait
: îi'slettres. A la rliétnrique, la poésie, la phi-
publicpiement la rhétorique et la philosophie. losophie, la dialectique, Basile joignit l'étude
Son lils i;tait bien fait de corps, et d'une santé de géométrie et de l'aslronoinie, autant
la
robuste ceiiendant il fit une maladie mor-
; qu'il fallutpour n'être pas intérieur aux plus
telle, dont la [liété de son [lêre lui obtint la habiles. A cause des maladies (|ue lui occa-
guérison. Le père continua de lui servir île sionna sa vie austère et mortifiée, il ajouta
professeur jusqu'à sa niori, qui arriva [leu l'étude de la médecine, du moins dans ce
iqirès la naissance île son dernier lils, saint qu'elle a de plus philosophique. Enliu, qui
l'ieire de Sébasle. Le jeune Basile lut alors lira ses écrits sur la création, reconnailru
envoyé à (lésaréc de Gappadoce, ou p(!ut-êlre sans peine qu'il avait sur l'hisloiro naturelle
d'' Palestine. Il s'y distingua au-dessus de des idées |duajustes et des (connaissances [ilus
ceux de son âge par la rapidité de ses pro- étendues (|u'Ari'tote. Tant de science et do
grès. Il s'attirait en même temjis, par sa ré- Vertus excitèrent l'admiialion à toi point,
gularité et sa ferveur, l'adiniration de toutes qui' ]iartout où l'on parlait d'Athènes et do
le? |)ersoimes qui le connaissaient. Les plus ses nuiitres habiles, on parlait du merveil-
habiles maîtres dy. (lésarée n'ayant plus rien leux couple d'amis, Basile et Grégoire, Gn^-
a lui vint à (Imistantinijple, m'i
ap[>ri'nilre, il goire et Basile (1).
Libaidus donnait des leçous puldiipies avec un A tant de connaissances précieuses, ils ou
a|i|ilaudi»senien' universel, .\vant peu, il dis- joigtniient une autre bien nécessaire, la con-
tingua Basile parmi ses auditeurs. Il ne pou- naissance des homines. Lorsque Julien vint
vait se lasser d'adinirp.'.' en lui les plus heu- dans la même ville et qu'il étudia avec eux,
reuses dis](osilinii8 pour li'B sciences, jointes non-seuleiniMit les lettres profanes, mais en-
à une niode^lif! lare et à une viirtu extiaiu- ciH'c les saintes Eerilures, il eut beau s'iib^iir-
diuaire. Il dit, ilans ses épllres, qu'il s« seu- ver et se contruluiro, ils dMcuuvrireullu dùrù-

(\)\oiTÀ<:l»SS., HJunii.
151 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LEGLISE CATIKJI.IQCB

glemeiit fie son es]iiit, par sa pliysionomie et reçue pour exercer la pnlienrc, fa modération
la douceur, et que Dieu tout bon ne nous
tout son cxU'iiem-. Il étail île niéiiiocre laillt-,
le cou 6pais, les épaules larges, qu'il haussait
avait point donné la vie pour noii'^ rendre
et remuait souvent, aussi bien que sa tête.
plus misérables en nous l'ôtant. .Moi: àme sa
Ses pieds uetaicnt point fermes ni sa dé- portait donc avec ardeur à connaître ce Dieu,
marche assuiéo. Ses yeux étaient vifs, mais auteur de tout bien car je voyais clairement
;

l'absurdité de tout ce que les païens ensei-


effarés >l tournoyants le regard furieux, le
;

nez dédaigneux ut in-olcnt, la bouche grande, gnaient touchant la Divinité, la parla(;eunt


la lèvre d'en bas pendante, la l.arhe hérissée en [dusiciirs personnes de l'un et de l'autre
et pointue. Il faisait des grimaces ridicules et sexe, l'attribuant à des animaux, à «les sta-
des signes de tète sans sujet, riait sans me- tues et à d'autres choses insensibles. Je recon-
sure et avec de grands éclats, s'arrêtait en nus qu'il ne pouvait y avoir qu'un seul Dieu,
parlant et reprenait haleine, faisait des ques- eleinel, toul-puissanl, immuable Plein de
tions impertinentes et des réiionses emhar- ces pensées, je lus avec admiration ce- paroles
rassées l'une dans l'autre, ijui n'avaient rien dans les livres de M<jise Je suis celui qui
:

de ferme ni de méthodique. Grégoire disait suis. Et dans Isaïe :Le ciel est mon Irone et
en le voyant Quelle peste nourrit l'empire
:
la terre mon marchepied. El encore Il tient :

romain Dieu veuille que je sois faux pro-


I
dans sa main
le ciel et y renferme la terre.
phète (1)1 Et dans les psaumes : Où irai-je pour me dé-
Enfin, arriva un moment pénible. Après rober à voire esprit, et où m'eiifu irai-je de

trente ans d'études, Basile et Grégoire allaient devant votre face'.' Ces paroles me lirent eon-
quitter Athènes et se quitter l'un l'autre. naitre que tout est soumis à Dieu, qu'il est
"Toute la ville s'en émut. Et professeurs et au ilelà de tout, en tout et partout, qu'il est
élèves entourent les deux amis et les conju- la source de toute beauté et la beauté infinie;
rent de rester. Basile développe si éloqucm- en un mot, je compris que je devai.s le croire
ment les motifs qu'il avait de retourner dans incomprébensible. Je portiis plus loin mes
sa patrie, que, malgré soi, on le laisse partir; désirs, et je souhaitais que ces bons senti-
mais on retient Grégoire et on le force d'ac- ments que j'avais de Dieu et les bennes mo'urs,
cepter une cliaiie d'éloquence. Ge ne fut pas eussent une récompense éternelle. Cela me
pour longtemps car peu après il se déioba
;
semblait ju.-te mais la faiblesse de mon corps
;

sans bruit pour aller rejoindre son ami en et même >ie mou esprit me donna de la
Cappadoce. 11 arrivait à pied à Gonslanti- crainte, quand les écrits des évangélistes et
nople, dans le même temps i]ue son frère y des apôtres me lirent trouver plus que je
débarquait d'Alexandrie. Gésaire avait dès n'eusse osé espérer, particuliêremeni le com-
lors une telle réputation, que les magistrats mencement de l'Evangile de saint Jean, où
de Gonstanlinople, pour le retenir dans celte j'appris que Dieu avait un Fils coélerncl el
ville, lui olhirent un traitement avantageux, cousubstaniiel à son l'ère; «jue ce Fils, le
une alliance distinguée et la dignité de séna- Verbe de Dieu , s'élait fait chair, aCn que
teur. A leur demande, l'empereur Goustaiice l'homme put devenir fils de Dieu (2). »
lui donna des lettres de citojen et le nomma Saint Hilaire, iirrivè par ces degrés à la
son premier médecin. Cependant Giégoire coniiaiss.iiice de la vérité complète, l'embrassa
sut persuader à son frère de revenir avec lui avec joie et reçut le baptême. Sa femme, dont
dans leur pays natal, et de lui consacrer les le nom et la vie nous sont inconnus, le suivit
prémices de sou art. Telles étaient les études dans la foi, avec une tille unique, nommée
et les mojursde ceux que nous appelons les l*è- Apre, qu'il avait eue de son mariage, et à qui
res de l'Eglise. ii persuada de vivre dans une virginité per-

Ce n'était pas seulement à Rome, dans la péUielie. Depuis son baptême, il s'appliqua
Grèce et en Orient que s'étudiaient les lettres avec tant de soin à former ses mœurs sur les
et que se formaient les docteurs des chrétiens. règles de l'Eglise, qu'il semblait, étant laïque
Dans le fond des Gaules, à Poitiers, elait né et marie, posséder dej.i la gràcL du sacerdoce.
Hilaire, d'une des plus illu>tres familles. 11 Non-seulement il ne mangeait jamais avec des
«Hudia avec succès les sciences profanes, et Juifs ou des hcn'llipies. mais il ne leur ren-
s'appliqua particulièrement à l'éloquence, tlail pas même en passant les civilités ordi-
imitant le style de Uuintilien. Il ht plus. Il naires ce qu'il ne fais.dt que par le zelc qu'il
;

s'éleva par degrés à la connaissance parfaite avait poui la foi. .Mais .lans la suite il se relâ-
de la foi chrétienne. « Je considérais, dit-il, cha de cette sévérité, iLns la vue de les ga-
que l'état le plus désirable, selon les sens, est gner a Jesus-Christ. Sou ièle pour la vérité
le repos dans l'abondance, mais que ce bon- l'engagea à l'annoncer partout, instruisaul Ici
heur nous est commun avec les bêles. Je com- uns de la foi en la Trinité, animant les aulrx»
pris donc que le bonheur de homme devait I à la vertu par les promesses tlu ri>yi»<iiue des
être plus relevé, et je le mettais dans la pra- cieux. Apres avoir vécu assez longteiniis dans
tique dj la vertu et dans la connaissance de ces sa:nts exercices, tout le peuple de Poitiers
la vérité. La vie pré-eute n'étant qu'une suite le demanda pour évè {ue, eu la place, comme
de misères, il me parut que nous l'avions l'on cxoit, de Maxcnce, (rere de ^aint

(i; Ofg. Uu., Oral., 4, - (1) Bd,, Dt r.it., I, 1.


LIVRE TB ENTE-TROISIÈME. 153

Maximin de Trêves. C'était vers l'an 353. pêché mais il avait toujours le cœur à l'église
;

Bientôt il lui vint un disciple. C'étail .M,ir- et aux monasièri s. Il méditait i!ès lors ceipril
liû, fils d'un tribun militaire ou marùchal île exécuta dan? la suite. 11 vint un ordre des
eamp, et originaire de la Pannonie, la Hongrie em])eieurs pour enrôler les enfants des vété-
actuelle, lui-même portait les armes depuis rans. Sou père le découvrit lui-même; il fut
cinq ans il en avait vingt. Il venait d"ol)lenir
;
pris, enchaîné et engagé à prêter le serment
son congé en la manière suivante. Les Ger- de la milice. Il se contenta d'un seul valet,
mains ayant fait une irruption dans les Gaules, encore le trailail-il d'égal :ils mangeaient

on as-embla des troupes pour marcher contre ensemble, el le maitre lui rendait le plus sou-
eux. Il y eut à cette occasion une distrihution vent jusqu'aux moindres services. Pendant
de largesses aux soldats. Martin, qui deiniis qu'il por'ii les armes, il se préserva de tous
longtemps pensait à sa retraite, eut la déli- les vices qui accompagnent d'ordinaire cette
catesse de ne pas vouloir participer à des ré- profession, et se fit aimer de tous ses cama-
compenses qui supposaient une continuation rades par une bonté, une charité, une pa-
de service. Il demanda donc que sa part fût tience, une humilité au-dessus des forces hu-
donnée à un autre, et sollicita en même temps maines.
la liberté de ne plus servir que Dieu. On lui Ayant donc quitié le service, il vint trouver
reprocha d'agir ainsi jiar crainte de la bataille saint Ililaire. Ce grand cvêque ne fut pas
qui devait se donner le lendemain. Il répon- longtemps à reconnaître le mérite extraordi-
dit avec une sainte intrépidité Si c'est à la
: naire de son disciple. Pour se l'allacber davan-
lâcheté qu'on attribue ma conduite je de- ,
tage, il voulu l'ordonner diacre; Martin, s'en
mande à paraître à la tète de l'armée, sans croyant indigne , consentit seulement à se
armes, sans bouclier et sans autre défense que laisser or.lonner exorciste. Ayant été averti
le nom de Jésus et le signe de la croix. Je me en songe d'aller voir ses parents, qui étaient
précipiterai sans crainte au milieu des esca- encore païens , i) partit avec la permission
drons les plus épais de l'ennemi. On le prit d'IIilaire, qui, par ses prières et ses larmes,
au mot. Mais la nuit même les barbares de- lui fil jirnmetlrc de revenir. En passant les
mandêient la paix, et .Martin obtint sa re- Aljies, il tomba entre b's mains d'une bande de
traite. voleurs. Déjà l'un d'eux levait sa hache pour
Cette bravoure héroïque, il l'avait déjà lui fendre la lête, quand un second lui retint
montrée dans la pratique de la vertu. Un jour le bras. Martin, les mains liées derrière le dos,
qu'il était en marche, au milieu d'un hiver si fui remis à un troisième pour le dépouiller.
rigoureux que plusieurs personnes moururent Celui-ci l'ayant mené à l'écart, lui demanda
de froid, il rencontra à la porte d'.\miens un qui il était. Je suis chrétien, fut la réponse.
pauvre 'ont nu, qui implorait la pitié <les Navez-vous pas peur? Non; jamais je n'ai
passants. Voyant que per.-onne ne regardait été tranquille
si le sais que Dieu n'aban-
:

ce malheureux, il pensa que Dieu le lui avait donne pas les siens dans la peine. Ce qui m'af-
réservé. .Mais il avait distribué tout ce qu'il flige, c'est que vous, par vos brigandages,
pos-édait; il ne lui restait plus que ses armes vous vous rendez indigne de sa uiiséricorde.
et SCS vélemcnls, Que faire? 11 coupe son Enfin il se mit à le prê('bcr. Le voleur se con-
manteau en deux : il en donne
moitié au la vertit, reconduisit Martin sur la roule, et,
pauvre, et s'enveloppe comme
peut avec il ayant embrassé [)lus tard la vie monastique,
l'autre moitié. Uuehiufs-uns de ceux qui le raconta lui-mèiue ?on histoire. Arrivé en
virent en cet état se mirent à le railler; mais, lUyrie, Martin convertit sa mère el plusieurs
plus sensés, b's autres gémirent au fond de autres personnes mais son père demeura
;

leur àmc de n'avoir rien fait de pareil. La païen. Les ariens dominaient dans le pays :
nuit suivante, Martin vit en songe Jésus-Christ Martin les combattit avec beaucoup de cou-
couvert de cette moitié de manteau qu'il avait rage. Il en eut à soulfiir plusieurs mauvais
donnée, et il l'entendit disant à une troupe traitemenls, fut battu publiquement de verges
d'augesqui l'environnaient .Mai'tin, qui n'e>t
: et chas^é de la ville (1).
encore que catéchumène, m'a couvert de ce Pendant ijuc les Gaules produisaient ces
vêtement. Celte vision lui lit pnjniptcnu'ut tieux grands hommes, Ililaire et Martin, l'A-
recevoir le baptême. Toutefois, il resta encore frique en produisait deux autres saint Oplat,
:

deux ans à l'armée, vaincu par les [iriêics de évêiiue de Milêve; el Augustin qui venait de
son tribun, avec leijuel il vivait dans une naître à Ta^aste, en 33-i. Ambroise, le futur
étroite amitié, et qui pr(jmettuil de quitter évêque de .Milan, qui devait un jour recevoir
le monde quand le lumps de son tribunal se- saint Augustin dans l'Eglise, avait alors qua-
rait tiiii. torze ans, et eludiail à Home les lettres
Martin parut tel dès ses premières années. grecques et latines. Lorsqu'il voyait sa steur
\ l'âge de dix an-», il s'enfuil à l'éLilisc, mal- Marcelline baiser la main des évêques, il lui
gré ses parents ([ui étaient païens, el demanda piésentail en riant la sienne, disant que lui
qu'on le fit calc-humène. A douze ans, il ni>si serait évêque. Il était né vers l'an.'UO,
voulut se retirer ilans le désert, et l'uuiail dans les Gaules, uïi son père résitlail comme
fait, si la faiblesse de sou ùge ue l'en eùl em- préfet des Gaules et de l'Espagne. Ou dit >^u«

il) Sul(l< 8*V' Viln »: Uutlt»,


IM HISTOIHE UNlVEhSKLLi: liE LÉGLIftE CATHOLIQITR

s'étnnt cndoiini un jour en plein air, un es- des Perses, Sapor rassirv.<ia doi .'i.lH,peu upici
saim d'.ilioille? vint so n juiscr sur ses Icvri's, la mort de Coiiitaiitiu. Maia apiés soixante-
comme un jirésiiifc île i iIdiicj! (loqueuce. Le trois jours li'ell'ortset dccomijats, il (ut obligé
père ôtatil mort, la mère raini-nn ses trois en- de se rrlirer ignomiineusemeiil, avec une ar-
fants ;\ Rome : leurs noms f;t:iienl S.ityrus, mée é|>ui-ée de laligiua et périss:in' vie fuim
Marcollifin et Ami.ruise. Klle les éleva t^i cliré- cl de maladies. Lorsipreii ô.jlj, rcmneieur
tiennenii'iit conl devenus liois saints.
<iu'iià Constance eut uuilté l'Orient pour a'.Iir en
Vers le, mémi! Rome vit arriver, des
*em)is, Occident contre Magnence et Vétrauiun, Sapor
confins fie la lliilmulie et de la l'annonie, un revint une seconde fois, avec une armée in-
autre dodeur futur dii l'Knli-e, J'irome, né mée innombruble i-t une niult<.ludc iréléjihanLs

vers l'an Ij.'tl, do parents riches et distingués. et de machines de guerre. Lis rois de l'hnle
Il Vv'ji'uit comme s'ideiitilier avec la langue de l'accouqiagnaient av<-c toutes leurs forc' s. Il
Virgile cl e (^iccron, sous l'orateur Victorin somma les habitants de se rendre, sous peine
et le 1,'rammairieu Dmiat, céléhre comnicnta- de voir leur ville délruile de foud en comble.
teur de Virgile et île Tcu-ence. L'Ei,'lise avait à Eneouragiis [lar leur évéqiie, ils se prépa-
soutenir de grands combats de doctrine, la rèrent à une vigoureuse defcn-e. Le beau-
Providence lui suscitait partout de grands père di' Jovien dejmis empereur comman-
,

docteurs. Pendant soixanle-<iix jours,


dait dans la place.
En Orient, le giMiiu-al ijui coramanlait en Sapor met en n-uvre toutes ses machines :

chef les troupes de Syrie (il se nommait une partie du fossé e-t comblie; on balles
Second) venait de monr-ir, laissant à Anliodic murs à coups de bélier; on creuse des souter-
une veuve figée de vingt ans, avec un fils tout rains, on di'lourne le fleuve Mygdonius, aiia
jeune. Sans penser à un uouvel étaldisseuient, de réduire les habitants par la soif. Leur cou-
elle consacra ses soins et sa vie à bien élever rage rend tous ees travaux inutiles les puits
:

son fils, dont le nom était Jean, et qui fut et les sources b-ur fournissent de l'eau en
surnommé plus tard (llirysoslome, ou hoiudic abondance. Sapor recourt à un moyen in-
d'or, à cause de son admirable élo luencc. Le croyable. Il arrête le lleuve uu-iles>us de la
futui' Chrysostome, né vers l'an .'147, entrait ville, [larune digue enln: deux montagne.*.
dans sa neuvième année, lorsque Basile et Aii-des-ous de la ville, il fait une seconde digue
Grégoire quittaient Athènes. Lui aussi enten- plus birle encore. La digue supérieure ayant
dra les leijons de I^ibanins. Plus loin, dans la été ouverte, les eaux s'élancent avec fureur
Mésopotamie, à un illustre l'ère de l'Eglise, contre les murs de la ville assiégée, el lc«
saint Jacques de Nisibe, en succédait un autre ébranlent, mais sans les abattre. Le? eauv,
plus illustre encore, saint Ephrem, qui réfu- retenui's par la digue inférieure, forment un
tera les hérésies, non-seuleuaent par les forces lae et comme une mer. Les Perses s'y étai''nt
réunies de la dialei'tique et de l'éloquence, préparés, et alfa pienl la ville sur une multi-
mais encore par les charmes de la poésie et tude de barqui's. Les habilanls ne se décon-
de la musique. Suivant ses actes, il naquit certent pas celles des barques qui approchenl
:

sous le règne de Constantin, à Nisibe même des murs, ils les enlèvent avec des harpons ;
Sun (lère y était prêtre de l'idole .\bnil. ils in brisent ou en enfoncent d'autres, en y
Comme, dès sou enlance il témoigna de l'in- , lampant d'énormes pierres, dont qiulques-unes
cliualion pour la religion chri'tienne et de pesaient quatre cent- livres. .Vu milieu di- c^ît
l'born'ur [lour l'idolâtrie, son père le battit étrange combat, ladik'ue inférieure se rompt,
cruelli'iuent, et eidin le chassa de la maison. Il les eaux enlraincnt les barques el ciuxqili tes
se ri'fiinia [u-ès de l'evèque saint Jacques, qui montiut, maisen même temps aussi deux pans'
le [U'it en alfectiou et le mit au nomlin,' îles d.' murailles. Voyant la ville ainsi ouverte,
catéchumènes. Ephrem no ju-olila pas moins Sapor s'en croit déjà maiire, et ordonne à son
on vertu qu'en insti'uction. Son humilité était armée de revêtir ses habits de fêle pour y
si grande, qu'ayant été accuse d'un crime faire son entrée le lendemain. Mais \>-> assié-
commis par un autre, il on supporta longtemps gés ne perdent pas courage. Le lendemain,
la contusion [lubiique sans rien dire, et ne lit habitanl-s et soblnts garnissent les remparts en
enfin connaili-e son innocence que par la armes là où b-s remparts étaient tombé*, le*
:

crainte de se riMidre cou|iable de scandale, jilus braves formcid un remparl vivant. Tous
l'iie vertu si lièroïiiue lui attira la vénération sont pleins de confiance leur sainl évéque
:

de tout le monde. Suint Jacques avait poiii prie pour eux à ^é^'lise. Les Perses s'avanc<>nt
lui une tidle estinn', .|u'il le conduisit, maigri par un terrain humide el fangeux on les
.

.sa jeunesse, au concile de Nicée, pour y com- laisfe venir jusqui- sur le bord di. fos.'^é, qui
battre l'erreur des ariens. Lorsiiu'eii .'(.'iO. la était três-lirge et où le s«>jour des .-aux a^'*il
ville de Nisitie fut assiégé par Sapor, roi de formé une vase profonde. Là, pendant qu'ils
Perse, saint Jacques et saint Ephrem en furent ciieichent les moyens de passer, on les as«aillc
les sauveurs (I). d'une grêle d pi-rres, de feux et de dards; le

Ce siège ••>< un des plus mémorables dont il désordre se inel parmi lUX les un? sont ren-
:

Boit parlé dans Comiue celle ville


l'histoire. versés, les autres veiibnl fuir; mais ceux qui
était le buulevfird de l'empire romain du côté vttuaieul derrière eux les poussent en avant:

(1) Voir Àcla Sarut., tjuL

i
LIVRR TRENTE-TROISIÊMB )55

hommi's, chevaux, machinns éléplianls s'on-, encore plus bello. Lui-mAme apprît aux vierges
fonteot et périssent, dans la boue Sapor est ; chrétiennes, en syriaque, les filles de l'al-
forcé de soiiner la retraite. 11 suspendit l'at- liance, à chanter ces cantiques dans l'assem-
taque pendant un jour pour laisser an terrain blée des fidèles. Et aujounl'hui les chrétiens
le temps de 1 rati'oimir. (Juand il revint, il de Syrie les chantent encore. A la science du
fut hien surpris d'apercevoir, deirière les sol- docteur, à la verve du pnëlo, Ephrem joignait
dats qui étaient "ur la lircche, un nouveau la foi la plus vive et l'àmc la plus sensible.
rempart que les nabitants avaient construit Souvent, au milieu de ses prédications, il était
avee une incroyable activité. 11 y eut encore obligé de s'interrompre pour laisser couler ses
plusieurs attaques, mais sans plus de succès, larmes et celles de son auditoire.
l'n jour que l'évèipie passait sur la muraille, Au nord de la Mésopotamie, l'Arménie ad-
pour encourager son pi'uide, Sapor le prit mirait un nouvel apolre dans son patriarche
pour l'empereur et se mit en colère contre Nersès 1", surnomme le Grand. Il était de la
ceux qui lui avaient assuio que Constance royale famille des Arsacides et avait été élevé
était ailleurs. Tout le mondiî lui ayant pro- dans sa jeunesse à Césarée de Cappadoce et
te.-lé que cela était vrai, il se persuada avoir easuile à (^,cinstantino[ile, où il s'était instruit
vu l'ange qui détendait la ville. De di'|iil, il dans les lettres des Grecs. Dans la dernière de
tira une tlècLe contre le ciel. 11 fit en même ces villes, îl avait épousé la fille d'un person-
temps mourir plusieurs de ses satrapes, sous nage distingué, dont il eut un lils unique, qui
prétexte de n'avoir pas bien exccuté ses fut dans la siiilo patriarche d'Arménie. Veuf
ordres. Alors saint Ephrem pria saint Jacques après trois ans de m:iriagi% Nersès, de retour
de monter sur la muraille, pour voir les dans sa jiatrie, y avait embrassé la profession
Perses et jeter sur eux sa malédiction. Le i.cs armes. Revêtu de idusieurs dignités mili-
saxt évéque monta sur une tour; puis, voyant taires, il y joignait celle de chambellan du roi
celte multitude iulinie, il ne lit d'autre iin[iré- Arsace. il «'tait encore fort jeune mais ses
;

cnt tm que de demander à Dieu des amuclie- vertus éclalanles et sa valeur lui avaient con-
rous, pour faire éclater sa puissance par les cilié l'eslime générale. Sa beauté, sa haute
plus petits animaux. Il en vint aussitôt fondre taille et son air majestueux inspiraient le res-
sur les ennemis, comme des nuées. Ils entraient pect à tous ceux quil'approchaii'nt.En 3411, le
dans les trompes des éléphants, dans les oreilles trône patriarcal était vacant. Dcpiiis sa-nt
et les naseaux des chevaux et des autres betes, Grégoire l'Uluminateur il y avait eu quel-
,

qui, entrant en fureur, rompaient leurs har- ques patriarches scandaleux ; la religion en
nais, jetaient leur.s hommes,
troublaient les avait beaucoup souffert; deux de leurs succes-
rangs et fuyaient où pouvaient. Sapor,
elles seurs, avec de la vertu, n'avaient pas eu assez
forcé de reconnaître la puissance de Dieu, leva d'énergie pour remédier à de si t::rands maux :
le siège après trois mois , et se retira honteu- il aurait fallu un nouveau Grégoire. Une
sement (1). grande assemlilée se tenait à ce sujet. Tout à
Saint Jacques mourut quelque temps après. coup le bruit se ré[iand qu'il existe un des-
Son corps , enterré à Ni>ibe était regardé , cendant du saint pitriarclu', digne de son
comme le plus puissant reuipait de la ville. Il aïeul par ses vertus. On prononce le nom de
avait laisse plusieurs écrits en sa langue, c|ui Nersès : tous les sulfrages s'accordent, et,
était le syriaque. Son disciide E|diicni em- avec un concert unanime de louanges, on lui
brassa la vie monastique dans les environs décerne le sceptre patriarcal. Lui seul sera
d'Iidesse. Sa demeure était une caverne; il s'y notre pasteur, s'écric-t-on de tous côtés nul ;

appliijuait à la lecture et à la méditation des autre ne s'assoira sur le trône éidscopal Dieu :

livres saints. Lo vieux solitaire qui lui servait le veut. Etranger à ce grand mouvement, à
de directeur le trouva un jour qui achevait tant d'iiimneiirs, il veut s'y sousiraire. 11 es-
d'écrire son Commentaire sur la Genèse. saye d'échapper. Le roi s'indigne, l'arrête ;

L'ayant lu, il le porta, sans rien dire, aux et^ lui arrachant l'épée royale qu'il portait
magistrats, aux prol'es-eurs et aux [)rèlres comme une marque distinctive de sa dignité,
d'Edesse. Ceux-ci eu lurent émerveillés et lell- il ordo lie de le revêtir sur-le-chamn des ba-
cilcrenl le vieillard. Il leur aiqirit «pie c'était bils jionlilicaux enfin il est proclamé pa-
;

l'ouvrage du nvine Ephrem. Des lors tmil le triarche, au grand contenteinent de tous les
niondii voulut le voir. Après divers incidents, Arméniens. Leur attente ne fut pas trom[iée.
il s'(!tablit dans la ville, y enseignant et y écri- La foi nc! tarda [uis à reûeurir en Arménie :

vant contre diversi's liérésieB, en particulier les (\g!ises, les autels renversés furent réta-
Contre les manichéens, les ariens et les secla- blis; d(! nouveaux temples déiliés aii vrai
teiir.H de llaniesane. î'our po[>ularisiT les er- Dieu s'élevèrent sur les débris des édifices
reurs dt .<iin père, ll.irmonius, lils de Uarde- idolâtres des hôpitaux, des monastères fu-
m
;

sane, les avait mises vers et en mii<iqiie. rent fondés; les mœurs s'adoucirent; l'ins-
i'our réfuter ces erreurs, faire connaître cl truction se répandit de toutes [larls (2).
uiiiier la iloctrine catholiiiun, Ei)hrciu la mil Enlin, au delà de la Mèso|iotumie et de
en vers encore plus beaux et dans une musique l'Aruiénic, daus l'empire des Perses, où la

Acla sa.. Il jui. Hist. du Bas-Kmp.. I. VU. — (2) Hisl. du Bat S<),,,ire, 1. X, n. > «t?, *UiU tiwnt
156 niSTOIRE UNIVERSELLE DE L'ftOLISE CATHOLIQUE
persécution ne discontinuait pas, les cliriitiens onli-es semblables, sans compter le devoir d'é-
voyaient, à des évoques martyrisés, succéder vèi|ue et les règles de l'Etriture, qui ne me
d'autres martyrs. permettent pas d'abandonner mon troupeau.
Tels étiiient les pasteurs et les docteurs que Il y a apparence que l'empereur avait honte

l'Eglise voyait se former ou fleurir déjà dans de se coiitreiliie d'une mani'-re si visible, et
les différentes [larlics du moiido. Au-dessus qu'il ne jiermeltait jioinl i ses jfliciers de
d'eux tous paraissait Atliaiiaso, comme leur montrer ses ordres; peut-ôire qu'il voulait
maître et leur modèle. Tandis ijue rOccidfiit aussi, au cas que l'affaire vint à manquer,
même était troublé \);n- les ariens, que le jiape conmie toujours, se réserver une ipctite issue
Libère et les principaux évèiiues paitaii'iil et faire retomber toute la faute sur sei minis-
pour l'exil, hii se voyait tramiuille dans tres.
Alexandrie. C'était contre lui cp|it;nilaMl ((uc Le peuple, le clergé, les principaux habi-
ces grands mouvements se tramaient, comme tants de la ville s'interposèrent également
de vastes tilets dont on le cernait de [iroclie pour Atlianase; tous demandaient qu'on leur
en proche, afin de le prendre et de le perdre montrât les lettres de l'empereur ou du ,

plus sûrement. Sa prudence sut éviter tous moins qu'on sursit à leur exécution jusqu'au
les pièges. Le point principal pour les arii ns retour d'une députation .ju'on lui enverrait.
était de le tirer dWlexandrie, afin d'y pou- Syrien, voyant (jue leur prière était rais<juna-
voir placer un des leurs. C'est pourquoi, dès ble, protesta, sur la vie de l'empereur, qu'il
353, ils fabriquèrent sous son nom une letli'c en userait ainsi. C'était le 18 janvier 350.
à l'empereur Constance, où il était censé lui Tout le monde en ressentit de la joie, et le
demander la permission de venir à la cour. calme ordinaire reparut dans .\lexandrie. On
Constance lui envoya un officier, avec une s'abandonnait sans soup(;on aux promesses
réponse quiaceordail la demande avec les fa- des magistrats. Le calme ne dura que vingt
cilités du voyage. Atlianase en fut très-sur- jours c'en était assez pour dissiper les in-
:

pris, mais n'y fut j)as [iris. Comme la 'eltie quiétudes. On était dans l'usage, à plusieurs
de l'empereur ne portail point d'ordre, mais fêtes, de passer une [lartie de la nuit préw;-
une simple permission, et cela sur une de- ilente en prières, à l'église. Les vigiles d'une
mande supposée, il jugea devoir rester, se te- fête se célébraient précisément ainsi. Les li-
nant touteldis prêt à partir dès qu'il lui vien- dèles étaient assemblés autour de leurévé(]ue.
drait un ordre de l'empereur, et il en écrivit Mais, à minuit, l'église est investie tout à
en ce sens à l'empereur même. Il demeura coup par une troupe de cinq mille hommes,
vingt - six mois sans entendre parler de rien. sous la conduite de Syrien, afin qu'.Vthanase
Au bout de ce temps, deux secrétaires de ne puisse échapper. On rompt les portes, on
Constance, accompagnés de plusieurs person- entre en armes. Atbanase faisait lire un
nes de la cour, arrivèrent à Alexandrie, et psaume, dont le peuple devait répéter ces pa-
sommèrent le commandant des troupes im- roles Parce que sa miséricorde est éternelle.
:

périales en Egypte, et les troupes elles-mê- Mais les trompettes retentissent, les flèehej
mes de faire leur devoir. Atlianase devait être volent parmi les fidèles, les épées sont tirées.
enlevé, et, suivant toutes les apparences, mis Atlianase ne s'enfuit point, il reste sur sa
à mort. Les soldats parurent nécessaires pour chaire épiscopale il veut attenilre que ses
;

étouffer les mouvements éventuels des Alexan- ouailles aient échappé comme toujours aux
drins. Le commandant des troupes, qui se éiîorgeurs, ou bien partager leur sort. Mais
nommait Syrien, doima l'ordre à Atbanase de quand la plus grande partie ilu peuple se fut
quitter Alexandrie. Celui-ci se déclara ju-èt et retirée, on le supplie de se retirer lui-même.
demanda seulement à voir auparavant l'or- Il s'y refuse il veut demeurer jusiju'à ce que
;

donnance de l'empereur. Comme on li; lui re- tout son troupeau ait quitté le temple. l>ei
fusa, il pria que du moins .Syrien ou le préfi-t clercs et des moines le prennent alors de ft)rce
d'Egypte lui doniuissent par écrit la substaiu>e au milieu d'eux, et l'entrainent au ravers de
des ordres qu'ils avaient reçus. 11 avait toutes la foule et des soldats. Il fut tellement poussé
sortes de motifs pour cela. Dans ces temps de lie coté et d'autre, qu'il tomba en défaillance,
confusion, les fonctionnaires se permettaient et qu'on l'enleva pour mort. Il échappa ainsi
souvent l'arbitraire, sûrs «[u'ils étaient .le la à ceux qui le clien-haient. et stî cacha on ne
protection des courtisans, ou bien quittes à sut longtemps où. Depuis cet événement, le
nier plus tard quand il n'y avait ni honneur bruit se répandit qu'il y avait en lui quelque
ni profit à l'avouer, .\thanase faisait encore chose de surhumain en etlet, il y fut sauvé
;

valoir d'autres raisons. Je ne suis revenu, di- (i'inie manière extraordinaire, et lui-même
sait-il, que par ordre exprès de l'emperuir: attribue sa délivrance à un secours particulier
il m'en a écrit jusqu'à trois lettres, et, après de Dieu (1).
la mort de son frère Constant, il m'a encore La persécution qui, après cette nuit de ter-
écrit de demeurer dans mon église, sans m'in- reur, s'étendit sur l'éclise d'.\le\andrie, sur-
quièter de rien, ni avoir égard à cmix qui jiassa de beaucoup celle qui a et 'écrite pré-
voudraient m'époiivanter. .Vyant donc de; oi'- cédemment. Les meurtres, les nag6'l.itions,
dres si précis, je ne dois sortir que par des les emprisonnements, les exils te succédaient

il) SwMta./ tiT. tVi «I tf é


LIVRE TRENTE-TROISIÈMB. 1ST

l'un à l'autre. Pour comble de tyrannie, Syrien ment à la vertu. Saint Athanase fit voir, en
voulait (iiic l'église lui renilit le témoignage conversant avec eux, que l'on pouvait allier
que tout s'était jiassé sans le moindre troulile. le sacerdoce à cette sainte philosophie, l'ac-
Les armes <iuu le lendemain encore on avait tion àla trani[uillité; et que ia vie monasti-
trouvées dans le lieu saint, et que les fidèles que consistait plutôt dans l'égalité des mœurs,
avaien, sus[ie'<dues comme un souvenir ilu que dans la retraite corporelle. Ils apprirent
temps, il envoya plusieurs fois le bourreau plus de lui, pour la perfection religieuse,
pour les enlever. Les Alexandrins adressèrent qu'il ne profita d'eux ses maximes étaient :

là-dessus deux protestations à l'empereur. pour eux des lois, et ils le respectaient comm»
Non-seulement il y fut indifTérent; il approuva un homme d'une sainteté extraordinaire. Aussi
tout ce qui s'était passe. Les églises furent ne craignaient-ils pas d'exposer leur vie pour
enlevées aux eatboliques et leurs prêtres ban- lui.Les ariens envoyèrent des soldats le pour-
nis. L-^s ariens envoyèrent à Alexandrie un suivre jusque dans ces déserts on le chercha :

nouvel évèque, Georges de Cappadoce le sé- : partout sans le trouver ; et les moines qui
nat et le peuple reçurent même des ordres rencontraient ces meurtriers ne daignèrent
' menaçants de cbereher et de livrer Athanase. pas leur parler; mais ils présentaient la gorge
D'Alexandrie, la peiséculion s'étendit de nou- à leurs épées, comme s'exposant pour Jésus-
veau sur toute l'Egypte; Constance ordonna Christ, et croyant qu'il y avait [ilus de mérite
qu'il n'y eût d'évèque que ceux qui se confor- à souffrir pour lui en la personne d'Athanase,
meraient au nouvel ordre de choses. Les qu'à jeûner et à pratiquer toutes les autres
meilleurs furent ainsi contraints de livrer austérités (2). Saint x\thanase, de son côte,
leur troupeau à des intrus Draconce, évèque craignant que les moines ne fuesent inquiétés
d'Hermoiiolis, fut banni dans un désert. Abbé à son occasion, se relira plus loin et se cacha
d'un monastère, on l'avait élevé à l'épiscopat entièrement.
bien malgré lui, et il ne s'était résigné à en Il n'eut pas la consolation de voir saint An-

faire les fonctions que sur une lettre pressante toine. Ce patriarche des solitaires était mort
de saint Athanase, son ami. Quelques évè- dès le 17 janvier de la même année 356, à
ques, subjugués parla terreur, passèrent aux l'âge de cent cinq ans, aussi fervent, aussi
ariens (I). exact et en même temps aussi bien portant
Après (|u'Athanase se fut caché quelque que dans sa jeunesse. D'après ses ordres, deux
temps à Alexandrie ou dans le voisinage, il se de ses disciples l'enterrèrent dans un lieu qui
retira désert. Là, il écrivit une apolo-
dans le n'était connu que d'eux seuls. Il avait peur
gie, comptait présenter lui-même à
qu'il qu'on n'embaumât son corps et qu'on ne le
l'empereur car il aimait toujours à croire
;
gardât dans les maisons suivant l'ancien ,

que ses intentions étaient bonnes, et que le usage de l'Egypte, qu'il improuvait beaucoup.
mal se faisait à son insu. Deux lettres de Il légua en mourant l'une de ses mélotes ou

Constance, qu'on lui fit voir, le désabusèrent, peaux de brebis à saint Athanase, l'autre à
L'une était adressée au peuple d'Alexandrie, Sérapion, évèque de Thmouis, et son ciliie à
pour le féliciter d'avoir chassé Athanase, et ses deux disciples. Ses dernières paroles fu-
pour menacer des dernières rigueurs, de la rent Adieu, mes enfants, Antoine s'en va et
:

mort même, ceux (]ui persisteraient dans sa n'est plus avec vous. Quebiucs mois aupara-
communion ; deux piinc(!sd'E-
l'autre était à vant, il était allé, selon sa coutume, voir les
lliio|iic, (pie Frumence, apôtre de cette
saint moines qui étaient dans la montagne exté-
nation et ordonné évèque par saint Athanase, rieure, et il leur dit C'est : ici ma dernière vi-
avait convertis au christianisme. Constance site, et je suis bien trompé .si nous nous re-
leur mandait d'envoyer Frumence à Alexan- voyons jamais en cette vie. Il est temps que
ilrie, pour être examiné par Georges et insti- je m'en aille, puisque j'ai près de cent cinq
tué de nouveau, s'il en était ili;;nc. Saint ans. A ces mots ils pleuraient et embrassaient
Athanase était reiirésciiti'^ dans ces deux let- le saint vieillard, qui leur parlait avec joie,
tres ciiinmcun impie et un im|iosteur. Il com- comme quittant un pays étranger pour re-
|irit (|u'il y auiait delà téméritc'd'allertrouver tourner à sa patrie. Il les exhortait à ne
i'ein|ieieur dans ces circonstances; il rcn- point se décourager dans leurs pénibles exer-
liadonc dans le désert, et se contenta de [ui- cice», mais à vivre comme devant mourir cha-
HOU apologie.
|ili(M- que jour, il leur recommandait aussi de s'é-
Il de sa retraite forcée jiour visiter
priilila loigner des méli'ciens et des ariens. Et ne vous
à loisir les moiiaslên's d'Lgy|>te et connaître troublez pas, ajoula-t-il, pour voir les juges à
ces lioMunes (jui, s'étant sé[iari's du inonde, leur tète; cette puissance mortelle et imagi-
vivaient uniquement à Dieu. Les mi'^ étaient naire passera bientôt (Jl).
anaeJKijèles, gardant une entière solitude, et Saint Ililarion, son disciple, apprit aussitôt
ne [)ailant qu'à Dieu et à eux-mêmes les au- ; sa mort en Palestine par révélation. Il était
pratiquant la loi de lachariti"
tres, cénobites, alors âgé de soixanlecimi ans, et il y en avait
dans une r.cnnmunaulé, morts pour tout le deux dans une extrême al'tliction.
qu'il vivait
reste des hommes, se tenant lieu de monde Il de la multitude qui le cher-
était accablé
les uns aux autres, et s'cxcilant mutuelle- chait à cause de ses miracles, et l'empôchuit

(1) AtkaD., Àpot , «uj. De fugà — (î) Gieg Nai., Oiat , 2! — {i) Atlisn .
Vita Ànt.
m HismiRE univrusrixr DR L'ÉGI.rSE CATIIOLlyOB

do.jouir do la soliliidc. Kii fUet, tout le de faire sou'ciiie le» fivê(|uc» des Caiib*» è
momie venait à lui, les évéïiiii's, les [H'élres, rexcr)ininuiiication d'Atlianase. .Saint llihiire
des tr(iii|ii!S de cii'icsel de iiupine-*, le-< daines de Poitiers, qui dès lors était comme leurelief,
clin'liiMines, ic iiciiidc des villes et do la cam- clien-li.iit, au contraire, à les alfermir dans la

pagne; les juges niéines cl le.s [icrsonscs piiis- lidélilé de l'E^îlise. V profita d'une circon-
sanles y ufcouiviienl pour leievoir de lui du stance opportune tjoui ramener l'empereur A
pain ou de l'Iiuili! iju'il eiil bénis. Comme les des dispositions plus cquiliibles. I.,i's G' rmuins
frères domainluicut te qu'il avait el de
lui avaient envahi les fiontii-res de l'empire un ;

tjuoi il il leur dit Je suis revenu


s'affligeait, : soulèvement était à craindre dan*» les Caulcs.
dans le siècle, et j'ai reeu ma récompense en liilaire, au nom jes éveques, rassura l'empe-
cette vie. Voilà que toute la Palestine et les reur à cet égard; il n'y avait ni sédition ni
provinces voisines m'esliment quelque chose, même de violents murmures. Les ariens sful»
cl, sous préic.xlu du mouaslèi'e et des besoins mettaient la confusion partout ; employant,
dus frères, je possc^le des héritages et des pour grossir leur secte, la contrainte, la pri-
meubles. Li's frères le gardaient donc soi- son, les fers, les outrages, les tortures. Lci
gneusement, et priMri|)alemenl Ilésychius, le évoques conjurent donc l'erapereuravec larmes,
plus cher de f es disii[ilc3. que les é(.'lises catholiques ne soient plu« en
Un il résolut de partir, et se lit
jour enfin bnltc à de si intolérables pcrsi-ciitions de la
amener un auc car il était si exténué de jeû-
;
part de leurs frères; que les magistrat- sécu-
nes, qu'il ne pouvait presque marcher. La lii;rs ne jugent plus les affaires ecclésiastii|ues,

nouvelle s'en étant répandue, comme si la Pa- ni ne favorisentles partisans de l'hérésie ; que
lestine eût élé, menacée de sa ruine, plus de les peu|iles, au lieu d'être forcés <lc se sou-
dix mille persoimes, de tout âge et de tout mettre à ceux cjui corrompent la saine doc-
sexe, s'assemltlèicnl pour le retenir. Il ne se trine, soient lihrcs d'écouter les pasteurs de
baissait point ébranler par leurs prières ; et, leur choix; que les éveques bannis soient ra\>-
remuant le sable avec son bâton, il disait : jielés dans b'urs églises, entre autres Kusf-bc
Mon Dieu n'est point trompeur, je ne puis voir de Verceil, Denys de Milon, AthaniL«e d'.\-
les églises renversées, les autels de Jésus- lexandrie, contre lequel on a violé toutes les
Christ foulés aux pieds, le sang de mes en- formes de la justice. I>a funeste cause de tout
fants répandu. Tous les assistants ciuniu'C- le mal est celte peste nouvelle rim|)Oslure
,

naientqucqu<'l |ue secret, qu'il ne voulait pas arienne , inventée récemment par les deux
declartr, lui avait été révélé et ils le gar-; Eusèbes, par Narcisse de Neroniaile, Théodore
daient toujours, de peur qu'il ne leur éihap- d'Ilcraclée, Etienne d'Anlioche, Arace de Cé-
pât. Il résolut donc et protesta tout haut de sarée, Ménophante d'Ephèse, el ileus jcuncâ
lie boire in ne manger, si on ne le laissait al- hommes ignares et méchants, L'rsaee et Va-
ler. Après qu'il eut été sept jours saus rien lens(â).
prendre, ils le laissèrent enlin il prit congé ; C'est avec cettevigueur que parlait ililaire.
de la plupart, et (lariit avec une multitude Il avait fait plus avec la plupart de si's col-
:

inlinie, c[ui raeciunpagiia jusque [irèsde (iaza. lègues il s'était séparé


, de la coininiiuioii
Là, il les congédia et choisit quarante moines, d'I'rsace, de Valens et de leur fauteur Satur-
avec lesquels il lit le pèlerinage d'Egypte, vi- nin, évèqiie d'.Vrles accordant aux auln-,
;

silaiil les évè |ues exilés, ainsi (jue les moines ([ui s'étaient laissé enlrainer le panlon •!.
,

du désert, en partirulier les lieux sanctilié-s par leurs fautes, pourvu qu'ils s'en repentissent
riialiitation de saint Antoine. Il y arriva le et i]ue cette indulitencj3 lut approuvée par lea
jour anniversaire do sa mort, et y passa la confessovirs exilés pour la loi. Cette feriiii-tô
nuit en prières. C'était une montagne do roche lui mérita la haine des ariens, qui ne larda
et très-haute, (-tendue d'environ mille pas; du pas d'éclater. Dans un concile de Heziers, Sa-
pied sortaient des sources, dont les unes se turnin, Ursace et Valens s'efforçaient «le faire
perdaient dans le sable, les autres tombaient adopter les décrets d'.\rles et de .Milan. Ililaire
plus bas, et peu à peu formaient un ruisseau, rendit leurs clforts inutib-s. De dépit, ils l'ac-

sur les bords duquel croissait um; grande ciisj'icntauprès île Constance, qui lo bannit
quantité de palmiers qui rendaient le lieu
,
en Plirygie, avec saint Rhodune, évèque do
très-agréable et Irès-comniode. Ililarion s'y Toulouse. Ce dernier mourut en exil. .MaUré
jnunenait de tous eûtes avec les dis.'ijilos do tout leur crédit, les ariens ne purent mettre
saint Antoine. Voici, disai4'nt-ils, où il chan- un autre cvèiiue à la place de saint ililaire,
tait, voici où il priait; l.à il travaillait, là il se qui continua, au fond ilc la l'hrygie, 4 goa-
reposait quand il étiil fatigué. Il a planté verner son i''glise par m,!s prêtres.
lui-même ces vignes et ces petits arbres; il a L'Eglise oalholi pu- paraissait alors sur le
dressé ce terrain de ses propres mains il a ; bord île l'abime. Ses [dus illustres |^H)ntife5,
creusé avec un grand travail ce réservoir pour ainsi que le Pape, étaient exilés; l'ariani-ino
arro.ser son jai iliii il s'est servi plusieurs an-
; disposait à son gie de romiK»rour l'empereur ;

nées de ce hoyau pour labourer (I). croyait, en renversant leà homme-., pniivoir
Constance ceiieiidaiil, ou plutôt le.s .iiieiis, renverser la vérité il se trompait. L'K^lise
:

qui le faisaient mouvoir à leur gré, s'eâ'urçaieut catholique avait d'autres espértiDces. La vio-

(i) Uiéi-OB.,Fi<a atknom, — (t) À^ Coh*C, L L Mit. B«a«<l., 0*1. lllT al tt%.
,

Ll ,UK TREKTB-THOlSIKMi;. i;;9

lence seule, et la violence la plus extrême, l:i non ftar la porte, mais par efl'raclion, ro.uiii,
réduisit en ce pt^nihlc état. Si nombreux que des voleurs et des larrons, les nouveaux jias-
fus ont le?; inilividus infectés d'arianisme, la teursétaient naturellement odieux auxfidiies:
masses <ies iMéles ix>slait intacte. Dans chaque aussi les évèques de celte espèce se condui-
éi'lise, dit saint Atlianase, ils conservaient la saient-ils en ennemis ; forts de la protection
foi reçue, attendaient leurs docteurs et fuyaient de l'empereur, ils aliusalent de leur puis-
la doctrine anti-clirétienne comme un ser- sance et s'aliénaient les esprits de plus en plus.
liont^l). Lors mi^me qu'un évèquc arien prô- Georges d'Alexandrie avait fait d'abord le
?liait, il n'on iésullail pas toujours autant de métier de parasite, il devint ensuite fournis-
mal qu'on'pourrail le croire. Même les plus seur de chair de porc dans une compagnie de
enipcirtés d'entre eux o?aient rarement énon- soldats ayant malversé, il fut obligé de s'en-
;

cer sans défour leur impiété personnelle du fuir et d'errer longtemps de côté et d'autre.
liant de la chaire; ruses politiques, comme ils Grossier et ignorant, sans aucune connais-
étaient la plupart, ils parlaient du Fils de sance des lettres humaines, et bien moins en-
Dieu en sjéuéral, avec quoi le peuple catho- core des saintes Ecritures , il conserva son
llcjuc se représentait ce que la foi catholique même caractère étant évêque. Pour s'enrichir
lui en-eiainait à penser. De pari'ils évèques il se fit fermier générai de tout le salpêtre,
I)ouvaient être personnellement três-éloiu:nés de tous les marais salants et de tous les étangs
de la vraie Eijlisej et le peuple lui demeurer ou croissait le papyrus. Il spécula même sui
cependant fidèle. Saint Hi'aire dit à ce sujet : les cercueils , dont il fit faiie un certaia
<i Celte diqdicité impie à prèciier autrement nombre, avec obligation à tout le monde d«
qu'on ne pense est cause que sous les évèques
: les lui emprunter pour une certaine somme.
de l'Antéchrist, le peuple du Christ ne périt 11 ack'usait les citoyens auprès de l'empereur,

point, persuadé qu'il est que les mots ont leur comme peu soumis à ses ordres et les païens;

sens naturel. Les fidèles end'ndent dire que le eux-mêmes se plaignaient qu'en cela il ou-
Cliiist est Dieu, et ils croient qu'il est ce qu'on bliait sa profession, qui ne recommande (jue
le nomme. Ils l'entendent appeler Fils de Dieu, la justice et la douceur (4). II avait même sug-
et ils croient que, par là même, il est vrai géré m ilicieusernent à l'empereur, qu'il avait
Dieu. Ils entendent dire qu'il est avant tous droit d'appliquer à son trésor les revenus de
les temps, cl ils pensent que cela veut dire toutes les maisons d'Alexandrie, parce qu'elles
éternel. Les oreilles du peuple sont plus saintes avaient été construites la première fois aux
que les cœurs des évèques (2). dépens d'Alexandre le Grand aux droits du-
,

De plus, tant d'évêques bannis discrédi- quel l'empereur avait succédé. Par tons ces
tèrent dans l'opinion ]iubliqne et l'arianisme moyens, il se rendait étrangement odieux aux

et SCS fauteurs. Les premiers retrardaiei-t leur païens mêmes, et tout le moude le regardait
exil comme une fonction. Partout où ils pas- comme un tyran.
saient, villes et provinces, quoiqu'ils fussent Il l'était surtout envers les catholiques. Ins-

dans les chaînes, ils ])rèchaient la vraie foi et titué par l'empereur, il croyait lui devoir une
anathématisaient l'hérésie arienne. 11 arriva comfilaisance sans bornes. Ce fut un evèque
ainsi tout le contraire de ce que voulaient soldat. Il croyait pouvoir s'all'ermir par la
leurs ]iersécuteurs. Plus le lieu du bannisse- contrainte. Lors donc que les lid'des n'assis-
ment était loin, plus s'augmentait la haine taient point aux assemblées dos arii-ns, mais
contre ceux-ci. Le voyage seul des exilés était se réunissaient liors de la ville, il fai-ait mar-
une prédication contre rim|iiété des ariens. cher les friMipes, leur commandant, le mani-
Quiionipie voyait passer ceux-là, les admirait chéen Sébastien, était toujours prêt. Un jour,
comme des confesseurs, et aliht>rrait ceux-ci les catholiques d'Alexandrie s'étaient assi in-
non plus seulement comme des impies, mais blés pi es du cimetière, suivant leur coutume.
romme des bourreaux et des meurtriers (3). Sébastien s'avança avec plus de trois mille
L'Eiîlise catholique trouva une espérance hommes en armes, fit allumer un grand feu
là même où il y avait pour elle le plus grand et en menaça ceux qui étaient encore pré-
pèiil. Sa foi et sa conslitntion se tiennent. Sa sents, s'ils ne se déclaraient pour l'arianisme.
ciinstitulion est divine, parce que Jésus-Christ, Comme ces menaces ne les ébranlaient pas, il
i|ui l'a ((mstituée, est Dii'u. Pour les ariens, les fit au moins battre avec des verges héris-
ipii niaient la divinité du Christ, son évçlise sées lie pointes. Quelques-uns furent tués et
n'it.iit MU fond qu'une institution humaine. Il leurs cor|ts jeté.s aux chiens. Ils sont honorés
Ini fallait trouvci' parmi les lionimes un chef Comme martyrs. Au milieu de ces excès, les
|fi)ur la soutenir. Ce fut l'enqierenr i|ui se lit ariens n'avait-nt à la bouciie que le nom do
lui-même le suprèni.' évèipie de l'empire. Cet i'ein|iereur. Ce serviiisme tyrannique rendit
étrange pape choisis.-ait pour les principaux l'arianisme souverainement odieux.
siiîges, etceux-ci pour les autres, des ('vèipies A Constantmcqile, l'évèque hérésiarque Ma-
aus-j etrangiTsque lui à l'esprit de Dieu et de cédonius, inlroidsé par le san^ et le meurtre,
.son Kglise. Le [léril était grand il servit de: m- le cédait point en cruauté à Georges d'A-
remède à lui-même. Entrés dans la bergerie lexandrie. Les catholiques, qui ne voulaient

(I) hùt. Âiian., I n. — (t) un., Cm(. Àiuetnt., n. •. •


-(3) Alhao.. mst. Àrtam., u.14. — (4) Amni ,
I. XX II

a. II.
160 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÉGLISE CATHOI.IQOB
pas lerocnnnnllre, furent les uns exilés, les que jamais, il leur développait Ips erreur» de
Qiilii's mallrailés de coups; (jueUjues-uns l'ariaiiisme, la vérité de la foi catholique et le

fuient marqués sur 1(! front avec fies fers eourai^e invincible avec lequel il fallait la dé-
cliaiiils, à d'autres on coiilis(pi;i leurs biens. feudie. Son pi!U|ile gémissait <le se voir privé
La ]M'r.-é»-'ilion s'établit jusque sur les nova- d'églises. Dimi vous consolera, lui écrivait il :

tiens, [larc.e qu'ils s'acc(ji'dui('nl avec les callio- si lesariens ont des temples, vous avez la foi
liqurs dans la doctrine de la Trinité. Ils furent des apolres; s'ils sont rian- le Vku. ils sont
mallraili's de toutes les manières on les con- : loin de la foi; vous, au contraire -i vous êtes
traignnil l'jialement do paiticiper au culte des hors du lieu, la foi est au dedans !• vous. Le-
ariens ; on en jrta tjuebiues-uii-i en jirisfm et quel ries deux est le plus t'rand, du lieu ou de
on démolit uni' d(^ leuis éL;lises à Coiistan'.i- la foi C'est la foi, évidemment. (Jui donc a
'.'

nopli'. I>eur évècjue A^élius prit la lui le. Les perdu ou conservé plus, celui qui a le lieu ou
catholiques, à qui, d'après les oi-dres de l'cm- celui qui a la foi? Le lieu est bon, quand la
p(M(nir, on n'avait pas laissé un seul temple, foi des a[»ôlres y est prêchée il est saint, ;

assistaient à l'oflice des ncjvatiens. Maccdonius quand le saint y habite (2).


finit par se rendre odieux à ceux mêmes de La méchinceté îles ariens alla si loin, qu'ils
son parti M) lui reprochèrent, comme une mar<|ue de lâ-
Léonce d'Antiocbe (Hait assez prudent pour cheté, sa fuite après l'invasion de Sébastien.
Me pas commettre d'iniquitii trop criante, ni Il se vit obligé de s'en justifier dans une apo-

piéiber directement contre la foi catliolic|ue : logie à part, et il le fait par l'exemple des
il se tenait ii des voies i)lus astucieuses, qui prophètes, de Jésus-Christ même et de ses
devaient la miner peu à peu il n'admettait, ; apôtres. Après avoir rappelé le grand nombre
dans son clergé, personne qui lui parut sus- d'évèques que les ariens avaient maltraités et
pect de calbolicisme il n'onloimait <pie des
; exilés, ainsi que les atrocités qu'ils avaient
ariens. Sans docteurs lallioliques, la foi catho- commises à .Alexandrie, il ajoute Et main- :

lique devait d'elle-même di>paraitie pi'u à tenant ils regrettent de ne m'avoir pas tué cl
peu. l^cliut de ces ellorts n'échappa point aux me reprochent la [icur. sans penser que le
catholi(pies mais le mal était déjà si grand,
; blâme en retombe sur eux-mêmes car, s'il est ;

qu'il ne lui restait plus ipie quelques laïques mauvais de fuir, il est nien plus mauvais de
pour soutiens, savoir le moine Diodore, de-
: persécuter l'un .se cache pour éviter la mort
:

puis si renomnii- comme évéque de Tarse, et l'autre poursuit pour la donner. S'ils blâment
Flavien. |ilustard évéque lui-mémed'Antioche. la fuite, qu'ils rougissent donc de la pour-
Vénérables tous deux par leur [liété très-in- . suite. Ils n'ont qu'à cesser leurs embûches, et
fluents [lar leur science et leurs lumières, ils on cessera de fuir. Ils ne voient pas que la
assemblaient ceux des catholiques qui n'ap- fuite des persécutés est une accusation contre
partenaient point à l'église des eustathiens, les persécuteurs. Personne ne fuit celui qui
dans leurs maisons, aux tombeaux des mar- est doux et humain, mais celui qui est cruel
tyrs, et entretenaient ainsi la flamme de la et impie. Les saints nous ont enseigné, et par
vraie foi. Les catholiqui'S pouvaient aussi, leurs paroles et par leur exemple, qu'il est
quand ils voulaient, assister aux assemblées permis de fuir; mais vous, comment prouve-
des ariens mais ils chantaient
; Gloire au : rez-vous, jîar leur exemple et leur doctrine,
l'ère, et au Fil^, et au Saint-Esprit, tandis que ([u'il est iiermis de fuir mais vous, comment
;

leurs adversaires tlisaii'nt (iloire au l*ère,: prouverez-vous, par leur exemple et leur doc-
par le Fils, dans le Saitit-Esiirit. C'est ainsi trine, qu'il est [lermis de persécuter (.3)?
que nos pèies voulaient se distinguer visible- Saint Kusebe de Verceil, reléifué à Scytho-
ment des ariens car ceux-ci abusaient de la
; polis, écrivait aux églises d'Italie, qui lui
deiiiière doxohigic pour accréditer leurs er- avaient envoyé des députés avec des lettres el
reurs. On liit aussi que Flavien fut le premier des aumônes. Il les félicitait de leur ferm'-té
(|ui introduisit à .Antiocbe li doxologie catho- dans la foi et les exhortait .i ne pas craindre
lique, ilevenue bientôt universelle, (/est ainsi les pi-rsijculions du moment. C'est un torai>5
que se maintint toujours vivante l'opposition d'épreuve, dil-il, qui sert à découvrir les sen-
de doctrine c'est ainsi que lesévéïpies ariens
; timents des véritables chrétiens. Si les ariens
contribuèrent eux-mêmes beaucoup à rendre se sont appuyés du secours des hommes, c'est
leurs opinions o.lieuses, en se rendant eux- «[u'il? n'ont piis celui de Hieu ; s'ils l'avaient,
mêmes personnellement odieux. ils ne se mettraient pas en peine de s'assujet-
Knlin, ce fut dans le temps même île leur tir, comme ils font, les âmes des innocents
bruissement que les évèques écrivirent avec par une puissance toute humaine et toute tcr-
le plus de xêle et de force pour la défense de le tie. Dans salellre, que nous avons encore,
la doitrine catholique. Ce fut alors ipie, du il raconte ce qu'il avait à soulTrir «les ariens.
fond de sa retraite, Allianase adressait au II loge.i d'abord chez le comte Joseph, dont
l'cuple d'Alexandrie, aux évêques d'I'^gyptc, nnus avons jiarlé ailleurs. I.,e comte étant
et même à des particuliers, des lettres^ des venu à mourir les arien* le transférèrent
.

traités entiers, où, avec plus de pénétration ilans une autre maison, où ù était coniiTie

(1) Soc, 1. Il, c. xxxvui ;


Jiaïoin.. 1. IV, c. XX et xxvii.— (î) Mhhn, Oi>era, p. 968. *dit. Uensd. — (i) Or
H» sud, n. 8 01 seq.
LIVRE TRENTE-TROISIËME l«l

prisonnier. Il fut visité dans son exil par saint puis, revenant à sa maison, ils pillèrent tout
Epiplianc et par beaucoup d'autres personnes. ce qu'il y avait, soit pour sa subsistance, soit
Comme il distribuait les libéralités des égli- pour celle des confesseurs et des pauvres. Puis,
ses, non-seulement aux prêtres et aux diacres pour apaiser le peuple qui murmurait de ces
bannis avec lui pour la foi, mais encore aux excès, ils rendirent au saint évoque quelques
pauvres, les ariens entrèrent en fureur. Ils le meubles de peu de valeur, et retim-enl
tirèrent de son logis, tantôt en le traînant par" l'argent pour eux. Il semblait ([ue leur dessein
terre, tantôt en le portant à la renverse, à fût de le laisser mourir de faim dans la pri-
demi nis et l'enfermèrent dans une petite son car ils empêchèrent qu'aucun des siens
;

chambre, où, pendant niiatre jours, il? ne ces- ne lui apportât à manger; et comme ii ne
sèrent de l'accabli'i .l'iujures pour l'obliger voulait rien recevoir d'eux , il demeura six
d'entrer dans leurs sentiments, disant qu'ils jours sans prendre aucune nourriture. .Mais
avaient reçu ordre de l'empereur de le traiter enfin les ariens, pressés par les cris de diver-
ainsi. Le saint, content de leur livrer son ses personnes, laissèrent un des siens appro-
corjis, ne leur répondit pas un seul mot. Ils cher, le sixième jour, pour le secourir dans
voulurent empêcher les prêtres et les diacres le moment qu'il était prêt à mourir de défail-
de venir le voir comme anp.u'avant, et défen- lance (1).
dre encore aux autres fididi s l'entrée de sa Plus tranquille dans son exil de Phrygie,
chambre. Sur quoi saint Eusèbe, qui ne vou- saint Hilaire écrivait ses douze livres de la
lait pas recevoir la nourriture de la main de Trinité. Le premier à développer ces profonds
ces impies, leur envoya un acte de protesta- mystères parmi les Occidentaux, dont le lan
tion sous ce titre Eusèùe, serviteur de Dieu,
: gage à cet égard n'était pas encore bien llxé;
avec ses autres serviteurs qui souffrent avec moi il n quelques locutions singulières, qu'il faut

pour la foi, à Pairophile, au geôlier et aux expliquer par tout l'ensemble. Lui-même dé-
tiens : c'était l'évèque arien de Seythopolis. plore plus d'une fois l'indigence et l'impro-
Après un court récit des violences qu'il venait priété du langage humain pour parler de
de souOrir de leur part, il leur déclare qu'il Dieu. Après avoir rappelé l'incohérence et
ne mani;era point de pain et ne boira point l'incertitude de la philosophie humaine, il
d'e.iu qu'ils ne lui aient tous promis, et [lar fait voir la certitude et l'accord de la philo-
écrit, de ne point empêcher ses frères, qui sophie chrétienne, par IWneien et le Nouveau
soull'rent pour la même cause, de venir le Testament. Dans le premier. Dieu lui-même
voir et lui apporter de chez eux la nourriture se définit Je suis celui qui suis. Dans le se-
:

nécessaire autrement il proteste qu'ils se-


; cond, un pécheur de Galilée, s'élevant au-
ront coupables de sa mort, et rpi'il écrira à dessus de tous les sages, au-dessus même de
toutes les églises, afin que tout le monde sa- toutes les créatures, et pénétrant jus ji'au
che ce que les ariens font soufifrir aux catholi- sein de la Divinité, commence ainsi son tvan-
qui's. .\iirès sa souscription, il ajoutait Je te : gile Dans le principe était le 'Verbe, et le
:

conjure, toi qui lis celle lettre, par b- Père, le Verbe était chez Dieu, et le Verbe était Dieu.
Fils et le SaintKs|(rit. de ne la pas sup[)ri- Ce que saint Hilaire développe avec sublimité
mer. mais île la faire lire aiîx autres. et profondeur. Le but principal de tout l'ou-
L''s ariens, cédant à une [(ruestalion si vraa-e est de prouver par les deux Testaments,
extraordinaire; renvoyèrent saint Kusèbe à la Trinité et la consulistintialité des person-
son hos[)ice, après l'avoir laissé quatre jours nes divines, et en particulier la divinité de
sans man-rer Tout le peuple l'y coniluisit avec J sus-Christ, et de réfuter les objections de
joii', même ^ la vue des ariens, et entoura la Sabelliu? et d'.\rius. Ou y sent cette fontaine
mfiison de llamlicaux et de ianti-rnes. Le saint (i'::aux vives quijaillissent jusqu'Ala vie éter-
recommençade son côté à distribuer aux pau- nelle. C'est pirtout comme une plénitude in-
vres les aumônes qu'on lui avait apportées. finie de foi et de vigueur, qui démontre a
Mais à peine jouit-il de cette liberté [icn lant elle seule que l'Eglise catholique n'était pas
vingt-cinq jours. .\u bout de ce terme, les près de SI ruine. Quant à l'Anci-^n Testament,
urii'Ms revinrent à son f'igis, armés de bâtons, il poseft,^rauie une vérité incontestable, que
avec une multitude de gens perdus; et, ayant ehaqiu; fois que Dieu y apparaît sous une fi-
rurujui la muraille d'uni' maison voisine, ils gure humaine aux patriirches et aux pro-
sejettèrenl sur lui avec violence, l'enlevèrent phètes, c'est Dieu le Ver'.ie, ipii voulait pour
et lenfei-mèicnt dans une prison très-étroite, ainsi dire s'essayer lui-même et nous haiiituer
avec un prêtre nommé Tcgrin. Ils emmenè- d'avance à l'iacaruation réelle. Kn quoi il est
rent et enfermèrent aussi les auln-s prêtres et d'accord avec saint Ju>tiu, saint Irem'e, Ori-
diacres qui l'accompagnaient, et, trois jours gène, Théophile d'.\ntioclie, Clément d'.V-
n[ires, ils les envoyèrent en exil en divers lexuadrie, Tertullien, saint t^yprien, les Pères
Jieiiv. de leur autorité privée, ils mirent dans du concile d'Antioche, contre Paul dci Samo-
la prison publique diverses personnes qui sate, sans compter saint Amliroisc, saint Au-
élaieul veimi-'s le voir, et les y tinrent plu- gustin, saint Léon cl beaucoup d'autres. I.C'*
sieurs jours. Ils y enfermèrciil en(;ore ceux ariens eux-mêmes en convenaient on le voit
:

QUI le servaient, et même des relitrieuse.» .-


par Eusèbc, daus sa Démomtralion évantjclifnte.

^l) Vie •
T.!I . t r.ii iiT.
Il
|'j:i iv.
.

CATHOLIQUE.
HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÉGLIsE
^g2 nni,» avec
que JéMi!»-Christ a d.-mnndée pour
ri n.ir le concile
de Sirmium, conlro rii..lin, seuicm.'iit une conforiiiil.; de
sou- lui n'e<l pa^
anatln^mo contre -iin ccrt-icic unité ou
ô-i l'on prononce voù'oir, mi.is encore une
l'armi les niodcrues,
uènd ail le contraire, lesnuiee et union de- nalnr.-. Le Père est
dans l.(.l.nsl,
dignement
celV- traJiUon a été et le Christ en nous it nous en lui. r<'e h iii.-iil,
C'csl une des vues les

S
conlinuéc par Bo.suct.

},i"n
v.n.iundes et les plus
l'ensemble et la
saisir
Inm.nenses i)our
merveilleuse
l'<uclianslic P.u h»;
ar rincainalioii et piu
.'aruation, le Fils de Dieu se*l
notre naluie, il a vraiment
pus n-.irc .liair,
vramienl
I

um_

beauté des d.-nx alliam os. et nous, dans le sacrement du SeiKueur, i.ou«
Immainemcnl Icxildeséve-
A consi.lércr vraiment le Verbe fait chair, suivau
on ^mad pu prencms
ques,la puissance des ariens, ca parole :chair est vraiment viai.d.-, et
Ma
rKuV^.calholMiue et J>;
dôsespéicr do ^^-j"
mon sans est vraiment breuvogc. Qui manite
montre, parler liér^sies de en moi
-itù Saint llilaire
Inomphe ma chair et boit mon sang demeure
Sabell us et d'Arius, que
i;L,lise pas ci-irc
Comment donc no
vér.le es si .raudc, et moi en lui.
foujours. La force de la qu'il demcuienaturelIcmeuteD
nous, lui qui
dit-';, queennemis mêmes l écauci..cnl
ses inséparablement la nature de notre chair
plus elle est atta- a pris
,-n61,ranlable de sa nature qui a un. la nature
Le propre de 1 L- en se fai-ant liom.u.!, et
quée, i>lus elle safferm.l. divine pour i.'.u.s ea
quand on la blesse, d et e de sa chair à la nature
se'clt de vaincre dans la communion >ous
J l'accuse, d acquérir quand faire parliciiiants
.'

comprise quand on sommes donc une m-me chose, parce que le


voudra, que
on"^d,audonne. Pour elle, elle Chri.-l en nous ,2).
dans son sein, et qu cUe ne Père est dans le Christ, et h-
tous demeurassent
dans cette union my-Ieiieu>e, si pro-
chasser l'l"^'C"''s, '1" C'est
fût point obligée d'en ressentie par >aiul HiJMoe,
.pion
habiter. Mais quand fondément
e rendent indignes dy

vie, d
sortent, ou quelle les en yoit la source divine de celte
les hérétiques en
d'un côté l'occasion de toujours renaissante dans l'Egli-'U
fa t sortir/si elle perd Cependant l'empereur Con^-tauce, qui
n ii-
elle ga^-ne de l autre,
lit son entrée vers
leur proci ver le salut,
des hér tiques vail pas encore vu liome, y
en faisant voir, par l'exemple d'avril 3-37, comme
liwmpliateui de .Ma
de lem de-
eux-mêmes, le bonheur qu il va
la fin
gnence, vaincu six ans aupaiavant.
H J' l'''"'^
L'Eglise établie de Dieu et
meurer attaché.
une pompe et une gravile si aUe.lèe,
une dans sa uoc- avec
fondée par les apôtres, étant .m'il lit paiaitre plus de vanité
que de grandeur,
ce que on
trine subsiste toujours, et tou 1
n'y lut admire. On
éclairc.r da- et il admira plus Uoine .lu'il
peut 'dire contre, ne sert 4u'à
l
en publie, il
quand les héiéti- remaniue, en général, que jamais,
vantage d'où il arrive que moucha ni ne cracha netoiima le vi- m
autres et même
;
ne se
ques s^e combattent les uns les sage d un côleà l-aulrcSeulemcnl
il ^^ '".'^„'
victoire est toute pour IL- il lut de
se vainquent, la
traversait les portes, quuiqu
tous sur des er- qj^uid il
glise.Car ils se combattent
petite taille et les portes tre;
élevées. A a
que l'Eglise rejette également. Sabel- Uomc, tu-
reurs
dans de l'empereur, se trouvait, a
i^uite
lius par exemple, voyant clairement de Germanicie, sur les couhiis
Jésus-Cbrisl, mais ne doxe, évèque
l'Ecriture la divinité de apprit la mort de
est né et di-tingué du 1 ère, de Cappadoce, quand ou
pas qu'il
sachant
Léonce d'Autiodie. Aus-itol Lud-
prétend qu'ils ne sont qu'une même
personne.
de la di>tiac- la permi-^siou de relouruer à •^••n

Ariu^ au contraire, convaincu prétexte que sa présence y


tion du l'ère et du Fils, mais
ne connaissant
de sa nature miis, dans la réalité, iK>ur s. i

pas la divinité du Fils, ni l'unité


d'Aulioche par le crédit des
eunuque- ..u pa-
soit créature.
avec celle du Père, veut qu'il et au nom d.- lemiKîreur
qui u eu s;ivail
Ainsi Sal.ellius réfute Terreur
d'Anus sur la lais
u y rappela
Dès qu'il y tut iulr.s,
Arius celle dv^ Sabelliiiâ rien.
divinité du Verbe, et deux aruns
Dieu ; maib d'E V|-te Aéliuâ et Eunoniius,
sur la distinction des personnes en ^léUoBtes, avec lesquels il
eii>e.gna .=^'U^ dé-
mutuellement, ils ^onl tou-
en se vainquant le NcrLe n elail pas
ajoutent d eux-mê- tour, que nou-scu^emcnl
jours vaincus sur ce qu'ils coosullstantiel au Pèie, mais qu il
ne lui e ail
leur victoire est pour Kgljse 1
e (..nu
mes, et "jar là
fondée sur celle des pas même -. mldai le en subst.in
'^eule, dont la doctrine, sa
proft>ssiou de rimpiélé dAnu> 'an- toute
Evangiles et des apôtres, fait d'ariens u._ >. .-li

est vrai Dieu (1).


6tho,.earà . •

croire que Jésus-Christ C.Vsl ce ^u on n .:.iu»


un se sep.:. c:. a
Les ariens objectaient qne le Fils n
.>lail
ademaii<ie que les mi-.
avec le l'ère, que comme il lui
il

nous fussions un en lui, c'est-à-dire par 1 union toiijoui-s •

r^u.
mmu. ..i^is^» ^oui ic -~eu- q»'
de nature, ^alut étaient
de volonté et non l'unité
lexi-nssion.
dillereuc*
Hilaire remarque d'abord une
.
: .:,
i
ce, -i.danl, le peuple n-
Jésus-Christ demande que nous soyons
un, A Kome, pnuviii
quelepai.eLii.e.e, et oe -

tandis qu'il dit de lui et de sou Père :


Nous
Félix. Les luiucipales dame-
romaine- ">
\
.'
considé-
«o»HJ'.es«H. En outre, il s'élève à des à cmpcicur
admirables, pour montrer que l unité donc leurs mans de deuiauder 1

rations
IV. xu. Tl..>d..
VU, n. 4-6. - (2) L. VIIl, n. 13 et seq.
- : ;. Soc, l. n. c. xxxv.i -, SOI.. 1. c.
(1) r..
.
Il C XXV.
LIVRE TRENTE-TROIStftME.
m
le refoui- du Pape, exilé flepuis environ deux léesdans la dissertation d'un doeteurde Paris,
ans. Ils répondirent qu'ils craiuii.'iipnt la co- publiée peu d'années après la mort de Bos-
lère dfi l'empereur, que peut-être il ne pnr- suet dans une autre plus récente du savant
;

donnerait pas à des hommes, qu'il aurait plus Zaccaria dans le riocte Gniland d> Venise,
d'égard pour elles que s'il ne leur accordait
; au tome V de sa Fiililiolhrfiue dm onnen.- P'rc.i-
pas ce qu'elles demaniiaienl, du moins ne leur enfin, et surtout, dans l'histoire critique

en arriverait-il aucun mal. Ces dames suiv rcnt pape saint Libère, insérée au i>3 septembre des
le conseil de leurs maris et se présentèrent Aeta sanctorimi (A). Nous avon< déjà indiqué
devant l'empereur, parées avec leur magni- quelques-unes de ces raisons plus liant; nous
ficence ordinaire, afin que, jugeant de leur en indiquerons d'nutres, à mesure que l'occa-
qualité par leurs habits, il eût plus de consi- sion s'en présen'tf^ra, et nous tâcherons
de les
dérations pour elles. Elles le supplièrent donc résumer à la mort du saint Pape. Nous re-
d'avoir pitié de cette grande ville, privée de marquerons seulement ici, d'après ce que nous
son pasteur et t-xposéc aux insultes des loufis. venons de voir, que le peu[de romain ne put
Constance répondit que Rome avait un pas- soulTrir Félix, parce que, tout en professant
teur capable de la gouverner, sans qu'il en lafoi de Nicée, il communiquait avec les
fût besoin d'autre il entendait Félix.
: Les ariens; que le jiape Liljère rentra à Rome en
dames romaines répartirent que personne n'en- vainqueur, que le peuple le ret-ut en triomphe
trait dans l'église quand Félix y était, parce et chassa Félix. Avec cette conduite du peuple
que, encore qu'il gardât la foi de Nicée, il romain, comment supposer que C(> même Pape
communiquait avec ceux qui la corrompaient. Libère venait de se déhonorer publiquement,
L'empereur leur promit sans doute d'avoir en condamnant saint .Vthanase, en souscrivant
égard à leur demande ; car, quelque temps à l'arianisme, et en alressanl aux principaux
après, il envoya des lettres à Rome qui annon- ariens des lettres de communion, aussi pi-
çaient que Libère serait rappelé et gouverne- toyaldes pour le style qu'abjectes pour le sen-
rait l'église en commun avec Félix. Mais timent?
quaml on lut ces lettres dans le Cirque, le Il n'en est pas de même d'Osius. Il n'est
que
jicuple s'écria ironiquement Cela est juste I
: trop certain ([ii'il se démentit, à Sirmium, en
Comme il j' a dans le Cirque deux factions souscrivant une seconde formule rédiijée par
distinguées par leurs couleurs, chacune aura b'S ariens en cette villo, où ils reieltent, non-
son pasteur. Après s'ètie ainsi mocpié des seulement le terme de consubstanticl, mais
1
-ttres impéi-iales, ils s'écrièrent tout d'une encore celui de semblable en substance et de
d'une voix Un Dieu, un Christ, un évèque
:
! substance même, pour y sidistitucr des ex-
Les choses allèrent encore plus loin. (1 y eut pressions qui supposent le Fils d'une autre
à ce sujet des séditions à Homo, et même des nature que le Père. Le principal auteur de la
meurtres. Ce qui fut cause que l'ciupereur nouvelle formule était Potamius, évèque de
consentit malgré lui, dit l'historien Socrate, à Lisbonne. Il était d'abord catholi()ue; mais
ce que Libère retournât à Rome, et y reprit il souhaitait avec passion une terre de do-
son siège (I). L'ailmirable Libère, dit Tiiéo-" maine l'empereur lui en fit présent c'en fut
:
;

doret, s'en retourna donc (2). D'autres anciens assez pour le gagner à l'arianisme. .Jamais
Dous apprennent qu'il entra diiis Rome en cependant il ne jouit de sa terre, ayant été
vainqueur; ([ue tout le peujile alla au-devant iiap[ié d'une plaie mortelle, comme il allait
de lui plein de joie, et ex[iulsa Félix, s'en mettre en possession. Ce l'ut à son insti-
On s'étonnera sans doute que nous ne par- gation que le centenaire Osius, maltraité et
lions [las de la chute du pnpe Libère, chute meurtri de coups, déshonora sa longue et
fameuse, que Bossuet entre autres a pjouvée sainte carrière. Sa chute fut un deuil poui
fort au loULT. Nous savons cjuc, dans sa Dé- toute l'Eglise; les ariens en triomphaient.
fense il* '.a déclaration r/nllicane Bossuet met , Nous le voyons par un écrit que saint Phé-
tout en ivuvre [)our établir que le pape Libère bade, évèque <l'.\gen, lit contre cette seconde
est touillé en souscrivant <à l'arianisuie mais ; formule de Sirmium. Après en avoir montré
nous savons aussi, par le témoignage i!e son tout le venin, ii conclut « Je n'ignore pas
:

ïceielidre, que ilans une deruièii' révision de qu'après que niuis avons examiui' toutes ces
jet ouvrage, Bossuet rnyn tout l'eiuiroit qui vérités et que nous les avons exposées à la
reiinnk le nnpe Lilibrc, comme ne /jz-uitriirU pas lumière de l'intelligence ]iublique, on nous
bh(i ce (jH il reut èlnhlir en ce lieu (3). Ce que oppose, comme une puissante machine, le nom
Uossuel a cru devoir rayer de son Traité de iTOsiTis. le plus ancien de tous les évèi|ues et
yn jinissnnce ecclés'.aslirfue, nous croyons devoir dont la foi a toujours été si siire; mais je ré-
le rayer de l'histoire de l'Eglise; ce qu(! Bos- ponds en ]>eu de mots, que l'on ne peu! em-
|su(t, après vingt uns de reclu'iclii's et de uié- ployer l'autoriti' d'un homme qui se trompe
' '''iiMis, n'a pu se démontrer à lui-même,
à lu-esenl, ou ijui s'est toujours trompé. Tout
crovons qu'il ne peut se démontrer par le monde sait ipiclsonlété les sentiments jus-
\" o.inu'. On en peut voir les raisons détail- |u'à ce grand ÙLiic; avec quelle fermeté il a

(1 8oc., l.II.c. xxxvn.— (2) Tlieod., l. IV, c. xv. — (3) «m», rfj fl.,...He<, I. VI. Pukes jusl., p. 396, élil
ne I.i'hi'l, —(4) Dis erl. .sur le itaiie Libire, dans la.|iioll.' on fiiit vni' irii'il u'fst ii.is toinli* (pur l'ahM
C(i>,4i,>-,,
mi,
; P.nis. I7^e,. ,11-12. l'-r. Ait, Zirhuia), Oi.fï.. (, il- cm'ifutiin Liherii liipsu
1.1-4-, 1. U, 11. .«0. GuUuud, BM. Vel. PI'., t V. Àcta
m T'-f^. Ihfl. Veu
SB., t. VI. lepUmi.
16) HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
reçu la doctrine catholique à Sardiqiie et à mais dont tous les critiques reconnaissent au*
Nicée, f't condamné les arinns. S'il a mainte- jourd'liui la fausseté? D'ailleurs les ariens
nant d'auties sentiments, s'il soiilicnl co qu'il n'étaii-nl pas les seuls ennemis de Liln-re : les

a coiiiiamué auparavant, et condamne ce (ju'il liKiféricns schismatii|uas ne chereln-ronl ]ias


a soutenu, je le dis encore une l'ois, son au- moins à le calomnier. On voit puimlre pour
torité n'est pas vcecvahlc. Car s'il a mal cru ainsi dire les premiers nuages de la calomnie
pendant près de quatrc-vinf,'l-ilix ans, je ne dans ce que Kulin environ cinquante an»
dit
croirai pas qu'il cioit bien aju-rs quatre-vingt- après l'époque, a Libère, évéque de Home,
dix ans. Et s'il croit bien m.iintciianl, que était renti'é du vivant de Constance mais je ;

doit-on juger de ceux ']u'il a haidisés dans la ne sais au juste si l'empereur le lui accorda
foi qu'il tenait alors, et «lui sont sortis du ou parée qu'il avait consenti à souscrire, ou
monde? Que dirait-on de lui-même, s'il fi'il pour faire-plaisir au peuple romain qui l'en
mort avant celte asseinhlée? Donc, comme avait prié à son dé[)ait (.'!). »
j'ai dit, le préjuné de son autorité n'a aucune Rutin était prêtre d'Aquiléc; il avait pucon-
force, parce qu'elle se détruit elle-même. naître Libère dans sa jeum-sse il avait certai- ;

Aussi lisons-nous que la justice du juste ne nement connu Forlunalien, évèque d'A^iuilée,
lesauvera point, s'il tombe une fois dans l'er- à qui l'on attribue la chute de Libère. Et ce-
reur (t). » penilant Rulin ne sait ce qu'il en est c'est :

voit ici le scandale (jue causa la chute


On que la calomnie commençait seulement à se
d'Osius, l'avantage qu'en tiraient les ariens, ré|)andre ; car si Libère avait réellement sous-
et la manière frappante dont y répond saint crit une formule arienne, s'il avait ri-ellement

Phébadc. Libère était toml»é pareillement,


Si écrit les pitoyables lettres de détcctiMU qu'on
le scandale eût été bien plus horrible, les lui suppose, les ariens, qui étaient tout-puis-
Uriens en lîussent bien plus triom[)hé, saint sants, ne les auraient laissé ignorer à per-
IMiéhade eût été bien plus pressé d'y répon- sonne. Il eùtélé impossible à Rulin de conser-
dre. Le silence, de part et d'autre, est une ver aucun doute à cet égard.
preuve (pi'il n'en fut rien. Cependant Eudoxe d'Antioche ayant assem-
On oitjeclera (jue saint Athanase parle de la blé un concile, proposa de rétablir .Velius
chute dé Libère, et dans son Apologie contre les dans le diaconat mais il ne put l'obtenir,
;

ariens, et dans son histoire des ariens adressée tant était grancle la haine qu'on avait pour
aux solitaires; mais tout le monde convient cet arien forcené. A ce concile assistait Acace
que ra[iologie a été écrite au plus tard en 350, de Césari'e, qui venait de déposer et de chasser
c'est-à-dire deux ans avant que Libère fût saint Cyrille de Jérusalem .\cace et Euduxe :

pape. L'endroit où il y est parlé de sa chute pensaient de même. Ils condamnèrent égale-
est donc évidemment une addition posté- ment le mot de semblable en substance et de
rieure, faite par une main étrangère et mal- consubslantiel, sous prétexte que les évèqui^s
haliile car, bien loin de donner de la force à
; d'Occident l'avaient ainsi décidé. C'était la
l'apologie, elle la rend inepte et ridicule. seconile formule de Sirmium, qu'Osius avait
L'histoire des ariens a été également écrite souscrite, dont Eudoxe et ses parti?3n5 no
avant l'époque où l'on suppose la chute de manquaient pas de se prévabiir. lis écrivirent
Libère, ou du moins avant l'époque où saint même une lettre de remercim'-nt à l'rsace et
Athanase ait pu l'apprendre, non plus que Valens, pour les féliciter d'avoir ramené les
celle d'Osius; car il y est parlé plusieurs fois Occidentaux aux bons sentiments. Mais, peu
de Léonce d'Antioche comme encore vivant. après, les ariens modérés tinrent un lonrile à
Et nous avons vu qu'on apprit sa mort à Rome, Ancyre, où ils analhémalisèrenl ceux qui
à l'époque où les dames y supplièrent Cons- niaient que le Fils fût semblalde au l'ère en
tance d'accorder le retour du l*a[ie, qui cer- substance, et euvoyèvent aux égliso^ une pro-
tainement alors n'avait pas encore prévari- fession de foi catholique, si ce n'est qu'il» y
qué. Le passage où il est parlé de sa chute est rejetaient le terme de consubslantiel. ils lit. -nt
donc encore une addi'ion faite après coup, et plus.Leui"s députés, Basiled'Ancyre, Eu-'
qui ne jure pas mo'itis avec ce qui précèd de Sèbaste, Elcu'ius de Cyziqne, alb u:.l
qu'avec ce qui suit {'1). Mais par qui ces inter- trouver l'empereur à Sirmium, et lui pré-i-n-
polations onl-elles pu se l'aire ? Nous avons vu tcrenl leur profession de foi. mais après on
que de son vivant déjà les ariens supposèrent à avoir retranché l'arliclrt qui condauiiiail le
saint Athanase une lellic à Constance. Ce terme de consubstantiel ou d'homoousios.
qu'ils ont pu pendant sa vie, ils l'ont pu encore En arrivant à la tour, ils trouvcrenl un
[dus aisément après sa mort. N'ont-ils pas fait prêtre d'Antioche nommé A'phale. trè-.ir-
passer leur conciliabule de l'hilippopolis pour denl seciaieur d'.\êtius, ijui, ayant f.n' !•< j
le concile de Sardique, au point que saint Au- allairei tpà l'avaienl amené, s'en r l

gustin lui-même / a été trompé? Les dona- avec de-i lettres de l'empereur en fa\
tistes n'ont-ils pas fabriqué, sur le compte du doxc, et était prêt à partir. .Mais Ba-
\iape saintMarcellin, l'Iiisloire d'une chuli- fail connaître à l'empereur tout b- ;

«emblable, qui a trouvé crédit longtemps. cette hérésie, lui persuada de condamner Lu-

^) liib/iolh. PP., L IV. — (î) A-la SS. de S. Libtno, 23 sept., {8. — (31 R ifin, Bi.t. ecc.'.. L 'Vm,
% XXMl.
LWRE THENTF4 TUOISIÈMh. 1«5

doxe, de retirer d'Asphale la lettre qu'il lui detoute Ce désastre obligea d'indi-
la ville.
avait (loniiéc, et d'en écrire une autre toute iiuer le concile ailleurs, et on fut assez long-
contraire à lï'ylise d'Antiorhe, par laquelle il temps pour se décider où.
condamnait liudoxe et di^^ait qu'il ne lavait Dans l'intervalle, saint llilaire ayant enfin
pas envoyé. Il y traite Aëtius de sophiste et reçut des lettres, et des lettres consolantes,
de charlatan pernicieux il recommande aux ; des évèques de G:iule, de Germanie et de Bre-
fidèles (le l'éviter aussi bien qu'Eudoxe; dé- tagne, leur écrivit son livre Beî synodes, pour
fendant à tous les deux d'assister aux assem- leur faire connaître, comme ils l'avaient de-
blées ecclésiastiques, et les menaçant de plus mandé, la foi des Orientaux et les préparer
grandes peines s'ils ne se corrigent. Cette ainsi mieux au concile qui devait se tenir. Ce
lettre est une des preuves les plus sensibles de livre peut se diviser en trois parties. Dans la
la légèreté et de la versatilité de Constance. première, il félicite les évèques de Gaule delà
Ce ne fut pas tout. Il y eut un nouveau con- fermeté avec la(pielle ils ont conservé la foi
cile à Sirmium. Basile d'Ancyre et les autres entière, rejeté la communion de Saturnin et
demi-ariens y dominèrent. On y condamna la de ses complices, t condamne la seconde for-

seconde fornmle, souscrite pa^ Osius, où le mule de Sirmium, sonsmte par 'e malheu-
consubstantiel et le semblable en substance reux Osius; il leur apprend que leur exemple
étaient également rejetés. Valens et Ursace a excité les Orientaux à faire comme eux. En-
l'abandonnèrent eux-mêmes, et dirent qu'ils suite il rap[ior!e, quoiqu'à regret le blas-
avaient voulu supprimer l'une et l'autre ex- phème de Sirmium, c'est-à-dire cette seconde
pression, croyant que c'était la même chose. formule, afin qu'on puisse mieux comprendre
Belle excuse, pour des évèques, que l'igno- les anaUiémes du concile d'Anryre, qu'il rap-
rance, après tant d'années de disputes! Le porte et explique de suite. Il joint à ces ana-
vrai motif était encore plus honteux. L'empe- thèmes trois formules de foi antérienre celle :

reur ayant changé d'opinion, ils en chan- d'Antioche, en .'î'd celle du faux concile de
;

geaient avec l'empereur, sauf à lui en faire Sardique ou de Phili popolis, en 347, et celle
changer à leur tour ce qui ne tarila guère.
: do Sirmium contre Photin, en 3.51, avec les
En attendant, Eudoxe eut nrdre de sortir vingt-sept anathèmes, parce que les l'ères
d'Antioche et se retira en Arménie, son pays d'Ancyre avaient témoigné dans leur lettre
natal Aëtius et Eunomius furent relégués en
; synodale les recevoir toutes. Saint Hilaire
Phrygie, et soixante-dix autres ailleurs. Ainsi tâche d'excuser cette multiplicité de fiîi-mules;
le parti des anoméens ou de ceux qui disaient mais il loue en môme temps le bonheur des
le Fils dissemblable au Père, paraissait entiè- églises des Gaules qui, s'arrétan^' à la foi
rement dissipé (1). qu'elles avaient reçu des apôtres, n'avaient
Ce (jui avait excité contre eux le zèle des aucune formule de foi écrite sur le papier,
ariens modérés, c'était l'exemple des évèques mais seulement dans leur cœur. Dans la se-
de (iaule. On avait appris en Orient que, de- comle partie, il traite des termes de consubs-
meurant inébranlables dans la foi, ils avaient tanliel et de sem/ilafile en suhxlnnce. Il marciue
rejeté la seconde formule de Sirmium, non- d'abord l'abus qu'on peut faire du premier
îeulement en ne la recevant pas, mais en la en l'emidoyant dans le sens de SabcUius, pour
condamniint dès qu'elle vint à leur connais- signifier que le Pèie et le Fil': ne sont qu'une
sance. Les Orientaux eurent quehpje honte même personne, à qui l'on donne deux mims;
li'avoir jus(|ue-là fomenté l'hérésie, et telle ou en entendant [>ar ce tenue que le Fil- est
tut la priîinière im]iulsion qui leur fit con- une partie de la substance du l'ère; ou enfin
ii.unner les anouii-ens. Constanii' voulut, de en s'en servant pour marquer une substance
plus, en taire prononcer la condamnation par antérieure au l'ère et au Fils et communi-
,

un concile universel. Il l'indiqua d'abord à quée à tous deux. Il dit ensuite qu'il faut user
un l'en dissuada; le souvenir du
Nicéi". .Mais de ce terme avec précaution, et ne pas le re-
grand concile faisait peur aux ariens de toute garder comme tellement essentiel, qu'on ne
espèce. Il divsigna donc iNicomédie. Déjà puisse parler d'une manière catholique sans
quelipies évèques y étaient airiv(''s, d'iulres î'(-mployer. On peut, di\-rt, le recevoir avec
8 y rendaient de toutes parts, lorsqui', le iii piété et le supprimer avec piété. Quant au
août de cette année 3.58, un tiecnblement de terme de semblable en substance, il dit ([u'en
terre >e lit sentir à cent cinquante villes du le prenant dans le sens catholique, il siitidtie
l'ont, de l'Asie et même de la .M ufiloine. Ni- égalité, (Ml sorte que le Fils soit égal en tout
conii'die fut renvi-r-ée de fond en combli-. à son Père. Ce qu'il prouve par l'Eciiture.
Deux l'vèques y pi-rircnt. Le treuildenient ne Dans la troi-ième partie, i! s'adresse aux dé-
dura que deux hcurrs, mais il fut suivi d'un puti's que le concile d'Ancyri, avait envoyés
t!nd>riisi'ment de cinquante jours; cai' h; feu vers rein|i('reiir Constance. Il les 'o'i-a de s'ètro
lesfourni'aux. des cuisines et des bain-, des opposi's à rimpi('lè di>. .Siriiduui, ei d'avoir
t'or.Lji's et autres lieux sendilables, p(! co::iinu- oldi;;é ceux ipii en étaient les auteurs à se ré-
liqnanl, dans le renversement di's maison-;, tracter. A la fin il s'aïqdicim^ avec beaucoup
iiix toits et aux autres matières l'ondiu-tibles, d(; charil(' et d'insinuMtion à lever tou'; les
jagna [lartout et ne li! qu'un maiid bûcher SCI uiuile-î (pi'ils avaient sur le terme de con-

(r, S'iz., 1. tV,i;. XII cl XIII ; Tlioo.l., 1. II. e. xitv. llil., De Sun.
1C6 UlbTOlHi; LMM.KM.LLK m: i.'i';i;LibL' uAiiiuuyL'E

tuli>luntiel : ot, loiiportaiil le s> luLole de Nic<'c, Cependant, à la persuasion de Bnsile d'.\n-
il montre ce In un' n'y fsl cu)i)li>y(5 i|uo
qiio cyrc, Coiislaiiee avait ordonné <]uc le« évéqii&s
|,iiur LondainniT 11- vrais ariens, qui vou- 8 assembleraient à .\i<ée pour le commence-
laient tjue lo l'iis lïil une simple créature, et meiit de l'été .'J.j9. Entre autres çlm-es, il
pour montrer de lu subs-
qu'il est produit avait léglé que ilix députés d'Ocei'letit et
tance même du ne faut pass-uppriuier
l'ère. Il dix d'Orient, choisis par le concile, vi<*nilraient
nn lionne expression à cause ilu uiauvais
• à la cour our lui lain; le rapport de d- qui
\

sens qu'elle peul avoir, auticim.'ut il faudrait aurait été ré-olu, alin qu'il vit lui-iii<*me «'il
supprimer les divines Ecrituies mêmes, imis- était conforme aux saintes Ecriture... cl qu'il
qiie les liéréliques en aliu.-eut. Il les presse, put décider ce qu'il y aurait à faire pour le
en Icsapiielant >es frères, de ne pa.< rendre mieux, il se laisait ainsi le ju;;e '

sus|icct leur liomoiousios eu rejctaiil Vluimniiu- universel et l'arbitre de la foi. Av'


stos, etde ne pas s'arrêter aux mots pui-qu'ils tentions exorbitantes de gouvciiK ;

convieuneut >le la chose. H ajoute ces i>aioles semble et l'empire et l'Eglise, il ne


remai((ualiles Je prends à témoin le Seigneur
: se gouverner lui-menie. ii;a:s était le ir
du ciel et de la leire que, sans avoir oui ui jouet de ses eunuques et d':; >es llatli'u: A
l'un ni l'autre, j'ai toujours cru l'un el l'autre; peine avait-il déciile que, pour cuiidai. i

que, par entendre


\'/iuitiuioiisios, il fallait les anoméens sans reiour, il y au: ail un
V/iomuiiusius que rien ne pouvait être sem-
;
cile universel, el que ce concile se licniir . i

blulile selon la nature, qui ne fût de même Kicée, quand ces mêmes
anoméi-n-, [' 1

natuir. Baptisé depuis longtemps depuis , crédit des eunuques, le louinenMil ••


quelque temps évcque, jen'.ii ouï parler de la une girouette el lui tirent décieter qu'il _\

foi de iNicée que sur lepoinlile mon exil; mais rail deux concil.'s au lieu d'un, el qu'.iii' -.in

les tvai'gi es et les écrite des a|iôtres m'a- des deux ne se tiendrait dans la v'i
vaient donné l'intelligence de ces termes. Il gnée. C'est que les anoméens to\ i
;

les pr'e à la fin, eu les appelant deux fois coudamualion inévitable, si tous le^ e\.- ^.o

SCS bien-aiuiés frères, de se souvenir de son s'assemblaient en un seul concile, parère qu'
exil dans leurs saintes oraisons, et les exliorle tous smaient, ou [lour la foi de .N
à conserver toujouis leur foi inviolable el saus consubstantiel, ou pour la formule
tache comme ils avaient lait jusqu'alors. cace d'Aulioche, qui contenait an
On une remarque bien
|.eul faire là-dessus de subsiauc'-. D'ai. leurs, il était plu
importante. Ct^ux des Orenlauxque nous ap- diviser les esprits dej évèqucs -epait?, tl i.iae
pelons di-mi-uriens, saint Uilaire assure plus de de faux rapports d'un cui:cilf
loin :i l'.iu-

d'une fois (ju'ilsne sont pas ariens; il les ap- lie. Du moins
ils e.-peraient que, s';

pelle ses bien-aimés frères, et de très-saints guaieui les deux conciles, ils en l: l

personnages; quoi.ju'Us lui laissent encore à un; etque. s'ih étaient eond.s
désii er quel jue chose, il est en communion de ils ne le seraient pas pa-raetii- . i.l .

prières et de charité avee eux. SaiuL Atha- li'S motifs véritables. Quant à îempereiii on ,

nase pensait à cet égoril comme saint Uilaire. lui lit accroire que c'était pour Im e[iargner
Il écrit qu'il laul agir avec Basile d'Ancyre et la dépense, et aux éveqnes la fatigue d'un
ses semblables, non pas comme avec des en- long voyage.
nemis, mais comme avee des personnes qui La vanité sacrilège de Constam-e, l'adula-
n'étaient [las éloignées de ."ecevoir le mol de tion idolàlrique des éveques de cour .-e n^Jn-
coniuùsluntiel. iVous ne les combattons pas, trèrenl surtout dans une profession •:> toi. Lt
dit-il, comme des ariens et des cnu^>mis des l'empereur et ses évêques ' Si;- '

Pères; mais nous discutons avec eux comme mium sur les lieux où ?
des frères avec des fières d'acconl avec nous , deux (oneiles. Itimini tut i.i Ut- 1

pour le sens, en débat pour le nom seul (I). cideul. Uuaut à l'Orient, v:. |.ir>e en
l'ne autre observation non moins impor- Cilicie, et Ancyre en Galitie; ani; les evé-
tante, c'est qu'en discutant ain.-i les diverses ques de ces deux villes n'eltiienl p«>i!:l !;ivord-
foiiuuies de foi des Orientaux, saint Uilaire bies aux anoméens. Ou se ,
" •r
parle bien de la chute d'Osius. qui avait sous- Séleiicie en laauiie. Alor» \ -
^t
crit la seconde de Sirmiiim, la seule que le ses partifaus, c'est-à-dire les
saint condamne; mais il ne dit pas un mut rent présenter el signer une uoi. .. .
du pape Ldière. Nouvelle preuve que ce l'ape de loi, avec ce titre étrange : A éle esj
n'avait rieu signé, ou du moins ncn d'abso- la foi catholique en présence de notre u-
lument condamnable. Par conséquent, les gneur, le tres-pieux et victorieux eii.piTeur
fragments attribués au saint évéque de Poi- C^onslance, augu?le, éternel, vénenible, sous
tiers, dau'i lesquels ou lui fait ilire auatbémc le consulat de Flavius-busèlM; cl d Hypaiius,à
à Libère, cl cela dans un temps où, api es le Sirmiiim, le tl des calendes de juin, cesi-à-
concile de Kiniini, nous verrons ce Pape sou- dirc le -22 mai 35'J. Ainsi un emp reur chré-
tenir la loi catholique avec beaucoup de tien recevait, cl des éveques lui
couragCj coâiragmcuts sont évidemment sup- douuaieut, dans une prolcssion ..i- ,

posés. iilé d'tleriiel, qu'ils y refusaient au lus di

(I) Athan , De synod., n. -il, p. 755, éJit. B<>ned.


LIVRE TRENTE-TROTSlf:ME. 167

Dicn. Qu'on jucre par là du caractère et de la ra). Nous avons vu, par le témoignage des
tciulnnco de l'arianisme. Ce nouveau ?ycn- hisloiiens Socrate et Sozomène, et parles let-
boli", daté du jour de l'an, coinmfMine clio?e tres du pape saint Jules, que dès lors c'était
ijui commi^nre et qui est sujette au temps, de- une ancienne règle dans l'Eglise, qu'où n'y
vait servir dérègle dans les deux conciles. Le fit ni concile ni canon sans le consentement

nom de l'empereur mis en tète, avec son titre de l'évèque de Rome. Or, les conciles de Pi-
d'éterni'l, devait terriller les opposants. Pour mini et de Séleucie furent convoqués, bon
mieux préparer la voie aux anoméens, on y par le Pape, mais par un homme qui n'était
rejette le nom
de substance ou ]ilulôt essence, encore chrétien ni de fait ni de droit, puis-
oiisin. même après l'avoir employé. Car on a qu'il n'était pas encore baptisé. C'est un ca-
dit entre autres Nous croyons aussi en un
: téchumène qui non-seulement les convoque,
seul Fils unii|ue de Dieu, engemlré de Dieu mais (jui prescrit à chacun de quoi il s'occu-
d'une manière iinpassiiile, avant tous les siè- pera ou non, et qui envoie le préfet Taurus à
cles, avant tout commencement, avant tous Kimini et de deux autres commissaires à Sé-
les ti'mps qui se puissent penseret avant toute leucie pour y faire exécuter ses volontés de
substance iniai;inable seul du l'ère seul, ; force. Le pafie Libère n'a aucune part ni à la
Dieu de Dieu. Cependant on conclut par re- convocatiiui ni à la célébration, il n'y est
ji'ter le mot desuh-lance nommément, comme pas même appelé. Lui-même nous l'apprend
inconnu au peuple et occasion de scandale, et dans sa lettre aux Orientaux, où il représente
comme ne S(^ trouvant pas dans les Ecritures; le concile de Rimini comme une cabale for-
cnlin, l'on ordonne de ne plus faire mention mée par la faction arienne. Voici ses paroles :
en parlant de Dieu à l'avenii-. La formule fi- (I Quoique les ariens, ces hommes impies et
nissait pai- CCS mois Nous disons ([ue le Fils
: scélérats, soient venus à bout d'engager les
est seRd)lal>lc au Père en tout, ainsi (jue les évèques d'Occident à s'assembler à liimini, à
saintes Ecritures le disent et l'enseignent. Les dessein de les porter, par des discours trom-
évèques qui se trouvaient à la cour souscrivi- peurs, ou plutôt de les forcer, par l'autorité
rent de l'empereur, ou à retrancher un terme qui
Mais il y eut deux siarnatures sin.ajulières. avait été mis avec beaucoup de sagesse dans
Celle de Vabuis, en ces termes l^es assistants : la [irofession de foi, ou à le condamner abso-
savent comment nous avons souscrit ceci la lument, cet artifice n'a servi de rien (2). » Le
veille de la l'eiitecôte, el notre pieux empe- successeur de Libère, le pape saint" Itamase,
reur le sait, lui à ijui j'en ai renilu tèruoi- dira également u Le nombre de ceux qui se
:

^nai^e de vive voix et par écrit. Ensuite, il sont trouves à Rimini ne peut faire aucun
mil II souscription ordinaire avec celle clause : pnîjudice à la bonne doctrine; parce qu'ils s'y
Que le Fils est semblable au Père, sans .lire, Sont assemblés sans la participation de Vin-
en tout mais l'empei'eur le conti-aignit de
;
cent iile Caiioue), qui a joui de la dignité
l'ajiuiler. Au contraire, Basile d'Ancyre, se épiscopale durant tant d'années, et sans celle
doutant du mauvais sens que l'on pouvait de iilnsieurs autres qui étaient de même sen-
donner ;\ cette formule, souscrivil ainsi Moi, : timent que ceux-ci (3). »
Bisiie, éveque d'Ancyre, je crois, comme il Les paroles de ces deux Papes donnent lieu
est ('crit ci-dessns, c[ue le Fils est semldable à réUexum. Si la chute de Libère eût été
au Père en tout; c'est-à-dire, non-seulement réelle, si réellement il avait souscrit à une
quant à la volonté, mais quant à l'hyposlase, formule arienne, condamné saint Athanase
la substance ô-apçiv et l'être, comme étant le et adressé aux chefs de l'arianisme les IcKres
Fils selon l'Eci-iture es|U'it d'esprit, vie de
: abjeites qu'on lui suppose, pourquoi les
vie, lumière île lumière, Dieu de Dieu, en an ariens, tout-puissants, au lieu de le lenir éloi-
mot, Fils en tout scunbhibic au l'ère. Et si gné de Riiuini^ ne l'ont-ils par forcé d'y ve-
quelqu'un dit (]u'il soii send)lable seulement nir'.' Dira-t-on c|u'il s'était rétracté'.' .Mais pas
en i|iie|qiie cliosc. jc le llcns sé[i.iré de l'Eglise un ancien ne dit mot de cette rélraclatioii ;
catlioliijiie, comme ne tenant pas le Fils sem- mais cela tïil-il, un homme ipd avait faibli
blilile an l'ère, suivant les Ecritures (1). On une première fois pouvait encore faiblir une
peut remarquer ici que Basile, n'osant em- seconde. Non, la condMUc des ariens à soq
plny.r b; mut d'essence, cnsia, que. l'on était égaril est une [neuve qu'ils voyaient en lui,
C(jnvcnu de supprimer dans celle formule, non lias uii complice, mais un rciloutable ad-
emploie tons les molsapproclianls r'i équiva- versaire. Ils lie l'ap|iellenl p is plus (|ue Luci-
lents, [iarc(ï qu'il croyait, en elfct, le Fils sem- fer de Cagliari, saint Eusèbe de Verceil el ses
blable en essence, t^etle f(U'niul(', ainsi sous- compa;;! ons, saint .Mhanase et les cinquauto
crite, tut remise entre les mains de Valens, éveques exilés d'Egypte; autre irrégularité à
qui la porta au concile de Ilimini. un concile général, où doivent être invitéâ
Ce concile s'ajsembla au mois de juin, celui tous les evèques catholiques.
de Séleiicieau mois de siqileiubre de la même Malgré tout cela, tant que le cimcile de Ri-
année 3.VJ. La convoc^ation de l'un el de l'au- mini lut libre, c'(!st-à-dirc tant qu'il fut con-
tre était ab-oliiment iri'egulière, siirtuul si on cile, car la liberté en est une condition essen-
vent lea consiilérer comme un concile géné- tielle, il soutint hautement la vraie foi. il

(t.! I :.i|ai.. iLt-".:., Lx.xiii, Q. '22. — (2^ Gouat., X,i4er. cpiit. xv, u. 3. — (3J Dam., q/ist. m, n. t.
168 HlSTOIUli; UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATHOLIQUE.
s'y trouva fies cvi'niups d'Illyrie, d'Idilii'. il'Af- absurde, dans cette formule datée, le titre
ri(]ue, (l'Kspîitçiic, des Ourles, do l;i (iraiido- d'éternel que l'on donnait a l'emiiereur, eo
l{ii'taf,Mi<'. Li'ui' iKiirihie montait à plus de m'-me temps qu'on le refusait au FiLs de
quaire cents, parmi les«(uels les ariens ne Dieu.
comptaient ({u'environ ciuiitrcvinKts. Les ca- Le concile fil lire les professions des autres
tholiiiues s'assemblèrent dans l'éj^lise, les sectes et celle du concile de Nicée; il s'en tint
ariens <lans un autre lieu (|ue l'on avait laissé à cette dernière, rejeta toutes les autres, et
vacant exprès, et dont ils tirent leur oratoire lit un décret en ce sens, auquel souscrivirent
;

car on no priait plus ensemble. Quand on tous les évéques calliolicjues sans en e.xcepter
commença à traiter la foi, tous les autres un seul. Le décret finissait par <lix aiiatbemes
évè(iues ne se fondaient <|ue sur les saintes contre les erreurs d'Arius, île l'Iiolin et de
Ecritures mais Ursace, Valons et les autres
;
.Sabellius. Comme Valons, 'ursace et les autre»
chefs des ariens se présentèrent avec un pa- ariens ne voulaient point j consentir, les
jiier dont ils lurent la date, demandant qu'on évèijues catholicjucs les jugèrent ignoranU^
I
ne parl;\t pas d'autre écrit sur la foi ni d'autre malicieux et hérétifjues, et, comme tel», le»
'
concile, et soutenant ([u'il ne leur fallait rien condamnèrent et le.< déposèrent par un acte
demander davantage ni examiner leurs senti- que nous avons encore. Tel lut le concile de
ments, mais se contenter de ce seul écrit. Kimini, tant qu'il fut liiire, c'c-l-a-ilKu tant
C'était la dernière formule <le Siimvum, dres- qu'il fut concile.envoya dix deputi's a l'em-
Il

sée le 2:2 mai de cette dernièn; année 331), où, pereur, avec des lettres, pour l'informer de
rejetant les mots de substance et de coiisub- tout ce qui s'était |>assé, et lui dcmainJer la
stantiel, on disait seulement (jue le Fils est permission de retourner chacun dans son dio-
semblable au Père en toutes choses. cèse (1).
Les évéques catholiques répondirent qu'ils Le concile de Séleucie termina à peu près
se
n'avaient pas besoin de nouvelle formule, et de la mémo manii-re. U y vint environ cent
proposèrent de condamner nettement la doc- soixante évèques : dix-neuf auomeens, cent
trine d'Arius. Tous s'y accordèrent, excepté cinq pour le semhlublc en substunce ; les autres,
Ursace, Valons et les autres de leur faction : qui étaient tous d'Egypte, pour le consubslan-
ainsi leur artifice fut découvert. Nous ne tiel. Telle est la proportion que nous constate

sommes pas assemblés, disaient les évèques un témoin oculaire, saint iiilaire de l*oi-
catholiques, pour apprendre ce que nous de- ticrs (2). Quoiqu'il n'y eut point d'urdre par-
vons croire nous l'avons appris de ceux qui
:
liculiei pour lui, la Providence voulut que le
nous ont catéchisés et baptisés, de ceux qui gouverneur de la [irovince l'obligeât d"y aller
nous ont ordonnés évoques de nos pères, des
;
et lui fournit la voiture. Etant arrivé à Sé-
martyrs et des confesseurs, a qui nous avons leucie, il fut reçu très favorablement, et attira
succédé tant de saints qui se sont assemblés
;
la curiosité de tout le monde. Ou lui demanda
à Nicée. et dont [ilusicurs vivent encore nous :
d'abord la créance des Gaulois ; car les arieus
ne voulons point d'autre foi, et nous ne les avaient rendus suspects de ne reconnaitre
sommes venus ici (jue pour retrancher les la Trinité que dans les noms, comme Sabel-
nouveautés (|ui y sont contraires. Que veut lius. U expliqua sa foi, coolorme au symiiole
dire votre formule datée de l'année et du jour de Nicée, et rendit témoignage aux Occi.len-
du mois? en a-t-on jamais vu de semblable? taux, qu'ils tenaient la même créance. Ayant
N'y avait-il point de chrétiens avant cette ainsi love tous les soupçons, il fut admis à la
date? et tant de saints qui, avant ce jour, se communion des évèques et reçu dans le con-
sont endormis au Seigneur, ou qui ont donné cile.
leur sang pour la loi, ne savaient-ils ce qu'ils Deu.x commissaires de l'empereur y assis-
devaient croire.' C'est plutôt nue preuve ijue taient. L'un devait en être le modérateur ;
vous laissez à 1h postérité de la nouveauté de l'autre, commandant des troupes, devait lui
votre doctrine. Les ariens voulaient soutenir prêter main-forte en cas de besoin. Plusieurs
leur <late par l'exemple des prophètes mais ;
séances se passèrent à disputer par où l'on
on leur répondait que les prophètes ne ve- commencerait, par la foi ou par les [(crsonnes ;
naient pas poser les fondemenfs de la religion car il y av.iit des évèques, entre autres saint
ni ense gner une foi nouvelle ilsannonc.iient : CyrilL' de Jérusalem, (jui se plaignaient d'avoir
.seulement les promesses de Dieu, principale- été inju>lemeiil déjKises. La vanele des ordres
ment touchant le .Messie, et ensuite sur ce qui de lemper. ur èchuuUait la dispute car on ;

devait arriver aux Israélites et aux autres na- représentait si-s qui tantôt |Kir(aient
lettres,
tions ainsi l'observation des temps elait né-
: que l'on commençai par l'un, lantol par l'au-
cessaire pour montrer quand ils avaient vécu tre. Cette coulestatioii en vint ju>qira une di-
et (luaiidils avaient prédit les choses futures. vision déclarée, qui sépara en deux le concile
L'Eglise a bien accoutumé de dater les actes de Séleucie d'un côté les anoiueens, ayant à
:

des conciles et les règlements pour les allaires leur lele .\cace de Ccsaiee; el l'autre, ceux,
sujettes aux changement^, mais non pas les qui adiuetlaient soit le cousubslauîiui, soit
confessions de foi, ou elle ne fait que déclarer le semldable en substance.
ce qu'elle a toujours cru. Ou trouvait encore On s'accorda euliii à commencer par U
(1) Labbe, u U. — (2) Conn-» Comt, a. IJ.
LIVRE TRENTE-TROISIEME. 16»

question de la Les acaciens, c'est-à-dire


foi. crudité, refusèrent de venir davantage au
les anoméons, rejetaient ouvertement le ?ym- concile. Les commissaires de l'empereur, bien
bolii (le Nicée et faisaient entendre (juMl fallait loin de les y contraindre, les soutenaient dans
dresser une nouvelle formule. Mais ceu'x qui leur o[)position. Alors le concile, après plu-
reconnaissaient le Fils semblable au Père en sieurs citations et plusieurs délais, procéda
sulistaiice, <t qui étaient le plus grand nom- contre eux. Neuf furent déposés, parmi les-
bre, recevaient le symbole de Nicée en tout le quels Acace et Césarée,lieorgcs d'Alexandrie,
reste, tro ivant seulement à redire au terme Eudoxe d'Antioche, et Patrophile de Scytho-
deyunsulistantiel. Ils étaient de ceux que saint polis huit autres furimt prives de la commu-
;

Ililaire et saintAthanase regardaient comme nion, jiisi|u'à ce qu'ils se fussent justifiés des
des frères avec le-;quels on était d'accord pour crimes dont on les accusait. Le concile réta-
le fond, et en dispute seulement pour un mot. blit saint à Jérusalem, et ordonna,
Cyrille
Les auoméens ne voulaient pas qu'on parlât pour Antioche, à la place d'Euduxe, Anien,
de substance, et prenaient pour règle la for- juètre de la même église. Mais les acaciens,
mule composée à Sirmium le 2:2 mai. Ils s'étant saisis de sa personne, "le livrèrent aux
n'avançaient que des propositions iraiiies, di- commissaires de l'empereur, qui le condam-
sant que rien ne pouvais être semblable à la nèrent à l'exil. Les Pères du concile proies
substance de Dieu, qu'il ne pouvait y avoir en tèi'ent en vain contre cet abus de la force, et
Dieu de génération que Jésus-Christ était une
;
puis se séparèrent (1).
créature, dont la création était traitée de géné- Telle fut la fin du concile de Séleucie. 11
ration divine qu'il était tiré du néant, et par
;
nous présente, ainsi que celui de Rimini, des
conséquent, ni Fils ni semblable à Dieu. On faits importants pour apprécier le nombre res-
lutpubliquement les paroles sui\antes, tirées pectif des ariens et de ceux qui ne l'étaient
d'un sermon prononcé à Antioche par l'évèque pas. Comme les premiers avaient la faveur du
Eudoxe Dieu était ce cju'il est il n'est point
: : prince et qu'ils étaient le sujet decesréuniDUS,
père, parce qu'il n'avait point de lils ; car s'il ils durent naturellement s'y rendre en i)lus
avait un fils, il faudrait aussi qu'il eut une grand nombre possible. Cependant, à Séleu-
femme; ei le reste qu'on peut voir dans saint cie, ils ne sont que dix-neuf sur environ cent
liilaire; car c'est lui qui rapporte avec hor- soixante, ce (jui ne fait qu'un sur sept à Ri- :

reur ces blasphèmes, qu'il avait ouïs de ses mini, environ quatre-vingts sur plusdecpiatre
oreilles. Aussi s'éleva-t-il un grand tumulte cents, ce qui ne t'ait qu'un sur cinq en tout
:

dans l'assemblée à cette lecture. Après que la une centaine sur plus de cinq cent soixante,
dispute eut duré jusqu'au soir, Sylvain de ce qui ne fait pas deux sur onze. Que si leur
Tarse s écria à haute voix qu'il ne fallait minorité a été si faible dans les deux conciles,
point faire de nouvelle expositinn de foi, où ils avaient toutes les raisons de se trouver
mais s'en tenir à celle du concile d'AnUoche en plus grand nombre, combien cette mino-
de la Dédicace. Quand il eut dit cela, les aca- rité ne dut-elle pas eire imperceptible parmi
ciens se relirèrcut ceux de l'autre parti rap-
; les milliers qu'il y avait alors dans l'empire
portèrent la formule d'Anlioche elle fut lue, : romain et au dehors ? Le bruit qu'ils feront
et ainsi se termina la première session du sera l'ellet, non pas de leur multitude, mais
concile. Le lendemain, s'etaut assemblés dans de leur ruse, de leur audace et de leur vio-
l'église de Séleucie et en ayant fermé les lence. La preuve n'en est pas loin.
portes, ils contirmèient par leurs souscrip- Le concde de Rimini avait envoyé dix dé-
tions la formule (|ui avait été lue. A la place putés à l'empereur, (^'étaient des jeunes gens
de cjuelqucs absents, souscrivirent des lecteurs sans expérience à leur tète était Reslitul de
;

et des diacres, au.\quels ils en araient donné Cartilage. Ils avaient ordre de ne communi-
pouvoir. quer en aucune manière avec les ariens, et de
Cependant Acace et ses partisans se plai- n'entrer en aucun traité, mais de renvoyer
gnirent de ce [)rocédé, cl présentèrent une tout au concile; on avait cru sans doute remé-
nouvelle formule. Quelques séances encore se dier ainsi à leur peu de capacité. Les ariens,
passèrent eu di;-putçs et en récriminations : au contraire, envoyèrent dix vieillards ha-
ceux qui tenaient pour h; semblable en sub- biles et rusés, qui, ayaut fait dili,:;eiire. arri-
stance, disaient qu'il ne lallait pas de nou- vèrent les premiers auprès de l'empereur, et
velle formule après celle d'Antiocho les ano- ; le prévinrent aisément contre le cimcile, ea
niéens répli([uaient que, puisi|u'on avait une lui lisant la formule qu'ils y avaient présen-
fois chani^'ù le symbole de Nicée, et plusieurs tée. Car, comme elle avait été composée a
fois ensuite, rien n'empêchait d'en faire en- Sirmium, eu sa présence, il trouva mauvais
core de inénie. La ré(>li(|ue était juste et don- qu'elle neiit pas été reçue à Rimini. Il traita
nait à conclure aux autres que, pour être con- les ariens avec beaucoup iriionneur et de
séquents, ils devaient s'en tenir jnirement et bienveillance, et ne témoigna que du mépris
.''imiilenient au symbole de Nicèi;. C'est ce pour les catlioliques. On prit leurs lettres
qu'ils feinnt en elfel plus lard. Eiilin les ano- sans leur donner d'audience. On les fatiu^ua
mcens, après plusieurs séances orageuses (u'i liiir un long séjour à la suile de la coui Dans .

i'» proies ùrent leur hérésie dans toute sa l'intervalle, l'empereur écrivit au concile une

(Ij llil , C'ilra Contl. Atlian., De tj/nod.


m mSTUIlU: LMVLItStl.l-L un Lû.Llbt; UAlliijLIQL'E

lettre assez froide, s'cxcusanl ^ur la K"t'rre à viii^it, d'autant plus fermes qu'il* élaienlen
dos Perses, de ce qu'il n'avait pu eiiteiulrf les tilus petitnombre. A leur lele était saint l'bé-
de[iulés, anxiiuels il avait ctiiLniunde d 'al- lade d'Aveu et saint Servais de Tondre- Le
tenilrc ^a réponse à Andrinople. Jusque-là (>n préfet Taurus, voyant qu'iis ne cédaient point
ne devait rien terminer. \.<- concile ré|»orHlit à aux menaces, les attaqua par les prières, et
celle Icllie en pmli stant de nouveau (|n'i!sne les conjurait avec larmes de prendre un parti

se départiniienl jamais de ce que l^urs pére> plusuiodéré. Voilà, di>ait-il, le septième mois
avaient décidé touchant la foi, et le siippliaul que les é-.éijues sont enfermé- dans une \ille,
encore de les renvoyer à leurs églises avant jirossi's par la rigueur de l'hiver et par la
l'hiver. Ci-pendant les députés. cirC(Uivenus pauvreté, sans espérance de rebjur; cela ne
par les aitiiices des nrieus,' intimidés par les finira-t-il point? Suivez l'exemple des autres

menaces de l'empi-retir ,
souscrivirent prés et l'autorité du plus «raud noudir::. l'hcbade
d'Andiinople une lormule de loi sendilaliii- à déclara qu'il était prêt à souUiir l'exil et tout,
celle de Sirniinm, qui avait été rejelée à Hi- les suiipliiy* qu on voudrait, muis qu'il ne
inini, et mcore pire, en <i' qu'elle disait que recevrait jamais la formule de foi dressée par
le Filsest semldable au l'ère, selon les Ecri- les ariens.
tures, sans ajouter en loules choses. Le lieu Après plusieurs jours de contestation, nd
où se fit cet accord entre les députés des deux Valens et Ursace soutinrent qui- leur formule
pafli.s, était une petite ville où Ion avait con- avait été approuvée de* Orientaux ce qui ,

duit les députés eallioliques mali^ié eux. Il y était un mensouge, il.~ •\ms.-erenl plus avaut
avait encore en ceci une ruse des ariens la : et dir.iit à l'hébade et à Servais que si elle ne
petite ville s'appelait Nicéc ils voulurent
;
leur p;iraiss<iit point assez ample, ils y ajou-
fairi! passer leur nouvelle lormule pour la tassent ce qu'ils voudmient, prouetljinl, de
profession de foi de Nicée en Bitliynie, et leur part, d'y cour^entir. -l'ne prupusiliou si
tromper les simples par cette confusion du plausible fut reçue lavorublement de tout le
nom. monile. et le^ catholiques, qui cherchaient à
Les députés eurent alors la liberté de re- faire finir l'ailairc d,- quelque manière i)ue ce
tourner à [{imini, et l'empereur manda eu lût, n'o.sèrent y ié~isler. Bien ne [laraissiut
même temjis au prél'et Taurus de ne point plus couvenable à des serviteurs de Di''u, que
soutlVir que le concile se séparât, jusqu'à ce de cherchei- l'union. La formul de foi que •

que tous les évéques eussent sous rit celte l'on pro|ii.sail n'avait rien d'ip-retique en ap-
formu'e de iNieée en Thrace, et d'envoyer eu parence. Ou n'y disait point que le Kils de
exil les plus opiniâtres, pounr.i qu'ils ne fus- Dieu fut créature, tirée du néant, ui qu'il y
sent pas plus de quinze. 11 écrivit aussi aux eût un temps où il n'était pas au contraire,
;

évéques pour L'ur enjoindre de supprimer les on disait qu'il était né du l'ère avjuit [»• les
mots de substance et de cttnsuhstantifl. Ursace siècks, et Dieu de Dieu. La rai-on i!
et Valens, cJicfs de la dépulation arienne, re- le mot d'ousia ou substance était pi
vinrent donc à Riuiini victorieux leur parti
; parce qu'il ne se trouvait point dans les Ecri-
prit le dessus et s'empara de l'église, dont il tures et qu'il scandalisait les simple- p:ir sa
chassa les calholii]ucs. Ensuite, répondant à nouveauté. Les évéques ne se mettaient i>as
la lettre de l'empereur, il lui en écrivit une eu peine d'un mot, croyant que le sens catho-
de l'adulation la plus abjecte. Ces indi.s^nes lique était eu sûreté.
évéques rendent à Dieu les plus grandes ac- Enfin, comme il s'était répandu un bruij
tions de yrâces, et se félicitent eux-mêmes, parmi le peuple que cette exposition de foi
comme d'un bonheur incomparable, d'avoir et.iil frauduleuse, Valens de Murse. qui l'avait
été éclairés par les pieuses lelti'es de l'empe- compo.'t'e déclara, en pré-eme du préfet
,

reur, et d'avoir été ainsi assuré's qu'il ne fal- Taurus, qu'il n'était point ,irion au contraire,
;

lait plus 1 arler de substances ni de consubs- qu'il était entièrement éloigné de leur~ hl.is-
santiel ils le supplient, on eouséquence, de
; phcmes. Mais celte protejilatioii. faite en p.ir-
les renvoyer à leurs églises, et de ne pas les ticulier, ne sullisait [uis pour a|i;ii-er b^- -oup-
reti'nir [dus longlomps avec ceux qui sont çons du peuple; c'e^l pour-juoi, .•

infc'lés d'une doctrine perverse. Ils enten- Ic'i évéques étant assembles dan i-
daient par là les évéques catholiques. Ceux-ci U'Uiini avec une grande foide de i.iipies,
refusèrent d'abord de communiiiuer avec .Miisonius, évéque en Atrique, à i}ui lou- dé-
leurs iléputés après leur retour quoiqu'ils
,
feraient le premier nuig pour son à^e. parla
s'excusassent .-ur la violence que l'empeieur ainsi Nous ordonnons que quelqu'un ite nous
:

leur avait faite. Mais quand ils apprirent les lise à Votre Sainteté ce qui sesl r p.«iidu dans
ordres qu'il avait donnés, leur (n.>uble fut le public et qui est venu jus^ju'a no"iis, afin
bien plus u'rand, et ils uo savaient à quoi se de condamner tout d'une voiX ci" qui ej-t mau-
résoudre. La plupart, vaincns peu à peu, par- vais el qui doit être rejeté de nos ore.lie^ et
tie par faiblesse, paitie par ennui du séjour de nos cipurs. Tous les évéques ri'pon..irenl :
en pays étranger, cédèrent à leurs adver- Nous le voulons. .Mors Claude, év' le,
saiies. qui avaient pris le dessus depuis le re- commença à lire, par l'ordr* de i

tour des députés et les esprits étant une fois


; phemes que l'on attribuait à \,iicii?. Mais
ébraidés, on courut en foule à l'autre parti. Valens les désavoua et s'écria Si ijueiiprun
:

ju>qi i ce que les catholiques furent reduiti dit que Jésus-Cbrist nVsl pas Dieu, Fils de
LIVRE TRENTE-TROISIÈME. 17J

Dion, enjïcndré du Père avant les siècles, l'empereur, qu'ils indisposèrent contre le con-
qu'il soit anathème!
Si qiirl(|u'un dit ([ue le cile,en lui disant qu'on y avait rejeté la pro-
Fils c1(> Dieu n'est pas semlilaliie au Père, se- fession de foi dressée à Siraiium en sa pré-
lon Ion Ecritures, qu'il soit anathème! Si sence. Les députés du concile étiint venus,
quelqu'un ne dit pas que le Fils de Dieu est refusèrent de commuuiquer avec h's anoméens
éternel avec le Père, qu'il soit anatlièint;! déposés, et demandèrent à l'emp 'reur qu'on
Tous rèpondirpnt à chaque fois Qu'il soit : examinât les Llasplièmes d'Eudoxe. Ou les
analiième! Valcns njouta, connue pour forti- lui montra dans un Eudoxe, voyant que
écrit.
fier la doctrine cathoUijuc ; Si quelqu'un dit reinperciir en était indigné, répondit que
que le Fils de Dieu fst créature comme sont l'écrit n'était pas de lui, mais d'Aétius. Ap-
les autres crèaluri-s, qu'il soit anathème! peh; de suite, Aétios, qui ne savait rien de
Tous rc|)ondirent : Qu'il soit anathème, sans l'inrident, crut s'attirer des louanges en s'en
s'ajiercevoir du venin caché sous cette propo- disant l'auteur. .Mai.s l'empereur, frappé d'une
sition; car les catholiques entendaient qu'il telle inipii'té, le fil cliasseï' du palais, et donna
n'était point du ti ut créature, et Vulens en- oi<lre de l'envoyer en exil dans la Phrygie.
tendait qu'il était créature, mais plus parfaite Eudoxe, ipai pensait eu tout comme Aélius,
que les autres. Valens ajouta : Si ([uclqu'un son ami et son commensal, so trouvait dans
dit que le Fils d Dieu est tiré du néant, et
: une pn.^iti m criticpie. Sommé de condamner
non pas de Dieu le Père, qu'il soit anathème! l'écrit d'Aëtius, il chercha longtemps à élu-
Tous s'écrièrent de mt'me. Enfin il dit : Si der; mais enfin, menacé de l'exil par l'empe-
quelqu'un y avait un temps auquil le
dit : Il reur, il condamna sa propre doctrine, doctrine
Fils n'était pas, qu'il soit anathème! Tous qu'il soutenait alois el qu'il ne cess jamais i

répondirent Qu'il soit anathème Cette pa-


: ! de soutenii', savoir : que le Fils est disscm-
role de Valens l'ut reçue de tous les évêqucs hlahle au Père. Pour ce qui est d'Aëtius, il tut
et de toute l'Eglise avec un applaudissement convaincu juridiquement d'impiété en pré-
et une joie extraordinaires, parce que ces sence de l'empereur.
expressions serahlaicnt ètie et étaient en Les anoméens ne se trouvaient point à leur
etl'et le caractère propre de l'arianisme. ils aise, lorsc]u'arrivèreot les «leruiers députes
élevaient juscju'au ciel Valens par leurs du concile de Uiniini, ayant à leur tète Ursace
louanges, et condamnaient avec repentir les et Valons, qui communiquèrent de suite avec
soiqiçions qu'ils avaient eus de lui. L'évèque eus, malgré les avertissements des députés
Claudt! ajouta y a encore i[uelque cho-e
: Il du concile de Seleucie. Comme ou leur deman-
qui est éclia[)pé à mon frère Valens: nous le dait, dans une grande assenihh'e, pourquoi
condamnerons, s'il vous [>lait, en commun, ils n'avaient pas dit aussi à Rimini que le Fils
afin (|u'il ne reste aucun scrupule. Si quel- de Dieu fût créature, ils répondirent qu'on
qu'un dit <\m\ le Fils de Dieu est avant tous n'y avait pas dit qu'il n'était pas créature, mais
les siècles, mais non avant tous les temps ah- qu'il n'était pas semblalile aux autres créa-
solument, en sorte qu'il mette quelque ckosj tures en disant qu'il n'était pas créature
,

avant lui, qu'il suit anathème! Tous répon- conmie les autres, ils se sauvaient encore de
dirent Qu'il soit anathème
: et Valens con- ! la ressemb-lauee qu'ils lui accordaient , par
damna de même
plusieins propositions qui cette clause, selon les Eerùnres, qui donnait
senihl. lient sus[)ectes, à mesure que Claude lieu à |dusie.urs défaites. Quant à ce qu'ils
les (irononçail. Telle fut la seconde tin du con- avaient décidé, que le Fils est éternel avec le
cile de liimini, la lin du concile non plus l'ère, ils expliquèrent son éternité comme
libre, mais violenté par l'empereur. Lesarieus celle des anges el des âmes humaines, non de
y triomjdièrent en un sens par la force, mais, ce qui précède la durée du monde, mais de
en un autre, il^ y furent vaincus; car, sauf l'avenir. C'est par ces impudents so[ihismc3
une écpiivoque inapei<;ue dans le moment, qu'ils éludèrent les auathèmes de Itimiui.
jamiiis peut-être ils ue se virent réduits à con- Ci'ux ijii'ils ne [louvaient eludei', les tourbes
damner l'arianisme d'une manière [dus for- les dissimuléi'cnt. Tels étaient les trois sui*
melle. Le.-- éveqiie* s'en retournèrent donc vanis quelqu'un dit que le Fils de Dieu
: Si
avec joie dans leurs églises, après avoir envoyé est tiré un néant et non pas ilc Dieu le Père,
à ri'ni[K!reur des députés, dont les princii)au.\ qu'il soit anainème. Si quelqu'un dit Il y :

étaient Ursace et Valens, qui se rendirent à uvail nu temps auquel le Fils de Dieu n'èlait
Constaiilino[tle, où ils trouvèrent ceux du pas, qu'il soil. anathème. Si quehiu'iin dit qu«
concile de Seleucie (I). le Fils de Dieu est avant lou> les siècles, mais
l)ar)s ce ctmcile, Its anoméens ou ariens non avant tous les temps absolument, en sorte
dcdirés avaient été condamnés et (h''|iosés ([u'il nu'lte quelque chose avanl lui, qu'il soi!
par ci!ux qui tenaient pnur le semhl ihli; en analiieme.
suhiance; mais ils >nrent se relever de leur Euduxe, Acace et leurs partisans, réduits à
défaite [lar la fourheiie et l'intrigue. .Vrrivi's condamner leur propre doctrine tians celle
les premiers i\ Constantiimple ils gagnèrent , d'Aétius, saisirent avidemiMit le subterfuge
les eunuques, cl les cuurlisaus, et, par eux, que l'improbilé siqdiisli<[ne d'Ursace et <\i'-

(i) Voir les Conciles de Rimini (le Sélfuce. iliins Tillomont, Goillier. Allmn.; Ot Synnd. II lir., Ai
Coi.Ij. Soc, I. II, c. xxxix, tic.
m HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'IÎGLISE CATHOLIQUE.
Valons leur ofTiail ilans la formule; de Rimini, jours la communionà mon f>eople par le mi-
ec'liari'C de ccilaiiis île ses anallirmes. Ils di'-- nistère de mes
prêtres. Je suis exilé, non pour
claiùicnl qu'ils rfcevaieiil cette formule île aucun crime, mais par une faction. Un témoin
grand cœur. L'empereur, que l'on jrn'/na non nié[)risable de mon innocence vsl mon
sans peine, ol)lij;i'a d'y souscrire les cvèquis seiunrur Julien, voire religieux césar; car, au
i|iii -e trouvaient à Con?laritinc)|pl(', mèint' suji'l de mon exil, il a eu à souffrir, de la part

les dépnlés de Sélcucie. Il y employa tout des méchants, plus d'outrages que moi d'ini-
le jour du dernier de dôcemhie et raérae quili". La seconde chose qu'il demande dan»
i>

uns partie de la nuit , quoiqu'il se pré- sa requête, est que l'empereur lui acconb-und
parât à la cérémonie du lendemain où il , audience pour traiti-r la matière de foi selon
devait commencer son dixième consulat avec les Ecritures, en jirésence de lui-même, devant
l'année 300. tout le concile de Constantino[ile qui en dis-
Les ai aciens, ayant ainsi prévalu, tinrent, putait alors, et à lu vue de tout le monde.
au commc!ncement de cette année, un concile IlRcconnai-sez la foi que depuis lotigiemps
à Couslanlinojde, pour renverser ce qui s'é- vous souhaitez entendre di; la bouche des
tait fait à Séleucie. Quoiqu'ils pensassent tout évêques, et que vous n'entendez pas, jiarce
comme Aëtius, ils le condamnèrent néan- que ceux parmi lesquels vous la cherchez,
moins ])our contenter l'empereur; puis ils se écrivant ce qui est d'eux et non p:is ce qui est
contentèrent eux-mêmes, en déposant un de Dieu, n'ont fait que î y porter de coté et
grand nombre d'évèques qi*-. ?eur étaient op- d'autre un cercle éternel d'erreurs et de dis-
posés, entre autres Macedonius de Conslanti- putes, qui tourne incessamment sur lui-même.
Bople, Basile d'Ancyre, Eustathe de Sébaste, Il aurait fallu s'en tenir mode-temenl à la foi

Eleusius de Cyzique, saint Cyrille de Jérusa- consommée et jurée dans le baiitéme, au nom
lem. Les évoques déposés furent de plus en- du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. .Vais
voyés en exil et remplacés jiar d'autres. Eu- la présomption de quelques-uns élude frau-
doxe se transféra lui-même d'.\iitioclie à duleusement ou même audacieusement le sens
Constantinople. Le triom|)he des anoméens naturel de ces paroles, en sorte que, pour eux,
paraissait complet; mais il se ruinait lui- le Père n'est pnin Père, le Fils point Fi!?, le
même. Les évêques exilés révoquèrent en «•he- Saint-Esprit point Saint-Esprit. De là la cou-
min les souscriptions à la formule de Himini, tume d'écrire sans cesse de nouvelles profes-
et se déclarèrent, les uns pour le semblable sions de foi. .\yanl commencé à faire du nou-
en substance, les autres même pour le con- veau plutôt qu'à conserver ce qu'on a reçu, on
substantiel. Ils écrivirent à toutes les églises n'affermit pas plus la oouveauté qu'on ne
des lettres contre P^udoxe et contre ceux de garde l'antiquité. Ce n'est plus la foi des
son parti, les conjurant île fuir leur commu- Evangiles, mais la foi des temps: les formules
nion, comme d'hérétiques défenseurs d'une en sont aussi variables que les volontés : nous
doctrine abominable, qui ne s étaient emparés en décrétons une nouvelle cha iuj année,
de leurs églises que par le désir de la vaine chaque mois; puis, en avons-nous décrété une.
gloire et par la puissance temporelle que, ;
que nous nous en repentons, nous leur disons
pour eux, ils ne pouvaient acquiescer à leur anathème. Ou nous condamnons nos senti-
déposition. ments dans les autres, ou nous condamnons
La politique des anoméens à l'éuard de ceux d'autrui dans les nôtres nous nous dé-
;

saint Hilaire de Poitiers, en trahissant Injieur chirons mutuellement et finirons par nous dé- I

qu'ils avaient de lui, bâta la ruine de leur vorer. Vous cherchez la foi, 6 empereur ap-:

cause en Occident. Le saint les avait suivis à prenez-la, non d'après de nouvelles feuilles de
Constantinople avec les députés du concile de papier, mais d'après les livres de Dieu. R:ip-
Sélcucie. Quand i! vit l'extrènu' péril où se pclez-.-ous que ce n'est pas une question de
trouvait la foi par suite des intiigues d'L'rsace philosopiiie, mais la doctrine de l'Evanaile. Je
et de Valens, d'Acacc et il'Eud«*,'"e, il piésenla vous demande audience, non pjLs tanl pour
une requête à Conslance pour lui liemander moi que pour vous et pour lesêglise» de Dieu.
deux choses. La [wemiére, de conférer avec J'ai la foi dans le cœur et n'ai pas besoin
l'auteur de son exil, c'eat-à-diie avec Saturnin d'une profess on extérieure ce ijue j'ai reçu,
:

d'Arles, qui se truuvaii.Hloiv.î t'.nnslantinople, je le garde ce qui est de Itieu. je ne le change


;

laissant à l'empereur le choix du lieu et de la pas. Souvenez-vous cependant qu'il n'y a pas
manière que ;«o devrait faire cette confi-rence. d 'hérétique qui ne prétende s'appuyer de
Il se fait fort de convaincre de faux son advcr- l'Ecriture [lour prêcher ses blasphèmes. .Vins!
saiie et se soumet à passer sa vie dans la péni- Sabellius est sans Dieu
le Père et sans Dieu le
tence au rang des laïques, si on peut prouver Fils, parce qu'il ne comprend p.is ce que
,

qu'il ail fait quelque chose d'indigne, non pas veut dire Moi el le Père nou^ sommes una
:

de la .sainteté d'un évêque. mais de la ]iroliité même chose. Montan par ses femmes in-
,

d'un simple lidêle. Pour engager l'empereur à sensées, soutient un autre Paraclet. .Manès
'

lui accorder sa demande.^ il lui représente et Marcion haïssent la loi à cause qu'ils
,

qu'il n'est pas indigne de parler en sa pré- lisent :La lettre tue, el S;\lan est !e prini-e de
sence. IlJe suis évoque en communion avec i-e monde. Tous parlent Ecriture sans intel-
toutes les églises et tous les evè'jues des ligence de l'Ecriture, el émeltenl de* rréan-
Gaules ; de l'exil même, je distribue tous les ces sans foi ;car les Ecritures ne consislcnlpas
LIVRE TRENTE-TROISIÈME. 17:

dans la lecture, mais dans l'intelligence (1). » siastique fût suspendue, j'entrais dans leurs
Dans celte requête, en signalant les varia- oratoires, souhaitant laisser une ouverture à
tions continuelles du parti poliliiiue dans ses ia paix et préparer la voie au repentir. Je ne
professions vie foi, et la déplorable confusion parle donc pas inconsidérément, puiMpie je
qui en résultait, saint Ililaire disait rions, me suis tu si longtemps. .Maintenant encore,
comme ./il y avait eu quelijue part. C'était si^ je parle, la seule cause en est le Christ.
non-seuIemi:nt une figure de rhétorique, mais C'est à lui que j'ai dû de me taire jusqu'à cette
un Irait de prudence, pour ménager la sus- heure, c'est à lui que je dois de ne jias me
ceptibilité de l'empereur, auteur principal, si taire davantage.
ce n'esf unique, de tout le mal. Quand il vit I) Oh! si le Dieu tout-puissant de l'univers,
qu'avec ces ménagements il n'obtenait pas Père de Notre Seigneur Jésus Christ, m'avait
même une audience, et que Constance pous- donné de le confesser, lui et son Fils unique,
sait despotisme doctrinal aux derniers
son aux temps des Néron et des Décius Par la !

excès, il changea de ton, et, dans un nouvel miséricorde dé Jésus, animé de l'Espril-Saint
écrit qu'il ailressa, non plus à l'empereur, je n'aurais pas craint le chevalet, sachant
mais aux fidèles catholiques, il débute par ces qu'îsaie a été scié en deux je n'aurais pas
;

mots : redouté la fournaise ardente, me souviuiant


« Il est temps de parler, puisque le temps que les enfants des Hébreux y ont ciianté; je
de se taire est passé. Attendons le Christ, n'aurais évité ni la croi.x ni le brisement (Ip.<
puisijue l'Antéchrist domine. Que les pastdLirs os, me rappelant que le larron a été transféré
crient, puisoue les mercenaires ont pris la au paradis. Contre des ennemis avoués, j'au-
fuite. Sacrifions nos vies pour nos ouailles, rais combattu avec bonheur, j'aurais su que
parce que les loups sont entrés et que le lion c'étaient des peiséculeurs qui contraignaient
furieux tourne à l'entour. Allons au martyre à l'apostasie par le fer et le feu. Mais mainte-
avec ces paroles car l'ange de Satan s'est
; nant, nous avons à combattre conlie un per-
transformé en ange de lumière. Entrons par sécuteur ipii trompe, contre un ennemi qui
la porte; car personne ne va au l'éie, si ce flatte, contre l'antechrisl Constance. Il ne dé-
n'est par le Fils. Que les faux piophctes se chire pas le dos, mais sollicite par le ventre ;
réjouissenl de leur paix c'est dans l'hérésie
: il ne proscrit point pour la vie, mais il enri-

et le schisme que se manifestent ceux qui sont chit pour la mort il n'emprisonne point pour
;

à léprcuve. Supportons courageusement une la liberté, mais il honore dans son palais pour
tribulalion tille qu'il n'y en a pas eu depuis la servitude il ne torture pas les cotes, mais
;

rorii;ine*lu monde; mais sachons (]uo les il occupe le cœur; il ne tranche ])as la tête

jours en seront abrégés à cause des élus de avec le glaive, mais il tue l'àme avec l'or; il
Dieu. Paraissons devant les juges et les puis- ne menace pas puldiiiuement du feu, mais en
sances pour le nom du Christ; car bienheu- secret il allume l'enfer; il évite le combaldc
reux qui aura persévéré jusqu'à la lin. Ne peur d'être vaincu, mais il flatte pour domi-
craignons pas celui qui peut tuer le corps, ner; il confesse le Christ, mais c'est pour le
mais non pas l'ùme craignons celui qui peut
; nier; il s'entremet de l'unité, mais c'est pour
précIpiti-T le corps et l'àme en enfer. Soyons qu'il n'y ait point de paix il honore les pon-
;

sans inquiétude pour nous-mêmes car les ;


tifes atin qu'ils cessent d'être évèqucs; il bâtit
cheveux de notre tète sont com]ités. Suivons des églises et ruine la foi.
la vi'rilé par l'Esprit-Sainl, alin de m- pas » Les ministres de la vérité doivent dire ce
croire au mensonge par l'esprit d'erreur. qui est vrai. Si j'avance des faussetés, (|ue mes
Mourons avec le Christ, afin de régner avec le reproches soient inlàmes; mai-^ si la vérité en
Christ. Se taire jdus longtemps est lâcheté, est manifeste, je ne jiassi! donc pas les bornes
non [dus modération car il n'y a pas moins
; de la liberté et de la modération apostoliques,
do i>éril à se taire toujours (lu'à ne si; (aire en parlant a|>rêsunsi long silence. Jean disait
jamais. Après l'exil des saints personnages à Ilérodc Il ne l'est pas permis de faire ceci.
;

Paulin, Eusèbe, Lucifer, l'cnys, il y a cinq Les mrityrs Maclmliées reprochent à .\ntio-
ans, je me sé[)arai de la communion de Sa- chus sa cruauté, et lui annoncent sa pro-
turnin, d'I'rsace et de Valens ; ce]iiMiilant nous chaine punition. Je dis hautement à loi,
lai-sàmes à leurs complices la faculté de se (Constance ce que j'aurais dit à Néron, ce que
repentir, montrant ainsi notre inclination Dé'cius el M.iximin auraient entendu de ma
jiour la iiaix, et retranchant en même temps bouche Tu cond)ats contre Dieu, tu sévis
:

lesmembies qui tendaient à cor-


pestilé'rés contre rEi;liso, tu persécutes les saints, lu
rompre tout le corps. Exilé depuis celte épo- hais les prédicateurs du Christ, tu anéantis la
que, jamais je n'ai repoussé aucune voie ho- religion tu te fais tyran, non pas dans les
;

norable el i)lausiblc d'opérer la réunion : choses humaines, mais dans le«^'hoses divi-
jamais je n'ni rien dit ni éeril de ce que méri- nes. Voilà ce que je vous aurais ilii en com-
tait celle cabale, qui se disait alors l'ausscmenl mun A loi cl à eux écoute maintenant ce qui
;

l'Eglise de Dieu, cl qui, maintenant, est l.i l'est pr(qiie. Chrelien par le masiiue, tu es un
synaL;(e.;ue de Satan, ,1c ne fuvai^ point b'ii nouvel ennemi du Christ précurseur de \'\n-
;

commerce; et, <{uoique lu communion ecclé- lechrisl, tu en opères le mjsléic d'iuiiiuilé:

'.!) Ilil., .1'/ (.mst., l. II, éilit.


.

J7< myTOIRE UNIVERSELLE DE VÈGU&U CATIKJLIQUE.


vivant contre la foi, tu en dres«cs des for- avons i-eçues de Dieu. <;.ir, comment peux-tu
iniili'- ignorant ci' «jui e?t saint, tu enseignes
;
croire que Dieu permette de punir un liorDme
ce i](ii fi'l profane. Tu rtistribues en don des alispul, qui n'a pris été' entendu, mais surtout
Miix liens; tu remplaees les bon-; par
évi^'i lii'f un liomiui- innocent; ([uand tu vois qu'.Vdam
de? méchaDls. Tu tien? on prison les évêiiui-s; et Kve, les chefs de notre race, n'ont éii- hap-
tu fais avancer les années pour jeter la terreur pés du ju'j;ement de Dir'u qu'après ivoir été
dans l'Kfrlisi'. Tu assembles de fnrre des con- ouïs, et que Dieu appela .Vdam et lui dit :
ciles, et tu pousses les Occidentaux de la foi à Ariurn. fm>< tit ? » et le lesle, <ar il met les
riin[iiéti'; tu les enfermes dans une même [va^^sai^es tout au Iour. Il [lasse à l'exempli- de
ville, lu les épouvantes par les menaces, les ('.aïn, que Dieu inlcrrone [iremièrerflent sur
épuiï-c^ par la faim, les accables par le froi I, le meurtre de>on frère, pour le jii^er eusiiitfl,
et les corrouijis pat l'hyporrisie. l'ar les aili- donnant la forme ipie les évèque-s -'oiveut
dissensions des Orientaux
fices, lu niiurris les : eariler flans leui-s juirements, sans quoi ils dé-
tu y pi'ovoipics par tes caresses, et y excites péiièivînten l'urenJ et en tyrannie. <•( !i«' mé-
par ta pripleotion. Par un triomphe nouveau rilent plus d'être a(>pelisleju-- i.

de l'iisluc, lu persécutes sans faire de mar- Lucifer développe fort au loi) ;ii

tyrs. Tn ne laisses pas seulement aux malheu- le reste du piemier livre et dans tout le so-
reux l'excuse de pouvoir montrer à l'éternel comi. On voit ici, ainsi (|ue dans toute cette
jufje les cicalriees de leurs corps déchirés, histoire, que les é^•éques catlioliquc-^ d ! ii-
pour faire ardonner la failtlesse par la néces-
j
daient ccmlrc le despotisme de rem)ierear
sité. Le pins méchant des mortels, tu tempères Constance, non-seuleoient le dépôt de la foi
les maux de la peisécution de telle soiie, ijue divine, mais encore les formes consenatrices
tu etdèves rindid'.;enee à la faute et le mar- de la justice humaine, et que, sans eux, la
tyre à la coufessicm. Tu hais, mais i»e veux justice périssait avec la foL
pascpi'oii t'en soii[)Çonne tu mens sans qu'on; Le Second ouvrage est intitulé : De* rots
s'en aperi;nive ; lu caresses sans bonté, lu fais aposlnls, et tend, comme il le déclare dès le
ce que lu veux san- le faire connaitre. Avec commencement, à désabuser Confiance de
l'or de 11 répnblii|ue tu ornes le sanctuaire de l'avantage ipi'il pri-lendail tirer de sa [ini-pé-
llieu ; lu lui oll'res ce que tu enlèves aux lem- rilé tem|porelle, eu disant que si la foi qu'il
pli'S, ce que tu extorques par tes proscrip- pi-ofer-sait n'eut été catlioliqne, et si la |>crsé-
tions. Tu recois les évéques par le même bai- culii.n qu'il fiis;iilauK défenseurs de
'
la foi de
ser que le (Jii'isl a été tiahi lu inclines la tète; iNicée n'eût élé agréable à Dieu, il i s

pour recivoir leur bénéiliclii)n, en même joui d'un empire si floiisrRut. Lu 3

teniiis tu lèves le pied pour en écras r la foi. cette erreur par les exemples d ;s

Tu remets les impots comme ('ésar, pour in- princes ([ue Dieu a laissés ré::ner j;- : .

viter les chréliiMis à l'apostasie; tu relàch"s son peuple, sans parler de* inlidcles. l>e litre
ce qui est à loi, alin qu'on perde ce qui est à du Iroisièm'^ ouvrat^e est : Qu'il ne faut /><j.«
Dieu (I). » communiquer avec les hérétiques, et le dcs.sein
C'est ave;; cette vigueur i]\ie saint Ililaire est de réponilre au rcproclie que Constance
nous trace le portiait de Constance. (!e por- faisait aux évèques catholique', di-'.re les
trait n'est que lidèle il aurait pu y ajouter
: ennemis de la paix, de l'union etiie ! ^'é '

des traits pins hideux encore, le mcurtiv de fraternelles. Il prouve donc, par !••
ses proches. Les prélats de cour, contiariés de 1 Eeiilure, la nécessité de se ^tj.ii m.-3 ;

d'une si liénéreuse liberté, persuadèrent à méchants.


Cofistance de le lenvoycr dans les (iauleg, Le ipiatrième écrit a pour titie: Qu'il ne
comme un brouillon qui troublait l'Onont. fnut point r/itr</ner ceux qui phhent rttnfre
Son retour conliilina piiissainment à délivrer Ihtu, el cou '
'
.
' ' !'

tout l'Occident de leur imposlure el de lear reur « T'


:

tyrannie. res par les «

Vers le même temps. Lucifer de Cagliari, le fai-ail in,


du fond de ses ex Is (car on lui eu lit subir Sicrée-, et qu au l.oài Je ;

qi aire), écrivait avec la même liberté et la lies iiisoliMits. Si jamais - •.

même quoiqncy'ans un
l'oree, style beauefup i^pariîné le-iaiio-lul-, tu dis vi,,
nioiiii cl ;;anl. Son premier ouna^'e, adressé de proiiverque toi
juis diflicile
à l'empereur pour la défense de saint .Mha- traites commenous te tiail
nasc, e-t divisé e*i deux livres, et commence Moisc aura mi- les aimes à la n
de cette sorte : (( Tu nous contrains, Conslan- poui- châtier un peuple idolàliT.
lius, de condamner ni>tre c<dlèi;ue le reli- abandonne le vrai Dieu pour un ven
j;ieux Athanase, en son absence; mais la loi el nous serons des instdents et d -

de Dieu mms le défend. Par une eutrejirife par cee"- ew ..>..,,.•.. iipe; Const
'•

qui passe les bornes de ton pouvoir r>>yal, tu niai d'i rie dan-
piuis-es les prêtres du Seigneur à répandre le C'est qu. ..i....
,
' -• '

sauir, et tu ne sais pas que c'est vouloir nous tout en le rec 1

faire oublier les règles de la justice que nous néant, était ouu vuriiuoie iau.airi'-. Lu .i./

(1) Hil., ti4. coutra Const., col. IÎ37 el seq.


LIVRE TRENTE-TROISIÈME. 175

continue de se justifier de même par tout peu de mois après. Lucifer répondit « Voua :

l'Ancinn et le Nouveau Testaiiitînt. Sur ces devez savoir ijue j'ai envoyé le porteur du
paroles lie snint l'aul Veillez .sur le troupeau
; Iivri>, qui, comme vous dites, a été trouver
oit le Xaint-Hsiint vous a établis écèques... : car l'empereur en mon nom, et qu'après avoir l'on-
je sais r/ua/ji es mon départ il entrera des loups sidéré le livr." même', je l'ai rendu à l'agent de
ravissants, il tlil « Devons-nous respecter ton
: l'empereur. Maintenant, mon très-cher lils,
dlaiic'mc, tes pendants d'oreilles, tes liiacelets c'est à votre générosité de soutenir hnrdiment
et tes haliits précieux au mépris du Créateur? que je l'ai re onnu. Quiconque examinera les
Que tu es peu sensé de dire Je suis traité in- : raisons qui m'ont lait écrire de la sorte, verra
jurieuseineiit par Lucifer, par un misérable, que, par le secours de Dieu, nous attendons
moi ((ui suis empereur; et tu ne dis pas, par avec joie la mort qu'on nous piépare (I). »
un éviMjne ([ui t'a reconnu pour un loup iju'il Saint Athanase ayant ouï pailer des écrits
devait éviter. » Avant de linir, il oltjecte de Lucifer, lui écrivit de sa retraite pour la
l'Eciilure, qui commande d'oliéir aux rois et congratuler de sa fermeté, et lui envoya un
aux pui-sances ; à quoi il repond que l'empe- diacre lui demander une copie de ses ouvrages.
reur aussi, puisqu'il se dit chrétien, doit écou- Les ayant reçus, il lui écrivit encore, lui ilon-
ter avec respect les corri'ctions des évêquns ;
nant de grandes louanges, et disant qu'il
car il leur est ordonné d'exhorter et de repren- représente la fermeté des apôires et des pro-
dre avec empire, et de ne se laisser iDépri>erpar phète, qu'il est l'Elie de son temps, et que
personne. Puis il ajoute « Sachez que nous : c'est le Saint-Esprit qui parle en lui. Il fit tant
connaissons l'oliéissauce que nous devons, non- de cas des écrits de Lucifer, qu'il les traduisit
seulement à ti i, mais à tous ceux qui sont en grec (2).
élevés en dignité car l'Apotro nous ap[irend
; Quand l'évèque de Cagliari assure à Cons-
que nous la devons pour les bonnes œuvres, et tance que timles les nations pensaient comme
non pas pour les mauvaises. Si donc c'est une les catholiques de son empire, il disait vrai,
œuvre bonne de condamner, en son abscm-e, des chréliens de Perse continuaient à soulfrir
un homme qu'on n'a pas intenduet qu'on sait la plus horrible persécution pour l'uuilè de
innocent si c'est une œuvre bonne de nier le
; Dieu et la divinité du V>rl)e. On le voit parles
Fils nnicpie de Dieu, d'ai)ani!onner la foi des actes de saint Barhadbesciabas, diacie de
ojiotres et de recevoir l'hérésie, alors tu as l'église d'Arbello, qui fut marlyrisi; le 21) juil-
raison de dire que nous agissons contre l'Ecri- let 33 't, quinziouie année de la grande persé-
ture. » cution de Sapor. Pendant qu'on le tourmen-
Le dernier traité de Lucifer a pour titre: tait sur le chevalet, les boui'reanx ne cessaient
Qu'il faut mdurir pour le fils de Dieu et le des- ; de lui crier: Adore le feu et l'eau, et mange
sein est de montrer à Constance (lu'avec toute du sang des aiiimanx; et de suite tu seras
sa puissance ti mporelle, il ne peut rien ga;^ner libre. Le saiut diacie montrait par la sérénité
sur les catholiijues qui sont préparcs au mar- de son visage, que la joie intérieure dont son
tyre. Il lui dit entre autres: « Empereur in- âme était inondée surpassait de beaucoup la
sensé. si lu pouvais parcourir t(mles les nations, violence des tourments qu'il ressentait en son
tu aurar.s trouvé que partout les chrétii'us corps. Il disait souvent au juge : « Ni vos or-
croii'nt comme nous, et que i)artout ils dési- dres, ni ceux de votre roi, ni les supplices,
rent comme nous mourir ]iour le Fils de Dieu. quels qu'ils i)uissent être, ne seront capaldes
Quoique tu mettes tout en œuvre, ta nouvelle de me séparci- de l'amour de Jésus. Je n'ai
reliiiion non-seulement n'a pas encore pu fran- servi que lui dès mon enfance, jusqu'à la vieil-
chir les limites de l'empire lomain, mais quel- lesse on je suis parvi'nu. » 11 fut condamné à
que part qu'elle ait cherché à prendre racine, avoii' lu tète tranchée (3).
elle y dessèche ; tous les serviteurs de Dieu se La nation arménienne montrait pareille-
retirent i!e toi, et il ne te reste qu'un |>etit ment la pureté de sa foi. Vers le temps où
nombre, figuré par l'ivraie semée parmi le Constance persécutait le plus les évèques
bon grain. » catholiipics, il lui vint une ambassade du roi
Lucifer ne se contenta pas de composer ces d'Arménie, à la de la([uelle se trouvait
télé le
écrits, il les envoya directement à l'empereur. pati iarche Nersès. Constance entreprit de le
Celui-ci, surpris d'une pareille hanlii'sse, lui gagiii'r à l'arianismc. N'ayant pu y réussir, il

fit écrire pirun de ses courti-ans en ces ter- s'enq)orla, dans sa colère, jusi[u'à violer en
mes « On a présenté un livre à l'cmiiereur
: lui le droit dos gens, en l'exilant dans une île
en votre nom il a commandé de le porter à
, déserte. Des moyens au-si lyranniques prou-
votre sainteté, jjour savoir si vous l'uvez ell'ec- vaient c(uitre qui les employait (i).
livemenl envoyé. Vous tlevcz donc l'crire ce Saiut liilaire de Poitiers et Lucifer de
qu'il en est, et nous renvoyei- le livre, afin Cagliari n'élaient pas seuls à écrire librement
qu'on puisse le présenter d(ï nouveau à son sur Constance et ;\ dévoiler sa tyrannie d'an-
éternité. ]) Le titre blasphématoire irélcrnité techrist saint .Mhanasc leur en donnait
:

et d'éternel, donné au miséiable Constance, l'exemple. Dans .sa b'ttre aux solitaires, écrite
était d'autant plus absurde qu'il devait mourir dès avant la mort de Léonce d'Antioche, il

(1) Itiblioih. PP. t. IV. -


(î) Atlmn., I. II, p, 965, c lii. Beiied. — (3) Assem., Ada mart. nricnt,. t.. I,

p. 12'J. - W II -ri (lu Uns liminre, X, n. 9.


1.
,

176 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÉGLISE CATHOLIQUE


compare Constance à Saiïl, Ai liai., l'ilati' et le Fils de Dieu, non par adoption, ma!» [lar

aux .liiil's. Saiil égorgea trois icnt c'w<[ |nvtres nature; ipie quoique le Père et le Fils suient
nom uvdir donné des aliments à David Con- : di^liiiiiuc- l'un de l'aulrc, ils sont tuulelois un

slunic, voyant <]uc tout lemondi' luit l'Iu'-n'sie en suli-lance que <•], dans ses écrits rontro
;

ct(iu(!la loi véiilahle est proilan'éc, détruit Saliellius, il ne s'était pas servi du terme
le coiiiile des trois cents évèques, condamne conmbstunliel pour marquer l'unité de sub-
les évcqucs à l'exil, emiièche les peuides de stance .Hitre le Père et le Fils, il y a eiisei'-'né
vaijue; à la i>iét(!, en di-fendant leurs assem- la iloctrine qu'il renferme, et prouvé par plu-
blées. Saiil rase la ville sacerdotale de Nobé : sieurs arguments que le Fils e^l un en sub-
Constance, plus mérhant encore, livre les stanee avec le /'ère, que le F'ils est dans le
églis>'iE aux impies. Saùl prêtera le calomnia- [^êre et le Père dans le FiU. Les ari^'iis [(reten-
teiij Ooëg aux vrais prêtres, et persécuta daient que EHirit Deny- [tensail comme eux.
David Constance leur préfère les hérétiques,
:
Saint Atlian.i»^ répond enfin .pi'il leur per-
persécute ceux qui le fuient, n'a d'oreilles que met de parier en tout comme saint Denys,
pour les calomnies de ses eunuques contre les pourvu qu'en même temps ils ensfignt-nt ce
orthodoxes, il ne voit pas que tout ce qu'il qu'il a enseigné touchant la consubstantialité
fait et écrit par les ariens est une attaque et l'éternité du Fils. Dans son Traité des flrux
contre le Sauveur lui-mèmi'. Comment s'éton- conciles, après avoir signalé les variations

. ner d'ailleurs qu'ils soit cruel envers les évo- continuelles des ariens, il répond à une ilifli-
ques, lui qui n'a pas épargné sa propre fa- culti' des demi-ariens. Ceux-ci ne voulaient

mille? Car il a massacré ses oncles, égorgé ses pas se servir du terme consubslantiel, -ous
cousins, il a vu soulTrir sans jiitié le père de prétexte iju'il avait éti" condamné au concile
sa femme et ses autres parents: toujours il a d'.Vnlioche contre Paul de Samosate. Saint
été paijure envers tout le monde. Sans intel- Athaiiase, sans décider si le fait était rt-el ou
ligence à lui, il n'est mù «jne |iar ceux qui le non, à cause que, comme il le remarque lui-
poussent. On li' voit par la contradiction de même, il n'avait pas sous la main les pièces
ses lettres: à peine en a-t-il écrit une, qu'il nécessaires pour s'en as-urer, saint Athànase
s'en repent et s'en i'àclie, comme quelcju'un fait voir que les Pères d'Antioche avaient la
qui ne sait ce qu'il fait. Ce n'est pas un huinme même foi que ceux de Nici'-e ; et que s'ils n-je-
libre, mais l'esclave de ceux qui l'entouienlet tèrent le terme de consubslantiel, c'était dan»
qui en font le jouet de leurs passions. Saint le sens de Paul de Samosate, qui, prenant ce
Âtlianase le compare enfin à l'Antéchrist et terme d'une manière grossière, prétendait que
fait voir qu'il en avait plusieurs traits (l|. de ce que le Fils et consubslantiel au Père, il
Du fond de sa retraite, qui dura six ans, s'ensuivait que la substance divine e-l eommc
Atlianase écrivit encore plusieurs autres trai- conpi-e en deux, ou même en trois parties,
tés, lettres et discours, pour réfuter les erreurs dont l'une est le Père, l'autre le Fils, la troi-
des ariens ou démasquer leurs intrigues, entre sième, antérieure au Père et au Fils, d'où iU
autres ses traités des décrets de Nicéi-, de la ont été coupés tous deux.
doctrine de saint Denys d'.Mexandrie, des Saint Hilaire, rev.'nant de son exil, pa^sa
conciles de Himini et de Séleucie. Dans le quelipie temps à Rome. Sans aucun dout<^ il
premier, il montre en particulier que si les instruisit le Pape de l'état des affaires, de la
termes de substance et de consubslantiel ne perliiie des dernière députés du concil- de
sont pas littéralement dans les Eci itures, ils Riniini, des indignes sopliismesparlesi[uels ils
y sont quant au sons et à la vérité qu'ils ex- éludaient les anathêmes que les fvèques catho-
priment ; qu'ils n'ont point été inventi's par lique? les y avaient forc<'s de prononcer contre
les Pères de Nicée, mais tju'ils étaient en usage l'hérésie arienne, de l'irapudence qu'ils eurent
longtemps auparavant, et qu'on les trouve de communiquer, à Constanlinople, avec les
dans les écrits des anciens, nommément de anoméens, maliiré les remontrances des dé-
Thi'ognoste, dans le second livre des Jfypo- putés de Séleucie. 11 lui aiiprit sans aucun
/yi/wes de Denys d'Alexandrie, dans se.-- livres doute que ces dernii-rs, se voyant déposés et
contre Saliellius, et dans sos lettres à Denys, exilés par les anoméens ou ariens emp^irlés
évéque de Rome. Celui-»-?! même, écrivant avaient rétracté leur signature fonée à la
contre Sabellius, dit en termes précis i]ue le formule île Rimini, et s'étaient pronomés ou-
Verbe est engendré du Père, qu'il n'est ni fait vertement, soit pour le consubslantiel, «oit
ni créé, et Origéne enseigne ipi'il est éternel pour le semblable en substanc«^. Il en appor-
et de la même subsiùuce que le Pêrc. Dans sa taitdes lettres aux évoques d'Oceident, où ils
justification de saint Denys, il rapporte plu- dévoilaient les fourberies et l'impiété deleurj
sieurs passages où cet iiluslic docteur en- ennemis communs.
seigne lu'il n'y a point de temps où Dieu Ce qu'il y a de certain, c'est que le pape
n'ait été Père que «juoi.iue le Fils tienne son
; Libère cassa le concile de Rimini. à cau-e de
être du Père, il lui est néanmoins cnéternel, l'abus qu'en fai«nifnl les ariens par leurs
étant la splendeur de son éleruelle lumière ;
so|>hisliqu. -s interprétations: il T'-gla de plus]
que Jésus-Clirist a toujours été, qu'il est le que, sauf les auteurs de l'Iién^-ie et du scan-
Verbe, la sagesse et la vertu de Dieu, qu'il est dale, on recevrait à la communion tous letj

'^
ilonoeh., u, 67-7i.
LIVRE TRENTE-TROISIEME.
!77
*vf'a'ips lie Rimini qui réiracleraient leur si- un vrai Dieu
1 i un \rai Dieu. C'est pour.pioi
^iiiiliirR. Uneli|nes esprits impiloyahles ne vou- nos
Inen-aimés frères, connaissant par
••lif'il pas qu'on les reçut ruimne évp iiies; vos
qu'on a trompé notre simplicité dans
'Itres
inriK If P.iix-, ain^i qini saint lliiain', prit uiî ia suppression du terme
de substance, etnotre
j'ii-fi- Icmpéiamcnt. Et nous veri'dns
cette ri'>»le rere Hilaue, qui est un lidèle
siiiue pat les conciles et par toute l'Eiïlise. p.-édicateur de
.a toi du Seii,meur, nous
ayant ap]u-is que les
(.e< i'\-('>pi(>s du concile de Rimini se montrè- 'leputés de Rimini à Constantinople
rcn! .ii^'i .-"v de cotle indulgence (I). Des qu'ils n'ont pu
se résoudre à condamner de
si ijrands blas-
apprirent l'interprélatiou perfide que les phèmes, quoique vous les en eussiez pressés
iric'is d innaienl à leur conduite passée, ils ainsi que le témoigne votre lettre,
accouraient près de leurs collègues, et protes- nous révo-
quons aussi tout ce qui a été fait mal à propos
taient, par le corpsdu Seigneur et par tout ce et par ignorance. Nous tenons
qu'il y a de saint dans l'Eglise, qu'ils n'avaient
pour excom-
munies Auxence, Ursace, Valens, Gains,
rien soupçonné de mauvais dans leur profes- Megasius et Justin, suivant vos lettres et sui-
sion de foi. Nous nous imaginions, diraient ils, vant la déclaration de notre frère Hilaire,
que le sens était d'accord avec les paroles; et qui
a prolesté .[u'il n'aurait jamais de
nous n'avons pas craint que, dans l'Eelisc'de communion
avec ceux qui suivraient leurs erreurs.
Dieu, où doivent être la simplicité et la pure Nous
condamnons aussi tous les blasphèmes que
confession, on ilît des lèvres autre chose que vous avez mis à la suite de votre lettre,
reje-
ce qui était caché dans le cœur. C'e-t ce ((ue tant surtout les éyè([ries apostats,
qui, par
nous apprenons de saint Jérôme, dans l'en- l'ignorance ou l'impiété de quelques-uns, ont
droit même où il vient de dire, par manière été mis en [dace de nos frères si indignement
d'hyp.rhole, que, par suile de l'interprétation exilés. Nous protestons devant Dieu
frauiluleuse donnée par Ursace et Valens à que, si
quelqu'un dans les Gaules s'oppo.se à ce que
leurs paroles et à leur conduite de Ulmini, nous avons ordonné, il sera privé de la com-
l'univers gémit et s'étonna d'être arien, non munion et chas>é de son sicEce. Celui qui nf.
pas en ré.dilé, mais d'après cette interpréta- pensera pas comme nous fiuv ï homoousion sera
lion frauduleuse (2). indmne du sacerdoce. Et comme Saturnin
Les évoques trompés à Rimini ne s'en tin- s'élève avec une extrême impiété contre
rent pas là. Ceux des Gaules se réunirent, dès nos
salutaires ordonnances, que votre chardé sa-
l'an 360, en concile à Paris, d'où ils répondi-
che qu'il a été exeommunio deux fois par tous
rent aux évéques d'Orient en ces termes: les évêipies des Gaules. Sa nouvelle
impiété,
« Nous avons connu, par les lettres que vous qui parait dans ses lettres téméraires, ajoutée
avez adressées à notre bicn-aimé frère et
à ses anciens crimes dissimulés si longtemps,
coévè(|ue Ildaire, la ruse du démon et les arti-
l'a rendu indiyne du nom d'êvèque(3)."i) ,
fices ipie les hérétiques ont mis en usage
con- En Espagne, Grégoire d'Elvire donnait
tre rEu:lise pour nous tromper, à la faveur
de le.xemple d'une invincible fermeté. Saint Eu-
l'éloignemeul (pii sépare l'Orient de l'Ocri- sèbede Verceil ayant reçu une de ses lettres,
deiit.parles faux exposés qu'ils nous font lui fil réponse de la Thè'baïde, son
réciproquement de notre foi. Car le i^rand troisième
exil. Il le loue d'avoir résisté au scandale
nombre de ceux qui se sont trouvés à Rimini i'Osius, et d'avoir refusé son consentement .à
ou à Nicée en Tliraee, n'ont consenti à la sup- ceux qui étaient lombes à Rimini et avaient
pression du ferme de substance, ODsin. que
communiqué av.'c Ursace, Valens et les au-
Sous l'autorité de votre nom. Vousi'avcz intio-
tres, qu'il-, avaient eux-mêmes condamiir-;*
duit en ce terme, contre la furieuse béiésie au-
paravant Il l'exhorte à s'opposer de toutes
des ariens; et nous l'avons reçu avec respect ses forces aux transgresseurs, sans craindre la
et conservé toujours avec soin.'Car nous avons
puissance des rois ni celle des ariens, qui met-
embrassé V himmonaion pour exprimer la vraie taient leur e-pèrance dans la protection des
et légitime trénération du Fils unique de Dieu,
homme.H, au lieu que notre force, dit-il, est
délestant l'union introduite par les iilasphemes dans le nom du Seii^neur, parce que cidui qui
de Sabellins. et n'entendant pas que le Eils
est dans nous est plus grand ipie celui qui est
goit une portion du l'ère; mais nous croyons
dans le monde (i).
que de Dieu tout entier, parlait et iunascible,
C'est ainsi qu'en Occident le.sévèques, trom-
est né un Kieu, Fils uni.ine, entier et |iarfait.
pés à liimini, trouvèrent d'abord de la résis-
C'est pourquoi nous le disons de la même sub-
tance (ïl des admonitions parmi leurs collè-
Btanre que Dieu le Pore, pour exclure toute
gues, et ensuite n'parèrenl iièneialement tous
idée de création, d'adoption ou de simple
dé- leur faute. QueLiucs écrivains, siqiposent,
nomination. El attendu ipi'il est de lui, comme d'après un endroit de Socrate, (|uil y eut en
le Fils est du l'ère, Dieu de Dieu, nous
n'avons Occident une persécution g> uerale iioiir faire
pas de [ieine;\ enten Ire dire qu'il est sembla-
.souscrire la formule de Rimiiii. Mais, dans
Ide au l'ère, puiscpi'il est l'image de Dieu in-
l'endroit on question, Socrate, d'ailleurs peu
visible; mais nous ne concevons pas
de res- an lait du diHail de ces événements, /l'a évi-
•cmli lance digne de lui, (juo la ressemblance
demment en vue que les violences exercées à

0) r:p,.-,. Damam. TliôoJorel, 1. Il, c. lui. - (2) Uior., A.lv., Lucif. - (3) U.lar.. Pragm., xi. -
1'
mSTOmn UN'IMÎRSFLT.^ DE I/ECMBK CATIIOLIQUK

Uiiiiini raAme. pnr Tr^nro cl V.nlens, pour fniro stnntinople, et Anien, élo an conctlB de S«««
Foiisifiic II'? PV(";(|iiPs qu'on y ;i\';iil rptcnnsff). lencie, avait au'-'ilAI été exilé. Plu'ii'iiM,
F,Vi 'M'A), rncciili'nt. oi'i raiilorilf' du c("fnv même des evêque.s, fai!!ni''nt Ions leur» efforts
Julien do plus i-n plus, i^tail
s'ad'iMTiiis-ait jionr occuper cette L'rande [dnre; et, comme
u'^sez tran((uiilo: Irmoins Ir-s l'Yèipics du ron- le [leuple et les évêqnes éiaient divisé-; 'ans
fUc dn l*.uis, ijui ne ci-ainriii(!nt p:iR dVxcnm- la créance, cliacun favorisait cidiii qu'il rroynit
inniiinr Ir's cLcfs de là faction ijui los avait dans S'n sentiment, f.i'.i'tr. iF« «'acnirHèrcnt
tiornpos. tons de Mélècc, aup:iravant évêrjnedeS-'hu-le.
Kii Oriftit, los vexations rcdonlilrrent contre ir était né d'une famille illu'tre. à Mélit'ne,
ins ('vrijuc- catli()li.|ues, du moins dans les dans la petite ArjniTiic, il avait été nourri
provinces qui ^e trouvaient dans le voisinage dans l'opulence et les délires; m.-ii« dé< ^.t
de la cour. Quant aux évêquns d'Kïvpte et de jeunesse il s'était apjdiqné au jeune et à la
Grèce, il est certain un ijn'ils no furent pas mortification. Il était JG=te sincère, simple,
molcslés plus qu'auparavant, nu bien qu'ils craignant Dieu, irrépréhensible rn'Sftm^<'"<*,
tinri'nt fcime ; car nous les verrons tous s'ac- et surtout le plus dfiux de tous les h'>i
coiilcr nvei- le jiape Liliêrc (lour recevoir à la Là_ tranquillité de son âme p.iraiseaif ,:,-

communion les si:j;nataires de la formule de ses yeux ; un sourire asréable orrait «<»<
Rîmini, qui se rciracleraicut ce qui suppose : lèvres; ses main>; étaient tonjour» fir^-te- a
évidemment qu'ils ne se frouvaii-nt point embrasser et à bénir. Il fnt èln év''qncd«>
dans ce cas. Leurs rollèrues de Caiipadoce Sébaste en Arménie à la place d'Eu-^tathe ;
ii'eiirent pas la même fermeti^. Le vieil évoque mais, ne pouvant vaincn- l'indoeiliré d'- "^on
de Xiizianze, Grétroiie, signa comme les autres, peuple , il se retira à Ré:-' e. Le* arirn» le
quoi([iie sa foi fût très-pure ; il se laissa s\ir- croyaient A eux :.el b's prinilymux nntenni di*
jiren'tre,par simplii'ilé. aux paroles arlili- sa promotion à .Aniioche
' '
- i

cienses des Iièrèliques. Les moines, qui fai sarée et Georges île LiO'!,
saient la partie la plus pure di' son église, ne réunirait à leur parti tout ' 11'-
crurent pas pouvoir demeurer après cela ilans et même les etr'^ialhions; car .\
sa communion ; ils s'en sèpaièrerit et alti- se rapprochait di-s oathn'iques. Ktjx qui «-nn-
rèi'i'nt une grande partie du peuple. Grégoire nais-aient mieux la foi de .M'dêce, cnip=en-
le. fils, ([ui était auprès de lui pour le soulager tirent volontiers à S'in élection; le .Icen-t en
dans sa vieillesse, lui demeura toujours uni, fut dressé, tout le monde y sou'criût.cf, d"un
sans aiqirouvcr en aucune mauière l'erreur de commun accord, on le mit en dépôt entre les
ceux à qui le père s'était laissé séduire, et eu- mains d'Eu.sèbe, évêque de Samosate.
fin il réconcilia avec lui les moines et les L'emperenr ayant donné l'ordre de fair<»
autres qui s'en étalant séparés sans aitjn'ur, venir Sfélêce, tous lescvêqncs ,?-•'- i--^ •_'
»

mais par un pur zèle pour la foi. IManée, lèrent au-»levant de lui avec le ,'.

cvèque de Cesarée en Cappadoce, tomba dans le peuple : les arie.ns et les eusti un- 1- - ui-
la même faute et souscrivit comme les autres jtrcssaietît également de le voir, les uns sur sa
à la formule do Constanlinoiile. Saint Dasilc ré|uitation, les autres snr l'espérance qn';! -
en fut sensiblement affligé, aussi bien ijuc déclarerait pour la foi de .Vici'e ; la cnii ••

plusieurs antres personnes pie\iscs du pays. jusqu'aux Juifs et aux paifn«, et liius
attirail
iMa)s la douleur de saint Basile fut d'autant admirèrent sa ilouceur et sa mmie-lip. rr<'nm-
plus i^iande , qu'il avait été élevé dès sa mença à entrer en fonction par un-"
tendre jmnesse dans une affection et un res- tion, seJon la coutimie, et l'cmperi ,t

pect piirticulier.s pour son évèque, dont il avait que le sujet fût ce passage fameux di-- /'m>-
reçu le baptême et l'ordre de' lecteur, et que ver/ies : Le Sei^-n-Mir m'a créé b! comme' «•• •

Dianée en lui-même tiês-e^tiiuable par


était ment de ses voies; car c'est ainsi qu'il c--t
sa gravité, sa douceur, sa noble simplicité. Il dans le grec, etc'était le grand fort des ar.::-.
est vrai i]u'il n'eut pis a.ssez. de fermeiji à se L'empereur ordonna que ce qnn chacnni!-: iit
déclarer pour le bon parti il assiila au con-
: serait écrit en même temps par d> =

cile d'Anliociie pour la dédicace, en '.Hi ;


, graphes. Georges de Laodiié.- con :

dans celui de; Sardi pic, il se joignit auxaiions, prêcha ouvertement i'bér.^ie; A
mais il répara ces fautes avant sa mort^ san-e suivit et tint le milieu •

Constance, attiré en OriiMil par la guerre phêmes et la vérité catholique. .'»|. i

contre les Perses, passa l'iiivcr à Aniioche le troisième, et til un disouurs qne -

en 3()0. L'anné' suivante, il y assi'uilJa un pliane nous a conservé, et qui -'


concile très -nombreux .(lour faire condamner de l'éloquence chrétienne. Il c .r
également et le consubstauliel et le dissem- l'humilité et la paix; cl, entn:
blable en substance, c'e.st-à-diro et la caUio- ment en matière, il parle frè- i
liques el 'es aiioiiiéens. Les évêqiies clouian- Verbe, disiMit qu'il est le F!' «
dèrent. aranl toutes choses, que 1 on donnât Djeu, un seul
d'im .*eul, scr..
à l'éuli.se d'.Vuliiiebc un pasteur avec lequel
i
I
son caractère
p irfail. IJ exi<iique !•
on put régler la foi; car saint Eustathe était des ProvcrUspar les autres, ou l'Ec; it
mort, Eudoxe avait quitté .Vulioche pour Con- nettement qu^ le Fils est eugendré. tJe m
UiSec, l II, c xuvii
LIVRE TRENTE-TROISIEME.
sert, du mot de créer ou ue .onacr,
flit-il,
pour montrer qu'il sul)siste par lui-même
et
lu'il est' permanent; du mot d'eng.mdrer, .L'empereur lui fit imposer
pour montr.T son excellence nuile'ssus
\ellA ""^r-
des
produclions tirées du néant. I! fuiil eu répri- """'"'^''^'^
^'^Sn^^ d-Antioche.
Aucun ê:M,H-
^-'.'^'''"lue ne voulut communiquer
mant ia téméraire curiosité dus hommes qui n.lrE.izoïi.s; et tous
avec
veule:i( pénétrer la profondeur de la nature ceux qui depui. trente
ansavaienl souffert to,.s
divnie, et cxhortant'à s'en tenir à
la simpli- mentB des ariens, sou. Etienne, Uis trai°l
les mau
cité de la foi tout cela en un discours d'un
: sou lÏÏ"
et sous Eudoxe, crurent
quart d'heure, qui n'est qu'un tis-;u de devoir enfin s'en sé-
ITcri- parer, et commencèrent
ture(l). à teni r leurs assem^
Ce discours, prononcé si hardiment en pré-
?ence de l'empereur, attira de grandes !'^™"''1>eûtse réunir aux eusta-
accla- thi^n- /•!
thiens, c es ; -a-d,re à cette
mations du peuple mais les ariens partie d.s catho-
; en furent
extrêmement indignés, parte que, encore desaint '^^''"^'''°"
que EusHthT'nl"^"''7"J"?"^
Lus athe, n avaient point
Meleoe se fùl abstenu par discn-tion d.'s
ter-
communiqué avec
mes de consulistantiel et de suhstance, il «'é- lesariens; mais les eustalhiens refusèrent
toit assez déclaré pour la foi
caLholique. Eu-
doxe fit tous ses étions pour VMigpr ] "'•^I"*' '^'"«'«'"•'' de ceux
retracter et, le trouvant iufl.jxihle,
&o. oLi^e n '"'r'
;
ifs'adres- t>J L.^"'^'S^Vf"?""*
tême.
'•'^'^" bap- '''^""'' Je
sa a 1 emi.ereur avec les autres eghse d Antioche doac divisée était
ariens, qui se
repentaient de réleclion de Méloce.
cusereut de. sabellianisme, suivant
et ils l'ac- ZlT^ '"• °"''«'«^»'-iens,quireconnaS
saient Euzoms pour leur
évéque, il y avait
leur style deux oartis catholiques divisés
ordinaire. Ils l'accusèrent aussi d'avoir ,ecua pir un schiW
s^ns aucune diversité de
sa communion des prêtres déposés ppr Ku- créance, savoir les •

eustatbienset
doxe, c'est-a-dire apparemment
liques persécutes injustement.
crut avec sa légèreté aceoulumée,
ordre de le reléguer en Arménie,
des ratkj-
Constance les
et «lonna
tel
qu .1
S
e affection"""^'"•i
elle pour leur
ne les eût gouvernés
les mél.-eiens,
qui'faisa ient le
^"^-^' gardèrent une
saint pasteur, quoi-
qu'un mois?"iue
à Mélitine on en voyait partout îles
sa patni-, un mois ,iprès
1
marques. Dès'.iu'ils
qu'il était entré ;i
Antioche. ^aint Aléléce avait -^<i^'<^i'i^ la ville,
il«dooueren?sôn
de c~ f.eu de tempt^, qu'il avait
si bien i.roiité iom?
nom a leurs entants; en sorte
que l'on enten-
l.ani.i l'erreur dait partout le nom de
de son eglLse; et, retranchant Mélèce dans le aces
les imorri- p
gibles. Il laissa les autres '^'"' ^^P-Sn<^-
inebranlahks dans sorimlfr''
son image gravée ':Î poLient lie
ia loi. Le gouvecaeur,
l'ayant pris d.,ns son
dans leurs cachets ou en
char pour sculpture sur leur vaissrdle,
emmener en e.vil, fut poursuivi
i dans I.mus cham-
par le peunie à coups de {lierirs; bres et en tous lieux.
Saint Chryso4omeq^
mais saint le rapporte, l'avait vu
Melece le couvrit de son manteau dans son enfance (3)!^
Cependant saint Euséhe de Samosate Quelques eveqnes ariens, de
leur coté, ea
s'était piésence de empereur, dressèrent
relire eu son éirtise,emi.ortaQl I

une ou-
l'acte de l'élec- i

tion de saint.Méléce, .lont •''""" '"'' "" ''-^ Prot-os.èrentia


il était déi.osiUiine
l*s arieiLs. craignant ce f'j.'.
pur f'
artauisme, disant
témoigoage de leur que le Vils e^t en tout
mauv.use toi, i|ers„a.lér..-ut à dissemidaWe du Père, non-seulemcnt
lempereur dcle seïon "a
redemander. Il y envoya -m j.oste substance, ma.s encore
selon la volonté, et
m^is Ko. ;
déclarant qu ,1 est thé du
sehe répondu Je ne puis néant .om^oe
rendi-e un dépôt im-
: .

hlic, que tous ceux Anus avait dit d'abord. La


de qui je l'ai reçu ne nouvelle formule
soient as.^emblés. L'empereur,
réponse, lu, écrivit encore,
irrité de cette
le
pressant de
T:!t VT," ^>,'"C=»"i"-S que ses propres
autours I abandonnèrent
bientôt
rendre cet acte, et ajouta PenJant que l'empereur -Constance
que s'il ne le ren- était oc-
dait. Il avait ordonn ,r«on lui coupât la
main drmte. Mais ce nelait que "^^ '^' œurtisans le
[.our lepo,.- tdr^l'Jf
.1. e d eterne
?^ i' ''r'^r''
vaiiter; car il avait .léfe.idu la hn de son règne et de
au porteur .le la sa vie
être d eu rien fain-. Eusi-be,
cttre, pre.sei.t;i s.-s deux
avant lu la a e* de Juhon i une officiello et ostensible.
:
mains, et .ïitau por- lauU-e secrète. Dans la
teur Coupe/.-los- moi première, .(ulien lu
:
toutes deux; car je ne
ren.lra. point ce .lecret, annouç;.Mt qu'il avait été
qui est une convic- proclamé malgré u
tion SI elaire de la empereur etaugust^ à Paris ; dans la seconde,
mécliau.eté .les ariens
L empereur Constance ne put 1
lu taisait las plus sanglants
sem|.eeher ,le reproclies
o,,.r,in sigramlcouxttge, Con^anee entra daiLs une étmnge
et ladm.ru colère et
tot^
jours depuis (i). '']'' ^'^ «ait en mai'che
I'"nr i.'mplir le .«iége Dournir
poui '"'r'?"''^-
aller le combatt.v.
Hais il mourut ea
d'Anlinche. l'omoe- i mite, le S novembre .'iUl
•eur ht venir d'A'-.xaa.lrie à r;\ge ,lo quarante-
Hu/.oms, „n ,[„; eiuqans. après avoir re.;u le
,

u-emiers discipleB d'Anu.s, et bapieme de 1»


déposé du dii- luain d Luzoius, évèquo
arJen d'ALUotiie.
(!) Epiph., Utirea.. Lxxiii. n. 29 (2) Tlieod., 1. r,.c. xxxii. - (3) arysost. l„ Mut.
DISSERTATION SUR LE TRENTE-TROISIÈME LIVRE

LE PAPE LIBÉRIUS ET SA CHUTE PRÉTENDUE

Rien r'cst plu? avéré, pour 1p? gallicins, et trop excéder en détails, nous examineniiu
pliH sûuvont exploité on t'avcur di^ leurs opi- sé|iarement la conduite du pape Libi-re <-l |.>s
nions (pie la prétendue rhutc du pape Libé- pri'uves de sa persévérance dans lu foi. .Nou»
rius. Si l'on n'ose plus nous renvoyer, en ajouterons en-^uite quel'|ues mots sur le con-
preuve, à llerm:int, que ses liaisons avec Port- cile de Bimini. pour chercher, dans sa con-
Royal tirent l'xclure de laSorbonneet du clia- clusion, la confirtnntiiin de notre jugement.
pitn," de Beauvais ou au cnndide et judicieux
;

Fleury, que Marchctti a convaincu si souvent !. Le cflrdinal de la Luzerne, dans -^m


d'ignorance et d'infidélité, on nous donnera, — ouvrage Sur la Déclaration de rA$>- •> '

pour Karants, Bergier, D. Oillier. I). Cous- du Clergé de France en HjH-2 (2;, pai..i;.i
lant, Tillemout, Noël Alexandre. Valois, Pagi, du pape Libère, dit que, suivant l'opinion
et, en remontant plus haut. Baronius. Certes, commune, ce pontife commit une erreu-
une présomption, si bien appuyée, pourrait grave en souscrivant une formule que 1'.
être tenue pour authentique, incontestable, avaient proposée Jes ariens et qu'il y acontr
ou l'on ne saurait hésiter avec tant soit peu verse seulement pour savoir quelle farmi.
d'instruction. Cepi-ndant il ne faut pas triom- souscrivit ce pape. Quant à lui, canimté, i

pher trop vite. Bossuel, dont les gallicans préli'ud que le pape l'ut coupable d'héré-i"
aiment à invoquer le giand nom, raya, de la même ipinnd il aurait souscrit seulement i

Di'fense de la Déclaration tout ce qui regarde, première formule «le Sirmium. In»' parei.
le i>ai)e Libère, comme ne /iroiiranl pus bien ce prétention nous oblige sullisamuient à r^ -

qu'il voulait ètatdir ce sont les propres paroles


: chercher si ces uflirmations son» vraie=. <•
de son secrétaire Ledieu et de son historien, verra plu^ loin, nousTcspénins. ijuelecaniir :,il
le cardinal de Beausset, fort gallican tous le* et beaucoup d'autres aprrs lui se sont tnmiiM--,
deux. Or, ce que Bossuct, après vingt ans de en soutenant que l'opinion sur l'erreur d«
recheiches et de méditations, ne put se dé- Libériu> est commune et certaine on verra,
;

montrer à lui-même, nous croyons que per- en outre, qu'il est faux que Libérius ait ad-
sonne ne le peut démontrer. On pourrait en héré, en quoi que ce soit, à l'héré-ie arienne.
svoir les preuves détaillées dans un grand nom- Le pape Jules mourut le ^ mai 3r>.'i. On lui
bre d'ouvrage dans les histoires ecclésias-
: donna, pour successeur, le pape Libérius qui
tiques de Deglen au xvi" siècle, d'.Xndré Du- mourut l'an ;tfitî. le -23 ou le 24 septembre, el |

chesne au xvii°, du cardinal Orsi au xviii», gouverna ainsi l'iislise quatorze anse! un
de Riihrbaeher, de Darras, de Blanc au xix" ;
plus de quatre mois. Libérius écrivit plusieo
'
dans li'sdissertationsspériaiesdi- l'abbé Corgne, lettres que 1). Constant a rapportées parmi
docteur de Navarre, du Irès-savani P. Zaccaria épitres des souverains pontifes. Pour (lui COB
et du vigoureux Siiltiiig au 2.( septi'mbre des naît l'histoire de ce temps, on voit «ju il éH
Al tn Sntdionim dans la liibliolhéque îles an-
; iliffieile au pontife éUi de i:<^r''r, en tout»» i

cien* Pères de Galland dans le Pn/te et l'Eglise


: feclion el succès, la cha'
gallirnne du comte de Maistrc dans une éluile ; troubles de l'arianisme a!
publiée à Poitiers, en IS.")3,par l'ablié Béchil- ment ^Kgli^e ; .Vthanase, evf|ue d .Vlei
ion, i]ui ré>um(> parfaitement bs réponses i\ drie, souflVail. de la part de< arien-. !i pr
faire aux obji'ctions. d'après les I indiriiv ,sv/m- inique persécution, uniqufraent ;

monim pnntifîcum deCavalcauti. dans \Hiflo\rt défeu'lait, avec une constance adii
de riufiiiUiliiliii' des papes, par 1 abbé Constant, foi catholique conlr»? l'arianisme. Le~ afla
183',); dans K'Efsai sur Liliciius, par Beiner- en étaient même venues à ee point que la '

ding, Mun^t^r, ISt'.3. en réjionse à Dollinger, fense de la cause catholique était, aujag^
à Schnéeman et à Hefelé ; enfin dans une dis- ment de l'opinion, unie à la défense d'.^tbt
sertation do Dûment (i). Pour nous, sans nase. Cependant l'empereur Constance, fil* d«

(I) Dumoni, t. I" des Quettio^ historiques. — (2) in» partie» ch. n.

DISSERTATION SUR LE LIVRE TRENTE-TROISIÉMS. m


Constr.ntin, était passionnément attaché aux ce qu'il avait refusé avec tant de grandeur
ariens et persécutait les catlioliques. Lilicrius, d'àme ; il souscrivit la seconde formule de
comprenant parfaitement les devoirs de sa Sirmium, qui contenait évidemment tout le
char,;;e, sachant que la dignité du souverain venin de l'hérésie arienne. l*oar soutenir
pontilicat exifçe absolument qu'on mette sous leurs opinious sur le pontife romain et exclure,
ses pieds la erainte du péril, pour soutenir la par le fait, rinfailliliilité do la chaire aposto-
cause de la religion et couvrir ceux qui, pour liques, les gallicans sunt descendus jusqu'à
la foi catlioliiiue, ont à soutlVir des fraudes et soutenir celte même opinion avec les protes-
de la malice des liéréticpies, soutint avec une tants et les jansénistes ; le cardinal de la Lu-
graiideénergie la vraie foi contre l'arianisme et zerne lui-même enseignait, en 18:21, ([ue les
n'omit rien de ce qu'il jui;ea propre à protéger faits prouvent péremptoirement la chute du
et à appuyer Athanase. L'etlroi qu'inspirait pape dans l'héiésie.
«Constance et les artifices des ariens tirent con- Une autre opinion a plu à des hommes qui
damner Athanase, au concile d'Arles, en 'Soi, parlcntdc Libérius avec plus d'inilulgencc, bien
du consentement de Vincent, évèiiue de Ca- qu'ils ne l'absolvent pas de toute faute. Ceux-ci
poue, légat du saint siège. 11 est facile de blâment le Ponliie non d'avoir approuvé
Comprendre qu'en éprouva Libérius
la peine l'hérésie arienne, — car ils avouent que ce
et comiiien la faiblesse dos évéques,
il regretta pape l'eut toujours en profonde horreur,
surtout de son h'gat. l'our remédier au mal, mais seulement d'avoir condamné Athanase,
il obtint donc, de Constance, de célébrer un admis à communion les eusébiens, et souscrit
nouveau concile à Milan. Dans ce concile, la première formule de Sirmium, dans laquelle
fomme dans le précédent, tout se fit par la il n'y avait rien de contraire à la doctrine du

violence et on confirma, contre Athana-e, les verbe divin, mais seulement l'omission du mot
décrets du concile d'Arles. Alors Libérius écri- consujjstanliel que les catholiques devaient dé-
vit des lettres, improuva les actes du concile fendre comme la pro|ire formule du dogme
et loua la bravouie de ces évoques qui, au catholique. Telle est l'opinion do Pierre Cous-
lieu de Voter contre Athanase, avaient luéféré tant, moine de la congrégation de sainl Maur,
s'exposer à tous les em[iortemcnts du pouvoir dans ses notes aux (J/-Juvres de sainl Hilaire de
im]iérial. Foitiers, d'Alexis Mazocchi, dans ses notes
Cette conduite vaillante et tout à fait digne sur le calendrier Napolitain, de Jérùmc de
d'un l'ontile romain dut exciter l'indignation Pralo dans son édition de Sulpice Sévère et du
de (ioMslance c't de ses courtisans. Constance P. llermann Scolliner.dc l'ordre de Saint Be-
apijell:: donc Liiiére, en 355, à Milan, lui or- noit, dans un travail sur la chute etlajuslifica-
donna de condamner Athanase et de se mettre tion du pape Libérius.
en communion avec les ariens. Libérius refusa D'autres se sont rencontrés, nousTa^ons dit,
l'un et l'autre, et se montra doué de cette qui n'excusent pas seulement Libérius de faute
constance (|ui l'obligeait, pour la défense de grave, mais de toute faute; et pré-i.endeul qu'il
l'Eglise, àne point déférer aux ordres de l'em- n'a rien fait de ce dont on l'accuse; dous avons
pereur, à braver même, sans Irouijle, les plus cité particulièrement le chanoine de Soissons,
teiril)les (leincs. Le [lontife fut donc rébgué Corgnc, dans sa dissertation publiée en 1726,
à Berrée, en Thrace, et condamné à l'exil jus- Or»i(l). Jean Stilting (2), Antoine Zaccaria,
qu'au commencement de l'an [iîJ8. A cette Nous pouvons citer encore, entre beaucoupd'au-
époque. Constance vint à Rome les suppli- : ti'escpie nous omettons, Pierre Ballerini (.'{).
cations des nobles matrones f.l les prières du Ces auteurs ne man(]uent pas d'arguments
peuple romain le décidéi ent^ alors, à accorder, sérieux pour défendre leur opinion, puisque,
pour l>iliéiius, la faculté ''e retourner dans la d'abord, les anciens auteurs, qui rapportent
villi' Ltirnellc. le retour de Libérius, en parlent de manière à
L'ancienne accusation de chute, contre le paraître ignorer sa chute, dit Salpicc-Sévère(4).
pape Libère, s'est élevée à l'occasion de ce <iLibériu>,évéiiuedela villedeKome et Ililairc,
retour dans la vilb; comme si Liliérius n'en
; évèquede Poilieis.sonl envoyés en exil... mais
avait olitenu la facullc'; de (Constance, qu'en Libérius est bientôt rendu à la ville, à cause des
9<juscrivant à d'iniques conditions. Les pro- séditions romaines. » Socrate (3): « Du reste,
testants, surtout IJlondi'l. dans son livre /Je la dit-il, Libérius fut, peu après, rappelé de t'cxil
/'riinniili; du /'fi/ie et iiasnage iliins son traité et reprit son siège, larsipie le peuple Bomaia
Ih' In ruine île l'uw'lc, île lu visiOililé et (le l'au- se fut ameuté et eut chassé l6 pape Félix;
tiiritr de l'f.'f/liH\ les iansénistcs, Potter, dans à quoi l'empereur, bien malgré lui, dut se
son livre /k fesjric de l' Eglise, cl en général résigner.» Théodorct ((j), rapiwrte les dé-
tous les ennemis du saint siège, dill'ament, à marclies et les prières des matrones romaines
ce propos, le pontife romain cl l'Ugii-e (niHio- près de Con-lance pour le rappel de Libérius;
li(|ue. A les entendre, le retour de Libérius mais il n'attribue pas son retour à cpiebiuo
ne se |iiMit attribuer qu';\ la faiiilesse. Incii- faute commise pour recouvrer la liberté, on
pable de supporter les douleutsde l'exil, il Cl raconte les choses do manière ù montrer le

(Il Orsi, H»l. de l'Eglisf. i. VI, 1. XIV,n. 72. —


(2) Jonn Slilting, Actes des saint:.; t. VI, mois do sop-
l*)inl)re. —(3) P. liullmini, O' vicii ruliune primntus' II. l'iinliftcutn, cli. XV, n. 8. — (i) Sulp. Si'V. Uist,
H... l. II, cil. xux ~ (â; bue. //(>/. ecMs., \. II, ch. xxxvi. —
(0) TUéoU., Uitl, eccUs., 1. U, cb. xvii.
m HisTomr: UNivEnsELrr: nt; leglise catholique
peiiplo parf'nitcment perstiado que Liln-rhis nase, s'il admit les ariens A communion, s'il
n'aviiil cominis îiucu.io faut<-. « L'oin]iereui- souscrivit quelque (orniule propo>é"f par cef
lléi'hi, ilit-i), ordonna que l'illuslre el (nl-r- héri'tiques, ou doit penser qu'il dut rapiielei
tiçrne Lihériiis revintde l'exil, et que, du tout cela dans la suite. Soit dans quelque an-
concort avec Félix, il administra c-n «•dinrami cien auteur, au moins de ceux i|ui traitent
l'Eglise. Liu'~qiii' «elte lettre de l'empereur il t'i lon','tiem<'ril des allaires ariennes, sfiil dan»

lue uuciniue, lo pouiilc s'écria que la ^cntenr; qnejque lettre autliiMilique de Lihérius, s<iil
de l'empcnur était juste. Les spcclalcurs dans quelipie monument ecelésia-tique diirne
itaienl divisés en deux partis, portant chacun de foi, on devrait trouver la trace de s^i ré-
ies couleurs; il fiiUait donc à chaqur- fa. lion tractation el rcsipi'^cenre. Or personne n'a
son évèipie. Li)rs(pi'avec celte raison deiisojre, lran>-mis ce fait à la |>ostèrile, aiicnn écrit ou
on eut hué la lettre impériale, tous s'cr.rièreut hrttre ne peut èlnî produit où Libérius aif
d'une seule voix: «Un seul Dieu, un seul rétracté sa coi:duite.
Christ,un si>ul évéque.... et ces acciamatious Ce i|ue fit Libérius quand se tint le cnneili
du peuple ehrélien, anssi pieu-es ipie justes, de Rhnini et ijue les pèr^-s de fi: concile admi-
procurèrent le retour de l'admirable LiiiiM'ius.o rent nne profession de foi présentée par lii

CequeraconlcTliôodoretdnietourde Liliérius, ariens, confirme évidemment sa justifica-


Cassiodore le rapporle(l)à l'Ilisloire Triimrlile. tion. Saint Oamase, successeur de Libé-
Or, les témoiynac^es de ces historiens Ibur- rius, parle de ce concile, dans nne lettre,
nissent un arifument Irés-solide, pour faire qui se trouve dans Théodoret (3) : «On ne
croire à l'innoconce de IJbérius. Deul. dit-il, tirer ancnn pn'jirgé favorable du
11 est, en nlfet, el à bon droit, tout a lan nomnre de ceux qui se n'unirent à .\riminum,
invraisemblable, que Libérius ail élé rnppelé puisqu'il est constant que ni l'évéquede flome
de l'exil pour ses complaisances enveis i'em- dont il eut fallut, avant lou- les autres, solli-
peceur, et que ces habiles lùslorieus du iv* Vincent de (Capon
citer l'avis, ni . •:
!i

siècle parlent de son relour comme s'il n'avait tant d'années son sacerdoce i: . ni

rien relâché de son aneienni; éncii^ie. Or, si d'autres n'adhérèrent en aucune îai;uu a. leurs
le souverain jiontift; fut rendu ;\ la ville à cause décrets. »
des séditions romaines; si riîmiiereui-, trés- Il est donc constant ijue Libérius ne donna

eontre son tçré, lui dut octroyer la faculié du point son assentiment à ci> qui se fit dans ce
retour; si enfin, Théodoret et Cassiodore par- concile. Il est certain, d'autre part, que ce
lent de Libériu^, à son l'etonr de l'exil comme même pontife ne juitea devoir donner, aux
à son départ, le décorant des plus hauts titres, évè pies, qni étaient tombés à Itimini, la re-
l'appelant le confesseur de la foi catholique, misi- de leur faute, qu'à condition qu'ils con-
n'est-ce pas la rnème chose que iléelaver son damneraient la tormiile de Uimini, prolesse-
retour de l'exil à l'abri de tonte accusation. Il raient la foi de .Nieéeel abandonneraient toute
s'en suit donc que les écrivains, dont nous communion avec les ariens. Socrate (t),
avons cité les témoignages, estiment que le rapporte une lettre de Libérius aux Orien-
pape Libértus fut rendu à Kome, sans avoirdé- taux, lettre dont plusieurs passades at-
rogé en rien de sa première bravourCc testent ce (pie nous venons d'indipier; nous
Cet argument, formé par les tén'.ii'jnaîïes citerons seulement cp-i parol«>s: v presque tons
de Sul[)ice Sévère, Soeratc, Théodoret et (Cas- ceux qui étaient alors rénnis à .\r.iuinum,
siodore, augmente en forces! l'on considère les avaient été trom];és ]iar flatterie- ou par ni-es;
temps qui suivii'enllerelour (leLibérius.L'^très- revenu- maintenant \ de m ' -

docleSliliiny (lit(l) «(Comme on se prévalut de


: ils ont frappi' d'anatbèmi- 1

la chute d'Osi us, les «riens auraient piiopf«>ser publiée par lecmeile d'.\riinnnuii. r,
l'autoriti; de Libérius, s'il avait adhéré à leurs à la foi catholique el apostidique pr-i
idées. Or. on ne lit nulle part que les semia- autrefois au concile de .Virée: i'
riens et ariens l'aient fait... aucun de~ pères mais dnns notre eninmntiM:i. il- -
grecs ou lai ins, des quatrièmi-, cinquième ou de la plu-
sixième siècle el anivants, ne parle tie lu chute trine d'.Vi
de Libérins, soit pour l'affirmer, soit ponr la rins éttrit toinlie et i;'av . :v.-

rappeler enmme une objection, soit pour men- sa faute, il serait inenjN . . . ..:r

tionner l'amendenienl qui dut suivre la chule. ainsi avec les évequps de Ktmiiii. qui a^r u-nl
S'en taisent également tous les historiens de commis la même
taule que lui, el pt ul-elre
quelque renom, qui lleurirent en co siècle et une faole moins srave.
dans les sièèles suivants, même les Grecs des On ne pourrait, non phis, p'xr'- •• H"» '

temps postérieurs ( bien qwe ce fait eût paru cette hypothèse, emninent lecler-
autoriser leui' seliisme) en sorte que tout pa- romain, aunnent *alné le retour •:• i.n» rm-
rait tiré des Latins du moyen àae, soit des de si gr.-înde- marque- d'aflerlioiis. si. pour
monuments apocryphes, soit des calomnies des obtenir l.i
'
.
'
m-
riens et des iueifériens, » ^amné .M 'i-
Cerlaiueraenl si I.ibérius condamna Atha- crit au mu;us ia turuiule uu cUit uul>^ ie mul

(1)Cnsj.. Hisl. tripartile, 1. V, ch. ivni. — (2J Slilting, 23 sept. 19, n. JM. — (3) 1*. Il, ct>. «u. -
4) L. IV, cil. xu.
DISSERTATION SUR LE LIVRE TRENTE-TROISIÈME. IM
eonsul>staniiel. Car
elpr;é et le peujile ro-
le Crime abominable, qui infumait le suge de
main étaient fort attachés à la foi de Nicée et Pierre, comme parle Sozoïnène reproduit à ,

à son venfjeur Alhanase ils avaient, au cou- ; )ieu près par Nicèphoi-'», qui faisait gouofrner
Iraire, le? ariens en exécration. r Eglise par deux éoèques, ce gui est le signe de
Sozomé./e (l)noùs donne la cause de l'a- la discorde et contraire aux t'jis ecclésiastiques.
mour des R.^raams pour Liliérius « Le peuple : Le docte Zaccaria (5), donne un résumé
romain ,
Jit-il particulièrement
, chérissait des réponses ipie l'on proiluit, pour (jna
Liliérius, parce que c'était un homme tout à Libérius ne soit p;is atteint [lar des passages
fait remarcjUiihlo et parce qu'il avait résisté delà Chronique de saint Jérôme et de son livre
eouraj^uuscmeiit à l'erafiereur pour ki défense des Ecrivains Ecclèsinstiques Dans l'un oa : ,

de la religion, n Théodorct (2j dit au con- lit :« Libérius, vaincu par leseunuis de l'exil,

traire que la haine des Romains our les ; souscrivit à la dépravation héri'tiipie et revint
ariens fut cause qu'ils exécrèrent Félix
, , à Rome en vainqueur. » Dans l'autre « L'A- :

mis par les ariens, à lu place de Libérius fricain Furtunatien, évèiiue d'Aquiléc, doit
exilé : « Celui-là, ajoule-t-il , ijardait entière, être tenu pour déteslabln, lui qui, (juand
sans la violer, la formule de foi dressée par Libérius, évéi|ue de Rome, allait en exil pour la
les Pérès de Nicée. Mais il communiquait lilire- foi, le sollicita, l'ebranla et le poussa a sous-
ment avec ceux qui {'ébranlaient, et, pour ce crire à l'hélé -ie. »
.motif, lorsqu'il était dans une église, aucun Pour rappeler, en peu de mots, la substance
citoyen rouiMin ne voulait y entrer. » de ces réponses, nous dirons 1° Que la lec- :

Cela éu.nt, on ne peut ilccouvrir la cause ture de ces deux témoignages montre qu'on y
probable de cette joie singulière que témoi- rap[)orte des choses contradictoires; 2° que la
gnèrent les Romains àLibi'rius,s'ilélail tombé. C/iruriique de saint Jérôme a été interpelée en
Si cela était arrivé, tout l'amour des Romains beaucou[i d'endroits; 3° qu'il y a un motif
eût du s'éteindre, pour faire place à l'oidnion grave de scupt;onner la main d'un faussaire,
hostile qu'ils avaient conçue de Félix. Or, les d'avoir introdtiit, dans la Chronique, ces mots
Romains manifestèrent alors, pour Libérius, sur la chute de Libérius. Quant au passage tiré
une incroyable adection et donnèrent, au con- du livre des Ecrivains Ecclésiastiques il est ,

traire, des marques de leur vieille inimitié convaincu d-; fausseté évidente puis qu'il est ,

conti-e Félix, puis [u'ils le chassèrent deux fois prouvé par des monuments très-certains, qu'au
de Rome et le forcèrent de renoncer, sans es- départ de Libérius pour l'exil, Fortunatien
poir, à la disidii- qu'il avait envahie. La rai- n'a pu l'exciter à soutenir une liéresie,que le
son pour laquelle Libérius au retour de l'exil, Pontife avait en horreur.
fut reçu par 'es Romains, prouve très-perti- ()n pourrait, d;iresie, produiredes exemples,
nemment qu'il n'avait p(jint acheté ce retour pour établir, qu'en matière historique, il est
par des complaisances envers l'empereur et permis, sans mancjuer au respect, de ne pas
que le fait était bien connu à Rome. suivre saint Jérôme et de le dire trompé par de
Ces preuves H li'autres que nous omettons faux bruits. Surtout si l'on pen.se <]ue les deux
pour abréger, démontre qu'on ne nie pas, sans ouvrages accusateurs ont été composes par ce
motif, la pri'tiMidue chute du pape Libéi'ius. docteur illustre, en Orient, là même où, selon
Hilaire de Poitiers (3) aftirme « Qu'il ignore : Sozomène, lesarieus avaient répandu de faux
sicet em[iereur fut plus impie en chassant Libé- bruits sur l'erreur du pape Libérius.
rius qu'en le rappelant, n On ne peut, croyons
nous, conclure de là, ([u'Hilaire aitvoulu accu- 11. faut maintenant montrer, eu serrant
11

ser Liliérius d'avoir obtenu la faculté ilu retour de plus question, que Libérius a tou-
jirès la
par un assenlimeiil anx iiii<iues conditions de jours professé la foi catholii|ue.
Constance. On peut, en elfet, répondre comme Quoi qu'il arrive, on doit tenir pour abso-
le fait le savant Zaccaria , dans la disserta- lument c rtaiii que, quaml Libérius obtint la
tion [irécvlée ('») : « Comme ce passage dit- , faculté de revenir à Rome, il u'était jamais
il, est eiiipbatiquc et oratoire, on [lent tomlié dans l'hérésie d'.Viiiis.
bien douter que Constance ail forcé Liltère à Même i]uand on accorderait que Libériuscon-
noifcriie une fonnuli; hérétique car, (juoi, : dimina Athanase, on ue pourrait pas tirer de
dit Hilaire, ne fut-ce jias une iinpiV'té, et .une celte condamn.-ition, une preuve (pi'il iïil tombé
«•ruelle, de sévir contre Libérius, a\ninl .«on re- dans l'hérésie arieirnc. Car les ariens étaient
tourà Rome ? Constance a sévi contre Libérius. animés contre .\l' ina^ie d'une haine im|da-

Ve doit-un pasa|ippler impie celui qui ne ren- précisément parce qu'il cimibatlail les
Cttlile,
vo\a Libérius à Rome, qu'en épaudant le faux i erreurs de leui secte et défendait la fui catho-
»ruit de son adhésion à l'hérésie arienne. irOr lique avec une constance parfaite et une in-
c'est ainsi. que le r.Mivoya (Constance, ^i nous comparable bravour.-. En même temps, ils

Mil criiymis .So/.omène et. .Nicéphore. Ce qu'il y répandaient coutn; lui les plus ten'ibles cal un
n dc! plus giMve, c'est que Conslamie ne voulut riii's dissimulant la vraie cause de leur haine,
;

accorder le retour à Ld)ère. qu'à la coiidilioii ils accusèrent donc Atli.ii ase et le condam-

d'administrer i'iiglise en commun avec Félix. nèrent, absolument comme s'ils ne l'avaient pas

(1) Soz.
(1) Cil. V, î
Ih>.l.
l.
ernés..
-
l.

(s) Cil.
IV. ch.
VI, î 2.
M. — (2) L. II, cU. xxvii. — (3J llil. de Poit, conlie Co"^<.. li- 11. -
m HISTOIRE UNIVKKSKI.LK DE I.T.GLISE CATIIOI-IQUE

bai à ''luisn '.le sa foi. Acci'ïtlcr à l'Rttiî roiulam- ru|ue, lui fut firésenlée p ir Démopbile. Voici
iialion cul été nue inju-licn niaiiirr>le mais ce , i-eux c|ui la sif;nèrenl Narcisse TliéoiJoie,
: ,

n'eiil [tas été un dinie toi, (jin; celui qui s'rn IJasili', Eiidoxe. Ilémopliile, OiTops, Silvjiiu,

lût ioikIu coui»al)l(' l'ùt du ftro tenu, sans l'rsace, Valens, 'iva;;re, Hyreniu'. Kxupi-re,
examen, pour liérétii|ue. Même quand on Tércntieii , Ka-^sus, (iaudcnce. Miiced.iniu=,
accorderait que Libéiius entra en communion Marllius, Acticiis, Julc. Surinus, Simplii e et
avec les lii;ioti(|UCS, on ne |>f)Uiiait i)as ilavan- Junior... tous hérétiques. • Or, iï ne faut p.is
tap;e tirer de ce fait, une preuve que ce pon- un lonj; raisonnement pour prooverque Libi-re
tife lomlia dans l'hérésie arienne. Pour for- n'a [pas souscrit celte troisième formule de
mer celle preuve, en elfet, il faudrait montrer Sirmium.
que Lil(ériusaailmis,en (]uelque [joint, l'IicMésie Les anciens nous ont apjiris (|ue celte lor-
arienne, cl violé par queli|uc cndroil,la toi ca- mule, (imposée [lar le seul .Marc d'Arélhu-e.
I

tholique. Or, pour être entré dans cctie com- est celle Jont il est [larlé dans le fr;iL'm<'iit
munion, il ne peut s'en suivre <|ue le pape se attribuéàsaint liil.Mre,qiii-dre->-èrenl|iluMeur»
soit écarté de la foi et soit tombé diiiis l'Iié- évéques et qu'aurait sou-crile Libériu-. Eq
résie. il s'en suivrait seulement que le pape, outre, nous avons remarqué plus 'laut, que
en coiniiiMiiiant avec les eusébiens. a commu- celte troisième formule avail été publiée
nié avec des hommes en parlie catholiques, en 3.-)9. Or Liberius, s'il souseiivit quelque
en partie hérétiques mais dont les erreurs ,
formule de Sirmium, le fit avant son ri-lour ;
n'étaient [joint manifestes. Le savantMarca(l), il ne put donc ccrlainement pa.s souscrire une

a établi ipiily avait deux espèces d'Orieritaux formule publiée [lour la première fois en 3.">!t,
ou Kcmiariens : les uns, tout en rejetant le [luiscju'il revint à Kome, au plus tard, en 3."i8.

mot consulistantiel, avaient pourtant, sur le Si donc il souscrivit quelque formule, il faut
Verbe de Dieu, une droite et catholique pen- mettre en d'diors du débat l'iiypothêsc qu'il
sée ;les autres, tout en répudiant le sens ait souscrit la troisième. L'eiit-il d'ailleurs
catholi([ue de ce mot, l'eijçidrent habilement, fait, pour nous servir des paroles de Haro-
pendant ([uelque temps, de se montrer catho- nius (6): « 11 n'aurait jioinl favorisé l'hérésie,
liques. puis qu'd est dit, dans celle formule, que le
Même quand on accorderait que le pape Li- Fils a, tout à fait et en tout, avec le Père,
bérius souscrivit (juclque formule de Sirmium, une parfaite similitude. »
il ne s'en suivrait pas qu'il tond.a dans l'Iié- On pi'ut établir non moins évidemmetil que
résie d'Arius. On dressa, à Sirmium, trois si Liliérius sou.^crivil quelque formule de Sir-

formules l'une en 351, contre Pliolin l'autre


: ; mium, il ne sim-crivil cerlainemenl pas la
en >'.'>" 1:1 ilprniérc, en 3.">'.). Quand nous con-
; seconde, qui contenait une profession ouverte
sentirions a (ticorJcr que Liberius souscrivit de l'iiérésie arienne, au point qu'on ne peut,
une des trois, il faudrait exclure la Iroisicme par aucune raison ou di-tin<:' ion, la [uiriier
et la seconde; ni l'une ni l'autre ne lut sous- du crime d'hérésie. Les ariens, il est vraie
crite par Libère, comme l'établissenlde solides s'ciforcèrent de répandre dans le pidilic celt-
ar,numeiits. calomnie, que Libériusétait na-sé unjourdana
Valois dans ses Annotations à l'HUtoirc
, leur [larii. « Lorsque Eudoxe dil Sozo, ,

Ecclésiastique de Sozomciii' {-1}. affirme ijue Li- mène '7), et ceux qui, avec lui, favoriraicnt
berius souscrivit la troisième formule; l'a!,M, à l'iqiinion d'Aélius eurent, aiirès la chute
l'année 3o" (3) embrasse ce sentiment. — ,

d'Orsius, reçu à Aniioche des lettres; ils ré-


Pour montrer jusqu'à l'évidence que Libère pandirent le bruit que Libériu-:, lui aussi, avait
n'a certainement pas souscrit cette troisième condamné le mol consu.bstantiel cl avait con-
fornmle il faut ra[)porter d'abord ce que dit
. fessé le Fils non semblable au Père. » Mais il
le même Valois dans ses notes sur le même ou- . est parlaitemeul certain que c'était là un bruil
vrage (i): «Latroisiémeasscmbléc de Sirmium, entièrement laux, et que jamais Liberius n'a-
dit-il. eut lieu sous le consulat d'Eusebe et vait Souscrit une formule qui contenait expli-
d'Hypatius, l'an du Christ .'b">!i;on y écrivit citement l'hérésie.
ce foiniulaire «jue dicta .Marc J'Aretliuse. » .Nous invoquerons, pour le prouver, le solide
Petau, dans ses observaiioi^ -^ur les livres argument, dont se sert Stilting (8) cl qu'il
contre les hérésies de .suint Y:pipliane (o), dit cmiu'unle à l'autorité de sainl llilaire. L'éveque
de même parlant des seiniariens « L'an 359, : de Poitiers, dans .^^on livre Ùfs Si/iif>d<f. rap-
la troisième lormide de Sirmium fut publiée pelle souvent, sans faire aucune mention de
par Marc d'Aréthuse, du consentement des Liberius, qu'Osins recul la .si^eoiid-' formule
Bemiarieus. » de Sirmium il montre même Irèscviilem-
;

(Ir cette formule qu'aurait souscrite Liberius, menl 9) qu'Osius fut le soûl, de ceux
s'il tant taire celte coucessiim, est celle dont qui n'étaient [las ariens, à recevoii i-ello for-
il est p.irlè dans le sixième fragmeiil attribué mule, ou, du moins, à consentir i[u°ou omit,
à sailli llilairo.On y lit « Laperlide pièce, qui: lum-.seulemenl le mot consub^tantiel , mais
fut écrite à Siimium, que Liliérius dit aitho- encore les mots semblable à ta mbslance, v«-

(0 .Maïaii, La Diimili de N. S. J. C. 1. IV, ch. «n — (2) L. IV, ch. x». -(3} N. 12 tt 13. - U
XI. cil. xM, — (5) N. 73. — (6) Har. année 3ô7, n. 53- — (7; S.t Li* '.Y ch. xv. — f*)
(8; N. 170. —
DISSERTATION StJR LE LIVRE TRENTE-TROISII-ME. IS.Î

riante que proposaient alors les ariens pour la qu'omettant le mot con.;ubstantiel, elle ne pa-
premicifi fois. « Je vous e.i prie, dit }lilaire; raissait cependant lien contenir qui repuguiU
n'est-il pas vrai qu'à l'exco;ilion du vieillard aux dogmes de la foi catholique touchant la
Osius, et de lui seul, qui aimait trop son re- dignité du Verbe. Pour en administrer la
pos, on ne trouve per.-onne pour conseiller le preuve, nous pouvons citer, forl à propos,
sileiici' sur le consubstantiel et le semblable à les jaroles de saint Athanase (3) « Il n'est
:

la sul>slaiiic? » pas juste, dit-il, de considérer comme en-


Nous invoquerons encore l'argument que nemis des hommes qui reçoivent tout ce qui
e Stiitin;; du l;iit des ariens qui objectaient a été écrit à Nicée et qui doutent seubment
ux catholiques, l'autorité du seul Osius, non sur l'emploi du mot consubstantiel. Nous
ci'lle du pape Libérius. On voit le parti qu'en ne les attaquons pas comme les adversai-
ti-es aint l'hébiided'Agen, dans son opuscule res de nos pères, mais nous discutons comme
contre les ariens » Ou ne peut, dit-il, pres-
: frères avec des frères, puisque nous sommes
crire contre nous avec autorité de celui qui se en tout» du même avis et qu'il y a dissidence
trompe maintenant ou qui s'est toujours trompé. entre nous seulement sur un mot. Du moment
Car si, peo'iant quatre-vingt-dix ans, il eut qu'ils confessent que le Fils est de la substance
une mau /aise créance, je ne croirai pas, du Père, non d'une autre substance; qu'il
qu'après quatre-vingt-dix ans, il commence à n'est ni créature, ni ouvrage de Dieu, mais la
penser juste. » race naturelle et légitime de Dieu et que
;

L'événement lui-même montre, au surplus, de toute éternité le Verbe et la Sagesse existent


que si Libérius souscrivit quelque formule, ce avec ce Père, ils ne sont pas loin de recevoir
ne fut eerli's pas la seconde formule de Sir- le mot consubstantiel. Tel est Basile d'Ancyre,
mi'jm. La formule que Libérius aurait sous- qui a écrit sur la foi. » A coup sûr, personne
crite, serait contenue dans le fragment atlri- ne cherchera un défenseur plus résolu du con-
'oué à saint Hilaire ; elle aurait été écrite par substantiel qu'Athanase personne n'hésitera
;

vingt-deux évèques d'Orient. Or, la formule, à croire que ce sont là les paroles d'un homme
dressée par les Orientaux, fut certainement très-attaché à la doctrine caiùolique touchant
ditl'érenle de la seconde formule de Sirmium, la divinité du Verbe. Or, de ses paroles il ré-
dressée par les Occidentaux, et écrite en latin, sulte év demraent que, de son temps, on ne
comme le rapporte, avec Athanaseet Sorrate, tenait pas pour hérétiques, ceux qui ne rece-
Hilaire, qui donne, dans son livre Des Syno- vaient pas le mot consubstantiel, pourvu
d€s{\), cette même formule. De plus, on compte, qu'ils confessassent toute la doctrine catlionque
parmi les auteurs de cette formule, iju'aurait toucliant ht divinité du Verbe.
souscrite Libérius, Théodore d'Héraclée, Ba- L'omission du mot consubstantiel, il est
sile d'Ancyre, Sylvain de Tarse. Or, les noms vrai, ne devait pas être tolérée, parce que le
de ces prélats, indiquent assez q'ie la formule concile de iVicée avait décrété ce mot comme
qu'aurait sous<;rite Libérius, ni' fut pas la se- le rempart de la foi catholique, comme le ren-
conde formule de Sirmium. Car Tliéodo- versement fondamental de toute la doctrine
ret (^), rapporte que Théodore d'Héraclée arienne. Aussi les Pères de l'Eylise blâmaient
mourut en 355 et comme la second; for-
; la conduite de ceux qui n'employaient pas ce
mule de Sirmium ne fut publiée qu'en 357, mot, sans pourtant présenter leur créance
on ne peut donc penser que Tliéndore fut comme hérétique. Telle fut en particulier la
un des rédacteurs d'une formule publiée conduite de saint Hilaire. Dans son livre Des
deux ans après sa mort. Basile et Silvain, qui Synodes, qu'il publia vers la fin de S.'iS ou au
étaient ou catholiques ou semiariens nejieuveut commencement de339;après pour avoir mis tous
pas davantage avoir été corédai'teurs de celte les soins à prouver qu'il faut admettre le mot
formtile, puisqu'elle contenait l'expression de consubstantiel, il n'hésita pas à convenir cpi'un
la doctrine anoméenne, que tous dffux avaient autre mot peut être exempt de soupçons.
en horreur. « Frères, dit-il (l), la similitude de na-
Il faut ajouter que la seconde formule de ture ne peut être soupçonnée sans injure le ;

Sirmium, comme le prouve le texte cité par Fils ne peut paraître n'être pas dans la pro-
saint Hilaire, avait été rédi^^'^e jiar Osius et priété de la nature du père, parce ciu'il est
Potanion, du consentement de Valens, Ursace semblable, |iuis(pi'il n'y a pas de similitude,
et Géminius. Dans la formule attribuée ù l^i- sinon de l'égalité de nature. Or, l'égalité
bérius, il n'est, au contraire, fait mention ni de nature ne peut subsister qu'à la con-
de l'otamon, ni d'Osius; et dans les pièces dition d'être une, non par l'unité de per-
où l'on rap[)orte que Libérius aurait recuquel- sonne, mais de genre. Cette foi est pieuse,
«pie formule de Sirmium, on dit i|u'il aurait cetti! conscience religieuse, es discours est
reçu la foi des Orientaux, non celle d'Osius salutaire ne pas nier une Sui.sta>,ce du Pà-e
:

et de l'otamon. et du Fils, parce qu'il estsemblable, c'est le dire


Heste donc la première formule deSirmium, semblable, parce qu'ils sont un. » En ce ipii
donnée en 3."il mais si Libcrius l'aïqu-ouva, il
; reirarde la première formule de Sirmium,
ne rertaincmrnt être accusi' d'Iiéiésie.
|ieut lli'aire non seuement la lapporle luuis ou- I

Cette foimule était, en ell'et, écrite de manière vragi- précité, nii>s l'explique, mais la d6«

(I) N. 21. — (2, L. 11. c'a- XIV. — (3) Ath. Uet synodes, n. 41. — (1) N. 16.
.

I8G HISTOITSK UNIVUnSKLLC DE LHCUSE CATHOLIQUE


montre cnllioIiquD à un rncl ])iès, el, aiiifVs de chaque lettre pour jiroiiver sa 6U|ipusition,
celle exiilication, ajoute (I): «Jl ne me reste, je me borne à dire ijue toutes, a;» lettres
pour terminer ec discour-, i|u à atlres-er la doivent cire attriiiuécs au même auteur. Si
parole au.\ saints évéqnes dOrienl l'uisiiu'il
: donc l'une d'elles est prouvée lèinle, il s'en
nei'fHte pUis,!?ur notre foi, le moL:iiire.sou|ii;oii, suivra que toutes devront être jugées apo-
(h''livrons-iious encore des mots ([ui [lourraient cryi>lies. Or, dans les lettres Studvu" /ioli el
eu exciter, et qu'ils veuillent ji:ird(jnni'r à un (Jui<i S'il) vo» se trouvi' une pieuvc évidente de

libre interlocuteur qui ne s'inspire que dr la lau.-seté. deux letlres, on montre


Dans cc.s

foi d'mie coinmiini- conscience. » 11 e-l donc Lihérius comme


donnant pour avoir, des le
se
évident que si Liliérius avait «ou.-crit la pre- commencement de son il, conilamué

mière formule de Sirmium, on «e pourj-ijit, Arius. .Mai? cela est Ui .'iit luntrau'e

de C'î chef, l'accuser d'iiérésie. à l'histoire di- ce poulilr.a cl avec toute l'his-
Jene comprends pas eonnuentle cardinalde loiie de l'arianisuie. Libcriuiî, lien n'est plu.''
la Luzerne ([nMjr ne pas parler des autres qui certain, non -seulement au ilébut île son («on-
préliMident (pie Liliérius lomlja eU'ectiveinent tilical, mais peJidant longtemps, coiiibatlit
dans l'hérésie), peut soutenir que Liliériiis de- pour Athana-e el montra, dans sa dùleose;
vint hérétique, tout en confessant qu'il n'a on admirable courante.
souscrit jamais que la iiremiére formule de C'est c- que démonirent, entre autres, les
Sinmium. Pour établir que Liiiériu> approuva célèbres iUttes deLibérius avec Eus^eiie, eunu-
cette formule eu un ^ens liéréticpie, il invocjue, que de Confiance. L'an 35o. celeuiiuipie avait
en preuve, la conduite de ce pape dans des été envoyé à Homejiar l'rmpereur, pour ame-
temps postérieurs. Et, pour en offrir des té- ner le pajie à condamner Allianase. Saint Allia-
moip:na.s;es,il cite surtout une lettre du sixième na>e lui-même, dans son //isloire de Arifiu^
fragment de saint Hilaire, lettre attriimée à adressée aux moines, rappc<rte (2; comme
Liliérius el qui commence par cesmots Pi-o : Libi'rius rè[ionuil à rcuuUijue. L'eunu<|iie <i

Dei/ico timorc. « Je ne défends pas Athana-e, partit à lîomi", dil Alhaniuse.et S'' mil à pre.ver
dit-il. Mais narec que mon |u-édéces-eur,d'heu- Libérius de souscrire contre AlJiana.-^- el «le
rcuse mémoire, l'évèque Jules lavait accueilli, communiquer avec les ariens, u L'emjHTcur
je eraig-nais, en le repoussant, paraître pré- le désire, ilisait-il, l'cmp' ••. •

varicateur. Du moins, dés que j'ai coii;iu, Puis il lui montrait des pr ..ni,

ave l'aide de Dieu, que vous l'aviez condamné lui t:mdail les mains e: /a
justement, j'ai adhéré à votre arrêt el approuve l'emjiereur et recevî-z c que
sa condamnation dans les lettres que j'ai au contraire, l'avertis.-aii «l cm .:i--

adressées, par notre frère Foi tunaticn, àl'em- truire. « Comment, je vous pru-. .1 se
Dereur Constance. C'est pourquoi, écartant faire contre .\thauase? Comment mus
Âthatiase, au sujet duquel vos décisions condamner celui que, nou pit.- a--
doivent être accueillies par le saint siège, je semhlée d'évèques, mais un cuncile œcuméni-
me dis en paix et unité avec vous Ions, avec que a déclaré, de plein droit, pur i:i. innocent,
tous les évéques d'Orient dans toutes les pro- et qu'uu concile de Rome a renvoyé en paix?
vinces de la chrétienté. Cependant, pour que Qui nous approuvera si nous cooilainuons
vous sachiez d'une manière plus certaine, que absent, celui que, présent, nous avous r. u •

je professe, dans cette lettre, la vraie foi, mon avec amour et admis communion? Teiie
.1

Seigneur et noire frère commun, Démo|diile, n'est jias la règle de L'Eglise, telle n'est pas U\
qui A daii'.né. dans sa bienveillance, m'expo-er Irjidition que nous avons reçue !• et -

la foi catholique qui est votre, telle qu'elle a que nos iiêres avaient reçu.- du -i.ux
été traitée, exposée et admi-e A Sirmium, par et grand Apôtre l'icrri?. •
tous nos frères el coévèques, Démophile vous Que s'il faut juger ainsi des opjlres allri-
dira que je l'ai reçue de .grand cœur, sans buees à Libéria-, il u'c-l -d'argu-
élever l'ombre d'une cnntnidiction. » menter pour établir qu i d- con-
Apres cette lettre, l'èvètiue de Langres, en naître, par ces pièces fau-a' .n
cite trois autres qui sont également attribuées Pape après sa prétendue S" !i

à Libèiius dans les fragments d'Ililaire lune : même que aiuheuticilc de


1

commence i>ar Sturiens /jtici, l'autre par Quia de grande? difliculles ou u ^

scia vos, hi dernière par .'VoH rioceo, scrfiif/w/- avec counaissance certaine ia coiuiuite du
neo; de leur contexte, il croit pouvoir lirei" Pontife.
un argument qui démontre que Libeiius a sous- Même en admett;iniraathejiticile.que pour-
crit, dans un sens héréiique. la première for- rait-on tirer de la lettre l'ro !'<'< >' *
mule de Sir:nium. Mais à (|uoi p 'uvenl servir pour induire que le Pape a.souM-!
ces piéees pour établir la culpahililé doctrinale hérétique? E-t-ce parce «jue l,>i.. ...^^ -i . <

de Ldiérius'/'Aricii, puisqu'elles doivent être dit avoir coudamuc AUiauase ? Mais au sujet
tenues pour apoerjphes, ciimme l'a longue- de cette coutiamnalion «l'AH. ^lons
ment établi, entre autres le très-savant Stil- "u qu'on pourrailaccu-scrLi. '•t
ling. de fjiiblesse, s'il avait, eu eiiei x-wa.'- «elle
Sans entrer ici dans l'examen particulier condamnation ; mais ce ne serait pas uo«

îi) N. -.7,
I 3.
- (î) N. U.
DISSERTATION SUR LE LIVRE TRENTE-TROISIÈME.
preuve 4inl a violr; la foi catholique, puisque duite de Sulpice Sévère. Il est certain, en efïet,

les ariens avaient répandu contre Atlianase, que cet historien a tiré du livre, dont on col-
plusipiirs calomnies et raccusaient de crimes porte des fragments, ce qu'il dit des alîiiires
entièrement sé[>arés de la cause de la foi. Est- de l'arianisme. Or^ en parlant du retour de
ce parce que Libérius est dit avoir admis les Libérius, il en attribue lafaculti' Tiniqaement
eusébiens à communion? Mais cela encore ne aux séditions romaines; il montre donc, par
fournirait aucune preuve, puisqu'il s'en sui- son récit, qu'il n a point vu dans cet ouvrage
vrait seulement que le Pontife est entré en de saint Hilaire, ce fra^menl produitcomme de
relation avec des hommes, partie catholi- l'évèque du Poitou. S'il avait eu connaissance
ques, partie hénîtiques, mais non convaincus de ces fragments, il n'est pas vraisemblable
d'erreur. Est-ce parce que Libérius est dil qu'il eût attribué le retour du Pape aux sédi-
avoir reçu la foi des Orientaux? Mais nous tions romaines puisqu'il eût dû en trouver la
savons par les témoignages d'Athanase et cause première dans la chute du Pontife.
d'Hilaire, que s'ils omettaient le mot con- En outre, si ces anathématismes doivent
substantiel, cependant, ils recevaient toute la être attribués a saint Hilaire, il faut direqu'Hi-
doctrine catholique sur la divinité du Verbe; et laire les a prononcés longtemps après la chulede
ifu'on ne devait pas incontinent les tenir pour Libérius, ayant composé un ouvrage d'histoire,
hérétiques bien qu'ils eussent souscrit une for- lorsque Libérius défendait si vaillammentla foi
mule où ce mot était omis. catholique. Or, il est tout à fait incroyable
Du reste la conduite de Libérius, autant qu'Hilaire ait lancé ces anathèmes contre le
qu'elle peut être connue par les monuments Pontife, qui combattait alors ti-ès-énergique-
historiques de ce temps sert plutôt à défen-
,
ment pour l'Eglise. Que si l'on veut penser
dre le Pontife qu'à l'accuser. Nous avons vu que saint Hilaire se soit conduit avec assez
que le clerni' et le peuple romain avaient d'inconsidéralion pour dresser ces anathéma-
reçu Libérius à son retour, avec une joie telle, tismes, au premier bruit de lachutedeLibérius
que l'opinion publique devait être convaincue après avoir reyu copie des lettres répandues
qu'il n'avait jamais souscrit aux erreurs de sous le nom de ce Pontife, « n'était-il pas, dit
l'arianisme. Nous avons vu qu'il n'était ques- Stitling, de sa prudence et do sa justice de dé-
tion nulle part de sa rétractation. Nous avons truire ces anathèmes, lorsqu'il connut la cons-
vu que dans les affaires du concile de Rimini, tance de Libérius a défendre la foi catholique
Libérius montra une constance digne d'un Pon- contre les prévaricateurs d'Ariroinum.-i)
tife qui abhorre les fraudes ariennes. On voit Pour montrer i;ue les érudits suspectent à
par là quelle légèreté il y aurait d'accuser bon droit l'authenticité de ces fragments, il
Libérius d'hérésie, en s'appuyant sur sa con- faut ajouter qu'on y trouve certains oassages
duile. incompatibles avec les écrits authentiques du
Pour prouver la chute de Lii^érius, l'auteur saint docteui-. Par exemple, ces paroi s du
précité in''oque l'autorité de saint Hilaire et pré- fragment sixième, où il est parlé « de la per-
tend que ley anathémati-mes contre Libérius, fidie écrite à Sirraium, que Libère dit catholi-
contenus daus les Iragmenl s attribués à l'évoque que, etc., ))ces paroles appliquées à la première
de l'oitiers, accusent évidemment ce Pontife formule de Siimium, ne peuvent se mettre
d'hérésie. Dans le sixième fragment, Hilaire d'accord av(;c ce qu'écrit Hilaire au livre des
parle ainsi: « AnaLhème à toi, Libérius, et à tes Synodes. Dans ce livre, non-seulement la sus-
compagnons; » un peu plus loin: « Je te dis une dite formule n'est pas appelée une pertidie,
seconde et une troisième fois anathème, à toi mais elle est louée abondamment et l'on n'en
Libérius, le prévaricateur. » Dans le huitième dit rien d'étranger à la foi catholique.
fragment, on lit: « J'ai dil anathème aux préva- Aussi Hilaire, parlant, n° 78, de ceux qui
ricateurs et aux ariens. » Nous pouvons ajou- défendaient cette formule, les appelle « des
ter ce qu'on trouve au sixième fragment (1) hommes joucieux de la doctrine; apostolique
qu'on attribue au même Hilaire : « Après et évangélitiue. » Il dit (2) «Nous ne :

cela, tout ce qu'il avait fait et promis, Libérius, sommes attachés, en toute piété, qu'à une
envoyé en exil, l'annula par sa lettre aux prc- chose, et nous vous prions que cette chose
"aiicaleurs béréti ]ues qui portèrent contre pieuse soit, entre nous, le lien de l'unité. »
saint iUhanase, évèque orthodoxe, .une injuste Si donc Hilaire avait api)elé la première for-
sentence,» mule uni' ]>erridie, on pourrait l'accuser île
Mais tout ce qu'on produit, comme de légèreté et d'inconstapc.e, puisqu'il aurail ap-
saint liilaire, conti'e Liln-rius, ne lait pas pelé iierlidie une formule ipi'il aurait louée et
qu'on puisse l'accur^er ilhérésie. Car. même expliquéi! dans un sens alliolicpie.
i

pour les ac^usati'urs do Libère, il est tenu pour Eiilin, sans parlerd'autn' chose, ces paP<dos
certain, qu'il y a danscesfra.Lrmenls beaucoup du fragment sixième u .\pres cela, lont ce
:

l'npocryplies, l)eaucou[i d'interpolations des qu'avait l'ail ri promis Liliei lus, etc. «sont .q»»-
aiieiis, Miiinli-nant (fue ee ']w. ''on trouve, cryplies, notamment jiar cet indice qu'où y
dans ces tragments, a objecter contre Libérius, traite .\lhanase de.saint, appellation qu'il n'é-
aoive être range [tarini les pa.s.sages interpolT'S taitpas permis d'accoler au nom d'un per-on-
ou a[i()cryplms, c'est ee cjue démontre la coa- uage vivant et (jui n'était poa en usage a civile

(l)N 7», - (:) N. M.


HISTOIRE UNIVEnSELLE DE LIÎGMSE CATHOLIQUE
ép(i(|U(', surtout p-inr Ililnire. On voit donc vaient jibis qu'à publier oflicir llenient ion
qu'il est fort diliicile, mr les fr:if;nif'nts (ju<! ndlièsion, tandis que le pape fauteur d'hén-sir
nous avons cités non-sfuicmcnt d'accuser Li- devait, po'ir se réclracter. demander un nou-
bèiius d'Iiérésic mais même île l'accuser, avec veau concile. Il n'en fut rien. Ce n'esl pas Libère

certitude de la plus Icifcre faute. ipii dem.'inda un concile, c'est reinjiereur et


Que si, laissant de cotii les [ireuvcs ijui éta- les semi-ariens. Le concile est indiqué d'alxird
blissent la su[i|>osiliori des fragments, nous pour Nicée. ensuite pour Nicomédie, enfin
examinons les laits qu'ils articulent, nous pour Séleiicieet Ariminum, les évèques d'Oc-
vci-ions qu'on n'y trouve rien jxjur démontrer cident devant se réunir ici et, et là ceux d'O-
la diule. J'omets les anatliématismes annexés rient. Le concile de Itimini fut nombreux,
à timoré et prononcés par
la lillie l'ro iJiifir.o très-nombreux. Au lieu d'y produire la pré-
rint('r]iolateur pour ce que Libère dit, dans tendue souscription de Libère, on reprit tout
ce-tle lettre, avoir fait nous avons vu plus
: sim[ilement les all'aires en l'état où les avait
haut, touillant les faits rebih'S dans cette let- laissées le concile de Milan, en 31"'. On lut au
tre, que (juand on voudrait y voir une chute, éoncile une exjto-ition de foi. ortiiodoxe à la
on ne pourrait y voir une chute dans l'héré- surface, dans le fond, arienne. Tous les évè-
sie. Je dis ceci : c'est que si, de cesanathéma- ques l'aïqtrouvèrent et se séparèrent en 359.
tismes, on veut arfjuniriiter contre Libère, on Alors le terme de substance lut aboli, alors la
peut seulement alliiniir que leur auteur a foi de Nicée fut publiquement cotidamnée :

pens(' ou a voulu jmbiier, qu'il était persuadé tout l'univers gémit et i étonna d'être arien, dit
que le poutife avait condamné Alhanase, fait .'aint Jérôme.
communion avec les orientaux, souscrit la Ariminum, conclura jiour nous Kdnuard
première foi mule de Sirmium, cl qu'il doit Dumoiit (I) achève la justification de
Libé-
être, pour ces faits, tenu jiour prévaiicateur. rius , il n'est pas filus question de ses leltn's
Mais, de ce que quelqu'un l'a jugé prévarica- et de sa réfractatiiui dans la seconde partie du
teur, il ne s'ensuit pas qu'il lait jugé prévari- concile, où les ariens ont prévalu, que dan»
caleur pour une vraie chute dans l'hi-résie, la première où il^ ont été excommuniés. Nous
puisque la prévarication peut être en dehors n'en n'avons pas les actes; il est sans appa-
des matières de foi. rence déraison que saint Jérôme qui rapporte
L'auteur précité, pour étabhr sa thèse, cite en détail la dernière session, ait pu ou voulu
encor(! les témoignages d'Adon de Vienne, qui éviter une mention de Liberius, si ,dans le
vécut au neuvième siècle, et d'Auxilius, qui concile, on était revenu sur le^ 'aits de Sir-
vécut au dixième tous deux parlent de Li-
: mium et de lîerrée car le solitaire de Beth-
;

bère comme s'ils ét&ienl j>ersuadés de sa chute léem écrivait son dialosiie ronire les bicifé-
dans l'hérésie. Mais, d'api es ce que nous riens pour prouver ccmbieR ^'^ duli,'cnci- était
avons dit, il n'est pas nécessaire de les réfu- sage envers évèques qui avaient failli par
les
ter , parce ,]u'ils sont trop éloignés du imprudence ou par surpi i-e. lit il s'appuyait
temiis du pape Libère, et jiarce qu'ils ont spécialement sur l'exemple de saint .Mlianasc
écrit certainement d'après des apocryphes. et sur sa décision solennelle au coniile d'.\-
L'un, en etl'et, tire son récit des actes faux de lexandrie, avec l'approbation exprc^M-ment
saint Lusèbe, prêtre; l'autre du pontifical qui manjuée du pape î.iliérius.
est attribué au faux Anastase. Il est donc clair que le pane Liberius n'a
Nous aurions encore à réfuter ce que dit point failli. Ce n'est pas la seule conséquence
notre auteur des persécutions dirigées à Rome, de cet examen. ]l en ressort encore une ob-
après le retour de Libère, contre ceux ijui dé- servation bien autrement notable et de la plus
fendaient la foi de Niccc; d'où il conclut que haute singularité. On a entendu des cens pré-
le ]iape, par sa cimduite, montre avoir sous- tendre que « les décision d'un concile céneral
crit, dans un sens hérétique, la formule de empruntait uniquement leur autorité du con-
Sirmium, Pour couper court, nous rappelle- cile même, et qu'un décret prononcé ainsi
rons que les ancieiîs auteurs parlent du re- malgré le pape, ne laissait pas d'obliger et
tour de Libère do manière à le montrer tou- d'avoir toute sa force (t). Pour couper c.urt
>•

jours contraire aux ariens. C'est pour cela que à celte théorie de multiple autocratie, «(ui n'a
le ]>euple romain lui donna tant de marques de com|>arablc enabsurdiléque la quadrature
de joie et de bienveillance. Quoi qu'il en soit du cercle, on leur a demandé d'en citer un
donc d( s circonstances de son retour contre exemple.
les défenseurs de iN'icée, il est très-certain que Et cet homme phénix est encore à trou-
le Pontife, de retour, se montra l'apologiste ver.
de leur foi. On ne peut donc rien lui repro- Le cardinal Lilta, d'ailleurs, a monln^ le
cher d'où l'on puisse conclure qu'il avait sous- non-sens d'une hy|iotbèse où la voix lie
cril, dans un sens hérétique, la première for- Pierre, c'est-à-dire du pa)>e, resterait istdée
mulo de Sirmium. de celle des apùlres ou de l'éiiiscupat. Ile la
manière qu'il l'enlend et rcx|iliiiue, ile.<l his-
III Apri's le concile de Sirmium, si Libère toriquement et logiiiuement exact. Or. b> con-
avait prevariqué, Constance et les ariens n'a- cile d'Aiiminum se présente tout à point pour

'.
1} hei'ue Oct queslioHt kislot-igues. Tome (" p. 1C3 et mu.
DISSERTATION SUR LE LIVRE TRENTE-TROISIÈME. 189

confondre l'opinion des opposants. C'était le Cela était précisément contesté par les ariens,
plus nombreux concile qu'on eut encore vu ; les jansénistes de ce temps-là, qui, loin d'ac-
plus de six conts évèques y siéaoaient avec tou-
, cepter une existence séparé^î, ne [irèchaient
tes les conditions de l'œcuménicité. Vincent de que l'unité, se disaient éminemment ortho-
y présidait comme léf^at du Saint-
•'^apoue doxes et afi'ectaient de repousser la nouveauté.
Siése; et i-ette assemblée, qui commence ré- Rien n'était plus séduisant pour les âmes non
pulièrement par excommunier les iiérétiqucs, fortement prémanies contre l'artifice. Ce fut
finit p;ir les avouer orthodoxes et qui pis est, la_ profomie astuce des hérétique*, d'avoir
par accepter leur profes-ion i!e foi. Le départ mis la foi en cause depuis vin^t-cinq ans
des évéïjucs les moins p;\tipnts, n'empêchait dans la personne d'Athanase. en parais-
pas le concile d'être très-considéralde par le sant uniiiucment s'attaquer à lui comme à
nombre, et selun le sentiment même des évè- l'ennemi de la p;)ix. Ce fut à la fois sa gloire
ques qui ri'staieul, la retraite du légat n'ôtait et I'(qireuve, pour ne pas dire le péril de la
à l'assemblée rien de son pouvoir, puisqu'elle vérité, qui se trouvait comme attachée à ce
continuait à délibéi'er, à décider, sous la pré- grand homme; et il ne s'agissait encore i'au-
sidf-nce du doyen d'ài^e Muzonius, circonstance Ire chose à l'époipie d'Ariminum, que de sa-
qui constate indubitablement le départ de voir qui av.iit raison de lui ou de ses adver-
Vincent de Capoue. saires. Il fallait donc [)Our décider la question
Ce fut précisément la grande faute des évo- une autre autorité que le ;;énie et la vertu,
ques de continuer à délibérer en dehors de il de la juridiction suprême: en
fallait celle
l'autorité pontificale et ce qui les fit tomber un mot, celle du Saint-Siéire, et Dieu erniit i

dans le piège. Très-certainement la plupart y que cette autorité restât seule à ce moment
tombèrent de bonne foi. Les vin^t évêi[ues solennel, en présence de l'Eirlise elFrayée,
surtout, qui résistèrent davantai,^e, à leur pour montrer (]ue la vérité de la doctrine est
tête saint Phéliade, d'Agen, et saint Servais, là tout entière, et non pas dans le génie ou
de Tongres, ([ui ne se rendirent que les der- le nombre, ou même dans la pureté de la
niers, no pensaient pas à accepter j'arianisme, vie.
après en avoir fait nnatbématiser la doctrine Libérius savait très bien à quoi il s'exposait
par Valens lui-même. Cependant l'hérésie en réprouvant solenncdlement la formule d'A-
n'en était pas moins promulguée, en concile, riminum, et il soutint dignement ce L^rand
à la place de la vérité. Comment donc ce dé- acte. La colère de l'empereur et des ariens se
cret aurait-il eu force de loi et obligé saint déchaînant de nouveau contre les évèques,
Athanase, saint Hilaire et saint Eusèbe à se qui s'étaient aussitôt ralliés au" décret ponti-
taire? fical, l'auteur de ce décret ne pouvait être
.Mais i! y a quelque chose de plus, et c'est épnrjné; il fut banni de Rom? une seîonde
là le fait siiignlirr entre tous: (juel que fût fois. « La persécution semblait résolue à n^
leur attarhement à la vraie doctrine, ils n'a- plus rien ménager. La barque des Apûtrei^
vaient pas moins fait iléfection aux yeux des p 'riclilait, les vents pressaient, les flots hat-
païens, et la vé!''té s'éclipsait dans le corps taient il ne
; restait r/;ns d'espoir, lorsque
èpiscopal. L'univers, un moment, s'est trouvé Dieu se lèvi', commande à la tempête la hète ;

arien, selon l'opinion de saint Jérôme. Un meurt et le calme r&vicnt. » C'est ainsi que
seul homme dissipa cette incertitude et cette saint .Férôme di-signe les derniers efforts et la
alarme ce fut le [)ape Libérius.
: fin de l'empereur Constantin. Le pape rentra
On se souvient ipu', dans son entretien avec dans Romeelcomir.ençn la construction d'une
l'emiiereur à Milan, il lui avait répondu Si : célèbre éylise. Sainte Marie-Majeure, (lu'on
je suis seul, la cause de la foi n'en est point ap[)elle encore la basilique liliérienne, témoi-
ftlTaililie par(de étonnante et pour ainsi dire
;
gnage spontané de l'estime et de l'affection
prophiti |ue, i|ui se réalisa bientôt par un des publique qu'avait m<^itées ce saint pape.
plus exlrnorilinaires événements. Libérius, Saint l'hèhadiuï, i[ui écrivit après le concile
en ellèl, après le concile d'.Vriminum, se vit d'Arimirnini, n'a pas fait la moindre illusion à
seul (b'vant les ariens lriomi)hants, et seul il Libérius. dont le sort eut pu att nuer le sien ;
leur porta le coup décisif, (jui aliattit leur do- on ne cite pas la moindre n'-erimination de
mination apparente, en leur donnant le dé- Lucifer, si opinialnmienL irréconciliable aux
menti et rassaiit leur concile. C'est ce (]ue tombés d'Ariminum contre un jiape, si em-
nous a|i]irenr)ns de saint Daraase et de saint privssé de les réconcilier. Ammien marque
Sirice, ses successeurs. Sans doute il com()tait du peuple romain pour LilnM'iiis,
i'atïection
de son col'' b"'^ trois illustres exilés Athanase, sans le moindre indice d'une faute, qui eût
Eusèlie. Hilaire, et tous ceux qui n'avaient fourni une maligne revanche à son animo-
consenti (|ue par surprise; mais ces tieriiiers sité païenne, si violente contre Daniase. Saint
ovaietil besoin d'être avertis ([u'on les avait Athanase, quatre ans après le retour île Ré-
tr.inipés. (Jnant aux trois exilés, parce qu'ils rée, plus lanl, saint Rasile, sai.it Ambroise,
sont dcineuri's des esprits de lumière pour saint Kpiphane, ne [larlenl di! Libériusqu'avec
tous les lemns, ce serait une illusion daiiLçe- véni-ration. Si Baroniiis, dans la iévi>ion du
reuse de se persuader que leur haute inli'lli- martyrol()'j,c rom.iin, l'en a retraue.hé, ce scru-
genc-e, leur droiture, leur vertu sutlisaient pule un |ieu trop pp-ompt, ([ui atteste du
au luaiutieb dp lu doctrine catholique. Tout moins son impartialité avec son erreur, o»
100 mSTÛIKE UJSIVEHSEU.K DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
peut annuler l'hommage unanimement rendu d'où il revint, redemandé par la foi et l'amour
à co fîrnnd et saint ponti'iî, par seize mar- des Romains, et gouverna sagement «on trou-
tyrologes anciens, y conjprisies divers uianus- peau. » Knlln les Menées disent la mOni»?
ciits de celui do saint .T6i-'"ime. Les Grecs, dans chose plus brièvement et ajoutent ;

le martyrologe Ijasilien, rap]iellent le propar


gatéur de la foi, ardent do zt'-le à défendre Libénus ilésormais puise dnrm l'aliond/intf
sa^t Atiianase, « pour lequel il soutlrit l'exil. De- hii-ns tbéwiuiisét aux rii/ox par ha p' liJi o<"/'

I
LIVRE TRE.NTE-QUATRIÉM

DE 3G1 A 3G3 DE L EBE CURÉriENNE

jrnllen l'Apostat, preuve expérimentole que le paganleote et sa pUnosoptac


ue sont qu'inunité, et que l<> clifii^tUinisme eeul possède
la vérité et la vie

n y avait une dizaine d'annéns qne Julien les Alpes; il ajouta qu'en leur manquant de
avait renoncé en secret à la r liyinn chré- parole, on se priv:iit à jamais du secours des
ticnue; mais joignant l'iiypoprisie àl'a[)osta- étrangers, ([ui ne viendraient plus oll'iir leurs
sie, il continuait d'en faire profession eu pu- services. Les commissaires ayant, malgré ces
blic. Celait pdur déjouer les soupçons de raisons, ordonné le départ d'un premier corps
Constance et se concilier le dévouement des de troupes, une main inconnue répandit, dans
soldats cliii'tions, qui étaient eu grand nom- le ([uartier de deux JéL^ions qui devaient les
bre dans son armée. Du reste, il se distingua suivre, un libelle rempli d'invectives contre
dans les fïaules comme césar, liattit plusieurs Constance, de plaintes sur r(nitra;ie cpie su-
fois, en deçà et au delà du lîliiu, certains peu- bissait Julien et sur le sort déplorable îles
ples de la Germanie, en itarliculier les Francs soldats qu'on exilait, disait-on, comme des
et les Allemands, (pii taisaient eOort pour criminels, aux extrémités de la terre : « Nous
s'emparer des terres de l'empire, et rétablit allons done aiiandonner à une nouvelle ca[iti-
l'ordre et la sécuiilé dans les pavs qui lui vité nos enfants et nos femmes que nous avons
étaient confiés. Il lui fallait d'aulant plus d'ha- rachetés au prix de tant de sanj ; » C'est ce
bileté, qu'une partie de ses (grands officiers lui que rapporte Julien lui-mèmi!, ainsi que les
avaient été donnés par Constance, moins païens AmmienMarceliin et Zosime (I). Les
pour leseconder que pour l'épier et le contra- commissaires, elfrayés, pressèrent le <lépart
rier. Toutefois un ministre de l'empereur des troupes elles devaient se rassembler à
:

même rendait en secret un étninent ser-


lui Paris. Julien alla au-devant d'elles, Ic-sexhorta
vice c'était Ursule, ministre des finances im-
: à se soumettre de bonne grâce aux orclrcs de
fiériales. Comme Julien avait OU', envoyé dans l'empereur, qui ne manquerait pas de récom-
es Gaules sans argent et sans moyen de s'en pense" leur valeur. Mais le [icuple les conjura
procurer, Ursule ordonna seciélemenl au tré- <!e ne point abandonner un pays qu'elles
sorier de la province, de lui fournir toute-; les avaient iléfendu avec tant de gloire, et les
Sommes qu'il demanderait. Nous verrons soldats, à leur tour, étaient très-dispovs à res-
bientôt de quelle manière ce service fut ter. Julien les harangua à cette occasion et
payé. leur dit, entre autres choses, qu'il ne leur ap-
Les Gaules étaient tranquilles; mais l'Orient partenait [las de délibérer lorsiiue l'empereur
était infesté par les Perses. Constance, qui (U-donuait. Les soldais se retirèrent, gardant
marclialt contre eux, envoya demander à Ju- !e plus profond silence. Julien invita ensuite
lien l'élite (le ses troupes pour renforcer les tous les lu'iiicipaux officiers à dincr, et, a(irés
siennes. Au fond il iHuit, jaloux de sa gloire et leur avoir donné un magnifique repas, il leur
craignait iju'il n'entreprit quelquç chose de oll'rit ses services ot les assura de son estime
plus. C'est du moins ce que l'on dit, et avec et de son amitié.
a.ssez de vraiseudjlaucc. Julien était à Paris, Cette nuit-là même, comme le rapporte
ville alors peu cousldi-rable, qu'il appelle sa Ammien (2), il apprit à ses intimes conlidcnts
chère Lutèce. A l'arrivée des commissures qu'un Siicctre, tel qu'on représentait le génie
ItDpiôriaux, il prot(!sta de sa [larlailc -oumis- de l'empin', lui estait apparu en songe (>l lui
sion ; seulenu'.nt il représenta qu'on ne pou- avait dit avec reproehu De[iuis i9nu:lemp9,
:

vait, sans injustice, ni mé.mi! sans péril, en- ô Julien, je me liens à la porte de votre de-
treprendre de l'aiie [larlir les troupes auxi- meure, désirant auirmenler votre dignité.
liaires, (|ui ne s'étaient données à lui ()u'à Déjà quelquefois je m'en suis allii, repoussé
condiliuu qu'on ne leur ferait jamais passer [laï vous; si je ue suis pas reçu, mutJiieDant

(Ij .lui., Ad Athen., \>. 285. ; Am. 1. XX, c. iv. ; Zos.,1. 111, c, ix. — (i!) L. .\.\, u. v.
ilISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATOOLIOLl!
tjiio le la mullitmlc s'y arcordc, je me
vœu de tres, entra dans une élmn^e rolère et mnrovft
j-rlircrniconfus cl triste. lU'lenoz coiicnilaiit les député'^ avec un commissaire pour irilimer
Lion (|ue ji; ne demeureiai iiasplus ioniflemps ses ordres;! Julien, (yelui-ej reçut le commis-
avec '-ou-^. Li^ londcinnin, les lri»u|ies si-joiir- saire impérial avec honneur c'était le comte
:

niTonl l'ommc pour se disposer à parlir. Mais, Léonas, le même qui avait as-islé au concile
au coudici du suliùl, les .soldats, excités, sui- de Si'leucie. Dans une audience particulière,
vant le païen Zosi'"" (i), par des écrits <[ue Julien lut les lettres de Coiiitance ce rlernici
;

leurs ofliciers avaient semés parmi eux, pri- l'en^ai^eait entre autres à ne pas oublier ses
rent les armes et coururent en foule aulour !i;ciifaits, non-seulement pour l'avoir lioooré

du palais en proclamant tumultueusement de la qualité de ci^sar, mais j)our l'avoir


Julien r'mpere;.r. Qui avait excité les ot'Iieicrs? nourri et élevé dans son enfance, lorsqu'il était
Un mol du païen Eunape nous le laisse entre- sans ressources. A ces mots. Julien ne put
voir. Dans.son éloge du médecin Oribase, ami retenir son indignation : Eh ! quel était donc
intime de Julien, il dit que ce prince lui celui, s'écria-t-il, qui m'avait enlevé toutes
devait l'empire, apparemment |>arce (|irOii- mes ressources? Quel est celui qui m'avait
Duse fut le aioteur secret d." la détermination rendu orphelin ? N'est-il jias lui-m -me le
des troupes. Incertain du ]parli à [)rendre, Ju- meurtrier de mon père ? U'nore-l-il qu'en
lien adoia .lupiler. ([ui lui manifesta ar un
]
ra|q)elant ce fune-te souvenir, il rouvre une
si<;ne qu'il ne devait pas résister au v(eu des plaie cruelle dont il est l'auteur? Quant aux
soldats. Julien lui-même nous le dit. Eunape ordres que lui ajqiorlait Léonas, i: lit c.-tte ré-
ajoute ([u'ii pratiipia certaines cérémonies ponse : Je renoncerai volnntier- au litre d'au-
avec un ponlife païen, (|u"il avait fait venir guste, si c'est la volonté des b'gi.ins ; ren iez-
secrètement de la Giçcc iiuelciue temps aupa- vous demain à l'assembb'e, et raiiportez-y
ravant après ijuoi il enirepril de renverser
;
votre lettre. Le lendemain, monté sur un tri-
la tyrannie de Constance ce qui vrul dire,
: bunal élevé, qu'entourait l'armée, ain^i que le
dans le langage de cet écrivain, qu'il eut re- peuple de Paris, il ordonna à Lé«mas de lire
cours à la magie (2). Avec cela, dans son ma- devant tout le monile la leWri; de l'empereur.
nifeste au peuple d'Athènes, Julien jure p;ir Ues i]u'il en fut venu à l'enilroit oùCo slanee
tous ses grands dieux qu'il ne soupçonnait pas réiluisait Julien nu sira le titre d^' césar, mille
;

même ce qui se préparait. On sait ce que va- cris l'iulerrompiriMil et répétaient de toutes
lent lesproleslations officielles dans une révo- parts : Julien aug-usio I C'er,t le vœu de la
lution politiiiue. Julien même peut servir d'é- province, de iarmée, de l'Etal même qu'il a
chantillon. Quand il eut été fait césar, il relevé, mais qui craint encore le- insultes des
composa deux [janényriques en l'honneur de Barbares. Julien con-é lia Léonas. avec des
Constance, où, comme nous l'avons vu, il lettres à Constance, où il ne le ména^'eait
l'élève au-dessus du tous les héros, tandis ju'au plus, mais lui reprochait le massacre lie sa
fond du cœur il le méprisait comme le der- famille, et le menaçait de ven.;er la mort de
nier de- liommes. Enfin, après quelques résis- tant d'innoceutes vii-limes. Il y eut encore, de
tances fcinles ou réelles, il condescendit au part et d'autre, plusieurs h'ilrcs cl plu-ieurs
vo'U des soldats et prit le dindèuie et le titre députations l'empereur lui envoya entre au-
;

d'auguste. Après tout, avec le soupçonneux tres un évêque des Gaules, nommé Kji tète,
Constance, le meurtrier île sa f imille, il était qui lui proaiit de s.i part la vi ni
prudeni, nécessaire même, d adapter un p:uti s'expliquer sur le rani; qu' tini la
Lien tranché et de ne pas rester dans une po- suite. Julien répon.lil ipi'il i ,i luilic-

sition équivoque. ment sur les serments de Cv et qu'il


,

Julien, qui prévoyait as-e» que jamais Con- était résolu de conserverie titre d'ainjuste,
stance n'approuverait ce qui s'était fait, lui tant pour ne point compromet' re son honneur
envoya des ambassadeurs pour l'en infi.rmer ({ue pour ne pas abandonner ses amis i
et le prier d"y donner son assentiment. Ils la vengeance d'un prince san;:uinaire, doot
cLiient porteurs de deux lettres l'une osten-
: tout l'univers, disait-il, avait ressenti la
sible, contenant le ivcit officiel de la chose, cruauté (îi).
avec des exhortations à la concorde et des Des deux cotés on s'allendnit donc à la
eon liîions pour la maintenir. Il y est dit que guerre. Constance ne doutait p-dul de la vic-
les soldats n'avaient lait «(n'accomplir une toire; ses forces éliienl bii-n plus consitléra-
délibération prise depuis longtemps (3), en- bles, et toujours il av.iil clé heureux dans le*
nuyés de consumei leur vie sous un snnpie guerres civiles. Par ci'- mêmes rai'>n«, Ju'ien
ccsar, qui ne pouvait les récompenser de leurs n'était pas sans inquiet ide. Pour t,
travaux. La secimde, qui devait être remise il consultait avec auxieté les ; Ici
en secret à Constance même, renfermait con- songes, la théur.'ie, dont il secrè-
i

tre lui des reproilies et des injures si violents tement les mystères avec On i- la dl-

qu'.Vmmien Marccllin la jugea indigne d'en- reclioD du pontife qu'il avait lait voiûr da
trer dans so-n histoire (-4). Couslancc, qui était Gièce. Ces su|ier.-litions, si peu diciic- d'un
ejQ marche contre les Perses, ayant lu ces let- philosophe, lui promettaient la mort pn-icbaioA

"^
(l)Zos., I.III, p. 710.— (-2) Eiinape,e. t.— ÇH MiUt olim deUUratum impUiU. Amin.,1. XX, B. k.
$i Ibid.— (5) Jul., AdAihen., p. 286.
LIVRE TRENTE-QUATBIÊME.
de Conslance. Une nuit, étant à demi éveillé, Julien ne s'oublia point. Pour commencer,
jj vil un de lumière, qui r6-
t'anlôine brillant i! Bellone, déesse de la guerre, des sa-
otfrit à
pi'ta i)lusi';ur3 t'ois (lualre vers grecs rlont voici cri Uces très-secrets c'est l'expression d'Am-
:

le sens Lorsque Juiiiter sera à l'extrémité


: mien Dans ces occasions, les romains d'au-
du Verseau, et <iue Saturne entrera dans le trefois immolaient des victimes humaines,
viniçtciiiquième degré delà Vierge, Constance, (lorame Julien était enthousiasf.i des vieux
empereur d'Asie, tinira tristement ses Jours. usages du paganisme, il est poïsiulc qu'il en
Sur cette garantie, Julien cessa de craindre. ail fait autant. Le secret extraordinaire qu'il
C'est ce que dit son panégj-riste, Ammiea mit le donne à craindre. Après cela, jetant le
Marcellin (1), (|ui même, fait à ce sujet une masque, il assembla les troupes et leur fit
longue dissertation jiour niDutrer qu'il n'avait prêter serment, non plus à Constance, mais à
pas tort. Telle était la i !iilosopliie de Julien lui-même. Tous les soldats, se portant leurs
et de ses flatteurs. Cicéron avait dit qu'il ne épées à la gorge, jurèrent avec d'horribles
concevait pis (]u'un aruspice pût en regarder imprécations de le suivre partout. Un seul
un autre sans rire. Le philosophe Julien n'en liomme résista à l'cntraînf^ment général c'é- :

riait pas. Avec un petit nombre d'uiiliés, il tait Niibridius, préfet du prétoire. Il repré-
s'appliquait en secret à consulter les entrailles senta hardiment qu'il ne pouvait p'èter ser-
des victimes, le vol et le cri des oiseaux, ainsi ment contre Constance, qui l'avait comblé de
qu'aux autres superstitions surannées du bienfaits. Les soldats voulurent le massacrer;
paganisme. En même temps, pour mieux il se jeta aux pieds de Julien, qui le couvrit de

cachia' son apostasie et se concilier tout le sa pourpre. Pour gage de sûreté, Nébridius
monde, il fi-ignait encore d'être chrétien. demandait à lui baiser la main. Julien s'y
Ainsi, se trouvant à Vienne à la îèU'. de l'Lpi- refusa, ilisant Eli! que réserverai-je âmes
:

phanie, avec lacjuelle se célébrait en méuie amis, si je te donne ma main à toucher? Va-
temps alors celle de Noël, il entra puldiquc- t'en sans crainte partout oii tu voudras (S).
meiil dans l'église et y pria solennellement la Ces froids adieux a un homme si digue d'es-
Divinité c'est l'expression d'Ammien (-2),
: time ne font guère d'honneur à l'empereur
que plusieurs inter|ircteiit du sacrement de philosophe son panégyriste Libanius est in-
,

l'eucharistie, (ju'en ellél tous les chrétiens fâme, quand il traite d'efféminée la conduite
recevaient aux iiriricipales l'êtes. de Xébridius (C).
Veis le mémo tem|is, il perdit Hélène, su Pour augmenter ses forces, Julien amnistia
fi'mme, sœur de Constance. 11 n'en avait eu et incorpora dios ses troupes les vieux soldats
d'autres entants qu'un prince, que la sage- de Magnence, qui, traités en rebelles depuis
femme, gagnée par l'impéialrice Eusébie, sept ans, s'étaient formés en bandes de vo-
avait t'ait périr en uai-;saul. Depuis, la même leurs. Puis, ayant pris par ruse un roi franc
imj)éralric(-, ayant engagé sa i)clle-sœur à la dont la hdélité lui était suspecte, il marcha
vi'nir voir à Ijome, lui donna un breuvage en trois colonnes, à travers la foret Noire, sur
qui l'cmpéchade porter aucun nufant àterme, Sirmium en Pannonie, publiant sur sa route,
et i[ui pi'ut-èlre aiirégea ses jours. Ou a peine à tort ou à raison que Constance avait solli-
à concevoir ciMIe noirceur de lapait d'Kusébie, cité les Barbares à envahir les Gaules. La
''insigne bienfaitrice de Julif 'j mais elle élail ; rapidilé de sa marche et la division de son
sti'Mille et au désespoir de Tètre. Qui sait armée en trois corps, ce qui la faisait paraître
inèmc si elle n'avait pas pour Julien ji(u< «pie plus considérable, répandirent partout la '.er-
de l'amitié'? Julien, ([uoique à la fleurde l'àgc, reur. Taurus, préfet d'Italie, et Flon'nlius,
ne voulut [loinl se remarier. Ses pauegyris'.es piél'id d'illyrie, prirent la fuite. Comme ils
assurent que son lit était plus cliasle que ce- étaient l'un et l'autre consuls de cette année,
lui d'une vestali". (^^jKNidant lui-même si; fait Julien ordonna qu'ils fussent flétris dans les
dire ([u'il couchait presque toujours seul (3), ailes juiblics par le titre de Consuls fugitifs (7).
c'est-à-<lire pas toujours; et, dans un autre Onze jours a[u'ês être parti des environs de
emlroil, il parle du nourricier de ses en- Bàle, ilenlra tiiomi)liant \ Sirmium. Le gou-
fants ('.). verneur de la province fut fait prisonnier dans
Eusébie elle-même était morte. Constance, son lit. Peu de jours après, Julien s'empara
quoi(|ue faible et malsain, se maria une Iroi- d'un défilt'i important qui lui ouvrait le che-
eième fois. Il épousa [''austine, dont on ignore min de la Tlirace et de Conslantiuople. De
la famille, et que dans pi'u il devait laisser son quartier général, il écrivit au sénat de
veuve. Julien lui-même ne devait [las lanlerà Uoine, à qui l'on permettait encore do ratilier
le suivre dans la t(unbe. l'ins |iiessi'; ([ue la les élections des empereurs. Comme il était
mort, les deux cousins et beaux-frères se pré- maître d(! l'Italie, sa demande fut admise à
pai'aient à s'entre-délruire. Constance, fai- l'unanimili';. Toutefois, quand on vint à l'en-
sait des a[)provisiounemenls considé-
faire droit de sa lettre où il s'emportait en invec-
rables sur les frontières des Gaules. Il comp- tives contre Conslance, Inus les si''naleurs s'é-
tait y venir avec loule son armée, après en crièrent d'une voix Ali! respectez, èc grâce,
:

avoir lini avec le roi de l'erse. l'auti'ur de votre fortune. La lettre n'épar-

(I) L. II. n. 1 et î. —(î) L. II, n. 1 et î. — (3) Mtsoporj — (4) Jul., EpUl. IL. — (5) Amm., 1. 'JtXI,
n. 4. — (C) Lilian., Oral., v, p. 287. -
(7) Zowme.

T. IV. 19
lOi HISTOinE UNlVEFtSI- LLE DE LÊGLISK CATnOLIQDB

gnait jms non plus Coii-tiintin Julien l'arcu- : eait avec toute son armée. Julien avait d«
sait, cuire autics, d'avoir le preiuier avili les terribles inquiétudes, qu'il di--imulait tant
iharges les plus éminciiles l'I le consulat bien que mal. Pour se rassurer lui-même, il
même, en le inodiKaanl à des Barliaies; re- observait assidûment
le vol des oiseaux et
proclie absurde, ijui devait retomber ^'u^• son les entrailles des viitimes. Souvent il recevait
auteur, comme le reman|ue Aramiea Marcel- des présages ambigus, qui le plon^jeaient
lin (1), puisi|uc, dés l'année suivante, il dans des incertitudes encore plus cruelles.
nomma consu' Névitla, GotU de naiss^ance, Knfin Ai)runculu«, orateur gaulois pro-
liomme i^rossicr, cruel, rans expérien e, sans tond dans la science des aruspices, lui fit sa-
autre nK'rile ijue de s'élre allaclicà la t'orlune voir qu'il avait trouvé le foie d'une victime
do Julien, et fort inférieur en toute manière cnvido|)|/é d'une double grais-e. C'était un
à ceux que Cousiantiu avait bonorés de signe heureux selon les règles de l'art; mais
cetti' dignité. Julien doutait du fait, craii;nant qu'on ne
Dans le même temps, il envoya des mani- voulut le llaltei- par un présage aussi favora-
festes de côté et d'autre. Nous avons celui ble (4). En vérité, c'est un spectacle éminem-
qu'il adressa au sénit et au peuple d'Atbénes. ment philosophique, de voir un empereur
Il y ]irofi'Sse ouvertement le culte des idoli s, philosophe demander des conseils et des con-
auxquelles il attribue ses succès. A mesure solations au vol des étourneaux et des busta,
(|u'il se sentait devenir puissant, il cessait de aux croa^sements des corbeaux et des cor-
faire l'bypocrite et se montrait le plus supers- neilles, aux intestins des veaux et des mou-
titieux des païens. Il ouvrait les temples tiuo tons.
Constantin et Constance avaient fermés il les ; Julien était dans ses perplexités, lorsqu'il
ornait d'oll'raudes, il immolait des victimes et vit arriver une troupe de cavaliers avec deux
exbortait les peiqiles à reiirendre les cultes généraux, qui lui annoncèrent que Constance
des dieux de leurs pères. Lui-même, dans une était mort, ei que, dans sesderniers momeutB,
lettre au pbilosopbe Maxime, où il tiinoi^ne il designé son successeur. Rassure par
l'avait
avoir passé de Gaule en Ibyric, dit ce- paro- Celte agréable nouvelle, il marcha ver- la
les : Nous servons les dieux (mverlement, et
(1 Thrace et fit sou entrée à Constaniinople le
la multitude des troupes qui me suivent est 1 ciecembre 3tii. Le corps de Con^lance y fut
1

pieuse. Nous sacritions des boeufs publique- appiirté, sous la eoniluite île Jovien. 'bpuis
ment, et nous avons otïert aux dieux plusieurs empereur, et enseveli avec la magnificence
hécatombes ou centaines de bœufs en actions Convenable, aaprês du urand Constantin, dans
do ftr.'iees (2). » Voilà de quoi triomphait cet l'église des .Vpjtri-s. Julien assi.-la au convoi
emperem- philosophe, écrivant à celui des funèbre et ver»* quebjues larmes, réelles ou
jdiiiosoplies qu'il estimait le [dus tuer des : feintes, que ses panégyristes out suigueiise-
bœufs en l'iiouncur des idoles, tuer des bœufs ment lecueillie,*.
par la plus grossière de toutes b'S sujjersti- [*eu après il établit à (~'halcédoine une com-
tions. Quand il ajoute que la multitude des mission militaii-e pour juger les ministres do
troupes était pieuse, cela veut dire t]ue le son |irédècesscur. Du des plus ^-oupables était
grand nombre des solda tsiiau lois et germains ArbétiuQ, autrefois ennemi de Gallus et de
prenaient volonlii-rs paît à la viande et au Julien même par .ses intrigues, il avait perdu
:

vin de ces impériales boucheries; leur dévo- plusieurs pei-sonnages recommandidjies. Il fut 1
tion à cet égard allait même ordinairement si mis à la léte de la commission, tant il avait
loin, comme nous l'apprend un téinoin ocu- su, en si peu de joui-s gagner le nouvel em-
laire, ,\mmien Marcellin (3), ipie les passants pereur le président nominal et les autres
:

étaient obliL,'és de b>- rap|)orter sur leurs membres ne l'étaient tpie pour la forme. GHte
épaules dans leurs logement-!. coinniission montra ]tlus de riKueur que de
Tout réussissait à Julien, quand tout à coup justice. Avec quel.|uc< coupables qui le meri»
il se vit dans le plus grami perd, lieux lé ions laicnt, elle punit plusieurs personn s inno-
qu'il avait trouvées à Sirmiuni. et que de là il centes. Elle lit bni.er vits le f.imeux déliiteur
envoyait dans le- Gaules, s'ein|iarêr nt sur l'.'uil, surnommé la Chainc,*-tle giand cham-

leur route de la ville importante d'.\qiiilee, bellan Euselic. cet arien pas-iunne, qui avait
et, de concert avec les habitants .«e derlaro- pouss'! son maître à tant de prtKîedes lyran-
rent jionr Constance. Celte ville était la clef niques. Taurus, qui avait mente le ron-ul.il
de l'Italie. Julien se voyait coupéde cocùté-là. jiar les violen<es exercées au c«ncilc de Iti-
Il envoya des trnuies pour l'assiéger; mais la nnni, l'ut exilé à Vcrceil. tin lui lit un crimi
garnison et les habitants se défendirent si d'avoir éW" liilele à ('.onstanee en quillaui
bien, (jne jamais il ne put s'en i-endre maifre. l'Italie, lorsqu'elle s'elaii déclarée |iourj4ilicii.
D'un autre coté, l'Afri |ue, le i;rcnicr de l'Ita- Ce qu'il y eut de plus honteux, r'el.iit la ilata
lie, la nourrice de Home, restait tidéle à (Cons- des actes de .*on |inioè-. L»'- interrogaioires,
tance. Kntin, Constance lui-même délmmssé, par exenqde, comme: (paient nin-i S'>us ie co»- :

pour le moment, roi de Perse, à qui un pré- fuUil de l iiurus et de FlmyniUm, Ttmrw finmt
sat:e avait fait abandonner son expédition (imenr par les cneuif /m/tlics. L'autre chiimiI fut
dans le moment le plus favorable, s'u\an- cuutlamno à mort ; mais il se ^uva et demeura

(0 I- X\i t«. (2) Jiil., Ei>is(. xuvni. — ()) L. X?UI, n. <2. — (4} Amm., I. XXH, a. I.
LIVRE TftENTE-QUATUIÈMI,
eaché le reste de sa vIr. Ch'^I Amiuieii-Mar- ie prostituées. Ammien avoue qu'on le tour-
fpllin qui nous apprend tous ce< Jijlails. Il nait avec justice en ridicule, parce qu'il me-
ajoute qui' la juslice elle-même sembla pleu- nait toujours avec lui des troupes de femme-
rer et aouser l'cmpe-
l'exéculiiin d'Ursule, lettes et (|u'il s'en faisait gloire (6), C'est un
rcui- d'ingratitude. Ursule était ce trésorier trait que ne devraient pas oublier ses moder-
RiMiéral cpii, mal,y:ré les ordres de Coustanee, nes paiiényristes.
avait t'ourni de l'urnenl à Julien dans les Gau- Son philosophe de prédilection était Maxi-
les. Julii'n, se voyant maudit et abhorré par me, qui l'avait inilié dans la tliéurgie, et au-
suite de ce meurtie, voulut s'en exeuseren quel il croyait devoir l'empire. !1 ne se vit
prétiïxtant qu'Ursule avait été mis à moi ta pas plus tôt empereur, qu'il lui dépêidia une
son insu, par la venuTf^anre de soldats aux- escorte honorable pour le conduire à la cour,
tpiels il avait re[iroeli6 leur làheté. Mais Ara- Maxime élait alors à Sardes, ca[)italc de Ly-
mien luiiuf-me lec'onnrfjt M) i|ue ce nii.'ui tre die, avec Chrysanthe. cet autre disciple d'E-
éiait incx[ilicable, e'. que île pareilles excuses di'sins. dont nous avons déjà parlé. La lettre
tiahissaii^nt un manque d'irdeldgence ou de d'invitation étantcommune jiour l'un et pour
couiaue. pour avnii' établi îles juscs sans les l'autre, employèrent les évocations théiir-
ils

fnnnaitie, ou pour n'oser riiprimer leurs excès. giques pour savoir s'ils devaient entrepiendre
Le panégyriste Libanius admire comme une le voyage. Ayant iirocédé dans l'opération
m.ignaniniité iiinimparable de la paît de Ju- avec toute la méthode et toute la circonspec-
lien, d'avoir laissé < la lille unique d'Ursule tion possibles, ils virent les signes les plus ef-
une poition de de son père (2). C'est
l'iiéritge fr.iyants et ces signes étaient si clairs, dit le
;

(pie les biens des autres furent entièrement sophiste ou philosojdie Eiinape, qu'un hommo
conlisqués. Il y a plus peu de temps après, : de la lie du peuple les eut compris. Chry-an-
comme pliisieui>; personnes lâchaient, par des the changea de visage et fut consterné. Cher
fraudes charitables, de mettre à couvert des ami, dità Maxime, je dois non-seulement
il

débris de la fortune de tant de malheureux, demeurer mais encore me cacher dans les
ici,
Julien condamna par une loi les receleurs à entrailles de la terre. Maxime, se rassurant,
la conli^cation de buis propres biens, s'ils ea lui ri'pondit Chrysanthe, je ne vous recon-
:

avaient, et a la peine capitale, s'ils étaient nais plus. Avez-vous oublié nos grands prin-
(lauvres (.')). Telle fut l'humanité de ce philo- cipes'.' Des hellènes pcrfaits comme nous ne
so]iiie empereur. doivent |>as s'arrêter aux premiers signes qui
Dans le même temps il réforma le paliis. se présentent. Il faut faire violence aux dieux
Ayant demandé un jour un barliier, il se pré- et les forcer lU vouloir ce que nous vouions.
senta un oflicier mayniliqiiemeiit vêtu. C'est Vous êtes peuhetie assez hardi pour le tenter,
un barbier que je demande, s'écria Julien, et et assez habile pour réussir, reprit Chrysan-
non pas un ministre des hnaiices. Toutefoi- il the. Pour moi, je trouve que leur vo'onté est
s'enquit de ce que lui valait sa char.ne, et trop marquée: je n'oserais y résister. Ayant
trouva qu'il avait par jour via;;t rations de pari''de la sorte, il quitta .Maxime. Celui-ci
pain et autant de fourrage [lour ses chevaux, ne se rebuta point, et s'opiniàtra à fatiguer
sans compter un salaire considérable et des ses dieux, jns(|u'à ce qu'il crût en recevoir des
gralilications extraordinaires. Là-dessus, Ju- réponses favorables à .son ambition. Mais ces
lien, sans aucune exception pour ceux mêmes présages mendiés et extorqués n tirent au-
qui en méritaient, chassa tous les b.irbiers, cuiie im|tression sur Chrysanthe. il laissa par-
tous les cuisiniers et les antres olfieiers sem- tir Maxime, <!t, dans la suite, il demeura tou-
blables, disant qu'ils ne lui étaient pas néces- jours inèbiaiilable, malgré les instances réi-
Biires, et particulièrement les eunuques, parce térées île Julien, (^e prince, vo vaut que lesleltreî
qu'il n'avait plus de femme. Ammicn Ini- qu'il écrivait, et à Chrysanthe, et à Midite, sa
mênie convient ipien cela il ne nardait point femme, étaient inutiles, ue le pressa plus il ;

la modération d'un vrai philosophe (4). lin se contenta de le faire souverain pontife lio
etrt, il seiidile ipi il lut iiica|)able de garder Lydie, et Mèlite grande prêtresse. Mais s.>ii
en rien la me-ure. Si Cimst ince avait mis sa (pie ce [ibilôsophe eût elfectivement déc()uvevt
vanité dans un luxe excessif, Julien mettait l)ar le moyi'n de la 'bi'iiirgie, comme le pré-
la sienne dans la malpropreté, dans la lon- tend son cousiii r^unape ("!), que le christia-
gueur de ses ongle-, dans l'encre dont ses nisme remi>nt(!rait bient(')t sur le tr('ine, soit
luains élaieol ton, ours lacliée-, dans ses che- qu'à tout événement il cilt qu'il était plus sAr
veux mal peignés, dans ré(>ai;seur de su (le ménager les chrétiens, il ne se laissa pas
liarhe,!»'! .scpromenaientde petits animaux (.">). entraîner au zèle fougueux de tant d'autres,
C'est lui-même qui noustrace avec complai- ([iiise repentirent pond.- temps aprèsde n'avoir
sance, et même avec orgueil, ce |)ortrait de, pii-i imité sa politi(pie. Chrysanthe usa sisobrf

sa {lersonne. blnlin, à la placede- barbiiMS, des ment dii[ioiivoirquelui donnait su dignité, que,
cuisiniers, des écbansons. il leuiidit l>' jnilais dans la province, on no s ttper(;ut presijuo
de pliilosiiplii's, il(! ma^il•iells. d'astrolii;;ue-. unchan;^enient par rapnort à la retiifiou^
d'aueunclian;^enient reliifiou^
de devins, de charluluns de luute espèce et m pe ndant la vie ni aj^-ès la morldo Julien^

(\) ;. XXil, n. 3. - (2) Lilmii., Onl., x, t. Il, p. 21)8. - (3) Cod. neoJ. — (i) h. II, n. ». — (&) J/o'foy-
(•) L. i^XU, a, — 14. — (7) Euiiape, Maxim.
196 HISTOIRE UNIVERSELLE DB L-|tGI-IBE CATHOLIQUE
Le dt^part de Maxime rail louli; l'Asie en souvent qu'une comédie. Plusieurs, lorsqu'il»
mouvement. Les maj;islrats et les personnes s'imaiiinaient être au combh- de la faveur, se
les plus (jiialifiées couraii'nl avec le peupli; voyaient congédiés tout à coup sans savoir de
rendre les hommaues à ce favori. Quand il en- quoi se plaindre davantage, ou de leur crédu-
trait dans uni', ville, les rues et les plao s lité, ou du caprice de Julien. D'autres, plus

étaii-nl si rcmplii's. iiu'il avait peine à percer heureux, étaient mis en placeou restaient à la
la foulc.Oii lui iirodiguaitles ap(ilaudissem:'nts, suite de l'empereur, iju'iis enivraient de leurs
les acclamations et tout ce qui était d'usage Qallerics, et qui le« flattait lui-même. lU s'au-
dans les rt-ueplions solennelles. Tandis (jue torisaient de ses éloges à ne plus tarir -ur leurs
leshommes complimentaient Maxime, la propres |f)uanges. La plupart n'av:ii<-nt rien de
femme de ce philosophe recevait les visites philosophe que la barbe et l'Iialiil, ni li'aiitre
des femmes, qui venaient lui faire leur cour mérite qu'une haine implacable contre le»
par une porte démhée. Elle* la félicitaient sur chn'tien-(2).
son bonheur, l'tla conjuraient de vouloir bien Entouré de ses philc^ophes, Julien trans-
se souvenir d'elles. En un mot, depuis Sardes forma le palais et ses jardins en un \a'le tem-
jusqu'à Constantinoide, le voyage de Maxime ple d'idoles. Tous les ilieux y eurent leurs sta-
fut un triomphe continuel. tues. On trouvait un nulel ilans rlia<|i;e bos-
Julien était au sénat et y prononçait une quet. Le titre de souverain pontife ne fut ym
harangue, lorsqu'on vint lui dire (jue Maxime pour lui un vain titre: il l'estimait autant et
était arrivé. Aussitôt, oubliant sa dignité et la peut-être plus que celui d'empen-ur; il en ex-
bienséance, il saule de son siège el court de erçait les fonctions en personni-. Le matin il
toutes ses forces à la rencontre du philosophe, immolait une vicime au soleil pour honorer
qui était encore loin, l'embrasse avec mille son retour le soir il lui disait adieu par ua
;

démonstrations de tendresse, et l'amène au second sacrifice. Il rendait de semblables hom-


sénat, quoiqu'il ne iiit pas sénateur. Ammien mages à la lune et aux étoiles pendant la
observe que ci^tte ostentation intempestive de nuit. Il sacriliait encon; tous les jours à quel-
Julien venait encore moins de son atiection que autre dieu dans son palais, si les alfai-
:

pour Maxime, que d'un désir immodéré de res ne lui permettaient pas de sortir en jiu- ;

vaine gloire (1). Dès ce moment ils ne se quit- blic, lorsqu'on célébrait une fêle. Alors rien
tèrent plus l'un l'autre tous deux ils passaient
; ne l'arrêtait il cjurait au lieu de la solen-
:

ensemble les jours et les nuits à consulter les nité. On l'y voyait se prosterner devant l'i-
dieux. Maxime gouvernait et l'empereur et dole, lui baiser les oieils. alb-r el venir d'un
l'empire. Mais sa préti'ndue philosophie ne air empressé, .'emlre le bois pour l'autel, atti-
tint pas contre la faveur. On lui vit bientôt des ser le feu. le souiller avec la bouche jusqu'à
airs de hauteur et des habits trop recherchés. perdre haleine, égorger la victime, lui fouiller
Julien seul ne s'apercevait pas d'un change- dans les entrailles, y chercher l'avenir d'un
ment qui choquait les païens mêmes. œil avide, en retirer ensuite ses mains dégout-
La suite fit voir que Chrysanlhe avait pris tantes de sang, voulant être à la fois et le sa-
le meilleur parti. Maxime fut inquiété sous crificateur el les ministres (3)
le règne de Valcus. On lui redemanda des A ce spectacle, les païens sensés avaient
sommes immenses qu'on laccusait d'avoir vo- peine à s'empêcher de rire. Julien prenait
lées. Il languit longtemps dans les prisons, où tout au sérieux. Il enseigne, dans un de ses
il souU'rit, selon Euna[ie, les outrages et les écrits, qu'il faut adorer non-seub'ment les
tourments les plus cruels. Sa femm^' était té- imai^es des dieux, mais encore leurs temples,
moin de ses malheurs. Il la pria un jour d'al- leurs p;u-vis, leurs autels (4). Son régime >eul
ler lui acheter du poison. Elle le lit et prépara était un modêli- achevé de siiper:>tition. .\fiQ
le breuvage. Lors(pii' Maxiiui' le demanda, elle de plaire à l'au ou à Mercure, à Hécate ou à
en but elle-même et mourut. Maxime jugea à l.-is. il se privait, à certains jours, de divers

firopos de lui survivre, et fut mis peu après en aliments qu'il croyait odieux à ces divinités
iberté. Il reparut daus le monde avec quel- tutilaires. Par ces jeunes, il préparait ses
que crédit; mais, ayant été impliiiué dans une sens cl son spril aux visites fréquentes el fa-
i

ntfaire de magie, le proconsul d'Asie ne lui milières dont l'honoraient les puissances cé-
donna pas le temps de mourir d'une maladie lestes. C!ar Son paneg^'riste Libanius n<>us a^
dont ne pouvait réchapper, il lui lit traucher
il sure qu'il \ivail dans un commerce haiiituel
la tète à Ephèse. avec les dieux et le> déesses ; que ce> divini-
Julien ne cessait d'écrire à tous les pbilo- tés descendaient sur la terre pour jouir de la
soplies, qu'il connaissait de réputation ou au- conversation de leur héros favori qu'elle.^ in- ;

trement, des lettres pleines de reproches obli- terrompaient doucement sou sommeil en tou-
geants sur <> qu'ils dill'éraienlà le venir join- clianl -'•es mains uu ses cheveux ; qu'elles l'a-

dre. Us accouraient avec de grandes idées de vertissaieul de tous les dangei~s dont il se
fortune. L'empereur les caressait, les faisait trouvait mena'é que leur >ag<«.>e infailiitiis
;

manger avec lui, Imvait à leur santé, les ap- le guidait iians chacune des actions de si vie,
pelait ses camarades ; mais cet accueil n'était et qu'entin il était si familiarisé avec- elles.

(l) L. XXII. n. 7. - (2) Greg. Nax., Orat., it. — (J) Lib., Orat., x. — (4) Jul., Op., L 1. p. t»6. &(«»•
bckui.
LIVBE TRENTE-QUATRIÈME. 197

qu'il dislinguaitsiir-lc-champ la voix de Jupi- prière où il lui demande le pouvoir de purger


ter lie celle de Minerve, el la figure d'Apollon l'empire romain de l'athéisme, c'est-à-dire de
des formes d'Heriulc (I). la religion chrétienne.
Mais oùla crédiditéct la superstition de Ju- Car Julien croyait à tout, excepté au chris-
lien se montrent le plus incroyables, c'est tianisme, li croyait aux songes, et prend Ju-
dans son discours en l'honnour de Cybéle. piter à témoin ipie plus d'une fois Esculape
Vers la seconde guerre punii]ue, les Romains, lui avait indiqué des remèdes pendant le som-
avertis, dit-on, par un oracli', envoyèrent meil (5); il croyait aux paroles magiques qui,
une ambassade solennelle à t'essinoiite en sans être entendues, guérissent l'àme el le
Piirygie, pour en aiiporler la statue de Cyhèle. corps il croyait à l'astrologie, aux arnspices,
;

Ce n elait ni plus i:i moins ipTune pierri^ in- aux auguri's, aux oracles, aux divinations et
forme. Le sénat commit l'homiae le plus ver- aux sup'rstilions de toute espèce; il croyait
tueux et la matrone la plus ehast»; pour la à toutes les fables du paganisme, à des fables
transporter du Tilnx dans le Ca[dtole. C'est incohérentes, contradictoires, obscènes, à des
ce (|ue rapportent Tile-Live l't Cicéron("2). fables dont la plupart îles païens eux-mêmes
Plus tard, les poètes embellirent ce récit. Ce se moquaient dès le temps de Juvéual (6); il
n'est plus une matrone qui reçoit l'idole pbry- se vante et ses amis le vantent comme un
gienne, mais une vestale, dont la vertu était homme en commerce avec les liémons, nourri
suspecte, et qui, pour preuve de son invio- par les démons, instruit par les démous, assis
lable puri'té, détaclie sa ceinture, et avec elle avec les démons, suivant les paroles mêmes
lire toute seule le navire qui portail la déesse de Libanius(7). Mais il ne croyait point au
et qui s'était arrêté immobile. Entre les di- christianisme, dont la seule existence est une
verses faltles concernant Cybcde, l'une disait preuve de sa divinité; il ne croyait pas au
qu'elli' aimait un berger nommé Atys, qui ne christianisme, qui a rendu po[mlaire un en-
devait aimer qu'elL' mais qu'un jour ce ber-
; semble de faits el de verili's que les anciens
ger lui ayant préféré une nymphe, Cybéle en sages pouvaient à peine entrevoir il ne croyait ;

fureur le mutila. En mémoire de quoi les prê- point au christianisme, qui a réalisé, et bien
tres lie la di'csse se faisaient la même ojiera- au delà, tout ce que Socrali- et l'Iaton avaient
lion les païens mêmes les regardaient comme
; imaginé de plus parlait pour la régénération
infâmes. i)r, Julien, ayant l'ail un pèlerinage de l'humanité; il ne croyait point au christia-
à Pessinoute, fui extrêmement scandalisé île nisme, à ce fait "universel ([ui remonte de
l'inditrérence «[ue montraient les habitants nous jusqu'au Christ, el du Christ, par les
pour la mère des dieux. Comme souverain prophètes el les patriarches, jusqu'au premier
ponlile, il lui nomma tout de suite une juê- homme, qui lut de Dieu il ne croyait point ;

iresse. De plus il composa un discours pour au christianisme, qui, maigre les Néron et les
réveiller la piété i)ulili([ue envers la déesse Julien, devait atl'ranchir le genre humain de
oubliée, prouver la réalité de sa puissance et la superstition de l'idolâtrie, civiliser les Bar-
la sainteté de son culte. En preuve que les bares et réunir tous les peuples en une société
Romains n'avaient pas reçu un simulacre ina- de foi, d'espérance el d'amour. Il n'y croyait
uimé, mais une puissance céleste, il allègue, point, ou pour mieux dire, il n'y croyait plus.
avec un long commentaire, la fabb; poétniue A[uês l'avoir professé vingt aus, il l'avait apos«
de la vestale, tout en avouant (ju'on s'en mo- tasie, il l'avait pris en haine el en poursuivait
quait lomme d'un conte de vieille, indigne la ruine. Mais il ne fait qu'en accomplir les
d'un d'un théologue; pour lui,
|>liilt)sophi' cl prophéties les plus mystérieuses; il ne fait
il proteste y croire devoti'mcnH3). yuantaux (lue s'imprimer sur le front, comme un éler-
amours de Cybéle el a son airoce jalousie, il utl anatheine, le mystérieuv nom pri'dit pat
8'elforce longuement, cnmiyeusemenl et inin- saint Jean, el dont la valeur niune: aie doit
lelligiblemiMii à tournei i-elle fable obscène donner Utiti il ne lait que s'impiimi'r le nom
;

eu une allégorie cosmoL;oniqiie. I.,a conclu- à jamais inlàme d'A/tostal, eu grec a (l) r. (SO)
Bion qu'il III tire, est d'expliquer pourquoi, (70) a (ti) a (1) t (:itiU) r) (8) i (-200); total,
dans mystères, il était permis île manger
li;s G60.
les liges îles légumes, et non pas le^ racines : Et quand il romaine,
relèvera l'idolâtrie
c'est que la tige, s'élevaul vers le ciel, y cette bêle assise sur septmontagnes, et qui
élève l'esprit de riiomine, et que la racine, avait été blesée à mort; quand il lui rendra
s'eufonçant en terre, y enfonce ri:s[)rit avec inopinément la vie et la parole quand, em- ;

elle. Ainsi, dit-il pour exi'mple, il est permis ployant la puissance de reiupire, il poussera
de manger la tige d'une rave, mais non la tout le monde à l'adorer, el pei-meltradc tuer
rave meme^i^. Par ce résultat du discours, on ceux qui s'y refusent quand il essayera de
;

peut jnyiîrdu iliscours unller. Pour Julien, il contrefaire cbrislianisiue clans les mer-
le
remercie tous les dieux, en pailiiulier leur veilles de sa doctrine el de sa charité, mais
mère, de lui avoir comiiiuiU(jue des luiuieies qu'au l'ond il parlera co.nme l'enfer quand il ;

aussi nier\eillt'usfs. Entin il leruiini' par une se glorilitïra d'être en commerce avec les dé-

(1) Liban., L^gat. iiJ Jiil., p. 1*7. Ornl pavnl., o Lxxxiii, ;109, 310, el nUbi. — (2) r. L., I. XXIX,
e. XIV. Cu., be aiiix/i. t-V-, 11. 13. — (3) 0/.. J'^l., t. I, ICO, llil.
II. — (4) //-II/., t. 1, p i7l. — Ifcj l<'>d;
L U, |>. 2J5. JDpuuli. - (ti) Juv., Sjt. u, V. [il. — (7, Lib., Ora(., x, l. 11, p. 233.
m HISTOIRE UNIVERSELLE DE LROMSE CATHOLIQUE.
mous, quMDil il infectPia avec les lilmlioiis S'iuvcrain pnntifedos idoles, il in«lilua dei
des idoles, et l'eau des fontaines, et les vivri-s pontifes intérieurs dans les province», qui c).--
des maicliis, il uo feia que ce que saint Jcnn surveiller le" i-acrilieat''nrs "iilmltcrrcs.
v.iieiit

avait prédit qu'il ferait (I). Et quaud, pniir Four régler leur croyance et leur cuiidiiite, il

donner la dcuienti au Clirist, il enlrepreodia leur écrivait des lettres pa^lorales. Il nous en
de rebàlii ; liTnjiie de Jérusalem, il ne fera reste deux ou trois. Ilaiis l'une, à Ar^ace, pon-
qu'aceomiillr à la lettre la parole du Chri^l, tife do Oalalie, il dit : • L'hellénisme ne va
qu'il n'y reritcrail pas piiTre sur pierre. Enli i, pas encore comme il devrait c'e»l la faute do
;

tout coinme le [lère du mensonge, il contri- ceux i|ui le professent. De la jtart des dieux,
buera, eu dépit de lui-même, au triomphe de tout est uraiid et niai;iiilique, cl, soil dit sans
la vérité. otlènser la divine Neniesi<, au-dessus de tous
Le but de secf êtes avec
ses conférences le» souhaits et de toute» \e- espérances. Cnr
Maxime autres philosophes «•liiit de
et les qui de nous eut osé se [irometire, il y a quel-
comiiiner et d'exécuter son plan il'altaque que temps, un changenienl si prompt et «-i
contre la relifiion chrélienne. Co plan eom- merveilleux? Mais croyons-nniis i|ue l-iul s<iit
preoitit deux choses : relever le pag;inisme de fait, et ne fienserons-nous jamnis aux ujii\ens

fon discrédit etahatlre le christianisme, moins par lesquels l'athéisme s'est le plus aeeréditii
par la violence ouverte que pur la ruse, la dan- le monde, je veux dire rhosj.iiidilé, le
Séduction et le ridicule. Lihanius (2), un de soin d'enterrer |.;3 murls, une vii- lé^'lée en
ces philosophes, nous appieud pourquoi la apparence'.' Ils jouent toutes les vertus. C'est
violence ne fut pas employée duectcmeut : à nous de les pratiquer véritablement.
c'est que l'expérience du passé faisait voir » Il ne suflit pas que vous soyez irrépro-

qu'on ne gagnait rien par ce moyen-là. En chable. Tous les prêtres de Galatie doivent
outre, la position des chreliens dans l'empire l'êlre comme vous. Employez la persuo-ion
romain n'étail plus la même que pendant les ou les menaces pour les obliger de vivre en
trois premiers n'y formaient pas
siècles. S'ils hommes de bien. Privez-les îles fonctions du
la société politique, ils étaient au moins, pour sacerdoce s'ils ne sont, eux, leursfemm<s,
le nombre, la moitié de la population. Or, leurs enfants et leurs domesii'iues. lide es à
i'on conçoit que des individus iïolé», tels que servir les dieux, s'ils >oullrent dans leur fa-
l'étaient poliliquement les clirétiens des pre- mille (ie ces athées d-- Gidiéens. Avertissez-
miers siècle-, se laissent égorger plutôt que les qu'un sacriticateur ne doit point aller au
de mettre en péril lElat enlier par une ré- théâtre, boire dans un labaret, exercer un
sistance inutile; mais est-il dit que 1j majo- métier vil et honteux. Témoignez de la c<in-i-
rité ::umériiiue, dont la religion a commencé dération à ceux qui vous obéiroul. i-t clia*sez
à passer dans les .'ois et les moeurs, doive se les antres. Etablis>ez en chaque vilb- plusieurs
laisserégorger par la minmilé, sans qu il lui hiq>itMUX pour exercer l'humanité envers les
soit permis de repousser la lorce par la lorce V étr.iiiiicrs, non-seulement d'entre b-s nôtres,

Julien devait de toute nécessité préférer la mais envers tous, dès qu'ils sont pauvres. Pour
ruse à la violence ouverte. commencer à fournir les fonds néc^'ssaires,
Rien ne fut omis pour remettre le paga- j'ai ordonné que la Galatie vous donnât,
nisme. Ses temples lurent rouverts, ses au- chaque année, trente mille boisseaux de fro-
tels redressés; sus idoles, ses prêtres, ses de- ment et soixante mille s«-tiers de vin dont je
vins, ses fêles, entoures de richesses et do veux (|ue le cinquième soil au pr<»tit des pau-
privilèges. Mais il fallait surtout le relever vres qui servent les prêtres, et le reste ^ora
dans l'opinion publique. Depuis trois siècles distribué aux étrangers et aux mendiants. Il
les chrétiens faisaient voir ?ans cesse, sous e>t honteux i|u'aiicuii Juif ne mendie, et que
mille formes diverses, sérieuses et plaisauU'.-, hs impies Galileens, outre leurs |iiiuvre5, nour-
que le paganisme n'avait ni dogme ni mo- rissent encore les notre*, cjue nous liii>sons
rale que ses dieux et leurs histoires lubu-
;
manquer de tout, .\pprenez aux hellènes à
ieuses n'étaient que contradiction cl infamie ; contribuer pour ces dépenses ipie leurs vil-
;

que la seule murale qui eu re.-ultail, c'était le lages idl'reiit aux ilieux ^es prémices de leurs
meurtre et la débauche. Les idées cliiéiienncs fruits; montrez-leur ipie ces lilieuililé? sont
\ommencaient à devenir la raison publique, de nos anciennes maxime». » lie quoi il cite
tous ce rappnrt surtout, Julien et ses plulo- en preuve ce que «lit. dan^- Homère, b- i<ardeur
soplies avaient à co^ur de relever le paga- des porcs d'L'lysse. sui l'ubligalion d'as-isler
nisme arts, sciences, lilieraluie
:
pié.Me, , les élraiifters et les pauvres, comme envoyés
philosophie, tout lut mis en œuvre. Le lésul- par Jupiier, et il coiiclul • Ne
; souirions
tat fut de constater l'impuissance ;il)*olue do donc p>is que d'autres nous cDlèvent notre
tout cela; car, pour donner au paganisme gloire, ni qu'en imitant b-s ver us dont nous
seulement anc aiiparence de morale, Julien avons parmi nous l'oriiTiiml et le modeb-, iU
et ses pliilosophes furent obliges d'emprunter ctuivreiil d iqijirobre notre uCgli-'enceel notre
cette appaience même uu chl•i^lianisule. inhumanité, ou plutôt, ne tniliis.-ons pas
Nous en voyous la preuve dans ses propies nous-inème- notre religion, ne de-hoiion>iis
écrits. pas le culte des dieux. Si j apprends que voui

(l) Apocol., xm. — Cî) t^-, O'""'-. »" I»


**•*•
LIVKE 'l'RENTE-QUATRlftME. IM
rpmplissez tous ces devoirs, ie serai comblé a rien d'immortel dans les choses humaines,
de joie. et «jue les prophètes qui ont écrit là-dessiH
» Voyez rarement chez eux les gouverneurs ;
n'ont dit qui; des balivernes, comme n'ayant
contenii'z-vous, pourrordinaire.de leuri''i;rire. allaire qu'à d'imbéciles femmelettes. Ce Dieu-
Ou.ind ils feront leur entrée dans une ville, là donc peut être grand mais certes il a de ;

qu'aucun des prêtres n'aille au-devant d'eux. mauvais prophètes et de mauvais interprètes.
Seulement, lorsqu'ils viendront aux temples Cela vient de ce qu'ils n'ont pas purifié leur
de^ dieux, on ira les recevoir dans le vestibule. âme par un cours de Irltéiature, ui ouvert les
Qu'ils ne s'y fassent point accompagner de yeux à la lumière. Combien nos poètes ne
soldats, mais qu'il soit liUre à qui voudra de l'emporteut-ils pas sur eux (2)1 »
les suivre car dès qu'ils mettent le pied dans
;
.lamais on n'a vu raisonnciient pareil. Les
le temple, ils deviennent de simples particu- propliêios avaient prédit que le temple de Jé-
li.rs. Vous seul avez ie droit de commander, rusalem serait détruit un», dernière fois, et
piii'^iiuc les dieux l'ordonnent ainsi. Ceux qui que cette dernière désolation durerait sans
8C soumettent à cette loi, font voir (|u'ils ont lin (3). Le (ihrist avait ajouti- qu'il n'y reste-
vi'ritablemeiit de la leligion. Les autres, qui rail pas pierre sur pierre. Jul en avait voulu
ne veulent pas se dépouiller un moment de leur donner un démenti en rebâtissant le
leur fasln et de leur grandeur sont «les , temple. Il avoue qu'il n'a pu y réussir, et il en
hommes superbes, remplis d'une sotte vanité. conclut Donc les prophètes sont des sots et
:

Je suis prêt à secourir les habitants de


)) des aveugl s En vérité, il ne sait ce qu'il dit.
!

Pessinoule, pourvu qu'ils se rendent |iropico Cela est si vrai, qu'il dira dans la mèmL
la mère des dieux. S'ils la négligent, non- lettre « Touchant les dieux, il faut croire
:

si'u:emenl ils si-ront coupables, mais encore, d'abord (ju'ils existent ensuite que leur pro- ;

j'ai peine à le dire, ils ressentiront mon indi- vidence s'étend aux choses d'ici-bas euhn, ;

gnation. Car, suivant Homère, c'est un crime (ju'ils ne font jamais de mal ni aux hommes
d'avoir ni égiird ni jtitié pour les ennemis des ni à d'autres, et qu'ils n'ont entre eux ni en-
ilioux immortel-. Vous leur ferez donc en- vie, ni jalousie, ni guerre ce que nos poètes :

tendre que s'ils veulent que je les assiste, ils ayant écrit, ils sont devenus méprisables :

doivent tous ensemble invoquer la mère des tandis que les prophètes des Juifs, parlant
dieux (I). » avec suite et accord, sont en admiration aux
On voit, dans cette lettre, où Julien prenait mallieureuxi]ui s'affilient aux Galiléens (4). »
les modèles de charité et de vertu pour ses Voilà comme Julien est d'accord avec lui-
prêtres c'était chez les chrétiens. Ses dieux
: même. Là, les prophètes dos Juifs sont bien
sans nombre ne lui en présentent pas un. On au-ilessous des poètes, parce qu'ils ont prédit
a dit avec, beaucoup de justesse que les païens que le temple ne se rebâtirait pas, et que le
avaient une morale, mais que le paganisme temple ne s'est pas rebâti. Ici, les poètes se
n'en avait point. Ils en avaient une, ils la rendent méprisables, ainsi que leurs dieux,
mettaient quelquefois en pratique, non pas parce qu'ils en parlent à tort et à travers, et
comme païens, mais en tant qu'hommes. Le les ju-ophêtes sont en admiration parce qu'ils
paganisme la croyance à des dieux sans
,
parlent d'une manière sensée.
ncmibrc ne présentait d'autre morale que
, Les autres raisonnements de Julien sont
des exemples sans nombre de vices et de aussi curieux. Ainsi à la même liage , il ,

CT-imes. l'our lui donner une morale ditïérenle, blâme les poètes d'avoir attribué aux dieux
il fallait lui donner une croyance ditl'érente. des jalousies et des guerres, et il ordonne
Julien n'en su|)i)ose encore d'autre, eu cette que les prêtres cliantent les iiymues où les
lettre, que la croyance vulgaire des dieux. mêmes poètes disent des mêmes dieux les
Dans un autre Ira^nnent, il montre quidque même-: choses; et il (Hablira, (lar une loi,
velli'it('! de la changer, mais sans oser le dire que (piicon(iue voudrait inter[U'éler Homère
nettement. et Hésiode, devait admettre, avec les païens,
C(; lia'.;ment est d'jije lettre adressée pa- tout ce ipi'Homère et Hésiode (lisent sur la
reillement à un pontife, mais après la vaine généalogie les am(uirh et les guerres des
,

eiiln!|iris(! pour rebâtir le temple de Jérusa- dieux. Ainsi il ne veut pas que les prêtres des
lem. Julien y fait cet iucroyable raisonne- idoles lisent des fables surtout des fables ,

ment « Que personne ne noustromi»; par des


: érotii]ues , mais de; histoires sérieuse-; et
niMides que nul ne nous épouvante, touchant
: réelles Or, les histoires des dieux n'étaient
(.")).

la Providence; car les prophètes des Juifs, que des tables, et des fables erotiques. Ainsi
qui nous blAment, que diront-ils de leur encore, il détend aux [irètres de fréquenter
temple ruiné jnsciu'à trois fois et ipii n'a pu les spectacles (15), et cependant les spectacles
fclre rétabli ju-qu'à ce jour'/ Je ne le dis pas les plus impurs se fais;iient en l'honneur des
pour leur en l'aire un reproche ; car moi-même, dieux; les dieux eux-mêmes les avaient de •

après un si loni; intervalle, j'ai voulu le rele- manilés sous peine des plus terribles fléaux.
ver en riionnenr du dieu qu'on y invoque. Je Finalement, Julien ne pouvait reco nmauder
le rappelle seulement pour faire voir qu'il n'y aux prêtre^ de ses dieux aucuiu'" modestie, au-

il)
Juliani Opéra, t. I, p. 229, Ma. Sfinnli. — '2) Ibifl.. p. 195. — (3) Daniel, ix. — (1) Jul..
, , t. I, p. 30t. - (i) Ibid., p, 301. —
(6^ IbU., p. m.
w HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÊGI.li-t (.A lilul.lgUE

cune vertu, sans condamner par là même ces Témoin On rendait aux empereurs
ses actes.
dieux. et à leurs images une adoration purement
Quant au dogme, fondement de la morale, civile. L'attilitfieux Julien en piulitu pour ha-
il est encore plus vague et plus incoliéreiil, bituer les chrétiens à la vue et au culte des
ou plutôt J3 n'y en a point. Julien se con- idole-. Il se fit représenter avec ses dieux.
tente de (Icfenilre, en général, à ses prêtres Dans un de .ses tableaux , par exemple, on

de lire Arcliilnquc et Demonax, ainsi -lue voyait Jupiter, sortant d'un nuau'e, lui offrir
tous les pdél'.'S trop nmrdanU ou trop libn-s. le diadème et la pourpre. .Mars et Mercure re-
Ils doivent étudier les philosophes, mais non gardaient le prince avec coraplai>ai;ce et j>a-
pas encore sans distinction ils ne doivent ; raissaient applaudir à son éloquence et à sa
donner accès ni au système de Pyrrlu)n, ni à valeur. Dans des médailles, Julien lui-u.êmc
celui d'Kiiicure, destjuels il remercie les dieux parait en divinité avec un !"oisseau sur la leU»
d'avoir tellement aliuli les sectes, que la jilu- et avec cette inscription Au dii u i^ér.tpis. .

part de leurs livre» avaient disparu. Les phi- Dans d'autres, il est accole au chien Anuids,
losophes que les prêtres ji>uvent lire, sont divinité aboyante de l'Etfspte (3;. Les chré-
teux ijui reconnaissent lesdii'UX pour auteurs tiens se trouvaient ainsi dan.» l'alternative le
et qui en inspirent le culte, comme l'ylha- paraître ou adorer les ilieux ou manquer de
gore, Platon, Aristote, Chrysippe et Zenon (1). rcs|iect pour l'empereur. Ceux qui s'aperce-
On voit que Julien avec ses |iliilosophes du
, vaient du piège et refusaient d'y donner,
quatrième siècle, n'était pas plus avancé que étai'Mit traités de rebelles, et punis comma
les anciens. Sous un Dieu suprême et invi- criminels de lèse-majesté.
sible, auquel il ne rendait aucun culte, il re- il employa des artifices semblables pour
connaissait une foule de dieux et de démons, pervertir les soldats. Outre le vin et la bonne
qu'il adorait ou faisait semblant d'adorer avec chère des hécatombes, qui les familiarisaient
la poimlace. déjà passablement avec les fêtes païennes, il
La lettre finit au choix des prêtres, et veut fit oter du labarum le monogramm<ybi Christ

que l'on ne considère (jue leur atlêction en- pour y p'mettre une idole ; il plai;a*).'aleraent
vers les dieux et envers les hommes, sans dans les autres drapeaux la figur.- de quelijue
s'arrêter aux richesses ni à la naissance. Pour dieu. Pour de ce changement, un
tirer parti
les exciter à la libéralité, Julien dit » Les : jour qu'il di^tribue^ de l'or à ses
devait
impies Galiléens ayant observé que nos prêtres troupes, il parut assi^- sur son tribunal, envi-
négligeaient les pauvres, se sont appliqués à ronné de ces étendards profanes, ayant à cùlé
les assister ; et comme ceux qui veulent enle- de lui des charbons allumés et île l'encens.
ver des enfants pour les vendre, les attirent Chaque soldat venait à son tour baisor la maia
ja leur donnant des gâteaux, ainsi ils ont de l'empereur et recevoir sa libéralité; mais
jeté les fidèles dans l'athéisme, en commen- auparavant on l'obligeait à jeter dans le feu
çant par la charité, l'hospitalité et le service quelques grains d'encens. Il y en eut, selon
des tables; car ils ont plusiiurs noms pour Sozomène, qui refusèrent hautement d'aeheter
ces o'uvres, qu'ils pratiquent abondamment. » à ce prix la largesse qu'iui voulait leur faire ,4).
Julien voulait pousser plus loin l'imitation D'autres, ayant été avertis à temps, feigniivnt
du christianisme, et établir dans toutes les d'être malades et s'ulisentèrent. La plupart,
villes des écoles publi(|ues semblables aux éblouis de l'éclat de l'or et interdits j>ar la
églises, où l'on fit des lectures et des explica- présence de l'empereur, n'eurent pas la lorca
pour la morale, soit pour les mys-
tions, soit de reculer, et coutractereiit un engagement
tèresque l'on priai à certains jours ei à
; funeste, qu'ils n'osèrent rompre depuis. Plu-
certaines heures, à deux chœurs qu'il y eût ;
sieurs, par un excès de simpiuitè, crurent de
des châtiments réglés pour les fautes, des pré- bonne foi ce que leur iliïaient des gens apos-
parations pour être initié aux cérémonies sa- les que ce leit et cet encens étaient un ancien
:

crées. Outre les hôpitaux, il voulait établir cérémonial qu'on renouvelait, et qui ne lirait
des monastères c'est-à-dire des lieux de re-
; point à consequcnci- pour la religion.
traite, de méditation et de purification pour Oi.elque.>-uns de ceux qu'on avait ainsi
ies hommes et pour les viergi's. U admirait trom|>ès, s'etant mis à table, invoquèrent, se-
Wtre autres l'usage des lettres ecclésiastiques lon la coutume, le nom de Jérus-Clirist et fi-
que évèques donuaieut aux voyageurs, cl
les rent le signe de la croix sur hurs courtes
sur lesquelles ils étaient reçus par tous les avant que de boire. Mais qu'fcst-ie ceci'.' leur
chrétiens avec toute sorte de charité (2). Ainsi demanda un de leur camarades ; vous invo-
Julien, pour rendre son pagani>me quelque quez le Christ après l'avoir renonce! Com-
peu resjiectable, ne trouvait d'autre moven ment répondirent les autres, demi-ioorts df.
'.'

que de contrefaire le christianisme. Tertuiiien surprise : que voulez-vous dire? C'est, dit-il,
l'avait déjà dit Le diaMe est singe ite Dieu.
:
que vous avez jeté de l'encens dans le feu I
Mais avec toute sa phdo-ophie^ et tous ses Aussitôt, s'arrachanl les cheveux et poussant
phdosophes. Julien ne put tirer de l'idolâtrie de grands ciis, ils courent à la place pubh-
que de l'idolâtrie, et de l'idolâtrie vulgaire. que, crjant à haute voix Nous sommes chr6- :

tU JUl. , Qp.,
- >i^
m et 301. -
(î) Grep. Nai.. Orat..
1,4)^01. ,1. V,c. XVII.
m : Soc. 1. *.c. XTiTlieod.. I. H. o. n. — Ci Bta-
^v^tfa_or_*ffo^^
^«^
5T-
«.y MlCH*EL-e
i y COLLEGE
LIVRE TRENTE-QUATRIÈME. 201
tiens dans le cœur que tout le monde l'en-
;
rage. Jovipn et Valentinicn furent les plus
tende, et Dieu premièremeut à qui nous vivons distingués. Ils su cédèrent depuis à Juliej l'un
et pour qui nous voulons mourir Nous ne ! après l'autre, et retrouvèriMil au centu|)ie,
vous avons point trompé, Sauveur Jésus! même dans cette vie ce qu'ils avaient perdu
nous n'avons point renoncé à la bienheureuse pimr Jésus-Christ. Le premier éiait alors tri-
'•ontession Si la main a failli, le cœur ne l'a
1 bun ou général. Il ([uitta le service sans ba-
point suivie. L'empereur nous a trompés ;
lancer; mnis Julien, (|ui avait besoin de cet
nous renonçons à l'impiété nous voulons , ol'ficier, ne laissa pas de l'emmener en Perse

l'expier par notn- sang. et de lui donner de l'emploi. La disgrà-e du


Ils courent juscpi'au palais, et jetant aux second eut quelque chose de plus éilalant :

pieils de l'empereur l'or qu'ils avaient reçu, elle parait avoir eu lieu avant la loi dont il a
ils s'écrièrent ; Vous ne nous avez pas fait uu été parle. Ca|diaine de !a première cnmiiauiiio
présent, vous nous avez condamnés à moit : des gardes, d ne se faisait point scrupule
faites-nous grâce immolez-nous à Jésus-
, d'accoinp.igner Julien jusque dans les temples,
Christ, jelez-nouK dins le feu, coupez nos attentif sans doute à ne prendre aucune nart
mains iTJminelles, de nnez votre or à daulies, aux actes de religion. Un jour donc (pie l'em-
cjui le i)rendront sans regret. Julien fut telle- pereur arrivait en grande cén-monie, et en
ment irrité de leur hardiesse, que, dans le dansant, au temple de la Foilunc, les minis-
premier mouvement, il commanda de li'ur tres de la déesse, ranimés en haie de coté et
couper la tète. On les mena hors de la ville, d'autre dans le vestibule, lirent les aspersions
et le peuple les suivit, admirant leur courage. ordinaires sur le prince et sur son cortège.
Quand ils furent arrivés au lieu de l'exécu- Une goutte d'eau lustiale lomba sur le man-
tion, le plus âgé de tous pria le bourreau de teau de Valentinien. Aussitôt, dans sa viva-
commencer par le plus jeune, de peur que le cité ordinaire il donne un coup de poing au
siip]dice des autres ne le décourageât. Ce ministre i]ni lui en avait jeté, disant ,u'il l'a-
jeune homme, nommé Romain, s'était déjà vait souillé d'ui e eau im|jure, et ai raidie l'eu-
mis à genoux, et le liourreau avait l'épée nue droil de son nianleau qu'elle avait touché. Le
à la main, quand on vint annoncer la grâce philosophe Maxime, qui marchait à coté de
et crier de loin de ne pas les exécuter. En Julien, lui lit remanpier celte brusipieiie,
ellVl, Julien y ayant fait réflexion, ne voulut qu'il ti-aitail de sacrilège. Au retour, Tempe-
pas leur donner la gloire du martyre. Le reur relégua Valentinien dans une garnison
ji'tint; soldat en fut péni'lré île douleur, et dit : lointaine, sous prétexte de négligence de ser-
(;'est i|ue Homain n'était pas digne de porter vice, ne voulant pas lui proeurer l'honneur
le nom de martyr. Julienne leur fit giàce d'avoir confessé Jésas Christ (3).
que de la vie, et les bannit aux evtr .'iiiilés do Aux séductions d'un coté Julien joignait
Yenipire, avec défense de demeurer lians les les vexations de l'autre. Il priva les ccclés as-
villes (I). tiques des immunités que Constantin et ses
Comme on le pense bien, sous un prince enfants leur avaient accordées, et dépouilla
apostat, l'apostas e conduisait à tout rlle te- : les églises des revenus que ces mêmes princes
nait lieu de mérite ; elle c<iuviail les fautes avaient assignés pour la subsistance du clergé
passées, et donnail droit d'en commettre de et des pauvres. 11 alla plus loin il or tonna
:

nouvelles, il fit une loi pour exclure les chré- que ceux i\m avaient vécu de ces pieuses li-
tiens des gouvei'nnments de provinces et des béralités rendissent ce ipi'ils avaient reçu. Ni
emplois militaires, disant qu'ils ne jiouvaient, les veuves ni les viei-gt-s n'étaient à l'abri de
en conscience, remplie ces charges, [larce (|ue CCS odieuses poursuites. Ceux qui avaient eu
l'Kvangile défend de tirer l'épée. La plupart part à la destruction des tem|iles étaient con-
de ceux qui étaient en place s'aci^ommodérent damnés à les n'dablir ou bien à en payer le
au temps. Les séductions de toute es|)èce dé- prix. Une infinité di' gens, éveques, clercs et
ina-qucrcnt une loule de ju^élendus cliréliens, laïques, se trouvaient coup ibles de ce ^'rime
qui, n'ayant enduassi- le christianisme que prétendu; et ne pouvant ni ne vou'ant le ré-
comme on prend une mode, le (|uil(cri'nt avec parer, étaient appliqui's à des tortures atfieu-
la mc'ini' l'acilitt;. Uiicl(|ues-uiis,parbi'ii^t'aiice, ses et jetés dans des |uisons, d'où ils ne sem-
at ciidiri'ut les premières id les secondes sol- blaient pouvoir sortir que |iar la mort, qu'on
iicilations. It'aulies, sans aucune pudrur, se leur refusait, ou par l'apostasie (jui est plus
lirciit un mérite d'' préverur les volontés d'un terrible à un chri''lien que la mort. En sorte
prince dont la jeunesse scuiblait leur assurer que si cette persécution n'i'dait |>as si géné-
une fi/rlune brdiante cl solide. Ils ne pré rale «pie les précédentes, elle pouvait passer
voyaient |ims cjM'avanl deux ans la mort fi'ap- pour plus cruelle à certains égards (i).
perail leur idole et (dian;^irait leur faveur en On en voit un échantillon dans Marc, évè-
disgrâce ei leurs hoiuieurs en infamie ('2). que d'Arèlhuse en Syrie. Il s'était attiré la
i.ependani, au milieu d'une prévarication haine des iulidèles en travaillant à leur con-
si universelle, il y eut dans tous les ran^js des version avec tnqi de vivacité, et surtout en
chrétiens généreux, qui signalèrent leur cou- détruisant, sous Constance, un des temples

(J) OrPR. Nnz.. Oral., m ; Ttipod., t. III, <:. xu. — (2; Mk/. Liban, Or., x: Soc, I. III, e. xni. — (J)
boc, I. V, c. V Tlieud.,
; I. 111, c. xvi ; Sox., 1. V, c. xvii. — (4) Greg. Nm., Or,, lU. La Bl»ltario.
m HISTCIIRE UNIVERSELLE DE LÉCiLIRE CATIIOLIQUE
les plus (élil)ies. Sous Julii'n, voyant Icui niai'< dans une v
Ih- p<ilicée. Donc, jiour leur

ha ne proie A Mater, il prit la luiie ;


mais, aider pratiquer leur admirable loi et leur fa-
.1

oyanl su qu'on avait pris à sn p'ace quelques ciliter l'entrée du royaume des cieux, nous

personnes rie son lrou[)i'nu, il revint et se li- avons ordonné que tous les biens de régli><-
vra aux pcrséituteurs. Ils le |)riicnt tout le ;
d'Edesse lui soient ùlés l'argent pour être :

peuple païen s'amassa autour de lui ils le : distribué aux soldats, les fonds de terre pour
triiiiiéieiit par les rues, le prenant aux ehe- èlre réunis à notre domaine, afin que, deve-
vcux et partout où ils pouvaient atteindre, nant pauvres, ils soiefil plussage.sot ne soient
sans avoir pitié de sa vieillesse ni respeeter sa pas privés du royaume des cieux qu'ils espè-
vertu et sa dociriiu!. Ils le ilépouil erent pre- rent. Que si l'on irrite de nouveau notre phi-
mièrement cl le fouetlùrei l par tout le eorps ;
lanthropie par de- émeutes et des querelle-,
ensuite ils le dans des cloaqui's in-
jclérent la ville entière l'expiera par h- fer, l'exil et le
» Telle est la lettre de Julien (2). Dans le
fects; puis, l'en ayant retiré, il? l'abandon- feu.
nèrent à la multitude des cni'ants, avec ordre langage oCheiel d'nu empereur romain, tcul
de le percer sans miséiieorde avec les slylels le monde s'attend à de lu dignité et de la gra-

dont ils écrivaient. On lui serra les jamlies vité. On ne voit ici qu'un sophiste, mauvais

jusqu'aux os avec des cordes; on lui coupa plaisant, qui fait du de-poti-me en farces et
les onilles avec du fil fort et délié; api es en boulfonneries. Sous lo même prétexte dé-
quoi ils le fioUèient de miel et le mirent dans risoire de fairi! pratiquer aux chn-liens la
un iianier suspendu en l'air, au fort de l'éié.à pauvreté évangélique, il étendit la s|Hjllation
midi, au plus grand soleil, pour attirer sur à toutes les égli.-.es et fit enlever générale-
lui les alieiUes et les guêpes. Ils le tourmen- ment partout l'or, l'argent, les vases précieux
taient ainsi pour le contraindre à lebàlir le et les aulrei richesses (.'{). Avec la même déri-
tem|de qu'il avait alialtu. ou. du moins, à en sion, défendit aux chrétiens de plaider et
il

p;iyer les fiais mais il .-oulfril tout sans vou-


;
de se défendre en ju-^iice, attendu que l'E-
loir Jamais rien promettre. Et comme ils cru- vangile leur ordonne de supporter les in-
rent que sa pauv;eté le mettait hors d'état de jures.
tr(iuv(M' uni' <\ grosse somme, ils lui en remi- On conçf)it quelle licence ce langage tl
rent la moitié; mais, loin de leur accorder cette conduite durent inspirer aux jtaiens. A
rien, il les raillait encore, suspendu comme il Gaza et à Asialon,en Palestine, ils prirent de*
était el percé de coups, leur di-ant ()u'ils prêtres el des vierge-, leur ouvrirent le v<."n-
étaient lias et terrestres, cl lui céleste et élevé. trc et y jetèrent de l'orge qu'ils firent maouer
Ils se réduisirent à lui demander une petite à des poniccaux, pour les engager à leur dé-
pallie de la dépense; mais il leur répondit vorer les entrailles avec le ^raio qui les cou-
qu'il y avait autant d'impiété à donner une vrait. Ceux de G:i/.a saisirent, entre autres,
idiole qu'à donner tout. Enfia, vaincus par sa trois frères qui se tenaient caché- dans leurs
patience, ils le lai-isèient aller; même ilans la maison-, les battirent de verges il le* empri-
suite ils reçurent de sa bouche les instructions sonnèrent. .Mai-, peu api es, s'élant réunis au
de la vérilalde religion. Le iirefet d'Orient, théâtre, ils entren-nt dans une telle fureur,
tout païen qu'il était, ne put s'empêcher de qu'ils coururent à la prison, en tirèrent les
dire à l'emiierewr à ce sujet « 11 nous est: trois frères et ^e min.-nt à le traîner tantôt sur
liieii honteux d'être vaincus par un vieillard le ventre, tantôt sur le dos, les déchirant con-
qu'il ne nous serait pas même glorieux de tre le pavé et les frappant 'le pierres, de bâ-
vai. cre. Je cr.iins que loutci-ci ne tourne à no- tons et de tout ce qu'ds renruntraient. Li»;s
ti(! confu-jon et à la gloire des chrétiens. » femmes mêmes, quillunt leurs ouvrages, les
Julien n adressa pas un mot de reproche aux piquaient avec leurs fuseaux; les cui>inicrs
païi'Ds d'Aiéthuse. Cependant l'éveque .Marc qui étaient dans la place publi(|ue prenaient
lui avait sauvé la vie dans son enfmce, loi-s- leurs chau ières de dessus le feu el ver-.iieul
qu'il faillit périr dans le massacre de sa fa- sur eux l'eau bouillante ou les |(erç.iienl de
mille (I). leurs broche-. Après les avoir mis en pi.ces et
La justice île Julien égalait sa reconnais- leur avoir caisse la tête, en snrle que la cer-
sance. La ville d'Ldesse (>lait pour la |ilus vell"? était répandue parterc, il>|esiraiiiiTent
grandi' partie catholique. Des ariens y ayant hiir- lie la ville au lieu m'i l'on jetait les Ih-Im
molesté quelques sectateurs de Val •nlin, Ju- mortes, les y brillèrent «tmeièrent leurs o-s<y
lien écrivit la lettre suivante nj ai résolu : ments avec ceux di's animaux. Le gouverneur
d'usii- avec tous les Galilecns d'une telle dou- de la province, païen lui-même, ne put s'em-
ceur et philanthropie, qu'aucun d'eux, en pêcher de reprimer les paicns; il en mit en
quelque lieu que ce soit, ne souÛ're aucune prison quelques-uns des plus x'ditieux, mais
vie ence, qu'il ne soit ni traii.é an temple ni après avoir condamné à ninrl p'.u-iours chré-
maltraité en aucune manière, contre sa pro- tiens. La ville même s'HlIeiidail.dc la part de
pre opinion. Mais les ariens, insolents de leui-s rem|>ereur, à des chtiliments plus si-vères;
richesses, ont attaqué les valentinicns et ont déj I l'on disait qu'il la ferait décimer; mais
commis à Edcsse des excès qui n'arrivent ja- c'était un faux bruit. Julien ne leur fit pas

(Il Greg. Naz. Or., m, Theod., 1. III. c va : Soz., 1. 'V, c. x. — (î) Jul.. epiit. xuii. — (3) Greg. N«v.
Oru .,w, p. 8(iel91i Soioiu., I. V.c x.
.

LIVRE TRENTE-QUATRIÈME. »S
mémo une rt'primande par lettre?; au con- chrétiens, les ruiner les uns par les autres, et
traire, priva de sa charçc le gouverneur et
il élever sur leurs débris le culte des idoles. Tclle.s
i'exila, parce (]u'il avait mis en prison les au- étaient, Suivant son panégyriste Ammien
teurs du miissaere. Car, disait-il agréable- Marcellin, ses véritables intentions. Voilà
ment, est-ce une si grande atl'aire qu'une pourquoi il appelait dans son palais les évèques
Ironpc d'iiellènes dixGaliléons ())?
ait tué et les chrétiens des partis contraires, les ex-
On le vi)it,Juiienavaitbeau parler clémence hortant finir leurs discordes mutuelles et à
1

et philnnlhropie, il avait beau rapiécer son suivre chacun sa religion sans crainte. Il le
manteau de i)hilo?ophe avec des lambeaux de faisait exprès, dit Ammien, pour augmenter
cbristianisrae, sa liaine et sa cruauté n'en pa- les dissension* par la licence, et n'avoir point
raissaient pas moins à travers; il n'en oubliait à craindre l'union du peuple. Ecoutez-moi,
pas moins d'être empereur, d'être b' père s'écriait-il dans ces audii'nces insidieuses,
commun de ses sujets, pour les armiT les uns écoutez-moi : les Allemands et lesFrancs m'ont
contre les autres, au basard d'éliranler tout bien ('coûté (4).
l'empire. Afin de pouvoir mieux accabler les Le schisme écoula l'apostasie, les donalistes
chrétiens, il s'eflbrçait île les rendre mépri- com[uircnt Julien. Leur insolence et leur fu-
snhles de là le sobriquet de Galiléons, qu'il
: reur avaient fait bannir leurs chefs par l'em-
airectait de leur donner, comme, dans le mi'me pereur Constant. Dès lors la tranquillité était
dessein, d'autres inventèrent plus tard celui revenue en Atritiue. Mais sitôt qu'ils virent
de papistes. Ce qui prouve bien une chose, à Julien seul maître de l'empire, leurs évèques
savoir, que le premier, se sentant embarrassé exilés lui adressèi-ent uni^ requête pleined'adn-
du suinom d'Apostat, qui s'attachait à lui lalion, (lisant à cet apostat que la justice S(!ule
comme une éternelle ûélrissure, et les autres avait accès auprès de lui. Julien leur accorda
du nom de luthériens et de calvinistes, ils facilement leur demande, persuadé que c'était
auraient voulu imprimer un nom pareil à le moyen le plus propre de ruiner le chiistia-
ceux (jne l'univers a continué de nommer pure- nisme en Afrique. Rien n'énale, en elï't, la
ment et simplement ihrétiens et catholiques. fureur à laquelle s'abandonnèrent ces fana-
Ce que Julien craignait le plus, ce n'était tiques. Us s'emparaient des églises à main
pas d'être tyran^ mais de le paraître. Après sa armc'c, ils en chassaient les évoques, brisaient
haine contre le christianisme, sa passion do- les auti'ls et les vases sacrés, éitorgi'aient les
minante était d'être loué. Ammien reconnaît prêtres et les diacres, violaient les vierges
que cette passion était sans bornes et qu'elle consacrées à Dieu, mettaient les hommes en
le porta souvent à des choses plus dignes d'un pièces, outrageaient les femmes, tuaient les
bouflon que d'un empereur. Ajoutez-y une enfants dans les entrailles de leurs mèn-s,
\iolenle aversion pour tous les actes de son profanaient les saints mystères jusqu'à les je-
prédécesseur. Il suffisait que Constante eût ter aux chiens. On reconnut, en un mot, la
fait une chose pour que Julien fit tout le con- race forcenée des circoncelliims. Leurs évèques
traire. Or, comme Constance avait souvent prétendaient se saneiilier par tant d'horreurs,
mal fait, il arrivait quelquefois à Julien de et les |peu|des juraient [lar le nom de ces pré
bien faire. Ainsi Constance, dominé par les lats sacrilèges comme par celui de Dieu
ariens, ayant e\ili'; les évèques catholiques, même (5)
Julien les rappela. Mais il écrivit en même D'un autre côté, les ariens n'ayant plus l'ap-
temps .1 rbiMi'siarqne i'holin une lettre de fé- pui de la cour, comme sous Constance, se
licitalion, de ce i|u'il niait la divinité de Jésus- virent abaissés et déclinèrent. Les catholiques
Christ (2). il éciivit éi;»lemcnt à l'hiri'siarque pi'olitèrenl de la tolérance générale pour gué-
Aélius, surnommé l'athée, la lettre suivante : rir les maux de l'Kghse. Saint .Mêlêce revint
M Julien, à révécjne Aétius. J'ai remis la peine à .\ntioche Lui-ifcr et saint Eusèije de Veiceil
;

de l'exil à tous ceux c|ui, sous Constance, partirent de la Thebaide pour revenir eu Occi-
avaient été bannis pour la folie des Galiléens. dent. Mais saint Athanaso n'osaquitter encore
Quant à vous, non-seulemintje vous fais cette sa reliaile, parce que Georges était toujours
remise, mais, me rappelant notre ancienne mail're à Alexandrie.
connaissance, je vous engage à venir nous Durcrte, la tolérancede Julien u'étail(|u'une
voir. Vous aurez à votre disposition les voi- grimace de philanthropie pour diviser les
tines piiblii|ues jusqu'à notre cour (IJ). » On chiétiens de plus en plus et bs ruiner les uns
voit,par celle dernière lettre, cond)icn l'im- jiar les autres. Le fond de son àmese découvre
piiHc de Julien était violente, puisque, dans dans la loi qu'il porta vers ce temps, pour leur
une invitation amicale à U[i homnn' ciu'il ipia- défendre, non-.-euIcmeni d'enseigner, mais
d'evi''que,«il ne peut s'empêcher «le traiter
lili'- enroie d'eludier les lettres huuniines. Voici
le cinislianisine de folie. On enlievoit aus-^i celle i>ièce, plus diij,ne ilun mauvais sophi.te
Eou vrai dessi'in. Les di'ux hérésiarques n'é- que d'un législateur. « L'in-tructioa véritable,
tJiienlguêie plus cbri'tiens que lui. Il b'ur à notre avi-, ne consiste [loint d ms les paroles
éciit,il les care>se pour donner du cri''iil a tii dans un langage hainionieux et niagni-
leur impiété, ungraentcr la divison paimi les Lque, mais dans la saine disposition d'un e*-

(l)Giog„ Nqï., Orat., w, p. 80 cl 91. So;., I. III, o. xiv. SiU., 1. 'V, o. ix. ^ (2) Fucuna., 1. IV.— (3) JuJ.,
MpiU. XXXI. -
(4) Amm., 1. XJOI, n. S. -
(5) Opl., l. II.
M4 HISTOIUE UNIVEItSELLE DE L'RGLISE CATHOLIQUE

qui a des croyances vraies sur le l'on ne croit pas soi-même. Si l'on retrarde
Eril sonsé,
ien cl le mal, sur en qui est lionntHe et sur comme saj^e la doctrine des anciens dont on

co qui ne l'csl pas. Ainsi, quiconque enscifrne


est interprêle, que l'on commence par imiter
à ses disciples ce qu'il cmit faux, parait aussi leur piété envers les dieux. F.t vous qui crovej
qu'ils ont été dans l'erreur, allez expliquer
peu mi^rilcr le nom ilc savant que celui d'Iion-
nèto horaino. Que, sur fies liai,'.itcllos, la langue .Matthieu et Luc dans les églises des (ialiléens.
ne soit pas il'accDrd avec la iicn-rc, c'est tou- Fidèles aux préceptes de vos raailre*. ensei»
jours man(iu<T dn droiture .jus(]u'à un certain gnez qu'il n'e-t pas permis de sacrifier. Je
point; mais parier d unn façon et peiisi^r de veux, pour me servir de vos termes, «que vos
l'autre sur les choses les plus importantes, oreilles et vos lanirues soient régénérées;
tenir école de ce que l'on croit mauvais, louer cpi'elles soient purifiées d'une doctrine que

les auteurs que l'on condamne le plus et trom- vous re-tardez comme impure, doctrine à la-
per ainsi la jeunesse, n'est-ce; [las faire un quelle puisséjc demeurer toujours atlaihé,
trafic pareil à celui de ces marchands qui, sans moi et tous ceux qui pensent et agissent comme
honneur et sans con-cience, vantent une moi.
mauvaise marchandise poiu' trouver des ache- 1) Cette ordonnance est une loi générale pour
teurs'.' tous les professeurs et les maîtres ; car, pour
Il
I) faut donc i[ue tous les ]u-ofesscurs en les jeunes gens qui veulent fréijuenter les
général soient d'honnêtes sens et n'aient point écoies, je ne leur en interdis pas Ventrée. Il
dans le cœur des sentiments opposés aux sen- ne sarait. en elfet, pas raisonnable de fermer
timents piddics; mais on 1" doit surtout exiger le bon chemin à des enfants incertains encore

de ceux (jui sont chariiés del'instiuction de la de la route qu'ils doivent tenir, ni de les c-on-
jeunesse et de lui expliquer les anciens, c'est- traindre, par la terreur, à suivre la reliiiion
à-dire des rhéteurs, des f,Mammairiens et plus de leurs ancêtres. Ce n'est pas qu'il y eut de
encore des sophiste-:. En etfet, ces derniers l'injustice à le- guérir mali;ré eux comme de-
s'attribuent le iiriviléife de former leurs élèves, frénétii|ues; mais je permets d'être malade .i
non-seulement pour l'idoquence, mais encore ceux qui voudront l'èlre ; car je crois qu'il faut
pour les mceursel surtout pour la philosophie instruire les insensés et non les punir 1). n
politiiiue. Je n'examine point maintenant s'ils Telle fut la fameuse loi de Julien. (»n peut
tiennent ce qu ils promettent, et ne [>uis (jue y en ajouter une autre, qui porte que les pro-
louer leurs bonnes intentions. iMais je les loue- fesseurs doivent exceller premièrein'-nt par
rais encore plus, si, par une du[dicité hon- les mœurs, et qui ordonne qu'en clia pic ville
teuse, ils ne se mettaient en contradiction celui qui veut enseigner soit examine par •

avec eux-mêmes et n'enseignaient le contraire conseil, et que, s'il e-^t approuvé, le décret
de ce nu'ils i>ensent. Quoi donc? Est-ce qu'Ho- soit envoyé à l'empereuf pour le confirmer.
mère, ilesiode, Démosthène. Hérodote, Thu- Son panégyriste .\mmi>'n .Mareellin n'a pu
cydide, Isocrate, Lysias nereconnai-^saient pas s'empêcher de dire jusqu'à deux fois, que c'é-
les dieux pour ;iuteurs de leur savoir? Ne se taitune tyrannie digne d'être en-eveli*
croyaient-ils pas consacrés, les uns à Mercure, un oubli éternel, d'avoir iléfendu l'en'"' _

les autres aux .Muses? 11 me semble donc qu'il ment aux chrétiens profes-^eurs de rhét-
est absurde d'expliquer leurs livres et de re- et de grammaire; autrement, d'avoir de:
jeter en même temps les dieux qu'ils ont aux prot'i'S-eurs de rhétorique et de lt. an-
adorés. maire d'enseigner les chrétiens, s'ils ne |>as-
Cependant je ne veux oblitrer personne à
)) saient au cuite de-; dieux (2). La phrase latine
changer de sentiment. Je laisse l'allernative : présente les deux sens. Le dernier sort de la
ou de ne point expliciuer ces écrivains si l'on longue loi de Julien même; car s'il permet
condamne leur doi'trine; ou, si l'on veut les aux jeunes gens de fréquenter les écoles pu-
expliquer, de faire voir, par sa conduite, (pie bliques, ce n'est qu'à ceux qui étaient. s<i
l'on approuve leurs sentiments, et d'a|qiren- déclarés pour le paiiani-^me. uni au moin» in
dre à la jeunesse qu'Homère, Hésiode et leurs décis ;en sorte que )es chrétiens décif'és «•)

semblables que l'on accusait d'erreur, d'im- étaient nalurellemeiit exclus: le fait e^ld'ail-
piété, de folie, ne sont point tels qu'on les a leu!s att-slé par plusieurs auteurs contempo-
représentés. Ceux qui en ont une si mauvaise rains.
idée, et vivent pourtnnt de leurs écrits, mon- Quand un admirateur de Julicu a déclar'
trent qu'ils sont eux-mêmes esclaves d'un in- cette loi tyrannique et digne d'un éternel ou-
térêt sordide, cl, pour quelques diaclimes, bli, tout est dit et il n'est plu< besoin d'y rien
capables de tout. ajouter. La rédaction seule de celle loi -'
» Je Conviens que, jusqu'à présent, diverses opprobre au lieu de la gravité d'un 1> -
:

raisons empêchaient de fréqucnterles tenqdes, leur romain, au lieu de la maje>lé d'un em-
et que la terreur, L,'ênéralement répandue, pereur, on y voit les tours de pa^se-passe l'un
pouvait rendre excusables ceux qui cachaient sophiste. Plalon avail ilil dan« la ^institution
la vérité dans leur ca^ur. Mais aujourd'hui que de sa fli'i'uhliqiie
: » l'n Dieu es. es-enl e;lc-

les dieux nous ont rendu la liberté, il me pa- menl bon. parlait, immuable. T"Ut ce cpii en
rait absurde d'enseigner aux autres ce que donne des idées contraires, est faux, impie el

(IJ Jul.. epist. xui. -' (2) Amm., I. XXII, a 10 ; 1. XXV, n. i,


LIVRE TRENTE-QUATRIÈME. Î05

ne peut que eoriompre Ft-sprit et In cœur de Assertion ritiicule, tant elle est fausse, mais
la jeunesse. Hésiode et Homère sont pleins de bien plus fausse et bien plus ridicule encore
ces fables scutidaleusi's. Il faut donc les ban- par la misérable équivoque que Julien y met-
nir, ainsi que la comédie qui ne clierche qu'à tait. Comme les hellènes signifiaient à la fois
faire rire. La seule poésie que nous pouvons et tes Grecs et les païens, il voulait en con-
admettre, ^st celle qui est propre à nous don- clure que les païens seuls avaient le droit de
ner de la Jivinité une idée juste et à nous savoir la littérature grecque.
rendre solidement vertueux (I). » Voilà ce Les siqjhismeset les caresses de Julien ga-
qu'avait dit Platon, duquel Julien se vantait gnèrent un sophiste ce fut Erébole, son pro-
:

d'être le fervent disciple. Or, les chrétiens fe^seur de rhétorique. S(jus Constance, il s'é-
étaient moins sévères que l'Iaton, parce ([u'ils tait attiré la faveur en criant contre la paga-
étaient plus forts. Ils ne liannissaient ni Ho- gisrac; sous Julien, il cria contre le christia-
mère ni Hésiode ils les étudiaient, ils les en-
: nisme. A la mort de Julien, il changea de
seignaient de manière à les rendre non-seule- nouveau, et, se prosternant à la porte des
ment sans péril,mais utiles encore ils admi- ; églises, il criait contre lui-même Foulez-moi :

raient et faisaient admirer la naïveté, les aux pieds comme le sel atl'adi (3) Il n'en fut !

grâces du lanj^age. Quant à


leurs fables, ils pas de même de Prohérèse. Julien l'avait en-
faisaient toucher aa d(jigt que c'étaient des tendu à Athènes. Devenu empereur, il lui
fables, dont il fallait rire désormais, comme écrivit une lettre flatteuse, où il compare son
on rit des illusions du jeune âge; qu'enhn la éloquence à celle de Périclès, et où il le sol-
vérité, besoin de l'âge viril, se trouvait ail- licite d'écrire l'histoire de son règne, lui of-
leurs. Voilà ce que faisaii'nt les chrétiens, frant pour cela toutes les pièces originales(6).
louant ce que louait l'Iaton, blâmant ce qu'il Dans la défense aux chrétiens d'enseigner les
blâmait. Et le sophiste Julien en conclut lettres humaines, il excepta Prohérèse mais ;

qu'ils étaient des fourbes et de malhonnêtes celui-ci ne voulut point de l'exception et


gens, qu'ils disaient d'une façon et pensaient quitta l'enseignement. Victorin d'Afrique
de l'autre, qu'ils louaient de bouche ce qu'ils donna le même exemple à Rome.
blâmaient dans le cœur qu'entin, pour être
;
Il y professait l'éloquence avec éclat. Il
de bonne loi et conséquents avec eux-mêmes, voyait parmi ses disciples les plus illustres sé-
pour avoir le droit d'étudier et d'interpréter nateurs; on lui avait érigé une statue dans le
Homère ou Hésiode, ils devaient en admettre Forum. Mais déjà vieux, il était encore ido-
tous les dieux et toutes les fables. Voilà lâtre, ainsi que presijue toute la noblesse ro-
comme l'Apostat raisonne. Pour savoir de maine. Plus d'une fois, il employa son élo-
quel côté était la mauvaise foi, il n'y a qu'à quence à soutenir la cause des idole.-'. Ka
se rappeler ce que le même Julien dit ailleurs même temps, il traduisit en latin quelques
à un de ses pontifes, que les dieux n'avaient livres de philosophie platonicienne ce qui le :

pa> fait et n'étaient pas ce que les poètes sup- rapprocha du cbiisliarisinc. Il se mit a lire
posent (2). avec beaucoup d'attention rEcriiure sainte et
Au fond, il ne disait pas son vrai motif. toute la littérature cliretb une. Enlin, il dit
C'est qu'à sou gré les chrétiens ne réalisaient conlidemment à un chrétien de ses amis :

que trop les vœux de Platon ; ils ne démê- Sachez que je suis chrétien L'autre ré[tondit;
!

laient que trop bien ce qu'il y avait de bon Je ne vous croirai chrétien que (piand je vous
ou de mauvais, de vrai ou de faux dans Ho- verrai dans l'église du Christ. Victorin le rail-
mère;, Hésiode et les auties; ils ne faisaient lait en dis.int Sont-ce donc les murailles qui
:

que trop bien ressortir labsunlité, le ridicule, font les chiéliens ? Us se redirent souvent la
l'inlamie de tonti's les fables païennes; ils ne même chose de part et d'autre; car Victorin
montraient (ju'avec trop de force et d'élo- craignait de cho vuer les amis puissants qu il
quence que la vérité complète se trouvait dans avait [larmi les i(k*àties. A la lin, s'etant Un-
le cliristianisme seul. Us nous percent de nos par la lecture, il eut peur que le (Christ
tilii-

propres flèches, s'écriait-il de dê[)it c'est ur- : ne renonçât devant les saints anges, s'il
le
aiés de notre littérature qu'ils nous font la craignait de le confesser devant les hommes;
gnerrc(3). Il ne vit de salut [lour le paganisme, il vint trouver Simplicieii, c'i-tait le nom de
!jue de condamner les chrétiens à l'ignorance. son ami, et lui dit inopinément Allon.- à :

Emploi il ouliiiait une ihosc qu'il leur repro- l'église, je veux devenir cbiétien L'autre, ne !

chi' adleurs que le cllri^tiaMisme a commencé


: se po-sédant pas de joie, l'y c* iiduisit aus>it6t.
à être prêché pur des ignorants. H oubliait ce Victorin, y ayant été reçu catcebumene, donna,
qu'il dit '.ui-uiême au commencement de sa peu après, son nom pour être baptisé, au
loi : que la srience véritable ne consiste point grand étonnement de Knme, au graml con-
dans mais dans des idées justes
les paroles, tentement de l'Eglise, au grand deidt des
sur la divinité et sur la morale. l''aute de païens. Quand ce vint à l'heure de lairc lu
bonnes raisons, il se prenait aux plus pitoya- prolessiou de to', que Ton prouonç.iil par
bles, comme cpuind il disait Les hellènes : cœur à Home d'un lieu élevé, à la vue de loua
•culs ont le droit d'étudier riiellénisme ('»). les iidéles, les prêtres oU'i ircut à Victorin do

(») Plat., /)*


l)e rer-.
rei I. H et III. - (2} Jul , O/k, t. I, p. 301. —
(3) Th«od., 1. III, 0. Via. — (4) Oreg. Nïi.
rat., ui, ^ 98 ut US. — (5) bitc, I. tu, c. xw - (6) Jul., eput. il.
ïOfl fllSTOlPr: UN'IVERRFXLE DE L'EGLISE CATHOLIQUE
la faire en secret, ci>mme on racconl.iit à Pour rcmplu-erlcs pogles et les philo^^iphet
(jiiili|iii"=-iui-i (lue la lionlo [louvail tioulj'nr ; (]ue Julien (("fendait aux chrétiens d"
mM< il aima mieux la proimnccr en iiiijilic. '.'lier it d'étudier. les deux Apollinan'e. i.. t ,

Quand on le vit iiioiiti'i', il s'éleva un mur- lils, corn|io-erc!it desouvrages p^uej s. Le pi-i'«

mure univci>el, tniit li; monde, joyeux, se était piètre de Laodicec en Syrie, |«! Ii eu ;,

disant tout bas l'un ;\ l'autre Vietorin Viclo- : ! en devint plus tard évèqne. |!g
était leetftur et
rin Car il n'y avait ]icisonne tjui ne le eon-
! étaient alors zélés catholiques et avaient ru i
ni'it. Mais on se tut aus-ilot pour l'eutendic. souffrir des ariens. Il;- étaient l'un el l'autre
Il professa la loi d'un ton ferme; et, à mesure trcs-habilcs dans les lettres grecques. Le p. re
qu'il parlait, tous les assistants le mettaient mit ilonc en vers liéroï<pies, les livres de
dans leur co'ur, tant il ji'ur inspirait île joie Mo'ise; il changea également la fui me de (uule-
et d'amour. Peu de temps après, il quitta soa les bisloires de l'Ancien Testament, mil V
école à cause de l'édit de Julien. Outi-e une unes en vers héroï (ues. le» autres en vei^
pièce de vers sur le martyre des Maelialiées, d'une antre mesure, ùt des tragédies et des
quel(}ues hymnes sur la Trinité, une réfutation comédies de quelque--une6, ne voulant paa
«lu maniilicisme, nous avons de lui quatre qu'il minquàl que le-^ païens
rien de tout ce
livres coulre les a;-iens, où il établit la divi- as'aii nt invenié. Le de son coté, C4im]'"-i
lils,

nité et la (onsubstanlialiléduKils eldii Saint- des dialo::ues à l'imitation de Plal^jM, d .,i9


Esjirit. 11 y règne uni! diali'(tii)ue subtile et lesipiels il renferma l'EvaiiKileel les piéi-i'^a
serrée qu'il n'est pas toujours facile de suivre, des apôtres. Il fit encore l'histoire des Jinfs
d'autanl plus que, jinur rcmlre en latin les jus |u'à Saûl, en vint.'1-qualie poèmes, ••;i-
ididtismes de la pliiloso[)hie grecque, il em- nant à chacun le nom d'une lettre grer le, ,

ploie une foule d'expre>sions ({u'on suppose comni". Homère a fait dans son Iliade cl 'lans
communément n'avoir été inventées que par son Ody-séc. Il imita Mén.indre |MJur les co-
les scolasliijues du moyen âge. (lomme on lui médies, Euripide pour les tru:;édies, el Pin-
remariiuc une grande [léiiélration d'esprit, dare pour les vers lyri ucs, taisant loujours
ou regrette qu'il n'ait étudié la religion que servir l'Ecriture de matière à ses poèmes. So-
si tard l'approfondissant mieux, il aurait pu,
; zomène, qui les avait lus, les éi.';ileà ceux de-
en évitant (juelqnes locutions inexactes, y dé- anciens (l). Mais Julien étant mort peu aiires,
couvrir des beautés inaperçues (I) ils devinrent inutiles et tombèrent dans l'ou-
On vient de découvrir et de publier d'autres bli en sorte qu il n'en est^/n» jus<iu'j nous
;

ouvrages de Viclorin(2) un opuscule pour: qu'une paraphrase poétique de- psaumes.


défendre la religion tant naturelle que chré- Rien ne dut contrarier davantai;e ra|io-lat
tienne contre certains philosophes qui atta- Julien, que le L.'<'nie littéraire et le zele reli-
quaient le récit de Moïse et de l'Evangile par gieux de se* "ieux amiens condisciple-, B-isile
des arguments physiques. Victoria prouve et Grégoire, ain-i que de leui« iamlle-. A
donc (jue le monde a clé ciéé de rien, que peine Basile était-il revenu il'Atliénei à ('.«!•-
Dieu pouvait imposer une loi à l'homme, ijuc saréc en {^appadoce, qu'il fut contraint. r !•

la permission du ])éehé d'autruia été juste, à ses eompalrioles, d'y ou\rir un cours p.,..,.
cause du liliri- arbitre ; t|ue le remède à ce mal d'éloiiuence. La ville de .Né"i ésarée, dau> le
a été convenable. De là il (lasse à cousidéier Pont, lui civoya nnede|iuialionde sénateur.-,
toute l'économ e de l'incarnation qu'il a été : avec les oll'res les plus brillantes, s'd voul ul
possible et convenable au Christ de naitre pri'si 1er à l'éducation de leur jeunesse, l'n
d'une vierge, de mener une vie obscure, de autre dessein occupait ce grand homme; c'é-
soutl'rir, de. mourir, de ressusciter, et de trans- tait d'embrasser la viemona>tiq'ie. Il •n avait
porter avec lui l'Iiomme sauvé dans les cieux. forme le pnijet avec son ami Grégoire; sa
Trois commentaires sur les Epitres aux Ephé- sa^ur .Macrine l'y exhortait 'le son coté. \. ven-
tiens, aux Galates, aux l>hili[)piens. Il y en- dit ses b ens et en donna le prix aux (lauvnîs.
seigne à plusieurs reprises la divinité de Jé- Grégoire avait promis le le suivre dan- la
sus Christ et sa gcnéraliou éternelle, il y rctraile;mais.pourle moment, ilen était cnqH'-
rppelle saint Pierre le fondement de i'Ei;lise, chépar la piéli' lili le: s.» mereel lil grièvcu. .t

et proclame son autorité suprême, à laquelle malade. .Vlor-, "'n 3d7.Bii--ile semitavi-iii - .

saint Paul lui-mèmedut être soumis. Voici ses monastère d'Orieiitei.j'Eijvpte.liansc»-' dernier
paroles Aprh trois ans, dit l'Apolrcaux Ga-
: pays tloris-aient sjiinl P.uome, les •leux Ma-
lates, _;> l'iHS à Ji'rusatem. Il ajoute ensuite la
cause, pour voir l'iene. Car, le fondement
cairi! et plusieurs autres. Il vit donc a i- W .

drie de très-saints personnages, d'autre- ?

de l'Egli.se ayant été posé en la personne de la Pales ine, dun- la Syrie el dan< la .Me-
Pierre, comme il est dit dans l'Evangile. Paul, t.'imii^; il admir.t leur vie è^alcmcnl au
à qui tout a»ait été révélé, sut qu'il devait et laborieuse, leur lervi'ur el leur ap|ilic.:iie>n
voir Pierre, non pour apprendre de lui quel- à lapri>re. .Mais autanl il cut'le plaisii à voir
que chose, mais comme celui à ipii le Christ ces s.iints sohlairos, qui, invincibles aux né-
avait donné une si grande autorité (3). ceâ>itéâ de la nature, leuaieul louj lurs leur

(l).\iij;iist., Conf., I. VIII. c. n-T : Wi'V. PP. t. IV. — (I) Se iptoriim Vi't»nim nova collecl>o è v*'i-in f
corticibus édita ab .Vugulo Maicx L iU, Uoiua >Aa8, — (S) lUd. VitloriH., I» if ut. ad Gmat, p. 9. yi^ M>- —
zoni., I. V. c. xTui.
LilVRE TREîrTE-QtrATRlftME. 207

esprit élpvf^ voT<i Dieu, autant il eut «le rha- est assisesur un autre défilé qui se termine
griii «le la division qui réiinait alors entre les par une crête du liant de laquelle on con-
év"qiie=, ot des maux (pie les ariens taisaient temple et l'étendue de la plaine et le fleuve
foutriiraux catholiques. La pureté de sa foi qui Tentoure sp"<'lacle non moins ravissant,
:

ne snull'rit aucune altérati n pendant ses à mon avis, que l'est, à aenx d'.\m|diipolis,
vovagrs; il prit toujours pour piTcs et pour de regai'der le Strymon car ce dernier, de-
;

guidas de son àniecenx dont la foi se trouva venu stagnant par la lenteur de ses eaux,
conforme à la foi qu'il avait sucée avec le cesse à peu près d'être un Qeuve par sa pa-
lait. resse tandis que le nôtre, le plus rapide des
;

l)oretour à Ci'sarée, il fui ordonné lecteur fleuves que je sache, devient encore plus ra«
par Dianée, son «^vèquo. Mnis voulant mettre I)ide en se préci[iitant de la roche voisin»
en pratique les vertus dont il avait été témoin dans un ïoufîre piolond où il tournoie sur
dan= ses vovases, il se retira dans le Pont. sur lui-même, charmant ainsi tous les spectateurs,
une monta'ine, au hord de la rivièro d'Iris, moi surtout, et procurant l'abondance aux
qui, prenant sa source en Armi'nie. traverse liahitnnts du paj's. par la multitude innom-
toute la province du Pont. Sur l'autre rive brable de poissons qu'il nourrit dans ses caves.
était la maison de campap;ne où sa'Ut Basile A quoi bon parler après cola des émanations
avait été élevé, et le monastère de filb s, liàti de la teri'e et des évapoiations du fleuve?
par sainte Emmélie, sa mère, et sainte Ma- Un autre admirerait peut-être la multitude
crine,sa so'ur. Saint Ba<ile avait pensé choi- des fleurs ou des oiseaux ipii chantent pour ;

sir sa retraite à Tibérine, dans le diocèse de moi, je n'ai pas le loisir d'y prendre garde.
Nazianze, espérant que son ami y viendrait Le plus ijrand mérite de ce lieu, c'est qu'a-
avec lui. Trompé dans ion attente, il se dé- vec sa fertilité naturelle, il me produit le plus
termina pourla solitud.' du Pont. Ce fut lui le doux de tous les fruits, la trani(uillité et le
premier ([ui introduisit da.is cette province et calme, non-seulement en ce qui est exempt
dans la Cappadoce la vie cénob'tique ou de du tumulte des villes, mais parce qu'il ne
communauté. Il y avait des anachorètes qui nous transm 't pas même un voyageur, si vous
demeuraient seuls et s'appliquaient unique- exceptez quelques r.ires chasseurs. Car, outre
ment à la vie contemplative; d'autres a-cètcs tout le reste, il nourrit des bêtes fauves, non
demeuraient ensemble deux ou trois, dans les pas de vos loups ni de vos ours, a Dieu ne
villages et les bourtrades. menant une vie plaise, mais des troupeaux de cerfs, de che-
plus active et se mêlant au monde. Tels vreuils, de lièvres et autre gibier semblable.
étaii'nt les disciples d'Iiustatlie de Sébaste. Concevez-vous, à cette heure, le péril que je
Basile prit un milieu entre les deux, léunis- courais, moi imprudent, îorsqne je voulais
sanl la contemplation des uns à l'action di'S préf(''rer à ce séjour votre Tibérine, la basse-
autres, la prière et l'oraison à l'étude des iosse de toute la terre habitable? Vous me
sainte-; lettres et au travail des mains, sans parilonncrez donc d'y être venu avec tant
Î)0ur cela quitter la retraite. On le voit par (l'empre-sement (t). >>

es lettres dos deux saint-. Ils s'en écrivirent Saint Grégoire lui répondit entre autres :
plusieurs,les unes sérieuses, les autres badines; « .le vois bien p,-iurquoi vt ..s me raillez, c'est
car leur f^mnA génie et leur austère sainteté pour m'ait irer près de vous, comme ceux
ne les empêchaient pas d'avoir l'esprit enjoué qui obstruent les A'^uves pour les faire cou-
et agn-ablc. ler a llcnrs, Kh bien, j'admirerai votre pays de
Saint Piasile eu di'crit ainsi le site u C'est
: Pont, et ses brnuillards, et son séjour ([ui vaut
une hauttî montai^nc couverte d'une épai-~e un exil, et les rochers qui vouspendi'nt sui- la
foièl et arrosi'c, du col'' ilu nord, par des eaux tête, et les bêtes féroces qui mettent yolrc
Iraiithes etlimpides. A s^s pieds s'étend une, confiance à l'épreuve, et la solitude qui est
plaine incessamment fertilisée |iar le~ humidi- aux pieds, ou plutôt la caverne de rats ipie
tés de la montagne. La foret qui l'entoure vous li'corez îles beaux noms de gymnase, de
spontanément, composée d'arbres de toute monastère et d'école et les toutïes de brous-
;

espèce, lui lient lieu de baie et de clôture; en sailles sauvages, et cctlc couronne de monts
Borlc que l'Ile de C:ilyi>sn, si vantée dans llo- escarpés par laquelle vous êtes, non pas cou-
mèrCj est peu de chose en comparai-on car ; ronnés, mais resserrés et cet air que vous ne
;

peu s en faut que ce ne soit une ile, enfermée respirez ijuc par m-sure, et ce soleil que vous
et défendue qu'elle est de toutes |)art-. Kn êtes réduits à souhaiter, et qui ne vous éclaire
effet, de deux côtés elle est coupée comme à ijue comme p;ir une cheminée. Il y a, ilil-on,
pic [lar des goull'res profonds; d'un autre, le des morlels coiulamm-s ;\ une nuit de six
lleuve, (jiii se ronhî du haut d'un pr(''ci[)ice, mois pour vous, vous n'êtes pas un moment
;

lui est un renqiait (oulinu et dil'licile à tran- sans ombre votre vie entière est um- longue
;

chir; lei du vallon sont


,piities acce-isibics nuit, une vraie ombre. île la mort, pour par-
fermées ^ar la montagne, (|ui, de chaqne ler avec rivriture. Je louerai également ce
côté, se courbe en ilemi-hine jusipi'aux ileux sentii-r étroit et rude qui conduit, je ne sais
griutlVcs. Il n'y a cpi une rentrée, et nous eu si c'est au ciel ou à l'enfer, je souhaite
pour
siinimcs les maîtres. Uuant à l'habitation, elic vous cpie ca soit au ciel ; puis, ce qui est au

(I) Buil., iput. UT.


mSTOTRE UNIVERSELLE DE LEGLI9E CMHOLIQCE
milieu, rîippollfrai-je par un mensonge cot par l'oraison ! et celle vie quasi immatérielle
Eduii, ccllt; r.iiiUi ne qui se divise en i|ualre et incoi()oi-elle. ! et cette coiieorilc et utiani-
flciivesetarioselouli! la tern.'.nii liien ce désert m te d-s freies, élevés au-ilessu'^ nature de la
aride et sans eau, ciu'un aulri- Muise pourra seul et comme par vous! Qui me donnera
deiliés
ttdoucir, en faisant jiidlir l'eau du roclieiVCar, de revoir cette émulation [louv h* vertu, <jue
où n'y a pas der'iclies, il y a des fondrières,
il nous avons assurée par des loi» ei des règles
et des torrents; où.l n'y a pas de fondrières, il écrites Qui me rendra l'élude des divins ora»
!

y a des buissons d'L'piiies, auHJessous des liuis- clés cl la lumière qu'on y découvre sous la
sonsdes précipii'ec-, au-de-^susdespréiipices un conduite de 1 Es;»rit-Sai .1! Ou, pour parler de
chemin escarpé, a,[ s^antdeparlel d'autre, où choses moins granrles et moins iinporlante",
le voyageur esi oldiyéfle recueillir ses si'us pour qui me rendra les 'ravaux succes-ifs de la
ne puiii' fairi'de faux pas. Aux pieds, on entend journée, de porlerdu bois, de tailler des pier-
criueer un lleuve qui loule des cailloux au res, de planter des arbres et de les arroser I

lieu de poissons, qui s'engoull're en des abî- Qui me donnera de revoir ce platane, plui
mes, au lieu di! s'épancher en lac ; car il est précieux (juc le platane d'or de Xerxè-, sou»
grand et etl'royablc, et couvre par son bruit leipiel s'as-eyait noti pas un roi plon::é dans
le chant des psaumes cpi'on enlonne sur la mais un moine exténué de fatigue
les délices, ;

hauteur le- ralaract's ne sont rien uu[(rés,


: ce platane mcrveilbux que moi j'ai planté,
tant il vous étourdit nuit et jour. Il est si rude, qu'Apollon, c'csl-a-dire votre excellence, a
qu'on ne peut le i>a-ser si trouble qu'on
; ne arrose, mais à qui Dieu a donné l'accroisse-
peu*, en boiic il n'a d'humain qu'en ce qu'il
;
ment pour notre gloire, alin qu'il restât chez
n'cmpoi te pas votre luildlation, lorsi[ue les vous un monument de votre amourdu travail,
tornnts et les orages l'ont rendu furieux. comme on croit qu'il reste li.ins l'arche la
Voilà ce que je pense <le vos iles fortunées et ver^re d'.Varon quia lleuri. V"'ilàce «lu'il m'est
de leurs fortunés habitants. Chaulerai-je facile de souliailer, mais non pas d'obtenir.
maintenant avec Homère les richesses inté- Aidez-moi à m'insp rer cl à m'implanter la
rieuiesdu palais'.' celte cabane sans toiture vertu le Iruit que nous avons recueilli autre
:

ni porte, cet àtre sans feu ni fumée, ces mi.sé- fois, conservez-le par vos priéies, de peur que
rables et maigres festins auxquels nous avons nous ne nous évanouissions peu à peu comm<*
été invités, du fond de la Cappadoce, comme une ombre au déi lin du jour. Pour moi, j")
de pauvres naufragés au bamiuet d'Alcinous. vous respire [dus que je ne respire l'air, et je
Car je me souviens et me souviendrai tou- ne vis qu'autant que je suis avec vous, soit en
jours de ce pain et de ce potage, couim; on réalité, soil en imagination (2). >
les appelait, où la dent glissait entre les Dans les règles que
de concert
saint Basile,
morceaux pour s'en retirer comme d'un ci- avec son ami, dre.-sa pour ses moine-, il les
ment. En vérité, si la grande nourrice des apiielle phllo^oplles, etleur étal philo>ophie.
pauvres, je veux dire voire mère, ne nous Saint Chr\ -ostome et plusieurs autre- tiennenl
*ùt tirés bien vite de ces calamités, il y a le même langage. Quelque étrange que nou^
/)ngtemps que nous serions du nombre des paraisse cette acception des mots philosophie
morts. (Jnmiuciit pa-ser sous silence ces pré- et |diilosophes, elle est cependant conforme à
tendus jardins sans légumes, ces monceaux la iihilosopliie humaine el à la philo>ophie di-
de fumier dont nous les avons couverts, le vine. Nous avons entendu Socrate et l'ialofâ
tirant de la maison, comme aulretois Hercule nous dire que la philosophie consiste dans |-
des écuries d'Augias et cet énorme tombe-
; meditation de 'a mort, alin de détacher soo
reau que. moi le vigneron et vous le railleur, âme des liens terrestre et l'élever aux chos«s
nous traînions par la léte et par les mains, iuielleciufclles el de celles-ci à Dieu, le souvo-
qui eu ont conservé les marques, non pour raai Etre, la souveraine inleliii:ence, le sou-
joindre les deux rives de l'ilellcspont, comme verain bien tinalemenl que la vraie pUiloso-
;

jadis Xerxès, mais pour combler un preci[iice? phii, consiste à devenir semblable à Dieu par
Si le. souvenir de ces choses utî vous fait pas la prati-iue de la vei1u, à l'aimer par-de-su»
de peine, il ne nous en f. ra pas non plus i|ue ; toulfj choses el à en être aimé. Or, voilà touto
s'il vous en fait, combien n'ont pas dû nous la vie thrétienne. et, plus encore, voilà toute
en faire les choses mêmes (i). o la vie monastique. Et en cela, elle a pour
.\près s'être égayé dans deux ou troi» lettres, modèle la s igesse même non |»as une sagesse
;

Grégoire dit dan> une autre:» Ce que je vous ai ab.-lraite, purement i<leale, mais la sagesse
écrit précédemment sur le séjourdans le l'ont réelle el vivante, la sagesse elernelle et dninc,
était pour phb.-a!iter oe que je vous rci is à
; revêtue de la nature humain'-, pour se mettre
cette heure, est du sérieux et du lrès-^élicux. mieux à notre portée cl nous rendre plus fa-
Qui me rendra ces jours d'autrefois, où mes cile ia ressemblance avec Dieu. En un mol,
délices étaient de soull'nr avec vous"? car une d'après l'idée même que nous en donnent So-
afÛ.clion volontaire l'emporte sur un plaisir craïc el l'Iaton, la philosophie or '.'amour do
que l'on éprouve mali;re soi. Qui uie rendra et la sagesse consiste tinaleaieut à ioiiler Jcsiis-
et ces chauts des psaumes, et ces nuits pa secs Cliiisl. Or, c'est ce que se proposent de faire
dans les veilles, et ces pèlerinages vci's Duu lc9 muiucs, eu ubsci vaut, uuu-seulcuieot so>

(1) Oreg Nm, ipùl. vi-vu-viu. — (2) E/jist. ix.


irVRE TRENTE-QUATîîirME im
pr^cpptos, mais encore ses eonseils. Et leurs avec de entrailles Je père et le langage de la
.

ne tendent ([u'à celte lin


viPiix et leurs n'-gles : science, redresser les fautes des jeunes gens,
le v(ru de iiauvreté, pour les détacliei- de tous aiqiliqiiant à chacune le remède propre, de
les biens terrestres le vœu de clia-telé, pour
;
telle sorte qu'en punissant la tante, il exerce
les détacher de leur propre corps le vn'u d'o-
; l'àme à vaincre ses passions. Par evemplc, un
béissance. >iour les délailier de- leur [)ropre enfant s'est-il fâche contre son camarade?
volonté, c'est-à-dire d'cux-ménies, alin de les qu'im l'oblige à lui faire des excuses et à lui
attacher à Dieu seul. Les réyles ne sont que rendre service, à pro[)ortion de son coup de
pour appliquer ces lois f^éni'iales au détail des tèle ; car les habituer à l'humilité, c'est dé-
circonstances de temps, de lieux, de personnes. raciner la coière de leur àme, attendu que, le
Quant ;\ ia sagesse (]ui y r.'gne, on peut en ju- pins souvent, 'j'es'' l'orgueil qui engendre la
ger cequt^sl dit «Icj eni'unts qu'on rece-
(lar colère. A-t-il mange hors du temps? (ju'il
vait dans les inona.-tères. jeune une bonne partie de la journée. A-t-il
« (loinine le Scit^neur dit : F^aibso/. venir à mangi' outre mesure ou bien d'une manière
moi entants, et que l'.\p6lro loue ce-
les [)etits indi'cenle'/ qu'a l'heure du repas, sans manger
lui qui apprit les saintes lettres dés son en- lui-même;, il reganle ceux (jui mangent dé-
fance, et orddune d'élever les enfants dans ci'mmeiil, en sorte qu'il soit puni de l'absti-
réduiîatit'ii et la morale du Sei^Mieur, nous nence et qu'il ap|irenne l'honnètelé. A-t-il
pensons qu'on [jcut recevoir à tout âge ceux proféré une parob; oiseuse'.'* une injure envers
qui se [irésentcnt: d'abord ceuxqui sont privés le prochain un mensonge? qu'on le corrige
'.'

de leurs père et uicre. que nous recueillons de par la diète et le silence.


nous-mêmes pour devenir, à rexem[)le de Job, » Il faut de même que l'étude des lettres soit
les péris des orphelins; ensuite ceux que appropriée au but qu'on se propose. Ainsi,
leurs parents nous amènent et (]ue nous re- qu'ils se servent des mots tirés de l'Ecriture
;
cevons en présence de plusieurs témoins, afin qu'au li(!u dt; fables, on leur raconte les his-
de ne donner aucun prétexte à qui en cherche, toires do ces faits merveilleux; qu'on leur
mais i'ermer la bouche aux calomniateurs. fasse apjirendre les sentences des Proverbes ;
A(U'és les avoir reçus d' '-elle manière, il ne qu'on leur propose des prix de mémoire, tant
faut pas les mettre tout fie suite au nombre pour li's mots que pour les choses, afin qu'ils
des frères, de peur que s'ils viennent à tour- arrivent au but sans chagrin, sans rien qui le»
ner mal, l'opprobre n'en r(îjaillisse sur l'insti- enhiHirle, mais avec plaisir et comme en se ré-
tut même. Il faut sans doute leur donner une créant. Quant à l'attention de l'esprit et à
éducation tout à l'ail religieuse, comnn' aux l'haliilule de ne pas le laisser s'égarer, les
enfants de la communauté, mais leuru-signer enfants bien élevés l'acquerront sans peine, si'
une demeure el un régimi^ à [lait. La hé |uen- les maîtres leur demandent fréquemment où
tation habituelle des anciens leur inspiierait esl leur esprit et à quoi ils pensent. L 'simpli-
pour ceux-ci une familiarité et une hariliesse cité de leur âge, qui ne connaît [loint d'arti-
e.xccssivcs, tandis qu'une fréquenlalioii plus fiee, qui n'est pas faite au mensonge, révélera
rare les conservera dans le n.spint; de [iius, sans [leine les secrets de l'àme ajoutez-y ipie,
;

s'ils eu voyaient de plus parfaits punis (|uel- pour ne pas être toujours surpris dans des
qui'fois pour des négligences, ils seraient plus choses inconvenantes, ils eu fuiront la [lensi-e,
portés à commellre les mêmes fautes, ou liicn el qu'ils s'en retireront souvent eux-mêmes
à s'enorguedlir de s'en voir exeaipis, tandis pour s'éviter la confusion d'une rè|)rimande.
que souvent de plus anciens y tondicnt. V/av I) Pendant que l'àme est encore tendre et
celui qui est entant |)ar riiitelligcnce ne dif- ([ue, comme une cire molle, elle re(^oit facile-
fère point de celui qui est enfant p.ir l'âge ;
ment toiit(îs les impressions, il faut donc l'ap-
les mémos dél'auls se trouvent bien souvent pliquer liés le commencement à tout ce qui
dans l'un dans l'autre. Ivilin il est des cho-
et estltien, alin que, nuand la raison et le dis-
ses bienséantes aux vieillanls, (pi'U messiérail cernement viendront, on puisse jiartir d'èlé-
aux enfants d'imiter avant le temps ce qui : m nls pos(!s d'avance el d'impressions reli-
auraitlieu si lesunset les autres se trouvaient gieii>es di''jà recrues, et fournir sa carrière, la
liabilurllcmenl ensemble. r.ii-'Ui suggiuanl ce quiestulile, et l'iiabilude
» Il laul donc que leur? hal'ilali(jns soient doiiianl ia facilité pour bien faire. .Vlms on
séparées, l^ar là les exercices nécessaires à la peut admellre la profession de la virginilé
jeunesse ne troubleiont pas le quai lier des co lime siabbi dès lors et fiitc par hmr deler-
ascètes. Quant aux prieie (pii selont [leudant mi lalion et leur jugement propre, iqucs la
le jour, elles do. vent se faire en eoin.iiiin. Les complet di'îveloppement delà raison. Il faudra
jeunes gens api)ieiidioul à .se recueillir par piemlre pour lémoins de celte action les pré
l'exempi(! des anciens, et ceux-ci ne sont pas lui- des églises, alin i[ue, par eux, la cous<i
peu ailles daii' la [iiiere pai les enfants. Pour ce crilion du corps soit comme la ètlicace il'iino
.

qui est du sommeil, des veille-, du tem|H, de cliosi! sacrée, et que leur témoignage y mette
la mesure et di' la ijuallté des aliments, il faut comme le sceau ; car, est-il dd, toute allairo
le régler eu partieuliei suivant leiii' âge. Pour se décidera par la (li'po...ition de deux ou trois
lus gouverner, il faut leur donner un iineien teiiiiiins. Ue manière encore, la cou uiito
cette
qui surpa>se li;s antre» en expérience et <pii de> l'ières ne .--(M-a poiot exposée à la caloiunio,
uil connu par »a douceur, alin de pouvoir, et ceux qui, iipres s'être consacrés à Uicu,
f. IV.
HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÉGLISE CATHOLIQUE
Touilrnipnt annnlor leur professiinn, ne trou- mit tout eu (euvre pour le gagner il cnt nvr» ;

vcroiil iiiii'iiii iniilL'xlc à It'ur itn[iiidL'iici;. lui, en présence de témr)ins, une dispute en
Ouiiiit à roliii ([ui m; veut [loiiil vivre iliins la forme, où il déploya tous les arlilices de
virginité, cdiiiine se sentiiiit infuiiaiile de s'or-- son éloquence; mai- (y-saire démèl.iit ses so-
cii[icr uiiit[iiciiieiit de ce qui est du Seigneur, jdii-nie- les plus captieux comme des jeux d'cn-
il faut le présence «les ménirs
jdiigi'dier (in fanls, et s'écria devant tout le monde qu'il était
après l)eniiciiu|i d'exu-
tiinioins. ['our celui ([ui, chrétien etqu'il le seiail toujours. Le voyant
incns et d(^ n'Uexions, «pi'il convient de lui ainsi délerminé à partir, Julien, qui coniiuis-
laisser lairo en piirticuiier pendant plusieurs sait sa famille et iiarlieulièremenl son frère
jours, afin que nous n'ayons pas l'air de rien Gi'égrurc, s'écria d'ailmiration cl de déjiit*
lairo par suiprise, pour celui qui a fait ainsi Heureux père malheureux "niants (5) 1
!

profession, il faut l'admeltic au nombre des Les deux amis, Basile el Grégoire, ne demeu-
frères dans la même demeure et au même raient lia? toujours in-emble ni dans la soli-
régime que an('«ns. » Saint Basile
les [dus tude. Quant un plusgran bien ou un devoirI

ajoute une circonstance qu'il allait ouMier : plus ])ressant le dcmaniiail, ils se quiltMent et
test que ceux des enfants (jui claicnl en iine quittaient la sc.litude. Ain~i le premier accom-
d'ap|irendre un art ou un métier, car on en pagna Basile d'Ancyre à Con.slantinople, en
faisait apprendre * tous, pouvaient pa^se^ la 3o!(, à la suite du concile de Séleucic. Air;si
journée avec leurs mailrcs ; mais que, pour encore, ajirè- s'être séparé de son propre évé-
la nuit ainsi que les repas, ils devaient aoso- ([ue, Dianée de (lésarée, parce qu'il avait signé
lument se trouver avec leurs camarades (1). la fiumule de Biuiini, il alla, sur sa demande,
Parmi les divers arts et métiers, tels que l'assister au lit de la mort en 'Sir2, el rece-
l'architecture, l'agriculture, le tissage, saint voir sa protestation : que, s'il avait signé la
Basile préfère généralement ceux qui, suivant forn)ule, il n'eu connaissait pas ie mal, et
les localités, dissipent le moins et rejellent le (juc dans le fond, du eo-ur il n'avait jamais eu
moins dans lo monde^ soit [lour l'achat des d'autre f"i que celle de Nicée. Sms parler
matériaux nécessaires, s'ùt pour la vente des même de; ces occasions exlraordinaiies, Basile
ouvrages. 11 donne même des règles pour se parcourait souvent b's villes et les campagnes
conduire d'une manière édifiante, lorsque les du l'ont, y établissait des monastères, y .-é»
moines seraient oliligés d'aller au loin pour veillait la foi des p iipl s par ses préilic.-l>ons
vendre leurs ouvrages sur les marchés pu- ut bs dans la saine docttini 'C).
afl'ermissait I
blics (2). Dans premiers jimrs de l'année Xii, il
les
Outre son ami Grégoire de Nazianze, qui vit airivcrdans >a retiailc son ami GrêL''ii'-«»,
passait avec lui tout le temps qu'il pouvait, et accablé de chagiin. Son père l'avait nrdi'.'iné
avec lequel il composa P/nlooilie, ou recueil {irêtre malgré lui, le jour de .Noël .J'ii.ct le
des plus beaux endroits d'Origene, Basile fut peujde de .\azian/.e avait conspiré pour
suivi dans sa retraite par ses deux Irèies, ceci avec son père. Il s'enfuit auprès de
(irègoire, depuis évéque de Nyssc, et Pierre, son ami, dans la solitude et pour y trouver
depuis évèque de Séliaste. Lorsque Libanius, quelque soulagcnuMit à sa peine. Quelque
son ancien professeur d'éloipience, eut aiqiiis temi'S après, sa doubur s'clanl un peu
quel genre de vie il avait embrassé, il en lut adoucie et son père , qui avait plus do
dans l'admiration et ne put s'empêcher de le quatre-vingt-dix ans, ne cessant de le con-
féliciter ainsi que la Cap[iadoce lui, d'avoir : jurer de ne pas l'abandonner dans sa vieil-
fait un si excellent choix la t^appailoce, ; lesse, et le peuple joignant ses su|qdication5
d'avoir donné au monde un si grand homme ^if). à Celles du père, il revint à Nazian/e, piè<b:i
Julien lui-même (1), qui n'aimait pas les moi- le jour de l'àijues un sermon, suivi de <!' ut
nes, blâmera tei'iendant les jiaiens de ne pas ou trois autres, dans |. squels il cxpliiiuc - i

les imiter en quelque chose, cl mourra avec le quemmevt ics motifs de sa luiie, la crai ;

dessein d'établir, à '.eur imitation, des .hôpi- qu'il avait tin r.-ncrdoce el la grande dillici.!.-
taux et des monastères. d'en rcmpTir uigueuient les fi>ncliuns. .\\,iiil
(;èsaire, frère de Grégoire, élail resté à la la lin de l'année, Basile fut ordonné prelrc lie
cour comme premier médecin. Los chrèlicns la même manière par Eusèbe de Ce^aroe n
de Nazianze murmuraicul de voir le lils de Cappadoce, successeur de Dianec. Il lit put
leur évèque dans une cour pleine d'idoles et à de sou ch.igrin .\ Gieguire, qui lui ré;
la suite d'un enipenur apostat. Le père en ces termes • J'aïquoavi! le comiU'
:

avait tant de cliagrin, que la vie lui parais-uit de Votre lettre el pourruis-jc n'a|p:uuvcr
:

insupportable. Uuaut à la more, on lui cachait pas ce qui vient de \i>us? Vous ave/ -t^'ic i-lé
le tout ave<- soin, oe peur qu'elle n'en fût ac- {iris comme nous, d
nous sommes u>ui
cablée. Grégoire en son fiêre une
écrivit à e mi'Uie piège. Mais cnlin ou nous a c
lettre touchante piiur le presser de revenir de deveuir piètres, <|uiii'{ue ce ne til im.
d'autant plus vile, ipi'il ne tarderait pas d'être meut notre des>ein. Garsi jamais il y a eu <

contraint d'opter entre la charv;e de premier ti'uioins digues de loi, nous le s<inimcs l'un •
médecin et le chri.-lianisme. Lu etl'ct, Julii'U l'autre, que nous avuuâ loujuur» ull'tctioué la

M) Basil., Rrgl. Juj., lr„ct. xv. —


(2; I. !'•'.._ VI tO. — (3) Basil,, gpùl. — (4) Jal., Prtfm., p. tfl
e' t90. — (5) Gr«a., epul. XTU ; Orui., x. —
ifi) fiiUiu, 1 11, a u, boioiu., L VL e. cru.
LIVRE TnWNTE-QUATRIf:ME. tu
pliilo-ophie laiilusliuml)li'et la plus mndesli'. gles et d'une manière qui lui est agréable. Si
El |iei)l-éUe i|u'il ei'it été plus avanliigeiix vous voulez user de violence, il vous est tros-
pour nous qu'on ne fil pas eu qu'on a fuit du : facile de le faire en toute autre chose; mai?
moins je n'oserais dire autre oliosn, jusiiu'à personne no nous otera le pouvoir de -outenir
ce que jfi connaisse les vues <it' l'Esprit sur que nous n'avons rien fait que de légitime et
nous. Mais puisque c'est une cIidsc faite, jo de juste, si ce n'est que vous pridendiez aussi
crois pour mon compte qu'il faut s'y sou- nous prescrire en ceci dos lois, vous qui n'avez
mettre, princi[ialemcMl à cause du leui|is oi\ pas le droit de regarder dans nos afl'aires. »
nous sommes, où les Innsfues des li('réliques Le gouverneur fut d'abord irrité de celte
nous atlaipient de tous cotés, et no rien faire lettre, mnis bientôt il l'admira; elle arrêta
d'indigne de l'espérance que l'on a conclue de même la violence de l'empereur et garantit
nous, ni de 'ia vie que nous avons menée jus- la ville du danger dont elle était mena-
qu'ici (I). I) cée (2).
L'ordination de révêi|U(tKasi'lio eut quelque Le saint vieillard signala encore son cou-
chose d'élran«;e, et fut l'ell'it d'un mouvement rage en défendant foii église de Nazianze.
poixdaire. A la mort de Diatiéo, les évc|ues Julien y envoya^ comme dans les autres villes,
di; (;api)adoce s'u-^scmldérent pour lui donner une compagnie de soldats armés d'arcs et de
un successeur. Les avis furent longtemps par- flèches, [lour s'emparer de l'église ou jiour la
lâmes. A la lin, tout le peuple, aidé |iar une ruiner; mai> cet évèque, de plus de quatre-
tr(iii|ie do soldats, se saisit d'un despiincipaux vingt-dix ans, résista avi'c tant de zèle, que le
de la vdlc, c'était Eusébe, et le présenta aux capitaine fut obligé d'abandonner rentreprise
évoques, l.'s supjdiaiit de l'ordonner et de et de se retirer au plus vite pour .se mettre en
le proclamer, et joignant la violence aux sup- sûreté. Ce vie llard vénérable faisait faire des
]dic;itions. Les évi'cpios hésitéient. Eusèlto prières publiques noue la délivrance do l'E-
éliiil illustre et (lioux, mais encore cal^cliu- glise et la fin de la persécution mais, eu par-
;

m"iic. Il-i lui ciuiférei'cnt forcément le b:ip- ticulier, il priait durant la nuit, couchant sur
leuie et l'éjiisccqial, le [jlarèrent sur le trône la terre, nonobstant son grand âge, et arro-
et le nroclamoieul archevêque de Césarée. sant le pavé de ses larmes. Ce qu'il continua
Mais à peine se virent-ils on liberté, qu'ils près d'une année, et si seerètemeut, qu'il s'en
rc-duioiit de déchirer nulle son ordination, serait caché même à sa famille, si son fils Gré-
lui ro|irucliant la violonee iprils avaient souf- goire ne l'eftt <lécouvert Ci).
ferle. Le vieil évépie de .\a/.iaii/.e no put être Julien avait quitté Constantinop.d vers le
de leur avis, et il fut aussi ferme à soutenir 15 in.ii ^02. Comme il ét.iit né eu cette ville,
ce qii il avait fait i^ar force, que s'il l'avait fait il l'aU'ectionnait comme sa mère et sa nour-

trésdibrement. Il représenta à ses collètçues rice, et lit plusieurs ouvrages pour l'embellir.
que la vicdeuce leur avait été conumine avec ii y avait demeuré environ c nq mois, dé-
Euscbe que, s'il était inexcusable d'y avoir
;
ployant pour tout nue activité prodigieuse,
cédé, eux l'élaionl pour le moins autant; qu'il mais souvent aussi une alfectation théâtrale.
eût bien mieux valu ne point consentir du tout Ainsi, le {" janvier, au point du jour, les
i son élection et hasardei' pour cela leur vie, nouveaux cotisuls, Mamertin et Névitta, se
que de vouloir la casser après l'avoir laite, rendirent au palais pour [U'évenir l'empereur.
surtout dans un lomp-* où il fallait songer à Dès qu'il les api-rçut, il courut fort loin au-
éteindre les qnerclb'S passées jdulôt (|ue d'en devant d'eux, les salua respectueuseincnt, les
fiirin''r de nouvelles. Kn elfot, l'empereur embrassa, lit entrer leur litière jusque dans
n'.tiiit pas loin, plu* fui ieux que jamais contre ses appartements, leur demanda l'ordre pour
le- cbicliens, en particulier contre ceux de partir; el comme ils rctusaient de s'asseoir
Césarée, a cause; ipi'ils avaient renversé le sur leurs chaises curules pendant que l'empe-
V'inple lie la Foi'tutie. L'ordination d'Eusébe reur restait debout, il les y pla(;a de ses [tro-
fiut encore augmeiitei' sa colère la ville était : pres mains, et marcha devant eux à pied et
en giand péiil. Le. :;ouvoriieur de la province, confondu dans la foule du cortège. Parmi les
enneini |iersiinnel du non', eau pasleur, à cause spectateurs, les uns applaudissaiont, les autres
des ililliMfMids qu'ils avaient eus ensemble le blâmaient comme de ipielquo cho-^e d'alfecté
dans l'a Iministriition des allaires civibs, était et de vil (4). Le consul Mamertin le dédom-
ravi de pouvoir lui nuire. Il écrivit aux évo- nuagea par son panégyrique, qu'il prononça
ques qui l'avaient ordonné [tour solliciter devant lui au milieu du sénat, et dans leijuel,
leuis plainti's, les y obli;;eant même avec me- en encensant l'enqu-ieur à toute outrance, il
naces, comme par ordre de l'empei-eur. Le ne s'oublie pas Ini-mème.
vieil évoque de Na/.ianze ré[iunilil sur le- Lorsque julien eut fait son entrée à Cens-
ehaiiqt : tiintiiutple, il y trouva des ambassadeurs de
« 'l'res-illustre scitfncur 1 Nous n'avons pour plusieurs nations étrangères, qui étaient ve-
roi el pour juge de ce (pie nous biisons que rnis pour Constaniîo il;y en avait jusque de
celui à ipii l'on fait aujiiind'biii la gu"rre ;
I Inde et de l'ilo de Cevlm. Il en vint beau-
f'pM lui qui examinera l'éleclion dont il s'agit, coup d'autres pour lui eu |iersoniio. Il leur
élection que nous avons faite suivant les rè- donna audience à tous et les eongèditt huuo*

(1) ar««., «put. u. >- CD '^"'> P- *M. eic- — (>} tà^ P< M.— (4) Amm., 1. XJILll, u. T.
«ï HISTOIRE UNIVERSELLE DE I/ftOLISE CATHOLIQUE
rablement. Seulement ceux des Goths ayant suprême, parce qu'il e-t homme. Aprt» quel-
cliicané sur les traités, il les menai^a «le la ques autres réponses, il fut mis à la torture et
guerre. Plus tard, le roi de Perse lui-même puis jeté en prison. Julien, iufi.rmé par le
envoya ilus lettres, demandant un sauf-con- proconsul, pendant qu'il éta>t encore à Com-
duit pour une amliassadc, aliii de terminer tantinople, envoya devant lui deux apostats
par une négociation les dilléicnds entre les de ses officiers, avec un prêtre <l'Escula[>e,
deux empires. Julien jeta le> lellns par terre, pour gagner Basile. Mais il les confondit par
se trouvant offensé que des ci)Upai)les vinssent ses réponses, et soulfrit avec le même couia'^e
lui parlei^ le trêve ou de pai.x (1). de nouvelles tortures. Julien l'ayant donc fait
Trois projets occupaient toutes ses pensées : venir dans soj' [lalais, lui demanda Quel est :

relever l'idolâtrie, anéantir le cliristiaiiisme, ton nom?


Basuc J'épondil iJ'abord je m'ap- ;

subjuguer les Perses- Dans sa marche de pelle chrétien, et le nom du Christ e-l éternel
Conslantinople pour Antioclie, il ne négligea et au-dessus de toutes les pensées humain<-<
l'autel d'aucun dieu, immolant lui même les Ensuite tout le m;jude m'ai)|.elle Basile. .Si je
victimes, fouillant lui-même dans leurs en- garde sans tache le nom du Christ, je rcci.viii t
trailles; d'où son panégyriste Libanius, par- de lui, au jour du jugenn-nt, la ré ompensa i
lant à lui-même, tirait un présage certain de de l'immortalité. Ne te trompe pas, Basile, le» '

la victoire, attendu que les dieux et les déesses, prit Julien car je n'ignore pas vts mystères,
;

attirés par la fumée des sacrifices, quittaient ïu crois en celui qui a soulfc-l la mort >^ju.«
les Perses pour les Romains, lui apparais- le président l'ilate. Je ne me tiompe null
saient familièrement et lui servaient à la fois ment, 6 empereur, répondit Ba^ile. Quant ..
de conseils, de guides et de protecteurs (-2). vous, devenu apostat, vous avez ab<liqué la
En Galalie, il se détourna de la route pour royaume du ciel moi, au contraire, je crois
;

faire un pèlerinage à Pessinonte, y adorer à mon Christ, que vous avez abjuré dans le
l'idole de Cyhèlc, dont il vit avec douleur le temps même iju'il vous donnait l'empire;
culte négligé. Pour expier ce scandale, il com- mais il vous l'enlèvera sous peu, afin que vous
posa l'inintelligible allégorie que nous avons connaissiez quel Dieu vous avez olfense. Tu es
vnc. Un jeune chrétien avait renversé naguère fou, archifou, dit Julien ; il n'en arrivera pas
l'autel de la déesse, sans que les h:d)itantss'en comme tu voudrai-^. Basile répondit Vous ne :

fussent mis en peine ; Julien le ht venir, em- vous souvenez pas du bien qu'il vous a fait,
ploya promesses et les menaces pour le
les vous ne respectez pa.-^ l'autel à ijui vous devez
gagner mais le jeune homme se moqua et la vie ; vous n'avez point ganlé la loi que
des promesses, et des menaces, et des suppli- vous avez souvent annoncée vous-même. .\u
J^es. Un autre jeune chrétien, déchiré par tout legrand euijiereur Je.~us-Christ ne se souvii
le corps dans une occasion semblable, se plai- dra pas non plus de vous mais il vous cnl' ;

gnit aux bourreaux de ce qu'ils avaient épar- vera bientôt cet empire lemporel, et votr^
gné une de ses jambes, et la présenta de lui- corps sera privé de la sépulture après que vous
même à leurs ongles de fer (3). aurez rendu votre àme au milieu des plus
Quand Julien lit son entrée dans Ancyre, grandes douleurs. Julien, pour le puuir il'a-
capitale de la Galatie, les prêtres païens vin- voir méprisé ses conseils, et de l'avoir <«.'.< •••
rent au-devant de lui, avec l'idole d'Hécate. lui-même, ordonna <iu'ou lui coupât, <

11 leur distribua de l'aigent, et célébra des jour, sept lanières dans la jicau. Le .-uni,
jeux le lendemain. On lui amena un prêtre ayant endure ce suppUce une premi'-re fuis
chrétien nommé Basile. Sous l'empire de avec courage, témoigna a l'officier chargé de
Constance, il avait ntl'ermi les catholiques l'exécution le désir lie parler à l'emji' reur.
d'Anc.yre contre les séductions de l'arianisme; A'Iinis aussitôt devant Julien, qui était dans
depuis l'apostasie de Julien, il les aliVrmissail ] lemple d'E?culape, il lui dit Où sont donc, :

cou tre le culte des idoles. 11 avait eu àsouf Il nqiereur! les prêtres et les devins qui d'or-
1

frir des ariens, il eut à soullVir des païens, ils dinaire \o\in accompagnaient? Sans doule
l'accusèrent devant le pioconsul, comm'' dé- qu'ils auront deviné pourquoi j'arrive. .Mais
criant la religion de l'empereur. Qui es-tu, lui (lit Julien, je peusc que c'est iian-e que tu es

dit le proconsul, pour être si hardi? —


Ce qui devenu sage, et que tu viens avec nous re-
est plus que toutes choses, repondit Basile, connaître les dieux. C'est, au contraire, répli-
je suis chrétien. —Pourijuoi donc, si lu es qua Basile, pour vous apprendre que vo? jire-
chrétien, pousses-tu la ville à la révolte, et tendus dieux ne sont uen; car ce sont drt
blasphêm<'s-tu le souverain, comme transgres- idoles sourdes et aveugles, qui mènent en
seur des bonnes lois? —
Je ne blasphème pas enfer ceux qui y croient. En même temp'
le souverain, ni sa religion. Le souverain, détachant une des lanières de sa p<au, il;
c'est Dieu qui habite les cieux, que nos pères, lui jette à la figure, disant Reçois ceci, Ji- :

ses dignes serviteurs, adoraient partout dans lien, pui>qu<- tu aimes de pareils mets. Pouf
un cœur pur. Quant à l'impiété vpie sous moi. mon bonheur est de vivre et de n
avez établie, il pourra la détruire dans peu. pour Jésus-Christ c'est lui mon soutiei.
:

L'empereur que vous me vautez. est de terre en lui que je crois, c'est pour lui que je .i-

et tombera bieutot entre les mains du Hoi fie. L'ulficier, qui vit l'empereur irrité > •>jW:'S

(1> Libaa, Orul., vui, p. 244 et i*6. — (2; UU.. Oral., viii, y. 24i-247. - W Of«». Km. Oral . i». y Ulk
LIVRE TRENTE-QUATRIÈME. IM
lui-même, s'en vengea sur le saint, en lui fai- lampe, ni encens. Un
libai'ion, ni viclirai!, ni
sant endurer pendant plusieurs jours, les tor- homme raisonnable ne serait pas content
tures les plus cruplles, el enfin la mort, le d'un tel procédé, bien loin qu'il puisse èlM
2!) .juin. Julien était parti pour Tarse et pour agréable aux dieux (3).» Ainsi pérorait Julien
Antioche (1). aux pieds de l'autel et de l'idole laais ni le ;

arriva dans cette dernière ville vers la Un


Il sénat ni le peuple d'.\ntioche ne furent tou-
de juillet. Tout le peuple sortit à sa rencontre. chés de sa harangue la famille même du sa-:

Le-; païens le reçurent comme un dieu la ; crificateur ne le fut pas davantage.


multitude l'appelait, dans ses acclamations, La fête de Oaphni; durait sept jours, pen-
l'astre propice de l'Orient, ce qui le flatta dant lesquels Julien fil un festin public selon
beaucoup. Mais au iicu d(>s cris de joie, on la coutume. Le sacrificateur avait deux fils

entendit aussi de toutes paits des hurlements qui étaient ministres du temple et arrosaient
lugubre c'étaient les femmes païennes tiui
: d'eau lustrale des viandes que l'on servait à
pleuraient la mort d'Adonis, dont on célé- l'empereur. L'un d'eux fil cette fonction le
brait la fcte en ce jour-là même (2). Cette premier jour, et aussitôt s'enfuit à Antioche
coïncidence parût d'un fâcheux augure. Ju- en courant, et alla trouver une vertueuse
lien était ravi rie voir Antioche il avait pro- ; diaconesse, amie de sa mère, qui l'avait sou-
mis de la rendre toute de marbre il désirait ; vent exhorté à se faire chrétien. Sa mère
encore la rendre plus idclàtre comme lui. Il étant morte, il avait continué de la voir, et,
Tisitail assidûment, non-seulemr!nt les temples ayant prolilé de ses instructions, il lui de-
de la ville, mais oncori' ceux des collines et manda enfin comment il pounait embrasser
des montagne-. Peu de temps après son ar- la religion i[u'elle lui ensingnait. Il faut, lui
rivée, il gravit le mont Cassius, qui était ex- dit-elle, fuir votre père, lui pnd'érer celui qui
trêmement haut pour aller visiter au som- vous a créés l'un et l'autre, el passer dans
met un fameux temple de Jupiter. Il en re- une ville où vous puissiez éviter les mains
virt à la hâte pour la fête d'.Vpollon, qui se impies de l'empereur, cl je vous promets de
célébrait tous les ans au bourg de Daphné, prendre soin de vous. Je viendrai, répondit le
près d'.'Viitioche. Il s'attendait à voir la capi- jeune homme, et je remettrai mon àme entre
tale de l'Orient déployer en celte solennité vos mains. Ce fut donc en exécution de cette
toute sa richesse et sa magnilicenee. Il se fi- promi>sse qu'il s'enfuit de Daphné et vint
pui-ait une grande pompe, des victimes, des chez la diacone.sse, la priant d'accomplir sa
libations, des parfums, des danses, des jeu- parole, l'.lle se leva aussitôt et le conduisit à
nes hommes velus de robes blanches et su- saint MiHèce. Il fit demeurer quelque temps
perbement ornés. Quand il fut entré dans le le jeune homme dans une chambre haute.
temple, il fut bien surpris de n'y trouver ni Cependant son père le cherchait. Après avoir
encens, pas même un j^àteau. Il crut que tout fait le tour de Daphné, il vint à Antioche et
rapi>ari'il ('tait dehors, et ipie l'on attendait parcourut toutes les rues enfin, passant de- ;

qu'il donnât le signal, comme souverain pon- vant le logis de saint Mélèce, il vil son fils
tife. Kniin, il di'inanda ce que la ville devait qui regar(lait par le treillis de sa fenêtre. Il y
sacrilier à cette fête. Le sacrificateur lui ré- courut, l'en tira de force, l'emmena chez lui,
pondit : de chez moi, (lour le dieu,
J'a|ipiiite et premièrement lui donna quantité de coups
une oie, cir la ville n'u lien préparé. Là-des- de fouet puis, ayant fait rougir au feu de
;

sus Julien gourmanda le >énat d'Antioche grandes aiguilles, il lui en perça les mains,
en ces termes (dlesl('lranfj;e iju'une si grande
: les pieds et le dos; après quoi il l'enferma
ville têmoii;ne plus de nu'qii is pour les dieux dans sa chambic, ipi'il barricada par dehors,
ipn; la moindre bourgade des extrémités du et s'en retourna à Dajdiné. Le jeune homme,
l'otil, et (|ue, possédant des tiîrres immenses, remidi d'un zèle extraordinaire, brisa toutes
aujouid'hui (jue la fêlede.son dieuarrive la pre- les idoles de son père puis, crai.nnant son;

mière fois depuis ipie le-i dieux ont dissipe le retour, il pria Jésus-Christ de le délivrer. Car
nuage de l'alheisiue, elbî n'olfre pas un oiseau, c'est pour vous, disait-il, que j'ai souffert et
immoler dis ()o»ufspar tribu, ou
elle qui devrait que j'ai fait tout cela. Connue il parlait ainsi,
du moin-i un taureau en couininu pour toute les barricades lomlièieiit, les portes s'ouvri-
la ville. n'y a i[ue le sacrifuv.leur, lui qui
Il rent, et il eoui-ut chez la diaconesse qui l'a-
devrait plutôt ri-nipniter chez lui s(!s poitions vait instruit. LUe l'Iiahilla en femme, le prit
de vos iitl'iandes. (^liaïunde vuis [)erinet à sa avec elle dans sa litière et l\' mena de nou-
femme d'enipoiler tout hors de (die/, lui jiour veau à .Melêie, ipii le mit entre les
s.iinl
d"niier aux (jalilei;ns ut, nourri>sanl de vos
; mains de saiid Cyrille de JiTus.ilem. avec le-
biens l'a pauvres, elles inspirent à ceux-ci, quel il partit la nuit el s'en alla en Pah'sline.
qui s(int pailiiul la fnule, une i^'ramle admi- Tlii''od(iret, qui relate celte histoire, l'avait ap-
ration pour l'atlieisuie. (Juand il celeluc la prise de I I bouche même du jeune hciunne,
fêle de sa naissance, chacun de vous jinpare t]ui la lui rai'onla dans sa vieillesse, ajoutant
<leux fois le jour uik' table iuaf;nili(|ue à ses qu'ailles la mort d(! Julien, il avait même
uuns cl à cette fêle solennelle devotii; dieu.
: converti sou père le sacrilicaleur.
personne ne lui apporte ni huile [lour la juliiui voyaul Antloi'he si chrétienne , la

(i; TtiuuJ., Mlle. XII. UuiiiurU^ («;/Vii>>ii., 1 , XXll, ii 9. — ()) Jul., Misoiiig \ ThuoJ., I. XU, c. ur.
ti4 HISTOIRE UNlVnitSELLE DE l/ÉGLIBE CATUOLIQDB.

prit en aversion; mais il fui tii'S-content des C'est pourquoi j'ai juïft à propos de pn«
I)

Tilles voisines. Car, fiinsi que lui incine s'en pour rlefcndre k tous le- |»eiiple«
Idier cet édil,
glorilie, nussitôt qu'il eut ilonrn^ ses orilrcn de prendre jiarl aux Inudde» que tàclieiont
pour nHiihlir l'idniiitiii', elles rfllfViTent les d'exiiter le» clercs, de jeter dos pierres, d»
tein[iles, rcuversèriMit les tonilii'iiux fies rmir- manquer de respect aux mai.'i'-lriil». Qu'il*
tyrs et pers(V:utércnt le» ehréliens au delà obi'issent auen ce qui concerne If
clerifé
même tife ses intentions (I). Nous en avons vu liiMi de leurs assemblei'rt et la forme de leiirt

des exemples à Arélliuse, à lli'liopolia et à prières mais si, p'iur ses intérêt.;, il le» portf
;

Gaza. S'il n'en fi\l pas de même partout, ce à la sédition, (ju'ils ne l'écoutent plu» aulr» :

ne lut pas la faille de Julien on le voit par ;


ment ils seront puni».
•a lettre aux habitants de Bo.4re. » J'adres«e cet édit snécialeinent à la villa
Cette ville était à l'i'ntrée de l'Arabie Pé- de Bostre, parce que ï'évèque Tilu» et wjh
tréc, près de la Palestine elle avait pour
;
clergé, dans une re piét« qu'ils mont pré«en-
évciiue Titus, célèbre pour sa doctrine (Icmime téc, accusent leur peuple il'étre prêt à «e sou-
l'empereur l'avait menace (\f! s'en prendre à lever, s'il n'élait retenu par leurs discouis.
lui et à son elcr^'é, si le pcujilc faisait queli|ue J'insère ici les propres paroles employé-» dam
sédition, Tilns lui envoya une re(|ui'lc par la reciuète (Junique /<•» rfin-lieiu toimt en iiuttt
:

laquelle il lui repi(''sentait qu'il travaillail au gmnn nombre qu<> nnu* lei
!<•> Iiellènef, et qw
contraire à contenir le peujile dans son devoir. conleniouf pnr nosdr peur qu'il n'ar-
ditC(Airs ,

Au lieu de le ri'niereier, Julien prit occasion rii:p quelque tlémrdrf... C'est ainsi que votre

de la d'exciter tous les ])eu])l('S contre les évèqiie parle de vous. Voyez comnient il vous
ecclésiastiques, en particulier celui de Bostrc dérobe tout le ra<-rite de votre sagesse, [>our
contre son évèiiue. Voici sa lettre : s'en faire honneur à lui seul. Il vous repré-
Julien à ceux de Bostre. Je m'imaginais
(( sente comme de- séditieux, c.ipables t'e« der-
que les chefs des Galiléens reconnaîtraient niers excès, s'il ue vous tetiait en bride. C'eal
qu'ils m'ont plus d'obligation qu'à mon pré- un délateur que vous ferez bien de chasser de
décesseur. Sous son régne, plusieurs d'entre votre ville (2). »
eux ont été bannis, persécutés, emprisonnés ;
Otte lettre est du 1" d'août .'Wi. On y voil
moi, au contraire, j'ai rappelé les bannis, et quel était Julien parlant philanthnqiie, mai»,
:

rendu tous les biens coulisiiués. Cependant, au tond, d'une tracasserie haineu»" et sophis-
parce qu'ils n'ont plus !e pouvoir de tyianniser tique, indigne non-seulement d'un empereur,
personne, ni d'exeicer premièrement les uns mais d'un honnête homme. Un évéque *c sert .

contre les autres et puis contre nous qui ser- de son autorité pastorale pour maintenir la I
vons les dieux, leurs violences accoutumées, tranquillité publique le 8ophi«tc Julien aliusc
: '

ils sont devenus furieux ils poussent l'exlra-


; de ce service même que lui rend l'évi-que,
vagance et la rage jusqu'à faire tous li'iirs pour le mettre nml dans l'esprit de son i»euple.
eilbrts pour soulever les jicuples, mimlrant S'il le bannissait, ses ordre» seraient paisi-
par là (ju'ils n'ont ni crainte ib's dieux, ni blement exécutés. Mais conseiller au peuple
respect pour nos ordonnances, qui ne respirent de le chasser, n'est-ce pas avoir le ae-scin
que la pIiilanthro|iie. d'exciter une séditioi., une guerre civile?
» Nous ne soutirons point ijue l'on traîne Libanius voudrait nous luire accn)ire que
personne aux autels, et déclarons que si quel- Julien portait la clèmenc- &i loin, (jue touU
qu'un, par s(m propre choix et de son bon la punition iju'il inlli:.'eait aux con-piraleurs
gré, veut participer à nos cérémonies, il doit c'était de le* convaincre de leur ciime. Il e»l
avant toutes choses, oH'iir des sacrilicns il'ex- vrai i|ue, nenilant son séjour à .\nliuche, il -e
pi.ation et se rendn> les dieux favorables tant : contenta de réprimandei' quelques solilatsi|ui.
nous sommes éloignés d'avoir seulement la dans le \in, avaient parlé le complot. .Mai;
pensée d'admettre à nos saints saerilices aucun Ammien Mircellin, un peu moins adulateur
des impies, à moin< iju'il n'ait purilié son que Libaniu*, nous apprend que, pendant 1(
4mi' par rie ferventes prières, et son corp< par même séjour , deux capitaines des )^arde«
les expiations convenables. Il est donc visible c(mvaincus de projets ambitieux, furent con
que ceux que l'on appelle cleics trompent les damnés au bannissement; que Marcel, tik
peuples, et ne les excitent à la sédition .|ue d'un général, fut ilécapilé comme a-jlranl i
yarce qu'ils ne peuvent p'us eux-mêmes !'em|iire ; que Caudeiiee uo»sverneur >\'K- ,

iourment(>r les autre*. Ils ont j^ris Icllement friijuo, et son lieutenant, furent 'ameui-s itaiu
goftt au despotisme, qu'au lieu de s'estimer les 1ers et condamnés au ileriiier «iinplice ,
heureux de ce qu'on laisse impunies leurs ]>our avoir été lideles à Consla'i l.i

taules passées, ils voudraient, comme aupa- lin (3) coniluite qui, sous un |>r
: ,(io . .

j-aviint, juger, faii'e des leslamiMits, s'appro- pi'U mai;nanime, leur aurait valu -un tstiuie
prier Iheiitage d'autriii. tirer tout à eux et, ; et son ailmiralion. et non pas la mort. .Nous
fio dépit, ils lèvent le ma que, ue gardent plas \ errons plus loin le martyre d'.Vrteniius duc .

de mesure, rt, pour mettre le comble aux d't'jypte et de Syrie. di>nt le cardinal .Msi a
m.iiix (pi'ils ont ^léjà fait~. ils attisent (ui al- retrouvé les actes dans un discours de iwial
himeut paimi les peuples le téii de la division. Jean Armasien, et que les Grec» oomp

(I) .W.«>pof., p Ml. - (t) Jul., tyûh ui. -^ (3) Anm.. 1. XXII, n. \\.
LIVRE TRENTE-QUATRIÈME.
tent leurs quatre grands martyrs.
parmi plus doux, la parole et la réprimande. Vous y
nouvelle drt '.a disgrâce d'ArttJmius, par-
I.ii acquiescerez d'autant mieux, que vous êtes
venue à Alexandrie, fut le signal du massacre hellènes d'origine, et q\i'aujuurd'hui oucore,
dn l'évpque arien Georges. Le pcupli! idolâtre, v.ius en montrez le noble caractère dans vos
pous-ant des hurlements aC eux, cuurt l'arra- sentiments et votre conduite (2). »
cher de sa maison, le traîne dars les rues, les Ainsi, les païens d'Alexandrie avaient mis
jambes écartées, le foule aux pieds et l'as- en pièces un évéïpie et deux magistrats, ils
somme à coups de bâton. 11 traite de même avaient mérité les deiniersehâtiments. Julien,
Dracontius intendant de la monnaie, et
, pour atténuer le crime, ne parle pas des deul
Diodore, qui avait le rang de comte le pre- : magistrats, mais seulement de l'évèque ; puis,,
mier, pour av.)ir renversé un autel élevé de- en considération de Séfupis et d uu oncU,
puis peu,ilins la monnaie; le second, parce ajiosta le tout finit par un compliment. TelU
,

qu'en (-.résidant à ia eon-truction d'une église, était l'impartialité de Julien. La seule chosi
il coupait, de son autoritl'^ privée, les cheveux qui lui tint à cœur dans toute cette aflairCi
des entants, à qui les païens les laissaient c'était la bibliothèque de Georges car il eu;

croître en l'iioniinur de quelque divinité. La avait une fort belle. Julien écrivit au gouver
])opulace s'acharna sur ces trois cadavres, et neur d'Egypte, ainsi qu'au trésorier général,
ne cessa de les insulter qu'après fes avoir ré- de la lui envoyer à Autioche. Pour la recou-
duits en cendres et avoir jeté les cendres dans vrer tout entière, il leur commande d'em-
la mer, de peur, disait-elle, que lus chrétiens ployer tous les moyens, entre autres de mettre
ne les recueillent et ne bàlissunt des églises à à la question les esclaves des personnes qu'on
ces nouveaux martyrs. Mais les chrétiens n'y soupçonnerait d'avoir détourné des livres,
fiensaient guère car, C' mme l'observe Anmiien
; et même s'il le fallait
, le secrétaire de
,

ui-meme (I), ils auraient bien pu les dé- Georges (3). Merveilleux Julien! pour venger
fendre, si Georges ne s'était pas rendu odieux le meurtre atroce d'un évéque et de deux ma-
à tout le monde. gistiats, il ne trouve, après tout, que des
Julien se montra très-irrité, en apprenant compliments mais pour s'approprier les livres
;

celte nouvtdle. Il adressa aux Alexandi'ins une d'autrui, il a des tortures.


pro.Iamation en style de rhéteur. Après y C'était pour soutenir leurs idoles que les
avoir parlé d'.Mexandre et de Sérapis, mêlé païens s'étaient portés à ces massacres ; la
les excuses aux reproches, il dit « Comjiarez
: Providence en tourna les suites dilléremment.
celte lettre à celle que je vous écrivais il y a Après la mort de l'intrus Georges, saint Atlia-
peu de temps; sentez-en la ditféreuce. Quelhis nase rentra dans Alexandrie, les catholiques
louanges n" vous donnais-je pas alors Mais, I dans leurs églises, et la paix daus Ls cœurs.
pur les dieux, quelque envie que j'eusse de Ceux que les ariens avaient cutrainés reve-
vous louer aujourd'hui, l'énormité de votre naient à l'unité en foule bctiucoup de païens
;

crime ne le permet pas. Un peuple a la bar- même se convei tissaient. Pour augmenter
barie de mettre un homme en pièces, comme cette heureuse tendance à la coucoi-de, saint
feraient des chiens! Il n'en rougit pas il ; Alhana^e tint un concile, où se trouvèrent,
ose lnver vers ses dieux des mains dégouttantes entre autres, saint Eusèbe de Verceil, qui re-
d sang! Mais Georges méritait ce traitement,
• venait do scn exil de la Thébaïdc saint Astère,
;

dites-vous. Je conviens qu'il en méritait peut- évèqne de Pctra, en Ai'abie; deux diacres de
être un plus rigoureux. Il le méritait, ajoutez- Lucifer de Cagliari deux diacres du prêtre
;

vou-i, iiQur les maux


uous a faits. D'ac-
qu'il Paulin, chef des eustalhiens d'Antioche. Ce
cord mai-i vous ne deviez pas être ses
;
concile, composé presque tout entier de con-
bourreaux. Chaque membre de la société doit fesseurs revenus de l'exil, tiansmit ses règle-
uiiuer et lespecter ses lois. Si quelqu'un les ments aux catholiques d'Antioche, dans une
transgre-sc, le corps doit y dcmeureratlaehé, lettre (]ui ne respiie que la /luiDlé et l'indul-
y coid'ormf;r sa conduite et ne se déimrtir ja- gence. Comme uu grand nombre de personnes
unis des s iges ordonnances faiies dès le com- étaient disposées à qui.lter l'arianisme pour sr
mencement. réunir à l'Eglise le, concile recom
Alexandrins, vous êtes bien heureux
» mande de les y accueillir avec une atlcction
d'uvoir commis cette faute sons moi, (lui con- toute patiuiielle, sans leur demander autre
serve pour vous une londre-sr de frèri', ten- chose sinon de professer la foi île Nicée de ;

dresse dont vous êtes redevables à Sérii[)is et condamner l'hérésie ai'ienne, en particulier
ù num onele, ijui porte mon nom, autrefois ceux qui disaient le Saint-ilspri) une créature
V(jtregouverneur et celui d'tlgyple. Sous un et d'une autre substance que 'iVils do con- ;

gouvernement où il y a de la vigueur, et qui damner i';,'iileuu'iit les an-.icnncs hciésies de


Bail se faire respecter, de pareils .itlentats ne Sidiellius, de l'aul de Sumosale, de Valeulin,
demeurent point impunis. On les regaide de lîasilide et do .Manès. A ces conditions, les
connue des m.iu\ dangereux qui ilemauileut clud's mêmes des ariens seraient re(;us dans
des icineili's violents. Toutefois, en consiilé- l'Eglise mais seulement ù lu communion
,

rulioii des motif-; ([lie je viens de toucher, ji' hnqut!, les autres, avec le rang uiême .juils
Veux bien n'employer ici que le remède le avaient dans le clergé, '^e concile insiste pour

(I) L. XXII, a M. - (î) Jul.. epiil. ». - (3) Ibid.. ix el »»«n.


m iiisTOirtE UNiVERSRU.R nr i;fir,i.i>r: catiiouque
nu'i«n s'en tienne là, sans soi;lf>vnr d'aulrc tholiques de Mélêcc et de Paulin. Il y eût
quo^tiDMS, i-ri ({nni il ne verrait i]ue l'amciiir réussi, avait pu trouverun evêque agréable
s'il

lie la dispute, il cite deux faits jiour excrnide. aux uns et aux autres. Voyant ijuc les eusla-
Sur cette iiuestion : Y a-t-il en Dieu Iroi^ lliieris avaient trop de peine à reconnaître
liyiiostase?> ou n'y en a-l-il qu'une? Ceux (jui Mélêce, il i-oii-acra évêqueleur i-lief, le prêtre
en disaiiMit a'iiis, accusaient d'erreur ceux i|ui l'aulin. Ce remêile au lieu de mettre lin à la

n'en disaient qu'une, et ré(ii)i()(juement. (Jr, division, la rendit encore plu-dillicile à linir.
le concile les ayant interrogés les uns après Ce ne iiit que dix-huit an« plus tard, en 380,
les autres, avait acquis la certitude qu'ils ]ien- dix ans après la mort de Lucifer, que Melece
saient tous la même chose; que ceux (pii di- et l'aulin convinient de gouverner chacun
saient trois hyposlases, enlemlaient trois jier- leur tioupe.iu, f'urant leur vie; mui< qu'à la
sonnes ; tandis que ceux qui disaient une seule mort lie l'un d eux, le survivant gouvernerait
liyposlase, enlendaii'nt une seule essence en : seul toute réglise d'Antioche. Ce qui réunit
eil'et, le mot grec se prêtait aux deux sens. De pour le moment tous Jes catholiques. Mai»
même, ceux qui se disputaient au sujet de ceux que l'on nomma luci'fé'iens.se ^épu^erent
l'Incarnation, ayant été interrogés par le con- alors des autres, à cause qu'ils avaient reconnu
cile, se trouvèrent penser la même chose, Mélêce comme évêipie.
savoir :que le Verhe n'est pas venu dans le Quand Eusèbe de Vereeil vint à Antioche,
Christ, comme il venait jadis aux pnqihètes, il fut afiligé de la préejpilalion de Lucifer.
mais qu'il s'était l'ait li/^ine, (pi'il avait pris (>[peMdant, par égani pour le mérite de ce
un corps avec une ànie ; (ju'étant vraiment personnage, il ne voulut point blâmer ouverte-

Fils de Dieu, il était devenu vi'aiment Fils de ment l'ordination qu'il avait faite; mais, ne
l'homme; que le Fils de Dieu, qui r'tnit devant < onimuniqu.ini ni avec Mélêce ni avec l'aulin,
Abraham, n'est pas un autre que celui qui e^t il promit de travailler à la réunion dan» un
venu après Abraham ; et celui qui a ressu-eité concile. N"y ayant pu réussir, il continua son
Lazare n'était pas un autre que celui qui ile- voyage vers rVlccident. Lucifer fut Irès-piijué
mandait où on l'avait mis c'était le même, : de ce qu'Eusèhe n'approuvait passa conduite:
qui demandait comme homme où il était, et il délibéra, il hésita (c'est le sens du grec),
qui le ressuscitait comme Dieu. Le concile en- s'il continuerait de communiquer avec lui, et
gage donc les fidèles d'Antioche à ne pas con- s'il ne protesterait pas contre ce qui s'était fait
damner témérairement ceux qui expliquent au concile d'Alexandrie; mais il se trouvait
ainsi leurs paroles, mais à n'éloigner, comme engagé par la signature lie son diacre, que,
suspects, (|ue ceux qui n'expli(jueraicnl pas de d'après le témoignage de tous les historiens,
même les leurs. Celte lettre fut souscrite par il ne désavoua jamais. Si, plus lard, ]dusieurs

saint Athanase, par les autres évèques pré- de ses partisans tirent un schisme «ous le nom
.sents, par'les Jeux diacres de Lucifer et les de lucifériens, lui-même s'en retourna eu Sar-
deux de l'aulin. Outre les trois absents, Luci- daigne, uni de sentiment et de communion
fer, Cimatiu< et Anatolius, la lettre était aussi avec l'Eglise catholique, c'est ce que disent
adressée à Eusèbc et à Astère, quoique pré- positivement Socrate et Sozomène (3), à qui
sents, parce qu'elle leur servait d instruction cependant certains criti<jue-ont jugé- à pro|»os
et de commission (I). Le pape Libère, ([ui de taire dire tout le contraire. D'ailh-urs. son
avait déjà prescrit la même règle pour la ré- letour en Sardaignc n'eut pas lieu immê.liale-
ception de ceux qui avaient failli, la confirma ment. D'après la vie manuscrite de Vereeil, il
de nouveau dans une lettre aux évèques rem]dit encore une troisième b-galinn avec
d'Italie, quand
eut reçu les actes du comité
il saint Eusèbe, auprès de* églises orienlales :
d'Alexandrie et d'un autre de la Grèce. La ce que cortirme le Grec Nieelas. en disant que
patx et l'union se rétablissaient ainsi par toute Lucifer et Eusèbe furent »»n\oyés de Rome i
l'Eglise (:2). Cé-arcc en Cappadoce. vrniin Lucifer. i)ue
La précipitation de Lucifer de Cagliari fut saint Jérôme i]ualifiede bi>'nlieureu\et debun
cause (ju'elle ne se rétablit pai de même à pasteur, a ti ujours été honoré comme saint
Antioche. Il revenait de son exil de la Thé- dans l'ile «leSarilaigne. Cequi a jetédu louche
buïde, avec Eusèbe de Vereeil; ils avaient été sur sa niémoin'. c'e?t qu'à >on oreasion il se
tous les deux légats du {««.fe Libère, au con- forma, sous le nom de lucifériens, un scbi'^me
cile de Milan, sous Constatiee. l)'aprês une vie peu considérable, qui non-seulement blàmail
manuserite de .saint Eusèbe. gardée dans son l'Eglise de snn indulgence a recevoirceux qui
église de Vereeil et attriliuée à son succes-eur revenaient de l'ariani-^me, mais encore rej.-lai
saint llnnorat, ils le furent encore tous les le baptême des ariens. A le"hr tète était Hil.iire
deux pour le concile d'Alexandi ie. Mais Luci- ce diacre de l'Eu'Iise romaine qui avait été
fer se contenta il'y envuyer à sa place un de légat avec Lucifer au concile lie .Milan. Comme
ses diacres, spprciuvant d'avance tout ce que CCS luciférien? n'avaient ni prêtre ni évéque,
l'on y ferait Lui-même se rendit à Antio(lii\ leur schisme dura peu et ne s'étendit (^ére
pour travailler d'avance, avec deux aulris Lors de la Sardaigne ,4).
confesseurs, à la réunion des deux partis ca- Saint Athanase rci^ut, k cette époque, des

(I) Aiwn., t. II. p. 770. — (2) Lib., epùl. xm. — (3} Soc, I. III. c. ix ; Soïoin.. L V, c. xm. — (4)
4i.7n SJi , ihr 20 mati. Ut tancto tuciferg, cixfi. ». tt Hit 23 tepl. De S. titrriu, | l>.
LIVRE TRENTE-Qi;ATRir;.ME. ΫT

reliques de saint Jeati-Baptisle. Peu aupara- Julien, à ceux d'Alexandrie : Quand le


a

vant, à Sébasle en Palestine (l'ancienne Sama- fondateur de vntre ville serait quelqu'un de
rie), les païens avaient ouvert le sépulcre du ces déserteur-; de leur religion, qui, pour avoir
précurseur, brûlé ses os et jeté les cemlrcs au embrassé une vie contraii'e aux lois et répandu
vent Toutefois, des moines de Jérusalem, dans le inonde une nouvelle doctrine, ont reçu
qui s'j'»trouvérent en pèlerinage, en sauvèrent le châtiment qu'ils n'avaient (jue trop mérité,

i]uelques ossements ; et, d'après les ordres de vous n'auriez pas raison de demander Alha-
leur abbé, ils les portèrent à l'évèque d'Ale- nase. Ma. s ayant pour fondateur Alexandre,
xandrie, qui les cacha dans le sanctuaire d'une et pour dieu tutélaire le roi Sèrapis avec Isis,
église, où ils furent retrouvés [dus tard. sa jeune compagne, reine de toute l'Egypte,
Julien s'aperçut avec dépit que le retour je suis surpris que vous demandiez un honmie
d'Atlianase, bien loin d'auijmenter la division de celte espèce avec tant d'empressement. Je
parmi le-; évè(iues et les peuples, occasionnait veux croire que la plus saine poition de la
une ri'conciliation universelle. D'autres indi- ville n'estpas écoutée, et que la partie cor-
vidus n'en étaient pas plus contents b's de- : rompue ose s'attribuer le nom de la ville en-
vins, les faiseurs d'horoscopes, les magiciens tière. Mais, par les dieux! je rougi-, Alexan-
qui, depuis que l'apostat avait rouvert les drins, que quelqu'un de vous se confesse
portes à toutes lesabomir-nlions d^ rinolàlric, Galiléen.
Iburraillaient de toutes part», conune des rep- » Les pères des vrais Hébreux furent au-
tiles qui, après un long lùver. se raniment au trefois les esclaves d»^ Egyptiens ; et vous,
soleil de la faveur; ils exerçaient surtout leurs Alexandrins, vous qui, dans la personne de
arts exécrables à Athènes et à Ab^sandric, où Votre fondateur, êtes les coniiuérants de l'E-
ils égorgèrent de petits enfaut«, pour cher- gypte, vous abandonnez votre ancienne reli-
cher dans leurs entrailles palpitantes la volonté gion, ijour vous asservir volontairement à ces
des démons ou les événements de l'averir. faux Hébreux, révoltés contre la loi de leurs
Kniin, de concert avec la popula/'e païenne, pères! Avez-vous donc perdu le souvenir du
ils représentèn.'nt à l'empereur qu'Athanase bonheur dont jouissait auti'efois l'Egypte,
rendait inutile tout leur art ; qu'il corrompait lorsqu'elle était en commerce avec les dieux
la vill(! et toute l'Egypte; et que, s'il y de- et comblée de leurs bienfaits? Les prédica-
meurait, il n'y resterait pas un païen. Julien teursdecette nouvelle doctrine, dites-moi, quel
leur écrivit aussitôt en ces termes Il fallait
: (( avantage vous ont-ils procuré? Votie auteur,
au moins qu'un iiomme, banni par les ordres Alexandre de Macédoine, adorait les dieux.
réitérés de 'ilusieurs emi>crcurs, attendit un Au prix d'un Alexandre, que sont vos doc-
nouvel ordre* avant que de revenir, et ne fût teurs? Que sont les Hébreux, i]ui valent pour-
pas assez b'-méraire pour braver insolemment tant beaucoup mieux que les Galiléens? l*ar
les lois. J'ai j)ermis aux (îaliléens, exilés par Jupiter! j'ai tort de les comparer avec un
Constance, d'heureuse mémoire, de retourner prince dans qui Rome elle-même eut trouvé
dans leur patrie et non pas dans leurs églises. un adversaire digne d'elle. Non; ils ne valent
Toutefois, j'apprends «[u'Athanase, avec son pas Ptolémée, fils de Lagus. Après la mort
audace ordinaire, s'est mis en possession de d'Alexaiulre, les Ptolémécs eurent pour votre
ce (lu'lls appellent le trône éiiiscopal, au grand ville une tendresse de père; ils élevèrent

déplaisir du peuple pieux d'Alexandrie; c'est cette liUe chérie au point de grandeur où
pouKiuoi nous lui ordonnons de sortir de la nous la voyons c'est à leurs sages lois, et
:

ville, le jour même qu'il auia reçu notre lettre, non aux discours de Jésus, ni aux enseigne-
et cela sous peine des plus sévères châti- ments des maudits Galiléens, qu'elle doit sa
ments (I). )) félicité.
Ainsi que nous l'avons appris de Julien lui- » Enfin lorsque nous e!»mes détrôné les
même, c'était ce peuple /licux i|ui mettait Ptolémées, qui s'étaient rendus indignes de
les /loi/imes en pièces, comme auraient pu fhiie régner, Augustin vint en Egypte, et harangua
des chiens. Mais pour un em[iereur sophiste, vos ancêtres « Alex;uidrins,
: leur dit-il, J8
qui vient dire après coup que, quand il a rap- B vous pardonne par vcspect pour le grand
pelé de l'exil généralement tous les évèques, » Sérai>is, à cause •'.-. vous-mêmes et de la
il e:; exceptait tacitemenf ithana-^e
. et que, ;
» grandeui de votre ville. Une troisième rai-
s'il leur avait permis de rev''nir, ce n'r'tait [las I) son me parle en votre faveur c'est l'umitiô
:

dans leurs églises, mais dans leurs pays pour ;


• que j'ai pour Aréus. C'était un île vos con-
un pareil emjiereur, une contradiction, un citoyens, l'inséparable ami d'Auguste, uu
sophisme de plus ou de moins ne lomple pas. n philosophe. »
Si n'cllemenl il [lensait (juc la présence d'A- » Voilà quelques-unes des faveurs particu-
thanase était odieuse au |ieu|de d'Alexandrie, lières que. vous ave/, reçues des dieux. Je se-
il dut bien vite s'en détromper, car la ville rais trop long si je voulais les rapporter
entière lui a.Ircssa une supplique |)our le con- toutes. Comment pouvez-vous mécounailro
server. Cette démarche le surprit "t l'irrila celles que les dieux visibles ne cessent de
proiligieusemeut, comme on le voit par sa ré- rê']i;inilre,nonsur un petit nombre d'homme»,
ponse. sur une famille unique, sur uue cerUina

(I) Jul.i tfi*t, un.


Il8 HISTOIRE UNIVERSELLE Dti L'ÊGLIBB CATHOLIQUE

ville, mais sur toute ri's|u>ce hiimaino, sur le Verbe divin ; on pouvait lui répondre dèi
toiiii's Il's parlifs ilc ruiiivcis? Eit-s-vou» lor-< : Oui, ni lu vie et la Uiorlde Soerale «ont

seuls insi-nsibli'S à la 8|ii n.lcur du «olcil? d'un sagi', lu vie et la mort de Jésus miuI d'un
IpnoiC'Z-VdUS si'uls «lu'il fait l'élc et l'hiver ; Dieu.
qu'il pnuluit Ions Ips aiiiuiaux i'l_ toutes les Ju.ien écrivit en même temps à Ecdicius,
Hiiuverneur d'K.'Vpte u Si vous no jugiez
plantes? Ne voyez-vous pas i|ue c'est île lui :

cl par lui que la pouvoir de


lune r.'çnii le pas il priqtos de me mander aulre chose, vous
produire tontes choses cl de rendre à la so- deviez au moins m'écrire au sujet ds l'ennemi
ciété des services infinis"? Cepeiulanl vous des dieux, .Vllimase, surtout étant instruit
u'osez adorer aucun de ces dieux mais ce ;
di'puis longtemps, comme vous l'èles. de nos
Jésus, que vous n'avez vu, ni vous, ni vos sages ordiiunaiices. Je jure parle t<ran<i Dieu
pères, vous soutenez qu'il est Dieu-Verhc et ; (>éraiii<, que si, devant .es ciilendes de d&

celui que tous les luunm.-s voient, eiuUrm- ceuibrc, Alhanasi', l'ennemi des dieux, n'csl
plenl, adorent pour h-ur hnnlieui-, depuis pas sorti d'Ale\aiidrie, ou plutôt de toute It
que le monde existe, le tirand soleil, l'iaias^e province, les troupes qui dépendent de voui
vivante, animée, raisonnahle du l'ère intelii- iiayeriinl une amende de cent livres d'ur.
gilde. vous l'aliandonnez. vous '<5 mèpri-ez! Vous savez que je suis lent à condamner,
Crovez-moi, rèlleehissez un peu et revenez à mais [dus lent encore à faire grAce, huMiue
la \"érilé. Ne craignez pas de vous égarer en j'ai condiininé une fiis. u Ce qui suil clail

me suivaiil. J'ai marché dan* votre voie écrit de la propre maiit de l'empereur, u Ou
jusiiu à l'âge de vingt ans, et voici la dou- niépvise tous le» dii-ux. J'en suis outré. Vous
zième ;innec' que je marche dan^ celle-ci. ne pouvez rien fiiire qu't je voie ou plutôt
« Si vous voulez vous rcn.he à ces salu- que j'a;'pre:ineavec plus de satisfaction, <|ue
laiies avis, ma joie sera part'aile mais si ; de chas-er ALaiiasc de toute l'EiJg'ple. Le
vous aimez mieux demeurer attacliés à la sceli-ralil a o-é, sous mon règne, Imptiser
!

superstition et prêter l'oreille à ces impos- des femmes grecques d'une na>s~uuce di-lin»
teurs qui vous abusent, nceordez-vous les giiée (-J;. » J
uns avec'les autres et ne désirez plus Alha- Il fallut donc encore une fois faire marcher 1
nase. Il y a plusieurs de ses disciples capaldes des troupes contr>- Athanase. attaquer l'église
de contenter, par leurs discours impies, la el en venir aux violences. La ^ran c église
démangeaison de vos oreilles car plût au ;
qu'on nommait l.i (j'suree, fui
d'.Mexaiiili'ie,
ciel que cette doctrine sacrilège tùt concen- brûlée païens el par les Juifs; Julien
|iar les

trée dans Athanase seul Mais il laisse une ! avait nii'me donne ordre de tuer le saint tous :

école nombreuse a d'illustres disciples,


; il les fidèles alarmés renvirunnaicnl en pleu-
parmi lesquels vous pouvez aisément choisir, rant mais il leur dit Ce n'est ipi'uu uu <go
; :

le premier venu vous expliquera les tcritures qui se dissipera bieutot. Il prit congé deux,
aussi bien que lui. Si vous le regrettez à recomiiiauda l'église aux pluscajmi.le- d entre
cause de ses autres talents (je sais, en eû'et, ses amis, el, su-hanl que ceux (}u'on avait en-
que c'est un homme capable de tout), appre- voyés contre lui étaient arrivés, il entra dans
nez que la raison pour laiiuelle vous lo dc- un bateau qu'il trouva sur le b'Td du .NI, el
uiaiiilez avec tant d'instances, est celle qui remonta vers la Tnébarde. Celui qui avait
l'a tait bannir. Il ne serait pas naturel de ordre de le tuer, ayant appris sa fuiic, le
aisser à la tète du peuple un homiui- intri- poursuivit en diligence; mais il fui prévenu,
(Çant, suil'iul si ce n'est pas même un et un ami avertit saint .\lhan.ise qu'on le
aomme, mais un petit être de rien, comme suivait à grande force. Ceux qui l'accompa-
Esi, qui tient à gloire de risquer sa tête : ce giMienl conseillèrent de s'enfuir daus 1«
lui J
e^ail établir un principe de désordre. I>e désert au contraire. Ut louruer le l»a
: lui, ï
peiU' qii il n'ai rive nen de semblable parmi teau et redescendre pnuupleiueijt ver? .Mex.ia
oas, j'ai précédemment ordonné (pi'.Vlha- dne, piiur moutrer, disail-il, que celui qui
nase roitil d'Alexandrie, et „ ordonne main- nous protège est plus ^'*.ind que .elui qui
tenant qu'd sorte de toute l'Lg» pie (I). » nous persécute. Quand ils reuconlrèr-nt U
Airri, (!ans une première lettre, il bannit meurtrier, il demanda si Athanase elail loin,
.\tbaO; -e d'.Vlexaiulrie parce qu'il e?l el où ils l'avaiecil laissé'/ lAîui qui raccom-
odieii;: peuple cl dans une seconde, il le
»u ; pagnaient repondireul : 11 est proche, el vous

ba;i"'' le toute lEgyitte parce qu'il estcberl le joiuilrez bientôt, vous viius pressez. Le si
du peuple. Il demande aux Alexandrins quel meurtrier passa outre, se pre-s.ml en vain.
avantage le cbrislianismc leur a procuré et ; Saint .Ulianase rentra pour un temps daut
lui- niéiiie y a répooiiu d'avance que le^ Gali- Alex.indrie, d'uù, sur de uouvidle>p" irsuites,
yéens nouiri>.-alent non-seulement leurs pau- il se r'Iira dans les déserts de la Tii'-b.iide
vres mais encore ci'ux ties païens. Il «lonn jusqu'à la m^rl de Julien (3).
aux AlexaiiiUins pour mo.lélc de (déte lei.. Si le gouverneur d'Egyple ne fut point as-
fonddteur Vlexandie et, ailleurs, il ele\'
; soz heureux pour annoncer à Julien 1 agi' able
Socriiti- bien au-ilessus de ce conquérant. I nouvelle que l'udieux Athanase était b.inui
demande pourquoi Jésus elait rc^jardé c-jmuie ou tué, il lui en avait annoncé une aul. e qui

(1) Jiil., "pitt. u. - (î) Itid., ^fùl. Ti - ;3) Tho j I., l ni, c. a ; So.., i. UI. c. xiv ; *ax,, 1. V, ft. st.
LIVRE TRENTE-QUATKIÈME. m
ne loi pas moins de plaisir c'était qu'on
fit : éprouva particulièrement les eflfets de ce fléau.
avait, enfin réussi à trouver un bœuf Aiiis (I). Julien tâcha d'y a|iporter quelque remède,
lin l'H'i't, ce n'étiiil pas chose facile ce tau- : en lixant tres-bas le prix des vivres ce re- :

reau devait être noir, avec une tache blanche mède ne fit iju'augmenler le mal. Les mar^
ft carrée sur le front, la ligure d'un aigle sur chauds ne pouvant plus vendre sans se rui
;e dos, celle de la lune sur le côté droit, et un ner, renon(;aient au commerce et Iranspor
nœud sous *a langue, cominii un escarbol. talent leur blé ailleurs, .\vant l'édit, la vilU
Etait il trouvé, les prêtres dis:.ient qu'une gé- ne manquait que de pain ; après l'édit, ell«
nisse l'avait conçu d'un rayon de la lune, et manqua de tout. Enfin, à la sécherejse succé'
qu'il était aiiirat! [lar le dicu-solcil ou Osiris. dèrent des pluies excessives et Julien, dévôl ;

On legardait quatre mois dans un édiflce de théâtre, allait, au fort des plus grandes
tourné à l'orient, ensuite ou l'amenait à Hé- pluies faire en [dein air dessacrilices.
liopolis, où, pendant quatre jours, il était vé- C'était un des préparatifs de guerre contre
néré par les femmes d'une manière très-obs- les Perses. Sans cesse les aulels des idoles
cène; enfin on le traiisporlait sur le Nil, dans étaient arrosés de saug plus d'une fois il
;

'un navire magnilique, à Momphis, où il avait leur immolait cent bœufs d'un coup, avec une
un tem[)le superbe et deux chapelles. Suivant infinilé de meiui bétail; il faisait chercher
qu'il choisissait l'un ou l'aulri' demeure, on par mer cl par terre des oiseaux rares, qu'il
en tirait un bon ou un mi;. î'ais augure. 11 déchirait de ses pnqjres mains; les festins de
reposait sur de prt'-cienx laiiis, et chaqui! jour ces sacrifices donnaient occasion aux soldats
il parfumé et encensé. Tous les ans
était lavé, de se remplir d vin et de viandes; en sorte

on amenait une vache, (pii ih^vait avoir


lui que souvent il fallait les emporter sur les
certaines marques. Aussitôt après on la met- épaules, depuis les temples jus([u'à leur logis :

tait à mort. On lui immolait des taureaux de ce qui ruinait la discipline militaire. La dé-
couleur rousse. Il avait une cour pour prendre pense de ces cérémonies était excessive, au ju-
ses récréations. Tous les ans, lorsque le Nil gement des païens mêmes. Avec cela Julien
•ommençait à monter, on célélirait, en l'hon- faisait consulter tous les oracles on regar- :

neur du taureau Apis, une fête de so^d jours. dait entrailles des bêles, on observait le
les
Sa mort était pleuréo par toute l'Egypte, jus- chant el le vol des oiseaux, ou employait avec
qu'à ce qu'on eût trouvé un nouvel Apis. alieclationtous les moyensde rechercher l'ave-
Avait-il vécu vingi-ciuq ans, on le noyait nir. Il y avait, au bourg de Daphné, près
dans un puits, ensuite on l'embaumait et on d'Antioche, une fontaine de Castalie, de même
l'inhumait soloiuiellcment dans le temple de nom et de même vertu, à ce que l'on préten-
Sérapis. Tous les mouvements et toutes les dait, que celle de Delphes. On disait que l'em-
actions de ce taureau étaient des présages. pereur Adrien y avait appris qu'il devait ré-
On voit maintenant combien un empereur gner, et (jue, de peur qu'un autre n'en tirât
philosophe avait laisou de se féliciter d'une la même connaissance, il l'avait lait boucher
si heureuse Irouvaille. de grandes pierres. Julien la lit louvrir, afin
Toutefois, jamaison ne vit d'année plusca- d'eu consulter l'oracle.
lamitcuse. il y eut des tremblements de terre Le temple de Daphné était environné d'uu
dans toutes les provinces, et la plupart des bocage, fameux par les dissolutions que s'y
villes de la l'alestint;, de la Lybie, de la Sicile pernietlaienl les païens, l'our sanctilier ce
et de laGrére, en fuftînt prcs(|uc abimées(2). lieu profane, le césar Gallus, frère de Julien,
Libanius assure qu'il n'y eut aucune ville y avait l'ait apiiorter d'.Vnlioehe les reliques
d'épargnc'o en Lybi^:, el qu'il n'en resta (pi'unc de saint Babylas, onze ans auparavant, et,
seule daus la Grèce; ({ue Nicéc cl Nicouiédie ilepuis ce temps, l'oracle d'Apollon ne parlait
furent entièrement ruinées, ctConstantiUople plus. Pour lui rendre la parole, Julien n'e-
fort endommagée (U). La mer passa ses bornes paigua ni les victimes ni l';8 libations; mais
ordinaires en (ilusieurs endr-iiis, et couvrit Apollon ne parla pas davu'itage; seiib-meut il
plu>ieurs villes de ses caui. Mais rien n'est lit entendre qu'il fallait, «.vaut tout, éloigner

idns etl'rayant que ce qui arriva a Alexandrie. les morts cpii rem[)ech aient de parler. Liba-
La mer, s'étanl retirée tout à coup, revint nius fait allusion à cet événement, (]uand L
av"C violence, -e porta fort loin dans le^ terres, dit que Julien délivra Apollon du voisinagi
et monta à une telle hauteur, «pi'en retour- d'un certain mort (|ui *e gênait (6) Aussitôt il
nant dans son lii, elle laissa des nacelles sur s'y rendit une foule de chrétiens qui transpor-
les toits de plusieurs maisonsCi). A ces maux tèrent les reliques sur un char à .\utioche. La
ti'rribics se joignitune sécheriîsse universelle, long du chemin, ijui était de près de deux
qui dura tout l'hiver. Celte sécheresse causa lieues, ils chaiitèrcut des psaumes analogues
une famine all'reuse, qui fut suivie d'uno à la circonstance. Le.s meilliuirs chantres com-
iiesle dont 'es ••JViiges ne cessèrent ({u'après mciu^aieiit, el, à idia^ae verset, tout le peuple
la mort (1^ Julien (5). celle famine seuildail répoii lait par ces parole^ Qu'ils soient con-
.

suivre Julien de lieu en lieu ; el comme il lit fondus tous ceux oui adorent les statues el
un assez long séjour à Anliocho, cotte ville qui se glorifient ou leurs idoles 1 L'empereur

(I) Amm., 1. XXII, n. 14.— (2J liid.


- (3) Lib.. Ortt(., m.- (4) Aiimu., l. XXUI. —(5) /*«<. — (8) Un.
Oiul., vl, p. \K.
»20 iiistoihk UNivEnsrxi-E de f/eglise catholique
nxlrémomont de ces chants et de colle
irrité prédit à l'oncle de l'emperear nne (ruéri-
lompc, d'en punir Irs chrétiens. Sal-
ipsoliit son parfaite lorsqu'il mounit mis<rahle-
,

r.usliî, préfet <hi pri'toin; il'Orienl, tout


païi-n ment peu après (3). Il y a plus ce grand de- :

ju'il était, lui représenta (ju'il n'était pa-; vin qui, au dire de Julien, son ^rand pontife,
prudent de leur pioeurer la fjloire du mar- voyait ensemble le [la-'é, le présent, /avenir,
tyre ipi'ils aniliilionnaient. Julien s'n](iniatia; ne devina [tas quel mallieurdevail bieiilol lui
el, i;uur lui «liiéir. S.illiis(e en fil prendie |ilu- arriver à lui-même car peu après le feu jicit
;

sicurs dés le li'iideinain. Ile ce noinlire fut un à son temple el consuma le toit tout entier, hfs
jeune liomine ajipelr Tliétidore. Il le lit tour- ornements de son idole et l'idole elle-même,
menter depuis le matin jusqu'au soir par plu- i|ui fut réiluile en cendres depuis la léle jus-

sieurs bourreaux, tour à tour, avec tant de qu'aux pi'uJs. [..es murailles el les colonne»
cruauté, (lu'on ne si; souvenait de rien de sem- restèrent si entières, qu'il semblait que ce fut
blahle. Cependant Tliéodcre, attaché an che- une démolition faite de main d'homme pluli'it
valet avec dfnix liourreaux à ses cotés, ne «pi'un effet du feu. (!el accident arriva le \\
faisait que ri-péter, d'un visage tranquille et octobre ',H)-2. Le comte Julien j' courut aussi- «
riant, le psaume qu'on avait chanté la veille. lot, quoique ce fût au milieu de la nuit. C'é-
Salluste le remit eu prison cliar;;é de chaines, tait l'oncle de l'empereur, ^postal comme lui,
iit son rapport à Julien, exallii la con tance qu'il avait fait comte d'Orient, et qui, en celle
du jeune homme, et conclut '.ne cette façon <|ualilé, ri'îsidait à Anlioche il ne pul remé- :

de pcrséeuler les cliiétiens leur vaudrait au- dier à l'incendie. L'empereur l'ayant appris,
tant de ;;loire que de confusion à l'empereur. entra dans une telle fureur qu'il fil mettre à
Rutin, qui rnp|ioi te cette liistnire. dit avoir la question les ministres du temple el le sacri-
vu liii-iii nie à Anlioche ce Tln-odure; et, ficateur même pour savoir qui avait allumé ce
comme il lui l'einandail s'il avait senti la feu; car il voulait ijuc ce fussent les chrétiens.
douleur, il rcqiondit qu'il en avait un peu Mais (jiielques tourments que l'on Cl souffrir
senti daliord, mais qu'ensuite il voyait au- à ces idolâtres, ils dirent que te feu n'avait
près de lui un jeune homme qui lui essuyait point commencé par en bas, mais par en haut,
la sueur du visaj^c avec un lin^'e très-blanc, et des paysans du voisinage assuraient avoir
et lui donnait souvent de l'eau fraîclic ijuo ; vu la foudre tomber ilu ciel. Quelques paiens
cette eau le consolait à tel point, qu'il fut disaient cju'un idiilosophe cynique nommé
plus triste (juand on le détacha du cheva- A-clé|(iade. étant venu de loin à Daphné [«our
let (I). voir Julien, avait mis devant les jiieds d'A|>ol-
Julien reçut un pareil aS'ront d'une veuve lon une petite idole d'argent de la déesse Cé-
nommée Publie, célèbre par sa vertu. De son leslc, qu'il portait toujours avec lui, et qu'a-
mariage, (jui avait peu duré, elle avait un lils près avoir allumé des cierges suivant sa C4iu-
nommé Jean, qui fu! longlemps le premier tume, il s'était retiré qu'au milieu de la nuit
;

des prêtres de l'église d'Antioche, et qui eut quelques étincelles avaient volé vers le loil,
plusieurs fois les sullVages pour en être évé- dont la matière était Irès-sèche, et que per-
que mais il évita toujours celte charge. Sa
; sonne ne s'élanl trouvé à propos pour arrêter
niere Publie tjui avait le rang de diaconesse, le feu, on n'avait pu l'éteinilre ensuite (4).
gouvernait une communauté de vierges, avec Ainsi, il était constant que le feu avait pris
les(iuelles elle ihaiitait les louant^es de l)i(>u. pal- «-n haut, el ipic les chrétiens ne l'avaient
Quand l'empereur passait, elles élevaient pas mis. Pour eux, ils doutaient |ioint que^
leurs voix toutes ensemble, et chuintaient prin- Dieu ne l'eût envoyé à la prière du martyr
ciiialcmenl les |isaumes ipii révèlent la fai- saint Babylas.
blesse des idoles, comme celui-ci « Les : Julien voulut toujours s'en prendre aux
idoles des nations sont or et argent, f)uvrages chrétiens, et prétendit que c'était une ven-
des mains des hommes. Puissent leur ressem- geance de la translation des reliques. Il fit
bler et ceux qui les font el ceux qui se con- fermer pour la seconde fois la iiranile églisfl
fient en elles! » Julien, b)rt ii-riti', coinmanda d'Aiiliocbe, après avoir fait tirer les vases sa-
à ces tilles i!i>se taire dans le temps ([u'il pas- crés pour les porter à S'jn trésor. Ce fui le
serait. Publie, mépris;: /il sa défense, les en- comte Julien, son onde, qui exét'ula son or-
couragea el leur lit 'jhanler comme il passait dre avec Félix, grand trésorier ^ el KIpidIus,
une autre fois « Que Dieu se lève, et que
: intendant des doiuaine?. Us client tous trois
ses ennemis soient dissipés! Julien, en co- .. apostats. A la vue des vases précieux que
lère, se ht amener Publie, et, sans respect Constance et Constantin avaient donnés :

pour son grand âge ni pour sa vertu, il lui Voyez, s'écria Félix, dans quelle vaisselle esi
fit donner, j)ar un de es gardes, des soultlels servi le Fils tle M.irie Le comte alla plus 1

des deux c()ir's, qui lui rougirent toutes les loin il s'assit sur les vases sacrt^s, el le* pro-
:

joues elle le tint à grand honneur; el, re-


: fana aussi bien que l'autel d'une manière
tournant à sa chambre elle continua ses
, également indécente el impie. Euzoms, évè-
canticjues siùriluels (2). que arien, qui occupait la granile église,
On dit que l'Apollon de Dajdiné recouvra ayant voulu rem|>ècher. l'apostat lui lonna
la parole, mais pour dire des mensonges qu'il un soutûet, en disau! Qu'on voie maiote- :

0} Uu!.i 1. X. '^ O; Ibeod , 1. UI, 0. un. * ^ij PhUott., I. VU, «. ui.~ (4; Amm.. :. XXU, a. U

LIVRE TRENTK-QUATUlfiMK.
nant si le ciel se mêle des
di's Gali- aflfaires supidico Bonose, Maxirailien et quelques au-
léeus! Ils se retirèrent après avoir tout enlevé tres ofliciers , qui refusèrent constamment
et con'ianiné les portes de l'église. Leurs blas- d'ôter de leurs drapeaux le monogramme de
jiiièmps ne restèrent pas impunis. Eli)idius, le Jésus-Clirist, et d'y mettre des idoles. D'au-
moins if'upable, périt misérableiueui en pri- tres fois, il pressait sa femme d'aller à l'as-
son, quelques années après. Félix mourut le semblée des chrétieus, priei- pour lui et le re-
S"ir même en vomissant lu sang à gros bouil- commander aux tidélcs. afin qu'il fut délivré
lons. Le comte Julien subit un plus longsup- de ses vers et de sa [luaiiteur. Sa femme ne
idice, ainsi que nous allons le voir (I). l'osa, de peur, dijaitelle, que la justice di-
L'empereur avait seulement commandé de vine ne l'ccias.il elle-même. Alors il a'écria :

tVrmer la grande église son oncle lerma de ; Dieu des chrétiens, ayez pitié de moi ma !

plus toutes les autres. Dans l'une, il saisit le femme même a oublié votre miséricorde, et
prèlre Tliéodoret: et n'ayant pu l'ol^Iiger par ne m'écoute point. Dieu deô vivants, seeou-
les tourments à renoncer à Jesus-CUrist, il le rez-moi et ôtez-moi proiu[itemeiit la vie! Et
condamna à perdre la tête. il expira, fourmillant de vers, au moment
Le lendemain lorsque Julien apprit la
, qu'on lui f^iisait lecture de divers oracles qui
mort du prêtre Théodoret, exécuté précisé- lui piomellaient qu'il n'en mourrait point.
ment comme chrétien, il dit à son oncle avec Toute .\ntio(he, y compris Julien lui-même,
chaleur: Est-ce donc ainsi (juo ^nus entrez regarda cette mort comme une punition vi-
dans mes vues ? Tandis que jo travaille à ra- sible (2).
mener les GaUléens par la douceur et par la Les morts funestes du trésorier Félix et du
raison, vous laites des martyrs sous mon comte Julien parurent de mauvais augure au
règne et sous mes yeux Ils vont me flétrir ! peu])le ididàlre. Car, voyant dans les inscrip-
dans leurs écrits comme ils ont flétri leurs tions publiques en l'honneur de l'empereur,
plus odieux persécuteurs. Je vous défends d'ô- ces trois mots latins, Félix Julianus Augustus,
ter la vie à personne pour cause de religion, ils concluaient que l'emiiereur, marqué par
et vous charge de faire savoir aux autres ma le dernier mot, suivrait bientôt les autres.
volonté. Ces reproches furent un coup de Lui-même en (dait épouvanté Un présage
foudre pour l'oncle, qui s'attendait à tout au- non moin-; funèbre lui ariiva le premier jan-
tre chose. Pour le consoler et en même temps vier 363. Pendant qu'il montait les degrés du
lui faire expier sa faute, Julien l'invita sur temple de la Fortune, pour inaugurer son
l'heure même à un sacrifice, et lui ofl'rit à quatrième consulat, le plus ancien des prêtres
manger des viandes immolées aux idoles. tomba mort devant lui (3).
L'oncle en mangea peu, tant il était consterné Il n'en devenait que plus tracassier dans
d'avoir mécontenté son neveu, lorscju'il croyait sa superstition, l'our tendre un piège aux
avoir mérité plus cjne jamais ses bonnes grâ- chrétiens et les engager à l'idolâtrie, il avait
ces. Uês le .'oir même, il se sentit attaqué infecté les fontaines d'Anlioclie en y faisant
d'une colique violente et frappé bientôt après jeter quelque liqueur ofl'ertc aux idoles, il
dans les entrailles d'une [ilaie incurable. Les faisait également arroser de celte eau tout ce
chairs extérieurs les plus voisines se corrom- qui se vendait au marché le pain et la :

pirent et engendrèrent une quantité prodi- viande, les fruits, les herbes, tous les vivres.
gieuse de vers, il s'en formait aussi au-de- Les cbrét eus ne pouvaient s'empêcher de gé-
ilans, qui le rongeaient peu à peu malgré mir, et ne laissaien' d'user de ces viandes,
tous les secours de la médecine, et lui sor- suiviint le précepte de l'Apôtre Mangez tout :

talent par la bouche avec les aliments, qui ce qui se v.nd au marché, sans vous in-
ne trouvaient plus d'autre issue. Pendant le former de r'Kfn. Un jour, dans nu repas, deux
cours de sa maladie, qui dura environ deux de s^s principaux gardes. Juventin et Maxi-
mois, le malheureux apostat trainait un reste Ciin, dé[dorerent avec chaleur ces profana-
de vie pire que la mort, dans une allreuse li(uis, employèrent ces paroles des compa-
et
alternative Je fureur contre les chrétiens, ou gnons de Daniel Vous nous avez livrés à un
:

de remords ilésespéres. Tantôt éijranlé par l'oi apostat, le plus injuste du monde. Quel-
les discours de sa femme qui était chrétienne qu'un de leurs commmensaux ayant ra[qiorté
et zélée, il envoyait prier l'ompeieurdc rou- ces paroles à l'emiiereur, il les lit venir tous
vrir les églises, en lui représentant que c'é- les deux et leur demanda ce qu'ilsavaientdit.
tait sa comjdaisance pour lui qui l'avait pré- ils prolitêrent de l'occasion et réiinndircnt
cipité dans cet état déplorable. Mais l'empe- hardiment Seigneur, ayant été nourris dans
:

reur lui faisait un crime de son repentir. Je la piété et les louablesmaxim-s de Constan-
n'ui point fermé les églises, répondait-il, je tin et de ses enfants, nous gémissons de voir,
ne les ouvrirai pas non plus. Ce n'est point à présent, tout rempli d'abomination et toutes
foire complal-<ance pour moi, c'est votre inti- les viandes souillées de sacrifices profanes.
délite |iour les dieux qui vous attire ce mai- Nous nous en sommes phiinls en particulier,
heur. Tantôt le eoiiite ranimait ses forces et et nous nous en plaignons en votre présence :

Bon inciédu'té pour condamner au dernier c'est la seule chose qui nous fait peiue sou»

fl) 8oz., I. V, c »ni ; Theod., 1. II, o. »ii. - (2) Soi., l. V, c. vui ; Theoil.. L lU, c xui. — <î) Auàia.
2ÎÎ HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'KGLISE CATHOLIOL^.
votre lèyne. L'ompeieur, ay;inl ouï ce dis- san» liltres, pauvres peclieuni, cnt prêché le
couts, les fil fiapper cl lourinenl(!r jusqu'à Christ en tout lieu et. sans autre arme <|u«
;

la mort, |iul)liiitil, pour cause de Icursuiiplice, sa puissance invislMe, ils îui on' soumis la
non |iiis lii rcligioti, mais l'iusoleiice de leuip lerii.' enliêrc, ressuscitant les morl-^. iiurifiant
paroles (1). li's léjireux, chassant les démolis. Mais lessa*
L'ii de saint Jean Damascrne, ré-
iliscoiirs ges et les tlièologucs que vous prétendez op-
ceninioMl puldié par le cardiual Muï, nous poser au Chiist, suppos(jns mê 7. que les ei- .,

(ail (dimiiilre trois autres inarlyis, mis à tiavagance» que l'cm en conte soient autant
mort par Julien durant son séinurd'Antinrhe : de vérités, de quelle utilité ces hommes nés
ce sont les saints Iviifènc et Macaire, pri'ties, deux, trois ou /ir.me quatre fois, ont-ils été
et saint Arlémius .;u Arlème, ancien gouver- au moniie, je ne dis pas au monde entier,
neur (le l'Ktjypte. Julini dil aux deux pre- mais à ra oiinimc jia'lic? Lequel des livres
miers Qui étes-vous? i|uel est voln! étal?
: d'Hermès ou de l'ythagore a ressns<'ité des
lùigène répondit Nous sommes chrétiens, : HKjrts, purilié des lé|ireux, ou chassé les dé-
et pasteuis du ti'ou])ean de Jùsiis-Clirist Ju- : mons que vous adorez? Hermès, que vous
lien Où est ce troupeau du Christ, dont vous
:
apjieli'Z Tiismégislo, n'esl-il pas un homme
êtes pasteurs? EujLténo C'est toute la terre : égyptien, qui a épousé une femme, a eu dc-s
liahitahle, et tous les hommes qui sont dc'^sus. enfants, dout i'ainé s'appelle lai, auipiel il
Bliséialilel s'écria Julien, sur (pii donc ré- adresse la parole dans ses dialo;^'ues I N'.i-l-il
gnons-nous, si le Christ iiossède la terre en- pas résumé lui-même sa théologie eu ces ter-
tière comme son troupeau ? Le martyr : Vous mes Il est dilhcile de concevoir Dieu, et im-
;

ri^gnez sur le même tr(jupcau dont nous som- liossilde de l'expliquer; car il est en trois
mes pasteurs. Car c'est par le roénje ijuc les hy|)0stases, son essence et sa nature est jné-
rois régnent et que les princes ont la jiuis- narialile, n'ayant aucune ressemblance parmi
sance ; c'est le même qui aujourd'hui vous a les hommes.
donné l'empire, et qui, si vous vous moidrez Le martyr ayant ainsi tourné en preuve»
ingrat envers votre bienfaiteur, le donnera du christianisme les objccti(jns mêmes qu'on
di'main à (juelquo autre; car vous êtes un voulait tirer d'Hermès et de l'ythagore, Julien
liomuif d'un jour, et c'est sur des lujmmes liit aux païens qui l'entcjuraienl : N'oyez et
d'un jour que vous régni'z mais lui possède ;
misérable, quel avantage il tire île nos sciences
le royaume éternel et qui n'aura point de tin. contre nous mêmes! Mais, j'en juie par le so-
Julien l'Apostat Comment! imjiie que tu es,
: leil qui nous éclaire, je ne .^oiiUrirai [<as que

ce Christ, né sous Auguste, tu en fais un nà la race mauilile des chrétiens apprenne les
éternel '? Le martyr Oui, selon son humanité, : lettres grc' ques. En même temps, il livra le
il est né au temps d'Auguste ; mais quant à sa martyr aux bourreaux, pour lui faire endurer
naissance divine et antéséculaire, il n'y a jusqu'à cinq cents coups de verges. Un Leraut
point de temps qui la précède. L'apostat qui criait pendant l'exécution Fais la volonté de
:

regardait le martyr comme un homme sans l'empereur, renoue».' à les extravagances, et


étires, se mit à le railler, en disant Ainsi, :
ou cessera de te tourmenter. Mds le marl)T
>'yO C.»rist est né deux fois? Mais il n'y a pas soullïuit tout avec ronslance, et s;;"» proférer
de quoi t'en gloiilier. Chez les hellènes il y a un seul mot.
des hommes très-sages qui sont nés, non pas Le prêtre Macaire, interrogé à son tour, se
deux fois seulement, mais trois fois tels : félicita de confesser la divinité du Christ que
Mercure Trismégiste et Pythagore. Le martyr Julien avait renie. L'apostat dil Tu cherche» :

répiicpia d'un ton sévère J'ai du rè-pondro : à UKiurir prom\ilemeni, c'est p'^ur cria que tu
comme j'ai luit, non à cause de toi, impie, me proNoquc!?, mais il n'en sera pas comme
mais i\ cause des assistants cjui la plupart tu pen^es. Reponds-moi d'abord. l)e quel droit,
sont chrétiens c'est pour leur salut iTU'ore
: n'ayant re(;u aucune autiiris.iliim ni de l'em-
qi»e j'ajouterai quelques mots. Le Christ a été pereur ni d'ui; gouverneur quelconque, allez-
annoncé plusieuis siècles d'avance parles pro- vous partout décruml le culle de nos grands
phètes vos oracles mêmes, et vos sibylli's
;
dieux, et enseignant aux hommes que ce no
ont rendu témoignage ù son avènement la ;
sont pas des dieu» ni des >auvt'urâ de l'uni-
cause de son inearnatiou a été la rt'deniption vers Le martyr répondit
'.' .Nous le fai.-on»,
:

du genre humain. Venu sur la tern-, il a parce (|ue le Cliiisl a commande de le faire,
guéri les malades, rendu la vie aux moits; et, pour détourner les hommes des vaine? idoles
aprè^- avoir soufl'ert sur la croix pour le sa- et les ramener au Dieu vivant qui a fait la
lut du momie, il s'est ressusciié lui-même, le ciel et la terre. Car \t>à dieux, l>-s dieux que
troisième jour, en présence des .soldats ipii vous adorez, sont des lictions de démons, des
gardaient son sépulcre il s'csl montré à cinq ; inventions tabuleuse? et c'est d'eux que notre
;

cents témoins, a conver>é pendant quarante Ecriture ilit l'eri-sent les dieux qu/ t'ouI pas
:

jours avec ses disciples, est moulé au ciel en faille ciel et la terre! Mais non- airuis, co
leur présence, leur à envoyé l'K-^pnt-Saint outre, la loi impen:ile de voli-a
i

ave le don de parler les languo< étrangères pareut, qui pii>-cri> le lulic Julien
et de prophétiser l'aNcuir; et eus hommes s'écria que ConstauUn avait élé uii nuvalciir,

(l)Tla'Od., 1. JiI,o. xy.


LIVRE TrxENTÉ-OUATRIÈME.
et pour preuve il fit mettre le martyr à la tor- qui coulait encore au temps de saint J ,,:i
ture. Dnm.i^cènc, portani le nom des deux saints.
Pendant qu'on tourmentait ainsi les deux Pour ce qui est d'Arlémius, Julien s'eft'orça
prêtres K!us;i'np et Macaire, un oflirior se leva de le gairner par un assez long discours et les
il'auprès de rempereurollniilil: Pourquoi tour- plus magniliqnes promesses : Si vous sacrifiez
inonlcr aussi ernellcraent de saints homnics, aux dieux pai'ticuliêrement à Apollon de
,

les iiommes consacrés à Uiou? N'oul)liez pas Dapliné, non-seulement je vous pardonnerai
fue vdu? êtes homme vous-même, et sujet le sang de mon Irère, mais je vous donnerai

)ux mêmes misères. Si Dieu vous a étalili encore une plus grande dignité que vous n'en
impereur, si vouw' tenez de Dieu l'empire, avez eue je vous établii-ai préfet du prétoire
:

prenez fçardc que Satnn, qui demanda cl ob- et pontife des grands dieux; je vous nomme-
int Job à tenter, ne vous ait demandé et ob- rai mon père et La seconde personne de l'em-
tenu vous-même contre nous, afin de oriijier pire, et vous serez à "/imais mon compagnon
'« froment du Chi ist et semer l'ivraie par- inséparable. Artémiu.s lui répondit que, pour
le'sus. .Mais son enireprisc sera vaine; il n'a son frère Galhis, j.imais il ne lui avait fait
plus la même puissance qu'autrernis. Di'puis aucun tort, ni de fait, ni de parole, ni même
que Christ est venu et (ju'il a été cli^vc sur
le de pensée, car je le savais un clnélicn lidèlc
la croix, l'oriçueil des démons est tombé, leur et fervent. Je ]ircnds donc à ti-moin Dieu et
puissance a été foulée aux pieds. Ne vous failc^s son (^liiist que je suis innocent d(; la mort in-
point illusion, ii empereur : n'allez pas pour juste ipie des méchants lui ont fait soulfrir,
l'iimour des démons, persécuter les chiétiens La preuve, c'est qu'à cette énoijue je n'étais
qu>' Dieu pi'olége. Car la puissance du Christ plus avec Constance, mais qU? dès lors j'Iux-
est invincible; vous en avez été assuré vous- bilair. l'Egypte jus«|u'à la présente année.
même par l'oracle de l'Apullon de Delphes Quant à renier le Cbrist et à emlirasser le
que V(uis apporta le médecin et questeur Ori- culte païen, je vous répondrai comme les trois
ha<c il est conçu en
;
ces termes Dites à : enfants à Xabuchodonosor : Sachez, ô prince,
l'empereur le merveilleux temple s'écroule;
: que nous n'honorons pas vos dieux, et que
Pùéhus n'a plus d'antre, plus de laurier fati- nous n'adorons pas la statue en or de votre
dique, i>lus de sources ni d'eau parlante. A Apollon. Constantin, pour lequel vous té;moi-
ces mois, Julien s'écria hors de lui-même : gnez tant de mr>pris, se tourna veis le Christ,
Quel est cet impie, qui ose nous tenir un pa- qui l'appela du haut du ciel, loiscjue, dans la
reil lan2:a,a:e sur notre tribunal? Un appariteur guerre dillicile de Maxence, il lui montra
dit Seigneur, c'est le duc d'Alexandrie d'E-
: l'étendard de la croix au milieu du jour, écla-
gypte. C'él.iit en elïet Artémius, depuis lon- tant [lar-dessus le soleil, et iju'il lui annonça
gues années ^'ouverneur d'Egypte et même de la victoire en lettres romaines. Niuis-mèmc:,
Syrie, qui venait «l'amener à Julien les troupes présents à cette guerre, nous avons vu co
des deux provinces pour la guerre de Perse. signe, et nous avons lu ces lettres. Toute l'ar-
Julien reprit aussitôt : Quoi ! c'est ce scélérat mée le vit avec nous, et il en est dans vos
d' Artémius (]ui a causé à mon frère une mort troupes beaucoup de témoins que vous pimvez
si cruelle ! dépouille de sa dignité et
Qu'on le interroger si vous voulez. Mais pounpu)! ru'ar-
des vêtemenis, et qu'on le punisse sur l'heure rcter à ces choses? Le Christ a été prédit par
même de ce qu'il vient de dire demain nous : les prophètes [ilusieurs siècles d'avance, comme
le punirons du meurtre de mon frère. Le mar- vous le savez très-bien vous-même. Il n'y a
tyr ayant été mis ,i nu, les bourreaux lui at- pas jusi]u'à vos sibylles vos poêles et les
tachèrent des cordes aux mains et aux pieds ;
oracles de vos dieux qui ne lui aient rendu
et l'étendant des quatre cotés, ils le frap- témoignage. Je me .'^er.s de ces preuves, non
pèrent, sur le ventre et sur le dos, avec des pour moi, mais pour vous, pour votre salut.
nerfs de bœufs, si longtemps qu'ils se relayèrent J'ai honte de vous voir ap[)eler dieux le soleil,
(lualre fois. Ce[tendant Artémius ne poussa la lu".9 et les iioilcs. Anaxagore de Clazo-
point un sou|iir, ne changea point de visage; mèno, votre maître en sagesse, ne dil-il pas
on eût <lit cjuc ceTi'étail pas lui i[ui soull'riiil, ipie le soleil est une mus-e incandescente et
mais un autre. Tous les assislanls étaient les étoiles des cor]- /n pierre ponce, absolu-
émerveillés; Julien lui-même n'en revenait mont inanimés et insensibles? (Comment donc
pas d'cloninnieiit. Les trois martyrs, conihiits pouvez-vous les appeler dis dieux, et mettre
en prison, y allèrent en louant Dieu. Ai'téinius le sr)leil, comme votre grand dieu, dans tous
même Voil.i que les sligni.ites
se disait à lui : vos discours et dans toutes vo< épitres? Mais
du Christ sont iin|iiinês dans ton corps il ne : pouripioi parler plus longuement? Je ne renie
le nianipie plus que de ilonner ton àme, ta ])as inui Christ; je n'embrasse [loint l'abomi-
vie, avec h reste de ton sang. nable impiété des hellènes; je per.'^évère dans
Le li'D'c'inain l'apostat liannit Eugène et
, la doctrine qu'on m'a cn~eii;nèe, je persiste
Macniro lans une conlréi' aride et maNaine, dans les traditions paternelle*, ([u'aucun siècle
en Arabie, avec ordre de leurc(uiiier la tête : ne renverseia, se crùt-il l'invenieur de la sa-
ils y fiirciiit clêrapilés après ipiaranle joui's, le gesse, pour pailerai-ec Euripitle, votre poi-te.
vinglii-me (le dr'cembre. A l'endroit même ilo Couune Julien, êlouné .le tant d'érudition
leur martyre jaillit au-sil6t une sonne d'eau et d'eloipience, ne repondait pas, le martyr
viNu, i{ui chassait luul* e^ipece de maladie, el i-epril Abau<loMuez, ô empereur, la religion
:
«4 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÉGLISE CATHOMQUK
morlc des Iifillènes, pouirie depuis
car c'.Ie est furent tous bri-és et di-loi|ué». Vin^t-qaatre
loiif^tcinijs ; et revenez au Clnisl, car il est heures après, Julien fil M-pan-r le- deux pierrej,
palieiit et miséricordieux, et il accueillera bien persuadé que le martyr était mort. La
Vdtrn repentir. pierre de dessus ayant été enlevé»-, le saint se
l'oiir l<)ut(! réponse, Julien ordonna de le leva et se mil à manher et à parl<T, mais
dépnuillcr de ses vùlemiMits, de lui pirccr les ayant les yeux hors di- leur obilc. Julien,
cillés avec, des alênes roupies au l'eu, i\r lui ayant encore tenté de le séduire, ordonna de
enfoncer des pointes dans le dos, et |)ui>de lui trancher la tèli-. Comme on te menait au
le liaiiier à la niiversi-. Ce su|iiilii'e dura plu- snpiilii'C, il obtint ries soldats quelques ins-
sieurs heures. Cciiinie la iiremièie l'ois, Arté- tants pour [irii-r l)ieii.
mius parut être le spectateur de ses souf- 11 le ri-iiuTcia Irès-liumblemenl de la gràc«

frances plutôt que la victime. Julien, vaincu, qu'il avait faite de soutfrir pour la gloire de
frajipadcs mains, .-;e leva de son triliunal, or- son nom ; il le sup[dia d'avoir pitié de son
donna de jeter le martyr en prison sans aucune Kglise, (jue l'apostat Julien mciiar^it des der-
noiii'iiture, puis s'en alla au faubourg de niers malheurs. Voilà que vos autels sont
Da[diné. détruits, votre sanctuaire profané, le sanjj de
V ers minuit, comme le martyr était à prier, votre alliance réputé pour rien, à cause de nos
Jésus-Christ lui a|iparul, et lui dit: «Artémius, péchés el à cause des blasphèmes qu'Arius a
prend coura^'e et n'aie [las jicur ilu tyran; vomis contre vous, Kils unique, et contre votre
car je suis avec toi, te dcliviant de toute ten- E-[irit-.Saint. vous séparant de la consubstan-
tation et de toutes les douleurs du supplice ; je tialité du l'ère et vous suppo?ant étranger a sa
te couronnerai dans le royaume des cieux; et nature, vous a[t]ielaQl une créature, vous
ton;nie tu m'as confessé sur la terre devant l'auteur de toule la création, vous subonlou-
les liiimmc's, je te confesserai dans les cieux nant au temps, vous qui avez fait les siècles,
devant mon Fère. Aie donc confiance et ré- disant Il y avait que le Fils n'èlaitpas; vou»
:

jouis-loi : car tu seras avec moi dans le para- nommant lils de la volonté. —
On voit parées
dis. » A ces mots, le martyr se sentit pleni de paroles qu'Arlémius n'était nullement infecte
courage, et passa toute la nuit à hénir Dieu. d'ariaiiisme, comme le soupr^onnait Tille-
H se trouva guéri de toutes ses plaies, et il mont (I).
n'en ilemeura pas une trace dans son corps. Le martyr ayant Qéchi trois fois les genoux
11 demeui-a quinze jours dans cet état, sans et adoré vers l'Orient, pria de nouveau et
goiitcr d'aucune nourriture, fortifié qu'il était dit : Dieu de l>ieu. seul d'un seul, roi de roi,
par la grâce du Saint-Esprit. vous qui dans les cieux êtes assis à la droite
Dans l'intervalle, eut lieu à Dajdiné la trans- de Dieu le Père qui vous a engendré, vous qui
lation do? reliques de saint Babylas, l'incen- êtes venu sur la terre pour le salut ^e nous
die du tem[de et de la statue d'Apollon, la tous, vous la couronne de ceux qui combat-
colère extrême de Julien l'Apostat contre les tent pour la pieté, exaucez votie humble et
chrétiens, qu'il accusait de ce désastre. Julien indigne serviteur, recevez mon àmeen paix...
tit comraraitre de nouveau Artémius, et lui Llne voix réitondit du ciel que -a prieie était
dit : Tu sans doute, l'attentai des
as appris, exaucée; que, de plus, l'empereur apo-tat
maudits chrétiens mais ils ne s'en réjouiront
: périrait dans la Perse, qu'il aurait un succes-
pas longtemps, car
je les punirai septante fois seur très-chrélicn, cl que l'idolâtrie loml était
sept fois, comme disent vos Kcnlurcs. Le sans retour. A ces mots, le saint maityr. plein
martyr répondit J'ai a[iiiris coiuuuul le feu
: de joie, présenta sa telo aux soldal>, qui la
du ciel a dévoré votre Dieu et hrùlé ;on lui couiièrcot, le vingt octobre, le sixième
temple : si donc il était dieu, pourquoi ne jour de la s^-maine ou le vendredi. Une femme
s'esl-il pas lui-même délivré du feu'? Julien chrèlienne, nommée Ariste, el diaconess.; de
essaya de nouveau de, gagner Artémius par l'tglisc d'Auiioche, obtint son corps, l'eni-
des promesses. L-: martyr répliqua Quelle ; bauina et l'envoya dans une chà.-se a l^in?tan-
folie de perdre aiit^i votre temps en discours tinoplc. Les G.'v.cs honorent saint Artémius
inutiles l Vous oubliez les insurrections des ou Artème p'umi ceux qu'ils appellent grands
barbares et la gueire de Perse pour laquelle tiiaityis. Vo'ici comme se tcruiinont ses acte:»,
Vous avez remué l'univers, et vous vous occu- rapportés pui- saint Jean Daiuas<^^ène Ces :

pez de moi, le serviteur de Dieu Pronoucez 1 cho^es se sont passées à Antioche, métro|>ole
contre moi telle sentence que vous voudrez; de Syrie, sous l'empereur Julien surnommé
car je n'adore pas vos dieux et je ne me sou- l'Apostat Dulcitius étant consul et Salluste
;

mets point ù vos ordres mais j'ollrc chaque, pit?:et du pretoiie, dans l'eudioit ap|'eî«
jour un sac rilice de louange. Uaplmé; Jesu--Chrisl Notre rH'igneur, notre
Julien fil scier en deux un éuormc bloc de Dii'U et noue Sauveur, régnant ^u^ nous (i).
pierre : on plaida le mailyr sur la première Julien se privait soldats lci> p. us
ainsi de.-
moitié, puis on lais?a tomber sur lui la fidèles. En recompense, on
voyait aflluer de
seconde moitié qu'on tenait su-pendue avec toutes parts à sa cour, des m.igiiieus, de> de-
des cordes on eutemlil craquer les os, qui
; vins et de^ iiui>usieurs de toule e^^)ccc; le

(1) T. VII, |i. 73t et sci|. —


(2) Mai, Sfici/egiun, n.i/Kinu u IV. S. Artcmti fotsi; auctore ]o
Bouactio Tiiùodorel, Uist. iccl., 1. III. c. xiv.
;
LIVRE TRENTE-QUATRIÈME.
palais Mn\t rempli d'artisans des métiers les autres de faire la guerre au Ki et au Kapp«,
«)tii'; ili' miséranles
sordiilC'*, (l'est'!avesfuL;ilifs, oui ne leur avaient jamais fait de mal, mai»
qui, après avoir été convaincus (i'eiiipoisoa- toujours du bien. Par le Ki, ils entendaient le
nemenls l't de maléfices, avaient langui long- Christ, dont le nom eommence en grec par
temps dans les prison? ou dans le travail des eetle lettre; par le Kappa, ils entendaient
mines. C'était tout d'un coup des liiéroplianles Constautin et ses enfants ilonl les noms com-
et des pontités vénérables. L'empM-eur ren- mencent par cette autre lettre grecque.
voyait des gouverneurs de provinces et des Pour se venger, Julien écrivit sa satire de%
mas^istrats sans leur donner audience, et Césars, dont la fin dernière est de ravaler
paraissait au milieu des rues parmi une Constantin. La forme en est assez ingénieuse.
troupe d'hommes elTémiMés et de femmes A la fête des saturnales, Romulus avait con-
prostituées son cheval et ses gardes mar-
; vié les dieux et les empereurs romains. La
chaient loin derrière, et ces infâmes environ- table des dieux était au sommet de l'Olympe,
naient l'emiiereur, éclatant de rire et tenant celle des empereurs un peu au-dessous di; la
des discours conformes à leurs mœurs. Saint lune. A mesure que ces derniers arrivent, le
Chrj'sostome , c[ui rapportait ceci vingt ans vieux Silène fait sur le compte de chacun des
après, voyait bien qu'on aurait de la peine à réflexions bouftonnes ou mordantes. Les [)lu3
le croire mais il en prend à témoin tous ses
;
méchants sont repoussés dans le Tartare,
auditeurs (I). Du reste, ainsi (pie nous l'avons Après le repas, Mercure annonce aux empe-
déjà vu, Ammien Marcellin fait entendre la reurs, de la part de Jupiter, qu'il y aurait une
même chose en peu de mots (2). couronne jiour le plus digue. Alexandre de
Le même auteur nous apprend que Julien Macédoine est admis au concours. Chacun
se conduisait ainsi par ostentation et pour se vante ses mérites et s'élève au-dessus de ses
rendre pupnlaiie. Il ne lit que se rendre ridi- concurrents. Marc-Aurèle parle avec modcb-
cule. On répandit dans la ville des vers satiri- tiiï : il .s'en rapporte aux ilieux, n'ayant eu
ques, où l'on raillait sa personne et ses actions, d'autre ambition que de les imiter ; et ijuaud
en particulier sa barbe qu'on ne disait lionne Silène lui reproche sa coupable faildes-e pour
qu'à faire des cordes. 11 fut exlrememenl sen- sa femme et pour son fils, il s'en excuse sur
sible à ces railleries. Il s'en vengea par une l'exemple de Jupiter même. Constantin est
satire contre la ville d'.Vntioche, sous le titre admis à parler aussi, mais seulement du ves-
de Misojjofjon, c'e>t-à-dire l'ennemi de la tibule. La pluralité des sufl'rages fut pour
barbe, (j'est une ironie perpétuelle, où, faisant Marc-Aurèle. Jupiter, toutefois, voulant les
semblant de lui-mêiue et de conve-
se railler recompenser tous, permit à chacun de choisir
nir lie moque, en ell'et, du
ses défauts, il se le dieu auprès duquel il voulitit ,'ivre désor-
peuple d'Aulioche, et lui reproche tous ses mais. Chacun lit son choix. Pour (Constantin,
vices, mais ajoutant beaucoup à la vérité, comme il ne trouvait parmi les dieux de mo-
comme Auimien lui-ui''me. Avec un grami
dit dèle de ses actions, dès qu'il eut aper(^u la
nombre bonnes [ilaisanleiies, cet écrit en
île Mollesse, qui n'était pas loiu, il courut à elle.
présente aussi plusieurs de mauvais :.oùt, et La .Mollesse le recrut d'un air tendre et le serra
linit par menacer le peuple d'.\nlioclie de ne dans ses bras; ensuite, après l'avoir bien
jamais plus lemeltre les [lieds diuis leur ville. ajusté et paré d'un habit de femme de diverses
La satire impériale, bien loin d'arrêter l'hu- couleurs, elle le conduisit à la Uébauclie. Il
meur caustique du peuple, ne que la ren- lit trouva auprès de celle-ci un de ses enfants qui
dre plus féconde et [dus mordante. Ce fut un s'y était iHabli et qui criait à tout venant :

ticluge de facéties, de bons mots, de sarcas- Corruiiteurs, meurtriers, sacrilèges, scélérats


mes. On s'égayait sur son air de mauvais de touie espèce, approchez hardiment. Poiut
singe, sur sa barbe de bouc, dans laquelle il de souillure que n'elface à l'instant l'eau dont
dit lui-même que la vermine se promenait je vais vous laver. En cas de récidive, vous
à son uise comme les bêtes fauves dans une n'aurez, ipi'à vous frapper la poitrine, vous
forêt; on riait de sa [letite tnille, de ses battre la tête, et je vous rendrai aussi [lurj
lipaules étroites «ju'il lâchait d'étendre, des (lue la première fois. Constantin se fixa doue
Krand-i pas qu'il faisait eu marchant, coninio volontiers auprès de la Débauche, ayani em-
s'il eût ete le frère ou le cousin des géants nieiK! ses autres enfants avec lui hors de ras-
d'Homère; on lui donnait le sobriquet de IVc- semblée des dieux. Mais, dans cet asile, les
tiiiuiire, au l.eu de sacriiicateur, a cause de son divinités ili;stinées à punir l'athéisme, leur
iilleitation à egoiger les victimes et à fouiller lirent supjuices qu'ils méritaient
soull'rir les
dau^ les entriMlli's Comme un gar(^on boucher. pour avoir versé sang de leui s pioches, ju»
le
Aiumien lui uieun' avoue que les railleurs qu'à ce (pie Jupiter, en faveur de «Ilaude et
n'avaient pas tort (.'!). Julien était informe de de (.imsiaiicc, b'Ur acciuda quelque relâche.
f'.eltc lou e do [)lai.-anteries mais, contraint ; Voilà coniinc Julien traiie Constantin et sa
.'le di.s.siiuuler, il earugeuit au dedans de lui- famille, en haine du christianisme; Julien,
tueme. (|ui avait épuisé toutes les formes de l'adula-
Le peuple d'Autiochc lui reprucbait entre tion, pour louer le deruier Coustaaco et l'Ole-

iDChryiosl. Oral., u,in Dahyl. — (2) L. XX.U, ri. li— (3) Amm.. 1 XXII, c. «IT.

ffOM. IV. iS
,

7Î6 HISIDIRE UNIVERSELLE DE LÊCr.lSE CATHOLIQUE


VIT au-dessus tic tous Ips liéios. Ce n'est pas que personne ne puisse dé»ormnig von« alar-
tout s'il s'ffltinc. il'avilir (xjiistaïuf. et su fa-
: nn-r ri vous vexer en ré|iarj(biiil di-s l.rnil»
mille, c'rsl pijur EO loiior lui-inrin(!. El lei fat hcux. Au reste, vous devtz moins accuser

Césars el une autre (illi''[;oii(' Halirlipic se lor- de tant d'inju-tices mon frère Con-tmice, de
minent [inr fies compliincnis que MiMciire glorieuse mimoire, ciuo certains homme* bar-
aih'osse à .lulieii (h\ la jiail dos iliiMix (I). Au bares et athées qu il faisait inaiifer à sa
fond, Julien vait la lèlc mm
moins de tia- table. Je les ai précipités de mis propies
vcrs que le couii'. 11 voulait rendre ses dieux mains dans la fosse, |)Our faire péiir, parmi
vénérables, et sa satire des CémrseisX, nu imid, nous, jusqu'au souvenir de leur mort el, ;

une satire do ses dieux. A l'arrivée de Trajan, voulant contribuer à votre bonheur, j'ai
connu par ses infamies de Soilorae, Silène dit exhorté mon frère Jules, votre vénérahi'* pa-
assez haut que Jui)ilor devait prendre garde à triarche, à ne plus souffrir uue ceux uuc oq 1

son Ganymède. Maic-Aurèle s'excuse sur nomme apôtres lèvent «b'S droits sur le peu-
l'exemide de Jupiter. Les autres auraient pu ple. Je veux que, d'tsormais, afTrancliis de c^s
en faire autant. Jules-César aurait pu.juslitier contributions injustes el goûtant sous mon
son amV)ilion par l'exemple de Saluruc, ipii, règne le repos le plus profond, vous re<lou-
pour le plaisir de réuner, mutile son père, blioz vos vaux pour la prospérité de mon enn-
dévore ses enfants, icsipiels finissent toutefois pire. auprès du grand Dieu créateur, qui m'a
par le détiônor. Alexandre et Trajan auraient daii-'iié couronner de sa main très-pure. L'ij-
pu justifier leur ivrognerie par l'exemple de quiétude et les épreuves violentes res-errent
Silène et do lîacchus ; tous, enfin, tous leurs lecipur; elles oient, en quelque fa^-on, la
viees et tons leurs crimes, par l'exemple de hardiesse d'élever les mains pour prier mais ;

tous les Dieux. Cela est si vrai, ipie les dia- lorsqu'une joie entière et parfaite entrelient
logues où le philosophe Lucien fait raconter dans l'àme une douce sérénité, ou se sent le
à ces dieux leurs aventures, sont pour le moins zèle el la confiance d'adresser de ferventes
aussi lihertins que les dialogues (jù le mémo prières à ce Uieu suprême : c'est de lui que
philosophe fait raconter à des courtisanes leur dépend l'cxiculion des projet.* que dous
vie de prostituées. Et c'est à resscmliler à de avons formés pour l'avantage de l'Llal. Ob-
pareils dieux que Julien fait consister la philo- tenez de sa bonté que je revienne virtorieux
sophie, la religion, la vertu! Et c'est à rt ndre de la guerre de Perse, pour rebàlir Jérusa«|
tous les homu>e3 semblables à de pareils dieux lem, celte ville sainte, après le rélaldis-emeDt^
que Julien appliffue tout son esprit, toute sa de la jnelle vous soujiircz depuis tant d'an-
volonté, toutes les forces de l'empire! nées, pour l'habiter avec vous, cl pour J '

Pour se venger du Christ, il entreprit de rendre gloire au Tuut-Puis-sanl (3). »


rebâtir le temple de Jérusalem et d'y établir Comme on le \oit par ses aiitn-s écrits, Ju-
le culte judaïque. Le Christ avail annoncé que lien pensiiit que le Dieu des Juifs était <elui-
ee temjde serait détruit et qu'il n'y resterait là même que les pun-ns adoraient sous d'ait-J
pas ]>ierro sur pierre. Auparavant déjà, les tie.s noms; d'où vient qu'il l'appelle un Dienf
prophètes avaient dit que celle dcrnièie déso- très puissant et très-bon qui gouverne lel
,

lation serait sans remède; que les Juifs ne monde visible, el probssiou de l'hon*]
il fait
subsisteraient plus jamais en corps de nation; norer comme le grand Dieu (4).
qu'ils seraient errants, sans roi, sans prince, Il ne se contenta pasd'écrirc aux Juifs uo<

sans sacrifice, sans autel, sans p''o|diéles , lettre aus-i Uatteuse, il fit venir le»prin.ipiiu«l
cherchant le salut et ne le trouvant point r2]. d'enire eux el leur demanda pourquoi ils]
Relever donc le tem|de et son culte, c'était n'ofîi aient point de sacrifiées, comme le
démentir non-seulement le Chiist, mais les loi l'ordonnait. Ils rép<>ndiit>nl qu'il ne les
propliètes c'était ruiner l'un et l'autre Tes-
; élail pas peimis do sacrifier hors de Jérus
taments et préparer le triomphe du paga- lem et du temple. Alor^ il leur déda a qu'eal
nisme. étudiant leurs livres sacrée, il avait dec'iuvert(
Afin d'y disposer les Juifs, il avait écrite que la fin de la captivité dans laquelle ils gé*
leur communauté la hltn' s\iivanle « Sons : mi-siiient était arrivée; qu'ils deviienl ituot
les règnes précédents, rien n'a plus appesanti retourner dans leur patrie, el reunllre II
le joug do voire esclavage que les ordre-s sur- loi en viuueur. Puis, joignant les clIV s aus,|
pris, en vertu des<|uels on vous forçait de paioles, il envoya de toute» part'» »les ouvrier
payer au trésor pulilic des sommes evorbi- à Jérusalem, el ordonna à ses trésoriers
tantes. J'avais été témoin de ces exactions, fournir l'argent nécessaire pour la >

maisjenelesai bien connues que par une infi- tion du temple, qui devait c«.ùler de-
nité d'ordonnances que j'ai Irouvée^s toutes immeii-es. Le gonverni'ur de la
dressées contie vous duns les papiei-s de char:.e d'y donner des soins. 1
l'Etat. On dlait même vous imposer une ami intime de l'empereur, qui
nouvelle taxe, si je n'avais arrête celle vexa- bien-aimé frère, avait 'a suru. i'

tion impie qui dishi.norail le gouv.rncmml l'ouviage, et s'était rendu sur les liciu f^i^r
j'ai jeté au feu toutes ces ordonuances, afiu eu presser l'excculiou.

ri) Jul. Oral., vu, p. 2'27. — (î) Dan., u ; JérOm., uxi-xixvi ; 0>**, m, 4 ; Amo», vm. II. — O) id-,
tpist \xs.— (4) fe'|( i<. Lxm, et Fraf
LIVRE TRENTE-QUATRIÈME. «7
A cetl*^ nouvelle, les Juifs acrnumnt de le sable, la chaux
les autres matériaux
et
touti's à J(^iiisahm. Ils si- cinierit déjà
[1,'iit^ dont il y immenses. Le feu con-
avait des las
les mail os du nmnde, et li-ur insolenei^ me-
1
suma même les marteaux, les ciseaux, les
narc ili^jà les cliréticns de les jiassef au til de scies et les autres outils que l'on avait serréi
l'iïpée. hans une conjoncliire si critique, dans un édifice soute, rain au lia» du temple.
sainlCyrille, évè»|ue df jcrusiilem, fut exposé Le jour venu, comme les Juifs lUaienl accou-
à d(^ rudes assauts, soit de la part des infi- rus pour voir le désastre de la nuii, il sortit
dèles, soit de celle des faibles chrétiens. M;iis, de ce bfitimont un torrent de ieu qui s'éten-
au milieu des insultes des uns et des alarmes dit par le milieu de la place et continua de
des autres, il soutint toujours, sur la foi des courir çà et là après avoir hrùlé et tué les
oracles de Manicl et de Jésus-Christ, que la Juifs i|ui renciuitrèrent. Ce feu recom-
s'y
tentative des Juifs et des [miens tourneiait à menea plusieurs fois pendant toute lu jour-
leur propre confusion. Toutes les apparences née. La nuit suivante ils virent tous sur leurs
étaient contre lui. On a-scniMait une quan- habits des croix lumineuses qu'ils ne pou-
tité pi-odi^ieusc de matériaux on travaillait ; vaient effacer, quehjue moyeu qu'ils em-
jour et nuit à nettoyer remplacement de ployassent; il parut aussi une croix de lu-
l'ancien ti'mpie et à démolir les vieux fonde- mière dans le ciel. Les Juifs ne laissèrent pas
ments. Quchp'es Juifs avaient fait l'aire, pour do revenir au travail, pressés tant par leur
ce tiavad, des hoyaux, des pelles et des inclination que par les ordres do l'empereur;
hottes d'aiiieiit. On voyait les femoK^s les mais ils furent toujour.s repoussés par ce feu
plus délicates mettre la main à l'o-uvre et étrange. Plusieurs d'entre eux, ainsi «jue |du-
emporter Ie< décombres dai;s 'ours rohi's les sieurs païens, furent touchés de ce [uodige,
)ilus précieuses. Elles avaient donné leurs et, reconnaissant la divinité de Jésus-Christ,
iiijoux et leurs pierreries pour contribuer aux demandèrent le baptême.
frais de l'entreprise. Ces prodiges, dit un ancien auteur,
«

Lu démolition était achevée, et, sans y ayant été annouecs à l'omperi^ur Julien, il
peu'^er, on a\ait accomp'i, dans la dernière cessa d'ordonner la réôdiliuation du tem-
niçu iir, la parcdc de .lésus-tihrist qu'il ne : pie (3). ,

rcsii.'inil /iiis jjicrre .<!»• /ikrre.On voulut placer Unà ceux des Juifs qui s'opiniâtrerent
int
les nouveaux fondeinenls; mais il sortit de dans le judaïsme, ils ne laissèrent |ias que
l'endroit même d'ctlVoyables tourbillons rie de consigner cet événement dans leurs mé-
Dauinies dont les élamements redouiables moires. Un fameux rabbin du .siècle suivant
consumèrent les ouvriers. La même chose 9'ex[>rime ainsi « Environ l'an du nujude
:

airiva à diverses rc[iri>es ; et l'opiniâtreté du 434t», nos ainiales rapportent (|u'il y eut un
feu, rendant la place inaccessiide, obligea grnnil tremblement par toute la terre, t|ui
d'ubandoniier pour toujours l'ouvraiçe. (^o détruisit le tem[ile que les Juifs avaient
sont les propre termes cl'Ammien .Marcel- élevé à grands frais, par ordre de Julien
lin (I), auleurdu tettqis, historien judicieux et l'Apostat. Le lendemain de ce désastre, le feu
lidèle, païen de religion et attaché au ser- du ei(d tomba sur les ouvrages, mit en fusion
vice de Julien. Les auteurs chrétiens disent tout ce (jui était de fer dans cet édifice, et
la même chose saint Ambroise, saint tlhry-
: consuma un grand nombre de Juifs (4). »
sostome, saint Grégoiie île Nazianze, tous Julien lui-même a rendu un témoignage
trois contemporains do l'événement; Bulin, forcé à ce prodige. Comme on lui objectait
Socrate, Suzomène, 'l'heodoret, qui écrivirent l'iueeudie du temple di", Dajdiné, que son
dans le siècle suivant {'i), tous en parlent grand dieu Apollon n'avait su ni prédire ni
comme d'un fait notoire, et sur lequel il n'y prévenir, il tâche d'y répondre par les pa-
avait pas une ombre de doute. Seuletnent, ils roles suivantes « Que personne ne prétende
:

y ajoutent les détails que .Marcellin, oiilinai- nous en imposer par di's siqdiismes, ni nous
rement prolixe, néglige celte foi-, peut-être é[iouvanler par le cri de la Providence. Il est
poui- menacer l'honneur de son héros. La vrai i|ue pro[dietes parmi les Juifs nous
les
nuit donc ([ui pro' (^da le jiMir ot'i, les fondc- ont roi)r(ichi' tous ces dé.'<a-tres mais (pie di- ;

numls étant dé|à tout prêts, l'on ileva t coui- ront-ils eux-mêmes de leur propre temple
niencer l'ouvrage, il s'éleva un ).;rand trem- détruit trois fois, et qu'on n'a pu rétablir
blement lie tore, (lui nonseulenu'nl jeta à jusqu'à i>résont'? Ce l'est |ias que je veiiillt!
des di-tances considéialdes les |iierres qui insulter à leur fortune, puisque j'ai moi-
étaient dans les fiunlement-, mais qui renver- même voulu rebâtir ce temple en l'honneur
sa la plupart di;s édilice-^ d'alentour. Lesgale- de la divinité (pi'on y invo((uail. 'e ne cite
ries publiques, in\ s'était retiré un grand cet exem|di' que pour faire voir ipi'il n'est
nombre de Juifs pour veiller aux ouvrage-, rien de durable dans les choses humaines, et
'.omberent avec fiaens et ensevelii'Ciit sous que les prophètes, ipii n'avaient il'autre oc»
leurs ruines toulc^s les personu(^s i|ui s'y trou- Clip. ition que il'amuser quebpirs imbiciles de
/èreul. Des tourbilluus de veut eiuporlérent vieilles femmes, n'ont écrit que des extra va-

(1)
i\\{..
Amra.,
1. I, 0.
I.

xxxvii
XXIIl, n.
Soc,,1.
1.
I. UI.
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0. XX
AmI.r.,
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8.)/!
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l. V, 0.
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xl ;
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XXI 1ii.v„l
xxi .'Tii.vxl
. i. Ut, c,
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ii.
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GrP(f.
^, , —
N'ai. .,

(3) St>tcileg-
Or..
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lonian-
; IV

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<u oaril. M., t. 11. Pruijm. JuUani tiip rc» ijcsia, p. 6. (i) Wtigeii9»il. Wurbuiton
BIRTOmE UNIVERSELLE DE L'ÉCUSE CATHOLIQUE.
gnneep. Tout rela nR prouve pas, à la vérité, dr)nt la propagation, dont l'exittenee wula
que leur (lieu lit' soit grand mais il est cer-
;
prou\e la divinité, était le salut liu monde
liiin qu'il n'a rii ]iaiini le? Juifs ni des pro- jiar la pureté sa doctrine et l'immensit»- de
île

piu'tes ni des interprètes (apal)les. I>a raison ses Idenfaits, tandis nue l'idolâtrie en est la
en est claire >ls ni- se sont jamais appliqués
: eoriuption. Enfin que la seule religion cliré-
à cultiver leur esprit par l'étude des sciences tienne a]iprend avec certitude au genn- hu-
humaines ils n'ont jamais tenté d'ouvrir les
;
main d'rji'i il vient où il va et où il eu est; ce
yeux que l'»rmait l'ignorance, ni de dissipi'r qu'il en est de Dieu, de l'homme et de leurs
les lénél)res*(u'entretenait leur aveuglement. rapports. D'a|)rés cela un loyal adversaire
Ils sont semblaldes à ces hommes, ijui, à aurait es.sayé d'établir nettement que le paga-
travers des nuages et des exhalaisons gros- nisme et la philosophie n'avaient pas les
sières, aperçoivent la lumière éclatante du défauts qu'on leur re[(ro hait, ni h; christia-
firmament. Cette vue, trop peu «iistincte, nisme les avantages dont il se glorifiait.

leur fait confondre la splendeur éthérée avec Julien surtout, qui avait quitté celui-ci pour
le feu terrestre et impur. Aveugles qu'ils sont celui-là, et qui voulait jiersuadcr ou con-
sur tout ce qui les environne, ils s'écrient traindre tout le monde à faire di- même,
comme des forcenés : Craignez, tremblez, devait en donner des raisons perem[)loircs
habitants de la terre le feu, la foudre, le
: et nouvelles. 11 l'enlrepril; il y travailla avec
glaive et la mort ! employant avec emphase ses philosophes, il y travailla au milli<'u
les expressions les plus terribles, [lour dési- même des préparatifs de la guerre i-ontie le'»
gner la chose du monde la ]dus simple, la ]iro- Perses; il y travail a dans ses lettres aux
priété destructive du feu. Mais il est plus pontifes des idoles, et dans son Misn/tof/on et
convenable de no parler qu'en particulier de ses Césfirs, et dans les homélies sur le soleil
toutes ces choses, qui, pour le dire en passant, et sur (^ybéle, et dans se^ deux discours sur la
font bien voir que ces prélendus maiUfS de philosophie cynique, et cnlln dans un ouvrage
la sagesse, qui se vantent de nous donner les cxfirés contre le christii'nisme. Or, le pa-
idées les plus saines de la Divinité, sont bien ganisme ainsi incarné dans Julien, secondé
inférieures à nos poètes (I). » de toute la philosophie païenne, soutenu de
Quelque entortillé que soit ce verbiage, toutes les forci-s de l'emiiire païen, n'agit plus
Julien y confesse qu'il avait entrepris de que comme un serpent blessé a mort. .Au lieu
rebâtir le temple des Juifs ; que cette entre- d'aller droit au but. d'aliurder franchement
prise avait manqué que le feu en avait été
;
la question, se traîne dans le même cercle,
il

la cause ; que ne désastre avait été prédit par se plie et se replie sur lui-même, ralmclie de
les prophètes. Seulement, il en conclut ipie argulies déjà pulvéri-ées. essaye de lance
les prophètes ne savaient ce qu'ils disaient, quelque venimeux sarcasme, et pour s'em-
attendu qu'il est dans la nature que le feu pêcher de mourir, s'ellorcc d'emprunter
brûle. Les poètes étaient bien plus éclairés, peu de vie à qui l'a blessé.
eux qui, comme le même Julien nous l'ap- Ainsi, dans ses letires confidentielles an
prend ailleurs, se sont rendus méprisables pontifes de ses idoles, julien avoue que pou
par leuis contradictions, tandis que les pro- relever le pagani>me, il faridrail .jue »es phM
phètes excitent l'admiration de tout le losiiphes et ses poètes lu-s<>nt d'à. eoid enlr
monde par leur conceil. ïiUe est la logique eux comme les prêtres îles Juif- ; qup les pr
de l'apostat. On diiait voir le ]ière ilu men- très des id<'les fussent des modèles de vertu <

songe, le serpent internai, que tiansperce un de charité comme les prêtre- du Christ ;

trait (le la vérité divine, et qui s'entortille et les païens, en un mot, ressemblassent
se recourbe en tous sens pour ne pas en con- chrétiens. Voilà ce t|u'il dit en ennlidenciii
venir. mais au public il dira le contraire. Ainsi, da
Tel est, au reste, le caractère général de ses O'ijeclions, réfutées d'axance par Ongéo
Julien. Pour un homme de sens et de droiture, et les premiers Pères, en-uite plus lard,
la controvcise entre le paganisme et le saint Cyrille d'.\lexan.;rie, il repro<'hera
christianisme était bien éclaircic. Depuis trois chrétiens «l'avoir passé à des mivurs barbar
siècles, les Pères de l'Eglise, la plupart origi- cl de n'avoir emprunté du pauanisme et i

nairement philosophes, avaient rlémoniré his- jiidai-me que ce que l'un et l'autre avaieo
toriquement (jue la religion chiélienne était de plus mauvais (ij). Ainsi il dira en toiil
aussi ancienne qui» le monde; que Moïse était letires que Ie5 hellènes ont forgé sur leui»
antérieur, non-seulement aux écrivains, mais dieux, en particulier .Saturne et Jupiter. <\iê
aux dieux mêmes du jaganisme; que les fables incroyables et monstrueuse* (3) ; et ce-
nropliètes, venus en divers temps et en divers pendant il fait un crime aux chrétiens de ut
lieux, avaie'<t parlé comme n'ayant qu'un pas croire à ces fables; et cependant pour
esprit cl qu'#..e langue tandis que les pi\i-
, étudier les inventeurs de ces tables. H"mère,
losophes, à l'arf cpiclques points où ils se lltsiode etc., il faut admettre tout ce qu'ib
,

trouvent d'accorj avec les propliètes, étaient disent. Et cependant, dans le même ouvrage,
en etuitradiolion les uns avec les autres, et il prétend prouver la diversité des dieux pef
j?v( c eux-mêmes; que la religion chrélienue, la diversité des nations et de leurfc couluui<«i

O) 4ul , fragm , p. isJâ. - (l) //.ïrf., Oi^era, t. II, p. 43 el ÏOI. - (S) Ibtd.. p. U.
LIVRE TRENTE-QUATRtÈME. m
Telle nation est guerrière ou pacifique, bar- AjBmien-Marcellin nomme erpressément la
bare ou polie, loyale ou perfide, au-lère ou Setique, autrement la Chine, et la description
voluptueuse, saine ou corromjiue dmic ces : qu'il en fait ne laisse aucun doute que cet
nations diverses sont gouvernées par des dieux immense pays ne fût alors une province de
divers, les uns guerriers, les autres pacifiques; l'empire des Perses (4). Ajoutez-y que dès lors
les uns amis de la vertu, les autres volup- le connétable d'Arménie était un prince chi-
tueux et perfides. Ce qui est ramener, jiar un nois, dont la famille s'y était réfugiée à la
pitiiyable raisonnement, toute l'a^isurdité des suite d'une révolution politique.
failles poétiques. 11 se contredira plus grossiè- Sapor, toutefois, malgré ses titres fastueux
rement encore il dira, dans le même ouvrage,
: de rois des rois, frère du soleil et de la lune,
cjue leDécalogue de Moïse est admiraMo; car, compagnon des étoiles, venait d'offri" à Julien
té la défende d'adorer \e> idoles, il n'y a pas de taire la paix, et le laissait maître des con-
Je nation qui ne l'admette et ne commande ditions. Julien rejeta sa lettre avec mé-
de l'observer (I). pris,disant qu'il irait négocier en personne.
Voici un dernier échantillon de sa logique, Ce quilui inspirait cette confiance, c'étaient
publiant qu'il vient de parler contre les tables, les oracles et les philosophes. Il avait consulté
il rappelle avec emjibase ([ue Uardanus était tous les oracles, entre autres ceux de Delphes,
né <b' Jupiter et d'Electre, fille d'Atlas, et de Délos et de Dodone, et tous lui avaient
qu'il avait fondé une colonie dans l'Asie promis la victoire. 11 y en avait un surtout,
Mineure, appelée, de son nom, Dardanie; eu assez mauvais vers, où tous les dieux en-
puis il demande avec fierté Mais ce Jésus, : semble l'assuraient qu'ils partaient, avec Mars
qui a persuadé parmi vous quelques mauvais à leur tète, pour lui préparer des trophées
sujets, el dont ou parle depuis quelque trois près du ûeuve qui porte le nom d'une bète fa-
cents ans, qu'a-t-il donc fait de mémorable rou<-he, c'est-à-dire du Tigre. Toutefois les li-
dans toute sa vie? A moins c]ue quelqu'un ne vres de la sybille. qu'il avait fait consulter à
veuille rega;der comme quelque chose d'avoir Rome, lui défendaient de sortir de ses terres.
guéri les boiteux et d'avoir cbassé les dé- Il y eut aussi un tfrand nombre de mauvais
mons (:2). Ce raisonnement est curieux, sur- présages ; mais les philosophes qui le gouver-
tout ;iprès dix-huit siècles. Guérir les maianes, naient l'emportèrent sur les aruspices, la
les aveugles, les boiteux par une seule parole, sybille et les avis de plusieurs personnes expé-
qu'est-ce que cela? Apprendre aux peuples à rimentées qui lui déconseillaient celte guerre.
soulager, iion-seuleuient les pauvres à eux, Plusieurs nations venaient lui offrir leurs ser-
mais encore ceux .le leurs ennemis, qu'est-ce vices il
; traitait civilement leurs ambassa-
que cela? Etablir cette religion sainte malgré deurs, mais refusait leurs offres. Les Romains
tous les obstacles, la propager à travers dix- n'ont pas besoin de secours, disait-il, c'est à
neuf siècles, qu'est-ce que cela? Mais con- eux d'en donner aux antres. M rebuta plus du-
duire une colonie de Toscane en Asie Mineure, rement les Sarrasins, Bédouins de nos jours:
ou plutôt s'y enfuir pour avoir tué son frère, ils étaient, comme ils sont encore, dans l'ha-
car telle est la fable de Uardanus, voilà qui bitude de se vendre au plus offrant ils se ;

est qnelque chose; voilà qui prouve sans ré- plaignirent qu'on leur avait retranché île leur
pliijue qu'il faut adorer le- idoles. solde. Julien leur répon(iil qu'un empereur bel-
Une chose non mnins remarquable, c'est que liqueux n'avait point d'or , mais du fer. Celte
les objections de siml devenues des
l'ajiostat réponse hit cause que la plupart d'entre eux
preuves contre hérétiques. 11 reproche, par
les prirent parti contre les Romains et leur firent
exeu!|de, aux chiéliens d'adorer Jésus comme bien du mal. Quant au roi d'Arménie, Arsace,
le Fils do Dieu el Itieu lui-même ; d'ap[ieler à qui Constance avait fait épouser Olympiade,
sans ccse .Mai ie //«'o^jfos, ou mère de Dieu; fiancée précédemment à son frère l'empereur
d'adorer même la croix, d'en former le, signe Constant, .lulien lui écrivit une lettre mépri-
^ur leur froni, de la graver sur leur*- portes; sante, où, sans lui donner le nom de roi, mais
(l'honorer les sépuleres des morts, c'est-à-dire simplement celui di' satrape ou gouverneur,
des martyrs, el il témoigne que tout cela re- il lui intimait l'ordre d'amener ses troupes
montait jusqu'au temps même des apôtres. contre les Perses. SonL;e/., disait-il, que ce n'est
Voilà sans doute un témoin non sus]icct de plus maintenant le règne de cel ell'éminé de
la croyance primitive et invariable de l'E- Constance, ipii n'a vécu que trop longtemps,
glise (3). (pii vous enrichissait, vous et les barbares vos
Une autre iMitrcprise occupait Julien : c'é- jiareils, de- dépouilles des plus illustres person-
tait la guerre contre les l'crscs. Il employa nages. L'empire appartient maintenant à Ju-
tout l'hiver à faire des préparatifs. Les deux lien, .souverain pontife, césar, auguste, servi-
empire-; étaient à peu prés égaux en puissance teur des dieux et de Mars, le destructeur des
et en (Hcnduo. Parmi les dix-huit grandes Franis et des autres It.irbares, le libérateur des
provinces dont se com[p<isait alors l'empire Gaules et de l'Italie (fi).

persiin, et dont chaennc était gouvi.'rnen p;ir (;i'pendanl on taisait partout îles vnnix pour
uu satrape cl par uu général de cavalerie. la prospérité de ses armes. Ce qu'il pi ou. citait

(I) Jiil. Opern. t. II, p. 115, 1^8. 152. — (2) Ibiti., p. 191. — (3) (bid . p. ISO. Î62, 290. S13. J33, 83». -^
(^ Aiiiiii. I. X.\UI, u. i. — (3) ll.tt. du Oaê Sinp. 1. XIU^ u. 21, âait. âdiul-UaiUa
,

<ao HISTOIRE UNtVEHHELLE DE LP.ULISK CATHOLIQUE

lo plus à sns difux c'était d'oxlennircr lex


,
ajouta Je vous tiendrai lii'U de p*re, pui«ipie
:

cluéticns i\ son retour. Il so liàliiit <\i\ tinii la le votic vou-i abandoniM- ''4).
Il lut plus content di"* liabilauU de Batte^ ;
guerre clrangorp iiour u'uvnir plus ijui' cctlr
all'aire, se piopu^ant, outre antres (•liose«. lU- où il arriva après une mui-clie de huit lieue».
placer l'idole ii(i Vénus dans les éfilisis, et d'é- Otie villi-, située en Syrie, dan« une plaine
lever ur amiiliilliéàtre à Jérusalem pour y délicieuse et peuplée de cyprès, était fort ad<m-
ex|>oscr aux liétes les évô(|ucs et les moitieB. née à l'idolftirie. Julien y respira avec plaivir
En atlcndaiil, pour fournir aux (Vais delà l'odeur de l'encens, dont la fumée s'élevait de
guerre, il lit taxer tous ceux >\m refuseraient toutes parts. Il rencontrait à cliaijue pas des
de sacrilier aux idoli'S, et l'exaelion en fut victimes magnitiipiement parées. Cliann<^ de
rigoureuse (i). ce zèle, il logea dans un palais ru'liqun, ^i

Sur l(! point de quitter Antioclie, il lui n'était construit que île bois et de terre
donna pour gouverneur un homme turbulent A]U'ès ries sacriliceu dont les si'.<U"'s jiaruniit
et cruel. Je sais bii'n, disait-il, ipi'un tel ne heureux à son imagiuation s.ili«faile, il se reu
mérite j)aB de souvciucmenl, mais Anlioihe dit i\ Hii'-ropolis, nnn loin île l'EnpIinile. Il y

mérite de l'avoir pour f,'iiuverneur. Il partit fut reçu avec île urandes acclamations; nno?
dès le cinquième de mars, loronduil par le au moment même de son entrée, un piirli<|ii'-
sénat et par le peu[de, qui le priaient de liur «'étant écroulé tout à coup, écrasa cinquanie
pardonner le pas^i- 'ui souhaitant un voyage siddats et en blessa un plu- sraml nomlirc.
heureux et un retour Iriomphanl. Julien leur l'eu après qu'il eut passé rKuplirali-, la chute
dit avec aigreur qu'ils ne le reverraient jamais, d'une meule de pailb- en écra-a cinquante
et qu'il avait résolu de passer l'hiver à Tar^o. autres ce qui lui lit concevoir de siiii-liis
:

Ily vint en ellet, mais il n'y vint que mort l:i). prcs~entimcnl3 sur son expédition. Lai-sanl à
Uuoiqu'à son départ d'Antiochc il n'eut pas gauche la ville d'Edesse, trop fhréliemu- pour
aperçu dans les victimes de signes favorables, ne pas lui élre odieuse, il aima mieux aller A
ce[)endant enivré de ses succès passés et des Carres, ville célèl rc par un temple dédie à la
prédictions flatteuses du philosophe Maxime, lune, et plus encore par la défaiti; de Crae»us.
dont il se lit accomi)atrner dans ce voyage, il ^l sacrifia dans ce tem[de; mais, au dire de

tirait d'heureux [ironostics de tout ce qu'il Thèodoret avec des circonstances horribles
,

rencontrait sur la mute, et il en tenait un re- qu'on ne découvrit qu'apiès sa mort. .Sans
gistre exact. Il vint I.! lendemain à lierhée, cesse il était attentif a remarquer les divers
nommée aujourd'hui .\lcp, où il s'arrêta pen- piésiges. Un jour, comme il ^eUlit fait ame-
dant un jour. Après avoir sidennemi-nt immolé ner son cheval qu'on nommait I»- Babyli.nien,
à Jupiter un taureau blanc, il assembla le sé- cet animal, frappé d'une douleur soudaine,
nat de cette ville, et s'efl'or('a de le porler à s'abattit tout à cou(i, et. se roulant .» terre,
l'idolùlric par un discours qui fut applaudi de mit son harnais en pièces. Julien s'écria plein
tous et ipii ne persuada personne. C'est lui- de joie c'est Babylonc cjui t"ml»e, dépouillée
:

même qui raconte A Libaidus ce peu d'eifet de de tous ses ornements. Ses ofticiers applau-
son éloipience (il). Edc essuya un autre échec. dirent, et on oll'iit des sacrifices pour confirmer
Le chef du sénat de Bcrhee, irrité contre son cet heureux pronostic 0).
fils de ce qu'il avait embrassé la religion du Julien s'avançait donc, entouré de devin» ell
prince, l'avait publlquemeid déshérite et chassé de pliilu-ophes. Quan<i les preraiets remar-j
de sa maison. Comme Julien approchait de la ({liaient qirlque présage funeste. 1rs se«'undfi
ville, le jeune homme alla se jeier à ses pieils tâchaient d'en diuiner quehiues rais<ins natu-
pour lui demander justice. L'empereur lui relles ou d'y trouver quelque touriiun> favo»]
promit de le réconcilier avec son père. Dans Iable. On ravageait le pays, on prenait quel |ue
un repas auquel il avait invité tout ce qu il y villes, les unes de composilinn. les autres dfl
avait de plus distingué, il lit placer à côté de vive force. Julien s'exposa l si téniéraii-ementJ
'ni le père et le fils. Après quelques moments qu'il faillit plusieurs fuis être tué. Son arm^-e,!
i'entielien Pour moi, dit-il au père, je ne
: dont une des t nis divi-ii>ns était rouimaiiilée]
puis souflrir qu'on veuille forcer la croyance |iar le prince llormisdas, frète aiin- de S«p<»r, I

des autres hommes, et exercer sur leur con- rél'uirie chez les Itomains, ayant piii^e leTiin*]
science une sorte de tyrannie. N'exigez pas de à la vue de Seleiicii- et de ' -nal
votre tils qu'il suive, malgré lui, votre reli- sur les Perses une grande !• :ion
gion je ne vous oblige pas d'embrasser hi
: de uràces ; Julien voulut olfnra .Mnr- venireur
mienne, quciqu'il me fût aisé de vous y con- un sacrifice de dix taureaux Mais neiii de ces i

traindre. Quoi seiiincur, répondit le père,


! victimes ttunbèrenl d'elb^s mèinrg avant qu«
vous me parlez de ce scélérat, de cet impie, d'arriver au pied de l'autel La dixième n>ai- 1

qui a préféré le mensonge à la vérité'.' \ cette pit ses liens et s'échappa. Elle fut ramenée !

brusque rep^rlie, l'empereur prenant un air de avec peine, et ses entiailles ne pré»eiiteroDl|
douceur Laissons là Ie5 invectives, lui dil-il;
: que des signes menaçant*. .\ celte vue. Julieaj
puis se tournant vers le jeune homme, il 8 écria de colère, en pn-iiant Jupiter à temuiu, ]

(1) Oro3., I. VII. c. XIX Soc, I. III, c. xui. —(2) Amm., XTiii, î. Liban.. y>la. p. tt — v'.VJol..
epid. xx»ii. — (*) Theod., I.
i

III, 0. xvn. — (6; Jul., ei,iti. xxvu. — 6) Anini.,1. XXIII, n. î el 3. TtKwA ,

I. IM. c. XXI,
LIVRE TRENTE-QUATRIÈMB. Ml
que jflmais de sa vie il ne sacrifierait plus à un vieux canal. Le Tigre était trés-rupide il ;

Mais (4). fallait une partie de l'arra-ie pour traîner la


Sapor, soit ijuil voulût amnser Julien, soit flott'j contre le courant. Ju.ien n'avait pas
qu'il fût réellement ellVayé de ses succès, lui voulu écouter les ambassadeurs de Sapor il ;

députa un de.. |<rand3 de sa cour, pour lui en écoutera les espions.


proposer de garder ses conquêtes et de con- Pendant qu'il ne .s^tvait à q'^oi se résoudre,
clui'e un traité de paix et d'alliance. Ce député un Perse, d'une nMssance distinguée, ayant
s'adressa d'abord à llormisdas, frère de son formé le dessein de périr, s'il le fallait, pour
maitre, et, se jetant à genoux, il le supplia de le salut de sa patrie, se viimt livrer entre ses
porter à Julien les paroles de Sapor. llor- mains, (".'était un vieillard adroit et délié, qui
misdas s'en clinrgca volont ers, et courut vers amenait avec lui d'autres transfuges, pro-
l'empereur croyant lui porter une bonne
, pres à faire les rôles subalternes dans la four-
nouvelle; car c'était acqui'iii' une vaste et berie qu'il méditait. Il feignait d'être tombé
riche province, et reouei lirlo plus grand fruit dans la disgrâce de son roi et d(; chercher un
qu'il put raisuntialilenient espérer de ses tra- asile chez les Romains. .-Vprès s'être insinué
vaux. Mais Julien, si'tluit par des songes trom- dans l'esprit de Julien par le récit pathéticjue
peurs et pur les [u-i'dictions de Maxime, aussi de ses malheurs ju'étendus, il déclara qu'il
vaines que ci-s songes , s'imaginait déjà cam- s'était adressé aux Romains avec d'autant plus
per dans les plnincsd'Arhi'lle, l'gulcr ou même de conliaiice, qu'il pouvait les rendre maitra--
surpassi'rla gloire d'Alexandre, dont il croyait de la Perse, s'ils voulaient suivre ses con.
que lame avait passé dans son cor|is déjà ; seils. Le- exploits de l'empereur avaient ré-
même il ne parl.iit (pie de l'IIyrcanie et de^ pandu partout la terreur et le découragement;
fleuves de l'Inde. 11 re(;iit froidement Hormis- Sapor, consterné, avait pris le deuil la Perse ;

das, lui commanda de garder un profond si- était à deux doigts de sa ruine. Mais pour cela,
lence sur cette ambassade et de faire courir , il fallait péné'lrer dans l'intérieur du pays,
le hruit ipic ce n'était qu'une visite que lui quitter le fleuve et se débarrasser de la flotte.
rendait un seigneur de siîs parents. Il craignait Le léger et créilule Julien fut ravi de ces idées.
que le seul nom de paix ne lalentit l'ardeur La Hotte détruite, il se voyait vingt mille
de ses tniu|ie8 {:2). hommes de plus, qu'elle occupait jusqu'alors.
r,e|M'nilMnl il déliait au combat les liabit;ints Avec ce renfort, il s'imaginait pénétrer jus-
de Cle-i|ilion. Mais il eut beau le- traiter de qu'aux Indes. Il ne se souvint pas, lui qui
làilie-, |i((ur les atliieren rase campagne, ils avait tant lu Hérodote et Plutarque, ni de la
lui répondiri'iit toujours, à l'abri de leurs fameuse tromperie de Zopire, ai de celle des
hantes mni'adli^s^ que s'il avait envie de se transfuges (pii firent périr Crassus. llormis-
lia Ire,il ponv:iit aller chercher le grand roi. das re[)resenta qu'il ne fallait pas aisément
Piipiê de cette radierie, il voulut assiéger prendre contiance ilans les gens de sa nation ;

cette iminen.se ca[dliile. Mais ses généraux lui qu'un Perse était capable de tout, et croyait
représimtèrent que (j'était une témérité, lors- tout légitime pour sauver sa patrie et son roi.
(|ue Sapor [louvail arriver d'un moment à Mais on ne l'écouta point. Julien ordonne de
l'autre avec tonte l'armée des Perses. Il se lu-endre des vivres, non pour quatre jours,
Contenta d'en faire ravager les alentours. comme le lui avait conseillé le vieillard, mais
Pour entreprendre quebjue chose de décisif, pour vingt, et fuit mettre le feu à la Hotte. A
il attendait Arsace avec les troupes d'Armé- la vue des naviresetdes provisions en flamme,
ni; mais Arsîice n'arrivait pas. 11 attendait
; toute l'armée éclate en murmures. On se
Procope et Sébastien avec les trente mille di'mande l'un à l'autre si l'empereur est d'in-
hommes ipi'il b'Ur avait confiés dans la Méso- telligence avec les Perses. Lui-même entr'ou-
polaniie, pour venir le rejoindre par la Médie; vrc les yeux. Il commande qu'on éteigne le
mais, rnali^réles eouiiieis qu'il leur dépêchait feu et qu'on a[)plique les transfuges à la ques-
l'un sur l'autre, l'rtwope et Séhastien n'arri- sion. Le principal acteur avait disparu. Les
viiieiit pas la mésintelligence s'était mise
: autre- avouèrent un complot formé jiour
piirnii eux ;
quandMarche! l'autre
l'un disait : perdre les Romains. Quant à la Hotte, il étai'
disait :llalte beau se mettre en
I Julien eut trop tard on n'en put rien sauver, sinon une
;

Colère, il fallut songera regagner les frontières douzaine de baripies qu'on avait .si'-parées
de l'em lire, sans lui avoir conquis un pour.' d'abonl, et qu'on devait transporter sur des
de terrain. chariots pour s'en servir au besoin (.'1).
Mai-- quel chemin prendre? Le pays par où Après cet im|u'udenl désastre, Julien s'a-
l'on •tait venu, on l'avait ravagé l'arnii-e y ; vaiKja dans l'intérieur du (lays il y trouvait :

aurait pc'ri de faim. Remonterait-on le Ion;,' d'abord tout en abondance ;*mais bientôt les
du l'igre, jusqu'à la Cordnêne, le Cnrdisl.in Perse-î mii-ent Ui feu aux fourrages et aux
actuel, pieuiiéie province de l'empire Mais '.'
blés, qui étaient déjà nu'irs. L'embrasement
la flotte devenait un embarras la Hotte, ciun- ; des cam|iagnes arrêta les Romains durant
posée de plus de mille vaisseaux, et qu'on quelques jours. Il était dilficile d'avancer,
avait amenée do l'Euphrate dans le Tinre par dangereux de reculer, impossible do trouver

M) Amm.,XXV. n, (i. — (2) Lilian., <lr<il., x. t. II, p. 301 et 3ii. Soc, I. m, c. xzi. — (S) Amim.,
XXIV, u. 7. Grt,f. Nul., Or., iv. éoi.. 1. VI, o. t.
Î3Î HISTOIRE UNIVERSKU.E DE L'P.UI.ISE CATHOLIQUE
(les vivi'L'S. r.i'iix qu'on iivail ;i|iji<jrl<'s rlimi- che et la fait plier. Tandis que Jtili»>n donn*
ouaienl à clini|iie instant. On nt; ponvail l'aiie ordn- iltout et ipi'il vole de toute- p3rt«, -on
un pas sans être han'clc par la cavah-ritî per- iiifanteii" légère, qui s'avance pour soutenir
sane. L'arroéf tombait ilans le (l<'coura;;e- l'aile uanehe, force les Perse» de tourner le

ment, et reffiettait la flotte, (pii lui aurait dus. Julii'n, les voyant fuir, se livre à son ar-
permis d" repasser le fleuve. Julien cachait les deur avec aussi peu de précaution que s'il
mêmes tc-grcls sous un air de sécurité. On était invulni'rahle. Des mains et de la voix il
délibéra si l'on retournerait .sur "^es pas ou si anime les siens à la poursuite. On lui crie de
l'on fiagnerait la Corduène. Il y avait des s« retirer. Dans ce moment, un dard pou*'^
difficultés terribles de part et d'anlri'. Dans p:ir un cavalier lui effleure le bras, et, perç.itit

rinccrlitude, on consulta les dieux par les les cotes, lui entre dans le foie. Il veut arra-

entrailles des victimes. Les aruspiccs répon- cher le dard mais il se coupe les doigts et se
;

dirent, dit-on, que l'un et l'autre partis se- laisse tomber de cheval. On vient a s-on se-
raient funestes. f)n résolut enlin do gaiiner la cours ; on l'emporte sur un bouclier. L»'s mé-
Corduène, faute de mieux. Celait le IG juin. decins, et en particulier son ami Orihase,
Mais à peine était-on en marche, que les enqiloient les ressources de leur art. D<;s qu'on
troupes de Sapor commencèrent à paraître. eut mis ra|ipareil, se sentant un peu scjulaué,
Dès lors il fallut tout ensemlile et man-her et il demandait son cheval et ses armty* pour
combattre. Ce n'était pas une bataille décisive, reloniner à l'eunemi mais .«a faiblesse i-t le
;

mais (les escainiouchçs sans cesse renaissantes. San;; qu'il pi'nlait l'obrn:èrent de s'arrêter.
Les Komains y avaient toujours l'avantage ;
Il n'avait pas d'abord re;.'ardé sa plaie comme

mais un ennemi plus redoutable les suivait mortelle. In oiaele lui avait autrefois prélit
jusque dans leur camp, la faim. qu'il finirait ses jours en i'bryiiie ce que :

C'était la nuit du 2.") au 26 juin. Après quel- Julien entendait île la province de l'.Vsie
ques moments d'un sommeil inquiet et léger, .Mineure qui poilait ee nom. .Mais ayant de-
Julien s'éveilla selon sa coutume pour compo- mandé le nom du dès qu'il -ut
lieu où il était,
ser car, même dans ces conjectures fâcheuses,
;
(ju'on l'appelait Phrygie, frappé à il se crut
il était encore auteur. Tandis qu'il méditait mort. Ses gi-néraux etscs amis s'étaient a—i-m-
profondément sur quelque idée abstraite de blés autour dans sa tente, la tristesse
.le lui
philosophie, dilAmmien Marcellin, le génie dans le co.'ur et le visage. Tout versait des
sur
de l'emiiire qu'il avait déjà vu à Paris, avant que larmes, jusipi'au.x philosoplies. Julien, étendu
d'être proclame auguste.se monlraà lui une se- sur une natte couverte d'une peau de lion, leur
conde fois, mais pâle et défiguré, comme Julien ht une harangue qu'.Amraien nous a conservée
l'avoua lui-même à ses amis. Ce fantôme p.irut et qu'on croirait préparée de longue main,
sortir de la tente avec un air triste, couvrant comme un rôle de théâtre, pour faire son ].ru-
d'un voil(-, fA tête et sa corne d'abondance. pre éloire. Voyant tous le.s assistants fondn- en
Julien est elfrayé un instant, mais il se ras- larmes, il les reprenait d'un ton ir.tiitnrilé,
sure il quitte son lit, qui était par terre, et
; principalament les philosophes. (Juelle bas-
offre des sacrifices aux dieux pour détourner sesse, disait-il. de pleurer un prince qui v»
leur courroux. En même temps il apen;oit un être réuni au ciel et aux asiresl Chacun se
de ces météores qu on appelle communément faisant violence pour retenir ses sanglots, il
étoiles l(mbanles. Il frémit à l'a.spect de ce s'engagea dans une dispute assez métapliysi-
phénomêiit' il tremble que ce ne soit Mars
; qne sur l'excellenee de l'ame avec Piiscu- et
lui-même qui si' montre sous cette forme .Maxime. Sa plaie se rouvrit et sa resjiiralion
menaçante. Sur-le-chami>, et avant l'aurore, s'embarras>a. Il demanda de l'eau fraîche, et,
il appelle les aruspices toscans. Ceux-ci lui dès qu'il l'eut bue, il expira sans etf'jrt, ud
font voir dans leurs livies (pi'on ne devait ni peu avant le milieu de la nuit du viiml-six au
L'ombattre ni rien entreprendre lorsqu'on avait vingt-sept juin àyé île lrenle->leux an»
."Jti.'-t,

vu un brandon céleste. Malgré leur décision huit mois et vingt jours. Il avait réeiie uo
et malgré leur prière de différer au moins de peu plus lie sept ans et demi, à compter du
([uelques heures, il leva le camp dés qu'il fut jour où il fut déclaré césar, enviion trois ans
jour, l.a faim l'emporta sans doute sur la depuis qu'il avait pris le litre d'auguste (ij.
superstition (I). Tel est le récit de sa mort, d'après son |tané-
Les IJoinains marchaient par colonnes. Ju- gyriste .\mmien Marcellin, qui avait un coin-
lien avait pris les devants pour reconnailri' le n.andemcnt dans s ganle. Mais il a pu s'y
i

pays. Il était sans aimes, soit à cause de la rencontrer d'autres circonstances encore, men-
chaleur, soit par une contiame présonqilueuse tionnées par des aul'-urs ecclésiastiques, quoi-
nu par nue folle ostentation de couraye. Tout qu'ils ne les donivnt pas pour ce: laines. S.uiit
à cou|i on vient lui dire que son airiêre-garde Créiîoire de .Nazianze dit que .*a mort e!:iil
cstalta(|i:i C-. ri y court, prenant à la hâte un différemment racontée, tant par les pre^ iiir
l)ouclier; mais il oublie sa cuirasse, .\ussitot que par les absents. Les uns disaient ipi'il avait
un nouvel avis le rappelle à l'avant-garde. élé tué jiar un de ses propres suidais, ci les
n'un autre coté, un gros de cavalerie persane, Perses le reprochèrent depuis aux ItomaÎDs;
avec quelques éléphants, tombe sur l'aile gau- d'autres, par un boutfon de l'armée «les l'ef-

(I; Au'iii, 1. XXV, n. 2. — (ï) Itid., a. i. La H..uene. Tillemoal.


.

LIVRE TRENTE-QUATRIÈME. 339

ses d'autres par un Sarrasin Il ajoute que


;
. grand Constantin ce lui-même et
qu'il fai-ail
Julien, étant blessé, fut porté sur le burd du d'une ranniêie bien plus condamnable. Après
fleuve et qu'il voulut se jeter dedans, atin de avoir puni le-; tninislres de Constance, il en
86 dérober aux yeux des hommes et passer l'hoi-issait lui-mèuie de mauvais, auxiiuels il
pour un lieu, comme Romulus et quelques passait tout, pour ne pas paraitre incou<laut
autres mais qu'un de ses eunuques le retint
; dans son amitié. C'est Libanius (;u! nous ap-
et découvi il son projet. Théodoret ajoute On : prend cette excuse. Tout l'univers a i)làmé
dit qu'étant blessé, il emplit aussitôt sa main son imprudence dans la guerre de Perse, de
de son sanc; et le jeta en l'air, disant : Tu as s'être laissé persuader par des transfuges, de
•saincu, Galiléen ! Sozoméne rapporte la même Iniiler sa flotte et ses magasins. Voilà ce qu'en
i-irconstance, mais comme un
discours de peu disent les païens eux-mêmes. Ce que les chré-
de personnes(l). D'autres disaient qu'il avait tiens y ajoutent n'en est que des conséquen-
'.été son sani» contre le soleil, lui reprochant ces (2)
ie favoriser les Perses. Si de pareils incidents Les païens triomphaient d'avance avec Ju-
ne sont pas certains, ils ne sont pas du moins lien, car ils ne doutaient pas de son triomphe.
invraisemblables. Car si, pour un bœuf de A la nouvelle de ses premiers succès, Liba-
mauvais présage, Julien s'est emporté jusqu'à nius rencontrant, à Antioche, un chrétien de
prendre Ju[iitcr à témoin que jamais de sa vie sa connaissance :Eh bien, lui dit-il, que fuit
il n'offrirait plus de sacrifice au dieu Mars, il maintenant le fils du charpentier? Un cercueil
a bien pu s'emporter à des boutades de même pour votre héros, réplicpia l'autre (3) Toutes
nature quand il se vit trompé par le solei'.par les villes fumaient des sairifices (pi'on ollVait
Apollon, sou dieu favori, dont tous les oracles aux idoles; partout on v.-xait les chrétiens
lui avaient promis monts et merveilles; avec l'espoir de les vexer encore davantaye,
Julien avait quelques bonnes qualités et lorsqu'on apporta tout d'un coup la nouvelle
beaucoup de travers. S'il ne fut pas plus que Julien était mort Ce fut un coup de fou-
mauvais, il le dut peut-être plus à Constance dre pour les idolâtres. Ceux de Carres failli-
qu'A h.i-mèmo. Contraint d'abord de veiller rent lapider le courrier comme un blasphé-
beaucoup sur soi, pour n'avoir pas le sort de mateur. Libanius pensa se tuer de désespoir ;
son frère, il contracta sans doute quelques il se résigna toutefois à vivre pour faire le
bonnes habitudes et corrigea ou du moins panégyrique de ce nouveau dieu car c'est
;

réprima quelques défauts. Plus tard, comme ainsi iju'il l'appelle dans les deux pan''gyriques
il voulait en tout faire autrement que Cons- que nous avons encore, et qui sont de la plus
tance, par le mépris qu'il en avait, il ne pou- superstitieuse adulation. Saint Jérôme, qui
vait autrement que de faire quelque bien. avait alors une vingtaine d'années, entenilit
D'ailleurs il -égna trop peu, depuis (|u'il se ces paroles de la bouche d'un païen Com- :

vit maître de tout l'empire, pour développer ment les chrétiens peuvent-ils vanter la pa-
sans contrainte les vices dont ses panégyristes tience de leur Dieu? Rien n'est si prompt que
mûmes lui reconnaissent le germe. Ainsi, d'a- sa colère. Il n'a ])U suspendre pour un peu de
près Libanius. .\mmien Marcellin et autres temps son indignation (4).
païens, outre sa lfi;èrelé d'esprit, qui lui fai- Les chrétiens, de leur côté, chantaient avec
sait souvent coniuii'tlre des fautes, il avait une transport ces paroles de l'Ecriture Vous avez
:

ti'IJi' démangeaison de parler, qu'il ne pouvait brisé, à la grande surprise de l'univers, la tête
pi-esque pas se taire il se laissait transporter
; des forts et des puissants. La ville d'Antioche,
de joie aux applaudissements de la populace, en particulier, avait à craindre la colère de
et souhaitait, avec une passion excessive, Julien. Aussi apprit-elle sa mort avec une joie
d'être loué pour les moindres choses il ne : extraordinaire, qu'elle témoigna par des festin»
faisait rien que pour cela. Il afiectuit souvent et des fêtes publiiiues. On insultait au philo-
de s'entretenir îivec les personnes les plus viles sophe Maxime et aux autres magiciens qui
et les plus indignes, afin de passer pour popu- l'avaient trompé par leurs promesses. On pu-
laire. Les paroles i|u'il répétait fréquemment bliait le triomplie de la rroix, non-seulement
comme les plus belles, paraissaient à d'autres dans les églises et dans les chapelles des mar-
fades et pui'riles. Aux yeux des païeus mêmes, tyrs, mais jusque sur les theàtri's on criait ;

il était [ilutot superstitieux que religieux. Sa partout à haute voix Où sont tes oracles,
:

justire, plus d'une fois, fut arbitraire, cruelle, in.sensé Maxime? Dieu a vaincu et son Christ.
injuste P.irmi les ministres de Constance, non- Ce sont les projires termes dont se servirent
seulcmenl il en punit plusieurs qui ne le méri- alors ceux d'.\ntiochc (3). Leur aversion pour
taient pas*uu plus i[u'ils ne militaient, il en Julien, déjà si gi-ande, devint plus grande
punil mctni' quelques-uns du dernier supplice encore, lorsque anrês sa mort on trouva, dit-on,
qui int'ritaieni de sa part des récompenses. Sa dans son palais, des colfrcs remplis de télés et
conduite à r<^gard des chrétiens est digne des puits pleins de cadavres. Lui-même dit,
d'être ensevelii dans un éternel oubli. D'une dans sa lettre aux Juifs, qu'il avait pré(i[>ité
in('onsé(|uence choquante, il blâmait dans le de ses propres mains bien des méchanls daus

(t) Greg. Nai.. Orat., iv. Theod.. I. III, c. xi. Soz., 1. VI. c. II. — (2) Amm., XXII et XXV.
1. Lib*ii.,
Oral.. X el x>i. Eiilrop., Victor, Tilleiuont. — (3; Soi., I. VI, c. u. — (*) Ui»roQ.. tn Babac. o. uii -»
IM HISTOIRE UNIVERSELLE DE I.ROI.IHE CATHOLIQUE

la fosse, priiir abolir juFfin'ù leur n<nn. Un cans patrie, comme leur avaient prédit leurs
niol rlo Liliiiiiiiis siiulilc faire uiiiisidii à des p opliet.'s ; el les Juif», d:-pec -(•(* ju- pi'aux
xi'fulioiis fil- iclU! n.ituro. Il ii]i|i' llr i|u'un i e.vtii'iiiités de lu terra, |iortircnl jui-c^u'aux
•oiir, i»eiiilan\. ini'il liar.iiiyuait Jiilii'ii en fu- <'\!n'niiteu de la lerr.* ce» prophétie» elm-
«•eiir lie In ville d'Aiitiiniie. un des eoiirlisans nanli'b, dont ils étaient eux-inéuies l'acvum-
le iueini<;a de i'Oniiile. Tlii'od(ir(!i ra|>|iiirtc plissement.
eomine certain un autre fait liorrilde, dont il Avec Julien hiessé et mourant pre» de» rui-
assure que les preuves existaient encore de nes de Itahylone, se mour. dent QUii»i l'idolâ-
son temps c'est que, tlans le temple de la
: trie et la philo-opliie païenne. Babylone était
lune, à Carres, dont Julien avait feriué la la ville des ,d<des; Bubylonc é'ait îu patrie
porte après y avoir sacrifié secréti innnt, on des astrologues, de« augures, des nruspiie-'
ti'ouva une femme suspendue par les clieveux, des devins, des lioi'oscope», de* mages ou ma
les mains étendues cl le ventre ouvert; Julien gicii>ng; en un mol, des pliilo-oplie< tel. cpic
avait cherché dans ses entraînes lu victoire Julien et Maxime. Avec l'empire uni vers,.|,t<'t
qu'il s'imaginait remporter sur les Perses (1). amas de su|ierslitioii passa de Babylone a
Lui-inemr assur.' que, les uracles ayant cessé, Borne. Néron, Trajan fc faisaient adorer aver
Jujjiter avait donné aux hommes la tliéurgie, les idoles, comme autrefois .Nabiicbo lonostjr :

magie secrèle imur entrer en commerce avec ceux cpii s'y refusaient se voyaient condamne,
les dieux ou Icsdi'inons. à d'all'reux supplicec, comme les compagnon-
La mort de Julien fut révélée le même jour de Daniel à la fournaise arrienlc. I)cpui- l.i-u
à plusieurs chrétiens pieux, entre auties à des années. U.iinel éclairait les sage- do li.ii.y-
saint Julien Sahas. fameux soHtaire de l'Os- lone, dont il elait le chef, nin.'-i que tout l'em-
roéiie, et à Didyino l'Aveugle, célélire docteur pire, dont il étiiit lo plu-i ferme soutien ; et
d'Alexandrie. Ce dernier, étant chez lui, Irés- les grands et les saues nepen-enl qu'à rcnire
aflligé de l'égarement d(! l'empeieur et de Daniel suspect pour le jeter dans la fo^-e aux
l'oppression des t'glises, passa la journi-e en lions. Depuis ipiaire siècles, le cliri>tiani-ni<
jeunes en piien s,
et et ne voulut pas mémi.' éclairait le monde, dont il est la lumière ei
prendr.' de noui liture. Lorsque la nuit fut le salut; el, apiès quatre siècles, Julien, en
venue, il s'endormit dans la chaire où il i-tait qui s'est incarnée l'idolâtrie et la pUilu-oidiie
assis et crut voir des chevaux blancs courir en ne .'ait encore que calumniei les chr
l'air, montés par des iiersonnages qui criaient: pour les détruire, .\pics douze ans île m< ....
Dites à Didyme Aujourd'hui, à sept heures,
: tion, il ne voit rien de aiieux à faire que de
Julien u été tué; lève-toi donc, iiiange et Continuer, jiar une vi(dence hypO' rite, ce que
l'envoie diie à l'évéque Athanase. i)idyme N'i'ron avait C(jinraencé par une \iidence ou-
marqua l'heure, le jour, la semaine et le mois, verte: la ruine d-: ce qui devait sauier l'uni-
et la révélation se trouva véritable car la ; vers. Mais comme Daniel avu devoier par le
septième heure de la nuit est, selon nous, une lions ceux qui l'avaient jeté dans la f e - ;

heure ajiri's minuit, qui est celle où Julieu ainsi le christiani.sme voit périr tous ceux i

mourut, l'allaiie dit avoir a]ipris celte histoire ont conjuré sa perte. Babylon' a péri Il ,

de la jir(q)re bouche de Didyine (2). ellemême périra elle périra comme vil ;

Julien lut blessé et mourut dans le pays comme héritière de Babylone, ei


idoli'S,
de Ualiyloue: Alexandre y était mort avant survivra qui! comme chrétienne, cotiim
Julien, k»s rois de l'erse avant Alexandre, Na- du (Christ.
bucliodonosor et ses lils avant les rois de Cette lutte séculaire du paganisme philoso-
Perse. C'était comme le lieu de l'exi'cution, où phique et gouvernemental contre le cbr -' i

le Dieu du ciel jugeait et fiappail les dieux de iiisme total de l'Eglise CAlholique, se \'o|
la terre. C'e.sl là que les veillants ilu Très- dignement présentée et léiuméc dans un pa-
Haut coudamnèreni Nabuchodonosor à une négyrique de tous les martyrs, composé de^ !?-•
expulsion Inuniliantc de sept ans; c'est là premiers siècles par Constantin, diacre el ar-
qu'une muin mystérieuse iraça sur la muraille chiviste de l'église de CoiistantiDople, et dont
la seidence fatale de Baltasar et de son em- un fra^nieut considérable fui lu, en 787. au
pire c'est là que Daiiiil avait vu cette mo-
; deuxième concile de Nice •. llans cet éloquent
narchie universelle, à qualr<; dynasties succes- Sane(iyri(|ue, retrouvé tout entier par le car-
sives, devant se terminer par une di/aine de inal .M.il, l'auteur nous montre cette grande
royaumes que remplacerait à jamais l'emiiire bataille entre le ciel et l'enfer, commem^ant .lU
du Chiist. llepuis mille ans, Isaïe avait piedit paradis Icrrestf' p.ir la chute du premier
la ruine de liabylone, alors dans toute >.i homme, empirant ensuite de >iécle en si- ie •

splendeur; et Babylooe n'était que ruines. Et jusqu'à la venue du Hédcmplcur, qui chan);ea
autoui- de ces ruines dormaient les nations le sort du combat ^.J).
anéanties, comme l'avait pn'dit Ezécliiel là ; .Mais le diMiiun, tyran de sa nature, ne d<^
était Assur, Edom, .Mi/raim Tyr, .Sidon, ran- vait pasdemeurer en repos. Il arma, roni"^'*
gés dans leurs sépulcres. El "les JuitV, sans sa propre milice, une multitude .

roi, sans temple, sans aulel, sans sacrifice. et n eut pas de peine à soumettre à ^e

v'I: Tliênil., I. lit, .vi,i. NU. _(2; PaU., f]i,i t.K.i,., c. iv . Taeo !.. 1. 111, c. xti». — ^S;/ Ma: i^nnirmi^w.
t r
romanum, i. X p. 94-16».
>.
LIVRE TRENTE-QUATIUÊME. m
1 ar
les machinations .l'une rfli|j;ion fausse^ lieu du Créateur. Ceux qui u'ohéissaient point
ceux qui avaient refusé d'i'lie inscrit^ parmi à ces ordres devaient subir toutes sortes de
les phalange- divine?. C'est pourquoi, ain-ès tourments, échanger la vie contre la mort,
s'êtreas-orié lomaie auxiliaires, les rois, sans aucune pitié pour l'âge et le rabg, pour
lesconsuls, l"--! préfets, les gouverneurs, les la faiblesse naturelle des femmes ou la raison
eénérnux et les tyrans, les sujets aussi bien incomplète des enfants. Dans les places publi-
que les magistrats, les peuples, les trilius et ques et principales s'élevaient des trônes et
ifes diverses langues de l'Orient et de l'Occi- des tribunaux, du haut desquels les juges as-
dent, du iVord et du Midi, il déclara la guerre sis prescrivaient d'accom])lir promptemcnt
aux sectateurs de la piété... i'cur volonté. Ils étaient erdourés de bourreaux
I) Mais ce n'était pas avec une moindre ar- et de satellites prêts à obéir aux signes de
deur que se préparaient à la résistance les leurs maîtres. Il y avait aussi une foule de
défenseurs de la foi, dont les noms étaient p'uplc (le timte espèce, les uns [lour sacrifier,
inscrits au livri; de Dieu, et qui étaient supé- les autres pour être simples spectateurs de ce
rieurs aux impies par leur fermeté corporelle, qui allait se passer.
par l'exercice île toutes les vertus et par les » On avait imaginé une variété inacmbra-
plus laborieuses épreuves. De tout sexe, de ble et infinie d'instruments de torture de toutes
tout âge, attachés à toute espèce d'éltides ou formes, de toute matière, de toute fabrica-
de profe-sioiis diverses, séjiarés par b's varié- tion ingénieuse et raffinée, et capables, par
tés du langage et de la [laliie, ils composèrent leur seul asp('ct, de jeter l'horreur et la crainte
cependant leur sainte plia lange, comme n'ayant dans les âmes, même avant le supplice.
qu'une seule Ame. Car c'était comme une C'étaient des tenailles, des grils, des chaudiè-
prairie magnifique et variée, resplendissante res, des glaives, des crocs, des chaînes, des la-
de belles fleurs aux couleurs innombrables; nières, des fouets, des ceps, des machines à
c'étaient des adolescents et des vierges, des tension c'étaient encore des pointes aiguës,
:

jeunes gens et di'S vieillards. Les femmes, elles- des ongles de fer, des grattoirs, des barres, des
mêmes, devenaient des hommes, oubliaient roues, des chevalets et autres détestables in-
leur propre nature, et, par l'ardeur de leur ventions des impies, imaginées pour épouvan-
résolution, elles rivalisaient de couiage avec ter les regards. On avait pris au-si des trou-
les hommes. On remarquait dans la jiicuse peaux de sangliers et île panthèies pour dé-
armée, jusqu'à une foule d'enfants impulièros, vorer les corps. Tout servait aux supplices et :

qui montraient une raison déjà mùn', malgré les entrailles creusées de la terre, et l'épai-seur
la faiblesse de leur âge. On y voyait mêlés des des ténèbres, et la rigueur du froid, et la pro-
magistrats avec leur justiciables, des maîtres fondeur des mers, et de plus, le l'eu nourri de
avec leurs esclaves, des personnages obscurs poix, de naphle, d'ètoupes, de bois sec, et s'é-
ou illustres, des plébéiens et des nobles, des îev.mt en immenses flammes. El c'est ainsi que
Grecs et des B irbares, des Macédoniens, des les cri'alures faites par Dieu étaient audacieu-
lllyriens, des habitants du l'ont-lùixin, de la sement forcées, par la volonté liumaiih^, à sei^
Tlirace' et de By/.ance, des Cimmériens du vir au tourment des fidèles; c'est ainsi que les
Bosjdiore, -des Galates, des I-auriens, des éléments, naguèr.; honorés et adorés par les
Lydiens..., des .Scythes, des Perses, des Bac- pa'iens, étaient servilement employés à tor-
triens, des As-yriens, des Parthes et des Mé- turer des corps humains. Enfin, un héraut ex-
des, des Elamites, des Osrlioéniens, des Blem- hortait à grand cris le [leuple à sacrifier aux
myens, des Indiens, des Ethiopiens, des démons, à renier le Christ et à ne point diU'é-
Ismaélites, des Egyptiens, des Syriens, des rer le sacrifice. »
Cypriotes, des Cretois, des Arabes, des Ro- Après avoir décrit la faiblesse, la lâcheté,
mains, des Cyn'néens et des Libyens, des Da- la honte ibs apostats, le diacre Constanllti
ces et des Gèles, des Sai'mates, des Celtes, des ajoute Tels n'étaient pas les invincib'es mar-
:

Vandales, iIiïs Ibères. On y voyait encore des tyrs. Tant ipi'on ne les exhortait ^las à l'apos-
Mnabiles, des Ammonites, des Cliananéens... tasie, ils gjudaient le silence. Mais étaient-ils

et di'S h.ibil.inls des iles Britanniques et île, appelés à conibattie'? ils s'avan(;aient aussitôt,
Gadès : et, comme le dit !<• litre des Actes, faibles de corps, mais armés de leur fol et de
c'était une année rangée i-n J)ataille, de toutes la fermeté de leur réso utioii. Du haut de leurs
les nations qui sont sctu- le ciel... tribunes, les tyrans jetaient sur eux un regard
Voyons niainteneni qnrlli! fut la nature et mena(;ant et irrité, k Qui etes-vous, disaient-ils,
la grandei r du conibut. On allumait le l'eu sur et de (|U( 1 pays venez-vous, vous qui, au lieu
les autels, devant les statues des idoles; toutes dcresiiecter l'autordé et deredmiter les trônes,
les chose- tK'ccssaires aux sacrifices liaient vous tenez hardis et fiers devant les tribunaux
Îiréparées; les parfums, la myrrhe, l'encens, des juges? —
Ou les obligeait ensuite. à dire
e genre des vicliincs, le gàieau sacré. En leurconditioii, leur genre de vie.lcur ndigiou,
même tt'inps. des édits impériaux étaient pu- et ce qu'ils p-nsuienl d« culte des idoles.
bliés dans touti' la ville, jiour imnoser les Les luartyrs, le cieiir calme et d'une voix
dogmes imi'ies des gentils, et pour alirogerla placide, répoinlaienl et se justifiaient à peu
véntablc foi des chndiens. Il était nnlomié à près en termes
ci's :

tous, aux iHrangers non moins qu'aux citoyens, Notre nature, ô juges, ne diffère pas de la
«
d'abjurer la pieté cl d'adurer lu créature au VOlic; tèpcndànl nous sommes nés, non pas
tu iirsToini: rNiVKRSELLE de légi-ise catholique
lie la vulonlé fie la chair, ni do la volonté de d'audace et d'amertume car ne croyez pa»
:

l'iinminc, mais (In Dieu notre qui nous a


l'i'rn, que nous souffrions im]iunément l'immense et
lait la f5r;u-o de dfivfnir chrétiens et d'en presque monstrueuse inanité de vos ijar^des.
jjcjilrr le nom. Chrétiens, telle est notre ap- » Et peut il y avfiir, répondaient lo?« inar-
pi'liatiun commune; quant à notre patrie et à tyis, une manpie meilleure et plu' "clatanle
noire nourrice, c'est la f^loricusc cité de Dieu, que ce que nous venons de dire, pour démon
notre mère spirituelli;, Si(m, fondé par le trcr aux ignorants [lar quels caractères parti-
Seigneur très-liaut. Noire nation, nos compa- culiers nous différons des autres hommes? Oir,
triotes, nos concitoyens, ce sont les esprits su- quant à la poussière, à la gio'sièrelè et la
jiérieurs qui entourent Dieu, ils sont de la com])osilion de la matière, nous ne différoti'»
mémo oi'if^iiie que nous, en ce qu'ils ont été, pas de vous-mêmes. Notre visage, nos habi-
comme nous, créés par Dieu r;t de rien. Ils tudes corporelles, prouvent de tous points que
s<uil paioils à nous par un zèle éffal [lour la nous sommes de la même e-péce que vous ;

rcliuioi] et une é^jale oijservaiKC de la justice; nos proporti(jns physiques, notre taille, no»
mais, ar l'éli'V.itiim de leur dii;iiité, par la pu-
I
noms, nos qualités matérielles, tout est pareil
reté cl la siinpliiili' de leur nalui'c, et aus-i entre vous et nous. Notre vie enfin est, comme
parce qu'ils ont été iclairés avant tout de la la votre, sujette à naître et à mourir. Mai' en
lumière divine, une plus grande gloire éclate ce (jui regarde l'âme, il y a entre vous et nous
(Ml eux. En ce qui louche notre condilioii et une distance énorme : et nous ne vous res-em-
rem]doi de noire vie, nous nous exerçons à la blons ni par les rapports de notre vie et de
piiulence, à la f'i'iniele, à la justice et à la lem- nos volontés... Et vous-mêmes, vous ne
péiance à l'aide de ces vertus capitales, nous
: [lonrrez nier que l'âme, suit enchaînée à un
faisons U)ujonrs ce qui est bien, et nous nous corps inférieur à elle, qu'clb' le domine et le
dévouons ainsi sans mesure à la véritahle vie. gouverne ;et que, tant qu'elle f^arde sa di-
» Notre culte c'est la [liété, c'est de ne pas gnité, elle commande â son gré à la matière,
élever la créature contre le Créateur, de ne sa sujette, par la supériorité de sa nature. Si
point retenir la vi'rité dans l'injustice, et de ne tlûnc l'hiimme est moins fier de la be.iutè de
;)oint changer l'image du Dieu incorruptihie la principale partie de son être, qu'il n'est mi-
en la ressemblance de l'homme corruptible, sérablement charmé, comme d'une grandi-
des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles ; chose, de la chair qui le couvre, il scmbl'-
mais, fixes dans les bornes de la science par- qu'il donne une préférence insensée à ce qu'il
faite et immuable, de connaître la différence y a de plus infâme, et qu'il place la cré.iluie
du Créateur et de la créature. C'est de con- avant la vertu. Croyez donc bien que nou-
fesser le Créateur en trois personnes le Père: n'avons mis ni témérité, ni absurdité, ni ma-
qui engendre sans commencement, le Fils qui lice, ni ruse, mais les plus opportunes conve-
est engendré sans commencement et puis s'est nances, à graver dans vos esprit-, comme ave*
fait homme pour nous dans le temps, et le un burin, la raison de notre vie. Il vous rcMe,
Saint-Esprit qui nous vivifie et nous sanctifie comme vous nous en avez menacés, à nous
tous; c'est de les confesser dans une seule es- questionner sur notre religion ;nous somm'.>9
sence, divinité, luiissance et seigneurie. C'est prêts il répondre à tous les interrogatoires et à
de tenir pour sujettes et dépendantes toutes rendre comp e de notre esp<'rance.»
les autres choses, visibles ou invisibles, que A cela les juges répondaient a Vous atta-
:

nous pouvons imaginer ou créer. chez du prix, avec raison, aux choses dont
» Quant à ce que nous pensons du culte des nous tenons aussi grand compte. Mais pour-
idoles, peu de mots suffisent pour l'exprimer. quoi essayez vous d'introduire parmi i ;-

Elles sont, à nos yeux, comme les poisons dan- celt<' espèce de religion récemment in\t
gereux et mortels, comme les reptiles veni- et cette nouveauté de dogmes '.'
car vous nuu>
meux ont des mor.-urcs légères, qui ne peuvent forcez d'entendre d'étranges choses, et vou^
atteindre que le corps et une matière péris- rejetez, en ce qui concerne les dieux, le senti-
sable, au lieu que les idoles s'attacjuent à la ment de vos pères dès longtemps con»acn> par
fois au cor(is et à l'âme, et les déchirent avec les siècles, les mœurs et les lois. Ce sont les
bien plus de cruauté et de violence. dieux qui lient entre elles toutes les parties
» Les ennemis, irrités de ces paroles, con- discordantes et opposées de l'univers, et,
tenant toutefois leur colère, pour ne pas avoir comme par une loi d'union et d'ordre, main-
l'air de se courroucer si promptement Pour- : tiennent l'accord et l'harmonie du monde,
quoi, disaient-ils, laissant de coté ce qui est de ainsi que la conservation et ia sécurité de
la chair, ainsique la vie de ce monde, où vous notre vie. Or, quelle raison vous u poussés à
pourriez vous assurer une condition brillante, réduire le nombre des dieux, et r> vous atta-
vous occupez-vous de ce qui se passe dans les cher seulement à trois dienx, et incunnus
hautes régions de l'air, et prétendez-vous, encore, que votre imagination vient de fabri-
comme des magiciens, nous faire peur par des quer'.' Que s'il vous i-st permis de nommer la
paroles étranges et inouïes ? Tout à l'heure nous Trinité, en vous appuyant sur l'autorité de ce
en viendrons à votre culte et au notre, que vers d'Homère, tout est soumts à une dirisum
vous attaquez si outrageusement et avec tant tripartUe (1), ce D'est pas une raison de couper,
LIVRE TRENTE QCATRIÊME
polir ainsi dire, l'univers homérique, d'en ses descendants que (Tane manière obscure et
garder une part, el de rejeter l'autre. Bien indistincte, comme à travers les
fentes d'une
que le poète attribue le gouvernement du clôture. Mais Abraham, notre ancêtre, qui
monde à qiiekjaes principaux moteurs, c'est- excellait dan= l'amour de la sagesse, a connu
:i-dire à di; certaines causes preraièrcs, il n'ex- et compris, aufcuit que possible, les choses le»
clut nullement pour cela le reste des dieux du plus sublimes, par la profomleurde ses recher-
gouvernement des choses. Bien plus, dans ches et plus encore par sa foi, et il a été clai-
tout son poëme, il nous montre les dieux déli- rement etmanifestement initié aux mystères
bérant ensemble sur les résolutions à prendre, mêmes de la Trinité et de notre '-ulte saint
;
assistant aux mêmes festins, gouvernant en- son intelligence enlin, qui aspirait à de plus
semble, combattant et se secourant dans la grandes choses, et dont l'ardeur laborieuse
guerre, faisant, on un mot, tout ce qu'il faut scrutait les divines profondeurs, a mérité que
pour que nous croyions à la grandeur des le mvstère d'un de la Trinité, Dieu le Verbe,
dieux, et veillant par leur providence sur toutes s'incarnant dans les siècles suivants, lui fût
les choses créées. Nous devons par conséquent montré d'avance et symboliquement prédit.
les entourer de nos hommages et de nos » Après Abraham, .Moïse, auquel fut donné de
prières, et nous les rendre propices par des voir Dieu et d'en recevoir la loi écrite, com-
otl'randes. Reconnaissez donc votre erreur, muniqua au peujile une connaissance plus
aÔ'ranchissez-vnus-en comme d'une maladie expresse de l'Etre, et, dans la suite, cette
contagieuse; que vos esprits se purifient par lumière grandit et s'étendit peu à peu, jusqu'au
la lumière du vrai et de l'hounète, et croyez jour on le Fils du Père, venant habiter parmi
à nos conseils. Nous vous épMrgnons encore, nous dan~ la chair, opéra notre salut sur la
parce que nous avons pitié de votre folie. terre. C'est à lui que nous devons la perfection
Nous vous entretenons avec douceur, en dépo- d'une foi exacte, et de pouvoir contempler la
sant tonte la fierté du rang et du commande- gloire du Seigneur, non plus dans des ombres
ment, et nous cherchons, comme un précepteur et des images, mais comme dans un miroir, et
avec des entants, à vous ramener par force à la face découverte. Ainsi nous a été annoncée
ce qui vous est utile. d'avance la doctrine de vérité, qui, jjar sou
» Et comment peut-il se faire, répondirent antiquité, surpasse toutes vos opinions mytho-
les martyrs, que nous vous tenions pour des logiques. Car Abraham floris.sai' vers le temps
pères et des magistrats bienveillants, si d'a- de Ninus et Moïse parut, alors que régnait
;

bord vous ne nous donnez pas pour nourriture dans la Sicyonie Ortho[iolide, qui vivait avant
des doctrines et des enseignements vraiment le double Cécrops. Votre Zeu? (Jupiter), ce
dignes de ce titre? Vous avez de vous-mêmes père des hommes et des dieux, a été lait dieu
une idée si magnifique et si glorieuse, que, à par Cécrops lui-même et depuis, successive-
;

vous croire c'est à nous à recevoir vos répri- ment, fut engendré le reste de votre troupeau
mandes, comme celles d'un maiire, sur le de dieux, et naquirent les calamiti's d'Hion et
plus grave de tous les sujets ; et vous pensez l'aveuglement de votre poésie homérique, et
agir envers nous avec bienveillance et huma- la pierie et le bois furent transformés en dieux
nité, par cela seul que vous nous adressez la avec une prodig.ilité extrême, et revetii'cnt
parole sans colère et avec douceur. Mais toutes les formes, suivant le génie et le caprice
puisijue vous avez conservé intacte jusqu'ici la de l'ouvrier. Pourquoi donc ne pas donner
moilcration que vous nous avez promise, et votre adhésion à la croyance constt.nte et
IHiisipie aucun trouble n'émeut votre esprit, proclamée d'avance [lar le temps, en renonc^aut
allon'^, discutons ensemble sur la matièie à des iqiinions animales, et vous tenant à co
la i)lus sérieuse et la plus importante du qui est avo\ié de tout le monde ?
monde pesons, pour ainsi dire, nos paroles
; » Mais d'où tirez-vous, dirent les juges, la
dans une balance; que le côté où la balanre preuve de ce que vous affirmez ?
penchera, indique aussi le parti de la victoire, » Nous pouvons en démontrer la vérité,
et nous sommes prêts nous-mêmes à nous répliquèrent les martyrs, en partie par nos
soumettre au vainqueur. Et d'abord, si vous livres sacrés, en partie même par un grand
Voulez, traitons de l'antiquité de la religion. nombre de vos pro]ires historiens, de vos écri-
» Notre loctrine atteste par tradition que vains et de vos philosophes. Eu|>olène et
le priMuier homme, divinement instruit sur c. Artapan, en efl'et, Déinétrius et Porphyre, et
qu'il faut penser et croire de l'Ktre, a été un une foule d'autres auteurs que nous passons
llieologien iiarl'ait et plein de sagesse. Mais, sous silence à cause de leur niullituile, ren-
tombé des hauteurs de la contemplation i)ar dent témoignage à l'antlipiitt- de Moïse. Créés
les jiiéges et l'envie du mécliant, et abaissé donc à l'image île Dieu, el gratifies du don de
fers les jtenséesdi^la terre, ila senti s'émousser libre arbitre, ne nous ravalons point aux ins-
en lui l'extrême pénétration et la subti tincts de la brute, et, pareils aux vils |)our-
pureté de son e>prit, et, comme un nua. ceaux, et par une dc'tcstable préférence, n'évi-
épais, l'envelopper et lui dérober le souvenir tons pas les eaux linqiides des pures fontaines,
du bien, \yant ainsi perdu les visions lumi pour nous plon.'er dans la fange et le ln)ur-
neuses, il fut chassé de la sidendide demcun.' bier de l'erreur. Et n'est-il pas houleux, n'est-
du paradis. Depuis lors la lumière du rayon ce pas la dernière des absurdités et des folies,
tlié»lugi(^uc nu plus respleudi aux yeux de qu une nature, duuée d'iuteili(i0aoc el il'àioet
«3» HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE UATIIOLIQUB
ornt'e du priviléift do Ifi raison, et loule plninc gitune lulle loyale cl droite. Il empronln 4
dos distinctions ili! la vertu, aille l'ondi!!- l'es- notre nature déchue sa clmir, viviliee d'une
pér.-mce de sa vie sur lo bois et l'airain, et se àaie rui-onnatile et inli,-lleeluelli'; t-l doineu-
jiétrili'T, eu qii(^li|iii' sorti-, par Irs apiiélUs i'a'it ce qu'il était, et neperlant rien de ce i|ui
brutaux de son es|irit. avec lu inulii'ie, notre lui était propie, il recul imi lui, à l'excei.tiiin
esclave-, ijuc nous loiilons sous nos jieds'/ du pèche, tout ce qui constiluo la natur-* de
)) Croyt'z-vous donc, diiout les .juy;i's, (|ue riiommi!. Il ne se montra paît soiis une simple

nous allcoclions notre salut de l'airain el du et fanla'-tique ap|iarence de notre chair; il ne


bois, et cjue nous ne lonrnions pas plutôt uoâ condtattit pas non plii'i le di-uion avec -a pure
regartlsvers une ei-ilaine l'orce piovicientiidlo, divinité le premier moyen ont été trMm)ieur
:

qui rcnl'ernie tout, cl par laijui-lle tout bien el presqui- limi'le, cl le second tyranniqne et
nous arrive '/ violent. Armé si'ulemeut de nuire nature
» Pouri|uoi, dès lors, i'éplii|uércnt les mar- vaincue, il vainquit avec suralMinilaiice de
tyrs^ vos modeleurs cl vos statuaires multi- justice celui qui avait été vainqueur par U
plient-ils, sous des l'onnes si diverses, une l'ouïe ruse. Il voulut d'ahnrd. selon la loi de la milnri.*,
do ligures, et b's plaeenl-ils dans les temples? passer surnaturcllemeiit. hormis le |i«chi-, pur
Poui'quoi leur olFicz-vous un culte et do3 toutes les simtfrauc s hum.dnes, d<iiillaniiiliaa
sacrifices, et leur deman li'z-vous la solutioa est la mère, savtjir : par la faim, p ir la s«if,
do vos doutes ? (pie préleodent donc vos par le travail, p:ir les larme«. par les sueuri,
tjrans? Ce (pie vous a]ipi'le/. la Itivinilé, n'est- p ir l'aumiie, i>ar les blessures, el enlin par *M
elle jias exprimée par des images'/ Pourquoi défaillance du corps cl par la mort. Il le vou<
donc nous iidtessez-vous de si cruellas invec- lui ainsi, pour dt'truire bientôt toutes ce»
livt!s, vous qui n'auisscz pas à celé.ifard aulre- misères (pi 'il assumait en lui, pour oter tou'e
miMil que nous-uiéaics Mais pu:s(|u'à des
'/
souillure au (7(^iire humain, comme l'arl du
reproidies l'aciles à rétuler. vous ratlachi'Z fondeur fait disparaître de son (euvre tout ce
l'actusatioa loucliant les iaiaf,'es, pi'rmettcz- (|ui e^t inutile el impur, cl pour rendre à
nous de vous oter sur ce point toute erreur et l'homme le mémectat où il était avant -a chute.
toute équivoque. E'ilin, ressu~eit,int d'entre Icd mort-, el mon-
» Pour nou-, nous n'entendons aucunement tant au ciel, et annoii(;ant tpi'it viendrait noue
représenter, sous de certaines fornu;s et sous jiiuer à la tin des tem|e^, il nous assura l'ia-
une lijiur.' précise, !a Divinité, qui e>l sim|ile faillible résurrection des corps el la pei • •

et incomprélieusilile ;et nous ne pensons pas tuclle incorruptibilité de notre nature. W


il>i

qu'on puisse honorer par des imay:>'s do cire pouripioi nous lo représentons par des ima^iis,
ou de bois l'essence super -essenliello et anté- sehui la forme sons laqu(dle il nou^ app irul,
rieure à tout commeneeinent Mais, an premier et sous la(pielle il a c()ni[nunr(pié el vécu a o .

homme, vaincu dans sa chute par l'audace et les hommes, ahu dorévedlcp parce lypedi.in
la puissance de resjirit do révolte, il lallait un la mémoire du salut (pi'il nous a a|(|iorte, et
secours qui le relevât ; car la nature déchue non pas, comme vous faites pnurcreer a notre
ne pouvait point se reformer et se renouveler fîié de capricieuses licur»«, el pour frap[ie.r
par elle-même et, son ennemi pesant loujoui-s
; les yeux par la diversité deâ formes. Chei
sur lui, il nu devait être ilélivré de celte tyran- vous, en ellel, un dieu est mâle el barbu uo
nie que par une seconde lutte. C'est alors (|ue autre ast du jçenre féminin ; un Iroisiem. -^l
le Créateur lui-mémo, l'un de la Trinité, lo hermaphrodite; celui-là, déjà avance en à.v,
Dieu Verbe, de même cpi'il n'avait eu aulrcl'ois a passé les anuéei de la jeuness»'; celui-ci e-i
besoin d'aucun secours pour former la nature, dans toute la lleur de la vie el. pour le 'lire
;

de même au-si, maintenant qu'il s'ajtissail de en un mol. vous n'avez m


imaginer les dieui
renouveler une ima^e corrompue, ne cunlia que sous les formes les plus muili|ileâ et les
cette restauration qu'à lui seul; mais, n'ayant plus diverses. Or d'oii avci-vous appris l'exa»
recours qu'à sa puissance et à sou action pro- titude do toutes ces vaines rcpresenUilions ?
pre, il accepta le conibal pour nous sous la • Bien iiue tes formes de nos dieux, rep.»n-
forme humaine. Il était en quihiuc sorte di;;ue dirent les jui;es, aient coutume ilo varier dans
de Dieu d'engaf;cr, pour ainsi dire, la lutte les images {tarlieulieres. eependiml une doe«
avec l'onuemi à aruuvs éfçalcs et loyales. En Irine plus divine nous a été Iran-mise, qui
effet, tout combattant a eoutome de vaincre élève nos e.-prils à une théorie plus vraie -t
son adversaire par l'un de ces trois moyens, à sublime, el jusqu'à un arfheiype, due permet
savoir: par la ruse, par la loi, ou par la tyran- pas (|uc nous londiions el nous nous peruiuos
nie. Or, notre défenseur divin ivjeta le pre- dans la divisibitile d'une vile uialieie, ni que
mier et le dernier de ces moyens comme iuj- nous nous att.-iehion- cxelusivenient à la va-
puissants et indimies de lui, et oninn' sans i riété des coiil-urs. .Mais ce scrail \i«der le
utilité ot sans truit pour ceux-là mêmes pour droit cl la pie e que de révéler coXv ilixiuue
qui la lutte avait lieu ; car la rus,> cnK''udre à des profane" el a des el ranger- '

une faus.se vii toiie en triomphant ilc l'adver- Que SI vous (>-e7, elie in lies i :

saire d'une déloyale manière et lu tyrannie


; sjicrés, cl voi:- l.iire iiU'» cop li-eiiin.iài », novU

est victorieuse par une violence déraisonnaliie. vous revélero'is tous no» -eciCls, et nou» n'au-
pnis([u'elle engaiio un combat sans équité. rons rien de cache |iHiir\ou>. (J lanl .luv iai't<
Nuire Sauveur pveliuu 1 auU'e moyeu, el uiioi- ges (ie uos dieux, que noui rcpreMSutuat UA*
UVUB TRBNTB-QOATHIÈME. tM
tôt ("ftns la flïure d'un vieillarl, tantôt smis sent et font prisonnier leur p^re, dans leur
cel/e d'un jeune homme, vi'lre seiitiincnt à ]iuis~ance' qui se sépare en dynasties, et dans
cet éf;anl est pareil au notre, puisque vdus les royaumes ipii se divisent. Reconnaisse!
nommez l'un l'ère et l'autre Fils. N est-il pas donc (|ue vous êtes égarés dans les cont.ra-
évident que l'idée et la notion de Père doinnt dicti"ns de l'erreur, et que ^expression de
être nutérieures à celie de Fils? votre sentiment tombe et s'évanouit devant la
« Que vous aussi, dirent les martyrs, et par force de la vérité, x
imaginatior. ou par allégorie, vous représen- Aces mois, les magistrats irrités, ne dissi-
tiez symboliquement les dieux sous la forme mulant plus leur colère, criaient aux martyrs:
humaine, nous le comprenons mais pour-
: C'est à nous sans doute encore plus qu'à vous-
quoi vous faites-vous un dieu à tète de chien; mêmes que nous imputons l'absurde discourt
un dieu avec des cornes ou avec des pieds d'a- fjue nous venons d'entendre et lesblaspbèmos
nimal un dieu moitié homme, moitié hèle;
; proférés contre les dieux... Mais voyez la sen-
un dieu hermaphrodite enfin tan. lis que les
; tence (|ui vous menace et le péril suspendu sur
idées des choses divines, alors même qu'on vos tètes... Renoncez donc à tous ces vains
veut leur donner une forme sen.'^ible, doivent ainliau;es de discours, à tous ces tortueux laby-
conserver une entière dignité, si nous ne vou- rinlhes de paroles... Sacrifiez aux dieux in-
lons absolument compromettre les espérances vincibles, et soumetlez-vous enfin aux ordres
de notre sahit? Et n'est-il pas impie, et tout à des augustes em[iereurs; car vous savez
fait indiiçiie d'hommes raisonnables, de carac- qu'une peine immortelle est réservée à vos
tériser la Divinité sous de honteux symboles, refus.
d'imposer l'a-'-pecl d'un chien à la nature pre- Les martyrs répondent avec calme et rao-
mière et parfaite, et d'aboyer ainsi contre la deslie juges ce que vous appelez intem-
: !

Providepce? Poumons, dire que Dieu est plus pérance de paroles, l'amour de votre salut
vieux ou plus jeune, c'est dire une cho.-e dé- nous l'a fait dire comme très-sensé et très-
testable car ce langage ne convient qu'aux
: utile. D'ailleurs, il fallait bien que nos dis-
créatures tem|)orelles. Mais, dans la nature cours répondissent à vos interrogatoires.
éternelle et sans commenci'ment, il n'est rien Maittenant que vous vous irritez sans justice,
qui se puisse mesurer par les proportions hu- daignez encore nous accorder un seul moment
maines; caria Divinité est au delà de tous les de trêve et répondre à nos questions. .\ quels
temps, au-dessus de tout commencement, et dieux et |iar quelle raison nous ordouuez-
de toutes les pro[iriété3 que l'on peut conce- vous de sacrifier?
voir dans les choses créées, encore que, à Les juges réiiondirent aussitôt A Jupiter, :

cause de l'intirmité et de la bassesse de notre sans aucun doute, et à ses enfants, et h iNep-
nature, nous lui donnions quelquefois impro- tune, à Junon, à la mère des dieux, afin de les
prement des noms humains. On ne concevra apaiser en leur oftr.int de l'encens, des sacri-
donc pas le Père sans le Fils, ni le Fils sans fii es d'animaux domestiques et tout le reste
le Père, si l'on veut faire un noble et sincère des honneurs accoutumés.
usage de la _"iison, de même qu'on ne conçoit chose ridicule! répliquèrent les mar-
((

pas le l'eu sans son éclat, ni le soleil sans ses tyrs, et que la subtiliti'; de vos esprits est admi-
rayons; pour exprimer des choses incomiué- rable Vous qui d'ordinaire, dans vos notions
!

hensibles, autant qu'il est possible, sous une diverses, ô!es en désaccord jusque sur la na-
brève image, infiniment encore éloignée île la ture des victimes à immoler, et qui êtes ainsi
vérité. Lors donc que nous disons que le Père en perpétuelle discordance; vous, enfin, qui
est sans commencement, nous lui confessons ne vous entendez pas même sur la nature do
co-éternels et sans commencement, et le Fils vos dieux; c'est vous qui cependant nous con-
qui est engeudré, et le Saint-Esprit qui pro- traignez à partager vos sentiments à cet égard
cède du Père... comme s'il ne vous suffisait pas devons abu-
11 Et chez O'ius aussi, s'écrièrent les juges, ser vous-mêmes dans les choses religieuses,
on comiirend et on croit qu'il existe une seule sans entraîner encore les autres dans votre
Divinité avec des personnes distinctes. erreur. Ne serait-il ]ias absurd- et inconvenant
Il Oui, en paroles, répliquèrent les martyrs, de voir des hommes, dévorés dans leur propre
nous ne nions pas que telle soit votre o|iinion ; raaison lie maladies contagieuses, olliir à
mais vous n'allez pas plus avant; et en réa- leurs voisins remède dont ils n'useraient
lité Vous vous elniuni'Z bien du sens de vos point pour leur propre compte? Et siérait-il
paroles mêmes. El comment reeiumaitre le bi'ii à un Etat en (iroio à tous les périls d une
caractère île l'unité dans ce qui se lepousse et .sédition, de s'interposer auprès d'un autre
se condial rècijiroquenient, dans ce ipà ne Etal par des conseils do paix démentis par sou
muntrc que dis|iarales et contradictions, où propre exem|ile? C.ar si nous nous rangions à
une part ilomine en tyran, et l'autre part obéit l'opinioM de quelques-uns d'entio vous, uu
eu enclave''' Et nous ne comprenons pas avec autre, qui favoriserait une secte contraire, ne
•piclli,' udrc-se vous vous
y prendriez pour ne manquerait pas de s'écrier qu'i' est le dêposi.
plui
voirqu un si-ul et méuK! dieu dansli;s guerres taire des doctrines les meilleures et les
des Titans, daiw les combats des dieux sous utiles, cl de cherchera se concilier ses
audi-
les murs d llliou, dans Saturni' qui dévore ses teurs pur de persuasives paroles? l'u autre
cufuiils, dans les uulaulsde baturue qui chas- bientôt ferait lu même chose ol les luemm ei-
i¥\ HlSTOinE UNlVKnSELLE DE L'ÉOLISB CATnOLIQCB
forts, et nprfs relni-ci un autre encore. Et nudité. Ensuite ils leur faisaient subir «1*ijrn«v
ainsi sans cessis par les inventeurs de doc- ininii-uses flag.-l ations, et reeoujfnanilaiiMit &
trines oppo-ées, la Divinili; serait, pour ainsi leur- e-claves de les déchirer avec di'-s oiiL'Ie»
dire, décliirée en lambi-uux et divisée en de b;r juscpi'aux os et jusi^u'à la moelle, (^n
sectes absurdes jusqu'à ce «pie notre esprit n'entendait plus que le bruit des coup-, et
fatii;u<* se laissai alliT à i'nliiéismo, par d^'- I omine des murmures confus les tyrans et
:

goûl de tant de mcnsonf^es et d'erreurs. Qim 1 les bourn-aux criaient et torturaient eu^enible,
vos dieu:£ ne roiil-ils pas, chez quelipies na- et tout le tribunal retentis-ait des dissonante*
tions, tels que vmis les dites? Mais aussi, chez clameurs que poussait eu larjgues diverses Li
d'autres peuples, ne i>ont-ils pas des sinj^es, foule qui entourait les suppliciés. Mai- les
de? boues, des ibis, des cmcodilesct des cliats; martyrs ne faisaient enten<lre que les paroles
et .jusqu'aux eaux du Nil iiii-nn'uic, et jus- les plus digues et les plus douces. Au lieu île
qu'au liOMil Apis de Meiirpliis. dieu mui^issant plaintes et de gémis-ements, ils n'a\ai'nt que
et nourri d'Iu'rlies, enlouK' de prières avant s» des chants pieux et îles prières, et. avant toute
mort, après sa mort, pleuré par des larmes t;t chose, des actions de u'ràces a l)iiu ; et bien
des fiémisseraenls, tout à la l'ois sacré et sujet loin d'adre-ser aux tyran- des prières et des
à pouiiir, et soumis, selon le temps, à cette supidications, ils aimaient a s'exhorter et
double condition? Et dans d'autres pays, l'eau s'animer entre eux par ces paroles :
le feu, les chevaux, des serpents t'auiilicrs « Hommes et femmes, jeunes gens et vieil-
passent pour les dieux qui président à l'iuima- lards (|ui, par une vocation divine, soutenont
nité; et dans d'autres pays encore, un glaive un double combat, un combat tout ensemble
ou bien un arlire sauvage et touffu; et chez f|iirituel et matériel, et qui, nous exposant
qnek|U''S-uns, enfin, une mouche, le plus vil a péril pour li! Christ, rejetons avec allé-
1

et le plus taibledes insectes, usurpent la place gresse le pesant fardeau de nos corjis, afin de
de la Divinité II en est de même pour la di- remporter une plus facile victoire et de nous
versiié des saci'ifices. Les uns ininiol nt des dégager nus de la violence de nos ennemis.
victimes humaines; ceux-là se contentant de Que nos ble^su^es elles-mêmes nous défen-
purifier leurs mains par des ablutions; d'au- dent et nous tiennent lieu de cuirasses et de
tres enfin, faisant des incisions à leurs corps boucliers; [dus elles seront nouibreuses et
avec leur glaive, croient rendre un culte par sûres, plus sûrement elles nous protégeront...
le sang tjui coule. Mais qu'est-il besoin de N'abandonnons pas Dieu qui nous guide, qui
citer tant de cultes discordants et contradic- est au milieu de nous, et qui comliat dans
toires? nos rangs... Nous avons lez anges pour sj>eo
» Ponrnepnspnrler des autres dieux, et pour tatcurs de cette lutte, et c'est le Christ, le
rappeler seulement ceux qui sont en plus premier des martyrs, qui préside au combat.
grande vénération auprès de la plupart d'en- Ne nous décourageons pas pour des acci-
tre vous, pouvons-nous sacrilier à lies dieux dents quelconques car le Christ sait bien, à
:

adultères, à des dieux qui se complaisent aux cause de ce qu'il a souUert lui-même, secou-
unions les plus abominables et les plus con- rir ceux qui sont à l'épreuve... I,* bonheur de
traires à la nature, à des dieux elléminés et nos pères dans le paradis fut suivi de gémis-
moitié hommes, et qui sont soumis à toutes les sements et de tristesses. Par un changement
misères de riuimauilé ? Comment tout cela contraire, obtenons la félicité pai des souf-
serait-il raisonnable aux yeux des hommes frances, une existence immuable par une
dont rinlellJiience est entière? Certes, si, par vie destinée à la mort. Que nul ne préfère
quelque motif que ce soit, nous vous obéis- l'amour de ses proches à l'amour d-- Dieu, et
sions, à vous qui nous commandez un tel culte, que nos cœurs ne s'abaissent pas vers les mi-
aussitôt se dresïcraient contre nous les lois sérables inilividualités de la terre. Remplis-
elles-mêmes, et elles nous crieraient que l'on sons mutuellement, les uns à l'égard des
ne doit que des su|iplices à ceux tpii ont été autres, les devoirs de notic propre lamille...
convaincus des crimes les plus honteux. Pour Mais pourquoi en dirions-nous davaniage?
nou-, nous voulons imiter Dieu, qui est la Lvi ons des peines futures par des soulfranceî
cause première de tout ce qui est bien ; et, tem|iorelles. Pourquoi n acli.-terions-nou- pas
d'adleurs, c'est un précepie de pliiloscqdiie, le plu- ju-écieux de tous les trésors par le sa-
selon votre [Maton, que l'homme, autant qu'il ciilice de tout ce que nous posscdon-? Mais,
est en lui, doit aspiier à ressembler à Itieu... parmi toutes les cbo-es que nous possc-ions,
Voilà pourqiuii vous avez devant vous îles avons-nous rien qui suit plus prceieux que
hommes qui ne se soumettent point à vos notre corps? Ajoulous-le donc a\cc tout lo
menaces. Armes que nous sommes de foi et reste |iour payer l'clernilc bien heureuse», cl
d'i spèrancp, nous vous résistons et par !a nous ne l'aurons point encore cstimcc à s«
parole et par le coinage. Par la pande nous Valeur... El ne savons-nous pas que, par
repoussons vos arguments et votre force, par notre cor^s et noire saug puiiiie.s, .lous de-
le courage nous écartons la crainte...» viendrons le levain nouveau cl le sel de
Dès lors, il nere.-tait plus aux pa'iens d'autre toute la masse du genre humain, laquelle
discussion qnc la vudenceel les torturi's. Pour fermentera et s»^ra siilee, et qui, à nu.e du i

réponse dirniè;e. ils dépouillaienl les mai lyrs feu divin, c'c-l-a- lire de l'espni. «er.i Ir.in—
Uc leui'b \ékeiutsiiU| et ici raiILueul sur lu or luiuictf «u uu yjna il« vid jNin<iit, un paia
LIVRE TRRNTB-QUATKIEME. !i41

A6i)ou\Ué de tout vieux forment de vice et de et des efforts de leur imagination à trouver
Di.il. Ijonorons donc Dieu par notre corps des supplices.
aussi Itien ((ue par notre esprit car l'un et :
Mais défenseurs de la foi étaient plutôi
les
l'autre nous vienii.'nt de Dieu. )>
fortifiés ([u'abaltuspar la douleur. Ils pui-
Les martyrs sV'ncoiirafjeaiont ainsi les uns saient une vigueur nouvelle dans leur-, épreu-
jes autres. Mais (juand k's tyrans les vin'nt
ves ils étaient radieux comme le soleil, et plus
;
tout dégouttants de sang et l'es chairs pante- blancs que la neige; et, dans leur noble con-
lantes, ils leur adressaient ces paroles de dé-
fiance, ils criaient à leurs «idversaires D'où
:
rision Comment vous trouvez-vous de cette
:
vient que les yeux de votre esprit sont telle-
premiiTO épreuve, ô bienlieunuix? Les — ment aveuglés par l'erreur? qui a pu détour-
martyrs réjiondent Commi'nt, de votre coté,
:
ner ainsi vos âmes de la droiture du devoir?
vos espérances vous ont-elles réussi ? Quant à
Ne voyez-vous pas manifestement que, sans
nous, a]>rés avoir VMincu toutes les choses que
recevoir de coups, vous êtes plus si-vèrement
vous eslimez terribles, nous n'avons qu'une punis vous-mêmes que les hommes (|ue vous
seule crainte, à juges c'est que, contre la
:
meurtrissez de vos flagellations? Ne voyez-
coutume, vous ne changiez votre sentence, vous pas que poiu- nous toutes ces tortures
que vous ne deveniez plus doux, et que, par sont comme un jeu de palestre on un exercice
pitié pour nos corps, vous ne laissiez s'endor-
de gymnase qui purifient nnlre .une cl relè-
mir votre ardeur à nous torturer. Nous — vent à une beauté plus grande? le; sont vos
allons vous montrer, dirent les tyrans, eoni-
discours cnm[iosé,s avec tant d'aitilice? Tout
ment nous changeons. —
Et, ne pn'u.int cela n'est-il p;is muet et élimlle devanl les
• plus con-eil que'de leur fureur, ils se jetè-
paroles simples de la vérité? Si donc votre
rent sur les martyrs invincibles, et comiÈan-
éloquence n'a plus ni force ni sûreté si les
;
dèrent aux liclmirs d'épidsiT sur eux tous les
œuvres de votre tyrannie se rompent et se
genres de supplici-s. Tout lut aussitôt prêt,
hrisetit contre le romiiarl de la foi, si déjà
tout ce qui est horrible à voir et impossible à vo«s prenez la fuite en voilant votre visage,
raconter: le feu, les bètes féroces, le glaive,
pourquoi vous ipii fuyez ne vous joignez-vous
rien ne mampiait de tout ce qui sert aux
point à nous qui souffrons la persécution? Et
tourments; les bourreaux étaient ardents et pourquoi, dans une lutte oi'i éclate votre dé-
cruels, el l'idolâtrie riait à ce spectacle.
faite bien plutôtque votre puissance, n'aspi-
Il fallait voir alorsmartvrs souffrant
les rez-vous pas à la véritable gloire? car, dans
les maux les plus lamentables, et les suppor-
ce combat, c'est pour nous que la viittoire se
tant avec le plus grand courage. On déchirait
lève. Une humilili' illustre vaut mieux «[u'une
leurs chairs, on broyait b-urs os, on coupait
gloire infâme ; une modestie magnanime vaut
leurs nerls, on mutilait leurs membres, on
mieux que la domination d'un espril étroit;
convnlsidnnait leurs fibres, on tordait leurs
etmieux vaut enfin une comlilion petite tît
articulations, on déchiquetait leurs corps;
sûre, qu'une grandeur qui chancelle. Imitez
on leur arrachait la moelle, les yeux, les en- donc notre exemple, effacez de vos âmes les
trailles; on coupait leurs jambes, et l'on fai-
caractères de l'ignorance, et nous graverons
sait de tout leur corps une masse déchirée
et dans votre cœur, comme sur des tablettes,
confu-e. Ouelles paroles pourront jamais,
avec le burin de l'Ksprit, la loi divine de la
comme d;insun tableau, peindre à l'esprit de connaissance ou science. Vous la lirez vous-
tous l'horrible variété de celte scène de car-
mêmes et souvent, et vous apprendrez d'elle
nage? On pourrait dire avec justice ipic ces
à bien vivre. Instruisez-vous à ce tribunal
souffrances furent une tem[Mte agiti'c par
comme dans une académie, et réformez-vous
les tourments, comme par autant d'orages
et à notre exemple. Qui de vous tous aime la vie
de foudres sans nombre, et (lu'elles n'étaient
avec autant de i)assion ip.ie nous courons à la
pas inférieures aux peines de l'enfer, l'éser- mort pour le Christ?... Kt voilà que nous,
vécsaux impies. Il fallait voir aussi les bour- qui obéissons à la loi de Dieu, nous prions
reaux se jetant comme des furies sur les ])our vousiini êtes (mcore dans li's ténèbres de
martyrs, épuisant sur eux toute la violence l'eireur ; nous désirons que vous partagieï
de leur méchanceté, les épouvantant par «les
avec nous les ilons du Christ, parce que la
cruautés ingénieuses, et les torturant par rançon divine a lUi- dimnéc aussi pour v«ms,
les inventions les plus raftinées el les plus
alin lie vous délivrer de la servitude. Tandis
féroces. Ils cherchaient à se surpasser l'un
que nous sommes sur l;| "erre, elfiuçons-nous
l'autre par les imaginations les plus terribles,
de racheter les |)eiiies qui vous attendent sous
n'ayant tous (pi'unseul but, la destruction des tcrrcï. Le Vwn de la vie rompu, et en enfer,
martyrs. Mais enUn ils ne recueillirent de ré-
ajïrès la séparation des uns d'avec les autres,
comiicnsequo la honte et l'inlamie, en obéis- il n'y a pins de confession pour personne. Vous
sant au serpent de malice et di! lâcheté, r.ar, par
éles enchainés comme des '.-sclavcs par vos
un miracle iiiattemlu, le ciunbal lui changé. mauvaises actions ;mais, si vous le voulez,
Les forces des bourreaux les aliandonncrciil,
niius, vos captifs,nous briserons vos ehaiues.
leurs corjts s'tuigourdirent, une sorte de pa-
Ne tardez donc point, ne vous en allez pas;
ralysie saisit leurs membres; ils lurent
Iraip- voli-c! salut est facile, il est en vos pnqiron
pés de tremblements, de vertiges, dedélaillances
mains; soyez baptisés et pui'iliés. Courbe/ avoo
ecœur et comme épuisés de tant de travail douceur votre tcte sous le jouy léger de l'Evaû-
T. IV.
!« MISTOirtF- UNIVEnSElXE DE LÊGLISB CATHOLIQUE
pili'. el iPiiMoj; loin de vous le p'siinl fnnlnnii En
aclievanl ces mol», les mnrtrr» w> \pvh-
de Vds iH'ilii'- : vi<il i Icsmivprniri liicri. Que si fpnl, Pt se tournant ver< l/i mulliliidii îles
ii;ii' liiifîiri! vous [ipnsipz i|un nns iiiirnlcs. snus chr(^t;eii8 et de* païens (]ui les entouraient :

une iiiiiuin'riliîliipnvi'illniicfi, nous sonl ilicléos « Iliiiiimcs, nos frères, cricrenl-iU forlcnient,

itnr lu [icur c' In liicholi!. rli liioii ! aiguisez vo;» Gt vous tous, parmi celle foule, qui craiunez
g!aivcs,aUisi'zl'iirili'iirilutru,(iiiiPiiP/. ili'sliour- Dieu, les paroIe^ du salut vous ont été en>
reaiix ilnnt les i'ai'CP« foienl noiivpllrs.(iiiit ilya voyées, vous avez élé sauvés par un pur
ilans no\is. d'iiiliépidito Pt de ginmli'iir iràiiio! bienfait d'en haut : air vous, qui étiez éloi-
l'iiur toute rpiiiiiisi", Ips jiii;ps oidoiiinriMil gné-, vous Vous êtes maitjtennnl rapproché!
do Ips i(iiidiiiie au siipplii't!. Ariiviisnu lieu de par le sang du Christ. Ab! croyez que le
ri'xOiulion, les maityis (ilitipririmt de leurs temps si court, la limite de la vie humaine
I

t,'ardicns un oonrl délai. <|u'il- euiiiloienlà re- iden étroite, et le chemin bien ^'li^tsant. .Mai^
luenier 1H( u et à |iiiiT pour tous lus linmints. chez dans la vertu, comme au grand jour;
Le cdiiis jiio^teinc çur la mais làrni)
terre, ganlez votre foi sans tache... Si quebju'uB
(^levée vers icsfieux, ils disent d'une voix loito d'entre vous n'est pas marqué du sceau rie
cl avec, larmes : l'Ksprit, soit maripié <le la luniierr- du
r|u'il

(I Nous viiUs lendons j^ràrps, Sei'-'neur Dieu, birplème oignez avec le sang imniocnli-
: U
Snuvoui- et Créateur de l'iiuivers, ([ui avez demeure de votre àme et les portée de vos
rainciii! à l'iniili' les deux poi lions du peure sens c'est le seul moyen d'éciiajqier à l'exter-
;

humain (les Juifs el les f>ontils), <'t cpii dans minateur. (Jurj nid de vous ne «lése-iière de
votre cliair avez détruit le luur de séparation, son salut i|ue n<itrc combat vous inspire
;

l'ininiilié léelproquc, cl qui avez créé en vous coidiance nos blessures sont un bon exemple.
;

les (kux peup'ps, pour en l'aire nn seul homme IS 'avons-nous pas élé revêtus d'une chair
j'.ouveau (I). Nous vous rendons grâces l'e ec comme la voire'?... Imitez-nous donc, comme
(le.e vous nous avez ouvert le paradis du inar- nous avons nous-mêmes imité le Christ, qui
tvip. la carrière délectahle de nos ancêtres, a vaincu le péché par sa croix et par ne»
et de ce que vous nous avez gratiliés de ses dé- soullrancos. »
hccs. Sanclifies à travers ies épreuves, et par A ces paroles, les bourreaux se jetèrent sur
le fruit mùr des vertus, nous avons goûté de les martyrs. Les uns furent consumés jiar le»
l'arhre de vie qu'il n'a pas été donné à Adam flammes; les autres moururent étranglés.
detr.ucher. Nous avons connu que le Sciuneur Ceux-ci périrent |iar le glaive, ceux-là furent
est le Christ, el que nous avons dépouillé nos précipites au fond de la mer. Uuebjucs-uns la-
tuniques de peau, déchirées par le g aivo et ie ni broyés sous les deriU des betes féror-es;
les fouets. Kt voilà que nous avons revêtu de- d'autresexpirérentdansle supplices de la faim;
vant vous l'antique heauté de la nudité dont jilusieurs furent scié.- tout vivants; un urand
il n'y a point à rougir, el nous ne traînons nombre furent écrasés sous des meules de mou-
plus api es nous aucun reste de fange et de lin : cltouseniin,aprésavoirsubi lamortqu'ils
corruption parce que nous avons vaincu le
;
désiraient, se reposêrei t 'laus le Seigneur.
serpent, non point par la ruse, mais dans un Voilà comment le diacre Constantin nooi
loyal comhat, et que le commencement a été représente les magistrats du siècle et les mar-
»edressé par la tin. Lui, le serpent, s'est em- tyrs du Christ, l'enfer el l'Eglise, luttant
barrassé dans ses pièges, et il est tombé; mais lun contre l'autre, en bataille ranuée, pen-
nous nous sommes levés et dressés pour être dant trois cents ans. C'est un résumé fidcla
le rempart du genre humain... Accordez-nous, de l'hisloirc, cl quant aux faitf, el mcma
pour premier prix de nos soull'raiices, la con- quant aux paroles. Dans les actes les plus au-
version et l'illuniinatiiin de la rare humaine. fhentiijue- el les plus complets, tels r|ue ceux
Délivrez ceux qui sonj j'elenusdans les chaînes des saints Taraijue, probus et Andronic, nom
du péché; ouvrez les yeux que l'impiété aveu- voyons de la part des mantistrats (wicni
gle; redressez les Imnimes que l'incrédulitr! toujours les mêmes raisonnement;. '^

courhe vers la terre que -ios cendres chassent ;


voxons l'ncorc ilans les cdits de pci -

de l'univers et di-sipent comme d-i la poussière mais surtout dans les écrits des ph
toute la phalange tics démons; que toutes les païens, tels tjuc Hiérocles, Celse. ci
maladies du monde soient guéries par notre ment julien r.\posliit. Partout ce
sang répandu. Daignez, Seigneur, venir en mêmes sophismes incohérents cl <•

nide à tnus ceux qui vous invoipuMit par nous. loires pour justilicr l'idolâtrie et atta(pier o«
Cotnmandez à l'orage des tentations, el que ia plutôt christranisme. Et aprèt
travestir le
tempête s'a|>.iise, et que tous les hommes se quinze siècles, les molerncs sectateurs de la
reposent dans votre volonté comme dans un pliiliisp|diie aniicliretienne, panibcisles, ma-

Eort iiue, par la vertu de l'Kip il, le genre


; lériaiisUss, idéologues do (ierm.inic et d'.i.l-
umnin ne forme plus qu'un seul troupeau, leurs, ne savent que repro<luire en aleni.iiiil
soumis par vous au Ciirisl iiusleur. el que rt en français Icâ sophismes de Julien at
Totre peuple se rijouisseeu vous. Dii'u litté- d'Iliéroclcs, tantôt dans des libella» plirlo«<v
rateur. oSeinneur nii-ériciirdi uv,i|Ui' vosyeiiK phi<|ues, tantôt dans de nouveaux edil- ils
ef vosoreillesc'ou\rcul à la prière devossorvi- |)er>eculioii. Car. au fond, 'c-l tounuf - lal

teurs ! M mcuie coiubdl sous une forma un peu dilla-


(1; £i)kes. 11. t4. IW
LIVRE TRENTE-yUATUin.M!:. 2'i3

rente. Elles sopliismes de de


l'iiirTédulilé et lant comme un chèvre,. u, le corps de votre
''apostasie moderne se voient réfutés depuis humilité. Aussi en avez-vous recula bénédic-
dix-huit siècles, dans les actes des martyrs, tion, la vie éternelle. Vous avez vaincu Jo-
dans des confesseurs et dans les
les apolof^ies seph en chasteté, vous qui avez repoussé la
écrits des docteurs de l'Eglise. Ce que le doctrine des^ faux dieux, docti-ine corrompue
diacre Constantin rapporte des premiers dans ses actes comme dans ses imigi^s, et qui
n'est que de l'histoire. avez abandonné à de.s tyraus déi)auchés et
«0 saintes âmes! s'écrie-t-il enfin, ô corps pervers le vêtement qui vous envelo[ipB, c'est-
sacH's! ô précieux et divins trésor, plusines- à-dire votre corps. 'Toutes les épreuves de
timahles ([ue l'or et la topaze 6 demeures
! Job, vous les avez subies ; et, de plus que lui,
(lu Christ, habitacles de l'E-prit, vases de vous avez enduré les supplicer jusqu'à la
vertus oui, vous retrouverez un jour, après
! mort elle-même. Vous avez eu un plus grand
la décom[io-iiii(in de ce misi'riihlc miMani^e, honneur que Moïse: car, après avoir reçu
tout ce qui vous a[ipMr(ciiait dans les éli'uients et gardé la loi de grâce, vous avez Iraver-é à
matériels dont se formait votre corjis à sa ]ded sec la merde l'idolâtrie rougie de votre
iiaissan'-e mais vous les recouvrerez sancti-
; sang, et vous êtes arrivés dans la terre de
fiés par la njcoinpense immortelle que vous lu'omission, la céleste Jérusalem. Et déjà au-
auri'Z reçue! multitude liicnheureuse! ô paravant vous avez prouvé vos forces à vo»
spleudfuir multiple, qui éclate comme dans ennemis par le grand nombre de signes et <f
une àino unique! quels chants de triompiie miracles i[ui avaient éclaté dans le déser..,
vous ci'lciu'eront dignement, ô vous dont la dans la vie religieuse et, par votre mort,
;

victoire a siu'|)assé la force de la nature! De vous avez écrasé et étoulfé sous vos pieds les
quels tro[>iiées de mémoire éternelle, dei]uels serpents insidieux qui poursuivaient les
]isaumes, de hymnes, de (juels canti-
quelles hommes de leurs morsures venimeuses. Au
(pii'S spirituelsceindrons-nous vos fronts, lieu lie la robe d'Aaron, faite de main
comme de maiiiiifiques couronnes iramorlel- d'homme, vous vous êtes revêtus, comme il
Icmeiit frai lies et vertes! Vous avez honoré sied aux saints, de la justice du Christ. Vous
vos parents, selon le précepte évangoiique : avez purilié le peuple, non par le sang- des
car vous avez, par vos soutl'rances, eilacc la "gneaux, mais par votre propre sang.
honte de vos ancêtres délivré vos pères du
, » Les remparts des impies, les cités de
désjiouneur, et rendu la nature humaine la
;'i l'ennemi, les langue? parleuses et contredi-
joie à la place du deuil. Vous avez changé la santes, la vaine sagesse, vous les avez ren-
terre en ciel, et vous êtes ccmime l'orient se- versés |jar la trompette de vos enseignements;
rein, comme l'aurore de la justice, et comme vous avez surpassé ies exploits de Josué; vous
des étoiles qui brillent en tout lieu car tous : vous êtes montrés plus saints que Samuel, et
les pas que vous faites sont dans la voie plus propres au ministère divin : car vous
droite des saints commandements... avez été offerts à Dieu non pas par votre
En ((uelques heures, vous avez accompli
(( mère, mais par vous-mêmes, non pour vivre,
de plus pénibles travaux dans la vigne de mais pour mourir, alin de vivre de la vie
Dieu, que ceu.x à qui on donne le nom de éternelle. Vous avez abattu le Goliath intel-
paliiarches. Vous vous êtes placés, par vos lectuel, non par la fraud(!, comme David,
œuvres, au-dessus de votre premier père car : mais avec une pierre rcjctée des hommes, le
vous gardé les commamlenients du
avez Christ. Enfin, après avoir, par vos périls,
Christ. Vous ave/ ollèrt au Seigneur un sa- écrasé la tète du dragon dominateur, vous
critice plus saint que celui d'Abei, l'holo- êtes monliés comme des triomphateurs cou-
causte de vos âmes. Aussi avez-vous été trans- ronnés de leurs brillants exploits, sur un chai
portés vers une imuiorlalilé plus belle que ]'lus sublime que celui du prophète Elle, et
celle d'Ili'Hoch, sur une arche plus solide que Vous êtes entrés dans les portes du iel, peu--
i

cell(! de Noé, ionqiosi;e qu'elle est avec les lés par vos vertus et vos œuvres; et mainte-
matériaux incorruptibles de laveitu. C'est nant, avec les myriades iiniombrablesd'angcs,
d.nis colle arche que votre Ame s'est préservée avec l'Eglise des premiers-nés, vous formez
de rétouH'ement des idoles. .Miraham a re- une joyeuse harmonie devant le tabernacle
connu le m) stire de la Trinité dans un type véritable.
et dans une ombre; mais vous, dans leseoai- M Aussi ri'pandez-vous sur vos frères une
bats que vous avez soutenus pour la Trinité, part de l;i splendeur ipie vous puisez dans la
vous vous èti'S faits, d'une voix relenlissanic, source de la lumière intellectuelle. Car vous
les hérauts éclatants de la vérité. Votre sacri- êtes prépo.sés à l'égard iln genre humain tout
fice a été supérieur à ci'lui d'Isaae, l'ayant entier, el commi; «les tuteurs îles âmes, les
a<'conqili |)ar rimmolalion de vous même, médecins des corps, la colonne de la foi, la
l'ar la sincerilé de votre but, vous avezsur- consommation du sacerdoce, la remissicni des
lissé la vie simple et catidide de Jacob, pi'chés, le fondement et l'aïqiui des ég'iscs,
t'excellence de; volri; vie a été, selon le saint 1(! remède des maladies, le repos des voya-
précepte, semblable à rinnoecuee des co- geurs, le gouvernail des navigateurs, la res-
IiMubes. (,'e>t vous qui, habitant luie maison source des indigents; vous sinilenez ceux iiui
illustre, l'Eglise, avez présenté un festin à tombaltent, vous relevez ceux qui tombent.
Dieu le Père, savoir, 'os blessures, eu innuo- Vous reniiez le courage à ceux qui .se j'ia'.-
I.ftOMSE CATMOLIQCB
HISTOIUK UNIVERSELLE DE
Ui D'aill.Mirs, -l'une .ertaine pare^v",
s'cpnifnl, vous aclion-.
„ncnt vous cuidcz cfux qui ui,n- somn.fs in.lolenls el einioruiis
pour e
[îarcle; ceux qui
u...d.en. J"- !<='-" /^'«^ Cepen-ianl nous avon,
;;;;"i ;r;,;-,au;uïïiy:
.i:n.:travaiLlaboaue.v..o„t..et_.u,.,.^
";;::; ^rr.iî.:r!:rf:t'li;'t.^: De voire ,. ait
espérance, b au manque darl par le zèle.
aupui a'in«)rimlal.lo du limon des pétIiC. el
, veuillez nous purifier
lerniin<! cnn
...,1:.. lo-n.irxi. son flisrours.
discours,
1 !,.
e diacri; Co-islanliu faites en sorte .|U.^
1
par celte de la lie impure du si.ele :

et nous terminerons notre livre,


nous, soil. moyennant
vous ce qui reste de vie en
prièrr aux saints martyrs :« C'est a è droite a a uau.K
du les armes de la justice
du culte intellectuel, liéritiers el conserve d..n.
instituteurs dirige dans la bonne voie,
Ctiri'-l luminaires, peuple clioisi,
divins grâce. Et lorsque nous Frliron.
la paix el la
c'est à vous que nous
ot- troubles
martyrs illustres;
comme d'ici et que nous serons délivrés des
puissions-nous être .ompl-s au
paroles .pie voila,
trons nos incultes de ce monde,
agréer ce
une uuiilaiui<' de ronrcs. Daigne/, nombre des élus par le jut:e
"n'^;,
,'•;//
ne mesure/, point
chélil iruil de notre l.dieur ;
celle récompense de
noire humble o"'- ''^
notre force, cel e
à voire dignité, mais à
puissions-nous l'oblenir, l;="-,^""-'-,^V
.''-'

e.xeeulce a la
enlrcnrise que nous avons
'f^"'
iésus-Cbrist, à qui, avec le »''•';•';','•:-
sueur de noire visage. Nous
u avons m
assez
maintenant d lonjoute,
pour pubLer Saint, est la «loire,
de .srienco, ni assez, .le sénic, et daub les sieclub des
sieck»! Ameu. •
cl de vo8
disuemcul la gloire de vos parolcb
LIVRE TRENTE-CINQUIEME
DE LA MORT DE JULIEN L'aPOSTAT, 363, A LA MORT DE L'EMPEREOB

VALENS, 378

de l'Orient n'attendent leur salut que de l'Occident eV


I^e» éj^lises affligées
de Itome, et les nations barbares commencent à exécut<;r la Justice d*
Dieu sur l'empire romain»

Par suite des imprudences de Julien, l'ar- pour les lettres. D'un naturel très-généreux,
mée rdinaim^ ?e trouvait dans une position il conserva dans la pourpre l'atrabilité et la
très- lâcheuse au delà du Tii^re, n'ayant au-
: modestie qui le distinguaient comme parti-
cun moyen de le rep;«sser; au milieu d'un culier. Ammien loue son caractère bienveil-
pays ennemi, sans provisions et sans moyen lant et la circonspection avec laquelle il choi-
de s'en procurer; dévorée par la faim, par la sit les magistrats. Il lui reproche d'avoir été
soif, par les ai-deurs d'un soleil brûlant har- ; gourmand, adonné au vin et au.i femmes ;

celée sans cesse par d'innombrables cavaliers, dont il se serait peut-être


vices, ajoute-l-il,
qui ne combattaient pas moins en fuyant que corrigé par respect pour la pourpre impé-
de pied ferme. La dernière bataille avait été riale (2).
sanirlante. Avec l'empereur, on avait perdu L'élection ainsi faite, on consulta pour Jo-
quelques-uns des plus braves généraux les ; vien les entrailles des victimes, et les aruspi-
autres s'assemblèrent pour lui donner un suc- ces déclarèrent qu'il fallait se résoudre à
cesseur. Il se trouva deux partis celui de : partir ou à tout perdre (3). Voilà ce que ra-
l'ancienne cour et celui de la nouvelle, mais conte non-seulement Zosime, mais encore
bientôt toutes les voix se réunirent sur Sal- Ammien Marcellin, témoin oculaire et digne
lusle Second, préfet du prétoire d'Orient il ; de foi. Ceci rend un peu suspect le ré-
n'avait échappé à la mort dans la dernière cit de quatre historiens ecclésiastiques ,

bataille, que grâce au courageux dévoue- dont trois auront suivi le premier, et ce-
ment il'un de ses aides de camp; il était lui-ci bruit incertain. Théodoret en parle
un
païen, mais d'une conduite presque chré- avec plus de détail.
le Il rapporte que
tienne. Il refusa l'empire, s'excusant sur sa Jovien, aj'ant été proclamé empereur par
vieillesse et sur ses infirmités (1). les soldats, leur dit sans détour qu'il était
{•eiidant qu'on délibérait à sa h;\te, quel- chrétien et qu'il ne voulait pas commander à
ques-uns proclamèrent Jovien empereur. Aus- des idoh'ilies; que, là-dessus, tous les soldats ré-
sitôt on le revêtit de la pourpre et on le con- pondirent qu'eux aussi étaient chrétiens, et que
duisit hors de la tente, et il fut reconnu, aux le règne si court de Julien n'avait point eflaeé
acclamations de l'armée. Il avait été cajiitaiue les instructions qu'ilsavaient reçues au temps
des gardes, qu'on appelait alors les domcs/i- de (Constantin et de Constance (4). Certaine-
ques, et, comme tel, avait conduit le corps de ment, si toute l'armée avait tenu ce langage,
Constance de Cilicieà Conslantinople. Julien, on n'y aurait pas fait pour l'empereur nu acte
faisant une exception pour lui, l'avait em- d'idolâtrie en consultant les entrailles des
mené à celte expi'dition quoiqu'il fût zélé victimes. Uuelques soblals, ([uelques légions,
elirctien. Il était k\ié de trente deux ans et se peut-être les gardes du corps, auront parlé
fccomm.indait près des soldats par l'estime aiusi. Encore faut-il se rappeler «lue, dans ce
dontjoui'^sait Varronnien, son père, longtemps siècle, il y avait beaucoup d'hommes qui pro-
chel de la première et la plus illustre des lé- fessaient le christianisme, mais (pii ditleraient
gions ; d'une taille si haute, qu'on eut peine leur baptême |)our n'être pas obligés de me-
à trouver un vêlement impérial qui pût lui ner une vie chrétienne et se livrer plus Ubre-
aller, i! avait une corpulence i)roportionnée ment à leurs passions, sûrs qu'ils étaient d'ê-
à sa taille, un esprit vif, une humeur gaie, tre piirilies de tous leurs crimes en recevant
des manières engageantes, beaucoup de goût le baiilênuî au moment île la mort. C'était

(1) Amm.. I, XXV, n. 5.— (2) Ihtd., n. 5-10. -(3) tbié., n.6. - (^Ttieod.. 1. IV, c u
M8 HISTOini: UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATROLIQUE.
sm cas des hommes
loiit Ifi de piicrrc; en e(Td, fleuve était rapide. I^e dernier venu de Par
l;i des pi'- m; rai IX les plus distiiiKii6-;di'
])luiiiîii mée au désespoir fut de mourir les armes ù la
Julien se montrèrent l'hn-tiens plus tard. On main.
conçoit que, dans une iiivohition politique, La Providence vint à leur secours d'une
des chrétiens de celte espèce n'y rejiardasscnt manière ine'^pcrée. ("es' Ammien lui-mèuie
pas de si près. Aussi venons-nous de^ léfçion- (jui le dit (2). Des avant 'a mort de Juliea,
entièics^orètcr serment de fidélité, au nom Sapor, qui avait marché contre le roi d'.\r-
de Ju[iiler, à l'usurpateur l'iocope. Si donc mi'nie, envoya des embassadeurs pour traiter
Jovien, à qui Ammien rend le lémoif;nai;e de la [laix. Ils furent reçus par Jovien. L<yi
d'avoir été un chrétien zélé (1), n'a point em- négociations truinèri-nt quatre jours. Ce fu-
pêché qu'on ne consultât à son sujet les en- rent quatre jours d'angoi-se pour l'armée
trailles des vi<;liraes, c'est <[u'il n'aura point romaine, qui mourait de faim. L<;s Romains
o.-i', à cause des préjuf^i'S doiniiianls de la cédèrent cinq provinces au delà du Tigre,
multitude d'idolâtres qui composaient l'ar- avec les villes di; Singara et de Ni^ihe en
mée. deçà, dont les habitants se retirèrent sur les
La première tâche du nouvel empereur terres de l'empire. Ce traité est appelé hon-
était de sauver cette armée ce qui n'était ; teux, mais néi'es^airc, par Eutrope, qui était
pas A
peine se fut-elle mise en marche,
facile. de l'expédition {'.i). .\ramiçn dit que jamais
qu'elle vit attaquer ses derrières par les auparavant les Romains n'avaient cédé an
Perses. Et ce n'était plus les Perses du pouce de tenain l'est une erreur. .Adrien
:

temps de Xénophon, ne connaissant d'au- avait ci'dé de plus grandes provinces Rome ;

tre tacli<juu (JUB le nomhre, et au travers elle-même, au commencement de la républi-


desquels ilix mille Grers purent se tin-r par que, s'était rendue au roi l'orsenna, sous
leur valeur et leur discipline. De|iuisce tom])s, les conditions les plus humiliantes, .\ramien
les Perses avaient appris l'art de la guerre, dit encore que si, pendant ces quatre jours,
et des Grecs et des lîomains. D'ailleurs, ils on avait marché en avant, on aurait pu al-
n'était pas seuls : les Sarrnsins, que Julien teinilrc la Corduène, province de rem[iire
avait eu la maladresse d'irriter contre les qui n'était éloiiinée que d'une trentaine de
Romains par une lierté [lédanlesquc, les har- lieues (4). .Mais lui-même nous apprend que
celaient sans cesse de toutes pnris, avec la le troisième jour avant les négociations, l'ar-
même fureur et la même rapacité qu'où voit mée n'avait pu avancer que de cinq <[uarts
encore de nos jours aux Bédouins. Au milieu de lieue, et que les deux jours suivonts elle
de tant d'ennemis acharnés, il y eut un jour ne put même avancer d'un pas; mais apn*s la
011 l'armée ne put avancer que de cinq cjuarts conclusion de la paix et lorsque cette même
de lieue les deux jours suivants elle ne put
;
armée n'avait plus d'ennemis à combattre, il
avancer d'un pas. El il y avait une trentaine en périt encore une partie considérable, soit
lie lieues jusqu'à la Corduène, à travers des en traversant leTiure, .soit en traversant des
dései'ls ou des pays ravagés exprès par les pays déserts ou ravagés. S'il y a quelqu'un à
Perses. Si l'on n'avait pas brûlé la flotte on au- blâmer, c'est celui qui, par sa témérité, avait
rait encore eu (|uelques vivres; mainlcnanl mis l'armés dans un si grand péril. La jiaix
on se voyait réduit à mourir de faim. Si l'on conclue, il était de riiomienr d'un cmj)ereur
n'avait pa> hriilé la Hotte, on aurait encore romain d'en observer les conditions, auLint
pu passer le Tigre, au bord duquel on cam- ilu moins que les observerait la partie ad-
pait. Tout à couji, s'iniaginant que les terres ver.-e c'est ce que fit Jovien. .\ussi, quel-
:

romaines sont à lautre rive, l'armée s'écrie que dé^nstreux que pût paraître ce traite, il
d'une voix niena(;ante Passons le fleuve iùi : ! procura une a=s -z longue paix entre le- deux
vain l'emiiereur et les généraux en montrent empires pendant b'ien des panées, il n'y eut
;

l'impossibilité, le fleuve étant devenu plus plus entre eux de euerre directe : Sisibe
profond et jdus rapide par la fonle îles neiges même reviendra aux Romains.
lie l'Arménie, et ses rives étant occupées ]iar .\nimien déplore encore, comme une im-
l'ennemi ; la multitude, incapatile d'entendre piété funeste, rengagement pris par les Ro-
raison, allait se soulever, si Jovien n'avait or- mains de ne plus secourir .Àisace, roi d'.\r-
donné; à cinq cents hommes d'élite d'en tenter ménic. leur allié toujours tulèle. Ar^^ •
l'essai. C étalent des Gaulois et des Germains, un prince versatile, peu aimé de se-
habitués à traver.ser à la nage les fleuve? de peii digne de l'être. Tant qu'il fui il
leurs pays. Is essayèrent pendant la nuit en conseils du patriarche Ners«'S, il fui i.

vinrent à bout, trouvèrent les gardes endor- vertueux ; mais ayant <i.', •
le ]>atriarch'' .

mis et lirenl un honibie carnage. Il ilevint Ire le droit des gens, exilé pour son (ir;!. •-

impossible d'airèler ilavanlage l'armée; tout doxie par l'empeieur Constance, \


ce qu on put obtenir, c'est qu'elle attendit pervertit prodign-useinenl. Monte sui
que les ingénieur» eussent construit un pont par l'abdication ilc s«in père, il lit m
tlottant sur des vessies et des outres. Ou y tra- père ;mourir son neveu et en i-.
il lit

vailla deu.\ jours, sans aucun succès, tant h' femme, appelée Pharan Isem. Il était ^uf ie

v! r Amm , I. X.XV. n. 10.— (î) /6i<<.. u. 7. — ^3) Eulrop., 1. X, 9; Amtr... I. XXV, d. fc -


(4^ lùiU., u. 7.
LIVRE TRENTE-CINQUIÈME. :n
point de la répudier pour épouser une fille de tés si humainement. Irrité au dernier point
Saper, dont il fiait l'allié contre les Romains, de ce que la plupart des seigneurs d'Arménie
lorsqu'il fit mourir l'ambassadeur que Sapor s'étaient <lérobés à ses atteintes, en cherchant
luienvoyait à et; sujet. Irrités de tant de cri- un asile chez les Romain-, Sapor tourna toute
mes, les seignours d'Arménie se soulevèrent. sa ruse contre leurs femmes et 1. ur> enfants,
Le patriarche Norsé* ménaa^ea une réconci- qui étaient tombés entre ses mains On ras-
liation. Arsacejura l'oubli du passé, et invita sembla toutes ces innocentes victimes et on le?
les seigneurs à un festin, où il les fil égorger amena, avec la foule des captifs, en présence
avec leurs femmes et leurs enl'anls. Cons- de ce cruel despote. Il semblait qu'il voulu!
tance, le voyant brouillé avec le roi de Perse, exterminer la n.dion armi'nii.'une tout entière;
voulut se l'attacher en lui faisant épouser par ses (udres on sépare les hommi's et aussi»
;

Olympias , veuve de son frère l'empereur lot on les livre à ses élépiiants, qui les écra-
Constant, à qui elle avait été fiancée. A la sent sous leurs pieds; les femmes et les enfants
morl de Con>*tance, Arsace renvoya Olym- sont empalés; des milliers de malheureux ex-
pias cl repiit Pharandsem. dont il avail un pirent ainsi dans d'horribles tourments; les
ii!s, et qui finit par (?mpoisoniier sa rivale. femmes des nobles et des dyuasles fugitifs
Tel élaii ce fidèle allié dos Romains. furent seules épargnées, mais, par un ralfine-
(jomme c'était Pharandsem principalement ment de cruauté, poui éprouver des traite-
qui l'avait [)oiism' à faire mourir l'ambassa- ments et des supplices plus odieux que la mort.
deur persan, elle le poussa aussi à fairi' la Traînées dans un hippodrome, elles y furent
guerre au roi de Perse, lors de l'expédition de exposées nues aux regards de toute l'armée
Julien et c'était pour le nqio s-nr tjue Sapor
; persane, et Sap(jr lui-même se donna le lâche
s'étaitavancé vers l'.\rmériie. Même délaissé plaisir de courir à cheval sur le corps de ces
par Romains, Arsace aurait [leut-étre pu se
les maiiieiu-euses, qu'il livra ensuite aux insultes
diilendre tout seul, s'il ne s'(;lait aliéné les et à la brutalité de^ soldais. On leur laissa la
glands de sou royaume. Il s'était avancé avec vie après tant d'outrages, et on les confina
son arméesurlo territoire |iersan, lors(|u'il re- dans divers châteaux forts, pour qu'elles y
çut la nouvelle d'une iléfcctioii générale. fussent des otages de leurs maris.
L'exemple en fut donné ])ar une famille prin- Ce qui irritait le plus Sapor contre les Ar-
cière, qui descendait du fameux Sennachérib, méniens, c'était leur attachement au christia-
roi d'Assyrie. Le connétable Vasag, chef do la nisme. Four la souveraineté du pays, il l'avait
famille chinoise de iMamgon, lui resta fidèle, abandonnée aux deux seigneurs traîtres et
ainsi que le palriarch(! Nersès, qui, par ses apostats. L'un d'eux, appelé Méroujan, était
remontrances, empêcha au moins le parti de devenu sou bcau-frèrc, avec la jtromesse d'ob-
la défection de passer à l'ennemi. Au milieu tenir encore le titre de roi, s'il achevait de ré-
de cette révolution, suscitée par ses intrigues, duire les autres dyuasles arméniens, et s'il
Sapor invita Arsaco, sous les assurances les parvenait à détruire le christianisme un Ar-
plus solennelles, à venir le trouver pour trai- mi'uie, en faisant fleurir à sa place la loi des
ter de la paix; puis, au milieu d'un festin, il Mazdezants, c'est-à-dire des serviteurs d'Or-
le fil enchaîner, lui creva les yeux et l'enfinnia muzd. Excité ainsi par deux passions égale-
au château de VOubli, ain-i nommé parce iiu'il ment puissantes, l'ambition et la haine contre
était défendu de prononcer le nom de ceux ([ui le cbrisliaiiisme cju'il avait jadis professé, l'a-
y étaient renfermés. L'.Vrménic fut enviiliie postat Méroujan parcourut l'Arménii', brûlant
par une armée persam;, commamliM! par deux et renveisant les églises, les oratoires, les
siMgneurs apostats d'Arinéine. l'iusieurs villes hospices et tous les édifices élevés et consa'.i'és
considérables furent mises à feu et à sang, en- par le christianisme. Sous divers prélextes,
tre auties Artaxale, fondée par le fami-nx il s'emparait des prêtres e. des évèciues, et

Hannibal, pour Artazia-;, roi d'Arnirnii!, au- aussiloi il les faisait partir pour la Perse,
près duquel il était réfugié, et Schamiramakerd, comptant que l'éloignement des pasteurs faci-
c'est-à-dire la ville de Semiramis, bâtie autre- lilerail d'autant son entreprise. Sou zèle des-
fois par celle fameuse ici ne d'Assyrie. Dans le tructeur ne se borna pas là jiour séparer à
nombre des maisons brûlées ou détruites, il y jamais les Arméniens des Romains, et pour
en avait plus de quatre-vingt mille baliiti-cs porter di!3 coups plus profonds à la religioa
[tw. Ji;s Juifs, qui descendaient de ceux (juc Ti- chr tienne, il fit brûler tous les livres écrits
fçrani' le Grand ou Teglath-lMialassar avait ja- en langue et en lettres grecciues, et il défendit,
dis emmenés de la l'ab^sline, et dont
captifs sous les [ji'ines les plus sévères, d'employer
Une uartie assez considérable s'était convertie d'aulre caractère d'écriture i[ue celui qui était
au christianismK Sapor les envoya sans dis- en usage chez les l'erses. Des mesures aussi
liuclion, les uns dans l'Assyrie, les autres d.ins tyianniipics ne s'exécutaient pas sans dt, san-
la Susiaiie ; la jilupart furent plnci's à ls|ialian, glantes persécutions; aussi l'Arménie soiilfiit-
et y formèrent le gros de la piqiulation, Icl- elle des ciilarnilés inouïes. Lo= princesses i|ui
lement que nendanl plusieurs sierJcs, cotte élaieiit n'ienues prisonnière- .urciit exposées
ville cessa de pcwti'r son anti(pii? nom il'jspa- à de iiouvi'.iii.x outrages. Poiii les deux apos-
ban, et n'i'tait [dus dé>inui'e ipie [lar celui de tats, bnir l'anati-nie ne fut [las arrêté [lar la
Jc/iowlyn/i, c'est-à-dire la Juiverie. pariuile qui les unissait à ces feiiiuies inior-
Lu& .'Vrméuieas d'origine ue furent pas trai- iunées. Ils voulurent lus cuulraiudrc du renua»
«8 HisToinE UNivnnsri.i.R de i;f:Gr,isE catiioi.ique.

cei- à lii relipion chrftionnc pour ndorer U. évèque; Dausas et Mariabe, anciens prêtre»;
)en, à la manière des Perses. N'y réussissant pbi-ieurs autres ecclésia.'-tiques, et un uraud
point, ils commandèrent de les rtè|iouilliT nombre de mriiues et de religieuses. Hélio-
nues et de les suspendre ainsi, attachées par doré mourut sur la roule, mais après avoir
les pieds, à des gibets placés sur de liaules ordonné Dausas pour le remplacer, et après

tours, pour que tout le pays fût t'ra[ipé d'é- lui avoir remis l'autel qu'il portait avec lui.
pouvante i la vue de ces terribles supplices. l.«s j)risonniers s'assemblaient tous les jours

Ainsi pi'rircnl miséraldement une foule d'Iio- avec Dausas, qui célébrait les divins mystères.
Boraliles princesses, parmi lescpielles la propre Les mages, auteurs de la persécution géné-
sœur d'un des apostats, ([ui avait ordonné sa rale, le virent avec dépit. Ils accusi'-rent les
mort. Par un rallinenient de liarliarie, elle fut prisonniers chrétiens auprès de Sapor, qui or-
livrée aux bourreaux dans la ville même où donna d'agir à leur é(.'ard de la manière qui
léile résidait ordinairement : c'était la r.i].ilale suit l'n jour ipi'il- étaient assemblés au nom-
.

«de sa souveraineté, la ville de Scmiiamis. bre de trois cents auprès de l'évèque, l'arclii-
Malgré tant de cruauti', les deux apostats sé- mage vint leur annoncer que le roi, touché
duisirent peu de monde; l'un d'eux même de bienveillance, leur accordait pour demeure
vit son par horreur de son apos-
propre lils, une montagne très-fertile du voisinage, et
tasie, preiKlre les armes, lui déclarer la guerre «lu'il l'avait chargé de les y conduire, lisse

et le mettre à mort. mirent en route avec joie.


La reine Pharandsem, assiégée dans sa for- Mais, arrivé au pied de la montagne, le
teresse, eut l'adresse de gagner les chefs des mage perfide les arrête et leur annonce qu'ils
assiégeants et d'envoyer son lils Para sur les sont coupables de lèse-majesté et condamnés
terres des Romains, d'oi'i il revint bientôt avec à périr dans cet endroit même, du dernier
une fail)le escorte, que grossirent les seigneurs supplice; qu'un seul moyen de salut leur res-
fugitifs, etipii mil en déroute l'apostat Mérou- tait lie se laisser initier aux mystères du so-
:

jan. Saper, rentré en Arménie, poursuivit le leil et de la lune, d'abjurer la religion du

jeune roi, «jui se retira dans les montagnes. César et d'adorer les dieux de Sapor qu'à ;

Sa mère Pharandsem, forcée de se rendre à celle condition, ils auraient en propriété ia


Sapor, fut abandonnée à tous les outrages de montagne qui était devant eux. L'évèque
la soldatesque, et ensuite empalée. Arsace Dausas réi>ondit A haute voi.x qu'il n'était pas
périt vers ce temps dans le château de rOub!:, étonnant qu'une race assez cruelle pour trem-
Après le départ de Sajwr, leur fils Para des- oer ses mains dans le sang de ses compatriotes,
cendit des montagnes. Mouschegh, lenouvi-au eût encore soif de celui des étrangers; mais
connétable, lils du connétable Vasag, que Sa- qu'après tout, comme les martyrs de Perse,
por avait fait écorcher vif lorsqu'il vint, sur ils ne demandaient qu'à sacrifier leur vie pour

sa jiarolc, le trouver avec Arsace, réussit non- le vrai Dieu. Aussitôt cinquante hommes et
seulement à chasser les Perses de l'Arménie, femmes sont égorgés sous les yeux des autres;
mais à les attaquer chez eux. Il gagna entre la boucherie continue déjà deux cent sep-
:

autres, sur Sapor en personne, une bataille ter- tante-cinq gisent par terre; il n'en reste plus
rible, où il y cul parmi les prisonniers la que vingt-cinq; ia peur les prend et les rend
femme même du monarque persan, un grand apostats. Comme Judas, Us obtiennent, pour
nombre d'autres prmcesses et beaucoup d'of- jirix «le leur infamie, des champs dans le voi-
ficiers et de généraux. Mouschegh, pour ven- sinage. Parmi le^; morls, se trouvait un diaivs
ger la mort de son père, lit écorcher vifs ces nommé Lbcdiésu, qui n'était que blessé. Ai'rès
derniers, et envoya à sou souverain leurs le coui-her du soleil, il se leva et entra dans
peaux garnies de paille; (juant à la reine et la cabane d'un pauvre, <jui lui pansa ses
aux autres captifs, il les traita avec les plus plaies. Le lendemain, avec l'aide de cet
grands égards, défenilit qu'on se permit en- homme, il donna à l'évèque et
la si-pulture
vers elles lamcùndre insulte, puis il leur donna aux prêtres, et fixa sa demeure
au(>res des
renvoya avec hunneur auprès
la liberté et les reliques des martyrs. Il y prêchait et conver-
de Sapor, qui ne fut pas moins louché de sa tissait du monde, lorsqu'il fut saisi par le
générosité qu'ellrayéde sa valeur. La plupart gouverneur de la contrée et mis à mort (i).
de ces événements se passèrent après la mort Cependant, après avoir rejoint l'armée de
de Jovien (1). Mèsopnlamii-, sous le commandement de Pro-
En Perse même, la persécution cimtre les ciqie et de Sebastien, et rempli ses euçace-
chrétiens n'avait pas ce.ssé. L'an [\^2. cin- menfs avec les Perses, l'empereur Jo\ien
quante troisième de Sapor, vingt-troisième de chargea Proctqic de conduire à Tarse enCilicie
sa per.sécution, les Perses ayant fait une ir- le corps de Julien. confi>rmément aux der-
rujilion sur les terres des Rimiains, emportè- nières volonté.' du mort. La [>om|)«» funèbre de
rent d'assaut la forteresse de Belhsabé, sur le cet apostat répondit à son i-aractére. Dei
Tigre, massacrèrent la garnison et tirent neuf farceurs et des comédiens accompa:;naient le
mille prisonniers, qu'ils emmenèrent avec eux. convoi. .\u milieu des chants lugubres et des
Parmi ces prisonniers, ou comptait Heliodore, lamentations, ils jouaient dune maDière bouf-

(1) Hist.. du Bas-Smpire. additions de Saint-Martin. I. X. n. 2-'23., I. XVH. n. J-13. 57-67. —


(l) Assem. Acla Mari, triml., p. 131.
LIVRE TRENTE-CINQUTftME. Î49

fonniî la vie et la mort de Julien contrefaisant


; jugera le meilleur. Image de l'Etre .<;uprême,
sa voix, sa démarche, ses gestes, ses travers ; vous imitez sa conduite. Il a mis dans le coeur
tournant en ridicule son expédition, sa défaite, de l'homme un penchant naturel qui le porte
son apostasie même (1). Voilà de quelle ma- à la religion; mais il ne force point dans le
nière il fut conduit à Tarse, et enteiré dans choix.... La sagesse de votre édit apaise nos
un des faubourgs, tout à coté de Maximin cruelles divisions. Vous le savez niieux que
Daia, le plus féroce des persécuteurs. On dit personne, empereur chéri de Dieu les Perses :

qu'un tremblement de terre jeta son cadavre étaient moins formidables aux Romains que
hors du sépulcre. les Romains mêmes (3). » Le même édit qui
Vers j le même temps, saint Grégoire de permellaii de rouvrir les temples ordonnait
Niizianze prononçait ses deux discours contre de fermer les abominables sanctuaires des
Julien. Il y trace le [jortrau de l'apostat, dont prestiges et du maléfice. Il laissait subsister
il avait prédit les travers à Athènes ; il relève anciennement
les sacrifices publics et le culte
riDJusticc lie sa pers(>culion, l'absurdité de son autorisé ; enchantements
mais il défendait les
entreprise d'anéantir la religion chrétienne, la magie et tout culte visiblement fondé sur
l'extiavagance du paganisme, et conclut par l'imposture. Quoique les lois romaines eussent
cet avis aux fidèles Ue ne pas se prévaloir du
: toujours condamné ces pratiques, la folle su-
temps pour se venger des païens, mais de les perstition et la curiosité de Julien les avaient
vaincre par la douceur. « Que celui, dit-il, qui mises fort à la mode.
est le plus animé contre eux, les réserve au La tolérance politique de Jovien fut effective
jugement de Dieu. Ne songeons ni à faire con- et sincère. Loin de chercher des prétextes pour
fisquer leurs biens, ni à les traîner devant les inquiéter les païens, il ne profita point des
tribunaux pour être bannis ou frappés de occasions les plus naturelles. 11 pouvait, sans
verges, ni en un mot à leur rien attirer de ce injustice, abandonner à la sévérité des lois
qu'ils nous ont fait souûrir. Rendons-les, s'il plusieurs prêtres des idoles, et les philosophes
est possible, plus humains par notre exemple. qui avaient abusé de la confiance de Julien.
Si quelqu'un des vôtres a souffert, votre iils, Néanmoins ce n'est pas à son règne qu'il faut
votre père, votre parent, votre ami, laissez-lui rapporter ce que dit Libanius des rigueurs que
la récompense entière de ses soufl'rances. Con- l'on exerija entre eux. 11 est vrai qu'après la
tentons-nous de voir le peuple crier pul)lique- mort de Julien, leur protecteur et leur dupe,
ment contre nos persécuteurs dans les places quelques philosophes furent sévèrement re-
et dans b's théâtres, et eux-mêmes reconnaître cherchés au sujet des sommes immenses qu'ils
enhn que les liieux les ont trompés (2). » avaient, à ce qu'on disait, tirées de lui. Mais
Les païens, se voyant à la <liscrétion d'un ces recherches ne se firent que sous le règne île
piince, ennemi zélé de l'idolâtrie, étaient sans Valens. Eunape, aussi païen et aussi plaintit
doute dans de vives alarmes. Jovien se hâta que Libanius, assure que Jovien continua
de les rassurer par une loi qui les maintenait d'honorer les philosophes qui étaient à la suite
dans le libre exercice de leur religion, et per- de son prédécesseur. On peut au mo.ns con-
mettait de rouvrir les temples dans le- lieux clure de cette expression qu'il eut pour eux
où, par voie de fait et sans l'autorité du [irince, queJques égards. Thémistius lui fait un mérite
on pouvait les avoir fermés ilciiuis la mort cle de proléger la philosophie, dans un temps où
Julien. presipietout le monde se déclarait contre elle,
Thémislius, philosophe païen et sénateur de et de l'avoir rapiielée à la cour sous un habit
Constant! nopli', lui dit à ce sujet « Vous : moins disgracié. C'est que la peur en avait
avez coinjjris qu'il est des choses auxquelles d'abord écarté philosophes; ils se rassurè-
les
le souverain ne peut contraindre. Ue ce noni- rent bientôt, et Jovien leur permit d'y reparaî-
bn; sont les vertus, surtout la religion. (In tre, mais avec l'habit commun (4).
prince qui f(U'ait un ('dit poui- enjoindre à ses La tolérance civile de Jovien n'était pas une
sujets de l'aimer, ne serait point obéi. Itoil-il inilitl'érence religieuse. On voit par ses mé-
se llatter île l'être, lorsqu'il leur commandera dailles qu'il remit dans le labarum le mono-
ou telle persuasion religieuse?
(l'avoir telle gramme du Christ. Non content d'avoir ainsi
La crainte opérera sans doute des métamor- déclaré (jue le christianisme était la religion
phoses passagères. Mais prendrons-nous pour de l'empereur, il enjoignit encore à tous les
des hommes persuadés ces hommes plus chan- gouverneurs de province de faire en sorte que
geant? que l'Europe, convaincus par leurs les chrétiens pussent s'assembler dans les
variations d'étie les adorateurs de la pour[)re, églises c'est (ju'en divers lieux on les avait
:

et non de la Divinité; ces ridicules |iroli'cs qui ou détruites, ou destinées à des usages pro-
déshonorent l'espèce humaine, et que l'on voit tanes. Il rappela tous ceux qui avaient été
tantôt ilans les temples, aux pieds des statues bannis pour cause de religion rendit au ;

et (les autels, laritôtà la table sacr(''e, dans les clergé, aux vierges et aux veuves, les privi-
églises des clinHiens? Aussi, loin d'user cle lèges accordés par les cmperevirs chrétiens, et
violence, vous avez fait une loi i|ui permet à rétablit la distribution de blé ([ue le domaine
chacun de rendre à la Divinité le culte iiu'il faisait à chaciut; église, pour la subsistance de»

il)Oreg. Naz.,Orn<. iv, p. 119.— (2) KW.. t. I, p. 130-152. (3) ThoinUt. Orut., y. — (4) Ub., Far., a.
48. EuDSD. Max. Them. Or.. v. La Bletturie., Vie de Jovien.
!50 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATnOLIQUB
veuves et des orphelins. La disottc, qui jiour de (;hypre, de de Pamphylic, de Ly< !
(Irète,
lors alfligcail rciiipirc, li; l'on;a du i-6iiuire au d'Isaurie: de toute l'Etrypto et île la
celb-s
tiers ciitte piouseliliérulité ilu Constantin; uiais Libye, du Pont, de lu (^appudoie et des pays
il promit (Je rentlie le reste au premier retour Vdi-ins celles d'flrient, excepli; quidque pi'U
;

de rabomlance. qui suivent l'opinion d'Arius. Nous connaii^sonB


Il lit aussi une loi, que nous avons encore, jiar les elfels la foi de toutes ce» églises, et
adressée à Saiiusie Second, prétet du iirétoire nous en avou'^ des lettres. Or, b; petit nombre
d'Orient, portant pisine de mort contre ceux de ceux qui s'opposent à relie foi ne peut for-
qui oseraient enlever ou mènie solliciter au mer un jiréjugé contre le mondr «entier. •
mariage les vierges consacréesà Dii'u. Ces ma- Puis, après avoir mis le symbole de Nieée tout
riaResâcnndalou,\(naicnti)ovcnusfré(iui'titssou8 au long, le saint docteur iijoiile «Le'; père* :

Julien. Pour y parvenir, les uns avaient em- n'ont pas sépan- lo Sainl-Espril du Père et du
ployé la violence et les autres la -ediiclion. L'a Fils; mais ils l'ont glorilié avec le Père et li;
oflicier nommé Mat;rnis avaient brûlé, de son Fil-, parce que la Triniti'; sainte n'a i^u'une
autorité ])rivée, l'cf^lisedi" Béryte en l'iiénicie. même divinité (U). n
Peu s'en fallut que .lovien ne lui fil tranclier Jovien ne se contenta pa» do celle lellr.
lu tête. l»e puissants intercesseurs ohtinrenlsa mais voidant eonnaitre [lersonnellcment lu
grâce il fut comlamné à rebâtir l'église de
;
saint et s'entretenir avec lui, il lui manda d»»
V(!nir le trouver à Antioclie, où il s'étnitarr'
'

Béryte à ses di'pens (1).


Aussitôt que saint Athanase eut appris la au retour de Perse. Athanase s'y rendit vobe
mort (le Julien jiar la révélation do Itidyme, il tiers, d'après le conseil de sca amis. M.iis il
j
parut au milieu de son peuple, qui en fut était arrivé en même temps oes clerc* ariens
agréaldi'nienl surjuis, et l'entra dans ses fonc- pour l'accuser, comme aussi jdusieurs lide
tions ordinaires, l'eu après, il re(;ut du nouvel de son égli-e pour le défendre. Parmi les pr>
empereur une lettre conclue en ces termes : miers était l>ucius, qui voulait devenir èven
(1 Au trés-reliyieux ami de Dieu, Athanase, d'Alexandrie. Ils dirent: .Nous en prions vo!
Jovicn. Comme nous admirons au delà de puissance, votre empire el votre jiiélé, écoui
toute expression la sainteté de votre vie, où nous. L'empereur répliqua: Qui ètes-von-
l'on voit lirillrr les traits de ressemblanc(! avec — Nous sommes chrétiens. — D'où deque et
le Dieu de l'univers, et votre zèle pour Jésus- — D'Alexandrie. — Que voulez-vou-
ville'.'

Christ, notre Sauveur, nous vous prenons au- — Nous en supplions votre puissance et vol
jourd'hui sous notre protection, éveque très- empire; ilonnez-nous un évoque. J'ai de —
resiK'ctable. Vous la méritez par ce courage commandé ciu'.Vthana'e, que vous aviez aup

,

qui vous a fait coni|itei- (lour rien les |dus péni- ravant, reprit le siège. Nous en supjiliuos
bles travaux, et regarder comme un objet de votre puissance, y a bien des années •[{! il a
i'.

méi)ris les plus grands dangers, la rage des été accusé el banni. —
Alors un B>ddal, pr
persécuteurs et les glaives menaçants. Tenant nantla parole, dit à l'emporeur que c'i-taiei,
en main le gouvernail de la foi qui vous est si des ariens, restes du Cappadocien Grèifnire,
chère, vous ne cessez ni de combattre pour la qui avaient désolé la ville et le mimde. Sur
vérité, ni d'cdilier le peuple chrétien, qui quoi l'cmiiereur piipia son cheval et [la*-
trouve en vous le parfait modèle de foutes les outre. Les ariens revinrent une autre fois, i.
vertus ù ces causes, nous vous rappelons pré-
: dirent Nous avons des accusations et des
:

sentement, et vous ordonnons de venir ensi-i- preuves contre Athanase. Il y a plus de trenta
gner la doctrine du salut. Ueve::ez doue aux ans qu'il a été Itanni par Cooslanlin et Cons-
églisessaintes; paissez le peuple de Dieu. Que tance d'éternelle mémoire, et par le très aimé
le pasteur, à la tète du troupeau, fasse des de Dieu, le très-iiliiIo«ophe et très-heureux
vœux pour notre personne. Car nous sommes Julien. L'em[iereur répondit Les accusations :

persuadé que Dieu répandra sur nous, et sur de ilix, de vini;t et de trente ans >ont périmées.
ceux qui sont ciirétiens comme nous, ses fa- Ne me p iriez point d'Allianase. je sais pour-
veurs les plus singulières, si vous nous accor- quoi il a été accusé et commeul il a elé
dez le secours de vos prières ^'2). » banni.
L'empereur lui écrivit une seconde lettre Les ariens importtmôrent l'einpTeur une
pour le prier de lui ap|)rendre l'xactement la troisièiiie fois et dirent qu'ils avaient d'autrei
foi de l'Eglise catholique. .Mhanase, de con- aci-iis liions contre .\ihanase. L'empereur re-
cert avec les évèques qui se trouvaient à pondit D.ins la fouI»> el la confusion de v.iix,
:

Alexandrie, répondit que l'on devait s'en tenir on ne peut connaître ipii a raison choi-i--ez ;

unit|uement à la foi de Nicé(\ ajoutant : «Sa- deux personnes d'entre vous, et deux autres
chez, empi'reur chéri de Dieu, que c'est la d'entre le peuple, car je ne puis répondre à
doeliine qui a été prèchée de tout temps, et chacun de vous en particulier. Ceux d'entre
dont lonli's lesénliscsde l'univers conviennent: le peuple liirent alors Ce sont les re«'"- "'«
:

celles d'Espagne, de Bietugne, des Gaules l'impie Georges qui a désolé notre pruvi
;
celles de toute l'itali.- et de la Campanie, de n'a pas )H>rmis «pie l'onlre et la pM" - .

Dalmalie, de Mysie, de Macédoine et de toute sont dans nos villes. I^s ariens D : i

la Créée; toutes celles d'.Mriiiuo, de Sardaigne, vous voudrez, hormis .Mhanase. L'eun'i-.cui ;

(0 Codt théod — (2) Athan., t. II, p. 77a. - (3; IM., p. 780.


LIVRE TRENTE CINQUIÈME. 251

Je vo';s ni lîit que en qui AfhfinasR c>t


ro'^'nrlc reur l'pyant su, fit chftlier sévèrement les eu-
déjà ri'^liî. l'it, en colère, il ^lit à ses
oiilraiit nuque?, et dil Si (piebpi'un veut solliciter
:

gardfis (le les rhasser. Les arii-ns D^- f^ràce, : contre les chrétiens, qu'il soit ainsi traité!
sivous envoyez .\lliana=c, notre ville e?t per- Les semi-ari ns demeuraient toujours dans
due; pei'-Oiinc ne s a'^SMiible avec lui. L'em- une position équivoque entre les catlioli(iues
pereur Copendant je m'en suis informé avec
: et les ariens, ([uelque grand nombre qu'il r,'en
soin, et ^,: sais (ju'il a de bons sentiments, fût déjà réuni à l'Eglise l'obligation dès lors
;

(lu'il est orthodoxe et qu'il enseiptne une bonne expresse de confesser le Saint-Esprit, non pas
doctrine. Les ariens A la vérité, il dit bien : une créature, mais une même Di'inité avec le
c!c bouclie, mais il a de mauvais sentiments Père et le Eils, entretenait comme une espèce
dans l'ùine. L'empereur Il suFlit que vous lui : d'abime entre eux et les calholi(|ues. Très-
rendiez témoii;r.a!j;c ([u'ii dit bien et qu'il en- rapprochés de ces derniers, il leur parut
fei,i;iie bien. S'il pense mal, il en rendra qu'aupnis d'un empereur catlndique, il leur
conqite à Dieu. Nous autres hommes, nous cn- serait facile d(î l'emporter sur les ariens ri-
tcnilons les paroles c'est Dii'u qui lounait le : gides. Ils lui pnvsentêrent donc une rc(;uète
creur. Les ariens Commandez que nous puis- : pour qu'on leur livrât les églises des ano-
sions nous a'^semhler. I/empcreur Et qui : mécns. L'empereur se contenta de répondre :
vous en empêche? F^i's ariens: De grâce, il J(j hais les dispute^, j'aime et honore ceux qui

nous ap[iclle liéréliqnesL't dogmatisfc-. L'em- aiment la ]iaix. Les ariens rigides, cjui tenaient
pereur G'e?l son devoir et le devoir de ceux
: leur surnom û'Acace de Césarép, et ne sui-
qui enseignent bien. Les ariens Nous en sup- : vaient au fond d'autre règle qu'une polilii|ue
plions votre puissance, nous ne pouvons le toute mondaine, saisii'ent bien vite ces pa-
siippiirler; il nous a oté les terres de l'église,- roles et passèrent à l'Eglise catholique. Ils di-
L'empereur C'est donc [lonr vos intérêts que
: saient dans leur lettre a l'empereur Nous .•

vous êtes venus ici, et non pour la foi. Puis il savons que vous aimez avant tout la paix et
.'i''iula llelirez-vous et vivez en paix. Et en-
: la concorde; nous n'ignorons pas (]ue vous re-
le Allez à l'église; vous avez demain une
: gardez, et à bon droit, la foi V('ritable comme
,i- -emblée, après laquelle chacun souscrira ce la base de cette unité. .Maintenaul donc, pour
qu'il croit. Il y a ici des és'èques ; Athanase qu'on ne nous suppose pas de ceux (pii allè-
même y est epux (jui ne sont pas instruits
: rent la vérité, nous vous faisons savoir ipie
dans la foi rapprendront de lui. Vous avez nous approuvons et que nous tenons ferme-
demain et après, car je vais au chariip(l). ment la foi depuis longtemps exposée à Nicée.
L'emiKMcnr fut souv(mt importune au sujet Le cousubstantiel a été si bien expliqué par
d'Albaiiase Chacun voulait se donner de l'im- les Pères, qu'il n'est plus possible (ie s'y mé-
portance, en taquinant ce grand homme. Ainsi prendre. Le mot de substaïuie est contre Arius,
un avocat cynique dit à l'empereur : Sei- qui a soutenu d'une manière impie (jue le Fils
gneur, à l'occasion do l'évè que Allianase, le a été créé de rien, ce (jue les anoinéens sou-
trésorier m'a olé mes maisons. L'empereur tiennent avec plus d'impi(''ti'i et d'impudence
répondit Si le tn'soricr t'a oté l's maisons,
: cneore, pour déii uiic la concordi' de l'Ei^lise.
qu'a cela de commun avec Athanase? Un antre Imi consi-quence, nous joignons à notre lettre
avocat dit:,l'ai une accusation contre Atha- l'exposition de la foi de Nicée, comme lUant
nase. L'emi>ereur Ini répliqua Et toi, qui es : la notre.
païen, qu'as-tu de commun avec les chré- Pour rédiger ce mémoire, les acaciens s'é-
tiens; (Jnel |ues-uns du penpie d'.Vnlioclic taient réunis à saint Mélèce d'.\nlioche et à
prirent Liicius et le présentèrent à l'empereur, s lint Eusèhe de Samosate, qui le signèrent
en disant De gr;\ce, seigneur, regar.lez qnel
: avec eux. Mais dès lors cette impudence des
homme ils ont voulu faire évèque. .apparem- acaciens excita une juste hoireur. On savait
ment son exti'rieur n'était pas avantageux. ipi'ils faisaieit cette démarche sans persua-
Lucius toutefois se [irésenta encore à l'emne- sion ni siiic(''iiti!, (ju'il s'attachaient uni(iue-
ri'ur, à la (lortc de son palais, et le pria de
.
inent il ceux i|ui avaient le plus d'iiitl leiice ;
Téconter. L'empereur, qu\ avait riium-iir as- et i]uc, pour [irévenir une réaction redoutée,
sez joviale, s'arrêta et lui dil ces paroles : Dis- ils voulaient seul Mnent gagiuir Mélèce, lui
moi, IvUcius, comment es-ln venu ici, parmi'r (|n'ils avaient banni aiitrclois, mais qu'ils
ou [lar (ern;? l'armer, ii'ponilit Lucius. Eli voyaiiMit maihtenant fort considi'r(î de l'em-
bien, r''pliiina idaisamment l'cmpeienr, je le periair. Vojli couimi! un parti des ariens
le dia à Lucius! (pic le Di(;u du monde, et bi riyidesse réunit pour un lem[is à l'ICglisc. Tou-
soleil cliiwclu,- cl lu lune, punissent ei;ux ipii lei'ois, il y eut de ces ôvèquiv- qui so luonlrè-
sontveinis avec toi, (l(? ne l'avoir pas jeti' dans rcnt (le|iuis de dignes défenseurs do la vo-
la mer; (|U(! le vaisseau n'ait jamais un vent rit.:^ (.!}.

lavoi'alile, et (|ue, iliins la tcmiiele, il no trouve (je lut probanlemeut a son retour d'.\n-
point de poit(2) ! lioche, que saint .\tlianase, visitant lesi'îglises
Les ariens, p,.r le moyen d'Euzoïus, leur de la haute Tliéli.iide, arriva jusqu'à 'la-
6vèi[iie d'Antioche, avaient piié les eunuques lioiine, où monaslèns do saint Pacoine.
était le
du paluià de les i-ecyievjander. Mais i'erupe- Ce dernier vint au-dcvauf de lui avec Vous ses

lU Attian., t. II, K m. (î; t/jùl.. I. Il, 1). 78i. - (S) S )c,, I . m, c. XXV.
HISTOIRE UNIVrnSEM.F. Dl ..•fi^,l,t^B CATHOLIQUE
mnincp, chantant îles hymnes ri fins psaumes; plusieurs tomberaient dans le relâchement i-l
m;iis il resta cticM dans la fnuln, ;iyariT peur se perrlraient. Que r-c mal arriverait priiiii[ia-
qu'on ne l'orflriniiAI, ]ir('tic. Il nvail un «rand b'inenf par la né(.'ligence de>. supérieurs, «pii.
nomlirn di' ilisciiilcs (jn'il gouvernait d'après mampjant de confiance en F)ieii i-t cherchiinl
une n'"f,'le (pi'il avait n'ciie du ciel par le mi- à jilaire à la multitude, sèmeraient la di-^-
nistère d'un antre. Dans la miillitiide de eeux r'orile et n'auraient plus .pie l'hiibit de moine
nui se rangeaient sous sa conduite, il y avait Que les plus mauvais s'étant une fois empa-
flos vieillards, des eiijnnts, des per-onnes de rés du gouvernement, il se formerait lies ja-
toute condition, .\ussi les rondiii-ait-il dill'é- Irrusies et des querelles; on aspirerait aux
remmenl, suivant leurs forer-; et lenis ilispo- Chartres avec ambition, et le choix ne 'C ferait
silions naturelles.I.,es uns travaillaient [>our yrlus par \r mérite, mais par l'anciennelé ; le^
fjaKiier de quoi vivre, les autres servaient la bons n'auraient plus la libr-rlé de parler, et.
communauté ils ne mangeaient |ias tous en
; se tenant en silence et en repr>s, seraient en-
même temps, mais chacun selon son travail et core persécutés. Saint PacAme, extrêmement
sa dévotion seulement il les exhortait tous h
;
affligé de cette révélation, fut con-olé par un»»
l'obéissance, comme ;im chemin le plus court vision céleste, où Jé-us-Christ même lui appa-
pour la perfection. Il (•laldil. pour le soula- rut aumilieu desange=(l).
ger, des supèiienrs pailiculiers sur chaque Jovien élait parti d'Antioche pour (lonslan-
maison et sur chaque trihu ipii, toutes cn- ;
tinople. A Tvane, en Cappadocp. il apprit ijue
semlile composaient ]dnsieurs milliers de
, les Gaules avaient reconnu son autorité, mais
moines. Si i]nelqii'un de ces supi'riems jiarti- que son beau-père Lucillien y avait jiéri liaii-
cnliers élait ali-^enl, il suiiiili'ait à son défaut, une émeute militaire. Le premier janvier .'{01
comme serviteur de tous, et visitait soigneu- il devait prenrlre le consulat avec son pèt.
sement ces monastères. Varronnien ; mais son père mourut avai;'
Voyant dans son voisina v^e de pauvres gens d'avoir vu son fils empereur. Jovien jirit alo:
occupés à nourrir du liétail, et privés de la le consulat avec son propre fils, nommé Var-
paiticii)ati('n des sacrements et de la lecture ronnien commr' son jtère. Le jeune Varronnien
des saintes Ecrituies, il piil la résolution, de était un petit enfant qui 'e mit à pleurer,
concert avec saint Aprion, evêqne de Oendc- dit-on, q\iand on le plaça dan« la chaise cu-
rah, rie faire hftlir une étriise rlans leur bourg, rule. Cela se passait à Ancvre en Calatie. Ce-
qui r-tait presque désert. Et couimr' il n'y avait pendant Constantinople, empressée de voir
point encore dt^ lecteurs, ni rl'autres clercs son nouvel empereur, s'en réjouissait d'avance
ordonnés pour célébrer l'office dans cette et frappait des médailles eu son honneur. .Si
nouvelle église, il y allait avec ses moines à femme, l'impératrice Chariton. élait partie de
l'heure des assemblées r^crdésiastiques, et li- cette capitale avi'cun nombreux cortéire. p<iur
sait l'Ecriture sainte avec une si grande dé- aller au-devant rie son époux. Elle était jir--
vr)tion, qu'il paraissait un ange qu'un
plulrit de le rejfiindre, lorsque, dans la nuit du Ifi .-m
hrrmme. Il attira ainsi beaucoup de monde à ^~l février, on le trouva mort dan- son lit. au
la foi chrétienne. bourg de Dadastane. soit «pi'il eût été étouffe
Sa ayant appris les merveilles rie sa
sri'ur, par la vapcir du charbon ou frappé d'uii'-
vie, vint à son monastère prrur le voir. Il lui apoplexir- foudri>yanle, soit que Ie< eunu^jue*
fit rlire par le portier Ma sœur, vous savez
: l'eussent empoisonné, comme le souçonne .Vm-
maintenant que je suis en vie et en santé; al- mien Marcellin, et comme l'as-ure |>ositive-
lez en paix, et ne vous ai'tligez pas de ce i|ue ment saint Clisysnslome (2). La joie de l'em-
je ne vous vois point des yeux du corps. Si pire et lie l'Eglise se changi-a en deuil les :

vous voulez suivre ma manière de vie, |ien- païens mêmes pleurèrent. Li plus affliirée fui
sez-y bien ; et si je vois rpie ce soit une rèso- l'impératrice, qui, avec l'empire, perriait coup
ferme, je vous ferai bâtir un logemr'ut
lutir)!) sur coup son père, son beau-père, son époux
où vous pourrez demeurer avr-c bienséance, et et tremblait pour son fils unique, à qui u.ne
je ne rloute point i|ue, par vr)tre exemple, le politiqur- cruelle fil effectivement crever un
Seigneur n'en altire d'antres. La sieur, ayant œil pr>ur l'empêcher d'être élevé sur le tri'me.
ouï ces ])aroles, pleura amèn-ment, i-t, tou- .Vprès ]a mort de Jovien, l'empire r^la 'li\
chée de componction, elle se résolut à servir jours sans chef. Lt^s priiiripaux officiers iivijs
Dieu. Pacr'ime par ses frères, un
lui lit bâtir, et militaires se réunirent à .Nicée. Au dir»- de
monastère élrjigné du sien, le .Nil entre rlenx, Zi>sitne, on proposa de nouveau l'empire i
et, l'U peu de timps. ellerli'viut la mère d'une Salluste; il s'y refusa, parc-- qu'il était Imp
granrle multitude de rcliL'ieuses. vieux; il refusa son fils, parce qu'il eiait !r.ip
Avec le don ries miracles, saint Pacome avait jeune (3). ,\prés qu'on eut proposé ei...r«
le don de prophétie, et llieu lui révéla eniri' quel.|ues autres candiilats. les cénératu le-
autres choses quel .serait l'i-lat de ses monas- plus estimés, tels que Sallusti Victor. .Xrin-
tèresaprès sa mort. Qu'ils s'éleurlrnient extrê- thée. Dairalaiphe. s'étiint di»clan*- jxiur Va-
mement et rpie quelques-uns des moines con- lentinien, capitaine d'une compagnie de»
«erveraient la piété et l'ahslinence ; mais que gardes, toute l'armée approuva ce choix.

(1) Il/a Pachom. Bollanil., xiv maii. — Cl) Amm., 1. XXV, n. tO.; CliryiOSU,/»i PhU., Aom. xr. — (3) Zo»
LIVRE TRENTE-CINQUIÈME. 251

ValentiuicD, étant arrivé d'Anoyrp, pro- fut arrêtés, mais Priscus relâché aussitôt. Des
clamé emi)ereur le 20 février [idi. 11 étendait pcrson^iages considérables furent accusés;
la main pour haranguer l'armée, quand il mais la sagesse de Salluste, préfet du pré-
s'éleva uu murmure soudain et des cris. toire, tit si bien que tous les accusés furent
C'étaient les soldats qui le pressaient de se ac»[uittés, hors le seul Maxime, condamné à
dési.nner un collègue, pour que l'empire ne une grosse ami-nde. ((u'on réduisit plus tard à
courût pas les risques de rester sans chef, une petite somme. Dès que Valentinien eut été
comme cela venait d'arriver deux fois. Va- déclaré empereur, Salluste lui avait demandé
lenlinien leur dit d'une voix ferme et mena- la permission de se retirer ; mais' l'empereur
çante « Soldats, il a dépendu de vous de me
;
lui répondit « Eh quoi!
: ne m'as-tu donc
donner l'empire mais, l'ayant une fois rei;u,
;
chargé d'un si pesant fardeau que pour m'en
c'est à moi et non (loint à vous à juger ce qui laisser accablé, sans vouloir m'aider à le sou-
est utile pour le bien putdic. Je ne refuse pas tenir (4) ? »
de choisir un collègue mais ce choix devant ; Les de.ix frères, étant arrivés à Sirmium,
être fait avec maturité, je prendrai le temps dans leur pays natal, se partagèrent le monde
d'y réfléchir. » Ces paroles, prononcées avec romain Valentinien prit FOccident et Valens
;

l'accent du commandement et secondées par eut l'Orient; le premier choisit Milan pour sa
une taille majestueuse, calmèrent tout à coup résidence, le second Constantinople. Kome,
les murmures. Les soldats, étonnés et tiers l'antique métropole de l'empire, continua
d'avoir un empereur aussi intréiiide, le recon- d'être laissée dans l'ombre.
duisirent à son palais, entoure des aigles et Dès les premiers jours de son règne, Valen-
des enseignes, avec toutes les marques d'une tinien avait accordé la liberté de religion,
entière soumission (1). non-seulement à toutes les sectes chrétiennes,
Trois jours après, le nouvel empereur as- mais encoi'e aux païens. Seulement il défendit
sembla les chefs de l'armée pour les consulter à ces derniers la magie et les sacrifices noc-
sur le choix d'une collègue. Un des généraux turnes, qui donnaient lieu à des abomina-
les plus braves, Dagalaiphe, lui dit avec sa tions de plus d'une sorte. Encore, s'il faut en
franchise de soldat « Excellent empereur, si
: croire Zosime, révoqua-t-il cette défense, à
vous aimez votre famille, vous avez un frèie; condition que dans ces mystères on n'ajoutât
si vous aimez l'Etal, cherchez le plus ca- rien aux anciens usages. Constance avait en-
pable. » Vivement piipié de cette réponse levé du sénat de Kome l'idole de la Victoire ;
inattendue, Valentiiiien sut ceiiendant se con- Julian l'y avait rétablie, Valentinien l'y laissa.
tenir ; non-seulement il laissa Uagalaqthe dans Plus tard, il défendit aux païens d'immoler
sa charge, mais il l'éleva plus tard au con- des animaux, mais il permit d'ofl'rir de l'ea-
sulat {-2). cens. Il fit avec cela des lois qui défendaient
Enpassant à Nicomédie, l'empereur nomma non-seulement aux manichéens, mais encore
sou frère Valens connétable puis, le 28 mars, ;
aux douatistcs et à tous les hérétiques en gé-
dans un des faubourgs île Constantiuople, il néral, de tenir des assemblées. Et puis, nous
le déclara son collègue. Valeutinien avait trouvons ipi'il conserva aux prêtres |iaiens
quarante-trois ans, son frère trente-six. Ori- leurs anciens privilèges; qu'il défendit de
ginaires de la. l*annonie, la Hongrie actuelle, leur sussiter aucun trouble; qu'il promit
leur père Gralien, d'une naissance obscure, même des titres honorables à ceux do leur
mais distingué par sa force et son adresse, ordre qui se seraient acquittés de leurs fonc-
s'était élevé jusqu'à la charge de tribun ou tions avec sagessi< Sa tolérance était ainsi
général, et même jusqu'à celle de comte fort variable (3).
d'Afrique et puis de Bretagne. Sozomène rapporte qu'avant le partage do
l'eu après leur elévatiou, les deux frères l'empire, Hypatien, évèquc d'iir-raclée, en-
tombèrent dangereusement malades. On y voyé par les evéques di; la Bithynie, de l'Ilel-
5oup(;onna du malélice. (^omnie Julien et ses les[iont et d'autres, qui reconnaissaient le Fils
amis se vantaient de n'être [las moins grands cousubstantielau Père, ayantdemandéàValen-
magiciens que piiilosophes, ils avaient in..5 .a iinien la permission de s'assembler en concilo
magie fort en vogue. Des l'année précédente, liour Cl 'irig(;i' la doctrine de la foi, l'empe-
le préfet ipie Julien envoyait de Syrie a Kome, reur lui réjiondit ces paroles remarquables :
ayant peniu un œil en route, y avait vu un » Pour moi, qui suis du rang des laïques, il

sortilège. Arrivé à Kome, il y reiln'rcba les ne m'est pas permis de me mêler curieuse-
magiciens, en découvrit un grand nombre et ment de ces choses; les évêques, que cela
les mit à iiort, entre autres un cocher du regarde, n'ont qu'à s'assembler où ils le ju-
tirque, convaincu d'avoir recours à la magie gent à propos. » Saint .Vnibroise cite égale-
pour donner de la vitesse à ses chevaux et ar- ment de lui cette parole [in'il ne lui conve-
:

tèter ceux de ses concurrents (3). La maladie nait pas d'être juge cuire les évêques. Ce.%
Jes deux empereurs occasionna des recherches principes si sages, il ne les suivit pas tou-
semblables a Constanliiuqde. Les philosophes jours (ti).
Maxime et l'ri^cus, coulideuts de Julien, furent Lorsque, dans l'automne 364, il vint à

Aiiini., I. X.XVl, a. t. — (i) /ii</.. u. 4. - (3) Ibid.. u. 3. — (4) Zos., 1. XUI. — (5) Amm., I. III.
Zo»., 1. IV, c. ui.i CoJ. thtud, — (6; Soi., I. VI, c. vu,; Ambr., ip. xiu.
Î54 HISTOIHK UNIVERSELLE DE LKGL18B CATHOLIQUE
Milan, y trouva rEglisc divist^e. Il y avait
il délriiisail la foi, que l'on se moquait de Die'i
lires dix ans que les ari.MT! lui .iv.iicnt
lie cl lie- Inunmes. .\lor- l'euipeieur lui ordoont
imposé pour év(>(pjc, Auxcncc, par la foire de sortir de Milan. Il obéit; et n'ayant jilu»
tl(!s armes. Ordoimé par Gré^oiie, intrus (l'.-iulre moyen de délendie la vérité, il putdjt

d'Alexandrie, Auxencc élail un .-Mclii.iiiin un écrit adressé à tous les évi^ques et â loa'
i;t une des colonn.'s du parti. Saint de lliliiire les peuples catho!iqun-. on il découvre toutr
Poitiers et saint Eusèite de Veiciil, revenus la fr.iiide (l'AuxeiK e. Il m.intre d'aboril "pi'ii

dfî leur exil, y entretenaient les lidèles dans ne f.iut pas se laisser éblouir par b nom de
la vraie, foi catholique. Auxence, déjà peu paix, et que l'K'-'lise n'a be-oin d'aucun ajqiuî
suivi, età cause de ses erreurs, et parre qu'il tcm[iiu-e| ce qu'il expliipie en ce< termes
: :

n'entendait pas même le latm, se vit aliu's « Il faut gémir de la misère et de l'nven-

presque abandonné. Il sut prévenir l'emije- '-'leuient (l(! notre temp«, où l'im cruil ijuf

reiircontre les deux snints. disant ipu; c'i!- Dieu a besoin de la lu'oteciion dc^ liomme>-, et
taicnt des séditieux et des caloinuiatcurs qui où l'on reeherelie la puissaner ilu siècle |i")Ur
l'accusaient d'arianisme, (pu/niu'il n'en-ei^n;\t défendre rKgîisedii Christ. Je vous jtrie, vou»
que la foi callioli.|iie ; il provoqua |iar là un qui croyez être évèi|ue«, de quel ap-
édit qui détendait à qui (jue ce fut de trou- pui .se sont servis le» apolr<'« pour prèiber
Mer l'église de Milan. Ce nonolistant, saint l'Evangile? ipielles puissances leur ont airlé i>
llilaire représenta, dans une requête, qu'Au- annoncer le Chii''t et à faire passer pn** |ue
.\ence était blasphémateur ennemi du , toutes les nations de l'ididàlrie au culte de
Christ, et (pic sa croyance n'était pas telle Dieu'? Appelaient-ils tpiélipie orp.eier de la
que le pensaient l'empereurettous les autres. cour, quand ils chantaient les louannes de
Valeiitinicn ordonna une assemblée d'envi- Dieu en prison, ilans les fers, et après les
ron dix ovéques, où, en présence du tréso- coups de fouet? Paul formait-il l'EL-lise du
rier et du f^rand maître de la cour, devaient Christ par les édits cle l'empereur, quiin»! il
conqiarailre Hilaire et Auxence. Après quel- était lui-même en spectacle dans le Ihéàtre?
ques chicanes, Auxencc se vit serré de si luès. Il se soutenait 'ans doute par la protection
qii'd confessa ipie Jésus-Christ élail vrai de Néron, de Vesjiasien, de Décius, dont la
Dieu, do même divinité cl de mémo suli=tanre haine a relevé l'éilul de la doctrine céleste !

que le Père. On et livil cette confession et, : Ceuxdà qui se nourrissaient du travail •''•
(le ])eurque la mémoire ne s'en perdit, saint leurs mains, (]ui s'a^'enjblaient en secret
llilaire par le moyen du
piésenta aussitôt, les cénacles, qui parcouraient les bour.
trésorier, une relation de ce qui s'était Ics villes et pres(]ue toutes les nations, pur
passé. Toute l'assemldée lut d'avis qu'Auxence mer et par terre, malgré les onbumancc dii
devait faire la même conlession publique- sénat et les édits des princes; ceux-là. siin-^
ment, et on l'obligea de l'écrire. Il adressa doute, n'avaient pas les clefs du royaume i!.
donc aux deux empereurs une iléclaration cieux Au contraire, la puissance «b- Dieu ne
!

écrite, mais bien dillerente de celle (pi'il avait s'est-elle pas déployée raanifestein''nl contre
faite (le vive voix. 11 y donnait poui' sainte la la haine des hommes, en ce que plus ou dé-
formule de Iliniini, quoi(iu'ell(! eût été im- tendait de prêcher le Christ, plus il éiait
proiivéc par tout le monde. Après avoir dit ju-eché? Maintenant, hélns! les nvanl ii.'e« hu-
dans la conférence ([ue Jésus-Christ est vrai mains rendent recommandable la foi liiviue.
Dieu, de même divinité et de même subs- et idierchant à autoriser le nom liu Christ
tance que le Père, il n'en disait autre chose on fait croire qu'il est fiiihie par lui niéne-.
dans son écrit, sûion qu'il était né devant L'Eglise menace d'exils et de (irisons, ci ^• ut
tous les temps, Dieu vrai Fils, alin i|ue, selon se faire croire par force, elb» <|ui n été crue à
les ariens, le vrni se rapiKutàt à Fils et non force d'être exilée et empri-onnéc. Elle nt-
pas à Itieti. 11 disait encore qu'il n'y a qu'une ten.l ciunme une
•.-rài'c ipie l'on comnio'

divinité, ne l'attribuant pas au Fils, mais au avec l'Ile, aprè-i s'être élablie à force .

Père; qu'il n'y a pas deux dieux, parce ipi'il persécutée; elle bannit des éveques, elle i

n'y a pas deux pères, marquant |iar là tpic été prop.iKi-e parties éxèques bannis; t i

la lUvinité ap[)arlicnlau Père seul. Il ajoutait glorjiie (i'etre aimée du momie, elle qui n'a
avec une incroyable impudence, qu'il n'avait pu être au Christ sans être haïe du monde
jamais connu ni Arius ni sa doctrine, tandis Telle est l'Eglise en comparaison de rel.e lai
qu'il en était un des plus ardents défen- nous avait été confiée, et que nous laiïs.ns
seurs. perdre maintenant (I). •

Toutefois, l'empereur se contenta de celte Saint Hilaire mourut à Poitiers, l'an ."Mn,
déclaration; ses amis répandirent tpi'.Vnxeme peu avant son ami, saint Eu«él»i'de Verccil. Il
avait reconnu que le Christ était vrai Dieu, avait Composé -ur les épllrc-» de saint Paul
de même divinité et do uièuie sub>tance ipie des commentaires ipii -ont j'erdus. Le i»r-
le Père, et iju'il ne s'éloignait point de l'ex- dinal Mal en a seulement rclrouvo. cité par
position de foi de saint llilaire. L'empereur les Grecs, un précieux l'rai;meul sur la ii'>-
embrassa donc sa communion, llilaire .soute- cession ilu Saint-Espnl. Voici les paio du -

nait toujours que ce n'était j^ue feiute, qu'où mauuscril u 6aiut llilaire, daus ses on)
: - .^

(1; Hil., Contra Auxaent.


irVRE TRENTE-CINQUIEME,. r-
lioiis sur l'ApiMrc, parlant théolosiiquement appelé à un magistrat séculier, et de celui-ci
du Pt^ic l'I Fils, l'it (|ii'nii n'entend dans le à un autre. C'était contraire aux lois. Il fut
SainlF'>priV aurune dualité, parce que le Père condamné à une amende pécuniaire. Valeuti-
et le Fils lui orainuiiiiiuent l'exi.stence : c'est nien ordonna qu'il la payerait, mais qu'au
pouriiuoi ils houI tous deux un seul et même lieu d'être adjugée au fisc, elle serait distri-
principf^ de l'Espiit-Saiiit (i). » buée aux pauvres, et qu'on ferait de même
Valenliuinn piililia sucressivcmonf plusieurs pour les amendes des gens d'Eglise (2).
lois coiu'crnant la reliuion. Il rmoiivela. par On voit dans l'Evangile trois espèces d(
la c^li'l'ialion du dimani-he, celle de Cons- fonds pour la subsistance de Jésus-t^hrist e(
tantin, >]:ii défendait aux particuliers défaire des apôti-cs. Il est d'abord dit à ceux-ci de no
ce jour-là aucune action Judiciaire, et y don- porter ni or ni argent, parce que l'ouvrier est
na plus d'extension, en défendant à tous le3 digne de sa nourriture, digne de son salaire.
fonctionnaires d'y faire aucune poursuite Ce qui suppose, pour ceux à qui l'Evangile est
conire les cliroliens. Alin d'honorer la fêle de prêché, l'obligation naturelle de pourvoir du
P;i(jups, il ordonna, |iar une autre loi, d'y nécessaire ceux qui le lui prêchent. Ensuite il
omrir les prisons à tons des détenus, hormis est dit que de saintes femmes suivaient le
les sacrilèges, les mas;icirr,s, les empoison- Sauveur et le servaient de leurs richesses.
neurs, les adullères, les rôvis-eurs, les homi- Enfin, il y avait entre les mains d'un apôtre
cides et lc> criminels de lèse-majesté. On ne un fonds de réserve, où l'on déposait les au-
peut qn'ailmiier la imissancc de la religion mônes, non-seulement pour l'entretien du
sur le caraitèrc deValentinien, nalurellement maître et des disciples, mais encore pour le
porlé à une rigueur excessive lieaucoup plus soulagement des pauvres. Dans la primitive
qu'à la clémence. Constantin avait défendu église de Jérusalem, les fidèles vendaient leurs
lescomhals des gladiateurs; mais, faute, de fonds de terre et en apportaient le prix aux
pouvoir ou de voulidr, les empereurs n'avaient pieds des apôtres, qui distribuaient à chacun
pas complètement réprimé la fureur des Ro- ce qu'il lui fallait. ()n faisait des collectes ré-
mains à se repaitre dans la vue du sang de ces gulières chaque dimanche , sans compter
jeux ahominables; les juges avaient recom- d'autres quêtes. Saint Paul rappelle plus d'une
mence à condamner les malfaiteurs. Valenti- fois l'obligation de faire part de nos biens
nien se contenta d'y soustraire les chrétiens. temporels à ceux qui nous procurent les biens
Comme les acteurs du théâtre étaient la plu- spirituels. Dans la suite on donna à l'Eglise
part de condition servile, et que par consé- des maisons, des jardins, des fonds de terre.
quent il ne leur était pas libre de renoncera Les plus modérés des empereurs idolâtres,
leur profession qui, d'un autre côti;, était in- tels qu'Alexandre Sévère et Aurélien, lui en
conipatihle avec la religion chréliimnc, il or- maintenaient la propriété les tyrans persé-
;

donne ([ue ies comédiens qui, étant en péril cuteurs l'eu dépouillèrent; Constantin les lui
de mort, recevront le baptême et l'eucharistie, fit restituer, avec la permission à chacun de
ne pourront être forcés à remonter sur le donner par testament tout ce qu'on voudrait
théâtre s'ils reviennent en santé. Mais il dé- à l'Eglise catholique. Au temps de Valenti-
fend de leui- donner les sarrements, si ce n'est nien, des clercs et des moines fréquentaient
en péril éviilent de mort. Loi imide, qui, les maisons des veuves, et, par de serviles
pour favoriser le théâtre, ne permettait à ses com])laisances, les portaient à faire des testa-
victimes infortunées l'entrée do l'Eglise de ments à leur avantage particulier. Cet empe-
Jésus-Christ que dans le cas unique d'une reur lit une loi qui le.-^ déclarait incapables de
maladie mortelle Combien qui, avant d'être
! recevoir quoi que ce fût de la succession des
malades à mourir, auront pu prendre la sé- veuves ou des religieuses, même par fidéi-
rieuse résolution de renoncer au théâtre et à commis. Comme celte loi est adressée au pape
l'idolâtrie ! Jusque-là les fdles des comé- Damase, qui la fil lire dans les églises de
diennes étaient forcées de suivre la profession Rome, il est bien à croire qu'elle avait clé
de leurs mères Valentinien les affranchit de
;
sollicitée par ce Pape, et que c'était à Rome
cette contrainte, hormis celles qui avaient même que l'abus était le plus criant. Honteuse
embrassé le métier de courtisane. Il rêfoîina pour les clercs et les moines qui l'avaient
au>si un abus, d'après le([uel, dans bien des rendue nécessaire, celle loi était favorable à
ville.;, les chiétituis étaient obligés de garder l'Eglise même, vers qui seule elle dirigeai!
les lein|)les des poïens, soit que les païens les ainsi les pieuses libéralités des fidèles,
crussent [)ar là [dus en sûreté, soit que des Conslanlin et son fils Constance avaient
autoiités païennes [iri^sent plaisir à vexer les exempté les biens de l'Eglise et la personne
clirélieiis de cette manière. Il oi-donnu i[ue, des ecclêsiasti(iues de toute charge extraor-
dans les causes ecclésiastiques, les juges dinaire ou sordide, telle que corvée, mais non
fussent de même iiing que les accu-és ainsi : pas (les autres. Julien avait révoqué ces im-
les éve(|ues ne pourraient être jugés que [laf munités Valentinien les rétablit. En général,
;

des éveques. llhronope, cve pic on ne sait depuis Constantin jusqu'à Théodose, si les
«le quel sié^;c, ayant été comlamué et déposé biens dus églises ont élé exempts des contri-
par suixaute-dix de ses collègues, en avait butions exlxaordiaaires, ils ne l'étaient pas,

(1) M li, Spicil'-g. 'OU., t. VI, pra;f. xxiv. — (2) Cod. iheod.
jS6 HISTOIRE UNIVERSELLE DR LfiOLISE CATHOLIQUE
ou du m'oins ne l'ont ûU; ipu; Iri's-iifiu «lo leurs magistrats indiquant leur
respectifs,
ti![ii[)S, des •'lilmlionsordinairns. Di; rru-mr;,
(• nom, nais'anc'; qu'il» r^,-
leur patrie, leur
les nccliisia>li ; :; étaient airraiii'liis dns mettraient ce cerlilicat à l'inspecteur de l'ai/a-
cliarfços personnelles, mais leurs Itinns soumis démie, et déclareiaicnt à quelle élude ili
aux impôts publics, du moins aux iiiipùls ré- voulaient s'aj)pliquer principalement. Des ins-
guliers. Cette exemption des biens et des i>cr- pecteurs subalternes leur assigneront des loge-
yonnes consacrées au culte divin (larait de ments éloignés des lieux de débauche, veille-
droit naturel, car on la trouve chez tous les ront sur leur conduite et les préserveront de
peuples, lit de l'ait, si le Sauveur paye le tri- tout mauvais commerce. Les élèvestT'assiste-
but pour lui-même et pour l'ierre, ce n'(!st ront pas trop souvent aux sitectacles, ne
qu'après avoir montré «jue naturellement ils passeront pas non plus leur temps en festins
étaient exempts l'un et l'autre, cl pour ne et en parties de plai-ir. Les incorrigibles se-
scanilaliscr personne. ront ch/itié-. [lubliquement, et puis renvoyés
Dans certaines villes de l'empire, il y avait d'où ils sont venus. Les «tudiants des pro-
une espèce de féodalité niuniiip.de, sons le vinces ne demeureront à Home que jusqu'à
nom de curie. Les propriélairi^s de certains l'âge de vingt ans, si ee n'i-st les étudiants eu
domaines en étaient p;ir là même, et comme droit, qui |ieuvent rester jusi|u'à l'âge d'-
tels,obligés de contribuer di; leurs biens et vingt-cinq. Chaque mois, on enverrai l'empe-
de leur personne à l'administration cle la cité, reur des noies exacte'^ sur chacun, afin qu'il
et de remplir plus d'une fois gratuitement des puisse juger de leurs pro:,'rës et les employer
fonctions onéreuses. l'resijue tout le monde plus tarrl selon leur mérite. Lji loi était belle ;
cherchait à s'en exempter, les uns en entrant il ne lui manquait qu'une chose, d'être cons-
dans le sénat, les autres dans la milice, les tamment exécutée. Il jiarail toutefois qu'elle
autres dans le clergé. Valentinien ne le permit ne fut pas sans quelque elTet, car saint Au-
à ces derniers que sous la condition de céder gustin nous apprend que les écoles de Carthage
à l'autorité ou à un parent les biens auxquels étaient encore bien plus indis<-iplinées (2).
étaient attachées les prérogatives ou plutôt Valentinien lit encore une autre institution
les servitudes curiales. sage, et qui respire l'esjirit du christianisme.
Les deux empereurs établirent aussi les dé- Il choisit quatorze des [dus habile» méd"'cins
fenseurs des villes. C'étaient des citoyens de Kome, suivant les quatorze quarlii-r- de la
d'une probité reconnue, choisis par tous les ville, et les établit médecins des pauvres, avec
autres, et confirmés par le préfet du prétoire, un entrelien convenable sur le trésor public^
pour défendre les plus faibles du peuple contre Il Itur permit d'accepter 'M que les malad<-
l'oppression des puissants, et juger même les guéiis leur otl'riraient par rcconnais-aiic' .

petits diil'iîrends que les citoyens pouvaient mais non pas d'exiger ce qu'ils auraient i>ro-
avoir entre eux. Leurs fonctions duraient cinq mis parcrainte avant leur guérisoû. Il ordontia
ans. Nul ne pouvait s'y refuser ni s'en dé- que les places vacantes seraient données au
mettre sans l'autorisation de l'empereur, avant concours, sans nul égard à la faveur ni aux
les cinq ans révolus. Bientôt \es églises ob- plus puissantes recommandations. Les m<'di'-
tinrent des défenseurs de leur côté. Dès 368, cins déjà en fonction examinaient les récipien-
il est question du défenseur de l'Eglise ro- daires et jugeaient de leur capacité ; il fallait
maine. C'étaient des la'iques chargés de soutt/- au moins sept sulTrages pour être choisi. La
nir les intérêts de l'Eglise devant les tribunaux confirmation en était réservée à l'emicrenr,
séculiers (1). et l'installation au préfet de la ville. Ces
Dès le commencement de leur règne, les médecins, aussi bien que les professeurs pu-
deux empereurs révo<iuèrent fameuse loi lit blics de l'académie, étaient exempts du service
de Julien qui avait défendu aux chrétiens militaire, du logement des soldats, et géné-
renseignement et l'étude des lettres humaines. ralement de toutes charges publiques, eux et
Mais l'instruction pubiicjuc de Rome était leurs femmes (3).
tombée bien bas. Grand èlait le nombre dc3 L"avei"sion généralepour les Juifs s'était
maîtres, parmi lesquels des hommes de bi'au- probablement accrue par suite de la fa\<ur
coup de connaissances et de talents. Très- dont ils avaient joui ^ou3 Julien l'.Vposlal, de
grand était le nombre des jeunes gens insirits la part qu'ils avaient prise aux persécutions
en la matricule de la jeunesse studieuse mais ; contre les chrétiens, et principalement de lour
les écoles en étaient peu fréquentées le ; entreprise avortée pour rebâtir le temple de
théâtre, l'amphithéâtre, l'hippodrome et les Jérusalem. Toujours est-il que les siddatâ se
courtisanes l'étaient beaucoup. Les profeseurs permetlaient de loger dans les synagogues.
fermaient les yeux sur les désordres des élèves Valentinien défendit cette vexation. Il fil en-
et sur leur absence des classes, pourvu qu'au core, avec son trére, dès le commencement,
temps ils payassent la rétribution sco-
prescrit plusieurs lois salutaires pour remédier à l'op-
laire. Valentinien ordonna que les jeunes gens pression des provinces. On regrelle qu'il sa
qui viendraient de la province à Kome pour soit laissé trop souvent entraîner à >»n |>cn-
leurs études apporteraient uu témoignage de diant à la cruauté, sans songer qu'une justi< e

Tliomiiss., Dts<-ipl. ,
pari. III. I. I et IV: Cod. Thtod. — (2) Cod. thtod, l. XIV, Ul. IX. & Adg; Om/n
>.% c vm.— (3J CvJ- , 1. \m, i. Ul, h^-. &, 9 ei tO.
LIVRE TRENTE-CINQUIÈME
excessive est une coupable et odieuse in- et de le lui amener encnalné. Les soldats
justice obéirent, et, traînant avec eux leur général
Comme on ne comptait guère sur la fidé- devenu leur prisonnier, ils se rangèrent sous
lité dude Perse à f<arder la paix, Valens
roi les enseignes d'.\rinthée. La guerre dura huit
se rendit de Constantinople en Syrie, afin d'en mois avec cette alternative de succès et de re-
observer les mouvements. Mais à peine tra- vers. Ce qui perdit Procope. ce fut lui-même.
versait-il !a Hitbynie, qu'on lui apporta la fâ- Il se rendit bientôt plus odieux que Valens,
cheuse nouvelle que le~ Goths se disposaient Ses généraux le trahirent, ses troupes l'aban-
à pénétrer dans la Tlirace. 11 se contenta de donnèrent, deux de ses officiers le livrèrent â
faire mar^'her de> troupes sur les frontit-res. Valens, ijui lui fit couper la télé ainsi <[u'à
A Césarée, en Cappadoce, on lui apporta la eux. Au dire d'Ammicii .Marcellin et de Zosime,
nouvelle plu.-' tâclieuse encore, que, profitant Valens usa cruellement de la victoire au dire :

de son absence, Procope s'était déclaré empe- de Thémistiu^ et de Libanius, il en usa avec
reur à Constantinople. Procope était ce géné- beaucoup de clémence (I).
ral qui avait été chargé de conduire à Tarse Cependant les évèques de la Bithyn'.e, de
le corps de l'empereur Julien, dont il était rilellespont, et généralement tous les semi-
parent. Aussitôt après la cérémonie, il avait ariens, s'étaient assemblés à Lampsaque, en
disparu san« qu'on put découvrir sa retraite. la seconde de ces provinces. Nous avons vu la
Depuis quelque temps, il rôdait déguisé au- belle n'ponse que l'empereur Valentinien fit
tour de Constantinople. Valens s'était rendu à leur député :« Pour moi, qui suis ilu rang
odieux, moins encore par ses propres cruautés des laïques, il ne m'est pas permis de me mê-
que pai- celles de son beau-père. De simple ler curieusement de la doctrine les évèques,
:

commandaut d'une cohorte, comme qui dirait (|ue cela regarde, n'ont iju'à s'assembler où
de simple chef de bataillon, devenu tout à ils le jugeront à propos.» S'étant donc assem-
coup patrice, première dignité de l'empire blés à Lampsaque, en 3G5. ces évèques con-
apri's le souverain, Pétronius, aussi mal fait damnèrent la formule de Rimini, ainsi que la
de corps que d'esprit, traitait les citoyens eu souscription i(u'on leur y avait fait faire à
esclaves. Pour assouvir son insatiable avarice, Constantinople, en 360, par la violence d'Eu-
il recherchait les dctle> du fisc depuis le régne doxe, évèque de la capitale et chef des ano-
d'Aurélicn, c'est-à-dire depuis environ uu méens. Ils déclarèrent ipi'il fallait ~'en teuir
giccle, faisant valoir les titres surannés et à la doctrine, que le Fils est semblable au
pre-crits. Un trait suffira pour peindre son ca- Père en substance, et à la formula de Séleu-
ractère. On le vit pleurer plusieurs fois parce cie, autrement de la dédicace d'.\ntioche. Ils
qu'il était forcé dt' renvoyer quelqu'un absous ordonnèrent le rétablissemeut des évèques,
sans l'avoir dépouille. Pi'ocope sut profiler du qui avaient été déposés pour avoir soutenu
mécontentement général. Avec deux seules cette doctrine, et offrirent aux partisans d'Ru-
cohortes ou deux bataillons, lui-méuie, pâle doxe de le> recevoir dans leur communion,
et tremblant, alfublé en empereur de masca- s'ils voulaient renoncer à leur erreur. Les
ra le, il s'empara du Constantinople. L'^iciiple, auoméens s'y étant refusés, ils notifièreut
indifférent, laissait faire. A celte nouvelle, leurs décrets à toutes les églises. Dans la
Valens perdit courage ; il ne songeait qu'à dé- crainte qu'Eudoxe ne prévint contre eux l'em-
poser le diadème, tant il avait peur ses of- : pereur Valens, ils envoyèrent à celui-ci des
îicii'rs eurent toutes les peines du monde à députés. Mais le mal était déjà fait. L'empe-
lui persuader de se déléndr.'. 11 envoya d'abord reur déjà gagné, les pressa de communiquer
contre le rebelle les deux légions les plus re- avec Eudoxe, et, sur leur refus, les envoya
nommées ; moment de la bataille,
mais, au en exil et donna leurs églises auxeudoxiens.
Procope ayant cor)jurés d'abandonner un
les C'est ainsi que Valens commença le rôle de
poltron de Panaonie pour un allié de la persécuteur (2).
maison impériale, les deux légions baissèrent Après sa victoire sur Procope, il fit venir i
leurs enseignes, passèrent de son côté et lui Nicomédic Eleusius, évéïjue de Cyzique, un de
juri-renl fidélité au nom de Jupiter. En le- ceux qui avaient assisté au concile de Lamp-
vanclie, un général de Vab'iis, h; comte Arin- saque. Il le pri'Ssa d'embrasseï' les sentimeuts
thée, lit une action plus nuunorable encore. et la communion d'Eudoxe. Eleusius s'y re-
Procope avait mis à la ti'le d'un corps de fusa d'abord ; mais, à la vue de l'exil et d»
troupes un cerlain llypiiréchius, jusqu'alors la confiscation dont on le menaçait, il céda.
huissier du palais, .\riiilhce le méprisait trop Aussitôt il s'en repentit, el, de retour à Cyzi-
pour dai'.,'ner le combattre. Il fit alors une que, de|dora sa faiblesse devant tout le peu-
chose d'iut oj> ne voit pas d'autre exeiu|di'. ple, se déclara indigne de ré|)i»co[)ai et re-
C'était l'homme de la plus haute tailb/ et le commanda l'élection d'un autre pasteur. Mais
mieux lait de son siècle; son extérieur hé- le peujde, cpii lui était trés-alVectionné, ne
roïque lui donnait un ail- d'emjjire. Profitant voulut jamais y consentir. Eunomius i-tnnt
de <'.et avantaiçe, il ordonna aux soldats venu, avec cjes lettres de l'empereur, s'emiia-
d'Ilypéréchius de saisir eux-mèoies leur chef rer de l'église, le peuple en bàiit une autre

MJt Amra., 1. XXVI, n. 6-10. Zos.,1. IV. Thera., Or. ya. Liban., Viln et Oral, xn «t xiii. — (î)8oc.,
1. IV, c. ii-iv. Soi., 1. VI, c. vu
f. iT. n
,

358 HlSTOinE UNIVERPF.LLF, DR LI-GI.ISB CATnOUQUE


liiiife (\ti 1.1 villft, où il coiiliiiua (]> s'asscuiliior (^in^tanlinople, de Nicée en Th* ce, Tux «mu»-
iivcc. Kleusius. 11 jiaiail i|irEiisliilli(! de Siî- '•rite par ceux que l'on avait .sikluits à fun-e
bastc en Aiiiiriiie, un «lus i-liel'M îles seral- de ni^ies et de parjurer. «0'. notre foi, di-
ariciis, cul la l^iililessi-s de céder à des vin- fcntils. et celle fies évè lues dont nous «om-
l(Miecs senililablus, et qu'il la dcplora de nies dépulcs est lelle .Xous cniviins i-ii un
:

même (d). seul IHeii,» et le reste du svml'oje i]» Xtvé',


Les semiaricns se voyant persécuWs par auquel ils mettent leurs -MU-rri|ili()ii'i, en
les ariens rigides, tourncicut leurs regards ajoutant u Si quelqu'un, apn-"* celle ex-
:

vers le centre de l'unité. Après s'élie cunsul- position de foi, veut intenler contre noue, ou
tés en ilivers petits ciinciirs, à Stnyrne, en contre l'cux qui nou'» ont envoys, quidipie
Pisidie, en isaurie, en Panipliylie ctenLycic, nccusalion, qu'il vienne avec des letlres i\é
ils t(inil)èr(!nt iKaccord qu'il lallait, en celle Votre .Sainteté devant le» évèques orthodoxe*
cxlrcMnité avo'ir recours à l'emiiereur ValiMi- (jile vous aurez approuvés; qu'il soilju'jé
tinien et au pape l.iliére, (^t qu'il valait mieux avec nous, et que i-elui qui sera cunvuincu
enilirasser la foi des Occidenlaux que de com- soit puni. » L'original de cette déclaration de-
muniquer avec, le parti d'Eudoxe. Ils envoyè- meura en diMiôt :l Rome.
rent donc Euslatlie de Sidiasle, Silvain de Le pape Libère, ayant ainsi pris se» (»ù-
Tarse, et Théoidiile de Casialiale en Cil'cie, retés avec les déput'^s des Orientaux, les reçut
avec ordre de ne point r.ispuler avec Liliére à sa communion et les renvoya arec une let-
sur la foi, mais de comraui)i(|uer avec l'E- tre conçue en ces termes :

glise romaine et d'approuver la créance du A nos bien-aimés frères et rollêaues Evé-


eonsubs'.antiel. Les lettres dont ils les cliar- hius, Cyrille, etc et à tous les érè(|ue- ortho-
.

fîèreut s'adressaient au pape Lilière et aux doxes d'Orient, Lilière. évèque d'Iliilie. et les
évéques d'Occident, comme à ceux qui, ayant évC |ues d'Occident, salut éternel en Notre
conservé la foi pure depuis les apoires SeiiîPeiir. La joie tant désirée de la paii et
étaient plus obligés que les autres à la main- de la concorde, bienaimés frères, vos lettres^
tenir. qui resplendissent des lumières de la foi et
Les députés étant arrivés en Italie, n'y qui nous ont été rendue- par nos vénérables
trouvèrent plus Valcnlinien et ne jugèrent frères les évéques Ku'tilhe, Silvain et Théo-
pas à propos de le suivre dans les Gaules, où phile, nous l'ont apportée, surtout en nous
il était allé pour comhutlre les Barbares. Ils assurant et en nous donnant des preuvcs(|ue
se rendirent donc directement à Rome, et vous étiez dans une entière confonuilé île sen-
présentèrant au pape Libère les lettres dont timents avec notre petitesse et avec tous !•••
ils étaient cbargés. D'abord le pape ne vou- évèques d'Italie et d'Occident Ni>u< recf'^
lait point les recevoir les refçardant comme naissons que c'est la foi catholique et af"'
des ariens qui avaient aboli la foi de Nicée. tolique qui est demeurée entière et inélir.i
Ils répondirent qu'ils étaient revenus de l'er- lalile jusqu'au concile de Nicée. Vos dcpu'.
reur, et qu'ils avaientrejelc depuis longtemps en ont fait profession et l'ont eipnsee n\
la créance des anoméeus et confessé le Fils joie, non-seulement de vive voix, mais .

semblable au Père en toutes choses qu'il ;


core par écrit, dissipant jiar là jus.]u'à l'on
n'y avait point de différence entre le sem- bre des mauvais .soupçons qu'on aurait |

blable et le consubstantiel. Libère leur de- concevoir. El alin de ne laisser aucune occ
nianda leur confession de foi par écrit, et ils sion aux hérétiques d'allumer de nouviau,
la donnèrent telle que nous l'avons encore selon leur coulume, le feu des contestations
avec cettte inscription n Au seigneur Libère,
: et des disputes, nous avons cru devoir met-
notre frère et noti-e collègue, Eustatbe, Sil- tre .'ila suite de notre lettre une copie l'e la
vain et Théophile, salut eu notre Sei- profession de foi de vos légals. Ils nous ont
gneur. » encore prolesté que vous aver toujours tenu
Ils y déclarent, comme députés du concile et que vous liennreï, eux et vous, jusqu'au
de Lampsaijue vers le Pape et vers tous les dernier soupir, la foi «lui a été confirmée à
évèques d'Italie et d'Occident, que l'on doit Nicée par les trois cent dix-huit étèques or-
tenir inviolahlement la foi du concile de Nicée; thoiloxes, qui est parfaitement conforme ils
que le consubstantiel y a été mis saintement vérité, et qui renverse toutes les troujies def
et religieusement contre l'erreur d'Arius; ils hérétiques. Car ce n'e-t pas par l'elfet di
firotestenl qu'ils garderont cette foi jusqu'à hasard, mais par la volonté divine, que cm I

'
eur dernier soupir. Ils condamnent Arius et évéques se Sont assemblés, contre la d^
sa doctrine im|iic, avec tous ses adhérents. Ils insensée d'.Arius, en aussi i;rand n
condamnent tous les hérétiques les sabel- :
qu'élaienl les soldais d'.Abraham ir
liens, J-s patropassiens, les marcionisles. les lit par foi tant de milliers d'em
!••»

pbotiniens. les marcelliens et Paul .le S.imo- foi étant renfermée dans le termi- de tuc-
sate ;
leur doctrine et leurs adhérents enlin ;
tance ei iie ronsiihlartliel, et comme une d •

toutes les hérèsi.s contraires à la foi de Ni- teresse invincible qui ruine pl rend i'
cée. Ils condamnent particulièrement la for- tous les clforts de la perti^lie arienne,
mule de Himini, qui, ayant été apportée à pourquoi leâ ariens ont eu l'adresse d'as&e»-

(1) 11116111., Àrt^t^A, c. «vu.


LIVRE TRENTE-CINQUIÈME.
hier les évèques d'Occidenl à Rimini, ilîiiis même substance, et qu'elle» sont ét;aies eu
le dessein, ou de les porter par des discours (lignite. La question ayant été terminée de
((

trompeuis à rejeter indirectement ce terme, la sorte pai- le ju-^ement de l'Eglise romaine,


([ui avait été mis avec lieaucoup de piudcnce ce ,«onl les paroles d'un hislorien grec, on
dans la formule de foi ou plutôt à les y ohii-
, n'en |>arla plus, et tout le monde se tint ea
ffer par la puissance séculière. Mais cet arti- repos. I)So/omêne, car c'est lui ([ui rapporte
fice ne leur a point réussi car presque tous
; ce fait, ne dit pas sous (juel Papa cela était
ceux (pu s'étaient trouvés à Rimini et qui arrivé. Mais comm(; il paibî aus-îwt après de
avaient été trompés par ruses ou par caresses, la mort du pape Libère rien n'empêche de
,

revenus depuis à eux-mêmes, ont anatliéma- dire (pu! ce fut lui ipii di'cida la question tou-
tisé la formule qu'on y avait dressée, ont clianl la divinitédu SaiMt-Es|)rit (2).
iouscrit à celle de Nicée, et, communiquant Eustallie et les autres députés des Orien-
avec nous, détestent avec plus d'ardeur la taux étant partis ii(; Rome avec la lettre du
ddcti-ine d'Ariuset de ses disciples. pape Libère, s'en allèrent en Sicile et y tirent
» Vos députés ayant vu des preuves de ce assembler un concile des évèques du pays,
que nous disons, vous ont compris dans la si- devant l('bi]uels ils appionvèrent la foi de Nicée
gnature par laquelle ils ont anatln-matisé et le terme de consubstanfiel, comme ils avaient
Arius et ce qui s'est fait à Rimini de con- fait à Rome et les évêipies de Sicile leur don-
;

traire à la foi de Nicée, à quoi vous aviez nèrent des lettres conformes à celles de Libère.
souscrit vous-mêmes, y étant induits par des Eustathe en particulier se rendit en lllyrie, et
paijuies. C'est ce qui nous a enii^agés d'écrire ce fut lui apparemment ([ui lit revenir du pur
à V(dre charité et de vous accorder vos justes arianisme Cerminius, évèque de Sirmium,
demandes, puisque vous ave/ reconnu par la (•ai- nous avons une profession de foi où il dé-

profe-sion de foi de ceux que vous nous clare qu'il croit le Eils de Dieu semblable au
avez envoyés, que les évèques d'Orient sont Père en divinité, en puissance, en gloire, en
revenus A la saine doctrine, et sont d'accord sagesse, en tout. Les autres évèques arien.s
avec les orthodoxes de l'Occident. Nous vous d'IUyrie, dont les principau.x étaient Valens,
doutions ("gaiement avis (|ue ceux qui, par Ursaee et Pallade, furent alarmés de celte ré-
suriuisi', avaient paru approuver les blasphè- tractation de Geiminius, et lui en écrivirent
mes de l'.imini, les ont anaihématisés depuis, j>lusieurs lettres. Mais Germiuius persista h.
et ont emiu-assé unanimement la foi de Nicée. soutenii- le Fils semblable au Père «en tout,
*
Vous devez en intbimer vous-mêmes tous les hormis l'innascibilité (:$).

autres, afin que ceux qui, par violence ou par De retour en Oiienl, les mêmes di![mtés
artilice, ont souU'ert ([uelque affaihlissement trouvèrent un concile assemblé à Tyane, où
dans leur foi, puissent passer des ténéhres de étaient Eusêbe de Césarée eu Cappadoce, le
l'hiTésie à la lumière de la vérité catholique. saint vieillard Grégoire de Nazianze, et plu-
Que si, après la célébration de ce concile, ils sieurs autres qui avaient assisté au concile
ne rejettent pas le poison de la doctrine cor- d'Antioche sous Jovien, eu .'163, où fut ('talilie
rompue en condamnant tous les blasphèmes la foidu consiibslanliel. On lut les lettres du
d'Arius, (pi'ils sachent qu'ils ne seront point jiape Libère ainsi ipie celles des autres évê(pK's
admis à la communion de l'Ef^lise, qui ne re- d'Occident : tout b^ monde eu ressentit une
çoit pas des enfants nés d'adidtère, mais grande joie. Cetti! joie ilùt être surtout bien
qu'ils en seront retranchés avec Arius et ses scnsibbi pour le vieil évoque de Nazianze; car
discijdes, avec les sabelliens, les patropas- lui-mênK^ avait eu la faiblesse de souscrire à
gicii-^ et autres pestes de celle nature, u Telle la forujule de Rimini, et les moines de son
fut la réponse du Pape aux évèques d'O- église, suivis de la |)orti()u la plus recomman-
ticiil (i). dable du peuple, s'étaient séjiarés de sa com-
On pourrait être surpris que Libère n'ait munion. La réconciliation g('nérale, opérée
pas oldii'é Eustathe ni les autres évèques qui jiar '3S lettres du Pape, fournit le moyeu à
l'avaient envoyé à renoncer à leurs erreurs Grégoire le lils de réconcilier peu après, à
contre la divinité du Saint-Esprit. Il n'en est Nazianze, le pasteur et le troupeau. Saint Ba-
pas même question dans sa lettre aux Orien- sile dit encore qu'Eustathe avait a[>porlè du
taux. Mais peut-être ces évèques ne s'élaient- bienheureux évèque Libère une lettre ([ui la
ils pas encore expliqués sur cet article, ou rétablissait sur son siège de Sébaste, et,
iHMiirail-ou en Occident qu'ils niassent ce qu'ayaid montré cotte lettre au concile de
do^me. Ce qu'il y a de certain, c'est ifue le Tyane, il fut rétabli sur sou siège (i). Nou-
Pa|M; ayant dans la suite, iHé informé (jne
, velle [ireuve de l'autorité suprême (pic le pon.
quelques-uns d'entre les Orientaux révo- tif(! romain exer(;ail dès lors, même en Orient,

quaient en doute ([ue U: Saint-Esprit IVit de sur l'institution, la disposition et le rétablis-


même substance i|ue le IVre et le Kils, il écri- sement des évèipies.
vit aux églises d'Orient qu'idh^s devaient re- A[>rès avoir ainsi confirmé ses frères dans
eounatlre, av(!c hiS évèques d'Occidenl, ipie la vrai(! foi, paciliè les églises et eu Oicideni
les trois personnes de la Triuiti; n'ont ({u'une et eu Orient, le papo Libère mourut le 24 sSp-

,<l) Boe.. 1. IV, c. xii. Soi., l. VI, c. ii. — (t) Soz., 1. VI, e. xxn ; Cou«tant, Kpùl. Rom- Ptftt —
(IJ ttoc, 1. IV, c xii. Ttiitud., I. IV, c. IX. —(.4) 13ti»U., Epist. cclxui. n. 3, ÉJit. Bm«4.
2n« HIPTOIRE UNIVEhSlXLE DE L'EGLISE CATHOLIQUB
temliifi .'ICn, ri^clnmf- «le son vivant, par les n Quand je considère la splendeur de Rome,
Orii'ntiiiix, fomnic. le cli<;l ilc «eux dont la jcii dit a ce jiropos Amnjien Mari ellin, je ni; nie
aviiil toujours cil' |iuic appelé ili-puis sa mort,
;
pas que ceux qui dé'-irent cette ne doivent|)lace

par les saints Hasile, Kpiiiliane, Siiiix-, Ain- l'aire tous leurs elforls pcjur y arriver car ;

hroise, ]iontil'e de hieidicuieuse, de sainte, de parvenus là, ils sont sûrs de s'enrichir des
vén('!ial)le nnîrooin; lionon; comme saint
: ollrandes des dames, de paraître en public
dans les anciens martyrologes latins, grecs et assis sur «les chars, vêtus avec magnilicence,
coplites. iùi vérité, quand on considère tout et de faire de si splendidcs festins, que leurs
cela, il est dillidle de croire à sa chute, et tables surpa.ssent celles des rois. Ils pourraient
l'on ne conçoit [)as trop ponrt[noi le martyro- être vraiment heureux, si, san« avoir égard à
loun romain n'en l'ait pas la Icte, comme les la grandeur de la ville, ppicxle ilonl ils rou-
murtyi<)lof,'t's plus anciens. I.ilicic avait tenu vrent ces excès ils suiv'»,ienl l'exemple de
,

le saint siège quatorze ans et i|uçl.|ui!s mois. quelques évèques de province, que l'ab-U-
Entre 1rs monuments de lîomc,
il fonda et nence et la frugalité de leurs repas, leur- ha-
di'dia l'enliscde SMinti'-Marie-.Moirnii', appelée bits grossier.- et pauvres, li-iirs yeux toujours
aussi quclquetois Ita-ilique de j>ii)èrc. baissés vers la terre, la pureté de leurs mu-urs
A la idiice du l'ape didunt, on élut Uaraase, et la modestie de toute leur conduite rendent
e.si)agnol d'origine, mais né à Rome, où son agréables au Dieu éternel et vénérables à
,

père, nommé Antoine, avait été successivc- tous ses vrais serviteurs (3j. o Sans doute,
niiiil écrivain, lecteur, diacre, et enlin [irétre l'auteur païen ampliiie plus ou moins les
du litre de saint Laurent, llamase servit en la choses c'est un peu sa manière
: de pius, il :

mi'me église. Lorsque Libère lut Ijanni en 353, voyait peut-i;tre avec chagrin les idoles et les
il était déjà diacre de l'Eglise romaine, ets'en- prêtres du jjaganisme tomber de pius en plus
gagea, dii-on, par un serment solennel, avec dans le mépris. Toutefois, on jieut conclure
le icsie du clergé de Rome, à ne recevoir ja- de ses paroles, que les saints pontifes du ijua-
mais d'autre Pape du vivant de Libère, qu'il trième siècle, les Silvestre, les Jules, les Libère,
accompagna même quelque temps à Bérée, les Damase, n'ont pas jugé messéant au suc-
dans son exil. 11 avait plus de soixante ans cesseur du pécheur, au disciple de la croix,
quand il l'ut élu par le jugement de Uieu, un étal de maison honnête ou plutôt magui-
suivant le témoignage de saint Ambroise (1). lique. Outre le lèmoiiinage d'.\mmien, nous
Ses mœufs étaient si pures, que saint Jérôme en avons encore une preuve dans ce que saint
ra])pell(î après sa moit, Damase de sainte Jérôme rapporte de Prèlexlal, personnage cé-
mémoire, vierge et docteurde l'église vierge (2). lèbre dans l'histoire de ces temps par les
11 l'ut ordonné dans la basilique de Lucine, au- charges qu'il occupa dans l'empire, et «jui
trement de Saint-Laurent, qui était son titre. moui'ut designé consul. Il avait coutume de
Peu de temps après, Ursin, aussi diacre de dire à Damase, en riant Faites-moi eveque
:

l'Eglise romaine, ne pouvant soull'rir que Da- de Rome, et je me ferai chrétien (i). Ce qui
mase lui eiil été préféré, assembla uni' troupe montr-e que d'être évé(|ue de Rome, était -les
de gens séditieux dans une autre liasilique, et lors., aux yeux d'un païen même et selon le
persuada à Paul, éveque de 'libur, bomme moirde, «juclque chose de plu- grand et de
grossier et ignorant, de l'ordonner évèque, plus illustre que toutes les d:gnilés de l'em-
contre la règle de la tradition générale, qui pir-e romain. Au reste, la Providence ayant
voulait trois èvèques pour en ordonne^' un, et destiné le successeur de saint Pierre à devenir
contre l'ancienne coutume de l'Eglise romaine, le chef de l'univers chrétien, le père des rois
dont 1 évèque devait être ordonné par celui et des peuples, il était dans la nature des
d'Ostie. Le peu|ile prit parti dans ce schisme choses qu'elle en élevât, qu'elle en gloriGàt
et en vint à la sédition. Juventius, préfet de giailuellcment le trône et devant les peuples
Rome, et Julien, préfet des vivres, envoyèrent et devant les rois.
en exil lirsin, avec les diacres Amantius et Pi'étextal fut préfet de Rome après Juven-
Loup, si's principaux fauteurs; il y eut aussi tius. Par sa conduite juste cl sjige, il contr.-
sept prêtres arrêtes et chassés de la ville. .Mais bua beaucoup, sinon à éteindre totalement le
le peuple ilu paru d'Ursin les arracha aux of- schisme, ilu moins à l'assoupir quelque peu.
liciers «pii les emmenaient et les conduisit Les sc!iismatii|ues avaient si bien intrigué à
aussitôt à la basiliciuede Libère, autreuient de la cour impériale, qui résidait toujours dans
Sicine, où lirsin avait été t)rdonné. Le [leuple les Ciaules, i]u'ils avaient <dtt<-nu un rescril de
du parti de Damase s'assembla avec des épecs Valentinien au même Prétextât, par lei]uel il
et des bâtons et assiégea la basiliijue. Il y eut lui était enjoint de permettre à L'riiu et à se«
un SI grand combat, que l'im trouva les coips complices lie retourner dans la ville, mais à
de cent trente-sept per.-onnes tuées, de l'un condition que, s'ils recommenç-aient à troulder
et de l'autre sexe. L'avaulage resta au parti la |>aix ils seraient punis sans rémission.
.

de Damase. Le prelet Juventius ne poiiv.iut Mais avec des chefs de parti, il est rare d'ob-
apaiser ta sédition, se retira duDi> une maison tenir quelque chose par la clémence. Uiioiqut
de campagne. nous n'ayons pas une connaissance disUucla

(I) Ambr., Episl., ivu. ail Valml. a. 10. — (i) Hier Sf»"- uv, »<t Pam.— (S) Amm., l. xzru, s. 1. —
(4j U vi., £>iur. LU,
LIVRE TRENTE CINQUIÈME. 261

de leurs nouveaux attentats contre saint Da- core. Alors le prêtre Evagre alla trouver l'em-
mase, nous savons toutefois, en général, qu'il pereur, et, par ses pressantes sollicitations,
fut (;n grand péril d'être pris dans leurs pièges. en obtint à grand'peine la vie et la liberté de
Probablement, le préfet ou le prince se lais- cette femme. Saint Jérôme, ami d'Evagre,
sèrent tellement circonvenir par leurs intrigues écrivit dans le temps même cette merveilleuse
et leurs calomnies, qu'ils étaient disposés à histoire à un de leurs amis (2).
regarder Daraase comme l'auteur des désordres On voit dans ce fait une preuve de
la sévé-
passés et du schisme. Quoi qu'il en soit ,
rité excessive avec laquelle, soit Valentinien,
Âmmien, parlaiA de radministration de Pré- soit ses ministres, exerçaient lajustice. Ammieo
textât, dit à sa louange qu'ayant connu la vé- en cite plusieurs autres t'-aits qui font hor-
rité, il apaisa le tumulte que les querelles des reur. La même année .'{67, Valentinien fit
chrétiens avaient excité, et, qu'en ayant brûler vif, pour des fautes légères, Dioclès,
chassé l'rsin, il rétablit dans Rome la tran- ancien conseiller général de l'IUyrie. Peu
quillité publique (1). Ce jugempnt trop peu après, un certain Diodore, qui avait été agent
remarqué d'un auteur et d'un magistrat païen, du prince, étant en procès avec un comte, le
confirmé d'ailleurs parle témoignage de saint fit assigner à comparaître devant le vicaire

Jérôme et de saint Ambroise, et par le juge- d'Italie.Le comte partit pour la cour et se
ment des conciles de Rome et d'Aquili'e, iirouve plaii^nilde cette audace. Aussitôt l'empereur,
à lui seul que la cause de tout le mal élait sans autre examen, condamna à mort et Dio-
l'usuri'ateur Ursin. Saint Jérôme allribue la dore et trois sergents qui s'étaient charjfés de
gloire d'avoir délivré le pontife légitime des la signification. L'arrêt fut exécuté à Milan.
trames des schismatiques, à Evagre, di'puis Les chréiiens honorèrent leur mémoire, et le
évèipie d'Antioche et successeur de Paulin. lieu où ils furent enterrés fut appelé /a Sépul-
Venu à la cour pour une autre atTaire, il ob- ture des Innocents. Quelque temps après, un
un ordre à Prétextât de
tint de Valentinien Pannonien nommé
Maxentius, qui était appa-
chasser de nouveau de Rome Ursin et les remment en faveur auprès du prince, fut con-
autres chefs de la faction ils furent relé- ; damné dans une affaire dans laquelle trois
gués en divers lieux, et l'antipape dans les villes étaient intéressées. Le juge chargea les
Gaules. décurions de ces villes d'exécuter prompte-
Evagre était venu d'Orient en Italie avec le ment la sentence. Valentinien l'ayant appris,
grand Eusèbe de Verceil. Pendant qu'il de- entra dans une violente colère il ordonna ;

meurait en cette dernière ville, le gouverneur qu'on fît mourir ces décurions, et rien ne les
do Ligurie vint y faire sa visite. On lui pré- aurait sauvés sans la noble hardiesse du ques-
si'ota un jeune homme et une femme accusés teur Eupraxius: « Arrêtez, prince, lui dit-il;
d'adultère. Ils furent appli(]ués tous deux à la écoutez un moment votre bonté naturelle;
tdctnre. Le jeune homme préférant une songez que les chrétiens honorent en qualité
piorapte mort à de longs supplices, se liéclara de martyrs ceux que vous condamnez à mort
coupable. La femme au contraire, et dans
, comme criminels. » Voilà comme le christia-
une première (jueslion et dans une seconde nisme humanisait dès lors l'opinion publi-
beaucoup plus rude que !o première, protesta que (3).
toujours pu'elle était innocente, appelant Jé- Une autre tache dans la mémoire de Valen-
sus-Christ à son secours, comme le témoin de tinien et des Romains de son temps, c'est la
son innocence. Le gouverneur la condamna perfidie, le manque de parole. Ainsi, en 367,
toutefois à la mort, avec son adultère pré- n'ayant pu vaincre par les armes le roi d'une
ti;ndu, qui eut aussitôt la tète tranchée. .Mais nation allemande, nommé Vithicabe, ils le
quand on voulut exécuter la femme, on la firent assassiner par un de ses domestiques,
frappa jusqu'à quatre fois sans qu'on put lui qui se réfugia ensuite et trouva sécurité sur
faire aucune plaie considérable, et même, à la les terres de l'empire (4). .\insi, en 371, après
quatrième, l'épéo qu'on voulait lui enfoncer avoir juré à un corps île Saxons de les laisser
dans la gorg'' se replia enfin contre la i;arde. retourner tranquillement dans leur patrie, il»
Le peuple s'émut à ce miracle, chassa le bour- leur dressèrent de-' embûches et les égorgèrent
reau et voulut sauvi'r la femme. Mais celui en route. Et ce qui caractérise la morale
qui était cliargi' de l'exécution ayant repré- païetme, l'honnête .\muiien, tout en confessant
senté i[u'il y allait île sa vie si on la sauvait, que c'éteit une perfidie atroce, s'en fait ce[ien-
on la ramèui' au lieu du sujiplice, où on lui danl l'apolo^Mste (5).
donne encore tidis cou[is, et, au troisième, Valentinien fil encore, en l'année 367, une
elle tombe comme morte. Les ecclésiastiques, chose contraire aux lois romaines. Il répudia
chargiis de ce soin, l'emportent pour l'ense- Sévéra, sa première femme et mère de Cratien,
velir et font une fosse pour l'enterrer. .Mai? pour épouser Justine, veuve de Magnence. Le
dans l'intervalle, on s'aperçut qu'elle revenait; 24 août de la même année, Cratien, qui n'a-
on la lit panser en cachette, et enfin elle gué- vait encore que de huit à neuf ans, avait (Ué
rit. La jiislice, en ayant eu cimnai-sance, fut déclan- empereur par son père, qui relevait
assez injuste pour vouloir la poursuivre en- d'une mala ,ie dangereuse, et qui, par celte no-

(0 Amm., 1. XXVII, n. 9. — (î) Hier. Hpùt. xvii, ad Innoe. - (3) Amm., 1. XXVII, n, 7. — (4) Hid.,
10. - fS) Ibifl., 1. X.KVIII, n. i.
5«2 lIISTOinE U.VIVEBBR1,L,R liK URCI.I^r tATaOLIQUE

minatioD , Tonlait prévenir le» dangers de un zèle hypocrite jiour la doctrine â*A.rhit, cft
l'empire. venait d'etie nommé préfet du prétoire.
En Orient, Valens, doniin(5 par sa iemmn, Modeste (l'aignll que l'exécution publique
qui était arianne. se iil liapliser par Eiidoxe de quatre-vingts |iersoiines innocentes el vé-
(le Conslantinoiile, chef des ariens, qui, au iiéi ailles n'excitât du bruit, peut-élic même

niilii-'U de lu céniinonie, lui lit iinimellic avec une sédition dans la popiileunt', Nicomédie. Il
serment do rester loujoursatliU'Iié à ?a doctrine eut recours à la ruse. Les ayant fuit venir en
et de poursuivie partout ceux ilu sentiment sapré.sence, il leur annonça, au nom de l'em-
eonlrniro. Valens marclinil rentre les (iolhs. pereur, qu'ils étaient exih-s. Fis s'y soumirent
Après deux ans de t;uerre, il les léduisil à avec joie, comme de généreux confesseurs. On
(Icmaniler ou plutôt à accepter la paix en les embarqua dans un navire, comme pour les
•jr.y. mener en leur exil. .Mais au milieu du golfe,
(le fut ii[i]iiirpmmcnt du tfmiisdecelleexpé- au b)nd duquel se trouvai. Nicomédie, les ma-
dition (ju'il vint à Tonii, grande ville rt capi- riniers, d'après les ordres secrets de Modeste,
tale de romaine, vers l'emlMiueliuru
la Scylliie mirent le Icu au navire et se sauvèrent dans
du i/évéïpie des Si'ythes y résidait,
It.iiiuln'. la chaloupe. En proie aux vents et aux flam-
('ar •iuoii|u'ils eussent quantité tle villes, de mes, le navire fut poussé vers une ville de
rhàtcaux et de honruades, leur ancienne cou- Bithyide, devant laquelle il acheva de se con-
lumc^ était lie n'avoir (pi'un evèipie jinur toute, sumer avec ses (|uatre-vingls martyrs (3).
la nation : c'était alors V<'lrani()n, catholique Par cet échantillon, on peut juger île ce que
trôs-/.él(!. Viilens «'tant dttne arrivé à Tomi, Valons et les évèques ariens qui l'accoraji;^
vint à l'église et voulut, à son ordinaire, per- enau'tit toujours firent en>uile en Galatie. Ils
suader à l'évêquè de conimuiiiquer avec les espéraient en faire de même en Cappadoce,
ariens. iMais Vctranion lui résista courageuse- surtout à cause du dilléreinl survenu quelijucs
ment, se déclara défenseur de la loi do Nicéo, années au]iaravant eulre Eusebe de Césareo et
et le (|uitta pour passer dans une autre église. saint Basile, parsuite duquel ce dernier s'était
Il y tut suivi lie son peuple, c'est-à-dire de retiré dans sa solitude du l'ont. Mais à la vue
presque toute la ville, qui s'était assemblée du péril de la foi, son ami Grégoire l'avait
pour voir l'empereur, s'atten<lant aussi à quel- ramené en Cappadoce. Valens. passant à Césa-
que événement extraordinaire, l/'emperi.-ur, se rée, fit tous ses ell'orls pour le gaitner. 11 le
voyant aliandonné seule avec sa suite, fut menaça, il le flatta, lui promettant sa faveur
piqué de cet ail'ront. Il fit arrêter Vétranion et même le gouvernement de l'Eiilise. Saint
et l'envoya en exil mais il le rappela peu ;
Basile, au contraire, l'exhorta, lui et ceux qui
après, craignant d'irriter les Scylhi'S, iieuples l'accompagnaient, à se reconnaître, à faire
braves et nécessaires aux Romains pour la pénitence et à cesser de persécuter les servi-
conservation de celte frontière (I). teurs de Dieu, contre lesquels leurs ellorts
Au coniniencement de 370, Valens était à étaient inutiles. Loin de conserver quelqu«
Nicomédie, se rend.mt à Antioche, quand il res>entiment contre l'évèquc Eusebe, il s'unit
apprit la mort d'Eudoxe, évèque arien de avec lui pour comb.ittre les ennemis com-
Constanlincqde. Les ariens mirent à sa place muns. Il lit cesser tout scandale et toute ilivi-
Démopliile, évèque de Bérée en Thrace. Les sion entre les catholiques;enfin il agit si jiuis-
2alholi(|ues jivofilèrcnl de l'occasion pour élire samment, que l'empereur el ses évèques ariens
et faireordonner saint Evagre, qu'on ne con- furent obliges de s'en aller sans rien faire. .Son
nait pas d'ailleurs. Mais Valens l'envoya aussi- ami, Grégoire de Nazianze, n'eut ptis peu de
tôt en exil et approuva l'élection de l'arien part à cette victoire.
Démopliile. Devenus plus insolents ]iar la pro- En celte même année 370, il y eut une
tection de l'caqiereiir, les ariens persécutèrent famine extraordinaire. Saint Etasile eut la
plus (|ue jamais les catholiques et tirent plu- gloire, non-seulement de servir les pauvres de
sieurs martyrs, l'oin- se plaindre de ces vio- ses propres mains, mais encore d'ouvrir j<ar
lences, les callioliqucs envoyerenlà l'emiiereur son éloquence les cœurs et les greniers des
uni' députa tion de qnatre-vingtsecclèsiastiipies. riches. Il iierdit, vers le mémo temps, deux de
yuand ils lui |irésiMilerent leur enquête, il ses amis, Musonius, evèipie de .Neocésan-e dans
dissimula sa colère, mais donna ordre à Mo- le Pont, et Athanase d'.Xncyre, en Phrygic,
deste, préfet du prétoire, de les arrêter et do desquels il fait le plus grand éloge. Une perte
les faii-e mourir. enctue plus sensible à s(Ui eœur fut celle de
O Modeste, au temps de r.nnstancc, avait sa mère, sainte Emmelie. Elle .ourut fort '

été coinle d'Orient, et, en îtri'J, sur l'ordre de àgce, dans le monastère où elle s'était retirée
l'empereur, avait tait des empiètes odieuses avec sainte Macriue, sa fille. Elle n'avait alors
concernant un prétendu crime de haute tra- au|)rès d'elle que deux de ses entants, .«niule
hiscui : .Auiuihmi, un homme très-
c'était, <l;t Macrine l'ainee de tous, et .saint Pierre, depui»
propre à des allaires de i-elîe nature (:2). Sous évèque de dixième el l*» dernier,
.Sébasle, le
Julien il avait devint
sacriliè aux idoles, el (lomme des deux côtés de son lits
ils étiiieut
|.réfet do Con>lantinople. iltlillait Valens par .'lie les prit chacun d'une de ses mains, cl dit :

il) t^..ïoui.. 1. VI. r. XXI. Tlii'od., 1. IV, c. xxxv. — (2) Aiiiui.. 1. XliL. n, tî. — (1) Soc. 1. IV. «, xn.
Soioui., 1. VI, c. XIV.
LIVRE TRENTE-CINQUrftV 263

« Seip;nenr, je vous offre, suivant votre loi, donner son suffrage à saint Basile, comme au
lesi>rcniifes et la dime <!e mes couches. » Elle plus digne et au plus capable. Mais apprenant
fut enterrée avfC son époux, dans l'église des qu'il manquait une voix pour rendre son
Quarante-Martyrs, à un quart de lieue d''. élection canonique, il se fit porter à Césaréo,
monastère (I). malgré son grand âge ot sa maladie, s'esti-
Saint Grégoire de Nazianze perdit de son mant heureux d'achever sa vie par une si
côtéCésuire, son frère, et Gorgonie, sasœur,(inc bonne teuvre. Saint Basile fut donc élu et
l'Eglise compte pareillement entre les saints. ordonné canoniqucmeul évè()ue do Césarée en
Césaire avait été i,'^lorieusement rappelé à la Cappadoce.
cour par Jovien, et Valens l'avait fait ciuesteur Le nouvel archevêque était en relation
on trésorier de la Bithynie, où il di'nunirait. d'amitié et de lettres avec les plus grands per
Saint Grégoire, bien loin de s'en réi<iuir, (itait sonnâmes do son temps, soit dans l'Etat, soil
aflli^é de le voir emliarrassé d'afl'aire-; lim- dans l'Eglise. Il y a de ses lettres aux géné-
porelle-;, et l'exhortait à s'en di'gager, il l'ut raux et comte-, Trajan, Victor, Arinthée, Jo-
déterminé par le Irembli^meiit de terre vien, Térencc. Ce di^rnier couiuiaudait l'armée
qui acheva do renverser la ville de Nicée, le romaine en Arménie et lui ilomandait des évo-
41 octobre 368. Césaire fut pres(iue le seul ques pour ce pays. Les filles du comte Térence
homme de marque qui s'en sauva mais il ; étaient diaconesses dans l'église de Samosate :
perdit une partie de son birn et demeura saint Basile leur écrivit, en particulier, pour
enveloppé sous !os ruines, d'où il se retira hîs féliciter de leur constance à professer la
comme [)ar miracle avec de légères blessures. foi pure de la sainte Trinité, et les y affermir
11 résolut donc de se donner entièrement à de plus en plus.
Dieu ; mais il mourut peu de temiis a[ués, Mais les grands amis de saint Basile étaient
ayant aujiaravant reç-u le ba[)tèmc, et lais.-ia les grands personnages de l'Eglise. A leur tète
fies biens aux pauvres, n'ayant ni femme ni élail saint Athanase. Dès 367, Valens avait or-
enfants. SaintGrégoire fil son oraison funèbre, donné, sous de grandes peines, à tons les gou-
en présence de son père et de sa mère. Sainte verneurs de provinces de chasser des églises les
Gorgonie, leur sœur, mourut quclqiic temps èvè(|ues déposés sous Constance, <p!i avaient re-
après, et saint Grégoire lui lit aussi une oraison pris leur siège sous Julien. En vertu de cet or-
funèbre où, dépeignant ses vertus, il donne le dre, les offîcie-rs qui commandaient en Egypte
modèle de la pertection chrétienne pour les voulurent ôter les églises au saint évèque
femmes mariées. Cependant elle ne fut ba[iti- d'Alexandrie, et le chasser de la ville. Les
sée (juc vers la fin de sa vie mais, avant que ; chrétiens, s'étant assemblés, [trièrent le préfet
de mourir, elle eut la consolation de voir son de ne pas chasser légèrement leur évèque, et
mari, ses fils et ses petits-iils recevoir la même de bien examiner les termes de l'ordonnance.
grâce. L'empereur veut, disaient-ils, que l'on chasse
Eusèbe, évèque de Césarée en Cappadoce, seulement ceux qui sont reveiuis sous Julien,
moulut aussi, peu après que son église eut rié après avoir été chassés sous Conslaïue. Atha-
altai|uée par Valens. Il avait combattu g('no- nase a véritablement été chassé sous Con-
reusement eu cette perséoutio!) et en celle de stance, mais il a été rappelé par Constance
Julien. Aussi se trouve-t-il au nomiuo des même. Julien, qui a rappelé tous les autres, l'a
saints en quelques martyrologes, quoiijue mal persèculè lui seul, et c'est Jovien qui l'a rap-
à propos confondu avec Eusèbe de Césarée en pelé. Le pièfet ne se rendit point à ces raisons;
l'alestine. A su mort, l'église de Cé-a:ée en mais le peuple iidèle continuait de lui résister
Cap|iailocese trouva exposée aux nièm''s trou- et d'empêcher qu'il
fil vi(denci! à son
ne
bles ((u'à son élection. La foi catholiipie qu'elle évèque. Voyant donc peuple s'amasser de
le

avait toujours conservée, et l'unicjn qui y avait tout(!s parts, la ville pleine de tumulte et la
toujours régné excitai(!nt l'envie des héréti- fédition prèle à éclater, il en avertit l'empe-
ques. C'était un des plus grands sièges de reur, et laissa cependant saint Athanase à
l'Orient métropole de toute la Cappadocr, sa
: Alexandrie.
juridiction s'étendait encore sur toute r.\r- Plusieurs jours après, comme l'émeute pa-
ménie, et son an'hovèipie en contirnuiit le pa- raissait calmée, saint .Mhaua'^^o sortit secrète-
triarche. Le clergé lie (iésaréo écrivit, selon la ment le soir et se caiha dans une maison do
soulume, aux eve(iueg do la ]uuviuce, et ils cMuipagn(\ C'était fort à propos; car, la nuit
/lurent poui- procv^derà l'élection. même," h; préfet d'Egypte et lo. commandant
On y vit le [latriarclu! d'ArnK'nie, saint des Irouiies se saisirent de l'ég'ise où le saint
Nersès; on y vil saint Eusélic de S;iuiosate, évèque demeurait ordinairement ils croyaient :

quoique ce dernier ni) fût pas de la province : (pie II' peu|de tui pensait pb's à s'émouvoir, et,
le vieux Grégoire do Nuziaiizo, (jui ctait ma- d'ailleurs, c'était l'heure où tout le monde
lade on son lit, l'avait prié de s'y trouver pour doiuiiiil. Ilscherchèrent dans tous les coins et
i'op|io>er aux entreiirisos des hcnUiipies. Le se retirèient fort eiounes de ne p.is le trouver.
•saint vieillard, ne pouvant y aller lui-nu'Ui , 11 était caché à la ampagne, dans le si-pulcro
i

ivail écrit au clergé, aux moines, aux magis- de son père. En Egypte, les sépulcres étaient
trats, au sénat et au peuple de Césarée, pour des édifices assez considérables [lour offrir licf

<l) "Voir I* Vit (ft lainl Basile, i. III d« aei CBavros Ma SS., U ;u»iii. Dora Ceillier, Tillomoat, «U.
164 Binromc, ^J^mr^srt.L^; dk l'église catholique
loçements. Il n'y demeura que (|iiatrc mois; Peu après, tous les évoques, 'hormis deux on
car Valens ordonna de le raf)i)eler, soil iin'il trois, comme auparavant
se trfiuvaicnt unis
craignît pour le repos d'Alexandrie, soit puiir dans la profession de l'ancienne foi. La cause
d'autres raisons (1). en était, et à quebjue chose de plus franc dam
La Libye avait alors pour gouverneur un le caractère occidental, et à l'action plus im-
homme de mœurs brutales, livr*^ à la cruauté médiate du centre de l'unité. Ce que l'empe-
fil ;\ la débaucbe. Suint Athanase prononça reur Constance avait désuni, le pape Libère le
ïontre lui rexcoinmiinicalion, et en écrivit mux réunissait Damase continuait l'ouvrage de
:

autres évèques, piirticulièrement à saint Ba- Libère.


sile, afin que tout !i moniie évitât de eoniuiu- Pour éteindre le schisme d'Ursin, saint Da-
niiinor avee lui. Saint Basile lui fit réponse mase s'était adressé à la terre et au ciel. Les
(ju'il avait publié l'excomniuniratinn dans son schismatiques, quoicpi'ils n'euss'-nt [dus ilo

éylise, que ce malheureux serait l'exécralion clercs à leur tète, ne laissaient pas de tenir des
de tous les fidèles, et que personne n'aurait de assemblées dans leset avaient
cimetières,
communion avec lui, ni de feu, ni d'eau, ni de même une requête du défenseur
('-glise. A la
c()UV(?rt. 11 ajoute qu'il a notifié cette condam- de l'Eglise romaine, Valentinien la leur fil oler
nation à tous les domestiques, les amis et les et la remit au l»ape. Pour le retour du clergé
hôtes du Kouverneur ; car il était de Cappa- schismatique, saint Damase fil des vœux aux
doce. On voit ici quelles étaient dès lors les saints martyrs; et, l'ayant obtenu dej.uis, il
suites de l'excommunication, même pour le s'en acquitta par des vers en leur honneur (4).
commerce de la vie civile (2). Dès les premiers temp:- de son pontificat, il
Quelques années après, une fille ayant été assembla un concile à Home, où furent nom-
enlevée dans une paroisse de Cajipadoce, le mément condamnés Ursace et Valens, les deux
prêtre de la pai'ois-e montia peu de zèle pour chefs du |)eu d'arien« qu'il y avait en Occi-
punir ce scandale. Saint Basile lui écrivit en dent. On n'y parla point d'Auxenc^, peut-être
ces termes « Je vois avec douleur que vous
: parce que peu auparavant il avait été réduit à
n'êtes pas indigné du mal qui se fait, et (]ue faire une profession de foi catholique, peut-
vous ête^ incapable de sentir que ce rapt, cet être aussi qu'on voulait ménager l'emfiereur
outrage fait à des personnes, est un attentat, Valentinien, (pii, par suite de cette di-marclie,
une tyrannie contre l'humatiité; car je sais était entré dans sa communion. Saint .Mha-
que, si vous étiez tous d'accord, rien ne vous nase ayant été informé par le Pape de ce qui
empôcheiait de bannir de notre patrie celte venait de se faire, assembla les évèques
exécrable coutume. Prenez donc pour ceci le d.Egypte et de Libye, au nombre d'environ
zèle du chrétien, et agitez-vous autant que le quatre-vingt-dix, et lui écrivit au nom «le
mérite ve crime Partout où vous trouverez la tous, par rapport à Auxcnce, s'élonnant (ju'il
lille, emmenezia d'autorité et de force, et n'eût point encore été déposé et chassé de
rendez-la à ses parents. Pour le ravisseur, re- l'Egli'^e, puisqu'il était non-seulement arien,
tranihez-le de la prière et dénoncez-le excom- mais encore coupable de plusieurs maux .pril
munié. Retranchez également de la prière, avait commis avec Gri'goire. usur|i.iteur du
pour li'ois ans, les complices du crime, avec siège d'.Mexandrie. Les évèques d'E".;yple eu-
toutes leurs familles. Quant à la bourgade qui rent satisfaction quelque temps après, c.ir les
a reçu et gardé la persoiuie enlevée, et même évèques de Gaule et de Vénétie s'élanl plaints
combattu pour ne pas la rendre, retranchez-la qu\\uxtnce el quelques autres soutenaient !a
tout entière des prières de l'Eglise, afin que lioctrine des anoméens, l'empereur même
tous apprennent à poursuivre le ravisseur donna un rescrit pour assembler un concile
comme un serpent, comme une bêle féroce, à Eîonie. afin d'examiner la cause d'.-VuX'-nce.
comme un ennemi commun, et à secourir ceux Il s'y trouva qualre-vini;t-treizf éve.iue- de
que l'on opprime (3). » difl'erenles nations. .-Vuxence et s.-s adliéronls
Voilà comme
ces grands évèques formaient y furent excommuniés. On confirma la li>i de
l'esprit public sur le leur; esprit de charité et Nicée, et on déclara nul tout ce qui s'élait
de compa-sioii pour le faible et rojiprimé, es- fait au contraire à Himini (5).
prit de force et de courage contre l'oppresseur. Dans la lettre que le Pape en écrivit avec le
Nous verrons cet esprit de l'Eglise prèv.-iloir concile aux évèques catholiques d'Oricnl. il
en Occident, civiliser les Barbares et devenir est dit que ce qui avait élé fait à Kimini ;• élé
à la longue l'esprit gi néial de l'Kurope chré- corrigé dès le commencement par ceux mêmes
tienne. Il n'en si'ra \k\< de mèmi? en Orii'nl. dont on y avait violenté les suffrages; qu'ils
Là jirevaudra l'esprit grec, espiit de division ont avoué qu'on les avait surpris par une ex-
et de chicane. Pas nue liéresie n'y finira qui pression nouvelle, et qu'ils n'avaient pas com-
n'en lais-e après elle deux ou trois autri's. En pris qu'elle fût contraire à la définition de
Occident, l'iMuiiereur Constance avait eu beau Nicée. Au reste, ajoute la lettre, le nombre
(c

îuiploycr toutes les violences e! toutes les de ceux qui étaient à Bimiui ne peut former
ruses p 'Ur y implanter l'ari iiiisiue ses ma- : aucun prèjuiié. puL-qu'il est conslnu: que
aœuvres à Bimiui et ailleurs furent vaines. Tévéque de Kume, dont il fallait avant tout

(t) Soc, UV. c xni. — (2) Basil, Epitl. m. édit. Ben«d. — (3) IbU., tpUt. ecLXX.— (4) DatiaxM arm.
hblwlh. PP., l. IV, 8 et Î7. — (5) Cousl., Spisi rom. P., p. «7.
LIVRE TRENTE-CINQUIÈm.
attendre la sentence (1), n'y a point donné étaient recommandables par leur piété que ;

«on consentement, non plus que Vincent, qui conformémentauxsaintes Ecritures, ils avaient
<i conservé pendant tant d'années la pureté du confessé que le Fil- ert la substance du Père;
«acerdoce, ni les autres semblables vu piin- ; qu'il n'en est pas de même des conciles tenus
ripalement, comme nous avons dit, que ceux par ariens; qu'il ne s'y est trouvé qu'un
les
mêmes qui avaient paru céder à la ruse, petit nombre d'évéques ; que les décrets qui
setanf ravisés, ont protesté en avoir du dé- y ont été faits n'Ont pas même été approuvés
plaisir (2). » de leurs auteurs, puisque, dans dix synodes et
Les cvêques d'Illyrie reçurent une îettre pa- plus qu'ils ont tenus, ils ont changé de senti-
reille, qui, à la fin Jes exhortait à déclarer la ments et de doctrine, révoquant dans les der-
sincérité de leur foi. Ils tinrent en l'fl'ot un con- niers ce qu'ils avaient dit dans les premiers,
cile, et firent un décret avec une confession de changeant et ajoutant selon leur caprice à ce
foi conforme à celle de Nicée, où ils disent : qu'ils avaient établi. Au reste, quoique celte
a Nous croyons, comme les conciles tenus à lettre aux Africains soit au nom
de quatre-
Rome et dans les Gaules, une seule et même vingt-dix évèques d'Egypte et de Libye, elle
substance du Père et du Fils et du Saint-Es- est proprement de saint Athanase; et les
prit en trois personnes, c'est-à-dire en trois évèques au nom desquels il parle n'étaient
hypostases parfaites. » Ils envoyèrent ce dé- pas tous présents au concile, mais ils étaient
cret aux évêques d'Asie et de Phrygie, à qui si unis de sentiments, ([u'ils souscrivaient
ils recommandèrent de s'informer s'il était les uns pour les autres(4). Lemèmeusaije avait
vrai que, dans toute l'Asie, l'on enseignât que lieu en Afrique, au temps de saint Cjprien.
le Saint-Esprit est séparé du Père et du Fils. Celte lettre eut sans doute son eflet car ;

Ils leur recommandèrent aussi la discipline l'Kglisc d'Afrique demeura ferme dans la
des ordinations; de tirer les évèques du corps foi de la Trinité, comme tout le reste de l'Oc-
des prêtres, les prêtres et les diacres du corps cident.
du clergé, et non du conseil des villes ou des L'Egypte, les deux Liliyes, l'Afrique, l'Europe
charges militaires. Enfin ils mettent les noms à peu près tout entière, si bien unies dans la
de six évèques ariens qu'ils avaient dé; osés. foi et dans la paix, faisaient sentir d'ant:int
Valentinien avait en particulier ordonné ce plus vivement à saint Basile l'état déplorable
concile, pour en employer les décrets à paci- de l'Orient, où la division régnait pailout,
fier les troubles de l'Orient. Ce fut lui-même même entre les évèques catholiques, même
qui les envoya aux évèques d'Asie et de Phry- entre les saints, comme entre saint .Mélêce et
gie, avec un rescrit en son nom, ainsi qu'au saint Paulin d'Antioclie. Saint Basile n'y
nom de Valens et Gratien, où il les exhorte à voyait d'autre remède que de faire intervenir
confesser, avec le concile d'Illyrie, la Tiinité les évêques d'Occident, [irincipalement le l'ape,
consubstantielle du Père, du Fils et du Saint- et pour cela d'employer auprès d'eux le crédit
Esprit, et à ne pas abuser de l'autorité de de saint Athanase. 11 lui écrivit donc dès le
l'empereur, c'est-à-dire de son frère Valens, commencement de son épiscopat : « Il y a
pour persécuter les serviteurs de Dieu (3). longtemps que je suis persuadé que la seule
Du même concile d'Alexandrie d'où saint voie de secourir nos ê^dises, est que les évè-
Athanase écrivit au pape saint Damase, il ques d'Occident se déclarent pour nous Car
écrivit aussi aux éveciues d'Afrique, c'est-à- s'ilsveulent montrer pour nous le même zèle
dire de la proviuce de (larthage, pour les for- qu'ils ont déployé chez eux, contre une ou
tifier contre ceux qui, sous prétexte de l'obs- deux personnes, peut-être avancera-t-on quel-
curité du mot consubstantiel, voulaient faire que chose. Les puis-ances respectei ont l'auto-
valoir le concile de Himiui, au préjudice du rité d'un si grand nombre d'êvcques, et les
concile de Nicée. C'est pourquoi il l'ait voir que peuples les suivront sans résistance. Or, pour
le concile de Rimini, tant qu'il a été libre, cela, qui de plus capable que vous? quoi de
autrement, tant qu'il a éU\ concile, n'a rien plus vénérable à tout l'Occident que l'autorité
voulu ajouter à celui de Nicée qu'il a même
;
de voscheveux blancs? Laissez à la postérité ce
excommunié Ursace, Valens, Eudoxc et Au- monument digne de vous, três-respectable
xcnce mais il s'applique [larticulicreini'nt à
; Père. Couronnez pr? cette seule action les
relever l'autorité du coiuile dt; Nicée. il mon- combats infinis que vous avez soutenus pour
tre que les ariens n'en ont tenu aucun (jui lui la foi. Envoyez de votre sainte église des
eoil comparable; quiwelui de Nicée était com- hommes |)uiss.ints dans la sainte doctrine vers
posé de trois cent dix-tiuit évè(|ues, assemblés les évêques d'Occident, pour leur exposer les
de toutes les parties du^monde que ses décrets
;
maux t\\n nous accablent. » Il l'excite à pren^
ont (Hé reçus partout, rjVèmeclie/. les autres peu- dre soin par lui-même de l'Eglise d'Antioche,
ples barbares où se trouvent des Indiens et les sans attendre le secours des Occidentaux, lui
rbrétiens; qu'il a été assemblé pour une cause rrpiésentant que la division de cette église
légitime, savoir: pour la condamnation de est le mal le plus pressjint, et qu'elle est
l'hérésie arienne et pour fixer le jour de l'à- comme la tête,d'où la santé secommuniquera
que ;
que les évèques qui le composaient à tout le corps (5). 11 envoya cette lettre par

fluire par UifUtiUon. —


(ï) T. u. o-onc. col. 892.
€l*Uti»Dt,i>ii(, r««i. Ponl., CBii»xvi.-~(3)Tli«od., I.IV. c.vii ,8-9.-(4)Ath»n.,l.n,p. 891 ol s»].— (5) ffpi»M.»vi.
MB mSTOTRE UNIVERSKLLE DE L'EGLISE CATHOLIOTJB
DorotliBC, diacre de rKyliri''. d'Anlioclie, et, à nou^ le croyons nécessaire, qu'ils condamnent
l'hérésie de .Marcel. Car jimqa'ici necosi^ent
sa prière, il en joignit une seconde, pour s'ex-
ils

pliquer plus ncUeineiit nu sujet de celte église d'an.ilhémali^er Ariiis; mais on ne voit pus
qu'ils se |dai;<nent de Marcel, dont l'hérésie
et de ?ainl Mélèce, à
(jui Dorotliiie était at-

taché. Ss'.nt Busile déclare donc i\ saint Allia- e-l iliamétraleinent opposée. Kilo attaque la

nase qu'il faut réunir à suint Méléie toutes subsislanct! même du Fil» le Dieu, disant
les parties de l'E^li-^e d'Anlioclie ce sont, dit- : qu'il n'était pas avant que ae «ortir du iVre,

il, les vœux de tout l'Orient, et je le sciuliaitc et (pi'il ne subtdste plus après y être retourné;

en mon particulier, comme lui étant uni en nous en avons les jinnivcs par •es livre». Ce-
toutes manières. C'est un liomme iriè|iiclicn- pendant les Occidentaux n.- l'ont jamais Idâmé,
silile dans lu loi, et incomparalih; 'lan? les «inouju'on puisse h'ur reprocher do l'avoir rei;u
moHirs et l'on trouvera qneliiuc expédient
:
du conimencemenl à la communion ecclésias-
pour contenter les autres. Au resie, vous n'i- tique [lar ignorance di; la vérité (3). »
gnorez |)as que les Occiilenliuix qui vous sont Les re|ii-oches que fait ici saint Basile
le plu- unis, sont t\n même sentinuMil. aux Occidentaux leur étaient communs
Il écrivit en même temps à saint Mélècc, avec saint Athanase. Dans le fond saint
qui! le meilleur parti était d'envoyer à Home Athauase, et [lar lui les Occidentaux, connais-
le Diacre Dorothée, îdin d'en obtenir des lé- saient mieux que
saint Ba-ile les vrais senti-
gats pour visiter l'Orient. Car les piTsonna- ments de Marcel d'Ancyre. La même atiuéc
ges les plus puissants auprès de l'empereur, ou 372, pour dissiper les soupçons qu'on cherchait
ne voulaient pas ou ne pouvaient lui par- à réjiandre sur sa personne et sur sa doctrine,
ler en laveur des évèques exiles, eu sorte Marcel, de concert avec le clergé d'Ancyre,
qu'ils regardaient comme un huiidienr pour dépula le diacre Eugène, avec quelques au-
les églisrs de ce tiu'il ne leur arrivait pas tres de la même église, au saint éveque d'A-
pis(l). Il entendait proiiablement les géné- lexandrie, pour lu; rendre témuigna);i- de sa
raux Térence,Arintliée, Victor elTiaJHU. l'our foi. Eui,'êne était en même temps porlaur dos

faciliterlaréunimi entresaiiit Alhaua-eetsaint lettres de recommandation que MiU"cel avait


Mélèce, il écrivit encore au premier, que bien oblennes des evèques d'Achaie et de Macé-
des éveques, [lour embrasser sa communion, doine. On a retrouvé, au dix-huitième siccle,
attendaient qu'il leur lit des avances, comme l'acte de cidte déi)Utation et rcxpo^ilioii de
de leur écrire. Saint Athanase répondit foi que ce diacre [irésenta à saint AthaiKue,
qu'étant à Antiuche, sous Jovien, il avait l'ait tant au nom de Mar el que l'EKlise d'An-
ces avances à Mélèce, qui, mal conseillé par cyre. Elle est en forme de lettre et •ommence
ses amis, avait dilleré d'y répondre qu'il re- ;
ainsi ;

grettait qu'on leùt laissé partir alors .«^ans « Au très-saiiitet très-heureux évoque Atha-
communiquer avec lui, et que jusqu'à co nase, Eugène, diacre. Les cleios ot les diacres
moment on oùt manqué aux promesses qui sont assemblés h Ancyre en (^alatie avec
qu'on avait faites; qu'après cela il voulait notre père Marcel, nous oui envoyés vers votre
bien les recevoir à sa communion, mais pié'é munis des lettres de communion de la
oou pus l'air(! les avances une seconde fois. part des évèques 4I0 la Grèce et de la .Maié-
C'esl ce que saint Basile mande à M'.'lècc lui- doine et parce qu'en y arrivant, nous avtms
;

même (2). apiiris que l'on nous accusait de tenir une


Cependaid saint Athanase avait renvoyé le doctrine étrangère, et que, selon qu'il e^t de
dia e Dorothée avec un de ses prêtres nommé
;. justice, vous avez voulu savoir no» sentiments
i'ieire, pour travailler à la réunion des égli- et ce que nous enseiî;nons louchant Notre
ses. Saint liarile, ayant reçu [lar eux sa i"o- Seigneur Jésus-Christ, nous avons écrit ces
pouse, lui nvo\a de nouveau Dorolliéi-, avec
I cho-es à votre piété, y étant ronlruinls [mr
wne lettre où, uiirès avoir loue son application la nêccssilé, quoique nous le faisions aussi
au bien de l'Egii.se universelle, il ajoute ces avec aidcur, aliu qu'elle conn lissf que ceux
puiolcs mémorables « Il nous a paiu conve-
: qui nous ont accusés, l'ont fait tausiemciit,
nable d'écrire à l'évoque de Home, qu'il con- el que nous professons la fui cnllioliquc de
sidère ce ([ui se pa.sse ici; et puisqu'il est l'Eglise. Au reste, quand nous parlons du nous,
Uillicile d'envoyer de delà des députés en nous cntenilons aussi lej jieu|ilcs qui nous ont
couHuuu par l'ordonnauci; d'un conciie, de lui envoyés, et qui ne sont pas en pelil, mais en
coii'-ciller d'user de son autorité dans celte graiiil nomlire. Nous anaihémalisons avant
allaiie et de choisir des hommes capables de tout l'hérésie arienne, cl nous croyons,
supporter la laliguc ilu voy.iye et île parler comme no* pêrcs l'ont confessé au concile de
avec douceur et fermeté ;\ ccu.v deiilre nous Nicée, que le Fils est do la sub-taiice ilii l'ère,
qui ne marchuut pas droit. Il faudra qu'iis el qu'il lui est consuhstanliel. Nous .. pen-ont -

apportent avec eux tous les actes île Uimini, pas, comme quelques-uns nous en caiomiiieoti
pour y casser ce qui s'y est fait par violence. qu'autre est le Fils et autre le Vcrlie; iiinis
Un il' viennent secrètement, sans bruit et jiar que le Verbe est le Fils, l.; saue^se. la puis-
mer, avant que les ennemis de la paix s'en sance du l'ère, par qui ont été ciéecs toutes
aperçoivent. Quelques-uns aussi désirent, et choses, et les visiltle» et U> iivisibles. Nous

(t) Bpitt. uvtib — (1) laid., ksxxix el ccLviu — (3) fnd , lxix.
LIVBE TRFNTB-CINQUIÈMB. vn
«natlif'mnlisons uommémnnt le trè-impic églises, et qu'on donnait toute rautorité à
Sabcllius et tous ceux qui disent avec lui, que ceux qui séduisaient les faibles. « Il n'y a qu'un
le l'ère est Fils; que qu.md il est Fils il
le remède à tous ces maux, quiest ijue vous vou-
n'eï^t plu>; et (jue quand il est Père, il
l'ère, liez bien nous visiter. Toujours, dans le temps
n'est [du> Fils. Car nous eon fessons que le passé, vous nous consoliez par l'excès de votre
père est éternel, que le Fils est éternel, que le charité, et le bruit qui s'est répandu ([ue vous
Saint-Esprit est éternel, reconnaissant trois deviez venir, nous a fait prendre courage
jiersonnes en une seule substance. » Lu diacre pour un [ii'u de temps; mais depuis qt aous
Eugène dit encore anathème aux anoméens, avons perdu cette "espérance, ne sachatw. plrï
(lui disaient que le Fils n'était pas semblable quel parti [)rendro- -lous avopà résolu de \o\Xi
au Père, et qui mettaient le Saint-Esprit au prier par lettres de venir à notre secours et
'•aiitr des créatures; de même qu'à ceux qui de nous envoyer des personnes de voire part
soutenaient ([u'il y a eu un teaips où le Fils qui soient dans les mêmes sculiments que
et le Saint-Esprit n'étaient pas. « Car nous vous, et capables d'accordé;- ceux qui sont en
savons, dit-il, que la Trinité est éternelle, dissension, de rétablir l'union dans les églises,
qu'elle a toujours été parfaite et de la même ou du moins de vous faire couuailrc les au-
manière; c'est pourquoi nous regardons teurs du trouble, afin qu'à l'aveuiril voussoit
comme étrangers à l'Eglise catholique ceux notoire avec qui vous devez être uni de com-
qui croient qu'il y a eu un temps où le Fils munion. 11 témoigne que 1-on gardait en-
I)

n'i'tait pas, et que le Saint-Esprit est fait de core dans l'église de Césaree les lettres dont
rii n. » Après cela, il rejette l'erreur de ceux le pape Denys l'avait honorée cl (jne l'on s'y
qui enseignaient que le Fils de Dieu ne s'était souvenait de ce qu'il avait f.iit pour racheter
cnmuuiniqué à l'homme né de Marie que les frères menés en captivité par les Barbares.
ciiinme à l'un des propliètes, et déclare qu'il « Mais, ajoute-t-il, l'état deuosatlaires est bien
^roit que le Verbe s'est fait homme et qu'il plus déplorable et demande de plus grands
est né de Marie selon la chair. Entin, il con- soins. iNûus ne pleurons pas le renversement
damne nommément riiérésio de Paul de Sa- de nos maisons, mais la ruine des églises;
mosate el de Pholin, et tous ceux qui disent nous ne craignons pas qu'on condamne nos
avec eux que le Verbe de Dieu n'est pas vi- corps à la chaîne, mais que les chefs d'hérésie
vant (jue ce n'est pas par lui (jue tout a été
; rendent nos âmes captives. Si vous ne venez
laii, el qu'il est semblable au Verbe, c'est-à- présentement à noire secours, vous ne trouve-
<liie à la parole que profère l'homme, de rez bientôt plus qui secourir tout sera ré-
:

même que ceux qui disent qu'il n'était pas duit sous la puissance des hérétiques, w Avec
avant qu'il fût né de Marie. cette lettre, le diacre Dorothée avait sans
11 linit en protestantipie telle estsa croyance doute des instructions particulières(2).
et celle de Marcel d'Ancyre, ainsi que des Il revint de Rome la même année 372 avec
autres qui l'ont envoyé, et prie saiut Atha- le diacre Sabin, et en rapporta diverses lettres
nase non-seulement de ne point ajouter loi adressées apparemment à saint Athanase, qui
aux calomnies dont on avait voulu les noircir, les ht passer à saint Basile. Celui-ci, les ayant
nuiis aussi d'écrire aux évè(iues oithoiloxes de lues, en eulbeaucuup de joie, parce (pi'en lui
sa ('Onnaissance, atln de les détromper, au cas apprenant Tunion des èvêques d'Occuh'nl et
qu'on li'ur eût donné di; fâcheuses imiiressions l'Iienreux état de leurs églises, elleslui don-
contre Ma/cel. Saint Athanase et les èveques naient espérance que les Occidentaux vien-
qui se trouvèrent avec lui lors de cetti' dèpu- draient au secours de rOrieut. Il ré[ionditeQ
tation, approuvèrent la profession de foi d'Eu- son jiarticulier aux êvèques d'IUyrio, do l'Ita-
gène el y souscrivirent(l). Après une profes- lie et des Gaules autant il se éjouit de l'u-
;
i

sion do foi si nette et si prèi'ise, on ne jieut nion de leurs églises, autant il les conjure
plus guère douter que Marcel, qui mourut d'avoir pitii' de celles de l'Orituit leur état
:

qucbjue temps aijrès, ne soit mort dans des dêjdorable était connu de tout le monde. Les
sentiments orthodoxes, et très-uni à l'Eglise dogmes des Pères sont méprisés, on ne tient
calliolicpie. nul compte destradilions apostoliques, les nou-
C;e[)endant le diacre Dorothée était parti velles opinions oii-f cours dans les églises, les
pour Uome avec une lettre de saint Basile hommes ne disputent plus eu théologiens, ils
ourle pa[ie suint Damase, qu'il a|i(ielle très- ont recours aux ruses el aux subtilités; la
E
onoré Père. Il y parle de la nécessité de re- fausse sagesse <lu monde tr ^midie et foule
nouer l'ancienne amitié qui était entre les aux pieds la gloire de la croix; on bannit les
églises d'Occident el cl'drient, des maux que pasteurs les lou[(s entrent dans la beigerieet
;

l'héi'ésie d'Arius causait dans cette [larlie do dévorent le troupeau du Seigneur; les mai-
l'Orient, (jui s'étendait depuis l'illviii' jus- sons de prières sont sans prédicateurs les ;

qu'en Egypte; el dit ipui la raison pour la- solitutlcs sont remplies de personnes qui gé-
pj(dl(^ c(!tte lièrésie counnencait à diinnner, missent sur le misérable état des église-i. 11
était qu'on oppriuuiit, dansclia(piediocès((, les l'ail une courte profession do foi, dans la-
délenseurs de labomu' doctrine, qu'on inven- quelle il donnn au Saint-Esprit le même rang
tait des calomnies [lour les cliusser do leurs d'Iiouncur qu'au P*ra «t au Fil», «l l'ador«

(t) Uont/«ucOD, CoUtct. PP. grmc, t. U, p. t. — (t) Kpitt. LIS.


2es inSTOIRE UNIVERSEf.LE DE LECLISB CATftOI.IQUB
a\TCPUX, cl linit en dédurant (ju'il souscrit à placable, les méchants craignant la paii cuu-
tout ce qui a été l'ait eonlorni<''inent aux ca- iMune, parce qu'elb; dévoilerait leurs secrètes
nons dans le concile de Himic (I). Il écrivit infamies. Au milieu de tout cela, les inlidêles
encore en parliculier h qneliiues évéciues, qui se moquent, les gens de neu de fui chance-
lui avaient écrit de même, entre antres à saint lent, lu foi est incertaine, l'ignorance se ré-
Valérien (rAiiniléc (:J). jiaiid dans les asprits, parce que ceux qui faus-
D'après 11! couscil l'e saint IJa-ile, les cvê- sent la doctrine imitent la vérité. La bouche
ques d'Oi ient l'éiiondiriînt en coniinnn à ceux des cliréliens [deux est muette, la langue du
de l'Occident. On lit en tète de la lettre les blasphème jubile les clio.ses saintes sont pro-
;

noms de ticnle-deux cvci|iu's, dont las plus fanées; les populations les plus saines fuient
considéi'aiiles sont saint .Mélèce d'Antioclie,
: les maisons de prières, comme des écoles
saint lùisclie de Samosate, saint Basile, saint d'impiété, et, dispersées dans les solitudes,
Gre;;oire de Nazianze, Kustatiie de Séliaste, élèvent leurs mains, avec gémissements et
Antilime de; Tyane, Narsés ou Nersés. pa- avec larmes, vers celui qui habite les cieux.
triarclii' d'Arménie. (lette lettrt! est des plus Vous aurez ap]iris sans doute ce qui se passe
palliéli(iues et des plus le-santes; après y | dans la pluiiart des cités. Les populations,
avoir reconnu qu'ils méiilaient les maux qu'ils avec les femmes, les enfants, les vir-illards,
soutiraient, ces évèciues y .lisent à ceux il'Oc- enfuies hors des murs, y prient en plein air,
cident : souffrant avec une incroyable patience toutes
« Nous vous conjurons de vous laisser at- les injures de la saison, et attendant le secours
tendrir et de vous abandonner, sans difiérer du Seigneur.
un moment, au zèle que la charité doit vous » Quelle lamentation égalera ces calamités!
inspirer. Ne vous excusez point sur la lon- quelles fontaines de larmes suffiront à de si
gueur duciiemin. sur vos all'aires domestiques, grands maux! C'-sl pourquoi, tandis qu'il en
ni ^ur (]uel(]ue autre prél<'xte ([ue ce soit. Ce parait encore quelques-uns debout, tandis
n'est jias une église qui est en pi'ril ce n'en ; qu'il reste encore un vestige de ce qui fut au-
est pas deux ou trois qui sont exposées à trefois, et avant que les églises n éprouvent
cette furieuse tempête la peste de l'hérésie
: un naufrage complet, hâtez-vous, nos tres-
exerce ses ravages, peu s'en faut, des confins véritables irèpes, hàlez-vous et tendez la main
de riUyrie jusqu'à la Thébaïde. L'infâme à qui vous en sujiplie à genoux. Que vos en-
Arius en a jeté les funestes semences enra- ; trailles fraternelles s'émeuvent et vous fas-ent
cinées profondément [lar le grand nombre de ré|)andre sur nous les larmes de la commisd-
ceux qui depuis ont cultivé avec ardeur l'im- ration. Ne [lermettez pas que la moitié de l'a-
piété, elles i)rodnisent maintenant leurs fruits nivers soit absorbée par l'erreur; ne soulVrei
corru[iteurs. Les dogmes de la pii'tô sont abo- pas que la foi s'éteigne chez qui elle a com-
lis, les lois de l'Eglise confondues; l'ambition mencé à luire. Ce qu'il faut faire pour venir
de ceux qui ne craignent pas Dieu envahit les à notre secours, comment vous témoignerez
prélatures; la première place est le prix no- votre compassion pour des affligés, vous n'a-
toire de l'impiété qui profère les plus hor-
; vez aucun besoin de l'apprendre de nous ;
ribles blasphèmes est jugé le plus digne d'être l'Esprit-Saint lui-même vous l'inspirera. Mais
l'évèque d'un [leuple. La gravité sacerdotale en tout cas, pour sauver ce qui reste, faut-il
a péri il n'y en a plus qui paissent avec science
; de la célérité et la présence de plusieurs frères,
le troupeau du Seigneur; les ambitieux con- afin qu'arrivant ici, ils présentent la pléni-
sument à leur usage, et en fastueuses lar- tude d'un concile afin que. non-seulement
;

gesses, le bien des pauvres. L'exactitiufe des la majesté de ceux qui les envoient, mais en-
canons s'est évanouie; grande est hi bbertéde core leur nombre même, leur donne le poids
pécher. Car ceux ijui sont parvenus au gou- et l'autorité nécessaires pour redresser les
vernement par la faveur humaine, pour en choses, restaurer la foi de .Nicée. pri>s<rire
témoigner la reconnaissance, accordent aux l'hérésie, recommander la paix aux églises et
pécheurs toutci' cjui Imir phiil. Plus île ju>lict; réunir ceux qui ont les mêmes sentiments.
dans les jugements chacun niarche suivant ; Car ce qu'il y a de plus déplorable, c'est que
la volonté de son co'ur. La corruption est sans la portion même ipii parait encore saine est
bornes, les peu|»les sans lois, les chefs sans divisée d'avec elle-même. Et nous sommes
autorité car ils sont les esclaves de ceux qui
; menacés, ce semble, de calamités pareilles a
les ont rendus puis.-**nts. Déjà même la dé- celles qu'éprouva Jérusalem au siège de Ves-
fense de l'orlhodoxir est devenue, [)our quel- pasien. Pressés par la guerre au dehors, ils se
ques-uns, le jiréiexte d'une guerre les uns consumaient au dedans par des séditions. Eca-
contre les autres; cachant ib'S haines particu- lement chez nous, outre la guerre ouverte des
lières, ils font semblant dehair pour la vérité. hi-réiiques. il en est une autre entre ceux-là
D'autres, en prenant la fuite pour n'être pas mêmes ijui paraissent orthodoxes, îl qui a
convaincus des crimes les |dus honteux, exci- réduit les églises à |a dernière faiblesse. C'est
tent les peuples à des discordes inlp>lincs, pour cela, et pour cela principalement, que
afin de cacher à l'ombre des malheurs publics nous avons besoin de votre secours, atin que
ce qui les regarde. C'est donc une guerre im- ceux qui professent la foi apostolique meltcM

(I) BpM. xc — (1) nid., XOL


LIVRE TRENTE-CINQUIEME. 160

fin à leurs divisions et se soumettent désor- nous prends-tu? Pour rien, répondit Basile,
mais ,i autorité ae iLslise; er sorte que ic
1 tant que vous commandez ces choses. Modeste
corps mystique du Chri'*, .estauré dans tous reprit M.iis ne comptes-lu pour rien d'avoir
:

ses mcmlires, que nous ne


soit partait, et notre communion? Basile répondit: FI est
soyons, plus réduits, comme maintenant, à vrai, vous êtes des préfets et des personnes
louiT li: lionheur des autres, mais que nous illusti'es mais vous n'êtes pas plus à respecter
;

voyions encore nos propres églises reprendre que Dieu. C'est beaucoup d'avoir votre com-
"antique gloire de l'orthodoxie. En eflet, on munion, [luisque vous êtes ses créatures mais ;

ne peiil louer assez le bonheur que le Sei- c'est comme d'avoir celles des geus qui vous
gneur accorde à votre piété de discerner le obéissent car ce ne sou' pas les conditions,
;

faux du vrai, l'alliage de ce qui est pur, et de mais la foi qui caractérise les chrétiens. Le
prêcher la foi des Pères sans aui'une dissimu- préfet .Moileste se leva en cnlêre de son siège,
lation ni réticence ; cette foi, nous l'avons et ilit Quoi donc ! ne crains-tu piis ciue je ne
:

reçue, nous l'avons reconnue à ses caractères m'em[iorte, que tu ne ressentes (juebpi'un des
apostoliques, et nous y acquiesçons ainsi qu'à effets de ma puissance? Qu'est-elle? dit Basile,
tout ce qui a été canoniquement et légitime- faites-la moi connaître. Modeste répondit: La
ment réglé dans votre lettre synodale (1). » confiscation, l'exil, les touimeuts, la mort !
Ce tableau des églises d'Orient est triste; la Faites-moi. dit Basile, quelque autre menace,
réalité était peut être plus triste encore. Enllé si vous pouvez ; rien de tout cela ne me re-
de ses succès contre les Goths. Valens préten- g.irde. Comment! dit Modeste. Parce que,
dait faire de l'arianisme une loi pour tout répondit Basile, celui qui n'a rien est .i cou-
l'empire. Déjà il avait traversé la Bitliynie et vert de la confiscation si ce n'est que vous
;

la Galatie, où tout avait plié à son gré. Il vou- ayez besoin de ces haillons et de que'que peu
lut elfr.iyer d'avance Basile et le disposer à de livres qui sont toute ma vie. Je ne connais
céder. En l'auionni'Sïl, vers la fête du martyr point l'exil, n'étant circonscrit dans aucun
Eujisychius, qui attirait beaucoup de monde, lieu; car je ne regarde pas comme mien le
arrivèrent à. Césarée plusieurs ariens , afin pays que j'habite, et legarderai comme mien
d'épier les paroles et les démarches de l'ar- tout pays où je serai jeté où plutôt, je regarde
;.

chevêque, et trouver quelque prétexte pour tout pays comme à Dieu, de ([ui je suis l'hote
le faire exiler. Parmi eux était un évéque et le pèlerin. Que me feront les tourments,
nommé Evippius, vénérable par ses cheveux puisque je n'ai point de corps ? à moins que
blancs, renommé pour sa science et ancien ami vous ne parliez du premier corps car il n'y a ;

de Basile. Malgré tout cela, Basile refusa de que celui là qui soit en votre puissance. La
communiquer avec lui, et écrivit à son ami mort sera une grâce; puisqu'elle m'enverra
Grégoire de Nazianze de venir l'assister dans plus tôt à Dieu, pour qui je vis et travaille,
les combats qu'il avait à soutenir. Eu ellèt, et vers qui. plus qu'à demi mort, je cours de-
pour le gagner ou le vaincre, on lui envoya puis longtemps.
plusieurs [lersonnages de la cour, des juges, Le préfet, frappé de ce discours, dit Per- :

des généraux, des eunuques, en particulier sonne n'a encore parlé à Modesie avec autant
l'intendant des cuisines impériales, nommé d'audace Basile répondit
! Peut-être aussi
:

Uémustliène. Tout fut inutile Basile renvoya


: n'avez-vous jamais rencontré d'évêquc car, ;

le dernier au feu de ses cuisines. en pareille occasion, il vous aurait p.irlé de


Cependant l'empereur, devant venir à Cé- même. Eu tout le reste, nous sommes les plus
sarée, avait envoyé devant le préfet du pré- doux et les plus soumis de tous les hommes,
toire .Modesie, avec ordre d'obliger Basile de parce que cela nous est commandé. Nous ne
commuMi(picr avec les ariens ou de le chasser sommes pas fiers envers le moindre particu-
dr la ville, (/est cc même Modeste qui avait lier, bien loin de l'être avec une telle puis-
fuit briller eu mer les quatre-vingts dé[(Utés sance; mais quand il s'agit de Dieu, nous ne
du clergé de Constaiitinople. 11 fit donc amener regardons que lui seul. Le feu, les glaives, les
saint Basile devant son tribunal, ayant tout bi'tes, les ongles de fer sont nos délices. Ainsi
l'appareil de sa dignité, la plus grande de maltraitez-nous, menacez-mms usez de ,

l'empire des licteurs avec des faisceaux de


: votre puissance l'empereur doit savoir lui-
:

verges, les crieurs, les appariteurs. 11 l'appela même que vous ne l'emporterez pas. Le pré-
simplement par son nom, et lui dit Basile, : fet, voyant sainl Basile invincible, lui parla
que veux-fu dire, <le résister à une telle puis- plus honnêtement. Comptez pour .pielque
sance et d'être le se-il si téméraire ? A propos chose, dit-il, de voir l'empereur au milieu de
de quoi, répondit Basile, et quelle est cette votre peuple et au nombre de vos auditeurs.
témérité? Parce qui-, dit Modeste, tu n'es pas Il ne s'agit que d'ôler du symbole le mot de
de la religion de l'empereur, après que tous consubstaiitiel.Basile ré|ioudit Je compte :

les autres ont céilé. Basile répondit C'est que : pour un grand avantage de voir l'empereur
mon empereur ne le veut pas, et je ne [mis dans l'Egiisc! c'est toujours beaucoup de
:

mv résoudre à adorer une créature, moi cjui sauver une âme mais pour le syinbidc. loin
;

8ms créature de Dieu, et à qui il a comni indé d'en oler ou d'y ajouter, je ne soullrirais pas
d'être un dieu. Modeste lui dit Et pour qui
: même qu'on y "ciiangeùl l'ordre des parolea.

(1) B«*il. Kfiiii. xeu.


îTf) HISTOIHE UNIVDnsrLLR DR L'RnLISK CATHOLIQUB
Je vous donne, ajouta Modeste, lu nuit pnur y des discours de saint Ba-
lens fut si satisfait
penser. Basile répondit Je seriii demain tel : plus humain envers les
sile, qu'il en ili-viut

que je suis aujourd'hui (1). catîioliqnes. il doiina même de tiès-belles


Le préfet Modeste renvoya saint Basile et terres qu'il avait en ces quartiers-là, |)our
alla en diligence trouver l'empereur, ain|uel l'usage des pauvj-e-i lépreux. qui coutriliua O
il dit Seigneur, nous sommes vaincus par fet,
: ])arlic,ulièrement à l'adoucir, ce fut dâ voir le
évêijue il est au-dessus des
: menaces et des saint archevêque occupé à bâtir un j^rand
caresses il n'en faut rien attendre que par
; ho|)ital ou maison des pauvres dans un des fau-
force. L'empereur, admirant un si grand cou- bourgs de Césarée
rage, défciulit du lui faire aucune violence Mais, les ariens q(ii obsédaient l'empereur,
:

ne pouvant toutS/jis se résouiire à eralirasser reprirent bientôt le dessus. Ils lui persuadèrent
sa communion, il ne laissa pas de l'accepter de |)ressi'r de nouveau saint Basile d'entrer
extérieurement, en venant dans l'église. U dans leur communion, ou de le bannir, s'il le
y cuira donc le jour de l'Epiphanie, six jan- lefusait. 11 le refusa en effet, et tout était
vier 373, environné de tous ses gardes, et se ili'jà disposé pour le faire partir, lorsque Va-

mêla [lour la l'orme au peuple catiiolique. Ii'ntiniiMi Galate, lils unique et tout jeune de
(juanil il (iileiiilit le chant des psaumes, qu'il Valen-, fut saisi il'une lièvre .si violente qu'on
vit ce peuiile immense et l'ordre qui régnait commença à désespérei- de sa vie. La même
dans le sanctuaire et aux environs; les mi- nuit, l'impératrice iJominica, sa mère, fut
nistres sacrés, plus semhlaliles à des anges ini|uiélée par des songes elfroyahles et tour-
qu'à des hommes saint Basile devant l'autel,
;
mentée par des douleuis aii:ués. Elle rejiré-
le cor[)s immobile, le regard fixe, l'esprit uni senta à l'empereur que tous ces acciilcnts
à Dieu, comme s'il ne fut arrivé rien d'extra- étaient une punition divine. L'enfant était si
ordiiiaiie ceux qui l'envii'onnaient remplis
;
mal ([ue les médecins n'y trouvaient iioiut de
de ciainte et de respect ce fut pour lui un ;
remède on avait lecours au prières, et l'em-
:

spectacle si nouveau, que la tète lui tourna per(!ur, prosterné |iar terre, demandait à
et que la vue s'obscurcit. On ne s'en aperçut Dieu sa consei-vation. Enfin il envoya les
pas d'abord; mais (juand il fallut apfiorter à personnes qui lui étaient le- plus chères [)rier
la sainte table son offrande, qu'il avait faite saint IJasile de venir proinptement dès qu'il ;

lui-même, et voyant que personne ne la fut entré au palais, le mal de l'enfant dimi-
recevait, suivant la coutume, ])arce qu'on ne nua notablement on commença à bien espé- :

savait si saint Basile voudrait l'accciiter, il rer, et saint Basile promit cl'obtenir sa guéri-
chancela de telle sorte, que, si un des mi- s(m, pimrvu qu'(jn lui permit de l'instruire
nistres des autels ne lui eût tendu la main de la doctrine chrétienne. L'empereur accepta
pour le soutenir, il serait tombé honteuse- la condition. B;isile se mit en prières, l'en-
ment. fant fut guéri. .Mais ensuite Valens céda en-
Dans une occasion seublable, le pape Li- core aux ariens; et, se souvenan( du ser-
bère refusa les présents de Constanca Basile ment qu'il avait fait à son baptême entre
:

accepte l'olfrande de Valens. (^'cst que Cons- les mains d'Euiloxe, il leur permit de bap-
tance voulait corrompre Libère, tandis que tiser son lils qui retomba et mourut peu
Valens, déj.t radouci, ne voulait que donner après (2).
un témoignage public de sa vénération pour Ce coup arrêta pour un temps l'exil de
le saint archevêque de Césarée. saint Basile; mais il ne changea point la
Uue autre fois, l'emiiereur vint encore par- mauvaise volonté des ariens. Ils s'adressèrent
ticiper en quelque manière à l'assi-mblée des encore à Valens et lui représentèrent que
fidèles et, par ordre ou avec la [termission
; leur doctrine ne pouvait faire aucun progrès
de saint BasUe, il entra au dedans du tant ([ue cet homme serait en vie. C'était de-
voile de la diaconie ou sacristie, où il eut mander sa mort mais Valens se contenta île ;

avec lui un entretien assez long, comme il le donner Tordre de le bannir. On lui enapporta
souhaitait depuis longtemps. Saint Grégoire l'arrêt tout dressé pour le souscrire. Il prit
de Nazianze y était présent, et atteste que un de ces petits roseaux dont ou se servait
saint Basile y parla d'une manière divine, au alors mais le roseau se rompit, comme re-
;

jugement de ceux qui l'entendirent. A Ja fusant de servir à son iniipiilé. Il en prit un


suite de l'empereur était l'iutendant de ses second et jusqu'à un troisième, qui se rompi-
cuisines, Démosthène, qui, voulant faire quel- rent encore. Enfin, .s'obsiinanl à voidoir
que reproche à saint Basile, lit un barba- signer son arrêt impie, il sentit sa main s'agi-
risme. Comment, dit en souriant saint Basile, ter exlraordinairemenl, et, saisi de frayeur,
un Démosthène qui ne sait pas la grammaire! ùéchiia le papier, révoqua l'ordre et laissa
Démosthène. irrité, lui ht des menaces mais saint Basile eu paix. Le préfet .Modesie fut
;

le saint lui dit Mêlez- vous de bien apprêter


: vaincu d'une autre manière. Etant tombé
les viandes et les sauces, c'est là votre alfaire; malade quelque temps aj<rès, il pria saint
mais pour les choses de Dieu, vous avez les Basde do venir le voir et lui demanda le se-
oreilles trop bouchées pour les entendre. Va- cours de se» prières avec grande humilité. Il

(1) Greg. Nai. Orat. xl. — (2) Greg. Nax. Oral. xi. 8oi. 1. VI. c. XVI. Soc, 1. IV, c xxvii ThM«i.. l. IV.
• uxi But, L 3U, •. uu
LIVRE TRENTE-CINQUIÈME. Î7I

guérit en effet publia qu'il lui en avait l'obli- pluies etaux neiges en hiver, et à d'extrêmes
galiou et devint son ami (i). chaleurs en été. Toutefois on envoya des sol
Le Roiiverneur de la provinne du Pimt, dats pour les en chasser, et ils s'assemblèrent
iioinmf'' Eusobe, jnele de rimpi^mtrice Domi- au bprd de l'Oronte. Chassés aussi de l<à, ils
ni'-n, et arien comme elle, per-;('(uta saint s'as-endilêrent au champ des exercices mili-
Basile à l'opcasion d'une veuve illustre qu'un taires, d'où on les chassa ericore. Cependant
assesseur deee magistrat voulait épouser par Valens fit mc-tire à mort et tourmenter plu-
force. Elle se réfui;ia dans l'église, à la table sieurs d'entie eux par différents sui)[>lices,
saerée; le gouverneur la demanda et saint mais itrincipalement en les jetant dans
Basile refusa de la rendre. Le gouverm'ur, l'Oronte.
furieux, envoya de ses officiers chiTcber cotte Le palais d'.V.itioclie était sur le bord de ce
femme jus(pie dans la chambre du saint fleuve, et entre deux passait le grand chemin
evéqui>,pour lui faire affront, quoiqu'il fût si pour sortir à la cau)i)agne. Un jour ([ue l'em-
éloigné d'y recevoir, qu'ils n'eussent même pe.-eur iTgardait du haut de sa galerie', il vit
osé la regarder. Il fit plus il ordonna qu'on : un vieil'ard vêlud'uii méchant (iiaMtciu, ([ui
lui amenât saint Basile, pour se défendre se pressait de marclier malgré son grand âge.
devant lui comme un criminel. Etant d(uic On lui dit que c'était le moine Aphraate, pour
assis sur son Iribunal, et saint Basile debout, qui tout le peuple avait une vénération mer-
îl commanda qu'on lui arrachât le méchant veilleuse. Eu effet, il solitude
avait quitté- la
manteau (]u'il portait. Saint Basile dit Je : pour venii- au secours de qnoitjue
l'Eglise,
me diqu)uillerai même de ma tunique, si vous simple laïque, et alors il allait se rendre à la
%'oulez. Li: gouverneur commanda de le fra[)- place où s'assemblaient les catholiques. Où
per et de le déchirer avec les ongles de b;r. vas-tu, lui dit l'empereur'? Aphraate répon-
Saint Basile dit Si vous m'arrachez le foie
: dit Je vais prier pour la prospérité de votre
:

vous me ferez grand bien vous voyez com- ;


empire. Mais, reprit Valens, tu devais demeu-
bien il m'incommode. Cependant, le bruit de rer chez toi et prier en secret, suivant la règle
es qui se passait s'élant répandu dans la monastique. Aphraate répondit: Vousdites fort
Ville, tons accoururent pour tirer leur évèque bien, seigneur, je le devais, et j'ai continué de
du jiéril où il était, et vengei- l'injure qu'on le faire tant que les brebisdu Sauveur ont joui de
lui faisait. Ceux qui travaillaient dans les la paix; mais, dans les périls où elles sont, il
maïuifnclures d'armes et d'étotfes étaient les faut tenter tous les moyens de les sauver.
plus ardents et les plus hardis. Chacun s'ar- Dites-moi, Seigneur, si j'étais une fille en-
mait de quelque instrumeutde son métier, ou fermée dans la maison de mon père, et que je
de ce qu'il trouvait sous la main. Les femmes visse le feu y prendre, que devrais-je faire ?
prenaient pour armes leurs fuseaux. Ce Demeurer assise et la laisser brûler, ou plutôt
peuple, animé, cherchait le gouverneur pour sortir de chambre, courir et porter de
ma
le déchirer et le mettre en pièces, en sorte l'eau de tous côtés pour éteindre le feu'.^ C'est
que^ dans cette extrémité, il se vit réduit à ce que je fais maintenant. Vous avez mis le
faire le suppliant, à demander humblement feu à la maison de mon [lère, et nous courons
grâce, et ce fut Basile qui, par son autorité, pour Aphraate. L'em-
l'éteindre. Ainsi parla
iui sauva la vie (2). pereur se Mais un des eunuques de sa
tut.
Ce ([ue Valens et les ariens tentèrent en chambre dit des injures au saint vieilard du
Cappadoci', peut nous faire jugi-r de ce qu'ils haut de la galerie et le menaça de mort.
firent ailleurs, où ils ne rencontraient |ias Quelque tenips après, cet eunuque étant allé
les mêmes obslacles. A Antioche, saint .Mé- voir si le bain de l'empereur était assez chaud ,

lèce, c(Hnme le principal chef des catludiques, la tète lui touina id il se jeta dans la chau-
fut bannit pour la troisième fois, et envoyé dière de l'eau houillante; comme il était seul,
en Arménie, sa patrie. Il v demeura dans il y demeura et y iiéril. L'empereur envoya
une de ses terres, sur les confins de la Ca[)- un autre euuui[ue pour l'apiielcr, mais il re-
padoce, ce ipii facilita ses relations avec saint vint dire tju'il ne trouvait personne dans au-
Basile. Quant à Paulin, l'autre évèque ca- cune des chambres. Plusieurs y acioururent,
tholique d'Antioche, il fut épargné, soit à et, à force de ciiercher dans toutes les cuves,
cause de sa vertu, soit à cause de la petitesse à la fin ils trouvèrent ce misérable étendu
de son troupeau. .Mais celui de Mt-lece ne mort. Le bruit s'en répandit dans toute la
Testa pas ns conducteur
'
les piètres Fia- : ville, et tous louaient le Dieu d'.Vphraate.
Tien et Uiodore en prirent soin, les mêmes L'empereur, épouvaidé, n'osa l'envoyer en
çui, étant encore laïijnes, l'avaient souteim exil, c(unuie il lavait résolu, mais il ne
sous Constance l^es catholiques de cette laissa pas de persécuter les autres catholi-
tomraunion ayant ('dé chassés de leurs églises, ques. . • .

«'assemblaient au pied de la montagne voi- Saint Aidiraat.! était Perse de naissance e


.l'une fimibe illustre. S'étaut fait cliretien,
il
sine d'Antioche, où il y avait îles cavernes
dans lesquelles on disait ([ue saint Paul s'i-lait liuiltasou pays et vint à Ivles-i', cuil Seu-
ca( hé antnd'ois. 1^,1 ils chantaient les louanges lerma dans iiiie petite maison qu'd li-iuiva
de Dieu et écoutaient sa parole, exposés aux hors de la ville, cl y vécut dans les exe cicM

(1} Ttood., 1. IV, c. xtx ; Gre«. Nai. Oral, xx. — (2; Ibtd., xx
m HISTOIRE UNIVEKSELLE DE T.'I'GUSE CATHOLIQUE
de piété. P"^ là il passa à Antioclie, dus lors tant et en courant; ce qui fit assembl<;r tonl
agitée par hérétiques, c'est-à-dire sous
! -^
le |i' iiple di' la ville, et le champ des exercices
Constance, et s^ relira dans un monastère en fut ri'inpli en sorte que b-s hérélicjues
:

hors de la ville. 11 a[(|irit un peu de k'Cc, l't, furent chargés de confusiijn. .Saint Julien gué-
avec son langage demi-liarhurc, s'cxpliquant rit plusieurs autres malades qui l'attirèrent
à grand'peine , il ne laissait pas d'être jilus en le'irs maisons. enlreaulres le comte d'Orient,
persuasif que les sophistes les plus fi(!rs de puis il reprit le chemin de sa cellule.
leur rhétorique. Tout le monde courait à lui, î'a^'^ant par la ville de C\r, à rjeii.x journées
les magistrats, les artisans, les soldiits, les d'Antiociie, il s'arrêta dans l'i^glise d'un mar-
ignorants, les savants; les uns l'écoutaii-nt en tyr, où le^ catholiipje'^ dy 'jeu s'assemblèrent
silence, les aulres lui faisaient des questions. et prièrent Julien de le- délivrer du so|diisle
Nonobstant ce travail, il ne voulut jamais Astérius.que les héréticpies avaient fait évèque
avoir personne avec lui pour le servir, ni re- et envoyé chez îux pour séduire le- simules.
cevoir rien de ]iersonne, que du pain li'un de Pre:iez courage, dit le saint vieillard; priez
ses amis ; à quoi, dans son extrême vieillesse, Dieu avec nous, et joignez à la prière le jeune
il ajouta iju(d(jues herbes, et ne prenait sa et la mortification. sophi-te
Ils le lirenl. et le
nourriture ([u'avei; le soleil couché. Tel était Astérius, la veille de la fête où devait par- il

le grand Ai)lnaate, ([ui vint alors au secours ler, fut frajipi' d'une maladie qui ri-m|)i)rla
de la religion et fit ensuite plusieurs autres dans un jour. Tliéodoret, qui rapporle ces
miracles (I). merveilles, les avait apprises d'.\cace, évèque
Les hérétiques firent courir le Itruit que le de Hérée, disciple du saint (2).
grand .Julien avait embrassé Icurcommunion : Cependant la (lerséculion continua, mais
ce fameux solitaire di; l'Osioëne ([ui avait , avec moins de violence. Car comme Valens
connu par révélation la mort de Julien l'Apos- était à Antioche, il futharan^'ué par le philo-
tat. On le nommait Sibbas, c'est-à-dire, en sophe Tliémislius, qui, bien (|ue païen, l'adou-
syriaque, chenu ou vieillard. Dés qu'il eut été cit un peu envers les catholique». Il lui re-
informé de ce que les ariens disaient sur son présenta qu'il ne fallait pas s'étonner de la
compte, il prit le chemin d'Antiociie, renon- diversité de .sentiments qui étaient entre les
çant pour un temps à la solitude. Après avoir chrétiens, puisqu'elle était p"tile en compa-
marché deux ou trois jours dans le désert, il raison de la multitude et de la confusioD
arriva le soir à une bourgade, où une femme d'opinions qui régnaient chez les hellènes,
riche vint se jeter à ses pieds et le sup[)lier c'est-à-dire chez les païens, qui avaient plus
de loger chez elle avec sa sainte troupe. Il y de trois cents opinions diûèrentes (3). Valens
consentit, quoique de])uis plus de quarante se réduisit donc à bannir les ecclésiastiijues,
ans il n'eût point vu de femme. Pendant que au lieu de mourir. Ainsi la persécu-
les faire
celle-ci étaitoccupée à servir ses hôtes, comme tion s'adoucit, mais elle ne cessa pas. La plu-
ilétait nuit, un ijls unique qu'elle avait, âgé part de> églises étaient privées de leurs
de sept ans, tomba dans un puits. La mère pasteurs légitimes, et livrées àdes intrus héré-
l'ayant su, commanda à tous ses gens de se tiques. Saint Barsès, évèque d'Edesse, en Mé-
tenir en repos, couvrit le puits et continua de sopotamie, fut relégué d'abord dans l'ile
servir ses botes. Quand ils furent à table, le d".\rade en IMiénicie. .Mais Valens ayant ap-
saint vieillard dit qu'on ap[)clàt l'enfaut |iour pris i]ue les maladies qu'il guérissait par sa
recevoir sa bénédiction. La mère dit qu'il parole lui attiraient le-^ peuples en foule, il
était malade; mais le saint insista et pria l'envoya en Eiiyiite, à la ville d'O.vyrinque;
qu'on l'apportât. Elle déclara enfin l'accident. et comme sa réputation y attirail encore tout
Julien se leva de table et courut au puits. Il le monde, il l'envoya en Thébaïde,àune place
le fitdécouvrir et apporter de la lumière il ; nommée Philo, sur la frontière des Barbares.
vit l'enfant assis sur la surface de l'eau, qu'il Ede^se vit arriver un évèque arien de la
frappait de la main im se jouant. On attacha [lart de l'emiiereur, mais tout le peuple sor-
un homme à des cordes, on le di'sceiidit dans tait hors de la ville et s'assemblait dans la
le puits, et il retira l'enfant, ([ui aussitôt cou- campagne. N'aleus en fut lui-même témoin
rut aux pieds du saint vieillard, disart qu'il lorsqu'il vint à Edesse visiter l'église fameiiso
l'avait vu qui le soutenait tur leau. lie l'apôtre saint Thomas. Il en fut si irrité,
Quand il fut arrivé à Antioche, le peuple qu'il frappa de sa main le préfet .Modeste,
accourut de tous côtés pour le voir. L'igé au parce qu'il n'avait pas eu soin «remiiecher ces
pied de la montagne dont il a été jiarlé, il assemblées, et lui commanda de ramasser les
guérit un grand nombre de malades de toute soldats ipi'il avait sous ses ordres et ce qui se
espèce, et s'en alla à l'assemblée des catiio- trouverait de troupes, pour dissiper cette mul-
liques. Comme il passait devant la porte <lu titude. Modeste, quoique arien, fit secrelemeu:
palais, un mendiant qui se traînait sur son avertir les catholiques de ne point s'assembler
siège, n'ayant pas l'usaue de ses jambes, le lendemain au lieu où ils avaient accoutumé
étendit la main et toucha le manteau du <aiut de prier, parce qu'il avait or<lre de l'empereur
vieillard. Aussitôt il fut guéri, se leva en sau- de punir ceux qui s'y trouveraient. Il espérait

(t) Tbeod V, c. XXV et XXVI. — (î) Ibid., Phiiotk., c. a. — t3) Soc, I. IV, c. xxxii. Soi., 1. VI
C XXXVI<
MVRE TBENTE-CINQDlEME. t7S

par cette menace empèoher J'a'ssemblée et \nctoire.Valens en ayant reçu des plaintes, le?
apaiser l'empereur. Mais les fulèles d'Edesse fit séparer deux à deux, ayant
soin de ne pas
n'en furent que plus excités à se réunir; et, laisser ensembb' ceux qui étaient parents.
Les
dès le grand malin, ils se rendirent avec plus uns continuèrent de marcher eiiThrace, d'au-
de diligence qu'à l'ordinaire au lieu accou- tres furent envoyés aux extrcmilé? di>
l'Ara-
tumé, et le remplirent. Le préfet Modeste bie, d'autres dispersés dans les petites
villes
l'ayant appris, ne savait quel parti prendre. de Fhebaide. Euloge et Protogène furent en-
Toutefois, il marcha vers le lieu de l'assem- voyés à celle qui portait le nom d'Antinous.
blée, faisant avec sa suite un bruit extraordi- C'étaient lesdeux prcmii'rs du clergé d'Edesse
naire pour épouvanter le peuple. En passant qui avaient longteniji» nraliqué la vie monas^
dans la rille, il vit une pauvre femme, qui tique et fait de grands progrès dans la vertu.
sortait brusquement de sa maison, sans même Ils trouvèrent que l'éveque d'Antinoiis
éf^it
fermer la porte, tenant un enfant par la catholique, et assistèrent à ses assemblées.
main, et laissant traîner son manteau négli- Mais voyant qu'elles étaient peu nombreuses,
gemment, au lieu de se couvrir à la manière et que la plupart des habitants étaient païens,
du pays. Elle traversa la ûle des soldats qui ils s'appliquèrent à les convertir.
Euloge s'en-
marchaient devant le préfet et passa avec un ferma dans une cellule, où il priait'jour et
extrême empressement. Il la fit arrêter et lui nuit. Protogène, instruit oans les saintes lec-
demanda où elle allait si vile. Je me presse, tres et exercé à écrire en notes, ayant trouvé
dit-elle, d'arriverau champ où les catholit[ues un lieu commode, y établit une é'^ole, où il
sont a,ssemblés. Tu es donc la seule, dit Mo- montrait aux enfants cette manière d'écrire
deste, qui ne sait pas que le préfet y marche, et leur faisait apprendie les psaumes de Da-
et qu'il fera mourir tous ceux qu'il y trou- vid, ainsi que les passages du nouveau Testa-
vera ! Oui, répondit-elle, je l'ai ouï dire, et ment les plus convenabli's. Un do ces enfants
pour c.-la même que je me presse, cmi-
c'est étant tombé malide, Proto^'ène alla dans la
gnant de manquer l'occasion de soutfrir le maison, le prit par la main et le guérit par sa
martyre. Mais pourquoi mènes-tu cet enfant? prière. Les pères des autres enfants l'ayant
dit le préfet. Afin, dit-elle, qu'il ait part à la appris, le menaient dans leurs maisons et le
même gloire. Modeste, étonné du courage de priaient de secourir leurs malades mais il re- ;

cette femme, retourna au palais, et en ayant fusait de prier pour eux jusqu'à ce qu'ils
entretenu l'empereur, lui persuada d'aban- fussent baptisés, et le désir de la guérison les
donner une entreprise dont le snccès serait y faisait consentir. Si quelqu'un se convertis-
honteux ou malheureux (I). sait en santé, il le menait à Euloge, frappait
Valens résolut donc d'épargner le peuple, à sa porte et le priait de iui donner le baptême.
et ordonna au préfet Modeste de prendre les Euloge soyffrait avec peine (pi'on interrompît
prêtres et les diacres, et de leur persuader, sa prière; mais Protogène lui représentait que
ou de communiquer avec l'évéïiue arien, ou rien n'est préférable au salut des âmes. Tout
les chasser de la ville et les envoyer aux ex- ie monde s'étonnait de voir un homme qui
trémités de l'empire. Modeste, les ayant tous savait si bien instruire et qui faisait de tels
assemblés, essaya de les persuader, en disnnt: miracles, céder à un autre l'honneur d'ad-
Qu'il fallait être insensé pour vouloir résister nîiuistrer^ le baptême. On conchiait que la
à un si grand prince. Comme ils
demeuraient vertu d'Euloge était encore plus éminente.
tous en silence, le préfet s'adressa au prêtre Mais peut-être Protogène ne lui déférait-il que
Euloge, qui était leur chef, et lui demanda comme au plus ancien prêtre. C'est ainsi que
pourquoi il ne répondait point. Euloge dit : ces deux saints prolitêreut de leur exil (2).
Vous ne m'avez rien demandé. Toulcfois, Coaime il y avait beaucoup d'églises pri-
dit le préfet, il y a longtem|iS que je vous vées de pasteurs, saint Eusèbc de Samosate
parle. Eulogo dit Vous parliez à tout le
: parcourait la Syrie, la Phénicie et la Pales-
monde. Si vous m'inti'rrogez en particulier, tine, di'guisé en soldat; il ordonnait des prê-
je vous dirai ma pensée. Eli bien donc, dit le tres et des diacres, et d'autres clercs aux
préfet, communiquez avec l'empereur. Euloge églises qui en manquaient; et. quand il se
répondit : Est-ce que l'emiiereur a reçu le rencontrait avec des évèques catholiijues, il
«acerdoce avec l'empire'.' Le préfet, picpié de ordonnait même des évèques. Ce zèle le ren-
<rette réponse, reprit Je ne dis pas cela, im-
: dit insupportable aux ariens. On résolut donc
pertinent, je vous l'xliiirle à communicjuer de le bannir et de l'envoyer en Thrace. Celui
avec ceux avec qui l'emiurcur communique. iiui en apportait l'ordi-e arriva sur ie soir.
^fous avons un pasteur, dit Euloge, et nous Saint Eusejic lui dit Se faites point de bruit
.

euivons ses ordres. Alors le prélét les envoya et cachez le sujet de votre voya'.,'e car si le ;

en Thracc, au nombre de (|iiatre-vingts. peuple rapprend, il vous jettera dans le fleuve,


Les grands honneurs qu'ils reçurent pen- et on m'accusera de votre mort, .\yant ainsi
dant ce voyage excitèrent la jalousie de leurs parlé, il célébra ;\ l'ordinaire l'ollice du soir,
ennemis. Car les villes et les bourgades ve- l't, iiuand tout ie monde fut endormi, il sor-
oaient au-devant d'eux les féliciter de leur tit à pied avec celui de ses dumestiqucs au»-

(J)
Theod.,
«v,
1. IV, c, xii et xvi. Ruf., I. II c. v. Soc, I.IV, c. xviii. Sox., 1, VI, o. trui. - (2) TUtoOi
• c. xvri et xviu. ; Soj , 1. VI c. nxiu et xxxiv.
t. IV, M
m HISTOIRE UNIVËRSEfXE bfe L'finLtSE CATHOLIQUE
quel il se fiait le plus, cl (|ui le pnivail por- îintriîs piètre Antloelins, nevnu db saint
le
laul seulement un oreiller et un livre. Quand Euselie tt (Ils de son fierc. Mais tout cela
il l'ut arrivé au liord de l'iMipIiiale, ijui passe {l'-lrriva pas en même temps ; car Antinclnis
au pied des murailles de la ville, il entra dans fut iiuclque tem[»s avec son oncle, et saint
un halcai) et si; lit passer à Zeugina, autre pasile, lui écrivant, le félicite de ce que l'exil
ville à vingt-quatre lieues plus lias, sui- l'Ku- lui donne occasion de le pos«étli'i' pi il? en re-
piiratc. ^:,e jour venu, la tonsternation tut jios (pie lorsqu'il était occupé avec lui dtj gou-
p^rande à Samo-ate ; car le doinestii|ue avait vernement de l'Eglise (1).
dit aux amis de saint Kusrl)e les ordres ipTil l'ar l'i'xil de saint Eusébc de Siimosatc et
Kvait donnés louchant les personnes ijui de- saint Mi'lèce d'Antioclie, le fioiils des allairesj
vaient le suivre et les livres qu'il l'ullait lui bu plutôt des calamités ccclé-ia^tlqiies de
lioricr. Tous déplciaient la pcMte de leur pas- l'Orii^nt, retombait à peu prf-s tout cntisr-
teur; le ileuve lut liienloleouvcrt de barques, Sur saint Basile. Ces calamités, jointes à des
et, étant descendus à Zeugma où il était en- chagrins plus personnels, non-seulement
eore, ils le conjuraient en sou])irant et jetant empêchèrent le rétablissement de sa santé,
des torrents de larmes, ile ne pas les aban- habituellement déhile, ibais lui causèrent^
donner à la merci des loups, l'our répoi^-e, vers ;]73, une maladie très-grave. Le bruit se
il leur lut le passage de l'Apôtre, qui ordonne Répandit même ({u'il était mort, et les évo-
d'obéir aux [luissances. (Juaud ils virent ([u'ils ques de la province arrivèrent à (^èsaréeponi'
De pouvaient le persuader, ils lui idVrir" it, célébri.T ses funérailles et lui donner un suc-
pour les besoins d'un si grand voyage, de l'or, cesseur. Se trouvant mieux, ilprofita de l'oo-
de l'argent, des habits et des esclaves. Il se fcasion pour les conjurer de déplover plus de
contenta de très-peu de l'hose, qu'il reçut de ne point livrer les églises aux
zèle, aliti de
ses amis les j)liis particuliers, et il lortilia liéréti([ues. importante de Tarse,
L'église
si
tous les assistants [lar ses instructions et ses vacante par la mort de Silvain^ son évêque^
prières, les exhortant à eunil'attre pour la venait de tomber au pouvoir des ariens par
doctrine a[ioslidique. ICnsuile il prit le clie- la négligence des évêques catlioliciue? des
min du Danube pour aller au lieu de son environs. Présents, ils lui promirent tout; db-
exil. sent>, ils n'en faisaient rien. Ils lui étaient
Les ariens envoyèrent à Samosate, pour" bien unis de communion, mais le cœur n'y
remplir sa place, un homme doux et mo- était pas. Grégoire de Nazianze en assiirne
deste nommé Eunomius. Mais personne, de trois causes. Plusieurs ne s'accordaient avec
quelle condition que ce fût, ne venait avec lui lui sur la foi c[ue parce qu'ils y étaient for-
s'assembler dans 1 église; on le laissait seul cés par les peuples; en second lieu, ils se
sans vouloir lui parler ni même le voir. Un ressentaient encore du dépit que leur av.ill
jour, étant au bain, comme il vit que ses valets causé son élection entin, ce (ju'ils lui par-
;

en avaient fermé les portes et ipie plusieurs donnaient le moins, c'était de se voir éclip-
personnes attendaient dehors, il lit ouvrir et sés par sa renommée et par sa gloire {i). Il
invita tout le monde à venir libn-meut se bai- n'y eut pas jusqu'à son oncle paternel, in'tl-
gner. Mais voyant encore que ceux ([uiétaiiuit iuteur de son enfance et éVèque lui-même,
entrés s'arrêtaient, sans se mettre dans l'eau, (jui ne lui témoignât alors de réloiguement,
il les [iria d'y entrer avec lui et comme ils ; scandale auquel saint Basile Sût mettre lia
demeurèrent en silence, il crut que c'était par par son humilité (3). Grégoire?, depuis évê-
respect, et, [lour ne pas les contraindre, il se que de Nysse, propre frère de Basile, se con-
retira promptemenl. Alors ils tirent écouler duisit en cette occasion de manière d lui faire
l'eau dont il .s"(;tait lavé, comme infectée de de la peine.
son hérésie, et s'en firent donner d'autre. Ce La
division de la Cappadoce lui causa d'âti-
qu'Eunomius ayant apiiris. il quitta la ville, Iresdésagréments, il s'y opposa autant qu'il
'ugeaiit qu'il y avait de latolie à y demeurer put pour l'intérêt de sa ville de Cé*arée, qtJi
avec une telle aversion des habitants. .\ sa en devait diminuer notablement. .Mai? «a ré-
Eiace les ariens envoyèrent un nommé Lucius, Cappadoce fut parta-
sistance fut inutile; la
ardi et violent. <;omme il passait dans la cée en deux provinces: la première, dont
rue. une balle que les enfants se jetaient en Césaréc di-meura métropole; la seconde, dont
jouant, passa entre les jambes de l'âne sur là capitale fut Tyane. .aussitôt Anthime, é va-
lequel il était monté. Aussitôt les enfants que «le Tyace, prétendit que le gouvernement
poussèrent un grand cri pensant que leur ccclési.asiiiiue devait suivre celte division faite
balle (Hait maudite. Lucius s'en aju-ri^ul et parle jjiniverncraent civil; quclesévéques delà
commanda à un de ses gens de voir ce qu'ils seconde Cap[)adoce devaient le rec.innallre
feraient. Ces eidants allumèrent un feu et fi- pour itivtroinili tain, et que Basile n'avait plus
rent passer leur lialle au travers, pour la pu- dêjiiriillctioti sur eux. Saint Basile voulait con-
rifier. Telle était l'aversion du peuple pi>ur server les anciens usages et la division des
Lucius. 11 n'en fut pas touché au contraire, ; province qu'il avait rc(;ue de ses |>ères. Le
il lit reléguer plusieurs ecclésiastiques, entre libllvcâu rtlélropulitain troublait les coucileâ,

(!) Tliëod., 1. iV. c. xiii, iiv, i*. ; BââU., Epùi. clivui. — m Qreg. Nil. Oral, xx p. J5». — (») Bt«d.
Epist. uni, ux, Lx.
LIVRE TRBNTE-CINQUIÊMB. 375
attirant an sien une partie des évoques, qui '.'aller à Sasime, saint Basile lui fit des re-
agissaient, à l'égarfl do saint Basile, comme [iroches de sa nèsligence. « Ma pl'as grande
s'ils ne l'eussent jamais connu. Attihimo ga- allaire, lui répondit saint Grégoire, est de
gnait par ses [lersuasions une pailio dos prê- n'en avoir point c'est ma gloire et si tout
:
;

tres, et changeait les autres. Comme il n'a- le monde faisait comme moi, l'Eglise n'aurait
vait pas moins d'avarice que d'ambition, il point d'ad'aires.)) 11 ne laissa pas dese mettre
pillait autant qu'il [louvait les reveinis de en devoir d'entrer en possession, mais An-
l'église de Césarce, surtout ceux qui veniiient thime s'y opposa, et, se saisissant des ma-
de l'église de Saint-Orcste, clans le mont Tau- rais de Sasime, il se moijua des menaces dont
rus, et qui, pour arri\er à Césarée, passaient Grégoire voulut user contre lui. La dispute
par-Tyane. Une fois, s'élant saisi d'un pas- entre saint Basile et Anthime cessa par la
sage étroit, avec une troupe de brigands, il multiplication des évèchés on en mit dan?
;

arrêta saint Basile qui passait et lui prit ses chaque ville, apparemment pour conserver a
mulets. Pour donner un prélexlc à ses vio- la mètiopolt; de Césarée autant d'évèchés que
lences, il accusait le saint d'errer dans la foi, saint Basile en avait eédés à celle de Tyanc,
et disait qu'il iie fallait pas payer le tribut et ce tempérament fut très-avantageux pour
aux hérétiques. Il se mo(iuait encore de son l'instruction des peuples. On voit cependant,
exaclitude à oiiserver les canons, et ordonna, par les souscriptions du second concile œcu-
pour évèque d'une église d'Arménie un , ménique, tenu en .S8I, que la Cappadoce
u inmi' Fauste, que saint Basile avait refusé était encore comptée pour une seule pro-
eoiumc inilii^ne de l'épiscopat. vince.
Loin de w
déiourager parla conduite d'An- Une autre peine encore plus sensible au
thiino, saint Basile en profita pour l'utilité eœur de Basile fut la rupture d'Eustathe de
de l'iv^li-e, en créant dans le pays plusieurs Sébaste. Le saint était lié d'amitié avec lui
nouveaux évfchés. 11 eu mit un à Sasime, pe- depuis longtemps, le regardant comme un
tite bourgade au milieu du grand chemin qui homme d'une piété singulière. Depuis son
traversait la Cappadoce et aux contins des épiscopat, il reçut auprès de lui plusieurs per-
deux hoHvcUes [irovinces, et il y destina «aint sonnes de la part d'Eustathe, pour travailler
Grégoire de Nazianze. Lui, qui craignait l'é- avec lui. Dans la réalité, c'étaient des espions
piscopal, refusa d'abord et rejeta bien loin plutôt; qu'autre chose. Cependant Eustathe,
celte proposition, alléguant l'incommodité du par ses variations dans la foi, s'était rendn
lieu, qui n'était qu'uu passage habité par des suspect à plusieurs catholiques, principale-
gens ramassés de toutes parts, plein debrUit et ment à son métropolitain, héodote de Nico-
'I

de misère, sans eau, sans verdure, sans agré- pc/lip, capitale de la petite Arménie, où
ment, où il aurait conliimellement à livrer Sébaste était située. 11 ne voulait nliis commu-
des combats contre Antliime. Il faut, disait-il, niquer avec Eustathe ; mais saint Basile ne
pour une telle vie, une vertu plus grande (jue pouvait se résoudre à l'abandonner, étant
la mienne juiis, se servant de toute la li-
;
persuadé de son innocence, princi|)alemeni
berté; ijue faniitié donne, il reprochait à saint depuis qu'il avait lait [irofession de la loi de
Ba-^ile de l'avoir trompé, en l'exhortant à la Nicée à Rome et à Tyaue. Tliéodote ayant
retiaite, [lour l'engui^'er dans les all'aires. appelé saint Basile à un concile qu'il devait
La plupart touches des plaintes de saint tenir, saint Basile crut que la charit(' l'obli-
GréLfoire, blâmaient avec lui la (conduite de geait à s'y trouver; et, comme Sébaste était
saint Basile; mais il n'en fut point ébranlé sur son chemin, il voulut, en passant, con-
et demeura ferme dans sa résolution. 11 rap- férer avec Eustatlie II lui proposa les chefs
portait tout au bien spirituel, et ne considé- sur lesquels Thé<Jdote l'accusait d'hérésie, et
rait point les intérêts de l'amitié quand il le pria de lui dire nettement sa créance. Car,
s'aLçissait du service de Dieu. La haute idée disait-il, je veux demeurer dans votre commu-
qu'il avait de ré[iisco|iat l'empêchait de re- nion, si vous suivez la loi de l'Eglise sinon :

garder aucun siège comme trop petit; il con- je suis obligé de me séparer de vous. Ils
naissait l'humilité de son ami et ne craiunait eurent sur ce sujet un long entretien (pie la
(pas de la mettre à de trop fortes épreuves. nuit interrompit sans ([u'ils eussent rien con-
Son père même agissait de concert avec s;iint clu. Ils reprireid la conversation le lendemain
Basile poui lui faire accepter l'évéché de Sa- matin, en présence d'un prêtre de Sébaste,
sime. 11 reçut donc l'cu-diualion, soumet- qui s'opposait fortement à saint Basile mais ;

tant, comme il dit, plutôt la létH que son enlin ils convinrent do tout, et, vers l'heure
cojur, et il promniça en cette occasion, sui- de none, ils se levèrent pour prier ensemble et
vant la coutume, un petit discours où il traite rendre grâces à Dieu. Saint Uasile voyait bien
de tyrainiie la violence qu'on lid a faite, et (pi'il fallait encore tirer d'Euslatlie une con-
avoue sincènjment le ressent iiU(wit (ju'il a eu fession de foi par écrit mais il votdait, pour
;

coidre Habile; mais il conilatnne ses premiers plus grande sûreté, la concerter .<vec 'l'hi'o-
Houvemenls et dé'elaro qu'il est sincèrement dole et en lecevoir de lui la formule, (iepen-
avec lui (I).
lécoticilif! dant, Tliéodote ayant appris (pie saint lî.isile
Cependant, comme il no se pressait point avait été voir Eustathe, sans s'iul'oimer d'au-

(1) Greg. Nuz. |0/o(. ix, 5-7. —(2) Vila S. Basil c. xxui et xxiv, t. lll, èdit. Bcued.
276 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATHOLIQUE

tre chose, ne jugea plus à propos île l'iippelnr avec Tlii'ùdole, et que nous avons encore. PJl©
à son concile; de sorte que suint Bu^ile lui tend ]iriiicipalemeiit à établir l'autorilc on
obli^^é fie s'en retourner, après avoir l'ait lu .symbole de NijéC; qui y est rapporte tout au
moitié (lu chemin, bien allhj:,'é il'avoir pris tant hmg Klle expli(pie comment il n'admet en
(le peine inutilement pour la paix des (l'-^lises. Dieu qu'une essence, conii2 les ariens, et plu-
Uu(^hjue terap^ ajirès il vint à GC-tasc, sieurs hyposlases, contre les sabelliens. Elle
terre appartenant à saint Mélc-ee, (jui y était prononce analheme contre ceux qui faisaient
alois. l'héoilute y était aussi et comme il se
;
du Saint-Esprit une créature. .Marcel d .\n-
plaignait de la liaison de saint Basile avec cyre y est nommément condamné, mais pour
Kusiathe. saint Basile ex|)liipia le succès de la avoir confondu substance et hypo-L'ise. i'^
risite lui avait rendue, et comme il
(pi'il n'est, au fond, qu'un maleniendii. (^ir,
l'avaittronvc cMlièrcmeiit d'accord avec lui comme l'avait bien ri^mariiui; saint .\tlianase
sur la foi; mais, dit Hiéodote, il y a ren(jncé et le concile d'Alexandrie, ceux des cailio-
nssur(''m('nt sitôt ([uc vous avez été parti. 11 lique-i qui disaient qu'en Dieu il n'y a (|u'une

n'es! point capable, dit saint Basile, d'une hypostase entendaient une substance; et ceux
telle lui (jui déteste le moindre
(luidicité, qui (lisaient trois liypostases, entendaient Iroi.s
mensonge mais pour vous eu assurer, pré-
;
personnes. Eustathe souscrivit à cette proies-
sentons-lui un écrit où la foi soit clairement sion de foi en ces termes « Moi Eustathe,
:

exi)rim('e s'il le refuse, je me séparerai de sa


:
évèque, je vous ai lu et notilii' ceci, à vous Ba-
communion. Saint Mélèce approuva la propcj- sile; je l'ai approuve et j'y ai ;ouscrit en pré-
sition Théodote même y consentit, et pria
:
sence de notre frère Fronton, du choréve(jue
saint Basile de venir visiter son église de Séver(ï et de quelques autres clercs {'2). •
Nicopolis, promettant de l'accompagner en- Saint Basile, ayant celte souscription, indi-
suite en Arménie. 11 le laissa à Gétase sur cette qua un concile des évèques du pays, c'est-à-
parole. Mais (juaiid saint Basile fut arrivé à dire (le Cappadoc.e et d'Arménie, pour établir
Nicopolis, Théodote ne voulut pas même l'ad- entre eux une union solide. Eustathe promit
mettre aux prières du matin et du soir, sans de s'y trouver et d'y amener ses disciples. Le
en donner d'autre raison, sinon qu'il avait temps et le lieu étaient marqués ; le lieu
communiqué avec Eustathe. appartenait à saint Basile, qui s'y rendit le
Saint Basile porta patiemment cet allront, premier pour recevoir ceux du voisinage, ••.l
etne s'en jirit qu'à ses péelnîs. Il ne laissa pas envoya des courriers .i ceux qui tardaient.
de continuer son chemin de Nicopolis à Satale Cependant personne ne venait du côte d'Eus-
en Arménie. Car il était chargé, avec Théo tathe ; et ceux que saint Basile y envoya, rap-
dote, d'établir des évèques dans cette pro- portèrent qu'il^ avaient trouve ses pai tisans
vince. L'empereur entrait dans cette aÛ'aire, alarmés, murmurant de ce qu'on leur avait
et le comte de Térence, qui était chrétien et proposé une toi nouvelle, et protestant d'em-
fort estimé de saint Basile, la lui avait recom- pêcher Eustathe d'aller au concile. Enfin,
mandée. Le mauvais procédé de Théodote la après avoir été longtemps attendu, il envoya
ren4ait plus difficile; car il avait dans son un homme avec une lettre d'excuse, sans
diïfcèse des hommes pieux, habiles, instruits aucune mention de tout ce qui s'était passé.
de la langue et des mœurs de la nation. Saint Les prélats qui étaient accourus avec joie
Basile ne laissa pas de l'entreprendre seul. 11 auprès de saint Basile, dans l'espérance d'une
pacifia les évcquos d'Arménie, les e.vhortant à bonne paix, furent obligés de se séparer con-
sortir de l'inditTércnce pernicieuse où ils fus et affligés. Ainsi il reconnut enfin l'hypo-
vivaient, «t leur donna des règles pour y crisie d'Eustatlie, et que ceux qui l'en avaient
reméiiicr. L'église de Satale était vacante averti depuis si longtemps, le connaissaient
depuis l'an ;)ti('. Tout le peuple et les magis- mieux (pie lui; il prit le parti de s'en humi-
tratsayant demandé par un décret public ua lierprofondément.
évèque à saint Basile, il leur en donna un Ce (pii obligea Eustathe à lever le masque,
nommé Peménius. (.'/était un de ses paients, c'est (ju'il craignit que la communion de samt
dont il se servait utilement pour le gouvi-rne- Basile et la (irofcssion de foi (lu'il avait .-«lignée
meutde son de Cesarée, et (pu lui était
égli.^e ne lui nui-i^sent auprès d'Èuzoius, evéque
très-cher, ainsi qu à tout sou peuple mais il ; arien d'Antiochc, et à la cour; car il réglait
s'en priva j>our cette église, a laquelle il le sa foi sur son intérêt et s'accommodait au
cjut nécessaire (1). temps. Il commeni^ji donc à déclamer contre
Cependant voyait que la foi d'Euslathc de
il saint Basile dans les assemblées publiques, et
Sébaste était toujours ^us;lecte aux autres, à l'accuser d'erreurs dans la doctrine, l'eu de
quoique pour lui il ne s'en déliai point encore; temps ai>rès, il al. a eu Cilicie et donna à un
qui! les so .p(jous s'étendaient sur lui-memc, certain Gelase une profession de fui tout
8l que, qnel(|uc soin qu'il prit pour >'en Jus- arienne. Etant de retour, il écrivit à saint
tifier, c'était toujours a recommencer. Voyant Basile qu'il renouerait à «a comm>iuion. l'en
donc cela, et se trouvant encore à Nicopolis, dant trois années entières, il ne ce-*.-<a ifinvec-
il se chargea de porter à Lu>latlie une profes- tivcr contre son ancien ami t protecteur, qui
<

liao de foi par écrit, qu'il dressa de concert garda un douloureux sUence (3).

ir Basil. Episl xcix. —2. Ibid.- cxxv. - (3 Ibid.. ccx:jv.


LIVRE TRENTE-CINQUIÈME. m
Cependant saint Basile était lui-même sus- Interrogez vos pères : ils vous diront que,
pect à plusieurs évèques, précisément à cause quehpie éloignées que fussent les éiflises par
tt'Eustathe, avec lequel il n'avait pas encore la situation (les lieux, elles étaient unies pour
rompu ouvertement. Les évéques maritimes, les scntimentset gouvernées parle mémeespriti
que l'on croit être ceux de la province du Pout, les peuples se visitaient continuellement, le
étant refroidis à son égard, furent assez long- clergé voyageait sans cesse; la charité réci-
temps sans lui écrire; mais il les prévint par pro([ue des pasteurs était si abondante, qu«
une lettre qui est un modèle d'humilité et de chacun regardait son confrère comme son
charité. Il s'excuse d'abord de n'avoir point maître et sou guide dans les choses do
été les voir, sur sa mauvaise santé, le soin des Dieu (f>). ..

églises et la persécution dont ceux à qui il N'ayant pas même reçu une réponse à cette
écrit étaient exempts. Il dit qu'il eût été con- premi'Me leltre, il leur en écrivit une seconde
venable à leur charité de lui écrire, pour le plus véhémente, pour réfut(;r les vains pré-
consoler, ou le corriger, s'il a manqué. Il textes de leur éloigneraent. « On nous accuse,
offre de se justifier, pourvu ([ue ce soit en dit-il, d'avoir des hommes qui s'exercent à la
présence de ses adversaires. « Si nous sommes piét('' après avoir renoncé au monde. En vérité,

convaincus, dit-il, nous reconnaîtrons notre je donnerais ma vie entière pour être coupable
faute vous serez excusables devant le Sei-
; d'un tel crime. J'apprends qu'en Egypte il y a
gneur de vous être retirés de notre commu- des hommes de cette vertu il yenaqueli]ues- ;

nion, et ceux qui nous auront convaincus uns en Paliistine, on dit qu'il y en a en Méso-
recevront la récompense d'avoir publié notre potamie nous ne sommes qu(! des enfants en
:

malice cachée. Si vous nous condamnez sans comparaison de ces hommes parfaits. S'il y a
nous avoir convaincus, tout ce que nous y des femmes qui se conforment à l'Evangile,
perdrons sera votre amitié, qui véritablement préférant la virginité au mariage, elles sont
est le plus précieux de tous nos biens. » En- heureuses, en (pielque endroit du moncie
suite, pour montrer la nécessité de conserver qu'elles soient; chez nous, il n'y a que de petits
l'union, il dit n Nous sommes les enfants de
: commencements de ces vertus. » On accusait
ceux qui ont établi pour loi que, par de petits aussi saint Basile d'avoir introduit la psalmo-
caractères, les signes de communion passent die et une forme de prières diftercnte de l'u-
d'une extrémité de la terre à l'autre. » Il sage de Néocésarée. A quoi il répond que la
parle des lettres fermées ou ecclésiastiques. Il pratique de son église est conforme à toutes
propose ensuite une conférence ou chez eux les autres, o Chez nous, dit-il, le peuple se
ou en Cappadoce, pour traiter toutes choses lève la nuit pour aller à l'église, et, après s'être
«haritablement, et dit qu'encore qu'il écrive confessé à Dieu avec larmes, il se lève de la
seul, c'est de l'avis de tous les frères de Cap- prière et s'assied ponr la psalmodie étant ;

padoce (1). divisés en deux, ils se répondent l'un à l'autre


11 eut encore à se déff'udre des calomnies pour se soulager ; ensuite, un seul commence
qui se répandaient contre lui dans Néocésarée, le chant et répondent. Ayant
les autres lui
sa patrie. « Si mes péchés ne sont pas sans ainsi passé la nuiten psalmodiant diversement
remède, suivez, dit-il, h' préieple de l'Apôtre, et en priant de temps en temps, quand le jour
oui dit Reprenez, blàim'z. cunsolez; si mon
: est venu, ils oôrent à Dieu, tout d'une voix,
mal est incurable, qu'on le rende public pour le psaume de la confession. Si vous nous fuyez
en préserver les églises. Il y a des évèques, pour cela, fuyez aussi les Egyptiens, ceux des
qu'on les appelle (lour en connaître; il y a un deux Libyes,'de la Thèbaïde, de la Palestine,
clergé en chaque église, ([u'on assemble les les Arabes, les Phéniciens, les Syriens, ceux
plus considérables. Y parle hardiment qui qui habitent vers l'Ëuphrale en un mot, tous ;

voudra, pourvu que ce soit un examen juri- ceux (pii estiment les veilles, les prières de la
dique et non pas un combat d'injures. Si ma Dsalmodieeii commun (3). »
faute regarde la foi, iju'on me montre l'écrit L'aversion d'une partie de Néocésarée pour
et q'i'on examine sans prévention si ce n'est saint Basile alla hi h)\n, qu'ayant appris qu'il
point l'ignorance de l'accusateur qui le l'ait était arrivé dans le voisinage, en la maison de
paraître criminel. » Pour jucuve de la pureté campa-ne où il avait été élevé pendant sa jeu-
de sa foi, il marciue la multitude des i'i;lises nesse, et qui était haliiti-c alors par saint
avec lesqu(!llc!s il elail uni de communion : Pierre, son frère, <lepuis évèque di". Sébaste,
celles de Pisidie, de Lycaonie, d'Isaurie, de sainte Macrine, sa sœur, et plusieurs solitaires
l'une et de l'iiulio Phry;;i(;, de l'ArTiénie cité- et vierges, ils s'imaginèrent (lu'il voulait venir
rieure, de Maci-iloine, d'.Vcli.iie, d'illyrie, de dans leur ville |)our poursuivre ses calomnia-
Gaule, d'Espagne, de toute l'Italie, de Sicile, teurs et s'y attirer les applaudissements et les
d'Alrique, de ce; ([ui restait (h; callioli([ues en louan|j,cs du peuple. Bientôt toute la ville fut
Egypte et en Syrie. K-^achez donc, ajoute- en rumeur ses adversaires s'enfuirent sans
;

t-il, que quiconque fuit notn; communion se que personne les poursuivit, et l'on lit venir à
sépare de toute l'Eglise, et ne me rédui-ezpas prix d'argent des conteurs de fables et des
à la nécessité de prendre une résolution fâ- rêveurs, qui, contrefaisant les prophètes, assu-
cheuse contre une église (jui m'i^st si chère. raient avec serinent, sur les iumgiualioiu

(I) Bttil., Eput. oclii. — (2) ll'id., cciv. — (3) Ibirl., ccvii.
^18 iiisToinr. rNivEusi;:».!.!-: ni', i. itdi.isi.: catholique
qu'ils en avaient eiifs en boni^e c-l cpii <'lnif;nl dans la même faute tii). l'.ct tnAniu ehor<!'v>-
causi'cs par lus riiin''es(lii vin, t\\u: ilasili; avait ipies, Miuianl s'allin-T (onle l'aiilorili;. ne se
uno ilorli'ine liiiMi daiif;i'ri"iisc el un |i()isi)n souciai(.'nl ]ilus d'avertir l'itieiiiiu de U promo-
cajKildc lie tuer lésâmes. Ue wirle (|iie le saint tiiui des clercs, et |i(!rinetlaient aux pic|i(;set
était ai'cabh' d'injures dans celte ville, cl lo aux diacres il'adnndtre dau:>le ininicieM! ceux
sujet (irdinaire (l(i la raillerie dans les festins i|u'ilsvoulaient. Ceux-ci y ailinelluiunt leurs
i)u))lies, iusi(ue-là qu'on ne eniipiait |>as do parents et leuis amis sans un faire :iiu:un oiu-
l'appeler un fou et un insensé. Saint Basile meu, el par là remplissaient l'I'ikdisn de sujets
éerivil une li'oisiènic lellre adressée unxprin- indignes. Il y en avait mèiufi lieai|c()U|( ipii
eipaux de Néoeésari'e. Il leiu" lait voir ipio enlraient dans le clergé piiuv ('clujpper au
ceux <|ui l'ont calomnié dans leur ville n'en service militaire, en sorte i|un l'ofi ci>in|itait
ont a^i lie la Sorte ipie pour mieux cacher un grand nombre de clercs d^ins cliH(|ue vil-
leurs erreurs; (pic ces errcMirs sont celles de lage. Toutefois, (pi.'iud il faliuil (|ui' li"- cliurn-
Sahellius; que een'eslciu'un.juilaïsnicdi'Kuisé, vè(]ucs en nommassent pour le niini>lére des
cpii,en eu.-eii;nant (pie le l'ère, le Fils et lo autels, c'est-à-dire pour èl ri; ordonné'^ diacres
Saint -issjiiil ne sont ([lie la nn-me cliose sous ou prélrcs, ils l'-laienl conliainli <l'uv(»uer
dillercnts noms, aneantil la préexistence du qu'ils n'en trouvaienl point ipii en lursenl
Veriic, l'iniariialion du Tils, sa descente aux (lignes. I*oui' reini'tdier ii cet abus, ^uiidlSu-ile
enl'iu's, sa résurreclion, le Juij:fment, et nie renouvel.i les canons de- otdonnit
l'ercb. et
aussi, jtar i'(nisé(pienl, les opéralions person- (|ue les cb(ir(''vé(puis lui fourniraient le culu-
nelles du Sainl-i'^pril. Hasile recoiniait avec logue des ndidstri.'s de cbi<(|ue villaite, iju'iU
douienr et confusion (pie, parmi ces faux doc- en garderaient un semblable, utin qu'on |iiit
teurs, il y avait do ses parents. On voit dans les confronter, ri iju'il ne serait permis désor-
cell(> lettre pour(pioi le saint, non content (jne mais À pcr.sonnc de s'y inscrire à son gré- il
l'on (lit trois |iers()nnes, voulait encore que l'on déclara, de jjIus, (]ue l'on remettrait au rauR
dit trois liypostascs : cs'est tjuc li!s saholliens des liiï(|ues ceux ipii auraient é|é udiiii" |>ar
reconnaissent en Dieu trois personnes nu iier- les prèlres qu'on iesoxaminerail de nouveau,
;

sonnages, dansée sens que le luéiue Dieu avait et <iue cens tjiii seraient jugtis dimics seraient
fait successivement les personnages de l'ère, de retjus par les choM!vé(pies, mais après lui c»
Fils et deSainl-Kspril mais ils ne vinilaient
: avoir lUmné avis {\). L'no aulrc fois, ayant
pas reconnaitrc trois liypostases, trois per- apj)ris par un cliorevéi|ue (ju'ini piètre de la
sonnes n'ellemeni subsistantes (I). cam|)agiie nommé l'ariigoire. âgé desoixanls
Malgré cela, le clergé de saint lîasile jouis- el dix ans, cl (pu gouvernait un peuple tort
sait d'une grande renommée. On le voit |>ar ce nombreux, avait cli(!zlni une lille, c'esl-â-iliro
qui suit. Innocent était évèipie d'une ville un(> de ces vierges avaient voué leur virni-
(|ui
gran(ie et célélirc!, assez éloigU('e de Césarée, nité, il lui ordonna de s'en séparer et de la
mais dans l'Orient cl exposée aux tenqiètes mettre hors de sa maison, lui interdisant
qui s'élevaient continuelleuu'nt dans l'Kglise. toutes ses fondions jusipi'à ce (ju'il eût obéi
j

Son grand âge le fil penser à se donner un non (pi'il soup(;onnàt du dé-ordre ijans ce
suceesscur, et il s'adressa pour cet ell'etàsaint vieillard, mais à cause duscan(Udeet du riiau-
Basile, lui protestant (ju'il serait son accusateur vais exemple ipic cela donnerait aux au-
devant Dieu s'il négligeait di! rendre ce ser- tres (.'i).

vice à riCglise. Mais, comme celui ([u'Innoeent La patience de saint Basile fut itcrore plu$
lui avuil demandi; était jeune et iju'il n'avait exiu'cée par un certain lîlycérius. |l était moine
pas toutes les ipialités nécessaires noui' soute- de piofessi(Ui diacre de l'é^jUs'; de Vencuse.
el
nir poids d'un grand diiicèse, il lui oli're,
le Le saint ordonne dans l'inlenlion ipi'il
l'avait
connue le plus digne de ses prêtres, un autre aiderait au prêtre à pourvoir aux besoins di!
qui l't'tait depuis plusieurs années: de UKVMO'S celle éi;lisc car il avait du tuienl pour le:'
;

solides, savant dans les canons, exact dans la ouvrages des mains. Gly(eriu> n'îgliij'ea le
foi, vivant dans lesexercicesde la vie asceti(pie miiMstere (pi 'on lui avait coiilié. et, de sa
8t ayant le corps consumé d'ansterites, pauvre propre autorité, il rassembla une lroiii>e de
et sans aucun l)ien en ce nKuule ; eu sorte (jij'il vierges, les unes de gré, b;s autres de imce,
n'avait pas de pain, s'il ne le. gagnait par le et se mil à leur tète, [ireiiant le lilre et rii.ibit
travail de ses mains, cooinie les frères qui lie patriarche. S'étaiil procuré parcelle indus-
étaient avec lui ('J). trie de (pioi vivr(\ il se nio.|iia du preirc. dq
l'.epeudant il ne faut pas s'imaginer que li)ut c||orévé(pie, île saint Basile même, et ailiiina
fût parfait. IMusicurs chorevé(pu\s faisaient la sediliou dans la ville el parmi le !i '. < i

des ordinations à prix d'argent, eroyanl en Saint Basile et le chorevéque »

«ela ne pas pécher, parce (ju'ils ne recevaient ramener à son dev(dr en le n,,.
l'argen) qu après l'ordination faite. Saisit douceur de ses égarements. Mais (
Ikisile s'()i)posa forlemeid à cet abus, au coni- leur correction, (dycérius, accomp.iiiic •

mencenient i» S(Ui épiscopat il écrivit pour ; sieurs jeunes hommes, enleva aiilitiit nn'.l t ,

rn faire connaître Icnijl, et menai;a(rcloigin>r il(î vierges, el s'cn'uil de nuit iivce i

fies autels ceux ipii, è l'avenir, tomberaient Comme la ville était rcmpliedemoiidi). a i. ..-••

(I) Epùt. (MX. — {t)rbid..ixxxi. — (S) Itid., un. — (4) /6iJ., uv- — ;â] /''irf., l».
^VRE TRPNTP-CINQUIÈME. Î7f

d'nnn ftssonilili'o qui s'y lennit, ti^"!' virent on usa toujours ainsi dans les entretiens par-
passer cnllc ^roiipo do (ii|i;s qui siuUaiL'nl et ticuliers, surtout avee saint Grégoire de'Na-
dansiiioqt on suivant les jeunes gens ([ui uiar- zianzo, à qui il prolestif, îomm'j ce saint le lé-
cliaient les jireiKiors, <:e qui faisait rire les inoignoj qu'il voulait uprdro le Saint-Ksprit,
uns et gémir les ftutres. Les parents île ces s'il ni; radorajlavec le Père et le l'^ils comme
ejtrava^anlcs les «npplièrontàgt'noux clavee leur iHant copsubs(anliel: fis étaient mémo
larmes de i'eii(rer chi;zeux; mais (îiyeéi'ins les con«;pus quo, tandis qpc Basile useiait de ces:
lit aceahler (l'injures. Il vint avee su trou|i<' à ]ti-écautii)ns, Grégoin;, qui i-tait moins ex])os<
Nazianze, i)ù saint Gréiçoire les rcciii'illit, alin à la peivécution, jircchi'rail hautement cet'»
<rci|i|ièc.lier, aul;inti|iir piissiiile.h! (li'slniinicur vérité. Kri un repas où (Jrogoire se ',rouv(
qui reviendrait à i'l'',^lise d'une ai'lion di'i'i'Ite avec plusieurs do leurs amiscomipuns, la ccn-
nature. Saint liasili; l'ayant >u l'crivit à (iir- vorsalion tondia sur saint Basile, 'l'ous en paF^
gdire pour l'inluinier de ce (puîClyciuiasavait laienl avec admiration et louaient ensemble
fuit, et le plier de le lui cnvnyci' avee ces les deux amis, ijuand un des convives, qui était

jeunes filles. « Si vous ne le renvoyez jioint, moine, s'i'cria : Vous élus do grands llatieiiis.
ajiiutt!-l-il, riîudi^z du nu)ins tes vierges à flouez tout le resli;, j'y consens plais [iinir le
;

I I^kIi-''^^ '!"> est leur itune si vous no [louvez


;
capital, qui est l'ortliodoxio, ni Basile ni (iré-
pas le luire, laissez la liberté de rcviudr à goiiene nii'ritont des louanges l'un l'a trahit :

celles qui je voudront. Si Glycérius revient en ]iar ses discours, l'autro par son silence Où
bon ordre et avee modestie, on lui pardonnera; l'avez- vous appris, dit (îrégoire. lémérairequo
s'il yinan(|ue, je l'in'.erdis ds ses fonctions. » vous êtes Ijo moine répondit ,|o viens de la
'?
:

II écrivit à peu près dans les niènies termes à fête du inaiiyr Kiqisyidiiiis, cl là j'ai oui le
Glycihiu^ même mais coinnu! il ne revenait
;
grand B:i<ili; parliu' mervi'illeusomént bien do
point (^t que les vierges continuaient à rester la divinité du Père etdii Fils; pour le Haint-
avec lui, il écrivit une seconde lettre ;\ Gré- Jvpril, il a passé à coté. B'où vient, ajouta-
jfoire pour le presser de les renvoyer car il ;
t-il, logaidapt GréLsoire, qui! vous même voua

avait beauconi) de peine k se ii'sondre di; les ])ai lez clairement do lu divinité du Saint-Es-
reiranclier d(! la comuiuinon de l'Eglise, quoi- juit, conimo vous fiti\s on une telle assemblée,
(pi'il put le faire avec justice (1). et ipie Basile on paile obscurément et avec plus
Loiscpie des Macédoniens, (pu niaient gi^né- de ]iolitique quelle pii'té'? C'est, lépondit Gré-
raloinenl la diviinté duSainl-Ksprit, se [in-sen- i'(oiro,qnoje suis un homme caché et [leu connu,
laiorit pour se réunir à l'Kglise, Basile usait i\ ainsi je parle sans consei(uence. Basile est il-
leur égard d'une ci-rtijine condescendance. liislio jiar lui-mémo
par son Eglise; tout
et
Sans les obliger à '''''<' expresséuienl que le ce qu'il dit osti)ublic: ou lui fait une guerre
Sainl-lwprit (;st J)ieu, il leur deniaiulail sim- ac)iarnée, et les liéiéliques cherchent à rele-
[deuKMil lie confesser la foi d(! Nici'c, (le dédii- ver quelques jiaroles do sa bouche afin de le
reri|u'ils ne eriiyaient pas le Saint-Ksprit une chasseï' de l'f'Iglise, lui qui est [irosque la seule
i;n''ature, et po ciimmuoiqueraiiint point avec l'tincelle i|ui nous reste. Il vaut diuic mieux
ceux qui le croirai(Hit tel. Lui-même, <laus ses céder un pou à cet orage et faire connaître la
écrits et ses discours [luldics, s'abstenait de liù divinité du Saint-Esprit par d'autres [laroles ;

donner formellement le nom de Itieu, (pioi- la vérité consiste plus ilans le sens que dans
qu'il usàtd(! tiirmes écjLiiv*Hleids et qu'il mon- les inots. Mais (jiioi quo put dire saint Grégoire
trât sq. divinité iiar des prinivcs invincibles. de Nazianzo, les assistants i)e goiilèreut point
La raison de cette condinte était la circims- ces méiiagemonts(3).
tanci; du li'm|is. Il voyait que les liérr;ti(|nes, Saint Athanase, au contraire, approuvait
avec 1(1 |u-otr'i'tion île Valons, ne cbercbaienl hautement cotte condescendance. On le voit
qu'un priUexle pour clia^ser de leurs sièges [lar deux doses lettres, on il [larle ainsi:
les évoques les plus zi'di's [tour la vérité, et lui- Unant à ce qiuï vous m'avez demandé tou-
«
même, tout le preniier; que l'i-glise d'Oiient chant l(!s moines do Gésarée qui s'opposent à
('lait pli'ine do divisions et de troubles. Il pen- notre frère l'évéïiue liasilo, ils auraient raison
saitdofje (|Ue 1(! moyen )e [dus ellicace pour si sa doctrine était suspecte, ; mais ils sont as-

consoi'vcr la religion était do procunu- la paix, surés, comme nous le sommes tous, qu'il est la
usant :î l'égard des faibles île toute la condes- gloire de l'Eglise et qu'il combat pour la vé-
cendance possible ; il espi'rajt qu'après la réu- rité loin de le coiiibatlre lui-mémo, il faut
:

nion, |)ieii les éelairei'ait dayanlage par le aiqjrf'Uver sa bonne intention. Car, suivant ce
commercfi des catholjiMM'Set par rexiunen pai- que j'ai api)ris, ils se cba'-;rinent en vain; et
sible île la vérité, ("est ainsj que saint (iri'goire je suis persuadé qu'il se fait faible iivec le?.
de Nazianzo jijslilie la conilulto de son ami, faibles, alin do les gagnoi-. Nos frères doivent
qui s'on explique lui-mémo ei) ce sens dans louer Dieu d'avoir doimé à la Gappadoce un
(ieux lettres aux prêtres do Tarse (2). tel évoque. Maiulez-leur que c'est moi qui l'é-
Saint Kasile n'avait pas laissé de nommer le cris, alin qu'ils .nentlos senlimenls qu'ils doi-
Saiijt-|<]snrit Dieu dans des «'crits publics, lois- vent |ioiir leur pèle, et qu'ils conservent lapais
iiu'il le cniyuil iilijc, comn" dans .-a leltie à dos églises (i).p)
1 L'-jliso (Jo (Jés'jri'O, écrite vers l'an .'Ri.'l. El il Dans le tiiiips même que saint Athanase dé-

(l)ff/'<i(. ctxix.ctxx, Çf,ni. ^^?) rtji/.. cxu>,cxiv, — (3) lipog. f/jur xxvi. — (*) Atlmn., t. tl, p. 05B at 9iV.
280
HISTOIRE UNIVERSFXLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE

fendait son ami de Césarée, il était olili^t! de fin un ami le sollicita d'en faire lui-même nn«
combattre les erreurs d'un autre c'était Apol- : p-liitation. répondit aux trois premiers par
Il

linaire, évoque de Laodicée. Prodige ili- lillé- trois lettres, et au quatrième jtar deux livres
rature, d'une vie édifiante, ayant di'^l'i'ndu (le rinainialion de Nutre-Seiijneur Jésus-Christ.

iafoi contre les arions et contre Julien l'Apos- Dans ces ouvrages, que nous avons entiers,
tat, honoré de l'amitié et des lettres de saint ainsi que dans les fraj^ements d'autres, il ex-
Athanast;, il aurait pu être une autre colonne pose si nettement la doctrine de l'iDcarnalion,
de l'Eglise, s'il avait persévéré jusqu'à la fin y réfute si bien les erreurs d'Apollinaire, sans
dans la pureté de la doctrine. Mais, crifli- de le nommer ce[)endant, qu'il y réfute d'avance

son génie, s'appuyaut plus volontiers sur les celles de .\<!storius et d'Eulychés. Il fait voir
raisonnements humains que sur i'Ecrituie l't qu'elles étaient contraires non-seulemi-nt à
la tradition, aimant ù réfuter tout ce cjue di- l'I^iriture et au bon sens, mais encore à elles-
saient les autres, il lui arriva, tout en comiiat- mêmes, et qu'elles tombaient précisément dans
tant les ariens, de s'approprier une de lems les inconvénients qu'elles re[)rochaieril à tort
erreurs jusqu'alors peu remarquée c'était de : à la doctrine catholique. 11 fait voir que l'union
dire que le Verbe de Dieu, dans son incarna- du Verbe avec la nature humaine s'est faite
tion, n'avait pris de l'homme que la chair et dans le sein de la Vierge, et qu'elle s'y est
non pas l'âme raisonnable. A cette erreur pre- flut(! de manière que, depuis le moment de

mière, l'esprit inconstant et sophisticpic d'.\- cette union, le Verbe et l'homme ne font plui
polliiiaire et de ses disciples ajouta des varia- qu'un seul et même Jé-us-Christ, qui est Dieu
tions souvent contradictoires. Tantôt, qu'il y parfait et homme jiarfait, non par
le change-
avait en Jésus-Christ une âme avec le corps, ment des en perfections hu-
iierfections divines
mais une âme purement sensitive, et que la maines, ni par la division des perfections de
divinité tenait lieu d'entendement ; que l'àme ces deux natures, mais à cause de leur union
raisonnable étant la source du pèche, le Sau- en une même personne. Aussi, soit dans ces
veur n'avait pas dû la prendre. Tantôt qut; le écrits, soit dans les autres, donne-t-U au moins
corps de Jésus-Christ était consubstanliel au huit fois à la sainte Vierge le nom de théoto-
Verbe d'où il suivait que ce corps n'était point
: cos, c'est-à-dire mère île Dieu. Il enseigne que
tiré de Marie, puisqu'il était éternel comme la Jèsus-Chi'isl, Dieu parfait et homme parfait,
Divinité, ou que ia divinité du Verbe avait estconsubstantielau l'ère en tant que Dieu, et
chaniçç nature en devenant chair. Tantôt,
di' consubstantiel à nous en tant qu'homme ;

que le corps de Jèsus-t^hrisl était descendu qu'il a rempli toutes les fonctions attachées à
du ciel, et par conséquent qu'il était d'une au- la nature îiumaine, excepté le péché, attendu
tre nature oue la nôtre, et qu'il s'était dissipé que le péché n'est pas de la nature de l'homme,
après la résurrection; en sorte qu'il avait été mais l'amvre de sa volonté, séduite par Satan.
homme rn apparence, plutôt qu'en effet. Tan- Que, comme il y a en lui deux natures, de là
tôt, que Jrsus-Christ était un homme adopté vient qu'il est quelque fois appelé Dieu et
Dourétre Fils de Dieu et par conséquent sem- homme dans l'Ecriture, quoiqu'en lui Dieu et
blalile aux autres propi.ètes. Tantôt, que le l'homme ne fassent qu'un seul Christ.
Verbe de D'eu était un autre que le Christ, fils Ce qu'il a souffert dans son corps, dit-il en
Il

de Marie, qui avait souffert. 'lantôt ils accu- particulier dans sa lettre au philosojihe .Ma-
saient ceux (jui reconnidssaient en Jésus-Christ xime, il l'a magnifiquement relevé comme
deux natures entières, de le diviser en deux et Dieu. Ainsi, il avait faim dans sa chair, et,
d'en faire deux per.soniies (I). comme Dieu, il rassasiait ceux qui avaient
Ces erreurs se icpandaient sans bruit; l'au- faim. Comme homme, il liemande où est La-
teur ne paraissait pas. Dès 362, quelques dis- zare, et, comme Dieu, il rap|>elle à la vie. Que
ciples d'Apolliuaire en ayant été soupçonnés, nul donc ne se raille en disant qu'il a été en-
(es désavouèrent au concile d'.Mexandrie, et fant, qu'il a crû avec l'àiie, qu'il a mansré.
confessèrent que le Verbe, étant dans la forme qu'il a bu, qu'il a soufl'ert.Car s'il aétéenlnnl
de Dieu, avait pris la formt! de serviteur, un dans la crèche, il s'y est fait adorer des maires;
corps animé d'uueâme raisonnable; (ju'ainsi si, jeune encore, il est desceniiu en Egypte, il

le même Christ est Fils de Dieu et Fils de y a renversé les idoles s'il a été crucitié dans
;

l'homme, avant .Miraham et airès, interro- sa chair, il a ressuscite des morts pourris de-
geant comme homme où était Lazare, et le puis Jonutcmps(2).» El dan? sa quatrième let-
ressuscitant comme Dieu. Vers l'an 371, d'au- tre à Sèrapion « En Jésus Christ, les opéra-
:

tres personnes, ayant reproiluit la plupart de tions divines ne se taisaient pas sans la na-
ces erreurs dans un concile de Corintlie, y fi- ture humaine, ni les opérations humaines sau»
nirent éi;alemenl par les deowouer, et Epic- la nature divine mais le même faisait tout
;

tète,évèipie de la ville, en rendit compte à conjointement et sans division (3). Quand il


8ainl.\tlianase. .Vdelpliiiis, évéque d'Eiryiite et dit Mon Père, s'il est possible, que ce calice
:

confesseur, ninsi que le philusojihc .Maxime, s'éloigne de moi cependant que votre volonté
!

réfutèrent d'autres de ces erreurs qu'on re- soit faite etnon pas la menne; l'esprit est
produisail ailleurs, et envoyei.Mit lous deux prompt, mais ia chair est faible, Jesus- —
leurs écrits au saint évéque d'.Vlexandric. En- Christa fait voir qu'il avait deux toIuuIês:

{\) Tillomont, Ceilher, Pleury. — (î) Athan.. t. X, p. 91tf «t 9Î0. — (î) Ibid., p. 7(»,
LrV'RE TRENTE-CINQUIÈME »1
l'une humaine, qu'il appelle la sienne, qui de- gneur Jésus-Christ. nEtnn peu plus loin: «Arri-
mande l'éloignement du calice ; l'autre divine, vons à la confection des mystères Là eet le
:

qu'il être prompte, et qu'il appelle la vo-


.lit pain et là est le calice; lesquels, en effet, tant
lonté de San Père. Mais il était exempt de cu- que les prières et les supplications ne sont
pidité et di! nensées humaines, toutes cespen- pas achevées, conservent tout simplement leur
«ées et tou- .'es désirs dépendant de la vo- nature mais aussitôt que les grandes prières
:

lonté du Verbe. » C'est en ce sens que le même et les saintes supplications sont montées au
saint Athanase dit qu'en Jésus-Christ la vo- ciel, le Verbe descend dans le pain et dans le ca-
lonté était de la divinité seule (1). lice, et son corps est formé (4.. n

Voilà comme il prévenait dès lors la future Sèrapion à qui sont adressés plusieurs
,

erreurilesmonotheliles.il dit encore:» En écrits de saint Athanase, ét;iit lui-même un


Jésus-Christ, nous n'adorons pas le corps sé- saint et savant docteur de l'Eglise. La beauté
parément du Verbe, ni le Verbe séparément du génie, jointe à une connaissance profonde
du corps, mais le corps uni au Verbe et uni de la littérature îacrée et profane, lui fit
d'une manière indissoluble. Ainsi, pendant donner le surnom de Scolastique. Après avoir
que son corps était dans le tombeau, son àme exercé quelque temps la fonction de catéchiste
descendit dans les enfers pour mettre en li- à Alexandrie, il se retira dans le désert, où il
berté celles qui y étaient détenues; mais son devint une des plus brillantes lumières de
âme était toujours unie au Verbe ain^i que l'état monastique. Il visitait quelquefois saint
^ son corps. Au reste, il ne faut pas distinguer Antoine, qui l'instruisait de ce qui se passait
dans Jésus-Christ la gloire de Dieu d'avecla dans les lieux fort éloignés de la montagne;
gloire (le l'homme; elle est une et la même. et ce saint, qui l'aimait, lui laissa en mourant
Ainsi, quand nous adorons le Seigneur dans une de ses tuniques de poil. Sèrapion fut tiré
.a chair, nous n'adorons pas la créature, mais de sa retraite, et placé sur le siège épiscopal
.e Créateur revêtu d'un corps, par une seule de Thmuïs, ville célèbre de la basse Egypte ;

et même adoration (2).» il fut ensuite banni pour la foi, dont il avait
^^aint Athanase ne parle pas moins bien de pris hautement la défense avec saint Atha-
la divinité du Saint-Esprit. Non-seulement il nase ce qui fait que saint Jérôme lui donne
;

en prouve la divinité dans jilusieurs de ses le titre de confesseur. Quelques personnes qui
ouvrages, tels que ses Lettres à Sèrapion, son professaient la consubstanlialité du Verhe,
Traité de l' Incarnation, contre les ariens, et niant la divinité du Saint-Esprit, il s'éleva
particulièrement son Traite de la Trinité et du avec zèle contre cette hérésie naissante, et en
Saint-Esprit mais il y marque encore assez
; informa saint \thanase, en 359. Ce grand
clairement qu'il le croyait procéder du Père homme, qui était alors caché dans le désert,
et du Fils. Il le dit en termes formels du Père : écrivit « Sèrapion quatre lettres, qui sont le
et, ce qui fait voir qu'il pensait de même du premier ouvrage où l'hérésie des macédoniens
Fils, c'est qu'il assure que le Saint-Esprit est ait étéexpressément réfutée.
le propre Esprit du Fils, quec'est par lui qu'il Cependant le saint évéque de Thmuïs s'ap-
est donné et envoyé qu'il est le souffle, la ;
pliquait de plus en plus à prémunir les fidèles
spiralinn vivante et subsistante du Fils qu'il ;
contre les erreurs d'Arius et de Macédonius ;

est tellement dans le Père qui l'envoie et dans il composa aussi un excellent traité contre les

le Fils qui le porte, qu'il ne peut en être sé- manichéens. Il y fait voir que nos corps
paré que tout ce qu'a le Saint-Esprit, c'est
;
peuvent être des instruments de vertu, que
du Verbe qu'il le recuit; (|u'il est du Fils et nos âmes peuvent être perverties par le péché ;

de la substance du Pcre qu'il est appelé son ;


qu'il n'y a point de créature dont il ne soit
image et qu'il l'est réellement que ce n'est ;
possible de faire un bon usage que les
;

pas le Saint-Esprit qui unit le Verbe avec le hommes peuvent être successivement vertueux,
Fils mais que c'est plutôt le Fils qui l'unit
; et vicieux qu'il y a par conséquent de la
;

au Père; qu'enfin le Fils est, avec Uieu le contradiction à dire, avec les manichéens, que
Père, la source d'où le Saint-Esprit tiie son nos âmes sont l'ouvrage de Dieu et que nos
origine (3). corps sont l'ouvrage du démon.
Ce qu'il dit sur la présence réelle et la trans- Ce fut à la i)rière de Sèrapion que saint
substantiation dans l'cucliarislie, répond ili- Athanase écrivit la plupart de ses livres contre
gniment à ce qui précède. Voici ses paroles, les ariens et cet illustre défenseur de la con-
;

tirées de son discours aux baptisés, et repro- substanlialité du Verbe avait une telle idée de
duites par Eutychiiis, patriarche de Conslan- cesaint, qu'il le chargeait de la révision de ses
linople « Le iiaptisé verra les lévites portant
: ouvr.iges, résolu de s'en tenir aux corrections
le pain et le calice du vin, et préparant la et aux additions iju'il y voudrait faire. Sèra-
table hacrée. Avant que les prières rt les su|)- pion mourut en exil pour la foi L'Eglise l'ho-
plications ne soient accomjjlies, il n'y a que le nore le 21 mars. Le cardinal Mai a publié ré-
jain et le calice mais dès (|ue sont acconi|)lii's
; ciinmenl une lettre aussi élégante que pieuse
les grandesctmerveilIcMscs \)i lires, alors le pain du saint éveque aux solitaires d'Egypte. Il
devient le corps et le calice le sang de AotreSti- décrit avec amour la sainteté et le bonheur de

(1) Athan., 1. 1. p. 887,948. 1270. —


(2)/6irf., p. 915. 916, 933, 951, 952, et Ceillier. — (3) Itiid., p. 877, «78
•te. Ceillier. — (4) Mai, Scriplor. Veter.,t. IX, p. 625. et prsel'atio, p. xvii.
HISTOIRK UNIVERSEI.LE DE L'ËGLISE CArHOl.iQUÎ!

leur étal. Hommes, ils monont sur la terre la Euzoius, leur faux évéque d'Antioche. Bient6'
vie «les anges, lia ont «luitté le monde avec ses arriva l'ordre à l'allade, préfet d'Egvpte, de
passions, ses Iroublns, ses misères, et trouvent chasser Pierre. Fallade, adi^rateur super-li-
dans les déserts et les monlafjnes une tran- tieux des iiloles, n'attendait qu'un {in'tcxte
quillité, uni", pnix, une joie iiialléralile. (Jui)i- ]iour persécuter la religion du (Christ. Ay^ot
que séparés du monde, ils nenont pas inutiles ramassé une multitude de Juifs et <.e jiaïens,
au monde. Dix justes auraient préservé So- il les corirluisit à l'église de saint Théonas,
dome de la ruine comliipn donc tant de
: l'investit de soldats, commanda au (latriarche
milliers do justes n'(dilenaient-ils pas de Ki'ài'es d'en sortir, s'en rendit maître av<îc son ra-
temporelles et au monde entier?
s[iirituelle^ massis de populace, et, au lieu de psaumes,
Le monde niirme comprenait alors; on ac-
le fit chanter des hymnes en l'hoimeurdes idoles.

courait des pays les plus lointains pour voir En même temps, il proféra des [laroles obscè-
de près les merveilles de la Tliéliaïde. F,os nes contre les vierges consacrées à Dieu.
rois eux-mêmes se croyaienl heureux de con- Queli[nes-uns mênn? de son insolente trou|ie
sulter un sidnt Antoine, un Aniinon, un saint mirent la main sur elles, leur arrachèrent le-'
Macaire (1). —
Mais revenons à saint Atha- vêtements, les traînèrent toutes nues tra- .'i

nase. vers les rues île la ville, et maltraitèrent qui-


Après qiiarant(î-six ans d'épiscopat, avant conque leur rejirochait leur atrocité. Dans le
et pendant leipiel il ne ees-a de combattre moment même, ceux de leurs compagnons
toutes les hérésies de son temps, et en elles les qui étaient restés à l'église, y commettaient
principales hérésies à venir après avoir tra-
; les plus horribles abominations. Un jeune li-
versé les temps les plus dil'liciles et les em- bertin, vêtu en femme, monta sur l'autel, y
bûches des ennemis les ]ilus rusés, sans jamais dansa avec des gestes obscènes, que les assis-
faire une fausse démarche, et toujours inti- tant- accom[>agnaient d'éclats dé rire et de
mement uni à l'Eglise romaine, le grand et blasphèmes. Un autre, plus iid'àme encore et
saint Athanase mourut le 2 mai 373. Homme connu poui- tel. monta tout nu dans la chaire,
qu'on ne [leut louer sans louer la vertu même, et, aux applaudissement de son hideux audi-
parce que toutes les vertus ont été renfermées toire, prêcha l'intempérance, la débauche,
dans son àme et ont paru avec éclat dans l'adultère, la sodomie même. Ces affreux dé-
toute sa conduite. Père de la foi orthodoxe, tails, ainsi <|ue les suivants, nous suntattestéi
évôcjne en (pii l'on voyait l'idée parfaite de la par ime lettre du saint patriarche, que nous a
justice et comme une règle immuable et in- conservée Théodoret (3).
faillible de la vraie foi. C'est ainsi qu'en Pierre, deuxième du nom, (juilta la Tille,
parlent saint Gri'Siiire do Nazianze, saint oii il ne lui plus permis d'exercer son
était
Epiphane saiid.
, Cyrille d'Alexandrie et saint miidstêre, et se rendit à Home, centre
d'autres l'ères de l'Eglise (3). sacré de l'Eglise, refuge des évéquu» persécu-
Avant (|u'il expiiàl, on le pria de désigner tés et fiilêles.
son successeur, et il nomma l'iene, homme Peu après vint à Alexandrie Lucius, que les
excelleni, di'jà viMKMalile |iar son âge et ses ariens en avaient ordonné évéque. II y vint
cheveux blancs, admirable pour sa ]iio(é, sa avec f^uzoius, f;<ux patriarche il'Antioclie. cpii,
sagesse et son iiloquence, tidèle compagn(m bien des années auparavant, dans cette même
de ses travaux et de ses voyages, qui'ne l'avait Alexandrie, avait été excommunié avec.\rius.
jamais abandonné dans aucun jiôril. Ce ihoix Avec eux venait le comte .Magnus, le même
fui conlirmé par le sutfiago de toute l'église qui. sous Julien, avait brille l'église ds Bér
d'Alexandrie, riu clergé, des magistrats, des ryte. et qui, sous Jovien, avait été «ddigé de
nobles, de tout le ])eu[ile, qui témoigna sa la rebâtir et avait même failli avoir la tète
joie par des acclamations publii|ues. Les tranchée. Il était trésorier de l'empereur Va-
évéques Viiisins s'assemblèrent en diligence lens, et venait de sa part accompagné de
pour célébrer- l'élection solenneile et l'nrdina- soldats, |)Our soutenir l'évêque intrus, de
tion les moines quittèrent leur solitude pour
; concert avec le préfet Pallade. En menetemiis
j' assister, et IMerre fut mis sur le troue parut un onlre de l'empereur, de banoir
d'Alexandrie par un consentement unanime d'Alexandrie et de l'Egypte tous ceux que
de tous les callmliques. il écrivit aussilùt, Lucius inilicpu'tait comme tenant au symbole
suivant la coutume, aux évèqucs des princi- de Nicée. Si l'arcivée de l'intrus affligea les
paux .'^i('ges, et nous avons encore la rè]ionse caflioliques, les païens, au contraiie, le re-
que lui fit saint Basile. Le pape saint Itain.ise çurent avec de grandis applaudissements, et
lui écrivit, lie son coté, des lettres de commu- lui disaient en face u 'Tu es le bienvenu,
:

nion et de cuusulalion qu'il lui envoya par un évè.|ue (|ui ne reconnais pas le Fils Sérapis :

diacre. to favorise, et c'est lui qui l'amené. • C'»**!


Autant cette ordination réjouissait les ca- qu'il y a une aflinité plus réelle qu'on ne
autant elle fâchait les ariens. Ils eu
tholi(|ues, l>cnse entre l'arianisme et l'idolâtrie : les ri-
informèrent aussitôt l'empereur Valeus et gides ariens ne voyaient dans le Christ qu'une

(l)Mai, Spicileg. rom., t. l'y. p. XLV-XLVt ; Goitvscart, 21 mars -. CPilIicr, t. VI. — C^) Gn'g. Nai . 'Vnt
Kpiph., Hrres., Lxix, a. 2.
. Cyril. Alex., Hom. vin, tpùt. i. — (3) Theod., I. IV. c xxu. Soc., -. IV.
». «Mb ). Vl, c sa.
TjIVRE TRENTE- CINQUIÈME.
créature, et cependant ils l'adoraient conime même à laver les mains, il leur apprit que
un Dieu ; ce qui les cpp^tituait yr^fnjept
ido- c'était lui l'évèqup. Eux, stupéfaits et confus,
lâtres . lui avouèrent Je sujet de leur voyage ; mais
A peine arrive, Mapnu? fit amener à son ils lui laissèrent la liberté de se retirer, tant

tribunal dix-neuf prêtres et diacres, dont ils avaient conçu de respect pour sa vertu. U

quelrjues-uns avîjient plus de quatre-vingts leur répondit (ju'il n'avait garde de se sous-
ans; il les pressa de renier la loi catholique, traire à ce que souffraient les autres évêques
et, pour l'amour de l'empereur, d'acijuiescer à catholiques, et (]u'il irait volontiei'S en exil. U
l'opinion des ariens. )1 leur promit des hon- avait acijuis toutes ces vertus dans la professioQ
neurs et des richesses, les menaça de prison, monastique qu'il avait exercée depuis sa jeu-
de tortures, d'exil et du dernier supplice; il nesse. Son frère Solon. auparavant marchand,
ajouta même cette lâche représentation, que, ayant embrassé le même genre de vie, profita
s'ils cédaient à la nécessite. Dieu ne leur en si bien sous sa conduite, qu'il fut après lui

ferait point un crinie. Comme ils se déclarè- évêqne de Rhinocorure. Ces deux frères eu-
rent avec joie pour la foi orthodoxe, il les mit rent des successeurs dignes d'eux, et Sozomène
en prison, et les y retint plusieurs jours, es- témoigne que leurs saintes instructions du-
pérant les faire changer. Ensuite il les fît raient encore de son temps, et que le clergé
fouetter et torturer en présence dij peuple qui de cette église vivait en communauté (1).
gémissait jtuis, ayant fait élever son tribunal
;
Ceux que l'intrus d'Alexandrie s'appliquait
prés du port, entouré de Juifs et de païens particulièrement à persécuter étaient les soli-
apostés pour çfier contre les saints confes- taires d'Egypte, à cause de leur allaclieuient
seui's, jl les condamna au bannissem(;nt et les à la foi catholique et de leur autorité sur le
envoya à Héiifipplis en Phénicie, dont tous les peuple. Lui-même, escorté du comte Magnus
habitants étaient iilolàtres et ne pouvaient et d'une troupe de soldats, alla les pou suivre
i

même souffrir le nom de J(;sus-Clirist. U les dans les déserts de Nitrie, où se trouvaient les
fit embarquer snr-Ie-chanap, les pressant lui- deux Macaire, Pamhon, Héraclide, Isiilore et
même l'épée à la main, sans leur donner le plusieurs autres disciples du grand saint An-
temps de prendre les choses nécessaires, sans toine. On les trouvait faisant leurs exercices
attendre que la mer, qui était três-agitée, de- ordinaires, priant, guérissant des malades,
vint calme, et sans être touché des cris et des chassant des démons. Les soldats allaient les
larmes de tout le peuple catholique. quand on apporta un homme .dont les
saisir,
Le préfet Pallfirle ùéfendit, sous des peines membres étaient tellement desséchés qu'il ne
fév^ra», de pleurer le sort de ces hommes. Et pouvait se tenir debout. Les solitaires l'oigni-
comme tous les catholiques pleuraient, il en rent l'huile, et dirent « Au nom de Jésus-
:

fil un grand nombre, tant hommes que


saisir Christ, que Lucius persécute, lève-toi et re-
femnies, et, après les avoir fait d''cliirer de tourne en ta maison » Aussitôt il se leva et
!

coui)s, les condamna aux mines. Parmi eux fut guéri. Lucius ne fut pas guéri de soa
étaient vingt-trois moines, ainsi cpie l'envoyé endurcissement. U en vint jusqu'à employer
du pape, saint Damase. D'autres, jiaimi les- ccmtre les saints moines les fouets, les pierres
quels de jeunes entants, après avoir soulfert et les armes. Mais eux n'étendaient pas seule-
de cruelles tortures, étaient mis à mort, et ment la main pour arrêter les coups, toujours
leurs cadavres gardés par des sohlats, pour prêts à présenter leurs têtes aux epées [dutôt
empêcher Imirs parents ou leurs amis de leur que d'aliandonner la foi de Nicée. L'intrus,
donner la séimlture. L'inhumanité alla plus voyant qu'il ne jiouvait vaincre cette multitude
loin : si quehju'un était convaincu d'avoir de saints, conseilla au duc d'Egypte de banni?
compati, à ce sujet, à la douleur d'un père, les abbés ipii les conduisaient.
d'nne mère, on lui coupait la tête. On prit les deux Macaire, Isidore et quelque»
Onze évêijuesd'Egyiile, qui avaient passé la autres, et, les ayant enlevés de nuit, on les
plus grande partie de leur vie dans la solitude mena dans une île environnée de marais, où
et combattu [)our la foi orthodoxe, furent re- il n'y avait que des païens attachés à leurs
légués à Diocésarée de Palestine, qui n'était anciennes superstitions, et où jamais l'Evan^
habilite que i)ar des Juifs. Entre les autres uile n'avait été annoncé. 11 y avait un temple
évêques, qui furent bannis ailbuu's, élait saint d'idoles dont le sacrificateur était honoré
Hélas de Uliinocorure. deux ipii devaient le comme un dieu. Lorstpie la barque qui [lor»
prendie étant entrés à l'iîglise pour le chor- tiit les confess(!urs fut prés de teri-», la fille du
çher, y trouvèrent un homme qui priq)ai'ait ::;ii-.rili aleur fut saisie du démon et courut fu-

les lampes, ceint d'un tablier gras et ])orla(!t rieuse vers le rivage où les rameurs abor-
des mèches. A la ipnjstion Où <!st révêi]ue V
: daient. Comme elle courait en criant, iilti-
il les conduisit lians la maison éi)iscopale, leur sieurs personnes, étonnées de ce prodige, la
promit que l'i'vèque leur parlerait; mais suivaient.Quand elle fut près du butean, elle
comme étaient faligui-s du voyage, il les
ils conimença à crier à haute voix « Ohi ipiô
:

pria de se ralraichir au|iaravant, leur mit lui- vous êtes puissants, serviteurs du grand
même! la table et leur servit ce qu'il avuil. Dieu! (III! serviteurs de Jésus-Christ, vou»
Après le repas, lorsqu'il leiir eut versé lui- nous chassez partout; des villes, de» villuBo».

(1) So»., 1. VI. c. «XXI.


IM HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE

des montaiïnes, des déserts Nous espérions t reine des Sarrasins. On mena donc Moïse,
être à l'ahri de vos attaques dans cette i)elile selon son désir, aux évéqnes catholiques relé-
lie; c'est notre ancienne habitation, nou-^ n'y gués sur la montagne. Il reçut d'eux l'impo-
nuisons à personne, nous y sommes inconnus. sition des mains, et conserva toujours avec
Mais si vous la voulez encore, prenez-la, nous eux la communion (2).
nous retirerons Nous ne pouvons résister à Les solitaires de l'Egypte, persécutés par
votre vertu, n Les démons ayant ainsi parlé, les ariens et vénérés des peuples, se voyaient
jetèrent la fille ])ar terre et se retirèrent. Les honorés et secourus par de pieux pèlerins de
moines la relevèrent et la remirent en parfaite l'Occident. De ce nombre était Mélanie, la
santé de corps et d'es])rit. Les assistants, et plus illustre des dames romaines, petite-fille
son père tout le premier, se jetèrent aux pieds de Marcellin, consul en .1-41 Elle perdit en une .

des saints et les prièient de les instruire, et, seule année deux de ses enfants et son mari,
après les préparations néeessaires, ils recurent demeur.'intveuveà l'Age de vingt deux ans; et
le baptême et ehancrèrent leur temple en elle souffrit ces pertes avec une foi si vive,
église. Ainsi furent convertis tous les habi- qu'elle n'en répandit point de larmes. Se
tants de cette île. La nouvelle en étant venue voyant libre, elle quitta le fils unique qui lui
à Alexandrie, le peuple en f'Mile vint faire des restait, encore enfant, et qui fut préteur de
repro('hes à Luc'us, craii;nant (|ue la colère Rome, et s'embarqua pour passer en Ei,'ypte.
de Dieu ne tombât sur eux si on ne rclàel.nil Elle était accompairnée de Rufin d'.Vquilée.
ces saints. Lucius eut peur d'une sédidnn, et Dans Alexandrie elle vit le célèbre Didymc
ordonna secrètement ipie ces moines retour- l'aveugle, qui avait alors plus de 'oixanfe
nassent à leurs cellules (1). ans. Elle y trouva aussi le saint prêtre Isidore,
L'intrus éprouva vers ce temps un échec ipii gouvernait l'hôpital. Il était très-connu à
plus humiliant encore. Les Sarra-ins ou Rome de]iuis le voyage qu'il y avait fait avec
Ismaélites faisaient la sui-rre aux Romains, saint .Uhanasp. Comme il avait demeuré au-
sous la conduite de la reine Mavia, déjà chié- irefdis en la montagne de Nitrie, il [larla à
tienne. L'empereur Valens, assez presse d'ail- l'ilhistre voyageuse îles vertus de ceux qui
leurs, fit la paix avec elle. Mais elle mil entre h.ibitaient ce désert, entre autres de saint
les conditions du traité, que l'on donnerait Pambon. Elle di'-sira d'y aller, et saint Isidore
pour évèque à son peuple un moine de la l'y conduisit. Elle fit présent à Pambon de
même nation, nommii Moïse, célèbre par ses trois cents livres romaines de vaisselle d'ar-
vertus et ses miracles, qui habitait le désert gent. Lui travaillait à un tissu de feuilles de
aux confins de l'Egypte et de la Palestine. Les palmier, sans se détourner de son ouvra ga.
et,
généraux de l'armée romaine accordèrent vo- il lui à haute voix
dit Dieu vou« donne : <i

lontiers cette condition, etijuand ils en eurent votre récompense! » Puis, il dit à son éco-
donné avis à Valens, il commanda que .Moïse nome Prends, et distribue-le à tous les
: (1

fût mené promptement à .\lexandrie pour frères qui sont en Libye et dans las iles, car
y
recevoir l'imposition des mains, suivant la ces monastères ont plus de besoin mais n'en ;

coutume, parce que c'était l'église la plus donne point à ceux d'Egypte, le pays est
proche. Les généraux prirent donc Moïse dans plus riche. » .Mélanie demeurait debout, atten-
son désert et le menèn-nt à l.uciu-. .Mais Moïsi' dant qu'il lui donnât sa bénédiction, ou on
lui dit en présence des magistrats et de tout moins un mot de louante pour un présent si
le peuple assemblé Arrêtez je ne suis pas
: ! consiili'rable. Comme il ne lui di.^it rien,
digne de porter le nom d'évèque; mais si j'y elle dit : « Mon
père, afin que vous le sa-
suis appelé, tout inilii:n.' que je suis, pour le chiez, il y a trois cents livres d'argent. «
bien des affaires publii|ues, je prends à ti-moin Lui, sans faire le moindre signe ni regarder
le Créateur du ciel et de la terre, que je ne les étuis de cette argenterie, répondit : « Ma
recevrai poinlTimposition de vos mains souil- fille, celui à qui vous l'avez apporté n'a pas
lées du sang de tant de saints. Lucius lui ré- besoin que vous lui en disiez la «pian-
pondit : Si vous ignorez encore quelle est ma tité. Il pèse les montagnes et toute la terre
foi, vous n'avez jias raison de vous éloigner dans sa balance. Si vous me le donniez,
de moi sur des calomnies; apprenez-la donc vous auriez raison de m'en dire le poids; mai*
de ma bouche, et jouez-en par vous-même. si vous l'oIVrezà hieu. lui qui n'a pas méprisa
Votre foi, répondit Moïse, me parait très-ma- les deux oboles de la |iauvrc veuve, n'oubliera
nifeste; les évèqufs, les ])retres et les diacres pas non (dus votre offrande. » Quelques an-
envoyés parmi les inlidêles, condamnés
exilés, nées après, dans un second voyage qu'elle fit
aux mines, exposés aux bêtes ou consumés à Nitrie, comme saint Pambon aciievait sa
par le feu, sont des preuves de votre créance : dernière corbeille, il fit appider Mélanie, et
les yeux sont des tèmr.ins ]ilus lidêlcs que les lui dit « Recevez cette corbeille
: de mas
oreilles. Moïse ayant ainsi pailé protesta avec mains, afin de vous souvenir de moi; car je
serment que jamais il no recevrait l'ortlination n'ai autre chose à vous lai.sser. n Quand il fut
par les mains de Lucius. L'intrus l'eut volon- mort, Mélanie l'ensevelit elle-même (3).
tiers fait mourir; mais il fallait contenter la Entre les disciples de Pamboo, ou comptait

(I) Tlieod., 1. IV. c. XIV. - (î) Soc, I. IV, t irxn. Soi., 1. VI, e. xixvin. — (J) Pillsd. U>u.. »
cxrx, etc.
LIVRE TRENTE-CINQUIÊMK, ai
quatre frères Dioscore, Ammonius, Eusèbe ses vertus. Vous verrez en lui des marques
et Euthymius. qui, étanl ùe haute laiiie, fn évidentes de sainteté pour moi, je ne suis
:

rent nommés les grands frères ou les frères que cendre et que boue(2). » Telle était alors
longs, et devinrent fameux dans la suite. l'amitié de Rufin et de Jérôme, qui, depuis
Dioscore. ''aine, fut évèqus d'Hermopolis. devinrent de véhéments adversaires.
Ammonius avait fait le voyaye de Rome avec Saint Jérôme, après avoir étudié à Rome,
saint Athanase il savait toute l'Ecriture par
: voyagé dans les Gaules, demeuré quebiue
cœur, et avait beaucoup lu les ouvrages d'O- temps à Aquilée, était renu avec le prèlre
rigène, de Didyme et des autres auteurs ecclé- Evagre à Antiocho, d'où il se retira dans un
siastiques l'autorité des quatre frères était
: désert, sur les confins de la Syrie et de r.\ra-
considérable dans ce monastère. Ils avaient bie. Il eut pour compagnons de sa retraite
trois sœurs, qui avaient fait dans le voisinage deux amis, Innocent et Héliodore, et un es-
un monastère de filles. Sur le même mont de clave nommé Hylas. Le prêtre Evagre, qui
i\ilrie, sainte Mélanie vit saint Or, âgé de était riche', leur fournissait toutes les choses
quatre-vingt dix ans, et père de mille moines. nécessaires il entretenait auprès de saint Jé-
;

Quan<l il en recevait un nouveau, il assem- rôme des écrivains pour le servir dans ses
blait tous les autres, dont l'un apportait de la études, qu'il continuait toujours, et lui taisait
brique, l'autre du mortier, l'autre du bois, en tenir d'Antioche les lettres qui lui étaient
sorte qu'en un jour ils lui bâtissaient une cel- adressées de divers endroits. Saint Jérôme
lule; et saint Or prenait lui-même le soin de perdit deux de ses compagnons innocent :

la meubler. mourut, Héliodore se retira bientôt avec pro-


Durant la persécution, Mélanie s'appliqua messe de revenir. Lui-même fut attaqué de
de tout sou pouvoir à soulager les confesseurs fréquentes maladies, el, ce qui le fatiguait
y employant ses richesses, qui étaient im- encore plus, de violentes tentations d'impu-
menses. Elle en nourrit jusqu'à cinq mille reté, par le souvenir des délices de Rome.
pendant trois jours elle les recevait dans
: Comme les jeûnes et les autres austérités cor-
leur fuite, et les accompagnait quand ils porelles ne l'en délivraient pas, il entreprit
étaient pris. Elle suivit ceux qui furent relé- une élude pénible pour dompter son imagi-
gués en Palestine, jusqu'au nombre de cent nation ce fut d'apprendre la langue hébraï-
:

douze, leur fournissant de quoi subsister. Et que, sous la direction d'un Juif converti.
comme on gardait étroitement sans per-
les Après la lecture de Cicéron et des meilleurs
mettre de visiter, elle prenait un habit
les auteurs latins, il lui semblait rude de revenir
d'esclave, et venait vers le soir leur apporter à l'alphabet, et de s'exercer à des aspirations
les choses nécessaires à la vie. Le gouverneur et des prononciations difficiles. Souvent il
de Palestine le sut et la fil mettre en prison quitta ce travail, rebuté par les difficultés;
sans la connaître, croyant en tirer de l'argent souvent il le reprit, et enfin il ac(iuiî une
en lui faisant peur. Elle lui envoya dire «Je : grande connaissance de celle langue.
suis lille d'un tel, et autrefois femme d'un Les montagueset les déserts de Syrie étaient
tel, et maintenant servante de Jl!'^us-Ch^ist. peuplés de solitaires. Le plus illustre d'entre
Ne pensez donc pas me mépriser, à caus'î que eux tut saint Ephrem, qui, vers ce temps,
vous me voyez mal vêtue car je puis l'être
;
fut inspiré de visiter saint Basile. L'ayant
aussi magniliqucment que je voudrai. Ne pen- trouvé dans l'église de (iésarée, exnli.juant à
sez pas non plus m'epouvanter par vos me- son peuple la parole de Dieu, il ne pul s'em-
naces car j'ai assez de crédit pour vous em-
: pêcher de lui donner publiquement des louaa-
pêcher de me ravir ia moindre partie de mon ges ce qui fit dire à quelques-uns de l'as-
;

bien. J'ai bien Toulu vous donner cet avis, de semblée (Jui est cet étranger, qui loue ainsi
:

peur que par ignorance vous ne tombiez dans notre évêciuc'? Il le flatti' pour en recevoir
queliiue faute qui vous mettrait eu péril. » quelque libéralité. Mais après l'assemblée fi-
Le gouverneur, épouvanté à sou tour, lui fit nie, saint Basile, connaissant par inspiration
des excuses, lui rendit les honneurs (jui lui qui il était, le fit appeler et lui demanda par
étaient dus, et donna ordre qu'on la lais-àt un interprète, car saint Ephreiu ne savait pas
approcher des exilés autant qu'elle vou- le grec Etes-vous Eplirem, qui vous des si
:

drait (1). bien soumis au joug du Sauveur'? Il répondit:


Uutiu, qui accompagnait Mélanie dans ce Je suis Ephrem, qui coui» le dernier dans la
voyage, vint avrc elle à Jérusalem, où ils de- carrière celesle. Saint Basile l'embrassa, lui
meurèrent viiiKt-citiq ans, assistant les étran- donna le saint baiser, et le fil manger avec
gers qui y venaient de toutes parts, i)articu- lui: mais le festin fut principalement de dis-
iièremcnt les évéques, les moim's et les vierges. cours spirituels. Il lui demanda ce qui l'avait
Saint Jiirome ayant a|q)risleur séjour, écrivit porté à le louer ainsi à haute voix. C'est, dit
à Uulin, l'i adressa la lettre à un solitaire de saint E|direm, que je voyais sur votre épaula
grande réputation, nommé Florentins, cjui droite une columbe tl'une blancheur merveil-
était aussi a Jérusalem, avec lequel il avait leuse, qui semblait vous suggérer tout ce que
l'ait connaissance jiar leltn-s. En lui parlant vous disiez au [)euple (3).
de Kulin, il dit • Ne jugez pas de moi par
: Parmi les solilairiis de Palestine, le plus re«

y) PiUad. tau*., «vu. - '2j Hier., Xfùl. v, ad Flortitt. — (J) Qreg. Nyss. De Viià Bpfvem, GeiUiar.
m IHSTOiriE UNiVRRRELI.H DE I/Er.MSE CATHOLIQUE
nommé était Hf'^syrhiiis, fidMe (lisci|tlc de embrassa la vie monastique, s'y cïerra plu-
saint Milarion, dont il avait lappnité les re- sieurs années en Eu'ypl'-, puis, revenu «laiis
liques «le l'île de Cliypro. pRi-séciité sons Ju- la Paleslini', y f<uida lui-mrine un monastère.
lien l'Apostat, saint Hilai'ion sV'tait r<}fiiyié 11 continua de le gouverne! et de port" j'iia- i

en KgyiilÇ, dans le désert o'Oasis, de là en bit de solilaiic, même après qu'il fut devenu
Sieile, de Sicile à Modon,dans le l'cloiionnèse, miHropolitain de Chypre. Hilarion étant
de Modon à K|pidauieei) I)aln:atie, d'I^jiidaure tnoil dans son île, il en fit l'élotre funèbre.
près de i'aphosen (Jiypre. Son liut était de se Vers r.ui 374, ilivers prêtres et latqu>"; do
eaelier, non pour éviter la peiséi-nlion, mais Piirnphilie et de l'isidie l'ayant prié de leur
la foule que lui attirait partout leiiriiitile ses expliquer la doctrine de l'Kulise sur la Tri-
îïiiracles. A peine élait-il ari-ivé i]ueliiue part, nité, iiarlicidièrement sur l'article rlu Saint-
que les possédés découvraient sa retraite et ICspril, composa un discours célèbre sous le
il

accouraient pour être fçuérls. il demeura deux nom d'/l ncorw/, parce qu'il était comme une
ans dans l'île de (>Iiyp:e, jiensant toujours à ancre à ralfermir l'esprit aailé de
j)ropre
s'enfuir; et enfin, par le conseil d'Ilésycliiiis, doiites. y traite amplement les mystères de
Il

sans sortir de Tile, il se retira à douze mille la Trinité et de l'Incarnation confie les nou-
de la mer, entre des monta^çnes Irés-rudes, velles hérésies. Il y appelle plus d'une b)is la
dans un lieu assez a,i?réal)le, où il y avait de sainte Vierge théotocos ou mère de Dieu Et,
l'eau et des arbres fiuitiers, dont toutefois ja- ce i|ui est plus reman|uable encore et cpj'on
mais il ne mangea. Il y fil etJcore plusieurs tl'a point assez remarqué, non-seulement il
y
miracles, et les lialiitants gai-daii'nt avec grand jirouvi- la divinité du
et la consubslantialité
soin les nassages.de peur(iu'il ne leur échap- Saint-Esprit, mais y répète au moins dix
il

pât. Enfin, sachant ipie sa mort ('tait proche, fois qu'il est de la substatiee du Père et du
îl écrivit de sa main une petite liîttre à Ilé'sy- Fils, (|u'il est du Père et du Fils, qu'il |iio-
ehius, ([ui était alisenl, pour lui laisser toutes cède du Père et du Fils, qu'il procède du Pero
ses richesses, e'esl-à-dire son Evangile et ses et reçoit du Fils, qu'il procède de l'un et de
hal)its, consistant en une tunique de poil l'autre (2).
rude, une euculle et un petit manteau. Ce l'ut Dans le même
temps, il travaillait à l'his-
comme son testament. Plusieurs personnes toire et à générale de toutes les
la réfutation
pieuses vinrent de Paphos, sachant qu'il avait hérésies. 11 en compte quaire-vinijts jusqu'à
prédit sa mort; entre autres, une femme son temps, à partir de l'origine du monde ;
nommée Constantia, dont il avait guéri le vingt ans avant Jésus-Christ, et soixante après.
gendre et la fille. 11 leur fit faire serment à L'idée qui lui sert de base, c'est que l'Eeli'e
tous de he pas garder son corps un moment, catholique est de l'éternité ou du commenie-
mais de l'enterrer tout vêtu dans le jardin Où medt des siècles. Adam ne fut pas créé circon-
il était. Etant près d'expirer, il disait les yeux cis il n'adora pas non plus d'idole; mais,
ouverts Sors, mon âme, sors que crains-tu?
: « ! étant prophète, il connut Dieu, Pere, Fils et
Tu as servi Jésus-Christ près de soixante et Saint-Esprit. Il n'était donc ni Juif ni ido-
dix ans, et tu crains la mort? » On l'enterra lâtre,mais montrait dès lors le caractère du
aussitôt, comme il l'avait désiré. Hésychius, christianisme autant faut-il dire d'Ab-l, de
;

qui était en Palestine, l'ayant appris, revint Seth, d'Enos, d'Hénoch, de Mathusalcm, de
eu Chy[ire, et feignant de vouloir demeurer Noé, d'Héber, jusqu'à Abraham. Jusqu'alors
dans ce môme jardin, il dérohale cor|is au pé- il n'y avait de principe d'action que la piété

ril de sa vie, environ dix mois après. Cons- et l'impiété, la foi et l'incrédulité : la foi avec
tantia avait accoutumé de pclller au séi)ulere l'image du christianisme, l'incrédulité avec le
de saint Hilarion et de lui parler comme s'il caractère de l'impiété et du crime la foi sans ;

eût été présent, pour lui demander ses prières; aucune hérésie, sans aucune diversité de sen-
mais quand elle apprit (pie l'on avait enlevé timents, sans aucune dénomination particu-
son cor[is, elliî mourut à l'instant. Hésychius lière, tous s'ajipelant homme«, ainsi que le
le porta à Majume et l'enterra dans son an- premier la même foi que prLifesae encore
;

cien mona-lére, avec un u'rand concours de aujourd'hui la sainte et catholique Eslise de


moines et de peujile. Il s'y faisait tous les jours Dieu, laquelle, existant dès l'orisine s'est ,

de grands miracles; mais il s'en fnisait en- révélée de nouveau dans la suite. Du premier
core de plus grands dans le jardin qu'il avait homme au d'duge, l'impiëlé s'est pio. fuite ea
en Chypre. C'est ce que témoigne saint Jé- crimes violents et liarbares première jdiase,
:

rôme, qui vivait dans ce temps, et nous a que saint Ejuphane aiq)elle barbarisme du ;

laissé par écrit la vie du saint (I). (léluge uu temps d'.VIiraliam. elle se produisit
Un disii[ple encore plus illustre de saint Hi- en mn'urs sauvages et farouches, comme celle
larion fut saint Epiphane, deveiui, des l'au ÙQ' Scythes seconde phasi', qu'il -ppella
:

307, arohcvéquc de Sal.tnnne, métropole do scylhisme, usant de celte distinction de saint


toute la Chypre. Né en Palestine vers l'an 3 10, Paul En Jesus-Christ il n'y a ui Barlmre. ni
:

11 savait parfaitement Ihelircu. l'i-u-yptim, le Scythe, ni Heiiène, ni Juif. Lhellinisuie ou


synatpie et le grec, et passablement le latin. l'idolàtrio eominen<;-a v;?rs le temps de S.irug,
Insttuit dans la piété pdr saint Hilarion, il bisaïeul d'.Xbrahamj et le judaïsme à la cir-

(1; 8. aior, rUa S. tiilar. — (2) Epiph., t. II, p, 13, 14, 16, 71, 75, 77, 78, etc.. edil Pdam.
LlVËE tRENtë-ClNtJiJifeME. m
ronc-isîon Ae ce patriarche. Abraham fut d'a- j'^rtnait les qiiëraritê JWIM fttant Pâqilfes , les
bord appelé avec lo caractère de l't^li^e ca- six derniers on ne prenait que du pdin, du sei
tholique et aposlolii]uc, sans être circoncis. et de l'eau, et vers le soir. Les plus fervent»
De riiellénisme naijiiirent les hérésies ou sys- eri passaient plusieut-s. oïl mêite tOUs les six
tèmes de philosophi(! irrccquc de l'union de ; sans manger. On faisait nomiilàtivèinetit mé-
riiellénisme et du juilaïsme, l'hérésie dès sa- moire (les morts dans les prièt-es et le sacri-
maritains, avec ses diverses branches du jii- ; fice. Plusieurs avaient la dévotion particu-
daïsme , les hérésies des sadducéens des , lière de s'abstenir de plus oii moins de choses
scribes des phnrisiens et aiitres ; du christia- [iermises d'ailleurs. L'Eglise défendait, en gé-
nisme, il en était sorti jusqu'alors soixante, néral, tout ce qui était mauvais, superstitieux,
parmi lesquelles i! compte et réfiite ceux qui inhumain, et recommandait à tous l'hospita-
niaient la div'.::ité du Saint-Esprit, et les apol- lité, l'aumône et toutes l(;s œuvres de charité
linaristes prouvant, contre les premiers, ipie
: envers tout le monde. Telle est la substance
le Saint-Esprit est coéti'rncl et consuiislanliol du grand ouvrage de saint Epiphane. Il l'en-
au Père et au Fils, et c[u'il procède de l'un et voya, d'après leur prière, à des prêtre? et des
de l'autre; et contre les seconds, que le Fils abbés de Syrie, avec une lettre qili en contient
de Dieu, en s'incarnant, a pris réellement un le sommairs et qu'où a mal à propos partagée
corps et une âme semblaides aux nôtres. Quant €n deux.
à la sainte Vierge, il y avait«des hérétiques Ainsi, malgré les persécutions de l'empereur
qui en niaient la perpétuelle virj^inité; Valons et de l'hérésie arienne, l'esprit de Dieu
d'autres, au contraire, l'adoraient comme une animait partout son Eglise et y enfantait des
divinité : contre ceux-là qu'elle est
il élalilit saints et des docteurs. Au reste, Valens ne
demeurée jours vierge, et contre ceux-ci,
to\i persécutait que les catholiques il laissait aui ;

qu'il faut l'honorer, mais adorer Dieu seul. autres l'exercice libre de leur religion, c'est-
11 termine tout l'ouvrage par la pensée pre- à-dire à tous les hérétiques, aux Juifs et aux
mière que l'Eglise catholique, formée avec
: païens mêmes. Ils observaient en toute sûreté
Adam, annoncée dans les patriarches, accré- leurs cérémonies profanes, rétablies par Julien
ditée en Abraham, révélée par Moïse, prophé- et abolies par Jovicn (2). Pendant tout le règne
tisée par Isaïe, manifestée dans le Christ et de Valons, on brida de l'encens sur les autels,
unie à lui comme son unique épouse, existe à on olfrit aux idoles des libations et des vic-
la fois et avant et après toutes les erreurs. times on fit des festins publics dans les places;
;

Dans cet ouvrage, aidsi que dans soii An- on célébra les fêtes de Jupiter et de Cérês;
eorat, il dit que Pierre , le prince des apôtres, aux orgies de Bacchus, on vit des hommes et
malgré son reniement, est la pierro solide et des femmes courir furieux, portant des peàui
immuable sur laquelle le Seigneur a bâti son de chèvres, déchirant des chiens et faisant les
Eglise ilans tous les sens, et contre laquelle autres extravagances de cette fête (3).
les portes de l'enfer, autrement les hérésies et Comme magie étaieht
la divination et la
les hérésiarques ne prévaudront point. C'est
, une [lartieprincipale du paganisnie et de là
à lui que le Seigneur, en disant Pais mes : philosophie p.aïennes, les philosophes et les
brebis, a conhé la garde dii troupeau, trou- païens en général s'y adonnaient beaucoup.
peau qu'il gouverne comme il se doit par la l'n accident imprévu leur attira un terrible
vertu de son mailt'C (1). châtiment. Un empoisonneur, nofflriié Pallà-
Après avoir exposé la foi de l'Eglise, il dius, et un astrologue, nommé Héliodore,
ajoute sa dis(i[iline générale. Le fondement accusés d'avoir aidé un commis des finances
en est la virginilé que gardaient un grand à voler le trésor, furent mis à la torturé.
nombre de lidèles, puis la vie solitaire, en- Bientôt ils s'écrièrent qu'on avait tott de lés
suite la continence, après quoi la viduité, en- tourmenter pour si peu de choses, qiie si oii
fin un mariage honnête, surtout s'il est unique. voulait les écouter, ils révéleraient des scct'ets
La couronne de cet ensemble est le sacerdoce, d'une toute autre conséquence, et qiii n'al-
qui se recrute lo plus souvent parmi les vierges, laient à rien moins qu'au renvetseineiit géné-
ou du moins |iarmi les moines, ou, à leur dé- ral de tout l'Etat. En efl'et, ils dévoilèrent une
faut, parmi ceux qui s'abstiennent de leurs immense cons[)iration qui avait tommencé
femmes, ou qui sont veufs après uti seul ma- par consulter deux devins pour savoir qill de-
riage. Celui «pii s'est remarié ne peut être vait régner après Valens. Les devin<i, arrêtés
re(;u ilans le saceç'doce, soit dans l'ordre d'é- aussitôt et mis à la ([uestion, exposèrent aiiisi
vêque, de prêtre, de diacre ou de sous-diacre. la chose, au rapport d'Ammien .Milfcellin (i) :
Les assemblées ordonnées par les aiiotrcs se Nous avons fait avec des branches de l.Klrier
tenaient généràleihenl le dimanche, le mer- une table à trois pieds, à l'imitation du trépied
credi et le vendredi ces deux derniers jours ; de Delphes, et, après l'avoir consacré prtt des
on jeiinuit jusiju'à hone, excepté dans le temps charmes secrets et de longues céréinottits,
pascal. Il n'était jiàs permis de jciirier les oi- rious l'avons [losée au milica d'uhè rtiaisoh
inaiiclies ni la tcle de iNocl, (pii'b|uc jour putillét; (le tous côtés par des parfuma. Un mit
qu'elle tombât. Excéjilé les dlmauches, on dessus un bassin loud fabriiliié de dUctà nlfi-

<l) T. I, p. 500 1 l. 11, p. 14-JS. — (2) Theod., 1. IV, c. xxn. — (3) lUld., l C. xa. -(>«*
XMX, n. 1 »i 2,
2M HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISK CATHOUQUE.
taux, cfl l'on gravé sur le bord les vin^t-
.-: vnit gieurs personnes considérables, dont le nom
i]M.r,re uo lalplialict fircc, à ctMtaiiio
lettres commençait par les syllabes fatales TliuiL,
di-taiice l'une de l'autre. Un lirjrame s'en ap- c'est à-dire les Tluîndcjre , ics Théoilosf, les
procha, vêtu de lin, avec des chaussons de Théodote, les Thiîodule. l'iusieurs changèrent
iiK-rai' et une bandelette autour de la tète, et de nom à celte occaion (1).
portant de la verveine. Apre."» avoir invoi|ué Quant à l'empoisonneur Palladius et à l'as-
p:ir certains cantiques le dieu <iui présidi' à la trolofiur; Héliodore, qui n'avaient évité le sup-
Uivination, c'est-à-dire Apollon, cet homme plice qu'en dénonçant les conjurés, ils furent
baîança un anneau pendu à de petits riih'aux liés lors les amis et les confidents de l'i-mpe-

par un lil très- léger. Cet anneau avait été reur. .Maîtres de la vie des plus grands sei-
;jr('paié auparavant par les m}>téres de l'art. gneurs, ils les faisaient périr ou comme com-
Nous demandâmes (jui devait succéder au pl.ces de la conjuration ou comme c.jupableà
,

régne piéseiit, parce qu'on disait que ce de- de magie. Ils avaient imaginé un moyen in-
vait être un homme accompli, et l'anneau, en faillible de perdre ceux dont ils convoitaient
sautant sur le bassin , marcpia les quatre les richesse;. Après les avoir accus«'s, lorsqu'on
lettres Théud. Aussitôt quehpi'un des assis- allait, par ordre du prince, saisir leurs pa-
tants s'écria que le destin marquait Théodoie. piers, il y faisaient glisser des pièces qui em-
On n'en chercha pas davantage, car il était poitaient une condamnation inévitable. Ce
assez constant entre nous que c'était lui iju'on cruel artilicc tut léiielè tant de fois, et causa
demandait. Telle fut la confession des devins. la iierte de tant d'innocents, <pie plusieurs fa-
Ce Théo.lorc tenait le second rang entre les milles brûlèrent .tout ce qu'elles avaient de
notaires de l'empereur, dignité Vrés-consiilé- papiers, aimant m;eux perdre leurs litre-^ que
rable alors. Il était très-bien fait de sa per- de périravec eux.Hi'liodore étant mort quelipie
sonne, fort instruit des bonnes lettres, et ac- temiis après, Valens obligea les premiers (»cr-
coutumé à parlera l'empereur avec une grande sonnages de l'empire à marcher devant le
liiierté. il était païen ce qui le faisait désirer
:
convoi funèbre, la tète et les pieds nu-, les
pour maître aux plulosoplu-s et aux autres bras croisés sur la poitrine. Ses officiers eurent
païens, irrités de l'accroissement du christia- toutes les peines du monde à le dissuader d'y
nisme. Aussi ne faut-il pas s'étonner que l'an- présider lui-même. Vers le même temps, un
neau liien manié , marquât les premières tribun très-méchant, mais très-aimédu prince,
lettres de son nom. Théodore, informé de la avait ouvert le ventre à une femme enceinte
consultation, répondit, par lettres, qu'il ac- et vivante, pour évoquer les ombres des morts
ceptait le présent des dieux, et qu'il n'atten- et les consulter sur le successeur de Valens.
dait que l'occasion de remplir sa destinée. Le fait était avéré par la confession même da
L'empereur Valcns , naturellement violent, coupable. 3>'e3}Cfx:rc):r, q]:i Tenait de punir si
ayant découvert celte coiis[iiralion, fut trans- rigoureusement cette curiosité dans des cir-
porté de fureur et ne mit point de bornes à sa constances beaucoup moins atroces, ne permit
vengeance. Il fit mourir tous les complices, et pas de condamner le tribun, et, malgré l'in-
tous ceux mêmes qui furent soupçonnés de dignation des juges, il le laissa dans la pos-
l'être ; les uns par le feu, comme magiciens, session paisible de ses biens et de son rang.
les autres par le fer. Antiochc fut, pour ainsi Tel était le caractère de Valens (:*).
dire, inondée de sang. On rrcliercha ks phi- Comme il soupçonnait le jeune roi d''.\rmé-
losophes comme magiciens. Maxime futaccus»i nie, Fara, de pencher plus pour les Perses que
d'avoir eu connaissance de cette q\ ératioa pour les Romains, il le manda pour conférer
magiijue, et d'avoir prédit un gi and massacre, avec lui sur îles aUàires prêtées et importan-
après lequel Valens périrait il'unc manière tes. Son but était de s'assurer de sa personne
extraordinaire. Il fut donc amen»; à Antioche, et de le remplacer par un autre. Le jeune roi
puis renvoyé en Asie, où le gouverneur Feslus s'en apeiçut a Tarse, s'échappa d'une manière
lui fit trancher la tète. Fcstus est l'auteur inespérée, et rentra en Arménie, où il conti-
d'un abrégé de l'histoire romaine il avait : nua d'être fidèle aux Homaios. Valens se ven-
d'abord montré de la douceur; mais quand il gea du mauvais succès d'une première perfidie
vit t]uc, pour plaire au maître, il {'allait être par une perfidie jilus horrible encore. -«('aprea
cruel, ii le fut autant que personne. L'épou- ses ordres, le comte Trajan, qui commandai:
vante lut si grande parmi les ]ihilosophes, les troupes romaines sur les fronliere d'.Vr-
que nul n'o.=a plus en faire prolession ni en ménie, s insinua dans la confiance de l'.ira.
porter l'habit, et les particuliers mèmi's quit- l'invita à un festin, le mit à la place
tèrent les manteaux à frange qui pouvaient d'honneur, et puis l'y fit assassiner. L'n do
ressembler aux leurs. Ou lit aussi la recherche ses parents, nommé Varazdat, le remplaça sur
des écrit* de magie, et on biùla puliliquement le Irone (3).
de grands monceaux de livres, où l'on en coa- En Occident, la politique impériale se mon-
fondit qui ne traitaient que des lettres hu- trait pareille. Vers le temps même <>ù un gi--
maines et de jurisprudence. Enlin. s'il faut en néral de Valens fil égorger le roi d'Arménei,
croire l'histoiien Soirate, l'emjiereur Valens à la -uile d'un festin, un général de Valenli-
étendit la précaution jusqu'à faire mourir plu* nien fit massacrer le roi des Ruades, au sorlif

(1) Soc , I. IV, c. XIX. - (2) But. du Bai-Bmijirt, L XlX, D. t-Ii - (î) lbul..a 16-U.
LIVRE TRENTB-CINQUIEME. 289
d'un repas où il l'avait invité. La rigueur de son monastère, un des citoyens feignit que sa
V;iiioiinien croissait tous les jouis. Maxiiniu, femme ètiil malade, et, se jetant à genoux,
préfet des Gaules, aigrissait de plus en 'dus lui persuada de sortir. Des troupes d'ha'itant*
fiin caractère dur et impitoyable'. Les accès (jiii s'étaient mises en emltuscade sur le che-

l'e sa colère devenaii'nt |dus fré(iuents, et se min se saisirent de lui et le conduisirent jus-
marquaient dans le ton de sa voix, dans l'al- qu'à Tours, où était accourue, non-seulement
tcralion ('e son visage, dans le désordre de sa du pays, mais encore des villes voisines, un«
di'tnarche. Ceux ([ui Jusqu'alors avaient, par multitude incroyable do piHi|>le, pour prendre
limrs sages remontran jes, travaillé ii modérer part à cette élection. Tous le jugeaient très-
ses em()ortements, n'osaient plus ouvrir la digne de l'épiscopat, hors un petit nombr«
bouche il n'écoutait que Maxiiniu. 11 fit as-
: qui s'y opposaient, même des évèques. Ils di-
sommer un de ses pages pour avoir, dans une saient que c'était une personne mé[)risable par
chnsse, découplé un chien plutôt qu'il ne fal- sa mauvaise mine, ses cheveux mal faits, son
lait. Un chef de fabriquelui ayant présenté une habit malpropre. Mais le peuple se moqua de
cuirassé de fer très-bien travailli'e, s'attendait ces reproches, les comptant plutôt pour des
à être recompensé il fut mis à mort, parce
: louanges. Il fut môme frappé d'une rencontre
que la cuirasse pesait un peu moins que Va- imprévue. Le lecteur qui devait lire ce jour-
lentinien n'avait ordonné. Octavianus, qui là n'ayant pu percer la foule, un des assistants
avait été proconsul d'Afrique, encourut la prit le psautier et lut le premier passage qu'il
disgrâce du prince. Un prêtre ciirétien chez rencontra. C'était ce verset du psaume hui-
qui il se tenait caché, n'ayant pas voulu le dé- tième Vous avez tiré la louange de la bouche
:

couvrir, eut la tète tranchée a S'rmium. Enfin, des enfants, à cause de vos ennemis, pour dé-
ce qui passe toute croyance, à côté de son truire l'ennemi et le défenseur. Car on lisait
appartement, il logeait deux ourses énor- alors ainsi, au lieu que nous lisons â présent :

mes, qu'il nourrissait de cadavres humains. L'ennemi et le vengeur. Or, celui (jui s'oppo-
L'une portait le nom de Paillette d'or, l'autre sait le plus à l'élection de saint Martin était
d'Iiinocencâ. Après quelques années, il donna un évè(|ue nommé Défenseur. Tout le peuple
la liberté à celte dernière, et la fit lâcher dans crut qu'il était maicy^é par ce mot du psaume,
les forets, étant, disait-il, content de ses ser- et que Dieu en avait permis la lecture pour
vices (1^. faire connatL.e sa volonté. 11 s'éleva un grand
La dignité de préfet des Gaules, donnée à cri, et le parti contraire fut confondu.
Maximin, était une récompense de la cruauté Saint Martin continua daa- l'episcopat sa
qu'il avait déployée à Rome contre ceux manière de vivre, conservant la- même humi-
qu'on accusait de magie, lui qui avait d'abord lité dans le cœur, la même
pauvreté dans ses
exercé la may;ie lui-même. Il faisait gloire habits, ôans en avoir moins d'autorité. Il de-
de sa méchanceté, et disait insolemment : meura quelque temps dans une cellule près île
Pers(ÎTinc ne peut innocent
8i; flatter d'être l'église, bnsuite, ne pouvant supiiortiT la dis-
quand je veux qu'il soit coupable. En Afrique, traction lies visites qu'il recevait, il se fit un
il y avait un gouverneur de même caractère, monastère à deux milles environ de la ville,
nommé Romanus, qui, par ses cruautés et ses qui a subsisté jusqu'au dernier siècle, sous le
iin[io~lures, occasionna une révolte, que ré- nom de Marmoutiers. C'était alors un désert,
prima le comte Théodose, dont nous verrons enfermé de tout côté par une roche haute et
le fils empereur. escarpée, de l'autre par la rivière de Loire:
L'exécution du prêtre pour n'avoir pas voulu on n'y entrait que par un chemin fort étroit.
livrer une malheureuse victime de la colère Le saint évêi[iie y avait une cellule de bois :
impériale, montre assez que ce n'était pas le plusieurs des frères en avaient de même; la ;

zèle de la religion qui poussait Valentinien. plupart s'étaient logés dans des trous qu'ils
Aussi, dans le temps même qu'il faisait pour- avaient creusés dans le rocher; et l'on en
suivre les magiciens, dédara-t-il qu'il ne montre encore, que l'on dit avoir été habités
prétendait pas défendre pour cela l'art des par saint Martin. Il avait là environ qii.ilre-
aruspices; ijue les sacrificateurs des idoles con- vingts disciples, dont aucun ne possédait rien
terveraicnt leurs pn'^rogatives, et (ju'on ne de- en propre; il n'était permis àpeisonnede
vait admettre les coméiiicus à se convertir au vendre ni d'acheter, comme faisait la plupart
chri.^liaidsme qu'en danger cle mort. des moines. On n'y exerçait autre métier que
Dans les Gaules, où il faisait habituellement d'écrire encore n'y appliquait-on que les
:

on séjour, les paysans portaient publiiiue- jeunes; les anciens s'occupaient i l'oraison.
ment leurs idoles à travers les campagnes. On Ils sortaient rarement d leurs cellules, si ce
y voyait des contrées où jusqu'alors il y avait n'était pour s'assembler dans l'oratoire. Ils
très-peu ou presque point de chréti>»iis Mieu mangeaient tous ensemble après l'heure du
leur suscita un apôtre. Ce fut sîtint Mar- jeune e'est-à-diro vers le soir; ils ignoraient
tin (2). l'usaf^e du viii, s'ils n'y étaient contraints par
Le siège de Tours ayant vaciué, sa veMu et infirmité. La plupart étaient vêtus de poil de
§cs miracles le firent dcsiicr pourévêque. Mais chameau, c'est-à-dire de gros camelot: c'était
«•ouiuie on savait la difficulté de le tirer de un crime d'être habillé délicatement. Tout»-

0) Amm , ;. XXIX, a m. — (2) Sulp. Sev. Vita B. Uurlin. n. 10. Grog. Taron. Hlst. (font ,
I. U, o. xxxix
T. IV. l"
Î50 HISTOIRE UNIVrniSET.Ll; T>E L'ÉGt.»SF, CATHOLIQUE
Ui^ lui dirent: Si tu a« tant de
fois, il y avait entre eux plusieurs nobles éle saient. ï'.nfin,
vés d'une manière liicn diUV'ii'nte et j)lii-
; conlianee en ton Ilieu, ?)ous coufieron- nous-
Bieurs furent éveques dans la suite; car il ii'v mêmes cet arbr", pourvu (|ue tu sois des=ou*
avait point d'é^ilise qui ne rlésiràt d'avoir un quand il tombera. Il accejita la (-(mdilion, il

jmslcur tiré du monastère de saint Martin. se laissa lier et mettre à leur gré du côté <|iie

I*eu dr |prn|is après son ordination, il fui l'arbre penchait. TJncgrande foule s'assembla
nlilii^i' d'alliT à la cour de l'cmperfur Vali-ii- à ee spectacle; les moines qui l'accompa-
linien, qui résidait oi-iiinaireinent à 'l'ivves. gnaient étaient saisis de crainte. L'arbre à
Saclianl que saint Martin venait lui dt-înaiid'-r demi coupé ayant déjà craqué et commençant
ce qu'il ne voulait pas lui accorder, il diMèntlrt à tomber sur saint Martin, il éleva la main et
qu'on le laissât entrer dans le palais; enr ou- fit le signedelan'ùix. Aussitôt l'arbre, comme
tre qu'il était naturellement cruel et superbe, repoussé par un tourbillon de vent, tomba de
sa femme Justine, qui était arieime, le dé- l'autre coté et faillit accabler les paysan- qui
tournait de rendre honne-ur au saint évéqne. se croyaient le phis en sûreté. Tl s'éles-a im
Martin ayant tenté vainement Tine et deux grand rri, et il n'y eut presque per-onne de
fois d'apjiroclier de ce prince, cul recours ù cette prodigieuse mnltitude qui ne demandât
ses armes ordinaires il se revêtit d'un ciliée,
: l'imptisition des mains pour être reçu caté-
se couvrit de cendre, s'abstint de boire et de chuinènrh». Une autre foi-, comme il abattait
manfjer, pria joui- et nuit. Le septième jour, un temple d'Autun, une multitude de pai n»
un ani;e lui apparut et lui ordonna d'al'er se jeta sut lui, en furie, et le pbis hardi l'at-
hardiment au palais. Martin y va sur la pa- taqua l'épée ;\ la main. Le saint ôta son man-
role de l'ange: les portes s'ouvrent, personne teau et lui pré-^enta le coa à décou\erl; mais
ne l'arrête, H arrive jusqu'à l'emp reur. Ce le païen ayant levé le bras, tomba à la ren-
prince, le voyant venir de loin, jlemanda verse, épouvanté miraculeusement, et lui de-
avec emportement pourquoi on l'avait fait manda pardon. Un antre voulut le frajiper
entrer, et ne daifjna pas se lever; mais son d'un couteau, comm il abattait des idcde?;
siéife fut couvert d'un feu qui l'en chassa mais, dans l'action, le conteau lui échappa et
promptcment. Keronnaissanl alors qu'il avait disparut; d'antres fois il persuadait aoT
senti une vertu divine, il embrassa le saint païens de ruiner eux-Tnémes leurs temples, et
plusieurs fois, et lui accorda tout ce qu'il dé- à la place il bâtissait aussitôt des églises ou
sirait, sans attendie qu'd le demandât. Il loi des monastères.
donna souvent audience, et le tit souvent 11 continuait à faire souvent de grands mi-
manper à sa table eniin^ quand il paitit, il
: racles. 11 délivra du d('«mon un esclave de
lui ottrit de grands présents, que Martin re- Tétradius. qui avait été prfjconsul. \ Trêves,
fusa pour cons(!rver sa pauvreté (t). il giK'ritune liVle paralytiijue. prête â expirer,

Dans le voisinage de Tours était un lien ré- en lui TDettant danslabouchederiiurie bénilc.
véré par le peujde comme la sépultirre de A Pai'is, entrant dans la porte de la ville, suivi
quelque martyr; il y avait même un autel d'une grande fonk, il bai?a un lépreux qui
éri;;éparles prèeédentsévèqnes. Saint Martin, faisait hoirenrà tout le monde, et lui donna
qui ne croyait point à la légère, demandait sa bénédietioTi anssitot il f'.it guéri, et le len-
;

aux plus anciens du clergé qu'on lui fit voir demain il vint lendre giàees à Dieu dans
.e nom du martyr ou le temps de son martjTe, l'église Les tiMs tirés de Tliabit ou du eilice
et, n'en trouvant point de tradition certaine de Martin guérissaient souvent les malades,
il s'alistiTîtpendant quelque temps d'aller è étant attachés k leurs >}o>!rtâ on à lenr cou.
ee lieu-là, pour éviter de faire tort è la reli- Arliorius, qtii avait été préfet de R«.n»e, ayant
gion on d'autoriser la superstition. Un joar sa fille malade d'nne grosse fièvre iprarte, lui
eniin, il y alla avec qneJquos-uns tJes fréi^s, appliqua sur la poitrrne ane lettre <<n saint,
et. se lenaîit debout sur le sépulerc, il pria et la lièvre cessa an"»siVit.fanlin, depois illus-
Dieu de \m faire connaître qui y était enterré. tre par sa sainteté, ayant nne crande douleur
Alors, tournant à gauche, il Tit près de loi èun œil où catararte coHiHieBi^iil à se for-
la
une ombre sale et d'nn regard faroiiobe, à mer, Martin hii appliiyna tiu pinceau Et le
qui il eoimnamln de parler. L'ombre dit son puéril entièrement. Voilà «pi^ques-uns des
Hom. C'était un voleur mis à -mort pimr se» Biiracles décrits par Snlpice Sévère, chantés
crimes, que le peuple liiuiorait par erreur'st en vers par saint Paulin, qui tons deux vi-
qui n'avait rien de commun avec l<^s martyrs. vaient dans ce temps, qui tiiusdeox virent fdu»
Saint Martin le vit seul, b's autres entendaient d'une fois le samt. et dont le prf«iier eo«
seulement sa voix. Il lii 6ter l'autel et délivra écrit lu Ane, le saint -vrvant encore.
le peuple i\e cette superstitioD. Tandis <pie Martin renouvelait dans les
Souvent, ail péiil de aa vie, il raina pln- Canli's les prodipes et les ocBTwrsiwnsdes ap»-
ïieurs temples d'iiloles et abattit ^dusieurs ar- tres, l'ItMte vit s'élever vme wittv Uwniere.
bres que lef païens honoraient comme .sacrés. C'était en ;t7L .\uxeuce, évcqucarien de Milan,
Un .jour, ayant abattu un tejuple très-ancien, Tenait de ntoiirir. Il s'airi-sait de lui donner un
il voulait aussi couper un pin qui était pr..- uocedscur. Le»évéquesde la province eji écri-
cbe : le pontife et les autres païens »'j opp< tircDtâ l'ouipcreor V«leultui«i^ qui clait A

(l)Sulp. Bev. DM. n, a. «.


LIVRE TRENTE-CINQUIÈME. »t
Trêves. Voici ce que Théoiioret nous a ron- àrien,il voulut s'enfuir. Il sortit de la ville au
srrvé de sa réponse « Nourris des divines
: milieu de la nuit, pensant aller :\ Pavie; mais
Ecritures, vous savez ce que doit être un pon- il se trouva le matin à laporto de .Milan, que
tife. Sa vie, comme sa doctrine,
doit servir l'on appelait la perte Romaine. Le peuple
d'inslruclto'» à cen'x qu'il gouverne; ce doit l'ayant retrouw, lui donna des gardes. On
être pour eux nu modèle de toutes les vertus, envoya à l'empereur Valentinii-n une relation
et sa copituile doit répondre à iasainteté de sa de ce qui s'était pas.sé, lepriantde consentira
docti Placez sur !a chaire pontificale son ordination ce qniétaii nécessaire à cause
;

pareil tiomme, afin qucTiouv-niêmes. qui croii- de la charge dont il t'-tait revêtu. L'empereur
vernons l'empire, nous puissions lui soumet- dit ipi'il était ravi
quecelui qu'il avait envoyé
tre nos t^tes avec une entière confiance H JH<re fftt demandé pour évéque, et ccmmanda
recevoir ses répiVHiensions comme un l'i-mède (ju'il lût ordonné au plus tôt, ajoutant qu;
salutaire ; car étant homme, il Tie se peut ipie cette réunion subite des esprits divisés ne
nous ne commettions beaucoup de fautes. » pouvait A'enir que de Dieu. Pendant que l'on
Les évèques l'aj'antprié de désjg'nerlui-meini' attendait la réponse de l'empereur, .Vmbroise
celui qu'il croyait le plus capable, il répondit: s'enfuit encore et se cacha dans la terre d'un
«C'est une entreprise au-dessus de mes forces; nommé Léonce, du rang des clari.<sime-. Mais
personne ne pi'ut mieirx y rëtissir que vous la réponse étant venue, Léonce lui-même fut
qni êtes remplis rte la grâce de Dieu et éolaifés obligé de le décou\Tir; car le lieutenant du
de ses lumières (1).» préfet du prétoire, étant chargé de tenir la
Les évèques s'assemblèrent iJodc avec le main à lexicution de ce rescrit, fit afficher
peuple de Milan pour l'élection. Le peuple se une ordonnance qui enjoignait à tout le monde
trouva di\'isé les catholiques et les ariens vou-
: de découvrir Ambroise,- sous de grosses peines.
laient chacun un évéque de leur créance; la Etant donc découvert et amené à Milan, il
sédition fermentait et la ville -se voyait me- comprit que c'était la volonté de Dieu qu'il
nacée de sa ruine. Amhroise était srouverneur fût évèqiie, et qu'il ne pouvait plus s'en dé-
de la province, en qualité de consulaire de fendre.
Liiîurie et d'Emilie. Pmbos, préfet du pré- Comme il n'était encore que catéchumène,
toire, témoin de son éloquence et de sa capa- ildemandad'ètre baptisé parunévè juecatlïo-
cité, l'avait d'abord mis au rang de ses con- lique, craignant fortdi^ tomberentrc les mains
seillers et ensuitenommé à ce gy)avernenient, des ariens. Etant baptisé, il lit ©"nvôvc tousses
lui disant entre .autres choses Alli'z, ani^sex, : efforts pour retarder son ordination, a<!n de
non pas en juj^e, mais en évéque. C'était lui ne pas violer la règl» (lui 'détend tfordonner
dire: N'imiti'Z pas la justice cruelle d(! l'em- un néopliyte. Mats eoFflnw-îa 'raison -que donne
pire et de son chef, mais le gouvernement saint Paul di' celte règle est, de peur que le
paternel de l'Eglise. Ambroise ayant donc néophyte ne s'enfle d'orgueil, l'humilité d'Am-
appris (]ue la sédition ^talt prête à éclater, vint broisc et le besoiii pi'essant de l'Eglise per-
proraptement à l'éf^lise pour apaiser le péri- suadèrent de s'en di*|tensev. Seulement, on lui
ple il parla longtemps, selon les maximes
; fit evercer toutes les fonctions cclésia-liqués,
politiipii's. en f iveur de la paix et de la tran- et tut «rdflnné évèquele huilièmejonr après
il
quillité publiques .Vlors tout le peuple éleva soivl>apièifue, qui fut, comme I'cmi croit, le
la voix en le demandant lui-immie pour •sept il<>cenU<re 3T4. Tout le peuple eut une
évèipie. On ditipie ce fut un enfant qui com- extrême joie de -son ordination, et Ions les
mença par crier trois fois: Ambroise évé(jue ! évèques dtDcvidieMt-ét d'()ricnt l'approuvèreiït.
et que le ppuple suivit, répétant avee joie la Il pouvait alors avoir trettte-quatrc ans.
mémi' acclamation. C»- qui est certain, c'est Sitxjt (pi'il fui évèq«e, il donna A l'Kiîiiïa
que tous les esprits furent réunis comme par ou aux pauvres tout ce J\n\\ avait d'or «l
miracli!, et que tons, ariens «t catholiques, d'argr'nl. Pourses terres, il les donnaô IT-
s'accordèrent à le demamler quoiqu'il ne fût gli^, en réservant l'usufruit a sa «ceuv Mar-
encore que catéchumone. celline, qui demeurait ù 'llivme, oublie avnit
Ambroise, extrêmement surpTis, sortit de fait vceu de viiginilé entixi les main- du j>ape
l'églisi', lit prépavei- son tribunal, et, contre Libère. Comme son frère Satyre, (jui lui-
sa coutume, fit donner la qneslitm à quelques même avait gtouverné |»ateTnèUemcnl ittie
accusés, afin de fiaraltre un magistrat s('véve province, était venu k- voir* .Milan, b'ur tein-
juscju'i'i la cruauté. Mais le peuple n'y fut point dre amitié ne leur permeJtanl pas «h> vifte
tri)uii)6, et criait Nous prenons sur nous tou
: éloignés l'un de l'aLitre, il lec4»Ki'S>'a du gou-
pèche! Il retourna <lans sa maison et voulut verncnjcnt de 'a maison. .\tmi dégAxé de tous
faire profession de lu vii- philosophique; muis les soins te^mporels, il si^ drtnoa tout entier à
on l'en détourna. Alors, pour se décrier au- son ministère. Pr.rnièromenl, il s'-i, pli q^a
près du peuple, son 7èle, encore piru éclairé, avec mi travail assidu à l'étude des saintes
le porta jus(pi'à faire entrer cher, lui, devHiit. 'Ecriturt^s; car jusque-là, il n'avait guère lu
tout b' lunnde, des femmes iiuliliijues; le poii- que li's autours protanc-. Il employait ji la lec-
,j>c criait encore plus lorl: Nous pi-enons sur ture tous les mouicuts qiiii jvuvuit dember
nous ton péché! Voyant donc qu'il n'avançait aux all'aires, et même une partie de la nuit

(l)TheoJ.. 1. IV, »i, vu.


Mî HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE

Outre rEorifure, il lisait les auteurs ecclésias- l'exactitude.Tout est dans la vérité et sans
tiques, entre antres Origéne et saint Basile, aucune fraude. Nous l'attestons (2;.
qui fut ce'ui de tous auquel il s'attac-ha le Dans le même temps, l'Italie voyait fleurir
plus. Il enseignait à mesure (ju'il étudiait. Il deux autres illustres évèques saint Valérien:

précliait tous les ilimanches et ollVait tous les d'Aquilée, dont le clergé était comme une
jours le saint saerilice. Son application à ins- pépinière de saints et de savants; saint l'hi-
truire eut un tt.1 succès, qu'il r:iini'iia toute lastre lie Bresse, qui avait soutenti les catho-
orthodoxe et en liannit l'aria-
l'Italie à la loi liques de Milan contre les séductionsde l'arien
nisme. l'eu do temps après son ordination, il Auxencc. Ou a de lui un Traité des Hérédes.
se plaignit à l'enipcnur de (juclque chose (jue Il établit, comme saint Epipiiane, que le
les magistrats avaii^nt fait contre les règles, et clirislianisme a commencé avec le monde et
l'empereur lui répondit: Je connaissais de[)uis s'est perpétué par les patriarches, tandis que
Krgtemps volie liherté à parler, et cela ne lepaganisme n'a commencé que vers le temps
m'a pas empêché de consentir à votre ordina- d'Abraham. Il compte vingl-huit hérésies
tion: ainsi continuez d'apporter à nos iiéchés avant Jésus-Christ, et cent-vingt-huit après.
les remèdes ([u'ordonne la loi divine. On sent On lui souhaiterait plus d'exactitude, non-
à ces paroles que si Valentinien avait toujours seulement pour les époques, mais encore pour
eu à ses côtés un saint .\ml)roise, il aurait qualilier les doctrines; car il taxe d'hérésie
dompté la violence de soji caractère et serait plusieurs opinions librement controversées
devenu un prince accompli (I). parmi les chrétiens, et même quelques vé-
Un des premiers soins du saint évêqnefutde rités certaines en sorte qu'il faut le lire avec
:

transférer de Cappadoce en sa ville é[iiscopale précaution (3).


le corps de saint Denys, l'un de ses prédéces- L'Esiiagne voyait depuis l'an 373 un
seurs. Il envoya pour cet eft'et les plus consi- exemple pareil a celui de saint Ambroise :

dérahles de son clergé en Cappadoci', avec des un peisonnage du rang le plus con-idérable,
lettrps pour saint Basile, .par lesquelles il le devenu un saint évèque. C'était saint Pacien,
priiiit de l'aider dans cette entreprise. Saint évèque de Barccbjne. Marié d'abord, il avait
iJasile s'y °mploya de grand cœur, et la chose un fils nommé Dexter, qui fut dans la suite
réussit.ll chargea les clercs de Milan d'une let- préfet du prétoire, et à qui saint Jérôme
tre en réponse à celle de leur évèque, par dédia son livre d'is Auteurs en léstasttques. Mais
laquelle il lui témoignait une extrême joie de s'il fut grand dans le monde par sa naissance,

le connaître et d apprendre que Dieu eût il le fut beaucoup plus devant Dieu par sa
confié son troupeau à un homme tiré de la chasteté et par la sainteté de sa vie, et parmi les
ville royale, également recommandahle par sa savants par son éloquence et la beauté de
naissance, par sa sagesse, par son éloquence son style. Avec une sorte de lettre pastorale
et par l'éclat de sa vie. Il ajnute que les clercs sur la pénitence et un discours sur le bap-
qu'il a envoyés pour la translaliim du corps de tême, il nous reste Af lui trois lettres d'un
saint Denys ont fait l'éloge de tout le clergé novatien de distinction, qui, sans vouloir se
de Milan, par la gravité de leurs mœurs, et faire connaitie, lui avait écrit d'abonl comme
qu'il a fallu toute leur constance pnur per- pour le délier au combat. Il s'établit entre eux
suadera ceux qui étaient dépositu ires du corps une correspondance. Le saint lui répondit une
de ce saint martyr de s'en dessaisir, pa^ce ijuatrième lettre, qui n'est point venue jusqu'à
qu'ils le regardaient comme leur prolecteur; nous. De ces écrits divers, le style est poli
que Thérasius, prêtre très-vertueux de l'église et châtié, les raisonnements justes et solides,
de Césarée, qu'il leur avait donné pour les les pensées belles, le tour agi cable. Pacien
seconder dans leur dessein, n'avait pas peu e.-t plein d'onction quand il exhorte à la ver-

contribué à le faire réussir; que c'est lui quia tu, plein de feu et de force quand il combat
eu en garde ces reli<pies, après les avoir tirées le vice, il traite ses adversaire- avec politesse,
de terre en [irésence des prêtres, des diacres et mais sans les épargner, et les suit dans tous
de plusieurs personnes de piété; qu'autant leurs mauvais détours.
leur enlèvement a cause de douleur à ceux Voici ce qu'il enseigne de l'Eglise. Elle est
qui en étaient les gardiens, autant elles doi- le corps de Jesus-Christ, composé de plusieurs
yent donner de joie à ceux de .Milan qu'il n'y ; membres unis ensemble et répandus Jans
a aucun doute que ce ne soient celles du saint tout le monde. Elleappelée catholique,
est
martyr, puis qu'il n'y avait qu'une seule pour la distinguer des hérésies, qui, nées de-
châsse, i|ue personne n'avait été enterré auprès puis les apôtres sous divers noms, se sont
rie lui, et ijue son tomheau était remarquable elTorc^es de la déchirer et de la diviser en
par la vénération des lidèles, qui lui avaient plusieurs parties; et afin que le pt'Ujde atta-
rendu les honneurs d'un martyr. Les mêmes ché à la doctrine des apôtres oui, comme il
chrétiens (]ui l'ont logé dans leurs maislln^ et était convenable, un nom qui marqu,' l'unité '

l'y ont déposé de leurs propres uiains vous le de ceux qui ne s'étaient point lais>é corrom-
perlent maintenant. Ceux qui l'onldonné sont pre à l'erreur et que celle partie principale
dïs gens de piété; ceux qui l'ont reçu ont de des chrétiens, qui est l'Eglise, fut appelée

(!) Voir la Vie de S. Ambroise. t>at le diacre PauliO Titlemont, C«illler, etc. — (î) BmiI.. Spul. czcri^
<•> o. Bened. — (3) Bibl. PP. t. IV.
;
LIVRE TRE.NTE CINQUIÈME. 29)

d'une manière qui lui fût propre. Comment, premiers. « Je vois bien, lui dit-il, que voua
en effet, en entrant dans une ville bien peu- ne savez pas que ce sont vos auteurs qui ont
plée, où il y aurait des marcionites, des ap- fait schisme à Carthage. Remontez à l'origine
pollinaristi's, des cataphryges, des novatiens de cette affaire, et vous verrez que vous vous
et d'autres secte- qui prennent tous le nom êtes condamné vous-même en joignant les
de chrétiens, reconnaîtrais-je la société de schismatiques aux hérétiques. Car ce n'est
mon peuple, si elle ne s'appelait catholique? pasCécilien qui s'est séparé de Majorin, votre
Sur quoi il est dit ces belles paroles « Chré- : aïeul; c'est Majorin qui s'est séparé de Ceci-
tien est mon nom, et catholique mon sur- lien. Cécilieu n'a pas quitté la chaire de
nom l'un me distingue, l'autre me désigne.
; Pierre ou de Cypri n, mais Majorin, dont
C'est par ce surnom que notre peuple est vous tenez la chaire, qui n'avait point d'ori-
distingué de ceux qui sont appelés hérétiques, gine avant Majorin même. »
dont le nombre est très-petit en comparaison Dans le second livre, après avoir rappelé
des catholiques. Cette Eglise, qui est notre que l'Eglise est une, saint Optât montre
mère, a un très-grand soin et une affection qu'elle doit être catholique de fait comme de
bien tendre pour ses enfants elle honore les ; nom, c'est-à-dire répandue par toute la terre.
bons, elle châtie les superbes, elle guérit les Il presse ainsi Parménien «: Pour que
malades, elle n'en abandonne aucun elle ; l'Eglise ne puisse être que chez vous et dans
n'en méprise aucun ses plus faibles produc-
; le coin de rAfrii[ue où vous êtes, il faut
tions se conservent en sûreté sous l'indulgence qu'elle ne soit point dans l'autre partie de
d'une mère si bonne et si tendre. Comme l'Afrique où nous sommes; qu'elle ne soit pas
l'Eglise est une, le fondement aussi eu est non plus dans les Espagnes, dans la Caule,
unique. Car, quoique le Seigneur ait accordé dans l'Italie, dans les trois Pannonies, dans
à tous ses apôtres en commun le pouvoir de la Dace, dans la Mêsie, dans la Thrace, ilans
lier et de délier, néanmoins, afin de fonder l'Achaïe, dans la Macédoine et dans toute la
l'unité sur un et par un, il commence par le Grèce, dans le Pont, dans la Galatie, dans la
donner à Pierre, en lui disant Et je te dis, : Cai)padoce, dans la Paraphylie, dans la
moi, que tu es l*i'>rre, et que sur cette pierre Phrygie, dans la Cilicie, dans les trois Syries,
je bàliiai mon E'j,lise, et les portes de l'enfer dans les deux Arménies, dans toute l'Egypte,
ne prévaudront pas contre elle. Et je te don- dans la Mésopotamie et dans un nombre infini
nerai les clefs du royaume des cieux, et tout il'iles et de provinces où vous n'êtes point.

ce ([uc tu lieras sur la terre sera lié dans les Où sera donc la propriété du nom de catho-
cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre lique, puisque cifnom lui a été donné àcause
sera dilié dans les cieux (I). qu'elle est répauilue partout ? Où sera donc
Cette be le unité de l'Eglise, saint Optât, ce que le Fils de Dieu a mérité? Où sera ce
évè(îue lie Mili've, la défendait dans le même qui; le Père lui a donné volontiers en disant,
temps en Afrique, contre les donatistes, Par- dans le second psaume Je vous donnerai les
:

ménii'u, éveque donatiste deCarthage, venait nations pour votre hih-itage, et pour voira
de publier un livre où, parmi bien des ca- possession, les confins de la terre? Pourquoi
lomnies contre les catholiques, il y avait cassez-vous une telle promesse, et mellez-
néanmoins des aveux et des principes qui vous comme en prison l'étendue des royaumes?
leur assuraient une victoire complète. Il di- Pourquoi prescrivez-vous des bornes à l'empire
sait, par exemple, qu'il n'y a qu'une seule du Fils, après que son Père lui a promis toute
Eglise, que les héréliiiucs en sont exclus, at- la terre, sans qu'il en excepte aucune [lartie ? »
tendu (juc Pierre seul en a reçu les clefs (2). Ayant ainsi montré que l'Eglise est et
Sainl dplal lui répondit par un ouvrage en doit être universelle, Optât en vient aux mar-
sept livres, où il traite am|ilement tout ce ques qui la caracti'risenl et qui la distinguent
qui regarde le schisme des d(matistes. Il n[i- de toutes les sect^ s. La i>remière de ces mar-
proiivc fort ce que disait Parménien, <[ue les ques, sans laquelle nulle autre n'était même
marques de l'Eglise ne pcuicnt être cluîz les possible, c'est la chaire épiscopale. Parmé-
liéréiiques. « Nous savons que leurs èglisi>s nien en convenait, cl c'est pourquoi saint
sont des prostituiios qui n'ont point de droits 0(itat ne s'applique (ju'à montrer que la
aux sdCrenienls, et des étrangères qui' Jcsus- chaire est la pieuiière. Et comme ce scbisnia-
Chri>t ne lec.onuait point pour ses é[iouses.Car tique ne pouvait contcsler cette prérogative
il est l'époux d'une seule Eglise, appeb'ic dms à celle de saint Pierre, il lui dit « Vous ne
:

le Cantique îles (.'antifjaes :ion unii[ue cdombe, sauriez donc nier que vous ne sachiez que
son épouse bien-aiiaée, le jardin fermé, la dans la ville île Home lu chaire épiscopale a
fontaine scellée. Les héréiiipies n'en ont été donnée i)remièremeut à Pierre, et que
point les cb'fs: Pierre les a reçues. » Il ap- dans celte chaire a été assis Pierre, le chet de
[irouve encore la comparaison que Parménien tous les apoli es, alin que dan-: celte chaire
l'aisail des schisuialiques avec dtis sarnientj unique tou^ gardassent l'unité, que chaque
Je vigiu; destinés au l'eu mais il tenioii;ue
; apolre ne prcte:>dil point avoir la sienne, et
être surjiris d(! ce ([u'il joignait les scliisnia- i|u(! celui-là fut regardé comme prèvarii aleur

tiqucs aux hérétiques, étant lui-même dos cl comme schismatiquc, qui oserait élever

(r Cfillier ». VI. Bihl. PP., t. IV - (2) S. Opt., 1. I, n. 10 et 12.


aét HISTOIHK UNIVKRSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUB

une autre cli aire contre cette cliiiire unicjue. Dans le troisième livre, en rappelant avec
Pierre r^'est donc assis le iireiiiler sur cette <|uelle insolence le faux évèque l(onal de Car»
chaire unique, i|ui est la première maniue Ui;\ni; avait jiarlé de l'enqH-rciir C<jns(ant et
de l'Eylise. Lin liri a sucuidé; à Lin, élé- des aumônes qu'il envoyait en Arriijiii', il dit;
ment; à Cli'nienI, Anaciet; jiuis Kvurisle, « Dès lors, contre le piéceple de l'apotre, il
Tliéles])hore, Ilv^in, Aiiicit, l'ii', Siitcr, Klcu- s'étudiait à injurier les pui'sani'cs et b's rois,
llière, Vi( lor, Zi'qiiiirin, (iaiixte, I]ii)ain, An- au lieu de prier [lour eux chaque jour. En
tére, F!iliifu,(;()in(;ilie,Luciiis, Lticnne, Sixte, effet, voici ce que l'Apotre ell^eig|le Priei :

Denyy, Euliciiien,(]aius Mai-ccllin, Mar-


l''i'lix, pour les rois et [lour les pui-*«ances, alîu oue
cel, Eiiséi)e, Milliade, Syivcstie. Maic. Jules, nous menions une vie tranquille avec eux. Car
Libère et l)ainase qui e>taujiiurcl hui notre col- la république n'est pun dans l'Exlis'--. mais
lègue et avoc([ui tout lemonile est en coinmu- l'Ef^line dans la répiililiqn', (•"•si à-diri* dans
iiioncomtne nous pur 1(! commerce des lettre' l'empire romain là se trouve la sainteté du
;

formées. Montrez l'ori^inede votrr; eliairi!, v./us sacerdoce, la |>uileiir, la virginité, .|ui ne se
qui voulez avoir chez vous la sainte E(.;iise, trouvent point chez les nations barbares, ou
vous dites (|uc vous avez un parti dans la du moins ne s'y trouveraient pas en sû-
ville de Rome; mais c'est une branche de reté (I). »
votre erreur, qui vient de la soucli'' du men- Le sens naturel de ces paroles, c'est que le»
songe, et non pas du tronc de la vérité. Car fldèlesd'alors devaient priurspécialement pour
81 on demande à Mncrobe où il est assis, l'empire romain, à c;iuse que l'Eglise subsis-
diru-t-il que c'est dans la chaire de l'ierre? Je tait princi[)alemenl dans cet empire, et qu'elle
ne sais mi;me s'il l'a jamais vue du même y trouvait plus de protection qu'ailleurs. Ce
s'il a a[iproclié de son lond)eau: réfrac- (jul était vrai en généial. mais non p.is lou-

taire en cela au précepte de rA[)6tre, ipii jouis ni au [ded de la lettre; car rE:.;iis"- s'é-
veut qiu! l'on C(iminuni(|ue à la mi'moire tendait bien aiiilclà des pos-e-sions romaines,
des saints. L'on voit à l4ome les mémoires et phis d'une fois des clirèlicns se dércdierent
des deux Apôtres Pierre el l'aul dites s'il a ; chez les Barbares aux persécutions îles empe-
pu y entrer et s'il a oil'iul le sacrilice dans reurs romains. En tout cas, dans ces paroles,
l'endroit où il est constant que .«ont leurs il n'est pas i(uestioii clc la soumission due aux

mémoires. Heste donc que votre conl'rère pui>sances, mais seulement du ilevoir de prier
Macrobe avoue qu'il est assis où autrefois pour elles. Ceux-là donc qui ont appliijué ce»
Rasseyait Lncolpius; et si l'on i)ouvait inter- jiaioies aux royaumes modernes, b^quei^ tous,
roger Eucol|.ius, il dirait qu'il a succédé à cl pour la date et pour iaduiéc, sont renfi-rmés
Bonilace de Dalles, qui aurait pu se dire suc- dans l'Eglise , qui, de plus, les ont inler,iré-
cesseur de Victor de Garbie, envoyé d'Afrique téesdansce sens, que l'Eglise est >uiiord<>îiuée
par les vôtres, il y a longtemps, pour être le à l'Elat, ceux-là ont commis un ilouLle cunlre-
pasteur d'un petit nombre d'c;rrants. Que seus.
veut dire cela? Que votre [larti n'a jamais pu Le saint ddcteur avait terminé son ouvraga
avoir dans Home d'èvèque qui en fut ci- en six livres il y avait montré où était la
;

toyen, et iiue c'a ttuijours été des Africains et véritable Eglis», il y avait montré que ceux
des étrangeis oui ont occupé successivement quiavaient livré les Ecritures étaient pifcisê-
la cbaiieiiue vous y avez ériiiéc. L'imjiosturc nieiit les auliMirs du doiiatisme, il av lil lefuté
est manifeste. On voit l'esprit de parti qui toutes les calomnies des donatistes. M lis alors
est la mère du schisme. » ils dirent: Si nous souimes les cnfanti dos tra-
Saint Optai raconte comment, à la prière diteuis, pourquoi l'Eyli^e catlioliqui- nous a-
de (piel |ues donatistes qui s'élaient établis à t-cile tant pressés et nous pre^se-t-elle encore
Rome, Victor de (jarble fut envoyé pour pré- de rentrer dans sou s>'in l>s diflicuKès et
'/

sider à leuis assemblées. « Il fut là, dit-il, quelques autres obli^tèrent saint Optât d'ujoa^
comme un lils sans père, comme un pasteur ter un ^cptieme livre, où il dit :

sans troupeau, comme un évèquesans peuple. <(Que si les auteurs meiiics du schisme s'é-
Car on ne pouvait pas appeler troupeau ni taient iiresentés. l'Eiîlise aurait pu he-iler
peuple un nombre de personnes qui n'excé- peut-être sur la manière de les recevoir mais;

dait jias quarante, qui n'avaient ni basilique pour recevoir leui-s descendante, dont le |>ecli^
ni autre lieu où ils pussent s'asscnd)ler eu ; n'i'Sl jias de même, peut-elle avoir aucun
sorte qu'après l'arrivée de Victor, ils furent doute'.' Et si elle en avait. n'auricK-vous ;>asdù
oblises de prendre, pour tenir leur convenli- lui rappeler le type même de riiiiité, la per-
cule, une caverne hoi-s de Uome, iju'ils lér- soniii! clu bienheureux Pierre, eu laipiede se
luèrent de claies. El comme cette caverne voit la forme pour i-etenir l'unité ou jwiur la
était sur une moniai:ne, on leur donna le refaire ? Jésu'^-Clirist avait pnuuis de lenier
nom de montagnards, n Pour achcVfr sa dé- auprès de son Père quiconque le renieiait lui-
monstration, saint 0|ilal remarque ipie la même. I*ierre le renie. El cependant. <>ur le |

chaire uniipie de Pierre étant chez les catho- bien «le l'unité, le bienheureux Pierre, pour
liques, il s'y trouve par là même tous les ipii c'eut ete bien a^scE apies son le .. nenl
«ulres caractères de l'Eglise. d'ubtcuir simplcmeul &uu pardon, Icio '
ii>'U-

(1) S. Oi.t., t. 111, B. I


LIVRE TRENTE-CINQ UIÈMB
reux Pierre a mérité d'èfre préféré à tous le» et le parti de saint Paulin, et le parti de saint
{ipotrcs. et seul il du royaume
a reçu les clefs Mélèce, et Vital, et .Vpolliaaire les uns pour :

des ciciix pour les eommuniquer aux autres, lui demander la l'éunion des membres divisés,
tyost à ce modèlequ'il faut faire attention. Le les aotres pour se maintenir dans la commu-
Pierre voudra ijien me pardi^niier
iiiei)lieiireiix nion de l'Eglise en se maintenant dans la
si je rappelle ce ([u'il a pleuré si auièrement. sienne. C'est de lui particu.ièrement que sa
Le chi'f (les apôtres aurai'» pu se conduire de plaindra saint Uasile, loi-squb la réunion n'ira
uianiè!'! à n'avoir rien à pleurer mais dans ; point assez vite à son gré, et pi'au contraire
une taule qu'ilcommet, il s'en trouve plusieni-s, il verra son ami saint .Mélèce soupçonné da
alin ([ue l'on puisse voir que, pour le bien de sentiments peu orthodoxes.
l'unilé, il faut tout réserver à Dieu. Jr ncsais La division de l'Orient ou plutôt d'Autioche
si dans ce genre il peut y avoir faute aussi était une atfaire bien délicate: île part et d'au-
grande. Celui qui renie le Sauveur dans nue tre il y avait des saints mais ces saintsétaienl
;

persécution, n'en a pas reçu autant içràce, hommes du moins di;s hommes les entou-
:

ni ne lui a fait de si grandes promossi's. Lors- raient et les conseillaient, il y avait des pré-
()ue Jésus demande Et vous, qui diles-vous
: ventions de part et d'autre. Mélèce était sin-
que je suis? Pierre seul le recouuait pour le cèrement catholique mais il avait été ordonné
;

Fils de Dieu, et non pas les autres. Lors |ue, la par les ariens, mais il était soupçonné d'en
veille de sa Passion, il dit Vous ni'alinn<lon-
: retenir quelque chose, mais il n'avait pas ac-
neiez tous, les autres se taisent, Pierre seul cueilli les avances ijue saint Alhîinase lui avait
promet de ne l'abandonner pas. LeFils de Dieu faites pour la réunion, mais il n'avait pas tenu
lui prédit qu'avant le chant du cO(i il le renie- ce qu'il avait promis. Paulin, de son coté, était
rait trois fois. Pierre, comme puur agpjraver un si saint homme, qu'il était r.^specté des
sa faute, soutient que non. Et puis, dans la arieiismêmes mais il n'avait pour lui que la
;

maison du Caïplie, Pierre seul est interrogé moindre partie des catholiques d'.\nlioche,
tiois fois, et trois fois il renie, tandis (jue les mais les adversaires le soupçonnaieui de pen-
autres ne renient pas une seule fois. Et cepen- ser comme Akircel d'Aïuyre ou comme Apol-
dant, pour le bien de l'unité, il n'est pas re- linaire.. Vers l'an '.MS, le [irétre Evagre d'An-
tranché (lu nombre des apôtres par la provi- : tioclie revint de Rome, rapport.mt un écrit
dence du Sauveur, c'est lui qui reçoit les clefs. que les Orientaux y avaient envoyé, et dont
Oui, de prélérence à tant d'autres qui sont les Occiileutaux les plus exacts n'avaient pas
innocents, c'est le péchenr qui reçoit les clefs, été contents. Ils li'mandaieut aux Orientaux
aliu c[ue la chose de l'unité ait un moiléle. La une lettre qui suivit mot pour mot un écrit
providence a voulu que le p(îidieur ouvrît la qu'Evagr leur apportait; ils voulaient aussi

porte aux innocents, de peui([ue lesiiinocents que les Orientaux leur envoyassent unedépu-
ne la fermassent aux pétheurs, ce ((ui eût tatioii de plusieurs personnes consi'léiables,
rendu impo-sible l'unité, qui cependant est atin d'avoir une occasion spécieuse de les visi-
nécessaire. Si vou vous rappeli''z ces choses, ter. l>omme Evagre voulait travailler à la réu-
vous qui désirez la communion de l'Eglise nion lie l'église d'Antioche, il convint avee
cathnliiiuc , comment vous étonneriez-vous saint Basile, en passant à Césarée. de commu-
qu'elle vous reçût avec tendresse, vous ipii, niquer avec le parti de saini .Mélèce. Mais
notoirement, n'êtes point des Iraditeurs, mais quand il fut à xVntioclie, il changea d'avis, et
seulement leurs descendants (I) 'hi ne eommunicjua qu'au jiarti de Paulin, auquel
Cette unité de l'EjAliso dont on voit la doc- il demeura tellenieni uni qu'il fut son succes-

trine dans sailli Optât, on en voit l'aidion dins seur dans l'èvèché. Quelque temps après,
le pa|ie saint Dainase. Les donatistes d'Afri- Pierre, patriarche d'.Mexandrie, et le prêtre
«(ue, les lucifé'riens de Sardaigiie avaient beau IKiro.hée, envoyé île saint Basile et de saint
importer un fantôme d'évè que à Rome, leurs Mélèce, eurent une contestatiou très-vive à
manoeuvres avortées ne prouventiju'uneihose, Rome, dcviint le l'ape. Dorothée manqua d«
c'i st que l'iomeest liîctMitre iiuquel tout émana respecta Pierre; Pierre accu-a d'héré-ie et
et au<pu;l tout ressort; et ([uc si l'on n'est [las Mélèce d'.Vnlioiho et Eusèbe de Samosata,
ni au -ii'ge de fJome, on est hors de l'Eg ise. exilés l'un et l'autre dans ce moment.
Damase, quoique contrarié ici et là par I s in- SainlKisileen ressentiluno grandepeiuc(2):
trigues et lescalomnies de la fiction d'Lhsin, il la témoigna à l'ieire lui-miMue mais .

n'en était pas moins, comme auln^ibis la co- bien plus vivement encore à Eusèbe de Sauio-
lonne di! nu(!e dans le désert, le fanal éb-vé sjite il SI' plaignait amèrement à lui du lasle
:

vers le((U(d toutes les églises de l'uoivers tour- des Occiiientau.v. Pour moi, dit-il, je voudrais
naient leurs regards. C'est auprès de lui que écrire leur chef sous forme de let're gené-
ii

s'était léliuié le successeurd'Alhanasi', l'irrro lalo , et, sans entr.T dans les ill'aires d«

d'Alexandrie, clia~sé de son sii-ge par les ariens l'j'l^lise, lui marquer seulement qu'ils ne sa-
triomphants île la faveur de .Mabîus c'ol bd ; point la vérité de ce qui se passe parmi
v.'iii

qui, ayant contirniéson ordination, lerélabllra nous, ni ne piciincnt le clii-min de s'en lus-
sur son siège. C'est à lui ipie députi-nt -ans Iraue qu'il ne faut point consulter à reux qui
;

cesse les divers partis qui divisaient l'Orient, sont abattus par la tentation, ni preudie puuf

(t) 8. Opt., 1, VII, II. 3. p. 102, ôdil. Diipiii. — (2) i>i>/. OCLXVI.
;

198 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLlyCE

dignité l'orgueil, péché capalile tout seul de homme, hormis le péché; car comme en con-
nous ri'iidre fnnomis de Dieu (I). 0\ qui aug- fessant qu'il a pris un corps humain, nous n«
menta la peine de Basile, c'est iju'il était venu lui allriliuoiis pas pour cela les p.issioiis vi-
des lettres de Rome qui aceoniiiii-iit à l'aulin cieuses de l'homme, ainsi, en di-aiit qu'il en
le titre d'évêiiiie d'AnticH'lie et leji'laii-iit a pris l'àme et l'entendement, nou^ ne dis.jns
Méiëce. Il en écrivitau comleTérerice, .(ui était pas qu'il ail été sujet au péché «[ui vient des
alorf ilanscelte dernière, il lui dit cntreautres: pensées. » Vient ensuite une confession de foi
Au reste, nous nous réjouissons avec ceux qui catholique, par forme d'anathème, et dans lei
ont retju ces lettres de Rome; et si elles cod- termes suivants :
tiennent queli|ue témoignage avantageux , « Après le concile de Nicée, celui de Rome,
nous souliaUons qu'il soit vérilalile. Mais cela composé d'évèques catholiques, ajouta e qui <

ne jiourra jamais nous persuader de mécon- regarde le Saint-Esprit. Et comme, ilep lis,
naitrc Mrléce ou de croire que les questions quelques-uns ont o.-^é dire, par une erreur sa-
qui ont été la source de celtt; divi-ion soient crilège, que le Sainl-Espril a été fait par le
peu importantes (2). C'était la ()uestion d'une Fils nous unaihènialisons ceux qui ne |iro-
ou de trois liypostases. clament pas en toute franchise qu'il est île la
La division d'Antioche, au lieu de dimi- même puissance et de la même siihslanee que
nuer, vint à s'augmenter encore. Vital, prêtre le Pere et le Fils. Nous anatliématisons éirale-
de la communion de Méléce, illustre [lar la ment ceux qui, suivant l'erreur de .Sahellius,
pureté de ses mo-urs et trés-a|ipliqué à la con- disi-nt (juc le Père est le même ijut- le Fd-
duite du [leuple qu'on avait conlié à ses soins, Arius et Eunomiu-, qui, avec une égale ira-
se croyant uii'[)risé de son collègue P'iavien piété,
qiioiijue ditférant de langage, sou-
et moins aimé que lui de leur evéque, s'en tiennent qui' 1' Fils et le Saint-Esjirlt sont det
sépara et vint à Rome, dans le dessein d'en- créatures; les .Macédoniens, qui, issu- de la
trer dans la communion du pape Damase, et souche d'Arius, ont cliang', non pas la pTli-
par là dans celk' de Paulin. Damase, sachaut die, mais le nom; Photin, qui, renouvelant
qu'on le sou[içonnait d'apollinari^me. lui de- l'hérésie d'Ebion prétend que le Seigin'ur
,

manda sa confession de foi. Vital la lui donna Jésus-Christ est seulement de Marie. Nous
par écrit, en des termes qui paraissaient ortho- anatliématiSons ceuxqui enseignent deux Fils,
doxes. Grégoire de Nazianze lui même l'ap- l'un avant les siècles, l'autre incarné de la
prouva. Cependant le Pape, ne voulant pas Vierge ceux qui disent que le Verbe de Dieu
;

encore lui-même conclure cette uUaire, ren- a tenu lieu d'àrae raisonnable et iniclliitente
voya Vital àî'aulin avecune lettre parla juclle dans la cliair humaine : tandis qu'il a {iris la
il laissait à sa sagesse et à sa prudence de notre, c'est-à-dire une âme raison iiable cl in-
l'admeltrc ou non à la communion. Il lit plus; telligente sans le péché. Anatlième a qui ne
Vital était déjà sur son départ, lorsiiue, con- dira pas que le Père est toujours, que le Fils
cevant de nouveaux doutes sur saductr ne, il est toujours et que le Saiut-Es|irit e-t toujours;
écrivit à Paulin une autre lettre fort courte à qui ne dira [las ipie le Fils est né du Perc,
et par uneautrevoie. Ccnofutpas tout encore: c'est-à-dire de sa divine substance; à qui ne
quelque temps a|U'ès, il envoya une troisième dira pas que le Verbe du Seigneur, le Fils de
lettre à Paulin, avec une conléssion de foi (pie Uieu, est LIieu comme Dieu son Père, qu'il
devaient souscrire Vital et les auti'es ijui vou- peut tout, qu'il connaît tout et qu'il est égal
laient être dans la communion de Rome. Elle au Père; à qui dira que le FilsdeDieu incarné
est con(;ue en ces teimes : et sur la teire n'était pas en même lem|>s avec
« Je vous avais déjà écrit par mon fils Vital, le Père dans le ciel ; à qui dir.i que, ilaiis la
^ue je laissais tout à votre volonté et à votre Passion de la eroix, le Fils de Uieu a sonirerl
jugement, et par le 'prêtre Pétrone, en peu de en tant que Dieu, et non pas en tant >|ue re-
mots, sur quelque doute qui mêlait venu au vêtu de ja forme de serviteur, c'est-à-dire la
sujet de Vital, dans le momenl de son ilé|i!irl; la chair et l'àme ; à qui ne dira pas que. dans
c'est pourquoi, afin que vous ne fassiez point la chair qu'il a prise, il est assis à la di oit du
de difficulté de recevoir ceux qui voudront se Père, et qu'il y viendra juger les vivants et le
réunir à l'tglise, nous vous envoyons notre mort-. .VnalLeme à qui ne dira pas .jue ie
confession de foi, non pas tant pour vous, qui Sainl-Fsprit est vraiment et propreni'Hl du
la tenez comme nous, que pour ceux qui, en Pere comme le Fils, qu'il est de sa divine rul>-
la souscrivant, voudront se reunir a nous par stance et vrai Dieu; à qui ne dira [tas que le
vous, .si donc mon lils Vital et ceux i,ui sont SainlE-pril peut tout, connaît toi.' et qu'il
avec lui veidcni s'unir à vous, ils do v -nt pre- est partout comme le Fils et le Pere à q jî
;

mièrement sou'-Nire à la foi de Nie e ensuite, ; dira que le Saint-E-prit est une créilure, ou
parce qu'on n-. peuticmédier aux maux f.ilurs, qu'il a été fait par le Fils à qui ne dira pas
;

fi lauL ilèiMriner h résie que l'on d


1 avoir l que le Père a tout fait par le Fils et le Sainl-
paru depuis peu en (Irienl, et ièsser que
( Espril, les choses visibles et les invisibles à ;

la sagesse même, le Verbe le Fds d- Hieu a qui i.c dir.i pas que le Père, le Fils et le Saint-
pris le corps linmain, l'àme et l'enlendeuient, Esprit ont une même divinité une même
,

c'est-à-diie Adam tout entier, tout notre vieil pul^sance, majesté, gloire, domination, rojau-

(l) Episi., ccxxxix. — (2) Ibid., ccxiT.


LIVRE TRENTE-CINQUIÈME. 297

lé, une même volonté et vérité à qui ne dira


; successeur du pêcheur et au disciple de la
pas que li; Père, le Fils et le Sainl-Èsjiril sont croix! Ne suivant d'autre premier que le
trois personnes véritables, égales, toujours C.iirisl, je suis uni de communion à votre béa-

vivantes, toutes-puissantes, embrassant tout, titude, c'esl-à-dire à la chaire de Pierre. Je


jugeant tout, vivifiant tout, faisant tout et sais que sur celle pierre a été bâtie l'Eglise.
sauvant tout ce qui sera sauvé. Anatlieme à ipii Quiconque mange l'agneau hors de celle mai-
ne (lira pas que le Saint-Esprit doit être ailoré son, est jirofane ; quiconque n'est pas dans
de toute créature, comme Père et le Fils(l).i)
le l'arche de Noé, périt par le déluge. Ne pou-
Dans celte confessionde foi, le Pape avait vant pas toujours consulter Votre Sainteté, je
intercalé un décret de dis( ipline. « Quant à m'attache aux confesseurs égyptiens, vos col-
ceux qui passent d'une ville dans une autre, lègues, comme une petite barque se met à
nous les tenons étrangers à notre communion, l'abri des grands vaisseaux. Je ne connais
jusqu'à ce qu'ils retournent dans la ville où point Vital, je rejette Méléce, j'ignore qui est
ils étaient établis premièrement. Que si un Paulin. Quiconque n'amasse point avec vous,
autre a été ordonné à leur place, lisseront disperse; c'est-à-dire, qui n'est pas pour le
privés de riionneurâ'ii;acerdoce jusqu'à la mort Christ, est pour l'Antéchrist.
du reniiilai^ant. » En ifti'i, le l'ape ne faisait » On me demande si j'admets trois hypos-
qui; tenir à l'oiiservatic», '"î'>s canons de Nicée, tases je demande ce que ces mots signillent
;
:

d'Antiociie et de Sardiqu-, comme il le fait on me réjiond que ce sont trois personnes sub-
encore ailleurs. Mais l'iipplicalion de (_es dé- sistantes je dis que je le crois ainsi
;
on dit :

crets tomijait directement sur Méléce, qui avait tjue cela ne suffît pas, el on veut que je dise le
passé du siège de Sébaste en Arménie à celui mot. Nous disons tout haut Si quelqu'un ne :

d'Anlioclie. Voilà sans doute cette lettre de confesse pas trois hypostases, dans le sens de
Rome qui fil tant de peine à son ami saint trois personnes subsistantes, qu'il soit ana-
Basile ;car ou ne sait pas la date jiréc isr où tlieme. Et parce que nous n'employons pas le
elle a été éciite. Seulement, de ce tiue le Pape mot sans explication, l'on nous traite d'héré-
y appelle Vital son fils, on peut conclure ijue tiiiues. Nous disons d'un autre côté Si quel- :

Vital ne s'était pas encore démasqué. Car on qu'un, entendant par liypostase essence, ne
découvrit bientôt, avec saint Epipliane, qu'il confesse pas une hypostase en trois personnes,
avait usé d'équivoque dans sa profession de il est étranger au Christ, et l'on nous accuse

comme le Pape l'avait déjà


foi particulière, avec vous de confondre les trois personnes en
soupçonné il refusa de souscrire au formu-
: une. Décidez donc, je vous en conjure si :

laire que lui présenta Paulin de la part de vous l'approuvez, je ne craindrai pas de dire
Damase se déclara ouvertement pour Apolli-
; trois hypostases; si vous l'ordonnez, on fera
naire, qui, de son autorité privée, l'établit un nouveau symbole après celui de Nicée, et
évèque d'Anlioche. En sorte qu'il y eut (jua- on y professera la. foi orthodoxe dans les
tre partis dans celle ville: celui des ariens, m'^mes termes à peu près que les ariens [iro-
sous Dorothée, successeur d'Euzoïus, mort fessent l'erreur. » C est que les ariens disaient
depuis peu deux de calholiijues, sous saint
; trois hypostases dans le sens d'essence, sui-
Mèlece et saint Paulin un d'apoUinaristes,
; vant l'usage des auteurs profanes: ce qui aug-
sous Vital, (jui aussi bien que son maitre,
, mentait la défiance du saint Jérôme. C'est pour
prétendait toujours être catholique. Plus tard, cela qu'il sup|die de nouveau le Pape de l'au-
le Pape ayant appris la fourberie de Vital, toriser par ses lettres à ne point dire ou à dire
son intrusion etsou opiniâtreté, l'excommunia les hypostases. 11 le prie aussi de lui mait[uer
et anallieinatisa sa frauduleuse confession (2). avec qui il devait communiquer à Antioche;
Saint Jérôme fut inquiété de celte division car tous les partis s'y glorifiaient de la com-
d'Antiociie juscpie dans son dé-ert de Syrie. munion de Rome (3).
On lui demandait pour qui il était pour Vi- : N'ayant point re(;u de réponse à celte pre-
tal, ou pour Méléce, ou pour Paulin. L'éveque mière lettre, il en écrivit une seconde, où il
des ariens el les catholiques du parti de Mé- disait au Pape « D'un coté, les ariens exercent
:

léce luidemaiidaienl s'il tenait trois liypos- leur fureur, soutenus par la puissance du
tases dans laTrinité. Fatigué disses ipieslions, siècle; d'un autre coté, l'Eglise, divisée en
il écrivit au pajie saint Dainasc en ces termes: trois partis, me veut attirer les moines qui :

• (jonime l'Oi-ieul, agité par ses anciennes m'euviiouneiit usent sur moi de leuiancioiino
fureurs, déchire la robe sans couture du Sei- autoriti'. Cependant je m'écrie Si quelqu'un :

gneur, j ai cru devoir consulter la chaire de est uni à la chaire de Pierre, il est des niicus.
Piiu'ie, el cetl(! foi louée par la bouche de Méléce, Vital cl Paulin disent qu'ils sont unis
l'ApoIre, cherchant la nuurrituie de mon àme à vous. Je pourrais le croire si un seul le di-
au même lieu où j'ai revèlu le hrist par le ( sait; mais il y en a deux <pii menlcul el iieut-
baptême. Voire grandi'ur m'elfiaye, mais vo- èlre tous les trois. C'est pourquoi je conjure
ire luuitè m'attire brebis, je demand.; secours
;
par la croix du Seigneur, do
votre bi'aliludi ,

au pasleur. Arrière donc, envie; arrière, me marquer, par vos lettres, avec qui je iloij
dignité et grandeur de Rome je parle au
1 communiquer en Syrie. Ne méprisez pas une

:i) Couslant, Episl. sum. PP.. p. 507. Ttiéodoret 1. . c. xi. Greg. Naz., <•;>. ii, ad Cleihn. — (î) tî"»?-

Niiz, Oral. XXV, p. 717 el 748. Epipli., //œr«.txxvi,, ii. ÎC elc. - (3) llicron., Ëpùl. xiv, Ma. H • neo.
Ï98 HTSTOIRR UNIVnnsRT.LR DE L'IÎGLISE CATHOUQDE.

èmn pour Inqurlle .Ii'siis-Cliiist ost mort (I). n vécut, il fcouveri.a {'O'-cident tout entier.
ces lemps, lo piipo, saint Daina-o lint
|)iins Gratien n'c-tait àsié qm-de seize ans et d.nii
plusieurs conciles à Moine. l>ans l'un, aui|ni'l à la mort de son père. Marié depui> un an à
assistait Pierre il'Alcxandiie, il condainrsa le la lille lie l'empereur (^onst;inre. il n'avait
premier et dépitsa ini'ine Apol'inaire l'I Tiino- nul [ii-n<'linnt a la dél>Hm:lie, (;t ne connut
lliéc, son principal liisciple, qui était venu à jamais d'.-iiitre femme que la tienne. l>'un

IloHie pouiiii'fcndri'li'iireause. Dans ce même f{éiiie lieuieiix el docile, a'tiuaul les leilres,
concile ou dans un autre, \i dressa une pro- bien fait île sa persunne, habile ilan-> tiios leâ

fes-ion de roiadies»'i'uuxéTèqui!S-de 1 Orient, extHcices, manquai! que d'avoir été


il ne lui
et (|ur, sur la divinité du Verbo et du Saint- mieux forme aux atlaires du LtaL 11 avait 1

Esprit, ainsi quesur l'incartuition, contenait, trouvé le |)alais plein d'aLjnmjstjl de terreur,
par manière il'i'xpoëition, la même doitrine il en fit un séjour aimable on n'y enlc-ndit :

que celle ailre-soe a l'aidin >oris l'oiine d'ana- plus de f{éiui.ssetneiit on n'y vil plas d'ii.»-
;

tlieme. Plus turd, cent cpiarante-six évëques truments de tortures. Il rapitela sa riutre cl
o^i(n^;1nx^ ayant à leur tetc saint Mc-li'ce et un ^.ind nombre d'exilés; il ouvrit les |)ri-
saint iMisèlie de Stimo-ate, la souscrivirent ,s<)n.s à ceux que la "-aloinnie y avait euîér-

dans un eonrilo d'AiitiiMlie (2-). Aitisi, nial.t^ré més; il rendit les biens coMlLs<]iiéâ injuste-
les dll'ticul'l(^9 du temps, maluré lesdivisirnis t ment et fit oublier la dureté dn liouTeniement
les préveiilionsde toule<'S(M'ce,Romeétaitlou- de son père. .N'atmelleuient pieux, il ét.iit n-
jours ie centre d'unité et d'action dan- l'Kj,'lise Irelcnu d.ins celte heuieii.-e di-p'i^-iliun |i(ir
et jiar la même iia"3 ''l'oivor* ir-lcllicluel. 1rs conseils de Gracchus, de l'illustre f.imil'e
M:i> avant de retrouver la paix, les églises dont il port.iit le nom, qu'il honora de sa
d'Orient épi'ouvèrent un le loubleuient de cnntiance et qu'il éleva à la diiinilé île préfet
persécution. La cause en fut la mort de l'era- de Koiue. Plein de zèle pour le rhri-lianisme,
peieur Valentinien, ipii laissa son frère Valens il piolita de l'aut.M-ilé que lui donnait sa
plus libre dans ses mauvais desseins. Valenti- charge pour allaibiir l'iilolàtrie ; il détruisit
nien moui-ut à cette occasion. Les Quades, un i;raad nombre d'ido'es, mais. sans user de
indii^nés du làclie assassinat de leur roi lidji- violence, et sans donner ouverlemeol alleiiit«
nius, étaient entrés ilans la l^innume et à la liberté de culte dont les p^iïens joui^saieat
l'avaient dévastée. Valentinien, ayant quitté encore. L'empereur fit, dès celle année et la
les (laules, les poursuivit à son tour ju-(|^ie suivante, plusieurs lois avaulani-uses il'E-
dans rillyrift, qu'ils hiihitaient ; et, m:il«:ié fiJise. ordonna que les coii'eslalions qui
Il

les réclamati(tns et les plaintes de leurs dispu- auraient pour objet les atlaires de lu reliition,
tés, il lirùla li'urs villes et repassa le hanubc ser.iient décidées par l'évèque ou par le sy-
sans avoir perdu un seul iiomme. Les i)uades node de la provinue, mais que les j'iixes ordi-
lui envoyèrent de nouveaux i!éputés pour le naires demeureraient saisis des causes riviles
prier de liorner là sa vens;eance. C était le et criminelles. |ji bonne volonté qu'il témoi-
17 novembre 37S. Ce jour-là luéme, son che- trnait pour la relii;ion, il la temoi;;nait éirale-
val s'étant cabré en >orte qu'il ne put le mim- ment pour le progrès des belle— lettres el
ter. il s'emporta contre son écuyer au point même pour laconseivation des anciens raonu-
de commander qu'on lui coupât la main mentà de Koine (i). Eutin toute l'E^ibse de
droite. Heureusement l'oftieier cluiriai de l'Occident était dans la paix et dans la joie;
l'exécution prit sur lui de la ditlércr. Ce tei>- cctti} joie se communiqua à celle de même
rible emportement de Valentinien, cpii a.vakt l'Orient. Les nouveaux députés de saint Di-ile
coiil(' la vie à tant d'autres, la lui cotita àlui- il des autres OrienLaux éUinl revenus île Itome
meme. Ce même jiRir, réponilaut nus aiiib;»s- en.3"Ji>, leur racontèrent combicii tout l'Occi-
sailenrs, dans son camp, il s'abandonna telle- dent était uni et tranquille, combien toull'Oc:-
ment à la colère» qu'un vaisseau se rompit deiit les aimait et clierchaitâ les secourir. Saint
dans sa poitrine, et qu'il expira d.ms de- vio- Ba.silit éer.vit aussitôt plusieurs lettres p^iur
lentes convuNions, à làue de ciinpiautt^-iiHij anuoucer partout celle lieureuse nouvelle i.")!.*
ans. Les généraux de l'armiie romaine. |iour C'était le temp.< même où Valen-. se trou-
prévenir (le nouvelles calamités, proclaméreat vant plus libre par la mort de son frère, per-
eu'pi'reur le jeune Vaientiinen, son tils puîné, sécuUiit avi'' une iiouvelie viob-noe la dtic-
qui n'nvsiili encore «pio qu.-itre ans (3) Ils n'at- Iriiie calhiilique. Comme il saT;ul quo lej
tendirent pas la permission de l'euipereur moines eu étaient uu des plas puissMnt> ;i{»puis,
Gratieii, son trère aine. i|ur était c'.i'uuuire à il lit une loi par l.iqiieiLe u cndoiLiui <tu'ib>
Trêves ordre du peiv. Mais ce prince était
pai- fussent contraints à porter les arme-. Oq en-
S' bon qu'il ne s'en f»."«iitnit point, et traita vova des tribuns avec ibs lr>Mii»es iLiri-s les
toHji'uis son' jeune 'rèrv comme s'il eut solitudes d'Ki:ypte, où ils luereu' un t^raai
été son tils. Il parlanea L'empire d'Occideut nombre de ces pieux solitaires. Ce? violences
avec lui Viilentinien .en».
: l'Ilalii', llly- 1 s'élendireut dans les autres proviuces, parti-
rie el l'Afrique Ciatieu eut les tiauies,
; culièrement en Syrie, où. iiicontioeul ap .-»
l'Ëspai^ne et la Bretagne; mais taul >ju'ii Pàquea de l'an 3ïii, les peiâeculeur» aiu.juu-

(f^ H'fi-'-n.. El-i t. XM. — (23 Couiilant. Efist. rom: y„nt., p. 495. —
(3) .\miD., I. XXX, n. 6 et la —
[Vj 1 cuiuiit, /ft<r.
. rie en,p. ; H st. du BasEmpirt, L 'Xtt. —
^âj Baail., Epul. ocLm. culiv, cclv.
LIVRE TRENTE-CINOUIÈME 29»

rent leurs cellules, brûlèrent leurs travaux et rompirent toutes les fois qu'ils crurent trouver
les loirenl eux-mêmes en fuile. Suint Basile plus d'avantage dans la guerre. Souvent on
esiiérail que les fugitifs viemlraienl clu-z lui, les vit passer le Danube et midtro.à feu et à
comme àuu asile qui leur était juéparé d'a- sang la Mésie et la Tlirace. ils baltircnl et
vanci!, et qu'il aurait ainsi la consolatioii de tuèrent l'empereur Décius. Galius feur paya
les embrasser, de participer au
méiile de tribut. Sous Valérii'U et sous (;,dlie:i. iU por
Jeuis soullVances et d'être soula!,^é des dou- tèrent le ravage ju-i.[u'en Asie, où ils entrè-
.eur3 contiuuelies dont il soufflait lui-même. rent par le détroit de l'Ilellespont, après avoir
Se voyant trompé dans son attente, il leur pillé rillyrte, la Macédoine et la Grèce ils ;

écrivit deux lettres, non pas tant pour les brûlèrent le tempb- d'Ephèse, ruinèrent Chal-
cousoliT que pour les féliciter et se recom- cédoine, pénétrèrent jusqu'en (^appa ioce, et,
luander à leurs prières, mais surtout leur re- dans leur letour, renversèrent en passant
eomuiaiider la paix des églises, qu'il ne déses- Ilion et Truie, qui se leb'vaicnl de leurs rui-
pérait pas de voir bientôt rétablii'. Une de nes. Ils furent battus à leur tour par Claude,
ces lettres leur fut portée par le pi-élre Sanc- par Aurélien et par Tacite. Probus les força
tissime, celui-là même qui revenait de Rome à la soumission par la teri-eur de ses armes.
et en apportait des nouvelles si consolan- Leur puissance était dé,à rétablie sous Dioclé-
tes (l). tien. ils servirent fidèlement Galérius dans la
La persécution commença de cesser et la guerre contre les Perses ils étaient devenus
:

paix fie se rétablir par des moyens inatten- comme nécessaires aux armées romaines, et
dus. Providence chargea de cette atfaire
|ja nulle expédition ne se fit alors sans leur se-
l''s Huns et les Goths. Ces peuples, qu'elle cours. (Constantin employa leur valeur contre
destinait à exécuter sa justice contre l'empire Licinius ; ils s'engai;êrent avec lui, par ua
iduiàlre lie Rome, arrivaient l'un sur l'autre traité, à fournir aux Romains quarante mille
du fond de l'Asie, et fraiipaient à la porte liomuies loules les lois qu'ils en seraient re-
comme le bourreau à la porte du condamné. quis, (le traité, souvent interi-ompu par les
Les Gotlis, poussés par les Huns, ravageaient fiuerres qui survinrent entre eux et l'empire,
laTluace en 377 et couraient justju'aux portes élaîl toujours renouvelé au rttablissev-.jnt de
de Conslantinople. Alarmé de cette irruption, la paix ; il subsista jusque sous Justinicn, et
Valens cessa d'exiler les évéques et les soli- ces troupes auxiliaires étaient nommées les
taires orthodoxes, et pai lit enfin d'Antioche conféi/créii, pour faire eonuaitre que ce n'était
au commencement de 378, étant consul pour pas à titre de sujets, mais d'à liés et d'amis
la sixième fois. Aussitôt son départ, les catho- qui suivaient les armées romaines. Us étaient
li([urs reprirent courage dans toutes les villes, divisés en deux peuples, les Ostro.;olhs ou
rieire d'Alexandrie venait de rentrer lians la Goths de l'est, et les Visigoths ou Goths de
sienne, revenu de Rome avee des lettres de l'ouest. Ils avaient des princes dillxirents, issus
Damase qui connrmaient les déc.rets de Nicée de deux races célèbres dans leurs annales :
et en mcme temps l'ordination de Pierre. Ce celle des Amales, qui régnait sur les Ostro-
8ont les paroles mêmes des deux historiens golhs, et celle des ISaltbcs, sur les Visigoths.
grecs Socrate et Sozomêne (2). Là-dessus, le Ils ne donnaient à leurs souverains que le nom
peuple d'Alexandrie le remit en possession de juges, parce que le nom de roi n'était, se-
des églises et en chassa l'arien Lucius, (jui se lon eux, qu'un titre de pui.ssaiice et d'auto-
réfugia tout de suite à (lonslantinople pour rité, au lieu que celui de jug-<' était uu liire
implorer la protection de Valens, qui y arriva de vertu et de sagesse.
le 30 mai 378. Mais Valens n'eut ni le temps Les Goths, se voyant méprisés par Julien,
ni le mijyen de rien faire, (-ette année-là s'en veiiitèreiit sous N'alens, qui cepe:;dant,
même devait être la dernière de sa vie. après plusiinirs campagnes, les r-duisit en
D'après le résultat actuel de la science his- 301) à demander la paix. Les conditions furent
torique, les Goths, les Scythes, les Gêtes, les qu'ils ne passeraient plus le Danube, et que
Alaiiis, les Massageles, les Sueves, b-s Teutons, leur roi Athanaric recevrait une pension do
les Londjurds, les Hérules, les Gépides, et par l'empereur. Mais en 370, l'irruption des lluus
suite les l'iancs les Saxons, étaient une mémo les força de demander le passage (3).
race deqicuples, parlant divers dialectes d'une Les iiuiis, peu connus jusipi'idors, et dont
même l'ddeman I. .Maîtres do
biui^iie, ijui est t'histoin; était restée jusqu'au dix-hnilièiue
l'Kuro[ie orieiitab' d'une grande j)ai-lie de
i:l (.•:fle enveloppée d'épaisses ténèbres, sont
rA>ie, ils envoyèrent des colonies île toutes ConiHis dans les annales chinoises sous le nom
parts, entre autres dans lu Scandinavie, d'où de /iiii>iii(/-iiuu, i|uo les Chinois traduisent par
il en arriva sur le Danube. Les Gollis |uopre- escl'ires mé/jnsnliles. Ils étaient déjà redoiilos
menl dits, cain|iés à l'i-mbouchuie de ce Ib'uve, en Chine pour limrs fréquentée inva-ions,
étaient souvent ennemis et quelquefois auxi- avant la dynastie dos Hia, cpii reuKuihiàlan
liairi's des itomains. Sous Canicalli, ils les 2:21)7 avant Jésus-Chrtsl. Ils ne cessèroiil de-
réduisiriiit a leur |>.iyer des pensions coiisi- puis de iléscder la Chine par leurs courses,
dviabies pour acheter la paix avec eux; ils lu jusque vers le deuxième siècle avaul notre

(I) Basil.. Kinst. ccLvi, ccLvn —


(2) Soc, I. IV, c. xxxvii. Soiom., 1. IV. o. xixix. — (3) Uiil. du Bat-
Kmp.re, 1 XVII, n. iS et soij ; surtout lus nolos.
NO HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE

ère, époque à laquelle un nouveau


ils ])rireiit partie «le sa version. Tout le fond de la lun-
de>îié d'accroissement. Ce fut corilio eux que gue. soit pour Jes mots, soit pour la f^ruin-
le plus grand des empereurs chinois bâtit in.'iire, soil jiourla synt;ixe,esl ideriti>]U(' avec
alors la grande muraille. Ces Huns, divisés en l'ullcmanil, surtout avec les anciens dialectes
diverses hordes, qui avaient chacune son chef, teutoniijiies. Cette langue, qui a beaucoup de
étaient réunis sous les onlics d'un même sou- mots communs avec le persan, y présente un
verain. Un de ces monaic|iies, que les annales idiome arrivé dès lors à un haut degré de
de la Chine aiqiellenl Nielé, [lorta vers ce perfection sous le rapport grammatical. Aussi,
temps ses conquêtes depuis la (>i)rée cl la mer dès auparavant, les (Jotlis avaient-ils des his-
du Ja[)i)n jusiju'à la nier Ca-pienne. Il avait toriens et lies géographes. Leur [iremier al-
assujolti vint;t six rnyaunics. Ses successeurs pliahet paraît avoir été le runique, dont i'
régnèrent avec gloire [jeridanl prés de trois reste enc(jre quelque vestige dans celui d'I'l-
cents ans mais lu gloiie de cette nation con-
;
filas. Sa version augm<'nla sans doute le zél(
sistait dans le succès de ses brigandages. En- des études; car les lettres de saint Jérôme
fin, la discoïde s'étanl mise enlre les Huns, nous attestent que plusieurs Goths correspon •

ceux du Midi, soutenus par les Chinois et les dans le hul de compaier les
liaient avec lui,
Tarlares orientaux, lorcèient, en 9.'{, ceux du versions gothique, grecque et latine, ave.' la
Nord d'abandonner leurs anciennes demeures. vérité héltraïcjiie. Il y a plus : le saint <loc-
Les vaincus se retirèrent du coté de l'Occi- teur,Lon juge en pareille matière, jdace les
dent; et, poussant de proche en juoche, arri- ouvrages îles Goths liien au-dessus de ceux
vèrent en 376 sur les Goths, que dominait des Grecs. On croit quX'llilas avait été se-
alors avec gloire un monarque de cent dix condé dans ce travail par Sénélas, qui fut
ans, llermanaric, qui avait subjugué une dou- après lui évéque d'/s Goths et qui était son
zaine de nations, et dont Athanaric et Fiiti- secrétaire. .Mais si Ullilas rendit un gi ind
geiue, le premier roi des Ostiogoths, le second service aux Goths par sa version de la Ifilde,
des Visigoths, paraissent n'avoir été que des ilhur en rendit un fort mauvais en intro. lui-
suiialternes. Sun empire croula sous les coups sant parmi eux l'arianisme, pour leur attirer
des lluns. Li^s (ioth-, accules sur le Danube, plus facilement les honiies grâces de l'enijie-
deinandèrenl aux Romains de le passer pour reurValens. Nous allons voir comm; la jus-
s'établir sur les terres de l'empire. Valens tice de Dieu en punit cet empereur par l.jurs
y
consentit, à condition iju'ils remettraient mains (3).
leurs armes enlre les mains de ses officiers, (Jiiand il s'agit d'exécuter le traité et de
et que les plus jeunes d'entre eux seraient passer le Danube, les Romainsse conduisirent
transportés en Asie pour servir d'otages (I). en barbares et les barbari-s en flomaiiis. I^
Le chef de l'ambassade envoyé pour cet eil'et plupart des Goths gardèrent leurs armes. Ceux
à rem|iereiir était L'ihlas, évèque des Goths. qui étaient chargés de les désarmer songèrent
Cai il y avait un bon nombre de clirélicns bien plutôt à satisfaire leur avarice i-t il'au-
parmi eux, surtout pirmi les Visigoths. Mais tres passions eucoie plus honteuses. Ils enle-
comme corps de la nation était encore ido-
le vaient dans la jeunesse des deux sexes tout ce
lâtre, en eurent souvent à soullrir, princi-
ils qui plaisait à leurs yeux; ils ravisaient le*
palement sous la domination d'Athanaric. lilli'S à leurs mères, 1 s femmes à leurs maris;
Ainsi, en 37:2, il y eut parmi les Goths un ils saisissaient les troupeaux et les bagages de
grand nombre de martyrs. Le plus illustre est quelque valeur. LesGotlis abandonnaient tout,
saint Sabas, dont les reliques, accompagnées n'étant occupi's que du soin de leurs armes;
d'une lettre de l'église de Gotliie à l'église de ils achetaient même à grand prix la p'-rmis-
Cappadoce et à tous les chrétiens de l'Eglise sion de les conserver, persuadiis que b-urs jave-
universelle, furent envoyées à saint Basile [>ar lots et leurs èpées leur rendraient b entot plus
le gouverneur romain des frontières de la qu'ils ne per.iaient. On ne s'en tint pas là. Au
Scythie (2). Le christianisme s'était introduit lieu de leur fournir des subsistances, on ferma
chez les Goths par les cai)lil's qu'ils emme- les magasins. On leur lit acheter bien che.'
nèrent de l'Asie Mineure, partieubèiement de les plus misérables nourritures; ils furent ré-
la Ca[ipa(loce, dans les courses qu'ils y lireiit duits à manger des chiens , on leur vendait
un siècle auparavant, sous l'empire de Gallieu. un chi' n pour un esclave et ces malheureux
;

Tlié(i|diile, leur évèque, avait assisté et sous- après s'être défaits de IduI ce qu'ils pussc-
crit au concile de Nicée. d&ient, furent réduits à livrer leurs propres
l'itilas, son successeur, d'origine cappado- enfants, auxquels- ils ne pouvaient conserver
cieiine, mais naturalisé parmi les Goths, la vie qu'au prix de leur liberté. Les princi-
y
jouissait d'une grande autorité .ses paroles
; paux mêmes de la nation ni>. furent pas
élHient respeitées comme des lois. Savant dans exempts de cette néce.ssilé dépl.irale. Ils n'a-
les langues, il forma principalement du grec vaient plus de ressource que dans le désepoir,
l'alphabet gothique, et traduisit en goth les et il allait éclater, lorsque Lupicin, général
Ecritures saintes. On a relroi.vô une bonne des troupes romaines, les lit presser par ses

(I) His\
(lu Bnv-£Hi/ii.e, I. XIX, n. 40-19. Degiiiçnes. Ititt. de< H-m'. t. I. ;^rt. t. fî —
A''a SS.. î-«
miirl. et VI npnl. Bsil.. t'/)ij(. CLV. CLi, cx.xv. —(3. Hisl. du Bn-K-n^ire, I. XX. a. 1-6; sunout !.•» no,
tes. Hi.p., /:'<• t. cvi. Soc., i. V. c. x\i,: Soi., 1. Vil, c. iv.l. Ver.ion gothique Je ta Bible, par UllilM
^diliou do Zal>u. KUô (uii allua iiiJj.
LIVRE THENT E-CINQTTIÈMB. 301

soldats d'ahariflonner les bords du Danube et Où allez-vous, empereur? vous avez fait la
d'avancer d.in s rii:tcrieiir du pays, où il espé- guerre à Dieu pas pour vous
; il n'est c'est !

rait les utl'aililir du le? délruire, en les sépa- lui qui a excité contre vous les barbares. Ces-
rant les uns lies autres. A Marcianople, il invita sez de lui faire la guerre,autrement vous n'en
leur roi Fiitigerne à un festin et pen- , reviendrez pas et vous perdrez votre armée.
dant ce temps fait égorger sa garde. Friti- L'empereur irrité commanda qu'on le mit en
gerne s'échappe l'épée à la main, rejoint fon prison jusqu'à son retour, et dit Je revien- .•

armée, une première bataille, où presque


livre drai et te ferai mourir, en punition de ta
toute l'armée romaine périt. Nab'us en envoie fausse iTophétie. Isaac répondit en élevant la
uiie nouvelle sous les ordres du comte Trnjan. voix Oui, faites-moi mourir si vous me trou-
:

Une seconde bataille se donne (lie dure de- : vez menteur (4).
puis le matin jusqu'à la nuit close; il y eut Au lieu d'un général catholique, Valens
tant de morts de part et d'autre, que, des an- donna le commandement de l'armée aucomta
nées après, les plaines de la Tlirace, blanchies Sébastien, adonné au manichéisme. Quel |nes
d'ossements, présentaient l'aspect d'un vaste premiers succès élevèrent prodigieusement la
cimetière (1). confiance de l'empereur et du général. L'em-
Valens, épouvanté, partit d'Antioehe et ar- pereur Gratien, après avoir remporté une écla-
riva à Constantinople le 30 mai 378. 11 y tante victoire sur les Allemands, près de Col-
trouva le peuple dans la consternation. Les mar, marchait au secours de son oncle et le
Goths, après avoir ravagé tout le pays, fai- priait de l'attendre. Les plus habiles ïénéraui
saient des courses jusqu'aux portes de la ville. étaient de cet avis. Mais Valens et Sébastien,
L'empereur amenait avec lui un corps nom- jaloux de la gloire du jeune vainqueur, se pi-
breu.x de cavaliers sarrasins, que Mavia, l.'ur quèrent de vaincre par eux seuls. Ce qui aug-
reine, lui avait envoyé lorsqu'il était parti menta encore leur confiance, c'est que Friti-
d'Antioehe. Mécontent du succès de la der- gerne envoyait députation sur députation.Le
nière bataille, il ota à Trajan le commande- rusé barbare attendait d'un jour à l'autre une
ment des troupes; et comme il l'accaiilait de nouvelle aimée de Goths, qui venait de passer
reproches: «Seigneur, lui dit hardiment ce le Danube : il voulait lui ménager le temps
général, ce n'est pas moi qui ai été vaincu, d arriver. Enfin, le neuf août 378, cette armée
c'est vous qui avez abandonné la victoire, en parut dans le moment même que la bataille
vous armant contie Dieu, et procurant aux s'engageait jirès d'Andrinople. Depuis la ba-
barbares sa prolection. Ne savez-vous pas qui taille de Cannes, sous H.innibal, jamais les
sont ceux que vous avez chassés des églises, et Romains n'essuyèrent une défaite plus désas-
ceux à qui vous les avez livrée^ (2)? » Les gé- treuse. Les deux tiers de leur armée restèrent
néraux Arinthée et Victor appuyèrent ce dis- sur la place, avec trente cinq généraux, entre
cours. Quelque temps auparavant, le comte lesquels le comte Trajan, qui mourut pour
Térence avait témoigné la même générosité. sauver la personne de l'empereur, qui l'avait
Comme revenait d'.\rménie, après y avoir
il destitué. L'empereur lui-même pént, on ne
remporté des victoires, Valens lui ordonna sait tro[) de quelle manière. L'opininr: la plus
de demander ce cju'il voudrait. Térence lui généralemant reçue, c'est qu'étant blessé et ne
présenta une requête où il lui demanda d'ac- pouvant plus se tenir à cheval, on le jiorta
corder une église aux catholiques. L'empereur dqns une cabane voisine, où, tandis ([u'on
ayant lu la requête, la déchira et dit à Té- pansait ses blessures, une troupe de G'dhs.-ans
rence de lui demander autre chose. Térence savoir qui était dedans, mirent le feu et la
ramassa les pièces de sa requête, et dit J'ai : brûlèrent avec ceux (]ui s'y trouvaient, hor-
ce que je demande, seigneur; car Dieu juge mis un des gardes, qui se sauva par une fe-
l'intention (3). nêtre et raconta, d'qmis, lac:. ose.
T(iut retentissait demurmures contre Valens Les Goths victorieux, dont on irrita la ven-
à Constantinople ; on lui reprochait d'avoir geance jusqu à la fureur, en égorgi'anl dans
introduit les Goths dans l'empire et de n'oser un même jour tous ceux deleurseufants ciii'on
se montrer devant eux ni leur livrer liataille avait envoyés en Asie comme otages, parurent
Le onze de juin, comme il assi-tait aux jeûnes bientôt aux portes de Constan innple. .Mais
du Cirque, tout le [leupli! s'écria: Qu'on nous les cavaliers sarrasins les sn repon.-.sèrent et
donne des armes, et nou-^ irons combattre 1 se montrèri-nt à eux encore [)lus terrililes que
L'empereur, outré de colère, partit aussitôt les lions. Chose remarquable! les Gutiis, .[ue
avec son armée, menaçant de ruiner la ville l'empereur pervertissait par l'hi'résic, devien-
de fond en comble, à son retour, et d'y faire nent la perte de l'empereur et \\c l'empire;
passer la charrue [lour la punir de son inso- tandis que les Sarrasins, deveniis catholique*
lence. Coujme il sortait des portes, le moine malgré l'empereur, sont le salut de rcmciire et
Isaac, dont la cellule était proche, lui cria : de la capitale.

(l) Jornamt. De rehuë getirit, c. xxvi. Amn., 1. XXXI, Q. 4, etc. — (2) Theod., 1. IV. c. xixm,
(t) Utd., c. xxxii.-<4) Hist. du »as-Em,nre, l.XX, n. 7-36. TUeod., 1. IV, o. «xiv. Soi., l.VI, o. u.-
LIVRE TRENTE-SIXIÈME

TE l'an 376 A l'ah 303 de l'éhe cbbétietinb

^'empereur Xhéodose et l'évAque de Milan, octlat AmJbroLae. ^


C2e que c'est qu''uTi 6vA<iBe

romain s'écroule, « disait dés


« L'tiTiivers ciicr la léte, et, avec le titre d'empereur et de
Jors saintJérôme (ii. En etiVt, jamnis il ne son collé^iw,, il lui olfre et lai fait aci-.-pter
ÇarnI plus \nè:^ de sa ruine. Les frontièi«s du tout rOricnl, auipii'l i; ajoute encore l'IUyrie
ifïre et df l'Eiiplirateétaient incnadées jwr orientale, c'i-st-.t-dire la l):icie. la Mcsie, la
les Perses, les Ibères, les Arméniens tmite ;
Dnrdanie, la Macédoine, l'Epire, toute la Grèce
rUlyrie et la Thraee étaient ravauées par les et toutes les îl.'s adjacentes ce qui, à part
:

Gotiis, les Taïfales, les Huns et les Alains les ; l'Orient même, eût di'jà été un trcv^rand
fro>itiéres du Rhin et du Itanulie, ,ilta((uée3 empire.
les peuples de la Gcrraanie. les Allemands, Nous ne croyons pas que, dans les annales
f>ar
es Francs et les Suéves. Dans les plaines des |ietiples, il y ait quelque chose de plus
d'Andrino]ile, l'empire avait perdu ses meil- noble et de plus admirable. Quelle confiance
leures troupes avec ses meilleurs grénéraux; ne (levait pas avoir Gratren dans la pr<dtitede
il avait surtout ]iei-du le courage et la con- Theiidose. lorsqu'il comf tait que ce fils sen-
fiance. 11 se voyait pour empereurs un jeune sible oublierait, (tour l'ainorir de la patrie,
homme de dix-neuf ans et un enfant de sept. le meurtre <le son père! Uuellf opinion on
Le premier, l'empereur Gratien. sV'tait privé manifestait de ses laleuts, lorsqu'en le nom-
peu auparavant du plus grand lioinme de manton plaçait en un seul homme l'espoir dn
guerre et d'Etat qu'i] y eût alors. Sous l'ein- salulet du rétablissement de 1 empire d'Orient 1
pire de Valentinien !•', le comte Théodose, par Théodose monta «ur le trône le dix-neuf jan-
sa valeur et sa snaesse, avait sauvé et pacifié vier .'HQ, dans la trente-troisième année de
la Grande-Bretagne; dans les commencements 9mi aire. Le peuple admirait sa fii:ur>' noble et
de (Jratien, le comte Théodose, par sa va'eiir sa taille majestueuse et ]deine «le urâ-e, qu'il
et sa saaresse, venait de sauver et rie pacilier se plaisait à comparer aux portraits et aux
l'Afriipie. lorsipi il vint à Cartliaare un ordre mi'dadies di- Trajan, tandis qm- les obsi-rva-
dn nouvel empereur pour lui trancher la tète teurs attentifs decouTraient, dans son eirur
au milieu de stm triomphe. Le comte Tliêodose et dans son esjuit, une ressemblance plus pré-
demanda seulement le temps do recevfiir le bap- céeuse avec ie plus -gvand at le meilleur des
tême, et puis présenta lui-même sa tête au empereurs nunains.
bourreau. Son fih, de même nom, déjà illustre L'avenoment A' Tbtiodoae annonçait è
par plusieurs victoires remportées contre les l'Eilise et l'empire des j«urs fdus he»-
'a

Sarmales, s'était dés lors retiré en Espaç^ne, reirs. Ueja Gratien avait rendu une loi pour
sa piitrie, et y em]iloyait son activité natu- rappeler les «rvt^pies exilés et pnnr restituer
relle à perfectionner l'ajîriciilture et a servir les o.i;ii3es a ceux qui communiquaient avec
ses compatriotes c,omme simple particulier. rév»»qHc de iiomc, bainsite. Ce siMit les pa-
Mais si, à l'âge de dix-sept ans, l'emp^Tcnr roles de Tliéodoret (i). i)nelifi>es-uns d.> ce»
Gratien, circonvenu par les intriioies de cour- évèques trouvant des ariens en po-eessian
tisans jaloux et perfides, avait commis nne ai de leurs éirlises. consmitirent qu'ils y de-
grande faute, à l'àere de dix-ofieuf ans, il sut la mruras<>ent en embra-^vuit la foi catholique,
réparer avec une magnanimité qai n'a pas et coderont voliintiersieurchare pour éviter 1«
d'exemple daip l'Iiisloire. Par la mort de son schisme Eulalius, évéque d'.Vnias c dans le
oncle Valeus,Ti se voyait maître de tout l'em- P<^nt. trouva ù sa place un arien qui n'avait
pire romain. .Vussitdt il rappelle <rts^>«'j;ne le pas dans la ville cinipianu- personnes qui ks
fils de celui-là même auquel il avait fait tran- recoanussent pour évèque. Eulalius ne iai»!««

sizv, «dit. B«ned. — (t) Theod., L V, a B.


LIVRE TRENTE-SIXIÈME. llii

jms de lui offrir,réunir s'il voulait se f\ Vers mois de septembre de la '


le
l'Eglise caih()li.[iie, de sow^'Pi'nf' 6n corauiu i anni'c .'i"!), il se tint un coniile à Anlio... ,

son tninimau, lui cédunt mi;mi! 1p premier où saint Alidèce et saint Eusèbe de Samosate,
^an!,^ L'arien refusa et fut fib;iudoiiné des avec eent cinquante et un évéques d'Orient,
Biens mêmes, qui se réunirent aux catho- souseriviient à l'exposition de foi envoyée par
liques. le |)apo Dimase, louchant la consiibstan-
L'Eglise d'Antioi'he était toujours divisée. tialilê du Verbe,' la divinité du Sainl-Esprit
Paulin y l'Iait lieimuiré ppndant la persénn- et Jes erreurs d'Apollinaire. La souscription
tion et Mi'leec, étani revenu après la mort de
; aulhiMiti'iue des évêques orientaux fut en-
Valens, fut reru avee une extrême joie. Touie voyée à Kouic et s'y gardait dans lesai-chives.
la ville alla au-devant de lui les uns lui bai- : La quesliiiu lie la divinité du Saint-Esprit eides
saient les mains, les autres les pieds; ceux erreurs d'Apollinaiie était dès lors irrévoca-
que !a foule empêchait d'approcher s'esti- blemejil terminée, non-seulement par la défi-
maient heureux d'entendre sa voix ou de voir nition expresse du siège aposloliiue, mais
son visage. Un général de Gratien, le duc encore par le plein consentement de l'Orient
Sapor, était alors à Antioehe pour restituer et de l'Occident (3).
les églises à ceux qui étaient dans la com- Saint Basile n'avait vu que les commence-
munion liu Pape, l'aulin assuiait qu'il com- mentsdecettiî heureuse paix del'E^lise. Ilètait
muniquiiit avec Damase Apollinaire eu disait ;
mort dès le 1" janvier 'Aid. Avant dcmcuirir,
autant Mélèce se lenait en repos. Alors Fla-
;
il imposa lesmaiusà plusieuis deses disciples,

vien, un de ses prêtres, dit à Paulin en pré- pour ordonner des évêi[ues catliolicjues aux
sence du Sapor « Si vous cummuniquez avec
: églises de sa dépendance. A ses funérailles, il
Damase, confessez, comme lui, dans la Tri- y eut une telle afllucnce de peuple, que plu-
nité une essencee et trois hypostases et rece- sieurs furent étonifès dans la presse. Chacun
vez les églises d'après la loi. Puis, 3'adres- I) s'elforçail de toucher
son liabit,
la frange île
saut à .4)ii)Hinaire « Comment osez-vous à : le lit sur lequel son ombre
on le portait,
ce point contredire la vérité? car voiïs savez même, croyant en retirer quelque utilité. Les
bien que Uamase enseigne que le Verbe Dieu gémissements étouiTaient le chant des psau-
u pris toute la nature hum<iiu(', tandis que mes les païens mêmes et les Juifs le regret-
:

vous en excluez notre àme. Que si l'accusa- taient. Toute la terre le pleura comme le doc-
tion est fausse, renoncez du moins aujour- teur de la vérité et le lieu de la paix des
d'hui à la nouveauté et embrassez la d(jctriae églises. Tous ceux qui av;iieut approché de lui,
de Damase, ensuite recevez les saints temples.» ne fût-ce que pour leseivir, se faisaient iion-
Mélèce, qui était le plus doux de tous les neur de rapporter ju-qu'à ses actions et ses
hommes, disait amicalement à Paulin «Puis- : paroles les moins imjjortantes. Plusieurs af-
que nos ouailles ont une même foi, rassem- fectaient d'imiter son extérieur, sa pâleur,
blons-les dans une même bergerie, et, si le sa barbe, sa démarche et jusqu'à ses dé-
.siège èpiscopal est cause de notre différend, fauts, comme sa lenteur à parler. Car il était
plaçons-y le saint Evangile et asseyoïis-nous le plus souvent pensif et recueilli en lui-
aux deux côtes les premiers au rang des même ce qui, étant mal imité, dégénérait
:

prêtres; celui de nous deux qui survivra aura, en trislesse. On copiait encore son iiabit, son
après la mort de l'.'ulre, la conduite de tout lit, sa nourriture, quoiqii'en tou<, cela il eût
le troupeau. » Tout le parti de Mélèce ap- agi naturellement et sans rien aflcctcr. Sej
prouvait cet arrang(!uient mais Paulin ré- ; écrits étaient les délices de tout le monde,
pondit, avec les siens, qu'il ne pouvait recevoir même des laïques et des païens ; on les lisait
pour collègue un homme ordonné par les non-seulement dans les églises, mais dans les
arien& (.'est du moins ce que rapporte Tiiéo- autres assemblées (4).
dorol. Mais saint Ambroise, qui vivait dans le Do plusieurs panégyriques en Thonnenr de
temps même, nous atteste, avec un ooncÀle saint .Basile, il nous en reste quaire de saint :

d'Italie, que ce furent les amis de Paulin, les Grégoire de Nys.se, son frère, de saint Ephrem,
évèques d'Occident, qui proposèrent cet ac- de saint Amphiloque et de saint Grégoire de
cord (I). Sapor, ayant tout considéré, remit Nazianze. Ceux de saint Grégaire de Nysse et
les églises à Mélèce. Après ([uelques autres de saint Amphiloque turent prononcés le jour
contestations (jni faillirent dtigénérer en
, de sa mort, qui fui dès lors nu joui- de fête.
émeute, les deux jiartis convinrent de cet ac- Saint Ephrem fut très-sensible à la mort de
cord ils firent preler serment aux six prêtres
: saint IJusile et lui survécut peu pour chai-- ;

les plus dignes de l'épiscopat, et parmi eux à mer sa douleur, il compo,sait à la louange de
Flavien, que
si l'un des deux évè((ues vanedt son ami, des noèmes et des hymnes. Depuis
À mourir, reconnaîtraient lesiirvivantpour
ils longtemps Ejuirem vivait dans le repos de la
l'unique pasteur, et ne souQriraient pus qu'un Bolituilc, edihaut jjar ses discours ceux qui
les ordonna, à sa plac(\ (xt accord juré, les venaient l'y trouver. Maisquebjue temps aviint
deux peuples, à part quelcjucs lucitérieus, .'^ ; aa mort, il quitta sa celhile i>our veuir assis-
réunirent pour ne pluk se Bépurer (2). ter les pauvres de la ville d'EJesse durant la

(1) Lnhbe, t. II, col. 1007. Amb., ^pw^ im. — U, i^ci-., 1. V, c. v. Soi., l.VII, c. m. TheoJ., 1. V, c m
— (3) Couse. Diwtas., Jipisi. vr. — (1) Vila S. B»t., l. lU,~»dit. Baiiod.
IIISTOIUE UNIVERSELLH \)K I.F.CI.ISI- CATHOLIQUE
30«
fie sps biens, no consiste pas dans la longueur du temps,
fnr '"P. Nfi iioiivnntles soulager
pa<<i' iiu'il n'en iiossédiiit inu'uii, il
cxi-itait la mais dans la vicacité du repentir et la sincé-
iuitrvs par ses lucssiiiilrs et rili'; de la conversion. Si donc le pénitent se
c(>iTiii:.?si()n di's
corriiie et devient fervent, celui qui a reçu
conlijiiiclles pxliorlaliiins. Le- riches lui aynnl
donne de l'iirKcnt, il lit dispnscr environ trois de Dieu le pouvoir de lier et de itélier, peut,
sans se rendre coupable, ahn ft-'-r le temps de
cents lits dans les galeries piil)li(iues pour y
la piMiiteme, et cela d'après l'exemple de
loger les pauvres, soit de la ville, soit de la
campagne. Il fournissait à leurs besoins, pan- Dieu même (.3).
sait les malades ensevelissait les morts,
,
Vers la fin de L'année où mourut saint Ba-
sile, son frère, saint Gréiioire de Nysse, alla
D'ayant [las moins de soin lie nourrir l'âme
voir sa sœur, sainte .Macrine, qu'il n'ava't pas
que le corps de ceux qui avaient recours à ses
charités, il pas-a un an dans cet exercice, jus- vue depuis près de huit ans, ayant été obligé
qu'à '-e que, l'aliondance des grains étant re- de ([uitter son pays par la persécution des
venue, il s'en retourna dans sa cellule, ofi il hérétiques. Etant proche du monastère (|u'ella
mourvit "»u bout «l'un mois, aj.rès (piebiues gouvernait depuis loniftemiis, il apprit qu'elle
était malade, (juand il fut arrivé, les moines
jours de maladie. Kn mourant il lit un dis-
ipii vivaient au môme lieu sous la crjnduite
cours aux hahitant- d'K.des-e .|ui se trouvaient
piésents, dans leipiel il leur défendit de l'en- de saint Pierre, son frère, élevé quel.pies an-
sevelir avec [lomiie, de lui faire les honneurs
nées après a l'evèché de Sébaste en Arménie,
que l'on rend aux saints, de garder ses habits vinrent au-devant île lui selon la coutume ;

comme des reliiiues, de l'rnterrer sous l'autel mais les vierges l'attendirent dans l'église.
Après la prière, elles baissèrent la tète pour
ni mérne en aucun endroit de l'église, mais
dans lecimetierecoramun.il leur recommanda recevoir sa bénédiction, et se retirèrent mo-
d'un aulre côté, avec grand soin de faire pour destement, sans (ju'il en restât une seule. II
lui des aumônes, des prières et des oblations,
Cflmpiit que la supérieure n'y était pa-. S'é-
parliculièrement au trentième jour (I). tant fait conduire au dedans, il trouva sa
Saint Amphiloque, ami it compatriote de sœur malade d'une fièvre très-violent-. Elle
saini Basile et des saint Grégoire de Nazianze, n'avait pour tout lit qu'une planche étendue
d'aboni professeur de rhétorique, puis avocat par terre, et pour chevet une autre planche
et juge, s'était retiré avec son père dans la échancric, en sorte que le cou y trouvait sa
solitude. Quoique très-uni à saint Basile, qui place. Ce lit, qui n'avait pour toute L'arnittire
l'aiipelail son cher fils, il le fuyait néanmoins, qu'un sac, était tourné à l'orient, afin qu'elle
dans la crainte qu'il ne l'appelât au sacré mi- y put prier dans la même direction que les
nistère. En effet, il était en si grande es- autres. L'entretien tomba sur leur frère saint
time qu'on l'enleva de force pour le faire ar- Basile, ce qui renouvela la douleur de Gré-
chevêque d'Icône et lui confier le gouverne- goire. iMais Macrine, à qui la violence du mal
ment lie toute la Lycaonie. Regardant Basile n'ôtait rien di" son urand coura_'e, le consola
comme son maître, il le consultait souvent, par un excellent discours qu'elle lui fit sur
la l*ri)viilence, sur l'état de l'àmc et sur la
et sur le dogme et sur la morale. Ce fut à sa
prière que le saint docteur écrivit son livre vie future, il le retint si bien, qu'il en composa
Du Samt-Fsprit, puis trois lettres canoniques depuis un Tniilé de l'Ame et de la Résurrection

sur la discipline, où il répond à plusieurs que nous avons encore.


questions de morale et de conscience. On y Comme ils s'entretenaient ensemble, ils en-
voir un grand nombre de canons, où l'Eglise tendirent le chant des psaumes pour la prière
règle les emi)èchements du mariage, indé- des lampes, c'est-à-dire les vêpres. Maerine
pendamment et difîeremmenl de la loi civile. envoya son frère à l'église, et pria de son
On peut y remaripier surtout quo, pour la côté. Le lendemain au soir, se sentant près de
durée des pénitences publiques, l'EuHse n'a- mourir, elle cessa île lui parler et se mit en
vait point de règle générale, mais que cela prière, mais dune voix si Ims-e, qu'à peine
vîiriait d'une province à une autre, d'une pouvait-on l'entendre. Cependant elle joi-
époque à une aulre. .\insi, la vierge infi- gnait les mains et faisait le signe de la croix
dèle à son vœu, (jue le concile d'Elvirc en Espa- sur ses yeux, sur sa boucli>' «-t sur son cœur.
gne avait condamnée à une pénitence de toute Quand on eut apporté de la lumière, on re-
la vie, n'était condamnée en Capanoce (ju'a la connut au mouvement de ses lèvre* qu'elle
licnilence d'un an. Saint Basile approuve cette s'acquittait autant qu'elle pouvaitde la prière
inilulgeiice ancieiHii" pour les tcnqis de per- dusoir, dont elle rem.irqua encore la lin pT
sécution mais il est d'avis (pie l'Eg'ise étant
;
signe de croix qu'elle lit sur son vi<.Tg.'.
fortifiée et le nombre des vieiges augmenté, Aussitôt elle rendit l'esprit par un lont soupir,
on doit user de plus de rigueur, et traiter la et le saint évèque, son frire, lui ferma les
vi.Mge tombée comme une adullèie, dont la yeux et la bouche, comme elle l'en av.iit prié.
péniten e la plus longue était de quinze ans, Pour donner ordre aux funérailles, Gr '-
mais secrète (2). Après tout il observe à plu- goire retint deux des principal-'»!» relisieuses,
sieurs reprises que, pour ces chosi^s, il faut une veuve de qualité, nommée Vestiane, et
consulter l'usage, et qu'au fond la pénitence une diaconesse nommé Lampadie, qui, sous la

;;, ; u , l. III, c. xvi. Pallad., Hm. laïu., c. 01. Goillier. — (l) Can. xvm, unu, xxxiv. — ^3) IbiJ., ii

J.XIV, LXXXIV.
LIVRE TRENTE-SIXIËME. 3QI>

sainto, conduisait lacommunauté. lldemamla saint Basile termina sa vie par le martyre :
si ellesn'avaieut point en réserve qiieliiuos c'élail saint Eusèbe de Samosate. .\près avoir
habits précieux pour parer son corps suivant as-isté au concile d'Antioche, où il souscrivit
}a coutume. Lainpailie répfjiidit en pleurant : l'exposition de foi du pape saint Oamasc, il
Vous voyez tout ce qu'elle avait. Voili son s'occupait, ainsi que saint Mélèce, à donner
inanteau, le voile qui lui couvra la tète, ses des évèques catholi|nes aux églises qui n'eu
souliers Usés c'est toute sa richesse. Grégoire
: avaient point. Il venait d'ordonner pour la
fut donc réduit à lui doiiiur un de ses man- ville de Dolique en Syrie, alors infectée
de
teaux ; car les habits des hommes et des fem- l'arianisme, un nominé Maris homme de
mes consistaient en di' taraudes diaperies, qui mérite et de grandes vertus. .Mais, comme il
pouvaient servir indiflereuiment aux uns et entrait lui-même dans Cftte ville pour l'y
autres. Vestiane, accommodant la coilTnre delà installer, une femme arienne lui jeta du haut
défunte, lui détacha le collier qu'elle portait du tiiit une tuile dont elle lui cassa la tète.
au cou, pour le montrer à Grégoire. C'était Se voyant près d'ex[)irer, il fit jurer aux as-
un cordon, d'oii pendait une croix de ter et sistants de ne point poursuivre la punition de
un annneau de même mêlai, que la sainte cette femme. Et, de fait, les ofh< iers de lajus
portait toujours sur le cœur, h" saint évèque tice ayant voulu informer, les catholiques ob-
voulut partager la dépouille ; il prit l'antu-au tinrent qu'elle ne serait pas punie ri).
pour lui et donna la croix à Vestiane. qui lui Un autre ami de Basile, Grégoire de Na-
dit (ju'il n'avait pas mal choisi, parce que zianze, ressu-citait la foi catholique dans
l'anneau était creux et renfermait du bois de réalise de Constantinople. Ue toutes les é^ilises
la vraie croix. d'Orient, c'était la plus désolée. Depuis qua-
On passa la nuit à chanter des psaumes rante ans elle gémissait sous la tyrannie des
comme dans les fêtes des martyrs. Le jour ariens, et le peu de catholiques qui y restaient
étant venu, comme il était accouru une très- se trouvaient sans pasteur et sans temple. La
grande multitude de peuple, Grégoire les ran- mort lie Valens, l'élévation de Théoijose, l.nir
gea en deux chœurs, les femmes avec les donnaient lieu de respirer. Personne ne parut
vierttes, leshommi's avec les moines. L'évè- plus propre à relever leur église anéantie que
que du lieu, c'est-à-dire de la ville d'I bore, Grégoire de iN'azianze. Sa vertu, sa dortrineet
Donimé Araxe, s'y rendit avec tout son clergé. son éloquence lui avaient acquis une grande
Saint Grégoire et lui prirent par devant le lit réiiutatiou. Il était évèque, mais sans évèché;
sur lequel reposait le corps, deux des preiniei» car il n'avait jamais gouverné l'églis de Sa-
du clergé le prirent par derrière. Ils le por- sime, pour laquelle il avait été ordonné et ;

tèrent ainsi tiés-lentement, arrctés pir la pour celle de Nazianze, il ne l'avait gouvernéiî
foule dn peuple, qui marchait devant et s'em- que comme étranger, en alteu'lant qu'elle eiH
pressait tout autour. Deux rangs de iliac.es un évèque. Il l'avait même quittée d'puis six
et d'autres ministres m.uihaient devant le ans, et vivait dans la retraite au mi>na<tère
corps, portant des ûambeaux de cire et on de S iiiut, Thècle en Séleucie. Les catholiques
chantait des psaumes tout d'une voix, depuis de Con-tintiiiople désirèrent donc de l'avoir,
une extrémité de la procession jusqu'à l'au- pour prendre suin de leur église abandonnée;
tre. Uuoiqu'il n y eut (ju'iuvirou vingt mi- les eveques entrèrent dans ce dessein, ses
nutes jusqu'au lieu de la siqiulture, i!s furent meilleurs amis l'en pressèrent; enliii Pi'M-re
presque tout le jour à les faire. C'était l'é- d'Alexandrie lui écrivit une lettre par laquelle
glise des Uuaiaute-Martyrs, à qui toute la fa- il l'établissait évèque de Constantiiiople, et lui

mille lie notre sainte avait une di'votion par- envoya les marques de cette dignité (3).
ticulière. Son père Basile et sa mère Eruuiélie Grégoire eut bien de la peine à quitter sa
y étaient enterrés, et le village appmtenait chère solitude, où il vivait détaché de tout et
pour lors à saint Grégoij-e de Nysse. Y étant goûtait les douceurs de la cont -mplation
arrivé sur le soir, on lit les prières accoutu- céleste. Sa résistance fut telle, que to it le
mées. Puis Grégoire, faisant ouvrir le tuni- mouile s'en plaignait. On lui reprochait d'a-
beau de sa famille, eut soin de couvrir d'ua voir quitté iNazi.iuze; ou l'accusait de mqirisc
drap blanc les corps de son pcieetde sa mère, les iniiuèts do l'Eglise; on lui représenCaii
pour no pas manquer au respect, en les ex- qu'elle était menacée de nouvelles allaques, et
posant à la vue ilctigurés par lu mort. Après on parlait d'un concile qui se devait tenir «•

quoi, aidé de l'eveque Araxe, d prit le cmqis Constantiiiople pour établir l'Iiéré'ie d'.\[(ol-
de ^ailde .Macrine de dessus le lit, et le mit, liuaire. 11 céda enfin, malgré la faiblesse do
coniuie elle l'avait toujours dii-iié, auprè^do son corps usé de vieillesse, d'ausb'rités et do
suinte Kiuméiie, sa mère, faisant une prière uialadii's; et il crut ne [jouvoir mieux achever
toniniune pour toutes les deux, 'l'oiil étant sa vie qu'eu travaillant pour l'Egli-^e. Ce fut,
fini. Giegoire se prosterna devant le tondjeau au plus tard, en 3TJ, qu'il vint à Gonslanli-
et en baisa la iioussière. C'est ainsi que le nojile.
saint frère décrit lui-même les funèraillles Sou extérieur
n'était pas propre àlui attirer
de sa .sainte souir^l). le des hérétiques, ni des gens du
resi)ect
buiis la même année, un grand ami de moiiile. Son corps eluit courbé de vieilWso,

jf. Nyss., De IVd ii. i/j.r. — (.2) l'iiood., 1. V, c. iv. Grog. Nmz. Cann. i, p. U.
T. lY. XO
S06 HISTOmE UNIVERSELLFUK L'ÉGLISE CATHOLIQUE
su t(''tp, chauve, son yiimiii: i\as<éfhé |piir ses depuis bi loiigtr;ni|)R. Ceux qni l'aynirnit fai»
larmes il ses iiustéiili''s. Il ét.iit p.'iiivrf, rriîil venir le favorisaient comme leur ouvra'/e. !^?
vêtu, suiis argent; son ]iarlcr avilit (|m:|r(ii(! hén-tiques l'.a toutes les sectes, el le« païens
chose de rude et d'étninner. Il sortait il'un même, voulaient goûter au moins le [daisji
])ays éloigné, et à ppinc coimais-ail-on le lieu de son éloquence, l'oiir l'entendre mieux, on
de sa naissance. Cpjifndaiil, il, osait altai|ucr forçait les lia le-lrndes qui eiilouraieirt le -ano
riit^résie trionndiatite <le|iuis si longlenipii taaire où il iirec-hait. On l'interrompait •-ou-
dans la ca[)itale de l'cHijiiro. Aussi tut-il vent |iour lui ajqdaiidir, en battant de<< mainf
d'aliord très-mal re(;u les arietis, ignorant
: ou faisnni des exclamation" à «a louamrf»;
absolument la foi de l'KgJise, s'iniagincrent plusieurs éi'riv.-iient ses di«eours à mesure
qu'il venait enseigner plusirurs dieux, et, qu'il le.» prorioneail. I.a mnlière en était la
passionnés pour leur ('véqui^ l)6mo|dnlc, ils ne iléfense lie la foi et la réfnlalinnilf*» erreurs.

purent soull'iir qu'il vint lui déclarer la Mais il ne arrêtait pas de telle sorte qu'il
s'y
Kuerre. Tousleshérétiijuesse réunirent contre ne s'appliquât aussi à former les mœurs de»
jfégoire et le chargèrent «le calomnies. Ils fidèles, en les avertis-ant que le moyen de
passèrent jusqu'aux ell'els ils le pouisuiu- : faire son salut n'était pasdejiarler des chose»
rent à coups de pierre, dont il ne reçut au- de la religion en tout lem|is et .-n tout lieu,
cune blcssuie dangereuse, et le tminèrent mais d'observer les rommandemnnfs de Diea,
devant les tribunaux des préfets, dont Dieu le de donner l'aumône, d'exercer rho-pilalité,
délivra glorieusement. Il n'opposa à tous ces d'assister les malades, de s'occuper du iliunt
outrages que sa patience, ravi de. participer des psaumes, de jirier, de gémir, de pleurer,
aux souflraiices do Jésus-Christ. Kn arrivant de morliiier ses sens, de réprinrrer la cdeie,
à Constantinople, il fut accueilli par des de veiller sur sa langue et d'assujettir le corps
parents qu'il y avait, et refusa plusieurs et l'esprit.
autres personnes qui lui otl'raient leurs mal- Les fruits de ses dîsronrs fdrent-seiïsibles,
sons. Stt vie frugale, i]u'il n'était
était si et on vit bientôt son troupeau devetiir Irr»-
guère à charge à ses hôtes; sa nourriture grand et très-nombreux, de petit qu'il •Inil
était, comme il dit, celle diss hétos et des au|)aravant. Il n'v eut pres<|ne [id'' de jour
oiseaux, li sortait peu on ne le voyait
: qu'il ne fît revenir des hén-tiqne» à la véri-
ni dans les piaces publiques ni dans les lieux ijible foi. Il ]iurirea ses peuple* du venin qui
les plus délicieux <le cette grande ville. Il ne les corrompait depuis tant d'anni>e«, et cela
faisait pomt de visites, mais il demeurait la. avec un sm-cès si prompt, qu'ils crriyaient
plupart du temps à son logis, mcditaul et n'avoir commencé qu'alors à être chrétien* et
s'entretenant avec Dieu. Celte conduite était à apercevoir la lumière de la vérité. Saint
nécessaire à Constantinople, où la vie peu édi- Jérôme vint àConslanlinoplo pour l'enlendre,
fiante des ecclésiastiques faisait tourner en et il se gloriliait depuis d'avoir appris les
raillerie la rtdigion, l'our y prêcher utilement, Ecritures .sous cet homme si éloquent, quoi-
on ne pouvait mener une vie trop sérieuse et ; qu'il fût déjà lui-même a'.ors en réputation
celle plulosopliic; simple et sincère attira enfin d'en avoir rin'clligence. Il raconte que, lui
à Giégoire l'aûedion du peuple. Quoiqu'il ayant demandé un j(uir l'explicaliim d'un mot
pût s'aider de la puissance ti'mporelle, il ne de l'Evangile assez obscur, saint Grésoire lui
disputa point aux hérétiques la possession de^ répondit agréablement Je \tju« le dirai
:

églises et des Jùens (pii eu dépendaient, dont tantôt dans l'i'L'Iise, où tout le monde m'.ip-
ils s'étaient euiparés au préjuiiice de-^ catho- plamiit. Il faudra bien que vous satinez ce
l.'i

liques. Il ne fut (loint algux de l'exécution que vous ne savez pas car, si vous êtes seul
;

des édits qu'ils niéprisuiout, et ne sollicita sans rien dire, tout le monde vous prendrn
point coutre euxlçs luagislrals. pour un slupidc. On voit pur là qu'il savait la
11 commença à.tenii-ses asscmliléea chez ses valeur des acdamalions du vnlgHire, qni.
parents, qui exerçaient envers lui l'hospita.- comme dit saint Jémme, admire lé plus ce
lilé; car les aïiet.s avaient ulé aux catho- qu'il entend le moins (\).
liques toutes les É^gjises, et ne leur lais.saieal, 'Eln Occident, Tempereur Gi^lien, prêt a
la lilieilé de s'assembler eu aucuu lieu. Cette marcher au secours de son «mrle Vàleirs, avait
maison devint ensuite uue église célèbre, que écrit à sailli AmlToise pour lui demander un
Von nomma l'Anastasie, c'est-à-dire la résur- traité qui établît la divinitéde Jé«u— Chiist.
rection, parce que saint Gregoir y avait Gralieii tut toujours sincèrement attache a la
comme ressuscité la foi caUUoUque. U fut. foi catholique; mais il voulait se munir d'un
bientôt l'admiralioa de tout le monde par sa préservatif contre les mauvaises d<K-lriiic« qui
profonde connaissance des tcritmes, son rai- avaient cours en Orient, l'our lé s.ili-laire,
sonnement juste et pressant, son imagination saiut Ambriiise composa les deux prcmien
fiMtile et iiiiilaiite, sa facilite iurroyahlo à livres De la Foi. Dans le premier, il numire
s'expliquer, sou style exact et serré. Le--» catho- d'abord en quoi consiste la loi calbolique,
liques aciouraient comme de^ pcr>ouuc.- allé- élablissaiit l'unité de la nature ilivinr et U
fties, ravis d'eiileudie prêcher la ^aiue <loc- trinile des pei^onnes il prouve la oivinilé d<
;

triue de la Trinité, dont ils étaient privés Jésus-Christ, puis il réfute les principale»

ili TillMBODt.CeiUier, Fleury.


LIVRE TRENTE-BIXTfcME. Ml
qne le Fils fût dis-em- voulu se rerairier, ayant è^]\ des filles mariée)
rrrenrs des ariens :

et d';iulres prêtes à l'être. Il y relève l'indé-


blnl.le Mil Vire, qu'il eut comnie.nci-, (]iril fut
montrer cence de ces mariages; mais il prend grand
cr6i'. Il ronlinue, clans 11- se'on.i, à
au soin de déclarer qu'il ne cofi-.lainne pas li.i
(iiip li^s .(tlrilinls de la divinité conviennent
envoyi' par Ift
.secj>niles noces comme, d tns b:» livres />«
:

Fil-!; il expliinie convraenl il c*l manque


lii'rfjcs, il ne. [las d'établir la sainteté
Ppi-e. comment ii lui est soumrif, comment il

convient du luariaue. [tans le livre Des l cuves, il parle


est moindre; il distinaue ce ([ni lui
ainsi (le l'invocaliiin des saints il faut (.rier :

comme Dieu et comme liomm*. et entre autres


les anges, qui nous sont dorim-s pour notre
les doux volonté-!. Il linit en p'r>n!H'tiant h
garde, et les m.irlvrs. dont les corps, semblent
rempereur la victoire sur le-i faillis. d'>nt il
nous être des gages de leur protection ils :

esprro que la prolcttion de l'Ey'iise sera le


sont les inspecteurs de notre vie et de nos
fruit. actions. Saint Ambruis.- écrivit un peu après
trois ans qn'Amhroise
Il y avaî^ à peine un traité De In Virginité. Comme on lui faisait
était 'évè<|ue, et àoyk on le resardnit comme fdies par
un crime d'y p(uter ses les éloges
le principal doct.Mir de THslise latine. Sa qu'il lui donnait, et de s'opposer au mariaite
réputation s'étendait jusqu'en Mauritanie et de celles (jui étaient consacrées à Die\i Pliit :

en attirait des vierpres (7»i venaienf à Milan à hieu, dit-il, qu'on put me convaincrez de ce
pour recevoir le voile de ses main^. Il en crime-là par «b-s tails, par des exemples, et
venait au*si des villes voisin&s, de P aisance non pirdes pa.roles! PlùLà Hieu encore que je
et de P)Olotfne, etc/ctail le fruit des fréquentes pusse (létiiurner du mariage celles mêmes (jui
exhortations qn'il taisait sur celle m>ii<''re. s'y destinent, et les engagiic à prendre le
Mais elles avaient moins de succès à Milan voile des vierires plutôt (jue celui des femmes
même ce qui lui fai-ait dire asréahleinent
; maiièes! Quoi! ce sera une indignité, parce
aux Milanais Vous voyez (ini-liue chose de
:
que je ne soulfre pas qu'on arraclie les vierges
bien étonnant. C'est ici que je ppèclie, et c'est sacrées du pied des saints autels pour les
ailleurs que je persuade. S'il en est ainsi. Je traîner à des noces séculières Comment ! !

m'en vais prêcher ailleurs pourv.'us persua- elles auront la liiierté de choisir un époux, et
der ici (I). Plu^ieuis se piiianaient qu'il elles n'auront pas la liberté de fixer leurs choix
relevait trop la virginité, et -s mères renfer- I
sur un Dieu! il montre ({u'on n'a aucun sujet
maient leurs filles, de peur qn'^ lies n'ns-islas- de blâmer son zèle pour la virginité, puis-
sent à ses instructions, ou qn'ell.s n'allassent qu'elle n'est ni mauvaise, ni nouvelle, ni inu-
BC consacrer entre ses mains. L''s discours tile; qu'elle a mérité les éloges du Christ, et
qu'il avait faits sur cette rrratière ayant en qu saint Paul l'a préférée au mariage. On se
'

tant de succès, sainte Marcclli-ne, sasceur. qrri phiint, dit-il, que le genre humain va man-
avait d>'piris longtemps fiil vœu de virginité quci.io demande qui jamais a cherché une
à Home, l'en félicita pnr l ttres, et le pria <le lemme sans en trouver ? Quelle guerre ou (juel
les lui envoyer, ptiisrfn'elle ne poiivait venir meurtre a-t-on vu pour une vierge? Ce sont
"
l'entendre. Ce fnt donc à sa jtrière qn'il- là des suites du mariage, que de tuer un aik.i-
rciueillil en trois livrets, iivtitulé^ Des Viercffi, tèie, de :aire la gucrn; au ravis.seur voilà ce
les seimons .iu'il avait faHs sur ce sujet, dont qui toujours a fait le malheur des Ktals. Le
le premier contient l'èlo.;-!»' de sa nie Airnès, nouilire les hommes est plus grand dan- les
parce qu'il fut pronom é lejiuir de sa tète. Il lieux où la virginité e-timée.
est le pins
y marque que lei vierges de P)'dogrie étaient Informez-vous couihien d'Alexandrie,
l'église
au nombre de vingt; qu'elles trav.iiHaien-l de celles do tout l'Oiient et de toute l'Afriiiue
leurs mains, non-seulement p^ui- vivre, mais ont accoutumé de consacrer de vierges tous
pour faire des aumônes, et rfu'ellies avaient un les an- U y en a plus que Milan ne produit
zèle et une iiuUisliie .'iiignliiTs pMiur attirer d'homn.es (3).
d'autres tilles à celte sainic [ro'fe-^-ion. Il Les ravages des Goths dans la Thrace et
exhorte les tilles à secnnsafei'' r, iireme malgré dans.rillyrie s'cicnd rent jusipi'aux Alpes, et
leurs pari'nts. D-Ans leff(>ii>Li'ine livce, il rap- donnèren'i malieic à saint Ambroi.se d'exercer
porte discours qne le
le ape Litii'ie, qu'd i sa ch «rite. Il s'appliijua à racheter h^s cai)tifs,
•inaliiie de bienheureuse, de sainte mémoire, et y employa mem'; les vases de l'église, (lu'il
avait fait à sainte iMarceliine en lui dm. nuit fit briser et tondre pour cet elfet ; mais seule-
Vhabil de vierge dans l'églis»* de Saint-Pierre ment ceux qui n'étaient point encore consa-
'e jour de Noél. Elb; ne vivait pti- en comuiu- crés, réservant les autres pour un plus grand
.anté, roaisavecses parents, cnmme plusieurs besoin. Les ariens lui en tirent un reproche,
vierges *m ce temps-la. Klles avaiwit à l'église dont ne se deicndi.t qu'en soutenant (pi'i;
il

leur plaee séparéti par des planches, et ou y érait plus avanlag(Mix de c<msacrer à Dieu
voyait des sentences de l'Kcriture sur les mu- des âmes que de l'iu-. Car, en mchetanl ces
railles, pour leur in-^tructron {i). captifs, on ne sauvait pas seulement la vie
Le livre Des Vi-ures suivit peu de temps aux iKunmes et lli uim-ur aux l'einntcs, mais
la toi aux enfants et aux jeunes gens, que
femme sou^ pre- les
ai>rcs, .1 l'occa-^ion J'iine ipii,

Ic.^ic qu il l'av.tit exhortée à ipiilter le ilcnil et lîail.arcs auiaiiîiit coiilrainls d(> [«rendre part
à se consoler de la murt de son mari, avait à leur idolâtrie. Saint Ambroiso drt A celle

(I) I... I. De Yirg,, o. X. — (2) De Lapiu Vxrg., c. Ti. — (3) he Viigmit. c. V. VI, vu.
108
HISTOmR UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATIIOLIQIE
I.'Eiili^o non pour le garder,
a de l'or, prendre, et que, |>ai-lant A l'un, on croyait
occnsion :

subvenir iiux néces-


Hiiiis fioui' le (listriliiier et
parler à l'autre. .Mais cette ji)ie ne lui pas
g'tés. El ensuite Alors on reeoiiiiiiit
:
le vase du longue Satyre mourut hientot entre le- hras
;

6t les hai.-ers de son frère et de sa s.j.ur, aux-


fiinu du Seigneur, loisqu'on voit la Hédeni[>-
lion dans l'un et il:ins l'autre lorsipie le calice
;
quels, sans faire de testament, il laissait loin
railiéle d'! l'ennemi ceux que le sang a rachelés ses biens. Ils crurent qu'il ne les en avait fa.ls

du pciclié (1). que dispeiisaleiirs, el donnèrent tout aux


Vers le même temps, il perdit Satyre, son pauvres. Les t'unérailles de ^aint Satyre furent
frère, sur qui il s'était déchargé de toutes ses faites avec solennité, et 'aint .^mbroise y pro-

ail'aires temiiorellcs. Satyre voulut passer en nonç;a son oraison luné, re en présence du
Alri(|ue jiour laire payer un nommé l'rosper, corps exposé à déciiuvert. Il ne se jieul rien de
qui s'applaudissait, dit saint Amliroise, croyant plus afl'cclucux ni de plus tendre. Saint Ani-
que mon sacerdoce lui serait une occasion de Lroise pleurait, sainte .Marcelline plemail,
lie pasme rendre ce qu'il m'avait pris. Satyre, toul le monde pleurait, les gran<ls, les pelils,
s'élant emliarqué en hiver et dans un vieux les vieux, les jeunes, les riches, mais surtout
bâtiment, lit naufrage et pensa |
érir. Il les pauvies. A la (in, Amhroise console sa

n'était pas haplisé. et pour ne pas mourir sœur, dit adieu à son frère, et, après lui avoir
entièrement privé des saints mvslères, c'est- donné le dernier baiser, il recommande à
à-dire reiiriiarislie, il la demanda à ceux qui Dieu son àine el le conjure de lui |iermellre
étaient |.,i|. lises. Mais comme il n'était pas de le -uivre bienlot(2y. Sept jours aprè-*. 'tant
jH TUiis même de la voir à d'autres qu'aux retourné sur la tombe ave- tout le peuple, il
lidelcs il la lit envelopper dans une espèce de lit un di^cours De la Foi en la Hvsurrt' tiun.

lonmie échaipe, que les lîouuiins portaient au L'Eglise honore la mémoire de saint Satyre
oou'danscc tempsia. il la prit sur lui, se jela le 17 de seplembrc.
ainsi à la mer, sans clier. lier de iilanelie pour Tandis que le |iape Damase travaillait à la
se soulenir, comme faisaient les autres. Il paix des glises d'Orient, il avail lui-même i
I

ariiva le premier à terre cl aida ensuite à soutenir une guerre inte-tine de la part de
.'auvcr SCS serviteurs. Ce fut sans doute en l'anti-paiiC Ursin, qui, relire a .Milan, n'eut
celle rencontre (ju'il lit vo'u à saint Laurent pas de honte de s'y unir aux aricu-, alin de
jiour oMcnir, par son inlei-cession, le temps pouvoir mii'ux troubler lu paix de l'utsli-c.
dé revenir de son voyage. Kcliappc de ce péril, L'empereur Gratien ayant ele HVi-rli «le ses
cl persuadé que le sacremeut qu\ l'avait ainsi menées, avait relégué à Cologne dans lea
I

protège lui serait hien plus utile ijuaud il le Gaules. Cependant ceux de sa fuclion subor-
recevrait au dcilans, il se pressa de se l'aire nèrent un Juif nommé Isaac, qui, après avoir
lin|)liser. Il lit donc venir l'èvèciue du lieu, et, embrassé la religion chrétienne, était retourné
pour s'as>urcr de sa foi, il lui demanda s'il à la synagogue, et le poussèrent a attaquer la
commnnicpiail avec les évèqucs <atholiques, pape dans ses mœurs et dans ^a con-
Itaiiiase
c'est-à-ilire avec l'Eglise romaine. AiuA iiaile duite. Le crime dont il ^accu^a n'est point
saint Amhroise, de qui nous tenons tout ce exprimé; mais son innocence fui reconnue
récit. Salyie trouva que l'église, de ce lieu par le jugement de l'empereur, el I-aac relé-
était du schisme de Lucifer c'était apparem-
: gué dans un coin de l'Espagne, comme n'ayant
ment en Sardaigiie. Et il ainia mieux s'expo- jiu prouver le crime dont il ai-cu-uil liauiase.
ser a la mer encore une fois, q ue de recevoir Ce saint pape, non coulent d'avoir ele absous
Je haplèmc de la main d'uu scliismatii|ue, par Gratien, voulut encore souoieltie ?a cau-o
quiiii|ue ce schisme ne fût accomjiagn é au jugement l'c-i éveque.s, elle> assembla pour

d'aucune erreur dans la foi. Etant almrdé cet etlel à Home, de tous les endroits de 1 Ita-
en |iays de catholiques, il n't^ut la grâce lie, sur la lin de l'an H78.
du hai'lème cl la conserva jusciu'à la mort. Outre la cause du pape Dama.se, il y eo
If. se prnposa même de garder la continence; avait plusieurs autres a examiner dans ce con-
mais il cd faisait un secret a st>D pro- cile. L'an 36", Valentinien avait pi.>rle un rcs-
pre frère. Après avoir heureusement ler- cril par lequel il ordonnait que l'évèque do
ininô ses allaircs en Afrique, il revint par la Rome jugei ail les causes des autres évei|ues,
Siiile à Rome, où le sénateur Symmaque, atiu que ce ne fus-enl pas des juces profanes
qui etail son ami et lui tenait lieu île père, qui jugeassent de la religion, mais un )>on-
s'ellurça lie le retenir, par la raison que le life de la religion avec ses collègues. Ce
pays lîe Milau clail exposé aux courses des prince eut, eu ;i74, occa-ion de faire v.ilo.r
UMflia''es. Mais ce fut un motif de p us pour celle loi. Floreiil, évèque de l'ouzoies, de, ^e
Satyre de rejoindre au plus lot son fièrc, afin à Home par les fvè.jues, s'elanl adressé a lui
lie ne pas le laisser seul ilans ce péril. Saint jioui se plaindre, il n'en i\\\\\. d'autre lé-
Amluoise et sa sœur Marceline eurent ung l'iiuse sinon que. s'il avail été condamne à
»xtreme joie de le revoir. Home par le jugement îles évèques. il lui était
Jamais on ne vit deux frère? jdiis unis. Ils détendu de faire la moindre poursuite devant
to ressemblaient si hien el pour l'àme et pour aucun ti'ihunal. Touletois, cet eveque eiaul
p corps, 'jue bien des fois on venait à s'y mé- rentré secrètement dans Pouzoles, s elaii ui* i

Offic. c. XV et iirni. _ çi) g. Ainbr.


LIVRE TRENTE-SIXTÈMB. 3lv

paré de l'église et faisait tous ses elForts pour jugements criminels dont votre loi a exempté
s'y maintenir. L'évèque de Parme, dont le les évéques car s'il a bien voulu se soumettre
;

nom n'est pas connu, faisait des teiilalives au jugement des évè jues, ce ne doit pas ètrs
seinhlaliles, ([uoicjue condamné par le concile contre lui un prétt^xte de calo'tinie. Ils ajou-
de Kiiine, l'an 377 ou 378. Restitul, éveque tent :Il ne fait que suivre les exemples dese<

d'Afrique, avait eu ordre de l'empereur de liiédécesseurs, suivant lesque's l'évoque à*


plaider sa cause devant les évéques; mais, au IJome peut se défendre dans' le conseil dt
lieu d'obéir, il avait assemblé une troupe de l'empereur, si on ne confie pas sa cause à un
gens cruels et insolenls, poiir éviter le juge- concile car le pape Silvestre étant accusé pai
;

ment. Clauilien,que les donatistes avaient en- des hommes sacrilèges, plaida sa cause de-
voyé à Rome en qualité d'évêque de leur vant votre père Constantin. Les évéques le
égïi-e, y causait beaucoup de scaudales, {>ro- nomment père de Gratien, parce que Gratien
fanant, par son baptême illégitime, ceux qui avait épousé Constantia, lille poslbiimi! de
n'avaient pas encoie parliciiié aux mystères ; Constantius. Au reste, ce fait du pape .Sil-
et donnait de l'aryent à ceux (jui éiaient dé- vestre est remanpiable et ne se trouve point
jà baptisés, pour recevoir de lui un second ailleurs. Les évéques finissent en priant les
baptême. L'eni|iereur avait '"ommandé qu'on empereurs que, s'il arrive quelque nouveau
le fit sortir de Kome et qu'on le renvoyât en chef d'accusation contre l'éveijue <le Koine,
Afrique; mais, quoiqu'en exécution de ces ils s'en réservent à eux-mêmes la connais-

ordres on l'eût arrêté plusieurs fois, il n'en sance, laissant aux juges ordinaires le soin
demeurait pas moins dans la ville, sollicitant d'examiner les faits, mais non l'autorilé de
les pauvres à prix d'argent à se laisser re- prononcer, persuadés que ce sera le moyen
baptiser. d'oter cours à la calomnie. Us insistent pour
Les évèquess'étant donc assemblés en grand que, suivant les Ecritures, on ne reçoive au-
nombre de toutes les parties de l'Italie, adres- cune accusation contre un évéque ni même
sèrent une lettre aux deux empereurs Gratien contre un prêtre, sans témoins dignes de foi,
et Valentinien, pour leur faire des remon- et pour que l'on punisse sans miséricorde tout
trances sur tous ces désordres. Ils les remer- calomniateur.
cient d'abord de ce que, pour réprimer le L'empereur Gratien satisfit à celte requête
Bcbisme d'L'rsin dès sa naisisance, ils avaient du concile par un rescrit adressé à Aquilin,
ordonuti que l'évèque de liome jugerait les vicaire de Kome, qui porte aussi le nom de
autres évéques en sorte qu'ils ne seraient
; Valimtiuien. son frère, suivant le style accou-
point suji'Is'-âu tribunal des juges laïques, et tumé. Par ce rescrit, les empereurs ordonnent
que les causes ecclésiastiques seraient exami- au vicaire de Rome d'exécuter les ordres pré-
née? .M conscience et par la considération des cédents, de chasser à cent milles de Rome les
mœurs des piirties, non par les formalités ju- séditieux marqués par les conciles des évé-
diciaires eî les rigueurs de la question, lis ques, et de les chasser aussi du territoire des
font de grands éloges de cette loi, mais se villes qu'ils troublent. Us ajoutent Nous vou-
;

plaignent de son inexécution, et cileul eu lons que quiconque voudra retenir sou église,
preuve les faits rapportés plus haut. Nous étant condamné |iar le justement de Uamase,
vous prions donc, concluent-ils, d'ordonner rendu av.c le ccMiseil do cinq ou six évècjues,
jue quiconque, étant condamné pur Uamase ou par le jugement des évéques catholiques,
ou parles évéques catholiijues, voudra retenir ou celui qui, étant cité au jugement des évè-
son église ou relusera de ?l- présenter au juge- (fues. refusera de s'y présenter, nous voulons
mont des évoques, y étant up,i(;lé, le préfet que, par l'autorité des préfets du prétoire de
du prétoire d'Ialie, ou son lieutenant, le Gaule ou d'Italie, ou des proconsuls ou des
fasse venir à Kom ou si la (jurslion est émue

; vicaires, il soit renvoyé au jugement des évé-
dans un pays éloigné, qu il svit amené parles ques et conduit à Rime sous bonne uarde ;
juges des lieux, pour être jugé par le métro- que si le rebelle est dans un pays éloigné,
politain, ou, s'il est métro[iolitaiii kii-menie, toute la connaissance en soit renvoyée a-u mé-
qu'on le fa^se venir sans délai à Kome, ou de- tropolitain; on s'il est mêlnqiolilam lui-même,
vant les juges que l'évèque de Kome aura don- qu'il se lendeà Rome sans délai, ou devant les
nés ; (jue ri le métropolitain ou quelque autre jui;es donnés par l'évèque île Rome, ou au
évoque est suspect à l'accusé, il [lourra apiie- concile de quinze évéques voisins, à la change
1er à l'évèque de Rome ou à un concile de d' ne plus y revenir après ce jugement. Enlin
quinze évèiiucs voisins. Qu'on imjiose silence nous voulons que les gens de mi>»urs notable-
à ceux ([UL seront ainsi exclus, et que l'on ment corrom[iues, ou notés comme caloninia-
éloigne ceux qui seront ilé()Osés du Irrritoire teuis, ne soient pas rei-us lacileine-il contre un
de la ville lu'i ils auront été éveipies. Uue notre évoque comiue accusateurs ou 'comme tô-

frère Uaniase ne soit (las de pire condition que moins(l). Il nest rien dit dans ce rescrit dece

ceux au-dessus desquels ilestidevi' [lar la pre- que le concile avait demandé pour le Pape
ro'-'.itive du siège apostolique, quoi.ju'il lenr en particulier, savoir (pi'il l'ùt délendro sa
:

soit égal iMi lonctions, et i[u'ayaiil èli' juslilié c.iusi- (bi")s le conseil de l'empereur, si on aa

par vi.Ub-memL'S, il ne soil pas ?ou.iii^ aux 1.1 co.i.iuit pas à un cuucile.

(I; Lnli 18, t. U,i.. 1OOI-1O03. Coustaiil, p. .ili T)!»


StO HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATIIOLIQUE
L'empereur Grotion, rrlmiruant d'Illyric cm le si6f,'e de l'évèque et ceux des piètres à scé
Gauli', écrivil à nainl Aiuliroisc uikî IcUre de cotés. Une des vierycs arienne- lut l'impu-
sa innin, (n'i H le noiniiic son pt if, cl le jine
dence de monter sur le tribunal, et, prenant
de venir le Ijuiiver \«>uv l'iiistniiio (uicore de le saint évèipie par ses habits, elle voulait le

vêiilé dont il était (k'J:! Ircs-pcisuMili^, cl de fairi- tomber du coté des femmes, alin qu'elles
lu
lui renviryer k; 'jailé iju'il lui avait ih-'yÀ don-
liussenl le maltraiter et le c.iiassi'r de l'église.

né, y ajoutant, Jisb jireuves de la divinité du .\mbroise lui dit quoique je sois ir.li^ne dv
:

Saiiit-Espril.Dans m
réiionse, saml Amliroisc sacerdoce, il DC le convient pas, ni à la pro-
lui donne le litre du |du> (rhrébiou des prineen, fcpfiion, de, mettre la main sur un prelie, quct
t\\\^'\\ «oit; lu devrnifi craindre le ju'.-eincnt de
ajoutant qu'il ne eonuaissait rien de plus vrai
ni de plus ^çlorieux. S'il n'a pas été îiu-devant Ltieu. Le landeinaiu on la porta- en 1-rie, et
de sa clémence, ce n'elail pas manque de dé- Aimbroise, i-eudant leliienpour le mal, honora
sir, c'est qu'il 'n'avilit point ose. i>u reste, ses funérailles de fia .présence. Cet a'ci.lent
non-seulement à son .retour, jnai^ dans tous n'«jionwanla pas peu les ariens, et procura
ses voyages, il lui avait été pi-éHeutd'ane'Jiia- aux catholiques Ja liberté de choisir en paix
niére plus intime, par son amour cl son allH- OD évoque, qui fut Aiiéjnius. Saint Ambroise
chi'ment sans bornes; il l'avail suivien esprit revint à Milan ajirès celle ordinaliim mais ;

dans tontes ses uiarclies et ses cam-pemeuls ;


riiif]iéTiLlrii-e Justine conçut des lors contre lui

nuiletjonr il s'était trouvé dans s(hi armée ccitte haiiiie (]ui eut de si pran'les suites (5).
par sa -sollicitude eonliimollc et par rall'octiun 'jCe|tendaul Théodose, qui avait li.\é sa rési-
de <on cœur, tiicluint de sujqjli'cr, pui- ses dlenee à Thessaloinque. ramenait
iiabiluolle
prière;; et par l'aclivilé de son zeie, à l'im- la di-i-.ipliineiinrmi les troupes l'omaines, rele-

pui^siuice de -sa faiblesse. 11 le reineioic .de bu vait leur courage par des succès, cl lin.l, dans
lettre, loue «a foi, sa -piété, son Kclepo.urJa nne campairne, jiar chasser une partie dus
religion, son humilité; 'et. a|irès lui .avoir juro- lïarbaresau delà du Danube, el pur bircer le»
Di'is d'aller le voir aiu [ilus tôt, et miii'qné .qu'il mitres à la soumission. Au mili'-u de ces tra-
lui envoyait ses deux livres sur la toi, il le vaux tomba malade au point qu'on déses-
il

prie de trouver bon qu'il ditl'ere (inelque temps péra de sa vie. Lui, plus occupe du soin de
à lui pnvoyei' le '/'rai/fi su?' hvéïcmitù du Siunt- son àm>-.(|ue de snérison de son 'orps, dé-
la
£sfiri(,i\im de pouvoii- traiter oeMe impor- sirait b' ba|)l:éme. InviulalJement atlaidié à la
tante matière avec exactitude il). Il y apiia- ci foi catbiili.(i»e, qu'il o'a't l'éj-ilce des"s pères,
rencc que l'empereur le prévint; carililiiLt il iit vcttir l'évèque et lui demanda avant
à Aquilie le 5 juillet 379, el.à Milan Iv, 3 août. toutes choses quelle était sa créance. C'était
11 désirait ([ue saint AmlDroise traitât la ma- saint Aschole, ijui était alors évequu de Thes-
tière plus au lorii^; et lesiliéréticiues l'accu- Baloni.|ue. Il dit à l'emiiereur qii il professait
saient d'avoii- attenté d'être court pour éviter la foi de Nicée,-ct que toute l'iiivrie était de-
de répondre à leurs objections, parce qu'elles meurée dans cette cj-éauce, saii^ jamais avoir
étaient sans répon>.^e. C'est ce cjui l'ohli^eu été infectée de l'arianiâme. Il faut eut -ndre
d'ajouter aux deux livres de la toi trois antres rillyjie orientale, qni comi»ri'nail la Macé-
livres pour eu taire un tout; et ces trois d'T- doine, dont Thessalunique était la niélro|K'le.
nieissonl principalement eundoyés à expli- L'empereur, extrêmement répiui de celte hen-
quer tous les passades de Li ilure. (|ue les I • reuse rencontre, recul le bapUmie <ic la main
ariens ilélournaient à leur avantage. Mais i! de saint Aschole, el, peu de jours ajuès, pué-
remet à un autre temps le Truite du Suint- ril de sa maladie (3).
Esprit. Saint .-V-chole n'était pa« moins recomman-
Ver.s le même temps, Je siège de Siimium, dablc par la saiiiteté de ses nxeursque par a
ca]>itale lie l'iUyrie, vint à vaijiier, et l'impé- pureté de sa foi. Il était ne eu (^.ip|«adi>ce.
ratrice Justine, mère du jeune Valcnliuieu, se Mais le désir de servir lHeu avec m\'- entière
donna beaucoup de mouvement pour y taire liberté lui avait fait ahandonn<M- sp> parents
Dniouner un eveqiie pai- les arions, c.ir elle et renoncer à sa pairie des sn première jeu-
Était de li'ur parti. Pour s'ojiposcr à son des- nesse. Ayant [lassé clans la Cn-ce. il s'était
sein, saint Aiubroisealla lui-même à Sirminm, arrêté dans l'Achaie, où il avait f.iil profi-ssion
quoique celte ville fui hors de >a province. Il de la vie monastique. Il y vécut qu^hpies an-
pouv;il otre déiét^ué du l'ape, comme nous nées, renfermé dans nue oellule loil étroite,
avoii: vu les Orientaux demaruler des lei;alsà d'où il lut tiré assez jeune pour eli-e élevé à
Damase pour reineiliei- aux maux de leurs lépiscopat. Jl fut demande avec jjran-le ins-
é.nlises. Il [louvail aussi avoir elé appelé par tance par les peujiles de .Macédoine p"Ur rem-
les éveques de la province -Uiémc. L'impéra- plir le siejjre metropiditain de Tiie^salniiique,
trice Justine était, ce semble, alors à Sirmium. el tous les eveques du|tays l'ordunnereniaveo
Une miil.ilude d ariens, soutenus de auto- I beaucoup de joie. La mauière duiil il se con-
lite lie cette piinccsse, s ell'oii;aienl de le taire diii:-il justitia 'opinion qu'im en avait cou(;iie.
l

sortir (le l'eiilise; mais saint .Vinluoise, sans Il rétaiilit l.i pai.\ dans J'é;;lise de Tlie-saloni-
e uiellie en peine de leurs ellorls, deuieurait que, et y alfcrmit la loi ébrauiée |>ar la chute
sur le II iliunal. C'était uu lieu élevé, oii elait de son prédécesseur llerenuius, qui, cédaut à

(1) Amhr. lyiil. 1 et u. — (i) Pn-ilin. Vita Ambr., n. M. 12. — (3) Soc, 1. V, c. vi. Soi., 1. VU, o. IT.
UVRE TRENTE-SIXIÈME. Sil
la persécution de l'empereur Constance, avait le disciple de saint Pierre; mais il n'y joinl
renoncé à la communion de saint Athanase, pas l'évèque du croisième siège, qui était Ar-
L'idée qu'on s'était formée de sa vertu et de tioche, également fondé par le prince des
son crédit auprès de Dieu était si grande, que apôtres, parce que celte place était disputée
l'on était ,)ersuad6 qu'il avait préservé plu- entre Mélèce et saint Paulin, tous deux catho-
sieurs fois la ville de Tliessalonique et toute liques. Il ordonne que les seuls adorateurs de
4a Macédoine, contre les Goths, sans leur op- la Trinité porteront le nom de chrétiens catho-
poser d autres armes que celles de la prière. liques, parce que les l)crétiqnes prenaient
Il était lié d'amitié avec les plus grands et les aussi le nom de chrétiens, et quelquefois celui
plus saints évèques de son temps, surtout avec de catholiques mêmes. Par une autre loi, da-
saint Basile et avec saint .\mliroise. Le pape tée du même lieu et du même jour, qui sembla
saint [>amase luicomraitle ifouvernement des n'être qu'une partie de celle-ci, Théodose con-
dix provinces qui composaient l'IUyrie orien- damne de sacrilège ceux qui, par ignorance
tale, pour y exercer son autorité comme son ou par négligence, violent la sainteté de la
légat et son vicaire. Il y ajouta même la sur- loi divine ce que l'on entend des évèques qui
:

veillance des provinces voisines, et nom- ne s'opposaient point assez soigneusement aux
mément de Constantinople (1). Tel était héiésies. Un mois après, le vingt-sept mars,
laint Aschole, qui baptisa l'empereur Théo- étant encore à Thi'ssalonique, il défendit de
dose. faire, pendant tout le carême, des procédures
L'empereur s'étant informé de l'état où se criminelles ce qu'il confirma neuf mids après
;

trouvait la reli^^ion dans les terras de son par une seconde loi Les juges, dit-il, ne doi-
:

obéis-ance, apprit que, jusqu'à la Macédoine, vent pas punir- les criminels dans un temps où
elles étaient toules unies dans la foi à la Tri- ils attendent de Dieu la rémission de leurs
nité; mais que tout le reste, vers l'Orient, propres crimes. Il suspendit aussi dans la
était divisé par un ^rand nombre de sectes, et suite les procédures, même civiles, durant la
particulièrement Constantinople, où l'iiérésie quinzaine de Pâques, et tous les dimanches de
réiinait plus que diins tout le reste de l'empire. l'année, pendant lesquels les spectacles furent
Ce fut le motif de la loi célèbre Cunctos popu- interdits. Nous avons une loi sans date, par
los, connue ar ces deux mirts latins par les-
| laquelle, à l'exemple de Valentinieo, il fait
quels elle coijimencc. La voici tout entière : grâce à tous les criminels en faveur de la fête
« Les empereurs Gratien, Valenlinien et Théo- du Pâques il en excepte aussi les crimes énor-
;

dose, augustes, au peuple de la ville de Cons- mes, qui sont celui de lèse-majesté, l'homi-
tantinople. Nous voulons que tous les peuples cide, l'adultère, le poison ou a magie, la fausse
de notre obéissance suivent la relLi,'ion que monnaie. Gratien, à l'occasion d'une pareille
l'apotre saint Pierrea enseignée aux Komains, rémission, excepte encore le rapV et l'inceste,
comme il p.'u-alt, parce qu'elle s'y conserve et il exclut de cette grâce ceux (pii, après
encore à présent que l'on voit suivre au
; celle l'avoir déjà obtenue, sont retombés dans les
pontife Uamase, et à Pierre, évéque d'Alexan- mêmes crimes. Valentinien le jeune, en fit une
drie, homme d'une sainteté apost(di(iue ; en loi per[)éluelle pour l'Occident ; mais atrx
sorte que, selon linstruction des apôtres et la excc[itions précédentes il ajoute le sacrilège
doctrine de llivun-gile, nous croyons une en général, et en particulier celui i]ui consis-
seule divinité daPcre, et du Fils, et du Saint- tait :i violer les sépultures (2). En l'année 387,
Esprit, sous une majesté égale et une sainte comme Théodose dictait l'ordonnance de l'in-
Trin.té. Nous voulons (pie ceux qui suivront dulgence pascale, plù( à Dieu, dit-il, qu'il fût
cette loi prennent le nom de chrétiens catho- enmon powoir de ressusciter (es morfs ! Daa»
liques, et (juc les autres, que nous jugeons une autre loi faite sur le même sujet, on lit
insensés, portent le nom infâme d'hérétiques, cette bellemaxime Que c'est une perte pour
:

et que leurs assemblées no prennent point le l'empereur de ne trouver personne à qiu par-
nom d'églises, réservant leur (mnilion pre- donner.
mièrement à la veoLteance divine, et ensuite On voit que la semencede l'Evangile, semée
au mouv(!meut (|ui nous sera inspiré du ciel.» dans 11! cœur de Théodose. tomba d.ins non
Cette loi est datée de Thessalonicjue, le 28 de bonne terre et y [iroduisail lies fruits ,ui cen-
lévrier .'iSO. tuple. On en trouve la preuve jusque dans ses
ïhéodose au peuple de Constanti-
l'ailre^^sa lois civiles.
nople, alin que de li capital.' de son empire La faiblesse de Valens avait laissé un libre
elle se r^-pandit plus pcomptement dans les cours à plusieurs ahus Théodose se fit un
:

provinces. Il y déclare sa foi, pour inviter ses devoir de les réformer. Il se déclara ennemi
sujets à la suivre, idutiH que les y contrain- des (li'laleurs, et, pour rendre ce poriiicieux
dre, [l'iuiniisunt encore aucune peine aux hé- métier aussi rare qu'il est infâme. Il prononça
rétiques cl !-e contentant de lt!s menacer. Il la peine capitale contre tout esclave qui accu-
maripie la foi d l'Kglise par la foi de l'I'yLîlise
; serait son uiaïUc'. ineuie avec fondomenl,
romaine, reçue du prince f'e~ apiMics au pape ; cl contre tout déla'eur qui aurait réussi dans
Damase, il jointl'iene d'Alexandrie, comme trois dilfcrenles dénonciations la mort était :

l'évùque du sccuud siège du uiunde, fondé par le prix de sa troisième victoire. Il y eut tou-

(1) Constant, col. 595. — (2) Cad. theaé.


)12 niSTOmE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE.
jouri de ces hommes dantîcronx f[iii aliusnnt trat, pourunesimple proposition accompacnéo
de leur imissuiun et de liMir cii'ilit pour op- de promesses onde menaces, il le condamnai"
primer les ijiibles, et toujours ils ont trouvé à payer di.t livres d'or, et à perdre, après sa
des maRistruls intéressés ou timides <]ui se gc.-tion, tontes les prérogatives que sa charge
sont prêtés à leurs injustices. Sur une plainte procurait; les personnes (ju'il avait sollicitées
"non avérée, on arrêtait les afcn=és, on les étaient alliancliies de sa juiidiclion, elles et
laissait languir dans des cachots étroits et in- leui- famille, et avaient leurs causes commises

commodes, où ils ne pouvaient dormir ipie par devant d'autres juges.


debout; ces misérables, souvent innocents,
là, Pour maintenir cet esprit de vie qui, dans
étaient abandonnés à l'avarice des geôliers, un grand empire, doit animer toutes les par-
qui leur vendaient bien cher les nécessités de lies, même les plus éloignées du centre, il

la vie, et les traitaient cruellement iorsiju'ils maintint en vigueur l'ordre munii'ijial des
n'avaient pas de quoi payer : ils y mouraient villi's. Il nous re-te de lui beaucoup de lois sur

•cuvent de faim. la nomination île ces officiers, sur les moyens

l^es magistrats, occupés de spectacles, de de conserver leur nombre, sur leurs exemp-
festins et d'amnscmenis frivoles, ne tro\ivaient tions et leurs privilèges. Flavien, proconsul
les prisons Tliéodose d'Asie, et un préfet d'Egypte, furent mis en
Sas le temps de visiter
éfendit de metire aux fers quiconque ne prison pour avoir appliqué à la torture des
serait pas convaimu ; il voulut (jue l'accusa- oMieiers municipaux. .\fin d'épariiner aux
teur lût détenu en prison pour sui)ir la i^eine villes les frais des nombreuses dépulalions, il
du talion, s'il était reconnu calomniateur; ordonna que dans les occasions où elles au-
que le procès iirom|itement instruit et
fil raient quelque demande à poiler au prince,
jugé, afin ((ue le coupable ne tardât pas à re- toutes celles d'une même province se concer-
cevoir son châtiment, et l'innocent sa déli- teraient (mscmble et se contenteraient d'en-
Trance. Il interd t aux geôliers leurs exactions voyer trois députés pour la province en-
inhumaines, et ordonna que tous les mois le tière.
garde des registres mettrait sous les yeux du Il eut encore plus de soin d'entretenir les

juge le rôle des prisonniers avec la note de anciens édifices que d'en construire de nou-
leur âge, de la qualité des crimes dont ils veaux, ce qui, flattant davantage la vanité des
étaient accusés, et du temps de leur déten- pi inces ou des magistrats, apporte aux villes
tion que le juge négligent et paresseux, qui
;
plus de dépense et souvent moins d'utilili'. il
n'avait de sa cliarye que le titre, serait con- ne permit pas aux gouverneursde faire de nou-
damné à une amende de six livres d'or et à veaux ouvrages publics qu'après qu'ils auraient
l'exil. Six ans après, pour donner aux ma- réparé les anciens, qui tomliaient en ruine, et
gistrats le loisir de s'acquitter de leurs devoirs, aclievé ceux que leurs prédécesseurs avaient
il leur défendit d'assister aux spectacks, ex- commencés. Il voulait que les 'entrepreneurs
cepté le jour de la naissance et du couronne- fussent pendant quinze ans, eux et leurs hé-
ment des em[iereurs. ritiers, responsables de la solidité des cons-
Jamais souverain neprittant de précautions tructions. Cette attention ne l'empêeha pas de
pour arrêter les concussions des magistrats; travailler à l'embellissement de Conslanlino-
il ordonna que les juges convaincus de ce ple. Il y fil dans la suite construire un port,
crime seraient dépouii/'és de leur charge, dé- un aqueduc, des bains, des portiques, des
clarés incapables d'en posséder aucune qu'en ;
académies, un jialais, une place el une
cas de mort, leurs Iiéritiers seraient responsa- Colonne «jui [lortèrent sou nom. Valenti-
bles de leurs larcins que, pour les malversa-
;
nien II suivit l'exeiuple de Tliéodose, et re-
tions dans les causes des partieuliers, ils se- commanda d'entretenir dans Rome les anciens
raient assujettis aux peines du péculat il : monuments, plutôt que d'en enlrepr< ndre de
invita ceux qui se trouveraient lèses à poursui nouveaux.
TTC la venL(cance, et leur promit justice et ré- Constantin avait ordonné que si (]ue|qu'un
compense. Nalalis, commandant des troupes trouvait un trésor, il le partagerait par moili>î
en Sardaif:ne, sous le règne de Valens, avait avec le fisc. Théodose le lai--a tout entier à
pillé la province Tliéodose l'y fil recunduire
; qui l'aurait découvert, à conilition cependant
sous bonne garde, jiour y être convaincu sur que, s'il le trouvait sur le terrain d'autrui, il
les lieux, et le condamna à rendre le quadru- en céderait le quart au propriétaire du terrain.
ple de ce qu'il avait ]iris injustement. Il dé- Les lois romaines avaient borné le temps du
fendit aux officiers (pi'il envoyait ilans les pro- deuil au terme de dix mois; Tliéodose reten-
vinces d'y faire aucune acquisition iriuimeu- dit à l'ancée entière: il déclara infâme la
bles, d'y recevoir aucun présent ni pour eux veuve qui, avant l'année révolue, convoierait
I ni pour leur lamille, leurs conseillers, leurs à de secondes noces. Telle était liéjà la dispo-
domestiques permit aux habitants de n pé-
; il sition des anciennes lois ; mais il \ djouta la
ter en justice ee qu'ils auraient ainsi donné. perte de tous les biens que la femme tiendrait
Si i:n i.'ouverneur ou magistrat de province du premier mari. Quant aux veuves ipii se re-
employait son autorité pour tirer une promesse mariaient après le terme . prescrit, il le»
de mariage, soit en sa faveur, soit en faveur obligea de conserver aux enfants du pre-
de qui que ce fut, il déclarait la promesse mier lit tous les biens venus de leur
nulle et pour une simple tentative du magis-
; père, el il leur 6la la liberté de les allé-
LIVRE TRENTE-SIXIÈME.
ner (1). Dans toutes ces lois, on lesiiire se faire lui-même ordonner évèque de
comme une atmosphère de l'Evangile; on Constantinople. Dans cette vue, il se joi-
sent un empereur père de l'orplu-lin, pro- gnit à un prêtre de r>elle église, qui avait
tecleur de la veuvi-, vendeur de rojiprimc, conçu de l'aversion contre lo saint évèque,
alliant la justice à la miséricorde, consacrant sans autre sujet que la jalousie de son élo-
la foice à la vérité et à la vertu en un mot,
; quence. Maxime de concert avec lui, fit venir
on sent un empereur chrétien. d'Egypte d'abord sept hommes choisis entre
Sa capitale avait grand besoin d'un souve- ceux (]u'il y avait de [dus indignes, et capables
rain de ce caractère. Un philosophe cyiiiijue, de tout entreprendre pour un peu d'argent,
du nom de Maxime, causait de nouviaux et ensuite quelques évoques pour recevoir
troubles à Constantinople. C'était un Egyp- d'eux l'ordination. Ceux-ci furent envoyés par
tiens, né à Alexamlrie, d'une famille où il y leur archevêque, Pierre d'Alexandrie, qui,
avait eu des martyrs. Bien qu'il lïit chrétien, après avoir élahli saint Gi'égoire sur le siège
il ne laissait pas de faire [irofession de la de Constantinople, se déclara contre lui, sans
philosophie cynicpie, dont il portait Thahit, le qu'on puisse alléguer d'autre causi; du cette
bâton et les grand cheveux. Il avait couru en légèreté, sinon que Maxime était Egyptien. Il
divers pays, et avait été plusieurs fois repris fallait encore de l'argent à Maxime. Il trouva
de justice. A Corinthe, il vécut seul quelque un prêtre de l'ile de Tliase, qui était venu à
temps avec des filles qu'il prétendait exercer Constantinople acheter du marbre de Piocon-
à la piété il fut fouetté publiquement eu
; nése pour son église il le flatta de si belles
;

Egypte, et relégué pour des infamies dans le espérances, qu'il l'engagea dans son parti et
désert d'Oasis, où il demeura quatre ans on : se rendit maitre de son argent. Il s'en servit
/-'accusait de suivre l'hérésie d'Apollinaire. Il pour gagner une partie de ceux qui avaient
vint enfin à Constantinople, et sut si bien témoigné le plus d'affection à saint Grégoire,
feindre, qu'il imposa d'abord à saint Grégoire et le leurfit regarder comme un homme dont

de Nazianze. 11 se vantail d'avdir (luitté, pour Tamitié était inutile, puisqu'il n'avait lieii à
le seivice de Dieu, la consolation de vivre donner. 11 gagna surtout grand nombre de
avec sa mère et ses sœurs, qu'il qualifiait de mariniers, pour représenter le peuple et lui
vierges. 11 se faisait honneur des coups de prêter main-forte au besoin. Ils prirent le
fouet qu'il avait soufferts, et de son exil, temps que saint Giégoire était malade, et,
comme si c'eût été pour la religion. Saint sans avertir perscmne, les Egyptiens entrèrent
Grégoire le reçut comme un confesseur capa- de nuit dans l'église avec quantité de mari-
ble d'honorer son petit troupeau; car il ne niers, et commencèrent les céiémonies de
faisait que commencer à rassembler les catho l'ordination de Maxime mais le jour les sur-
;

liques db Constant nople dans son Anastasie. prit avant qu'elle fût achevée. Les clercs qui
Maxime donnait de grandes louanges à ses logeaient aux environs de l'église s'étant
discours, et déclamait fortement contre les aperçus de cette entieprise, le bruit s'en
hérétiques il ne respirait en apparence que
;
répandit dans toute la ville, et tout le monde
zèle et piété. Saint Grégoire y fut si hie', accourut aussitôt, les magistrats, les parti-
trompé, qu'il le reçut dans sa maison et à culiers, les étrangers et jusqu'aux héré-
sa t;ible, lui communi(iuant ses ét<7des et ses tiques. Les Egyptiens, obligés de quitter
desseins avec une entière confiance et, non ;
dans une maison parti-
l'egli-e, se retirèrent
content de lui donner de grands éloges dan? culière, chezun joueur de Uùte, accompagnés
les conversations particulièies, il prononça de quelques-uns du bas peuple et de quelques
devant son église, quolifue malade, un dis- excommuniés. Ce l'ut là qu'ils achevèrent l'or-
cours à sa louan'_'e, ([ue nous a\i>ns eiK^ire dination de Maxime, et lui coupèrent ses
sous le nom d'éloge du philosophe Héron; grands cheveux qu'ils lui avaient laissés jus-
mais saint Jérôme atteste que c'était la louange qu'à loi s, et dont tout le monde était scan-
du philosophe Maxime, et que d'autres y dalisé.
avaient mis ce taux titre. On voit dans ce Tout le clergé, tout le peuple de Constanti-
discours par où l'imposteur avait surpris saint nople s'indignèrent de cet attentat. On pu-
Grégoire. 11 pratique, dit il, notre [ihilosophie bliait tous les crimes de Maxime et on le
sous un habit étranger; encore peut- on le chargeait de malédictions enfin on le chassa ;

prendre pour un signe de la pureté de l'âme. de la ville. Cependant les catholitpies qui
C'est que l'h djit des cynique!'^ était blanc. Il étaient dans l'Anastasie avec saint Gn'goire,
n'a, poursuit le saint, de cynlcjne ([uede par- le gardaient avec grand soin et prenaient
ler hiirdimeat, de vivre au jour l.i journée, toutes les précautions possiblespour sa sûreté.
de veiller pour la gardtî des âmes, de caresser Quant à lui, pénétré d'une vive douleur, il
la vertu, d'aboyer contre le vice, (^ar c'est résolut d'aboi tille se retirer de Constantinople,
ainsi que les cyniques s'appliquaient toutes et ne put s'emiiecher de le témoigner à son
les propriétés des chiens, dont on leur avait peuple, en lui disant Adieu A ce mol, toute
: 1

donné le nom. l'as-emblée s'éleva contre lui plusieurs ac- ;

Cependant Maxime avait formé le des- coururent h l'eglisesur le bruit ijui s'en répan-
•ein de supplanter saint Grégoire et de dit, et tous eusemble, ils le conjurèrent de

(J) Hisl. du Bis-Empire, XXI. n. IJ.


HISTOmE UNIVERSELLE DE L'Er.LISE CATHOLIQUE
de iiiMirer et d'accepter le titre dcleurc^vèiiuo. par l'empereur Théodose, s'enTCtourna dans
Miiis il résista jnsqu';! n'^pumlre des j:innes et Alexandrie, et, ayant gagné par argent
à |iroiit)ii'Pi' Ai'>i malcdiciioiiscontii! liii-ini'ini; quelques vagabonds, il pi'essa l'évé'jue l'rerre
s'il l'acccplail, ne croyant pas(jii'il IVU|)iu'nii» de le faire jouir du siège de (lonslatdinople,
di' piciidiuci; siège sans y avoir 616 placé, le menaçant de le chasser lui-même de celui
se!oii les formes, ,>ar i)ncasseiul)iéed'évéi|ucs. d'Alexainlrie. .Mais le préfet d'Ki;vpte, crai-
Li' peuple se wiiiiisit à le 9ii[)piier de ne jxjint gnant lessuitesde pette entreprisi-, oliastade
les aliaiidoiiner. Il demeura tpudijui! temps lu ville Marxime, qid demeura quelquf d-mps
iiilerdil, ncî pouvant leur l'ermei- la Imudie ni en repos. Pierre lui-même ouvrit les yeux et
se résoudre à les contenter; le joui- liuissait, et se réunit à suint (iiégoin;, qui on témoigne
ils jurèrent tous que, jufipi.'à ce qu'il «rfùl sa joie dans un de -ses discours (1).
rendu ils ne sortiruient point de l'èf^lise,
,
L'empereur Théodore, aynnt remporté de
quand ils y devraient mourir. Il eriil même noHvellesViC.toires contre les Gotlis, entra en
entendre une voix (]ui lui reerochailde luinnir triomphe à Conslanlinople, le 24 novembre
avec lui de Coihslantinople la sanitr Trinité. 3S0. Son premier -soin fut de rcnrh-e la paix
Enlin, leur promit de deiueuier jnsipt'à
il à l'Kglise et de réunir les esprits. Il lit donc
de (pielques évècpies que l'on atten-
l'ariivce aussitôt Kiwoir à Bémopliilc, êveque des
dait dans peu de temjis mais il ne voulut ; ^ariens, que é'il voulait -omhrasser lu foi do
point s'y enj^aizer par serment, n'en ayant Nipéc, il n'avait qu'a réunir le 'peuple et
fait aucun di^puis son liapteme. Ainsi, l'atlcn- vivrt! en paix, ibérnophile s'y refu~ii, aimnat
tal de Maxime w lit (pi'au^mentcr l'iillhction Biinux quitter li-s é^li-ïes dont ilétuil en pos-
du peu|ile envers saint Grégoire, et les hèré- session l't sortir de la ville, suivniit l'ordre
ti(jues lurent trompiw ikujs l'e^péi'ance ipi'ils de l'empereur. Suint Gri^goire de Nmtianze
avaient conçue d'aae grande division parmi voulut .»e rolircr égidonreilt, fatigué <ie lout
les catholiques. ce cpii s^'iitait passé depuis son arrivée dans
Maxime, étant chassé de Cnnstantinople, eelti' vilh;, parti"'ulièramcnt de l'ordination
alla trouver rpjn[iCTeur Tliéodo-c à 'Ilicssa- de Maxime. Mais l'empereur l'embras*» en
lonique, accotnpniçnc des évecpies i'.iry|itiens lui disjinl Dieu -se sertde moi poirr vous ac-
:

•qui venaient de l'ordonner, et lui demanda sa corder eelte éj^li'c. Vous auriez peine a le
prol«etion jinur être maintenu sur le siège aroii-e«i vous uie dévoyiez. La ville est là-
ide la ca|iitale jnais Théodose le rejeta avec
; de*!ns.dans une si gmnde-émution, et le de-
.indignation. Saint Aschole et cinij autres mande n\f>c tant de chaleur, qir'clle ne s'en
'évù(|nes de Jlucédoine, à qui le pa[ie Daniasc départiniiiipas., ce semble, 'quelque eliose (jui
avail-souv8iit écrit de veiller à ci' ipi'on n'en- put 4iM ennrrivcr. Elb-'paTait même dans la
itreprit rien contre l'église de (lon.slantinopic, disposition de me faiTeTriolenre /mais elle
llui donnèrent avisde rordination de .Maxime sait quîil ne im'endaut pa- une bien grande
let dedout ce -qui -s'y était passé. Le Pape leur ponrin'y faire consentir. Go discour- rem-
lémnigna duns sa réponse (ju'il était sensilde- plit le saint éveque d'une joie mêlée de
ment afiligé de la témi^rilè des Egyptiens, crainte.
d'avoir'ordonnéuu liomme qui ne passuit pas L'empereur voulut lui-même 'le mettre en
imème pour ohniticn, partant un lialiit <le pot«ssinn decetlcéuli*!'. qui étnit Sainte-
philosophe et d'idolàtre, et surtoutcte longs Sophie, la gramJe église de (Jonstantinople,
cheveux, contre .la défense expresse de suint di' laquelle dépcndaientlesoutres.iljnemulti-
Paul il gémit sur les circonsUinees de son
; lude d'ariens s'assamhia à ce -speelacle, ani-
ordination et sur les calomnies qu'elle occa- més di" colère contre le suint, eflùchant de
sionnerait contre l'Kglise de la [lart des héré- flétrir l'empi'reur. Grégoire marchait au mi-
tiques. Il ajoute Au reste, puisquo, comme
: lieu des soldats, à coié du princi% levant les
j'ai appris, on doit tonirun concili; à Constun- veux au ciel, si appliqua à Dieu et « i«eu nW
linoplo, j'avertis votre sainteté de faire en tcnlif à tout le reste, qu'il se trou"», dain
•orle que l'on y élise \in évoque snns r<ï|3rochc, l'église sa»' savoir comment
avait élA il y
ulin d'étahlir une paix solide entre des évè- introduit. C'était nu matin (|ue rela se pas-
qnes orthodoxes, et d'empêcher (pi'il n'ar- sait, et le tcmps'Ctait obsCur, d'où les enne-
rive plus de dissensions dans lilslgliso. Jiuverlis mis de la foi infonUent que l'entreprise n'était
cncori' votri' chuTité ide ne point siiuH'rir pas, agréable à Dieu. Mais a peine l'empo-
qu'un évèi|ue.pas-'c, par iin motif d amhitiun, reur et Grégoire furont-ils entrés dans l'en-
d'une ville à une autre, rd qu'il ([uillc son eoiutean chœur, cl le peu|de fidèbi eul-il
]ienple piuir.en gouverner un autic, contTe commonré à chanter les louaoires de Di-'u,
'les ordoiuiances deinos uneùlres car c'e-stde ; que le nuage se di:«sipa'et que 1(MUe l'église
!àqui' naissent les contoulionseLh-sscliisines. fut n'mplie d'nnv ImuiiTc éelutnnlc, qui ré-
itanursc. écrivant à saint Asoliole en particu- pandu la joie dans le rn>ur et sur le vi-nse
'lier, iui recommande de nouveau de faire en des catholiques. Alors, prenant rour;ige. ih
sorte que l'un meUe a l-onstiintinoplc un d<'m.indérent ton-; à Thoodose iju'il leur don-
freque ealholiipic, avec qui, Dieu aidant, on nât pour évèque Jrégorri', prol'>slnnt qu'ils
puisse avoir uue{Uiixduruble. Maxime, chassé ivréforuient cette grâce a tsmes les graudcon

(I; fillemoat, Ceillier, Fleury, Coustanl, col. 535 ; Greg. Nar, Oa/. «uv.
LrniE TRENTE-SIXTEare. 3»
OÙ ilpnnTraît les élevpr. Tontes ces voix regarde la divinité du Saint-Esprit, les carac-
confuses d'hommes et de femmes, car Ips tères de l'Eglise, l'uni lé du baptême, la ré-
femmes le demandaient aussi en criant du surrection de la chair, la vie du siècle futur,
haut des galeries, faisaient un
bruit in- avait été ajouté au symbole de Nicée, depuis
croyable. Gréiioire, saisi de crainte que ces bien des années, par tous les évèques or-
clameurs n'eussent leur efiet, se trouvait thodoxes, et les catUéchumènes l'apprenaient
hors d'état de parler. 11 leur fit donc dire, par cœur. C'est ce que saint Epiphane nous
fiar un des prêtres qui était assis à côté de atteste dès l'an 373, à la fin de sou Anco-
ui, qu'ils cessassent de criordela sorte, qu'il rat (4). Quant au schisme d'Anlioche, l'aocord
ne s'agissait à pré-^ent que de rendre grâces à juré entre les deux partis avait élé proposé
Dieu, qu'on aurait du temps pour les autres et ajiprouvé d'avance par les évèques d'Ita-
affaires. A ces paroles, li; peuple battit des lie (3). Ces notions sont indispensables poar
mains, charmé de «a modi'slie, et l'emperenr jngiT sainement des ciioses et des per-
se retira après lui avoir donné des louanges. sonnes.
Mais, quoique le saint eût refusé ce jiremier Le concilie 'de Constantinoplc ne fut œcn-
jour de s'asseoir sur trône éfiiscopal, il y
le méujjpifi 'ni dans sa convocation ni mem'j
lut ensuite placé xna'lgré hii par le zèle du dans son intention 11 n'y ent de convoqnés
peu[)le, et il s'en plaignit dans un de ses dis- que lesévèques des provinces qui obéissaient
cours, regardant cette action comme un à Théodose. Ceux d'Bgj-pte et de Macéiloine
violement de canons. En efl'i't, il y en avait n'an-ivèrent qu'après l'ouverture. Il y en eut
du concile d'Antioche qni défendaient à un en tout cent cinquante. Les 'principanx
é^'èque vacant de s'emparer d'une église va- étaient saint M(''lèoe d'Aiitioche, accormiiagné
cante sans ranlorité d'-nn concile lnijitime, de ses prèti-es Flavien et El|iidius ; Hellade
c'est à-dire où le mé(ro[iolitain fut présont. de Césarée en Cappadoce, qui venait de suo-
D'ailli'urs, l'ordination de Mnxime, tout ir- céder à saint (Basile saint Grégoire de Nyssa
;

réi;ulière (]u'£<lle était, ne laissait pas de et saint Pierre de Sébaste, son frère; saint
fournir des prélestes de oliiciine à ses (nne- Amphiloqne d'Icône; 0[)t"tme d'Antiocbe en
mis, qui portèrent leur colère jnsqu'à vouloir Pi-idie; Diodore de Tarse; saint Pelage de
lui oter la vie. Mais le jeune homme qu'ils Laodicée; saint Cnloge d'Edesse; Acuce de
avaient choisi pour une «clion si noire, iour- Bérée en Syrie bidore de Cyr saint Cyrille
; ;

relé de remords, se dénonça liù-mème en se de Jérusalem et Gélasu de Césarée en Pa-


;

jetant aux jiieds du saint avec des gémisse- destini;, son neveu; Donys idtî Diospolis en
ments convnlsifs. Grégoire, altendi-i jnsqu'.aux Palestine, confesseur Vitus de Carrhes en
;

larnirs, dit au meurtrier Que Dieu te con-


: Ulésopotamie, célèljre ipar sa piétc Abraham
,

serve ! Je dois liien te traiter humainement, •de Batne en Mésopotamie confesseur; Antio-
puisqu'il m'a conservé moi-même. Tu es à 'chus deS!Hnosate,ni;veuet9accesseiirde saint
moi par ton crime; tâche de devenir digne de Eusèbe Bosphore de Colonie en Cappadoce ;
;

Dieu et de moi. Cette action, s'étant divul- Otrée de Mélitine en Arménie, et divers an-
guée, adoucit extrêmement toute la "ville à tres, cités avec honneur dans les écrits des
l'éïard du saint évèque (1). anciens, et principalement dans ies lettres de
Openilant le concile dont le pape saint saint Basile.
Damase avait parle dès l'anrféc préeédenle, Mais les autres évèques .qui assistèrent à oe
dans une de ses lettres à son ii'gat, saint As- concile n'étaient pas d'une réputation égale à
cîiole de Thessaloniqne, s'a«semlila effeclive- ceux qne nous venons de nommer. Il parait
TOcnt à Constantinopb' au mois de mai ^81, mètm; .[lie le plus grand nombre n'éluil pas
par ordre de l'empereur Theod^se. Le pape celui des saints ; citr voici le portrait que
n'iviiii garde ni d'ignorer ni d'^raprouver la nous en fait, dans plus d'un endroit, saint
tenue de ce concile, puisque, dans lu miane Grégoire de Nazianzc, qui les présida pea-
lettre et dans une autre encore, il chargeait dant quelque temps. Trafiquant de la fui, le»
d'avance Ascliole de faire en sorte qu'on y uns, issus de quelque greffier d'impôt, ne
èlùl ji()iir (lon-tiiiitinople un évèque catho- rêvaient que calculs frauduleux d'autre»
;

lique, propre à onsolider la paix des églises. avaient quitté soit la charrue, soit la pioche,
C'était en ell'et l'aflaiie prinoi[mle. Quant à soit la rame de jnatolod, soit le sabre de sol-
l'ordination de .Maxime, le Pape, sur le rap- dat, pour se faire évoques. Tel élait tout à
port d'Ascljide et d''s autre.s évèiiues de Ma- l'heure magistiat civil ou chef militaire. Plu»
cédoine, l'avait condamné dans Jesimèmes sieurs, naguère artisans et forgerons, n'a-
letlies (a). Quant aux questions dogmati- vaient pas encore décrusse tout à fait la
ques, le l'apc les avait déjà décidées dans une suie de leur corps. Des esclaves, qui n'avaient
exposition do foi envoyée aux eveques pas encore payé à leurs maîti-es le prix de
d'Orient, et <!ue ceux-ci avaient souscrite leur liberté, pour avoir su uiueiiter quelque
dans un concile d'.\nlioc'lie, au nombre de liorlion de la populace, montraient le plus
plus de cent cinquante (;)). il y a plus ce qui ; il'iusolence, ignorants au point de savoir

(1} Ceillinr, t. VU.Tillomont, Floury. — (2) Coust., p. 5SB


5 —
et S>'iO. (3) Mirf., col. 500, et Mansi, Cône ,
III. p. iCSnt 481. —(4, S. l-;r>i|,li., t. II, p. 122 et sea.. «dit. Petav. —(5) Ambr., K/tist. xiii. Lahbs,
II, col. 1007. Birmoud, 1. 1, 7jO.
SIG HISTOIRE UNIVERSELLE DE LEGLISE CATHOLIQUE
compter lours pieds et leiiis mains (I). Au'^si trouvei' ijuclqu'un qui fût digne de le remplir.
dans la doctrine que les Ilots de
inc'iiislaiits L'empereur, qui admirait l'éloipieiice et la
la nirr, ce qu'ils savent, i^est de flatter les vertu di' (irégoire de Nazianze, n'eu trouvait
feiuMii^s et de llairer les taliles à l'é- : lions pas dr plus capable pour occuper _'je place si
gard des chiens à l'éj^ard des ^'rands.
petits, im[)ortante, et cominunii[ua sa persuasion à
L'nn vante sa noblesse, l'autre sa faconde, tout le concile. Grégoire ré^^ista ju-qu'anx cri"
(ehii-ci sa ri(diesse, l'iiutre sa lamillc : plu- et aux larme-i mais enfin il se lai^^sa vainiTe,
;

sieurs, n'ayant rien, se l'ont un nom par se llattant. comme 'I dit lui même, que la si«
leur inéchaneelé (2). En voici la cause. luatioii de(>onslant.inople.entre l'Orient et l'Oc-
On dit que rai;j;le, pour (^jironver ses aijlons, cident, lui donnerait la tacilité de réunir cej
leur l'ait rei;arder lixenient le soleil; s'ils c-li- deux parties du monde, divis<V;s di'puis si
trnotent, il les jette. Four nous, [dus faeiles, longtem[)s à l'occa-ion du sclii-me d'An-
îous puK^ons sur le trône «'"piscopal les pre- tioche ((i). H fut donc établi sob-nnidlement
miers venus, pourvu qu'ils veuillent, sans évéque de Cimslantinople par saint .Mélèce et
îxaminer ni leurs mœurs ni leur doetrine. par les autres évèques du concile, dont plu-
Nous faisons pontifes, non pas ceux (jui ont sieurs prononcèrent ries discours pour honorer
été éprouvés pendant (piel(]ue temps, mais cette fête , nommément saint Grégoire de
ceux (jui s'en jui-ent eux-mmues dignes. Nous Nysse (7).
irailons toutes les choses divines àcoupdedé. Mais cette joie fut bientôt troublée par la
ili-ttez un mascjue de théâtre au dernier des mort de saint .Mélèce, qui, jus |u'au d>"r nier
hommes, cela nous sul'lil; le voilà tout d'un 8oui)ir, exhorta Sfs amis à la paix. Son corps
coup un homme [lieux. Hier, parmi les his- fut embaumé avec une grande quantité de
trions et dans les couliss 'S aujourd hui tu : parfums, envelo[)pé de drapsdelin et de soie,
es en sjiectacle dans l'Eglise. Mer, avo at et mis en diîpot dans l'église des .Apôtres, en
vendant la justice aujourd'hui ud autre
: attendant qu'on le transportât à Anlioche.
Daniel. Hier, l'épée nue, assis sur un tribu- Ses funérailles furent très-magnifiques par
nal, dont tu faisais un lieu de brigacdige, l'affluence du peuple, la quantité du lumi-
tyrannisant les aujour-
lois (dles-mêmes : naire, léchant îles p-aumes à plusieurs clmmrs
d'hui modela (le m msuétnde.
Hier danseur et en diverses langues. On appliquait sur son
elléniiné et fe plus habile à boire aujour- : visage des ling'-s que l'on partageait en-uile
d'hui ilirecteur de vierges et de matrones. aux lidèles, qui les gardaient comme des pré-
Hier, Simon le magicien aujourd'hui saint : servatifs.
Pierre (3). Les évêques s'empre»sèrent de raconter,
Voilà quelques-uns des traits sous lesquels dans des discours publics, ses verlu= et ses
saint Grégoire de Nazianze nous peint, dans combats pour la foi on était si persuadé de ;

deux ou poèmes, la plu[iait d(!S évèques


trois sa sainteté, que Grég )ire de Nysse ne craignit
de son temps, au moins de ceux du concile de pa- de dire dans son oraison fuui-bre Il parle :

Constantinople. Saiiit Grégoire de Nysse, qui à Uieu face à face, et il prie pournouset pour
assista au même con.ile, dit en peu de mots les ignorances du pi'Uple. Lei reliques de saint
les mêmes choses (t). Saint Chry-o-torae qui, M'I 'ce furent ensuite portées à Antiocbe ;

dans ce temps, écrivit ses livres Ua sacerdoce, toute la ville de Constantinople sortit des
n'y parle pas différemment (5); et les persé- portes |)onr les conduire; tout le long «lu che-
cutions qu'il souff'rira de la part de ses col- min on les a'compagna en chantant des
lègues, cimme autrefois saint .Mliana.se, en psaumes à deux chieurs ; et il y eut un ordre
disent encore plus ijue ses paroles. exprès de l'empereur pour recevoir ce saint
Saint .Mélèce d'Antioche présida d'abord le corps partout ilan? les villes, contre la cou-
concile. L'atl'aire la plus pressante était de tume des Komains, qui ne soufl'raient pas de
donner un évé([ue à l'église de Constantinople. corps morts au dedans de leurs murailles 11
On la comm<m(;a par examiner l'ordination de fut enterré auprès saint Babylas. dans l'i-glise
Maxime le Cynique, dont il fut ai-é de mon- qu'il avait fait bàlir lui-même en l'honneur de
trer l'iriégularité. Les Pères du concile décla- ce martyr.
rèrent qu'il n'était ni n'avait jamais été La mort de saint Mélèce, qui aurait dû finir
>éque que ceux qu'il avait ordonnés en
; le schisme de l'église d'.\nlioche, ne --ervit
quelque rang dueb-rgé que ce fût, n'y devaient qu'à rau;,'ment''r. Ou était convenu que le
pas être re(;us, et que tout ce qu'if avait fait survivant de lui ou de Paulin gouvernerait
comme évéque était sans clfid et illégitime. seul retle église: et pour rendri* cet accord
/)n tit sur cela un canon, qui est le quatrième. plus stable, on l'avait fait jurer j sis des prê-
11 ne parait pas qu'on ail nen ordonné contre tres du parti de .M<!iécc qui paraissaient avoir
leséveques d'Egypte ni contre Pierre d'Alexan- plus de chancespour l'élection, et n'>mraément
drie, ([ui avaient eu part à l'ordination de à Flavien tous avaient promis avec serment,
;

Maxime. Après avoir chassé rusur[iateur du non-seulcracut de ne point se procurer cette


siège de Constantinople, on ne pensa qu'à place, mais encore de la refuser si elle leur

(!) Greg. Nai., t. II. De episcopis, p. 303, col. :. — (î) IbU., p. col. 1.
30», — (3) Ibii.. 0$
E/jiscopis, [>. 304, col. 2, 01 p. 305. col. I. ^., p. 81-85. I ., p. I. c. — Greg. Nyis. In Canl. hftnil.
i4;
"iiL. t. II, j.. 672. -C5) L. in, n. 15. - (6) Greg. Nai., U II, >. U. — Q) Greg. Ny*J., Dt Utiti., p. 59à
LIVRE TRENTK-SIXIÊMB. 317

avait été offerte, et les Occiilentaux avaient conjuraient avec larmes de ne point abandon-
approuvé cet accord en sorte que Paulin de- ; ner l'ouvrage .ju'il avait si bien commencé,
vait, selon toutes les apparences, être reconnu et de donner à son église ce ([ui lui restait de
sans difllculté pour seul évèqiie d'Anlioclie. vie. Li'urs larmes l'attendrirent, mais ne le
Il n'y avait plus même d'évècpie aiien en celte fléchirent point (3). Un nouvel incident acheva
ville, et le peu qu'il y restait encore de la de le déterminer.
secle n'était foiiduit que par deux prêtres, Les évêques d'Egypte et de Macédoine, qu'oa
qui ne purent même obtenir la communion venait d'appeler au concile <lans l'esiiérance
d'Eunomius, un des chefs de l'arianisme^ tant qu'ils pourraient contribuer à la paix, arri-
•es ariens étaient divisés entre eux. vèrent subitement. Ceux d'Egypte avaient à
Nonobstant tous ces motifs de reconnaître leur tête Tim(jlhée, évèque d'Alexandrie, qui
Paulin, ceux des évéques qui n'aimaient pas avait suecé lé depuis peu à Pierre, son frère,
la paix mirent en délibération au concile, qui successeur de saint Athanase; stilétait coirjme
l'on donnerait pour successeur à saintMélère. Pierre dans la communion immédiate des
Cette question souleva de grands débats de évêques d'Occident. Le plus considérable doi
part et d'autre. Saint Grégoire, qui présidait évêques de .Macédoine était saint Aschole de
le concile depuis la mort de saint Mélèce, Thessalonique. Ils pai urent d'abord, les uns
était d'avis qu'on laissât à Paulin seul le gou- et les autres, fort échautTès contre les Orien-
vernement de l'église d'Antioche. Vous ne taux, qui ne l'étaient pas moins contre eux.
con^idé^ez, disail-il, qu'une seule ville, au Celle disposition donnait lieu d'espérer que
lieu de regarder l'Eglise universelle. Quand les évêques d'Egypte et de Macédoine s'uni-
ce seraient deux anges qui contesteraient, il raient avec Grégoire, qui avait pris haute-
ne serait pas juste que le monde entier fût ment le parti des Occidentaux en prenant
troublé par leur division. Tant que .Mélèce a celui de Paulin d'Antioche. Le contraire ar-
vécu, et que l'un ne savait pas comment il se- riva. C'étaient les Orientaux qui avaient mis
rait vu des Occidentaux irrités, c'était une mis Grégoire sur le siège de Constanlinople.
chose pardonnable de les contrister jusqu'à Oi', ceux d'Egypte et de Macédoine avaient
un certain point, eux qui se donnent pour les une telle envie de leur faire de la peine, que,
vengeurs des lois. Maintenant cpie Dieu nous sans aucune aversion pour Grégoire ni aucune
a donné la paix, conservons- la; laissons Pau- intention d'en mettre un autre à sa place,
lin dans le siège qu'il occupe il est vieux, sa ;
ainsi qu'ils le lui disaient en particulier, ils
mort terminera bientôt celle atFaire. (1 est leur reprochèrent son intronisation comme
bon ([uel juefuis de se la sser vaincre. Et afin une tianslalion contre les régies. Ce différend
que l'on ne croie pas que j'en parle par inté- alla si loin que, d'après Théodoi'el, les Orien-
rêt, je ne vous demande point d'autre grâce taux se séparèrent de ceux d'Egyide (4).
que la liberté de quitter mou siège et de pas- Ce qui est de vrai, c'est que Grégoire voyaut
ser le reste de mes jours sans gloire et sans les Egyptiens murmurer de son élection, sai-
péril (I). . sit avec joie ce moment pour rompre les liens
Uuel |ue sage que fût cet avis, il ne fut pas qui l'attachaient à Constanlinople. Il entra
suivi les jeunes évêques s'élevèrent avec tu-
;
dausl'assemb èe, et ditqu'il n'avait pas de plus
reui' contre Grégoire, qui les compare, dans grand désir que de contribuer à la j)aix et à
celte rencoatre, à une troupe de geais qui l'union de l'Eglise. Si mon élection cause du
croassaient l'un d'un coté, l'autre de l'autre, trouble, ajouta-t-il, je serai .lonas jelez-moi :

et à un essaim de guêpes cjui saulaient au vi- dans la mer pour ajiaiser la tempête, quoique
sage dès qu'on s'opposait à eux. Leur raison je ne l'aie poiiit excitée. Si les autres sui\ aient
était^ que la religion devait suivre le soleil, mon exemple tous les troubles de l'Eglise
,

puis(iue le Christ avait voulu naître en Orient. seraient bientôt apaisés. Je suis assez chargé
Au lieu de modérer la fougue de- jeunes, les d'années et de maladies pour me reposer je :

anciens s'y laissèrent entraîner (2). Flavien, souhaite que mon successeur ait assez de zèle
prêtre de l'église d'Antioche, en fut établi pour bien défendre la foi. Ensuite il dit adieu
évêque, conln; l'accord qu'il avait jure lui- aux évêques, les priant de se souvenir de ses
même. Les amis de Grégoire le pressèrent travaux, et sortit de l'assemblée. Les évêques
d'approuver ce choix mais il demeura ferme, ;
parurent un peu surpris de sa proposition,
DC voulant pas d'amis pour l'engager dans le mais ils y consentirent aisément, [lar divers
mal. Au contraire, il se fortilia de plus en motifs : les uns, parce qu'ils étaient envieux
plus dans la résniution de quitter le siège de de son élo(iuence; les autres, parce qu'ils
(lonstantinople. Il couimenea à ne plus fré- voyaient leur luxe et leur faste con lamiiés
quenter les asscmblècsj où il ne voyait que par la sévérili; de ses mœurs; qiicbpîes-uns,
confusion, et sa mauvaise santé lui en donnait et même de ses amis, parce qu'il piechail la
assez de prétexte. Il changea même de mai- vérité avec plus de liberléqu'eux. 'lous néan-
son et ([uilta elle ipii joignait l'église et où
' moins ne eouseulirenl pas à s.t démission, et
se tenait le concile. Les personnes les (dus il y en eut qui, voyant ciue l'or prenait la vi-

alTe'tiiinnee~ de son peuple, voyant que solution de le laisser aller, se bouchèrent les
c'était tout do bon, qu il voulait quitter, le oreilles, frappèrent des mains et quittêrerit lo

(1) C'ii»i„ I, p. 25 et M. — (2) Qreg. Na*. lùiU.. p. 27. -(3) Jbid.,p. 28. - (i) Tli.^oi!., I. V, o. vin.
Î13 HISTOIRE UNIVERSEI.I<B"DE LÉGLISE. CATHOLIQUE
concile et la villn, pour ne piis voir un autre qu'à iiolro rcnr.ontriî toulle twmdn dût sVrar
6vêi|iic mis en sa placn. ter. comme à la rencontre i|i"« liètes,.ou «pie
Gyr-^oira alla ilu Miite trouver l'empereur et nrdre uiarcbe dut s'apercevoir de fort loio. .Si
lui «lit en présence «le plusieurs porsotinos : cela vous parait un mallieiic t^trrible. la cbose
(ISiM^'neur, j'ai une yi^ràce à vous demander, est faite p irdonner moi wtte 'illéns»*. l'ro-
;

aussi l.ien (jue li's autres. Ce n'est ui'ile l'or, posez-en un autre qui plaiso à la multitude ;
ni du innrlin-, ni des éUifïcs précieuses pour pour moi, laissez-moi la solitud<-, et la rusli-
or.ncr la taiili' sacréi-, ni descliari^cs pour mes cilé, etliioM, à i|ui '^enl on peut plaire, même
pnrenis: je crois mériter c|ufli|uo ehofo de par une viofnigalo et modesti;. » A la lin, il
plus grand. Accordez-moi de o-der à l'onvio: prend con^ô do saiclièTOAnasIusie et les autres
je suis odieux à tout lo monde, mêmo' à mr-s églises' do lai ville, des- aiiolii-s qui lui ont
amis, parce (]ue je ne puis avoir i-^'/rrd pour servi de guides dans- ses combats, de sa cbaire
personne que pour Dii'U. Vous savez comliinn épis-opnio, de son clergé, des- moines, de:»
c'est maltjré moi (jne vous m'avez placé sur ru vielles, dr»-vcuve*, îles pauwes, dosorpLe-
siéiie, L'empereur loua ce discours, tous les
)) lins, de l'emiiereur et de toute la cour, de la
assistants y applaudirent; maisG««j5'oireobtint ville, do:r()rient ot do l'Orciilont!, de;; aniies
son congé. tutéloire.sdo son église et do la sainte Trinité.
Pour consoler son clercfé et'son peuple, il Il promet que si sa langucse tait, ses-mainset

prononça dans la grande église de {'.onstanti- 8a [duine combattrfjnt ()our la vérité (1).
nople, en présence des évéïpies du eonriln, le La cession de saint Gréiroire ayant été ac-
discours célèlire qui est son adieui 11 leur rend ceptée par le concile, il s'agissait dis lui donner
compte de sa conduite; il' req^résente l'état un su<'cesseur. Tout lo monde sait que ce fut
dé|'liiral>le où il a trouvé cette église, et l'état Nectaire. Mais les historiens varient sur le
florissant où il la laisse il montre la doctrine
;
mode de .sen élection. Il était de- Tarse en
qu'il a enseignée, par ure exposition som- Gilicie, de famille sénatoriale, el préteur de
maire du mystère de la Trinité, où, pour ter- Consîantinople. Il avait des moeurs douces,
miner toutes les dispulis-, il emploie le mut do une ligure vé:;éiable. 11 i-tait adoiirablH en
personne, prosopon, comme (-quivalent au mot tout point, dit Soci-ate (i) 11 était orné de
;

hypostase, qnand l'un et l'autre sont bien toutes les vertus, dit Tlièndoret (3). .Mais il
exjdiqués. La saint: té de notre foi, dit-il, e4m- n'était pas encore baptisé. Snzoméne nous
siste plus dans les choses que dans les noms. a[q>rcnd. même qu'il avait vécu jusiprabirs
Il lait en-uile, à rexem]de de Samuel, une dans l'incontinence (i). Socralo .dit qu'il fut
protestation publitpiedeson désintéressement, saisi par le i)enple et présenté aux cent cin-
et prend Dieu à témoin qu'il a'conservé son ijuante èvéques du concile, qui liiiconfén-rent
sacerdoce pur et sans taclie. il demande, pour l'ordination. Tliéodoret dit que les évi-ques
récompense de ses- travaux, qu'on lui donne l'ordonnèrent, confoiinément aux derniers
un successeur dont les mains soient pures et avis de Grégoire de Nazianio, qui précisément
la voix éloquente, qui puisse vaquer aux mi- leur avait recommandé d'éviter les nénpliytes,
nistères ecclésiastiques, et prend pour pré- les novices, pour ne pas les mettre «tans le
textes de se retirerson grand âge. ses mala- casd'enseigneravant d'avoirappris. Soi-unéne
dies, son épnisemeirt, les iTproclies qu'on lui dit qu'il fut dèsittuépar Tiiéo<los.' d'une ma-
faisait de sa douceur, lesdissf-nsions deséglisps, nière que SozoïiKMie trouve miraculeuse et
la fureur que l'on mordrait à Con.stanlinople Tillemont honteuse (5).
pour les spectaelesj le luxe et la magniticcuce Quoi qu d eu soit, les bon» érvèque», qui,
des équi|iages. SBivant Suzoïnène, avaient accepté cl meiue
Entre lesreproHiesipi'il dit qu'on luifaisait, exigé la cession de Gn-goire <le .S'.iManze i-ar
il u'iiuldie pas celui d'être troji mode*te, de znle |x>ur le? lois do b-urs aoretres-ft jM>ur la
ne tenir pas une table propre et ma^'niliquo, discipline de l'Kclise (ô), nese tirent pa* scru-
de ne se seivir point d'iialjils pompeux, de ne pule, cou irc la défense de saint l'auK d'on-
paraître pas en public avec \m nombreux cor- donner à .sa place un nén|ihyto aui|unl ilf
tège, de nepas rocevoird'un air majestueuxet venaient do conférer à la bute le bapiema.
plein d'aiTogaTireceuxqui venaient le trouver. Dans un cas pareil, .-Vmbroi-e s'était eului et
(( Je ne savais- pas, dit-il, que nous dussions avait mis tout en œ.uvrc pour se s^nl^lrai^e à
disiuiteren magnificence avec les consuls, les l'ipisoiipat. On iio dit pai que .Nectaire tit
gouvc'nenrs; les- généraux d'armées, qui ne auoum> liifucullé. .Vinbroise était ren' inuié
savent où jeti'r leurs riilii's,-^es. Je ne savais pas pour soui<lipqueni-e. On ne parle |)a»de l'eio-
que nous dussions nous goruer du bien des ipieucc de .Ni-cl;iire seulement on rop|M«rtc
;

P'iuvres, dissqier en supcrlluilés ce qui leur d'Ar.srtcc, sou In le, qui fut intrus ù la place
est nécessaire, et exbaler à l'autel les fumées do saint Cliryso>loiiii>, qu'il avaittouli; l'i-lo-
de la bonne ibère. Je ne savais pas que nous quence d'un poi>son (7). Pour appn-iidri! le*
ilu-^'-ions mouler un cbeval lier el su|ierbe, fondions è|iisciqiales, .Ni>rtaire prit C.yriaijue,
nous étaler sur un cliir [«ouqieux, tianquéâ éve(|ue d'.Vilanc en Gilioie. Saint tiie-.;iiinr de
d'une escorte el d'acclamations bruyaules ; iii Ny»u lui lai.-sa uuaai lù'ajjro du Puut, tics-
(I) Greg. Naz., Ori(. xxxii. — (2; Soc, 1. V, c vui. — (31Tficod.. I. V. c. vm. — (t^Soi.. I. VII.c
X. — (..; lùd., I. VII, ••.Tiilem., t. —
IX, note 16, p. 7 19. (6) 6ul., I. VU, c. vu.— (7) Pallad., »Vo C'rfft..
^ X l!I, p. 37, eait. Bâiied.
LIVRE TRENTE-SIXIÈME. 319
ùabile dans la controverse. En attendant, il de Nicée; les évêques du diocèse d'Asie na
présida le concile. gouverneront que l'Asie ceux -^/a Pont, le
;

De son côté, l'empereur Théodose envoya Pont seulement ceux de T'jrvj, la Thrac»
;

nne ambassade au .pape Damase, pour obtenir seule. Les évêques ne sortiront pas du diocèse
de lui qu'il confirmât l'élection. Voici comme sans être appeb's pour des élections ou d'au-
le pape saint Boniface rappelle ce fait dans tres affaires ecclésiastiques mais les atlaireâ
;

une lettre aux évèqucs d'Illyrie: « Le prince de chaque province seront réglées par le con-
Théodose, de très-clémenle mémoire, pi'nsant cile de la province, suivant les canous do
que fcr^ination de Nectaire était sans solidité Nicée. Les églises qui sont chez les nations
parce que nous n'en avions point connaissance, barbares seront gouvernées suivant la coutume
Qous envoya des ofticiri i.e sa cour avec des reçue du temps des Pères. Dans les temps de
évêques, pour solliciter, conformément aux persécution^ les évêques avaient souvent pjissé
règles, une lettre fermée qui aUermît le sacer- dans les provinces étrangères pour y réi.'ler
doce de Nectaire (1). Nous verrons les évêques les affaires de l'Eglise mais ce temps n'était
;

du concile faire la même demande au Pape, plus, et il y avait lieu de craindne que, si les
non-seulement pour Nectaire, mais encore évèijues avaient continué à se mêler des
pour Flavien (2). La conséquence naturelle est affaires dans les lieux qui n'étaient pas de leur
^ue, de l'aveu de l'empereur Tliéodose et des département, la paix de l'Eglise n'en eût été
évêques du concile, la confirmation du Pape trouhlée. (Je fut le motif du second canon du
était nécessaire pour que l'élection de Nectaire concile de Constantinople. Mais en le faisant,
et de Flavien, approuvée par un concile, œcu- le concile ne prélendit point déroger à celui
ménique, demeurât ferme. de Sardique, qui reconnaît les appels à Rome.
L'empereur Théodose avait espéré de réunir Il ne régla que la manière dont ondevailaijir

les macédoniens ou demi-ariens à l'Eglise de diocèse à diocèse, sans loucher aux droits
catholique, et, dans, cette vue il avait aJmis des tribunaux su[)érieurs. On croit que ce ijui
leurs évêques au concile justju'au nombre de lui donna lieu de resserrer dans l'Ei^ypte
trente-six, dont Eleu^lus de t^yzique était le l'autorité de l'évèiiue d'Alexandrie, fut len-
chef. L'empereur et les évêques catholiques treprise de Pierre, évèque de cette ville, ijui
leur représentèrent qu'ils avaient envoyé au s-était donné la liberté de taire établir .Maxime
pape Lilirre une députation conduite par Eus- sur le siège de Constantinople. Par le terme
tathede Sebaste, et que, ilepuis peu, ils as aient de diocèse dont il est fait mention dans ce
volontairement communiqué avec eus sans canon, on entend un grand gouvernement qui
distinction qu'ainsi ils ne faisaient pas bii'U
;
comprenait plusieurs provinces, dont chacune
de renverser la foi qu'ils avaient approuvée, avait sa métropole car ce que nous appelons
;

et de quitter le bon parti qu'ils avaient pris. aujourd'hui un diocèse, c'est-à-dire le terri-
Mais les macédoniens di'clarêreut qu'ils aime- toire d'une cité, soumis à un seul évèque,
raient mieux confesser la doctrine des ariens se nommait alors paroisse. Les peuples bar-
que de convenir du cjusubstantiel, et se reti- bares qu'il confirme dans leurs usages, étiiient
rèrent de Constantinoj le; puis ils écrivirent tous ceux qui ne riependaiant pasdes llomaius,
en chaque villi',à ceux de leur parti, les exhor- comme les Scythes et les Goths, chez qui il n'y
tant à ne point consentir à la foi de Nicée. avait généralement qu'uu seul évèque.
Dès lors ils furent regardés comme formelle- Mais le canon le [dus célèbre fut le troisième,
ment hérétiques. en ce qu'il a posé comme ia première pierre
On ordonna donc que personne ne pourrait de cette prétention orgueilleuse avec laquelle
rejeter le symbole de Nicée, mais qu'il demeu- les évêques do (lunslautinople entreprirent de
rerait dans sou autorité, et que l'on anathé- faire la guerre à toutes les églises orientales,
maliscrait toutes leshérésies, particulièrement de 'es sounietire à leur juridiction, et du re.u-
celle des eunomiens ou anoméens, des ariens verser ainsi l'aulique constitution, au point de
eudoxiens, des domi-ariens ou ennemis du s'arroger enfin le titre superbe de palriaielies
Saint-Esprit, des sabelliens, des marcellii'ns, œcuméniques ilo l'Orient, il fut donc ordonné,
des plioiiuiens, des a))ollinaristes. On mit par ce canon, que l'évèque de (Constantinople
ensuite le symbole de Nicée, mnis complété aurait la [>rimauli! d'iiounour après le pontife
dès lors par l'usage de l'Eglise, suivant le romain, par li>. raison (juo Constautiiiopla
témoiL;nage<lc saint Epiphane (3), tel que nous était la nouvelle Home.
le l'hantons à la messe. Comme an voit, ciitait une raison puri'iaent
Uiiant à la discipline, le concile de Constan- temporelle et politique. O.i ne voulait d'abord
linuple défend aux évcqnesd'aller aux églises qu'une primauté de rang et d'honneur le con- ;

i[ui siint hors de leur diocèse, ni de confondre cile do (>lialcédoiiic essayera, d'en taite une
les églises; en sorte que, suivant les canon&, primauté de juridiction, eu attrii>uaul à l'é-
r<''veque d'Alexandrie ne doit gouverner que vêiiue lie (]onstantiru)|tbî rjrJiualion des mé-
rE;;y[)te les évèqucs d'Orient ne doivent
; tropolitains du Pont, de l'Asiuetde UThrace.
re;.;|er ijua l'Orient, gardant à l'église d'An- Mais seiilanl bien de qui cela dèp ndait en
tiuche [es privilèges marqués dans les canous dernier ressort, il écrira au papo saiut Léon,

(t; Coiist., col. 598 el 1013. — (2) Tlieo^i., I. V, c. U. Coust., col. 507 ; 8o«. V, YIU.
• vu. — f<) Éiiiph. Aiicoial. a. ll'J, HOal. 1)1.
^ HISTOIRE UNIVEHSELI.l'; DE L'EGLISE CATHOLIQUE

ainsi qu'à l'cmpornur Marcicn


cl l'arclicvft.iuo se nomment eux-mêmes calhares eu arislr'iefl.

cf. ilé- les quartodi'ciinains et les ap'iollinai istes s^int


Annt()liiis pour Ifi prier «lo coiilii-inpr
sur \'i"^\\f(i di! CoiisUin- reçus, en donnant un acte d'abjuration et re-
[•rel cl de rcpiindrc
tinoplc vin riiyon de f.i primauté apostolicpic,
nonçant à toute hérésie. On leur donne pre-
reconiuiissatit que tout dépriidiit de son nu- mièrement le sceau ou l'onction du saint
lorité. Miis l'' p;ipf '''^""' H=>i'Jii'n '''J'''" '•" ^^ chrême au front, aux yeux, aux narines, à la
constilulion de IK^lise et de ses vérilaldes bouche et aux oreilles, et, en faisant celle
canons, cassa ce qu'on avait tenté de faircT; onction, on dit Le sceau du don du .Saint-
:

E'^prit. Mais jioiir les eunoméens, qui sont


repondit au troisième canon du premier
concile de Conslantinople, qu'on lui al- bapi-^és jiarune seule immersion, les monla»
léguait, que ce canon n'ayant pas élé com- nislesou phrygiens, lessabelliensel les aulrc»
muniqué au Saint-Sii'f;e, avait élé dés le com- hérétiques, priiici[ialemeril ceux qui viennent
mencemenl frappé de nullité, cl que rusa!,'e de <;alatie, noMs les recevons comme ile«
qu'on en voulait l'aire était aussi tardif qu'inu- paicns. Le premier jour nous les faisons chré-
il écrivit enlin à Analolius cette
f;rave tiens le second, caléchumênc^; le troisième,
:
tile;
sentence: « Que le siéoi. d'Alexandrie ne nous les exorcisons après leur avoir soufllé
perde rien de la dignité qu'il doit à saint trois fois sur le visav'C et sur les oreilles.

Mari, disciple de sa nt Pierre, et ([ue l'église Ainsi, nous les instruisons, nous les tenons
d'Antiociie, où naipiit le nom de clinHien par dans l'église à écouter les Ecritures, et enfin
la pn'ijiialion du même apôtre, deuieuic dans nous les baptisons. Les sahatiens, dont il est
l'ordre lixé par les règlements de nos Pères, parlé dans ce canon, étaient une secte de no-
et ipie placée nu troisième rang elle ne des- vatiens qu'un [irètrc nommé Sahace avait di-
cende jamais au-dessous (I). » visés d'avec les autres pour célébrer la Pàque
Dans le quatrième canon de Constantinople, selon les Juifs. Qua'it aux héréliiiues que le
il est parlé de l'onlination de Maxime.
Dans concile ordonne de ba[iti5 r, ce «ont ceux qui
le cinquième, le concile déclare que. suivant n'avaient point du tout reçu le baptême, nu
une lettre des cvéïiues d'Occident, il reçoit à qui ne l'avaient pas reçu selon la forme de
la communion tous ceux d'Antiociie, qui l'Eglise. Les onctions du saint chrême qu'il
confessent une seule divinité du Père et du prescrit sont les mêmes et avec- les mêmes
Fils et du Saint-Esprit, c'est-a-dire les callio- paroles qu'elles sont ordonnées pour le sacre-
liques du de Paulin. D'où il semble que
iiarli ment de confirmation chez les Grecs.
les difiicultés touchant l'emploi divers du mot Les évêijues écrivirent ensuite une lellre
hypostase s'étaient éclaircies. 8ynodale à l'cmp Teiir Théodose, où, après
Le sixième canon a pour but d'empêcher une relation sommaire de ce qu'ils ont lait
que toutes sortes de personnes ne soient ad- pour la foi et la disiiidine, ils le prient d'au-
mises indistinctement à accuser les évèipies et toriser l'ordonnance du concile et d'y mettre
lies autres ecclésiastiques. S'il s'agit, dit-il, le sceau. Il est à remarquer qu'ils ne s'y
d'un intérêt particulier et d'une plainte per- donnent pas le nom de concile œcuménique,
sonnelle contre l'èvèipie, on ne regardera mais sim|dement de saint concile. A la suile
ni la personne de l'accusateur ni sa religion, des canons et du symbole, dans les exem-
parce qu'il faut faire justice à tout le monde. plaires latins, setrouvent les sousciiptions
Si c'estune atl'aire ecclésiastique, un évèijue de cent quarante-sept evêques divisés jiar
ne pourra cire accusé ni par un héréticpie ou provinces, dont les premiers sont Nectaire
un schismalique ni par un laïque excommu-
, de Constantinople et Timolhée d'.Mcxanlrie.
nié ou par un clerc déposé. Celui ((ui est accusé Mais on y voit aussi Mélèce d'.Vnl ochc. mort
ne pourra accuser un évèiiue ou un clerc avant l'arrivée de Timolhée, ce qui fait
qu'après s'être purgé lui -môme. Ceux qui croire que l'on sou-crivait à mesure que
sont sans reproche intenteront leur accusa- cha(]ue décret était formé, et que ceux qui
tion devant tous les évoques de la province. vinrent les derniers souscrivirent à tout ce qui
Si le concile de la province ne suffit pas, ils avait élé fait auparavant. Les canons sont
s'adresseront à un plu* grand concile, à celui datés (in neuf juillet.
du diocèse ou déparlement. L'accusation ne Le trente du même mois l'empereur Théo-
sera reçue qu'après i]ue l'accusateur se sera dose, pour satisfaire aux désirs .lu concile,
soumis, par écrit, à la même peine en cas de donna une loi par laquelle il ordonna à
calomnie. Celui qui, au mépris de ce décret, rendre incessamment toutes les égli-es dont
osera importuner l'empereur ou les tribunaux les hèrèti ques étaient encore en possession à
séculiers, ou tr(udderun concile o^euménlipie, ceux qui faisaient profession de la foi de
ne sera point reccvabledeson accusation, mais Nicée, reconnaissant une seule divinité en
sera rejeté comme violateur des canons et de trois personnes égales, et qui étaient uiiies
l'ordre de l'Kglise. dans chaque province avec certains évè-
Le septième et «lernier canon règle la ma- ques qu'il nommait. C'étaient Nectaire de
nière dont on doit recevoir les hérétiques qui Constantinople; Tmiothée d'Alexandrie, pour
reviennent à l'Eglise. Les ariens, dit-il, les l'Egypte; saiul Pelage de Laodicée et l»io-
macédoniens, les sahatiens, les novatiens qui dore de Taise, pour l'Oiieal ; saint Am^'lii-

(1) S, Léon, Epist., civ ad Anal. II., cvi, ew.


,

LIVRE TRENTE-SIXIÈME. 321


ioque d'Icône et Optime (l'Antioche en PisicHe, suivit son exemple. Pendant la tenue du con-
pour le diocèse d'Asie; Hellade de Césarée, cile, il défendit aux ariens .5e bâtir aucune
Olrée de Mélitine et saint Grégoire de Nysse, église, ni dans lès villes, ni otins let cam-
pour celui du Pont Trrencc de Tomes en ; pagnes, sous peine de confiscatioi. du fonds
Scytliie et Martyrius de Marcianople, pour la sur lequel on ainait osé en construire (3).
Tlirace. Ceux, ajoute cette loi, qui communi- L'arianisme abattu n'osait faire éclater son
queront avec les évêqucs que nous venons de ressentiment. Les vertus de Tliéodose ren-
nommer doivent être mis en possession dos daient impuissante la maligoité naturelle à
églises, et ceux qui ne conviennent pas avec l'hérésie, il était irréprochable ; ses sujets l'ai-
eux sur la foi, doivent en être chassés comme maient avec tendresse et jamais prince ne
,

hérétiaues manifestes, sans (ju'cllcs puissent l'ut plus propre à régner sur les esprits, à la

leur èlr* rendues à l'avenir, afin que la foi de faveur de ce doux empire qu'il sut établir
Nicée demeure inviolable. Socrate dit qu'on dans le cœur de ses peuples, La douceur de
établit tous ces évèques patriarches ce que : SCS regards, celle de sa voix, la séi-éniié qui
l'on entend du pouvoir extraordinaire (jui brillait sur son visage tempéraient en lui l'au-
leur fut attribué dans ces grandrs circonscrip- torité souveraine. Grand observateur des lois,
tions. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que il savait cependant en adoucir la rigueur-
l'évèque de la gran le Anlioche de Syrie n'est Dans les trois premières années de son règne,
point nommé, à cause du schisme qui y du- il. ne condamna personne à mort. Il ne fit
rait car Paulin n'était pas reconnu par les
; usage de son pouvoir que pour rappeler les
Orientaux. Saint Mélèce était mort, et Flavien, exilés, faire grâce aux coupables dont l'impu-
élu pour lui succéder, n'était peut-être pas nité ne tirait pas à conséquence relever par ,

encore consacré évèque, ou du moins n'était ses libéralités les familles ruinées, remettre
pas encore reconnu ib- tous. Nous verrons ce qui restait à payer des anciennes imposi-
même les évêques d'E'^^ypte, de Chypre et tions. Il ne punissait pas les enfants des fautes
d'Arabie, prononcés contre lui avec force. de leurs pères par la conli?cation de leurs
Le concile se termina par une grande fête, biens mais il ne pardonnait pas les fx-audes
;

la translation des reliques de saint l'aul qui tendaient à frustrer le prince des contri-
évèque de Constantinoplc et martyr. Théodose butions légitimes également attentif à répri-
:

ayant ap^iris quelles avaient été sa vie et sa mer deux excès, d'enrichir son trésor par des
mort, les tit rapporter d'Ancyre, où elles exactions odieuses, et de le laisser appauvrir
-avaient déjà été transiérées de Cucuse, et les par la négligence. Ses sujets le regardaient
reçut avec beaucou[) d'honneur et de respect. comme leur père ils entraient avec confiance
;

Nectaire et tous les évèiiues qui se trouvaient dans son palais, comme dans un asile sacré.
dans la ville allèrent au -devant du corps bien Ses ennemis mêmes, qui, auparavant, ne se
au delà de Chalcédoiuc, le reçurent avec le fiaient pas au traité, et ne se croyaient point
chant des psaumes et les autres solennités en sûreté à la tabic des empereurs, venaient
ordinaires, le portèrent par le milieu de la sans défiance se jeter entre ses bras et ceux ;

ville et le déposèrent dans l'ancienne église qu'on n'avait pu vaincre par les armes, se
de la Paix, que Constantin avait fort augmen- lendaieut vobmtaircment à sa bonne foi.
tée, et où ce saint avait tenu qai'li[ue temps On en vit un exemple éclatant dans la per-
son siège. On y passa la nuit a chanter les sonne d'Athauaric. Ce lier monarque des Vi-
psaumes, et le lendemain on le porta avec la sigolhs, (jui avait traité d'égal à égal avec
même solennité dans une église niagnilique, Valons, chassé par Friligerne du territoire oiï
où il mis dans la tombe en présence des
fut il s'était longtemps maintenu contre les Huns,

évoques de tout le clingé de l'empi'reur


, , n'eut d'autre ressource que la générosité de
Théodose et de toute la ville. (>elle église, (|ui Théodose. Il oublia le serment qu'il avait fait
prit dès lors le nom de saint Paiii, avait été autrefois de ne jamais mettre le pied sur les
bâtie par Macédonius, son [icrsécutcur, dont terres des Romains, et envoya demandera
il semblait triompher ainsi après la mort (1). l'empereur une retraite (lour lui et pour les
Pholius, dans unolcitre sur It; Saint-Esprit, Gotbs ([ui lui étaient demeurés fidèles. Théo-
assure positivement que le Inenlivureux Ua- dose oublia de son côté les hostilités d'Atha-
mase, pontife romain, confirma le second con- uaric; il tint à grand honneur que son palai*
cile (2). devînt l'asile des princes malheureux il l'in- :

Tandis évèques employaient les


([ue les vita à venir à sa cour; il alla plusieurs milles
armes spirituelles pour abattre; l'erreur, l'em- au-(l(!vaut de lui, et,, l'ayant embrassé avec
pereur armait contre elle l'autorité des lois. tendresse, il le conduisit à Conslantinople et
Uès les premiers jours du mois de mai, birsipie lui en lit les hoimeurs. Athanaric, qui n'avait
les prélats s'assemblaient, il avait donni; le vu jns(pi'alors([ue les forets et les cabanes des
signal deux lois contre les apostats et les
(lar Golhs, ne put considérer sans étonnement la
manichéens, qu'il déclara inea[)al)les tie tester >itualion de cette ville la hauuuit de soa
,

et de recevoir aurun héritage, aurune dima- murs, hi beauté de ses édilices, ci' n./wdue in-
tioo testamentaire. Gratieu, deux ans apiès, lini de vaisseaux tjui reuqdissaienl le port

(t)Soc., 1. V, c. IX. Suz., I. VU, c. X. Pbot. p.lUS. — (i) Mail. Scnp'jr. veicr. nooa CoUcet(o,\.\
prajfiitio, p. XXIV. — (3J tW. (/i»o(i, l. XVI.
T. IT. SI
,

s« HISTOIRE UNIVERSELLE DR I/GOMPR CATHOLTQUB

l'affliiffice de tant nations qui venaient y


clé seille, Domnin de Grenoble et Amanr.e de Nice,
aliiirilcrde toutes contr(';es de la terre, la
1(!8 a\(if deux députés d'Afrique. Saint .\nibr<>is«
bille ordonnance de» troupes rangées en liaio fut l'flme de l'assemblée. Après quelques lon-
sur son passiige. Il s'écria frappi'i d'adminition : iérences verbales, d'abord en particulier, puis
Certes, rcmiiereur est le hieu de lu terre, et on public, avec l'.-illado et Sccundieii, sans
pjuieonque ose lever le liras contre lui, court ]iouvoir rien conclure, on résolut cli- ri'''liuer
inluilliblement à sa perte. La vue de la statue |iar écrit ce qui si- dirait de part et d'autre.

de son père, érigée paf ConstanliTi, lui lira Comme Secondien et l'allade se plaignaient
des larnit''- Il se crut dans le sein de sa l'a- qu'on les tandis qu'il- ne
traitât d'ari<'ns ,

œille. et ':; traitement honorable que lui fit connaissaient jioinl .\rins, on lut devant eux
Théodose lui pioineltait les jours lesjilus heu- la lettre il'Arius à saint Alexandre d'.Mexan-
reux de sa vie, lorsqu'il fut Irappé d'une ma- chaque im|iii''té qui -•'y itMicuntrait,
di'ie, et, à

ladie qui le conduisit au tmnlieau le 2(; jan- ou les sommait de dire nettement s'ils l'ap-
vier 381 ,
luinziéme jour après son ariivée. prouvaient ou la condainnait'iit. Pris île celte
i'ein]iereur lui lit l'aire de magnifiques funé- manière, ils eurent beau recourir à tous les
railles; il y assista lui-même, mai chant de- faux-fuyants de la chicane. Comme ils ne vou-
vant le cercueil. Les Golhs qui étaient venus lurent jamais condamner aucune impiété
avec leur roi, charmés de la honte <le Théo- d'Arius, ils furent convaincus jiar là nicmo
dose, lui vouèrent un attachement inviolable. d'être arien». Le concile leur dil anatheme et
Les uns s'en retourncrcnt dans leur pays, pu- les déposa; jiuis il en écrivit aux éve (ues de
bliant hautement les louanges de ce prince; dill'crenles jirovinces, et à l'era|iereur Gratien,
les autres, en |du« grand nombre, s'engagèrent qu'il pria de faire exécuter la sentence.
dans ses Ironpes. Ils furent employés à garder Il une seconde lettre aux em[ieieun«,
écrivit
les passag(!s du Daiiuhe contre les entreprises ou plutôt à Gratien, par rapport a l'antipape
de leurs compatriotes, et ils s'en acquittèrent Ursin. Les évèques avaient reconnu dans ce
avec fidélité (1). concile qu'il s'était joint aux ariens pour
Au mois de septembre de la même année 387, troubler l'église de Milan, tenant des a>seï>-
il se tint un concile à Aquilce par ordre de blées secrètes avec eux, lanlol devant les
l'empereur Gralieo. Voici à quelle occasion. portes d.e la synagogue, tantôt dans les mai-
Dès l'an 319, Gratien étant sur le point de sons des ariens, cl leur donnant des instruc-
retourner de Sirroium dans les Gaules, l'ut tions pour troubler la jiaix de l'Eglise. Les
importuné par deux évèques de l'IUyrie évèques prient donc l'empereur de ne plus
nommés Pallade etSecondien^ les seuN de tout l'écouter, et de résister avec fermeté à toutes
i'Occident qui soutinssent encore l'arianisme. ses importunilés, non-seulement parce qu'il a
Ils se plaignirent à l'empereur qu'on les traitât favorisé les hérétiques, mais parce qu'il a
d'ariens, tandis qu'ils ne connaissaient point voulu troubler rt'",glise romaine, chef de tuul
Aiius, et ils le prièrent d'assembler un concile l'univers romain, d'in'i le droit de la commu-
de tout l'empire, particulièrement des jiro- nion se répand sur toutes les autres églises.
vinces de l'Orient d'où ils attendaient plus de Ce sont leurs terme*.
laveur et de protection. Les évèques catho- Peiidaiil que saint .\mbroise et ses rollê-uei
liques demandaient que Gratien lïit lui-môme achevaient de ruiner l'arianisme dans l'Illviie,
'l'arbitre de la dispute mais il le refusa,
; un levain impur de manichéens et de Kiiosti-
croyant devoir la renvoyer au jugement des qiies inleclail l'Espagne sous le nom de pri--
évèques, qu'il regardait comme les véritables cillianisles. Son premier .luteur fut un nommé
interprètes des Ecritures. Il manpia donc la Marc, Egyptien de Memphis et manichéen,
ville d'Aquilée pour le lieu du concile, sans qui, étant veiui en Espagne, eut pour disci-
en prescrire le temps. Dans la suite, saint ples premièrement une femme de quelque
:

Ambroise lui remontra que poin- deux héré- considération nommée .\gape, et ensuite un
tiques, il n'était point nécessaire de fatiguer rhéteur nommé Klpidius, attiré par celte
tous les évèques de l'univers, et que lui. et femme. Us instruisirent Priscillicn, dont la
quelijues aulras évèques d'Italie, sul'liraient secte prit le nom. C'était un boni!"' •1'
pour leur répondre. Gratien se rendit à cet riche eld'un beau naturel, d'une g.
avis. Il dispensa même tous ceux qui seraient lité à parler, capable de soutlVir la \<
faim vivant de peu, désintéressé; mais.irdcnt,
.> n « i

vncommodés soit par le grand âge, soit par les ;

infirmités, soit par la pauvreté^ de venir au inquiet, vain et enllc des études profanes aux-
concile, laissant d'aillcin-s la liberté d'y assister quelles il s'était appliqué; car il av,iit beau-
à tous ceux ((ui le voudraient. Le concile ne coup tie lecture et «ne curiosité inlinic qui
s'assembla .jne Je 3 septembre 381. Il s'y l'avait porté, disall-im, jusque dans la magie.
trouva trente-trois évèques et deux prêtres. H attira à sa doctrine plusieurs personnes no-
Les évèques les plus renommé^ étaient, avec bles et pbi.-ieui-s du peuple surtout les
;

saint Ambroise saint Valérien d'Aquilée


; ,
femmes, naturellement curieuses, peu T
saint Knsèbe de Bologne, saint S.ibin de Plai- d ins la foi. amoureuses de nouveautés, i

sance, saint l'hila^tre de Bn-sse. suint Jusl de niient en foule autour de lui. et il s'ailii.nl
Lyon, Constance d'Orange. Proi uh' de Mar- un graud ic-pect par sou extérieur humble

(I) Uul. du Maf-Empire, 1. X.X1, a. 20 et it.


LIVRE TfiPVTE-?IXlP;\re. 323

et <on vi=n!re compose^. Cefte erreur nvaitfléjJl honteusement corrompre et fes reçut à sa
infccd- l.t [iliis giMiidi- parti.' de l'I'^spasîne et conimu.iion. Enfin, a|u'ôs plu?ieurs di?pules,
même i|uoii]nes .'voqtios, entre autres In-tau- il se tint un concile à Sarragos^e, où les évô-

tius et Salvien, ijui commi;nçaient à former ([tie? d'Aquitaine se trouvèrent avec ceux
un parti pour la soutenir. d'E?pngne. Les évêque? n'ayant osi'ï s'exposer
Le premier qui s'en aperçut fut Ilvsin, au jugement du concile, furent condamnés en
Évêque de Cordoue, dont Instantius etSalvien leur absence, savoir les évè(|ues Fnstantiuset
:

étaient voisins. Hygin en avertit Idace, évêque SalvicD, et El[iidius et Pristillien laïques.
,

de Mérida, qui entreprit avec ardeur de pous- L'évoque Ilhace rie Sossube, ville d'Espagne
ser ces hérétiques. Leur doctrine était, quant qu'on ne counait plus, fut chargé 'e publier
au fond, celle des manichéens mêlée des er- le décret du concile, et particulièrement d'ex-
reurs des gnostiques et de plusieurs autres. communier Hygin de Cordoue, qui avait reçu
Ils disaient que les âmes étaient de même les hérétiques après les avoir dénoni'és le pre-
substance que Dieu, et qu'elles descendaient mier. Instantius et Salvien, loin de se sou-
volontairement sur la terre au travers de mettr- au juuement du concile, ordonnèrent
sept cieux, et par certains degrés de prinoi- Priscillien évêque d'Avila, pour fortifier leur
puuti's, jiour comliattre contre le mauvais parti.
principe, auteur du monde, qui les semait en Cependant Idace et Ithace, croyant pouvoir
divers corps de chair. Ils disaient que les arrêterle mal dans sa source, poussaient vive-
hommes étaient attachés à certain-s étoiles ment par un mauvais con
les hérétiques, et,
fatale?, et que notre cor)is dépendait de? douze seil, dit Sulpice-Sévère, s'adressèrent au
ils
si^AMOS zodiaque, attribuant le hélii'r à la
clu juges séculiers pour les faire chasser deu
tète, letaureau au cou, les jumeaux aux villes. Après plusieurs poursuite? honteuses,
épaule?, et ainsi du resti;, suivant les rêveries l'empereur Gralien, à la sollicitation d'Idace,
des aslro!ii:;ue?. II? ne confes-aient la Trinilé donna un reserit par lequel il était ordonné
que de parole, disant, avec Saliellius, que le que tous les hi'réliques seraient chassés non-
l'ère, le Fils et le Saint-Esprit étaient les seulement des églises et des villes, mais de tout
mêmes, sans aucune distinction réelh- de per- le pays. Les priscilliani?tes, épouvantés par
sonnes. Ils difl'éraient des manichéens en ce cet édit, n'osèrent se défendre en justice ; ceux
qu'ils ne rejetaient pas ouvertement l'ancien qni portaient les titres d'évèques cédèrent
"Teslaracut mais ce n'était qu'artifice, car ils
; d'eux-mêmes, les autres se dispersèrent. Ins-
expliquaient tout par des allégories. Aux li- tantius, Salvien et Priscillien allèrent à Rome
vre? canoniques il? ajoutaient et préfi-raient pour se justifier devant le pape Daraase, En
même une foule de livres apocryphe?, dont passant par l'Aquitaine, ils furent reçus
quelques-uns, pour piquer davantage la cu- magnifiquement par quelques ignorants, et y
riosité ignorante, avaient des noms baroques, semèrent leurs erreurs, principalement dans
comme d'Armagil, de Barbiloii, d'Abi'axas, le territoire d'Eauze, dont le siège a été réuni
de Leusihoras, qu'ils se vantaient de tirer de depuis à celui d'Auch; ils corro.-npirent pai
l'hébreu. Ils s'abstenaient de manger de la leurs mauvaises instructions ce peuple qui
chair, comme immonde, et, en haine de la gé- était bon de lui-môme et alTectionné à la re-
nération, séparaient les mariages, maiirré la ligion. Saint Delphin, archevêque de Bor-
partie qui n'était pas>le leuropinion, disantcn deaux, les empêcha de s'arrêter dans cette
généial que la chair n'était pas l'ouvrage de ville; mais ils demeurèrent quelque temps
Dieu, mais des mauvais anges. Ils s'assem- dans la terre d'une femme nommi';c Euchrocia,
blaient de nuit, hommes et femmes, priaient veuve de Delphidius, orateur et poète fameux
nus, et commettaient beaucoup d'impuretés, de ce temps. Priscillien et les siens continuè-
qu'ils couvraient d'un secret profond car ils ; rent ensuite leur chemin vers Rome, menant
avaient pour maxime de tout nier quand ils avec eux leurs femmes et quelques femmes
étaient pressés, ce qu'il? cx[)rimaieiit par un étrangères, entre autres Euchrocia et sa fille
vers latin qui signilie Jure, parjure-toi, ne
: Procula, (jue l'on accusait de s'être fait
trahis pas le secret. Ainsi, parlaient-ils à quel- avorter, étant devenue enceinte de Priscillien.
qu'un dont ils se déliaient'? Ils ne disaient rien Quand ils furent arrivés à Rome, le pa|ie
que dccalholique, anathi-miitisaient Priscillien saint Dama<e, loin de recevoir leur justifica-
même, cachant une pcrlidie par une autre. tion, ne voulut jia? même les voir, Salvien
Ils jeûnaienl le dimanche, le jour de IVKpies mourut il Rome; Instunlius et Priscillicu re-
et le jour de Noël, et se retiraient ces jours-là vinrent à Milan, où saint Ambroisc ne leur fut
pour ne pas se trouver à ré'.;lise, [iare« ([u'ea pas moins contraire.
îiaine de la chair, ils croyaient que Jésus- Se voyant rejetés par les deux évèques dont
Christ n'était né ni ressupcit.i; qu'en ap|)areuce. l'autorité était aloi's la plus grande, ils cliau-
Us recevaient dans l'église ['e-ucharistie comme gèrenl de condtnte et se tournèrent du coté de
les autres, mais ne la cnnsommaicnt pas. i'cm|iereur Gralien. A force de soUicilatious
Idace, eveque de Mérida, atta([ua avec tant et de piéseiits, ils gagnèrent Macé'lonius,
de chaleur Instanlius et les autres priscillia- maître des ol'lice?, et obtinrent un reserit qui
lii>le?, qu(!, loin de les ranicner, il m; lit que cassait celui qi^'hlace avait obtenu contre eux,
les aigrir; au contraire, llygin de Cordouo, et ordonnait de les rétablir dans leurs églises.
qui les uvtùt puiuaiiivi» le premier, se laissa lûstuutiuB et Priscillien, appuyés de ce reserit,
HISTOrirfi UNIVERSELLE DE LÉGLISE CATHOLIQUE
revinrent en Espn(2;ne et rentrèrent dans leurs et leur représenta son nfTaire à ion nyantat'e-

sK-'^p.s sans o|i|ii)>ition. Ce n'est pas (jne le Ambroi^i", au nom de quelques autres évéïjucs
courage niiiiii|u;it à llhacc, mais la force car ;
d'Italie, successivement deux lettres
i-crivit
il dit 'ians la première:
la-dessus à Ti.iéodo'-e.
les piisuillianistcs avaient aussi corrompu le
proconsul Volventius. Ainsi, ils poursuiviri-nt Nous avons écrit, il y a ioiiKlemps, i]ue le»
lliiate lui-mi'ine, comme perturhatiMir des lieux évéques d'Aiilioclie, l'aulin et .Melece
éf,'lises, et, voyant contie lui une cruidarana- que nous estimons catholique^, s'accordassent
li(]iirii^ourcuse, il s'enl'uit i^'pouvanti- dans 1ns entre i-iix, ou du moins que, si l'un mourait
Gauk's et s'adressa à Grégoire, priMct du pré- avant l'autre, on ne mil [ler-onne à la pl;ic«
toire. Grci^oire, instruit de ce qui s'était du défunt. .M:iinten;int on nous as-ure que.
passé, ordonna qu'on lui ami'nàt les auteurs Mé'lece étant mortel l'auliu encore vivant, li'.i
di's troui)les, et informa l'empereur de tout, qui a toujours été en notre communion, on a
afin qu'il ferr^al la porte aux sollicitations sulistitué ou plutôt ajouté un e\eque eu la

des hérétiques. Mais ce fut en vain car ;


place de .Méléce, contre tout droit et tout ordre
l'avarice de qarlques personnes puissantes ecclé-iastique. El l'on dit que cela s'est l'ait du
rendait Icmtes choses vénales en cette cour. con>eiitement et par le conseil de N. claire,
Ce sont les termes d'un auteur contemporain, dont iKjus ne voyons pas que l'ordinution soit
Sulpies-Sévcre. Les hérétiques donc, par dans l'ordre. Car l'i'xeque .Maxime nous a fait
leuis artilices et par une grande somme qu'ils voir dernièrement, dans le concile, iju'il con-
rlonnércnt à Macédonius, obtinrent que l'em- serve la communion de l'église d'Alexandrie,
pereui' ol;1l la connaissance de celte affaire au en nous lisant les lettres de Pierre, de sainte
jirefet des Gaules, et la renvoyât au vicaire mémoire et comme il nous a prouvé claire-
;

d'Espagne, car il n'y avait plus de proconsul. ment ipi'il avait été ordonné dans une maison
Macédonius envoya des olliciers pocT prendre particulière, par l'ordre des évéques ;
jiarce
llhace, qui était alors à Trêves, et le ramener que les ariens tenaient encore les églises,
en Espagne mais il s'en garantit, première-
;
nous n'avons pas eu sujet de douter de son
ment par adresse, ensuite par la protection de épiscopat, d'autant moins qu'il prolestait que
Briton, évèquede Trêves. C'est ce qui se passa la plu|iart du peuple et du clergé lui avaient
dans cette affaire, sous le régne de Grutien. fait violence pour l'ordonner. Toutefois, lour

Idace écrivit un livre en forme d'apologie, où ne rien décider par inéoccupation, eu l'ab-
il expliquait les dogmes et les artilices des sence des parties, nous avons cru, s^-igneur,
priscilliauistes, et l'origne de leur secte. Il devoir vous instruire, alin que vous ]iui>7iez y
passait pour éloquent, et fut surnommé pourvoir selon l'intérêt de la paix car nous ;

Clarus, c'est-à-dire illustre (t). avons remarqué que Grégoire ne peut s'allii-
Saint Ambroise et les évoques d'Italie biier le .siège de Conslautinopic, suivant la
avaient d'autant plus à cœur la pacification tradition des Pères.
des églises d'Orient, que ces églises les avaient Ils se plaignent ensuite que les Orientaux,

plus souvent invoqués à leur secours. Dans sachant que .Maxime était venu en Oecident
cette vue, le concile d'Aquilée avait écrit une pour plaider sa cau.se dans un concile univer-
lettre aux trois empereurs, iiarticuliércnient à sel (celui d'Aquilée devait l'être primitive-
Tliéodose, ov'i l'on disait entre autres On dit : ment), ont évité de s'y trouver cl n'ont point
que Timothéc d'Alexandrie et Paulin d'An- attendu le juL-emenl des t)ccideulaui. Toute-
tiocho, qui ont toujours été dans notre com- fois, ajoutent-ils, ijuand il n'y aurait pas eu
munion, sont inquiétés par ceux dont la loi de concile indiqué, il aurait agi selon le iroit
jTa pas toujours été ferme. Nous souhaitons et la coutume de nos ancêtres, ayant recours
de les réunir, mais sars préjudice de l'an- au jugement de l'Eglise romaine, de l'Italie
cienne communion que nous conservons avec et de tout l'Occident, comme ont fait s;unt
les autres. 11 y a longtemps que nous avons Athanase, de sainte mi-moire, et, depuis,
reçu des lettres des deux partis, et iiarlicu- l'ierre, tous deux évéques d'Alexandrie, et la
Uèrement de ceux qui étaient divises à .\n- plupart des Orientaux. Nous ne nous attri-
lioche, et nous avions résolu d'y envoyer buons pas la prérogative de l'examen, mais
jjuelques-uns des uôlres pour être les média- nous devions avoir part au jugement. Ils con-
teurs de la paix; mais nous en avons été em- cluent qu'ils n'ont pu refuser leur communion
pêchés par l'nruplion des ennemis et le tu- à .Maxime ni l'accorder à Nectaire, et que ce
multe des affaires pidiliques. C'est pourquoi ilifférend ne peut s'accorder qu'en remettant
nous vous prions d'ordonner que l'on tienne à Couslautinople celui «jui a été ordonne le
encore à Alcxandiie un concile de tous les premier, c'esl-a-dire M>xime, ou en U-nant à
évéques (..llioliques, pour <lécider à tjui il Home un concile d'eux et dei Orientaux, sur
faut accorder la communion et avec ([ui il l'ordination de l'un et de l'aulre. Car,
faut la garder fJ). ajoutent-ils, les Orientaux ne doivent pa$
Ilpaiail «pie, vers la lin du concile d'.\qui- refuser l'examen de l'évèque de Home e<
lée. l'intrus de Conslaiilino]de, Maxime, y (les autres cvéque* du \oi.siuage et de l'I-
vint trouver Ambroise et ses aulie> collègues, talie, eux qui ont attendu le &eul A^cJjole,

(i; Suln 6ev., 1. il. v. refis fln. Isid. llisp. L'i iir. m c u. Tiliem^t, t. TUI. Pleury. I. XVII, c. l*i
kVur.-— i.î)Arabr., £/'>' «"
UVRE TRENTE-SIX^MB.
jusqu'à le faire venir à Constantinople des teté, nous n'arrachons point les bornes qu'ont
parties de l'Occident. Pour nous, ayant été posées nos Pérès ni ne violons les droits de la
avertis par le prinre, votre frère, de vous communion héréditaire mais, réservant à
;

écrire, nous demandons que jugement soit


le votre empire l'honneur qui lui est dû, nous
oommuu entre eux d'unf même communion. nous montrons zélés pour la paix et la tran-
Ce frère l'empereur Gratien (I).
est quillité (2).
Saint Ambroisc et 1rs autres évèques, ayant C'était saint Ambroise et quehjues autres
reçu de Théodose de.s renseignements plus évèiiues d'Italie qui écrivaient de la sorte à
exacts sur les affaires do Maxime, de Nectaire l'empereur Théodose, et non le Pape saint Da-
et de Flavien, lui répondirent une dernière mase ni son légat d'IUyrie, saint Aschole de
lettre, où ils disent: Que si, dans leurs lettres Thessalonique. Ils étaient l'un et l'autre bien
précédentes, ils l'ont prié et instruit touchant mieux au fait des affaires de Constantinople
Jfes affaires ecelésiasti(jucs, c'était afin qu'il et de l'Orient. Depuis longtemps déjà, saint
eût encore la gloire de rendre à la fois Damase.sur le rapport de saint Aschole, avait
la paix aux égli-^cs de l'Orient et de l'Oc- condamné l'ordination de Maxime; depuis
cident; car ce leur était une grande douleur longtemps déjà il avait condamné et déposé
de voir la communion interrompue entre les Apollinaire. Toutefois, en conséquence de 1;»
Orientaux et les Occi<li'ntaux. Que s'ils ont lettre de saint .\mbroise et des autres évèques
été trompé) par quelqu'un, ils ne se repen- du concile d'Aquilée , l'empereur Théodose
taient pas pour cela des etforts qu'ils avaient convoqua un concile, non point à Alexandrie,
tentés ils les avaient tentés pour ne pas se
: mais à Constantiuople.
rendre coupables; car plus d'une fois on les Mais, dans l'intervalle, le pape saint Da-
avait accusés de ni'giigcr la société des Orien- mase, avec les principaux évèques d'Occident,
taux et de repousser leur amitié. S'ils ont de- obtint des trois empereurs la convocation
niandé les travaux d'un concile, ce n'était ni d'un concile général à Rome. Les lettres de
pour l'Italie, ni \nnir la Gaule, ni pour l'A- convocation furent remises par Théodose aux
frique, où tous les évèques vivaient en bonne évoques réunis en concile a Constantinople,
union, mais afin qu'on put connaître ce qui comme ils le témoignent eux-mêmes dans la
troublait leur commiininn du coté de l'Orient, réponse qu'ils firent à ceux du concile ro-
et oter l'obstacle. Il y avait pour un concile main (3). Cette réponse est adressée à Damase,
encore d'autres motifs eest qu'où voulait
; Ambroise, Briton (de Trêves), Valérien d'A-
introduire dans l'Eglise je ne sais quel dogme quilée, Aschole de Thessalonique,.\némius de
attribué à Apollinaire ; il fallait que l'atfaire Sirmium, Basile ou plutôt Bassien de Lodi, et
fût examinée en présence des parties, afin aux autres évèques assemblés à Borne.
qu'étant convaincu de nouvelle doctrine, il ne Le but de la lettre est de s'excuser de venir.
se cachât plus sous le grand nom de la foi, et Ils commencent par une longue peinture de
fût privé du sacerdoce. On ne peut donc au- la persécution dont ils sortaient, et dont les
cunement soupçonner d'arrière-pensée ni de dèsordi'es demandaient bien du temps pour
facilité ceux qui «mt tout réservé au concile, être réparés, parce que, encore que les héré-
les parties présentes. Nous avons exposé les tiques lussent chassés des églises, leurs taux
allégations, non pour juger la cause, mais pasteurs ne laissaient pas que de les assembler
pour l'instruire puisque nous demandions
: dehors, d'exciter des séditions et de nuire à
un jugement, ce n'était pas pour le donner l'Eglise de tout leur pouvoir. « Lors donc que
d'avance. On ne pouvait regarder comme une votre charité nous a convoqués au concile de
otfense aux èvè [ues d'être prii>s à un coniile, Kome par les lettres du très-pieux empereur,
car bien des t'ois ils ont été plus présents que afin que nous puissions partager votre bon-
jamais à leurs è'.;li<es, lorsqu'ils s'en sont ab- heur, notre vœu était, s'il eut été possible,
senté- [lour tra\ailler en commun à l'utilité d'abandonner tous nos églises pour acquiescer
:omuiuiio. Nous n'avons pas regardé comme à ce désir ou plutôt à ''.etle nécessité. Mais
iiuu idliiise à nous, lorsqu'un seul prêtre de comme nos églises fussent demeurées sans se-
l'église de Constantinople, nommé l'aul. de- eours, elles(|ui commencent à se renouveler ;

m.iiida ()ue Orientaux et le- O. e.identaux


les comme d'ailleurs ce voyage eùtété absolument
^'assemblassent en comiledans l'Acliaie. Vous impossible à la plupart de nous; car nous
voyez que notre d 'mande n'était pas dérai- étions venus à Conslantino[de suivant les
sonnable, i)uisi]ue les Urieulaux eux-mêmes lettres que vous écrivîtes l'année passée, aju^ès
l'avaii'nt faite. (>omme il y avait à craindre le concile d'Aquilec, au tres-pieux empereur
du coté lie l'illyrie, on chercha un lieu plus Théodose, nous n'étions préparés cpie pour ce
îùr près de la mer, c'est-à-dire Aquilée. Fina- seul voyage, nous n'apportions le consente-
lement, nous n'avons rien innové ni pour le ment des évèques qui .sont demeurés dans les
fond ni pour la l'orme; mais, gardant les rè- provinces que pour ce seul concile nous no ;

gles fixées dans les conciles [mv Alhanase, de nousattendions pas à aller plus loin, cl nous
iainte mémoire, qui a été comme une colonne n'en avions pas même oui parler avant quede
de la foi, et par uos Feres de l'aulicjue sain- nous asscmliler à Couslanliuo[ile. De plus, le

(1) Ainbr , Ei>ul. «lu. — (2) lùid.. Hpitl. XIV. p. »17. -(3) Thuod., l. V, o. u, p. 20B. Goual., |V
Ml, a. 3.
-

326 HISTOniK UNIVERSELLE DB t/fiOLISK CATHOLrQUK


terme était trop court pour tuirf no» prépa- lettre. D'abord les évèijuc» ne «'y cicu=*nt
ratifsou avertir tous Us évéïiue» de nutre toin- pas comme d'uu voyage ijui ne serait d'uu(uno
muiiion et recevoir leur
, consentement. utilité, ainsi que ra.-Miri: Fleuiy, qui, tréni-ra-
Comme donc ces cause!* et l)eaiicoup d'autres lenient, dans toute celte affaire, est foit peu
empêchaient le plus «nuid iioinhie de venir, exact. Ensuite ils regardent comme équiva-
ce que nous avons pu iuire est"t)e vous en- lentes It.'s expressions de trois hy|)Ostases ou
voyer nos vénérables l'réres les évéquc* Cy- de trcis personnes : ce ijui montre que les dif-
riaipi'^'Kusèbe et l'riscien, qui vous feront ficultés longU-mps poulevét.'s à cet égard,
roniiaiiïe notre amour pour la paix et notre étaient dès lors éclaircies. En troisième lieu,
rèle pour la foi. ils appellent œcuménique It concile précé-
En ell'et, si nous avons souffert des persé-
<i dent de Constanlin>i|ile, qui ne .«'était pa«
cutions, c'est pour la foi de Nicée. qui nous donné ce litre lui-mèrni'. Comme l'Eglise ro-
euseigni; à croire an nom liu l'ère, et du Fils, maine en avait approuvé rl'avance les déci-
et du Saint-Esiirit, c'est-à-dire d'une seule di- sions dogmatiques, l'oîcuménicité lui fut uni-
vinité, jiuissance et essence, d'une égale divi- versellemcnl recomuie avec le temps. Erdin
nité et d'uu rèifue coélei iiel, en trois parfaites les auteurs de la lettre dis-lmulent l'idijct
hypostases ou parfaites personnes; i;n
trois principaldu concile de Kome, qui était de
sorte qu'il n'y ait pas lieu à Terreur de Sa- rcmédierau schisme d'.Vntinche. |l>-puis vingt
bellius, qui confond les hypostases ou détruit ans, ce schisme fatiguait toute lEgli-e. Sou-»
les propriétés ; ni à celle des eunomiens, des l'empire de Valens, les Orientaux en voulaient
ariens et des ennemis du Saint-Esprit, qui di- à rOcciilent de ce qu'il ne venait point a^.-l•^
visent la substance, la nalurf ou la divinité, promplement à leur secours. De concert avec
et qui introduisent une nature postérieure saint Athanase, saint Basile avait écrit au
créée ou d'une autre substance dans la Trinité pape Damase, que l'uniquiMemède était qu'il
ioeréée, Cdnsubstantielle et coéternelle. Nous agit lui-mcme d'autorité. Le Pape e,t l'Occi-
conservons aussi dans sa pureté la doctrine de dent. avaient ménagé un accord «'utre lesileux
l'incarnation, et ne recevons point dans ce partis: cet accord avait été juré; l'éveciue
mystère une chair imparfaite, sans âme ou survivant devait être reconnu de tous. Puis,
sans entendement mais nous reconnaissons
;
le cas échéant, le concile de Constantinople
que le Verbe de Dieu est enlièrement parfait perpétue le mal au lieu de le guérir; divise
avant les siècles, et dans les derniers jours est de nouveau l'E-'ypte, l'Arabie, lile de (Chypre
lievenu homme parfait pournotrc salut. Voilà d'avec le reste de l'Orient, et quand le Paiic
en abrégé la foi que nous prêchons, et dont et l'Occident invitent les évèques de ce concile
vous pourrez vous instruire plus amplement à venir se consulter avec eux à Rome (mur
parl'ôcrit du concile d'Anlioihe et par celui mettre un terme à ce déplorable scandale, te-
du concile œcuménique qui fut tenu l'année éveques prient le Pape et l'Occidenl .t'.im cu-
dernière à Constantinoide. » ver le mal qu'ils ont fait Nous d'^ !

Ils rendent compte ensuite de ce qu'ils Tillemout qu'il y eût delà sincL
,
,. -

avaient réjjlé touchant la discipline. « Vous cette façon d'agir (I).


savez, disent-ils, l'ancienne règle confirmée Suint Grégoire de Nazianze avait élé inviié
parle décret de. Nicée, que les crdiuations se nommément à ce deuxième concile de Cons-
feraient dans chaque province par ceu.x de la tantinople par l'empereur Théodo-c ; mai- il
province, en y appelant, s'ils voulaient leurs , s'en excusa, et en écrivit à un officier i-.;.-
voisins. Ainsi, pour l'cglise de C.onstantinople dérable nommé Procojie, en ces termes: m M .n
nouvellement rétablie;, nous avons oidonné inclinalion, s'il faut dire la vérité, est de fuir
évèqne le vénéralile Nectaire, dans le concile toute as.semblée d'évèques, parce que je n'ai
œcuménitjue, d'un commun consentement, à jamais vu de concile qui ait eu bonne fin et
la vue Ju très- pieux empereur Théodose, du qui n'ait augmenté les maux plutôt .]u - • !

eonsenlement de tout le clergé et de toute la guérir. L'amoiw de la di-pute et l'ami.;. •;.


ville. Pour l'église d'Autiodie, les évèques de ne soyez pas scandalisé si je pirle ainsi, y
^a province ot du diocèse d'Orii'nt ont élu ca- règiUMit au delà île ce qu'on peut lire; ei
Doniquenii-nt le vénérable Flavien, d'un com- celui qui veut jiiLtcr les méchants s'expose à
mun accord de toute l'église, et tout le concile être accusé sans le.s corriijer. (]'est pnii.uHii
a approuvé cette ordination comme légi- je me renferme en moi-même, cl je
time. Pour l'église de Jérusalem, nous recon- de sûreté pourl'àme que dans le i

naissons le vénérable évèque Cyrille, qui a même à présent une maladie qui m
autrefois été ordonné canoniquement par me mettant hors d'étal d^gir et q.i.i-
ceux de la province, et a beaucoup souffert en jours:i l'extrémité. Recevez diviic me^ e\
divers lieux de la part des ariens. Ces choses el pcr.-uadez à l'empereur de ne pa-
s'élant laites légilimemenl et canoniquement, de paresse, mai* ife pardoniu^r à i.

nous prions votre piéli'i d'y consentir, en pré- mile, en vue de laquelle il m'a ^

férant la crainte de Dieu et l'éditicalion des relirer|i(nir loiile grâce. » On « :

églises à toutes les allections particulières. » ladie el.iit un prétexte. el on réili-i.ile> .


I! y a plus d'une remariuie à faire sur cette par un autre grand otTicier nommé Jc.ir ei

(tj Tiliem., t X. !ï. Ambr., ait. \xxa, p. ISOi


LIVRE TRENTE-SIXitMB. 327

par Olympius, gouverneur de Cappadnre mais ; frères, crut devoir se iéclarer, et eu écrivit
il

rii'ii ne put v.'.iiicre saré-olutiTu (1). Il témoi- au prêtre Clédonius, à qui il avait laissé, en

gne oriitore ailleurs son éloignement pour les son absence, le principal soin du troupeau, e'
conciles. cpii menait depuis longtemps la vie monasti-
Ce qu'il y a de singulier, c'est que, dans le que. Les a]iollinaristes se vantent, dit-il, d'a-
mémo temos, Sulpicc-Sévèrc nous rapjiorte de voir été rei;us par le concile d'Occident, qui,
saint Martin, que, les seize dernières années comme tout le monde sait, les avait aupara-
de sa vie, instruit par rexpérionce, il évita vant comlamnés. S'ils ool été reçu«, qu'ils le
soigneusement tout concile, toute assemblée montrent, et nous serons contents; car ils ne
d'évéque's (2). L'ojdnion de ces deux saints l'auront été (ju'ea se conformant à la saine
surpr 'lidrn beaucoup elle surprendra moins
; doctrine. Et ils ne peuvent le montrer que
si 1 on considère que jamais il u y eut plus de par un décret syooiliqiie ou par des lettres
conciles que srras l'empire de Constance, et de communion ; car telle est la coutume des
que jamais l'Eglise no se trouva dans un état conciles.
plus déplorable; que ce S"nt des conciles ou Entrant eu matière, il dit « Nous ne sépa- :

des assemblées d'évèques qui calomnièrent et rons [loint l'homme de la divinité nous en- ;

persécutèrent siint Athanase que ce sont des ;


i ignons ([ue c'est le même qui auparavant
conciles ou des assemblées d'évèques qui ca- n'était point homme, mais Dieu et Fils unique
lomnieront et persécuteront saint Cbrysos- avant les siècles, sans mélange de corps ni de
tome. Tout cela, sans doute, ne prouve pas rien de corporel qui, à la lin, a pris aussi
;

que les conciles ne puissent être bons; mais l'humanité pour notre salut passible par la ;

cela prouve encore moins que les conciles chair, im[>assible par la divinité; borné par
soient aussi nécessaires qu'où le suppose quel- le corps, sans bornes par l'esprit le môme ;

quefois. terrestre et cideste, visible et intelligilile,


Revenu de Constantinople en Cappadoce, compréhensible incompréhensible, afin que
et
g Grégoire se relira dans la terre d'A-
int l'homme entier, le péché, fût tombé dans
rianze, qu'il avait héritée de son père, lia réparé par celui qui est homme tout entier et
jardin, une fontaine, des arbres qui lui don- Dieu. Si quelqu'un ne croit |ias Marie mère
naient du couvert, faisaient toutes ses délices. de Dieu, théotacns, il est séparé de la divinité.
Au reste, il jeûnait, il priait avec abondance Si quebpi'un dit qu'il a passé par la Vierge,
de larmes; soi: lit était une natte, sa couver- comme par un canal, et non pas qu'il a été
ture un gros sac, son habit une si'ule luuitiue; formé en elle d'une maniêrodivine et humaine
il allait nu-pieds, ne faisait point do feu, n'a- tout ensemble divine, en ce que l'homme
:

vait pour compagnie que les bétes. Cepen- n'y a point eu de part lu»maine, en ce que ;

dant, malgré ses austérités, ses maladies con- les lois de la grossesse y ont été observées il ;

linuelles et sone.xtiême vieillesse, il sentai' en- est encore impie. Si quelqu'un dit que l'homme
core des combats très-violents delà chair con- a été formé, et que Dieu y est entré, il est
tre l'esiirit. C'est ce qui lui fait dire, qu'encore condamnable. Si quelqu'un introduit deux
(ju'il soit vierge de corps, il ne sait pas bien flls, l'un de Dieu le Fére, l'autre de la Mère,

s'il l'est de la pensée. Il fuyait avec grand et ne dit pas que c'est le même, il doit déchoir
soin la vue dco femmes. On le voit par une de l'adoption promise aux vrais fidèles car il ;

lettre à un de ses [larents, nommé Valenti- y a d(;ux natures, Dieu et l'homme, comme
nien, qui, sous prétexte de jouir de sa com- l'àme et le corps mais il n'y a pas deux fils
;

pagnie, vint loger avec des femmes vis-à-vis ni deux dieux, non plus que deux hommes,
de lui. C'! voisinage lui lit quitter la place, quoiipie saint Paul ail ainsi nommé l'intérieur
quoiqu'il l'eût cultivée par son travail et que et l'extérieur de l'homme. Et pour le dire en
Cl! fVil près d'une église de martyrs. Le prin- un mot, le Sauveur est composé de deux
cipal remède (]u'll employait contre les tenta- choses dillërentes, puisque le visible et l'invi-
tions, était la [irière et la conliance en Dieu. sible n'est pas la même chose, non plus que
Il se délassait de ses austérités par la poiisic. ce qui est sujet au temps et ce qui n'y est pas
Ain:'i, ayant passé un carême entier sans par- suj(;t mais ce ne sont pas deux personni's, à
;

ler, il lit un poème pour rendre compte df- Dieu ne plaise Car les deux choses sont
1

son silence, et un autre à Pâques pour re- unies Dieu est devenu homme, r)u l'homme
:

commencer à parler par les louanges de Jé- est devenu Dieu, ou comme ou voudra le

Bus-Clirist. dire. » Voilà comme


Grégoire de saint
(^epeiiflant l'amour de la solitude ne lui fai- Nazianze condamnait d'avance, el de la ma-
sait point oublier l'intérêt des églises. 11 trouva nière la plus expresse, l'erreur de Nestorius
que cellf' de Na/ianze avait été fort uég igée dans cidle d'Apollinaire.
«'lulant son ab"! nc(!, et même infectée de Venant au point capital de l'hérésie de co
'crnnir d'Apidlinaire.
[•:
11 patienta daboi'd. dernier, il dit « Si (|iieb|u'un espère en un
:

Mais voyant tjue les héniliqiie.-. non contents homme sans entcndemenl, il e«t sans ciitcn-
de seuKU' leurs eneuis, le cnlomniaii'iit lui- deui'-Mil )ui-mêm(î el indigne d'être sauvé c-ar ;

même e! prétendaient (ju il était dans leur- Dieu n'a gu'-ri et ne sauve ipie ce cpi il a pris.
senlimeuls, parce qu'il les traitait encore en Si Adam u''i»t tomb'^ qu'à demi, il u'u fallu

(!) Ore(f Naz , W/ji'.f. iv, ixv(. ixxxiii, lxxsiv, Jarw , xi. — (i) Sulp. 8ev. Datog, m, a. VL
JM HISTOIRE UNIVERSELLE OB t, fiGLIsB CATHOLIQUE

«n prendre et en sanver que lu moitié ; s'il est par respect pour mon père et pour ceux qui
tcmhé tout entier, qu'ils ne nous envient donc m'en ont prié (2). »
pas le salut parfait, et qu'ils ne révèlent pas Cependant les évèques de l'Orient et de
seulement le Sauveur d'os, de nerl's et de la l'Occident s'assemblaient à Rome en vertu
peinture d'un homme. S'il est homme sans des lettres impériab's. Voilà ce (jufc dit saint
âme (c'est ce que disent les ariens, atin d'at- Jérôme d'une manière incident»-, dans
(3),
tril)uer la passion à la divinité, comme au l'éloge de sainte Pauie. illustre dame romaine.
principe des mouvements de son cor|ps), s'il a Parmi les évèques il'Orient, il nomme saint
une âme sans entendement, comment est-il Ei)iphane, métropolitain deClivpre, £l Paulin
homme? car l'homme n'est pas un animal d'Antioche, qu'il aecom|pagna ;ui-meme. Saint
sans entendement. Ce sera la lit^ure et l'habi- Epipliane lo^ea chez sainte Paule; Paulin de
tation d'un homme avec l'âme d'un cheval ou son coté, la voyait très-souvent, et tous deux
d'un liœuf, ou d'une autre bète. Ce sera donc ils lui inspirèrent un ardent désir de la soli-

là aussi ce qui est sauvé, et la vérité m'aura tude. Ils passèrent l'hivr-r â Rome et ne
trompé, si je me gloriiie de l'honneur qu'un retournèrent en Orient ijue l'année suivante.
autre aura reçu. « 11 répond ensuite aux objec- Il est bien â croire que, outre les trois députés

tions d'Apollinaire, et proleste, à la tin, que du concile de Constantino[de, Timothcc d'A-


ceux qui ne protiteronl pas de ses avis et con- lexandrie y vint également av.?c d'autres
tinueront à diviser l'Kglise, en rendront évèques. soit de l'I.gyplc. soit de l'Arabie. On
;ompte au jour du jugement. Et comme y voyait, de l'Occideol, .\némiusdc Sirmium,
Apollinaire :mposait à la multitude par la Ascliole de Thessalonique, Ambroise de Milan,
quantité de ses écrits et les grâces de sa Britlon de Trêves. Comme on n'a pas ie^J
poésie, saint Grégoire promet aussi d'écrire actes de ce concile, on ne sait quelle en fut le
et de taire des vers (1) ce qui semble être la
;
résultat. Sozomène dit, à la vérité, que l'or-
cause de tant de poésies (ju'il a composées dination de Elavien ramena un très-grand
depuis son retour de Coustautinople. trouble dans l'église d'Antioche que la plu- ;

Ce l'ut vers ce temps-là qu'il se déchargea part se séparèrent de sa communion pi'Ur


entièrement du soin de l'église de .Nazianze. s'assembler avec Paulin que les évèques;

Il demanda instamment aux évéques île la eux-mêmes que les


étaient divises â ce sujet ;

province d'y en établir un, et en particulier à Egyidiens, Arabes et les Cypriotes ressin-
les
Hellade de Césarée, qui était le métropolitain. talent vivement l'injure faite à Paulin; qu'au
Il l'obtint enfin, et Eulalius fut ordonné ccntraire, ceux de SjTie, de Palestine, de
évèque de Nazianze. On croit avec raison que Phénicie et la plupart de ceux d'Arménie, de
c'est le même dont Grégoire parle avantageu- Cappadoce, de Galatie et du Pont laxorisaieut
sement en plusieurs endroits, qui était son le pai-ti de Flavien (jue l'evètiue de Rome et
;

parent, avait embrassé la vie monastique et les autres de l'Occident n'ctaienl pas médio-
s'y était distingué par sa vertu. Grégoire crement indignés qu'ils continuèrent d'adres-
:

lavait fait prêtre et chorévèque, et eut une ser leurs lettres synodales à Paulin, comme
grande joie quand il le vit placé sur le siège évèque d'Antioche, cl n'écrivirent iwint a
«le Nazianze. Ce fut toutefois un nouveau Flavien que pour Diodore de Tarse et Acace
;

sujet de calomnie contre lui les uns disaient : de Rerée qui lui avaient imposé les mains, ils
qu'il avait méprisé cette église, les autres les tinrent pour excomumniés, les mirent en
qu'on lui avait donné un successeur malgré accusation, et, pour juger toute celle alfaire,
lui. Voici comme il en écrivit à saint Gré- convoquèrent le? Orientaux en Occident, tant
goire de Nysse, qui était de la province : par leurs letues ipie par celles de l'empereur
(i Uue personue ne me Cidomnie, comme si on Gratien, ou jduiot des trois empereurs,
avait ordonné un autre évèque malgré moi. alteudu que leurs cdits étaient communs ^4).
Je ne suis ni si méprisé ni si hai; mais je les Voilà ce que dit Sozomène, et dans quel ordre
en ai beaucoup priés, parce que je suis déjà il le dit; mais il n'ajoute pas quelles funiit

comme mort et que je craignais le poids de les suites de ces lettres, m le résultat de lO
celte église négligée; je leurai demandé cette concile. Le ton de la lettre suivante, du paj'S
grâce, qui, sans être contraire aux canons, saint Uainase, nous fait croire que ce résultat
tendait à mon soulagement, et, par vos fut heuieux el pacifique. Suivant le témoi-
prières, on a donné à cette église un pasteur gnage de Théodorel, elle fut adrcà^ée geucra-
digne de vous. Je le remets entre vos mains, lemenl à tous les évèques d'Orient (3). Le su-
le vénérable Eulalius, ?ntre les mains duquel jet en est la condamnation d'Apolhuaire et de
je souhaite de rendre /'esprit, tjue si quel- Timolhée, son ilisciple, qu'ù a>ait prétendu
qu'un lit que, du vivant de l'évequc, on ne iâire évèque d'.\ntioche. Elle e^il conçue en
doit pas eu ordonner un aulre, qu il sache que ces termes :

cela ne fait rien contre moi ; car tout le Ouaxd votre charité rend à la chaire
(I

monde sait que j'ai été ordonné pour Sasime apostolique le respect qui lui est du, le |
lus
et non pour Nazianze, quoique jeu aie rei^u grand avantage vous en revient a vous-même--,
la conduite pour un temps, comme étranger, mes très-honurés fils. Car, quoique nous

(11 Onit. u. fpist. aU Cltd. — (2) ifci.r. xui. — (ij Uier., Epist. Lxzx%-i. — (4, So»., 1. Vii c. XI. —
rueoa., i V, c IX.
LIVRE TRENTE-SIXIÈME. 329

soyons obligés de tenir le gouvernail de la la première à l'occasion du concile de


fois
sainte Eglise, dans laquelle le saint apôtre a Rome. Ambroise était malade : Aschole le
siégé et enseigné, nous nous reconnaissons prévint. A la première entrevue, ils se jettè-
néanmoins bien au-dessous de cet honneur ;
rent affectueusement dans les bras l'un dt»
c'est pourquoi nous travaillons de toutes nos l'autre, se tinrent longtemps entrelacés, s'ar-
forces à parvenir, s'il est possible, à la gloire rosant de leurs larmes, en pleurant sur les
de sa béatitude. Sachez donc qu'il y a déjà maux de leur siècle. C'était à Kùmo même. Un
longtemps que nous avi^s condamné le pro- jour Ambroise y fut invité par une dame du
fane Timothée, disciple S'Z l'hérétique Apolli- rang des clarissimes, d'aller dans sa maison
naire, avec* wn dogme impie, et nous espé- au delà du Tibre et d'y otfrir le sacrifice. Une
rons qu'il ne restera p'.as rien de la secte à baigneuse qui était an lit, |)aralytique, a}Mnt
l'avenir. Que si ce vieux serpent revit pour appris qu'il était dans celte maison, s'y fit
son supplice, après avoir été frappé une ou deux porter dans une chaise; et, pendant qu'il
fois d'anathème et chassé de l'Eglise, et s'il priait et lui imposait les mains, elle toacha
lâche d'infecter de son venin quelques fidèles, ses vêtements, les baisa et aussitôt tut guérie
évitez-le comme une peste, en vous souvenant et se mit à marcher. Paulin, secnHaire d' Am-
toujours de la foi des apôtres, surtout de celle broise, qui rapporte ce miracle, ilil l'avoir ap-
qui a été écrite et publiée par les Pères de pris à Rome même quelques années après, par
Nicée; demeurez-y fermes et immuables, et le rapport de plusieurs saints personnages.
ne souffrez pas que ni votre clergé ni votre Quant à saint Aschole, étant de retour dans
peuple prêtent l'oreille à des questions déjà son église, il mourut peu après. Les évèques
résolues. Car nous avons déjà donné la for- de Macédoine et le clergé de Thessaloniqueen
mule de foi, afin que quiconque fait profes- écrivirent à saint Ambroise, qui, dans sa ré-
sioa d'être chrétien, garde ce qui a été trans- ponse, fait le plus affectueux panéiiyrique de
mis par les apôtres, selon cette parole de saint Aschole, et les félicite de ri'lertion d'A-
saint Paul Si quelqu'un vous annonce autre
: nysius, son disciple, qu'ils avaient mis à sa
chose que ce que vous avez reçu, qu'il soit place, et auquel il écrivit aussi, l'exhortant à
anathème Car le Christ, Fils de Uieu, IVotre
1 imiter les vertus de son saint prédecesstmr.
Seigneur, a mérité par ses souffrances le salut Les deux lettres finissent par ces mots « Por- :

très-complet au genre humain, afin de déli- tez-vous bien, nos frères, et aimez-nous, parce
vrer l'homme tout entier du péché. Qui- que nous vous aimons (:2). » Le pape saint Da-
conque (lit donc qu'il a eu une divinité ou une mase fit Anysius son légat dans l'iltyiie orien-
humanité imparfaite, celui-là, plein de l'es- tale, comme il avait fait saint Aschole.
prit du démon, se montre fils de l'enfer. Un jour que, de retour à iMilan, saint Am-
Pourquoi demandez-vous donc une seconde broise était occupé à prêcher, deux chambel-
fois que je dépose Timothée, puisqu'il a déjà lans de l'empereur Gratien, infectés de l'aria-
été déposé ici avec Apollinaire, sou maître, nisme l'un et l'autre lui proposèrent une
,

par le jugement de la chaire apostolique, en question sur l'incarnation de Notre Seigneur,


pn'sence île Pierre, évèque d'Alexandrie, et et promirent de se trouver le lendemain dans
iju'au jour du jugement il subira les tour- la basilique Portienne, pour en entendre la so-
mmts et les supplices qu'il mérite? Que s'il lution.Le lendemain ces deux officiers, se
entraille queli[ues hommes légers, comme moquant de leur promesse, et de l'évèque, et
s'il avait quelque espérance, lui qui a changé du peuple assemblé dans l'église, montèrent
l'cspi'rance verit.ible au Christ, quiconque en voiture et sortirent de la ville pour se; pro-
résiste à la règle de l'Eglise, périra avec lui. mener. Saint Ambroise, ayant longtem])s at-
Que Dieu vous conserve, nos fils bien- tendu, et ne pouvant plus retenir le peuple,
aimcs (I)! » monta sur le tribunal de l'église et commença
Celte lettre est infiniment remarquable. Le à traiter la question, en disant Je désire, mes
:

saint l'a|M> y appelle jusqu'à deux fois les frères, payer ma dette, mais je ne trouve
évi'iiues d'Orient ses bien-aimés fils ce qui : point mes créanciers d'hier si ce n'est qu'ils
:

mai'que tiiul rnsemble et la tendresse du père, croient nous troubler en nous surprenant ;
et l'alléctiou deslils, t;L l'union (jui régnait <le mais la vraie foi ne se trouble jamais. Ils vien-
part et d'autre; ce qui marque suiloul l'auto- dront peut-être, et en attendant arrêtons-nous
rité du père, la docilité des fils cl la notoriété à ces laliouieurs ipie l'on vient de nous pro-
de l'une et de l'autre. Et de fait, que de- poser, c'est-à-dire t;aïn et Abel, dont on ve-
mandent les lils au père? qu'il condamne un nait de lire l'histoire. Il en prend occasion
hcri'siarque qui s'est élevt; au milieu d'eux. d'entrer en matière, et fait d'abord le dénora-
Et que réjioud le [lère à la demandi! de ses bremect des hérétiques qui erraient sur le
fils? que léjà il a condamné l'hérésiarque, Fils de Dieu, entre lesquels il compte ceux qui
quf! cléjà \\ a donné la formule, la rèi^le de sépaiaient l'àme raisonnable du mystère lU
l'Eglise, et qui' quiconque y résiste, pcriru. l'incarnation, c'est-à-dire les apollinaristes,
Saint Atr'.anise et saint A-chole se counais- que toutelbis il ne nomme pas, et ajoute qu«
Baienl et s'ainiaienl depui£ longtemps; mais lieut-èlre ils honorent bien la Trinité, mai*
jamais Lis ne s'étaient vus. Ils se virent pour qu'ils ne savent pas distinguer la nature bu*

<ljTlieod., 1. V, u. X. CQ\xi\.., &7I. — (2;Ambr., SfùU iv al Xfl,


.'.:10 inSTOinE U>:iVHR6ELl,rî de LRCr.ISE CATHOLIQUE
luaiiie (le la divine. La iintiire est simple, dit- grâc ' d'unci ncriionna, col liomiiin lui fit fer-
il, l'imnime est coniiiosé d'une Ame raiaunna- mer poite. de municro i|n'il ne put lui
la
hli; l't d'un corps si vous f>U;z l'un des deux,
: palier. Auibioiise dit iilore ct:» paroles : Tu
vi.iis ôtfZ toute la nature de riiouinic. En- viemlruâ aussi à Tcpliso; mam i{uo<que les
suite, entrant en matière, il |irouve edntre les portes fus-cnt ouverli!", il no put en trouver
ariins l'éternité fit la diviniti'' du Verlie; puis l'entrée (.'!).
il vient aux apollinaristes, et l'ait voir contre Un magistrat polen s'éluil échappé en dis-
eux la différence de la chair et de la divinité cours injurieux conlre l'emperi'i*'', et avait dit
à^ Jesus-Clirist, i|uc ces liérélii[ue3 eonfon- qu'il n'éluil p:ih di^no île son pVre. II fut tra-
(liiient, ]irelen(lant que le Verljc nviiil été duit en jiislic- et condamné à mort. I)éjii on
cMangé en eliair; puis il drlruit leur autre le conduisait au lieu de l'exécution, cjuand
erieur loucliant l'ànn: raisunuable qu'ils refu- AmbctUfO accourut au palais pour intercéder
saient à ,lér;us-Cliri;-l foiuine S(juree du péché, en sa faveur. Les enii' mis que cet infortuné
et il Huit la son discours. avait à la cour, ayant bien prévu cille ndli-
Cependant, les deux ehambellans de Tem- citation, avaiiMit engagé le prince a une purtie
pe eur, cniiiinuant leur |>riimennile, lorabé- de chasse dans son parc; et lor-ique Aia-
reul de la voilure et se tiu rijiit tous deux; ()n broisi; vint demander audience, on lui nqion-
rapi'iula les corps et on les eutijrra. Maissaijit dit que Temi»ercur était à la chasse, et qu'il
Auiluoisc", loin d'insulter ii leur miinioirc, n'a n'Ctait permis à personne d'aller troubler ses
l'ail dans ses ouvrages aucune nieulion de cet plaisirs. L'évèipie feiy:nit de so retirer; mui-
accident, même ijuaud il rédigea par éc'rit le il trouva moyen de s'introduire >ecr..t.-meiil

Sermon qu'il avait faitdauscetle circonstance. par uni! autre, porte avec les valels qui me-
C'est ce qui compose son Traité de l'Incirna- naient les chiens. Alors, s'étunt pr6^eute à
tion (I). Gralien, il se fit écouter malgré les contra-
pape saint Uamnse et saint Amliroise
I.e dictions des courtisans, et ne quitta le
travaillaient de concert pour le plus grand prince qu'après avoir obtenu la grâce du cou-
bien de l'Eglise. On le voit entre autres par le pable (4).
fait suivant, qui parait de Tannée iJ!S2. Lors- jiape saint Uamase servait TEglise
Lo de
que Constance vint à Rome, en 3o7, il lii oter plus ii'unc manière non-soulement il
: lu
du lieu où le sénat s'assemblait l'autel de la gouvernait avec sagesse; il y faisait lleurir
\ii:loire; mais Julien le lit rétablir, et Valcu- les sciences sacrées. Saint Jérôme C-;ait venu
tinien l" le laissa. à Home avec l'anlin d'.\nlioche, qui Tavuit
(îratien le lit oter de nouveau et confisquer ordonné prêtre. Le Pape l'y retint, en lit son
les terres des temples, les revenus destinés ami et son secri'laire pour lui aider à rejion-
aux dépenses des sacriticeset à Tentielien des dre aux consultations -yuodales de TOricut et
pontifes, et les pensions des vestales, lionl il de TOcciilciit. Profimilément versé dans la
abolit les privilèges ; il attribua même au lise littérature sacrée el profane, Jéiômc a^a.t
ce qui, à l'avenir, serait donné par te^lanicnt déjà fait plusieurs Iravjiux sur l'Ecriture; L)a-
aux temples, aux pontifes et aux vCîlales.Les mase les lisait avidement,
transcrivait les
séiiaU'urs iiaiens se idaignircnl de celte or- même, le pressait d'en écrire d'autics, lui pro-
dot aiicc; ils dé[riili'rent à Ciratien, .Syiiima- posant pour cela diver.-es questions. Iticn'.ol
(jue, qui passait pour l'homme le piu~ éiO(]uenl il lui ht cntn-preiidre une œuvr.- d'ulilile
de -on siècle, fils d'un autre Symmaqiie, pré- plus g'éiiérale ce fut une édition correcte du
:

fet lie Romesous Valentinien !' en 3lio. Les J'saulier. Jérôme en


lit une, mais avec le
sénati'iirs païens députèrent Symmaque le iils, moins possible île chaugemciits, à cause iju-
coniino au nom de tout le sénat. .Mais les sé- les psaumes, tralluit^su^ les Septante. é(ai'-ut
nateurs chrétiens, dont le nombic était liés- eulre les mains et dans la mémoire de tous
grand, donnéri^ut aussi, <le leur coté, une re- les lidèles, qui les chantaient dans Tëgli-e
qn-'le par la([uclle ils désavouaient celle des Mus tard il en ht une aulre, dans la |uellc il
païens, et ils protcstrrt'ut, en iiublic et en intercala, sous des signes caractéristiques,
parliriilicr, qu'ils ne vieilliraient poinl au sé- les ditfêrencesavec le grec et Thebreii. Lnlin
nat si la prcti'ntion des iiaiens avait lieu. Le il en ht une vei^ion lillérdle sur Thebreu
pape Darnasc envoya à saint Ambioise celle inème.
rcqu. le des sénateurs chrétiens, pour la re- De temps immémorial, on se servait en Oc-
mettre cl la recommander a Tempereur qui, cident d'une vcr.-ioii iatiue du Nouveau Te-,-
en idièt. n'eut aucun égard celle des païens
i\ tamenl, connu ous le nom iTllalujue, de
vt ne voulut pas même les écouler (^). Latine, de Vulgate on Vuk'aiie. Il t si à
Gralien était d un excellent earai'tère ; croire qu'elle avait été faite à Home mime, du
inais, comme déjà nous l'a von- appris de Sul- temps des apôtii^s ou peu âpre-, car près tle
fnce-Sévére, il avait un grand maitrt-. du pa- la moitié du .Nouvtau "Teslameul .» cie eer.l à
ais qui v.idait tout à sa cou Il se nommait i . Rome ou de Rome TKvaiigiie de >aiiit Mire,
:

Macédonius. Siint Aaibroi:e é'ant oldi';.- un les \Llesdti apolres, les deux e(iitr.'s di- s.orU
|our d'aller chez lui p^ur lUi dejiaudei la Pierre, el sept d; saint Pau Mais i iLme .

(l) Paulin, r.ta Ambr a. 18. —'d)\mtt.,Epùl. xvn, n. 10. — (3) iml,'. yUa. ~{i) oai , L vil -
LIVRE TUExNTE-SIXiME 331

avant rinvention de rimprimerie, il fallait puis, comme on le voit par ses lettres. Etant
tout transcrire à la main, il se glissait inévi- demeurée veuve le septième mois après ses
tablement dans les ditférents exemplaires noces, elle refusa d'épouser Céié.dis, homme
bien des fautes de copistes, que d'autres cor- âgé, mais très-noble et très-riche, oncle du
rigeaient quelquefois par des fautes nouvel- césar (lallus, et (]ui, sous Constance, avait été
les. Quelquefois aussi l'interprète n'avait préfet de Rome et consul, en 358. Pendant la
pas rendu tout à fait le sens de l'ori- longue viduité de .Marcelle, la pureté de sa
ginal. De plus, chaque fidèle n'avait pas conduite ne fut jamais fliHrie du moindre
toute la collection du Nouveau Testa- soupçon. Elle se retira dans .une maison de
ment, mais telle ou telle partie détachée, à campagne prés de Rome, où" elle pratiqua
laquelle il se permettait quelquefois d'ajouter longtemps la vie, monastique avec sa tille spi-
ou d'intercaler des lambeaux d'une aulre. rituelle, la vierge Principia, et leur exemple
Tout cela occasionnait des variantes, des dif- produisit à Rome; un grand nombre de mo-
férences plus ou moins considérables entre les nastères d'hommes et île lilles. Sainte Mar-
divers exemplaires. Pour remédier à cet in- C(!lle avait pris le goût de la piété et de la vie
convénient, le Pape pressa saint Jérôme de monastique, ipiaranle ans au|'.ara\'ant, lors-
donner une édition correcte des quatre Kv.in- que saint Athaiiasi* vint à Rome, sous le pape
giles et de tout le Nouveau Testament, d'aiirès Jules, en 341. Elleaiquit de lui la vie de saint
le texte original, qui est le grec. Il le fit avec Antoine, qui vivait l'iicore, et la disciplinedes
une table de concordance dns quatre Evangi- monastères de saint Paiômn, pour le- hommes
les entre eux. Plus tard, il entreprit et exé- et pour les femmes.
cuta le même travail sur tout l'Ancien Testa- Paille, amie de Marcelle, est la plus illustre
ment, qu'il traduisit sur l'hébreu, (^omme les des dames romaines (pi'instriii>il saint Jé-
fieuples étaient habitués à l'ancienne Vulgiite, rôme. Elle était fillede Rogatuset de Rlésilla.
a version de saint Jérôme éprouva plus d'une Le père, Grec d'origine, faisait remonter sa
ojqiosition. Dans une église d'Afrique, où on généalogie jusqu'à .\gamemiioii la mère des-
;

la lisait, le peuple se mutina parce qu'il avait cendait des Scipions, des (ira.cqiies et des Paul-
nommé courge et non pas lierre la plante qui Emiles. Paille épousa Jules Toxotius, de la fa-
ombragea le propqète Jonas. Mais les opposi- mille Julia, par conséquent descendu d'Iule
tions les plus violentes lui vinrent de certains et d'Enée : elle en eut quatre tilles et un iils.
personnages (mvieux et jaloux, qui ne se L'aînée des filles, nommé BlésiUa, comme

croyaient pas jjeuple. Cepi^ndant, avec le son aïeule, fut mariée seulement pendant sept
temps, la version de saint Jérôme, que les mois, comme sainte Marcelle et demeura
,

Grecs consultaient des son a[qjarition, a été veuve à l'âge de vingt ans. Suint Jérôme lui
adoptée par toute l'Eglise latine, et le concile expliqua le Wwe Del' Eccli'ndstiqw^, pour l'ex-
de Treille a lini par la déclarer aullieiitique. citer au mépris du monde. Elle le pria de lui
En ell'et, jamais personne ne se trouva [dus en laisser un petit commentaire, afin c[u'ellc
en état de bien faire ce travail. Non-seule- put l'entendre sans lui mais comme il se pré-
;

ment il prolita de ce qui avait été fait, d(!S parait à cet ouvrage, elle rnonrul d'une lièvre
travaux immenses d'Origène et autres mnis ; (jui l'emporta en peu de temps. Sainte Paule,
avec une grande connaissance de l'hébreu, de sa mère, en fut excessivi'mentaftligée, etsaint
regy[)lien, du syriaque, du chabléeii, il in- Jérôme lui en écrivit nue lettre de consola-
terrogera les docteurs de la synagogue, visi- tion, où il marque que Rlésilla parlait le grec
tera rt étudieia avec eux les lieux mêmes dont comme le latin, qu'elle a"ait apia-is l'hébreu en
il est [.aili! dans l'Ecriture. peu de jours, et que l'Ecriture sainte était tou-
Ce qu'il y a de plus étonnant,
c'est qu'a- jours entre ses mains.
près le pontife romain, les personnes qui le La seconde fille de sainte Paule fut Pauline,
pressaient le plus dans ces travaux, qui fs qid épousa Pammacbius, cousin de siinte
partageaii'nt en (ludiju'' sorte avec lui, jus- Marcelle, de la famille Euria, et qui comptait
qu'à apprendre Ihélucu, ce furent les (ire- plusieurs consuls parmi ses ancêtres. Il était
miéros dames de Home, les descendantes des ancien ami de saint Jérôme, qui avait étu-
Sii|iions, des Uracqiies, di's Paul-Emiles, di'S dié avec lui et lui adressa, depuis, plusieurs
Fabius, (les iMarcellus, des Jules; les filb's, de ses ouvrages. Pauline iiioiirul avant lui, et
les femmes, les veuves des [irélels et des con- se trouvant veuf sans entants, il se donna
suls. tout entier au service de Dieu' n des bonnes
Oui, une des plus grandes occupations du oeuvres, embrassa la vie monastique et em-
saint docteur pendant ce séjour de Uium', ploya tout son bien à secmirir les pauvres,
était de répondre aux dames romaines qui le jiai tiniiièrement b-s étrangers, dans un hôpi-
Consultaient sur l'Ecriture sainte. Ilar quclqui! tal iiii'il établit à Porto, près de Rome. La
soin que sa modestie lui fit prendre d'éviter troisième tille de sainte Paule tut Julie Euslo-
leur rencontre, elles avaient encurc plu- d'em- chiiim, qui ne la cjuitta jamais et demeura
pressement à le cherchiT.Mai Ile,
Saiiiti- vierge; quatrième fut liuldné, qui épousa
la
sainte Aselle, sa so'ur. et leur mère Albim? di'puis Ali'lliius, du rang di's clarissimes. Le
furent de ce nombre. Marcelle prolita en pi-u iils de sainte Paule et le dernier de :.es enfanU
di' lemjis de ci' que saint Jérôme avait appris fut nommé, connue son père, Toxulius. 11
par uQ long travail, et le coasullu souvent de- épousa Léta, lille d'Albiu, païen et pontife do»
J3Î HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATnOLIQUB
idoles, mais qui se convertit en sa vieillesse, sainte Vierge, après la naissance de Nuire
à. lapersuasion de sa tille cl de son gendre. Seigneur, avait eu de saint Joseph d'autres
Du mariage de Toxolius et de Léla vint la entants; (!t, passant à la thèse générale, il
jeune Paule, au sujet de lanuelle saint Jé- soutenait (|ue lu virginité n'avait aucun avan-
rôme écrivit à Lola, dt'jà veuve, une instruc- tage sur le mariage. Saint Jérôme méprisa
tion sur la manière de IN'hîver clinHienne- quehjuc temps le traité d'IlelviiHus, tant par
menl. Telle l'ut la l'ainille de sainte l'aule. l'obscurité île l'auteur, qu'il ne Minnaissait
Saint Jérôme nous a encore laissé ii-s élo.nes pas, quoiqu'ils fussent tous deux à Rome, 'lue
de deux veuves, Léa et Fahiole, etd(; la vii'i-^çe jtar le peu de mérite de l'ouvrase. Enlin, il
Aselle. Léii gouvernait un monastère de vie.i-- se laissa persuader d'y répondre, et montra
ges, qu'elle instruisait |)lus [lar son c^\eln|)le clairement qu'il n'y a rien dans l'Ecriture qui
que j>ar ses [iiiroles elle jiassait les nuils en
: ne favorise la créance établie lians l'Eglise
j)ri('res; son iiaint et sa nouiriture iHaient ipu; Marie est toujours demeurée vierge, et
très-pauvres, toutetois sans oslinilation. Elle que >ainl Jo-e[)h n'a été que le gardien de sa
était si humide (|u'(dle paraissail la servante virginité. Ils(julient même que ce saint a vécu
de loutes, elle qui avait eu auticl'ois un );rand viergi! enlin il relève la virginité, mais sans
;

nombre d'esclaves. L'Eglise honore sa mi'- blâmer le mariage.


moire le vingt-deux mars. Saint Jérôme ap- .Mais en relevant si haut la virginité, la vi-
prit sa mort un malin, comme il expliqu.iit duiti! et le célibat religieux, saint Jérôme
à sainte Marcelle le psaume Lxxii; ce (jui lui n'épargnait ]ias pour cela les personnes qui,
donna occasion de lui envoyer son éloge. contentes d'en faire une profession extérieure,
Deux jours ajirés, il lui envoya celui de sainte afin d'être honorées devant les hommes, ni
Aselle, sœur de Marcelle mémo, qui vivait en- n'en prenaient l'esprit ni n'en observaient les
core. Elle avait été consacrée à Dieu dés l'âge règles, continuant à vivre non-seulement dans
de dix ans. A douze ans, elle s'enlérma dans le monde, mais comme le monde. On le voit
une cellule, couchant à terre, ne vivant que par sa grande lettre à la vierge Eustochium,
de pain et d'eau, jeûnant toute l'aimée et sur la manière de garder la virginité. Il y dé-
passant deux ou trois jours sans manger en ; plore la chute quotidienne de tant de vierges,
carême, les semaines entières. Elle avait déjà de tant de veuves, qui, après leur profession,
cin(juante ans, et ses austérités n'avaient mènent une vie molle et sensuelle, aimant la
point altéré sa santé. Elle travaillait de ses bonne chère et la parure, se produistînt en
mains, ne sortait point, si ce n'était pour al- public pour attirer les regards des jeunfs
Jer aux églises des martyrs, mais sans être gens, et puis, pour écliapper au iieshonncu.-
vue. Elle n'avait jamais parlé à aucun homme du crime, y ajoutant d'autres crimes et fai-
et à peine sa sœur la voyait-elle. Sa vie était sant périr l'enfant qui n'est pas né. H y dé-
simple et uniforme, et gardait au milieu
idle plore le scandale des agapètes, la peste de ces
de Rome une parfaite solitude. L'Eglise en vierges faus.sement dévoles, qui quittaient
iàit mémoire le six décembre. Fabiole était leurs frères pour en chercher d'étrangers,
de l'illustre famille des Fabius. Elle avait habitant la même maison, la même chambre,
épousé un homme de, mœurs si déréglées, que, et souvent la même couche, et criant à la ca-
ne le pouvant soiill'rir, elle le quitta; mais, se lomnie quand on y soupçonnait quelque
trouvant encore jeune, elle usa de la liberté chose femmes sans mariage, concubines il'un
;

que lui donnaient remaria


les lois civiles, et se nouveau genre, prostituées à un seul homme,
à un autre. Après la mort de ce second mari, plutôt que vierges chrétiennes.
elle rentra en elle-même; et, reconnaissant Quant à Eustochium, il l'avertit de fuir ces
que ce mariage avait été contre la loi de l'E- hypocrites de l'un et de l'autre sexe. Parlant
vangile, elle en '.it pénitence publique, et, la des clercs en particulier, il dit • Il y en a :

veille de Pâques, elle se présenta à la basi- (jui briguent la prêtrise ou le diaconat pour
lique de Latran avec les pénitents, les che- voir plus librement les femmes. Tout leur
veux épais, et dans le triste état des autres, soin est de leurs habits, d'être chausses pro-
tirant les larmes le révéïjue, des prêtres et prement, d'être parfumés. Ils frisent leurs
de tout le peuiiie. Elle demeura hors de l'é- cheveux avec le fer les anneaux brillent à
;

glise jusqu'à ce que l'évèque l'y rappelât, leurs tlûigts ils marchent du bout du pied ;
;

comme il l'on avait liiassée. Ensuite elle ven- vous les prendriez pour des fiances plutôt que
dit tout son bien et fut la première qui éta- pour des clercs. 11 y en a dont toute l'occu-
blit à Rome un hôpital de malades, où elle pation est de savoir les noms et les demeures
les servait de ses piopies mains. Elle faisait des femmes de qualité et de connailre leurs
de grandes libéralités aux clercs, aux moines, inclinations. J'en décrirai un qui e-t le maître
aux vieri;es. non-seulement dans Rome, mais en ce métier. 11 se lève avef le soleil, l'ordre
dans toute la Toscane, où il y a\ait déjà de ses visites est préparé, il chefcL les che-
plusieurs monastères. mins les plus courts, et ce vicillar.; imi>ortun
Pendant (jue saint Jérôme entretenait ainsi entre près [ue justjue dans les chamiires où
à Rouie, avec l'amour de la virginité, l'amour elles dorment. S'il voit un oreiller, une -it-
des saintes lettres, un ceriaiii Uelvidius, dis- viette ou quchpie autre meuble a son grc. il
ciple de l'arien Auxence, y lit un livre où il le loue, il en .iduiin- la propreté, il le tatc. il
prétendait prouver, par l'Ecritui'e, que la se plaint du u'eu avoir point de !>tuuLiiaUe, et
LITRE TRENTK-SIXIÈME. 333
l'arrache plutôt qu'il ne l'obtient ; car chacun précepteur. L
orateur et philosophe Thémis-
redoute ce courrier de la ville. Ennemi de la cius désirait avec empressement cet emploi ; il
chasteté, ennemi du jeune, ce qu'il approuve, l'avait manifesté publiquement dans une ha-
c'e^t un bon dîner, c'est un morceau friand. » rangue, ïhéodose avait en lui de la coniiance;
Saint Jérôme marquait encore leur avarice, mais pour former un empereur chrétien, il
en disant que ces clercs intéressés, sous pré- fallait un sage chrétien. Théodose le demanda
texte de donner leur bénédiction, étendaient au pape saint Damase, et l'en pressait par
la main pour vecevoir de l'argent, et deve- l'empereur Gratien. Le Pape jeta les yeux sur
naient dépendants de celles qu'ils devaient un diacre de son église, qui vivait à Rome
fiouvcrner. Il se plaint ailleurs de ceux qui dans la retraite avec une sœur. Arsène était
s'attachaient à des personnes âgées et sans .sonnom. Issu d'unp des plus illustres familles,
enfants, et leur rendaient avec assiduité les iljoignait à la pureté des moeurs une con-
services les plus bas et les plus indignes, pour naissance parfaite des lettres et de toutes les
avoir part à leur succession (1). sciences humaines. Théodose le reçut avec
On sent qu'avec un langage aussi cru et beaucoup d'honneur, le nomma sénateur et
aussi sévère, saint Jérôme dut s'attirer bien patrite, voulut qu'il fût le parrain de ses deux
des ennemis. Aussi, dans les commencements, fils, et lui donna sur eux l'autorité qu'il avait

le regardait-on comme un saint, comme un lui-même. Rien ne manquait du côté du père


homme à la fois humble et éloquent toute ;
et du précepteur.
la ville l'affectionnait, le jugeait digne du D'après le récit de Socrate, copié par Sozo-
souverain pontificat et lui attribuait tout ce mène, il y aurait eu, vers le temps de l'inau-
que pape saint Damase. iMais quand
faisait le guration d'Arcade, une nouvelle assemblée
il permis de parler contre les vices des
se fut d'évèques à Constantinople, par l'ordre de
Romains, c'était un fourbe, un imposteur ;
Tliéodose. On rapporte à cette occasion plu-
tel'iqui lui baisaient les mains, le déchiraient sieurs lettres île saint Grégoire de Nazianze à
par derrière on lui reprocha jusqu'à sa dé-
;
ses amis de Constantinople, Posthumien, pré-
marche, son rire, l'air de son visage sa sim- : fet du prétoire, le consul Saturnin, les géné-
plicité leur devint suspecte (2). Pour lui, tout raux Victor et Modaire (o). Ayant appris qu'il
cela ne l'épouvantait guère, s'en amusait.
il devait se tenir une nouvelle assemblée d'évè-
Quoi donci écrivait-il, je n'oserais dire ce ques, sans savoir ni pourquoi ni comment, il
que d'autres ne rougissent pas de faire? Et eut peur qu'elle n'eût pas une plus heureuse
encore, qu'ai-je donc dit avec une si grande fin que la précédente. Il prie donc ses illus-
liberté ? ai je décrit les idoles sculptées sur la tres amis de faire en sorte qu'elle produise la
vaisselle des festins ? ai-je rap[ielé qu'au mi- paix. Mais ces lettres ont pu être écrites
lieu des repas ciirétiens on offre aux regards l'année d'auparavant et à l'occasion da
des vierges les embrassements des satyres et deuxième concile.
ies bacchantes? ai-je témoigné du chagrin Quoi qu'il en soit, au dire de Socrate, Théo-
quelles mendiants deviennent riches? ai-je dose aurait convoqué des évèques de toutes
trouvé mauvais qu'on ensevelisse ceux dont les religions, afin de les faire discuter ensem-
on doit hériter? Parce que j'ai eu le malheur ble et faire cesser leur dissidence. Nectaire,
de dire un petit mot, savoir, que les vierges ell'rayc de ce projet, aurait consulté l'évèque
devraient se trouver plus souvent avec des des niivaticns, Agélius, qui, n'éîant pas fort
femmes qu'avec des hommes, voilà que j'ai dans la dispute, aurait consulté son prêtre
offensé toute la ville, voilà ([ue tout le monde Sisinius, lequel avait étudié avec Julien l'A-
me montre au doigt. Et vous croyez que je postat, sous le magicien-philosophe Maxime.
dirai encore quelque chose (3) ? » D'après le conseil de Sisinius, l'empereur,
Il y avait, entre autres, à Rome, un individu laissant de côté la discussion, aurait demandé
au nez difforme et à la parole boursoutlèe, qui simplement aux évè(jues de toutes les sectes
se croyait bel homme et bel esiirit. Or, tout quel état ils faisaient des anciens docteurs
ce que saint Jérôme avait dit des vices et des et s'ils s'en rapporteraient à leur témoignage.
travers en ^Anéra", ^et individu le jirenait A cette question, non-seulement ceux de di-
pour j)ersonnellement, et il s'en plaignait
lui verses sectes, mais ceux de la même, se divi-
à tout le monde. Jénime, après l'avuir bien sèrent les uns d'avec '.es autres. Ce que voyant,
raillé de se trahir ainsi lui-même, finit jiar l'empereur leur coihmamla à tous de lui don-
lui donner ce conseil « Fais que ton nez dis-
: ner leurs professions de foi par écrit pui» ;

f)araisse de ton visage, et puis tiens la bouche les ayatit lues, il approuva celles des cathon-
)ien close ; à ce prix, on pourra te croire bel ques et des novatiens, et di'diira les autres.
homme et beau diseur (4). Socrate trouva cette conduite de Tliéodose
Cepeniiant,* dès le mois de janvier 38.'<, admirable. Si elle était vraie, elle serait pi-
l'empereur Théodose, étant à Ci>nslantin(ii)lc, toyable; car l'Ile montrerait en cet enipereu»
déclara auguste et associa à l'empire son lils la même inconséi'ftience et la même versati-
Arcaiic, àgc de six ans. Un autre soin occu- lité que dans l'empereur Constance. Deux
pait le père : c'était de lui trouver un digne conciles œcuméniques avaient fixé la lor*

(Ij Hieron., Epi^t., xvin, tHiv. —(2) Idùl., xxviu. — 13) Ufitl., xxv, aliùs en. — (4) /Mrf
— Çt) £f>i>7. LXXI, LXXII, CXXXUl. CXXX1K
334 IIISTOirtE UNIVERSRT.rE DE L'ÊGLIPE CATHOUQUB.
mille de la foi orthoiloxe. Tli(^od')se en Théodose n'ayant pour but que de réunir à
avait fait une loi de l'Klal ; et après riv^'lise les hérétiqui's, cherehail plutôt à l.-s
cela, coninio iininue moyen
d'en finir, il au- inliinider qu'à les punir. On voit ce même
rait tout remis en question l Eniin, de ciiiel- nspiil dans une lettre de saint Grétfoif! de
qiie iriiiiiiiTe (jue la cho?e se soit passée. So- Nii/.ianze à 01ym|)ius, fiouverneur de Cuppa-
ciale iijdulo (lue, les lii'sréliqiies se trouvant doci'. y avoue que, quoi(ju'il connût bien
Il

plus divisfis qu(! jamais, ]:lusieurs d'eiilie eux l'impiété des apollinarisles, il avait <"ru néau-
n^veiiuient à la loi de Nicée ; niais ([ue, d'un nioin» pouvoir les ramener jiar sa douceur ;
autre côlé, les évoques calliorKiiu-s se divi.-è- mais ils n'en étaient devenus que plus mau-
reut eux-mêmes au sujet de l"i;;^lisc d'Aritio- vais. Abusant de sa faiblesse, depuis jieu, au
cho les Efiypliens, les Arahesel les (^yjiriols
: mépris des constitutions impériales et des
disaient tpi'il l'aliait en chasser Fiavien ceux ; ordonnances du gouverneur, ils s'étaient fait
ic l*alestinc, dB'Pliéiiicie et di; Syrie, au cou- ordonner un faux patleur par cei-tainsévc>jiie»
jaire. se prononçaient en sa faveur (I). qui' le concile universel de l'Orient et de 1 Oc-
dépendant saint Amidiiloque, archevêque cident avait diposês. Il Unit jiar dire au gou-
J'hone, pria Théodosc di; défendre les assem- verneur M Si ces choses sont tolérablcs, to-
:

l)iécs des ariens. L'em[iereur, trouvant cela lérez les;nous aussi nous les tolérons, lomme
trop rude, ne voulut i)as l'accorder. L'évcquc déjà nous avons fait souvent. (Jue si elles sont
Si' retira sansrien dire. Hevenu une autre graves, insu[iporlables à nos excellent empe-
ïuis avec ipielques-uns de ses collétçues, il reurs, veuillez les léiirimer, avec moins de
rendit à Thi'vidose tous les devoirs ordinaires, sévérité ccpeudant que ne mérite une telle
sans faire atleiil^un à son fils Arcade, dé- auda e (-4). I)

claiê auguste depuis peu. L'eraiiereur crut Cependant une révolution avait éclaté en
qu'il n'y pensait pas, et l'aveilil de saluer Occident. L'empereur Gralien avait été tué le
son fils. Saint Amjhilo(]ue s'api)rocha et, 2.') aoiil .183. Celait, sous beaucoup de rap-
et le caressant du hout du doif^t, lui dit : ])orts, un excellent prince; mais il s'appliquait
Bonjour, mon enfant! Il ajouta qu'il au plaisir de la chasse bien jdus qu'au (iou-
sufhsait de rendre les honneurs à l'em- vernemenl de l'Etat. Ses ministres étant ainsi
pereur lui-même. Thiodose, irrilc gommanda les maîtres, tout se vemlait à la cour. .Nous
qu'on le chassât de sa chamhre. On le pous- l'avons appris de Sulpice-Séïére uue loi de ;

sait déj;\ dehors, lorsque, se retournant vers ce temps le prouve encore mieu.x. Il y est
l'empeieur, il lui dit à haute voix Seisneur, : défendu de disputer du jugement du prince,
vous ne pouvez souifrir que l'on méprise attendu que c'est une espèce de sacrilège de
votre iils ; ne doutez pas que Uieu n'abhorre mettre en doute, que celui que l'empereur a
de même ceux qui refusent de rendre à son choisi pour ministre ou masi-lrat, en soit
Fils unique les mêmes honneurs qu'à lui. diiine (.">). Comme les barbares de la Germanie
Théodose comj)rit alors et admira l'adresse étaient d'habiles chasseurs, Gratien en attira
du saint évèijue; il le rappela, lui demanda plusieurs à son service, en particulier des
pardon et résolut aussitôt la loi cpi'il lui Alains. Il les comblait de faveurs, les appro-
demandait pour défendre les ussemblêes des chait de sa personne, en faisait ses favoris,
héréti(]ues {i). au point de s'habiller comme eux. Tout cela
En ellet, nous avons une loi adressée à provoqua le mécontentement et la huiue des
Poslhuinien, préfet du prétoire d'Orient, et vieux soldats romains.
datée de Conslantinople le :25 juillet Ii83, par Maxime, commandant des troupes dans la
laquelle il est absolument di''fi-udu aux liéré- Grande-Bretagne , fut proclamé empereur.
tiqucs, c'est-à-dire aux ariens, aux eunomiens, Sans perdre de temps, il débarqua par le lîliiD,
aux macédoniens, aux manichéens, détenir s'avança dans les Gaules, lorsque Gnitien vint
des assemblées ni dans les lieux publics ni lui présenter la bataille près de Paris. SInxime
dans les maisons particulières, avec permis- ne l'ayant pas acceptée, les armées restèrenl
si(ui à tous les catholicpies de les empêcher. en présence plusieurs jours, au bout desquels
Uni- autre loi du 3 septembre ajouta aux autres Gratien se vit abandonne de la sienncct oblii;<
hérétiques les apollinarisles leur défen-, de s'enfuir avec trois cents cavaliers qu'il
dant à tous de s'a-sembler ni dans les villes croyait lideles, et qui bientôt rubaudoniièrent
ni dans la campag;ne, et de faire des ordina- encore. Toutes les villes lui feruièrcut leur»
tions d'évôt|ues. Elle coulisiiuc les maisons où portes. Alors, errant ça et là. sans secours et
ils se sont assemblés, et ordonne que leurs sans espérance, pour-uivi |>ar la cavalerie de
docteurs et leurs ministres publics seront Maxime, il quitta la robe impériale pour n'être
chassés et renvoyés aux lieux de leur origine. pas reconnu. .\rrivè à Lyon, il y fut trahi par
Enlin elle menace les ofliiiers des magistrats uu homme qui mangeait à sa table ^l qu'il
de répondre de leur néfiligence à observer avait honoré de gouvcsncmcnts cl d'emplois
cette loi. Maisidle ne fut pas rigoureusement distingués. Le princc.invileà un f.'-iiu telusa
exécutée, non jdus iiue les autres car, suivant ; d'aliord de s'y trouver; mais il |>er-
la remarque de Sozomèue (3), l'empereur suader par les serment» que ce w.,.v iui ûi

Soc:, 1. V. 0. X. Soz., 1. Vn, c XII. — (î) Theod 1. V. c. xvi Sni.. i. VU, c. vi — c3j So»., i. VU-
— (4) Greg. Naz, tpis(. lxxvii. — (5) Cod.Juit. 1. IX. Ul. li, Ug. J.
-

fctVRF tRENTE-SIXIÈMB. 33S

.«iir 1rs saints Evançilcs. On fit rp[)rcnclri' à l'empereur. Maxime, sans vouloir s'expliquer
Gralien ses huliits irapiTi.aix, on le traita avec davantage, lui dit d'attendre le retour de Vic-
lioMiieiir pendant le repas, puis, au siutir île tor. Ambroise passa ainsi tout l'hiver à Trêves.
t-il)lc, on l'assassina. âgé de vin^rt-i'in»!
Il était Il n'ymontra pas moins de graudi'ur d'âme
Hiis. et avait ''Cgné, depuis la mort de son comriii' ('vêijuc ipio comme ambassadeur. Il
J're, sept ans neuf mois et huit jours. Pen- exclut .Maxime dosa communion, et l'avertit de
) irt ([u'il succombait aux coups des assassins, faire pénitence d'avoir vers(i le sang de son
il nomma nlusieurs fois saint Amliroise ; il maitri', et, ce qui étaii plus encore, le sanjj
ivait en>.ore sou nom à la bouche lorsiju'il innocent. Enfin. Victorarriva, rapportant que
r.:udit le dernier soupir ; et le saint évéi[ue, Valentinien litait prêt à arcepter la paix. mais
ijui raconte le fait en versant des lai me-, pro- qu'il refusait d'abandonner l'Italie pour venir
teste qu'il n'oubliera jamais ce prince, et nu"il dans les Gaules. Il y eut encore plusieurs dépu-
l'otlrira sans cesse à Dieu dans ses prières et talions de part et d'autre, après lesquelles Va-
dans le .saint sacrifice. Il fait en touteocca-ion lentinien consentit à reconnaître Maxime pour
l'éloge de sa piété et de ses autres vertus {{). légitime empereur de la tJaule, de l'Espagua
Suivant l'opinion la plus probable, Maxime et de la Graiidc-Brelagne;et Maxime lui assura
était Breton d'origine. Sulpice-Sévére (-1 Paul la possession tranquille du reste di; l'Occident.
Orose s'accordent àdii-e ({ue,ôtésonusurj)ation Saint Ambroise était venu à Trêves comme
et les violences qui l'accompagnèrent, c'était protectctir de la veuve et do l'orphelin, l'une
un homme de guerre et de bien, et digne d'être impi'ratrici?, l'autre empereur. Par suite de la
empereur (2). Beaucoup do Bretons passèrent memi' révolution politiipie. saint .Martin de
avec lui dans les Gaules, et s'établirent a[irès Tours y vint pour demamler la grâce deipiel-
dans la province d'Armorique, connue depuis (jues personnes, pour faire délivrer des pri-
sous le nom de Bretagne. sonniers, rappeler de- bannis et rendre des
Justine et Valentinien attendaient à .Milan biens conlisijués. Mais il .sollicitait ces grâces
la nouvelle de la défaite de Maxime, lors- d'une manière si noble, qu'il parut plutôt
qu'ils apprirent la mort funeste de Gralien. commander que su[i|dier. Plusieurs fois l'em-
Ils eu furent glaces d'eftroi. L'Italie était pereur .Maxime l<\ (iria de manger à sa table.
dépourvue de troupes; Théodose était éloi- Il rel'usa longtetups, disant (ju'il ne pouvait
gné. Sans secours et presque sans conseil, que manger avec un homme qui avait otc la vie à
pouvaient, dans cette extrémité, une femme un empereur elles Etats à un autre. Maxime
et un enfant de douze ans? Justine, comme protesta qu'il n'avait pas pris l'empire volon-
im|iératrice, eut recours à saint Ambroise, tairement, que les soldats l'y avaient con-
qu'elle haïssait, comme arienne. Elle déposa traint (jne le succès incroyable qui lui avait
;

son fils entre ses bras, lui recommandant donné la victoire était une mar([ue de la vo-
avec larmes ce jeune prince et le salut de lonté de Dieu, et tiu'aucun de ses ennemis
rem[)ire. L'évéque emlirassa tendrement Va- n'était mort que dans le combat. Saint .Martin
lentinien, et, sans considérer le péril, il en- se luis-a vaincre à ses raisons ou ù ses prières,
treprit d'aller au-devant de l'i^nnemi et do et consentit eu['m de manger avec lui. L'em-
s'opposer tout seul à ses progrès. Valentinien pereur en eut une joie exlréme, et convia à
pouvait venger la mort de Gralien, son frère, ce repas, comme à une fête extraordinaire,
sur Marcellinus, frère de Maxime, qu'il avait les personnes les plu< considérables de sa
entre U"^ mains par le conseil de saint Am-
;
cour, son frère et son imcle, tous deux com-
broise, il le renvoya d'une manière honorable. tes, et Evotlius, préfet du prétoire et depuis
En passant à Mayence pour se rendie à consul. .Martin fut placé à côté de l'empe-
Trêves, où résidait Maxime, saint Amliroise rein% et le prêtre qui l'accompagnait entre les
rencontra le comte Victor^ que Maxime, d.c deux comtes. .Vu milieu du repas, un officier,
«on coté, envoyait à Valentinien, pour l'en- suivant la coutume, présenta la coupe ùl
gager à venir en Gaule, afin de concerter Maxime il la lit donner à saint Martin, s'at-
;

•msemble une paix solide, lui promettant ilu tendant à la recevoir desa main ; mais quand
reste une entière sûreté. Arrivé à Trêves, il l'eut portée à ses lèvre-;, il donna la coupe à

Ambroist ne put obtenir une audience par- son prêtre, comme au plus digne de la com-
ticulière. Il se présenla donc devant Maxime pagnie. L'em[)ereur et tous les assistants en
au milieu du conseil, quoique celte démardie furent agréablement surpris; on en parla
dérogi ât à la dignité é|nscopal(\ Il exposa en dans tout le palais, et on loua saint Martin
jieu de pannes l'objet de son ambassade c'était : d'avoir fait à la tubli' de l'empereur ce «[u'un
de demander la paix à des conditions raison- auli-c évêque n'aurait osé à la table des
nables. Maxime dit que Valentinien devait moindres ju'.;es. Maxime, s'étant ainsi conci-
venir lui-même, comme un fils à son père. liée son indulgiMice, le faisait souvent vimir
Ambroise ré[)ondit qu'on ne pouvait exiger dans son palais pour s'entretenir avec lui, et
d'un enfant et d'une mère veuve qu'ils s'ex ses enlreliens ne roulaient que .-«ur la ma-
posassent à passer les Al|ies pur les rigueurs nière dont il faut passer la vii- pre-eule, sur
de l'hiver qu'au reste, il avait i'omuiis,-,ion
;
ce que nous avons à eraiu.lro ou a l'spére»"
de traiter de la paix et uou pas de l'arrivée de dans l'autre, sur la gloire des fiiicles et le

(l) Ambr., De Obit., Valent. — (7) Oros.. 1. VII o xi:v ; Sulp.-Sév., DM. IL c. ra.
3311 HISTOIRE UNIVERSELLE DB f.EGLISE CATHDLIQUB

bonlicnr éternel des sainls. Dans ces (-pan- appliipié a poursuivre les prisrilUanistes. If
cliL-iiiiiils (le ne crai-
l'inliinilé clinHicnin-, il avait (-vite d'être ('(induit en E-jjayne, suivant
giiil pas (le pit'dirc au nouvel empcrriur iiue, l'ordre de l'eaipereur Gralien, surpri; par
s'il [lassait en Italit! iionr faire la ;<iiei re à M.iei'donius ; eu oit(>t (|u'il apprit qui; Maxime
Valsiitinieii, conirni' ilcjà il en avait la pen- était reconnu empereur en Bretagne el (ju'il
sive, il remii()rlrrail dulioril la viclciin-, mais en Gaule, il residiit de s<; lenii
allait [)asser
qu'il pi'iirail peu a])r(>s. Et cela ne maiicjncra en re[ios jusqu'à son arrivée Ouand Maxime
pas fiai river de la sorte (1). fut entré victorieux à Tiêvi,-s, Hhace lui pré-
L'iniin'iatric.e de son coté, (hail le jour et senta une requête pleine d'accu^aiious contre
la nuit uciupiH! à écouter le saint év(''iiue, de- Priscillien et ses sectateurs. Maxime écrivil
meurant assise à ses pieds contre leirc, sans au pn.M'etdes Gaules et au vicaire des Espa-
pouvoir le (juitter. Imitant la t'emme de TE- gnes, de faire conduire à Bordi;aux tous ceui
vaiisile, pins d'une l'ois l'He les arrosa de ses généralement qui se trouveraient infectés dr
larmes et les essuya de ses cheveux. Elle vou- celle erreur, pour y être jugi-s par un con--
lut à son tour lui doimer à manger en -,farli- elle. Inslantms et Priscillien y furent amenés^,
ciilier. Elle en pria l'empereur, et tous doux on fit parlei- Instantius le premier et, comme, ;

eriscmbli!l'en pressèrent d(! telle sorte, ([u'il il se déf(Midait mal. il de


fut dé-claré indi^jne
ne put s'en défendre. Ce n'était pas néan- l'épi-copal. de peur de ré|iondre
l'iiscillien,
moins sans beaucoup de répugnance, ]iarce devant les évêiiues, appela â l'empereur, et ils
que jamais il ne se laissait a|i[wocher d'au- eurent la faiblesse de le souffrir, au lieu (]u'ils
cune! femme. Mais il avait des vue-s [dus devaient, dit Sulpice-Sévêre, le condamner
étendues, et il se croyait olilif4;é de s'accom- par ciintiunace; ou, s'ils lui étaient suspects
uuxler à la nécessité du tem|is et du lieu où avec quelque fondement, réserver ce juge-
il se trouvait. 11 fallait manier l'csjiril d'un ment à d'autres ôvèiiues, et non pas laisser à
prince difticiie, il avait des grâces à deman- l'empereuilt; jugement de crimes si manifestes.
der jiour des prisonniers d'Etat, il s'agissait On mena doD^ â Trêves, devant M.ixiine,
de rendre la Idtcrté et les biens conlisepiés à tous ceux (jui étaii-nt enveloppés dan- celle
des bannis. D'illeurs il était touché de la foi accusation ; les évéques Idace cl Ithace les
de limiiératrice ; outre (jue son âge de suivirent comme accusateurs ce «jui déplai- :

soi.\ante-dix ans lui permettait d'en user de sait aux gens de bien, voyant qu'ils agis.saieiit
la sorte avec quelque bienséance. L'impéra- plutôt par passion de réussir dans leur entre-
trice voulut préparer cUe-mèuie tout ce de la justice, parliculiè-
prise, (jue par le zèle
qu'elle devait présenter au saint évèque. Elle rement Ithace, qui n'avait ni la gravité ni la
ne mangea point avec lui; elle se contenta de sainteté d'un evéque. Il était hardi justju'à
le servir. Elle-même lui apprêta son siège, l'impudence, grand parleur. dé[iensier, adonné
lui dressa la table, lui mit son couvert, lui à la bonne chère, et traitait de priscillianistes
doruia â laver, et mit devant lui les viandes tous ceux ([u'il voyait jeûner et s'appliquer à
([u'clle avait fait cuiie de ses propres mains. lal(!clure. Sainl .Martin, (]ui se trouvait alors
Pendant qu'il mangeait, elle se tenait éloignée, â Trêves, ne cessait de reprendre la conduite
debout, immobile, les yeux baissés, dans la d'ithace, et le pressait de se désister de son
posture modeste d'une servante. Elle lui ver- accusation et, d'un
; autre côté il iiriail ,

sait à boir(' et lui présentait le verre de sa Maxime d'i^iargner le sang des coup.'iJdes,
main. Et quand le petit repas fut fini, elle re- disant (|ue c'était bien assez, (ju'étant déclarés
cueillit avec soin, comme la récompense de héréti(iucs par le jugement des évê(iues, on
son travail, jusqu'aux miettes du pain que le les chassât des églises, enQn, (ju'il était sans
saint avait mangé, les préférant â toute la exemple, (ju'uae cause ecclesiasli({ue fût sou-
magnilicence de la table im[)ériale (2). mise à un juge séculier. Ilhace, loin i\c pro-
Mais tous les évèques n'étaient ]ias des Mar- liler des avis de saint Martin, osa bien l'accu-
tin et des Ambroise. 11 en arrivait à Trêves un ser lui-même d'hérésie, comme il en faisait
grand nombre d-- divers ciMés, |)(mr obtenir le reproche à tous ceux dont la vie lui parais-
la grâce des ciiminels. la liberté des prison- sait tiop au-lêre. M.iis l'empereur M.ixime eut
niers, le retour des exilés et des proscrits. tant d'égards aux remontrances du suint év»'-
Mais à force de solliciter, ces prélats com- (pie, cnie, tant qu'il fut â Trêves, ce jii cément
mencèrent à dégénérer de la sainte gravité fui (lilfêré cl en parlant il eul le cn-dil d'obli-
;

des l'ères, p) .'"avilir par des flatteries, des


'i ger Maxime à lui promettre que l'on ne ré-
bassesses et des di'lerences plus dignes de cour- pandrait ]>oint le sang des coupables.
tisans que d'èvè(jues. Tout le monde remar- .Mais après que saii.t .Martin fui parti, l'eiï-
quait leur abjecte adulation, qui asservissail la pcreur se laissa entraîner aux mauvais con-
digniti' du sacerdoce â la clientèle im|>érialc. st'ils des év('ques Magnus el Uufu-, dont le
Seul entre tous, Martin conserva l'autorilé d'a- dernier est, comme l'on croit, un évèque d'Es-
ptjtre. Ce sont les paroles de Sulpiee-Sévère(3). pasine, depuis déposé pour nérésic. L'empe-
Onant â l'èvêiiue Ithace, en particulier, il reur (piiKa donc les sentiments de douceur et
se rcudit odieux. Il était toujours à Trêves, commit la cause des priscilliaiii.-les à Evodius,

m Sulp.
rira
Scv., Viln Mnrt., n, 23. Beat. Paulia., Vila S. Martim., L Ui. — (t) Sulp. Set..
;3) .S. Martin., n. ii.
»

LIVRE THENTE-SIXIKME. 3»
piéfet (lu préloii'P, homme ju'le, mais anlent raillos solennelles.Mais avec le temps et par
et scvère. Il e.\:pmiii:i deux fois Priscillien, et les instructions desaintAmbroise etiles Papes,
\e oonv.aiiKjuit rie plusieurs crimes par sa pro- les priscillianistes se reconnurent et, dès ,

pre cDiitVssiiin, car il ne désavouait pas d'a- l'an iOO nous en verrons un grand nombre
voir étudié des doctrines honteuses, d'avoir abjurer leurs erreurs et rentrer dans l'E-
tenu de nuit des assemblées avec des femmes glise. «
corrompues, et d'avoir accoutumé de prier La révolution politique qui venait de perdre
DU. Evodius le déclara donc cou|»al>le, elle Gralien, d'ébranler Valentiuien, son frère, et
mit en prison jusipi'à ce qu'il eùl fait son rap- d'elev<'r Maxime, fit concevoir aux païens
port au prince. Les actes dji procès ayant été l'espérance de rétablir les privilèges de leurs
portés devant l'empereur, il ,juij;ea cpie Priscil- idoles. Le pins éloquent d'entre eux, Sym-
lien et ses coniidices devaient être condamnés maque, alors préfet de Rome, s'était déjà inu-
à mort. Aloi's jlbiice s'aper(,nil comliicn il se tilement adressé à Gralien, qui n'avait pas
rendrait odieux aint i'\éi|ues, s'il assistait aux même jugé à propos de ii'pondre à sa requête.
dernières procédures conlnî les criminels; car Il espi'rail mieux sous lelaible gouvernement

il faliait les juger encore une fois pour pro- de Valentinien et de sa mère. Il fit donc faire
noncer la sentence détinilive, et il n'en avaiî, un décret au nom du Sénat, en forme de
que trop fait, ayant même été présent (]uand plainte, sur tous les privilèges ôtés au paga'
on leur donnait la question. Ithace donc, nisme. Puis, comme obligé par sa charge de
craignant de s'attirer plus de haine, se retira, rendre compte de ce qui se passait dans le
et l'empereur commit à sa place, pour accu- ville, il dressa une relation qui contenait les
sateur, un nomme Paliice, avocat du fisc. mêmes plaintes, et s'adressait, suivant la for-
A sa poursuite, l'risciUien fut condamné à mule ordinaire, aux trois empereurs, Valen-
mort, et avec lui deux clercs, Félicissime et tiuien, Théodose et Arcade; mais elle ne fut
Arménius, qui avaient quitté depuis peu l'E- en présentée qu'à Valentinien. Là, Sym-
effet
glise calhidiquc pour le suivre. Latronien, maque, employant tous les artifices de sa rhé-
laïque, et Euchrocia furent condamnés de toriijue, dit qu'il agit en deux qualiti's, comme
même, et tous les cinq exéculés à mort. L'évè- préfet et comme iléputé. Il se plaint de l'au-
que Instanlius, déjà condamné par les con- dience qui lui avait été refusée dans sa dépu-
ciles de Sarragosse et de Donleaiix, fut banni tatiou précédente, et se promet que l'on cor-
dans l'ile Syline, au-delà de la Brelagne. On rigera les désordres du règne passé". Ce qu'il
continua ensuile à faire le procès à il'autres demande principalement, c'est le rétablisse-
priscillianistes. A-arin et Auiélias , diacres, ment de l'autel de la Victoire, sur lequel les
fuient condamnés à mort, 'liliérien fut envoyé sénateurs avaient coutume d'ofl'rir des sacri-
dans la même île et ses l>icns conhscjués. Ter- fices et de prêter leur serment de Ijdèlité au- ;

tullus, Potamius et Jean fureiU seulement re- trement, la victoire abandonnerait l'empire,
légués pour un temps dans les Gaules, tant et le sénat serait ouvert aux parjures. Il in-
parce qu'ils étaient moins considérables, que siste sur l'antiiiuité et la torce de la coutume ;

parce qu'ils étaient plus dignes de compas- et, cmidoyant la figure querhétoriciens
lei
sion, s'étant accusés eux-mêmes et leurs com- ajqielli; prosopopée, il fait parler Home, qui
plices avant la i]iiestion. Ainsi furent punis dit :IJu'elle veut garder la religion dont elle
En même temps, le peuple
les j)riscillianistes. s'est bien trouvée qu'elle est tro[) âgée pour
;

de Bord(;aux assomma à coups de picires une changer, et que c'est lui faire injure de vou-
femme *[m s'obstinait à did'endie la même loir h ".orriger dans sa vieillesse. Pour ne
impiété. pas oDênser les empereurs, auxquels, du reste,
(lomme mellaient en prin-
les priscilliani-tes il prodigue les titres de dieux et d'éternilés, il

cipe et en action une doctrine ipii renversait V3ul faire croire vpie c'est le même dieu qui
directement la morale et la société, dont elle est adoré sous divers noms. 11 tâche de les pi-
est le fondement, lenouvoii' tem|joiel, chargé quer de générosité, par le peu de profit qu'ap-
de maintenir cette sicitVe et celle morale, porteront à leur trésor les confiscations dont
avait non-seulement le droit, mais le ilevoir il se plaint, et île les épouvanter par Ics cala-

de les répiimer et de les punir nuiis il ne ; mités |iubliques, qu'il allribne à ce mépris de
convenait [las i]u'un évêqne, ipiiltant le tri- l'ancienne religion sur quoi il l'ail une des-
;

bunal misi'ri. ordieux de l'Eglise, poursuivit cription tragique de la lamine dont Rome
les coupables au tribunal sanglant de César. avait été afUigée l'année précédente. C'est cie
Aussi l'évêque Uhace ful-il Idàmé gi'nérale- que le plus habile homme de ce temps-là
ment par tous ses collègues nous le verrons
;
trouvait de plus solide pour la défense du pa-
même déposé et banni. D'un autre coté, l'exé- ganisme.
cuti(jn lie Priscillien, loin d'éteindre scui hé- Saint Ambioise, ayant euavis de cette rela-
résie, ne lit que l'étendre el la foitili(!r, du tion, éciivit au même instant à l'empereui
moins pour un temps, et eu E-[ia;jne. Si^ssee- Valentinien, iioni ("inpecher qu'il ne se laissât
'.ali'Urs, qui riinnoraient di-jà comme saint, prévenir par les idolâtres, Vos sujets, dit-il,
ii

passèrent Jn<(|n':i lui rendrt! le ciille d'un mar- vous servent, el vous servez l'ieu. ous devez
tyr, et leur plii^ 'jrand serment eta;t ibî jun-r an mollis ne p.is coiiseulir que l'on serve les
par lui. On ra|i|.iiit a eu Espugni- smi C(ir[(s et idoles. Oi', ce si'rail leur donner du viMre que
•eux de ses cijiijplii''!â, el ou leur lit des t'uué- de leur icudro ce q^ui est coulisi|ué depuis
t. If

}38 HISTOinE UNIVERSRI.LE DE L'EGLISE CATHOLIQUE

longlcmiis. Us se plalî^inMit à", leurs pertes, Sain I .\njbroise de


réfute la pro«0|>opée
eux (jui n'onl jamais épai ,L;né noire sanjj et Syinmaque par une autre où avuuer à il fait

qui ont renversé jusqu'aux hàtiments des Uome qu'elle d<jil ses victoires, non point aux
éj^lises. Ils demaudeiit des privilèges, eux qui, intestins d<;s animaux iju'on immolait aux
Sdus julien, nous ont refusé la liberté com- idoli's, mais à la valeur de ses ijuerriers.

mune de jiarler et d'enseigner. Vous ne devez « Pourquoi me rapiieler l'exemple des an-
pas plus donner atteinte à ce que vos prédé- ciens'.' je hais le culle cies Néions. Esl-ee donc

cesseurs ont ordonné pour la religion, qu'à une chose si nouvelle qui' b-s li.irbares aient
ce qu'ils ont ré^lé pour les allaircs civiles. pa.ssi; leurs frontières? Etaient-ils donc chn^

Une personne n'abuse de voire jeunesse. Si tiens, ces deux enqiereuis donl l'un lut<'aptif
c'est un païen qui vous donne ce conseil, qu'il chez les Perses, et dont l'autre vit l'univers
vous laisse la lilicrté que vous lui laissez; car captif sous scm régne'.' N'y avait-il |ioiiit aloi»
vous ne contraignez peisonne d'adorer ce qu'il l'aulel de la Victuiic? Pour moi, je ne roiiuis
ne veut pas. S'il se dit fhrétien, ne vous lais- point dans ma vieilesse de charger en mieux
sez pas tromi)er au nom, il est païen en elTet. avec l'univers entier. La seu <• chose que j'a-
Ce sérail exciter la persé'ulion contre les sé- vais de commun avec les Birbares, c'était
nateurs dirétiens, que de les obliger à jurer d'ignorer Dieu. Votre sacrilic ne consiste •

devant cet autel et à y re.-pirer la fumée des qu'à ré[(andre le saug de^^ béte-. Que clier-
sacrilices profanes car c'est un pi'lil nombre
;
thez-vous les oracles de Dieu dan- de- betes
de païens qui al)usenl du nom du sénat. Je mortes'.' Apprenons sur la terre la milice du
vous demandi; donc comme évéquc, el au nom ciel nous vivons ici-bas, mais nous combat-
;

de tous les évéques (jui se joindr.iienl à moi, tons pour là-haut, l'onr le mystère des cieux,
si cette nouvelle était moins subito el moins que Dieu lui-même me l'enseigne, lui qui les
incroyabb% de ne rien ordonner sur cette re- a créés non pas l'homme, qui s'ignoie lui-
;

quête. Uu moins, donnez-en avis à votre père même A qui en croirai-je davantage 'Ur Di'U,
!

l'empereur Théodose, que vous avez coutume si ce n'est à Dieu ? Comment puis-je vous

de consuller dans les grandes affaires, ^ue croire, vous qui, de votre propie aveu, ne sa-
l'on me donne copie de la relation (jui vous a vez ce que vous adorez? »
été envoyée, afin que je puisse y rcpimdre Sur la plainte que laisaient les païens, qu'on
plus amplement si ou ordonne autre chose,
: avait été à leui's idoles leurs revenus et leurs
nous ne p(uirrons le dissimuler. Vous pourrez privilèges, il dit «Voyez notre ma;:nanimité !
:

venir à l'église; mais vous n'y trouverez point Nous nous sommes accrus par le:- mauvais
d'évèque,ou vous en trouverez un qui vous ré- traitements, [lar la pauvreté, par les supplices;
sistera et repoussera vos offrandes. » Il le con- eux ne croient pas que leurs cén;monies puis-
jure enfin de ne rien faire d'injurieux à la sent subsister sans être lucratives Ils ne peu-
mémoire de son père et de son frère, ni sur- vent croire c|ue l'on i;arde la virginité gratui-
tout à l'honneur de Dieu. tement. .V jieine y a-t-il sept vestab s voilà :

Ensuite^ saint Ambroise, ayant re(^u la copie tout le nombre que l'on oldige à garder la
do la relation deSymmaque, y fit une réponse chasieté pendant un li^mps prescrit, par de»
jiar laijuelle il toutcs^es couleurs de sa
ell'ace ornements de lèle, des habiis de pourpre, la
rbélorique. « Dans requête de l'illustre
la pompe de leurs litières, et d'un grand nombre
préfet, dit-il, Kome en pleurs redemande de serviteurs qui les suivent, de grands privi-
d'une voix plaintive ses antiques cérémonies. lèges el de grands revenus. » Il leur opposi- la
Voilà, s'écrie-t-elle, ce qui a repou>se Annibal multitude ou, comme il dit, le peupi- des
de mes murs el les Gaulois de mon Capilole. vierges chrétiennes, dont la pau^ietè, les
Voulant ainsi ptoner la puissance de sa reli- jeûnes, la vie humliie ce austère seml>laienl
gion, il en trahit la faiblesse. 1)(uh' Annibal plus propres à délourncr de celle prulessioa
a buigtemps insulté à la religion de Rome, et, qu'à y attirer.
malgré les dieim qui coinb.itlaient contre lui, » Ils se iilaigucnt, cx)ntinue-l-il, que l'on ne
il a poussé ses victoires Mi-qu'aux murs de la donne pas de pensions aux saeiiiii aleurs cl
ville. Pourquoi donc se sonl-ils laisse assiéger aux ministres des temples, aux dep nsdu pu-
ceux pour qui leui's dieux a\ aient pris les blic; el pour nous, au contraiic, d^s lois ré-
armes'.' Une dirai-je des Gaulois, que les dé- centes nous [irivent même* des succession- des
bris de Home n'eussent pas empêches de pé- particuli'TS, donl elles ne privi-nl pas le? mi-
uétrer dans l'inlérieur du Capitule, si um- oie nistres des temples. Si un prêtre veul jouir d"
ne les avait trahis par le cri de sa peur'.' Voilà l'exemption des ch.irges municipales, il fini
quels sont les iiroledeurs îles temples romains. qu'il renonce au bien de ses aniélivs, ImimIk
Où était alors .Jupiter'.' Esl-ci; iju'il parlait qu'un decurion est exempt de ces même»
dans une oie'? Mais pourquoi nierais je que le charges. Je ne le dis pas pour m'cu {ilaindre,
paganisme ait comballu pour les lîoinaius"? mais pour uumtier de quoi je ne me plaiiKi
Toutefoi», \nnibal ador.iil le~ mêmes i:ieu.\. pas. Ils répondent que l'Eulise a des revenus:
Qu'ils elioisissenl doue ce cpii leur plaira. Si que ne fai-ai -nt ils fe même usa«e <les leurs?
le |iagaiiisine a vaincu d.ins 'es itoaiains, il a Le bien de l'Eglise est l'eiilrelien ilcspaiivn»j.
Siicciimbé dans les Carihagiuois s'il a suc-
; Qu'ils complenl captifs que leurs l'iuidw
les
combe dans les Carthaginois, il a été inutile ont rachel pauvres qu ils uni uourns,
-. les
tux Uomains mêmes. « les exilés qu'ds ont secourus 1 Ce qui ne tour-
LITRE fREXTE-SIXIÊMB. 339
naît qu'an profit des sacrificateurs, s'empluie Symmaque demanda au Pape et en obtint une
& l'uUlitP pul'liijue; et voilà ce qu'il? alli'iriinnt attestation écrite de son innocence; pui-, l'ei
pour cause des calamités « Ensuite il réfute ! voyant aux empereurs, il dit : « Que le ca'oH
la calomnie de Symtnaque, ijui im|iutail la niateur, quel qu'il soit, réponde mainten.-^
famine au mépris de sa reiijjinn, en montrant aux lettres de l'évêi|ue Damase, quj nie qu'au
que ces accidents sont arrivés de tout temps, cun de sa religion ait éprouvé de tort. Quank
et que celui de la dernière année n'avait af- à moi, comme ce dign-' évéque déclare qu'au-
fligé que l'Italie. Il répond aussi au malheur cun des siens n'est retenu en prison ou dan»
de Gratien par les exemples des princes ido- les fers, et que les officiers de la justice attes-
lâtres, et particulièrement de Julien, qui mon- tent la même chose, j'ignore qui sont ceux qu«
trent que ce sont les vicissitudes ordinaires vous voulez que je délivre. la véritiS il y a A
des choses humaitM>.s(l). dans les prisons plusieurs criminels mais, ;

Les deux mémo'ii'es de saint Ambroise furent d'après la connaissance que j'en ai prise, ils
lus dans le consistoire au conseil d'Etat. .Néan- sont étrangers au mystère de la loi chré-
moins tous les conseillers, soit chrétiens, soit tinnue (3). » Ces paroles, dans la bjuche d'ua
païens, étaient d'avis qu'il fallait acquiescer à magistrat jiaïen, sont un bel éloge du chris-
la requête de Symmaque. Valentinien seul tianisme. En généial, la noble conduite de
tint ferme contie tous, reprochant aux chré- ces grands personnages, Symmaque, Ambroise,
tiens leur perfidie, et disant aux païens « Ce : Damase, dilate et élève le cœur.
que mon pieux frère a (Mé, comment préten- Saint Damase mourut cette même année 38 1,
dez-vous i|ue moi je le remette? Ce serait ou- le onze décembre, âgé de près de quatre-
trager tout ensemble et la religion et mon vingts ans, après un long et glorieux ponti-
frèie, à qui je ne veux point céder eu piété. » ficat de dix-huit ans et environ deux mois. II
Comme on lui opposait l'exemple de son père, avait eu dessein de se fai*e enterrer en un lieu
il r 'pliqua « Vous louez mon père de ce qu'il
: où étaient les reliques do saint Sixte et de
lie vous a rien ôté je ne vous ai rien ôlé non
: plusieurs autres martyrs mais il en fut dé- ,

plus. .Mais mon père vous a-t-il rendu quelque tourné par la crainte de troubler leurs cenilres.
cliose, pour me prouver que je dois rendre? Il fut donc enterré dans une église qu'il avait

Api'cs tout, mon fi'ère était aussi empereur fait bâtir aux Catacombes, sur le cliemia
que mon père. On leur doit le même respect à d'Ardée, auprès de sa mère et de sa sœur, la
ttm- deux. Je les imiterai donc l'un et l'autre. vierge Irène, ilont il avait fuit l'épilnphe il ;

Je ne vous rendrai point ce que mon père n*a fit aussi la sienne, dans laquelle il proteste

pu vous rendre, parce que personne ne vous qu'il espère ressusciter un jour. Il avait fait
l'avait oté, et je maintiendrai ce qu'à ordonné rebâtir, augmenter et embellir l'église de
mon frère. Qu'" Rome me demande toute autre Saint-Laurent, où il avait ser^^ après son
gi'àce qu'elle voudi'a ; je lui dois l'aBection père, et l'avait ornée de peintures d'histoire
comm à une tûère, mais je dois obéir de pré-
'
sainte que l'on vo^'ait encore quatre cents ans
férence à l'auteur de notre salut (2;. » après, enrichie de quantité de vases d'argent,
Symmaque qui, dans sa requête, avait tant et augmenté considérablement ses revenus en
vanlé la pureté des vestales, en reçut quelque maisons en terres. Celle de Saint-Pierre-du-
et
temps aprec une lerrible confusion, lui et tous Vatican se ressentit aussi de ses libéralités. Il
les païens. Une veslale fut convaincue d'in- y fit conduire une fontaine pour .servir de
te>le. Symma |ue, souverain pontife des idoles fonts baptismaux, ayant rassemblé, à cet ef-
t- luis que Gi'atifm avait refusé ce titre, se vit sources du Vatican, qui mouillaient les
fet, les
ib igé lie (lour.-uivre devant le préfet de Rome, ciuvs qui y étaient enterrés. Outre l&s lettres
Jdi -uccesseur, la punition de la vestale cou- et les petits poèmes que nous avons de lui, i

paljle. Elle futenteiréc vive, selon les lois an- avait écrit plusieurs décrétales en réponse aut
ciennes, et son corrupteur puni de mort. consultations de l'Orient et de l'Occident, qui
Au contraire, s'il se vit contrarié par saint ne sont [las venues jusqu'à mius (4i.
Amhroi-^e et par le pqie saint Damase dans A
sa pla '6 fut élu Sirice, romain de nais-
ses re lU^'Ies pour Is idoles, il trouva en eux sance, tils de Tiburce et prêtre du litre de
desLiléfenseurs sims il'autres rapports. Il avait pasleur qui tint le saint-siège environ
,

re(;u la commission de reclicr. her et diî pour- quin2e ans. L'empereur Valentinien approuva
suivre ceux qui .ivaieiit enilommagé les murs citte élection, comme on le voit par un res-
de la vill . Il fut aciusé près des empereurs crit du 23 février .'185, adressé à Pinien, pré-
d'aviiii- lait enl ^ver à cetl' oceiision des chré- fet di! Rome, et mari de saint' Melanie la
tiens du sanctuaire des é^ilises, pour les mettre jeune. Il porte qui' Siricf. a été élu Unit d'une
à lu torlurt! ; d'avoir mU en prison
des évèqucs voix, et Ursin rejeté par les acclamations du
m''mcs, qu'il envoyait prelidre dans les pro- peuple, par où l'on voit qu'Ursin n'avait pas
vinces. Valeuliuien, dans un premier mouve- eiu'ori' renoncé à ses prétentions (.H).
laeril d'in.lignalion, rendit contre le préfet un llimérius. qui gouvernuitilepi'i'^ longtemps
kilt sévén^ lui ordonnant d'clar^;ir tous les l'enlisédcTariai;one,m'trop df .Cum' vn-iiudd
h'.sonnieis et de ces-^er ses poursuites iuju-les. partie l'E-pa:;iie, avait enve-^ * '*<>me,
de

M', K'iibr., ' <t. xviir. — (2) De nhii. VaUnl., n. 19 el 20. - (3) Sy"1" l- X, c xxxiv. — (4) Anaslds^i
TiiiuBoiU, CuilLâr.
i'
— (5) CousU, col. 639
MO HlSTdlRE UNIVERSKLLF. DE Lf/II.ISE CATHOT.IOUB
vers pape Damase, un prêtre nommé Ba--
le reçoivent au même moment, Ae peur que «i
gicn cliargé d'une consullalion sur ilivers
,
quelqu'un meurt sans baptême nous ne réi»on-
points de, discipline ctclcsiasliiiuc. Il n'arriva diiiii^ de la perte de son àme au péril de la

qu'après rdnlinatioii de Siricc, qui des le , notre. (!omme le grand nombre de ceux qu«
cdinincncement de son [lonliiiriit, lit n''[)onse l'on baptisait alors étaient des adulte», il con
par une lettre cidéhre, la première des lettres venait qu'il y eut des époques rares et s(den-
semblables qui soient venues jusiiu'à nous, iielles, alin de les y préparer mieux. Aujour-
et que l'on nomme
parce <(ue ce
df^crétales, d'I' ai qu'on ne baptise plus guère que «les en-

sont des résolutions qui ont force de loi. fants, pour lesquels dès lors on n'observait
Celle-ci est du il février 385. Elle commence pas d'époijue, cette ancienne discipliDe c^.
en ces termes : devenue sans objet.
Siricc à Himcre, évèque de Tarragone. La
(1 Sur la (lénilence Les apostats qui retour-
:

lettre de votre fraternité, adressée à mon pré- nent à l'idolâtrie, sont privés des sacrements;
décesseur bamase, de sainte mémoire, m'a seulement ils seront réconciliés à la mort, s'ils
trouvé établi déjà dans son sii'gc par la volonté passent tout le reste de leur vie en [lenilence.
dn Seigneur. L'ayant li« attentivement dans ilimêre avait encore consulté le siège a|inslo-
l'assenddée des frères, nous y avons trouvé lique sur ceux qui, ajirès avoir l'ail pénitence,
aillant de choses à reprendi-e et à corriger retournent à leur lomissement, soit en por-
que nous aurions voulu y en trouver à louer. tant les armes, ou exerçant les charjie-, soit
Et puisque ce nous était une nécessité de suc- en fréquentant des spectac-les, ou en contrac
céder dans les travaux et les sollicitudes, à tant de nouveaux mariages, ou bien en u?ant
tjui, par la grâce de Dieu, nous succédions de ceux qu'ils avaient contractés auparaviiut
dans l'honneur, après vus avoir d'abord fait comme le font voir les enfants qu'ils ont eus
part de notre promotiin, comme il fallait, aiuès leur absolution. Le Pape répond que
nous ne refusons pas une réponse compétente ceux-là, n'ayant plus le remeiie de la péni-
à chaque article de votre consultation, suivant tence, participeront dans l'Eglise aux prières
ce que Seigneur a daigné nous inspirer.
le des lidèles et assisteront à la céléhralioD des
Car, à raison de noire oftice, il ne nous est mystères, quoiiju'ils ne le méritent pas mais ;

pas libre de dissimuler ni de garder 'e silence, ils seront retranchés de la table sainte. 'Foule-
a nous qui acvons avoir un plus grand zèle fois, comme ils sont tombés par la fra«ilitê de
que tous pour la religion chrétienne. Nous la chair, ils recevront le viatique à la mort. Il
portons les fardeaux de tous ceux qui sont faut suivre la même règle pour les femmes,
accabléSj ou plutôt c'est l'apotre saint Pierre qui, après leur pénitence, se trouvent dans un
qui les porte en nous, lui qui, nous en avons cas semblable.
la contiance, nous protège et nous défend en On voit par ce canon, ainsi que par plus'eur»
toutes choses, nous les héritiers de son admi- autres, que, du moins dans bien des églises de
nislraiion. » On voit, par ces paroles, que si l'Occident, ceux ijui embrassaient la pénitence
le Pape lisait les consultations dans l'assem- publique étaient tenus, non -.seulement dan* le
blée des frères ou dans un concile, l'autorité temps de leur pénitence, mais encore après,
par la<iuelle il décide remonte au prince des à renoncer à toute milice soit de robe, soit
apôtres. d'èpée, à ne point contracter de mariage, à
Sur le baptême, il défend de rebaptiser les ne point userdecelui qu'ils aurident contracté
ariens : Suivant
décrets généiaux en
n les precèdeinmenl. Le pape saint Léon repondra
voyés aux ju'ovinces, par mon prédécc.-seur de même, iju'il était contraire aux règles ec-
Libère, de vénérable mémoire, après qu'il eut ilè.-iastiques de rentrer dans la milice sécu-
cassé le concile de Kimini, nous les réunissons lière après la pénitence; ou de se marier, si
à l'assemblée deslidèlcs, comme les novatiens ce n'était que le pénitent fût jeune et en i>éril
et les autres hérétiques, par la seule invoca- de tomber dans l'incontinence encore ne le ;

tion du Saint-Esprit et l'imposition des mains lui accordait-on que par indulgence (I). Le
de l'évèque ; règle di.nl il ne laudra plus vous pape saint Grégoire VII dira pareillement que,
écarter, si vous ne voulez être séparés de not 'e jiour une véritable pénitence, il faut déposer
communion. » les ai mes, et ne les plus porter jamais, si ce
En Lspagne, chacun baptisait quand il le n'est du conseil des éveques et pour défendre
jugeait à propos, à Noèl, à l'Epiphanie, aux la justice (^).
fêtes des apôtres et des martyrs. Le Pape veut Ijiiant aux moines cl aux religieuses qui,
qu\)u observe l'usage de toutes les Eglises, et au inepiis de leurprofes>ion, auront contnicU
qu'on ne baptise qu'à Pâques et pendant les des conjonctions sacrilège», condamnées éjça-
cinquante jours suivants jusqu'à la Pentecôte. lemenl et par les lois civiles el par les lois
Mais pour le- entants qui ne peuvent encore cccloîiastiques. le jiape .saint Sirice réjiond
parler, et crnx (|iii se Inuivcnt en quelque ipiils doivent être chassés de la communauté
nécessité, ..imme dans un naufrage, une in- liesmonaslêies et des assemblées des églises,
cursion d'onnciuis, un siège ou une mahuii»! el enfermés dans des prisons p<>ur y pleurer
di'scspérée, nous voulons, dit-il, que icu.v qui leurs péchés, et ne recevoir la lommunion
demaïutent le baptême dans ces occasions, le qu'à la mort. U est défendu d'épouser la tille

(I. 1-Oou, Hpui. xcu, aJ nufl. — (2) Ubbe, t. X, col 373. Morin, Dt Pmut., l V, e. xxi-xur.
LIVRE TRENTE-SIXIÈMB. Ml
fiancée à un antre et c'est une espèce de sacri-
;
dessous de trente ans, ils soient promus aux
lège, de violer la bénédiction des fiançailles. moindres ordres par tous les degrés, et qu'ils
Il y avait en Espagne des prêtres et des dia- viennent dans un âge mùr au diaconat ou à
cres qui, longtemps après leur ordination, la prêtrise ; mais qu'on ne les fasse pas tout
vivaient avec leurs femmes ou avec d'autres, d'un coup sauter à l'épiscopat. Comme il n'est
en sorte qu'ils en avaient des enfauts, et allé- point permis aux clercs de faire pénitence
guaient pour prétexte de leur incontinence publique, ainsi il n'est pas permis d'admettre
l'exemple des prêtres de l'ancienne loi. A quoi à l'honneur de la cléricalure 1er laïques qui
le Pape répond que ces anciens usaient du ont fait pénitence publicfue, quoique réconci-
mariage, parce que les ministres de l'autel ne liés et purifiés de leurs péchés. Le Pape use
pouvaient être d'une autre famille, et toutefois d'indulgence pour le passé à l'égard de ceux
ils se séparaient de leurs femmes dans le qui ont péché par ignorance contre ces règles,
temps de leur service. Mais Jésus-Christ étant et qui se sont introduits dans le clergé, étant pé-
venu perfectionner la loi, les prêtres et les nitents ou bigames ;mais à la charge qu'il»
diacres sont obligés, par une loi insoluble, à demeureront dans leur rang, sans espérance
garder, du jour de leur ordination, lasobriété d'être promus à un ordre supérieur. Quant
et la continence pour plaire à Dieu dans les aux souverains prélats de toutes les provinces,
sacrifices qu'ils ofl'rent tous les jours. Ceux conclut-il, si à l'avenir ils se permettent encore,
donc qui ont péch<; par ignorance et recon- contrairement aux canons et à nos défenses,
naissent leurs fautes, demeureront dans l'ordre de promouvoir des individu; de cette sorte
où ils sont, à la charge d'observer la conti- aux ordres sacrés, qu'ils sachent d'avance, et
nence à l'avenir ceux qui voudront défendre
;
qu'eux-mêmes et ceux qu'ils au^roni ainsi pro-
leur erreur, ?eront privés de toute fonction mus, subiront, de la part du siège apostolique,
ecclésiastique par l'autorité du saint-siége: la sentence qu'ils méritent. " Enfin, après
ce qui est dit en général pour les évêques, les avoir félicité Himère d'avoir consulté l'Eglise
prêtres et les diacres. On n'examinait pas romaine comme la tète de son corps, il l'ex-
assez les ordinands, principalement sur la horte à notifier ces décisions à tous les évê-
bigamie; c'est pourquoi le Pape donne ces rè- ques, non-seulement de sa province de Tarra-
gles Celui qui, dés son enfance, s'est dévoué
: gone, mais de celle de (!arthagène, de la
au service de l'Eglise, doit être i>aptisé avant Bétique, de la Lusitanie, de la Galice et des
l'âge de puberté, et mis au rang des lecteurs. autres provinces de son voisinage ce qui ;

S'il a tenu jusqu'à trente ans une conduite comprenait Gaule uarbonnaise (1).
la
approuvée, se contentant d'une seule femme, A la suite de cette lettre se trouve, dans
<|u'il l'ait épousée vierge avec la bénédiclioc d'anciens manuscrits, un décret du mime
du [irètre, il doit être acolyte et sous-diacre. Pape, qui porte que toutes les causes pui con-
Ensuite il peut monter au degré du diaconat, cernent la religion et l'intérêt des églises,
s'il en est jiigi' digne, après avoir promis la doivent être portées au tribunal des évêques,
continence, (jiiand il aura servi dignemi^nt et non des princes de la terre (2).
plus de cin(| ans, il pourra recevoir la prêtrise. Sirice, quehpie temps après son élection,
l)ix ans api-rs, il pourra monter à la chaire écrivit à l'empereur Maxime pour l'exhorter,
éj)ii-ciipali', si l'on est content de sa foi et de ce semble, à suivre et à défendre la vraie foi,
ses mu'urs. Mais crlui qui, dans un âge avancé, et l'informer d'un nomme Agrice, qui avait
d(''sirc entrer ilans le clergé, ne l'obtiendra été fait prêtre contre l'ordre des canons. Nous
qu'à condiliiui d'êlre mis au rang des lecteurs n'avons plus cette lettre, mais la réponse qu'y
ou des exorcistes, aussitôt après son baptême, fit l'empereur. Il y appelle le Pape seigneur

pourvu qu'il n'ait eu ([u'une femme et qu'il apostolique et bien-airaé Père. Il y proteste
l'ait prise vierge. Deux ans après il pourra être qu'il se sent d'autant plus d'amour pour la
acolyte et sous-diacre pendant cinq ans, et foi catholique, qu'il icçoit plus de faveur de
ainsi être élevé au diaconat ; puis, avec le la part de Dieu, (}ui l'a élevé à l'empire au
temps, à la prêtrise ou à l'épiscopat, s'il est sortir des fonts de baptême. 11 promet d'as-
choisi jiar le clergé el le peuple. C'est la i)re- sembler tous les évè(|ues des Gaules et des
mière ordonnance ecclési'isli(|ui' où l'âge des cinq provinces lie la Narbonnaisc pour juger
ardinands et les interstices ^(urnt niarcjnés si l'alfaire d'Agrice il a du zèle et fait son possi-
;

ilislinctenieiil. Ony voit ipie l'Eglise ne désap- ble pour conserver la foi culholiquo, maintenir
prouve pas que les hiiciucs s'ollVent d'eux- l'union entre les évêques et corriger les désor-
mêmes ])(iur (Milri'r li.uis le clerg(^ Le clerc dres qu'il avait trouvés à son avènement à
qui aura épousé un(ï veuve, ou piis une se- Tenqiire, désordres tels, tiue bientôt les maux
c<uide fi'inme, l'st réduit à la cnininuiiion étaient irreniédialile-. Quant aux abomina-
laïque. Il est défendu aux femmes d'iialiitcr tions des manichéens ou priscillianistes, décou-
dans les maisons des clercs, sinon irllcs que vertes récemment, non par des conjectures et
permet le conrilc de Nici'e. des sou|ii;ons incertains, mai;- par la confes-
((Nous souhaitons, dit Ir Pape, (|ue les sion qu'ils en avaient faite eux-mêmes devant
moines qui seront trouvés dignes soient admis les juges, il aimait mieux que Sa Sainteli- ea
dans le clei-gé, à la charge que, s'ils sont au- prit connaissance par les actes qu'il lui en-

(1) Lttbba, t. ili Coustuiil • C2> lOtU., col. 638


Mt HI8T0IRE UNIVERSELLE 0B L'ÊGLIBE CATHOLIQUE

voj'ait, n'osant, par pudeur, .lire liii-mftme ce plus iluns le clergé ni inèrafi dans l'Eglise
qu'ils contenaient, tant les laits étaient hon- sans une iiénitence pleine et entière.
teux (1).
Le l'ape presse ensuite les prêtres et les
Ce l'ut aussi dans les commencements de diacres de vivre dans une exacte continence,
son pontificat que Sirice écrivit à Anysius, comme étant obligés tous les jours de servir &
ilisciple de sair* Aschole et son succi'sseur l'autel, leur re|)re.sentaut que si l'Apotre l'or-

dans le siège de Thessalonique. L'évc-queC^an- donne aux la'lipies dans le teuqis <|u'iU doivent
didien fut porteur de cette lettre mai?, ;
vatjuer à l'oraison, les prêtres doivent, à plus
comme il après, le l'ape douta
mourut peu forte raison, l'observer en tout tcmiis, n'y en
qu'elle fût parvenue à son adresse. 11 se con- ayant point où ils ne piiisf^cnl se trouver dans !•
firma de ce deule. quand il apprit que les nécessité oud'olfrir le sacrilice, ou de conféref
désordres qui arrivaient depuis quelque le bii|)tèine. Il leur fait voir que saint l'aul, en

. temps dans l'ordination des évèques d'Ulyrie voulant qu'un prêtre n'ait épousé qu'une
continuaient, en sorte qu'on en avait ordonné femme, ne lui laisse pas la libei lé d'en user,
trois dans une seule église. N'ayant donc pu mais que son intention cet (|u'il vive rians une
savoir si sa première lettre avait été rrndiie, parfaite continence, <oaiuie i' y viviiit lui-
il en écrivit une seconde quelques mois après. même. 11 déclare que ceux qui relu-eront
Il y presse Anyrius de veiller sur les ordina- d'observer ce qui est p^e^cril dans sa lettre,
tions de rillyne, e» d'en réi.rimer les abus. seront séparés de sa commurdon et subiront
Il veut qu'aucun éve ;»ie ne soit sacré que de les peines de l'enfer. Il retonimande aux évo-
sa main ou de son consentement qu'au cas ;
ques d'allier la miséricorde avec la justice, et
qu'il ne puisse les sacrer lui-même, il en détendre la main à ceux qui tombent, de peur
donne la commission ]iar écrit à quelque autre qu'en les abandonnant à eux-mêmes ils ne
évé(]ue capable de mettre à la place de celui périssent sans ri;ssource. La lettre est datée da
qui serait mort ou (lépos.'5i. un évéque catho- six janvier 380.
lique et de b(jnnes mœurs, suivant les décrets Llle lut d'abord adressée aux évêques d'Ita-
de Nicée et de I'EkIisc romaine, le prenant lie, qui n'avaient pu venir au concile; puis,

parmi les clercs de l'église vacante, s'il y eu a coniini! circulaire, à tous les évéques d'Afrique
qui le mérite (2). et probablement à tous les évéques du raor.ile,
Le Fa[ie, ayant assemblé un concile à Rome, comme nous le voyons déjà pour une lettre du
des reliques de l'apôtre saint Pierre, par pa]ie saint Damase, udres-ée d'abord al'lllyrie
f)rès
equel ,dit-il, a commencé l'orivçine et de seule. Cette lettre de samt Sirice fut lue en
l'apostolat et de l'épiscopat dans le Cbii?t, y 41«_, au concile de Zelle en Afri.|ue, daus la
rappela avec quel soin les évéques doivent province de Télepte, sous la pré-i'^rnce de
veiller à la puieté de l'Eglise et renouvela ;
Donatien, métropolitain de celle ilernière \ille.
quelques anciens statuts qui y avaient rap- Elle y portait pour inscriidion : A nos bien-
port, mais que la négligence et la paresse aimés frères et coévèques en A*"'i.|ue, Sirice.
avaient laissé abolir dans plusieurs églises On y modiha, oupeut-èire le l'ap* même avait
particulières, ceux qui en étaient évèquc? modilié le premiisr statut de celte manière :
s'étaut laissé aller aux usages du monde, sans Uue |ieisùnne n'ose ordonnera l'insu du siège
craindre les jugements du Soigneur. Ces sta- apostolique, c'est-à-dire du ]irimat (3). Apn:s
tuts sont au nombre de huit. Le premier tout, il est aisé de voir que la discipline actu-
défend d'ordonner unévèque à l'insu du sic'gc elle, d'après laquelle aucun évèque de l'uni-
apostolique. Le second ne veut pas qu'un vers n'est ordonné et institué sans l'aveu el
évéque soit ordonné par un seul évèque. H est" l'autorilé du Pape, remplit ]iarfaiteii)eiil les
détendu par le troisième d'admi'ltie dans le vues de saint Sirirè, et prcvienl a 'icu près
clergé celui qui, après la rèmisfion de ses tous les inconvénients «jui uccii|iaient -ans
péchés, c'csl-à-dire après le liaptêmc, aura cesse les ancierrs Papes ellesaiicieii' conci'es.
porté le bandrie.' de la milice séculière. Le Unclque temps après, Sirice écrivit une se-
quatrième porte défense à un clerc d'épouser conde lettre, adressée, comme la précédente,
une femme veuve dans quelques manuscrils
; non seulement aux èvéïpici d'Italie, mais en-
on ne lit pas le terme de vetwe en sorte ipie ; t<ire à ceux des diver^es yrovinccs, tant do
le senîi du canon serait qu'il n'est pas permis r.Mrique que du reste du monde; car il en
à un clerc de se marier. Le inciuiéuie refuse i donne pour raison la néce-site oij il est do
l'entrée du clergé à un laïque qui aura épousé parler, attendu ipi'il a la sidllcitudc de toutes
une veuve. Le sixième déclare qu'il n'est pas les Eglises. H'apivs le.splaint&< qu'on lui avait
Eermis d'ordonner un clerc d'une autre église, faites sur les irrégularités qui se commettarcnl
e septième, qu'on ne doit pas recevoir un dans les ordinations des minisln^s sacrés et
clerc chassé di- son église. Le huitième regarde même des évéques, il dit avec l'ApoIre, qu'on
ceux qui abandonnaient le parti des novaticns ne doit imposer légèrement les mains k per-
et des. niontaguanls, c'est-à-dire des dona- sonne ni serenilii'partici|Kïnt dei^ péchés d'au-
tistes. 11 est ordonné tle les recevoir par l'im- trui, mais examiner au|iaravant la vie et le«
position des mains mais on en excepte roux
; nuenrs de ceux que l'on veut honorer de l'é-
qui auraient été rebaptisés ou ne les recevait ; }iiscopal, et les services qu'Us ont reudu;« à

(1) CouaUnt, ool. 640. — W laid., col. 6iJ. — (3; Ibid coX.iU-tàl.
LIVRE TRENTE-SIXIÈME.
que le m^rile, et non la faveur,
l'Egliïe, afiQ quait le symbole à que.ques catéchumènes,
décide de leur promnli, ii. Il rappelle la leltre dans le baptistèrede la basilique, quand on
précédente et répète a peu près ce (ju'il y avait vint lui dire que des ofticiers avaien/ été en-
dit, qu'on ne doit point admettre dans le viiy(''s de la cour pour attacher les panonceaux

clergé ceux qui, après avoir exercé des emplois de l'empereur à la basilique porcienne, et la
dans grand monde ou dans les armées, ou
le déclarer ainsi du domaine impérial, et que,
qui ont éti' embarrassés dans le maniement sur cette nouvelf', une partie du peuple y al-
des aflaires séculières, employaient le crédit lait. Il ne laissa pas de continuer ses fonctions
de leurs amis et de leurs proches, et même et de commencer la messe, c'est-fi-dire l'obla-
des personnes qui approchaient du Pape, afin tion. Pendant qu'il offrait le saint sacrifice,
de piiuvoir devenir évèques. li vent que ceux on vint lui dire que le peuple avait pris un
qui doivent être ordonnés S6 présentent à lui certain Castule, prêtre arien, comme il pas-
quel |ue éloignés qu'ils soient, afin qu'il put sait dans la rue. A cette nouvelle, saint ,\xq-
jugei' par lui-même s'ils étaient dignes de l'é- broise commença .à pleurer amèrement et à
pi-c()|iat et s'ils avaient les suftragcs du peu- demander à Dieu, dans l'action même du sa-
ple. Il se plaint amèrement de la facilité avec crifice, d'empêcher qu'il n'y eût du sang
laquelle quelques-un- ordonnaient diacres, répandu pour la cause île l'Eglise, ou que l'on
prêtres et même évèques, des passants qui se ne répandit que le sien, non-seulement pour
di-aient moines, ou qui l'étaient eu etlct, mais son peuple, mais pour .les hérétiques. Il en-
dont on ne connai-^sail ni la foi ni les mceuis, voya des prêtres et des diacres, et délivra ainsi
et qu'on ne savait pas même être baptisés. On le prêtre arien du péril où il était.
aimait mieux leur donner le sacerdoce que de La cour traita de sédition la résistance du
quoi continuer le voyage. Ue pareils minis- peuple on décréta aussitôt de grosses amen-
:

tres se laissaient d'abord enfler d'orumil et des contre tout le corps des marchanls. On
tombaient dans la perfidie, n'étant point ins- en mit plusieurs aux fers pendant toute la se-
truits des dogmes de l'Eijlise ni de ses dé- maine sainte, où l'on avait coutume de déli-
crets. Si la nécessité a quelquefois obligé d'or- vrer les prisonniers, suivant les lois des der-
donner évèques des néoiihytes et des laïques, niers empereurs, et une toute récente de Va-
sans avoir passé auparavant par les degrés lentiu mémo. En trois jours on exigea de ces
ordinaires, il ne veut pas qu'on en fasse une marchands deux cents livres pesant d'or ;
lui. mais qu'on s'en tienne à ce qui a été pres- ils dirent qu'ils en donneraient encore autant,

crit par les apôtres. Le saceidoce est du ciel ;


pourvu qu'ils conservassent la foi. Les pri-
on ne doit pas le considérer comme un emploi sons étaient pleines de marchands. On rete-
de la terre (1). nait tous les otficiers du palais; les secré-
Comme l'impératrice Justine lui avait re- taires, les agents de l'empereur et les menus
commandé son fils Valentinien,et que, de t'ait oflieiers qui servaient sous divers comtes on
;

il ur avait procuré la paix avec Jlaxime,


f leur défendait de paraître en pui)lic, sous pré-
saint Ambroise pouvait s attendre à quelque texte de ne pas se trouver dans lasédilicui. On
recounaissance de leur part. Ce fut précisé- faisait de terribles menaces aux personnes
m'iit de cette paix que profita Justine pour constituées en dignité, s'ils ne 1 vraient la ba-
piTsecuter le saint évèque ce qu'elle n'avait
,
silique, La persécution était si échauffée, que
osé ni du vivant de Valentinien, son mari, ni pour peu qu'on y eût donné ouverture, on en
du vivant de Gratien. Comme la fêle de Pâ- pouvait attendre les derniers excès.
ques appiochait, en 38'), elle lui fit demander Les comtes et les tribuns virent sommer
au nom de l'empereur, son lils, une église où saint Ambroise de livrer promplemenl la ba-
les ariens qu'tdle avait aupiès d'elle puss nt siliiiui', disant que l'empereur usait de son

s'assembler. D'abord, on demanda la basilicjuo droit, puisque tout était en sa puissance. 11


pnicieune, qui était hors de la ville, et i|ui ré[)ondit S'il me deman<lail ce qui serait à
:

p rie aujourd'hui le nom de saint Victor. En- moi, ma terre, mon argent, je ne les refuse-
suite on di'inanda In basilique neuve, plus rais pas, (|uoique tout ce qui est à moi soit
grande et dan-- la ville. On mvoya première- aux pauvres mais les choses divines ne son|
:

ment à Ambroise des conseillers d'Etat,


-iaint pas soumises à la puissance de l'empereur. Si
alin qu'il donnât la basilique et qu'il cmpi''- on en veut à mon patrimoine, qu'on le prenne
chal quele jicuple ne s'emiil. 11 réiiondiliju'uri si c'est a iiion corps j'irai au-devant. Nouiez

é\ô (ue ne pouvait livrer le temple de hieii. vous me mettre aux fers, ir.,.'mcnerà la uiortî
C'était le vendredi avant le dimanche des I\a- j'i'n suis ravi je ne me ferai point écouter du
;

maux. Le lendemain, samedi, le pr(''fct du peuple poni- me défendre ;


je n'embiasserai
ureloire vint dans l'églisi' où saint Ambroise point les autels en ilemandanl la vie j'aime
;

était avec le [leuple, et s'efforça di", lui persua- mieux être immolé pour les autels. Sai»! .\ni-
der ipTil cédât au moins la basilique porciouue. broi-e parlait ainsi (larce qu'il savo' . .]u'on
Le peuple se récria, et le préfet dit qu'il en avait envoyé lies gens armés pour .s'emparer do
feiail son rapport à l'empereur. la basilique; et il était saisi il'liorreur quand il
Le l>imanclie, apiès les lectures de l'Ecri- pensait qu'il pouvait .irriver quelque massacre
ture sainte et le sermon, saint Ambroise expli- qui causerait la ruine de toute la ville, el

(|> CountMl, col. bà»-&62.


lU eiSTOIRE UNIVERSEr.LE DE L'ÉGLISE CATHOLTQDï»
peut-ôtre cle toute l'Italie. Il exposait sa vie Ne vous faites pas de tort de croire qne,
pour littouiner do rKgiise la luiine du snng comme empereur, vous ayez quelque droit
qu'on allait rù[>anili«. (>onim(; on le [pressait sur les choses divines. On ilit de la paît de
il'apaiser le jieuple, il répondit Il dépend de : l'empereur Je dois aussi avoir une basilique
:

moi de ne pas l'exciter; muis il est en la J'ai rè|ioiidu Qu'avez-vous de commun avec
:

main de Dieu de l'adoucir. Ënlin, si vous l'adiiltereV c'est-a-dire avec l'églibc des hé-
croyez que je l'échautle, punissez-moi, ou rétiques.
m'envoyez en tel désert qu'il vous plaira. l'endanl que saint Ambroi-e prêchait ainsi,
Après iju'il eut ainsi parlé, ils se retirèrent. on l'avertit qu'on avait ôlé les panonceaux de
Saint Amhroise passa toute la journée dans la l'emiiereui-, et que la basilique était pleine de
vieille bas lique, mais il alla coucher à sa niai- pciqde qui demanrlait sa présence. Il y envoya
Bon, afin que si on voulait l'enleveron le trou des |iiètres ; mais il ne voulut jias y aller
vât prêt. • lui-même, et dit Je me confie en Jésus-
:

11 avant le jour, et la basilique fut en-


sortit Christ, que l'empereur sera pour nous. Aus-
vironnée de soldats. Mais on disait qu'jls sitôt, tournantsun discour- sur cette nouvelle,
avaient mandé à l'empereur quc^ s'il voulait il contiiina de prèchc-r et dit (Jue les oracles
;

SOI tir, pourrait, et qu'ils l'accompa;,Mie-


il le du Saint-L-prit sont |irofoiid?'/ Vous vcjus
raicnt s'il allait à l'église des catholiques; souvenez, mes frères, avec quelle douleur
autrement, qu'eux passeraient à celle que nous avons répondu a ces paroles qu'on lisait
tiendrait Ambroise. En ell'et, ils étaient tous ce matin Seigneur, les nations font venues
:

catholiques, aussi bien que les citoyens de dans Votre héritage'*. Il est venu des GotUs
Milan. 11 n'y avait d'hérétiques que (juelquc et d'autres étrangers en armes, ils ont en-
peu d'olliciers de l'empereur et quelques touré la basilique; mais ils sont venus gentils
Gotbs,et l'impératrice menait partoutavec «.'lie et sont devenus cliréliens. Ils sont venus pour
ceux de sa c(jmmunion. Mais ulois aucund eux cnvaliii l'héritage, ils sont devenus cohéri-
n'osait païaître. Saint Ambroise comprit, par tiers de Dieu. J'ai pour défenseurs ceux que
le gémissement du peuple, que les soldats en- je croyais mes ennemis.
vironnaient lu basilique où il était. Muis pen- 11 continuait de rendre grâces à Dieu de
dant qu'on lisait les li;(^ons, on l'avertit que cet heureux changement, admirant comment
la basdique neuve était aussi pleine de peu- l'empereur adouci par l'alleetion des
s'était
ple ;
qu il paraissait plus numlirenx que soldats, les instances des comtes et les priè-
quand ou était en liberté, et que l'on deman- res du peuple, quand on l'avertit qu'on avait
dait un lecteur. Les soldats qui entouraient envoyé un .«ecrelaire de l'empereur, chargé
l'éylist! où était saint Ambroise, ayant appris de ses ordres. 11 se relira à l'écart, et le
l'ordre qu'il avait donné de s'abstenir de leur secrétaire lui dit A quoi avez-vous pensé,
:

communion, commencèrent à entrer dans de faire contre l'ordre de l'empereur.' .\m-


l'assemblée. A
leur vue, les l'einraes lurent broise réiiondit Je ne sais quel est cet or.lre
:

troublées, et il y en eut une qui s'enfuit. Mais ni de quoi on se plaint. L'oflicier dit: Pour-
les soldats dirent qu'ils étaient venus pour quoi avez-vous envoyé des prêtre.- à la basi-
prier Dieu et non pour combattre. Le peuple lique';' Si vous êtes un lyr.m, je veux le sa-
lit linéiques exclamations avec modestie et voir, pour songer à me pn-parer contre vous.
fermeté. Us disaient, comme si l'empereur Ambroise ié|iondit: Je n'ai rien fait qui donne
eût été présent Nous vous prions, Auguste,
:
trop à l'Eglise. Quand j'ai ajipr s que la ba-
uous ne combattons pas nous ne craignons
; silique était investie pa?'les .-oldats, je me
^,>.s, mais nous prions. Ils demandaient àsaint suis contenté de gémir ; et comme plus.eurs
Ambroise d'aller à l'autri! basilique où l'on personnes m'exhortaient à y aller, j'ai dit :

disait que le peuple le désirait. je ne puis livrer la ba^ilique, mais je ne dois


Alor:- il commen(;a à prêcher sur le livre de pas couibatlrc. Quand j'ai su qu'jn avait oté
Job, qui venait d'ein.' lu, suivant l'ollice tlu les panonceaux de l'ompercur, quoique le
temps. Accommodant cette lecture à l'occasion peuple nie dcinanilat, j'y ni envoyé des prê-
présente, il loua la patience de son peuple et tres, sans y aller moi même, e?peianl que
la compara à celle de Job. 11 comjiaia aus.si l'empeieiii- ^erait pour uous. Si cela vous pa-
les tentations qu'il souillait à celles du saint rait une tyrannie, que tarde/.-vous à me frap-
patriarclie. Le démon, <iit-il, veut m'otir en per'.'mes armes soûl le pouvoir de m'expu-
vous mes enfants et mes richesses; et c'est ser. Dans l'a^.cienne loi, le~pr<'ties donnaient
peut-etri' paice que Dieu counait ma faibles-e, les royaumes et ne les preiiHieul pas el l'on;

qu'il ne lui a pas encore donne [•uissance sur dit d'oidinaire que les cmp-reurs souhaite-
mon lorp-. Il compaie à la femme de Job raient le saci-rdocc. plutôt que les prêtres ne
l'imper.itiice qui le pressait de livrer l'église voudraient l'empire. .Maxime ne dit pas que je
et de blasphémer contre Dieu. Il la compare suis le tyran de Valentinien. lui qui se plaint
à tve, a Jezaliel, à Uerodiade. Un m'ordonne, que ma députation l'a empêche de passiT eu
dit-il, de "ivrer la liasiliqae. Je réponds Il : Italie. Il ajouta que jamais les evequcs ne
ne m'est pas permis de la livicr et vous, em- ; s'étaient érigés en tyran, mais qu'il en avaient
pereur, il ne vous est pas avantageux de la souvent trouve.
recevoir. Ou soutient «pie tout e<t permis à Les catholiques psssereul tout ce jour en
i'umpereur, quv luul est a lui. Je rupunJï : ti'itleise j seulement, de^ eofants qui jouaient
LlYRE TRENTF-SIXIÈME, 34
déchirèrent les panonceaux de l'enipprour. ceinture qui était la marque de sa dignité. Il
C'étaient des voiles et banderoles qui por- fut disgracié et se retira à Bresse, sa patrie,
taient son image, pour marquer que In lieu où il avait appris la saine ilocirine par le;
lui appartenait. Comme la basilique était en- instrnclions de saint Philastre. Béné^'ole,
vironnée de soldats, saint Ambroise ne put ayant reçu 11! baptême, fut un des princip.iux
retourner chez lui. Il dit les psaumes avec les ornements de cette église et des meilleurs
frères dans un oratoire enfermé dans la même ami-; de saint Gaudonce, successeur de
saint
enceinte que la grande église car les églises ; Philastre. La loi sur les ariens ne laissa pas
d'alors étaient accompagnées de plusieurs d'être compo,<éeet publiée le 2.3 janvier 386.
bâtiments, chambres, salles, bains, galeries : Elle était conçue en ces termes: Nous donnons
ce qui fait entendre comment le peuple y permission de s'assembler à ceux dont les
passait des jours et des nuits de suite. Il y si'Mtinipnls sont conformes à l'exposition de
avait des lieux où l'on pouvait manger ou foi ,'ailo sous Constance, d'heureuse
mémoire,
dormir avec bienséance. d.iiis le ciuuile de Rimini, parles évoques
as-
Le lendemain, qui était le jeudi saint, on spinlilés de tout l'empire romain, par ceux
lut, suivant la coutume, le livre de Jouas. mi'ines ijui y résistent à présent, et confirmée
Après qu'il fut achevé, saint Ambroise com- à Ciuistanlinople. Il sera libre aussi de s'as-
mença à (irècher en ces termes On a lu un : seinliler à cmix à qui nous l'aviuis permis,
livre, mes frères, qui prédit que les pi'clunirs c'e>i-;i-dire aux catholiques; mais ils doivent
reviendront à la pénitence. Le pbdple nrut savoir que, s'ils font quelque trouble contre
ces paroles avec espérance que la chose allait notre ordonnance, ils seront punis de mort
arriver. Saint Ambroise continua do parler; comme auteurs de sédition, perturbateurs de
mais on vint dire que l'empereur avait fait la paix de l'Eglise et criminels de lése-ma-
retirer les soldats de la basilique et reuihe jesié. Ceux-là seront aussi sujets au supplice
aux marchands les amendes qu'on avait qui tenteront, par obreplion ou en cacheite,
exigées d'eux. A cette nouvelle, la joie du de se pourvoir contre la pressente ordonnance.
peuple éclata par des applaudissements et de Le véritable auteur de cette loi fut Auxence,
grandes actions de grâce, considérant que que les ariens reconnaissaient pour évèque
c'était le jour où l'église accordait l'absolu- de Milan. Il était Scythe de nation et se nom-
tion aux pénitents. Les soldats eux-mêmes mait .Uerciirin mais, s'étant décrié pour ses
;

s'empressaient à porter cette nouvelle, se crimes, il prit le nom d'Auxcnce, agréable


jetant sur les autels et les baisant en signe de aux ari ns, à cause du premier Auxence, pré-
paix. décesseur de saint Ambroise. Comme les
Saint Ambroise écrivit tout ce qui s'était ariens n'avaient dans toute l'Italie ni églises,
passé en cette occasion à sa sœur, sainte ni évèque, ni peu(ile, la loi n'étiiit faite que
Maicolline, qui était à lîome et qui, ayant pour tout bouleverser, désafl'ectiouner les po-
apiiris le commencement de la persécution, pulations et faciliter à Maxime l'invasiou
lui en écrivait souvent et avec empressement. qu'il méditait^ en un mot, elle était aussi
A la lin de sa relation, il ajoute qu'il prévoit inipoliiique qu'impie et atroce.
encore de plus grands mouvements. Car, dit- A l'approche du carême suivant, l'impéra-
il, comme les comtes priaient l'empereur trict! Justine demanda de nouveau la basi-
d'aller à l'église, il répondit Si Ambroise ; lique Porcienne. Naboth, répondit saint Am-
vous le commande, vous me livrerez pieds et liioise, ne voulut point livrer l'héritage de ses
mains liés. Saint .\mbroise ajoute enfin : pères, et moi je livrerais l'héritage du Clirist?
L'eunuque Calligoue, préfet de la chamiire, A Dieu ne plaise que je livre l'héritage de
m'a tait dire : Tu nn'prises Valentmieu de mes pères de saint Denys, qui est mort en
:

mon vivant? Je te couperai la tète. J'ai ré- exil pour la foi; de saint Eustorj
ige, le coiifes-
pondu Dieu permette (jue tu accomplisses
: seur ; de saint .Myrocle et de tous les saints
ta menace Je soutl'rirai en évèque, et tu agi-
1 èvéques, mes p,•édéce^3eurs!
ras en eunuque (I). Calligoue eut, bientôt Quelque temps après, le tribun Dalmuce
après, la tète traiiehée, ayant été convaincu vint le trouver de part do l'empereur, pour
la

d'un crime infâme. lui dire qu'il clioisitdis juge:*, coinine Auxence
L'impératrice Justine plus animée contre
"iliii^ .nîiiTni»!» avait fait, aUn que leur cause fût jugée pur
saint Ambroise i)ar la r. sistance tlu leuiile. l'empereur en cou consistoire ou conseil d'E-
lit faire son tils, une loi |iour
à V.ilenlinien, tat, hii déclarant que, s'il ne voulait s'y trou-
autoriser le^ assemblées des ariens. Le chan- ver, il eût à se rendre où il voudrait, c'est-à-
eelier Bénévide icfusa dt- dres-er cette loi, dire céder à Auxence le siège de Milan. Saiut
pai'i-e qu'il était attach.^ dés l'enfanee à la Ambroise consulta les évèques qui se trouvè-
religion catholique, i,uoiqu'il ne fut pas en- rent dans la ville, et ils ne furent point d'avis
core baptisé. Ou lui promit une dignité; plus qu'il allât au palais ni qu'il s'exposât à ce
relevée, /il obéissait; mais il répondit géné- jugement, se déliant même qu'entre b-s juges
reusement : (Jlez-moi pliitéil la l'Iiar^e que choisis par Auxence, il n'y eût quelque paiea
\'h\, et me laissez l'intégriti'; de la foi. Kn di- ou i|uel(jue juif : ce qui était vrai. 11 dressa
sant cela, il jeta aux pieds de l'impératrice tu donc, par leur conseil, une remontrance i

(I) Àmbr ,, Mfjut.


St6 HISTOlKt: UNlVDnâKLI 1^ OE LËGMSIO CATHULIQUB
J'crni'Pi'P'ir, par Inqiifille il s'cxiii-u (J'oliéir à m eussiez pas fait mander d'aller oii je vou-
fcl . rdrc : iiKiniiTi-iiiciit, par rcxiuiiile de drais. Je .-orlais tous le-'jonrs, perB'nnc ne me
Valiiiliiiien IciiiTi', «jui uviiit soiivciil dé');iri!, gaidait; vous deviez alors m'envoycr où il

lI diiiis sus iliscours l'I par ses luis, ijue diuis vous plaidait; mainlenunl les éveqiies me
les causes de la loi ou des peisour.»!* aidé- di>enl : Il y a peu de diflêrence de I, tisser vo-
6iii>ruiu<'s, le juge ne devait pas étic de lonlaii'einent l'autel du Christ ou dt. le livrer,
nioiiiiliu condilioii (|ue les parties, e'esl-à-dirc riiil à tHeii que je l'u^^e u-'suré qu'oti ne livrc'il
que les évèipies devaient être jugés par fies point l'église aux ariens! je m'ollrirais volon-
évé(iues. (Jui jieut nier, ajoute-t-il, ipie dans tiers à tout ce qu'il vous plairait urdouner de
les causrs de la foi, les évèiHKis ne jugent les moi (I). »
empereurs cliréliens, liien loin d'élre jugés .\près celle remontrance, saint And)roise se
par leseni[ier('urs? Ensuite, jjarlaul des juges relira dans l'église, où pendant quelque b-mps
choisis [lar Auxerice, il dit : Ou'ils viennent à le peuple garda jour et nuit, craignant
le
l'église, non pourélie assis coiuiuc juges, mais qu'on ne de vivi; force. En effe'
l'eiilevàl
jMiur écouter avec le peuple, et alin (jne cha- l'emitereur envoya des compagnies de soldats,
cun ''Ik, laisse celui iiui' doit suivre, il s'agit qui gardaient l'é^-lise en dehors, y laiss<iii.
de ré\é.p;e de celle église si le peuple écoule : entier qui voulait, mais n'en laissant sorti:
Auxencc et croit ([u'il enseigne mieux, i|u'd personne. Saint Ambroise, ainsi enfermé av&:
Buivc sa loi, je n'en serai point jaloux. Saint son peuple, le conscdait par ses discours, don'',
Amhriiise jiarle ainsi i)arce qu'il était Lien il nous reste un des plus crfnsidérables, pro-
assuré de l'allacliement de son peuple à la toi noncé le dimanche des Hameaux, comm-.
callioli(iue. l'évangile qui avait été lu semble le montrer
11 insiste surqui venait d'être publiée,
la loi Car celle seconde persécution fut excitée dans
par l.uiuelle plus libre de juger
il n'était le même temps que celle de l'année précé-
aulrcniiut tju'en faveur des ariens, puisiju'il dente, c'est-à-dire vers la fin du carême. C-;
élail didendu, sous peine de mort, de présen- sermon commence ainsi :

ter aucune requête au contraire. « (^e que Je vous vois plus troublés qu'à t'ordinai:"e
'1

vous avez prescrit aux autres, dii-il, vous et plus appliqués à me garder je m'en :

vous l'êtes prescrit à vous-mêmes; car l'em- étonne. Si ce n'esl parce que vous avez vu que
peieur fait des lois pour les observer le pre- des tribuns m'ont ordonné, de la part de
mier. Voulez-vous donc que je choisisse des l'e.mpereur, d'aller oïl je voudrais, permet-
juges laiijues, alin que, s'ils conservent la tant à ceux qui vou Iraient de me suivre;
vraie loi, ils soient proscrits ou mis à mort? avez-vous donc craint que je vous quittasse
Voulez-vous (]uc je les expose à la prévaiica- pour me sauver"? .Mais vous avez pu rcm.ir
tion ou an su|iplice'.'' Ambroise ne mérite pas quer ma réponse, <pi'il ne m'est pas p.)-'ible
qu'on abaisse pour lui le sacerdoce la vie : d'abandonner l'église, parce qui; je crains
d'un seul liomine n'est point comparable a la plus Seigneur du monde que l'empereur de
le
digiiilé de tous les évéques. » ce siècle; que, si on me tirait de force hors de

H déclare eusuite son horreur pour la l'église, on pourrait en chas-er mon corps el
seconde parlie du concib; de Uimini, et son non pas mon e-pril et que, s'il agiss<iit es
;

altaelieinenl au symbole de Nicée. m C'e«t la prince, moi je souffrirais en évèque. Pour-


foi, dit-il, (|Ue suit l'empereui Théodose, votre quoi donc éles-vous tioubb's? je ne vous
père; c'est (elle que tieunent les Gaules et les abandonnerai Jamais volontairi'ment mais je :

Es|)agiies. S'il faut prêcher, j'ai apjiris à prê- ne sais point résister à la violence. Je pourrai
clur dans l'église, comme ont laii mes )irédé- m'altliger, je pourrai pleurer el sénnr; mes
cesscurs. S'il faiit tenir une eonlérencc sur la armes sont les pleurs, contre les armes, contre
fo', c'est aux évéques à la te:'.ir, comme on a les soblats el contre les Gotlis. .Mais aussi, je
fait SOUS Lonslaiiliu, d'auguste mémoire, qui ne puis ni fuir ni quitter l'église, df peur
leur a lai-sé la liberté de juger. On la fuit qu'on ne mie que je le fasse par la crainte

aussi sous Ci<nstanci<; mais ce qui avait bien d'une peine plus rigoureuse. Vous savez vous-
cominoncé, n'a pas lini de même, (ar les mêmes quej'ai l'haiiitude de delén-r anx em-
éve(|ii(is avaient d'abord consigniï par écrit la pereurs, mais non pas de leur céder.
vraie toi mais, cuniiiie ipielques-uns voulaient
;
» On m'a jiropos»» de livrer les vases de
qu ou jugeai ec la bii ilans le palais, ils tirent l'église. J'airépondu Que si l'on m'^ deman-
:

en sorte de changer le jugement des évéques dait ma terre, mou or, iuoq argent, je l'offri-
par di's formules nouvelles. ïouletois les évé- rais volontiers; mais je ne puis rien oler au
ques rcvo luereut au-sitol la sentence dont on temple de Hien, ni livrer ce que je n'ai reçu
abusait, el il e-l c. rlain qu'à llimmi le giand que pour le garder. Si on er. veut .i mon
uonibre a|qiiouva la toi du concile de.Niiee el corps et à ma vie, von* devez être seulement
condiimiia les l'ormubis ariennes. » Saint Am- les spectateurs du comlial. Si Uieu m'y « di^s-
broi?e ajorne » Je serais allé, seigneur, à
; tiné, toutes vos précautions ^onl inutiles.
voiie i;>in>i-ioire vous renrésenter ceci de Celui qui m'aime, ne jo-ul mieux le témoi-
bouche, si les évéques ot le peuple ne m'en gner qu'en me lai>$ant devenir la victime du
eussent empêché, Et plùl à Uieu que vous ne Christ. Vous êtes troublés d'avoir trouva

v«}Ambr., Eput. zxi, ida. BmmI.


LIVRE TRENTE SIXIÈME. m
ouverte une po.iie par où l'on di* qu'un ce lieu Car oh irais-je, où tout ne soit plein
aveugle p'est un pa>r=age pou»'
fait retourner de gémissements et de larmes? puisijue l'eu
clicz lui. Heccjnnaisscz donc que 'n garde des ordoiuie par toutes les églises de chasser les
hiiinme-; ne sert de rien. Ne vous souveiiez- évé_i|ues catholiques de punir de mort
ceux
vou.s pas 'încore que l'on trouva, il y a deux qui résistent, de proscrire tous les otticiersdes
jours, du cot<i gauche de la basilique, une villes, s'ils n'exécutent cet ordre Et c'est un
entrée libre que vous croyiez bien rmée, et t'i é\éque qui l'écrit de sa main et qui le dicte
qui est demeurée ouverte pendant plusieurs de sa bouche » !

nuits, nonobstant la vigilance des soldats? Il relève ensuite très-fortement la cruauté


N'ayez donc plus d'inquiétude; il arrivera ce d'Auxenco, auteur do cette loi, et insiste sur
que Jésus-Christ veut, et ce qui est expé- l'indignité du tribunal qu'il avait clioisi pour
dicnt. » Sur quoi il apporte l'exemple de saint juger la cause de la foi l'empereur, qui n'é-
:

Pierre, à qui Jésus-Clii ist aiqiarut à la norte tait qu'un jeune catéchumùnc, et quatre
on
de Rome, disant qu'il allait être cruiitié de "" -----
cinq • "
païens. Puis • • •
il ajoute «L'annéedernière,
:

nouveau. Saint Ambroise ajoute « J'atten- : quand je fus appelr- au palais, en présence des
dais quel'iue chose de grand, le glaive ou le grands et du consistoire, lorscjue l'emi ereur
feu pour le nom du Chr.st. Eux m'otlienl des yoidait nousoler une basilique, fus-je ébranlé
Jélices pour souffrances. Que personne donc à la vue de la cour? ne coiiservai-je pa.s la
ne vous troulde, en disant que l'on a préparé fermeté sacerdotale? Ne se souvient-on pas
un chariot, ou qu'Auxeoce a dit des paroles que, quand le peuple sut que j'étais allé au
dures. » palais, il accourut avec un tel etfort, qu'im ne
Ce que saint Ambroise
dit de ce chariot est put l'arrêter, et ([u'un comte militaire étant
expliqué par Paulin, dans sa vie. Un nommé sorti avec des gens armés pour chasser cette
Euthymius s'était pourvu d'une maison près multitude, tous s'ollVirent à la mort pour la
de l'église, et y avait mis un chariot, pour foi du Christ? Ne me pria-t-on pas de parler
enlever plus facilement Ambroise et l'emnie- au peuple pour l'apaiser, et de donner jiarole
îier en exil. 11 ambitionnait la change de In- qu'on ne [irendrait point la basilique? On me
bun, que Justine promettait à quiconque demanda cet office comme une grâce et ;

eu viendrait à bout. Mais une année après, quoique j'eusse ramené le peuple, ou voulut
le même jour qu'il avait cru l'enlever, me charger de la haine de ce concours vers le
lui-même fut mis dans le même chariot et palais. On veut m'attirer encore cette haine ;
tiré de la même
maison pour aller en je crois devoir la modi'rer, mais sans la
esil, ef Ambroise lui donna de l'ar-
saint craindre. —
Qu'avons-nous donc riqinnilu à
gent et res autres choses Déce^saires pour l'empereur, qui ne soit conforme à l'humilité?
son voyage. Paulin rapporte encore qu'un S'il <lemande un tribut, nous ne le refusons
aruspice, nommé iiinocontius, monta sur le pas les terres de l't^glise payent triliut. Si
:

toit de l'église, et y sacritia au milieu de la i'em[)eieur désire nos terres, il peut les pren-
nuit, pour exciter la haine du pf uple contre dre, aucun do nous ne s'y oppose; je ne les
Ambroise; mais plus il faisait de maléliccs, donne pas, mais je ne les refuse pas la con- :

plus le pciqde s'alfciionnait à la foi catlio- tribution du peuple est plus que suffisante
li lue et au saint évèque. Il envoya même des pour les pauvres. On nous reproche l'or (|ue
démons pour le tuer; mais ils lui rapportèrent nous leur distribuons: loin de le nier, j'en fais
qu'ils n'avaient pu approcher, non-seulement gloire; les prières des pauvres sont ma dé-
(le sa personne, mais de la porte même de son fense; ces aveugles, ces boiteux, ces vieillards
logis, parci! (|ue toute la maison était envi- sont plus forts que les guerriers les plus
ronnée d'un feu insurmimtable, qui les brû- roliustes. Nous rendons à César ce qui est de
lait même de loin. Ainsi l'ariispice fut con- César, et à Dieu ce qui est de Dieu le tiibut
:

traint decesser ses malélices. Lui-même est de César, l'Eglise est de Dieu, Personne ne
raconta tout cela depuis, a(irès la mort de peut dire que ce soit manquer de respect à
l'impératrice Justice; car, étant mis à la l'empereur; qu'y a-t-il de plus à sou honneur
question pour ti'autres crimes, il criait que que de le nommer fils de l'Eglise? L'empe-
l'ange qui gardait Amlirr)iso lui taisait soullrir reur est dans l'Eglise, non pas au des-
de plus L'iauds tourments, et déclara tout ce sus (2) )) I

qui vient d'être dit. l'n autre vint avec une Di'ii môme donna une consolation sensible
^pée jusqu'à la chambre de saint Ambroise, <à l'i'glise de Milan en révélant à saint Am-
pour le tuer ; mais ayant U^vé la main avec broise les reliipies de saint tiervais et de saint
l'épée née son bras demeura suspendu en l'air. Protais, frères et maily ri. dont on avait oublié
Alors il conre"a que Justine l'avait envoyé, depuis longtemps les nom- et U: lieu de leur
et aussitôt son bras fut guéri (I). scpn liire. Pendant le fcut de la persécution
Le discours di; saint Ambroise convient à ce de Jusiiue, saint Ambroise ayant dèdiè la basi-
récit; car il continue île parler ainsi a son li(|ue, que l'on nomme encore de son noiQ
Jieuple :La ]duparl di-aienl ipi'on avait en-
(I r.Vmbrosicniie, le |ieuplo lui demanda tout
voyé lies ineuctriers, quej'elais c(uidauiné à d'unie voix de. la iledier comme lia-ilique ro-
mort. Je ne le crains pas, et je ne quitte point maine. C'était une autre église do Milan, qu'ù

(1) Paulio., Vila Àmbr.. u. 12-20. - (2) Serm. cont. Aux.


su HISTOIRE UNIVERSEI.LK DE LTGLISE CATlIOI.IQtJB
avait consacrée auprès ilo la [lorlo Homaine, de ses sermons qu'il fit a cette occasion.
en l'hotinpur des apôtres. Saint Arnliroisi' lé- Car, apre> que les saintes relicjues furent
pcinrlit « Je le ferai, si je trouve îles relii|iie-i
: arrivées à la basilique Ambro-ienne, il jiaila
des martyrs; » et aussitôt il seiilil une aiileui-, au pr'uple sur cette joie publique et ces miia-
comme d'un heureux présaj^e. Km (li'el, Ilieu cles. Il rend grâces à Jésus-Chrisl d'avriir
lui rt^véla en sonK» «lue les corps de saint (iw- donné à son Kglist; un tel .«ccours, .-ians un
vais et de saint Prolais étaient dans la iia-i- temps où elle en avait tant besoin, et déclare
li(|ue de saint Félix et de saint Nalior. Malgré qu'il ne veut point d'autres défenseurs. Il dit
la crainte de son clergé, il lit ouvrir la tcire ensuite « Mettons ces victimes triom]>hales
:

devant la balustiade qui environnait les ail même lieu où Jésus-Chri-t est hostie. Maig

sépulcres des martyrs. Il trouva di'-^ signes lui sur l'autel, lui qui a souffert pour tous;
(onv(!naldes peut-étie f|ui'lijiies p;times gra-
: eux sous l'autel, eux qui ont été racheté» par
véi's, ou quelijne inslrumenl de leur supplice. ses soull'ranies. C'est le lieu que je m'étais des-
Il fit venir des possi'di's poui' leur iinposi'r les tiné car il est ju^te que le prêtre repose où
;

mains mais avaril iiu'il eut coniniencé, une


;
il a coutume d'offrir mais je cède le coté droit
;

pi'Sséilée fui saisie du di'tnon l't étendue contre à ces victimes sacrées. » Il voulait sur l'heure
terre à l'endroit où repnsaienl les marlyrsque enterrer les saintes reliques; mais le peu|ile
l'on clicicluiit. Ay.iiil di-ronvril leurs sépul- demanda, par ses cris, qu'il iliO'éràt jusqu'au
cres, on tiuuva deux lii)Uimes(]ui [larui'cnl plus dimanche cette cérémonie, que l'on ajqielait
grands que l'ordinaire, tous les os entiers, la déposition. Enfin, saint .\mliroi'-e obtiot
beaucoup de sang, la léte séjioiée du corps. qu'elle s(! ferait le jour sii^V*>nl. Il fit un se-
On les arrangea, renu^ttant 'liiujue os à sa cond sermon, dont le principal sujet fut de
place ; on les couvrit de «luelcpu's vêtements répondre aux calomnies des ariens; car, en-
et on les mit sur des lu ancards. Ils furent ainsi core que ces miracles arrêtassent au dehors
transportés vers le soir à 'a basilique de l'effort de la persécution, la cour de Justine
Fansle,où l'on célébra lesvinlles toute la nuit, s'en moquait dans le palais. Ils disaient
et jilusieuis possédés re(;ui'ent l'imposition des qu'.\mbroise avait suborné, par argent, des
mains, (^e joui' et le suivant, il y eut un très- hommes qui feignaient d'être possédés, et ils
grand concours de peuple. Alors les vieillards niaient que ces corjjs que l'on avait trouvés
se ressouvinrent d'avoir ouï autrefois les noms fussent de vrais martyrs. Saint .\mbroi-e lei.r
de ces martyrs, et d'avoir vu l'inscription de répond par l'évidence des faits, dont tout le
leur tombeau. Le lendemain, les reliques peuple était témoin, et insiste principalement
furent transférées à la basilique Ambro- sur le miracle de l'aveugle. Je demande,
<i

sieune. ajoute-t-il, ce qu'ils ne croient pas? Est-ce,


Il y avait à Milan un aveugle nommé Sé- que les martyrs puissent secourir quelqu'un '/
vère, coDuu de toute la ville, boucher de son Ce n'est pas croire à Jésus-Christ car i( a dit
; :

mi'tier avant la perle de sa vue, et aveugle Vous ferez des choses plus grandes. (Juel est
depuis plusieurs années. Crlui-ci entendant le donc l'objet de leur envie'.' Est-ce moi ? mais
bruit de la joie imldicpie, en demanda le sujet, ce n'est pas moi qui fais les miracles. Sonl-ce
et, l'ayant appris, il se leva promptement et se les martyrs? ils montrent donc que la ciéance
fit mener auprès des corps saints. Y étant ar- des martyrs est différente de la leur autie-
:

rivé, il obtint qu'on le laissât approcher pour ment ils ne seraient pas jaloux de leurs mi-
toucher d'un mouchoir le brancard où ils re- racles. Ce sont les paroles de saint .\m-
1)

posaient. Aussitôt qu'il eut applitiué le mou- broise.


choir sur ses yeux, ils furent ouvertset \\ revint Il écrivit à sa sœur sainte Marcclline ce qui
sans guide. Ce miracle se lit en preseu_>è d'une s'était passé à l'invention et la tran-lation de
infinité de peuple, et entre antres de saint ces saints martyrs, et joignit à .'•a lettre les
Augustin, qui était alors à .Milan, et qui en deux sermons qu'il avait faits en cette occa-
rend témoignage en plusieurs endroits de ses sion (I). Pour confondre davantaue les ariens,
œuvres. Sévère, ayant ainsi recouvré la vue, un homme d'entre la multitude fut tout à
ne voulut plus l'employer que pour Dieu, et coup saisi d'un esjiril immonde, et commeia^a
passa le reste de ses jours à le >ervir <laiis la à crier Uue ceux-là étaient tourmentes comme
:

basilique Ambrosienne, où étaient les corps lui, qui niaient les martyrs ou qui nccroy.iieut
des martyrs. Il vivait encore quand' Paulin pas à l'unité de la Trinité qu'enseignait Xm-
écrivit la vie de saint ,\inliioise. broise. Les ariens !e prirent et le noyèrent
C.etle translali(3ii lut accomiiagnée d'un daus un canal, l'n d'entre eux de- plus ar-
grand nombre d'autres miracles de possédés : dents à la dispute, et des plus endurcis, rendit
délivrés, de malades guéris en louchant de témoignage qu'étant dans l'église, comme saint
leurs mains les vêtements ([ui couvraieut les Ambroise prêchait, il avait vu u'" ange qui lui
saints, quelqui.'s-uns par leur ombre seule. jiarlait à l'oreille, en sorte qu'il ne semblait
On jetait quantité
mouchoirs et d'habits
île faire ipie rapporter au peuple le- parole» de
sur les saintes et on les gardait
reliques, l'ange. L'arieu qui avait eu cette vision se
Comme des remèdes aux nialadii>s. lycst saint convertit, et commenija à defeutlre la foi qu'il
Ambioise lui-même qui le lémoijjue daus un avait combattue ^2),

{\) Kf/itti xEii, '^ ('^' "huIiu., KiM<


349

Ainsi, à force de miracles, les ariens furent méprisant les sngc=i conseils de sa mère, com-
réduits à se taire, et l'impératrice contrainte à mença à se laisser emporter aux amours
laisser en paix saint Ambroise. La crainte de déshonnêtes, invité par l'oisiveté et par la
l'empereur R dxime y contribua peut-être complaisance de son pêrc, qui n'était pas en-
aussi pour quelque chose car il écrivit une ; core (brétien. Mais il le fut avant sa mort, qui
lettre à l'empereur Valentinien, pour l'exlior- arriva peu de temps après. Augustin, étant
ter à faire cesser cette persécution. 11 lui re- airivé à Cartilage, se plongea de plus en plus
présente que, s'il ne voulait conserver la paix dans la passion des fcniines, ipi'il fomentait
avec lui, il ne lui donnerait pas un tel avis, par les spectacles îles théâtres. H ne laissait
puisque cette division serait utile à ses inté- pas lie dernaniier à Dieu la chastclé; mais,
rêts. Il danger de changer la foi
lui fait voir le ajoulait-il, qu'- ce ne 'oit pas l'ucore de sitôt.
établie depuis tant de siècles. « Toute l'Italie, Cependant il arançail avec grand succès dans
l'Afrique, la Gaule, rA(iui-
dit-il, croit ainsi, ses études, qui avaient pour but d'arriver aux
taine, toute l'Kspagne; Rome enfin, qui lient charges et aux ningistratures car i'éloipience ;

la principauté mèmfe en cette matière, c'est-à- en éiail alors le clieiiiin. Entre les ouvrages
dire dans la religion comme dans l'empire. de Cicéron, qu'il étudiait, il lut V Horieimm,
Valentinien, votre père, de vénér.sbU; mé- que nous n'avmis idus, et qui était une ex-
moire, a fidèlement gouverné l'empire avec hortation à la pliilos(i|iiru\ H rn fut touché,
cette loi. Comment donc les évéques qui et commença dès lors, à l'âge de dix-neuf
l'étaient déjà de son temps, qui continuent de ans, à mépriser les vaines espérances du
croire et d'enseigner la même doctrine qu'a- monde et à désirer la sages^^e et les biens im-
lors, sont-ils maintenant déclarés sacrih'ges, mortels. Ce fut le premier mouvement de sa
assiégés dans leurs basiliques, menaces d'a- conversion {2).
mendes et de mort ' Croyez-vous donc pou- La seule chose qui lui déplai^ait dans les
voir renverser une religion enracinée dans les pbiloso|ihes, c'est qu'il n'y trouvait point le
âmes, et que Dieu même a établie? .\ com- nom de Jê>us-Christ, qu'il avait reçu avec le
bien de discordes et de séditions n'est-ce pas lait de sa mère, et qui avait fait dans son cœur
donner lieu (1)? » Enfin, saint Ambroise et une profonde impression. 11 voulut donc voir
les évêques catholiques demeurèrent en les saintes Ecritures mais la simplicité du
;

repos. style l'en dégoûta, habitut^ qu'il était à l'élé-


Une autre gloire fut donnée à saint Ambroise gance de Cicéron. Alors il tomba entre les
dans ce temps ce fut de convertir et de bap-
: mains des manichéens, iiui, niiiiarlant que de
tiser un homme qui devait être la gloire nicme .lêsus-Christ, du Saint-Esprit et de la vérité,
de l'Eglise, l'oracle du monde chrétien, et un le séduisirent par leurs discours pompeux, lui
modèle des vertus les plus pures ; un homme donnèrent du goût pour leurs rêveries et de
qui dès lors était un miracle de la grâce ; en l'aversion pour l'Ancien Testament. Cepen-
on mot, saint Augustin. dant sa mère, plus affligée que si elle l'avait
11 était ué le 13 novembre 3o4, dans la pe- vu mort, ne voulait [ilus manger avec lui ;
tite ville de Tagaste, près de Madaure et mais elle fut consolée ])ar un songe. Elle se
dans la Numidie, l'Algérie actuelle.
d'llij)|ioue vit sur une règle de bois; et un jeune homme
Ses parents étaient de condition lionnète : resplendissant, qui venait à elle d'un visage
son père, membre du corjis municii)al, se ii;iiit, lui demandant la cause de sa douleur,

nommait Patrice; sa mère, Monique. Ils eurent elle répondit qu'elle pleurait la perte de son
grand soin de le faire instruire des lettres WU. Voyez, lui d'I-il, ilcsl ave vous ! En eP.'et,

humaines, et tout le monde remorquait en lui elle le vilauprfe^ d'elle sur la même règle.
un esprit excellent et des dispositions mer- Elle raconta ce songe à Augusliu, qui lui dit:
veilleuses pour les sciences. Etant tombé ma- C'est (juc vous serez où je suis. Mais elle
lade en son enfance
et en péril de mort, il répondit sans hésiter Non; car on ne m'a :

demanda baptême, ayant déjà été fait ca-


le pas dit Tu seras où il est, mais il sera où tu
:

téchumène par le signe de la croi.\ et le sel. os. Depuis ce temps «lie logea et mangea avec
Al mère, pieuse et fervente chrétienne, dis- lui comme auparavant (3).
posait tout pour la cérémonie; m.-iis tout à Elle s'adressa à un saint évè.que, et le pria
coup il se porta mieux, et son baptême fut de parler à sou lils. L'évèque répondit 11 est :

dilléré. Il êtiiilia d'abord à Madaure la gram- encore trop indocile et tnqi enfié <le cette hé-
maire et la rhétorique jus([u'à l'âge de seize résie qui lui est nouvelle. Laissez-le, et con-
ans, que .^on père le lit revenir à Tagaste, et tentez vous de prier pour lui il verra, en ;

l'y retint un an, pendant qu'il pré[iarait les lisant, quelle est cette erreur. Moi, qui vous
rlioses nécessaires pour l'envoyer arhever ses parle, eu mon enfance je fus livré aux maui-
études à Cartilage; car la jiossion de faire cliêens par ma niêie, qu'ils avaient séduite ;

éluflier ce fils lui des cllurls au-


taisait faire j'ai non-seulement lu, mais transcrit presque
dessus de sa lortune, qui était nK'diocre. l'cn- tous leurs livres, et, de moi-mêuie, je me suis
daiit ce séjour de Tagaste, lo jciiik' AnKUsiin désaluso La m'''renese rendit point à ces pa-

'I) Lnl)be. t. H, col. 1031. Theoij., 1. V, c. xiv. — (?) Voir la Vie lie S. Ana-'stiti, par son «nii Possi-
diiis, évéque, de Calame. c. i, oi ses Couffssinm, 1. I, c. xi ; 1. II, c. ui ; 1. Ul, e. i. ; ' VIII, c. vu î

». Ui, c. IV. — (I) lUi.. 1 UI, c. ¥, VI, m.


,

350 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATHOLIQUE

rolps du ?aint (^vAqur- ri coinmo, pli'iirant


;
manichéens; seulement il l'einllquait arec
nliotiil.innuent, elle coiiliimail li- l)^e-^l^ du :"i plus fie facilité et de ^rAce. .Aujii-liti chfr-
piiilci- h son fil<, lVv(Miiii> lui i('i)nndit avec clinit autre cho.se et avait re<pril trop «oli 'e

qtip|i|iiRImrneiir Allnz, il esl'impos^iljle (|no


:
pour se payer de l'extérieur Toute la "ci -iice
le lils de tant de larmes [lérisse! Ce qu'ello de Fauste él dl d'avoir lu quelques oraison»
rei;nt comim' un oracle du eiel. Son fil~, tou- de (Mcéri>n, très-peu de Si-nèque, et ce qu'il y
tefois, demeum neuf ans inimirliéen, depuis avait des livres des manichéens écrits en hiliu.
l'ftge de. dix neuf ans jusqu'à vinsl-liuit (1). Mais quanil Augustin voulut approfoiidir aves
Ayant achevé si's éludi'?, il ensi'l'rÇna, dans lui le cours du soleil, île la lune et ''es aultei

sa ville de Tairaslc, la giaininairi! et ensuite corps céleste». Fausle lui avoua de bonne f ij
la liKHorique. Un arus[)ice lui nllVit de lui qu'il n'av.'iit pas étudié ce- que-lion«. Au^'US"
faire fiaijner le prix dans une dispute de poé- lin. voyant !e pi'u de salisfaclion ipi'il avaiV
sie, moyennani (|i;('!i|ui'S9aiTiriccs d'animaux ;
tiié du plus fumeux docteur de- manichéens,
mais il le rejeta avec liorrt-ur, ne voulant avoir s'en (bgoûta tout à fait dès lors, à l'âge de
aucun eomiiierce avtc Je- démons. Toutefois vinut-iuMif an» (1).
il ne faisait poiid dilTicullé de consulter les A celte iqtoipie, on lui persuada d'aller en-
aslrolofïues et de lire leurs livirs. Mais il en seigner à Uome, où les i-coliers élaierii jdus
fut di'tourné jiar un say.- vieillard, nommé raisonnables qu'à Carlhatre. Il s'ein
Vindicien, médecin fameux, (pii avait reconnu, maigre .sa -fflère, et la trompa, sous pi.
par son exi>éricnee, la vanité di'. celte étude. d'aller aecompai;ner un ami jus.|u'à la mer.
AuiiUftin avait alors un ami intime, qu'il avait Arrivé à Itome, il tomba malade d'une fièvre
rendu manichéen; car il s'api^li piail au-si à «jui li; mit à lexlrémilé mais il ne demamla ;

séduire les autres. Cet ami louilia malade et point le baptême. Il était logé chfz un mani-
demeura longtemps sans connaissance comme : chéen, et il continuait de le* fréquenter, re-
on désespérait de ?a vie, on le liaptisa. Quand tenu par des liaisons d'amitié mais il n'"Spé. ;

il fut revenu à lui, Augustin voulut se moquer rail plus de trouver la vérité parmi eux. et ne
du haptème qu'il avait reçu en eel état mais ;
s'avisait pas de la chercher dans rEi:li*e ca-
le malade rejeta ce discours avec horreur, et tholique, tant il était prévenu contre sa doc-
lui dit. avec une lilieité inattendue, que, s'il trine. Il commença d<mc à penser que le» |dii-
voulait être son ami, m; devait [dus lui tenir
il losophes académicien-, qui itoulaient de tout,
un pari'il langage. 11 mourut i>eu de jours pourraient bien être les plus saines, et il re-
après, iidéle à la grâce. Augustin, qui l'aimait jircnait son bote de la trop grande foi qull
comme un autre lui-même, fut inconsolable do ajoutait aux fables des manichéens. O-nen-
sa mort. Il avait environ vingt-six ans, quand dant la ville de .Milan envoya demandera
il écrivit dcaix ou trois livres De la Beauté et Syinmaque, préfet de Rome, un profe-seur de
de la Bii'nscnnce, mais qui ne sont pas venus rhétorique, et, par le crédit de- manlclieens,
jusqu'à nous (2). Ausîuslin obtint celle place, après avoir fait
Il découvrit vers ce temps que , sous le preuve de sa capacité par un discour», .\insi
masque de la piété, ceux d'entre les mani- il vint à Milan, en 384, dans sa trentième an-

chr'c<ns (ju'on nommait les saints et les élus, née (5).


cachaient mœurs les plus déju-avées. 11 en
les Saint .\mbroise le reçut avec une bonté pa-
cite plusieurs scandales ]ud)lics: En même ternelle, qui commença à lui iianner le cœur.
temps il commençait à
.-e dégoûter des fahles Augustin éco. liait as-idùment ses sermons,
qu'ils racontaient, principalement sur le sys- seulement pour la beauté du style et |xjur
tème du inonde, la nature des corps célestes voir si son éloqueno' répondait à -a réputa-
et des éléments. Ces couniissances. disait-il, tion. Il était charmé de la suavité (!> M)n I. in-
ne sont pas nécessaires pour la relii;ion; mais gage, plu- savant que celui de Fauste, mais
il est nécessaire de ne pas mentir et ne pas se avec m'iins de grâce lians le déliit. Il ne fai-
vanter de savoir ce qu'on ne sait pas, princi- sait d'abord aucune attention aux chose* que
palement quand ou veut passer, comme .Mâ- disait saint Ambi-oi*»': mais insen*iblcm'vit
nes, pour être conduit par le Sainl-E-|>rit. Il et sans qu'il y prit ganle, les choses entraient
goûtait heaucoup mieux les raisons cpie les dans l'esprit a\ec les paroles, et il vil que la
mathi'maticiens et les idiilosophes rcmlaient doctrine chiélienne était au m"ins soutena-
des éclipses, des solstices et du cours des hie. Il reiidut tout à fait de quitter le« mani-
astres (3). chéens et de demeurer, en qualité de caté-
Il y avait un évèque manichéen nommé chumène, comme il était, dans lEulise que
Fauste, vauté par ceux de sa .secte comme un ses parents lui avaient recommandée, c'csl-à-
homme merveilleux et parfaitement instruit dire dans l'Eglise catholique, jusqu'à ce que
de toutes les sciences. ,\près qu'il eut été long- la vérité lui parût plus clairement (6).
temps attendu, il vint enfin à Cartilage. o\\ Sainti- .Monique était venue le trouver arec
Auiîustin enseignait la rhétoriiiue. Il trouv;» une telle foi, qu'en passant la mer, elle con-
un homme, agréable et beau ]iarleur, mais (jui solait les mariiders même dans les plus ,

ne disait au fond que ce que disaient les autres grands périls, par l' assurance que Dieu lui

(I) Conf.. I XJI. et 1. IV, c. i. - (2) lh,H.. 1. IV, o. m 1. VII. c n I. IV. c iv. - (SI «irf.. I. V, s.

; :

m. (4) Ib^., 1. V, e. w. - ^fc) IM., L V. :. ,uj, 9, 10. U. — (6 Uirf. L. V.c, M».


LIVRE TRBNTE-SIxrÊMB. ei
avait donnée près de son
qu'elle arriverait quaient Les manichéens m'a-
les livres divins.
tils. Quand il lui eut dit iju'il n'était plus inii- vaient promis la science, et ne m'avaient
nii'liéuii, mais qu'il n'était pas encore callioli- donné que des fables absurdes; ne pouvant
que, eilc n'en fut point surprise; niuis elle lui les démontrer, ils voulaient m'obli-cr à les
nipondit traiiquillemcnl qu'ille s'assurait Je croire, eux qui se moquaient de robligation
le voir fidc'de (•alholitiue avant qu'elle sortit île de croire parmi les catholiques. Je connnen-
cette vie. Cependant elle continuait ses çais à sentir que la doctrine catholique n'a-
prières et était attach(''e aux discours de suint vait pas si grand tori de commencer par la
Ambroise, qu'elle aimait comme un ange de foi. Je m'aperçus que je croyais une infinité
Dieu, sachant qu'il pvait amené son fil- à cet de choses que je n'avais pas vues, et que, qui
état de doute qui '^evait être la crise de son ne les crorait pas, n'agirait jamais; qu'en
mal. Comme elle uvait accoutumé, en Afrique, particulier je no savais de quels pareutsj'élais
d'apporter aux églisiis des martyrs, du pain, n(!, que
parcfe pie je croyais ce (ju'on m'en di-
du vin et de; viandes, elle voulait faire de sait. Enfin, je me persuadai qu'il y avait du
même à Milan mais le portier de l'église l'en
;
mal, non pas à croire, mais à ne croire (las
cmpèiha, et lui dit tpie l'évèque l'avait dé- aux livres divins, si puissamment autorisés
fendu. Elle obéit aussitôt, sans aucun attache- parmi presque' toutes les nations (2).
ment à sa coutume. Saint Ambroise, au reste, Il avait avec lui deux amis intimes, Alypius

avait aboli ces repas dans les éalises, parce et Nébridius. .\ly[iius était né comme lui à
qu'au lieu des anciennes agapes sobres et mo- Tagaste, où ses [larents tenaient le [iriiuier
destes, ce n'était plus que des occasions de rang. 11 était plus jeune qu'Augustin, dont il
débauche. Il aimait, de son côté, sainte Mo- avait été disciple à Tagaste et à Cartli:ige. Il
nique pour sa pifté et ses bonnes œuvres, et vint à Rome ap[irendre le droit, et l'ut eu-
souvent il félicitait Augustin d'avoir une telle suite assesseur du giand tré^orier d'Italie. Au-
mère car toute sa vie avait été vertueuse.
;
gustin étant venu à Uom •, Alypius le suivit à
Elle était née dans une famille chrétienne, où Milan, ne iiouvanl le quitter, et continua
elle avait eu une bonne éducation. Elle avait d'exiTcer, auprès d'autres magistrats, la
été parfaitement soumise à son mari, souf- même charge d'assesseur ou conseiller, avec
frant ses déliauchcs et ses emportements avec une grande intégrité. Nébridius était d'au-
une patience qui servait d'exemple aux au- près de Cartilage, et il avait quille son pays,
tres femmes, et elle le gagna à Dieu sur la lin sa mère et uni; belle lerr.' (ju'il possédait,
de sa vie. Elle avait un talent particulier de pour venir à Milan vivre avec Augustin et chei'-
réunir les personnes divisées. Depuis qu'elle cber la vérité. C'i'taitle plus grand désir deces
fut veuve, elle se donna toute aux œuvres de' trois amis. Ils voulaient même vivre en com-

fiiété ; elle faisait de grandes aumônes, servait


mun, et ils se trouvaient encore envircm dix,
es pauvres, ne manquait aucun jour à l'o- capables d'entrer dans ce dessein quelques- ;

blalion du saint autel, ni à venir deux lois à uns étaient très-riches, principalement Kouia-
l'église, le matin et le soir, pour entendre la nien, autie citoyen de Tagaste et parent d'A-
parole de Dieu et faire ses prières, qui ly[iius, que ses allaires avaient amené à la
étaient toute sa vie. Dieu se communiquait à cour. Augustin le regardait comme sou pa-
elle iiar des visions et tles révélations; elle sa- tron. Il l'avait aidé dans sa j 'unesse à soute-
vait les distinguer des songes et des jiensées nir les frais de ses études, princi[ialenient de-
naturelles. Telle était sainte iMonitjue, au rap- puis la mort de son père; il l'av.iit encore
port de saint Augustin (t). secouru de ses biens t;t de ses conseils dans
Lui estimait saint Ambroise heureux, selon toutes ses aUaires. Mais ce dessein de vie
le monde, voyant commiî il était honoré îles commune liil roiniiu, parce que (luelques-uns
personnes les [ilus puissantes; mais il ne pou- avaient déjà des femmes, d'autres comptaient
vait l'entretenir à loisir, comme il aurait eu prendre. Augustin, mettant une certaine
voulu, pour lui faire connaître les agitations décence jusque dans SOS désordres, avait (iris
de son àme, à cause de lu foule de ceux qui une concubine et lui gardait la lidt'lite comme
venaient le trouver pour diverses aÛ'aires, et à une épouse légitime. Mais enliu il voulait
il n'osait l'inlerronqire dans
le reste du temps se marier; et sa mère avait déjà trouvé une
que saint éveque donnait à la lecture. Sou-
le personne qui pouvait lui convenir, mais si
vent, dit-il, quand nous étions chez lui, car ce jeune, qu'il fallait attendre environ deux ans.
n'était [loinl l'usage d'eujpecher personne Cepeiiilant sa concubine l'avait quitté el s'e.u
d'ent'.'er ni cle l'avertir, nous le voyions li-ant était retournée en Afrique, faisant vœu de
tout bas; et après être demeurés longtemps continimce |iour le ri'ste de ses jours, cl lui
as.iis en silence, nous nous retirions, jugeant laissant un lils nalurel ipi'elle avait eu de lui
qu'il ne vnulait pas être interroiupu dans ce et qu'il nommait Adêodat, c'est-à-dire Dicu-
peu de teuqjs qu'il avait pour se reuiettre donné. Il n'eut pas le courage do cotte pauvre
i'es[irit et la voix. Je l'entendais prêcher au femme, mais il prit une autre concubine pour
(leuple tous les dimanches. Je reconnaissais 1(! p(!u de temps qu'il restailjusqu'à son ma-
ie plus en plus i[ui^ l'un pouvaii dissiper tou- riage tant
, il était esclave do celle pas-
lea les culomnies dont les imposteurs atta- sion (3).

U) Ctjnf., I. VI, Cl, II; 1. IX,c.vui-xai, 1. V, c. u. — (U)/»!!!., .. VI, c. ». — (3) f6id.,l. lV,o. vu, x, uv.Mo.
;;,^
3r. HISTOIRK UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATHOLIQUE

Cependant la miséricorde divine le jçiiéris- piiis,un de leur* concitoyen- d'.\frique, nom-


sail lieu à peu. Un ouvrage de
Cicéion lui mé Pontinien, i|ui avait une charae corisidi'-
avait insiiiié l'amour de la sagesse les ouvra- : rable à la cour, vintl(!S trouver. Quand ils sa
ges il'uti autre philosophe lui en ouvrirent pour furent assis pour s'entretenir, P.mlinien
ainsi dire 1rs pintes. Les nianiihéens l'avaient aperçu sur la table de jeu un livre il l'ouvrit ,

et trouva que c'était saint Paul. Il fut sur-


accoutumé à lu; concevoir Dieu ([iie sous des
images corporelles hs livres de l'ialon et
:
pris de trouver la ce livre seul, au lien de
des platoniciens, qu'il lut par hasard, lui en quelques livres des lettres huinaiiics; il re(çar-
donnèrent des idées plus élevées et plus di- da Augustin avec un ^ollri> mêle «l'admira-
gnes. J'y lus, dit-il, j'y lus, non eu propres tion t de joie car il i-lait chrétien et faisait
r :

termes, mais en termes i'([uivideuts, que dans souvent de longues prières, prosterné devant
le principe était le Vi rlie, et ijue le Verhe Dieu dan< l'église. Augustin lui ,yant dit
était Dieu ;
que tout a ?»te lait par lui, et que s'appliquait fort à ces sortes de lectures,
«pi'il

sans lui rien n'a été l'ail «pie l'àme de


;
la i'onver>a1ion se tourna sur saint .Antoine,

l'homme, quoiqu'elle rende ténioi.u;na;.;e de la dont l'niitiiiien racontala vie, comme Irès-con-
lumière, n'est cependant pas la lumière nue aux lidèles. Augustin et Alypius n'en
même; mais que c'est Dieu, le Verbe de avaient jamais ouï jiarler; ils étaient surfiris
Dieu ,
qui est la lumière véritable qui il'apprendre de si granilesmerveilleset'-i récen-
éclaire tout homme venant en ce monde. tes, et Pontinien n'était pas moinsélonné qu'ils

Mais je n'y lus pas qu'il est venu dans les eussent iu'norées jusiju'alors. 11 leur)iurlu

.son domaine, et que les siens ne l'ont pas reçu, de la multitude des monastères qui remplis-
et qu'à l((ns ceux qui l'ont reçu et ont cru en saient les déserts, et dont ils n'avaient aucune
son nom, il a donné le pouvoir de devenir en- connaissance. Ils ne savaient pas même qu'a
fants de Dieu mais je n'y lus pas que le Verbe
;
Milan, où ils étaient, il y en avait un hors
s'est fait chair et (ju'il a habité parmi nous ;
des murs de la ville, sous la conduite île saint
mais je n'y lus pas qu'il s'est ani'anti lui- Ambroise. Enlin Pontiiden leur raconta la
mènie en prenant la l'orme d'esclave et se conversic'ii de deux ofhciers de l'emiMTeur,
rendant obéissant jusqu'à la mort (I). En un qui, se premenant avec lui à Trêves, et ayant
mot, il ne concevait pas encore le mystère de trouvé chez des moines la vie de saint An-
l'Incarnation, ne regardant Jésus-Christ que toine, en furi'nt tellement touchés qu'ils em-
comme un homme incomi>arable, né miracu- brassèrent sur-le-champ la vie monas-
leusement d'une vierge, et à qui la Provi- tiqut.
dence avait concilié justement une si grande Tandis que Pi>nlinien jiar'ail. un vinlent
autorité, i)0ur nous apprendre à mépriser les combat se jiassait dans l'àme d'.\iigustin. Il y
choses temporelles, afin de mériter l'immor- avait douze ans que la lecture de ïffortensiut
talité. Dès lors il saisit avidement l'Ecriture de Cicéron l'avait e.vcilé à l'étude de la sa-
sainte, particulièrement saint l'aul. Les con- gesse. Il avait cherché la vérité, il l'avait
tradictions apparentes d'autrefois avaient dis- trouvée; il ne lui manquait que de se déter-
paru. Il vit avec joie et avec une espèce de miner, et il ne voyait plus d'excuse. Ravi
frayeur, que les oracles divins formaient un d'ailmiration et d'amour pour tant de chré-
tout harmonique. Ce qu'il avait lu de vrai tiens généreux iju'on venait île lui faire con-
ailleurs, il le retrouvait là, mais avec la grâce, naître, il rougissait de ses désordres et de sa
mais avec l'humilité, mais avec les larmes du lâcheté; il se faisait horreur à lui-même.
repentir, mais avec la conliance en la misé- Pontinien s'étant retiré, Augustin se lève; et
ricorde divine. s'adressant à Alypius lui dit avec émotion, le
En cet état, il s'adressa au prêtre Sinipli- visage tout changé, et d'un ton de voix extra-
cien, qui, depuis sa jeunesse jusqu'à un âge ordinaire Qu'est ceci? que faisons-nous?
:

avancé, avait vécu dans une grande piiHé. Il des ignorants viennent ravir le ciel, et nous,
avait instruit saint .Xmbroise, (jui l'aimait avec nos sciences, insensés que nous sommivs.
comme son père. Augustin lui raconta tout nous voilà plongés dans la chair et le fantr!
le cours de ses erreurs, et lui dit iju'il avait Avons-nous Ininte de les suivre? et n'esl-il
lu quehpies livres de platoniciens, tpie le rhé- pas plus honteux de ne pouvoir pas même b-s
teur Victorin avait tr.iduil en latin. Simplicien suivre? .Vlypius le regarda sans rien dire,
le félicitade n'être pas tombé s'vr le> écrits étonné de ce changement, et le suivit pas à
des autres philoso[ilies, iileinsde déceptions; pas dans le jardin où l'emporta le niouvo-
au lieu que ceux-ci insinuaient partout nient qui l'agitait. Ils s'assirent le plus loin
Dieu et son Verbe. Il lui raconta la conver- qu'ils purent de la maison. ,\ngu«lin frémis-
sion de Vielorin même, à laquelle il avait eu sait d'indignation et ne pouvait se résoudre
tant de part. Augustin en fut sensiblement à ce qui semblait ne dépendre que de sa
ému et désirait ardemment de l'imiter, non- viiliiuté. Il s'arrachait les cheveux, il se frap-
seulement en recevant le baptême, mais en inil le front, il s'embrassait b' lenou les
renonçant comme lui à la protession de la mains jointes. Alypius ne le quitta t point et
rhélori(]uo. attendait en silence l'issue de celle ai;itatioK
Un jour qu'il était à son logis avec Aly- extraordinaire. Augustin, seutant que cet

(i) Conf., 1. liil, c ut.


LIVRE TRENTE- SIXIEME. 353
orage allait se résoudre en une pluie de lar- Quand i) fut libre, il se retira à îa cam-
mes, se leva d'auprès de lui, cherchant un pagne en un lieu nommé Cassiaipie, dans la
iieu solitaire où pleurer à son aise. Le lais- maison d'un ami nommé Vérécunilu~, citoyen
sant donc où ils s'étaient assis, il alla se jeter de .Milan et prulesseur de grammaire. Au-
sous un figuier, où ne se retenant plus, il gustin s'y retira avec sa mère, Jon frêr-, Na-
•versait des torrents de larmes et criait d'une vigius, son fils Adéodat, Alypius«et .Nébri-
voix lamentable: Jusqu'à quand, Si'iuncur ! dius, et deux jeunes hommes ses disciples,
jusqu'à quand çerez-vous irrité conlro-moi ? 'rrigétius et Licentius, dont le dernier était
oubliez mes iniquités passées Jusqu'à «juatid, ! fils de Remanien. Pendant cette retraite, il
jusqu'à quand dirai-je A domain, à demain?: composa ses premiers ouvrages, qui sont
Pourquoi ne serait-ce ji.is aujourd'hui? Pour- écrits três-poliment mais ils se sentent en-
;

quoi, dès ce moment, ne mcltraib-je pas tlu à core, comme il le reconnaît, de l'enflure de
lua turpitude? l'école. Le premier est contre les académi-
Au milieu de ces cris et de ces pleurs, il en- ciens, qui prétendaient que tout était obscur
tendit sortir de la maison voisii;e une vois, et douteux, et que le sage ne devait rien as-
comme d'un jeune gardon eu d'une fille, surer comme manifeste et certain. Plusieurs,
qui disait et répétait souvent en chan- touchés de leurs arguments, désespéraient de
tant Prenez, lisez
: Prenez, lisez ! Soudain
! trouver la vérité. Saint Augustin en avait été
il changea de visage et se mit à penser en ébranlé lui-même, et il fit ce traité, princi-
lui-même si les enfants avaient coutume de palement pour s'affermir contre cette erreur,
chanter, en certains jeux, quelpie chos'' de il remarque que, de son temps, toutes les di-

semblable, et il ne se souvint point de l'avoir verses sectes de philosophes étaient réduites


jamais remarqué. Alors il arrêta le cours de en une, ayant un système composé des sen-
ses larmes et se leva, sans pouvoir penser timents de Platon et d'Aristote, excepté quel-
autre chose, sinon que Dieu lui commaniUiit ques cyniques que l'amour du libertinage et
d'ouvrir les Epitres de saint Paul et de lire le la licence r15lTnaient encore dans leurs an-
premier endroit qu'il trouvera'!,; car il avait ciennes opinions. Le second ouvrage est la
appris que saint Antoine avait été converti Traité de la vie heureuse, composé d'un entre-
par une parole inattendue de l'Evangile, ii tien dont il régala la compagnie comme d'un
retourna donc aussitôt vers le lieu où Aly[iius festin spirituel, le jour de sa naissance, trei-
était assis, prit le livre, l'ouvrit, et, dans le r.ièœe de no\embre, et. les deux jours sui-
premier endroit rencontra, lut tout bas
qu'il vants. Le sujet est de montrer quela vie heu-
ces paroles, sur lesquelles d'abord il jeta les reuse ne se trouve que dans la connaissance
yeux \e passez pus votre vie dans les fes-
: porfaite de Dieu.. Le troisième juvrage est
tins et rivro.y;neiie, ni dans la débauche et le Traité de Cordre, où il examf ne la grande
l'impureté, ni dans les querelles et la jalou- question, si l'ordre de la prov.dence divine
sie ; mais revètez-vous du Seiuneur .(ésus- comprend toutes choses, bonnes et mau-
Christ, et ne cherchez point à contenter la vaises; mais voyant que la matière était trop
chaire dans ses convoitises (1). Il n'en lut [las élevée pour ceux à qui il parlait, il se rédui-
davantage, et aussitôt toutes ses incertitudes sit à leur parler de l'ordre des études. Le qua-
se dissipèrent. trième ouvrage sont les Soliloques, où saint
Ayant fermé le livre, apiès avoir toiitefnis .\uguslin parle avec sa raison, comme si
marqué l'endroit où était le pjssage, il se c'étaient deux personnes. Dans le premier
tourna vers Aly|iius avec un visage tranquille, livre, il cherche quel doit être celui qui veut
ctluiditcequi ètaitarrivé. Alypius voulut voir icquèrir la sagesse, et prouve à la fin que ce
le passage ; il le lut, ainsi que ses paroles, ipii qui est véritablement, est immortel ; dans le
viennent ensuite Recevez avec charité celui
: second, il traite de l'immortalité de l'àme.
qui est encore faible dans la foi, et il se les Mais cet ouvrage demeura imparfait. Tels
appliqua à lui-même. Ils rentrèrent tous deux sont les quatre traités que saint Augustin
et vinrent dire cette heureuse nouvelle à composa à Ca«siaque, pendant sa retraite,
sainte Jlonique, qui fut transportée de joie. sur la fin de l'an 386.
Augustin résolut en même temps de renoncer Les trois premiers sont les fruits des sa-
au mariage et à toutes les espérances du vantes convei'sati<in3 qu'il avait avec ses
siècle, et premièrement à quitter son école de amis, et qu'il laisait en même temps écrire
rhi-loriquc. .Mais il voulut le faire sans éclat . en notes pour en conserver ensuite ce qu't.
et comme ne restait qu'environ trois se-
il jugerait à propos. On y voit un grand détail
maines jusqu'aux vacances, que l'on don- de la manière libre et gaie dont ils vivaient
nait |)our les vendantes, il remit à cette ensemble. Trim-lius et Licentius, qui étaicnï
époque à se déclarer, 11 avait même un pré- les plus jeunes, continuaient ù'urs étuiles
texte |dausiblo «levant li; monde, parce que d'humanité, ctAugustiuleurexpr^quait tous le;
sa poitrine s'était échanifi-e cet iHé-là, en jours, avant le souper, la moitié d'un livre de
sorte qu'il eut été obligé tle quitter sa pro- Virgile. Licentius suivait son inclination pour
ipssion, ou du moins de l'iulerrompre quel- la poésie et faisait des vers sur i,.*falile de

que temps (2). Pyrame et de Tliisbc, et saint Augustin Ira-

(1) Hooi . \ui. — (I; C9n(., L X, e. vu, Titi. «la.

t. IV.
354 IIISTOFRE UNIVERSELLE DB L'ÉGLISB CATnOLlQUB.
vaillah à le déiac.he.r dDuccnicnl de cos liaga- courage à dompter son corjis, jusqu'à mar-
«"Ups.Quand le temps était beau, ils s'entre- cher lui pieds pendant l'hiver en celle partie
tenaient assis dans une iirairic: quand le temps de l'Italie, pays froid pour les Africains '1).
était mauvais, ils s'eufermaient dans le l)aiii. Iinlin saint Augustin fut baptisé par saint
Dans ces conversations, ils ne se pressuient .\rnbroise, avec son ami .Mypius et son fiU
pas de .'pondre*, mais souvent ils demeu- Adi'odat, âgé d'environ quinze an- l\> furent
raient lonRlcmps à demander ce de- qu'il-; baptisés la veille de !' âques, qui cette année
vaient dire; et quand ils croyaient s'être trop .'i87, se rencontra le 25 d'aviil. comme saint
avancés, ils revenaient de bonne foi car ce : Ambroise le décida, étant consulte par les
n'étaient pas de vaines disputes, pour mon- évêquesilela [irovirice d'Emilie. Ce fut. comme
trer de l'espiit, mais un examen solide de la l'on croit, en cette occasion que suint Am-
vérité. l!ne fois, Trit-étius s'étant mépris, broise fit aux nouveaux baptisés l'inslrijclion
voulait (|uc ce qu'il avait avancé ne fût pas qui compose son livre de> Mqstères, ou de ceux
éait. Liccntius insislnil h le faire écrire. qui sont initiés. 11 leur y ex|ilique la nature
Saint Au(iu>tin le reprit fi)rtement de cette et les cérémonies des trois sacrements qu'ils
émulation puérile; et comme Tripétius riait venaient de recevoir le baptême, la conlir-
:

à son tour de la confusion de l'autre, il leur mation et l'eucharistie. Ce cju'd n'avait pu


fît à tous deux une sévère réprimande, (]u'il faire auparavant, parce, dit-il, que c'eut été
finit en leur demandant qu'ils fussent ver- trahir le secret des mystères, plutùt que de
tueux pour récompense du soin qu'il prenait les expliquer.
pour Sainte Monique était pré-
les instruire. Ce de l'eucharistie surtout, est ad-
qu'il dit
sente à la plupait de ces conversations, en- mirable. néophytes assistaient pour la
Les
trant aisément dans tout ce qui rcfjardait la première fois pu saint sacrifice. Four en faire
morale et la reli.uion, quelque relevé qu'il voir l'excellence, il leur en explique le- an-
fut. Saint Augustin passait environ la moitié ciennes ligures, le sacrifiée de Melchisédech,
de la nuit à méditer ces importantes vérités, la manne que Dieu lit tomber dans le de-^rt,

et le matin il faisait de longues prières ac- l'eau que Moïse tira de la pierre, et prouve '

compagnées de larmes la lecture des psaumes


: nettement que l'eucharistie contient le corps
le toucha sensiblement. et le sang ilc Jésu=-Christ. « Considère, dii-il,
Les vacances étant passées, il manda aux lequel des deux l'emporte, ou le pain des
citoyens dt; Milan de se pourvoir d'un autre anges, ou la chair du (Miiist, laquelle est le
professeur d'éloquence. 11 écrivit à saint Am- corps de la vie même. La première manne des-
broise pour lui faire connaître ses égarements cendait du ciel celle-ci est ai:-iiessus du liel,
;

passés et ses dispositions présentes, le priant elle est du maître des cieux. .\ux anciens,
de lui indiquei' ce qu'il devait lire des saintes l'eau coula d'un rocher; à loi, le sang cule
Ecritures pour se proparer au baptême. Saint du Christ l'eau les désaltéra pour quelques
:

Ambri'ise lui conseilla le prophète Isaie, mais heures, le sauj te purifie pour réleruile. Au-
saint Augustin, n'ayant pas entendu la pie- tant la lumière l'empiTti- sur l'ombre, la vérité
mièrc lecture qu'il en fit, remit à le lire quand sur la ligure, autant lecorps du Créateur l'em-
il serait plus exercé dans le style de l'Ecri- porte sur la manne du ciel. Tu diras peut-être:
ture. Le temps étant venu auquel il devait Je vois autre chose; comment m'assurez-vous
donner son nom entre les compétents pour se que je reçois le corps du Christ'? — M<>i-e a
préparer au baptême, il quitta la campagne changé un bâton en serpent; il a chantfé en
et retourna à Milan, c'est-à-dire vers le ca- sang et puis rétabli dans leur étal nalun-l les
rême de l'on 387. Ce fut là qu'il écrivit le Trnité fleuves de l'Ei-'yiite il a tait jaillir l'eau du
;

de l'immortalité de l'âme, qui n'était qu'un mé- rocher. Que si la bénédiction d'un homme a
moire pour achever ses Soliloques. 11 entreprit pu changer la nature, que ciirons-nous de la
Eendaut ce même temps d'éi-rire sur les arts li- iièiièdiclion divine, où les paroles du Sauveur
éi aux, c'est-à-dire la grammaire, la dialec- ojièrent'? Car le sacrement c]ne vous recevez a
tique, la rhétorique, la géométrie, l'arithmê- été produit par le? paroles du Christ, nue si
tique et la philosophie. Il acheva le Traité de la jiarole d'Elie a pu faire descendre le feu du
ta Grammuire et le perdit depuis: il composa ciel, la parole du Chri-t ne pourra-t-elle pis
six livres De la Musique, qu'il n'acheva que changer la natiu* des éléments'/ Vous avez lu
deux ans après en Afrique. Il ne fit que cnm- dans la création cle l'univers Il n dit. et tout
:

mencer le reste; et nous n'avons plus, de tmis a été fait. La parole du Christ aura donc pu
tes traités, que celui De la Mus^iquc. Son des- fairede rien cecjui n'était pas; et elle ne [Mjurra
•ein, dans ces ouvrages, était d'élever à Itieu pas changer les cho-es qui sont en ce <|u"clles
ses amis appliqués à ces sortes d'elndes, et de n'étaient pas? .Mais pourcjuoi de-< argumenlsT
les fairt. nionlei, par degrés, des choses sen- Servons-nous de l'excnqile de •:
incarna-
sibles aux s|iiritiiclles, comme l'on voit dans tion. Est-ce selon l'ordre n^.turel que le 5»«.'i-
le sixième livre 'J- la Musique car, depuis sa; pneur Jésus est né de Marie? N'"-st-il pas évi •

eonversion, il M.n'«ncra toutes ses études au demi que c'e^^t par un prodige au-de,«5u« de la
service de Dieu. Alypius se préparait aufsi au UMlnre qu'une vierge est devcuue mère? Or,
baptême par une sincère humilité etun graud le corps que nouâ '^u^uc^ous cél le même ^'u

(1) Auy., Cciij. Tilleiiionl, Fivury, (..eUiei,


LIVRE TRENTE-SIXiftMli. J55

est né la Vierge. Pourquoi donc y chercher


(le passion par les larmes, ei éprouvant les an-
l'optlre naturel ? C'e-t la vraie chair flu Christ goissas de la crainte. Car c'est un seul et le
qui a été crucifiée et ensevelie ; c'est donc vrai- même qui dans la forme de Dieu opère des
ment aussi :c sacrement de sa chair. Le Sei- miracles d'une grande puissance. Or, pour ré-
gneur Jésus le proclame lui-même Ceci est : parer la vie de tous, il a pris sur lui la cause
mon corps. Avant la consécration qui se fait de tous :et l'obligation de l'antique cédule,
par ces paroles célestes, on donne à cela un il l'a effacée, en payant pour tous ce que seul

autre nom fïiais après la consécration, le


; entre tous il ne devait pas ; afm .}ue, comme
corps y est sinnalé. Lui-même dit que ce (jui par la faute d'un seul, tous étaient devenus
est dans le calice, est son sang. Avant la con- pécheurs, de même aussi, par l'innocence d'un
sécration cela s'appelle d'un autre nom ;
,
seul, tons devinssent innocents... Mais d'ex-
mais après la consécration, on l'appelle sang ; pliquer plus clairement le mystère de la foi,
et vous répondez amen, c'est-à-dire cela est et de confondre la perversité hérétique, c'est
vrai. Ce que dit la bouche, que l'esprit le con- affaire à vous, excellent père J.rômc. La seule
fesse ce que la parole proclame, que le cœur
! chose que je vous demande et que je vous sup-
le sente! Le Christ est dans ce sacrement, plie de m'accorder, c'est de vous souvenir Iré-
parce que c'est le corps du Christ. Ce n'est quemmeutde moi, invincible soldat du Christ.
donc pa< une nourritui-e corporelle, mais spi- Ainsi soit-il (4).
riluelic. Car le corps de Uicu est un corps Saint Augustin, après son baptême, ayant
spirituel (1). » Enfin saint Amhroise, au mi- examiné en quel lieu il pourrait servir Dieu
lieu de ses instructions, recommande aux plus utilement, résolut de retourner en Afrique
nouveaux fidèle^ le secret des mystères. avec sa mère, son fil-, son frère et un jeune
L" cardinal .Mai a retiouvé l'explication du homme nommé Evodius. 11 était .lussi de Ta-
s\ inliole aux néophytes par saint Amhroise, gaste; étant agent de l'empereur, il se con-
ainsi qu'une lettre du même l'cre à saint Jé- vertit, reçut le l)aplème avant saint Augustin,
rôme, sur la fi>i. Le symbole, maniue du chré- et quitta son emploi pour servir Dieu. Quand
li(ui, est un abrégi' de la loi, composé par les ils furent arrivés à Ostie, ils s'y reposèrent du

apôtres. Avant de le réciter, les néophytes se long chemin (pi'ils avaient fait depuis .Milan,
signaient, faisaient le siuiie de la croix sur et se préparaient à s'embarquer. Un jour saint
eux-mêmes. S dut Amiiroise, dans sa courte Augustin et sa mère, appuyés ensemble sur
l'Xjdicalion, en donne l'ordre jusqu'à deux une fenêtre qui r''gardait le jardin de la mai-
fois (2). Le syndiole est en dou/.c articles, sui- son, s'entretenaient avec une douceur extrême
vant les douze apôtres qui le composèrent. En oubliant tout le passé et portant leurs pen-
Orient, on y ajouta quelques mots pour ré- sées sur l'avenir. Ils cherchaient qu'elle se-
futer plus directement les nouvelles hérésies. rait la vie éternelle des saints. Ils s'élevèrent
Mais, dit saint Amhroise, l'Eglise romaine, au-dessus de tous les plai-sirs des sens ; ils par-
où siégea Pierre, le premier des apôtres, et )ù coururent par degrés tous les corps, le ciel
il apporta cette commune sentence, n'y a rien même etlesastres. Ils vinrent jusqu'aux âmes;
ajouté. A .Milan, on suivait le symbole de el, passant toutes les créatures, même spiri-
l'Eiilise romaine. Il était encore défendu de tuelles, ils arrivèrent à la sagesse éternelle, par
l'ccriie. Mai^ saint Amhroise recommaiide de laipielle elles sont, et qui est toujours, sans
h; redire el de le méditer souvcml dans son différence de temps. Ils y atteignirent un mo-
cœur, et il dnnne cette répétition comme un ment de la pointe de l'esprit, et .soupirèrent
remède puissant contre les maux de l'âme et d'être obligés de revenir au bruit de la voix,
memi- du corps (:t). où la parole commence et finit. Alors sa mère
La lottre à -aint Jérôme explique les mêmes lui dit: Mon fils, pour ce qui me regarde, je
vér-ité-. [)rincipali'sl'unité, de la nature divine,
: n'ai plus aucun [)laisir en cette vie. Je ne sais
la Trinité des personnes, la divinité consub- ce que je fais ici encore, ni pourquoi j'y suis.
slanlielle du \erbe, la réalité, la nature et le La seulu^hose ([ui me faisait souhaiter d'y de-
Lut de rincarnalion. La grandeur de la ma- meurer, était de vous voir chrétien catholique
tière iiivili- à nous étendre mais, au[iiés de
; avant de mourir. Di u m'a donné plus; je vous
voire eruilition, di; longs développements ne vois consacré à son service, ayant méprisé la
sont pas néccS'iaires. Chez vous c-t Uetldébem, f'Iicilé terrestre.
où a rcspli'ndi le salutaire enfanleuienl de la Lnviion cinq jours après, elle tomba malade
Vierf^e, (|ue, faute de p;acc dans l'hôtellerie, de la licvre. Pendant sa maladie, elle s'éva-
leçul la cr^i'he, enveK)p|ié île langes. Chez nouit un jour et comme elle fui revenue, elle
;

Vous H été aianifestée [lar les aunes, adorée reyarda Augustin el son fière Navigius, et
par les magi's, el per-ecutee par lleiode, i'cn- leur dit: Où élais-je ? Puis, le» voyant saisis de
lance du Sauveur. Cliez vous est le lieu, où douleur, elle ajouta Vous ldiè.>ercz ici votre
:

d'entant il est hrvenu adolescent, et d'adoles mère. Navigius téuioi:;iiait sr>.(liaii"i- qu'elle
cent hoinmi' parfait, suivant les progrès du mouiùt plutôt dans sou piys. Mai- ele le re-
corps, apaisant la faim par la niuirrilure, pre- g;irda d'un leil sévère, comme pour le icpren-
nant le repus du sommeil, lémoiguant su com- dre, et dit a, Aujjustia : Voyez ce qu'il dil I Ea

(I) Ambr., CkUvu., n. 48-&8. — (2) SigiutU oo*.— (3J Miii, S.rip(i.r. veUr., l. VII, p. 15C-158.— W >*•*.
sTie lIISTOIItK LNIVDRSEI.LE DK I/KI.LISE CATIIOL'QUE
tin, s'aflress.'int il Mettez ce Pdrps,
Ions rloiix : martyrs, par la conversion des peuples. La
flit-elle, où il vous plaira, ne vous en inquié- morale de l'un et l'autre Tesiameiil se ré-
tez point. Je vous prif spulpnient de vous sou- siim(; à aimer Dieu et le prochain. L'Eglise
venir de moi à l'iiôtel du Seigneur, quelque cîitliolique la jiroportionne à l'âge, au Kexe,
pari ijiie vous j-oyi'z. Klle mourut le m-uvifuie à la condition. Elle soumet les femmes à
jour de sa maladie, dans la cini|uante-sixiè- leurs marie par une chaste el fidèle obéis-
iDO année d(! snn iige, et la trerite-lroisii-me de sance, non pour as.^'jvir la con-oitise, maiî
saint Auf-MiMin c'est-à-dire la même aimée de
;
jiour la propagation .le l'humanité et pour
«on liapl('nic,387. former la société domi"-li<]iie Elle propi.se
Sitôt qu'elle eut rendu l'esprit, Augustin lui les maris à leurs femmes, n<jn pour iii?ullei
ferma yeux. Le jeune Adéodat jKuissa des
les le sexe faible, mais yiar les lois d'un amour
cris en pleurant mais tous les assistants le fi-
;
sincère. Elle assujettit lesenfanls aux paient»
rent taire, ne voyant aucun sujet di- larmes jiar une espèce de servitude libre, el etaldil
dans eette mort, el Augustin lelinl les siiniies les parents sur les enfants jiar une pieuse
Bn .se faisant lieaucouji de violente. Kvodius domination. Elle unit les frères aux fières
prit le psautier, et commenc^a à chanter le par les liens de la religion, plus fort el plus
psaume ceiilième: Je chanterai à votre louange, étroit que celui du sang. l'erfeclioniianl ce
ô Seigneur, la miséricorde et la justice! (juela nature ou la volonté a uni déjà, elle
Toute la maison répondait, et aussitôt il s'y étreiiit jiar une charité mutuelle toute e jiece
assembla quantité de personnes pieuses de l'un «le jiarenté el d'alliance. Elle enseigm- aux
et de l'autre sexe. On porta lecoips; on olhit serviteurs à s'attacher à leurs maîtres, moins
pour la défunte le sacrifiée de notre rédemp- par la nécessité de leur condition que par
tion on fit encore des prières auprès <lu sé-
;
l'amour du devoir. Par la considération du
pulcre, selon la coutume, en présence du corps Dieu suprême, leur maître commun, elb-rend
avant que de l'enterrer. Saint Augustin ne les maîtres humains pour les servileurs, et
pleura point pendant toute la cérémonie mais ; jdus portés à leur faire du bien qu'à les pu-
enfin, la nuit, il laissa couler ses larmes ]iour nir. En leur rappelant nos premiers ancêtres,
soulager sa dovileur il jjria pour ^a mère, elle unit les citoyens aux citoyens, les nations
comme il faisait encore longtemps après, en aux nations, et généralement tous les hom-
écrivant toutes les circonstances de cette mort mes^ non-seulement par la société, mais en-
dans le livre de ses Confessions il prie les lec- ; core par une espèce de fraterniié. Ele en-
teurs de se 'souvenir, an saint autel, de Moni- seigne aux souverains ii être une providence
que, sa mère, et de son père, Patrice (1). pour les peiqiles, et an.\ peuples à se sou-
Après la mort de sa mère, saint Augustin mettre aux souverains. Elle enseigne avec
revint d'Ostie à Rome, où il séjourna le reste soin à qui est du l'honneur, à qui l'atreclioD,
de l'année 387 et toute l'année l{()8. Ses ]ire- à qui le respect, à qui la crainte, à qui la
miers travaux depuis son haj)lème furent pour consolation, à qui des avertissements, à qui
lii conversion des manicln'ens, dont il venait la rêiiiiinande, à qui le suiiplice montrant ;

de (luitter les erreurs. Il ne pouvait soutlVir que tout n'est pa> di'i à tons, mais a tous la
l'insolence avec kKjuelle ces imposteurs van- charité, et à nul l'injure. Voilà pourquoi, ilan»
taient leur prétendue continence et leurs son sein, il y a tant de personnes hu-pita-
abstinences superstitieuses, pour tiomper les liêres, serviabbs, doctes, chastes, saintes;
ignorants et calomnier l'Kglise. Il composa tant de jiersonnes tellement embrasées de
donc deux livres le premier, fJe la Murale
: l'amour de Dieu, qu'à la continence parfaite
et des M(eii7-s de rFglise rnllwlique ;\k >ccorn\, et à un incroyable mépris de ce monile. e|!es
De la Morale et des Maui's des manir/uens. joignent l'amour de la solitude. Leur nombre
Voici la substance du premier. est si grand jiar tout l'univers, principale-
L'ordre naturel pour apprendre, est que ment en (trient el en Egypte, qu'il est im-
raut(U'ité jirècède la raison. Toutefois, par ]iossible d'en ignorer. Tels sont les anacho-
condescendance pour ses adversaires, il suivra rètes, les cénobites, les religieuses un grand ;

la méthode inverse. Tout le monde veut être nombre d'évêques, de prêtrea, de diacres et
heureux. Le bonlieur consiste à connaître, d'autres ministres de l'Eglise, dont la vertu
aimer et posséder le souverain bien. Le sou- parait d'autant plus admirable, qu'elle est
verain bien du corps, est l'âme. Le sinivcrain plus difficile à conserver au milieu d<> la
bien de l'àme,c»t ce (jui la rend meilb-ur et multitude et dans une vie agitée. Que si,
c'est Dieu. Mais comment suivre qui l'on ne dans foule des
la nations que renferme
voit pas"? comment suivre Dieu ? En o!. servant l'Kglise catholique, il y a des ignorants, des
tes préceptes des sages. La raison ne va i]ue superstitieux, des libertins, cela devait éton-
jusque là. .Vais alors se pi-ésente cette grande ner les manii'héens d'autant moins que, parmi
roule, que Dieu lui-même nous a tracée, par eux, malgré le petit nombre, ils ne pouvaient
ta vocation des patriarches, par la loi de ]>a« montrer un .seuliie leurs prétendus saints
Moïse, par Icb oracles des ju-ophètes, par le ou élus qui observât la morale même de
mystère du Fils de IMeu fait homme, par le Ma nés (2).
témoignage des apôtres, par le .sang des Dans le second livre, il fait Yoir combiea

(l)ConA, 1. IX, c nu. — {1i T. I, De Mi->ril.. -h** i


687.
LIVRE TRENTE-SIXIÊMK.
cette morale de Maiiès était absurde et inco- Beaucoup la trouvèrent intolérable et se re-
hérente, et qu'après tout, aucun d'eux ne tirèrent la honte en retint toutefois plu-
;

l'oljservait. Les manichéens demandaient : sieurs. Ils commencèrent donc à vivre selon
D'où vient lô mal? Saint Augustin leur ré- cette règle. Constantius les y excitait avec
pond par une (jnestion préliminaire Qu'est- : une grande ardeur, la pratiquant tout le
ce (]ue le mal ? Au lieu de répondre, avec les premier.
catholiques, que c'est un défaut, une défec- Cependant des querelles fré-
il s'élevait
tion du bien, eux soutenaient que c'était une quentes parmi ces élus; ils se reprochaient
substance, et. par suite, qu'il y avait deux mutuellement des crimes. Constantius gémi.'î
principes, l'on bon, l'autre mauvais; que, piir sait de les entendre, et faisait en sorte que,
suite du ciimbat entre les deux, les âmes dans leur.s disputes, ils se trahissaient impru-
raisonnables, parcelles de la substance divine demment et dévoilaient des abominations
du bon principe, étaient emprisonnées dans inouïes. On reconnut alors quels gens étaient
le eorps des animaux et des plantes, particu- ceux qui passaient pour les plus parfaits. En-
lièrement dans leurs semences que pour ;
fin, comme on voulait les contraindre à gar-
/es manichéens parfaits ou les élus, la vertu, der cette règle, ils murmurèrnnt et soutinrent
le mérite, la sainteté consistaient à dégager qu'elle était insupportable la chose en vint :

ces parcelles divines par la digestion. La à une sédition ouverte. Constantius soute-
conséquence naturelle était, que ces élus nait, en deux mots, qu'il fallait observer tous
devaient manger de tout et sans cesse, afin ses préceptes, ou bien, s'ils étaient imprati-
de délivrer par le travail de leur estomac un cables, juger archifou celui qui les avait
plus grand nombre d'àmes. Mais les mani- donnés. Le tumulte du plus grand nombre
chéens faisaient à ce sujet une foule de dis- l'emporta sur les raisons; l'évèque même
tinctions absurdes et contradictoires. Ainsi, céda et s'enfuit honteusement. 11 avait ap-
le vin étant le fiel du mauvais principe, ils porté, disait-on, de l'argent dans un sac bien
n'en buvaient point dans son état commun ; caché, pour acheter secrètement dés viandes
mais ils iuivaient du vin cuit et mauLceaient et les manger contre la règle. Enfin tout se
du un crime de cueillir soi-
raisin. C'était dispersa. Pour Constantius, il se convertit à
même une une pomme mais c'était
figue, ; la religion catholi(|ue (i). Saint Augustin
une vertu de la manger, cueillie par un composa encore à Rome un dialogue entre
autre. Ils permettaient le mariage à leurs Evodius et lui, où il examine plusieurs ques-
auditeurs, à condition qu'ils y éviteraient la tions touchant l'âme. D'où vient-elle? Sa pa-
génération des enfants, de peur d'emprison- trie est Dieu. Son étendue, sa grandeur n'est
ner les âmes dans la chair, c'est-à-dire qu'ils point corporelle. La raison est le riigard de
liernieltaient, ïion pas le mariage, mais la l'àme le raisonnement est la recherche de
;

débauche. Parce seul point, on peut juger la raison. Il y a dans l'àme comme sept
de toute la morale. Aussi saint Augustin pro- degrés elle anime le corps et le conserve ;
:

teste ([ue, pendant les neuf ans qu'il fut par- elle sent par les organes du corps et distingue
mi eux et qu'il les observa de près, il ne les dififérentes qualités fies choses elle :

trouva pas un seul de leurs élus exempt de ama-sse dans la mémoire une infinité d'images
crime ou de soupçon. Entre plusieurs faits et d'idées ; pour atteindre la vertu, elle s'é-
qu'il cite, il y en a un qui était connu de lève par bien des coraijats au-dessus du corps
tout Itonie. et de toutes les choses de ce monde épurée ;

Un de auditeurs, nommé Constantius,


li'urs par ces combats et victorieuse de tous ces
ne pouvant souUi ir les rrproches qu'on lui obstacles avec le secours de la souveraine
faisait des moeurs corrumjmes de ces élus ou justice, elle se réjouit en elle-même et n'a
parfaits, dispiM-.sés et lo^és misérablement plus rien à craindre; tranipiille alors, elle
dans tous les i[u::iliers, il olfril de rassem- s'applique avec confiance à la contemplation
bler dans sa iiiai-on et d'entretenir à ses dé- de la vérité suprême, elle parvient enfin à
jiends tous ceux qui voudraient vivre dans jouir-du vrai et souverain bien (2).
l'abstinfiici? se gloriliaient de prati-
qu'ils Ce fut aussi à Rome qu'il commença les
quiT; car il y aval de grands biens et un trois livres Du Libre urbilre, contre les mani-
granii zidc pour la secte. iMais il se plaignait chéens, à l'occasion de la question de l'ori-
que leurs i'vé(|ues, loin de l'aider, s'oppo- gine du mal. Car, aprêsl'avoir bien examiné,
saient à son dessein, attachés qu'ils étaient à on trouve qu'il ne vient que du libre arbitre
leur vie relùchi'e. Un de ces éveques, qui pa- de la créature. Cet ouvra'.;e est plein li'une
raissait plus pr'opre à une vie austère, parce excellente métaphysique, et l'on y voit la
qu'd était nislique et grossier, étant venu à solution des di^cultés les plus spécieuses
Kouie, (>onslaiilius, qui l'attendait depuis contre la providence et la bonté du Créateur.
loiigti.'n)p>, lui exjtliqua son dessein, que l'é- Il e-t très-digue, aussi bien que le préiédent,

vé(|ue approuva. Il loLjea le iircmier chez d'être lu et nn-diti- dans les coui:-. le philoso-
Constantius; ea y assi'uibla tous les élus que phie. Saint Augustin n'en Ht qu- le premier
l'on put trouver à Komr. On leur proposa livri-à Ronii' il acheva
; le second et K^ troi-
une règle de vie tirée de la Icttn' cU; Manès. sième en AIrique, étant <lfj'i prcir.-. C'est en

(i> T, l. Ut UurtC>. mai., p. 7li. — (;i) U« ^uunltl. anim.


358 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÉ(iLl;-l. CATHOLIQUE
corc un flialogue entre lui et Evoilius. Après de la<|uelle, k Sarcpta, elle entra dans la |<etitc
avoir ilfiueuré plus d'un au à Romt-, il re- tour d'Klie. A Cé>arée, e|l- vit la maison du
vint en AlViiiue, vers l'an 380, avec qui'lques- centenier Corneille, clia .'e en é;;|l^e; la
uns de se? amis et de ses comijulriolis qui maison di* saint Pliili{q)e, ei les l'Iiamlires de»
servaient Dien comme lui. quatre vierges prophélesses, se« Slles. L«' gou-
Dans •uème année 385, où saint Augus-
la verneur de Palestine, qui connaissait la
tin se coiivcrlissail à Milan, saint Jérôme famille de sainte l'aule, envoya devant des
quittait Rou>j i)Our s'en retdurner (!n Orii;nt. otlicieis pour lui |ire|iaier un palais à Jérusa-
Au moment de s'embuniuer à Porto, il éori- lem ; mai.'^ elle aima mieux une pauvre cellule.
vil à saint Assclle une iettie où il lui rend Elle visita tous les saints lieu' avec une lello
comiilc des causes de son déiiart c'étaient
: dévotion, qu'elle ne pouvait quitter les pre-
principalement les calomnies de ses envieux. miers que par 1 empressement de voir les
Il vit, en passant, saint Kjiipliane dans l'île autiC'^. Pro>lcrnée devant la croix, elle
y
de Cliyiire, Paulin à Aniioclie, et trouva un adorait ."sauveur, 'omni., si elle l'y eût vu
le

nouvel éveque à Alexandrie, Tliéophile, sm- atlailié. Entrant dan» lu sépulcre, elle baisait
oesseur de Timothée, qui venait de muurii. la pierre que l'ange avait ctee pour l'ouvrir,
Saint Jérôme vint dans la c qiilale de l'Kgypte 1,'t, encore [dus, le lieu où le corps de Jésus-
pour voir un aveugle, le fumeux Didyme, et Christ avait reposé. Au mont de Sion, on lui
s'instruire auprès de lui, ijuoique lui-même montra la culonne où il av.iit été allacLi'; j>eu-
eut déjà des cbe\ eux blancs et fût regardé dant la flagellation, encore teinte de son s.mg,
comme un des plus savants docteurs de et soutenant alors la galerie d une éulise. On
l'Eglise. Il lui proposa, durant un mois, ses lui montra le liru ou le Saint-E^pril descendit
dillicultés sur toutes les Ecritures, et ce fut à =ur les apôtres le jour do la Pentecôte. Apre»
sa prière que Didyme composa trois livres de avoir distribué des aumone'sà Jérusalem, elle
commentaires sur Osée, et cinq sur Zacluirie prit le chemin de iSeihléhem, et vil en|<iL>.-<ant
pour suppléer à ce qu'Origène n'avait pas le sépulcre de Rachel. Etant entiée dans la
fait. caverne de la Nativité, elle erojait y voir
Pendant ce voyage, saint Jérôme visita les l'enfant Jésus adoré par les mages el les pas-
monastères d'Egypte, puis il retourna promp- teurs. Elle visita la tour d'.\der ou du Trou-
temenl en Palestine, et se retira à Betliléliem. peau, et tous les autres lieux célèbres di- la
On croyait qu'après avoir oui Didyme, il n'; Palestine. Elle vit, entre autres, à BelhpIiaLT,
avait plus rien à apprendre ; mais il prit en- le sépulcre de Lazaie et la maison de .Slarthi-
core pour maitre un Juif, qui. moyennant un et de Marie. Sur le mont d'E|ihraim, elle
certain salaire, venait l'instruire la nuit, de révéra les s»'pulcres de josué et du \<":
peur des autres Jiiits Ce lut alors que saint Eléazar. A Siibar, elle entra dans le. -
Jérôme entreprit d expliquer les F^iitres de bâtie sur le puits tje Jacol>, ou le Sauveur
saint Paul. Saint Cyrilli; de Jérusalem mourut parla à la Samaritaine Puis elle vit les sépul-
vers ce temps-là, après avoir été souvent cres des douze patriarches, et, à Sebasle ou
chassé de son église et souvent rétabli, et Samarie, ceux d'Elisi'c et d'Ahdias, et surtout
l'avoir tenue huit ans sans trmible sous Tbeo- celui de saint Jean- Baptiste, où elle fut éj'ou-
dosc. Il eut pour successeur Jean, qui avait vanlée des ell'els du ilémon sur les pos>etlé-
pratiqué la vie monastique. qu'on y amenait pour être délivrés. Elli- vil a
Sainte Paule suivit de près saint Jérôme; Mnrasthi une éi;li-ie où avait été autrefois le
elle quitta Rome et s'embarqua, sans écouter sépulcre du prophète Miellée. C'e-l saint
la tendresse maternelle, qui devait l'empeclier Jérôme qui décrit ce pèlerinage ,1e sainte
de quitter sa tille Ruftine, déjà nubile, et son Paule, el nous apjirend ainsi les ve-tiui.s de
lils Toxotius, encore enfant. Elle emmena sa ranii(]uité sacne que l'on montrait île son
tille Eusttxdiium, avec très-peu de dnmes- temp- en Palestine (I).
tiques, et s'arièta d'aliord à l'iie Pontia, aux Sainte Paule. accompa!,'née de sa fille K -
tôtcsd'Italie, pour visiter leseellules où sainte tocliiuin et .le plusieui-s autres vierges, pi-- i

Domitille avait passé son exil sous i'eiiipereur ensuite en Egypte. Elle vint à Alexandrie, pui-
Domitieu, trois cents ans auparavant. Ln.-uitc au désert de .\il.-ie, où l'eveque Isi.iore, e..n-
elle aborda en Chypre, où elle se jeta aux fesseur. vint au-devani d'elle avec des tro
pieds de «tint Epipliane, qui la retint dix innombraldesde moines, dont plusieur- ei.s.' ..t
Jours pour la faire reposer. .Mais elle emidoya prêtres ou diacres. Elle visita les plus fameux
ce temps à visiter les monastères du pays, et Solitaires, entra dans leurs cellules, se pros-
y distribua des aumônes aux solitaires que terna à leurs pieds, et elle serait volonlien»
l'amour du saint évoque y avait attirés de toat demeurée dans ce désert avec ses liîles, «i elle
le uioniiiî.De là elle passa ù Aniioohe, où elle n'en eût été retirée par l'ami^ir des «lints
fut un peu arrêtée par l'évéque Paulin. Mais lieux. Elle revint donc promptenient en Paies-
elle en partit au milieu de l'hiver, montée sur tiiii', l't s'eliiblit à Rethlehem, où elle demeura
un àniî, au lieu d'être portée par ses eunuques, troisans dans un petit logement, jusqu'à Cc'
coiuiue elle avait accoutumé. qu'ellelit bâtir des cellules, de» monastère» el

Elle travei-sa la Syrie et vint a Sidon, près des maisons d'hospitalité près du cheiain («ut

(1) Hieron., Epiai ixvn


LIVRE TRENTE SIXIÈME. 333
recevoir les pMerins. Ce fut là qu'elle passa nistreras légitimement l'empire, et tu serviras
le reste de ses Jours, sous la conduite de saint celui qui te l'a donné. Aussi quand elle mou-
Jérôme nui y acheva atyrl sa vie, appliqui» ,ï rut, au mois de septembre 383, (juelque temps
l'étude des sainlcf. £. ritnres et à riios|iitalité apiès la princesse Pulchérie, sa tille, et l'em-
envers les éfran,t,drs \i). pereur et l'empire en furent inconsolables.
L'Orient continuait d'admirer les vertus d- Saint Grégoire de iN'ysse fit l'oraison funèbr»
l'empereur Théodose. En .'iSo, les œa;;istrats ou plutôt le panégyrique et de la fille et de la
découvriren' idc conspiration et obligèrent mèri'. Les Grecs lionorent l'impératrice Flac-
les coupables k confesser leur crime. Sous un cille comme sainte, sons le nom de l'iacide ou
autre prince, ils étaient tous perdus. Théo- Placidie, et en font la fêle au quatorze sep-
dose voulut d'ahord que C(!ux qui en avaient teralire (3).
seulement eu connaissance fussent déclarés En Tannée 387, le peuple d'Alexandrie,
innocents. Un des magistrats qui devaient assemblé au théâtre, se souleva contre les
ju^'er les autres, lui ayant ilit que le [ireniier magistrats; on les accabla d'injures, sani
des soins devait être d'assurer la vie de leur épargner la j)ersonne même des empereurs;
prince Non, ré[ionilit Théodose; songe/
: on porta l'audace jusqu'à demander Maxim»
encore plus à ma réinilation! Les coupaldes pour maitre; on l'appelait à grands cris; on
furent conilîmini'sà mort. .Mais aussitôt Théo- souhaitait qu'il voulût accepter la souverai-
dose publia un décret (jni leur faisait grâce, et neté de l'Egypte. Mais cet orage passa dans le
qu'il avait fait signer par son lils Arcatic, moment. Les émeutes d'Alexandrie étaient tel-
j)0ur lui apprendre de boime heure la clé- lement passées en coutume, que te gouverne-
mence. Plus tard, en '.i'.Y.i. il di^lendit, par une ment aucune attention. 11 n'en fut
n'y faisait
loi, aux jugi's d(! punir les paroles qui n'atta- pas di- même
de la sédition d'Antioche.
quaient ((uesapersonneouson gouvernement. Au mois de janvier de cette année, il y avait
Car, dit-il, si c'est par une légèreté indiscrète quatie ans révolus qu'Arcade avait reçu le
qu'on a mal parlé de nous, nous devons le titre d'auguste; Théodose voulut commencer
mépriser: si c'est par une aveugle folie, nous par une fête maguihque la cinquième année
n'en pouvons avoir que de la compassion; et de l'empire de son tils. Pour y ajouter plu»
si c'est par une mauvaise volonté, nous devons d'éclat, il avança d'une année ses propres dé-
le pardonner. C'est pourquoi nous ordonnons cennales, c'est-à-dire la fête de la dixième
que, sans usit d'aucune poursuite, on nous année de son empire. C'était la coutume de
rap[)orte seulement ce qu'on auradit, atiu que distribuer en cette occasion de l'argent aux
nous [)uissioMs examiner si l'on en doit faire soldats. Pour y sufhre, ainsi qu'aux Irais des
quelipu! recherche ou le négliger. guerres qu'il avait à soutenir, Théodose im-
Les vertus de Thcodose étaient dignement posa une contribution extraordinaire. Les
secondées par l'impératrice Flaccillc. Li's ordres n'en étaient pas encore venus à An-
païens mômes ont donné des éloges à sa piété, tioche, que déjà les esprits y étaient en fer-
à sa bonté, à son amour pour la justice ils ; mentation. .\ussi, le 27 février, à peine le
ont dit .sans craindre d'oUenser son époux, gouverneur eut-il donné lecture des lettres
qu'elle était la [in-miere à faire régniH- la jus- impériales, les assistants s'écrient en tumulte,
tice dans le palais (2). Mais surtout elle aimait que la somme est exorbitante, qu'on peut
les pauvres avec tendresse ; ils n'avaient leur briser les os par les tortures, leur tirer
besoin, aujuès d'elle, d'aucune autre recom- tout le sang des veines; mais (pi 'en vendant
mandation (pie de leur misère, de leurs intir- et leurs biens et leurs personnes, on ne pourra
miics, de leurs blessures sans gardes, sans : trouver de quoi satisfaire cette exaction
suite, elle les visitait dans leurs cabanes et sur cruelle. Enlin, après quelques incidents, on
leur grabat; elle passait des journées enlièies se disperse par les rues en criant Tout est :

dans les hôpitaux des églis>'s, servant elle- perdu! la ville est abiméel une imposition a
même les malades et leur rendant les plus détruit Antioche 1
humbles ofliccs. (jommc ou lui représentait Tout ce qu'il y avait d'étrangers, de misé-
un jour que ces fonctions ne s'accordaient rables, d'esclaves, grossit la foule des sédi-
point avec la majesté impériale, et qu'il lui tieux. Ce mélange confus ne connaît plus ni
sullisail d'assislcrli.'S [lauvresde ses aumônes : prince, ni magistiuls, ni patrie. A la vue des
Cl' que je leur donne, dit-elle, n'est que [lour portraits de l'empereur, qui était peint en
le com|iti' db l'eiupcreur, à qui l'or et l'argent plusieurs endroits de la ville, la rage s'al-
appartieno'Mit ; il u»; me reste que le service lume; on l'insulte de paroles et à coups di
de mes mains jiour m'acquitter envers ctdui pierres; et comme s'il respirait encon; plus
qui nous a donné l'empire et qui leur a tians- sensiblement dans les ouvrages de brtmze, on
porlé ses droits. LUe disait souvent à son va attaquer ses statues; on n'épargne pas
mari KappeUe-toi toujours, mon homme, ce
: celles de Flaccille, d'Arcade, d'IIonorius, ni la
que d'abord et ce que lu es mainte-
tu as été Statue équestre de Théodose le père. On leur
nant. De cette manière, lu ne seras point ingrat, attache (tes cordes au cou chacun s'empresse
;

•uvers le bienfaiteur suprême, mais tu admi- de prêter son bras à ce ministère de fureur;

(l) Aria .S.S., 26 jr'ofit;. —(2) Tbemigt., Oral. xviii6t zll. — (9) Thecd., 1. V, o. zix. Oreg. Nyu, D* Pukk,
H i* Pi<ic. èlen., n tef>l.
360 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÉGI.ISE CATHOLIQUE

on les arrache de loin- liose, on les hrin! en les autres avec une défiance mutuelle, les
morceniix en les clinrgeiinl d'oiipiolires et yeux l't les bras levés vers le eiid, ils le coujii-

d'ini|iiécatiiiTis: on en ahundonrie les drluis laient avec larmes d'avoir pitié «les aci-usés et
aux enfants, qui les traînent jiar les rues do d'inspirer aux juges des sentiments de clé-
la ville. Ce ileiuicr excès d'insolence idliaya mence. La voix des bourreaux, le bruit des
les coupables eiiT-nit'mi:s. Pâles ettrenillants, coups, les menaces des magistrats les glacent
la plupart s'enfuient et s'enlermenl. Deux d'effroi; ils prêtent roreille à toutes les inter-
flèches tirées par des soldats sullisent jiour rogations à chaquft euup, à ebaque géiaisse-
,

dissiper le reste. Tout cela fut l'allaire d'une ment qu'ils entendent, ils tremblent pour
uialinét. L'émeute avait ccimmencé au point leurs parents, pour eux-mêmes. .Mais rien n'é-
du jour à midi tout était calme.
;
gale la douleur des femmes enveloppées Je
:

Mais ce calme n'avait rien (|ue de sombre leurs voiles, se roulant à terre et se traînant
et de lugubre. Après cet acte de fréné.sie, les aux pieds des soldats, elles les supplient en
habitants, abattus, consternés, ne se recon- vain de leur permettre l'entrée ; elles conju-
naissaient ([u'avec horreur. La honte, les rent les moi'idres idheiers qui passent devant
-emcirds, la crainte tenaient tous les co-urs elles de conqiatir au malheur de leurs proebef
accablés. La vue des couriiers qui partint et de leur prêter quelque >ecourê ; entendant
p<iur informer l'empereur leur annonce déjà les cris douloureux de leurs pères, de leur»
leur condamnation. Les innocents et les cou- fils,de leurs m.iris, elles y réponilent par de»
pables attendent également la mort; mais cris lamentables; elles ressentent au fond de
personne ne veut être couiiablc: ils s'accusent leurs co'urs tous les coups dont ils sont frafv
les uns les autres. Tous, renfermés avec leurs pés, et les dehors du [uéloire présentent un
familles qui fondent en larmes, déplorent le spectacle aussi déplorable que les rigueurs
sort de leurs femmes et de leurs enfants, ils qu'on exerçait au dedans.
se pleurent eux-mêmes. Partout règne une Ce jour allreux et funeste se passa à inter-
aflïeuse solitude. On voit seulement errer çà roger et à convaincre les cou|iables. La nuit
et là dans les places et dans les rues des était déjà venue; on attendait au ileliors, dan»
troupes d'archers, traînant aux prisons des les transes mortelles, la décision des magis-
malheureux qu'ils ont arrachés de leurs mai- trats on demandait à Dieu, par les vo-ux les
;

sons. plus ardents, ([u'il touchât le cœur des ju^es,


nuit se passe dans de mortelles inquié-
La qu'ils voulussent bien accorder quelque délai
tudes elle ne luésente à leur esprit (]ue des
;
et renvoyer le ju^'cment à l'empereur, lor-que
gibets, des feux, des échafauds. La plniiart .se tout a coup les portes du prétoire s'ouvrirent.
détciminent à (juitter leur patrie, qui ne leur On vit sortir à la lueur des flambeaux, entre
parait plus qu'un" vaste sépulcre. Les riches deu.x haies de soldats, les premiers de la ville
cachent et entouissent leurs richesses. Dès le chargés de chaînes, languissants et s,^ traî-
point du jour, les rues .sont remplies d'hom- nant à peine, les tortures ne leur ayant laissé
mes, de femmes, d'enfants, de vieillards qui de vie qu'autant qu'il en fallait pour mourir
fuient la colère du prince comme un incendie. de la main des bourreaux à la vue de leurs
Les maf;i.struts, incertains du sort de la ville, concitoyens. On avait voulu commenecr ce
n'osent les retenir; à peine peuvent-ils, à terrible exemple par la punition des plus
force de menaces, arrêter les sénateurs qui se nobles. On les conduisit au lieu des exe< u-
préparaient eux-mêmes à déserter Antioche. tion.s. Leurs mères, leurs femmes, leurs lilles,

Les autres sortent en foule et se disiiersent sur plus mortes (ju'eus-mèraes, veulent les suivre
les montagnes et dans les forets. Plusieurs et manquent de force. Le désesiioirles ranime ;
sont massacrés par les brigands, qui prolilent elles courent, elles voient leurs proches t'>m-
de cette alarme pour infester les campagnes ber sous le glaive, et tombent avec eux par la
voi.sines et l'Oronte rajiporte tous les jours
;
violence de leur liouleur. On les emporte t
dans la ville quelques-uns des cadavres de ces leurs maisons. Elles en trouvent le.- portes
malbeuieux fugitifs. scidiées du sceau public; on avait déjà or-
Ceiiciiilant
le.- ïiagistrats étaient assis sur donné la conhscalion de leurs biens; et ces
1« tribunal et faisaient compaiaitre ceux qu'un femmes, distinguées par leur rang et leur
avait arrêtés à la lin de la sédition et la nuit naissance, sont réduites à mendier un a.-ile
suivante. Ils déployaient toute l'hiTieui- des qu'elles ne trouvent qu'avec peine, la plujiart
supplices. On pouvait leur reprocher de n'avoir de leurs parents et de leurs amis refusant .le
rien faitpouremi ecbci- leciime ; cette crainte leur «ionner retraite, oe peur de partager leur
les rendait plus implacables, ils en iraient crime en soulageant leur infoilune. On con-
faire leur apologie en punissant avec rigueur. tinua pendant cinq jours de faire le procès
Les fouets .rmés de plomb, les chevalets, les aux loupables ; plusieurs innocents fureut
torcties ardent«8, toutes les tortures redou- enveloppés dans la condamnation, s'élant
tables à l'innocence même éiaient mises en déclarés criminels dans la force dos tortures.
oeuvre pour arracher l'aveu du crime et des Les uns périrent par fénée. d'autres par le
complic>'S. Tout ce qui restait de citoyens dans feu on en livra plusieurs aux bêles, on ne lit
;

la vdie était assenib.e aiix poite? ilu prétoire pas même grâce aux eufants. Tant de sup-
dont les soldats gaulaient l'entiée. L ', ]iliingés plices ne rassuraient pas ceux qui restaient ;
duus uji uiurue bikucc, be re^uruaiit lo» uun kprùs tuul :>« cou^s redouble!, la foudra »em-
UVRE TREIfTE-SIXrÈMR. 36i

blait toujours gronder sur leurs tètes ; ils Pour les distraire de la crainte présente il lenr
craignaient les effets de ia colère du prince ; en inspire une autre plus vive; il les occupe .

et quoiqu'il ne pût encore être instruit de la du souvenir de leurs vices, les presse de s'en
sédition, on entendait sans cesse répéter dans corriger, en particulier du blas(dième. et leur
la ville L'empereur sait-il la nouvelle ? est-il
: montre le bras de Dieu levé sur leurs tètes, et
irrité? l'a-t-on fléchi ? qu'a-t-il ordonné? vou- inliniment plus redoutable (]ue celui'du [irince.
dra-t-i' perdre Antioclie? Pour eflacer, s'ii Il y avait déjà huit jours qu" to courriers

était possible, la mémoire du soulèvement, qui portaient à l'empereur la nouvelle de la


chacun s'empressait de payer l'impôt qui en sédition étaient partis d'AntiocJie, lorsqu'on
avait été l'occasion. Loin de le trouver alors apprit qu'ils avaient été arrêtés en route par
insupporta])le, les habitants oftraienl de se divers accidents, et obligés de quitter les
dépouiller de tous leurs biens et d'abandon- chevaux de poste pour prendre les voitures
ner à l'empereur leuis maisons et leurs terres, publiques. On crut qu'il était encore temps
pourvu qu'on leur laissât la vie. de les prévenir, et toute la ville s'adressa à
Antioche était une ville de plaisir et de dis- l'évè jne Flavien, vénérable par sa sainteié,
solution on le voit en particulier par les dis-
: et chéri de l'empereur. 11 accepta cette pé-
cours de saint Jean, surnommé Chiysostome, nible commission et ni les infirmités d'une
;

qui y [)rùcliail di'jiuis deux ans comme prêtre. extrême vieillesse, ni la fatigue d'un long
Sur une population de deux cent mille ànn's, voyage dans une saison incommode et plu-
les chrétiens formaient un peu plus de la moi- vieuse, ni l'état où se trouvait une sœur
tié (1). Us applauùissaient à l'éloquence de uiiiijue qu'il aimait tendrem-jnt et ([u'il laissait
Chrysostome, mais n'en devenaient pas beau- au ht de la mort, ne [lUrent arrêter sonzêle. Ré-
coup meilleurs. Plusieurs n'avaient jamais vu solu de mourir ou de lléchir la colère du prince,
l'église; d'autres quittaient les assemblées il part au milieu des larmes de son peuple.
saintes pour aller au théâtre voir des prosti- Tous les cœurs le suivent par leurs vœux on ;

tuées nues, nageant dan^ des étani;s factices. espère que la bonté naturelle de l'empereur
L'adversité, cette excellente maîtresse de la ne pourra se défendre d'un prélat si respecté.
philosophie chrétienne, changea la ville tout Quoique Flavien fît une extrême diligence,
à coup : p]usdejeux,plus de festins de débau- 11 ne put atteindre les courriers. Ils arrivèrent
ches, de chansons et de danses lascives, de diver- avant lui, et leur rapport excita dans Théo-
tissements tumultueux; on n'y entendait plus dose cette violente colère dont les premiers
que des prières et le chant des psaumes. Le accès étaient toujours prompts et terribles. Il
théâtre était abandonné on passait les jour- : était moins irrité du renversement de ses
nées entières dans l'églisejOîiIes cœurs les plus propres statues que des outrages faits à celles
agités se reposent dans le sein de Dieu même. de. l'impératrice défunte et de son père. L'in-
Toutela ville semblait devenue un mona>tère. gratitude d'Antiùche redoublait encore son
Depuis le vendredi 26 février, jour de la courroux il avait distingué cette ville entre
:

séililion, jus(iu'au jeudi de la semaine sui- toutes celles de l'empire [lar des marques de
vante, le prêtre Jean demeura dans le silence. sa bienveillance; il y avait ajouté de superbes
Enfin, lorsque les plus coupables furent pnnis, édifices. On venait d'achever par ses ordres un
que plusieurs de ceux que la terreur avait nouveau palais aans le faubourg de Da(diné,
bannis de la ville commençaient à y revenir, et il avait promis de venir incessamment
et qu'il ne restait [>\ua que l'inquiétude de la honorer Antioche de sa présence. Son pre-
vengeance du prince, il monta dans la tri- mier mouvement fut de déliuire la ville
buui'. Pendant tout le temps du carême, (|ui et d'ensevelir les habitants sous ses rui-
commença cette année à Antioche le huitième nes. Etant revenu de cet accès d'emporte-
de mars, il continua de prêcher au peuple, ment, il choisit le général Hellébiehus, et
dont il sut calmer les craintes et essuyer les (^(îsarins, niailre des offices, pour l'exécuticm
larmes, elc'està lui principalement c|u'on dut d'une vengeance plus conforme aux règles de
la tramiuillité où la vdle se mainlinl au mi- la justice, (domine il igiorail encore la puMi-
lieu diverses alaiines qui survinrent. 11
(Iris liim des princi[iaux auteurs du dé-ordre, i
prononça <lans cet inteivalb' vingt discours, chaigea ces coiumissiiires d'iid'ormer contre
comjiarables toikt ce tprAtlienes et Kome
;'i les loupables, avec pouvoir de vie et de mort.
ont priiduit de ;;ius éloc|uent. L'art en est Il leur dniiiia ordre de fermer le théâtre, la

UiiM-veilIcux. du parti que voudra


'licfrtain cirque et les bains publics; d'oier a ia viiie son
priMuIre Théodose, mêle ensemble l'espé-
il territoire, ses privilèges et la qualité de mé-
rance du pardon et le mépris de la mort, et tropole; de la rt'duire, comme avait autrefois
dispose ses auditeurs à l'ecevoir avec soumis- fait l'empereur Severe, à i.i condition «l'un
sion et oans trouble les ordres de la Provi- simjile bdurj; soumis à Laodicee, sou ancienne
dence. Il entre toujours avec tendresse dans rivale, qui deviendrait par ce chani^ement
les sentiments de ses concitoyens nniis il les ; métropole de la Syrie; île retrancher aux
relève et les Ibrlilie. .lainais il ne les aiTcte pauvres la distribulion de pain qui était
trop lon'.'temps sur la vue île leurs malheurs; établie dans Antioche comme daus Rome et
bientôt il les Iransporle de la Ici le au ciid. dans Constantinople.

U) b. liryi .
V. '>'ll.(j »1U, «."i.l. Jjui.ia. / iJ., p lUi
-

362 HISTOIRE UNIVERSELLE OE LIÎGLLSE CATHOLIQDB


HelU'liichus et Hésaiius, élanl ]i;iiiis avec vaineu-. dans une praiide euceiid'^ de murail-
cps oiilro-; i'ii,'ijiirniix, rmconljèri'iit Fliivii'ii rt le- -an~ toit ei sans aueune r laite ()ui put
reiloulilèreiil sa d'>ulciir. .1 conliiimi s:i ruuli; le» Karantir îles injures de l'air. C'étaient les
ivpc plus d'empri'ssfini'nt pour uhlciiir ijuri- per onnes les plus ronsiilérables d'.Vntioclio
Due •jiviive. Les deux cotnini-SMirrs si; liàlcronl par leur naissance, par !eur% emplois et par
d'uirivcr en Syrie. La n'iioinint'e, i|iii li-s leurs riches-es. Toutes Icîfamiilcv noides pri-
devanqn, rendus el;i la teneur dans Aiilini'lic. rent le deuil la ville perdait avec eux tout C«
;

On in.ldiail ;u'ils venaient à la tète d'iiue qu'elle avait d't'elat et de splendeur.


troupe de soldats qui ne respirai(!nt(iue lesan*; Le troisième jour devait être le plus fuiie-te:
et le [lilliige. Les haiiitants prononraient eux- loH- les liabitints étaient glacés d'elTroi.
mêmes leur pro|)n; sentence on égorgera le : C'était le jour de-liné au jugement et à l'exé-
séiiMl on détruira la ville de fond en eoudile;
;
cution des coupables. Avant le lever du soleil,
on la réduira en cendn s avec son peuple ; on les commissaires sortent de leur ilemeure à la

y fera passer la eharruc ; et, pour éteindre lui'ur des flambeaux. Il* montraient une cim-
notre race, on poursuivra, le ter et le feu à la teiiance plus ^évère que la veille, el l'on
main, juscjue dan- les iiiunta;,'ne? et tesdi-si-rts, croyait déjà lire sur leur front la scnlenc--
feux qui y cherilieront une retraite. On atten- qu'ils allaient prononcer. Comme ils traver-
dait en treinhl.iiit le nionienl de li-iir arrivi-e. saient la grande place, suivis d'une foule de
On se (lis|i(is;iilde nouveau à prendre la fuite. peuple, une femme avancée en âge, la tète
Le ^ouvi.Miieui', qui était [laïen, vint à l'église, nue, les eheveux éjjars, saisit la bride du
où une miilliUide inuoinliralile s'était assem- cJieval d'Helléhi.hus, et, s'y tenant atUicbée.
Mée, eoiuinc aans un asile; il y parla au elle l'accompagna avec des cri* lamentable-.
peuple, et s'ellor(;a de le rassurer. Lorsqu'il se Elle demandait grâce pour son fils, distingue
fut retiré, saint Jean Clirysostome fit reproche par ses emplois et jiar le mérite de son père.
aux d'avoir eu besoin d'une voix
elirétiens Eu même temps Hellébichus el Cé^arius se
étrangère ]i<iur atlermir ilcs cœurs que la con- Voient environnés d'une multitude inconnue,
fiance en Dieu devait rendre inébranlaliles. que des vêtements lugubres, des visai^es pâle»
Er.lin ceux qui connaissaient le caractère des et e.vtènuès faisaient ressembler à de- fantômes
deux oflieieis, vinrent à bout de calmer les plutôt qu'à des hommes. C'étaient les solitaires
alarmes. On commença de se [lersuader que le des environs d'.\ntioche, qui, dans cette con-
pri née ne voulait pas ruiner Antioche, puisqu'il joncture, étaient accourus d'eux-mêmes de
con liait sa vengeance à deux ministres si équi- toutes parts; et tandis que les phdo-ophes
tables et si modères. A leur approche, une païens, plus orgueilleux, mais aussi timides
foule de peuple sortit au-devant d'eux et les que le vuliraire, étaient allés cberelicr b ur
coni'uisit à 1. ui- demeureavecdesacclaraalicjns sûreté sur les montagnes et d-<ns les cavernc-i.
mêlées de prières et de larmes. C'était le soir les moines, qui étaient alors les vrais philoso-
du :2'J m irs. phes du christianisme, et quC rn porlaienl le
En otFot, les deux commissaires étaient des nom à juste titre, avaient ubandoniie leui
hommes prudents et vertueux. Helléhichus cavernes cl leurs montagnes pour venir con-
était même uni d'amitié avec saint Gre4oire soler et sei'ourir leurs concitoyen-. Ils s'al-
de .Nazianze; et c'est une louange pour Tliéo- Iroupent en grand nombre autour de- com-
dosc d'avoir choisi, dans sa colère, deux mi- missaires ; ils leur parlent avec hardie--e; iU
nistres propres, non pas à la servir aveuglé- olfrenl leurs têtes à la place des accusés ; ils
ment, mais à la diriger et à la retenir dans protestent qu'ils ne quitteront les juge- uu'a-
les bornes d'une exacte juslii'e. Ils apprireot, prês avoir obtenu grâce. Ils demandent d être
en arrivant, que les ma;;islrats le-^ avaient envoyés à l'empereur Nous avons, di-enl-i\s,
:

prévenus, el .pie la sédition était déjà ()uiiie un prince chrétien el religieux; il écoulera
par des exemid(!s assez rij;oureux. Cependant, nos prières nous ne vous permellrous pas de
;

pMr les ordresdu prince, ils se voyaient réduits tremper vos mains dans le sanu' de vos frères,
à la triste nécessité de rouvrir les plaies ré- ou nous mourrons avec eux. Hellébichus et
centes de cette malheureuse ville et d'en faire Cc-arius lâchaient de les écarter, en leur ré-
encore coulei- du -ang. Ils siL;nifièrent d'abord pondant qu'ils u'etaieol pas mailre- de par-
la revocaiiiin il(. ,ous les privilèges d'Antioche, donne-, et qu'ils ne pouvaient désobéir au
Le Icideniain. ils lireiil comparaitre tous pi'ince sans se rendre eux-meme:- aussi coupa-
ceux 'pii conîjiosaient le sénat de la ville. Ils I les que le peuple d'.\i)lioctie.

écoutèrent et Its accusations lormées contre ils continuaient leur marche, lors<]u'uD
eux, et leurs réponses. L'humanité îles juges vieillard, dont l'extérieur n'avait rien qutî de
adoucissait autant qu'il leur était permis la mépris^ible, s'avança à b-ur rencontre, il était
sévérité de leur ministèic ils n'employaient
: de petite taille, vêtu d'UabiUsale-et déchiré-.
ni soldats ni licteurs pour im|)0ser silence ils ; Saisissant par le manteau l'un ile-o leux com-
Sermetlaienl aux accu>és de jdaiiidi'C leursirt, mis-aires, il leur commande» 'i lous deux île
e verser îles pl.'urs ils en versaient eux-
;
dcsjeiidie declieval. Indignés dételle audace,
m^mes; mais il.< oe leur laissaient esj'éier il> .illaienlle repou--era»e insulte, lorsiju'on
aiicune gràci- ils paraissaient à la fois com-
; leur nit que c'était M cedouius. Ce nom les
pati^anls et inflexibles. Sur la tin du jour ii~ frappa d'une vénération profonde. Macedoniu*
ïi'c:;'. r.-nfc!' n^'r t>"- c:';ix qri étaient cou- vivait depuis lougleuips sur le ^ommet dM
LIVRE TRENTE-SIXIÈME. 36)

hautes montagnes de Syrie, occupé jour


J)lus les arrosant de ses larmes, olle conjure ce
et nuit (lo la piiiTi^. L'i.usicritL' de ?a vie lui général, avec des eris et des sanglots, de lui
ftvait doniirr lo surnom île Ci itopbaifi',
fait rendre l'unique soutien de sa vieillesse ou de
parce ne se nourrissait q.ue de farine
ijii'îl lui ari-acher à elle-même la vie. Les moine?
d'orge Quoiciu'"'. fût très-simple, sans aucune redoublent leurs instances r= supplient les
;

coiinais-ancb oos '.'lioscs du monde, et qu'il se juges de renvoyer le jugement u l'empereur


;

fût rendu comme invisible aux autre- hommes, ils s'ollVent de partir sur-le-''.hamp et promet-

il était célèbre dans tout rOrient. Les commis- tent d'obtenir lagràcode tant Je malheureux.
saires, s'étanl jelésà ses pii ds, li- |)riaient de Les commissaires, ne pouvant retenir leurs
leur pardonner et de soudrir qu'ils exécutas- larmes, se rendent enfin ils consentent à sur-
;

sent les ordres de l'empereur. Alors ce soli- seoir l'exécution jusqu'à la décision de Théo-
taire, instiuit j'ftrla sagesse divine, leur jiarla do.'^e. Mais ils n(^ veulent pas expqser tant
de
en ces tei rue^ : Mes nmis, dites à l'i.'mpereur : vieillards, exlénuéd par les austérités aux ,

Vous n'êtes pas empereur seulement, mais fatigues d'un long et pénible voyage; ils leur
encore hommene considérez pas seulement
, deiuandent seulement une lettre ils se char- ;

l'empire, encore la nature


mai., homme, ;
gent do la porter au prince et d'y joindre les
vous commandez à qui a la même nature que plus [u-essaiites sollicitations. Les solitaires
vous. Oi , la nature liumniut a été l'ormée a compnsêient une requête dans larpudle, en
l'image et à la res.semblance de Dieu. Ne imploiiirrt la clémence de Théodose, ils lui
faites donc pas Offorf^er l'imaj^e de Dieu aussi mi'tl.iient devant les yeux le jugement de Dieu,
crueilemeiit qui détruit l'ouvrage, irrite l'ou-
;
et piole-taientque, s'il fallait encore du sang
vrier. Considérez à quelle colère vous empoile pour apaiser son courron.x, ils élaient prêts à
l'insulte faite à votre image de bronze com- ;
donner Irur vie pour le peuple d'.Vntioche.
bien voire image vivante, animée, raisonnable, Les deux commissaires convirrj-ent ciu'Ilellé-
n'est-elle pas d'un plus giaud prix! Qu'il con- biclius di'meurei-ait dans la ville, i-l que Césa-
sidère encore qu'il nous est aisé de lui rendre rius irait àConstantinople. Ils lir'ent transfér-er
vingt statues pour une mais, après nous ;
les criminels dans une prison plirs commode.
avoir ôté la vie, il lui sera impossible de réta- C'était un vaste édithe, orné de portiques et
blir un seul cheveu de notre tète. Le discours de de jardins, or'r, sans les tlélivrer de leurs chaî-
cet homme sans hîttresfit une vive impression nes, on leur permit de recevoir toutes le.»
sur les commissaires. Ils promirent à Macô- consolations de la vie. Cotte nouvelle fil renaî-
donius de faire part à l'empereur de ses sages tre l'espérance, dont les effets se diversifiaieu»
remontrances. selon la différence des caractères. Les citoyens
lisse trouvaient dans un extrême embarras sensés bénissaient Dieu et lui rendaient des
et n'étaient guère moins agités au dedans actioDS de grâces ils se flattaient ipre l'empe-
;

d'eux-mêmes que les coupables dont ils de- reur, en considération de la fête de l'àqrrcs,
vaient prononcer la sentence. D'un côté, les qui approchait, pardonnerait les otfcnses qu'il
ordies de l'empereur leur faisaient craindre avait reçues. Mais une jeunesse dissolue, dont
d'attirer sur eux toute sa colère; de l'autre, cette ville voluptueuse était remplie, s'aban-
les cris et les vives instances des brdiilauts, doiiirail déjà aux excès d'une joie exlriva-
surtout des moines, dont les [il us hardis meua- gante elle avait, on un morrrenl, oublié loirs
;

çaieut d'airacber les criminels des mains de.s ses malhi'irrs. Des le lendemain du départ île
bourreaux et de subir' eux-mêmes lo supidico, (Césarins, pendant que les |>riniipauxd'Antioche
désarmaient leur sévérité. Dans cet état d'in- étaient dans les fiM's, elle pardon encore incer-
certitude, ils arrivèrent aux poitcs du prétoire, tain, les bains [aiblicsêtarrtfinrnés, une troupe
où l'on avait déjà conduit ceux qui devaient de jeunes libertins coururent au fleuve, sau-
être condamués. Ils y nuuontrèront un nouvel tant, dansant, chaulant des chairsoiis lascives,
obstacle. Les prêtres et les évê([uea qui so et entraînant avec eux les femmes qu'ils rcn-
trouvaient à Anlioche se présentent devant contr'aienl. Ces désordres n'écha[ipêrenl point
eu.\ il les arrêtent et leur déclarent que, s'ils
;
airx sévères réprimarrdes de saint ,learr Chry-
ne veulent leur pHssersur le C(U[is, il faut qu'ils soslome; pour les tirer de celle folle sécurité,
leur (U-omeltcnt de laisser la vie aux prison- illit de troiivoau gronder sur leirrs lotos le
rders. Sur le refnsdfs coniinissaircs, ils s'obs- tonneir'o de la vengeance divine et les meuaces
tineiilàlenr feruierle passage. Kndn, Césarins de celle dri prince.
et llidlêbicbus ayant témoigné [lar un signe Cesar'ius était parti dès le soir mAme. Une
de lêlo qu'Ut; |,.,j|- iicconlaient leur demande, forrle do [ieu[de cl sirrlout de femmes r-cin-
les évi-i|Me« "i les ]irètre$ [lou-ïsenl un eri de plissaient lechemin sur son passage, jusqu'à
joie, ilsleiu- hnisent les niaius, leur cuduM'^sent la disLince de [rrês de deux lieues. Mais C8
l(!s genoux cl les pieds. Le peuple et les moi- sage ollicier-, voirlanl éviter T'ylal des acda-
nes se jeltent en même temps dans ie prétoire, midioirs poprrlairoN, aUeiidit qtie lanirit eût
et la garde ii<i; ,>eut nrn'ter cette foule inq)é- obligé celle mrrllitirdc de se retirer. AKn de
tueuse. Alors ;-ite mêie épiiirée. qui n'avait faire plus do diligence, ilrr'avait pris avec lui
pas i|uitlé bride du cheval d'Hi'llébii'hus ,
la «pie feux domestitiues ; et, le, soir du lende-
apercevant sori lils chargé de duune.s, court à nraio, il était déjà sur les fionlières de la
lui, l'entoure de ses bras, le convie de ses che- Ciqipadoce. Il ne s'arrêta dans sa route que
veux, le traîne aux pieds d'Hellébichus ; et, pour changer de relais, et ne sortit de soQ
M HISTOIRE UNIVEKSELL3 DE LËGLISE CATHOLIQUE

chariot ni pour dormir, ni pour pn-ndre sa aime ! Kiiim-z, Itrûlpz, iner. fî.ite» r« qu'il
noiirriluri!; il volait avec plus (i'ciii(iir-si;- Vous plaira, vous ne nous piiniri-/. |ias iMi-ore
uiiTil .(ue s il se fût agi de sa propre vie. comme nou>: méritrins. Le mal qm- nou- nom
Ouoiqu'il y eût plus de trois cents lieues sommes déj.à lait est |iire i(ue mille morts;
d'Aiilioclie à Coiistanliiiople, il arriva dans car, qu'y a-t-il de plus am<': «iue 'l'être le
celte ville le sixième jour après midi. Comme connu à la face de toute la terre fiour cou-
U était san* suite, il y entra sans être connu, paldes de la dernière irr-'ridiliide?Si le* Har-
et se fil sur-le-eliamp annoncer à l'empereur. l)ares nous avaient ruinés, le mal «erail
Il lui présenta le proeès-verlial (jui contenait moindre, voire liienveillanee nous rendrait
le détail de ia sédition et de ses suites. Il n'y bientôt la liberté et la patrie; mais ayant
avait [las oublié la reiiuéle des moines et la irrité le plus doux des maîtres, le ;'lus tendre
remontrance de Macédouius. H en fit la lec- des pères, quel refui;e nous reste-t-il? Notre
ture par ordre du prince. Aussitôt, se jelant confusion e-t si (rrande que nous n'oi^ons plus
à ses pieds, il lui désespoir des lia-
présenta le même regarder la lumière dusoleil. Mai*, sei-
ruiaiits , les rigoureux qu'ils
cliùtimeuts gneur, il est un remède à de si grands maux ;

avaient déjà eiirouvés, la gloire qui lui re- souvent, entre parlicnliers.de grandes oflenses
viciidrail <le la clémence. Tliéodose versa des sont devenus la matière de grande charit»^.
larmes, son co'ur commen(;:iit à s'attendrir; Dieu mêurr- en a nsi- lie la sorte avec la na-
mais la colcrc comliattail encore ces[)rcmiers ture humaine. Il avait iilacé l'homme dans le
mouviMUiMits de la coHipa-^-^ion. paradis, le ilémon jaloux l'en expulsa; mais
11 y avait déjà sept on huit joins i|ue Fla- Itieu, au lieu du paradis, nous a ouvert le
vien elail arrivé à Coii^liiiitinople; mai-^, soit riel. Faites de même? Les démons ont mis
qu'il crût ijue l'empereur encori' tiop irrité, tout en œuvre pour priver de votre bienveil-
soit <pie ce ]nincc l'éviiàl à dessein, il ne s'é- lance cette ville qui vous était si chère. Si
tait point jusqu'alors pn-scnté à Théodose. vous la ruinez, vous faites ce qu'ils défirent;
Plongé dans la douleur la plus amère, il ne si vous lui pardonnez, vous leur ferez
s'occupait ((ue des maux de son peuple; son souffrir le supplice le plus rigoureux. Vou-
absence les lui rendait \>\m sensibles, parce vous |)laiL'nez de l'outrage que vous
qu'il ne jiouvait les soulager; ses entrailles avez reçu Si vous le voulez, à le plus doux
!

étaient déchirées; il passait les jours et les des princes! il vous vaudra un diadème plus
nuits à verser des larmes devant Dieu, le glorieux que celui que vous portez. Celui-ci,
priant d'amollir le cœur du prince. L'arrivée vous le devez en partie à la génén>silé d'un
de Césarius lui rendit le courage il alla au ; autre la couronne de la clémence, vous ne la
;

palais, et ce fut peut-être Césarius qui lui devrez qu'à votre vertu. On a renversé vos
procura une audience, afin d'appuyer ses statues? il vous est facile d'en dre-scr de plu=
prières de celles de ce saint évéque. Dès que précieuses dans le cneur de vos sujets, et d'a-
Flavien parut devant l'empereur, il se tint voir autant de statues qu'il y aura jamais
éloigné, dans un morne silence, le visage d'hommes sur la terre. Quiconque apprendra
baissé vers la terre, e'v pleurant comme s''il votre humanité, vous admirera et vous aimera.
eût été chargé de tous les crimes de ses com- On avait jeté des pierres à l'imatie de Cons-
patriotes. Tliéodose, le voyant confus et in- tantin; ses courtisans, pour l'exciter à la ven-
terdit, s'approcha lui-même, non pas en co- geance, lui disaient qu'on l'avait bless»' à la
lère, mais iiénétré de douleur et comme pour tète. Mais, portant la main au front, il répon-
faire sa pro[)re apologie. Hap[iehint en peu dit en souriant Ras^^urez-vous. je ne suis
:

de mots tout ce qu'il avait fait pour Antioche, point ble-sé On a oublié les victoires de cet
!

il ajoutait à chaque trait Est-ce donc ainsi


: empereur, mais cette parole est à jamais dans
que j'ai mérité tant d'outiages? Après tout, la bouche et dans le cœur de tous les hommes.
quelle est donc l'injustice dont ils pi étendent Au reste, qu'cst-il besoin de vous mettre sous
se venger? Pourquoi, non contents de m'm- les yeux des exemples étrangers ? Il ne faut
sulter, iint-ils porté leur fureur jusque sur vous montrer que vou*-meme. Kapp<>lez-vous
les morts".' Si j'étais coupable à leur éitard, cette parole, que la démence Ht sortir de votre
pourquoi outrager ceux c|ui ne sont plus et bouche, lorsqu'aux approches de la fêle le
oui ne les ont jamais ofl'ensés'? N'ai-je fias Pâques, annonc.int, par un édit. aux crimi-
donné à leur ville des marques de préférence nels leur pardon et aux prisonniers leur déli-
sur toutes les autres, même sur celle de ma vrance, vous ajontAles Que n'ai-je aussi le
:

naissance'? Ne désirais-je pas ardemment de pouvoir de ressusciter les morts Vous pouvez !

la voir'.' n'en faisais-je pas serment devant faire aujourd'hui ce miracle ; Antioche n'e*l
tout le monde? plus qu'un sépulcre; ses haoiUnls ne sont
A ces paroles, Flavien poussant un profond plus que des cadavres ; ils sont morts avant le
loupir et redoublant ses larmes « Prince, : supplice qu'ils ont mérité vous |M)uvez d'un
:

dit-il, nous reconnaissons l'all'eclion que vous seul mot leur renilre la vie.
avez témoignée (i notre patrie; et, ce qui Considérez qu'il ne s'agit pas seulement
«
nous afflige le plus, que les démons lui
c'est icide cette ville, mais de votre gloire ou plu-
«ni envié cet amour, que nous parai.-sons tôt de celle du christianisme. El les Juifs, et
isgrats envers notre bienfaiteur, et que nous Barbares, et l'univers entier,
les païens, et le*
» 'ODS irrité au dernier des poiots celui qui aou« informe* d« l'évunamont, «ont daiu r»lt«Bt4e
LIVRE TRKNTE-SIXIF-ME. .16S

de ce que tous allez faire. Si vous vous mon- grâce, vous, le plus doux ds hommes!»
trez clément, ils se diront les uns aux autres : Pendant que l'évèque parlait, l'inipereur
Voyez quelle est la force de la religion cbré- eut peine à contcnii' son émotion. Enfin, lais-
tifnno ! a retenu un Uoniiue qui n'a point
elle sant éçha])pr'r ses larmes Qu'y a-t-il de mer-
:

d'i'gal sur la terre et lui a inspiré une sai,'esse veilleux, dit-il, si nous pardonnons à des
dont un particulier ne serait pas ca|ial(le. hommes, étant ho-nines nous-mêmes, puisque
Assurément il est grand le Dieu des chrétiens, le maître du monde est venu sur la terre, qu'il
puisque d"hommes il fait des anges, et qu'il s'est fait esclave pour nous, et, qu'étant cru-
les élèveau-de?sus de la nature. Et n'écoutez cifié par ce qu'il avait comblé de grâces, il a
point ceux c]u\ diront que les autres villes en prié son père pour eux ? Flavien voulait de-
seront plus insolentes. Vous pourriez le crain- meurer à (onstantinople pour célébrer avec
dre si vous pardonniez par impuissance mais ; l'emiiereur lafètode Pâques: .\llez, mon père,
ils sont déjii morts de peur et n'attendent à lui (litThéndosc; hàtez-vous de vous montrer
tout moment que le sup]iliee. Si vous les aviez à votie peuple, rendez le calme à la ville d'An-
fait égorger, ils n'auraient pas tant souû'ert. tioche :elle ne sera parfaitement rassurée,
Plusieurs ont été la proie des bètes farouches aiirès une si violente tempête, (|ue lorsqu'elle
en fuyant dans le désert d'autres ont passé
: reverra son ]Mlote. L'évêi|ue le suppliait d'en-
les jours et les nuits cachés dans les cavem.'s ; voyer son fils .Vrcaiie le prince, pour lui
;

non-seulement des hommes, mais de petits témoigner (|ues'il lui refusait cette giàce ce n'é-
enfants, mais des femmes nobles et délii-s'es. tait jiar aucune impression de ri>sseiitiment,lui
La ville est réduite à un état pire que la i^ap- répondit: Priez I)i(;u iiu'ilmepn!servedes guer-
tivité, tout le monde le sait, et vous ne don- res don1"je suis menacé, et vous me verrez bien-
neriez pas un si tirand exemple en la renversant tôt moi-même. Lorsque le pri'lal eut pa^sé le
de fond en comble. Laissez-la donc ilésormais détroit, Théodose lui envoya encore des offi-
respirer un peu. Il est facile «le punir quand ciers de sa cour i)our le presser, de se rendre à
on est le maître mais, de pardonner des ou-
;
son troupeau avant la fête de Pâques Quoique
tragi'S impardonnables, les pardonner quand Flavien usât de toute la diligence dont il
on est empereur, c'est là une vertu bien rare. était capable, cependant, pour ne pas dérober
Il vous est aisé d'en donner l'exemple aux âges à son peuple quel(|ues moment^ de joie, il se
futurs, et de /^rrager, dès maintenant, le fit devancer par des courriers, qui portèient

mérite et la gloire de tout ce qu'il y aura jamais la lettre de l'empereur avec une promptitude
d'actes d'humanité et de clémence. incroyable.
» Quelle gloire pour vous, quand un jour on Depuis que Césarius était parti d'Anlioche,
dira qu'une si grande ville étant coupable, tout les esprits flottaient entre l'espérance et la
le monde, épouvanté, les gouverneurs, les crainte. Les prisonniers suitout recevaient
juges, personne n'osant ouvrir la bouche, un sans cesse des alarmes par les bruits pnhlics
seul vieillard, revêtu du sacerdoce de Dieu, c]ui se répandaient (jue l'empereur était inflexi-
s'est montré et a touché le prince par sa seule ble qu'il persistait dans la résolution de rui-
;

présence et par son simple discours. Car notre ner la ville. Leurs parents et leurs amis gémis-
ville, seigneur, ne vous fait pas peu d'honneur saient avec eux, leur disaient tous les jours
enmecbargeant clecette députation, puisqu'elle le dernier adieu, etl'éloijuenliu'harité de saint
juge que vous estimez, plus que tout le reste Jean Clirysnstome |ionvait à jieine les rassurer.
de vos sujets, les prêtres de Dieu, quelque Enlin, la lettre de Tliéoilose arriva ])eudant la
méprisables qu'ils soient. Mais je ne viens pas nuit et fut rendue à Hellébichus. Cet oflicier
seulement de la part de ce peuple, je viens généreux sentit le premier toute la joie qu'il
avant tout de la part du maître des arges, allait répandre dans Antioclic. Il attendit le
dire à votre âme si douce et si comjiatissante, jour avec impatience, et, dès le matin, il se
que si vous remettez aux hommes leurs fautes, transporta au prétoire. L'allé?;resse peinte
votre Père céleste vous remettra aussi les surson visage annonçait le salut i! fut bientôt
;

vôtres. Souvenez-vous donc de ce jour où nous environné d'une foule (ie peuple qui poussait
rendrons tous compte de nos actions. Songez des cris de joie; et ce lieu arrosé de tant de
que si vous avez à expier quelques jiéchés, vous larmr's, quelques j<uirsauparav(uit, retentissait
le pouvez sans aucune peine, en prononçant d'acclamations et d'éloges. Tous ceux que la
une i)arole. Les autres di'pntes voiisaiiportent crainte avait tenus juscpi'alors cachés accou-
de l'or, de l'argi'iit, des présents; pour moi, je raient avec ti-ans|iort ;tcnis s'ell'orçaient d'ap-
ne vous ollVf (juc les saintes lois, vous exlior- procher d'Helhdiichus. Ayant imposé silence,
tunt à imiter notre maître, qui ne laisse [)as il lit lui-même la lecture delà lettre; ellecon-

de nous combler de ses biens, quoique nous lenait des reproches teudres et paternels :
l'offensions tous '.ys jours. Netromjjez |ias mes Théodose y paraissait plus touché des insultes
espérances et mes promesses, et. :,aclicz que si faites à l'impératrice défunte cl sor. [lère,
'.

vous panl'^'unez à notre ville, j'y retournerai que de celles cjui tombaient .sur l"i-même. Il
avec conliance ; mais s^ vous la rejetez, non- y censurait cet esprit de révolte et de muti-
seulement je n'y retournerai plus, je n'en ver- nerie qui semblait faire le caractère du pcii|)lo
rai plus môme le sol, je la renie à jamais. Kh ! d'Anlioche; mais il ajoutait qu'il était encore
conmienl pourrais-je tenir pour mienne une [ilus naturel â Théodose de pardonner. Il té-
patrie à qui vous u'&uriez pas voulu l'aire moignait être affligé que les magistrats eussent
SC6 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÈGLIBE CATHOLIQUB
été la vie à quelques coupai ilcs, et finissait dans sa première haranuue, que la ville n'avait
]i!ir r/'voquRr tous les iirdres qu'il nvail donnés envoyé personne, et (|u'ilse ptésc: lail, lui. de
jiourla puuilion île !a ville et desos liaiiitiints. son |)ro|)re mouvement (4). Eni-uite. dan* sa
A ces mots, il s'éli've un ori tri-ncral. Tous vie, il ne dit pas un mol de 'j .li-putalion à
se dispersent pour aller porter ci'tt(^ heureuse l'empereur; ce «[u'il n'eût puH .lanqtiéde faire
nouvelle à leurs feniinesetà leurs entants, i^a si elle avait été réelle, et ?jon purement fictive:
veille on aecusail de lenteur et Flavien et an contraire, il l'ail entendre a^Kez eliiirement
Césfirius aujourd'hui on s'étonne qu'inie
; qu'il ne sortit point d'.\nt oche. Dans celle
affaire si ini]iorlanle, si diftieile, ait t'té si comme dan-i beaucoup il'aulre',
cil-constance,
proniptement li-rniinée. On ouvre les hains le du pairanisme aveu'.'le de Zosi.'iie el
zèle
puhlies; on orne les rues et les places de fes- Libanius ne parait qu'une pàlecojiie île Clir»'-
tuns et de guirlandes on y dresse des taldes
; ; sostome.
Antioche entière n'est plus qu'une salle de Ce dernier n'avait pas encore vlni^t ans, i^ua
ri'>tin. La nuit suivante égale la iumiiTC des déjà Libanius felieitail son siècle de pussi'der
plus beaux jours la ville est éclairée deflam-
; un orateur aussi parfait. [I manifesta encore
licaux; on bi'nit l'Klre souverain qui tient en le même sentiment dans sa dernière maladie.
sa main le rieur des princes; on célèbre la Ses amis lui ayant demandé lequel de se' dis-
clémence de rcmpercur; oneomble de Ionani;es ciples il vfiudrait avoir jiour successeur dans
l'iavii-n, lleliébicluis et Césarius Helh-hichus , sa eJiaire d'éloquence: Je nommerais Jean,
prend pail à la réjouissance puiilicpie, il se réi)i>ndit-il, si les chrétiens ne nous l'eiissi-nt
mêle dans lis jeux, dans les lestins. Les jours enlevé. Ce di-ciple de prédilection étudiait en
suivants on lui dressa des statues, ainsi qu'à même temps la philo-ophie 'ous.\n<lr(ia«lhiu5.
Césarius ; et lorsqu'il fut ensuite rappelé par Vers l'àirede vingt an*- il |ilaida quelque tem[is
l'empereur, il fut conduit hois de la ville avec avec beaucoup de succès, et fréquenta le' llieà-
les vonix et les acclamations de tout le iien])le. , très. Un ami plus chrétien le retira de ce péril.
Flavien reçut, à son arrivée, des lémoiL^naires Il renonça non-seulement au théâtre, mais au
de reconnaissance encore ptu-^ précieux elplus barreau et à toutes le' choses du monde, our i

dignes d'un évèqne il fut honoré commi; un


; mener une vie de pénitent, uidquement apidi-
ange de paix, cl toutes les églises relcntirent qué à l'étude des saintes Ecritures. Saint .Mé-
d'actions de grâces. Il eut la joie de retrouver lèce, qui gouvernait alors l'éu'li'e d'Antioclie,
en vie sa sœurtpi'il avait laissée à l'extrémité, voyant le beau naturel de ce jeune homme,
et de célébrer lal'âque avec son troupeau. Du lui permit d'être continuellement au])re? de
reste, jamais on ne put rien savoir de ce qui lui; et après qu'il l'eut in-truit pendant trois
s'était passé entre lui et Théodose. Quand on ans, il lui conféra le baptême et l'ordonna
l'interrogeait là-dessus, il répondait qu'il n'a- lecteur. Jean attira à la retraite Théodore et
vait rien contribué à cette all'aiie ; que Dieu Maxime, qui étudiaient avec lui sons Libanius.
seul avait tout fait, ayant adouci le cœur du Théodoie fut ilepuis évêque de .Mopsueste en
prince et apaisé sa colère avant qu'il eût ouvert (jlicie, et Maxime de Sêleucie en Isaurie. Tou»
la bouche pour lui [larler. Ainsi il fallut les trois s'exercèrent à la vie ascétique, sou» la
apprendre par d'autres ce que sa modestie discipline de Cartère et de Diodore. depuit
voulait cacher. C'est ce que témoigne saint évèque de Tarse.
Chrysostome dans son vingt-unième dis- Jean avait encore un ami plus intime, nommé
cours (1). Basile, le même qui l'avait re'iré de la fré-
Libanius, auprès duquel Chrysostome avait quentation du théâtre. Ils délibérèrent en-
pris autrefois des leçons d'élocjuence, déploya semble sur le genre de vie qu'ds devaient
aussi sa rhétorique dans cette occasion. Ce emhias'cr, et ils conrlurent pour la vie soli-
qu'il déplorait le plus, c'était l'interruption taire. Basile s'y résolut sans hésiter. Jean ent
des plaisirs et tles spectacles. Il nous appiend plus de peine à quitter le monde, et fut
àans sa vie, écrite par lui-même qu'on le retenu principalement par les prières et les
regardait comme la cause de ce malheur ; larmes de sa mère, qui, pour toute récom-
mais que par ses dtuiccs paroles et par ses pense de sa vidnilé el des soin» qu'elle avait
larmes, il persuada aux juL;es d'aimer les let- pris de son éducation, ne lui demandait de
tres (2). Il compo-a une haran;,'ue, qu'il est ne pas l'abandonner, lui la s'ant la liltcrté
censé faire en présence de Tliéodose pour de vivre aprè? sa mort comme il voudmit.
l'engager à user de clémence, et une autre Basile exhortait Jean à «'él«»ver au-<ie..s'us d*
pour lui rendre grâces quand il eut pardonné. ces considérations, lr*Kqu'il courut un bruit
Il écrivit encore deux discours à la louanire qu'on voulait les faire èveques. Celait snus la
des deux romml-aires. Le païen Zosime y3\ persécution de Valens, où il J avait Seaiiconp
rapporte que Libanius et un nommé Hilaire d'èitlises vacantes. Jean en înt <'lonné. ne
fuient députés vers Théodose par le >énat comprenant pas pourquoi on pen'.-tit à lui, et
d'Antioche,el que ce furent eux ijui obtinrent craiiinit qu'on no l'ordonnât parforve, rumme
le pardon de la ville. Mais il est démenti par il et lit alors a«sez ordinaire. Ensile vint la
Libanius lui-même ; car il dit ex{iressémeut trouver en particulier, croyant lui apprendra

(1) Clirysost., t. IL Liban., t. H. Tillam., Hitt. de$ rmp. Th.'od.. t. V. Lel)e»u, Hul. At Bat-Swtf,ir^
I. XXIII. - (2) Lil)., Vit., t. H, p. 75. - (3) 2o8.. L IV, c. xu. — (4) Orat., xn. p. 38».
LIVRE. TRENTE-SIXIRME. s«»

cette nouvellt', et le pr-a d'asrir de concert Cependant Théodore avait embrassé la vi«
avec lui en celle rencontre, comme ils fai- monastique et même pris des ensaa:ement3.
ïflii'nt en toute* les ydaires; car, dit-il. je Il était illustre par sa naissance, possédait de
prendrai le nir-ine parti que vous, soit pour grands biens, avait intiniment d'esprit, écri-
fuir l'épiscopat, soit pour l'accfjiter. Jean ne vait et parlait avec agrément. Comme il était
crut jias devoir faire ce tort à l'Eylise, de la à la fleur de l'âge, tous ces avantages se re-
priver i!es services d'un homme capable, ((tioi- présentèrent à son imagination d'une ma-
que jeutîe. de conduire le< âmes; il dissimula nière flatteuse; il succomba à la tentation,
dimc avec lui pour laprcmiiTefoisde sa vie, et rentra dans le monde, et songea même à se
dit que rien ne |)rcssait, et qu'il était d'nvis maiier. Il prétendait justilier sa conduite par
de remettre cettf^ déliijération à un autre des exenqiles tirés de l'histoire, dont il avait
temps. Ci'pendanl il se cacha, et, peu de temps une i;randc connaissance. Saint Chrysoslome,
après, celui qui devait les oi'donnnr était anivé. qui était son ami, lui faisait des remon-
Dasile, qui ne se doutait de rien, fut amené trances cluiipie fois qu'il le rencontrait, lui
sous un autre prétexte, et se laissa ordonner écrivait des lettres jjour le rappeler à lui-
évéque de IJaphanée en Syrie, dans la persua- même. Bii'iito! Théodore regarda sa conver-
sion ((ue J 'an en ferait autant. On le trompa sion comme iiipossible. Mais Chrysostome
même, en lui disant que celui qui était le plus lui ri'pétaità clia({ue rencontre ces paroles :
lier et le plus indocile avait cédé au jugement Ne Vous abandonnez pas au désespoir. 1! lui
des évèques. Mais quand Basile sut que Jean adressa même un traité assez long, où, mê-
s'était mis à couvert, il vint le trouver ]ionr lant l'autorité aux exemples, il le [lorte à re-
se plaindre amèrement de l'arliOce dont il courir à la miséricorde du Seii^neur. et à re-
avait usé |tour l'enfiaser. Jean lui expliqua ses noncer une secondi! fois au monde. Théoilore
raisons, et cette conversation fut le sujet des se reconnut enfin il rentra dans la société de
;

six livres Du Sacerdoce, que Jean composa ses pieux amis, et ne s'applbpia plus avec
depuis. eux «[u'à la [U'iêri! et à la lecture des livres
ils sont en forme de dialogue, et ont été saints.
repardés dans tous les siècles comme un ch.ef- Chrysostome lui-même, après avoir été or-
d'u'uvre. On y voit, en autres choses, que les donné lecteur, ne jugi!ant pas en sa conscience
élections épiscopales ne ressemblaient pas que les travaux qu'il pouvait faire dans la
'

toutes à celle rie son ami Basile. Après avoir ville fussent suffisants pour dompter l'ardeur
exposé, dans le iroisième livre, quelles doivent de sa jeunesse, se retira parmi les solitaires
élrc les (pialilés d'un évèque: Allez, mainte- sur les montagnes voisines d'Antioche. Là,
nant, dit-ii à CCS fêtes populaires où se font ayant trouvé un vieillard de Syrie fort appli-
les électii^.iS erciésiastiques. Tous les électeurs ipié à la mnrtilication, il imita la dureté de sa
se divisent; les juétres mêmes ne sont pas vie et fit quatre ans sous sa discipline. En-
il'accord entre eux ; chacun fait bande à
part; suite il se confina seul dans une caverue,
l'un donne sa voix àcelui-ci, l'autre à celui-là. cherchant à être inconnu. Il y demeura deux
Vn tel doit être élu, dit-on, parce qu'il est ans, sans presque dormir, et sans jamais se
d'une famille illustre ; un tel, parce iju'il est coucher ni jour ni nuit, en sorte que le froid
riche; l'un, parce qu'il a passé de nos adver- lui rendit comme mortes certaines parties du
saires à nous l'autre,
; parce qu'il est mon corps. Son occupation iHait d étudier l'Ecri-
parent; un autre enlin, parce qu'Usait llatler. ture sainte et decmip iser quelques ouvrages
Quant à celui-ci qui est vraimi'nt capable, de pieté.
personne n'y regarde. On alléf,'ue quehjucfois Cependant, vers l'an 37t), l'empereur Va-
des motifs plus absurdes eiK orc. Il faut ad- leiis, pli;s libie de persécuter les (atholiques
mettre ceux-ci ilans le clergé de peur qu'ils depuis la mort di> .son frère Valentinieu, avait
ne passent du côlé de nos adversaires il faut ;
fait une Là pour enrôler tous les moines dans
yadmcltre ceux-là |)!irce qu'ils sont méchants, SCS troupes, (^e fui une occasion à bien dos
et que, si on les méprise, ils peuvent faire gens du monde de se «léehainor plus que ja-
beaucoup de mal. Ce n'est pas tout nou-seu- : mais contre la vie mona-liquc car plusieur*
;

b-ment on choisit les iiidii^nes, on repousse en regardaient 1 austérité comme excessive,


les capables un tel. paici; qu'il esl jeune un
; ; et employaient les menaces et les violences
tel, parce qu il ne sait pas llattei celui-ci, ; pour en empei hi!r la propagation. Ce n'élaient
parce qu'il déplailà un seul; cidui-là, de |ieur pas seulemi'iil d(!s païens, mais des chrétiens
d'oll'enser le patron de tel aulre qu'on a rejet('; mêmes, et il y en eut un qui s'emporta jus-
l'un, parce ipi'il est doux et honnête; l'antre, qu'à dire Que devoir des honunes d'une con-
:

parce (pi'il c.-tterribic àceuxqui se conduisent ililio[i libre, d'une naissance 41uslre, et qui
mal (1). On voit, par cet éihantillon, ipic ce eussent |)U vivre dans les délieei, choisir un
serait se Iromner beaucoup et tromper les genre do vie si dur et si austènc» i.ela seul se-
autres, de .supposer (pic les élections ecclésias- rait capable de le laire renonier à la foi ot
tiques des premi( rs siècles fussent sans incon- sacrifier aux démons. C'était lu sujet ordi-
vénient, i)arci' que c'elaient de» élecliuns ou naire des railleries dans la phu'.c publiipio et
dans les premiers siècles. dans tous les lieux où s'ussembUiout les geu

if) DcSaeenl., 1. III, n. U, p. SS-J-SeS. t. I, édit. Beatd.


HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'EGMSE CATHOLIQUB

oisifs. L'un flisait : J'ai été le premier f|iii ai Lien alfi'pmis dans la piété et la vertu (!),
mis la main ?ur nn tel moine, et je l'ai roué Saint Clirysostoine alla plus loin et lit un
de coii[is. L'autre J ai (li'couverl la rclraile
: petit écrit três-clégant, sous ce titre Compa- :

d'un Ici. L'autre J'ai liien •'•oliaullf'; le ju^'e


: raison d'un roi el d'un moine. Il y met, d'un
contie lui. L'autre se vantait ilc l'avoir tiaitié côté, un roi environné de toute» les marques
par la place et mis au lond li'un carliot. I.,à- de sa f;ran.!eur, et, d., '"autre, 'in moine dans
dessus les assislanl.s éclataient en rires. Les la sim[ilicité de son étal. Celui-là '^laralt, aux
chrétiens eu usaient ainsi, et les païens se yeux du monde, le plus heureux des hommes;
iuo(|UMieni (les uns et des autres. sa conditiiin llatte et éblouit les yeux celui-ci ;

Iiiliiruié de ces scandales, Chrysostome (iiTi- au contraire, |)asse pour un mi-érable auquel
fit II pour la il«;t'enso dt: la vii- ino-
ois livies on n'a nulle envie de ressembler. Pour mon-
:iasli(Hie. non dans l'inlérél d.'s moines, mais trer qu'il est néanmoins dans une situation
daiii c('hii do leurs ennemis; car li.-s persi-eu- plus heureuse que d-lle des plus puissants
teuis s(' nuisent à eux-mêmes et non pa'^ aux jirinces, saint Chrysostome remarque entre
saints (ju'ils ]icrsécutent. Témoin saint l'aul, autres que la royauté finit avec la vie, et
accusé par Néron des raém(;s choses ipi'on re- qu'après cela les rois, comme le reste des
prochait aux moines de Syrie t(Mnoin le ; hommes, sont présenté- au tribunal lie Dieu
pauvre Lazare, méprisé par le riche; témoins pour y recevoir les châtiments dus à leurs
Je» apôtres, persécutés par les Juil's, (pii en péchés, au lieu qu'un solitaire parait avec as-
ont été puris par la ruine d(; leui' ville et de surance devant ce même tribunal. (Jue si les
leur tem[ile. Et que sera-ce dans l'élernité? princes commandent aux peuples, aux ar-
Ce ii'est pas tout d'avoir la foi, il faut y.join- mées et au sénat, un moine commande aux
dre une vie sainte. Timoin le serviteur pares- passions, ce qui est un empire bii-n plus rele-
seux et les vierges folles. Mais, disait-on; ^le vé; que les victoires que remportent les rois
pent-on se bien comluire dans sa raaiso" ot sur les Barbares sont bien moins éclatantes
éviter ainsi les su]iplices éternels ?l'lùt à Dieu, que celles qu'un homme, vertueux remporte
répond saint Ciirysostome, que les monas- sur les démons, qui sont des ennemis bien
tères ne fu^sent pas nécessaires, qu'on vécut plu- redoutables; que l'un a un commerce
si bien dans les cités que nul ne fût dans le continuel avec les prophètes et les apôtres,
cas de se réfugier dans la solitudi» Mais puis- ! au lieu que les princes n'ont pour cumpaguie
que tout est sens dessus dessous, pui-que les '
que des courtisans et des soldats ; que comme
villes où sont les tribunaux et les lois regor- Ion ressemble d'ordinaire à ceux cjue l'on fré-
gent d'iniijuités et de crimes, puisque la quente, les solitaires règlent lei' vie sur
8i)litude abonde en fruits de sagesse, faut-il blâ- celle des apôtres et des prophètes, au lieu que
mer ceux qui s'clforcent d'arracher quel((ues- les rois imitent bien souvent les mœurs cor-
uns à ce grand naufrage pour les conduire rompues de leurs officiers et de leurs géné-
au port? N'est-ce pas plutôt ceux qui ont raux ijuc les princes sont à charge aux peu-
;

rendu les villes inhai)itablesa la vertu? Dans ples par les tributs dont ils les accablent,
le second livre, il -'adresse à un pcre païen tan fis que le moine fait, autant qu'il le peut,
qu'il suppose outre de douleur de ce que .son du bien à tout le monde ; que les rois ne peu-
fils aomlirassé laviemonastniue. Il lui montre \'entdimnerque de l'or et de l'argent, au lieu
que tout ce que les anciens philosophes ont (]ue moines confèrent la grâce du Sainl-
les
dit de plus beau sur la vertu et la dignité du Lsprit «lue les premiers, quand ils sont bien-
;

sage se trouve réalisé' et au delà dans le soli- faisants, peuveut, il est vrai, bannir la pau-
taire chrétien i|ue, par consé(iuent, c'est la
; vreté lie leurs Etats, mais que les autres dé-
vraie [ihilosophie. Dans le troisième, s'adies- livrent les âmes de la tyranuie du démon. Un
sant à un [lèie chr('lien, mais aussi mal dis- homme possédé de ce malin esprit n'a garde
posé, il parle de la mauvaise éducation (}ue de recourir au roi pour en être délivré; L
i'ondonnait aux enfants; il p.u le de la corrup- c^jurt à la cellule d'un solitaire. Ce fut des
tion ellï'<iyable li'Anlidche. Le péché île So- prières d'Elie qu'.Vchab attendit la lin de la
dorae y était si commun, que le sexe féminin famine, et à son exemple, plusieurs autres
devenait bientôt superllu. Les jeunes geus s'y rois des Juifs eurent recours aux prophètes
livraient avec tant d'impudence, qu'ds tour- dans leurs disgrâces. Mais la ilifference il'un
naient en dérision, qu'ils battaient même roi et d'un moine ne parait jamais mieux
ceux qui osaient les reprendre. Aussi, bien qu'à la mort. Un moine, qui méprise tout iie
des personnes s'étounaient que le feu du ciel qui attache les hommes a la vie, la quitte sans
ne fût pas déjà tombé sur la ville. Liait-il peine mais la mort est terrible aux rois. Le
;

surprenant alois que plusieurs cherchassent solitaire ne sort de ce monde que pour rece-
leur salut dans la solitude? il parle d'une voir la récompense de ses vertus; les rois, s'ils
mère chrétieunc qui avait obtcim qu'un soli- se sont mal comportes danf (e gouvernement
taire vint faire l'écucalion de son lils à de leurs Eta s, ne sortent de ccttt .'ie que
la maison. D autifs envoyaient leurs en- pour être livres dans l'autre à d'inconcevable»
fants dans 1rs monastères mêmes, pour une supplice-. Lors donc que vous voyez, conclut
dizaine d'années, jusqu'à ce qu'ils lussent saiut Chrysostome, un homme puissant, n-

JL-.1X.. Adiu B«D«d


LIVRE TRENTE-SIXIÈME. 3P9
fheTiiijnt vêtu, monté snrnn cliarmaqnifiqnc, ega Egal, par la grâce de qui ? — P,ir la
uo iliii's pa^ que
cfit lioinine pst heureux, ?on UT;\ce du Dieu tout-pui-sant, qui a conservé à
que passager. Mais lorscjue vous
l)0!iliriir n'est Valentinien rcmjiire ([u'il lui a donné.»
ri'niniitiiz un solitaire, dont l'extérieur e~t Alors Maxime s'emporta et lui reprocha de
liuiiiMe et moiieste, et dont la tranquillité l'avoir joué, l'empêchant d'entrer en Italie
rt'àiue se peint dans la sérénité du visage, lorsque rien n'eût pu lui résilier. Ambroise
dites ijue celui-là est vérilablenient heureux, répondit avec beaucoup de calme : H 0:^1 inu-
et souhaitez de
ressemhler (i).
lui tile de vousfàhfr; il n'y a pas de ipioi. Je
Lorsqiu^ |ilus tard les habitants d'Antioche, suis venu précisément pour me Justifier de ce
après linir si'^dition sous Théijdose et dans leur reproche, cjuoi.pi'il me ^soit glorieux de me
olus grande aftliclion, virent arriver ces moi- l'être attiré pour sauver lîn empereur pupille;
jies à leur secours et s'offrir généreusement à car qui devotis-nous plus défendre, nous au-
mouiir p(jur eux, ils durent bien changer tres évéques. sinon les orphelins? Mais aprèa
d'idée à leur égard, et regarder les écrits pré- tout, où me suis-je opposé à vos légions
"6' peup-
cédents de saint Chrysostome comme une pro- les empecaer
empêcher d'investir '"Italie
n mvesiir il'Flal"" "
r vous
VOUS ai-ji
phétie. fermé les Alpes avec mon corps? en quoi vous
Clirysostome étant tombé dangereusement ai-je trompé? Ne renconlrai-je pas en roule le
malade dans sa caverne, revint à Antioche géni'ral Victor, que vous envoyiez à Valenti-
l'an ;J.SI, pour rétablir sa santé. La même an- nien pour demander la paix vous-même le
née saint Méléce l'ordonna diacre. Cinq ans premier? Quand vous me dites ([ue Valenti-
après. Flavien l'éleva au sacerdoce et le fit nien devait venir à vous, je réiiouilis qu'il
son vicaire et son pré l'cateur. Il ne cessa de n'était pas raisonnable qu'un enfant passât
composer des opuscules de piété, d'écrire et les Alpes avec sa mère, dans la rigueur de
de prêcher des homélies sur l'An^'ien et le l'hiver, ni qu'on l'exposât sans sa mère- aux
Nouveau Testament, îles sermons contre les périls d'un si long voyage; que d'ailleurs j'a-
Juifs, contre les gentils, c(jntre les anoméens; vais commission pour traiter de la [laixet non
des panégvriiiues des saints dont la l'été se pas de l'arrivée de Valentinien. Au reste,
rencontrait pi'ndanl l'année. Tel était le comparez sa conduite avec la votre. Voici à
prêtre Jean, qui consola le peuple d'Antioche vos cotés votre frèr.', qu'il vous a envoyé vi-
alarme de la juste colère de l'empereur Théo- vant et avec honneur lorsqu'il pouvait venger
dose. sur lui sa doideur; rendez-lui au moins le ca-
En Occident, l'impératrice Justine, après davre du sien. N'e ùites pas (jue la vue de ces
avoir deux fois persécuté et maltraite; saint dé|iouilles renouvellera la douleurdes troupes.
Ambroise, le pria néaumoins d'aller une se- Celui qu'elles ont abanilonné vivant, le défen-
conde fois trouver l'empereur Maxiine et ; dront-elles tué? J'ai tué mon ennemi, dites-
Ambroise accepta l'ambassade. Le sujet était vous. Il n'était pas votre ennemi, vous étiez
dt! demander le corps de l'empereur Giatien, le sien. Si quelqu'un voulait usurper aujour-
et de coniirmer la paix car on avait grand ; d'hui sur vous cette partie de l'empire, di: iez-
sujet de craindre que Maxime, non content vous que vousêlcs son ennemi, ou bien qu'il
de commander dans les Gaules, n'entrât en est le vôtre? Si je ne m'abuse, c'est l'usurpa-
Italie pour dépouiller Valentinien. Saint Am- teur qui cause la guerre l'empereur ne fait
;

broise étant arrivé à Trêves, .Maxime refusa que défendre son droit. Quel'empeieur Val'n-
de lui donner audience, sinim en public et tinien ait au moins les di-pouilles de son frère
dans son consistoire. Quoique les évéques ne pour gage de votre paix! .Maxime répondit
fussent pas dans l'usage de s'y présenter, Am- qu'il en délibérerait. Comme saint Ambroise
Ijroise aima mieux déroger à sa dignité que s'abstint de la communion des évéques qui
de manquer a sa commission. Voici commi; il communiquaient avec .Maxime, ou qui [lour-
raconte son audience « Quand Maxime fut : suiva eut la mort des priscillianistes, Maxime,
assis, dans le consistoire, j'entrai; il se leva irrité, lui commanda de s'en retourner inces-
pour mi- donner le baiser. Je restai deliout samment et saint .Xmbroise se mit volontiers
;

parmi b-s conseillers d'Etat. Les uns m'exhor- en chemin, quoique Maxime l'eût menacé, et
tèrent à monte: lui-même m'appela. Je ré-
. que plusieurs personnes crussent qu'il s'expo-
pondis l'ourquoi voulez-vous baiser qui vous
: sait à un piTil inévitable. La*<eile chose qui
ne reconnaissez pas pour évèque? autrement raffligea en partknt, fut de voir emmener en
vous ne me verriez pas en ce lieu. Evccjue, exil un vieil évéque nommé Hygin, qui sem-
Jit-il, tu esJe suis ému, répondi—je,
éuiu. blait prêta rendre le dernier soupir. Ambroise
non pas de mais de l'incouvetuincc de
l'injure, sollicitait les amis de Maxime pour lui fair«
inc trouver où je ne devrais pas être. Mais, donner au moins un habit et un plumoo i'oir
dii il, tu es bien entré au consistoire dans ta le soulager; mais on le chassa lui-même. Ivi
liretniêre légation. La faute n'en fut pas à route, il écrivit à l'empereur Valentinien p .ur
moi, ri'pliquai-ie, mais à qui m'appela. — lui rendre compte de son ambassade, r li-
Biais pouripioi ns-lu entré?
al'irs, l'arce — gnant qu'on m; le prévint eoiilre lui pai
que je Venais alors demander paix [lour un 1 i qindqu' faux rapport. Il linit la lettre par eei
iuiérieur, cl que je viens aujourd'hui pour un mots Soyez biir vos j^ardcs coutre un homiua
:

il ri,M~,,^i Opcra, t. I, p. 14, ^)7, /5, edit. nened..


t 1\ 21
.

m IlISTOIBE UNlVEnSELLE DE LEGLISE CATIIOLIOCB


qui r.nivro la guerre par une apparence de en particulier et lui représente avec iJouceur
piiixvl)- que les Iiéiétii|uos avaient été justement con-
J,es évèques qui poursuivaient la n..)rl ilns daunii's, suivant la marclii- de.i triîiuiiuux pu-
priscillianisli's f'taiciil llhacc et quriques au- blics, plutôt qu'à la poursuite des iveiues;
tre*. Maxime les smilcnait et laisuit, pai .011 qu'il ii'a\uit point df cause pour rej.-ier l.i
aulnrili!, «im; iicrsonin! n'osait les c.oiidarnnrr; communion d'Iihace et >' ''
^on parti
il n'y t'iit qu'un 6vt'.|uc, nommé
Tlnjogncsle, qui- Tln'Migno.ste seul s'él d'eux pin
qui rerdil puliliquenicnl une (-enlcnce conlro tôt parliainc que iiar rai.Mjii , ijue même ii»
eux. Ces civiques ilhacions, étant assemblés à concile, tenu peu (le joui- au^nravanl. .ivai
Trévi's pour 1 éicflion d'un évéqui-, olilinrcnt déelaré llliace iniloccnl. i
ii

do l'ompi-rcur qu'il envoyât en l'>paf,'n(! des n'était point touche de 1 •


n;'

triiiuns avec un souv(!rain pouvoir, pour re- entra en colère, le ()uitta ei envoya iius-itOt
clipnliei- les héréticiues it leur oler leur vie des gens pour l'air.' moniir toii- ceux d<.nt il
et leurs Mens. On ne doutait pas qu<-.i)caui<.up demandait la grâce. Saint .M-iriin en fui averîi
de calholii|ues ne se trouvassent envilop[iés comme il était déjà nuit ,ilors il courut an ;

dans cotte lechenhe caronjuKeait alor; îles


;
palais : il promet dccominuniqucr si l'on par-
hérétiques, à In vue, sur la pâleur du visage donne à ces malheuroux. poui ^ u .'m'i,., .,,,<». i

et sur l'hahit, plutôt que sur l'examen du la làl aussi les tribuns que 'on n
foi. Ayant ol)tenn cet ordre, ils apprirent, le Espiigne. Aussitôt 'Mi- ^me^ii .t.

leudein.iin, lorsqu'ils s'y attcn.îaicnt le moins, Le lendemain, con:.ne les il i

que saint Martin allait arriver a Trêves car il ; faire l'ordination de l'evéïpie l i- iv. -.mu m.h-
fut oblifjé d'y faire plusieurs voyages pour des lin communiqua avec eux ee jonr-là, aimant
ad'aircs de charité. Ils en furent alarmés, mieux réder jour un peu de ne
I

sachant que ce qu'ils venaient de faire lui dé- pas sauver leiix qui allai, nti-; *

jilairait, et ciaignantiiue plusieurs ne suivis- que|.{ue effort qui- lissent le- .;

sent l'autorité d'un si iirand homme. Ils tin- faire souscrire à cet ar-te en -
rent conseil avec l'cmiereur il ill'iit ri-solu
; nion, ils ne purent jamais 1;, i. I,;
d'envoyer à sa rencontre des oflicii'rs poui' lui lendemain il sortit ju-oniptemeui
défi ndrc d'approcher i)lus prés de la ville, s'il et gémissait le long de la rnute d'u\oir li>iupé
ne i>i-omcllait <le ^aidiT la jiaix avec les évé- tant soit peu dans celte communion ciimi-
quis <pii y étaient. Saint Martin s'en défit uellc. Etant prèi^ d'un bourg nommé Ande-
adroilinient, en disant qu'il viendrait avec la tlianne, aujouT.l'hni Eeht'-rnach, dans h' Lu-
paix de Jésus-Chiist. xemliourg, à deux lieues de Trevi-s, il s'ariéla
Etant entré de nuit, il af/a à l'éf^lise, seu- un peu dans le- bois, lais-anl m.iri 'icr .'.^ r't
lement paur y faire sa )>riére, et le lendemain ceux de sa suite. Là, comme il

il se rendit au palais. Ses principales deman- lautc que la conscier.ce lui . ,. i

des étaient ])onr le comte Narsés et le gouver- an;;e lui apparut et lui dit: Ton i '.

neur l.,euca<i.ius, qui avaient irrité Maxime par Lien fondé.mais tu n'aspu en sortir.i.iii. .,,. h.,
leur attachement au arli de Gralieu. Mais ce
|
reprends courage, de jicnr de mettre en pivii
que saint Martin avait le plus à cœur, c'était même ton salut. Il se donna bien <^ g^nde,
d'empé( lier que ces trihuns ne fussent envoyés depuisce temps, de ciimmuniquer.i\Te te [larli
'

en Espagne avec la puissance de vie et de d'Itiiace et, pendant seize ans qu'
;

mort, <'t il était en peine non-seulement pour core, il ne se trouva à a..cun «on
les catholiques qui pourraient lètre inquiétés loigna de toutes les assombl-es
à cotte oci-asion, mais pour les héreti ues Noilà ce que raconte, dans ~ijn tr. .

mêmes, à qui il voul.-iil sauver la vie. Les deux logue, saint Sulpice-Severe, qui, d un a.itus
premiers jouis l'emiiereur le tint en suspi'us, cote, termine son Histoire satrvvytur ee- rri'^t-
soit pour lui faire vnloir les giâces qu'il de- Par l'exécution de -Priscillien, il >
mandait, soit par la léiai^nance de pardonner parmi les ntV.rcj une gnerre r.n
à ses ennemis, soit par avarice, pour proliler discordes: après quinze an.-
lie leur dépouille, dépendant les evèques, honteuses, nul m.. yen de la n
-

voyant que saint M-irtin s'abstenait de leur tenant que tout se voitentrouiiic et ronhisioti
communion, vont Ireuverrempereur et disi;nt par les discordes lir évè.ines, et qn.-. "
que c'était t'ait de J"ur réputation si l'opiniâ- haine, faveur, cra jte, incon*tince.
treté de Téognoste se trouvait soutenue par esprit départi, passion, arari- ••
l'autorité île M.irlin qu'on n'aurait pas dii le,
; paresse, ils ont tout déprave,
laisser entrer dans la ville que l'on n'avait
; bre s'élève, par des conseils in-n:-.
rien gagné à la mort île Priscillieji si Mailin baies opiniâtres, contre le petit n
entreprenait sa vengeance. Enlin, prosternes donne des avis s,iges. et le peuple n-
devant l'empereur, avec larmes, ils le conju- ainsi que tout lionime de Lieu, un o < t

rèrent l^u^er de >a puissance contre lui. mépris et de dérision (2)


Quelipie attaehé que Maxime l'ùt à ces évo- Saint .\mbroise axait mnn.'i^ à Vslenlinie- ,

ques, il n'as;i user de violenc,.' contre un hom- au sujet de Maxime, d'eli-


me si distingué pour sa sainteté. Il le prend !re un homme qui couvr.. ..; .

(l) Auit)., E/nst. XXIV. De obil. V'Jeiil., a. 3'). — (t) Sulp. Sev., Bitt. taer. l. II. in lia».
LIVRE TRKNTE-SIXIEME. S71

apparence de paix. Les courtisans Irouvcrent et que votre père s'est rendu invincible. Va-
([uc l'(Jvc''i|iie n'avait point assez de soupli'ssi^ votre oncle, attaquait Dieu; il avait pros-
leiis.
pour un diplomate. Un d'entre eux, nommé orthodoxes
crit les évèijiies il avait versi' le ;

Domninus, piincipiil ministre de Valenliiiien, sang des saints. Dieu a rassemblé contre lui
qu'on rt'iiarduit comme un profond polilicpie, une nuée de Barbares, il a clujisi b's Golhs
s'ollrif, de renouer la néifoeiation et' de la con- pour exécuteurs de ses vengeances Valens a ;

duire à bonne fin. Jlaxime le reçut à bras ou- péri dans les flammes. Votre eflnenii a sur
vei'ts, !e combla d'honneurs et de ]>réscnts, vous l'avantage de suivre la vraie doctrine ;
acci'pta toutes ses propositions, lui offrit mê- c'est votre iididélité qui le rend heujeux. Si
me un corps de troupes [lour aider Valcntinicn nous abandonnons le Fils de Dieu, cpiel chef,
contre les Bari)ares. Domninus, accnmjiacfné malheureux déserteurs, quel défen.-eur aurons
de ses auxiliaires, revenait triomphant à tra- nous dans les batailles ? Dieu pailait au —
vers les Aines, lors(pie Jlaximo, i[ui le suivait co'ur di' Valentinien en même temps que la
sans brnii, parut tout à con[) en Italie avec voix de Théodose frappait ses oreilles. Fon-
une armée formidable, dont les prétendus dant'Cn larmes, le jeune prince adjuia .sou
auxiliaires étaient l'avanl- garde, et marcha erreur et protesta qu'il serait toute sa vie in-
sur Milan. Valentinien, surin-is, n'eut que le violablement att.aché n la foi de son ,pêre
temps de se sauver à Aquilée. Bientôt même, et de ron bi.'nfaiteur. Tiiéodose le con-
ne s'y croyant pas encore en sùrelé, il s'era- sola il lui promit le secours du ciel etce-
;

barcpia avec sa mère et gagna ThessaIoni(iuc lui de ses ai mes. Valentinien fut fidèle à sa
pour y trouver un asile sous la protection de parole; il jom|iil, dès ce moment, tous les
Théodose, anc|ue! il- firent savoir, à Constan- engagements (lu'il avait contractés avec les
tinnple, l'extrémité où ils étaient réduits. ariens il embrassa sincèrement la foi de l'E-
;

Théodose écrivit aussitôt à Vale«tinien glise et sa mère Justine, qui mourut l'année
;

qu'il ne devait s'étonner ni de ses malhcnrsui suivante, toujours obstinée dans son erreur,
des succès de Maxime; que le souverain lé- n'usa même entreprendre d'ell'acer les heu-
gitime combattait la vérité, et que le tyran reuses imi)ressions des paroles deThr'odose(l).
faisait gloire delà soutenir; que Dieu se dé- L'hiver se passa en négociations infruc-
clarait contre l'ennemi de son l'jglise. Eu mê- tueuses. Maxime était maître de l'Italie et de
me temps il partit de Constanlinople, accom- l'Afriiiuc Les païens se' déclarèrent pour lui
pagné de plusieurs sénateurs. Lorsqu'il fui à avec emjiressement. Le fameux Symmaque
Thessalonique, il tint conseil sur le [larti qu'il |u-ùnonça un panégyrique en son honneur.
devait prendre. Tous les avis allaient à tirer Tliéodose, de son coté, au milieu de ses pré-
de iMaxime une prompte vengeance, qu'il ne paralil's de guerre, fit consulter un célèbre
fallait |>as lais^er vivre plus loiigiein|is un anachorète, saint Jean d'Egypte, ipii demeu-
meurtrier, un usurpateur qui, accnniulant rait dans la hante Tliébaïde, et qui était re-
crime sur crime, venait d'enfreimlie des trai- nommé par ses miracles et par le don de
tés solennels. Théodose était plus touché que prophétie. Jean lui prédit qu'il serait victo-
personne du sort déplurable des deux empe- rieux.
reurs, l'un cruellement massacré, l'autre De Thessaloni(juc l'empereur riiéodose
,

chassé de ses Etats il était bien


; lésolu -de s'avança prom|dement en Paunomie, et y
venger son bienfaiteur et son beau-frere. Car, défit, en deux batailles, les troupes de Maxime,
dès l'année précédente, suivant la chronique quoique plus nombreuses que les siennes. 11
de Marcelim, il avait épousé en secondes no- passe les Alpes sans obstacle et s'arrête à trois
ces tialla, sœur de Valentinien. M.iis comme, milles d'Aquiléc, où ses troupes entrent sans
l'hiver apiirochait et que la saison ne permet- résislence ci y surprennent Maxime occupé à
tait as de commencer la guerre, il crut qu'au
I
distribuer de'l'argent aux soldats qui lui res-
lieu de la déclarer avec une précipitation inu- ta cnt, tant 11 était [leu instruit dos mouve-
tile', il était plus à propos li'anmser Maxime ments de Théodore. Aussitôt on le jelloenbaî
par des es(iéran(es iraccomniodement. Il l'ut du tribunal, on lui arrache le diadème, ou le
donc d'avis de lui propos.-r de rendre à Ya- dépouil e, et, les juaiiis liées derrière le dos,
Jentinien ce qu'il vcu.iit d'usur|ier et de s'en on conduit au cam[) du vainqueur, comme
le
tenir au trait', ;!e partage, le menai^ant de la un criminel au lieu du .-:upplicc. L'empereur,
guerre la [dus sanglante s'il refusait des con- après lui avoir reproché son usuriialion cl
ditions si raisonnables. l'assassinat de (iratien, lui demanda sur quel
Au îOrtir du conseil. Théodose tira Valen- fondement il avait osé pubiier que, dana-sa
tinien à piirt.el l'ayant tendrement embrassé: révolte, il aizissait le concert avec Tln'oilose.
Mon lils, lui dit-il, te n'e-t as la fnultitudi,"
| Maxime répondit en Ireiuldant qu'il .ivinait
de soldats, c'est ja protection divine ipii dtmnc inventé ce mc-nsonge (pie pour allicii- |>ar- •

le- .-ucces dans la guerre. Lisez nos histoires


I
ti.sins et s'autoriserd'iin nom rcspvotai ic.Cct
depuis (^jiistautin, vous y verrez souvent le aveu et l'état dé|>lorabli' où il levo.>ait dé-
nombre Gt la force du coté des inlidèle-s, et'ia sarniérent colère de Théodo.^; di'|à il pen-
la
victoire du coti; des princes religieux. C'est chait |iourla lèiuence, lorsque ses ol'licier»
(

ainsi que ce pieux empereur a terrassé Licinius, enlevèrent Maxime et devant ses ..yeux et lui

(1) ïlieud., 1. V, c. xiv tt x" Soc, I. V. e. »i. Sot., 1. Vil, c. xui. Sui'lii-, Vuk-nit^.
gj-l UISTûIltli UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
as«pj! eapahlp. on
firont trancher la tëln hors (lu camp. CV-tail mais, ne se trouvant point
le î8 juillet 'M8. Mnxiriie avait n't;ii6 environ mit peu de temps apirs;
l)orotliéc à sa place

cinq ans deiniis la moi l de Gralien. l'eu <lo ccqui,ilansla suite, produisit un schisme entre
jours après, le comte Arlioj'aslc, envoyé en eux (2).
Gaule par Tliéodose, prit li; jeune Victor, iils La bonté de Théodose fut, pour les s4*nn-
de Maxime, et le fit mourir. Andragatlie, le tcurs païens de Home, un molif de fîiire une
principal capitaine du nit^m(! [larti et le meur- nouvelle tentative en faveur de l'idoliïtrie.
trier de Gratien, était ceiiendunt avec une .Maxime leur avait donné lieu d'espérer le ré-
flolle sur la mer Adriatiiiue. Uuaml il ajuirit laiilisscment de l'autel de la Victoire. Il»
la défaitede Maxime, il se jeta tout armé de déjiutèrent à Théodosi- pour demander cette
son vaisseau dans la mer et se noya. grâce. Ils trouvèrent *>ncore auprès du pritiee
Jamais victoiiv, après une guerre civile, ne un obstacle invinciWe dans le zèle de saint
fut moins sangAflnle ni plus désintéressée. Ambroi-e; il s'op()osa à leur requête avec son
Théodose pouvait leyardcr comme sa con- couraire ordinaire i-t, comme Théodose sem-
;

quête tout l'Occident, surtout provinces les blait flatté dg désir de sali-faire le S'-nal de
que Maxime avait enlevées à Gratien, et que Home, Ambroise cessa de le voir et se tint
le jeune Valcnlinien n'avait jamais possédées. peuilant quelques y.j\irs éloigné du palai*.
La perfidie de ceux(ini s'étaient livres à l'usur- Son absence donna un nou\eau poids à ses
pateur, et (jui avaient secondé son usurpation, remontrance-, el Théodo-e rejeta lu demande
le mettait en droit de les punir. 11 rendit à des sénateurs. Symmacjue voulut profiter de
Valentinien non-seulement tout ce qu'il avait l'occasion jiour se l.-.ver du reproche qu'on lui
perdu, il y ajouta le reste de l'Occident, c'est- fai-ait d'avoir dé.-honoré son éloquenie en fa-
à-dire l'Espagne, la Gaule et la Grande-Bre- veur de Maxime. Il pronon(^a un éloge de
tagne. Jl accorda une amnistie générale à Tliéodose, dans lequel il fai-ait sa propre apo-
ceux qui avaient suivi le parti de Maxime ; il logie, et montrait qu'il s'était personnelle-
leur conserva leurs biens el leur lilicrlé. S'il ment ressenti des injustices de l'usurpateur;
les dépouilla des dignités qu'ils avaient re- mais comme il eut la hardiesse de reveniren-
çues de l'usurpateur, il les laissa jouir de core sur la demande du sénat, Théodose, irrité
celles qu'ils possédaient avant la révolte. Il de cette oiiiniàlreté importune, le fil sur-le-
prit soin de la mère et des 11 Iles de Maxime, il champ iîrrèler, avec oidre di- le conduire à
leur assigna des pensions pour sulisistcr avec cent milles de Rome. Symmaque s'échappa et
honneur. Toutes les inimitiés cessèrent avec se réfugia dans une église, et le prince se
la guerre. Théodose oublia qu'il avait vaincu; laissa bientôt adoucir par les prières de plu-
et, ce (jui est plus difficile ciicoïc, les vaincus sieurs personnes distinguées. Il [iard"n[ia à
oublièrent qu'ils avaient vU\ s s ennemis. On Symmaque^ et le traita si bien, qu'il le fit

Tit alors ce qui, selon la remarque d'un auteur consul en 3i)l (3).
païen, ne peut èlre que l'dlét d'une vertu rare Dans la rovince d'Osroëne sur l'Euphrate,
\

et sublime, un prince devenu meilleur lois- ily avait une petite ville nommée ('..illinique,
qu'il n'eut plus rien à craindre, et sa bouté où les Juifs avaient une syn.igogue et les va-
croître avec sagrandeur (1). lenliniens ou gnostiques un temple. Un jour
Cependant &n avait répandu à Conslanti- que les moines chrétiens s'en allaient à
nople de faux bruits d'un combat où Maxime l'église, en chantant des hymnes pour y célé-
avait remporté un grand avantage on disait : l>rcr la fêledes .Machabéi's, les Juifs et les va-
même nombre
des morts. Les ariens, irrités
le lenliniens se jetèrent au milieu d'eux et les
de ce que les catholiques étaient eu posses- insultèrent. Irriti-s de cette insolence, les
sion des églises, grossirent ces nouvelles en ;
chrétiens el les moines brûlèrent la ^yllal;oi;ue
sorte que eux qui les avaient ouï dire, les
( des Juifs et le temple des gno«liq<ie-. L*;
soutenaient à ceux qui les av;iient inventées. comte d'Orient en fil .<on rajq-orl à riiéodose,
L'emportement îles ariens alla jusqu'à brûler el lepré-enta l'évèiue de (iallinique comme
la maison de l'évèque Nectaire. Mais la sédi- l'auteur de cet incendie. A l'insliiralion des
tion n'eut pas de suite. L'empereur Arcade, Courtisans, Tliéodose condamna !'évèqiii> à
qui était demeuré à Constanlinople, quoique rétablir à ses fr.iis la ^yn.1gl•;.•^le.
même-, l'ntercéda pour les coupables
ofl'ensé lui à être sévèrcmcnl punis. Saint \ -•

auprès de Tbéodo>e, son pèie, et obtint leur trouvait dans i- m<'menl à Aquilee. il écrivit
<

pard(.n. Seulement 'lliéoilosc fit une


où il loi de suitt.' à l'emiereur une^nnmie lettre pour
défend aux ariens de se prévaloir de quelque obtenir la lévocalion de cet ordre. Il lui re-
ordre qu'ils prétendaient avoir reçu en leur présente l'injustice de condamner un evéque
faveur. Ceux de Conslantinople avai^-nt pour sans l'entendre, el de le c indamner à une
évèque Dorothée, qui l'avait été d'.Vntioclie. chose qu'en conscience il ne pouvait pas faire ;
Car Uémophile était mort en 386, et, pour en sorte que, sous un empereur si pieux, on
lui succéder, on avait fait venir de Thrace un verrait un évèque dans l'alli-rnative du mar-
évèque de la même secte, nommé Marin ; tyre ou de l'apostasie. Tout récemment, les

(t) Tillemont Theod. Hist. du Bas-E'npve, 1. XXIII. n. 61, 6i. — (t) Ambr.. Epi<t. xl. Soc, I. V c. x'^.
Poz.. I. VII. c. XIV. Cod. theod.
".
— (!«\ àmbr., Epitt. lvh. Sym., 1. Il, Eput. xin el i«i. S«»c., i. V, c. xi«.
T.: V . T!: •.,
LIVRE TRENTE-SIXIÈML}.
hérétiques avaient brûlé la maison de l'évêiiue par l'arcliioiacre Seigneur, il n'est permij
:

à Constnntinople, et on ne les obligeait point qu'aux ministres sacrés de demeurer dans le


de la rebâtir. Sous Julien, combien d'égli-es sanctuaire; sortez-en donc et demeurez de-
les païens et les Juifs n'avaient-ils pasbiù- bout avec les autres: la pourpre fait des em-
Ices? l>eux à Damas, d'autres à Gaze, à Asca- pereurs et non pas des prêtres. L'empereur
lon, à Béryte, à Alexandrie. L'Eglise n'est'pas témoigna que ce n'était point par hauteur
venijée, et on vengera la synagoïue des Juifs qu'il était demeuré au dedans de la balustrade,
blaspliémateiirs et le temple profane des va- mais parce que c'était l'usage de l'église de
lontiniens idolâtres? Que répondra Ambroise Constantinople. II remercia Ambroise "de celte
aux. plaintes des évèqnes, qui le regardaient correction. Le saint évéque lui marqua une
comme l'ami et le co*^ident de l'empereur? Il pince distinguée hors du sanctuaire, qui le
en aura [lu obtenir rk giàcc d'une foule de mettait à la tète de tous les laïques, et cet
criminels politiques, et il verra un évèque et ordre s'observa toujours depuis. Théodose,
des cbrétiens mis à la torture et punis du der- étant retourné à Constantinople, vint à l'église
nier sup[ilice pour la misérable synagogue un jour de fête, et, ayant présenté son offrande
iVune bicoque ? Si la lettre ne produit rien, à l'autel, il sortit du sanctuaire. L'évèque
il parlera publiquement du baut de la cbaire. Nectaire lui demanda pourquoi il n'était pas
En eÛet, saint Ambroise étant de rctoru à demeuré dedans. Hélas dit l'empereur ea !

Milan, et, voyant l'empereur à l'église, il soupirant, j'ai appris bien tard la ditl'érence
tourna son discours sur celte affaire. Après d'un évèque et d'un empereur Que de temps !

avoir rappelé ce que les prophètes disent au il m'a fallu pour trouver un homme qui osât

peuple d'Isr.icl, en paitieulier à David, sur me dire la vérité Je ne connais qu'.\mbroise


1

les bienfaits qu'ils avaient reçus de Dieu et qui soit digne du nom d'évèque (2).
sur la vive reconnaissance qu'ils lui en devaient, De Milan, Théodose se rendit à Rome,
il s'adressa direclemiMit à l'empereur et le accompagné de 'Valentinicn et de son tils
pressi (le même de témoigner à Dieu sa re- Honorius qu'il avait fait venir de Constanti-
connaissance pour des bienfaits non moins nople. (1 y entra en triomphe le 13 juin ;{89.
merveilleux, en aimant l'Eglise et pardon- Au milieu de cette pomjjc, ce qui attirait le
nant aux coupables. Quand il descendit de plus tous les regards, c'était Théodose Ini-
chaire, l'empereur lui dit Vous avez prêché : mème.Il descendit du char triomphal, fit à
contre nous aujourd'hui. Non, pas contre pied une partie du chemin, se laissant libre-
vous, répitndit Ambroise, mais pour vous Il ! ment aborder, s'entretenant avec les citoyens,
est vrai, reprit l'empereur, c'était trop dur de pai tageant leur joie, écoutant avec gaieté ces
ma part d'nbliiçer l'évèque à répan/r la .-•yna- chansons folâtres et satiriques dont la liberté
gogue; aussi cela est carrigé. Mais les moines romaine avait conservé l'usage dans les triom-
ctiniini'ltent bien des di'îsordres. Alors Tima- phes. Il alla d'abord au sénat, et présenta aux
sius, m. litre de la milice, homme hautain et sénateurs assemblés son fils Honorius <le là ;

insolent, commença à s'emporter contre les il se rendit à la grande place, où il se montra

moines. Ambroise lui dit Je traite avec l'em-


; sur la tribune aux harangues et lit des lar-
pereur comme il convient parce que je sais gesses au pi'Uple. Les jours suivants il prit
qu'il a lacr.iiide de Dieu avec vous, qui par-
; plaisir à se promener dans la ville, sans gardes
lez si diircmiMil, je traiterais d'une autre ma- et sans autre escorte que la foule dont il était
nière. Andiriiise demeura ([uelque temps de- environné, visitant les ouvragi's puldiôs, en-
bout, et dit à rem[iereur Mettez-moi en état: trant dans les maisons des particuliers, avec
d'otlrir pour vous; mettez-moi l'esprit en re- lesquels il conversait familièrement. Il corri-
pos. L'empereur, demeurant assis, lui lit ipiel- gea ensuite plusieurs désordres l'histoire eu :

que signe, et, le voyant encore debout, il dit cite deux ému-mes.
qu'il corrigerait son rescrit. Ambroise !e pressa avait bâti depuis longtemps de vastes
On
(le fairi! cesser toute la poursuite. L'emp/'reur édifices où l'on faisait le pain (ju'on distri-
le promit. Ambroise lui dit par deux fois : buait au peuple ; ce Uavail était attaché à
J'agis sur votre parole. Oui, dit l'empereur, certaines familles à titre de servitude; c'était
faites sur ma parole. Alors le saint évè<iuc aussi la punition des moindres crimes, que
s'approcha de l'uutel; ce qu'il n'aurait pas fait d'être condamné à tourner la meule; car^lors
auti(Mnent. domine d avait écrit à sa sœur on écrasait encore le grain à force, de bras.
sainte .Marcelliiie l'inquiétude quecette alfaire Comme le nombre des travailleurs dimiimail
lui avait donnée, il lui en écrivît aussi l'heu- tous les jours les entrepreneurs eurent recours
ils éta-
reux succès (1). à un ex[)èdicnt criminel et barbare :

IVndanl ce séjour que l'empereur àlit blirent à Coté de leurs boulangeries des caba-
Milan, il arriva, unjourdc fêle, qu'idantentré rets où des femmes |)cnlues attiraient le»
à l'églisi; et ayant a|qiortéson olfrande à l'au- passants; on y avail ini''nage des Irapiies qui
tel, il demeura dans l'enceinte <lu sanctuaire. communiquaient à de profonds souterrams
Andnoise lui demanda s'il dédirait quelque où les moulins étaient placé L s malheureux .

chose. L'emiicfur répondit qu'il iillendait le qui s'engageaient dansces lieux de dcbauehe,
temps de la communion. Audu'oi-e lui lit dire tombant dans ces cachots ténébreux, y étaient

(I) Aiiibr., t>if<. XL et xli, PiUilin., Vita. — (2) Ttieo'l., t. 'V, c. xvui. Hit., 1. Vil, c. mv.
IllSTlilUli UNIVEHSIÎIXE DE LTJiXA^'. i aUIOLIQUB
détcnns et conrlamn^s à lournnr la meule tection de leurs dieux qu'il y a., i.t de l'im-
;

toute If'iir vie, sans (-^iKManco «le rev(jir lo prU'Ience à les a)'andoiiner poui adoplir une
jour. CuUe cruelle Hiiperclierie, ifinor.'e de religion nouvelle, dont les elfets seraient peut-
tout aiilre que fie ceux (|ui la praliiiiuiient, être moins lieLireux. En un mot, ils répétèrent
s'oxcmiil tU'puis plusieurs années, et ijuaiilité ce (]ue Symmaciue avait dit préccileminenl
de personnes, surtout d'élranf^ers, avaient dans sa requête, si bien réfutée par saint Am-
ainsi disparu. Enfin, un soldat do Tliôodose broise. Tliéodose, b-s voyant obstines, leur
ayant donné dansée piéi^e, et se voyant envi- déclara t\ui: Valentinien, au'^gi bien que lui,
ronné de ces spectres hideux, se jeta sur eux ne regardant qu'avec horreur le cidlc imjiie
le poignard à la main, en tua [ilusieurs et dont ils étaient entêtés, on ne di-vait plus
força les autres à lo laisser sortir. L'empo- s'attendre à tirer du tré=or public les frais
rour, en étant informé, punit sévèrement les nécessaires pour les sacrifires que d'ail-;

entrepreneurs, déiruisil ces repaires de liri- leurs ce fardeau devenait insiiiqinrtablc à


gauds, et, afin de ne pas laisser mnminer lo l'Etat, qui, étant environiii- ib- Bn'liires, avait
service du peuple, il fit un rèfilcmenl pour y plus besoin de ••oldals ^ue de victimes. .\prè#
atlaclior un nouilu'O suffisant de travailleurSi ces paroles il les conf;r-.îia.
L'autre désordre était un scandale puldio. Zosime et Snidas, qui le copie, rafiporlcnt
Lorsqu'une femme était ronvaiiuue d'adultère, que pas un sénateur ne se convertit à niîc ex-
on lui imposait pour clialimf^nt la nécessité Uorlali<indeThé'jdose. [vpoéti'l'ru.ien.e ijui,
de multiplie]' ses crimes. IlnufiTméi! dans une peu d'années après, réfuta par de beuux ver<lcs
cabane de déhauelie, elle était obligée de se arguments de Symmaque, rjui vivait encore,
prostituer à tous venants, et de sonner une assure, au contraire, qu'une foule de familles
cloche toutes les fois qu'elle recevait' un nou- fiatriciennes,embra"êrent,dans cette occasion,
vel bote, afin que le voisinage fut averti de a religion «lu Cbri.st. .Mais plusieurs île ceux
ses horreurs. L'empereur abolit cette détes- qu'il nomme, tels que les Anicius, les Probus,
table coutume, fit abattre ces cabanes et con- les Gracqucs, étaii'ul déj.'i chrétiens aupara-
damna les femmes adultères à de rigoureuses vant. On ne se trompera guère en disant que
punitions (1). l'exemple île Théodose, prince généralement
Il ne montra pas moins de zèle à réprimer admiré et aimé, dut nécessairement entraîner
les aboniinalions des mniiicbéens. Illeseliassa un bon nombre, mais ipie, d'un autre coté,
de Home, et les déclara incapables de tester ni beaiu-oup aussi résistèrent. Nous avuns vu
de recevoir ]iarteslamcnl, commoétant exclus Cicéron déclarer qu'il n'y avait de salut pour
du commci'ce des liommes. Il ordonna <iu*à le monde tant qu'il accablé jiar la su-
ser-ùt
leur moi leurs biens seraient saisis et distri-
I perstition comme il nous l'avons
l'était;
bués au peu|ile. Le pape Siricé, à ce (ju'on entendu dire qu'il ne concevait pas qu'un
rapporte, joignit à cette sévérité du prince les aruspice put en regarder un autre sans rire.
rigueurs de la discipline ecclésiastitiue. Comme Et cependant, dans son Trailédes lois, il oblige
plusieurs d'entre eux, pour se déguiseï-, se les citoyens, sous peine de mort, à croire ces
mélaier.t parmi les calholiciues, il défendit de superstitions abrutissantes et ri<licule5. l'our-
recevoir à la communion aucun de ceux qui quoi ? parce que c'était pour les patriciens un
auraient jamais été infectes de celte hérésie ;
moyen de gf)uverner le peuple et de le mener
mois s'ils étaient véritablement convertis, il à leur gré. Symmaifue n'avait point d autre
commanda de les renfermer dans des monas- philosophie ni d'autre politique. Il venait de
tères pour y faire une rude pénitence, et de condamner à mort une vestale infidèle et son
ne leur accorder l'eucharistie qu'à la mort (2). séilucteur, et il ne sentait pas que, par là
Tbérfdoscfit encore plusieurs n^furmes utiles même, il fallait condamner à mort lo dieu
et dans le sénat et dans l'admiiiisli-ation de la Mars, corrupteur de la vestale Rln-a Silvia,
justice. Ce qu'il avait surtout à coîur, c'était mère de Romuluset de Rémus! Un autre motif
la destructiou do l'idolùlrie II assembla le pouvait retenir les sénateurs païens : c'est que,
sénat à ce sujet, e.xposa en peu de mots la sous le paganisme, ils pouvaient eux-meiuc»
folio du paganisme, et exhorta les sénati'urs avoir des temples et se faiiv ailorer rnmme
à embrasser une religion sainte, émanée de proconsuls et gouverneurs de .Quoi
Dieu même, dont les dotâmes étaient autorisés qu'il en soit, d'après lelém'd- /.'i-ime
par tant do miracles, et dont la morale pure, môme, les sacrifices cessèrent des qu-- le lr<-sor
simple et sublime, élevait, sans recherche et leur fut fermé; lestem]dc^ furent ab.indunnés;
sans étude, les derniers des hommes au-dessus les fêles des dieux tombèrent daus l'oubli, et
des plus grands phi lo!^oplies supérieui"S eux-mê- les idoles demeurèrent dehiissccs sous leurs
mes aux dieux qu'ils atloraient. 11 permit en- toits avec les hiboux et les chouettes. Toeilos*
Suite de parler, et il écouta lesraisons de ceux permit de conserver, pour rornemcnt de la
qui défendaient la cause du paganisme. Ce ville, les statues antiques qui étaient Ici^ ou-
qu'ils disaient déplus fort se réduisait à ceci : vrages des grands maiires (.1).
Que le culte qu'on voulait proscrire était aussi Terrassée à Rome, l'idolAtrie .se couvrait de
ancien (jue Rome que leur ville subsistait avec
; honl"' et provoquait sa ruine à Alexandrie. Il
gloire depuispros de douze cents ans sous la pro- y axait dans celle ville un prêtre de ."satiirne,

(I) Soc, I. V,
XVIII. Theonh.. il G3. C"(i. Iheod.,
c. 1. Xll.til. IG «) Ub PoHU/. m Sine —<3) Zoi.. 1. IV.
r. i/x. Vi-iithnl. cont. Syrn.. 1. I. Hier. Bintl vu.
LIVRE TRENTE SlXIfiMB. 375

nommé Tyran. Chaque fois qu'il voyait aux ilsblessaient ou tuaient les uns, ils ciilrainaienl
pieds de l'idole un paï.'n dii marque dont la les autres avec eux et l.'s for&iient à sacrilier.
femme lui plai-ait,il lui apprenait i|uc Saturne Ceux qui refusaient élaient mis à mo.-t par les
avait ordonné <[ue sa femme vint [las-er la pluscruels lourme.nls; on Icsattachyit eneioix,
Duit dans le temple. Le mari, ravi de l'hon- on leur brisait les jambes, on les précipitait
neur que le dieu lui fai^ait, parait lui-mèmo dans les fosses construites autrefois pour rece-
sa femme et la conduisait au rendez-vous, voir lesangdesviclimesctlesaulres immondices
cliariçee de riches offrandes, de peur qu'elle du temple. L'Eglise honore entre ses martyrs
ne fùi refusée. On Tt-nfermait dans le ti'Uiple ceux qui, dans cette occasion, préférèrent la
devant tnul le monde; Tvran donnait les clefs mort à l'apostasie.
des portes et se retiiait.M lis, pendant la nuit, Les séditieux avaient un chef, Olympe ,
iivenait, jiar une, allée souterraine, et entrait philosophe de nom cl d'habit, qui fai-nit le
seerèteuieui dans lecreuxdel'idole. Le temple pro[diète de Sérapis. Par les instigation^ de
était éclaire, et la femme, altentive à sa cet imposteur, ils résistèrent à toutes les re-
prière, ne voyant personne, mais en entendant montrances des magistrats. Ceux-ci en avaient
tout d'un cou(( une vois sortir de l'idole, tres- écrit à l'empereur. Quand le philosophe
saillaitde crainte et dojoie, de savoir honorée Olympe sut i{ue la r-'ponse allait arriver, i.'

de l'entretiefi d'un si grand dieu. Après que sortit secrètement «lu temple pondant la nuit,
Tyran, sous le nom de Saturne, lui avait dit et, s'étant jeté dans un vaisseau, il pas-a en
ce qu'il j'igeait à pro])os pour l'ctonnerilavan- Italie, où il demeura caché. Pour juslilier sa
ta'^'cou la disposer à le sati-faire, il éteignait fuite, il racontait qu'étant celle nuit-là dans
suhilement toutes les lumières, au moyen de le temple de Sérapis, dont les portes étaient
cordes disposées à cet clïet. Il descendait alors, feimées, pendant que tons ses compagnons
et faisait ce qu'il lui plaisait à la faveur étaient endormis, il avait entendu une voix
des ténèhres. Depuis longtemps, il abusait qui chantait alléluia, et qu'il avait jugé que
ainsi de toutes les femmes des principaux les or.lres de l'empereur allaient donner l'a-
païens; une, plus sage que les autres, eut vantage aux chrétiens. Le jour étaut venu,
horreur de celte ai.tion ; elle écoula plus atten- les Courriers arrivèrent et les païens ayant
,

tivement, reconnut la voix de Tyran, retourna quitté leurs armes, comme s'ils eussent esj)éré
chez elle et découvrit la fraude à son mari. que le rescrit /le ThéoJose leur serait favora-
Celui-ci se rendit aecu'^alcur. Tyran fut mis ble, vinrent se rendre dans la place devant le
à la question et convaincu par ses pr.^pres temple pour eu entendre la lecture. A peine
aveux, qui couvrirent d'infamie un grand eut-on lu les premieis mots, où l'ciniiereur
nombre de familles d'AleNaiulrie, en décou- marquait l'horreur i[u'il avait du paginisma,
vrant tant d'adultères et rendant incertaine que les chrétiens poussèrent un cri de joie et
la nai-sancede tant d'enfants (I). que les païens, gla.és de frayeur, oubliè-
L'évèque Théophile acheva de couvrir de rent leur fareur [lassée et leur Sérajiis, et
confusion tous les païens. Il y avait dans la ne songèrent plus qu'à cacher leur honte,
ville un ancien temple de Bacohus, dont il ne (iucliues-uns se confondirent dans la foule
reslait d'enlier que les murailles. Théophile des chrétiens : d'autres se dispersèrent
le demanda à Théodose pour ouvrir une nou- dans la ville et dans les campagnes, où ils
velle liglise au peuple catholique, dont le cherchèrent les retraites les [dus secrètes.
nombre croissait tous lesjours. Pendant qu'on Chacun d'eux ne voyait plus que la punition
travaillait à la réparation de cet élifice, on qu'il avait méritée. Plusieurs abandonnèrent
découvrit les souterrains secretsque les païens l'Egypte. Deux pontifes, lielladius ctAunuo-
regardaient comme le sanctuaire du lemple; nius,se rélugièrcnt à Coiistantinople, où, l'é-
on y trouva des liifures infâmes, connues sous lant pas connus, ils ouvrirent nue e...il de
le nom de Phallus, et d'anlres seulement bizar- grammaire. Ammonius avait été prêtre d'un
res et ridicules. Théo|diile les fit montrer en singe, adoi-é comme divinité par les Egyp-
public et promener par la ville pour décrier tiens. Ilella<lius avait fait la fonetion de i>ré-
de pus on plus l'idolâtrie. tre de Jupiter il continua toute sa vie à gé-
:

Les païens, et plus particulièrement les mir sur les désistres de l'idolâtrie, et il se
philosophes, irrités qu'on dévr)ilàt leurs hon- vantait à ses amis d'avoir tué neuf chréucus
teux mystèics. entrèrent en fureur; ils s'a- dans la séilitiou d'Alexamliie. L'eni[icreur,
nimèrent à la vcn><eance, et, s'atlroupantdans dans sa lettre relevait le bonheur dos chré-
(eus les quartiers de la ville, ils se jetèrent à tiens qui, par ce m.us-acre iuqiie, avaient reçu
main armée sur les chrétiens. C'était à cha- la couronne du martyre. 11 d cl.aniit i[ue ce
que iiislantdes conduits; le sang ruisselait sérail déshonorer ces glorieuses victimes que
dans les rues. Les chriHiens étaient supérieurs de venger leur mort qu'il no prétemlail pas
;

par le nombre cl la (]ualité des personnes; mêler avec leur san< celui de leurs meur-
mais leur religion, ennemie de la violence et triers; qu'il [)ardonnait aux [laïous pour leur
du rarinit;e, leur inspirait la mod('ration. Les apprendre quelle était la (louceur de ceux
païens avai'iit tait du tem|ile de Sérapis leur qu'ils é>,'or;<e.Meiil, i-t pour '.^s porler à em-
io/l cl leur citadelle. Delà, sortant avec rage. brasser une reli,giun à laquelle ils scraicul r«-

(J) UuUn, 1. XI. c. «V.


r« HISTOIRE UNIV ERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE.
devalilc» de la vie ;
rrjais il oifloiinail de dé- g.ngc des hiéroglyplies signilienl la vie iivine.
triiiii' Ions les Icnnili s irAlcviitiiirii-, source Ci; fut une ocea'-ion à plusieurs païens d'em-

inalhoiireiise de foi faits el de .scdilinns. Il brasser le christianisme d'autant plus qu'd


:

coininnttail Tliéo|iliile à rcx(^'cull<)ii ili; col oi- y avait une ancienne Itadilion, que leur rel -
dro, cl chargeait le luélel et le comlo de >ou- gion prenilrait fin, (]uand cette ligure de la
tenir l'évèque. Il fai^ait i))é5enl à l'ICglise iJc croix paraîtrait. I)e là virjt (jue les saciiiii-a-
tous lus (irnemoiits et de toutes les statues des leurs et les ministres des temples se cj.nver-
teni[des, dont le prix devait être euiphiyé au tissaient les premiers, comme les mieux ins-
soulagement des pauvres. truits. Clia(jue liaison d'Alexaii'lrie a\aitdis
Tiiéophile, armé de ce re-cril, commença busti.'s de Sérapis contre murailles, aux
les
par le ttniiile de SC'rapis. C'était le dieu le portes, aux fenèties; on les 61a tous, ^ans
plus révéré de tous ceux qu'atlorail Alexan- ipi'il demeurât même de marque, ni d'au-
drie. La statue était d'uno ^l'andeur démesu- cune ;.utre idole, et on peignit â la place la
rée elle atteignait de ses deux luas les deux
;
ligure de la croix.
murs opposés du ti mple. Sur sa tète se Apre- la deslruct on de l'idole el du temple.
voyait une espèce de boisseau ; à ses pieds, une nouvelle inquiétude se dam
ré|iaii(lit

un monstre à trois tètes, la première d'un Alexan^lrie. Sérapis était re:.'ardé comme la
lion, la seconde d'un chien, la troisième li'un maître des eaux du .Nil: c'était liuii^soii tc.ii'
loup , entortillées toutes les trois par un pie (pi 'on mettait en dépôt le .lilomètre, c'est»
énorme serpent, qui posait sa tète sur la à-dire la mesure dont on se servait pour ilé-
main droite de .Sérapis. Le temple, situé sur lerminer la hauteur du débordement. (Cons-
une colline, était lemarcjualilc par sa hoaulé : tantin l'en avait otee autrefois; mais Julien
sa grandeur égalait celle d'une ville. La four- l'y avait placée de nouveau. Il arriva que
berie contriljuait à le rendre célèi)re par de cette année la crue des eaux tarda plus que
faux miracles. La statue de Sérapis était de coutume. Le- païens en triomphaient ils ;

placée à l'occident ; on avait praliijiié dans le Fubliaient que Sérapi-, avait maudit
irrité,
mur oi'ientalune ouverture étroite et impei- Egypte, et qu'il la condamnait à une éler-
ceptilile, par laquelle le soleil, dans un cer- nelfe stérilité. Le peuidc murmurait ib-jà ; il
tain jour de l'année, dardait à une certaine demandait hautement qu'on lui ])ermit île
heure ses rayons sur la bouche de l'idole. Ce faire au lleuve les sacrifices prescrits par le
jour-là ou apportait dans le temple une sta- rite ancien. Le préfet, craignant une sédition
tue du soleil pour saluer Sérapis. Le peuple, ouverte, en écrivit a l'empereur. Ce prince
à la vue du rayon (jui respicn lissait sur les seiisé et religieux répondit qu'il valait mieux
lèvres de la statue, applaudissait avec trans- demeurer fidèle à Dieu que d'acheter par un
port aux baisers des deux divinités. sacrilège la fertilité de l'Egypte Une ce :

L'evèque, accompagné du gouverneur et du fleuve tarisse plutôt, ajouta-t-il, si, pour lo


comte, étant entré dans le temple, commanda faire couler, il faut des enchantements et des
d'aballre la statue. Cet ordre fit (làiir d'eliroi sacrilices impies, el si ses eaux veulent être
les chrétiens mêmes. C'était une opinion ré- souillées du sang des victimes. Celle réponse
pandue parmi le peu|de,que si ijuelqu'un osait n'était pas encore arrivée, qu'on vil croître le
mettre la main sur Sérapis, la terre s'ouvrirait Nil {dus rapidement qu'à l'ordinaire. .Ses
aussitôt, et que toute la machinedu monde s'é- eaux parvinrent en peu de jours à la ju<te
croulerait dans l'abiuie. Théophile, qui mépri- hauieur que l'Egypte désirait et comme elles
;

sait ces rêveries, donna oriire à un soldai continuaient de monter, on en vint à craindre
armé d'une hache de fripper Sérapis. Au coup qu'.\lexanilrie ne fut inondée, el que l'abon-
qu'il porta en tremblant, tous les assistants dance des eaux n'amenât la stérilité qu'on
poussèrent un grand cri le solilat redoubla
; avait appréhendée de la sécheresse. Lj^
et mit en pièces le genou de l'idole, qui n'é- païens se moquèrent publiquement de ce ca-
tait que de bois pourri On le jeta au leu ;
price de leur d:eu ils en firenl des plaisan-
;

et les païens s'étonnèrent de le voir brûler, teries sur le théâtre, disant que le Nil était si
sans que le ciel ni la terre donna.ssent aucuu vieux, qu'il ne pouvait plus retenir ses eaux.
signe de vengeance. On abattit la tele, dont Mais plusieurs d'entre eux, reconnaissanl en-
il sortit une multitude de rats. On brisa en- fin que ce n'était «pi'un fleuve, se convertirent
suite les membres, ou les anachait avec des au christianisme. On bàlit sur l'emplacement
Ci'rdes, on les traînait par la ville, enliu on du temple de Serajiis une église sous l'iuvoca-
les réduisit en cendres. Le tronc fut brûlé tion de saint Jeau-ltaptisle. •
dans l'amphithéâtre, et les païens eux-mêmes Théophile n'epargn.i aucun des temples de
n'cjiargnèrent pas les railleries àcettediviuilé la ville, il prit |dai>ir à faire connaître au
auparavant si redoutée. peuple la foui berie des oracles. Les statues
Ou travailla ensuite à démolir le temple, de bois ou de bronze étaient creuses el ados-
Bientôt ce ne fut |)lus qu'un monceau de iiii- sées contre les murailles les prêtres s'y in-
:

Be< mais il fut impossible d'en deli uire les


; troduisaient par lie- conduits souterrains, et
fondements, construits d'énormes quartiers abusaient le peuple crédule. On trouva dan»
do pierres. On y trouva gravées des fiu-mes les caveaux i!e ces temples des monce^iux de
de croix, telles qu'on en trouve encore dans crânes et d'os.<ements, des tètes d enfants
les monuments d'Egypte, et qui, dans le lan- égorges depuis peu, et dont les lèvresélaient
LIVRE TRENTE-SIXIEME. 377

doiées. C'étaient de malheureuses victimes feu et le dieu Canope demeura vainqueur.


immolées à ces tlivinités, partioiiiièri>mcnt à Théophile, s'y élant transporté, fit r.ser le
Mitlua. Théophile exposa pulili'jMCiiienl toutes temple de cette idole, réduisit ce lieu à rece-
ceshori'curs; les païens les plus obstinés se ca- voir les immondices de la ville, détruisit les
chaient lie honte, li'S autres se convei tissaient. autres temples et les retraites de prostitution,
On fondait les statues, suivant l'ordre de l'em- purgea de ce culte impur les bourgades d'a-
pereur, pour en fabriquer de la monnaie lentour et fit bâtir des églises, où les reliques
qu'on distribuait aux pauvres. Mais comme des martyrs attirèrent une chaste et sainte
révèque tit emplojer quebjue partie de la dévotion, l'our substituer des exemples de
matière à faire des vases et divers ornements, vertu aux dissolution? qu'ils bannissait il ,

sans doute pour les éfiçlises, les païens l'ac- construisit plusieurs monastère^!. Celui de
cusèrent, lui et les deux officiers, de s'être Canope devint célèbre par la vie pénitente et
enrichis des dépouilles des dieux. Théophile retirée de ceux qui l'habitaient. Voici, toute-
réserva seulement une idole des plus ridicules : fois, comme en parle le philosophe Eunapi;
c'était la statue d'un singe ; il la fit placer dans sa Vie du philosophe Ed-'se. Après avoir
dans un lieu public, alin ijue, dans la suite, déploré la ruine du temple de Sérapis et com-
les païens ne pussent nier d'avoir adoré des paré l'évèque Théophile à Eurymédou, roi
divinités pareilles. Cette dérision les piqua des ^éant- qui attaquèrent les dieux, il ajoute:
vivement ils furent aussi aifligés de la con-
;
Ensuite, on introduisit dans les lieux sacrés
servation de cette st.itue qu'ils l'avaient été ceux que l'on appelle moines, qui, sous l'appa-
de la destruction de t(jutes les autres. La mm- rence d'hommes, mènent une vie de pourceau.
velle de ce qui s'était passé dans Alexandrie On établit de ces moines à "Canope même. Et
étant venue à Théodose, on dit que, levant on engagea les hommes à servir, à la place
le-; mains au ciel, il s'écria avec transport: des dieux, les p!us misérables esclaves. Car,
Je vous rends grâces, Seigneur, de ce ([ue ayarit rassemblé les tètes salées et marinécs
vous avez aboli une erreur si fune^le et si de ceux qui avaient été e.xéiutés en justice
invétérée sans qu'il en ait coûté à l'empiie la pour leurs crimes, ils les reconnaissaient à la
pei'le d'uue si grande ville. plai n des dieux, se prosternaient devant eux
L'activité de Théophile ne se borna pointa et en \aii'nt devenir meilleurs en se souillant
puritiei- se ville épiscopale. Canope, une des à leurs tombeaux. On appelait martyrs et
plus fameuses de l'Egypte, n'était éloignée diacres ceux qui, après avoir vécu dans une
d'Alexandrie que de quatre lieues vers l'o- misérable servitude, étaient morts sous les
rient, près il'unc embouchure du Nil, sa «i- coups de fouet, et dont les images portaient
tuation était délicieuse, ses temples beau.x et encore les raarijues de leurs supplices et la ;

nombreux; mais la débauche y régnait avec terre supporte des dieux pareils (1)1
tant d'effrunterie, à l'abri de la roligion, Avec l'aménité du langage, on voit jusiju'où
qu'auprès des personnes sages et réglées, c'é- s'élevait la philosophie d'Eunape. Adorer une
tait un reproche d'avcdr été à Canope. Sans cruche avec les habitants de Canope, l'adorer
cesse le Nil élait couvert de barques où les par la plus infâme débauche, voilà qui est
âges et les sexes, confondus ensemble et res- dignede l'homme, digne dusage; mais adorer
pirant une joie dissolue, allaient célébrer dans un tlieu qui est l'intelligence même la vérité
cette ville leurs infâmes mystères. Ainsi en même, la sagesse même, ra<lorer avec les
parlent Sirahon et d'autres. On y enseignait moines par une vie plus d'esprit que do corps,
les lettres sacrées des ancie::- Egyptiens, et, s'attacher plus a purifier son âme par les
sous ce prétexte, ou y tenait école de magie. larmes de la pénitence (pi'à laver son corps et
Il y avait aussi un lemple de Sérapis. Mais ses vêtements dans l'eau du Nil. voilà qui est
la divinité [larticuliére de Caiiopi' i-tait une mener une vie de pourceau. Lin .lupiter inces-
idole ridicu le, lomposée d'un grosventreet une tueux, une Vi'nus prostituée, un Antinous sodo-
tète dessus, et des pieds au-dessous, sans bras mite, voilà de vrais dieux; mais des hommes
ni jambes, ni autres parties. Onen contaitcetto qui, plus éclairés et pln^ fermes que Socrate,
histoire. Les Chaldèens portaient partout le confessent la vérité netleniei.t et devant tout
feu, ipTils adoraient, et le vanlaient comme le monde, ('t meurent d(!s plus alfreux -up-
vainqueur de tous les dieux car il n y avait ; plices plutôt c]ue de se permettre une jinrnle
point d'idole (jui pi'it lui ré-i-ter sans être équivoque, ce sont là de misérables esclave-;.
brûlée, calcinée ou fondue. Les Egyptiens Adorer à Mendès le cadavre embaumé il'un

avaient de grands vases de terre, percés de bouc, à Memphis celui tl'un boni f. à Bubaste
plusieurs trous par des-ous, pour clarifier celui d'un chat, ailleurs celui d'un singe, voilà
l'eau hourbeu-e du Nd. Le prêtre de Canope des moyens eflicaces de .sanctifier le corps et
en i)rit un, qu'il enduisit de cire par-des- l'âme mais vénérer les reliques des martyrs,
;

sous ,le remplit d'eau, coupa la tète les invoquer comme les amis de Dieu, c'est se
d'une vieille statue et l'attacha proprement rendre plus impur qu'on n'était. Telle était au
dessus. Les (Chaldèens y ayant apidi(ju('! fond la philosophie il'Eunapc et généralement
leur feu, la ciie se foniliî, l'eau «'teignit le de tous les païens de son temps.

(11 Ruf., 1. XII, c. XXIV, XXV. xx:i ot seq. Soc.,1. V, r. xvi et xvu, Soï., 1. VII. c. »''?<''*. Euoap. 4
JEil ;. TliL-oJor.. I. V, c. xxu. Ti!^'>'ii., T/ieoil. et Tlteoyh. Lo.ieaii., Uni. du Ilat-Eo'fivt. I. XXlv .
T'T'îroiiui l'NivRrisRi.i.r: niî L'ftr.Msi; CATiiouorr
Au siiinjil *|iie(lonnnil ri''vn |iic(rAlfxiinclri(!, SOUS r.'iut d puis, e pro'lfrnant le visu-^'e siii
;

1(3« antres (vi'(]ii(;s (le l'E'-'Vple (li'ployi'ri'nl !r! le p iviv il pria Dieu d'urréier la puissance du
incine zèlu. iKiiis les carn-
villes, dans lus déiuon pour qu'il no sédui'-il [uis plue long-
|i;ii;iÈi'S (il jn^cjui) dans tous les
li-s déscirts, temps les inlidèles. Knsuilc, i! lit le sif.'iie de
i ii.|iles,'toul''sles stiituns lomliauMit parlerre, la croix sur l'eau, el commanda ù un diarr»'.
( !, de ces inoMceiiux de riiinns, sfuluind des plein di- foi et de //do, de courir prompti-ment
!;:; lises et dus monut^lores. L'id(diilii(; tornluiit en .'irro^er le bois ely maître le li'u. i^e démon
.nvHi.', les idoles, i^esidulillres couraient en fonlo s'eid'uit, ne pouvant 'outlrir la vertu de celte
aux r'Hiises pour y recevoir le caractère de eau (i-e sont les paroles de Tliéudoret!, el elle
cliri' liens. servit comme d'huile pour allumer le feu, qui
plus difficile de pura;er la Syrie «-t les
Il t'nt consuma le bois en un instant. Les trois co-
provinres voisines. Plusioiii's ville* résisteront lonnes n'clant [dus soi' tenues, tomb<-r<'iit et
oux oriliesdo l'empereur. Le temple du DaiiiMS en enirainèrent douze adirés avec un coté du
fui elianjjô en une é^lif^e on en til do ini'mo ; temple. Le bruit relenlil par tiiute la ville et
du fauieu.'C temple d'IIéliopoiis, consacré au attira à ce s|ieetacle tout le peuple, qui «omit
soleil. Les païens, après l'avoir défendu i|uel- à louer Dieu. Jlarcel elail persuadé qiic, sans
(jne temps les armi-s à la main, furent enlin ce moyen, il ne serait pas lacile de convertir
oliljgés de céder. iMais les liahilants de Iféira li'S idol.itn-s.
3t d'Aréopolis un Arabie, et ceux de Kapliia Ay.int donc appris qu'il y avait un Krand
en monliérent une réstdution si
l'ali'siine, temple dans un canton du t'-rriloire \ ,
''

opiniâtre de conserver leurs iiloles, que l'em- nommée Aulone, il s'y rendit avec •

pt'rou]' ne jugea pointa propos d'en venir aux et des gladiateurs. Car les païens ! y i:i n ni
exlréuiilés. Afin d'coarijtier lesans^ des liabi- relrancliés pour le défendre. V élaut ainvé,
iauts de Gn/.d, déterminés à sarrilicr leur vie Marrel se tint hors do la portée du trait; car
j)0ur le dieu Marnas, il se conteida d'en faire il av.-iil mal aux jiieds et ne pouvait ni c .in-
fermer les temples. Le zèle de Marcel, évèque ballre, ni [loursuivre, ni fuir. Tandis que les
d'Apaméo, une desprincipidi's villes de Syrie, soldats et les i-biiliali-urs s'.-mparaii'nl «lu
fui couronné parle martyre. Le peuple, obstiné temple, quelque- paï.-ns-sorlircnl par i'cn'!niit
dans l'idolâtrie, étant instruit des ordres do qui n'était [ioinlallai|ué, et, sacli;int i'<- l'i-v--
Tliéodose, lit venir des Golileens idolâtres et que était seul, le surpriii'nl, le jel' -i

des paysans du rcont Liban jiour défendre les un feu et le firent mourir. On n < :i

temples. Mais le comte d'Orient étant arrivé d'abord mais on le découvrit avec
; le temp»,
dans la ville avec deux tribuns suivis de leurs el les enfantsde Marcel voulaient ven^.^r sa
soldats, on n'osa pas faire de résistance, et les morl. Le concile de la province s'y opposa,
temples furent abattus. Il restait encore celui jugeant qu'il n'ét^iil pas Juste de poursuivre la
de Jupiter. punition d'une mort dont il fallait plutôt
C'était un solide et vaste édifice, conslruil rendre grâces à Dieu. L'E'-'lisc honore saint
de grandes pierres liées ensemble avec le fer Marcel d'Apamée, comme martyr, le qualor-
il le plomb. Le comte avec ses soldais essaya ?ième d'aoùl (I).
do l'abattre ; mais l'entrcpri-e lui parut au- Après la défaite de l'empereur Maxime, le
dessus des forces humaines. Marcel, le voj-ant pape saint Siriie condamna expressément la
découragé, lui conseilla de passer aux autres conduite de l'evèiiu Itiiace dan3 lu poursuite

villes, el se mit à prier Dieu de lui d<tnner dos priscillianislcs el réi;la les conilitions
,

quiili]ue moyen de ruiner ci-lédilice. Ij? lende- auxcpielles. soit les priscillianislcs, soil le»
main matin, un liomme ipii n'était ni maçon, ilhaciims, devaient élre reçus à Iii communion
ni charpentier, mais sim|de porte-faix, se de l'Eglise. P.)ur ce qui est d'!tha«'e en piT-
présenta do lui-même et promit d'abattre ce sonne, non-seub'ment il fui déposé de l'êiùsco-
temple très-facilement il ne rlemandait que: pat et ex'ommunié, mais envoyé en exil, où
le salaire de deux ouvrie'r.=. L'èvèiiue le lui il mourut deux ans apr.'.* (2).
Erorait, cl voici comme s'y prit ce manoeuvre. Le pape saint Sirici- condamna ver= l-"" m^'^me
e temple était bàli sur une hauteur, ayant temps hérétique Joviwien. Il avai'
I

aux quatre coli's des portiques, ilont les co- premières années de sa vie dans les
lonnes, aussi hautes que le temple, avalent de la vie monastique, jeùuanl, viv.-int de pain
cliaiune seize coudées de tour ; la pierre était et d'eau, maichanl nu-i>icds, (lorlanl un habit
très-dure et donnait peu de prise aux outils. noir et travaillant de ses mains. Mais il s.ulil
Le manœuvre creusa la terre autour de chaque de son monastère, qui ciail à .Milan, et alla ^
colonne qu'il sonlint par-dessous avei' du buis Rome, oîi il commença à semer ses erreurs.
d'olivier. Eu ayant ainsi miné trois, il mit le Elles se réduisjiienl .1 quatre principales. Que
feu au bois ; mais il ne put le faire brûler. Il ceux qui ont été régénérés par le baptême
parut un dérann comme un fantôme uoir, qui avec une pleine foi ne peuvent plus i-tre vain-
empêchait l'etlet du feu. .Vprès avoir Icnic cus par le démon que tous ceux qui auront
;

plusieurs fois inutilement de l'allumer, il e:. cons'-rvé la grâce du bapleme auront une
Bvertit Marcel, ipii courut aussitôt à l'églis •, même récompen-edans le ciel que les vierses ;

fit apporter de l'eau dans un vase cl la mi p'ont pas plus de mcrile que les veuve* ou lea
! .llnoJ., L V, c. xxu Soi., L VU. c. xv. —(2) CousL, col. 700 e: TOI. n, 4 ot 5. I-iJi>r.. D( ftr.
illmt., c. Il
LIVRE TRENTE-SIXIÈME. 37»

femmes mari<^es, si leurs œuvres ne les dis- de Rome, saint Jér<^me écrivit de Belhléhem
linffuent d'ailleurs; ontin, qu'il n'y a point de une rét'utalion étendue des mêmes erreurs,
difTérf'nce entre s'abstenir des viandes ni en dans ses deux livres contre Jovinien. Là, sui-
user avec action de grà'os. Il niait aussi que vant la véhémence de son génie, il relève tel-
la sainte vierge Marie fût demeurée vierge lement la virginité au-dessus du maiiage, et
après avoir eirfanlé le Christ, prot'nidant que, la viduité au-dessus des secondes noces, qu'il
sans cela, ce serait altrilmerau Clirisl un corps semble regarder le niaringe comme un mal,
fantastique avec les manichéens. plutôt toléré que permis expressément. Aver-
Jovinien vivait conformément à ses princi- ti par non ami le sénateur Pammaque, des

pes. Il était vêtu et chiussé proprement, por- endroits dont plusieurs personnes étaient cho-
tait des étoffes blanches et fines, du linge et de quées, il s'en expliqua dans une apologie, où
la soie; il se frisait les cheveux, fréquentait il se compare à un soldat comballant sur la

les bains et les cabarets, aimait les jeux de brèche, réduit à vaincre ou à mourir, de qui
hasard, les grands repas, les mets délicats et l'on ne peut pas exiger qu'il dirige toujours
les vins exquis; aussi y paraissait il à son si bien ses coups que quelquefi)is Hs ne [lor-
leint frais et veru'eil et à son embonpoint. tcnt trop loin. Cette règle, donnée par saint
Toutefois il se vantait toujours d'être moine, Jèropie lui-même, est très importante pour
et garda le célibat pour éviter les suites fâ- juger sainement ses ouvrages polémiques.
cheuses du mariage. Prêchant une doetrine Dans ce même concile de Milan, ou dans un
si commode, il ne manqua pas d'avoir à lîome autre i|ui le suivit de près et où les évèques
heancoup de sectateurs; plusieurs personnes de (iaule se trouvèrent, on confirma la con-
de l'un et de l'autre sexe, après avoir vécu damnation d'Ithace et de se= partisans, pro-
longtemps dans la continence et la mortifica- noncée par le Pape et par saint Ambroise dès
tion, se mariaient et revenaient à une vie l'année précédente. Les évèques du concile et
molle et relâchée. Mais aucun évèque ne se saint Ambroise, ((ui le présidait, terminaient
laissa séduire à Jovinien. tranipiillemont leurs affaires, lorsqu'ils appri-
Il trouva même de la résistance dans dos rent la triste nouvelle du massacre de l'iies-
laïques, illustres par leur naissance et b;ur salonique, dcmt voici l'hi-toire.
piété, entre lesquels on nomme le sénateur Cette ville, capitale de l'Illyrie, était deve-
Painmaque. Ils portèrent au pape Sirice un nue une des plu^ grandes et des plus peuplées
écrit dans lequel Jovinien avait puldié ses er- de l'empire. La licence s'y était accrue avec
reurs, et lui demandèrent son jugement. Le l'opulence et le nombre des habitants. Le
pope assembla son clergé cette doctrine fut
;
peuple était passionné pour les spectacles. Les
trouvée contraire à la loi chrétienne, et, de personnages qu'il aimait le plus étaient les
l'avis de tous ceux qui étaient présents, tant lustrions, les cochers du cirque et autres gens
jirèlres que diacres et autres clercs, on con- de cette espèce. Bothéric commandait les
damna Jovinien avec huit autres, qui sont troupes dans cette province. Son éclianson se
nommés comme auteurs d'une nouvelle héré- plaif^nit d'un cocher du cirque qui, épris pour
sie, et on ordonna qu'ils demeureraient sépa- lui d'une passion int'àme, cherchait à le cor-
rés de l'Eglise pour toujours. rompre. Bothéric lit mettre en prison le séduc-
Jovinien et les autres condamnés s'en al- teur. Comme le jour des courses du cirque
lèrent à Milan, oii était l'empereur. Mais le approchait, le peuple, qui croyait ce cocher
pape Sirice y envoya trois [iretres, avec une nécessaire à ses plaisirs, vint demauder ~f>n
lettre à l'église de Milan, qui contenait la élargissement. Sur le refus du commandant,
condamnation de ces hérétiques et la réfuta- il se mutina. La sédition fut violente ]>lu-
;

tion sommaire de leurs erreurs. « Nous ne sieurs magistrats y pcUirenl la vie, et Bo-
méprisons pas les vœux du mariage, dit le théric fut assomme- à coups tle pierres.
l>ap>', puisque nous y assistons pour le bénir ; A la nouvelle de cet attentat. Théodose, na-
mais nous honorons beaticoup plus les vierges turellement promp*, entra dans une iiiricuse
que le mariagi' produit et qui se consacrent .à colère. 11 voulait d'abord mettre à feu et à
Itieu. n Au~si les hérétiques furent rejeies, à sang toute la ville. Ambroise et les évèques
Milan, de tout le monde avec horreur, et les assemblés avec lui à Milan vinrent à bout de
léga's du Pape les firent chasser de la ville. l'apaLser. 11 leur promit de procéder selon les
ifjCs évèques, (jui se trouvèrent avec saint .\m- règles de la justice. Mais ses courlisans, et
broise, les condamnèrent conf'rmément au surtout Rufin, maître des offices, ellacèrent
jutremenl du ponllfe romain, auquel ils en bientôt ces heureuses impressions. Us tirent
écrivirent une lettre synodale. Ils y louent entendre à Théndose qu'il était néoe-snire de
d'à' ord sa vigilance pastorale, lui lénioiLrnent dotnier un exemple capable d'urrèlcr pour
la plus firande aifi'ction, et ensuite réfuient touJoiuN les séditions, et de maintenir rauli>
par l'iCeriture bs eneurs de Jovinien, s'i'teu- rite d\i prince dans la personne île ses ofli-
dant particulièrement à prouver c|ue la sainte ciers. Il ne leur fut pas difficile de rallumer
mère de Dii.'u e-l loujtiurs i!en>eurée vier- un feu mal éteint. On résolut de punir les
Tlie-<idoniciens par un massacre géinfol.
Quelque temps après, inforr par ses amis Théodose recommautla expresséiuent il9 c»

{UCûUSl., col. GG3-C74.


^0 HISTOIRE UNIVERSELLi; DE LEGUSE CATHOLIQL'B
choi' à Ambroise la décision du conseil et, ; lui dit, endammé de zèle: Je vous avertis,
apri'S avoir expédié ses ordres, il sortit i!e Rulin, que je l'empêcherai d'entrer dans le
Milan ])()ur éviter d(! nouvelles n-moi)li'anci;s, vestibule -acre mais s'il veut changer sa
;

si le secret de la délibération venait à trans- puissance en tyrannie, je me laisserai égorger


pirer. avec joie. Rufin ayant ouï ce discours, l'en-
Les officiers chargés de celle exécution voya dire à rem[)ereur, et lui conseilla de
ayant reçu la lettre du prince, aiinoncérenl rlemeurer dans le palais. L'empereur, qui
une course de diar pour le leruli-main. Telle él;iit di'jà dans la gi-ande place de la ville, con-
était l'avidité du [)Cii|di! pour ces amuseinenls tinua sa marche en disant J'irai et je recevrai
:

({u'il oublia (lour y courir en foule tout -njct l'affront que je H)érite.
tli! ciaiote et de soupçon. Dés (|iie l'a^seniMi'C Etant arrivé dans l'eoceinle du lieu sacré,
fut com[p!éte, au lieu du signal drs jiux, celui il n'entra pas dans l'église, mais il alla trouver
du massacre fut donné aux soldais ijui envi- l'évèiiue, qui était assis dans la salle d'au-
ronnuicnt secrètement le d'Aline. Le carnage dience, et il le pria de lui donner l'absolution.
continua pendant trois heures, sans distinc- Ambroise lui représenta ijue d'arriver de cetl»
tion de ciloyi>n ou d'étranger, d'âge ou de manière, c'était s'élever contre Dieu même et
sexe, de ciiinc ou d'innocence. Sept mille fouler aux pieds ses lois. Je les resiicete, dit
hommes y périrent ; tpiclcpies auti'urs en* font l'emiiereur, et je ne veux point enircr contre
monter le nombre jusipi'à quinze mille. Il y les régies dans le vestibule sacré ; maisje vous
eut un esclave assez généreux pour s'offrir et prie de me délivrer de ce< liens, en considé-
se faire égorger à la place de son maitri". Un rant la clémence de notre maître commun,
marchand nouvellement entré dans le port, et de ne pas me fermer la porte, qu'il a
voyant ses deux fils prêts à pi'rir. demanda en ouverte à lous ceux qui fonl pénitence. .Mais,
giùce de mourir à leur place, olfrant, à cette reprit Ambroise, quelb; pénitence avez-voua
condition, tout ce (ju'il avait d'or et r^,•lr^ent. donc fai'e après un tel péché ? F'ar quels
Les soldats curent itié de lui et lui pcriniieut
| remèdes avez-vous guéri les plaies de votre
d'en choisir un, disant qu'ils ne pouvaient pas âme? C'est à vous, dit l'empereur, à 'ap- m
les laisser tous les deux sans se melire eux- prendre ce que je do s faire, cl à moi de l'eié-
mêmes en péril, à cause ilu nombre -jui leur cnler. Alors saint .\mbioise lui dit que, puis-
avait été marqué. Le malheureux père les re- qu'il n'avait écouté que sa colère dans l'alTaire
gardait tour à tour en pleurant et en gémis- lié Thessaloniquc, il devait pour toujours im-
sant, sans pouvoir se résoudre, lorsqu'il les poser silence à cette pas-ion téméraire et
vit égorger i'un cl l'autre à ses yeux. Tlnio- ïn rieuse, et ordonner par une loi qui- les
dose, touché de repentir, peu après le di'part sentences de mort et de contiscation n'auraient
des courriers, en avait dépéché d'autres |iour leur exécution que trente jours après qu'elles
révoquer l'ordre ; mais ceux-ci arrivèrent auraient été prononcée-, pour laisser à ia
tro]i tard. raison le temiis de revenir à l'examen et de
Huit mois se passèrent sans que l'empereur, réformer les jugements dans lesquels elle n'au-
affligé, osât entrer dans l'église. La fête de rait pas été consultée. Théodose approuva ce
Noël étant venue, sa douleur fut encore bien consc-il, fit aussitôt écrire la loi et la signa de
plus sensible. Rufin, le plus familier de ses sa main. Cela fait, saint Ambroise lui donna
courtisans, lui en demanda la cause. L'empe- l'absolution. Alors seulement le pieux empe-
reur, redoublant ses pleurs et ses sanglots, lui reur osa entrer dans le temple de Dieu. Toute-
dit Je pleure quand je considère que le tem-
: fois, il ne fil passa prière à genoux ou ilebout;
ple de lliou est ouvert aux esclaves et au\ mais, ayant Ole tousses ornements impériaux,
mendiants, tandis qu'il m'est fermé, et le ciel il demi'ura prosterné sur le [lavé, disant ces
par conséquent; car je me Souviens de la paroles de David .Mou ame est attachée à la
:

parole du Seigneur Tout ce tjue vous lierez


: terre, donnez-moi la viiV selon voire parole.
sur la terre, sera lié dans ies cieux. Hulin dit : Eu disant cela, il s'arrachait les cheveux, se
Je courrai, si vou' voulez, à l'évèque, et je le frappait le front et airosait le pavé de >os
prierai tant, que je le persuaderai de vous lariUi'S, demandant miséricorde. Le peuple, le
absoudre. Vous ne le persuaderez pas, dit voyant ainsi humilie, priait et pleuraii avec lui.
l'empereur; je connais la justice de sa censure, Il conserva la douleur de ce pecUé tout le reste
et le respect de la puissance impériale ne lui de sa vie.
fera rien faire contre la loi de Dieu. Uufin Voilà comme ce mémorable événement nous
insista et promit de persuader Ambroise. Allez est rapporté pai*les historiens, principalement
donc vite, dit l'empereur; et, se flattant de par Thcoiloret (I), qui le raconte avec le plus
l'espérance que Ruliu lui avait donnée, il le de détail, et qui dit clairement que, dans
suivit [)eu de temps après. .Vmbroise, voyant celle circonstance, l'empereur, absous et péni-
Hufin. lui reprocha sou extrême impudence, tent, présenta son otlran.le à la me>-e et y
de vouloir intercéder pour un massacre dont ret^ut la communion. Ce qui nous apprend
il avait été l'auteur par ses mauvais conseils. plusieurs choses dignes de remar>|ue la pre- :

Comme Rulin suppliait, disant quel'empereur mière, que des lors l'absolution se donnait
était sur le point d'arriver, saint Ambrois quelquefois au pénitent avant qu'il eut accom*

(0 AaUjr., Mpitt. li. Huf.. l. XU, c xviii. TilUm.. Ambr


LIVRE TRENTE-SIXIÈME. 381

pli toute la pénitence; ensuite, que la piiui- solennelle pour lui proposer de partager i'.\r-
tence que 'rhéotlosi; lit à l'église était plutôt ménie, ahii d'éviter à l'avenir les sujets de
une pénitouce en public qu'une pénilcnee guerre entre les Perses et les Rouiains. La
publique et régulière, telle quels piescrjvaieot parta-e fut conclu: il y eut une Arménie
fe.~ canons de certaines églises particulières ;
persane et iiru' Arménie romaine, ayant cha-
que ces canons pénitentiaux de quelques églises cune son loi pailiiulier.
n'élaienl pas une loi de l'Eglise universelle, Saint Ambroise s'appliquait soigneusement
ou bien qu'eu tout cas, l'évécjue pouvait en à l'administration de la pénitence à l'égard
dispcuscr ou la oiodilier comme il le jugeait à de toutes sortes de personnes. Voici com nie en
projios pour le plus grand bien du pénitent. parle Paulin, auteur de sa vie « Toutes les :

Le qu'il y a surtout d'admirable, c'est de voir fois que quebiu'uu lui avait confessé ses
Ambroise et Tbéodose, deux cbrétiens, deux péchés pour recevoirla pén.tence, il répandait
amis, l'un évèque, l'autre monarque absolu. tant de larmes, qu'il obligeait le pénitent à
L'un interdit à l'autre l'entrée de l'église, pleurer car il semblait être tombé avec lui.
;

parce qu'il s'est laissé entraîner u:ne fois à Mais il 'îe pa:'lait des crimes qu'on lui avait
oublier un instant la justice et l'humanilé il ; confe-sés qu'à Dieu seul, laissant un bon
se laissera plutôt égorger que de faiblir de- exemple aux évèques à venir, d'être plutôt
vant celui qu'il aime plus que la vie. Et le intercesseurs devant Dieu qu'accusateurs de-
monarque se soumet, et il pleure publiqurmcnt vant les hommes. »
sa faute, et les doux amis le deviennent plus Pour bien comprendre le sens de ces der-
intimement encore, et leur amitié sera éter- nières paroles, il est bon de savoir que la
oellc, comme Dieu même qui en est le principe. pénitence publique ne s'imposait que pourdes
\ ers ie même temps, deu.x seigneurs des crimes [nibliqucmcnt avoués par le couiiable,
plus pui'^sants et des plus sages de Perse s'en ou puliliqiieiuent prouvés par des témoins, et
vinrent à Milan, attirés parla grande réputa- que les mêmes crimes, confessés en secret à
tion de saint Ambroise. Us apportaient avec l'évèque ou au prêtre, n'étaient soumis i[u'à
eux plusieurs questions pour nuttre sa sagesse une pénitence secrète, à moins que le péni-
à l'épreuve. Us conférèrent avec lui, par le tent ne voulût la faire piibliiiue. Paulin fait
moyen d'un interprète, depuis la première sentir, par l'exemple de saint Ambroise, que
lieure du jour jusqu'à la troisième heure de l'évèque faisait mieux d'allirer les pécheurs
la nuit, et se retirèn'nt pleins d'admiration. Et par la confession secrète et une tendre com-
pour montrer qu'ils n'étaient Vi^nus que pour passion que de cherchera les convaincre juri-
coDnaitre par eux-mêmes un homme qu'ils diquement en face de l'Eglise, comme ministre
connaissaient déjà de réputation, ils prirent ordinaire de la pénitence publique, du nmins
congé de l'empereur dès le lendemain, et s'en en Occident, ainsi que Sozomène le ténioi^'ne
allèrent à Rome, où ils voulaient connaître la de son temps, en particulier peur l'Eglise
grardeuret la magnificence de I*robus, séna- romaine (i).
teur romain, après quoi ils s'en retournèrent En
Orient, la disci[iline pénitentiaire subit,
chez ux. Probus est le même ijui, étant préfet
1 à l'époque de saint Ambroise, un changement
du prétoire, dit à Ambroise en l'envoyant notable, savoir la suppression de la conles-
:

gouvi-rncr la haute Italie: Allez et agissez sion pulilique de certains péchés, et par une
plutôt en évèque qu'en juge. conséquence nécessaire, la suppression de la
Voici un autre luit qui montre quelle était péniteui'o publique. Voici à tpielle occasion.
la renommée du saint évèque. L'ri des géné- Ily avait dans l'église de Constautinople, ainsi
raux les plus distingués de rem[)ire, le comte que dans les autres, un prètie pénitencier sur
Arbogfisie, Franc d'origine, ayant fait la paix lequel l'évè.pie se décliargeail de I examen
avec plusieurs rois des Francs qu'il venait de des [lénitents, et qui leur indiquait les péchés
vaincie, ceux-ci lui demandiT.'nt, au milieu qu'ils pouvaient ou devaient confesser ea
du fsiin, s'il connaissait Ambroise. .\^bo^aste public. Or il arriva qu'une femme de (jualité
répondit que oon-seulemi-nl il le connaissait, confessa publiquement d'avoir commis le
mais qu'il en était aimé, et que souvent il crime avec un diacre, ce qui causa un grand
mangeait avec lui. 11 n'est pas é-tonnant alors, scandale dans le peuiile, et une grande indi-
repli |uerent les Francs, que vous remportiez gnation contre les eccjesiastipues, à cause de
de< victoires, puisque vous êtes amie il'iin la honte <jui en revenait à toute l'Eglise.
homme qui dit au soleil Arièle-loi, et il : L'évèque Nectaire fut embarrassé de ce cju'il
s'arrête (1). devait fiire en cette occasion. 11 déposa le
Nous avons une Icllro de saint Ambroise à diacie, et, [lar le conseil d'un prêtre nommé
unéveqiie d Campanie pour lui rcioniniaiider

Eudémon, natif d'.VIe.xandric, il supprima le

un juelre venu du fond de la P(!ise, et qui prêtre i)i''iiitcncier, et laissa à la liberté


voulait [tasser le reste de sa vie dans celte de chacun de [varliciper aux mystères suivant
province. Li's relations entre les deux empires les mouvcmiuits de sa conscience, t^est ainsi
claient alors sur un pied très-amical. Dan-^ le que histoire Socrate {i) rapporîe la .lio-e,
I

même ipi'il dit avoir apprise de la propn'


temps l.oe.clio
que Tlu'odose était à IJoine,
le roi de Perse lui envoya une ambassade d'Kudémon,et ajoute qu'il dit Si votre con- :

(1) Tlii'iodoret, l. V, c. xvii. Soz., 1. VII, c xxv. - (,') l'iuilin., KiYd A.ubr., n. 30. — (3) Sox ,
I. VU
«. XVI. — () Suc, 1. V, c XII.
;

XI HISTOinE UXIVKUSEI.LR liE L'EGLISE CATHOLIQUE.

seil a t'ti^ulilc à l'Eglise ou non, Oifiii l-. sait. àTliéiqdide d'Alexauilrie, que les Kgyptiena
Mais je vois (juc vous avezdoniK^, occasion aux rosliTPit neutres entre Flavion et E\agrc, et
fitloks de ne iioiiit se reproii'ln! les uns Ir-s que ro -cident prit b; même parti. El, de fait,
autres, contre le iiréeepli: du l'Apôlre, qui il se tint un concile nombreux à Capoue pour

dit: Ne participez point aux oeuvres infruc- concilier ictle albiire. Saint Ambroise en était
tueuses des ténèbres, mais reprenez-les jiluliM. l'àine. L'empi-reur Tlu-odose av.iit mandé à
Ces paroles de Socrale ne p'uvi'iit s'appliiiucr l'iavien de s'y trouver en perMiiuic; mais,
qu'à la confession jiuUlique de (|ue'iiue- péi-liés arrivé à (^onstanlinojile, ElavJiMi -'exeti-..i sur
que le prêtre piiiilencier pouvait nnlouiifr, c! (pie l'hiver était pro'jbe, el promit de se
selon qu'il'lo juncail à propos, cl qui donnait rcndri! en Italie le printemps suivant. Son al>-
occasion aux iidèles de repreudre et de corri- sence 'empêcha le concile de Capoue de ter-
ger les |iéclieurs. miner ce fâcheux dillV-rend. Eva;,'re, qui s'é-
La plupart des églises d'Orient suivirent tait présenté en personne, en preiiali nvna-
l'exemple de Couslantinople, c'c-l-à-dire qu'el- ta^e. Toutefois, le concile ne lui ••jnna {loiiit
les supprimèrent le prêtre qui était préposé gain de cause il ollrit, au conliaire. la com-
;

aux confessions et aux pén tenccs publiques; munion à tous les évèques de l'Oneut qui pro-
qu'elles abrogèrent l'ancienne coutume de fessaient la foi cathoiii|ue, sans exc<"pler ni
confesser publiquement certains crimes que Diodore de Tar^e ni Acace de Dén-e, les jirin-
ce prètie avait indiqués; qu'elles iiderdirent cipaux auteurs de l'élection de l'iavien cl
les impositions des mains et les prières qu'on d'Evagrc pour la chaire d'.\nlioe;
avait coutume de faire sur les pénitents de- mil l'examen el la décision à T.
puis le temi)s des apôtres qu'elles laissèrent
;
lexandrie el aux auties évi.'jui- «l'L^;. j'l.>-,
à la lidé'Iilé des iiénitents l'accomplissement comme aux [)lus piojires à juger cette cause,
des pénitences imposées dans la eoufe-sion ayant gardé la neutralité enti-eles deux partis
secrète ;
qu'eiilin il tomba dès lors eu désué- de|)uis la mort de Paulin.
tude d'accuser les crimes de ses proches au- Celte conduite pleine d'équité et le
près de l'évéque, par le précepte de la correc- était bien faite pour amener l'union
tion fraternelle, et de rendre public Ic! juge- corile. .Mais Flavien, qui, sous pix-l'
ment pénitentiaire sur des crimes même se- mauvaise saison, s'était soustrait a.
crets. Voilà ce qui suit naturellement du fait di! (Papoue, l'efusa encore de se soumettre aa
rapporté par Socrale, et ce qui, d'ailleurs, a jugement de Théophile et des autre? ^ •••
été doclemeul démontré par une foule d'an- d'Egypte. Il recourut à l'empereur p
ciens monuments, entre autres les rituels et giir les Ocojilentauxà ses ran-porler in •». ..>. •

les liturgies des Grecs, où dès lors il n'est et y former un nouveau concile pour juger sa
plus question ni de confession publique ni de cause. Inl'oriné de ce procédé par Tlieophile,
pénitence jiublique, mais bien et très en dé- saint Ambroise répon<lil en ces termes Eva- :

tail de confession secrète et de pénitence se- gre n'a pas sujet de presser, et F'
crète. Tel est le livre péniteiitiel de Jean le de craindre ; c'est pourquoi il •

Jeûneur, un des successeurs do Nectaire dans menl. Qu'ils pardonnent l'un el l'autic aiiLiiic
le siège de Conslantinople. Ou y voit tout le juste douleur tout le monde est Hu"le a e;in-e
;

détail de la confession, de l'absolution et de d'eux, el, toutefois, ils ne comp


la pénitence secrète on y voit surtout un exa-
; à notni afUiction et ne prenneni
men (le conscience qui prouve que les grands le parti conforme à la paix du Lliii?i. du ia-
péchés u'étaient pas moins fréquents dans ces tiuucra donc encore île vieux eveque- i!? !

premiers siècles que dans des siècles plus mo- quilicront autels pour
les saints j

dernes (1). mers! ceux à qui leur pauvreté n'e


Le schisme d'Antioche durait toujours. La à charge seront réduits à la sentir
mort de l'évéque Paulin, arrivée vers l'au.'J.S'J, les secours aux autres pauvres! L ,

aurait pu y mettre un terme; mais avant de Flavien seul se croit affranchi des lus; lui
mourir il s'était [icrmis d'ordonner tout seul, seul ne vient pas lorsque nous v - >.- i

pour lui succéder, le prèlre Evagre, eu ipioi il ni les ordres de l'empereur ni r.>
violait plusieurs cauous. Car il était défendu évéques ne peuvent l'obliger à ?• j>
à un évèque d'ordoiiner son successeur ; tous Nous ne donnons jms pour cela gain
les évoques de la province devaient être ap- à notre frère Evagi-e; car nous vo\
pelés à l'ordination, et trois au moins de- peine que chacun a'aïqiuie sur ie
vaient y assister. Au dire de Théodore (-2), l'ordination de sou compétiteur p'
l

malgré toutes ces irrégularités, les Egyptiens la régularité de la sienne. Il :

et lesOccidentaux ne laissèrent pas de recon- vous pressiez encore notre frore lu\.iij. .1

naître Evagre pour évèque d'Autioclie, et de que, s'il continue dans son refas. non* - •

cnuimuni(|uer avec lui comme ils avaient fait Servions la paix avec tous, suivant !

avec Paulin. .Mais Théodorel se trompe; car de Capoue, sans que la fuite de l'uiu-
saint Ambroise, qui vi\ait dans le temps et tics rende sou décret iuutile. Au n.-sle, nous
sur les lieux, nous apprend, dans une lotlro croyons que vous devez faire partiiccc.ià

(1) Morin.. De Penil., 1. II. c. 9, n. 5-7 1. VI, c. utn, rxm. Ibid., ad caicem... p. 77. LiMli. I ji
Jejum. — (;2J Tlieod., 1. V, c. xiiii.
:
*^
LIVRE TRENTE-SIXIEME. •s>i^

notre saint Rome, pnrce que nous


frère dp, et les autres évèqiies condamnèrent lîonoso ;

ne doutons pas que votre jugement ne soit mais ils ré-olurint qu'on recevrait ceux qu'il
tel qu'il ne le puisse dé-appiouver ; c'est le avait ordonnés, pourvu qu'ils condamnasseu'
moyen d'établir une paix foliile, si nous son erreur (1).
sommes tous d'aceord de ce (]ue vous aurez Cependant l'empire et l'Eglise voyaient avec
décidé, et cela sera lorsque nous aurons coa- amour b' jeune Valentinien croître en àye et
nu par vos actes que vous avez agi de ma- en vertus. Dqpuis l.i mort de sa mère Justine,
nière à mériter l'approlialion de l'Eglise ro- éc'airé par les instructions et les exemples de
m(iine(l). Théodose, il se montra tout autre. 11 avait
11 est liicu à présumer que saint Ambroise persécuté saint Ambroise: il conçut pour lui
écrivit encore sur celle allaire à rompcrciir une t ndresse vraiim'nt filiale il l'^piielait ;

Tàéodnse. Ce qu'il y a de certain, c'est que le son père. Il était adonné aux jeux du circjne;
pape saint Silice le lit el qu'il le pressa vive- il s'en éloi-na tout-à-fait il retrauclia nn-rae
;

ment d'envoyer Flavien à Rome, puisqu'il les [dus Solennels, tels que ceux qui se célé-
pi:r.-btaità se soumettre au
ne vouloir pas braient le jour de la naissance des princes.
jugement de d'Alexandrie. Vous
l'évètiue Afin de se détacher de sa pa-siou pour la
abattez les tyrans qui s'élèvent contre vous, chasse, il fit tuer en un jour toutes les bètc.s
disait le Pape à l'empereur, m;iis noa pas de son parc. On pouvait lui reprocher d'aimer
ceux qui s'élèvent contre la loi du Clirist. Sur la table: il prit une telle h-abitude de tempé-
ces instances, Tliéodose manda de nouveau rance cjue, dans les festins qu'il continua de
Flavien à Co'istMntinoplc, et lui ordonna d'al- donner aux scign(!urs de sa coui pour entre-
ler à Rnme, c'est-.i-dire d'accomplir la pro- tenir buir affixtion, il s'abstenait de manger.
messe qu'il avait faite de s'y rendr.; le prin- 11 apprit qu'il y avait à Rome uns comédienne
temps venu.' Mais Flavien, ou qui ne l'avait qui, [lar sa beauté, se faisait aimer éperdu-
pas promis sincèrement, ou qui avait changé ment de la jeune ^jobiesse. I! donna ordre
d'avis, répondit à l'empereur Si l'on m'accuse : qu'elle vint à sa cour. Celui qui était chargé
ou de mener une vie indi-
d'eri-er d:ins la foi de l'ordre se laissa corrompre par argent et
gne du sacerdoce, je ne veux point d'autres revint sans rien fai>-e,. Valentinien voulut être
juges nue mes accusateurs s'il ne s'agit que ; obéi et en envoya un autre. Mais cette femme
de mon si('go et d'une dispute de préséance, étant venue, il ne la vit ni en publie ni en par-
je ne me déreiidraipaset jecéderai la piemiôre ticulier, el la renvoya, content d'avoir mon-
place à qui la voudra prendre. Donnez donc à tré l'exemple aux jeunes gens. Toutefois, il
qui vous voudrez le siège d'Anlioche. L'em- n'avait encore que vingt ans et n'était pas
pereur, admirant cette générosité, dit Tliéo- encore marié.
liir.t (2), le renvoya gouverner son église. 11 assistait à tous les conseils et souvent
y
Mais, au lieu d'oU'riràla puissance temporelle redressait les vieillards qui iloulaient ou qui
une di'inission qu'il pouvait Lien prévoir qui avaient trop d'éij;ards pour (juelque personne.
ne sciait pas acceiitée, il eût été plus géné- Ennemi des délateurs, il s'opposait à leurs
reux, plus loyaleiplussimple à Flavien d'aller poursuites. Des personnes nobles furent accu-
à Rome, suivant sa parole, ou bien d'accepter sées d'avoir conspiré contre lui. Le préfet
le moyen si équilalile et si sage que lui avait pressait le jugement avec ardeur. Valentinien
[iroposé Ift concile de Capouc pour rétablir la arrêta d'abord les procédures durant le saint
paix et la concorde. temps de Pâques, où l'on était alors. Quelqui's
Le même concile de Capoue avait renvoyé jours après, lorsqu'on faisait la lecture de
le jugetneiil de Bonose, èvèijue de Sardique, l'accusation, il s'écria le premier que c'étail
aux évèipies voisins, princiiKiIemeiit à ceux de une calomnie. Il voukil pie les accusés demeu-
Macédoine, avec Âiiy>ius de 'Ihessalonique, rassent eu liberté jusqu'à ce qu'on eut des
leur iiiélroj olitain et iégat du saint-siège. preuves (ju'ils étaient ci)U[)ables. Cette equilo
Bonose attaquait comme Jovinien la virginité lit bii^ntot connaître leur innocence. Chéri -.e
per|iéluf.'lle di; .Marie, prétendant qu'elle avait ses ]>enples, i! les imhiageail comme ses en-
111 d'autres enl'aiils après la naissance de Jésus- fants et ne voulut jamais consentir à de no;i
Christ, dont il niait même la divinité, comme vclles inqwsitions. Us ne |ieuvent, disait-il.
'^iiolin ; en sorte «[ue l<;s [ilKjliniens furent supporter les anciennes ne serait-ce pas un
;

cvepuis noinniès bonosiaques. Any.-ius el les dureté inhumaine de les accabler encoro
'.''

éveques d'Illyrie, a|uès avoir interdit à Bonose Ce[iendant il avait trouvé le trésor épuisé, el,
l'entrée diison église, écrivirent au l*ape [lour par une sage économie, en W retranchant b s
le prier ilc juger celte allaire lui-même. Saint dépenses de luxe ei de ]i'aisir, il le laissa lor;
Sirice leur répondit que le concile de Capmifi riche. Il aimait t indrement ses sœurs, mais il
les ayant établis pour eu conuailie, el eux aimait encoïc plus la justice; il refusa de
ayant «cceplé cette commission, ils devaient juger un procès dans lequel elles disputaient .i
d'abord juger au nom du concile i[ui les avait un orphelin la iiossessiou d'une ttirrc, el il
deiégtiivs ; c[ue, pour lui, comme laciuse n'clail renvoya l'airaire aux juges ordinaires, l'.lb s
plu^ enlièic, il iii: lui convenait puint de la se désistèrent .le leur prétenlion, et l'on attii-
juyer comme par l'autorité du concili'. x\.nysiu3 bua cette u;éuérosite aux conseils diileurliore

11; Aiiibr., £/jm/. l\i.— (2) Tliood., 1. V, o. xuu.— (3) Coual., Sine, Kpiit. i.x, col. 079. L,iljl)i.\ l.II.p. 1033.
s--';
IIISTOIRK UNIVEHSRM-R DE L'EGLISR CATHOLIQUE
ù ('tait en r.:inle, quiiml le fi'iKil ilc Rome huelli! itnpatience. Pour le presser davnntage,
(lôniila vers lui pour lui lieinfitulor oiicdrc une il avait ajoute qu'il voulait êtie bapti.-é de ^a
fois le rétablispcnuMit «les i(riviléj,'ns i|ue son main avant de passer en Italie. L'ofiicier île bi
fièrc GiuUcn avilit f'ti^s aux teiniili'siles i<loIes. chambre était p irti le -^oir, et, dés le malin du
Mais rcfusaalisoliimonl, quelque instance
il le troisième jour, il demandait .s'il était revenu ;
que lui [laïens qui l'entouraient.
fissent les mais ce jour fut le dernier de Vulentinieii.
11! apprit vers le même temjis que, du cMé île Car, après le diner, comme il ét.iit seul à
'lliyiie, menaçaient les Alftes.
les Barbares Vienne, se jouant sur le bord du Bhône, dans
11 voulut donc quitterGaules pour secourir les l'enceintede son palais, et que ^es genséluietil
lltalie, et donna les ordres nécessaires pour à dîner, Arbogoste le fit étrangler par quel-
ariivcr à Milan. Le seul bruit de sa marche fil ques-uns de ses gardes, qui ensuite le p mi-
retirer les Barbares, tant ils le respectaient. dirent avec son mouchoir iiour faire croire
Ils rendirent même les captifs, s'exeu-ant sur qu'il s'était tué lui-même. G était la veille de
ce iju'ils n'avaient pas su qu'ils fassent Italiens. la Pentecôte, ^r> mai .392. Valentinien, qui
Saint Amliroise avait promis au préfet et aux n'avait guère vécu que vingt ans, «'n avait
autres magistrats d'aller trouver l'empereur régni; dix-sept.
pour le [iricr do ^eeourir l'Italie; mais il s'ar- Un forfait si c-norme fit Iremltler tout l'Oc-
rêta ijuand il apprit iiuc l'emijeieur venait de cident sous la redoutable puissance d'.\rbo-
Ini-mèmc. Valentiiiien (pii était encore à , gaste. On n'osa rechercher ni poursuivre le»
Vienne, lui envoya un oflicier do sa chambre ministres de ^on crime. Cependant, pour ne
et lui écrivit de venir le ti'ouvcr en diligence: pas se déclarer coupable, il n'empêcha point
c'était pour une alfiiire très-grave. qu'on rendit à ri'mjiereur les honneursaccou-
Le jdiis puissant des généraux île Valenti- tumés. Les funi'railles furent célébrées des le
nieii était le comte Arhogaste ilont nous , lendemain, jour de la Penlecôtc. Le corps fut
avons ib'jà parlé. Il était homme le coMir, ensuite transporti- à Milan ])our y rer^-voir la
grand capitaine, désintéressé, mais féroce, sépulture. Tout le chemin était bordé d'une
liardi, ambitieux. 11 eut la meilleure part à la foule de peuple qui fondait en larmes on :

défaite de Maxime, dont il tua le tils Victor. pleurait la perte de tant de vertus ! L"s Bar-
Depuis cette époque , il fut tout-puissant bares ne montraient pas moins de sensibilité
auiu'ès de Valent nien, au point de se déclarer que ses sujets naturels ; ils regrettiiient sa
lui-même généralissime de ses troupes, il par- justice et sa fidélité dans l'observation des
lait au jeuneempereuravecuneenliêi-e liberté traités. .Mais toutes les douleurs étaient réu-
et disposait de plusieurs choses, même malgré nies dans le cœur de ses deux sœurs Jusla el
lui. Il donnait à des Francs toutes les cliarges Grala. On leur avait appris que leur frère, se
militaires, et les charges civiles à des gens de voyant saisi par ne iiroféra que
les assassins,
sa faction aucun officier de la cour n'osait
; cette parole : que vont (leveuir mes
Ilélas !

exécuter lesordresde l'empereur sans l'appro- pauvres sœurs? Elles ne quittèrent pas le
bation d'Arbogaste. Le j(>une prince ne pouvait cercueil jusqu'.i Milan et p'Mid iiit les deux
;

souffrir ce joug il écrivait continuellement à


; mois que le corp- de leur frère demeura exjiosé
ïhéodose, se plaignant des mépris d'Arbo- sans être inhumé, elles passaient auprès de lui,
gaste, le conjurant de venir promptement à dans les gi-miss-ments el d.ins les larmes, les
son secours, sinon qu'il irait le trouver. L'n jours entier- et la plus grande par ie des nuits.
jour, étant assis sur son trône et regardant Théodose qui partageait sincèiemenl leur
,

Arhogaste d'un (cil menaçant, il lui mit entre afilict'on, se lit un devoir de la .soulager [>ar
les mains un écrit par leipicl il le dépouillait ses lettres. Il écrivit aussi i saint .\rubroise,
de Son autorité de général. Arhogaste n'y eut dont ilconnaissait le tendre attachement pour
pas plus tôt jeté les yeux, qu'il s'écria fière- ce prince, .\mbroise avait tail préparer un
ment: Ce n'est pas devons que je tiens cet tombeau de porphyre il y déposa le corps ;

honneur; ce n'est pas vous non plus qui me au|irès de celui de Gratien, et pnqu's.i l'éloge
J'ôterez. En même temps il met l'écrit en jiiêces des deux frères avec toute la tendresse et toute
et se retire. Bientôt, soupçonnant Ic-^ amis de l'affliction d'un père. Voici comme il coniole
l'empereur, osa lui en demander ])lnsieurs
il leurs sœurs de ce que Valentinien n'avait pas
pour mourir. A quoi Nalentinien ré-
les faire reçu le baplé ne. Dites-moi, quelle a'itre chose
poiidil avec fermeté qu'il sj garderait bien de dépend de nous, que de vouloir, que de de-
lui livrer des innoernis qu'il se croirait diirue
;
mander? Il y avait longtemps qu'il Miuhaitait
de mort s'il rachetait sa vie par celb-s de ses d'être bajifisé, el cVsl la principale raisoa
amis que si .\rbogaste était altéré de sang,
; pour laquelle il m'avait mandé. Acconlez donc.
il jiouvail verser celui de son maître. Seigneur, à voir.' serviteur Valenliui n ia
Ce tut dans ces conjonctures critiques que grâce qu'il a désirée, qu'il a di'uiandée en
le jeune em|iereur pressa saint .Vnibroise de jdeine santé. S'il avait dilféré étant utt.iqué
venir le trouver jiour être le méilialeur entre de maladie, il ne serait pasenlieremenl exclu
lui et lecomte .\rbog:iste. Il yavaii espérance de votre miséricorde, parce qu'il aurait plutôt
qu'il put réussir car le comte, tout (laien qu'il
; manqué de temps que de bonui- volonté. Il
était, avait pour le saint évèque beaucoup de prie Dieu ensuite que ce prince ne soil pas sé-
respect et d'amitié. Depuis que Valentinien paré de son père Valentinien et de .son frère
eut envoyé vers lui, il fut dans une couti- Gratien, puis il ajoute Donnez-mui les sajut«
:
LTVRE TRENTE-SIXIEME. 383

mystères, demandons son ropos avec une ten- les clercs, et une autre, portant que ceux
par
dre alfertioi), faisons nos oblations pour cette qui se réfugient dans les églises pour éviter le
chère àmc. Enfin, il promet de faire ainsi payement de leurs dettes doivent en ètrp
toute sa vie pour les deux frères Gratien et tirés, à moins que les évoques ne veulent se
Valenlinien. Leurs sœurs, Justa et Grata , charger de payer pour eux. Il en fit une autre
demeurèrent vierge? (l). par laquelle il condamne à dix livres d'or par
Arl)ogasl6 eiit bien «ouhaité recueillir le tête les hérétiques qui auront ordonné des
fruit de son crime mais, ni; Harbare, i! n'o-
; clercs ou reçu l'ordination : le lieu ni elle
sait encore monter sur le troue lui-même il ; aura iHé faite sera confisqué. Si le projirié-
fallait accoutumer les Romains à lui obéir tairc l'a ignoré, le iocataire de condition libre
sous le nom d'un autre. Il jeta les yeux sur payera dix livres d'or; s'il est de race scrvile,
un iiomme de lettres, ancien professeur de il sera fustigé et banni. Une autre loi porte
rhèlor'cjue, puis secrétaire de l'empiMi'ur. Il se peine île bannissement contre ceux qui ose-
nommait Euyènc, avait acquis de l'estime par raient troubler le peu])le, en disputant de la
Bon savoir et son éloquence, et comptait entre foi calliolii]ue, nonobstant la défense qui! en
Bes amis particuliers le sénateur Syminat[iie. avait déjà faite par deux autres lois. La même
Il était chôtien comme Arbo^aste était piiion, anniîc, il lit encore «ne loi contre les païens,
c'est-à-dire que, dans le creur, ils n'avaient portant di'fense à toute personne, en quelque
d'autre dieu l'un cl l'autre que leur ambition. lieu que ce soit, d'immoler des victimes aux
Il donnait surtout beaucoup de créance aux idoles, d'offrir du vin ou de l'encens aux dieux
prédictions des aruspices et des astrologues. pénates ou au génie, d'allumer des lampes ou
Aussitôt après la mortde VaJentinien, Eugène suspendre des festons en leur honneur. Celui
tut donc proclame empereur par les soldats, qui aura immolé des animaux ou consulté
dont Arbogaste disposait souverainement. leurs entrailles sera traité comme criminel de
Théodose avait déjà ap[)ris cette révolution lèse-majesté. Si l'on a offert de l'encens aux
quand il reçut une amliassade d'Eugène, qui idoles, ou attaché des rubans à un arbre, ou
lui ofl'rait la paix s'il voulait le reconnaître dressé des autels de gazon, la maison ou la
pour collègue. On ne parlait point d'Arbo- terre en laquelle on aura exercé cette supers-
gasle, et il n'y avait point de !ettr2s de sa tition sera conlisquée. Si quelqu'un sacrifie
part seulement quelques évciiues, ijui étaient
; dans les temples pulilics ou dans l'héritage
de cette ambassade, témoignaient qu'il était d'aulrui, i! payera vingt-cinq livres d'or
innocent de la mort de Valeiitinien. "Théodose, d'amende; le propriétaire sera puni de même,
après avoir retenu (iuel([ue lem(is les ambas- s'il est complice. Les juges des villes seront

sadeurs, les renvoya avec des présents et des punis s'ils ne dénoncent les coupables, et les
paroles honnêtes, et ne laissa pas de se préparer magistrats qui n'auront pas procédé sur leiu
à la guerre après qu'ils furent partis, ne dénonciation, payeront trente livres d'or, et
voyant ni honneur ni sûreté à négocier avec leurs officiers autant (2).
Ses traîtres et à laisser impunie la mort du Quelques écrivains modernes ont appelé
jeune prince, son beau-frère, lintre les pré- persécution ces lois de Théodose contre l'hé-
paratifs de Théodose, il y eut plusieurs actes résie et contre l'idolâtrie. Ce langage n'est
de religion. Il envoya Eutrop{!, eunuque de point exact. I. a persécution est une poursuite
son palais et bomme
de confiance vers le fa- injuste et violente. On persécute la vérité, la
meux d'Esypte, avec
onacli(jrèle saint .Jean vertu, le bien mais on poursuit la fausseté,
;

ordre de l'amener, s'il était possible sinon de ; le crime, le mal. Dans le [iremier cas, il y a
ie consulter sur celte guerre, et de savoir si injustice dans le second, c'est le contraire.
;

Théodose devait marcher contre Eugène, ou Or, (bqiuis plus de trois siècles, le christianisme
attendre qu'il vînt à lu:. L'empereur s'était si total avait démontré authentiiiuement qu'il
bien trouvé d'avoir consulté ce saint homme est la vi-rili^ la vertu, le bien ; depuis plus de
.sur la guerre contre Maxime, qu'ily availuue trois siècles, le paganisme était notoirement
onliére conliancc. convaincu d'être une fausseté, un crime, un
Depuis sou retour en Orient, il s'était appli- mal. Dire alors que Tlu'odose ne pouvait point
qué, comme au couimeucement de son règne, emj>loyer la force ptd)lique pour seconder
à rendre les église- aux catholiques ; et sans le christianisme et allaililir le paganisme,
exiger rigoureusement la puuilion du passé, c'est direcjuelaforce neiloitpns étrecmployée
il se contentait d'oler les obstacles à la pri'di- pour la vérité contre le mensonge, pour le
cation de la vérité. Il l'-tait de facile accès aux bien contre le mal ; c'est dire que la justice,
évoques, traitait familièrement avec eux, aue l'ordre est un abus. Quant à la manière
prévenait leurs demandes, et faisait de grandes nont Théodose exécuter ces lois, tout
faisait
libéralités pour la construction et l'ornement le monde n'y mettait point «le
o.r.nvient i]u'l
des églises. Mais afin qu'on n'abusât i>as «lu violence, mais \\n\: douctnir propre à convertir
respect de la religion, il lit, cette année 2!i2, les coupables plutôt qu'à les punir.
une. loi qui dé'fend aux juges il'alléguer pour Eutrope, q\i'il avait envoyi- à saint Jeao
prétexte qu'un criminel leur ait été arraché .l'Egypte, ue put lui persuader de quitter s&

(I) Ambr., De oàii, Vaknt., a. 51-à6, 77. Hoc, I. V, t. xxv. Sot.. I. VII, c. XXII. Zos., 1. IV, 0. LUI.
(I) Coll. Tkeod

t. n, 29
m HISTOIRE UNMVnn«KLLE DB L'IÎOLIf H CATHOLIQUE
soHtiidp : miils i\ pr,'-Jil .\ui' l'cmp'nîur seriiil mftme au péril do sa vie. et, de l'aulf, qu'il
viiluiiuux ilaiis cnlto giieiTi!, non [ing Iniiltv «avait honorer la ]iuissnnre i|Uanil la ebaritô
fois sans nlliisimi il«3 sanK, coiunit; dans In le demandait. Ensuite, a|i[ireiianl ipriùigène

Hnel'i'e contre Miixinio (|u'il i'oruil moui-ir In


; Venait en diligence à iMilan. il <'n l'oilit et M
lyrnn, et (|u'uiiii'» su victoire il mourrait relira à Uologne. II écrivit toutefois li Euxène

Ini-HK'^ine nn Italie, laispant ù son fils renipiro une lettre où il lui rcn'.i compte de sa retraite,
crOcciilont (1). Kuliopi! ayant rniiiiorli' cctln et représente comment il s'était iqqio'ié auj
rûpnnsR, ri;ni|iereur continua de so ini'jiaror à demandes des païens auprès di; Valentinien o\
]o. }<ucrro, "'loins par les armes que par les de Tliéodose mèa>e; il n-fule la mauvals«
cruvres de jucté, par les jeûnes, les prières, excuse dont Eugénie »; servait «-n di^-ant (pi'il
les veilles. Il visitait avec les éviVpii's et le n'avait [las ren^lu ces biens aux temjdes, muii
penpl"; tous les lieux d'oruison ; il se proster- qu'il les avait dr)nnés à de^ ^ens à qui il avait
nait devant les tombeaux des martyrs et des obligation, c'est-à-dire à Arboffusie et Flavien.
apôtres, implorant leur intercession comme Votre puissance est taraude, dit^aint Anduoit-e,
le seeours le plus lidéle. Il lit aussi plusieurs mais considérez celle de Dieu, qui voit tout et
lois pour le soulafrement des peuples. Il ôta qui connaît le bjnd de votre cieur; vous ne
ies trihulB que Tatien, préfet du prétoire, pouvez souUïir qu'on vous trompe, et vou»
avait imposes, et ordonna que tous les biens voulez cacher quelque chose à l)ieu (Comment 1

do ceux (ju'il avait fait proscrire leur seraient fcrez-vous vos oirran<les au Christ? comment
rendus ou à leurs proches parents. Il dtM'endit ses prêtres pourront-ils les distribuer? On
aux Suidatsde rien exiger de leurs liotes ni de vous imputera tout ce que feront les |ialcn8.
911 faire payer eu arjiçent ce qui devait leur La menace de saint Ambroi=e fut cxi'cutée t
être fourni en espèce. Il réprima le zèle in- l'église de Milan refu-a les offrandes rl'KuKène
discret de ceux qui, sous prétexte de relijiion, et ne voulut pas même l'admellrc aux prières.
entreprenaient <le piller et de ruiner les syna- Ce qui irrita teib'nienl Arbogaste et Havicn,
gogues des Juifs. Enfin, ce fut alors qu'il fit qu'en sortant de .Milan, iN promirent que,
cette ordonnance dont nous avons déjà parlé, quand ils reviendraient victorieux, i\* feraient
p<iur empêcher que ceux qui avaient osé mé- une éi'uric de la basilique, et obligeraient le
dire de lui ou de son gouvernement ne fussent clergé à porter les armes (2).
jioursuivis comme criminels de lèse-majesté. Au sortir ib- Milan, saint Ambroise se rendit
Toutes ces lois sont datées de Constantinople, h Bologne, où il était invité, pour assister 1
eu 3'J3. Théodose y passa tout le reste de l'an- la translation des s/iinls martyrs Vital et AKri*
née et le commencement de l'année suivante, cola, qui venaient d'y être découverts. Ile là j.
se préjmrant à la jçuerre pendant tout l'hiver. allajuscpi'à Eloience, où il dédia une •'•ulise
Eugène s'y préparait df son côte, mais bien que l'on nomma la basiliipie Ambrosienno.
différemment; car, comme il était soutenu Une sainte veuve niimmée Julienne l'avait fait
par les pa) ;ns, il leur donnait toute liberté. bâtir ; et elle avait trois filles qui se eonsai-rè-
On faisait ^ Rome quantité de sacrifices, on rent en même temps à Uieu. Saint Ambroioe
répandait le sang des victimes, on regardait demeurait ù Florence dans la maison d'un
leurs entrailles, on y trouvait d'heureux pré- citoytMi très-considérable et chrétien, nommé
sages, qui promettaient à Kugènc une vic- Ilécentius, dont le encore enfant, nommé
fils,

toire assurée. Flavien, préfet du prétoire et l'ansophe, était tourmenté du malin esfiril.
ami de Symmaque, c|ui passait pour j,'rand Le saint évccjiie le guérit en priant souvent
politique et pour fort habile en cette science jKUir lui et lui imposant le» mains mais, quel- ;

do divination, était le plus em]iressé à prati- ques jours après, l'enfant mourut subiteiiunt.
3uer ces superstitions, et le plus hardi à faire Sa mère, qui était In-s-pieuse, l'apporta de
es promesses raagnificiues. Euçène s'élant haut de la maisiui ilans un appartement ba»
rendu maitrc des Alpes-Juliennes, soullrit que où loi;eait saint .\nibroi-e, et le coucha sur
î'on y plae.1t des idoles de Jupiter, et sa prin- SIU1 lit pendant i|u'il était dehors. Ambroise,
cipale enseigne portait celle d'Hercule. Il étant de retour, fut touidié de In foi de la
accorda aux païens ce que Valentinien le mère; et, imitant Elisée, il se coucbn sur le
jeune leur avait refusé deux fois, le rétablis- corps de l'enfant et obtint par ses prières qu'il
sement de l'autel de ia Victoire à Rome et la ressuscitai. Il le rendit vivant a sa mère, et
î-estitution du revenu de leurs temples; il compo-a dejuiis un petit livre, qu'il adressa à
l'avait refusé aussi deux fois, mais il se rendit cet enfant, afin qu'il apprit un jour, en le
à la troisième. Saint Ambroise, voyant Eu- lisant, ce que son âge ne lui periiiottait pas
gène ainsi livré aux païens, ne fit point do encore d'ap|irendrc. .Nous n'avons plus cet
réponse à une lettre qu'il lui avait écrite dès ouvrage. mai< niuis savons qu'il n'y faisait
ic commencement de sini régne; mais il ne point luenlion du miracle. Il revint à Milan
Jaissa pas de lui écrire et de le prier (lour ceux quand il sut «prC.inene en était parti pour
qui claieut en péril. Modèle des évèqnes au mandier contre Tlièoil(»ie, ver» le mois d août
Hiilieu des n'-vohitions |iolilii|ues, il montra, 3ltt,el il y attendit l'empereur avec une grand»;
i'un côté, qu'il elait incapable do llatter, coufiancu que Uieu lui duuncrail la riotoire.

(1) 8or, ;. Vil, c. XXXII. — (X) 8oz., 1. TU, c xiu. RuT., I. XU, t. xvi. Aiabr. im. X^Miio.-
,

1,1VRI3 THENTE-BIXIÈMB.
Thêodcise ayant passé tout l'iiivor à se pii'^- tait tellement affaiblie, qu'elle semblait hors
piirer à la guerre, el perdu Gm1I;i, sa sertiiulc d'iitat de knsarder une seconde bataille. Ou-
femme;, qui mourul eu coiielic», laissa à Gons- tre ceux qu'elle avait perdus dans le combat,
tanlinople ses duuji llls, Arciule et Houorius, la terreur on avait séparé im grand nombre
avet; Rufln, prcriililu pi'étoiri;,p(>ur f^ouvcrncr qui s'étaieul dispersés dans les dôtilés d'alen-
les allaiies d'Oileul. Il avait don né à Horio- tour. Les généraux conseillaient au prince df
rius le titre d'auguste, le dix janvier 393. Il 80 retirer pour rasscmhlei de nouvelles trou-
Farlit de Conslantinoplo au printemps de pes et revenir au printemps avec dos forces
année suivante 394, -«se six Kf-nériiux pour
'
supérieures; mais Théodose, rejetant ce con-
commander l'armi'c suasses ordres Timasius : seil Non, dit-il, la croix no fuira point devant
;

et Stilichon, qui furent mis ù la tète des lé- les idoles d'Hercule je ne déshonorerai point
;

gions romaines Gainas, Alaric, Saiil et Ba-


;
jiar une lâcheté sacrilège le signe de notre
curius, qui parla itèrent le conunandenient salut.
des troupes élran^tèics. Gainas et Alaric étaient Gependant, voyant t^s soldats découragés,
Golhs et ariens Sa'ïl, païen et Bariiarc ba
; ; il se relira dans une cha^.cllc bàtio sur le haut
curius, roi d'Ilii-rie, clircHinn distingué [lar pu de la montagne où son armée était campée,
vertu et sa piété. Au sortir do Goiislanliucjple, et y passa loute la nuit en prières. Vers le
Tliéodo se s'arrêta dans l'é.nlise qu'il avait fait malin, il s'endormil de lassitude, et, s'étant
bâlif en l'honneur île sainIJeau-Baptiste, au- étendu sur la terre, il vil en songe deux ca-
quel il recommanda l'heureux suocôs de ses valiers dont les habits et les chevaux étaient
armes, l'invoquant à son secours. d'une blancheur éclatante. Ils lui ordonnèrent
Théodosc, étant arrivé on Italie, força le de prendre les armes dès que le jour commen-
passage des Alpiis. Tlavien les gardait avec cerait à paraître, el de retourner au comhat
un cor|is de trou[ios. Persuadé qu'il ne méri- qu'ils y étaient envoyés pour le secourir en
tait aiicUiHî UTilec, il si; Ht luereu cumlialtant. combattant eux-mêmes que l'un deux était
;

Lu descendant des monla^nes,'riii'o(l()se trouva Jean l'Evangéliste, et l'autre l'apôtre Philippe.


toute l'armée d'Kuiiène lassemblée ilans la A ces paroles, l'empereur s'éveilla et redoubla
jdaine prés d'Aqililée. Il lll avancer d'uliord les ses prières av(;c. plus de ferveur. Au point du
liarliares auxiliaires coininandés par Gainas. jour, comme il élait retourné au camp sans
Ils reuconlréi'(;)it une résistance invincilde; avoir communiqué sa vision à personne, de
Arliogasli; trouvait partout
se, le carnage fut; crainte qu'on n'y soupçonnât un stratagème,
affreux : dix mille (lollis re-ttèrenl sur la place, on lui amena un soblal qui avait eu le même
el le reste, prenant la fuite, vint se rétugii'r songe. L'empereur le lui ayant fait raconter
dans les intervalles des Ilouiains. Alors Théo- on présence de loiili; l'armée Ce n'est pas :

dose monta sur un roc élevé là, ; se proster- pour m'inslruiie, dil-il aux soldats, que votri'
uaut à terre, à la vue des dcirx ai'mées, il s'é- camarade a été honoré de celle vision, c'est
cria d'une voix assi;z haute pour ôtri; entendu un témoin que Dieu m'a suscité pour vous ga-
des siens Dieu tout puissant, vous savez que
: laiitir la vérité de la mienne ; car j'ai vu les
je n'ai entre|iris celte guerre au nom du (Christ mêmes objets, j'ai entendu les mêmes paroles.
Votre Fils, que pour venger un crime (jue je Bannissons donc loute crainte suivons les
;

ne croyais pas pouvoir lai-^ser impuni. Si j'ai nouvaux chefs qui vont combattre à notre
eu tort, que votre main me punissr; nioi-mômo tête, et mesurons nos espérances, non pas sur
mais si j'ai eu raison irentieprcndre la guerre, le nombre de nos troupes, mais sur la puis-
et si je ne l'ai l'ail que dans la confiance de sance de ces héros célestes qui nous condui-
votre prolection, l(;ndez votre; main droite à senl à la victoire, (les paroles ranimêr{;nl les
Vos serviteurs, alin que l(;s nations no disent courages uballus. Théodose, quittant ses ha-
p.'is :Où est leur Dieu? Klaiil ensuite descendu bits trempés do larmes qu'il avait versées dans
il fil avancer ses troupes 1(; choc l'ut vio- : la prière, les suspend à un arbre, comme un
lent et soutenu avec une égale vigueur. Ba- .
ténioignagc de ferveur propre à faire au ciei
curius fil dos prodiges do valeur mais enfin, ; une nouvelle violence. En même lenqis, il
[lercé di; coups, il tomhasurdes monceaux de endosse sacuirasse, embrasse son liouclier, et,
cadavres qu'il a\ait ahallus à ses |)ii;tlH. La s'élaul armé par le signe de la croix d'une dé-
nuit sépaia les comliiittauls avant ipio lu vic- IT-nsc encore plus assurée, ïi donne le même
toire fût dc'eidée , la plus grandi! perlo était signal à ses soldais, qui le suivent avec con-
du coté de ennemis se crurent
'l'hi'odose, et les iiunco(l) *

vainqueurs. Eugéno, environné de ses troupes, s'occupait


lùigénc croyait la guerre terminée, et se alors à distribu(;r des récompenses à ceux qui
mil à l'aire des larg(;ss(;s à «es soldats. Toute- avaient signalé leur valeur. Voyant de loin
fois, Arliogiiste envoya un corps de troupes, défiler lespremiers rangs de l'armi'-e ciuiemie
sous la conduite du romte Arliitrion, avec or- qui s'r-lendail dans la plaime, il tail sonner
dre dé tourner [i'a miinlagiu;s peuilanl la nuit l'alarme, et étant monté sur un petit tertre
»'l lie piiielre 'l'Ile' iilo>i(' en ipieiic le li'inlenuiin, pour être tiunoiii de sa victoire: Aile/., d.t-il,
pendant qu'on le ciuirueruilen léte pour ache- c'estun l'orcciii! qui ue cherche qu'à mourir;
ver sa défaite, lia ell'et, l'armée de l'empereur prenez-le vivant et amenez-le ici cJiui'gô d4 •

(OTbMd.,1. mr. Otm., i. VU, o< sxxv. Ambr., Deobit. Thtod.


MR HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
fers, rtans ce moment, Théodose aperçoit un arrachent la pourpre, lui lienl les mains der-
nouveau péril :c'élaillc comte Arbitrion, jiosté rière le dos et le traînent aux pieds du vain-
derrière lui avec ses troupes, tout prrl a le cpieur. Théodose lui reproche l'assassinat de
cluiiger on (|ueued(''sque le combat serait en- Valeiitinien, son usurpation crimin«dle, la
gagé, l'rosterné à terre, il a de nouveau re- mort de tous ces braves soldats qu'il viut ••ten-
cours au ciel, et, dans le même instant, il en dus autour de lui, son inlidélitésacrilé-ge et sa
éprouve a |)rotection. Le comte, saisi de les- folle conliance en de vaines idoles. \\ prononce
poct à la vue d(! Théodose, lui envoie deman- son arrêt de m(jrl; et, tandis qu'Eugène, tout
der f^rjlce et oli're de se joindre à lui, s'il veut tremblant, demande la vie, un île ses propres
lui dotmer un commandement honorable. soldats lui abat la tète d'un niup d'épée. Ou
Ij'empereur prend aussitôt entre les mains la porte au bout d'une pique dans les deux
d'un de ses officiers une de ces tablettes mi- camps. Les vaincus célèbrent eux-mêmes par
litaires, dont on se .servait pourcoramuniquer des ciis de joie leur propre défaite le vain- ;

l'ordre; ily trace un brevet de général et l'en- queur leur pardonne à tous sans exceptioti;
voie au comte, qui le rejoint aussitôt avec ses et les deux armées réunies reconnaissent éga-
troupes. L'armée reçut avec ces secours un lement dans Théodose un iirince chéri du i-iel,
nouveau courage mais, resserrée par les dé-
;
et dont les prières ont une force supérieure
troits des montagnes et embarrassée de ses aux bataillous les plus nombreux et les plus
iagages, elle diHilait avec lenteur, tandis que aguerris. Cette mémorable victoire fut n-in-
lii cavalerie ennemie prenait du terrain. .Vbirs Çorlée le six de septembre: elle soumit à
Tbéodose, sautant à lias de son cheval et s'a- héodose tout l'empire il'Occidenl; et la ty-
vançanl à la tète de ses troupes, met l'epée à rannie d'Eugène passa comme une ombre, sau»
la main et marche seul à l'ennemi en s'écriant: laisser aucune trace. L'empereur alla se re-
Où Dieu de Théodose? Tous ses balail-
est le poser dans Aquilée.
ions, effrayés du péril où il s'expose, s'empres- Arbogasle, auteur de tous ces maux, s'était
sent de le suivre. On était arrivé à la portée <lu sauvé dans les défilés des montagnes. Sachant
trait, lorsque l'air se couvre d'une oliscurité qu'on le cherchait de toutes parts, il se tua
épaisse. Après un bruit sourd, il s'élève tout à lui-même de deux coups d'épée. Cei)ui rendait
coup un vent impétueux qui attaque directe- la joie de la victoire plus sensible à Théodoso,
ment l'armée d'Eugène, et que tous les écri- c'est qu'elle faisait triompherla croix du Christ,
vains de cette époque, païens et clirétiens, re- et qu'elle prouvait l'impuissance des dieux
gardèrent comme un miracle. D'affreux tour- d'Arbogaste. Il ordonna d'abattre les statues
billons, (jui semblent être aux ordres de Théo- de Jupiter placées sur les Alpes. Comme les
dose, arrachent aux ennemis les arme? des foudres qu'elles portaient étaient d'or, les sol-
mains, rompent leurs rangs, enlèvent leurs dats, oans cette gaieté qu'inspire la victoin-,
boucliers ou les renversent contre leur visage; lui aisaient qu'ils aimeraient bien à être frap-
leurs traits se rebroussent sur eux-mêmes ; pés de CCS foudres. L'emiiereur voulut bieu
ceux de l'année de Théodose reçoivent de l'air entendre leur plaisanterie, et leur abandonna
une nouvelle foice ils sont poussés plus
: loin les statues. On rapporte que cette victoire toute
etne portent jamais à f'aux(î). miraculeuse fut, par un nouveau miracle, an-
Les troupes impériales profitent de ce dé- noncée à Conslantinople le jour même qu'elle
sordre. Elles pénètrent de toutes parts. Les fut remportée. Un pos.«édé, qu'on cxorci-ail
soldats d'Eugène n'opposent aucune résistance. dans l'église de saint Jean-Ba[iliste, s'écria :

Aveuglés de iioussièrc, percés de leurs pro- Tu m'as donc enfin vaincu, et mon armre est
pres traits et de ceux des ennemis, ils tom- terrassée. A l'arrivée des courriers qui appor-
bent, ils fuient, ils se précipitent dans ie fleu- taient la nouvelle de la bataille, on observa
ve. Les ordres, les cris, les efforts, le déses- une ces paroles avaient été prononcées préci-
jioir d'Arl)ogaste, tout est inutile. Ceu^ qui sément dans le temps que l'action se passait
échappent au massacre mettent bas les armes, au pied des Alpes(2).
et, se prosternant devant Theodose, ils la sa- Qui^ique celle guerre eût été plus péril-
luent comme leur empereur, et demandent leuse et plus sanglante que celle de .Maxime,
humblement la vie. Ce [irince, loudié de com- elle ne laissa dans le co'ur de Theodose au-
passion, fait cesser le carnage il leur ordonne : cune impression de vengeance. On vil la
de lui amener EJgéne. Ils courent aussilùt même clémence à l'égard des vaincus. Loin
vers l'éminence où le tyran reposait avec tant d'étendre la punition sur les entants de ceux
de sécurité, que, les voyant accourir horstl'ha- qui étaient morts en combattant contre lui. il
icine, il s'imagine qu'on lui apporte la nou- regretta les pères et les enfants jouirent pai-
velle de sa victoire Où est Théodose? s'écria-
: siblement de leurs héritages. Il leur rendit
t-il 1
: a l'amene/.-vous enchaîné comme je même les biens cimlisqués pour cause de ré-
vous l'ai commandé? C'est vous-nu'me, ré- bellion. Le liK Flavien fut remis en posses-
jiondent les soldats, ipie nous albius conduire sion de la fortune de son père, et parvint lui-
à Théodose Dieu, plus jtuissanl que vous,
; même, dans la suite, aux prcmiei-s honneurs.
nous l'ordonne ainsi. En même temps ils lui Saint .\mbroise était revenu à Milan dès qu'il

(1) Claudian.. De consul, hon., v. 93. Zos., 1 IV. c. Lvm. Soc, 1. V, c xx». TUeod., 1. V, c. mit. Tille-
nJoul, eic. — (i) S<«- *. VU, c, xxiv. S, Au»;., Oe Civ., \. V, c. xivi.
irVRE TRENTE-SirffiME. 38«

apprit qu'Eugpne en était sorti. Aussitôt apros Probinus, quoiqu'ils fussent encore dans la
la guerre terminée, il reçut une lettre de l'em- première jeunesse. Ils appartenaient tous les
pereur qui le priait, avec les sentiments de la deux à Ja famille .\nicia, la première des fa-
piélé la plus aftectueuse, de se joindre à lui milles sénatoriales qui embrassa le christia-
pour rendre à Dieu des actions de grâces. Am- nisme. Leur père était le sénateur ["robus, con-
broise mit sur l'autel la lettre et la tint à la sul en 371, le môme qui, ti,.^ut préfet du
main pendant (ju'il olFrait le saint sacrifice. prétoire, avait nommé saint .\mbroise au
Comme ignorait encore les intentions de
il gouvernement de l'Emilie et de la Ligurie;
l'empereur, il lui écrivit à son tour pour le leur mère, Proba Falconia, illustre par sa
prier de pardonner à ses ennemis. Ceux qui piété, à qui saint Augustin écrivit depuis une
avaient signalé leur zélé en faveur d'Eugène, lettrefameuse sur l'oraison. Uome chérissait
s'attendantaux traitements qu'ils avaient mé- cette lauiilL; de consuls et de saints et se
rités, s'étaient réfugies dans l'église de .Milan, croyait honorée oe l'éclat dont elle brillait.
quoiqu'ils fussimt presque tous païens. Théodose consentit à cette demande, et dési-
L'évèque dtîmanda grâce pour eux dans une gna consuls les deux frères ce qui n'avait
;

seconde lettre, et Théodose envoya à Milan d'exemple que dans les familles impériales.
un des secrétaires d'Etat, nommé Jean, pour Quoique Théodose n'eut pas encore cin»
les prendre en sa sauvegarde, jusqu'à ce que quante ans, il était abattu par ses travaux
l'empereur eût décidé de leur sort. Am- continuels; employé dès sa jeunesse dans le»
broise, dont la charité embrassait ceux mê- expéditions les plus pénibles, s ous les or-
mes qui étaient hors du sein de l'Eglise, alla dres d'un père infatigable, toujours occupé,
trouver Tliéodose à .\quilée. A leur première depuis son élévation à l'om[)irc, soit à con-
entrevue, on eût dit que l'empereur était la duire ses armées, soit à rétaldir l'ordre dans
suppliant; il se jeta aux pieds du saint évèque, l'Etat et dans rE'^lise , il n'avait go vite
protestant que c'était à ses prières et ses mé- de repos que pendant les deux années qu'il
rites qu'il était redevable de la victoire. avait passée? dans la retraite après la mort
Comme on le pense bien, Ambroise obtint fa- injuste de son père. Il était attaqué d'hydro-
cilement les grâces qu'il demandait (1). pisie lorsqu'il manda son hls Honorius. L'ar-
La santé de Théodose était affaiblie par rivée de cet enfant chéri et la joie qu'il eut de
tant de fatigues, et selon la prédiction de le mettre en possession de l'Occident, lui fi-
saint Jean d'EgypIe, il était persuadé qu'il ne rent pour quelque temps oublier ses maux ;
lui restait pas longtemps à vivre. Voulant mais, se sentant affaiblir de plus en plus, il
donc mettre ordre aux affaires de l'empire et s'occupa des dispositions nécessaires pour pré-
régler sa succession entre ses deux fils, il en- venir les désordres que sa mort pouvait cau-
voya en diligence àConstantinople pour faire ser. 11 recommanda de nouveau ses deux fils
venir Honorius, auquel il destinait l'empire à Stilichon après quoi il ne lit son testament
;

de l'Occident. Arcade reçut l'Orient, avec que pour laisser un dernier témoignage de sa
Rufin, pour lui aider à le conduire. Honorius piété et de sa tendresses pour ses sujets. Il y
vint à jlilan avec Séréna, sa cousine, et de exhortait ses fils à servir Uieu avez zèle, leur
plus sa sœur adoptive, qui, depuis la mort assurant que c'était un moyen infaillible d'at-
de l'impératrice Flaccille, lui avait tenu lieu tirer les bénédictions du ciel sur toutes leurs
de mère, bon père, l'ayant reçu dans l'église, entreprises. Il fit des legs en faveur des
le présenta à saint ,\nibidiso, jugeant uu'il éslises ; il régla deux points importants sur
ne pouvait lui donner une meilleure protec- lesquels il n'avait pas encore pu satisfaire sa
tion. Il le lit ensuite monter dans son chai' et bonté naturelle. Il avait de vive voix accordé
traversa avec lui toute la ville. Le char etaii ie pardon à tous ceux qui avaient combattu
orne de gdlrlandes de laurier; les sol- contre lui ; mais l'opposition d'une personne
dats, armés de toutes pièces, marchaient, en- qu'on no nomme pas, l'avait empêché d'eu
seignes déployées, en ordre de bataille lors- ; expédier un acte authentique. Il assura par
qu'on lut arrivé au palais. Théodose iléclara son testament une amnistie générale. Il avait
qu'il nommait ce (ils empereur d'Occident, et fait espérer la remise d'un impôt onéreux (ua
qu'il lui donnait l'Ilalii:, l'Afrique, l'És- autre de ses courtisans avait jusqu'alors re-
f)agnc, les iles Uril.inniciue-, li?s Caules et lli- laroc l'effet de sa promesse), il chargea ses
yrie occidentale. Il cliargeaSlilichon, auijuel fils d'a((]uitter sa parole, et leuren laissa une
il avait fait épouser Séréiia, sa nièce, du com- loi toutt! dressée. Apivs ces dispostions, plus
mandement des armées et de !a c(mdiiile des glorieuses encore que ses victoires, il sentit
affaires. l'envoya de plus A Uome mdilier
Il queliiue soulagement ; il assista, le matin du
l'avénemeiil d'Ilonoriiis, et sans doute aussi 10 de janvier .'i'J5, à d'is jeux équestres qu'il
pour réprimer l'idolâtrie, qui avait repris vi- donnait à Milan, pour céli'sbrcr bis heureux
gueur .sous le gouvernement d'EuL;ène. évéïuiments de l'année ])récédeute. Mais après
Les di'iiulé's (|ue le siMlal envoya à Théo- son repas, le mal redoubla à tel p. .ut qu'il
ôose pour le féliciter de l'i-lévation de son envoya son fils Honorius présider au specta-
fils, le prièrent en même temps de nommer cle en .sa place; il mourut la nuit suivante,
pour consuls de l'année suivante, Olybrius et après uu règne de seize ans moins deux

(1) Di Oiit. rA«od. i>4ul.. Vit. Âmbr.


wo HISTOIRE UNIVBRBBLLB DE L'ÉOLISB CATHOLIQUr
joTiM. Dnn«îf( mnmftnl m^me qu'il r^nilnit Jns iliA que irnutrea lui avalant fnlt f«rrm><>f(i .»

(Icniii'i'.s &uu|jiia, il iiii|it)luit Huiiil Aniltruise. par arlilice -, qui l'a plr^uru tous le*Jouik ds
Lo quarantiùmu jour ninftn non décès, on sa vie I (Juedirai-jtt eniore? Il venait du nini'
célébra un service Holntincl (Kiiir In rrpos de porter une victoire édalanie ; loulefoiii, {larec
son &me Uonoiius til UiuIh l'armi^o y assis- que de» ennemis hont renié» sur le clinmp de
tèronl. Sailli -Aiiilii'iiisf! y jininoinja l'oraison bataille, il s'abi-tient de lu participation aux
fun(M)rfi. Il athiliue à la loi do Tlii'iodose xcs saints mystères, jus(|u'ii ce que llieu lui ail
victoires, jiaitiv-ulii'rement la derniore contre manifesté sa bienveillaru:e par l'arrivée do se»
Eugène. Il exhorte les soldats à garder une enfants. J'ai aiiué l'homme qui me demandait
Cdélili^ inviolidile à ses enfants. corisi(l(5rant ù son dernier soupir J'ai aimé l'houime qui.
I

non la fiiililcsse de. leur â,4e, mais les iddign- dans ce moment redoutable, était plus occupé
tions ([u'ils ont au ])ère, lùdin, après avoir do l'étal des éf^lises que descs propret danxersl
fait le tableau de ses verius, iiartieidièromont oui, j'ai aimé cet homme, et c'est pourquoi je
de sa clémence, il s'abandonne jiii-inèino aux le idourc du fond de mes entrailles I J'ai aimé
éiinnchiTnenls de son amitié et de sa douleur. cet homme, et c'est pour cela qne je ne le
« .l'ai aimé l'homme miséricordieux et lium- (juiltcrai point que, [lar mes pleurs et mes
Lbî sur le trône J'ai aimé l'hommc! i|ui ai-
! prières, je no l'aie introduit où l'appellent se»
mait mieux d'être rei)ris(iue d'être llalté qui ;
mérites, sur la raonlaKoe sainte du .Seif»neur,
a pleuré publiquement dans l'église uu pé- dans la véritable terre des vivante (Ijl •

(t) Ambr., De Obit. Theoé.


DISSERTATION SUR LE LIVRE TRENTE-SIXIÈME

DU PREMIER CONCILE ŒCUMÉNIQUE DE CONSTANTINOPLE

Le qualrième siècle qui fut, pour l'Eglise, ont pensé que ce Pontife fut légitime a«
le premier siècle de la liberté, fut aussi le moins quelque temps et qu'on doit le compter
siècle des grandes tempêtes. L'arianisme, dans le catalogue des Souverain'. Pontifes.
vaincu dogmatiquement par le concile de Le P. Fapebrock (4), Marangoni (3) et Zacca-
Nicée, devint d'ahord, avec l'appui des empe- ria (6) traitent Félix avec bénignité etpenseal
reurs, une terrihle faction. L'intrépide adver- qu'on le doit considérer comme le vicaire du
saire des ariens, Atiianase, qui les comhattit, pape exilé, comme l'administrateur de l'E-
durant quarante ans, sans être ébranlé par glise au nom de Libère absent. D'autres hési-
aucune sorte de persécution, Atbanase fut cinq tent à se prononcer comme le très-savant
fois banni et cinq lois remonta victorieux sur Pierre Laz?ari (7). Enfin Michel Maceda (8) et
son siège. Un autre ilcfenseur du Gonsubstan- l'opinion de Christian Lupus, Dupin, Noel-
tiol, Marcel d'Ancyre fut déposé par la faetioa Alexandre, Tillemout, du cardinal Orsi et de
arienne, sous prétexte de sabellianisme. On plusieurs autres, est que Félix ne doit pa«
tint des conciles semiariens à Antioche, à Arles, figurer parmi les papes légitimes. Nous em-
à Milan, àSirmium, àSéleucie, à Rimini. Les brassons ce dernier sentiment, et parce que
formulaires succédaient aux formulaires sans les anciens Pères ne comjitent généralement
expliipier aucunement une question qui l'était pas Félix parmi les Papes et parce que Libère
par une définition dogmatique et qu'on ne étant Pape légitime, il ne peut jias y avoir en
voulait expliquer encore ([uo pour y conden- même temps deux papes dans l'Eglise.
ser, en remlu-ouiliant, tous les poisons de Outre ces troubles de l'arianisme et ce deuil
riiérésje. A Itimini, entre autres, en 339, sous causé par la présence d'un Antipape, l'h-glise
prétexte de rétablir la jinix, on fit signer à voyait se répandre plusieurs erreurs qui pou-
quatre cents évè(]uos, une nouvelle déclara- vaient noQ-seulement causer du détriment à
tion, « La superlicit! de l'exposition qu'ils la foi, mais aggraver encore le désordra
signèrent, dit saint Jr-romc, ne portait rien public. Nous voulons faire mention ici des
de sacrilège les paroles sonnaient la piété,
: erreurs de Photin, de Macédonius et d'Apol-
et, au milieu de si grandes acclamations, linaire.
personne ne croyait qu'on eut dissimulé des Pbotin, diacre d'Ancyre, puis évêque de
venins. On dunnalt, d'ailleurs, utie raison vrai- Sirmium ,
prétendait que le Verbe n'était
semblable pour rejetiu' le mot de substance : point une [lersonne, mais une vertu divine
rc\|ii-ession ne se trouvait ](as dans les Ecri- maniteslée dans Jésus. Jésus n'était qu'un
tures etsa nouveauté scandalisait les simples... homme, Dieu l'adopte pour (Us à cause de ses
« .\lors, dit encore saint Jérôme, le nom de vertus, dès qu'il aura rendu le pouvoir au
siibstani'e fut aboli, alors la condamnation Père, le Verbe le quittera. Pholin s'appuyait,
de de Nicée fut pr(jclamée, alors l'uni-
la foi pour soutenir son erreur, sur des textes de
vers ^émit et s'étonna cl'èlre devenu arien. » l'Ecriture. Les semiariens le condamnèrent à
Au uiibeu de ces agilations, l'Eglise, pen- Antiocbe en .'145, et les catholiques à Milan en
dant l'exil de Libère, reitevait, de la main de .'in ou .'Mit. Kntiii, b^s ensébiens le déposèrent
Constance, pour l'a|i(\ un Anti|)a|)(;, KiUix. On au iiicmier Synode de .Siruiium, en 351, qui
u coutume «le demander si Fi'lix doit être con- avait condamné de nouveau les opinions
sidéré comme pape li'gitimi!. Le cardinal saliellieiines sur l'extension et la concenlraticm
lleilarmin, (1); le cardinal Haronius (:2) ;
de la subi^tancte divine, (j-lte héré>ic mena-
Srliclestraet, le 1». Dusollier (K), le I'. Anto- cera, plus tard, de reparaître dan.s Bonose,
nio j'auli ilanssa dissertation publiée à ï\i>iw évèqu(> do Sardicjue.
en 1790 sur .saint Félix M, pape et martyr. Les deux Apollinaire de Laodicée avaient

(1) 0» Rotnnno l'nulifioe Liv. IV, oh. «. — (î) An .157. —(3) Tome VII ilu juiIIhI des Aala SS. — {^) Pku
iy li'.p rli" mm. (I|S^^. IX.— (5) Oliservntions sur la cluonoldgie ili's soiivcrniiis poniiles cli. !v. — (6) Di-ssi-rt,
•Uf lu rliule <lc Libôre. — (7j Uias. ïiir les deux caiulogucs doa jjouiirii» tviiiajiia. -r-ffi] Otiui vraxminl Q»ui.
W2 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÉGLISE CATHOLIQUE

bien mérité de l'Eglise catholique par les apo- cienne paix. Le concile se tint en 381 ; il com-
logies de l'Evangile contre les i)liilosf)[)lies mença en mai et se termina avec juillet.
païens et par la persévérance avec laiiiicllc ils. Mélèce, patriarche d'Antioche, eut d'abonl la
prési<lence, mais il mourut bientôt Grégoire
avaient défendu, contre les ariens, l'égalité ;

de substance du Père ot du Fils. Mais, en s'cf- de Nazianze, confirmé (-vèque de Constanti-


forçant do conservcr,dans toute son intégrité, nople, lui succéda; lorsque Grégoire se démit
la doctrine de l'unité de la nature liivine
de l'éiiiêcopat, Timothee ilAlexandrie, et
enfin Nectaire, successeur de (i/^goire. prési-
et humaine dans le Christ, ils tombèrent dans
une crreuv opposée. L'erreur d'Arius avait dèrent l'assemblée. Cent cinquante évèques
surtout porté sur le rapport du Verbe divin d'Orient assistaient au concile.
avec le Père celle d'Apollinaire porta princi-
;
On s'occupa d'abonl ilcs macédoniens et des
palement sur le Vcrbi- lait chair. S'allachant apollinaristes les évêijues réunis en c<jncile,
:

à la doctrine pIatonicii;nnc qui distini-'uc, dans condainiièrent leurs erreurs. Les mêmes évè-
l'homme, le corps, l'amc et l'esprit et à l'iiy- ques développèrent le symbole de Nicée, de
pothése du traducianismc, Apollinaire disait : manière «pie les symboles de Nicéc et de
« Le Christ a eu un corps et une âme, mais,
Constantinople renversèrent évidemment l'hé-
en place de l'esprit, le Verhc était en lui. (^ar, résie : ce dernier symbole est celui que récite
en admettant le contraire, ou l'on admet deux l'Eglise à la Sainte .Messe. Ensuite on dressa
fils de Dieu ou l'on ne voit dans le
Christ trois Canons sur des matières de discipline.

qu'un pur homme, soutenu par le Verbe. On Le concile de Constantinople n'eut piis d'a-
arrive ainsi à ce dilemme insoluble Ou il faut : bord l'autorité d'un conseil (pcumériiquc,
nier que le Christ ait été sans péché, ou si parce qu'il n'avait pas été indiqué par un décret
l'on admet son impeccahilité et en même temps du papeDamase et que tous les évèques de la
son union i)arfaite avec le Verbe, on nie la cutlioljiité n'avaient [las été conviés. Dans la

liberté humaine, l'attribut essentiel de l'être suite, il acquit co caractère il fut l'onfirmé
:

raisonnable ; et, dans ce cas, nous aurions été par le Saint-Siège et mis au nombre des con-
rachetés par un homme, ce qui impliquerait ciles œcumi'niques. On peut lire, entre autres,

l'inefficacité de la Rédemption. Les conciles sur ce sujet, le traité Des anciennes cntlections
de Rome, d'Alexandrie et d'Antioche condam- et colkcteurs de canons at'an/(jrû<ien(l), de? très-

nèrent l'hérésie d'Apollinaire, en attendant savants frères Ballerini, qui prouvent que le
la définition d'un concile œcuménique. symbole de Constantinople et la condamnation
Macédonius, autrefois évèque de Constanti- de l'hérésie, furent reijus peu après le Pontificat
nople, d'abord arien, puis sêmiarien, blas- de Gélase c'est chose connue que les canons
;

phéma enfin contre le Saint-Esprit. Saint furent reçus beaucoup plus tard par les églises
Augustin, parlant de son hérésie, dit que les d'Occident. Saint Grégoire le Grand {2) dit:
macédoniens ne croyaient pas que le Saint- L'Eglise romaine n'a pas jusiju'à présent et
Esprit fût de même substance et essence ([ue ne reçoit pas les canons et les actes de ce
le Père et le Fils; quelques-uns disaient Synode elle reçoit ce concile seulement pour
;

même qu'il n'avait pas de substance propre, ce qu'il a défini contre Macédonius. »
qu'il n'était pas Dier., mais seulement la déité Le troisième canon de ce concile mérite une
du Fils et du Père. mention spéciale. Ce canon décide, pour la
Au milieu de ces troubles et de ces erreurs, première fois, que l'évéque de Constantinople
beaucoup dépéri. On peut citer en
la foi avait aura, comme patriarche, la seconde pla<«
preuve ce qui arriva à Constantinople, par la après le Pontife Romain. Jusque-là. on avait
vertu de saint Grégoire do Nazianze. Le concile toujours observé dans l'Eglise, «jue les évè-
d'Antioche, en 379, l'avait envoyé dans cette ques des premiers sièges, plus tard appelés
ville pour y soutenir la religion il la trouva : patriarches, seraient considérés dans cet ordre :

CE péril et presque effacée; mais bienlùt il l'évéque de Rome à la première place: l'evèque
la releva et la rétablit dans son état iircniicr. d'Alexandrie à la seconde l'évéque d'Antioi-he
;

A l'avènement de Théodose le Grand, les ca- à la troisième. La ville de Ryzance, jusqu'à


tholiques de Constantinople avaient demandé l'époque où elle fut agrandie par Ikinstantin et
que Grégoire fut mis à la place de laricn illustrée par la résidence' impériale, avait vu
Démophile; mais l'ambition de Maxime le son évèque, mais sans aucun degré de préé-
cynique, qui convoitait ce siégeexcita un grand minence , et même soumis aux dmiUs de
trouble. L'église d'Antioche était agitée, iie l'évéque d'Héraclée. Lorsque Constantin eût
son coté, par suite de l'élection de l'évèime conféré, à cette ville, un si grand honneur et
Paulin. uiic si grande splendeur ; lorsque lAinstanti-
ces tristes conjonctures, Théodost oé-
Dans îiujde, devenue la capitale de l'Empire, com-
tirait vivement [xtrter secours à la religion et mença à s'appeler la nouvelle Rome ; il parut
mettre fin aux troubles qui agitaient l'Egnse: convenable de lui donner aussi, dans le gou-
il résolut donc de réunir, en concile, à Cons- vernement ecclésiastique, quelque ornement,
tantinople, les évèques de son empire. L'em- q>ii demonlrAt qu'il avait pris, dans l'admi-
pereur espérait, par ce moyen, taire Iraitrf nistration de l'Empire, la place de l'am ienne
toutes les affaires de l'Eglise et rétablir l'ai: -
Rome. Pour atteindre ce but. les Pcrcs du

(1) Part. U. ch. I, p. 2. —(2) tpist. xiiu. l VU.


DISSERTATION SUR LE LIVRE TRENTE-SIXIÈME. 39S

concile décrétèrent « Il fcut que l'évéquo de


: Lorsqu'on eut terminé ce qui regardait la con-
Constantinople ait la primauté d'honneur damnation d'Eutj'chès et de Nestorius, après
après l'évêque de Rome, parce que Constanti- le départ de Clialcèdoinc des évèques d'Alexan-
nople est la nouvelle Rome. drie, d'Eplièsu et de lapins grande partie des
Ce canon -"u concile de Constantinople por- prélats, malgré les réclamations des légats
tait préjudice à la dignité des sièges d'Alexan- du pape qui avaient également quitte le
drie et d'Anlioche. Les évoques de ces deux concile, ce troisième canon du premier con*
sièges passaient^ l'un, du second au troisième cile de Constantinople fut confirmé et l'on
rang l'autre, du troisième au quatrième. Les
; déclara soumis au patriarche de cette ville, le
évèiiuHs, qui avaient à défendre leurs droits, Pont, l'Asie et la Thrace.
se plaignirent de cette innovation et les
: Les légats du Pape s'y opposèrent et de-
Pontifes romains improuvèreut constamment mandèrent la révocation de ce décret. Non-
pendant longtemps cette décision du concile. seulement ils n'obtinrent pas ce qu'ils de-
Boni face 1", monté sur le siège pontifical en mandaient mais les évèques, qui avaient
;

418, écrivit à Rutin de Thessalonique, pour porté ce décret, supplièrent saint Léon le
réfuter Atticus de Constantinople qui se con- Grand de confirmer ce canon de son autorité.
duisait comme supérieur à l'évêque d'Alexan- L'em;ii'reur Marcien adressa la même prière
drie :« Je crois meilleur de laisser à votre au Pontife. Ces faits sont prouvés par la lettre
fraternité le soin de comprendre qui est le qu'envoyèrent à saint Léon, au nom de Mar- '

'

maître de l'humilité, qui est le maître de cien et de Valentinien III, l'évêque Lucien etle
l'orgueil. Mais loin des prêtres du Seigneur, diacre Basile. Maistellefut la sagesse de saint
qu'aucun d'entre eux tombe dans la faute, en Léon, telle fut sa constance à défendre les an-
tentant de nouvelles usurpations, de tourner ciennes institutions ecclésiastiques, qu'il rejeta
contre lui l^^j exemples des aïeux... Si la cir- toujours ce décret de Chalcédoine et le rendit
constance l'exige, s'il vous plait de revoir Jcs de nul effet. C'est ce que démontrent abon-
décrets des conciles, vous trouverez aisément damment les lettres qu'écrivit saint Léon à
qui est, après Rome, le second et qui est le Marcien, à l'impératrice Pulchérie, aux évo-
troisième. Que les grandes églises conservent ques qui s'étaient réunis à Chalcédoine, à
leurs dignités par les canons, celle d'Alexan- l'évêque de Constantinople Analolius, à
,

drie, puis celle d'Antioche, selon que le porte Maxime d'Antioche et à Prolère d'Alexan-
la connaissance du droit ecclésiastique. » drie.
Sixte III, nommé en 432, n'écrivit pas moins Cette résistance du Saint-Siège dura long-
explicitement aux évèques d'Ulyrie, pour leur temps ; ce fut seulement sous Innocent III, au

défendre d'obéir au patriarche de Constanti- ive concile de Latran, en 1^215, que la Chaire
nople Frères bien-aimés, dit-il, les disposi-
: (( Apostolique approuva le canon qui donnait,
tions qu'a prises, en dehors de nos ordres, le au patriarche de Constantinople, la seconda
concile d'Orient, ne vous obligent pas vous ; place après celui de Rome. On lira sur ce
ne devez vous croire astreints qu'à ce qu'il point, le docte Lequien, de l'Ordre des Frères
a jugé, en matière de foi, avec notre parfait prêcheurs , dans son très-savant ouvrage
consentement. » L'Orient cliri;tien{l), où iltraitedes origines, de
Pour ne pas citer de plus nombreux exem- l'institution, des accroissements et de la forme
ples, on sait, par ce que fit et écrivit saint d'administration du patriarchat de Constan-
lièon après le concile de Cbalcédoine,oi(mliien tinople. Personne n'a expliqué avec plus de
ce pape résista au décret de Constantinople. sagesse ce point d'hi^loi^e ecclésiastique.

(I)T.I««.
LIVRE TRENTE-SEPTIÈME

DE l'aH 303 A l'a:* 401 DB l'ÉRB CBHÉTIBNNB

Rome païenne B'Rn v<i sivce ta vieux monde; Rome chrétienne la rem-
pluee uvee un n<>u%'«Miii inontlt', A Ih Toi* nMliit Ambntiae
iiii'a'ic^lalront

ut Hnint Illsti-tln, m«iIii(. Au^io^tin «'t Hitliit .l<-rAiiie, ttuliit l^uiiilu et Hym'--
sluB, »alnt CliryHo^tunie et Hulnt :|>l|>lianc.

L'empire humain île Romi! finissait son fants sur le trône ; mais ils n'y furent jamnii
temps cl sa tficlie. C'était comme un moule de que deu.x çnfanls. Arcade, à Constantinople,
teri-c, jiouraider à former un empire liicn au- ftgé de dix-huit ans, avait pour jirincipul mi-
trement merveilleux, un empire vraiment nistre et pour tuteur Rtifin llonorius, ài<é de
;

éter= "
un empire spirituel et divin. Or, on onze ans, avait [)our principal ministre pour d
brise le . Joule quand on veut di^^a^fir la sta- tuteur Stiliclion. Rutin était un Cascon par-
tue. L'unité de l'empire i-omain avait facilité venu ;Stilichon était Vandale d'origine. Li
la propai?ation du christianisme dans l'empire plupart des (grands oiflciers do l'emiiire étaiunt
même mais elle devenait ([uelquefois un
; d'origine barbare. Raulon, qui fut consul en
ohstacle à sa propat,'ation au <iclà. Nous 8"ons 3S5, était un général franc, et lid!>»alt une
vu Sapor, roi de Perse, persécuter les chré- fille (jue nous verrons monter sur lu IrAne
tiens de ses Etats, par la raison politique que impérial de (jtnslantinople. Le (Jotli Alaric
le christianisme était la religion des césars. était comte de l'empire. (iaJnas, un autre (iolh,
(lomme le christianisme total ou h', catholi- commandait un coriis considérable du troupes.
cisme devait embrasser tous les peuples et Des Barbares de tout nom. Francs, Golli-,
tous les siècles, il covenait que sa capitale, Hims, Vandales, Alains, Ilérules, Suèvos, Lom-
Rome clirélii'iine, n'ayant d'autre souverain bards, fasaient la princijiale force des années
que son pontile devint la ca[iitale commune romaines. Les Romains, dénénérés par le luse
de tous les peuples et do tous les siècles chré- et la mollesse, n'étaient plu< ca|iablc.« ni même
tiens. De plus, l'unité de la forée dans l'em- dignes de se défendre eux-mêmes. Lhs des-
pire romain auiait fini, à la longue, par cendants il'un grand nombre d'anciennes
tlétriiire la distinction et la nationalité «les familles sénatoriales, entourés il'e ^-laves et de
jicuplcs, et par les fondre tous en une masse parasites, ne connaissaient ipie labonnn chère,
de [ilus en jilus compacte et inerte. La vie et les bains, les spectacles. Leur grande occupa-
Ja beauté de l'univers demandaient la varii'té tion était déjouer aux dés; un haliile joueur
dans l'unitt', l'activité dans l'ordre. Aussi Da- se regardait au-ilessus des consuls, yu'un de
niel et saint Ji'an avaient-ils prédit que cet leurs esclaves tardât à leur ajiporler de l'eau
empire finirait par une tlizaine de royaumes. chaude, il recevait trois cents coups de fouet ;
Rimie elle-îs»ème, pour remplir ces nouvelles le même avail-il tué un homme'? le maître
et yJorieuseN destinées, avait besoin d'être •

répondait à toutes les plaintes : Si le roquin


transformée eii une autre. Tel qu'un métal recommence, e le corrigerai ! .\vaicnt-ils
précieux, elle sera donc bri^^ée et jetée dan-; la voyagé un peu loin dans lesrampa;;nes. a-s<islé
fournaise, afin de s'y défaire de la rouille du à une partie de chasse, navigue sur le lac
pai;anisme, en sortir toute chrétienne et deve- d'Averne jusqu'à l'ouzzoles <>u Caéle? ils
nir, jusqu'à la fin du monde, la ditrne niéiro- croyaient avoir égalé les expi'tlilions d'A-
pole d'un nouvel univers. Ces merveilles ne lexandre et César. Un grand nomhre assuraient
seront pas l'u'uvre d'un jour. Car ce n'est pas ne croire à aucune divinité; mais .-ivant .le
riionirae qui les opère, mais Dieu, à qui est sortir île la maison, ou de se mettre à table
l'éternité. ou au bain, ils consultaient soiiineusemenl
Théodose était mort à Milan son corps fut
; dans quelle partie du ciel était .e si:.'ne de
transporté à Constantinople et inhumé dans le Mercure ou de l'écrevisse. l'n Autre, pour
tombeau onlinaire des empereurs. .\vee l'em- échapper aux poursuites d'un créancier, le
pereur Théodose, il semble qu'on eut enseveli faisait accuser d'empoisonnement par un co-
a jjloire de l'empire. Il laissait ses deux en- cher du cirque, jusqu'à ce qu'il ciit rendu U
UVRB TRENTE-SEPTIÈME. 395

créance. Tel est le tableau qu'Ammien-Mar- sents, se mirent à genoux pour prier avec lui.
celliu nous trace du «énat «le Rome. Le peuple, Saint Augustin, ipii était dans la compagnie,
fainéant, ne connaissait de vie que le vin, les rapporte que les chirurgiens, étant venus le
dés, les spectacles, la débauche; son temple, lendemain, trouvèrent, à leur grand étonne-
sa demeure, son tout, était le grand cirque. Ce ment, la plaie parfaitement guérie (2).
qui l'occupe, c'est de savoir quel cocher l'em- De Carthage il se rendit h Tagaste, et se
portera dans la course des chars. Si ce n'est retira avec ses amis dans les terres qu'il avait
pas un vCl, s'écrient les plus âgés, l'empire auprès de cette ville. Il y demeura environ
romain est perdu !Los Pères de l'Eglise par- trois ans, dégagé de tous les soins du siècle,
lent à cet éf?ai-,r comme l'auteur p&ïen (1). On ne vivant que pour Dieu, s'y exerçant au
conçoit qu'avec une pfénéralion ou plutôt une jeûne, à la prière, aux bonnes œuvres, médi-
dégénération pareille, l'enipireélail perdu de- tant nuit et jour la loi du Seigneur, et instrui-
puis longtemps, et que, soutenu par les Darha- sant les autres par ses discours et par ses écrits.
res.ii tombera dés (jue les Barbares le voudront. Il vendit même ses terres et en distribua l'ar-
Stiliclion et Kuiin leur donneront occasion de gent aux pauvres, afin de servir Dieu clans
le vouloir. une entière liberté. Il écrivit alors, d'un style
Dominés précédemment par le génie supé- plus simple qu'il n'avait encore fait, les deux
rieur de Thi'odose, ils dominaient sous ses livres De la Genèse, pour réfuter les calomnies
faillies enfants. Pareils l'un à l'nulrc en capa- des manichéens contre l'Ancien Testament, Il
cité, ils vendaient les charges aux magistrats, acheva son ouvrage iJe la Musique, pour montrer
qui s'en dédommageaient .sur leurs subalter- comment, de l'harmonie variable dos sons et
nes et ceux-ci sur le penple. Les officiers mu- des nombres, l'esprit peut s'élever à l'harmo-
nicipaux étaient autant de tyrans. Les riches nie immuable et éternelle de Dieu et de ses
faisaient retomber le poids des contributions œuvres. Il composa dans ce même; temps le
publi(iues sur les pauvres y avait-il une
: livre Du Maître, (jui est un dialogue avec son
remise? les riches seuls en profilaient. Des fils Adéodat, où il examine curieusement l'u-
pauvres se mettaient-ils sous ïe patronage de sage de la parole, et prouve ({u'il n'y a point
certains riches? Oeux-ci, non contents de les d'autre maître qui nous enseigne que la
dépouiller de leur petit champ, les forçaient vérité éternelle, qui est Jésus-tihrist. Saint
de continuer à en payer l'imjiot. D'autres mal- Augustin prend Dieu à témoin dans ses Con-
heureux abandiuinaient-ils à des riches leur fessions, que toutes les pensées qu'il attribue à
petit avo.i- [lour se rendre leurs fermiers? Ils son fils dans cet ouvrage étaient effectivement
se voyaient bientôt réduits à la condition d'es- de lui, quoiqu'il n'eût que seize ans, et dit
claves. Rien de semblable n'avait lieu sous les qu'il a vu des effets plus merveilleux de son
Barbares. Aussi, quand les Barbares arrive- esprit, en sorte qu'il en était épouvanté. Mais
ront, verra-t-on le jiauvre peuple se réfugier il perdit ce fils peu de temps après.

sous leur domination et s'en réjouir. F\utin, Le dernier fruit do sa retraite fut le livre
non content d'être le premier ministre il'Ar- De lu vraie Heligion. Il y montre qu'on ne doit
cade, asiiirait à èlre son collègue Stiliclion ; pas la chercher près des philosophes païens,
cachait une ;unbition semblable sur l'einiiire (jui ap[irouvcnt, par leurs actions, le culte po-
d'(J<;cident. Pour parvenir à leurs lins, en se ]Milairi! qu'ils condamnent par leurs discours.
remlant de jibis en plus nécessaires, ils négo- On ne doit pas non |dus la chercher dans la
cieront secrètement avec les Barbares, et les conliisioi) du iiiiganisme, ni dans l'impureté
appelleront sur les terres de l'empire, d'où ils de riiei'ésie, ni dans la lant;ueur du schisme,
ne sortiront (iliis. ni dans l'aveuglement du judaïsme ; elle ne se
Autant l'c^mpire menaçait ruine, autant trouv{^ que dans l'Eglise^ catlioliipic, qui est
l'Eglise s'alb'rmissait de toutes parts. Dans ré]iandr.e giMiéralemeiit [lar toute la terre, et
tous les pays (die voyait des suints et des doc- qui est ap|iel(>e catholique; non-seulement par
t<!urs. En Arii(|U(!, saint Augustin continuait les siens, mais encore par tous ses ennemis,
i combaltro les héréticpics, particulièrement qui, [larlant d'elle, soit entre eux, soit avec
fcs manichéens. Arrivé de f{ome à Carthage les éti-angers, ne l'ajqiellent pas autrement
»ers le mois de septembre ,'i.SH, il logea quelque que catholiipie. Cette Eglise l'ait servir l'éga-
temps che/ un avocat de grande vertu, qui se rement des autres à son propre bien. Elle se
nommait Innocent. Celui-ci était attaqué d'une sert des païens comme de la matière dont elle
Jwtulo. dont plusieurs o^térations n'avaient pu fait ses ouvrages des hérétiques, comme
;

H! délivrer on devait lui on faire une nou-


; d'une preuve de la pureté de sa doctrine des ;

velle (pii «'lait fort dangereube. Innocent, qui Rchismaliques, comme d'une marque de sa
•egardail ,1 inurt ecimnie certaine, demandait fermeté, et des Juifs, pour relever son éclat et
nslamnienl.i IIiimi irelr(! dAlivré de ce danger. sa beauté. Elle invile les païens, elle chasse
Saturnin, l'veqiK; d'U/alos, Auiélius, qui fut les hiMétiques, elle abanilonno les schisma-
depuis élevt'i sur le siège de Carthage, et plu- liques, elle passe et s'élève au-dessus des Juifs,
sieurs autres ixclésiastiques qui lui rendaient huM' ouvrant néanmoins à tous l'entrée des
de Iréqueules visites et qui étaient alors pré- mystères et la porte de la grâce, soit en for-

(I) Amm., I. XXVIII, n. 4. Isid. Pel.. 1. I, Episl. cdlixxv, cdlxxxvm. Salv., I. IV, V, VU, pan 8yD«8.,
Spist, cxxvu. — <i) Aug., De Civ., I. XXll, c. xviu.
S9B HIST01HE tJNrVl:RSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
mant la foi des premiers, ou en réformant l'er- ordonné prêtre, malgré sa résistance, vers !•

reur des seconds, ou en remottaiil les autres lommcnccmeut de l'an 391.


dans son sein, ou en ailuu-ttaul les derniers à conserva toujours l'amour de la retraite,
Il

la société de ses enfants. Le premier fonde- et vfmlut vivre à lli[ipone dans un monastère,
ment de cette religion est l'histoire et la pro- comme il avait fait à 1 agaste. Valère, le voyant
phétie, qui nous dt'couvrent la conduite de la dans celte dis[)osition, lui donna un jardin Je
divine Providence dans le cours des temps l'église, où il rassembla diverses pers<jnnes qui
i)()ur la réparation et la réi'orin.ilion du Lrcnre avaient, comme lui, le désir d#-se donner en-
humain, et [lour lui procurer la vie élcnudlo. tièrement à Dieu. 11 y menait avec eux la
Le second, sont les préceptes divitis cjui doi- même vie que les premiers chrétiens à Jé-ru-
vent régler notre vie et jjurilier notre cspi il, salem, ilu temps des apôtres. Ceux d'entre
alin de le rendre capahlc des choses spiiilind- eux ipii avaient du bien, le vendaient et en dis-
les, c'est-à-dire de connaître ipi'il n'y a iju'nn tribuaient !e prix aux pauvres, ne se réservant
Dieu en trois iiersonncs, le IVre, le Fils et le d'autres fonds que Dieu même. On met au nom-
Saint-Espril, ipii ont, sans aucun parfaire, bre deses disciples, Alypius, Evodius, l'ossidius
créé le monde et 'coût ce «ju'il contient, l'In- et plusieurs autres qui furent tirés de ce mo-
carnation et tu-'.j les mystères ipii en sont la nastère pour être idevés à l'épiscopat. Saint
suite. Dans
ses /iélructaltons, il observe ipie la Augustin y recevait aussi des enfants, des
vraie religion, nommée chrétienne depuis esclaves et de simples catéchumènes. La con-
l'avénemcnt du Christ, existait dès l'origine tinence était observée de tous. 11 fil pour les
du genre humain (1). vierges la même chose qu'il avait faite pour
Pendant que saint Augustin s'occupait ainsi les hommes, et établit pour elles un monastère
dans sa retraite jirès de Tagasle^ il y avait un à Hippone, dont sa sœur fut supérieure, et
agent de l'empereur à Ilippone, ville maritime qu'idle gouverna longtemps et jusqu'à sa
du voisinage, qui, étant di'jà de ses amis, mort, servant Dieu dans une sainte viduité.
souhaita fort de le voir et d'entendre la parole Les filles de son frère et de son oncle y étaient
deDieu de sa houche. Il ét.iit déjà chri'ti(>n, aussi. La ville d'Hippone subsiste encore, du
et assurait même qu'il jiourridt hien renoncer moins en partie c'est Bone, en Algérie.
:

à toutes les vanités du siècle. Saint Aui,'ustin, Cependant Valère rendit publiquement
espérant de le gagner entièrement à Dieu et grâces à Dieu d'avoir exaucé ses prières, et
de l'engager même à venir demeurer avec lui donna à .\ugustin le pouvoir et la commission
dans sa retraite, vint à Hippone, eut plusieurs d'expliquer l'Evangile au peuple, en sa pré-
entretiens avec lui et le pressa extrêmement Bence et à sa place. C'était contre l'usage de
d'accomplir ses promesses. Mais il ue put lui l'église d'Afrique, où les évêques seuls avaient
persuader de l'exécuter alors. Valère gouver- accoutumé de prêcher. Aussi quelques évêques
nail en ce temps-là l'église d'Hippone. C'était le trouvaient mauvais. Mais Valère, sachant
un lujinme de piété et plein de la crainte de qu'il suivait l'usage des Orientaux, et cher-
Dieu, mais Gi-ec de naissance, de sorte qu'il chant l'utilité de l'Eglise, ne se mettait pas en
avait peine de s'énoncer en latin. Se voyant peine de ces discours. Saint Augustin ne se
donc par là moins utile à son église, il deman- rendit pas d'abord à cet ordre de son évèque;
dait souvent à Dieu de lui donner un homme il lui demanda du temps pour s'instruire
capable d'édifier son peuple par sa parole et encore, et lui écrivit en ces termes a Je vous :

par sa doctrine. Un jour il parlait à son peuple prie de considérer avant toutes choses, qu'il
même du besoin qu'il avait d'ordonner un n'y a rien dans la vie, principalement en ce
prêtre pour son église. Saint Augustin était temps, de plus facile et de plus agréable que
présent, ne se doutant de rien car il évitait ; la fonction d'évèque, de pn^tre ou de diacre,
avec soin les églises qui manquaient d'évèque, si on la fait par manière d'acquit et en se
de peur qu'on lu. le choisit mais il ne savait
; rendant complaisant ; mais que rien n'est de-
pas qu'il manquait un prêtre dans celle d'Hip- vant Dieu plus misérable, plus injuste et plus
pone. Le peujde. qui connaissait sa vertu et sa condamnable. Au contraire, rien n'es.t plus
doctrine, et qui l'aimait, ayant appris com- difticile, plus laborieux et jdui dangereux que
ment il avait abandonné son bien pour se con- ces emplois et rien
, n'est plus heureux
sacrer à Dieu, se saisit de lui au milieu de devant Dieu, si on y sert de la manière qu'il
l'église, et le présenta à l'évèque. le priant l'ordonne. Je ne l'ai pas apprise dans ma jeu-
tous unanimement et à grands cris de l'or- nesse et quand je commençais à l'apprendre,
;

donner prêtre. Augustin fondait en larmes. on m'a fait violence pour me mettre à la
Quelques-uns les interprétaient comme s'il seconde place. Je crois que Dieu a voulu me
eût été affligé de n'être iiue prêtre, et lui di- châtier de ce que j'osais reprenilre les fautes
saient pour le consoler H est vrai que vous
: des autres ; et j'ai bien reconnu depuis ma té-
méritiez une plus grande place, mais la prê- mérité. Que si je n'ai vu ce ijui me manquait
trise approche de l'épiscopat. Lui cependant que pour ne pouvoir plus l'acquérir, vous
pleurait par la considération des granils périls voulez donc, mou pêre.tjue je périsse'? Où est
qui 'e menacjaient dans le sacerdoce. Entin. le votre charité pour moi et pour l'Egii-e Il '.'

désir du peuple fut accompli, et saiut Augustin conclut en lui demandant un peu de temps,

0) H'tracl.. l l, «. xui.
LIVRE TRENTE- SEPTIÈME. m
("omme jusqn'à Pâques, pour s'instruire par craigne dans nos discours. De cette manière,
la lecture et la prière, non pas des choses né- les spirituels ou ceux qui en approchent
cessaires au salut, car il avoue qu'il les sait, seront touchés les premiers, et ils entraîne-
mais de la manière de les enseigner, sans ront la multitude par leur autorité. Et parce
cherchei- son utilité, mais uniquement le sakit que ces ivrogneries et ces festins dissolus qui
des autres (1). 11 commença ensuite de prêcher, se font dans les cimi'lières sont regardés par
et avec un te' succès, que d'autres évèques le peu[do grossier et ignorant non-seulement
suivirent l'exemple de Vàlère et firent prêcher comme honorables aux martyrs, mais comme
h's prêtres. un soulag(!ment pour les morts, je crois que
Aurêlius, qui n'était que diacre de C.arfhatçe l'on i)ourra plus facilement les en détourner
|ors({ue saint Augustin revint d'Italie en 388, si, en le leur défendant par l'autorité des Ecri-

en fut fait évèque après la mort de Génèthlius, tures, ou prend soin en même temps que les
vers l'an .'192. Aussitôt après son onlination, oblations (lu'on reçoit dans l'Eglise pour les
il en écrivit à saint Augustin, avec lequel il morts se fassent avec modestie et avec peu de
était lié d'amitié depuis longtemps; il se re- dépenses. Saint Augustin se plaint ensuite des
commandait à ses prières, et se réjouissait de querelles, des animositéset des fourberies qui
ce qu'Alypius demeurait avec lui. Saint Au- régnaient plus encore dans le clergé (jue dans
gustin, ravi de cette lettre, où il voyait des le peuple. Il dit que le seul moyen de les com-
marques d'une affection sincère, fut quelque battre est de tacher d'inspirer aux ecclésias-
temps sans y répondre, ne sachant comment tiques la crainte de Dieu et la charité, par des
le faire d'une manière convenable mais enfin ;
exhortations fréquentes et tirées de l'Ecriture
il s'aliandonna à l'esprit de Dieu, dans l'espé- sainte. Mais il veut que celui qui l'entrepren-
rance (ju'il lui ferait faire une réponse digne dra soit lui-même un exemple di; patience et
lin zèle qu'ils avaient l'un et l'autre pour le d'humilité, et qu'on voie qu'il exige toujours
bien et l'honneur de l'Eglise. bien moins de respect qu'on ne veut lui en
Après donc l'avo^: remercié, au nom d'Aly- rendre (2).
pius et de tous neux qui vivaient avec lui en On ne sait pas si Aurélius vint à bout de
communauté, de l'amitié qu'il leur témoignait, réprimer ces désordres. Un concile tenu à
il l'exhorte à réprimer les intempérances et Hippone, en 393, ordonna (ju'im détournerait
les ivrogneries qui se commettaient en Afrique, le peuple de ces festins autant qu'il serait pos-
dans les églises, non-seulement les jours de sible paroles (jai marqutuit comiiien la chose
:

fêtes, mais tous lesjours, et cela sous prétexte paraissait difficile. Saint Augustin y réussit à
d'honorer les martyrs. Il lui fait remarquer Hippone, l'année suivante 39 i, pour la fétc de
que des trois vices que saint Paul condamne saint Léonce, évèque de cette ville. Le peuple
dans son épitre aux Romains, l'excès du man- avait accoutumé de faire, surtout en ce jour,
ger et du boire, l'impureté et la division, il ce qu'il appelait la réjouissnnce. Quelque
n'y avait que l'impureté que l'on punît et que temps auparavant, on le lui défendit. Cette
l'on regardât comme indigne de la sainte défense excita du murmure, qui alla tmijiuu's
table mais que, pour les autres, on les sup-
;
augmentant jusqu'au mercredi, veille de l'As-
posait tellement permis, que l'on croyait cension, qu'on lut dans l'église cet endroit de
même honorer les martyrs en s'cnivrant sur l'Evangile Ne donnez pas la cliose sainte aux
:

leurs tombeaux. Il lui dit que ces désordres chiens, ni ne jetez vos iierles devant les pour-
n'ont jamais été dans les églises d'Italie, ni ceaux. Saint Augustin en [jrit occasion de
dans la plupart d'oulre-rner, ou que, s'ils y montrer combien il était honteux de faire,
onteb'^, les évèques vigilants lesont nîformés. dans un lieu aussi saint (juc l'église, des excès
li ajoute que Valêre, .son évèque, ne manquait ipi'on punirait, dans des maisons parti'u-
ni (II! de science pour les abolir dans
zèle ni lieres, par la privation des choses saintes. Sou
son diocèse mais (jue c(!tte pestilence était si
;
discours tut bien reçu mais comme l'assem-
;

invétérée, qu'il n'y avait pas heu d'espérer blée n'avait [>as été nombreuse, il reprit le
qu'on put y porter remède, si ce n'est par même sujet le jour de la l'ète, où on lut l'Evan-
.aulorilé d'un concile, et que si quelque gile qui raconte comment ,lcsus-(jbrisl chassa
égli-*e particulière devait le faire, c'était à du temple ceux qui vendaient des animaux. Il
celle do (jarthage à commencer. Mais il faut, fit voir que l'ivrognerie était beaucou[i plus

dit-il, s'y prendre doucement; car on n'ôte contraire au temple de Dieu (lue le commerce
pas des abus de ce genre par la dureté, n'> d'une des animaux nécessaires aux sacrifices. Il
manière iniiiiirieuse c'est plutôt en ensei-
: ajouta divers endroits île l'Ecriture pour mon-
gnant qu'en commandant, plutôt en avertis- trer combien l'ivrognorie est un crime infâme
sant qu'en menaranl... (^'est ainsi qu'on doit et dangereux, et <|U(!, loin qu'on puisse en
agir envers la multifûde, au lieu <pi'on |)eut faire un acte de religion, ni l'exercer dans les
user de .sévérité contre les péchés des pailicu- lieux sacrés, saint Paul iw voulait [>as même
liers. Si nous faisnus donc quelques menaces, ([u'on y fît les repas les plus modestes. Les
que ce en gi'uii^>ant et en employant
soit gémissements et les marques de douleur dont
ii'lles de l'Ecriture, alin (jur ce ne soit pas il accompagna son discours, les ju-ièrcs vives
iiou-i et not( « puissance, mais Dieu, que 1 ou et réiteréesqu'il adressa à soa peuple, les chà-

(t) Augusiiu., Jb'pivf XXI. — {i) ibiil., Kpist. xza.


3M HISTOIRE UNIVEnsiîIil.E DB VÛGUSE CATHOLigDB
iiiiKuiU doOl û iflpna(;n tle lu pnrl iI'j Diou, ment retenu jiar les [ironif?Fsc« ninKniri(|ue4
tiivttnt les litrmuB dis sa» aiidiUturA, lil il ne des madiihéenH de ne rien onsciKner qui le-
piil s'eiiiiiLM'JKT d'y mL'iPi- icssiciini;». Ooynnt fut évident par la rai"!)!!, ^e moquant île l»
avoir (;iii|iiii'|p eu ijn'i! dûsiriiit, il eessti do ^lise cutliolii]ue, qui ordonne de croire d'a-
(mi'lrf imiii' nnidin Krâcc» à Dion, bord. Saint Augustin lui rappelle qu'avec
En c/lr;l, dus oc jour celUî inauvniBO r.ou- toutes ces promesses trompeuses de wiencc,
tuiuc l'ut uliDiie. Il .'iri'iva iKîaninoiii.s le Icn- les manichéens le- avaient obligés de croire
duniaiii. ijui iHiiil lu ItHc di' cuiiil Lf-iinco, qurj et d'adorer milji! labkw absurdes. Qu' thiTche
qiiiiltnK's-iiiisde ceux lui-ini'» (]ui avaii;nt aa- la vraie religion, dorf: c:-iyrr;> avant tout quo
sislM lu vi'illd il son sitiiioii imiiiniirèrnnt pm- Dieu gouverne le munne pur sa piovidence,
t'ort!, ot disuicut l)n ijiioi n uvisu-l on inaln-
: et que nos âmes sont immortelb;s. Mais pour
tenaiil '.MiiMixiiui onl sonllirt (cltiM'initumu la trouver, quelle métlioile suivre? Oonsul-
n'étalonl-ils pas clinHinns? Suint Aiifîiisliii. tons la [dus granile renomHMJe. Car, suppo«é
ni! sai'liaiil 4UoUn grandi- inacliiiiii em-
[ilus qu'elle nous tromiie. du moins nous nou4
ployer pour les élirnnler, avait résolu de lire tromperons avec le genr» nn^jain, ce qui n'er-l
le pas«a(^e (riizi'chicl ijui dit ijue la scntinello pas étonnant pour des liunimes. Mais, direz-
e«l décliargée ijuand elle ii annoncé le péril, voiis, la vérité est à un petit nomlire. l'our
eiisuilo do sei'ouer ses habits et de se retirer; l'assurer, vous la connaissez donc, et ciqien-
uiais Dieu en disposa autrement. Avant tju'il dant nous la ciierchons. La vérité est jieut-
montât en chaire, les mêmes qui avaient fait ètre à un petit nombre comme l'i-loquenic ;

ces plaintes lu vinrent trouver. Il les reçut peu pos-édent parfaitement, mais la multi-
la
d'une niatiière caressanle, et, en peu de mots, tude recoimait qu'ils la posi-èdent, et les en
leur lil entendre raison. Quand le temjis de admire. Mais, insistez-vous, dans l'Kglise ca-
prêcher l'ulvenu, il laissa la lecture ipi'il avait tholique, où se trouvent le grand nombre, on
préparée et qui n'était plus nécessaire, et enseigne des absurdités. Qui l'a-sure ses en- '/

pour n'pondi'u à cette objection l'ounpioi : nemis. Vous les avez reconnus vous-mém'-,
aliolir à présent cette eoiitume? il dit .\hu- : dites-vous, en lisant les Ecritures. Cela csl-il
lissons-la du moins à présent. Mais [lour n'a- bien ci-rtain ? Kh quinl pour bien ctmpi('U>lre
voir pas l'air de blâmer ceux qui l'avulcnt un poëte, on consulte le plus habile commen-
soutrcrle, il expliijua lu néces-ité qui l'uvait tateur, et ces livres divins, vifuérés par tout
introduite. Après les persécutions, les païens, l'univers, vou- voudriez les lire et lesjumT
qui se convertissaient en loule, avaient j)eino sans guide? Finalement, si nous ciierchons À
à renoncer aux fe-stins qu'ils faisaient en quelle religion confier nus l'iuies pour les pu-
l'honneur de leurs idoles; onculi'gard à cette rifier et les guérir, il est iiicouteslabb- qu'i,
faiblesse, et on leur [lermit de faire ipielque faut commencer pur l'Eglise cutholique.
réjouissance scmlduble en l'hotineurdes mar- C:ir déjà les chrétiens .sont en plus grand imiu-
tyrs, en attendant qu'ils fussent capables des bre que les Juifs et les idolâtres r>uiii>. Et
joies purement spirituclbis. Mais à présent, il parmi les chré'àens, ijuoiqu'il
y ail plusieurs
est temps de vivre en vrais (îhréliens, et de secles, tous néanmoins veulent passer pour
rejeter ce qui n'a été accordé à vos père* que catholiques, tous convieniii-iit qu'il n y a
pour les rendre chrétiens. Il leur proposa qu'une Eglise, ot que celle Eglise est catho-
euHu l'exemple des é^flises d'outre-mer, c est- lique. Il ne s'agit plus ijuc voir à qui ce tilr'-,
à-dire d'Italie, dans lesquelles celte coutume ambitionné de tous, apjiartient en jiriqire.
n'avait jamais eu lieu, ou avait été abolii; par Ce qui n'est pas mal aisé, car c'e-l evi.Jem-
les bons évètpies. On objectait l'exemple de ment l'Eglise qui christianise les lois mêmes
l'église de Saiut-Pierre du Vatican, où ces des hommes.
festins se faisaient tous les jours. Saint Au- Saint Augustin ayant rappelé à son ami de
gustin répondit J'ai oui dire tju'ils ont été
: quelle manière il elait revenu lui-même a la
souvent défendus; mais le lieu est éloif<né du religion catliolii|uo, conclut <|uo lu vruie reli-
logement de l'évéque, et, dans une si grande gion ne peut se communiquer bien que |>ar
>ille, il y a uue quantité d'hommes charnels, l'autorilé. C'est un iléfaut d'eire crédule j mais
principalement d'étrangers qui y ubonlent de ce n'en est pus un de croire, surtout en r li-
jour en jour. Après tout, il fallait avoir moins gion. l'eu, si encore il y en a, sont cup - i

d'égard à ce qui se pratiquait dans une basi- de commencer par compivndrc. i^i niiiliii .-
lique de Rome qu'à ce que saint Pierre en- ne [ici't arriver a la compri'hoiisioii que \' <- i

seigne contre ces di'iéglements iluus une de pas. Lu voie commune e-l donc île roiie il a- •

ses épitres, dont il lut un graud passage. Saint bord. Le plus capable rampe a terre, si iMeu
Augustin écrivit l'heureux succè.s de ses ef- ne lui est en aide; et Dieu ne lui
i

forts à son ami saint Aly|>iiis, dès lors évéque qui ne se ."^epare jiuint do ses fci. I, i-
de Tagaste, leur commune patrie(l). milié, lu pieté liliale. la société |iiii',,,iiii- luul
Dès auparavant il avait écrit le livre Ih entière reposent sur lu croyumt '«u leiimi-
CLUilité de croire, à un autre luui nommé Ho- gnagir d'uutnii; et il serait alisiirdh de <'i..
norât, qu'il avait autrefois attiré lui-même eu religion? Lo licretiqucs, i|ui iio voul.n' i^t
dans le manichéisme, et qui était principale- que la raison, voulaient cependant tous que

(1) Auf .,
fcrVRE TOENTB-8EPTÎËME. m
l'on L'ommetiçM par «'Poire au Christ : ce qui Eglise, qui est arrivée par là au comble de
étatise contrcrlire. De |ilu=, comme je n'ai l'auti.rité(l)?
pas vu le Christ de mes yeux, sur l'autorilé Saint Àugnslin écrivit ensuite son iivic
de qL.i oroirai-je, si ce n'est lins nations et clos Des Deux /lni°», que les manichéens disnient
peu|.,es que renferme et qu'a persuadés l'IC- être dans chaque homme, l'une bonne, l'autre
gli"c i'atholirjiie? Pourquoi donc la même au- mauvaise la première, parcelle de la suhs-
:

torile qui me fait ('(jiinaltre et cioiie le Christ lanci! divine et cause de tout ce qui se fuit de
ne pourrait-elle ]ms me faire connaître ce ((uo bien en nou? la seconde, de la nature ou dU
;

le Cinist enseigne? l'our .^niérir l'iiumaniti', principe des lénêbi'ï;, propre à la chair, et
le Cirisl l'est par les mi-
concilii' l'aulorili'^ cause ae tout le mal que nous faisons. Il
racle/!, la foi par multitude par
l'autoriti', la prouve, en premier lieu, que l'âme, étant ub
la f.n, l'ancienneté [lar la multitude et par esprit et une vie, ne peut avoir d'autre auteur
ranciennelé 11 a conlirtm' lu religion; de telle qui- le souverain principe de la vie, ipii est le
sorte que, ni la fraude des hérétiques ni la seul et vrai Dieu, 11 montre qu'il n'y a aucune
violence des idolâtres ne peuveut l'éhrun- nature ni aucune substance mauvaise d'elle-
1er. même, et que le défaut de notre âme ne con-
E.i un mot, si nous croyons à la providence siste ipie dans l'abus que nous faisons do notre
de Dieu, nous devons croiri! qu'il a étahli lui- liberté.
même une autoritt! piir la([uolle il veut que L'année suivante, 392, il eut une conférence
nous nous élevions jusqu'à lui, comme par de deux jours avec un prêtre manichéen ,
certains degr^is qui nous soutiennent. Il n'y a nommé Fortunat, qui demeurait à llippon»!
que l'autoriti'! qui frajqie et touche ceu^j (jui depuis longtemps. Il y avaitsiMluit un si grand
n ont point assez de sagesse elle seule la leur ; nombre de personnes, que le séjour lui eu
fait eudirasser; ce fait en deux ma-
tju'elle était très-agréable. Les catholiques et même
nières, savoir en nous émouvant parles mi-
: les douatlstes pi-ièrent Augustin d'entrer en
racles et par le grand nomhre de ceux (pii conférence avec lui sur lacloctiine do la foi. Il
suivent sa doctrine. L'Eglise ne persuade pas ne s'y refusa point, mais demanda si Fortu-
moins par la [lureté de ses mœurs; parl'ahsti- nat le voudrait de même. Ce dernier eut [leur
nence et l'austérité d'un si grand nond)re de car il avail apjiris à le connaître ù Carthage.
pénitent»; par la chasteté avec laquelle tant Ni'anmoins, pressé par les siens, la honte lui
do vlerg(!s vivent dans le corps comme si elles fît accepter. On prit jour et heure. Tout ce
notaient ipi'un pur esprit par la patience;
qui se dit de part et d'autre fut écrit par des
aveu laquelle tant de martyrs ont enduré les notaires ou sténographes, comme dans des
plus gramls supi>lices; par la charité sans actes publics. La question était D'où vient :

noriies avec laquelle tant de saints ont distri- le mal ? Augustin faisait voir qu'il vient du
bué tout leur Inen aux pauvres, en préférant libre arbitre de la volonté humaine. Fortunat
pour eux-mêmes lu ]Hiuvreté aux richesses; prétendait, au contraire, que la nature ou la
Kir le détachemeul du monde et le mépris de suhstance du mal était coéternelle â Dieu.
vie présente, qui ont éclaté dans plusieurs Mais, le second jour, il confessa devant toute
saints, avides d'en sortir pour aller jouir de l'assemblée qu'il ne savait plus que lépondre
Dieu. aux raisons de son adversaire, et dit c|u'il les
On dira peut-être qu'il y a peu de per- examinerait avec ses supcricuis. Il cul tant
sotincs qia fassent des choses si extraordi- de confusion de sa défaite, qu'il quilt.i Ilip-
naires, et iju'il y en a encore moins qui les pone et n'y revint plus ; mais il ne se convertit
fassent bien et avec prudence'.' Mais les peu- pas.
ples approuvent toutes ces choses les peuples ; Deux ans après, c'est-â-dire vers l'an yji,
les entendent raconter avec respect les peu- ; Augustin entrc[iritdecomliattre un autre ma-
ples les révèrent; les peuples les aiment en nicbi'cn, connu sous le nom d'Adiniaiile. Il
ceux (jui les pratiquent les peuples accusent
: avait fait un écrit où il o|>posait les passages
leur propre iaihlessc, île ce qu'ils ne jxMivont de l'ancien et du nouveau l'eslaineot, connue
pus les pratiquer eux-mêmes ce qu'ils ne ; opposés l'un à l'antre. Saint. \iigusliii montra
l'ont pas sans quelipie élévation de leur âme qu'ils se conciliaiciit très-bien (:2).

vers Dieu, et sans ipiolipies étincelles de vertu. Saint Augustin enseignait en public et en
La divine Providimcc a opéré ces cho.ses par particulier; il cou battait toutes les hérésies,
les prédictions des pnqihetes, par l'incarna- soit en composant des livres, soit en parlant
tion et la doctrine du (Christ, par les voyage» sur-le-cham[i mèiiu'. H s'attacha surtout à
des apotri's, par les outrages, les croix et le réfuter et a convertir les diuialistes. Leur
sttUg lies marlyis, par la vie admirahli! des sei-te, si peu raisonnable qu'elle lût, était si
saints, et par des miracles ilignos de tant do puissante en Afri.|Ui; lorsqu'il commença â
grandes actiiuis do tant <le vertus, selnn «pie paraître, que, dans Icttr concile de Ibigaie, il
les temps domaiulairiit. En voyant une pa-
Ir se trouva trois cei\(s dix ovèquos, outrecenl
reille assistance île Dieu, et h's fruits im- autres qui suivaient un .lulro parti, l'ossidius
menses qu'i'Ue a [Moiliiits, halaiiceroiis-nuus assure qu'elle nuileruinit la plus grand i;ir-

eaoore à uoub retirer diius lu scia de cette tiède l'Afrique, Dans lliiqiuue, iM "
cutlio-

(l) Dt Uut. end., t. Vlll. u 13, IS, 16, 17. 10, It M» 18. K, ». - (I) Ut duaê.
«00 HTSTOTRE UNIVEHSET.W : i/tCiAHF. CATHOLIQUE
iiqufts étaienten si petit nombre, et les ilona- vivant. Maison rassiiraquec'étaitunechosec-
tisles y régnaient si aijsoluinenl, que, [icu dinairc, et on luien allé.'uaplusi'-urs exemples,
avant que saint Augustin y arrivât, Faustin, tant des églises d'Afrique <|ue de celles d'ou-
leurévéque, •iéfcndait d'y cuin; du pajii ]t'inr tre-mer. Ne trouvant donc plus d'excuse et
les catholiques, cl un maître n'avait pas le craignant de nisister à l'ordre de Dieu, il con-
crédit de se faire obéir de ses domestiques sentit, malgré lui, à accepter le soin el les
contre cet édit d'un homme sans juridiction. marques de la dignité épiscopale. On ne laissa
Mais sitôt que le saint eut commeiice à prê- pas de trouver à redire à celle ordination, et
cher et à instruire, l'Eglise catholique, si le saint avoua depuis, de bouche et par écrit,
abattue et si ojiprimée, (•ommen(;,a à relever (ju'elle était contraire au huitième canon du
la tète et à s'accroître de jour en jour [tar le concile de Nicée. Mais lorsqu'il fui choisi
grand nombre de ceux qui abandonnaient le évèque, ni lui ni Valère ne savaient point ce
schisme. Les hérétiques aussi jjien que les que le concile de Nicée avait ordonné à cet
catholiques accouraient avec ardeur pour égard.
l'entendre, et plusieurs amenaient des écri- Tant qu'il ne fut que prêtre, il demeura
vains en notes pour conserver ses discours : dans le monastère de religieux qu'il aviiit
on allait les porter aux évèques donalistes. établi à Ilip[)one; mais, voyant qu'en qualité
Les donalistes eux-mêmes, surtout ceux d'évêquc, il ne pouvait se disjienser de recevoir
d'ilippone, y étaient les plus ardents. Quand continuelli'mcnl des étrangers, il voulut avoir
ces évèques croyaient en avoir donné la ri'fu- avec lui dans la maison épiscopale les prêtres,
talion, leurs peuples mêmes leur faisaient les diacres et les sous-diacres >\ui desser-
voir qu'ils ne répondaienl [loinl à laqucslion vaient son ('glise. Il menait avec eux. autant
principale. C'est (pic saint Augustin avait ijii'il lui était possible, la vie des premiers
mis l'histoire el la réfutation du donalisme chrétiens de Jérusalem, qui avaient tout en
en forme de chanson populaiie, avec ce re- commun c'était la loi à laquelle s'enga-
;

frain après chaque couplet vous tous (pii


: geaient tous ceux qui entraient dans son
aimez la paix, jugez maintenant de la vérité! clergé, el il n'ordonnait aucun clerc qui ne
Les évèques donalistes, pressés souvent d'en- consentit à demeurer avec lui à condition de
trer avec lui en conférence, n'osèrent jamais n'avoir rien en propre. Ceux qui avaient da
accepter. Us s'emportèrent même jusqu'à dire bien étaient obligés ou de le donner aux pau-
qu'il fallait le tuer comme un loup qui anéan- vres, ou de le mettre en commun mais ceux
;

tissait leur troupeau (i). Tout le monde en qui n'ap[iortaient rien n'étaient point distin-
parlait; sa réputation s'étendait de tous gués de ceux qui avaient donné quelque chose
côtés, et jusqukux églises d'outre-mer, qui à la communauté.
s'en réjouissaient. Quant à sa personne, il s'adonna au minis-
Ce que voyant, Valère commença à craindre tère de la prédication avec plus de ferveur en-
qu'on ne le lui enlevât pour le faire évèque ; core qu'il n'avait fait étant prêtre, et il con-
ce qui fi'it arrivé s'il n'avait eu soin de le taire tinua cette fonction de son ministère jusqu'à
cacher un jour qu'on venait [lour le prendre. la mort, avec la même assiduité, lamême
Celle expérience redoubla la crainte de Va- f(nce, la même activité et le même jugement.
lère. Se sentant accablé de vieillesse et d'in- Il chaussé et meublé d'une manière
était vôtu,
firmités, il écrivit secrclement à l'évèifîie de fort modeste, n'ayant rien de trop beau ni de
Cartilage, et le conjura qu'Augustin fiil or- trop méprisable, et gardant en tout la médio-
donné évèque pour l'église d'Ilipiione, comme crité sans alTectalion. Je ne veux pas, disait-
son coadjuteur plutôt que comme son succes- il à son peuple, que votre sainteté nous otlre
seur. Ayant reçu une réponse favorable, il des choses dont moi seul je pourrais me ser-
pria Mégalius, évèque de Calame, primai de vir avec quelque décence. On mapporlera,
Numidie, de venir visiter l'église d'ilippone. par exemple, un vêtement de grand prix ;

Quand il fut arrivé, Valère lui déclara son cela convient peut-être à un évèque, mais
intention, ainsi qu'aux autres évèiiuc qui se cela ne convient point à Augustin, qui est
trouvèrent présents, à tout le clergé de la pauvre et né de parents pauvres. On dira
ville et au peuple. Tous reçurent générale- bientôt que j'ai trouvé dans l'Eglise d'-s ha-
ment proposition avec une extrême
celte bits plus riches que je n'eusse pu en avoir
joie, cl le peuple demanda avec de grandes chez mon père, ou dans l'emploi que j'avais
acclamations (pfcUe fût exécutée. Saint Au- dans le siècle. Cela ne convient pas. Il faut
gustin seul cl Mégalius s'yoïiposèrent. Ccuu- ouc mes habits soient tels que je «misse les
ci, pressé par le concile de prouver une accu- donner à mes frères, s'ils n'en ont point. Je
sation qu'il avait formée contre le saint, ne n'en veux point rautrcs que ceux que jieut
put le faire. Il en demanda même pardon, porter un prêtre, ui; iliacre, un sous-diacre,
et reconnut bien son innocence qu'il lui im-
si parce que je reçois tout en commun avec eux.
posa les mains. Saint Augustin refusait d'ac- Si l'on m'en donne de plus chers, je les ven-
cepter rordinatiiin épiscopale, soutenant drai, comme je fais ordinairement, alin «^ue,
qu'il était coulre la coutume de "'Eglise de si ces habits ne peuvent servir à tous, 1 ar-

mettre ud évèque où il y en avait encore un gent qu'on en aura tiré y serve. C'est jjoiu-

(t) Possid., c. vu-a. Aug. Lit. P., I. n, c. uuiq.


LIVRE TRENTE-SEPTIEME. 401

-^oi je les vends, et j'fin donne le prix aux ce qu'il faisait difficulté de recevoir des suc-
'
pauvres. Que si l'on souhaite que je porte cessions mais il s'en mettait peu en peine,
;

ceux que l'on me donne, que l'on m'en donne et, croyant qu'il fallait en ces rencontres user
qui ne me fassent point rougir, car je vous l'a- de beaucoup de discrétion, il ne recevait point
voue, un habitde prix me fait rougir, parcequ'il les donations qui étaient peu honorables a
ne convient point à ma profession, à l'obliga- l'église ou qui auraient pu lui être à charge,
tion (]ui' j'ai (le préclier, à un corps cassé de mais seulement celles qui étaient saintes. II
vieillesse, et à ces clieveux blancs que vous me exhortait même à compter Jésus-
les fidèles
voyi'z (I). Christ au nombre leurs enfants, et à lui
df»
Sa table Outre les herbes
était frugale. et laisser une part dans leur succession.
les li'uumes, on y servait quelquefois de la S'il n'aimait point à faire de nouveaux
viande pour les étrangers et les infirmes ;
édifices à cause de l'embarras qui en revient,
mais il y avait toujours du vin. Il y avait un il n'empêchait pas les autres de bâtir,
nombre de verres réglé |iour ceux qui man- à moins qu'ils ne donnassent dans l'excès.
geaii'nl avec lui. et, si quehju'un de ses clercs Nous lisons dans un de ses discours, qu'il
avait juré, il pi'idail un verre. On se servait commanda au prêtre Lêporius de construire
à taille des cuillères d'argent mais tout le ; un hôpital pour les étrangers, de l'argent
reste des ustensiles était di-. terre, de bois ou qu'on avait donné à l'église pour cet effet, et
de marbre ce qu'il faisait, non point par in-,
: que, du reste, de cet argent, Lêporius bàlit
digence, mais par amour de la pauvreté et de aussi, par son ordre, la basilique des Huit-
la modestie. Il faisait lire pendant le repas ou Martyrs. Il donnait souvent aux pauvres du
examiner quelque question, et, pour empê- fonds même d"où il prenait sa subsistance et
cher la médisance, il avait fait graver sur sa celle de sa communauté, et, quand l'argent
table deux vers qui disaient qu'elle n'était lui manijuait, il en avertiss.iil le peuple, afin
point faite pour qui aimait a médire des ab- d'avoir toujours de quoi donner aux pauvres.
sents. 11 y tenait si fort, que quelquefois des C'est ce qui parait par un discours qu'il fît le
évéqui's mêmes et de ses plus grands amis s'é- jour de son ordination, et par un autre qu'il
tant oubliés sur cet article, il les reprenait finit en ces termes Je suis mendiant pour
:

sévèrement et leur disait ou qu'il fallait ef- les mendiants, et je veux bien l'être, afin que
facer ces vers, ou bien qu'il se lèverait de vous soyez vous-m.imes du nombre des en-
table ou s'en irait dans sa chambre. L'auteur fants de Dieu {'i). 11 parle dans un autre dis-
de sa vie, son ami Possidiui, confesse qu'il cours d'une coutume qu'il avait établi parmi
se trouva lui-même dans ce cas. son peuple, de vêtir tous les ans les pauvres,
Aucune femme ne logeait chez lui, pas Comme on y manqua une fois pendant se a
même sa sœur, quoiijue veuve et hdéle ser- absence, il en reprit aussitôt son clergé •'. oa
vante de Dieu. La raison qu'il en donnait, peuple par une lettre qu'il leur écrivit. LiiUn,
c'était que, quoiqu'on ne put concevoir de sa compassion pour les malheureux alla jus-
mauvais soup(;ons eu ne voyant chez lui ijue qu'à lui faire rompre les vases sacres et les
sa sœur ou ses nièces, comme elle^ ne pou- faire foudre, pour en assister les pauvres et
vaient se passer d'autres femmes, tout ce les captifs (3).
commerce pouvait être aux faibles un sujet de Suivant exactement les règles que saint
scandale, et aux ecclésiastiques cpii demeu- Paul prescrivait à Timothée, il reprenait publi-
raient avec lui une ocea>ion de teutation, ou quement ceux dont les crimes étaient publics,
du moins une matière de mauvais sou[){;ons afin de donner de la crainte aux autres. U y
pour les méchants. Si des femmes voulaient avait néanmoins certains vices qu'il ne com-
le voir, il ne les recevait point sans se faire battait que comme en naiit, quoiqu'ils fussent
acconipagniT de quebjues cleics, et ne leur publics, de crainte de porter le.-^ pêcheurs à la
jiariait jaruais seul à seul. Il ne visitiiit les colère et de passer pour un novateur. Telles
monastères de femmes qu'en cas de (ircssante étaient les observations superstitieuses des
nécessité. Si de- m.dadcs le demandaient pour jours, qui,cjUoique condamnées par saint Paul,
prier Dieu sure^.v cl leur imposer li^s mains, étaient si communes -n .Vfrique. ipi'on les
il y allait aus'uot hors de là, il ne visitait
; pratiquait ouvertement et sans aucun scrupule.
que les |iersonne» allligecs, comme les veuves Quant aux péchés secrets, lorsqu'ils étaient
et l's oiplii'iins. considérableSjComiue les homicides ou les adul-
il l'administration des biens de l'é-
l'ontiait tères, ilavertissaiten secret ceuxqui en étaient
glise à Ceux
lie ses clercs iiu'il croyait les [dus coupables, et ne uéi.'ligcait rien pour leur
pro[ires à et em(doi, et leur l'ais;iil rendre persuader d'eu faire pénitence. Quelquefois il
«•ompte chaque année 'les recettes et des dé- refusait de manger avec certains chreticu.i
penses. Quoiqu'il n'eut point de trésor pour d'une vie déréglée, afin de leur faire confusion,
y c(ui-erver de l'aigcnt, il avait une espèce et les engager par là à rentrer lians leur
de tronc pour recevoir les aumônes et les devoir, et, au contraire, il mangeait souvent
oblations des lideles, dont il usait en faveur avec des (laieiis et des impies, en les recevant
des imuvres. Quelques-uns murmuraient de a sa table, plutôt .(u'avuc de mauvais calho-

t1) Sfrm» cccLv;. u. M. — [i) lOid., ce.cLvi, a. lA. eoia., cccxxxu, c lu. PossiJ. n. 23, 24- —Cil
';
xjixii M.
402 /JUfc>ÏCiK3 UMVEKSIilXK DK fl-GMSi: CATHOLIQUE.
liq'i^r^, BC conformant- en cela au piéccploMc pililiques quf! particulièrea. Mai» la mort «l'nn
Baint Paul. Il fîrniiloy.'iit rcxfotnmnniciiiidii frère, les Tévolutions politiques qui suivirent
envers Ins pr-clnMirs «lui le unTiliiienl, aiil;nit le meurtre de l'empereur Gratien, et plu' en-

que la jiaix de i'E^li'^e le priuvail HondVir <l core les entretiens qu'il eiitavf'c saint Amltroiae
qu'il jiijfi'ait cotte censure utile pf)iii' Unir do Milan, .-ivec «^aint Martin de Toins. avec
salut. Mais il ii'o-aiten user (leini'ineà l'i-ganl saint Viciriee de Houe;i. avec saint |)e>pbin
de eeux ipii étnieiit sujets à i'ivrof,'nerie, i|u<ii- de Bordeaux, de la niain duquel il reçut le
qu'ils le niéiila'^si'nl, paice que, ti'<'ltirit point baptême vers l'an 3S0, lui donnèrent du s*<>ùt
persua(l<''s de la grandeur de li'urs fiiutes, ce pour la retraite et I.î pém-lrerent d'un d'-'^ir
chàtiineiil aui-.iil peut-être contriliué à les sincère de mener une vie jdus chrétienne.
rendre pires. Il etuit jdus sévère envers les Enfin, encouragé jmr sa femme, ils «c reti-
maris qui ne gardaient pas la foi conjugale, rèrent !'un et l'autre dans une petite terre
et avertissait ceux qui savaient que leurs qu'ilsavftienten E'*pa'."-.p^ct s'yocnipercntuni-
désordres lui i-taienl connus, de s'abstenir de quement de leur sanctification, depui- l'an 300
la communion, de peur (juc, s'ils s'y présen- jusqu'à l'ari 'A'.H. Cef-tlà qu'ils perdirentle fil»
taient, il ne les lit chasser de l'autel. Il avait "iinique(pie Dieil leuravoildouné. Ils l'enterrè-
pour maxime, qu'un homme consacré au ser- rent à Alcala,ail|ii^sdesfainls ma'ti - ln-i pI i

vice de Dieu ne doit point se mêler de faire Pasteur. Dep'iiîiir;ç;teinpf.là, ils -^


i
t

des mariay^es, de peur (|ue les mariés, venant d'un consentement tcuhiel à vi».. .,..^ uiie,
à se quereller, ne maudissent celui qui leur continence perpétuelle. BieMo) apri-.s, Paulin
avait iirocuré un enpagcmeut où ils se trou- changea d'habit, afin d'ann-ir-cci nuiiDonde
vent malheureux ; ni appuj'cr de ses recom- qu'il n'aurait plus rien de commun avec lui ;

mandations ceux qui veulent entrer dans les il prit aussi la résolution d'Hbandonner le
ol'lices de la cour, de crainte ()ue, s'il ne réus- sénat, son pays, si-3i4ens,etd'ai)er »'en<evelir
sissent pas, on ne jette la faute sur celui (jui •dans un monastère ou dans un désert. .Ses
les a produits; et aussi qu'il cloit s'abstenir biens devaient èlrc fort considérable^. piii*«qn<>
d'aller manger chez pei sonne dans le lieu de Ansor\ellémoigne du regret de v<'
sa demeure, parce que l'occasion s'en présen- entre ecAtpeii'sonncs ditrérHutes J-
tant souvant, il se mettrait en danger de de Puiilin, son père.
s'accoutumer à passer les bornes de la tem- Le saint vendit toutesseg possessions et en
pérance (1). distribua le prix aux malheureux. Il ouvrit
Augustin n'ét.iit encore que prêtre
Saint ses greniers et ses celliers à tous venaots. Non
quand il une lettre clinrmanti' de suavité,
rei;ut content des pauxTcs île son voif^inaae. il les
d'élégance, d'nraitié etde louanges, de lo part appelait de tontes parts pour les nourrir et
d'un illustre sénateur et consul romain, qui, .les vêtir. Il r.-îcbeta.uneialinité de captif* et
avec sa femme, venait d'embrasser la vie •de pauvres débiteurs réiluils à l'esclavoçe
monastique. La lettre était accompagnée d'un faute d'avoir de quoi paye.-., 11 vemliljifiale-
pain l)énit, ou signe d'union. Elle portait en ment les biens de ?a b'mrae, qui n'aspirait pns
tête: Au -eigneur Augustin, frère unanime et avec, moins de ferveur que lui à la pratique de
vénérable, Panlin et Thérèse, pécheurs. C'était la pau^Teté volontaire, l'ne telle action fut
saint Panlin. né à Bordeaux en 3.'i3. On comp- admirée el lonéc par tous les grands j'aiots
tait une longue suite de 'énateurs il'iustros qui se voyaient alors dans l'Eiilise.- Mais les
dans sa ftirràlle, tant da côté paternel que. du gens du siècle la trailerentdo folie. Paulin fut
côté materne!. Son pèr^ Ponlius-Pauliims. , abandonné de tout le. monde, même de jies
était préfet du- prétoire dans les Gaules, et le (roches et de ses esclaves, >]ui refusiiont de
premier magistrat de l'empire d'Occident. fni rendre le* devoirs les plus communs tie
A cette haute naissance Paulin joignait un riiiimîinilé. Ausone, son maître . nù était
un génie riche chrétien, mais t<Mit juste re qu'il
'

esprit élevé et pénétnint, et ;r


fécond, une merveilleuse à s'exprimer.
facilité n'être pas un païen, se plaignit d'- -i-

II cuilivn dispositions dés son enfance,


ces gement'à Ini-roènie par pla.sicurs lettres en
par une étude assidue des ditlérentes branches vers. Le s.iint lui répondit par plusieurs jietila
de la littérature. Il ont pour maitre d'elo- poAme$ d'nne urbanitë exquise, où il l'assura
^ence et de poésie le célèbre Ausoni', qui fut que sa couver-ion à Dieu ne fera que rendre
Tisul l'an 379. On l'éleva, qnoiipie jeune plus intime leurRneienne amitié.
yiicore, aux premières dignités, et il fut dé- Toutefois, au niilieude ce blAme universel,
claré consul avant .Vusone.son maiire.ll épotua il vit deux de ses amis les plus illustres se
une Espagnole nommée Thérasie ou Th'-rèse, mettre en devoir île <nhTe son exemple. Le
qui lui appiirta de grands biens, et qui était premier fut saint Sulpice-S-vMre. ré en .\qui-
surtout distinguée par son mérite jiersonnel laine, aux environ- de Toulon " "«
et ])ar sa piéié. P se fit un grand nombre également noble et riche. L' -

d'atnisen Italie, en Espagne et dans les Gaules, l'Ccupa SOS premières année-. Il lut ii iuv.i les
où il avait dé-ployé. diirant l'espace de ipiinze Im.us auteurs du siècle d"A4iuu.«te. qu'on le
ans, ses rares talents et sa merveilleuse caim- dirait l'un d'entre eux. Apiè- s'être ili-t:iii.'ué
cité pour radminislratioD des all'aires, tant '!aus le barreau q7)elque temps, il é|iousa une

(tî PosrIJ., n. 27.


LIVRE TRENTE-SEPTIÈME. OS
feiiinio cl3 famille cons.ilaire, ijui lui ap|i( rta deiafiça dans cette nouvelle voie. Ils firent
dea l)ieus considéiables, mais qui lui fut profession d'une continence perpétuelle e' ne,
bientôt enlevée par la mort. Il continua de vécurent plus ensemble que comme frère et
vivre dans la plus parfaite intellii?''nce avci; sœur,, et que pour veiller à l'éducation de leurs
sa belle-mère, ijui était nne cbrélii-nne fer- enfants. Us avaient d'abord pris la résolution,
vente, et qui l'aimait comme son iils. La [rerte à l'exemple de Paulin el rie Théra-ie, de se
de sa femme, Ir's lions exemples 'de sa bclle- dépouiller entièrement de tou>. leurs biens
;

mén'i'mais surtout rexempio de saint l'auiin, mais la considérition de leurs enfants les em-
lui firent prendre la r'^^sninlioii de quitter le pêcha. Saint Aper comptait g"ù!er les dou-
monile. 11 l'exécuta vers l'an Iî!t2, étant encore ceurs de la piété dans la retraite et l'étude des
à la fleur de son àse. Il employait tous ses divines Ecritttres, lorsqu'il en fut tiré pour
revenus en aumônes et en d'autres bonnes recevoir la prêtrise. .\lin qu'il fut pbis libre de
œuvres; de sorte qu'il était moins le projirié- vaquer à son nouveau ministf-re, sa femme
tairc de son bien que l'éionome de l'église et prit sur elle tout le soin de sa famille et de
des pauvres. Ses amis du siècle le blàraèri'nl ; ses biens. Baronius et plusieurs autres ont
mais il n'en fui point ébianlé, et se relira dans pensé que cet ami de saint Paulin est le même
un village d'Aquitaine, où il fixa sa demeure saint .\[)er ou saint Bvre, qulfut évèque de
dans une cabane. Se- serviteurs et ses esclaves, Toul (1).
qui l'avaient suivi, devinrent ses frères et ses Le des.sein de Paulin, en renonçant au
disciples, et se consacrèrent avec lui au service monde ébiit d'aller passer ses jours
dans une
du Seigneur. Us coucliaient tous sur la paille îolitude proche de Noie en Campanie, et de
ou sur des ciliées étendus par terre. Us ne se servir Jésus-Christ au tombeau de saint Féli.K,
nourrissaient que de jiain bis, de légnmes et d'être le portier de son éirlise, d'en balayer le
d'herbes bouillies, ((u'ils assaisimnaient seule- pavé tous les malins, de veiller la nuil pour
ment d'un pou de vinaigre. La retraite de la garder, et de finir sa vie dans ce travail.
Suliiice ne fut point perdue pour la littérature Mais le peuple de Bireeîone, édifié de la |)ureté
chri'tienne : il écrivit en deux livres une de ses mœurs, se saisit de lui dans ri':;li-e,
Histoire sacrée, autrement une histoire ecclé- le jour lie \iiél,en 303, et demanda avec beau-
siastique, depuis l'orip-ine du monde ju-qu'à coup de chaleur et (Tempressement qu'il fût
l'an iOOde Jésus-Christ. C'est un clief-d'<ruwe fait prêtre. Il s'en défendit autant qu'il fut
de précision et irélégancc. Il l'crivit de plus une en lui, et ne consentit à son ordination qu'à
Vie de saint Martin, dont il fut le iiisci|de chéri, condition qu'il lui sei'ait libre d'aller où il
trois dialogues, dont deux sur les vertus des voudrait. C'f'tait conlraire aux règles de l'E-
moines de TOrient. Encore hommesdu monde, glise mais on passait quelquefois par-dessus.
;

déjà Sulpice et Paulin étaient amis intimes : Après Pâques de l'année suivante 3114, il quitta
devenus sainlsl'un etl'autre, leur amitié n'en l'Espagne pour pnss-r en Italie. U vit à Milan
devint que plus affectueuse, comme on le voit saint Ambroise, qui le reçut avec beaucoup
par quatorze lettres de' Paulin, qui sont des d'honneur et l'agréicea -même à son clergé.
modèles d'élégance et de piété. Continuant son voyage, il vint à Rome, où il
Nous avons encore ti-ois lettres de saint fut mieux reçu du peuple qae>du elergé.
Paulin à un aulre de ses amis qui suivit son Quelques cîccli-siasliques, et le Pape même, ne
exemple. C'est saint Aper, vulgairement saint vonlun-nt point avoir de commerce avec lui.
Evre^ Il s'était fait remarquer dans lemuilde 'Paulin céda à l'envie et se retira mais, écri- ;

dès sa jeunesse, iion-senleuient par ses ri- vant à son ami Sulpice-Sévère, il ne put s'em-
chesses et sa naissance, mais encore [lar son pêcher de s'en plaindre. Peut-être le Pape,
esprit, son éJoi[uence, son savoir et par l'habi- qui avait beaucouj) de zèle pour l'observatioa
leté qu'il avait pour Icsatfaires. Ilejiousa une des règles de l'Egli-e, trouvait-il mauvais que,
£<nnme nommée. Amande, dont il eut plusieurs contrairement à ces rèiiles, Paulin eût été
fils et une li.le, et après avoir paru dans le ordonné prêtre étant néophyte el laïque, et
barreau avec grandes lépulalion, exer(^a de il sans être .illachô de fait à aucune ('Lrlise parli-
même diverses magistratures; et comme asses- culii'rc. Onoi qu'il en soit,' Pau'in si; hâta de
seur et comme ju^e. Lorsque son ami Paulin quitter Rome pour se riMidre à 'Noie, où il
cul émerveille l'univers entier par son renoa- avait choisi sa reirai te auprès du tombeau de
cemenl à toutes choses, il lui écrivit pour lui saint Félix, qui était à quelipiespas delà
apprendre que lui-même aussi était changé ; ville.
que avait enfin dissi[ié les ténèbres de
[lieu On une éylise sur ce tombeau, et
avait b.\li
son esprit, et que, convaincu de la vérité, il auprès de était un bAîimcnt assez
l'église
croyait d'une foi vive èl invariable cjue Jésns- long, qui n'avait (|ue deux étages avec une
Cliri-t esl le Fils de lUenel iiu'il a ele alta<-hé galerie divisée en cellules. dont'P.iulin se ser-
à la croix saint des hommes. Saint
jiour le vail pour recevoir les ecclési.is;i'i''"'^iyui ve-
Paulin lui répondit aussitôt, tant [mur le féli- naient le visiter. D'un autre céli' était un
citei- que pour l'Mlfermir dans ces saintes reso- logement pour les persriniu'S du monde. Il
y
lutions et traiter avec lin des viais moyens de avait aussi un petit jarlin. Plusieurs pcr-onnei
servir Dieu. Sa feoime le suivit ou plutôt le pieuses s'ctant jointes à lui, il eu forma ua«

(t) Paulin, Epitt. xxx, xxxi, xixii, t.


40 'i HISTOIRE UNIVERSELLE DE LEGLISE CATIIOLiyUB
une comiingriie de moines.
•ociété qu'il appelle cite l'Kftrilure sainte, non d'apt-èo la version
tous à une ri'ule, et [initi-
Ils s'.'i.'iSiiiiHiii'iit Vulgate de saint Jérôme, mai- d'aprè-* l'an-
quaienl iliHiTcntcs ausU'-iilés. (;ii:ic|ue jour cienne version italicjue. Le si-cond écrit, qui
J'nulin londail à siiinl l-'élix tout l'honneur est plus long, traite de lu /jtiisKunce ou /jeisoiitie
dont il était capable; mais il essayait de -e du S'iint-li^jjrit, contre le-) Maréduniens, dont
surpasser le jour de sa fête. Tous les ans il ci;- il signale aux hileles les inl''rru:.'ations caj)-
léhrait ses louanj^es par un [loeme, ([u'il ap- tieuses et les sophismes. Saint Nicétas prouve
Kelle le tribut de son bomniaue volontaire, par l'ancien et le nouveau te-tamenl que le
ous avons encore aujourd'hui quinze de ces Saint-I'>|)ril est Dieu, qu'il procède du Perc,
poèmes, dcint le premier lut composé en Es- qu'il est un même Dieu avec le Père et le Fils,
pagne. et doit être adoré du même culte. Suit une
Parmi les poëmes de saint Paulin, il y en a coui te explication des divers noms que l'Ecri-
un assez coiisidi-rable àsainlNicélas, évoijue ture donne à Notre-Seigneur Jésus-Christ.
des Daces, qui vint à Noie en 'Ml, et y célé- Dans l'explication du syndjole, adressée aux
bra la tète de saint Félix. Paulin chante avec néophytes qui devaient sous peu recevoir le
amour sa vertu et sa doctrine, qui étaient ad- bajitéme, saint Nicétas d'Aquilée dit entre au-
mirées des Romains eux-mêmes. 11 l'accom- tres ces paroles: « Après la confession delà
payne de ses vipux sur la mer Adriatitiue. bienheureuse Trinité, vous professez croire la
Emhanpié à Otrante, au milieu des chants la sainte Eglise catholiijue. L'Eglise, qu'esl-
chrétiens de i)lusieurs troujies de l'rères cl de elle autre chose, sinon la congrégation de
sœui'S vierges, Nicétas oulonnera lui-même tous les saints? Car depuis le commememeut
sur If navire les psaumes de David, les nau- du monde, soit les patriarches, soit .\bruliam,
tonniers continueront avec joie, et les énormes Isaac et Jaccib, soit les proiihetes. soit les
baleines entendront avec surprise répondre aiiotres, soit les martyrs, soit les autres justes
amen. Débarqué sur les côtes de Macédoine, il du pa.ssé, du présent, de l'avenir, tous .sont
traversera les champs de Philijqies, la ville une même Eglise, parce que, sanctitiés par
même de Tomi, jusqu'à ce'ipi'il ariive dans une même foi et une même conduite, mar-
sa cité paternelle, où il sera reçu avec jubila- qués ou scellés du même e-prit, ils sont de-
tion par la ntimbreuse as-^cnibléc des frères. venus un même corps corps dont le Christ
:

La joie se communi((ue soudain aux froides est la tête, comme il est enseigné cl écrit. Je
contrées d'alentour. Car il a été donné à Ni- dis plus même les angas, même les vcrtu< et
:

cétas d'accomplir ce qu'ont annoncé les pro- les puissances supérieures sont confédérés
phètes de changer le loup en brebis, et de
: dans cette une et même Eglise. Car loules
faire paîtreensendde le bœuf et le lion. A sa choses ont été réconciliées ilans le Christ,
voix, le Scythe oublie sa IVrocité, les Gêtes et non-seulemeut les cho.sesqui sjnl sur la terre,
les Daces accourent. Les Besses, jusqu'alors mais encore celles qui sont dans le ciel. l>oyez
indomptables à la guerre et rehelles à toute donc que dans cette une et même Eglise,
servitude, se réjouissiiiit maintenant d'obéir vous obtiendrez la communion des sainL*.
au vrai Seigneur. L'or qu'ils ramassaient Sachez que cette Eglise unique, c'est l'Eslis«
autrefois dans les veines du mont Ilémus, ils catholique établie sur toute la terre vous ;

le transportent maintenant au ciel. Les mon- devez retenir fermememenl sa ?ommuniun;


tagnes qu'ils intéslaient de leur brigandage, car il y a aussi d'autres églises faus5«?.s, mais
ils les protègent aujourd'hui peuplées de n'ayez rien de commun avec elles comme ;

moines. Plus d'un, de bête féroce devenu un celle des maniciiéens, des calaphryges, des
ange, sanctifie aujourd'hui, pieux et juste, le marcionites, ou enfin d'autres hérétiques ou
même; antre qu'il ensanglantait aiilrefois lar- schismatiques parce que ces églises ont cessé
;

ron. Tous ces barbares apprennent chanter ;i d'êtrt' saintes, attendu iiue, trompées par les
le Christ, et appellent iNicetas leur père (I). doetrines des démons, elles croient autrement,
Quatre ans après, Nicétas revint eneon; à Nule elles agissent autrement que le Se gneur Jésus
pour la fôte de saint Félix. Paulin, qui l'ap- n'a commandé, et «lue les apôtres n'ont en-
pelle sou père et son maître, le re(;ut avec seigné par la Iradiliiiu. u
d'autant plus de joie, qu'il s'allenilait moins Saint .Nil êlas termine par ces mots : Cela
à le revoir ; car on parlait de guerre, et de étant ainsi, demeurez dans ce ijue vous avez
mouvements parmi les Goths (2). appris et qui vous u été transmis. Iletcnci
Jusi|u'à présent on n'est pas d'accord si tiuijours ce pacte que vous avez fait avec le
siint Nicét.i>, évéque des L)aces,et chante par Seigneur, c'est-à-dire ce symbole <\ue vous
s«int Paulin, est ou non le même que saint conlessez «levant les ange^ el les hommes. Il
Nicétas, évéque d'Aquilée, dont le cardinal y a peu de paroles, mais elles contiennent
M.iï a retrouvé plusieurs écrits (3). Le premier, tous les mystères. C'est un abrège qu'on a
intitulé liaisun de la foi, e-^t une cnurte justi- fait de toutes les Ecritures, comme une cou-
fication du .syml>ole de Nicée sur la divinité ronne de perles précieuses afin que. commn.
;

du Verbe, contre l'hérésie arienne, qui atta- plu-ieurs fidèles ne savent pas lire, et «pie
quait alors la foi catholique. Dans cet opus- ceux ijui savent ne peuvent lire les Ecritures
cule, ainsi que dans les autres, saint Nicétas à cause de leurs occupations séculières, ils

(I; Paulin, fo6m« xvii. — (J) Poème zzvur.— (3}MaI, Scriptcr. itler. », VII, p. 314 et MC
LIVRE TRENTE-SEPTIÈME. 405

aient cependant tous une connaissance suffi- venu apôtre, Victrice alla porter le flambeau
sante du salut. Enfin, nos bien-aimés, soit de la foi dans la contrée de la Gaule-Relgique,
que vous vous reposiez ou que vous travail- habitée par les Morins et les Nerviens, <|ui fait
liez, que vous dormiez ou que vous veilliez, maintenant partie de la Picardie, du ILiinaut
repassez cette salutaire conférence dans vos et de la Flandre. Les progrés de l'EvauHile y
cœurs que votre esprit soit toujours dans le
;
avaient été jusque-là peu considéraliles; mais
cielj votre espérance dans la résurreclion, Victrice n'y eut pas plus tôt paru, que cette
votre désir dans la promesse. Portez toujours terre inculte, avec ses rivages sablonneux et
devant vous, avec confiance, la croix du Christ ses déserts arides, devint un des 'plus beaux
et sa glorieuse passion. Et chaijue fois que parterres des jardins de l'Epoux. Le nom de
l'ennemi chatouillera votre âme par la crainte, Jésus-Christ retentit de toutes parts, et il n'y
par l'avarice ou par la colère, répondez-lui eut presipie personne qui ne se rangeât sou»
avec menace, disant J'ai renoncé et je re-
: son empire. On bàlit des églises on forma ;

nonce à loi, et à tes œuvres, et à tes anges ;


des monastères; les villes, les campagnes, les
parce que j'ai cru au Dieu vivant, et à son îles, les forè'is se peuplèrent de saints en un ;

Christ, signé de son esprit, j'ai appri'; à ne mol, les idoles toml)érent , et Jésus-Claist
pas craindre même la mort. De celle manière régna. C'est ainsi que saint Paulin parla de
la main de Dieu vous défendra, l'Esprit du saint Victrice et de ses œuvres, dans une lettre
Christ conservera dans la sainteté votre en- qu'il écrivit à saint Victrice lui-même, ea
trée dans l'Eglise, dés maintenant et toujours. 399(1).
Parmi de saint Paulin, il y en a
les lettres un spectacle merveilleux
C'était sans doute
iix à son parrain, saint Amand, prêtre de pour monde, de voir un consul romain con-
le
Bordeaux et successeur de saint Delpliin, et cierge des reliques d'un martyr, et employant
deux à saint Victrice de Rouen, qu'elles nous la muse de Virgile pour célébrer ses louanges.
font connaître. Victrice servait dans les armées La Lybie cyrénaïque, ancienne colonie de La-
romaines, lorsque Julien l'Apostat entreprit cédémone, voyait un spectacle non moins
d'y rétablir le paganisme. Pour se tirer du étonnant c'était un descendant des rois de
:

danger, il employa le moyen suivant Uq : Sparte, dont les registres publics faisaient re-
jour que toutes les troupes étaient assemblées, monter la généalogie jusqu'à Hercule, qui, de-
il s'avança au milieu du camp et déposa soa venu Platon chrétien, chantait, sur le mode de
habit militaire avec ses armes aux pieds du Pindare, la Trinité divine, la gém-ration éter-
tribun, en lui disant qu'il ne pensait plus nelledu Verbe et son incarnation parmi les
qu'à se revêtir intérieurement de la [laix et de hommes. Ce chrétien, philoso[die et poète se
la justice chrétiennes. Le tribun, qui était ido- nommait Synésius. 11 était de Cyrene. 11 avait
lâtre, ordonna qu'il fut fouetté, et le lit meur- une si grande facilité d'esprit, qu'il imitait
trir de coups. Ce supplice c'abaltit point le sans peine toute sorte d'auteurs, quelque dif-
serviteur, parce qu'il était fortifié parlacroix férents que fussent leur style et leur maniera
de Jésus-Christ. Ayant été conduit en l'rison, d'écrire. 11 s'appliqua beaucoup à l'étude de la
on le coucha nu sur de petites pierres aiguës. géométrie et de l'arithmétique, qu'il regardait
Ce nouveau genre de torture ne servit qu'à comme des règles assurées et infaillibles pour
donner [ilus d'éclat à sa constance. Rien ne trouver la vérité. Souvent il veillait les nuits
pouvant l'ébranler, il fut présenté au comte pour observer le lever et le cours de-^ astres. Il
ou général de l'armée, qui le condamna à lit même en argent un instrument(pi'il nomme

perdre la tète. Soutenu [lar les consolations astrolabe, et qui parait avoir été un globe cé-
que Dieu répandait dans son àme, Victrice leste, pour l'éloquence, il y aciiuit une grande
marcha courageusement au lieu du supplice. ré|intalion; ce qui le lit d'autant plus admirer,
Celui (jui devait faire l'exécution l'insultait iju'ellesemldait plus diflicile a un homme de
en leconduisant, et atlectait de marquer avec Lyliie, où le grec était Irès-corrompu. Celte
sa main l'eudmlt de son cou qu'il projellait rè|iutalion lui attira des envimix, qui ne poU'
lie fra|)|ier. Mais il fut puni de son insolence vaient soulfrirqu'il mil une partie de son temp^
en perdant la vue sur-le-champ. Ce miracle fut à polir son style et à donner de l'agréuienl à
suivi d'un autre. Le geôlier avait lii'; b> saint ses pensées. 11 répondait à sa> envieux Je :

si élroilement, ipie les chaînes étaient entrées voudrais bien que notre naluiv fùl telle cpi'i'lle
dans la chair Victrice pria les soldats de le
: pût s'élever sans cesse à la conleniplation;
desserrer tant soit peu. N'ayant pu obtenir ce mais puisque cela esl impossible, je voudrais
qu'il demandait, il implora le secours de tantôt m'aiipli.puu- à la coiileinplalion de ce
Jfc'sus-Christ, cl aussitôt les chaînes lui tom- qu'il y a île sublime, tantôt, rolouibé dans la
bèrent des mains. Personne n'o*a lier de nou- nature, uramu>er à quelque chose, cl parsemer
veau celui (|ue Dii'u avait délié. Les gardes, la de quebiue plaisir. Car je sais(|ueje
vie
ét<innés, coururent annoncer au comte ce qui suis homme, et non pas Dieu, pour être inseu-
venait l'arriver. Celui-rj, Irappi» du iloulile sible a toute espèee de volupté; mais je ne
miracle, lit son rapport au iiriiice. devint le suis pas non plus uni' bète, pour me plaire aux
Il me reste donc un
flifeii^eiir de celui ijuil avait conilaïuné. et volupl('S du cor(is. erlain •

lui obtint la vie avcr. la l b. rté. De soldat de- milieu, (j[ui eal de m'amuser à la UUcralure;

<\) Paul, II, /;•/...<(. xvTiu nt ixii. t. VI. BM. PP.


106 HISTOIRE UNIVERSELLE UE L'ÉGLISE CATHOLIQUE.
Il y avait en ce momont à Alexnndrio im tHiuvoir les plu-s grandes choses el de vouloir
proiliïc de science c'était une femme nommée
: (ta meilleures. M.iis rien de tout cela n>- me

Hy[iatia. Elle était Clle d(î l'a-lnuionie 'l'iifon, détournait de la philosopliie, ni ne troublait.
el ï^i savante, 'Qu'elle sur|iasstiiL lnu.s ii-s iiiiilo- iiu>ii loùsir. Ce ({ui fait pciilre le
lu.'uri;ux

sopiies lie son (emps. Elli: cuseii^jiail |iiil>ii- temps fdungc l'àmc dans les inquiétudes,
et
qticnienl, avec li's iiiatUématiiiin-s, la pLiludo- c'e-it quand on ne peut faire une cho^ic qu'a»

plijp «le Platon. Synésiu.s fut du nuur'jrt; de vec peine et avec cU'urt; ai:ii.s quand il -uffit
ses auditeuis. Il ionsRi'\-a jiour elle une^i de parler, quand la |>ersuaiion suit la i-io'h',
haute e-lime, ([u'il l'apiidlesanuTe, sa sœur, qui seiefuieiiiit à dire un mol pour l.vier • >

sa (lame, sa iiieril'ailricc, (4 qu'il lui soumet- <iue|.|u'uu «le l'infortune ? f)r, de r

tait tous ses ouvraycs. il fil encore le voyaga les'huiumes. il semble que l):eu m ^ii

d'Athènes, moins pour s'y (leitéctionner dans un lion particulier jusqu'à ce j->nr;
les sciences que [lour n'ètie plus obligé, sui- rail qu'il me sullil d'cntiejnen Ire n ne
vant ses ex[iie?sions, de se mettre, à genoui pour réus-ir. Je vivais donc au unle-ii du
di'vant ceux qni en venaient. Car, dit-il, sans monde Comme dinsune enceinte rarié.-, par-
diO'érer de nous antres mortels, sans mieux, faitement ldii>' et sans souci, pariaueinl en-
comiirendro ni Aristote ni Platon, ils se regarr tre la prière, li;s livres e» la cha»-v (^ur pour
dent néanmoins parmi n'juscomma des demi- qVke raui€ et le cor|ts mi portent bien, il faut
dieux paiini des mulets, parce qu'ils ont va et y travailler suit même
et le Oemandcr a
l'Académie, le Lycée et le l>oVliqu*deZénon (1). Dieu |kar la prière.
Athènes ne répondit guère à sou allcnte. Voi- Lorsqu'il étudiait, quelque chose
si c'élail
ci ce qu'il eu écrint à son IVere l'uissé-je : de Diiiru, il pour sa
fallait qu'il fût seul; ma..-
protitcr d'Athènes autant que tu le dé-ires! divertir, il aimait fort la compagnie, el dès
11 me semido que déjà je suis devenu plus qu'il n'avait {dius les yeux sur le-, livres, il

sage d'un palme et d'un pouce. Je [luis même était prêt à luiit ce qu'on voulail. Il dit dans
te donner un éehanlilliin de celle divine sa^ une de ses lettres que Dieu s'était iiji.utré si
gesse. Voilà que je t'écris du hcurg d'.\na- favorable à ses [irièrcs, qu'il ne se m lU ve-
gyioiite, et je viens de voir ceux de Splielte, nait pa> de lui avoir jamais rien demandé
de Ihrion, de Cephise et de IMialere. l'ui.-.se- sans l'avoir obtenu. Comme ipi l pies-uns se
t-ilpérir miséiahlement, le malheureux pilote moquaient de lui de ce que, pendant ji!" ses
ipi m'a amené ici! tant il est vrai «lue l'ALhô- parents se donnaient b aucuup de ii .1

nes de nos jours n'a plus rien île véncralJe que pour obtenir des charges, il di'iini.. i- _

les noms Jes lieux autreh)is célèbres. C'est euliei' Puis [ue l'état dos aU'aies. Ii-nr ro-
:

comme une victime consumée dont il ne reste IKindait-il, ne soutire plus que les villes - i'-nl
que pour montrer quel avait été l'a-
la peau, conduites par des [ihilosophes, j'aime
nimal. Comme la philo.-ophie en a émigré, il voir mon àme environnéi" et comme l .. ...j
ne reste plus qu'à admirer en passant i'Aca- par une couronne de vertus, que de voir une
dém e, le Lycée et la. galerie de peinture ou troupe de soldats autour de mon corps. .\u:si
le Portique, d'où la plulosophi de Chrysippe •
ne [irélcndait-il pas laisser beaucoup de bien
a pris son nom galerie de peintures iiui n'en
: à ses entant» car il éUiil marie i-t
;
n
est ]>lus une, car le proconsul a enlevé les sa femme de la main de l'évcqui
lauches sur lesquelles Pulygnnte avait lixé d'Alexandrie. 11 avait plus de
es merveilles de son art. De nos jours, c'est
fe des livres que d'iiui^meuter ses !

l'Egypte qui nourrit les>Lience5 sous Ics-yeux A la chasse, il joignait queiquel...- le j-iulj-
d lly[Kilia, leur mère. Pour Athènes, autre- nage, s'amusiint à adtiver \r< ^uIm'-- el à
fois métropole des philosophes, ce qui la rend bedier la Icj rc. lise glorifie :;

illustre maintenant, c<j sont les éli^\eurs d'a- habileté à cet égard, dans le
beilles, parliculiereiuent deux sages nommés qu'il a fait iruiie lele chauve ; t

Plularques, qui allueut les jeune? gens dans uni', et voulut monlrer, p.ir n
les Ihéàlies, non par la renommée de leur spirituel, qu il n'y avait [loinl mais
éloipieuce, mais par leurs pots, de miel du au contraire do la uloire. -ont .*^

mont llymeite(:î). autant de prières poétiques, ••


Quelque attacliement qu'il eût pour la phi- degrés au-dei.-ns de tous le.-
losopliie et les belles-lettres, jamais il ne vou- tures, il s'ciance jusque dans !•

lut en è;ie l'esclave. Ce qui occupe d'ordinaire mais le langage humain nesaui .•,
l'enlance et la.'euuesse l'avait occupe très- ses é.émenls sont cmprunlés aux -

peu, l'arvcnu à l'âge viril, il ne s'impiiétapas férieures des choses creo«."s ; da;i-
plus irall'aires ipi'uii enfant. .Mais, dil-il, pas- gencc, il accumule des i<lees el
sant ma vie dans une fête solennelle, je con- dont quelques-unes peuvent n'eu, i' - ;i>iil
servai mon àuie dans un calme inaltérable. à fait exactes; il en demande pardon à Dieu,
Itieu lie me rendit pas pour cela. inutile aux el finit toujours par solliciler pour lui et les
hiinmer-; mais bien de» l'id» et les particuiiej-s siens tous les biens du corps cl <le l'àme (.'{).
et les villes se sont servis de nous .|u.ind ils Dans une de ses hymnes, il parle 'le »a lé-
eu avaient besoin. Car Dieu nous a donné de gation à Conslaiitinople. Elle cul lieu .ers l'ao

(I) Synes., Epia. uv. — (2) Ibid.. Episi. cmv. — (J) Uom Ci\llier, i. X. Tilicmonu
LIVRE TRENTE SEI'IIEME 407

397. Cyrène, sa patrie, et les autres villes île de même du roi; il y supplée par des conseil-
la Cyri'iiaïijue, avaient beaucoup ?o;iirei-t de lers ei des amis. Mais aveC' qui conseille, il
l'iuiuisinii de certains Bariiares. aiixiiuelley iaut oijcore qui exécute; savoir iii;s a. nu': s
:

se joignaient des nuées de s^allte^elles et drs que le souverain doit s'alTectioiiuer en parais-
trenilileiuenlf -le terre. Synésius fut députii saTit à leur tête et eu partageant leurs exer--
par ses compatriotes veis l'empereur Arcade, cices cl leurs travaux^ Quoi de plas-indigatt
pour obtenir quelque >oula£çeaient. M passa d'unemperpurj de n'être connu des défen-
troi^ ans àConstantinopirt, réussit dans sa lé- seurs de l'empire quei paui des peiulres.1
^

gation, mais après s'être donné Lien' des L'empereur est un artiste do guerres, comme
peines. Cliargé des maux de sa mt'rc-])alrie, le cordonnier ua artiste de ihaussuLCs-: e
il se fatiguait le jour pour y trouver quelque dernier est ridicule s'il ne coanait .ses outils;
remède, et la nuit il arrosait sa couclie de se-, le [)remieri s'il ne connaiti sea soldats. Rien
pleurs. Je visitai, dit-il à Dieu, ji; visitai, ô n'a été si funeste à l'iîmpire queile luxe théà/-
Kol suprême! tous les temples consacrés à Irai des emi>creurs, entourés de n a Lus et de
vos saiuls mystères là, prosierné et arrosant
; boull'ons, eutermés dans deurs palaLs, vêtus
le pavé de mes larmes, je suppliai que mon d'or et de pourpre, ayant des. perles dans
voyage ne fût pas inutile je suppliai tous les
;
leurs cheveU'X, des perles à leurs souliers, des
dieux ministéiielsqui président au sol fécond perles à leur ceinture, des perles eu pende
de la Thrace ou aux campagnes opposées à loques, des perles en agrafes, des perles à
Chalcédoine, et que vous, ô Roi supicme I leurs chaises; et ne marcliaut qucsur despari
vous avi'z couronnés de la gloire des anges quels parsemés de poudre d'or; ce qui, pan
pour être vos ministres saciés. Ce sont ces la varii'lé des couleuis, les rendait plus semi
bienheureux qui ont aidé m>'S prières et mes blables à des paonsiqu'à des hommes. Quelle
travaux pour moa infortunée patrie, que dill'éreuce d'avec l'empereur Carin, jue les
vous, o Roi suprême vous avez relevée de sej
! grands pères des assistants avaient encore pu
douleurs, vous qui ne connaissez point de connailre Campé à l'extrémité de l'Arménie»
!

déclin (1). Ce que Synésius appelle des dieux il avait jeté son manteau de pourpre sur
ministériels, c'étaient les saints et les mar- l'herbe, et mangeait pour son souper des pois
tyrs, protecteurs de la Thrace et des pays limi- cuits de la veille, avec quelques moiveauxde
troplies. porc salé, lorsque les ambassadeurs du roi
A CCS instancss auprès de Dieu et de ses de Perse se présentèrent. Il les reçut à l'ins-
saints,il ajoutait ses in.-lances auprès de l'em- tant sans se lever, et leur commanda d'afcr
pereur et (le ses ministres. Nous avons encore annoncer le jour même à leur jeuiiuroi que,
une éloquente et {;ourag(.'use liaran;.'ue sur la s'il n'était sage, dans l'espace d'un mois scî
royauté, qu'il prononça d'Want Arcade au bosquets et ses campagnes seraieul encore
coniniencement de sa légation. Voici quolquca- plus nus que la tète de Carin; en même
nncs des pensées les p. us romaïqu-ibies. D'a- temps, il ôla son bonnet et leur mojitra sa
près la iiarole ancienne, ce (jui di.-lingue le tète toute cli:iuve. 11 leur permit, s'ils avaient
roi du tyran, ce n'est jias la iiiuKitmlc les faim, de mettre la main à la marmite, sinoo.^
brebis, mais le soin qu'il en prena, qui dis- de sortir du camp à l'heure même. Cela seut
tingue le berger du boucher. Ce que le pas- j?ia la terreur et le découragement parmi
teur est pour les brebis, le roi l'est [lour les l'ennemi.
houiiucs. Qui s'engi aisse du troupeau au lieu Synésius exhorte Arcade à ramener cette
de l'engraisser, est un boucher, un tyran. La anci'en.ie discipline; car, au degré d'indo-
maladie propre de la royauté, c'est la tyran^ leuce où l'on était arrivé, il était impossilde
nie. Lu roi lait de li loi ses mœurs, un tyrau d'aller plus loin. Tout l'empire se trouvait sur
l.iil de ses mo^jurs la loi. Dieu, roi suprême, le fil d'un rasoir sans aucune providence
:

e.-l le modèle des rois digues de ce nom. Celui spéciale de Dieu et sans un empereur exlraor
des attributs divins sur lequel tout le monde, diuaire, c'en était fait. 11 en signale mêmG.i
et les savants et les ignorants, tombent d'ac-. et d'une manière bien hardie, la cause pra-'
coid, c'est que Dieu est bon. et l'auleur dff cho.iiie. l'iUir ganler le troupeau, le paste;ir
tous les biens. D'après cela, imaginons-nous doit employer des chiens, non pas des loups,,
un roi idéal comme une
statue vivante. La fuâscut-ils apprivoisés. Les Romains, gardiens
religion, la pieté eu sont
la base. En.~iiLto, naturels de l'empire, s'exemi>taieiU île la mi-,
piiur être le loi îles autres, il faut qu'à lici! pour (lasser le temps dans théâtres;
les
l'ciempli; et par la grâce de Dieu, il le soit à leur [ilace, on prenait des Scyllies, qui n'ouj
d'al ord de lui-même et qu'il établisse la mo- bliuieiit jamais leur orininc harliare. Les Uy-
narchie ilans sot àme. Car l'hoaum,' n'est [laii maijis étant ainsi devenus femmes et les l!ar-
quelque clio-e de simple, mais une foule d'é- bares étant restés hommes, la domination
léments divers, que l'inlelli^enic doit rame- devait passer inévitaldement à ces derniers,
ner à la subordination et à l'unité du gou-r d'autant [ilus qu'ils rem[>lissaieiit à la lois et
vornenient. Le principal d'un roi est donc de les pieuiieres charges de l'empire, et h' ser-
se re^ir ini-nieme. vice domestique des familles «quiliMites. Il n'y
Dieu se sulhl à lui tout seul. 11 n'en est pas voit d'autre remède que de les ex[iulser kms

il) 6yn., llymn.


403 HISTOIRE UN1VEHSELLE DE LECUSE CATHOLIQUE
de l'arniée mnïistiaturc pour n'y nd-
et t!e la terminé, vers l'an 389, sa longue vie de saint,
iDfittrc (]ue dos Romiii:is (I). Ainsi parlait Sy- de docteur, rl'évêque. di; moine et de poete^
nésius en présence île l'einnercur et de se 11 mourut dans la solituile d'Arianze, char-
généraux liarliares. Nf.us le verrons, deveun mant sa vieillesse et ses douleurs par les pieux
évéïjue, a^ir cdnime il parle. élans de la poésie clirétienrie. Dans le grand
Il y avait cependant des barltares qu'il nd- nondire de ses poérne*, il y en a sur le prin-
mirait c'étaient ceux qui, d'extracliim il-
: cipe des choses, sur la Tnniti; divine, sur le-
lustre, renonçaient aux avantaf^es du siècle monde, sur la l'rovidence, sur les an^es, sur
pour se retirer dans la solitude, s'y nppliqiii;r l'àme, sur l'ensemble des deux Teslanicnls,
à la contem])lalion, employant les intervalles sur rincarnalion du N'erbe^ sur les miraeles^
à des travaux manuels; en un mot, ceux qui du Christ, sur la virginité, sur la vie monas-
embrassaient monastique. Kt, de l'îut, à
la vie tique, sur sa pro|ire vie, et aussi Ur les vices
cette épo(]ue-l;i il y avait un
même, Siytlie, du clergé et des peujdes de son lemp=. On
habile dans les lettres giecqucs et romaines, trouve encore iiaj-mi ses o'uvres poétique»
,
qiii se rendait célèbre parmi les miines de une tragédie intitulée t.e Christ souffrant'^
:

Syrie et d'Egypte. Son nom était Jean Cassien. mais on n'est pas sur qu'elle soit de lui. Le
Après avoir |)ass('! sa jeunesse dans un monas- génie de Créicoire conserva jusqu'à sa mort
tère de Betbiéliem, il conçut le désir, avec la verve, l'imagiuatioa ut les grades ou
un autre moine de ses amis nommé Ger- poëte.
main, d'aller visiter les solitaires de IKiiypte. Le cardinal Mai a retrouvé, sur les poésies
Eu ayant obtiînu la permission, ils employè- de saint Grégoire, de jirécieux commeiil.-iires
rent sept ans, soit à visiter et à coijsuller les par Co'mas d(j Jérusalem, condisciple et Irere
solitaires les plus illustres, soit à praliiiuer adoplifdi- saint Jean Damasccne, et i|ui fut
hous leur direction, le même p;e(ire de vie. De éveipie de Majume ou AlLedon, dans le patriar-
retour à lîelldéliem, ils tirent un second chat d'Alexandrie (4).
voyage dans le fameux désert de Scetis. Cas- Quelques années après mourut le frère de
sien, ayant fondé plus tard des monastères à son ami Basile, saint Grégoire de Nysse, éi:ale-
Marseille, consigna les souvenirs de son pèl«- ment digne et de son frère et de son ami, pai
rinage dans ses instituts et ses conférenses. la sainteté de sa vie, le nombre de ses ouvra-
On y voit qu'on distinguait en Egypte trois ges, la justesse et la richesse de ses pensées,
espèces de moines les cénobites, vivant en
: la force du raisonnement, la beauté et la pu-
communauté et formant le plus grand nom- reté du style. Le cardinal Mai a retrouvé
bre ;les anachorètes, (jui,a|)rès s'être formés deux discours de saint Grégoire de Nysse,
dans la communauté, passaient à une soli- l'un contre Arius et Sabellius, l'autre contre
tude plus parfaite, et se trtjuvaient presque les macédoniensqui niaient la divinité du Saint-
aussi nombreux ipie les jucndets ; les sara- Esprit (.5).
baïtes, (jui étaient des vagabonds et de faux Saint Ambroise vivait encore. Sa renommée
moines, que le lihertinage et l'avarice multi- seule convertissait des Barbares. Une reine
pliaient beaucoup, surtout dans les autres des .Marcomans, nommée Fretigil, ayant en-
pays (2). tendu parler de lui à un ehrélien venu d'Italie,
La merveille de l'Egypte, sous le rapport crui en Jésus-(^liri,-t et envoya des aniba--sa-
monastii|ue était la ville d'Oxyrinque dans la deurs à Mdan, avec des présents pour l'église,
basse Thébaïde. Elle «'tait ]H'uplee de moines priant saint .\mbroise de l'instruire par écrit
au dedans et au dehors, en sorte qu'il y en de ce qu'elle devait croire. Il lui répondit ime
avait plus que d'autres habitants. Les bâti- lettre tort belle, en forme de cati'chisme, où il
ments publics et les temples d'idoles avaient l'exhortait d'engager son mari à garder la
été convertis en monastères, et on en voyait paix avec les Itomains. La reine, ayant reçu
par toute la ville plus que de maisons parti- la lettre, fit encore plus ; elle persuada au roi
culières. Les moines loireaient jus(iue sur les de se donner aux lîomains avec tout s<in
portes et dans les tours. 11 y avait douze églises peuple. Elle vint elle-même .i Milan ; mais
pour les assemblées du peuple, sans compter elle eut la douleur de n'y "
plus trouver le saint
les oratoires des monastères. Cette ville, qui en vie (6). *
était grande et peuplée, n'avait ni hérétiques Une année avant sa mort, saint Ambroi«e
ni païens, mais tous chrétiens catholiques. découvrit ilans un jardin les rcli^jups des saints
Elle avait vingt milli? vierges et dix mille martyrs Nazaire et Ccl~e. Paulin, son secré-
moines. On y entendait jour et nuit retentir de taire. (|ui était présent, dit : N"us \lmes dans
tous côtés les louanges de Dieu. Il y avait, par le sépulcre où corpî du martyr
reposait le
ordre des magistrats, des sentinelles aux por- Nazaire son sang aussi frais ipic s'd avait été
tes pour découvrir les étrangers et les pauvres, répandu le même jour, el sa lêlc ooupt-e, si
et c'était à qui les retiendrait le premier pour entière, avec les cheveux et la barbe, «ju'il
•xercer envers eux l'hospitalité (.'<). nous semblait qu'elle venait d'être lavée et
En Cappadoce, Grégoire do Nazianze avait eutcrrée. Nous fûmes aussi remplis d'una

(t) P^TiPS. De Regno, p. 5-2J. — (2) Cassiani . Colhl. xvni, c. iv. — (81 Roswei.l. fit. PP., I. XI, -, ».
- (*) Mai, S//fci7c^. rom., t. II, p. t-3Û6. — (5) Ibid, Scnptor. vêler., t. VIll. p 1-9 el 10-25. — (6) l»-uliji
Vitn Ambr., n, 36.
LIVRE TRENTE-SEPTIEME. 40»

odeur m
suave, que les parfums n'étaient rien vîmes pendant ces jours-là plusieurs possédés
aupn?. Les reliques furent transportées daii> délivrés par son commandement et par l'im-
la basili(iue des Apôtres. Là, comme saint position de ses mains (3).
Amhroise prêchait un homme du peuple,
, Nicélius, auparavant général et conseiller
remplit ile l'esprit immonde, se mit à crier d'Etat, avait les pieds si douloureux, qu'il ne
qu'Ambioise le tourmentait. Le saint évéque, pouvait presque paraître en public. Comme il
se tournant de ce côté, lui dit Tais-toi, : s'apiuochait de l'auiel pour recevoir le Saint-
démon Ce n'est pas Ambroise qui te tour-
! Sacrement, Ambroise lui marcha par hasard
mente, mais la toi des saints et ton enVie, sur le pied et le fit crier. Aussitôt il lui dit;
parce que tu vois des hommes monter au lira Allez, vous serez liuéri .lésormais. Et, de fait,
d'où lu as été précipité. Amhroise ne sait point au temps de la mort du saint, il témoignait
s'en faire accroire. A ces mots, le possédé se avec larmes qu'il n'avait point senti de mal
lut, se coucha car terre et ne fit plus aucun depuis (4).
bruit (I). Ambroise un soin particulier de donner
avait
L'an 396, l'empereur Hnnorius étant consul, à l'Eglise de dignes ministres. On pourrait en
donna au peuplf de Milan un spectacle de citer plu>ieurs exemples d'après ses propres
bètes d'Afrique. Un criminel, nommé Cres- écrils. Il refusa constamment d'admettre dans
conius, s'était réfugié à l'église mais le ; le clergé un de ses amis, parce iju'il avait
peuple, assemblé à l'amphilhéàtre, obtint du quelque chose de trop léger et d'indécent dans
comte Stdiehon la permission de l'enleveravec sa démarche. Il défendit, par la même raison,
des soblats. Cresconius se réfut;ia à l'autel, à un de ses clercs de marcher devant lui. 11
et saint Ambroise, avec le clergé qui s'j trouva était persuadé que les mouvements déréglés
prcscnt, l'entoura pour le défendre. Mais les du cor|is sont un effet du dérèglement de
soldats, ([ui étaient en grand nombre et con- l'âme. L'événement fit voir qu'il ne s'était pas
duits par des ariens, furent les [dus forts. Ils trompé; car dans la suite ils abandonnèient
enlevèrent Cresconius et s'en retournèrent la foi l'un et l'autre. 11 rapporte lui-mérne ces
triomphants à l'amphithéâtre. Ceux qui étaient deux exemples i1ans son Traité des offias ou
dans l'égUse demeurèrent fort affligés et , des devoirs, qu'il composa pour l'instruction
saint Ambroise pleura longtemps, prosterné de son clergé, à l'imitation de Ciccron et de»
devant l'autel. Mais, quand les soldats lurent Grecs, que Cicéron même avait imités dans
retournés et eurent fait leur rapport, deux ses offices. Saint Amhroise prend ce que leur
léopards qu'on lâcha sautèrent brusquement morale avait de bon, l'appuyant par l'autorité
à l'endroit où ils étaient assis, et les laissèrent de l'Ecriture, et l'elvant aux maximes de
considérablement blessés. Stiliehon fut touché l'Evangile.
de cet accident ; il se repentit de la violence Une des dernières actions de saint Ambroise
qu'il avait faite à l'Eglise, en fit satisfaction à fut l'ordination de saint Honorât, évéque de
Miint Ambroise pendant plusieurs jours, et Verceil. A la mort de Liniénius, son prédé-
délivra Cresconius. Mais comme il était cou- cesseur, le siège resta longtemps vacant par
pable de grands crimes, il l'envoya en exil, la division qui se mit dans cette église. Am-
dont toutefois il le rappela peu après (2). broise écrivit au clergé et au peuple de Verceil
l'n esclave de Stiliehon même, ayant été une longue lettre pour réunir les esprits. Enfin,
délivré du démon qui le tourmentait, demeu- il fut obligé d'y aller lui même. Par ses soins,

rait dans la basilique Ambrosienne, et son on élut pour évé(iue Honorât, homme de
maître, qui l'aimait, l'avait recommandé à grand mérite, que l'Eglise compte entre ses
saint Ambroise. On découvrit qu'il faliriquait saints.
de fausses lettres pour donner la charge de Quelques jours avant sa maladie, Ambroise
tribun ou général en sorte que l'on arrêta
;
prédit sa mort; mais il annonça qu'il vivrait
des gens qui allaient commander en vertu do jusqu'à Pàipies. Il continua ses études (udi-
ces nominations. Ala priôrede saint Ambroise, naires, et il entreprit l'exidication du psaume
Stiliihon relâcha ceux qui avaient été ainsi ?[uarante-troisième. Pendant qu'il dictait à
trompés ; mais il ne punit point son esclave, 'aulin, son secrétaire, celui-ci vit sur la tète
et se contenta d'en faire des plaintes au saint du saintune tlainmo en forme de petit bou-
évèquc. Comme cet homme sortait de la basi- clier, et qui entrait po« à pu
dans sa bouche;
li(pie, Ambi'oise donna ordre de le lui amener. son visage devint Idanc comme la neiije, et
Il l'iiiterrofica, et, l'ayant convaincu de ce ce ne fut que quelque temps après (]u'il repa-
crime Il faut, dit-il, qu'il soit livré à Satan,
: rut dans son étal oïdinairi. J- fus tellement
pour la de>lru<tion de la chair, afin qu'à efl'rayè, dit Paulin, que je restai sans mouve-
l'avenir personne n'ose rien faire de senjlilaldc. ment, et ([u'il ne me fut pas possil.ie d'écrire
Au même moment, et avant ([ne le saint èvecjue ce (|u Ambroise me que la vision
dictait, tant
eut achevé do parler, l'e-prit immunde se dura. Il un passage de l'Ecriture,
répétait alors
saisit de l'Iifimmc et commença à le déchirer. que je me rappelle bien; ce jour- là il ce'jsa de
De cjuoi nous fûmes tous fort épouvantés, dit lire et d'écrire, en ^orte qu'il ne put finir d'ex-

Fauiin, qui était présent. Il ajoute : Nous pliquer le psaume (5). Nous avons encore cetl»

(I) Paulin, Vita Ambr., n. 12. — (2) Ibid., n. 3J. — (1) Ibid.. n. 43. — (4) Ibid.. n. 41. —
(5) ihxd. 42.
410 HISTOIRE UNIVEBSELLE DE LÉfUiSBCATHOLIQUE
expliration, qui finit au \er.«et vingt-iinirmo. le poiler à la lia.silii|ue Ambrofienncy où-il '".l

Le sailli élail iléJM malafif! quand il la idin- eiiteni'. Là une multitude de (!> i:,.!'- i/i, ,.;-

nicnça, ]iui?(]iie, au iiapiiort île i^on secrétaire, gnèreiit liMir rage pardescri- i'
il de sa propre main.
é'-rivait ses livres et l'on «M. tendit de semblables Cl ,,

Aral)roi«e encore l'onlinaiiou d'un évèiiuc


lit en plusieurs provinces et pendant jilu-e ura
de l'avie mais ensuite il se trouva si mal,
;
années.. Le peuple jetait des mouchuii.> pour
qu'il fut obligé de garder le lit. Le romt<; les faire louclier au corps. Car il se Irvu.a à
Stiliclioii en" fut cxlrùmiunent ainigé, et dit ses funérailles une multitude inoumbruitie de
pulilitiucmcnl que; la mnrt di' ce ^r.iiid liummc toute -coudilion, de tout sexe et de tout àne,
méimijail l'italio de sa ruini! iiroiliaim;. C'cil non^seuh-mcnt de chrétiens, moi^ deiiuti'u- et
pour(|uoi il lit venir les [lersonnaifcs les ]dutî de Juifs. Les nouveaux ba|itisé> brillaient (lar-

conHidéruWcs de Milan, qu'il savait parlicu- ilessus tous autres et teuaieut U


le-,

liiMcmcnl aimes ilu saint évcque, et les olili- rang. Le. mime jour qu'il niuuiut, ..
gea, partie par plierez, partie [lar menaces, en Orient à quelque- saints pi.isijii!i...i'.i,
d'aller le trouver pour le cmijurcrdedcmander priant avec eux et leur imposant i<â main?.

à l)iru qu'il lui jirolongcàt la vie. Comme iN On le connut ipielque temps après ,i .Milan,
étaient auteur de son lit, et lui demandaient par une lettre ilatée du j<jur cle >a mort, qui
avec larmeu cetlegràcc, il leur n'iiondit Je : lui élaib adressée comme vivant, cl i|ui le.i
n'ai pas vécu avec vous de manière que j'aie reçue par Simplicien,^onsuce(;.-sfiir. .,[ '.'c I

honte de vivre; et je ne crains pas de mr)ur-- avec grand soin. Il a]ijiainit auv
rir, parce que bous avons un bon maitr^'. suivant la promesse qu'il avait ;,..
Pendant ce tem[is-là, ijuatre diacres, qui étaient le priaient de les visiter souvent. On ,

à l'cxtrémitc de la gaUn-ie où il était couché, sieurs fois priant devantl'autel >''


s'entretenaient enecrahle du success.-ur qu'on AmlTTOsienne, qu'il y avait bat"'
pourrait lui donner. Ils parlaient si ha?, qu'à témoignagede saint Zenon, év. ,... .. ...- ;

peine pouvaient-ils s'enicndre. Quand ils renée, que Paulin rapporte ce f.iit ans la vie.
eurent nommé Stmplicicn, Amhroise, (pioii]ue de saint Ambroise, qu'il écrivit queb|ue leniiis
éloigné, s'écria par trois fois 11 est vieux,: après, à la prière de saint .\u::uïIui, -nr ce
maiiô il est bon: Ils furent si épouvantés de (|u'il avait vu lui-même, ou a;

l'entendre parler de la sorte, (pi'ils s'enfuirent, Jlarcellino, sœur du saint, et d',

Siniplicicu fut en cH'et son successeur. Pen- nages dignesdi- foi (i).
dant que sanit Ambroise était en prières, il Outre les nombreux écrits qu" f'int le morde-
vit le Sauveur qui s'approchait de lui avec un connai-sait à saint Ambroi
visage riant, il le dit à Bassien, évèque de land de Venise, dans sa //
Lbdi, qiri pilait avec lui, et qui lui-même riens Pères, lui a restitué un "li^ ,

l'aiiprità Paulin. 11 mourut peu de jours afirés. livres, ayant pour titre JJi^luh :

Le jour dé sa mort, il demeura en prières de JcrusuUm. Celte histoire, ';ui \

depuis cinq heures du soir jiisi]uïi l'heure vent le nom d'Egésippe uu d'Exi'j-.
qu'il expira, un peu après minuit. Il priait les une traduction libre de ce que 1

mains étendues en forme de croix, remuant Joscphe a dit sur cet événement. S:j.: -

les lèvres, sans qu'on put entendre ce qu'il Lhiisc la lit dans ses j.rcmières-aunées (i'.
disait. Honorât, évèque de Verceil, qui se Quami Sliiiohon disait que la mo.l ' t

trouvait présent, était allé prendre un peu de Ainbioise menaçait l'Italie de sa .

repos dans une cliambre haute, entendit vue chaîne, il disait viai : lui mèmf'y eo..
voix qui lui cria trois fois Lève-loi prompte-
: A[irès la mort du grand Tli<^oil.>se, i

ment, car il va partir. U descendit, il lui dit avoir été établi tuteur •

donna le corps du Seigneur. Il l'eut à peine ilpartagea entre les deux •

reçu, qu'il rendit l'esprit. Celait la nuit du de la couronne et les annécr, il ;c p. ujo ...l
vendredi au samedi saint, le i avril 39T, de mener lui-même les troupes de lOri .ut à
dans la cinquaute-seplièine année de son Cons-tantinople et d'y faire valoir -•
âge. 11 avait été évèque vingt-dcnx ans et Mais lîidiu, principal ministif d'A:
quatre mois. l'enlendail jioint ainsi. Il aspirait à dekeii.r le
A l'heure môme et avant le jour, ou porta collègue de son maître. .\ cette tih. :I n'r^-
le corps à la grande église, et il y demeura la prit de lui faire épouser sa tille. I.

nuit suivante, qui était la veille de Pâques. donc parler secrètement par les cun ,

Plusieurs enfants baptises cette nuitlù le la chambre. Aussitôt le serret fut di>«il-- <;
Tirent au sortir des fonts: les uns disaient dans tout Conslaulinople. cependant WnUa
qu'il était assis dans sa chaire, sur le tribunal fM le voyage d'Antiochc pour punir le comte
del'éulise U's autres, qu'il marchait, et ils le
; d'Orient, qui, aprcs avoir acheté de lui >ctle
montraient du doigt à leurs parents qui Inu- charge, la remplissait avec un désinlén'sse-
telJois ne le voj-aicnt point. Plusieurs di.-aient mcnt et une justice inattendus, au poi .1 d'é-
avoir vu une étoile sur.son corps. Le.jourde voir osé reinser une cho-e injuste à un griu l-
Pâques, quand le joui' parut et iju'on eut célé- onclc de l'i mpcivur, qui en lit dos p„jinte8.
bré les saints m^^tércs, on leva le corps pour Le oum du gouverneur était Lucien. Arrivé

(J) Paulia, Vita Ambr. — (2) Oalland, BibUuiheca itterum Pmlrum. u VII. Venotiis. 1770.
LIVRE VINGT-SEPTIÈME. 411

àc nuit à Anliochc, Riifin se le fit amener et reils succès, attendait les troupes venues
il

frapper à coups de fouel si rudement, qu'il d'Occident pour décider l'empereur à le dé-
expira au milieu de ce supuliie. De retour à clarer son collègue : il en avait même déjà la
Constanlinople, il trouve et »i conr et la ville parole. Le matin; 27 novembre 39o, le pilaia
occupées à ^ircparer les noces de l'empereur. étant orné avec magnilicenceet le festin com-
Ni lui ni personne ne loute qu'il ne s'agisse mandé pour la felede la proclamation, .\rcade
de sa tille. On ordunne, selon la coutume, se transj.orle au Faubourg de
Constanl;t>i»ple,
des réjoui-sances pujjiiques. Enfin, le 27 où l'armée renilue. Rufin marclwit à
s'était
avril 303, l'eunuque Eutrope fait porter en coté de lui, proiitant avec complaisance de
pompe, au travers du la ville, les haiiits que l'avantage que lui donnait sa bonne min».
l'crapereur l'nvoyait à son épouse future. L'empen-ur, en arrivant, salue les enseignée
Tout le penple, qui suivait en foule , les militaires. Bufiii félicite lessoldats, il cain^ssï
croyait destinés à la fille de Ruiin, et les offi- les officiers, et, tandis que ceux-ci l'aiBusenil
ciers mêmes qui les portaient n'avaient pas par de teintes protestalionj de zèle et de res-
d'autre pensée. Tout à couple cortéue s'arrête pect, l'armé-v environne le prince et le mi-
devant la maison où demeure une jeune nistre. Rufin, ébloui de sa gloire, n'aperçoit
Franque, nommé Eudoxie, ()r[ilieline du con- rien de ce qui se passe; il presse l'enipfréur
sul Bauton, Fianc d'origine. Eutiope en avait de monter sur le tribunal et de scdélarer sim"
fait connaître la beauté à l'empereur, et con- le choix qu'il lait d'un collé/^uei Eh ce mo-
clu secrètement le mariay-e. Il fait donc entrer ment Gainas donne le signal; un' soldat tiré
là les ornements, en revêt Eudoxie, et li; ma- son é[)ée et la plonge dans le corps de ilulin.
riage se célèbre ce jour-là même. On peut se Tous à l'instant fondent sur lui son corps :

figurer le désappointement de Rufin. Arcade disparait sous les coups; on ne réserve que sa
n'en lit que rire et continua de lui donnersa tête et sa main droite. Arcade, témoin de cette
confiance ff). rageet'leint du sang île son ministre, se re-
Eulrope s'entendait avec Stilichon. Pour tire avec etfroi et s'enferme dans son palais.
déjouer leur manoeuvre et forcer l'empereur On plante la tète au bout d'une pique, une
à le prendre pour collègue, fiuijn invite les pierre dans la bouche pour la tenir ouverte.
Barbares à se jeter sur les terres de l'i'mpire. L'armée, chantant sa victoire, entre dans Con-
Aussitôt les Huns se précipitent sur l'Orient, stantinopl© à la suite de cette hiuiilde en-
saccagent l'Aiméiiic, la Cappadoce, la Cilicie, seigne, que le peuple en foule insulte à coups
;a Syrie, et arrivent jusque devant Antioche. de pierres. Une troupe de soldats pii'seiitait
Du côté de rOcciileut, le (Joth Alaric, comte aux passants la main sanglante de Rulin, en
de l'empire, sollicité par les promesses et l'ar- disant Donnez à ce misérable, qui n'eut jai-
:

gent de Uutin, ravage la Mésie, la Tlirace, la mais assez (2) 1

l'anrjonie. Ses partis courent l'illyrie entière, Le faible Arcadius, incapable de se gouver-
depuis la mer Adriatique jusiju'à Constanli- ner lui-même, avait besoin tle quelqu'un qui
nople. I^es Goths, campaient à la vue de celte le gouvernât. Le Gascon liulin lut lemidacé
ville et désolaient les environs. Alaric se jeta par l'cuniupie Eulroj)e. .Né en Arménie dans
ensuite dans la Grèce, y exerçant les mêmes l'esclavage, destiné dès son enfance aux [)lus
ravapes. viles fonctions, vendu cent fois, chasse ilans
Cependant Stilichnn, après s'oére assuré des sa vieillesse, comme un esclave inutile, de la
Barbares qui bordaient l'empire d'Occident, maison du général Arinthée, dont il servit it
marchait en Grèce pour ci-mbattre Alaric. la bile, il parvint à entrer chez le consul
Son (Icsâeiu secret était de s'avancer jusqu'à Abundantius, qui le plaça au nombre des
Conslantinopie, sous prétexte d'y mener les eunuques du palais, en 39.3. A force de sou-
troup 'S d'Orient. Arrivé dans les plaines de plesse et d'hypocrisie, il se fit remarquer de
Tliessalie, il était un moment même de forcer l'empereur Tliéodose, qui le chargea de
le camp des Goths, qu.ind arriva un ordre de quebpies missions et lui donna de l'avance-
l'empereur Arcade aux trotiiies orientales de ment. Il devint le successeur de Rufin dans
revenir sur-le-champ à Constanlinople. Ces ses crimes comme dans sa puissance, l'our
troupes, furieuses de se voir enlever la vic- s'enrichir il perdit successivement le consul
toire, rcfusaii-nt d'obéir. Toutefois, Stilichnn Abundantius (jui l'avait tiré tle la piuissière,
les renvoya, sous !.. c(,.iduite de GaUias, Goth Timase, gênerai distingué, et son tilsSyugrius,
de naissance, luquci il confia ses vues. (>el qui [lérirent clans les sables de Libye. .\mi
ordre d'.\rcadi' avait été provoqué par Uidin, jusque-là de Stiichon, il en l'ut l'ennemi dès
qui craignait h; succès île Sliliclion. l'recé- lors. Le Goth .\laric, ne reticonirant prestpie
déminent di'ja, lorsque les Goths d'.Vlaric cum- plus d'obstacles, avait pillé toute la lirè-.e. en
paierii deviinl Constanlinople , et que tout particulier .Vthi'iies, Cori-nthe, .Vrgos, Lficé-
tremidail a la cour et dans la ville, Rlihn seul, démoiie. Slilichon avait une armée capable
pœiiant l'habillement des Barbares entra , de le vaincre. Eulrope. pour l'en emperlier,
dans leur camp et les engagea, à force d'ar- lit nommer Alaric commandant des lrou[>»'s

gent, à s'éloigner de la capitale. EuUé de pa- romaines, non-seulement dans laiîrèco qu'il

(1) Zo?., I.V, c. n et in. Siz., I. VIII, c. vi. (2) Soc, 1. VI. c. I. Soz., 1. Vin, c. I. /os., I. V,
6. m. Ilisi. du lSu-,-tihj,i)v,l X.WI. TiUeinont.
IIISIOIHE UNIVERSELI-E DE LÉGUSE CATUOLIQCB
venait âc ravager, mais dans Imilf! l'illyrie Iiropre vie, ainsi qu'il le raconta Inî-mAme ;

orii-'iiUilo. il voulait décamper et passer un «bdiie. Mai-


Ce fut dans ces conjonliims (|iie mourut la nuit -^aint Ambroise
lui a|>[iarut, et, frap-
gaint Am))ri)isc. On sent C()ml>ien sa mort pant terre de son bâton, lui dit re»
tir)is fois la

était alors fïicliRUSc. Kn la mi'mn annétr .'(117, le mots lei, ici, ici
: Il comprit que le saint lui
!

Maure (iildon se rZ-volta en Afriiiue. I)e|)uis piomeltait la victoire au même lieu trois jours
douze ans il comninmlail les troupi'S riimainei après. Il s'y arrêta donc ; et, le Iroisii'me jour,
de ee p.i}j en {jualité de comte. (jnoii|ue allié ayant passé la nuit en [irièrcs, il mardi. ver»
i

de Tliéodnse [)ar le mariage de sa lille Salvina l'ennemi dont enveloppé. Aux premiers
il était
avec Néliridius, neveu de l'impératrice Flac- qui s'avanci rent. il fit desollVesde jiaix. .Mais
cile, s'était attiré l'indignation de ce prince
il voyant un enseigne qui les rejetlail avec in-
en lui refusant tout secours contre Eugène. solence el excitait les soldat» à combattre, il
La mort du vain(ineur avait sauvé à ce per- lui porta sur le bras un grand coup d'èp.-e, el
fide le châtiment (pi'il méritait, et l'impunité le fon;a de baisser le drapeau. Ce mouvement
ne l'avait rendu que plus auilaoieux. Comme fit croire aux autres corps que la jireuiière

il méprisait la jeunesse et rinca[iacité des ligne meltait bas les armes tous crièrent
;

deux jirinces, il résolut de secouer le joug de qu'ils se rendaient les Barbares prirent la
:

l'empire. L'exemple de Firmus, son frère, fuite; Gildon, abandonné, gagna les bords de
qui avait succomlié dans une entreprise pa- la mer, où, s'c'tani jeté dans une barque, les
reille, ne l'ctfraya pas. C.ildon ne l'égalait ni vents le poussèrent malgré lui dans un [>ort
en courage ni en artitices, mais il le surpas- peu éloigné. Il fut pris, expo.sé aux in-ulles
sait encore en cruauté et en scélératesse. Livré du peuple, condamné à mort; et, pour éviter
à tous les excès de la iléliauche, iiuoiipip dans le supplice, il s'ètrani.'la de ses propres mains
un âge avancé, enlevant les fdies, cnrromi>ant dans sa prison, avant que son frère sùl cft
Jes femmes, avare et dissipateur, il mettait en qu'il était devenu. On reçut en m me temps
œuvre la calomnie, le fer et le poison pour à Rome, au commencement d'avril .'WS, la
ôter la vie à ceux dont il voulait ravir les biens nouvelle de sa défaite et celle de sa mort. 1^
ou l'honneur. Sa table même était un piège flotte ramena Mascezil vainqueur avec les mois-
redoutable souvent il y invitait ceux qu'il
; sons de r.\frique.
avait résolu de [lerdre, et il les faisait égorger La femme et la sœur de Gildon, ainsi que
au milieu du festin. Après le massacre sa Salvina, furent des saintes. Salvina,
fille
des maris, il livrait les femmes les plus veuve de .Nébriilius, avait une lille et un lil!>
nobles (le Cartilage à la brutalité des Mau- qui porta le même nom que son père. Elle
res, des Ethioi»ieiis et des Nègres dont il reçut une lettre de saint Jérôme, touchant la
avait formé sa suite. Toujours accompagné conduite qu'elle devait tenir d.ins sa viduité,
d'un cortège fastueux, il imposait par cet ap- et se distingua dans la suite entre les femmes
pareil aux Barbares voisins, et leurs rois vertueuses qui demeurèrent attachée» à saint
étaient ses clients. Il ménagea d'ibord llimo- ChrysDstome injustement persécuté. Rufin
rius et lui donna quelques marques de soumis- laissa pareillement une femme, une tille et
sion. .Mais bientôt ayant lié correspondance une sœur, qui se retirèrent à Jérusalem el y
avec Eutrope, il feignit de se donner à Arca- passèrent, dans les pratiques de la piété et
dius et de le reconnaître souverain de l'A- des bonnes œuvres, le reste de leurs jours.
frique. Eutrope, qui ne cherchait qu'à nourrir Mascezil mériUiit des récompenses. Revenu
la discorde entre les deux frères pour acca- à la cour, Slilichon lui fit l'accueil le plus
bler Slilichon, favorisa sa perfuiieet fit agréer flatteur; il lui |irodiguait les louanges; il ne

.ses olfres. Après la moisson de cette année, semblait embarassé que de trouver îles hon-
Gildon leva l'étenilard de la révolte en arrê- neurs qui égalassent son mérite. Un jour il le
tant la tlotte de (>artliage qui portail à Kome conduisit hors de .Milan, à une de ses maisons
le blé de r.\fruiue. Des manifestes de la cour de camjtagne, comme pour lui donner une
de Constantinoiile se déclarèrent en sa faveur. fête ;mais bu-squ'ils passaient ens«'mlde sur
Mais il avait un trère, qui ne voulut pas s'en- un poni, Slilichon donna un signal aussitôt
:

gager dans sa révolte. Son nom était .Mascezil. SOS gardes saisirent Mascezil el le jetèrent lians
8e voyant expo-é à ses fureurs, il vint se jeter le tieuve. Il fut enu'louti en un moment, tan-
entre les bras des Romain.-.. El Ciblon, irrité ilis que Slilichon en riait comme d'une plai-
de sa fuite, égorgea ses deux lils et les laissa santerie. .\ction atroce, ipii fiil bien voir
sans sépulture. combien l'empire avait besoin lu'un pareil
Gildon était païen : Mascezil était chrétien homme fut contenu par un saint .\mbroi-.o(l).
et pieux. Stilichon jeta les yeux sur lui pour Le saint èvè [ueile .Milan était mort b- i avril
soutenir la guerre d'Afrique". Il lui conlia cinq 397. Le:i7 seiilembre suivant mourut .Nerlaire,
mille hommes d'élite. Les deux frères se ren- évèque de Constantinople. après avjir gou-
contrèrent à l'extrémité de la .Vumidie.Gildoa verne celte e.;li-e peuilant seize ans. avec la
avait soix.Mile dix milU hommei. mais mal douceur inilolenle d un particulier, bien plui
disciplinés. A la vue de cette multitude, Mas- qu'avec la science, le zèle el la fermeté <l'ua
cezil désespéra de sa petite armée et de sa évèque. On délibéra quelque temps sur la

(I) Oros., l. Vil, c. xxxu. 2oi., 1. V, c. xi. Uiil. du B(u-li«.f.„f. I. \XVI.


,

LIVRE XnENTE-SEPTlftME. 41S

choix d'un successeur. Divers sujets furent son extérieur il en eut encore plus de répu-
;

proposés. Quelques-uns se présentéi-ent iTcux- gnance à consentir à son ordination. Mais en-
mèraes. C'étaient des pnHrcs iniiii,^nes de ce fin on l'y fit résdU'lre. Eutrope lui montra
nom, dont les uns fatiguaient la lour, les au- plusieurs mémoiies présentés aux évèques
tres oUraieut des présents pour capter les suf- contre lui, et lui dit de choisir ou de se dé-
frages, d'autres enfin se mettaient à genoux feniire contre ces accusations, ou bien de
devant les populations di's tjuarliers. Le peuple se rendre à l'avis des autres évèques. Il
orthodoxe en fut indigni- et [U'essa l'empereur céda, et ordonna Chrysostome le 26 février
de chercher (m homme digne du sacerdoce. 398 (1).
L'eunuque Eutrope, qui dans ce moment Saint Chrysostome et Théophile ménagèrent,
gouvernait l'empereur et l'emidre, avait connu par l'entremise même du prêtre Isidore, une
le mérite du prêtre Jean d'Antioche dans un grande rciconciliation dans l'Eglise. Le nouvel
voyage qu'il avait fait en Orient d'ailleurs sa
;
évèque de Constantino[ds devait envoyer une
réputation était répandue par tout l'empire. légation à Rome, pour y porter le décret de
Jean, surnommé Chrysostome, fut donc élu son élection. Il profita de la conjoncture pour
évéqnc de Constantinople par le consentement réunir les évèques d'Orient avec ceux d'Egypte
"
unanime du peuple et du clergé, et avec l'ap- et d'Occident, dont ils étaient divisés au sujet
probation de l'empereur. Mais on savait com- de Paulin. U pria Théophile d'y travailler
bien il était aimé à Antioche, et combien le avec lui, et de réconcilier ave(tle PapeTevêque
peuple de cette ville était facile à émouvoir. Flavien, qu'il regardait toujours comme son
Eutrope lit écrire par l'empereur au comte maître et son père spirituel. Théophile en
d'Orient de l'envoyer sans bruit. Le comte étant convenu, on choisit Acace, évèque de
ayant reçu la lettre, pria saint Chrysostome Bérée, et le prêtre Isidore d'Alexandiie, avec
de venir le trouver, comme pour quchiue quehiues-uiis de l'église d'Antioche, pour aller
affaire, dans une église de maityrs hors d'An- en a:ubassade à Rome. Ils y portèrent le dé-
tioche, prés de la porte Romaine. Là, l'ayant cret de l'ideclion de saint Chrysostome (2). Ils
fait monter dans sa voiture, il le conduisit en y négocièrent surtout avec succès l'alfaire
diligence jusqu'à un cerlaiii lieu, où d le re- d'Anlioclie, etreviin-ent en Egypte, d'où Acace
mit entn; les mains des ofUciers de l'empereur, retourna en Syrie, portant à f^lavien des let-
qui le menèrent à Constantinople. tres pacifiques des évèques d'Egy[)te et d'Occi-
Allnde rendre son ordination plus solen- dent ce qui acheva de rétablir complètement
:

nelli', l'empereur avait convoqué un concile, la communion entre ces églises.


et y avait appelé Théophile d'Alexandrie, Dès que le nouvel évèque de Constantinojile
comme l'évèque du premier siège de son em- eut parlii dans son église, il s'établit entre lui
pire. iMais Théophile i;(jmptait faire évèque de et son peuide une allection réciproque. Je ne
Constantinople un prêtre d'Alexandrie nommé vous ai parlé qu'une fois encore, dil-il dans
Isidore. C'était le même qui, après avoir pra- son deuxième discours, et déjà je vous aime
tiqué longtemps la vie monasticpie dans le comme si j'avais été élevé parmi vous dès
dé.sert île Scétis, avait accom[)agrié saint Atha- l'origine déjà je vous suis uni par les liens
;

nase à Home'. 11 est compté [larmi les saints, de la charité, comme s'il m'avait été donné
et gouvernait alors le grand hiqdtal d'Alexan- depuis un temps infini de jouir des douceurs
drie. Outre son uiérile. ipii était gran.l, on de votre commerce. Cela vient non pas de ce
prétendait (jue Th('op!iile lui avait obligation que je suis sensible à l'amitié, mais de ce que
pour s'etie bien acquitté d'une commission vous êtes aimables par-dessus tout le mou. le.
tort délicate. On dit que dans la guerre du Car .[ui n'admiierail votre zèle de i'cu, votre
tjTan .Maxime, Théo[ihile chargea isitlore de charité sans feinte, votre affection pour ceux
lettres et de présents pour li;s d(;ux rivaux, qui vous enseignent, votre concorde mutuelle,
rem()ereur Théodose et Maxime, avec ordre choses qui suffiraient pour vous concilier nue
d'albr à Uome, pour y attemhe l'issue de la àme de pierre? C'est pourquoi nous ne vous
guerre et remettre au vaincjueur les lettres et aimons pas moins (jue cette église où nous
les présents; qu'Isidore exécuta sa commis- sommes ik'^s, où nous avons été élevés et ins-
sion, mais que ses lettres lui ayant été déro- truits. Celle-ci est la sœur de celle-là, et vous
bées, il l'ut obligé de s'enfuir à Alexandrie. prouvez cette parenté par les œuvres. Si l'au-
Outre sa rccon naissance, Thé(j[ihile espérait tre est plus aueienne pour le temps, celle-ci
encore que, devenu de celte manière éveque est plus fervente «lans la foi là il y a une as- ;

de i;onstantiuoi)le, Isidore se unmlrerail semblée plus nombreuse et un théâtre plus


souple à ses volontés l'ar, autant que pos-
; célèbre mais on api-rçoit ici plus de constance
;

sible, il n'en ordonnait aucun qui lui parut et dt! courag<!. Je vois ici les loups rôder de
d'un caractère ferme et inilépendant. Quand toutes paris autour des brebis, et cependant
Chrysostome fut arrivé à Const intimqdc le bercail ne diminuer pas (;i). Ces loups
Thi'iqdiile, qui était habile à connaître les étaient les iliversesespêce- d'hèrèliques, ano-
Inunnies sur la physionomie, fut surpris de la méeus, marcionites, manichéens, auxquels on
Lai'diesse et de la fermeté qui paraissaient à peut ajouter les Juifs et les païens, qui, eucorc

(1) Pcllad. Vila Chrytoit. — (2) 0pp. Chrysost., l. Xlll. Pullad. Vil., p. 16, B. - (3) T. I, p. 541, lioinil.
II. èdit. Beu'îJict.
414 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÊGUSE CATHOLIQUE

allers, n'étaient pas en petit noniljre à Constan- un concours infini de petiples, marchant l«jiu
tinople. en procession, un llambe-iii eu un eieruc à la
Li;s ticmhloments de terre étalon l fréquents main. On y voyait les truupes des si>litairi:s,
dans celte ville L'an 3%, il y en eut qui s'y le-^ t:li<eurs des vierfjes, la file des prêtres,^
lireul sentir durant plusieurs jnni s mais rien
;
oiulliludetles laïques, esclaves, liommes libres,
in'y causa plus ilVIlidi qu'un i)lién<)nii-nc que (iiiiyr;n-, étrangers, princes et sujets, s'avan-
saint Augustin d^-erit ainsi dans un sermon (;anL à |>ied, pleins d'allégi"e*s<;. Derrière la
fait à sou peui)le. On vit au rvomnieneement cbàsse lies reliques, que couvrait un voile,
de la nuit, du côté de l'Orient, une nue en- .mirchait l'impératrice Kudnxie, véUicde pour-
flammée qui eroissait à iweRTire (ju'elle appro- pre et ceinte du diadèuie, '«imeliaiildela main
iliait lie (;onslanlinijple, Jusqu'à ce qu'enfin le voile el la chasse, yiianri cette immeiisn pro-
eilecuuvnt toute la ville. Elle «xludail une cession s'avan(;a le long il"- la mer avec ses in'
odeur de soufre. Tous les liahitants, c.onslei- .nomhrables ilaoïlioaux. la mer respli-jidil
nés, coururent à l'église. Ceux qui n'avaient comme un fleuve d'- feu. On s'était mis en
pas encore rei^u le baptémi! s'cnii«ressérenl à imarcbe à minuit, on p Irriva qu'apré- le jour
lerscevoir; on baptisait dans les maisons, Saint Ctirysoslome tei'ujina la s.dennité pa.
dans les rues, dans les jdaees. La nuée s'éclair- un diswiurs qui lespire b; plus vif enthousi-
cil peu à peu, et enfin se ili-sipa. Le peuple asme, et où il fait un (o-and éloge de la jiiélé
était rassuré, lorsque le bruit se rcputidil que de l'imriér.itrice. Le lendemain, l'empereur
la perte de la ville n'était (juodillV'rée, elipi'au Arcailius, suivi de son armée, vint à son loiir
sauieili suivant, à une certaine heure, elle honorer les .saintes reliques, après avoir dé-
périrait infailliblrment. Celte proplu-tie re- posé son diadème et 'les soldats leurs iir-
nouvela l'épi luvanle. Le- jour funeste étant mes(3).
arrivé, tous fuient eu désordre, tous aban- L'an 390, mercredi de la semaine s linte,
le
donnent leur patrie en poussant des cris la- qui était avril, il tomba une si ;:rande
le 6
mentables. L'empereur même fuit avec eux. yduie, tpie l'on craignit que les camp.iirues
Celte multitude effrayée s'arrête ù quelques n'en tussent entièrement désolées. Le peuple
milles, et, la l'ace tournéeversConstantinople, consterné. im()lora le secours du ciel. Chry-
ils adressent à Dieu leurs prières. On apert^oit Bostome indiqua des prières publi<pies, et iiila
tout à coup s'élever une épaisse fumée. A Iiroi-essionnellemenl avec son troupeau à l'i--
cette vue, les cris redoublent enfin, l'air re-
; glise des Ajiotrcs. afin d'obttnic la délivrant'
dcvieul serein, et, l'heure prédite étant passée, du fléau par l'intercession de .saint l'ierie, de
ou envoya examiner l'état de la vilie, qui fut saint André, de saint Paul et de saint Tim«-
trouvée sans aucun dommage. Le peuple y Ihôe. L'orage se calma, mais les frayeurs ne
rentra avec la même joie que s'il eût recouvré cessèrent point; ou pa.ssa donc le lJ<ispliiire
laTi(! (I). pour Tisiter l'église <le Saint-Pierre et de .saint-
Vers la fin de l'année 398, Gonslanlinople Paul, qui était de l'antre c<ilé de la mer. On
ressentit de nouveau des secousses terribles. pouvait croire tout le peuple converti pour
On un niugissemeul souter-
entendit d'abord longtemps. Le vendredi saint, il y eut des
rain; un moment
après, la (erre s'ouvrit en courses de chevaux pluewurs oublièrent i'é-
;

Dlusienrs endroits,' il en sortit des flammes. glise et la sainti'tédu jour, -assistèrent à «s


Le Bosphore ét.iildansnne violente agitation; courses avec si peu de modestie, quilsre.u-
la mer se répandit sur- ses deux rivages et in- plirenl toute la ville de leurs vociferatifus.
onda une partie deConslantinople et de Chal- Le lendemain, qui était le sameili saini, ils
cédoine. On voyaituu grand nombn; de mai- firent pis encore: ils assislerenl aux specta-
sons brûler dans les eaux. Les plus riches cles impurs que donnèrent publii|ueo)>'nt les
Habitants s'entinrentsur les montagnes voi- prostituées d^la^nlle. Retirédans s;i m.-iison.
sines; d'autres demeurèrent au milieu des Chryso-tome iremissait <l« ces desonin-s; le
dangers, mais pour piller les biens des fugi- dimanche de Pâques, il «'eii plniznit avec
tifs. Saint Cbiysoslome usa de toute sou élo- aniorlnnii' el excommnnia les etnipabtes. Ils
quence pour condamner celte cruelle avarice rentrèrent en etix-inemes, el huit jours après
et pour consoler son peuple, en lui montrant le saint donna des éloges a leur conversion i-4'.
une autre pallie, où les trésors ne peuvent Il y avait .Unr. Constantinuple un .icraud
elle enlevés, et dont les fondements sont iné- nombre de CothsinfeHés de l'ananisnie ; mjns
branlables (2). il y eu avait aussi l)oaui<au|i de r iboii-fo»'-.
Trente jours après, toute la ville fut occupée Ceux-ci s'élanl tranves a -J'ti*;. :

d'une pompe extraordinaire, qui fil outiller ce lenail à l'éi^lise de Sainl-Psul |

malbenr. On transpoita soli'nnellomenl les re- mainode Pàqiie-s, saint iJiry-o-^


liques de plu-ieuis martyrs, dejiuis la i^rande à quelque—uns de cette nation
église de Consliintinople jusqu'à relie de saint endroits de l'Kcritiire, qu'ils. a\^
Thomas, apolre, au liourg de nry(iia, .«iir le en lanuue gothique, el à un p
bord de la mer, à la distance de liois lieues. prét'her. Le T<aiut pril occasion '-^'i-

La Irauslatiou-se-lit au milieu de la nuit, avec fondre le? Jnils et les- (miens ha ii..^:>. : - .. ii^iSr

0;Aiii.>'.
<t i.i, p.
flfVrh.-excid.. c.Tl, t. VI. p.
330 et 335. —(*} S. CljryîOât.,
6.!7.
t.
— (î) S. Ohr5-<«ist t,;XII,
VI, p. 272 ; l. XII, p. 302.
p. 3Î3. — (»)T. Xll. * ni'/. I
LIVRE TRF.N'TE-SEPTIl'ME. 41»

fais;; fit voir, suivant les oraclfs dos prophôtos, la molesse, et logeaient des hommes chez elle*
les nations converties, humaniséps pnr la foi ce qui occasionnait des scandales sans nombre
du (ilirist. «m'cux avaient n-joto les païens ; murmurer tout le monde {^).
et fai-iait
en leur montrant que leurs philosophes, aveu Saint Clirysostome réiîla également la con-
leur longue iiarhe, leurs longs cheveux et leur duite des veuves consacrées à 'Dieu, dans le
bâton, n'avaient pu convertir personne, tan- rang de diaconesses. Il y en^ aA'ait à Constan-
dis que les pécheurs de Galilée avaient amené tinople de très-illustres par leur naissance et
à une philosophie toute divim- les nations les Icurpiélé: l'enladie, veuve du consul Timase;
plus barbares, les Golhs, les Scythes, les Sar- Salvine, fille du comte Gildon et veuve d'un
males^ les Thracas, les Maures(l). neveu de l'empereur Théodose; mais surtout
Le tçrand œuvre de saint (^hrysostome était sainte Olymiiiade, Touve d'un préfet de Cons-
îa réforme de son clerué et de son peuple. La tantinople et nièce de cette Olympiade q\u,
facilité de Nectaire avait favorisé bien des dé- après avoir été fiancée à l'empereur (Constant,
sordres, entre autres la cohabitation de bien épousa dans la suite Arsace, roi d'Arménie.
des clercs avec des filles qui faisaient profes- Ce que le saint régla surtout, ce lut sa pro-
sion de virginité. Le saint altaipia ce scandale pre maison. Ayant examiné les oaiémoiresde
dans deux livres. Du temps de nos ancêtres, l'économie qui maniait les biims de l'église,
dit-il dans le premier, on ne connaissait que il retrancha plusieurs dépenses inutiles, en
deux causes pour porteries hommes à rierai'U- particulier. celles qui étaient pour la personne
rer avec des femmes: l'une, jdus ancienne et de l'évèqne, et qui allaient très-loin. Il appli-
instituée de Dieu, c'est le maria'.;e l'autre, ; qua le superflu tant à riio|)ilal qui était déjà
plus récente, inventée par le démon, c'est le établi pour les malades qu'à plusieurs autres
concubinage. De nos jours, il s'est établi une qu'il fonda, et dont il donna la dirccliou à
coutume qui n'est foniiées\ir aucun lie ces mo- deux piétrtîs fort pieux, qui avaient sous eux
tifs on voit des hommes qui introduisent et
: des médecins cl les autres officiers nécessaires,
gardent chez eux déjeunes tilles, non jiour eu tous hommes de bien et qui n'étaient point
avoir des enfants, puisiju'ils assurent qu'ils engagés dans le mariai;e. Il exhorta même les
n'ont avec elles aucun commerce, ni pour être habitants de C'mslaidinople n'avoir chacun
complices de leur débauche, puisqu'ils se di- leur hôpital domestiq ue, c'est-ii -dire, en chaque
sent les gardiens de leur intégrité. Si vous les maison, une petite chambre pour les pauvres.
pressez de dire pour quelles raisons ils les tien- 11 s'appliqua encore à réprimer l'orgueil des

nent chez eux, ils disent qu'ils en ont beau- riches et à leur enseigner la modération et
coup, mais ils n'en donnent aucune de bonne. l'humilité. Quel sujet avez-vous, disait-il, de
Le saint fait voir, et par l'Ecriture, et par vous estimer si torts,' et de croire.. nous faire
l'autorité même îles philosophes, que ces co- grâce quand vmis venez ici écouter ce qui sert
habitations étaient iniiniment périlleuses en à votre salut? Votre richesse, vos habits de
soi^ de mauvais exemple et offensantes pour soie? Eh! ne savez- vous >)ias que des vei-s l'ont
de railleries pour les autres,
les lidèlcs. .sujet fdée et ipie des Barbares l'eut mise en^ œuvre?
et réfute les divers prétextes. Celait par cha- que les courtisanes, les voleurs, les sacrilèges,
rité, disaient ces clercs scandaleux, et pour les hommes les plus iufà'mess'enserveut? Des-
servir des personnes pauvres. Pourquoi donc cendez une fois de ce faste, considérez la bas-
alors ne pas recueillir des hommes ou des sesse de la nature vous n'êtes que terre,
;

femmes âgées, infirmes, estropiées, dont les poussière, cendre, fumée. Vuus- oommaudez à
rues de Constantinople étaient pleines'.^ Mais plusieurs hommes; mais vous êtes esclaves de
mon, il fallait qu'elles fussent jaunes et belles vos passions. C'est comme' celui qui, dans.sa
prouve éviilente que le principe en était, non maison, se laisserait battre par ses valets, et
pas la charité, mais la passion. Quel scandale au dehors se varderait de sa puissance.
devoindes clercs toute la journée au milieu Une nouvelle catastrophe vint confirmer ces
d'une troupe de filles, mangeant et riant à la piédications de (^hrysostome. L'ongueil de
.mèriK! twble, passant avec eile les uuils, non- l'eunuque Eutiopc moutail à sou comble. Il
-leulemenl sous le même toit, mais dans le faisait faire des lois à l'empereur Arcadius,
'..nème appartejnent! Qurl ridicule pour la re- qu'il était le premier àAiolcr. 11 ruinait les
•-ligion, (piclle honte [lonr l'Eglise, de voir des provinces, vendait les charges, tandis qu'il
cietos occu[)és comme des domc-^liques, des faisait proscrire les concussions et lés bcigues.
/ parisiles l't des eunu(]ues, eourii' à la liouti- Pour s'emparer plus Sa'ilement des biens des
qno du marchand ou de l'artisan pour deman- proscrits, il faisait aVolir 'e droit d'asile dans
der si le miroir de madame, si les pailnms de les églises. L'- sénat et le peuple-so pitister-
ma'lauie, si de madame sont prêts
les souliers ;
naient devant lui on l'appelaiV le père de
;

^ de en un mot, (piitter sans cesse la


les voir, l'empereur-, et l'eiiipereur lui oonféra le litre
i^çroix |iour la quenouille Dans le second li-
! de palrice. On 'lui dr-essnil des statues de tous
vre, il s'»'leve encore, avec plus de force i!t dé- Ic!» métaux, sous toutes les formes, dans 4<>ates

pP>ro avec plus de douleur la conduite de cer- les places; on en voyait une dans la salle du
taines filles riches, qui, a|>rés avoir fait pro- sénat, décorée d'une inscription fastuease, où
fession de virginité, vivaient dans le luxe et l'on relevait son illustre naissance et se»

il: r. Xn, p. 371. -(2) T. I, p.'228etM8.


4ie HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATHOLIQUE
cx|i)oits guerriers: il y ^'tail ii(pmin(' lo troi- pire; maintenant abandonné, pâle, tremblant,
siciin'londiitcur «le Ci)nstiiiilii]oi)l(', iipn'sDyzas allarbé :i une colonne sans autre lii-n qu«; la
cl CoiisUuilin. (k'poiiilMiit il p.issail les nuits à frayeur, caché .lans le sein di- l'i-glisf qu'il a
table et les jours au tlic;ilr('. Connue s'il eût mépii-èc. Jamais le sanctuaire n'avait p:iru si
pu se jouer de la nature, ainsi qu'il se jouait redoutable que lorsqu'on y voyait ce lion
de l'empereur cl de l'empire, il se maria, tout abattu: spectacle terrible, qui mi'tlait en ac-
cunutiuc (ju'il ttait. Leseunu(]ues lun'iit lelle- tion les sentences de l'Ecrilure sur la fra'.;ilit<'
UKuit en laveur, que liien des ambitieux se des grandeurs humaines. Cette vue n'in^-iiirait
mulilèrenl pour suivre celte nouvelle roule de que l'elfroi; l'éb^quence de Clirysostome tira
fortune. Euli'oite aspirait au titre d'eni[iereur; des larmes. Il prononça un di^iours dans
il prit d'abord celui de consul pour l'an 3'J9. lequel, après une (leiuture palliéliqucile l'état
Ce l'ut le premier et dernier consul eunuque. où ce mi-érable était réduit, il excita dan- le»
Il célébrait son avènement au consulat par des cœurs une compassion chiélicnne. Tout l'au-
fêtes magnifiques, quand on apprit qu'un ditoire, aussi pâle et aus-i tremblant qu'Eu-
comte de l'empire, le Golli Tribi^;ilde, s'était trope, ressentait son inlortune et ce peujile
;

révolté en Plirygie. 11 était parent du comte nombreux, qui n'avait apporté à IVglie iiue
(ia'inas. Ces deux Goths avaient aidé Eutrope des sentiments de haine et de venacan'ie, >or-
à renverser Rulin. Ne si- croyant ]»oint assez tit en gémissant elen im[)lorant la miséricorde

récompensés, ils entreprirent de rcuversi'r Eu- de Dieu et la clémence de remjxTi'iir (I j.


trope. S'étanl concertés ensemble, Tribigilde Eutrope était en sûreté dans son a-ile; mais
se retira pendant les fêtes dans son gouverne- en étant sorti pendant la nuit pour se sauver
ment de l'iirygie, et leva l'étendard de la ré- ailleurs, il fut arrêté et condamné à un exil
volte. Après (jueiques incidents. Gainas fut perpétuel dans l'ile de Chypre. Ce n'était point
envoyé pour le combattre. Mais bientôt il écrit assez pour Gainas: il solliciUi sa mort. On
à l'empereur que Tribigilde est invincible, «jue accusa Eutropi; il'avoir, dans les jeux cxdi-iirés
tout lui réussit, que le seul moyeu de l'apaiser pour la solennité de son consulat, employé les
est (U; lui livi-er Eulrope. L'empereur lié.-itait, chevaux de Cappadoce, dont l'usju'e était
]ors(]ue l'orgueilliuix eunucpir eut l'audace de réserve à la seule personne de l'emi>ereur. On
menacer rim|iératrice même. Dès lors, il eut le ramena donc prés de Chalcédoiae, où il eut
ordre de sortii' sur-le-cbamp de la cour, avec la tête tranchée.
défense, sous peine de la vie, de se présenter Gainas, s'étant réuni à Tribigilde, demanda
devant l'empereur. emore il'autres têtes Aurêlien, consul de l'an-
:

Fra[ii)é de ce coup terrible, et plus effrayé née même, qui était 40U; Saturnin, consul
encore du souvenir de ses crimes, Eutropc se en SH'd; le comte Jean, conlident d-- l'empe-
réfugie dans une église et va chercher asile reur. Arcade les sacrifia, ou plutôt ils se
dans ce lii;u sacré qu'il avait lui-même dé- livrèrent généreusement eux-meme- pour le
pouillé de ce droit. L'empereur envoie plusieurs salut de l'empire. Saint Chrjso-lome les ac-
de ses gardes pour l'en arracher par force. compagna au camp de Gainas, qu'il adoucit
Saint Clirysostorae s'oppose à leur violence; il tdbment par son éloquence, qu'après leur
défend un ennemi dont il s'était, par sa vertu^ avoir fait craindre le dernier supplice, il se
attiré la haine. Ou le saisit lui-même, on le contenta de les bannir.
conduit comme un rebelle au palais, entouré Plus hardi cjiie jamais, Gainas demanda à
de soldats armés; 11 parait d'uu air intrépide l'empereur une église pour lui et pour ceux
devant l'empereur, et obtient qu'Eu trope de sa suile. Car il était arien, ainsi que la plu-
puisse demeurer en sûreté dans l'rnceinie de part desGolhs, et la loi de Théodose deiendait
i'église. Tous les soldats qui se trouvaicntalors aux hérétiques de s'assembler dans les villes.
à Conslantiuople s'assemldciit aussitôt autour Arcade, qui n'osait plus rien refuser, promit
du ])alais; ils poussent de grands cris; ils font de le salislaire..\yanl donc fait venir révêque,
retentir leurs armes; ils demandent Eutrope il lui exposa la demande de Gainas et combien

pour eu fairejuslice. L'empereur se présente; il était dangereux d'irriter un barbare si re-


ses ordres ne sont pas écoules il faut qu'il ait
; doutable, cl qui peut-être aspirait à la dignité
recours aux prières: il les conjure de respecter impériale. Prince, répondit Chrysoslouie, ne
l'asile sacré, et ce n'est enhn qu'à force de faites pas de ces pr.imesses et ne faites pas
larmes qu'il vient à bout de calmer leur donner les choses .-aiules aux cLieus. Je ne puis
colère. oter 1 église de Dieu à ceux qui prêchent la
La nuit se passe dacs une extrême agitation. divinité du Verbe, p'mr la livrer à ceux <jui le
Le lendemain, le peuple se reml en foule à blaspluinent. Du re^ie, ne craignez point ce
l'église. Tous les yeux sont tixés sur Eulrope; Barbare. Faites-nous venir l'un et l'autre ea
on ne peut se lasser de considérer cet impérieux votre présenoe, et écoutez-nous sans rien dire.
ministre, honoré la veihe de tous les orne- Je lui fermerai si bien la bouche, qu'il ne fera
ments du consulat, apjdaudi dans le ciriiue et plus de demande inconvenante. L'empereur )
sur les théâtres, enviromu' de flatteurs em- consenlil avec ioie, et les manda tous deux •
pressés, l'idole de la cour et la terreur de l'em- leudeuiaio. Uhrysoslome se rendit au pa]j»_.

m
(l) Ctirys. Eutrop., l. III, p. 381. Soc, 1. VI. c v. Soz.. i. VIII, c. vu. Zoà.. L V, c xTin. Suid.
Mutrop. TiUem. Lebeau, Uistone du Bus-kniptre, 1. XXVI.
LIVRE TRENTE-SEPTIÈME. 417

accompnsné des évèques qui se trouvaient à tantinople, le modèle des pontifes par son
ConstantiiKipI"'. Gairui-i, avec sa hardiessi; or- éloquence, sa doctrine, ses vertus et ses tra-
dinaire, somma
li-mpon-ur de tenir sa parole. vaux, saint Augustin l'était en Afrique. Quand
Ciiryjostome répondit qu'un empereur chré- oa considère tout ce qu'il a écrit, on ne con-
tien ne pouvait rien entreprendre contre les çoit pas qu'il ait pu faire autre chose quand
;
choses divines. L'autre ayant repri'senié qu'il ou considère ses autres occupations, on ne
devait avoir, aussi bien (jue les aulres, un lieu conçoit pas qu'il ait pu tant écrire. Celle (jui
de prières: Toutes les églises vous sont ouver- lui prenait le plus de temps élait de connaî-
tis, réplique Chrysostome, personne ne vous tre les diflérends temporels det chrétiens et
empêche d'y prier Mais, dit Gainas, je suis de les juger d'après le règlement de saint
d'une autre communion je<lemaude uneé^lise ;
Paul, qui défend aux chrétiens di; se oiler
pour mes coreligionnaires, et je puis bien le l'un l'autre devant les magistrats infidèles, et
demander, après les services que j'ai rendus leur ordonne de'vrendre pour juge un homme
aux Romains. Mais, répondit Chrysostome. sage de l'Eglise. Bien des fois saint Augustin
vous avez été récompense au delà de vos fer- s'y employait jusqu'au temi)s de son n'pas,
vi(;L's. Vous êtes général, vous portez l'habit ee qui, les jours de jeune, allait jusqu'au soir.
Consulaire. Considérez ce (pie vous étiez autre- Il obtint de son peuple qu'on ne l'importune-
fois et ce que vous êtes maintenant quelb; ;
rait pas durant cinq jours de la semaine; mais
était votre pauvreté, quelles sont vos richesses; cela ne dura pas. Cette occupation lui étaitex-
comment vous étiez vêtu avant di". passer le trèmement à charge, il aurait bien voulu s'en
Danube, et comment vous l'êtes aujourd'hui. exempter; mais il ne le pouvait pas Parce que, :

Voyez combien vos travaux sont peu de chose dit-il, l'Apotre nous acondamnésàces fonctions
auprès de la récompense, et ne soyez pas in- pénibles, non par sa volonté propre mais par
grat envers vos bienfaiteurb. Souvenez-vous la volonté de celui qui parlait par lui (3).
comment le père de l'empereur vous sauva EtjRilleurs Nous n'o.sons pas dire
: homme.' :

lorsque vous étiez fugitif de votre patrie. Sou- qui m'a constitué juge ou faiseur départages?
venez-vous des serments que vous avez jurés, Car l'Apôtre a constitué les ecclésiastiques
de lui être fidèle et à ses enfants, e* de mainte- pour connaître dans ces causes, quand il a
nir l'empire et ses lois. En disant ces mots, il défendu aux chrétiens de plaider dans le for
montia la loi de Théodose, qui di'fendait les séculier (4). Vers la fin de sa vie, il se dé-
assemijlées hérétiques dans les villes. Puis, se chargea de ces fonctions sur le prêtre Héra-
iournant vi^rs l'empereur, il l'exhorta à la sou- clius, désigné pour son successeur. Les empe-
tenir, disant qu'il eût mieux valu (juitter reurs accordaient à ces jugements une force
l'empire que de livrer la maison de Dieu. civile.
Gainas n'osa insister davantagi^, et les ariens Saint Augustin prêchait très-fré(iuemm('nt,
n'eurent point d'c'glise dans Coiistanlinople(i). souvent jusqu'à deux fois dans un jour. Tout
Quelque temps après Gainas n'ayant pas , ce qu'il lui restait de temps, il l'employait à
réussi à surprendre et à piller la ca[iilale, méditer ce tju'il devait dire. Mais il lui arri-
comme il en avait le dessein, se jela dans la vait qui'lijui'fois, dans la chaire même, de se
Thrace et se mit à ravager les villes et les sentir ins(iiré à parler d'un sujet ditférent.
campagnes. Personne n'osait aller ni le com- .\insi, un jour, étant à table avec ses amis, il
battre ni même traiter avec lui. On eut re- leur demanda s'ils avaient remarqué que la
cours à saint Ghrysostome, le seul homme lin de son sermon ne répondait pas au com-
intrépide qui fut dans Constantinoiile. Il mencement. Us lui avouèrent qu'ils en avaient
accepta cette commission, plus dangereuse été surpris. Je crois, dit-il alors, que Dieu, qui
pour lui qu(! pour tout autre, après la liberté dispose de nous et de nos paroles comme il
avec laquelle il avait confondu Gainas On vit lui plait, a voulu se servir de mon oubli et de
alors combien la vertu est [luissanle. Gauia^;, mou égarement pour instruire quelqu'un de
averti que le saint évè([ue a[iprochait, alla l'auililoire et le retirer de son erreur. Sa di-
bien loin au-devant de lui, lui prit la main, gression involontaire était une réfutation du
la mit sur ses yeux et lui présenta ses en- manichéisme. Le lendemain, pendant qu'il
fants en les posant à ses genoux. Cette déiui- étaii assis dans le monastère au milieu de .^es
tation n'ayant pas terminé la guerre, .\rcade amis, un négociant, comme Eirmus, jusque-là
ne trouva de giMn-ral capable que le (Jotli manichéen, vint se jl^.•r à ses pieds, fondant
Fravita, qui fut le consul rann('e suivant; en larmes, et le priant d'achever ce qu'il
401. Gainas, ayant perdu une bataille na- avait commencé
; car ce qu'il avait dit contre

vale, se relira au delà du Danube, où il fut des manichéens, la veille, l'avait rendu
l'erri'ur
défait et tué par llldés, chef des Huns, ([ui catholique. Tous admiiêrent les voies secrètes
envoya sa tête à Conslanlincqde. Elle y fut de Dieu pour la sanctilicatioD les âmes. Fir-
reijue \i: janvier 401 Tel élait le triste élat
',i . mus embrassa la vie monastique, cl lit de si
de l'emiiire, ({u'attaqué par un liarbar.', il grands progrès dans la vertu,qu'une égliso
ne put ètri! ^auve qui' [tar des Barbare-; (:J). (i'outre-mer le demanda et l'obtint malgré lui
Ce que saint Chrysostome élait à Cons- pour son prêtre (5).

(f) 8oz , l. VIII, 0. i-j. Théodoret, 1. V, c. \\x- xixii. — (2) Ibut.. c. xxxn, xxxiu ttui., 1. VIU. c. t^

f. U. *7
m IIISTOIRn UNIVERSELLE DE LEGLISE CATHOLIQUE
Siiint Ariïi'slin pn'diait en Inlin. Comirc mémo penumc : Toutes les exlr^mitiSs la M
In ville (1 lli|i]ionp (''lail ini port li» iniT Ins- terre PC icssouvifndronl et se coiiveiliroiit à
(•(immorraiil. »s'Up langue y ùlail viilxairc. l'Elernel, et toutes les farniilc'' des nations
Mais los liiiliilnnl-s d(! la ciini|ianiiy |iurluiont adoreront en sa présence. Car l'empire est a
c/'iiOinloincnt le puiiiiiiieou le pliéniriun, (li.i- l'K ernel, et il .'era le dominaleurde» nations.
;ci le itc riiolji-ciice iiui nuisait un pen à l.i
: Le [iiisent que vous voyez vous est un sûr
prétliiation (te T^vanfiile car il n'était pas; garant du passé et de l'avenir (2).
facile fie trouver dos pcclésiafliiiues qui sus- Un diacr.' de Cartliago, nommé D'*0(?ratia*,
sent parler la langue dn iicuple. était occupé à instiiiire les catéchumènes.
Des prcdiialioiii' je saint Augustin qui de- Comme ou l'en jugeait Irés-canable, on lui
vaient retentir <lans tous les «iécleit, sont ses en amenait souvent. C'étaient des personnes
i'crits. Il n contre toutes ics erreurs et sur tous de tout agi-, de tout sexe, de toute condilioD.
lestons. Nous l'avuns vu, nï-tont eneoje que l'Ius d'une fois il ne savait par o(\ commencer
prêtre, composer des chants populaires pour ni par où finir. Quelquefois même il s'en-
n'inter l'en eur des donalisles. Devenu évè- nuyait lîe répéter toujours les mêmes choses,
(pip, il m
/e Couibol c/né/ien, qu'on appelleiait et de sentir que sa parole ne répondait pas
aujoniiriiui c<indial spirituel. Dans ce livre, bien à sa pensée. Il consulta là-lessus saint
écrit CNpré» d'un style facile et simple, afin .\iigustin, et le pria de lui donner une mé-
qu'il fut à In portée de tout le monde, il cx- thode à suivre. Le saint lui répon-Mt par un
liorle le cinélien à lombaltrc et à vainci-e le traité iJe la manièie de calérhiser tes igno-
:

déiDOii. Nous remiiortons sur lui la victoire rants. Pour le bien faire, il dit qu'outre la
lorsque nous subjuguons nos convoitises et doctrine, il faut la charité et !a bonne hu-
que nous réduisons le corps en servitude. Le meur. Il signal'- les diverses causes d'ennui et
corps sera ainsi subjugué si nous D"us sou- en donne les ren:êdes. Il conseille de faire en
mettons nous-mêmes à Dieu, que sert toute sorte que les auditeurs soient assis, comme
créature, soit volonlairement, soit nécessaire- dans bien des églises d'outre-mer, afin qu'ils
ment. La faiblesse humaine est fortifiée par écoulent plus volontiers. Quant à la méthode
par le Fils de Dieu
la foi, et guérie fait homme. à suivre, il pense que ce doit être en forme
Pour con.-erver la loi pure, il faut écouter de narration historiiiue ; en sorte qu'on ra-
l'Eglise catholique , répandue par loule la conte toute riii>toirc de la ri-ligion depuis la
terre, et repousser toutrs les erreurs iiu'elle création jusqu'à Jé~us-Christ, et qu'on ter-
condamne. Saint Auuuslin en énumère les mine chaque instruction par une conrlusicn
principales sur chaque article du sym- morale qui insinue l'amour de Dieu et du nro
bole (1). chain, lin de toute la loi. Enfin il ajoute oeux
Il flt un autre
petit écrit, De la croyaHce aux modèles de discours qu'on pouvait faire en
choses qu'on ne voit /los, pour montrer que, ces cas (3).
dans la religion chrétienne, ce n'est ]ioint par Vers l'an .^97, il écrivit contre la lettre de
«ne coupable téméiilé, mais par une loi luua- Manês, ipie les manichéens appelaient VEpiIre
ble, que nous croyons des choses que nous ne du fondement, parce qu'elle renfermait la
voyons j)as de nos yeux. Noire esprit même, substance de leur doctrine. Le saint docteur
ses pensées, sa détermination à croire ou à ne fait voir que celte lellie. au lieu d'une con-
croire pas, sont des choses invisibles, et ce- naissance certaine et évidente qu'elle promet-
peudant non-seulemeni nous y croyons, mais tait, ne proposait que des incertitudes et des
c'est là pour nous la base «tes sciences. L'ami- extravagances. Après avoir marqué avec
tié, l'allcction, qui lie les hommes entre eux, cpielle dimceur on doit attaijuer ceux qui se
est, de sa nalure, invi>iblc et spirituelle : dé- troiivcnl engagés dans cette erreur, il détaille
fendre d'y croire, c'est détruire et la famille les motifs qui le retiennent dans l'Eglise ca-
et ia société publique. Mais, dira-t-on, si l'a- tholique, en avertissant que ce n'e-t pas la
mitié est de soi invisible, du moins elle se pénélralion de l'intelligence, mais la simpli-
manifeste par quelques signes. Oui mais il ; cité de la foi, qui met en sûreté le commua
en est de même de la ndigion chréiienne. lies fidèles.
Vous n'avez pas vu le Chiisl; mais vous voyez « Ce qui m'y relient, dit-il, c'est le consen-
sou Eglise. Vous n'avez jias vu sa nai-saiice lciu( ni des peuples et des nations; c'est l'au-
d'une vierg.' m;»is v.us voyez ce ipii a été
; torilé comniineée par les miracles, nourrie
promis à AbrahaTii En la race seront bénies
: par l'csiH'rance, accrue par la charité, affer-
toutes Ico nations. Vous n'avez pas vu les mi- mie par l'ancienneté. Ce qui m'y ictienl. c'est
racles du Christ dans la Judée; mais vous la succession continue des pontif-s, depuis
voyez r^icconipii-sumcnt de ce qui lui avait l'apolro saint Pierre, à qui le Seigneur, après
été prédit Deuiai de-nu)i, et je te donnerai
•-
sa résurrection, a recommande do paitrc sm's
les nation^ (i.nir héritige, cl pour ton do- brebis, jusqu'à révètjue qui en orciipc actuel-
maine lis coiiliiis de la terre. Vous n'avez pas lement le siège. Ce qui m'y re!ienl. r*. -l !,•
\u la rassicii eu Clnisl prédite dans le psaume non même de catholique, que l E.;li-e
vinyt-un; mais vous voyez ce que piédillo toujours conservé, avec beaucoup dci.. ,

i'-oi?/
^^°'*- «*^'-. l- VI, col. îti. - (i; Dt Fide reruot, etc. t. \l, col. 1*1. —(S) De cûtr^K rmt. l. VF,
LIVRE TRENTE-SEPTIÈME. \n
parmi un sigrand nombre d'hérésies qui se saint Augustin le réfuta pied à pied, mettant
soutsoiiluvées contre nlle car, oiicDre que les
; d'à ord le le.\te de Fauste et ensuile ses ré-
hérétiques affectent de se dire catlioliqueB, ponses (2).
toutefois, lorsqu'un étranger demauilo: Où Les écrits du saint docteur se répandaient
est l'église des catholiques, aucun d'eux n'a dans toute TEglise. Siraplicien, évèque de .Milaa
la hardiesse de montrer son Iciniile ou sa et succes-eur de saint Ambroise, les lisait
maison. C'est par tous ceM liejis du nom chré- avec un plaisir particul er. Comme il avait
tien, si précieux et si cluTs, qu'un homme contribué à la conversion d'Augustin, il lui
fidèle est justement attaché à l'Eglise calhoi était uni de l'amilié la plus tendre. 11 lui écri-
li(iue, lors même qu'il n'aurait pas une intel- vit, vers l'an .'{97, pour lui témoigner sa joie
ligence parfaite de la vérité, soit à cause qu'il des dons que Dieu lui avait communiqués
;
n'est pas capable de l'entendre, ou qu'elle ne mais, en môme temps, il lui proposa quelques
se montre pas encore à lui avec une entière difficultés, avec prière de lui en donner l'éilair-
clarté. Chi.'z vous, au contraire, il n'y a rien cisseinent et de faire pour cela un petit livre.
de pareil pour m'inviler ou me relenir vous ; Sa-nt Augustin en fît deux. Dans le second, il
prouieLlez la vérité, mais vous ne faites jamais h laircit quelques textes des livres Des /{ois.
(ju.' la jirometlre. Voyons, par exemple, ce Dans le premier, sur un lexte de saint Paul,
([u'enseigiie Mmès, surtout (laus ce livre (jue il aborde les questions les plus hautes et les
vous appelez i'/:/iîlrc du fondement, ci i]\ii ren- I>lus difficiles: la nature de la loi ancienne, de
ferme à peu |)iè3 tout ce que vous croyez. la concupisecncc, de la grâce, de la pré^lesti-
Ijorsqu'ou m'en eut fait la lecture, dans le nation. Un examen plus approfondi de ces
temps que j'avais le malheur irèlre parmi vous, paroles de l'Apôtre Qu'avez-vous que vous
:

vous disiez que dés lors j'élais illuminé. Elle n'ayez reçu ? lui changer le sentiment où il
fit
comsneiiee en ces tei'mes Maiiic/wa. apôtre de
: était auparavant, que la foi venait de l'homme,
Jéus-C/irist par la pi ociiknci: de Dieu le Père. et qu'après avoir ouf prêcher la vérité, c'était
Voici les paroles de salut, émanées de la fonlaine lui seul qui se déterminait à croire ou à ne
vicante, éternelle. .Mais, de grâce, considérez croire pas car, profitant à mesure qu'il écri-
;

bien ce que je demande. Je ne crois pas qu'il vait et qu'il étudiait, il n'connut, par la lu-
soit apolrc du Cliiist. Ne vous fâchez pas, et mière que Dieu lui donna, que le premier
ne commencez point par des injures car vous ;
commencement de la foi n'est pas moins un
savez que j'ai résolu de ne rien admettre sans don de la grâce que toute la suite des bonnes
preuve, de ce que vous avancez. Je demande œuvres (11).

d(jn<; qui est ce Manichée? Vous ré|iondoz : écrivait dans ce même temps ses Confes-
Il

L'apolre du Christ. Je ne le crois pas vous ; sions en treize livres. Comme sa vie et ses
n'avez plus que dire ni que faire vous pro- ; écrits lui atliriient l'admiration universelle, il
mettiez la science de la vérité, et vous m'o- voulut se faire connaître ce qu'il était, afin
bligez de croire je ne sais quoi! Vous me lirez qu'on ne le prit pas pour un autre. C'est pour-
peut-être l'Evangile, et vous lâcherez d'en quoi, en les envoyant plus tard au comte
adapler quelque parole à la i)ersonne de .Mani- Darius, ([ui les lui avaitdemauilées, il lui parle
chée. Mais si vous trouviez quehiu'un t\\x\ ne en CCS term 'S Regardez-moi dans ce livre
: «i

crût pas encore à l'Evangile, que lui IVriez- et apprenez-y ce <]ue je suis, si vous voulez ne
vous quand il vous dirait Je n'y crois pas ?
: pas me louer au delà de ce que je mérite.
Pour moi, je ne croirais point à l'Evangile si C'est â moi-même et à ce que je dis do moi
l'autorité de l'Eglise catlioliiine ne me per- dans cet ouvrage qu'il faut vous en ra[)poi'ler,
suadait. Mais si je m'en rapp(jrto à elle quand et nnn jjoint à ce qu'en disent les autres, l'.on-
elle me dit : Croyez eu rÈvangilo, pourquoi sidérez bien le portrait que vous y vcrrer do
ne m'en rapporterais-je pas à elle quand elle moi, ce que j'étais de moi-même et par >i- m
médit: N'en croyez pas les manichéens?» nième. Que si vous trouvez pn'senlemenl on
Le saint docteur mnntre,avec la même force, moi quelque chose qui vous plaise, louc/c-ea
que le reste de la lettre n'était qu'ineptie et avec moi celui que j'ai prétendu qu'on lnu.it
coniratliction (I). de ce qu'il a fait en moi car c'est a sa gloire ;

11 réfuia encore le manichéisme dans les que J'ai parli'' de moi, et non pas à la mcnne.
trente-trois livres «entre Fauste, ce même C'est lui qui nous a faits ce que noussiimim;?.
évéqiie manichéen qu'il avait connu en sa jeu- et mm pas nous, ([ui n'avions fait que noriS
nesse, et dont il avait tiré si peu de satisfac- perdre et nous déligurer. Lors donc que vi>u3
tion. Il était Africain, originaire de Milùve;cl, m'aurez connu dans cet ouvrage, lid ipieje
ayant été dénoncé au proconsul, avec c[uelque8 sui', prii'Z pour mo:, afin qu'il |d.iise â Dieu
autres de sa secte, au lieu de la peine de mort d'achever ce qu'il a commencé en moi et qu'il
qu'il avait encourue se on leslois, il fut seule- ne permette pas ((ne ']*' le défasse (4). » Si b'S
ment relégué dans une ile, à la luuère des autres ouvrages de saint Augustin fuient hien
chrétiens, et rui>pelé jjcu de temps après. Il n t;us, seS Confessions le furent encore mieux
composa, contre la fi>i cathuliqui', un livre que tous les autres.
d'objections sur les Ecriiuics, j)rincipalement H é -rivait à la même époine, conlro le»

l'Ancien Testament. A la prière des lideles, ariens, ses quinze livres De U\ Trinité, qu'il

a)T. vm.coi. 151. - (2) Ibid., col. 183. - (;; r. VI, p 81. - (l) Eput. Qcxm.
iW UTSTOIRE UNIVEUSEIJ.T; nK LTGUSE CATIIOMOUB.
n'aihfiva que plu« tard. Kl tous ces oiivniiîos par une femme riche, fit un parti cf^ntre
peuvriit se iiini|ilcr jiniir lien, si on les com- î'évêque, qui bii-ntol se vil condamné par d' u\
pare à co (ju'il a fait, soil pour coiuliattri; 1rs conciles, et Maximien ordonné à sa place.
donalistes, soit pour les rauieuer à l'unilé fl Mais l'rimien, a son tour, dans un concile do
à la coniinuiiion de l'Eglise. Voyaf;cs, lettres, trois cent dix évêques assemblés à Bagul, se
coiiféreiiccs, écrits, il no néglii-cail rien, tâ- fit déclarer lui-même innocent et condamner

chant surtout de vaincre leur cruauté et liMir ses adversaires. De là une guerre violente
fureur parun esprit de charité, de douceur et entre les primianistes cl les maximianisti's.
de patience. Les premiers invoquaii-nt contre les seconds
Les donatistes se ruinaient eux-mêmes par les lois des emiiereurs et la puis-ance des ma-
leurs irreniédialiles divisions. Celui d'entre- gistiats; dans cette vue, ils prenaient dans
eax qui y contrihua le plus l'ut un nommé leur requête le nom de catholiques. Toutc-
Ticonius. Celait un homme d'esprit, savant foi=, lorsijue des niaxlinianistes revenaient au
cl cloquent, qui avait fort étudié l'Ecriture parti de Primien, jclui-ci les recevait dans
sainle et composé divers ouvrages, entre autres leur rang et honneur sans leur imposer aurune
une cxiilication île l'Apocalypse et des régies pénitence. Enfin, durant lu guerre du comte
pour l'intelligence de l'Ecriture, que nous Gildon, un iHêque jirimianisle, ajqn-lê Donat
avons encore et (|ue saint Augustin recom- et surnommé' le Gildonien, à cau-c qu'il élail
mande, pourvu qu'elles soient aiipliquéesavec le favori du rebelle, s'était lendu odieux â
jugemcul. Ce Ticoniu", en étudiant les livres tout le monde par ses cruaulésetses violences,
sainis, reconnut que l'Eglise devait être ré- n'épargnant pus même ceux de son parti. Et
pandue par tout le monde, et qu'aucun péché cependant les donatistes continuaient à rece-
ne pouvait empêcher l'cilet des promesses voir la communion de sa main, sans oser
divines. Il commença à dél'endre fortement même lui adresser une parole de reproche
cette vérité, sans cesser toutefois d'être dona- pour des crimes notoires et qu'ils blâmaient
tiste ni voir la conséquence de son principe : eux-mêmes (1).
que ceux des chrétiens d'Afritpie <[m étaient Saint Augustin proGla merveilleusement de
en communion avec tout le restb du monde tous ces fails, dans les ouvrages qu'il composa
appartenaient à la vérilahle Eglise. Parmé- contre les donatistes, vers l'an 400, savoir :
nien, évoque donati^te de Carthage, et tous trois livres contre la lettre de Parménien à
ceux de la secte, voyaient bien la conséquence, Ticonius sept livres du baplème, trois livres
;

et, pour ne pas l'admettre, ils aimèrent mieux contre les lettres de Pétilien, i-vêque donaliste
nier le principe, soutenant que l'Eglise était de Cirthe ou Constantine. V. Jcur fuil voir q.ie,
corrompue par la communion des méchants. par leur conduite, ils se condamnaient cux-
Parménien écrivit donc une lettre à Ticonius, mêmeset justifiaient l'Eglise ialh<diqui'. Enfin,
comme pour le désahuser. Quant au principe dans une lettre pastorale aux fidèles de son
même, il n'y ojq)osaitque des paroles en lair; diocèse, sur l'unitéderEgliseou plutôt Mjn uni-
mais pour la conséquence, il en étranglait, versalité, il expose la question générale, sans
pour ainsi dire, son adversaire, en lui mon- s'endiarrasser dans le détail des fails. Ia <i

trant que, si rÉglise devait être réiiandue par queslion, dit-il, est de savoir où est l'Eglis»':
toute la terre, et que personne n'y fût souillé chez nous, ou bien chez les donalistes. Celte
par le péché des aulies, comme Ticonius le Eglise est une, et nos ancêtres l'ont nommée
prétentlait, il avait grand toi t île demeurer calholiipie, afin de faire voir par son nom
dans le parti de Donat et de rejeter la commu- même qu'elle est répandue par toute la terre.
nion des catholiques à cause des Iraditeurs. Cette Eglise catholique est le corps de Jésus-
Ticonius persista dans son inconséquence et Chrisl, ainsi que le diU'Apolre. Celui qui n'est
fut ensuite condamné par les donatistes dans point membre de ce corps, ne peut donc avoir
un de leurs conciles. part au salut mérité par le chef, qui est le
Les divisions des donalistes étaient en si Christ. Pour savo'r où est celle Eglise, il ne
grand nombre, surtout dans la Mauritanie et faut pas s'embarra«ser de s'assurer si le^crimi-s
la Numidie, qu'eux-mêmes ne pouvaient dire que les évéques d'.\frique , catholiques el
combien il y en avait, et saint .\uguslin dit donatistes , s'objectent mutuellement , sont
qu'il ne peut pas seulement, nonmier toutes véritables, parce qu'ils ninléressenl point les
celles qui étaient dans la Nuniidic où il vivait. autres églises du moude. El de fait, les dona-
Chaque parti s'estimait d'aulaut plus pur et tistes ne peuvent disconvenir qu'il n'y ail des
plus jusle. qu'il se trouvait compo-ê d'un plus crimes paimi eux qui ne nuisi-nl pas au resta
petit nombre de sectateurs. Si [lelits qu'iU parce qu'ils sont %iccultcs. Pourquoi doncalon
fussent, ils prétendaicnl que chacun avait seul condamner l'univers entier, qui ignore en
le droit de bapli>er, à l'exclusion et des catho- gi-néral s il y a des donatistes qui ignore c«
;

liques et dv^ orps même des donalistes. Une qu'il en e-l des crimes que les Afrieains se
division plus considérable éclata vers l'anSUi, reprochent les uiisauxaulrvs? Le principal est
à Carthage même. Parménien, étant moit, ili' iherclier dans les livres canoniques «le quoi

eut pour successeur Primien, qui excommunia montrer où est celte Eglise. En <'tre;. si l'on
Maxiinien, un de ses diacres. Celui-ci, soutenu pouvait prouver, par les divines Ecritures, que

(i)Tillem., art. D«itmt.


LIVRE TRENTE SEi'TIftNrB. m
l'Eglise est dans l'Afrique seule, ou dans quel- que, complément de celui de Nic(5e, quoique
ques montagnards qui résident à Rume, ou dans tiratus, évé(iuedeCarthage, y eût assisté.
la maison de Lueile, cette femme qui a donné Dans le même lemjis, c'est-à-dire vers la fin
comme naissance au schisme des donatistes, du (puitiième siècle, il se tint plusieurs con-
il faudrait rccunnaitre qu'eux seuls ont l'E- ciles en Afri.pie, l'un à Hippone d'autres à
gli-^e. Si, au contraire, on montre par l'Ecri- Cartilage. Leurs règlements se trouvent réunis
ture qu'elle e't placée chez les Maures de la sous le nomde code des canons de ré,i,4ise
province césarienne, il faudra passer chez les africaine. y en a pour le moins dix touchant
Il

rogatistes. Si on la met dans la Ryzaeô le, les donatistes qu'il faut user de beaucoup de
:

nous serons obligés de dire que les maximia- douceur à leur égard, leur proposer des con-
nistes sont en posscsbion do l'f.iîlise. Si on la férences, les recevoir avec cliarité quand ils
place dans les seules |'"oviQce? de l'Orient, il reviennent. Quant à la pénitence, il y a une
faudra la chercher pai-i/ii les ariens, les euno- chose très-remarquable, c'est qu'il n'est ques-
mieils, les macédoniens et autres hérétiques tion ni de temps ni de manière le tout est :

de ces cantons. Mais s'il est bien prouvé, par laissé au jugement de l'évéque ou du prêtre
des témoignantes certains des Ecritures cano- qui le remplace (3). Défense aux évèques de
niques, que l'Eglise es. répandue dans toutes s'approprier le clerc d'un autre diocèse. On en
les nations, on ne |>ourra se dispenser de con- excepte l'évéque de Carthage, qui, pour le
venir que celle-là est la seu'e Eglise qui s'y bien des églises, peut prendre et ordonner
trouve etiectivement répandue (1). » évoque le prêtre de tel diocèse qu'il jugera à
Qnanl au détail des laits, saint Auj^ustin les propos. Il est encore autorisé à souscrire pour
discuta et leséclaircit bien des fois, non-seule- ses collègues (4). Les évèques, les prêtres, les
ment dans des traités considérables, mais dans diacres et les sous-diacres sont obligés, suivant
des lettres et des conj'érences. Ainsi, un jour les anciennes règles, de garder la continence
se trouvant à Tuburse avec Glorius et quel- et de s'abstenir de leurs femmes, sous peine
ques autres donatistes. il eut avec eux une de d"'position (5). Il faut célébrer le saint
conférence sur la réunion, et leur en adressa sacrifice à jeun. On proscrit deux abus assez
le résultat dans une lettre. Passant une autre étranges défense de donner le baptême et
:

fois dans la même ville, il alla trouver l'évè- l'eucharistie aux morts défense aux prê-
:

que donaliste Fortunius, qvi était un vieillard tres d'ériger d'eux-mêmes leurs paroisses ea
(loux et l"aitable, et qui estimait beaucoup évèchés (6).
Augustin, dont il avait appiis la vie sainte. II Le plus remarquable de ces conciles est le
y alla en assez grande compaf,mie; et le bruit quatrième de Carthage, tenu le 8 novembre
s'étant ri'pandu ciu''l y était, il s'y amassa une 3'J8, où assistèrent deux cent quatorze évè-
grande multitude, par simple curiosité, pour ques, sous la présidence d'Aurélius, On y fit
la plu[)art, comme à un spectacle. Aussi fai- cent ijuatre, canons, la plupart touchant les
saient-ils tant de bruit que la conférence fut ordinations cléricales et les devoirs des évèques
peu réglée. Au'.;ustin demanda jïlusieurs fois et des clercs. Ce qu'il dit de l'ordination de
(ju'elle fût rédigée par les écrivains en notes ; révê(juc, du prêtre, du diacre, du sous-diacre,
et à peine put-il obtenir que ceux qui étaient de l'acolyte, de l'exorciste, du lecteur et du
avec lui commençassent à le faire. Encore portier, est presque en tout conforme au ponti-
furent-ils oblii,'i'^s de quitter à cause du tumulte. fical romain.
Saint Augustin en écrivit, depuis, la substance Voici comme il règle la conduite des évêqucs
à (Jiorius et aux autres, b^s priant de commu- et des clercs, [j'évêque doit avoir son petit
niquer sa lettre à Fortunius, et de lui rap|ieler logis près de l'église ses meubles doivent
;

ce dont ils étaient convenus ensemble, de se être de vil prix, sa table pauvre ; il doit sou-
n'umirile nouveaudansnu lieu plus trauquille, tenir sa dii;nité par sa foi et sa bonne vie. Il
avec dix ('véiiues de chaque coté. Dans celte ne lira point les livres des païens, et lira ceux
première conférence, Fortunius produisit un des lu'uétiipics, seulement pur la nécessité. Il
livre où il juidendit montrer que le concile de ne se chargera ni d'exécution clc testaments, ni
Sardicpii' avail t'cril à desinèques africains de du soin de ses affaires domestiques, et ne
la coiuniunion de Donat. Saint Alypius dit à plaidera point pcuir les intérêts temporels, il
1 orcillrde saint Aififustin Nous avons entendu
:
ne prendra point par lui-même le soin des
dire que les ariens ont voulu s'attirer les dona- veuves, des orphelins et des étrangers; il s'en
tistes en Afrique. Saint Augustin prit le livre; déchargera sur rarcbiprètrc et l'aichidiacrc,
et, considtuant les décrets de ce concile, il et s'occupera entièrement de la lecture, de la
trouva que saint Atlianasc y était condanuié, prière et de la prédication. Il n'ordonnera
ainsi que le pape saint Jules ce qui lui lit : ])oint de clercs sans le conseil de son cler;îé et
connaître que c'était un concile d'aiicns (^). l asserdiiuent et le témoignage du peuple. Il
(l'était sans doute celui de IMiilipiiopnlis, qui ne jui'ciM qu'en prt'sence de son cleri;é, sous
prenait le nom de celui do Sardique. Nous peine; de nullité. H exhortera ceux qui sont en
Verrons que les Africains étaient |ieu instruits ditferenil à s'acconnuoder plutôt ipi'à se faire
de ce qui regarde le fumeux concile de Sardi- juger. Ou examineiu, dans les jugements, les

n) Anpiistin, t IX, col, 337.— (î) E/irl. xi.ni et xi.i» _. (3) Cnn. XLiii.Ubbe, I. It. Mansi, t. tU. — (41 t^nn
IV, 8i, 83. — (ù)/él./., XXV. — ((il lOl't . XLI: XLVIII, LIL
in niSTOTRE UNIVERSELLE DE L'ttOLlSE CATtlOLIQUR.

mo'ursot la foi ric l'arcus-ileur cl de l'arcnsé. riers ni de» iiénitenls, quelque boris tin'ils

L'évci|iu' usera ilu bii'ii de l'église comme dé- soient. On avancera dans les ordres les clercK
posilniie cl imn coiniue {troiji-iéluire ; el i'alii';- qui s'ajqdiqueiit à leurs devoirs au milieu des
nation auialuile saiisle conaenleuifiit
iiu'ilcii lentatloi.s, et on déposera ceux (ju'cllei ren-
ri la poiisti iption des clercs sera nulle. LVvô- dent négligents.
quc aurt. iin sié^c plus élevé ilans l'église ;
Celui qui communique ou prie avec an cx-
mais, dans la maison, il reconii.ittra les jiré- comuMinié excommunié lui-même. Le
.sera

tres pour fcs loHci^ues cl ne souiliira point piètre dotinera la pénilencu a ceux qui la de-
qu'ils soicnl dclioul, lui étant assis, en (|UfU]uc mandent; ceux <pii sont plus négligents
y
lieu que ce soit. Les évoques et les pièlrcs qui seront reçus plus lard. Si uu malade demande
viennent dans une autre église garderont leur la pénitence, et qu'avant que le prêtre soit
rang et seront invités Ji prêcher cl à consacrer venu, il perde la parole ou J-t raison, il rece-
l'oblalion. Celui qui soi lira quand l'évèque vra la pénileru-e sur le téinoi):nage de ceux
prêche sera excommunié. L'évèque ne doit qui l'ont entendu. Si on le croit prés de mou-
empêcher personne, soit piiïcn, suit hérétique, rir, qu'on le réconcilie par l'imposition des

soit juif, d'entrer dans l'église pour entendre mains, cl qu'on f.isse couler dans sa bouche
la parole de Dieu, jusqu'à la messe des caté- l'eucharistie. S'il survit, il «era soumis aux
chumènes, c'est-à-dire jus(iu'à ce qu'on les lois de la pénitence, tant que le prêtre jugera

renvoie. L'évèque ne se dispensera point d':d- à propos. Ceux qui, ayant observé exactement
ler au concile sans cause grave, et, en 0(! cas, les rê:;lesile la pénitence, meurent en voyage

il enverra un député. Le concile réconciliera ou autrement, sans secours, m* laisseront pas


lesévéques nivi-és; il jugera l'acciisalion in- de recevoir la sépulture ecclésiastique et de
tentée jiar l'évèciuc contre un clerc ou contre jiartici(ier aux prières el aux oblalions. Ceux

un laïijue. Si les juges prononcent en l'absence qui cloivent être baptisés donneront leur nom,
de la partie, la sentence sera nulle el ils en cl seront longtemps éprouvés par l'abstinence
rendiont comjiteau concile. La condamnation du vin el de la chair, el par la fréquente im-
injuste prononcée par un évéque seia revue ])osition des miins. Les néophytes s'abstien-
dans un concile. Les translations sont défen- dront quelque temps des festins, des specta-
dues, si ce n'est pour l'utilité de l'Eglise, par cles el de leurs femmes. Celui qui, en un jour
l'autorité du concile pour les évèques, el par solennel, va au.x spectacles au lieu d'aller à
l'autoriti' de l'évèque pour les prêtres el les l'oflice de l'église, sera excommunié; de même,
autres clercs. celui qui s'adonne aux augures, aux enchan-
Les prêtres qui gouvernent les paroisses tement* ou aux superstilious judaïques. Ceux
demanderont le chrême, avant Pâques, à leurs qui refusent aux églises les oblutious des dé-
propres évèques, en jiersonne on par leur sa- funts, ou les rendent avec jieine, seront ei-
cristain. Le diacre est le ministic du prêtre comniuniiis comme meurtriers des pauvres.
comme de l'évèque il ne s'assiéra que par
; On ne recevra point les oblations de ceux qui
l'ordre du prêtre il ne parlera point, dans
;
Sont en (juerellL', ni de ceux qui oppriment les
l'assomMée des prêtres, s'il n'est interrogé ;
jianvres. Enlin. le concile excommunie le ca-
en présence du prêtre, il ne distribuera point tholique (|ui en a|q)clle à un juge d'une autre
au peuple l'eucharislie du corps de Jésus- reli-ion (I).
Christ, si ce n'est par son ordre, en cas de né- Deuv ans aiirès, le premier concile de Tolède
cessité ;il portera l'aulie pendant l'oldation lit des canons semblables, touchant la vie des
ou la lecture. Les clercs ne doivent nourrir ni clercs et de leurs familles, des religieuses el
leurs cheveux ni leur harbe ils doivent faire
;
i\c> veuves. Il ne veut jms tju'on rccjoive les
paraître leur j)rofi'ssion dans leur exlérieiir, pénitents ilans le clergé, si ce n'est que la né-
et ne chercher l'ornement ni dans leurs habits cessité ou l'usage le clcmunde, el seulement
ni dans leurs chaussures ils ne doivent point
; comme portiers ou lecteurs; il entend par là
se promener dans les rues el les places, ni se ceux qui, après leur bapleme, ont reçu la
trouver aux foires, si ce n'est pour acheter, pénitence publique p.i. le ciliée, pour l'ho-
sous peine de déposition. Tous les clercs qui micide ou d'autres crimes el péchés énormes.
ont la force de travailler doivent apprendre Si un homme puissant dépouiile un clerc, un
des métiers el gagner leur vie, c'est-à-dire de pauvre quelconque ou un reli;;ieux, l'évèque
quoi se nourrir et se vêtir, soit ]iar un métiei-, lui enfeia des remontrances s'il le,« méprise,
;

soit par l'agriculture, quelque instruits (|u'ils il en écrira à tous les évèques de la prov.n.c,

soient dans la parole de Dieu, sans préjmlice même à tous ceux qu'il pourra, aho qu'il ^oll
de leurs fondions. On condamne les clercs excommunié juscpi'a ce qu'il obi'i-«(> ot qu'il
envieux, délateurs, flatteurs, médisants, que- rende bien d'auirui.S'-lon les
le
relleurs, jureurs, boutfoiis ou trop libres en toute t'emme ne |iouvail être c|
leurs par'des, ceux qui chantent à table ou qui de tout homme il fallait que l'un t-l 1 ai.;ii'
:

rompent : jeune sans nécessité. Levèqce fussent citoyens romains, cl iiu'il y eut ;i:ii-
doit réconcilier les clercs divisés, ouïes dénon- porliim entre les conditions, l'ii se:
cer au concile. On ne doit jamais ordonner pouvait épouser une alVraucbic; n:
clercs des séditieu.x, des vindicatifs, des usu- libre ne pouvait épouser une esclave, el les

0} L«i>be, t. tu
UVRE TRENTE-SKPTIEME. m
conjonctions des esclaves entre eux n'iH, lient de la collection, il est dit que tous ceux d'.Mii-
point ncjinmées mariages. Or, la femme qui que qui voudront aller à la cour impériale,
ne pouvait être tenue à titre d'épousr', pouvait doivent en exposer les motifs à l'éveque de
être concubine ou femme de second rang, et Rome, et eu obtenir des lettres formées, sous
les lois le soufl'raient, pourvu iiu'un horaire peine d'excommunication (4).
n'en eut qu'une et ne fût point marié. L"s L'on Voit des choses semblables au concile
entants qui en venaient n'était ni légilimcs ni de Tolèile. Plusieurs évêques pri-cillianistes
y
bâtards, mais enfants naturels, reconnus par abjurèrent leurs erreurs et furent rei^u:. à des
les pères et capables de donations. L'Eglise con<litions dignes d'être remarquées. Ainsi,
n'entrait point dans ces distinctions politiipies, on [lermet à t^aterne de Brague de demeurer
et, .-e tenanl an droit naturel, api>roiivait dans son égli«c, et on promet de le recevoir
toute conjonction d'un homme et d'une femme, à la communion, après le rescrit du siège
pourvu qu'cllt'- tût unique et per[ii'luelle. En apostolique. On promet aussi de recevoir le»
conséqueiue, le concile de Tolède porte, dans autres évéqucs île Galice, s'ils souscrivent à la
son dix-septieme canon Si iiiuTqu'un, avec
: foiraule envoyée par le concile, en attendant,
une épouse lidélc, a une concubine, il est disent les Pères, ce que le Pape qui est à pré-
excommunié mais si la concubine lui tient
;
s.'iit, ce que saint Simplicien, évèque de
lieu d'épouse, en sorte ju'il se contente de la Milan, et les autres évèques en écriront (.5).
compagnie d'une seule femme, à titre d'épouse (;'est la première fois qu'on ti-ouve l'éveque

ou lie concubine, à son choix, il ne seia point de Rome, nommé simplement le Pape, comme
rejeté de la communion. C'est ainsi que par excellence. Si ces conciles parlent aussi
l'Église rétablissait l'égalité naturelle et pré- de l'éveque de Milan, c'est qu'il était le repré-
parait l'abolition de l'esclavage (I). sentant et comme le nonce du saint-siége,
Dans les canons de l'église d'Afrique, il y a près de la cour impériale, comme nous le
surtout un point à r»*marquer-: c'est l'autorité voyons par l'exemple de saint Ambroise, que
du siège (le Pierre. Le troisième concile de le [lape saint Dama.se chargeait de poursuivre
Carlhage dit dans son vingt-huitième canon, les aU'aires de l'Eglise romaine.
quarante-septième du recueil Nous avons : Vers l'an 397, il se tint un concile à Turin,
cru devoir consulter nos frères et collègues, à la prière des évêques des Gaules, dont il
Sirice et Simplicien, touchant les enfants bap- nous reste uneépitre synodale contenant huit
tisés chez les donatistes, afin que l'erreur de articles. Le premier regarde Proculus, évèque
leurs parents ne les empoche point, quand ils de .Marseille, qui prétendait devoir présider
reviennent à l'Eglise, d'être promus au minis- comme métropolitain aux évêques de la
tèie des autels. Le Pape, ainsi que révè(iuo de seconde Narlionnaise, et y ordonner les évê-
Milan, ne fnreiii point de cet avis. C'est pour- ques, disant que leurs églises avaient été de
quoi les Aliicains, assemliliis de nouveau à son diocèse, ou qu'il les avait ordonnés. Les
Cartilage, le 18 juin 401, résolureuld'envoyer évèques du pays soutenaient, au contraire,
un d'entre eux pour exposer les besoins extrê- qu'un évêquo d'une autre province ne devait
mes de l'égli-e d'Afraïue, et h leur saint et point les présider et Marseille était en elfet
;

vénérable, Irère Auastase, évêquo du siège de la jirovince de Vienne. Le conci'e jugea,


apostolique, ainsi qu'à leur saint frère Véné- pour le bien de la paiv, que Proculus devait
rius, évoque de Milan, et pimr les prier qu'il avoir la primauté qu'il prétendait, non comme
leur fût permis d'ordonner les enfants qui un droit (le son siège, mais comme un privi-
avaient été baptisés chez les hérétiques ; et lège personnel accordé à son âge et à sou mé-
i;ela, disent ils, parce que ces deux sièges rite. Uu'uinsi sa vie durant, il présiderait les
l'avaient défendu {-2). Le Pape ayant donné évèques, dont il constaterait que les églises
Uoe réponse favorable, ils en rendirent grâces auraient été de son diocèse, ou ([u'eux-mèmos
à Ui -u, fit puis demanilèrent une seconile dis- auraient élé tirés cl'entre ses disciples en ;

pense. « Nous avons résolu d'écrire à nos sorte qu'eux l'honoreraient comme leur père,
î'ièics et coevéques, et surtout au siège apos- et que lui les traiterait comme ses entants.
tolique, où préside notre vénérable Irère et Proculus est loué [lar saint Jérôme pour sa
collègue Anas use, alin tpi'il connaisse l'ex- vertu et sa doctrine; mais on voit par ce con-
In'uje nécessité ilc l'Afrique, et ijii'il permette cile qu'il était un peu trop jaloux de son
de recevoir dans leur rang et honneur les autorité.
clercs ilonalislcs, dont le retour favoriserait Les évèques d'Arles et de Vienne disputaient
extraordiiiiiiremciit l'uniié (3). « C'est que le eiisendile de la primaulê méiiopolitaine.
Concile de (japoue avait ontonné, en général, Vienne était raiicieune métro[iole ; mais.\rlas,
de les cominunion
rcce\oir seulement à la depuis règne de Constantin, qui lui avait
le
laïque, et les évèques africains demandaient donné son nom avec de grands privilèges,
une exception pour ceux, par exemple, qui était regardée comme la secimde ville îles
ramèneraient avec eux une partie de leur Gaules, dont Trêves était la prenvere. Le con-
peuple. Le pape .Miltiade avait déjà accordé cile de Turin ordonna <iue celui des deux
celle indulgence. Enhn, dans le canon ccntsix évèques ijui prouverait que su ville était mô-

M) Lnblie, t. 11, col. — (2] /il/., t. II, col. Ut84. - (i) Ibd, l. II, col. 1092. Can. lxviii. Comtdnt.
— (i) Labbe, col 1120. —(5) lOid., col. 1231. Concil. hif>., l. III.
nA flISTOIRF, UNIVERSKIJ.E DE I/f^GLISK CATnoUQUK
trof oie, aurait \c pouvoir de faire les ordi- établir la paix, suivi, à son ordinaire, d'un
nations, leur lai-saiil toulifois, pour le liien grand nombre de ses disciples. .Saint Murtir.
de la i>aix, la liberté de s'atlrihuer, eliaciin ayant demeuré i|uelque temps en ce lieu-là,
dans sa province, les évèiiucs dos villes les il songeait à retourner
et fait ce qu'il désirait,
plus voisines, ,1 de visiter leurs (''glises comme à son monastéie, quand tout à couj) les forces
ll)tHro[iolitains (t). lui manquérenl. Il appela ses disciples et leur
Filix, évi''i]uc de Trêves, ayant été ordonné déclara que sa fin était venue. Aussitôt, fon-
par les ithaciens, était demeuré attaché à leur dant en larmes, ilss'écrièrent tontd'une voix :

<:oaimunion, que les jilus saints évéques reji'- Mon père, pourquoi nous abandonnez- vous?
taienl. deux des Gaules, qui eomrininiijiiaiiiil Le< loups ravissants se jetteront sur votre
avec Félix, envoyèrent des di-puli'^ au ciiiiiili' troupeau. Nous connaissons le désir que vous
de Turin. Mais le concile diclara r|u'il ne re- avez d'être avec Jésus-Christ mais votre ré- ;

cevrai! c|ue ceux tjui se sépaieraient de la compense est assurée pour être dilb'rée, elle
:

coniinuiiion de Friix, suivant les lettres de sera toujour-; la même. Soyz touché de no»
saint Amliroise et du pape saint Sirice, qui besoins, et considérez les périls au milieu des-
furent lues en présence des di'-putés, et que quels vous nous abandonnez Touché de leurs !

nous n'avons plus. laiines, il pleura lui-même et dit Seigneur, :

Les évèques des Gaules consultéTcnt encore si je suis encore nécessaire à votre jieuple, je

le même F'api', pour ajqirendre, de l'autorité ne refuse [las ll^ travail que votre volonté :

du siège apostolique, iju'elles étaient les vraies soit faite !

règles, toucliant la continence des clercs, les .Malgré la lièvre qui le brûlait, il resta cou-
ordinations, les vierges. Saint Sirice leur ré- ché sur un cilice couvert de cendres, priant
pondit par une décrétale qu'on a retrouvée toute la nuit. .Ses disciples offrirent de mettre
assez tard, et qu'on lui a restituée plus tard sous lui un |ieu de paiile, mais il le refusa.
encore. Il y rappelle en général les mêmes Mes enfants, disait-il, iUicd mal à un chiélien
règles que dans sa décrétale à Himérius de de mouiir autrement que sur la cendre. .Mal-
Tarragone. Les évèques, les prêtres et les heur à moi, si je vous donnais un autre
diacres sont tenus à la continence. L'Eglise exein|ile Il avait toujour- les yeux et les
!

rom.-ùne ne recevait dans le clergé que celui mains levés vers le ciel, et sa prière était con-
qui, ayant été baptisé jeune, avait conservé tinuelle. Comme les prêtres qui l'entouraient
la jnireté de son corps, ou qui, ayant re(;u le le priaient de se tourner de côté pour se sou-
baidème à un certain âge, était demeuré laf,'er, il dit .Mes frcres, laissez-moi regarder
:

chaste et n'avait eu qu'une femme. Il ne faut le cielplutôt que la terre, afin que mon âme
point élever à l'épiscopat des laï(iues, ni ad- prenne sa route pour aller à Dieu. Fuis,
mettre au ministère des autels ceux qui ont voyant le démon près de lui, il s'écria (Jue :

rempli les charges du siècle, où le péché est fais-tu là, bête cruelle? Tu ne trouveras rien
comme inévitable. Un évèque ne doit pas re- en moi (|ui t'appartienne j'irai dans le sein ;

cevoir un clerc excommunié par son collègue : d'Abraham. En disant ces mots, il ex[iira, et
surtout il n(^ doit point se permettre de faiie les assistants ailmirèient l'éclat de son visage,
des ordinations dans le diocèse d'autrui t]ui- ; qui leur parut comme déjà glorieux. Les ha-
conque s'en rendra coupable à l'avenir, courra bitants de Poitiers prétendaient enlever ses
risque d'être déposé. Les vierges qui ont pris reliques, à cause du séjour qu'il avait fait chez
le voile ou qui se disposaient à le prendre, eux dans son monastère de Lii;ugé mais le ;

et qui se sont laissé séduire, feront péniteru^e peu|ile de Tours l'emporta. Il y ^ut une mul-
pendant ]ilusieurs années. Il n'est pas permis, titude incrovable de peujdi- à ses funérailles.
sous la loi nouvelle, d'épouser sa tante ni la Connue on le apportait à Tours, toute la vi'Ie
i

sœur de sa femme. Le langat^e du ]>ape saint vint au-devant de lui, tout le peuple de la
Sirice respire la modestie et l'humilité la plus campagne y accourut et plusieurs des villes
sincère, quoiqu'il maintienne les anciennes Voisines il s'y as-embla environ
; deux mille
règles avec fermeté. 11 mourut le iîO no- moines et une grande troupe de vierges. Tous
vembre '.¥.)8, après avoir gouverné l'Kglise fondaient en \i.rmes, quoique personne ne
près de quatorze an» '(2). On élut aussitcSt doutai lie sa gloire. On le porta, en chantant
Anastase, tiui ne tint le saint-siège que trois des hymni's, jusqu'au lieu de son sépulcre, où
ans et quelques jours. fut bâtie depuis une i;randeégli'-e et l'illu-lie
Une année ou deux après le pape i^aint monastère de Saint-Martin de Tours. Il gou-
Sirice, mourut saint Martin de Tours, le di- verna celte église pendant vingt-six ans, et
manche onze novembre, jour auciuel l'Eglise oui ptuir successeur saint Brice, un de ses
honore encore sa mémoire. Il était parvenu à disciples. Un autre, saint Sulpice-Sévere,
une extrême vieillesse et aval plus de quatre- écrivit sa vie (3).
vingts ans ^1 savait depuis longleuips que .sa
; Cependant empereurs Honorins et .\rcade
les
mort était proche, et en avait averti ses dis- faisaient des lois. Jamais prince n'en avait
cii>les. Ayani ippris qu'il existait d la divi- •
publié autant. Ils renouvelèrent presque
sion entre les clercs (le l'cglisi- de Cande, à Innies les anciennes; ils eu établirent une
l'extrémité de son diocèse, il y alla pour infinité de nouvelIe~s; dans le grand nombro
y

(1) Labb« — (2) Coustant, col. 683-711. —(3) Sulp.. tput. tu. Gr»^. Turon., 1. I, c. uh.
LTVRE TRKNTE-SFPTIf.ME. 42"

îes mêmes sont souvent répétées, quelquefois chrétiens sacrilèges. Cette menace n'effraya
elles se détruisent mutuellement on voit ces ; peronne. On nettoya la place, on abattit la
empereurs avouer eux-mêmes leur faiblesse, statue, et Aurélius évéque de Carthage, fit
en défendant de leur demander des giàces et du temple une église qu'il dédia au Christ. Il
ies privilèges contraires à leurs ordonnances, y avec un concours extraordinaire, la
célélira,
et d'avoir enard à leurs propres rescrits^ lors- solennité de P;\ques. Un grand nombre de
qu'ils dérogent au droit établi. L'empire était païens se convertirent.
comme un édifice ébranlé qu'on ne peut sou- Cependant la superstition ne tomba point
tenir que par de nombreux appuis, qui, eux- avec la statue; sur la foi d'une prétendue pro-
mêmes, ont besoin d'être soutenus par phétie, les païens débitaient que la déesse
d'autres. triompherait un jour de ses destructeurs. Oa
Dans ce grand nomb', de lois, il y en a recommença même à lui otfrir des victimes;
plusieurs qui furent utiles à la religion. Par et, ce qui passe toute imagination, il y eut
exemple, les païens faisaient courir une pré- beaucoup de chrétiens, surtout parmi les plus
diction suivant laquelle saint Pierre avait, par nobles, qui mêlèrent ce culte impie avec le
magie, accrédité la' religion du Christ; mais culte du vrai Dieu. Enlin, vingt ans après,
rencliantement allait tomber, le terme ilu lorsque bs jiaïens se prometlaieiit de voir
christianisme était fixé à la fin du ({uatriême rid(de rentrer dans le temple, il fut détruit et
siècle. On y était arrivé, et les païens atten- changé en cimetière, (^.ette destruction d'i-
daient ce prodige, lorscpi'à leur grande con- d(des, ordonnée par Honorius, souleva les
fusion, les deux empereurs publièrent des lois païens en quelques villes ils massacrèrent, à
;

qui ruinèrent l'idolâtrie plus (juc jamais. Sullete, dans la Byzacène, soixante chrétiens
De toutes les provinces de l'Occident, qui avaient brisé une statue d'Hercule.
l'Afrique était la plus attachée au paganisme, L'Eglise honore ces martyrs le 30 d'août (1).
ftonorius y avait défendu les sacrifices il ; A Gaza, en Palestine, il se passa quebiue
avait ordonné aux magistrats de faire briser chose de semblable par les soir.s de l'évèque
les statues qui étaient l'objet d'une vénération saint Porphyre. Né àThessaloniquedi' parents
sacrilège. Cependant, (lar une sorte de mé- nobles et riches, il avait passé en Egypte vers
nagement, permit les lestins et les diver-
il l'an 378, et pris l'habit mouasliciue dans le
tissements que la coutume avait établis à désert de Scété. Cinq ans aprè-, il se retira à
l'occasioa des fêtes païennes, pourvu qu'ils Jérusalem, vendit son patrimoine, le distribua
ne fussent marqués d'aucun caractère d'idô- aux jiauvres, et apprit à faire des souliers pour
làtrie. Il laissa même subsister les temples, vivre de son travail. Tous les jours il visitait
mais sans autels, sans sacrifices, sans statues. les saints lieux. L'évê(iue de Jérusalem l'or-
Deux comtes furent envoyés en Afrique pour donna prêtre malgré lui, et lui confia la garde
exécuter les ordres de l'empereur. Ils tirèrent de la sainte iToix. Il fut encore ordonné mal-
de j)lusieurs cavcincs de Mauritanie des gré lui évéque de Gaza vers l'an 39(3; mais il
images monstrueuses di; divinités, qu'on y continua de pratii]uer la vie monastique, ne
avait cachées, et les réduisirent en poudre. mangeant que du pain et des légumes, et après
Ils d(''triiisirent à Caitliage une idole célèbre. le soleil couché. Sa ville de Gaza était remplie
Klle y était révérée sous le nom de Céleste. de païens qui avaient jusiju'à huit temples
Son lemiile était sijacieux, pavé do mosaïque, d'idoles et comme il en convertissait un grand
;

orné de colonnes des plus beaux marbrçs. A nombre, ils s'élevèrent avec fureur contre lui
l'entour s'élevaient des clia|ielles consacrées et contre son troupeau.
à tous les dieux de l'Afiiipie. Cette enceinte Pour se mettre à couvert de leurs insultes,
avait deux millo pas de circuit. L'idole était il envoya son diacre Marc à Coustantinople,
assise sur un lion, une espèce de tambour à demander à l'empereur la di'inoliliou des tem-
la main, la tète couronnée de tours ces at- : ples, principalement cidui de .Marnas. C'était
tributs convenaient à Cybèle mais l'idole ; lorsque Eutrt)[ie était encore en créilit, et saint
rassemblait encore cmix de plusieurs autres Chrysostonie déjà évê(iue, par conséquent,
diviniti"< On y recDiiuaissait l'Astarté des Si- en 398. Marc obtint un ordre de fermer les
donicns, la Vénus Trani' des Grecs, celle que temples; mais les officiers envoyés pour l'exé-
rLciiture sainte nomiii' la ic'<nK du ciel et cution se laissèrent coiiompre par argent, eu
que les Juifs avaii'iit souvent adorée. Ce culte, sorte qu'après avoir abattu les idoles et fermé
a|iporlé en Afrique par Diilon, s'était rt'pandu les templrs, ils permettaient de consulter en
]iar toute la terre .n envoyait de toutes parts
, secret l'idole de Marnas. Les idolâtres ]iersé-
des oH'randes à (^ai tliage, et Cidcste était une cutant leschiêliensde pliisen plus, saint Por-
des divinités qu'on pouvait, selon les lois ro- jiliyre alla trouver sou metropulitain, Jean de
maines, instituer Lérilicre. Le temple était Césarée, et le pria de le décharger de cette
fermé (l(!pui>i la loi de Tlu'odose en .'lltl, le église et lui permettre de se retirer. Jean le con-
terrain s'était couvert de ronces et d't'|iines, sola et l'exhorta à demeurer. Abus Porphyre
où les païens disaient (ju'étaient caches une le conjura de venir donc avec lui à Coustanti-
inlinitù io serpents et d'aspics, qui gardaient nople. Y étant arrivés, ils s'adressèrent à saint
ce lieu et en défeDduicnt l'accès contre les Chrysostome qui les reçut avec joie et recoa-

<l) Corf. theod. Aug., De ci»., I. XVIII, c. U».


4î6 HISTOIRE UNIVEnSELÎ.E UK LÉGLI6E CATHOLIQUE

!e dincro Marc, qui Irs accoinpniJtnnit, et


tit sur la place une éiflise. qu'on dit ivoir été
nul
plus giainle qui fut alors. L'impératrice
qui a écrit avec bciiuroiip de lidi'iili! la vi<; de la
loiirnit à la dépense, et fil aussi construire uc
saint Porphyre. Il les recomniamla à IViinu-
que Amantius, qui avait lieaucoup de crédit ho[.italpjur les voyajçeurs. Saint Chrysos-
Auprès du riiupéralrice, el était grand servi- tome envoya des moines dans W reste de la
teur; de Dieu. Phéniiie, pour y elfucer toutes le« lra*-j .s de
Amaulius les introdujgit en effet chez l'im- paganisme. Ces mi^nions ne <oi'iliTenl à l'em-
péralrinc, qu'ils tiouvéreiit (Ouchéi:;sur un lit pereur que son consentement. Lo saint prélat
d'or. Elle les salua la prcniiérf, hurdeninn- engagea deg femmes chridiennes ù cou-acrcr
dant leur hénédjplion, et leur lit rxcu-e de co à cette pieuse entreprise une partie de leurs
qu'elle ne so loviiit pas à ciuisc de sa gros- riche-ses. Les missionnair*"» eurent beaucoup
sesse. rnconlércnt la |ler^éluti(ll: des
Ils lui à sonfTrir do l'opiniàtietc n'es peuples mais
;

idolâtres,qui uo lai>saient pas uniue aux leur zèle et leur constance iriomjjbèrent de
chrétiens la liberté du cultiver leurs Icrres tous les obstacles. .Mors furent détruit» le fa-
pour pouvoir payer les trihiits à l'empereur. meux temple d'Asturle à.Sidon, celui de Venus
L'impératrice leur dit Ne vous im[uiétez :
à Byblos; el ce pays si renomme dan» les an-
point, mes père-* ;
j'es|iére (|uc Dieu me fera nales de l'idolâtrie, et qui se vantail d'être le
fa grôce de persuader l'empereur de vous berceau de tant de divinités, fut entièrement
purgi'r lie ses anciennes superstitions (Ij.
contenter allez vous reposer, et priez Dieu
;

pour moi. Ensuite elle si' lit ;qiporler de l'ar- Depuis prés de trente ans, rR^lise entière,
gent, et Icuren donna environ trois [loitçuées, mais surtout la Palestine, admirait deux amis
disant Prenez toujours ceci pour v(dre dé-
:
également ci-lèbies pour leur pieté el leur
pen.se. Ils le prirent, et, en sortant, ils en don- Science :l'un était saint Ji-rome, l'autre le
nèrent In plus grande partie aux olliciers qui prêtre iSulin. Jérôme demeurait habituelle-
tenaient les portes. ment dans le monastère de Belhléhera. Rufio
L'inipi^ralricc proposa la <hose à l'empe- en avait bàli un autre sur la montagne des
reur, qui en lit ditlieullé, craignant de dimi- Oliviers, où il dirigeait un gran I nombre de
nuer ses revenus, s'il traitait mal les haliitants solitaires. L'illustre dame romaine doulilétait
le père spirituel, Melanie l'Ancienne, en avait
de Gaza. Les évoques étant revenus la voir,
elle leur en rendit compte, les exliortaul tou- bâti un de tilles à Jérusalem, qu'elle conduisit
tefois à ne pas se découra;,nr. Alors .saint Por- pendant vingl-sepl ans. Ruiin, non content
phyre se souvint du ce que leur avait dit un de donner à ses religieux une règle tirce ite
saint anachorète, nommé Procope, qu'ils saint Basile, les engageait encore a la vertu
avaient vu en passiinl à ile de Rhodes; et, I par ses exhortations. Il elail même appelé
suivant son instruction, il dit à l'impératrice : quelquefois par les paste'urs de l'Egli-c pour
Travaillez pour .lésu-^-Clirist, et il vous don- instruire les peuples. Ses préJic.itiuns n- fu-
nera un lils. L'iinpéiulrice roulât el tressaillit rent pas sans fruit. Il couverlit un grand nom-
de joie, et dit Priez Dieu, mes pères, que
: bre de pécheurs, réunit à l'Ei^li'ie plus de
j'aii-un fils, comme vous dites, et je vous quatre cents soliUures <;ui avaient pris part
promets de t'air.; tout ce que vous désirez, et, au schisme d'.\nli<iche, et obligea plu.-ieurs
do plus, do liûlir une égli^^e au milieu de la ariena et macedonieus de la i'ale-tinc de re-
ville de Gaza. Peu do jours aprè-s l'impéra- noncer à leurs erreurs. Le séjour de cinq à
Iricc accoucha de Théodose le jeune; lajoio six ans qu'il avait fait en Egypte, lui ayant
fut remiicre'ir le déclara dés lors
i;randi' : donné la facilité d'apprendre la langue grec-
césar. L'impéMlnco conseilla aux évoques de que, il s'appliqua à lra<luire eu latin les ou-
drc-SL-r une ri'cpiélo el de la mellre entre les vrages des Grecs qui lui paraissaient les plus
mains deson fils, lorsqu'il scjrlirait des fonti iuteressauls. 11 donna d'abor.l les AiUi^uiiéi
de liaptème. Li cérémonie se lit avec une judaïques de Josèphe, juiii ses sept livics De
grande pompe. Les deux evéques avant pré- lu guericdts Juifs. Son butélail de faire con-
senté leur rc.|uete à l'enfant, sui\anl avis I naître aux chrétiens, qui n'eulei.d. lient point
de rimpéralrico, un «h'S princi|iaux de la cour, le gre'c, la liaison qu'il y a\ail enlre l'AncieD
qui lo teuaii cntri! les liras, lui lit pencher la et le .Nouveau Testament.
tête c dit ï?a .Majesté accorde la lequele. Ce
: Saint Jeiùmoelani venu à Jérusalem pour y
jeu n'ussitauiiiè-d'Aïc ide; sollicité en memi; visiter les saints lieux, lut si Ciiilie de la cou-
temps par Eudoxie, il cou-cnlil à tnul, di- duiledo lliilln el ..e .Melanie, «ju'il crut devoir
sant ([ue, pour le premier ordre que donnait en laisser un b-moignage ;\ lu po?li rite dans
sou hls. il ne voulait pas lo dédiie. L'iiiipeia- la chronique qu'il composa quelque temps
Irico fit aussitôt exiediei- la tommissioii. l'n après. Il y reconnaît que Butin ?'oUil rendu
chréliou zélé, nommé («yuc^ius, qui en fut très célèbre dans l.i \ le monaïtique. et par la
charge, s'en acquiila avec vi.uueur, malj^ié sainteté de ses mieurs. et par I éclat de tes
les cris des i.lolàlres. Les troupes qu'on lit en- vertus. Ce qu'i] y dit de Melunie n'e-t pas
trer dans la ville les liureiil en res[iett. Tou- moins honorable a celte sainte veuve. Iluiio
tes les idoles lurent brisées, tous les tempii s n'était i>as lellement atlaclié à la >olitiide du
abattus. Ou hrùla celui do Mai-naî el L un bâ- mouidesOliviers,t4u'il ue til ^uoiqucs vujd^es:

(1) Vtt. S. Porpfiyr. 4cla SS., Xi.r\ /M.


LIVRE TRENTE-SEPTIÈME. «7
l'un en Mésopotamie, où il visita divers soli- imagination. Saint Jéi'ôme, qui ne voulait pas
taires aux
environ-; d'Eile.'se et de tlarres ; s'exposer à la fureur de ces raux zélés, vint la
l'autre, à pour y consuiliT Sfs
Ali'.xandriii, dimanche suivant à l'église faire sa profession
anciens maitres, c'est-à-tiire Didymc l'aveu- de foi devant le peuple, comme il en avait été
gle, et les deux frères Sérapion et Mcnile, qui requis par Aterhius, et déclaia publiquement
ne cédaient en riiin à Didyine pour le uK^rito qu'il condamnait toutes les erreurs d'Origène.
et l'érudition. On par le con-
croit qui; ce fut Cet aveu satisfit Aterhius et ceux de son parti ;

seil de ces savants hommes qu'il continua de mais il compromit l'évèque de Jérusalem et
traduire en latin des auteurs grec?. Rufin qui ne crurent pas devoir rendre
,

Mais voulut auparavant lire ce qu'il y


i.' compte de leur foi à la requête d'un simple
avait de meilleur parmi eux, et il le lit avec particulier. Us se tinrent enfermés chez eux,
tant d'assiduiléet d'applicition, que, de l'aveu et menacèrent de réprimer l'insolence d'Ater-
de saint .lérôme, (m trouvait peu do per- bius, s'il ne se retirait. Lh conduite do saint
sonnes qui eussent une plus grande ciinnnis- Jérôme les affligea beaucoup, et ils ne purent
sance que Rufm des anciens auteurs, particu- regarder que comme une faiblesse indigne de
lièrement des Grecs. Un d'eux avait composé lui , d'avoir condamné publiquement un
un livre sons le titre de Senli-ncrs de Sixte. homme dont il avait paru jusque-là le plus
Uiifin y trouva de beaux principes de morale, zélé défenseur. C'était en 3!t2.
le traduisit en latin, croyant qu'il était de Depuis ce temps, l'affection des deux amis
saint Sixte, pape et martyr en quoi il se
: se refroidit sensiblement. Le Traité des hom-
trompait. 11 traduisit aussi les œuvres d'Eva- mes illustres, que saint Jérôme fit paraître en
gre, diacre de Constant inople. Rutin et Mé- cette année-là, fît connaître au public son in-
lanie l'avaient reçu dans la Palestine, et ce disposition contre Rufin. Comme il s'y propo-
fut par les conseils de celte vertueuse veuve sait de montrer que les ennemis de Eglise 1

qu'il embrassa la vie monastique sous la con- avaient tort de nous reprocher que nous n'a-
duite des deux Mai-aires. Ses progrès prodi- vions jamais eu de personnes habiles ni capa-
gieux dans la vertu engagèrent Rulin et bles d'enseigner, et que, pour ce sujet, il en-
Mèlanie de le venir voir dans sa solitude. C'é- trait dans le détail de tous les écrivains
tait en 303 Vers le même temps, Rulin en- ecclésiastiques, et de ceux-là mêmes qui vi-
tretenait un commerce do h'ttrivs avec l*roba vaient encore, on fut surpris de n'y voir pas
Fidconiii, veuve de Probus, le plus illustre Rufin, tandis que l'on y voyait Tatien, Rar-
Romain de son temps. Gennade estimait sin- desane, Novatien et plusieurs autres héréti-
gulièrement ces lettres, foit pour la pureté du ques, des Juifs et même des païens, savoir :

style, soit pour la manière dont les choses Sénèque. Ses livres contre Jovinien, publiés
spii'ituelles y étaient traitées. A son retour de l'année suivante, déplurent encore à Jean de
Rome, saint Jérôme vint- faire sa demeure Jérusalem et i\ Rufin. Ils ne laissaient pas
dans monastère de RuRn, à Jérusalem. Ils
le néanmoins de se voir, mais rarement. L'arri-
passèrent ensemble six ou sept années dans vée de saint Epi[diane A Jérusalem, en394, flt
une étroite unicm, appliiiués jour et nuit i\ éclater leurs brouilicries.
l'étiule des divines Ecritures et des auteurs Le saint archevè(iu(î de Chypre logeait chez
ecclésiastiques. Saint Jérôme traduisit, aux l'évêipie de la ville sainte. Ils firent ensemble
instantes prières de Paul et d'Eustognie. les le |ièlerinage de Réihel, où ils célébrèrent la
homélies d'Origène sur saint l^uc et Rntin ; collecte. Mais l'évôqui! de Jérusalem était pré-
travailla aussi, de son côti-, à traduire quel- venu pour Origéne, et saint Epiphane contre.
ques autres ouvrages de ce même auteur, trou- Ce dernier prêcha publiquement contre l'ori-
vant plus de goût à les lire que dans la lec- géiusmo, ce qui déplut extrêmement à l'évè-
ture dos poètes et des autres écrivains profanes. que Jean et à son clergé. Ou s'aigrit de part
Il dédia la plupart do ces ti'aductions à et d'autre, Epi[duinc, mécontent, se retira au
saint (^hroraace, évèque d'Aquilée, qui,' ce monastère do Rethbdiem, anima saint Jthôme
«emble, l'avait engagé à ce travail (t). et les moines contre leur évèque, au point de
Il y avait déjà plus de vingt-cinq ans que leur persuader de se séparer de sacomuiunion;
Rulin et -^aint .lérôme étaient liés il'une amitié puis il ordonna diacre c, prêtre Paulinien,
intime, lorsqu'un aecidenl imprévu jeta entre frèiede saint Jérôme. L'évèque de Jérusalem
eux les [iremières semences d'.une division qui se plaignit liaiileu/enl de cette violation delà
dura jusqn',1 leur mort. Un nommé Alerbius, juiidiction ecclésiastique. Saint Epiphane,
que l'on croit avoir été du nombre des moines dans une longue lettre, s'cxiuise sur la cou-
antliropomorpliitis ou qui supposaient h. Dieu tume de l'Ile de tlliypre. Mais l'accord parti-
une l'orme humaine, étant veiui i\ Ji^rusalem, culier des i'vêi|vie< d'une jirovince n" donnait
entra dans Tt-glisc lor-qno le peuple y était pas le droit d'enfreindre ailleurs la loi géné-
assemblé^ et accusa à haute voix l'évequo rale. Il rejette l'animusilé de Jean, non sur
Jean, soint Jérôme et Rulin, de suivre les hé- l'ordiniiliim de Paulinien, mais sur l'averlis-
résies d'Origène. Les anlhropomorphites en semcnl (pi'il lui donna, étant à Jérusalem, de
voulaicii*. uarliculièrement à Origènn, parce ne point louer Origènc, cl do s'éloiijner d«
qu'il coù.'.iattait plus directement leur folle ses erreurs, qu'il réduit à Luit chefs. Mais, d'a-

il) Oillior t. X. art. Rufin.


«M HISTOIRE UNIVF.nSELLB DE F-'ÉGLISE CATROUQUl!

Ïirèsles doctes explications qu'ont données de rideau, <lans une église, au livre De» Miracle*
a doctrine d'Oiigéne les savants pères Ccillicîr de saint Etienne, composé par ordre d'Evo-
et Vincent de la Rue, ainsi que d'autres, ces dins, évéi]ue d'Uzale, ami de saint Augustin.
huits chefs d'erreurs ne reposent la plupart D'ailleurs les convenances seules demandaient
que sur des malentendus. Jean ne r(';pi)ndil à que, dans le diocèse et en la compagnie d'un
que par une a[>olot,ne qu'il adressa
cette lettre autre évèque,on lui laisr^àt le soin de corriger
à Tliéopliili', d'AU'xaiiiliic A eetlc! «•poque, un abus, s'i" y en avait. La raison que la let-
Thiiopliile était si rliniid partisan d'Orii^éne, tre donne du procédé, ne vaut pas mieux que
qu'il traita saint Epipliane d'iiéréiiipie et d'au- li procédé lui-même; car, n'était pas con-
s'il

teur du schisme. traire à l'Ecriture que le rideau qui pendait


Cette division entre saint Jérôme et l'évêque devant l'ancien sanctuaire fut parsemé ila
de Jérusalem, ainsi que Ruiin. qui avait em- chérubins, pourquoi serait-il contraire à l'E-
brassé le parti d i'évéquc, dura envii'on trois criture (pie le rideau d'une ét'lise chrétienne
ans. Elle fut éteinte, l'an .VM par les ell'orts
,
portât l'image du Christ ou de quelque»
de Mélanie. lUifin et saint léri.mc se niconci- saints?
liérent puhliqui'men apri'> la messe, dans l'é- l'iiblic(jla, lils de Mélanie, étant devenu
glise de la Ré'surrectioM. Jcioine se réconcilia prétf ni- de Rome, épousa Albine. Il en eut
également avec 1' vèipn. Jean, tpii lui conlia une tille qu'on nomma Mélanie la Jeune.
le gouvernement de la paroisse de Bethlé'hcni. Celle-ci fut maiiée de bonne heure à Pinien,
Jean permit encore à l'auiinien d'e.xercer les d(jnt le père avait été gouverneur d'Italie et
fonctions du sacerdoce dans le monastère de d'.Vfrique. Peu de temps après, elle résolut,
la ville. L'évêque de Jérusalem et RuIin don- du consentement de son mari, de passer le
nèrent des cxplicati(ms précises, et ne laissè- reste de sa vie dans la continence. Mélanie
rent aucun doute sur la pureté de leur foi ;
l'Ancienne, pour l'aider à exécuter fidèlement
mais ils ne rétractèrent point d'erreurs, parce celte résolution, s'embarqua à Césarée avec
qu'ils n'en avaient soutenu aucune. RuIin, que saint Jérôme conduisit jusqu'au
A la fin de la lettre de saint Epiphane, on port. Ils abordèrent à Naples en 397, après
lit ces paroles De plus, j'ai ouï dire que
: vingt jours de navigation. .Mélanie était alors
quelques-uns murmuraient contre moi, de ce âgée de c|uarante-sept ans. De Naples elle se
que, lorsque nous allions au saint lieu nommé rendit à Noie, pour voir saint Paulin, qui lui-
Réthel, pour y célébi er la collecte avec vous, même vit avec joie, comme il le rapporte, le
étant arrivé au village d'Anablatha, et ayant triomphe de son humilité. Elle était montée
vu en passant une lampe allumée, e deman- sur un petit cheval qui ne valait pas un àne,
dai quel lieu c'était. J'appris que c'était une vêtue d'un méchant habit noir, mais suivie de
église, et j'y entrai pour prier. Je trouvai un ses enfant» et de ses petits-enfants, qui te-
rideau attaché à la porte <ie cette église, oiï naient à Rome les» premières places, et uui
était peinte une image, comme de Jésus- étaient venues au-devant d'elle jusiju'à .Nanles
Christ ou de quelque saint; car je ne me sou- avec une suite nombreuse. Ils remplissaient
viens pas bien de ce qu'elle représentait. la voie appienne et la taisaient briller des or-
Ayant donc vu l'image d'un homme exposée nements cle leurs chevaux et de leurs chars
dans l'église de Jésus-Christ, contre l'autorité dores la pourpre et la soie qu'ils portaient
;

de l'Ecriture, je déchirai le rideau, et je con- relevaient la pauvreté de la sainte veuve, dont


seillai à ceux qui gardaient ce lieu d'en enve- ils s'ostimaient heureux de toucher les hail-
lopper plutôt le corps mort de quelque pau- lons.
vre pour l'enterrer, ils murmurèrent et , Saint Paulin les reçut dans son petit logis,
dirent: S'il vruilait déchirer ce rideau il de- où iln'y avait qu'une chambre haute et une
vait en donner un autre. Ce qu'ayant entendu, galerie qui communiquait aux cellule» de? hô-
je promis d'eu donner un. Je l'i'nvoic mainte- tes. Il trouva, toutefois, de quoi loser toute
nant, tel (jue e l'ai pu trouver, et je vous cetta" compagnie; et, tandis que les jeunes
prie d'ordonner aux prêtre^ du lieu de le re- gens et les vierges chantaient les louani;esde
cevoir, et de leur défendre d'exposer à l'ave- Dieu dans l'église de Saint-pelix, cette nom-
nir des rideaux de la sorte, qui sont contre breuse suite de séculiers demeurait dans un
notre religion car il est digne de vous d'oter
; silence respectueux. Saint Paulin lut à sainte
ce scandale (1). Mi'lanie la vie de saint .Martin, écrite par saint
Si cette partie de la lettre est véritablement Sulpice- Sévère, sachant combien elle était
de saint Epiphane (car la lettre même tout curieuse des histoires de cette nat>.rc, et de-
entière présente des incohérences), il faut meura lui-même charmé des vertus de cette
avouer en ce point plus scrupuleux
qu'il était sainte veuve. Elle lui fit présent d'une par-
que les autres évoques car l'usage des iiein-
; celle de la sainte croix, iju'elle avait reçue de
tures dans les églises était reçu en Orient et Jean,-évêque de Jérusalem et saint Paulin
;

en Occident, comme on le voit par saint Gré- s'en servit un jour pour arrêter le feu qui, s'é-
goire de Nysse, par Prudence et par saint tant prisa une logo pleine de foin, menaçait
Paulin, écrivant dans le même temps. Et il est de consumer toute son habitation. Il donna,
fait mention d'une peiuture semblable sur un depuis, celte reliijue à son ami Sulpice-Sévère,

(1) Apud Hi«r., Bpùl. ix.


LIVRE TRENTE-SEPTiftME. i29

pour mettre dans nne église qu'il faisait bâ- moins. Il mit à la tète de cette traduction une

lir(l). préface, où, après avoir loué les traductions


Sainte Mélanie étant arrivée à Rome, con- que saint Jérôme avait faites de deux homé-
vertit à la foi Apronien, mari d'Avita, sa nièce. lies d'Origène sur le Cantique, à la prière il«
Il était du rang des clarissimes, et homme de l'évèque Damase, et la piéface dans laquelle
grande réputation, mais païen. Mélanie ne le ce Père relevait si fort les ouvrages d'Origène,
rend!?; pas seulement chrétien, mais encori! qu'il donnait envie à tout le inoD<lede les lire,
elle lui persuada de vivre en continence avec il ajoute: Je veux donc suivre "lioique d'un
sa femme. Elle instruisit aussi dans la foi Al- style bien inférieur, ce que Jérôme a c *J-
biiie, sa bru, femme de son fils, et confirma sa mencé approuvé, et faira oonnailre ;et
et
petite-lille, Mélanie, dans la bonne résolution homme, Origène, qu'il appelle le second doc-
qu'elle avait prise de garder la continence avec teur de l'Eglise après les apôtres, et d jnt il a
son mari Pinien, qui avait été préfet de Rome, traduit plus de soixante-dix homélies. Je sui-
ainsi que son père. vrai aussi sa méthode, en ôclaircissant les en-
Rutin laissa Mélanie à Rome, et se retira droits obscurs et supprimant ce qui ne s'ac-
dans un monastère des environs. Il y avait corde pas avec ce qu'il-,! il ailleurs, touchant
alors dans cette ville un nommé Macaire, hom- la foi catholique. Rufin dit ensuite que, comme
me de distinction, savant, d'une vie exem- le livre Des Principes est un peu obscur, à
plaire et plein de zèle pour la vraie religion. cause de la précision qu'Origône y a affectée,
Voyant que les superstitions continuaient dans il en a étendu quelques endroits par d'autres,

Rome, et surtout parmi la noblesse, il entre- tirés des ouvrages où cet auteur s'était expli-
pi'it de les combattre, en faisant voir la vanité qué avec plus de netteté. 11 proteste de la droi-
du destin et de l'astrologie judiciaire. La ma- ture de ses intentions dans la traduction de
lièio n'était point aisée pour un homme peu cet écrit, et finit sa préface en conjurant le co-
iustruitdes sciences ecclésiastiques, et Macaire piste de transcrire fidèlement l'ouvrage en la
f»p trouvait embarrassé à rendre raison de cer- manière ([u'il l'avait traduit.
tains etfi'ts de la Providence. 11 proposa les Rufin, après avoir fini cette traduction, se
difficultés à Rufin, et lui demanda en même relira à Aquilée avec une lettre de commu-
temps quel était, sur ce sujet, le sentiment nion du pape saint Silice, qui mourut la même
d'Origène. Rufin le renvoya à l'apologie que année 398. Pammat^ae, ayant eu communi-
saint Pamphile avait faite de cet auteur, di- cation de l'ouvrage de Rufin, en avertit son
sant qu'il en tirerait ]ilus d'éclaircissement ami saint Jérôme, et, afin qu'il fût en élat de
qu'il ne pouvait lui en donner lui-même. Ma- la réfuter, il lui envoya la version et la pré-

caire, qui ne savait pas le grec, pressa Ruiin face. D'un autre coté, sainte Maicelle, aussi
de lui traduire en latin cette apologie. Celui-ci amie de saint Jérôme, cria publiquement con-
s'en excusa d'abord mais il fallut enfin céder
; tre celte traduction, et i)lusieurs autres amis
aux instances de Macaire. Rufin accompagna s'élanl joints à eux, on délèra Rufin au Pape
cetlo trailuction d'une lettre, dans laquelle il Anastase, qu'on venait d'élire en la place de
fait voir que les œuvres d'Origène avaient été Saint Sirice. Ce pape lui écrivit plusieurs fois
falsifiées par les hérétiques. Dans la préface, de venir à Rome se défendie en personne;
il dit qu'il s'attend bien qu'en traduisant un mais il s'en excusa toujours et se contenta de
livre qui était entièrement en faveur d'Ori- lui écrire une lettre où il dit pour excuse
gène, il choquera certaines personnes (jui ne qu'ayant été trente ans sans voir ses parents,
peuvent souffrir ceux qui ne se déclarent pas il eût (dé dur de les quitter sitôt, et qu'il était

contre cç savant homme. Il le justifie ensuite trop fatigué de ses longs voyages. Il ajoute
sur le mystère de la Trinité, et aj(jute, en des qu'il n'a jamais eu d'autre foi que celle qui se
termes très-précis, ce qu'il croyait lui-raème, prêche à Rome, à Jérusalem et dans toutes
t;iiiLsur ce mystère que sur celui de la résur- les églises catholiques, et que, pour fermer la
rection, disant (jue sa croyance sur ces deux liiiuclii! àsesadvin'sairos, il cioyait suffisant do

[loints istcidlc de révè([ue de Jérusalem, et la leur envoyer sa profession de foi. Celle foi,
même i|u'il enseigne à tout son diocèse. dit-il, est prouvée en ma personne par l'exil,
Aussiti'it que la traduction d(! l'apologie di^ par les prisons et par les tourments que j'ai
«aint Pamphile parut dans Rome, où il y avait SDufferts à Alexandrie pour la contession du
Cijuime aiileuis, des esprits prévenus contre nom (le Jésus-Chriit.
Origène, elle y lit du bruit; mais Macaire Dans la profess'wii de foi qu'il joignit à cette
laissa crier les censures, et il fit do nouvelles lettre, il s'ex])liiiue d'une manière trèsorllio-
instances à Rufin ili; mettre aussi en latin les doxe sur la Trinité, sur l'Incarnation, sur la
livres Des Prùuifjes, i)ar le même Origène. Sa résurrection des corps, .-ur le jugement der-
persévérance ','jm|iorta et queli|ue délicate
; nier, sur l'éternité des peines, sur l'ori^'ine do
que fùl ri'ntr*'prise, Rufin travailla avec tant l'àme. Puis, venant à la traduction d'Origène,
d'assiduilc', (.ic, dès la fin du cai'èmc do l'an qu'il n'est ni son délcnseur ni son ap-
il (lit

H!IS, Icsdi'ux [)M'miers livres luii-nt aciievés. probateur, mais seulement son interprète. Si
U lut plus lent à traduire les autres, [larce «[ue donc, contiimc t-il, il y a qu(dque chose de
Macaire, obligé des'éloiguerdelui, le pr^ ssuil boa dauâ ce que j'ai traduit, il n'est pas de

(1J i'alla't., Laui , c. kviu.


430 HISTOIHE UNIVERSELLE DE L r.OLISE CATIlOLlgUB

moi, cl si l'ou y trouve quelijuo chose de parlant en«uile de Ruiin : C'est à lui a voir,
mauvais, je u'y ai aucunr ii.iil. .le d:^ plu», dit-il, cominnil il se ju-liliera devant Dieu,
je me suis étudié à ictramlier du livre l)n qui e-st le juge de sa conscience. PourOrigène,
/V/««;/i?ï ce qui ne me paraissait pas orliio- qu'il a traduit en notre langue, je ne savais

doxcet que je croyais avoir été ajouté par les point auparavant ce qu'il était ni oî qu'il
''éréliques, parce que j'avais lu le loulraire avait dit. Seulement, j'ai rem;iripic que la
dans les autres ouvrages d'Ori;,'ène. Il dit en- lecture d Orii;éne a fait voir au peujde de no-
core ([u'il n'en est pas le prcmiiT interpn'ti-, tre ville ipi'il a voulu, par des détours artiû-
et que d'autres avant lui ont traduit les ou- cieux et en jetant des nuages dans les âmes
vrages de cet auteur; qu'il n'en a traduit quel- pures, corrompre la foi établie et confirmée
ques-uns qu'à la prière de ses frères; que si Îar la tradition des apôtres et de nos Pères.
on lui ordonne de ne plus le faire, il est prêt e voudrais savoir à quel dessein il a fait cette
a obéir; que si c'est ,in crimr de l'avoir fait traduction. Je l'aïqirouve, s'il accuse l'auteur
sans un ordn' expi es de l'Eglise, on doit com- de celle doctrine, s'il n'a eu en vue que d'ins-
mencer par punir ceux qui l'ont précédé dans pirer aux lidèb.'S une juste horreur pour les
cette faute. 11 finit sa confession de foi en pro- do^-mes aussi exécrables et déjà proscrits;
testaiitqu'il n'en a point d'autre ciue celle qu'il mais s'il approuve ces erreurs, il est condam-
vient d exposer, qui est, dit-il, la croyance de nable pour avoir voulu détruire cette foi pre-
l'église de Home, de celle d'Ali.'xandrie, de mière et uniipie, qui est pa-sée des apôtres
CelIcd'Aquilée, dont je sui^ et que j'ai oui jus(p)'à nous. Le Pape se cofifie en la provi-
préchi-r à Jérusalem. Je n'en ai point d'autre, dence divine, que sa conduite sera approuvée
je n'en ai point eu d'autre et je n'en aurai ja- par tout le mijnde, et dit qu'il en a écrit [)lu(
mais d'autre. Anathéme à qui a d'autres sen- ampli^mi'nt à son frère Vénérius, succfsseur
timents sur la religion mai- ceux qui, par un
;
de Siinpliciin dans le siège de .Milan. Il ajoute
esprit d'envii', scandalisent leurs frères par (ju'il ferait toujours son possible prmr main-
leurs querelles, leurs divisions et leurs ca- tenir la foi de l'Kglise parmi ses peuples, qui
lomnies, en rendi'out un compte terrible au sont les membres de son corps, et pour les
jugement de Dieu. avertir, par s«;s lettres, dans tous les endroits
Huliu envoya celte apologie au Pape, l'an de la terre, de ne se laisser point tromjier par
400 ou au commcnccnicnt de l'an -401. Il en cette traduction profane ;
qu'enfin il ressen-
répandit, Cl! Sfudile, plusieurs copies en Italie; tait une grande joie de ce que les empereurs
car il témoigne iiu'elle y fut approuvée. Mais avaient défi-ndu la lecture d'Orii;ene. Quant
saint Jérôme n'en jugea pas de même, et il àla sollicitude que vous avez, dit-il en finissant,
traita la profession de loi que Rufin avait faite au sujet des plaintes duvulwaire sur Rufin, et
d'éi|uivoque et d'artilicieiise. disant qu'il se qui vous fait soupçonner vaguement certaines
trompait lui-même en pensant im[ioser à la personnes, je vous rappelleiai cette parole di-
simjilitité des lecteurs. Ce ijui est de vrai, est vine : Dieu n'est pas tel ijue l'homme ; car
qu'elle put effacer les fâchcu-es impressions Dieu voit le cœur et l'homme le dehors. C'est
que sa Iraducliondu livre Des Principes, avait pourquoi, bien-aimé frère, examinez Rulin
faites sur l'esprit du jjiipe saint Anastasc, le- d'après sa propre intention :s'il a traduit Ori-
quel ne voululplus enlcndre parler d'un hom- gène en l'approuvât)!, il aX c/)upablc comme
me qui, disait-il, avait introduit dans l'Eglise celui qui approuve les vices d'un autre. Sa-
une version aus-i dangereuse qu'était celle chez, au reste, qu'il est tellement éloii;né de
du livre Des P/iiici/ies. C'est à quoi se réduisit nous et de nos contrées. <]ue nous désirons
la condamnation de Uuliu, comme nous l'ap- ignorer ce qu'il fait et où il est. KnBn, qu'il
p enons par la lettre de ce Pape à Jean de Jé- voie lui-même oii il pourra être absous (1).
rusalem, écrite eu 'lOI. Plusieurs ont conclu de ces dernières paroles,
Cet évèque avait écrit à saint Ana^tase, que Rufin avait été excommunié par le Pape ;
pour savoir la vérité des bruits qui couraient mais ils se sont trompés, comme l'ont prouvé
contre Rufin ; car il soupijouniit certaines Ceillier,Constant, Konlanini. il est certain
personnes de partialité dans cet all'aire, cl il que Rufin fut toujours traité avec estime et
apiuébeudait que Rufin ne succombât sous les regardé comme caiholiqu<' par saint (^hromace
etforls de ses eiuvinis. Anastase fit réponse à d'Aquiléc», par saint Vi-nérius de .Milan, par
Jean par une lettre, qui est la seule qui nous saint l'étrone de Boloune, par saint Gaudeace
reste de ce saint Pape. Il y traite Jean ave,i de Bresce, par saint Paulin de .Noie, par saint
beaucoup d'honneur, et lui donne de grands Augustin et d'aulies encore, l-omraent, d'ail-
éloges pour répondre à ceux que cet évècpie leurs, le Pape aurait il i-\communié Rulin,
lui avait donné<. Il lui dit que son mérite fKii'^que, dans sa lettre même, il déclare qu'il
passe toute louange, il que la gloire de son e laisse au jugemenl di- Dieu, quoiqu'il con-
e()iscopat se lépand [tarlout le monde; ci> qui damne l'ouvrage et qu'il soit fort mccouteot
montre que les reprorlios d'origéniste, avan- de l'auteur?
tj's contre lui par saint Kpipliane cl par saint Rufin, voyanlqnc ses ennemis faisaient tou«
J'jrome, n'avaienl pas fait grande impression leurs efforl< atiii de le faire passer pour héré-
à Rome, ou qu'ils étaient elTacés. Anastase, tii^ue, crut qu'il était de son honneur elde u
0^ Couft., col. m. Ceillier, t. X.
LIVRE TRENTE-SEPTIÈMB. 431
fonpcîence de se justifier pnbliqiipmpnt. C'e>t dit, il demande
pariîon à saint Jérôme des
C(! im'il lit jiar une ajinlo^ie en cknix livres, à termes injurieux qui pouvaient lui être éolap-
qui l'on a donné depuis le nom d'Inreclivea. pés dans la chaleur de la dispute, et témoigne
Il l'adressa à un de ses amis nommé Apro- qu'il aurait extrêmement souhaité qu'il lui
nIpD, qui aii avait envoyé la lettre que saint eût été permis de garder toulàfait le silence.
Jérôme avait écrite contre lui et contre tous Mais cela, ajoule-t-il, n'était pas possible se :

les origénistes, à Pammaque, en lui envoyant taire lorsqu'on est accusé d'hérésie, c'est con-
sa nouvelle traduction du livre Des Pj'incipcs, fesser que l'on est hérétique (1).
pour l'opposer à celle de Rufin. Bientôt saint Jérôme publia un livre en
Dans le premier livre de son apologie, Ru- réponse Rufin y répliqua par une lettre con
;

fin nifute tout ce que saint Jérôme et ceux de fidentielle à saint Jéiôme liii-méme, qui, peu
son parti disaient pour montrpr (]u'il était après, lui en écrivit une autre publique, où il
Léréli.|ue. Il pri'ud Dieu à témoin qu'il n'y a ne fait guère r|ue répéter ce (ju'il avait déjà
eu, de sa part, aucune affectation à trnduire dit. Dans tous ces écrits, il y a beaucoup d'ai-
le livre Des Principes préférablement à un greur et beaucoup d'exacrération. Au fond,
autre, et raconl^i la manière dont il y avait ils pensaient tous deux la même chose car, ;

été engagé par Macaire. Il convient que ce dans ce temps-là même saint Jérôme disait:
livre, en l'état mcme où il l'avait mis, conte- « Convenez qu'Origène se trompe en quelque
nait encore quol.|ues erreurs ; mais il fait chose, et je ne dirai plus rien. Que si quel-
voir qu'on ne pouvait les lui imputer, parce que Judas, envieux de sa gloire, vient nous
qu'il n'avait pas dit, comme on le lui objec- objecter ses erreurs, qu'il saehe que les plus
tait, qu'il donnait ce livre exempt de toute grands hommes font des fautes. N'imitons pas
erreur, mais feulement qu'il en avait retran- les défauts de celui dont nous ne pouvons sui-
ché tout ce qu'il y avait trouvé de contraire à vre les vertus. » Or, Rufin convenait certaine-
ce qu'Origène enseignait ailleurs, n'étant pas ment do ce que demande ici saint Jérôme.
possible qu'il fût liérélique dans le livre Des Celui-ci avait envoyé à saint Augustin son
Principes, et ortluidoxe dansscs autres écrits ; dernier mémoire, dans la persuasion que Ru-
qu'enlin, il n'avait pas prétendu en ôter les fin l'avait décrié en Afrique. Le saint évètiue
vrais sentiments d'Origène, quoique erronés. lui répondit endes termes qui nous apprennent
Il ajoute (]u'on pouvait encore moins l'accuser ce que nous devons penser de celte dispute.
d'bérésie pour avoir traduit en latin ce livre, La voici :

parce qu'on avait corrompu sa traduction, Je ne sais ce que c'est que ces libelles dif-
«
comme il le prouve par l'examen de plusieurs famatoires que vous assurez qu'on a répandus
passages. contre vous en Afrique. Je n'en ai vu aucun ;
Dans la seconde partie, il repousse les au- mais j'ai reçu la réponse que vous y avez faite
tres accusations (ju'on lui intenlail. Il s'arrole et que vous avez bien voulu m'envoyer. Je
beaucoup sur le reproche qu'on lui faisait l'ai lue, et avec douleur, de voir deux per-
d'avoir loué Origi'ne sur ses moeurs et sur ?a sonnes autrefois si unies et dont l'amitié était
doctrine, et fait voir par un grand nombre de connue dans presque toutes les éi^lises du
passages, tires des écrits de saint Jérôme, que monde, èlre présentement à ce point d'iuimi-
personne n'a plus loué Origène sur ces deux tié. J'avoue qu'il parait dans votre écrit que
articles que saint Jérôme ; que personne n'a vous tâchez de vous modérer, et que vous ne
plus profilé que lui des écrits d'Origène; qu'il dites pas tout ce que vous voudriez. Cepen-
en a été l'admirateur, qu'il a composé mémo dant, je n'ai pas laissé, en le disant, de me
un ouvrage pour montrer qu'Origène avait sentir le cœur saisi de douleur et de crainte.
plus écrit qu'aucun auteur, u Mais (pielle ré- Que serait-ce donc, si je lisais ce que l'autre a
compense, y disait ce Père, au rapport de écrit contre vous? Malheur au monde à cause
Rufin, Origène i-n a-t-il reçue? Il a élé con- desscandales! Voilà l'accomplissementdeceque
damné |iar l'évèquc Diimètrius, et il n'y eut la vérité nous a [irédit, que l'abondance de
que les évèques de Palestine, d'Ar'ibi(>, de l'iniquité refroidirait la charité de plusieurs.
Phénicie et d',\( haïe qui n'enlrèrent point Où seront, après cela, les cœurs qui oseront
dans cette cabale. Rome même assembla con- s'ouvrir l'un à l'autre? où sera l'ami dans le
sénat, non pas qu'il enscii;riàt de
tre lui son sein duquel on pourra répandre en sûreté ses
nouveaux do'.;mes, non qu'il eût des senti- pensées secrètes, et qu'on ne doive
les plus
ments hérétiques, ce <iui! ceux i|ui aboient craindre comme un ennemi à venir, puisque
après lui comme des chiens fnrir'ux veulent nous voyons et que nous [deurons ce malheur
nous persuader, juais [larce qu'on ne pouvait arrivé entre Jérôme et Rulin? Olil misérable
supporter l'éto' de son éloquence et de Ka condition des hommes! Oh qu'il y a peu de!

science, l't que, lorsqu'il jinrlait, il semidait fondement à faire sur ce que l'on voit dans
que tous les autres fussent muets. » .\in^i le c<cur de se- plus intimes amis, puis(iu'on
parlait saint Jérôme d'Origène. Sur quoi Ru- sait si peu ce qu'il y aura dans la suite Je ne I

lin dit Voilà cet homme (jui n'a jamais louii


: suis pas peu consolé, lorstjue je pense au dé-
la foi d'()rigène, qui n'a jamais admiré sa doc- sir rec.iproqni> que nous avons de nous voir,
trine A la fin, récapitulant tout ce qu'il avait
1 quoiqu'il demeure déair et t^u'il a'aillo jfM

il) Uiei Op., t. V, p. 26t et i


W2 HISTOIRE UNIVEnPRLLE DE I/EGUSE CATUOLIQLB

jusqu'à Mais cette pensée réveille en


l'effet. beaucoup estimée, et qui mérite de l'èlre. On
môme l'extième iloulniir (|u<! j'ui, en
teii.; '^ lui doit aus'^i un grand nombre des Vies dei

voyant qu'iiii.' i) ic vous avez été avoc Kulin /'i-res. Après la rnoii du pape Ana'-la^e, en

dans l'état où nmis soiiiiiiitt'iii)ns (•Irc, après 402,11 vint à Flome, d'où ilcnlrctenail un com-
i'ous être nourris cnsfnii)lc liuniiit tant d'an- merce de lettres avec saint l'aul de .Nob-, qui
nées, du miel des saintes Kcrilures, on vous le, consultait souvent sur certains endroit» de
trouve présentement pleins de fiel l'un conlie rKc;riture et sur des points d'lii>toire. Huliti
l'autre et dans une si grande division. Qui s'occupa ainsi de travaux eccb'-ia-tiipies jus-
pourrait, après cel.i, ne pas craindre ipi'il m; qu'à .«^a mort, qui arriva en Sicile, l'an ilO '2).
fui en arrive autant? Kn 'luel temps, on ipi d A[u-es la mort de saint Anastase, arrivée le
lieu peut-on être à couvert de ce maliieur, vingt-sept avril 402, on ordonna, pour lui
puisqu'il a pu vous arriver à l'un et à l'antre succéder dans le siège apostolique. Innocent,
dans la maturité de votre âge, à une époque du consentement unanime des saints éveques,
où, ayant renoncé tons les deux depuis tant de tout le clergé el du peuple. Il était fils d'un
d'années à tous embarras dn sic.le, vous
les autre Innocent, et natif de la ville d'.\llie.
suiviez le Seij,nieiir dans un entier di'.^'.i^'ement Peiid.int sa vie et aprè^ sa mort, il a été louù

de e(eur. Oh! qu'il est vrai que toute la vie et par Grecs et par les Latins, comme un
les
de l'homme sur la terre n'est que tenta- P[intife accompli. Il donna promptemenl avis
tion Si je pouvais vous trouver i|uelque part
I
de son élection à saint Anysius de Tliessalo-
l'un et l'autre, je me jetterais à vo5 pieds ni(]ue, comme à un excellent serviteur de
dans le transiiort de ma douleur et de ma Dieu, pour lui confier en môme temps le soin
crainte; je les arroserais ilc, mes larmes, et de toutes les affaires de l'Illyrie orientale,
avec tout ce que j'ai de tendresse et de charité ainsi (pi'avaient fait avant lui Damase, Sirice
pour vous, je vous conjurerais, et par ce que et .\naslase.
chacun se doit à lui-même, et par ce que vous L'empereur Honorius étant venu à Homo
vous devez l'un à l'autre, et par ce que vous sur la de 40.3, Innocent le sollicita vive-
fin
devez à tous les fidèles, et ]iarticulièrement ment en faveur de divers ecclésiastique* et
aux pour ipii Jésus-Christ est mort,
faillies même de quelques évoques que l'on voulait
et à qui vous donnez sur le théâtre de cette obliger d'exercer diverses fonctions civiles
vie spectacle si terrible et si pernicieux ;
un dont leur famille élail cbargéi-, et qu'ils ne
je vous conjurerais, dis-je, de ne pas répandre pouvaient exercer sans se trouver à divers
l'un contre l'autre des écrits qu'on ne pourra spectacles incompatibles avec leur état. Saint
plus supprimer, et qui, par cela seul, seront Victrice de Rouen, alors à Rome, fui témoin
un obstacle éternel à votre réunion, ou du des mouvements et des peines que celte affaire
moins comme un levain que vous n'oseriez donna au saint Pape.
toucher quand vous seriez réunis, et qui se- Cette année fut la dernière où Rome \it
rait capable, à la moindre occasion, de vous couler le sang des gladiateurs, c'est-à-dire de
aigrir tant de nouveau, et de vous remettre ces hommes ijui se tuaient les uns les autres,
en guerre l'un contre l'autre. Je vous avoue pour amusr'r les spectateurs. Constantin avait
franchement que c'est particulièrement cet défendu ces jeux atroces ; mais le peujde de
exemple qui m'a fait frémir, et lisant quel- Rome, qui n'avait conservé de ses ancêtre- que
ques endroits de votre lettre à moi, où il pa- la cruauté, y tenait comme à la vie. L'Eu'Iise
rait beaucoup d'émotion ((). » en gémissait le poète Prudence venait de
:

Soit qu'une lettre si sage eût fait impres- supplier Honorius de les proscrire ; un acci-
sion sur l'esprit de saint Jérôme, soit qu'il eût dent singulier fit plus que sa prière. Un saifil
résolu lui-même de s'en tenir à sa dernière anachorète nommé Télémaque, était venu de
réplique, il n'écrivit i>lus rien dans la suite l'Orient à Rome, exprès pour engager les
contre Kulin. (^elui-ci était à A.piilée, appli- Romains à renoncer à ces jeux homicides. L'n
qué à traduire V // i.-luire ccclésidsiiqiie d' Eu~('\>c jour de spe.tadc, il vint au m lieu de l'arène,
de Césarée. Saint Ghromace, voyant qu'.Vla- et se jetant entre les combattant-, il s'ultslinait
ric, roi des Golhs, était sur le point de faire à les séparer. Les speclateui-s, irrités contre
une irru|ition dans l'Italie, crut trouver dans cet inconnu qui venait interrompre n.jrs plai-
cette histoire une lecture \u-opre à soulager sirs, le tuèrent à coups 'e pierres. L'empeiour
son alUiclion et celle ite son peuple. Hulio, en étant informé, honma Télcmaque cimima
dégoûté de "e genre d'ècriri- par le uiauvais un martyr, et prit occasion de ce ui>urtrt
succès de ses autres traductions, s'en défendit pour abolir à jiimais ce cruel diverlissd"
tant qu'il put; mais il fallait céder à son ment (3).
évèque. L'ouvrage fut ach-'vé en moins de Rouen avait prié le Pape de lui
Victrice de
deux ans. 11 y lit quehpies chan'.;emenls et donner des éclaircissements sur divers points
quelques additions il y ajouta même deux
; de di-cipline, et de lui marquer en quelle ni.i-
livres, de|mis le règne de Constantin ju>i|u'à nière ils étaient observé» dans rt:.i;lis<,' ro-
la mort de Thèodose, en !l'J."j. 11 écrivit encore, maine. Innocent le loue beaucoup ib- celle
par ordre d'un autre évèque, n(unnié Laurent, d>'iuaude, et, avec l'aide ib- siint Pierre, par
une explication du symbole, qui a toujours été qui a commence l'apostolat et l'épiscopat chre-

(t) AugUKtii, Epist. Lxxiu. — (î) CciUier V X. — (3; Tliéoloret, 1. V, c. xm.


LIVRE TRKNTE-SEPTIEMB. 433
tien, il lui rappelle les règles que tout évêque tion, et même condamné
à mort, le Pape ré-
caluoli'jiie doit observer, et le clinrLre ilc les pond qu'on a rien à leur dire ; mais qu'iU
notiliei-aux pvùques des provinces Inuilro- rendront compte au jugement de Dieu de
pbi's. Aiuun évéque ne doit être ordonné, ni leur administration. Sur le quatrième, qui
à l'insu du méiropolilain, ni par un seul regarde l'adultère, que f'on punis.iait moins
évèqno, conformément à la règlu du concile souvent dans l'homme qu(^ dans la femme,
de Nicée. On tw doit point admettre à la cléri- saint Innocent répond que l'Eglise condamne
cature celui qui, après son baptême, aurait également l'adultère dans les hommes et dans
emhra^sé la profession des armes ou continué les femmes; mais qu'elle le [lunl moins sou-
de l'exercer, f^es différends survenus entre les vent dan.s les hommes, parce que les femmes
ecclési.istiques seront jugés définitivement par accusent plus rarement leurs maris devant les
les évèques de la province, sans préjudice évèques, que le- maris n'accusent leurs fem-
néanmiiiiis de l'Eglise romaine, pour laquelle mes, et qu'on ne les prive pas aisément de la
on doit avoir d;ms toutes les causes de la révé- communion sur des soupçons.
rence. Ceux ijui voudront faire juger leurs Saint Exupére avait aussi demancîé s'il était
diO'érnnds dans d'autres provinces, seront dé- permis à ceux qui avaient reçu le baptême, ite
grades de la cléricature. Les causes majeures demaniler au rince la mort d'un criminel.
i

seront dévolues au siège aposlolique, ainsi Le Pape répond qu'on ne pouvait l'empêcher,
que le cnncile (de Sardi(jne) l'ordonne, et que d'autant que les princ es n'agissent point en
la sainte coutume l'exige, après néanmoins ces sortes d'occasions sans connaissance an
que évèques de la province en auront
les tause qu'ils commettent, pour l'examiner,
;

jugé. Défetise d'admettre dans le clergé celui des juges, avec pouvoir d'absouilre ou de pu-
qui aura épousé une veuve et celui (|ui a eu nir suivant le mérite de l'accusé, et qu'ils sont
deux femmes, soit avant, soit après le bap- exempts de fautes lorsqu'ils ne punissent que
tême. Les autres règles, comme la plupart de les coupables. Cet évèque avait encore consulté
celles-ci, se trouvent déjà dans les décrétales sur la manière dont on devait se co.iiporter
de saint Sirice; car les l'apes ne cherchaient envers ceux qui, après avoir fait divorce, se
point à en faire de nouvelles, mais à rappeler renaariaient à d'autres. Saint Innocent répond
et à faire observer les anciennes. Cette lettre qu'on doit séparer de la communion, comme
est du 15 février 404 (1). adultères, les hommes et les femnx^'s qui,
Le 20 février cle l'année suivante, il en écri- après s'être sépaiés, se remarient à d'autres ;

vit une semblable à Exupére, évèque de Tou- il veut qu'on traite de même ceux ou celles

louse, qui l'avait consulté sur plusieurs doutes, qui les épousent; mais il ne croit pas qu'oQ
et lui avait demandé sa décision sur chacun. puisse condamner leurs parents, si l'on ne dé-
Le premier regardait l'incontinence des prê- couvre qu'ils les ont portés à ces alliances
tres et des diacres. Le Pape lui répond qu'il ne illicites. A ces décisions, le Pape joint un ca-
faut pas peimettre qu'ils usent du mariage, talogue des livres canoniques, pareil à celui
étant tous lesjours engagés, ou à offrir le saint que nous avons aujourd'hui, marquant à la fin
saurilice,ou à administrer le baptême; qu'on quelques livres apocryphes, qu'il veut que l'on
jieutpardonner le passé à ceux qui n'ont point condamne absolument (2).
connu ce que le Pape saint Sirice a écrit sur Le concile de Tolé !e, en 400, avait reçu k
celte matière, et les laisser dans l'ordre où ils la communion, sauf la décision ultérieure du
sont, sans pouvoir néanmoins passera un plus siège aposlolique, plu-ieurs évèques |iriscil-
élevé; mais que pour ceux ([ui en ont eu con- lianistes, qui avaient abjuré leurs erreurs. Ce
naissance, ils doivent al)>olumcnt être dispo- fut l'occasion d'>'n schisme. L'évêque llilalre,
sés. second, qui regarde la communion
Sur le qui avait assisté au concile, et le prêtre
et la pénileLice, Innocent déclare qu'il faut Elpide, vinrent en conséijuence à Rome, et se
accoriler l'une et l'autre à tous ceux i)ui la plaignirent au Pape que la paix do l'Eglise
demaiiiient à la mort, même à ceux (jui au- était troublée en Espagne, tant par ce schisme
raiiTit vécu depuis leur baptême dans le dérè- qui s'augmentait de jour en jour, que par di-
glement et dans le crime. Il remanjue que vers désoidres qui se commettaient contre les
l'on était plus sévère autrefois, et que, dans canons. On les écouta dans l'assemblée des
le temps des persécutions, on se contentait prêtres de l'Eglise romaim>, on y examina
d'accfjrder la pénitence, de peur qu'en accor- leur rapport, et l'on dressa des actes de tout
dant aussi la communion, cette facilité ne fût ce qui s'y passa. Le schisme venait de ce q\xe
une occasion à ceux qui étaient tombes de ne les évèques de la province bétiiiue et carthagi-
pas se relever de leurcbultt; mais qu'à pré- noise ne pnuvaiiînt se résoudre à pardonner îi
àent l'Eglise étant en paix, elb; accordait la Symphosius, à Dictinius et i divers autres
communion aux mourants par manière de évèques de Galice, iiui, après avoir renoncé à
viatique, it pour ne pas imiter la dureté de l'hérésie de Priscillien, avaient été reçus au
Novaiicn, qui refusait d'accorder le pardon concile de Tolède", et même conservés dans leurs
aux [léclieui^. Sur le troisième, qui regardait dignit'S. Us rompirent même de communioB
ceux qui avaient exercé des ollices lic judica- avec ceux qui les avaient re^jus, et causèrent
ture depuis leur baptême, fait donner la ques- par là un scandale très-fàcheux en Espagne.

ID Goust., col. 7i6. - (î) «irf., col. 7».


T. HT. M
434 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLLJDE

A IV'f-'anl des désordres commis contre In dis- contre lui les prélats nésUj^ents. La jalousie,
ciiilinc, Ililuirr^ se plnipuil que Rufin et Mini- les préventions de quelque- autres vcii.int s'y
tiiis, évéïiues, avaient oidonnf'' des évi-qnes joindre, il s'en forma comme une tempête qui
hni's de leur province, contre la ilisposilion ne finit qu'à la mort du saint.
des c/nions Nicée, sans rij<,'r(^mcnl du iné-
di' Apri's le mois de septembre 40'l, qnelqu'ji
tropiililaiii sans avoir égard à la volonté
et évê(]ui'S qui trouvcn-nl à Con^'imliiKiidc.
se
du peuple. Hufin lui-même avait oté oiclonné s'étant assemblés un dimaricbe >'-i «••imniM- ,-•

contre li's canons, apii s avoir poursuivi des niqtier ensembb', Eu-êl>e de \'
aflaires dans la place publique deiiuis son liap- Lyilic leur pré-cnta une reqi;.
tcnie, et on faisait le même reproche à Gré- sept rlief- d'a'Cnsatii n contre .Aiit'>..iit,(fw-.)ii.!
goire de Méiida. d'Ephê'e, son métropolitain !• ''avoir l.iil
: I

Sur ces il.iintes, le Pape Innocent éTÏvit fondri' les vases sacrés de réiçli^e et d'en nvnrr
aux évèi|iu's dTspagne de s'informer exacte- détourné l'arcent au jimlil le son fil-;
ment qui élairnl ceux qui se sêjiaiaient de la 2° d'avoir emplcyé da's ses «ii'ive» des mar-
communion de leurs frères j de le- portiT par bres du baptistère 3" d'avoir (ail dres^^ei-elaim
;

toute sorte d'instructions à s'unir avec les sa salle à manger des colonnes de répli>«,
autres et à (omtunniqner avec Sympliosius et couchées sur le jiavé depuis lon-jtemps de : V
lee autres évêques de Galice, suivant le décret tenir à son service un val t ipii avait comuu-
du concile de Tolède, Il leur cite l'exemple de un meurtre, sans lui en avoir f.i!' iiucune ci>r-
saint Pierre, qui, après sa pénitence, ne per- rection 5° d'avoir vendu A son pr' f.t le- ierr>-s
;

dit rian de ce (ju'il était auparavant. Il nioute que Basiline, mère de l'" mpereur Julii-n, avait
que, s'il y en a qui se refusent à cette union, laissées à l'Eglise 6* d'avoir rejiris sa feuimi-,
;

les évèqnes d'Espagne les sépareront de la après l'avoir quittée, et d'rn avoir p« det
communion de i'Egli.«e calholiciui', afin que, enfants 1° de vendre hatiitu^-llem 'ot l'ordina-
:

s'ils veulent en être les enm^mis, on U^s con- tion des évêques, à proportion du i-'venu ili-<
naisse (lu moins pour tels. Quant aux évoques évè liés. Eusèbe ajoutait Ceux qui ont é é
:

que l'on disait ordonnés contre les canons de ordonnés à prix d'arsenl. elccd •' mi l'a reçu,
Nicée, le Pape veut qu'après avoir examiné la sont présents; et j'ai les preu\ Je tout re
chose rnnrement, on les dépose. Mais comme que j'avance. Saint Chrysoslon •>. eraiL'nant
il s'était aussi commis quelque faute dans les que ces accusations ne fussent l'.ITel de i]uel-
ordirjnlions de quelques autres évêques et de (jue inimitié, tâcha cfapaiser Ku-i' be. et pri:i
quelques ccclé.-iastiques. il excuse pour le Paul d'Héiaclée, ami d'.-\nlonin. de 'esrêci.n-
passé, de peur tl'aucmenler le trouble dont cilier l'uii avec l'anire. .\prés qu'>i il se leva
l'église d'Espatruc était alors asiiléc ;• mais il et entra dans l'église avec les évêques. c.ir
veut qu'à ravcnir, ceux qui seront ordonnés c'était le temps iiu sacrilite; -t aprê- av..ir
contre les canons, soient déposés avec les salue le peuple, en donnant la paix suivant la
évêques qui les auront ordonnés (I). coutume, il s'assit avec les évêques qui l'ae-
Le concile de Carth.ige de l'an 404 écrivit de eompapnaient.MsisEusèbe, entre secrètement,
son côté au Pape, pour lui recommander les présenta devant tout le peuple et devant toiis
députés qu'il envoyait à l'empereur, pour le les évêques une autre re<"(uète «pu contenait
prier de réprimer l'insolence des donatistes. les mêmes chefs d'aceu-ation, demandant in~
Dans sa réponse, le Pape recommanda au con- tamment justice à snint Chrysostome, et !'• u
cile de prendre garde à ce cpie les évê(iues ne conjurant par les serments les jdus terrib -.
passassent pas si facilement la mer. Le con- Chrysostome, voyant son em]i"i lenieot .-t ,

cile de Sardique avait déjà leconnnandé la voulant empêcher que le [lenple ..frii tri.-i }•,
même chose. En consé<pience, l'année sui- reçut le mémoire mais ap--
;

vante, 405, pour remercier l'empereur de la saintes Ecritures, il pria Pai.


demande qu on avait obtenue, on envoya deux de Pisidie, d'otlVir le saint saiiUi..-. Pi>uriu>,
clercs de l'église de Carlhage, et non plus il sortit avec les autr^« car il ne voulait
:

deux évêques (2). point sacrifier, l'esprit asrité comme il l'avaiL


Ce qui occii[iait surtout le saint Pape, c'é- Après que le |>euple fut cncedié, -iaiut
taient les éulises de l'Orient. Le plus aposto- Chrysostome dans le l»ai»li-tère a\fC
s'a-issit
lique et le plus éloquent de ses pontif s, «aint les autres évéi|ues. et. ayant appelé Eus<-be,
Clirysostome , se voyait accusé, condamné, il lui dit devant tout le monde Je voas le dis :

persécuté, exilé par ses collègues dans l'épis- encore Souvent on avance par pa&siun i!e«
:

copat, et ne trouvait de soutien que dans le choses que l'on a p<^ine à soutenir ; si vous
successeur de saint Pierre. Le zèle avec, lequel pouvez démonlrej clairement V"tr>' accusation,
Chrysostome travaillait à la réforme de son nous ne la rejetons pas sinon, nous ne vuus
;

clergé de son peuple lui fit de» enne-


et obligeons point à la soutenir. Prenez votre
mis, et dans son clergé et à la cour avec le ; ]iarti avant la lecture liu mémoire car, quand ;

temps, l'impératrice Eudoxie qui, depuis , il aura été lu et entendu de tout le rounde, et
la chute de l'eunuque Eutrope, pouveruait que l'on aura liressé des actes, il ne vous ser«
l'empereur Arcade, se mit à leur tête. La vie p us permis, étant evêque. de vous .U-si-ler.
•Bstére et active de Chrysostome indisposait Kusèbe per6i&t«u Ou lit lire son mcttui-'-e, al

(1) Coust., col. 763. — (î) làid. p. fiJI, n. 7 »t 10.


UVRi; TRENTE-SEPTIÈME.
iee anciens évê<}ues diront à suint Chrysos- 1 :lr iiupagneren son voyage
lici» évêqne»,
'Mine Quoi ju'il n'y aii aucun de ces cliefs
: Pai. Svrien et Pallade.
.

d'accusation qui oc soit criminel, néanninins, Quand ils furent arrivés à Ephèse, les évè-
pour ne pas pnrtlpc d'' temps, attaclions-mms ques de i.ydie, d'Asie, de Pbrygie et di- Carie
au dernier, ]ni est io plus horrible. Car celui s'y assemblèrent au nombre île soixante-dix,
qui aur» vendu A prix d'arijent la communi- attirés p;ir la léputation de saint Cl.i y-ostomc,
cation du Saiut-Esprit, n'aura pas épargné les qu'ils désiraient d'cntemlre, Ttrincijialement
vases, les marbres ou les terres de l'église. les Phrygiens. Ce concile ordonna [lourévéque
Alors ^aint (Ihrysostonae cominen'^a l'instruc- d'Ephè^'e, Héraclide, natif de Chypie, diacre
lion du prooes, et dit Mou frère Antonin,
: de saint (chrysostome, qui avait été moine en
V.u' dites-vous à cela? Il ne manqua pas de le Scétis et disciple du moine Evagre. Ce concile
nier. On iaterragea ce.iix qui avaient donné étant assemblé, Eusèbe, accusateur d'Anlonin,
l'argent; ''s le nièrent aussi. On continua se présenta, persistant dans son acotisalion
l'instruction sur quelijues in^lices, et on tra- contre les six-évéques qu'il prétendait en avoir
vailla avec soin jusiju'à ileux heures après acheté l'épisoopat. On lit entrer les témoins,
miili. Enfin, i>n en vint aux témoins devant qui marquèrent en détail les espèces rie pré-
lesquels l'argent avait été donné et re(ju ;mais sents que ces six évèques avaient donnés. Eux-
ils n'étaient pas présents. mêmes, pressés par les remords de Iftur cons-
Chrysostome, voyant la nécessité d'entendre cience, avouèrent le crime qu'on leur repro-
ces ti'moins et la ditliculté de les faire venir, chait, s'excusant sur la coutume et sur ce
résolut d'aller lui-même en Asie .ichtiver cette qu'ils n'avaient eu d'autre intention que de
instruction. Mais AnfoniQ, pressé pai- les s'affranchir des charges curiales. Maintenant
remorfis de «a conscience, s'adres.fa à une donc, nous vous prions de nous laisser, s'il se
personne puissante dont il était conitnG l'in- peut, dans le service de r£glise; sinon, de
tendant pour quelques terres ipa'eUe avait en nous faire rendre l'or que «ous avons donné;
Asie, et la pria d'empêcher le voyaire «ie Cliry- car il y en a d'entre nous qui ont dimné le»
sostome, prl<metta^tdefai^e^ellirles témoins. ornements de leur; femmes. Saint Chrysos-
On fit donc dire au saint de la part de l'empe- tome dit au concile: J'es|)éire que l'empereur,
reur: Il n'est [Kis à propos qiue vous, qui êtes à ma prière, les délivrera des cliarges curiales :

notj'e pasteur, vous nous quiitlicz à la veille ordouaez, de votre part, que les héritiers
d'un si gi-nnl trouble, c' -qU'C vous allifvz en d'Antonin leur rendent ce qu'ils ont donné.
Asie iiour des témoins (lue l'on peut aisénicjit Le concil« oidonna cette reslitution et déposa
faire venir. Ce troulde était la révolte de les six évèques simoniaques, leur permettant
Gainas. Quoiijue le saint évèque remarquât seulement de communier dans le saiicluairc.
dans tout ce procédé les feintes et lesartitiees Ils acquiescèrent au jugement, -et on mit en
d'Antoniri, il suspendit son voyage; mais, de leur place d'autres évèques de mœurs et de
l'avis des évèques, il en envoya trois sur les capacité convenables, et qui avaient loujouts
lieux pour entendre les liémoims. Mais avant gariié la continence (I),
qu'ils fussent arrivés à Hypèpe, ville d'Asie, Sa in l Chrysostome ota aussi de Nicomédie l^é-
où les parties et les témoins devaient ?e rendre, vèque Gerouoe. Jl avaitété diacre de suint Am-
Eusèbe, gagné p^r ai'gcnt, s'était raccommodé broise à Milan, et se vanta d'avoir pris la nuit
avec Antonio il Iraiiia la proeéilinc en lon-
; une oiv)sceliile. C'est ainsi que les (iiecs nom-
gueur, sous divers prétextes, et e<nlin l'aban- maiont un sjiieclre, qu'ils se ruiuraient avec
donna tout à fait ponr aller se cacbrià Cons- des jambes d'àne. (it'ronoe disait donc qu'il
tant! noplc ; eu «iirle i|ue les juges Je dei-lann ont /avait pris ce mi>i3stre, (|u'il lui avait rasé la
excommunié, ou comme t'aisanl défaut, cm téte«t l'avait mis daus un moulin p,>ur tour-
comme calomniateur. ner la Jiar'ule ce qui était le chàliment des
:

Cependant Antonin mouru!, et sa.iTil €hrv- esclaves. Soit qu'il le dit par vauite pour se
so-lome reçut un décret du clicigéd'Kplit^se e.l i'aii'o adaiirer, soit par illusion du démon,
i\i-< éveques voisin-, qui le {«liaiejit, avec des *ainl Aiubroise trouva ce disciuii's iiidigire
.jonjurations terribles, de venir réfonner cette d'un ministj'e de Kieu, et onloimia à Gi'ronce
depuis longtemps par les ariens
.>g!ise, affliiîée de demeurer quelque temps clie-ï. lui à faira •

et pat" les mauvais calliolii|ucs, et pour em- péniteuce. Lui, qui était habile iiiédecini '.

pêcher les l)rigwesîle ceux qui s'ellbrçaient, «.gissant, persua.sif et propre à se taire de!
«r arc"»nl, d'occuper b; eié.ge vacant. Le iaiiiis, se moi]ua lie saint Aiml.tjoiae et s'en alla

:.s'.iit. »oya..' qu'il s'agissait île re-tahlir la à ConstanLinopJe, En peu (!" luiips il acquit
discipline dans tout« la province il'Asie, où l'amitié de quelques persiMii>rs ^iuis-viiitcs au
elle était tond»ée, 'aut \Mir le défaut ilc ]ias- palais, pixjcurèieHt l'évèchc -le Num-
i|«i fui
teurs que par leur ig-"oranci-, lésfKlul de laire BMvIie, Il fut («iU- IJdlade, u^e ,iie de
ordonne
ce vriyage, malgié sa mauv.ii-ic santé et la Césaièe en Ca^qiailoce, en récouipeu-e ite ve
rigueur <lc l'hiver. Il laisoH le soin de l'église qu il avait oliieiiu à <on lils un e'iqiloi consi-
de Constantinople à Sévérieo, évèque de Ca- dérable à la cour. SaiBt Ambroise l'ayant
bale en Syrie, i(ui y était ven» xirecher et en n]qiris, écrivit à N'cclaire, évAqut' <le Constvuj-
/ qui il avait une enltère coatiuuce, ul prit pour tinoplf. de iléposer Géro'ii\p. et de ne pat

(1} Pallad., Vilm Cia-^t.


i:K
HISTUIHE UNIVERSELLE DE LBGLISE CATHOLIQUE
eculTrir l'injure qu'on lui faisait, ainsi qu'à la liqucs, ils répétaient Où sont ceux qai dirent :

(lisriiilinc ecclésiastii|uo. Quelque ilé.-ir qu'en (|ue trois choses ne font qu'une seule puis-
eiM Nectaire, il no put y léussir pat- la forte sance? Saint Clirysostome craignit que ces
lésisUnii e lie tout le ]ieu|ile de Nicouiéilie. manifestation^ n'i'bianlassent la foi ou le cou-
Saint Chiysostoine ilé[)osa(jér()nce,el ordonna rage des sim|des, et il excita des catholiques
à sa plaro. (*, n^ophius, ijui avnil été [néiei»- à hanter aussi jiendaiit la nuit. Le succès ne
I

teur df. iiti|iér.itrice. Il était pieux, de nueurs


I
répondit pas à la bonne intention. Il en ré-
douces et iéf;i('es; mais il n'était point a'^ri'a- sulta une collision, et (Quelques parliculiers
ble au peuple de Niconiédie. Ce qui attira furent tués de part et d'autre, L'empereur,
encore bien des ennemis à saint Clirysos- à cette occasion, renouvela contre les ariens
tomc(l). la défense qui leur avait été faite, en .'J9(S, de
Cepiîndant Sévéricn de Galiaie à qui le ,
s'assembler dans la ville. Ces incidents auet-
saint avait en partant confié l'église de Cons- mentaient l'atléction du peuple pour saint
tantiuople faisait servir la prédication de
,
Clirysostome et lui attiraient d'un autre
,

l'Evangile à son ambition particulière, et tâ- cote des ennemis (3). Mais l'ennemi le plus
chait de gagner les esprits, dans le dessein dangcreu.\ était celui-là même qui l'avait sa-
d'usurper ce siège. Antiochus, évèipie de Pto- cré évéque de Constantinople.
lémaïde en l'hénicie, qui iiarlait avec beaucoup IS'ous avons vu Théophile d'.Mexandric par-

de facilite et un beau son de voix.ayantpréctié tisan d'Origéne, au point de traiter saint Epi-
quelque temps à (^onstanlinople s'en était , phane d'iiéréti.iue. Une circonstance le lil
retourné chez lui aver beaucoup d'argent. changer de langage. Entre les moines d'E-
Séverien, excité ]iar ci't exemple, composa un gypte, il y en avait plusieurs de simples et
grand nombre de sermons, s'en vint à son grossiers qui, s'attaehant à l'écorce des ex-
tour dans la capitale, se fit connaître à la ville pres-ions de l'Ecriture sainte, s'imaginaicut
et à la cour, sut capter l'nmitié de s^iiiit Cliry- que Dieu avait une ligi.re humaine, te qui le»
sostomo, qui le nomma son remplaçant pen- Ut nommer en grec antliropomoii)hites. Le»
dant son absence. Séverien piolila de ces mieux in>lruits voulant les desabuser, il s'ex-
avantages. Une circonstance particulière vint citait des disputes; et comme Origene, décrié
encore le favoriser: il eut l'iionneui- de bap- d'ailleurs, était le plus éloigné de celte gros-
tiser. Tliéodose le Jeune, qui naquit dans l'in- sière explication de l'Ecriture, les anthiopo-
tervalle ce qui le mit en n lation dir. cte avec
:
morjihites traitaient d'origénistes ceux qui
l'empereur et l'impératrice. Ses cabales s'é- enireprenaient de les éclairer, el ceux-ci le»
tendaient de plus on |ilus. Mais un prêtre de traitaient eux-mêmes de blasphémateurs e(
Constanlinoiile. nommé Sérapiou, très-lidèje à d'idolâtres.
saint Ciirysostome, l'avertit de ce qui se pas- Théophile soutenait la sainte doctrine et
sait. Le saint évèque, par sa présence, dissipa enseignait publiquement que Dieu est incor-
tous les artifices de Séverien. De retour, au porel. Il s'en expliqua même dans une lettre
mois d'avril 401, après cent jours d'al)seiice, pascale, où il réfuta fort au long l'erreur
il lit un discours à la louange do son peuple, contraire. Celte lettre, étant poitee suivant la
disant qu'il les trouvait tels qu'il les avait coutume dans les monastères, irrita i-trange-
laissés, au lieu que les Israélites avaient com- ment prcsijue tous les moines d'Eiiyple. Us
tnis de grands péchés en l'absence de Moïse, disaient que l'éveque Théophile était tombé
qui n'avait dmé que quarante jours. Il les dans une dangereuse beré^ie, el lu plupart de
loua de leur résistance courageuse aux ariens, leurs anciens avaient résolu de se séparer cle
les comparant à une femme de probité qui sa communion, parce, <li^aicnt-ils, qu il cum-
repousse fortement les adultères, et à des ballait l'Ecriture sainte, eu disant que Dieu
chiens fidèles qui gardent le troupeau en l'ab- n'avait point de ligure humaine, quoi. jue l'E-
sence du pasteur. Sevérien sortit de Cxinstan- criture témoignai si expressément qu'.\dam
tinople et se retira à Ciialcédoiue. L'impéra- avait été crée à son image. Les moines de
trice Eudoxie le ht revenir et le réconcilia Scetis, qui passaieut [lour les plus parfaits de
avec saint Chrysoslome. Le saint parla de toute l'Egyiite, rejetèrent cette lettre; et,
celle réconciliation dans un de ses discours entre les prêtres qui les gouvernaient, il n'y
où il engagea son peuple à l'approuxer. Séve- eut que l'abbé l'aphnuce qui la re<;ut ; ceux
rien monta lui-même en chaire le lendemain, des trois autres églises ne permirent pas seu-
pour déclarer qu'il venait, à hias ouverts et lement de la lire dans leurs assemblées. *
avec une grande expansion de cœur, otl'iir Du nombre deces aulurupomoijibites, était
des sacrifices au Dieu de paix (2). un vieillard nomme Serapinn, dont l'austérité
Les «riens, encore très-nombreux à (]on- el la vie exemplaire autorisaient beaucoup
slantiiiople, se souvenaient île leur puissance l'hérésie. Paphinn-e ess;»ya de
.ie^abuscr le
passée. Ils imaginèrent de se réunir sous des par plusieurs exhortations, mais inutilement,
galeries publiques, pour se rendre eu proces- car Sera[iion regardait toujours ce qu'on lui
sion au lieu j'.ï ils ten.tient leurs assemblées disait comme une nouveauté contr.iire a l'ao-
hors de la vilie. Ils y allaie.il, chantant des cienue tra.iition. arriva qu'un di.ure fort
Il

cantiques dans lesquels, pour irriter les calho- savant, nomme IMiotin, vint alors de t^ppa-

(1) Soz, 1. VIII, c VI. - (ÎJ Ceillier, t. IX. - (3) Soc, 1. VI, c. vm Soi , 1. VJII, o. na.
LIVRE TRENTE-SEPTiroMK. 437

doce. Paphniice le reçut avec arande joie, el, sance ,1 i'évèque Théophile, de peur qu'il
l'ayanl fait venir devant tous les frères, lui n'eni[doyàt cet argent à acheter des pierres:
demanda comment les églises catholiques de car il était passionné pour les bàlinienls, et il
tout l'Orient expliquaient ce passage Faisons : en faisait de Irés-inuliles A l'Eglise. Isidore
l'homme à notre image et ù notre ressem- ayant pris l'argent, l'employa pour les jiauvres
blance Photin répondit que tous les évèques femmes et les veuv.'s. Tlieopliile /e sut. par
l'entendaient, non suivant la bassesse de la des espions qui l'avertissaient <le tout. Il ap-
lettre, mais spirituellfinenl ; et prouva docte- pela Isidore et lui demanda d'un air très-
ment, par un giand discours et par plusieurs calme ce qu'il on était. Isidore avoua la chose.
passages de l'Êcriturej ifue Dieu est immense, Théophile en fut irriti- au dernier point mais ;

invisiide et incorporel. Séra[iion en fut per- il dissimula son ressentiment. Sozomène rap-

euaiié. Paphnuce et les autres (pii étaient porte un second motif de la haine de Théo-
présents furent ravis que Dieu eût délivré ce phile Isidore n'aurait pas voulu attester,
:

saint vii'illard de l'erreur où il était tombé contre la vérité, qu'une certaine personne !

par simplicité. Ils se levèrent pour prier tous avait fait son héritière la sœur de Théophile.
ensemble, et Sérapion, prosterné en terre, Cet évè(iue ayant donc, deux mois après, ras-
criait en pleurant Hélas :on m'a olé mon! semblé les prêtres de son église, produisit en
Dieu, et je ne sais plus ce que j'adore! vou- leur présence un mémoire contre Isidore, con-
lant dire qu'il avait perdu ce fantôme qu'il tenant une accusation de sodomie, disant Il :

avait accoutumé de former dans son imagi- y a dix-huit ans que j'ai reçu ce mémoire
nation pour se représenter Dieu dans la contre vous; mes occupations me l'avaient
prière. Cas-ien et Germain furent présents à fait oublier; je viens de le trouver en cher-
cette conversion, et ce fut l'occasion d'un se- chant d'autres papiers; répondez à la plainte
cond entrelien qu'ils eurent avec l'abbé Isaac, qu'il contient. Isidore ré[iondit : Quand il se-
touchant la prière oii 11 lit voir que cette er- rait vrai que vous auriez reçu ce mémoire, et
reur était un re.^te de l'impression qu'avait qu'il vous aurait échappé, celui qui l'avait
faite l'idolâtrie dans l'esprit des hommes (1). donné ne pouvait-il pas le redemander? Il
Mais la multitude des moines ne fut pas s'était embarqué, dit Théopli le. Mais, répli-
sitôt désabusée. Ils quittèrent leurs monas- qua Isidore, n'esl-il pas revenu, du moins au
tères et vinrent en foule à Alexandrie, mur- bout de deux ou trois ans'? S'il est présent,
murant contre Théo[»hile, le tr.dtant d'impie faites-le venir. Théophile, ainsi pressé, remit
et voulant le tuer. En cette extrémité, il usa l'alfaire à un autre jour. Dans cet inti-rvalle,
d'industrie et se présenta devant eux, en di- il acheta un témoin pour accuser Isidore, el
sant En vous voyant, je crois voir le visage
: lui donna quinze pièces d'or pour dè[ioser
de Dieu. Celle parole les apai.sa, el ils lui contre lui. Celui-ci, qui était un jeune homme,
dirent Si vous dites vrai, et si vous croyez
: les porta à sa mère, qui, craignant ipi'Isidore
que Dieu a un visage comme le nôtre, ana- ne la poursuivît devant le gouverneur, alla
thémalisez les livres d'Origcnel sinon, atten- le trouver, et lui montra l'argent qu'elle dit
dez-vous à être traité comme un impie et un avoir reçu de la so'ur de Théophile. Le jeune
ennemi de Dieu. Je le ferai, dit Théophile, homme, craignant les lois et la colère .le l'é-
car moi aussi je suis ennemi des livres d'Ori- véque, se réfugia dans l'église. Théophile ne
gène, et il y a Inngtemps que j'avais résolu laiss pas de condamner Isidore, sous prétexte
i

de condamner. Il renvoya ainsi les moines,


le d'un crime infâme, que la bienséance ne per-
et tint un concile où il fut ordonné i]ue (jui- mettait point d'expli([uer. Isidore, jusipie-là
couque approuverait les livres d'Origène se- était demeuré dans sa maison à [>r;erDieu;
rait chassé de l'église, et il en écrivit une il craignit que Tliéophili! n'attentât à sa vie

lettresynodale à tous Icsévècpujs. il se déclara même, et s'enfuit sur la montagne de Nilrie,


encore contre Origi-ne dans les lettres pas- où avait passe sa jeunesse (3).
il

cales qu'il envoyait tous les ans ù toutes les Tbi'Ophile tourna sa colère contre cea
églises, suivant la coutume; car depuis le moines. Il assembla contre eux un concile,
conci' ) de Nicée, l'évéque d'.Mexandrie iHait où, sans les avoir apjieb's ni leur avoir donné
chargé d'avertir tous les autres du jour de moyen de se défendre, il en excommunia
Pâques. A mesure que ces lettres paraissaient, trois des principaux Aininon, Dioscore et un
:

saint Jérôme les traduisait el les envoyait, autre sous prétexle de mauvaise doetrine ,
,

en grec et en latin, à ses amis de Rome {-2). c'est-à-dire d'origénisme. Il eut même recours
llnt! animosi'.é particulière excita Théo- à la violence, et obtint di gouverneur par
phile à passeï encore i)lus avant. Le prêtre des voies obliques, des soldats et des ordres
Isidore, qu'il avait voulu l'aire évèque de Con- pour chasser ces soitaires de toute l'Egvpte.
slantinople à la [daee de saint Cliryso-tome, Il alla lui-même, de nuit, attaquer les mo-
encourut bientôt sa haine. Voici ù ([uelle oc- na^lères, accompagné de soldaU d gens ,

casion. Une veuve de i|ualité lui donna mille (u-els à tout, et de ses valets qu'il avait rem-
pièces d'or, et lui lit jurer, |)ar la talde sainte plis de vin; mil le feu aux cellules, brûla
qu'ii eu achèterait des babils pour les pauvie» leurs beaux livres de l'Ecriture, et uu enfant
femmes de la vil.'e, sans en donner connais- cpii s'y trouva, et les sacrés mystères que les

(I) Cass., col. 10, c. II, ui el v. - (2) Sulp. Sav., Oiai. i, — (âj Pullad., VU. C/iryt. Sot-, 1. VllI, c. XH-
4» IIISTOIUE UNIVi:it3i:LLE DE L'EGLISK CATHOLIQUE
moines conservaient ehez eux selon l'ancienne san-s y penser, les vérités qu'ils contiennent.
discipHiie de l'Eglise. Les Grecs lionoient le Epipliane voy.itit que-aintC^lu-ysostom- ne vou-
lait rien décider touchant les écrits d'Oriiieiia
dei.'-it: >;e juin les saints que Tinopiiilc
lit

mcaiir eu celle occasion par le fer et par le avant la détinition d'un concile, se résolut,
d'a|iiès des suggestions enni^mies, do ci lébrer
feu. Ceux qui échappèrent à sa fureur se re-
tirèrent à Jérusalem, cl de la à Srvllu. polis. con-
la i-(j||ecledans i'égli-e ilc^ Ai'otres, et d'y

Théophile trouva encore moyen de les en damner d'Origèae eu prés<'nce du


les livres

chasser. Ils s'emlrar([iu'rent et vinrent à Con- peuple, d'excommunier Dioscore et les sien5,
Btantinople, aliii de faire connailie à l'empe- el lie taxer saint l^hry-oslome comme leur

reur Arcade l'injustice de la persécution t[u'iLs adhérent. Déjà il étiil entré dans cette église,
souH'ruient, et de se ménagei la ].rotectiou de lorsqu'un diacre, envoyé de la partde l'évéque
saint Chrysoslome. C'était en 'lOl. Le saint de Con.-lantinople, lui dit qu'il eût à considé-
évèque les recrut avec lionté cl su chargea de rer combii'ii lie choses il faisait contre lef
les réconcilier avec Théophile; mais sa négo- régh's qu'il avait tiiit une ordination dans une
;

ciation ne fut point heureuse cl, bien loin ;


église dépendante de Consianlinople el y avait
d'obtenir quchiue chose, il attira sur lui- céléiiré i'otlice saos le coiiscutemenl du dio-

même la colère de cet évèque. Les moines, cé.sain. el que, sarus ce même coil-cp tement,

voyant que saint Chrysostome n'avait pas il allait [larler au peuple qu'il prit garde ;

réussi, s'adressèrent à l'eni|ieieur et à l'impé- qu'une entrepri-e de celte naturo ne causât


ratrice, demandant que Théophile fût cité à quelque >éililion populaire, qui pourrait le
Conslantin(jple, pour y être jugé [«ar saint mettre en péril de la vie, comme auteur du
Chrysostome. Leur requête eut son ellet, et desordre. Êpiphane, effrayé, sortit de l'égliie
Théophile fut qjMigé, suivant l'ordre de l'em- et se relira (2;.
pereur, de se j-endie à Constantinople. Saint 11 était encore à Constantinople, lorstjue le

Chrysostome . devant qui il devait compa- joune Théodose tomba malade. Prié pai- l'im-
raître refusa de prendre connaissance de
,
pératrice Eudo.xie de s'inteies'Cr pour la suinté
de ce prince, il lui promit que l'entant vivrait,
l'aflaire, autant par considération pour Théo-
phile que par respect pour les canons, qui pourvu (ju'elle cessât de favoris t Dioscore el
défendaient de juger les causes hors de leur les autres Grands-Frères. L'impératrice ii'pon-
province (1). dit Si Dieu veut prendre mou entant, il est
:

Mais avant d'arriver lui-môme à Constan- 11! maitre ; pour vous, si vous pouviez ressus-

tinople, Théophile cul l'adiesse d'y faire aller citer les morts, vous n'auriez pas laissé mou-
saint Kpipluine, qui, oubliant toutes ses in- rir votre ai'i hidiacre Crispion. dpeiidrul .\m-
jures dés qu'il lui vit condamiier les origé- monius et les autres moines d'Egypte, de
nistes, avait us-embié, à sa sollicitation, les l'aveu de l'impératrice, .illêrenl trouv.-- <ainl
évéques daChypre en concile, où il défendit la Epiphau''. Comme il ne les con il

leur .iemanda qui ils étaient. .\ ;•-


lecture desj livres d'Origène, mais sans toucher
à sa personne. Muni des actes de ce concile, pondit Nous .sommes les Graild^-l•'lclc^, et
:

Epipliane/itant arrivé dans un faubourg de nous serions bien aises d'appieu<lre d>; vous
Constantinople , alla célébrer l'ollice divin si vous avez jamais vu nos disciples ou nos
dans l'église de l'Hebdomon, et y ordonna un écrits. Epiphane ay.uit ditque non Comn.' nt :

diacre sans l'agrément de l'évéque diocésain. donc, reiirit Aiûmouiui. nous avei-vous
Saint Chrysoslouic, que celle conlraveution hérétiques sans avoii- aucune preuve dL ..

aux canons aurait dû oll'enser, envoya tout sent iments'?C'esl,.ré|>ai lit E[iiphane. que ji- l'ai
son cierge au-devant de saint lipiphane, et ouldire. Ammoniu- répliqua; l'our nuu.-. • •" -

l'invita à prendre un logement dans les mai- avons fait loul le contraire car nous ; .

sons de l'église. Epipliane, au lieu d'accejiter souvent trouvé vos disciples et vus c...is.
l'oûre, ne voulut pas même communiquer entre autrts VAncural; et comme plu.-ieurs
avec Chrysostome, sous le piétexte que celui- voulaient le blâmer et l'accuser illiéresie,
ci demandait un concile avant de condamner nous en i'.on.- pris la defeuse, cl c lie iic vos
ni Origêne ni aucun des moines qu'on accusait intérêts comme d'un père. Vou> I.
d'urigénismc. Epiphaiie alla [dus loin il : pa-, sur un ouinlire, nous co .

assembla de son autorité, tous les évéques qui aous entendi'e. ni traiter, comme \uu; :.i
se trouvaient alors à Constantinople leur , ceux qui ne disent que du bien île vt;-*.
communiqua les actes deson concile ileChypre, Epiphane leur parl.i |dus ouc'»mr.'.. .

et s'efl'or(ja de leur persuader d'y souscrire. Il renvoya. Ilquilti lui-mi.'me (.orslui.tu ^

y eneut (|iii le tirent quelques-uns le refusè-


;
où .*es avaieut si mal hu.-m, cl
liesseins lui
rent, entre auties Théoiimc, évèque des Si'v- s embarqua pour reiuuruer eu lJiyi»re. La
thes, qui lui é]>ondit avec fermeté iju'il n'était
i mort le saisil eu diemiu. .;Vin&i s'ai:c<tu.(i.il Li
pes permis de taire iiijme à un homme murl prciiictiun que lui avait faite «aint >
'
.o—
,
depuis si longtoinps, ni de comlamncr le juge- tome dans la <iouleui: de la dL^jut^
ment de^ anciens; entin, qu'il éiait dangereux, croyait piis qu'il dùtreluuruerdausso
àa condamnant leséeriisd'Origéue, de rejeter, Eu partant il dil< ux uveques qui le cundut-

(ij Ceillier, t. IX, an. Chn/s. el T/ien/fk. Piillatl., f./. Chrjft. S^>^. L VUL xm.~ Ht iiea. i. VJ,
fc AU. âo2., I. Vlll, c. IV. Tillem., Ceill er, art. Kpifih., C'irfc. ^.cO|,^.
' » Vn E; ^ RRVTR SK"Tli>MH 4M
laifiit jusqu'il la mer : Jr- voii'î laisse la ville, é>-êques du concile voulaient obliger l'empe-
le [j.ilais et le tlit'âtre ;
pourmoi, je m'en vais, reur à le punir comme criminel de lèse-ma-
car j'ai hâte, j'ai granile halo, il mourut en jeslé, parce que, ilans un iliscours, il avait
403, apri's trente-six ans d'épistopat ses dis- ; comparé l'impératrice à Jézabel ; mais ce
ciples Là tirent une église en Chypre, sous son prince se contenta de le condamner au bannis-
novo, où ilf mirent son vmaiie avec beau-, sement. L'ordre fut exécuté sans délai. Un
coup d'autres Dieu hor.ora son tomlieau
. comte, accompagTié de soldats, le cliassa de
par beaucoup de miraidei. Sa f'cle se célélire, l'église; et un des officiers, nommé (^.uiieux,
chez les Latins commo i;iiez les Grecs, le douze l'ayant jeté dan.s un vaisseau, il fut porté; en
de mai (1). Asie pendant la nuit, et arriva dans uoe mai-
Théophile vint enfin à Constantinople, «ui- son lie campagne près de Prénéle onBilhynie
vant Tordre de l'empereur; mais ciudiiiu'il fut C'était le troisième jour d'après sa dé|.osilioo
mandé seul, il amena un j^ran^ nombre d'iivè- par le concdiabule du Chêne; car il avait
ques d'Eiiypte et même des Indes. Saint (Ihry- refusé les deux premiers jours de se retirer,
sostome lui avait préparé un logement, ainsi jusqu'à ce qu'on lui fît violence, croyant devoir
qu'à ceux de sa suite mais il aima mieux
; cette fermeté à son amour pour son peuple,
loger hors de la ville, dans une des maisons dont Dieu, et non les hommes, lui avait donné
del'empi'rcur appelée Placidicnne. 11 ne vou- la comiuite. Nous avons encore le discours
lut pas même voir saint Chrysoslonie, ni lui qu'il [uononça pendant ce temps de trou-
donner aucune marque de eomniunion. Comme ble (2;.
les Grauds-Frères pressaient vivement le juge- Sun exil ne dura qu'un jour. Le peuple, qui,
ment de leur atiaire, l'empeieur or'onna à ayant su l'ordre de l'empereur, s'était soulevé
saint Ciirj'sostome d'aller entendre Théophile avec une extrême violence, ne diminua lien
sur les violences, les meurtres et autres crimes de son ardeur pour le saint évèque, lorsqu'on
dont on l'accusait. Comme nous l'avons déjà l'eut enlevé. Les églises et les places publi-
dit, le saint ^'en détendit par considération ques continuèrent à retentir de gémissements
pour Théophile et par respect [lOur les canons, et de cris; et, la nuit suivante, un tremblement
qui défendent déjuger les causes des évéc[ues déterre ayant ébranlé la ville et la cbaadir»
hors d'' h-ui- province. Théophile pensait bien même de l'empereur, l'impôialrice, elfrayée,
différemment. Pendant trois semaines (|u'il li> pria de rapfieler saint Chrysostome, à qui
logea hors de la ville, il mit tout en u'uvre elle écrivit elle-même en ces termes « Que
:

pour chas>er saint Chrysostome de Constan- votre sainteté ne croie pas que j'aie su ce qui
tinople, et même pour lui faire [)erdre la vie, s'est passé! Je suis innocente de votre sang !

A Théophile se joignirent des évêqu"s d'Asie Des hommes méchants et corrompus ont formé
déposés par saint Chrysostome quelques ;
ce com|dol. Dieu m'est témoin des laimesque
autres, mécontents de lui, comme Acace de je lui offre en sacrifice Je me souviens que
!

Bé'rée, Sévérien de Gabalas, Anliocbus de l'to- mes enlants ont été baptisés par vos mains » !

lémaïile, deux ou trois des plus puissants de Comme il convenait d'avoir le consentement
la cour, gagnés par argent, quelques-uns du d'Arcade, elle alla le demander eu pleurant,
clergé de Constantino|ile qui soutiraient avec prote-lant à ce prince qu'il n'y avait ipie 1»
peine qu'on y rétablit le bon (udre: trois rappel du saint qui put sauver l'Etat du dan-
veuves, que le saint évèque avait l'eprises de ger qui le menaçait. Elle l'obtint; ctdês que
leur luxe, et l'impératrice Euiloxie, choquée le jour lut venu, elle envoya dcsofliciers pour
d'un discours i]u'il avait fait contre le luxe et le prier saint Chrysostome de revenir à Constan-
dérèglement «les femmes. Avec tous ces se- tinople. Personni', ne sachant le lieu où il s'é-
cours Tbéo[)liile obtint de l'empereur qu'on tait retiré, premiers officiers, Eudoxie
après les
as-emblerail un concile contre saint Chrysos- en envoya d'autres, et d'autres encon? après
tome. ceux-là en sorte que le détroit était couvert
;

De tous li's chefs d'accusation, il n'y en avait de vaisseaux qui allaient pour le chercher en
qu'un ^cul qui fut vrai, savoir qu'il avait : Asie.
con-eil'é à tout le monde de prendre un [icu Brison, eunuque de l'impératrice et notaire
d'eau ou (|uel pies jiastilhis après la commu- de l'emiicreur, qui faisait hautement profes-
nion, pour ne [las rejeter ave.' la >alive qiie,q'io sion d'aimei- le suint évèque et de li! servir aa
chose des saintes espèces: ce (pi' il iiraliquait toute occasion, iMit l'avanlaife de le trouvera
lui-même. Le lien du concile fut le bouri; ilu Préuéte et de b' ramener. Sitôt que le peuple
Chêne, [irès de Chulcikloine. Il s'y trouva en fut informé, il courut au-devant; l'embou-
trente-six évèques, tous de la province de Tliéo- chure du Bosphore se trouva couverte de bàti-
fihile. Saint Cliiy~ostome, cité par ordre de uieuts ;tous s'emb irqucreut, hommes, fem-
'empereur, ijonsiuitit de com|iaraitre, pourvu mes, la plupirlua cierge allumé à la main,
que l'on fit sortir de l'assembli'e ses ennemis en chantant des hymnes composées exprès. Il
qu'il nomma, ou du moins qu'ils n'y luisscnt fut conduil dans celte pompe à l'église dei
que la qualité d'accusateurs et non celle A|iotics, accompagné de plus de trente évA-
de juges. Sur cdte réponse, il fut cité de «lues. On voulut l'obliger de monter aussitôt
nouveau et condamné par coidumuce. Lea sur le troue episcopal, et de.«ouliailer, suivant

(l)6oc., 1 VIII, c. V. Pallail. —(2) Ghrys.. Kp. ad Inn. Patlad.. Soc, Zoi.
, ,

440 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE


la coutume, la pnix au pcuiiln ;
mais il s'en hasard à une pelih; ville nommée A (iérê"!,

exrusa, jiiequ'à ce qu'il ciit été jiisli(i<- jiar un deux lieues et demie de l'éhise. en
L'i'neque
coniile [ilus nombreux. !1 n'avait pas même était mort, et les citoyens avaient élu pour
voulu, pour cette raison, rciilrer tl'abonl à Son sucecssi'ur un saint pej" oiui'i;;e nommé
Coiislanlinople et s'était anél6 dans un liourg Nilammon. qui était arrivé a la pcrteelinti de
nommé Mariancs. Mais le peuple ne pouvant la vi'- monastique, il demeurait lior^ de la
souflrir ce délai, il céda à celle violence et ville, dans une cellule où il s'était enf'-rme el

leur fit sur-le-diamp un jintil diï^cours, qui dord il avait muri- la porte avee des pierres.
commeiK(! jiar une comparaison de son église Comme il refusait l'éiiiscripal, Tliéo|ihile vint
avec Sara, cldcïliéopliiieavi'c le roi d'Kiiypte, le trouver et lui conseilla de se rendre et de
qu' avait allfinlé à sa pureté, il y iiéiiit IMuu recevoir l'ordination de sa main. Ndammon
de l'avoir rajipelé, et n'ouMii' pas sa recon- s'en excusa [ilusieurs feus; et, voyant (pi'il ne
nai'^sance de tout ce qui' l'impératrice avait pouvait persuailer ThéoplÉile, il lui dit De- :

fait [)0ur]iru(Uier son retour, (le (liM'i)ursaltira main ,


mon père, vous ferez ce qu'il vous
de si f;raii(ls applaudissennuits, que sainlCliry- plaira; permettez-moi de disposer aujour-
sostoiue ne put l'achever (1). d'hui mes aliaires. Théophile revint le h-nde-
Qurlipics Jours aiircs son rr'taMissemnnt, il main,sinvaMt la convention, et lui dit d'ouvrir
pria l'cnipcreur de faire assemlilcr un concile sa jiorte. Nilammon répondit l'rions .'lupa-
:

plus nonihicux pour examiner celui qui l'avait ravanl. C'est bien dit, répondit Thécqdiiie, et
condamné. Arcade y consentit et écrivit par- il se iTiit en [iriêre. I^a journée .se pa-sa ainsi.

tout qu'on assemliiât les évôipies. Le liruit Théophile et ceux qui étaient avec lui hors de
d'un concile fit peur à Tliéiqiuile, qui crai- la cellule. a[irês avoir attendu longtemps, ap-
gnait de s'y voir convaincu des choses que la pelèrent Nilammon à liante voix il :ie ré- :

conscience lui reprochait ; et, étant monté la pondit jioint. Eidin ils olêrent les pierres,
nuit sur une harque sans en donner avis à ouvrireid la fiorle et le trouvèrent mort. On
personne, il se retira en Eijyptc avec les le revêtit d'habits précieux, on l'enterra aux
évè(]ues qu'il en avait emmenés; en sorte déjiens du public, on bâtit une église sur son
qu'il ne resta à ConstantiMcqile d'autres évê- tondieau et on célébra tous les ans le jour de
ques que ceux qui étaient amis de saini Clirv- sa mort avi'c grande solennité. L'Egli-e en
sostome. Ou'>i|ue la fuite de Thi'0|diile fût fait encore la mémoire le six de janvier (3).
une entière; justification de celui (]u'il avait L'église de Constantinople ne jouit ^lue deux
condamné, h: saint continua néanmoins de mois du calme que le rétablissement de son
solliciter la convocation d'un concile. L'em- évêque lui avait procuré. On avait dre-sé en
pereur se rendit à ses instances, et envoya en celle ville une statue en faveur de l'impéra-
Epyi'le pour oldiner Tht'opliiie et les autres trice Eudoxie. Elle était d'argent, po^ee sur
évéc|ues du conciliabule du Chêne, de revenir une colonne de porjdiyre avec une base éle-
pour renilre raison de ce qu'ils avaient lait. vée, et placée à la porte du sénat et assez |>rê3
Théophile s'en excusa ; mais les évùques de de la giande église de Sainte-Sophie. .\ la
Syrie qui étaient de sa cabale, savoir Antio- : dédicace de cette statue, on fit. selon la cou-
chus et ScvériiMi i(!vinrent à (lonstantinople.
,
tume, de grandes rejouissances, el on y di-
Le refus de Tliéofihilo n'empêcha point saint vertit le jicuple par des danses, des far.cs et
Chiysoslome de continuer à demander la tenue d'autres s|ieclacles de ce genre, Chrysosiome,
d'un concile ; mais il paraît qu'il ne put l'ob- ne pouvant souffrir des jeux si peu rhreliens
tenir, et que tout ce qu'on lui accorda fut à la porte de l'église, s'en piaitcnil dans un
qu'un grand nombre d'i vèipies, qui se trou- discours avec sa liberté ordinaire, cl joii:nit
vaient <à ('oMstantinoi)le, signeraient un acte même quelques railleries, non -seulement
par lei[uol ils dc'e lare rai eut que, tionobslani contre ceux qui les taisaient mais emoro ,

ce qui s'était passé dans le conciliabule du contre ceux qui les ordonnaient. Eudoxie
Chêne, ils reconnais-aient Chrysosiome pour oH'en.^ée par ce discours, erdra dans une
légitinii' évêijue de Constantinople. grande colère, el résolut d'as-embler un
Théophile, (|ui avait tant persécuté les nouveau concile contre le saint évêipie, .Mais
moines d'Egypte, sous prétexte d'origénisme, il ne rabattit rien de son courage, et paria
s'était ri'concilié avec eux avant de s'enfuir encore plus ouvertement contre l'impératrice
de Constantinople il les re(^ut à sa commu-
;
dans un discours dont les premiers mois
nion, sans leur dire un mot ni d'Origêne ni étaient, si pourtant il faut en croire So-
de sa doctrine. Lui-même ne fit [dus de diffi- crate (4) : Hérodiade est en furie, o'Ie danae
culté d'en lire les livres. Et comme on lui encore, elle veut encore la tète de Jean.
demandait comment il les chérissait tant Il y eut donc une nouvelle ronspiralior
après les avoir condamnés, il lépondil : contre saint Chrysosiome; et ses ennemis^
Les livres d'Origêne sont une prairie dont trouvant la cour favorable à leurs ilési"^'. en-
je cueille les Heurs, sans m'arretcr aux voyèrent à Alexanilrie prier Théophile de
épines [i). venir conduire leur iutriguc, ou du moins de
Ariivant en Egypte, Théophile aborda par leur marquer comment ils devaient la cum-

(1) Palttd.. Tlicû.l., 1. V, c. xxxiv. Soc, ï. VI, c. xvi. Soi., 1. VIII, c. inn. — (î)Soc., 1. V. «. xvn.
— (3) Soz., l. VIU, c. x\x. — (4) Soc, l. VI, c. xym
LIVRE TRENTE-SEPTIÈMB. <il

mencer. Tliéopl.ili-, n'osant plus ijaruiire aux le tumulte du peuple, envoya chercher Acaca
yeux du [pouple de celle viîli-, j' envoya trois de Bérée et Aidioclius de Ptolémajiie, tt leur
évoques cl leur «ionn.i des cano i': fails par les dit : Que faut-il faire Prenez garde que vous
'?

ariens contre saint Allianase. C'étaient ceux ne m'ayez donné un mauvais conseil. Ces
du concile teuu à Antioclie lors de la dc'dieace, évèques lépondirent en la mèi>ic manii.re que
eu 341, (}ui ordonnaient que si un cvéque dé- les pontifes des Juifs Seigneur, que la dé|)0-
:

posé par un concile se rétablissait de lui-même sition de Jean retombe sur notre tête! Les
ou par Tauloritc imiiériaie, il S'Tail dès lors quarante deux èvèiiues qui étaient demeurés
dépose pour toujours, sans pouvoir jamais être unis à saint Cbrysoslome, croyant devoir faire
admis à se justifier. Ces canons n'étaient d'au- un dernier elTort, allèrent tiouver l'empereur
cune autorité dans l'Eglise, et ils avaient été et l'impératrice dans les églises des Martyrs,
rejctés par le concile de Sardique, en 347. et les prièrent avee larmes d'épargner l'Eglise
Ces trois cvèques, étant arrivés, convoquèrent de Jésus-Christ et de lui ren<lre son pasteur,
àConstanlinople tous les métropolitains et tous principabment à cause de la fête de Pâques
les évèques qu'ils purent, de la Syrie, de la et de ceux qui étaient prêts à recevoir, ce jour-
Cappadoce, du Pont, de la Phrygie et des au- là, le sacrement de baptême. .Mais ils ue furent
tres provinces voisines. point écoutés; on sorte qu'un d'eux (c'était
Tons communi(]uèrent d'abord avec saint Paul de Carteïa), menaçant l'impératrice de
Cbrysoslome, pour ne pas se rendre récu- la colère de Dieu, lui dit Eudoxie, craignez
:

sablcs comme Théophile raai^ cela ne plut


; Dieu, ayez pilié de vos enfants et ne profanei
point à la cour, déjà entièrement déclarée pas la fête de Jésus-Christ ]iar l'elfusion du
contre son évèque. Aussi, la fét"- de Noël étant sang Ensuite ils se retirèrent et allèrent pas-
!

venue, Arcade, qui était accoutumé d'aller ce ser 1 sainte veille, chacun dans son logis, dans
1

jour-là à l'église, n'y vint point, et lit dire à la douleur et dans les larmes.
Cbrysoslome qu'il ne communiquerait point Les prêtres de Coustantinople, qui étaient
avec lui jusqu'à ce qu'il se fût justifié. On re- demeurés fidèles à leur patriarche, assem-
com;nen(;a en effet dans le second concile, blêr(mt le peuple dans un bain puidic et y
composé d'i'vèques gag.iés par les libéralités célébrèrent la veille de Pâques à l'ordinaire,
de la cour, les premières accusations fiumées en lisant les saintes Ecritures et baptisant les
contre le saint. Mais sur l'ofïre ([u'il fit haidi- catéchumènes. Anliochus, Acace et Sévéïien
ment de se justifier, so^ accu-ateurs, qui n'a- l'ayant .ippris, demandèrent qu'on empêchât
vaient pa- la mènQfi assurance, laissèrent tous celte assemblée. Le maître des offices leur dit :

ces prétendus crimes pour en venir à l'expé- 11 est nuit, le peuple est grand, il pourrait
dient de Théophile, et dirent que, suivant les arriver du désordre. Acace répondit Les :

quatrième et couzième canons d'Autiodie, il églises sont désertes; nous craignons que
n'était plus vccevable à se justifier, pui-qu'il l'empereur, en y venant et ne trouvant per-
était remonté sur son trône sans l'autorité sonne, ne s'aperçoive de l'affection du peuple
d'un concile. Il était aisé à saint Cbrysoslome pour Jean et ne nous regarde comme des en-
de répondre aux canons d'Antioclu' et IMpide, ; vieux, principalement après que nous lui
évèque de Laodicée en Syrie, vieillard respec- avons dit ([ue personne ne suit volontiers cet
table par ses vertus et ses cheveux blancs, fit homme, qui n'est point sociable. Le maître
com[ireniire nellement à l'empereur que Chry- des offices, après avoir protesté contre eux de
sostdine n'avait point été déposéjuridiquement ce qui pourrait arriver, leur donna un nommé
la première fois, mais seulement chassi' par un Lucius, chef d'une compaicnie de gens de
comte; qu'il n'était point rentié de lui-même guerre, qui passait pour [laien, avec ordre
dans son siège, mais par orilie d'Arcade lui- d'inviter doucement le peuple à venir dans
même enfin, que les canons <iue l'on produi-
; l'église. Il y alla mais il no fut point écouté
;

sait étaient l'ouviagiî des hérétiques. Tout et revint trouver ,\cace et les siens, leur re-
cela n'empêcha pas ([u'Antinchus et les autres présentant l'ardeur et la foule du peuple,
ennemis du saint ne persuadassent à ce prince, ils le prièrent instamment de retourner, joi-
faillie et timide, que Jean ét.iit convaincu et , gnant à leurs prières l'or et les promesses;
(]u'il devait le chasser de l'église avant la fête ils lui recommandèrent d'amener le peuple à

de Pâques. l'église par la douceur ou de dissiper par la


Arcade manda donc au saint évèque, un force cette assemblée.
peu avant la fête, qu'il eût à sortir de l'église, Lucius retourna donc accompagné de
,

puiscpi'il avait été condamné par deu.v con- quelques clercs de l'évèque Acace, après neuf
ciles. J'ai reçu de Dieu cette église, lui ré- heures du soir. Quatre cents nouveaux sol-
pondit saint (Cbrysoslome, pour procurer le dais de Tbracc, fort insoleuls, le suivaient r«>
salut du [leuple, et je ne (luis l'abandonner; pée à la main. Ils hunlireut tout d'un coup
mais l'oniiue la ville est à vous, si vous voulez sur ce peuple, écartant la foule par l'édal ds
((Ue je cpiittc, cbasse/-moi de force, afin que leurs épées. Li'urchet' marcha jus(]ue dans bis
j'aie une excuse léi^itime. Ceci se passait pen eaux sacrées pour empêcher qu'on adminis-
dant le carême de l'an iOt. Le jour du samedi trât le baptême, cl poussa le diacre si ruile-
saint, on lui envoya un nouvel ordre île sortir mont qu'il renversa le saint chrême. Il frappa
de l'église; à (juoi il ii-poinlit comme il de- les prêtres à coups de bâton sur la tète, sans
vait. Arcade, craignant la sainteté du jour et respect pour leur grand âge, elle baptistère
I'i2 IIISTOIHE UNIVERSELLE DE LËGLISR CAIHULKJUB
fiit iiii'li! lie sang. Los fcmmi's, d^yx di-pouii- veaux députés de Tliéopliile arrivèrent à Rome
lois pfiiir La[it«mc, s'enluyaiiMil coiifusé-
1(! avec di-.s lettres de sa part et des actes, p;ir
niitit avec les lioramcs, frainlpd'clre liuie» ou li'squels il paraissait que Clirysiisioni"- avait
(IcV honorées, sans avoir lo lpnii)s ilo wj cdu- éi(! condamné par trente-six éveques, dont
VI ir autant que la hiensûani'C liMlcrnanilait ; vingt-neuf é:aiciit é'jyi tiens. C'é'sieni 1i;b ar-

olu^ieui-s iiièine furiMil l>lrs!-i'es. On fiitcn lait ti'sdii concile du (>lieiic. Le pape liir//>:ent les

leurs iTis et ci'ux des entants les pri-tres et


;
ayant lu?, et voyant que l'-s uecn.-iitioiis n'é-
Us diacres étaient eliassfs, velus enerjro «le taient p ifnt consiilérables. et que Ji-an n'a-
leurs (jrnemeuts. L'autel était investi de f,'ens vait pas été présent, continua o blannT
armés; les soldats, dont la plupart n'i-taient Tliéopliile d'avoir jirononcé un juiiement si

fioiiit baptisé*, -ntrèrent jusipie


dans les sévère contre un absent, et lui répondit en
ieux. où repesaient les saints mystères, virent ces termes : « .Mon frère Theopliile, nous vout
tout ce qu il y a de plus secret et W. pmfa- tenons ilans notre communion, vous et notre
nérent en y tiouchant, et le san j de Jésus- frère Jean, c<iname nous vous avons dfjà dé-
Ciirist fut répandu sur leurs habits. On mit en claré dans des lettres précédentes, et nous
prison une partie des prêtres et des diacres; vous écrirons la même cho^e toutes les fois
on chassa de la ville les lai |ues constitués en que vous nous écrirez. Que si l'on examine lé-
dif;nité on alficha plusieurs édits contenant
;
gitimement tout ce qui s'i-sl passé par ollu- <

diversis menaces cinitre ceux qui ue renouce- sion, il est impossible que nous quittions, sans
raieiil point à la communion de Jean. Les raisiin, la communion de Jean. .Si liunc vons
[irisons furent remplies de dillérents magis- vous coniiez à votre jugement, pre-eniez vous
trats; ou y chantait des hymnes rt on y of- au concile qui se tiendra, l>ien a^liiit, et
frait les saints mystères, en sorte qu'elles de- expliqury. les accusations, suivant les i-an 'lis
venaient des églises; tandis-que l'on entendait de.Nicée; car l'P^gli^e romaine n'en chu ait
dans les églises des fouets, des jurements et point d'aulri-3 (3). » C'esl-à-dire que rK.;li3tt
des tiM-tures, pour obliger à analhemaiiser romaiiK^ n'avait aucun é^'ard à ceux d'Aiilio-
Jean mais plus ses adversaires fais;iient d'ef-
;
che. Le l'ap" ilisait qu'il fallait un entre c..ii-
forts, pinslesassemhléesde ceux qui [l'aimaient cile. non sus[iect, d'Occiilentaux et ii(».i«'n-
étaient nombreuses. Kllcs se' tenaient tantôt taus, reji.-laiit d'entre b's juges, preinn-rement
dans lin Ijeu, tantôt dans un autre, dans les les amis, et ensuite les ennemis. .\pri's avoir
vallons, dans les bois et les campagnes mais ; ainsi renvoyé les déj-.utés de Théophile, il lit
principalement dans un liea environi.é d'une des prières accompagnées de jeune, pour d»-
<'loiuie de bois par Constantin pour servir de mauiler ù Dieu de rétablir l'union dans l'E-
cirque (1). glise.
Cependant, saint Ghrysostome était encore Pendant que ces choses se passaient, on at-
dans (^onstantinople et dans la maison épisco- tenta plusieurs fois à la vie de saint (Ghrysos-
pale. Ne trouvant point de remède au\ vio- tome, ce qui donna sujet aux plus zélés d'en-
lences (ju'on faisait soullrir à son clergé et à tre le peuple de l'air.- garde nuit el jour à la
son peuple, il en écrivit au jvipe Innocent, maison éjiiscopale, se partaireant eu diviT^es
pour le prier, non de gémir de ces maux, bandes qui se sui-cèdan.'nl les une^ aux au-
mais de les faire cesser, en lui continuant les tres. Mais leur zèle même fut un p;i'i'xte mut
marcpies de sa communion en iléclarant nnl-; évéquos ennemis du saint de 1

les toutes les procédures laites conln- lui avec jours a[irès la Pentecôte, qui •-!'
tant d'iniquité; en soumettant aux peines ca- était le 3 de juin, quatre d''e
noniques ceux qui avaient si indignement sentèreut à l'empereur ijue le ; i

viole les lois do l'Eglise. Il s'offi-ait encore de jamais en paix tant que J- > i

faire preuve de- son innocence dans un juge- ville; qu'il ne devait pa- r

ment légilime, si ses adversiiires voulaient y l'humanité ni le respect du a !

smitenir ce i|u'ils avaii'nt fait contre lui. Les' vantée qn ils lui conseillaii-nt : , .

ipiarante deux évoques de la communion de engagés puldiqueroent à prendir s


saint (ihrysostome écrivirent encore au Pape; tes lailéposilioii de Jesin, et qu il-
âe mémo qiic le clergé lie Constanliiiople(2). geaient encoi-e enlin, qu'il ne fal
;
*

Ces trois lettres par quatre


fui'ent porttjes perdre tous pour épargner un seu. ...iii:iie.

saints évoques, accompagnés de deux dia- Arcade,. se laissant aller à leurs artitices, i-n-
cres. voyadonc, le vinut du inènie mois, le s,-en«-
Jtais ils fui-eut prévenus de quelques jour» taire Patrice dire au saint qu il eut à sortir de
par un lecteur d'.Vlexandrio, qui en apporta l'église.
ime au l'ape de la part de Théophile. Comme Saint Ghrysostome, voyant nnordr' si pré-
cet évéque se contentait d'y mari|uer ([u'il cis, descendit de la mais<ui é]> 'copal'- ivec
avait déposé Jean de Con-^,lntinople. sans les évèques ses amis, et leur dit Venfz, :

dire ni ronimeul, ni avec qui, ni pour quel prions et prenons ("onge lie '•'ta !

snji't, le IVipe, trouvant ce ju-oc 'dé èirange ot église! Eu même temps une pi . jua-
insidenl, ne tit aucune rcimiise h la lettre de lité, qui craignait Dieu, lui conseid.i -le
et
îliéophile. Quelque temps après, de nou- sortir «ecrètein .'nt de peur qu'il n'arrivùt

Ç) Pallad., CeilUM, "nUem., Fleury. — ;î) PâUtd., Coait., 771 —(S) nnd., 787,
MVriE TnE?iTR-SEPTIÈME. /,\'\

q tctque malheur, parce q:i'il y avait dangor gcance divine. La cour, au coLtraire, voulut
que le pi^uple, qui était fort ému, n'en vint en rendre coupables les amis du saint évé-
aux mains avec les soldai?. Il prit donc congé que, et le saint lui-même mais les tnrtiîres
;

cic (luelques évèqnes, et leur donna le hai:-er les plus rigoureuses ne purent jamais lien
avec larmes car il ne put donner à tous celte
, faire découvrir contre eux. Eutrope, docteur
marque J'amitic. U dit aux autres dans le et chantre, fut un de ceux ijuc l'on mit à la
sanctuaire : Demeurez unis, je vais un peu question. On lui appliipia le feu, on le battit
me re[)oser. Puis étant passé dans la chapelle avec des nerfs de hceuf et à coups de bâton;
du ba|itislére, il lit appeler sainte Olympiade, on lui déchira avec les ongles de fer, les co-
Pentadie et Procule, toutes trois diaconesses, tés, les joues, le front et les sourcils; on lui
et leur dit Ma fin approche, à ce qu'il me
: appliqua les torches ardenti's sur les deux cô-
parait ; j'ai achevé ma carrière, et peut-être tés où ou lui avilit déchiré la chair, et peu
ne verrez-vous plus mon visage. Ce que je après il expira, sans avoir rien confessé. t*r.
demande de vous, c'est quevous continuiez à fouetta aussi sur le dos le prêtre ïigrius. at-
servir TEglise avec la même ardeur et le taché par les pieds et par les mains, et étendu
mémo soin ; et que, quand quel([u'un aura avec tant de violence sur le chevalet, que ses
été ordonné malgré lui sans l'avoir brigué et membres en furent dislociués après quoi ou :

du consentement de tous, vous baissiez la le relégua en Mésopotamie. Beaucoup d'au-


tète devant lui comme devant moi car l'é- ; tres personnes des deux sexes furent traitées
glise ne pi'ut être sans évèquc. Et, comme avec la même cruauté, et on n'épargna ni
Aous voulez que Dieu vous fasse misériconle, moines ni vierges.
souvenez-vous de moi dans vos pri/^res. Comme Quant à saint Chrysostome, il était retenu
ces saintes veuves lui tenaient les [deds, fon- prisonnier eu Bithynie avec deux évèques,
dant en larmes, il fit signe à un des plus sa- dont l'un était Cyriaque d'Emèse, et l'autre
ges de ses prêtres de les emmener hors du Eulysius de Bosti-e. Comme on l'accusa de
baptistère, de peur qu'elles ne troublassent le l'embiasement de l'église, il demanda d'être
peuple. S'en étant ainsi débarrassé, il sortit entendu sur ce chef; mais on ne voulut pas
de li'giise du côté de l'orient, tandis qu'à l'oc- l'écouter, el on l'envoya sous bonne L-arde à
cident, devant le grand portai! de l'église, on Cucuse en Arménie. Il partit de Mcée le 4 de
tenait son cheval; il l'avait ainsi ordonné juillet 404, sons la garde de soldats préto-
pour donner le change au peuple ([ui l'y at- toriens, et arriva à Césarée de Cappadoce.
tendait. On lui fit passer le détroit sir une épuisé des fatigues du voyage car la ch deur
;

bar(jue, et on le coniiuisit en Bithynic, où il était grande, el il avait éie obligé de marcher


resta à Nicée jusqu'au quatrième de juil- jour et nuil, el man(iuait «le tous les secours
let. nécessaires. Après avoir un peu respiré à Cé-
Pendant qu'il se retirait, le peuple, croyant sarée, Paréiius, qui eu était évèque. l'obliLrea
qu'on l'avait enlevé, fit grandbruit. Les uns d'en sortir à force de mauvais iraitemenls, ja-
coui'uri^ut à !a mer, Ips autres s'enfuirent, loux de le voir visibi tous les jours eu cette
dau9 la crainte d'ètie maltraités de la conr; ville par tout ce qu'il y avait de gens con-
ceux qu'on avait enfermés dans l'église, en sidérables, magistrats et hommes de lettres.
brisàir-nt les portes. Les Juifs et les païens s'é-
Il arriva à Cucuse apiès soixante-dix jours de
tant mêlés dans ce tumulte pour iusuUir à la
douleur il<ï9 c'nrétiens, il _y eut du =aMg ré-
marche, pendant lesquels il eut à essuyer
pandu, mémo dans l'église. Ce trouble durait beaucoup de ilangers et irincjuiéludes, el Uis
encore, lorsqu'on vit :out d'un joup le feu accès d'une fièvre violente qui lui du:a plus
prendre au trône épiscopal. L'avaut consu- de trente jours. Cucuse était une ville déserte
mé, il gagna le lambris et louto la couver- el si peu considérable, qu'on n'y tenait [las
ture en sorts nue l'église fut réduite en cen- mèmi; do marché et qu'on n'y trouvait rien à
dres avec les bâtimen's d'alentour, excepté acheter. On !a place dans les déserts ilu mont
une petite sacristie où l'on conservait les va- Taurus. .\delpiiius, (jui en était évèque, reçut
sas sacrée. Do l'église, la flamme poussée au
saint Clirysostome avec beaucuup île chai ité
midi pur U!i grand vent du nord, traversa la
el de respect, jusqu'à vouloir lui ccder sa
place sans faiio de mal au peuple, ni endom-
mager aucun des édifices qu'elle rencontra en chaire. Les ecclisiastiques de la nii'mc villa
sou chemin, et alla s'attacher au palais où reçurent également, avec beaucoup d'hon-
s'aa.sembhnt le sénat, situé au midi o'r l'é- neur et il'all'.'clion, Sabiuienne, diacouessi; ila
glise. Ce palais commença à brûler, non du Constanliiiiqd', ijui y arriva le même jour
côté de éi,'-lise, mais, an
1 contraire, du pa- que le suint, c'est-à-ilire vers la mi-sepleiubre
lais impérial, qui était coiitigu à celui du 401, résolue de s'ariêter auprès de lui et de b)
sénat, brûla pendant trois heures depuis suivre pai-toul. U detneura un nn à Cucuse,
aexie jUHqn'.i none, et. fut consumé enti-re-
logé chez un homme de qualité nom.né Dios-
ment. Dans cet incendie, qui arriva le lundi
core, ([ui avait envoyé jusqu'à Césarée un de
vingtième de juin, personne ne perdit la vie,
il ne péril pas morne une bête. Jamais on ne ses domestiques pour le prici d'acceplcrs.i iii:ii-
son. D'un autre eôé, ses amis, et, eu particu-
put eu di«ouv'ir l'auteur; et les catholiques
lier, sninte Olymjdale, fournissaient atoiidaii»-
ir regardèrent comme un effet de lu vcc-
nient A ses liesoins, ce (|ui lui donna t '3
moyen de vacketer plusieurs captifs eld»' sa-
oourir las pauvres daus la lamine ijui suiviut
444 BIRTOIRE UNIVERSELLE DE I/EGLI6E CATHOLIQUE

en ce temps. L'iiiver, qui en 404, i'iit plus nesse, et qui, aux vertus d'un anachorète, joi-
rude en Aimi''nic qu'à l'oniinaiic, l'incoin- gnait les qualités d'un pontife. Mais le prêtre
moila cxlrémcinenl, et, (juclcpies moyens porphyre, ori^;inaire de Con«tanlinople, a la
qu'il prit, ils t'ui-finl inutiles |iour li; ff^iirantir suite et à la tabli;duqmd on voyai' les cocherJ
du froiil. Avec 'cla, il soull'niil des vomissiv du cirque et les danseurs, intrigua si bien,
mnnls continuels cl des douleurs de léle, et se qu'il obtint un ordre de remjiereur pour faire
•"
trouvait sans aiipctit et sans pouvoir dor- bannir le pr.-tre Conslanlins, et deux autres
mir (1). également dignes. Ensuite, pernbint «pie le
Au fond de rAiméiiio, il lui venait encore peujde d'Anti(ji'lie était au f.iuhour;; de lia-
des consolations du successeur de saint Pierre. |(hné à regarder lesjeux pnblii's. il entra df.n»
Peu de temps après son expulsion, il arriva à l'église avec le-i évéques ,\rai-e. Sév'-iien et
Rome un prèlre de C.onslantinople nomni6 Anliochns, qu'il avait fait venir sans bruil; el
''^^éolecne, qui rendilau l'ajic des letlresd'un ayant fermé les portes, i| y futordonm'- eu ca-
rt)ncile d'environ vin^t-cinq évéques du par- chette et avec tant de précipitalirm, qu'ils n'a-
ti de saint Chrysoslome, où il mandait qu'il chevèrent pas la prière, de peur d'être décou-
avait été chassé de Constanliiioplc à main ar- verts. Ensuite, .Sévérien et SCS compagnons se
mée, et envoyé en exil à (gueuse, et l'é^ilise sauvèrent [lar les montagne*. Quand le pr-uple
brûlée. Le Pape donna à Tliéotecne des lettres apprit unepareilleordination.il voulut met-
de commnnicfn jiour .lean et pour ceux de sa tre le feu à la maison de Porphyre. .Mai- ce-
communion, l'exhortant avec larmes à prendre lui-ci se maintint, et conlrai:;nit le peuple à
patience, parce qu'il ne pouvait le secourir la soumission par la force des armes (4 Tels .

dans le moment, à cause de quelques per- étaient les pasteurs en laveur desquels l'em-
sonnes puissantes qui s'y o]iposaient. l'eu de pireur .\rcade i)ubliait des lois de proscription
temps après, vint un petit lininme mal fait et qui remplissaient l'Orient de troubles, et qui
artiiicieux nommé Paterne, cpii se disait prê- obliireaient les saints évéques à se réfugier à
tre de Constantinople, et paraissait, par ses Rome.
discours, fort animé contre saint Chrysoslome. Après Cyriaque de Synnade, il y vint Eu-
Il rendit des lettres d'Acacc, d'Anliochus, de Ivsius d'.\pamée en Bilhynie, qui iindit de»
Sévérien et de quelques autres en jietit nom- lettres de quinze évèipi.s du concile de Jean
bre, qui accusaient Jean de Tincenlie de l'é- et du saint vieillard Anysiusdi' Thessalonique.
glise de Constantinople. Le clergé de Home Les quinze évêipies repièsentaii-nt la désola-
jugea cette accusation fausse parce que Jean, tion de Constantinople. .Vnysius s'en remet-
dans le concile célébré par les évéques de son tait au jugement de l'Eiibse romaine, el le
parti, ne s'en était pas même défendu, et le récit d'Enlysius était conforme à celui de Cy-
pape InnocenV ne crut pas ces lettres dignes riaque. Un mois après, Pallade, évèque ù'Hé-
de réponse. Après quelques jours, Cyriaiiue, lénople, arriva à Rome sans apporter de let-
évêque de Synnade en Phrygie arriva iiR(jme tres, disant qu'il avait aussi cAdé à la fureur
disant qu'il avait été obligé de fuT, à cause des magistrats, et montrant un édit du 24
d'un édit qui portait déposition de l'épiscopat août 404. qui portail que, qui nhélerait un
et confiscation des liiens contre ceux ijui ne évèque ou un clerc, ou qui recevrait dans sa
communiqueriient point avec Theoiihile, Ar- maison quehpi'unqui communiquât avec Jean
sace et Por|ihyre (2). sa maison sérail confisquée. .Xprès Pallade,
Arsace était l'évèque intrus de Constantino- vinrent à Rome Germain et Cassien, b's mê-
ple. Car, sept jours après la sortie de saint mes (jui avaient passé leur jeunesse dans la
Chrysostome, les schisinati ques mirent à sa vie monastii|ue, et visité ensemble les monas-
place le prêtre Aisace, âgé de quatre-vingts tères d'Egypte. Ils s'étaient depuis altai-hés à
ans, l'un <1c ses plus grands eniumis. Il était saint Chrysoslome, qui avait onlonné Ger-
Irère de l'évèque Nectaire, cl on avait voidu main prêtre, et Ca.ssien diacre ; ils décrivaient
le faire évècjae de Tarse, leur patrie ; mais il la violence que soulfraienl b-ur église. Ils mon-
j'avait refusé. Sur quoi Nci-taire lui reprocha trèrent aussi l'état des meubles précieux qu'ils
qu'il attendait sa mort jiour lui succéder, et avaient délivrés, en présence des principaux
il lui fit jurer de nt souflVir jamais qu'on fo^- masistraU de Constantinople, pour la justi-
donnàt évèque ; mais il viola son sermcul. 11 fication de Chrysostome (5).
n'était capiible ni de pai 1er ni d'agir, ce qui Cependant le pape Innocent ét'fivit à sainl
le faisait d'autant plus remaniuer, (ju'il venait Chrysostome, par le diacre Cyriaijue. une let-
après saint Chrysostome (3). Porphyre avait tre de consolation, l'exhortant à soulTrir pa-
envahi par fraude et par violence le >iége d".\n- tiemment, sur le lémoignag'" «le s:i bonne
tioehe. L'évèque Tlavien était mort vers le conscience. Il écrivit de même au clergé el au
temps de l'exil de saint Chrysoslome, sans peuple de Constantinople soumis à Jean ; car
avoH- jamais consenli à sa condamnation. Pour il y en avait une partie qui recounais-ait .\r-

lui donner un succes-.eur, tout le peuple jetait sace. iresl la réponse aux letlres qu'il avait
les yeux sur le prèlre Constanliu>, qui avait reçues d'eux par Germain el Cassien. « .Nous
servi cette église depuis sa plus tendre jeu- ne sommes pas, leur dit-il, tellement séparèi

M) Pallad.. Coilher, Tillem. — (î) Pallar Soc, 1. y, c XIX


I.VIU, c. xxui. —
v4) Pull., Soc, 1. VU, c. IX. Sol, I. VIll, c xxiv. — ii) P&liad.
Ltvi.o irtKf.iJ:-sf,fitjiii,e,. lis

lit V()n5 rjne nons ne prenions part à vos dou- lées d une Mvre lente, av« lîes douleurs do
ieur?. Oui pourrait FOiiHVir la conduite si iii- Coliques continuelles et une démangeaison in-
jusli- et si rriminel'ede ceux tjui devraient supportable au dehors; un autre eut les pieds
travailler avec ardeur à rétatdir la tran(|uiilité enflés d'hydroiiisie un autre eut la goutte
;

de l'Eglise, et remettre les esprits dans la aux quatre doigts dont il avait souscrit; un
paix et dan? l'union? Par un renversement autre eut le bas-ventre enflé et la partie voi-
étranue des plus saintes lois, on arrache à de sine corrompue, avec grande infection et pro-
très-innocents prélats le gouvernement de duction de vers; d'autres s'imaginaient voir,
leurs églises; et c'est l'injuste traitement la nuit, des chiens enragés et des Barbares
qu'on a fait à Jean, votre évèque. le premier l'épée à la main, avec des cris horribles un ;

de nos frères, qui nous est si étroitement uni autre, tombant de cheval, se rompit la jamb»
par la société du sacerdoce. Comme on ne lui droite et mnuiut aussitôt un autre perdit la ;

a [las olijecté de crime, aussi on ne lui a pas parole et fut huit mois sur un lit, sans pou-
donné la liberté de se défendre, et on l'a con- voir mêtne porter la main à
-a bouche; un
damné sans l'ouïr dans sa justification. » Le autre, ayant sa kuiLiue enflée i|u'elle rem-
si
Pape se plaint ensuite de ce que l'on avait plissait la bouche entière, écrivit sa confession
donné à saint Chrysostome un successeur de sur des talileltes (2).
son vivant, et dit iju'une ordination illégitime Saint Nil, issu de la première noblesse, et
comme celle-là ne peut point i)river un évèque de préfet de Constantinople devenu un illus-
du rang qu'il tient légitimement, et que ipii- tre solitaire, écrivait à l'empereur Arcade :
conque s'empare de sa place, par injustice et «Comment prétendez-vous voir Constantinople
par intrusion, ne peut être considéré comme délivrée des fréquents tremblements de terre
un véritable évèque. 11 ajoute qu'en ces sortes et du feu du ciel, tandis (|u'il s'y commet tant
de rencontres, on doit prendre pour règle les de crimes et (jue le vice y règne avec faut
canons de Nicée, les seuls que l'Eglise catho- d'impunité, aiirès i]ue l'on a banni la colonne
lique doit observer et reconnaître. Que si l'on de l'Eglise, la lumière de la vérité, la trom-
en produit de contraires, il est visible iju'ayant pette de .lésus-Christ, le bienheureux évèque
été composés par les hérétiques, les évéques Jean. Comment voulez-vous (jue j'accorde des
catholiques sont ol liges de les rejeter, ainsi prières à cette ville ébranlée par la colère de
qu'il fut pratiqué autrefois, dit-il, par les Dieu, dont elle n'attend que les foudres à tous
évèipies, nos prédécesseurs, dans le comilcde moments, moi qui suis consumé de tristesse,
Sardique. Sur la fin de sa lettre, il dit qu'il (\m me sens l'esprit agité et le cœur déchiré
ne connaît point de remède à un si grand mal par l'excès des maux qui se commettent à pré-
que la décision d'un concile; mais qu'en at- sent dans lîysance (3) ? »
tendant sa convocation, il faut abandonner Du reste, l'exil de saint Chrysostome ne fut
la guéiison de nos maux à la volonté de Dieu, point stérile pour la religi<m. Non-seulement
et atten<lrc de sa divine miséricorde à la lia il y donnait à tous les siècles à ^enir l'exemple

de ces désordres publics, dont le démon est d'un homme au-dessus du monde et de lui-
l'auteur, pour éprouver la vertu et exercer la même, en un mot l'exemple d'un véritable
patience des fidèles (1). évoque; non-seulement il y entretenait une
l'i'ndarit que le chef de l'Eglise consolait les correspondance active avec les principaux
lidèles catholiijues, la Providence donnait aux membres de sou clergé et de son peuple pour
scliismaliques des averti>sements d'un autre y mainterdr l'ordre, réveiller le zèle, ranimer
genre. Il leur arriva plusieurs accidents qui la charitt'; pour les pauvres, il travaillait en-
furent regardés comme des punitions liiviues, core à la propagation île la foi parmi les ia-
pour la persécution excitée contre saint Cliry .".J.^lo.j. 11 envoya des missionnaires chiz les

sostome. Le trente septembre de la môme an- Gotlis, dans la Perse et la Plienicie, et pro-
née 4(j4, il lombii, à Constantinople et aux cura, par le moyen de ces hommes aposto-
enviions, de la gièle grosse comme des noix. liipies, la conversion d'un grand nombre d'ido-
Le six octobre suivant, l'imiiéralrice Eudoxio làlres. F,e nvètre Constance, que l'ambitieux
moui ut en couches d'un entant mort. (]yriD, Porphyre avait expulsé d'Anlioche, saiut
évèque de Chab-edoine, ([ui blâmait toujours Chrysostome l'établit su[)érieur général des
saint Chrysostome, mourut de la blessure que missions de la Phénicie et de l'Arabie. Dans
lui avait faite saint .Marullias en lui marchant une des lettres à sainte Olym|iiade, il lui re-
par mi'garde sur le pied. Il fallut lui couper commande l'tîvèque .Marulha-, parce qu'il en
la jambe plusieurs fois; le mal gagn.i l'autre avait besoin pour la mission de Perse.
jambe, puis tout le corps, et se trouva sans Maruthas était évèque de Martyropolis,
remède. D'autres moururent île diversi^s morts autrement ïagrite, capitale de la Sophèno,
ou furent afllii;i''S de maladies horribles l'un ; ville qui s'M[qielle aujimnlhui iMialaralvin,
tomba il'uu escalier et se tua; un autre fut dans la Mésopolamie. Vers l'an -400, instruit
tournienlft de la goutte aux pieds un autre; de, la persécution que les chrétiens de la l'erse
mourut subitement, rendant une odeur in- éprouvaient de la part du roi l/.degerti 1"', il
Bupporlable ; un autre cul les entrailles brii- quitta son diocèse pour aller à Constantiuoplo

(l)Soj,, I. Virr, 0. Mvi. Coust., 795. - (t) Pallid., Soo , I. Vi, o. *jx. Soi., l VUI, 0. «m. —
(S) Nil, Hjjtit, CCLXlf
p

448 HISTOIRE UNIVEIISKLLE DE L'EGLISE CATHOLIQUE


prier l'emporcur An;iiliiisiriiitorc(''ilcr en L'ur da, 1' délivrèrent par leurs jeunes et ! n

l'uvciir aiiiirùs du roi <lc IVrse. Clierain faisant, prier s.


il assista au concili; ijuc Tiii'^"i)liilo
d'Alcxari- Marulhas était non-spiilcmenl un
dno avait r.isseinl)l(î à Clialeédoine centre mais encore un savant évèque. Il 4 'ai
saint Clirysnstomf!. Marutlias, «jui Mail fort sieurs ouvruires en syriaque 1° t ne lilui _<
:
.

lie avi'o Cl- s.iint iicrsontiaLçe, ir<'ul pas rie qui existe manu-crite à Kome 2''
au Coin-
;

peine à rccoiinaitrc la haine do TliiM)|)liiln et mi'nldtrn sur tes Evnnffiks 3° un grand nom-
;

desévèiiucs a^siunldivs, il prit donc lianlcment bre d'hyinnps et il'autrcs pii-ces de vers, eu
son jiarti mais saint Clirysostomi' ayant été
;
riionneur des Syrien- qui soutfiirent le mar-
condamné, Marutlias fut mis en prison. Sa tyre en Perse, à diver>e= époques on les :

captivité ne l'ut pas de lnnf,nio durée. Saint trouve dans tous les missol- syriens et maro-
Clirysostome ayant étérélnliiisob-nnelliîment, nites 4° un" Histoire du concile <!•; .\icée, avec
;

obtint bientôt la délivrance de son ami, ipii une tradui'tion syriaque des cauous ; ">° les
se rendit alors dan^ la ville impériale, où il canons du coficde de S«ilcucie, qu'il tint en
parvint à être chargé d'une mission en Perse, 410, et qui furent rédiifi'- par lui ou k-s :

pour demander qu'on mît fin à persécution


la trouve dans un manuscrit de la bibli.ttk'-que
îuscilén coiiire les chiétiens. Sa mission réus- de Florence C° une Histoire de' m'irii/n dt
;

sit au delà de toute attente. Perse, ouvraige divisé en deux parties dans :

Le roi de Perse, ayant reconnu sa piété, Ini la première, on trouve les actes de martyre
rendit beaucoup d'honneur, et l'écontait de tous les chrétiens qui ont soatreil |><>ur la
comme un homme véril.iblemcnt chéri de foi sous le règne deSapor 11 dan- la recou le,
;

Dieu. Les mages, qui avaient grand pouvoir il e?t que -lion de ceux qui sontlVirent suus le

auprèsdu roi, en furent alarmés, et craii;rnirent règne d'iz leyrcrl (1;.


(ju'il ne convertit le roi au chrisliani-me ;
A la même époque, denxsaints j. s

d'autant plus qu'il l'avait délivré d'un mal de d'Arménie rendaient le plus eminc .i
.

lête qui 1 avait incommodé longtemps, et dont leur nation c'étaient le patriarche SmIku; et
:

eux n'avaient pu le guérir. Us tirent donc ea- son coadjuleur Mesrob. honorés !':;nrt l'aulre
ciier un homme sous terre, au lieu où était comme saints pirmi leurs fo =. Sa-

le feu perpétuel que les Perses adoraient; et, hah, autrement Is-iac, dixième -d'.Vr-
quand le roi vint, suivant la coutum-, faire ménie, était lils de saint Nerbès, qui lui-même,
sa prière, ils firent crier par cet ho:nme qu'il après avoir perdu sa femme, avait été revêtu
fallait mettre le roi dehors, parce qu'il avmt de la même dignité pendant trente-<juatre ans.
commis une impiété en tenant pour a^îii de 11 des'jendait, à la sixième génération. Je
Dieu le prêtre des chrétiens. Idzegerd, ayant saint Grégoire l'Muminatear, apôtre de l'Ar-
oui ce- paroles, voulut renvoyer Marulhas, ménie. Ilapparleuait u'iisi à la race royale lies
nonobstant !o respect qu'il lui portait. .Mais Arsacides. 11 avait épouse une femme de celle
Marutlias, s'étant mis en prier', apprit par dynastie impériale de Chine, qui r'éuil traus-
révélation la fourberie des mages, et dit au plantée en Arménie. Elle mourut après peu
roi Seigneur, ne vous laissez pas jouer,
: de temps, en lui laissant une fille unique, qu'il
mais, quand vous entendrez cette voix, faites maria plus tard à un prince de la memv fa-
fouiller sousterrc, et vous trouverez l'artitice; mille. Longtemps avant d'être élevé a la di-
car ce n'est pas le feu cjui [iarle. L" roi le gnité patriarcale, Sahag s'était aC'|uis une
crut, et revint au lieu où était le (eu perpé- haute réputation sagesse et de sjûnlele. Sa
île

cuel. Il entendit encore la même voix, et, vie austère et la puissance de son elo ;;ii^nce
ayant fait creuser la terre, il decou^Til lui avaient aitaciié un grand nom:
l'homme qui jiarlait. 11 en fut en grainle co- ciples, qui l'accompagnaient et le - i

lère, et lit décimer tous les mages; iniis u uii dans les prédications qu'il ue cessait «le laire
à Marutlias de bâtir des églises ou il voudrait. dans les princijKilei villes Je l'Arménie. Aussi
Depuis ce temps, le ohris-tianisme s'étcii lit est-ce par l'asseaiiment général du peuple et
de nouveau chez les Perses. Les mage-; cher- du clergé arménien qu'il fut investi de la pre-
tlièrenl de nouveau à indisposer le roi Cimtre mier.' diguitc sacerdotale de sa patrie, eu l'an
Marutlias. Ils répandirent par artilice une 391). Au mi.iieu des révulutious auxquelles
mauvaise odeur en un endroit par où le roi citait expose Sun pa}'s, il lui rendit des^«^kice^
avait accoutumé de passer, et accusèrent les sans nombre [lar le crédit dont il juui-s:iit au-
chrétiens d'en être la cause; mais le roi, à près de se- cumpaLrioles et m&ate auprès du
qui les mages étaient déjà suspects, en re- roi de Perse.
chercha soigneusement les auteurs et trouva '
Mesrob était distingué par ses connaissances
encore que c'élaieut des mages. Il en fit punir dans lesiangue-. grecij*ie, persane i4 syrienne,
plusieurs, rendit plus d'honneurs à Mnruthas ainsi qae pa: la pej>picacitê de sou c^priL Le
que devant, favorisa les Romains et e:ni»iassa palriarche Nerses en avait fait son socrelaire.
leur amitié. Peu s'en fallut même qu'il ne se Apics la mort de .Versés, en 374. i. leuipnl le»
fit chrétien, à l'occasion d'un autre mijacle. mêmes fonction- auprès du roi Vi<.i/i.,j. plut
Car son fils étant tourmenté d'un demoa, tard, il embrassa létal ecclèsnh.oque et •«
Marutlias et un évèque de Perse nommé Ab- conlina dans une retraite pour se livrer avae

(t) Boo., 1. VQ, c. Tui. But. du Bat-Emptrt, L XXVII, q. S8. Biogr. umvtrt., art Hartnka
LTVRIi: TRENTE -SEPTIÈME.
plus âe. tranquilliléà l'ctuile des lettres. O-nnd rf'illemont. il s'y trouva extrêmement serré?

Saliair fui monti5 sur 1p trooe patrian'.il. il le et le- incommodités de ce logement, avec la
pressa do venir auprès de lui, et il le fît son de Iliiver. qui. en lOG, fut insnpnor-
rii-'-ueur
coadjuteur. Le premier et le plus ar.lent de l'ibie. fij'ent ri'tomber dans
le ine mala lie
ses Soins îu' de poursuivre les iilo!â!res qui fâcheuse d'int il ne L'iiérit i|u'ari comuienee-
restaient encore en Arnifuie; mesure 'nril re- inent/lu 'Tinleraps. Alors les Isaures ayant été
parle comme non moins utile à la rcIi::ion ohli!>é= de se renfermer dans leurs monta-
qu'à l'Etait, parce que ce: dissidents, ennemis gnes, il retourna à C'icu'^e.
des roischrétiens, étaient tou joui s prêts à sou- Cependant si^s amis agissaient toujours à
tenir les Persans, ou des révolutions intes- Rome. Dém"trius, évêque d Pessinonte, y fit '

tines. un sei'ond vovage, apiès avoir parcouru l'O-


Mesrol». considérant de plus que la commu- rient et publié la communion de rE'.iîise
nauli' de l'a'ph-ibet en usaire en Arménie et romaine avec saint Chryso-tome, en montrint
en Perse était un fïrand olistacle à l'adoption les lettres du pape saint Innocent. Demi'lrius
universelle de la relisrion chrétienne, par la rapportait des lettres des évèquesdc Carie, tiar
facilité qu'on avait de se procurer des livres ils embrassaient la communion de
lesijuelles
proscrits, tandis que nos livres saints, écrits .saintChrysostome, et des jirètres d'.kntioche,
dans des lanirues et avec des lettres étran- qui suivaient aus^i l'exemple de Roniiî, et se
gères, n'étaient à la portée de personne, il plaignaient de l'ordination de Porjdiyre,
résolut, de concert avec !e patriarche Sahaï, comme irréiîulière. Ensuite arrivèrent à Uome
ie composer un alphabet ipii fût particulier le prêtre Domilien, économe de ri\Lcli-i' de
aux Armi'nions, et de faire faire une traduc- Constantinople, et un prêtre de \isibi;. nommé
tion complète de l'Ecriture en leur langue. Vallagas, qui reprérentèrent b^s plaintes des
Cet al[)lialiet, composé de trente-six lettres, églises de Mésopotamie. Ces leux pr 1res ap-
auxquelles depuis on en ajouta deu.x, fut tiré portèrent à Rome les actes d'Optal, préfet de
de plusieurs sio;iies de l'ancienne éciiture du Constantinople, [lar où l'on voyait que les
paj's, joints à d'autres inventés exprès. ]1 fut femmes de ipialité, de familles consulaires et
mis en usa.Lje en l'an 406, et adopté dans toute diaconesses de l'église de Con>lanlinople,
r.\rménie, par l'ordre du roi Bahram Sapor. comme Olympiade et Pentailie, avaient éta
On envoya ensuite un grand nombre déjeunes amenées publiquement devant le préfet, puni'
gens, pai-mi eux le célèbre historien d'Armé- lesoltliger de communiquer avec Ar.sace ou de
nie, Moïse de Klioren, étudier la lancrue grec- payer au deux cents livres ô or. Il se
fisc
(lue duus les écoles d'Antioche, d'Edesse, d'A- trouva aussi à R nue desascètes et des vierges
lexandrie, dr Constautinople et d'Athènes. Ils qui montraient leurs cotés déchirés et les
en rai)portèreiit, au bout de plusieurs années, marques des cou|is de fouets sur leurs
uue collection (ie livres grecs, traduits ou en épaules.
original; et l'église d'Arménie posséda une Le pt pe saint Innocent, ne pouvant plus les
version complète de !a Bible. En 410, Mesrob su{)porter davantage, écrivit à l'empereur Ho-
alla en Ibérie ou Géorgie, et, de concert avec norius, lui marquant eu détail le contenu des
le roi Arzil et l'évèqu Moïse, il y établit l'u- lettres qu'il avait reçues. L'empereur ordonna
sage d'un alpliabet de trente-huit lettres, sem- qu'on assemblât un concile d'Oci-i lent, et
blable à Celui d'Arménie. 11 en lit autant en qu'on lui rapportât la résolution qu'on y au-
Albanie, quelques années après, de concert rait prise.Les évoques d'Italie s'assemblèrent,
avec le roi Aisvalé et levèque jérémie. Cet et prièrent l'empereur Honorius d'écriie à
alphabet est perdu malutenanl mais celui
; l'emiiereur Arcade, son l'rèie, qu'il ordonnât
d'îbérie est encore en usage chez les Géor- de tenir un concile à Thessalonique, afin que
giens pour les livres d'église. C'est à la sa- les évèques d'Orient et d'Occident pussent ai-
vante opération de ces deux saiuts person- sément s'y trouver et former un concile par-
nages qu'on doit la conservation de la langue fait, non par le nombre, mais par la qualité
et de la littérature arméniennes, qui, sans des suffrages, et reudre un jugement déli.iilif.
cela auraient lini par se confondre avec celle Honorius, ayant rei;u cet avis, manda au Pape
des Persans ou des Syriens. C'est elle aussi d'envoyer cinq évèques, avec deux prêtres el
qui a distingué d'une manière particulière la un diacre de Kome, [lour porter à son frère
nation et l'église arniénieuncs, lui a conservé Arcade une lettre qu'il lui c crivait en ces
iiin indépendance politique, et a perpétué termes :

jusiiu'a nous sou existence (1). « C'est la troisième fois que j'écris à Votre
Le canton de l'.Viniènie «ù saint Chrysos- Cbîmence pour la pr cr de réparer ce qui
tome était exilé depuis un au, se trouvant in- s'est fiit par cajiale conli-c Jean, évêquc do
festé par les cour.-es de? Isaures, il se lit trans- Constunlinoide mais il me semble que mes
;

férer de Cucu^c tians la l'orlei esse d'Arabesse, lettres ont été sans effet. Je vous écris doue
à \iugl lieues plus luin. Connue !iu (jraud ciieore i<ar ces eveques et ces prêtres, aya'.jl
Dombi'O de pcrsuaues s'y élaiuut réfugiées pa- ImiI à cœur la paix de l'Eglise, dont iléiieud

(I) Bi'-gi. univers.. vL Sahao il Metrob. ^$*t, du 0a«-&''»pir«, L XXVllI, u. 3t-3â. Saint Mirlia, ilémoi'
rtt sur l'Àriiiéiilt.
m HISTOIRE UNIVERSELLE UE L'EGLISE CATIKJLigUE
noire empire, afin qu'il vous ])i;iise avec lui, il obtint, pour les v rontraindre, des
telle (le
li's évèiiues d'Orient s'a.ssem- re-icrils de l'empereur, (.idui coidrc les é\é-
«l'ordonner (inc
liienl a Tiicssaionii|uc car ceux de notre
;
(tcri- (jues [lorlait : évêipws ne
Si (|ueb|u'un des

dcnt ont dioisi dc^s liommcs in6i>ranlui)les


communiqui! pas avec Théoidiile, Porphyre et
contre la malic et l'impo-ture, et ont envoyé Attiiii^, qu'il soit chassé (le l'Eglise et dé-
pouillé de ses biens. Ceux qui elaienl riches
cimi évê(|nes, deux pn'lres et un diacre de
la

grande Ei,^lise romaine. Reee/.-les avec el attachés à leurs richesses, communiquèrent

toute sorte dlionncnr, afin i|ne si on leur lait malgié eux avec Atlicus; ceux t|ui étaient
voir que révi'iinc Jean a élé condamné ju-lc-
pauvres et faibles d;in- la loi, se lai-sereiit ga-
nicnt, ils me pcisuadent de renoncer à sa com- gner par piésenls. .Mais il y en eut qui mépri-
munion, ouqu'i me détournent de celle des
.<
sèrent généreusement leurs biens, leurs payt
Orientaux, s'ils les convaimiuent d'avoir ai^i el tous les avantages temporels, et s'enfuirenl

pur malice. Car pour les sentiments des O'ci- |K)nr éviter la persécution. Les uns allèrent <»
denl aux à l'égard de révéi|ue Jean, vous les Rome, les autres se relirèieut dans les mon
verrez par ces deux lettres que l'ai choisies tagnes ou dans les mona>lères.
L'i-dil coutr*

entre toutes celles qu'i.s m'ont écrites, et qui les laûiues portait: Que ceux
qui étaient cons-
titués en quelque dignité, la |/erdraient; les
valent toutes les autres, savoir celles île l'é- :

oflieiers el les gens de guerre seraient cassés ;


vèque de Home et de l'évéïpied'Aquilée. Mais
je vous prie surtout de faire trouver au concile le re>tedu peuple el les ai ti-an- s,.iaient con-
Théophile d'Alexandrie, même malgré lui ; damnés à une gros-e amende et bannis. Xo-
car on l'accuse d'être le principal auteur de nobstanlces menaces, le i»eiiple, tideleà saisi
tous ces maux. » Chrysoslorae, plutôt que de commuidquer
Les députés, chargés des lettres de l'emiie- avec Atlicus, tenait ses assemblées religieuses
reur llonorius, du pape Innocent, de Cliro- en plein air, au milieu des champs, exposé ù
mace d'Aquilée, de Vénérius de Mlan et des toutes les intempéries des saisons.
autres évêques d'Italie, avi'c une instruction (^pendant b.-s députés du Pape el des évè-
du concile de tout l'Oicid .ni, prirent le che- ques étaient en chemin pourConstan-
ii'ltali

min de Conslantinople, par les voilures que liiKqile. Ils voulaient passer à 'l'nes-alouiijue,

iournissait l'empereur. Us furent accompa- et il^ avaient des lellres à rendr.- a T'-vèque
gi:és de quatre évèques orientaux, «pii relour- Aiiysius, zélé pour la bonne cause avec les
nèicnt avec eux, savoir Cyriaque, Demélrius, :
autres eveques de Macédoine, ainsi qu'on le
l'alladc et Eulysius. L'inslrucuon d.s députés voit par l.-s lettres de saint Lhrysoslome. Mais
portait (jue Jean ne devait [loiiit par.iitre en comme ils longeaient les cotes de la Grèce
jugement qu'il n'eût élé auparavant rétabli pour aborder à ,\thènes, ils forent an étés par
dans son église et dans la communion, alin un tribun militaire, qui les mit entre les
qu'il n'eut aucun sujet de refuser d'entrer au mains d'un centurion, les empêcha d'appro-
concile (1). cher de Thessalonique et tes lit emliarquer
Dans l'intervalle, le vieil Arsace était mort, dans deux vaisseaux. Un grand vent du midi
le onze novembre 'lOo, après seize mois .l'in- qui s'éleva leur lit passer en trois jour» la mer
trusion. Sa place demeura ipielque temps va- Egée et les détroits i:e rili'i.espunt,sans man-
cante, par l'ambition de ceux qui la bri- ger. Le troisième jour, au commencement de
guaient. Knlin, vers le dix de mars de l'année la uuil, ils arrivé. eut à la vue de Conslan-

suivante -iUG, on élut é\éque de Coustanti- tinople; ils y furent arrêtes parles garder
nopie le prêtre .\ltieus. Il était de Sébaste en du port, el ramenés en arrière, sans savoir
Arménie; il avait, en sa jeun.sse, pr.ilique la par quel ordre, el on les renferma ilaiis une
vie monastique sous la conduile des disciples lorlciesse maritime deThruce, nommée .Mhy-
d'Eustathe tte Séh iste, qui étaient de l'héré- ra. Ou les y maltraita ou mil les Komaiu^
:

sie d'S macédoniens mais, arrivé en âge


;
daus une chambre; Cyriaque cl les autres
d'homme, il re\int à l'Eglise calhclique. 11 Giecs en plu^ieurs chambres diilerenles, sans
dans la conduite des allaires, soit
était habile leur lai--ser même un valet pour les servir.
pour engager une intrigue, soit pour s'en dé- On leur demanda b-s lettres dont ils étaient
mêler. U s'aciiuil beaucoup d'anus pur ses ma- porteurs. .Mais ils repondirent : Comment
nières insinuantes; car ii était d'agréable con- pouvons-nous, étant amb.is>adeurs, nous dis-
versation, et savait s'accommoiler à tout le penser de rendre eu main propre a remi>c-
monde. Ses sermons étaient médiocres, eu reur le» lettres de l'emi'creur, son Irere. el
Porte qu'on ne se souciait pas de les écrire. des éveques'? Ils persi-lérent à refuser Ici
Quoiqu'il passât pour ignorant, il ne laissait lettres, ([uoiqu'ils eu fussenl presses par le
pas, rjuand il avait le loisir, d'étudier les notaire Patrice elpar quelques autres ensuite.
meilleurs auteurs prolaues, et d'en pailer si Enliu, un tribun nommé Valcnlinien, nalif
à propos, (pi'il étonnait les savante (2j. de t^ppadoce, arracha les lettres à révét|ue
Atlicus vail été le principal auteur de la Marieu avec tant d'etl'ort, tju'il lui rompit le
coiis|iiral'ion contre saiuiClnysostome. Comme pouce. C'étaient les lettres de Pempereur
il vit i]ue ni les évéïiues il Orient ni le peuple toutes cachetées, ainsi que les autres. Li' len-
de Constantiuople ne voulaient communiquer demain, des gens envoyés par la cour ou p*:

(1) PallaJ. — (2) Soc, l. VI, c. xx. Sûz., 1. YIIl, o. xxvu.


LIVRE TRENTE-SEPTIEME. 4t»

Attîen"!, car ils ne purent le savoir, vinrent mité du Pont, après avoir été battu, non par
leur oilrir trois mille pièces d'argent, et les ordre du juge, mais par le clergé. Brison,
prier «le communiquer avecAttius, sans par- frère de Pallade, quitta volontairement son
ler de l'alfaiie de saint Clirysoslonii'. Ils de- église, se retira dans une petite terre qu'il
meiirprent termes, et se contentèrent île prier avait,, et y labourait de ses propies mains,
Dieu, qui», puisqu'ils ne pouvaient rien faire lorsque Pallade écrivait le dialogue uù il dé-
pour la paix, du moins ils retournasseul sans crit celte persécution, fcilpide, év'èque de Lao-
péril à leurs églises. Dieu le leur lit connaître dieee en Syrie, s'était enfermé dans une
par divcrsrs révélations. Le même VaU-rien chambre haute avec Pappus, s'occupant à la
vint les tirer jiromptement du cJu'iteau d'.\- prière, et depuis trois ans ils n'avaient pas
thyra, et les fit emhaniuer sur un vaisseau desrendu l'escalier de la maison. Ib'iaclide,
très-mauvais, avec vingt s(jldats de diver.-es évèijue d'Iqdièse, é'ait depuis quatre ans pri-
cnmjiagnies; on disait même qu'il avait lionné sonnier à Nicomédie; l'éveque Silvai'i était 4
de 1 argent au maître du vaisseau pour les Troade, où il vivait de sa pèche d'autre» ;

fairi; périr. Après avoir fait plusieurs stades, étaient retirés en divers lieux, plusieur»
et étant prè:^ de faire naufrage, ils abordèrent avaient dispaïu. UueUjues-uns cuaiiuuniquè-
à Lampsaque, où, ayant changé de hàtiraenl, rent avec Alticus; mais, comme il u(; sellait
ils arrivèrent le vingtième jnur à Olranle en guère à eux, il les transféra en des églises de
Calalire, sans avoir pu apprendre où était Thrace. Les prêtres et beaucoup de laïques
saint Clirysostome, ni ce qu'étaient devenus furent traités comme les évèques. Lutin,
Cyriaque et les autres évèques orientaux qui quand on lit ces choses dans Pallade, on croi-
étaient partis avec eux comme dépulés. rait lire une persécution de Dioclétien ou de
D'abord le bruit courut que ces autres Galère (I).
évèques avaient été jetés à la mer ensuite, ;
Saint Chrysostome ayant appris dans soa
jn sut qu'ils avaient été bannis en des paj'S exil ce qui se passait en Occident, et comldea-
barbares, où des csclavespublics les gardaient. le Pape et les autres éséques s'intéressaient
Les soldats prétoriens qui les conduisirent au k son rétablissement, leur écrivit plusieurs
lieu de leur exil, leur ôtérent tout l'argent lettres pour les en remercier. 11 écrivit eu par-
qu'ils avaient pris pour ladiqiense du voyage, ticulier à Vénérius de Milan, à Chromace
leur faisaient faire des marches forcées, les at- d'.Vqiiilée, à Gaudence de Bresce, à Aurélius
taquaient sans cesse par des paroles sales et de Carlhage, à llésychius de Saloue, et eu
insolentes, se logeaient ex|irès ou dans des général aux évèques venus d'Occident et aux
hôtelleries pleines de femmes perdues, ou luétres de Rome. 11 écrivit aussi à trois des
dans des synagogues de Juifs et de Samari- plus illustres dames romaines, dt)nt [uiiici-
1 1

tains. Comme évèques en étaient fatigués,


les pale était Proba Falconia. Dans la rnière .

un (l'entre eux dit Pourquoi nous aftligeons-


: lettre qu'il écrivit au pai)e saint Innoceut, il
nous de ces logements? dépend-il de nous de le remercie du soiu qu'il avait pris de le dé-
les choisir et d'éviter cette iiulécence'? Ne fendre, et le compare à un pilote tlont la vigi-
voyez-vous que Dieu est glorilié en tout
[las lance est «l'autant plus grande, que la nuit
ceci? Combien de ces malheureuses femmes est plus profonde et la mer plus meuaçauto.
qui avaient oublié Dieu, ou ne l'avaient ja- C'est sur vous, ajoute-t-il, que repose le far-
mais connu, ont été excitées à pen-er à lui et deau du monde entier, puisque vous avez 4
à li'jraindre? Saint Paul, qui a soullert tout combattre à la fois et pour les églises déso-
cela, disait Nous sommes la bonne oileur de
: lées, et pour les peuples dispersés, et pour les
iésus-Ciirist. et nous sommes en spectacle aux prêtres que les ennemis environnent, et [loiir
anges aux hommes.
et les évetiues mis en fuite, et pour les eonslitu-
l^esévèques de la communion de Théophile tions de nos Pères, outrageusement foulées
qui se trouvaient sur leur passage, non con- aux pieds i:2).
tents de n'exercer envers eux aucune huma- Les ennemis de saint Chrysostome, appre-
uité, faisaient des pr.'sents aux soldats pour nant le,s grands biens qu'il faisait pour la
les chasser au plus vile de leur ville et les conversion des infidèles du voisinagi-, et com-
maltraiter. Au contriiii-e, les évèques de la bien ses vertu étaient célèbres à Aiitioche,
seconde Ciiiqia,.jce léMioigiièn-nt leur com- ré-ohirent de l'envoyer encore plus loin, (té-
passjdn |iar Irurs larmes. Cette pirséculion taient Séverieii de Gabale, Porphyre c|'.\n-
g'cteudit à un nombre considérable. Seraidon, lioche et quelipies autres évèques de Syrie,
l'un di'S plus tiilèles disci[>li's Ai- saint Chry- ipii le craigiiaicut encore, tout exilé qu'î
so-tome, et qu'il avait ordonne éveque d'ili;- était, tandis qu'eux jouissaient des richesses
raclée en Thracc, se cacha longtemps dans un de l'église et disp isaieiit de la puissance sécu-
monasiérc de Golhs. Il fut charge de mille ca- lière. Ils envoyèrent doue à la cour, et obtin-
lomnies, atncné ileviiul les juges, fouetté et rent de l'empereur Arcade uu lescrit plus ri-
tuiirmenté jusqu'à lui urraciier les di;nts, et gouri.'ux pour le faire transférer, et très-
€nUii banni en Egypte. Uu saint vieillard promptemeiil, à Pylionle lieu désert du pays
nommi' llilaire, ijui, depuis dix-huit ans, ne des 'IV.aues, sur le boni du l'onl-Euxin. La
mangeait point de [lain, fut relègue à l'extré- voyage était long cl dura trois mois, quoiquu

(J) JPullad.. Vilti Chys. — (2) Cluysosl., t. lU, p. 522. Cousl., «09.
I. IV. »!>
4S0 nrSTOlRE UNIVEUSELLE DR L'&GLISE CATFIOLIQCE

Jos flpux Foldnls ilu pri^fctdu jin'-toire qui eon- sion des peujdcs barbares. L'empire y trouva
(Inisaienl Ir t^iiinl évéi|ue, lo |.icssii8sont oxtr'i- sa ruini- l'Eglise y trouva des nations plat
;

nieracul, ilisant que tels tHuicnt lours ordrns. pidpres fnrmi-r riiumanilé nouvelle.
:'i

I/un d'eux, moins inléressé, lui ti'moi^Miait Celle inva.-i.in était préparée ilepuis Innjç-
()uoli]uc hnmaniti'^ comme ù la déroliw; mais lemp';. Le V;inil.i|e Stilichon était beau-père
l'aulieélail st lnulal, i|u'il s'od'ensail d(!S ca- de l'empereur llonorius, el, de fait, plus ,.|n.
resses qu'un lui faisait pour le porler à épnr- pereur que l'empereur mèrae ce qu'il <Mail :

f;nor le saint. Il le faisait sortir par In plus df: fait, il aspirait u l'èlre de nom, soit lui,
forte pluie il bravait la jilus grande ardeur
; soit son fds Euclicr. F>e Gotb .Marie, comle di-
du soleil, saillant que le saint, aveo sa lèle de l'empire, -'ennuy.iit de porter dej^ji
chauve, en étail ineommndi'. Il ne lui permel- Ire ans, en Idyrie, le litre nisif de (•«mi" ••
tail pas d'airi'ter ni) moment dans le- villes dant lies troupe- rumaincs. Une voix lui di-
ou les bourgades qui avaient des baius, de sait Va pillei- Rome. Si'S s(»ldals, qui ne re-
:

peur qu'il ne prit ce -onlancrai-nt. cevaient pas de rem[iiTeur .\rcade la s.Ide


Quand ils appruclièrent d«; Comane, ils pas- promise, le prorlamerent roi 'e'^ Vi-is;i>tli«,
sèrent outre, sans s'y arrêter, et demeurèrent dont jusqn'aliirs il n'avait été que le cipi-
deliors dans une église qui était à cinq ou six taine. L'an 4011, il entre une première foi- en
milles, dédiée à saint Basilis.iue, évéquc de Italie, sans qu'un en s.irlie bien b- ré-ultat. Il
Comane, qui avait soull'orl le marlyro à Nieo- rentre l'an 401 toute l'Italie est on alarme-;
;

médie snus Maxiuiin-Uuiu, avec saint Lucien llonorius. avec sa cour, veut se sauver dans
d'Antioeiio. Comme ils étaient logés dans les les Gaules Stilichon rappelle les troupes ipii
;

liâliincut.s dépendants de cette église, saint en gardent les frontière- sur le Rhin, livre à
Kasilisiiuc apparut la nuit à saint Cln ysos- Alaric une bataille saiii:!aMie, à la suite d- la-
lome et lui dit Courage, mon fière Jean,
: quelle Alaricse rrtire llonorius ne se criivant
;

demain nous serons ensemble! Ou disait plu? en sûreté à Milan, transportt sa cour à
même qu'il l'avait prédit au iirétre qui y de- Uavenni' (iJ).
meurait, en di.-aiit : l'réparez la place à mon L'.Vfiique orientale, qui appartenait à
frère, caril vieut! Saint Cliryso-tomc, s'assu- l'empire d'Orient, éprouvait également de
rant sur celte révélation, pria le lendemain grands ravages. L'an 405, les Maziqucj et
ses gardes de domeureurlà jusqu'à onze heu- les AustiiricMS se jcliTcnt d'un cèité, dans la
res du matin mais il ne put l'olitcnir. Us par-
; Tripolitaine, de l'autre, dans la Lybie cl dans
tirent et marchèrent environ une lieue et de- l'Egypte, dont ils l'.é-olèreul la frimlière. Cé-
mie après quoi il fallut revenir à cette église
; réalis, commandant de tnaip-s ilansbi Cyré-
dont ils étaient partis, tant saint Clirysos- na'ique, était un pidtron ijui ne «avait faire la
lome se trouvait ual. Etant arrivé, il chan- guerre (|u'aux peupb-s ipi'il etail charge de
gea d'habits et se vêtit entièrement de blanc, défendre. Il courait la province pour en tirer
jusqu'à la chaussure, étant encore à jeun. Il de l'argi'ntil eongèdiail
; le- soidat? pour
distribua aux as,*istant6 le peu qui lui restait: profiler de leur p:iye. Les Maziques, mipri-
et, ayant reçu l'euchaiùstie, il lit sa iloruière sant un tel général, vinrent piller et brub-r
prière devant tout le monde, et ajouta, cesmots, les campagnes ils avancèrent jusqu'à C> rené
:

qu'il disait ordinairementi bleu soit loué : et y mirent le siège. Aux approches du dan-
de tout puis dit le dernier Amenl étendit
! : ger, CèréiiJis s'était jeté dan? un vaisse • c
ses pieds et rendit l'esprit^ Il y eut à.ses funé- se tenait en mer à quelque distance du r
railles un si grand concours de viai-gcs et de boïsoldals, abandonnes de leur chef et i^ m-
moines de Syrie, de Cilicic, ue L'ont et d'Ar- blants i!e peur, se cachaient dans les caverne-.
ménie, que l'on croyait qu'ds- s'étaient donné Ces barbai es n'ctaieni rcpeiidiint rien i

rendez-vous. Ce fut une fête comme d'un que redoutables. Unclques prêtres dc-
martyr, et son corjis fut enterré auprès du ges voi?in> ayant pli les armes et assi :: e
ïorps (losaintjliasiliB«iue,dans la même église. leurs pay.s«ns au soilir de l.i messe, mai.- :i-
El le succes-eurde saint Pierre, qui l'avait dé- rant à rcniiemi el le baliiient. Un li'
fendu [)einlant su vie, le defundil après sa mort, nommé Fau-^ ,sc signala par son co.. _ .

et n'admit à sa oommunion Us tvèques de Sans autre- ai nies qu'inn' pierre qu'il tio.iit
Constanlinople, d'Antioehe et d'Ali'xaudria, ù la main, il tua un grand nombre de bar:..i-
que quand ds eurent rétabli sa mémoire et ras. 11 ne Ijdiul pas d'autres forces pour déli-
rappelé les évèques exiles pooi' sa cause (I). vrer Cyieue e! la [irovince H).
On sous une lace nouvelle, la vé-
Vil alors, L'an Vaiubde Sliluhou el le (1 ii
-Ulo, le
rité Tu l's Pierre, et sur cette
du cette parole : eusembie pour s rinj'a-
Alaric. se cuiiccrtèiviit
pierre je bàlirai mon Eglise, ot les portes de rer de l'emiiirc romain Alaric devait .ica-
:

l'enfer ne luévaudront puint contre elle. Car uuer celui d Orient, pour donner jdn- . "i- .

on vd cette Eglise, de toutes les cIioms hu- cilito à Sdliclion d'ocuper celui .

maines la plu.- faible, se soutenir et Iriumpher Déjà le Coth etail entré dans 11
où l'cmiiiri' romain, de toutes les choses hu- qu'une alarme inipiévuesus[>endit 1

maines la plus forte, vint à se bri.ser l'inva- ; du Yaudub". Uadayaise était enlit; i.i i,..iit;

.;.. l'ailad., CeiUier, Tillomont, «lo. — (Ji).Bittoirt du Bas-tmpire, 1. WVIl, n. 6, il-U- — ^J; 6)-o.,
il, 10.'. l.\S4l, CX.YIV , C\XX1, c.\XXll
LIVRE TRENTE-SEPTIÈME. 4SI

cinq fins aupa. .nniit avor, Alaric. et n'ayant ces méridionales nupnravant les plus fortu-
p',1pronrlro Aquili^e, avait rppassc^ Ips Alpe^.
il nées de la Gaule, ne furent plus couvertes que
En -10.". il Ips passade nouveau à la lote de , de cendies et de ruines. Peu de villes purent
doux ocn! niillo liommcs suivant Orossr-, de résistera cette fureur par l'avrintïn^e de leur
quatre cent mille suivant Zosime (\). Il l'itait situation. Ils détruisirent Mars 'ille: mais ils
Goth et pnïen, fortatlaelu- an enltede-: idoles, as-iéeèrent intilemen' T^iulouse, et l'on attri-
et, selon la coutume ries Baihnre';, il avait bua snbit de cette ville aux prière^ d" son
le
voué à ses dieiixlesnnitdp lonsles Romains. Les saint évèque Exunère. La faim d'^vornit ceux
paï'^ns puMiaienf à Rome qu'il venait un en- que la guerre avait ép-ii'ïnés. Dans toute
nemi vraiment rerlont:ilile. que le culte des l'étendue de la G>ule. auparavant si peuplée,
iiioux rendrait puissant eontre Rome, où leurs on ne rencontrait plus que des cadavres vi-
Rutel- ('tiiient méjn-isés, et ils riisaient qu les vants qu'on dislincunit à neine des morts dont
sacrifices de ce roi (^talent plus à craindre la terre «^t-iit JMncbée. Ces horr'bler. ravages
que si's troupes, ((uoiiine innomlirfililos et vic- ne ce^S'^-rent peu laot trois ans (,1).
torieuses. Les Tilasidièmes. se mull'pliaient Ln ruine des Gnules effinya les tnupes ro-
ilan^ tonte la ville, dit un historien du tpinpsf2), m.Tines cantonnées dans la Giande-B'etagne.
et le nom 'le Ji'-ns-Clirist était rejîardé plus Llles eraiï'iirent à la foir. ce délnure de nou-
que jamais comme la cause de tous les maux. veaux barbares et les attaques de ceux de
Mais ridès, roi de'' Huns, 1 un capitaine unlh, 1 l'Ecosse. N'espérant aucun secours de rem"-
nommé Sarus, étant venu-^ au secours de Stili- jiiie. elles se donnèrent un empeienr. EUes'
elion et des Romains, enfermèrent Rn'auaise choisirent d'abord un oflicier nommé M irc.
entre des montasues, où son armée périt de i|u'elles tuèrent pveS(]UR aussilôf pour mettre
faim, de soif et de maladies. Rarlasaise, dé- à sa place Gralien. qu'elles tuèrent au bout
sespéré, se déroba secrètement à son armée de quatre mois. Alors elles revêtirent de la
et voulut se sauver seul: mais il fut i>ris, pourpre un simjile soldat appelé Constantin.
chargé déchaînes à la vue de
et décapité Ce nom parut d'un bon augure. De fait, Con-
ses B H-hares. Ce spectacle acheva dé
les abat- stantin se ranintint p'-ndant quatre ans, non-
tre; ils mii'enl lias les armes. Il en restait en- seulement dans la Grande-Bi'etaïne j mais
core un si grand nombre, i|ue, pour une pièce encore dans la Gaule, dont il se rendit maître,
d'or, on en vendait dés bandes entières ,
autant qu'on piuivait l'être au milieu de ce.»
comme des troupeaux. Mîiis déjà consumés de désordres. De plus, son fils Constant, éle\'é
faim et de maladies, ils périrent tous en peu jus(pie-là dans un monastère, et nommé t^ut
de temps. d'un coup Côs.ir. se rendit maître de l'Rs-
L'Ilalie étant délivrée d'un si crranil péril, p:mne. Enfin, dès la fin de l'année iOH, l'em-
Stiliclion faisait di's préparatifs pour aller re ])eiiMir Honorius reconnut Constantin pour son
joindre Alaric et envahir l'empire d'Orient. collêeue.
Mais tout ,à coup on apnrit avec tern-ur (|ue maître do toutes les troiipes,
SIlichon,
les Vandales, les Suèves et les Alains. sui- aucun mouvement poursauverces
n'avait fait
vis des Alleminds et des Bour^uiirnon<, mnlheureuses provinces ce '|ui seul di-mnntre
;

ayant trouvé le Rhin désarni de tioupcs, l'a- qu'ilavait dos secrets de-seins. L'an K)8, il
vaient pa-sé près de Mayence, lé dernier iour mari sa seconde fille à l'êmperenr Honnrins,
1

de l'an 406, et se répandaient dan- les (^.aub's. veuf définis (]uatie ans de la première. Hono-
Mayence fut prise et saccadée, pliisieuis mil- rius n'avait point d'enfant et ne devait pas en
liers de chrétien^ furent éL'cu'ijés dans l'église avoir. Slilichon avait un fils nommé Eucher,
avec Auréus. leur évèque. Worms fut délruilc auquel j' nens-iit faire épouser Placidie, tille
après un long siéiçe. Spire, StrasboiicLT et du granci 'riléodose, afin de l'approcher tou-
d'autres villes moins considérables épi-ouvè- jours plus |ii-ès du trône. De (dus, (]uoique
rent la fureur de ces barliares. Ils s'emparè- chiélien lirumèmr. du moins-en appaiv.nce, il
rent de Coiojine; Trêves f\it pillée; Tournai, avait fait élever son fds dan* le |iaganisme,
Térouanne, Arras, Snint-Otieiitin ne purent afin de se concilier ;\ la fois les deux grands
arrêter ce t irrcnt. Laon fut la seule ville de liai lis de l'empire, les chrétiens et les pa'ieus.
ces cantons qui tint contre leurs attaques ils ; Enfin, l'emp reur Arcade élnut mort le pre-
se virent oliliLçés d'en lever le sié'j;e. (les bar- mier mai '(08, il ne lui semblait pas impossible'
bares, furieux ariens, la phiiiail inèine idobV d'i'uvaliir le tronc de Con-tanlinople sur son
tres, fiienl dans toute la Giiili- «rnind nombre fils et successeur de huit ans, Tliéndose

de m;irtyrs. Nicaise, évè(pie de Reims, eut la Jeune. C'est pour ces desseins amhilieux (pi'il
tète tranchée a])rès la pri-^e de sa vilb' épisco- né ociait avec Alaric. Un m<unent suffit pour
pale. Ils traitèrent de même Didier, évcipic de le renverser. Ses pruiels fui"i'nt clévoilés à Ho-
Langre- ; ils passèrent les hahilanl- au iil de norius et publiés ^laruii les troupes, qui, d iii-
l'épée, et mirent le feu à la ville, Re-aiM-on di^tiaiion, massacrèrent aussitôt ses amis sou»
vit massacrer son évèijue Anlidlu'^. Simi fut lesyeux mômi's île l'emiier-ur, i\ l'avie. Stili-
irise, Bàle ruinée. Ils s'étendirent jusqu'aux Ravenne, iiy.int su rpi'd y avait
cIkui, retiré à
1
•y renées. Les deux Aquitaines et les provin- un ordre de l'arrêter, se réfugia la nuit dans

(I) Oro»., I. VII, c. xxvvii. Zos., I. V, c.xxn. — ) Oros., 1. VU, c. xxxvii. — (3) Ibitt, t. VU. //«»-

toire (lu Bis-Empire, 1. XXVIII.


4 Si HISTOIRE UNIVERSELLE DE LËGLISE CATIIULIQUE

une égH?e voisins. Lo jour venu, plusieurs Après de longues contestation', on convint
olficieis allciTiil le tniuver dans cet asili-, et enfin ipie Rome donnerait cinq luillo livres
lui proteslcroiil avec serment, en in't''sence de d'or, trente mille rl'arneiil, qn;ilre miiii- to-
l'évèque, qu'ils n'avaient jias (l'drdre de lui niques de soie, tnjis mille peaux li-inti-s en
61er la vie, mais seulement de le aanler pri- écarlate, trois mille livres d'"'picerie-, et qu'elle
sonnier. Sur celte assurance, Sliliclion se met mettrait en «jtage, entre les mains d'.Maric, les
entre leurs mains. Mais dès (ju'il est sorti de enfants des plus tioblcs citoyens. .\ ces condi
l'église, l'ollicier qui avait aiiporlc! le premier lions, Alaric proraetlail, noii-seulcnient d.s
ordre eu montra un second, |iar lequel Stili- vivre en paix avec 1 s Romains, mais encor»!
cbon fut condamné ù mort, comme trailie au d'employer ses armes j.our la défense d<^ l'em-
prince et à la iiatrie, et il a la tetc tranchée pire contre «luelq* i-nnemi que ce fut. \j-*
le 23 août. Son iils Eurlirv- eut le même Romains demaiiilèr.'ut quelque^ joiM> pour
sort sa fille, ù peine impératrice, se vit ré-
;
obtenir le consentement de l'empereur. lioni>-
pudiée et sa femme Séréna, tante d'Honorius,
;
rius approuva tout; il no fui plus question
fut peu après étranglée, par ordre ilu sénat que d'exécuter le traité. Ce n'était pas l'iqié-
romain (I). ration la plus facile. Le tré«or public était
On avait renversé Stilichon mais Alaric ;
épuisé ; il fallait avoir recours aux particu-
marchait sur Rome
sans trouver d'obstacle. lier-. Palladius, un de ses sénateurs les plus

Ou avait grossi son armée de tous le-s Golhs di.-tingués, fut chargé d'imposer sur les habi-
i[m servaient dans les troupes romaines, en tants une contribution proportionnelle. Il lui
égorgeant dans hien des villes leurs femmes fut impossible de remidir l'objet «le sa com-
et leurs enfants. On dit que, dans celte mar- missirm chacun caihait avec soin ce qu'il avait
:

che, il rencontra un pieux solitaire qui voulut d'or et d'argent. On fut obligé d'enlever les
l'en détourner en lui représentant les maux ornement- des temples et de fondre les -ta-
dont il allait être la cause (2), et qu'Alaric lui tues, ce qui causa aux païens une ilouleur
répondit Je n'y vais pas de moi-même, mais
: très-amère. Us regrettèrent =urlout une statue
quehju'un me presse et metoui'mente tous les de la Valeur et leurs devins prononcèrent
;

jours, en disant Marche et va saccager Home!


: que, dans cet instant fatal, la nravoure ro-
Cette ville fut bientôt investie de toutes parts maine périssait à jamais. Les chrétiens [len-
et réiluite aux dernières extrémiti's. La peste saient, au contraire, qu'on ne perdait la statue
se joignit à la famine. Toutes les rues étaient de la S'aleur ipie parce que depuis longtemps
jonchées de morts et comme on ne pouvait
; on en avait perdu la réalité.
les transporter hors de la ville, clont les enne- Cei>endaut les Alains. les Suéves et le» Van-
mis occupaient tous les dehors, Rome n'était dales, après avoir ravagé les Gaules, entrèrent
plus (ju'un vaste cimetière oh les morts tuaient en Espagne. Pendant l'espace d'une année
les vivants par la vapeur meurtrière qu'ils entière, ce pays fut un théâtre sanglant, où
exhalaient. se renouvelèrent toutes les scènes de désola-
Dans cette extrémité, les sénateurs païens, tion. Sans distinction d'âge, de sexe, d.- con-
qui formaient encore, à ce qu'il parait, le plus dition, tout tait passé au 01 de l'épée. Les
I

grand nombre, crurent nécessaiie de sacrifier paysans qui étaient assez heureu.v pour sauver
au cnpitole et dans les temples. Car les arus- leur vi'', se ri'tiraient dans les places ils
y ;

pices toscans, appelés par le [m'fet de Rome, trouvaient la même liarb;irie qui dèv.istait
promellaieut de chasser les baibaies par des leurs campagnes. Tandis que b-s Vauilales
foudres et des tonnerres, se vantant de l'avoir brillaient les fruits de la terre, les commis
fait à Narni, ville de Toscane, qu'Al.iric n'avait des impoli, autre esjièce de vaniiales, ilevo-
pas jugé à propos de prendre en marchant raient la subsîanrv «les Tilles^ et les soldats,
vers Rome. Le païen Zosime dit (3) ([ue, pour moins ardents à les défendre qu'à les piller,
plus grande sûreté, on rajqiort au pape Inno- i enlevaient le reste. La famine et la peste,
cent le dessein que. l'on avait de faire .i Rome suites funestes d> s ravages, y mirent le comble.
des sacrifices, et que le l'ape, préférant le Les hommes se mangeaient les uns les autres ;
salut de la ville à son opinion permit de le , toul était eu guerre; il fallait se défendre et
faire en secret. Personne n'en a jamais cru contre les homme-^ et contre les bétes celles- :

là-dessus Zosime, per[iétuel calomniateur des ci, sortant des firets et dévorant les cadavres
chrétiens; mais cela montre toujours à quel dont les cam;>agne5 étaient couvertes, s'ac-
point l'idolAtrie avait r. pris à lîome. Ce qu'il coutumaient tellement au sang humain, que,
ajouta le confirme de plus en plus. Les devins ne goûtant plus d'antre nouriilure, elles alla
toscans ayant soutenu que ces cérémonies ne quaient les hommes vivants. (' i-
'

serviraient de rien à la ville si on ne b-s fai- ribif, ou vit des mèi es se rep
sait en public, le sénat monta au capilide et qu'elles allaitaient, et l'hi-toire n a ..inais
oommen(;a à' y faii-e. ainsi que dans le- places ri( rapporté de plus allreus qu'un fi.l qui
n
puliliqnes, ce qu'on avait ré olu mais per- ; fit irémir l'E-pagno. Tne mèr- fit ri>tir et
sonne n'osa y prendre part. Tout ayant été mangea ses quatre enfants. Dans le ni.is.vi<'re
inutile, on laissa les aruspices toscans, et on de- trois premi'T-, nu eut pour elle une com-
•«jngeaaux moyens d'apaiser Alaric. passion mêlée d'horreur, on crut qu'elle •«

(1) B,>t. du bas-Empire, 1. X.KVIII. — (2; 8oi., 1, DC, c. Ti. — (3; Zoi., 1. V, c xu et luj.
TJVRE TRENTE-SEPTIÈME. 4; 3

sacrifiait pour la conservation des autres ;


tiondu général. Il y en eut à peine cent tjui
ma's, quand en la vit çgon;cr le seul qui res- échappèrent entre autres Attale
, nommé ,

tait encore, le peuple de la ville où se passait préfet de Rome.


cet exécrable forfait se souli-va contre ce Bientôt Rome se vit bloquée de nouvean. Le
monstre d'inhumanité et l'assomma à coups sénat députa une seconde fois à l'empereur,
de pierres. pour lui repré-enler la nécessité de conclure
Les campaH;nes étant ruinées, les places, la paix avec Alaric. Celui-ci, étant maître de
déjà désolées par la famine et par la peste, ne tous les chemins, fit escorter les députés jus-
purent se défendre. Les évoques d'Espajçne qu'à Ravenne. Le pape saint Innocent -^e joi-
montrèrent alors un courage qui fait honneur gnit à eux, et ne revint à Rome qa'ai>rès
à rtglise. Ils pouvaient se soustraire par la qu'elle eut été saccagée. On renoua les négo-
fuite aux maux qu'ils souffraient et à ceux ciations avec .\laric. Jovius, préfet du pré-
qu'ils avaient eni ore à craindre ; ils se firent toire, y voulut jouer de finesse, et perdit tm'.t
un devoir de mouiir avec les d'^plorahles par son étourderie. Pour réparer son impru-
restes de leur tr.jupeau. Enfin l'Espcti^ne étant dence, il en fil une secondi;. Il jura sur la vie
devenue presque déserte, les Barbares se la de l'empereur, qu'il ne consentirait jamais à
partagèrent. On vit alors un changement aucun accommodement avec les Gotbs, et il
aussi heureux qu'incroyable. A peine les Bar- engagea tous les offii'iers et l'empereur même
bares eurent-ils quitte; l'épée, qu'ils saisirent à se lier par le même serment. Alaric, de son
la charrue ; et les campagnes, abreuvées de côté, aurait voulu ne pas jaccager Rome. Il
sang, montrèrent l'année suivantederiches
clés engagea donc les évô pies des villes par les-
moissons et se (leuplèient de troupeaux. Les quelles il passait à s'employer pour la [)aix
vainqueurs, moins avides que les princes na- auprès de l'empereur. Il se rabattit même à
turels, traitaient les habitants avec plus d'é- des conditions très-modérées. Il ne demanda
quité et de .'ouceur. Ils portaient l'humanité que la Norique ou la Bavière, pays toujours
jus ju'au point de ne pas contraindre ceux qui infesté par les courses des Barbares, et dont
voulaient quitter le pays. Ils leur laissaient les Romain ne tiraient presque aucun revenu.
>

emporter librement leurs etfets ils leur four-


; Il laissait à l'empereur à déci«ler quelle (juan-
nissaient des voitures, et leur donnaient même tité de blé il serait nécessaire de foui nir aux
une escorte pour les défendre ils se conten-
; Goths pour subsister dans un terrain [lauvre
taient d'un médiocre salaire pour leur conser- et stérile; à ces conditions, il offrait une al-
ver les biens et la vie, qu'ils pouvaient égale- liance inviolable et une ligue défensive contre
ment leur oter. Bien n'était plus sacré que quiconque attaquerait l'emiire. Ces conditions
leur serment, et l'on était tenté de croire que furent trouvées raisonnables mais les cour-;

les Romnins étaient les vrais Barbares. Leur tisans opiiosèrent le serment qu'ils avaient
douceur rapiicla la plupart de ceux que la fait. S'ils avaient juré par le nom de Dieu, à
terreur avaient disjiersé-, et les villes virent la bonne heure mais par la vie de l'empereur,
;

rentrer dans leur sein une partie de leurs ha- il n'y avait nas moyen d'y revenir sans expo-

bitants. Tels sont les détails que nous donne ser l'empereur même (2).
un historien du temps, l'aul Orose, Espagnol Alaric lit une chose à quoi l'on ne
alors
de naissance (l). La province particulière s'attendait guère. Après avoir réiluit Rome à
qu'occupèrent les Vandales, l'ancienne Bé- se soumettre, il s'avisa de faire un nouvcd
tique, a été appelée de leur nom Vandalousie empereur. Il jeta les yeux sur Attale, préfet
ou ,\udalousie. de la ville. C'était un Grec d'ionie, paï m de
Citpeudant l'empereur Honorius, incapable naissance, athée dans le creur, qui, dès qu'il
de se conduire par lui-même, se laissait con- vit Alaric maître de Rome, se
fit baptiser |iar

duire par ses courtisan^, et le principal objet un évêquo suivait l'armée des
aTien i[ui
do ses courtisans était de se siiiqdanter les Goths. Ainsi, ce choix ne poiivait manquer de
uns b!s autres. Ainsi Olymjiius, qui avait plaire en nii-mc temps aux païens, qui ne re-
renversé Stilic'hon, fut nniversé à son tour gardaient son changement que comme un
et (l'une manière plus ignominieuse. Cons- déguisement politiijuc, et aux ariens, (|ui se
tance, bl'au-frère d'IIomu-iu':, après lui avoir flattaient de l'avoir coo-verli. I^es uns et les
fait con|ier les oreilles, 'e ''l assommer autres compt:iienl égalt, lient sur sa faveur,
j coups de bâton. Au initier. île ces intri- et Zoziiue dit que les seids Anicius furent
gues, llonoiius manque au traité' fait avec affligés di" son élévation. Cette famille, distin-
Alaric, ([ui campait encore dans la Toscane. guée par sa noblesse et son opulence, l'était
Hoini', menacée li'un nouvi'au siège, envoie encore davauligi- par un zèle liéri''ditaire pour
des (Il |iul('s à l'eiu[)ereur. Les courtisans se la foi chrétienne. Le si-nat, devenu esclave
mni|ui'renl rie leurs alarmes; ils ne [larlaient des volontés d'.Mari ^, ayant fait dres.ser un
que de la pui-sance romaine cl de la majesté trône, on y [daça le iu)uvel auguste ; on le
d(! rcuijiire. On envoya au secours de Kome revètil lie la pouri>rc; on lui mit la couronne
six mill(! hommes d'élite, .\vanl d'ari'iver, ils sur la tête, et le cérémonial fut d'autant
turent luillés en pièces par la tulle |>ntsom|>- mieux observé qu'on avait plus peur (3).

(I) Oros., I. VII, c. xLi, fie. Silv., 1. Vil. — (2)Zji., 1. V. Oros., 1 VII. —(3) Zo3., I. VI, ci, fl. ot 7.
Oros., 1. VII. c. .\i.n.
454 HISTOIRE UNIVEnSELI.E DE Lf.GLISE CATHOLIQUE
Aliale se LMa de nommer ses pranris offi- cause que l'Afrique, conservée a Ilmiorius par
ciels. Alniic l'ut nniiimt'î jiôni'riil do l'iiil'iiii- le gouverneur Hér..clicn, n'envovait ].lus rie

tcric son hcau-lrori! Adiilpln; lui levi.-lutlu


;
bb*. l'^nlin, la lamine devint si insupportable,
lilic eoiuli; des liome^liiiuos, c'est à-ilire
cil!
que, dans li;> jeuxdu cirque, b; jieuple, dL'Ses-
comm!iii(l:iiit de la f^aide imin-iialc. ïeitidliis péié, s'écria d'une voix iniaiiimc Qu'on :

fut dési^ii'' consul iiour l'iiniiéo suivanlo. mille en venlu lu chair humaine, cl qu'on c-n
Ajuès cette disliibulioii de lùlo-, Aliale, eui- taxe le prix (I)! Aliale, appienant es hor-
periïur de lliéùlre, accompa'^né de ses gardes, reurs, partit du camp d'Alarie, et revint à
alla ]]ieniire possession dupalais. Le li'iid<'- Rome. .Mais, jieu de joui-s api .-s. .\! :ii- b- lit

main il vint au sénat ; el, ivre de sa nouvelle revenir à Rimiiii ; et, l'ayani .!;

graiideui', il y (it un discouis lerapli d'aiTO- la ville, à la vue de tout le i


'

oLi .

gance, indinetlanl aux Kon.ain» la coiuiuéle le diadème, le dépouilla de 'u l ren-

de l'univers, et d'autres événemenls encore voya tous ces ornements à l'ci..,. •••!- I

plus merveilleux. Les lialdtanls de 'Rnme, lut bien toutefois ne pas uban loii
aussi vains que lui, surtout les paï us, coMip- rable, ni son hls.\mpeIius.'Enirb l ..... ...u^

taient beaucoup sur ce glorieux avenir, lis de Son accomraoïiemenl avec Ilonoiiu-, il
attendaient les plus grands sucés du con-nlat demandait qu'on leur conservi'it la vie, cl i!
de Tertullus, connu par son al lâchement pour les retint dans son camp en attcndanl la nri- .

l'idolàii ie. Les monnaies ipi 'Aliale lit tnpper clusion du linilé. La cliute d'Altalc n'aiUigea
poilent l'ciniireinle de sa vanilé ou n'y voit : que le- païens et lesarien> di; liome.
pins le labaiiim ni la cioix du Cliri-t; c er.t la Tout semblait di-posé à la paix, ioisque
Vicloiie cpii couronne le prince; c'est Rome Sains, eapilaine goth d'une trouif .laventu-
décorée des épiihctes pompeuses A'éteineUe, riers, n'ayant pu [lersuader a llonorius <lo
à'inviruible. rompre le.> conférence-, les rompit de.»onclief
Aliale, accompagné d'Alaric el de son ar- en atla(]uanl à l'impiovisle le camp d'.Maric.
mée, marelia vers Kavenne. llonorius eut si Inilé de celte perlidie, Alaric pril surle-
peur, iju'il envoya ses principaux fliciers, ( cham[i le chemin l'e Rome. Il n-ndit le tlUc
e.nire aulies Jovius, son (irélet du pntoire, d'empereur à Vitale, qui servait de jouet à sa
olliir à Aliale de le rcconn;iilie pour son col- poliiiquc, el le lui jta devant Rome, quand il
Icgui; el de partager avec lui l'einpiie d'Ooci- vit que les Romaitis ne se lai" i'''ii i.| ,* .mm-
deut. Aliale, d'après la .-ugge.-tion de Jovius ser parcelle comédie etqu'b- d'ou-
: t

même, consentait seulement à lui laisser la vrir leurs perles. Au bruit uiarchc,
vie et un Irailemcnl honorable, mai^ à i-ondi- beaucoup de chrétiens se reliièrenl «le la villo
tion (ju'il serait lait eunufjue. Le traître J)vius après avoir distribué tous leurs biens aux
Cuit p.ir embrasser ouvertement le parti d'Al- pauvres. On ignore bs circonst nces.lu siège,
tale. Il lut remplacé auprès d'ilonorius jiar le qui fut as*ez long'. Alaric jiril la ville par Ira-
grand cbambellan Eusèbe, qui, peu «le jimrs liison, le viu'U-qualre août ilO. Il pirmit à
apri s, l'uta-sommé àcoujjsde bàion par Allo- ses soldats de la piller; mais il ! :n-
Lich, capitaine des gai des, sous les yeux manda d'épargner le sang de- el
mèuics de l'emiercur, qui n'eut point as-ez riionneur des Icmmes; il leur d. i.dii de .

d'auloiilé [lour empêcher celle horrible vio- briller les édilices consacrés nu nd'" divin.
lence. Bienlol Jovius, (légoùtéd'AUale, icvint Et comme Romulus, pour y
j

sur sa première tiahisnn, cl fut le premier à avait établi un asile, .-Mar-e. I,


conseiller au roi des Golhs de se délaire de ce en ouviil deux pour sou- s

iaiilume d'empereur, qui n'était lopie qu'à |


soblaLs les dépi rallies ;. - :

l'enliavcr dans ses opérations. Et de fait, il d' cl. ira que l'église de .saii.t-l'ici re el celle
Alajic leva le siège de Ravenue, se relira à de Saint-Paul sciaient re>pc(léi's comme un
Riuiini, etreuoua les néyociatioDS avec llono- reluge inviolable. Il avait choisi cej. deux
rius. église.-, non-seulement par vénération pour
Cependant le pa'ien Tertullus, consul éphé- ces deux fondateurs de Rome chrétienne,
mère pour Rome en 410, y commi'nca avec mais aussi parce qu'étant le- plus rpiii-ir'u«cs,
faste l'exercice de son consulat. Le sénat elles pouvaient sauver un plus grand uomhre
s'étant .assemblé ie iiremier de janvier selon de malheureux.
la coutume, TerluUus, environné de loule la Ces or.lies mcltaient un fiein à la cruauté.
pompe consulaire, lui adros-f')a parole en ces Mais quels ordres piuirr.iic'it contenir des
ternies : l'ères consurils, je vous |'ar e aujour- vaiiupicurs féroces dans l'ivre-se du pi:hge?
d'hui en qualité di; consul et de poniile je : Les Golhs, répaudus dans Rome, s le.igércnt
^lossède déjà la première le ces digniiés; j'y le.s malsons; ils mirent le leu à ce - qu'on I

vais bien;6l réunir l'.-iulre. Le resle de .~on tenait fermées; el, s'y jetant au unlieu des
discours u'iiondail à ce début eiiiphali.|ue il : flammes, non contents des riclK>j-es qu'ils
s'annoni^uil comme le vengeur îles dieux et trouvaient sous leurs mains, ils suppo.-aicul
le répiiialcur île leurs autels et de leurs tem- qu'on leur en cachait |dus quil n'en p.irais-
ples. Rome cependant éprouvait une disette sail, el n'épargnaient ni les menn.cs ni les
encore plus extrême que pendant le s'ege, à tourments pour forcer à livrer ce qu'on avait

(1) Siv. dm tas-Bnifire, 1. XXIX. O.os., 2oi


LIVRE TliENTE-SBPTlËME. 453

e( ce qii 3n n'avait pas. La famine avait par mains Barbares chantaient ensemble des
et
avance tavai^é la ville ii y avait piu de mai- ;
hymnes louange de Uieu. Les chrétiens
à la
sons ([ni ne fussent en d nil et qui u'ofl'iissent accouraient de tous côtés plusieuis païens
;

aux j'eux du soldat barbare des cadavres en- firent semblant d'être chrétiens en ette oc(;a- i

sevelis. Ce spectacle n'attendrissait pas ces sion, et plus il s'amassait de Romains pour
cœurs im|)itoyai)li's : des femmes, des enfants se sauver, plus les Barbares s'empressaient
furent égorgés sur le crps de leurs maris et autour pour les défendre (I).
de leurs pères. La brutulilé ne respecla que Les femmes chrétieiuies semblèrent alors
les femmes et les filles qui s'élaiimt réfugiées avoir recueilli le courage que les hommes
dans les églises. L fracas des maisons qui avaient perdu. Sainte Marcelie, illustre jiarsa .

croulnient dans l'incendie, les insultes, les vertu et sa noblesse, veuve depuis soixante'*
cris, l'i-pouvante, la fuite répandaient une dix ans, occupait une maison sur le mont
aflrcuse confusion ; les flamMics, qui dévo- Avi'iitin elle y vivait dans la prière et dans
;

raient une partie de la ville, éelairaient toutes la médilatijn des saintes Eeriiikies, avec une
..

ces horreurs ; et, comme si le ciel se fût armé jeune lille fort bellenommée Pnnei|)ia, qu'elle
de concert pour châtier cette métropole do formidl à la p;été. Plusieurs soldats, étant
l'idoiilrie, un furieux orage se p)iL;nit aux entrés chez elle, lui deaiaiidér.mt son or. Elle
iraviures desiGollis;ila foudre ijâa pkisieurs
'
leur répondit qu'elle l'avait distribué aux
fondit les lambris a airain, réduisit
temple^, pauvres, et qu'elle ne s'était réservé que la
ren poudre «es statues autïofuis ailorées, que tunique dont elle était couverte. Les Baibares,
•les em|iereups du-éticns avaient conservées
persuadés que ce n'était qu'un deguisemant,
poui- la décoration de la ville. la chargèrent de coups. Insensible à la dou-

Cependant , le rcs|)ect des Goths pour la leur, elle leur demanda pour unique grâce de

«aintelé du christianisme épargna beaucoup ne pas la séiiarei' de celte jeune lille, que sa
de sing aux Ronuiins.iLa fureur des ennemis beauté expo.-ait à des insultes plus cruelles
s'arrciiiit aux portes des saints lieux les ;
que la mort, Cette fermeté les loucha ils les :

•Golh~ eux-mêmes y conduisaient ceux qu'ils comluiôirenl toutes deux à la basiliiiue do


voulaient rSauviT du massacre. Si quelques Saint-Paul (:!). Adieurs une femme catho-
,

églises furent emi)rasées, ce ne fut que par la lique, d'une beauté remaripialile, tomba entre
communication des flammes qui consumaient des mains d'un jeune Golh arien le barbare, ;

les maisons voisine<, et la religion se soutint n'ayant pu la taire consentir à son mauvais
glorieuse au milieu de tant de ruines et de désir, tira son épee pour lui faire peur, lui ef-

larmes. lleura la [leau et lui mit la gorge en sang.


Un officier golli des plus considérables, ,
Elle présenta hardiment la tète à couper et ;

trouva dans la maison d'une église une vierge le liurbure, louche de sa vertu, la mena lui-

consacrée à Dieu et avancée en âge; il lui même à l'église de Saint Pierre, la recom-
demanda honnêtement son urgent. Elle lui manda aux gai'des et leur donna six pièces

dit avec assurance qu'elle en avait beaucoup d'or, avec lu-dre de ne la l'umetlre i[u'eutre
le lui montrer. l''n eil'et, elle les mains de son mari (3j.
et ipi'elle allait
exposa à ses yeux de si grandes lichesses, ([uo Après avoir ainsi [lillé Uomc endant trois [

jonr.i, Alaric eu sortit sans y laisser un soldat.


le Harhare fut éloimé du nomlire, du [loids et
de la beauté de tant de vases tlont il ne savait Il emmenait avec lui grand nombre de pri-
pas môme les noms. Ce sont, dit-elle, les vases sonniers, entre aulnes Placidie, sœar d'Uouo-
île l'apôtre saint Pierre; prenezdos si vous rius, à laquelle il icudre lous les hon-
faisait

l'osez, vous en répondrez comme je ne pid? :


neurs dus a sa naissance. 11 prit et saccagea
la ville de Noie il pilla et brilla la ville de
les iléfendre, je n'ose les retenir. Le Uarh.irc, ;

touché de rcs[)ect, l'envoya dire à Alaric, i|ni Ue,ygiu et puis, à la vue de la Sicile, où il
;

commanda qu'aussitôt ou reportât tous les voiuuil passer, il mourut en peu île jours et
vases, comme ils étaient, à la basiliijue de laissa la couronne il son beau-i'rére. Pour
Saint-Pierre, et ipie l'on y menât aussi, avec l'enterrer, les Golhs détournèrent le cours
escorte, la vierge sai léc et tous les chretiijns d'une petite rivière, creusèreul dans son lit
qui s'y joi'idraient. Cette maison iHait loin de une fosse profonde et y dépuserenl le corps
l'église de Saini-l'iorre, en sorte qu'il tall.iit d'.Vhiricavec quaiililè tic richesses, comblèrent
traverser toute la ville; le transport de ces la losse, lireiil reprendie aux eaux leur cours

vases sacr('!s fut ainsi un spectacle et une


naturel, et enliii , Motir s'assurer du 'lecrei,

pom[ie magniliqni'S. On les portait un à un égorgèrent les lu-isomiiers ipii avaient clé
sur lu tète, ù découvert, et des deux co es employés il ce travail (4). Telle fut la lin d'A-
marchaient des =oldals 1 épée à la main ; Uo- duric.

xxsix. Aiigust., De Civil. ' '. —


(î) nier., Episl. xvi. — (3) Êoi., 1. IX. 0. X. -
Oros.,
(1) I. Il, c.

(4) Ôioâ., 1. VU, 0. XL. Util, du liaf-t'inpii e, i. .^.klX, n. 12.


DISSERTATION SUB LE LIVRE TRENTE-SEPTIÈME

DE L'APPEL DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME AU PAPE SAINT INNOCENT


1*

Parmi d'évcqurs en
les illustros pxpini>les et la joie des bons, ur >bjet de haine pour Ie«
appelant au sii^ge en est peu
cipostcilicjiie, il méchants.
d'aussi célèliic que lû fait de saint Jean La sollicitude de Jean ne se borna pas aa
Chry?ostomc, intcrjntanf appel au Pape In- diocèse de Byzance quand le bien de la
;

nocent 1", d'une sentence rendue contre lui religion le demandait, elle s'étendait à d'au-
par un concile; le l'ape reçut cet appel et tres contrées. L'an 401, le patriarche se ren-
cassa les résolutions prises contre saint Jean- dit en Asie et priva de l'épiscopat dix évêque»
Chrysostome. Ce fait est un monument insigne élus, d'une manière simoniaque, par Antouin,
du pouvoir souverain des Papes sur l'Eglise évêque d'Ephêse, qui était mort l'an 4'Hi. I^s
universelle. Celui qui implore l'autorité du évèques de la province avaient eux-mêmes
Saint-Siège, outre son inconiparaWe excel- supjilié Chrysostome, déjà célèbre i-iir la
lence en science et en vertu, éiait évêque de renommée de sa sagesse et de sa sainteté, de
Constantino]ile, ville qui commençait à bri- pourvoir aux nécessités de leurs «-glises. Ce ne
guer un rang supérieur à Alexandrie. L'é- fut donc point là une œuvre "l'amliilion, mais
vêquc d'Alexandrie avait tout fait dans ce l'efTet d'un pouvoir extraordinaire, ain-i que

concile dont le Pape annula et rejeta la sen- l'enseignent, entre autres auteurs, Le-
tence. Nous avons donc ici, dans un seul et quien (1).
même fait, d'un coté, l'évéque d'un siège pa- La même année 401, l'inimitié «le Théo-
triarcal qui requiert l'autorité du Pontife ro- phile d'Alexandrie était devenue plus âpre
main de lui porter secours et de sauvegarder contre Jean Chrysostome, parce qu'il avait
ses droits de l'autre, l'évéque d'Alexandrie
;
reçu avec bonté, à Constantinople, des moine»
dont réponse du Pape rend le jugement
la d'Egypte persécutés par Théophile et surtout
rendu de nul eflet. Tel est ce fait d'appel, les trères Longs. Les énergiques distours du
qui rend un éclatant témoignage au pouvoir patriarche contre la vie orgueilleuse et in-
du Siège apostolique sur l'Eglise univer- juste des puissants ses soins et sa sollicitude
;

selle. pour g:irder la discipline de l'Eglise 1 main 1

Comment Clirysostome fut-il condamné par tenir les clercs dans le devoir, son zèle -in:;u-
l'inique jugement des évèques? P(inri|uoi lier pour rappeler les hérétiques à la loi,
crut-il devoir en appeler au l'ontife romain ? avaient excité la grande haine de ses ennemis.
c'est ce que nous ferons comprendre en rap- Parmi eux était l'eunuque Euliope, minisirv
1)elant quehiues traits de sa vie et en rappe- de l'empereur et Gainas, l'un de< prinripaux
anl le souvenir de ses œuvres. chefs de >on armée. En outre, (^hryso-iome
Jean, appelé Bouclio-d'Or, à cause de son s'élant élevé contre les femmes adonni-es
éloqucnci'. naquit, en 3'it, à Antiodie. Or- au luxe et aux folles dépenses, fut r.-jiré-
donné diacre par le grand évêque Méléce, il scnlé comme censeur de l'impi-ratrici' Eu-
vécut quelques années dans la solitude; fut doxie, dépeint à celle princfsse comme cou-
promu au sacerdoce, en 385, par Flavicn, pahle d'un ciime três-gravc, au point qu'idle
successeur de Méléce; sur la demande du résolut de se venger du saint arche-
clergé et du peuple de Constantinople, avec vêque.
l'agrément de l'empereur Arcade, mis à L'an 403, au mois de juin, au faul-ourg du
la place de Nectaire, mort en 397, et ordonné Chêne, i>rêsde Chalcédoine. Théophi'e. excité
évêque par Théophile, évêque d'Alexandrie, par Eudoxie, avec quannle-cinq évèques, en-
qui, d'ailleurs, avait employé toutes les nemis de Clirysostome, in>litua un juuenient
ruses, pour em|)êcher la ]>roclamation de contre l'évéque ab^ent, le chargea de plu-
Chrysostome. Itans cette éminente dignité, il sieurs accusations calomnieuses et o-a le dé-
s'appliqua aux devoirs de sa charge, de ma- jioser de son siège. L'empereur condamna
nière à être l'ornement de l'Eglise, le soutien Chrysostome à l'exil. Une sédition du peuple

(\) L'Oritni chHiien. Origines du pAlriarcat de Goaslaatinople, I. I. c. iv.


DISSEKfATIOiN SUR LE LIVRE THENTE-SEPT1ÈM5. ASi

à cause de ce grand crime, le regret d'avoir dit Viliemin, « le plus grand erateur de
perdu un si bon pi-re, un tremiilcmont de l'Eglise primitive, le plus éclatant interprète
terri" qui secoua violemment Constantinople, de celle mi'morable époque.»
l'ellVoi d'Eudoxie firent rendre, sans di'lai, Ge-di'tails, tirés de la vie du patriarche,
Chrysoslome à la liberté. De retour dans sa expliquent l'ensemble des circonstances qui
cliére villr de Con.-t;intinople, il reprit avec amenèrent nécessairement le saint docteur à
un admirable zèle, tous ses devoirs d'é- implorer l'autorité du Pontife romain. Il est
vêijue. évident que Ghrysostome fit un véritable ap-
Huit mois environ après, la statue d'Eu- pel, à innocent I", contre l'injuste sentence
doxie fut érigée près du Sénat et de l'église qui le frappait. Gela ne plaît pas à Pierre de
Sainte-Sophie. A son inauguration, les Marca (1) à Ellies Dupin (2; à Basnage (.3) ;
; ;

jeux et les clameurs furent tels que le culte à Pierre Jannon et à Fébronius (4). Mais ils
divin fut troublé dans la basilique, l'évèque sont péremptoirement réfutés par Noël
s'en plaignit dans un discours et blâma ceux Alexandre (3), parTagi (fi), par Christian Lu-
qui avaient pris part à ces jeux, aussi bien pus (7), par Jean-Antoine Blanchi de l'ordre
que ceux qui les avaient jmmandés. La des Mineurs de Saint-Françcis (8) et par Fran-
vieille haine contre Chrysoslome se réveilla çois-Antoine Zaccaria (9).
avec beaucoup de force. Un second concile fut Le fait d'appel ressort du texte de la lettre
tenu, le 10 juillet 404, qui le déposa de nou- qu'écrivait, peu après sa seconde déposition,
veau. Jean fut relégué à Gueuse, dans l'Asie Chrysostome à Innocent Voici en quels
Mineure, près du mont Taurus. On mit à sa termes Jean s'adresse au Pape ; » Pour
place, le 27 juin, Arsace une grande persé-: qu'une si grande confusion ne trouble [las
cution fut dirigée contre les amis deChrysos- toute la terre qui est sous le ciel, je vous prie
tome ses ennemis surent déployer, dans
; de dénoncer, par vos lettres, tout ce qui a été
leuis accusations, de teU artifices, "qu'ils at- fait si injustement par une des parties nous
tirèrent à leur parti même des hommes il- absent et ne refusant pis le jugement, de
lustres, entre autres saint Epiphane et saint dénoncer, dis-je, que cela n'a aucune force,
Jérôme. parce que c'est, en etfet, par nature, sans va-
Quoique les ennemis de saint Chrysostome leur aucune; et que ceux qui ont commis,
se fussent efforcés de tromper le pape Inno- contre les lois ecclésiastiques, de tels atten-
cent et de charger l'évèque des plus graves tats, soient soumis aux peines qu'édicta
accusations, afin de défendre le jugement l'Eglise. Pour nous, qui n'avons été ni repris,
qu'ils avaient rendu injustement contre lui, ni convaincu, ni démontré coupable, ac-
Innocent ne se laissa point prendre à leurs cordez-nous de jouir bientôt, comme aupara-
fraudes. L'appel que Jean avait adressé au vant, de vos lettres, de votre charité, et de
Siège apostolique, fut nitilié Le pape cassa, : tous les autres biens. » Jean raconte ce qu'on
de son autoriti', la fentence portée contre le a fait contre lui, il invoque contre ces choses
patriarche, resta toujours avec lui en commu- l'autorité du Pontife, il le requiert de décider
nion, et engagea même l'empereur d'Occi- que ses actes et ses ennemis sont sans force :

dent, Honorius, à écrire à rem[iereur Arcnde liobur nullian Itnliere. Ainsi Jean, dans sa
pour lui recommander (Chrysostome. Sur ces propre cause, demande que le Saint-Siège lui
entrefaites, ses ennemis avaient juré de le vienne en secours, en la manière indiquée
perdio sans retour. Après avoir longtemps par les canons du concile de Sardique :

soullert à Gueuse, dans un lieu désert, uù il Evèqne condamné par quelque jugement, il
n'avait même p;is les choses nécessaires à la veut recourir au Pape et implorer son appui
vie, il fut transféré ù Arabisse, ensuite à contre une injuste sentence. Or, ces canons
l'ityunte, sur le Pont-Euxin. il s'y Gomme parlent d'un ajqiel vrai et proprement dit :

rendait, il tomba sous les brutalités des soldats Que peut-on donc objecter en droit pour éta-
et les fatigues du voyage il mourut, à Go- ; blir que Jean -(Chrysostome, écrivant dans
mane, 14seidembre''i07, à l'âge de soixante-
le cette forme à Innocent, n'en appelle [las
trois ans il avait passé trois ans en exil et
; vraiment, proprement à son tribunal?
gouvernait, depuis dix ans, l'ég.Jèe de Cons- Voyons mainteiiar, ce que disent les an-
tantinojile. Sa vie a été écrite par Palladius, ciens monuments, pour aiq)rendre ce que fit
évèque par Bernard de Mont-
d'Hi'li-nople, le pa]ie Innocent ajirès avoir reçu rap|)el.
fauçon, par d'Agde
et par l'abbé Ber-
.'^lartin Palladius (H) dit qu' « Innocent tin/troiira
gier. On sait as-;ez, par ses discours, qu'il fut le juueinent rendu par Tlièophile. » Ge mot
une des ^trandes lumières de l'Eglisi'. On d'improbation, employé pai- Bi^ot, lesautcurs
trouve, en lui, b,s (jualitès les plus hautes, cités plus haut l'entendent dans le sens d'a-
ou iilutol la réunion de tous les les attributs brogation, de cassation, s'ils prouvent que
oratoires, le natuiel, le pathétiipie, la gran- tel est, en cllét, son sens. Amlinuse le Gamal-
deur, (jui nnt lait lie saint Jean-Ghrysostome, dule interprèle ainsi Palladius, au sujet de la

(l) De concord. Sacenlot.et imperii, I. VIII, c. ix. —


Dissertation sur l'nnlii|ue ilisciplino rto 1 Kjjlise II,
(2)
c. II, S 2. — Aimâtes. — {\)
(.3) G. v. M- — (5) dlss. siu" lo iiiialnèiiu' siôclo, prop. m.
XXVIll' —
('"O Hii-

roiiins au 101. n. — (7) f


l(i. iliss.sur Ii;s nppuls. —
(8) T. V, pari. Il, I. 111, c. v, 8 7.

(0) A'itilei.r„„iiis
I. II, c. IV. — (10) Eilitiou de Pierre Coustuat. l. !• p. "8G.— (U) Vie de CVirj/soWo»»!''. IroJuotioii Ma HiuoL
.

158 HISTOIRE UNI-VEnSRfXE DE LËOLIBE CATHOLIQUE

i(^ponse a'Fnnocerit : « Le B. Pape InnociTil OH jiiHUoire, serait examinée fort à propos


n^lioiulil par un rcscrit,arlmcttanl à la
rt, dans un concile ce concile, il en avait, de
:

coiMrniininn les deux partiis, décida i{ït(i le son autorité, r)rdoriné la tenue à Thc-salo-
jiif;i'iiiiMil d(; Tlii'oiiliili' ('luit cassé et nul : niipn' par les évéïpies unis de l'O'iident et
Ciisstim et irrUvni esse decrcvit. » (le '.'Orient. Jean-C^hrysoslome lui-même, durw

niicions aiili'urs afiirmnnt d'a'llours,


Lc^; sa lettre h Imioccnl, n'avait deraandi; que
en loiito l'onlianco, qu'Innocent alisuut cum- l'ahrogation des décrets portés en mui ah-
plctcnicnl Chiy^ostomo. Le Pape Gélusc, dans sence, par îles juges illégitimes, .-.ii:'' autor.té
sa lettre aux ï'\é(jnes de la Tmadu, dit : « Un et'décidant sans entendre l'accusé. 'ftu rcsle,
coniilo d'^vèques catlmliqucs avait certaine- Chry^-ostome .se montrait prêt à jduidersa
mont conilauiiié Jean de Con-tanlinople; cause; il n'en ^efu^ait nullement l'examen
mais le Siège apo-^toljrjne qui. teul, n'accejita puhlic et conforme au droit canoii.
pas condamnation, alisont l'archevêque. »
la 'l*our exclure l'appi-l de Chry-io-lome au
Le Pape Vigile (I), Facond d'FIeiniianc (2) et pape, on lire une ohjii.-tion 'tnl'vlégtire, à
d'autres parient dans le même sens. noire gré, des paroles qui, dans plusieurs
La n''ponse du l*ape à Tln'opliile con- manuscrits, terminent celte lettre : a J'ai
firme celle opinion. Tiiéopjiile avait demandé écrit les mêmes choses à Vénériu.i, évètjucde
an Pontilê de ne pas communiquer avec .lerin, Milan, et à Cliromaee évèqiie d'Aqiiilée.
,

ce qui équivalait k lo ratilicalinn df? son ju- Portez- vous hien dans le •Seigneur. » Je re-
t;emenl. Innocent (ÎJ) lui répondit » Nous : marcpn-d'aliord qu'on peut lire ce que répon-
ferons toujours, à toutes vos liUtrer-, la même dent Bianchi et Zaccaria, et ce ([ue raïqiorle
re|ionse. Si l'on ne rend pas, sur tout ce qui Oustant dans -ses notes sur la lettre (tî);
aêlê laitpar dérision, nn nouveau jugement, il est clair par là qu'il n'est point certain que

conlbime au droit, nous ne pouvons ['as, ces paroles soient deChrysostome, nu que,
sans raistui rompre la communion de
, si elles sont de lui. elles ne prouvent point
•lean.i) On peut ajouter à cela le ti'moitjnage qu'il ait é'crit, au même titre et d.nis lami'ine
de So/omêne (/i) < Or, dit-il, Innocent, ap- forme à Innocent, à Venériu-i et Cliromuic. ii

prenant ce qui s'était l'ail contre ,|ean, en tut Ensuite, les évêques de .Milan i/l d'/Xquil»»
vivement iriilé et le condamna. " Enlui Inno- étant les princijtaux évèqe.e-i irilalie, dont le
ceiil, dans le commoniloire qu'il avait donné l'ape dans les graves affaires, em;.loyail 1"^
à ses légats, pour le concile ([ui se devait te- conseils, quoi d'étrmnant que Clirysostome
nir à Tbessalonique, où l'on «levait examiner leur envoyât sa lettre [lour les informer et
de nouveau l'afl'aire de Jean, avait ainsi déci- leur donner jdeine connaissince lor-c]u'ils
dé, suivant Palladius « Le commoniloire por-
: devraienttraiter? Cela peut arriver jilus d'uno
tait ipn* Jean ne devait pas entrer en juge- fois sans qu'on puisse conclure qu'on n'en
ment c|u'on ne lui eût rendu son église et la appelait pas vraiment au Pape et que son
communion. » Or, Innocent n'aurait pu autorité n'était pas seule requise dans la
preniln^ cette déc sion, s'il n'avait dc-claré délinition des causes, même quand on accorde-
nul le jujïement dont avait ai)pelé Clirysos- rait que Jean écrivit la même lellre à Inno-
torae, ]uii-(iue, par ce jugement, Jean avait cent, à Vénerius cl à Cliromaee, cela ne prou-
été précipite du siège de (>oiist mtinoplc et verait point qu'il n'adre-sa pas à Innocent
privé trés-injustrmiTit de la communion. seul, son vrai et propre ap[iel ou qu'il pen- ;

On ne peut pposer, à ces ti'moignages, ce


i sât que, dans sa cause, Innoceni n'avait pas
que dit Innoceni dans sa lettre sur l'allaire de une autorité supérieure à celle de Chfumaco
Clirysostomc(5):(i iMais que pouvons nous faire et lie Venériiis.
maintenant làc(mtre'? 11 est nécessaire ([u'inter- 11 ne nou< appartient pas de r^ i

vienne un synode dont nousavon- di'ja (U'donné ce qui se fît après la mort de Cir ;
.
la tenue. C'est le seul moyen d'arrêter les em- Je m'alistiens de dire la constance du >ainl-
portements decette tem| ete. n Cela ne montre Siége dans la défense de la réponse «riuni>-
point que la cau-icde Clirysoâttnue u'ail poiut nocent. Il suflira de savoir que ceu\-là ne
été jugi'e au possessove par limocent, et que purent jaimùs obtenir la paix d- ;—• i • • •

le l'.i[)C n'ait pas cassé le jugement (xirte par apostolique, qui n'avaient pas rap i-

la faction de Tliéopliile. D'un autre coté, le leurs dypliipi's sacrés, le nom de t.i .-•--
pape avait jugé très-prudemment, au milieu tome ou n'avaient pas souscrit aux co;.dilioiis
;

rie si trrands troubles et cpiand la cour était Rre-'crites dans celte atfaire, par le l'onlife
»i irritée contre le patriarche, que l'atlaire, omuin.

(1) Cntisiiimum. — (2) L. 'VL — (31 Coujtanl, ccl 7S7. — (4) L. VIII, c. XXVI. — (5) Coj»!ânt, col. 789
LIVRE TRENTE-HUITIÈME

tV SAC DE ROME PAR ALAHIC, 410, A LA MORT Dli SAINT. AUGUSIIN, -530.

Dieu I>rlse la vîllo Etome païenne iJour en Taire «oi'Sl»'


et l'empire de
Rome ehi-élîenne, nvee des nations et des iTvjiaumos obpûtieus.

Rome païenne fut la dernière capitale se réfugièrent dans les immenses basiliques de
àe reinpirc! ido'àlre, dont Bidiylone avait été Saint-i'ierre et de Saiiit-Paul, .^u' .Marie leur
la pnuuR'ie. Aussi suint Jean a-t-il prédit la avait assignées pour asile. Il eri <ibt de même
chute de Home païi'nne dans les mén:es ter- de ces paroles : « Rendez-lui comme elle vous
mrs qii'isaïe et Jérémie avaient prédit la chute a rendu rendez-lui au double selon ses œu-
;

de Unlivlone (I). « Elle est foniliée, elle est vres ; faites-la boire deux fois autant que la
touiljéc, la scande Babylone Ma' l'eur, mal- ! coupe où elle vous a donné à boire. » Les
heur I Bahylone, grauiie ville, villv? puissante, Mèdes, les Perses et les au'res peuiiles tyran-
ta tondamilution est venue en un moment o 1 nisés par Babylone lui firent à leur tour
Quand Jérémie eut achevé d'écrire ses prédic- comme elle leur avait l'ail. Les nations bar-
lioii-i, il les lit porter à Bidiyloiie par un am- bares, surtout les Golhs, que Home victorieuse
bassadeur, avec ordre de les lire en public, vendait comme des bètes au point qu'on eo
ensuite de les attacher à une pierre et de les avait des troupeaux entiers pour uu ccu (û) ;
jeter au milieu de rEu|dirate, en disant : les (ioths luirendirent les premiers counue
Ainsi sera submergée Babylone Elle ne se ! elle leur avait vendu. .

relèvera plus du malheur que je lui amène t La prise de B diylone jeta toute la terre
Saint Jean a une image semblable sur Rome dans l'èpouvaule sa décadence successive, sa
:

païenne. « Alors un ange puissant leva en disparition si complète qu'on n'en retrouve
haut une pierre comme une grande meule plus môme la place, continuent de l'aire l'élou-
et la jeta dans la mer, en disant Ainsi sera : nement des siècles et des peuples le principal ;

piéci[iitée Babylone, la grande ville, et elle objet des histoires anciennes est de suivre les
ne se trouvera [)lus » Qu'il s'agisse de Rome
I développements de cette grande révolution.
païenne, saint Jean le dit assez clairement, L'univers ne fut pas moins épouvanté de la
qu:ind il ra|)pelle la giaude ville qui règne prise et de l'incendie de Rome suivant l'ex- :

sur les rois de la terre la grande prostituée


; pression de saint Jérôme, il se croyait ani'auli
assise sur les giandeseaux, iiui sont les peu- dans cette seule ville il regardait avec eifioi
;

jiles, les nations et les langues la femme ; celte maîtresse des nations, devenue à la fois
assise sur si'pt montagnes, enivrée du sang et la mère et le sépuk're de ses peuples, ré-
des saints et des raarlyrs de Jésus, et qui a duite par la famine à manger la chair de ceux
enivré les habllanls de la terre du vin de sa (lu'elle avait portés dans ses entrailles, et
prostilulioQ. Dans le langage de l'Ecrituri», ravagée par la faim avant que de l'être parla
linislilnliun, fonticaliun, marque l'idoiàlrie glaive, de sorte i^i'il ne lui restailipi'un petit
d'une nation inlidèlc qui n'a jamais eu Dieu nombre de ses citoyens, et que les plus licluy,
]iour époux; si elli; l'avait jamais eu, comme réduits à la mendicité, ne trouvèrent de sou-
jérnsalem, son inlidélités'appcUcraituon plu* lagement que bien loin de leur pairie dans la
fornication, mais adullère. charité de leurs frères (3). Enlin, si le sac de
Ces paroles « Smlez do Babylone, mon
; Rome atterra les conlem|K)wains, la décadence
jicii|)le, de peur que vous n'ayez part à ses cl la chute de son eaqiire cUmnent encore la
\)échi's cl que vous ne scjyez envel(j|i|iés dans po-ti'rité: on se demande (Micore comment
•es (ilaies, ont eu leur acLomplisscment à la
I» celle qui avait dompté tous les peuples est
;iiisi- de Rome. A'ous avons vu les chrétiens devenue i^uccessiveuient la proie do presque
en .'•nriir iillérulemenl les uns, par un secret
: tous les jicuples, cl le grand pioblèmc de
pr.v-si.'idiment de ce; qui allait arriver les ; l'Iiisloiie nunlerne est d'explorer les causes el
autres, djns le suc même de I& ville, lorsqu ils les suites de cette grande calabU'uphe

(I) IJQïe, îtxi, 9. J(-r(Tn..u, 8. Apoc, xviu. — (î) Oi'03., 1. Vtl, ii. 3/.
— '(8) Ulor,, Çpi'W. xvi, cd Pria v
Piuœm. Cumin, in i'jtt/i., 1. 111. a.
400 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LËGLISE CATHOLIQUE
Saint Jean ajoute, comme Ji'Ti^mic siirBaby- des observations 3ssez (tiquantes. Par cxempV,
lone(1): «Ciel, rf^jouisspzvoiis sur elle, el les païens avaient tort de se plaindre du der-
vous, saints apôtres et pr()i)Ii(''lcs. parce (pie nier désastre de Rome, puisrjm; le peu[ilt
Dieu vous a vengés d'elle Apri's quoi j'en-! romain s'était écrié Pourvu qu'on nousrcndf
:

tendis dans le ciel un bruit coniine une grande les jeux du cirque, on ne nous a rien fait f.'J) f
troupe, qui disait Alleluin\ Silut, gloire et
: L'empire romain croulait plus de vélu'l"! que
puissance à nnire Dieu Faice que ses juge-
I des sec(uis'^es de l'ennemi (4). Si b-s païens -e
ments sont véritables et justes, [jaree qu'il a plaignaient tant, c'est (jue l'homme s'impa-
condamné la grande prostitui'e (|ui a cor- tiente plus de la piuiirc act elle d'une [luce,
rompu toute la terre par sa prostitution, el que de toutes les fièvres qu'il a eue< jtar le
qu'il a vengé le sang de ses serviteurs que ses passé (.5). Au tond, les païens se plaignaient
mains ont répandu. Et ils dirent une seconde de leur époipie, non parce qu'elle était rala-
fois Alleluin. El la fumée de son embrase-
: miteuse, mais parce qu'elle était chiéiien-
ment s'élève dans les siècles des siècles (-2). » ne (6). En ell'et, avant qu'il y eiït de- chrétiens
En Jérémie,' le ciel et la terre louent Dieu dans l'empire, ses calamités étaient bien plus
d'avoir puni Babylone du mal ([u'elle avait fréipiente-; et plus terribles. De Numa à César
fait à Jérusalem et à Sion, et parce que sa Auguste, période de sept cents ans, le temple
chute annonçait le prochain retour du peuple de Janns ne fut ferméipi'une seule fois; il n'y
choisi dans la terre suinte el la reconstruction eut qu'une seule année de paix, âpre* quatre
du temple. Dans saint Jean, le cicd loue Dieu, cent quarante années de guerre, et avant do
parce qu'il a vengé sur Rome païenne le sang recommencer une autre guerre de deux cent
de ses serviteurs, le sang des prophètes et des soixante ans 7). El quelles pucrre« ! La
saints, et de tous ceux qui ont été tués sur la guerre des Gaulois, qui jirennenl Rom", la
terre ; car c'est de Rome que pai talent les rédui-ent en cendre et en revendent les débris
édits de proscri])tion et de mort [lour toutes aux Rom.iins abattus, qui délibèrent de
les provinces de l'empire. Les saints qui régnent l'abandonner pour s'établir dans une autre
avec Jésus-Christ éclatent en actions de grâ- ville. Les guerres d'Aunibal, la bataille de
ces, parce que la prise de Rome par Alaric en Cannes après laquelle le Sénat débbère s'il
abolit à jamais la fornication, l'idolâtrie, dont n'abandonnerait pas Italie, comme il avait
1

elle avait infecté l'univers. Jusque-là, Rome di'libéré d'aliandonner Rome sous les G nilois.
chrétienne était comme une captive dans Rome La ^u -rre sociale, la guerre des enclaves, les
païenne; mais, dès ce moment, elle en sort, guerres civiles de Mariuset beSylla, la iruerre
elle s'ea dégage et s'élève sur les débris des de .Mithridate, les guerres el les proscriptions
idolfis et de leurs temples, comme la cité du des triumvirs. D'ailleurs, quand Rome triom-
Christ triomphant, comme la nouvelle Jéru- phait, Rome n'était pas le monde; elle ne
salem. triomphait ijue du malheur des autres na-
« Et la fumée de son embrasement s'élève lions (8).
dans les sièrios des siècles. » Et la punition de Depuis le christianisme, les guerres civiles
Home idolâtre s'étendra de proche en proche étaient moins cruelles
et moins longues (9);
à toutes les nations idolâtres, et elle achévora témoin celles qui eurent lieu sous Thcodose.
de consumer toutes les idoles jusqu'i la lin du Le christi.ini^me avait déjà rendu b-s Guths
monde. Et cette punition de l'idobïtrie dans le plus hum:iins envers les ennemis, que les
temps, n'est qu'une faible image de la inini- Grecs d'autrefois ne l'étaient entre eux (10).
tion qui pèse dans les siècles des siècles sur Dès lors, au milieu des guerres cl des révolu-
les auteurs mêmes de l'idolâtrie, les anges tions, les chrétiens trouvaient partout sa reli-
apostats. gion, ses lois, ses frères, sa palne ;
partout
Les païens qui, pour sauver leur vie dans les hommes aimaient el craignaient le même
le sac de Rome, s'étaient réfugiés dans les Dieu, qui avait établi parmi eux cette mer-
églises chnMiennes, disaient, depuis, que ce veilleuse utiité(ll).
malheur n'était arrivé à Rome et à l'emiiire, Cependant saiul Augustin, qui avait engagé
que [larce qu'on avait abandonm" les idoles Orose à comi>oser cet ouvrage, travaillait lui-
pour adorer le Christ. Ces plainte.» tirent nnilre mèmi' ileiiuis plusieurs années à un autre
en ré])onse deux ouvrages très-importants. beaucoup plus considérable c'est «on grand ;

Paul Orose, prêtre espagnol de Tarragone, écri- ouvrage Ùe la Cité de Dieu, en vinul-doux
vit, à la prière de saint Augustin, un Abn-f/é livres. Lui-même en fait celle analyse. Les
d'Ifisloire universelle, en sept livies, depuis la cinij preuïicrs réfutent ceux qui pensent i|ue
création ilu monde jusqu'à sou temps. Sou le culte de plusieurs dieux esl nécessaire pour
but est de faire voir, par tout l'enseudde de la prospérité des chose- hu>:uaines, el qu'elles
l'histoire humaine, que les calamités publi- n'étaient si calauiiteuses que parce que ce
ques, princi|)alcracnt les guerres, étaient et culte était interdit. Les cinq autres sont contra
plus continues et plus sanglantes avant le ceux qui, i.vou.iul qu'il y a toujours eu el
thristianisme que depuis. Il l'ait incidemment qu'il y aura toujours plus ou moins do cala-

(1) .Terem.,
Lr, 48. —(î) Avoc, xvni ol xix. — L.
(,'.'.
I, c. vi. — (•» L. II. c. \^. — fs; L. IV. j.rè « «.
- (0)L. IV. c. VI. —
(7; L. IV, c. XI et xu. — (8) L. V. c i. — l9) L. VU. c. vin et suv. — (lOy I-. Ut,
s. ixm. —
(llj L. V, c. u.
LIVRE TRENTE-HUITIÈME. 461

mités temporelles, suivant les lieux, les temps Ilsprétendaient qu'il ne leur arrivait tant
et les personnes, prétendent toulctois que le de maux que parce iju'on néf^ligeait le culte de
culte de plusieurs était utile pour la vie fu- deurs dieux Et c'étaient ces dieux eux-mèmee
!

ture. Ces deux vaines opinions sont donc qui leur avaient infligé les maux les plus
lét'ulres dans les dix premiers livres. Mais funestîs les maux de l'àme
, les vices les
,

pour qu'on ne nous reprochât jioint d'avoir plus dégradants. Bien loin de leur enseigner
réfute les idées d'autrui sans établir les noires, ou de leur commander jamais de bien vivre,
nous consacrons à ceci la seconde partie de ils leur donnaient l'exemple du contraire.
notre ouvrage en douze livres, quoique dans Quantaux maximes humaines desphilosoplies,
l'une et l'autre partie nous fassions à la fois on aimait toujours mieux suivre les mauvais
les deux chose.' lorsqu'il eu est besoin Ue ces
,
exemples des dieux que les iMuines paroles des
douze derniers livres,-.les quatre premiers ex- hommes. Ce n'est pas tout. Les jeux sanglants
posent l'origine des deux cités, dont l'une du cirque, les impuretés du théâtre, qui de-
est de Dieu et l'autre dece monde les quatre ; puis longtemps avaient corrompu les Romains
suivants en montrent le progrés, et les quatre et perdu leur républiiiue, suivant le témoi-
derniers leurs lins différentes. Ainsi, quoique gnage de Cicéron, c'étaient les dieux ipii les
les vingt-deux livres traitent de l'une et l'au- avaient exigés comme la partie priiuipale de
tre cité, ils ont pris néanmoins leur titre de la leur culte. Là-dessus les Grecs raisonnaient
meilleure, et sont appelés De la cité de Dieu.
: ainsi S'il faut adorer les dieux qui deman-
:

Dévoiler à fond l'empire satauique des er- dent de pareils spectacles, il faut assurément
reurs et des téuébres faire connaître et aimer
; honorer les comédiens qui les représentent.
l'empire divin de la vérité et de la lumière ;
Les Romains répliquaient Jamais on ne doit
:

étudier l'un ell'autre dans leur oiigine, leurs honorer de pareilles gens. Donc, coneluaient
développements et leurs lins derniéi es initier ; les chrétiens, on ne doit point adorer de pa-
ainsi aux mystères de la providence divine, reils dieux. Combien les assemblées elire-
et donner la clef de l'histoire humaine tel : tiennes étaient dilférenles Là les peufiles af-
!

est l'objet de aint Augustin. fluaient avec un chaste empressement ; les


Comni' son ouvrage nous a servi de hase et hommes étaient séparés des femmes; tous y
de règle pour le notre, auquel nous avons apiirenaient à bien vivre dans le tem]>s, afin
tâche de l'incorporer, nous n'eu citerons ici de mériter de vivre heureux dans riHernili-.
que (juelques endroits plus saillants. Quant aux calamités corporelles, surtout les
Les paieus, qui blasphémaient le Christ à guerres, les Romains, d'après leurs propres
l'oceasiou de la prise de Rome, étaient bien histoires, en ont éprouvé de plus fréquentes
ingrats car c'était par respect pour le Christ
;
et de plus terribles, lorsqu'ils adoraient tous
que les (Jotlis les avaient épargnes. Chose sans leurs dieux, (juc depuis qu'ils ont commencé
exemple dans une ville prise. Au sac de Troie, d'adorer le Chiist. Rome, en particulier, n'a
ie piiéte uous montre Priam égorgé sur l'autel pas tant soutl'ert des Goths que des Romains
de ses dieux, et le temple ae Junou choisi par eux-mêmes pendant les guerres civiles.
les Grecs, non pour servir d'asile à ceux qui Si les dieux de Rome ne pouvaient rendra
s'y réfugiaii'nt, mais de hangar où I un en- heureux un individu , comment leur attri-
tassait les dépouilles des temples et des palais, buer la grandeur et la durée de l'empire?
avec les enfants et les mères captives. Quelle D'ailleurs la vraie gloire, le vrai bonheur con-
assistance Home pouvait-elle esjiérer de ses sistent-ils dans la puissance? Sans la justice,
dieux piuiatcs, eux que le même poète nous que Sont les royaumes , si ce n'est de grandes
montre vaincus à Troie, et sauvés du pillage troupes de brigands? et que sont celles-ci,
par la pitié d'un homme'? Les itomams se dans leur étal ordinaire ,sinon de petits
monlièient iiuelquefois plus cruels encore que royaumes? Car, parmi les brigands, il y a nu
les Grecs. Témoin ce général, (jui, dans les chef, un pacte social, un partage convenu du
guerres de Marins et vie Sylla, hi brûler la butin. Si leur bande réussit à occuper des
nouvelle Troie avec tous ses habitants, sans villes, à subjuguer des peuples, elle prend
en épargner un seul. Si donc il y eut des ca- ouvertement le nom de royaume, non [las
lamités a la prise de Uome, c'étaient de» acci- qu'elle ait cessé ses brigandages, mais parce
dents ordinaires delà guerre mais si les Bar- ; qu'elle y joint l'impunité. Tel fut l'empire
l)ares s'y montrèrent plus humains que les d'Assyrie, foudé par Ninus. Il est tombé, ainsi
Romains et les Grecs, c'est au Christ seul que celui des Perses, puis celui des Grecs, au
qu'on le doit. D'ailleurs la populace idolâtre milieu de guerres clfroyables, et cela pendant
de Home était si dégénéiée ulor~, que, pen- qu'on adorait les dieux et avant qu'on eût
dant que les nations les plus lointaine» et les prêché le nom du Christ (1). Ces dieux ne
villes principales de l'univers prenaient piibli- peuvent donc rien sur h; sort des emiùres. A
queiucnt le deuil pour eu pleurer le ilésastre, laquelle d'ailleurs de leurs intiombj'aliles di
eux couraient avec plus de fureur que jamais vinités les llomains allribueraient-ils la con-
aux jeux (lu cirque, et entre autres reiuj>lis- servation du leur (iJ). Chacune avait sa be-
saient (bailliage chaque jour de troubles et do sogne particulière. Par cxeniide, un seul
cabales pour des histrions. homme sullit ^our garder la j)urle d'une umi-

(I) L. IV, c. IV, V, n. — (2) L. V, c. ïu, XIII, 8tc.


462 HISTOmE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQLE
son, Iniulis qu'il fallait trois dieux : I13 «lieu vaises, et que, cependant, la sage-'o consiste
Forciilus, pour les liiiUaiits; la déesse Cardéa, à dompter ces passions. Il était alisui-de de
pour les gonds dieu Limoiitinus, pour le
; le prétendre que les démons étaii-nl li-s média-
sfMiil. Ainsi Forculus ne pouvail pas, avec les leurs nécessaires entre l'homme et les dieur
liallaiils, garder encore le seuil et les gonds ;
bons.
combien moins l'empire Sera-ce Jiipiti'r seul?1 Le seul médiateur entre l'homme et le Dieu
mais lequel ? celui du Capilole n'élail. qu'une véritable, c'est à lu lois Dieu et
le Christ,
pierie. Celui des [loëtes ne r(5giuiil que dans homme, immortel et mortel. ('.'nA pur lui
l'Olympe, ou bien ce n'était que l'cHhcr ou le qu'on obtient la vraie pureté de l'àine, non
ciel, sa femme Junon, l'air ou la terres car par la théui-gie, à quoi se livraient les ]>lato-
on n'avait point d'idée ".onslante à cet égard. niciens d'alors. C'est jiar lui que nous oli'ions
Selon les uns, Jupiter était à la fois tous les à Dion le.saerilice véritable, ijui est lui-même
dii'ux :pouiquoi donc alors en adorer |du- et nous avec lui. '"ommo b-s membres de ~tm
sicurs, puisque tous n'étaient cpi'un ? Selon corps. Tel est le.-MCj-ilii-o universel que l'K^liso
d'a\ilres,il était l'àmc du monde, et le monde oll'if)chaque jour dans le sacromeul de l'au-
était son corps en sorte ([u'en mareliaiit sur
;
tel, que les fiiiéles counaissent, et où il lui est
Ja terre, on lui marchait sur les pieds ou sur rappelé que, dans ce qu'elle olfre, elle est of-
quelque autre memlTO, ol qu'eu donnant le fei-le elle-même '2). Que si les philo-ophcs

fouet à un petit guiçon, on lu donnait à Jupi- appellent dieux bons ceux que nous iipjielont
ter. Après tout, quel besoin avait-un de Ju- anycs, nous ne disputerons [las du nuit; car
piter mi'me'? La déesse Victoire ne suf'lisait- l'Iicriture même leur donne quelrpitd'ois ee
elle pas toute seule? Ci.hii de tous les Romains nom, plus «.cuvent encore à des homme-. Ce
qui a le plus approché de la vérité est Varron, qui distingue les anges des démon>, c'c-.-l que
quand il dit : Onx-là seuls me paraissent avoir ceux-ci convoitent et mendient b.'s hunueurà
aperçu ce qu'est Dieu, qui l'ont cru une àiuc, divins, taudis que ceux-là les réserven! à (lieu
un esprit gouvernant l'univers par le mouve- seul, leur créateur aussi bien <jue le notrn.
ment et la raison. C'est de ce IHeu véritable Les démons sont contraints d'avouer ce qu'ils
que relèvent les empires; uon pas du ha>ard, sont el ce «ju'iLs souffrent, loisque, aux tom
ni d'un aveugle destin, ni de liafluence des beaux îles martyrs, on les charsedu corps des
astres; c'est lui qui, après avoir succcssive- possédés. Cependant, à ces mêmes m^irlyrs,
Dient passé l'emiiiro aux Assj'rieus, aux Perses, nous ne faisons ni temples, ni prêtres, ni sa-
aux Grecs, l'a d(uuié aux Romains, pour ré- criiiceSj parce qu'ils ne sont pas nos dieux;
compenser sur la terre leurs vertus terres- mais lem- Dieu est le notre, il est vrai que
tres (î). C'est lui, ajouterons-nous, qui, par nous honorons leur mémoire, les retiardant
les calamités mêmes dont il afûigeait Rome comni'i des saints et des hommes de Dieu, .[ui
alors, voulait en faire une liome toute chré- ont lombaltu jusqu'à la mort pour faire
tienne, une Rome digne de recevoir Jusqu'à la triomi)hci- la véritable relii;ion des fausses.
fin des temps le seul empire vraiment légi- -Mais qui jamais a entendu un prêtre des cliré-
time, l'empire de la vérité et de la justice sur liens. debout devant un autel, même |iosé sur
l'univers régénéré. le .saint coips d'un martyr, diie dans ses

Si les dieux du. paganisme ne pouvaient jiriêres Je vous offre ce sAcrit'icc, à vcms,
:

rien p(uir la vie présente, il était encore plus Pierre, ou Puu^. ou Cyprien? Nous l'offrons à
absurde d'eu attendre quelque chose pour la Dieu, qui les a faits hommes et m^ 1

vie lulnre. Ce que saint Augu?tiu prouve au qui les a honorés dans le ciel de la -i-
long, en ex;uniua^ t le.-, trois espèci s de théo- saints anges, pour lui rendre gràc.c--' <W Iciirs
gonie- disliu:;nées par Varron : la th<H>g">nie victoires et nous exciter ù les imiter par sua
poôtii|ue ou l'aliuleuse, la théogouie civile ou secimrs.
léi;ale, la théogonie nature. le uu philoso- Dans les livres onze, douze. Irciue, et qpe-
phique. torzo, saint .Augustin expose l'oritine dcft
Pour traiter, cete dcrnièrn, il distingue la deux cités, cité de Dieu, cilé du démon, l'E-
philosophie nat. •elle ou physique île Thaïes glice et le monde, desquelles il caractérise
of. d'Ionie, la piiilosophic rationnelle de ainsi la dilfcicnce foudamcntale. A ce fonda-
Pylhngore ou d'Italie, la iihilosophie moiale leojr de la cité sainte, les citoyeas de la cité
de Socrate, et remarque que l'ialon réunit les teiieslre préfèrent les dieux; ignorant (|u'il
trois eu une, qui se trouve unu espèce de tri- est la Dieu des dieux, non jias des dieux faux,
uité. Mais touCcn surpassant les autres pi ilo- c'est-à-dire impies et superbes, qui, pri\'»»s de
sophes dans chaque bianch'' de la philoso- sa lumière ineommutable <:t commune à tous,
phie, tout eu ayant des idées plus justes du et pour cela nvluits à unt cextaine puiss^tncfi
D.eu véritable et souverain, Platon, et [dus indigente, ambitionnent en «juelquc ma-
encore les platonicietis, ses disciples, ne lais- nière des pouvoirs, ^ivés, et demandent à
saient pas d'autoriser le cullc des démons. En leurs sujets dé<;us les Umneurs divins : raida
quoi ils n'étaient d'accord ni avec eux-mêmes des dieux pieux et saiuts, qui res-enlent p'.u*
ni avec le bon sens. Car ils conven.iienl que de joie à se soumettre eux-mêmes à un -eul
les démons étaient livres à des passions mau- que de se soumettre un grand nombre, à aUo«

(!) L. X, c. VI. - {:] L. .\r, c. II.


Ln'RE TRENTE HUITIÈME. 46.1

rer Dieu qu'à cire arloro? à la pince (1).


|iIiifot l'univers et de le réduire à une même forme
Ces sont remari|ualili's. Saiiil Augus-
piiidlc-i de société (!'>).

liu a'cst pas le seul qui s'exprime de la sorte. Dans les quatre derniers livres, il traite du
Le pape Fainl Dainaso avait déjà dit Le nom : souverain bien, de la résurrection giiiérale
de dieux a été imposé et outroyé par Dieu des eoj-ps, de la punition éternelle des mé-
aux anges et à tous les saints. Mai^ quant au chants et de l'éternelle félicité des bons. Que
Père, et au Fils, et à l'Esprit-Saint, à eauBede la résurrection soit possible, il le prouve par
l'une et égale divinité, ce n'est pas le nom celle de Jésus-Christ et il prouve la résur-
;

de dieux au pluriel ([ui s'emploie, mais le nom rection de Jésus-Christ, parce que le monde
de Dieu au. singulier; afin que nous croyions entier la croit sur la prédication des apôlics.
que nous sommes baptisés seulement dans le Cb sont, dit-il, trois choses incroyables: cjue
Pèle, et le Fils, et le Saint-Es|irit, et non pas Jésus-Christ soit ressuscité et monté au ciel
dans les noms des archanges et des anges, avec sa chair (pio le monde ait cru une chose
comme font les liénitiques, les juils et même si incroyable; (|u'un petit nombre d'Iionimes
le? gentils insensés i2). méprisables et ignorants Tait persuadé à lout
Après le parallèhi sommaire des deux cités, le monde et aux savants mêmes. Nos adver-
saint Augustin traite do Dieu, de la Trinité, saires ne veulent pas croire la première de
de la création, de la chute des anges et de ces choses in(;i'oyables ils sont forces même
;

l'homme, de l'origine du mal, avec une fo\de dâ voir la seconde, et ne peuvent dire com-
de questions incidentes du ]ilus haut inti'rèt. mont elli! est arrivée sans croire la troi-
Ainsi, expliquant de quelle manière la sauesse gieme (6).
de Dieu est à la fois multiple et une, multiple Dans le temps même que saint August'n,
l^arce qu'elle renferme tout, une en soi, il dit: sous l'image et la dénomination De la Ciii: de
Eu elle sont comme certains trésors immen- Dii'ii. développait aux chrétiens et aux païens
ses et infinis des choses intelligibles, en parti- l'origine célo-te et la durée éternelle de l'E-
culier toutes les raisons invisililes et immua- glise, il continuait d'en défendre l'unité et
bles des choses même visibles et muables, (|ul l'universalité contre les donatistes. Lettres,
ont été faites par elle. Car Dieu n'a rien, fait sermons, conférences. 11 ne négligeait rien.
sans le savoir; or, si Dieu a tout fait sciem- Ses elîorts ne restaient pas sans fruit non- :

menl, il faisait donc ce qu'il connaissait. D'où seulement di's hommes du peuple, mais des
celte conséquenoc surprenante, mais ccpen- évèqucs, élaient rcntr(!s dans l'unité. Ce(ien-
daiit vraie: Nous ne pouijions connaiuu le dant parmi bs autres, plu.-ieurs n'en deve-
moiide, si le monden'existait pas; mais le naient que plus furieux, particulièrcm'nt les
monde n'existerait pas, si Dieu ne l'avait pas circoncellions. Pour réprimer leurs violences
connu (3). Ainsi encore, apics avoir parlé do et leurs mcuitres, il y o,ut plusieui's lois de
la Trinité ciéalrioe, quia imprimé de ses ves- l'empereur llonorius. Le moyen qui paraissait
tiges dans toutes ses œuvres, il en déduit la le plus propre! aux évéques catholiques jiour
trinité radicale de la philosophie science de : faire cesser le schisme et am.-'ner la récon<i-
la nature ou de l'être, soienc de la vérité ou lialion, était une conférence générale enlie
de la raison, science du bien ou de la morale ; les évéque- de l'un et de l'autre parti. Les
science trine et une, parce que L; vrai n'est donatistes s'y réinsèrent louj^tem|)3. Enfin,
que l'être en tant qu'objet de l'intelligence, et quelques-uns de leurs évè. pies étant allés à la
le bien n'e^t que l'être en tant qu'objet de cour de Kavenne, témoignèrent eux-mêmes
la volonté (4). Enfin, ce qui a fait les la désirer (7). Aussitc t les évoques catholiques
deux uiiés, ce sont deux amours dans l'une, ; la demandèrent avec plus d'nistance que ja-
l'auiour de soi jusqu'au mépris de Dieu dans ; mais. L'empereui' l'accorda par un rescril du
l'iiutic, l'amour de Dieu jusqu'au mépris quatorze octobre -'ilO, adressé àiMarcellin, tri-
de soi. bun et notaire, c'est-à-dire général et conseil-
suit les développements de ces deux cités,,
11 ler d'Elal, vhrélieu aussi distingué par ses
dans les livres quinze, seize, dix-sept et dix- vertus que [i^ir son rani;, ami particulier de
Luil, à travers l'hiBloire des patriarches et saintAuguslin, qui lui a dédié son grand ou-
des prophète.-, jusqu'au Christ, et même jus- vrage De la Cité fie Divu, la^aul enlroiiris
tju'au temps jù il écrivait ; faisant voir on d'après ses inslances. Le rescrit ordonnait que
parlicnlu'i- cpic, non-seulement les piopbêles les evéques donatistes s'assembleraient à Car-
étaient plusancieas que les philiisophes, mais tilage dans quatre mois, afin que les éve |ues
que leurs prédictions s'aecoi"datent d'une ma- choisis de part ci d'aulrc. pu.-s, ni conférer en-
uicri; d'amaul plus admirable, que les diviirs semble. U.ué si les donatistes ne s'y trouvaient
'
dénies des pliilot-ophes s'accordaient peu. pas, après avoir été appelés trois fois, ils se-
(Junnl à la succession des empires, ou plutôt raient dépo-ssédés de leurs églises. Marcelliil
leui' unité, il observe que liubylnnc était était établi juge de la conférence, pour exé-
cninint^la premièie Kome, et Uome comme cuter cet ordre, et les autres lois données et
laseconde iJabyloiu;, comme la tille do la [ire- faveur de la religion catholique. Comme la
miçn!, pur laquelle il plut à Dieu de domptci' conférence avait de dcmaiulie rein|ieienr i

(ly L. M, c. 1. -(2; Tliéoiloret, I. Y, c. xi. Luliln.', t. II, col. 901. — (3) L. XI, c. x. - ^ij L- M, c mv.
(âj t. XVtllft. II cl xxu — (U; L. XXU, c. v. — (7j fu//<i/. tailla , diei Z, a. 110 et 124.
1

4G4 HISTOIRE iJMVEHSKLLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE

de i>art et d'autre, cl que l'on devait y revoir seulement en Afrique, mais j.ar toute la terre,
les imicéduics jiiiidiiiues sur l'ori^^iiiu ilu do- n'a |]U pi'rir jiai- les péchés de qui ijue ce soit;
nalisme, il n'est i>as étonnant (ju'un otlicier si eulin nous di'montnms, quanta ceux qu'ils

de l'empereur y i>résidàl. accusent, que la question est iléjâ lime et


Arrivé à (larUuij^c, .Mimeliln indiiiua la con- qu'ils ont élé déclares innocents, nous consen-
férenee au premier j(jur d(' juin Dés lors 'i 1 . tons qu'en se réunissant à nous ils conservent
il lit esser toute poursuite a l'égard des dona-
I
l'honneur de l'épiscopat. Car nous ne détes-
tistes; déclara, (juoicpril n"en ciil pas d'ordre tons pas en eux les sacrements, mais leurs
de l'erniiereur, ([u'^n rendrait à eeux de erreurs. Chacun de nous, dans les églises où
leurs éveques qui prouietlraient de se trouver il aura un collègue, pourra présider à son
à la con tëreucc, k-sf églises qui leur avaient tour, ayant son i:ollegue auprr> de lui comme
clé ùlées selon les lois, el leur prouiit de choi- un évèiiue étranger. L'un pourra pie^ider
sir un autre juge, à leur gré, pour èlre avec dans une église, l'autre dans une aulre et. ;

lui l'arbitre de celle dispute. Knlin il leur l'un des deux étant mort, il n'y aura plus,
protesta avec serinent qu'il ne leur ferait au- qu'un à la fois, selon l'ancienne coulume. Et
cune injustice, qu'ils ne souUriraient aucun ce ne sera pas une nouveauti-; car on a usé
mauvais traitemi'nt, el relourncraiinl chacun ainsi dés le commencement à l'égard de ceux
dii'Z eux en pleine lilicrté. Sa parole inspirait qui se sont réunis en (piiltant le schisme. Uue
une telle conliance, que tous les évéques do- si le peu[ile chrétien ne peut souU'rir de voir

nalisles qui n'étaient poinl enqiediés par la ensemble deux évéïiues contre l'c^rdinaire,
vieillesse ou la maladie, se mirent en route. retirons-nous les uns el les autres, el que les
Le dix-huit mai ils enlrérent à Carlhuge, évéques (jui sont seuls ians leurs égli-csen
lon> à la fois et en procession, comme pour établissent un seul où il serauéces-aire. l'our-
faire parade de leur grand nombre. Les évé- quoi hesilcrions-nous de faire à noire Hédemji-
ques catholiques entrèrent sans pomjie et sans ti'ur ce sacritice'.' Il est descendu du ciel jiour

bruit. nous faire devenir ses membres, el nous crain-


Quand ils furent arrivés, Marccllin publia drions de descendre de nos chaires, alin que
une seconde oidonnance, pour n gler l'ordre ces membres cessent de se déchirer par une
de l'assemblée. On devait choisir de part et cruelle division'/ Pour nous-mêmes, il nous
d'antre sept évoques pour porter la parole ; suftit d'être chrétiens fidèles el obéisianls;
sept pour leur servir de conseil; quatre pour mais c'est pour le peuple qu'on nous ordonne
surveiller les écrivains et les sténograiiliei, évéques. Usons donc de notre épiscopal sel<jn
dont il devait y en avoir de chaque coté qua- qu'il est utile pour la paix du peuple. .Nous
tre d'ecclésiastiques, sans compter ceux du vous écrivons ceci, afin que vous le fassiez
président. Pour éviter le tumulte, il n'y aura connaître à tout le monde (J).
ainsi à la conférence que trenle-six évoques, Ce langage est remarquable, non-sculemenl
dont les sept premiers de partel d'autre, pour- par la magnanimité chrétienne qu'il re-pire,
ront .seuls porter la parole. Tous ]iromet- mais parce nous fait connaître le vérita-
qu'il
trout, par écrit, de ratilier ce qui aura été ble esprit de l'Eglise dans la réception de ccux
fait par ces sept députés de leur choix. Les qui reviennent a s >n unité. Le schisme esl cer-
évéques recommanderont au peuple, dans tainemi'nt un péché considérable. C''pendant
letirs sermons, de se tenir en repos et en si- il n'esl pas même ciuestion de peuil'-nce. Ce
lence. Je publierai ma sentence, conclut .\lar- qui renverse de fond en comble deux préjugés
cellin, et l'exposerai au jugement lie tout le de Kleury qu'un évcque ne pouvait repren-
:

peuple de Curthage;je publierai même tous dre ses fonoliou.' après avoir péché; et que la
les actes de la conférence, où, pour plus grande cessation des pMiileuces cmnniques a éle in-
sûreté, je souscrirai le premier a tous mes troduite pour le malheur de l'Eglise par,
dires; tous les commissaires souscrii'ont de
:t l'ignorance l'.es docteurs scolasti que- du trei-
même aux leurs, afin que pMSouue ne puisse zième siècli'.

nier ce q.i'ilaura dit. Comme saint Augustin el quelques-uns de


Lee évéques catholiques adhérèrent par ses confrères s'enlretenaienl entre eux sur
écrit à tout ce que iMarcellin avait réglé. Ils cette pensée ; que l'on doit être évèqueou di3
ajoutèrent ces paroles mémorables Si ceux : l'èlre pas, selon qu'il est utile pour la jiaix de
avec qui nous avons all'aire peuvent nous dé- Jésus-Chrisl, ils passaient eu revue leurs col-
montrer que l'Kglise du Cbrisl, lorsque déjà, lègues, el n'eu trouvaient guère iju'ds crus-
d'après les divines iiromcsses, elle remplissait sent capables de faire â Dieu te saeniice. Ils
une grande iiarlie de l'univers el continuait à disaient celui-ci le peut, celui-là ue le peut
:

conquérir le reste, a subilemenl péri par la jias un tel en couvienl, non pas tel autre
;

contagion de je ne sais quels pechi'urs qu'ils .Mais quand on vint à publier la chose dan-
accusent, et qu'elle n'est dcmeuiée ipic dans l'assemblée générale, où ils élaient pré* de
le seul parti de Donat, nous leurs cèdeions trois cents evèques, celle proposition plut si
l'honneur de l'épiscopat el nous nous range- bien à tout le monde el fui reçue avec tant «le
rons sous leur conduite. Si, au contraire, ui'us zèle, que tous se irouvèriiil prêts à quitter
leur montrons que l'Eglise, répandue non- lepiscopal pour réunir l'Eglise. 11 n'y en eol

(t) Lal)be, t. II, col. 13i4, eic. S. Aug., t. IX, col. »4»
fAV&iù TRENTE-KCITIÉMB.

qtf oiAi'i i qui ïa propositio"' Jopiut un : que nous. Du moins avcns-nous raissn de âitm
vkiliard fort âgé, qui le dit nifhiie assez liltre- qu'ils sont en très-petit nombre, en comparai-
laenl; un au-k'e qui le lémoigna seulement son de toutes les nations qui compo^^ent la
par l'air de son visage. Miis le vieillaril, acca- communion catlioliipie. Que s'ils voulaient
blé par les reproches de tous les autres, chan- maintenant montrer leur graod nombre, ne
gea d'avis et l'autre de visau'e (1). l'auraienl-ils pas fait avec plus d'ordre et de
Les <lonatistcs répondirent également par tranquillité par leurs souscriptions Pourquoi !

HDe lettre, langage n'avait rien


mais dont le donc vouloir assister tous à la conférence?
de pareil. Ils s'y gloriQaient di; leur empres- quel trouble n'apporleront-ils pas en parlant,
sement à venir; mais demandaient à être a<ï- ou qu'y feront -ils sans parler? Quand on ne
Sttis tous à la conférence pour cùnvaincî€ , crierait point, le seul murmure d'une telle
viefausseté leurs adversaires, qui leur reprc multitude suffira pour empêcher la conférence.
îhaiant leur [letit nombre. Craignant doncqu'ils n'aient dessein de causer
Murcellin ayant rendu publiques les deux du tumulte, nous consentons qu'ils y assistent
lettres, les cath'diques lui en é rivirent une tous; mais à la condition que, de notre part,
seconde en réponse à la décliralion des do- il n'y ait que le nombre que vous avez jugé

natistes. Ils y témoignent leur inquiétude rvc suffisant, abn que, s'il arrive du tumulte, on
ce que les donatistes voulaient tous assister à ne puisse l'imputer qu'à ceux qui auront
la confé'^ence si ce n'est,:disent-ils, quo ce amené une multitude inutile pour une affnire
joit pour nous surprendre agréablement et se qui ne peut se traiter qu'entre peu personnes.
reunir tous à la fois. Pec'-etre qu'à l'occasion Mais si la multitude est nécessaire pour la
dj cette conférence onl-;!s reconnu, par les réunion, nous nous y trouverons tous quand ils
innombrables témoignages de l'Ecriture, que voudront.
{ tgli-e doit être répandue partuut el qu'elle Cependant les évêques catholi'iues ne man-
BU peut jamais périr; que, par conséquent, c'est quèrent pas d'exhorter les peuples à demeurer
une erreur de supposer ;u'ellene subsiste qu'eu tranquilles, comme Marcellin l'avait demandé,
Afrique et dans le parti de Donat. Peut-être et comme ils l'avaient promis. Saint Augustin
ont-ils reconnu qu'il n'y a point de mal en ce fit, entre autres, deux sermons où il semble
^ue les rois de la terre fassent dis lois pour la que c'est la douceur, la charité même qui
paix catholique, contre les partisans de l'hé- parle. Dans le premier, il relève les avantages
risie et du schisme, puisque l'Ecriture nous de la paix et la facililéde l'aviiir, puisqu'il n'y
contre non-seulement les anciens rois des a qu'à le vouloir, et comment il faut y amener
Hébreux, mais encore des princes étrangers, les donatistes par la doueeur. Que personne,
deteudre par les lois les plus meuaçautes, de dit-il, ne prenne querelle qu personne n'en-
;

dire uu seul mot contre le Uieu d'Israël. Peut- treprenne de défendre même sa foi, de peur de
être se soul-ils raïqielu que leurs propres an- leur donner l'occasion qu'ils cherchent. Si
cêtres ont délën; à l'empereur Constantin la vous entendez dire une injure, souffrez, dissi-
cause de (jecilii'u, et qu'il l'ailéclaré inaocenl. mulez, pas:ez outre. Souvenez-vous que c'est
i'out-élre out-ils reconnu dans les Ecritures un maladequ'il faut guérir. Mais, direz-vous,
saintes que l'Eglise, jusqu'au temps de la je ne puis soutfrir qu'il blasphème contre
moiu^on, sera meloe de froment el d'ivraie, l'E-'lise. L'Egli-e elle-même vous en prie. Il
et qu'un homme pécheur ne peut rien contre médit de mou évèque, il le calomnie puis-je ;

elle, puisque Dieu ajuréqu'elle ne pi.Tiiait ja- me Laissez dire et taisez-vous ; soutfrez-
tiiire'.'

mais. Pcul-etre ont-ils reconnu tout cela par le sans l'approuver. C'est rendre service à votre
leur propre es'-m,>le; car, ajirss avoir con- évéïpie, de ne point prendre actuellement son
damne les maximiani^te.» qui avaient con- parti. Que ferai-je donc? Appliquez-vous à la
damne r'rimien de Carthage, ils n'ont pas fait prière ne parlez point contre celui qui vous
;

'lilucullé de recourir au.\ pui-sauces de la querelle, mais pirlez à Dieu pour lui. Dites
terre pour les chasser des églises, ni de rece- paisibli'ment à cet ennemi de la paix, à ce
voir à leur communion, sans les baptiser de querelleur: Quoi que vou> disiez, quoique vous
nouveau , ceux qui l'avaient été dans le m<t baissez, vous êtes mon frère. Parlez leur
Echmiue. Peut-être qu'ayant reconnu toutes ar.lemmeni, mais doucement, et pries; aveu
ces clioses, ils veulent assister tous a la cun- nous le Seigneur dans cesjeùnes solennels que
non pour causer du tumulte, mais
féreiiCiS, nous celé brons après la Pentecôte (c'étaient
pan. Car (juaulàce qu'ils disent
poui' faire la les Quatre-Temps), et que nous observerions,
que c'e^t [lour montrer leur grand nombre quand même nous n'aurions pas celle cause
et couvaincie de mensonge leurs adversaires, de jeûner. Joignez-y des aumônes abomlantes,
si lesnôtres ont dit quelquetoi'^ qu'ils étaient exerçons l'ho<pitalité en voici le temps, les
;

ont pu le dire tres-veritablemcnt des


jieu, ils serviteurs di-. Dieu arrivent.
lieux où nous sommes beaucoup plus nom- Dans le second «.-rmon, il déclare que les
breux, et principalement dans la province évêques catholiques sont prêts à recevoir les
proconsulairii, quoique même dans les autres évêques donatistes dans leurs églises, ou mémo
provinces d'Afrique, excepté la Numidie pro- à leur céder leurs chaires, comme ils l'avaient
consulaire, ils soient encore beaucoup moins déjà déclaré dans leurs lettres. Puis il ajoute :

'1) S. AiiB. t. IX, col. 625. De gesiu cum Emerao


T. IV.
10
'iGC HISTuIRR UNIVBRSKU.K imVÈGUSE CATHOLIQUE
Qae pnrsoiine de vom?, mes frères, ne coure Après tousoesjn-éliminaire!», on s'asdemtna,
au lii'iiluconférenfc. Evitez même al).«fi-
lie le ])remier juin. Marcellin entra d'abord dans
liimiMit, s'il se iiciit, ilo pus^cr jiar iw linu-lA. le lieu de
séance, avec vingt ufticiers. Puis
la

lie pciirdc (ionncr iiiieLiuedecasion


de dis|ntle on évéques donatistes, qni en-
ititioduisit les

el floqiicri'lhîà ceux t|tH eu l'iierclicnl. Gi!iix trèrent tous, tandis que des catholiques il n'y
(]ui ik; craig-nent pas Iticii et <pii font ])ea .le
eut que les dix-huit diqiutés. Après la lecture
cas do nos avis, doivent au moins ciaindrft la du Tescrit imjiérial et de ses propres ordon-
sévi^fité doia puissani'cscculicrf. Vousavcz vu nances, Marcellin dit de nouveau que, si les
l'ordonnance de cet homme illnslre. ufliclice donatistes avaient quelque difficulté par rap-
pnliliiincmenl. Vous me dinz: Que devon--- port à sa personne, il l.-ur fiffrait de s'ad-
uous faire ? Nous vous donneions pciit-ctre le joindre un sewjiid jnpe à leur clioix. Pétilien,
partui^e le plus uti'le. Nous di^^puleroiis pour évèque donaliste di; Piilhe ou de Constan-
vous [iriez pi)ur nous soutf'iicz vos prières,
:
tanline, aneien avocat, répondit Il ne nous:
;

toinmi" nous avons dcjà dit, par les jeûnes et convient p:is de choisir un second jupe, piiii-
les uunnônes. I»ieut'étie que vous nous serez que nous n'avons pas demondé le itremier.
p)uT5uttlcs que nous ne le serons à vous {[). Marcellin lui fit observer que, d'après le resrril
'Le titille mai, tous les évéques eatholiques même de l'empereur, personne n'avait de-
s'assendiiérenldans r(^p:lise de Cartliay^e, et mandé de juge, mais seulement une confé-
dressi rcnlune pi'ocuration pour leurs députés rence; et que l'empereur ayant jagé à propos
à la conférence. Us y Irailèrenl tonte l'aUiiire de le nommer pour en connaître et en porter
sommairement, comme ils avaient déjà fait son jugement, il ne lui restait que d obi'ir,
dans leur seconde lettre. Ite .réparèrent la comme enx-mèmes avaient fait en se rendant à
question de droit et ia cause de l'Eglise ,
Carthage. En général, dans toute cette affaire,
d'avec la cause de Cécilien et la quoslioa de Marcellin fait voir un calme, unep.itience, une
fait, c' montrèrent (]ue l'Eglise catholique est impartialité, une politesse achevée. Ijet
répandue pai toute la terre, suivant les pio- donatistes eu'xmémes ne purent s'empêcher
nresses de Dieu que les mauvais, tilérés dans
;
de lui faire plus d'une fois compliment.
qu'on ne les cimnaît pas, ou
rE'.;li>;e paii-e Le grand point était, poirr les donatistes, de
liour le bien de la paix, ne nuisent point airx. ne pas venir au fond de l'afTaire et, ponr les
Vions, qui les souillent , sans consenlir àce catholiques, de les y amener, .\insi. les pre-
qn ils font de mal que Cécihen et Félix
;
miers, au lieu d'écouler paisiblement la lec-
d'Aptonge, qui l'avait ordonné, avaient été ture des actes, employèreirt la première joitr-
pleinement justifiés des accusations formées née tout entière à+dever des difficultés, «les
contre eux; enfin, que la conduit!» des doria- chicanes sur les personnes. Quanti, ajjrès
tistes à l'égard des maximianisies, réfutait bien des interruptions, on cul lu la jirociira-
tout ce qu'ils objectaient aux catliolicjues, soit tion des catholiques, souscrite, en la pn-scnce
touchant le baptême, soit touchant la pen-'écu- même de .Marcellin, par deux cent sohninlc-
lion ou la communication avec les méehanls. six évéques, ils demaTidérent i|ue les signa-
Les évéques catholiques crurent devoir ainsi taires se présentassent en personne Car, di- :

expliquer toute la cause dans leur lettre et saient-ils, on a pu tromper le commissaire en


ilans leur procuration, parc(! que le bruit faisant paraître devant lui des gens qui n'é-
v^ourait que les donatistes emploieraient des taient pas évéques, ou par d'autres artifices.
exceptions et des chicanes, pour avdir pré- Les catholiques craignirent qu'ils ne voulus-
texte, si on les refusait, de rompre la con- sent faire du tnmidte à !a faveur de la foule,
férence, et les cathohques voulaient qu'il et rompre laioiitéreiice. Ils finirent cependant
paii'it dans les actes qui demeureraient, (pie la par cécier. Tons Icors évéques enlrèrenl, ré-
cause de l'Eglise avait été traitée au moins pondirent à l'appel de leur souscription, <«
sommaiiemeni, et que les donalislesn'avaii'nt tirent reconnaître par les donati-tes du niera"
pas voulu entrer en conférence-; de peur lieu on du voisinage après quoi rhucun sor-
;

qu'elle ne fut entendue. A lafin delà procura- tait aussitôt, i rt-\i-cptii>n des dix-huild<^iiités.
tion, sont nommés les dix-huit dépwtés. Des Dans le nombre, eu reconnurent
les donati-^lec-
sejit (|ui devaient [lorler la parole, les priuci- six ou sept avaient 'é(c des leurs, l'ne cir-
qiri

piiux étaient Aurélius de Cartilage, saint Au- constance particulière, que Fleury n'eut pas
gustin avec ses deux amis. Alypins de Tagaste manqué de relevers'il utb» été quesHoa d'un
et Possidiusde Calame. Dès le vingt-cinq.de concile dn onzième siècle, c'est c)u« IVvèque
mai, les donatistes avaient donné à leorB- drZure, qni fiait présenl.'oe-savuil pas écrire,
commi.ssaires la procuration suivante .Naus : cl ipi'un autre soupcrivii «n son nom. Enfin,
V(uis cominellons la cause del'Eglisp. et rK)US tdules les souscriptions se Irouvêrenl enrctrle,
vous en faisons les défenseurs eonire les tra- au giirnd t'ioiincment de' donalistes, qui ne
(iiteurs ijui nous peisécirtent, et qui, par leurs s'irtleuilaietit {xts à voir leu- adversaires ar-
requête-, nous cml tiadnitseu ju;,'emenl de- rivc' eu SI gr.ind numbre.
vant le très-illustre .llan-elitu. Non- agréerons La |>rocurnlii>n des ilnna listes ayant été lue.
tout ce que vous ferez |niur l'éeliil do l-i sainte ensuite, les calmliqiie- dir.'ni que la défiaucj
Eglise, comme nous le déclarons ptu"no6bou6- qu'un leur avait moulnv Kur on iuspiruil à
criptions. leur tour, et qu'ils cxigoaieul pareil leai-inl

(1) S*rm^aoa.Yii\ «« ooaLm.


LIVRE TRENTE-HUITIÈME. 167
#up cluique évoque donatiste vint rertificr sa qui prouvaient que les donatistes cux-méiiics
souscription. Celle opiiralion présenta plusieurs l'avaient demandée dès le trente janvier ilHi.
iucideiil'i. Une douzaine il'évèques venaiejilde A peine en avait-on lu la date, que les dona-
se présenter l'iiii après l'aulre, lorsque saint tistes interrompirent la lecture, en disant
Alypius rli- Tajcasle demanda qu'on iiwcrivil qu'ils avaient des actes plus anciens, qui de-
sur les actes que tous ceux-là avaient été or- vaient être lus auparavant. Les catholiques
donnés évèques, non dans quelques villes, reprirent que, s'il s'agissait des actes plua
mais dan- dc> huiueaux et dans d^s fi;rmes. aiiciens, il fallait commencer par ceux qu"
Pi lilien. ('vè jue duna'iste de (^onstantine, ne monti'aient qae les donatistes avaient été les
nia pa-; le lait, mais répliqua que ])eaiicoup de agresseurs , eu portant devant l'empereur
ses adversairo, se trouvaient dans le même Constantin leurs accusations contre Cécilien,
cas. Ce qui nous explique le nomJjre prodi- par le ministère du proconsul .\nulin. Les
{rieux d'évéeliés qu'il y avaitalors en Afrique. donatistes résistèrent longtemps <à cette lec
Hélait tel, (|ue, dans ce i|ui actiK'llement turc', rebattanl toujours les mêmes chicanesi
(mois de février 1838) forme l'AlKérie occupée Il leur échappa même deux fois de se plaindra

par les FrançaLs. il y en avait plus de quatre- qu'insensvblement on les faisait entrer dans le
viiis^t. Un autre incident, c'est ipie, parmi les fondée l'affaire, comme s'ils avaient dû venir
sisnataires suppp-és présents de la procura^ à. la conférence pour autre chose. Enfînon lut

lioîi, il s'en trouva six ou sept qui n'étaient la relation du proconsul à l'erapereiir Conslan-
pas venus à Cartiiaire ou qui étaient uiorls en tin.jet l'on commença ainsi à entrer en matière.
route de plus, un évéquc d'outre mer. leur
; Les donatist.^ lurent alors une lettre qu'ils
prétendu évéque de Rome. Ce qui réduisait avaient composée depiiis la première confé-
leur nombre de deux cent soixante-dix-neuf à rence, pour répondre à la procuration des
deu-x cent soixante-onze. Ce n'est pas tout : catholiques. Elle traitait la question de l'Eglise
quand cette opération fut terminée saint . et contenait plusieurs passages de l'Ecriture,
Alypius observa qu'il venait d'arriver vingt pour montrer que l'Eghse est pure, sans mê-
évèques calholiques ([ui n'avaient encore pu lant de méchants, et que le ba[ttème donné
souscrire la procu'ralinn et>qiii demandaient à hors de l'Eirlise est nul. Ils finissaient par les
le l'aire. Ils lurcnl intr.i(1uvts, et donnèrent reproches de la persi^cution qu'ils préten-
leur ailhi'sion. Ce qui poilait le nombre des daient souffrir depuis un siàclci de la part des
catholiques à deu.\ cent i[uatie-viij^'t six. Pres- catholiques.
que tonte la journée se con.suaia daii< ces prc'- Ceux-ci l'coutèrenl celte lecture patiemment
liminaires. C'est [lourquoi. du consontenient et sans interrucition. Après qimi saint Augus-
des parties, la conlérenee fut remise au sur- tin prit 11 parole pour y répomlre. Mais les do-
lenilemain, atin qu'il y eût un jour d'inter- natistes l'interri^mpirent tant de fois et avec
valle pour metire au nettes actes. tant .le bruit, que le Iribain Marcellin fut
On s'assem'ila donc de nouveau le trois de obligé d'interposer son autorité. Saint Augus-
juin. .Mais les copies des actes n'étant pas tin montra donc que ies passages allégués de
aehevées, les donatistes élevèrent à ce sujet part et d'autre, étant d'une autorité es.:lei
tant de chicanes, qu'on remit lacoiilëreneeau devaient être conciliés jiar quelque distinc-
huit ihi morne mois. Il y l'ut encore ceci die tion, puLsqus. la parole de Dieu iu>, peut se
particulier. Jy tribun Marcelliu ayant in'vit^j contredire. Il faut disUiigiuir les deux états de
les évéqui-s à s'asseoir, les cathodiques s'assi- l'Eglise : celni d' la vie présente, où elle est
renl. mais les donatistes s'y rel'usèi'cnt olislii- iméléede 'hoBs et de mauvais, et celui de là
némenl ce qui fut cause que les calholiques
: vie fntuire, où .elle sera «ans aucun uiélan^ge de
se levèrent aussi, et que MarccUin lui-même mal, etoûises emfaiits n© seront pins sujets an
lit enlever son siège, ne voulaaal pas être pécbé et à lauaert. Il montra aussi comment
iwsis taj)dis que les évèques rcslaienit debout. on est obLigé en ce monde à se séparer des
La raisoiMpie les iloiiatistes albigiuaiieat pour mécliiints, c"esl-à-dire)par le cœur, rn aie coua-
ce siuitnlier refus, était qu'il est écrit Je ne
: injaniqnant [wintà leurs péchés, tuais non pas
me suis point assis <lan< l'ass'mblée des im^ toujours en ise séparant d'cuxt'xtêrieuremin.t.
[lies. .Mais en insultant ainsi leurs adversaires, .\près que laqui-^linn de dictiteut été ainsi
ils n'étaient [las d'accord avec eux-mêmes car; traitée. Je coamle Marcellin voulut .[u'oa trai-t
ils n'avaient pas lais-é .l'entrer avecles catho- tât la qucsti.ui .le tait cl la première cause du
liques, quoi. pie l'Ecriture ajoute: Et je n'en- schisme. Ix'sculh 'liqites .deman.lcrent qu'on
'rerai point avi* ceux qui f.ommettroat l'-oii- fit leclare des pièces .[u'ilsiiréseu aient inais
;

quitè, ainsi que saint Auguslin le leur fit les donalistess'y o|ip06èrenl lanit qu'ils paren*
letuarcjuer dans la dernière conférence. par diversee rliicanes. Ewlin l'on Iriiidn Ift
Elle se tint un joui' indiqué. Les donatistes cause 'du G''>cili«n, ct'on lut les de<i\ .n- aii.uMs
cbicanèrent e3ct>re longteuq)3 sur les .[ualités d Anulinià l'ciuper.'ur Constantin, puis l^s
fies parties, prêten.lant iiue les cilholiques li*llrcs do CwJistanliiniaux évèques, ainsi .[ue
.le smi cou.
le jugement du .pa|ie Melchii e
.'.
étaient des di:mandeurs. Ceu.\'-ci c. nvenaicul
qu'ils avaient d.iniaiidé la conférence, mais Les .lunalisles interm ..;iii il la lecture
til'e.

uni.piement pour di'f.-ndre J'Eiçlise contre les de cesckjrnrers «ctes, poui.- lire certaines letlfrcs
calomnies des don.itislns il- .iViii ni d'allenr^
; qui ne prouvaient vi n. F.nsiiile ils lur-nt
des actes failspar-devant le prclcldu prétoire, leur concile de soi.\aulo-dix évèques. tenue
4C8 niSTOinE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
Cartilage contre f.écilien, où ils le condamnè- dès le pointdujour,et quece fùtichuit ilejuiu.
rent ai>^•enl, commi; ayant éti! ordonné parties Cette sentence ne l'ut affichée en public que
tradilcurs. Les catholiques tirent voir alors, le vingt-six du même mois. Mareellin y dé-
par les actes du concile de Cirllic, en IJOo, que clare que, comme jiersonne ne doit être con-
plusieurs de ceux «pii avaient condamné (.6- damné pour la faute d'aulrui, b-s crimes de
cilidiélaienteux-mêmes traditeurs, et de leur Ci'cilien, quaml même ils auraient été prouvés,
propre aveu. n'auraii'nl porté aucun préjudice à l'Eglise
Cependant, comme 1rs donatisles voulaient universelle, de même que récemment la sen-
faire valoii' leur concile de Carllinge, les ca- tence des maximiini^tes contre Primien al>
tholiques léjiondiient i|u'il ne devait pas iaire sent n'a pu nuire à celui-ci qu'il était prouvé
;

)'lus de préjudice à Cécilioii que le (-(jncile des que Donal était l'auteur du schisme que Cé-
;

raaximianistes n'en avait fait à Primii'n, leur cilien et son consécrateur Félix d'Aplonge
évéque, présent à la conférence, (jui avait été avaient été pleinement justifiés. Après cet
condamné ahsent [lar le parti de Majorin. Alors exposé, il ordonne que les magistrats, les pr()-
les donatistcs, pressés par cel exemple et par priélaires et locataires des terres em|jêclii;iont
la force de la vérité, dirent Une atlaire ou : les assemblées des donaiistes dans les villes et
une personne ne fait point de jiréjugé contre en tous lieux, et que ceux-ci délivreront aux
une autre atlaire ou une autre personne. C'é- catholiques les i''gli-es qu'il leur avait accor-
tait jusiemeut ce que les catholiques avaient dées pendant sa commission. Quêtons les do-
accoutumé de leur répondre, pour montrer natisles qui ne voudront pas se réunir à l'E-
que les crimes de (^écilien, quand ils auraient glise demeureront sujets a toutes les peines
été prouvés, ne tiraient point à conséquence des lois. Toutefois, sa jiremièri! ordonnance
contre ses successeurs et les autres évéques aura son plein edél. Chaque évéque donatisle
d'AI'rique, beaucoup moins encore contre l'É- peut donc s'en retourner en toute sécurité chez
glise universelle. soi, afin de s'y réunir à la .seule et vraie Eglise
On acheva la lec.ture du concile de Rome, ou bien satisfaire à ee i]u les lois ilécernent.

où Cécilieu avait été absous, cl Mareellin pressa Quant à ceux qui ont des circoncellions dans
les donatisles de dire queliiue choee, s'ils pou- leurs terres, s'ils n'ont soin d'en n-primer l'in-
vaient, contre ce concile. Alors ils s'avisèrent solence, leurs terres seront conli-quées.
de dire, pour la première fois, que le pape Les actes de la conférence furent rendus
Melchiadc, qui l'avait présidé, était lui-même publics, et on les lisait tous les ans tout entier»
traiiitcur et, pour le pripuver, ils hrerit lire
; dans l'église à Carlhage, à Tagaste. à Contan-
des actes très-longs, sans indication de temps tine, à Hippone et dans plusieurs autie> lieux
ni de lieu, où il n'était pas même question du et cela peuilant le carême, lorsque le jeune
l'ape. On lut alors le jugement de l'empereur donnait au peuple plus de loisir d'entendre
Constantin, qui déclarait qu il avait trouvé cette lectuie. Toutefois il y avait peu de per-
Cécilien innocent et les donatistcs calomnia- sonnes qui eussent la patience de les lire en
teurs. Marcellm pressa de nouveau les donatis- j arliculier, à cau-e de leur longueur et des
tes de répondre à cette lettre de l'empereur. chicanes dont les donaiistes avaient affecté de
Ils ne purent rien trouver contre mais ils lu- ; les charger. Four remédier à cet inconvénient,
rent, aV'C un dir île triomphe, un passage de saint Augustin eu ht un abrégé, qui en com-
saint Optât, qui, touteluis, ne prouvait rien. prend toute la substance, y ajoutant des nu-
Ce ne lut pas tout: le président ayant fait méros, afin depouvnirplu- facilement rccouii.-
lire toute la page, on trouva que le saint di- aux actes mêmes. Le? donatisles se di-clanreu.
sait tout le contraire de leur iutentiun, c'est- appelants de la sentence de .Mareellin, sou*
à-dire que Cécilieu avait été déclare inuo';ent luetexle qu'eLe avait élé rendue de nuit, et
pai' la sentence de tous ses juges, ce ijui lit que les catholiques l'avaient corrompu par
rire les assistants, (jui avaient vu l'empresse- argent ce qu'ils avançaient au hasard, sans
;

ment des donaiistes à demander cette lecture. aucunes preuves. Ils disaient aussi que Mar-
Us tirent lire encore d'autjes pièces, qui tour- eellin ne leur avait pas permis de dire tout ce
nèrent également contre eux, et ui.e entin, qu'ils vou aient, it qu'il les avait tenus enfer-
qui di.nna occasion de faire lire les actes de més dans le lieu de la conférence comme dan--
la justilication de F>;lix d'Aplonge, cousécra- une prison. Saiht .\iigu.-'tin réfuta toutes ce:
leur de Cécilien. calomnies par un liaiîé qu il adressa aux do
Les donatisles, n'ayant rien à opposer à ces nalistes laïques, où il releva tous les avanta-
actes, relialtirent plusieurs fois les mem-'s chi- ges i,ue rEgli.--e cath<>Iit|ue avail tires de la
canes. Khlin, le trihun Maicellin leur dit : Si conférence; les eÛ'ortsijue les d^ inarr-tes avaient
vous n'avez plus rien à fiiire lire eonlie, trou- faits pour éviter qu'ellr- ne seliut; le? chica-
vez bon de sortir, alin qu'on puisse écrire la nes dont ils avaient usé pour ne |M>int entrer
sentence sur tous les eticfs. Ils se reliréreut en matière; les plaintes qu ils avaient répétée»
de part et d'autre. Mareellin dressa la seulence deux fois, qu'un les y laisait entrer ma. gré
et, ayant fait rentrée les parties, il leur en eux enfin ce mot important qui leur eùiit
:

fit la lecture. Il eLiil ilcjà nuit, et celte séance éi.happé Q ."une aQ.i rc i,i une per*.oniio ue
:

linit aux flambeaux, quoiqu'elle eût commencé fait point de piéjugé contre une autre vl).

(1) Aug., t. IX, wl. 5ât.


LIVRE TRENTE-HUITlfiME. r»
Cependant le tribun Mar.^ellin ayant fait un père n'emploic-til pas la crainte et la dou-
son rapjiort à l'empereur Honorius do ce qui leur? Mais n'enchaîne-t-on pas les frénétiques
s'était passé dans la conférence, et les dona- pour les ramener au bon sens malgré eux ?
tistes ayant appelé devant lui, il y eut une loi Mais Jésus-Christ ne dit-il pas qu'après avoir
donnée à Piavcnne, le trente janvier 412, qui, fait simplement inviter les premiers convives,
cassant tous les rescrits que les donatistes pou- le roi du festin, pour remplir la salle, finira
vaient avoir olitenus, et confirmant toutes les par dire à ses serviteurs: Contraignez d'entrer
anciennes lois faites contre eux, les condamne tous ceux que vous trouverez sur les grands
a de jïrosses amendes, suivant leur condition, chemins et le long des liaics? Mais Jésus-
depuis les per-onncs illustres jusqu'au simple Christ, qui appelle ses douze apôtres par le
peuple et les esclaves à la punition corporelle ;
seul attrait de sa parole, ne renverse t-il pas
ordonne que leurs clercs seront bannis, et Satil sur le chemin de Damas, ne (ui fait-il pas
toutes leurs églises rendues aux catholiques. La violence avant de l'instruire, ne le frappe-til
conférence fut le coup mortel pour le sehisme pas avant de le consoler? Et, chose merveil-
des donatistes; depuis ce temps ils vinrent se îeu-e l'apàtre amené à l'Evangile par la con-
!

réunir en foule à léi^lise, le? évèques avec les trainte, travaille plus pour l'Evangile que
peuples entiers. En 118, à Césarce, aujourd'hui tous les autres. Parmi les donatistes, il yen
Cherchell, à peine se trouvait-il quelque do- avait de furieux qu'il fallait eneluiîncr; il y
natistc qui ne lut pas revenu à l'unité. Ce qui en avait de pusillanimes qu'il faiblit rassurer
est plus étonnant t^ncore la plus grande par-
: contre la peur des premiers il y en avait ;

tie des circoQcellions, de ces forcenés qui ne d'indolents, qui étaient plongés dans une lé-
se plaisaient qu'au meurtre et au brigan'lage, thargie mortelle, il fallait les réveiller. La
revinrent au bon sens et à l'Kn'lise catholique, crainte de l'exil et de la confiscation produi-
quittèrent leur vie de vagabonds, s'adnnnèrent sait ces divers effets sur le très-grand nembre.
paisiblement à l'agricu'lure, pleurant chaque Des villes entières revinrent à l'unité et bé-
jour leurs excès passés et bénissant Dieu da nissaient Dieu de l'espèce de contrainte qu'on
''espèce de violence qu'on leur avait faite pour leur avaU faite.
les rendre attentifs à la vérité (1). Mais, reprenaient les autres, on ne lit point
Ceux qui s'opiniàtraieut dans le schisme ré- dans l'Evangile qu'on ait invoqué les rois de
criminaient de diverses iaçons. Ils se regar- la terre pour l'Eglise contre ses ennemis. Qui
daient comme des martyrs, et disaient que la dit le contraire ? réplique saint Augustin.
vinitable leli^non est celle qui est persécutée, C'est qu'alors ne s'accomplissait point encore
et non pas celle qui persécute. Saint Augustin cette prophétie du psaume Et maintenant, ô
:

leur fit l'oliservation, que ce qui fait les mar- rois com[irenez; instruisez-vous, juges do la
!

tyrs, ce n'est pas tant la peine que la cause; terre ; servez le Seigneur dans la ciainte.
et que le Seigneur ne dii point absolument : Alors s'accomplissait encore ce que le mémo
Bienheuieux ceux qui souffrent persécution, psaume dit en premier lieu Pourquoi les na- :

mais ceux qui soulhent persécution pour la tions ont-elles fiémi et les peuples ont-ils
justice. Autrement, il faudrait compter parmi formé de vains complots ?' Les rois de la terre
les saints et les martyrs les prophètes de Baal, se sont levés, et les princes se sont ligués
mis à mort par Elle, non moins que les pro- ensemble contre le Seigninir et contre son
phètes du vrai Dieu, mis à mort par Jézabel. Christ. Dans les livres des [irophètes, Nabu-
Autrement encore, les larions poursuivis pour chodonosor, impie, jette les trois erifants datiT'
leurs crimes seraient des justes, et les juges la fournaise converti, il défend sous les pei^
;

qui les poursuivent, des criminels. Or, la cause nés les plus sévères de blasphémer le Dieu
qui attirait aux donatistes les poursuites de qu'ils adorent figure de ce ([ue seraient leC-
;

la justice temporelle était l'opiniâtreté avec ci'sars de Rome, d'abord persécuteurs de l'&
laquelle ils déchiraient l'unité catholique, cette glisc, puis ses défenseurs. El déjà saint P&uf
communion divine de toutes les nations ; c'é- ne faisait pas plus que de livrer certains mé.
tait l'emportement avec lc(juel, depuis le com- chants au pouvoir de l'homme, lorstju'il les
mencement de leur schisme, un grand nom- livrait au pouvoir de Satan, aliu qu'ils appris-
bre d entre eux se livraient à toutes sortes de sent à ne point blasphémer ? Pocr échapper
violences, d'incendies et de meurtres. Ce fu- aux cmliiielies des Juifs, n'usait-ii pas de son
rent ces excès continuels qui portèrent les droit de citoyen romain, n'en apiielait-il pasi
empereurs à proscrire absolument ledonatismo l'empereur mèun", ?
au lieu d'en réprimer simplement les fureurs, Pourquoi, demandaient encore les dona-
comme le demanilaient un bon numbre d'évc- tistes, .s'il faut nous repentir d'avoir été hors
ques, [larmi le-quels s;iint Augustin. de l'Eglise et contre l'Eglise, nous recevez-
Les ri'fractaiiesdisiiint encore ijue l'homme vous après celle pénitence dans notre ram; da
étant une créature libre, il valait mieux l'a- clcres et mémo d'évèqucs? Quoique dans la
mener au bien par la persuasion que par la rii^ueurcela ne «hit pas se faire, repoiul saint
contrainte. Sans doute, répondit saint Augu<- Augustin, on le fait néanmoins pour le bien
Im, que cela vaut mieux. Mais, pour ameii(;r de la paix. Ainsi le régla dès l'orii^ine le coa-
à ce mieux un entant inap[ili qui; et indocile, cilo de llomc,lorsiiu'il jugea la cause do Ceci*

(l)AuK., Tnrmo ccclix, n. 8. Contra GnuJent., 1. I, n. 29. Episl. ad Boni/.


t?0 HISTOIRE universei.m: de léglise catholique

'lien et de Donnt. Avnnt tout, saint Pierre lui vous êtes un enfant delà piété rhr<*tiemi<?. La
.môme, après sa clnilc et su pénitence, n'estil cause nous est commune à tous deux mais ;

pas (icmi'uré ;ip(Jtro (I)? vous pouvez ce que je ne pui-i pas. Consul-
Parmi les ilijiialisles qui dcmcur/Tent opi- tons ensernldc, et venez à mon aide. On a fait
niàlros, qiieli|ues-uns s'einiinrt(>rcnl jusqu'à en sorte que les ennemis de l'Ef-Hise, qui s'ef-
déclarer qu'ils ne cliarigeraienl j>as de parti, forcent de séduire les ignorant- par la pré-
quand même on leur fer.iit voir la véiité de tendue persécution dont ils e vantent, ont
la doctrine catlndique et la fausseté de la eux-mêmes eonfe-sé les crimes horribles i|u'iU
leur. A Hippone même, il y eut de leurs cir- ont commis i-ontre des clercs catholique». On
conccllions et leurs clercs qui, s'étanl mis
d(! fera lire les ai'.tes pour guérir ceux «qu'ils ont
en embuscade, tuèrent un prêtre catliolique séduits Voulez- vous »iue nous n'osions faire
nommé Restitut, et enlevèrent de sa maison lire ces actes jusqu'au bout, s'iK conlienncnt
un autre nommé Innocent, à qui ils arrachè- l'exécution sanglante de ces malheureux, i-t
rent un leil et rompirent un doi^t à coups de que l'on souiieonne ceux qui ont soulTert
pierres. Ils furent pris parles oiliciers publics d'avoir voulu rendre le mal pour le
et menés au comte Marcellin, qui leur fit mal (.3) ?
donner huiueslion, nonsur le chevalet, comme Comme Marcellin tardait d'envoyer à saint
c'était l'ordinaire, avec dus ongles de fer et Augustin de ce proeè-, cpi'il lui avait
les actes
de feu, mais seulement avec des verbes cor- : promis, il lui écrivit pour l'en presser car il ;

rections cmployi'es par les professeurs des voulait les faire lire dans ré;:li~e d'Hiiqione,
arls libéraux, par les parents mêmes, et aussi, et, s'il se pouvait, dans toutes celles de la pro-
plus d'une I'dIs, par les évèques dans les procès vince, pour faire voira (ont le monde que les
qu'ils avaient à juger. Les coupables confessè- donatistes ([ui s'i-taient séparés, sous (irélexte
rent leur crime. de ne point participer aux prétendus crimes
Saint Augustin, craignant qu'on ne les pu- de quelques catholiipies, conservaient parm'
nit suivant la rigueur des lois, écrivit au comte eux une grande multitude de si-élérals con-
Mai'cellin, pour le conjurer de ne pas les trai- vaincus juridiipiement. Il prie encore .Marcel-
ter comme ils avaient traité les catholiques. lin de conserver la vie à ceux-ci, et àil'aulres
Nous pourrions, dit-il, dissimuler leur mort, qui continuaient leurs violences en se fui.'^ant
puisque nous ne les avons ni accusés ni pré- ouv: ir de force les églises. .Si le proconsul,
sentés devant vous mais nous serions lâchés
;
ajoute-t-il, persiste à vouloir les punir de
que les souû'rances des serviteurs de Dieu fus- mort, du moins faites insérer dans les actes
sent vengées par la loi du talion. Non que nous les lettres que je vous ai écrites à l'un et à
voulions emjieclierque l'on ote aux méchants l'autre sur ce sujet. S'il ne le veut pas, <ju'il
la lilierté de mal faire ; mais nous désirons garde du moins les coupables eu prison, et
que, sans leur ôler la vie ni les mutiler, on nous aurons soin d'obt^'ulr de la clémence des
les fasse passer do leur inquiétude insensée à empereurs que les soulfrances des •serviteurs
une IraïKjiiillilé raisonnable, on de leurs ac- de Dieu ne soient pas déshonorées par le sang
tions criminelles à quelque travail utile. C'est- de leurs ennemis. Je sais que l'empereur a
à-dire, pour parler le langage de nos jours, il facilement accordé la sràce aax païens qui
ne voulait pas la peine de mort, mais un avaiejit tué les clercs d'Anaune. que l'on ho-
système pénitentiaire (2). nore maintenant comme martyrs (4).
11 écrivit aussi au proconsul Apringius, qui A la lin de sa lettre, saint Augustin dit i
devait juger ces criminels, et qui était frère son illustn- ami qu'il aurait vraiment pilie dt
de Marcellin et chrétien comme lui. Saint lui, s'il savait de combien d'allaire- et d'oih
Augustin lui lit la même prière. Nous savons, vrages il était joiunellement accable. .Malirré
dit-il, ce que l'Ap(Mrea dit do vous, que vous cela, il venait d'expédier deux grande:, let-
ne portez pas en vain le glaive et que vous tres, l'une à Yolusicn, l'aulre à Marcellin
êtes les ministres de Dieu pour punir les mal- même. Volusien était des plus nobles de
faiteurs. Mais autre est la cause, de l'Etat, au- Home, frère d'.Mbine et onde de la jeune Me-
tre la cause de l'Eglise. L'Etat veut êlrecrainl; lauie. Il fut plus t-ird préfet île Rome et pro-
i'Egiise doit se recommaniler par la douceur. consul d'.:Vfriijue. H n'était pas encore chré-
Si j'avais all'aire à un juge qui ne fût pas tien, mais très i:^^truit des lettres liuuaines
eluétien, je ne lui parlerais point ainsi mais ; et de la p'ailosuphic. Il avait une suinte uiero,
je n'abandonnerais pas pour cela la cause de qui pria ALircullin de le voir de temps eji
l'Eglise; et, s'il voulait bien m'écouter, je lui temps, [jour le di.sposer peu à pou au hris-
représenterais que les souUrances des catho- tianisme. Dans la même vue, saint Au::u~tin
liques doivent être des exemples de patience l'avait exhorté à lire les Eerilurei saintes,
qu'il ne faut pas ternir par le sang de leurs priuci|ialement |i"s apoires, qui pnurraii-nl
ennemis; et, s'il ue se rendait point âmes l'exciter à lire les prophètes qu'ils citent. El
inslames, je le soupçonnerais de n'y résister eu même temps il s'oll'rait «le résoudre ses
qu'en haine «le la religion. Avec vous, la difticullés. Volusien, dans <ine lettre très-
ohose est dill'érenle car si, il'uji coté, vous
; élégante et très-polie, lui proi.osa, en elfct,
êtes revelu d'une haute puissauce, de l'auli. , plu-ieurs questions suri'incarnation du VerM
(1) AugHst., Episl. xcui, t05. — (i) I6id., ctxxni. — (3) Ibid., crxxiv, — (4) Ibid.. cxxxis.
LIVRE TaENTE.-HUmÈME. A7t

et les miracles de Jésus-Christ, qu'on avait pour des dieux en quoi les démons se substi-
:

soulevi'cs devant lui dans une réunion de tuèrent aux bons anges. Or, ce Dii'u que les
païens lettrés. 11 dit, en finissant On tolère : hommes croyaient si loin d'eux, son Verbe
en quelque sorte Tignorance dans les autres a fait voir, par son incarnatiou, qu'il en
évèques mais quand on vient à Augustin, on
; était assez proche pour se faire homme lui-
on rroit ([ue tout ce ijii'il ignore manque àla même.
religion (1). Mais, demandait-on, quels mirach's ont si
Saint Augustin lu. répond avec beaucoup gnalé une si grande majesté? Saint Ang;;M: i

de modi'stie Si vous m'aimez comme je vous


: rappelle en peu de mcits et ceux qui .)iit pré
aime, croyez-m'en plutôt cju'aulrui sur oe cédé sa venue, et ceux qui l'ont accompai;uée,
qui me regarde, et déposez l'opinion trop et ceux qui l'ont suivie, et dont, le nioi'.ile est
liii'nveiilante qun vous avez prise de moi. Ciir encore témoin. Il conclut en ces termes: Quels
telle est la profondeur des lettres chrétiennes, écrits de philosophes, quedes lois politi([ues
que si je les avais étudiées, et elles s-ules, sont à comparer à ces deux commandements,
depuis la première enfance justfu'à l'extrême où le Chiist a dit qu'est renferiuèe toute laloi
vieillesse, tout à loisir, avec la plus grande et les prophètes 'i'ous aimerez le Seigneur
:

applicalion et avec plus d'esprit que je n'ai, votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre
j'y ferais chaque jour de nouveaux progrès. àme, de toute votre intelligence, et votre pro-
Non pas qu'il soit aussi difficile d'y découvrir chain comme vou^-mème".'' Là se trouve la phi-
les choses nécessaires au salut mais plus on ;
losophie naturelle ou ])hysique, parc^ ([ue les
y avance avec foi, plus on y rencontre de causes de toutes les natures, de tous les êtres,
nouveaux mystères de sagesse, non pas dans sont toutes dans le Dieu créateur. La se trouve
les paroles seules, mais dans les choses mêmes; la philosophie raliouuelle ou logique, parce
telle qu'il arrive au plus intelligent et au plus que la vérité et la lumière de l'àme raison-
studieux ce que la même Ecriture a dit : nable n'est autre que Dieu. Là se trouve la
Quand l'homme aura fini, alors il commen- philosophie morale, parce une la vie bonne et
ci^ (2). Mais venons au fait. La doctrine chré- honnête consiste à aimer ce qu'il faiii et
tienne ne dit pas qu'en se faisant homme. comme faut, c'est-à-dire Dieu et le prochain.
il

Dieu ait de gouverner l'univers. Le


cessé Là encore se trouve le salut il'une réiuiblique
j)enser, serait d'unhomme par trop matériel. digne de ce nom; car une cité ne se fonde et
Pour concevoir quchpie chose de Dieu, que ne se conserve bien que sur la base de la foi el
l'esprit humain se considère lui-même, i/àme de la concorde, lorsqu'on aime le vrai bien
est unie au corps; elle voit, elle perçoit par commun à tous, qui est Dieu; et qu'en lui et
les sens corporels ; elle voit àun! distance pour lui on s'aime sinc-'-rement les uns .es
infinie le soleil et les astres sans sortir du
: autres (3).
corp^, elle est comme partout. Et il serait Volusien avait encore d'autres difficultés,
incroyahle (jue le Verbe de Dieu ait pu s'unir mais qu'il ne voulut point ajouter à sa lettre,
à la naluri' humaine sau> perdre sa divinité, de peur de la rendre trop longue. Marcellin les
sans abauilonrier le Ltouverneoient du monde, mit dans la sienne. La première était: Pour-
sans quitter le sein de sou Père! Voyez encore quoi Dieu avait remplacé la loi a.ic'.jnne par
la paroli! liumaine. Quoique composée de la loi nouvelle. Car disait-on, ce qui est une
syllabes (pii se suivent, elle se communique fois bien, il n'est pas juste de le changer. Saint

néanmoins tout entière à tous ceux qui écou- Augustin fait voir, par plu.sieurs exemples pris
tent, et tout entière à chacun. Et il serait de la nature, que tout le contraire. Dans
c'est
incroyable que le Verbe éternel et immuable l'année, les saisons se suivent et ne se res^em-
de Dieu pùl être présent tout entier partout I bbmt pas. Dans la journée, la lumière rem-
Mais on demande comment Dieu a pu s'unir à place les ténèbres. Dans l'homme, la jeunesse
l'homme de manière à ne faire (ju'uiie seule succède à l'enfance, l'âge viril à la jeunesse,
personne, le i;iirisl! Qu'on explique comment et à l'âge viril la vieillesse, qui se termia»
l'àme s'unit au corps de manière à ne faire par la mort. Ainsi Dieu, qui d'un regard em-
qu'une seule |iersonne, l'homme. Le Fils de brasse tout l'ensemble, développe chaque
Dieu s'est incarné dans le temps convenable, chose eu son temps. La seconde difiicullé con-
jiour insiruire et aiiler les hommes à obtenir sistait à direque le christianisme, par sa doc-
le salut eterui'l. Il l'st venu ccmfiruier par sou trine sur le pardon d(!s injures, était eoutcairo
autorité tout ce ([ui avait été <lit devrai aupa- au iiien des l-laLs.
ravant, nim-si'uliuueiil par les |'ro]ilii'te3, ipii Suint .\uguslin fait là-dessus celle remar-
n'ont rien ditipuide vrai, mais encore parles (pu'. Parmi toutes les lon.in^e- que Cicéron
philosophi's et les ptjëles, qui, paruii des (loiine à (v'sai', la plus uninde est, (ju'il n'avait
erreurs, ont diti)eauc(iu[i de vérités, il eu est coutume d'oublier que les injures. A ces paro-
surtout une, qu'il a persuadée (lar l'exemple les, t.n bal ile-A mains et on s'ècric: Voilà des
de son incarnati(ni. La plupart des houinirs, uuKinuîs et des mouirs ditîue- de donner uaii-
désireux «l'approcher la Divinité, s'imaginè- sance à une citii qui devait eommauiler à l'u-
rent no pouvoir y parvenir que par l'intiumè- nivers. .Mais ipiand la même doi'triiie est en-
.dioirc des puissiincea céleste*, qu'ilî prinuit seignée à la multitude des jjeiifiles, du haut

(l) £/.'''• Cïxxv. — (2) TjlI ww, 6. — f3) lîpist. cxxivu-


m HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISB CATSIOLIWUB

de la chaire chr^-Uenne, avec une divine au-


remplacer la j)eine de mort par un système
torité,on accuse la roilKion ri'ètre ennemie de pénitentiaire et correctionnel.
la lY'imhlique! la religion (lui, si on l'écoutajl Parmi les intercesseurs, saint Augu-tin
comme ell.! le mérite, consliluorail.ta'j;randi- n'était pas des derniers. On le voit par sa uor-

r.-iit républiqiifbeaucoup mieux que ne firent


la
respondanceavec.Macédonius, vicaire rl'..\frique
Homulus cl Numa. Car qu'est-ce qui; la chose ou lieutenant gi-néral du proconsul. Mai'édo-
{iiililique, sinon la chofe <\n iicii[.lc-? La cliose nius était à la fois un chrétien pieux et un
commune, voilà donc la chosi' de la cité Or, magistrat intègre. Il souhaitait lier amitié
qu'est- ce que la cité, sinon une multitude avec le saint ei recevoir de ses lettres. Il lui en
d'Iiomnp s unis ensenilde par le lien de la con- écrivit donc lui-même une lir^-obligeante. <'ù,

corde? Les païens mêmes le disent. Or, quels en lui deinatniant pr)ur quelle raison il s'était
préce|ites de concoi'de et d'union font-ils lire intéressé en faveur de certaine ncrsonne,il le
dans leurs temples'.' Les midlnureux n'ont- ! priait de lui dire, en général, si c'était une
ils pas été contraints de, elieidier comment, chose conforme au devoir du christianisme,
parmi leurs dieux discordants, ils iiouvaient que des évoques intercédassent ainsi pour des
honorer l'un sans oflenser l'autre? Que s'ils ccjupables. Saint Augustin fait voir, dans sa
voulaient imiter leur.s dieux dans leurs dis- réponse, que I)ieu lui-même nous en «lonne
cours, ainsi qu'ils commencèrent à f;iire dans rexem[de en faisant lever son soleil sur les
les Kuerres civil /s, hicité l'ésunie s'écroulerait méchants comme sur les bons, et en n'é[iar-
bientôt. Quant aux préceptes de mansuétude gnant pas même sou propre Fils pour sauver
cbrt'iienne, dont il imiiorle plus de s;iisir l'es- les hommes coupables; que Jésus-Christ a in-
prit que la lettre, si une réjiul)lique terrestre tercédé à sa manière pour la femme adullèr-',
les observait bien, elle l'erait la jiuerre même quand il a dit à ses accusateurs: Que celui
avec une certaine bienveillance, afin d'^imener d'entre vous qui est sans péché lui jette la jire-
plus facilement les vaincus à une société pai- miêre pierre. Il ne nie pas qu'il ne puis-e y
sible de pieté et de justic(;. Quant au reproche avoir de l'inconvénient dans <|uelquc3 cas par-
vague qu'on fait aux priuLCS chrétiens d'avoir ticuliers, mais il soutient que la chose en soi
ruiné l'empire, c'est une calomnie. Car S dluste est bonne et salutaire. Que si l'Eglise était dans
nous apprend que, longtemps avant le chris- l'usage de n'admettre les pécheurs à la péni-
tianisme, il a été dit de Home: Ocité Vinaleet tence publique (ju'une seule fois, persoime ne
prèle à périr, si elle trouve un acheteur! Le pensait à dire pour cela qu'il n'y avait plus
même historien indiipie l'époijuc où l'avarice, d'espoir de salut pour ceux qui, après !a re-
le luxe et la débauche, avaient eomniencé à chute, se repeutaienl sincèrement et expiaient
ruiner la république. Juvénal marque les pro- leurs taules par une meilleure vie. .\u re-te,
pres de ces vices, et combien les Romains la lettre est écrile avec tant de mode-lie,
s'étaient éloignés de la frugalité et de la i-au- d'améidté et de tendresse, qu'il était inqios-
vreié de leurs ancêtres, (|ui avai(!nt été le .sible de ne pas s'y rendre, Macédouius
.\ussi
fondement de leur gramleur. Dans quel abîme coupa-
lui récrivit-il qu'il se croirait hii-mérae
ce déluge de corru| tion n'ciit-il pas plonge le ble s'il ne lui accordait pas sa demande. Il le
genre îiumaiu, si la croix du Christ n'était remercie particulièrement des trois premiers
venue le sauver du naufiage(l)? livres De la Ciln de Dieu, qu'il lui avait en-
Un seul fait nous fera com|irendre quel voyés. Je les ai lus d'un bout à l'autre, dit-il ;
proiligieux changement le christiani-iue avait car ce ne sont pcs des ouvrages froids cl lan-
opère dans les idées publiques, en (tarticulier guissants qu'on peut quitter, quoiqu'on en ait
quant à l'admiidstration de la justice. Sous les commence la lecture, et qui laissent en étal de
em[iereurs païens, les histoires sont pieines de songer à autre chose; ils ne m'ont point donné
lamentations sur une irrémédiable calamité, de re[ios et ils m'ont attaché de manière a me
la peste des délateurs. Sous les deru'ers em- faire oublier toute autre alTaire. Aussi, puis-je
pereurs chrétiens, il n'en est plus question. Les vous lirote-tcr ijue je ne sais ce qu'on v d..it
tribunaux se voient sollieités dans un autie admirer davantage, ou la sainteté parf.iit • et
sens et par des personnes d'une toutauti'e ca- vraimeut épiscojialequ'ony voit, oulesdo:;mi'-
ractère; au lieu de di lateurs, ils voient accou- ou la profonde connaissance
]diil"so[diiipies,
rir des intercesseurs, ipii les supplient d'épar- del'hi-toire, ou l'agrément île l'éloi]ueii.e, qui
gner coupables, au moins de leur laisser
les touche de telle sorte les plus ignorants, ipi'ils
la vie, afin qu'ils puissent icparer leuis pre- ne peuveut s'empêcher d'aller jusqu'au iiout,
mières fautes par une conduite meilleure et ; et que, quand ils ont achevé de les lire, ils
ces intercesseurs sont les évèques catholiques. voudraient recommencer. Saint .\iigu-tin ré-
Leur intention n'était point que les criuiinels pondit à ces politesses par une lettre plus belle
fussent impunis; l'iLglise les mettait en péni- encore, où il montre que la vie bieuhenri-ii.se
tence jusqu'à ce (ju'ils se fussent |iunis eux- et la vertu virilablenesont que de Dieu, et où il
mêmes, eu redevenant hommes de bien. De nos semble re-pirer déjà le bonheur "lu ciel i).
jours, cette justice maleineile de l'Kglise L'anet dote suivante peut nous faire juger
C4jmmence à l'aire i>arlie de la raison publii]ue quelle idée on avait de la S'ience, mai- surtout
•t tait souhaiter à bieu des esprits de voir de la complaisance de saint AugusUo 11 «lail

(1) E^iist. cxxxvui. — (2; /Aid., cul, cLiu. cliv et clv .


LIVRE TRENTE-HUITIÈMB. *7I

malade, lorsqu'on lui apporta la lettre «l'un et dans Gaules, ne se réservant que ceux
les
certain Dioscore. datait \ n jgunn liommo, de qu'ils avaient en Ifalie^ en Sicile et en .Afri-
naissance, prf>s de ri'tourneren (în-ce. ([ui le que. Ils alVranehirent aussi huit mille escla-
priait assez lamilii'iorneiit de lui expliipier un ves qui leur appartenaient, et ceux qui ne
grand nombre de (iifficultés sur la doctrine voulurent point aecepter la liberté furent
ies anciens philosophes, sur plusieurs dia- donnés au frère de Mélanie. Ce qu'ils avaient
logues de CI"<^ron, en particulier sur ceux De de plus précieux fut destiné au service de l'É-
COrnteu?-. Il le pr;?siit de lui rendre ce service glise et des autels. Ils passèrent d'abord quel-
le plus tôt pos~il)le, attendu qu'il était sur le que temps à la campagne en Italie, employant
point de s'embarquer. La solulion de ces diffi- tous leurs moments à prier, à lire l'Ecriture,
cultés était lî'ailleurs pour lui d'une nécessité à visiter les pauvres et les malades. Ils se dé-
indispensalde, attendu que, s'il retournait dans firent encoi'e des biens qu'ils avaient en Ilniie
son pays sans savoir qu'y répondra, on le trai- pour assister les mallieureu.v. Ils passèrent en-
terait d'ignorant et d'imliécile. Saint Augustin suite en .\frique. Après un petit séjour à Car-
ne laissa pas ([ue de lui répondre; mais pour thage, ils allèrent vivre à Tagaste, sous la
lui fairi'. voir que ce qu'il appelait une néces- conduite de saint ,\lypius.
sité indispensable était nne ]Hn'e vanité, à Ils désiraient beaucoup voir saint Auirns-
laqurlle des évoques ne devaient avoir aucun tin. qui ne le désirait pas moins. Mais un
égard c]ue cette vanité était même sans fon-
; obstacle l'empêchait d'aller aussitôt à Tagaste,
dement, puis(]ue ni à Rome, ni en Afrique, ni comme il le leur manda dans une lettre. Son
ailleurs, personne ne s'amusait plus de pareil- peuple d'Hippone, revenu en grande [lartie
es i|uestions; qu'on n'était plus curieux de la d'entre les donatistes, était encore bien faible
doctrine d'.\naximène où d'.-Vnaxagore; que et bien imparfait la moindre trilnilation le
;

les sectes des stoïciens etdesépiouriens, venues mettait en péril, et, dans ce moment, il en
longtemps depuis, étaient tellement éteintes, éprouvait une très-considérable, probable-
qu'il n'en était presque plus question; même ment les violence.» des donatistes opiniâtres,
les erreurs qui voulaient se produire étaient et, tout rée-:;jtnent, il avait été fort scanda-
ohligées de prendre une enseigne de christia- fisé d'une absence de son évèque (2). Quelque
nisme, sous le nom d'hérésies. C'est d'elles temps après, Pinien et .Mélanie vinrent eux-
que Kioscore devait s'instruire, dans l'intérêt mêmes à Hippone, accompagnés de saint
de la religion chrétienne, plutôt <]ue de ré- Alypius. Un jour que tout le monde était à
veiller, par une vaine curiosité, d'anciennes l'église, le peuple se saisit de Pinien, et île
disputfs de philoso|ihes. A quoi il devait s'at- manda à grands cris qu'il fût ordonné prêtre.
tacher, c'était à chercher les moyens d'arriver Mais saint Augustin promit à Pinien ipie ja-
à la vie bienheureuse, c'est-à-dire à la posses- mais il ne l'ordonnerait contre son gré, et dit
sion du souverain bien. Platon, qui le plaçait à tout le peuple Si jamais vous l'avez pour
:

dans la sagesse immuable et dans la \éiité prêtre contre ma parole, vous ne m'aurez plus
permanente et toujours égale à l'Ile-même, pour évêcpie. Ce mol déconcerta pour uu mo-
est ci'lui de tous les philosophes dont la doc- meut la foule. Mais peu à peu elle recom-
trine approche le [ilus du christianisme. Aussi mença sesin-tances, en poussanldes clameurs
les platoniciens ont-ils eu peu de ch()se à mo- horribles; <dle s'emporta jusqu'à dire à saint
dilii-r pour s'attacher au (Ihrist. Pour arriver Alypius des choses très-injurieuses, lui repro-
là, mon cli(>r hioscore, la premièn' condition chant de retenir Pinien afin de profiter de .ses
Càt l'huraililé la seconde, l'humilité; la troi-
; richesses. Mélanie. de son côté, renvoyait le
sième, esttoujoursrhumilito, non pas qu'il n'y reproche h ceux d'Hippone. Saint Augustin
ait d'autres clu)ses à faire mais si l'humilité
;
était ilans une cruelle perplexité. Il tremblait
n'y est pas, l'orgueil nous ravira le mérite du que de mauvais sujets répandus dans l:i foule
.*)ien même que nous ferons (I). ne profitassent du tumul'.e |iour se livrer au
S.nint .Mypius, l'ami intime d'Augustin et pillage, à quoi cependant nul ue songeait. Il
érèque de Taga-te, leur patrie comaïune, y ne pouvait honorablement se retirer toutseul
voyait alors un mervi'illeux exemple de cette et laisser Alypius en péril, et il n'osait l'em-
humilité chiéticnne : c'étaient .Vlbinc, Méla- mener à travers la foule, île peur qu'on ne
nie la Jeune et Pinien. .Vlbine, so-ur de Volu- mit sur lui la main. .Vprês quebiues incidents
sien, avait (Mé marici- à Publicola, tils de Pinieu ajiaisa la multitude en lui iiroinettanl,
gainte Melanie l'Ancienne, et était restée avec serment, que si jamais il recevait les or-
il s'attacher.iit à l'église d'Hipp'uie.
veuve avec deux enfants, un tils l'I une (il'e, drcô, Pi-
sainte Mêlunie la Jeune, mariée à Pinien, tils nien vécut a Tagaste, avec Mélanie et .Vlbine,
de Sévère, piéfet de Home. Pinien descen- dans une extrême pauvreté, pendant seid ans.
dait lie Viileiins i'ublicola, liin des premiers .Mélanie s'accoutuma tellement au jeune, que
et des plus illustres consuls de la ri'publique souvent elle ne mangeait qu'une fois la sis
romaine. Uuelipie temps avant ([ne Rome fût maine. Du pain et de l'eau faisaient sa nour-
assiégée par .\laric, ces saints personnages, riture ordinaire ce n'était que dans de- oc-
;

pre'^si'ntant ce tjui allait arriver, >n sortirent, casions solennelles qu'elle y ajoutait nu peu
vendirent les Liens <iu'ils avaient en Espagne d'huile. Leur occupation à tous les trois était

'D EpiiC. cxvn et oxviii. — C!) M-. cxxnr.


I7i HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATHf)LIQUE
de lire et de transcrire ries livres. l'iiiien cul- Adolphe et Placidie étaMirent loor rési-
tivrtil aussi le jardin. En Ali, ils quittèrent dence à Iléraclée, actuellement Saint-Gilles
rAtVi(iue et se rendirent à Jétii'^alcm, où ils en Langui.'doc. (Jn a rc;lrouvé dans cette ville
conlimièrent le même frenre de vin. ,\lliine une inscription où Adolphe est appelé le Irès-
mourut en 433, et Pinien deux ans après. Méla- pui-sant roi des rois, le Irès-ju-ti; vainqueur
nic lui siirvécnt ijuatre ans.KUe se retira dans des vainqueurs II eut de Placidie un fils qui
un monastère qu'elle avait fait hî'itir, et dont fut nommé TLéodose. Ce fut pour lui un mo-
elle fut oriliiiéo de prendre ]>• f,'ouvernement. tif de plus de liésirer la paix avei- rem[tire
Pendant ijue l'Eglise s'éditiail des (gran- romain. .Mais Constance, général d'Honorius,
deurs do l'empire romain, eet empin' allait s'y o[)posa de tous se moyens. Par suite d'ar-
croulant de phi* en plus. Dans le lein[is cjue rangements, on lui céda une partie de TEspa-
le Golli Alaric ussiéiji'a et prit Rome, il y -gne. Adolphe établit sa cour à Bari-elone.
avait un empereur à Ravenne, c'était Hono- Mais bientôt son lils venant à mourir, le
,

rius il y en avait nn dans-li'S Gaules, c'était


;
plongea dans la plus amère douleur, lai et sa
£onstantdn;il y en avait un en Espagne, ([ui se femme. Pour comble d'infortune, Adolphe fut
nommait Maxime; il y en avait) un quatrième assassiné peu après par un valet d'écurie. Sa
en disponibilité, c'était Atlaie. Constantin, dernière parole fut pour recommander à sou
reconnu par Honorius, lui pi'omit de le secou- frère de remettre Placidie entre les mains
rir contre Alaric, mais c'était- pour le dépoail- d''Honorius, et d'entretenir la paix et la con-
1er lui'-méme du peu qui Ini restait. Il ne corde entre les Gotlis et les Romains. C-da se
réussit pa-i. Jl se vit, au contraire, assiégé fit, mais après que le successeur il'.Vdolphc

dans Arles, par Gérontius, général de Maxime. eut été tué à son tour, Ilonorius fit épouser à
Gérontins, (|ui assiégeait (^.onstantin, fut bien- sa sœur, en it7, son général Constance, qoe,
tôt assiégé lui-même par^ Const;nice, général le 8 féviier 421, il déclara empei'ear, mais .|ui
d'Honorius, se vit abandonné de ses troupes mourut sept mois après, laiss int île Placidie
et se tua sur le corps de sa femme. .Maxime, une filli' un fils, qui fut l'empereur Valen-
et
qui n'avait fait que prêter son riom, fat épar- tinien ML Pour ce qui est d'Atlab', IroiS fois
gné par mépris et alla mourir inconnu chez emperi'ur, Honorius l'ayant eu en sa puis-
les Baibares. Constantin, voyant que la ville sancv', le fit marcher devant son char en en-
où il s'était renfermé ne pouvait iJhis tenir, trant dans Rome, puis ordonna de lui couper
quitta la pourpre, se réfugia dans nue église deux doigts de la main drf)ile et de le con-
et se fit ordonner prêtre. Les habitants de- duire dans une ile pour y passer le reste de
mandèrent le pardon ])our eux et la vie pour ses jours dans une honnête aisance. C'était le
Constantin et pour Julien, son fils, ce que les traitement qu'Attale avait destiné à Honorius
généraux romains promirent avec serment au lùi-mème.
nom de l'empereur. Mais lIonorius,au mépris .\u milieu de tant de révoUitioiis, l'.Vfrique
de la parole donnée, leur' fit couper la tète. eut aussi sou empereur. Ce fut le comte llera-
Dans le moment même que Constantin dépo- clien. Il avait conservé ce pays contre .\ttale ;

6rrit la pour(U-eimpériale à Arles, le Gaulois mais il parut 4]ue c'était moins pour Hono-
Jovinus la prenait à Trêves, et se donna bien- rius que pour lui-même. Tandis que les Goths
tôt pour collègue son frère Sébastien. .Mais pillaient l'Italie, lui dépouillait les fuu'itifs
dans peu ils furent défaits et tués [lar Adol- c|ui cluTchaient un asile en .\friqu-'. Nommé
Î)he, neveu d'Alaiic, qui, parmi les captifs de consul en .413,11 retint les convois qui ilevaient
^'Ilu>, avait la princesse Placidie, so^uc d'Ho- approvisionner Rome, et partit lui-même avec
norius tt tille du grand Tliéodose. Quoique sa une Hotte considérable poui' surprendre cette
captive, il la traitait en p:incebse. A force de ville. Mai- il fut battu, et revint avec un .-cul
soins, il sut même gagner son cœur, et l'é- navire à Carthage, où il fut pris et décapité.
pousa au mois de janvier 414, dans la ville de Son vainqueur, le comte Marinus. y arriva
Naibonne. Tous les honneurs furent adressés bientôt après, et poursuivit avec riçucur ses
à Placidie. La salle était parer- à la manière complices vniis ou prétendus. L-' tribun .Mar-
des Romains ; la pi incesse portail les orne- celiin et son frère Aprtecius, qui avaient en-
ments im[)ériaux, Ai'olpl e était vêtu à la ro- couru la haine des donatistes et l'inimitié d'un
maine. Entre autres marques de sa magnilî- certain Cécilie:i, ami intime di- .Marinas, fu-
ccDce, il fit présent à sa nouvelle épou-e de rent arrêtés et jetés dans uu cachot. Saint
cinquante pages, qui portaient chacun deux .\ugu-lin et d'autres évéques intercédèrent.
bassins, l'un nnipli de monnaies d'oi l'autre , .Marinus à Tempc-
leur conseilla d'env<»yei
de jdcrreries il'un prix infini c'étaient les
: reiir l'un d'entre eux, promettinl de sur-eoir
dépouille- de Rome et ce superbe appareil
; à l'insliucliou du procès jusqu'à -on retour.
sen)biait réunir ensemble les noci-s d'.\<iolphe Les évè-iues suivirent ce conseil. Peu de jours
et les lunèraïUes de l'empire d'Occident. Ce après, Ciïciiien vint trouver saint .\uirnstin et
qui ,u lièvi> lie peindre la fragilité des gran- lui pixilesta avec sermejil (]ue Mi'i 't

deur> humaines, Atlalus, empereur déjà deux enliii rendu à ses instances, et q';e. :n
fois cl i{ui devait l'être une troisième, y chanta délai, il aK;,il élargir les deux a-cu-os. Ik- le
h!pilhalame(i}! lendemain, iJ.s furent juges et «îxecutés sur-le-

Utslhire du Bas-Empire, 1. XXIX. Oros., 1. Vil, c. XL. JoraauJ, Dt- rtb. gttu:., c. ixxi.
,

LIVRE TRENTE-HCITIPME. rra


cliamp. Marinus s'oxcusait surun ordre exprr- surprises et ne savaient qu'en penser, retenues
iliril prélemlait avoir reçu de la cour. Il eu entre la crainte et la joie. Enfin, elles oui'oras-
vii]t un en effet après l'exécution mais c'é- ; sèrent Démétriade à l'envi, et, mêlant leurs
tait un ordre de mettre en liiierté les deux larmes avec ses larmes, la relevèrent et la
frères, dont l'empereur avait reconnu l'inno- consolèrent, ravies qu'elle eût pris une si
cence. Quand Honorins apprit leur suppl!Ci\ sainte résolution. Toute la maison fut remplie
il en fut si indiiîné qu'il rappela Marinus .'t ! d'une joie incroyable : plusieurs de ses es-
dépouilla de toutes ses charges et pour que ; claves et de ses amies suivirent son exemple
les donatistes ne se prévalussent point de la et se consacrèrent à Dieu. Toutes les églines
mort de Marcellin contre les lois publiées sous d'Afrii[ue se réjouirent de cette nouvelle elle
;

son administration, il rendit une ordonnance se répumlit d;ins toutes les îles qui sont entre
oiï il [larle de lui avec éloge et confirme tou- l'Afrique et l'Italie Rome muice en fut con-
;

tes les lois faites précédemment contre eux. solée dans son abattement, et la renommée en
L'Eglise honore la mémoire de Marcellin passa jusqu'en tlrient. Bien différentes de cer-
comme d'un martj'r le six avril. Saint Augus- tains parents, qui dès lors ne consacraient à
tin, qui en fait un éloge complet, fut etutore Dieu ([ue les filles porvr les(|uelies ils ne trou-
moins aftliué de sa mort que de la cruelle per- vaient pas de maris, et qui souvent alors ne
lidie de Cécilien et de Marinus. Il en eut tant leur accordaient pas même le nécessaire, afin
d'horreur, qu'il s'enfuit aussitôt de Cai- de mieux enrichir celles qu'ils étabMssaient
thago(l). dans le monde, Proba et Julienne ne dimi-
Un événement d'un autre genre vint le ré- nuèrent rien de la dot de Démétriade, et don-
jouir vers le même temps, et avec lui toute nèrent aux pauvres tout ce qu'elles avaient
l'Eglise ce fut la consécration de la vierge
: destiné à son époux. Elle reçut le voile de la
Déniétriade. Elle était lille d'Olybrius, consul main de l'évèt(ue, avec les prières et les céré-
en 395, et petite-iille de ce Probus, si renommé monies ordinaires. Saint Au.gustin en eut une
dans l'empire, que deux seigneurs de Perse joied'autant plus grande que ses exhortations
firent exprès le voyage de Rome pour le voir. n'y avaient pa- jieu contrilnié car il avait vu
;

Sa mère .Julienne et son aieule Proba vivaient Démétriade pendant le séjour qu'il fil à Car-
encore. Proba avait vu ses trois fils consuls : thage-, pour la conférence avec les donalistes.
Probiiius, Olybrius et Probus. Ses richesses De plus, il avait écrit àson aieule une instruc-
répondaient A tant de grandeur. A la pri<e de tion sur la manière de vivre en véritable
Rome , au milieu des glaives des Barbares veuve, où il traite particulièrement de la
l'aicule et la mère surent défendre l'honneur prière. Aussi Proba et Julienne ne mani[uèrent
de leur fille. Aussitôt après, elles se réfu- pas de lui écrire la nouvelle de sa profession,
gièrent toutes les trois à Carthage, où elles en lui envoyant un petit présent, selon la cou-
eurent beaucoup à souffrir de la rapacité et tume. Elles écrivirent aussi à saint Jérôme, et
de l'injustice d'Héraclien. Prolia et Julienne le prièrent instrimment de donner à leur fille
avaient résolu de marier Démétriade en Afri- une instruction pour sa conduite. Il (piitta,
que, à quelqu'un des illustres Romains qui s'y pour y satsfaire, le Commentaire sur Ëzéi-kid,
étaient retirés, quoiqu'elles eussent mieux qu'il achcivait alors, et écrivit à Démétriade
aimé lui voir embras-er la nrginité mais ;
une grande lettre, contenant tous les devoirs
elles n'osaient attendre d'elle une si grande d'une vierge clirétienne (2).
perfection. Cependant Démétriade prit cette Dès 410, le saint docteur avait été obligé
suinte résolulion bien en secret. Au milieu do d'interrompre ses ouvrages sur l'Ecriture, à la
quantité d'eunuques et de fille-; qui la ser- nouvelle de la prise de Rome pur Alaric, delà
vaient, au milieu des délices d'une si grande mort de Pammachiu-, son intime ami, et de
maison, elle se mit à pratiquer des jeûnes, à plusieurs autrc^s personnes considérables de
porter des habits pauvres et rudes et à coucher cette ville. U ne put voir, sans fondre oo
sur la terre, couverte seulement d'un cilice. larme-, la noldesse de Rome, fugitive de tous
Elle le faisait en cachette, et il n'y avait que cotis, venir lui demamler à Bethléem la vie
quelques vierges de la suite de sa mère et do et le couvert, après avoir possédé des riihe>ses
son aieule qui en eussent connaissance. Ello immenses. 11 mit tout en rnuvre pour les se-

priait le Sauveur, à genoux et avec larmes, courir. Mais à peine put-il échapper lui-même
d'accomplir son désir et d'adoucir l'esprit de aux mains des Barbares, ([ni, en II I, tirent
sou aïeule et de sa mère. des courses sur les fiontièris de l'Egypte, de
Enfin, le jour des noces étant proche, comme la Palestine et de la Syrie. Ces calamité,-, sur-
on prépaiait déjà la chambre nuptiale, une tout la prise de Rome, lui faisaient regarder
nuit elle se détermina, encouragée jiar l'exem- comme proche la fin du monde. Eu elfet, le
ple de sainte Agnè-, et le lendemain, laissant monde romain, le monde idolâtre, le vieux
tous ses ornements et ses pierreries, et cou- monde s'en allait pour faire place à un monde
verte d'une (lauvre tunnpie et d'un manteau nouveau.
pareil, elle alla se jeter aux pieds de son Saint Nil qui, de préfet de Conslnnlinoi'de,
iiii;ule Prol)a , m- .^'expliquant que par ses s'était retiré dans le monastère de Siniii avec
lurnies. Proba et Julienni; furent extrêmement son fils Théodule, Ait pai-eillcmtnt i-prouvii

't) Ei>U<. ci.i. Ilist. du Uas-Hiiipire.ï. X.XIX ni XXX.— (î) Hier., FpijMcvu. Aug., Fpuf.cxixetCLXXxvui
170 HISTOIRE UNIVERSELLE DE LEGLISB CATHOLIQUE
par une grande affliction. Tan.1is(]u'il ne pen- donner aux Barbares ciî qu'ils demandaient,

sait qu'à jouir d'une parliiilc traïuiniHilé au promettant de le leur i-endre et de Icsseivir
milieu de sa retraite, une bande de Sarrasins encore Tnlin ie. fi« p'Iié, et on m'aclieta.
p'('lant répandue dans le disert de Sinaï, en L'évèquc d'Eliiise traita le père et le fils avec
atlnquèreiit les solitaires, il-^ en luèrcnl plu- beaucoup de charité, et ies retint auprès de
sieurs, en oniinenèrcut li'nutrescaplirs, et don- lui quelque temps pour les remettre de leurs
r.èrent à ipieliiiies-uns des plus vieux la liberté fatiiiucs. Il voulut même récompenser la vertu
de se retirer. Saùit Nil fut du nombre de ces de saint Nil. en ronlonnant prêtre malgré
derniers; mais son fils Tli(!'odule fut emmené toute sa résistance; et quand ils se retirèrent,
captif. C'était la coutume de ces baibarcs de il lenr donna de quoi faire leur voyage, qui
saii'iiier à l'éloile de Vénus loi^ipTclle parais- était lonu'. On a de saint Nil plusieurs traité»
?ait, et avant le lever du Ftdril, le< jeunes gens sur la vie ascétique nu reliitiouse, et plus de
jcs mieux faits et qui étaient dans la vit^ueur mille lettres adressées à des personne» de tout
de l'i'ige. Tliéodule fut choisi pour victime rang, à des génitaux d'armée, a des préfet?
avi'(; un esclave de la vilb; de l'iiaran. Ils de- du prétoire, à des proconsuls, h des empe-
vaient être immolés tous deux le lendemain. reurs, à des évècpjcs, à des prêtre-, à des
L'esclave, averti secrètement, en avertit Tbéo- diacres, à des S'ius-diacres, à des moines, à
dule et le pressa de se sauver avec lui par une des religieuses, à des diac'ne-ses. à des dé-
prompte fuite. Théodule, craiiinant d'être re- fenseurs de l'Eglise, à des chanceliers, à des
pris, aima mieux rester et s'aliandonner à la référendaires, à (les philo-opbes. à des avocats,
Providence. Saint Nil, retournéàla montagne à des tribuns, à des Juifs, à des Samaritains,
de Sinaï, était à s'entretenir avec les moines à lies païens et à d'aulre». Elles sont bien
et à enterrer ceux qui avaient été tués par les écrite":, pleines d'esprit et de feu, et renfer-
Barbares, quaml l'esclave fugitif y arriva tout ment des maximes iranortantes pour toutes
Lors d'haleine, et lui raconta l'extrême péril CCS sortes de personnes (t).
oii il avait laissé son fils. On peut juger de Le pbilosn)ihe et puCte SynéMus, dont le»
finquiétude du père. registres publics faisaient remonter la généa-
Quelque temps après, on lui assura que son logie par les rois de Sparte ju=qu'à H'-rcule,
fils était vivant et esclave dans la ville d'Eluze. fut contraint vers le même temps d'accepter
11 partit pour y aller, et apprit en chemin que l'épiscoiiat. se partapeail entre les plai-
Sa vie
l'évoque de cette ville avait adulé son fils et sirs de l'élude et les [ilaisirs de lâchasse, lors-
l'avait ordonné clerc, et que, dans peu de riue le peuple de Ptolémaîde, métropole de la
temps, il s'était acquis une grande estime. Cvii'iiaique, le demanda pourévéque à Théo-
Saint Nil, étant arrivé, reconnut son fils le piiile d'Alexandrie, de qui ces si''i;e5 dépen-
premicret tomba en défaillance. Son fils l'em- daient aussi bien que ceux de l'Egypte. Syné-
îirassa, et, l'ayant fait revenir, lui raconta sius n'i'tait pas encore baptisé mais sa verla
;

ainsi son aventure Quand l'e-clave se sauva,


: le faisait également admirer des chrétien? et
tout était prêt pour notre sacrifice l'autel, lo :
des païen». Alarmé de cette nouvelle, il fit
glaive, la coupe, les libations et l'énccus. On tout ce qui déjiendait de lui pour éviter cette
avait résolu de nous immoler le lendemain à charge. Dans une de ses lettres, il prend Dieu
la pointe du jour. J'étais prosterné le visage à témoin «lue, lorsqu'il était seul, il s'était sou-
contre terre, priant tout bas avec l'attention vent jeté à cenoux et prosterné contre terre,
qiie donnent les grands périls. Seigneur', liour le conjurer de lui donner plutôt la mort
disais-je, ne permettez pas (lue mon sang soit que le sacerdoce. Un évèque, dit il à son frère
oÛ'ertaux malins esprits ui que mon c(ir(issoit Euoptius, doit cire un homme divin tout le :

la victime du démon de l'impureté. Tiéndcz- monde a les yeux sur lui; et il ne peut être
moi à mon père, ijui espère en vous Je priais ! guère utile aux autres s'il n'est sérieux et
encore quand les Barbares se levèrent, trou- éloiiiné de tout plaisir. Il doit être communi-
blés de voir le temps du sacrifice déjà passé; catif pour les choses de IMeu, et toujours prêt
carie soleil était sur l'hurizon. Us me deman- à instruire. 11 doit seul faire autant d'allaires
dèrent ce qu'était devenu l'autre captif je dis ; que tous les autres ensemble, s'il ne veut se
que je n'eu savais rien, et ils demeurèrent eu rJia;gcr d'une infinité de reproches. Il faut
rc[u)s sans me donner aucun signe d'indigna- dojc une grande ;\mc pour porter un tel far-
tion. Je commençai à prendre ccuirago, et Uicu deau. Il représente ensuite ciunbien il se sent
me doiuia assez de force pour leur résister, è'oigné de cette perfection et de l'innocence de
lorsqu'ils voulurent "n'obliger à mander des vie nécessaires à un évè<iue pour purifier les
viandes impures et à me jouer avec des fem- autres. Il ajoute enfin J'ai
: une femme ipie
mes. Quand nous fùjucs en pays habité, ils j'ai reçue de Dieu et de la main sacrée d<
m'cxiiosèrcnt en vente. Cnmmc on leur offrait Théophile. Or, je déclare que je ne veux ni
trop peu, ils liniicnt par me mettre à l'entréo me séparer d'elle, ni m'en approcher en ca-
d'un iiourg, tout nu,uneépée suspendue aun ou, chette comme un adultère; mais je souhaite
pour montrer que, si on nem'achetùt, pas ils d'avoir des enfants en grand nombre et ver-
ail lient mccouiier la tête. Je tendais les mains tueux. Voilà une dos choses que ne doit pa»
à ceux qui se présentaient, et les sup[)liais do ignorer celui qui a le pouvoir de m'ordonuer.

(l) CeiUier, t. XIII. Bibtwih. PP. Acta SS., lijan.


j

UVfiE TRENTE-HUITIÈME. iT7


Cette déclaration de Synésius fait voir com- sance, les avantages eDcore plus grands de la
bien c'était une discipline constante, que les vertu et de l'autorité. Et le peuple ne fut pas
évèques devaient i;arder la continenci-, puis- trompé dans son attente.
qu'il propose sa femme comme premier obs- Andronic de Bérénice, qui, à force d'argent,
tacle à son ordination. était passé de l'état de pécheur à celui d' cou-
Il en ajoute d'autres sur la doctrine. Il est verneur de la Pentapole, s'y étant conduit en
difficile, dit-il, pour ne pas dire impossible, tyran et y ayant commis plusieurs crimes
d'él)ranl('r les vérités qui sont entrées dans contre Dieu et contre le- hommes, les popula-
l'esprit par une vraie démonstration et vous
: tions afnigées eurent recours à Synésius. Il fit
savez que la pliilosopliie en a plusieurs qui ne des remontrancei à Andronic, mais elle? fu-
s'accordi'nt pas avec cette doctrine .-i fameuse ; rent sans effet. Il lui lit des reproches, mais
il veut dire la doctrine chrétienne. En eft'ct, je ils ne servirent qu'à l'irriter davantage.
Et An-
ne croirai jamais que l'àme soit produite après dronic, pour lui téraoiifner plus de mépris, fit
le corps, je ne dirai jamais que le monde attaehei' à la porte de l'église une ordonnance
doive périr, en tout ou en partie. Je crois que par laquelle il défendait à ceux qui étaient
la résurrection dont on parle tant est quelciue poursuivis par ses ordres de se réfu-ier à
chose de sacré et de mystérieux, et je suis l'asile des autels, et menaçait les prêtres qui
bien éloigné de convenir des opinions du vul- les y recevraient des peines les plus cruelles.
gaire. Comment, d'ailleurs, habitué depuis Il arriva qu'un homme de qualité, qui avait
mon enfance aux chevaux aux armes, pour-
et eu avec. Andronic quelque diil'ércnd pour un
rai-je voir mes bieii-aimés chiens privés delà mariage, tomba depuis dans (pielques mal-
chasse, et mon arc rongé par les vers? Toute- heurs. Le tyran en prit prétexte pour se ven-
fois, je m'y n'signerai, si Uieu l'ordonne. A ce ger, et fit mettre à la tortuie cet homme en
langage demi-poétique de Synésius, on sent plein midi, afin que la chaleur du soleil em-
qu'il n'était pas impossible de lui faire enten- pêchât le monde de s'y trouver. Synésius, en
dre raison. Car, par exemple, la foi n'enseigne étant informé, y accourut. Mais sa présence
pas que l'univers doive périr absolument, ne fil (lu'iriiter davantage Audrouic, qui
mais que ses éléments seront dissous par le transporté de fureur prononça celle imnielé.
feu, pour former de nouveaux cieux et une quoii[ue chrétien C'est ei vain que tu espères
:

nouvelle terre de même la résurrection a


;
en rE'.^lise personne ne te délivrera des mains
;

quebiui; rhnse de mystéiieux, puisque, de cor- d'Andronic, quand il embrasserait les pieilsde
ruptible et d'animal, le corps ressuscitera glo- Jésus-Christ même Il répéta ce blasphème
!

rieux, incorruptible et spirituel Aussi Fhotius just^u'à trois fors.


nous ap[irenil-il (jue Synésius embrassa très- SyiK'sius, regardant Andronic comme ina»»;-
facilcui nt la doctrine de l'Eglise à cet éyard :
rigible, prit le parti de lo retrancher àe la
ou lit même ailleurs qu'il la persuada depu' communion des fidèles. Ayant donc assemblé
à un piiild-ophe nommé Evagre, son ami et son cler;j;é de Plolémaide, il dressa une sen-
son compagnon dans les lettres humaines (1). tence d'excommunication en ces termes :

Synésius fui sacré vers l'an 410 par Tliéo- Qu'aucun temple de Uieu ne soit ouvert à An-
phile,au jugement duquel ils'en était linale- dronic, aux siens et à Thoas (c'était le princi-
mcul rapporté. U mit un intervalle de sept pal ministre de ses cruautés); que tout lieu
mois entre son ordination et l'exercice des saint, avec son enceinte, lui soit fermé le
;

lonctions épiscopales, pour se donner lo temps diable n'a point de part au paradis. Si même
d'en méditer l'importame et de considérer à il entre eu cachette, qu'il eu soit chassé 1
quoi clV>s l'engageaient. Résolu ensuite de les J'exhorte tous les particuliers et les magistrats
remi)lir autant qu'il serait en lui, il ne se de ne se trouver ni sous même toit, ni à
mil plus eu peine, ni des honneurs id des mé- même table, et particulièrement les prêtres,
]iiis des hommes, croyant même avoir obliga- de ne leur point parler de leur vivant, et de
tion a ciu.K qui le per.~érutaient, et regardant ne point assister à leurs funérailles après leur
1rs injures qu'on lui faisait à cause d(! Dieu mort. Que si quelqu'un mé{)rise celle église à
cumuie une espèce de martyre. Outre l'ins- cause de sa (lelitcsse, et reçoit les excommu-
truction ipi'il ilonnail à son peuple, il prenait nies, ne croyant (las devoir lui obéir à cause
cncurt, soin des utl'aires tem(iorelles de ses de sa pauvreté, il doit savoir qu'il déchire l'E-
dioce-ains et de celles mêmes qui regardaient glise, qui, selon qiu! Ii' veut Jesus-Clirist, iloit
le corps de la ville en pai ticulicr. El on a lieu être une. El celui-là, Sioil diacre, soit [nèlre,
de croire que ce l'ut là une des causes princi- soit évêque, nous le n; citrons au ruu.; d'An-
pales de Sun élection. Dans la faiblesse géné- dronic, nous ne lui toLcLerons poir.l dans la
rale de rein[)ire, dans réloiguement où l'on main et nous ne mangerons [loinl avec lui ;

était de la cour, le peuple ne voyait de reluge tant s'en faut que nous communiquions aux
et contre les incursions des Barbares, et contre saints mystères avec ceux qui voudront com-
lu r.iiiarité des gouvi-rneurs impériaux, que muniquer avec Andronic et Thoas.
dflins la l'eraieto d'un éveipie qui, comme Sy- Cet acte d'excommunication était accompa-
nésius, joindrait aux uvanlugcs de lu nais- gné d'une lettre adressée ii tous les éve^ues au

U) Pliol., cod.xxvi, p. t8. Mo9cb. in Pralospirit., c. CLXT.


m HISTOIHK UNIVEIISELLE DK L'ÉGLISE CATHOLIQUE
nom lie l'église de IH(il<'^m;iï(le, dans loquelle de lui ititi'rdire l'entrée de l'église, aliii que
Syncsiiis inan[iiait les raisons qai l'avaient si nous m; remédier
pouvoii.s pas, leur dit-il,
piiiMé à rendre celte senlenrc contre Andro- à ses désordres, nous évitions du moin- d'y
iiic. il lut aussi cet acte dans l'assemblée dft participer, en lermant les lem|des auxsa.Ti e-
son peu|il(!; mais auparavant, il lit un dis- ges. Cependant Andronic étant lomjjé depui-
cours où, ajirès avoir muri|ué la répujçnance dans la disgiàce des puissances séciilieres.
avec lai[uplli^ il s'iHail chai-gi'! di! l'i'jjiscopal, Synésius suivit, comme il dit, j'i-i^ioit ùtt
les [leini's ([u'i! y soutirait cl en particulier les l'Kglise, de relever ceux qui sont ab.itlus cl
crimes d'Aiidioiiic, il <:xliortc son jicuple à d'abattre ceux qui s'élèvent. Il eut pitié d so •

choisir un autre évoque, j/assemidée se rérria malheur; il intercéda pour lui, jusqu'à fati-
à ces m(jts, et Syiiésius remit l'allaire de sa guer ceux (|ui avaient l'autorité il i'ariacha;

démission à une autre fois. Il remarque, dans au tribunal funeste, cjui allait le condamner,
li; mémt; discours, qu'il n'est K'nère possiiile et écrivit a Théophile «l'Alexandrie pour le
de réunir deux gouvernemenis cnsembl'î, le prier d'assister ce malheureux dans sa
spirituel et le temporel. J'ai voulu, dit-il, vous misère (1).
l'aire voir par expérience que joindre l.i puis- Andronic eut pour successeur un nommé
sance politi(iue au sacerdoce, c'est filer en- Jean, qui ne dut cette place qu'au crédit des
semlde deux matières incomiiatililcs. I/anti- ennuijues. C'était un fanfaron qui, après plu-
quilé a eu des prêtres qui étaient .juiçes les ;
sieurs bravades, se caclia a l'arrivée de* Bar-
Eïyiitiens et les Hébreux ont été longtemps bares. Lorsqu'il les crut retirés, il revint se
gouvernés par les prêtres mais, à mon avis,
; mettre à la tète des troujies. et s'enfuit d«'ts
depuis que cette œuvre divine a été traitée qu'il aperçut les ennemis. Son lieutenant était
humainement, Dieu a sépare ces genres de de même un homme sans couraKe et sans hon-
vie; il a déclaré l'un sacré, l'autre politique
;
neur, qui ne devait sa fortune qu'au talent
il a attaché les uns à la matière, les autres à honteux de séduire les femmes et de fournir
lui-m.jme : eux doivent s'aiipliqnei' aux affai- aux ilébauthes du général, .\ussi, dans celle
res et nous à la prière. Pourquoi voulez-vous irruption des Austuriens, c'était le nom des
joindre ce que Dieu a séparé, et nous imposer Barbares, toutes les villes de la l'entapule se
une charg(! (pii ne nous convient pa-? Avez- virent à la veille de leur ruini*; Ptolémaide,
vous besoin de protection V Adressez-vous à la capitale, fut elle-même assiégée. Dans celle
celui qui est chargé de l'exécution des lois. extrémité, Synésius prit de nouveau la dé-
Avez- vous besoin de Dieu ? Allez à l'évèque. fense du pays. Il fit forger des armes il se ;

Le vrai sacerdoce a pour but la contemplation, mit à la tête des habitants il donnait les or-
;

qui no s'accorde point avec l'action et le mou- dres et distribuait les postes il faisait les
;

vement des affaires. Je ne cimdamne pas, tou- fonctions de général et montait la t?arde son i

tefois, les évèques qui s'appliquent aux affai- tour. Quand on lui reprochait d'entreprendre
res; mais, sachiint que je [luis à peine suffire un méti'îr si peu conforme au caractère é|(is-
pour l'un des deux, j'admire ceux qui peu- copal, il s'en justihait par la nécessité. Quoi.
vent l'un et l'autre. disait-il, on ne nous permet d^nc que 'le mou-
Ces maximes sont belles et excellentes. rir et de voir égorger notre Iroujieau Euhn !

Mais que pouvaient-elles pour un pauvre la Pentapole respira sous le commandf'ment


peuple, tyrannisé par ses premiers magistrats, d'Anysiu.s. Il était jeune, mais plein ib' sa-
et qui ne voyait de salut que dans l'évèqae ? gesse, de piété et de courau'C. Il commença par
la nécessité et la charité sont encore par arrêter le pillage des soldats et des officiers.
dessus tout. Synésius lui-même en est une Conijitant peu sur des troupes assez nom-
preuve. breuses, mais amollies, il se mit à la léle <!-•
Audionic, cHrayé de l'excommnuication, quarante braves déterminés et, avec eux seuls,
promit de clmngcr de vie. Tout le monde in- battit les Barbares et les chassa du pny*. .\ii
tercéda pour lui^ Synésius était seul d'avisde bont d'une année, il fat remplacé par un vieil-
ne pas le recevoir, persuade que ce u'éiait lard infirme, nommé Innoceui, sous feqnel les
qu'hypocrisie. Il s'attendait bien, il prédisait Austuriens revinrent faire d'ettroyabb-s rava-
même qu'à ia première occasion il reviendrait ges et porter la terreur jusque dans .Mexan-
à son naturel. Toutefois, il céda à l'avis du drie. .Marcellin, qui lui snccrda rann<"e sui-
jilus grand nombre et des évèiiues [dus e.vpé- vante, défit les Barbares et delnra 1»^ villes
vimcntés car il était encore de la première
;
qu'd tenait assiégées. .\u sortir de sa charge.
année de son ordination. '1 diflci a donc d'en- il Tnt accusé. Synpsrns.quinvait sauve du p/ril
voyer aux évèques la lettrequ'il avait écrite le coupable .\Ddronic, se porta avec beaucoup
contre lui, et le reçut, à condition qu'd trai- plus d ardeur à défendre la probité de M«r-
terait avec plus n'hunianité ses scmtdaldes. cellin (2).
Audronicne manqua pasdecommetln; de plus Comme cvêqMe, Syné^rns fut charge de plu-
grands excès qu'auparavant. Alors Synésius, sieurs commissions par Ttieophiio <i'.\|fxnn-
faisant valoir la seutence d'excommunication, drie. Dans on il loi en reid iviii!
les lettres •

qui n'était que suspendue, avertit les évèques il se plaint que des evéques en accusa;, ^l

laun.
<1) Synes., Episi. Lni,
Atiys.
Lvin, Lxin. Liim, Lxi\Ti, Lixre, Lxxxix. —(2) Bpisi. liii.78. Catatlmt. et M
^.

UVBE TRENTE-liUirrÊME.
d'antres d'agir contre les lois, non [ourles sans effusion de sang. Celle fols -ci on ;« prit
faire condamuer, mais seulement pour pro- de ([uerelle pour un danseur., l'n jour do sab-
curer des gains inju.'^tes aux gouverneurs, de- bat (jii b s Juifs, au lii'u de vai[nei- aux exer-

vant par conséquent, se faisaient cos


qui, cices religiciix, élaient à regarder avec la foule
[lour-uitcs. Je ne vous les nomme point, .lit-il, un danseur de Ibéàlie, tous les spectaleuis se
et je vous prie de ne point les nomm^^r dans divisèrent pour ou contre en deux partis. U y-
votre réponsi>, pour ne pas me rendre odieux eut un commencement d'émeute que le -^oa-
à mes frères. Il se ]il:iiut encore des évoques verneur Oreste réprima pour le momenl. Mais
vairabonds, qui quittaient volontairement l'é- l'animosité couvait de part et d'autre, l'eu
g!i.-e à laquelle ils avaient été destiné-, et' après, Oreste publia au théâtre quelques or-
cherchaient en divers lieux l'honniiur de l'épia- donnances de police. Des chrétiens aUectionnés
eopat, s'arrètaut où ils trouvaient lu [nus à à l'évèque s'y rendirent poi.i- les entendre.
(îa^ucr. Synùsius est d'avis d'interdire toute Parmi eux se trouvait un maître d'écolenommé
fonction ecclésiastique à ces dé.serteurs, et, Hiérax, homme forl assidu aux sermons de
jusqu'à ce (ju'ils retournent à leur église, ne l'évèque, et le plus empressé à les applaudir.
point leur otfrir ailleurs la première place, et, A peine les Juifs l'eurent-ils aperçu, qu'ils
ne pas même les recevoir dans le sanctuaire, s'écrièrent qu'il n'était là que jiour exciter le
mais les laisser mêlés avec le peuple. Peut-être, peuple à la .sédition. I) 'puis longtemps Oreste
dit-il, ce traUement les fera-t-il retourner à était choqué de la puissance des évêques, qui
leurs églises pour y trouver l'honneur qu'ils diminuait d'autant celle des gouverneurs: il
cherchent, plutôt que de ne le recevoir nulle était surtout piqué de ce que Cyrille voulait
part(I). il consulta encore Théophile sur la espionner sa conduite. 1. donna l'ordre d'ar-
conduite à tenir envers un évèque qui avait rêter Hiéra.x et le til mettre à la torture sur la
tenu le jiarti de saint Chrysostome, et, par place même. Cyrille, en ayant été averti,
suite, avait été contraint de quitter son dio- manda les principaux d'entre les Juifs et leur
cèse. Il faut, dit-il, que nous honorions la adressa de sévères menaces, s'ils ne cessaient
mémoire d'un homme mort, et que la mort d'exciter des séditions contre les chrétiens. La
éteigne toutes les querelles. On sait que Théo- multitude des Juifs n'i-n fut que plus animée
phile fut le principal p rsécuteur du saint. et chercha tous les moyens d'assouvir sa fu-
Synésius ne reçut point de réponse, quoiqu'il reur. Ils résolurent de massacrer les chrétieap
eût écrit deux lettres à ce sujet (2) ; mais dans dans une alarme nocturne. Au milieu de la
la première, il parle d'un livre élégant et nuit, plusieurs d'entre eux s'en allèrent crier
plein d'érudition que Théophile lui-même par tous quartiers de la ville, que le feu
les
avait écrit à Atticus de Coiislanlinople, pour Les chrétiens y accourant sans
était à l'église.
l'engager à recevoir ceux du parti de saint défiance, furent égorgés par les Juifs, qui se
Chrysostome. tenaient eu embuscade. Le lendemain, cette
Théophile d'Alexandrie mourut le quimze atroce perfidie ayant été. découverte, Cyrille,
oetobre 412, après avoir tenu ce siège vingt- accompagné d'un grand peuple, alla au.x syna-
sept ans. Cyrille, son neveu, fut élu à sa gogues des Juifs, les leur ôta, les chassa eux-
]ihu-e, non sans difficulté, car plusieurs vou- mêmes de la ville et abandonna leurs biens au
laient élire l'aichidiacre Timothée. Abundan- pillage. Oreste le trouva forl mauvais et fit de
tius, qui commandait les troupes, était pour grandes plaintes de ce qu'on avait dépeuplé la
le dernier, et le peuple en vint jusqu'à la sé- ville d'un si grand nombre d'habitairts. Il en
dition. Cyrille l'emporta, et fut intronisé trois écrivit à l'empereur, à qui saint Cyririe repré-
jouis après la mort de son oncle. Sa victoire senta aussi les violences dont les Juifs avait ut
lui donna i)lus d'autorité que n'en avait eu usé envers les chrétiens. Selon toutes les ap-
Théojihile même. L'historien Socrate, et après parences, l empereur eut égard au.x remon-
.ui Nieéphore, ob-ervent qu'il usa de sa di- trances de l'évèque ; car les Juifs ne revinrent
gnité avec beaucoup d'empire, et que, depuis plus à Alexandrie, où ils avaient demeuré de-
qu'il en fut en possession, les évèques d'Alexan- puis Alexandre le Grand, fondateur de cette
drie commencèrent à passer les bornes de la ville.
puissance ecclésiastique, pour entrer, du moins L'inimitié d'Oreste pour Cyrille était deve-
en pajlie, dans le gouvernement des alfaires nue [lublique celé!. -ci, à la prière du peuple,
;

civiles. Les i)remiers qui se ressentirent de sa envoya lui parler de se réconcilier, et l'en
vigueur furent' les novatiens. Il ferma les conjura même par livre des Evangiles.
/'.-

églises qu'ils avaient à .Mexandrie, s'empara Oreste s'y refusa. /Ami leur division, conti-
de tous les vases et de tous les meubles nuant toujours, fj», suivie de (unesles cflel-,
qu'il y trouva, et dépouilfa leur évèque de qui, au rapport de Socrate, altircrent de
tous ses hicDS. C'est du moins ce que dit So- grands reproches à l'église d'Alexandrie et à
crate (3). son évèque. Les moines de Nilrie, iiui avaient
Quelque temps après, il chassa d'Alexandrie déjà servi avec chaleur raiiimositè de Tln'o-
tous le-; étaient aussi port'S que les
Juif-;. Il- phile contre Dioscore et Ic^ Grands-Fiéres,
autres habitants à des (juerelles et à des sédi- vinrent dans la ville au nombre de cinq cents.
iiou.s, lui ne se terminaient presque jamais Ils guettèrent le gouverneur Oreste, comme il

(Il Siiisl. Livii. — (t) Ibul., Lxvi et Livii. — (3) Soc, 1. Vil, c. vil.
niSTOlPE UNrVERSKLI.E DB LEOLISK CATHOLIOUB
Boilnit en voilure, et, s'ayiprocluuit de lui, premier, i-él;iblil dans les diptyques le nom Jo
l'aiipcliTCMilpaïen et idolâtre, et lui diront saint Jean Chrysoslome. Il reionuul aussi pour
d'autres injures. Oirste, souiiçonnunt que (Cy- évêqucs El]ii'le de Laoïlicée et Pappns, qui
rille lui ti'iidait un piégi-, s'écria qu'il était avaient toujours suivi le parti du sai.'il pa-
thrétien et qu'il avait ité liaptisé jiar l'évèque triarche, et leui' rendit leurs é({lises sans exa-
Atticus à Ciinstantino(de. Les moines ne l'é- men. Ensuite il cnvova des ilépulés au pape
coiitérent point. Un d'entre enx, nommé Am- InnocenI, pour lui laire part de ces heureuses
inonius, le lra[ipa à la tète d'un coup de pierre, nouvelles et lui dem.inder sa cointntinion. L»
qui le mil tout en sanj;. Ses ofliciers, éiiou- prêtre Cassien, di-ciple de saint Chry-o-lome,
vanlés, se dispersèrent mais le peuple accou-
; se trouvant alors à Rome, sollicita lu réponse;
rut à sa défense, et les moines lurent mis en et le l'ape, ayant examiné les pièces qu'A-
fuite. On prit Ammonius, le gouverneur le lexandre lui avait envoyées, et le rapport de
juj;ea et le lit mourir dans tourments. Cy-
les ses députés, ajqirouva en tout sa eonduito et
rille ayant retiré son corps, le mil dans une lui éciivit une lettre qui fut sou-crite par
église, l'appela Tliaumase, c'est-à-dire admi- vinul évè(|ues d'Ilalie. Il écrivit aus»i en son
jal)le, et voulut le faiie reconn.iîlre pour mar- paitirulier, à .\lexandre, une lettre d'amitié
tyr; mais les [dus sages des chrétiens n'ap- pour lui lémolyner combien sa d-qnilalion lui
jirnuvaient [as celte cnnduite, et, peu de avait été agn-able. Il lui env<iya, île son coté,
teiufis après , Cyrille lui-même laissa tomber trois dejMites, un prêtre, un dia'Me et un sous-
]•• clio'^e dans le silence et dans l'ouhli. diacre, et l'invita à lui écrire souvent [lour
La ,~:''oulacc n'en demeura pas là. Elle pré- répar.r la ])erle du passé. Innocent fit part de
tendit qiic la célélue pliilosoplie Ilypatia em- cette nouvelle au prêtre Boniface, qui résidai!
pêchait le préfet Oreste, qui la voyait souvent, de sa part à Constantinople, au[>rês de l'em-
de se réconcilier avec l'évèque. En consé- pereur, et qui fut depuis Pape lui-même.
quence, une troupe de gens emportés, con- Acace, évèque de Bérée, un des.chefs du parti
duits par un lecteur nommé Pierre, l'atlcM- contraire à .saint Chryso-loinc, revint aursi en
dirent comme elle rentrait chez elle, la tirèrent celle occasion et écrivit au Pape, témoiL'nant
de sa voiture, la traînèrent A l'église nommée approuver tout ce qu'Alexandre avait f.iil, soit
la Césarée, la défiouillèrent de ses vcleminls, en recevant les clercs de Pau. in et d'Evagre,
la tuèrent à coujis de pots cassés, la mirent en soit en rétablissant les cvéipi'-s Elpide et Pap-
pièces et hrùlèrent ses momlires au lieu nommi' pus. Le pape saint InnocenI le renvoya à
Ciiuiron. Comme nous l'avons vu jiar les au- Alexandre pour exiiminer la sincérité de sa
teurs païens mêmes, le peuple d'.VIi'xandrie reunion, que le pa-sé rendait su-pi-cte, con-
était si jiorléaux émeutes et aux hâtai les, que sentant de le recevoir à sa communion quand
le «ouvernement n'y faisait guère attention. ilse serait expliiiué de vive voix devant l'é-
Il fallait (jue ce caractèie turhuleiit et sangui- vèque d'.\nlioche.
n. ire fiit hien invétéré, puisque le christia- La paix et la communion étant rétablies
nisme l'avait corrigépeu (I),
si entre l'Eglise romaine et celle d'.Xnlioche, le
Ceci se passait à Alexandrie pendant le ca- Pape écrivit à Alexandre une décré:ale con-
rême de 415. En la même année, la ville cernant certains points de discipline, sur les-
d'.Vnlioche fut témoin d'un spectacle bien dif- quels il l'avait consulté pour remédier aux
férent. L'évèque Porphyre était mort et avait désordres introduits en Orient par les schismes
eu pour successeur Alexandre, qui avait passé et l'hérésie. Le premier chef est 1 autorité de
sa vie dans les exercices de la protèssion mo- l'éiflise d'Anlioche, qui, suivant le concile de
nastiiiue, pratiquant la pauvreté- et toutes h's Nicée, s'étendait, non sur une «eule province,
verlus,etsouleirantparcel exem[ile une grande mais sur tout ce qu'on appelait le diocèse
élo'juence. Il réunit par ses puissantes exhor- d'Orient. Ce qui lui a été .ittribué, dit le Pape,
tations le parti des eustathiens, séiiarésdepuis non tant pour li mageilii'ence de la ville, que
si longtemps des autres catholiques, sous les parce que c'est le premier siea;e du premier
éveijues Paulin et Evagre, et célébra celle des a[i6lres, et elle ne cèlerait point .ï Rome,
reunion par une fête viaimenl chrétienne. si ce n'était qu'cd.e n'a eu qu'en passant celui
Accoi.ipagné de tons ceux de sa communion, que Rome a possédé jusqu'à la fin. Par c «n^é-
tant clercs ([ue laïques, i\ alla au lieu où les quent. comme vous or^lonnez le- nietri) 'oli
etistathiens tenaient Icui- assemblée; et, les tains par une auto ilc- -nigulieie j'eslim -qnr
nyanl trouvés i[ui chantaient, il joignit à leurs vous ne devez point fus-er ord'oner b-s évé-
Vo X celles des siens puis ils ma!-chèrenl tous
;
ques saiiS votre p raiission. Vous enverrez vo*
ensemble vers la grande église, à travers la lettres pour autoriser rorilinnli->n de ceux «pii
place, au bord de l'Oronle. Les Juifs, les sont éloiguès ; et quant à ceux qui sont p-o»
iinens et le peu qui restait de païens, gémis- ches, vous les ferez venir, «i vous le jusez é
saient de cette heureuse réunion. Alexandre pro|ios, pour recevoir l'imposition de va»
reçut dans siui clei-gé tous ceux que Paulin et mains. Les évèques de Ciiypre, qui, poai
l.vagre avaient ordonnés, conservant à chacun éviter la tyrannie des ariens, se sont mis er
:ou rang. possession de faire leurs ordiuatir.ns sans con
Ce fut également saint Alexandre qui, le suller personne, doivent revenir à l'observalior
LITRE TRENTE-HUITIÈME. 4SI

<lescanons de Nicée. L'Egli^c ne suit pas tous après, toutefois, pressé par les lettres de saint
les rliangements du gouvernement temporel. Isidore de Peluse, il reconnut son erreur .'i^:-
Ainsi, une province iliviséc en deux ne doit sembla les évèques d'Egypte et rendit à saint
pas avoir deux mi'tropoles, mais il faut suivre Chrvsostome l'honneur qui lui était dii. C'é-
l'ancien usai;e. Les clercs des ariens ou des tait vers l'an 416(2).
autri's hérétiijiies, qui reviennent à l'Kiilise, Environ quatre ans auparavant, l'unité et
ne doivent être admis à aucune fonction du l'union s'étaient rétablies d'une manière as-
sacerdoce ou du ministère ecclésiasH.|ue; car sez singulière dans l'église de Synnade en
encore que leur haptème soit valable, il ne Phrygie. Il y avait dans cette ville'un évèijue
leur confère point la i!;ràce. r.'est pouniuoi nommé Thèodose, qui poursuivait à outrance
leurs laïques ne sont reçus qu'avec Timposi- les hérétiques du pays, notamment les macé-
lion des mains, pour leur donner le Saint- doniens qui s'y trouvaient en grand nombre.
Esprit. Le Pape ordonnf, à l'èvèque d'Antioche Il les chassait non-seulement de la ville, mais
de taire part de ces décisions aux autres évè- de la campagne. Il agissait ainsi non par zèle
ques, en leur faisant lire sa lettre, et, s'il se pour la foi, mais par avarice, et pour s'enri-
peut, dans un concile (I). chir aux dépp.is des hérétiques. 11 mettait
Saint Alexandre d'Antioche, étant venu à donc tout en Visage contre les macédoniens il ;

Constantinople. parla hardiment pour la mé- les poursuivait en justice, il armait ses clercs.
moire de saint Chrvsostome, et excita le peu- Il en voulait principalement à leur évè que,

]i!e à contraindre l'évèqne Atticus démettre nommé .Vgapet. ï'.t omme les magistrats de
(

son nom dans les diptyques mais il n'y réus-


;
la province ne le punissaient point assez sévè-
sit [tas. Atticus le refusa longtemps, et le pape rement à son gré, il se rendit à Conslanli-
saint Innocent lui refusait aussi la commu- nople, pour demander un ordre du piéfet du
nion, nonohstiint les instances de .Maximien, prétoire. Ayant obtenu ce qu'il désirait, il re-
évèque de .Macédoine, qui avait été ami de vint quelque l(?mps après triomphant, et alla
saint Chrysostome. droit à l'égli-e mais, à sa grande suiprise,
;

.Mexandre ne tint pas loni;temps le sié.sje tout le monde l'en chassa. C'est que, pendant
d'.\ntioclie, et eut pour successeur Thèodote, son absence, .\capet avait pris le bon p.uli.
homme d'un vie très-réglée et d'une iloiiceur Ayant tenu conseil avec son clergé, il assem-
merveilleuse, qui se laissa fli-chir pour réunir bla son peuple et lui persuada d'emhras-er
à l'Eglise ce qui restait d'apollinaristes, dont la foi catholi(jne. Aussitôt il les mena tous à
plusieurs toutefois conservaient assez ouver- l'église, fit la prière et s'assit dans le siège ipu;
tement leurs erreurs. Le peuple l'obligea en- Théodose avait coutume d'occuper, .\yant
core -A mettre dans les diptyques le nom de ainsi réuni le peuple de l'une et l'autre dun-
saint Chrysoslome mais Tkéodote, craignant
; munion, il prêcha depuis ce temps lacousub-
qu'Atticus de Constantinople ne le trouvât stantialité du Verbe, et se mit en possession
mauvais, hii en fit é-erire par Acace de f'érée, dos églises qui déiiendaient de Synnade.
le priant de lui [inrdonner ce qu'il avait fait Théodose étrangement désappointé, retourna
par nécessité. Acace écrivit aussi à saint (jyrille, à Con-tantinople, alla se plaindre à l'évèipie
que l'èvèque d'Antioche avait été contraint à Atticus comme chassé injustement. Mais Atti-
recevoir le nom de Jean, qu'il avait du scru- cus , voyant que l'aftaire avait bien tourné
pule, et qu'il cherchait à se fortifier contre la pour l'utilité de l'ELtlise, le consola, l'exhorta
violence. Le prêtre qui appoita la lettre de à prendre patimice, à embrasser la tranquil-
Tliémlote à Constantinople, répandit dans le liti; d'une vi«» ]ii ivc-e, et à préférer le bien [lu-

peufile le sujet de son voyage et le contenu blic à son intérêt particulier. Il écrivit à .\'^a-
de la lettre, ce qui pensa causer un grand pet de conserver l'épiscopat, sans rien craindre
trouille. Atticus, alarmé, alla trouver l'empe- du chagiin de Théodose (3).
reur, pour chercher les moyens d'a[)aiscr le Constantinople voyait alors un prodige
[icuple et de procurer la paix, {..'empereur ré- bien rare une jeune fille de quinze ans,
:

pondit que, pour un wussi grand bien que la gouvernant avec sagesse l'empire et faisant
concorde, il n'y uv;iit point d'iDconviMiient avec succès l'éducation de l'empereur. C'était
d'écrire le nom d'un homme mort. Atticus, la princi-sse Pulcbérie, sœur de l'empereur
cédant à cette autorité et à l'inclination du Thèoilose le Jeune. Quand leur pcre, .Vrcade,
peiip|(!, fit écrire le nom de saint Jean Chrysos- mopriit, en 408, elle n'avait que neuf aus et
tonii,' dans les tables ecclésia-li |ues. son frère sept. .\ l'à^e de quatorze ans, elle,
en èciivit aussitôt à saint Cyrille d'A-
Il fit vteu de demeurer vierge, ainsi (|ue ses
lexandrie, [)our juslilier sa conduite et l'ex- jeunes s(vu; s An ailic et Marine, pour ne poiut
linrter .isuivre. Cyrille, au lonlraire, le
la donner entrée au [talais à «[uclque lioniinc
bl.iina. commed'uiie eidreprise cmire les ca- étranger, qui eût pu èlre une occa>i<Mi de ja-
non-. En quoi il laisunniit en neveu de .«on lousie et lie ri'Vidte. Pour rendre sa eousecra-
oncle, et non pas en pontiié; car rien n'était tioii irrévocable, elle la rendit publique, par
pbis l'ontiaire aux cauons que la conduite de un présent (lu'ellc lit l'église de Cnu-lanti-
:i

ïiiéoidiile envers saint CLrysustome. l'eu iiople c'était une table d'autel d'un ouvray»
:

(h Oouslanl. /n epist. XX, xxi, xxn, xxni, x\iv. — (2) Niceph., I. XIV, c.xxvu et xxvni. — (3) Soc, VU
c. m.

T. IV.
4R iiisTon;i; L.siv!-r.s;:!Xi db l'Cclisr catholique
admirable, enrichie iVor ot de piciTtsiie^ op ; jeunes amis. Quant à. la religion, aux mi
li.-^ait tiiic inscriplion pnivét; sur le Itonl
iinti- et à l'art de gnuverncr, elle-nièmc piilsuin dei
rieur, qu'olli: l'avait oflorle comiiie un ^utt l'en instruin-. LLe lui ap[irit en parti eu lii^r à
de m virjiinili" et poui' la j»rosj)(;Tiié du iCKiii parai(riî i-n pidUic avec gravité et «li^iuité, à
de son irèrcî. l)étacli<io de tous los .imuse régler >a déuiarclie et sa cout<'nance, à inter-
ments de la jeunesse et de l;i f,'randcur, ellf ro;^er a propos, à paraître doux ou teiriblij
parliiguait ^on temps (!ntre les ilevoirs <le la selon l'occasion
religion, les œuvres de la cliiuité (-lirclierme Cette ('diicalion réussit en grande partie.
et le soin des ail'aires de l'empire. Ai)iili<]uée Théodose fut des plus liabile» datjs les exer-
à la prière, elle clwiitait avec ses sœur» lee cices militaires: il acquit un" •oniiiui-sanca
louanj^es de Dieu, le jour et la nuit, à des peu commune des lettres, des .i<- enccs et des
heures réglées. Sa coutume était de, raanf^er beaux-arts; il fut sincèrement [)iuux. Il se le-
avec elles, et de ne sortir qu'en leur coiniia- vait de grand malin pour chanter avec ses
pnie. D'un accès facile, liiiérale envers les sœurs lus Iuu.-iuues de bieu. il savait par
pauvres, pleine de res|iecl pour l's évi'ques, cœur riicrilore sainte et en juirlail pi-rtinem-
elle lit construire un gnmd nombre d'églises, meut avec les évèqucs, 11 avait uni* bil.lio-
d'hôpitaux, de monastères; et jamais ces thèque des livres sacrés et de tous leurs inler-
pieuses fondations ne coûtèrent un gc-mis- prètes. Il jeûnait î-ouveut, principalement les
sement aux peuples. En 414, elle fut associé* mercredis et les vendredis, snuilj'ait palieni-
À rem])ire par son frère, à l'âge de quinze ans. tiemment le Iroid et le chaud, et ne tenait
Voici le tableau que fait de son administra- rien de la mollesse il'un prince né dans la
tion un auteur moderne, que sa haine du pourpre. Il était surtout bon i-t humain. Aus4
christianisme ne rend pas suspect de flatterie. insensible aux aii;uiilons «le la colén* qu'aux
« La dévotion n'empêchait point Pulcbérie attrait- de la voliipti;, jamais il n'écoula les
.
lie veiller, avec une attention infatigable, aux conseils de la vengeance. L'n de ses courti-
aflaires du gouvernement, et cette princesse sans lui ayant demande pourquoi il n'avait
est la seule des descendants du grand Théo- jamais puni de moit une oUense qui lui liil
dose qui semble avoir hérité d'une partie de ]iersonnelle : 11 n'est pas malaisé, <iil-il, de
son courage et de ses talents. Elle avait ac- faire mourir un homme, mais Dieu seul jeut
quis l'usage familier des langues grecque et lo les-u.-citcr. Il ne permit jamais d'exécuter
latine, dont elle se servait avec grâce dans a mort un criminel dans la ville où il se trou-
ses discours et dans ses écrits relatifs aux af- vait ; ly gi-àce arrivuil toujours avant que le
faires publique». La prudence présidait tou- cnupalue fiit arri'ré au lieu du snp|dice. Il .

joiu's à ses di'libéiationsson exécution était; n'approuvait pas les jioursniles viob-iiles
promiite et décisive. Faisant mouvoir sans contre les hérétiques il aimait mieu.\ (juc le.s
;

bruit et sans ostentation les rouages du gou- evèipies travaillassent à les ;;u.i;ner, et qu'il»
vernement , elle attribuail discrèterarnt au conservassent à rLgli?ela uloire et la douceur
génie de l'empereur la longue tranquillité de qui lui est propre (-2). Finalement, pour être
son régne. Dans les dernières années de sa un !;rand prince, il no lui manquait que le
paisible vie, l'Europe soulh-it beaucoup de génie et le caractère viril de sa ~u!ur.
î'inva-ion d'Atlila, mais la paix continua tou- .Mais c'est précisément ce qui lui manquait.
jours de régner dans les vtistes provinies de De là, sa piéto dégénérait quelquefois en vain
rA>ie Théodose b' Jeune ne fut jamais ré-
; sirupule témoin ce que ruppoile Tli»3odtiret.
:

duit à la cruelle nécessité de combattre ou de Un moine trop hardi lui dcuiaiida ijue.que
punir un sujet rebelle et si nous ne pouvons
: grâce ayant été plusieurs fois refusé, il ex-
;

louer Pulrhérie d'une grande vigueur dans comuiunia l'empereur et se retira. L'empe-
son adminisîration, la douceur de cette ad- reur étatî retourné an palais, «[uanil l'heure
ministration prospère mérite liu moins quel- du repas lu' îeuuit et .a compa:.'nie a.-sem-
ques éloges. » Voilà ce que dit l'Anglais Gib- blée, il dit qu'il ne m.inuerail point qu'il ne
bon (I). t)uant au manque de vigueur qu'il fût absovis lie cette excommi:nicaliun, ei en-
semble reprocher à la princesse, il se rctute voya ]irier l'eveque tl'urdunuer à ce moine de
lui-même, puisqu'il acommencé par lui recon- l'absoudre. L'evuque lui manda qu'd ne fal-
naître une exécution prompte et décisive. lait point s'arrêter à 1
~
u
Pulihérie veillait avec une égale sollicitude premier venu, et qu'il •

à l'éilucution de l'empereur son frère. L'n plan celle-ci. Mais l'eiupeieui ne lut (nnut rnulcut,
d'études et d'exercices judicieusement dlsjiosé jusqu'à ce (|u'<iu eût cheri-hf le m<*ine a.iH;
partageait son temps entre l'equitalinn. l'art bien de la peine, et qu'il ne l'eut rétab.i <laa5
de tirer de l'arc et l'étude de la yanimaire, sa couimuuion ^3;. De là encore sa laciliie a
de la rbétoriquc et de la idiiloso,i|ji.'. Sa de laisser gouverner par les eunuque.- el a si-
sœur lui procura les plus habiles maiire- de gner de couliaiice tout ce qu'ils lui pieseo-
l'Orient de plus, elle lui donna pour cmidis-
; taient. Plus il'uue fois sa su'ur lui remontra
ciplcs quelques enfants des premières familles, los inconvénients de cette confiance iucon.si-
pour exciter son émulation par l'exemple de di-rée ; lui niait obstiuemcnl que cela lùl.

M) Gibbon, Wrt. de la ditd, de fem. tom., « t. VI. — (I) Soa. L VU, c. xui. — \,3) Thaod. , l. V.
« x . 'ri et xyxviL
LIVRE. TRT-XTE-liUITltME ^i8"5

Pour l'on fonvainore sans réplique et l»> fairn livres de Moïse, Josuê, /es Juses, Rulh, let
rougir ilo sa dangoreust', néiîli.'ence. cil' lui prophéties de Daniel et de Zacharic. Phntiui
présenta un jour un écrit, qu'il s tcna. solon relève, .lans se- oiivraices, la beauté de la
sa routunii», sans f.n (aiic la Iwluri-. Or, c'é- poésie, jointe à la fidélité de la tradiiclinn (I).
tait un arti' |iar lequel il lai vcnilait l'inipéi- Quoique l'empire se l'cssentit nécessaire-
ral) ice sa ffiumt" coiume esolavn. ment du caractère de l'empereur, il.se soutint
L'avt'nemi'iil njoine divccttc iinpiiralricfi est nèau moins avec honneur dans lu gui;ri-e contre
des plus riimane=i|iics; Tliéodose ayant vjnjfi les Perses. Depuis h)nKteinps la bunne har-
ans accomplis eu 481, sa sœur lui cliiTi-hai.t monie régnait enfire- les deux empires, au
(ians tout l'i'iupire ujK'. iqiousedi^qo du troue, point que d'anciens auteurs racontent que
lorsqu'une jciine Athénienne, conduite par l'empcrenr .4.rcade' recominanda au roi de
l'inforlunn, vint à (^onstanlinoplt. EU'' était Per.so izdei-'erde i" la tutelle .le son lils Théo-
fille (1«Léonce, cclv^lire supliisle d'AUiènes, et doses De tous les rois per.sans, Izdegeide fut
80Q péro, tronvanVid''jà eu elle tous les dons celui ni jiarnt le plus favorable aux. chré-
de la nature, avait pris le jilus yrand soin de tiens. Il suivit mèine(|iieli[uel'ois, danslo ^du-
cultiver son esprit. Il y avait heaneoup mieux veriieinent de .son, royaume, les conseil.^ de
rénssi ipie dans l'éducation de ses deux llla, sa nt .Mariilluis de .Mésopotamie, et d'Abdas,
qui n'i'urcnt d'autre mérite que d'être l'ri'ces évèquedela ville royale. .Mais le zèle indiscret
d'Alhénais i-'était le nom
: île ceiti- fillo. dAbdas, qu'on ne peut juiliilier, lit eluiHirer
Li'onrr était riche il mourut, et fit, eu mou-
; ce prince sur la fin de son rècrne. L'é/èqne
rant, ce testament hizarj-e: Je laisse lous mes brùia un temple du feu. IzdegLMtlc lui ordonna
biens à. mes deux tils Valcrius et Génésius, à de le rebtUir aux frais des clirétiens. Ahdas
conditio qu'ils donneiont à leur steur cent
1 re'iisa d'obéir, et on sent qu'il n'aurait pu
pièee.s d'or; pour eLe, son mérite, ipii l'élève rebâti r le xeinple sans concourir positivement
au-de-sus de son...sex.e, lui sera, d'une as.sez à. l'idolâtrie. Le roi, irrité de son refus, te
grande ressource: Les cent pièce.* d'or ne faL- condamna à mort, lit abattre les églises chré-
saient truèi'e que deux mille francs. Atiiénaïa, tiennes et lionua le signal de la perséculion.
par la raison même qui rend lœ
dcsliérité,»' Son fils Bahram ou Varareo V lui ayant suc-
auti-es pères pins favorahles, conjura l'aliord cédé, la pecséeutiim devint beaucoup plus
ses deux l'rèrcs de n-parei- cette injii.stice' et ernelle. Il y avait des ehrétions à qui l'on
de lui accordiM- sa [larl légitime-, les (irenant à écorchait les mains, à d'autres le dos, à d'au-
témoin qu'elle c'a v.ul [las méri té CiK.' drs^i';ice, tres ie visaiçe, depuis le front jusqu'à la barbe.
et leur lepré-^rntaut que l'indigence di^ leur Les persécueurs fendaient en cloux des ro-
sœur serait pour eux, sinon un stijet.il'afllic- seaux, les appliiuair'nt par le plat et en cou-
lion, du moins un re[iroche continuel. Pour vraient tout le, corps; puis ils le serraient
t'-irle réponse, ils la elia.s5"renl,dc la maison élroitoment avec des cordes depuis les pieds
paternelle. Ellese réfugia Irez sa tanle. lui la
> jusjii'àla tèt \ et arrachaient ensuite de force
conduisit à. Constantiuo[)lo poni' y sol niter la les rose.uix l'un a rés l'autre, en sorte qu'ils
cassation du testamûnt.EUess'adics.sér.vnt à la emiiortaieut la peau. Ils creusaient do uraudes
princesse l^ulcliérie. fosses; et, après les avoir bien enduites-, ils
Atliénais clait d'une beauté exlraorlinairei; y enfermaient ([uantité de gros rais, imis y
elle exposa le sujet ile^ ses plainlx;» avec des jetaient les martyrs pieds et mains liés; ea
grâces si louchantes, que la princesse fut sorteque les rats, pressés par la faim, les ron-
aussi cliarraee île son esprit qu'- de >a lieauté. ge.iient peu à peu sans qu'ils pussent s'ea
Puiclierie iv'infDrma. de sn.s mœurs, et, ayant dcfendnî. Ces cruautés n'empêchaient pas les
a[qiris' qu'elles étaient, irréprochables, elle chnétlens de courir au-devant de la mort pour
crut avoir troin'é dans- cet'.e jeune lille ce acquérir la vie' éternelle. Ou remarque i-n
qu'elle i^wcrehait. Klle lit aussitôt (lart à son parliculier cinq martyrs, .Mahar.-apor, Hor-
frère de eette heureuse découverla. Théndose, misilas, Suenes, lîeojaminiel>laeques.
ayant vuet enU.'udu .Mlmnaïs, en pensa rninme Mabarsapor etail un prince de l'erse, que
sa sœur. Le mariage fut cunc.ln. Alhcnaia, ses vertus et sou zii.c rendaient encore plus
encore pai.-nne, fut inslrnit' <!t baplis'e par rc'.'ommandaide que son illustre naissance. Il
l'évè (ue Atticus, c|ui lui donna le nom d liut- fui arrêté avec Marsès cl Sahutaca, de- le com-
docie. Les noces se céleliièrent le sep! de juin mencement de la peisécuiion. (">es deux der-
421. L'année suivante, elle mit au. mundi' une niers rem;>ortèrent la couronne du martyre,
fillt^ '|ui épousa daus lu suite l'empereur après avoir en luré diverses tortures. Mah-ir-
Valenlinicn 111. Elle ri'i^iitle titre d'au^iusle le sapor subit plusieur.s interrogaloii-cs, et fut
2 janvier 42 i. Ses frères, ap(irenant qn'cLe appliqué à la que^tion. On le laissa languir
était devenue la feniine de leur souverain, trois ans dans une prison infecte, où il souifrit
prirent la fuileel se .;ichèrenl. IMusgeneri'Use toutes lof riiiueurs do la taim. Ce terme
qiu; ses frères, Kudocie les lit venir à llons- expiré, on le conduisit de noiiveaii devant la
tantinople et les éleva aux premières chirges juge, qui, le trouvant inébranlable dans ht
de l'eiup.ire. Elle ii>ns.irva sur le troue le coid'es-ion de Ji'sus-Chrisl, ordonna de lc> jeter
goilt des lettres, et traduisit en vers les cinM dans un ouli-e obscur et d'en fermer l'onltee.

(I) Soc, I. VII, c .^xi. Evao'., 1. I, c.ix.>'iiOl.,coJ..iiixx, oxxxui ekCLXxxiv. liisl. ilu Bas-Empire, i.xxv.
184
HISTOIRE UN'IVI-USEI.LE DE L'ÉGLISE CATIIOLIQL^.

Quclciiic temps après, les poMiils, l'ayant ou- (,e roi, en fureur, fit aiiriii^er vînet roseaus
vert, y trouvèrcMil If corps ilu inarlyr sins vie, qn'iiii lui enfonça sous lc> onuir- des pieds et
mais environné de luniii're el à yr-noux, comme des mains. Kt comme il méi>ri-ail ce tmirment,
61 le siinleùt été en jnières. il lui lit mettre un autre roseau pointu d:ms
De même, llorniisilas était de la premirre la partie la plus sensible du cnrp? l'un
noblesse des Perse=, de la race des Adiémé- homme, d'où on le retirait et o-'i on renfonçait
nides. fils d'un gouverneur île province. Hali- continuellement; enfin il le fit empaler avec
ram, ayant appris qu'il était chrétien, le lit un pieu hérissé i!e nœuds de lou-i cotés. Jac-
venir et lui commanda de renoncer à Jésus- ques, d'une naissance distinguée, ayant été
Clirist. Horraisclas répondit: Ouiconciue serait chrétien, était retourné à la religion des
capable de violer la loi suprême du souverain Pei-ses par complaisance par le roi Izdegerde;
Seigneur de toutes choses, ne resterait pas mais ensuite sa mère el sa femme le rame*
fidcl'' à son prince, qui n'est qu'un homme nèrent au chri^ti.inisme. Baliram en fut telle-
mortel. Si ce dernier crime mérite la [dus ment irrité, qu'il le fit couper pièce à pièce,

cruelle de toutes les morts, à quoi ne doit pas à chaque jointure des membres: première-
s'attendre celui qui renoncera le Dieu de ment les mains, puis les bras, ensuite les
l'univers? Une réponse aussi sage fit entrer pieds et les jambes ; en sorte qu'il ne restait
le roi dans une étrange colère. Il dépouilla que la tète et le tronc. Et, comme il con-
n;:rmisdas de tous les biens et honneurs dont fessait encore Jésus-Chrisl, on lui coupa enlia
il jouissait; il lui fit même oter ses habits, ne la tète (I).
lu- laissant qu'un petit morceau de toile qui Dès II! commencement de la persécution, les
lui ( cignait les reins. Après l'avoir réduit en ma;_'es donner oiilre à tous les chefs de
firent
cet état, il le chassa de sa présence et le con- Sarrasins soumis aux Perses, de gartler les
damna à conduire les chameaux de l'armée. routes, afin d'arrêter les chrétiens qui s'enfui-
Le saint souffrit avec joie ce barbare traite- raient sur les terres de l'empire. .Mais A-^pc-
ment. Longtemjis après Bahram l'ayant , , bétès, un de ses chefs, touché de compassion,
aperçu par une fenêtre de sim palais, remar- loin de leur 'aire obslacle, favorisait leur
qua qu'il était tout brûlé du soleil et cmivert fuite. Bahram en fut averti. .\«pébétès, redou-
de poussière. Le souvenir de ce qu'il avait été tant sa cruauté, emporta tous ses biens el ^
et de ce qu'avait été son père, parut le tou- réfugia avec sa tribu sur les terres des
cher. Il le fit venir, lui donna une tnni<pie de Romains. .\nat(dius, préfet d'Orient, lui donna
lin, en lui disant Maintenant au moins quitte
: un établissement en Arabie, et le commande-
ton opiniâtreté et renonce au Tils du char- ment des Sarrasins soumis a l'empire. (,lnel-
pentier. Hormisdas mit la tunique en pièces, que temps après, Térébon. le fi- d'.Vspebéles,
la jeta au roi el dit Si vou< avez cru, [lour
: ayant été guéri d'une paralysie par le?
ce beau présent, me faire ijuilter la religion, prières de saint Euthymiu-, fondateur d iin
gardez- le avec votre impiété. Suenès était monastère près de Jèru-alem, le père se lit
maître de mille esclaves. Comme il refusait chri'tien avec ^a famille et son peuple, dont
de renoncer au vrai Dieu, le roi lui demanda il fut dans la suite nommé évéque. Il prit le
quel était le pire de tousses esclaves, et donna nom de Pierre, et fut, par sa «ainlelè, un des
•»celui-là tous les autres, avec Suenès lui- prélats le- plus célèbres de l'Orient. .Mari*.
même et sa femme, <iu'il lui fit épouser mais ; frère de sa femme, ne voulut pas iiuillt r -aint
Suenès n'en fut point ébranlé, et demeura Euthymius. Il renonça à tout et donna ses
ferme dans la foi. biens, élaienl grands, pour bâtir et auL'-
(]ui
Benjamin était diacre, et le roi l'avait fait menler monastère, où il passa le re-le de ^ <
le
mettre en prison. Un an après il vinî un am- jours, et fut un grand serviteur de Dieu . .

bassadeur romain pour d'autres atfaires, qui. Bahram envoya redemaniler à l'emp- .r 1

ayantsuremprisontemenl du diacre, demand,\ ses sujets fugitifs. Théoilose répondit i.


'

sa liberté. Le roi l'àtcorda, à condition que courage Que J'empire était un asile
:

Beniiiiiiu [Ui>mettraii_ Je ne parler à aucun ouvert aux innocents; que le chri-


mage de la doctrine chietienne. .Mais Benja- faisait tout le crime de ceux que le roi poui -
min répondit qu'il lui était impossible d'en- suivait que les empereurs n'av.iient pidnl de
;

fouir le talent dont devait rendre compte ;


il titre plus glorieux que celui de défenseur- •>
toutefois, comme le roi ne savait pas sa résis- la religion chrétienne; et que, iH>ur Ir.iiiv r
tance, il le fit délivrer. Benjamin outinua de eu Perse ceux dont Bahram voulait v.-r-ii e
convertir les infidèles. Au bout d'un an, le faudrait vint les arr.n' --
sang, il iju'il r ;'

roi ini fufaverti: iUcfit venir el lui ordonna de trc ses bras. Sur cette réponse gèn
renoncer à son Dieu. Comment traitericz-vous, roi de Perse usa de repré-ai'les: il
dit Benjamin, celui cjui renoncerait à votre rendre le* travailleurs «juc l'empereur av.-ul
obéissance pour reronnaitre un autre roi ? prèles aux Perses pour fouiller b-s m' Cr
Je le ferais mourir, ilit Bahram. Benjamin de leur pays, el il fil saisir tous l»^s •

répliqua t}uel su;>[dice ne mérite donc pas


: marchands romains ijui se trouvai- ... ....,*

celui (lui abandonne le Créateur pour rendre dans ses Etals. Thèodose se pn-par.i i la
à une cn-ature comme lui les honneurs divins'» guerre, qui en effet eut lieu. Les Perdes lurent

(I) Assemaai. Acia M.\I. oi-îeni. — (î) Yita S. Eu Ay«


LIVRE TUENTE-IICITIÈME. 48S

hattiN à jil M sieurs roprises: leur fameux corps envoya ésalpm''nt porter des parolca r^e
de dix mille eavaliers fat anéauti. Knfin bi paix aux sei^'ueurs insurgés de r.\- .u uio.
paix se conclut et la bonne intelliiii'nce se (À'ux-ci communiquèrent ces proposiliona
rétablit entre les ileux empires, l'an 'i-2. au patriarche Sahag, et le pressèrent de
Celui qui acquit la gloire la plus pure dans revenir parmi eux, pour les seconder par
celte puerre, fut Acacc, évèque d'Amiile, sur ses lumières et par son influence. H laissa
les frontières -Je Perse. Les Romains avaient deux de ses petits-fils, frères de Vartan, dans
fait dans une province environ sept mille pri- r.Vrménie romaine^ pour y achever la conver-
sonniers, au'ils ne voulaient point rendre et sion des héri'liques, particulièrement des bor-
qui périssaient de famine. Le roi de Perse en borites, sorte de gnosliques la plus décriée, et
était fort irrité. Alors Acace assembla son il partit aussitôt pour le piys d'Ararat, où il
clergé, et dit Notre Uieu n'a besoin ni de
: se hâta de convoquer les princes, |)our confé-
plats ni de coupes, puisqu'il -le boit ni ne rer avec eux sur les allaires généi'ales du
xnange, attendu cpi'il n'a besoin de rien. royaume. On convint d'envoyer en Perse,
Comme donc notre éplise a quantité de vases pour supplier !» monarijue persan de leur ac-
d'or et d'argent par \ik libéralité de son peu- corder un roi du sang <les ,\rsacides. Les dé-
ple, il faut s'en servir jjour rachctei- et nour- putés furent bien accueillis par Rahram on ;

rir (^es soldats cajitifs. 11 fil, en elfot, fondre leur accorda la paix et on leur donna pour roi
les vases, paya aux soldats romains la rançon Ardaschir, fils de Bahram-Sapor, un de leurs
des Perses, leur dùnna des vivres et de quoi derniers rois (2).
faire leur voyage, et les renvoj-a ainsi à leur Cependant, il s'était élevé en Occiilent une

roi. Baliram fut émerveillé de cette action, et nouvelle hi'résie, eelh; de Pelade, nommée de
confessa que li's Romains savaient vaincre par là pélagianisme. Pelage était m'; dans la
la générosité comme par les armes. Il désira Grande-Bretagne, de parents peu considéra-
voir l'évèque Acace, et l'empereur Théodose bles. Le nom de sa famille était Morgna, (]ui,
le permit (I). dans la langue du pays, signifie né sur les
L'.Xrméuie eut aussi beaucoup à soiiffrir de bords de la mer; il le changea en celui de
celte guerre. Elle servait souvent de passage Pehiçims, qui a le même sens en latin. Il em-
et de champ de bataille aux deux armées en- brassa la profession monastique et resta sim-
nemies. De plus, la portion de l'Arménie qui ple laïque. Etant venu à Rome, il haliita
dépendait des Perses se souleva, chassa les longtemps cette ville, où il se fil connaître et
troupes prrsanes pour recouvrer son indépen- estimer. Saint Paulin de Noie et même saint
dance. Le patriarche Sahag, accablé d'années Augustin lui témoignèrent de la considéra-
(il avait alors plus de quatre ving-dix ans), tion. Il composa quelques livres utiles, entre
ne triiuvaiil [ilus de sùreti- dans un pays aussi autres un Traiti de un RemcH de
la Trinili: et
agité, cjuitla r.Vrim'nie persane pour se reti- p/isMf/Ps (le t' sur la morale. .lus-
l'écriture sainte
rer sur le ti-rritoii-e romain. Il y fut suivi par ipie là sa croyance avait été pure. Déjà -iian-
son pclil-lils Varlan, prince des Maniiuoniens, m.dns, des eireurs sur la grâce circulai .t en
celle lam ll(! impi'rialc de (^liine, par Mesrob Orient elles étaient enseignéi-s dans 1 école
;

et [lar un très-grand nombre de ses disciples. de Théodore de Mopsuestc et avaient pris,


.Sahan- ne fut pas reçu dans l'Arménie occi- dit-on, leur source dans quelques écrits d'O-
dentale avec tous les égards dus à sa haute rigèue. Un Syrien nommi' Kutiii, qui vint à
dignité. Il écrivit, pour s'en plaindre au , Rome vers l'an iflO, imbu do de celte doctrine
maître de la milice Analolius, au patriarche et n'osant l'enseigner ]iiibliquement, en fit
de Constanlinoi)le Alticus, et enfin à l'empe- part à Pélaye, qu'elle séduisit et qui l'embrassa.
reur lui-même. Varlan et Mesrob furent cliar- Rientol Rulin et Pelage acquirent un nouveau
gés de porter ses lettres à la cour. Théodose prosélyte dans la personne de Célestius, issu
et le i)airiarc!i(! leur iirent le plus grauii ac- d'une famille noble, et, seh)n quelques-uns,
cueil, et rtqinndirent à Sahag dans li;s termes compatriote de Pelage. Célestius, homme d'un
les plus all(,'ctueux. Le titrfc de général fut esprit vif et subtil, il'uQ caractère ardent, d'a-
conlcré à Vartan, cl les ordres les plus précis IkjiiI avocat, puis moine, rc'unissait en lui
furent adressés à tous les chefs civils et ccdé- loiil ce ipi'il fallait pour devenir un sectaire. Il
siasli(|ues de ces cantons, pour que les fugi- ne parait pas cpie l'erreur lit beaucoup de pro-
tifs arnnmieiis fussent traités avec la considé- grès, tandis (pie Pelage et lui demeurèrent ù
r.ition qui leur était due. Acace, évé.pie de Rome. El e y eut pourtant des partisans se-
Mélitenc, Giud, l'vécjuc de la herxène, et Ana- crets, et il est vraisemblable que ce fut dans
tolius n'épargnèrent rien pour salisfaire l'era- celle ville (pie P(dage gagna Julien, depuis
)iereur. Sahag et ses ilisciiiles mirent à profit évè.iue d'Eclane, et l'un des principaux sou-
leur séjour dans l'Arménie romaine pour y liens de c(!it(! hérésie. Des femmes aussi,
ri'iKuidie la connaissance du nouvel alphabet même distinguées, touchées par bs vertus
«pie le itali'iarciu; avait donné aux Armi'iiieus, apiiarentes de l'i^'age, y avaient été engagées.
et pour y combattr.' b^s ennemis de la foi ipii Vers l'an /.(M), CélesVius et lui .piitlerent Reme;
ils visitèrent d'abord la Sicile, et, de là,
pas-
y étaient en grand nombre, lîdiram, roi île
l'erse, ayant conclu la [laix avec les Roinuiiis, sùrcnl en Al'riiiue, répandant autant qu'ils

(1) So= , 1. Vî, .-. xviii.— (:) Mov. citnrcn.. I. III, c LVli et Lviii. lli^l. du Bos-Emiwv. 1. XXX ''. i.H'-LVU
.

IIISIOIUE UNIVEHSELLK I)i; l/iîULlsR CATHOLIQUE


ponvaienl le venin rlo lour doclniie. Ilsélaiont tance inlinic entre Dieu et l'homme, par cnn-
en 3UI llipiione,
11 d
do là si' rerulirrril Cîir- ii ^i-qnr-iit une infinie im|>ossibilite .1 l'homme
tli.ifio, où SI- Iroiivait ulor.s sninl Aiij^iisUri.
lie voir Dieu naturellenieni i^n »;iin ••--ence.

l'ôlugo s'y enili;iii)ua imur la l'iiiesliiir. l'.i-U:^- Or, malgré ses innombrables ^nbtilllé-, le pé-
tius, reste à (',arlliai;c, se mit à y cn'^c'i::ni:r la'.'iaiiisme se réduit à dire ipie j'- pui- natu-

asi-ez ouvcrlcmi'iit ses erreurs. rel ement ce qui naturellenieni ui'e«i d'une

Four bien saisir les erreurs de Célesliiis et iinpiissiliililé inilnie contradiction alisurde,
:

de Pelade, il laul d'almrd liien Cfinnaiire la s'il en fut j:imai^.


vérité lallioli.iiie. La ;;ràce est un don surna- enseignait donc à Cnrthn '»•. .\i»-.
(;i''lestiu-

turel (|uc hicu nous accorde pour mériter la cii-é piès de l'iivéquc Aurcl 11-. te [

vie éternelli', ijui consiste dans la vision in- Paulin, seciélaire de saint Ainbr' .i- 1

tuitive do Dieu. Or, voir Dieu en Ini-tnénietcl versa dans ses réy>on6e.», n'or^ant ni

qu'il est, c'est une ciiose nalurelleuient iui- désavouer les pro]>o'-' ija'in lui t
pii-sible à toute créature, parce que, d'elle à les liailant de questi'tis probli- 11

rtnri.-imiié et pri^é de la eon ;j de


Dieu, il y a une di>lunce infinie. Il lui faut fut 1

donc, poui' qu'elle luiissc y parvenir, un se- l'Eglise dans un concile tenu en 412. Les cr-
cours surnalLiril et divin, qu> l'élève au-des- 1-e.urs qu'on lui re|.rncliall, se ré'ini^-e'it aux
points suivants 1* qu'Adam avait eii' cri-é
sus d'elli'iiicmc, et c'est ce .[u'on appelle la :

grùce. Dans li; premier homme. Dieu créa sujet à la mort; 2" que sou péché «'av. iit nui
tout la luis et la nature lît la i^ràce
!\ la na- : qu'à lui et ne s'était pas communiqué à sa
ture qui, pour riiomme, con.sisic à être une race, ce (fui détruisait la croyance du péché
intelliscnee incarnée la grâce, qui l'élevait
;
origiiiCl; 3" que les enfanls en nai--a(.t s<jnl
au-dessus de cette nature, le taisait partici- dai.s le même état où élail .Adam avant son
pant de la natiin; divine, et le niellait dans péché; 4° <|ue le pécli'- d'Adam n'est pas la
la ]iossiL)ilité de voir un jour Dieu dans son cause de la mort de tout le fçiin-r- humain,
essence. Par suite de celle suhUmutitin divine non plus que la résuireelion de Jcsii--(>hriEt
de riioninie, son àine était. pnrlailcment sou- la cau-'e de lit résurrccti'in de tou- le- liom-
mise à Dieu, ses .sens parlailenicnl soumis à mes 5' que la loi (de M'ilse) condnil au
;

l'àuie; son corps même, associé à cet enno- royaume «les eienx comme rE\ani;il (i» que ;

blissement divin, devait ne "TUiiis «• -épnrcr même, avant la venue de Jesu—Cliri-i. il y


de l'âme, ne jamais mourir. Le premier avait des hommes impeccables, c'e»t-à-d:re
homme, chef naiur.lile tout le heure humain, sa.ns péché 7° i|ue les eulanls^orts sans bap-
;

(levait communiquer à ses desccndanls celte tême ont la vie éternelle. Condamné |>ar lo
noblesse surhumaine. Par son péché, il en cmicile de Cartilage, Célestius en aiipeL» nu
déchut lui-même avec tout le ^enre humain pontife romain mai-, au lieu «te poui'<uivre
;

qu'il renfernuiil en lui. En punition de ce pé- son appel, il s'en all.i à Ephese, où il se lit or-
ché 01 igin(d, l'homme nait dans un état de donner prêtre par surprise.
disgracia et de déchéance, privé de l'ailoptiou Saint Augustin n'avait point assisté à ce
surnaturelle et. divine, sujet à la mort et au concile. Ayant appris les elioris tjui" lai^il la
combat de la chaii' conlre l'esprit, réduit à sa nouvelle hérésie pour se répandre, il la eom-
nalure seule, nature imiiarfaile, mais telle batlit d'abord dans ses sermons et dans sea
néanmoins que Dieu auiail pu l'y ciécr des conversations particulière^, avec de
l'origine. Remonter à l'état siirMatiinl d"où il uiéii;igemenl pour les personne-. ;.iil

est déchu, c'est de toute inq)o-sibilité à son peuple à demeurer téim ne


rhommi'. Il faut que la grâce de Dieu, que doctrine de l'Eglise. 11 iiiM- :e-
lui a méitée Jésus-tihrist .sur la croix, le ré- ineiit sur le péci:e originel cl la iu
fréiière à la vie ilivine dans le baidéme, et lui baplemc des enfants. Il rapp r- 1 .•

fasse pioduire des pensées, îles aiV.itions des ces paroles que .«aint Cyprien c -or
œuvres surnatiirelles qui lui nienlenl de vuir le-nips à un evèqne, au nom ii'i; dt
'1
éternellement Dieu en lui-même. Telle est, Ciirlhage ipi'il avait présidé :
grands pécheurs, venant à la '.e
'

dans son ensemble, la doclrine de f Eglise sur


la nalure et la grâce du premier homme, et rémission des péclu!» et le !
8ur 11' péché originel (I). niiiiiis doit-on le refuser à un .,:

Pelage, ignorant celte doctrine ou la com- de naitre et qui n'a point pe> hé. ci,

prenant mal, si;p|>osait que, dans le premier tant qu'il est né d'Adam <clon la ne,
homme, la grâce divine n'était que la nalure par sa première naissance, il .1 la •

huiiiaine d'où il concluait que, l'Iiumme


; contagion de l'ancienne mort? Ii ivoir •

n'ayant pas iicidii sa natare par le pèche, il l'accès d'autant plus facile à l.i r- in -sion
pouvait .après, ce iju'il pouvait avaiil, mériter des péchés, que ce ne sont pas s^ eiiica .-

par "^es -enles forces luiturelles la vision in- propres, mais cens d'h.ulrui qui lui s»)iil re-
Uiitive de Dieu. Ce qui :)on-seulement coni- mi^ (2i. 1)

Dallait la doctrine Je l'Eglise, mai- était de liienlôt le saint docteur fut obb-je .l'-vrirp.
jiliis nue 'oniradiction dans les tenues car il ; Son ami, le tribun M.iicellin ^yé
est du jBus le plus commun qu'il y a une dis- ]ilusicurs questioas que soui' • .

i--'*"

(y Moziarelli, Sur le yéchi originel. — [%) Cyp., Epist. ux, n,t Fidutn.
LIVRE TREXTE-HCITIËME. m
*ans de Pôlage, réponclit par il trois livres : arriver là par les seules forces naturelles de
Un mrrile el de rémission des péchés, autre-
la son libre arbitre. Saint Jérôme le réfute sur
ment, (lu liaptt-me des enfants. Dans le i)re- l'uTi et l'autre, mais sans le nommer. Saint
micr, il fait voir qu'Adam ne serait pas mort Augustin en usait de même. 11 continuait de
s'il n'eût [las péclu' ; qne ses destendants ont prêcher contre l'erreur, mais sans nommer
(Hé iiifectf's de la tache orifjinolle. Dans le se- personne.
cond, il montre t°que l'homme peut être sans Pelage, par ses manœuvres occultes, croyant
p(>ché en cette vie, par la grâce de Dieu et son être devenu un homme de quelque nom, écri-
libre arbitre 2° que personne en celte vie
; vit à saint Au-ustin une lettre jdeine de
n'est ahsolument sans péché, puisqu'il n'y a louanges. Son but était de capter sa bienveil-
personne qui n'ait besoin de dire Pardonnez- : lance et de le rendre moins atientif aux pro-
nons nos otFenses ; 3° que cela vient de ce qoe grès de l'erreur. Augustin lui lit cette réponse
personne ne le veut autant qu'il faut. Enfin, courte et pr)lie : « Je vous remercie beaucoup
qu'aucun homme, excepté Jésus-Christ seul, de ce que vous avez daigné m(! ri^^ouir par
n'est, n'a été, ni ne sera sans péché. Ailleurs, vos lettres et m'apprendre des nouvelles de
il en excepte encore expressément la sainte votre santé. Que Dieii vous donne en retour
Vierfçe, dont il ne veut pas qu'on parle aucu- les biens par lesquels vous soyez toujours bon
nement, quand il est question de péchés quel- et vous viviez avec lui éternellement, bien-
con(iues (I). Dans le troisième livre, il réponad aimé seigneur et très-désiré frère Pour ce!

à plusieurs ari^uraents que faisait Pelage dans qui me regarde, quoiijue je ne reconnaisse
son Conimrnfaire su?' saint Pntil. Dans ces trois point en nooi les louanges que la lettre de
écrits, saint Augustin crut devoir taire encore votre bonté contient, je ne puis cependant
les noms des nouveaux hérétiques, espérant être ingrat à votre bienveillan( e envers mou
par là de les corriger plus facilement ; même exiguïté mais en même temps je vous re-
;

dans le troisième, étant obliijc de nommer commande de prier plutôt pour moi, atin que
Pelage, il lui donna (juelques louanges, parce le Seigneur me fasse tel que vous me croyez
que plusieurs vantaient sa bonne vie. Vers le déjà (3). « DuL's ce pou de nu)ts, sans lui par-
même temps, il écrivit un traité ou une longue ler de son erreur, il l'en avertit tacitement, et
lettre : De grâce du IS'mweau Testament, à
la lui insinue que Dieu seul peut nous rendre
son ami Honorât, qui lui en avait donné occa- vraiment Ikjhs et dignes de la vie éternelle, il
sion par cin(i questions sur l'Ecriture. Peu l'appelle très-désiré frère, pour lui faire en-
après, il lit son livre De r esprit et ''e la lettre, tendre qu'il désirait beaucoup le voir, afin de
sur ces paroles de saint Paul /.a letti'e tue;: pouvoir s'expliquer plus nettement. C'est saint
c'est l'es/irit qui donne la vie, pour éclaircir cer- Augustin lui-même qui nous fait connaitre ses
taines observations que Marcellin avait faites vues (4).
sur les trois livres précédents. Dans le même temps. Pelage écrivit un»
Quant à Pél.-ige lui-même, parti pour l'O- longue lettre à la vierge Démétriade, pour lui
rient dès l'année précédente 41 1, il fut bien tracer une règle de vie. Il y pose comme pre-
reçu de révé((ue Jean de Jérusalem. Ce der- mier fondement de la perfection, de bien con-
nier ne fut peut-être pas fâché de l'opposer à naitre les forces de la nature, la puissance du
saint Jérôme, avec lequel il n'était pas en trop libre arbitre, atin de s'encourager par l'espé-
bonne intelligence. En elTct. Pelage se mit à rance de réussir. 11 suppose que les patriarches
criti(iuer les ouvra gesdu saint docteur, atin de et les prophètes sont devenus saints par les
diminuer sa renommée, qui était très-grande seules forces naturelles de leur volonté. Vou»
en Palestine. En môme temps, il disséminait avez là, conclut-iJ par dire à Déméti-iade, de
ses erreurs dans des conversations secrètes et quoi être justement préférée aux autres. Car
sans [uiblier d'écrit. Saint Jérôme, occupé à la noble.sse et la richesse corporelles viennent
ses commentaires sur Jerémie, ne tarda pas des vôtres et non pas de vous mais il n'y a
;

à élever la voix. Il interrompit son travail que vous qui puissiez vous donner les richesses
pour écrire à un chnHien, nommé Ctésiphon, spirituelles. C'est donc en cela .|ue vous êtes
nne longue lettre, où il cora|>are la nouvelle vraiment Jouable et digue d'être préférée aux
hérésie à l'orgueil de Satan, qui voulut deve- autres, en ce (pii ne peut être que de vous et
nir semblable à Dieu. Et de fait, ainsi que en vous, il ne parle de la grâce du Christ ou
saint Thiiiua< le fait voir, le péché de Satan de l Evingile (jue comme d'un secours (|ui fa
fut la [)ré-omp1inn d'ai-i'iver à la félicité sur- eilile à la nature ce (ju'elle peut déjà par elle-
naturelle et souveraine, la vision intuitive de même (ri). Entin, dans toute sa lettre, on
Dieu, par les seules forces de sa nature, à n'apeiçoil pas la moindre idi'e de l'ordre sur-
l'égal de Dieu même (2). En sorte (|ue .-iatan naturel de la grâce et de la gloire divines. On
fut le iiremier pélagien. Ce que saint Ji'nSme croirait lire un commentaire sur celte prière
avait appris de l'hi-résie de Pelage se r<;duisait des stoïciens. Que Dieu me donne de la vie et
à ces deux point de sunlenir avec les stoï- de l'argent ; car, pour la vertu, je me la pro-
ciens que. dès vie, rett l'homme peut arriver curerai moi-même.
a être impeccable et impassible, et qu'il peut Saint Augustin ne connut cette Icllro d*

(\) De nul. el irai., n. 4?. —-'fV '^. Th., t. 'VllI, 9, IS. De dtmonihun, ert.
ert S — (S) Aug., Ettist CMi».
— (i) L. de yesi. fdnj..n. .9. l'ô) S. Aug.. l. II. Arpfnd.. ool. 5 Ot seq.
188 HISTOIllE UNIVERSELLE DE L'Eglise catiioliqob
Pélago que quatre ans après. Mais des 41-4 on avec la nature innocente et surnaturalisi^e (în.
lui fMi lit une autre
]iasser réCuta sur-le-
qu'il premier homme cependant elle n'est pa> vi-
;

chiitiqi. Celait un écrit où l'élane exposait à ciée au point que Dieu n'eût pu y créer
ses disciples les secrets de sa doctrine. Parmi l'honjine dès l'origine. Ces di-^tinclions, aper-
ses disciples étaicul Timase et Jaccjues, deux çues (il fornndees jiar la précision plu- .séver*
jeunes lioniTni's de gran<ie naissance et liien de la théologie .scolaslique, et jusliliei:s par
iustiiiils lies lettres liuniuines. Ils avaient, par les décisions de l'Eglise, nous paraissent né-
les exh(jrtation.> de' l'élayr», uliandonné toutes cessaires pour ne pas s'égarir dans ce que la
îes espérances du inonde; pour se consacrer à conlroversedupébigianisme présente quelque-
Dieu ; mais ils avaient aussi embrassé avec foi- de va nue et d'indécis.
«rdeur sa mauvaise doctiine, en sorte qu'ils Saint Augustin re(;ut encore une lettre d'un
doprmatisaicnt même, en puMic, contre la nomme Ililaire, qui, de .Sicile, où il y avait
grâce qui nous fait chrétiens. Saint Augustin plusieurs pélagiens, notamment à Syra«use,
réussit à les di'sabuser de leurs err(;urs par le consultait entre autri-s sur les trois ques-
SCS instructions. Alors ils lui communiquèrent tions suivantes 1° L'homme peut-il i-lre sans
:

i l'écrit où l'élage défendait de ^utes les forces aucun {léché ilans cette vie'/ Il y répond par
de son raisonnement la nature contre la grâce, ces paroles de Jean Si nous disons que nous
:

et le prièrent avec lieau; oup d'instances de le n'avons point de péché, nous nous trompons
.-'* réfuter. Saint Augustin le lit par un Traité de nous-mêmes et la vérité n'est point en
,

la nature et de la grâce. Il y observe qu'il ne Dous(2j. Il raiipelle que le Seigneur lui-même


faut pas louer le Créateur de manière à nier nous a]qucnd à dire chaque jour Pardon- :

la nécessité du Sauveur. Quant à la nature de nez-nous nos oD'enses, comme nous [lardoo-
l'bomnjc, elle est à louer telle iiue Dieu laen-a nons les leurs à ceux qui nous ont ollénsfg ;
dès l'origine ; c'est-à-dire nature innocente-, 2° Le libre arbitre de l'homme suflit-il pour
élevée par la grâce au-dessus iVellc-mème ; accomplir les commanilemi'ids de Dieu, sans
mais elle a été blessée par le péché d'Adam et le secouis de la grâce et le don du Saint-Es-
a besoin que le même Dieu la guérisse. Ce prit? 11 réjMind que le libre arbitre peut faire
qu'elle a maintenant de vicié, doit s'atlrihuer, de bonnes o'uvres, si Dieu lui i--i en aide :
non pas à l'opération divine, mais à la vo- ce (jui arrive lorsqu'on le prie huinblem>-nt et
lonté humaine et à la juste vengeance de Dieu. qu'on y cnojicre. .Mais s'il e^t abandonné du
Il a été en notre pouvoir que celte di'grada- secours divin, au lieu d'une justice viritable,
tion n'arrivât point; mais qu'elle se it'pare, il n'aura ijue l'eidlure de l'orgueil. Ce i|u'il
nous ne pouvons l'espi-rer que <ie Dieu; il pronvi', et par cette demande de r( Maison
faut le prier, non-seulement qu'il nous par- dominicale Se nous laissez point succomber
:

donne nos péchés passés, mais encore qu'il à la tentation et par ces paroles de Saiomon
; :

nous préserve, par sa grâce, de pécher à l'a- Comme je savais que per-onne ne peut être
venir. Excepté la Mère de Dieu, ]iersonne n'a continent, si Dieu ne lui en fait la grâce; et
été sans péché le libie arbitre a be-oin d'être
; par ces paroles de l'.Xpotre Qu'avez-vous, que ;

fortiiié par
secours divin, .\ucun des anciens
le vous n'ayez reçu'.' 3" Est-il vrai que les en-
l*ères cités par Pelage n'a enseigné le con- fants morts sani baptême ne peiiven*. p<Tir,
traire. parce qu'ils naissent sans péché'.' Il n-pond
Pour bien saisir la controverse du pélagia- qu'il faut plutè)t croire saint Paul, qui dit :
nisme, une remarijuc nous parait fort imi)or- Par un seul homme, le péché est entré dans
tante. Saint Augustin distingue la nature hu- le monde, el par le pèche la mort, di; manière
maine dans le premier homme, d'avec la nature à jiasser dans tous ies homme-, en ce ijue tous
humaine dans ses descendants dans celui-là : ont pèche (3). Et encore Comme tous meu- ;

elle était saine, dans ceux-ci elle est blessée rent en Adam, aiu?i tous eronl \ivihes dans
et malade. Pelage, au contraire, soutient ipie le Christ (i). Saint Au;;u-tin e.eveloppc; la
la nature humaine est la même dans les des- même iloclrine dans sa b-ttre ou son livre Ùc
cendants que dans le juemier ancêtre. H nous la Perfection de la justice de iHumme. adressé
semble (ju il y a dans tout cela, un peu d'équi- aux évo»iues Eutrope et Paul, qui lui avaient
voque. La nature est la même i,dant son es- remis, avec prière d'y répondre, un pajiicr
sence la nature est la meoie en tant uu'elle
; sous ce titre Ùc/iuil ions qu'on dit être de Célet-
:

est p\uemenl humaine. Klle n i-^t pa? la même tius.


en tant que, dans le premier homme, elle était Dans le même temps se trouvait à Hippone
tn quelque sorte divinisée i>ar la grâce; car le prêtrePaul Orose. Il était venu du lond de
ce que saint Augusliu dit des anges est égale- l'Espagne, jtar le seul désir de voir saint Au-
ment vrai dans nos premiers jmrents :"que gustin et de s'instruire auprei de lui de*
Dieu, tout à la lois, et y créa la nature et saintes lettres, il aurait bien voulu 1;;: pré-
y
répandit la grâce (I); tandis que, par suite du scnlcr un mémoire sur les erreurs qui .h; re-
pi'clié. la nature n'a jdus en nous que ce qui pandaier.t {larmi ses compatriotes^; mais il U
est >li ictiMuent de son essence. KUe est déchue, voyait si occupé à dicter d'autres ouvr.jires,
blessée, viciée, corrompue, par comparaison qu'il s'était borné à lui eu dire un mut de vive

(I) Siiiiul
{i, lloui., V,
m eis et

condens naluram, et Inrgieus gratiam. De civil. Dti 1. XII c. IX — i2J Joan.. I, ». -
li (4J 1 Cor., »v, 02i. .Vnsusl.. tpist. CLVi et Lvu.
LIVRE TRENTE-HUITIÈME. 482

voix. Quand il deux évèqucs, Paul el


vit les ment en meurent sans «Hre bap-
l'autre, s'ils
Eutro]io, lui rcmeltre leur mémoire sur quel- tisés peines qui ne semblent pas justes, si "ce
;

ques hérésies, il profita de l'oLTasion pour lui sont des âmes toutes neuves, créées exprés
en remettre un sur l'état doctrinal de l'Es- pour chaque corps. On n'y voit aucun péché
pa^iio. Les erreurs de Priscillieii y avaient en cet âge, et Dieu ne peut condamner une
fait beaucoup de ravages, lorsqu'on y apporta àme où il ne voit aucun péché. Car, dit-d,
les écrits de Victorin et d'Origène. Ceux de ce que ces âmes soient condamnées, si elles sor-
dernier y tirent beaucoup de bien, en réfutant tent ainsi du corps, la sainte Écriture et la
les crreur.s des priscilliauisles, el en donnant sainte Eglise le témoignent. Je veux «lonc que
des idées saines sur Iieaueoup d'articles im- cette opinion de la créat'on des nouvelles
portants; mais aussi donnèrent-ils lieu à des âmes soit aussi la mienne, si elle n'est point
erreurs nouvelles, par les idées singulières contraire à cet article inébranlable de noire
qui s'y trouvent éparses. Le saint docteur rô- foi ; si elb; y est contraire , qu'elle ne soit pas
jiondit par un livre fort court contre les pris- non [ilus la vôtre.
ciliiunistes el contre les origénisles. Il ren- Aujourd'hui ces questions diflioilcs sont
,

voie, pour les premiers, à ses écrits contre les un peu plus éclaircies. Quant à l'origine des
manichéens; quant aux seconds, il rilève ce âmes, le sentiment à peu près unanime des
qu'il y avait de condamnable dans certaines thé(dog;ens, c'est que Dieu les crée pour cha-
ofunions d'Ongéne (1). que homme. Saint Thomas va même jusqu'à
Orose l'avait encore consulté sur l'origine qualilier d'hérétique l'opinion qui les siqipose
des âmes. Mais saint Augustin était lui-même dérivées d'Adam par la géuéralioii [!). De
fort embarrassé de cette question. D jà précé- plus, l'Eglise nous ap[u-end que Dieu aurait
demment son ami le comte Marcellin avait pu, dés l'origine, créer l'homme tel iju'il nait
consulté à cet égard saint Jéromi', qui répon- maintenant, sauf le péché seul. L'Eglise nous
dit que, d'après sa manière de voir, L)ieu crée l'apprend, puisqu'elle a condamné le contraire
maintenant encore chaque âme pour chaque dans Baius. Enlin, les théologiens enseignent
homme le renvoyant du reste pour plus aui-
; communémenl, après saint Thomas, que le
]de instruction, à Augustin, Icui- ami commun. péché originel consiste projiiemenl dans la
()rose ayant donc révedie celle tjueslion, .-aint privation, la privation coupable, ou plutôt la
Augustin, qui ne voyait pas encore au juste répudiation de la justice originelle, de l'elat
qu'en penser, lui conseilla daller en F'alestine surnaturel de la grâce divine; répudiation
consulter saint Jérôme, el le [)ria do repasser forinellemcul volontaire dans le [iremier
en Afi ique à sou retour. (Jrnse se mil en route, homme, et moralement volontaire dans ses
avec deux lettres pour l'illustre solitaire de descendauts, en tant (jue membres <lu chef et
Bethlehem. individus de l'espèce, renfermés tous dans le
Dans la première, Augustin lui expose son premier comme dans leur source. La punilinn
embarras louchant l'origine des âmes. 11 éta- de ce pèche, inlligée de la part de llieii, est
Llit d'abord, ce qu'il regaide comme certain, la soustraction même de cette grâce originelle
que lame est immorlelh!, qu'elle n'est point répudiée par l'homme, ainsi que de toutes les
une portion de la Divinité, qu'elle est incor- prérogatives qui y étaient attachées (3). Uref,
porelle ;enUn, qu'elle e^l tombée dans le pé- l'homme naît acluellemcnt, par sa faute, dans
ché, non par la faute de Dieu ni par aucune , un élat où cependant, sans aucune faute de
nécessité mais par la volonté propre
, et ,
sa pari, U aurait pu être créé dès l'origine.
qu'elle ne peut être relevée de sa i;hute que Ci'penilaut Orose arrivé en l'aiesline ,
,

par la grâce de Jésus-Christ. Voilà, dil-il, ce trouva iaint Jérôme occupé à l'éfuter les pèla-
que je tiens fermement louchant l'àme. Ce giens. 11 se retira auprès de lui a IJellil hem.
que |e demande, c'est où elle a contracté ce 11 croyait y être cache comme un pauvre cl un
pèche qui enlraine la couilanmaif' n des en- inv^.unu, lorsqu'il fut apiielé par les prêtres
fants mêmes que la grâce du baph-me n'en * de «érusalein pour a-sister à la conlerence
pus ilélivrés ? Dans les livres du Libre arbitre, qui devait se tenir au sujet de l'Iierèsie de
contre les manichéens, j'ai apporté quatre l'elage, qui iaisail l.ieaucoup de bruit en l'a-
opinions sur l'origine de r:\nie si toutes : lesliue. La coufeieuce se tint le 28 juillet 415.
sont tirées de l'aiiie du preuiioi' lioiume; s'il Jean de Jérusalem, qui y présida, lit asseoir
s'en fait journelleuient de nouvelles pour Orose avec les pielres. Aussitôt tous les assis-
cha([ue hoinine si, étant déjà quelque part,
; tants prièrent ce dernier tli' leur raconter,
')ii u les iMivoie dans les corps, oii si elles y avec simplicité el sincérité, ce qu'il savait de
vieniienl d'elles-mêmes. Votre opinion est lu ce qui s'elail [lassé en .Afrique toucliant les
seconde, que Dieu l'ail des âmes pour chaque hérésies de l'elage el de Celeslius. Oiose ex-
houinie qui nait, comme il parait par votre pliqua en lieu de mots comment Celeslius avait
lellre à Murcelliu. Je voudrais que ce fût aussi été dénonce à plusieurs éveques assembles à
la mienne mais j'y trouve de grandes difii-
; Cartilage, el ensuite condamné pour ses er-
Rulies. Ces diflicultés lui venaient du pi'chi' reurs. Il dit aussi (pie saint Augustin liavad-
originel el oes [leiues que les enfants sonliicnt, lait a repondre pleiiieiueut à un livre de
uou-seulemenl eu culte vie, mais principale- l'elage, a la [uiere des disciples de l'claga

T. IV. viii, Cul M. — (i) Summa, p. 1, (|. cxviii. a. 2 el 3. — {'i) Muzzaralli, Sur It péciti origimt.
.

41)0 IIISTOinK DNIVERBEM.^ DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE.


roènn!, qui le lui avaient envoyé c'ctaienl : vôtre. Comme Jean iDsi<:toit tanjonr5 A ce
Jacques et Timasc. 11 ajouta: J'ai encore entre qu'ils se déclarassent les acc«sal<'ur^.dc l'id;i'_"e,

les mains un(! lettre <lii uiéine véc|uc, qu'il a c ils continuèrent de répondre qu'ils étaient en-
envoyée depuis jieu eu Siiile, où il a rapiiOrté fants de l'iiijlise et non [)as doeleurs.de- iloc-
plusieurs questions dc^ hérétiques. Ou lui or- teurs, ni juges des juges qu'ils ne pouvaient
;

donna de la lire, et il la lut : c'était la lettre i|ue .suivre ceux qui étaient en veiiéiation

i Uilaire. dans TEwlise entière et condamner ce qu'ils


Mois l'cvéque rte Jérusalem demanda qoe avaient condamne.
l'on entrer l'éla^e. L'asscmlilee y eonscn-
fit On disputa longtemps. Orose parlait en la-
tit. tant par respect i)our ré\éi|\ie
ijuiî parce tin, et l'evéque Jean en grec Ils ne s'enten-

qu'on esjjéraitquc larélutution que l'on ferait daient que par un interprole. qui souvent
de ses erreurs en sa piéseucc 'serait plus forte rendait les chorfcs de travei-, comme il en fui
etplusutde. Losque Pelage fut entré, les prê- convaincu plusieurs fois. Ceijoe voyant Oro-e,
tres lui demandirent tout d'une voix s'il re- il s'écria L'hérétique est latin, nous xomnies
:

connaissait avoir enseigné la doclrine que Latins il


; faut renvoyer h des juiies latins
l'éveciue Au;j:ustin avait cc.ml.attue. 1! répon- cette hérésie qui est jdus connue chez l'?s La-
dit Qu'ai-je à faire d'AugusIiii? Tous s'éle-
:
tins. L'éveque Jean veut juger -ins accusa-

vèrent contre une réponse si injuric^use à un teurs, étant lui-mém.- suspect. Orose fut -ou-
évéque dont Dieu s'dail servi poui- l.i réunion tenu par quel|ue3-uns de l'aspcinbléc, qui
de toute l'Afrique et l'cxlincliou du schisme protestèrent <iu'on ne pouvait la^ e<r<- tout
des donalisles. Ils s'écrièrent qu'il fallait le la l'ois avocat et juge. Ain'-i. apr
chasser non-seulement île l'assemblée, mais contéstationsjjeanconclut. suivant 1

de toute l'E^ilise. L'évètjue Jean au lieu de le d'Orose, que l'on enverrait des .iépuo;- f de^ t

chasser, le fil asseoir au udiieu des prêtres, lettres au pape Inuorent. et que tous sui-
lui qui n'était qu'un simple laïque et accusé vraient ce qu'il aurait dccid.'-. (.cjienilanl il
d'hérésie; et, pour avoir la liherte de [lar- imposa silence à Pel.ige. détendant en même
donncr à Péiage l'injure qu'il avait laite à temfis à ses adversaires de lui insiaber. comme
saint Augustin, il dit qu'il la prenait sur lui : s'il était demeuré convaincu. Tous eou'onti-

Je suis, dit-il, Augustin. Orose lui riqtoudit rent à cet accord, rendirent solennellement
avec beaucoup d'à-propos Si vous laites le : grâces à Dieu, se donnèrent mulueliemeut la
personnage d'Augustin, suivez donc aussi «es paix, et, [lour la confirmer, liin-ul easemble
sentiments. l'oraison avant de se séparer.
Jean demanda ensuite à toute l'assemblée Le treize septembre de la même année, fétc
si ce qu'on venait de lire de la lettre à lliiaii'e de la dédicace de l'église de Jérss^.l- "
était contre l'éluge ou contre d'autres, et étant venu en cette ville pour ac
ajouta Si c'est contre Pelage, déclarez ce
: l'éveque Jean à l'autel, s<>lon la
que vous avez contre lui. Orose, voyant qu'on au lieu de le .=aliier. lui dit 1' :

lui faisait signe de parler, le lit en ces termes : vous avec moi. vous qui avi.-z ijU-|.iii a.- .'

pelage m'a dit enseigner i|ue l'i.cuume peut Qu'ai-je dit, répondit On»se. qu'on pui--e ap-
être sans péché et garder facilement les com- peler blasphème'? L'éveipie reprit Je vou-- ai :

mandements, s'il veut. Pi'lage repondit Je : ou'i dire que l'homme, même avec b-- -e--irs
ne puis nier que je n'aie dit cela et que je ne de Dieu, ne peut être sans péché. •'
le dise cDcoie. Eh bien, reprit Orose, c'est ce nant à témoin les prêtres ei les r-

que le concile d'Afrique a délesté dans Céles- sonnes qui étaient pivsefites. protesta .pian
tius c'est ce que l'éveque Augustin a rejeté
; tel discours o'élait jamais >orli de sa bou-
avec horreur, comme vous venez de l'en- che. Comment, ajouta-l-il, l'i'vèipe qui est
tendre; c'est ce qu'il condamne encore p^é- Grec et n'entend point le iliii, »-t-il
1 un
gcntemcnt dans la réponse qu'il fait aux éciits m'entcndre, moi qui fie pari" fue latin'? Il
de Pelage c'est ce que le bieiiieureux Jé-
; ani-ait di'i m'avertir paternel!' 'ins le '

rôme, si célèbre par ses victoires xir les béré- moment même qu'il m'a oui te (mrs.
ti(iues, a condamné aussi depuis peu dans sa CJuoiipie Jean ne fut pas :

lettre à Ctesiphon c'est ce qu'il r«>fute encore


; procher au bout de quara: t

maintenant dans les dialogues (|u'il compose. tenue la conférence, Omse cru:
L'éveque Jean, sans rien écouter de tout ceia, brasser l'occàsion que la Providen'-
voulait obliger Orose et ceux qui étaient contre •pour réprimer l'insolence des i -, ..ui

Pelade à se déclare»- ses accusateurs et à ie abusaient de la patience .iv- \'¥.~

poursuivre devant lui, comiae évé<inc de Jé- glise les tolérait. Il écrivit
rusalem. Mais tous répondirent plusieurs t'ois: où, en défendanl son inii. t-

Nous ne som'^es point les parties de Pelage ;


lomiiie de l'eTe,pie de Jeruraleoi, d laisait voir
nous vous di^rfroiis seulement ce que ceux l'im]iictéde l'hérésie de Pcng»' (I).
qui sont nos ireres et nos pères ont juté et Ouelques mois après, le 20 deeeinhr»' de la
ordonné sur celte hérésie qu'un laïque répand même année -IIS. il se tint un c»»ncd- de qun-
partout, de r.eur que, sans que vous le sachiez, lorze évèques en Palestine, dans la vd. «le •

il ne troublô les églises, et parliculiéiemeui la Diospolis, connue dans rLcriluro sous le nom

(1) BiUioth.rP., t. VL
LIVRE TRENTE-HCITIP.ME. -rSl

de Lydila. Etiloge, que l'on croit aviir été concile dit :iPélage ici pré-cnt a ri'pondu i>ien
évè([ue de Ccs^arée, la m«Hropole, y présidait. et suffisamufenl à ces articles, anathématisaiil
Deux évèques des Gaules, cliasaés de leurs ce qui n'était pa.- de lui.
siéiïes, Eros d'Arles et Lnzari' d'Aix, lui Comme on l'accufcid'avoir enseigné que
avaient présenté un mémoire contenant les l'Eïlise est ici sans itiche et sans ride, il ré-
erreurs qu'ils avaient recueillies des livres de pondit Je l'ai
: dit, parce i]ue l'Eglise est pu-
l'éla.se et de ceux de Célestius, y ajoutant les par le baptême, et que
rifiée le Seigneur veut
articles s^ir lesijuels Célestius avait été ouï et qu'elledemeure ainsi. Celte réponse fut ap-
condamné au concile de Carthage, et ceux prouvée du concile. Ensuite on lui objecta
qu'Hilaire avait envoyés de Sicile à saint Au- quelques propositions (le Célestius dont le
gustin. Il s'iiifissait, au concile, d'examiner ce sens était, que nous faisons plus qu'il n'est or-
mémoire. Mnlheureusement ces deux évèques donné par la loi et par l'Evangile; que la
ne purent s'y trouver eiix-mèœes au jour grâce de Dieu et son secours ne s(int pas dim-
mariiué, parce que l'un d'eux était ffriévement nés pour chaque action particulière, mais
malade, l'éla^e, au contraire, s'y trouva [lour qxi'ûs consistent dans le libre arbitre on dins
se justifier, ce qui ne lui fut pas dilTicile, la loi et la doctrine que la grâce de Dieu est
;

n'ayant point d'uccusatcursen tèti; farOrose


, donnée selon nos mérites, parce (|ue, s'il la
n'y était pas non [ilus. On soupçonne l'évèque donnait aux pécheurî^ il semblerait être in-
Jean de Jérusalem d'avoir aide Pélaî^e à pren- juste; d'où il suit que di grâce même dépend
dre si l(ien son temps. Celui-ci, voulant don- de notre volonté, pour en être dignes ou indi-
ner une bonne opinion de lui au concile, se gnes. Sur la première proposition, il dit: Nous
vanta il'ètre uni d'amitié avec beaucoup de l'avons avancée suivant ce que dit saint l'aul
saints évèques, et p;o luisit plusieurs lettres, de la virginité Je n'ai point de précepte da
:

dcant quelques-.uiies furent lues, entre autres Seigneur. Quant aux autres, il ajouta : Si .ce
la petite lettre de saint Aug-jstin, qui lui sont là les sentiments de Célestius, c'est à
témoiiinait beaucoup de politesse?, maisl'exhor- ceux qui le disent à l'examiner; pour moi, je
tait tacitement à changer de doctrine sur la n'ai jamais tenu cette doctrine, et j'anatbé-
nécessité de la grâce. matitse celui qui la tient. Le concile fut satis-
On ne laissa pas de lire le mémoire, où les fait de c 'Ite réponse. Mais sur cette autre pro-
évèques Eios et La/are avaient mis les er- position de Olestius.que chaque homme peut
reurs dont ils l'accusaient. Mais les évèques avoir toutes les vertus et toutes les grâces.
du concile n'enti'n<laient pas le latin ; il leur Pelage réptmdit Nous n'otons pas la diver-
:

fallut se faire ex[ili<]uer re mémoire par un sité des grâces, mais nous di-ons que Dieu
interprtîte, tan<lis (jue Félaye répondait lui- donne toutes les grâces à celui ijui est digne
même en grec. Apiés [ilusieurs propositions de les recevoir, comme il les donna à saint
équivocpies ou rrronéos iju'il expliqua à sa Paul. Ensuite il désavou.a ces autr.-'s proposi-
manirre ou même qu'il anathénialisa comme tions de (Célestius : que l'on ne peut apjje'.er
n'étant pas de lui, on lui objecta les proposi- enfants de Dieu, sinon ceux (pii sont absolu-
tions suivantes, tirées de la doctrine de Cé- ment sans péché; que l'oubli i-t l'ignorance ne
lestius, son disci|>le qu'Adam a été fait
: sont point Rusceplildes de péclié, parce qu'ils
mortel, en sorte qu'il devait mourir, soit qu'il ne sont pas volontaires, mais nécessaires; ipi'il
pécbàt, soit (ju'il ne ])t'cliât point; que le pé- n'y a point de libre arbitre, s'il a besoin du
ché d'Adam n'a nui ipi'à lui seul, et non au secours de Dieu, parce iju'il dépend de la vo-
nenre humain <iue la loi de Moïse envoie au
; lonté de chacun de faire ou.de ne pas faire ;
royaume du ciel comme l'Evangile; qu'avant que notre victoire ne vient point du secours
l'avenemcnt de Jésiis-tjhrist , il y a eu des de Dieu, mais du libre arbitre ; que le pardon
hommes .sans péché que les enfants non vcl-
; n'est point accordé aux pinilents, suivant la
Icment nés sont au même état où était .Adam grâce et la miséricorde l'e Dieu, mais selon les
avant son péché; (pic (oui le ^cnn; humain mérites et le travail de ceux qui, par la péni-
ne meurt point par le [léchi; d Adam, et ne t^-nee, se rendent dignes de raisuricordc. Il
ressuscite [loint jiar l.i résurreclion de Jésus- ajoubi qu'il croyait &o. la Trinité d'une seule
Chiist; que l'Imiunie jicul être sans péihc s'il sulisl.ince, et tout le reste, selon la doctrine
veut (juc les entants, sans elre baptisés, ont
; de l'Eglise, di-ant .Viiatlième à quiconque
:

la vie élernollu. l'cla^e répondit (pie la doc- croit autre chose! F^e concile, content de .ses
trine de Célestius ne le rei;ai'dait pas; qu'à déclarations et de ses ri'ponses, le reconnut
l'égard de ce iju'on lui objectait d'avoir dit noiM' être dans la ciunmunion de l'Eglise ca-
qu'a\ant la venue du .Seigneur il y a eu des iholi(pie. Mais si absous, parce
Pelage y lut
hommes sans péché, il oi; faisait |.«int difli- ((u'ilsnt li'omperli!S éveijues, en cimb.'ssant de
culté de dire (pi'en ce temps-là quelques un-^ bouche ce (pi'il cund imnait dans le cœur, sa
ont vécu sainlement et justement, selon que doctrine y fut anathématisée, étant contraint
les saintes Eciitures l'enseignent. Il anathé- de l'anuthematiser lui-même pour éviter sa
malisa toutes les aulreserrenrs iju'on lui avait propre condamnation (!).
dit être deCéleslius, avec ceux qui les tenaient Pendant la tenue du concile arriva qucli]UO
ou liùi les avaient jamais tenues. Sur quoi le chose de plus consolaut pour l'Eglise. Ou dé-

(I) Aog., De geslis fa/tut.


,

m inSTOinE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE


comTit les rcliquos du prnmier martyr, saint
champ avec les évoques de Sébaste et de Jé-
Etienne, à vingt milles de Jérusalc-m, dans le richo.

bourg- (le Cnpli.irgamaiii. L'église .le ce bourg


Dès qu'on eut ouvert le cercueil d'Etienne,
trembla. Il s'exhala en même temps
Était ilesservii' par un piètre viuiérable nommé
la terre

Lucien. Le vcnilicdi :{ déiemhn; /(!"), sur les une odeur si agréable, que personne ne se
souvenait d'en avoir j.'unais senti de pariMlle.
Dcuf heures du soir, il dormait dans le bap-
tistère, où il avait coutume de, coucher
pour Soixante-treize malades, qui se trouvaient dans
la foule, se trouvèrent guéris sur-le-champ.
garder les vases sacrés de l'éL'lise. Klaiit à
demi éveillé, il vieillard vénérable,
vit un On baisa les saintes reliques el on les ren-
d'une beauté merveil- fi-rma. Puis, en chantant des psaumes el de*
d'une haute taille et
leuse, cpii l'appela trois lois par son nom et
hymnes, on jiorta celles de saint Etienne à
l'églisiîde Sion,où il avait été ordonné diacre;
lui dit :Je suis Gamaliel, qui irstruisis saint
Paul dans la loi. En même temps il lui or- mais on en laissa quelques petites parties à
donna d'aller à Jérusalem dire à l'évêiiue Jean Caphargamala. Il tomba aussitôt une pluie
do venir ouvrir les tombeaux où étaient ses abondante, ijui remlit à la terre la fertilité
reliques et colles de quelques autres servi- dont elle était (/rivée par une longue séche-
teurs de Jésus-Christ. A l'orient du tombeau, resse. La cérémonie de cette translation si; fit
ajonla-l-il est saint Etienne, (]ue les Juifs la- le 2() décembre, jour auquel l'Eglise a toujours

pidèrent hors de la porte oi'iidentale de leur célébré, depuis, la fête de sainl Etienne.
ville. Son corps resta la exiiosé un jour et une L'histoire de celle découverte et de cette trans-
nuit, sans que les oiseaux et les bétes osassent lation fut écrite par le prêtre Lu«-ien lui-
ruème. Le prêtre A vil, compatriote d'Oro-e et
y toucher. Les fidèles de Jérusalem, que je
connaissais, l'enlevèrent de nuit par mon or- qui demeui-ait à Jérusalem, la traduisit en
dre, et le portèrent à ma maison de campagne, latin. Ce qu'elle renferme est également attesté

où je le mis dans mon pr(q)re tombeau, du par Chrysijqie, un des principau.v prêtres de
côté de l'orient, n[)res avoir célébré ses funé- l'église de Jérusalem ;
par Idacc el Marcellin
railles (piarante jours. iNicodème, qui venait dans leurs chroniques par Basile, éveqiie de
:

voir Jésus de nuit, est là aussi dans un autre Séleucie par saint Augustin. Finalenn-nl, le
;

cer(•u(^il.Lorsque son attachement pour le récit des mêmes faits se trouve dan- la plupart
Sauveur l'eut lait excommunier et chasser de des historiens, et dans les sermons des princi-
Jérusalem par les Jiiils, je le reçus dans ma paux Pères de ce siècle.
maison à la campagne et l'y gardai jusqu'à la Vers le printemps de l'année 410, Orose
fin de sa vie. Je l'enteriai honorablement au- quitta la Palestine, emportant, de la part
près d'Etienne. J'(mterrai encore au même en- d'.Vvit, qneli|ues reliques de sainl Etienne,
droit mon iils Abibas, qui mourut avant moi, avec la relation de leur découverte, pour P'al-
à l'âge de vingt ans. Son corps est dans le conius, évèqne de Brague en Lusil;in e, où
troisième cercueil, qui est le jdus élevé, et Avit était né. Les dévastations de* G^llis i'em-
dans lequel on me mit moi-même après ma jièchant de passer en Espagne, il retourna en
mort. Afriipie, lai-sant les reliciues du sainl à Malion
Lucien craignait qu'un excès de crédulité princiiiale ville de l'ile de Minorque. Severe,
lie le fit passer |iour imposteur. Pour s'assu- évèiiue de l'ile, s'y rendit dans le de-^oin de
rer si cette vision était de Dieu, il en demanda recevoir le dé|i6t sacré el d'ouvrir des confé-
une seconde cl une troisième et, ahn de mé-
;
rences avec les Juifs, qui étaient en fort grand
riter cette grâce, il persista dans le jeune et la nombre dan* cette ville. La vue de ces reliques,
prière. Les deux vendredis suivants, Gama- jointe au zèle des chrétiens, opéra un pmdige
liel lui ajqiarul sous la même forme, et lui dit étonnant. L'an4l8,dansrcspace dehuit jours,
d'oliéir. Lucien se rendit donc à Jérusalem. cinq cent cjuarante Juifs, y compris Tliéodore.
L'évêque Jean, auquel il raconta ce nui lui leur [Kitriarche, S!' convertirent cl demanib--
était arrivé, pleura de joie. D'après ses or- rcut le baptême. Il n'y eut que qnel.iues li-m-
dres, Lucien lit commencer les fouilles. Sur- mes qui luoutrêrent un peu plus d'opiuiàlreté;
vint un moine de sainte vie, nommé Migècc, à mais, à la fit;, --.Iles se rendirent aussi. t>s
qui Gamaliel était également api>aru et avait Juifs cotivertis bfitjrent une église à leurs frais
indiqué l'endroit précis où se trouvaient les el de leurs propres mains. Nous avons encore
corps. En lorsqu'on y eut creuse la terre,
ell'et, la lettre circulaire à toute l'Eglise calholii|uc,
on découvrit avec une pierre sur
trois coll'res,' où l'évêque Sévère a consigné l'Iiistuirc de ce
laquelle étaient gravés, en gros caractères, merveilleux événement (1).
les noms suivants (^lieliel, Nasuam, Gama-
: Le jour même qu'Evode, évèqHC d'Uiale,
liel, Abibas. Les deux premiers sont syriaipics; lisait à son troupeau la lettre de Sévère, arri-
ils revienn''nt à ceux d'Llienne ou de Cou- vèrent à la chapelle des saints martyrs Félix
ronné, cl de Nicodemo ou de Victoire du peu- et Gennado, située près de la ville, quelques
ple. Lucien informa aussitôt l'i-vèquc Jean de esquilles d'ossements de sainl Etienne cl une
ce qui venait d'arriver. 11 était dans ce mo- fiole où il y avait de sou sang. Des moine- de
ment au concile de Diospolis el paitil sur-le- Palestine avaient procuré ces reliques. Evode

(1) Voir toutes ces pièces, ainsi que les suivantes, dans l'apponiica du tome VII de S. Augustin,
édit
àeucd.
LIVRE IREXTE-UUITIÈME. 491

aila les recevoir avec beaucoup de joie. Un Augustin, était évèque. II y a\ait pareillement
hoinnie, qui s'ctail brisé bi i)ietl en faisant une dans celte ville une chapelle et des reliques
cliule el qui f^ardait le lit depuis plusie^urs de saint Etienne. Euchaire, prêtre espagnol,
jours, fut guéri après avoir im[iloié l'inter- était (le[iuis longtemps tourmenté de la pierre;
cession de salut htienne, et se rendit à la cha- il n'eut pas plutôt touché les s.iintcs reliques

pelle des Martyrs pour y remercier Dieu. La qu'il se trouva guéri. Quelque temps après,
célébration des saints myslères Unie, on alla étant mort d'une autre maladie el sur le point
en procession à la ville. Le peuple, divisé en d'être porté au tombeau, il ressuscita quand
plusieurs troupes qui tenaient à la main des on eut jeté sur son corps une tunique qu'on
cierges et des flamlieaux, chantait des psaumes avait ap|iortée de la chapelle du saint. Plu-
et des hymnes. Lorsqu'on fut arrivé à la prin- sieurs malades, afQigés de diverses maladies,
cipale l'glise, on y jéposa les reliques sur le recouvrèrent aussi la santé. Saint Augustin,
trône de l'évèque, que l'on couviit d'un voile. qui écrivait dans ce temps-là, dit qu'il se fit
Une femme aveugle recouvra la vue, en appli- plus de ces sortes de guérisons à Calame (ju'i
quant ce voile sur ses yeux. Ensuite, un plaça llippone, jù cependant il en avait compté
ius reliques sur un lit que l'on renferma dans soixante-dix. Entre autres prodiges qui arri-
une espèce d'armoire, où il y avait une ouver- vèrent à Calame, il insiste principalement sur
ture [lar laquelle on faisait toucher des linges, la conversion d'un païen nommé Martial. C'é-
qui par là recevaient la vertu de guérir les tait un des principaux de la ville. Il avait une
maiaucs. Les fidèles venaient les visiter de fort fille chrétienne, dont le mari avait été baptisé

loin, et il s'opéra un grand nombre de mira- cette année-là même. Le voyant malade, ils le
cles, tvode en lit écrire la liste par un di- ses priaient avec beaucoup de larmes de se faire
clercs. On la lisait publiquement à la frle de chrétien mais il le refusa absolument et les
;

saint Etienne, et, après la lecture de chaque renvoya avec indignation. Son gendre s'avisa
miracle, on appelait les personnes guéries, que d'aller à la chapelle de saint Etienne, prier
l'on fuirait passer successivement au milieu de pour sa conversion. Il le fit avec grande fer-
l'église. Le peuple, en les voyant, pleurait de veur, et, en se retirant, il prit de dessus l'autel
joie et redoublait ses acclamations. Parmi des fleurs qu'il y rencontra, et les mit près de
ceux qu'un fit ainsi passer étaient trois aveu- la tète de son beau-père, comme il était déjà
gles, ipii avaient recouvré la vue, et un homme nuit. On se coucha. Avant qu'il fût jour, Mar-
d'Ilippone, ipii avait été guéri d'une [iiralysie. tial cria qu'on courût à l'évèque. Il se trouva

Les assistautsparaissaientplutotvoirles mira- (ju'il était à llippone, avec saint Augustin.

cles qu'en entendre le récit. Martial ayant appris qu'il était absent, de-
L'evêque Evodc était ami intim(! de saint manda ([u'on fit venir les prêtres. Ils viuriMit.
Au;;ustin. Il a|qirouva et imblia deux livn^s Il annonça qu'il croyait, et fut baptisé,
leur
Des miracles de saint Etienne, qui avaient été au grand étonnement de tout le monde. De-
écrits par son ordre, et qui sont ordinairement puis son baptême jus(ju'à sa mort, qui arriva
cités sous son nom. Il y est dit que, devant peu de temps après, il eut toujours à la bouche
l'oratoire où étaient les reliques du saint, à ces paroles Jésus-Christ, recevez mon es|u-il
: !

Uzale, était un voile sur lequel on avait repré- qui furent les dernières paroles de saint
senté le saint portant une croix sursesépaules. Etienne; mais il ne le savait pas (1).
Dans cette Histoire des miracles a' Uzale, il est Saint Augu-tin, dans son dernier livre Delà
fait mention cle qui'Kjues morts ressuscites. Cité de Dieu, raj»poile encore un grand nombre
Saint .\ugustin parle de l'un d'eux presque d'autres miracles arrivés à cette même éiioquo
dans les méjnes termes. Un enfant, dit-il, dans d'autres villes. En 4:25, l'église d'Iliiqione
encore à la mamelle, mourut sans avoir reçu recul elle-même une portion des reliques de
le baiitème. Sa mère, le voyant perdu pour saint Etienne. Parmi les miracles qui s'y opé-
toujours, couit à l'oratoire de saint Etienne rèrent, il y en avait près de soixante-dix dont
et fait la prière suivante Saint martyr, vous
: il y avait une relation authentique. Saint Au-

Toycz que j'ai [>erdu mon unique consolation I gustin cite entre autres la résurrection des
rerulez-moi mon enfant, afin que je [luiss,' le trois morts. Il l'ut lui-même témoin oculaire
retrouver ilans celui i[ui vous a couronné! de la plupart de ces miracles, en particulier
Après sa prière qui lut limgueet accompagnée du suivant.
d'un torrent de larmes, l'enfant ressuscita, et Il y avait dans une famille considérable de

on l'entendit crier. On le [lorta sur-le-cliarnp Césarce ilix enfants, sept garçons el trois lilles.
aux prêtres, qui le baidisèrent. Il n-çut ensuite Ayant été maudits de leur mère à cause de
la conlirmation et l'eucharistie, suivant l'usage leur mauvaise conduite, ils furent saisis, l'un
d'alors. Dieu ra[)[iela peu après à lui. Sa aprè> l'autre, depuis le |dus âgé jusqu'au plus
mère le porta au tombeau avec autant de con- jeune, d'un tremblement dans tous leurs mem-
fiance que si elle eut été le déposer dans le bres, qui leur deli^urait tout le corps. Dans ce
sein même de saint Etienne. Ce sont les pro- triste élal, ils erraieul çà et là, eu ditl'erents
pres paroles de saint Augustin. pays. Le second de ces enfants fut guéri, en
Il ne s'opéra pas île moindres prodiges à priant dans uni> chapelle de saint Laurent, à
Calume, dont l'ussidius, autre ami de saint liavenne. Le sixième elle septième arrivèrent

(1} Aug., Stnn. cccxxui, cccxxiv. Df civil., I. XII, o. vin.


1

49 HISTOIRE UNmîftSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE.


à IIi|ipone en 423. Ils se nommaient, l'un viti'urs et les servantesde Dieu, qui y vivaient
pîuil, l'iiulie i'alladie. sur eux
Ils attirRioiil sous eiinduitc de saint Jérôme. Les uns tu-
la
les l'CfAui'ils de tout le moufle. Le malin «lu jour rent battus avec une cruauté barbare; undiacre
<](' l';u|ues, Paul, priant devant Ifs rc'iqui's de y lut tué les bâtiments du mona-tére furent
;

sa]nt Etienne, se trouva parraiteiueul miéri. réduits en cendres; et siiint Jéiôme n'<vila b-g
On entendit aussitôt ci'ier ilf; li>iitcs paris dans mauvais tiaitenirnLs de ces impies qui- nar le
l'éf^lise : Giàcosà Uteu ! liéni soil li; .Sei^'ueur! moyen d'une forte tour, où il se vit obbiié de
Le jeune homme se jeta aux [liods de .saint se retirer. Les vierges Euslncliic et Paule, sa
Aui;uslin. au(|uel on présenta. I,e saint le
le nièce, se sauvèrent à |ieijie du feu et de~ arm<si
fit l'clever Lorsqu'il fui monté
cl l'cmLirassa. qui les environnaient, el où elles avaieul vu
en chaire pnur préciier, il le inoidrail au ballre et tuer ceux tjji leur apparteu.-iieiit.
Î)eu|)le, en disant Niuis avons coutume de
: Elles s'6D plaignirent, aussi bien que saint Jc-
ire les relations des miracles que Dieu a opé- romc, au [mpe >aint Iliuocenl, sans lonlefnis
rées par les prières du liienlieureux martyr nommer p onne Le Pape écrivit à Jèrcrne
Etienne. Mais aujourd'hui la piéseuce de ce une Ictlrci, m\ il dit ; Exolés par le réeil de
jeune homme nous tient lieu de livre; il ne tant de maux, nous rinu* sofumes empressés
nous faut [loint d'autre écriluve (jue son vi- de saisir l'autorité du Sie.c apostolique pour
que vous connaisse;^ tons. Le mardi de
Siij^c, réprimer toute espèce d'allenlai. Mai- ei>mmo
l*àques, il lit placer Paul et Palladie sur les nous n'avons vu personne de nommé ni il 'ac-
degrés de la chain-, afin que le peuple pùl les cuse dans vos lettres, nous ne savons eontre
voir. L'un n'avait ^tucune marcpie de sou mal; qui nous élever. Nous faisons ce qui c^l en
taudis que l'autre tremblait île tous ses mem- notre pouvoir, qui est de compatira vos peines.
bres. Les ayant ensuite fait retirer, il [U'èeha Mais si vous déposez une accusation précise
sur le respect que les enfants doivent â leurs conlre quelques personnes certaines, ou je
parents, et sur la modération avec laqutdle les dotinerr.i des juu^es eompélenls, (ui, si lela se
parents doivent traiter leurs enfants. Sou ser- [icul. j'y pourvoirai pai- un plus prompt re-
mon interrompu par les acclamations du
fut mède. Cependant j'ai écrit à mon frère, l'é-
peuple, qui ne cessait de répéter ces parrdes : véqueJean. d'être [ilus circonspect, alin que
Grckes à Iheu! C'est que l'allailie venait d'être Ijareil dêsorlre n'ait plus lieu dans l'église «jai
guérie à son tour, en priant devant les re- lui esl coidiée (2).
liques de saint Etienne. Le sermon, qui fut remarquable pour faire voir
Cette lettre »?st
interrompu par ce miracle (1), est parvenu l'autoritédu Pape par toute réi;li-e. Il avait
jusqu'à nous, ainsi que tous ceux (jue saint droit de donner îles juges en Pidesline même,
Augustin prêcha en. cotte occasion. Environ et pour une affaire criminelle. Sa lettre à
un an après, il inséra la relation de ce mi- Jean de Jérusalem est exlrèmemecl si-v i-e. Il
racle, ainsi que c«llo de plusieurs autres, dans y parle des [dainles ijuc lui ont adress.-e- les
son vingt-deuxième livre De la Cité de Dieu. vierges Euslochie el Paule, sans distini;uer
Tout après le cimcile de Uiospolis, peut-être cependant ni la personne ni la cause. Il lui
même pendant, saint Jérôme publia eu trois reiuoche sa né^li^'ence à prévenir un pareil
livres son Dialogue entre un catholique qu'il désordre. Par là s-ul .ju'une pareille atrocité
nomme Atticus, et un péla;d''n iju'il nomme se commet dans une église, c'est la ci.ndam-
Crilobule. 11 s'y sert /«irtdut, contre la nou- nalion du pontife. Il lui reproche son indilCî-
velle hérésie, des mêmes preuves <[ue saint rence après lévéïiemeul. Où sont vos cousa-
Augustin, et, le cite enfin eu ces termes Le : lalions pour celles qui en iot été les vielimea?
saint et éloquent évê<|ue Augustin a éciit, il y car elles dis.-nt iiu'elles craignent encore plus
n longtemps, à Marcollin, di'ux ivres du bap- pour l'avenir qu'elles n'ont r-cuillert du p.Lssé.
tême des enfants contre votre liéréiie; el un Si ellesm'avaient communiqué quelque chose
troisième contre ceux qui disent, comme vous, de plui (e.-ecis sur ce. te atfaire, je parierais
que l'on peut être saais |ti''"hé, si on veut; et, plus haut el j agirais plus sévèrement (.'{).
depuis peu, un quatrième à Hilaire. On dit L'êvéque Jean mourut ipielque lemp- a;>rcs,
qu'ilen couapuse d'autres contre vous nom- le lO janvier i<7. Il avait snceédé à saint Cy-
mément mais ils ne sont pas encore venus
; rille et tenu le sié.;e de Jérus;dein plus «le
entre mes maius. C'est pnur([uoi,jesuis d'avis trente ans. Son successeur fut i'rayle. '
'•-:

de cesser ce travail; car je redirai- inulib'un'ut mœurs étaient conformes au nom,q .

les mêmes choses, ou si je voulais en dire de doux. Il tint le siège environ trei7e an- ^ .ni
nouvelles, ci.t excellent esprit m'a prévenu, en Jérôme lui-même survécut peu d'auni'.- .1 eeiio
persecu'iion. Il mourut le 30 s,
'

disaul les meilleures.


On vit bientôt le caractère de l'hérésie. Pe- âgé de quatre-vingt-onze ans. S..
lage ayant trompé, comme on a vu, le concile sumé de travaux, d'austérit -

de Diospolis, et, se. croyant assez fort sous la de maladies, fui enterre I: ,i

protection de Jean de Jeru-alem. résolut de se grotte de son monastère. M.tÉi.<e ?..ii


venger de ceux qu'il croyait les plus opposés un peu véhément, saint Jerouic est u:
à ses sentiments. Il envoya donc nue troupe hommes r arcs dont le nom. seul dit piuà tjae
de gens perdus à Betliléhem, attaquer les ser- tous les eluges.

(IJ Serm. ccMX. — (2) Coustant, col. 907, t>;*.'. xxiiv. — O) Ibii., Eput. xxxt.
LIVRE TRENTE-HUITIEME..
Le 19 ninr* 5IC. le pape Innocent écrivit offrandes, mais dans la célébration même de
euc'oreune di'crijiale tanieùse à Décectius, CCS mystères, après que le prêtre les a recom-
ëvèque (rEusîuIjiu. dans l'Ombrie, tjui l'avait mandes Dieu par sa prière ; ce (jue l'on en-
;'i

consulté sur jilusieuis points de ilisciplim;. Si tend dii mémento d-'S vivants. .\ Kome, on ne
les évoques du Seigneur, y tlit le F'ape, vou- célébrait point les mystères le vendredi et le
laient garder ilans leur intégrité les institu- samedi de la semaine sainte, en mémoire de.
tions ecclésiastiques, telles qu'elles out été la tris.tessedans laquelle les apôtres les pa.s-
transmises par les bienbeureus apôtres, il n'y sèrent. Pour la même raison, on y jeûnait
aurait ni diver.-ité ni variété dans ce qui regarde tous les vcndj-edis et tous les samedis de l'an-
les ordres et les consécrations. Mais cbacua née; ailleurs on ne jeûnait, de tous les same-
s'imaginant devoir suivre, non pas ce qui est dis, que le samedi .aint. Le Pape observe que
de traditiop, mais ses propres idées, il arrive le diocèse de Uome ne comprenait que la ville.
qu'on voit' des usages et des cérémonies di- Quant à ce ([ui est de marquer du sceau les
verses, ïjivant le- églises et les lieux divers. enfant«, il est manifeste que ce n'est [lermis
De là le scan-lale des peuples qui, ne sachant qu'à l'évèque ; car quoique les prêtres aient
pas que les traditions ancienni's ont été cor- le second lang du sacerdoce, ils n'ont [las
rompues par la présomption humaine, se per- néanmoins la sommité du pontific,at. Qu'il ap»
suadent ou que les églises ne sont pas d'accord, parlienne aux seuls évéques de marquer du
ou que cette contrariété a été introduite \r-iv sceau ou de donner l'Esprit-Pai'aclct, non-
ks apôtres ou par les hommes aposlidiques. seulement la coutume de l'Eglise le démontre,
Qui ne sait, en effet, ou qui ne voit qui- ce qui mais encore l'assertion qu'on lit aux .\cles
a été transmis par Pierre, l' prince des apô- des apôtres, que Pierre et Jean fiu'cnt envoyés
tres, à l'Eglise romaine et s'y observe jus<|u'à pour communiquer le .«aint Esprit à ceux qui
piésent,dott être ob-ervé par tous, sans (pi'on étaient déjà baptisés. Car aux prêtres, soit
y ajoute rien qui n'ait pas d'autorité ou qui qu'ils baptisent en l'absence de l'évèque ou en
paraisse pris d'ailleurs ? D'autant plus qu'il sa présence, il est permis de faire aux baplisé.s
est manifeste que, dans toute l'Italie, dau.s les l'onction da chrême, pourvu qu'il soit consacré
Gaules, les Espagnes, l'Afrique et la Sicile, par l'évèque ; mais il ne leur est pas permis d'en
ainsi que les îles adjacentes, pereonni." n'a in- marquer le front celac.>tdii aux seuls évè.]ues
:

stitué d'églises, sinon ceux que l'apôtre saint quand ils donnent l'Esprit-Paraclet. Quant à
Pierre ou ses successeurs ont établis évéques. ceux qui, après leur baptême, ont mérité par
Qu'ils lisent les monuments, ou du moins (|u'ils quelque péché d'être possédés du démon, les
s'informent si jamais on y a lu qu'un autre piètres et les diacres ne iloivent leur imposer
apôtre ait prêché la dans ces provinces.
loi les mains que lorsque l'évèque l'ordonne ou
Que s'ils ne de seml)lable, parce
lisent rijen le permet, parce qu'il serait quelquefois diffi-
(ju'en effet rien de semblable ne se trouve cile, soit à cause de la longueur du chi'inin,
nulle pari, qu'ils suivent donc, comme ils y soit pour quelque nécessité pressante, de me-
sont obligés, les règles de l'Eglise romaine, ner les éuergumènes à l'évèque. Pour ce qui
dont il n'est jia- douteux qu'ils ne tirent leur est des pénitents, 'soit qu'ils fassent pénitence
origine; de peur qu'en s'attachant àdes asser- pour des péchés énormes, soit qu'ils ne le
tions étrangères, ils n'aient l'air d'omettre le fassent i|ue pourdespi-chésJégers^, lacouluiue
chef des institutions. Rien des foLs, sans aucun de l'Eglise romaine veut qu'on leur donne
doute, vous êtes venu à Rome, vous vous êtes l'absolution le jeudi saint, si quelque maladie
assemblé avec nous dans l'église, et vous avez pressante n*'*ii!ige d'en user autremi'nt.
vu quel usage elle observe, >oit dans la consé- Au reste, ajoute le Pape, c'est le devoir du
cration des mystères, soit dans les autres ac- prêtre de juger de la grandem-el du poids des
tions secrètes ce qui, soit pour l'instrnclion
: péch(!S. Il diVit aussi avoir égard à la confes-
de votre église, soit pour la réformation sion du pénitent, considérer ses gémissements
des praticjues dillérentes introduit'^s par vos et ses larmes et s'il est soigneuy.de se corri-
prédécesseurs, nong paraîtrait bien, suflje, si ger, et le renvoyer absous, lorsiju'il \mi de sa
vous n'aviez jugé à propos de nous connilter part tme satisfaction convenable. Si toutefois
sur certains articles. Nous y répondons, non quelqu'un des pénitenls tombe malade ei
pas que nous vous croyions ignorer quelque qu'on er( désespère, il faut lui r(<mettre ses
ehose, mais afin que vous puissiez avec plus péchés avant Pâques, de peur qu'il ne sorte
d'autorité, soit instruire les vôtres; soit avertir de cette vie sans communion. Quant à l'onc-
ceux i|ui s't'carteot des institutions de l'E^ilL-.e tion des malades, qui, suivant l'apôtre saint
romaine, ou bien .nous les l'aire connaître sans Jac |ucs, doit être laite |iardis prêtres, le Pape
di'iai, pour que nous puissions savoir qui sont décide premièrement, que cette onction <loil
ceux qui introduisent 'les nouveautés ou ipii être accordée, non-.^^eub'menl aux juTlres,
se pertnelleulde suivre la coutume duue autre comme le croyaient quelques-uns, maiseneore
église que de celle de Rome. à tous b's fidèles malades, excepté aux péni-
Quant aux points particuliers de discipline, tent», parce que c'est un sacrement, et
qu'on
le Vn\>f décide Que la paix ne doit se donner
: ne «ioil leur en accorder aucun. Il décide, eu
qu'après lu consécraliou des mystères ; 'jue .sc^coud lieu, cpie les prêtres ont tellement .Iroit
l'on ri(! iloii pas nommer avant la célébration d'administrer rextrême-onction, cpie l'évi-que
des uiy.-^tcro, les personnes qui ont luit de» le peut aussi, l'adiuinislraliou de ce
sacrement
K)ti HISTOIRE UNIVERSKLLi; DL LiidUSH CATIKjMQL'K
n'avanl été pnrticulifirement confiéi- aux prè- seigneur frère, devoir le» comir.uniipnT.'i voira
tif'ï: ijup, parce ([ue li'S autres ucciipalions des sainte charité, afin qu'à l'e que noire iiu'i'io-
(^vi'(|ues ne leur permettent pas d'aller à tons erilé a statué, se joigne l'auloiilé du .Sii-;;-!
les malades. Mai.s il l'anl, ajoiili? le l'ape, cpie apostolique, pour la conservalion du Kr:iiid
riuiile de celle onction soit consacrée jiar nombre el incme pour la coriecti"ii de quel-
l'evèiiue. Celle di-criHale est trc.s-im|iorlanle, ques-uns qui >•(; sont laisse p. rv'-rlir. •
en ce qu'elle rap[ielle la doctrine de l'K^lise Le concile exjxise ensuite le bmd du pi'la-
sur plusieurs sacrements, en jjarliculier sur gianisrae :d'exalter trlleinenl le lilire ai-lulre,
les sacriMnents de conlirmalion el d'cxtréme- qu'il lie laisseaucune |ilarc- à la i;rài'ei1c IHeu,
onclion. Le l'ape ajoute à la lin Qu;ind vous
: par laquelle nous sommes chrétiens de ne rc- ;

viendrez ici, je pourrai vous din; le reste, i|u'il connaitie d'autre grâce i|ue nature ou la loi ;
l.-i

n'était pas permis d'écrire. Il s'était déjà ex- de ne vouloir aucunement recotinailre, sans
primé d'une manière semblable en parlant du oser néanmoins la combatlre ouvertement, la
saint sacrifice. Il avait, également dit, en par- grâce qui nous fait chréliens, qui U'uis fait
lant de la conlirmalion Je ne ])uis dire les
: triompher de nos convoili-es, el dont r.Xpolre
pariiles, de peur ipie je ne sendile plutôt tra- a dit Je suis par la grâce de Itien ce que je
:

liir les mvsiéres que répondre à une consul- suis, et la grâce de l)ieu n'a pas été inutde en
tation. Tel était encore alors le secret invio- moi; mais j'ai travaillé plus que tous le- au-
laldc des mystères (I). tres, non pas moi, mais la yràee de Dieu avec
On a en ^orejdusicurs autres lettres du pape moi. Le concile de Carth.'ige ajoute, concer-
Innocent à des ('-vèques d'Italie et de Macé- nant le concile de fHospolis, dont on ne <on-
doine. La plupart décident des cas ])articuliers naissait pas encore les actes Que si, d'après
:

d'ordinations. Fleury en cite une sur cette les actes d'une assemblée épiscupale qu'on dit
niulière à Aurèlc de (laithnge. .Mais elle n'est avoir eu lieu en Orient, votre Sainteté trrjiive
poinl de ce l*a|)e. Le style de •^ainl Innocent, que Pélag(> a été justement absous ; que l'er-
dans toutes si's Irltres, répond à la majesté et reur toutefois ei rim[iiété, qui a déjà beau-
à l'autorité de son siège. Mais où cette auto- coup de partisans dispersés de coté el d'autre,
rité et cette majesté paraissent le plus, c'est soit anathematisée par l'autorité même du
dans le jugement di-tinitit du pélagianisme. Siège apostolique. Les évèques relèvent les
L'an -ilG. il vintàKomeunévèqued'.Vfrique, conséquences funestes de celte erreur il ne:

nommé Jules, a|>porlant les lettres synodales sera plus néce-saire de prier, puisque nous
de deux conciles, l'un de (Cartilage, l'aulie de pouvons tout nalurellement par nou--inéiues;
Milève, qui condamnaient les erreurs de Pe- en niant ijue le baptême fût nécessaire aux
lage et de Célestius, et demandaient au Pape enfants pour obtenir la vie éler:;ellc, c'était
de confirmer ce jugement par l'autorité du les faire mourir éternellement. Ils coni-lurent
Siège apostolique. La lettre du concile de Car- eu ces termes Enfin, quelles que soient les
:

tilage commençait en ces termes : autres choses qu'on peut objecter à Pelade et
«Au bienheureux elrèvéïendissime seigneur, à Célestius, nous ne doutons [loinl que votre
au saint frèie le pape Innocent, Aurelius et Sainteté, quanil elle aura examiné les actes
les autres ijui avons assisté au concile de Car- du concile tenu, dit-on. en Orient, elle ne
tbage. Etant arrivés à l'église de Cirthage et juge de manière à nous réjouir tous dans le
y tenant notre synode, suivant la coutume, le Seigneur. Priez pour nous, seigneur et bien-
prêtre Orose nous donna les lettres de nos heureux Pape (:>) 1

saints frères et collègues Héros et Lazare, dont La lettre du concile de Milève était de la
nous joignons ici la copie. Les ayant lues, teneur qui suit u Au seigneur bienheureux
:

nous y reconnûmes que Pelage et Célestius el justemenl véni-rable, le pape Innnicnt. Sil-
étaient convaincus d'être les auteurs d'une er- vain l'ancien ou le primat, Alypius. Au!.'u>tin,
reur très-funeste et que nous devons tous frap- Possidius, Evodius, elc, du concile de .Mdeve,
per d'aiialhème. Nous nous sommes l'ail lire salut dans le Seigneur! Puisque le Seigneur,
alors ce que l'on a fait à l'égard de Célestius, par un don spécial de sa grâce, vous a placé
il y a un peu plus de cinq ans, dans celte de nos jours sur le Siège apostolique et vous a
église de Cartbage. '".omme votre Sainteté rendu tel que, si nous taisons auprès de Votre
peut le voir p-r les actes ci-joints, il n'y a Révérence ce qu'il convient île lui suggérer
poinl de doute sur le jugement dts èvèiiues pour le bien de l'Eglise, ce .«erail notre négli-
<pii pensaient alors avoir retranché île l'Ej^lise gence qu'il faudrait en accuser et non [las la
une si graiiilc Ceiientiant nous avous
plaie. crainle de vous voir écouter avec dédain ou
juiié, après une commun^' délibération lou- indifTérence ; daignez, nous vous en prions,
cbanl les auteurs de ces erreurs, que, s'ils ne appliquer votre sollicitude pastorale aux grands
lis anathématisent bien neltemtiU, ils soieut périls des membres infirmes ilu ('hrist. t^r il
eux-mêmes anathématisés, alin que, si on ne cherche à s'élever une hérésie nouvelle el IriVs-
peut pas les îiuèrir eux-niènics, la sentence pernicieuse, celle des ennemis di' la u'ràoe de
poilée contre eux, étant innuue, guérisse au Jésus-Christ, lesquels, par leurs liispule* im-
moins ceux qu'ils ont séduits ou peuvent sé- pies, cherchenl à nous enle\er jusijua l.i j.riere
duire. Les choses ainsi faites, nous avous cru. du Seigneur. Car le Seigneur nous apprend 4

Tnaocent., E/jùl. xxy. — (î) Coustani, Epiii. xxn.


LIVRE TRENTB-HUITIEME.
dire : Pardonnez -nous nos offenses, comme nous nombre, (|ni, ayant mieux pénétré ses senti-
pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Ceux-ci, menls, combattent contie lui pour la grâce dr
au contraire, disent «lue l'hommi' peut, dans Christ et la vérité de la foi catholique, princi-
celte vie, connaissant les commandements de palement votre saint tils, notre frère et col-
Dieu, parvenir à une telle perfection de jus- lègue dans le sacerdoce. Jérôme. Nous espé-
tice, sans la ^ràce du Sauveur, par le seul rons, toutefois, par la miséricorde du Seigneur
arbitre de se libre volonté, qu'il n'a plus be- notre Dieu, qui daigne vous diriger dans vos
soin de dire Pardonnez-nous nos offenses. Ils
: conseils et vous exaucer dans vos prières, que
disent que la demande suivante Ne nous lais- : ceux qui tiennent ces pernicieux sentiments
sez point succomber à la tentation, ne doit pas céderont plus facilement à l'aulorii^. de votre
être entendue dans ce sens, que nous devions Sainteté, fondée elle-même sur l'aulorité des
dc/nander le secours de Dieu, pour ne pas saintes Ecritures; en sorte que nous ayon»
tomber dans le péché par la tentation mais ; plutôt à nous réjouir de leur correction qu'à
que cela est en notre pouvoir et nue la seule nous attrister de leur perte. Mais quelque parti
volonté de l'borame suffit pour l'accomidir. qu'ils prennent, vous le voyez, bienheureux
Comme si l'Apùtre avait dit en vain Cela n'est : seigneur, il est instant, il est pressant de pour-
pas de qui veut, ni de qui court, mais de Dieu qui voir du moins au salut des autres, qu'ils peu-
fait miséricorde ; et encore Dieu est fidîde, il ne
: vent enlacer dans leurs filets en grand nombre,
permettra pas que vous soyez tentés au-dnsus de si on dissimule pour eux. Voilà ce que nous
vos forces, mais il donnera à la tentation une telle écrivons à Votre Sainteté du concile de Numi-
issue, que vous puissiez Fendurcr. Le S''igneur die, imitant l'église de Carthage et nos col-
aurait encore dit en valu à l'Apofre Pierre : lègues de sa province, que nous apprenons
J'ai prié {tour toi, afin que ta foi ne défaille avoir écrit sur la même cause au Siùge aposto-
point ; et à tous les sious Veillez et priez, afin
: lique, qu'illustre Votre Béatitude. Puissiez-vous
que vous n'entriez point dans la tentation, si tout augmenter en la grâce de Dieu, en vous sou-
cela est en la puissance de l'homme. Ils sou- venant de nous, bienheureux seigneur et saint
tiennent aussi, par une présomption nullement Pape(l)! »
chrétienne, que les petits enfauts, lors même (lutre ces deux lettres synodales, les cinq
/'jU'ils ne seraient initiés par aucun sacrement pi'incipaux évèques, Aurélius de Carthage,
:1e la Kràce chrétienne, auront la vie éteiiiere, saint Augustin et ses amis, Alypius, Evode et
détruisant ainsi ce que dit l'Apotre Par un : l'ossidius, écrivirent encore au pape Innocent
leul Itomme le péché est entré dans le monde, et une lettre particulière d'amitié et de confiance,
par le péché la mort, et ainsi elle a passé dans où ils explicjuaient plus au long toute l'alTaira
tous les hommes, en ce que tous ont péché ; et dans de Pelage, ils avaient même entendu dire qu'il
un autre endroit Comme tous meurent en Adam,
: avait des partisans à Rome, les uns persuadés
Je même tous seront vivifiés dans le Christ. En de sa doctrine, les autres ne croyant pas qu'elle
un mot, sans parler de (dusieurs autres choses fut telle ipieTon disait, principalement à causa
qu'ils avancent contre les saintes Ecritures, il du concile de Diospolis, où l'on prétcnilait ((u'il
fat deux articles par lesquels ils s'elibrcent avait été absous. Les cinq évèques prient donc
d'anéantir tout ce (jui nous fait chrétiens, sa- l- Pape de faire venir Pelage à Rome, pour
voir qu'il ne faut pas prier Di- u pr)ur qu'il
: l'interi-oger exactement, et savoir quelle espèce
nous aide à résister au mal et à faire le bien ; de grâce il avouait ou traiter avec lui la même
;

ensuite, que le sacrement de la piàce chré- chose par lettre, afin que, s'il reconnaissait la
tienne ne sert de rien aux petits enfants pour grâce (jne l'Eglise enseigne, il fiit ab-^ous sans
parvenir â la vie éternelle. difficulté. IN ajoutent qu'il est nécessaire aussi
• En insinuant ces choses à votre cœur apo- qu'il anathémalise les livres qu'il a écrits contre
stolique, nous n'avons pas besoin d'en exagé- la glace, et qu'il désavoue ces livres ou, s'il
;

rer l'impiété par des paroles; car il est bien prétend que, ses ennemis y ont ajouté, qu'il
hors du doute que vous en êtes assez touché analhématise ce qu'il soutiendra n'être jias de
fiar vous-même, jjour travailler efficacement à lui. Ce qu'ils disent en paiticulier du livre île
es empêcher d'infecter et de perdre un plus i*élage, ijue Jacques et Timase. avaient mis
grand nombre. Les auteurs de celte très-per- entre les mains de saint Augustin, et qu'ils
nicieuse ernîur sont dits être l'élai^e et Celcs- envoient au Pape avec la réfutation que ce
liiis; le-^qucls encore nous aimons mieux voir Père en avaient faite. Quand ses amis verront
guéris dans l'Eglise, que de les en voir retran- ce livre analhématise, non-senlement par l'au-
cher comme incur:diles, à moins que quebpie torité das evè |ues calholiipies '-t surtout par
nécessité n'obliuf le faire. Un dit même que

Notre Sainteté, mais encore |>ar lui-même, iidus
l'un d'eux, Célesli.is, est parvenu à la prêtrise ne croyons [)as qu'ils osent encure parler cuntre
en Asie. Ce que l'on a fait à son sujet il y a la grâce de Dieu. Ils envoyèrent aussi la lettre
peu d'années, Votre Sainteté l'apprendra mieux que saint .\ugusliii écrivait à Pelage sur son
fle l'église dt; Carthage. Quant à l'élage, les a|)ologic, priant h- Pape de la lui faire tenir,
lettres de (juelquesuns de nos frères a|q>ien- atin que le respi'cl qu'il aura pour sa Sainletô
ncnl qu'il est à Jéru^ialem et i]u'il y trompe l'obli^eftl à la lire. Us finissent leur lettre par
plusieurs. Mais il y a un bien plus grand ces mot^ •.

;i| Const., *pui. xiva. Inm


T. IV. 31
408 HISTOIRK UNlVnnRRU.E DR LRr.LISK CATHOLIQUE
" î.a tr^s-doiicc «le votn; cœur r.nii*
suavité qui, par leurs fausses lubtililés, cherchent &
à Votre Siiinlcli^ U"n
pnrilonnci'.'i il'avoir écrit icnviTser tout l'ensemblede lasuine doctrine.*
Icllrc plus longue pcut-ptre (|iri;lle n'uuniit ''ois. venant aux erreurs [)articuliércs de
voulu. Car nous nfi rcvcr.-ons pa"» noire petit l'élaue, il fait voir ijue l'on ne peut nier son*
ruisseau lans votre lar^e fontaine, coniine iuipii'lé, que nous n'a>on« besoin de la gr.1c«
pour l'auj^ineiitc-r mais dan* la lentalion pré-
; di' Dieu, soit pour faire lu bien et avancer de

sente, (jui n'est pas médiocre, nous désirons plus en plus dans la vertu, soit pour pas-erde
que vous examiniez si notre rui-^-enii exinu l'ini juité dans la voie de la justice, le libro
vient de ta même source (|ro votre fleuve abon- arbitre (|ue nous avons rei;u lio Dieu en nais-
dant, et i|UO vous nous consuliez par vos res- sant ne pouvant lutlire ni pour l'un ni pour
eritsdans la commune [larlicipationde la même l'autre, il apjiuic la duclriue de la néi'Cs>it6
gr;\ce(l). » de la grâce, sur le psaume xxvi, où Daviil prie
Le 27 janvier 417, le pape saint Innocent Dii'U d'être son aide, de ne point l'iibaMduJinei'
répondit aux deux conciles par deux lellres. et de ne point détourner de dessus lui i-ou vi-
Elles portent dans rinscription Iiiiu)ccnt à
: sage. Il en donne encore jioiir jiicuve les re-
ses bicn-aiinés fiércs (pii ont assisti' aux con- mèdes continuels dont l'botnme a liesoiu pour
ciles de Cartilage, de llilève, salut dans le Sei- se relever, dejiuis que par le pcdié il est tombé
gneur; et finissent parées mots Portez-vnus : dans l'abîme de la misère. Ensuite il condumno
Lien, mes Crères! Dans sa réponse au concile tous ceux qui, niant que le secours divin nous
de Caitliagc, le Pape rappelle ainsi les règles soit nécessaire, se déclarent ennemis di- la foi
anciennes sur l'autorité du Sainl-Siége dans catholique et ingrats des bienfaits de Dieu. Il
toutes les afTaires de l'Eglise : accorde néanmoins aux évéques du concile de
((Lorstjuc, suivant les règles de la discipline Cartilage le[>ouvoirdi' les admettre à leur com-
ecclésiasti()uc et les exemples de l'ancienne munion, au cas qu'ils reviennent à eux. qu'ils
triidilioD, vous nous avez consultés sur des reconnaissent avoir besoin de la ^'ràie qu'ils
choses si dignes de la sollicitude épiscopale et ont combattue, et (ju'ils condamucot leur uiatt*
surtout de l'apiilication d'un concile véritaMe, vaisc doctrine (i).
légitime et catlioliiiuc, et que v(uis avez cru Dans sa secomte lettre, le Pape loue les évo-
devoir les rajiporlei' à notre jugement, sachant ques du concile de Miiève de b'ur fermeté €t
ce qui est dû au Siège apostolique, et que tous de leur zelc contre ceux qui répandaient des
ceux qui le remplissent n'ont pour but que de erreurs, et de la bonté avec laipielli- ilssecora-
suivre les traces de l'apôtre, de ijui dérive porlaient envers ceux qui revenaient à eux-
l'épiscopat même et toute l'autorité de ce nom, mêmes et abnndi>nnaient le vice. Vous ne pou-
vous n'avez pas moins fait par là pour le main- viez, dit-il ensuite, rii'U faire de mieux ni de
tien et raCTermissement delà ndigion^quepar plus digne de votre sollicitude pastorale, que
les décrets que vous aviez déjà prononcés. Car, de consulter, sur ce qu'on doit taire dans des
à l'exemple de ce grand ai)6tre, nous savons à cas dilficiles, les oracles du Siège aposlo'iqua;
la fois et condamner le mal et approuver le de ce Siège qui, par-dessus ses afTuirci purtt-
bien. Vous n'avez pas cru devoir mépriser, culières, étend ses soins à toutes les églises, et
vous avez observé au contraire, comme il en cela vous avez suivi la pratique ancicune
convenait à des ôvèques, les institutions de que toute la terre a toujours idiservée, comme
nos pères, en particulier ce qu'ils ont décrété vous le savez aussi bien que moi. Mais n'in-
par une décision non pas humaine, mais di- sistons pas là-dessus; car je ne crois pas que
vine, savoir que quoi que ce fût qui se trnitfit
: votre i)rudence l'ignure. Comment, en effet,
dans les provinces les plu» reculées, on ne l'auriez-vous confirmé par votre démarche, si
comptât point le finir jusqu'à ce qu'il eût ilé vous ne saviez que de cette source apostolique
porté à la connaissance de ce Siège, afin cpie découlent sans ce^^se de- réponses aux consul-
son autorité totale confirmât tout ce »pii au- tations qu'on lui fait de toutes les provinces?
rait été justement prononcé, et (lue de là, Surtout (piand on agite des matières «jui inté-
comme de leui' source primitive et exemiitede ressent la foi, je pense que nos frères cl co-
corruption, découlassent dans toutes les ré- évèques ne doivent en référer qu'à Pierre,
gions de l'univers, les eaux pure» de la vérité, c'est-à-dire à l'auteur de leur nom et de leur
et que de là, les autres églises prissent la dii.'nilè, ainsi ipie leur charité vient de le faire,
règle, pour savoir ce qu'elles auraient à or- afin que lu décision puisse jirotilcr en commun
donner et qui elles devraient absoudre ou à t<iutes les églises |iar tout l'univers; car on
éviter. Je vous félicite donc, très-chers frères, se tiendra nécessairement sur ses gardes, lorsi-
des lettres que vous nous avez adressées par qu'on verra les auteur du mal, sur le rapport
Botre frère et collègue Jules, et de ce que vous de deux coni iles, jiar le décret de notre sen-
étendez votre S(dlicitude pour vos églises à lence, retranchés de la eommuniou de l'Eglise.
celles de toute la terre, et de ce que vous nous Et de fait, le saint Pape, api es avoir établi
demandez un déciet qui ouisse leur être utile sommairement la dodiine catholique sur la
à toutes, atln que rV.glise entière, allernne grâce, excommunie nommément i'elugc elCé-
par ce décret dans ses saintes ri-ylfs, ait de Ic'lius, avec leurs fauteurs, jusqu'à :£ qu'iU
quoi se garder de tes esprits dangereux vicuueut à réïipisceuce ^3).

(1) Coust., Mpùt. uvin. — C2} Itid., xxix. — (3) Ibid., xxz.
LIVRE TRKNTE-HUITlKNHi. m
Lfi mAme jour, le iiape Innocent écrivit une à dire? Ignorant justicede Dieu et vonlaiit
la
Iroisii'inc k-llrc aux p.hKj évoques. 11 y dit, établir la leui-, ils ne sont point fournis à la
entre aulrus, tin'il ne iionvait ni assurer ni justice de Dieu. .Mes IVèrcs, compati-sez avec
nici- qu'il y eut des |iolaL;ii'ns à IVoine, parce moi. Lor.si[ue vous en trouverez tie tels, ne le»
que, s'il y en avail, ils se tenaioul cachés^ et cachez pas, n'ayez [las [lour eux une miséri-;
n'étaient i)ns aisés à découvrir dans une si corde perverse encore une l'ois, quand voua
;

grande multitude; mais, (juehiue part qu'ils en trouverez, ne les cachez point. Reprenez
fussent, il fallait Ls conriamiier et pourvoir à ceux qui contredisent, amenez nous ceux qui
leur salut. Quant à la prétendue ju>titication résistent. Car déjà \\n\ a envoyé sur cette
do Félage en Palestine, il ajoute Nous no : all'airc le résultat de deux conciles au Siège
pouvons croire qu'il quoique
ait été justifié, n[)ostoli(]uc, des rescrits en sont venus. La
quelques l;iï(jui's nors aient apporté des acli'3 cause est tinie puisse enfin l'erreur finir
;

par lescpiels il préh'ud avoir été absous. Mais aussi (3) » !

nous dûuttuis de la vérité de ces actes, jinric Voilà te que saint Augustin pensait des let-
qu'ils ne nous ont |ias été envoyés de la pai t tres doctrinales du pape Innocent; il les trou-
du concile, et que nous n'iivnn-s reçu auiuno vait dignes en tout du Siège apostolique.
lettre de ceux qui y ont assisté; car, si l'élago Voilà ce qu'il pensait de leur autorité ; après
avail eu conliance en sa jusiilication, il n'au- c('s lettres, la cause, était, non pas seubment
rait pas nKini|Mé d'oljliger ses juges à nous p,n juij'k, comme Fleury s'est permis de traduire,
f;iire pari. D'Milli'iirs, ii;iiis ces actes mêmes, il mais elle était finie; il n'était plu:) question
ni' s'est [loint jiisîilii' i;eltenient. et n'a clierchi; que de s'y soumettre, pour mettre lin à l'er-
qu'il es [uivcr ou embrouiller. C'est pmuquoi leur.
nous lie pouvons ni lilàuier ni approuver ses Le pape saint Innocent mourut le 12 murs
ju;:es. tjue si l'i-ln^ie ijiélend n'avoir rien à /ill. H eut pour successeur Zosimo, Grec de
craindre, ce n'est pus à nous de l'ap[ieler, c'est nation, qui fut inauguré le dix-huit du même
à lui plutôt h se presser de venir se faire ab- mois, qui était un dimanche. Dès la 22, il
sou're; car s'il est encore dans les mômes écrivit à tous les évèquey des Gaules, décla-
senlimenls. (iueli|ues lettres qu'il reçoive, il rant ([ue tous les ecclésiastiques qui de ce pays
ne s'exposera jamais à notre jugement. Que voudraient venir à Rome, .seraient obligés de
s'il devait elre appelé, ce serait plutôt par prendre une lettre formée du métropolitain
ceux (]ui sont plus iirocîies. Nous avons lu en- d'.Vrles; que sans cette lettre, il n'en recevrait
tièrement le livre t[u'on dit étn; de lui, et que aucun, soit évoque, soit prêtre, soit diacre ou
vous luius avez envoyé. Nous y avons trouvé nuire clerc, et que ceux i\m violeraient celte
beaucoup de propositicms contre la grâce de ordonnance seraient séparés de sa communion.
Dieu, beaucoup de blasphèmes, rien (|ui nous Le Pape ajoute qu'il accorde ce privilège à
ait plu, et presque rien ijui ne nous dé- Patroole, à cause de son mérite personnel.
plût et qui ne doive elre rejeté de tout le (;et évéquc était alors à Rome. Zosime dit
monde (I). ensuite qu'il a ordonné que le mélropolilaia
Saint .\uL'Uslin, qui achevait alors ses livres d'Arles aura seul le droit d'ordonner les évê-
Lin In Tiiniti', reçut jieu après les actes du con- qiies dans la Viennoisi' et dans les deux Nar-
cile de Uiospolis. Il y découvrit ce qu'il avait bonnaises, déclarant déchus du sacerdoce, et
déjà soupçonné, que Pelage, jiour n'être pas ceux qui auront ordoii..é, el ceux qui auront
condamné lui-même, avait dissimulé ou même Clé ordonnés dans ces provinces saus la parti-
condamné si's propres sentiments. Aussitôt il cipation du métro|iolitain d'Arles. Il veut enfin
en publia un examen, adressé à l'évêque de que l'on porte à révè([ue d'Arles tous les dif-
Cartilage. Il l'crivil en même temps, sur toutes férends (jui naîtront dans ces contrées, si ce
ces alfaires, à saint P.uilin de Noie, à Darda- n'est que l'alfaire soit d'assez graude impor-
nus, qu'on croit le [a-efet des Gaules de ce nom, tance ])our être envoyée à Rome.
et >:.Jnlienne, mère d(^ la vierge Déuu-lriade. Comme il y avail eu plusieurs révolutions
Il dit à Piiulin, aiuiiiel il envoyait tontes les politiques dans les Gaules, le gouvernement
piêi-es en (pie-tiou Les deux conciles de Car-
: (le riCgIise s'en ressentait. Lorsipu) Constan-
thiigc! et de Mileve envoyèrent au .Siège a[ios- tin, depuis reconnu empereur par Ilonorius,
Inlique de;" "el.itions de toiil re qui s'était (lassé se lut rendu maitre de la Gaule méridionale,
sur celle atfaire. Nous y iijoiil;\mi's des lettres il lit niuniner Lazare évèipio d'Aix, et Eros
particulières ipie n<nis éeiivinies nu bienlieu- évèqui! d'Arles, dont l'évêque ju'i'cédent parait
rcnx pape Innocent, el qui Ir.'iiiaienl celle ma- avoir ('té lu dans ciîlte révolution. Constan-
'

tière un peu plus an loim;. cl, à tout, il nous tin ayant (Hé détait par Conslaïue, l/cau-frère
récrivit de la manière (|no le devait le poiitifo d'Iloiioriiis et depuis son collègU(! dans l'cm-
du .Sii-ae apostolique (i>) liire, Lazare quitta Aix, el Kros fui "hussé
Vers le même leuips, il di-ail en prêibirit à d'Arles. Pali'oilc, |.iirent et favori di^ C()u-
Cartilage sur les pélagiem « Ci- (pii est dit
: slance, fut misa li jdaced'Eros. Il f.-t à croire
des Jiiits, nous le voyons dans ceux-ci. Ils ont (ju'il usa d(! son crédit (lour accroilio les pré-
le zèle de Dieu, je leur' rends ce témoignage, rogatives de son si('gc el [lOur décrier un peu
luuis ils no l'ont pus seloa la sciem'e. Qu'est-ce los évèiiucs Kros et Lu/.an', «loi pouvaieul

(i; Xiiiit. XXXI. — (2) Au({., Ei>i$l. auxxvi. — (S) Stnno oxxxi, u. la
Stl nrSTOIRE UNIVERSELLE DR L'ÉGLIRE CATHOLIQUE
n'étrn pas tout à fnît exempts de rcproclies, par subreplion, du conciln de Turin, le privi-
au uiilicu de lunl de tioulilcs et de lioulever- lège d'ordonner des évêi)ues dans la teconde
scnicnts. De ?on colé, l'roculu.* de Marseille, Narbonnaise que Simplice de Vienne h tait
;

(judiiiuc luirnême de province de Vienne,


la le même outrage au Siège a[iostolique, en
pK'Icnd.iil avoir des droits de métropolitain demandant au concile le même droit p(jur la
sur le'. egU-^es de la seconde Narbonn.iise, province de Vienne; ce que, dit-il, l'autorité
parce que ces églises avaient été autrefois du même du Sairil-Siéfje ne jtourrail aciM>rder ou
diocèse de Maiscilie et qu'il en avait ordonné changer contre les canons des l'ère» et contre
/es évêques. Un concile de Turin, vers l'an 'lUD, le respect du à saint Trojdiime, qui avait dé
pour le bien de la paix, lui avait reconnu envoyé de Rome pour être le piemier nu.-tro-
celte espèce dt primauté non comme un
, politain d'Arles. Car nous nou> tenoi^s invio-
droit aliaché à son siège, mais comme un lableiuent attachés à l'auliquité que les dé-
privilège accordé à son ùgc et à son mérite. crets des l'ères rendent vénérables.
l'roculus en usa, même aines la lettre du Zosime écrivait paieillcmenl à llilaire ,
l'aiic, en ordonnant deux évêciues, Lrsus et évcque de Narbonne, auijU'l il avait ordonné
Tucnlius, sans le consentement de révêque de produire des preuves sur l'ancien usa.;»',
d'Arles. concernant les ordinations de sa province. Il
Zosime, dont le zèle pour la discipline était se [ilaint qu'il lui a déguisé la vérité d.ins sa
encore excité par les plaintes de l'atroile , relation, en se conti-ntantde représenter qu'il
écrivit contre l'roculus, le 22 sr]itembre /il7, n'est pas convenable qu'un éveque soil or-
une lettre très-vive à tous les évéques de l'A- d :.:ti. par un évèque d'une autre prov.uvc,
fri(]ue, des Gaules et de l'Espagne. Il y expose sans faire m<ntion de l'ancien u-age qui y
1out(^s les irrégularités commises par l'évèque était contraire. C'est pourquoi il r<'voi|ue b-i
de Marseille dans ces ordinations 1" En ce : privilèges qu'Ililaire avait obtenus du Nainl-
<^u'il avait ordonné des personnes notées pour Siége jiar subreption , et fonde encore les
"eur vie et pour leur doetiinc car Tuentius,
; droits de l'évêiiue d'Arles sur la mi>sion de
mitre ses mœurs dépravées, avait été accusé saint Trophime , qui a, dit il, transmis ses
de l'hérésie priscillienne devant le Saint- droits à ses successeurs, lesquels les ont tou-
Siège, et Ursus, déféré par ses concitoyens, jours exercés jusqu'à ce temps , C(jmme il (ta-
avait été condamné par l'roculus lui-même; rait par les actes que nous eu avuns et par la
S" CL ce qu'il avait fait ces ordinations sans le témoignage de plusieurs évè<iucs. Il finit par
consent(!meiit de l'évèque d'Arles, métropoli- des menaces. Sachez, mon cher frère, que si
tain, et sans y appeler les évèques eoropro- vous osez entreprendre «juelque cho-^e au pie-
vinciaux, excepte Lazare, cet évêque dont judice de ce que nous avons statué par les ju-
nous venons de pcirler, et qui, après avoir re- gements de Liieu, non-sculcuicnt ceux que
noncé à l'éiiiscopal, était revenu dans les vous aurez ordonni's n'obtiendront pas l'epis-
Gaules, apparemment pour rentrer dans son copat, mais vous-même serez séparé de la com-
siégea la faveur des troubles. Enfin, Zosime munion catholique, et vous repentirez trop
dit que, pour que tout fût irrégulier daue ces taid de votre téméraire présomption.
ordinations, elles n'avaient pas été faites dans Le Pape écrivit le même jour une ti-oisième
Tin jour légitime, et que ces évèques avaient lettre à l'alrocled'.Vrlcs. Vous avez su par
été établis dans des territoires qui avaient vous-mcme, lui dit il, loisque vous étiez pré-
appartenu de tout temps à l'église d'Arles. sent à l'examen qm- j'ai lait de l'affaire do
Le dimanche était Icjouroù se faisaient ilès lors Proculus, comme je le crois condamnable; «1
I.'s ordinations des évèipics. Zosime linit en vous n'ignorez jias les décrets que j'ai envnyia
avertissant tous les évèques du monde chré- contre lui par toute la terre. C'est pourquoi
tien de ne point recevoir dans la comniuninu con>idi'rcz en vous la dignité de métropoli-
de l'èglisc Tuentius et l'rsus, i|ui sont excum- tain, et le rang que vous tenez l'ar l'autorité
nuiuiés; c'ar on dit, ajoutct-il, que ce sont du .Siège apostolique. Ensuite, après avoir re-
des coureui.- et des vagabonds, et nous l'a- nouvelé ses ordres sur les lettres formées que
vons reconnu par les diver.-es sentences juo- doit donner l'évèque d'.Viles, il lui intima
noncèes contre eux en dillérents pays. Il faut quelques règlements louchant les ordin.itinus
retrancher du corps sain les chairs puunics, i'dilijs peisuiium, c'csl-à-tlire, amsi qu'il l'ex-

et oler ce mauvais levain de la pâte .<aiiile. plique ,lorsque quebiu'uD est promu aux
Zosime avait cité Pioculus à Home. )ioury ordres supérieurs sans avoir passé par les in-
rendre compte de sa conduite et i-oulenir ses férieurs. Il ne touche point à ces sortes d'or-
prétentions, s'il les croyait légitimes. Il ne diuatious qui auraient déjà été faites, mais il
s'y rendit point au temps ]u-cscrit. L'est pour- déclare (|ue celles qui se feraient ainsi dans
quoi le i'ape écrivit, le ^1) du même mois, la suite n'auront aucuu eU'et, et il menace de
une lettre au,\ évèqui's de la province de déposition l'evéque qui les ferait. 11 charge
Vienne et de la seconde Narbonnaisc, où il Palrocle d'jutimcr ces règlements aux autret
marque qu'on a reconnu que l'iiiculus a fait évê.|Ucs. loiites ces lettres sont du '2'J S4;p-
des l'rdinations c(uitre l'ancienne lèu'lc; qu'il tcmliie »t7(«).
a fait injure au SaintSicge en exlorquaul, Celle i^ue le même Pape écrivit, le ii fé-

(1} Apud Coueiani, Jipitl. v« ê «t 7.


LVTRT. TRENTE -nmrrÈME. Ml
Trier 4!8, à Héaychius , évèque de Salone, cause de la doctrine était finie, mais non celle
métropole de la Dalmatie, est également con- des personnes. On les eni,'ageait, au contraire,
tre l'ambition de ceux qui voulaient passer à se justifier ou à se rétracter. Célestius vint
tout d'un coup de l'état des laïques ou des en persoune à Rome. E'récédemment il avait
moines aux degrés les pluséminentsdu sacer- été chassé de Coust mtinople par l'évèque .\l-
doce. Hésychius s'y opposait de tout son pou- licus, qui en écrivit aux évèques d'Asie, à
voir, mais il souhaitait être autorisé en cela Thessalonique et àCarthage. Il se présenta au
par le Siège apostolique. Zosime lui répond pape Zosime, prétendant poursuivre sou ap-
que ses prédécesseurs et lui-même, dans ses pel inlerjelé cinq ans auparavant, et .,e justi-
lettres aux évèqnes des Gaules et d'Espagne, fier des erreurs dont on l'avait accusé devant
où cette présomption était assez commune, le Saint-Siège; et faisant bien valoir l'absence
avaient défendu qu'on élevât à l'épiscopat de ses accusateurs, c'est-à-dire du diacre Pau-
ceux qui n'y étaient pas montée par les degrés lin, qui l'avait accusé à Carthage, et des évè-
et les interstices ordinaires il s'étonne que; ques Eros et Lazare, qui l'avaient accusé en
ces décrets ne lui fussent point parvenus. Il Palestine, il présentait une confession de foi,
lui enjoint de s'opposer à de pareilles or^lina- et demandait à être entendu.
tions, soutenu qu'il était par l'autorité du Le pape Zosime était alors embarrassé de
Siège apostolique et par les ordonnances des plusieurs affaires qu'il estimait plus considé-
Pères. Il veut que l'on passe premièrement rables; toutefois, il ne voulut pas remettre à
par les ilegrés de lecteur, d'exorciste, d'aco- un autre temps la décision .le celle-ci, pour
lyte, de sous-diacre et de diacre, en gardant ne pas tenir davantage en susp(!ns les évèques
les interstices manjués par les anciens, avant d'.M'rique, qui savaient que Célestius était à
d'être élevé au sacerdoce et que personne
; Rome : il marqua le jour et le lieu de ce juge-
ne soit revêtu en cette dignité, qui n'en ait ment, et il choisit l'église de Saint-Clément,
l'âge et qui n'ait fait preuve de probité dans pour être excité, par l'exemple de ce saint
l'exercice des degrés in'éiieurs. Il s'élève martyr, à y procéder avec plus de religion.
contre les évèques qui s'imaginaient acquérir Outre le clergé de l'Eglise romaine, il s'y
de l'estime en étendant leur juriliction, ou en trouva plusieurs évèques de divers pays.
conférant les ordres à des personnes à qui ils Voici le résumé de la procé lure, que le Pape
n'ont rien autre chose à donner (1). lui-même écrivit aux évô<pies d'.\.frique.
Proculus continua toujours à exercer les « Nous avons examiné tout ce qui a été fait
fondions de métropolitain et à ordonner des précédemment, comme vous l'a|iprendre/, par
évècjues. Mais Zosime n'était pas de caractère les acti's que nous joignons à notre lettre
à .'^oulfrir patiemment ce mépris de son auto- Ayant fait entrer Célestius, nous avons tai:
rité. Il écrivit le cinquième de mars de l'an- lire le libelle qu'il nous avait <lonné. i\oa
née -i! 8 une nouvelle lettre à l'atrocle, pour content di* cela, nous l'avons interrogé plu-
lui faire des reproches de ce qu'en qualiti'; de sieurs fois, s'il disait île cœur, et non-seule-
mètnipol tain et de légat du Saiut-Sii'ge, il ne ment du bout des lèvres, les choses ([u'il aval;
répi'imait pus ses entreprises. Il fit plus il : écrites car Dieu seul, qui connaît non-seule-
;

écrivit le même jour au clergé et au p 'U|]le de ment ce qu'on a pensé, mais ce que l'on pen-
Marseille, que puisque Procuhis ne cessait de sera ,
peut juger du secret des cœurs. Ses
brouiller et d'ordonner des èvêpies, quoiqu'il réponses, votre sainteté les connaîtra plus
ne le fût plus lui-même, il avait commis le facilement par la lecture des actes. »
soin de cette église au métropolitain Patrocle, Malheureusement ces actes sont perdus, ainsi
et qu'il le chargeait de pourvoir à ce qu'on que plusieurs pièces subséquentes en soi'te ;

élût un digneévi'que à laplai-ede Proculus(2). que cette afiaire, ([ui ne dura jias plus d'un an,
Comme le pape Zosime mourut à la lin de présente toutelbis aux érudits plus il'un em-
la même année 4IS, l'emiiereur Constance barras. Quant à la profession de foi de Céles-
eu -421, et l'empereur Honoriiis en ii'.i, et tius, voici ce (pi'en dit saint Augustin. « 11 y
que les révolutions politiques ne disconti- parcourait tous les arti -les du symbole, depuis
nuèrent pas non plus que les invasions des la ïriniié jusqu'à la résurrection des morts,
Barbare^, on sent bien cjue ces règlements de expliquant en détail sa croyance sur tous les
discipline ne furent pas toujours scrupuleu- points où ou ne lui reprochait rien. Mais lors-
semi'iit (ibservès, qu'ils durent même être mo- qu'il venait à ce dont il élaiv qu.'stion, il di-
dities qiii;l<[u.'fois mais on seuti'iicore mieux
; sait : S'il est ému
de quelques disputes sur des
aomliien l'autcuMlé des Papes était nécessaire ([uestioiis ne sont point de la foi, je n'ai
cpii
pour luainteuir l'unité, la ré-^'ularib'; et l'har- point prétendu les décider comme auteur d'uu
monie dans le gouvernement de l'iiglise, à dogme mais ce ([ue j'ai tiré ilc la source des
;

une ('pMtpie où i'emiiire romain s'en alla.t en pro[iliêtes et des aiiotres, je le présente à l'exa-
lanilie.iux lie toutes jiarls. men et au j'igement de. votre apostolat, aliu
Le papi- s.'iirit Innocent avait condamné la quesijeme suis tromiiè par ignorance, couiiuo
doctrine de IN-Ia^eet de (>éle-lius; il les avait il peut arriver à tout liouime, l'erreur ^-oit re-

retranchés eux-uièines de la cominuTiiou, jus- dressée par votre sentence. II disait .'nsiiilo,
qu'à ce qu'ils vinssent à résii>isccnce. I.a sur le péché origiriCl Nous confessons que
:

(t) Hpùt. «, — (2) Ubbe, t. II. Coustant, Zosimo.


vn niPTOTRR UNIVRnSEl.LK DB VfT.UnK fiATrini.IQOlî

l'on <loit tiiijitiscr les (jurants pour lu réininsion sez-vous les lellrci* que le Sié((P apo«tolique a
des pi''i;'hi^s, suivant la n'-^'lc di- l'IOfilise iinivi !- écrites à nos frén.'s et coévéque» d'.VIn jue ?
île l'Kvangilo, parce t|uc lu
sflli: i;t l'aiitoiili'. Oiiidaïunez-vous tout ce i|ue nous avons con-
Scigni'ur a dériaré que le royaume de» cii-ux ilaniiii', et liMiez-vous tout c-ciiue nou-s Ir-non»?

ne peu{ l'IiR donné ([u'anx Imiitisés, nUcmlu Condamnez-vous (oui ce qu on a publie sous
que ce royaume étant au-dessus îles forces de votre nom '/ répon«iil en ces tei uios,
« (;é'csliiis

la nalurc, il est nécessaire i|u'il soit donné par 411e nous a coti-ervcs saint Augustin Je le :

la lilii'ralité de la (iràcc. Mais en disant que les condiimufi mii-aul lu >riilnicc û'. lulr- firidiict-
enfants doivent èlre baptisés pour la rémission seur InniirmI, d'- l/knl,cuieu>e mnnoire '-2,, Or,
de» péchés, nous ne prétendons pas élaldir le remarque de .saint Augustin (.'!;, lo
et c'e-l la
péché transmis \)iii- les parents ce (|ui est fort : pape Innocent avait dit ilans sa réponse au
cloiRiié du sens catliolitpie. Cav le |iéclié ne concile de (Cartilage n L'homme a éprouvé
:

naît pas avec l'homme, qui le commet u|»ics ; autrefois de quoi le libre arbitre est ca|> d>le ;
ce n'est pas un délit de la niitnre. mais de la usant inconsidéréuixnt de ses avarila'/e- ij
volonté. Il est dimc; juste d'avouer la preinién! tninba dans l'ubime de la prévarication, -1 i-
chose, pour ne pas admettre plusieurs l)a(i- trouver aiM-iin moyeu d'en -orlir. hé-^i '' -1
têmcs ; mais il est nécessaire aussi de prendre propre liberté, il liemcuré à j
serait ;

cette précaution, de peur (ju'ii l'riccasion du cabii' .sous le jioidsde cette ruine, s, , .

mystère, on ne dise, à l'injure tiu Créali-ur, ment du Chri«t ru; l'avait r.'levé par -a ui.i e ;

que mal, avant d'être commis par l'homme,


le car, par la purification du rcnouvellenienl que
lui est transmis par la nature. » Voilà tout ce produit eji l'homuie la regénération qu'il n;-
qui nous reste de la confessiou de foi de Cé- cuit au ba|iléuie, le (Christ cfTace tout le \i e
lestius (d). passi-, et tloune des forces pour s'.-iiri.TUiir dans
Quant i\ la coniluite du Pape dans cette af- le bien et y marcher (-1). » De lelte rauniere,
faire, voici comme nous
l'exposent troi< per- en condamnant tout ce que lo pape lunnc. nt
sonnages du temps. « Le pontife compatissant avait cond.-imné, i élestius condamnait impli-
du Sié^'G apostolique, dit saint Augustin, citement ce que lui-même avait avancé ron're
voyant Célestius eni|)ûrté par sa présomption le [téclié originr-l. tl voilà comme le pape 7.it-
comme un furieux, aima mieux, en attendant •sime voulait l'amener peu à peu a rilia ' r
qu'il vînt à rési[iisccnce, l'interroger et le lier toutes ses erreurs.
peu i\ peu [lar ses réponses, que de le frajiper Un autre [lersonnage du temp=. Marins Mer-
d'uce sentence définitive et de le jiousser ainsi cator, résume ainsi cette alfaiie ilans .«on mé-
dans le précipice, vers lequel il i>araissait déjà moire contre les pélagicns u Interrogé juri- :

pencher. Je ne dis. pas dans lc([uel il était diquement par l'évèque Zosime, de saitite
tombé, mais vers leijuel il paraissait pencher mémoire, Céleslius, elfrayé linéique peu par
parce qu'il avait commencé par dire en par- ce jii.ge, fit eomevoir de bonne* cspéranees
lant de ces sortes de (iue*tions Que si par : dans le grand nombre de ses repons.'s el de.
hasard il m'est échappé par ignorance quidquc ses r'xplicatioiis, en promettant de condamner
erreur, attendu que je suis homnu^, ([u'ello les .irtirles dont il avait été accusé à Ciirlhai;e.
soit redressée par votre senleiu-e. Le vi'néralile Car voilà ce qu'on lui ordonnait avec le plu»
pape Zosime, profitant de «elle paidlc, làdia d'instance, et ce qu'on attend.iit avec le jilus
d'amener cet homme, qu'cnllait le vent d'une d'iuqialieni'e qu'il fit voila pourquoi encore
;

lausse doctrine, à condamner les articles .,-uij le saint pontife le crut digne d'une certaine
«li avait reprochés le diacre Paulin, et à don- bienveillance, et écrivit à son sujet une lettre
ner son adhésion aux lettres du .Siéue aposto- pleine de bonté aux évéques d'Afrique ^.j). «
lique, émanées de son prédércsseur île saintu C'est ainsi que trois pi rsonn.iges contempo-
mémoire. A la vérité, 4|uant aux articles que rains et qui prirent une grauile part a c<>j
lui avait reprochés le diacre, il ne voulut pa.s allaires, ont relate cl juge la conduit'.- du
les eomlamner; mais il n'osa i-ésister ans let- saint |»ape Zosime. Lors donc i|Ui: de.* cri-
tres du liienhrureiix pape Innocent ; au con- tiques modernes disent ou supposent que ce
traire, il ]iromit de condamner loni ce que ce Pape impKuiva lojugeraenl de son pp- 'eces-
Siège condamnerait. .Mn.'-i, pour le cuImiit, on seur el approuva la doi'liiue de Céleslius, ils
le traita doucement, comme un fi.-netiipie ; ne prouvent que leur i;jnorance ou leur mau-
cependant on ne jugea point à propos do vaise foi.
le délier des liens do l'excomniunicalion. Nous avons encore la lettre du pape Zosime
Mais, en attendant des ré[)on.-i's d'Afrii|ue, au\ évèquesd'.Xfrique. Comme il leur envoyait
on lui donna deux mois pour venir à re.-ipis- le£ actes tout au long, il in'^i.stc moins sur le
cence. n fond de l'altaire ijue sur icrtaiucs circonstan-
Le diacre Paulin cite en toutes lettres plu- ces Inlerr. iijé sur les repriH-hes que lui fai-
sieurs interrogations du pape Zosime à ('eles- saient Lazare et Kros dan* leurs lcttre.<, Ca:-
tius. M ('ondamne/-v<uis ainsi tout c<' qui esl lestius avait assure que jamais il n'avait parlé
contenu dans le memuiro do Paulin '.'
Connais- du ces questions à aucun d'eux, qu'il ue les

(I) Ane., /.. lie prcc. nr y , c. V, vi, vu ol xxui. L


b. />* gral. ehli., c. XXIUI. —
(î) ffpiif. PtllIlQ (xHItl.,
»63. Labbe. t. II. — (3) C"iitrn iluns ruisl. Peno., I. II, c. vi.— f4) Contrn duas epitt. Pela]., I. IL c.TI.
- (5) Labbe, U H. cul. tâli.
LIVRI3 TREXTE-HL'ITlIvME. 50)
avait pas môme vus avant qu'ils ciissmit t^ri-it il n'est aidé par la grâce que dans les chré-
coiilre lui, qu'il n'a connu Lizare qu'en |)iis- tiens. Diins les autres, ce bien de la création
sanl, et qu'Kios lui avait même fait sali-;fac- est nu et désarme' ils seront jugés et condam-
;

tioM d'avoir eu mauvaise opinion ile lui. Sur nés, parce (pi'ayanl le libre arbitre par lequel
quoi le l'a[ie s'iHonne (jue le-i évi'ques d'AIVi- ilspourraiimt venir à la foi et mériter la grâce
que nient ajouté foi au témoi,i;na,^e de ces de Dieu, ils usent mal de leur liberté. Les
deux hommi's sans s'informer d(; leur [ler- chrétiens seront récompensé-, parce ipi'usant
Bonne ; car il est connu, dit-il, (jue, sans ob- bien lie leur arbitre, ils méritent la gr;\ce
server les règles des ordinations, maliçré le du Seigneur et ob.««'rvent ses commande-
peuple et le cleigé, eux, inconnus et étran- ments.
({ers, se sont arro^n; des évôclitjs dnns les Eiilin IVlage, pour prouver qu il pensait
Gaules, (|u'ensutte ils ont alKliijué par leur saintement sur grAce, renvoyait ses accusa-
la
propre sentence nous, suivant leur con-
; et teurs aux h'itres qu'il avait écrites à l'évèque
fession, sans des autres motifs, nous
[larler saint Paulin, à l'évèque Coiistanliiis et à la
Jes avons pi'ivi^s du sacerdoce et de la commu- vieige Di'inéqriadt!, ainsi ((ij'aii livre qu'il avait
nion. Il exhorte donc les évèques à us(U' de composé dejuiis peu sur le libre aibitre, sou-
heaucoup maturitii ilans leurs juf,'ements.
ih; tenant que dans tous ses écrits
il confessait
C'est la mari[ue d'un excellent esprit, ajoule- pleincineiit le libre arbitic et la grftce, Dans
t-il, de croire dillieili-inent le mal car, pirnii ; sa conlession de loi, que nous avons ene.ore, il
ceux à desquels on fiit difli-
la Juslilication e\plii|uail, de même (jue Celestius, tous les
culté de croire, la plupart se jettent dans le articles ibî foi contenus dans le symbole, de-
précipice de l'erreur par néces-^ité, et, parce puis le mystère de la Trinité jusi|iVà la résur-
qu'on a désespéré de leur guérison, leur plaie rection de la chair puis il disait en [larlant
;

devient irremédialilo. En conséquence, il cite du liaptènie Nous tenons un seul baptême, et


:

les adversaires de Ct'ilestius à venir l'aicuser nous assui-ons ,pi'il doit être administn^ aux
Jans l'espace de deux mois. Ivi atlendant, il enfants avec les mêuies paroles (ju'aux adultes.
lui avait rappelé, et à lui et aux évèipies cpii Il ajoutait (jue l'horaine, tombé dejiuis le bap-

étaient présents, (pie ces questions caiilieusiis tême, i)ouvail être sauvé par la [lénitence ;
et ces iiie|»tes coml>ats de paroles, ([ui, au lieu (pi'il recevait tous les livre» de l'Ancien et du
d'éditier, détruisent, provenaient do cette cu- Nouveau Testament dans le même nonibre que
riosilé contagieuse par laquelle chacun abuse les reçoit l'Eglise catlioliijue ;
qu'il croyait les
de son cs|irit et de son intempérant babil, au âmes créées de Dieu, et iju'il di-ait anatliême,
mépris des Erritures (t). soit ;\ ceux (jui en faisaient une parti(! de la
(JucNpie temps après, le pape Zosime reçut substance divine, .soit à ceux qui enseignaient
une lettre de Prayle, évêque de Jérusalem, iju'idies avaient jiéché ou demeuré dans le ciel
qui, favorable à la cause de Pelade, la lui re- avant (jue d'être envoyéiss dans les corps. En-
commandait avec do grandes instani'(\s. Avec suite, s'exjjliquant sur la ^ràee, il disait Nous :

celle lettre, il y en avait une de IN-l.ige même, eonléssons le libre arbitre, mais en disant (jue
a laquelle il avait joint sa confes-i m de foi. nous avons toujours besoin du secours de Dieu,
Le tout était adre se au pa[)e Innocent, dont et que ceux-bl se trompent également, (jui
.'un et l'autre n'avaient pas encore appris la disent avec les manichéens que l'homme ne
aiort. Pelage disait dans sa lettre qu'on vou- peut éviter le i)éché, et qui disent avec Jovi-
lait le di'criin- sur deux points l'un, de refu- : iiieii ipie l'homme ne peut [lécher. Voilà, con-

ser le l)a[itèmc aux entants et de leur pro- tliiail-il, bienheureux Pajie, la foi (jue nous

mettre le royaume ries cienx sans la rédemiitii)a avons apprisi! dans l'Eglise callioli(juc, quo
de .lésus-dhrist l'autre, il'avoir tant de con-
;
nous avons toujours tenue et que nous te-
fiance an liltre arbitre, qu'il reltisait le secours nons cncnre. Si elle contient (juohjue chose
de la griïi'C. Il rejetait la première erreur en qui ne soit jias expliqué avec assez de lumière
(li.sant qu'il n'avait jareiais ouï personne la sou- ou de précaution, nous désirons (jue vou.s le
;i>nii', et ajoutait Qui est assez impie pouc
: corrigiez, vjus ijui tenez la foi et le siège de
reluser à un enfant la rédemiition commune Pierre [-2).

du genre humain, et jioiir euipéclu-r de re- r,es pièces furent lues publiipiement, dit le
naître pour une vie cerlaiuc celui qui est nt; Pape dans la .^ecoruhi lettre cpi'il écrivit sur
pour nue iuceriaine? Il disait encore ipi'il n'y cett(^ affaire ans. évèques d'.Vfriijue tout se :

iivait personne d'assez étranger dans la lec- tiouva conforme A ce (ju'avait dit (l(M(;stius.
lui'e de l'Evangile pour oser assurer que les i'h'it à Dieu, mes bien-aiinés frères, (jue (jiicl-

fuf.inls ne pnrlieipenl jioint à la réileni|)lion ipi'un d'entre vous eiït jm ii.ssistcM' à cette lec-
lie Jésus-(;hrist. Sur Je second iiitieli! il disait : tur(! Ouell(! ne fut jias la joie des saints per-
!

Vous iiv in-i le lilir.' rbitre |)()ur iii'elier et no siiiina^es (jui étaient ju-ésenls (juel ne lut ;

|i;cher pa< ;
niais, bonnes omi-
duis toute-> les pas l'etonnemenl de chacun Quelques-uns !

vres, il est toujours aidé du secours divin. Nous jKuivaient à jieine retenir leurs larmes, do
aisons, ajoiiiail-il, que le lilire arbitre est en voir calomnier des hommes d'une foi si jiura.
tous né'uéralenierit, dans les clinHieus, Ich Juifs Y a-t-il un seul cndn)it où il ne soit parlé de
et les gentils ils Tmit tous parla nature, mais
; la grâce et du secours de Dieu ? l'uis, vcnan

(1) Coust., Bpùt. a. — (2) T. X do B. Aug., dtas l'appuaOioe.


MH BisTOinn; universeij.e de lêglise catholique
aux accusateurs de Pelage, qui ("liaient Eros et grande mouvements parmi les Africains, et
Lazare: Est-il possible, disail-il, mes eliers donnèrent occasion à beauroup d'érrils en-
firres, que vous n'ayez pas encore ai>|iris, du voyés de Rome en Africpie, et d'Afric|ue à Borne.
moins par la renommée, que cesdeux Iminmi'S Comme presque tous ces érrils se sont perdus,
Fonl (les perluiliali'urs de l'Ej^lise? Itjiiiircz- il n'y a rien de plus embri'uillè dans toute
vous leur vie et leur comlamnatiou ? Mais, l'histoire du pélagiani.'rme. Voici les principaux
qunii|ue le Sii'';;(' aiiosloliquo les ail séparés de faits.
toute communion par une scntenre partiru- La seconde lettre du Pape est du 21 septem-
liérc, apprenez encore ici sommairement hiir bre 417. Elle fut portée en Afrique par un
coniUiite_ Lazare a depuis liuif^ti'mps l'IiaLi- sous-iliacre di; l'Eulise roma'ne. qui, le dcKX
tude de cal(]nini('r l'innocence; en plusieurs novembre suivant, étant à C^iftliaue, invita île
conciles, il a été trouvé calomniateur de >aint vive voix le diacre Paulin, arcu-ateur de Cé-
Brice, notre coi'vivjue de Tours. Proculus de lestius, à se pri'scnler au Sié::» a[iostoliqiie.
Marseille l'a comlamné comme tri dans le Paulin s'en excusa par une lettre qu'il éciivit
concile de Turin. Toutefois, le même Proi ulus au Pape, le huit du même mois, et qui fui
l'a ordonné plusieurs année» après évéque porléi', avec les lettre-; des évéques d',\frique,
d'Aix, pour soutenir le juf,'cment du tyran par un sous-diacre de l'église de Carthage. Il
(Constantin). Il est entré ilans le siège épisco- s'excuse sur deux raisons piiiicipales. Le Pnpe
pal, presque encore teint du sang innocent, et lui-même avait a|iprouvé sa conduite, en de-
a soutenu l'ombre du sacerdoce tant que le mandant à Célislius Condamnez-Vous tout ce
:

tyran a gardé une image de l'empire mais, ,


qui est contenu dans la mémoire de Paulin ?
après sa mort, il a quitté la place et s'est c. n- Et encore Je ne veux pas que vous usiez de
:

damné lui-même. Il en est de même d'Eros, détour ; coiulamnez-vous tout ce qui vous a
ajoute le Pape ; c'est la protection du même été olijedé par Paulin, ou bien tout ce que la
tyran, ce sont des meurtres, des séditions, des renommée vous reproehe ? D'ailleurs, celle
emprisonnements de prêtres qui lui résis- cause n'elait |dus une affaire particulière
taient; ce fut la même consternation dans la entre Paulin et Célestius elle était devenue
;

ville; le même repentir l'a fait renoncer au la cause de toute l'Eglise, comm.- le prou-
sacerdoce. Zosime insiste aussi sur l'absence vaient les lettres des évéques d'.-\frique à sa
d'Eros et de Lazare, et en tire une preuve de la Bé.-.ti'ude.
faiblesse de leur accusation, disant qu'ils n'ont Cei'cndant Aurélius deCarthnse et les évé-
osé la soutenir. Il en dit autant de celle de ques qui se trouvèrent dan* celte ville, ayant
Timasc et de Jacques. Il exhorte les évêques rei;u les lettres du iiajic Zosime, lui érrivircnt
d'Afrique à être plus circonspects à l'avenir, aussitôt, à ce qu'il jiarail, pour le prier de
à no pas croire facilement les rapports de t;ens laisser les choses en l'etat où elles étaient, jus-
inconnus, à ne juger personne sans l'entendre, qii'à ce qu'il fut insiruit plus à fond de celle
suivant l'Ecriture, à imiter la modération que matière. S'élant ensuite assemblés en concile,
l'on observe dans les tribunaux séculiers, à ils lui envoyèrent un mémoire assez volumi-
conserver soigneusement la charité et la con- neux à ce sujet. Le 21 mars U8. le Pape leur
corde, et à se réjouir de ce que Pelage et ré| ondit la lettre suivante, qui fut reçue i
Célestius n'ont jamais été séparés de la vérité Carlhage le 29 avril.
catholique de la communion de l'Eglise ro- Zo-ime a Aurélius et aux auties Lien-
(I

maine Cette lettre, qui est datée du 21 septem- aimés frcies qui ont a-si-lé au concile de Car
bre 417, fut envoyée aux évéques d'Alrique tha^c, falut dans le Seigneur. Quoique la
avec des copies des écrits de Pelage. tradition des Pères ait attribué au Siège apos-
On le voit, ce qui rendait h; pape Zosime tolique une autorité si granile que personn*
favorable à la persorme de Pelage et de Céles- n'osait contredire son jugement, et qu'on l'ail
tius, c'était leur soumission à l'autorité du toujours observé dans les canons et autres
Saint-Siège; c'était la promesse de condamner règles, et que la discipline erdesiastique en
tout ce qu'il condamnerait c'était, de la part
; vigueur accorde au nom de Pierre, de <pii elle
de Célestius, la sou-criptione.\prc«se aux déci- tireson origine, le respect qu'elle luidoil; car
sions du saint pape Innocent ; c'était, de la l'antiquité canonique, d'une voix unanime,
part de Pelage, la lettre de recommandation <raprès la promesse même du Christ, notre
de l'évéque de Jéi'usalcm. Avec cela, on pou- Dieu, a voulu que la puissance de cet apôtre
Tail interpréter dans un bon sens ce qu'il fut si grande qu'il déliât ce qui élail lié, et
y
avait d'éijuivoque, et regarder ci^mme impli- liât C5 qui était délie pui.'^sance donnée pa-
;

citement létraclé ce qu'il y avait de su=pe(< reille à eux qui, par sa faveur, mériter.iient
«

dans leurs écrits. Quant à Èros et Lazare, qua l'héritage d.- son siège. Pieire, en efTel. qui a
le pape Zosime censure avec tant de sévérité, soin de toutes les églises, a principalement
ils sont représentés comme des hommes de Soin de celle où il a lui-même s ege, cl il ne
bien par saint .\ugustin. Au milieu des révo- soulFre point que quelque chose de son privi-
lutions piditicjiies d'alors, ils ont pu mériter lège ou de sa sentence vienne* à vaciller au
Bucccssivement le blAme et la louange. IU;out Si'uffle de quelque opinion. lui qui a pose la
pu faire mal dan> un temps et dans certaiuies chaire honorée île son nom sur des fondements
choses, et faire bien dan' d'autres. tels, que jamais aucun elTorl ne les ébranle cl
Les lettres de saint Zosime produisirent de que nul ne saurait jamai« les attaquer sans s«
LTVRI-: TRT'M B-HOTTItMB. 50?

mettre en péril soî-mêiDe; Pierre étant donc le avait fait pins alfcnlion à leur protcstatio
chef d'une si grando autorité, et tous los iiii- générale de soumission et d'obéissance qu'à
ciens qui sont venus a]irès lui l'ayant aflormii^ certaines propositii)us de leurs écrits, dut na-
parleur respect, de sorte que le^ lois humaines, turellement concevoir quelques soupçons aprè.'
comme les lois divines et toutes les règli^. les letlrcs des évoques d'Afrique. Et de fait,

concourent également pour assurer la fera.eié dans sa ré|ionse du 21 mars, il se montre déjà
de l'Eglise Romaine, à latcle delaquel'c no:;-. nien refroidi à l'égard de Ccle-tius et de Pe-
sommes établis, avec la puissance attaclu'c a lage. Ceux-ci avaient quelques amis à flome;
ce nom, ainsi que vous le savez, trcs-cluMs mais la multitude du pcu|ile fidèle leur était
frères, et qu' vous devez le savoir, en iiualité oppo^^ée, et déployait beaucoup de zèle pour
de pnntifcs tonlet'ois, bien que notre auloritij
;
déct)uvrir et taire condamner les vrais senti-

soit toile quL^ nul ne puisse léformer notre sen- ments des deu.x sectaires. Dans le nombre, se
tence, nous n'avons rien fait dont nous ne vous distingua pnrlicnlièr.'raent Constantius, autre-
ayons donné connaissance de notre propre fois lieutenant du préfet du pa-'oirc, et alors

nujuvcuicnt, et par un efl'et de la charité Ira- a[iplii|ué dans la letraite à servir Dieu. Il est

ternolle, comme pour délibérer en commun, probable que le Pape reçut encore vers ce
non pas que nous ignorassions ce qu'il fallait temps les lettres de Théodote, èvèque d'An-
.aire, ou que nous fissions quelque chose qui lioche, et de Prayle de Jérusalem, qui lui man-
put tourner contre le bien de l'Eglise. Mais daiont qu'ils avaient enfin manifestement dé-
nous avons voulu traiter en commun avec vous, couvert les erreurs et les fraudes de l'élage.
de l'homme qui avait été accusé chez vous, dans un dernier concile où se trouvaient ses
comme vous le dites dans vos lettres, et qui est accusateurs, et qu'on l'avait chassé de Jérusa-
venu à notre Siège, protestant de son inno- lem (^2).

cence, poursuivant son ancien appel, deman- Les choses étant à Rome en cet état, h
dant de lui-même ses accusateurs, et condam- pape Zosime résolut d'examiner de nouveau
nant lus crimes qu'il disait lui être imputés Célestius, et de tirer enfin de sa bouche une
faussement par le bruit public. Nous pensons réponse précise, afin que l'on ne doutât plus
vous avoir expliqué toute sa demande dans nos qu'il avait renoncé à ses erreurs, on qu'il de-
précédentes lettres, et avoir répondu à vos vait passer pour imposteur. .Mais (Célestius
lettres subséquentes. Mais en parcourant le n'osa se présenter à cet examen, et s'enfuit
volumineux mémoire que vous nous avez de Home. Alors le Pape donna sa sentence,
envoyé par Marcellin, votre sous-diacre, nous par laquelle il confirma les décrets dï, eoncile
avons vu que vous avez compris l'ensemble de d'Afriiine, de 417, el, eonfoi'mi'menl a .a dc-ci-

nos lettres, comme si nous avions ajouté foi à sion du jiapi! Innocent, son n~i'décesseur, L
Célestius en tout, et que nous eussions donné condamna de nouveau l'élage el célestius, les
notre assentiment à toutes ses paroles, syllabe réduisant au rang de pénitents, s'ils abju-
par syllabe, sans en discuter aucune. Jamais raient leurs erreur-; sinon les excommuniant
on ni' traite avec une précipitation téméraire, tout à fait. 11 en écrivit aux évècpiei d'.\fri-
ce que l'on se propose de traiter avec du temps que en particulier, et en général à tous
el de la maturité, et il ne faut point décider les évéques, une lettre fort simple, dont
il ne nous reste que quebjues petits fragments.
sans une grande délibération ce qui doit être
11 y expliquait les erreurs dont Célestius avaù.
jugé par une sentence souveraine. Votre fra-
ternité saura donc que, depuis nos lettres et été accusé par Paulin, rapp^irtail plusieurs
les vôtres, nous n'avons rien changé, mais pa-sages du commentaire de Pelage sur saint
laissé les choses dans le même état où elles Paul, et n'omettait rien de ce (]ui regardait
étaient, quand nous en écrivîmes à votre Sain- les deux hérésiarque'^. 11 y établissait le péché

teté, en sorte que ht demande que vous nous originel, et condamnait Pelage de ce cpi'il
avez faite se trouve accomplie (I). » donnait aux entants morts sans baptême un
Celle lettre du papi; saint Zosime, qu'aucun lieu de repos et de boidieur hors le royaume
historien français ne fait conniitre, est d'une des cicux. Il y enseignait qu'il n'y a aucun
hanlc importance. On y voit quelle était, temps où nous n'ayons besoin du secours de
d'apris la pioniesse de Jésu^-Christ et la tra- Dieu, et (jue dans toutes nos actions, nos pen-
dition des l'erc<, l'aulnrité du l'api' au com- sées, nos mouvements, nous devons tout at-
mencement du cinipiième siècle; ses jui^emcnts tendre de son assistance, et non des forces de
étaient souverains et irreforniables s'il pre- la nature. Celte lettre, ou constitution du
;

nait queli|uefois l'avis des autres, c'était par sape Zosime, fut envoyée aux évéques d'E-
gyjde el d'Orient à Jérusalem, à Constanti
ufi mouvement dr» charité el de bon ordre, ;

nople, A 'riies^aloniquc enfin à toutes les


et non pas qu'il y fut obligé. Cette lettre, écrite ;

le Jl niar«, fut reçue ii Carthage le 29 avril


églises du monde; el tous les évèi|ues catludi-

suivant. qucs y souscrivirent, suivant l'ordre du Pape,


Dans l'intervalle, l'affaire s'était éclaircieà parliculièreuient ceux d'Italie.
Rome. Le suint Pape, qui, pour ramener plus Tout le clergé de Rome suivit ce jugement,
Jacilement Pelage et Cele>-tius, dont le t,'enie même ceux que les pélagiens préiendaieut
leur être favorables surtout le prêtre Sixte,
pouvait faire beaucoup de bien dans l'Eglise, ;

(1) Couit., Bpùt. ru. Lnl,be. l. II. Bpiil. w. - (2) Mar. Meront., Co„mon,t
HTSTOTRE UNIYCRSIvIJ.E HE LT.Ol.fSn r.ATIIOI.igUR
fionl ils se vaulaii'nl coniine «le Imir priiiripiil cieux, il y a un
lieu mitoyen, ou quelque au-
fui le piomii'i- à pionori'i'i' ana-
ili-lcMisi'ur. 11 tre lieu vivent heureux les enfants qui sor-
rii'i

tlK'ine contre eux (levaiil un In-s-Kraiid peu- tent de cette vie sans le lia|itémc, sans i<-quel
ple, et eut KTiind soin d'en écrire à ceux au- ils ne peuvent entrer dans le royaume «les
j)rf!s desquels les [léla^'iens se vanlaieiil de cieux, qui est la vie éternelle qu'd soit aiia-
;

son amitié. C'est ce prêtre Sixte qui fui l*a|)e lli«me Car, puisque le Seigneur a dit
! {fui- :

quatorze ans après. Il aivompa^na la lettre corif/ue no renaîtra pa» de l'eau et du Sainl-L's-

du pape Zosinie d'une Idlre à Auréliu.s de pril ne peut entrer dans te royaume des deux,
,

CarlhaRe, dont il cliargra l'acolyto l/:on, que quel calhidique peut douter que celui-i'i qui
l'on croit être le niênic qui lut Tape vingt- ne méritera poinl d'être cohéritier île Jésus-
deux ans plus lard. Sixte écrivit encore à Christ, n'ait sa part avec le diahie? Celui qui
saint Auf,'ustiti, pai le prêtre Firraus. n'est pas A la droite, sera sans doute à la
Saint Augustin fait entendre que le prêtre gauche.
Sixle, non content de se déclarer lui-uiêine, Les exemplaires cpji ont cet article, en
commin(;a à presser les liênUiques, par la comptent neuf en tout les autres mettent
:

terreur des lois impériales, de renoncer à leuis- pour trr)isiume celui qui suit , Quii iiiii|ue :

erreurs. Il existe, en ellVl, un rescril de l'em- diia que la giàce de Dieu ijui nous justiiii- p;ir
pereur Honorius, donné à Uavenne, le 28 Jésus-Christ, ne sert ijue pour la n-mi— ion
avril ilH, sans doute après le juj^einent et à des péchés déjà commis, et non pour nous ai-
la demande du l'aiie. Celui-ci, dans sa consti- der encore à n'i-n rdu< commettre qu'il soit ;

tution, avait rappelé les six erreurs principa- anathême! Si cjueiqu'un dit i|ue la même
les des pélagiens Honorius, dans s(mi rescril,
;
grftcc nous aide i ne poinl pêcher, seulemeat
en marque les deux premières qu'Adum avait : en ce qu'elle nous ouvre rinlelligemc des
été créé sujet h la mort, cl qu'il n'avait point commandements, aiin que nous sachions ce
transmis d(' péché à sa posiéiité. l'uis il or- (jue nous clevons chercher et ce que nous de-
donne (juo Céleslius et Fél:ige soient chassés vons éviter; mais qu'elle ne nous donne paâ
deUcime; ensuite, ^lue quicon(]ue connailra d'aimer encore et de pouvoir ce que nous con-
leurs sectateurs, les dénonce aux magistrats, naissons devoir faire; qu'il soit anathême I

et que les coupables soient envoyés en exil. Car puisque l^jôtre dit que la nience enfle et
En (exécution de ce rescril, les trois pndels que lu charité éuifie, c'est une grande impiiMé
d'Italie, d'Orient et des (Jaules rendirent une de croire que nous avoi» la gràie de .lesii»-
ordonnance portant que tous ceux qui seront Chri--t pour celle qui enfle et non iioiir «elle
convaincus de cette erreur, seront hannis qui edilie, puisqui' l'uneel l'autre sont un don
à piiiu'tuité avec confiscation de leurs
,
de Dieu, de savoir ce que nous devons faire cl
>iens(l). d'aimer à le faire, afin que la science ne pui-.<-c
i'codaidque ces choses se passaient à Rome enfler, tandis que la charité édilie. Et lomme
et en «lalie, les évèqucs d'Alrique s'asscmlilé- il e-t écrit que Dieu enseigne à l'homme la
rent à Carthape au nomlire de plus de deux science, il est écrit aussi que la charité vient
cents. I.e concile s'cnivrit le 1" mai -iiS. On y de Dieu.
décida huit articles de iloclrine contre les pé- \Juiconque clira que la grftcc de la justifica-
lagiens, en ces termes Quiconque dira qu'A-
; tion nous est donnée, alin que nous puissions
dam a été fait raoïtel, en sorte iiue, soil qu'il accomidir plus facilement par la grAcc ce
péchiil ou ne péchât point, il dût mourir, ipi'il nous est ordonné de faire par le libre ar-
c'est-à dire sortir du corps, non par le mérite bitre, comme si, sans recevoir la grâce, noui
lie Son péché, mais jinr la ni'cessil "•','
sa na- '
mouvions accomiilir les commandement-^ de
ture ; iju'ii sdil anathême! Quiconque dit qu'il I tieu, (pioicpie diflicilement qu'il soil ana-
;

ne faut [las l)apti>ei' les enfants nouveau-ués ; thême (/ir le Seigneur [larlait des fruits des
!

ou ([ue, liien (ju'on les baptise jioui' la rémis- commandements de Dieu, lorsqu'd dit Sam :

sion des péchés, ils ne tirent d'.Aciam aucun moi nais ne pouvez rien faire; et non pas Vous :

péché originel qui doive être expii' jiai- la légé- le pouvez [dus dillic ilemenl. Ce que dit lu-
néralion, d'où s'ensuit que la forme du hap- polre saint Jean Si nou< disons que nous n'a-
:

tême j)our Ja rémission des péchés est fausse vons point de pé'hé, nous nous trompons no>a-
à leur égard; (|u'il soit anathême! Car ce que mcmc.->, et la vériti- n'est point en nous, quiconque
dit l'ApoIre par un homme le péché est entré
: croit le devoir entendre, comme si par iiumi-
dans le monde, et par le péché la mort, et uinsi lilé nous ne devions i>as dire que nous n'avons
elle a passé dans tous l( bommct, en ce que tous point de péché, et non parce qu'il est ainsi
ont péché, cela -ue se iloil jioint entendre au- véritablement; qu'il soil anathême Car VA.- !

treu;enlque l'Eglise catholique répandue par- poire ajoute Mais si nous confessons nos pé-
:

tout l'a tcuijours eniendu. clivs, il est fidèle et juste, pour nous le* remetlte
Quelques exemplaires ajoutent ici un troi- et nous purifier de toute iniquité ce qui montre
:

sième article en ces termes Si quelqu'un <lit


; qu'il ne le dit pas seulement par humilité,
(lue quand le Seigneur a ilit Il y a plusieur» ; mais en vérité. Car il pouvait dire Si nous ;

acmvwes dans la maison de mon Ptrc, il a voulu disons que nous n'avons point de péché, noua
faire entendre que, dans le royaume deâ nous élevons, et l'humdité n'est point ea

J. X, append., ool. lui.

ST. MICH4EI..,

LIVRE TRENTE-IIUITII>MB. «0»

nous. Mais en disant : !Vmi:> nous trompons, et reurs, plutôt que de croire que lui même s'en
Inroiîtv n'eit point en nous, il inonlrc assez inie était corrigé.
celui nui (lit qu'il n'a point ilo [léi'lio, ne «lit Ce que demandaient les évoques, le Papa
jias une vi'iit^, mais une t'aussi;t(^. venait de le faiie. Ils en apprirent d'aliord la
(juie()iH[ue ilira iiiic les saints, cjuanil ils di- nouvelle par la lenommee, el hiei.lot a[)ros
eenl ilansl'oraisnn doininiialc lt( mettez-nous : en reçurent les actes authentiques avec une
nos dettes, ne le disent pas pour eux-mêmes, joie inexpriraaiilc. Ils souscrivirent tous à la
parce quf cette demande ne leur est pas constitution do Zosinio. En Italie, qiielques-
néci'ssaire, mais [lour les autres qui sont pé- uns s'y refusèrent. Ils furent dépo-és |)ar les
cheurs dans leur société, et que, par cette rai- jugements ecclésiaslii[ues, et chassés du pays,
son, chacun des saints no dit (las [{(^netlez- : suivant les lois im[iériales. l'iusienrs renon-
moi me» dettes; mai- liomettez-nous nos cèrent à l'erieur, vinrent se soumettre au
dettes en sorte que l'on entende que le Juste
;
Sii'go apostolique et renlrèrent dans leurs
demande plutôt poui' les autres que pour lui ;
égliser-. Il y en eut dix-huit qui demeureront
qu'il soit anatliéine! Car lapotre salut Jac- olistint's, dont le plus fameux était Julien,
ques était saint et juste, i[uau(l il disait : Nous éveijuc d'IÀluiie. On les somma de condam-
manquons tous en l/eaucoup de c/ioses. Et pour- ner avec toute l'Eglise l'élage el Célestius, et
quoi ajoutet-il tous, si ce n'e&l pour s'accorder de souscrire à la lettie du |ia[ie Zosimi;. ils le
avec le psaume où nous lisons N'entrez pas : refusèrent el pour se justiiier, adressèrent
,

en jugement avec votre serviteur, parce que nul au l'ape une conlèssion de foi que nous avons
homme vivant ne sera justifié devant vous ? Et encore. Elle est assez semblalde à celles de
dans la [>riére du sage Saioinon // n'ij a pas : l'élage et de Célestius. ils y condamnent avei
d'homme qui ne pàclie et dans le livre de Joli
; : exécration celui qui dit i|ue, sans la grâce on
Il marque la main de tous les hommes, afin que l'aide de Dieu, les, hommes peuvent éviter Icf
tout homme sache sa faiblesse. C'est pouripioi p.uhés; celui qui nie que les enfants ai(!n\
le saint et juste Daniid, ayant dit au pluriel Losoin du 1) ipUune, ou ([u'il faut le leur admi-
dans sa prièi'c Nous avons péché, nous avons
: nislrer avec d'autres paroles qu'aux ailulles ;
commis l'iniquité, et le reste, qu'il confesse vé- celui qui siiuiient que le genre humain ni no
ritablement el liumidement, de peur qu'on ne Ujeurt [lar Adam ni ne ressuscite par leClliiist.
crût iju'il l'eut dit des pi-chés île son peuple Et avec cela ils combattent longuement le pé-
plutôt que des siens, il dit ensuite Comme je ; ché d'origine, qu'ils appellent [léclié natun'l,
priais et je confessais au Seigneur mon Dieu mes Julien écrivit encore au Fape une lettre parLi-
péchés et les péchés de mon peuple, il n'a pas culiéro où il condamne et réfute, par l'Eci i-
voulu dire Nos péchés; ruais il a dit Los
: : tare ou le raisonnement, celui qui dit ipie la
péchés <le son peuple el les siens, parce que, genre humain ne meurt (las par la moil d'A-
comme prophéti; il prévoyait ceux-ci qui ilam et ne ressuscite [i.is par la résurrection du
l'entendraient si mal. Ceiix qui veulent que Christ celui qui dit que l(! premier homme d'h
;

tes paroles mêmes de l'oraison <lominicule :


nui qu'à lui seul et non [las au génie hum lin;
Hemettez-nous nos dettes, soient dites par les celui ([ui dit que les enfants sont dans le
saints, seulemi^iit par liumililé, et non jias même état qu'Alain avant son pé, ne ; celui
avec vérité; i[u'ils soient analhèmes Cai' (jui 1 c[ui soutient qu'Adam avait été fui uiorlel,
peut srjuHrir celui i[ui, en [uianl, ment non lui sorte iju'il dut inoiirir, soit qu'il pécliàt ou
point aux Iminmes, mais à l)ieu même; qui dit ne pccliàt point (ij. Mais à ces iiarotes Julien
des lèvres qu'il veut ([u'on lui reinette, et ipû donnait un autre sens que tout le monde.
Jit du c(i!ur qu'il n'a point de dettes qu'on Ainsi, (piand il disait i|ue, [lar son péché,
puisse lui remettre (I)? Adam n'avait pas nui à lui seul, mais encore
Les évoques du concile envoyèrent «es dé- au genre liumuin, il sous-ont;;n iait, pnr son
crets au piq)e Zosime, avec une lettre où ils exemple. I^e pape Zosime n'eut aucun i:gaiil ù
disaiiail entre autri'S choses Nous avons lu'- : tous ces écrits, el ne laissa [las de cûadainner
donné que la scnlcnce porti-e par le vi'iii'ialili} Julien avec ses co.npliecs.
évoque Innocent contre l'élage (H Ci'lestias, Julien ôlaillils d'un évèqiie de grande piété
sulisisto jusqu'à ce qu'ils confessent nettement el d'une mèie qui n'était pas moins ver-
cjue la grâce de lesus-Clirist nous aide, non- tueuse. Son [lèro était ami de sainl .Uigusliu
sculiiiient |)Our cimnaitre, mai» encore pour et (le saint l'aiilinde Noie, avec le |Uel il mail
faire la justice en chaque action en sorte (|ue, : m 'lue (pielipie liaison de fauiiili3. julien avait
sans ell(\ nous no pouvons rien av(jii, penser, été niaiié. et sainl i'aiilin avail l'.ill sou é,ii-
dire ou 'aire qui appartienne à la vraies [liiti-. thaïamo. Soit i[ue sa fouinii' fut morte ou
Ils ajouta'ont qu'il ne s. l'Iisait [loiiit |iour les qu'elle eût enilirasé la conlincnce, il était
Ijorsonne-, .noins édain'es, qui- Célestius eut (îiacro dès 40'.), comme on le voit par iiiio
dit en j;éneral qu'il s'accordait a ;x lettre» Icltie di; sailli Augustin à son père, |deinû
d'innocr.'ul, mais qu'il devait aiu(thematis<>r d'amitié (lour l'un el iiour l'autre. Enliii lo
clairement ce (ju'il avait mi^ do mauvain dans j)ape saint iiiiiocenirordonna éveqiied'Eclane,
son écrit, de |ieur (|iie pUi>ieurs no crussent ville a présent riiim'e, qui elait on (iaiiip.inie,
que le Sii';^e a[io.>l(dique eût apjuiaivé ses er- à cinq lieues de iîciit'venl. Il avuil l'c-prit vif

(l) Labbo, l. II, col. 1663. - (î) A.ug., t. X, append.


808 niSTOIRE UNTVrrrrJiiîTXE DE UÊGLTRE CATHOl.fQUB
et subtil, mais trop pou humMo pour s'en mèrent pres(|ue toutes les portes, ayant avec
tenir à la croyance conimiine, v[ trnp peu pro- eux l'archidiacre Eulalius, et ils y dempu-
fond pour en saisir toute in vérité. (Jn^né par rèrent rleiix jour.s, attendant le jour .solennel
Pelage, il dissimula ponilant la vie du p.ipo de l'ordination, c'est-à-dire le dimanche sui-
Innocent, et se démiisiua fallut sous-
l(irs(ju'il vant, qui, celle année 418, étu't le 29 dé-
crire à la conslilutioii du Znsirne.
[>,ip(' cembre, [lonr ordonner Eulaliu^ pape. Mais
Avec le juf^cmcul i|ui ((uidaninait Pelage la plus grande [lartie du clergé et du peuple
et Célestius, le [lape Zosiine avait envoyé en s'assembla, suivant ce qui avait ^té convenu,
Afrique des Irttres p:ir Icsipiellfs il chargeait dans l'église de Théodore, avec neuf évèques
saint Augustin cl quelques autres évèques do diverses provinces, et résolurent d'élire
d'une légation en Mauiilanie, pnur y traiter Boniface, ancien prêtre, très-instruit dans la
quelques affaires pressantes de l'Kgli-i'. Siiint loi de bieu, qui s'était acquis beaucoup de
Augustin en parle, tnais il ne dit jias quelles réputation [larses bonnes mœurs, qui ne vou-
étaient ces alfaires. il dit seulement, ce qui lait point être évèque et qui leur en parais-
est peut-être plus digne d'attention, que les sait d'autant plus digne. Symmaque, qui fa-
lettres du Pape lui avaient imposé, ainsi qu'îi vorisait Eulalius, en ayant eu connaissance,
ses collègues, une m'iessité ecc'ésiastique de fit venir louscesj)rètre3 (ils étaient au nombre

se rendre à 'ésun-e de Mauritanie qui se ,


d'environ soixante-dix), et les avertit de prendre
nomme aujourd'hui (^hercliell. Pendant qu'il garde qu'on ne fit rien contre les règles. Li-s
y était occupé à nmplir sa légation, il eût, menaces du préfet ne les empêchèrent pas de
d'un coté, une contVrence iiuliliijue avec nu continuer dans leur dessein. Ils envoyèrent
êvéque donalisie, et de l'autre, parvint à alin- eux-mêmes trois prêtres dénoncer par écrit à
lir, par son élcKpience, des comhats sanglants Eulalius, au nom de tous les autres, de ne
que les habitants de la ville se livraient cha. pie rien imlreprendre sans le consentement de la
année, plusieurs jours de suite, par manière plus grande pnrtie du cjergé. .Mais ces trois
de jeu. Zosime éciivit encore le 16 no-
, prêtres furent mal traité-s parle parti d'Eula-
vembre 418, aux évè(jues d(! la province d'.\- iius, et mis en pri-on. Ceux qui les avjiient
friijue nommée Byzacène, qui avaient admis envoyés ne laissèr-enl pas de s'assembler dans
des laïijues à juger un évèque, et obligé celui- l'église de Saint-.M.ircel, et d'y élire Bonitace
ci à chercher liii-m'mie son accusateur. Il leur évècjue de Rome, le dimanche i9 liedécemlire.
montra vivement combien œ
procédé est in- Il tut consacré avec toutes les solennités re-
digne et contraire aux canons. Et, pour leur quises, par les neuf évèques dont nous venons
faire mieux sentir la gravité de la chose, il de parler, cl les piètres qui s'étaient as-cm-
leur envoie sa lettre par un évècjue. On a du blés avec eux souscrivirent à l'acte qui en fut
même Pape une instruction à trois de ses lé- dressé. On le conduisit ensuite i-n cérémonie
gats en Afrique, un évèque et deux prêtres, à l'église de Saint-Pierre, et le peuple en té-
où il transcrit, comme du concile de Nicée, moigna sa joie par ses acclamations.
les canons du concile de Sardique touchant les Eulalius de son coté, se lit ordonner le
,

appellations des évè([ues à Rouie, et le jugo même jour par «luelques évèques, et entre
meiit des prêtres par les évèques de la pro- autres par celui d'Ostie, que ceux de .son parti
vince. On voit encore, par une lettre du 3 oc- avaient fait venir, quoique tres-malade, parca
tobre de la même année 418, qu'il avait à que la coutume était que l'évèque d'Ostie or-
Ravenne de ses prêtres et de ses diacres, sans donnât le i'ape.
doute comme ses nonces auprès de la cour Cependant le préfet Symmaque adressa le
impériale. même jour à l'empereur hiinoriu-. à Ravenne,
Le pape saint Zosime mourut la même an- une relation des événements, où il parla il 'Eu-
née, le 26 décembre, jour auquel l'Eglise lalius comme d'un saint per-onnage et du
honore sa mémoire. Il avait tenu le Saint- pontife légitime, et traite d'entreprise fac-
Siège un an neuf mois et quelques jours. On tieuse l'élection de Boniface. Trompe par ce
''enterra sur le chemin de Tibu.r, orès le corps rapport, Honorius se déclara entièrement pour
de saint Laurent. Eulalius, et onlnnna que Bonitace surtirait de
Aussitôt a|)rès la mort du pape Zosime, Rome, et qu'il e,i serait même ciiassé de force,
Symma(pie, préfet de Rome, parla au peuple s'il résistait. Le rescrit d'Honorius était du
pour l'avertir de ne point troubler l'élection 3 janvier 410. Symmaque le reçut au jour
de son successeur, et de laisser au clergé la d'une solennité, c'est-à-dire en celle de rE(>i-
liberté de décider traniiuillemenl de toutes phaiiie, lorsque Boniface était pri's d'aller
choses il mena(;a même les corps de métiers
; processiniinelieinenl à l'église de Saint-Paul
et les chef- des quartiers, s'ils troublaient le faire l'oflice. .Vus-iti.t le préfet lui envoya
repos de la ville. Il n'y eut aucun trouble dire, par sou premier secrelairc, de s'abstenir
jusqu'aux funérailles du Pape di'funt, et il de cette cérémonie, et de venu b irouvei
avait résolu que tout le monde s'asscmbler.iit pour apprendre l'ordre de l'empereur. Boni-
dans l'église de Théodore pour procédi'r à face ne l;ii-sa p is que de se mettre en che-
l'élection. iMais avant même que les funérailles min, et le peuple battit l'oflicier que Sym-
fussent achevt'cs, une partie du peuple avec maque avait envoyé. Symmaque , en étant
les diacres et quelque peu de prêtres, se sai- averti, marcha vers Saint-Pau., hors de la ville,
•irent de la basilique de Latran et en fer- et voulut, O'vs en vain, eoi^tècher BoDif«(«
tlVBE TRENTR-HUITIÈME. SOI

d'y entrer. Pendant ce temps, Enlalius faisait s'augmenta manière qu'Achille ne put
de
l'ofiice clans l'cgli-e fie Saint-Pierre, a|i[niyé s'ouvrir aucun passage au travers la foule.
de l'autorité du préfet. Tout ci'la se passa Le préfet, ipii ne s'éiait point opposé à l'en-
sans aucune scdilion, et Symmai[uc en cciivit trée d'Eulalius, parce qu'il n'avait point encore
à Honorius le huit- 'me de janvier fai-ant un , reçu les ordres de l'empereur a cet égard,
grand éloge d'Enlalius et de son parti, (ju'il manda à Constanlius, beau-frère du prince, ce
donnait à peu prés pour tout le peuple de qui était arrivé, en le priant d'envoyer ses
Rome- ordres avant l'àques, pour éviter de nouveaux
Mais, ùdusle même temps, les soixante-dix tumultes parmi le [leuple. 11 y eut le 25 mars
prêtres qui avaient ^lu Bonit'ace, adressèrent un rescrit impérial qui purtaU Puisque Eu-
:

une requête à l'empereur, où après avoir, lalius est entré dans Rome, au mépris des
exposé comme tout s'était passé réellement, ordres précédents, il doit absolument en sor-
ils le priaient de révoquer son premier édit, tir, sous peine de perdre non-seulement sa di-
et d'oblif^er Eulalius avec ceux de son paiti gnité, mais sa liberté. Quiconque d'entre les
de se rendre à la cour, promeltant, de leur clercs communiiiuera avec lui sera puni de
part, que Bonilace s'y rendrait aussi avec ceux même, et les laiqms à proportion. L'êvé([ue
qui l'avaient élu. Cette requête eut son ellet. de Spolète fera l'ofiice pendant les cincj joprs
Honorius envoya ordre à Symmaque, le 15 jan- de "aques c'est pourquoi l'église de Latran
;

vier, de suspendre l'exécution de son rescrit, ne sera ouvcr'e qu'à lui seul. Enlalius, à cjui
et de signilier à Bonitace et à Eulalius qu'ils Symmaque Dt signilier ce rescrit le même jour
eussent à se trouver à Ravenne, le 8 de février, qu il l'avait reçu, dit qu'il en délibi'ierait ;
avec ceux qui les avaient élus, atin que l'on mais il ne voulut point sortir de Rome, quoi-
jugeât lequel des deux l'avait été légitime- qu'on l'en priât exiremement. Le lendemain,
ment ajoutant que celui qui manquerait de
; on le ^Minina de nouveau de sortir; mais, au
se l'endre au jour marqué se ju^rrait lui-
,
lieu de le faire, il s'assembla avec le peu[)le
même coupable. L'em[)i'reur convoqua en dans la basilique de Latran. Symmaque, après
même temps des évéques de diverses pro- en avoir délibéré, y envoya toute la milice de
vinces. Il leur dit pue, pour plus de sûreté, la ville, qui contrai.i;nit Eulalius de sortir de
ceux (jui avaient a^sislé ou souscrit aux deux cette église. Ensuite, il la lit garder, afin
ordinations contestées, ne «eraicnt reçus ni qu'Achille y put faire l'ofiice sans aucun
comme jugf;s, ni comme témoins il leur re- ; trouble. Honorius, informé du refus qu'Eula-
commp.nde de juger avec grande maturité, lius avait fait de sortir de Rome, adressa, le
eomma devant prononcer le jugement de 3 avril, un rescrit à Symmaque, par lequel il
I)ieu. déclarait qu'Eulalius s'étant condamné lui-
Le concile se réunit plusieurs fois, mais ne même par sa conduite, selon la sentence du
put terminer l'allaire; outre qu'il était peu concile et selon sa signature, et étant ainsi
nomlireux, il se trouva encore divisé de plus, : déchu de tout le droit qu'il [irélendail avoir
la fête de Pâques était proche; elle tomliait, au pontificat, il fallait recevoir Bonilace dans
en l'année 41t), au trentième de mars. 11 fut la ville et lui en laisser le gouvernement, qu'il
donc résolu d'attendre qu'on put as-etubler avait justement mérité par sa modération. Bo-
api es Pâques un plus grand nomijre d'evêijues. nilace y arriva deux jours après, et il y fut
Cependant le concile de Ravenne ordonna reçu aux acclamations du sénat et tlu peuple.
qu'aui un des deux contondants n'entrerait Le schisme ainsi terminé, l'empereur contrc-
dans |{ou)c. de peur qu'ils n'y occasionuusscnt manda les évoques d'Afrique et des autres
quelque .sédition parmi le peuple, déclarant pays, qu'il avait invités au concile indiciué à
que celui qui le ferait, perdrait par cela si'ul Spolète pour le 13 de juin» Toute cette histoire
tout le droit qu'il pouvait prétendre. Hono- est tirée des actes mêmes, retrouvés par le car-
rius autorisa cette sentence, et les parties con- dinal Baronius (I).
sentirent même par écrit de l'observer. Mais, Deux mois après son entrée solennelle à
comme on ne pouvait se passer d'un év-que Rome, le pape saint Boniface reçut, en date
qui y célébiàt la fête de Pâques, ce prince, de du 31 mai 4lt», une lettre synodale de deux
l'avis du c(mcile et du consentement (les par- cent dix-sept évéques d'Afriiiue. Elle contient
ties, ordonna que my^lêresy seraient
l«s saints le résumé de deux conciles auxquels avaient
céléliiés par éveque deSpolète, qui ne
Arliill»,, assisté les légats du pape saint Zosime, savoir :
s'était déclaiê ni pour Bonilace ni pour Eula- Fuustin, évêquc de Potentine en Italie; Plii-
lius.Ce dernier, ouiiliaut sa jiromessi', vint à lipiie et Asellus, prêtres de l'Eglise romaine.
(îomo le )P il! mais, et y entra en [di'iii midi. Quand ces légats furent arrivés à Carthage,
Jlês le soir même, Symmaque rC(;ut des lettres les évè(|ues assemlilés avec Aurélius leur de-
d'Acliille, qui lui mandait qu'il était commis mandèrent de quoi le Pape les avait chargés,
pour célébrer à Rome l'ofiice de PiKiues, et il et, non contents qu'ils expliquassent leur com-
y arriva en clfit trois jours après. A son arri- mission de vive voix, ils les prièrent de faire
vée, il se lit quelque émotion larmi le [leiiple. lire l'instruction qu'ils avaient par écrit. On
Symmaiiue, avec les |iriii(ipaiix de la ville, la lut, et 011 trouva qu'elle contenait quatre
s'avaiK^a pour ^apai^er; mais le désordre chefs : le premier, sur les appcUuliuos de*

(I) tiuaa., Àd M. 4U W U«.


010 I118T()IHl; UNIVRHSEIiLE DE I/IÎGLIM:, i.Mllul.igUB

évf'iiiies au Ptipo In mitonil, witilrn les vuyiifjcs


; l''ortunal et quatre autres prêtres africains,
iuipurliiDs des (^v<''i|Ui's ii la cour; )i; tr(Msiriiie, ajqie'ant à d'autres Papes. |U ne font pas al-
de Iruiter le» causes des iirèlrcs cl des diacres Icnlion à ci; que leur rappelle avc(^ heauioup
dcvnnt Ica évcquus \oisiii9, cti cas que leur d'àquoijos le légat Kau-liii, qu'il fall.iil i.ber-
oxcoininunics mal à iiropus; le
évf'([uo les cftt ver non-seulemenl les canons de Nici-e, mais
quatrième, d'cxcoiniminicr rcvtqucril aiii.nii encoie les coutumes èlablies (3). Or, comme
même, de le citer à Homcj^'d ne corrj^eait ce nous l'apprennent de-> auteurs non su.spect's,
qui semlilail à corriger. Socrule et .'-'ozoniéne, ainsi i|ue le pape saint
Cette inslructioii ayant été lue, il n'y eut Jules, dès avant l(! concile di- Siiidiqne, c'était
point de dil'iif'iilté sur le second nrliclr, at- une ancienne coutume, une loi ecclésiastique,
tendu qui! les év('i|iies d'AfVi(|ue avaient di;- de ne rien ré^;lcr dans rEglisc sans l'aveu du
eréti', dés l'an 407, (pie mil éve(pif! ni prêtre pontife rom.'iin.
n'irait à lu cour sans une leltie de l'i-véïpiede Ce qui avait originairement donné lieu &
Hmiie. Mais il n'i'ii l'ut pas de même du pre- ces pi-nibies débats, e'.Mail un prêlre de .Mau-
mier et (lu li-oisiêine, sur les appel ations des rilunii', nommé Apiarius. Son évèque, l'rbaic
t'véques au l'upe et sur le juf;enient des jirù- lie Sieque, l'avait excommunié, comme ayant

Ires cl des diacres par les évèi|ues. (jejiendanl été ordonné contre les règles et comme éiartt
ces lieux articles n'élaienl (|U(! les canons sept accusé de plusieurs crimes. Mais il parait que
et dix-sept du célêlue concile di; Saidique, que l'évèque mani|ua lui-même aux formes cano-
le pape Zosime avait transcrits en toutes let- nicpies; car, .\[piarius ayant été apjieléà Rome,
tres dans son in^lniclion. Seidement, comme le pape Zosime recommanda comuie quati i/ine
le concile d.; Sardique êtail lu suite et le com- article à ses légals, d'excommuiiier l'évèque
jilénient du concile de Nicée, il les citait, d'a- Urbain ou mêmede le citer à Rome, s'il ne
prcs le code des canons de l'Lglise romaine, corrigeait ce semblait à corriger. Voici
ijui
cummc étant de ce <lernier concile. Or, les commi' les évêques du concile racontent au
deux C( ni dix-FC|d évê(|ues réunis à Cartilage, jiape Donifare l'arrangement de celle affaire :

paimi eux saint Auguslin, se trouvèrent igno- Le prêtre Apiariu-, dont l'ordinalioti et l'ex-
rer complètement ces canons si fameux. Ce communiealiou avaient produit tant d'- 'can-
qui a d'ai'tant plus lieu de surprendre, ipic dale dans toute l'Afiiipie, ayant ilfin-iiidé
Cralus, évèque de C.arlliage, avait assisté en jiai'ilon de loub'S ses fautc-^, a eti' lélabli ilans
pei'sonne au concile de Sardique, l'an 347, et la Communion. El notre confrère Trliain. évè-
souscrit î\ ces mémos canons. que de Sic(iue, a été le premier à coiri;.'er ce
11 y a plus dans un concile tenu à Cartlinge
: qui avait besoin de correction. .Mais jiarce
l'année suivante. Grains avait ])arlé du concile qu'il fallait (lourvoir à la paix et au repos de
de Sardi(pie avec les plus giaiiQs éloges, en l'Eglise, non-,-eulemenl |)our le présent, mais
l'appelant trés-saiiit il y avait même déve-
; jiour l'avenir, nous avons oidonné que le
loppé le canon sur le jugement des prêtres et prètie Apiarius fut ôté de l'église de Sicqiie.
des diacres, en exif^eant trois évêques pour un en gaidant l'honneur de son rang, et qu'i.
diacre cl six [lour un prêtre. El une soixan- reçut une leltie en vertu de la(|uelle il exer-
taine d'années a|)rcs, aucun évèque d'Afrique cerait les fonctions de la prêtrise partout où i.
n'a plus aucun souvenir ni aucune connais- voudrait et où il pourrai"-
sance de tout celai Que dis-je? Dans leur On voit par la lettre des évêques ijutrs
concile de 419, ils citent le canon sur le juge- étaient péniblement alTeclés. Il est possible
ment des prélres et des iliacres comme étant que le lèiial Faustin y fut pour quelque clio»-,
du concile lie Sardiqnc et proposé par Osius (l) en agissant d'une manière peul-i'lie liop im-
et ils n'apen;oivent jias le mesenlendu? Tout périeuse. Mais la princij):ile laute on clail aux
ce qu'ils peuvent ju emlre sur eux, c'est de dire évêques d'Afrique eux-mêmes car après Inut,;

ipi'ils observeront ces canons provisoirement, le Pape ne leur deuutndait que l'oliM'rvalion
)usqu";\ ce qu'ils se soient assuiés i|u'on les lit de canons très-légitimes qu ils ne devaicnl
dan< les actes aullientiques de Nicée et qu'on pas ignorer. On explique leur ignorance,
les observe ailleuis. Ils seudijent avoir oublie parce que les donatisics avaient subslilué le
ces ajqiellAlions, si fameuses à nome, de saint faux Concile de Sardique à la place du véri-
Athanase d'Alexandrie, de saint l'aul de Con- table. Mais toujours est-il peu honorable à de^
stanlimqde. d'Ascléjias de Gaza, de Lucius évèipies d'avoir eu moins do/èle pour conser-
d'Andrincqde, di' Marcel d'Ancyrc cl de lieau- ver les actes du vraiconcil> ipie le,< i^cctaireA
,

couji d'autres évêques de 'l'iiracc, de Gélesyi ie, n'en eurent pour lui im substituer un faux.
de l'Iiéiiicie, ih' l'alesline, comme rntlcsle, On a retrouvé une très;«i\irle b-llre du pane
entre autres, le pape saint Jules, auquel ils nonifucc aux trois légats en Afriipie, pour les
avaient Hjqielc (i). Ils sendileiil avoir oublié fèliciler rie la bi'une inlelligi ncc qu'ils y
les exem|ile< mêmes de l'Afrique Ceciliin de :
a\ aient rèlablie, et leur demander ui- plus
Gai tluige appelant au paiie Miltiade et jugé anqdi's reiiseimiemcnN. Il'apri-s celte lellre,
par lui à IloUie l'rival évèi|ue de l.ambêse,
;
qui e-t du -2Ci avril il',1. on \uil que li-< dillo-
appelant au papo l'ubicn ; Movtit, Felicissime, rcnds antérieurs avaient ete cuiciliè- ;l;.

(t) Lablje, t. II, 1591, can. vi. -• (î) Eu. (/ Orient, up. Albaut., af^cL u. — (3J L,ibb«. u. 15^,
"U -(4^ Mansi. Concil., !.IV, col. lâl.
UVRh IHENTE-HUITIÉME. 511

Soinl Alypius, évèqtie de Taiiasle et ami trine de l'Rglise touchant le péché originel,
parlii-iiiier tle saiiil Auffiistin, étant nllé à 1 luler les erreurs et les olijeetions des liéré-
i'iDinc, In ]ia|ie saint lionif.nG le reçut avec liiiui's. La doctrine de l'Kglise. il l'f'tahlit par
l)eauci)iii> l'amitié, le retint chez lui tout le les s^iiiilcs Ecritures, par la croyance des li-
teinp-i (le >ou séjour, et l'entretint avec licaii- aeics, par le saiMiment de baptême,
dèlcs, Ijapteme, jiar les
'

coup lie conliance. il lui parla bcaueoiip i!e rxorcismesqui le précèdent, par le témoignage
r>
saint Auj^U'^tin une eiieoaslance particuliéie
: des saints Pères, s;iint Irénée, saint Cyprlcn,
d.
y eonli'iiiuait encore.
l)(\-i catlioliipii'S zéli'S de Hcliciiis
P, d'Autun, Olyrapius d'Ksi)agiie, saint
Rome venaient de remettre an l*ape deux let- Gri'goir.' jle Nazianze, saint iVmliroise, saint
tres des pchi'jiens qu'ils venaient de décou- Basile, saint Jean Cluysostome et saint JiTÔme;
vrir. L une était de Julien d'Eclane, lecjucl y cnlin par la décision finale du Siège aposto-
traitait les cathidiipies de manichéens, afin lique, comme quand il dit: Deux conciles
d'en donner de l'horreur aux ignorants. La ont é'té envoyés à Rome, de là sont venus des
seconde était des dix-huit évêques i)élaKirns, rescrits ; la cause est tiiiie, puisse aussi finir
y compris Julien d'Kclane, et adressée à liulïis l'eirciir !

de Thessaloni<iuc, afin de l'attirer, s'ils |iou- Les pélagiens rcprocliaienl au pape Zosime
vnient, dans leur parti. Le Pape remit les deux et au cliîigé de Rome, comme une variation
lettres à Alypius pour les porter à Augustin, roupald(!, d'avoir condamné Célestius après
olin iju'il y repondit lui-même, d'autant plus que le P^pe eut dit que son mémoire était
qu'il y était nommé et calomnié. calludiipie. Saint Augustin répond tjiie, si 1?
Alypius, ipii venait de Ravenne, y avait pape Zo-iine a pailii de la sorte, c'est que,
di'jà éU\ chargé d'une commission semlihiMo dans ce miMnoire, Ccïleslius professait une en-
par le comte Valére. C'était un général non tière soumission au Siég(' apostolique, et(iiie,
moins distingué par ses dignités militaires qui! s'il s'y ex|irimaitmal sur bupr.-slion ilu pi-clié
par sa vertu, sa piété et son zèle. Sesgrantles originel, il comme une des i|uoslions
la donnait
occupations ne l'empochaient |)as de s'appli- douteuses sur lesquelles il demandait à èlre
quer à la lecture, mémo aux dé(iens du som- insiriiil; (lued'ailleiirs, Zosimeayan! demandé
meil, et prenait [daisir aux ouvrages de saint
il à (x'Iesliiis s'il condMinnait toutes les choses
Augustin. Pour le gagner à eux, les pélagiens qui lui étaient im[)iitées, en particulier par le
lui envoyèrent un écrit où ils disaient que diacre Paulin, et Célestius lut ayant répondu
l'évoque d'ilippone condamnait le mariage en qu'il les condamnait suivant la sentence de son
soutenant le péché originel. Valére se moqua prédécesseur de sainte mémoire, Innocent, le
de la calomnie et en écrivit au saint, qui lui pape Zosime, l'avait mis, par cette ré[K)nse,
répondit l'I le remercia [lar un livre intitulé ; dans la salutaire nécessité de convenir que le
Ùu Ma) hicji; et (le la concupiscence. Mais hientôt péché originel est remis aux petits enfants
Julien d'LcIaue atta([ua ce livr- par quatre dans le liaptémc, et que le royaume des cieux
autres. Le comte Valére en avait reçu des et la vie ('Icrnelle étaient une seule et mémo
extraits depuis peu, quand Alypius vint à chose; caria sentence du pa[)e Innocent, à la-
Ravenne. Il les lui remit pour saint Augustin, quelliiC(''lestiusiirot(!stait se soumettre, décide
qui y répondit parun second livre /J(( ,\l'iyii/i/e expressément ces deux points; que finalemiMit,
et lie lu conçu iihccncfl. Plus tard, ayant eu l'ou- si le pape Zosime a témoigné de rindulg-ncô
vriige entiei- de Julien, il remarqua que les jiour la iiersonne tli^ Célestius et de Pelage,
extraits n'étaient pas tout à fait coiirormes à dans l'espoir de les ramener, jamais il n'ap-
l'original. Craignant que Julien ne l'accu-àt prouva leurs eri-eurs (I).
d'impostuie, comme en ell'el il n'y manqmi Ljs p(''lagiens reprochaient à l'Eglise catho-
pas, saint Au«ustin y repomiit plusamiilenienl lique de toudierdaiis l'erreur des maiiicln'ens.
en six livres, dont
diMix premiei's coinl>at-
les Siiint Augustin lait voir qu'elle tient le milieu
tent Julien, en général, par l'autorité des doc- entre les uns et les autres. Elle enseigne,
teurs catholiques ; les cpmtre autres réfutent contre les nalure est bonne,
manichéens, que la
pied à pied ses quatre livres. Julieh, qui avait comme étant l'ouvragelHeu, qui est bon:
lie
fait ces quatre pour atta(jui;r le premier de contre les [lélagiens, (|u"ello a besoin du Sau-
saint Augustin au comte Valére, en composa veur, à cause du péché originel venu du pre-
huit pour attaquer le .second. Saint Augustin mier homme conire les manichéens, que le
;

en ayant eu coimnissance, se mit à les relulcr mariage est bon et institué de llieu contre les ;

par huit autres. Il venait d'achever le sixième pélagiens, ipni la concu[)iscencc, qui y est
ijutind il mourut, en l.'JO. Pour ce (pii l'st survenue par le [iiudié, est 'nauvai^c contre ;

des deux lettres pèlagiennes ([uo lui lit tenir les maidchi-ens, que la loi lie Dieu cl bmino;
le pape saint Ronil'ai-e, il y n'|ionilit ilès contre his pélagiens, qu'elle ne fait ijuc mon-
par quatre livres adressi's au nii'nic Pape
3.')(t, trer le péché, sans loter; conire les maid-
et que lui |)ortu saint Alyidus dans un secoml clu'eus, (|ue le libre arbitre e-t naliii-el à
voyage. rieinime; contre Ic^ pélagiens, ((ii'ihMt K'Ile-
Tel est l'enscmhle des derniers onvraj^ns du meid captif maiiiteiiiiiit, qu'il ne peu! it|irtref
suint l'vèqut! d'Ilipiiono coiilr(! les péliigiens. la vraie justice qu'.qjrès avoir été il eliv n' i> ir
Le fond eut le uieme duu:: luus iHaldir la doo- : lu grâce; contre lesmanicliéeus, que lu juitio»

{,{) Contra ilua> ^iil. fclug., 1. Il, m. S-8.


!>tt HISTOIRE UNIVERSELLE DE LÉGLISE CATHOLIQUE
Jei saints, soil île l'Ancii'ii, soit l'u Nouveau cible et nécessitante, et sans que nous puig-
Testament, a été viuie contre les nélagiens, ; sions vouloir aulromenl. Au--i, en cclu, notu
(jiie cetle justice, quoique vraie, u u pas été ne méritons ni ne déméritons. La tliéolof^ie
parfaite (1). .sco'astique a encore très bien distingué toutes
Les pélagiens reproi-haicnt encore aux catho- ces cho-i's; et l'Eglise a «"ondamnéavec beau-
liques de dire c|ue li^ lilue arbitre avait pt-ri cou|) de justice ces pnqiosilions de Kaiiis. Ce
par péché d'Adam. Saiut Au^'ustin répond
le (jui sefait volontairement, quoique nécessai-
i[ue le libre arbitre u'u iioinl]iéri, mais qu'il est rement, se fait néanmoins librement: l'homme
déchu de l'état où il se trouvait dans le premier se rend coupable, même dans ce qu'il fait
homme qu'en ".nnséquence il ne peut plus
;
néces>airement.
faire de bonnes œuvres (pii méritent la vie Une surprise non moins gyave, et qui est
éternelle, mais qu'il peut pécher encore ce : peut-être la source des autres, c'est le sens
qui est vrai. Mais saint Auf;u>lin va plus loin, que saint Augustin suppose à ces paroles de
et conclut ou du moins send)le conclure (]uele saint Paul: Tout ce qui n'est pas d'après la
libre arbitre n'a plus de piii-sance tpie [lour foi, esl péché (3). L'.Vpot'-'-. après avoir dit

pécher (2) ce qui est faux, et ce que l'Eglise


: que ceux qui manyeaiiîui des viandes immolées
a justement condamné dans les propo.^i lions aux idoles contre leur conscienc«, en croyant
vingt-sept et vingl-huit de Baïus. Le saint que c'était un |)éché, péchaient réellement,
docteur se Ironqie dans son raisonnement, en donne cette raison générale: Car tout ce
parce qu'il ne distiniiue [las d'une manière qui n'est pas d'après la foi, c'est-à-dire d'après
assez nette et précise entre la nature et la grâce, la (lersuasion intime ou la conscience, est
entre l'onlre naturel et l'onlre surnaturel, péché. Or, en vingt endroits de ses ouvrages,
entre les biens de l'un et de l'autre ordres. Le saint Augustin suppose aux paroles de l'Apô-
premier homme
fut créé, non-seulement dans tre, ce sens Tout ce qui n'est pas d'après la
:

un état de nature parfaite, mais encore dans foi chrétienne, tout ce qui ne l'a jias pour prin-
un état de justice et de sainteté surnaturelles. cipe, est péché (6). D'où il conclut formelle-
Par le péclié, il est déchu de l'ordre surna- ment, du moins s'il est permis de prendre ses
turel, n'y peut plus faire aucun bien ; il a
il expre-sions à rigueur, que toutes les bonnes
la
été même lésé dans la perfection de sa nature ; œuvresdes infidèles, comme de faire l'aumône,
en sorte que, de ses seules forces et sans le degarder la fidélité conjugale, sont des péchés,
secours d'une grâce divine, il ne peut jilus attendu qu'ils n'ont jias la foi. Erreur très-
faire, dans l'ordre naturel, quequebjues biens, grave, condamnée parl'Eiilise, et uniquement
éviter que quelques péchés, et non pas tous. fondée sur la fausse interprétation d'un texte
Voilà des choses que saint Augustin ne démê- de saint Paul.
lait point assez, mais que la théologie ^colas- Ctîtle conséquence, que sai' t Augustin se
tique a distinguées avec beaucoup de justice et voyait comme forcé d admettre par suite de
de justesse, et que l'Eglise a confirmées par sa méprise, lui répuu'uait toutefois visible-
ses décisions. ment. Au chapitre vingt-sept du livre De
Le saint docteur ne présentait pas non plus Fespril et de la lettre, il dit en propres termes
une idée assez exacte du libre arbitre, néces- (jue les infiilêles, qu'il appelle im|<ies, font
saire à la créaturt; pour mériter ou démériter. quelquefois des actions ijui non-seulement ne
Dans un emlroit, il appidie libre arbitre le peuvent être blâmées, mais ijui doivent être
désir invincible et inamissible que nous avons louées. Il ajoute que, comme le juste commet
d'être heureux (3). Ailleuis, à celte observa- quelipiefois des péchés véniels, aussi le plu»
tion, que celui-là n'est pas libre qui ne peut impie fait quelquefois quelques lionnes œu-
vouloir qu'une chose, il répond .Mais Dieu est ; vres. Ailleurs il «lit i]ue la charité est l'une
libre, quoiqu'il ne puisse vouloir que le bien ; divine, l'autre humaine; que la charité hu-
mais les anges sont libres, quoique, par une maine est l'une licite, l'autre idicite et que la ;

heureuse nécessité, ils ne puissent vouloir que charité licite peut être dans les impies, c'est-
ce qui esl bon (-i) et de là il veut conclure: à-dire dans les païens, les juifs et les héréti-
que l'hominc aus.^i est libre, quoi.ju'ii ne ques (7).
puisse vouloir ipic le mal. En quoi il confond Il ait pas une édi-
est à regretter qu'il n'y
ou du moins semble cmifonilre liberté, exi'mp- tion desœuvres île saint Augustin sur le pe|a-
tion de contrainte el de vicdence, avec liberté, gianisme où l'on signale ces iuexaciiiudes et
exemption de n' cessilé- Pour mériter ou dé- où l'on y aiquise le correctif nécessaire, en
mériter en vouant une chose il faut qu'on citant les décisions récentes de l'Eglise sur ces
puisse .iiuloir autrement si on ne peut vou- ; matières. Sans cela, pour un jonime qui n'a
loir autrement qu'on ne veut, ou ne mérite ni pas une connaissance bien nette el bien ferme
ne démérite. Ainsi nous désirons, nous vou- de la doctrme de lEglise sur la nature et
lons notre propre bonheur, non |iar contrainte la uràce, la lecture de ces œuvres peut être
et malgré nous, mais une inclination invin- très-dangereuse, dod pas eo ce qui regarde

(1) Conira (/uov epist. Priag., I. IV, n. 3 et 4. — (2) Ibxi.. 1. U, n. 9. II. Op. <miK eoni. Jul.. I III
o . 112, HO. — (3) Ihiil.. 1. M, n îe. — (4) /iirf.. 1. I. n. IOJ-105 — (5)
Roni., xiv, 23. — ;6, Op. imu-y,'.
"t. Jul.. I. IV. 3Û-3Î.
ti. —
(7) Sermo tn. De tempore. Voir encore 'l'auires textes dtai un ouvr»g«
t«-hicn fait, Ànal^te du jansénisme. %aai nom «la Uau m
d'aulsur, I. III, c. ix. { 2.
LIVRE TRENTE-HUITISME.
les questions principales de la controverse pé- est ce principe dans lequel Dieu Je père a
lafiienno décidées dés lors par le Saiiit-Siégr», créé le ciel et la terre. Il ajoute L'esprit de
:

mais en ce qui des explications et îles


est Dieu était porté sur les eaux étant aussi lui-
ré[>onses à des questions accessoires, que lui même créateur, inséparablementdu Père et
faisait Julien d'Eclaiie, (pieiquefois avec beau- du Fils nous y premms bien
unique. Voilà, si

coup de finesse, questions décidées depuis par garde, comme la Trinité se revêle à nous
l'Eglise avec la même autorité que les pre- Quand il est dit, il fit dans le principe, on en-
mières. L'édition des hénédictius, bien loin de tend l'essence du Père et du Fils, Dieu le Père
corriger par quelques notes les propositions dans le Fils principe. Reste l'Esprit, pour que
louches et excessives, semble, au contraire, la Trinité soit complète. L'esprit de Dieu était
les recommander par dos lettres majuscules, porté sur les eaux.
comme des principes fondamentaux. Cepen- A celui qui lui demandait Montrez-moi :

dant le correctif est d'autant plus nécessaire, notre Dieu, saint Augustin répond Montrez- :

que plusieurs hérésiar.jues ont abusé de ces moi vous-même ce qu'il y a de meilleur en
inexactitudes échappéi's au saint évèipie d'IIip- vous, votre àmc, et je vous montrerai ce qu'il
pone, pour soulenir les erreurs les [dus mons- y a de meilleur en toutes choses, savoir, Dieu.
trueuses et qui détruisent les fondements de Vous dites que votre àme est invisible en
toute religion et de toute morale. soi, mais qu'elle se voit par ses actes. Ainsi
Quant à ce qui nous regarde, nous aimons Dieu est invisible dans son essence, mais il se
saint Augustin, mais comme lui, nous aimmis manit'este par ses œuvres, ipii sont le ciel et
plus encore l'Eglise. En signalant ce qu'il y la terre, vous-même, votre àme et votre corps.
a d'inexact dans ses nombreux ouvrages, nous Ne mesurez pas Dieu aux choses que vous
suivons le précepte et l'exemple que lui-même connaissez. Car Dieu est au-dessus de toutes
nous a donné. » Je n'ai garde île vouloir, di- choses. Considérez ce qui a été dit à Moïse,
sait-ii vers la fin de sa vie, qu'on suive mes lorsqu'il le nom de Dieu
demanda Je suis :

sentiments en toutes choses, mais là seule- celai qui suis. Cherchez, quelle autre chose
ment où l'on trouve ([ue je ne me trompe pas. est. En comparaison de lui, elle n'est pas même.

Car si dansée moment j'écris mes livres des Ce qui est vraiment ne saurait changer d'au-
Rétractations, c'est pour montrer, parla revue cune manière. Ce qui change et flotte, et ne
de mes opuscules, que moi-même je ne me cesse de changer, a été et sera. Car ce qui
suis pas suivi en tout (I). « lly a plus: dès l'an fut n'est [dus ce qui sera n'est pas encore.
;

420, ilavait dit au pape saint Boniface, en lui Ce qui arrive, pour passer, sera pour n'être
envoyant ses ({uatre livres <'onlre les deux plus. .Mi'ililcz donc, si vous pouvez Je »uit :

lettres des pélagiens :cru devoir adresser


« J'ai celai qui sais (4).
ces livres principalement à votre Sainteté, Quant au sermon de saint Augustin sur le
non pas pour lui apprendre quchpie chose, sacrement de l'autel, adressé aux nouveaux
mais pour (ju'elle les examine et y corrige ce enfants d(! l'Eglise, le voici tout entier.
qui pourrait lui dé|daire(2).)) Ce que ne lit pas « Ij'oldigation de vous adresser la parole et
le pape saint Hoiiifaci;, s(!s successeurs l'ont la sollicitude avec laipiello nous vous avons en-
fait. Ainsi donc, pai'tir de leurs décisionsdnc- fanli's pour que le Christ soit formé en vous,
Irinales pour rectitier ce qu'il peut y avoir nous presse d'avertir votre enfance. Vous qui,
d'inexact dans les ouvrages de saint Augustin, régénérés maintenant de l'eau et de rEsprit,
c'est remidi ! le vœu de saint Augustin raOme (ii) apercevez par une nouvelle lumière la nour-
Depuis l'édition desbénédictins on a re- . riture et le breuvage que voici sur cette table
trouvé plusieurs sermons inédits du saint évé- du Seigneur, et qui les recevez, avec une pié-
que d'Hippone. Les plus remarquables sont té neuve tout cela nous presse de vous jjp-
adressés aux néophytes qui ava eut rec^ii ou prendre ce i^ae signifie ce si grand et divin
allaient recevoir, dans les fêtes dr l'àqncs, sacrement, 'ce si admirable et illustre médi-
les sacrements de baiitême, do conlirmalioii cament . ^e si pur et facile sacrifice, qui, non
et d'eucharistie. Comme nous avons \u par dans seule cité de Jérusalem, non dans la
la
saint Cyrille de Jérusalinn et par saint Ain- laliernacle de Moïse, ni dans le temple de Sa-
broise, l'Eglise s'expliquait «levant ses nou- lonion, ombres des choses futures, mais, sui-
veaux enfants d'une maiiien; plus cl.iire et vant les oracles des prophètes, est immolé
plus nette sur les mysicres idirélieus, ijik; rlc- dci>uis le levé du soleil jusqu'à son couchant,
vant l'assembli'e géniir.ile des lididi's, où pou- et ulfert à Dieu, victime de louange, suivant
vaient assister les juifs et les païens, (^es ser- la grâce de la iniuville alliance. Ce n'est plus
mons de l'evéciue d'lli])|ione sont en tout une victime sanglante qu'on cherche parmi
conformes, [loir la doclrini;, aux catéchismes les troupeaux de bètes, ce n'est plus une
de l'évèque île Jérusajiun. breliis ou un bouc qu'iui approche des autels,
1..C samed: saint, sur ces paroles de la Ge- mais le sacrifice de notn; temps, c'est le corps
nèse (pi'on venait de lire Dans te principe
: cl le sang du prêtre lui-même. Car c'est de
JJieucréa le ci^lct la terre, il montre que Dieu lui qui a été prédit depuis si li.rn;temps dans
le l'ère u tout créé i>ar le Eils, et que le Kils les psaumes Tu es père éternetlemenl selon
:

De tlon» fii-rseu., r. xxi, n. 55. — (2) Contra <lua$ «pu/. !' Ii'i I. n. 3. — (3) Voir une note à U Oa
n . 1-

du ivre. — (4) S. August., èciiiio ii, De sabbaio sanclv, upiul .Mi^ue. t. II, alitu Xl.\ I n. 821.

1. IV. 33
stt HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATHOLIQUE
de MohImMech. Or, qui' Mf'lilii=(';ilnp1i,
l'or rire pelle que cela estpréflitdans l'Herilnre ssln»<«:
piêtro du Dion tir^-limil, ait i/UV.mI du |iuiii Et li'S lieux neront d'ins une riiéint chair,
t't ut

etdu vin, iiuaiid il licnit noti". iii-ie Abraham, cri nient est rjrand ; je dis dans le (hrittet /'/.'-
BOUS l(^ li-'oii'- nii livre 'II' la Genèse. glise Et dans un autre endroit il dit de cciic
» .ir-us-Ciiiii't Notre Si'ignrur, (|ui offrit eucliaii-tie elle-même /-'laut une wultiin ''.
:

•ouilraiit nous, co que naissant il a pri^


)iar nous sommes cependant un mémi- pain, un m'inf
de nous, dovotm a jamais prince des prêtres, corps. Vous commencez donc à recevoir ce <pie
a donné l'ordre de sacrifier ce que vous voyez, vous commencez ix être, «i vous ne le recevez
savoir son corps ot son »ung. Car son coriis pas imlignement, pour ne pas manKer et
percé de la lame a émis l'eau cl le snnj,', pur liiiire votre jugement. Car ainsi parle-l-il :

où il n remis nos péchés. Vous souvenant de Quiconque mnnqern le pain ou boira le calice du
cette f^rAce, on opérant votre salut, que c'csl Scii/nrur indirjnmipnl, sera coupable du corps et
Dieu (jui rn]iére en vous, appiodiez avec du sont] du ."^i.iijneur. Que Fliumme t'éprouve
crainte et trenildemeiil de la participation de donc lui-même, et qu'ainsi il mnnije de ce pain et
cet autel. Reconnaissez dans le pain ce (pii a boive de ce calice. Car qui mamje et boit indi-
pendu à la croi.x dans le calice, ce qui a
: gnement, mioif/e et boit son juijement. »
coulé du côté ouvert ; car tous les anciens sa- Or, vous le recevrez diL'nement, si vou«
crifices du peujile de Dieu figuraient, par une vous gnrdez du levain de la mauvai«e doc^
variété mullipi(\ ce sacrifice niiiiiue qui de- trine, afin il'étre des azymes de sincérité et de
vait venir. En ellet, le rriéme Christ est hrehis vérité Ou bien si vou< conservez ce levain de
;

par la simiiiioilé lie l'innocence, et bouc pur la charih', qu'une femme a caché dans trois mf-
la resseinlilanco de la chair de pèche. Enlin, sures de fiivinejusqu'à ce que la totalité fût levée.
quoi que ce soit qui ail été, do tant et diver- Car celle fenimi- et la sasesse de itieu, qui,
ses manières, annoncé dans les sacrifices de incarnée d'une vierge, di-'^émine son Evanaile
l'Ancien Testament, il appartient à ce sacri- dans tout l'univers, réparé déjà par elle a|»rè»
fice unique, qui a été rovclô par le Nouveau le déluge dans les trois fils de Noé, comme
Testanicut. en trois mesures, ^iM^i/'i eeque la totalité toit
» Recevez donc et mangez le corps du fermentée. C'est ici celte totalité .i\\iiî le» Grec*
Christ, devenus vous-m.'mcs, dans le coriis appr'llent //o/on, où si vous gardi-z le lien de
du Christ. Recevez ot buvez le .sans du Christ. la paix, vous serez confurme* à la tntalilé,
Afin de no pas vous dissoudrOj mangez votre ce que les Grecs a])pellent cathohn, d'où l'E-
lien. Afin de ne point paraître vils à vos pro- gli-e se uomme catholique (I).
pres yeux, buvez votre iirix. Comme ceci est Dans un autre sermon aux premiers com-
changé on vous, quand vous le manuez et le muniants, saint AuRu-lin en-eii:ne de nou-
buvez, ainsi vous-mêmes êtres changés au veau que le cor|is du .Seiimenr est sur l'autel,
corps du Christ, lorsque vous vivez selon et que nous somme- ce corps; que l'eucha-
l'obéissance et la piété. Car lui-même, à ristie est le symbi)lc de l'unité et il expose ;

l'approche de sa passion, comme il faisait la la liturgie du sacrifice.


pàque aveesos disciples, [irit du iiain, le bénit u Ce que vous voyez sur la table du Sei-
et dit Ceci est mon corps, qui sera livré pour
: gneur, c'est du piiiu et du vin. M. ils ce pain
vciis. Sembiablemcnl il donna le calice béni et ce vin, lorsque s'y joint le verbe ou la pa-
en disant Cea est mon nun;/ du Nouveau Tesla-
: role, devient le corps et le san^ du Verbe. Car
vient, qui sera versé pour beaucoup en /'émission le même Sei'.;ueur qui</'in.«fc />r(>i' i;j< était le
des péchés. Voilà ce que vous lisiez dans l'E- Verbe, et Verbe chez Die-i et Verbe- Ui tu, ce
vangile ou entendiez dire mais vous ne sa-; même Verbe, par compassion pour ce qu'il a
viez pas que celle eucharistie est le Fils. ciéé à son imaite. s'est fait chair et a demeuré
Maintenant donc, nettoyés de cœur dans une parmi nous, comme vous savez ; parce que le
conscience pure, et lavés de corps dans une Verbe lui-même n |tri> l'Iiomm", c'est-ànlire
eau ]iurilianle, approchez vous de lui, et soyez l'àme et la chair île l'homme, et il esl devciiu
illuminés, et vus visayes ne rouijiront pas. Car si homme, en demeurant Dieu. C'e*t pourquoi,
vous prenez dignement ceci, qui a[>partienl comme il a aussi snullert pour nous, il nou» a
au Nouveau Testament, par qui vous espérez laissé dans ce sacrement son corps et son sang,
l'héritage éternel, en observant le nouveau et il nous a fuit nous-mêmes son corps. Car
commandement, de vous aimer les uns les nousmêincs avons été faits sou corps, et p.ir
autres, vous avez la vie en vous. Car vous sa miséricorde, ce que nous recevon-, nou» le
prenez cette chair, de laquelle la vie elle- sommes. » Saint .\ugU'tin fait remarquer par
même dit Ze /yai» que je donnerai,
: c'est ma combien d'épreuves, de transmutasions, doi-
cfiair pour la vie du monde, et i*»/ quelqu'un : vent passer les grains de blé jetés en terre,
ne mange ma chair, et ne boit mon sang, il pour devenir un seul et même corps mystique
H aura point la oie en soi. de Jésus-Christ.
n Ayant donc la vie en lui, vous êtes avec Parlant des cérémonies de la mK«sc , il dit
lui dans une même chair. Car ce sacrement aux nouveaux communiants : « .Xprês la salu-
ne nous donne pas lecoips du C.hiisl, de ma- tation que vous connaissez. If Seiijneur nvee
nière à nous en ^épuJ•er. L'Apolre nous rap- vous, vous avei entendu, a haut le cœur.

(1) &. Au^uu., termo m, p. aan-Si».


LIVRE TKKNTE- HUITIÈME.
Toute la vie des véritiLlt-s chrétiens consiste •iit pas d« se dire toujours évèque daus les
à avoir le cteur en liaut. Que veut dire, et lieux où il se teno.it cache, et ne voulait point
haut le cœur? Espérez on Dieu, non en vous- suoir le jugement oe ses confrères, quoii|ue
mêmes. Car vous êtes d'en bas, Di^'u est d'en les Pa|>es l'y eussent renvoyé bien des fois. Is
haut. Si vous espérez en vous-raènios, votre clergé de l'église de Valence a-'ressa de nou-
cœur est d'en has, et non pus en liant. C'-st velles plaintes au pape .joniface, et les évê-
pourquoi, i|nfind vous entendez dire auprèlre. (lues des Gaules y joi^nireii' de> mémoires,
le CiPur en hont vous réuundez
. A'o«« l'avont : (juoioue les fuites île Mixime don.*assent as-
au S''i'/neiir. Tâchez que voire n^pon^e soit sez de droit de le condamner dis lors, le Pape
vcritalile. Connue c'est uu ilon de Dieu d'avoir voulut bien encore lui donner un délai. Il or-
le cienr en haut, le prêtre reprend /ieiutdns : donna qu'il serait jugé par les évèques des
grâces au Seigneur nuire Dieu. De quoi rendre Gaules, assemblés en concile avant le 1" de
grâces? De ce que nous avons le cœur en novembre, et que, présent ou absent, il serait
liaut :car si Dieu ne l'avait relevé, nous se- jugé sans autre remise, à la condition, décla-
rions gisants par terre. Ajirès cela viennent rée micessaire dans la lettre, que l'antontp
les saintes prières que vous enti-mlrez, aiia du Pape confirmerait le jugement (2).
que la parole se joignant aux dons otTeits, ils Vers le mois d'août de la mi me année 419,
deviennt'nt le corjts et le sang du Christ. Car les Corinthiens ailressèreut une requête au
otez la parole, c'est du pain et du vin. Joi- pape Boniface à cette occasion. Il y avait chez
gnez-y la parole, aussitôt c'est autre chose, eux un nommé Périgène, homme de grande
l'^l quelle autre.' Le corps et le sang du Christ. réputation de probité, qui était né à Corin-
Otez ainsi la parole, c'est du pain et du vin. Joi- thc, qui y avait été baptisé, qui, après avc'f
gnez-y la parole, et ce devient le sacrement. passé par tous les degrés de la cléricature, y
A qutn vous dites amen. Dire amen, c'est taisait depuis plusieurs années les fonctions de
sousi'rir.'. Aoicn signifie, c'est vrai. Os dit prêtre avec beaucoup d'éditication t d'inté-
ensuite l'oiaison dominicale, que vous avez grité. Le siège de Palras en Acliaïe étant de-
apprise, et récitée parcoMir. ICt pourquoi dire venu vacant, l'évéque deCoriiithe en ordonna
clIIc oraison, avant de reci-voir le corps et le Périgène évèque; mais le peuple ne l'ayant
sang du Christ'? Alîii de purilier le cœur des pas voulu recevoir, ni periueltre qu'il entrât
moindres fauies, en disant à Dieu l'ardonnvZr : dans la ville, il s'en retourna ^^ Corinthe.
nous nos offenses, .\pies quoi l'on dit l.upuix ; Uuebiue ti'mps après, l'évoipic ,1e cette ville
foit arec rou.i. C'est un grand sacrement que étant mort, les Coiinthicns ilcmauiV'n'nt au
le liaiser «le paix. Daisez, di" manière à aimer. pape Boniface qu'il leur donnât Périgène
Ne soyez pas un Judas, qui baisait le Seigneur pour évèque. et ou'il agréai su trausialion de
de la bouche, et le trahissait dans le cœur. Si l'évèché di; Patras à celui de Connihe. Boni-
quelqu'un vous hait, aimez-le, et vous don- face ne douta point que b'ur demande ne vint
nerez le baiser avec assurance (I). » de l'amour ardent qu'ils avaient pour la reli-
Tels sont les sermons de ,^aint Augustin aux gion fit le bien de leur église mais il fut sur-
;

premiers communiants de son ég.ise. Comme pris qu'en lui demandant Périgène pour
dans les calt-chi-^rnes de saint Cyrille de Ji-ru- évoque, n'eussent pas joint à leur requête
ils

salem, on croirait assister à une première une de Ru fus, de Tho-;salonique. vi-


lettre
communion de nos jours. C'est la niémi' doc- caire ou légat du Siège apostolique dans l'A-
trine, c'est le même langage, c'est le même chaïe et la Macédoine, selon le» décrets des
sacrifice, ce sont les mûmes prières. Aujour- papes Damase, Sirice et Innocent, il écrivit
d'hui encore, a|)res l'oraison dominicale, le donc à Rufus, et lui envoya en même temps
]iri'tre nous dit Que In paix du Sei/jneur soit
: la requête dcf Gonnthic"'
t'iujdurs avec vausl Un'il est consolant pour le Comme Hufus, d>'puis i|u'il avait été cons-
liilê e. catholique de voir ainsi qu'il n'a i|u'un titué vicaire du Saint-Siège daus llllyrie,
cujur, qu'une âme, qu'une toi, qu'un langage, avait consulté le pape Boniface sur divers
avec tous le» saints et les docteurs de l'K- points de discipline, il en reçut aussi une am-
glise ! ple réponse avec plusieurs lettres ijue Boni-
Dès le 13 juin 410, le pape Boniface avait face écrivait à divers ève.|ues, pour maintenir
écrit une lettre aux cvéciucs des Gaules et des la discipline dans sa |)urotè, et fermer la porte
sept provinces, particulièrement à l'atrocle aux nouveautés que l'on voulait introduire.
d'Ailes et à treize autre-; qui sont nommés, Kufns notifia toutes ces lettres à ceux à «[ui
desquels on ne connail t|ue, lliidii'c de N'ar- elles étaient adressées, et manda ensuite uu
boune, Léonce de Frejus, et son l'rère Casto- Pape ([ue la pluDurt des évèques, nomiuémeut
rius 'l'Apt. L'<pbjel de lu lettre était le juge- Adelphius et l'origène, consentaienv \ ob.sor-
ment de Maxime, évoque de Valence. Il était ver ce (ju'il leur avait écrit; luais que quel-
accusé de [dusieurs (Tiines, entre autre» d'être ques-uns s'y opposaient, il qu'il y avait des
manichéen, e» on le prouvait pur «le-, actes abus à corriger. Nous n'avons ni ce- b'itrcs
sydonaux. On montrait aussi, |)ar des actes do de Uufus ni celles que le Papi« lui adressa
juges séculiers, iiu'il uvail i-tô mis à la (pies- pour divers évèques, mais nous en avons la
tion et condamné pour homicide. Il ne lais- soa'mai.e dans d'autres qui nous restent. Bo-

(!>& August»! Mrsao vi, col. bJ4-eJt>. — (2) Eonif. Sj>itt. lU.
41 r, HISTOIPE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
iiiliicc, ne reccviint rii'ii df lï'V(''i|ue de Tln's- pruidil par un rescrit dont il chargea le«
sal()ni(iue sur l'alfiiiic diA Coriiillii', Iuumi écri- mêmes députés, et dans lr.|uel. apte- plu-
'
vit une seconde Icltie le 19 scptcmlire 41!). 11 sieurs choses all'ectueuses pour le Pape. \\ dit
g'y loue beaucoup de sa vigilance, fie son Si, contre nos vo-iix, il arrivait i|ue|que acci-
zèle et de se? vues pleines de foi. « Vous avez dent a votre Sainteté, que tout le monde sa-
très-bien di! dans vos lettres, que l'aiiolre che qu'il faut s'absli-nir des briiiues; et que,
saint l'ierrc tixe sur vous ses regards; oui, il si deux personne» sont ordonnées --onlre le»
regarde comment vous vous aci|uittez(li' votre règles, aucune des deux ne sera évèque, mais
part au gouvernement suprcme. Il ne peut seulement celui qui sera élu de nouveau du
point n'être pas près de vous, celui ipii a i;lé nombre des clents, par le jugement de ifieu
constitué jiasleur per])étuel des brebis du et d'un consentement unanime (3).
Seigneur ; il ne peut point ne pas soigner une Atticus, évèque de Con-lanliiiople, avait
église (luelconquc, celui (pii a i^tc posi' le l'on- (d)tenu une loi de Théodore le Jeune, qu'au-
dcment de l'Eglise iinlversclle. n 11 l'exhorte, cune ordination d'évéque n'aurait lieu, dans
en consé(iuence, à veiller toujours de même riielles[ioiit et les autres provinces, sans l'aveu
sur toutes les églises que le Siège apostolique de l'évêque de (;onslantino|de (4;. L'ambition
lui avait confiées. Il lui parle avec beaucoup des évêqnes île Ryzance, auxquels ni l'Evan-
d'éloge de celle deC.orinliie. particulièrement gile ni la tradition n'accordaient aucun privi-
de Pci'igène, qu'elle demandait pour évèqiie, li'ge,cherchait des lors à se dédomma^jer par
et auquel, dit le j'.ipe, il ne. nian(iue plus, le crédit de la puissance .séculière. Allicus,
pour la pleine coidirmalion de son épiscopat, d'ailleurs, n'était pas fort 5Cru|)uleux sur li-s
que d'avoir reçu des lettres de noire [lart. dé- moyens de jiarvenir. Encore piètre de (>jns-
pendant, ]iour lui é>rire, il attendait une let- lantinople, il avait contribué jilus que tout
tre de Hufiis, afin de maintenir à la lois et autre, par ses cabales et ses taux lémoi;;nage*,
l'autorité de la chaire apostolique et l'hon- à faire chasser saint (^lirysostome il avait ;

neur de son légat. Ayant reçu une réponse persécuté ceux qui lui liemeuraient lideb-s; il
favorable, tout bien examine, il établit Péri- n'avait rétabli son nom dans les diptyques
gène évèque de Corinthe, eu ordonnant (ju'il que forcé par le peuple. Il n'y a guère de
serait intronisé dans le siège mi'tropolilain de doute que ce ne lût encore lui, de concert
cette ville, et il envoya pour cela une autori- avec queh|ues évèques d'Illyrie, qui surprit
sation à Rufus (I). au même 'l'héodose une loi du 14 juillet 421,
Voilà ce que nous apprennent les lettres du dans laciuelle, sous prétexte d'obMîrver les
jiapc saint Honiface. L'historien Socrate, qui anciens canons, il est orilonnéque, s'il arrive
écrivait dans fc temps-là même, raconte la quelque dilticullé dans l'Illyrie, ••Ile soit ré-
même chose en ces mots « Périgène avait : servée à l'assemblée des évèques, non sjins la
été ordonné évèque pour Patras mais parce ;
participation cle l'évêque de Constantiuople,
que habitants de cette villi^ refusaient de
les qui jouit de la prérogative de l'ancienne
le recevoir, l'évêque de Rome ordonna qu'il Itouie. En sorte que l'empereur prétendait
fût intronisé dans la métropole de (lorinthe, transférer à l'évêque de Byzance rins|iection
après la mort de l'évêque de cette église. En sur l'Illyrie, dont l'évêque de Thessalonique
conséquence, Pérlgêne la gouverna toute sa était en possession comme légal du S;iint-
vie (2). » Sie^'e. En vertu de cette loi, l'ambitieux
Cepend.mt le pape Boniface fut attaqué .\tticus indiqua un concile à Corintbe, pour
d'uni! longue maladie pendant l'été de l'an- examiner l'ordination de Périgène. que le
née suivante 420. Tout le clergé et le jieuple Siège apostoliijue avait solennellement con-
lui en témoignèrent beaucoup d'alarmes, et lirmèe.
le prièrent de pourvoir au repos de son église; Boniface se montra, sur-
.Mais le paiie saint
car on craignait des briuues pour l'élection tout en rencontre, le digne successeur
celti;
de sou successeur. Le Pape, à peine convales- de s.iinl Pierre. Il lit des démari-lies, il écrivit
cent, écrivit à l'empereur Ilonorius, |iar des lies lettres d'une sai^esse, d'une vigueur, d'une
cvèques députés en son nom et au nom de autorite tout apostoliques.
toute l'Eylise romaine, le priant que sous sou Il s'adressa d'abord à l'empereur d'Occi-
règne l'Eglise eût au moins la liberté ipi'elle dent. Ilonorius, et lui envoya des députés
avait sous les empeieurs païens, de maintenir jiour obtenir, à la recommandation de ce
ses anciens règlements. Pour l'y engager, il prince, que cette loi n'eût pas de suit»*, et
lui parle des prières que l'Eglise faisait dans qu'on ne violât point, par de nouvelles cons-
la célébration des divins mystères pour la titutions, les privilèges établis par les Pères
prospérité de sov. empire. Il relève aussi le en faveur de l'Eglise romaine, qui avaient été
zèle q'ie ce prince faisait paraître pour la vé- en vigueur jusqu'alors. Honorius fit ce que
ritabla religion, soit en maintenant la vérité, le Pape souhaitait. Il écrivit à l'empereur
soit en déliuisaot le culte des idoles, soit en <!'( trient, Thi'odose. qui cassa auss''<il ce que

réprimant l'insolence des hérétiques. Cette des évèques d lilyrie avaient obtenu par su-
lettre est du l"dejuillt* L'empereur y ré- brcplion. Ce prince déclare, dans sa réponse

ni Honif.. Ei>ist. iv, V •( IT. — (2) Soc, 1, VU, c, xxzvi. — (J) Cousl., BoqJ., Syul. ru et vui. — (*J
, vil, c. XXViU.
rjVHE TnF.VTE-HUITlEME. 517

à lVm(irrPur Honoiius, confoiméincnt ù


(]iic compilés, mais qu'on s'est gardé d'y nii^tirc
sa volonté, il a écrit aux oflicicrs des provin- la seconde qui révoque la première. Nous
ces (l'Illyrif' i)'- rotahlir l'ordre ancien et de observerons à notre tour que Fleury se per-
maintcntc les privilèges de l'Enlisé romaine, met des omissions pareilles. Par exemple,
sans aucuns éf^ardsaux suln-cetions des évo- dans les lettres et du pape saint Boniface et
ques. Celt'^ seconde loi de Théodosc, ainsi que de tous les Papes des premiers siècles, il a
la première, comme aussi la lettri' d'Hono- grand soin d'iuuettre ce ([u'ils disent sur l'ir-
rius, se sont conservées dans les archives de réformabilité de leurs jugements, afin de pou-
l'Eglise romaine (1). Les compilations de lois, voir dire et repiHer plus tard que ce sont les
laites à Constantinnpie sous Tliéodose et sous fausses décrétali-s qui ont introduit dans
Justinien, ne mettent ipie la première, ("est rE'.:lise de pareilles maximes, inconnues à
qu'il n'y avait ipie celle-là de favorable aux l'antiiiuiti'î. Ce calcul est plus «ligne d'un so-
évèciues ambitieux de la capitale. phiste grec que d'un historien impartial.
Le pape saint Bonit'ace érrivit surtout à Le Pape dit dans sa lettre aux évèques de
Rutus de Tliessalonitjue. Il lui rappelle que Thessalie L'institution de l'Eglise univer-
:

c'est saint Pierre <jui lui a commis une |iorli(Ui selle a commencé, dès sa naissance, par l'hon-
de sou autorité sur les provinces de l'Illyrie. neur du bienheureux Pierre, eu qui consiste
Les tentatives récentes pour l'amoindrir ne son gouvernement et son ensemble. C'est de
dcîvaient et ne pouvaient avoir d'ell'et; car il cette source i]ue, avec les progrès de la reli-
ne faut point céder aux entreprise-; de ceux gion, la discipline ecclésiastique s'est répan-
i|H'animent l'esprit d'innovation et le désir due dans toutes les églises. Les actes du con-
d'une di.nniti! i]ui ne leur est pas due; mais cile de Nicée l'attestent. Cette assemblée n'a
il faut combattre de telle sorte, qu'avec le rien osé statuer à son égard elle voyait qu'oa
;

secours de Dieu, quiconqui' s'élève contre le ne pouvait rien lui conférer au-dessus de soo
droit, trouve jiai'lout de la résistance. C'est mérite; elle savait que tout lui avait été ac-
pourcjuoi, bieu-aimé frère, fort de l'autorité cordé par la parole du Seigneur. Il est ilonc
cpie vous avez reçue depuis longtemps, armez- certain que cette église est, pour toutes les
vous comme un vaillant soldat de notre Dieu églises répandues dans l'univers, ce qu'est la
conlie les bataillons ennemis. Vous n'avez tète pour les autres membres quiconque s'en :

]roiiit >à craindre d'issue incertaine. Le bien- sépare devient iHranner à la religion chré-
lieureux apôtre Pierre, assez puissant tout tienne, parce qu'il n'est plus dans le même
seul, comlialtra devant nous. Ne vous effrayez ensemble.
point des au:itations de la mer. Le pècbeur J'apprends que quelques évèques, au mé-
pour qui vous travaillez ne soull'rira point pris du droit de l'Apotre, tentent d'innover
que la prérogative de son siège périsse, toute contre les préceptes formels du Christ, en
teuqiète cessera par la protection de qui seul cherchant à se séparer de la communicm, et,
a mai'ché sur la mer. Il se trouvera près de pour dire plus vrai, de la puissance du Siège
vous et ré|)rimera les violateurs des canons et Apostolique, en invoquant le secours de ceux
ilu droit ccclesiast que, par l'autorité de Dieu, à qui les canons de l'Eglise n'accordent au-
ipii toujours se plait à frustrer li;s vœux de cune prééminence. On lit les préceptes des
pareils esprit^. Le Pape ne nomme point Atti- ancêtres on y voit à qui ils ont confère' qnid-
;

cus de Cou'ilantinfqde, mais on sent bien ijue que droit sur les l'glises. Celui-là donc est un
c'est de lui qu'il est question. violateur de la discipline ecclésiastici\ie, i|ui
Contre les autres récaliitrants, continue le en subtilise les lois (mi s'arrogeant lui-même
saint Pape, exercez la puissance qui vous a ce <]ue li's Pères lui refusent. Uecevez donc
été donnée. Vous voyez que nous n'oublions notre admonition et noti'c ré|>rimande, dont
rien. A ceux de 'riiessali(,', nous avons envoyé nous adressons l'une aux pontifes, l'autre aux
des lettres pleiiu's de menaces et de répri- récalcitrants. Boudez à votre chef l'hoiiniMir
maiiijes. Au concile qu'on dit qui doit s'.is- (pii lui est dû. (Juc si Bufus avait excedi- m\
si'Uibler illicilemeut à (;(M'inlbi\ toucliant la quelque chose, il lallait nous en prévenir [lar
c:'.usi' de notre frère et co-i-veque Pèrigène, une députation, nous qui .-ommes chargés du
dont nous avons écrit que l'état ne pouvait soin de toutes b-s choses; car si le Siège apos-
être troublé d'aucumi manière; à l'e ciuicile toliijue possède la piinci|iauli\ c'est pour re-
nou~ adressons di's jetties telles qu'elles lèront cevoir les plaintes lè-gilimesde tout le momie.
comprendre à tous les IVèies, premièrement : Qu'elle ces.se ilonc, la présomption nouvelle;
qu'ils ne devaient aucunement s'as-embler que personne n'ose espérer ce (pii n'est pas
sans votre aveu; ensuite, (ju'on ne doit point permis; que nul n'enlre[>renne de violer ce
revenir sur nntii- ju>;emenl. (^ar jamais il n'a t|ui a été lait par les Pères cl observé depuis
été permis ili «raiter de nouveau ce qui a ét-i si longtemps. Quiconque se recounaitèvèque,
une fois statue par le Siège Apostolnpie (-2). qu'il obéisse à c(^ ipie nous avons réglé. Que
Kleury oiiserve ([ue, dans le code des lois, nul ne présume ordonner des évèipies dau:
l>n .1 bien mis l.i premi' re loi ilc Tlu'odose l'Illyrie, sans l'aveu de notre coévèque Uufu^,
loucliaul l'Illyrie, ((.nime avant.igeuse à la Le Pai)e ajoutait ce «pi'il avait déjà dit dans
ville de Conslaidinople où ces codes furent la première lettre, qu'il avait chargé Hulus

UiuîJdut, col. lO.'J 1030. — (î) Ibia. Uonif., Efttt. xiu.


118 HTSTOIHE UNIVERSELLE DE L'EGLISE CATnoMQnE
d'cxnminftr l'aflainî de l'év('^i|iu' ilc IMiiir>;iilc, rli.iqne fois «pjc ru>a;^'; ou l'utilité re.xigeait,
qui avait envoyé un méntioiio au Sainl-Sii-gf, Atlianasc, de .'ainti^ mémoire, et Pierre, pon-
où il se plaif^niiil îles tracasseries de ses col- lil'<;> de d'Ab'xaiidrie. i-nl imploré la
l'égli-e
It'gues. 11 leur variait ensuite de trois évé- |pioieclion de ce Si
'ge. Et tout le temi)s <jue
(jui'.s, qu'il jugeait dcvcjir exconimunirr, à l'église- d'Anliochi- était en soulfrancc- et qu'il

nioins que Ruiiis iriiitcrcéilùt pour eux. tjuaiit y eut à ce sujid tant de iléputalions de là ici,
à un (luatriènae, qui avait él(! mal ordonné, d'aliord sous Mélèce, ensuite .sons Flavien, il
il le diîP'jsc ul'soiuiui'nt do ri'pisiT.'jiat ('). est lèen maidfe-te qu'on a consulté le Siégo
Boniiace écrivit le mrme joui, 1 1 mars 422, apostolique. Et personne ne doute ;{ue ce ne
une troisiènio lettre à liufus en parlicjdier, et lut par l'autoiité lic ce siège que Flavien reçut
en général à <ous les évèques de Maci'iloine, '
de la communion, de laquelle
nlin la grâce
d'Achnïe, do fliessalie, d'Epire, de Prévale et il eut été privé à jamais, si des lettres n'a-
de Dacii.'. au .sujcd du concile (jui devait vaient émané d'ici à cet égard. De même
s'ttssembi'ir à Corinlhe pour examiner l'élec- l'emiiereur 'l'hèodose, persuadé que l'ordina-
tion de l'érigène, C'est sur le hicnheureux tion lie Nectaire n'avait point de force , à
apôtre Pierre que, par la sentence du Sei- cause qui* nous ne la connaissions pas, envoya
gneur, repose la sollicitude de l'Ej^lise uni- des évêques avec des personnages de sa cour,
verselle; car, d'après le lérnoigpnso de l'Evan- et demanda, suivant les règles, qu'on lui en-
gile, c'est sur lui qu'elle est fondée. Aussi cet voyai du .Siégr; de Rome une lettre formée qui
honneur ne peut-il jamais être exemjit de affermit son sacerdoce. Récemment encore,
soins, étant certain (pu; c'est de sa dejdiéra- sous mon priMléees^^eur Innocent, de sainte
tion que dépend l'enscmlde et la décision mémoire, les pontifes d(!s l'glises orientale.',
souveraine des choses. Ue là la vigilance du affligés de voir séparés de la communion du
Pape jusque sur l'Orient de là sa surprise ; bienheureux Pierre (c'était par suite de l'in-
quand il apprit qu'un concile devait se réunir juste déposition de saintChryso.-tomey, envoyè-
à Corinthe pour disculer l'élection d'un évoque rent des députés demander la paix. >'omme
(jue le Siège apostoiii[uc avait confirmée. Il votre Charité s'en souvient. Et le Siège apos-
rapporte en détail toiil(' l'all'aire de Périgène, tolique, à l'exemple île l'apôtre, jtardonna et
la maturité que le Saint-Siège avait mise à la accorda tout avec beaucoup d'indulgence.
juger. 11 rappelle quel danger c'est de ré-ister D'après ces autorites et ct-s exemples, la
au bienheureux Pierre, lui qui a les ciels du i'a[)(i les engage comme ses frères, s'ils vi ulcnl

ciel, et sans qui on ne saurait ainsi parvenir demeurer dans sa communion, de ne point
à Dieu. Kl on assemblerait un concile pour discuter de nouveau la cause de Périgène,
faire ce qui ne peut absolument se l'aire dont l'aj otre l'icrre, par l'inspiration de l'Es-
d'après les canons"? Et on mettrait en doute prit-Saint, avait une fois affermi l'episcopat.
l'honneur de notre frère et coévèque Péiigéne, .Mais si,depuis qu'il a é-té établi eveque par
lui que notre sentence a placé sur son Siège'.' notre autorité il a
, commis quelque faute,
Est-il anivé peut-être quelipus nouvel accu- n(dre frère lîulus en prendra connaissance avi-4:
sateurs des contrées lidnlaincs? Quel est celui ceux de nos frères qu'il choisira, et il nous en
des pontifes qui, après avoir lu nos leltres, a fera le ra[)piirt (2). Le résultat de ces lettres
commandé que la foule de nos frères s'assem- du saint Pape fut, comme déjà nous l'avons
ble'? pLÙsiiuo le lieu le demande, relisez les ap]iris de Sociale, que Périgène gouverna l'é-
canons vous y trouverez quel est, après
; glise de Corinlhe toute sa vie.
l'Eglise romaine, le second Siège, et (jncl est Le pape saint Uoniface reprima, celle même
le troisième. Jamais personne n'a levé une année 4::2, dans le> Gaules, une entrcnrise de
main audacieuse contre la sommité aposto- Palrode d'.\rles, qui avait ordonné à Lodève,
lique, sur le jugement de laquelle il n'est pas hors de sa province, un évèque qui n'était de-
permis de revenir; nul n'a été rebelle en ce mandé ni par le clergé ni p:ir le peuple de la
point, si ce n'est celui ([ui a voulu être mis ville. Ils s'en plaignirent au Pape, qui écrivit
lui-même eji jugement. Les grandes églises à Hilairc, évèque de Narbonne, métropole de
dont nous parlons, celle d'Alexanilrie et celle la province, cl lui envoya la requête du clergé
d'Anlioche, gardent leur rang sinvant les et du peuple de Lodcve, lui ordonnant d'aller
canons, car elles connaissent le droit ecclé- sur les lieux, et, si les choses étaient telles
siastique. Elles gardent les ordonnances des qu'on le disait, d'y ordonner un évèque sui-
anciens, nous déférant en toutes choses, et vant leur désir, tant par son droit de mclro-
recevant en reloiir cette grâce, qu'elles con- politain, que jiar l'aulorité du Sainl-Sicge; le
Daissenl nous devoir dans le Seigneur, qui est tout contormeinenl au sixième canon de Ni-
notn? |iaix. cée, qui conserve les droits dc^ métropolitains
Mais puisque la chose le demande, il faut dans cliaqu:- province \3).
prouver par les docnineids. que les plus Le pape saint Rxniface mourut la mémo un-
gr.indes églises do l'Diient onl toujours con- née 122, le 4 de sopleinbre; et le dim.incjio
-uilt' le Siège do IJome dau> les grandes suivant, le onze du même mois, on élut -aiu
»tl'aires où il ètail besoin d'une plus grande contestation Celeslin, Il uniiu ilc nai>3aui4i
.liscussioUj et qu'elles oui imploré l'assistance qui tint le Salal-Siége prés de dix an«.

U) Boaif., tpisl. xiy. — (î) M., *pitt- rr. — (J[) lii., tr»M. xa
LTVRE TRENTE- HUITIÈ^rE. 519

L'empereur Honorius mourut le 13 août do dans l'attente, le prêtre sur lequel Augustin
l'anrK'e suivante 423, après en avoir régiiô avait compté lui man»pia tout d'un coup
vinut-lmit, depuis la uiorl de son père, le et ne voulut jamai< éti-c ordonne évèque.
f,'ranil TWodose. Il eût été un parliruljer esti- II cul de la prudence de ne rkn précipiter

mable ; il fut un prince nul. 11 aimait iioau- dans une aH'aire aussi grave. .\u-.rustin ne put
coui) sa sœur Placidin il
; lui avait t'ait épouser se ré-oudre ;\ remettre l'ordination et à ren-
Constance, qu'il déclara empereur au enm- voyer, sans rien faire, le primat, qui était ua
niencement de 421. Constance, étant moit vieillard vénérable, venu de forf loin et à
huit mois après, il linit par chasser l'iaciilie grand'peine. 11 présenta donc pour évèiue de
de Ravenne, où il tenait sa cour, et elle s'était Kussale un jeune homme nommi; Antoine,
réfugiée à Constantinople avec ses entants. élevé par lui dés l'enfunce dans son monastère,
Avant que la nouvelle de la mort dilonniius mais qui n'avait tpie le degré de lecteur et n'é-
y fût arrivée, Jean premier, secrétaire d'Etat, tait pas encon; assez c'prouvé dans le ministère
se lit reconnaître empereur à Ravenne, et y «le l'Lj^'lise. 11 fut ordonné évôq\ie, et le peuple

régna sur l'Occident un an et demi, soutenu de Fussale le ri-c^ul avec une entière soumis-
par Castin, j^énérnlissime des troupes. Comme sion; midhcureusemenl il se conduisit très-
il s'atten'Iait à être attaque du colé de Cons- mal. L' scandale fut si grand, que son peuple
taiilinii|ile, il envoya le général .Vëlius chez l'aceu.sa, devant saint .\ugusliu et devant uq
les llun-i, pour en ramener une armée auxi- concile d'(''vèqueâ d'exercer une domination
liaire. 11 voulut aussi se faire reconnaiire eu iii<upportidjle ainsi que de- pillages et îles
Afri(iue; mais le comte Bonil'ace, qui y coin- vex liions diverse'^. I>i'- étranners ruccusèrent
manilait, lui résista, et soutint tidelcmi'nl le même d'impureté mais ils m; puient le prou-
;

parti de la princesse Placidie et de ses enfants. ver, et les évéqui's ne le trouvèrent pas asseï
L'emper.'ur Tijéodosc les soutint aussi, el dé- cou|iablo pour le priver de l'épiscoput. Ils le
clara césar le jeune Valentinien, lils de Piaci- conlamnérent premièrement à I.> rostiiution
die et de Constauce. Théudose envoya des de tout ce que l'on prouvi-rait qu'il avait pris,
troupes eu Italie. Jean fut defiit el tué au et à de:neui-er privé de la communion jusqu'à
mois de juillet 423; et Valentinien III, qui n'a- ce qu'il eût restitué ensuite à quitter ce peu-
;

vait pas encore sept ans, lut reconnu empe- |de qui ne pouvait plus le soulfrir et serait ca-
reur d'Occident, le 23 octobre de la même an- [lalile d'en venir à quel [ue violence ainsi il
:

née. Le général Aëtius fit sou traité avec demeurait évèque, mais sans église. Antoine
Placidie, et, à force d'argent, engagea les acquiesi^a à la sentence et consigna la valeur
Ihui:: à retourner d'où ils étaient venus. On de ce qu'il avait pris, suivant l'estimation qui
publia dès cette année, sous le nom de Valen- en fut faite, atin de rentrer dans la commu-
tinien, [rlu:**(iurs lois cu favcur de l'Uglise, nioQ.
alin de réparer le mal que lui avait fait l'usur- Toutefois, il appela ensuite au Saint-Siège
pateur. et pri'sentauue requête au pape Boiiiface, par
Aititus de Constantinople mourut aussi le laiiucllo, en dissimular.t le lait, il ilemandaità
10 octobre 423. Après bien de^ disputes sur être rélabli dans son siège, soutenant ;u'il n'a-
reli'ctiun d'un successeur, on élut le prêtre Si- rai t pas du l'U être privé, ou qu'u Tailuit aussi
sinius, aimé du [leuple pour sa pieté et [lour le di'])oser de l'épiscopat. Il lit mi'iue écrire au
sa cliaiité l'uvers les pauvres, il fut ordonné Pa[>e en sa faveur par le primai de Mumidie,
le 28 de février 420. auijuel il avait persuadé son innocence. Lt>
l)c son coté, saint Augustin avançait fort en paiie IJiMiiface écrivit pour le rétablir, ajoutant
âge; il avait près de soixante-dix ans, lors- cette réserve s'il a tldelement cx[)oso l'ordre
:

qu il éprouva un chagrin bien sensible. Il y des choses, .\ntoine faisait valoir ce jugement
avait, à l'extré.iiité du diocèse d'Ilippone, une du S.iinl-Siége, meMaç.ant do le faire exécuter
petite vill.; nommée Fussale, dans un canton par la puissance séi'uliere et à main armée.
<pii comiitait tres-peu de catLol:ques,au point Saint .\ugustin, extrememeni aflligé, en
iju'il n'y en avait pas un dans la ville; et le écrivit au pape saint Celcslin, ijui venait d'ê-
\esle du pays, quoique fort habité, était plein tre élu, et ijuil félicite sur la manière p. lisible
di^ il inatiâtes. 'fous ces lieux fiU'enl reunis à dont s'était faite son tdeetion. 11 lui envoya on
rivglise avec de grands travaux et <le grands miMne temiis tous les actes du procès d'An-
périls; les |)rètres (jue saint .\iigustin y av.iit toine, [loiir l'en instruire à fond, il s'accuso
mis d'altoi'd furent di'pouilli'^, battu-, cstro- d'inniruijenue d'avoir fait ordonner ce jeune
pii;s,aveuglés ou lues. La ville était distante boiuiue sans l'avoir assez éprouvé ;mais il
d'il [iponc de [dus de Iri'ize lieui;s. Saint Au- soutient qu'on a bien biit de le [iriver de son
gu>lin s'en trouvait trop éloigné pour donner dioeês sans le priver de l'épiscoput, dl qu'eu-
l'application neuessairc à gouverner ces m)ii- core qu'un l'vè jue n'ait pas mérite la déposi-
veaux citholiques, et ramener le peu qui res- tion, il ne doit pis demeurer impuni. 11 rap-
tait de doualistes. Il résolut donc, d'y établir pelle des exemples, en .Vfrlque miiine, où le
un éveque, quoiqu'il n'y en eut junuiis e,i. 1| Siège- apostoliipie avait ainsi juge direclemeut
clie.rcha un sujet propre, qui >ilt la bingiu' pa- ou conlirmé le jugement des autres. Pour ue
nique ;il avait un prêtre ciu'il y destinait. Il jias rappeler les plus anciens, il en cite trois
écrivit au primat de Numidie, qu'il vint pour de tout récents et d'une seule province. Pris-
r">rdounei' mais comme tout le monde était
; cus avait été privé du droit do parvenir à la
«M HISTOIRE UNIVKnsn.LE DE LEGLIfcE CATHOLTQUB

dignité de primat, demeurant toujours évè- le premier homme,


soit dans îTiomme déchn
que ; Victor avait élé soumis à la même peine, el réparé. Augu-tin lui-mémi- se vit liaoi» le
et, de plus, aucun évéquc ne commmuniquait cas de rectifier quelijues-unes de ses premières
avec lui que dans son diocèse ; Lauieiil avait idi-es. Dans ses écrits contre les péla;.'ien'., ou-
éti' privé de son siège sanscesserd'êtrc évi-que, tre certains points obscurs qui ont été éclain-is
el setrouvaitpréi isémentdans lecasd'Antoine. par les décisions plus récentes de l'Eiflise, il y
Sailli Augustin conclut en priant le l'upe a quelques (pieslions de détail où il se trom-
d'avoir pitié di' peuple de Fussale, en ne leur pait ceilairiement. L'on conçoit, d'après cela,
renv()yant pas cet évéque si odieux ; d'avoir que des calholiijues d'ailleurs très-ortho-
,

pilii! il'Antoine, en ne lui donnant pas occa- doxes et très-pieux, tout en apprenant l'en-
sion de faire plus de mal enfin d'avoir pitié
;
semble desa rluclrine contre le» pélatiens, dif-
de lui-même de sa vieillesse; car, ajoute-
et férassent lie lui sur quidques détail». Tels fu-
t-il, ce péril où je vois les uns et les autres me rent, non-seulement quelques particuliers en
jette dans une si profonde tristesse, que je Afrique, mais, dans les Gaules, les prêtres de
pense .i Khandonner rt'()iscopat et ne plus m'oc- Marseille, quelques évèques distingués^ no-
cuper qu'à pleurer ma faute. Le Pape ré;'oiita tamment saint Ililaires d'Arles, successeur de
sans doute, el Antoine ne rentra plus dans son saint Honorât, qui, lui-même, avait succédé à
siège ; car nous voyous que saint Augustin Patrocle.
gouvernait encore l'église de Fussale sur la Ces catholiques ne niaient pas, comme Pe-
fin de sa vie (1). lage, l'existence du péché originel dans tous
Le 26 septi'mlire de l'année 426, saint Au- les hommes, ni ses effets, qui sont la conçu,
gustin ayant convoqué son peuple dans l'é- pisccnce, la condamnation à la mort, la pri-
glise de la Paix, à Hippoue, désigna pour son vation du droit à la béatitude éternelle ils ;

propre successeur le prêtre Héraclius qui était n'enseignaient pns, comme cet hérétique, que
absent. Le peuple y applaudit par de grandes la nature humaine est encore au«si saine
acclamations, et on dressa l'acte. Plus d'un qu'elle l'élail dans Adam innocent; que
motif avait déterminé le saint à cette démar- l'homme peut, sans le secours d'une grâce in-
che. 11 voulait éviter à son église les troubles térieure, faire toutes sortes de bonnes œuvres,
qui suivaient d'ordinaire la mort des évèques ; s'élever au plus haut degré de perfection, et
il voulait trouver du temps pour vaquer aux consommer ainsi, par ses forces naturelles,
travaux sur i'b]criture , dont deux conciles l'ouvrage de son salut. Sur tous ces points, ils
d'Afrique l'avaient chargé, ainsi qu'aux ouvra- étaient d'accord avec saint .\uguslin el chf-
ges sans nombre qu'on lui demandait di; toutes rissaient ses écrits mais ils soulevaient que
;

parts. Précédemment il était convenu avec son le péché d'origine n'a pas tellement atfaibli
peuple qu'on le laisserait en rejios pendant l'homme qu'il ne puisse désirer naturellem'-nl
cinqjours de la|semaine. Mais, quoiqu'on en l'ùt d'avoir la foi, de sortir du jiéché, île recouvrer
dressé les actes, on ne l'ob-erva pas longtemps. la justice; que quand il est dans ces bonnes
Le prêtre Héraclius ayant été design»- son dispositions. Dieu les récompense par h- don
successeur, il se déchargeasur lui du poids des de la grâce ainsi, >elon eux, le commence-
:

aHaires et s'occupa plus entièrement a écrire. ment du salut venail de l'homme et non pas
Il venait d'écrire ses réponses à huit ques- de Dieu.
tions d'uLi magistrat de la ville de Home, Telles sont entre autres les idées du célèbre
nommé Uulcidius, sur l'Ecrilurt! son Enchi- ; (^assien. Il était venu demeurer à Marseille, où

ridion ou manuel, en faveur de Laurent, frère il bâtit deux monastères, l'un pour les hom-
de Uulcitius, cjui l'avait prié de lui composer mes, l'autre pour les femmes. Devenu abbede
UD livre qu'il pût avoir toujours entre les celui de saint Victor, il se fit une grande n-pu-
mains son opuscule, à saint Paulin de Noie,
; taliiui par sa vertu. En écrivant ses Conférencet
sur la piété envers les morts son Traitv contre
; Sf/iriluelles pour l'instruction de ses moines,
le rnensoiiffe, à Consenlius, contre les pri.scil- vers l'an 4:!G. il enseigna, dans la treizième,
lianistes. Il t'crivait sa conféjence avec l'èvé- que l'homme peut avoir de soi-mêvic un com-
que arien Maxime, ijui reconnut sou erreur et mencement de foi el un désir de se convertir ;

imbrassa catholique. 11 continuait les


la foi •[ue le bien que nous faisons ne dépend pas
df'ux livres de ses JUlmclations, ses huit livres moins de notre libre arbitre que de la grâce
coulre Julien d'Iidane ; il commençait son de JésMS-Chrisl qu'à la vérité cette grâce
;

Histoire des I/ércsies mais ce qui occupa le


; est gratuite, en ce que nous ne la méritons
plus ses dernières années, ce fui la conlro- pas en rigueur ipe cependant Dieu la donne,
;

vcr.se avec ceux qu'on appela depuis les semi- non arbitrairement par sa puissance sou-
pélagicns. veraine, mais selon la mesure de la foi qu'il
La question de la grâce et du libre arbitre trouve dans l'homme ou qu'il j a mise lui-
est en soi très-diflicile; jamais, avant saint même (2).
Augustin, on ne s'était vu dans la nécessité de Voici comme s'engagea la controverse. Dan»
•a traiter à fond de là, une grande dilliculté
: un monastère d'Adrumet, maritime d'.\-
\nlle
à distini^uer d'une manière nelti' et précise ce frique. moines reijurenl de l'un d'entre
les
qui est de la nature ou de la grâce, soit dans eus, qui était en voyage, la copie d'un dei

^1) Aug . Mput. CausL, L&bbe. — A) Eergier, Dicl., art. Semi-PHag,


LITRE TRENTE-HUTTIÊME.
écritsde saint Augustin contre le pélagia- en les portant au bien par pure
lui plait, soit
nisme t'était sa lettre au prôtre Sixte, de-
: miséricorde, soit en appliquant â ses dessein?
puis Pape. Les moines se divisèrent sur le le mal où ils se portent par leur libre arbilie.
sens de cet écrit. Cinq ou six prétiuidircnt Enfin nous voyons un exemple manifeste de
qu'il détruisait le libre arbitre. La disjiute la grâce dans les enfants, à qui on ne peut
n'ayant pu être terminée par les soins de attribuer aucun mérite pour se l'attirer, ni
l'alil)é, ((ui se nommait Valenlin, deux des aucun démérite pour en être privés, sinon le
jilus jeunes et des plus échaufles s'en allèrent péché originel, ni aucune raison de préférence
a Hippone consulter saint .\usustin lui-même. que 1er jugement caché de Dieu.
Il leur expliqua sa lettre à Sixte, leur en Saint .\uguslin, ayant lu ce livre aux moines
donna une pour leur abbé et sa communauté, qui étaient venus le consulter, le leur donna
où il expliquait cette question si difficile delà avec toutes dont il a été parlé, et
les pièces
volonté et de la gràie. Il fit plus leur séjour : une seconde à l'abbé Valentin, où il le
lettre
s'i'tant prolongé à Hippone, il leur lut, outre prie de lui envoyer le moine Florus, celui
sa lettre à Sixte, les lettres du concile de Car- qui avait transcrit et envoyé au monastère sa
thage, du concile de Miléve et des cinq évèques lettre à Sixte. Valentin n'y manqua pas, et le
au i)ape Innocent, avec ses réponses ; la lettre chartçea d'unelettre pleine d'actions de grâces.
du concile d'Afri(jue au pape Zosime, avec sa Saint Augustin fut bien aise de trouver Flo-
lettre adressée à tous les évèques du inonde ;
rus dans la vraie foi touchant le libre arbitre
les canons du concile plénier d'Afri([ue contre et la grâce, et d'appren<lre que la paix était
les pélagiens. Il leur lut aussi le livre de saint rétablie dans le monastère d'.\ilrumet. .Mais,
Cyprien sur l'oraison dominicale, où il re- il y a[q)rit aussi qu'il s'v était trouve quebju'un

commande merveilleusement la grâce de Dieu. qui faisait cette objection Si c'est Dieu qui :

Kufin, il composa exprès un nouvel ouvrage opère en nous le vouloir et le parfaire, nos
intitulé De la grâce et du libre arbitre, et
: supérieurs doivent se contenter de nous in-
adressé à Valentin et à ses moines. struire et de plier pour nous, sans nous cor-
Il y montre qu'il faut également éviter de riger quand nous ne faisons pas notre devoir.
nier le libre arbitre pour établir la grâce, ou Pour repousser cette fausse conséciuence, qui
de nier la grâce pour établir le libre arbitre. rendait la doctrine de la grâce odieuse, saint
Il prouve le libre arbitre par les saintes Ecri- Augustin composa un nouvel ouvrage qu'il
tures, qui sont pleines de préceptes et de pro- intitula : De la Correction et de la Grâce, et il

messes, et il insiste particulièrement sur les l'adressa encore â l'abbé Videntin et â ses
jiassages qui nous exhortent à vouloir. Il moines, sans toutefoi; les accuser de cette er-
Mduvp, aussi la nécessité de la grâce par l'E- reur. Après avoir rappelé l'objection de ceux
tiitnre, ijui dit que les vertus qu'elle com- qui disaient Que nos supéiieurs se contentent
:

mande sont des dons de Dieu, qui joint le de nous ordonner ce que nous devons faire, et
l)rére|ilc et le secours, et nous ordonne de de prier pour nous, afin que nous li; fassions;
plier. Il montre, contre
pélagiens, ([ue la
les mais i|u'ils ne nous corrigent ni ne nous re-
grâce n'est point donnée selon nos mérites, prennent pas, si nous mancjuons à le faire :

]iuis([ue la première grâce donnée aux mé-


est Au contraire, ré[)ond saint Augustin, on doit
cbanls, (jui n(' méritaient que la peine. Tout faire tout cela, puisque les apôtres, qui étaient
le bien que l'Ecriture attribue à l'Iiomme, elle les docteurs des églises, le faisaient. Ils ordon-
l'attribue ailleurs à la grâce ainsi lavieéter-
: naient ce (pi 'on devait faire; ils corrigeaient
ni^Ue est tout ensemble une récompense et une si on ne le faisait pas ils priaient ahn qu'on
;

grâce. La loi n'est point la grâce, puisque la le fît. Ainsi l'Apotre ordonne aux Corinthiens :

loi seule n'est que la letti'e ijui tue et la science (Jue tout se fasse parmi vous avec charité. Il
qui enfle. La nature non plus n'e-^t pas la grâce, les réprimande de ce qu'ils ont des procès
jiuisqu'elb; (-st commune à tous de sorte que ; parmi eux, et de ce qu'au lieu de supnorler
Jèsus-dbrisl serait mort en vain. La grâce ne l'injustice ils la commettent. Enfin il jirie ,

consiste [)as dans la seule rémission des pé- poui les Tbessaloniciens, (]ue b; Seigneur las
cliès passés, puisque nous disons Ne nous : fasse abonder dans la cbarité les uns envers
induistiz point en tentation. Nous ne pouvons les autres et envers tout le nnuide. 11 ordonne
miM'iler la grâce, ni par nos bonnes u'uvres, (pi'ori ait la cliarite il répiimande de ce (pi'on
;

eonime il a ét('; dit, ni par aucune bonne vo- n'a i>as la cbarité il prie pour que la charité
;

lonté, pui'c[ue nous jirions Dieu de dminer la abonde. honuue connaissez, dans l'ordre,
I

loi, de (diaiiger les volontés cl .l'amollir les ce ipie vous devez avoir; dans la rciirimande,
cœurs endiiii-is. C'est donc lui ijui nous a que c'est jinr votre faute ipie vous ne l'avez
choisis et nous a aimés le premier; c'est lui pas ; dans la jirière, d'où vous pouvez l'obte-
(]ui nous lionne la bi)ni)e vuloiité, qui l'ai^g- nir. Saint Augustin avait déjà dit ailleurs
mente pour aci<uiqilir ses coniniandeineiils, et cette belle parole Dieu no commande pas
:

nous rend ptissibles en nous donnant une


les de choses impossibles; mais, en conuuau-
plus grande cliaiiti' cjue celle qui imus faisait danl, il vous avertit de faire ce que vous
vouloir le bien laiblemcnl. Dieu C'-l tellement l>oiivez, et de lui demander ce que vous ne
maître des coeurs, qu'il les tourne comme il pouvez pas(i).

(1) De »at. tt frai. («ut. Pelag., c. xxxxui ii SO.


lîî msToïKi: Mvr'.nPEru-: de l'écimmî catikiuoue
I

Ij.i:is cet ouvrage, saint Auifiistin Irail.iil en &ge de raison. Mai<, dit saint Augustin,
encore deux questions fort (ir-licates lo don : Dieu nu punit ni ne r6comp"n«c de- Mutiuaa
de la persévérance el la ]iri'ile~tinalion de» qui ne seront point et nou^ pi/milrons tuas
;

saints. Son ouvrage ayant été pmté dans h'S devant le tribunal de Jc-us-ClM^i, atin que
Gaules, les prêtres de Marseille, saint Hilaii'C ch;iciin reçriive le bien ou lo mal, .'uivant c«
â'Arles et les autres qui pensaient cnriime eux, <|ii il aura fuit dans son corps, non «iiivuut ce
furent oirnsijués de ce qu'il disait là-d(!ssus. qu'il aurait fait s'il eut vécu davantage. Et
Ils pensaient, eux, ([ue le coinmenci'mi'nl de comme Marseillais rejetaient le livr» De la
le-t

la foi déi>fn lait de Thrimme, et par suite la Siirji'sse, où


il e«l dit Il a élr- enlevé, de peur
:

persévérance finale et. In iiré.lcstinalion à la que la malice ne cliaii'.'eàt son esprit, saint
gloire. Deux laiipies instruits et z('li's m infor- Auuustin le soutient, el par l'.iulorité de saint
mèrent Augustin. L'un, qui se nommait
saint Cypiien el jinr c die de toute l'Egti-e. l'ui- il
Hilaire, était de >es disciples et avnit vécu montre la vc-rilé de cette sentence en elle-
quelque temps chez lui l'autre. (]ui était saint ;
même. Car si Dieu avait e;^ard à ce que cliacua
Frospcr, ne l'avait jamais vu, mais ils se con- [)ouriait faire en vivant plus longtemps, nous
naissaient déjà par lettres. Quoicpio le saint ne pourrions être assurés du salut ni de la
évéqiie d'Hqipone fut accaMé de ses autres damnation de personne. Mais le plus illustre
occupations et de son grand ài^e, il ne laissa exemide de predu^tination et de grâce est ,

pas de composer di'ux livres intitulés De la : Qu'avait fait cet homme, (|ui
Jesus-t^lirist.
prédestiiintion des Saints, et adressés à l'rosper n'était pas imcore, pour être uni au Verho
et à II la ire.
i
divin en unité de j)ersonne? par quelle foi,
Dans le premier, il montre que non-siuiie- par quelles œuvres avait-il mérité cet honneur
ment l'accroissement de la foi, mais son pre- suprême"? Nous voyons dans notre chef la
mier commencement, e«t un don de Di'-u, source de la grâce qui s'est répandue sur lou»
puisque saint l'aul dit Il vous a été donné : SCS membres. Car saint Paul dit expressément
par Jésus-(;iuist, non-seuleinentde croire en qu'il a été prédestiné, et qu'il est l'auteur et le
lui, mais encore de soull'rir pnur lui. l'A ail- consommateur de notre foi.
leurs Nous ne sommes rapables de rien pen-
: Le second livre de saint Aui^ustin à Prosper
ser de nous-mêmes; or, croire c'est penser l't à Hilaire [jorlait le même titre D>- la Cré- :

avec conscnicment. Il confesse qu'il avait été drsthifition des Suints: mais on l'a intitulé o'e-
autrefois d'un autre sentiment, comme dans piiis Du Don de h l'eiftéréraure parce qu'il
:
,

l'cxpusitioii de l'i'pitre aux Romains, én-'do C(unmeni'e par celte que-lion. Il moatre donc,
avant son episcopat mais il reconnait ([u'il
;
premièrement, que la per-r-vérance dont il e-t
s'était tiompé. ei dit avoir été désabusé prin- dit (ielui-là sera sauve, ipii per-évérera ju--
;

cipalement par ce [lassage (Ju'avezvous, que : (ju'à la tin, n est pas moins un ilou de Dieu
vous n'ayez reçu ? car il mcuitre qu'il faut l'en- que le commencement 'le la foi ; et il le prouve
tendre même de la foi, et qu'elle doit être prineipalement jiar les prières. Car ce serait
comptée parmi les œuvres qui ne précèdent se mocpier de Dieu que de lui 'lemander ce
point la grâce do Dieu, selon cet autre pus- qu'on ne croirait pas qu'i' put donner. Or,
sage Non par les œuvres, autrecnentla gr;\ce
: nous ne demandons presque autre chose par
n'est plus grâce. Car Ji'sus-Clirist dit que l'aiu- l'oraison dominicale, suivant l'explication de
vre de Dieu, c'est de croire en celui tju'il a saint Cyprien, qui a réfuté les pélagicns avant
envoyé. Donc la foi, et commencée et par- leur naissance. .Nous dem.mdons principale-
faite, est un «Ion de Dieu, tpii n'est pas donné ment persévérance, en demandant le n'être
la
à tous. pas exposés à la tentation. Car il est vrai que
La prédestination diffère do la grâce, dont chacun, abandonnant Dieu par sa volonté,
elle n'est ipie la pré|iaration ; et elle ditfere mérite que Dieu l'abandonne; mai- e'esl pour
de la presL-ience. I>ieu. par la prescieiu-c, con- éviter ce malheur que nous faisons ctîlla
naît même en ([u'il no lera [loint. comme les prière. ne faut poml se tourmenter à dis-
Il

péchés par la prédestination, il prévcdt et«


;
puter sur celle matière il ne inul que faire :

qu'il veut fair ', C(unme ipiaud il promit à attention aux prières journalières de l'Eglise.
\hraliam ipie les natjnns cri>iraicnl par snn Ede prie que le-s inlideles croient donc c'est :

Kils. (;ar il ne promet que ce qui dépend de Dieu qui convertit. Elle prie que les tideles
lui. ()r, sa proines-e est ferme c'e-t piair quoi ; p"rsévérent donc e'e:«t lui qui donne la per-
:

Vhommc ne doit point craindre de s'y conlicr, sévérance. Dieu a prévu qu'il devait le faire ;
juoiipi'elle soit incertaine à son égard. Il doit et c'est la prédestinaliim(l).
bien moins s'appuyer sur sa volonté propre, Ce qui embrouillait le ]dus toute cette con«
ijui est incertaine en scd. troverse, c'est qu'on no s'était point encore
Entin la préde>linalion purement gratuite fotmé une idée complète el liieii nrecUi! de ce
parait évidemment dans les enfants et dans i]u est la grâce en général. On ne .'eiifi-ugeail
iésus-Chrisl. Car par quel mérite précèdent les qu • dans l'homme déchu ; on ne l&co:)^;.ler.lit
infants qui «ont sauvée s uit-ils di-tingues des point ilans son essence. .\vec la définition qu4
autres? C'est, disaient les .Marseillais, ipie Dieu nous donnent aujourd'hui les eatechi-mes et .a
prévoit comment ils vi\ raient, s'ils venaient théologie : La gràca est ou don surnaturel

(I) Dtpimdêtt. )«nc(.


LIVRE TRENTE-HUITIÈME. Wî
pour iHernelle, qui consiste à
in<*iiter la vie Le prHre .\piarius, qui avait déjà été l'objet
voir Dieu on lui-même, tfl qu'il est; avnc cette d'une discussion entre les évêques d'Afrique
définition, [sresquc toutps les (1iificull(^? (|ui et les saints papes Zosime et Boniface,
J
emliarrassaient du temps de saint Augustin donna une nouvelle occasion sous le papfl
Car si la grâce est le moyen
dis|iaiaisseiit. saint Célestin. Du diocèse de Sicque, où iJ
pour mériter de voir Dieu en son essence, s'était fait excommunier, il avait été placi
comme il y a une distance infinie entre la dans le diocèse de Tabraciue, où il se conduisit
créature la plus parfaite et Dieu, la grâce est de manière à se faire excommunier encore. Il
nécessairement un don surnaturel, non-seule- recourut de nouveau à Rome, persuada de son
Bient surnaturel :\ l'homme déchu, mais à innocence le pap,-^ Célestin, qui le reçut à sa
l'homme 'Jans sa nature entière, mais à la communion, écrivit une lettre en sa faveur
créature la f us parfaite possijjle. La gr;\ce est aux évêques d'Afrii|ue, et l'y renvoya lui-
la mùmôfians l'ange et dans l'homme, une même avec l'évêque Taustin, qui déjà y avait
élévation de l'un et de l'autre au-dessus do été comme légat di; jtnpe. Zosime. A son arri-
leur nature. Les mauva's anges 'ont ilechus vée, les évêipies d'Afrique assemblèrent un
de cet état sui-naturel par leur libre arhitre ;
concile où prt'sidaii'nt Anréiius de Carthage et
les lions anges y ont persévéré par la grâce, \ alentin, [irimat de Nnmidie. Il y en a treize
qui soutenait leur libre arbitre au-dessus de autres de nommés mais saint Augustin n'y
;

fui-mémi'. Le premier homme est déchu de parait point, non plus qu'aucun de ses amis.
cet état surnaturel par son libre arbitre il
; Ce concile ayant examiné l'afl'aire d'Aiiiarius,
aurait pu également y persévérer par la grâce. le trouva chargé de tant de crimes par ceux

A l'homme innocent il ne fallait pas moins la de Tabraqiie, que Faiistin ne put le défendre,
grâce qu'à l'homme déchu, mais il la lui fal- quoi(]ue, d'après ceque disent les évêques rians
lait pour moins de choses ;à l'homme déchu leur lettre, il fit jdutot le personnalise d'avocat
il m; faut pas [)lus la grâce qu'à l'homme (jue déjuge,et qu'il s'opposât à t(uit le concile
innocent, mais il la lui faut pour plus (!e il'une mani(M'e injurieuse, sous prétexte cle
choses, savoir pour guérir des plaies qu'il a
: soutenir les privilt't:es de l'Eglise romaine.
reçues dans sa nature même, et ensuite pour Car il voulait qu'Aidaiius fût reçu à la com-
remonter au-dessus <lc sa nature jusqu'à Dii'u ;
munion des évè(|iies d'Afrique, parce que le
lanilis tju'il ne fallait que la seconde de ces l'ape l'y avait rétabli, croyant qu'il avait
'choses au premier homme. La grâce étant un ap|ielé ce (|ue tcuilefois Faustin ne [.ut point
;

don surnaturel, il s'ensuit que l'homme ne prouver. Enfin, après trois jours de contesta-
peut s'y éli'ver do lui-même, ni la mi'iiter par tion, Apiarius, jiressé de sa cons(;ience et tou-
ses seules forces naturelles; qu'enfin elle dé- ché de Dieu, confessa tout d'un coup tous les
pend égalimcnl de Dieu pour le commence- crimes dont il était accusé, i|ui élnient in-
ment et pour la persévérance. Il s'ensuit que fâmes et incroyables, et attira les gémisse-
si Dieu accorde à l'un [dus qu'à l'autre, il no ments de tout le concile mais il demeura ;

fait de tort à aucun, attendu que la grâce est jiour toujours privé du ministère ecclésias-
un don, non-seulement au-dessus i!e l'indi- iique.
vidu, mais au-dessus de la nature même. Tel- Les évêques écrivirent au pape Célestin une
lement ipie, si Dieu avait créé l'iiomme origi- lettre synoilale, où ils le conjurent de ne pas
nellement tel qu'il liait maintenant; si les si f'aeili'mentjHèter l'oreille à ceux qui venaient

misères qui sont la peine du peclu' étaient les d'Afrique, et de ne jilus vouloir admettre à sa
suites primordiales de la nature, Dieu ne se- communion ceux qu'ils aunmt excommuniés,
riiil point à blâmer, mais à louer. Dt; savoir puisque c'est un point par le concile île
r('nlé
pourquoi Dieu, en accordant des gi'âces sufli- Nicée. Car. ajoiitenl-ils, si cela y est défendu
santes à t(jiis, en accorde de plus cflicaces aux à l'éi^aid des moindres clercs et des laïques,
uns qu'à d'autres, c'est le secret de sa mi.séri- combien plus le concile a-t-il entendu qu'on
cor.le et de sa justice. l'observât â l'égard des évêques'? de ]ieur ,juc
La grâce étant un don au-dessus de la nature, ceux â ipii la communion est interdite dans
elle siip])ose nécessairement la nature en des- leurs pnn'inces, n'y iiaraissent rétablis (iriMua-
sous. De là, si l'homme déi-bu de l'ordre, sur- tiin-ment et contre les règles par votre Sain-
naturel n'y peut [dus aucun bien, il ne s'en- teté. Pareillement, que votre Sainteté repousse,
suit pas ^u'il n'en puisse plus aucun dans comme il est digne d'elle, les recours sans
l'ordre nalurbi, ni ([ue ce bien soit un pi'clié. probité des iirêtres et îles clercs inférieurs ;
Que si, comme c'est en effet, sa nature même car aucune ordonnance de nos Pères n'a fait
a été lésée, il s'ensuivra qu'il ne pourra plus ce préjudice â l'éylise d'Afrique, et les décrets
faire tous le* Idens de cet ordre, mais seule- de Nicée ont manifestement soumis aux miHr(v
ment i|uel,|ues-uns. Que s'il fait tout le bien polilains, soit les clercs iufériuurs, soit les
qui lui est possible dans cet ordre infi'-riciir, évêques eux-mêmes. Ils ont ordonné, avec
il ne nii'rit/ira pas encore h-bit'n lU; l'ordre sur- beaucoup de prudence et de justice, que toutes
naturel, la grâce ; ce|)cndatil il se clispusera de les alVaircs seraient terminées sur les lieux où
loin, il provoipiern la miséricnrde divine à la elles ont pris naissance, et ils n'ont pas cru
lui accorder. Vciilà eoiniiie II non-, senibl.i|n'iju qae la grâce du Saiiit-K-prlt dût manquera
piCut concilier ce qu'il y avait devrai, iiclaircir chaque province, pour y donner aux évêques
M qu'il y avait d'obscur de part et d'autre. la lumière et la force nécessaires dans iMJuge-
B!4 HISTOinK UNIVERRKIXK DE LRGI.ISE CATnOUQTJE
mcnls. Vu prineipalomont que quiconque se sur la terre sera lié dans les rieux, et tout ce
croit lésé, pourra a[ipclerau concile ilo la pro- que tu di'lieras sur la terre sera délié dans les
vince, ou mcme au concile universel. Si ce cieux (-2). Ils oublient donc la docirine de leurs
ri'csl (|un l'on croit que Dieu ])cut iii'^iiircr la \ncétres; et cette paiiilc de Terlullieri Le : ((

justice à quehpi'uii en parliculier, et la rel'usfir Sei;tneui- a donné les clefs à Pierre, et |»ar lui
à un noml)i-e inlini d'évècpies assemlijr-s. Kt i l'Eglise (3); » et celle parole de saint Optât:
cr)mm(;iit le jufiement (l'outic-iiier pourra-t-il • Saint Pierre a reçu seul les clefs du royaume
être sûr, puisque l'on ne pourra pas y envoyer des cieux pour les coramuniiiuer aux au-
les tt'moins nécessaires, soit à cause de la fai- tres (4); et cette parole de saint Cyprien
))
:

hlesse (lu sexe ou de l'à^'e avancé, soit pour • Notre Seigneur, eti établissant l'Iionneur de

quehpii' autre empèchenient Car d'envoyer '? l'épisco(iat, dit à Pierre dans l'Evangile Tu :

queliju'uu de la part di; votre Sainteté, nous es Pierre, etc. C'est de là que, par la suite des
De trouvons aucun concile ipii l'ait ordonné. temps et des successions, découle l'ordination
Pour ce que vous nous avez envoyi- par notre des évèi|U(,'s et la forme de l'Eglise, alinquVlIe
«.onfrère Faustin, comme étant du coniile de «oit élublie ;ur les évè(jues (5). • Ils oublient
Nicée, nous n'avons rien trouvé de seinldahlc que la coutume seule peiH établir les régies et
dans les exi-niplaires les plusautlientii|ues de donner des droits dans l'Eglise, et que, pour le
ce concil(^ ()ue nous avons reçus de notre saint dr(jit d'appe!lati(in à Kome, il y avait en .\fri-
coévéqui; Cyrille d'Alexanilrie et du vénérable, que même des exemples et trés-récents et très-
Atlicus de Constantinople, et que- nous avons anciens.
envoyés ])récédeiinuenl à Bonii'ace, votre pré- Sur ce que le concile de Nicée défend de re-
décesseur, de vénérable mémoire. Au reste, cevoir à la communion, dans un diocèse, des
qui que ce soit qui vous prii; (l'envoyer de vos clercs exc(jmmuniés dans le leur, il.s font cet
clercs pour exécuter vos ordres, nous vous argument: Si cela y est défendu à l'égard des
prions de n'en rien faire, de peur qu'il ne m(jindies clercs ou des laïques, combien plus
sembl(! que nous introduisions le faste de la le concile a-t-il entendu qu'on observât à 1

domination séculière dans l'Eglise di'. Jésus- l'égard des évèijues? Cette manière de rai-
Christ, (pii doit montrer à tous l'exemple delà sonner eu une preuve que saint .\ugu>-tin n'y
simplicité et de l'humilité. Car pour notre était point. Car voici comment s'exprime ce
frère Faustin, puisque le malheureux Apiarius Père, en parlact de Cécilien de (^arlbaiie, c(jri-
est retninché de l'Eglise, nous nous assurons damné par de nombreux conciles d'.Mrique :
sur votn^ bonté que, sans altérer la charité « Cécilien pouvait mépriser la multitude de
fraternelle, l'Afrique ne sera plus obligée de ses ennemis, se voyant uni par dcb lettres de
le souffrir (1). communion et avec l'Eglise romaine, dans
On le voit, le fond de cette fameuse lettre laipielle s'est toujours déployée la principauté
consiste, non
point à rien définir ni à rien de la chaire apo.^tolique, et avec les autres
commander, mais à supplier le l'ape de \\e plus pays, d'où l'.Mrique même a rec^u l'Evangile,
écouter si facilement ceux (jui, d'.Vtriiiue, ve- et où il ("tait prêt à plaider sa cause, si ses ad-
naient à Home de ne plus admettre préma-
; versaires avaient tenté de lui aliénerces églises.
turément à la communion ceux ([ui en étaient Ces paroles ne laissent rien à désirer, non plus
exclus; de repousser les recours importuns et que les suivantes Il ne s'agissait pas de prê-
:

téméraires des ecclésiastiques de ne point, à ; tres, de diacres ou de clercs d'un ordre infé-
la demande du premier venu, (îuvoyer des rieur, mais d'évèques (jui pouvaient réserver
clercs en Afri(|ue pour exécuter ses juge- leur cause entière au jugement d'autres collè-
ments; en particulier de n'y plus envoyer l'é- gues, principalement à celui îles chaires apos-
vèque Fauslin,qui probalileuKMit avait usé de toliques, où les sentences rendues contre eux,
sou autorité avec peu de mesure. F^n tout ceci, en leur absence, eussent été sans aucune va-
il u'y a rien (pie de légitime. Et c'est d'après leur (G). » Voilà comme saint Augustin raison-
ce but i;énéral de leur lemontrance ipi'il faut nait contre les donalisles. Les auteurs de la
interpréter les raisonnements que font lesévé- lettre au pape saint Celestin raisonnent d'ube
qu(-s car, à prendre ces raisonnements à la
; manière tout opposée, et comme les doualistes
rigueur de la lettre il faudrait conclure
, auraient pu taire pour soutenir leur schisme.
que ce concile universel d"Afri(pie méconnais- Une remari]ue, <pii n'est pas sans im|ior-
sait les principes, oubliait les laits et raisou- tancc, se place naturellement ici. Pour raniier
Buit mal. les évèi|ues sur le même pied ^ue les clercs
Les auteurs de la pièce, si on doit la prendre inférieurs et les laïques, les auteurs de la lettre
à rigueur des mots, supi»(3sent(prun concile
la ne citent aucun concile (jui le dise formelle-
seul peut donner au success(^ur de saint ment ; ils s'etfori-ent seulement de le conclure
Pierre droit de recevoir les appels. Ils ou-
\i'.
d'un canon de Nicee. Donc, quand on lit dans
blient donc celui qui a dit au même i'ierre : viiiirl-huitième canon du code de l'éir^ise d'.\-
Tu es la pierre, et sur cette pierre je bâtirai frii|ui', pris du deuxième concile de Mi.evc
mon Eglise; eUes portes de l'enfer ne prévau- sous le ape Innocent, (jue la cho-e a\ail déjà
I

dront point contre elle. Et tout ce que lu lieras été statuée plusieurs fois loucbaul les évcijues

ft) Constant, Labbe. — (2) Matlli., xvr. — (3) Tert, S-c-p. c. XI. — (4; Optât. L VII. n. J — ii) Cyp
Spùt. xKVn, éilii. famel.— ^6) Aug., JK^ui. xiumi. n.7.
LIVRE TRENTE-HUITIÈME. iv
mêmes, la conclusion naturelle à tirer, c'est Ces considérations et d'autres ont porté plu
que ces paroles sont une interpolation faite sieurs bons théoloi^ions notamment Marc-
,

postérieurement. Et défait, elles ne s(! trouvent Antoine ('apel et Christian Lupus ou Wolf. à
point dans les actes propres du deuxième con- regarder comme controuvées et cette lettre et
cile de Milèyfe. toute l'histoire d'Apiarius {{).
Us rappellent que doivent être
les affaires Dans le moment même que .les évèques d'A-
terminées sur les lieux où elles ont pris nais- frique éciivaient au i)ape C^éWlin une lettre
sance. Sans doute, c'est la règle s^énérale; mais si peu rétléchie. supposé toutefois ipi'ils l'aient

comme, d'après eux-mêmes, cela n'empècho écrite, l'Afrique entière était prés de sa ruine.
pas c[ue quiconque se croit lésé ne puisse Depuis plusieurs années elle était tranquille
appeior au concile de sa province ou même au et heureuse sous le gouvernement du comte
concile universel d'Afrique pour(|Uoi cela
,
Bouiface. Ce général faisait trembler les Bar-
empècherait-il que celui qui se croirait lésé bares voisins qui n'osaient plus sorti.' de
,

dans ces premiers tribunaux ne puissi; appeler leurs montagnes pour venir insulter la pro-
à ce tribunal suprême cù la principauté lie la vince. Tantôt à la tête d'une armée, tantôt
chaire apostolique a toujours déjiîoyé sa vi- avec une petite troupe, il les avait toujours
gueur? Mais quand Cécilien de Carthage se terrassés. Brave de sa personne, il avait même
vit condamné à Carthage même et jiar de tué plusieurs de leurs chefs en combat singu-
nombreux où trouva-t-il justice, si en
conciles, lier. Aussi fidèle que brave, à la mort d'Hono-
n'est outre-mer, ce n'est à Rome? Et ([uand
si rius et pendant l'usurpation de Jean, il avait
tout récemment saint Chrysostome se vit con- conservé l'AIVique à la princesse Placidie et
damné à la fois et par deux conciles et par la au jeune Valentinien. Aussi pieux que fidèle,
puissance impériale, où trouva-t-il justice, si il avait résolu, après la mort de sa femme, de

ce n'est encore outre-mer, si ce n'est encore à qTÙtter les armes et même d'embrasser la vie
Home? Et quand, plus haut, saint Athanase monastique. Mais saint Augustin et saint
dWlexandrie, saint Paul de Constantinople et Alypius l'en détournèrent, croyant (ju'en de-
tant d'autres se virent condamnés par d'in- meurant dans le monde il serait plus utile à
terminables assemblées d'évôques et exilés par l'Etat et à l'Eglise. Ce qui achevait le bonheur
les ordres des empereurs, où trouvêrent-ils de l'empire, c'est qu'Aëtius, après Boniface,
justice? n'est-ce pas toujours outre-mer? n'est- le plus puissant des capitaines romains, était
ce pas toujours à Rome? son ami, son élève, autrement sa créature. On
Us demandent s'il est à croire que Dieu pouvait tout espérer de la bonne intelligence
puisse inspirer la justice à (juelqu'un en par- de ces deux généraux. Envoyé en ambassade
ticulier et la refuser à un nombre infini d'évè- auprès du roi des Vandales, en Esjiagne, Bo-
ques assemblés. Us oublient que saint Cyprien, niface s'en acquitta si bien, qu'en récompensa
avec une infinité d'éveques africains, soutin- de ses services, l'imiiératrice Placidie le fit

rent l'erreur, et le pape saint Etienne la vi'rilé; nommer capitaine des gardes.
qu'une iiilinilé d'éveques donatistes condam- Mais dansce voyage il était devenu épcrdu-
naient Cécilien, que justifia le pape Miltiade. ment amoureux d'une Irès-iiche et alliée
fille

Us oublient que deux nombreux conciles ve- au roi des Vamlales il l'épousa, quoiqu'il eût
;

naient de condamner saint Chrysostome, que résolu précédemment de gariler la contiiu'uce.


vengea le pape Innocent. Us oublieutquc plu- Elle était arienne, se fit catholique par ambi-
sieurs conciles nombreux avaient condannié tion de cette alliance, mais son cœur resta
saint .\thanase, que soutint le pape Jules. Us toujours attaché à l'hérésie. Boniface lui-
oublient (pie Jésus-Christ a l'ait à saint l'ii'rre même, oubliant toute sa vertu, se livra par la
et à ses successeurs une promesse qu'il n'a faite suite à des concubines. D'un autre coté, ses
à aucun autre en particulier Tu es Pierre, t'.t
: richesses, ses dignités et cette puissante al-
surcettepicrrejo bâtirai mon Eglise, et les por- liance excitèrent l'envie de ses rivaux. Aètius,
tes de l'eufer ne prévaudront point contre elle. (ju'il croyait son ami sincère et dévoué, usa

Quand ils signalent la difficulté d'envoyer i\c la i>lus odieuse fourberie [lour le perdre.

des témoins outre-mer, cela prouve seulement Il lui manda [lar une lettre secrète que tout

([u'il ne faut point, sans nécessité, év(i(]uer et était changé pour lui à la cour; que l'impé-
juger les affaires à Rome même, et (ju'il est ratrice avait juré sa [icrtc ([u'elle était sur le
;

plus utile d'envoyer des b'gats sur les lieux. point de le ra|ipeler, et que, s'il quittait r.\-
Quand ils ajoutent qu'ils n'ont trouvé aucun fri(]ue, sa mort c' tait assurée. En même temps,
coiuile qui ait ordonné cela, la faute n'en est il va trouver Placidie et lui apprend, comme

jiciint au Pape, mais à eux. Gratus, évêquc de bien malgré- lui, (pu^ son ami Boniface n'avait
Carthage, avec trente-cinq évèques africains, si bien défendu l'Afrique que pour s'y rendi-e

avait assisté et souscrit au concile de Sardique, iiuiêpendant que déjà il s'en regardait
;

où la chose .tvait été réglée. C'est une faute comme .souv(U'ain, et, pour preuve, il ajouta :

de [dus aux évèques africains d'avoir conservé Si vous lui donnez ordre de '^pnir eu Ualie, il
i mal les actes et le souvenir de ce concile, refusera. Trompée par ces paroles, l'impéra-
qui n'était (ju'uue suite et un complément de trice fait envoyer l'ordre trompé de son ciUé,
;

celui de Nicce. Boniface refuse de s'y soumettre. 11 est déclaré

il) Bouix, Du •ornai* fe>»i'iêl, p. M&


IM HISTOIRE LNIVF.nSRI.KE DC i;p,r,ueE cathoi.iqub
rclicllp. On
envoie contre lui trois fç(^n(^riuix : la Hiort chez les assiéifé» et les forçai à m
il les On envoie un (|ii.itrifini'. i|ui
(li^fnit. rendri-. Ix'ur fureur pour l'ariard^we lit une
remporte quelques avantages. Alorr* Bonifncc iidiiiilé de martyrs. On ne voyait par toute
depule à Gcnséric, roi des Vomlalis en Ks- r.M'i ique qu'évè|ueR, prélre.«, vierge» coni»a-
pagne,.et lui offre de partager l'Ai'rii[uc entre eii'i'- iï Dieu, famille- entière'^, les uns privéj

eux. Gf'Ti^énc accepte et quitte rK-ipiiiine .'lu d'uni) partie de leurs membres, les autres
mois (le mai 428, à la tète de qualre-viimt chargés de chaînes et exténués par la faim.
mille hommes, en y comprenant les vieijlarils, IMus de chants dans les é^liseg. Les égli.<>ei
les enfants et les esclaves. Pour aiiifuii'MtiT mêmes étaient pour la plupart réduites en
la terreur, il fit courir le bruit i|ue c elaient cendres : plus île tètes, pin- de cf-lébralion du
quiilre-vinijl mille cmnbattanls (I). saint sacrifiée. Le» donali-'tes espérèrent en
Cepeiidanl saint Auiiustin rrrivil à Bonifnce vain se mellre à couvert en favorisant les
uni' lettre; touclinnle, pour le lain; rentrer en Barbares .lans la i)0ursuile des calhuliques ;
lui-nii'ine. De son côli', rim[iéralrii e IMacidie. ils n'en furent |)as mieux traités on les ma»"
:

ne pouvant comprendre pouriiuni, afircs li:i sacrait sans distinctioD avec ceux qu'ils tra-
avoii- donné tant de preuves de dévouement, hissaient (f!).

il avait fini ]iar la trahi^, lui envoya ini ol'li- On peul-êlrc de voir la Provi-
s'i'loiinera
( icr de confiance pour en '=avoir la i-ause. Bo- dence punir sévèrement un pays, où il y
si

iiil'acc montra alors la lettre perfide d'Ai-lius. avait tant d'églises, d'évêques, de conciles,
J,'im|ératrice l'ut liien indignée d'une si alm- de canons lie discipline. Des auteurs cLri'lieni
minalili' intrigue. Mais que faire? Kll<; avait du li'm|>s nous l'expliquent. Tous ils regardent
besoin d'Aëliiis contre les Barbares qui enva- cette désolation comme un châtiment mérité.
iiissaient les Gaules. Ellefit jurer à Boniface Les Vandales disaient eux-mêmes que ce n'é-
qu'elle lui rendait toute sa bienveillance, tt tait pas do leur propre mouvement qu'ils
qu'elle ne lui demandait i|uc ses bons offices usaient de tant de ri^'ueur, mais qu'ils sen-
pour réparer les maux qu'il avait attirés -nr taii-nt une force intérieure qui les y poussait
rAfriejue. Boniface, touclié île repentir, em- comme inaU'reeux. En effet, jamais Barbares
ploya tout .son crédit auprès des Vandales, ne parurent plus sensibb-menl les ministres
ponr les engager à retourner en Kspagne. Il de la vengeance diviiy;. Excepti- un petit
ne put en obtenir qu'une trêve de quelques nombre de serviteurs .le Dieu, l'Afrique en-
mois. tière était une sentine commun^ de tiu.s les
A l'expiration de la trêve, Genséric signifie vices. Parmi les nations barbaS-.s, chiu-une
à Boniface que le traité fait entre eux ne sub- avait son vice particulier les .Vfricains y sur-
;

siste plus, "X se met en marche à la tète de passaient chacune de ces nations. .Mai? quant
son armée, non pour retourner en Espagne, à l'impudicité, ils se surjiassaient eux-mêmes.
mais pf)ur subjuguer l'Afrique entière. Jamais Autant il était rare ailleurs de trouver un
invasion ne fit couler tant de sang et ne cou- homme adultère, autant il était rare en Afrique
vrit la terre de tant de ruines. Les Vandales d'en trouver un qui m- le fut pas. Au milieu
étaient naturellement cruels se croyant mé- ; des grandes villes, mais surtout à Cartliage,
prisés, ils furent plus cruels encore comme : sous les yeux mêmes des mauistrats, on voyait
ariens, ils joignaient à tout cela leur haine de jeunes hommes se promener dans les rues
contre les catholiques. Bientôt l'Afrique en- avec des coiffures et des parures de femmes,
tière, i]ue, pour son opulence, sa fertilité, la pour annoncer qu'ils faisiiieiit profession pu-
multitude de ses villes, l'on regardait comme îiliipie de sodomie. Chaque place, chaque rue
la vie même de l'univers, fut désolée par le était un lieu de prostitution et un \<u-nf à la
fer, par le feu, par la famine. Au risque de pudeur. Les orphelios et les veuve.-» elak-nl
périr eux-mêmes les Vandales n'é|iargnaient
, opprimés; les [>;iuvres, toiirmi-ntcs et réduits
ni les moissons ni les arbres fruitiers, pour au désespoir, priant Dieu de livrer la ville
faire mourir de faim les malheureux qui s'é- aux Barbares. Le blasphème et rim|iie.é y
taient réfugiés dans les cavernes ou sur les régnaient. Plusieurs, quoique chrétiens a l'i-x-
montagnes. Ni le rang, ni la nai.ssance. ni la teneur, étaient (laieus dans l'àme, adoraien:
faiblesse du sexe ou de ['?ige ne trouvaient la dée.sse Céleste, ou l'ancienne Aslarté. se
grâce auprès Ae ces coni'--' impitoyables. Ils dévouaient a elle, et, au sortir des s-ierific s
chargeaient de fardeaux les femmes ei les païens, allaient à ré:.'li<c et s'appr<H-haieiit de
personnes les plus illustres, et les faisaient la sainte table. C'était principalement le.-< p:uà
avancer à coups de fouet. Arrachant les en- grands et les plus puissants qui comuirtlaieiit
fants des bras de leurs mères, ils les écra- ces impiétés. Hais tout le peuple avait un
saient contre les pierres, ou les iléchiraient mépris et une aversion extremt-> i»our les
'en les écartant par les pieds. Lorsque, apn's moines, quelque saints qu'ils fus.s«'nl. l'aK
avoir atta»iuê une forteresse, ils la jinjeaient toutes les villes d'Afrique et particulièiemeut-
imprenabb', ils assemblaient à l'entcuir une à CarlliaKe, quand ils voyaieut un homme
multitude de prisonniers et les éLTorgeaieut, p.ile, les cheveux eoo|>es jusqu'à la racine,
afin que riofocliun de leurs caduM-es portât vt tu d'un manteau monacal, ils ne pouvaient

(1) Tillemont. VaUnlinien III nm.du Bas-Empire, l xiii. — (îjVicU, fit. prjf., et L i, irt. I, 3. Au-
just., Scrsi. lUItHip.tarb.&ùiviia.l. vu.
LIVRE TRENTE-HUlTlftME. 5!7

•^(tenir les injuiTTS et les m.ilédietions. Si un sa vie. Ils mêlaient en=emlJe leur d oui e ir,
moine de Jérusalem venait à Car-
iriv.'y|ite el leurs gémissements et leurs larmes. Saint
liui^o, jiiiiir quelque o'uvre de piété, sitôt Auuusiin demandait à Dieu, en particulier,
qu'il |)aiaissail en public, on s" éclatait de rire, qu'il lui plût de délivrer Hippone des enne-
on le silflait -m le chargeait de icproehes. La mis qui l'assiégeaient, ou du moins de don-
grande passion des Africains était les spec- ner à ses serviteurs la force de supporter les
iacles. Au sii-^e de Cartlia'j;e, tandis i]u'unc maux dont ils étaient menacés, ou enfin de le
partie des habitants se voyaient éporj^er par retirer du monile et de l'appeler à lui. En
l'ennemi au pieil des murs, les autres étaient ellet, il tomba malade de la fièvre le troi
étaient oii'U|)é- au tbéàtro à rire et à pousser sièiiio mois du siège, et on vit par là que
lies de joie. 11 fallut que les Vandales les
i-i-is Dieu n'avait point rejeté la prière de son ser-
ri'diiisisscnt en csclavani- pour reformi'r leurs viteur.
mo'uis. Ces Barl)ares étaient cliasli!s lorsiju'ils Pendant sa maladie, il fit écrire et mettre
arrivrrenl en Afrique. Ils avaient lioi'reur des contre muraille, auprès de son lit. les
la
criuii's ([ui atta(iuent la pudeur. Ils défen- psaumes de David sur la [xUiitence il les ;

dirent sous peine de mort la proslilulion ils ; lisait en versant conliimellemont des larmes.
fermèrent les lieux de débauilic, el proscri- Dix jours avant sa mort, il piia ses plus in-
virent les courtisanes ou les forcèrent à se times amis, et les évèques mêmes, (jue per-
marier(l). sonne n'enlràt dans sa chambre, sinon quand
Genséric avait abandonné la Mauritanie le méileciu venait le voir ou qu'on lui appor-
pour se jeter dans la Numidie et dans la Pro- tait de la nourriture il em|)loyait
: tout ce
consul,! iie, provinces beaucoup plus riches et temps à l'oraison. Enfin, son dernier jour
plus peuplées. 11 s'y empara de toutes les étant arrivé, Possidius et les autres de ses
ville=, excepté Cirthc, Hippone et Carthase. disciples et de ses amis vinrent joindre leurs
Honiface, avec des forces trop inférieures, prières aux sinnnes, qu'il n'inlfrrom|iil que
liasarila une bataille il fui défait et contraint
: (juaii'l il s'endormit en paix. Jusque-là, il
de se renfermer dans Hippone. Le vainijueur avait conservé l'usage de tous ses membres,
vint l'y assiéger à la fin de mai 43U (2). el ni son ouïe ni sa vue ne s'ébiWtit alfaiblies.
Dès la première irruption des Vandales, Comme il avait embiassé la pauvretti volon-
saint Auïustin jjleurait sans cesse sur les taire, il ne fit point de testament il n'avait :

maux présents cl futurs de l'Afrique. Cepen- rien à laisser à personne ; mais il recommanda
dant son extrême douleur ne diminuait en que l'on conservât avec soin la liibliolhèijue
rien sa foi et sa néncrosité épiscopale. Con- de l'église et tous les livres qu'il pouvait avoir
sulté par un évèique, s'il était permis aux pas- dans la maison, pour ceux qui viendraient
tours des peu|)les de les laisser fuir et de se après lui. Possidius raconte que la ville
l'eliriT eux-mêmes pour éviter le danger, il d'Hip[ione ayant été incendiée quebjue temps
.•é[)ondil que les évéques ne devaient point après, cette bibliothèque fut conservée au
empêcher ceux du peuple qui voudraient se milieu des flammes et du pillage des Bar-
retirer; mais qu'eux-mêmes ne pouvaient bares (4). On met la mort de saint Augustin
abandonner les églises, ni rompre les liens au 18 août i.'iO. Il avait vécu soixante-seize
par lesquels la de Jésus-Christ les
cliurité ans, et servi l'Eglise près de quarante, en
avait liés à leur ministère; et qu ainsi, tant ijualité de prctrc ou d'évèiiue.
que leur présence était nécessaire à leurs peu- Avec saint Augustin mourut en queli]ue
ples, ils ne pouvaient faire autre chose que sorte rAffi<iue chrélienne et civilisée. Car,
de se remetircà la volonté de Dieu, avec une depuis celte épi)i]U(; jusqu'à ce qu'elle expira
pleine confiance en son secours (3). sous le fer des musulmans, son existence ne
Son allliction devint encore bien plus fut (ju'uno longue agonie. Aujourd'hui il
grande, ijuand il vit sa ville d'ilipponc assié- semblerait que la Proviilenco veuille la res-
gée. Ccjicndant il avait la consolation de voir susciter, el la ressusciter par la provin
a»ci;hii plusieurs évèciues, entre autres Pos- même que saint .\ugustin a illuslrée par
Bidius de Calanif, l'un des plus illustres de vie et par sa mort, le pays d'Alger et
bes disciples, •;clui-là même qui nous a laissé Bone (5).

S^ilv., 1. vil et vni, — (î) Piocop.. 0; Vainhil , 1. l, c. tu. - (3) Auff., Epiit. asxxviii.
— \K) PoBidi»»,
& Au(. —lt>) Ces paroles 4'âcnvui>jnl. au m'jis de mai JSIJt'
57? HISTOIRE UNIVERSELLE DE LEGL;BB CATHOI.IOIR

NOXK RE:L,AXIVE a L.A PAGE 1113

Ce i(iie nous avons cru devoir dire sur ce F/auleur de la note inst rée 'lans l'édilioa
que saint Auj^ustin laisse à désirer dans ses bi'lge, convient avec nous, pour le fond, que
ouvrages contre les p^lapiens, nous a valu saint .\ugustin laisse quelque rh'ise .i dé«ir<T
certaines observations de la |>art de (|uel(|ues dans ses ouvrages contre l>*< pi'ia:,'it'iis. « Er.
amis. L'un d'eux a même fait im|irimer les combattant les pélagiens, dit-il, saint .\u;fus-
siennes à la fin du septième volume de l'édi- tin a paili" d'une manière obscure «lu libre
tion lielge. (jes observations, nous les avons arbitre de l'homme depuis sa chute. » Or,
lues attentivement. Voici nos ré[)onses et nos nous pensons tout à fait la même rbose. .Nous
excuses. pensons que, dans ses ouvrages t.jntre les
Nos amis nous indiquent des théologiens à pélagiens, saint .\uguslin ne donne pas une
consulter. Nous avons prévenu leurs dé-^irs il idée aussi nette que saint Thomas, et qui- les
y a |diis de vingt ans. .\vanl même d'écrire décisions modernes de rEi,'li-e, sur le libre
le pi'cinier livre de cette histoire, nous avons arbitre de l'homme avant et après sa chute,
voulu r'i'airciren particulier la (lueslion fon- ni par coii~éciuent sur les graves questions
danii^ntalc de la grâce divine et de la rialuie qui s'y rattachent. .Nous pensons de plus que,
humaine. Nous avons recueilli avec tout le depuis deux siècles, celle obscurité fâcheuse
soin possible '-e que l'Kglise catholique, apos- se rencontre dans bien des auteurs el des
lolique et romaine croit et enseigne sur cette jirédicateurs obscurité «jui va plus d'une fois
;

matière; nous avons surtout considéré atten- jusqu'à nous donner pour la doctrine de l'E-
tivement les propositions y relatives ipi'idle glise, des [iropcjsitions que rE;.'lise a condam-
condamne en Luther, Calvin, Jansi-nius, Baïus nées formellement (2); obscurité qui ne con-
et Qucsnel, afin de connaître d'une manière tribue pas peu à l'envahissement du rationa-
plus nette et plus précise, non-seulement ce lisme, du naturalisme, du panthéisme doctri-
qu'elle croit et enseigne, mais encore les nal et politi(iue. <",ar si les prédicateurs el bs
expressions qu'elle approuve ou imi>rouve. écrivains catholiques eux-mêmes ne donnent
Nous avons consulté les théidogiens les plus pas une idée juste et nette de la çrare divine
autorisés dans l'Kglise, princiiiah'uient saint et de la nature humaine, du libre arbitre de
Thomas. Le résultat de nos éludes, nous l'a- l'homme avant et après sa chute, etc., com-
Totis communiqué de vive voix et par écrit à ment veut-on que les autres ne confondent
plusieurs personnes capables «l'en juger et: pas la trràce avec la nature, la foi avec la rai-
c'est sur leur avis ((ue nous l'avons publié son, l'Eglise avec l'Etat, le sacerdoce avec
sous le titre De la Grâce et de la ISalure, en l'empire, le Créateur avec la créature. Dieu
18.'i8 (I), quatre ans avant la (lublicalion du avec le monde?
premier volume de cette histoire. Nos amis Comme nous avons pour but, dans tout
peuvent donc penser que nous n'avons rieu notre travail, d'éolaircir celte confusion, nous
fait à la légère. C'est d'après la doctrine de croyons devoir en conscience signaler tout ce
l'Eglise, ainsi constatée, que nous jui^eons, <iui peut l'entretenir. L'estimable auteur de
sans acception de personnes, les ouvrages la note pense que, d'après saint .\ui;ustiii, le
qui traitent de la grâce divine et delà nature libre arbitre de l'homme n'a point p>'ri. nnis
humaine. Notre but n'est |>oiiit d'accuser ou qu'il a conservé non-seulement la puiss;ince
de justifier telle ou tidle ci>o(|ue. Ici ou tel de(iécaer, mais encore celle de faire queiifue
personnage de l'iiistoiie, mais de rendre té- bien dans l'ordre naturel. Il cite en preuve
moignage à la vérité. Car, encore une fois, à celte parole du saint docteur « Nous ne di-
:

nos yeux, l'histoire universtdle de l'Eglise sons pas que le libre arbitre ait péri dans
catholique est le jugement de Difu en v-;e- l'homme par le péché d'.Vdam, mais qu'il a la
miei-e instance sur la famille humaine. Or, le puissance de pécher dans les hommes soumis
premier caractère de ce jugement, c'est la au diable; quant à bien vivre, il n'en a la
vérité, sans acception d'epi>ques, de nations, puissance, que quand la volonté de l'homme
ni de personnes. Notre unique ambition est aura été délivré*; par la grâce de Dieu, et
d'être un témoin fidèle et. Dieu aidant, nous
; aidée à tout bien d'action, de pensée et de
le serons jusqu'au bout, dussions-nous y parole (3). » Nous l'avouons humblement ce :

perdre la bienveillance de tous nos amis, texte nous parait prouver tout le contraire de
même y perdre la vie. ce que pense l'auteur de ia note, savoir que !e

(1) Chez Gaume et Chalanilre. — (2) En voir ua exemple, t. V. p. 40. L« proposition sifsali'e e.-tlirè* d'un
ouvrage i|ui circule avec éloge et a|i|iiobaliûn, mdnie en Helgique. — {3) Pecca'o Ail* li!i'-.'i;m arbi num
de. nom nuiu uatuia periisse iiou Jicimiis. setl ud peccauJuoi valere lu tioiuiD^bus subdiCiS <l.at>u o ; ad
belle vueii'lmn non valere. uisi i|i>a \oiuiiius liominis Oe: grata fceni hb«iaia, et aJ omiie booum act;,jais,
Mviiitiiania, swmoois adjUta. ;LiU>. îl. ad Uouif., c. zv.)
LIVRE TRENTE- HUITIÈME. S»
libre arbitre de l'homme n'a plus par lui- Augustin parlant à Julien d'Eclane « Si un :

iDême aucune puissatice de faire aucun bien païen; dites-vous, revêt un homme nu, est-ce
ni même de le peii>er. un péché, parce ([ue ce n'est
— Absolument en tant que cepas
selon la foi ?
L'auteur de la note «lit p. 532: «Jamais n'est pas .selon
saint Augustin u'a enseigné que les vertus des un péché; non pas c|ue ie soi le
la foi, c'est
païens fussent des péchés ou des crimes par fait môme, qui est découvrir un homme nu,
rapport à la loi naturelle au contiaire, il a
: soit un péché mais de se glorifier d'une telle
;

dit maintes fois (juc leurs actions morales œuvre non dans le Seigneur, un impie seul
étaient bonnes ^t louables dans l'ordre na- niera que c'est un péché (2). » Il nous semble
turel. » D'après cela saint Au!;r'.stin aui-ait
, que ce texte prouve toul le '•ontrnire de ce
dislinnué nettement entn; les vertus et les que veut l'auteur de la nofe. S.iint .\ugustin
œuvres surnatiirellement bonnes et méri- convient seulement que l'acte matériel de
toires de la vie éternelle, les premières ayant couvrir un homme nu n'est pas de soi un
Dieu puiir motif, et non pa^- le-s secondes. péché, mais son raisonnement suppose i|ue cet
Il est vrai, cette distir/ -tion se trouve dans acte est toujours un péché de la part d'un
l'ouvrauc contre Julien d'Eclane mais elle ;
païi'u. Autrement, que signiherait sou argu-
est de Julien. Kt voici ce que l'évêque d'Hip- mentation D'ailleurs, est-il bien conforme à
'.'

poney répond : « On ne
saurait dire combien la doctrine de l'Eglise, de dire que se glori-
vous trompe l'opinion d'après laquelle vous fier d'une bonne œuvre, d'une aumône, non
avez dit u Toutes les vertus sont des aflec-
: dans le Seigneur, mais dans le fond de son
tions par lesquelles nous sommes ou fructueU' âme, et sans penser plus loin, est-il bien vrai,
sèment ou stérilement lions. » Car il est im- est-il bien conforme à la doctrine de l'Eglise,
possible (jue nous soyons bons stérilement. En de direijue ce soit là un péché ? L'auteur de
effet, un bon arlire produit de bons fruits. Or, la note le [lense l-il vraiment ?
comment Dieu, <pii destine la bacbe aux ar- Julien s'expliquait : J'appelle stérilement
bres qui ne, produisent pas de bons fruits, bons les hommes i]ui, ne faisant pas pour
pouriailil couper et jeter au feu de bons ar- Dieu le bien qu'ils fout, n'obtiennent (loint de
bres. Par conséipient, les hommes ne sont lui la éternelle. » L'évêque d'Hip[iouo
vie
d'aucun(! manière siérili ment bous; mais traite cette réponse de vaine. Quoi donc, s'é-
ceux qui ne sont pas bor s, peuvent être les crie-t-il, un Dieu juste et bon enverra des bon»
uns moins, les autres plus mauvais (1). >< Ces dans la mort éternelle ? Je suis las de répète/
paroles ne contredisent-elles pas un peu l'au- combien il est absurde de dire, d'écrire et de
teur de la note. penser des choses pareilles. Comprenez —
Nous [lensons que, si saint Augustin s'ex- donc une fois ce que dit le Seigneur Si vrjtre :

prime d'ime manère si obscure, pour le œil est mauvais, tout votre corps sera téné-
moins, c'est <(u'il s'est mépris sur le sens da breux mais si votieœil est sim|de,tout votre
;

ces paroli's de saint Paul Onine quod non ett


: corps sera lumineux : et comprenez que cet
ex /iile /ji;rcfiii/m est : tout ce qui li'est [las selon («il est l'intention avec laquelle chaeun fait
la lui, est péehé. Ce que saint Paul entend de ce qu'il fait ; et ap(irenezpar là que celui, qui
la bouni' foi do ceuy qui mangeaient, contre ne lait pas les bonnes œuvres avec l'intenlion
l(!ur intime persua-ion , des viandes défen- d'une foi bonuc, c'est-à-dire, de celle ipii
dues par la loi de Moïse. Saint Augustin opère par la dilection, il est toul entier li;l
su()[)0se. au contraùe, que l'Apotre l'entend qu'un corjis composé d'œuvres, ainsi que de
d(! la loi (pii (qii're |iar la charité. Luther re- membres, (ju'il est tout entier ténébreux,
connaît jusqu'à deux fois que c'est une mé- c'est-à-dire, plein de la noirceur des péchi!'s(3).))
prise. Luther cependant, et, avec lui, Jansé- Dans ces paroles, saint Augustin ne semble-t-il
nius abusint de cette méprise évidente du pas l'ejeter formellement la distinction entre
saint docteur, pour soutenir qui; toutes les ac- les bonnes leuvies, fructueuses ou stériles
tions des inlidèles sont des |iécliés. pour le ciel? Ne semble-t-il pas conclure ex-
L'estimable auteur de la note dit à ce pro- pressément que toutes les œuvres qui ne. sont
pos Lorstpie saint Augustin employa ces
: (( pas faites avec l'intention de celte foi qui opère
paroles, il distingua toujours la valeur mo- par la charité, sont des péchés ? Si telle n'est
rale des œuvres dans l'ordre naturel, de leur pas sa conclusion, que signifie son raison-
Valeur morale dans l'ordre surnaturel, u il ap- nement ?
porte en [ireuve le passage suivant de saint Dans le numéro précédent il termine une

U) Quipropter dici non polest (|uantiim te islu fallal opinio, quii dixiati/ u OmiiDS virlutea alîoctus
es3B, pur (puis aut tViicUiosn mit slerihti'i- boni sumiis. n Fiori eiiiin non potest ut sloriluor boni sl-
luns. Arboi- nra bona lioiios l'incins la. il. .Misil anli'ni ni l)en.s bunns, a pio secuns paialnr ai bori-

luis non larienlib is rmctiini boiinni, oxi-utal i!i in i(.'iHMn nntlat arbores boiia«. Nnllo inmlo i','i!iir no-
iiiiiius stiMiblir sunt boni Su.l ipii boni non siiul, po»unt esso niii minus, alii niagis inali
:
(Cnnli'e Ju-
lien il'Eciane, 1. IV, c. m, n. 22.) —
(2) .k Si «untilis, iiiquis, nudnin opernonl, nuinipiiil
i;iii» non eai ex

liilo pecealiim est « l'roisns in i|uan'.iini non est ox lide. pi'conluin esi
'/ non ipiia per se ipsiiin
:
l'artuni,
ipiol est iinibiin operire, iieneiilnm nst aeil (le tab opère non in Dniiiino gbii'an, sobis iinpii.s negal
:

isse poixatuiii. (Conini .liiiian, 1. IV. i;. m. n. 30.) —


(3) ... El linne. ocubini iignos.i) imentioiiein,
:

qua biiiil piiisiiiio quoi l'iicil., «t pcr liicc disc" •uin qui non fiicil oper.i bona inleiuiono llJei bon.e, hoo
es'^u^ ipia) por liiloiilionuni opeiatur, loin m
quasi corpus, .piod illis luasi muinbi'ls, oporibiis, cou»-
i*i , tAuobrosuiu esse, Loc est, plunum oigiudiuo puouuloruni. (Ibtd , n. 33.)

I. n.
arsuqientalipn femliL'ilili' pMr ipU\' iiison gé- f)':ij.>c^ tgut n;la,' nou royon» 'l'-^v,ir ea
Onm' e\nm, vulis imii- qim' "on çnt coriM" •>j:c, persifler jtnn .- ncnieiit fii noire
né|a|<': m
ijeccufumest car, vpnille/:-!.! gu ne le inainr',». île voir sur «c que siinl Auyiislin
<îrfe,"

veuillez pab jut c§ (ji;! u'cst pas selon la foi. IuI-m- ;i .l.isirer 'Iaxis «es ouviuj^tjs couln; l-^s
DISSFJ5TATI0NS SUK LE LIVUE TUEiNTE-HIjITIEME

AFFAIRE nu PRÈTRK APIARIUS, SON APPEL AU PAPE ZÔZIME


ET DE LA CONDUITE DES ÉVÊQUES D'AFRIQUE

î'n:'ii:i |i\> (vrMl"n!flHls ijlii I'^l(M'''''''lll '<3 Ce qui pouvait déplaire aux évêqvies étail
pniihiic.il "lu l'ii|iu Zû/.inin, il laiil lUciilioiiniT donc contenu uni quement dans la délégation
la ici- liro conM'ovi.Tso «jui s'cicv.i, avec les apostolique qu'avait résolue Zozime. Or, pour
Cvùiiuivi «i'Afriiiiio, au sujet des appels, et qui montrer encore en ce point sa modération,
t-'oniiiHia lie se truiler fouslc^s papes Boniface le Pontife allé^'ua, dans son comraonitoire,
eH'<i;le-Uu l'',8uccu6setirsileZoziuio. A[iiaiius, les canons v ou vu pt .wii du concile de Sar-
|iiéli-c de l'Église de Sie, eu At'rii[uc, avait diijne; de jdus, les légats ne devaient pas
été di'posé par IJrliuii), son 6vi'i|ue, et privé seuleuient exposer, suiv.int l'Ecviturc, l'usage
de commutiion de l'Kglise. Apiarius en
îa de ces canons, ils devaient encore en doimer
appi'la de la ï^ouleni'e de .son év^'nuo, au ju- un eominenlaire veihal. Ainsi {«"austiu, au
gement du Pontife romain, et se rendit à concile ipii se tint à Larthisc, en il!l. dit :

Kome pour suivre sou aiipel. Zozime crut de- « Les injonctions du Siège apostolique nous
voir accojder l'appel d'Apiarius, Ijii'u (jue les ont été notifiées, les unes [lareeiit, les autres
évéques africains prétendissent (juo c'était par ordre... comme nous l'avons rappi4é
uni! coutume propre aux d'Afrique, é;.çlis('s ]irécéd(;mment. » En outre, Faustin dit que
./u'il n'y fut pas permis aux prêtres et aux Zozime lui avait ordoinn', en traitant de ca-
olercs infi'iii'nrs, condamnés par les évèques, nons, « de conserver les constitutions et la
d'en appeler au l'on ti le romain. Les évèques coutume, parce que certaines choses sont
africains estimèrent ilonc la chose nouvelle prescrites |iar la loi et les canons, certaines
et contraire à la disciiiliue de leurs sièges; autres sont confirmées par la coutume. »
i\i la supportèrent même avec tant de regret Les canons de Sardique cités dans le com-
(|ue, chose inouie aujiaravant, ils dressèrent monitoire, bien qu'ils eussent été dressés p.ir
dans un synode, l'an ^\H, un canon pour in- le concile de ce nom, étaient appelés par le
terdire CCS sortes d'appel. Pape Zozime, canons de Nicée, parce qu'ils
Zozime était (dilit;e, par devoir, de conser- se trouvaient sous cette ruhrique dans les
ver les prérn}{alives de sa chaire ; il désirait manuscrits de l'Eglise romaine. Lorsque les
d'ailleurs traiter, avec prudence, la coidro- léffats enrcntcité ces canons, les évèc^ues afri-
verse soulevée, et, autant t|ue possildi-, sans cains s'étonnèrent qu'on les appelât canons
Ironlile de paix il neju^^ea donc [las opportun
; de Nicée, parce qu'ils ne les trouvaient pas
(le relier l'alfaire à liouii;, mais envoya des dans les exemplaires de ce concile ils en-;

le^^aU liu AIri'pje pour s'enquérir de l'alfaire voyèrent donc à (lonslaulinople, à Alexandrie
v.\w. évèques voisins. (!(!ttc h'jfatioii fut
les et à Antioclie, des ambassadeurs, (lour de-
c.onliéc à Kaustm, évèipu! de l'olenza, à l'Iii- luaiider aux évoques de ceséf^lises, de rccher-
lippe et Aselle, |uelres do l'Il^lisi' roui.iine. cher les lanons de Nicée (!t voir si l'on y trou-
Dans le concile tenu, l'an 'iLS. eu Ai'ri.|iu!, il vait ceux que citait le pape Zozime. Cepen-
avait été décidé « Uu '1 plaisait que les
: dant, pour montrer leur grainle dél'i'renco
piètres, diacres (jl clercs d'un ranj^- inleiieur, entre lo l'onlife romain, ils reudireut à
dans les all'aires qu'ils pourraienlavoir, s'ils Apiarius son ancien ^l'iide, lui rojidirent la
u'élaient pas satislails des juj^emcnls de leurs comumnion ; quant à Apiarius, il quitta le
évèques, [lourraienl si! taire entendre des diocèse de ïjjc et fui incorpora au diocSe do
évèques voisins, h Les évéïpins d'Alrjque ne Tahracèno.
pouvaientdonc jias voir à contre-cn-ur, que la (hi recherclin avec soin dans les archive»
caiiM: d'Apiai'iiis lïil i'"iiniie i\ffi évoques voisins d'Alexaiiihio, d'Autiocke et de Coiifilaulie
yuis^UU u*:Ut> p4>'iui (.m^i d^Yuil èll'' coiumuu. ^do mais un no liouvii uuUo part ces caiiuu*
;
S3Î HISTOIRE UNIVERSKLUE DE LEGI.ISE CATHOLIQUE
de Nicée, Les évoques d'Afrique éiri virent tilage, en 419, soit les lettres des évèqaes
donc Honilaro r',i|Lii avait sncciMJé à Zozinii-,
;'i Boni fane et Célestin pr,on ne trouve rien par
et i'aviTlirt'nl que Znziine avait rilr, liims quoi ces évéques refusent elicctivemi-nt au
l'allairc crA[iiaiiiis, dr;-; canons lie Nicée, qui Saint-Siège, le droit de lecevoir lesappcjs des
n'étaient jioint relatés paraii les canons de ce cliTCi. I>es raisons qu'ils invocjuent, pour ame-
concile. ner les papes à ne pas recevoir ces appels,
L'an 42fi, lorsque Ccleslin I" monta sur le sont empruntées à la distance des lieux ipii
Saint Siège, il fut traité, de nouveau, d'A|>ia- ne (lermel jias de connailr<? ais<'menl les cir-
riusentrc 1(! Pontife romain et lésé vétjues. A |iia- conslances de la cause, au péril <le fraudes ou
rius, coupalde de nouveaux crimes, avait lUé de délai, au danger de laisser les méchant-
déposé une secomle fois et privé de la com- abuser de l'appel pour décliner ou reUinl-r l.i
munion par l'Eglise de Tahracéne. Alors il peine de leurs crimes. La. cause d'Apiarius eu
s'était rendu à Uome pour plaider sa cause fournissait elle-même un exemple parlic.i-
en présence de (lékislin, et Célcslin, circon- lier. (Juoiiiuccondamné à bon droit, et Irè^-
venu par ses fraudes, i'av;;it traité comme justement, pour des crimes [iarf.iitem<'nt con-
innocent et l'avait rétaldi à communion. En- nus des Africains, il s'èlail cependant défenilu
suite il le renvoya en Afiitiue. avec Fanslin, [lar réchai)|)aloire d'un appi-l ; il avait li-ll--
eveque de l'otenza. Aurrle, l'véque de C.dr- mi;Dl circonvenu le légal Faustin, que rcliii-
lliage, dans cette ville, un concile
tint, ci paraissait [ilutot son détenseur «jue >on
national Apiarius, poussé par le senti-
: là, juge. Apiarius avait si bien compris l'avan-
ment et la gravité de ses crimes, se confessa, tage de sa position, que, convaincu par la
en ])résence des évêques, couiiable des for- conscience de ses crimes, il ne h's avait con-
faits qui l'avaient fait condamner par l'Eglise fessés qu'après troi- jours dediscussi<»n.
de Tabincéne. Sur quoi, Auréle et plusieurs 11 est remanjuable, d'ailleurs que les Afri-

évéques d'Afrique crurent avoir tniuvé une cains, tout en détournant le Pape de recevoir
occasion, trcs-favorablc, d'ccrire de toute les appels ne révoquaient pas en doute le
cette afifaire au l*a[)e ; ils le tirent de manière droit du Saint-Siège à les recevoir. Celle con-
à s'efforcer de montrer que
prêtres et les les duite, en présence de deux légations, montre
clercs inférieurs n'avaient pas, en Afrique, le assez la déférence qu'ils sav.dent due à la
droit d'en appeler du jugement des évéques, chaire aposUdique. A la première arrivée de
au souverain ('(jutifi- ils ajoutèrent môme ; Faustin, bien que les évé(|ues ne Irouvassenl
quehpic chose pour émettre un doute au sujet pas, dans leurs exem[)laires du concile de
des appels même des évéques. Toutefois les Nicée, les canons niceens que ciliiil le pape
papes n'y eurent aucune considération; ils usè- Zozime dans son commonitoire. Apiirius fui
rent, dans la suite, de eur droit ju-opre de pri- pourtant rétabli ilans sa première diguilé la :

lîiauté, et reçurent les appels que leur adres- seconde légation fut également reçue, bien,
saient, de temps à autre, le* prêtres el les lyu'aiors les Africains eussent connu, par une
évéques d'Afrique. eniiuele, que ces canons ne se trouvaient pas
Telle ist, en abrégé, l'histoire de cette dans les actes de Nicèe.
controv(!rse entre les evécpies d'Atrique et les Les Africains ne pouvaient certainement pas
pape- Zozime, lîonifuce et Célestin. .Nous l'a- comballre le druit propre du pontife romain,
vons tirée des actes du pre'mier concile de de recevoir les appels dans toutes les causes
Carihage.en 419, et deslellres que les évéques lie l'F^glise, el, parce que ce ilroit découle de
d'Afrii|ue envoyèrent aux papes. Uenys le la primauté divinement instituée par Jesus-
Petit la rappoita dans la collection de canons Cliri>t, et parce que ce dro.t s'elend plus sp«-
qu'il ]iu!dia à liomc, lorsque le souvenir des ciulcmi'Ut sur l'.Mrique, à raison de la di^nitA
laits était tout récent, c'est-à-dire à la fin du patriarcale du Pape, sur loulcs les provinces
ciui|uième siècle ou au commeucemenl du dOccideul. Personne, en effet, ne peut mettro
sixième. On pouvait alors pertinemment ju- en conlrover-e que le {wnlife romain, à ra.son
ger si le récit était exact ou sujqiosé. Aussi de la principauté qu'il a divinement re«;ue sur
quand Denys, qui était connu pour son inté- toute l'Eglise, peut requeiir dans toutes les
grité et sa grande connaissance de l'histoire, causes des évéïjues ou ,>; autres, exercer la
eut publié ces pièces, lej oiecs et les Latins, puissance de juger et recevoir les appels. Ce
pendant longtemps, les jugèrent parfailement droit est essentiellement uni à sa primauté.
autheiili([iies. Iles érudils, Népomucéiu- Albé- On peut lire P. de Marca (2), Kminanu-J
rius et Marc-Antoine C.apcUi. ont tenté de les Schelslraat (3), Léon Allalius ^i), ll-iiri Va-
reléguer parmi les fables; mais l'un a reconnu lois (5), Jacques Sirmond (6), Clirislian Lu-
son erreur el il est inutile de réiuler l'antre. pus ("), et tous ceux qui ont refuie Saumaise
Maintenant que faut-il penser de la scn- et Lauuoi, sur les limites du patriarc-il ro-
tenre et de la. conduite des évèque d'Afri- main. Comme il n'est pas douteux que le Pape,
que ? des ère .iposlolique a obtenu ce droit patriar-
I

Les Irères Ball"rini montrent, qu'à


(1) cal ^ur tout l'Occident, cl par conséquent -ur
cou^ulle^, soit les actes du concile de Car- 1 .Vfrique, il est par là mcme ccrlaiu qu'en

(I) Ci' vies lie S. Léo», ch. vt. ob=orvalions contre la diss. Vd- Quesnel.— (i) Pe oon-nrvf. sacrrii. r_
t. II.

Iw.,.. ;. 1, cil. m. — VI. c'i. xxxvi.


(3^ Uiss. —
(1) De r-iccoH de ihyàie tfOorUent H if'Oteol, 1. I. c'
V. — ^0) Sur Suc'oit, ch. Vil.— (G; Uiss. Il «ur les é(tiscà suburbicaires. —
(7) tscolies sur le c40oq ti (to
Nicùe
DISSERTATIONS SUR LE MVRE TRENTE-HCITIftMB. 9»
vertu de ce droit, il a pu recnvoir les appels, si l'on pourra jamais démontrer quoi ijue c«
même quand les appelants n'étaient pas ornés soit [lar letémoignage des anciens.
de la dignité épistopale. Enoutre, les paroles que nous avons sou-
Voici ce qui fut décidé au concile de Car- lignées ne se rapportent pas à la première par-
tage eu 419 (I). " 11 a plu que les prêtres, dia- tie du canon Qu'ils n'en appellent pa' aux ju-
:

cres et antres clercs inférieurs, dans leurs gements (To'^tre-mer, mais à celle où il est dit :
aflaires, s'ils se plaignent des jugements des Aux primats de leurs provinces ou au concile
évèques, aillent, du consentement de l'ordi- universel. On veut faire comprendre qu'il est
Daire, trouver les évèiiues voisins et terminent décidé que les prêtres et les clercs inférieurs
avec eux l'atlaire. Que s'ils veulent encore en doivent en appeler, non au siège aposloliciue,
appeler, qu'ils n'en appellent pas à des juge- mais aux primats ou au concile universel d'A-
ments il outre-mer, mais aux primats de leurs frique, décision qui avait été déjà portée pour
provinces ou au concile universel, comme cela les évèques, qui pourtant pouvaient en a|ipe-
a été souvent régi»' pour les évèques. Que 1er au pontife romain. Avant cette époque,
celui qui en aura uppc-'é aux jugements d'ou- les prêtres, après le jugement de leur évèque,
tre-mer, ne soit reçu de personne à la com- pouvaient en appeler à six évoques voisins, qui
munion dans la même province. » détînissaient leur cause. C'est ce qu'enseigne
Par ces paroles Sicut et episropis sœ/mis
: saint Augustin (3) « Il a été décidé parles con-
:

constilutum est : ceux (pii ont tiré, du fait des ciles que la cause d'un prêtre se termine par le
Africains, un argument contre le droit d'ajipel jugement de six évé(]ues. » Ce point avait été
au Saint-Siège, com|irenncnl que les appels décidé, en effet, par le concile d'Ilippone en
des évéïpies aux papes étaient eux-mêmes 3!):2, et par le concile de Cartilage en ^%1.
interdits. Mais c'est là une o|iinion fausse. Je Après l'appel d'A|)iarius, un nouveau droit
ne la combattiai point en disant que les paro- s'introduisit. Comme les évèques pouvaii?nt
les précitées si^iit apocryphes et ajoutées après en appeler au primat ou au concile -juiversel,
coup, car les Ballenni ont démontré qu'il fal- bien qu'il ne leur fût pas défendu d'en appe-
lait les tenir pour aulhentii|ues; mais je n'ai ler au pape, ainsi les prêtres et les autres
pas besoin de cette réponse pour démontrer clercs pouvaient en appeler au primat (>t au
que les Africains n'ont point voulu empêcher concile universel d'Afrique, .\nssi, les évèiiues
les aiq^els des évêtpies. En premier lieu, il d'Afrique, dans leur lettre à Célestin, pour
constate, par des monuments très-certains que montrer ijue ce nouveau droit rend inutile
si les .Vfi icains croyaient êtratigers à la disci- l'appel des clercs à Rome « C'est surtout, di-
:

jdine de leurs églises, les appels au Saint- sent-ils, parce qu'il e~t permis à chacun, s'il
Siège, provenant des prêtres et des clercs in- est ofiensé du jugement de ses proches, d'en
férieurs, ils ne pensaient pas de même des appeler au concile de sa province, ou su con-
évèques les appels des évèques, ils ne les te-
; cile national. »
naient pas pour étrangers à leur discipline, Par la même raison qui démontre qu'(»n
'

puisque les évèques de ces églises avaient cou- n'a jamais pu trouver, en Afriipie, un décret
tume d en appider au pontife romain, sans qui défende aux évèques l'appel à Home, il est
soulever la rejuignance de leurs collègues. certain que le |dus souvent on leur ilor^'-ait,
11 surfit, [loiir le prouver, de citer le témoi- pour juges, les primats ou le concile i^'iMièral.
gnage de saint Augustin dans une lettre (-2) C'était un point détini jiar les conciles d'Hip-
à certiins évèques donatistes, au sujet de Cé- pone, de t^arthaue et d'autres lieux. Le pas-
cilien que les donatistes avaient déposé « Il : sage précité ^icut et episcopis sce/ii'is constitu-
:

pouvait, dit-il, ne pas se soucier beaucoup de tuiii est, doit donc se rapporter aux primats
la rnullitiule d'ennemis qui conspiraient, lors- ou au concile universel d'.Vfrique, non aux
qu'il se voyait uni par .des lettres comrnuni- jugements d'outre-mer et aux ajqiels de
cal ires, et à l'Eglise romaine, laquelle a Rome.
tiiiijiiur- i-eçu la principauté de la chaire apos- De ce que les évèques d'Afrii]uc, dans leur
tolique et aux autres
terres d'où l'Evani^ile lettre à Célestin.ne parlent pas seulement des
est venu en Afriipie; il était prêt à y plaider appels des prêtres et des clercs inférieurs,
sa cause si ses adversaires avaient tenté de mais des appels des évèques au Saint-Siège, il
lui aliéner ces églises... Car il ne s'agissait ne s'en suit pas qu'ils tiennent les deux sortes
pas icide prêtres, d(- diacres ou de clercs in- d'appel pour étrangers à la discipline de l'A-
férif;urs, mais de collègues qui pouvaient ré- frique car ils ne parlent pas au même titre
:

server sa cau<e entière au jugemi'ut d'autres de ces appels. « Les suliterfuges mécliants d»i.s
collègues, surtout des Egii-cs ;i[instoliqnes... prêtres et des autres clercs, disent-ils (4). il
Surtout lorsipi'il voyait l'examen de sa cause est digne de votre .S liiiteté de les re[iousser,
intact et entier (lar de\aiit l'Eglisi" d'outre- parce qu'aucune décision des pères ne. les
mer, élrangére aux inimitiés et aux passions soustrait au jugement de l'Eglise d'.Vfrique. »
des deux partis. » Si Aui,'ustin n 'enseigne Au sujet diîs appels des évèques au Saiiit-Siege,
pas ici ipi'il est connu en Afrique et usité de ils ilisenl (3) « Nous vous supplions de ne pas
:

son temps, (pie les évèipies peuvent [larlaile- admettre si facilement ceux ipii s'adressent à
meut eu appeler au pontife romain, je ne sais Votre Sainteté et de ne pas recevoir dcsoruiais ili

(I) Cftn. xxviii. — (î) Kpist. CLxii. — (î) Buisl. ijiv. écrite en 402. — (4) N' 3. — (5) N- î.
M niBTOinE L'NivnnPF.LLi: db i;i;(:i>isr c.atiidmoi'R

votre communion ceux qup nous avonn ex- iiient seulciiipnt |iar la couiimie. Celte (li'tlnp*
coiiimuiiié.s. » Apiès avoir cilé le ilécrol ilo f.onde canon et de cinilcme, faite ace pioput
Niciie : n Uuo'kjui-, ilisriil-ils, ils'appliiiiie sur- par l'ausliii, e-t pour moiilier qu'on u |iu li-
tout aux clcics inli'iicurs et aux lir(i[UL'.s pour ter ces canons dans la canne d'un |irélie. Vut
les contenir, comliien plus le concile a-t-il le canon, il i-oinptait que la tMi'HuWim nvu»-
voulu le taire oliscrver des évt'(|iies, de peur toliqiie était ap[iiou\ei' en matière li'npiiel ;

que suspens de la communion iI.'uh leur pro- la coutume nouvait montrer que la déléuatioDi
vince, i'' ->e paraissent riitahiisparNotre Sain- reçue dans les ajqiels dé^éqlle5, était ii'çue
teté trop c« la hàto et sans litri'. n l'nur (jui aussi par l'u-atte dans le« .-ippels des préln«
parcourt celle Ici Ire, il cfll tarde de voir .:*. des cleics d'un innti inférieur.
que les cvétpies d'Afri(|UC ne fc piétent pas l'ar celte manière d'aitir. Faustin olitenait
aux appels des pretiiis et des clercs d'un l'assentiment d évé(|ui!s il'.Mrique. si l'on se
ordre inlcrieur, prclcndant que cela est décidait à leci r dans l'ajqiel du
. reire |

flranj^cr aux nio!urs et à la discipline de leur Apiaiius, ce qui avait <'té décn'le pour les ap-
cj;lisc; quant aux a[)pels des évéques, ils pels du premier ordre; surtout lors<|ue le»
prient seulement le ponlil'e de les rendre plus légats du saint siège, envoyés en Arriijuc, ne
rares pour prc-venir les alms que pourraient devaient pas juger seuls, mais avec l>s évè-
engendrer leur t'réquoiiee et la facilité à les •
ques voisins et selon la clis<-inliiie africaine.
accueillir. On eumprend ilonc comment les canon'*, qui
Cette conduite des évé(iucs d'Afrique accuse traitent des évèques, ont pu être cités par Zo-
à meivcille leur sentiment ; ils reconnaissent zimedaiis les lanons d'un prêtre, et l'on voit
que les ajqiels des évèipies au l'ope sont en ipie ces canons n'ont pas été introduit-» pai> e
usage ei ne peuvent pas être empecliés. Celui qu'on mettait en doute les appels de* e\é ,uos
qui demande seulement qu'une chose se fasse au Saint-Siège. Mais celasuflit pour compren-
assez peu et ciu'on empêche seulement les dre cette controverse et montrer cummeut
abus, pourraient se muUi|dier. si l'on ne
([ui l'nlTaire a élc' traitée.
pas avec prudence, celui-là certai-
le traitait ISoiis pourrions nou- arrêter ici ù ce que
nement ne combat pas l'usaj^'e de la chose, il dit de celte coulroverse. le cardinal de La
en démontre, au contraire, l'existence et la Luzerne, poui- en tirer des areumeiiU en la-
met hors de toute controverse. veur fie la ili'/riiH' de lu dorluruivin. Il mmi

11 ndus reste à examiner comment les ca- parait inulde île le faire. Ce que non* avons
nons cités par Zozime dans son cnmmonitoire, dit plus haut montre assez la ilèfércnce ileâ
sont ceux qui traitent des appels des évèques. évôqiii > il'.Vfri.pip pour le Saint-Siè!.;e,
puis-
On pourrait tirer de là un argument pour qu'ils rendirent à la communion prêtre qui
le
persuader (pie Zozimc o dû négocier pour dé- avait appelt-, avant même que le pap Zo/.ime

montrer que les aiqicis des évoques revenaient n'eut cité les caniuis di' Nicée Ouc le» dits
au Saint-Siège. Mais k'Sjiaroles de Faustin, ci- évèques aient demandé à avoir coniiai<ftauce
tées plus haut, expli(|Uent comment les canons de ces canons, (|ue le pontife romain le? ait
citéstlausla cause d'un |iretre, simt ceux qui s'a|»- cités pour comirmer son droit, cela ne prouve
pli(iuent uuxaiïjiels d évèques. Au loncile de nullement (jue ce droit reposait seulement
•411), l'"au>tin dit (pi'il fallait conserver, des ca- sur les canon^>. Il est assez évident, en etrct,
nons de Nicée,ct leur constitution et leur cou- pal- le contexte des cupoiis de Sardique. ,jue
tume, parce que certaines choses se relaient par ledroit poatiQcal, de recevoir les appels, ne
ordre et par cuNon.landis que d'autres se conlir- procède pas de la loi ecclésiastique.

DE L'HÉRÉSIE PÉLAGIEN'KE Kl' DK I.A CO.Nnf'TF. r>r: faim: zrizniK


ENVERS CÉLESÏlLs

Sous le pontificat d'Innocent I". s'éleva l'hé-


résie >li le pclaj;ieii ne, dont le <lo.i;me(>rincipal est
conditions innées de l'humaine natnre; qne b
nature humaine n'est point viciée pwr la dé-
que hommes ne sont pas souilles du pt-ché
les clu'ance ijno nous pouvons, par nos propre*
;

originel. Les pela.niens concluaient de là i|ue loi. e- t .;an-<


1 le sec^uis de l.i grâce, ne |Miint
la mort, la passion, la concupiscence sont dot coder aux séductions du désir et éviter U»iu
DISSERTATIONS liTVBE TRENTE-HUITIÈME. 53S

les pérhés qiie, par cotiséiiuent, la grâce di-


;
nonça devant le peuple, dans la basilique ma-
Tine n'est point nficessairiî à la volonté pour jeure des saintes Félicité et Perpétue, un
produire des œuvres méritoires que le hap- j discours où il réfuta publiquement les erreurs
tême eiilin n'est point nécessaire aux enfants de Pelage.
pour ac([uérir la vie éternelle. Que si les pé- Dans la suite, Pelage, pour défendre et pro-
lafiiens parurent parfois adnii'ttre la gràre, pager ses erreurs; écrivit un livre où il s'ef-
c'était seulement pour opérer le bien avec, fa- forçait de réfuter ce qu'uvait dit, contre lui,
cilité, non qu'ils la trussent absolument né- Jérôme, dans sa lettre à Ctésiphon ; Augustin
cessaire pour le faire, affirmant d'ailleurs reçut ce livre par deux jeunes gens très-hon-
qu'elle ne nous était pas accordée yraluilc- nètement élevés, mais trompés par Pelage, Ti-
menl, Inais selon nos mi-ritiis. uase et Jacob A.ugustin lui opposa aussitôt
:

Péiiifje, Breton d'orit;ine, comme le rap- son livre De la nature et de la ifiâce, qui dé-
:

portent suint Prosper, suint Auun^tin, Orosn tacha de Pelage les d«ux jeunes gens. Cela
et le V. Iir-do, moine de profession, non arriva l'an 414.
élevé aux saint ordres, fut, vers l'un i'iO, L'année suivante, Vêlage se faisait écouter
.'auteur de cette hérésie. Ce Pélntse dillcra de Jean, évèque d« Jérusalem sa cause fut :

d'un autre Pelage dont parle saint .lean CJiry- renvoyée aux évèqucb latins. A la fin de l'an
soslome daiis su lettre écrite en -405, d'Ai'a- 415, se tint un concile à Lydda ou Diospolis.
bisse en Arménie et dont il déplore la cliulc Deux évoques des Gaules, Eros et LazarO)
comme d'un saint homme. Ce P('lago lu'ré- dont le siège Aiiostolique avait approuvé la
siarqiie, ira[ué- Orose son contemporain, qui déposition, étaient venus en Orient; informés
en parle dans un écrit apoloj^ctiijue, était un des erreurs [lélagiennes, ils donnèrent contra
minùtre ih la tnlile, nourri dans les battis et les Pelage et Célestius, un livre, à Euloge, pri-
porinnt de larges épaules, d'une robuste
feslitis, mat de Césarée en Palestine. Ce prélat tint
encolure, le front cotiroivié de grai<;se. un concile de quatorze évèques, dont parle
Le princiiial disciple de Pelaj^e fut Céles- saint Augustin (1), contre Julien. Les accusa-
lius, comme l'insinue saint Jérome(l). Marins teurs mampiant au concile, Pelage parla d«
Mercator (2) dit que Cfdestius de noble , manière à éviter la condamnation Le pape, :

naissance, avait suivi les écoles. Gennade (3) Innocent I", dans sa lettre aux Africains, dit
ajoulc (lue, dans sa jeunesse, il avait été ua de ce Synode « Pelage supprima les objec-
:

moine [lieux comme


prouvaient ses ouvra-
le tions, partie en les évitant, partie en les cou-
ges. S:iiiit Augustin (4) parlant de Céleslius, vrant de confusion par clés griefs élevés con-
le dit homme d'un esiirit très-vif, qui eut tre sa personne il se purgea du reste, de
;

rendu, s'il se lut converti, de précieux ser- certaines accusations, en les détournant par
vices, une fausse iuterpriMation et en les niant plus
plusieurs endroits de ses œuvres, saint
En par de faux arguments que par de vraitw rai-
Augustin dit ([ue Pelage resta longtemps à sons, comme on put le voir plus tard. » Pe-
Home, et qu'avant de se faire connaitre pour lage montra, entre autres, plusieurs lettres
auteur d'hérésie, il parlait haliitucllemcnt de qu'il avait reçues des évéques, une de saint
manière à insinuerl'cureurqu'il prêcha [lar la Augustin lui-même, pour attester que les ca-
suite. Un jour ayant entendu, à Uome, un tholiques l'aimaient, et le tenaient en hon-
évècpio réciter la prière de saint Augustin : neur. Glorieux de sa victoire, se comblant, lui
Da qtiod jubés et jubé quod vis : Pelage eut et les siens, de félicitations, il se mit à
presque une querelb' avec cet évèque, comme poursuivre avec amcrlumu notamment saint
le rapporte saint Augustin (5). Cébîstius s'at- Jérôme.
tacha fortement à Pelage, vécut familièrement Paul Orose, venant d'Orient en Afrique avec
avec lui et devint le principal soutien de son les reliques de saint Etienne, raconta ce qui
erreur. s'était passé et le lominuniqua surtout à saint
pidagc et Célestius se rendirent ensuite en Augustin. En 41(i, l'évèque Aurèlo réunit à
Afrique. Pelage y rosia peu de temps c'é- : Carlhage un concile de soixante-huit évo-
tait (mi 4 il, à l'iqioipie où se tenait, à Car- ques. Les évèqiies crurent devoir condamner
tilage, une conférence avec les donalistes. l'erreur pélagieune, mais ils écrivent au pape
« Autant que je m'en souviens (6), je l'ai vu Innocent, au sujet de la sentence rendiio en
une ou deux fois à Carthage. u Pelage se concile. La même année se tint à Milèvo, sou9
rendit ensuite eu Asie et s'arriva à Jérusalem. Silvain, primat de Numidic, un concile de
Céleslius cependant resta à («irlliage où il soixante et un évèqiios dans ce concile, les
:

coinnieiKja il prêcher les dogmes impies de évoques crurent également devoir proscrire
Pelage. Paulin, diai're de saint Ambroise, l'erreur, et, |iar une lettre synodale à Inno-
l'ayant aceii-é [)rès d'Aurèie, évè.pie de (iar- cent, accusèrent Pelage et (îélestius.
tliage, il fut [iiivé de la ciimmiinion ecclé- Augustin, de sou côté, envoya, sur toute
.siasliquc. Alors il se retira à Ephese, où il celte all'aire, i Innocent, de; lettres sou-criles
réu-sil se faire élever au sacerdoce. A la
il par plusieurs lîvèqiies. Le 27 janvier 417, le
prière de l'évèque Aurèlo, ([ui voulait soute- poniifi- porta seiiteiiee contro Pelage et Cé-
nir la foi des (Carthaginois, Augustin, pro- lestius, ordonnant, s'ils no reveuaicul à rési-

(I) Pi-nami<im. I. III, sur Jérèm. — (î) Commonitoiro à PInta contru Julien. — (3) Kcriv. eccl. cli. hit.
— (ij Aé Biinif. 1. 11., — (5) De dono perieVei-eHII» 0. XX. — (6) De tjettU Ptlagll,
, 0. xi. — (7) ^- Ii «• •
36 nisTnrRT: TjNivrnPEixr: de î;Er,r,ifsr: catiioi-iqur

r.i-ciMici? dp ha priver de la rommunion erclè- pensée suivant les plaintes qu'il avait reçues.
asiiiiifjne el de ne pax les recevoir dans le trou- Le P/ipe ordonnait aux évèques d"Afric|U6
pe/iit du Sfif/neur. Xuç;u)^l'm (1) parliiril de ce d'envoyer, dans l'espace de deux mois, des
lU'rvcX d'iniioccnl : « Déjà, dit-il, <>ii iiv.'iit fii- re[)rr"-èiilants « Pour accuser Oilesliiis pré-
:

V(iy(-, sur deux conciles au siéfj;o


C(;tt(! afiFaire, sent de penser autrement qu'il ne l'aftirme
a])osloli(iue : De là, sont venus des rcscrils : dant ses écritset sasiipplique; ou, pour ap-
la cause est finie. Plaise à Dieu que soil finie prendre, après sa cont'ession si ouverte et si
aussi l'erreur,' » manifeste, qu'il ne reste aucun doute sur la
l'eu après, mourut Innocent, le 18 mars pureté de sa foi. ii

4n. eut Zozime pour successeur Nous ne


il Zozime adressa encore aux évèques d'A-
pailerons pas ici lie ce (|uV;ciivit l'ida^e à frique d'autres lettres plus pressantes. Le mo-
Innocent lorsqu'il apprit sa coudamnalion ; tif qui y avait déterminé le Pape, c'est que

nous ne diroi.s pas de quels arlilices, il se P<;l.ige, après avoir pris connaissance du dé-

servit pour se défendre, lui et Célestius; nous cret dTnnocent, avait envoyé au Pontife une
nous attacherons plutôt à ce ipii suivit l'élec- lettre avec une profes-ion de loi. écrite ilans
tion de Zozime. Dés ijue les deux lnuétiques le même sens que les plainlfs de Célestius, à
appriient s(m élévation au souverain l'oolifi- Rome, au sujet du jimement porté dans .a
cat, ils crurent avoir trouvé l'occasion favo- cause pélagienne. A la lettre de Pelage élai;
rable pour rendre meilleure la condition de jointe une lettre de Prayle, évéque de Jéru-
leur cause. Célestius vint donc en toute hâte salem, successeur de Jean, recommandant à
à Rome pour se jouer de Zozime. A son ar- Zozime. Pelage, qu'il croyait catholique. Zo-
rivée, il se tourna vers ceux qu'il savait zime touchi! des lettres de Pelage etiiePraylin,
puissants par la faveur et l'autorité, ou dé- écrivit plus sévèrement aux évèques d'Afri-
voués à sa personne et à sa cause ; il flatta que et blâma même la conduite qu'on avait
surtout Sixte, prêtre de l'Esiise romaine (ijui, suivie, en .\frique, dans l'alTaire de Pelage et
dans la suite, fut Sixte III) que les pélagiens de Célestius.
disaient être le grand patron de leur cause, Les évèques d'.\frique supportèrent avec
el n'omit rien pour se le rendre bienveillant peine ces réprimandes ils écrivirent donc
:

dans la négoci dion de l'attaire. d'abord, à Zozime, pour le prier de ne jirendre


Célestius se plaignit qu'on avoit trop pré- aucune décision nouvelle sur cette alfaire,
cipité son jugement en Atrique et à Rome; avant l'envoi delà relation d'un concile qu'on
dans la sentence contre lui et Pelage ; qu'on allait tenir. Ce concile se c<!lébra en 418. On
les avait condamnés sans les entendre ; que envoya aussitôt des lettres au Pape, pour
les deux évèques des Gaules, leurs ennemis qu'il put découvrir parfaitement toutes les
personnels, avaient beaucoup contribué à cette fraudes de Célestius et de l'i'Iage. Au reçu de
condamnation. Du reste, il parlait de leur ces lettres, Zozime appela Célestius en au-
commune doctrine, de manière à dissimuler dience pléniêre mais celui-ci com(irenant
;

Labilemeut les erreurs et à faire croire qu'il que les lettres d'Afrique découvraient les faus-
était bon catholique, il se disait croyant à setés qu'il s'était elforcé de persuader aa
beaucoup de choses touchant à la foi, mais Pape, s'enfuit de Rome. Zozime, voyant que
sur lesquelles il n'était pas accusé; et, par ces hommes avaient essaye île le trom[>er et de
ruse, il effleurait à pi'ine ce qui concernait le duper, ne crut pas devoir ditlerer pi. is long-
sa cause. Augustin dit (2) « Dans la su[ipli-
: temps; il condamna donc Pelage et O.'Iestius,
que qu'il présenta à Rome, il expliquait au- ain^i que toute la doitriue déjà condamnée
tant qu'il le voulut sa foi, depuis la Trinité par les .synodes d'.\frique et par Innocent l" ;
d'un seul Dieu jusqu'à la résurrecliim des el envoya, a tous les éveijues de la clirétienlé,
morts ; mais personne ne l'avait interrogé lù- une encyclique que .Marias .Mercalor appelle
des.sus et il n'y avait là-de-sus, aucune ques- tracloire ou Iractaluire, c'est-a-dire qui épui-
tion. I)En outre, il allirmait qu'il condam- sait la question.
nerait ce que condamnait le>ii''ge apostolique, Tout le monde vit alors clairement que les
qu'il recevrait la senteniie d'Innocent, el qu'il Pélagieus s'étaient vantés à tort d'avoir, pour
désirait se corriger de toutes ses erreurs.» patron de leur cause, le prêtre Romain Si.xte.
Comme Iij.iocent lui même avait écrit que Car celuiHîi. pour écarter cette infamie, pn-
Pelage et Cé'estius pouvaient obtenir pardon, noni^a le premier, en présence .l'un peui:!;
s'ils rétractaient leurs opinions Jaussos, il n'est nomlireux, anathè me
contre IVIage el Ci'l'es-
pas étonnant que Zozime, entendant Célestius tius. L<'S Africains furent tellement réjoui? de
parler de la sorte, se soit montre bii'nvfdlant celle con«luite «le Sixte, que lui-même en avail
était pensé qu'un houime qui agit ainsi, n'est fait part à Aurelius, qu'ils eurent soin .le tirer
pas entaché <Jc l'opiniâtreté hércliciue. Quand copie de ses lettres et de les l'aire lire à leurs
Zozime eut enleiiilu Celestms dans la basili(|ue amis. <( Uue pouvait-oii lire el entendre de
de saint Clément, il écrivit aux évèques d".\- plus agrvahle (3) que cetli; Ik-IIc liefense de la
fri(juc des lettres dans lesquelles il ne chan- grâce, par la bouche même de celui qu'on di-
geait rien de ce qu'avait june Innocent; mais, sait le protecteur «le ses ennemis? • Cepen-
pensant que l'herelique pariait en toute sin- dant les evequesd'.Vfrique, à la nouvelle de la
cérité et non par astuce, Zozime expliquait sa coudiuunaliuu portée à Rome contre les pe-
(i; Uuuxièine sorman sur las ixirolos de l'Âpùtrâ. — (2) Du péckt arig., c. xxui. — (3) S. Auf. £^w<. civ.
DISSERTATIONS SITR LE tlVRE TRENTE-HUITrEME. 537

laiîîens ei an de Zozime avcr;


reçu des lettres et qu'on ne doit pas, sans une sérieuse déli-
le prononcé de la sentence, convoquèrent, If» bération, statuer sur ci; cpii doit être décidé
4" mai 418, dans le «anctuaire delà basiliniie par un jugement soiiveiain. » Il e=t donc évi-
de Faustus, un concile national d'AtriqiîC: dent, par les lettres de Zozime, non-seulement
comiamnèrent de nouveau l'hcrésie péla- qu'il n'a pas donné de dôlinition Ex cathedra,
gifnne, et louèrent fortement la sollicitude mais qu'il n'a donné aucune définition. Cela
ap()>tolique du pape Zozime. Suivant. Pros- démontre combien il est léi^er de tirer, du
per (!), deux cent quatorze évéquesassistèrLnt fait de Zozime, un argfument pour montier
,i ce concile que les souverains pontifes ne sont point in-
Ceux-là ont abusé de la conduite du pape faillibles, lorsqu'ils décident Ex cathedra dans
Zozime, traitant Célestius avec trop de dou- des controverses en matière de foi.
ceur, qui saisissent toute occasion de rabaisser En laissant de côté cette observation, il est
les pontifes romains et qui nient leur infail- évident que si Zozime s'est montré bienveil-
liliiîitè quand ils définissent Ex cathedra des lant envers Célestius, on ne peut aucunement
questions concernant la foi ou les mœurs. l'accuser d'avoir commis une erreur en ma-
Cela se voit en [larticulier dans la Di'fense du tière de foi. Il est certain que Zozime se
la d'-claration du clerf^é de France en 1082 {i) ; trompa, puisque Célestius, dans le fond, était
L'auteur y parle de Zozime comme d'un papo ur. étique, tandis que le Pape, touché de sa
qui s'e?t manifestement et gravement trompé manière de parler et d'agir à Rome, ne le
en matière de foi, puisque, dans ses deux pre- croyait point tel. Mais cette erreur de Zozime
mières lettres aux éveques d'Afrique, il ap- n'est qu'un mécompte dans une opinion pré-
pelle catholiques Célestius et sa profes>ioa de conçue sur le sentiment intérieur et personnel
foi. L'injustice de celle accusation contre le de Célestius. Qu'est-ce <iue cela a de commun
pape Zozime est évidente par la considératioa avec l'infadlildlilé dont nous croyons les sou-
de l'iiisloire et par les exposés savants qu'en verains pontifes revêtus, pui-que eette infiil-
ont fait les défenseurs de la chaire ai)Osto- iibilité s'entend, non d'une opinion sur les
lique, notamment le cardinal Orsi dans son qualités intérieures d'une personne, mais de
ouviM'.;e De l'irré/onnable jiiyement du pon-
: décrets dogmatiques rendus, ex cathedra, par
tife romain dans la définition des coniroverses les souveraints pontifes?
de foi (3). On ne doit même pas penser qu'il y eut. à
Il u'est pas difficile de voir que Zozime ne Zozime, témérité et absence de justes moi ifs,
peut pas être dit gravement trompé en ma- lorsqu'il accueillit cette opinion sur le senti-
tière de foi pour ce qu'il a fait envers Céles- ment inttM-ieur de Célestius et erui p uvoir
tius. D'abord quand on voudrait accorder ce appeler catholique sa déclaration. Le l'ape,
(lui est faux, savoir que Zozime quand il ap-
: en etiet, peut avoir sous les yeux, ce que l'on
pela Célestius -^Itiolique, commit une erreur doit toujours considérer, ((uand il s'agit de
en matière de foi puu. soutenir la thèse de
: décider si quelqu'un doit è Ire tenu pour héré-
ceux qu' attaquent l'infaillibilité ponliticale, tique savoir que ce qui c )n-titue rhi'réliiue
; :

il taudrait dire que les lettres de Zozime aux ce n'est pas seulement l'ei reur contre la doc-
évèques doivent compter parmi les détinilions trine catholiiiue, mais l'!)p.niàlreté àsnut 'iiir
L'x citthedrâ. Car les défenseurs de la papauté l'erreur malgré lu décisif.i contraire de l'E-
Démettent en cause que ces détinilions. Or, glise. Car, Célestius s'était dit prêt à corriger
cela ne peut se prouver il'aucune façon, si ce qu'on découvrirait en lui diune d'amende-
l'on coiisi.ière les deux lettres que ce poutife ment. En outre, il avait dit euudamner toutes
écrivit aux Africains. les erreurs qu'lnnoeenll"avait piomis de con-
Le pape Zozime ne change rien au juge- damner et qu'aurait rèprouvéï'S le Saint-Siège.
ment du pape Innocent, il ne dèliiùt rii-n de Si Célestius avait l'ail sincèrement toutes ct!S
nouveau, mais croyant Celcstius non légitime- promesses, comme le crut Zozime, on n'aurait
ment condamné, le présumant même, dans pas pu penser que sa créance éta t certaine-
son co!ur, catholique û iide, il demanda aux ment hérétique. Si donc, Zozime, ciéterminé
Africains, par sa pienr'iiM-e lettre, d'envoyer à par ces raisons, l'appela catholique, il est clair
home, sous deux moi^, des repré-entants i>our qu'il ne le fit pas témcraiiemeut et saus une
triiler l'atlairii en sa présence et montrer si juste cause,
Célestius avait laïqmite faussement et par Cela est oonfirmé par le témoignage de
rusi; loutce'iu'il disait. Dans >a seconde lettre, saint Augustin à Honilace (4): » Comme Céles-
Zozime lisait « Uue votre fraternité sache
: tius, dit-il, avait mis dan- sa sup|iliiiue ceci
donc, qu'après la réception des lettres que (l'erreur sur le péché originel) parmi les choses
vous nous avez envoyées, nous n'avons rien sur lesquelles il confe'Ssait douter encore, mais
olian;^'é, mais nous avons laissé toutes choses vouloir être instruit ; dans un homme tl'ua
dans le mtuiieétat; [lulsque, par nos lettres, esprit très-vif, qui eut rendu di's services s'il
nous avons indi.|ué a Voire Sainteté, que l'at- se fut corrif^é, on approuva la volonté d'amen-
te^lalioii, que vous nous aviez envoyée, sub- dement, non la fausseté de la croyance et sa ;

attendu qu'il n'y a jamais témérité à


sistait; supplique l'ut dite catholique, parce qui! est
permettre qu'on Ixaite les choses louj^uemeut de l'esprit catholique si l'on peuse aulremenl

V) C<mtr* U conférencier Catiieit. c. u. — (î) L. IX, c. xxxv. - (3) T. U. p. ISÎ- —W L. II. c.


S38 insTOmE DNIVEKHELI.K DE I/KGI.ISIv CATHOLIQUE.
que ne l'exige la vérité, de ne pas ilélinir l'en'^einlile (tl laraison du mémoire. Si Zo7.iin«
son >;ontiini'iil conim^- tirs-rfrtïiin, triais lors avait commis culte cricur, il pourrait elr«
((ii'il est iii'éiMsé etcléiiionlié taux, de l'alijiircr. aci-ii-c d'iMieiir dans le ju:;cmi'ril iriin lait
Ccri se rencoiitvail dans lu ciiTonslanre, iiuis- dogmatique. Or, pour rnontn-r que Zozime n't
(MU! Célcslius (li'flara dimiiiT son a^-rnliinctil pai erré non plus sous t-f rapport, nous doi»-
aux lettres du l'ajic' Innoient d'Iienreuse iin'- nerons une preuve pérempt<jire pour di'moin
nioire, qui cnlevuiciil tout doute sur cotte trer que ce pontife a rejeté! le sens naturel et
quesliim. » obvie au livre de Olestius cl a demaiulé à
L'err('nr de Zozime eut été toute dillV-ienle, (>éleslius de réprouver lui-mém<'ce sens.
si, eoMune Ci'lrstius l'avait allirmi- dans soi) Uuel ('•lait le sens naturel ilo l'écrit de O'-les-
nii'inoire, li' Pape avait [ironoiici' que le péclié tius, sur le péclié origimd'.' Saint .\u({uslln
d(! notre prcinier ["Jro ne ]iasse pas à ses des- l'indiqui' dans son traité sur ce sujet (.'J, et il

eendanls. Mois il eût certainrnient enseigné l'avait emprunté à Céleslius lui-même. V<iici
une criiuinelle hérésie et son crn;ur toiniterait quel était ce sens u Pour lu rénii-sion de!
:

tout à l'ist sur une uialiére de foi. Mai~ nous péchés, niuis ne disons pas que les eiif.iiitfl
pouvons nier en toute assurance (jue Zo/.ime doivent éti-e linpliség, pour pariiilrc accepter
ait aiiprouvéo'l prononcé là-dessus car il n'y : que le péché vienne de notre premier pore:
a aut't'.n monument qui puisse le démontrer ; ceci est l'orti'lr..ni,'er au Kentimenl catholique,
Aiij^ustin, au ef)ntraire. atteste en toute con- parce que le péché ne nail pus avec l'iiouime,
flame à IJonifai e (1), i|ue jamais le |ioritife puisipi'il est. par la suite coiitmis |»ar l'homme;
n'a rien aliiriné ni de vivo voix ni par ('crit î c'est un délit, non de la nature, mais de la
« U'ielle est donc la lettre du Pape Zozime, vcijonté'. •

de vénérable mémoire, quel est le propos, [lar comment est-il rerlain que le
.Maiiilenaiit,
Icniiel il ait ordonné de croire ([ue riiomine lia))e Zozime demanda à C'deslius de rejeter
nait sans la tache du péché originel ? Jamais ce sens mauvais et criminel de sa proposition?
il ne l'a dit, jamais il ne l'a écrit. » Cette certitude se tire de ce (|ue ce Pape vou-
Non-seulement il n'y a pas de monument lut (|uc Céleslius approuvât tout ce qu'avait
pour montrer que Zozime soit lomlié sous di'iidé' le pape Innocent. Or. il est certain
cefti' erreur, mais nous pouvons démontrer, qu'Innocent ;ivait enseigné, sur le péché ori-
par un fait inéluctable du même poniife, qu'il ginel, la doctrine catholique. Zozime voulut
a improuvé l'erreur qui nie la liropafjjalion encore que Célestius condamnât ce .pie lui
du péché originel, même lorsqu'il traitait avait objecté, au concile de (iartli ige, le diacre
Céleslius avec bienveillance. 11 est certain, en Paulin Qu'avait donc objecté ce diacre, dans
:

elft, par l'histoire de l'instruction qu'établit ses accusations ? Suivant Au'.'ustin (i), il
Zozime sur la foi de Célestius et par le témoi- avait accusé Céb-slius cl 'enseigner « Que le :

gnage de saint Augustin, en »on \i\ie Du pikhé pi'clié d'Adam non le


n*a blessé que lui cl
originel (2), que Zozime voulait (jue (x-lestius genre humain... parce que le» muive.nixnés
aiiprouvàt ce (pi'avait enseigne innocent dans sont dans l'état oùétailAdam avant sapie^a-
sa lettre aux Africains et comlamnit ce <|u'a- ricatiou. »
vait objecté à (Célestius, sur ses erreu's, Pau- Je sais que Céleslius n'eut pas grand souci
lin, diacre de saint And);oise. Or, il est connu de ce que lui avait objecté PauLÏii; je sais
de tous qu'Innocent, dans su lettre, avait qu'il se borna àatlirmor ipi'il était attaché île
enseigné la doctrine cathoIi(|ue sur la propa- cœur à la sentence d'Innocenl, qu'il olx-i^-ait
{çation, dans le genre humain tout entier, du et qu'il obéirait ace qu'aurait déciile la ch.iire
jiiHhé du premier homme et Paulin, au con- ; aposloliijue. Si Célestius ne jiarle pas de Pau-
cile de Cartilage, avait objecté à Ci'ieslius, de lin, il est manifeste que le l'onlile entendait
rejeter, comme faux, le péché originel: Céles- dans un autre sens que Ddestius, et que Paulio
tius répondit qu'il acceptait volontiers tout avait écrit pour combattre ses propo-ïtions.
ce qu'avait di'cidé Innocent et condamnait Cela montre que l'iulenliou de Zozime ëtiit
tout ce qu'aurait condamné le Saint-Siège. de ré|trouver le sens naturel du travail de
Zozime montra donc quel était son sentiment Céleslius. Quoi()ue C«Meslius ne se soit pas
sur le péché originel, de manière ijuo, par un occupé de Paulin, il est certain cependant
fait insigne, il se montra tout à fait étranger aue l'accusation de Paulin fut trouvée, par
a l'erreur de Céleslius. Comment peut-on donc Zozime, conforme à la vérité, et, par consé-
accuser Zozime, comme s'il avait embrassé tjuent, Zozime renvoya Célestius de m.niiére à
l'erreur criminelle qui nie la projiagation du paraître rejeter sans reslricliou le seii? impie
péché originel dans tous les hommes'? de sa doctrine. C'da suflil pour montierque
S'il est f.icile de montrer que Zozime n'est Zozime combattit le sentimi-nt impie de Céles-
pas tombé dans l'erreur qrie nous avons dite, lius. Comment peut-on doue aflirmer que c«
il n'est pas diflicile de prouver que ce pontife poiilite partagea cette erreur?
n'a |ias commis davanlag l'erreur de déclarer Il faut ajouter que Zozime, par un décret
catlioltcpies les propositions par lesquelles solcuiiel, adressé" à tous les évèques de la
('élestiiis avait nié le [léché originel. Je veux l'hiétienlé, condamna Pélaite. Céleslius et
dire enrecevant ces pro|iosi(ioiis dans le sens erreurs de leur luTcsic. Or, il le fît
liiules les
que comporlaicùt les paroles , le contexte. dés qu'il sut que Célestius avait expliqué s

0; Livro U. c. m. — (2) CM. ti-vh. — (3) Cti. vi. — (4) De /eitu Pttag. c. u.
DISSERTATIONS SUR LE LIVRE TRENTE-HUITlKME. 539

faux le sens de son mémoire. Zozime jugea damna, parmi les propositions de Jansénius,
donc Cclestius hérétique, parce qu'il expli- ovéqued'Ypres, comme fausse et hérétique, la
quait dans 'e sens pro|ire, que comportent proposition qui porte : « Que les pélagieus
le? paroles, le contexte de la supplique. On avaient admis la nécessité de la grâce infé-
doit donc dire que Zozime avait rejeté le sens rieure pour tous les ai-tes, même pour le com-
propre et naturel de cet écrit. mencement de la foi ; et qu'ils étaient héré-
Cela suffit pour défendre Zo/ime. En ce tiques en ce qu'ils voulaient que cette grâce
qui regarde le pélagianisme voici ce qui en fût telle que la volonté humaine pût y résister
,irriva. A la réiiuisitioii du l'a]ic, tous les évè- ou y obéir. » Cassien, autrefois auditeur de
ques de la chrétienté souscrivirent à la lettre saint Jean Chrysnslome et ordonné diacre par
jiontificale qui condamnait l'ut-rcsie j)ôla- le grand Patria>clie, fut, à Marseille, l'auteur
gicniic. excepté dix-huit [irélats dont le prin- de cette hérésie, et c'est pour cela que ses
cipal, ^Âir rob>tination et ro|iiniàtict(;, fut adhérents, assez r îbreux, furent appelés
Julien il'Eclaue. Ces dix-huit évéi|U(>s, furent, Mnrsei.U.ak. De l'ouvrage que Cassieu a inti-
jioiir ce motif, déposés et bannis. I^'cmpercur tulé Confci'ences des l'pifs, les erreurs semi-
:

llonoiius chassa égaiement île l'empire Céles- pélagiennes se n^pandirent à Marseille, au


tiiis et l'élage. L'appel des pélagieus au futur monastère de Lérins, à Hrles et dans le diocèse
concile général fut méprisi; de tous, comme de Lyon. Augustin les réfuta d'une manière
rem[di d'audace et île témérité. Le concile invincible. Le Pape Célestiu l", par une très
o'cuménique d'Ephèse, ou se présentèrent célèbre lettre aux évèques des Gaules, répri-
julien et plusieurs autres, les condamna, eux manda fortement les détracteurs d'Augustin
et leurs erreurs, par deux canons. Enfin la et combla de louange le docteur d'Hippone.
secte fut réprimée par les grands travaux de On inlligea, par la suite, aux semipélagiens,
saint Augustin et par les condamnations réi- la noie d'hérésie. Après que les Papes (ii-lase
térées des pontifes romains , Célestin I", et Hormisdas eurent condamné les livres de
Sixte III, Léon le Grand etGélase I". Cassien et de Fauste de Kiez, en S29, se tint
Nous leiininerons par un mol sur les semi- le deuxième concile d'Orange, qui, par l'au-
pélayiens. les hérétiques n'enseignaient pas torité du siège aposlolhjuc, [lorta vingt-cinq
la plupart des erreurs de Pelage ; cependant canons et [)ioscrivit le semi pélagianisme.
ils pi'chaient en ce point (pi'ils refusaient d'ad- Après la mort du Pape Félix IV, à qui l'on
mettre la néciissilé (le la grâce intérieure pour avait demandé la contirmatiim rie ce concile,
le commencctrient de la foi et pour les pre- Boniface II, qui lui succéda en .'>:)(), revêtit ces
miers actes de la volonté ([ui s'aïqjliqiient au canons de la sanction pontificale. On trouve
désir lin salut. Tous les anciens monuments des détails sur celle! In-resie, dans toutes les
atli'stenl que telle était cette lién'sie. Ce qui histoires de l'Eglise, nnlamment dans [' llistairn
le prouve entre autres c'est qu'Innocent con- du pélagianisme, par le cardinal lleuri Noria,
LIVRE TliKNTE-NEUVIÉME

DB l'an 430 A l'an 433 DE l'ÉBE CBRÉTIENirB

L'Êglifie cathoII<|UC maintient sa doctrine de l'Incarnation contre VhfTf-»in


grecque de IVestorlua. — Concile d'ICpbctie. — Le pape Célentln. — Autorité
du Sléfi;e npoMtoll<|ue.

Rnmfï pnîenn<> sVn va iliî avec


plus en plus marcha contre lui. Il y eut un combat .\?tiu8 :

son onipiiM: (le Hi)mo diiétienne


l'iiiinimi' , fut vaincu, mai~ a[irès avoir blessé Bonif.n-e,
s'élève (le pliiscn pliisiivec son empire de Dieu. qui en mourut au bout de trois mois. Placidie,
Aillant les .successeurs de (^ésar et d'Augu-te inconsolable de la perle de ce grand capitaine
di'ij;énèren', autant les successeurs du pécheur fit pa-ser tous ses titres et toutes ses charges
Pierre grandissent en vigueur et en autorité. sur la tète du comle Sébasiien, son gendr»*.
Les peuples barbares se succèdent pour ren- C'était un homme également habili- pour le
verser Tempire et pour ofl'rir à l'Eglise des conseil et pour l'exécution. .\ëlins s'était ré-
peuples nouveaux. fugié ciiez le roi des Huns, dont un neveu se
Une intrigue odieuse du général romain nommait Attila, et il en revint bientôt à la tèle
Aétius avait pousse à la révolte le général ro- d'une armée de ces Barbares. Placidie ne vit
main Bonil'ace son protecteur, Boiiiface, pour rien de mieux que de traiter avec Aë'ius. de
se soutenir, avait ouvert l'Afrique aux Van- lui rendre toutes se, ilignilés, en y ajoutant
dales. Les Vandales, entrés en Afri(iue l'an celle de patricc, et de sacrifier Sébasiien il).
428, à la prière de Bonil'ace, refusèrent d'en Tri gélius, successeur de Boniface en .Afri-
sortir, à sa prière, en 430. Il voulut les que, lit en 433 un traité de paix avec le roi
y
contraindre par les armes mais il fut battu
; des Vandale^, (i-nséric en profita pour éta-
et assiégé dans Hipi>one. Ayant reçu, l'an blir l'ariani-rae et ruiner la religion catli.di-
431, un secours considérable de troupes de que dans les terres de son obéissance. Il per-
Con-tantinople, sous le commandemi'iit <i'.\s- sécuta plusieursévéques, en particulier saint
par, les deux généraux livrèrent liataille à Possidius, l'ami et le biographe île .saint .\u-
Genséric ; mais ils furent entièrement iléfails. gustin. Il leur ôta les églises et les chassa
Aspar se rembarqua, et Bonil'ace ne put em- même des villes parce qu'ils résistaient à ses
pêcher le vainijueur de retourner à Hippone, menaces avec une constance invincible. Il
que ses habitants avaient abandonné. Les voulut au.ssi pervertir quatre Espagmds qui
Vandales y mirent le feu, et il ne restait étaient en grand h<nineur auprès de lui et
plus à l'empire que Cirtlie ou Constantineet que leur capacité et leur fidélité lui avaient
Carlhage. rendus forlchcrs.il leurordunna d'embrasser
Pour perdre Boniface. .Aftiiis s'était ligué l'arianisme. Comme ils s'y refusèrent, il les
avec Félix, autre i;t'iii'ral romain et con>ul en proscrivij. les exila, et enfin les fil mourir de
428. Deux ans jilus tard, le soupçonnant de diverses manières.
vouloir le jierdre à son tour. .\ètius, le fit Du reste, -acruauté naturelle oui ?a cruelle
ma-isairer, ainsi que sa femme, par les Irou- politiijue ne pas plus épargner se^
lui faisait
pes de Bavenne. Dans l'intervalle, il ballait proches ([ue les catholiipies. Il avait succédé
les jiarbares dans les Caides. sur le Rhin et dans la royauté à son frère Goniieric, qui
dans la Germanie. Boniface étant revenu de laissait une veuve et des enfants. Quand il st
l'Afiiipie, l'impératrice Placidie, pour .contre- vit maître de la Mauritanie, il noya la veuvê
balancer ambilion impiTieuse d'.Vetius, le
I
de son frère dans la rivière de Cirthe, et égor-
combla de faveurs et le nomma généralissime gea ses neveux.
des armi-es de l'empiie. Aëlius, n'eut pas plus Genséric, voyant les Romains occupa ail-
tôt apju-is celte nouvelle dans les Gaules, qu'il leurs, sur|irit Cathage au milieu de le paix, lo
revint en Italie avec ses troupes. Boniface à la 19 octobre t3'.l. En y entrant, il arrêta par
léte de celles qui se trouvaient dans Havenne, des ordres sévères l'avidite des soldats ; il dé-

(t) Uni. du Bas-Empirt. 1. XXXL


LIVRE TRENTE-NEUVIÈME. '>ll

fendit le massacre el le pillage ; mais c'«Hait passé par l'eau et par le feu. Ainsi, dins
pour se réserver A lui même toutes les riches- l'Eglise catholique, j'ai passé par la meule et
ses .les habitants. Il leur ordonna par un édit par le crible, j'ai été arrosé de l'eau du bap-
de lui apporter tout ce qu'ils avaient d'or, tême, et perfectionnépar le feu du Saint-
d'argont.de piorreri -s, de meubles préciouT, et Esprit. Qu'on rompe ce pain, qu'on le trempe
les força par .'es tourments y déclarer tous daos l'eau, (]u'on le repétrisse el ipron le
leurs trésors. II conserva les maisons des par- remette au four s'il en devient meilleur, jo
;

ticuliers mais il détruisit les édifices publics,


; ferai ce que vous voulez. Il voulait par ce:to
principalement les énrlises. lien laissa cepen- parabole montrer l'inutilité d'un second bap-
tliiiil subsister quelques-unes après les avoir têm.'>. Genséric l'entendit bien et ne sut qu'y
[)illées ; il en abandonna une partie aux répondre. Il le fit mourir en 449, sous un autre
ariens et changea les autres en casernes. prétexte (I).
La ruine de Carthage retentit par toute la En Espa'j:ne, les Suèves s'emparaient des
terre. Elle avait un sénat célèbre. De tant de pays que les Vandales avaient ab;>ndonné=, et
personnes illustres, les unes furent réduites battaient les troupes romaines qu'on envoyait
on servitude les autres, dépouillée- de toute
; contre eux, en attendant que les Visi'.,'(>llis
leur fortune, se virent d'abord reléiiiiées dans de la Gaule méridionale vinssent les battre
des déserts, ensuite bannies de l'Afrique et eux-mêmes, et former avec eux la nation espa-
conlraintes de traverser les mers. La plupart gnole.
portèrent en Italie le spectacle de leur infor- Les Gaules étaient partaarées entre les Ro-
tune. On fit embarquer, dans des vaisseaux mains, les (joths, les Bou^gui^'^ons et les
/)risés et prêts à faire naufrage, l'évêque de .Mains. Les Goths occupaient l'.Vipiitaine les ;

Cartbage, Quod-vult-Deus, avec un grand nom- Bourguiirnons ou Burgondes, entrés pu- l'Ib-l-
bre d'ecclésiastiques, et on les fit sortir du vétic, av:iient fondé un royaume dans le pays
port sans vivres et même sans habits. La Pro- nommé d'eux Bourgogne; les Alains n'ayant
vidence les sauva contre toute espérance ils ; pu être chassés, Aëlius leur abandonna le pays
abordèrent heureusement à Naples. Le culte de Valence, sur ie Bhône. Dans les contrée^ ijui
catholique fut proscrit: celui des ariens fut apparlena'ent aux Romains, l'avarice des ma-
.seul permis dans tous les Etats de Genséric. gistrats était telle, que les hiibitants les plus
Les Vandales eurent ordre de chasser du pays dislinijués se réfugiaient chez ies Barbares, et
ou de retenir en escl.ivage tous les évèques que les paysans se soulevèrent plusieurs fois,
catholiques et toutes 'es personnes distinguées sous le nom de Bagaudes, notamment dans
par leur laissance ou par leurs titres. Plu- rArmoriijue.
sieurs de^^es exilés étant venu un jour trouver Mais depuis plusieurs années s'avançait des
Genséric pendant qu'il se promenait au bord bords du Uliin le peuple ipii devait un jour
de la mer suivant sa coutume, se jetèrent à donner son nom à la Gaule tout entière.
ses pii'ds, le suppliant de souffrir qu'après Celaient les Francs. Déjà depuis plus d'un
avoir perdu tous leurs biens, ils pussent de- siècle, ils avaient donné leur nom au |iavs
nicuier dans le pays sous la doininatiun des qu'ils habitaient au delà du Klnn. El aujour-
Vandales, pour essuyer les larmes de leurs d'hui eni'ore, ce pays s'appelle, dans leur
compatriotes. Mais Gensé ic, lançant sur eux ancienne lingue, qui est re tée la sienne,
des regards menaçants J'ai rés du, leur ré-
: Frankenland ou le pays des Francs: c'est ce
liondit-il d'exterminer votre nation, et vous (pie nous appelons Franconie. L'orateur
êtes assez hardis pour me faire une pareille Eumene, dans son p.inégyiiqiie de reinpereiir
deiuaude Il allait aussitôt les faire jeter dans
! C.iuisiaiitin, donne plus d'une fois le nom de
la mer, si ses officiers ne l'en eussent détourné France, Frnncia. à cette patrie origiu -lie des
i force de [irièros. Franc lis. Et saint Jeromé observe ipi'un garde
Le comte Sébaslii^n, après diverses aven- du ci)r[>s de reiuipereur C.onstince, qui vint

tures, s'était enfin réfugié en Afiique. Gensi'ric trouver sainl Hibirion alin d'être giit'ri par ses
•%c pouvait se passer de ses conseils, et toute- prières, faisait assez coiinaitre pir la Min-
fois il le craignait: en sorte que, voulant le clieur de son teint et ses cbevmix blonds, qu'il
faire mourir, il en cherchait un prétexte dans él.iit de la nation de- Francs: « Car, dil i'

la religion. Il lui dit donc un jour, en pn-- entre les Saxons et les Allemands, il existe une
Bcnce de ces évèques et de ses courtisans Je : nation moins élendiie ([ue torle, que les his-
eais que vous avez Juré de vous attacher fidè- toriens nomment Germanie, mais que main-
lement à moi, l't vos travaux font voir la sin- tenant on aiqielle France (-2).» Le uom de
cérité de votre serment mais aiin (|ue notre
;
à
Flancs, inconnu 'Facile, èlailcommun, deux
amitié soit perpétuelle, ji; veux <\w vous em- siècles plus lard, à plusieurs peuples qui- le
brassiez ma i(!ligion. Seliastii'u (lcn)anda que même Tacite ap|ielle Bnu-tères, Cliain.ives,
l'on apportât un pain blanc; [luis, le prenant Clierusques, Halles, Sugauibrcâ OU Sicambros,
entre ses mains, il dit l'our rendre ce pain
:
el (l'aulns noms (3).
digne de la table du roi, on a premiereuieiiL La manière la plus na:iirerie d'cxpliiiaor c;;
séparé le suu de la farine, ensuite la pâte u fuit, c est que, dans l'inU-rvalle, ces divori

(I) Victor VU. De ;)«•«<-<•. Vand., I. I, c. vi. -


(2) t<. Hier, m Vih S. Uiiarim. c. xvu. - W V.. l,
Anna/., 1. U, c XXVI Oerm. pasiim. Sul/> Alex.,\. l\ , apud Oreg Turon, l. 11,0. vui.
.
B»» IlIRTOinK UNIVEnSBM.B DE L'ftGMBR CATIIOUgUE
pciiplps, 501)= lo nom ('(iiiimun (U\ Francs, qui gédiés so jetèrent «ur le roynorae des Bour-
vfiiii (liie linmnies liln'cs, l'oinK'rciit uiin c.wi- guii;n<ina, et faillirent l'anéantir dans iir.Q
fédi'radon [tour di'liMidni leur lilicn-lé cl loiir jecniièie bataille mais ils furent eux-m i-ino
;

indépendance. Les Francs ("îlaicnt, |par-dnssus dcfail-'ian.suiiosecontle. Pour éviter la «ucrio,


toutes les nations fçerniaiM([u(':<, d'une v.deur l'enqiereur de CÀjn.-ilantinople payait une
indomptable. Leur fusion iivoe les (Jaulois ou grosse (lension au roi des Huns. Ce roi étant
les Celtes, dont la bravoure allait jiim|u'ù la mort en /i:i.'l, il eut pour suece^seurs les lUtux
témérité dès le temps irArisloIr, expli(iue le Iils de Monndzouc. son frCre. (luux-ci «; nom-
naturel belliqueux des Francs modernes ou des maient lili'da cl Attila. Il- rè-u'oerent ensemlde
Français. juscjue vers l'an -iil, ipi'Allila tit a«6assiuer
Depuis le milieu du troisième siècle, les Êon frère pour régner seul (.'()•
Francs ne cessèrent de fane elibrt pour passer Aelius avait niontré aux Huns la route de
le Uliin et s'établir dans les Gaules. Une des l'Italie et de- (iaules. On vit quelque clivée do
grandes afiniies des ir^^^ions romaines était de idusélraiige. ,\on-seulem<-nt l'cniiM-reur Valen-
repousser leurs invasions sans cesse renais- tinien III, pour adoucir Attda, lui conféra le
santes. Il y avait des Francs au service de titre dégénérai romain; maissu>o'ur Honoria,
rem]iire et .jns([n';'i la cour des em[ieri'urs. soeur. nici:e et cousine germaine d'empe-
fille,
F/empereur Ma^nence était Franc de nation. reurs, n'ayant que seize ans, depéclia sécréter
Le Fianc Méraubaude fut con-nl en .S78 avec roc'ut au roi des liijn-^ un eunui|ue uflidé, pour
l'cimpereur Gralien le Franc L!; uton, en.'J8.^,
; voidail être sa femme, et
lui di'clarer qu'elle
avec, l'empereur Arcade, (]uié|)ousa sa fille en qu'elle lui transmettait tous les ilroilii que sa
393. Ce fut de l'an ^.'iO à -iliS, que le corps de nai.ssance lui dunnait sur la succi'.s-ion du
la nation franque, sous la conduite de Cloditm, grand Tliéodose. Fn œnsécjucnce, elb- l'iu* ilail
fils de l'haramond, s'élablit dans les (îaiilos à venir au (dus tut en Italie, cl elle lui envoyait
d'une manière pennancnte. Clodion faisait un anneau jiour gage de la foi conjugale.
d'aiiord sa résidence dans le pays de Ton^'res. Comme il lardait à venir, elle s'abandonna à '

S'avançaiit delà, il se rendit maître des villc's un de ses intemlants, et fut clias-é du pa-
de (.ambrai, de. Tournai et d'Amiens. Aelius lais. Ce qui la portait à ces exlravagarucs,
non-seulement lui oll'i it la paix, mais con- c'est ipi'cllc Voulait être mariée, et que sa
tracta avec lui une étroitr; amitié il îidopla : mère, l'iaciilie, croyait politique qu'elle ne le
le plus jeune de ses iils, et l'envoya à lîavennc fùl pas (i).
pour obtenir de rem|)ereur la ratilication du Valcnlinien n'élait pas plus retenu que sa
traité, et pour lui oll'rir les services de la natiou soiur, quoique son éiiouse, l'impè-ralrice Eu-
franque (1). dosie, ne lais>àt rien à désirer. .N' us le ver-
Mais les Vandales, lesSuèves, les Gotlis, les rons assassiné [par un séiialeur dont il avait
Alains, les Francs étaient poussés en avant déshonoré la femme. Nous verrons ce sénateur,
par un autre peuple, dont le nom et les guer- devenu epjpercur, contraindre l'impératrice
res SI! sont retrouvés Jus(]ue dans les annales Eudosic, la veuve de Valcnlinien, àrépoiiscr.
de la Cliinc et de l'Arménie c'étaient les : Nous verrons Fudoxie, pour se veng<T de cet
Huns. Venus du fond de la Tartarie, ils cam- allrout, aiipeleren Italie et à Piome le roi îles
paient dans la Ilonj^rie actuelle, qui parait Vandales, le cruel Genséric. Tel élail l'empire
avoir pris d'eux son nom. Ueiuiis ijuelque romain en Occident.
temps, les Huns s'étaient faitconnuilrt' a l'em- L'Eglise y présentait comme un autre monde,
pire de Constantiniiple et à celui de Uavenne. tant son esprit, son gouvernement, ses princi-
Aéiius, qui avait été en otage chez eux, en paux pasteurs élaiciit autres. Elle vit plus
ramena, l'an i-Ii, un coips cic tioupes pour d'une de merveilleux changements.
fois
soutenir rusurpaleur Jean, (^es Huns, n'ayant Germain était duc irAuxcrri;, c'est-à-dire
rien trouvé à faire, se jetèrent dans la Tlirace glanerai îles troupes de la [U'ovince. Né dan» la
en 42(i.el, ravageant tout le [tays, niarclièrent ville même, d'une illustre famille, il avait
vers Constanlino|ilc, menaçant de la miner étudié les lettres, principalement la jurispru-
de fond en comble. Tbéodose, n'ayant alors dence, et dans les Gaubs et à Iiome. Il avait
point de troupes à leur opposer, e;:t recours épousé une femme égalemenl distinguée par
aux prières, et le ciel prit sa iléfense. I'lu>icur3 sa naissance et par sa verlu. Sou «rand diver-
de CCS Barbares furent tués de la foudre avec tissement était la chasse il se plai-flil à pen-
:

Rougas, leur chef la peste désola le reste de


; dre les tètes des animaux qu'il avait tues à un
leur armée, et ils furent contraints de rega- poirier qui élail au milieu de la ville. L'évé.juc
gner le Itanube (-.>.). \ii< 'i3'.', Aélitis, disgracié d'Auxerre, Amateur élait son nom, l'eu reprit
par l'imiiératrice l'iacidie, alla de nouveau souvent, comme d'un reste de superstition
chez les Huns, ehercber un corps de troiiiiea raïenne. Germain n'y voulut point entendre.
pour se faire rétablir. Il s'en servit après, 'n jour, eu son absence, le saint éveque lit
ainsique d'un corps d Hérulcs, de Francs et couper l'arbre et jeter les dépouilles de,* botes
de Sarmates, pour faire la guérie dans les fau\es. Le général en fut tclb-mcnt irrité,
Gaules. La paix s'élaat conclue, les Uuus con- qu'il menai;a l'cvéque de mort, et, [Miur exc-

(1)
mpîtt,
His!-
1.
du Bnt-Ef'flrr
XXXJ etXXX.U,
1. XXII.
UO106. —— '
Ç] Soc,
(4)
1.

Ibla., n.
VIL
&i,
c ^im. Tlcod-, I. Y, c. ixtvn
Jorukud, De rtgn. tuct. t\>\ui tluraiori.
-
(S) ll.tt. du Bat-
tJVRE TnENTE-NEUVIÉMB. 513

piiter sa mfinace, revînt subilement à la vjlle, 418, saint Amateur, se trouvant plu; mal, re-
av('ciin(! tiiiiipe de soldats. Amateur, vulurai- cueillit ses forces et fit un discours où il tâcha

à ceux qui l'averlis-


ifiinciit Aiiiàlrc, ri''|.'ondit de consoler les assistants de sa mort. En même
siii'iit (lu jiéiil Je ne suis pas (linneile verser
: temps, pour rendre son esprit à Dieu là même
miiu sang comme les martyrs. IJieiitut il fon- où il .iv^it coutume de le bénir nuit et jour, il
iiiit |iar révé.'ation que sa tiii était pniclie, et se lit porter à l'église. Le clergi' marchait de-
pour successeur ce inéuie (Jeruiain
qu'il aurait vant, la foule du peui)le à droite et à gauche,
qui menaçait de le taire mourir. Il partitaussi- les femmessiiivaient..\ peinel'eut-on placé sur
tot pour Autun, où résidait Jules, prélet des le trône éjjiscopal qu'il rendit l'esprit. .A. ses fu-
Gaules. néiailies,un|)aralyti(]uefutguériparreaudont
Le saint évêque d'Autun, qui se nommait on avait lavé son corps e.vant de l'ensevelir.
Sirapiice, ayant su que l'évéque d'Auxerre Aussitôt tout le clergé, toute la noblesse, le
arrivait, alla au-devant de lui avec son clergé : peuple de la ville et de la campagne, d'une
le préfet Jules fit la même chose avec ses offi- voix unanime, demandent Geimain pour
ciers. Le lendemain, saiut Amateur ayant de- évêque. il une espèce de guerre
fallut lui faire
mandé une audience, le préfet s'avança pour civile. Il s'était concerté avec quelques per-
le recevoir, et commença par lui demander sa sonnes de confiance pour résister aux vœux de
Ijéuediction. Le p'jntife la lui ayant donné, lui tout le monile. Mais ces personnes s'étant réu-
parïa en ces termes: l^e Seigneur m'a fait connaî- nies aux autres, il fut obligé d'accejiter l'épis-
tre que ma fin n'est pas Ioin,etquenul ne jui'n- copat malgré lui, un mois après la mort de son
«ra gouvernement de
le Eglise ([ue la sainte prédécesseur. Son ordination eut lieu le sept
i'èllustrissime Germain à : je demande donc de juillet, qui celte année était un dimanche.
votre Altesse la permission de le tonsurer. Jamais- on ne vit de changementplus prompt
C'est ainsi que le rapporte le prêtre Constance^ et plus entier que dans Germain, de général
qui éciivit la vie je Germain (piarante ans devenu prêtre et évêque. Il ne regarda plus
après sa mort ce qui montre que dès lors les
: sa femme (jue comme sa so;ur, et ses biens
clercs étaient distingués par la coupe des che- (|U(; comme ceux des pauvres. Depuis le jour

veux, et même par un vêtement particulier, qu'il fut ordcmné jus{|u'àsa HU)rt, il n'usa plus
comme il se verra plus bas. Le préfet répon- (le pain de froment, de chair, de vin, de vi-
dit : Ouoi(]ue Germain soit très-utile, et même naigre, d'huile, de sel, ni de légumes. l\ com-
nécessairt; à notre république, cependant puis- mençait ses repas par prendre un peu de cen-
<pie Dieu l'a choisi, comme votre béatitude l'at- des; puis il mangeait du pain fait avec de
teste.jenepuispointallercontrerordre'le Dieu. l'orge (ju'il avait lui-même battue et moulue.
Amateur, de retour à Auxerre, assembla Et cette nourriture, pire <iue le jeûne, il ne la
tout le peuple dans le parvis de sa maison, prenait tjue le soir, quelquefois au milieu de
leur déclara qu'il n'avait plus que peu de la semaine; le plus souvent il ne la prenait
temps à vivre, et les pria do lui choisir un que le S(>pliême jour. Ses liabits consistaient
successeur- Cornme il vil tout le monde garder en un cilice qu'il portail toujours, en une cel-
le silence, il sortit pour se lendre à l'église. lule, et une tunique d'une étotb' simple et
Tout le peuple l'y suivit. Germain et plusieurs grossière, sans(]ue la rigucurdc l'hiver lui fil
autres étaient armés, et se disposaient à en- rien ajouter, ni la chaleur de l'été rien oter.
trer ainsi ilutis l'église, selon la coutume des Un carri' en planches, reu.'pli de cendre jus-
Gaulois, qui [iortaient partout leurs armes. qu'au bord, sur lescjuelles il étendait un cilice
Mais saint Amateur, les arrêtant à la porte, et un sac, éUiil son lit. 11 s'y couchait tout ha-
li'ur dit Mes chers enfants, quittez ces jave-
: billé et sans chevet, le plus souvent sans oler
lots et ces boucliers; car c'est ici une maison ses souliers ni sa ceinture car il ]>ortail tou-
:

de prières, et non un champ de .Mars. Ils obéi- jours une ceinture de cuir, à laquelle était at-
rent. Alors l'évêiiuc voyant Germain sans taché un reliquaire. Il exerçait l'hospitalité
jirmcs, fit fermer les portes, et, entouré d'un envers toutes sortes de personnes, lavait lui-
cortège de clercs et de nobles, mit sur lui la même les pieds à ses botes, et leur donnait à
main, lui coupa les ciieveux, lui ota les orne- manger sans rompre .son jeune. Pour se faire
menla du siècle, le revêtit de l'habit de reli- une solitude au milieu du imuide même, et at-
gion, l'avertissant de .se rendre digne dusacrè tirer les peuples tout enseud)le à la foi catho-
ininislère, parce que Dieu r.<vail choisi pour lique el a la vie religieuse, il bâtit un monas-
«on successeur. Ensuite, •^dies-ant la parole à tère vis-à-vis d'Auxerre, de l'autre coté de U
on peu|de Mes bien-almés enfants, leurdit-
: rivière d'Yonne, en l'honneur des saintsC.osuuî
il, le Seigneur recevra bientôt mon àme je ; el Dainien. Il s'y leiirait souvent, et y établit
vous conjure de vous accor.lcr à éliie notre pour|iremier alib(> saint .Vllode, à qui succéila
frèn; Germain. Toute la mullitude répondit: saiut Mamertin (I).
Auicn non sans verger des hirnu-s; car tout
I Etant encore dui' il'.Xiixerre, Germain voyait
le monde était afdigé de |pcrdre iiti tel [la-^teur. .1 sa cour un jeune homme di-linnuê. Loup
Ce qui les consolait en parlii', c'étail la pensée était son uo:n. Issu d'une Ircs-noble laruillo
que son successeur ne serait pas dill'erciit. d(! Tmd, il avait éludii' dens lesivoles îles rlié-
Le premier Jour de mai de la même année leurs, et acquis une grande réiiulalion d'iilo-

'\) Àcta SS., a )ulù.


M HISTOIRE UNIVERSELLE DE I/KGI.ISE CATHOLIQUE
qiience. Ilépousa Pii^méniole, sœur rie saint convaincu. .Mais plus flatté des biens dont il

llilairi!, évêque d'Arles. La septième anniîe jouissait ipie de ceux qu'on lui faisait espérer,
(le leur innria^e, ils se séijaièrent d'un com- ilcontinua a jouir des premiers. Saint Honorai
mun consentcn\cnt, p mr mener une vie plus eut recours à la prière;; il y joignit ses larmes
parfaite. Loup quitta sa maison paternelle, et et ses caresses. Mais rien ne put amolir le cœur
PB retira au monaslèr de Lérins sous la con-
,; d'Hilaire. Il le quitta donc, sans toutefois l'a-
duite de saint Hon )rat, qui en était alors bandonner; car, trois jours après, .lit Hilaire
abbé. A]irès s'y être exercé quelques années lui-même, la mi.sf'ricorde de Dieu, sollicitée
dans les jeûnes et les veilles, il fit en 420 un par ses prières, subjugua mon âme rebelb- Le
voyage à MAcon, pour y distribuer aux pau- trouble de mes pen-ées avait banni le sommeil
vres ce qui lui restait de bien. Mais, comme il de mes yeux, je voyais d'un c6té le Seigneur
y pensait le moins, on l'enleva pour être évê- qui m'appelait à lui avec f)orité; d'un autre, le
que de Troyes, et il gouverna cette église cin- monde qui me présentait de loin tous ses plai-
quante-trois ans(t). sirs et tous ses charmer. .Mon es|»rit comparait
Ij<i monastère de Lérins avait été fondé vers l'un et l'autre parti, et flottait sur le choix de
l'an Kl par saint Honorât, dont cdte ile porte
'i celui qu'il devait suivre. .Mais, grâce à votre
aujourd'luii le nom. Il était .l'une famille rai-éricorde, o divin Jésu*! fléchi parles fer-
noble, et (|ui avait même eu riionncur du con- ventes prières de votre serviteur Honorât, vous
sulat. Il se convertit et reçut U: baptême étant avez rompu mes lien» pour m'attachera vous
à la fleur de son âge, malgré l'opposition de par les liens de votre amour. Assujetti à celte
son père et de toute sa famille. Des lors il com- heureuse captivité, je ne tomberai plus sous la
mença une vie sévère et mortifier; il se ecrapa ; servitude du péché. .Je reviens, humilié et sou-
les cheveux, porta des habits grossiers, abat- mis, à vous, de qui je m'étais éloigné par mon
tit son visage par le jeûne. Un de ses frères, orgueil. Dès ce moment, Hilaire se défit de
nommé Véiuintius, embrassa le même genre tousses biens, les vendit à son frère, en distri-
de vie. Ayant distribué leurs biens aux pau- bua le pri.\ aux pauvres, quitta son pays et alla
vres, ils se mirent sous la direction d'un saint s'enfermer dans le désert de Lérins, pour y
ermite nommé (^apraise, qui demeurait ilans vivre sous la conduite de saint Honorai. Quaud
les îles de Marseille. Us entreprirent avec lui ce dernier mourut évéque d'Arles, Hilaire
un voyage et demeurèrent quelque temps en n'avait que vingt-neuf ans. Mais son mérite sur-
Achaïe. Vénantius mourut à Methone, et Ho- passait son âge. U s'était sauvé à la nouvelle
norât revint en Provence. La vénération qu'il qu'on pensait à lui pour l'épiscopat. .Mais Cas-
avait poi.r Léonce de Fréjus le porta à s'établir sius. commandant clés troupes romaines, ayant
dans son diocèse; il choisit la petite île de Lé- envojé des soldats, ils l'atteignirent à quel-
rins, alors déserte et infectée de serpents, et
y queslieues d'Arles et l'y ramenèrent.
bâtit un monastère (jui fut bientôt habité d'un Devenu évéque, il continua de pratiquer la
grand nombre de moines de toutes nations. pauvreté l't la mortification, comme il avait
Quoiqu'il évitât depuis longtemps la clêrica- fait étant moine; nn portant qu'une tunique
ture, il fut ordonné prêtre: il avait un talent été et hiver, encore étail-ce un cilice; marchant
particulier pour la con<luitedes àmes.L'i'glise toujours nu-pieds et travaillant de ses mains.
d'Arles l'ayant demandé pour pasteur, il y fut On mettait devant lui une table avec un livre
consacré éveque après l'atrocle; mais il ne la et des filets : un écrivain eu notes jirèt à,

gouverna que deux ans. Il réunit les esprits écrire, était pr^s de lui. Il lisiilet dictait de
divisés, et se rendit principalement recom- temps eu temps, occupant ses mains à nouer
mamlalde par sa charité, qui lui fit distribuer ses cordes et à faire ses filets. H travaillait
en peu de temps les trésors ([ue ses prédéces- aussi la terre au delà de ses forces, ayant été
seurs avaient amassés. Il instruisit même diins élevé suivant la nobles-c de sa race. On lirait
son lit pendant sa dernière maladie, et avait toujours pendant son l'epas, etil en ititroduisit
prêché sou peuple le jour de l'Kpiphanie, la coutume dans les villages. Il vivait dans une
environ huit jours avant sa mort, qui airiva maison commune avec ses eb-rcs, n'ayant que
l'an /i.:'J(-J). sa cellule comme un aul-e. Il aimait lellcment
Il eut pour successeur saint Hilaire, son pa- les pauvres, que, pour racheter les captifs, il
rent. Ils étaient nés l'un et l'autre sur les con- fit vendre tout ce qu'il y avait d'argent dans
fins de la Lorraine et de la Bourgogne. Us les églises, jusqu'aux vases sacres, et se ré-
étaient [leut-etre compatriotes de saint i>oup, liuisil à des patènes et des calices de verre, li
qui avait épousé la sœur d'Hilairc. Celui-ci était fort éloquent, comme on le voit |>ar l'e-
avait également reçu une étluealion conforme loge qu'il a fait de saint Honorât, s<^'> prédé-
à sa unissance; mais il aima d'abord le monde, cesseur. Le dimanche il se levait à»..uinuit.
jusqu'à se mettre
en danger d'y périr. Son fai.sailà pied quelquefois dix lieues, assistait
ami Honorât quitta pnur un temps l'ile de Lé- à l'ofliee,tn'i il prêchait, ce qui durait ju«qu"à

rins, afin lie le gagner à Dieu. Il lui repré- une heure après midi. Lesjoursde jeàut-, il en-
senta, d'un coté, la bassesse et rin>laliililc des tretenait le peuple par ses discours, depuis
choses buiuaines; de 1 autre, la certitude et midi jusqu'à quatre heures. S'il n'avait poiir
la grandeur des bieus à venir. Hilaire en fut audittiurs que des gens rustiques, ils" acci.mmo-

(I) ActaSS., 29 /u/ù. — (ï) Ibid., 16 jaiu


LIVRE TRENT» NEUVIÈMB. 5'i:;

â!\\th Ipur portée par nn style simple: mais Car, il est dit, il n'y a rien qu'on ne doive
il 11'ii'lrvail, s'il surviMiait cN-s gens [iliis ins- tenter pour se reconcilier avec son père et sa •

truits, tant il était inaitre de son discours. Il mère. On ne sait point quel fut le succès dt
avait plusieurs t'ois averti en particulier le cette lettre.
préfet (le ce temps-là, des injustices (ju'il com- Après avoir habité quelque temps le mo-
mettait dans ses jufîements. sans qu'il se fût nastère de Lérins, Salvien s'établit à .Marseille,
corrigé. Un jour il vint à l'église avec ses offi- où il fut ordonné [)rètre. Ses talents et sa
ciers, pendant que saint Hilaire prêchait. Le piété l'avaient déjà rendu célèbre en 4:10,
saint évéque interrompit son seimon, disant comme on le voit p.ir un passage de l'oraison
que le préfet n'était pas digne de recevoir la funèbre de sairit Honorât. Consulte par les
nourriture céleste, après avoirmcprisé les avis pontifes les plus illustres des Gaules et ho-
qu'il lui avait donnés pour son salut. Le pré- non'; de leur confiance, Salvien composa, sur
fet se retira plein de confusion, l't Hilaire con- leur demande, unt~ foule d'homélies et d'ins-
tinua de parler. Tel était ce saint évèque. Mais tructions, qui lui valurent le glorieux sur-
il s'é|)uisa tellement par ses jeiines et ses tra- nom de maître des évêques. Il écrivit, sous le
vaux, qu'il mourut k quarante-huit ans. Sa nom de Timotliée, quatre livres adressés à
vie a été écrite par Honorât, évc-quc de Mar- l'Eglise catholique, où il parle avec beaucoup
seille, son disciple, qui témoigne qu'on avait de force et d'éloquence contre l'avarice et sur
de lui des homélies sur toutes les fêtes de l'an- l'obligation de l'aumône, sans épargner ni les
née, une exposit on du symbole, et un grand moines ni les clercs. Il écrivit plus tard ses
nomlire de lettrts (1). huit livres Du gouvernement de Dieu, pour jus-
iJiiairc d Arles ci les auti'es saints personna- tifier sa providence au sujet des calamités (pu
ges ijuc nous venons de nommer, n'étaient accompagnèrent la chute de l'empire romain.
\^as les seules lumières ipi'on voyait briller Il fait voir à ceux qui en murmuraient, qu'ils
jans les Gaules. Car, à la même é[iuijue, saint les avaient méritées et au delà. A cette occa-
t'rosper écrivait sa chronique et son poëme sii.i. il s'élève avec tant de véhémence conlri
oontre les ennemis de la grâce Cassien écri-
; 1rs dérèglements de ses contt'mporains, (lar-
vait à Marseille ses conférences monastiques liciilièreincnt de ceux d'Afrique, ([u'onl'a s»
<it ses sept livres de l'incarnation du Veibe; ni'inmé Jé'rémie de son siècle (2).
le
Sslvien écrivait son ouvrage Z)e /a Providence Un ami de Salvien, de Vincent et
illustre
•t son Traite (U l'Ei/lise saint Vincent de Lé-
, d'Hilaire, était saint Eucher de Lyon. D'a-
rins. frère de s.unl Loup, se préparait à écrire près son [iropre témoignage, il tirait son ex-
.•)n ^'d nir.lil" \fi„iiiriiiL traction (le la même
mère, soit naturelle, soit
Salvien était du pays de Trêves ou de Colo- spirituelle, martyrs de Lyon, saint
que les
gne. Il avait fait de ^•"imls progrès dans les Epi [iode et saint Alexandre, c'esl-à-dir;% oa
^iences divines et humaines. Très-jeune en- qu'il descendait de la même famille qu'eux, ou
eore, il épousa i'alladii!, lille aînée d'Hypace qu'il avait été baiitisé da/is la même église.
et de t>uieia. Hypaee était païen mais il sem- ; U vint auinondeavec un esprit subtil ctelevé;
I)lo qut^ l'adadie faisait, comme son épouv, il acquit une science éminentc et une élo-
profession de la religion chrétienne, ils eurent quence peu commune. On voit même par ses
de leur mariage une lille nommi'C Auspiciole. écrits qu'il connaissait le grec et l'hébreu. U
Ijë désir d'avanciT dans la piété et dans la fut illustredans le monde ; mais il devint en-
perfection, fit naitrc à Salvien crlui de passer core plus illustre en Jésus-Christ. Il avait un
le reste de ses jours dans la continence. 11 en parent nommé Valôrien, dont le père et le
Ui U proposition à sa femme, qui l'accepta beau-père étaient élcv('s aux plus hautes di-
avec joie. La seule peine qu'elleeii eut, fut de gnités du siècle. On croit que c'est ce même
u'avoir pas cllc-môme prévenu sou mari sur Valéricn qui fut préfet des Gaules et qui se
ce point. Llle prévit néanmoins que ce genre trouvait parent de l'empereur Avitus. Eucher
de vie ne pourrait que miK'onteriler son père épousa une femme nommée (ialla, dont il eut
et sa mère mais l'umour de l))eu ta fit passer
; deux lils, Salone et Véran, ipii, de son vivant
sur cette considération. Ilypace vit en ef- même, furent tous deux évêques.
fet avec douleur le parti que Salvien et Pal- U était encore à la Heur de l'àgo, lorsque,
ladie avaii.-nt embra-sé. Sa conversiin au chris- de cimcert avec sa femme, il renon(ia à toutes
tianisme ne put memi! faire cesser son mécon- les grandeurs du monde et se retira dans le
t' nlemi-nt à cet égard ce qui les obligea do
; monastère de Lérins. Il y mit ses deux fils
se retirer dans un jiays fort éloigné. Ils furent sous la conduite tle sailli Honorât et de saint
prés de sejit ans sans en recevoir de lettres, Hilaire. Après qu'ils y eurent été formés à la
quoiipi'ils lui eu écrivissent assez souvent l'un pii'tr-, il leur donna Vinccnl et Salvien pour
et l'autre. Nous avons encore cclli! iju'ils lui maîtres dans relude des belles-lettres cl de
'•crivireiil tous deux ensi'inble. Ils y joignirent IV'loquencc.
iième leur Auspiciole, aliii de faire un
lilb; Le d'une plus grande perfeclion lui
di'sir
.leriiier etbirl sur l'esprit d'ilypacc et de sa avait fait nailrele désir de visiter les moines
bmme, cl employèrent tout ce que la natura d'Egypte, pour s'édifier de Icuis verlus ; msia
u de plus vif et déplus tendre pour les Uécliir. Cassien lui dédia ses C on ftrmccs pour l'en ins-

(l) Actn .^'S , 5 mail. O/ieia S. BU. —(2) Opéra Sêit


t. IT. 35
1

M6 HISTOIRE UNÏVEnSKI.r-E piî rV^OUSE CATFIOUQUE


liiiiro et liiî (^pnrffticr los ilanuers li'nrifi ») pi:- sfs exemples. Sa réputation s'i^tendall pon-sen-
nililo navji'iiliciii. Il m; (ii:i(|it coiM.'niliuit piis U; lepient d^uis tout l'euqiire, mais ctii;z le.- Har-
goùl ifii'il av 'I piiiir |iiie soliliiil); pli|^gruiiii|i Itares.Il e(ait âgé, eouime l'on rmil, de
qui' la sieiini!. Après voir iiumic qnclipius *n- «oixaide-dix huit ans, i|uand il lumba mata(|Q
niïes la vie eéiit)l)itii|ue à L'îiins, il passft dans il'une douleur de coté et, commooo d(;-e-pii- :

une voisine nommée alprs Léro, aujour-


île ritil de sif vie, deux évéques vinii'lil |f: kis||cr.
d'hui de Saiiite-MaiKUcrile; cl là, Hieuile.vint Leur arrivée lui donna tant de joie, qu')l
son uniipie occupation. Ce fui dans clUo re- spudilail oublier sa maladie et comme •l ipt ;

traite iiu'ii ciiinjiosa deux exccllenl.-i traitiis. près d'al|pi' à Hieu, il lit apporter devant son
Le jueniier, adressé à son ami saint llilaire, lit les vases sacrés, alin doilrir avec h > en;-

contient, un bel élofçedela sollicitude, et en (|ue> le sacritM:e, polir recoininaiii!' r Sfiii àiiie
parliculii r de celle de Lériiis. U'aqlre e--l sur à Dieu et fendre la paix à ceux qu'il av.iit Mi-
la vaniti! du moufle, et adressé à .i(jn parr.'iit pai'és du saihl u)i'iistére, suivant la ili:cipiipe
Valérien, en ii^, pour )e ilétaiher des \)'u:\\a de .\prè> avoir tout accompli avec
l'Eglise.
périssables. Il prolile, entre autres, des caluifl- joie, il dit tout d'un coup à liautp voix Oi'i :

nités mêmes ijui annonçaient la ruine de l'em- sont pies frères? L'n deg iissi.-iianl::. persuadai
pire romain. A peine, dit-il, le monde a-t-i| qu'il parlait des évéqui;s qui étaient pré-"cnls,
à<^ quoi nous tromper. Il a perdu jusqu'à cette dit Les voici
: Saint l'aiilin rcjirit Je |iar|e
! :

imaf,'e des cli().ses, juscpTalors assez belle pour de mes frères Janvier et Martin, oui viennent
faire illusion, il tâchait aupaiavant de nous de me iiarler. et m'ont dit qu'il- allaient venir
.séduire par une apparence véiitaJjle aujour- ;
me iirenilre. Il entendait i-ainl Janvier, évè-
d'hid il ne saurait plus nous tromper, même que de Capoiie et martyr, liont les reliques
par une fausse ostentatiMi. |1 a toujours (iian- étaient clés lijrs a .N'aples. et saint Martin de
qué de biens solides, et lu voil^ ((ui manque fours, qui lui étaient apparus. Ensuite, il
même de biens faux et ])érigsali!es. A moins étendit les mains au ciel et clianla le p^auipe:
que nous ne prenions plaisir i( pous trpm|ier J'(ii lefi' les lunins auj: iiiontaqnei, et linit par
nous-mêmes, le monde n'a plus île cpioi nous une oraison. Alors le prêtre Puslbumien l'a-
imposer. Ces deux lettres, au ju;?ement des Vcrlit qu'il était dû (piarante soiis d'u pour ,

(rilii[ucs, sont des mudèles d'éloquence chré- des babils qu'on a*''*''' donnés aux r »uvres.
tienne. S^iiiil l'aul
li réj pndit ep souriant .Mon tib. :

IV'ous avons encorp de saipl Euchor trois li- n'en soycj! jaiiiit eu peine, il se trouv&ra qm !

Tres sur rjîcri||ire sainte, adressés à ses deux qu'un qui aM<|uitleni la dette di-s pauvres. ]'
fils, déjà éyéqqcs l'histoire 'du martyre île
: après eidr:i un piètre venant de la Lacan:.--
»aint Maurice et de ses compagnons plusieurs ;
envoyé par l'év
je Exupérance et son fi' .-
liomélies attribuées à saipt Eusèbe d'Emése. Ursace ' anme
rang des cbok-iines, >\,a
iiu

Il avait encore fait un abrégé des ouvrafics de iui appoitail cinquante sous d'or su purduii ;

Cassien, d'où 'on croit qu'il reiranclia les saint Paulin. j^les ayaut reçus, djl ^e voiii
erreurs. Il était cp commerce de lettres avec rends giàci--, Sei::nenr, de n aypir |.-oi(ilab^ii-
saint Hf>"Mr;it. Ce sajnt évèque lui ayant un dopné ccipi .'iii espère en V">us. |! uuiuia deux
jour écrit pni: lettre sur des tablettes emlui- soqs d'or de sa main au prèlre qi Ips avait i

tes de cifp, elqn l'usage de ce temps-|à, Eu-


. apportés, et ordonna que du n.-ste oa payât les
cjier lui répondit par ce piot iuKiMiieux, tjue marchands qui avaient doQp0 Je» Ualiit*
rapporte J}ii:|ire Vpus ar-ez rendu le micla la
: aux pauvres.
cire, pour niarqner |a douceur de son styli; et La nuit étant venue, il reposa jusqu'à mi-
le plaisir ipi'il avait goûté en lisant .sa lettn;. Biiit puis sa douleur de coté étant rcd'iublee
;

L'église de Lyn fit^tnl venue à vaquer vers j>vec violence, sans compter le mal que lui
l'an 433, tille le rboisit pour évèque. et il tut, «vaient fait les médecins en lui a[ipliquant le
sans eonlradiplion, le plus célèbre en sciei-.ce feu plu-i.ur- fois inutilement, il souffrit beau-
et en piété qu'elle ait eu depuis saint Iré- coup i!' Mil) oppression de poitrine, jusqu'à
rée(l). une l..:iiip avant le jour. A la pointe du loqf,
Saint Euclier était en relation d'amitié avec il suivit «a eoutiime, èîvcilla loul le monc'e, et
saint Paulin de Noie, conjme on le voit par dit matiiics ou plulot laudes, à l'i : ;e

une leltie que lui écrivit ce dernier en ii'i. jour venu, il parla aux piètres, uii .
- 1

Paulin nuturut l'an 434. Hétait éveqne depuis a tout le clergé, i-t les exhorta à lu paix, pqis
environ vingt ans, et, dans celle charge, il il demeura sans parler jusqu'au soir. E'isuite.
n'avait jamais i:!|erclié à sf faire craindre, comme reconnut le tciuiis <le
s'éveillint,
|l

mais à se faire aimer de tout le moqde. Dans lampes, c'cst-a-ilirc des vêpres, et,
l'oflice ilps
les jugements, il e?au>inai| avec rigueur et éten ianl les mains, il chanta quoique Icule-
décidait }vec douceqv- U'lt'''|U''l eût autre- ment J ai pièparé une lampe a ai<<n Christ.
:

fois donné si libéralement ses biens, i| prenail Après iiuelipie temps de silence, vers la qua-
gr;md soin dp cei)x de l'églisu pour |e* dis- trièipe lieurede la nuit, c'csl-à-diredix heure»,
penser iidéleipcnl. Il donnait à tous, il par- tous les as>istanls étant bien éveillés, sa rcl-
donnait, il consolait, il édiliait les uns par lulc lut ébranlée d'un si graoïi treml)lcmei<
ses discours et par ses letlie^, |es aptfe^ (Mf 4e lèpre, qu'ils se prost<;rnè.~i|. pour pncr

P) CeiUier, t. XUL
».|VRE TRENTE-NEUVIÈME.
tout épouvantés, sans quR roux qui étuinnt xerre. Dans le même temps, les évèque? des
hors lie lii cliainbré s'apcrrussnnt de rien. Gaules as-emhles en concile priaient ce mémo
Alors il rendit I'e.s|)rit, et son visage et tout saint, avec son ami saint Loup de Troyes,
i^on corps partirent blaqcs comme la neige. de se charger de celte entreprise. C'était
(>'élait 22 juin -i.'tl, jour aui|uel l'Eglise ho-
l''. i'an 420.
nore encore sa mi'unoire. Les lirconstances de Les deux pontifes s'étant m'.s en chemin
sa mort ont été écrites par un prêtre nommé pour la Grande-Bretagne, arrivèrent au liourg
Ur:iiiius, qui y avait élé pii'sent (I). de Nanlerre, près de Paris. Les hahitauls, sur
Ouiro ces grands pi'rsontiaiii's, parmi les- la réputation de leur sainteté, vinrent au-
quels il tant comiitr-r saint l'aulin même, iniis- devant d'eux en foule. Saint Germain leur fit
qu'il litaitné à IJnrdeaux, les CJaul^'s en pro- une exhortation, et regardant ce peuple tpii
duisaient encore plusieurs autres. Suinl Orient, l'environnait, il vit de loin une jeune iille où
évèi|ue d'Auch, dont nous avons un [lOëuK^ eu il remaïqua quelque chose de céleste. 11 la lit

vers élégiaques, l'i il apprend aux hommes la approcher, et, au grand étonn»ment de tout le
voie qu il faut tenir et celle qu'il faut éviter monde, il lui baisa respectueusement la tète.
[loiir arriver à la vie éternelle. En A',i\), à la 11 demanda son niim, et qui iHaient ses oa-
|iriére du roi des Golhs, Thi'idoric, qui re- rents. On lui iljt «l'i'elle S'appelait Geneviève.
louait à Toulouse, il niéuagea la paix entre ce Son père Sévère et sa tnère Géionlia se pré-
prince et le iféiuu-al rumairi Aëlius,(|ni venait sentèrent en même temps. Saint Germain les
lui dérlari-r la yui'rre. Le préli'e Evagrc, dis- félicita d'avoir une telle tille, et lu-édit qu'elle
ciples de saint .Martin, nous a laissé dcu-s excel- seiail un jour l'exemplemême dos hommes.
lents dialogues l'un, entre li; chrétien Théo-
: 11 l'exhorta à lui découvrir les secrets de son
pliile l'I le juif Simon, (lui Unit par la conversion cœur, et lui demanda si elle voulait se consa-
du juif; l'autii! entre |e (dirctien Zachée et le cier à Jésus-Christ comme son épouse. Elle
philusophe |iaii'ti .\|ii)lli)nius, ([ui linil par la déclara que c'était son dessein, et pria le saint
conver.-iop du piiilosciphe. Le poëte Victor, ciui évèque cle lui donner la héuédiction solen-
enseignait la rliélorjiiue à .Marseille, a fait un nelle des vierges. Ils entrèrent <laus l'église
poème sur la (ieiièse pour l'iiisliuction de son pour la prière de none^ ensuite on chanta
iils, et un autre sur les iléréglements et les plusieurs psaumes, et on fit de longues prières,
calamili's de son siècle. Le poëte Edése, apù pend.int lesquelles le saint évèipie tint sa main
de saiid IJilaire, lit l'cloge de ce saint dans un droite sur la tète de la Ulle. Il prit ensuite son
Iioëme dont il ne nous reste que douze vers, repas avec, elle et ses parents, ^'l leur recom-
mais qw'i nous font l)eaui'()Uj| regretter les manda de la lui amener le lendemain. Ils n'y
autres. Le poêle l'rosper, origiimire (|e Bor- mani[uèreiit pas, et saini Germain demanda à
deaux, fils d'IIespère, proconsul d'Af'ique et Geneviève si elle se souvenait de ce qu'elle
pelit-lils du consul Ausone, nous a laissé un avait promis. Oui, saint père, dit-elle, et j'es-
poëme plein de foi et d'iuuuililé, sur les mal- père 1 observer par le secours de Dieu et par
heurs de sa vie et sur sa pcnitiuice (2). vos [irières. Alors, regardant à terre, il vit
La Bretagne, qui comuien(;ail à être envaliie une monnaie de cuivre marquée du signe de
par les Anglais venus <le l^ Saxe, comme les la croix il la ramassa, et, la donnant à Ge-
;

Gaules par les Francs venqs de la Franconie, neviève, il lui dit : Gardez-la pour l'amour
parait aussi avoir cqlliyé les lettres à cette de moi, poitez-la toujours pendue a votre
éfMjque. Il nous reste t'e Fasiidins, évéque des cou pour tout ornement, et laissez l'or et
Bretons, une instruction écrite avec lieaucoup les pierreries à celles ipii servent le monde. Il
d'éii'sgance et d'humilité, sur la viechnUicnne, la recommanda à ses parents, et continua son
et adressée à une |)ieus(! venyc, qui la lui avait voyage.
demandée, dulaiiis criliques y (uit noté deux Depuis l'âge de quinze ans jusipi'à cin-
phrases, qui leur ont paru sentir le nélagia- quante, sainti! Genevi<'ve ne mangea que deux
iiisme(3); m«'s il nous scpihli; iju'en lisant de fois la semaine, le dimanche et le jeuili en- ;

suite tout le discours, ces deux plirasgs ne pré- core n'était-ce que .lu pain d'orge etdes lèves:
sentci'aient à [icrsoune le sens que ces criti- elle ne but jamais de vin ni rien de ce qui peut
ques y supiioscnt. enivrer. Quelques jours «près le départ de saint
Ce qui a rendu ces phrases suspectes, c'est Germain, sa mère voulut rempècher d'aller à
qu'à la même éjioiiue un nommé Agric(da,rils l'é'ulise un jour de l'êl'', et, ne pouvant la ro-
(l'un r-vcque pclagien, clieri'niit à répindre tiMiir, la frappa sur la joue. Aussitôt elle perdit
son licrésii! panni les Bfe|oi|S. (^es peuples lu vuo, et deinciira aviuigle pendant ileux ans.
nipugnaient il l'erreur, mais jjs n'étaient point Eulin, se s(uiveiiant de la piéilictioii de saint
assez instruils pmir la coudiatire. Ils (Mirent Germain, elle dit à sa tille de lui apporter do
re(U)urs au l'a|)e et aux <;véc]iies ihis Gatiles. l'eau du puits et de luire lu signe de la croix
Le pape (^élcstiii envoya sur les lieux h; di.icrc sur elle. Sainte Geneviève lui ayant lavé les
Callaile, qui |e pressa l|iauciuip d'y porter se- yeux, <'lle comuiença à voir un luui et quand ;

ciuirs.ITaprés ses instances, sainl lin y elli! l'eut fait diuix mi trois fois, elle recouvra

envoya cotpmc son higat saint Gt-''niaiu d'Au- la vue eutièrement (4).

(l)>^r^J SS.,22;Hfiiï. -(2) Voir La Franc; lutéraire, U XXII. — (3) S. Augl. VI, in append^ CI.IXUU.
(4) 4ç((i Si., ^ jan.
S48 HISTOIRE UNIVEnSELLR DE LËGLISE CATUOLIQUl

Saint Gnrmain et saint I.onp sV^tant nmlmr- .\nglo-Saxons, que les Bretons avaient appelés
qués en liivtT, soiiHr ircnt uuo grando Icin- à leur recours coiitr:; les l'ictes. Mais bientôt
lu'le, (jue saint (ici main a|)ai>a en jetant (juol- ils se joignirent aux Pietés contre les Bi<"l"n«,

qucs gouttes d'iiuile clans la mer, au nom de afin d(' s'établir en Bretagne, comme ils firent
Ja Tiinitù. Arrivés en l{rota^;ne, ils trouvèrent vingt-cinq ans après. Les Bretons, épouvantés,
une grande multitude rassemlilée pour les re- eurent recours aux saints évèques. C'était le
cevoir; car leur arrivée avait ('té prf'dile par carême et par leurs instructions, plusieurs
;

les malins esprits, iiu'jls ehassérent des pos- demandèrent le .baptême en sorte qu'une
:

sédés, et qui, en sortant, confessèrent qu'ils glande partie de l'armée le rei,ut à Pâques
avaient excili'. la tempête. Les saints évè(]ues dans une églisi; de feuillages, que l'on dressa
remplirent liientôl la Hretiigne de leurs ins- en pleine <-ampagne. Après la fête, ils se pré-
tru(ti(»ns et de leur •enommée. Ils prècliaicnl parent marc lier ccjntre le-; ennemi-, animés
il

non-seulement dans les églises, mais dans les lie la grâce qu'ils venaient de recevoir, et

clieniiiis et les campagnes, tant la ioule qui attenilant avec grande cordiance le sei-ours oe
les suivait était grande en sorte qu'ils forti-
; lliru. Saint (iermain se mil a leur tite et, se ;

fiaient partout les convertis-


calliolicpies et souvenant encore du m<'tier qu'il avait en«a
saient les liéréti(iues. Tout était apostolique jeunesse, il envoya .les coureurs [lour recon-
en eux la vertu, la doctrine, les miracles.
: naître le pays, et posta ses gens à couvert d.-ini
Les pclagiens se cachaient mais enfin, hon-
; une vallée, sur le passage des ennemi-, qui
teux de se condamner par leur silence, ils s'attendaient à les surpren.lre. Saint tir-mam
vinrent à une conlérencc. Ils se présentènnt avertit les siens i!e faire tou- le même cri
bien accompagnés et rcmarquahles par leurs qu'ils entendraient faire à lui-mi-me. Il eria
richesses et leurs habits éclatants. Une multi- trois fois Alléluia! Ce cri. rép<té à rin>tunt
:

tude immense de peuple s'assembla à ce spec- ]iar toutel'armée et multifili'' par b-* échos
tacle. Les saints évoques laissèrent parler les des montagnes, fil un bruit si terrible, que
l»éréti()ues les premiers, et après (|u'ils eurent les Barbares en furent épouvantés. Ils jetèrent
discouru longtem|is, ils leur répondirent avec leurs armes, s'enfuirent en confusinii, aban-
une grande éloquence soutenue des autorit('s donnèrcPt leur bag:ige. cl plusieurs se novè-
de l'Ecriture, en sorte; qu'ils les réduisirent à lent en passant une rivière. Les saints évèques
ne pouvoir répondre. Le peuple avait peine à ayant ainsi lièlivré la Bictagnc des pi'laf.'iens
retenir ses mains, et témoignait son jugement et des Anglo-Saxons, n-passèrent en Gaule et
par ses cris. Alors un homme qui avait la di- reieurniTent chez eux (1).
gnité de tribun ou de général, s'avança avec Pour assurer encore plus la relicion dans
sa femme, présentant aux saints èvèiiues leur celte île,le pape saint Cêleslin y envoya le
fille ùgée de dix ans et aveugle. Ils lui dirent diacre Pallade, qu'il avait ordonné eveque
de la présenter aux jiélagiens mais ceux-ci ; pour les Scots ou Ecossais, dont une pallie
se joignirent aux parents, pour ileniandcr aux avait transmigré de l'Irlande au nord de la
saints évèques la guérison de la lille. Ils firent Brrlagne ; et ce fut le premier évêque de celte
une courte prière; jiuis saint Germain invcrcjua nation, qui juS'|ue-là avait été très-barbare.
la saint(! Trinité, et ayant oté de son cou le Saint Jérôme témoigne qu'ils n'avaient point
reliquaire (|u'il portait, il le prit à sa main et de mariages réglés, el qu'ils mangeaient de
rapi)liqua devant tout le monde .«ur les yeux la ihair humaine. Saint Pallade y fui envoyé
de la lille, qui recouvra la vue aussitôt. Les pa- évècpie l'an 431. Il est honoré le six juillet (2).
rents fuient ravis, le peuple épouvai.lé ; et Le pape saint (iéleslin ayant appris qu'il
Jepuis ce jour, tout le monde se rendit à la (lait mort, substitua saint Patrice, l'or-
lui
doctrine des saints évèques. donna évêque l'envoya prêcher la foi en
et
Us allèrent ensuite rendre grâces à Dieu au lil.'.nde. d'où les Ecossais étaient originaires.
tombeau du martyr saint Alban, le plus fa- Saint Patrice avait rnviron cinquante-cinq
meux de la nretagiie. Saint (iermain lit ouvrir ans, étant né vers l'an 377, en Eco-.-e, au ter-
le séimlcre, et y nul les rcliiiues de tous les ritoire de la ville d'Alclud, aujourd'hui nom-
apôtres et de ]dusieuis martyr-, qu'il avait mée hiinbritton. .\ l'âge de seize ans, il fut
ramassées de divers [lays puis il prit sur le
; emmené captif en Irlande, et y demeura cinq
lieu même de la jKiussière eni ore teinte du ou six ans, ]icndant le-quels il apprit la lan-
sang de saint Alban, l'emporta avrc lui, et, gue el les mu'urs du pays. Des pirates l'ayant
à Son retour, bâtit une égkse en son hon- mené en (iaule vers l'an -itlO, il s'en alla au
neur dans la ville i'Auxerre, où il mit ces re- monastère de Sainl-Marlin, c'est-à-dire à Ma^
liques. moulier, y reçut la lon>urc monastique, el y
Les Anglai.s venus de In Saxe, et les Picles di meura trois ans. Il retourna dans la (îrande-
faisaient la euerre aux Bretons. Les l'ictes Bretagne, puis il passa en Italie, où il em-
étaient des Barbares de la partie septentrio- ploya sept ans à visiter les monastères du pays
nale de Pile, ainsi nommés, parce iprils se et lies iles voisines. 11 fui ordonné prêtre, et

peignaient de (livvrses cuuburs. Les


le coijis ilemeiira trois ans auprès de saint S-nieur,
Angles ou .Anglais éiaient des pciqdcs gcrma- (]iie l'on croit avoir été évêque de Pise. Cepen-
uiques veuus de la Saxe, et de là nommes dant il crut avuir reçu ordre de Dieu, par dea

(IJili/aSS., 24 et •iijulîi — ,2) B.Ja llisl. l. 1, c. xu et x\. Ada SS., 8 /«Aï. Hieron, Epiit. ULum.
LIVRE TRENTE-NEUVIEME. S49

révélations, d'aller travailler à la conversion lente, évitant la foule et la place publique, et


des Irlandais il y alla, mais inutilement, et
;
demeurant le plus souvent chez lui occupé
les Barbares ne voulurent [loint l'écouter. Il sur les livres. Il acquit ainsi une grande ré-
revint donc en Gaule, et pa?sa environ sept putation de vertu, dt; doctrine et d'éloqueuce.
ans auprès de saint Germain d'Au.venc, puis Etant doncapjielé à (lonstantinople, il amena
il se retira dans l'ile d'Arles, c'est-à-dire à avec lui un prêtre nommé Anastase, son con-
Lérins. et y demeura neuf ans. fident, et ils visitèrent en passant Théodore
Par le conseil de saint Germain, il lit le de Mopsueste, de ijui l'on prétend ([ue Nesto-
voyage de Rome et ce fut alors (|ue le pape
;
rius apprit la mauvaise doctrine qu'il enseigna
saint Célestin l'ordonii:) évèqu" et l'envoya en deiiuis. Théoclore de .Mopsueste mourut peu
Friande l'un 432. Il v prêcha l'Kvangile avec de temps après et, peu après lui, Théodote,
;

un s^^nd succès, s-m zèle elaiit soutenu par évèque d'Antioche et c'est à leur mort que
;

les miracles, et il est reconnu |)our l'apotre de Théodorct tinit son histoire.
l'Ue. Environ un an après, il fonda le monas- Nestorius arriva A (Constantinople trois mois
tère de Sabal. vers la ville de Doun, l't y mit après la m<irt de Sisinnius. et fut ordonné le
pourablié saint Dunnius, -on liisciplo. Il fonda iO d'avril 428. Les évêques qui se trouvèrent
aussi l'ètçlise d'.^rniach, métropolitaine du à son sacre, en donnèient avis au pape ;-aint
pays. La vie de saint Patrice étail austère il ; Célestin, à saint (Cyrille et apparemment aux
fit tous ses voyages à pied jusqu'à l'âge de autres évêques des grands sièges, à qui ils
cinquante-cinq ans, c'est-à-ilire jusqu'à son rendaient un témoignage très-avantageux de
épisco[>at depuis, les mauvais chemins d'Ir-
; Nestorius. Tous lui récrivirent avec beaucoup
lande l'obligèrent à se servir d'une voiture. Ce de joie ; mais cette joie ne fut pas bien longue.
fut lui qui introduisit l'usage des lettres chez Dès le commencement de son éiiiscopat, il
les Irlandais, (jui n'avaient auparavant d'au- donna des preuves de son zèle, soit pour ins-
tres monuments piddics que des vers rimes, truire son peuple, soit pour combattre les
composés [lar leurs bardes, et contenant leur ennemis de la vraie foi. Mais aussi, dès son
liisldiio. .Saint Patrice fit encore deux voyages premier sermon, les plus sages découvrirent
à Home en Hï et 44.'), et mourut vers l'an son caractère. Car, s'adressant à l'empereur
•4G0, âgé lie quatre-vingt-trois ans (I). en présence de tout le peuple, il lui dit Don- :

Dans le temps même que le Pape saint Cé- nez-moi, seigneur, la terre purgée d'héréti-
lestin envoyait des légats en Bretagne pour ques, et je vous donnerai en récompense le
réprimer l'hérésie, un premier évèque aux ciel exterminez avec moi les héiéti([ues, et
;

Ecossais, un apdtre à l'Irlande, il nommait j'extermim^ai avec vous les Perses. (Ces paroles
saint Cyrille d'Alexandrie son légat en Orient, hrenl plaisir à quelques-uns de la multitude,
pour présiuer en son nom au concile général tant héiéliques leur étaient odieux;
les
d'Eplièse, et lui faire exécuter la sentence mais autres y reconnurent aussitôt un
les
qu'il avait prcmoncée à Rome contre Nes- homme léger d'esprit, un homme violent et
lorius, évèque de Constanlinople et saint ; rempli de vanité. (Cinq jours après son ordi-
Cyrille d'Alexandrie et le concile général d'E- nation, il entreprit de faire abattre l'é-glise où
plièse exécutaient la sentence du Pape. les ariens s'assemblaient en secxet. De déses-
Sisinnius, t-véque de (Constanlinople. étant poir, ils y mirent eux-mêmes le feu, qui s'é-
mort le 24 décembre 427, ce sii-ite vaqua linéi- tant communi([ué aux maisons voisines, les
que temps, quoique plusieurs demandasstuit réduisit eu cendres. (Cet embrasement fit
/e prêtre Philippe, et plusieurs Proilus. Mais donner à Nestorius le nom d'incendiaire, non-
pour (jviter les lirigues, la cour résolut de n'y seulement [»ar les hérétiiiues, mais par les
mettre personne de l'cgli-e même. On tit clone catholiques mêmes. On
attribue à ses sollici-
venir un étruiger. V.n lui .Ni'slorius, natif de tations la loi que Theodose publia le 30 mai
Germanicie, mais élevé a Antioche, où il avait de la même année 438. par hupielle il fut dé-
été baptise des l'enfance. Il avait pratiijué la fendu aux bi-retlques d'ordonner aucun clerc,
vie monastiipie dans un uionastcrc aux por- sous [leine d'une amende de dix livres d'or, ni
tes d'Anlioclu'. L'évc(|U(' riii'odoti' l'ordonna d'emiièilier cpii (]ue ce fût d'embrasser la foi
|U-<'trt!el lui donna l'euqdiii de catéchiste pour orthodoxe. (Cette loi renouvelait aussi toutes
exjdiquer la foi aux catcibunicui's, et la dé- les anciennes lois faites, c(uitre les bérèliciuesj
iendre contre les hérétiques. En ellèt, il pa- particulièrement contre les manichéens, ipii
rut fort zélé contre ceux qui étaient alors les étaient regardés comme les plus détestables
plus odieux eu Orient, les ariens, les aiiolli- de tous, li persécute vivement les quartoilé-
naristes, les origéidsles, et il faisait profession cimains. c'est- à- lire ceux (]ui faisaient toujours
d'elle admir.ileur l't imitateur de saint Jean la Pà(|ue le quatorze de la lune, comme les
Cliiysoslome. H avait la voix très-bidie et par- juifs. Les maux i;irilleurnt souffrir oi-casiim-
lait ficib'ineiit. Mais son éloquence n'était iiêrent des si'ditious du cdti' d( Milel et do
point >olide il ne songeait cpi'a jilaire iH à
; Sirdes, où plusieurs personnes furent tuées.
s'attirer les applaudissements dii peuple, ilont En cela, dit l'iiistorien Socrato, il agissait
il attirait d'ailleurs les n-gards par la pâleur contre l'usage de l'Eglise (2). A son exemi>le.
do bim visage, son babil brun, sa démarche Antoine, évèque de Germe dans l'Helles-

U) KJeury, Baillel, Bollan 1, 17 mars. — (2) Soc.,1. VII, c. xxxi.


550 HISTOIRE UNn'ERSELLT: DE L'ÉOLIHIE CATHOLIQUE.
lioDt, l'un des snffrognnts de Neslorins, lil La vraie cause de cette ncrn«fllion nVtail
soutirirde cruelle:* persi-cutions uux MaciWln- pas dillicilc (i Lepièirc Pliillppeéi:iit
lieviner.
niiin», sou» prt^texlo (ju'il se conformait ci; un de ceux qui avaient biiutemiMd repris Ne»-
cela aux intentions et aux ordres de son [iii- toriu- lui-même rie ses erreur», et qui ne vou-
Iriarclio.Mais ces liénHiiiues, las di'8mau\uls laient plus avoir de communion nvi-c lui. (>»
traitements d'Anloiiie, le liront assassiner. erieurs étaient des plus uruvo» et attaquiiieet
Pic'torins (!ii prit occasion do les perHi'cuter le fond même du christianisme. Ne?loriun di-
encore avec jilus de violimco; il oliiinl do en deux personnes l'une,
visait Ji;sus-(;iirist :

remp(!reiir (pi'ils seraient diiiouilliis de leurs la persimnede l'homme Jéi«u>-(iiiriKt l'aiilre, ;

églises, tant de ci'lli's tju'ils avaient à Cous- la personne de l)ieu le Verbe. Il'où il «uivail
tantinojde (ju'à Cyziquo et en divers lieux do que Jésus-(j|)risl n'était pas Dieu, mai» un
rHelles|iont. homme uni a Oieu d'une manière plu» intime
11 eut, au contraire, trop dViRard pour les que d'autri'S que le Fils de Oieu, le Verbe,
;

p(iIagioii9, dont on prétend ([U'il suivait la ne s'était pas fait homme, mais feulement
doctrine, du moins en ce (|ui regarde les qu'il s'était uni un homme d'une mninère
forces du lilire ail)itre ; car, pour le [léché ])lus intime ipi'il ne s'en était uni d'autres;
originel, il radini'tlait, reconnaissant que les que la sainte Viei'ge n'td dt point la mère do
peines que ^oïdlrent les hommes et les fem- Dieu, mais seu'ement la mêie de l'homme,
mes dans les misères de cette vie, sont \in nommé le Christ, et auquel Dieu le Verbe »'é-
effet de la senlcncc i|ue Dieu prononça contre luit uni. Ce qui, avec la ntaternite divine de
Adam l't par suite de leur péché. Juliim,
l'^ve la sainte Vierge, dêtiui-idt le mystère de l'in-
hantd avec dix-sept évéques do son
d'Italie carnalion et la divinité de Jc^r-us-Cliri-l. N'.»-
parti par un décret de l'empereur Honoriiis, 'uiiH voyant qu'il ne pouvait elalilir i-ello
vint à <A)n«taiitino]de avec (]uel(iues-uns de iloctrine qu'en ruinant cnlhi qui était reçue
ces évè(pics, vers l'an Aû'ô. (^destins s'y trouva nniveisellemenl dan- l'Kiilise, ne la produi-
en même temiis, et tous ensemble, ils adres- 'it d'abord ipte sous des termes olisi'urs. ;im-

sèrent leui's plaintes à Tliéiidose et à N slo- bigus et équivoque*, tombant ipiebpiefois eu


rius, sur les injustes persi'cuti(ms <|u'on leur contradiction avec lui-même. Il avouait en-
faisait souH'rir pour la défense do la fox de core que la doctrine ipi'd voulait (pi'on suivit
l'Eglise, lia demandèrent un cimeile, où leur u'étail point celle dont le peuple ilc Conëtan-
aifaire fût examinée de nouveau. Nestorius, tinoiilc avait été instruit jusqu'alors. Son hé-
qui ne pouvait ignorer que leur demande avait commença à exciter du
résie éclata l'nfin, et
déjà été rejotée [jlr.sieurs fois, feignit d'igno- trouble dans l'énlise, de Constantiniqde, par
rer même de quoi il tuait question. Il écrivit la manière insoleide ilont le pretie .Vnastase,
au pa[ie saint Cele-tin, comme pour recevoir qu'il avait amené d'Antioche, la débita. Prê-
de liM quelque iostruelidu sur ces persoimes chant un jour ilans l'éiilise, il avança ce.s pa-
et sui' ce (]in avait fait !o s\ijet de leui' con- roles t)ue personne n'aiipelle .Marie, tiihe de
:

damnation. Mais, sans attendre la reiionse, il Jjivii; elle était une fenjme, et il est impos-
lis r(îçut à la cèhdiration des mystères et ;'ila sible que Dieu naisse d'une femme. Le peupla
communion, leurl'aisant espérerqu'ils seraient de cette vile,ai-coutumé à adorer Jésus-
bientôt rétalilis. Il en aniva tout a\itrement; Christ comme ne put les écouler sans
Di' u,
car un simple lidèle, lumimè Marins Mereator, grand trouble. Meaucoup de laïques et d'ecclé-
ayant fait c( nnaiire àl'emiiereurTliéodDse les ^ia^lilple^ en leiiioignèrent leur indignation,
erreurs de Céleslius et de Pelage, la ma- et accusèrent .Vua-lase de blasphemo. K'isebe,
nière dont ils avaient été condamnés par alors avocat et dc[iui» évéque de Diuylêe, fut
les évéques d'Afrique et par les papes Inno- celui qui s'éleva le premier contre celle im-
cent et Sosimc, et cnmmeid Julien et ses asso- piété. L'émotion liu peuple elilu clergé ne lit
ciés avaient été déposés et hannis de l'Italie, li'iint clian;.'er de sentiment à Nestorius cl,
ce prince fit chas-er de Constantintqile dans plusieurs discours qu'il lit lui-même en-
Célestius, Julien et les autres évéques île sa suite, il soutint ce »pi'Anaslas<; avait avaneé,
faction. Célestius s'en p!.iiunil à Nestorius, et combattit toujours le terme <le tnèrc de
qui, sur la iin de l'année 'i.'iO, lui écrivit pour Jjiiu, y ajoutant encore de plus grand» blas
l'en consoler. Dans celte lettre, il lui donnait plièmes. Dans le discours qu'il prononça,
le salut avec la cpudile de frère cl de très-ie- comme l'on cnil, Ir jour de Noël, l'an -liH,
ligieux prêtre, ne rougissant pas de comiiarer il dit ([ue d'apeler la Vierge, mrte de liuu,
les justes pcdnes que l'on faisait sontfiir .1 ,!• T/iiotocos, ce serait justilier la folie des païens,
impie aux stmllhinces de saint Jcan-ltaiitisle, qui donnaient des mères à leurs dieux. Ce*
de saint Pierre et de saint Paul, de dire qu'il excès ayant paru incroyabes à l'abU' lla-iie,
soutenait la viirilc'- et de lui demamler le se- à Tlialase. lecteur, et à plusieurs autres moi-
cours de ses prières. Il porta même Célestius nes de ("onslanlinople, qui n'en avaie;il pas
à se rendre dénonciateur contre le piètre i'hi- été témoins, ils vinrent lui
>'
.i lUi-

lippe, qui, ayant éli' cilé, C(unparut |ioiir <e même ce qu'il en él;iit. il -tiTCI
I
-

iclêiidre. Mais ('.cl .~liu*, destitué de pretue-, mettre dans l"s prisons de l'eviTii.-. ou il- fu-
aima mieux se tenir caclii'- que de se présenter rent traités avec autant île cruauté que o .^uo-
devant l'assemblée ipie Nestorius avait con- minie. Cepeii'.ant, après piu-ienr> jouis Jii
voquée pour le jugemcnl de ce prctrc. mauvais Irai.einents, ii leur proie la qu'il
LIVRE TRENTE-NrnVIftMB. Sb
croyait qnale Fi1« du Père éterm'l éluit né de élnicnt les mieux instruits; noais Nestorius le
la sainte Viei'ije, mère de Dieu, hI les renvoya. chargea d'injures, Quehpie opiniâtre qu'il
La suite fit voir le peu de sincérité de cet parut dans son erreur, on avait toujours eU
aveu. l'espérance à Constanlmoplo qu'il pourrait y
Saint Proclu';, quoique nommé à l'évêché renoncer; mais elle cessa, lorsqu'cn sa pré-
de Cyziquft, continuait à instruire le peuple sence Dorothée, évèque de Marclanople, qui
de Cont.lantinople, parce que ceux de Cyzique avait épousé louR SCS sentiments, lit devant
n'avaient [las voulu le recevoir. Nestorius le peuple asfemblé dans l'église Si i[Ueli|u'ua
:

l'ayant invité à prùcher en un jour de fête de dit (|uo Marie est, mcre lie Dieu, qu'il soit
la sainte Vicraçn, dans la grande église de aIla^hèml^ A C' lie |iarole, tout le peuple jeta
Consta tiniiple, il en ])rit occasion d'élalilir un cri et s'enfuit de l'églisf;. Mais Nestorius
la doctrine catholii|ue sur l'incarnalion, en demeura dans silence et admit Dorothée à
le
présence même do Nestorius. Dé» J'entn';e de sa communion ce (jui ne laissa aucun lieu de
;

son discours, que nous avons encore, il donne douter qu'il n'eût prononcé cet analhéme par
à la sainte Viereje le titre de mcre Je Dieu, ses ordres. Depuis ce temps-tâ le peuple né
puis il fait voir qu'elle niérili- ce titre, et que vint plus à l'église; beaucoup de sénateurs
son Fils est véritablement IHeu et honiiue, s'en absenlèi eut divers prêtres se séparèrent
;

sans aucune confusion des doux natures, et ouvertement de la communion de leur évéque.
sans que Dieu ait soi'tlcrl aucun chanaeraeut et il fut abandonné des jdus saints abbés et
ni altération en se faisant homme. Il apporta de leurs moines. Saint Dalmacé surtout si-
pour cause de l'incarnalion, la comlamnation gnala son zèle dans cette occasion (2).
et lu mort éternelle où tous les hommes étaient Nestorius, pour sa venger de ses adver-
tomijés [lar la prévarication d'Adam; aucun saires, assembla contre eux un concile, où il
na pouvan', les en délivrer, puiscpi'ils étaient déposa plusieurs ecclésiastiques comme soe-
tous coupables aucun ange ik; le pouvant
; tateurs des lm|détés des manichéens ,êa
non plus, parce qu'ils n'auraient pu Irouvei" excommunia d'autres, ainsi que divers laïques.
de victimi' propre, il avait été nécessuiie que L'abbé Basile moines, maltraités comOlA
et ses
Dieu même se livrât à la mort pour nous ra- les autres, s'en plaignirent à l'empuieui' par
cheter. Mais, ajoute-t-il, Dieu, demeurant seu- une requête où, après avoir proteslé ciu'ilâ
lement Dieu, ne [louvait mourir. 11 fallait croyaient, sur le mystère de l'incarnation,
donc qu'il se fit homme pour sauver les hom- tout ce que l'fclcriture sainte, le* apôtres, les
Dies. et qu'il devint tout à la lois et notre vic- martyrs, les conciles et les saiiils Pères noua
time pour nous racheter Je la mort, et notre en apprennent, ils lui représentent les vio-
piiulife pour s'offrir à son Père en notre la- lences que Nestorius exer(;ail cuntlnuellenient
veur. Dn'i' que Jésus-Christ est un [)ur homme, contre les catholiques, apiiuyé, comme il le
e'i'télir iuif; diri' qu'il est sCMlenii'nl !)ieil disait, l'au!.(uilé de ce prim e. Ils iiilalcnt
de
et qu'il n'a point la nature liuiiiaiin'. c'esi 'rip'ii((osede remédier aux maul de ''l'.-'lis',
être manichéen enseigner que le Clu i^l ri le
; d'assembler a cet effet un concile général, et,
Verbe divin sont deux, c'est méritir d être si;- en attendant, d'obliger Nestorius de renvoyer
paré de Dieu, et établir Une qualernili! au à Antioche les ecclésiastiques qu'il en avait
lieu de la Trinité que nous adorons (1). amenés, qui suivaient tous ses dogmes ou seâ
Le peuple applamlitàce discours, qui d'ail- façons de parler. On aflicha contre lui, dan«
leurs est Irés-éle^ant. Nestorius en tut d'au- un lieu public de Constanlinoplc, un placard
tant plus chocjué et prenant aussitôt la parole
; où l'on monlrait [tarses [iropres paroles, qu'il
(car c'était l'usage (jne quaid un prêtre ou pensait de même que Paul deSamosate sur les
un autre évéïjuc avait parlé dans l'cglise en mystères de l'incarnation. Ci; placard Unissait
présence de révé(juu, il iijoulàt aussitôt quel- par un analhéme contre ceux ([ui distinguaient
que instruction;, il s'ciroi(;a do mctutrer qu'on le Fils de Dieu et le Fils de la Vierge. Outre
ne doit pas dire que Dieu ou le Veihe soit né l'hérésie, on blâmait encore dans Nesloriussott
de la Vierge, ni qu'il soit mort, mais seule- faste, son orgui-il et la hauteur avec huluelU
ment qu'il idait uni à celui qui est né et cjui il traitait tiuit le monde.
est mnrt. Il s'opposa aussi à ce que saint l'ro- Ses homélies ayant été portées en Kgypte,
clus avait ilit que Dieu s'idail l'ait notre pon- elles y excitèrent un grand trouble parmi les
tife Il y en eut beauinup d'autres qui s éle- solitaires ce qui engagea saint Cyrille à leur
:

vèrent contre celte nouvidle do Irine; et, écrire pour en réfuter les erreurs. Après les
comme Nestorius ilisait un jour en oléine avoir fclicités sur la rri*ularité de leur vie et
clinire, iiue le \erbe n'était pas né de .'tarie, la pureté de leur foi, il lémoigui cependant
mais qu il habitait et l'dait inséparablement n'être pas peu inqu'ct. Car j'a|ipreuils, dit-il,
uni avec le Fils de Marie, liusébc! de Doryli-e, qu'il y a des gens qui s'insinuent i>ariul vous
(pii n'était encore que lai pie, interrompit cl I avec une fouie de vaines paroles, dcmaiulaal
dit à liante voix Que le Verbe, né du Péro
: si l'on doit apjieler ou non la sainte Viergô

avant tous les siècles, était no une seconde mère de Dieu. Il vaudrait uiieu.'C Vousabslenlr

fois de la Vierge selon la chair. Son ii'\(i lut de ces questions et ne (las creuser
l'.ul a fait

loué du plus grand nombre dusussistants, qui des mystèies où les plus habiles voient A pciua

0) Labbo, t. II, col. 9. — (2) CeiUnr, t. XIIL


Ut HISTOraE UNIVERSELLE DL L'EGLISE CATHOLIQOB
comme dans un miroir et en énigme ;
car des et les gentils, nous reprocher avec justice que
spéculatiiins trop subtiles surpassent la portée nous adoions un pur homme (1).
des simples. Mais puisque enlin vous avez en- Les homélies de Nestorius ayant aussi été
temlu de tes discours, j'ai cru à propos de portées à Rome, le pane saint C<']estin et les
vous en dire quoique chose, non pas pour vous évêques c|ui se trouvaient avec lui en furent
excitera des disputes de mots, mais afin ijiie, exlrèmen.ent scandalisés. Us en écrivirent à
si l'on vous attaque encore, vous opposiez la saint Cyrille, pour lui demander si ces dis-
vérité à leurs vains discours, et que vous pré- cours étaient réellement de Nestorius ou
serviez ainsi de l'erreur et vous et les antres. non.
J'admire qu'ifpuisse y avoir quelques-uns qui D'un autre côté, la lettre de saint Cyrille
doutent si la sainte Vierçe doit être appelée aux solitaires étant passée à diverses per-
mère de Dieu. Si Notre Seinnenr Jésus-Christ sonne~ de Constantinople, y fut d'une grande
est Dieu, commeu' la sainte Vierj^e, qui l'a utilité clés masistrats mêmes lui en écrivi-
;

mis au monde, ne serait-elle pas appelée mère rent pour lui témoigner leur reconnaissance.
de Dieu ? C'est la foi quf les divins disciiiles Nestorius, irrite'' de ce succès, engagea un
nous ont transmise, quoiiiu'ils ne se soient pas nommé Potins, l'un de ses prêtres, à la réfu-
servis de ce terme ; c'est aussi la iloctrine (jue ter. Celui-ci n'eut pas plus tôt achevé cet écrit,

nous avons apprise saints l'cres. Le célè-


''es qu'il l'envoya à un diacre nommé Martyrius,
bre Athanase, qui a illustré le tnme d'Alexan- qui résidait alors à (>jn-tantinople pour les
drie pendant quarante-six ans, donne çà et all'aires de l'c'iglise d'.Vlexandrie.

là ce titre à la sainte Vierge, particulièn-ment Cependant saint (Cyrille, informé par des
dans son livre De la sainte et conmbstantielle gens dignes de foi du cha^rrin que Ne'^torius
Trinité. avait contre lui averti d'ailleurs par les
,

Saint Cyrille prouve ensuite que celui qui lettres de saint Célestin et de plusieurs évo-
eat né de la sainte Vierge est Dieu par nature, ques qu'on était fort scandalisé des sermons
puisque le symbole de Nicée dit que le Fils de Nestorius, et que l'on murmurait contre
anique de Dieu, engendié de sa substance, lui dans pre-que tout l'Orient, eut la pensée
est lui-même descendu du ciel et s'est incarné. d'as-^emliler les évêques d'Egypte et de dé-
11 ajoute Vous direz peut-être
: La Vierge : clarer à Nestorius, par une lettre synoilale,
est-elle donc mère de la Divinité? Nous ré- qu'il ne pouvait plus avoir de communion
pondons : Il est constant que le Verbe est avec lui, s'il ne changeait d-^ langage et de
éternel et de la substance du Père. Mais, dans doctrine. Mais ayr.nt fait réflexion que l'on
l'ordre de la nature, encore que les mèies doit ten'Ire la main à ses frères pour les re-
n'aient aucune part à la création de ràme,oo lever quand ils sont tombés, il lui écrivit, es-
ne laisse pas de dire iju'elles sont mères de pc'rant tpie de simples remontrances pour-
l'homme entier, t-t non pas seulement du raient le faire rentrenians la voie delà vérité.
corps et ce serait une impertinente subtilittt
; Il lui témoigne avoir été extrêmement sur-
de dire Elisabelb est mèie du corpsde Jean,
: jiris d'apprendre que sa lettre aux solitaires
et non pas de son àme. Nous disons de même l'eut otfensé, et qu'il la reirardàt comme la
de la naissance d'Emmanuel,(iuisque le Verbe, cause des troubles excités à Constantinople et
ayant pris chair, est nommé lils de l'homme. en diveis endroits. Ce tumulte, ajoute-t-il,
Quoique l'entant qu'une femme met au monde n'a |)as commencé par ma lettre, mais par les
soit composé de deux natures dillérentes, de écrits qui se sont rê|iandus, qu'ils soient de
l'âme et du corps, c'est un même homme dont Vous ou de quelque autre, et qui causaient un
elle est la mère. Les deux natures, la divine tel désordre, que je me suis cru obligé d'y re-
et l'humaine, sont unies de la même manière médier. Il dit ensuite qu'il avait été chargé
en Jésus-Christ. C' st ce que saint Cyrille par le Pape et les évêques de son concile de
montre jiar l'ahaisseruent du Fils de Dieu, s'infcjrmer s'il en était elfectivement l'auteur,
qui, comme le dit saint Paul, s'est anéanti et l'exhorte, en ce cas, de faire cesser le scan-
pour pr^ndr^' forme d'esclave. Où serait son
la dale qu'ils avaient causé, en donnant à la
aoéantissfment, si, il'une nature semblable à sainte Vierge le titre «le mère de Dieu. .\u
la notre, il était, comme nous, du nombre clés reste, ne doutez pas. conclut-il, que je ne soi-
esclaves? Il jirouve encore l'unité de i>er- préparé à tout soutl'rir pour la foi cie Jesus-
sonne et la distinction des deux natures en Chrisl, même la prison et la mort. Il se re-
Jésus-Chiist par l'adoration que toutes les connaît pour l'auteur d'un Traité de la sainte
créatures, memi- cèle^te^, lui rendent; parles etconsuôstiiDtielle /"r/niVé.oùildil qu'il availela-
Donis de Seigneur et de Dieu que lui donne bli.dans Ietempsi]u'.\tticus gouvernait l'église
l'Ecrituie par le grand nombre et l'éclat de
; de Constantinople, la même doctrine touchant
ses miracles par la su[»"riorité que lui donne
;
l'incarnation du Verbe qu'il soutenait alors ;

saint Paul au-dessus de Moise et de tous les mais qu'il n'en avait donné copie à personne,
jjrophètes, parce qu'il nous a rachetés de la s'élant contenté de le lire à cet évecjue et à
mort par l'elTusion de son sang, et parce que, Ïuelques autres, soit du clergé, soit du peuple,
s'il pas véritablement Dieu, les Jnifs
n'était n met cette lettre de saint Cyrille sur la tin
pourraient se justifier de Tavoir mis à mort, de juillet 429. Elle fut rendue à Nestorius par

(t) Labbe, t. m, coL 19.


LIVRE TRENTE-NEUVIÈME. 551

nn prêtre d'Alexandrie, nommé Lampon.Nes- Jésus-Christ s'est incarné du Saint-E«prit et de


torius fut quelque tfmps sans vouloir y ré- la Vierge Marie, sans parler des Ecritures,
pondre mais ce ])rétrelui fittant d'instances,
; qui la nomment partout mère du Christ et non
qu'il ne put s'en dispenser. Sa réponse n'est du Dieu-Verbe. Je crois que votre Béatitude
qu'un compliment alVecté sur cette douce aura déjà appiis, par la renommée, les com-
violence. L'e.tpérience fera voir, dit-il, i|uel bats que nousavons soutenus à ce sujet et qui
fruit nous en tirerons; pour moi, je conserve n'ont pas été inutiles car, par la grâce du
;

la patience et la cliarilé fraternelle, quoique, Seigneur, plusieurs se sont corrigés en appre-


vous ne l'ayez pas gardée à mon égard, pour nant di> nous ijue l'enfant doit être consubs-
ne rien dire de plus fâcheux. Nous saluons, tanliel à sa mère, et que l'union de l'huma-
moi et les miens, tous les frères qui sont avec nité du Seigneur, jointe à Dieu dans l'homme
vous(l). est une créature produite de la Vierge par
Neslorius écrivit alors à Rome, au pape l'Esprit et non pas Dieu {-!). Que si quelqu'un
saint Célestin, pour tâcher de le prévenir en sa emploie le nom de Théotocos, à cause de l'hu-
faveur. Il commence par la cause des pélagiens manité jointe à Dieu le VerNe et non à cause
qui étaient à Constantinople, comme si teltMait de celle qui la enfantée, nous disons que ce
le principal sujet de sa lettre. « Julien, Flo- mot ne lui convient jias car une vraie mère
;

ruf, Oronce et Fabius, qui se disent évê(iue3 doit être de la même nature, que celui qui est
d'Occident, se sont souvent adressés à l'em- né d'elle. On peut toutefois le supporter à
pereur, se plaignant d'être persécutés, encore cause ipie le temple du Verbe, inséparable de
qu'ils soient catholiques ils ont fait les mê-
; lui, est tiré d'elle; non qu'elle soit mère du
mes plaintes devant nous, et, rejetés plusieurs Verbe de Dieu, car une personne ne peut en-
fois, ils ne cessent de crier. Nous leur avons fanter celui qui est plus ancien qu'elle. A celte
dit ce que nous pouvions, n'étant pas instruits lettre, >festo!ius envoya ses autres écrits sur
au juste de leur affaire. Mais de peur qu'ils l'incarnation, souscrits di; sa main. Par tout
n'importunent davantage l'empereur et que ce qui nous en reste, (et il ne nous en reste pas
nous ne nous divisions pour leur défense, faute peu), on voit qu'avec beaucoup de présomption
de les conniiitre, quoique peut-être vous les il avait des idées bii'u confuses, et que son
ayez condamnés canoniquement, ayez la bonté langage était aussi confus que ses idées.
de nous en informer car les nouvelles sectes
; Le pape saint Célestin, qui avait d'abord
ne méritent aucune protection de la part des appris les erreurs de Nestorius i)ar les plaintes
vrais pasteurs. » deslidèles, ensuite par ses homélies (ju'on lui
Ce discours de Nestoriusn'était pas sincère, envoya d'Orient, ne put plu^en douter quand
et ne pouvait ignorer que les pélagiens
il il eut reçu les lettres de .Nestorius, avec ses
avaient été condamnés à Constantinople par autres (juvrages souscrits de sa main. l*our
Attiius, son prédécesseur, huit ou dix ans au- procéder avec toute la maturité convenable
paravant. Aussi montre-t-il le vrai sujet de sa dans une afiaire aussi grave, il fit traduire le
lettre, eu continuant ainsi : tout en latin. Il lit même com|)oser un traité
De là vient (ju'ayant trouvé nous-mêmes en pour soutenir la doctrine catholique contre la
cette ville une aller.ition considérable de l'or- nouvelle hérésie ; et ce fut sans doute par ses
thodoxie en quidijues uns, nous employons ordres (jue saint Léon, alors archidiacre de
tous les jours pour la guérir, la rigueur et la l'Eglise romaine, en chargea Cassien de Mar-
douceur. C'est une maladie (jui n'est pas pe- seille, ipii était plus ])ropie c|u'aucun autre à
tite, mais qui appioclie de la pourriture d'A- cet ouvrage, [)arce, qu'il était très-savanl dans
pollinaire et d'Arius. Ils réduisent l'union du la théologie, (pie d'ailleurs il entendait par-
Seigneur dans l'homme à une espèce de con- faitement le grec, et qu'il avait demeuré long-
fusion, soutenant par un blas[d»èmo mani- temps à C^onstantinople, où il avait été ordonné
feste que le Dieu-Verbe, <'onsubstantiel au diacre par saint Clirysostome. Ayant ache-
Père, a été édilié avec son temple et enseveli vé ses conlérences depuis peu, il com|itait
avec sa chair, comme s'il avait pris son ori- demeurer dans le silence mais il ne put ré-
;

gine de la Vierge, more du Chri'it (Chiisloto- sister à la prière de saint Léon. Il composa
cos) et ils disent que la même chair n'est pas
; donc un TruiU' de i Incarnation, divisé en sept
demeurée après la lésurnclion, mais qu'elle livres.
a pas'^é dans la nature de la divinité. Eu un Dans le premier, après avoir comparé l'hé-
mot, ils ranii'tient lu diviniti' du Fis unii|ue à résie a l'hydre de hi Fable, il rapporte les dif-
l'origine de lu eliuir qui lui a été jointe, et ils férentes hérésies ipii ont attatpié le mystère
la font mourir avec celle chair. I)e plus par de l'Iinarnalion les unes en niant la divinité
:

le mol de deilicijljon, ils enseignent, ce qui est de les autres en soulenant ([u'il
Ji'su>-(!liiisl ;

un hlaspluMue, i|ue la chair a été jointe n'ét.iil lioinme qu'en apparence: d'autres eo
à la divinité, a passif dans la divinité: ce (|ui combattant l'union des deux natures, tpii fait
est détruire à la lois l'ime et r.Tulre. Knsuitc, i|u'il est véritablemenl Dieu et homme. Ces
ils n'ont pas horreur de nommer la Vierge hérésies sont celles d Ebion, di' Snbelliu'*, il'A-
mère de i)ic!u ('l'Iieotoros), quolipie les l'ères de rius, d'Euuumius, de Macédonius, de Pliotin,
Nicée aient dit seulement que INotre Seigneur d'Apollinaire et des pélagiens. U dit de ;elto

(I) L&bbe, p. 313. — (2) Coust., 1077 et 107S.


B5« HISTOinE UNIVriOn-I.R OB L'Br,LI»R CAXnOLIQu'B
dcrnii'-ifi, qu'elle a tiré son oriiçine di; I'Ik";- plénitude des temps fut venue, Dien envoya
risif clos Phioiiislpiî, r-n re ([n'ollr; iiinil avec son l'iU formé d une femme. Ce Fils était
cps liéri'tiini'îs diviniU' de J(Miis-(;iiii-t, «pie
lii donc auparavant. Ain-I, quand Ne^lorius |io«e
li'< pôlaiilflis rpuiud.'iicntcoiiimp un |iiir pour principe de son erreur, que personne
liomtliP. A la viMilP, ni ï-ainl .Ipnuiip, ni -aint n'puypiidre de plus ancien iiiie soi, c'e-t urt
Aiil;ii>IIii n'iilliiiitiPiil ipUp pirpiir an.x jn'la- pritiiiiip faux, |>ui-cpie le HU
de IHpu, qui
giciis ; tiluh iU l('iiiaii|iii'iit qu'on l(!ur <)li)Pi'- était avant .Marie, a él<' formé d'elle, suivant
<,nil pni'orp d'anln's prfeurs, i|iii élaipiil l'Apôtre. N'p-lorius Fai-ait ce 'vllonl-me :

(•(iriiirip iIp^ piiii-piHiPiii (S lie i-p||p iin'iis ptiFPi- l'pi-sonne n'enfatilp d aniérieur à soi. Or,
gnaipiil oiivpiii'itipnt. Or, ce (jup nous en u|i- Dieu est antéiienr a .Marie donc Marie ti'a
:

pl'pnil (>as?iPM PII [iliis (|p six pinlioils iIp «on point cnlaiité Dieu. Ontie l:i réponse de Dis-
Olivi'tlfie. tic jinralt iHu; le i|r;vp|oî>|ii'iiiciil <lu sIpu, la théologie y répond encore avpc sa
péhiKiiinisino. \'A il ilpvail liien savoir pp iin'll précision logique l'er.-ioniie ne peut pnfantcr
:

é!i lUliil, juilstjui' lui-iiiPiiip a ilonnp ici ttt là d'anti-rienr à soi en tftnl qu'il c-l antérieur,
:

ilatls i|Upli|UPs iilécs spini-iipliigipmips. Il j'ose je l'accorde ; en tant ipi'il ne l'est pa<, je le
dont! pn l'ail, que les [irinci|ips di'S i)i:la(iipnSi nie. Or, Marie enlanle le Verbe, non pas en
ont lionne naissaiipc à rinhp?ic ilc Npsloi'iu?. tant qu'il procède éternellement du l'ér^ ;
Cai', tliUll, croyant qup l'iiomnie, par ses pro- mais en lanl que, p:océdaiil i*lprne||emenl
pi PS Ibipe!:, ]ipiit Pire ?aiis I'PpIip, ils jut^c-nt du l'ère, il s'e^l fait chair, il s'est fait homme
do ttiPinP (le Jésii=-(;iiri~l, qu'il n'i-tait c[u'un dans le teinps. Ain^i.dans r(udrede lu grâce,
]iur lioinind, Inais qu'il a si bien nsft de son ou peut eiiliinler tous les jours à la vie surna-
liliK! arliitrp, qu'il a pvilé tout poclic qu'il ;
turelle un plus jiLîC ipie sol dans ordre de laI

est venu au monde, non pour lacliplpr lp ^'pnré nature. Dans le cinquième livre, Cas'ien cun-
humain, mais pour dniiiipr l'cxenqilp des tinue à montrer que l'unité depeisonneen
Ijoniips ftuVrps, alin ijuc les hommes, mar- Jésus-Christ est réelle et lion pas •imjdemenl
chant par les ménips sentiers de vertu, reçiis- morale, cl réfuie plusieurs proposition» de
spot les mêmes récompenses qup lui qu'il est ;
Nestoriiis.Dans le sixième. Il iii'isle avec feu
devenu Christ après son hajitpmp, et Uieu et éloquence sur le symbole d'.\nlioche, sui-
après sa résurreetion attribuant l'une dp ces : vant lpqupl.>estoriu-avait été baptisé. Itans lo
prorogatives à l'iiuilp mystérieuse dont il a septième et dernier, il ap])(U'te les aulorili's
été oint, et l'antre au mcnie dp sa passion. des rpips gi'pcs et laliii", parliculieremenl
Cassien prouve tout teri par la rètractalion Saint ChiyposUime, son maître, el linil |)ar
du péiagien l^pporius, devenu depuis sa con- une exhuilatinu touchante à l'egli^e de Con»-'
version [uplie d llippnnp (1). Ou conçoit dpâ tantinoide. Il sup|iosp toujours .jue >e«lorius
lors jiourquoi iNcstdrius s'intéressait si vive- y préside comme évcquc ce qui lait voir qu'il
:

ment à la cause des pélugiens. S'il les contre* acheva cet ouvrage avant sa dépusiliuD et |0
<llten qilei(j(ie point, ip peut n être qu'Une concile d'Eiihèsp.
rUsP ou qu'une incolispquencë. Cependant il s'olail réfugi"- à G'in"! iiiliinqilo
Dans le second livre, ajifès avoir ob<!efvO quelques mauvais sujet» d'.Mi'xaiidrie, que
que l'erreur de INcstoiius, étant iPllollvelr>d suliil l.yrllle avait excinummiié- pour ieurs
d'anciens liéiéliqups, se trouvait déjà con = crimes. Mestoriiis s'en servi' pour cabimnier
datuiiOe eu eUXj il coniinpiicp à prouver par le saint, el les cnganea à pri'"enler des re-
riicritiire^ que Jpms-r.hri-l pst Dieu et homme, quêtes contre lui à NesliiriusmiMne.pl ^ l'em-
et (pip Marie doit être apiiolei' uipip iIp IHpu, ppipur Théodose, informé de ces intrigue»,
et non-spUlemcUt mèie du (Ihiisl. Il lire suf ainsi que de plusieurs Biiirei». eomnip aussi
tout une preuve leninripjalile dp la nature qu'on jiarlail de paix et de nkioncilialbiii, l.y-
moine île la grâce divine, diuil Jésus-t.brist est nllP écriNit une seenndo leilro a ,Nesloriu« au
l'auteur. « La glace est une chosp au-dessus mois de février t.'IO. Il lui dit d'aliord qu'il sa-
de riiommCj c'est une espéee de |)arlicipaliiin vait les calomnies qu'iui répandait contre lui,
à la diviliité nu^'me; il n'y a diuic ipiini |)ieu el (|u'il en coniiaissail les auteurs, i^'un avait
qui puisse nous la donner (2). » Cette notion élé condamné pour avoir opprimé des aveu-
si belle et si vraie de la giàce renverse de l'ond gles el des pauvres, l'autre pour avoir lire
en comble le pélagianisme et le seuii-péhii<ia- 1 épée contre sa mère, l'autre pour avoir dé-
nisme aussi, à cet égard, Cassien n'a-(-il
: robé de l'or avec une servante el avoir t4iu*
pas un tnut de tëpiéhensiblc dans son traite jours eu une très -mauvaise reputalion. Mais
De r Incarnation. sans s'arrèlcr à ces gens, doul il désigne qu4'l-
Aiirt''s avoir continué ses preuves de l'Ecri- qu' s=uns |)ar leurs noms, il vinnt à .Neslonu»,
ture dans le IroisiéuiP livrp, d s'attache plus etri-xhorte,coiuiiie sou licie.acnrriper 'adtn»
parliculièreUiPiit dans le qiialrieuie à établir tiineel a l'aire cesser les«-rtndale,ensattnchant
l'nnilCde peisonUe er. Jpsu--Clii ist. Voici enlro à la doctrine des Pere-.en particulier à ce quia
autres avec quelle juslcs-p il ai ijumenle île ces Ole déclaré dans le concile ilo .Niceesur In na-
paroles de saint l'aul aux Calaleg ^Uiaud la : ture du Verbo el le myslcre de riu< arnaliuu.

(I) Cs9S., De Inc.. 1. 1, c. ii, m, iv, v. Ti


y' ,,
; I. V. m, *'
T. t'> •(11, •>, IV ^* iiv,
0. '^i . t i
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M*. —(2. L. 11,
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"* ^. * et
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<oi 'iliud dirimus qiinin dit^t iliiii,a yràt'la ctt/H UiviHitate descende' i( ; yuta et duina gralid bti H H w^'
r,lVnE THENTE-NEUVlftME. S5}

11 explif^tie ce mystère on montrant qu'il nion des deux natures; mais, en y regardant
fnut ailiiii'llriî ilaiis li\ mômi! jL-susCliri-l les de près, l'on voit que ce n'est pas d'union
deux S(Mi''i'ali'jn* ' ùlcrnelle, pnr luquelle il qu'il parle, mais seulement de connexion, l'
proci'dc son PiTo ; la tcrapoiclk', selon la-
lin est diflicile qu'il se soit bien compris lui-
quelle il est né de sa mère, non i[ue su naluic même car voici ce qu'il dit encore (iontcsser
; :

divine ait pris de la sainte Vierge le commen- que le corps est le temple de la divinité du
cement de son existence, citant coélernel à Christ, et que ce tcm[>ie lui est uni par une
son l'ère, mais parce que, pour notre salut, il connexion admirabie et divine, do manière
a voulu nailre do la Vierge en s'unissant liy- que la nature de la di\ iniié s'approprie ce qui
poslatiipiement dans son sein à lu nature hu- est du temple, voilà qui e->t juste el conforme
maine. Quand nous disons quo-lésus-t^liriâl a aux traditions de l'Kvangile. Mais, à cause de
soud'crl i'ti|u'il est ressuscité, nous ne disons cette ap]iroprialion, lui attribuer encore les
pas que le Vcrlie ait soullrrlcn sa propriï na- propriétés la chair qui lui est connexe,
.^,''

ture, qu'il ait été couvert do plaies ou [lereé savoir la naissance, la soulfrance, la mort ;
:

diî clous, car la flivinité cet impassible, mais voici qui est d'uub intelligence païenne, une
parce que le corps iju^il s'est appropri(' par folio d'Apidlinaire et d'Arius, ou quelque
son union avec la naluro humaine a soulli'rt; chose de [lire encore (2).
c'i'nl pour celte raison seule que nous disons Commeut Nestorius, après avoir dit que la
((u'il asoullert lui mi'me, comme nous disons divinité du Christ s'approiuiait ce qui est du
au'ssi qu'il est mort. Nous disons de même coriis. pouvait il lui retuser les proiu-iétés de
qu'il est ressuscité, parce que sa chair est res- la chair'.' Saint Cyrille, avec les catludiques,
8usi>itée. Nous ne disons pas (juo nous adorons ne faisait ni l'un ni l'autre ; il n'atUiluiait
l'homme avec le Verbe, do crainte que le mot point les proiii iètés du corps ou de la chair à
avec ne donne quelque idée de division mais ; la divinité du Verbe, mais à sa personne,
nous l'adorons comme une seule et même [(or- luuYO que cette personne unit en soi la nature
sonne, parce que le corps du Verbe i:e lui est divine et la nature humaine. Ni'storius ajoute:
point élianger, mais propre; d'où vient qu'il Je vous sais bon gré du soin que vous prenez
est assis avec lui à la droiti' du Père. Ainsi, il de ceux qui sont scandalisés chez nous. Mais
n'y a aucune raison de divi-ier Notre Seigneur peut-être élcs-vous trompé par les clercs .(ui
Jlésus-(;hrist en deux Fils ; cela n'est pas per- pensent comme vous, par ceux que le saint
mis, l'Ecriture ne disant pas (jue le Verbe se coniile a déposés ici comme manichéens. C^ar
soit associé la personne do l'homme, mais (pi'il pour ce qui est de notre église, elle prohle de
a été chair; ce qui ne veut dire autre
fait jour en jour, le peuple avance dans b lon-
chose, sinon ipie s'étant uni à notre naluro, naissance de Dieu, les empereurs sont dans
il est né de la Vierge, sans cesser d'être Dieu une extrême joie de ce que la vérité est
et engendré du l'ère, l'incarnation n'ayant éclaircie, cl, pour le dire en un mol. la foi
rien changé dans ce qu'il était au[iaravanl. catholique prévaut contre toiiles les hérésie.^.
C'est ainsi que les saints l'ères n'ont point Le coniile dont parle Nestorius parait avoir
fait dil'hculté de nommer la sainh; Vierge été tenu à Conslanliiiople, en 4;;(i. Uu^""' /*
mère de Dieu, nonijue la nature du Vei'be ou ceux manichéens, el qu'il dit
ipril a|qielle
sa divinité ait [iris de la sainte Vierge le coin coiidamués dans ce cuneile, e'él lient
avilir été
mencement de son être, mais parce qu'il a tiré apparernmenl les catholiques qui s'étaient
d'elle ce sacré corps animé irunetime raison- déclarés contre les ]iêla^iens.
nable, auijuel le Verbe de Dieu s'est uni selon Ce qui le l'ait croire, c'est non-seulement !tt
l'hypostaso ; c'est ce qui l'ail dire qu'il est né communauté de doctrine que nous a révélée
selon la chair. Saint (jyrille presse Nestoriu» Cassicn de Marseille, mais encore le grand
ot ie conjure, en présence de Jésus-Christ et nombre de lellr s que Nestorius écrivil au
de SCS saints aunes, do cioire ainsi cl d'ensei- pape saint d'-lestin au sujet des pela:;iens
gner aux uutros cctlt- dMctrine, pour le bien rélugiés à Conslanliiiople; N'ayant pas eu dô
de la [laix des éiçlisns et pour le maintien in- réponse à cet (-gard, il lui en crivii une der- i

dissoluble de la cbariie et de la concorde nière, où il le prie avec inslance el d'une l'.ia-


entre les évèipies(| ), niêre assez insiuuanle, de lui apnl'endl'e cô
La rè[)onse qu(! Nestorius fit à saint Cyrille qu'il en était. A celti! occasieii 11 l'aupelle.

e'*t \)\us liMigue que la prc'cèdente, mais aussi comme en passant, qu'il avait liii-m>'iiie bien
Leaucoup [dus iii^re. l'exhorte à lire avec
Il à travailler |>our purilier rK'.Allse ib- Miell il9
plus d'altenliou les écrits des anciens, et l'iinpiiUè d'Apollinaire el il'Ar.il^. Cii je ne
l'accuse de leur avoir fait dire (pie le Verbe sais coinuieiil, dilil, il y a certains clerc:*,
divin l'ut passible, tandis ipi'il avait dit tout inleclès de la coiitai^'ion de ces hèréliques,
le coniraiie. A ce delaul de franchise se joint qui osent attribuer les passions (lu cor|is à lit
le délaut .le clarté. Il admet un- certaine divinité du Fils unique, supposiM' que la divi-
unité en Ji'îsua-Chrisl mais ce n'est qu'une
; nité immiiabli^ a passé dans la nature du
unnui non pas r.'elle
Fiiorale, et ; c'est une corps, el confondre les deux nalures. que loa
unité de peiRoimage, el non [las personne île adore l'une et l'autre «laus le iiersonua^'e un
oud'hypostase. Il .semble encore admettre l'u- du Fils unique, à cause de leur oonueiioû

(t) Lttbbo, t. m, p. 313. - (î) ibid.. t. III, ool, iiO.


bit HISTOIRE UNIVERSELLh DE LÊGLI?E CATHOLIQUE
sublime et sans confusion (4). Cette phrase une confession de foi catholiqne et sincère, et

contient lu substance ih; l;i seconde li'Itie à .pi'ill'envoie à Alexandrie j'écrirai, de mon
:

saint Cyrille; c'est lu mèinc! (;iloiiinif ir.illri- coté, qu'il ne faut point fatiguer nos confrère»
bucr aux catborn]ues une ini|iiili' iju'il» re- les l'vêques, parce «jue nous savons qui- ses
poussaient expressénienl; c'est 1m nn-ine étude paroles ont un bon sens. Mais s'il demeure dans
à donner le chanjço sur ses [)ropres senti- sa présomption, ne nous re-le rjue de nous
il

ments, par des paroles équivoques, qui jjou- y op|)oser île toutes nos forces (2).
vaient faire entendre le contraire de ce qu'il Saint (Cyrille écrivit iinalemenl au pape
pensait. faint Célestin une lettre où il lui rend compte
Saint Cyrille, voyant par la lettre de N'slo- de. tout ce qui s'était passé, de .sa lettre aux

rius, outre ce qu'il en pouvait savoir d'ail- solitaires, de ses deux lettres à Ne'torins, et
leurs, qu'il était ap]uiyé de la cour, et que son de la nécessité qui l'avait engagé à s'oppose-
hérésie faisait des |iii)i,'n''s à Constaiilinople, à lui. Voici comme il y expose l'obligation où
écrivit à l'empereur 'l'iicodose et aux jirin- il était d'en écrire au Pape: « Si l'on [louvait.
cesses, ses sieurs, le uramles lettres ou plutôt sans cneourir de blâme ni se rendre suspect,
des trailéî sur la foi. Il y expose et y imiuve garder h' sileme et ne [loint inffirmcr votre
la doctrine catliiili(]ue sur l'incarnation, et par Pii'ti' par écrit, de toutes les choses qu'on
les Kcriliires et jiar la trailitiim il y rajqiorte
: agite, surtout dans des choses aussi néres-
les passaiçes de jdusieurs l'ères, pour montrer saires, où la foi est en péril, je me dirais i.
qu'ils se sont servis du mot ilc Tlieotocos, et moi-même : Il vaut mieux se taire et se tenii
qu'ils ont reconnu l'unité d,; Jésus-Christ, tranquille. Mais (luisque Dieu exiye la vii:i-
savoir saint Athanase. AtticusdeC.onst.mtino-
: lancc de notre part en ces choses, et «pic la
ple, Antio<hus de Phénicie, Ampliilo(|ue, lon'-'ue coutume des églises nous engage à les
Amraoïi d'Andrinojile, saint Chivsostome, Si'-- communiquer à votre Sainteté, je vous écris
vérien de Cabales, Vital, 'l'Iiéophile d'.Mexan- par une absolue nécessité. » II déclan- qu'il
trie, auxquels il aurait pu en ajouter beau- n'a encore écrit do cette affaire à aucun autre
coup d'autres. Il écrivit encore sur la même évéque, et marque ainsi l'état de Constantino-
ail'aire à plusieurs personnages de Coiistanti- ple. .Maintenant les peuples ne s'as^mblent
Il

nople. 11 écrivit en particulier au clcrî.çé de point avec lui, c'est-à-dire avec Nestorius,
cettr- ville, sur les propositions de paix (juc sinon quelque peu de< plus légers et de ses
l'on faisait de la part de Nectorius. J'ai lu, flatteurs presque tous les monastères et leurs
:

dit-il, le mémoiie(iue vous m'avez envoyé', où arrhiuiandrites, il beaucoup de .sénateurs, ne


j'ai vu ()ue le prêtre Anastase faisait semMant vont point aux as^ îinblées, crainte de blrs-er
de chercher la paix, et vous a dit: Nntre la foi. Votre Saintet-' Joil savoir que tous h's
croyance est conforme à ce qu'il a écrit aux évêques d'Orient sont d'accord avec nous, que
solitaires. Ensuite, allant à son but, il a tous sont choqués et aflîisiés, priniipalement
ajouté: lia dit lui-même ijue le concile de les évêques de .Macédoine. Il le sait bien, m.-iis
Nicée n'a jioint fait mention de ce mot de seul il se croit plus sage que tous. Nous n'a
Théotocos. J'ai écrit que le concile a bien fait vons pas voulu rompre ouvertement de eom
de ne pas en faire menton, parce qu'im ne munion avec lui, avant d'avoir eommuniqué
remuait point cette question alors; mais il dit, ces choses à Votre Sainteté. Dai.:nez donc
par le fait, (jiie Marie est mért; de Dieu, puis- déclarer votre sentiment pour servir de
qu'il dit que le même qui est engendré du type (3), s'il faut encore communiquer avec
Père, s'est incarné et a soullert. Ensuite, par- lui ou lui dénoncer nettement iiue tout I*
iant d'un écrit de Nesiorius Il s'eH'orce, ilit-
: monde l'abandonnera, s'il [tersiste dan* i-e*
il, de montrer que c'est le corps (pii asdutl'ert, opinions. .Mais il faut que la sentence de Votre
et non pa-- Dieu le Verbe comme si i|ueli]u'un
: Sainteté soit déclarée aux évêques de Macé-
disait que le Verbe impassible est pa^^silih'. 11 doine et d'Orient. Ce sera leur donner l'ot'ci
n'y a personne de si inscnsi'. Son cor|)s ayant sion qu'ils désirent, de s'atTermir dans l'unil»
souffert, on dit (|u'il a sciulfert lui-même : de sentimeiits, et de venir au secours de la
comme on dit que l'iime de l'humme soulfre, foi orthodoxe qu'on attaque. Et afin de mieux
quand son corps soullre. quoii|u'elle ne soulfre instruire votre Sainteti- de ses .sentiments et de
point en sa propre nature. .Mais leur but est ceux des Pères, j'envoie les livres où les passa-
de dire, deux Christs et ileux Fils: l'un pro- ges sont marques, et je ii-s ai fait tiaduire
prement homme, l'autre proprement Itieu, et comme on a pu à .\lexandrie. Je vous envoie
de ne faire l'union (]ue des personnes voilà ; aussi les leltns que j'ai éi-rites (i). «
pourqiuii chicanent. Il rapporte ensuite ce
ils Celle h'ttrc au Pape fui i>oriee parledia
que disait Nestorius. qu'il ne trouvait pas son Possidonius, qui fut aus^ rharge d'une in
peuple instruit, et ([ue c'était la faute de ses triu'tiiui qui résumait la doctrine de N'i-sloriu»
prédécesseurs. Quoi donc, dit saint (Cyrille, en ces termes. La foi ou plutôt la perlidie de
est-il plus éloquent ipie Jean, ou plus iiabile Nestorius est telle. Il dit que Dieu le Verbe,
que le bienheureux Allicus?que n'avoue-l-ii ayant connu d'avance que celui iiui naîtrait de
plutôt franchement qu'il intnxluit une doctrine la sainte Vierge serait saintet grand, le choisit
nouvelle Entiii, s'd désire la |iaix, qu'd écrive
'?
a cause de cela, le lit naître de la Vierge sans

(1) Coust., col. 1079. — (2) Ubbe, U 111, col. 331. — C>1 TusCiiai To îoxov. diclarer jundiquemenu —
(4) Labbe, Coustant.
LIVRE TREMB-NEUVIÉME. •57

le concours de l'homme, lui accorda par gràca l'espace de dix jours à compter depuis cette
d'être appelé de ses noms, et le ressuscita admonition, il n'anatliématise par une con-
d'entre les morts. Ainsi, quand on dit que le fession écrite sa doctrine impie, et ne promet
^erbe, Fils unique de Dieu, s'est fait homme, de confesser à 1 avenir, touchant la génération
on le (lit parce qu'il a toujours été avec cet de Jèsus-Clirist, notre Dieu, la foi qu'enseigne
homme saint né de a Vierge. Comme il a été l'Eglise romaine, et votre église, et toute h
aveu les prophètes, dit-il, ainsi est-il avec ci'lui- chrétienté, votre Sainteté pourvoie aussitôt a
ci par uni conjonction plus grande. C'est cette église, c'est-à-dire à celle de Constanti-
pourquoi il ('vite partout de dire union, mais nople, et qu'il sache qu'il sera absolument
î'aiipelle conjonction, telle qu'il peut y en avoir séparé de notre corps. Nous avons écrit les
entre deux personnes *'uue hors de l'autre ; mêmes choses à nos saints frères et coévèqncs
comme (juand Dieu dit à Josué Je serai avec : Jean, Kufus, Juvénal et Flavien, afin que l'ou
vous comme j'ai été ave- Moïse. Pour cacher connaisse partout notie sentence à son égard,
.«on impiété, il dit 1° Qu le Verhe a été avec
: ou plutôt la divine sentence de Notre Seigneur
l'homme dés le sein de sa mère. 2" Aussi ne Jésus-Christ (2).
dit-il pas qu'il soit Dieu véritable, mais appelé Les quatre évèquesdontil parle étaient Jean
de ce nom par la grâce de Dieu. De mèun', il d'Antioche, Hufus de Thfssaloniquc, Juvèna.
ce veut qu'il soit ap[ielé Seigneur (jue parce de Jèrusrdem, Flavien de Philippes. La lettre
que le Vi-rhe a bien voulu qu'il fût appelé de qu'il leur adressa contient en substance les
ce nom. 3' Il ne dit pas non plus avec nous que mêmes choses (pie la précédente. I.,e même
le Fils de Dieu est mort pour nous et qu'il est jour. Il août 4.'{0, il en adressa une antre au
ressuscité; mais l'homme, ilit-il, est mort et peuple et au cleigé de Conslanlinople, qu'il
ressuscité, sans aucune participation du Verbe appelle ses membres. Elle est pleine d'exlior-
de Dieu. 4° Nous confessons que le Verbe de demeurer fermes dans la loi catholi-
taliotis à
Dieu est immortel, qu'il est la vie mais nous ;
que, et de consolation pour ceux que Nestorius
croyons en même temps qu'il s'est fait chair, peisécutait. Le l'apey déclare nulles toutes les
c'est-à-dire que, s'étant uni la chair avec une excommunications prononcées par Nestorius,
âiDc raisonnable, il a sonfl'ert dans la chair, depuis qu'il a commencé à enseigner ses
suivant les Ecritures et, parce que son corps
;
erreurs. Il ajoute que ne pouvant agir en
a soufl'erl, nous disons qu'il a souffert lui- personne à cause de l'éloignement, il a com-
même, quoiqu'il soit impassible de sa nature ; mis à sa place son saint frère Cyrille, l'uis
de même, parce que sa chair est ressuscitée, il met la sentence qui termine la lettre précé-

nous disons qu'il est lui-même ressuscité des dente.


morts. Mais Nestorius ne pense point ainsi: Le même jour encore, il adressa une lettre
il dit que la soull'rance est de l'homme, que la à Nestorius même. Il y marque comme il a
résurrection est de l'homme, que ce que l'on été trompé dans la bonne opinion qu'il avait
propose dans les mystères est le cor[is d'un conçue de lui sur sa réputation. Il dit cpi'il a
homme. Nous croyons, au contraire, <]ue la lu ses lettres et les livres qu'il avait envoyés,
chair du Verbe ])eut donner la vie, parce ijue et qu'il a trouvé ses opinions touchant le
c'est la chair et le sang du Verbe qui donnent Verbe divin peu d'accord avec elles-mêmes,
la vie à toutes choses (1). mais surtout contraires à la foi catholique. 11
Le pape saint Célcstin ayant reçu toutes ces lui rappelle lesdiMix lettresqueCyrilh? lui avait
pièces, assembla un concile à Rome, vers le écrites, et l'avertit qu'elles lui tiendront lieu
commencement du mois d'août /(.'iO, où les de premièie et de seconde monition, et celle
écrits de Nestorius furent examinés et com- qu'il lui écrivait lui-même, de troisième ;
parés à ceux des Pères. Le Pape y rap|)orla ajoutant que, s'il ne corrige ce qu'il a enseigné
îes autorités de saint Ambroise, de saint lldaire de mauvais, et ne rentre dans la vraie voie,
et de saint Damase, après quoi la doctrine de qui est Jésus-Christ, il le séparera de sa com-
Nestorius fut condamnée, et saint Cyrille munion et de celle de toute l'Eglise, Il lui
chargé de l'exécution. Le Pape lui en écrivit lait l'application de ces paroles de l'Apôtre •
une lettre dans la<iuelle il loue son zèle cl sa Je sais qu'iij/i'ès mon départ, il entrera pam
\iHilance, cl lui déclare iiu'il est entièrement vous des /oii/js racissenrs qui n'épargneront poitt
dans ses sentiments touchant lincai nation. le troupeau ;
parce qH'(îii elfet, au lieu de vedier
Uue n Nestorius persile dans son opiniâtreté, à la garde de ses ouailles, il les vexait par ses
il faudra le condamner ; mais il faut tenter ravages, en |ier'écutanl ceux (jui suivaient la
aiqiaravanl tous les moyens de le ramener. En foi catholiipie. Il lui représente que jamais
attendant, tous ceux qu'd a sé|iair> di' sa <'om- aucuns de ceux qui ont atla(pié l'Eglise ne
munion doivent savoir qu'ils demeurent dans sont sortis victorieux du combat, et (|u'ils ont
la notre; lui-viiemene ]ieul avoir ilé' ornuiisde tous eti- lléli is d'une même censure, c'est-à-
cominin]i(u <ivee nous, s'il conliiuie à com- dire chassesde l'Eglise. Il en donne pourexem-
baltre la doctriiu! apostolique. C'est poinquni, pie Paul de Samosate et les pélagiens, sur les-
par l'autoritiWie notre siège et agissant à notre (juels,dit-il, vous nous ave/, consultés, comme
place, vous exécuterez celle sentence avec une sivous ne saviez pas ce qui s'est passé. Ils
Bévérilé exemplaire; en sorte que si, dans ont été condamnés, et justement, et chassés de

U) Gouttant, 1094. - (2) Id.. 1100. Labb«.


6M) HiSTOinE UNivEnsiîrj,B nn l'eoush cai iioï.iqub
leurs sliîfltn?. Ce qui ddiis (Utnin:, n'iisl (|ue à Pr.'ivli: depuis (rois ou qiintrft ans. II ci
vous -outlrioz Hos gi'iis <|iii (Uil l'Ii'; (•(inilaiiiiii'S horte Jei|ii à »C. déterminer, dcrlarunt (|uo,
Iioiir ni(;r le ]ié('.lii'' oii^'iiicl, vi)iisi)iii le croyiez jimir lui, il est iY;<olude suivre le jugement ilu
si bien, comme nous iivon< lu (laiis vos ser- j'.i|ie v.\ des évc jues d'Occident, pr»ur conser-

mons. Les contraires ne s'aceonlenl Jam.iis va leur commiiiiion. Jean dvail jlêji vu peu
sans donner du soujiçon, et vous li'selnisseriiï miji.iriivjmt une lellroque saint Cyrille vi-nuit
encore, s'ils vous di'plaisiiienl comme teiix l'i d'écrire à l'évêque Acace de ptrrce. Ouant ^
qui les ont chassés. Kl poj'i.-quoi demandez- Juvénal, il lui <lit qu'il faut l'crire à l'empe-
vous ce qui s'est passé contre (uix, [lui-quc reur. it'iuMii'l prenne l'intérêt de la reli-iun
c'est d'Atticus, votre priidi-i'.essoiir.iiuc nouseii p^ déljvre riv.'lise (le ce faux pasteur. Il m.ir-
avons ici les actes? l*oiiri|iii)i Si-iiiniiis, de ijiie à l'un et ù l'autre qu'il a fait son po-^ible

sainte mémoire, ne s'en est-il point iiilormi!, pour ramener iNe~lorius à la raison. Ditnsses
sinon l'arce qu'il savait (pi'ils uvaiciit clé lellres, il appelle le Pape son seigneur et quji-
justement condamnés sous Alticus, son prédé- Ijlie s m décret de *"ormulaire dêlini (2).

cesseur. Jean d'AntiocIte était ami de Nesloriu'^, qui


» Au lieu de vous occuper dos antres, jni- availi':létiré.le»onc|er,'é. (1 lui envoya copie
decin, guérissez-vous vous-même. Votre mal des pièces (|B'il venait de recevoir, avec une
exige un prompt rcmcdc. Nous avoiis.ippi-ou- letliL- pleine d'umilié, pourlepurlor à la sou-

vé et nous approuvtuis la loi do révéijue d'A- Iti^slon.


lexandrie. Averti par lui, ayez les mêmes sen- » J'ai dif-il, reçu plusieurs lettres, l'une du
timents que nous, si vous voulez cire avec lrès--ainl évêcjue Cclestin ; les autres, de Cy-
nous. Condamnez ce que vqus avez pensé jus- rille, éveque bji.m-aiflïc île Dieu. Je vous en
qu'à présent, et prêchez aussitôt, nous le vou- ppvoic desconies, ut je vqus prie de tout mon
lons, ce que vous lui verrez prôdicr. .\près la cœur de lesl.(i: de telle sorte, qu'il ne s'élève
condamnation de votre mauvaise doctrine, une aucan trouble <l.ins votre es]irit, puisque c'est
preuve complète de votre correction, c'est que de là qu'il Hrrjve des contentions et des sédi-
vous rappeliez à rEj',lise tous ceux qui en ont tions três-nuisililes, el aqasi de ne mépriser
été exi)iilsés pour la cause du Christ, cl que pas lachosi!, parce iiite le iliabli; sait pousser
vous les rappeliez tous. Si on ne fait ce que si loin par l'orgueil les atTairesqui ne sont pas

nous disons, on chassera celui (jui a cfrissé ;


bonnes, qu'il n'y reste plus de i-i-mede in.iii ;

d'autant plus que ceux coiitr(! lesquels V(uis de les lire avec douceur, i;t d'apneler à ccdle
avez tenu une conduite pareille, sont dans ijéljbération queliiues-uns de vo.s plus fidèles
notre communion. Nous avons aussi éciil au amis, ep leur doniia'il la liberté de vous ilire
clergé et aux lidêlos de Constantinoplo, ce que des clipsc» utiles plnwt qu'agréables, parce
la nécessité exige. à savoir ipie, si vous vous
; qu'en choisisaapt pour cet examen plusiiMirs
obstinez dans votre perverse doctiine et que personnes sincères el qui vous pirb-nt ^ans
vous ne prêchiez jjiis ce que prêche avec nous frainte, ils vous donneront plus facibinent
notre frère (Cyrille, vous êtes retrancl|é du pi|r conseil, et par ce moyen, fc qui est ln~lp
nombre de nos (toUcgues et que vous ne pou- (il fâcheux, aussitôt deviendia facilc-En cllel,

vez avoir de communion avec nous. Sachez 3U(lique le terme de dix jours lixé par !•• bllr»
donc hautement que, si vous ne prêeliez, lou- e monseigneur le très-saint évèque Cci -Un
chant le (christ noln' Dieu, ce que Ijeut l'é- soit bien court, TQUs pouvez fiure la cli"- eu
çlisc de Home, d'Alexandrie, cl lou|c l'Eglise \\n jour, même en peu d'heures. Ciir il e-i :.i.
catholi(iue, ce que la sainte église de C"ns- eile, en parlant de l'incaruation de Notr.--.Si:-
tanlinofde. a t(!n(i jusqu'à vo^s; et si dans (|ix gneur, de se servir d'un terme ainvcn ible.
jours, à compter depuis noire, monition que Usité par plusieurs des Pères, et uui exprime
voici, vous ne condamnez i'.~;ie||i(!nl par véritablement sa naiss<»n>'c de la Vierge. Vous
écrit celle n(Uiveaulé imide qui veut séparer r»e devez ni rejeter ce terme comme d o.-.-
ce (]ue l'Ecrilnrt^ joint cnsomli|e, vous êtes rcux, ni penser qu'il ne l'aul pas vous d'- ;. ••.
exclus (le la counnuniou rie loule l'Kglisi' ea- Si vous êtes dans les mêmes senlimeiit- que
fh'ilitinc. 1/acte aullicnti(|Uft de ce jui;cinen|, les J'cres et les docle\irs «le l'Eglise, ;uinine
ainsi que a|Urcs piqners, nous l'adressons
les pous avons appris par plusieurs amis com-
par li: diacre Possidonius à notre saint collè- ;V>uus, qnelb' (leine avcz-vous à déclarer votre
gue l'évèquc d'Alexandrie., alin i|u'il agisse à saine doctrine, principalement dans ce u'rnnJ
notre place, et que noUc di'crel vqus soit trouble qui s'est élevé à votre sujet? Car. sa-
connu et à vous et à tous nos frères, car tpus chez que cette oueslion est agitéç au pn*s el
doivent savoir ce «jui se fait, (juand il s'agit ^u loin ; toute l'cCglise en est émue, cl p.iriont
delà (ausc de tous. Que Dieu vous copserve, les lidèles en sout tous les jours aux :ii
hien-aimelVêri' (I). « Vous le verrez clairement j»âr la chost; m .., .

Saint Cyrille ayant reçu les Ictlrcs du pape t,'Occidenl, l'Egyple el peul-ètre lu .Maccdome
saint Célesliu, les çuvoya à ceux à qui e(les pnl rè.-olu de romiire l'union 'pic Dieu u ac-
étaient adressées, cl accumuagn;» de ses lel- cordée à son Eglise par les iiavaux de tan!
tres celles qui étaient pour Jean d'Aulloche et d'évêqucs cl principalement du «r.iiid .\care.
pour Juvenal de jél'Usaleu^, q|ù av^U succévl^ i\\ euteud Acace de Be ré e, el parle de l'uoiuu

(I) Coust., 1114, Labbe, S&3— (2) 'OfiM^xx tûsov. Lobbu. t. lU, cgi. M.
LIVRE TRIOfJTE-NEUVI&MB. Kf
qui finit h; ?c]ii»fnp d'Antinclifi du lomps de Telles sont les observations que Bosquet re-
révfijup Alexandre et du piipe saint Innocent.) proche à uii hisloiien de l'Eglise, Llliesl)u|iin,
(Jue s'il Vous l'aul un exemi)le, souvenez-vous de n'avoir pas faites dans son histoire. 11 lui
<1u bieiilnnireux évêiiui' l'aul. Ayant ('!Lh:ip[)é reproche une autre omission aussi im[ior-
dans la iirédicalion )jue!)[ue chose ([ui fut tante.
Irguvi; i|;pxacl par li'S ((uditeurs. en particulier « Il im|iorlant de remarquer, dit-il,
était
]).ir vous, peu di- jours après, pour le l)ie:i <le (ju'encoreque le blasphème de .NestiM'ius con-
l'K;;lise, il ](; nUracta publiquement et en fut tre la personne de Jésus-Chrisi renver.-àt le
eliéride loiiî ^c monde.» fondement lu christianisme, aucun autre tivè-
Jean exiiorte vivement Nestorius de faire qnc que le Pape n'o.sa prononciu' sadé[iosition
di' même, d'e.tpployiT le mot de mère de Dieu. etcela sert à conclure qu'il n'y avait (jue lui
Tlicotocos, puisipic aucun des docteurs de l'fi- seul qui eût droit sur lui et (jui fut son supé-
glise ne l'a jauîuis rejeté, et qu'un ^rand rieur. M. Uupin n'en dit mot. Saint Cyrille
nomlire s'en est servi, san.s être repris [lar ceux eut bien la pensée, com.Tie il le dit lui-même,
qui ne s'en servaient |ias. 1! montre que l'on de lui ch'clarer sipioilii/uement qu''û ne pouvait
ne peut rejeter lasii;iiiiicatioii de ce mot sans plus communiquer avec lui, ce (jui semble
lomlii'r dans des erreurs danyereu,ses, puis- (|u'il pouvait 'aiie, i)uis([ue le clergé et le
cpi'il s'ensujvra, contre rautorit(! nianifesle peuple de Constantinople avaient déjà refusé
de l'Ecriture, (jne ce n'est pas Oieu qui s'est de participer à la communion de ce blasphé-
incarné et aniNinti en pri-uaiit la forme d'es- mateur. Saint Cyrille n'osa pourtant i)as le
clave, ajou|i;
il Si avant ces lettres le fjrand
: faire; il crut ((ue la séparation d'un patriar-
nombre ayissail si fprtement contre iious.ipii; che d'avec un autre (jui ne lui était pas sou-
ne feront-ils point mainlciiant qu'elles leur mi-, (''tait un act(! ti'opjuridi(|i'.epour être en-
dorment que si grai|ile autorité? ,Ie vpus écris trepris sans l'autorité du Pape. » Je n'ai pas
ceci, non pas seul, mais :(vec plusieurs évèques Il voulu, dit-il dans sa lettre .i Céleslin, me
de vos ami^. qui se spnl trouvés présents » retirer de la communion «le Nestorius arec
quand on m'4 rendu ces mallieurens(^s lelties, p hardie.sse et conliapce, ju.squ'à ce que j'aie
savoir: AicbélaHs, Aprinyius, Tiiéodoret, III;- Il su votre sentiment. Daigne? donc déclarer
liade, Mt^lèci; et Mapaire, qui vieiil d'être or- )) votre pensée, et si nous devons communi-
donné évéqucde Laodicée.llne marque le siège n quer avec lui on non. » Le mqt grec signi-
i:i'.e lie pelni-ci, parce que Nesloriu^cpiiuaissait
fie déclariT juriiliquement. TJsp;, f.'est une
jcs autres (I). fègle, e'est nne sentence, et xv-.nmi iu S'jxgv,
y a dans cette alfairc deux circons-
« il c'est déclarer juridiquement son sentiment,
fi^nces impoilantcs, dirons-nous avec
fort Le Pape seul le pouvait faire Cynlb! ni au-
:

Bossuet l'niie. que 1(> Pape décidait avec une


: cun autre patriarche n'avaient le pouvijir de
autorité fort absoliip; car il écrit à saint Cy- déposer Nestorius, qui neTciir était pas sou-
rille en ces termes : C'est jiourgiKti, par V au- mi* le l'ape seul l'a fait, et personne n'y
;

torité de noire siÇ'iji' ''I agiifsantà notre ftlace avec [rouvc à redire, parce qm son aulorilp s'étep-
puissance, vous exéciWrsz
sentence avec une 'a dait sur tous (2). «
sévérité ejjeni/iliiire. C'est Céjestin qui pro- Cependant saint Cyrille, en exécuti(Jn de I»
nonce, c'est (lyrille qui execiile, et il pxé'cute commission du Papi', assembla |cs |5v(!qi)es
avec puissance, purce nritl H'^ti pur l'autorité d'Ejivpte à Alexandrie, an mojs de noveudii'P
<ln .siège de Rome, t^ qu'il écrit à Nestorius 430. Les deux premières lettres qn'il avait
n'est pas moins f()rt, puisqu'il donne sou aji- écrites à Nestoriu? y lurent aiqirouvées il lui ;

]u-obation à la foi de ijaipt j'.yrille; eten cor en écrivit une troisième au nom de ce coi)ci)p
séi[uence, il ordonpt! à Nestorius dese confor- et delà iiart (iu concile de Rpilie, p|é*i'l»i P'î'
mer à ce ç«'i7 /i/i' ce/rcf enseigner, srjus [leine )l! très-saint
évèipie CôUsljn, |i|nir lui sçnir
il(î ilépositiop. |.,'aulre 1 irconslancp est, ipie de troisième et dernière monjlion, )ui décla-
tous les évoque:; de l'Efflisc precipie étaient rant que. si dans le ter^jp lixp par le Pape,
rlisposés obéir. Pnc si grapde jiuissance
.'1
c'est-à-diri! tjans dix jours aprè§ )a réception
exercée dans rE'-'lise grei'que,el encore contre (le cetti! lettre, il nt! renonce à r;ps prropr^, ils
un patriarche de Constanliiiople, donne san> ne veulent plus avoir dp c(Mnili"nirtn avep lui
doute une grande idée de l'autoriti: du l'a|M:. el ne le tiendront plus pi/nr fivèque, (ip^is (|!|P
Il se montrait le supéricurde tous li;s [lalriar- dès lors ils comniuni(iueront- ifvec les clpicspl
ches: ild('q)Osail celui de (Constanliiiople ; ciî- les laïques (pi'il avait déposés 04 c^PPmfUU-
lui d'Alexandri(î tenaii à lionnenr d'exécuter niés.
lai-enlence; celui d'Autioclie, quelque ami Au rest(!, ajoubiiil-ils, il ne sullira \u\s quo
(|u'il fïil (le Ne>torius, ne songeait pas seule- vous professiez le syinl»id(; de Nicèc; car. o|i
ment à y M'-ister; Juvénal, |)ati'iari he de Jé- vpu.s ne rciilendc/. pas. ou vous lui donnez des
rusalem, était dans le même .sentinu'nt; l^.c- inlerprélaiions violentes. C'est jiourqqoi i) e*l
lestin leur donnait ses ordrps el à tous le$ nécessaire que vous unalliéiiiatisi(V. par ecr(t
autres t'véques (le rEylis(! grccqui;, el i^a sen- Ions les mauvais beiilimeutsqiie v(jj|?ave/. eus
tence allait être exécutée saps opposition. » jusqu'ici, el dont vous a\(si imbu le» nulfos;

il) Lnbhe. 317. — (21 posnuet, ttemarçuti tvr .'hial^ire des conciki dEphé^e tl ih ClititcMorv:, un H- Hu-
piB. t. XXX (le he6 (jBUvriiS. édit. da VM^saitlei, )>• 5^4.
B60 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÊGLIsr: CATHOLIQUE.
qui- VOUS promoltiez avec serment de croire et établie [lar toutes les Ecritures divinement
.l'.M;H'if.;mTil l'iivinir en que nous croyons inspirées cl par le consentement u .«..iiue
touii, nous et tous les évR(|ucs d'Oceiilunt et des saints Pères ; c'est à C'ile doctrine que
d'Orient, et Ions ceux <|ni conduisent les peu- vous devez souscrire avec nous, dans toute
ples. A l'efiard des lettres qui vous ont été sincérité et sans acun détour.
éciiles par l'église d'Alexandrie, li; saint fon- Saint Cyrille lui déclare ensuite, dans douze
cile de Home cl nous tous sommes convenus anatli"malismes, les <!rreurs qu'il ilevait con-
qu'elles sont orthodoxes et sans err'Mir. damner, s'il voulait être tenu pour calli(diqiie.
Il choisit |)Our cela quelques-unes des propo-
Saint Cyrille rapporte ensuite en détail
les articles de doctrine qut^ Ncstorius devait sitions avancées par iNe-torius
embrasser et enseigner, et ceux dont il ilcvait 1" Si quel(|u'un ne confe-se pas que l'Em-

s'abstenir. Il propose les ])reniiers par les pa- manuel est vérilablem.'iit Uieu, et par coiisé-
roles mêmes du symbole de Nici'C et, comme
;
(|uent, la sainte Vierge mère de \)\c\\, puis-

les erreurs de Nestorius attai|naicnt pi incip:i- qu'elle a en;;endré selon la chair le Verbe de
lement le mystère de l'Inia'MatioD il,en Kicu l'ait chair; qu'il soit aiiatheme! 2' Si
donne une explication très-ample et tr»';s- <|ueliju'iin ne conle-se pas que le Verbe qui

exacte, conforme en tout à ce c^i'il en avait j:ic)iede de Dieu le Père, est uni à la chair se-

déjà dit dans ses lettres précédentes. 11 lire, lon l'hyposlase, et qu'avec sa chair il fa il un
entre autres, cette preuve de l'iùicliarislie : s ul Christ, qui est Dieu cl homme tout en-
« Nous annonçons la mort de Jésus-CUrist, et semble; ipi'il soilanathéme 3" Si quelqu'un,
'

nous confessons sa résurrection et son ascen- ap'.ês l'union, divise les hyposlases du seul
sion en célébrant dane les églises le sacriliie Ch.'ist. le joi;.'nant seulement par une con-

non saniçlant; ainsi nous nous apiiroclions nexion de dignité, d'autorité ou de puissance,
des eulofjçies raysticpies, et nous sommes sanc- el jiou par une union réelle; qu'il soit ana-
iiliés en participant à la chair sacrée et au Si quelqu'un attribue à deux pcr-
iij;'ipe ':

précieux sang de notre sauveur Jésus-Christ ;


;-'.nnes on àdtux hypr«>tases, les choses que

nous ne la recevons pas c.cimme une chair les apôtres et les évangelistes rappoitent
commune, à Dieu ne plaise, ni comme la comme ayant été dites de Jésus-Christ, parles
chair d'un homme sanctifié et conjoint au -aiois ou par lui-même, ei u[iplique les unes
Verbe par une union de dignité ou en (jui la i l'ti mm. ,onsidérê st parement du Verbe de
I

divinité ait habité, mais comme vr.iiment vi- Dieii, et hsaulris, comme dignes de Dieu, au

vifiante et propre au Verbe. Car lui (jui est S' ul Verbt procédant de Dieu le Père; qu'il
vie de sa nature, comme Uieu étant devenu
,
toi, aiiathême! 5° Si "uebiu'un ose dire que

un avec sa chair, l'a rendue vivifiante; autre- .'ei"s-(;brift est un homme qui porte Dieu, au
ment, comment la chair d'un homme serait- lieu de dire qu'il est Dieu en véiilé. commn
elle vivifiante de sa nature? Eiicoie donc que Fi'sunique' t pai nature, en tant que le Verbe
Jésus Chiist nous dise dans saint J^an ; Si a oit fait chair cl u parlicipé comme nous a
vojs nt m'iiigc la chah' du Fils de iliumme et si la cli^ir et ^u s;, nu; qu il suit nuathèmc 6* Si !

vous ne ùvve' ^or> caitg. vous 71 aurez j/oitit k y.<> quelqu'un ose dire que le Verbe, prucéilanlde
en vous, il ne faut pas croire que cette chair Dieu le Pcre, est le Dieu ou le .^eil5neur de
soit une chair commune et de même coiuii- J. sus Christ, au lieu de confesser que le
tion que la notre, i[ui de sa nature n'est point iiiêiue est tout ensemble Dieu el homme, en
vivifiante, mais que celte chair est véritable- tPel qut le Veibe a été fait chair, selon les
ment la propre chair de celui qui à cause de
, Ecritures; qu'il soit anal'iême! 7° Si quel-
nous, s'est tait et est appelé Kilsde l'homme. » qu'un dit ijue Jésus, en tant qu'homme, a été
Il fait voir que les deux natures quoique irosscde du Verbe de Dieu et revêtu de îa
diflcrentes, étant unies personnellement en gloire du Fils uuiipie comme étant un aulre
Jésus-Christ, il est un et seul, et non pas 'jue lui qu'ilsoit analhême 8° Si quelqu'un
;
'

deux; comme l'homme quoique compose de


,
ose dire que l'homme pr.s par le Verbe iloil
corps et d'ame, qui sont deux natures dille- 'tiC adoic. glorifié el nommé Dieu avec lui
rentes, est un. Il rajiporte quelques passages comme ilant l'un et l'autie; c«r y aj-jUtant le
de l'Ecriture, qui uiar(]uent en Jésus-Clirist mut avec, il donne celle pensée, au lieu «l'ii)-
deux natures diUéi entes, et prouve par d'autres norer l'Emmanuel par uue -eule adoraiinn. et
que ces deux natures sont unies eu lui selon lui rendre une seule gloiiticaliou, en tant que
'

l'hyposlase. La conclusion qu'il en lire est le Verbe a été fait chair; qu'il soit a'.;atbêui<
que, la Sainte Vierge ayant engendré corpo- i)° Si quelqu'un di' le Noire S«*igneurJc5u-
|

rellement le Verbe de Itieu uni per.-ounelle- Cbrit u élé glorilic par !eSaiul-E-pnt vcumu
menl à la chair, elle doit èlre appelée mère de ayant recju de lui une pui-sance étrange c pour
Di.ii, non que le Verlie ait lire de la chair le agir contre le^ cspriis immondes et opérer des
commencement de son être, puisqu'il est eo- miracles sur les hommes, au lieu de din* que
élernel au l'ère, mais parce que, s'élant uni l'espiil par lequel il les opérait lui était pro-
hypostaliquemeut à la nature humaine, il a pre qu'il soit analhême IU° L'Ecntuic di-
;
!

pris dans le -ein de la Vierge une naissance vini- dit que Jesus-Cbrisl a été tait le pontife
corporelle. C'est là, ajoute t-il, ce que nous et l'iipotre de notre foi, et qu'il s'est oilerl
avons appris à vToireavec les saiut> <iji6tres pour nous à Dieu le Père, eu o.leur de suavité.
0t évangelistes , comme étant uue doctrine Donc, si quclqu on dit que notre pouUl'e et
LIVRE TRENTE-NEUVIÈMfi. 5«t

âi'tra ap6tre n'e«t pas le Verbe de Diou lui- forme ordinaire, adressée aux métropolitains
même, chair et homme
(lepiii* qu'il s'est fait (le chaque province.
comme nous, mais un homme né d'unefemme, Nestorius était d'une confiance qui ne dou-
comme si c'était un autre que lui, ou si quel- tait rien. Son ami Jean d'Antioche lui avait
qu'un (lit qu'il a offert le sacrifice pour lui- écrit pour l'engager à se soumettre à la déci-
même, au lieude dire que c'est seulement sion du Pape et à se rétracter. Nestorius lui
pour nous, car n'avait pas besoin de sacri-
il répondit d'une manière honnête mais de-,

fice, lui qui ne connaissait pas le péché qu'il ;


meura opiniâtre dans ses erreurs. J'aurais cru,
soit anatliéme! 11° Si quelqu'un ne contesse dit-il, être exposé à toute autre calomnie, que
pas que la chair du S^isneur est vivifiante et d'être contre la foi, moi qui ai tant combattu
propre au Verbe même qui procède de Dieu le jusqu'à présent contre les hérétiques. Soyez
Père, mais l'attribue à un autre qui lui soit en repos sur cette affaire. Si nous nous voyous
conjoint selon la divinité et en qui la divinité dans le concile que nous espérons avoir, nous
habile seulement, au lieu de dire qu'elle est réglerons toutes choses sans scandale et avec
vivifiante, parce qu'elle est propre au Verbe union. Vous devez vous étonner moins que
qui a la force de vivifier toutes choses; qu'il personne de la présomption ordinaire <le l'E-
soit anatliéme! 12° Si quelqu'un ne confesse gyptien, dont vous avez tant d'exemples. Bien-
pas (jue le Verbe de Dieu a souffert selon la tôt, s'il plaît à Dieu, on louera notre con-
chair, qu'il a été crucifié selon la chair, et duite (2). Il écrivait encore au Pape ces
qu'il a été le premier- né d'entre les morts, en mots entre autres : J'ai appris que le véné-
tant qu'il l'st vie et vivifiant comme Dieu;qu'il rable Cyrille, évèque d'Alexandrie, épouvanté
soitanathème(l)! par les plaintes qui nous ont été présentées
Voilà les douze fameux anathèmes de saint contre lui, cherche à viter le saint concile qui
Cyrille contre toutes les propositions héré- doit se tenir à cause de ces accusations, et
tiques que iNestorius avaient avancées. La qu'il s'attache à des paroles, savoir aux mots :

lettre synodale qui les contient est datée du de Ikéoiocos et de ChristUocns. Au reste, il a
trente novembre, mais c'est la date du jour où plu au très-pieux empereur d'indiquer un con-
elle fut remise à Nestorius, à Constantinople. cile général pour y examiner d'autres affaires
Saint Cyrille l'envoya à Constautinople signée ecclésiastiijiies; car pour cette question de
de sa propre main. Elle fut accompagnée de mots, je ne crois pas que la discussion en soit
deux autres lettres, l'une au clergé et au peu- difficile (3). On le voit, à une incroyable pré-
ple de Constantinople, l'autre aux abbés des somption, Nestorius joignait une incroyatile
monasIéri'S de la même ville, par lesquelles ignorance, puisqu'il traite de question de
saint Cyrille marque qu'il a attendu à la der- mots le fond même du christianisme de sa- :

nière extrémité pour en venir à ce fâcheux voir si le Christ c]ui est né de Marie est Dieu
remède de l'excommunication, et les exhorte ou non; si de l'adorer c'est un acte de pieté
à demeurer fermes dans ia foi et à communi- ou bien une idolâtrie.
quer librement avec ceux ijuc Nestorius avait Cependant les (luatre évêques députés par
excommuniés. Pour porter ces lettres, ainsi le concile d'Alexandrie, étant arrivés à Cons-
que celle du pape saint Célestin à Nestorius, tantinople, allèrent à la cathédrale un di-
on députa quatre évêqucsd' Egypte. manche, pendant que l'on célébrait l'office,
Cette grande allaire allait se terminer ainsi où tout le clergé était pré-ent, et presque
d'une manière purement ecclésiastiiiue, parla tous ceux qui portaient le titre d illustres. Ce
décision du Pape, exécutée par le patriarche dimanche était le 30 novembre de la même
d'Alexandrie, sans que celui d'Antioche, ni année i30. Ils rendirent à Nestorius les lettres
aucun évèque, y trouvât à redire; cette voie de saint Cyrille et de saint Célestin. Nestorius
était trop simple [lour la cour de Constanti- les prit, et leur dit de venir le lendemain le
nople. Il lallutà l'empcreurTIiéodose un con- trouver en particulier ; mais quand ils vin-
cile œcuménique, lequel, après bien de» lon- rent, il leur ferma les portes, et ne leur fit
gueurs et des dépenses, ne tera que ce qn'ja point de réponse. Six jnurs après, il fit dans
allait faire, sacs frais, exécuter, et cela néces- {'•glise un sermon, qui est comme l'abrège de
sairement, ainsi ijuc le dira le concile même, touti" sa doctrine. Il s'emporte contre saint
la décision du l'ape. Cyrille, san> le nommer; mais il le désigne as-
Des moines de Constantinople, maltraités sez par le nom d'Eu'vptien. Il le défie au com-
[lar Nestorius, avaient dcm .nilé à l'empereur bat, et l'accuse de l'attaquer avec les fiêches
la convocation d'un concile gémirai. Nestorius d'or, c'est-à dire en distribuant de l'argcut;
lui-même le demanda, espérant y prévaloir ce qui était un des reproches iiu'ou faisait à
par la puissan''. séculière et l'appui des Orien- Nestorius même. Il signale 1 opposition des
taux, et y faire condamni'r saint Cyrille sur évêques d'Alexandrie contre ceux d'.Xntioche,
les plaintes de ses calomniateurs. D'ajirès cela, contre MelêccetFlavien, etconire saint Chry-
'l'héodose ordonna la convocation du concile sostorae, tiré de la même é.:.;lise. pour faire
])our le jour de la Pentecôte A'.i\. dans !a ville croire que la dispute, présente n'est qu'une
d'Ephêse. La b-ttre est au nom des deux em- suite de la jalousie de ces deux sièges. Il se
pereurs, Théoduse et Vuleulinien, suivant ia plaint qu'on lui fait un procès sur le seul mot

î*) Ubbe, J05. -(2) Baluz.. Suva eoUtct, concil., ool. 6M. —(3) Cousl., t^*?, Jfpi>. x».

t. ir.
562 niSTUlRE UNIVKRRPÎLLE DE L'telJSF, CATHOLIQUE
(le Thf':otrirn<t, qu'il l'finl fVncL'onlRr, mai> avec ceux de .Nestorius, les u\.h et les antres t"h-
des expliciilioiis iii.iliLçiics. Il se (Irl'i'inl diîs er- ihiits de grec en latin. » Cette version <le .Mer-
reurs de l'aul deSiiiuuiiali' el de IMiotin, qu'il i;i\(ty a conservé les analliéme'* de Nestorius,

rapporte et distingue soigueuscrnciil il pro- : ilont le texte, grec ne se trouve [du-, l'aiis
pose le mol do CA/îs^o/otw, comme le remède cette réponse, Merralor se caehe sous le nom
à toutes les t;rreurs. général de catholique, el rapporte plusieurs
11 lit eneore un autr^ sermon le Icnifemain passages des sermon? de Nestorius, dont il
dinianclie, si'plièine de déceudire, où il dit avait fait un recueil contenant le» cinq prio-
nettement que la Vierj;e est luére de Dieu et cijiaux (2).
mère du l'huinme mais exjjliqu.int toujours
;
Saint (>yrille,de son côté, fit trois ouvra (res
le mot de 7'/icoI(j<(is, eornme dan;;ereux. l'ar pour la di'l'ense de <a dortrine, qui était ci-lle
ces sermons, il [iréleudait ré[)oudr(î aux leliics di' l'Ei^lise ratholique. Il écrivit une apo!(e.rie

des deux eoneiles de Kouie et d'Alexandii"-, lie ses douze arliiles, en réjionse au traité
que les députi's d'Egypte avaient sans doute qu'avait fait André de Samosate, sou* le
publiées. Mais eonimc les dr)uze analluines de nom des Orientaux. Comme il ne s'était point
saint Cyrille étaient ce qu'il y av;iit de plus iu)mmé, saiid Cyrille ne nomme pa- ses ad-
fort contre Nestorius, il eulie]irit de les com- versaires; il répoml sur cliaque article, met-
battre par douze anatlièines qu'il |proposa de tant d'abord le sien, [)uis l'idijection dcsOrien-
son côté. Mallieureusemi'ut il ne lit que rendre taux, eidin sa défense. Le second ou\rai.'e de
plus manifeste son ignorance, ses erreurs et Cyrille lut son a|polot:ie contre Théodoret.
sa mauvaise foi. D'une part, il continue d'at- Elle porte en tète la li-ttre à l'évéque Evop-
tribuer à saint Cyjille et aux catholiques tout tius, qui lui avait i-nvoyé ces objections; et
le contraire de ce qu'ils disaient expressément; comme 'l'hécjdoret s'était déclaré, -ainl Cyrille
comme de confondre 1(!S deux natures, et de le 'omliat ouvertement, et l'épargne moins
dire que le Verbe avait été changé en la chair. qu'Andri'! de Samosate. Aussi ses objections
D'un autre coli', il jirononce anathèrac contre contenaient des erreurs qui furent, depuis,
quiconque dirait que celui qui est Kmmiinuel, c(mdaninées au cinquième coni-ile tténéral.
est vrai Dieu ; ou qu'après l'iDcarnation le Fils Ces deux ou\ rages de saint (Cyrille furent tra-
de Dieu est un (1). duit'; en latin par .Marins Mercator. Le troi-
Jean d'Antioche, ayant eu copie de la der- sii'iue fut sa réponse en cinq volumes aux blas-
nière lettre de saint Cyrille, fut aussi cluxiué phèmes de Nestorius, c'est-à-dire à scj
de ses douze aiiathémes, et crut qu'en voulant sermons contre l'roclus. Cyrille y rapporlt
s'opposer à Nestorius, il avait excédé lui-même les paroles de Neslniiu-. qu'il refuie mesure, ,i

et étaittombé dans l'erreur d'Apollinaire, il et y établit principalement l.i nécessité ilu mol
donna donc ordre aux deux plus savants évé- T/irotocos, l'uiiilé du Fils île DiiMi, ses souf-
ques de sa province, André de Samosate et frani-es et son sacerdoce. Ces troi* ouvrages
Théodoret de Cyr, d'y répondre par écrit, furent composés avant le concile d'Epliè-««.
comme ils tirent. André comiposa cet écrit au 11 arriva cependant un acci<ient fuuesie à
nom des Orientaux, qui Taiiprouvérent dans Constanlinop'e. Des Barbares. t'S(duves d'un
un concile. Théodoret mit son nom à son homme puis:ianl. traités cruellement par leur
opuscule, qui était plus aigre que celui d'An- maitre, se réiugièrent dans l'i-ulise. et entrè-
dré. 11 le répandit en Phéuicie et dans les pays rent jusipie dans le sanctuaire, portant di s
voisins, et l'envoya à Constantino[de, d'où épées. ()n les exhorta à se retirer, mais ils
Evoptius, évéque de Plolémaidc, dans la Pcn- n'en voulurent rien faire. Ils emiM-chaient le
tapolc, l'envoya à saint Cyrille. André et ThfO- service divin, et, pendant plusieurs jour-, ils
doret écrivirent tous deux avant le concile tcn.iient leurs éjiécs nues, prèls à se défendre
d'Kfdièse. La
suite fit voir que toutes leurs contre quiciuique aiiproclierait. Il» tuèrent
roulaient sur des malentendus, et
dil'licultés un clerc, en ble-*èrent un autre, et enlic
qu'au fond ils étaient d'accord avec celui qu'ils s'é;;ori:èrent eux-mêmes. Celte profanation do
combattaient. l'église fut remaniée comme un mauvais pré-
D'aulre part. Marins Mcrcator, qui était à sage. Pour prévciirde pareilsaccidents. l'em-
Constaiitiuople, publia une réjioiise aux douze jiereur' Théodose fit une loi qui iledatail lieu
analhèuies de .\estorius, qui sert de défense à de sùiete et d'a«ile, non-seulement l'ei-M'e el
ceux de saint Cyrille. Le titre de sa réponse l'autel, mais tout ce qui était renfeimé dans
est « Les douze articles des blasphèmes de
; l'enceinte extérrieuie ou le dollre, défendait
Nestorius, par lesquels il contredit les lettres li'entriT dans l'église avec des armes, or-ion-
qui lui ont été envoyées par les saints Céles- nail d'y obéir aux clercs. *ous peine d'être
tin, évéque de Rome, cl Cyrille d'Alexandrie, •liasses de l'.isile et même tirés par force ^^l
et .s'elïorce, par des réponses frès-courles, de h main armée, s'il en est besoin (3).
réfuter les douze articles de foi qui lui avaient Saint C.yrdle avait écrit au pape Célestia
été envoyés. Nous avons mis les premiers ceux iiour lui demander ce qu'il fau<lrail f.iire'en
de saint Cyrille, (lue TKglise romaine a ap- ' ,is que Ne.-lorius conilamnàt erreurs
les
prouvés par un jugement véritable, et ensuite i^u'il avait enseignées ; si le concile indiqué

(t) A"" Meroât., S*rm. lu


1 et im. Utibe, itf — (2) Ceillier. t. XJU. — (3) 8oc.. i. Vil, c. xixu. UbtM^
1.111,1'. >-'^3.
LIVRE TRENTE NEUVIÈME. 563

8 Eplijse devait l'absomlre, ou s"il falih't devaicuv oc comporter dans le concile.


les bl'gats
s'anclcr à la condamnation pronOQcée contre Ces légats furent chargés d'une lettre du
lui pour avoir laissé passer les dix jours snns Pape pour le concile même. Elle commence
se rétracter. Il témoignait aussi sou rcgrcl de ainsi : L'assemidée des évèques témoigne
'•

ce que le Pape li'i-métno ne se trouverait [i:is la présence du Saint-Esprit. Car le concile est
à ce concile, et l'avertissait en même teui[is saint (lar la vém-ration qui lui est due, comme
qu'il y avait des personnes qui ne parais- représentant la nombreuse assemblée des apô-
saient pas fermes dans Ih parti de la loi. Saint tres. Jamais leur maître, qu'ils avaient o^dre
Célestin lui répondit le 7 mai 4.'il, qu'à l'é- de prêcher, ne les a abandonnés. C'éti{H lui-
gard de Nestoriu-, il fallait imiter la miséri- même qui enseignait, lui qui leur avait dil ce
corde de Dieu, qui ne veut |ias la mort du qu'ils devaient enseignei-, et (pii avait assuré
pécheur, mii- (pii •.•cpti" toujours sa péni-
i 'lu'on l'écoutait en ses apôtres. Cette charge
tence, quelque l.r dive qu'elle suit. Il cbarge d'enseigner est venue en commun à tous les
Cyrille de eomiuimer, avec le conseil des évèques nous y sommes tous engagés par
;

frères, toutrs les agitations qui s'étaient éle- un droit héréditaire, nous qui annoncions à
vées dausl'Kglisc. Pour lui, quoiqu'il no put leur placiî le nom du Seigneur en divers |>ay?
se rendre au concile, il y sera néanmoins en du monde, suivant ce qui leur a été dit A'.lez, :

esprit par ses soins, [lar la part ipiil prenait enseignez toutes les nations. Vous devez re-
à tout ce qui s'y passerait, et par l'union de la maicpier, mes frères, que nous avons rcç4i ua
foi. Onant à ceux (pii ne paraissaient point ordre général, et qu'il a voulu que nous l'exé-
assez fermes, le l'npe l'assure (|u'il ne se lais- cuUons tous, en nous chargeant tous en com-
serait pas surprenili'c et qu'il répondrait à miui de ce devoir. Nous devons tous entrer
Icui's lettresavec toute la précaution possible. dans les travaux de ceux à qui nous avons
Celte tlemande de Cyrille et celte réponse de succédé en dignité. Tous doivent concourir
Célcstiii sont remarcpiablps. On y voit que la ensemble à conserver le dépôt de la doctrine
convocation duconcili" d'Epbésene suspendait apostolique. Cet accord doit être d'autant plus
point la sentence du l'ajie, puis(piu saint Cy- unanime, qu'on atlaipie la foi commune de
rilli' deuiaïuie conimcul le concile ilci'ra l'exé- tous. On appelle en jugement celui qui juge le
cuter, et s'il jiouvail user d'indulgence, au monde on met en discussion celui qui ébranle
;

cas que ^'l;slorius vint à se n-tracter (1). la terre, on outrage le Rcidempteur. Revêtez-
Outre saint Cyrille, son princi(ial légat dans vous J.Hic des armes de Dieu.
cette affaire, le Pape nomma encore trois au- » î\app 'lez-vous les paroles de l'Apôtre, qiK
tres légats pour assister en son nom au concile fit venir les évèques du lieu où votre sainteté

d'Epliése: c'étaient les évêciues Arcade et Pro- est réunie pour leur dire Prenez garde à
:

ject", aver, le prêtre Philippe. Il leur douna un vous et à tout le troiqieau, où le SaintKsprit
mémoire daté du 8 mai, et conçu en ces ter- vous a posés évèques pour régir l'Eglise de
mes Mémoire du pa|ie Célestiii aux évéqucs
: (I Dieu, qu'il s'est acquise par son saag. Les
etaux prêtres qui vont en Orient. Quanil, Ephésiens ont entendu la iloctrine de la foi ;
par la grâce de Dieu, comme nous espérons, qu'ils nous voient aujourd'hui la défendre !
vous serez arrivés au lieu où vous allez, tour- Mes bien-aimi's frères, d(îmeurez dans cette
nez toutes vos pensées sur notre frère et coé- dilcction dont il est parlé dans l'Evangile de
vèque Cyrille, et faites tout ce qu'il jugera à saint Jean, cet apôtre dont vous honorez les
pro[ios. Nous vous recommandons aussi i!e reliques présentes. Priez ensemble comme
conserver l'autoritt'; du siège apostolique, puis- les apôtres. Ils ont demandé à Dieu d'annon-
que les inslru'.tions qui vous ont été données cer sa parole avec confiance. Aujourd'hui
portent que vous devez assister au concile ;
qu'y a-t-il à demander poiu- votre sainte as-
mais que s'il s'élève quelque contestation, semblée ? sinon qu'elle publie avec confiance
vous devez juger de leurs sentiments, sans la parole du Seigneur ; ([u'ello conserve ce
vous soumettre à îles discussions. Que si vous qu'il a donné de prêcher ; et que, remplis de
voyez que le concile soit lirii et cpie tous les l'EspritSaint, vous annonciez tous la doctrine
évèijues soient retournés, il faut vous informer unequ'il vous enseigne. Nous eu voyous, comme
comment les choses se sont lermirM-es. Si c'est représcntanls de notre sollicitude, nos frères
en faveur <le l'ancienne foi catholique, et si et collègues, hommes éprouvés et de même
vous apiirenez que mon saint frère Cyrille soit sentiment ipui nous, les évèques Arcade et
allé à Couslantinople, il faut que vous y allii'z Project, et noire prêtre Philippe, qui assiste-
et que vous pre-entiez nos lettres au prince. ront à ce qui se fait et exécuteront ce «lue déjà
S'il est arrivé autrement, et qu'il y ait de la nous avons ordonné. Nous ue doutons point
division, vous jugerez par l'état des choses, ce <jue votre sainteté ne s'y accorde, attendu que
que vous devez faire, avec le conseil de notre la chose se voit décrétée pour la paix de 1 E-
dit frère ("2). » Cet important mémoire a été glise universelle (3) »
publié par le savant Baluze sur divers anciens luette lettre au concile est du sept mai. Les
manuscrits maison n'a pas encore rendu pu-
; légats ou reçuntul encore une du .|ninze pour
bli |ues les iiistruilioris non uioinsinqiorlanl \ l'empereur. Le Pape y loue beaucoup Théo-
dont il y est l'ail menliou, sur la matière doi l dusc de sou zèle pour la foi catholique, et dé>

(1) Coust., 1150. -(1) là., 1152. -(3) W.,


M4 HISTOIRE UNIVERSELLE DE L EGLISE CATHOLIQUE

cla'o qu'il le secondora autant qu'il f st en son ; i •N'in d'Anlioche et les autres évèque» de
pouvoir , qu'il cet cfl'i-t, il assi^lciait par
p ses ITliient se firent attendre lon^rtemps, sous
î;';4ats au Of)iicilc qui s'asscinlilail [tar son jiictexte qu'il leur était impossible de s-- ren-
onirc. Il l'exlimtea réprimer les novateurs, à dre à Ephése pour le jour marqué, qui était le
Di-iiiitenirla paix des églises travailler
: our |
sept de juin. On attendit aussi les évéques
cela, c'était travailler pour son empiic. Il d'Italie et rie Sicile. Peuduot ce délai, le- évé-
tinit par rei'onimander ses trois léjfuts.
lui ques assemblés à Ephese examinaient la ques-
Le eoncile était indiqué pour le jour de la tion de l'Incarnation, <;t si l'on devait appeler
Pentecôte, 3 juin 471. ISCstoriu?, étant un des la sainte Vierge mère de Dieu. Saint Ijyrille
plus proel;esd'b]| lièsc, y arriva des premiers, s'occupait aussi à extraire des livres de .Nesto-
aicompagné du comte Irénée qui l'avait rius les endroits où il débitait ses erreurs. II
suivi jiar attachement, et du comte Candidien, pronon(;a entre autres un sermon, où d'abord
capitaine des gardes de l'empereur, qui me- il donne de grandes louanges aux évéque^as-

nait des troupes avec lui jxjur [irèter main sembli's puis il salue avec élo^e la ville
;

l'orteou concile. Saint Cyrille y vint, au con- d'Ephése, l'apolre saint Jean dont les reliques
traire, acconqiagné de cinquante évèquef. y reposaient, et la sainte Vierge dans l'église
Juvénal de Jérusalem n'arriva que cinq jours de laquelle se tenait l'assemblée, et dont il
après la l'eut. M-ote, avec lesévéques delà Pa- relève toutes les grandeurs, réjielantà chaque
lestine. Memnon, évéque d'Ephése, y avait article le titre de mère de Dieu li vient en-
appelé environ quarante évé(|ues d Asie. 11 y suite à .Nestorius, etdil qu'en vain il se confie
en vint aussi du Pontet delà (lapiiadoee, et aux comtes et autres magistrats qui le protè-
de l'ile de Chypre. Ftufus de 1 hcssalonique gent, gagnés par ses présents. Il lui reproche
n'ayant jiu venir, parce tju'il était malade, y ses blasphèmes, pires que ceux des Juif-, de»
envoya Flavicn de Philijipes, pour y tenir sa jiaiens et île tous les autres hérétiques, et em-
place et son rang. Périgéne, métropolitain de ploie contre lui les expressinus les plus fortes,
Corinthe, s'y rendit encore avec plusieurs comme contre un ennemi déclaré de l'Eglise,
évêques de sa juridiction. On compte dans ce qui a méprisé les avis salutaires quiluiav.iieot
concile jirès de deux cents évéques, dont la été donnés. Il en prend à témoin le pa[(e saint
moitié élaiént des métropolitains, si hahiles Célestin, qu'il. qualifie de père, de patriarche
et si savants, qu'ils pouvaient presque tous et d'archevêque de toute la terre, et coni:lut
disputer sur les matières de la foi. Tel est l'é- que Nestorius iloil être déposé du sacerdoce(3).
loge qu'en fait le docte Vincent de Lérins (1). Acace de Mélitine travaillait d'un autre coté
Il nous semble que, j)our les évéques de notre à faire quitter à ce malheureux ses mauvais
siècle, ce serait un éloge assez médiocre, sinon sentiments. Celui ci parut touche des rai?ouâ
une injure, de dire qu'ils sont assez érudits d'.\cace, <|ui était son ami particulier, et
et assez savants pour pouvoir raisonner sur les témoigna vouloir suivre son conseil. .M. lis dix
dogmes de la religion. ou douze jours après, s'élant trouvé dans un
L'empereur Théodose voulut qu'un de ses entretien où Acace soutenait la doclrine de
officiers assistât de sa part au concile, afin l'Eulise, il entreprit de la comliattre. et par
que tout s'y passât dans le bon ordre et la une question cajdieuse. il tâcha de l'obliirer
tranquillité, et nomma à cet effet le comte à dire ou que le Fils uniquedu Père ne s'était
Candidien, le même qui avait accompagné jias liQmme, ou que le père et le S-iint-
tait
Nestorius. Ce prince ne prétendait jias néan- Esprit s'étaient incarnés aus-i bien que lui. l'a
moins que cet ot'iieier entrât dans l'examen des évéques du iiarti cle Nestorius s'cflona
qui devait se faire sur les dogmes sachant , même d'excuser les Juifs, en st>utenanl que
que c'était du ressort des évéques seuls en ; le crime qu'ils avaient commis n'était pas
quoi il suivait l'avis de saint Isidore de Péluse, contre Dieu, mais contre un homme. L'u autre
qui lui avilit éciii sur ce sujet. Candidien était prit la parole pour dire que le Fils, qui avait
ehaigé d'une lettre pour le concile, qui ren- soulfert, était ditTérenl du Verbe de Dieu.
fermait les causes de sa députalion l'empe- ; Acace, ne pouvant souffrir ce bla-pheme,
reur y avertissait les évéques cpie si l'nn for- quitta la comp ignie, en témoignant la dou-
mail quclipie action, ou pour de l'arnent. ou leur qu'il rcissenlait de l'injure faite à s<in
pour une laitie atlaiie ci\ile, contre ijueiqu'un Créateur. Li- même jour, Ne-torius, en pré- .
d'entre eux, ilnc voulait pas qu'elle fût jugée .sence de Tlieodotc d'.Vncyrc et de plusienra A
'"Ephèse, so t p'U' tes magistrats, soit parle autres évéques, qui montraient par l'Ecriture %
icile. nuiis r'-nvoyée à Consianliniqde. Il «lue c'est Dieu qui e-t né de la .sainte Vierge
y
-l'fei dait eiH'iue au c(uuMle de s'airelcra l'exa- selon sa chair, profera celte pande impie:
min (les atlaires parlieuliéies qui n'aura ent Pour moi. ji- ne saurais me résoudre à dire
aucun rapport à celle du do^rae, jus(|u'à ce qu'un enfani de deux ou trois mois soit Dieu,
liUi' celle-ci eût élé tntiireniint terminée. ni à a orer un enfant nourri de lait, ni è
Enfin il avait dnniM> ordri- à (.nnilidieii d'em- dtinner le nom de Dieu à celui qui s'est enfui
pêcher (ju'aucun éxéque ne sortit d'Ephése, en Egypte. Il traita d'impiété la croyance oon-
t d'en taire sortir, au contraire, les seculierset ti-aire et sortit de l'as-emblee. Des ce mi>m''nt,
es moines qui seraient venus d'autre part (2). ies évéques qui éi^iieat veniu au cuncilu M
((; Uns»., a. 42. — (2) Lat)bo, col. 441. -(3)0pm> Cyr,U., t. V, p. SSi.
LH-RE TRENTE-NEUVIÈME. B6R
sëparnrent en deux, Nestorius et saint Cyrille Cependant Nes'orius et son
avaientparti
s'assemblant chacun a jiurt, avec ceux qui fait tout leur possible pour empêcher que l©
étaient de leur sentiment ou qui paraissaient concile ne s'ouvrit. La veille, ils avaient
en être. adressé à saint Cyrille et à Juvénal de Jérusa-
Cependant, Jean d'Antioche n'étant plus lem une protestation, signé de soixante-huit
qu'à cinq ou six journées d'Ephi-se, le fit sa- évèques, où il déclaraient qu'il fallait ilten-
voir au concile par des officiers liu maître de? dre Jean d'Antioche que, du reste, ils s'as-
;

offices, et écrivit à saint Cyrille une lettre sembleraient quand le comte Candidien les
pleine de témoignages d'amitié et d'un grand convoquerait. Ce général, gagné par Nesto-
empressement de se rendre auprès de lui. rius, aussi bien que la cour, secondait ses ma-
Bientôt arrivèrent deux évè(jues de sa suite, nœuvres de tout son pouvoir. 11 défendit an
tous deux métropolitains, Alexandre d'Apa- concile de s'assembler avant l'arrivée di's évè-
mée et Alexandre d'Hiéraple. Comme saint ques qui étaient en route. i)uand il sut que,
Cyrille et les autres évèques se plaignaient à malgré sa défense, le concile allait s'ouvrir,
eux du retardement de Jean, ils dirent plu- ilvint lui-même à l'église et leur signifia que
sieurs fois 11 nous a chargés de vous dire que,
: c'était agir contre les ordres de l'empereur.
s'il retarde, on ne remette pas pour cela le On luidemanda à voir ses ordres. Il le refusa
concile, mais que l'on fassece qu'il faut faire. longtemps mnis enliu il fut obligé de mon-
;

Il y avait déjà plus de tleux cents évèques trer la lettre de l'emp 'reur, qu'il avait tenue
assemblés à Ephèse de dilierenles provinces. secrète jusqu'alors. Elle ne contenait point
La lettre de l'empereur pour la convocation l'ordre que le général avait dit mais, au
;

du concile manjuait le jour précis auquel contraire, la recommandatiim expresse de ré-


ceux qui ne se trouveraient pas seraient sans gler avant tout la question de la foi. Le con-
excuse. Il s'était passé plus de quinze jours cile persista d'autant plus dans sa résolution.
au delà. Plusieurs évèques et plusieurs clercs Le général, se croyant méprisé, sortit en
étaient incommodés de la dépense d'un si colère et fit aflicher une protestation à Ephèse,
long séjour plu>ieurs étaient malades il en
; ; dont il envoya copie à l'empereur.
était mort i]uelques-uns. Tout le concile criait On sera peut-être étonné de voir soixante-
que Jean d'Antioche ne voulait pas s'y trou- huit évèques du côté de Nestorius. Si on
y
ver, parce qu'il craignait de voir déposer Nes- ajoute dix-huit autres qu'amena Jean d'An-
torius, tiré lie son église, dont la co'ifusion tioche, ce nombre ira jusqu'à quatre-vingt-
retomberait sur lui. Il était déjà arrivé des neuf Mais bien avant la lin du cmcile, ce
évèques qui venaient de [dus loin. Si Jf'an granil nombre se réduisit à trente-sept (2).
d'Antioche agissait de bonne foi, il n'avait Tous les autres, à mesure qu'ils pénétrèrent
point sujet de se plaindre, pui-:q'î'il avait les blasphèmes de Nestorius et qu'ils furent
mandé expressément par les deux A'cxac- témoins lies violences de son parti, se réunirent
dres que l'on pouvait commencer par lui. au concile et souscrivirent à son jngemcut.
Pour toutes ces raisons, saint Cyrille et la Il est assez singulier que la plup.trt des his-

plujiart des évèques résolurent de tenir le toriens aient négligé cette import.;.ntc obser-
•^oncili! le vingt deux de juin, dans la grande vation.
cgbsc dédiée à la sainte Vierge. Le concile d'Epliêse s'ouvrit donc très-cano-
': concile d'Kphèse s'ouvrit donc le vingt- niquement. Saint Cyrille était chargé par le
deux juin A'.i\, dans l'égli.e nommée Sainte- Pape d'agir en son nom, avec le conseil des
Marie. il y avait l'ent quatre-vingt-dix-huit Pères, pour exécuter la sentence déjà pro-
évèipies, avec le diacre Bessula de Carthage, noncée contre Nestorius, ou bien recevoir sa
député pour toute l'Afrique. Ils posèrent l'E- rétractation. L'on avait attendu déjà seiae
vangile au milieu d'inix tous, sur un trône, jours au delà du terme fixé par l'tsmpereur.
d'où il semblait leur dire Vous êtes les juges : Pour ce qui est de Ji'an d'.\iitioche, il avait
entre les de l'Evangile et les paroles
V' rites adhéré à la sentence du Pa[ie, puisqu'il avait
im[)ies de Nestorius mais soyez des juges
; engagé Nestorius à s'y soumettre. Il venait
éclairés. Les évèqui'S étaient assis des deux encore d'écrire à saint Cyrille, comme à u»
cotes. Saint (.vrille tenait le premier ratiu;. frère et à un collèyue dans le sacerdoce , non-
comme occupant la place du pa[ie saint Ce- seulement avec estime, mais encore avec ten-
lestin c'est l'expre-sioii même des actes. En-
: dresse se recomtnnnddiit à ses prières, et lui
,

suite étaient Juvcnal de Ji-rusib'm, Memnon témoignant <juc ledésir de le uoir etd'emhrasser
d'Eiiliese, riavii'ii de l'hilip[ies, qui tenaient ta tète sainle et sacrée le /tressait pins que toute
encore la (dace de Un fus île 'l'iK^ssalonique, autre chose d'arriver bientôt à L'phèse. t)u sent
Théodore d'Ancyre, riniiii-^ d(î Césarée en d'avance que les fausses démarches que uou^
Cap|iadocc, icace de MditiiK! en Arménie, verrons faire à l'i-vèque tl'Anti( elle ne sot»t
II de Gorliiie e'i (^rrte, Périirène de Ce que les égarements de son amitié pour la per-
rinthe, tous melro()olilaiiis, et les autres évè- sonne de Nt'stor;us.
ques an nombre de l'JH, .^eion les souscri Tous lus l'vi'qnes étant donc as>ii< dans \f>

tioiis i|ue nous m


avons dans les actes de la concile, Pierre, prêtre d'.Mexaiiilri.' et primi.
première session do ce concile (1). ciur des aoloires ou sleuoijrapliaâ, cJLpuau aoia-

(t) LftblM, t. ni, p. 4tS. — ',2; Balu2 , Collecl. nova conc. col. 697.
ite niRTOinE nmVERSEIXE DE Vf.r,U>E CATtlOt.lQUB

malremcnt de quoi il ('tait Le révA-


qufistion. Etant sr)rti de nouveau avec
les clercs de Nes-
rendissime Neslorius ayant l'île ordonné évi;- torius. il Je n'ai pu le voir, mais il
leur dit :

que de la sainte église de C.onstanlinople, on m'a chargé de vous dire que, quand ton-, it-s
apporta de ses sermons quelques jours a[ir«^3, évèipies seront assemblés, il se trouverait avec
qui excitèrent un grand tumulte dans^EKli^^e. vous. Les députés le prirent à témoin, lui,
Le très-pieux évè(|ue d'Alexandrie, Cyrille, tous les soldats et les ecclésiastiques, et se re-
l'ayant appris, .ui écrivit une j)i'emière et se- tirèrent. Le concile, informé (le ce qui était
conde lettres pleines de conseils et d'avertis- arrivé, jugea à propos, sur l'avis du même
.çcments, auxquelles il répondit par un refus Flavien de F'hilippes, jiourne rien omettre de
et des contestations. Ue plus, Cyrille ay;int la iiroci'-dure ecclésia>lique, de le faire iter t

appris qu'il avait euvoyé h Rome des recueils une troisième fois jtar quatre autres éveipies,
de ses sermons avec des hîttres, il écrivit de avec un notaire et un lecteur. La morolion
son côté au très-pieux évèque de Rome, Cé- qu'on leur donna par écrit était conçue en ce»
lestii), qui, ayant lu et examiné toutes ces termes Par celle troisième citation, le tn s-
:

pièces, a donné une décision prc'-cise. l'ierre saint concile, obéissant aux canons, appelle
présenta au concile tous les [lapiers qui regar- votre piété, vous accordant ce délai avec pa-
daient cette allaire, et en particulier la circu- Ui'nce. Daignez donc venir au moins a pnv-iul
laire de l'empereur à tous les méiropolitnins, pou.' vous .'•îfendre des doum^-s liéieliqueji
Juvénal de Jérusalem demanda que cette lettre que l'on vous accuse d'avoir proposes publi-
fût lue et mise à la lète des actes du concile : quement dans l'église, et sacliez que, si vous
ce qui fut fait. Kirmus de Ci'sarée dit ensuite : ne vous présentez pas, le saint concile sera
Que le très-saint Memnon, évè(|iie d'Eplièse, obligé de procéder contre vous suivant les ca-
nous rende témoignage comliien passé il s'est nons. Ces députés furent encore plus maltrai-
de jours depuis notre arriviu;. Memnon répon- tés que n'avaient été les pr- miers. Les sol-
dit ([ue, depuis le terme manjué dans la lellre dats les repoussèrent rudement sans leur
,

du prince, il s'était passé seize jours. Saint permettre de se mettre à l'ombre, et leur décla-
Cyrill(! ajouta Le saint et grand concile a
: rèi-enl, après les avoir fait attendre longle.i.pi
attendu avec assez de patience l'arrivée des ré- qu'ils avaient ordre de .Nestorius de ne laisser
vérendissimes èvè(jues (|ui devaient venir; entrer personne de la part du concile.
mais puisque beaucoup (révè(]ues sont tombés Ces soldats, par qui Nestorius se fai-ait gar-
malacies, que quelques-uns sont décédés, et der, lui avaient été dir::nés |>ar le gênerai Can-
qu'il est à propos de satisfaire aux ordres de didien. Au reste, ces trois mi.>nilio[i> n'éiaienl
l'empereur et de traiter la matière de la foi pas absolument néccs-aires. Le; pape CebsiiQ
pour l'utilité de tout l'univers, qu'on lise de avait averti Nestorius que .sa lettre lui servi-
suite les pièces qui couceinent l'atl'aire, vu rait de troisième monitii>n, les deux de Cy-
]irincipaleuienl que le très-illustre comte Ciin- rille lui tenant lieu de première et de seconde.
didien a fait lire au concile un second ordre Au fond, il ne s'agissait que d'eséculer U
de l'empereur, qui porte que l'on examine et sentence du l'ai)e.
que l'on règle ce qui regarde la foi sans au- Après lerap[iort de la troisième députation,
cun délai. Juvenal de Jérusalem dit Kncore que trois
:

Théodote d Aneyre observo que la lecture monitions suffisent suivant les lois del'tgise,
des pièces se ferait en son temps mais ipi'il ; nous sommes prêts à en faire une quatrième
était à propos que Nestorius fut présent à ce au réverendissime Nestorius. Mais puisqu'il
qu'on allait faire, afin que ce (jui regaide la a mis autour de sa maison une troupe de sol-
religion fût réglé d'un commun accord. Dès ibits, il est clair que c'est le reprucbede sa
la veille, on avait envoyé à Nestorius ijuatre conscience qui reiiijieche de venir au concile.
éveipies pour l'avertir de se trouver au con- Il faut ilonc passer outre, suivant l'ordre des

cile. Il leur avait répondu Je verrai et si je


: ; canons, et pourvoira la conservation de la lui.
dois y aller, j'irai. Ces quatre évèques ayant Ou lut donc le symbole de .Niice, et ensuite la
fait leur rapport, le coiicde, sur la pro]iosiliiin seconde lettre de saint Cyrille, sur laquelle ce
de Flavien de Pbilippes, lui en députa trois l'ère pria tous les evèques présents de dire
autres, auxquels on joignit uu lecteur et un leur sentiment. Juvenal et les autres eveijues
ootuire. avec une monition par écrit, où il la trouvèrent conbirme a bulociriiie de .Nicee.
était l'ait mention de celle du jour preceilent. l'allade d'.\iiMsee deiiiaiida qu'on lût la ré-
Les députés trouvèrent la maison de Neslo- [loiise que .Nestorius y avait faite. Juvenal de
rius gardée par des soldats armés de massues. Jérusalem, en ayant oui la lecture, dit que
Ayint prie qu'on l'avertit de leur arrivée, les cette lellre ne s'accordait jujint du tout avec
soldats les en empècli-'enl, disant il e?t en : la foi de Nicéc, et analliématisa tous ceux qui
parliculier. il rejiose, et nous avons ordre de croyaient ainsi. Flavien de IMulippes et quel-
ne laisser outrer personne p.our lui parler. ques autres, au nombre de trent«'-,jualrc. opi-
Comine les députes insistaient, quelques-uns nèrent successivement dan.» le même sens;
de ses clercs, étant sortis, lui dirent la même après «pioi tous les èveiiucs s'écrieront en-
;liose que les soldats. Sur de nouvelles instan- semble Ai'.atlième à qui n'annthematis<^ pas
:

jes pour avoir une réponse, le tribun Kliwen- Mesbiriiis! lu fxiortlinitoxe l'aualbem.itise: le
tius, de la suite du gênerai Candulien, sortit saint concileraiialbemalise. Qui communique
«tles til demeurer comme allant les satisfaire. à Nestorius, qu'il soit anathcme I Nous ana-
LIVRE TRENTE-NEUVIEME. 567
thémalisons tous la lettre de Nestorius ut >os liraiaussi la traduction. Rlle portail que salm
fiogmt's nous aiiatliémali-ons tous l'héré-
; Augustin, appelé nommc^menf au concile,
tique Nostorius! Ceux qui communiquent à était mort quand la lettre de l'empereur fut
Nestorius, nous les analhéinatisons tous ! apportée, et qu'eneon; que cette lettre fût
Nous anathémalisous tous la foi impr.; i1e principalement adressée à saint Augustin,
l'impie Nestorius! Tout l'univers aualhéma- Capréolus, ra\'ant reçue, avait écrit à toutes
tise sa religion impie ! Anathème à qui ne l'a- les provinces il'Afrique, pour assembler un
nathéraatise pas ! concile national, qui choisirait les députés
A la demande des évéques, on lut ensuite pour le concile universel. Mais la désolation
la lettre du pape saint Cdeslin, et celle que du pays et les ravages des Vandales empê-
saint (lyrille écrivit çn conséquence au nom chèrent les évoques de s'assembler. Le terme
du concile crEj;;ypte à Ni'slorius. L'une et l'au- était même trop court. Les lettres de l'empe-
tre furent insérées dans les actes. Les évé([ues reur n'ariivérent à Carthage qu'à Pâques, en
qui les avaient portées à Conslaulinopie fi- sorte (|u'il ne restait que deux mois jusqu'au
rent ensuite rapport au concile de la manière concile universel, et ce temps n'était pas suf-
dont elles avaient éti'; remises en main propre fisant pour assembler le concile d'Afrique,
à Nestorius, qui, bien loin d'y satisfaire, pro- même en pleine paix. Ainsi, ne pouvant en-
nonça dans l'église des discours encore pires voyer une députation solennelle, Capréolus
que devant, et continuait encore de même. voulut au moins observer la disciplme, et
Pour montrer qu'il per-istait oijiniàlrément marquer son respect au concile universel, en
dans ses erreurs, on obligea Théodoli- d'An- envoyant un diacre pour porter ses excuses.
cyre et Acace de Mélitine de racontri' l'entre- Il prie donc les évèques de résister courageu-

tie")qu'ils avaient eu avec lui trois jours au- sement à ceux qui voudraient introduire dans
paravant. Us ne le lirenl ((u'eii lépaml.int des l'Eglise des doctuines nouvelles, et de ne point
larmes, parce ([u'ils aimaient Nestorius. .Mais soullrir que l'on remette en question ce qui a
comme ils aimaient, encon; davantage Jésus- déjà été jugé par le siège apostolique et par
Christ et sa vérité, ils diient qu'ils étaient l'accord des pontifes, ni que l'on donne at-
prêts à convaincre leur ami des erreurs teinti' aux décisions des Pères. Saint Cyrille
et des blasplièmcs qu'ils avaient ouïs de sa deaiauda que cette lettre de Capréolus fût m-
bouche. sérée aux actes, comme portant clairement
Le concile, avant de procéder à une con- que les anciens dogmes de la foi devaient être
damnation plus formelle de Nestorius, crut, maintenus et les nouveautés rejetées. Tous les
suivant l'avis de Flavien de Philippos, qu'il évèques s'écrièrent : Nous disons tous de
était à propos de lire et d'insérer dans les actes même! nous le souhaitons I

quelques passages des Pères, pour faire voir Le concile prononça alors la sentence en
quelle avait été leur doctrine. On lut donc un ces termes : « Nestorius ayant, entre autres
passage du livre de saint Pierre, évèque d'.\- choses, refusé d'obéir à notre citation et de
iexandric et martyr, touchant la Divinité ; un recevoir les évèques envoyés de notre part,
de saint Alhanase contre les ariens, et un de nous avons été obligés d'entrer dans l'examen
sa lettre à Epiclèle ; un de la lettre du jmpe de ses impiétés, et l'ayant convaincu, tant
saint Jules à Docimus un de la lettre du pape
; par ses lettres que par ses autres écrits, el [lar
saint Félix à Maxime et au clergé d'Alexan- les discours iju'il a tenus depuis peu daua
drie deux des lettres pascales tie Tliéo|iliile
; cette ville, prouvés par témoins, de [len -er et
d'.\lexaiidrie; un du Tiailf} de CAumôm: de d'enseigner des impiétés: nous, contraints par
saint Cyprien; deux de saint Atubroise, tirés les saints canons et par la lettre de notre .saint
de son Traité de la Foi; un de saint Grégoire Pêro et cominislre Celestin, évèque de l'Eglise
de Naziauze à Clédonius, où sout les anathè- romaine, en sommes venu^, pour nécessité,
mes ; un de saint Basile un de saint Grégoire ; après avoir bien des fois répandu des larmes,
(ie Nysse; deux d'Altieus de Constantinople à cette lugubre sentence Notre .Seigneur
:

el deux de saint Amidiiloiiue. A la demande Jésus-Christ, qu'il a blasphémé, a défini par ce


de Flavien, un lut vingt articles tires des três-saint concile, qu'il est prive de toute
écrits el des homélies di' Nestorius, et le prêtre dignité épiscopale et retranché de toute assem-
Pierre avait en main plusieurs autres extraits blée ecciésiastique. u
semblables. Mais les éveques, voyant les Celte -eiilence, l'une des plus solennelles
idas(dièmes horribles que contenaient les quiaienlétéproiuincéesdanslÈglise, renferme
vingt premiers articles, ne purent souffrir des choses bien importantes. On y Voit tous
que vurs oreiller fussent souillées par le les évêipies d'un concile iwcumènique, dans
rccil d'un plus grand nombre de blasphè- l'acte le plus solennel de leur autorité comme
mes, et ordornièreul t{ue ces articles seraient concile, ap[icler le Pape leur Pérc, et s'avoui.T
insérés aux actes pour la condamnation de contraints par sa lettre, non moins que par lei
Nestnrius canons, dans cet acte suprême de leur autorité.
Le |)réire Pierre, qui faisait l'offiCH de pro- L'exjircssion du concile , observe Bossuet,
moteur, dit alors Lf rcvércndissime uiétro-
: reconnaît dans la lettre du l'ape la lorce d'une
polilaiii et évôiiui' de Carlliayi', (^apri'ïulus, a senteuciî juriilique, ipi'cm ne pouvait pas no
éitril une lettreau saint l'onrde par le diacre point confirmer, parce qu'elle était ju~le ilans
Bessula ;
je la lirai, !<i vous l'ordounez, el j'en son fond et valable dans sa forme, comm*
9« HISTOIRE UNIVERSELLE UE L'EGLISE CATIlOLiyUB
étant (^'inanée d'une puissance légitime (1). Li Constantinople deux prêtres de saint Cyrille,
sentence, ainsi conçue, lut souscrite (Jans les 'l'imothée et Euloge. La lettre est donc aoressée
termessuivanls: Cyrille, évéque «i'Alexanflrie, à ces cinq. L'abbé Dalmace élail, de tous les
j'ai sourcrit en jugeant avec le saint concile, moines de Constantinople, h; plus renommé
iuvénai. 6vè(iuc de Jérusalem, j'ai souscrit jiour sa sainteté. Il avait porté les armes sous
en jugeant avec le concile. Tous les autres 'lhi'odo=e le Grand, et servi dans ses gardes,
évé(iues présents sou-crivent de niénae, au vivant des lors dans la pieté. J'our mieux s<frvir
nombre de cent quatre-vingl-dix-liuit. Ceux Dieu, il quitta sa femme et ses enfants,
qui arrivèrent au coiicile après cette première excepté son fils Fauste, avec lequel il alla
session, y souscrivirent aussi. Il fiiut y ajouter trouver l'abbé; Isaac, et embrassa la vie mona»-
encore ceux qui almmionnèrent le parti de tique sous sa comluite. Isaac avait habité la
Neslorius. Car, cinq jours après que la sen- désert dès son enfance et pratiqué loulei
tence eut été [irononcee, il se trouva réduit de sortes de vertus: ce fut lui qui prédit la mort
soixanle-huil à quaranlo-trois, m.ilgn' le ren- à l'empereur Valens. Sous sa direction, Dal-
fort que lui avait ameni- Jean d'Aiilioelie. En mace vint à un si haut deuré de perfection,
sorte que Neslorius l'ut déposé par Lien plus de iiu'isaac, en mourant, l'établit supérieur du
ieux cents évéques. monastère, sous le patriarche Allicus. On dit
Cette session du concile dura
[ircmière (ju'il passa (]uarante jours sans manger, et
depuis le matin jusqu'à
la nuit fermée, quoique qu'il fut le même temps en extase. L'empereur
ce tùt aux plus longs jours, c'est-à-dire le le visitait, et il était en grande vénération au
vingt-deux juin, et qu'en ce jour le soleil se sénat: on lui donna, à lui et à ses successeurs,
couche à Ephèse à sept heures onze minutes abbés du même monastère, à perpétuité, le
Le peuple tout entier de la ville demeuia du nom d'Archimandrite, c'esl-â-direclief de tous
matin au soir à attendre la décision du con- les monastères de Constantinople; el saint
cile; cl quand ils ajq)rirenl que Neslorius était Cyrille lui donne ce titre ilans sa lettre.
déposé, ils commencèreut tous, d'une voix L'église grecque honore la mémoire de tou»
unanime, adonner des liéuédictions au concile, les trois, d'Isaac, de Dalmace et cie Fauste, le
et à louer Dieu de ce que l'ennemi de la foi nienie jour, savoir le troisième d'août 3).
était tombé. Quand les évéques sortirent de Dans cette lettre, saiut Cyrille instruit Dal-
l'église, ils les conduisirent avec des flambeaux mace et les autres de tout ce qui s'était passé
jusqu'à leurs logements, et les femmes por- dans le concile le retardement affecté de Jean
:

taient devant eux des cassolettes uù elles brû- d'.\ntioche, la contumace de Neslorius et sa
laient du partum. La ville fut illuminée, et ce déposition ; et conclut ainsi : Puis.jue le comte
fut [lartout une grande joie. Candidien a envoyé, comme j'ai appris, de»
Le leiideuiain, (]ui était le vingt-trois de relations, veillez et avertissez que les actes
juin, on lit signifier à Nestoriusla sentence de de la déposition deNe-toriu<nesonl pas encore
sa dépo-ition en ces termes « Le saintconcile
: achevés de mettre au net c'est pourquoi nous
;

assemblé à Ephèse, par la grâce de Dieu, et n'avons pu envoyei la relation, qui iloit èlre
suivant l'oi-donnance de nos très-pieux empe- présentée à rcm|)ereur; mais s'il plait à Dieti,
reurs, à Neslorius, nouveau Judas. Sache que elle accompai; liera les actes, pourvu qu'on
pour tes dogmes impies et la ilésobéissance nous permette d'envoyer quelqu'un jiour les
aux canons, lu as été déposé par le saint con- porter. Que si les actes et la relation tardent
cile, suivant les lois de l'Eglise, et déclaré à venir, sachez qu'on ne nous permet pas
exclu de tout grade ecclésiastiijue, le vingt- d'envoyer.
deuxième jour du présent mois de juin (2). » Quand les actes furent mis au net, on les
La sentence fut affichée dans les places, et pu- envoya à l'empereur avec une lettre synodale
bliée par Irscrieurs de la ville. Le même jour, contenant tout e qui s'élait passé, les raisons
le concile écrivit à Eucharius, défenseur de de ne pas attendre les Orientaux, la contumace
l'église de Constantinople, aux prêtres, aux de Neslorius et le reste. Il y est parlé du Pa|>e
économes et au reste du eleigé, pour leur en ces termes: Nous avons loue le trt'*s-sainl
signiiier la dépositi(m de Neslorius, faite le évèque de Rome, Ccle?tin,qui avait déjà con-
jour précédent, et leur recumuiander de con- damné les dogmes hérétiques de Ne'lorius, et
server tous les biens de l'église, alin d'en ren- porté contre lui la «enlence avant nous. .Nous
dre compte au futur évèque de Constantinople, prions donc Votre .Majesté, conclut-il, il'or-
qui sera ordonné, dit la lettre, suivant la vo- ilouner que la doctrine de Neslorius soit ban-
lonté de Dieu et la permission de nos très- nie de toutes les églises; que ses livres, quel-
pieux empereiu's. que part qu'on les trouve, soient jeles au feu.
En mèmelempssainl Cyrille écrivit à l'aDbé el que si ipielqu'un méprise ce qui a ele or-
Dalmace et à ceux qui "étaient de sa part à donné, il encoure voire indignation Leconcile
Constantinople, savoir les évéques .Macaire
: écrivit aussi au clergé el au peuple de
el Polamou, deux des quatre que le concile Constantiniiple,pour leur fai:c part de ladei>osi-
d'Egypte ivait députés à Nestori:s l'année lion de .Neslorius, comme d'une aitreatde nou-
précédente car les deux autres, Thèopempte
; velle. Dans celle Icitre le concde joint en-em-
et Daniel, étaient à Ephèse. 11 y avait aussi à ble saint Jean et la sainte Vierge, comoM
miimarçuei tur fhùt. dei Conai. CEuv. de Bossuet t. XXX, p. 258, Mit. à» \'in. - (5) Libb».M9.
(î)) Ménologç, I BOùt.
LIVRE TRENTE-NEUVIÈME. r.fi!)

honorant égalemei la ville d'Ephèse, par la nation-; vou:i, par qui ies morts ressuscitent,
raison toute simple que les deux principales et par qui les rois régnent de par la Trinité
églises portaient leurs noms. SaiiitCyrille écri- sainte. Et i|uei homme serait capable de louer
vit la même nouvelle, et la déposition de Nes- dignement l'incomparable Jlarii; (I) ! »
torius, à son cierge et à son peuple d'Alexan- Tel fut le concile de l'Eglise à Ephèse. La
drie, et aux moines d'Egypte. tiour avait été gagnée p:u- Nestorius des gé-
;

Cependant divers évèques prononcèrent des néraux courtisans, amis particuliers de Nesto-
discours sur le mystère de l'Incarnation, où rius, étaient venus avec des troupes pour sou-
ils ne manquèrent pas île s'élever contre tenir leur ami commun. Et malgré tous les
l'hérésie de Nestorius. Nous avons ceux de saint obslai les et toutes les intrigues, le concile,
Cyrille, de Rhéginus, évèque de Chypre, et de préidé par le I*ape en la personne de Cyrille,
Théodote d'Ancyre. Ce dernier compare la procède avec calme et fermeté ; trois moni-
nécessité où l'Eglise s'était trouvée de déposer fions avaient déjà été faites à Nestorius, le
le nouvel hérésiarque, à celle d'un chirurgien concile lui en fait trois autres ; il rappelle la
qui coupe en pleurant un membre pourri, doctrine ancienne, y compare la nouvelle ;
afin de conserver le reste du corps. Rhéginus enfin, il prononce la sentence, ou plutôt il
compare la chute de Nestorius à celle de Luci- exécute la sentence déjà prononcée par le
fer, à celle de Babylone son impiété à celle
; Pape ce jugement est signifié, non plus au
:

des Juifs son crime lui parait plus grand que


; révérendissinii' Nestorius, mais au nouveau
celui de Cain, de Cham et de Sndome. Plu- Judas. Le Pape lui avait déjà dit dans sa lettre:
sieurs de ces discours furent prononcés dans Durisdura responsio, à ceux qui s'endurcissent,
l'église de Saint-Jean. Saint Cyrille en pro- il faut une réponse dure. Dès ce moment, la
nonça un dans l'église Sainte-Marie, le jour coup de mort est porté à l'hérésie. Nestorius
même que se|)t éveques du parti de Nestorius a beau faire avec ses comtes et ses -old.its, les
vinrent s'y réunir au concile. C'est comme évèques l'abandonnent pour se réunir au con-
une explosion de joie et de piété. « L'assem- cile cù il n'y a que des évè iues.
blée des saints qui, invités par sainte llarie, Nous allons voir une assemblée différente et
mère de Dieu et toujours Vierge, se sont réu- des procédés dirt'erents. Le général Cindidien,
nis avec empressement, je la vois toute rayon- ayant trouvé l'affiche de la déposition de Nes-
nante. Aussi, quoique je fusse accablé de torius, envoya défendre au concile de rien en
tristresse, cette vue de> saints Pérès me trans- treprendre au piéjudice îles ordres de l'em-
porte de joie. C'est maintenant que s'accomplit pereur. En même temps, il fit publier un édit
en nous cette douce parole de David Qu'y a- : où, après s'èire plaint de ce qui s'était fait
t-il de bon, qu'y a-t-il de réjouissant, si ce contre ses premières défenses elcon're les or-
n'est que des frères habitent ensemble? Nous dres de ce piince, il déclarait qu'on n'aurait
vous saluons donc, 6 sainte et mystérieuse aucun égard à la sentence contre Nestorius. Il
Trinité! qui nous avez convoqués tous dans ordoimait au -si (ju'on ne fit rien de nouV''Uu,
cette égli-^e de .Marie, mère de Dieu. mère jusqu'à l'arriviM! des évèques qui accompa-
de Dieu ô.Marii;! nous vous saluûr\s, trésor
! gnaient Jean d'Antioclie.
auguste de l'univers, lampe qui ne saurai' Il envoya a rem[iereur l'affiche de la con-
s'éteindre, couronne de la virginité, spectre de damnation de Nestorius, avec une ri'l.ition qui
l'orthodoxie, tem|ile indissoluble mère et , représentait le concile coiniue une ass'mo.ee
vierge, par qui est béni dans les saints Evan- tumultueuse, où tout s'était passé centre les
giles celui qui vient au nom du Seigneur. règles. Nestorius ne di'miisa pis moins les
Nous vous saluons, 6 vous qui dans votre sein choses dans la relali(jn (ju'il a iressa de son
virginal avez renfermé celui qui est immense coté à l'empereur, se plaii;nant des menaces
et incompréhensible vous, par qui la sainte
; et des mauvais traitements de (Cyrille et de
Trinité est glorifiée et adorée, la croix célé- Memnon, qu'd taxait de séditieux. Ensuite d
brée et adorée dans tout l'univers ; vous, par conjurait Tliéodose d'ordonner que le concile
qui le ciel triom|die, les anges et les archanges se tint dans les règles, et (]u'il n'y entrât cpie
se réjouissent, les démons sont mis en tuile, deux evéques de chaque province, avec le mé-
le tentateur est tombé du ciel vous, par qui
; tropolitain, du nombre lie ceux qui étaient ins-
la créature déchue est élevée au ciel ; vous, truits des questions dont il s'agissait, ou de
par ijui la création entière, asservie, aux ido- les renvoyer tous en sûreté dans leur vilk
les, parvient à la connaissance de la vérité; épiscopale. Car, ajoutait-il. on nous meiiact
viius, par (|ui le saint baptême et l'onction de même de nous fiirc perdre la.^itvl.a lettre d(
l'allégresse sont accordés aux fidèles; vous, Nestorius fut souscrite de douze éveques, lu
jiar qui les éj,dises ont été fondées dans tout compris. Ce petit nombre est remanpiable
l'univers, et par qui les nations sont amenées après les soixante-huit iiue nous avons vus
il liv pénitence. En un mut, vous, par qui le souscrire à la première protestation. Plusieurs
Fils unique de Dieu s'est levé la lumière de s'étaient déjà n-unis au concile ; «l'autres ré-
ceux (pu étaient assis dans les ténèbres et i\ pugnaient sans doute .i signer de si grossiers
l'iimbro clela mort vou<, par ijui les priqilietcs
; inen.songes. Car, tandis que Nestorius se plai-
ont piédil et les apolres annouce le salut aux gnait d'être en butte aux violences de CyriU»

(1) Labb«, t. lU, col. &av


70 nisTOinr UNivF.nsnî.r.- nr i-t.gmse cathoi.iqcb

et de Memnon, son ami, le pi-nt'Tal coinlr; taieril.Cet avis fut adopté, et, sur cesaecnsa-
Catulidifin^ fatij^'iiait Ips 6vn(|ues rlu «nnrilfi [iai- tions vagues, sans faire |)arler aucun témoin
SCS soldais, emiièiliail qu'on ne leur aiiiiorl.'il piirliculier, sans examiner aucune pièce, sans
les choses nécessaires à la vie, et donnait li- ouïr ni même citer les accusés, le prétendu
berté de les iiisulliT aux fîens que Nestoiiu? Concile déclara Cyrille et .Memnom léposéi
enlrelcnail aupn'S de lui, jiaiticuliéicnieiit de leur dignité, comme auteurs du trouble et
nu.\ pi'vsans des terres de l'éf^lisc, qui l'IaiiMit .'i r.iuse du sens hérétique des anathéma-
pngiand nomlire, et qui cliargeaicnt d'inju- ti^mi'S, el tous les autres évê.|ues du même
res les évpqucs (in coiiiile. jiar'ti, séparés de la communion, ju^^qu'à ce

ih: Neslorius,
Cinq i(Miis après la di'|io-ilioii qu'ils eussent anatiiémati»é les douz- ana-
c'est à-dire le 27 juin, JcMn d'Aiilioclie arriva • lièmes, et qu'ils-se fus>ienl joints aux Orien-
à Ephrsc avec l(st'vtkines{r()] icut qui l'ari i.rn- t.inx pour examitnir ensemide questions
les
pannaienl. Ils étaient en tout ipia'orze. S.ms qui troiiid.iient l'Eglise. Celle sentence fut
doute '[ue qucliiues-uns l'avaient jirécédé, et sousciile pai- i|uaranlc-trois évé<jues. C'è-tait
(jiic (|U(;lques auties le suivirent; .ai' 'l'Iiéo- tout ce i|u'il restait de partisans à Ne-torius,
];lianc en co;n|itcen tout viuKtscjit (1). Le con- même avec le renfort de Jean d'Anlioche;
cile,l'ayant appris, envoya au-devant de 'ui landis (|ue le vrai concile était composé de
ilrsévéqucs et dos clercs, tant par hoinieur plus le deux cent vingt évéqueg. Les qaa-
.;ue pour lui faire entendre qu'il ne devait •ante-troiâ schismaliques ne publièrent point
point voir Neslorius déiiosé par le concile. celte sentence à Epliêse, et les évéques ciu
Les soldais qui accompagnaient Jean d'An- concile ne surent rien de leur procéduri; ;
lioche cmnéchèrent li^s déjoilés du concile de mais ils l'envoyèrent à Con^^tantinople, avec
lui ^.arierdans ia route mais ils ne laissèrent
;
des lettres à l'empereur, aux prince<=.ses, au
]>as de le suivie jusipi'à si^n l",i;is, et y atten- clergé, au sénat el au |)euplc, dans le-;quelles
diient ]ilusieurs heures, pendant lesquelles on les mêmes calomnies contre Cyrille et Mi.-mnon
ne leur peiiinl point de le voir, et on l-ur 11', sont répétées en diverses manières. Ils les
soufliir |ilu>ieurs allrorits. .".ccusent de s'être servis, pour leurs préten-
Dans l'inlervalle, Jean d'.Xiitioche iniprri- due: violences, des mariniers égyptiens et des
visail un concile à huit clos, dans l'iiotcllerie paysans asiatiques, el d'avoir mis des écri-
même où il venait de descc'ndre, encore tout teaurc aux maisons de ceux qu'ils vi>ulaii-nt
ji'udreux du voyagiv Le [iromoteur île ce con- attaquer. Je m
d'Anlioche dit que Cyrille lui
cile d'auberge fut le général comte Candidien, avait écrit deux jours avanl la tenue de ta
((ui était allé à la rencontre de Jean. Il pro- ses-^ion, <pic tout le concile attendait so" arn-
icsla qu'il avait fait tout son pussilde pour era- vée ; mais il ne dit pas que ini même lui
|rêclier lesévéques de s'assemhler avant la ve- avait fait dire par les deux Alexnndres,
nue de Jean d'Anlioche et des Orientaux, sui- que le concile devait commencer saos se met-
vant les ordres de l'emperenr, qui cependant tre en peine de ses retards (2).
n'en disait rien dans la lettre même 'dont il Après ce concile improvisé dni.s uae hôtel-
leur donna lecture, et qn'ils écoutèrrnt dc- lerie, Jean d'Anlioche se ressouvint que les
l'out, comme si c'eût été l'Kvangile. 11 ajouta députés des deux cent "ingt ou tren'eéve.|ues
que la )iiocédure contre Neslorius .>'ctait laite du concile véritable atlf'daienî dr>pui< ]du-
contre toutes sortes de règles, et qu'il avait sieurs heures pour lui parler. Il les lit cîier-
lait coiHiailre tout cela à ses maîln's. Jean, cher par des soblats. Lorsqu'ils lui nrei't dé- .

ayant ouï son rapport, dit que le concile dé- claré ce tju'ils avaient a lui diiC, il les
^i!iererait sur ce ru'il y aurait à l'aire contre abandonna, sans leur faire aucune «-ej^Hiuse,
l'e li'llcs entreprises: après quoi Candidien se au ciimte Irénée, aux évèques et aux rlercs
retira. de sa suite, qui les charsêrenl de coups jus-
_-es évèiiues qui éluient à Ephèse avant qu'à mettre leur vie en péril. Le comte Ircnée
i'arrivce de Jfaii, cl qui >e trouva eut dans était venu de C<>nstanlinople :i hphê-^e, sans
cette assemblée, se plaignirent de .Mrniuon autre titre (|ue celui il'ami de .Nesloiius.
comme de l'auteur de leaucoup de violences La conduite île Jean d'.Vnli(X"he c-l diflicile
qn'ils a\ai' ni south ries, parlicuiièicineul de à expliquer. A la vérité, il était jcjne, ami
ce qu'il leur avail fermé les églises des .Mar- p.irliciilier de .Neslorius, et, de plus, circon-
tyrs el de Sainl-Jean r.Vpolie, sans leur pur- venu par le comte Candidien. .Mais lui-même
meltre d'y celcluei-, même
îe jour de la |*en- avait écrit à Neslorius que sa ôocirine était
tecote. Ils se phrgmi'ent encore de saml (Cy- opposée à celle des l'ércs, et (|u'il (allait se
rille, à cause de ses analliémalism>'s qu'ils soumettre à la décision du l'ape; mais c«
disaient remplis d'erreurs; ajoutant que ces même Cyrille qu'il vient de condamner
deux évèques étaient l'un cl l'autre les chefs comme heretiqu?, il lui avail écrit tn-^-pcu »ie
au troid)le et di. -iési-rdre qui r gnaient dans jours auparavant comme à un frère et à un
ie» allaircs di> l'Eglise. Sur ce-- accusations et Collègue dans le sacerdoce, se reciunmandant
quelques antres au>si pi'u fonilccs, il~ conclu- à ses prières, el lui témoignant i|uc le de>ir
rent qu'il fallait prononcer contre (^.vrille et de le voir el d'embra>.ser sa tête saint» el sa-
Ueninou la juste cundamnatiou qu'ils laéri- crée le pressait plus que toute autre cLom

Cil rheoplj.,p. 78. — (ÎJLabbe, t. HI. baïui. Nov0 Collict.


LIVRE TRENTE-NEUVIEME. 371

d'arrivpr h Ephèsc, mais il le condamne sans fend aux deux partis de célébrer le sacrifice.
l'entcnilrp, sans le citer même; mais avec lui, Certes, s'il est une chose grotesque, c'est de
il condamne deux cent vin!,'t ou trente évé- voir un général, un courtisan, défendre à
ques qu'il n'a, ni cité? ni entendus, et il les deux cent cinquante évéques de dire la messe.
condamne sous prétexte qu'ils ont violé les Ce seul trait peint tout l'esprit du Bas-Em-
résies, lui qui n'en garde aucune, pas mémo pire. Ce qui n'.'st pas moins misérable, c'est
celles de l'humanité et de la politesse, puis- de voir un patriarche d',\ntioche solliciter
qu'il maltraite leurs députés, et il s'emporte une inireille didonse.
ainsi avec une minorité de quarante évéques Cependant l'empereur Théodose, trompé
contre deux cent vingt ou trenti-, et il s'em- par les relations infidèles de Candidien. se
porte ainsi sans aucun sujet, comme il le re- persuada que les inimitiés particulières
connaîtra plus tard. Car, après avoir divisé avaient eu plus de part à la déposition de
l'Eglise pendant deux ans, et donné à l'héi-é- Nestorius que l'amour de la foi et de la jus-
sic le temps de s'enraciner dans les contrées tice. C'est pour luoi il écrivit au concile pour
orientales, il tinira par souscrire à la dépo- témoigner son mécontentement. Déclarant
sition de Nestorius, par condamner ses qu'il ne voulait pas tju'on eût aucun égard à
erreurs et par se réconcilier avec saint ce qui s'était fait jusqu'alors, il ordonna
Cyrille. qu'aucun évéque ne sortirait d'Ephèse jusqu'à
Les députés du concile, maltraités par Jean ce que les dogmes de la religion fassent exa-
d'Antioche, vinrent aussitôt en faire leur minés par tout le concile. 11 ajoutait :;u'il en-
rapport, et montrèrent les marques des coups verrait un second officier dans cette ville pour
qu'ils avaient reçus. On dressa des actes au- connuitre, avec Candidien, ce qui s'était
thentiques, et en présence des saints Evan- passé, et pour empêcher qu'à l'avenir il ne s'y
giles, de ces mauvais traitements. Mais nous fit rien contre le bon ordre. Cette lettre, da-
n'avons plus cette partie des actes du concile tée du vingl-neuf juin, fut apportée par un
d'Eplièse. Les Pères, pour ne pas laisser im- courrier de l'empereur, nommi' Pallade. Le
punis des outrages si indignes en eux-mêmes concile se servit do la même voie pour ré-
et si injurii'\ix au concile, séparèrent Jean de pondre à cette lett:e. Leur réponse est du
leur communion et lui notiliérent cette sen- 1" juillet, Pallade ayant extrêmement pressé
tence. Ils apprii-ent presi[ueca même temps les évéques de la donner. Ils s'y plaignent
qu'on avait at'tiché dans une rue un placard que Candidien avait prévenu l'empereur,
sans nom d'auteur ni signature, qui conte- avant qu'il put savoir la vérité par la lecture
nait le prétendu jugement que Jean avait des actes et des lettres que le concile lui en-
rendu contre Cyrille et Memnon. Mais bien voyait qu'il empêchait encore de la faire con-
;

loin d'y déférer, ils résolurent de célébrer le naître que Jean d'Antioche n'était arrivé i|ue
;

lendemain le saint sacrifice, ce qu'ils n'avaient vingt jours après le terme préfixé du concile ;
aoint encore l'ait jusqu'alors. Jean, informé que Nestorius et Jean n'avaient avec eux
ae leurdessein, ju-ia, l'après-midi du samedi, qu'environ trente-sept évéques, la plupart
:e général Candidien d'aller leur en faire dé- déposés ou qui craign dent de l'être, au lieu
fense. Il y alla, en eflet, le soir du même que ceux qui avaient condamné rhérétic[uii
jour, et lit tout ce qu'il put pour engager les Nestorius étaient plus de deux cents, et cpi'ils
deux évéques dé|Mises [lar Jeun de ne[)oint cé- l'avaient condamné avec le consentement de
lébrer, et d'attendre les ordres cpie l'empe- tout l'Occident et de l*.\fri(iue. ils prient
reur ilevait envoyer dans peu. .Memnon ré- Théodo^e di' rappeler le comte Candidien. et
pondit iju'il n'ignorait pas que Jean et son de permeltre (|ue cinq évéques aillent l'in-
synode l'avaient déposé"; mais il savait au-^si 'ormer de la vérité îles choses et des vio-
que Ji'an, loin de pouvr)ir quelque chose con- lences du comte Irém-e. Celle lettre ne fat
tre le concile (ecuiuénique, n avait [las même sigrvie que de peu d'èvèques, quoiqu'on lué-
depouvcur sur l'évêque, d'Epliese, quand il ne sence de tou<, pare (pie l'allaile ik^ pouvait

se serait ai.'i que de lui seul. Le gerifial ri'vint allendre la longueur de ces sou^crlpUous.
encore, le diinanclie de gi'auil matin fiiic; la On trouve, après la si'^naturo des évéques du
mêine prière à saint Cyrille (die l'ut inutile.
: concile, une liste de trente-cinq évècpies, qua-
Les evêques s'en allèrent à y célébrè-
l'i-glisc, lifiés schismalicpies, les seuls qui prenaient
rent le saint 9acrilici4, et continuèrent dans part aux dogmes im|)ies de Nestorius (I).
la suite à faire la même chose, les un? otlrant Les evèiiues de ce parti ayant entendu à
lesmyslêres, les aiitnjs y i>artnipanl. Lu len- leur lour la letlre de l'empereur, récoutèrciit
demain, Canilidien vint rendre compte de sa avec mille bénediitions, en voyant (pie co
',onimis«ion à Jean d'Auliocheet aux evèques prince cassait tout ce qui! concile avait tait.
ju'il avait avec lui. II.-* »i dressèrent un acte, ils lui en témoignèrent leur reconnaissance
jioiir avoir une ]>reuve authentique que les |>ar une letlre dont ils (diargèrt^M Pallade.
l'vècpies du roncile avaient connaissance du Klle était |ileini; d adulation pour 'riiéodo.so,
jugement rendu contre eux, sans se mettre et de calomnies contre saiid (iyrdie ol conlra
en peini' d'y clel'erer. Le i;enéial déclare dans le concile. lU y vantaient au>si bnir /èbî pour

cet acte (jue, pour obvier au schisuio, il dé- la pureté du lu toi, di:9uul i^u'ils u'avaieut pu

lO Ubbe, 74».
vn HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE CATHOLTOUE
sniifTrirqu'on renouvelât rin'Tésie d'Apolli- avec eux les légats qui étaient venus de l'Oc-
naire en autorisant les .iiiallirTnutismes de cident. Arcade et Project, évéijues, et l'hi-
Cyrille ils ne vantaient [las mi)ins leur atta-
;
lippe, prêtre du trône apostolique. Philippe
chement pour l'empereur, n'ayant pas permis, parla le premier et <iit .Nous rendons jirâces :

disaient-ils, qu'on violât ouvertement ses à la sainte et adorable Trinité de lous avoir
ordres en entreprenant sur le sirire de Cons- fait venir à votre assemblée -mainte. Il y a
tantinople, avant mi'me que l'on eût exa- longtemps que notre Irés-.taint [lajie Célestin,
miiii' ce qui reyarilait la loi. Pour aflaililir évéque de la chaire apostolique, a défini celte
l'argument que eux de leur
l'on lirait contre alfairc par ses lettres au saint évéïpie Cvrille,
petit nombre, en comparaison de relui de qui vous ont été montrées. .Maintenant il vous
leurs adversaires, ils faisaient à Théodose la en envoie d'autres, que nous vous représen-
même demande que Nestorius, d'ordonner tons faites-les lire, ainsi qu'il contient, et
;

que chaque métropolitain ne fut accompajini'; insérer aux actes ecclésiastiques. Les deux
que de deux évèques de sa province. Ils ajou- aulres demandèrent la même chose, ajoutant
taient que la plupart des évé()ue'i qui étaient que le concile verrait, (lar ce- lettres, quelle
venus avec Cyrille, ou qui dépendaient de sollicitude le Pape avait pour toutes les
Memnon étaient, ou iK'iétiques, ou déposés et églises.
excommuniés enfin que c'étail une troupe
;
Saint Cyrille ordonna de lire la lettre de
d'innoranls propres seulement à produire le saint Célestin et Sirice, notaire de l'église
;

troui)le et la confusion. Us se itlaignaient en romaine, la lut en latin. Juvénal de Jérusalem


IKirticulier de Mfninon, qui leur avait fait demanda insérée dans les actes.
qu'elle fût
lernier la poric de l'éulise de Saint-Jean, et Tous les évéques demandèrent aussi qu'elle
qui les avait fait maltraiter, disaient-ils, par fût traduite i-t lue en gn-e. Le prêtre Phi-
une troupe de voleurs. C'est pourquoi, con- lippe lit On a satisfait à la coutume, qui est
:

cluaient-ils, nous vous prions de faire chas- de lire d'abord en latin les lettres du Siése
ser de cette ville principalement ce tyran, apostolique; mais nous avonseu soin défaire
que nous avons déposé et qui trouble tout (1). traduire celb'-ci en grec. Les évèijues légats,
Ils ne disaient pas la vraie cause de ces Arca le et Project, ajoutèrent la raison,
prétendues violences de Memnon et des ca- parce que plusieurs des évéques n'entendaient
tholiiiues. Depuis leur sentence de déposition pas le latin. Pierre, prètie d'.\le\andrie, lut
contre l'évêque d'Eiihése, ils ne cessaient de donc la traduction precquc de la !eilre du
solliciter le sénat et les personnes les plus pape saint Célestin. Elle était du huit mai de
considérables de la ville, pour les engager à la mêmeannée, et finissait, ainsi que nous
demander un nouvel évéque. L'arrivée de l'avons vu, par accréditer les trois légaUpour
Pallade leur parut une circonstance favora- exécuter ce que le Pape avait déjà ordonné.
ble et, persuadés que la lettre de l'empereur,
; Après cette lecture, tous les éveijues s'écriè-
qu'il avait apportée, aurait intimitlé tous les rent Ce juu'ement est juste
: A Célestin, !

es[irils, ils s'en allèrent à


de Saint-
l'église nouveau Paul à Cyrille, nouveau Paul ! à
!

Jean-l'Evangéliste, accompagnes de quelques Célestin, conservateur de la foi ! à Céleslin,


soldats, comme pour rendre grâces à Dieu de d'accord avec le concile Tout le concile rend !

cette lettre, et prier pour la prospérité de ce grâces à Célestin! L'n Célestin, un Cyrille!
prince. Mais leur véritable dessein était d"y Une foi du concile, une foi de toul l'univers I

ordonner un évèijueàla place de Memnon. ils y Le lé_'at votre S linleté


Project dit : 0"p
furent trompés. Les habitants de la ville, qui considère la forme «le la lettre du saint i>ape
étaient tous catholic|ues et qui sou[içonnaient Célestin; il ne prétend pas vous instruire
les vues de Jean, s'étaient saisis depuis quel- comme des ignorants, mais vous rappeler ce
ques jours de toutes les églises, et y demeu- que vous savez, alin que ce qu il a deiàdéGni
raient, de peur qu'il n'exécutât ce qu'il avait et qu'il daiirne maintenant vous rappeler à la
proposé. Ouand il vint donc à l'église de mémoire, vous le meniez à son dernier terme
Saint-Jean, il y eut une sédition, où quel- et à sa parfaite exécution, suivant la rcyle
ques-uns des pauvres de cette église furent de la foi commune et pour l'utilité de l'Eglisa
laisses demi-morts. catholique.
Un spectacle plus digne de l'Eglise catho- Firmus, évéque de Césarée en Cappadoce,
lique et de ses pontifes se passait oans le con- dit Le saint et apostolique tnlne du très-
:

cile. Les trois légats du Saint-Siège venaient saint evèque Célestin. par ses lettres aux In-s-
d arriver. Le concile tint sa seconde session le pieux évéques Cyrille d'.Mexani'rie. Juvénal
dix juillet de la même année 431, dans la de Jérusalem, Rufus de Thessalonique, ainsi
maison épiscopale de Memnon. Saint Cyrille qu'aux saintes ei^lises de Con?iaiAii)ciple et
présidait toujours, comme tenant la place du d'.Autioche, a déjà precéilemmeiit donne par
Fape. Juvénul de Jérusalem, Memnon d'E- sa sentence la forme et la règle à cette alTaire.
phése, Flavieu de l'Iii lippes, Theodote d'An- En conséquence, le terme donné à .Nesloriu»
cyie, Firmiis de Cappadoce et tous les aulres pour se corriirer étant passé depuis lont:temps
évei]ues y as>istaienl, ainsi ipie le diacre de et nous-mêmes ayant demeuré à Eplie-e biea
Caiiiiage, Be^sula. On lit entrer et asseoir au delà du iour tù.é par l'empereur, Ncïloriua

(t) Ltbb«, 7Ci


LIVRE TRENTE-NEUVIÈMB. 573

n'ayant pas, d'aillpt»rs, obéi à nos citations, ture, le légatPhilippe dit Personne ne
:

nous avons suivi et exécuté cette forme et doute, il au contraire manifeste à tous les
est
cette réi;le _n prononi^ant contre lui un
, siècles, que le saint et bienheureux Pierre, le
juiiement canonique et apostolique. Le légat prince et le chef des apôtres, la colonne de la
Arcade dit La lenteur de la navigation cl le
: foi, le fondement de Téglise catludique, a
temps contraire nous ont empêchés d'arriver reçu de Notre Seigneur Jésus-Christ, le sau-
aussitôt que nous espérions c'est pourquoi ; veur et le rédempteur du genre humain, les
nous prions voire béatitude de nous instruire clefs du royaume, et qu'à lui a été donnée la
de ce iju'ello a ordonné. Le légat Philippe puissance de lier et de délier les péchés, et
ajouta Nous rendonsgràoes au saint et véné-
: que, jusqu'à présent et toujours (2), il vit et
rable concile de ce qu'à la lecture des lettres juge dans ses successeurs. Notre saint et bien-
de notre saint et bienheureux Pape vous vous heureux pape Célestin, qui est son successeur
êtes unis, comme de saints membres, à un et tient sa j)lace, nous a envoyés au saint con-
saint ciief, par vos saintes voix et vos saintes cile jiour suppléer à son absence. Nos très-
acclamations, car votre béatitude n'ignore chrétiens empereurs ont ordonné la tenue di
pas que le bienheureux apôtre Pierre est le ce concile, p(jur conserver la foi catholique
chef de toute la foi, ainsi que des apôtres qu'ils ont reçue de leurs ancêtres. Il reprend
mêmes. Etant donc arrivés tard, nous vous ensuite sommairement la procédure faite
prions de nous faire connaître ce qui a été contre Nestorius, et ajoute Donc, la sen-
:

fait dans ce saint concile avant notre arrivi'e, tence prononcée contre lui demeure ferme,
afin que nous le confirmions nous-mêmes, suivant le jugement do toutes les églises car ;

selon la sentence de notre bienheureux Pape les pontifes d'Orient et d'Occident ont assisté
et de cette sainte assemblée. Thcodote d'An- au concile, soit par eux ou par leurs députés.
cyre répondit Que la sentence du concile
: C'est jiourquoi Nestorius doit savoir iiu'il est
soit juste, le Uicu de l'univers l'a montré par retiaiiché de la communion du sacerdoce de
les lettres du très-pieux évéque Célestin et l'Eglise catholi(iue.
par présence de votre piété. Vous avez fait
la Le légat Arcade opina ensuite et conclut
voir le zèle du très-sainl évèque Célestin pour ainsi Suivant la tradition des apôtres de
;

la foi véritable. Quant à la déposition de l'Eglise catholique, suivant aussi le décret du


Nestorius, vous vous en instruirez pleinement très-saint pape Célestin, ijui a daigné nous
par les actes mêmes, ainsi que vous le deman- envoyer pour être les exécuteurs de cette
dez. Vous y vt-rrez le zèle du concile et la ad'aire, suivant entin les décrets du saint con-
conformité de sa foi avec celle que publie à cile, nous déclarons à Nestorius qu'il est
haute voix le très-pieux et très-saiut évèque dépouillé de la dignité épiscopale et sé- ,

Célestin (1). paré de toute l'Eglise et de la communion


Telle fut la session du concile
seconde de tous les évêques. Le légat Project con-
d'Ephèse. On y
respire tout le parfum de la clut ainsi son opinion Moi auss par TmiiIo-
:
,

sainte anticpiité l'esprit de foi, de piété, de


: rilé de la légation du Siège apostoliiiue, étant
sainte politesse; l'esprit d'union avec le suc- avec mes frères exécuteur de la sentc' ce, .e
cesseur de Pierre ; l'esprit d':imour et de sou- déclare que Nestorius, ennemi de la vériié et
mission filiide pour son autorité; en un mot, de la communion de tous les évèqui-s orluo-
Vesprit de l'Eglise. doxes.
Li! lendemain, 11 juillet, leconcile s'assem- Saint Cyrille conclut alors Le concile voit
:

bla de nouviMu dans la maison épiscopale de ce qu'ils ont déclan- au nom «lu Sié^'e a'pos-
Memnon. Jnvi'nal de Jérusalem demanda aux toluiue et de tout leconcile des saints éveques
b'g.its du Pape avaient [)ris conimunica-
s'ils d'Occident. Puis donc qu'ils ont exécuté la
tio[i des actes de la déposition di' Nestorius, sentence du très-saint évèque Céleslin, et
comme le concile l'avait ordonné. Le prêtre approuvé celle que ce saint concile a pronon-
Phili|>piî dit: Nous avons trouvé, par les cée contre l'héietique Nestorius, il faut join-
actes, que l'on a proci;dé en tout canonique- dre les acle.-i de ce qui s'est passé hier cl au-
menl et suivant la discipline de l'Eglise. Tou- jourd'hui aux actes piécédents, alin qu'ils
tefois, nous prions votre couronne, encore marquent leur consentement par leurs sous-
que cela soit supertlu, qu'on nous les lise en cri[itions. Les légats répondirent D'après les :

plein concile, afin que, suivant lu sentence du actes de ce saint concile, nous ne pouvons
très saint [ia(.e Célestin, qui nous en a char- point ne pas en confirmer la doctrine par nos
gé's, ainsi que suivant la votre même, nous souscriptions. Le concile ordonna iiu'on leur
puissions contirnier ce quia été jugé Le légal présentât les actes, et ils souscrivirent tous
Arcade lit la inem(! demande. Memnon il'E- trois à la dépo-iliou de Nestorius (3).
plii'se clit ijue rien n'empcrliait d'y sati-faire; La troisième <essi(m ainsi terminée, le con-
et Pierre, prelri' d'.Mi'Xandrie, lut les acti'S do cile en rendit ciuuple à l'empereur par une
la première session, dont on in-i'ia dans rettis lettre synodale qui porte: Dieu, favorisant
troisième! le commciu
cnicnl et lu sentence de voire zèle, a excité celui des évêques de Oc- I

ëepositiou contre Nestorius. Après cette lec- cident pour venger l'injure de Jésus-Christ;

(4) «jibT)e, 610. — (2) J'ignore pourquoi Fl(>iiry et Coillier omettent oa» mots et toujouri, qui «a trouvaol
oepeuddaiea toutiM ieiire» doua l«i actes. — (3) Lubba, 62t<
S7* IIISTOinE UNIVKHRELLB DE LftOLlfiE CATHOLIQUE
car, ipioiqni! la lotmucur du chemin les ait ensuite Juvénal, Memnon et les autres évèques,
de venir Ions vers nous, ils se Boiit
eiiipèi'liiis au noml>re de plus de deux cents. Comme il
assciiiidés ('liez eux i-n présence dii très-saint g'aiiis-ait des intérêts de saint Cyrille, ce ne
évêi|uc de Rome, (a'IosUi) ils ont approuvé
;
fui piiint Pierre, préU'u d'Alexandrie, qui lit

nos seiitiniotils sur lu foi, et rflranclié ilu sa- les jonctionsde |iromnteur, mais H'^^vcliius,
cerdoce ceux qui r)iit d'autres o|iiniiins. Avant diacre de Jérusalem. Uua.id il eut dit qu'il
que ce concile iïil a^seiulilé, Céleslin avait avait entre les mains la requête dont nous
déclaré la mèmi! chose par ses lellrc- au très- avons parlé, Juvénal de Jérusalem ordonna
saint évcque Cyrille, ([u'il avait commis à fa d'en faire la lecture et de l'insérer aux actes.
place. El maintenant il l'a encore déclaré à Elie portait que Jean d'Antioche. en haine de
ce saint concile cl'KpIièsf! par d'antres Icllres la de|)osition de Nestorius, avait dejiosé (>yrille
î[u'il a envoyées |)ar lesévêiiues Arc uleei Pro- et Memnon, sans <pi'il eut aucun jiDuvuir de
ject, et par le prêtre l'Iii lippe, SCS vicaires. Liant les juger, ni par les lois de l'tgli.se, ni par
arrivés, ils ncius onl fleclare le sentiment de l'ordre de l'empeicur, ni de rien eiitreprendre
tout le concile d'Occident, et ont tiMuoinDé, de si'iiildalde, |iriucipalemenl contre un \>\ui
même par éci'it, qu'ils sont piirlaileiiiiMit grand siège. Élh; ajoutait qu'au cas m^me
d'accord avec nous touchant la foi, (/est pour- qu'il aurait eu ce [)ouvoir, il eut fallu ohserver
quoi nous en laisnns pari à Votre .Majesté, aliu les canons, avertir les accusés, et les appeler
que vous connaissiez (|ue la sentence cpionous avec le reste du concile pour se défendre. La
venons do prononcercst le jui,'emontcommun conclusion élait que, puisijue Jean se trou-
d(!toute la terre. Ainsi, puisi[ue le sujet de vait à Ephèse avec ses complices, ils fus-
notre assemlilée est heureusement terminé, sent appelés pour rendre compte de leur entre-
nous vous supplions de nous permettre de prise. •

nous retirer; car quelques-uns sont pressés de Acace de Mélitine ne croyait pas qu'il fut
pauvreté, d'autres attlinés de maladies, d'au- nécessaire de citer Jean d'Antioche, attendu
tres courhés de vieillesse en sorte qu'ils ne
; que les Orientaux, en se séparant du concile
peuvent supporter plus longtemps le séjour et en se joignant à Nestorius, s'étaient rendus
en pays étranger, et qu'il est déjà mort des incapables tle rien entrepren<lre contre les
évoques et des clercs. Toute la terre est d'ac- pièsidents du concile oecuménique Il opina
.

cord, hors quelque peu de personnes, (jui pré- toutefois avec les autres évèques à citer Jean
fèrent l'amitié de JVcstorius à la religion. Il d'Antioche. On lui députa donc, trois évecjues,
est jiiste de lui donner un successeur et de pour lui demamlcr raison de son enlre|)rise.
nous laisser en repos jouir de la contirmation Ils trouvèrent la maison de Jeau environnée
de la foi, et prier tranquillement pour Votre de soldats et d'autres personnes en arme< pour
Majesté. Cette lettre l'ut souscrite par saint en défendre l'entrée, de manière qu'ils ne
Cyrille et par tous les autres évèques. purent voir Jean, ni lui parler. Les députés en
Le concile écrivit aussi au clergé et au ayant fait leur ra|q)ort au cucile, Juvénal de
fieuple de Constanlinople pour leur déclarer Jérusalem fut d'avis, qu'afin d'observer les
a déposition de Nc.^torius, et les exhorter à canons, il fallait y euvoyer encore des évêquea
demander à Dieu qu'on lui donne un digne pour le ciler une seconde fois. Ils trouvèrent
successeur. Cette lettre est souscrite première- aussi la maison de Jean entourée de soldats
ment par saint Cyrille, puis par le prêtre l*hi- avec les épées nues, et quelques ecclésiasti-
lippe, li'gat du Pape, qui prend le litre de ques qu'ils prièrent de les annoncer. La ré-
prèlre de l'église des Apôtres ; puis par Juvènal ponse que Jean leur lit était qu'il n'en avait
de Jérusalem, par les deux évè(|ues légats. jioint à faire à des gens déposés et excommu-
Arcade et Project ;
par Firmus de Césarée, niés. Saint Cyrille et Memnon demandèrent
Flavien de Philijqies, Meranon irKphè,se, Théo- que la [)rocedure de Jeau fut déclarée uulie,
dote d'Ancyre, lît'-rinien de Perge. Après el qu'il fut cite une troisième fnis. Le concile
quoi, il dit :(Junique ceux (pii ont déposé la déclara nulle, attendu ijue Jean n'avait osé
îifestorius soient plus de deux cents, nous nous venir pour la soutenir, et ord«mna que l'on
sommes ci>ntent('s de ces souscriptions. ferait un rapporta remi>ereur de ce qui s'était
Le concile ne fait aucune plainte, dans ces passé ce jour-là, et que Jean serait cité une
iettrcs, de la sentence ijue Jean d'Anlioche cl troisième fois.
son conciliahule avaient portée contre saint Jeau fit cependant afllchei à la muraille du
Cyrille et Memnon, ayant cru jusque-làdevoir théâtre un écrit par lequel il déclarait publi-
mépriser une pi-ocedure si déraisonnahie, si quement la sentence qu'il H^ait rendue avec
destituée de formalités, et qui ne leur avait les siens contre Cyrille et Memnon, el où il
pas même été notifiée juridi(|uement. Mais, les accusait d'être les chef» de l'hén-sie d'A-
ayant appris que celte atVaiie avait élé portée pollinaire, et de soutenir celle d'.\riiis el
à l'empereur, saint Cyrille et Memnon prési>n- d'Kunomius. Il y déclarait aussi qn'-* avait
tèrent une plainle contre Jean d'Aiilioch''. Ce informé l'empereur des crimes doni es évè-
fut dans la quatrième session, cpii se tint cinq ques et les autre- du concile étaient c<ui|iables.
jours après la pHTi^-denle, dans l'éi^lise de Lt;S Orientaux, par un nuire acte adre>s nui
Saiiiii-Marie, c'esl-à-ilire le 10 de juillet Saint . éveÉ|ues qu'il- avaient «•xeommunies. les blâ-
Cyrille, qui tenait toujours la place du l'ape, maient d'alteudre .-i longtemps à se séparer
y est nommé le premier, puis les tiois légat*. de Cyrille et de Memnon, et à veair se Uif
UVRE TRENTE-NEtrVlÊMB.
»h«nu(1re de leur excommunication ajou-
; Orientaux contre Cyrille etMemnon était abso-
tîiiil i|iie, s'ils tanhiieiit daviiiilage, auraient
il* lument nulle et insoutenable, et tous les Pères
iieii (le s'"a repentir lorsqu'il ne serait plus du concile communiquèrent avec eux comme
ter.-.ps. auparavant, (^elte ;enteuce fut signée par
Ix's thèques sVtant donc. assomMés le 17 de Juvénal de Jérusalem, par les trois légals du
juillet dans l'éulise de Sainte-Maiie, saint Pape et par tous les autres évèques.
(^ leiirreprésentaqne le refus que faisaient
rille Le concile écrivit ensuite à l'empereur pour
les Orientaux de venir au concile était une l'informer de cette afl'aire, Jui faire voir les
preuvi! qu'ils ne pouvaient le convaincre de défauts de la procédure des Orientaux, et |iour
I lii'fê~ic dont ils l'accusaient. Il protesta qu'il se plaindre de ce que trente éveques avaient
lie tenait ni n'avait jamais tenu les erreurs osé se soulever contre deux cent dix, et former
d'Apollinaire, d'Ariiis ou d'Eunomius, mais un second concile, contrairement à ses volon-
qu'il avait aiijiris de-; l'enfance les saintes let- tés. Nous avons iloiie, ajoule-t-il, cassé tout ce
tres, l't qu'il avait été nourri entre les mains qui avait contre Cyrille et Memnon,
été, fait
lies l'éres orthodoxes. anatlifuiatisa Apol-
Il et excommunié ces rebelles jusqu'à ce qu'ils
li"i;iirc, .\iius, Kunomius, Maci'donius, Sal>el- viennent dèfi-ndre leur procédure devant le
.'iiis, l'Iiotin, Paul de Samosate, les niani- concile. Il (irie ce prince d'ordonner que ce
(liéiMis, N'e4orius et tous les autres liérétiques, qui a été décidé i>ar le concile universel
iiDninii'ini'ntceuxquiensi'ii-naienties o|iiiiions contre Nesturius [lour l'alTermissement de la
de (A'!i'sliu< et de l*élai?e. et se plai^wiit Inrlc- foi demeure dans sa force. Celte lettre fut
meiil de l'afliclie injurieuse que Jean d'An- signée de Juvénal, des légats et de tous les
tinclie avait faite contre lui et contre tout le évèques.
Cuncile. Il conclut qu'il fui cité uni^ troisième Le concile rendit aussi compte au pape
Inis, afin qu'en cas de refus de sa part, on ne Céleslin de tout ce qui s'était fait tant contre
nt plus difliculté de le condamner comme Nestorius que contre Jean d'.Antioche. Il dit
calomniateur. de ce dernier et de ses com[)liccs « Nous :

Le concile députa pour celte citation trois avons pensé prononcer légitimement contre
évèquesavec un notaire, et leur donna un écrit eux la sentence cpi'ils ont prononcée illégiti-
contre Jean d'.\nlioche, portant des lors inter- mement contre Cyiille et .Memnon mais, nocr ;

dictior des fonctions épiscopales, et que si, vaincre la témérité de Jean par la patience,
ajui's Celte troisième citation, il refusait de nous avons réservé celle all'aire au jugement
venir au concile, on prononcerait contre lui de votre PiiHé, nous bornant jusque-là a les
selon les canons. Les députés trouvèrent devant excommunier et à les interdire, afin (]u'ils ne
la maison de Jean plusieurs ecclésiastiques qui puissent préjudicier à personne par leurs sen-
voulurent les maltraiter; mais ils en furent tences. Quant à nos trères Cyrille et Memnon,
empêchés par les soldats mèmeset par Asphale, nous communiquons avec pux, même de[iuis
prêtre de l'église d'Antioche, qui faisait à cette téméraire entreprise, et nous célébrons
Conslanlinople les affaires de son clergé. Jean, avec eux la liturgie et les synaxes car les ;

averti que les députés du concile le ileman- ridicules procéduiesde Jean et des siens ayant
daient, envoya son archidiacre h'ur présenter été annuir-es par l'crit, il ne restait que la ca-
i.'ii pajiier de la part des Orientaux. l,esilépu- lomnie et l'outrage. Kn ellet, «luelle apparence
tcs réinsèrent de s'en charger, sur quoi l'ar- de concile peuvent faire trente hommes, dont
chidiacre refusa aussi de les écouler. Ils se les uns sont entachés d'hérésie, les autres
retirèrent donc en signifiant à .\sphale et à un rejefés de l'Eglise"? Ouelle autorité peuvent-
autre prêtre ce qui était porté par l'écrit dont ils avoir cor.li* un concile assemblé de tout
le concile les avait chargés. Leur conduite fe.t l'univers? Car on voyait siéger parmi nous les
up|irouvée, et le concile, rempli d'une juste légats de votre Sainteté, qui, par leur pré-
indignation contre Jean d'Antioche, voulait sence.,nous ont gralilii'scle la voire et tenu la
prononcer contre lui et contre les ()rieiil;ui-c place de la Chaire apostiditiue. Votre Sainteté
!a même sentence de déposition qu'ils avaient s'indignera donc justement conti-e un tel
rendue contre saint Cyrille et Memuon. Mais uttenlat. Car, s'il est |)ermis à qui veut d'in-
ils crureiit qu'il valait mieux réserver cela au sulter aux grands sièges, et de lancer des
|ilus
juiiemenl du Pape, et se contenter pour le sentences iiiiipies ou plutôt des outrages contre
prêtent d'une punition moins sesêie. Aiiisi, il des hommes sur cpii l'on n'a aucun pouvoir,
«-•donna alin qu'ils ne pussent plus abuser du qui même ont eombaitu avec succès pour la
pouvoir de la dii;nité é|iiscopalc, qu'ils demeu- toi, lesallaiies de l'Eglise lomberont dans la
reraient retranchés de la communion eccli'-- dernieni confusion. Si au contraire, on n;-
.•iiaslique ju^iju'à ce ([u'ils reconnussent et primi' de |iai-eilles enti*'prises, toute espèce dl
confessassent leur faute , et qu'ils vinssent troubli- cessera, cttcuit le mcuide aura pourbl
rendre raison de leur cifiiduite au concile ; canons le respect convenable.
aj')utanl cpie, s'ils tardaient à lelaire, ils atti- Après (|u'on eut lu ilans le concile les
))

reraient sur eux toute la sévérilé des canons. actes de la di'|io-ition tles impies pélagiens et
Le concile dénrmima tous les évéïiues com|iri3 cèlesliens, Celestius, Pêluge, Julii-n, Perside,
doos cette sentence. Il y en a Irente-cinq, du Klorus, Muicellin. Or.'utius, nous avons trouvé
nomhre desquels est Tliéod(U'el. Il déclara en juste (]ue ee que Votre Sailileli- a défini par
même Ivui^s t^ue la prucùilure ixTé^ulicrc dei rapport à eux demeure feruie, nous bomme»
STB HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ttGUHK CATOOLlgUB
ait de ses actes ; mais la plupart ôe»
tous du mt'-me avis, et les tenons pour dépo qu'on
8és(l). I) D'après ces panilcs, il est à croire critiques jiensent qu'il faut lire le dernier
/lucsi les iit'Iagicns déposés, au lieu di; se join- juillet. 11 n'y fut (|ucstion que d'affaires parti-

dre à Nestorius, avaient reconnu leur erreur, culières. Lesévèi]uesdc Chypre se plaignirent

le concile eût intercédé pour eux auprès du


que l'évèque d'.\ntioche voulait s'arrof;er
Pape. Lccûncil 'joignit à celle letlrc les actes le^ordinations ipiscopales de leur ile. Comme
de tout ce quis^ctail passé, avcclcs signatures Jean d'Antioche n'èlail pas présent pour sou-
des évèqucs. tenir les droits qu'il pouvait avoir, le concile
Une sixième ?e:)?ion eut lieu le vinst-deux se contenta de décider en général Que si
:

juillet dans la maison é|iiscopnle de Memnon. l'évèque d'Antioche n'était point autorisé pai
Saint Cyrille y présidait, conune tcoaiil la lacoutiime à faire les ordinations en Chypre,
place du Pape. Lesa^:le^ grecs mettfiit ensuite comme les évèques de l'ile l'avaient déclara
les légats avant les autres éveipics, comme par écrit et de vive voix, ils seraient conservé*
dans les sessions précéd('nlcs dans sa Ira-
;
ilans la libre possession rie faire par eux-
duclion latine, Marins Mercalnr ne les met mêmes les ordinations des évèque», suivant
qu'aillés mais dans les souscriptions de tous
;
les canons et la coutume. La même chose sera

les exemplaires, le légat Anade souscrit après observée dans les autres provinces, en sorte
saint Cyrille, le légat Project après Juvénal qu'aucun évèque n'entreprenne sur une pro-
de Jérusalem, le légat l'iiilippe après Flavien vince qui ne lui est pas soumise de tout
de IMiilipi es en Macédoine. On a lieudepen- temps et si quelqu'un a fait quelque entre-
;

serque Marius Mercalor avait en vue, non pas prise par viulence, qu'il la répare, de peur
de marquer les rangs, mais de nommer d'a- que, sous prétexte du sacerdoce, il ne s'y in-
bord tous les Grecs, et de finir par les Latins : troduise le faste de la puissance séculière, et
ce qui le conlirme, c'est qu'il ne |ila(C les que nous ne perdions insensiblement la .'i-
trois légats du l'apc que même après Ije-sula, berlé que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a
diacre de Catliage. Quant à ce que l'ordre où acquise par son sang.
les légats souscrivent n'est pas toujours aliso- Le concile arrangea ainsi l'affaire d'Eus-
lumentle même, on peut croire que, les Pères tache. Il avait été canoniquement ordonné
du concile étant bien d'accoid, ou n'y regar- évèque de Side, métropole de Pamphilie. Mais
dait pas de si près et qu'on signait comme cela se sentant incapable de remplir les fonctions
se trouvait, ou lùen que les copistes se sont épiscopales au milieu des difficultés qui sur-
quelquefois permis d'intervertir l'ordre dans vinrent, il avait donné sa démission, et le
leurs transcriptions. concile de la province lui avait donné en suc-
La sixième session, hors l'aQaire particu- cesseur. En même temps, par la raison que les
lière qui semble y avoir donné lieu, n'est canons ne permettaient point •i un évèque ile
qu'une révision authentiquedecequeleconcile quitter son église, Eustache fut privé de la
avait fait dans la première. On y relui le sym- dignité épiscopale et même de la communion.
bolede Nicée, les tèmoignagesdes saints Pères, Ilvint se plaindre au concile de cette rigueur.
et enfin les extraits impies de Nestorius. Avant Après s'être bien informé de tout, le ctmcile
la lecture de ces dernières pièces, Cliarisius, lui rendit, non-seulement la communion, mais
prêtre de Philadelphie, en Lydie, dénonça une encore le nom
et le rang d'évêque. à la charge
exposition de loi nestorienne, envoyée de néanmoins de ne faire ni ordinalion, ni au-
Constantinople, et que l'on avait tait sous- cune fonction épiscopale de sa propre autorité.
crire comme catholique à quelques quarlo- Il jierinil même au concile de la province de
décimains qui voulaient rentw^r dansTliglise. le traiter encore plus charitablement, s'il le

Le concile défendit alors de [uoposer ou d'é- trouvaitconvenable.il recommanda aussi aux


crire aucune autre profession de foi que celle évèi|ues de Pamphilie et de Lycaoniedc tenir
de Nicée, et ordonna que ceux q>ii en ju-oiio- la main à l'orilonnance du concile de Omstan-
seraientipirlque autre à ceux qui V(uulrai('nt linople sous Sisinnius, contre les mcssaliena
se convertir du pauanisine, du jadai>nK', ou hérétiques qui étaient dans leur pays.
de quelque hérésie ijue ce soil, sei'aient dé- lieux évoques de Thracc, Eujirepiusde Bize
posés s'ils étaient évèijues ou clercs, cl ana- et Cyrille de Cèle, représentèrent au concile
Ihémalisés s'ils étaient laiipics. I*areillemeut, que, suivant une ancienne coutume de leur
si quelque évèque ou clerc est trouvé cruyant [irovince, chai|ue évèque avait deux ou trois
ou enseignant le contenu dans l'exiioMlion de evèchés; que l'évètiue d'IIéraclècavnit Heraclée
foi dénoncée par le preire Cliarisius, en ce qui et Pauion l'évèque deByze avait Byze et Xt~
;

regarde l'incarnation du Fils île l>ieu, le con- cadiopolis l'évèque de Cèle avait Celeel Galli>
;

cile lecondam-neà la depo>ilion, et les laïques polis que jamais ces villes n'avaient eu d'é-
;

à l'anathème. Cette exposilion de foi était de vêque particulier, en sorte que c'étaient des
Théodore de Moi>suesle, et elle fut cnsuile évêchés iterpétucUement unis. Ils ajoutèrent
réfutée par Marins Mercalor. que Frililas, évèque d'Héraclée, ayant quitté
La septième et dernière session du concile le concile pour s'attacher à Nestorius, il- irai-
dEphèse tut leiiue dans l'église de Sainte- gnaient que, pour se venger d'eux, il ne pré-
Marie, le dernier août, suivant l'unique texte tendit ordonner des évoques dans ces viTle»,

CO LftlibL-, (jUkUUUi
LIVRE TIŒNTB-NEUVIÈME. [i77

OÙ il n'y en avait point eaeore eu. Le concile, pour eux les soldats et les comtes. Les sessions
ayant é:iar<l à leur requête, autorisa l;i cou- du concile étaient finies, mais les intrigues de
tume particulière de leur province, et défen- cour ne l'étaient pas. Jean d'Antioche et les
litderien innover contre les canons et les autres partisans de Nestorius avaient écrit
lois civies, qui, d"a|irés l'ancienne coutume, jilusieurs lettres, non pas au Pape, mais à
avaient force de loi. Dans ce même concile l'empereur et à ses courtisans, pour leur ap-
d'Epiièse, Juvénal de Jéiusaiem [iréti'ndit s'at- prendre que le saint concile avait déposé (Cy-
tribuer la primauté de la Palestine, au préju- rille (lu .Memnon. Ce concile était, non pas les
dice de l'évèque de (^ésarée, qui n'y était point, deux cent dix ou vingt évèques assemblés à
et voulut appuyer ses prélenlioiis sur diver- l'église, mais les quarante scbismatiques réunis
ses pièces, qui furent trouvées fausses et sup- à l'auberge. Les comtes Candidien et Irénée
posées. Saint C\rille s'opposa constamment à lessecoiidaient de toutleur pouvoir ils étaient
:

cette entreprise, et en écrivit au Pajie, en le vivement pi(]ués de ce que les choses ne s'é-
priant avec instance de ne pas y consentir. Sa taient pas faites à leur gré. Le comte Irénée
lettre fut conservée dans les anliives de l'E- fit le voyage de Constantinople pour porter
glise romaine, comme nous rai)picnd saint les lettres des scbismatiques et plaider leur
Léon, vingt-deux ans apics. Cependant, il n'est cause. 11 avait été prévenu de Vrois jours par
pas question de cette allaire dans les actes du trois évèques députés du concile véritable.
concile ce qui montre que nous n'avons pa»
; La cour fut partagée. Un ministre des finan-
ces actes tout entiers. ces, lecointe Jean, se flatta de mettre tout le
EnfiD, le concile d'Ephèse dressa quelques monde d'accord parce moyen terme approu- :

canons, à la tête desquels est une lettre syno- ver à la fois la déposition de Nestorius, de Cy-
dale à toutes les églises, où sont marqués les rille et de .Memnon, comme faite par le mémo
noms des sciiismatiques attacliés à Jean d'An- concile, et puis obliger les autres évèques à se
tioche, au nombre de trente-cinq. La lettre réunir et à s'entendre sur la doctrine. Il fut
ajoute Le, saint concile, d'un commun con-
: chargé de la commission, et vint à Ephèsa
sentement, les a retranchés de toute commu- avec le comte Jacques, capitaine d'une com-
nion ecclésiastique, et leur a ôté toute fonction pagnie des gardes. Il ne fit qu'augmenter la
sacerdotale. Ensuite sont les canons pour faire confusion ([u'avaient causée déjà les comtes
savoir à ceux qui n'avaient pu assister au Candidien et Irénée. Après de vains elîorts
('(jncile c! qui avait été régie touciiaut ces pour amener une transaction impossible, il fit
scbismatiques. Le premier canon porte que le arrêter les trois déposés. Nestorius fut confié à
métropolitain qui aura quitté le concile œcu- la garde de sou ami Candidien ;Cyrille et
ménique au conciliabule schis-
i)Our s'attacher Memnon furent gardés par des soldats qui
niatique, ou qui sera dans les sentimenls de couchaient à la porte de leurs chambres il :

Cék'slius, ne pourra rien faire contre les évo- élait même question de les envoyer en exil.
ques de la province, étant excommunié et in- Les catbolwjues se plaignirent hautement de
terdit au contraire, il sera soumis aux mê-
; pareils procédés. Ils disaient aux comtes :
mes évèques et aux mélropolitains voisins. Voilà nos personnes, voilà nos églises, voilà
Les simples évèques qui ont embrassé le nos villes, vous êtes les maîtres mais il nous
;

schisme, suit d'alior'i,'^(ùt api es avoir souscrit est impossible de communiquer avecles Orien-
la déposition de Nestorius, sont reti aneliés du taux, si leur procédure calomnieuse cou lie
sacerdoce et déposiîs. I.esileics qui auront été nos collègues n'est cassée, et s'ils ne contes
interdits par Nestorius ou par ceux de son s 'lit la foi catholique. Us écrivirent à l'empe-
]>arli, à cause qu'ils tenaient les bons senti- reur <[u'oii l'avait indignement trompé en lui
ments, seront rétablis et, en général, les
; faisant accroire, comme on le voyait par sa
ilt-rcs qui adhèrent au coneile œcuménique ne lettre, que Cyrille et Memnon avaient été dé-
Bcront soumis en autune manière aux évèques posés par 11! concile comme Ne.storius. Ils lui
schisinatiiiues mais les clercs qui embrasse-
; repDseutaieut que si la déposition de Nesto-
ront le sciiisme ou les erreurs de Nestorius, rius était juste, comme l'empereur le recon-
ou celles deCélestius, sont déposés. Tous ceux naissait dans sa lettre, celle de Cyrille et de
qui, condamnés pour leurs fautes par le con- Memnon ne pouvait l'être car ils n'avaient
;

cile ou par leurs évèques, auraient été rétablis été atla(iues et calomniés par un petit nombre
;iar Nestorius ou ses adhérer.ls, demeureront de scbismatiques que pour avoir dépose Nes-
soumis à la sentence prononcée l'ontre eux. torius avec II! concile. Ils écrivirent encore
tjuieonque voudra s'op[)o>er, en qucbjue ma- beaucoup d'autres lettres aux catholiques de
nière que ce soit, ù, c(; qui a été ordonné par Constantinople ; mais elles ne produisaient
le saint concile d'Eithèse, sera déposé s'il est aucun résultat, attendu (lu'elles étaient in-
évèque ou clerc, ou privé de la communion si tercc[>tées en route par les mameuvres des
c'est un laïque. comtes et des autres partisans de Nestorius.
concile d'Ephèse s'était ainsi tenu
JjC ^^raiid Les choses en étaient au point à (AUistantino-
cl terminé d'une manière |tureinent ecdi-sias- ple, (pic le comte irénée eut le crédit de faire
lique, sans les (Ointes r'I les soldais de l'em- [millier la déposition de saint Cyrille dans la
•«Mcur au contraire, malgré les comtes elles
: grande église.
Boldats de l'enqiereur, il avait déposé Nesto- L'arrivée d'un mendiant ib'joua toutes •"•es
rius et interdit Jean d'Antioche, qui avaient memœuvros. Les Pérès du concile ayant re-
f. IT. .Tî
578 HISTOIRE UNIVEnSEIXE DE LfiOMSE CATIIOLIQCE
mnrqiié nu'on înterropinit li-iir^ lettres, les le «aint concile. Je lui ai dit encore
devant
coiifiripiit à moMiii.iiil, 'i'" l*'s «aclia dans
un tout le monde, pour -le Cy-
.soutenir le parti
un liàtdt creux. Etiinl iin ivù lieuifuseinent rille :Qui voulez-vous éi-nuln V -ix mille évè-
à Con.-^lnntinnjilc, il les ivmit aux évi'M|uf:<, au qui'S, ou un seul iuq>'i-? J'ai dit six milb', un

clori-'é. aux niil><>8 'li'smoiiasli-res, [niiliculif'.- com|danl ceux qui ilcpendent d'b métropoli-
remonl à Faint Dniniace. tains. Cela tenduit à avoir un ordre pour faire
Lr^nint iililit* s'clant mis en itrièro sur co venir des évèques, les iléjiulés du cuicilf, qui
sujet, uni^ voix tU'M'Pudue ilu riel lui oidonna expl ijuer.mt ce qui s'frl fuissié. L'rnq)ereur
de FOI tir de son monastire, où il éluit eiiicinaé m'a r.qio- du Vous ovi-z bien dit |>nei pour
:
;

depuis (luarante-lluit ans, sans en avoir voulu moi. Je sais ([uc remi.erf nr est atluclié .1 i»ieu
sortir, quoique l'enipoieur l'eût i-ouvimiI prié et au cuncil'-. d
n'i-couten» plu^ les hommes
d'assister aux processions (|ui so laisnienl à pervers, l'iiez donc jiour l'i inpi'reur et pour
l'occasion des tremlilemenls do terre. Il -oitit nous. Le|ieuple di- (.oi.sl.mtinop'.ti «'iM-ria tout
alors, et avec lui tous l'S moines de tous les il'une voix: .\d lln'meà N'^lorius (I)!
monastères, conduits par leurs abbés, llsinar- Le clergé de C<uist«iilinople préï<-ii(a en
clièront vers le palais, chaulant à deux chœurs; même temps à l'empeieur une repido non
elun grand peupif le catholiques les suivit. moins feimc (|ue respectueuse Non» u'iuuo- :

Quand turent arrivés, les abbés entrèrent


ils rons pas combien votre piété chérit li-.s saintes
dans le palais, ét;inl appelés par l'empereur : églises de Dieu, ainsi que la f<<i .sainte qu'on
les moines d'-meuièrenl dcluirsavecle peuple, y prêche et que vous avez reçue de vos jién';,
continuant i\ chanter des psaumes. Les abbés et conil)ieu vous avrz
f.iil |>onr elle Au^^i
sortirent après avoir reç;u une ré[ionse favo- pas à porter à vos orei le» le
n'hé..-itons-nous
rable. Tout le peuple s'écria Les (udres de : trouble actuel de l'Eylise. Car, eotr.- autre»
l'empereur! Les abbés répondirent Allons à : lois, la ri-ligiun nous cnmmaride d'idicir aux
l'éfilise de Saiul-Moeius, et on vous lira la lU'iiicipautés i.'t aux pui:-.>ances, tant (|ue celte

leltie du concile vous tipprendiez aussi la


: obéi-sauce parait utile aux âmes. Au delà, les
réponse de l'empereur. Us y arerent tous, les ititiTprèles des lois divines nous uvcilis'^ïnt
moines et le peuple. Le du min était |iar une qu'il faut user de liardiess*^, même à l'é;;iird
des grandes rues, etréi^lise de Sainl-.Mociusà de Votre .Majesté, d'autant plus qu'elle est re-
une extrémité de lu ville. Les moines nuir- haussée de kl foi orthodoxe il? nous rup|iel-
;

chaient toujours en chantant et portant des lentù tout moment ces |iuroles du p>jiunut:
fjerges; et ils arrivèrent au bout do la ville J'ai parlé en piési^ice des rois, et je ne rou-
en chantant le dernier psaume. Le peuple, les gissais pas ;et nous exhortent à user «h- cell<;
voyant passer, criait contre Nestorius. liberté tlaus l'ocoiuior.. Comme nou-> croyons
Quand ils lurent arrivés à i'éjçlise de Saint- celle occasion venue, en vous présentaot no-
Mocius, on lut la lettre du concile, et le peu- tre supplique, nous vous décluruif ouverte-
jde s'écria tout d'une voix Analhème à Nes- : ment nos ser.liments. à savoir Si Votre Ma- :

torius Saint Llalcuace monta à la tribune, et


I
jesté approuve la déposition de Cyrille et de
dit Si vous voulcx entendre, luibs silence,
: Memnon, faite par les schi^matique». nous
et soyez bien tranqvùUes, aliu que vous com- sommes prêts à no\is exposer tous, avec lecou-
preniez bien. L'empereur a lu la btlre qui jage qui sied à des chielieus,aux mêmes \>vn\i
vient de vous être lue, etcua éli. persuadé. Je que ces saints personnages; persuadés i|uc
lui avais dit, quand il vint mi' voir, qu'il fal- c'est leur rendre la récompense cunveoablo
lait écrire au saint concile, ce qu'un lui avait de ce qu'ils ont souiïert [M.ur 1 toi. Noussup-
1

dit; mais on ne l'a point écrit. Pour ne ]>as jilionsdoDC votre divinité d'«|'puyer le ju»;e-
le chaifriuer, j'ai laissé le reste, que ci-ux qui ment de ceux qui tout k- plu-> graud nombre,
lui ont lait le rapport u'oul pas déclaré. Je qui ont de leur coté i'aulurtle dcj Menés, et
lui ai donc dit ce qui conveuail, que je ne qui.apiê'< avoir examine »uigneusemeul la fui
puisa présent vous dire; car ne croyez pus orthi'doxc, uut ele du même avis que ce saint
que je veuille me taire valoir. Le Seiiiiicur homme, c'est-à-dire salut Cjfiille.tl n'«Lpi>sfez
brisera do ceux qui plaisent ar.x hom-
les os p;ks toute la terreà une cuufusiou (^-nerale,
mee. L'empereur '. entendu par ordie ml ce ( sous prétexte de pi ocuier la pan et d'> rapé-
qui s'est passé; il en a rendu grâce à Dieu, et clier la ?éparatiou d'uue (M-tile imrtie de l'O-
a approuvé la procédiue du concile, connue rient, qui ne se séparerait )>a9 >! elle voulait
il était digue de lui. Ce ue sont pas mes p;i- utiéir aux lauons. Lar si le tli«f du couciU
rolesqui l'oni per^uadé, mais il a suivi lu foi œcuménique soutire ccUe injure, elle s'eieM
de ses pères. Lutin il a reçu lu lettre comme à tous ceux (|ui sout de son avts il au.lr* ;

il fallait: il l'a lue, et y ajoutant fui, il a dit : que tous Ic.s évèques du monda soieul déposes
S'il en est ainsi, ijue les cvèques viennent. Je avec ces s.iinls persunnai:es, cl que le uom
lui ai dit ; Mn ne leur permet pas do vinir. d'orthodoxe demeure à Ariu^ et à Ennooiius.
Personne, m'a t-il dit, ne les empêche. Je lui Me siuillVcidonc pas que l'I^tlise qui vous a
ai dit On les ,h arrêtes. Du l'autre p.irli.plii-
: nourri îoil aiusi itechirée, ni que l'on voie des
•ieurs vont et viennent lilu cmcnl mais on ;
Uiailyrsvle Votre lemjkS mais imitez b pictt!
;

M permet pas de voua rappurt«i' ce ^uc lait de vuA aucclics, eu oLoâMut aa «onuk «t

(1} Ubb«. t. lU, p. in.


LIVRE TRENTE- NEirV'IÈME.
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«onlenant ses décrets par vos ordonnan- elle les
remercie de leur affection, les
ces (1). CTliort*
a demeurera Conslantinople
Les évêques qui étaient à Conslantinople, et à continuer de
'°""^'!.''<' ''-mpi^reur les fraudes des
au nomliie de sept, répondirent aux Pérès du On'i?
'^

concile par une lettre du 13 d'août


Orientaux. Comme
nous pensons, ajoutent-
431, où ils Us, que ce que nous vous avons
es fi'licitont de leurs soufTrancGs déjA écrit
pour Ja n est pas venu à votre
horrc cause, offrant de les aller trouver, connaissance, nous vous
ou en envoyons des copies, et
nous voiii prions
di; demeurer
à Conslantinople, selon iiue le con- aussi de nous faire savoir si
cile ordonnerait. Le cleruéde nos mémoires ont
Conslantinople, été rendus al empereur, afin
avantsaintDalma.-o ;\la lcte,leur écrivit aussi que, s'il ne les
a pas reçus, sache les artitices qu'on a em-
il
iNous avons, disent-ils, fait lire
publiquement ployés contre nous. Dans la lettre
ilans eghse vos lettres adressées à saint l)al-
1
ù l'empereur raaçe, le concile reconnaît
touchant la déposition deNestorius.Toui le que c'est à lui seul
peu- qu Ils ont l'obligation d'avoir
jdc va applaudi comme nous.et découvert la ve-
a fait plusieurs nte a I empereur, et ajoutent
aeclanialions à votre .louante et à Nous savons
:

celle des qu avant queNestorius vint à


empereurs. Nous vous j.rions de songer Constantinople,
désor- Dieu vous révéla ce qu'il avait dans
mais à réorganiser nolie éijlise; car c'est ,e cœur
la et vous disiez à tous ceux
seule chose qui reste» faire, ^ui venaient à votre
c'est-à-dire d'or- cellule : Prenez garde à vous, mes frères,
('««niier un évè(|uede Conslantinople. il
doit arriver en cette ville une
L'empereur, de son côté, expédia un méchante bête
ordre ^ beaucoup de gens par sa doc-
aux rveqiiçs des deux parfis, c'est-à-dire de trïneTsr'^
SNin de Jean d'Anlioche, d'envoyer
(,yri le et
Les Orientaux, de leur côté, députèrent
<J Kpliese cl'.aca'i
les .léputés qu'ils ju-eraient huit
eveques Jean d'Anlioche, Jean
a j.ropos pour venir à la cour :
de Damas.Hi-
l'instruire de meruis de Nicomédie, Paul d'Emèse,
vive VOIX Le coiuile en nomma
huit, snvoir •
Macaire
de Laodicée Apringius de Calcide,
le pridre Pl.ilii)pe, h'.oat
,lu pape, et sept évo- Théodoret
ques Arcade, un des dé|ailés
deCyret Hellade de Ptolémaide; de plus
:
d'Occident, Ju- Paul, Macaire, Apringius etThéo.loret
venal de Jérusalem, Flavien de étaient
Macédoine. encore chargés de représenter
Firmns de Cappadoe, Théodote personnelle-
d'Ancyre ment Acace de Bérée. Cyrus de Tyr.
Acace de Méliiine, Evoptius de Ptoléœaïde' Alexan-
dre dApamée et Alexandre
avec une procuration portant ordre d'Hiéraple La
premiè- :
procuration remise à ces députes
rement, de ne communiquer en est très-gé-
aucune ma- nérale et porta un plein pouvoir
nière avec Jean d'Anlioche et son de faire tout
conciliahuie ce qu ils jugeront A propos,
schismadque. Que si lemiiercur, ajoutent soit devant l'em-

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