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HISTOIRE GENERALE

AUTEURS SACRES
ET ECCLÉSIASTIQUES.
ANGERS. — IMPRIMERIE DE COSNIER ET LACHESE.
,

HISTOIRE GÉNÉRALE

AUTEURS SACRES
ET ECCLÉSIASTIQUES
yUI CONTIENT

I.EIK VIE,LE CATALOGUE, LA CRITIQUE, LE JUGEMENT, LA CHKONÙLOGJE, L'aXALYSE


ET LE DÉNOMBREMENT DES DIFFÉRENTES ÉDITIONS DE LEURS OUVRAGES;
t£ QU'ILS RENFERMENT DE PLUS INTÉRESSANT SUR LE DOGME, SUR LA MORALE ET SUR LA DISCIPLINE DE L'ÉGLISE ,

l'histoire DES CONCILES TANT GÉNÉRAUX QUE PARTICUUERS, ET LES ACTES CHOISIS DES MARTYRS

PARLER.P.DOMREMYGEILLIER
BënedlctiD Je ]'i C.iriBrr^'iitloii île S t-Vajiiies it .1.- Saii(t-H> ilul|jlie, Coailjutcur de Flavign».

NOUVELLE ÉDITION
SOIGNEUSEMENT HLVLE, COllUlGEE, COMPLETEE ET TERMINEE PAR UNE TABLE GENERALE DES .MATIERES

PAR 11. L'ABBÉ BAIZOIV, A\CIE\ DIRECTËIJR UE GRAND SÉMIKAIRE

llEDltl.

Al CLERliE CATHULlglE FKAM.'AIS


HONORÉE DES SUFFRAGES DE PLDSIEDRS ÉVtiiDES,

Des ennuiajepeDts dt plusieurs Vicaires Généraux, Diiectenis de SémiDaires et d'un grand nomlre de personnages distingues

de la France et des pajs étrangers.

TOME QUATORZIEME
(l)El'XlÈME l'AUTIK)

PAIUS
CHEZ LOUIS VIVES, LIHKAIRL-blDITLLlU
O, RUE UELAMBHE, Ti.

I8H3
5 391
TABLE
DES CHAPITRES, ARTICLES ET PARAGRAPHES

CONTENUS DANS LE XIV'' VOLUME.

XI» XII' ET XIII"^ SIECLES. Psjes


Piges Jacques, moine grec; [Gamenus. vers l'an
CHAPITRE I". Saint Anselme, archevêque de 1117...i;crivain latinl '.
. . . . 80
Cantorbérv, tlocleur de l'Eglise [écrivain ClIAP. Vil. Lambert, évéque dArras [1115];
latin, 1109] >
1 Bernard, archevêque de Tolède [1126);
de sa vie
AiiTici.E 1". Histfiire 1 Bernard de Cluny [1109]; Bernard de
AnT. 11. Dos écrits de saint Anselme ... 9 Saxe [HIO, écrivains latins] 85
i5 I. Traités du Monologue, du Prosloge et CHAP. VllI. Samt Yves, évéque de Chartres,
de la Trinité 9 [écrivain latin, 1115] 90
§ II. Traité de la Procession du Saint- .\RT. 1. Histoire de sa vie 90
Esprit ; dialogue sur la Chute du dia- Art. II. Ses écrits 93
ble; Pourquoi Dieu s'est fait honnne, et § I. Son Décret 93
quelques autiei opuscules 12 § II. De la Panormie. Elle est d'Yves de
§ ni. Traités de la Concorde de la pres- Chartres 98
cience, de la pre'destinrition et de la § Des Lettres d'Yves de Chartres ...
III. 99
grâce avec le libre arbitre ; du Pain !5 IV. Des Sermons d'Yves de Chartres. . . 122
azyme et du Pain fermenté, et autres § v. Dé quelque? ouvrages attribués à
oimsoules 17 Yves de Cliarlres 123
§ IV. Des Homélies de saint Anselme et de g VI. Du Microlngue ou Observations sur les
ses Méditations 20 rits et les offices ecclésiastiques 12i
§ V. Des Oraisons de saint Anselme, de ses CHAP. IX. Pascal II, pape [1118] 129
Hymnes et de sou Psautier 2S SUPPLEMENT. Les papes Gélase H [1119]; Cal-
§ VI. Des Lettres de saint Anselme. Livre lixle II [1124] 1089
premier 2S CHAP. X. Alexis Comnène, empereur [1118] ;
S VII. Lettres du deuxième livre 27 l'impératrice Irène; .\nne Comnène [après
§ vni. Lettres du troisième livre 28 l'an 1148]; Nicéphore Brieune [1137,
S IX. Lettres du quatrième livre 31 écrivains grecs) 1 39
I
X. Traité de la Paix et de la Concorde . 33 CHAP. XI. Nicélas Seidus, Eustrace, métropo-
§ XI Des ouvrages qui ne sont pas certai- litain de Nicée [écrivains grecs du xii=
nement de saint Anselme ou qui sont siècle] ; Pierre Grosulan, archevêque de
supposés 34 Milan [écrivain lalin du même temps] ;
§ XII. Suppléments des œuvres de saint Jean Fernus, Nicétas de Byzauce, Théo-
Anselme 37 dore Prodrome, Grégoire, abbé d'Oxia,
§ Jugement des
XIII. écrits de saint An- Eutlivnii;-s Zigabène [écrivains grecs du
selme. Editions qu'on en a faites. ... 'i2 xil- siècle] 148
CHAP. II. Fuliiirr, moine de Cantorbéry [1137); CHAP. XII. GeolTroi, abbé de la Trinité de
I. "1 I" ' V, ,|iie de Rochcster [1108, Vendôme (écrivain latin, 1132] 159
4.5 ClIAP. XlII. Pierre Alphonse, juif espagnol,
CHAI'. III - H i
-,abbé deCluny[U091; converti à la foi chrétienne [écrivain
lii t: ; !
,!• Saint-Hubert en Ar- latin du xir siècle] . . 170
ilnini i; " :
I
Hiillaume, archevêque de CHAP. XIV. Cosme de Prague )1125] ; Gisleberl,
li " .1 1 M n.iiifroi,abbé d'Epternac abbé de Westminster [1123]; Gilbert,
Il M. i i\ lin latin.s) .lO évéque de Limerick [1139] saint Oiton ;

ClIAl'. i\ . -1.-- In il , moi !,> C^mLlmix ou de Bamberg [1139]; Anselme île l.aim
l,rml.;..i, lli_! :
i,,l„ !,,,. i.JiMirl,,. de [1117]; Raiinbaud, prévôt de Sainl-.lraii
de Liège [vers 1158); Jean, mciin.' de
.lui,., MU illJ, . ,
1.^,UII , :!|l,- .... 59 Bèze (vers 1120]; Jean, diacre et nmmc
'. N\ Ldl.-'il ..Il 1,1, U..;!!, .Abl,-' •''' Saint- de .SainlOncii Amliroise, inoiiio du
:

Huf [vers 11151; liaudrj , nvèque de Saint-iin, \ii'


Il -ici.); Richard, ciu'-
Noyon (11181; le bieulieiireux Odon, dùial 111,1. iiv ,1,:, latins] 173
évéque de Cambrai flllS; Raoul Tor- CHAP.XV. riiii.i.i I, I il I lampes [Xli'sièel."];
taire, nioiiÉr vers 1111: WiMinr. abbé Fraiin..n,,iM..j .jAlili-liem (avant 1130];
.!. Saiiil-lllai-- ll.'i:. < ir. ,i,i l.il)i.-|. . Guillaume de ClKUn|ieaux, évéque de Chà-
'. VI. ll.lLm.. .;,l.|„ ,1, 1 l.r,, ,r , ...Tivain lons-.sur-Marne [1121, écrivains latins].. 188
CHAP. XVI. Gidberl, abbé de Nogent [écrivain
Nal^i.i.lr I latnil; lalin, 1124] 194
TABLE DES CHAPITRES.
Psges P,gc,
CHAP. XVII. Adam, chanoine de Biêaie [écri- Chartreuse des Portes Etienne de Chal-
;

vain latin du commencemeut du wi' met, moiue de la Chartreuse des Portes;


siècle] 201 Guignes II, prieur général de la Char-
CllAP. XVIII. Le vénérable Hildebert, évèqiie treuse; [Zaeharie, évèque du xii' siècle,
du Maus, ensuite archevêque de Tour» tous écrivains latins] 391
[écrivain latin, 1133 ou 11S4; -207 CHAP. XXXVI. Hervé, moine bénédictin [vers
Art. I. Histoire de sa vie 207 le milieu du xii' siècle]; Godeîroi, évo-
Art. II. Des écrits d'Hildebert 20S que do Chartres [1148]; Galfrède ou
S I. Des /.e»res d Hildebert 208 Geoffroi le Gros, moine de Tiron [1138];
g II. Des Sermons d'Hildebert 214 Eccard ou Eggohard, abbé de Saint-Lau-
^ m. Des opuscules d'Hildebert 217 rent d'Urageh; Eccard , chanoine régu-
§ IV. Des poèmes d'Hildebert 221 lier de Saint-Victor; Jerland ou Gerland,
g V. Autres opuscules d'Hildebert 223 chanoine régulier; Hugues de Ribomoud ;

§vi. Jugement des écrits d'Hildebert. Edi- Odou, abbé' de Saint-Rémy de Reims ;

tions qu'on en a faites 223 Osbert de Stokeclare; Hugues de Màcou,


CHAP. XIX.Marbode, évèque de Rennes [écri- évèque d'Auxerre [1151]; Geoffroi de
vain latin, 1123] 225 Loriole, archevêque de Bordeaux [1158];
CHAP. XX. Saint Etienne Hardinpr. abbé de Cî- Geoffroi de Breteuil; saint Oldegaire, ar-
teaux [1134] Frowin, abbé du Mont-
; chevêque de Tarragone Hermanu, abbé
;

des-Anges [vers l'an 1131]; Turpot [xii* de Saint-Martin de Tournay; Anselme,


siècle]; Siméon de Durham; Gotzelin, évèque d'Havelburg; [Henri de Saulteri,
moine de Cantorbéry [1130]; Hariulphe moine, vers l'an 1150; Jean, moine de
et Anscher Arnulpïie, évèque de Ro-
; Saint-Laurent de Liège, tous écrivains
chester [1124] Clarius, moine de Saiut- ; latins du xil» siècle] 402
Pierre-le-Vif Bérengose ou Bérengaude,
; CHAP. XXXVII. Saint Bernard, premier abbé
abbé de Saint-Maximin de Trêves; Ro- de Clairvaux, docteur de l'Eglise, [Père
dulphe ou Raoul, abbé de Saint-Trond de l'Eglise latine, 1153] 417
[1138, tous écrivains latins] 230 Art. I. Histoire de sa vie 417
CHAP. XXI. Hugues de Fleury [vers 1120] ; Art. il. Des écrits de saint Bernard 424
Florent Bravon, moine [1118] ; Pierre de g 1. De ses l.ethes 424
Hoiip-li^. prAvMt [1119]; Gilbert, évèque 8 11. Des cinq livres de ta Comidératiun . 4B0
il' ! .iimIii- : I <1 ilrif, de Bamberg ; Ebe- § m. Traité des Mœurs et des devoirs des
riiinl: I
moine saxon; [Ponce,
-iiimI. évéques 4fi6
.iliLi ,;;;i-:.ul
•.< Jean de Coutances
.~ ;
; § IV. Livre de la Réforme des clercs ... 467
iJro-ùii, i,udii;ul, 1138; Vivien, moine § V. Livre du Précepte et de la Dispense . 467
de l'rémoulré, tous écrivains latins] ... 242 g VI. Apologie de saint Bernard ... . 470
CHAP. XXII. Les papes Honorius [1130]; In- II § ni. Livre à la louange des chevaliers du
nocent II [1143]; Célestin H [1144]; Ln- Temple 472
cius II [1145]; Eugène [1153] m .... 251 § VIII.Traité des Degrés d'humilité et d'or-
CHAP. XXIII. Rupert, abbé de Tuy ou Duils gueil 474
[1135, écrivain latin] 280 g IX. Traité de l'Amour de Dieu 475
CHAP. XXIV. [Honoré ou Honorius, prêtre et g X. Traité de la Grâce et du Libre Arbitre. 476
scolastique de l'Eglise d'Autun, ensuite § XI. Traites du Baptême et contre les
solitaire, écrivain latin, vers l'an 113C]. 293 erreurs d'Abaillard 479
CHAP. XXV. [Etienne de Baugé, évèque d'Au- § XII. Vie de saint Malachie , archevêque
tun, vers 1136]; le bienheureux Guiges d'Irlande 480
ou Guiaues, cinquième prieur de la § XIII. Traité du Citant ou de la Correction
Chartreuse [1137. ecrivaius latins] ... 304 de l'Antiplionier 482
CHAP. SX VI. Guillaume de Malmesbury ou de g xiv. Des ouvrages de saint Bernard con-
Somer.-et [après 1143]; Heuri de Huug- tenus dans les tomes III et IV de l'édition
tington; Siujéon de Durham, moine bé- de dom Mabillon 483
iiédielin; Jean, prieur d'Hagustad [écri- § XV. Des ouvrages contenus dans les tomes
vains latins du milieu du xu* siècle] . . 311 Vet VI 489
CHAP. XXVII. Pierre Abaillard, abbé [1142], § XVI. De quelques écrits de saint Bernard
et HcHoisse, ahbesse du Paraclet [1164, publiés depuis cette édition 493
écrivains latins] 317 g XVII. Jugement des écrits de saint Ber-
CHAP. XXVllI. Gilbert de la Porrée, évèque de nard. Catalogue des éditions qu'on en a
Poitiers [1154]; Abandus ou Abbaudus, faites 497
abbé Francon, abbé d'AfQighem [1135];
; CHAP. XXXVIII. Pierre, surnommé le Véné-
Achard, moine de Clairvaux; Adalbert, rable, abbé de Cluny [écrivain latin,
moine bénédictin; [Gauthier, moiue de 115G] 500
Cluny, 1141, tous écrivains latins du CHAP. XXXIX. -Wibald, abbé de Slavelo et de
xil= siècle] 342 Corbie [écrivain latin, 1158] 525
CHAP. XXIX. Hugues, chanoine régulier de CHAP. XL. Chunon ou Conrad, abbé de Moury
Saint -Victor [écrivain latin, 1142] ... 347 eu Suisse [1188]; [Hermann, chanoine
CHAP. XXX. [Benoit, chanoine de Saint-Pierre, régulier de Cologne; Udascalque, 1151;
1143] Hugues Métellus, chanoine régu-
; Munio, évèque de Mondonhedo; Hugues,
lier de Tout [vers 1148, écrivains latins], 362 évèque de Porto; Girard, chanoine et
CBAP. XXXI. Orderic Vital, moine de Saint- curé, tous écrivains latins du xii' siècle]. 537
Evroul [écrivain latin du xii" siècle] . . 369 CHAP. XLI. Discours sur la théologie positive
CHAP. XXXII. Suger, abbé de Saint-Denis, mi- et scolastique 542
nistre d'Etiit et régent du royaume de CHAP. XLII. Pierre Lombard, évèque de Paris,
Fianif, [écrivain latin, 1151] 373 surnommé le Maître des Sentences [écri-
CHAP. j;XXlll. Alger, diacre et scolastique de vain latin, 1160] 547
Liège [écrivain latm, vers l'an 1132 ou Akt. I. Histoire de sa vie 547
1135] 379 .\HT. II. Des écrits de Pierre Lombard. Livre
CHAP. XXXIV Guillaume, abbe de Saint- des Sentences 549
Thierry, [écrivain latin, vers l'an 1150] . 38G g I. Du jiremier livre des Sentences. . . . 550
CHAP. XXXV. Robert PuUus, cardinal et chan- g II. Du deuxième livre des Sentences. . . 555
celier de l'Eglise romaine [vers 115u]
; g m. Du troisième livre des Sentences. . . 560
Bernard des Portes [1152] ; Jean de la § lY, Du quatrième livre des Sentences . . 562
TABLE DES CHAPITRES.

g V. Des aulres écrits de Pierre Lombard. 567 Vézelay, 1107; Isaac, abbé de l'Etoile,
CHAP. XLIU. Pierre de Poitiers, cliaucplier de 1169, écrivains latins] 691
l'Ealise de Paris [120ôJ; Pierre de Pui- CHAP. LXllI. [Richard, chanoine et prieur de
lier?, srai"' prieur de Cliiiiy [vers 1170]; Saint-Victor, 1173; Gilduin, prieur de
Pii'rro (le Poitiers, chanoine et cliantie Saint-Victor, 1155; Achard, prieur de
de l'Eglise de Paris [1197, tous écrivains Saint-Victor et ensuite évèqui- d'Avran-
latins) 568 ches, 1171 ; Ervise, abbé de Saint-Victor,
CH.\P. XLIV. Saint Etienne de Muret, institu- 1177; Guarin, abbé de Saint- Victor ,
teur de l'ordre de Grandmout [écrivain 1178; Odon, chanoine de Saint-Victor,
latin, 1124] 575 elensuite abbé de Saint-Père,après 1181,
CHAP. XLV. Pierre, diacre et bibliolliécairo de tous écrivains latins] 697
Mont-Ca--siu [écrivaiu latin, 11591. . . . ;i8o CHAP. LXIV. [Adam de Saint-Victor, écrivain
CHAP. XLVI. Le vénérable Godefroi, abbé des latin, 1177 713
Monts [llf.5; Aimon , abbé de Saint- Art. Des ouvrages d'Adam de Saint-Victor
i.

Pierre-sur-Dive Pierre , moine; Héri- ; autres que ses proses 715


bert, moine, écrivains latins du xil" siè- § l. Hymnesde saint Victor et deet officjs
cle] 5S7 saint Augustin dans le Br^uiViire Viclon». 716
CUAP. XLVII. Sainte Hildesarde, vierge, ab- § II. Summœ Britoms ou des Mois difficiles
besse du Mont-Saint-Ruperl [1178]; Eli- de la Bible 717
sabeth de Schnauge [llBS; Lebert on § III. Exposition sur tous les prologues de
Eebert ou Egbert , abbé de Saint-Flo- la Bible 721
rent de Schnauge, écrivains latins du § iv. De discrelioneani»ice,spiritusel mentis. 722
XII' siècle] 591 § V. Soliloque sur l'instruction de l'àme ou
CHAP. XLVill. Hugues, archevêque de Rouen de l'Instruction du disciple 723
[écrivain latin, H64] 600 g VI. Attributions douteuses 723
CHAP. XLIX. [Ulger, évêque d'Angers, écrivain g VII. Fausses attributions 724
latin, 115Î] 611 Akt. II. Des proses d'Adam de Saint-Victor,
CHAP. L. Arnaud de Bouneval [après 1154, et eu particulier de celles que M. Gau-
écrivain latin] 610 thier a découvertes] 725
CHAP. M. Le bienheureux -Elrède, abbé de CHAP. LXV. [Joscelin ou Josse, archevêque de
Riedval (1166]; Amédée de Constance Tours, vers 1173 ou 1174 ; Henri, archi-
[vers 1160, écrivains latins] 620 diacre de Salzbourg, 1174 Henri, arche- ;

CUAP. LH. [Garuier, chauoiue et sous-prieur vêque de Reims, 1175; Nicolas, moine
de Saint-Viclor de Paris, U6G; Odon , de Clairvaux et de Moutier-Ramey, 1175;
abbé ("e Morimond, llGl ; Faslrèdo, Nicolas, moine de Saint-Alban, 1187). . 730
abbé de Clairvaux, 1163; Jean Ciiilta, CHAP. LXVl. Raoul le Noir, moine de Saint-
abbé de Tarauca, 1164) Géroi!li, ]n-é\ùl ; Germtr; [Gauthier de Saint-Viclor, vers
de lleiclicrsperg [1169]; Folninr, piévùt; 1181 Godefroi ou Geoffroi de Viterbe,
;

Arnon, frère de Géroch [Wolbérou, ;


v.'r> ll'Jl, écrivains latins du XII' siècle]. 739
abbé de Saiut-Pantaléon 1167]; Rilinde , CHAI'. I .'. \ II. l'ii iif Comestor, chancelier de
et Herrade [1169, abbesses , écrivains '
. ; l'ins [1179; Guichard, ar-
latins du xil' siècle] 624 ; I N.m vers IISO; Pierre de
CHAP. LUI. Conférences d(î Théorien [grec] - il! il - .-oiip, cardinal, 1182; Roger,
I
\

avec les Arméniens [el les Syriens jaco- abbé de Saint-Euverte d'Orléans, 1182,
biles] 634 écrivains latins] 743
CHAP. LIV. Jean Cinnam; Michel Glycas ;
CHAP. LXVIll. Arnoul, évêque de Lisieux
Constantin Manassès; Nicéphore Bry en ne ;
[écrivain latin, 1182] 751
Isaac, catholique de la Grande-Arménie ;
CHAP. LXIX. Gratien, moine bénédictin [écri-
Nicétas de Constautinople; Conslautin vain latin, 1180] 760
Harménopule; Jean, falriarche d'Antio- CHAP. LXX. Pierre de Blois, archidiacre de
che; Arsène, moine du Mcnit-Atlios; An- Balh en Angleterre, écrivain latin, [vers
dronic Camalère; Uasil.; d'Arriil.-, .ircli.'- l'an 1200] 764
Téque de Thessa!o!ii.|iir l.n. chiNij- : CHAP. LXXl. [Alain, évêque d'Auxerre, 1186:
bergc, jialriarche (\r '..m-i.inl pli'; le bienheureux Pierre, huitième abbé de
Antoine Mélisse; Geor^Ts, iii,trn|,..liiain .Clairvaux, 1186; Robert de Thorigny,
de Corfou; Michel de Con^tantinople ; abbé du Monl-Saint-.Michel, 1186 ;'Ai-
Ale.xis Arislène; Siméon Loyothète; Nil meric, patriarche d'Anlioche, 1187; Jean
ou Nicolas Doxapater Tliéoi hanes Cé-
; Belelh, théologien de Paris, 1190, écri-
rameus; Alexandre, moine de Chypre ;
vains latins] 78*
Manuel Comnène, empereur [écrivains CHAP. LXXH. [Reynern-iii i;-- r. in.. me de
grecs du xii« siècle] (.11 Saint-Laurent d.' I ;: ilnride
CHAP. LV. Husues Etérien [écrivain grec du Marcy, abbé de II ni,, évê- '

xu* siècle] 657 que d'Albauo, c r<'ii: '. U--, l'iuitouin,


CHAP. LVl. Gauthier de Mauritanie ou de Mor- archevêque de Caiili.i h.ry. tlSS; Hoini-
tagne, évé<[ue de Laon [écrivain latin, cnrse, comte romain, 1190; Bernard,
1174) 659 abbé de Fontcanid, vers 1192; Bernard
CHAP. LVII. Saint Thomas Uoiket, archevêque Scptimel ou le Pauvre, vers 1192, tous
Oc Caulorbéry et martyr [écrivain latin, écrivains latins) 796
1170). ........ 661 CHAP. LXXIII. ILahoraut, cardinal, vers 1190;
CHAP. LVIIL Jean Petit, surnommé de Saris- Frnieng;inclouErmengard, 1192; Garnier,
béry [ou de Salisbury', évèquc de Char- cvèiinc lie l.a!i^'re^, ll'JS: (".r'olfroi, sous-
livs ,,-,iiv,iln latin, 11801 675 prieur des chan.iiiir .1. mimI. r.ariie en
(.11 Al'. l.l.\. l'irrrr de Celle, évéque de Char- Normandie, IVJx Saint-
li.-- i.Tiivain latin, 1187] 080 Victor, le mêu].- Il bable- 1

CHAP. I \. I'liiii||ie de Harvinge, surnommé de meut que le prm ni Mininc de ,|, ,

lloiiii.' - lispérancc, ordre de Prémonlré Sully,évêque de Paris, llix'.; Odon, évê-


H 1^71 : Ailam du même ordre [1180, écri- que de Toul, 1198 .Mexandre, abbé de ;

vaii.^ huMMj 683 Jumiéges, lïOO Matthieu de Vendi^me, ;

CHAP. I..\l. Je.jn, diacre de l'église de Latraii 1200; Thomas de Cilenux, vers 1200;
lécrivain latin, vers 11601 089 Jean Algrin, cardinal. 1137, écrivains la-
CHAP. I.XH. (Hugues de Poilier», moine de lins] 805

131
.c3
TABLE DES CHAPITRES.
Pages

CHAP. I.XXIV. Théodore Balsamon, patriarche § II. Lettres du livre second 968
d'Autioche [écrivain grec, vers le coiii- g Lettres des troisième et quatrième
III.

moucement du xm« siècle] 825 livres 974


CHAP. LXXV. Le bienheureux Joachim, abbé g IV. [Lettres du livre troisième pubhées
et fondateur de Flore en Calabre [1202 ;
depuis D. Ceillier] 975
Eustathe, archevêque de Thessalonii[ue, § v. Lettres du livre cinquième 976
écrivain grec sur la fin du xii« siècle] . 828 § VI. Lettres du livre sixième 080
CHAP. LXXVI. [Martin, prêtre, thanoine régu- g VII. Lettres du livre septième 986
lier dans le monastère de Saint-Isidore § vni. Lettres du livre huitième . . . . 995
de Léon, 1203; Gauthier de Gbàtillou, § IX. Lettres du livre neuvième .... 998
1200; saint Wilhelme ou Guillaume, abbé S X. Lettres du livre dixième 1004
de Saint-Thomas-du-Piiraclet, 1203; Ab- § XI. Lettres du livre onzième 1005
salon, archevêque de Lunden eu Suède, g xil-Lettres du livre douzième 100>
1201; Willelmus ou Guillaume dit Blan- § XIII.Lettres du livre treizième 1006
ches-Mains, archevêque de Reims, 1202 ; § XIV. Lettres du livre quatorzième. . . . 1006
•lean de Belmeis, archevêque de Lyon, g XV. Lettres du livre quinzième 1006
1202 Hugues V, dix-septième abbé de
;
S XVI. Lettres du livre seizième 1007
Cluny, 1207; Rostang, moine de Cluny; § svli. Autres lettres d'Innocent 1007
Baudouin , comte de Flandre, empe- Ar't. m. Des opuscules d'Innocent 1009
reur de Gonstantinople , 1204 Elias ; CHAP. LXXXIV. Guillaume d'Auvergne, évê-
de Coxida, septième abbé du monas- que de Paris [écrivain latin, 1248] ... 1019
tère des Dunes , 1203 Thomas Ro- ; CHAP. LXXXV. Conciles du xi= siècle i. . . . 1033
delius ou Rodolius, moine, 1203, écrivains Art. I. Conciles depuis l'an 1001 jusqu'à l'an

latins] 833 1031 1033


CHAP. LXXVIL Guibert, abbé de Gemblours Art. II. Conciles depuis l'an 1031 jusqu'à l'an
[écrivain latin, mort eu 1208] 862 1063 1046
CHAP. LXXVIIL [Alain de Lille, dit le Docteur Art. III. Conciles depuis l'an 1063 jusqu'à l'an
imiversel, 1203 ; Absalon, abbé de Spri- 1099 1063
nekirsbach 1203, Etienne, abbé de
, CHAP. LXXXVI. Conciles du xii» siècle. . . . 1075
Sainte-Geneviève de Paris, puis évèque Art. I. Conciles depuis l'an 1100 jusqu'à l'an
de Tournai, 1203; Adam, abbé de Per- 1153 1075
seigne dans le diocèse du Mans, 1203, Art. II. Conciles depuis l'an 1154 jusqu'à l'an
écrivains latins] 863 1166 1124
CHAP. LXXIX. [Pierre de Riïa. chanoine de Art. iii. Conciles depuis l'an 1166 jusqu'à l'.in
Reims, poète, vers 1209; Odon ou Eudes H7S 1133
de Sully, évêque de Paris, 1208; Gon- Art. IV. Troisième concile de Latran, on-
thier, moine de Cileaur, vers 1212; Hé,- zième général [1177-1178] 11H8
moine de Froidmont, 1212; Si-
lijiaiid, Art. V. Conciles depuis l'an 1190 jusqu'àl'an
cardi ou Sicard évêque de Crémone,
, 1200 1143
1214; Pierre de Vaux-Cernay, moine, CHAP. LXXXVII. Conciles du Xlli' siècle . . . 1145
vers 1218, écrivains latins] 88G Art. I. Conciles depuis l'an 1200 jusqu'à l'an
CHAP. LXXX. [Seize anonymes du su» siècle, 1212 1145
tous écrivains latins] 908 Art. II. Conciles depuis l'an 1212 jusqu'à l'an
CHAP. LXXXI. Les papes Anastase IV [1154] ;
1215 1157
Adrien IV [1159], et Alexandre in [1181]. 911 Art. m. Quatrième concile de Latran, dou-
CHAP. LXXXIl. Les papes Lucius HI [1185]; zième général [1215] 1160
Urbain ni [1127]; Grégoire VIII [1187]; Additions. Théodore Prodrome, Jean Zonare,
Clément III [1191] ; Célestin III [1198]. . 929 Nicélas de lîyznnce, Nicétas Choniate,
CHAP. LXXXIII. Innocent III, pape [de 1198 à Euthymius Zi-al.ène, Michel Glycas. . . 1173
1216] 9'iG Table analytique des matières 1179
Art. I. Histoire d'Innocent III 940 Table des additions faites par l'éditeur.
Art. II. Des Le«ces d'Innocent III 950 Table des notes principales.
§ 1. Lettres du livre premier 952

FIN DE LA TABLE DES CHAPITRES.


fXII' SIÈCLE.] CHAPITRE LV. — HUGUES ÉTÉRIEN.

CHAPITRE LV.

Hugues Etérien [écrivain grec].

1 Ce fut sous le règne de Manuel que Hu- relle, elle peut s'attacher à Dieu, comme lui
gues Etérien ' composa divers traités -, aux étant semblable, à raison de sa nature qui
instances et avec le secours de Léon son est spirituelle.
frère, qui servait d'interprète à ce prince à 4. 1) répond à ceux qui, fondés sur un pas-
la cour impériale. Hugues était né en Tos- sage du livre de la Sagesse ^ prétendaient
cane, d'où il passa à Constantinople, attiré que les âmes, placées dans une certaine ré-
sans doute par Léon son frère. gion, étaient envoyées, suivant leurs mé-
2. Son premier ouvrage a pour titre Du : rites, pour animer des corps plus ou moins
retour des âmes de l'enfer. 11 est dédié au parfaits que ce sentiment est contraire à ce
:

clergé de la ville de Pise, qui connaissant ses que saint Paul dit d'Esaii et de Jacob, qu'a-
talents, l'avait engagé à écrire sur cette ma- vant qu'ils fussent nés et avant qu'ils eussent
tière , et àcombattre ceux qui doutaient de fait aucun bien ni aucun mal, afin que le dé-
la vérité de la résurrection future et trou- cret de Dieu demeurât ferme selon son élec-
vaient mauvais que l'on offrit le saint sacri- tion éternelle, non à cause de leurs œuvres,
fice pour les défunts. L'estime que les Pisans mais à cause du choix de Dieu, il fut dit à
faisaient d'Etérieu parait bien clairement en Rébecca L'aîné sera assujetti au plus jeune ;
:

ce qu'ils lui disent dans leur lettre, que son que le sens du passage du livre de la Sagesse
ouvrage leur sera aussi précieux que s'il était n'a rien d'opposé à la doctrine établie par
de la composition de saint Augustin. [Cet saint Paul, puisque l'auteur reconnaît que
écrit est reproduit au tome CCII de la l'atro- s'il a été bon depuis sa naissance, sage, in-
logie, col. 167-22G7.] telhgent, c'a été par la grâce de Dieu, et que
Etérien crut qu'il ne pouvait rien faire
3. c'est à elle qu'il attribue ses progrès dans la
de mieux, sur un sujet aussi embarrassant ^ vertu.
que de recourir à ce qu'en avaient dit saint 5. Ensuite Etérien combat le sentiment de
Chrysostome, saint Ambroise,saintGrégaire, ceux qui pensent que l'âme vient par la gé-
saint Jérôme, saint Basile, saint Augustin, nération comme le corps, et fait voir que le •'

saint Hippolyte, saint Nil et quelques autres corps étant vicié avant que l'âme lui soit
pères grecs et latins. Il prit donc leurs pen- unie, elle participe à cette corruption aussi-
sées et emprunta souvent leurs propres pa- tôt après son union avec le corps ^ et que
roles. Il rapporte d'abord les opinions diUé- cette corruption tirant son principe du pre-
rentes touchant l'origine et la nature de mier homme, c'est-à-dire de sa désobéis-
l'âme *; fondé sur ce que nous lisons dans sance, plusieurs, comme le dit saint Paul, sont
l'Ecriture, que l'/iumme est fait <> l'image de devenus péciieurs par la désobéissance d'un seul.
Dieu, il dit que cela devant s'entendre de son Iln'importe que nous soyons engendrés par
âme, elle est un esprit raisonnable et immor- des parents en qui le baptême a etl'acé le pé-
tel, et cet esprit de vie que Dieu inspira sur ché originel, parce que le foyer de la concu-
la face de l'homme, après l'avoir l'orme d'ar- piscence n'est pas éteint par ce sacrement;
gile; qu'elle est invisible, soit dans le temps il reste toujours do la paille parmi le bon
qu'elle anime le corps, soit quand elle le grain, et le père n'engendre pas son lils se-
quitte; qu'elle est mais non pas de
de Dieu , lon qu'il a été régénéré , mais en ce qu'il a
la substance de Dieu, incorruptible; que été lui-même engendré selon la chair. L'au-
quoique spirituelle elle agit par les sens du
, teur convient qu'il n'est point aisé d'expli-
corps auquel elle est unie; qu'étant incorpo- quer^ comment l'âme, qui est une substance

' Voir sur Hugues Etérien la notice tirte de l.cbi- > Tom. XXll Bitliol. Pat., paj^. 11
cius et reproduite au tome GGII de la falrolwju • Ibid., cap. 1. — * Cap. ii.

col. »6S-lb8. (Ltdileur.) t Ibid. — • Cap. IV. — ' Cap. v.

XIV.
658 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
spiritaelle, est unie au corps qui est maté- fut invité par l'empereur Manuel Comnène à
riel, et que que l'on en peut dire,
tout ce lui donner des preuves du sentiment de l'E-
c'est qu'elle est dans le corps comme le so- glise latine touchant la procession du Saint-
leil dans l'air; qu'elle n'est dans le corps ni Esprit. Il montra en présence de ce prince
localement ni corporellemenl, mais par son que les pères grecs mêmes, comme saint
action en l'animant et le gouvernant '.
, Basile, saint Athanase et saint Cyrille d'.\-
6. Il prouve l'immortalité de l'àme^ par le lexandrie, reconnaissaient dans leurs écrits
sacrifice que les martyrs et les autres saints que le Saint-Esprit procédait du Fils comme
ont fait de leur corps, persuadés que leur du Pcre. Il s'aperçut sans beaucoup de peine
âme lui survivrait; par les miracles qu'ils ont que l'empereur trouverait bon qu'il rendît
opérés après leur mort, par la vénération publiques les preuves qu'il lui avait allé-
qu'on a pour leurs reliques et leurs tom- guées, et il y fut encore excité par les évê-
beaux; par diverses visions rapportées dans ques d'Ostie, de Porto, et par le cardinal de
les Dialogues de saint Grégoire^; parles qua- Saint-Jean et de Saint-Paul. Hugues adressa
lités et les prérogatives de l'âme; par la di- son traité au pape Alexandre II!, qui l'en re-
gnité de sa substance créée à l'image de mercia par une lettre, où après avoir loué
Dieu; par l'éternité des récompenses ou des son ouvrage, il l'exhorte à engager ce prince
peines qui l'attendent dans l'autre vie, selon à aimer et respecter l'Eglise romaine, et à
que l'homme aura bien ou mal vécu en travailler à la réunion des brebis dispersées,
celle-ci *. 11 s'étend sur ce dernier article ^, afin que comme il n'y a qu'un pasteur, il n'y
et traite des peines de l'enfer, des moyens ait aussi qu'un bercail.
de les éviter par la pénitence, de l'usage 9. Ceux d'entre les anciens écrivains grecs'
et de l'utilité de la prière pour les morts, qui ne pensaient pas que le Saint-Esprit pro-
qu'il autorise du témoignage du second livre cédât du Père et du Fils, alléguaient pour
des Machabées et de la pratique de l'Eglise. raison ne se peut qu'une même chose
'". qu'il
7. Il s'objecte que Jésus-Christ, les apôtres ait deux principes, ni que deux principes
et leurs successeurs ^, n'ont point ordonné de produisent une même chose. Hugues ré-
pi'ier pour les morts; à quoi il répond que pond que le Père et le Fils ne sont pas deux
l'Eglise observe beaucoup de choses que l'on principes, mais un seul et le même, ni deux
peut regarder comme nécessaires, quoique choses ditïérentes, mais une, comme ils ne
elles ne soient point prescrites dans les Ecri- sont qu'un seul et même Dieu; qu'ainsi ce
tures saintes, et que l'on ne pourrait négliger qui procède d'eux ne procède pas de deux
sans blesser la foi annoncée par l'Evangile. principes, mais d'un seul qui est Dieu. 11 re-
11 met de ce nombre le signe de la croix que jette tous les exemples tirés des natures
l'on fait sur le front, l'usage de se tourner créées, disant qu'il n'y a aucune proportion
vers l'orient pendant la prière, les paroles entre elles et la nature divine que quoique ;

mystiques pour la sanctification du pain de le Père et le Fils soient deux personnes dis-
vie, lu bénédiction de l'eau du baptême et tinguées l'une de l'autre, ce ne sont néan-
du chrême, la triple immersion dans l'eau, moins qu'une même nature ", conséquem-
et quelques autres lits semblables, qui nous ment qu'un principe du Saint-Esprit. Hugues
sont venus par la tiadition des apôtres, soit se sert du terme de cause, pour marquer la
de vive voix, soit par écrit, tels qu'est encore procession du Saint-Esprit des deux pre-
la prière pour les morts. 11 invective contre mières personnes de la sainte Trinité mais :

ceux qui se laissent aller à des pleurs et à il est assez ordinaire aux Grecs de confondre

des regrets excessifs pour les défunts ", les termes de cause, d'origine, de principe.
comme s'ils ne devaient pas ressusciter un Pour répondre aux autres objections, il pose
jour d'où il prend occasion d'étabhr la foi
; un principe certain dans la théologie '-, que
de la résurrection par l'autorité des divines ce n'est pas en ce que le Père est distingué
Ecritures, et la venue de l'Antéchrist qui du Fils, qu'il produit le Saint-Esprit, mais en
doit précéder la résurrection générale. ce qui lui est commun avec le Fils, c'est-à-
8. Hugues Etérien, étant à Gonstantinople^, dire par la nature divine. Etérien dit à la fin

'
Ca[j. VI. —
2 Gap. vu. 8 Tom. XXII BMiut. Pat., pa?. 1198.
' Cap. vin. —
' Cap. IX.
9 Ibid., pag. 1199. — "> Cap. iH, iv.
'^
Cap. X, XI, XII f;t seq. " Cap. V. —'- Cap. VII.
« Cap. XIII, XIV. —
^ Cap. xix,
xx et seq.
Ixii'siÈci.E.] CHAPITRE LVI. —GAUTHIER DE MAURITANIE, ÉVÈQUE DE LAON. 639

du premier livre ', qu'il avait été aidé de 1 1 Dans la préface du troisième livre ^
.

Léon sou frère, secrétaire et inlerpièle de Hugues dit qu'il le composa aux désirs, non-
l'empereur Comnène, mais qu'étant parti seulement de son frère, mais aussi d'un de'
pour l'Asie avec ce prince, il ne pourrait ses amis très-instruit dans les beaux-arts,
tirer de lui aucun secours pour les livres nommé Galciaréda. Ce ne sont dans les pre-
suivants. miers chapitres que des raisonnements sur
10. Ce fut toutefois aux instances de Léon l'unité de la nature de Dieu, la trinité des
qu'il travailla au second et au troisième livre personnes, la génération du Fils et la pro-
qui lui sont dédiés -. Hugues commence le cession du Saint-Esprit ensuite il rapporte :

second livre par rapporter les divers seuti- beaucoup de passages de l'Ecriture sur cette
inents des philosophes, dont uns croyaient les matière et après avoir expliqué les termes
;

le monde éternel engendré. Le


; les autres dont les Grecs se servent en parlant de la
sien est que le monde
de Dieu. est l'ouvrage procession du Saint-Esprit*, il fait voir qu'ils
Ensuite après avoir réfuté les objections ou reconnaissaient comme les Latins que le
plutôt les sopliismes de Nicélas de Byzance ^, Saint-Esprit procède également du Père et
de l'évoque de Méthone, de Tliéopliylacte, du Fils. 11 s'arrête parliculièremenl à saint
archevêque de Bulgarie, et de Pholius il ; Athanase, à saint Cyrille d'Alexandrie et à
donne, d'après saint Chrysostome et saint saint Epiphane, et fait voir contre Nicétas de
Cyrille, le vrai sens des passages dont ces Byzance, que leur doctrine sur la procession
écrivains abusaient pour contester la proces- du Saint-Esprit est la même que celle de
sion du Saint-Esprit du Fils comme du Père. saint Grégoire le Grand, et des autres pères
Il allègue aussi contre eux saint Athanase de l'Eglise latine. Il remarque en passant
et saint Basile *, qui enseignent claiiement que les Grecs n'avaient pas traduit fidèle-
que le Saint-Esprit procède du Père et du ment l'endroit où ce saint pape a parlé de la
Fils. procession du Saint-Esprit'.

CHAPITRE LVI.

Gauthier de Mauritanie, ou de Mortagne, évêque de Laon.

[Ecrivain latin, 1174.]

i. Gauthier enseigna avec réputation la cile de Tours. Il mourut l'an 1 17-i, et fut en-
rhétorique au Mont de Sainte-Geneviève, à terré dans de Saint-Martin. Son épi-
l'église

Paris, depuis l'an H36 jusqu'en 1148 '; Jean taphe est rapportée dans le neuvième tome
de Sarisbéry fut un de ses écoliers : ensuite de la Gaule chrétienne ^.
il professa la philosophie, puis la théologie 2. Ses lettres ont été recueillies '" par dom
en la même Duboulay parle de ses let-
ville. Luc d'Achéry, el imprimées dans le second
tres et de ses dans V Histoire du x\"
traités tome du Spicilége elles se trouvent aussi
:

sif'cle di; Il pariiit que


l'Université de Paris. dans Vllistoirc de l'Université de Paris, par
Gauthier tint aussi les écoles de Laon. Après Duboulai, sur l'an H20; la première est
avoir été chanoine de la cathi'drale, il en fut adressée à un moine nommé Guillaume ",
doyen, et ensuite évêque, l'an ll.").'j, à la qui ne croyait pas que les enfants baptisés
mort d'un autre Gauthier son prédécesseur : avant l'âge de discrétion par les hérétiques,
en 1139, il fut présent à l'accommodement reçussent la grâce du baptême. Gauthier
(]iii se lit entre Odon, abbé de Saint-Denis, et prouve que la qualité du ministre n'inilue
Hugues, comte deRociac, et en llt)3 au con- pas dans l'effet du bapléme, p'arce que c'est

' Cap. .x-i. — ' Pa2. 1», 15, cu). « Gitllia chri.itiniin., loin. IX, i

' Cap. m, IV, V, VI el seq. » Ibid.


' Cap. XX. " Cap. — I cl seq. I" Toiii. Il Spicileg , yian. iSS.
« Cap. XX et Beq. — ' Cap. xxi. " Epùl. 1.
660 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Dieu, c'esl Jésus-Christ qui baptise, qui con- plutôt qu'en un autre ; elle est partout dans
firme, qui opère la grâce de l'un et de l'au- le ciel et sur la terre.
tre sacrement. 11 allègue sur cela l'exemple 5. Un autre docteur, appelé Albéric, avait
de Judas, qui ayant leçu comme les autres avancé que Jésus-Christ n'avait en aucune
apôtres la grâce des miracles, de lier et de manière ^ appréhendé la mort, et qu'au mo-
délier, n'en fut pas privé tandis qu'il de- ment de sa passion il n'avait ressenti aucun
meura avec le Seigneur, quoique dans son trouble ni tristesse. Gauthier montre d'abord
cœur il l'eût déjà trahi de Caïphe, qui pro-
; que Jésus-Christ s'était assujetti à toutes les
phétisa par le privilège attaché à sa dignité infirmités de la nature humaine, excepté le
de pontife, quoiqu'il en fût indigne; des scri- péché ensuite il rapporte les passages de
:

bes et des pharisiens, à qui leurs mauvaises l'Evangile où le Sauveur lui-même nous ap-
mœurs n'ôtèrent pas le pouvoir que leur prend que son âme fut agitée de trouble à la
donnait le droit de s'asseoir sur la chaire de résurrection de Lazare; qu'aux approches de
Moïse; enfin l'autorité de saint Augustin, du sa passion, il commença à s'attrister, que son
pape Nicolas I", qui ont reconnu pour bon âme fut triste jusqu'à la mort, et que la
tout baptême donné au nom de la sainte Tri- frayeur qu'il en avait lui fit demander à son
nité, eût-il été conféré par un adultère, un père de l'en délivrer, s'il était possible. Aux
homicide, un païen même. témoignages de l'Ecriture, Gauthier ajoute
3. Dans la seconde ', Gauthier traite du ceux des pères de l'Eghse, qui enseignent
mystère de l'incarnation, à l'occasion d'une unanimement que Jésus-Christ a craint la
proposition qu'il avait avancée, où il disait mort, et que les sentiments de trouble et de
que l'homme pris par le Verbe est Dieu. Il tristesse ont eu lieu en lui comme en nous,
fait entendre que de semblables propositions avec cette différence qu'il était le maître de
qui sont assez ordinaires, ne signifient autre les pas ressentir, et qu'ils dépendaient de sa
chose, sinon que l'homme, c'est-à-dire le volonté, au lieu qu'ils sont une suite de la
corps et l'âme auxquels le Verbe s'est uni, corruption de notre nature. 11 cite quelques
est Dieu, parce que l'union des deux natu- pères qui semblent avoir dit que Jésus-Christ
res, de l'humanité et de la divinité, s'est faite ne craignait pas la mort, et pour les conci-
en une seule personne qui est Dieu ; mais il lier avec ceux qui disaient nettement qu'il
ajoute que cette union s'étant faite sans le l'avait appréhendée, il distingue entre une
mélange ni la confusion des deux natures, crainte excessive et une crainte modérée, telle
on ne peut dire séparément que la nature que celle qu'eut le prophète Elle à l'égard de
humaine est Dieu, ni que la nature divine est Jézabel dont il craignait la cruauté, et que
homme, l'une de ces deux natures ne pou- celle qu'avait saint Paul d'être livré aux Juifs.
vant être changée en l'autre au lieu qu'on ; C'est celte crainte modérée qu'avait Jésus-
dit bien en vertu de l'union personnelle des Christ. 11 n'eut une crainte excessive ni de

deux natures, Jésus-Christ a toujours été, il la mort, ni des agitations, ni des tristesses
est éternel ce qui ne signifie pas que le Fils
; véhémentes.
de Dieu ait toujours été homme, mais que 6. La cinquième lettre * est adressée à
celui qui s'est lait homme dans le temps a Pierre Abaillard, à qui Gauthier se plaint de
toujours été. quelques discours que ses disciples répan-
4. Par la troisième lettre -, Gauthier réfute daient dans le public. Ils disaient entre au-
lesentiment d'un docteur nommé Thierry, tres que leur maître était si subtile, qu'il
qui assurait que Dieu était partout par sa connaissait parfaitement comment l'essence
puissance, mais non par son essence. Il divine était une en trois personnes, comment
montre que cette proposition se détruit d'elle- le Fils était engendré du Père, et comment
même, puisque Dieu ne pourrait exercer sa le Saint-Esprit procédait du Père et du Fils.
puissance partout, s'il n'était partout essen- Gauthier avait peine d'ajouter foi à ces dis-
tiefiemenl. Dira-t-on d'un roi puissant qu'il cours, parce qu'il arrive souvent que les dis-
est par tout son royaume, parce que sa vo- ciples prenant mal les sentiments de leurs
lonté est exécutée dans toutes les villes de maîtres, s'en éloignent par ignorance, ou
ses Etats? D'ailleurs l'essence divine est in- donnant dans des nouveautés, cherchent tou-
circonscriptible, et ne peut être dans un lieu tefois à s'appuyer sur l'autorité de ceux dont

Epist. 2. — » Epist. 3. Epht. 5.


(Xll' SIÈCLE CHAPITRE LVII. — SAINT THOMAS BECRET, ARCHEVÊQUE. 661

ilsont pris les leçons. Cependant étant tombé avait adressé son traité de l'Ame de Jésus-
sur la première partie d'un traité d'Abaillard, Christ. Hugues y disait que l'âme de Jésus-
intitulé Livre de Théologie, il y fait ces re-
: Christ avait une science égale à celle de la
marques Ce docteur promettait d'exposer
: nature divine. Gauthier le reprend en ami
dans une autre partie de ce traité la manière du peu d'exactitude de cette proposition, et
dont le Fils est engendré du Père, et dont le distinguant dans Jésus-Christ les deux natu-
Saint-Esprit procède des deux; il y disait en- res, il dit qu'étant selon sa nature divine
core que dans une introduction à l'intelli- égal à son Père, il a selon la même nature
gence des divines Ecritures, il suivait plutôt tout ce Père a lui-même, et consé-
que le

ses opinions particulières que la vérité du quemment plénitude de la science mais


la ;

texte. 11 y enseignait aussi que la puissance qu'étant moindre que le Père selon la nature
du Père était la plus grande, et celle du Fils humaine, il a aussi une science inférieure à
la moindre. Ce sont là les erreurs que Cau- la sienne. Cette lettre ne sepas à la suite lit

thier réfute dans cette lettre. 11 demande à des autres dans parce qu'elle
le Spicilége,

Abaillard s'il est arrivé à aucun interprète avait été imprimée dans les notes de dom
catholique de proposer ses opinions particu- Mathoud sur Robert Pullus, page 332 ^ au :

lières au lieu de la vérité ? Il lui fait voir par lieu de Gauthier on y lit Guillaume, ce qui
l'autorité de l'Ecriture, que Tonne peut sans vient de ce que son nom n'était marqué dans
témérité enseigner que la toute-puissance du le manuscrit que par la lettre initiale de son
Père est plus grande que celle du Fils, puis- nom G. Duboulai fait la même faute dans
que le Fils est égal à son Père, et un avec V/Jistoire de l'Académie de Paris, sur l'année
passer pour une sotte vanité, même
lui. Jl t'ait 1120, tom. II, p. 64.
pour une folie, dont il a peine à le croire ca- Le nom entier de Gauthier de Maurita-
8.
pable, qu'un homme en cette vie puisse se nie ou Mortagne ^ se trouve dans un acte de
llatter de connaître parfaitement le mystère donation en Hr52 à l'éghse de Pré-
qu'il Gt

de la sainte Trinité Qui pourra, dit le pio-


: montré. en est parlé dans le catalogue des
Il

phète, en parlant de la génération du Verbe, doyens de la cathédrale de Laon, à la suite


la raconter? N'est-il pas dit dans l'Evangile, des ouvrages de Guiberl de Nogenl les let- :

que personne ne connaît le Père, sinon le Fils, tres de Gauthier sont écrites avec élégance,
et celui à qui il voudra bien le révéler? les raisonnements en sont solides et proposés
7. La sixième lettre de Gauthier ' est une avec beaucoup de netteté.
réponse à Hugues de Saint-Victor, qui lui

CHAPITRE LVII.

Saint Thomas Becket, archevêque de Gantorbéry et martyr

[Ecrivain latin, 1170.]

,Mn„ 1. Saint Thomas naquit à Londres, l'an Londres à Oxfort, et de là à Paris, où il ap-
°BKk°.'i 1117, le 21 décembre, fête de saint Thomas, prit aussi la langue française *, alors en

apôtre ', dont on lui donna le nom. Son père usage à la cour de Londres.
se nommait Gilbort, ?a mère Mathilde. Dès 2. D'un esprit excellent et bien cultivé,

son bas ûge on lui apprit à craindre Dieu, et aussitôt son retour en Angleterre ses amis le
à avoir de la dévotion à la sainte Vierge. En firent connaître à Thibaud, archevêque de
état d'étudier les belles-lettres, il passa de Gantorbéry ', qui le mit dans son conseil. En

' Kpisl. 6, Not. ad Robert. Pullum, [ja;;. 33â. du saiut uiartyr, publiée par l'abbé Darboy, depuis
» Toin,
11, pag. 6*. évôfiue de Nancy, <'l uininteuaul archevêque uoiiimè
» Ad
finem oper. Guib., pag. 818. de Paris, Paris, 2 volumes in-S». {L'cdilcur.)
» Voir sur saint Thomas, ses dillérenlea Vies pu- ' Thom., Vila quadriparlil., lib. I, cap. i.

bliées par le docteur Giles, et reproduites au tome • Ul).... Epist. 108.

CXG de la l'alroloijie. Voyez aussi rexcelleute histoire ' Viia, cap. n.


HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ce temps-là tout le clergé se plaignait haute- en cette ville par le pape Alexandre IIl, pour
ment de la tyrannie de Henri, évêque de le 19 mai, qui était l'octave de la Pentecôte.
Wincliester, frère du roi Etienne, et légat du Le pape le reçut avec beaucoup d'amitié, et
Saint-Siège. Thomas fut député à Rome, et contre l'usage de l'Eglise romaine, les cardi-
sur ses remonlrances le légat déposé : le naux allèrent le recevoir hors de la ville. Il
pape Célestin revêtit de cette dignité l'ar- y demeura quelques jours après le concile,
chevêque de Cantorbéry. Thomas fit d'autres et fit renouveler par le pape les privilèges de
voyages à Rome pour les affaires de l'Eglise, son église.
et toujours avec succès. Pour les manier 6. Par une coutume abusive, les rois d'An-
avec plus d'habileté, il étudia le droit civil à gleterre retenaient à leur volonté les revenus
Bologne. des èvêchés et des monastères vacants ^, ap-
[ail 3. Thibaud donna à Thomas l'archidiaconé pliquant au fisc le patrimoine de Jésus-Christ
i-rre' de Cautorbéry, vacant par la promotion de et les biens des pauvres. De cet abus il en
i m Roger à l'archevêché d'York, en Ho4; et à arrivait un autre, qui était de prolonger la
l'avènement de Henri II à la couronne, ce vacance de ces bénéfices pendant plusieurs
prélat l'engagea à le prendre pour son chan- années. L'archevêque Thomas fit là-dessus
celier '. Thomas s'appliqua à gagner les bon- ses remontrances au roi, et lui persuada de
nes grâces du roi son maître, et par ses remplir les èvêchés de Worchester et d'Her-
grands services il en mérita la confiance. ford, vacants depuis quelques temps.
Aussi fut-ce à lui que ce prince commit l'é- 7. Se trouvant trop chargé des soins que
ducation du jeune Henri, son fils et son hé- lui occasionnait sa dignité d'archevêque et
ritier présomptif. de primat du royaume ^, il renvoya les sceaux
rhoi- 4. Ses occupations toutes séculières, sa ta- au roi, le priant de pourvoir à la charge de
orTé" ble, ses ameublements somptueux, son sé- chancelier. Ce prince s'en offensa, croyant
jour à la cour -, n'avaient aucun rapport à que Thomas ne renonçait à la chancellerie
la conduite que l'on exige ordinairement de que par aversion personnelle pour lui mais :

ceux que l'on veut élever aux premières di- ce qui augmenta son mécontentement, fut
gnités de l'Eglise. Cependant l'archevêque un différend survenu au sujet de la juri-
Thibaud étant mort en 1162, le roi et toute diction ecclésiastique. Dans une assemblée
la cour jetèrent les yeux sur Thomas pour tenue à Londres, le roi dit aux évêques, que
remplir le siège vacant de Cantorbéry. Il pour réprimer les crimes commis par des
s'en défendit, et entre autres raisous de refu- clercs, il était nécessaire qu'après avoir été
ser cette dignité, il allégua qu'elle serait au déposés, ils fussent livrés au bras sécuher,

roi une occasion de lui ôter bientôt son ami- et soumis aux peines corporelles. Les évê-
tié. « Vous faites, lui dit-il, sur l'Eglise, des ques représentèrent à ce prince que cette
entreprises que je ne pourrai soutfrir ; les jurisprudence était contraire aux canons et
envieux en profiteront et mettront entre nous à la liberté ecclésiastique, et conjurèrent le

une division éternelle. » Le roi, ferme dans roi de ne pas l'introduire dans le royaume.
son dessein, le fit connaître aux moines de Le roi leur demanda s'ils voulaient observer
Cantorbéry et au clergé. On procéda à l'é- les coutumes de son royaume. Ils répondi-
lection, Thomas fut choisi, et ordonné prê- rent qu'ils les observeraient, sauf leur ordre,
tre le samedi d'après la Pentecôte, second c'est-à-dire les droits de l'épiscopat. L'arche-
jour de juin 1162, et sacré évêque le lende- vêque de Cantorbéry ', qui avait été l'âme
main dimanche, dans la quarante-quatrième de cette assemblée, voyant le roi irrité de la
année de son âge. clause , sauf notre ordre , alla trouver ce
dùiie 3. Faisant alors de sérieuses réflexions sur prince à Oxfort, et lui promit de supprimer
i. la sainteté de l'état qu'il venait d'embrasser 3, ce terme qui le choquait. Le roi parut un
il renonça à toutes les pompes du siècle, se peu adouci, mais il voulut qu'on lui permît
revêtit de l'habit monastique, porta un cilice l'observation des coutumes dans une assem-
par dessous, et forma ses mœurs et sa con- blée des évêques et des seigneurs.Il en con-

duite sur celle des plus saints évêques. 11 as- voqua une à Glarendon sur la fin de janvier
sista en 1163 au concile de Tours *, indiqué 1164 8 l'archevêque fit d'abord difficulté
:

Vita, cap. 111. 6 Ibid., cap. xvu, XVIII.


' Vita, cap. vi. — ' Ibid.. cap. ix. ' Cap. SIX. — ' Cap. XXI, xxii.
Ibid., cap. » ibid., cap.
[xir SIÈCLE.] CHAPITRE LVII. — SAINT THOMAS BECRIÎT, ARCHEVÊQUE.
d'approuver coulumes sans y ajouter la
les roi Louis le Jeune les reçut et leur accorda
i-cslricllon sauf notre 07-dre, craignant que le la paix et la sûreté dans son royaume ; mais

roi n'étendit trop loin son pouvoir; mais l'archevêque alla de Gravelinn à Clairmarois,
eulin de l'avis des autres évèques il s'obligea monastère de l'ordre de Citeaux près de ,

le premier à les observer de bonne foi et sans Saint-Omer, et de là à Saint-Bertin, invité par
aucune restriction. On les réduisit par écrit, l'abbé et les moines de cette abbaye. Pendant
et tous convinrent de sceller l'acte de leurs qu'il y était, ses envoyés passèrent de Com-
sceaux. piègne à Sens où était le pape. Les députés
8. NéanmoMis l'archevêque, qui n'avait du roi y étaient arrivés la veille les uns et :

consenti qu'avec douleur, demanda un petit les autres eurent audience, et assistèrent au
délai pour chose avec plus de dé-
faire In consistoire que le pape tint le lendemain. 11
cence ', après y avoir pensé plus mûrement. leur déclara qu'il ne pouvait rien ordonner
Il se repentit bientôt de s'être trop avancé, sur cette afl'aire en l'absence de l'archevê-
et pour se punir, il se suspendit du service que; et quelque instance qu'on lui fit là-des-
de l'autel, s'imposa de rudes pénitences, et sus, il ne voulut rien faire au préjudice de
envoya demander l'absolution de sa faute au ce prélat les envoyés du roi, ne voulant pas
:

pape, qui était alors à Sens. Le pape l'ex- attendre, s'en retournèrent en Angleterre, et
liorta à reprendre ses fonctions mais le roi ; le pape cassa la sentence rendue à Northamp-
apprenant que l'archevêque refusait de scel- ton contre l'archevêque par les évêques et
ler l'acte convenu à Clarendon, commença à les seigneurs dn royaume.
Sa colère ausimenta contre l'ar-
le maltraiter. 11. Thomas vint de Saint-Bertin à Sois-
chevêque, lorsqu'il sut qu'il avait voulu sor- sons, où le roi pourvut avec joie à tous ses
tir du royaume sans congé. Hotrou, évêque besoins ensuite il alla trouver le pape à
;

d'Evreux, travailla à les réconcilier; le pape Sens ^. Ayant reçu de lui la permission de
écrivit à Thomas de ne rien négliger pour s'expliquer dans une assemiilée à laquelle
recouvrer les bonnes grâces du roi ^, sans assistaient les cardinaux, il voulut se lever ;

préjudice néanmoins de la liberté de l'E- mais pape lui ayant ordonné de parler as-
le
glise. sis, exposa les causes de son exil, puis il
il

9. Mais le roi, résolu à ne point aban- présenta l'écrit dos coutumes que le roi d'An-
donner ses prétentions, cita l'archevêque à gleterre voulait faire recevoir on le lut, et :

Morlhainploa Northampton, où il appela aussi les évêques tous en furent touchés jusqu'aux larmes. Le
et les seigneurs du royaume 3. Quoique Tho- pape ayant relu avec attention chaque article
mas se fût justifié sur tous les reproches qui de ces coutumes, reprit vivement l'archevê-
lui furent faits, le roi le fit condamner comme que d'y avoir donné son consentement avec
parjure et Irailre. Thomas ne se croyant pas les autres évêques, disant que la plupart de
justiciable du tribunal du roi, étant inouï ces articles avaient été condamnés par les
qu'un archevêque de Cantorbéry eût été jugé anciens conciles, et qu'ils étaient contraires
cl la cour du roi d'Angleterre, dont il était le aux saints canons considérant néanmoins :

père spirituel, comme de fout le royaume, il que l'archevêque s'était relevé aussitôt après
déclina sa juridiction, en appela au pape, et sa chute, et qu'il lui en avait accordé l'ab-
cita au jugement du Saint-Siège les évêques solution, il la lui donna une seconde fois
qui avaient pris le parti du roi. comme consolation de ses pertes et de ses souf-
10. Tout ceci se passa le Vi octobre HG4. frances. L'arclievêque lui raconta comment
Vers nuit du même jour, l'archevêque,
la il parvenu à l'épiscopat à la faveur de
était
averti que des gens accoutumés au crime lapuissance séculière, et tirant l'anneau de
s'étaient engagés par serment à le tuer ', il sou doigt il le remit au pape, le priant de
se déroba secrètement quelque peu avant le pourvoir à l'église de Cantorbéry d'un sujet
chant du coq, étant accompagné d'un reli- plus digne. Le pape ayant délibéré là-dessus
gieux de l'ordre de Sempringam, et du doc- avec les cardinaux, lui ordonna de reprendre
teur Hébert de Boscliam, eu qui il avait plus de sa main les fonctions épiscopales, promet-
de confiance. Ceux-ci après bien des fatigues tant de ne l'abandonner de sa vie; puis il
et des périls arrivèrent à Compiègne, où le le remit entre les mains de Guichard, abbé

' Cap. xxn. * Vilii r/uarlrip., lil). Il, cap. I ot 8pq.


» Ul». I, li/iisl. *, 5, 42, 43. ' Vilii, lib. Il, cap. X, XI et seq.
3 Vila t/uadrip., Ub. I, cu|). xxv et sep. atl 34.
,

664 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


de Pontigny, pour rester en son abbaye jus- raient valoir à l'avenir, et déchargea les évê-
qu'à un temps plus favorable. ques de promesse qu'ils avaient faite de
la

12. Le roi d'Angleterre, informé des atten- les observer. Les évêques assemblés à Lon-
tions que le roi de France et le pape avaient dres par ordre du roi interjetèrent appel de
eues pour l'archevêque, fit conQsquer tous la sentence de Farchevêque-légat, le lui si-

ses biens ', et bannir du royaume tous ses gnifièrent ainsi qu'au pape, par deux lettres,
parents, de quelque âge qu'ils fussent, ses où ils se plaignaient de sa conduite envers eux
domestiques et ses amis, avec ordre à ceux et envers le roi. L'archevêque, de son côté,
qui étaient en âge, de l'aller trouver pour leur reprocha leur peu de zèle pour la liberté
l'afQiger par leur présence. Tout ce concours de l'Eglise, pour leurs propres intérêts, et la
de parents, d'amis, de domestiques troubla faiblesse avec laquelle ils l'abandonnaient lui-

le repos dont l'arcbevêque jouissait à Ponti- même dans la persécution qu'il souffrait pour
gny cependant il pourvut à leurs besoins
: la cause commune.

par des lettres de recommandation, et il y en 15. Le roi, toujours plus mécontent de Tho-
eut qui se trouvèrent mieux dans leur exil mas ^, obligea les abbés de l'ordre de Citeaux à

que dans leur patrie. On proposa une confé- de le faire sortir de Pontigny mais le roi Louis ;

rence entre le pape et le roi d'Angleterre ;


lui accorda le choix d'une retraite dans ses

mais elle n'eut pas lieu ^, parce que ce Etats l'archevêque préféra la ville de Sens,
:

prince ne voulait pas que l'archevêque y fût où il fut reçu avec honneur par l'archevêque
Hugues, le clergé et le peuple. Pendant qu'il
13. Le pape, de retour à Rome en 1165, était en cette ville, ses députés à Rome en
déclara l'archevêque Thomas son légat dans revinrent, et lui apprirent que le pape avait
toute l'Angleterre, par une lettre datée d'A- nommé deux cardinaux pour négocier sa
nagni ^, le 7 décembre 1165. Ce prélat l'ayant paix avec le roi d'Angleterre. Le pape écrivit
reçue, chargea les évêques d'Herford et de par eux au roi d'Angleterre ^, aux évêques
Worchester de notifier sa légation. L'évêque du royaume et à l'archevêque. Il écrivit aussi

de Londres en fut alarmé, parce qu'il lui au roi de France pour lui donner part de
était ordonné de la part du pape, non-seule- l'envoi des légats. Ils partirent de Rome le

ment d'obéir au légat, mais de lui restituer 1" janvier 1167, et passèrent à Sens pour
dans deux mois, sous peine d'excommuni- conférer avec l'archevêque Thomas, et traiter
cation, les fruits perçus de ses bénéfices pen- avec lui des moyens de la paix : de là ils al-

dant son absence d'exiger des autres évê-


; lèrent vers le roi d'Angleterre, et le trouvant
ques du royaume le denier de saint Pierre, trop entier dans ses sentiments, ils convin-
et de leur faire tenir les lettres du légat sous rent d'une conférence avec l'archevêque :

peine de déposition. Le légat écrivit aussi au elle se tint le 18 novembre de la même année
roi et à l'impératrice sa mère. Ce prince entre Trie et Gisors. Comme le roi n'y avait
craignait que le légat ne prononçât l'interdit appelé que les évêques d'Angleterre les plus
sur son royaume, et l'excommunication con- opposés à l'archevêque, et que ce prélat y
tre sa personne. Ue l'avis de l'évêque de Li- refusa constamment de recevoir les coutumes
sieux il appela au pape, et envoya signifier qui avaient occasionné le trouble entre le roi
son appel à l'archevêque il était sorti de ; et le clergé, cette conférence ne fit qu'aigrir
Pontigny pour aller à Vézelai. de plus en plus ce prince, à qui les légats en
14. Le jour de la Pentecôte, 12 juin 1166, firent le rapport à Argentan le 26 novembre.
'
après avoir fait un sermon dans l'église de 16. La conférence de Montmirail, vers la
; la Madeleine, il excommunia Jean d'Oxfort fête de Noël de l'an 1168, n'eut pas un plus
pour avoir usurpé le doyenné de Sarisbéry *, heureux succès ^ alors l'archevêque, voulant
:

Richard, archidiacre de Poitiers, et tous les essayer d'obtenir par la sévérité ce qu'il n'a-
détenteurs des biens de l'Eglise de Cantor- vait pu par la douceur, suspendit et excom-
béry menaça le roi d'excommunication
, munia tous ceux qui agissaient contre l'E-
condamna les prétendues coutumes d'Angle- glise, exprimant les noms des personnes et
terre, déclara excommuniés ceux qui les fe- les causes des censures. Les lettres conte-

' Vita, cap. XIV, ïv, et Epist. 56, lib. et seq. '
Vifa, cap. xvin, xrx.
' Cap. XVI. I
Lib. II, Epist. 2, 3, 4
» Alexand., lib. I,Epist. 115, 116, 117. Gervas. Dorob., ad ai
» Lib. I, Epist. 1Î6, 128.
[xii« SIÈCLE.] CHAPITRE LVII. — SAINT THOMAS DECRET, ARCHEVÊQUE. 6G5

nant ces censures s'ëtant répandues de tous ses biens, soit en la privant de ses droits, en fai-
côtés, le roi ne trouvait presque plus per- sant couronner le roi Henri par l'archevêque
sonne qui pût à la messe lui donner le baiser d'York. Le roi reconnut le droit de cette
de paix. 11 mit tout en œuvre pour procurer Eglise, promit de lui faire rendre ses terres,
la déposition ou la translation de l'archevê- et reçut en ses bonnes grûces Thomas et tous
que, qui de son coté fit connaître au pape ceux de sa suite. Il voulut même l'emmener
qu'il n'avait pas tenu à lui qu'il ne se récon- avec lui, disant qu'il lui était avantageux que
ciliât avec le roi dans la conférence de Mont- leur paix fût connue de tout le monde ; mais
mirail. Quelque temps après, le pape envoya le prélat le pria de trouver bon qu'avant de
de nouveaux nonces au roi d'Angleterre, retourner en Angleterre il prit congé du roi
savoir, Gratien et Vivien. Leur négociation de France et de ses autres bienfaiteurs. 11
n'ayant rien opéré, l'archevêque Tliomas re- donna aussitôt avis au pape et aux quatre
nouvela les censures contre les détenteurs cardinaux ses amis, de sa réconciliation avec
des biens de l'Eglise. » le roi. Ceux-ci l'en complimentèrent, en lui
17. D'un autre côté, le pape chargea Ro- témoignant toutefois de la défiance sur l'exé-
trou archevêque de Rouen, et Bernard, évo-
, cution des promesses du roi, et en l'exhor-
que de Nevers, d'aller trouver le roi d'An- tant à la faciliter par sa douceur. Le pape,
gleterre pour l'admonester de rendre la paix en écrivant au roi pour lui témoigner sa joie
à l'archevêque de Cantorbéry, de le réta- de cette paix l'exhortait à rendre les biens
,

blirdans la possession de tous ses biens ', et à l'Eglise de Cantorbéry, à réparer les torts
en cas de refus, de mettre en interdit tous qu'il lui avait faits, et à faire donner par le

ses Etats en de(;it de la mer. 11 défendit aussi roi son fils satisfaction à l'archevêque.
à l'archevêque d'York, sous peine de dépo- 19. Ce de partir, vit encore
prélat, avant
sition, de sacrer roi Henri, fils oiué de ce deux à Tours et à Chaumont, en-
fois le roi :
f

prince ,. au préjudice de l'archevêque de Can- tre Blois et Amboise; mais il n'en fut pas sa-
torbéry, auquel le sacre des rois d'Angleteiirc tisfait *. Il se défia beaucoup plus de la sin-

appartenait. Par une autre lettre, le pape cérité de la paix faite avec lui, quand il ap-
défendit aussi à l'archevêque Thomas de sa- prit, par les lettres de ses agents en Angle-
crer ou de permettre à un autre de sacrer le terre, que le roi avait fait élire des évoques
prince Henri, s'il ne prêtait auparavant le dans les Eglises vacantes, et envoyé les élus
serment que les rois prêtaient d'ordinaire à au pape pour les faire sacrer au préjudice de
l'Eglise de Cantorbéry, et ne déchargeait s'il l'Eglise de Cantorbéry; qu'on avait saisi les
tous ses sujets de l'observation des coutumes biens de l'archevêque et défendu de laisser
et du serment qu'ils avaient fait de les obser- sortir de l'Angleterre aucun des siens. Néan-
ver. Ces lettres furent reçues en Angleterre -, moins, sur une lettre de ce prince qui le ,

mais on ne les montra à personne. Le jeune priait de retourner incessamment en Angle-


prince Henri fut donc sacré le 21 juin par terre il s'embarqua à Guissand, le lundi 30
,

Roger, archevêque d'York, assisté des évé- novembre 1170, la septième année de son
ques de Londres, de Sarisbéry et de Roches- exil, et arriva heureusement au port de Sand-

ter. La nouvelle de ce sacre affligea l'arche- wich. Les pauvres le reçurent avec joie,
vêque Thomas, qui s'en plaignit amèrement criant a Béni soit celui qui vient au nom du
:

au pape et à ses amis de Rome. Le roi de Seigneur, lepère des orphelins et le juge des
France s'en plaignit aussi comme d'une in- veuves. » Mais les gentilshommes et les otli-
sulte, parce que sa fille, fiancée au nouveau ciers du roi étaient disposés à lui faire vio-
roi, n'avait pas été couronnée avec lui. lence, n'en eussent été empêchés par la
s'ils

r- 18. Cependant la paix se conclut entre le


, crainte du peuple. Le 1" décembre il arriva
roi d'Angleterre et l'archevêque, suivant le à Cantorbéry, où il fut reçu avec honneur
projet du pape '. Pour la ratifier, ils se ren- par le clergé et par le peuple. Quelques jours
dirent l'un et l'autre au lieu destiné à l'en- après, il envoya à Londres Richard, prieur
trevue, le 22 de l'an 1170. L'archevê-
juillet de Saint-Martin de Douvres donner part au ,

que se plaignit au roi des torts qu'on lui avait jeune roi de son arrivée et lui faire des '',

faits, à lui et à son Eglise, soit eu lui enlevant excuses touchant les censures portées contre

« Lib. IV, fc>iî/. 4î, 43. » Vila, lib. m, cap. n, et lib. V Epis!., Ep. 53, C3.
» Vita, cap. xxxi, XXXUI. » Vita, lib. 111, cap. ix.
» Lib. V Epist. 12.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
l'archevêque d'York, l'évêqae de Durbam et cembre 1170. Les pauvres ramassèrent son
tous les évêques qui avaient assisté à son sang, y trempant des morceaux de leurs ha-
sacre. Le député fut mal reçu par le jeune bits. On recueillit avec soin ce qui en de-
prince. Thomas ne laissa pas de se mettre en meura sur le pavé, et les moines emportèrent

chemin peu de jours après, pour aller le voir son corps dans une chapelle souterraine, où
lui-même; mais, aux approches de Londres, ils le mirent dans un tombeau de marbre

il lui fit faire défense d'entrer dans la ville, tout neuf. L'église demeura interdite pendant
et ordonner de retourner à son Eglise. près d'un an; on couvrit les croix, on dé-
20. Le jour de Noël, l'archevêque monta pouilla les autels, et les moines récitèrent
en chaire parla avec véhémence contre les
,
l'office dans leur chapitre sans chanter.
ennemis de l'Eglise, excommunia les deux 22. Mais le jour de la fête de saint Thomas, samma^:.
frères, Raoul et Robert de Broc, qui s'étaient le 21 décembre 1171
cette église fut récon-
, fiônr"""'""

emparés, de la part du roi, père, des biens ciliée par les évêques d'Excester et de Chi-
et revenus de l'archevêché et prédit qu'il , cester, avec la permission des deux légats
mourrait dans peu de jours. Cela ne l'enipê- Théoduin et Albert. Il se faisait beaucoup de
cha pas de tenir table après la messe, sui- miracles au tombeau du saint, afin, dit Raoul
vant sa coutume, et d'y être fort gai. Il est de Dicet, que l'on connût que celui qui, pour
remarqué qu'il y mangea de la viande, parce la défense de la liberté de l'Eglise, avait souf-

qu'en cette année 1170 Noël tombait le ven- fert tant d'années la proscription de sa per-

dredi. L'archevêque d'York et les autres évê- sonne et des siens, venait de remporter la
ques suspendus de leurs fonctions étant pas- victoire sur les ennemis de cette Eglise. Le
sés en Normandie excitèrent si vivement le
, pape Alexandre III, informé, par le témoi-
roi, père, contre Thomas, que quatre cheva- gnage de plusieurs personnes dignes de foi,
liers de sa chambre, croyant ne pouvoir rien mais surtout de ses deux légats, des miracles
faite qui lui fût plus agréable que de tuer l'ar- qui s'opéraient par l'intercession de ce saint
chevêque de Cantorbéry, en formèrent la ré- prélat, dont il connaissait d'ailleurs les ver-
solution, et s'engagèrent à ce meurtre par tus, le canonisa solennellement dans l'église,
serment, la nuit même de Noël. Ils s'embar- lejour des Cendres, 21 février 1173, en le
quèrent par un vent favorable arrivèrent ' , mettant au nombre des martyrs.
en Angleterre le jour des Innocents, et le 23. La vengeance divine éclata sur les p„ai,ion

lendemain, 29 décembre, à Cantorbéry. meurtriers dans les trois ans qui suivirent le meàJJ'rftrf.'"

ûtnUM' 21. Le même jour, ils allèrent à l'arche- martyre de l'archevêque^. N'osant retourner
vêché 2, entrèrent dans la chambre du pré- à la cour, ils se retirèrent à une terre qui
lat, à qui, après quelques discours, ils firent appartenait à l'uu d'entre eux mais l'horreur
;

beaucoup de menaces, ajoutant qu'il y aurait que tous gens du pays avaient d'eux les
les
quelque chose de plus. Thomas, sans s'ef- contraignit d'en sortir, et, pressés du lemords
frayer, alla à l'église entendre les vêpres. de leur conscience, ils allèrent trouver le
A peine y était-il entré que les quatre che-
,
pape Alexandre III, qui leur imposa pour pé-
valiers l'y suivirent. Renaud, l'un dt's quatre, nitence le voyage de Jérusalem. Guillaume
donna premier coup, qui blessa le saint à
le de Tracy, l'un des quatre, mourut à Cosense
la tête alors, se recommandant lui et la cause
; , d'une maladie où les chairs, surtout des bras
de l'Eglise de Canlorbéiy, à Dieu, à la Vierge, et des mains, tombaient par pièces, laissant
aux saints patrons de cette église et au mar- les os à découvert; les trois autres moururent
tyr saint Denis, il se mit à genoux devant à Jérusalem, et furent enterrés à la porte du
l'autel, les mains jointes et les yeux au ciel : temple avec celte inscription * « Ci gisent :

il attendit le second coup qui le fit tomber, lesmalheureux qui ont martyrisé le bienheu-
le troisième lui fendit la tête, et le quatrième reux Thomas archevêque de Cantorbéry. »
,

répandit sa cervelle sur le pavé. Le saint re- 24. Nous n'avons point d'autres écrits de uir«de
çut tous ces coups sans parler ni faire aucun ce saint que ses lettres, dont on a fait un re- S°c»Tior'bé-

mouvement des pieds ni des mains. Telle fut cueil divisé en cinq livres; mais toutes les S >"'\'<V.

la mort de ce grand archevêque, dans la cin- lettres qu'il renferme ne sont pas de l'arche- &ieo°r° a-
quante-troisième année de son âge, le 29 dé- vêque de Cantorbéry ^. Il y en a un grand
' Vita, lib. III, cap. xr, xii. ' Gesla post Martyr., cap. ix.

î l'ila, cap. xin. 5 Parmi le» cinq cent treiite-sLx lettres publiées

' Roger.j Annal., pag. 522. par Lupus, auteur de ce recueil, il y en a cent dii
,

(xii'siftCLE.] CHAPITRE LVIl SAINT THOMAS BECKET, AHCHEVÊOUE. 667

nombre du pape Alexandre de Jean de III ; dessein, et dédié à cette Eminence le recueil
Sarisbéry; de Jean, évêque de Poitiers; de des lettres et des actes de saint Thomas de
Gilbert, évèqiie de Londres; des évêques de Cantorbéry, imprimé à Bruxelles, chez Henri
Worchester, et autres prélats d'Angleterre; Fricx, en deux volumes in-4'', en 1682.
des évêques de Paris, de Meaux, de Noyon, [L'édition la plus complèle des œuvres de
de Sens; des rois de France et d'Angleterre, saint Thomas de Cantorbéry est celle du doc-

des légats du pape et des députés de saint teur anglican Giles, publiée à Oxfort et k
Thomas, et de quantité d'autres personnes. Londres en 184") en deux volumes in-8" et
, ,

Toutesces lettresayant rapporlaux ditlicultés reproduite au tome CXC de la Patrologie la-


de ce prélat avec Henri II , roi d'Angleterre, tine. Après une préface de l'éditeur et la
au sujet des libertés de l'Eglise anglicane. chronologie de la Vie du saint, viennent plu-
Jean de Sarisbéry prit soin de les recueillir sieurs vies et passions de saint Thomas. La
et d'en faire un corps tel que nous l'avons. première Vie est d'Edouard Grim moine de ,

C'est un riche trésor dans lequel ont puisé Cantorbéry, et témoin de ses actions; la se-
tous ceux qui ont écrit Ihistuire du temps. conde est de Roger, moine de Ponlis;ny; la
Pour le rendre complet on joignit à ce re-
, troisième est de Willaume ou Guillaume; la
cueil la Vie de ce martyr, écrite par divers quatrième et la cinquième sont de Jean de
auteurs, tous contemporains, et quelques-uns Sarisbéry et d'Alain; la sixième est de Guil-
ses disciples. La première est d'Edouard, laume de Cantorbéry; la septième est d'E-
dont Surius a donné l'abrété au 29 décem- vesham, qui écrivait au temps de la transla-
bre. La seconde est de quatre écrivains, tous tion des reliques du saint martyr. L'éditeur
ses disciples Héribert ', Willaume, Jean de
: ne rapporte de cette Vie que la préface, le
Sarisbéry et Alain, abbé d'Eoche-, Cette Vie récit de la translation et un petit chapitre,
est distribuée en trois livres; elle se trouve parce que le reste de l'ouvrage est conforme
à la tête de la collection des lettres de saint au récit fait par Guillaume de Cantorbéry.
Thomas, avec l'histoire de ce qui est arrivé Henri , abbé et Roger, moine de Croyland
,

depuis son martyre; celle des savants hom- ont composé la huitième Vie; mais comme
mes avec lesquels il fut en liaison pendant elle ne fait guère que reproduire la précé-

sa vie, et les constitutions ou statuts du dente, l'éditeur n'en donne que les préfaces
royaume qui occasionnèrent la division entre avec quelques extraits. Un anonyme a com-
le roi Henri II et l'archevêque de Cantorbéry. posé la neuvième Vie; elle n'est qu'une
Le père Lupus avait tiré tous ces monuments compilation des Vies précédentes , aussi
de la bibliothèque du Vatican, dans le des- l'éditeur s'est contenté d'en reproduire la
sein de les rendre publics et de les dédier au préface. La dixième Vie est de Benoit, abbé
cardinal Howard. Ce savant religieux ayant de Pétersborough, et témoin oculaire de la
été prévenu par la mort, ruillaume Wynants,
t mort du saint; on a seulement des fragments
du même ordre que le père Lupus, a suivi son de celte Vie. Plusieurs manuscrits contien-

il'Amoul de Lisieux. Un prand nombre des lettres de ret écrit les combats, les triomphes et la nloire de
Jeao de Salisbéry et de Gilbert Foliot ont été sépa- saint Thomas, avec les combats, les triomphes et la
rées de celles de saint Tliouias dans l'édilioii de "loire de Jésus-Christ. Cet ouvrage est emphatique,
Giles reproduite par la Palrulngie. Restent quatre d'assez mauvais goût mais on y trouve cependant
;

cent v;nst-six que l'on reproduit jiarmi les lettres de quelques endroits remarquables, surtout ceux où l'au-
saint Thomas ou parmi celles de Gilbert Foliot. Parmi teur raconte son entretien avec Henri IL Une homélie
les lettres de saint Thomas ou qui le regardent, on pour le jour anniversaire du martyre du saint vient
a ajouté cinquante-neuf lettres qui ne se trouvaient à la suite des Mélodies. Elle est elle-même suivie des
point dans l'édition de Lupus, et quatre cent vingt- causes de l'exil et du martyre de saint Thomas, et de
si.i à celles de Gilbert Foliot. [L'éditeur.) quarante-six lettres adressées à différentes personnes;
' La Vie de saint Thomas, en sept livres, par Héri- la plupart' se rapportent à la cause du saint arche-
bert ou Herbert de Boseham, est reproduite au tome vêque. Tous ces écriU sont du plus grand intéiêt
CXC de la Patrologie, col. 1173-1292, d'après le doc- pour l'histoire religieuse de l'époque. Hérili.rl avait
teur Giles; elle est suivie île l'ouvrafie intitulé des encore compose des commentaires sur les Psaumes
Mélodies, qui est divisé en trois parties ainsi intitulées: que l'on trouve manuscrite dans la bibliothèque
De consonanlia visibilis pugnœ tnililis ad visibilem bodhleiue. Héribert était secrétaire de saint Thomas,
pugnam imperatoris, ecce melus primus ; î" De conso- et il lui fut constamment attaché. Il écrivit lu Vie du
nanlia visil/His palma militis ad visibilem imlmam saint quatorze ans après sa mort. {L'éditeur.)
imperatoris, ecce melus secundus; 3° [)c consonanlia « Le docteur Giles a publié quatorze lettres d'Alain.

invisibilis palma militis ad invisihitem jialmaiii im- Kllri .sont reproduites au tome CXC de la Patrologie,
peratoris, ecce melus tertius. L'auteur compare dans col. 1475-1188. (L'éditeur.)
668 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
nentles miracles opérés par le saint; mais mais seulement donner caution de se présen-
l'éditeur anglican s'est abstenu de reproduire ter au jugement de l'Eglise. 6° Les laïcs ne smoie
ce récit. La passion ou le martyre du saint doivent être accusés devant l'évêque que par
archevêque est raconté par l'anonyme de des accusateurs certains et légitimes, en
Lambeth, par sept autres anonymes, après sorte que l'archidiacre ne perde point son
1° une Vie de saint Thomas,
lesquels on trouve droit; et si ceux dont on se plaint sont tels
par un anonyme; c'est une compilation des que personne n'ose les accuser, le vicomte,
Vies précédentes; 2° le prologue elle com- requis par l'évêque, fera jurer douze hommes
mencement d'une autre Vie pareillement ,
loyaux du même lieu devant l'évêque, qu'ils
par un anonyme. Elles sont suivies d'une en déclareront la vérité en conscience. 7''Per- :.
hymne en l'honneur de saint Thomas, de sonne qui tienne du roi en fief, ou qui soit
quinze documents historiques qui le concer- son officier, ne sera excommunié, ni sa terre
nent. Les lettres de saint Thomas, qu'on re- mise en interdit, qu'auparavant on ne s'a-
produit à la suite, sont au nombre de cent dresse au roi, s'il est dans le royaume, ou,
quatre-vingt-dix-sept; elles sont rangées d'a- s'il est absent, à son justicier, afin qu'il en
près le rang et la dignité des personnes aux- fasse justice ; en sorte que ce qui appartient
quelles elles sont adressées. Viennent ensuite à la cour du roi y soit terminé, et que ce qui re-
les lettres de diverses personnes qui écrivi- garde la cour ecclésiastique lui soit renvoyé.
rent à ce saint ou à son occasion; elles sont 8° Les appellations doivent aller de l'archi- s.

au nombre de cent quatre-vingt-douze; mais diacre à l'évêque, de l'évêque à l'archevêque ;

on a renvoyé celles du pape Alexandre, d'Ar- et si l'archevêque manque à faire justice, on


noul de Lisieux et de Gilbert Foliot, aux vo- doit venir enfin au roi pour terminer l'afiaire
lumes où il est question de ces personnages. par son ordre dans la cour de l'archevêque;
Dom Bouquet avait publié pour la première sans qu'on puisse aller plus avant sans le
fois trois cents lettres de saint Thomas ou de consentement du roi. 9° S'il survient un dif- 9.

ses contemporains dans ses Ecrivains des férend entre un clerc et un laïc, ou au con-
Gaules et de France.] traire pour quelque tènement que l'un pré-

^
coQwniM 25. Il est bon de rapporter ici les constitu- tende être aumône, et que l'autre soutienne
tions d'Angleterre contestées par le clergé *. être un fief laïc, sur la reconnaissance de
oXrt''"'
Le roi Henri II, voulant les faire reconnaître, douze loyaux hommes )e grand justicier du
,

assembla évêques du royaume à Claren-


les roi déterminera ce qui en est si c'est au-
:

don, sur de janvier 1164. Elles étaient


la fin mône, la cause se poursuivra dans la cour
rédigées en seize articles et conçues en ces ecclésiastique; si c'est fief, elle se poursuivra
isuioi I. termes 1° S'il s'émeut un diflërend touchant
: dans la cour du roi, à moins que les deux
le patronage et la présentation des EgUses, parties ne relèvent ce tènement du même
soit entre les laïcs, soit entre les clercs et les évêque ou du même baron, auquel cas ils
laïcs, il sera traité et terminé dans la cour plaideront en sa cour, sans que pour cette
2. du roi. 2° Les Eglises du fief du roi ne pour- reconnaissance celui qui en était déjà saisi
ront être données à perpétuité sans son con- perde son action. 10° Celui qui est d'une ville, 10.

3. sentement. 3° Les clercs cités et accusés de d'un bourg ou d'un manoir du domaine du
quelque cas que ce soit, étant avertis par le roi, s'il est cité par l'archidiacre ou par l'é-
justicier du roi, viendront à la cour de l'E- vêque pour quelque délit dont il doive lui
glise pour voir de quelle manière l'atl'aire s'y répondre, et qu'il ne veuille pas satisfaire à
traitera; et si le clerc est convaincu, l'Eglise leurs citations, peut bien être rais en inter-
t. ne doit plus le proléger. 4° Il n'est pas permis dit, mais non pas excommunié, avant que
aux archevêques, aux évêques et aux per- l'officier principal du lieu l'ait fait venir pour
sonnes constituées en dignité, de sortir du l'obliger à satisfaction que si l'oificier y man-
;

royaume sans la permission du roi; et, en que, l'accusé sera à la miséricorde du roi, et
ce cas, ils donneront assurance que pendant dès lors l'évêque pourra réprimer l'accusé
leur voyage ils ne feront rien au préjudice par la justice ecclésiastique. 11° Les arche- ,,.

B. du roi et du loyaume. 5° Les excommuniés vêques, les évêques et les autres qui tien-
ne doivent point donner de caution pour le nent du roi en chef, relèveront leurs terres
surplus, afin d'être absous, ni prêter serment, du domaine du roi comme baronies, en ré-
pondront aux justiciers et aux officiers du
Tom. I Epist. Thom., pag. 163. roi, suivront toutes les coutumes et les droits
[xir SIÈCLE.] CHAPITRE LVII. - SAINT THOMAS BECKET, ARCHEVÊQUE. 669

du roi, et assisteront comme les utres ba- que d'Evreux, persuadé qu'on ne réconcilia-
rons aux jugements de la cour du roi jus- it point l'archevêque avec le roi sans la

qu'à sentence de mort ou mutilation de confirmation des coutumes d'Angleterre, en-


membres. 12° Lors de la vacance d'un ar- voya prier le pape Alexandre de les confir-
chevêché, évéché, abbaye ou prieuré du do- mer. 11 le refusa, mais il accorda, aux ins-
maine du roi, il sera en sa main, et il en re- tances du roi le titi-e de légat à Roger, ar-
,

cevra tous les revenus comme domaniaux; chevêque d'York ', craignant d'irriter trop
et quand il faudra pourvoir à cette Eglise, le ce prince, si, après avoir refusé de confirmer
roi en mandera les principales personnes, et ses coutumes, il refusait encore ce qu'il avait
l'élection se fera en sa chapelle, de son con- demandé pour l'archevêque d'York; cepen-
sentement et par le conseil des personnes dant, il exhorta celui de Cantorbéry à se con-
qu'il y aura appelées de sa part; et là même duire envers le roi avec beaucoup de circons-
l'élu fera hommage- lige au roi avant d'être pection, à faire tous ses efl'orts pour recou-
sacré, promettant, sauf son ordre, lui con- vrer ses bonnes grâces, et à n'user d'aucune
server la vie , les membres et la dignité rigueur envers lui ni envers son royaume,
temporelle. 13" Si quelqu'un des grands du jusqu'à ce que Dieu eût rendu la paix au
royaume refuse de rendre justice à un évé- Saint-Siège. Elle lui fut rendue quelque temps
que ou à un archidiacre, le roi la lui doit après par la mort de l'antipape Octavien, ar-
faire lui-même et si quelqu'un dénie au roi
; rivée à Lucques le 22 avril 1104. Les cha-
son droit, les évoques et les archidiacres doi- noines de la cathédrale et ceux de Saint-
vent l'obliger à y satisfaire. 14° L'Eglise ne Frigdien refusèrent de l'enterrer chez eux -,
retiendra pas les meubles de ceux qui ont déclarant qu'ils aimeraient mieux abandon-
forfaitau roi, parce qu'ils lui appartiennent, ner leurs églises que d'y mettre le corps d'un
quoiqu'ils soient trouvés dans une église ou homme qu'ils croyaient damné. Alexan-
un cimetière. 15" Les actions pour dettes se dre m le pleura, comme David avait pleuré
poursuivront en la cour du roi, soit qu'il y ses persécuteurs, et reprit durementquelques
ait serment interposé ou non. 16" Les enfants cardinaux qui témoignaient hautement leur
de paysans ne doivent point être ordonnés joie de la mort d'Octavien.
sans le consentement du seigneur dans la 27.Le pape Alexandre III eut encore égard
terre duquel ils sont nés. à la demande que lui fit le roi Henri II de
Après la reconnaissance de ces coutumes, transférer de l'évêché d'Erford à celui de Lon-
on en dressa un acte puis le roi demanda à ;
dres Gilbert Foliot '. La raison de cette trans-
l'archevêque de Cantorbéry et aux évéques d'y lation était que le roi d'Angleterre faisant sa
mettre leurs sceaux. L'archevêque témoigna demeure à Londres, Gilbert, dont la religion
alors qu'il était résolu à le faire; il demanda et la prudence étaient connues, pourrait y
seulement un petit délai pour agir avec plus être utile non-seulement au roi, mais à l'E-
de décence. Il prit même un exemplaire glise et à l'Etat. Cet archevêque, en répon-
de l'acte, et se retira pour aller à Winches- dant à la lettre du pape sur sa translation,
ter; mais il se repentit bientôt de la con- tâchait de justifier le roi Henri II des repro-
vention faite à Clarendon, et refusa de scel- ches qu'on lui faisait, assurant que ce prince
ler l'acte. Le roi, irrité, chargea l'archevê- n'empêchait point les appellations au Saint-
que d'exactions, le fit citer et condamner au Siège * pour des causes ecclésiastiques; que
concile de Northampton, sollicita contre lui s'il était en relation avec l'empereur Fridéric,

les puissances et les villes, conllsqua tous c'est qu'il ne savait point qu'il fût excommu-
ses biens, et il fut contraint de sortir d'An- nié; qu'il n'avait point obligé l'archevêque
gleterre. Tliomas de sortir d'Angleterre, et qu'il ne
ae. On s'employa de toute part à le récon- s'opposait point à son retour; enfin il priait

cilier avec le roi, et à rendre ce prince plus le pape de ne point employer contre Henri II
favorable à l'Eglise; et telle est la malière la rigueur dus censures, de peur d'éloigner
de presque toutes les lettres contenues dans de son obéissance, non-seulement ce prince,
les deux tomes du père Lupus, llotrou, évé- mais un nombre infini de peuple^.

< Lib. I t>iv/. 4, 43. [Palrol., torn. CXC, 198,202.] sa vie; il fui l'adversaire de saiul Thomas dans ses
« Epist. 7. 1370) — ^ Epist. 37. [i8îj démêlés aveu le roi Henri. On a de Gilbert Foliot.
'£>*(. 38. [57, 174] t" uue Exposition sur le Cunlique des Canliques éditée
» liilburt Koliot jouit d'une graude célébrité durant poi- Patrice Juuius, Londres IBSS, iu-4'>, avec l'c.\po-
670 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
28. Tliorans, évêque d'Herford ', était ploin rois de la terre, mais de Jésus-Christ qu'ainsi ;

de piété et de zèle avant d'être promu à i'é- il n'appartient pas aux juges laïcs de condam-

piscopat; aussitôt après sa promotion il tomba ner ni d'iibsoudre les clercs, bien moins de
dans la tiédeur. L'archevêque de Cantorbéry, les traduire à leurs tribunaux.
qui le regardait comme un défenseur de la 29. L'archevêque Thomas
dans une dit,
loi de Dieu, de la liberté de l'Eglise, et du autre lettre au même roi aucun
*, qu'il n'y
patrimoine du Crucifix, lui fit des reproches doute que les prêtres de Jésus-Christ ne soien t
de son indolence, et il en reçut aussi de la les pères et les maîtres des rois, des princes

part du pape .\lexandre, qui écrivit encore et de tous les fidèles; que s'ils ont reçu de

au roi Henri - de ne pas faire de nouvelles Dieu le privilège de l'administration des lois,
lois qui ne tendaient qu'à l'oppiession des ils doivent en témoigner leur reconnaissance

pauvres et des églises, et de supprimer celles en ne faisant rien contre la disposition de


qu'il appelait anciennes, comme contraires l'ordre céleste, c'est-à-dire de l'Eglise. Il en-
à la liberté de l'Eglise; de laisser aux clercs tre dans le détail du pouvoir des évêques sur
la connaissance des aflfaires ecclésiastiques, les lois, en rapportant l'excommunication de

surtout des criminelles, et de ne pas confon- l'empereur André par le pape Innocent, de
dre les droits de la royauté et du sacerdoce. l'empereur Théodose par saint Ambroise, et
Alexandre 111 écrivit aussi en faveur de l'ar- ajoute que dans l'ancienne loi les rois étaient
chevêque ^ à Pliilippe, comte de Flandre, aussi soumis aux prophètes puisque David, ,

au roi d'Ecosse, au comte Henri et à plusieurs coupable d'adultère, fut envoyé au prophète
autres personnes de distinction. Thomas n'a- Nathan pour en être absous.
bandonna pas ses parents et ses amis bannis .30. Mais le roi d'Angleterre, fâché de la

du royaume et dépouillés de leurs biens à protection que le pape et les cardinaux don-
cause de lui. Il les recommanda à Etienne, naient à l'archevêque Thomas ', résolut d'en-
chancelier du roi do Sicile * à la reine Ma-
, voyer à Rome pour leur dénoncer que s'ils
thilde, protestant, dans toutes ses lettres, ne cessaient de protéger ce prélat, ne con-
qu'il n'avait encouru la disgrâce de Henri II sentaient qu'il en mît un autre à sa place et
que pour avoir pris la défense de la liberté ne laissaient en vigueur les coutumes d'An-
de l'Eglise que ce prince voulait opprimer. gleterre il,abandonnerait l'obédience du
Il représenta au roi même combien cette li- pape Alexandre III. Ce prince avait écrit
berté était précieuse puisque Jésus-Christ
'•>,
toutes ces choses à l'archevêque de Cologne,
l'avait acquise à l'Eglise par son sang; que qui avait communiqué sa lettre à l'empereur
cette Eglise était composée de deux ordres : Fridéric, et ce prince en avait donné lecture
du clergé et du peuple que du premier étaient
;
à une grande cour assemblée à Wurzbourg en
les apôtres, les hommes apostoliques, les Franconie, le 23 mai 116.5 '. Le pape, averti
évoques , à qui le gouvernement de cette de ce qui s'était passé en cette assemblée,
Eglise est confié; que dans le second ordre écrivit à Gilbert, évêque de Londres, de faire,
étaient les rois, les princes, les ducs et au- conjointement avec Robert, évêque d'Her-
tres grands seigneurs chargés de traiter tel- ford, tous leurs efforts pour ramener le roi

lement les afl'aires séculières, que leur but d'Angleterre à la vénération qu'il devait à
fût de tout faire concourir à la paix et à l'u- l'Eglise romaine, et à rétablir l'archevêque
nité de l'Eglise. Il ajoute que c'est de l'Eglise dans son siège. Il le charge, par la même
que les puissances temporelles tirent leur lettre, de faire lever le denier de saint Pierre
autorité; mais qu'elle tient la sienne, non des de l'année courante par toute l'Angleterre,

sition d'Alcuiû sur lemême livre elle est réimprimée


; composé un Humiliaire dont le docteur Giles a donné

au tome Cil de la Patiologie, col. 1147-1304 2» des


; la préface. Elle est reproduite au tome Ctl de la Pa-
lettres au nombre de trois cent vingt-neuf publiées lrologie, 103-1306. {L'édileur.)
eu gniude partie pour In première fois, en 1845, à 1 Epist. 39, 40. [279, 123]
Londres, ia-8°, par le docteur Giles, et reproduites 5 Epist. 42. [298]

au tome CXC de la Palrologie, col. 746-978. Elles 3 Epist. 55, 59 et seq. [316, 314, 274, 31o, 296]
sont suivies de cent quatre-vingt-onze lettres adres- ' Epist. 56, 57, 58. [193, 19?, 150]
sées à Gilbert par différentes personnes. Les lettres 6 Epist. «4 [179]
de Gilbert mettent dans un plus grand jour les rai- « Epist. 65. [180]
sons qu'alléguaient le roi Henri et ses partisans. Plu- ' Epist. 09, 70 et seq. [483, 511, 512, inter Epistolas
sieurs avaient déjà paru à Bruxelles, eu 1G82, avec Gilterti Fo/iot.]
celles de saint ïbumas d( Cantoiliéry. Gilluut avait » Epist. 37. [Voyez t. CC, Jean île Snlisbéry.]
[xii'SiKCLE.] CHAPITRE LVII. — SAINT THOMAS BECRET, ARCHEVÊQUE.
et de envoyer au plus toi. Cette lettre
le lui truisentexpressément la liberté de l'Eglise.
est datée de Clenuont, le 10 juillet H63. Gil- Cependant l'archevêque excommunia
;J2.

bert de Londres en écrivit deux l'une au '


: nommément Jean d'Uxfort pour avoir com-
pape, en réponse à la sienne l'autre au col- ; muniqué dans l'assemblée de Wirtzbourg
lège des cardinaux. Dans l'une et dans l'au- avec l'archevêque de Cologne, schismatique-";
tre, il témoigne qu'il a trouvé le loi d'Angle- Richard, archidiacre de Poitiers, et généra-
terre daus des sentiments de respect et de lement tous ceux qui s'étaient emparés ou
vénération pour le pape Alexandre, et résolu s'empareraient des biens de l'Eglise de Can-
à demeurer daus sou obédience quoique ,
torbéry. H avait encore condamné l'écrit con-
mécontent des relus qu'il lui avait laits sur tenant les coutumes d'Angleterre, déchargé
plusieurs demandes, et de ce qu'il lavait les évêques de la promesse qu'ils avaient
traité de persécuteur. faite de les observer, et donné avis de toutes
31. Arnoul, évéque de Lisieux -, alors en ces choses aux évêques de la province de
grand crédit à la cour d'Angleterre, mais Cantorbéry *, à l'archevêque de Rouen et au
toujours attaché à l'archevêque Thomas, était pape, à qui il en demandait la confirmation.
en commerce de lettres avec lui, autant pour Dans une autre lettre i\ lous les évêques de
le consoler de son exil, que pour l'avertir de l'Angleterre ^, il disait « Que personne ne
:

ce qui se passait sur sou sujet en Angle- révoque en doute que l'Eglise romaine ne
terre. Il lui dit dans une de ses lettres que soit chef de toutes les églises, et la fontaine
quelques-uns, devinant ses intentions, accu- de la doctrine catholique que les clefs du ;

saient d'ambition sa résistance aux ordres royaume du ciel n'aient été données à saint
du roi, et qu'en lefusant d'accepter les cou- Pierre et que tout l'édifice de l'Eglise ne soit
;

tumes d'Angleterre, il n'avait d'autre motif fondé et élevé sur la foi et la doctrine de cet
que d'étendre son autorité, et d'égaler sa apôtre ^. « Il ajoutait que dans l'Eglise catho-
puissance à celle du roi mais que les gens ; lique on a jusqu'à cette heure rapporté au
de bien ne doutaient plus de la pureté de ses Sainl-Siége le jugement des causes majeu-
intentions, ni qu'il n'ait préféré la justice et la res; et que, ce que l'on ne pouvait dire sans
liberté de l'Eglise à tous les biens temporels, verser des larmes, l'autorité du Saint-Siège
et à la paix dont il aurait pu jouir en con- apostolique n'était pas assez respectée dans
sentant aux volontés du roi. Arnoul l'avertit le royaume des Anglais, qu'elle y était même
de ne plus compter sur ses sutïragants, parce en danger.
qu'ils l'avaient tous lâchement abandonné 33. En répondant à la lettre par laquelle
"
par complaisance pour le roi de ne point ; les évêques assemblés à Londres lui noti-

compter même sur ceux de ses amis d'un fiaient leur appel de la sentence qu'il avait
moindre rang, qui, retenus par la crainte de prononcée contre eux, il leur reproche leur
l'exil, se contentaient de faire en secret des peu de zèle pour la liberté de l'Eglise et pour
vœux pour lui qu'il y avait bien moins à
;
leurs propres intérêts, et la lûcheté avec la-
compter sur les seigneurs de la cour, qui quelle ils l'abandonnaient dans ce qu'il souf-
persuadés que l'Eglise ne s'élève qu'à leurs pour la cause commune. Venant aux re-
frait

dépens, ont fait une espèce de conjuration proches qu'ils lui faisaient eux-mêmes dans
coi^tre elle. L'évèque de Lisieux conclut que la lettre qu'ils lui avaient écrite, il montre
Thomas doit donc user de modération, ne qu'après la violence et l'injustice qu'on lui
pas s'opiuiàlrcr par la confiance en la bonté avait faite à Northampion, il ne pouvait plus
de sa cause dissimuler pour un temps ce
; demeurer en sûreté en Angleterre qu'il ;

qu'il ne pouvait corriger accepter un ac- ; était d'ailleurs nécessaire qu'il en sortit pour
commodement si l'on en présentait, sans en poursuivre son appel au pape. Il se plaint
discuter trop les articles, et se contenter que de ce que malgré son appel on l'a dépouillé
dans les conditions de cet accommodement de ses biens, et confisqué ceux de l'Eglise,
il n'y en ait point de particulières qui dé- sans qu'il y eût jugement rendu contre lui à

' lùpisl. 38, lit.. Il, 41. [G. V. m, '.8'.] 8 Quis Huinanam Kcctesiam caput omnium ccclesia-
> t>.î/. 85, hb. 1 et LXXXVI. [l'dlroL, toui. CCI, ruiii et fonlem catliulicœ docinnœ umhUjtt esse? Quis
Episl. 34, 3t; Aniulfl.J claves legni cœlorum Petro truditas esse ignorai ?
» Eyist. at,. [Hulrol., tom. CX.C, 73.) Nonne in fide et doclriua Pétri tolius Hcdesiœ struc-
» Eliisl. 100. [14ii] tura consurç/it? Tlioin., lili. I, Hpist. 97. [74]

' /i/,w/. 143, U». [104, S] •I


lipisl. 148, lïU, 1«7. (ti. V. 4^7, G. !'. 436, 74J
672 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
la cour du pape, où personne n'avait même la paix dans l'Eglise d'Angleterre, envoya

comparu pour lui répondre. Quant à ce qu'ils deux légats à ce prince, Guillaume de Pavie,
lui avaient objecté sur la légitimité de sa pro- cardinal-prêtre de Saint-Pierre-aux-Liens, et
motion à l'épiscopat, qui s'était faite, disaient- Otton, cardinal-diacre du titre de Saint-Ni-
ils,malgré les murmures du royaume et les colas de la Prison. Ils avaient pouvoir de
gémissements de l'Eglise, il leur oppose les connaître de l'appel interjeté par les évê-
formalités observées dans son élection, qui ques, que l'archevêque avait ou suspendus
s'était faite du consentement de tous ceux ou excommuniés, et de les absoudre en cas
qui y avaient droit ; de l'agrément du roi et de danger de mort mais leur commission
;

de ses commissaires, et les lettres que ce particulière était de rétablir la paix entre le
prince et eux-mêmes avaient écrites au pape roi et l'archevêque. Ces deux légats étaient

pour demander le pallium. A l'objection que suspects à l'archevêque, surtout Guillaume


le roi l'avait élevé d'une fortune médiocre, de Pavie qu'il regardait comme entièrement
il répond « Saint Pierre a été tiré de la
; livré au roi ^ c'est pourquoi il le récusa
:

pêche nous sommes ses successeurs, et non


: pour juge et en félicitant le pape sur la re-
;

pas ceux d'Auguste. » Ils lui reprochaient son traite honteuse de l'empereur Fridéric ^,
ingratitude envers le roi. « C'est, répond-il, qu'une mortalité survenue dans son armée
l'intention qui fait le péché : je prétends, au avait obligé de lever le siège de Rome, il
contraire, rendre service à ce prince en le donne les raisons qu'il avait de suspecter ce
détournant de pécher, par la sévérité des cardinal en effet, la conférence qu'il eut
:

censures, puisqu'il n'a pas écouté mes aver- avec ce légat, n'eut aucun succès. L'arche-
tissements paternels. » Ils insistaient sur les vêque se plaignait de ce que le roi n'y avait
menaces que le roi de se séparer de
faisait appelé d'entre les évêques d'Angleterre * que
l'Eglise romaine. Ilrépond « A Dieu ne: ceux qui lui étaient les plus opposés, et dé-
plaise que le roi renonce à l'unité pour un clarait au pape qu'il ne voulait êtrejugé qu'en
intérêt temporel, lui dont le crime serait sa présence.
d'autant plus grand qu'il entraînerait beau- 33. Le pape, qui savait comment l'arche-
coup plus de monde après lui. A Dieu ne vêque avait été reçu en France de la part du
plaise que cette pensée vienne à aucun de roi Louis ^, écrivit à ce prince de travailler
ses serviteurs, pour ne pas dire à un évê- efficacement à le réconcilier avec le roi d'An-
que. Ensuite il fait voir que l'ordre judi-
I) gleterre. Il écrivit sur le même sujet à l'impé-
ciaire n'étant pas requis dans les crimes no- ratrice Mathilde, et à Rotrou, archevêque de
toires, il avait pu, sans les lormalités ordi- Rouen; mais en même temps les deux légats
naires, suspendre l'évêque de Sarisbéry, et envoyèrent à l'archevêque Thomas un man-
excommunier Jean d'Oxfort, l'un pour avoir dement qui suspendait ses pouvoirs^; et sur
conféré le doyenné de Sarisbéry contre la la permission que le pape avait donnée à ces
défense du pape, l'autre pour l'avoir reçu. légats d'absoudre, en cas de péril de mort,
Enfin il montre qu'ils n'avaient aucun intérêt ceux que cet archevêque avait excommuniés,
d'appeler au nom du roi contre la liberté de tous se firent absoudre sous ce prétexte par
l'Eglise ne pouvait les reconnaître pour
;
qu'il un évêque du pays de Galles, sans aucune
juges entre le roi et lui, puisque comme il s'a- usurpés '.
satisfaction ni restitution des biens
gissait de l'intérêt commun de l'Eglise, ils de- L'archevêque se plaignit de tous ces excès
vaient plutôt être ses parties, et qu'étant leur au pape et aux cardinaux, a Nous sommes,
métropolitain ne devait pas êtrejugé par ses
il au pape, devenus la risée de nos voi-
dit-il

sutfragants. Il finit sa lettre en demandant la sins par l'autorité de vos légats, qui n'ont
restitution des biens et des droits de son gardé aucune mesure avec nous '. Pourquoi,
Eglise, et en exhortant les évêques à enga- Seigneur, avez-vous donné la légation à un
ger le roi à la pénitence, et à satisfaire à homme dont l'entrée vous devait faire juger
Dieu et à l'Eglise. de l'issue de la commission; qui dès le com-
34. Le pape Alexandre ', voulant rétablir mencement n'a songé qu'à faire sa cour aux

< Lib. II, Epist. i, 2, 3. [215, 299, 268] s Epist. 43, 44. [311, G.
* Epist.i0,l9, 20, 25. [64. 67, et tom. GXCIX, « Epist. 46, 47. [29, 10]
Epist. Joannis Saresber.] ' Epist. 103.
3 Episl. 22. [Patro/., tom. CXC, 6] » Epist. 47. [G. V. 332
* Epist. 27, 28, 30. [382, G. F. «07 ; 7]
[xii«siÈci.E.l CHAPITRE LVII. — SAINT THOMAS BECKET, ARCHEVÊQUE. 073
princes aux dépens de de l'I'^glise
la dignité thelme, évêque de Belley Simon, prieur de ;

et de la vôtre. » 11 parlait de Guillaume de la Chartreuse de Mont-Dieu le prieur de la ;

Havie. Les deux légats furent rappelés sur la grande Chartreuse, et d'autres; et voyant
fin de l'an H67, sans avoir réussi dans leur que le roi s'opiniâtrait toujours à obliger l'ar-
légation. chevêque Thomas de promettre l'observation
36. On ne laissait pas de dire dans toute des coutumes, il leva la suspense de l'auto-
la France que le pape était favorable au roi rité de ce prélat, au cas que le roi ne satisfit
d'Angleterre ', et qu'il empêchait l'archevê- pas dans un certain temps.
que de Cantorbéry d'agir et de parler. Le roi 38. Le pape avait fixé pour terme le com-
Louis en écrivit au pape même, en l'avertis- mencement du Carême''; l'archevêque de-
sant que le roi d'Angleterre montrait ses let- vança dequinze jours, etmandaàtoutleclergé
tres à tous ceux de son parti, et que les schis- de la province de Kent, que si le roi ne satis-
matiques mêmes en
tiraient avantage. L'évè- faisait pas pour la Chandeleur, ils eussent à
que de confirma au pape ce que
Cliailres - cesser l'office divin, excepté le baptême des
le roi Louis lui avait écrit; Jean de Sarisbéry enfants, la pénitence et le viatique, pour le-
et plusieurs autres lui portèrent des plaintes quel on dirait la messe à huis clo-, sans son
sur le même sujet. Le pape, dans la lettre de cloches. 11 leur ordonna encore de dé-
qu'il écrivit par ses nonces Giatien et Vi- noncer l'excommunication à tous ceux qui
vien ^, à l'archevêque de Cantorbéry, lui dé- retenaient le bien des églises, ou qui avaient
fendait en termes exprès de porter aucune reçu des bénéfices de la main des laïques. Il
sentence contre le roi, le royaume, ou les ordonna la même chose à divers évêques, à
personnes dislinguéesjusqu'au retour desdits ses sutfragants, à plusieurs monastères, et
nonces; avec ordre de la suspendre, s'il en lit connaître nommément les évêques qu'il

avaitportéquelqu'une, jusqu'à ce terme mais : avait excommuniés, avec d'autres ecclésias-


en même temps le pape écrivit deux lettres au tiques^; de ce nombre était l'évêque de Lon-
roi d'Angleterre ', par lesquelles il lui enjoi- dres l'excommunication lui fut signifiée per-
:

gnait de la part de Dieu, et pour la rémission sonne. lement, et il y eut ordre de la part de
de ses péchés, de rétablir Thomas dans le l'archevêque aux évêques de Norwick et d'Eli
siège de Cantorbéry, et de lui rendre sincè- de dénoncer les excommuniés dans tous les
rement ses bonnes grâces. Le roi, mécontent lieux de leurs diocèses. L'évêque de Londres
du pape, dit qu'il ne l'écouterait jamais en regardait cette sentence comme nulle *, parce
rien, et jura par les yeux de Dieu qu'il ferait qu'on n'y avait observé aucune formalité de
lutre chose. Gralieu, l'un des deux nonces justice. 11 ne laissa pas d'engager le roi d'An-
qui étaient présents 5, lui dit avec politesse : gleterre à lui rendre le pape propice, afin
« Seigneur, ne faites point de menaces, nous qu'il empêchât l'ettet de cette sentence elle :

ne les craignons pas; nous sommes d'une cour occasionna de part et d'autre grand nombre
accoutumée à commander aux empereurs de lettres '", tant aux évêques qu'aux cardi-
et aux rois. » Le roi, s'étant radouci, olfrit le naux.
rétablissement de l'archevêque et do la paix, 'M. Le pape écoutait les plaintes du roi
et en prit à témoins les barons, quelques d'.Augleterre contre l'archevêque ", mais il
moines de Citeaux et le clergé de la cha- ne laissait pas de regarder leur réconcilia-
pelle. tion comme prochaine c'est pourquoi il en
:

37. Il se tint diverses conférences entre le assurait l'archevêque, en lui disant que dans
nonces et les évoques sur les moyens
roi, les '', ses lettres à ce prince il n'avait rien dit qui
de procurer cette paix le pape, voyant que le ; dut lui donner occasion de l'insulter. 11 se ré-
employa pour le ramener
roi les éludait tous, pandit mi;me un bruit en Fiance, que le pape,
des personnes d'une vertu distinguée An- : porté pour le roi d'.\ngleleire '*, n'était poinl

' E/iisl. 59 [G. !'. 50i). ' Lib. m, iipisl. 33, S'., 38 [81, 84. l«i), l(i3j.
» hSliisl. 60, Ci et seq. [Jcau de SarisbéryJ. s K/JÙt. 39, 40, 41 [133, 134, 4ti4;.
» l.ib. m, t>/.ï(. i [il9J. 9 Lpist. 44, 45 [141, liij.
* bpist. i, 3 [301, 30i]. '" tijisl. 46, 47 [G. 1'".
277, G. 1". 4U3J.
» Ei>isl. (i [383], '• Ub. IV, Efiisl. 16, 17, 1» cl bcq. [224, iii, (i. V.
• Hfjint. lî, 13, Î7, 30, 31. cl lil). IV, /i/..i4/. 1, 2, jOj, G. !•. 509. G. l'. 45iJ.
4, », 10, 14, 15, 10 [Toiu. LXCIX, J. .S. ,•! loin. C.XC, '« lipial. 18, 19, 20 el bcq. [G. F. 505, G. F. 50'.',

3Ï1, et li. F. 33j, MO, 3Î4, 325, ïy7, 3Ui, lUli, .US, G. F. 4jÏ, 332, 387J.
339, 19, 100, ÏÏ2J.

AiV.
67i HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
assez touché de la recommandation du roi béry parce qu'il avait fait serment de ne
*,

Louis en faveur de l'archevêque. Ce prince le luidonner jamais, le dispensa de ce ser-


lui en écrivit de même que la reine de ment lait dans la colère ^ et députa vers lui

France, Etienne, évêque de Meaux, le tré- Rotrou, archevêque de Rouen, et l'évèque


sorier de Sens, les chanoines et l'archevêque de Nevers, pour travailler la paix. Il donna ti

de Reims. Le roi Louis en écrivit encore à avis de cette députation aux évêques de la
l'évèque d'Ostie, qui témoignait du zèle pour province de Kent, à l'archevêque d'York, et
l'archevêque d'autres interprétaient plus
: à ses suôragants. L'archevêque de Cantor-
favorablement la conduite du pape, et tour- béry voyant que rien n'avançait pour son ré-
naient toutes se& attentions pour le roi d'An- tablissement ',
prononça un interdit dans les
gleterre ', à l'avantage de l'archevêque de diocèses d'York, de Londres, de Winchester,
Gantorbéry mais ils souhaitaient qu'Ale-
: de Sarisbéry, de Gantorbéry, et de plusieurs
xandre m
tirât contre ce prince le glaive de autres *. Le pape Alexandre priva de leurs
saint Pierre, ne voyant point d'autre voie au bénéfices tous les prêtres, diacres et sous-
rétablissement de la paix et de la liberté de diacres qui auraient fait depuis son interdit
l'Eghse. quelques fonctions de leurs ordres '.
40. Le pape qui avait déjà averti le roi de 42. Mais toutes ces tempêtes furent suivies
ne plus tourner à son profit les revenus des du calme; la paix fut rétablie entre le roi
évêchés et des abbayes vacantes ^, mais de Henri II et l'archevêque de Gantorbéry '". Ce
leur laisser la liberté de faire des élections prince en informa le jeune roi, son fils, et
canoniques, et de lesprotéger à cet etl'el sans donna l'archevêque Jean, doyen de Saris-
leur nommer les peisonnes que l'on devait béry, pour le reconduire en .\ngleterre. Ce
élire, écrivit à tous les évêques d'Angleterre •''
prélat en écrivit au pape Alexandre ", et à
de s'opposer à l'abus qui s'était introduit à plusieurs de ses amis. Toutes les lettres du
l'égard des bénéfices, et d'obliger ceux qui cinquième livre depuis la quarante-troisième,
en avaient reçu de la main des laïques, de regardent le massacre de l'archevêque, les
les remettre, avec tous les fruits qu'ils en circonstances de son martyre, la translation
avaient perçus, à ceux à qui il appartenait de son corps sous le pape Honorius III, sa
d'en disposer il ordonna en particulier à
: canonisation, ses miracles, la réconciliation
Jean Cumen *, qui s'était emparé par l'auto- de l'Eglise de Gantorbéry, et les bruits qui
rité laïque, de l'archidiaconé de Batli, de le s'étaient répandus que le roi Henri li avait
restituer avec les fruits à celui à qui il l'avait eu part à la mort de l'archevêque.
ôté. 43. Un style noble, élégant, pathétique, fait Jagement
nrle«tjl«(ie
41. Enfin le pape informé que le roi d'An- le caractère des lettres de ce grand prélat ; lÎDt Thomas.
gleterre ne pouvait se résoudre à accorder le et il y est peint partout, comme un homme
baiser de paix à l'archevêque de Cantor- vrai, prêt à tout sacrifier pour son devoir.

1 Episl. 25 [352]. * Epist. 30, 35, 36 et seq. [95, 13G, U8, 161, S5,
« Lib. III, Epist. H [303]. 82, 164].
5 Lib. IV, Epist. SO [2<i9). ^ Episl. 41 [229].
'•
Epist. 31 [319]. <« Epist. 43 [G. F. 497.].
s I.ib. V, Epist. 1 [307]. » Epist. kit, 45 et seq. [498, 25, 303. 41, 110, 48,
6 Epist. %, 3, 4, 5, 6 [252, 253. 25'., 255, 287]. 71, 53 et 261.
' Kpist. H, 25, 33 [389, 329, 3»!].
|xii' siKCLE.] CHAPITRE LVIII. — JEAN DE SAIilSBÉRY, ÉVftQUE DR CHARTRES. (Ho

CHAPITRE LVIII.

Jean Petit ', surnommé de Sarisbéry [ou de Salisbury],


évêque de Chartres.

[Ecrivain latin, 1180.]

^. Jean Petit était n*; en Angleterre dans le neau d'or orné d'une émeraude on signe
diocèse de Sarisbéry, dont il porta le nom. d'investiture car l'Eglise romaine prétendait
;

Encore jeune *, il vint étudier à Paris, en avoir droit sur tontes les iles qui avaient reçu
4137, et il apprit les premiers éléments de la foi chrétienne. Jean de Sarisbérydemeura
la dialectique sous Pierre Abaillard, qui te- avec le pape Adrien à Bénévent environ trois
nait alors montagne Sainte-
son école sur la mois conversant familièrement avec lui,
'",

Geneviève, avec beaucoup de réputation. comme en étant aimé et son compatriote. Le


Abaillard s'étant retiré, Jean s'attacha à Al- pape lui ouvrait sou cœur, et Jean de Saris-
béric de Reiras, grand dialecticien, et à Ro- béry lui répondait avec liberté sur les abus
bert de Melun, Anglais, depuis évéque d'Her- qui régnaient à la cour de Rome.
ford. Il éludia ensuite la grammaire dans 3. 11 fut aussi honoré de l'estime des papes
des vape^, et
l'école de Guillaume de Conques, et la rhé- Eugène 111 et Alexandre 111. Celui-ci se servit
de Cbirlres.
torique sous Richard l'Evêque. Pour se forti- souvent de Jean de Sarisbéry dans ses dé-
fier dans toutes ses études, il donna lui- mêlés avec l'antipape Octavien, et contre le
même des leçons à quelques enfants nobles, concile de Pavie, que Jean appelle un Coii-
qui de leur côté lui fournissaient sa subsis- venticule. Après avoir parcouru l'Italie et la
tance puis il étudia de nouveau la logique et
: France, où il s'était fait une grande réputa-
la théologie sous Gilbert de la Porrée, et la tion, Guillaume aux mains blanches ^, qui
théologie seule sous Robert PuUus et Simon depuis huit ans gardait par dispense l'évêché
de Poissy. Jean de Sarisbéry s'occupa de de Chartres et l'archevêché de Sens, fit éliie
toutes ces diverses études pendant près de pour Chartres Jean de Sarisbéry, le 22 juillet
douze ans, c'est-à-dire jusqu'en 114'J. 1170, tant à cause de son mérite personnel,
2. Il retourna en Angleterre, où Thibaud, que parce qu'il avait été un des confidents
archevêque de Cantorbéry, le fit son chape- de saint Thomas de Cantorbéry, et le com-
lain et son secrétaire cela se voit par les
: pagnon de son exil et de ses souffrances. En
vingt-deux premières et plusieurs autres de suite de l'élection, les députés de l'Eglise de
ses lettres, qu'il écrivit au nom de Thibaud Chartres allèrent à Cantorbéry, munis des
au pape Adrien, qui tint le Saint-Siège de- lettresdu chapitre, du roi et de l'archevêque
puis l'an 115-4 jusqu'en 1159. Ce pape était de Sens, demander Jean pour leur évêque.
Anglais de nation. Henri H, roi d'Angleterre, 11 était alors en Angleterre. Le chapitre de

lui écrivit à son avènement au pontiticat ^, Cantorbéry, en l'absence de l'archevêque, re-


chargea de sa lettre Jean de Sarisbéry, avec mit Jean aux députés, en l'allianchissant de
commission de lui demander permission d'en- tous les engagements qu'il avait en Angle-
trer en Irlande, de s'en rendre maître pour terre. Arrivé en France, il fut sacré à Sens,

y rclabUr le christianisme, et en extirper les le 8 août, i)ar Maurice, évêque de Paris, et

vices. Le pape .\drien l'accorda ii la prière intronisé solennellement à Chartres le 13,


de Jean de Sarisbéry, et envoya avec la bulle fête de l'Assomption de Notre-Dame. Son
de concession au roi d'Angleterre *, un an- épiscopat fut d'un peu plus de quatre ans,

sur Jean de Sarisbéry une notice Urée de la e ta TMolof/ie catholique, toine Xll. [l.'éttiteur

Gallia chriMuna, et une autre tirée de Fuliricius, la » Oiiltia cliristiaiia, tom VIII, \iiig. IHi..
préface du docteur Giles, au tome CXCIX de la l'a- ' lliid. et Multh. Paris., ad nn. 1155.
liologie, col. 9 à 24. Voir aussi {'Histoire lilléraire ' Tom. X Concit., pag. 1144.
de la France, toni. XIV, pafj. 89-lCl, et l'article qui » Polycratique, lib. V1I1, cap. xxni.
lui est consacré dans le Uictioiinuire encyctot-édique « (".allia chri^tianii, ibid., pas. 1147.
676 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
puisqu'il mourut, suivant l'opinion commune, noncèrent la ruine de Jérusalem. Il cite le Cip. i.

le 25 octobre 1181, quelque temps après son passage de Josèphe en faveur de Jésus-Christ,
retour du concile tenu dans l'église de Latran, et parait croire que l'empereur Vespasien
le 5 mars H79. guérit réellement le boiteux et l'aveugle qui
Son premier ouvrage est intitulé Po-
4. : lui furent présentés. Il déteste les nécroman-
lycratique ou Amusements des Courtisans '. Il ciens et autres imposteurs, et ne croit point
est divisé en huit livres. Jean l'adressa en l'évocation de Samuel par la Pythonisse mais ;
,j,^ ,j^,
1139 au chancelier Thomas Becket *, lors- seulement qu'elle fit paraître par l'art des
qu'il était avec Henri 11, roi d'Angleterre, au démons l'ombre de ce prophète.
siège de Toulouse. Il cite indistinctement 7. Quoiqu'il fasse envisager dans son troi- TroUièm
''"''
dans cet ouvrage les écrivains sacrés, les au- sième livre les flatteurs comme des ennemis
teurs ecclésiastiques, les profanes, soit poè- de Dieu et des hommes et comme ce qu'il y a '"• '" " -"'

tes, soit orateurspreuve bien constante de


: de plus pernicieux dans la république, il ne
sa profonde érudition, et surtout du haut laisse pas d'enseigner qu'il est permis de flat-
degré auquel il possédait la belle littérature. ter les tyrans, parce qu'il est permis, dit-il, de
Son objet est de traiter des occupations ou les tuer mais il entend par tyran celui qui a
:
,v.

des amusements des grands du monde; d'en- usurpé la puissance du glaive, et ne l'a pas
trer dans le détail des devoirs attachés à leur reçue de Dieu. Il veut qu'on regarde cet
condition, à leurs emplois, et de parler de homme comme un ennemi public, dont per-
leurs vertus et de leurs vices. 11 se propose sonne ne doit venger la mort.
encore de combattre l'ambition des ecclésias- 8. Il enseigne dans le quatrième livre que
Q^^^„i^
tiques trop avides de bénéfices ; la facilité toute puissance légitime vient de Dieu que ;
'"«•

avec laquelle on accordait à Rome les exemp- c'est en son nom et place que le prince tem-
tions aux moines et autres leligieux. porel exerce la justice; qu'il reçoit de l'E- cap. i.n.

Le Polycratique est donc un composé d'une glise le glaive et la puissance coercitive; que
infinité de matières, dont la lecture ne peut l'Eglise, bien qu'elle ait le glaive, ne peut s'en
être que très-agréable mais on reproche
: servir par elle-même, mais seulement par le
trois choses à l'auteur^ 1° son érudition
: ministère du prince, à qui elle donne la puis-
n'est pas assez digérée 2° il y a peu de jus-
; sance sur les corps, réservant aux évêquesle
tesse dans ses raisonnements, et il y a beau- pouvoir sur les âmes et les choses spirituelles.
coup d'affectation dans son style; 3° il ne fait Jean de Sarisbéry regarde donc le prince „,.

pas attention à la différence des mœurs et temporel com_me le ministre des prêtres ;

des temps; en sorte qu'il parle de la disci- d'où il conclut qu'il leur est inférieur : il con-
pline militaire et de l'ordre judiciaire, comme firme ce qu'il dit Là-dessus par l'exemple du
s'il eût écrit du temps des anciens Romains, grand Constantin, qui, dans le concile deNicée,
ou que le monde n'eût pas changé. céda la première place aux évêques, et reçut
o. En supposant dans le premier livre que leurs décrets comme des oracles de Dieu. Il
chacun doit vivre selon sa condition, et tra- ajoute, suivant les maximes qui régnaient
vailler au bien de la république, il entre- alors,que les prêtres ayant le pouvoir de
prend de montrer que les vains amusements donner l'autorité aux princes, ils peuvent
dont s'occupent les princes et les autres couséquemment la leurôter; comme Samuel
grands du siècle, les éloignent de leurs de- prononça contre Saûl une sentence de dépo-
voirs. 11 met parmi ces amusements le jeu, subrogea le fils d'Isaï, c'est-à-
sition, et lui
la chasse, la musique, les bouff'ons, la ma- dire David ensuite il traite des vertus et des
:

gie, l'astrologie, les divinations, les presti- devoirs des princes.


ges; et traite en particulier de toutes ces 9. Dans le cinquième hvre, il copie la let- cinqoi
''"'"
choses. tre à Trajan, qui est sous le nom de Plutar-
6. Il fait voir dans le second que l'on ne que, et l'instruction qu'il fit, dit-on, à ce
doit pas mépriser les signes naturels que la prince sur les maximes de gouvernement,
Piovidence nous donne quelquefois pour des empereurs contre ceux qui man-
les lois
nous faiie connaître les choses à venir sur : quaient de respect aux ministres des autels, ,.

quoi il rapporte ceux qui précédèrent et an- aux lieux saints et aux choses saintes; et

Tom. XXIII BMioi. Pal., |,as. 243. 3 Fleuiy, Hist. Ecc/és., lib. LXX, tom. V, pag. 71.
Alberii;., iu Chion., ail un. 1157, ;iag. a29.
[xir SIÈCI.1:.] CHAPITRE LVllI. — JEAN DE SAIllSBÉRY, ÉVÊQUE DE CHARTRES. 077

apiès avoir montré quelle est la force de ficius. Elle est divisée en quatre livres. L'au-
l'exemple des princes, soit pour le bien, soit teur y traite avec esprit les matières philo-
pour le mal, il fait voir par le détail de la vie sophiques, et tout ce qui appartient à la lo-
de Trajan, qu'on peut le préférer à tous les gique. D'après lui, quoique -cette partie de la
empereurs. Cela lui donne occasion de rap- philosophie fût fort recherchée de son temps,
porter ce qu'on dit de saint Grégoire le Grand, on ne l'étudiait pas suivant les bonnes rè-
que touché des vertus de ce prince, il délivra gles ; de la part des maîtres ^, ce n'était
par ses prières l'âme de Trajan des peines de qu'ostentation et vanité, et dans leurs écoles
l'enfer. on n'apprenait qu'à subtiliser sur les mots,
10. Le sixième traite de la guerre et de la et à résoudre des questions très-inutiles. 11
discipline militaire. On peut y remarquer faitgrand cas d'Aristote, mais il ne croit pas
qu'avant le xu' siècle de l'Eglise, il était d'u- qu'on doive le suivre aveuglément. U marque
sage que le jour même où un soldat recevait même plusieurs de ses erreurs *. [Jean de
leceinturon, il allât solennellement à l'église; Salisbury y est d'avis, par exemple, qu'il n'y
mettant sou épée sur l'autel, et l'offrant, a que peu de vérités qui puissent se démon-
il s'engageait au service ou ;\ la défense trer rigoureusement, et il considère la foi
de l'autel. Cette coutume ne subsistait plus comme un complément et une condition ab-
du temps de Jean de Sarisbéry. solue de la science en même temps il cher-
;

U. Il est parlé dans le septième des philo- che à donner à la science une direction plus
sophes et de leur différentes opinions; de pratique, en la considérant surtout comme
l'utilitéde la lecture des bons livres, surfout la science de ce qu'il faut croire'.] Parmi ceux
de l'Ecriture sainte, qui est comme le trésor que le sophiste Corniflcius décriait, Jean de
du Saint-Esprit, où sont renfermés des mys- Sarisbéry nomme Gilbert de la Porrée, Pierre
tères inQnis. Jean de Sarisbéry parle de la Abaillaid, Guillaume deChampeaux. [Il juge
piété sincère et du désintéressement dont et loue en revanche les représentants les
les chartreux et les moines de Grandmont plus éminents du savoir de tous les temps.]
faisaient profession mais il désavoue l'ar- : 14. On a de lui trois cent deux lettres *
deur des templiers pour obtenir du Saint- écrites depuis l'an 11.Ï4, où il commença à
Siège des exemptions et des privilèges '. se faire un nom, jusqu'en M81, publiées à
12. Après avoir traité dans le huitième Paris en ICI 1, et dans les Bibliothèques des
livre - des vices et des vertus, il revient aux Pères, dont sept se trouvent dans le qua-
tyrans dont il avait déjà parlé dans le second trième tome des Ecrivains français, et quel-
livre.U en donne le nom à Jules-César, à ques-unes dans la collection des lettres de
Auguste, mais en remarquant qu'ils n'en saint Thomas de Cantorbéry, imprimée à
avaient point l'odieux ni les qualités ;
qu'ils Bruxelles, en deux tomes, par les soins du
étaient aimés et dignes de régner ensuite : père Lupus, en 1G82. Mais toutes ces lettres,
ils'explique sur chacun de leurs successeurs dont la plupart regardent les aÛ'aires géné-
dans l'empire ^, suivant le mérite de leur rales de l'Eglise, savoir le schisme d'Octa-
règne, et avance cette pernicieuse proposi- vien, l'élection d'Alexandre 111, son différend
tion, qu'il est permis de tuer un tyran public, avec l'empereur Fridéric, les contestations
pourvu qu'on ne lui soit pas engagé par ser- de Henri, roi d'Angleterre, avec saint Tho-
ment. 11 autorise celte doctrine condamnable mas de Cantorbéry, ne sont pas toujours au
par ce qu'on lit dans l'Ecriture d'Aod, de nom de Jean de Sarisbéry il y en a beau- :

Jahel et de Judith. coup qu'il n'écrivit que comme secrétaire do


MéUlofïiqoA 13. En 113!), et lorsque la guerre de Tou- l'archevêque Thibaud, ou de quelques autres
louse durait encore Jean de Sarisbéry , personnes de caractère à qui il prêtait sa
adressa un second ouvrage au chancelier plume ''
: le style en est plus naturel et plus
Thomas, sous le titre de Métulogique. C'est uni que celui de ses autres ouvrages. Il
une apologie de la bonne dialectique et de y faitde fréquentes allusions aux livres
la véritable éloquence *, contre un mauvais saints, et il cite souvent les profanes. [Ses
sophiste, qu'il désigne sous le nom de Corni- lettres aux papes, aux princes, aux évoques

' Cap. x.xui, xxn. — « Cap. 1 et seq. catholique. (L'éltleur.) — » Il y eu a trois ccut vingt-
' Cap. XIX. * Lib. — 1, cup. y neuf dans l'édition du doctfur Giles. L'étlileur.)
» Lib. XI, cap. vu et xvui. — • Lib. Il, cap. x.xvu. ° 0ii<'liu<'s-une8 sont écrites sous le nom de
' Voir Dictionnaire encyclopédique de lu Théoloijie Heuri U. (L'éditeui:)
678 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
personnages fournissent de vi-
et à d'autres Ils réservèrent toutefois la décision de cette
ves lumières sur l'histoire de son temps.] aflaire au roi, se contentant de lui envoyer
Nous rapporterons ici ce qu'elles contiennent leurs avis. Mais sur la réponse du roi, Thi-
de plus intéressant. baud, archevêque de Cantorbéry, fit un man-
dS.Pour engager Henri II, roi d'Angle- dement adressé à tous les évéques d'Angle-
terre, à se déclarer pour Alexandre III contre terre, par lequel il leur déclarait qu'.\lexan-
l'antipape Octavien ', Jean de Sarisbéry lui dre était le pape légitime, reçu par l'Eglise

écrivait que dans un si grand péril de l'E- anghcane et la gallicane, elqu'Oclavien était

glise, il ne devait point écouter par respect condamné comme manifestement schismati-
humain l'empereur Fridéric, qui voulait l'at- que, avec ses fauteurs ;
qu'en conséquence
tirer au parti d'Octavien, lui qui avait envahi illeur ordonnait de rendre respect et obéis-
le Saint-Siège, sans élection, sans vocation sance au pape Alexandre.
divine, et par la faveur de ce prince seul ; 17. Il est parlé, dans une des lettres de
mais suivre l'Eglise romaine qui était pres- Jean de Sarisbéry *, de la dévotion que l'on
que toute du côté d'Alexandre Hl, homme avait en France et en Lorraine pour le bien-
sage, prudent, éloquent, reconnu de l'Eglise heureux Diansius, dont le corps reposait à
gallicane « Car, ajoute-t-il, nous avons ap-
: Soissons. Ceux-là surtout qui avaient à se
pris par la lecture qu'en cas pareil, ceux que battre allaient l'invoquer pour s'assurer la
l'Eglise gallicane a reçus, ont prévalu comme ; victoire sur leur adversaire, et passaient à
de notre temps Innocent contre Pierre de cet effet toute la nuit devant le tombeau du

Léon, Callixte contre Bourdin, Urbain contre saint. On y venait aussi de Bourgogne et d'I-
Guibert, Pascal contre trois antipapes, et talie Robert de Monlfort y passa la nuit avant
;

plusieurs autres du temps de nos pères. » Le de se battre contre Henri d'Essex. Saint Tho-
concile assemblé à Pavie au mois de février mas de Cantorbéry étant en cette ville, fit
1160, en présence de l'empereur Fridéric, aussi sa prière à ce saint, pour lui recom-
avait prononcé en faveur d'Octavien, qui mander le dernier combat qu'il aurait à sou-
était aussi présent. On craignit en Angleterre tenir en cette vie.
que le roi ne se laissât entraîner par l'auto- 18. Dans la lettre au comte Henri ^, Jean
riléde cette assemblée. Mais Jean de Saris- fait le dénombrement des livres canoniques,
béry fit voir que tout ce qui s'y était fait, tant de l'Ancien que du Nouveau Testament,
blessait l'équité, les lois et les canons -; que et de ceux qui ne sont point dans le canon
l'on y avait non-seulement condamné des des Hébreux mais qu'on lisait dans les
,

absents sans avoir examiné la cause, mais osé églises. 11 suit en tout ce qu'en a écrit saint

juger l'Eglise romaine, dont le jugement est Jérôme; et en parlant des auteurs de ces
réservé à Dieu seul; que les avis n'y avaient livres, il donne le Pentateuque à Moïse, à Jo-
pas été libres, ayant été donnés en présence sué le livre qui porte son nom , les Psaumes
d'une armée qui menaçait et intimidait les à David, ajoutant qu'en quelques-uns il s'est
juges; que pour les souscriptions du concile, servi du ministère de ceux qui sont dénom-
au lieu d'évéques, on avait fait paraître des més dans les titres des psaumes. Dans une
comtes, mis au premier rang des évéques
et autre lettre S il prie Girard de voir si la

dont l'élection était nulle ou rejetée, nommé- célèbre Hildegarde, estimée pour sa piété
ment celle de Rainald, chancelier de l'empe- par le pape Eugène III, n'avait rien dit dans
reur, qui se disait archevêque de Cologne, ses écrits du temps auquel Cuirait le schisme
quoique son élection eût été condamnée par qui troublait alors l'Eglise romaine. 11 ap-
le pape Adrien. prouve la sentence d'excommunication pro-
16. Il se tint sur le même sujet une assem- noncée par le pape Alexandre 111 contre l'em-
blée en Angleterre, la même année 1160 ^ pereur Fridéric Barberousse \ et la vigueur
où les évéques, après avoir examiné les piè- qu'il avait fait paraître en dépouillant ce
ces sur lesquelles les deux contendants se prince de sa dignité royale, et en déchargeant
fondaient, lu ensuite les canons, et ouï des ses sujets du serment de fidélité , comme Gré-
témoins de ce qui s'était passé dans leur goire avait fait à l'égard de l'empereur
VH
élection, se déclarèrent pour Alexandre 111. Henri IV, reconnaissant également ce droit

1 Epist. i>i,, '.8. 2 Epist. 59. Epist. 72. — 6 Epist. 194.


3 Episl. 64, G5. '•
Episl. 159. '

Epist. 210.
[xir SIÈCLE.] CHAPITRE LVIII. — JEAN DE SAUISBERY, KVÈQUE DE CHARTRES. 679

dans tous les successeurs de saint Pierre. Sarisbéry, par le docteur Giles, et dans le
19. 11 rapporte les sommes d'argent que le tome CXC de la Patrologie, col. 193 et suiv.]
roi Henri H avait oDfertes aux Milanais ', aux Etienne Langton s'est servi de cette Vie dans
Crémonais, aux Bolonais et à plusieurs au- son Quadi'ilogue , ou les quatre livres de la
tres peuples d'Italie, et au pape même, pour Vie du même archevêque, mis à la tète de
l'engager à déposer ou à transférer l'archevê- ses lettres; et Joseph Sparkius, dans une
que de Cantorbéry, Thomas Becket, et à lui troisième Vie de ce saint prélat, imprimée
permettre de faire ordonner qui il voudrait parmi les Historiens d'Angleterre, à Londres
pour les évêchés vacants d'Angleterre; ce en 1723, in-fol. Jean de Sarisbéry composa
qu'il ne put obtenir. Dans la lettre h Jean, aussi, à la prière de saint Thomas, la Vie ou
évêque de Poitiers -, Jean de Sarisbory lui plutôt un abrégé de la Vie de saint Anselme
donne avis du martyre de l'archevêque de de Cantorbéry, l'un de ses prédécesseurs,
Cantorbéry, des miracles fréquents qui se fai- dont il voulait poursuivre la canonisation sous
saient à son tombeau, en témoignage de la le pontificatd'Alexandre III. Cette Vie avec ,

bonté de la cause pour laquelle il avait souf- la bulle de canonisation, se trouve dans le
fert la mort, et de la défense que ses meur- tome de {'Angleterre sacrée, publiée à Lon-
II

triers avaient faite de les rendre publics. dres en 1691, in-fol., [et dans l'édition des
20. Dans le recueil des lettres de Jean de œuvres de Jean de Sarisbéry, par le docteur
Sarisbéry, il y en a trois qui regardent la Giles, d'où elle a passé au tome CXClXde la

discipline de l'Eglise. Dans la première ^, Patrologie, col. 1009-1038.]


Jean déclare nul le mariage d'une femme 22. Trithème \ma.i\.nhne\inPénitentiel;on
qui, après s'être séparée de son mari, fait ne pas encore publié, non plus que le petit
l'a

prêtre depuis cette séparation, s'était rema- traité de la Mauvaise fin des tyrans, cité au
riée à un autre. Le premier mari qui ,
chapitre xx du livre Vlll de son Polycratique.
avait donné occasion à cette séparation, et il parut sous son nom à Amsterdam, en 1646,

qui disait avoir été sous-diacre lors de son un commentaire sur les Epitres de saint Paul,
mariage, fui condamné à rendre àsa femme la et un en particulier sur l'Epilre aux Colos-
dot qu'il en avait reçue. Dans seconde il or- la siens à Cambridge, en 1627. On en cite une
donne l'observation des canons et des décrets édition en la même ville, de l'an 1630. Ses
des papes et des pères * à l'égard de la co- autres ouvrages non imprimés sont un livre
liabilation des clercs avec des femmes; il de l'Etat de la cour de Rome, un traité de la
prescrit de pourvoir les églises d'un calice Double mathématique^, un de l'Amour delà
décent, des ornements et ustensiles néces- musique, le Miroir de la raison, le Miroir de la

saires au saint sacrifice, et de punir un prê- en vers, adressé à Nigelle Wirechir;


folie,

tre accusé d'avoir laissé mourir, sans les sa- quelques autres pièces en vers, des discours,
crements de pénitence et d'eucharistie, une un traité sur les Dogmes des philosophes, et un
femme dont on disait qu'il avait abusé, si tou- contre la Vie des clercs. [Le traité en vers sur
tefois il était convaincu de ces deux fautes. le Dogme des philosophes, intitulé aussi Enthe-
11 est défendu, par la troisième ^, d'exiger ticus ' de Dogmate philosophorum, fut imprimé
des vicaires aucune somme ni rente annuelle pour la première fois en 1843, à Hambourg,
pour avoir droit de servir dans une église. par Ch. Péterson. Il est reproduit par le doc-
AibMoo- 21. Personne n'était plus en état que teur Giles, qui l'a revu sur deux manuscrits,
MiidoSirii' Jean de Sarisbéry d'écrire la Vie de saint et a passé de là au tome CXCIX de la Patro-

Thomas de Cantorbéry dont suivant , , logie, col. 965-1003. C'est le même litre que

l'expression de Pierre de Blois il avait , la préface métrique placée à la tête du Poly-

été l'œil et la main pendant son épiscopat. cratique. L'auteur parle, dans ces écrits, con-
Elle a été imprimée à Paris en ICI 1, avec le tre les différentes sectes des philosophes, et
recueil des lettres de Jean de Sarisbéry, [et y traite en même temps de plusieurs vérités
dans la collection intitulée : Vie desainl Tho- pliilosophiques. Pour lui, la philosophie a
mas, archevêque de Canlorhéry et martyr, Lon- pour but d'aimer Dieu, de fuir le vice, de se
dres et Oxfort, deux volumes in-8°, 1843, et connaître, de connaître Dieu et la vérité, de
de là dans l'édition des œuvres de Jean de mépriser le monde, d'aimer les vertus, de

' Kpist. Î71. — « EpM. 486. — » Epist. 67. ^ Et non EuUiclicus, comme on lit dans la Biogra-
» Epitt. 68. — " Epist. 69. phie universelle de Michnud. [L'éditeur.)
«Kabric, lom. IV BjA/i'j(. med, Lat., p. 386, 387.
.

680 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


mener une vie heureuse et tranquille, d'avoir dans les Bibliothèques des Pères de Cologne et

une foi saine une espérance certaine du


, de Lyon.
bonheur, de tendre toujours à la vie éter- On avait une version française du Polycra-
nelle en ayant Dieu sous les yeux. L'auteur tique dans la Bibliothèque de Ménars '. Les
s'élève souvent contre l'orgueil, l'envie, la quatre livres du Métalogique ont d'abord été
paresse; il montre la supériorité de la foi sur imprimés séparément à Paris en 1610, in-8°;

la science des gentils. Ce traité est suivi d'un avec le Polycratique, à Leyde en 1639, in-8°.

autre plus court, aussi en vers, intitulé Car- Ses lettres n'ont pas toujours été publiées en
men membri» conspir-antibus. Ce n'est autre
de nombre égal. lien parut à Paris, en 1611, un
chose que l'apologue de Ménénius Agrippa recueil de trois cent deux, sur un manuscrit
sur les membres et l'estomac, dont l'applica- de la bibliothèque de Papyre Masson, avec
tion à la mésintelligence du peuple et du sé- la Vie de saint Thomas de Cantorbéry, et quel-

nat romain frappa tous les esprits. 11 a été ques écrits de Gerbert ou Sylvestre II, pape,

publié d'abord par André Rivinus, Leipsick, et d'Etienne de Tournai. Baluze en avait
1655, in-8°, à la suite du poème qui sert d'in- promis une nouvelle édition dès l'an 1680 - ;

troduction au Potycratigue.] on ne voit pas qu'il ait tenu sa promesse. Des


2'à.Ses poésies ont été imprimées, avec quatre-vingt-treize publiées à Bruxelles en
celles de Fulbert de Chartres, à Leipsick en 1682 par le père Lupus, quelques-unes
1635, iu-S", par les soins d'André Rivinus, avaient déjà été imprimées dans les recueils
Sou Polycratique fut mis sous presse à Paris précédents ^. [Deux lettres non encore édi-
en 1513, in-4°; àLeyde en 1595, in-8°; à Pa- tées ont été imprimées par Martène, dans le
risen 1610; à Leyde, avec le Métalogique, en tome I" du Thésaurus anecdotorum.]
1639, in-8°; à Amsterdam en 1664, in-S", et

CHAPITRE LIX.

Pierre de Celle, évêque de Chartr(

(Ecrivain lalin, 1187.]

Le successeur de Jean de Sarisbéry dans


1 son savoir et pour sa vertu. Pierre était alors
le siègede Chartres, fut Pierre de Celle, son dans un âge très-avancé, puisque, comme il
ami Il était champenois de nais-
particulier. le dit lui-même, il y avait déjà trente ans

sance. On le mit, dès sa première jeunesse, qu'il professait la vie monastique, que ses

à Saint-Martin-des-Champs, d'où il passa à mains étaient tremblantes et qu'il se soute-

Moutier-la-Celle, au diocèse de Troyes, pour nait à peine. Aussi son épiscopat ne fut-il

y apprendre les premiers éléments de la vie pas de longue durée, et il mourut le 20 février
monastique. Vers l'an 1130, il en fut élu abbé ;
1187, après avoir gouverné l'Eglise de Char-
douze ans après, c'est-à-dire en 1162 il quitta '*, trespendant environ six ans.
cette abbaye pour passer à celle de St-Reuiy Son mérite le fit considérer de ce qu'il
3.

de Reims, m
lis en conservant toujours le nom y avait alors de plusgrand dans l'Eglise du :

de Pierre de Celle, qui lui est demeuré. pape Alexandre III, de saint Bernard ^, de
2. Vers l'an 1181, il monta sur le siège Jean de Sarisbéry son prédécesseur, et de
épiscopal de Chartres, ayant été élu pour plusieurs autres hommes célèbres. 11 fut tel-

' Il a été traduit plusieurs fois en français. Les tra- ' Baluz, Epist. ad Hieron. Amkros.. edit. à Tenzel.,

ductious de Denis Soulechat, cordelier célèbre sous inDialog. menst., pag. 673.
Charles V, de Jean le Bègue et de CoUanges sont n'y en a que vingt-cinq nouvelles, et non trente-
3 11

restées manuscrites. Celle de Mézerai, publiée sous cmq, comme dit la Biographie universelle de Michaud.
le titre de Vanités de la cour, Paris, 1640, in-4°, est (L'éditeur.)
si rare que les auteurs de l'Histoire littéraire de la ' Gallia christiana, tom. IX., pag, 1149.
France n'ont pu la découvrir dans aucune de nos s
Bernard,, Epist. 293; Alexand., tom, X Concil.,
grandes bibliollièques, {L'éditeur.) pag, 1247 ; Saresb,, Epist. 75, 76, 172, 180.
, ,

k[xii-> SIÈCLE.] CHAPITRE LIX. — PIERRE DE CELLE, ÉVftQUE DE CHARTRES. 081

lement uni avec la communauté de


d'araitié n'y a plus ni pain ni vin , si ce n'est le pain
Clairvaux sous saint Bernard, qu'il en était des anges, dont il est écrit L'homme a mangé :

regardé comme un des principaux membres. le pain des anges. » Pierre de Celle enseigne
'* ''^^ lettres, qui sont en grand nombre, que ceux dont la conscience n'est pas char-
^'mÛ'»'
et distribuées en neuf livres, ont été rendues gée de péchés considérables >, et qui ne sont
publiques et enrichies de notes par le père pas dans l'habitude du péché, doivent rece-
Sirmoud, à Paris en ttJl.'], in-S", avec celles voir l'eucharistie au moins trois fois l'année;
du pape Alexandre III et de quelques autres qu'ils feraient mieux de s'en approcher tous
à Pierre. Elles ont été réimprimées dans le les dimanches, et même chaque jour. Il croit
tome III des œuvres de cet éditeur, à Paris que le méchant prêtre, comme le bon, con-
en 1696, et à Venise en 1729; dans la Biblio- sacrent véritablement, parce que la consé-
thèque des Pères de Paris, de Cologne et de cration n'est pas l'effet du mérite du prêtre
Lyon, et dans l'édition générale des œuvres mais de la parole du Créateur. Quant à un
de Pierre de Celle à l'aris en 1071 par les
, , prêtre hérétique, il pense qu'il consacre tan-
soins de dom Ambroise Janvier, de la con- dis qu'il est dans l'Eglise catholique, mais
grégation de Saint-Maur, [d'où elles ont non quand il en est dehors. La matière de
passé au tome CCII de la Patrologie, col. 397- l'eucharistie est du pain de froment et du vin
1146.] mêlé d'eau; les paroles de la consécration
sts sermons. 3. Les scrmous de Pierre de Celle y tien- sont celles que Jésus-Christ prononça Ceci :

nent le premier rang, au nombre de quatre- est mon corps, ceci mon sang. 11 ne se décide

vingt-onze, dont neuf ont été prècliés dans point sur la manière dont la Vierge est mon-
des synodes '. Ils sont placés suivant l'ordie tée au ciel ^, si c'est en corps et en âme mais ;

du calendrier ecclésiastique iseptsurl'Avent, il dit qu'on le croyait pieusement. Il enseigne


six tant sur la veille que sur la fête de qu'elle fut purifiée dès le moment de sa con-
Noël un sur la fête de la Purification
, ception ^, du ferment de la masse corrompue.
dix-huit sur le Carême sept sur l'Annon- , de Celle adressa son livre intitulé
6. Pierre : Leuvredes
''^'°''P-"'-
ciation, huit sur la Résurrection, trois sur Des Pains, à Jean de Sarisbéry, évêque de
l'Ascension, quatre sur la Pentecôte, deux Chartres et son ami eu le priant d'approu-
, ,

sur la Transfiguration, huit sur l'.Vssomption ver ce qu'il y avait d'utile, de retrancher ce
de la sainte Vierge, les autres sur diverses qui méritait de l'être, et de suppléer à ce qui

fêtes des Saints. Rien de plus précis que sa y manquait. 11 avait pour principe de ne s'é-
croyance sur la présence réelle dans l'eucha- loigner en rien de la doctrine des pères, dans
ristie. « Il est nécessaire, dit-il -, que vous les articles de la foi ou dans ceux de la morale
croyiez véritablement que le vrai corps et le chrétienne, et d'éviter même la nouveauté
vrai sang de Jésus-Christ sont sur l'autel sous des termes. Il explique dans cet ouvrage en un
une espèce visible, et que cette espèce n'est sens mystique et moral ce qui est dit dans
pas celle du corps ni du sang de Jésus-Christ, l'Ecriture des tables que Dieu avait ordonné
qui est là d'une manière invisihle mais du , à Moïse de taire placer dans le tabernacle,
pain matériel et du vin qui toutefois ne sont devant le voile et ailleurs, et des divers gen-
pas là substantiellement 11 est en même temps . res de pain dont elle fait mention du pain :

dans le ciel ^ sur l'autel et dans le cœur du


, fermenté, du pain azyme, du pain des enfants,
chrétien. Quoique après la conversion de la du pain des forts ou des parfaits, du pain des
substance du pain et du vin * au corps et au prémices, des pains de proposition, du pain de
sang de Jésus-Christ par les paroles de la con- Heur de froment, du pain d'orge, du pain de

sécration, vous voyiez encore sur l'autel le ceux qui pleurent ou qui se réjouissent, du
pain et le vin, croyez indubitablement qu'il pain des entants de famille, des esclaves, des

'
Edit. Paris,, ,in. lOTI, iiau'. I. tantiam corporis et sanguinis Christi, ubi licet panem
' Admodum perlinet ut veraciier credas, corpus ve- etvinum post consecrationetn videas, certo lamen cer-
rum et sanguinem Christi eise in allari sub specie vi- credas nec panem csje l'éi, nec vinwn, nisi forte
titis

sibili, nec esse illam speciem corj>oris vel sanyuiiiis panem Anijelorum de quo dicitur : Quia panem An-
Christi, qui ibi est invisibiliter , sed partis malerintis et i{ulorum luanducavil lioino. Id., ibid., Serin. 6, cdil.

vini, quœ ibi non sunt substantialiler. l'etr. Ceil., farid., pag. 109, 12C, i;i8.
Serm. in Cœna Domini. ^ Serm. 7 in Cœna.
' Est in cœlo, in altari, in corde chrisliani. Idem, " Sevin. 1 de Assumptione.
Scriii. 6. ' Serui. a.
' De conixrsionc substanttœ panis et vini in subs-
682 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
mercenaires, du pain cuit sous la cendre, du la Vierge Marie, le corps conçu du Saint-
pain sanctifié ou sacerdotal et de beaucoup , Esprit, le corps qui a souEfert sur la croix,
d'autres espèces de pain, plus différentes qui a été mis dans un tombeau neuf, le corps
par rapport h la façon de le faire cuire ou de qui est ressuscité le troisième jour d'entre
le servir, qu'en lui-même. les morts, le corps qui est monté au-dessus
7. Les deux livres du Tabernacle construit des cieux ,
qui est assis à la droite du Père,
par Moïse sur l'ordrede Dieu, sont dans le même dans lequel il viendra juger les vivants et les
goût que le précédent, c'est-à-dire que Pierre morts? Avant de nous en approcher, il faut
de Celle donne une explication morale et nous purifier par l'eau de la componction, par
mystique de toutes les parties dont il était le feu de la compassion fraternelle, avec l'hy-

composé, de l'arche d'alliance, du propitia- sope de la foi et d'une humble confession, et


toire, de la table de bois de séthim, et de avec la cendre de la mortification. »
tout ce qui était nécessaire pour le sacrifice. 10. Tous les ouvrages dont nous venons de
8. Le traité de la Conscience, adressé au parler sont d'un style affecté, et remplis de ]

moine Alcher, qui le lui avait demandé ,


fait réflexions mystiques. C'était le goût de Pierre '

voir ce que c'est que la conscience, et ce que de Celle, et il est rare qu'il donne aux pas-
l'on doit faire pour la régler. 11 la définit la sages de l'Ecriture d'autres sens que le mys-
connaissance du cœur, et dit que pour être tique ou le moral. Quoiqu'il soit plus naturel
bien réglée elle doit avoir la crainte de Dieu dans ses lettres, il ne laisse pas d'y affecter
qui l'éloigné du péché, être soumise aux vé- de temps en temps des jeux de mots. Au
rités de la foi, afin qu'elle rejette tout ce qui reste, elles fournissent peu de traits intéres-
est mensonge aimer Dieu, ce
et vanité, et sants pour notre sujet; ce sont des lettres de
qui la rendra fervente dans l'observation de politesse ou sur des affaires particulières.
ses lois. On les a divisées en neuf livres, apparem-
9. Pierre de Celle était abbé de St-Remy ment pour la facilité des lecteurs. Dans les
de Reims , lorsqu'il composa le traité de la anciens exemplaires, elles sont de suite sans
Discipline du cloître. Il l'envoya à Henri 1", aucune division. La première et la sixième
comte de Champagne, à qui il l'avait dédié, du premier livre , au pape
l'une adressée
en le priant de n'en pas continuer la lecture, Alexandre III, Eugène III, n'appar-
l'autre à
si elle lui causait du dégoût. Dom Luc d'A- tiennent à Pierre de Celle que parce qu'il les
cliéry l'a inséré dans le tome 111 de son S/ji- écrivit au nom de ceux qu'elles intéressent.
cilêge, d'où il est passé dans les éditions des L'éditeur lui a ôté la lettre aux frères du
pèies et de dom Janvier. Les deux règles que Mont-Dieu, pour la donner à Guillaume de
se propose Pierre de Celle pour traiter de la Saint -Thierry. 11 paraît, parla vingt-unième,
discipline du cloître sont celles de saint Be- qu'il composait des sermons pour Thibaud^,
noit et de saint Augustin. Cette discipline a évêque de Paris, auparavant prieur de Saint-
pour fondement les exercices que l'on prati- Marlin-des-Champs. Dans la vingt-lroisième
que dans le cloître le silence, la lecture des
: lettre du sixième livre ^, il truite mal Nicolas,
bons livres, la confession des péchés à Dieu moine de Saint-Alban en Angleterre. Celui-ci
et au prêtre l'oraison
, la méditation de la
, ne le ménagea pas dans sa réponse, qui est
mort et de la passion di; Jésus-Christ, la par- la neuvième lettre du dernier livre *. La ré-
ticipation du corps et du sang du Sauveur, plique de Pierre de Celle est encore un peu
après s'y être préparé en purifiant sa cons- aigre, mais il ne laisse pas, sur la fin, de té-
cience. Pierre s'étend sur cet article, et ex- moigner au moine Nicolas de l'amitié et de
plique l'utilité et la nécessité de ce sacrement; l'estime.Il avait avancé, dans une de ses

avec quelle intention et en quel temps on doit lettres à Pierrede Celle, que la sainte Vierge
s'en approcher. Ce qu'il dit sur la réalité n'avait jamais senti le péché, en sorte qu'elle
mérite d'être rapporte. « Qu'y a-t-il sur l'au- n'avait eu aucune occasion de le combattre.
tel ? N'est-ce pas le corps qui a été pris de
' Il prouvait son sentiment par l'autorité de

' Quid est in alfari ? Nonne corpus quod sumptum judex vivorum et mortuorum judicaturiis est vivos et

est de Virgine Maria, corpus conceptum de Spirilu mortuos ? Petr. Cell., lib. de Disc, claust., cap. xsv.
sancto, corpus passum in cruce, sepultum in rnonu- sUh. 1, Epist. 21.
menlo nova, corpus quod tertia die resurrexit a mor- s Lib. VI, Epist. 23.
(uis, corpus quod ascendit super omnes cœlos, corpus "-Lib. IX, Epist. 9 etlO.
quod sedet ad dexteram Patris in excelsis, in quo
[xii-siKCLE.l CHAPITRE LX. PHILIPPE DE HARVINGE, MOINE. 683

saint Augustin ,
qui défend de parler de la ravant consulté le Saint-Siège. Pierre ajou-
sainte Vierge lorsqu'il est question de péché; tait que si la sainte Vierge n'avait rien eu à

l'établissement de la fêle de la Nativité , l'E- combattre pendant sa vie, elle n'aurait pas
glise n'ayant institué cette solennité que eu occasiou de mériter; que ce que Dieu dit
parce qu'elle croit que la sainte Vierge est au serpent dans la Genèse Je mettrai des :

née sans péché, et conséquemraent qu'elle a inimitiés entre toi et la femme, devant s'enten-
aussi vécu sans péché, et qu'elle ne l'a pas dre de la sainte Vierge, il suit de là qu'elle

même senti jusqu'à sa mort. Pierre de Celle, a eu en ellet des combats à soutenir contre
appuyé du sentimentde saint Bernard, croyait cet ennemi. Mais, dans sa dernière lettre,
comme lui qu'elle avait été puriliée du péché Pierre de Celle se réduisit à dire que la sainte
d'origine aussitôt après sa conception ;
qu'elle Vierge n'avait senti les attaques qu'au dehors
était née dans la sainteté, mais qu'elle n'y et pour les surmonter; que les suggestions
avait pas été conçue nul n'ayant été conçu
, de l'ennemi n'avaient pas pénétré jusqu'à
dans la sainteté que Jésus-Christ qui, devant son Urne. [D'après la foi catholique définie par
sanctifier les hommes et expier le péché, en Pie IX, la sainte Vierge a été préservée de la
devait être seul exempt. C'est sur ce fonde- sans doute notre auteur eût
t;iche originelle et
ment que saint Bernard, et après lui Pierre accepté avec soumission et bonheur la défi-
de Celle, trouvaient mauvais qu'on eût insti- nition de l'Eglise.]
tué la Fête de la Conception sans avoir aupa-

CHAPITRE LX.
Philippe de Harvinge, surnommé de Bonne-Espérance, ordre de
Prémontré [après 1187J; Adam, du même ordre [1180J.

1. Philippe de Hai-vinge ', surnommé de Odon de la conduite de son prieur.


l'abbé
Bonne-Espérance, à cause d'une abbaye de Odon déposa Philippe, et l'envoya comme
ce nom de l'ordre de Prémontré, située dans en exil dans une autre abbaye, sous l'agré-
le Haiuaut, près de Binche, dont il fut abbé, ment de l'abbé de Prémontré.
eut encore le surnom d'Aumônier, pour sa 3. Philippe, qui ne se croyait en point
grande charité envers les pauvres. Il étudia en llol une lettre apologétique
tort, écrivit
d'abord à Paris, puis à Laon, sous le doc- au page Eugène III ' et une à saint
, Bernard,
teur Anselme, dont l'école était en grande pour lui demander son amitié. Toutes ces
réputation. Dans le dessein de se consacrer démarches ne lui procurèrent point son re-
à Dieu, il choisit l'ordre de Prémontré, et en tour à l'abbaye de Bonne-Espérance; il n'y
fit profession dans l'abbaye de Bonne-Espé- revint qu'en 113.^, environ deux ans après la
rance. U ne fut pas longtemps sans entrer mort de l'abbé de Clairvaux.
dans les charges. Odon, qui en était abbé, i. Cependant Odon étant mort vers l'an

le fit prieur. 1162, Philippe fut choisi pour lui succéder.


2. Saint Bernard, qui l'était de Clairvaux, Il gouverna longtemps, et avec beaucoup de

y recevait de temps en temps des religieux douceur et de sagesse, l'abbaye de Bonne-


de Clugny et de Prémontré, un entre autres Espérance, y fil fleurir les lettres, et donna
nommé frère Robert. Philippe, son prieur, plusieurs productions de son savoir. Il vivait
le trouva mauvais, et en écrivit à saint Ber- encore en 1187, comme on le voit par l'épi-
nard avec beaucoup d'aiu'reur ^. L'ahbé d(! laphe qu'il fit pour le pape Urbain III, mort
Clairvaux prétendait qu'en certains cas il en cette année le 1!) oclohre.
pouvait recevoir des religieux d'un autre or- 5. Le père Nicolas Chamart, l'un des suc-
dre, el leur donner l'habit, et il se plaignit à cesseurs de Philippe dans l'abbaye de Bonne-

' Voir sa vie par l.opaign et iinn notice liialoriqup. * l'iiilipiip, Epist. 10.
el littéraire liréft de Fabricius, tome CClll d(! la l'ci- 3 Idem, ICpisl. 12.

iioloyie, col. 5 el 9. {L'éditeur.)


684 HISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Espérance, fit imprimer se^ ouvrages à Douai laire, et donne le catalogue de ses ouvrages.
en 1621, in-fol. [C'est l'édition qu'on a re- Il
y prouve encore que la chair que Jésus-
produite au tome CCIII de la Patrologie.] Christ avait prise de la Vierge était exempte
Ce recueil contient vingt et une lettres, du péché originel. Il n'est pas surprenant
dont plusieurs sont adressées à divers maî- qu'il traite plusieurs fois cette matière, parce
tres de l'école de Paris. Philippe demande que c'était alors une question fort agitée, de
dans la première, si l'on doit prendre à la savoir comment la chair de Jésus -Christ
lettre ce qui est dit dans la Genèse de l'or- avait été exempte du péché. Sa septième
dre et des jours de la création, en sorte que lettre est aussi en partie sur la même ques-
Dieu ait mis un intervalle dans la création tion. C'est dans
que nous apprenons
celle-là ^ .^^^

des différents élres. A quoi il répond que qu'il avait étudié docteur Anselme.
sous le

toutes choses ont été créées ensemble, et Philippe y dit que le bonheur d'un homme
que rénumération des six jours ne doit pas n'est pas d'avoir étudié sous un tel maître à
se prendre littéralement, mais dans un sens Laon, ou sous un autre à Paris, mais d'avoir
mystique. Il convient toutefois qu'en la pre- appris la loi de Dieu de lui-même. Et dans
nant à la lettre, on ne dérogerait point à la sa troisième lettre « Ce n'est pas un honneur
:

puissance de Dieu, parce que s'il n'a fait d'avoir été à Paris, mais d'y avoir acquis de
qu'en six jours ce qu'il pouvait faire d'une la science. »

seule parole, c'est qu'il bien voulu ainsi.


l'a 8. La huitième lettre est une instruction ,

iipist.2. 6. Dans la prouve qu'encore


seconde, il très-solide sur la pratique de la vertu, qui
que la chair soit née d'A-
de Jésus-Christ doit avoir nécessairement la foi pour fonde-
dam, elle a toutefois été exempte de péché. ment, La dixième est une plainte très-vive
Sa raison est que le péché originel ne se contre saint Bernard, qui avait reçu à Ciair-
contractant que par la génération, la chair vaux un des rehgieux de l'abbaye de Bonne-
de Jésus-Christ, qui est née d'une vierge, Espérance, comme on l'a dit plus haut. Il
3,4. n'a pas contracté ce péché. Il fait dans la lui fait l'appUcation du reproche que Nathan
,j

troisième l'éloge de l'Université de Paris, et fit à David après l'enlèvement de la femme

montre dans la quatrième, par l'exemple de d'Urie, et se sert de la même comparaison;


plusieurs anciens, que les sciences ne s'ac- luireprésente le scandale qu'il avait causé
quièrent qu'avec beaucoup de peine et de en recevant ce frère sans l'agrément de son
travail. Philippe avait prêté un livre de saint supérieur le trouble qu'il avait jeté dans
,

Athanase à un de ses amis celui-ci n'en : le monastère, et comment en cela il avait

s. approuva pas la doctrine. L'abbé de Bonne- contrevenu au décret du pape Innocent, et


Espérance prit la défense de l'endroit que à la convention faite entre les abbés de
cet ami critiquait, et s'autorisa de l'approba- l'ordre de Citeaux et de Prémontré, de ne
tion que saint Augustin avait donnée à ce recevoir de part ni d'autre aucun sujet de
livre. Il était écrit contre les hérétiques qui ces deux ordres sans le consentement de
attaquaient la divinité de Jésus-Christ en allé- l'abbé. Il lui fait voir les fâcheuses suites de
guant qu'il avait été sujet aux infirmités hu- la facilité à recevoir les religieux d'un autre
maines. Philippe fait voir que saint Athanase ordre, et lui représente qu'en voulant aug-
n'enseigne rien de contraire à la doctrine des menter l'un au préjudice de l'autre, on rompt
pères de l'Eglise ;
qu'il dit comme eux que la charité et la paix entre eux. Sa lettre fut

Jésus-Christ est né du Saint-Esprit et de la sans on le déposa de sa place de prieur.


effet, et

sainte Vierge; ce qui n'empêche pas qu'il 9. pourquoi Phifippe en écrivit à


C'est ,2

n'ait été sujet aux faiblesses humaines, ex- Eugène III, non pour revendiquer le frère
cepté le péché, n'ayant pas été conçu de la Robert, sur lequel il n'avait plus d'autorité,
Vierge à li manière ordinaire des hommes; mais pour lui rendre compte de sa conduite

qu'il a souffert dans sa chair, mais volontai- envers saint Bernard, et des calomnies dont
rement, et non par nécessité. Philippe rap- il avait été noirci à cause de son change-

porte plusieurs passages des pères, de saint ment de maison. 11 finit sa lettre en suppliant
Augustin, de saint Hifaire, du vénérabfe le pape de le secourir dans l'état de souf-
Bède, pour montrer l'uniformité de leurs france où il était. Dans la treizième lettre il ,3

sentiments avec saint Athanase. donne l'explication des noms d'abbé et d'é-
6. 7. 11 fait aussi dans la sixième lettre l'apo- vêque; des marques de leur dignité, c'est-à-
logie de quelques expressions de saint Hi- dire du bâton pastoral; d'où il prend occa-
[Xir SIÈCLE.] CHAPITRE LX. — PHILIPPE DE HARVINGE. MOINE. 685
sion de descendre dans le détail de leurs Ce ne fut qu'après des instances réité-
12.
fonctions et des devoirs de leur ministère. rées de la part de ses amis, que Philippe en-
On ne sait point à qui cette lettre est udresséc, treprit de commenter le Cantique des Canti-
et on n'ea connaît l'auteur que par le style, ques. 11 savait que les anciens et les nou-
qui est le même que celui des précédentes, veaux interprètes avaient travaillé à déve-
conséquemment de Philippe de Bonne-Es- lopper le vrai sens de ce livre, et il ne se
pérance. croyait pas en état d'ajouter à leurs recher-
Episi. u. 10. La suivante est un éloge des martj'rs. ches. 11 se rendit toutefois et donna le com-
Philippe leur compare ceux qui, vivant dans mentaire qu'on lui demandait. Philippe en-
un monastère sous le joug de l'obéissance et visage Cantique des Cantiques dans le
le
dans des mortifications continuelles, meu- même sens que tous les pères de l'Eglise ont
rent chaque jour pour le nom de Jésus- fait, c'est-à-dire comme un épithalame spi-

Christ, et méritent, par celte mort lente, le rituel où Salomon, conduit par l'esprit de
pardon de leurs péchés et la gloire éter- Dieu, décrit sous les termes usités dans les
>«. " nelle. U relève, dans la seizième et la dix-sep- mariages ordinaires, l'union sacrée de Jésus-
tième, l'attention des personnes de qualité à Christ avec son Eglise, et son alliance éter-
cultiver les sciences, même celles qui con- nelle avec nous dans le mystère de l'incar-
viennent à un ecclésiastique, et fait voir nation. U ne doute point que ce cantique ne
qu'elles ne sont point incompatibles avec soit de Salomon, et il pense qu'il est posté-

l'art militaire. Il traite la même matière dans rieur en date aux livres des Proverbes et de
'«.'»• la dix-huitième. Dans la dix-neuvième, il l'Ecclésiaste. Ce commentaire est divisé en
congratule un homme de qualité sur son six livres.

élévation à l'épiscopat, et l'exhorte à travail- 13. Philippe en composa sept de moralités Uoiar.tél

ler à la défense et au bien de l'Eglise. Les ou de réllexions morales sur le même canti- ç^«4„r. p'

deux suivantes ne contiennent rien de re- que; en sorte qu'il l'a expliqué suivant le sens "n

marquable elles sont suivies de quatre


: let- allégorique et selon le sens moral. Il a com-
tres adressées à Philippe par quelques-uns menté dans le même goût le songe de Nabu-
de ses amis. Ce sont des questions proposées chodonosor.
;i Philippe sur la manière dont la chair de li. Dans le livre intitulé Du Salut du : i

Jésus-Christ a été exempte de tout péché. Il premiei- hcmme, il se propose cette question : „1
''"^
y répondit par les lettres cinq, six et sept. Que faut-ilpenser du salut du premier hom-
f'"«"n.
11- Fabricius met au nombre des lettres
' me, puisqu'il est constant par l'Ecriture qu'il
'"• de Philippe de Boiine-Espérance, celle qu'on a péché mortellement, et qu'on ne lit pas
trouve dans le tome II du Spicilége -, adres- qu'il en ait fait pénitence? Il répond qu'il

sée au pape .Vlexandre 111 ; mais il est visiitle paraît par le témoignage du prophète Osée os.

qu'elle lui fut écrite pur Philippe, abbé de et par de la


le livre Sagesse, que Dieu, par
saj

l'Aumône, et non de Bonne-Espérance, qui un de sa miséricorde, a fait rentrer le


etl'et

fut un de ceux qui s'employèrent le plus à premier homme dans son devoir en lui ins-
le faire reconnaître pour pape légitime, tant pirant des sentiments de pénitence; que iel
en France qu'en Angleterre. Aussi cette lettre est aussi le sentiment de saint Augustin, et
fait-elle mention de celle que ce pape écrivit telle la doctrine de toute l'Eglise; que quand
à Henri, roi d'Angleterre, et que Philippe on dit, par opposition à l'obéissance de Jé-
lui avait présentée lui-même. Ou ne voit sus-Christ jusqu'à la mort, qu'Adam a été
nulle part que Philippe de Bonne-Espérance désobéissant jusqu'à la mort, cela ne doit
ait été en relation avec Alexandre III à l'oc- s'entendre que de la mort temporelle mort ^ :

casion du schisme de ranti-pajje Victor; au qui n'exclut pas les sentiments de pénitence ",'
lieu que Philippe de TAumùne s'intéressa avant qu'on la subisse, comme elle ne les
vivement à le faire Unir, comme on l'a dit exclut pas dans un homme condamné an
dans 1 article d'Alexandre 111. Ce qui a trompé dernier supplice pour cause de vol ou d'ho-
Fabricius, est que Philippe de lîonne-Espé- micide. Philippe allègue aussi eu faveur du ^
rance avait aussi le surnom de l'Aumône, salut d'Adam les témoignages de saint Gré- f»
non à cause du litre de son abbaye, mais pour goire-le-Grand et de saint Chrysoslome; et
ses largesses envers les pauvres. ajoute qu'une des raisons de condamner les

Tom. Il S/jiciley., pag. 453. V Bilitiol. hit., piig. 857. i


HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
encratites oc tatianistes était, selon saint interprète a dit de Salomon dans ses autres
Augustin ,
qu'ils croyaient qu'Adam était ouvrages. Philippe rejette comme fabuleux i

damné. ce que de la pénitence et


les juifs ont écrit

Avant de se décider sur le salut de


15. du salut de Salomon, et prend le parti de
Salomon, Philippe de Bonne - Espérance souscrire au jugement que les saints pères
rapporte tout ce qui est dit dans l'Ecriture à cités ci-dessus en ont porté.
l'avantage et au désavantage de ce prince ,
l.T. Il examine dans le traité suivant inti-
^

d'un côté, sa sagesse, ses lumières, son ap- tulé : De la Dignité des Clercs, lequel des deux '

plication à faire lleurir le culte de Dieu, en ordres établis dans l'Eglise, celui des clercs
lui bâtissant un temple magnifique de l'au- ; et celui des moines, est le plus digne, et
tre, son amour déréglé pour les femmes commence par l'examen du premier, parce
même étrangères; son attachement au culte qu'il est le plus ancien. Il fixe l'époque du ,

des idoles, tel qu'il leur fît construire des sacerdoce d'Aaron, non qu'il n'y eût des prê-
temples. Il ajoute ensuite qu'il n'est rien tres avant lui, mais parce qu'il est le premier
dit de sa pénitence dans les livres saints; que Dieu ait honoré de cette dignité. Ceux
qu'il n'y est pas dit non plus que Dieu lui qui l'ont eue avant lui, se l'étaient donnée

ait fait miséricorde parmi les pères de


;
eux-mêmes ; du moins on ne sait par quelle
l'Eglise, Origène, saint Augustin, saint Gré- autorité ils possédaient le sacerdoce. L'Ecri-
goire-le-Grand, saint Fulgence, Paschal, ture ne dit rien de la manière dont Melchi-
diacre de l'Eglise romaine, le vénérable Bède sédech avait été fait prêtre du Très-Haut.
et plusieurs pensé désavanta-
autres, ont Eléazar, fils d'Aaron, fut nommé prêtre par
geusement de de Salomon; au con-
la fin le choix de Dieu même et lorsque Moïse :

traire Bacchiarius, dont nous avons un livre dit dans le Lévitique, que celui-là offrira au

sur la Foi, adressé au pape Sirice ou à Anas- Seigneur en qualité de prêtre, qui aura de
tase, publié au tome II des Anecdotes de Mu- droit succédé à son père dans le sacerdoce,
ratori, enseigne, dans sa lettre à Janvier, que il fait voir qu'outre la succession paternelle,
Salomon a fait pénitence et obtenu le pardon ' l'électionde Dieu intervenait. C'est pourquoi
de ses fautes; et cet auteur confirme son sen- Moïse ne sachant qui succéderait dans le sa-
timent par ce qui est dit dans l'Ecriture, que cerdoce à Aaron son frère, eut besoin de
Salomon, après sa mort, fut enterré avec ses consulter Dieu là-dessus et ce fut en consé- :

pères dans la cité de David honneur que : quence qu'au lieu de nommer l'un des deux
en parti-
l'on refusa à plusieurs rois impies, aînés d'Aaron, il ne nomma que le troisième.
culier à Achaz. Mais ce raisonnement ne pa- Il en usa de même pour le choix de son suc-

rait pas concluant à Pliihppe, puisque de cesseur dans le gouvernement du peuple


très-mauvais rois, comme Roboam, Abias, d'Israël ;
quoiqu'il eût des enfants, il choisit
Ochosias, Amasias , furent aussi inhumés Josué, fils de Nun.

dans la citéde David ou de Jérusalem. Ce Ce qu'étaient Aaron et ses fils pour le


16.
livre apologétique de Salomon citait un en- ministère du tabernacle, les clercs le sont
droit du treizième de saint Jérôme sur
livre aujourd'hui par rapport au ministère de l'E-
le prophète Ezéchiel où ce père disait
, : glise. Aaron représentait les évêques ses ;

(( Salomon a péché Dieu, mais il


et ofi:ensé enfants, les prêtres, qui consacrent de leur
en a fait pénitence.» Philippe répond que si bouche le corps de Jésus-Christ, et le don-
ce père a pensé ainsi et appuyé son senti- nent à manger aux fidèles. Dans la loi nou-
ment de ce passage du livre des Proverbes : velle comme dans l'ancienne, c'est Dieu qui
Dans mes derniers jours j'ai fait pénitence, et choisit les ministres de son Eglise Jésus- ;

considéré que je devais vivre selon la discipline, Christ choisit les apôtres et tous ceux qu'il
c'est qu'il avait suiviquelques anciens exem- employa à l'apostolat ; c'est le Saint-Esprit
plaires des Proverbes où ces paroles se , qui établit les évêques pour gouverner les
trouvnient; mais qu'ayant lui-même traduit Eglises : aucun ne doit s'ingérer dans ce degré
ce livre d'hébreu en latin, il l'avait suppri- d'honneur; il doit être élu. Philippe se plaint
mé, parce qu'il ne se trouvait pas dans l'origi- de ce que de son temps on voyait des églises
nal; enfin qu'il n'est pas dans nos Bibles, et pleines de chanoines, et qui manquaient de
qu'il ne s'accorde pas avec ce que ce même diacres et de prêtres; en sorte qu'il fallait

FulLieit de Gliartres, dans sa lettre 81, cite ce que dit Bacchiarius sur ce sujet.
l

[Xir SIÈCLE.] CHAPITRE LX. — ADAM, MOINE DE l'RÉMONTRÉ.


recourir à des clercs mercenaires pour faire à Douai en 1642, in-S"; celle de sainte Ode,
les fonctions de ces deux ordres : qu'on en vierge, que les BoUandistes ont donnée au
connaissait d'autres qui ne se faisaient or- 20 avril; celle de sainte Waldetrude, et le
donner que pour parvenir aux dignités ecclé- Martyre de sainte Aynès en vers élégiaques.
siastiques, qui demandaient qu'on fût dans 21. Ses autres poésies sont presque toutes p„^i„
les ordres avant de les obtenir; que dans en vers de la même espèce. 11 composa un '"'"''pp'-

les momistères mêmes il se trouvait des reli- poème sur la destruction de Rome un sur ;

gieux qui, pour y occuper un rang plus dis- une femme accusée d'adultère par son mari,
tingué, désiraient d'être promus aux ordres, quoiqu'elle fût innocente ; un à la louange
et se donnaient des mouvements pour y ar- de Samson; l'épitapbe du pape Urbain III,
river. 11 bldrae les uns et les autres, et géné- celle d'Hugues de Chartres, qui se trouve
ralement tous ceux qui, dans leur promo- dans les Hollandistes au 20 mai celles de saint
;

tion, suivent, non la volonté de Dieu, mais Anselme de Cautorbéry, de Laufranc, de


la leur. Il passe de l'élection des clercs à leur saint Bernard, de Pierre Abaillard, et de
babillement, dont il fait le détail. quelques autres personnages qui s'étaient
17. Ensuite il traite de la science des clercs, rendus célèbres. Philippe fil encore des épi-
et montre par un grand nombre de passages grammes sur des sujets de piété, sur le mys-
del'Ecriturcqu'ilsdoiventsurtout s'appliquer tère de l'incarnation, l'adoration des mages,
à l'intelligence des livres saints, en s'y prépa- et la triple demeure des justes, l'une dans
rant par la prière. Il croit qu'un travail mo- l'air, la seconde sous la terre, la troisième

déré est même aux clercs occupés à


utile, dans le ciel quelques autres sur des matiè-
;

l'élude, soit pour la conservation de leur res indiS'érenies, comme sur la roue de la
santé, soit à cause qu'après cette espèce de fortune, sur la langueur des arts par le dé-
dissipation on retourne à l'étude avec plus faut d'argent, sur le caractère d'une mau-
d'ardeur. vaise femme, sur le riche, le pauvre, l'avare;
18. A la science il veut qu'un clerc joigne des logogryphes et des énigmes.
la justice, c'est-à-dire la charité,parce que 22. Philippe avait de l'érudition. Son style upsmt
'' '" '"
la science sans la charité cause de l'orgueil est aisé ; mais ses fréquentes digressions
pas; et qu'il vive dans une exacte
et n'édifie énervent son discours, et font perdre de vue
continence suivant les lois de l'Eglise. Phi- au lecteur l'objet principal de la question.
lippe vient ensuite à la question qu'il s'était 23. Adam, Ecossais de nation, de l'ordre Adam,»
proposée d'abord savoir si la qualité de
; de Prémontré, fut abbé ou évêque de Case- mI' i'
clerc est supérieure à celle de moine. 11 Blanche en Ecosse. C'est tout ce que l'on sait g°°/°!

opine pour la première, et prouve son senti- de sa vie. D'Ecosse il passa en France, où il
ment par la dignité des fonctions attachées mourut en 1180, après s'être distingué dans
à la cléricature, et par le témoignage de son ordre par sa piété et son savoir. Nous
saint Jérôme et de plusieurs anciens écri- avons de lui un commentaire sur la règle de
vains. saint Augustin, un traité des Trois taberna-

19. Les deux traités qui ont pour titre : De cles, un autre des Trois genres de contempla-
l'Obéissance et du silence des clercs, peuvent lion, et quarante-sept sermons sur diverses
convenir à toutes sortes de conditions. L'au- fêtes de l'année, le tout imprimé à .\nvers
teur traite ces deux sujets avec tant d'éten- en 1659, chez Pierre Bcller. [Tous ces écrits
due, et peu de suite, qu'il n'est guère pos-
si sont reproduits au tome CXCVIII de la Pa-
sible d'en donner un précis. 11 u'y dit d'ail- trologie, col. 97-843; ils sont précédés de
leurs rien que de très-commun. prolégomènes de l'éditeur de 1659.] Le pro-
20. Ses autres écrits sont une Vie de saint logue sur les sermons en annonce cent.
Augustin, évêque d'Hippone celle de saint ; Il en reste donc cinquante-trois qui n'ont
Amand, évêque d'Utrecht, rapportée au G pas enciire été mis sous presse. Casimir Ou-
février dans Rollandus les Actes du martyre
; din s'était proposé de les rendre publics,
de saint t'y rie et de sainte Julitte sa mère, dont avec quelques autres, qu'il jugeait par le
on reconnaît la fausseté ; VJlistoire de lu style être du même auteur mais il n'a point
:

Translation de saint Cyric au monastère de exécuté son dessein. Il nous appiend seule-
Suint-Aiiiand ; les Actes de la Passion de saint ment que ces discours regardaient particu-
Salvten et de suint J'oiUun; la \ie de saint lièrement l'ordre de Prémontré; que les uns
iiuitiuin; celle de saint Lundelin, r>.-imprimëe avaieut été prououcés dans des ciiupi Ires gé-
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
néraux, les autres à l'éleclion de quelque mandent tant de choses, qu'à peine peut-on
abbé, quelques-uns dans les visites de mo- les retenir: ils commandent ce qu'ils ne font
nastères, d'autres les fêtes et dimanches (en pas, et souvent suivant leur caprice, et non
présence de la communauté.) Oudin s'était selon la raison ; ils commandent des choses
encore proposé de publier le Soliloque de dures et difficiles; ils mettent sur les épaules

l'Ame, composé par le même Adam. Dom des autres des fardeaux pesants, qu'ils ne
Bernard Pez lui a donné place dans la se- voudraient pas même toucher du bout du
conde partie du premier tome de ses Anec- doigt. 11 y a, répond la Raison, de la pré-
dotes. [Il est reproduit au tome CXCVllI de la somption à approfondir les intentions et la

Palroloqie, col. 8-43-871.] vie des supérieurs, et il faut savoir que leurs
, soiiio- 24. L'ouvrage est divisé en deux livres, et préceptes sont les préceptes de Dieu, dont ils
"""''
° '
dédié au prieur et aux religieux de Saint- André tiennent la place, et de qui ils ont reçu leur

Cap.,, en Ecosse '. 11 est en forme de dialogue où autorité.

la Raison fait l'oflice d'interlocutrice avec 27. Les autres peines qu'Adam s'objecte,

„. l'Ame. Adam fait voir dans le premier livre sont la clôture, et les permissions qu'il faut
que pas exempt de ten-
l'état religieux n'est demander pour en sortir, même pendant une
tations, parce que la vie de l'homme, en quel- heure ; la lenteur dans le chant des psaumes
que état qu'il soit sui la terre, est une guerre et des offices divins ; le travail des mains,
continuelle, où il faut vaincre pour être cou- que regarde comme moins convenable
l'on
ronné que si les tentations sont plus vives
;
à des personnes qui sont dans les ordres sa-
dans la religion que dans le monde, c'est que crés et occupées des sciences, qu'à des gens
l'ennemi se venge de ce que par l'état reli- de campagne l'abstinence de la viande, les
;

gieux l'on a secoué sou joug, au lieu qu'il veilles de la nuit, le silence continuel. Il ré-

exerce mieux son domaine sur les personnes pond en substance la précipitation dans le :

du monde ; que la religion fournit des


enfin chant des offices est une marque que nous
armes plus fortes que le monde pour surmon- n'honorons Dieu que du bout des lèvres; et,
ter les tentations du démon, savoir la prière, selon l'avis de saint Augustin, nous devons,
le chant des psaumes, la méditation des lorsque nous prions Dieu, avoir dans le cœur
saintes Ecritures, l'humble confession des ce que nous proférons de bouche; le tra-
péchés. vail des mains est au corps et à l'âme,
utile

,„. 25. Une autre peine de l'état religieux, à celle-ci pour éviter l'oisiveté, au corps pour
mais particulière à l'ordre de Prémontré, la santé ; l'abstinence de la viande est du
c'est qu'en certains jours, tous étant assem- nombre des vertus prescrites par la règle,

blés au chapitre, l'abbé ou le supéiieur pré- et il est mal de se plaindre de la privation


sent, les religieux se proclament mutuelle- d'un aliment, pendant qu'on use de tous les
ment et découvrent devant toute l'assemblée auties il n'y a pas lieu de se plaindre
;

des fautes qui, sans cette proclamation, ne des veilles, lorsqu'on a soin de se coucher
seraient peut-être connues que de celui qui aux heures prescrites; le silence est né-
les proclame, et de celui qui les a commises. cessaire à la conservation de la religion, de
L'Ame se plaint, et du peu de compassion la paix et de la justice.
que l'abbé témoigne en celte occasion, et du 28. Le second livre est une explication de
manque de charité dans les proclamatcurs. la formule de profession usitée dans l'ordre

Adam, sous le nom de la Raison, répond qu'en de Prémontré; elle est conçue en ces termes :

cela les frères n'agissent point par haine, ni « Je m'oS're et me donne à l'Eglise de Dieu,

par aigreur, mais par un motif de charité et et promets la conversion de mes mœurs et

d'amour leur but étant de se corriger mu-


: la stabihté dans ce lieu, selon l'Evangile de
tuellement, aûu qu'il n'y ait rien en eux qui - Jésus-Christ et l'institution apostolique, sui-
déplaise à Jésus-Christ; qu'au reste il y a de vant la Règle canonique de saint Augustin.
la témérité à accuser de dureté l'abbé, qui Je promets aussi l'obéissance jusqu'à la mort
ne témoigne une si grande attention à écou- au supérieur de celte église et à ses succes-
ter les fautes de ses religieux, que pour les seurs, que la plus saine partie de la congré-
en absoudre avec connaissance de cause. gation aura choisis canoniquement. » Adam
„. 20. Mais, dit l'Ame, les supérieurs com- dit que la conversion des mœurs consiste à
se corriger de ses défauts, quels qu'ils soient,
1 Fez., loui. 1 Anecd., pari, n, pag. 337, lib. 1. et à acquérir les vertus opposées, et toutes
..

[xii'siÈCLK.] CHAPITRE LXI JEAN, DIACRE DE LATRAN.


c.p. II. celles de son élat que le vœu de stabilité
;
canonique, il entend non le plus grand nom-
dans une même maison oblige à y demeurer bre des électeurs, mais ceux qui, quoique
jusqu'à la mort; que son avis n'est pas que eu plus petit nombre, sont censés avoir plus
l'on en change pour aller dans une autre, de connaissance de la vérité, plus d'amour
sous prétexte d'y pratiquer une plus grande de la vertu, l'intention plus droite, et mieux
perfection, et d'y mener une vie plus péni- connaître les qualités du sujet que l'on doit
tente; qu'il y a toutefois des cas où il est élire. Parlant de la confession des péchés, c»p

permis de quitter sa maison de profession, son sentiment est que les religieux doivent
comme lorsqu'on est élu canoniquemcut pour la faire h leur abbé, sans que la crainte d'en
en gouverner une autre, et que l'élection être trop connus, puisse les en détourner. Il
'"• s'est l'aile du consentement de l'abbé. Il met recommande l'amour mutuel entre les pré-
le vice de propriété au rang des grands pé- lats et leurs religieux, disant qu'il n'y a rien
chés, et cite ce qui en est dit dans la Règle de plus nécessaire dans la religion. A l'é- ti.

de saint Benoit. A l'égard de l'obéissance gard des prières particulières ou des autres
promise à l'abbé, il veut qu'elle soit sans œuvres de piété et de dévotion, il les croit
bornes, si ce n'est que la chose commandée permises, pourvu que l'on remplisse exacte-
soit contraire à la loi de Dieu. Par la plus ment tous les exercices qui se font en com-
saine partie qui doit décider d'une élection mun.

CHAPITRE LXI.
Jean, diacre de l'église de Latran.
[Ecrivain latiu, vers 1160.]

oiTcri or- 1. Il était intéressant pour l'histoire de l'E- lyres, et qu'il y mit leurs reliques, qu'il avait

i't'ù .'"r.p* gl'seromaine que l'on en connût les usages ' trouvées avant qu'il fut élevé sur le St-Siége.
dora"Ma'b'- Divers écrivains en tirent des recueils avant Jean, diacre, vivait encore sous Alexandre III,
'°°'
les ix= et x« siècles, et c'est à leurs soins que qui gouverna l'Eglise romaine depuis 1159
nous devons la connaissance de l'ordre an- jusqu'en 1181. Ce fut à ce pontife qu'il dédia
cien de la messe pontificale dans cette Eglise, son livre de l'Eglise de Latran *. Il l'avait
des cérémonies du baptême solennel des , composé par ses ordres et par l'obéissance
ordiuations sacrées, et des rits de l'office divin qu'il devait au prieur des chanoines de celte
Dom Mabillon fil imprimer en 1689 plusieurs église, du nombre desquels il était. L'archive
de ces anciens ordres romains, avec ceux qui de cette basilique lui fournit des mémoires,
furent composés depuis le xw siècle par les mais il y ajouta beaucoup de choses dont il
cardinaux Cencius et Gaétan, et par Pierre avait été témoin depuis vingt ans qu'il était
Amélius. Pour ne rien laisser à désirer sur chanoine de Latran, et d'autres qu'il avait
cette matière, il a joint plusieurs fragments apprises de ceux qui l'avaient été avant lui;
tirés des Eclogues d'Amalaire sur COffitc de par exemple ce qui regardait la translation
la messe, et du livre de Jean, diacre, sur l'E- des rehques de saint Chrysanie et de sainte
glise de Latran. Il a été parlé d'Amalaire et Daria, et l'invention de celles des saintes Ru-
des autres écrivains liturgiques dans les vo- fine et Seconde, de saint Cyprien et de sainte
lumes précédents; il faut dire ici quelque Justine.
chose de Jean, diacre *. 3. 11 appelle l'église de Latran patriarcale
^" " lui-même ^ contemporain d'A-
^^ '*" et impériale, et dit que le pape Sylvestre la
juD di..

îrSiTn':""
uastase IV, élu pape au mois de juillem53, consacra solennellement, ce qu'on ne faisait
et il remarque qu'il était présent lorsque pas auparavant; qu'Hélène, mère de Cons-
Anaslase consacra l'autel sous l'invocation tantin, l'enrichit de son trésor, c'est-à-dire
des saintes vierges llutine et Seconde, mar- de ce qu'elle avait transporté de Jérusalem ,

' M.iljiUou., loui. Il MusiCi Itulici. ' Cap. XII, pag. 570, loin. II Uiisiii Ilulici,
' Voii- sur Ji.'iiu biucie uni! iioUte tirée de Fiibri- ' Ce livre est reproduit au tome CXCIV de lu Pu-
cius et reiiioduiti; uu luuie CXCIV ili' lu l'nlri,/<tyîc, truliiijie, roi. 15Vi-lbilO. {L't'itileitr.)
col. 15*1. {L'eUileai.j

XiV.
690 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIAS-nQUES.
savoir : l'arche d'alliance, les sept chande- goire, pour la réformation de cette église,
liers qui étaientdans le tabernacle, la verge tant dans le temporel que dans le spirituel.
d'Aaron, celle de Moïse, les tables du Testa- Les premiers règlent la manière de célébrer
ment, le linge avec lequel le Sauveur avait l'office divin, le nombre des messes de cha-
essuyé les pieds de ses apôtres, la tunique que jour, et, dans les solennités la rétribu- ,

sans couture que Marie sa mère lui avait faite, tion pour le célébrant, le diacre et le sous-
la robe de pourpre dont on le revêtit à sa diacre, le luminaire. Ils permettent que dans
passion, deux fioles remplies du sang et de les mois de juillet, d'août et de septembre
l'eau qui sortirent de son côté, et beaucoup les chanoines, à cause de l'intempérie de l'air,
d'autres reliques que l'on conserve dans la fassent chanter la première et même la se-
même église; une image d'or représentant conde messe par des bénéficiers et ordon- ,

Jésus-Christ et sa sainte Mère, et d'autres nent que tant les chanoines que les bénéfi-
d'or et d'argent qui représentent saint Jean- ciers, acolytes et chapelains tenus au service
Baptiste et les apôtres saint Pierre et saint du chœur, occuperont par moitié, les uns la
Paul, toutes faites par ordre et selon les des- droite, les autres la gauche, et que tous en-
seins de l'empereur Constantin. Jean, diacre, treront au chœur avant que l'on ait fini le
a tiré la plupart de ces faits de la donation dernier coup ou du moins avant la fin de
,

de Constantin, et des Actes de saint Sylves- l'introït si c'est pour la messe, ou du premier
tre, pièces sans autorité. psaume si c'est pour les heures de l'office,
,
Venant à la liturgie en usage dans la
4. avec défense de sortir que l'office ne soit
basilique de Latran, il remarque qu'à la achevé, sous peine d'en être punis. Ils pres-
messe on ne dit point le troisième Agnus Dei, crivent aussi les différentes sortes d'habits
où l'on demande la paix à Dieu parce que , pour l'hiver et pour l'été. Ils ordonnent en-
celte église est la figure de l'Eglise céleste, core l'exécution exacte des fondations faites
où Jésus-Christ sera la paix de tous les justes. ou à faire dans la même église, sous peine
« Dans tous les offices, dit-il, on récite l'orai- d'amende pécuniaire contre ceux qui en au-
son Dominicale, suivant l'usage de la primi- ront été chargés par le vicaire.
tive Eglise; dans la suite on y a ajouté d'au- 6. Les statuts suivants défendent de mon-
tres collectes qui, dans l'église de Latran, ne trer les reliques sans la permission du vicaire
peuvent être chantées que par le pape ou ou du chapitre, si ce n'est aux jours marqués
par les sept évêques qui sont à ses côtés; il pour cela, et d'en donner à personne sans
n'y a aussi que le pape qui puisse célébrer l'agrément du pape ou du cardinal-archiprê-
la messe sur le maître-autel, ou quelqu'un tre de Latran. Cette défense est sous peine
des sept évêques-cardinaux qui servent par d'excommunication par le seul fait. Pour ob-
semaines; il y a dans le chœur des chanoines vier aux abus, on ordonne que les statuts,
un autel de sainte Marie-Madeleine, dans le- les privilèges, les inventaires, les sceaux de
quel le pape Honorius 111 renferma le corps l'église et du chapitre, seront enfermés sous
de cette sainte, mais sans la tête. » Jean fait trois clefs de même que les refiques dans
, ,

la description de cet autel, et de tous les au- la sacristie où l'on met la table du Seigneur,
tres qui sont dans cette basilique, et entre c'est-à-dire une corbeille où selon le céré- ,

dans le détail des reliques qui y reposent. 11 monial d'Amélius l'on conservait l'eucha-
' ,

fait aussi le dénombrement des vases et or- ristie pour les malades. Il est dit ensuite que
nements précieux que le pape Sergius III mit le nombre des chanoines de Latran sera tou-
dans le trésor de l'église de Latran, après jours de dix-huit avec une prébende pour
,

qu'il l'eut rebâtie de fond en comble quelque chacun outre celle du cardinal administra-
,

temps avant l'an 9H, auquel il mourut. Elle teur qu'il y aura dans la même égfise
;

avait été dépouillée auparavant par les par- vingt-deux bénéficiers , dont quatorze seront
tisans de Jean IX, usurpateur du Saint-Siège. prêtres.
Jean, diacre, rapporte les statuts dres-
5. 7. Il est fait mention, au chapitre ii, du
sés par Pierre, cardinal, archiprêtre admi- , pape Alexandre IV, élu au mois de décembre
trao.pag. 676 nistrateur et commendataire de l'église de 1254, et mort 23 mai 1261; et au cha-
le
Latran , et confirmés par le pape Gré- pitre xi% du pape Boniface VIII, qui fut sacré

' Deinde idem cardinalis habet incensare altare et Ad Magnifient Papa accedit ad altare, et thurificatur,
cophùmm in quo servatur corpus Christi. Amelitis, et cophinum ulti slut corpus Cliristi. Ibid... cap. CXXXII,
Ord. R.)»)., tom. II Mu^œi Itniici, pa^. 473, cap. u. pag. 522.
[XII'SIÈCLE.I CHAPITRE LXn. — HUGUES DE POITIERS, MOINE DE VÉZELAY. f.9l

au mois de janvier 1295, et mourut le H oc- absolument dans le même état qu'il est sorti
tobre 1303; ce qui fait voir que le livre rfe des mains de cet auteur, et que l'on y a
l'Eijlise de Latran, par Jeau, diacre, n'est pas ajouté plusieurs choses.

CHAPITRE LXII.

Hugues de Poitiers ', moine de Vézelay, 1167; Isaac, abbé de l'Etoile, 1169.

[Ecrivaius latiiià.]

1. Hugues, surnommé de Poitiers, parce monastère. Mais, voyant qu'elles ne pou-


qu'on croit qu'il naquit en cette ville, em- vaient abattre la résistance de l'abbé, il le fit
brassa la vie religieuse au monastère de Vé- ajourner dans les formes au tribunal du pape
zelay, sous l'abbé Poure de Montboissier, Eugène III. Les deux parties s'y étant ren-
frère de Pierre-le-Vénérable et devint secré-
, dues, Henri demanda qu'il lui fût permis de
taire de l'abbé Guillaume qui succéda à
,
prouver par témoins que l'abbaye de Véze-
Ponce en 1161. C'est tout ce l'on sait de sa lay avait de tout temps reconnu la juridiction
personne; heureusement on est mieux ren- de l'évêque d'Autun. Ponce, alléguant que
seigné sur ses œuvres. cette mesure mettait en compromis les privi-

2.Vers l'an 1156, il entreprit, par l'ordre lèges accordés à son monastère par le Saint-
de l'abbé Ponce, l'histoire de son monastère, Siège, déclara qu'il fallait s'en tenir à la let-

fondé en 846 par le comte Gérard. Des quatre tre de ces privilèges, et que c'était au pape
livres qui composent ce travail, le premier h les défendre. Mais Eugène l'ayant engagé
n'est qu'un recueil de bulles, de diplômes et à se soumettre à la preuve testimoniale, les
de Chartres, pour servir comme de pièces témoins furent produits de part et d'autre.
justificatives à la partie historique qui occupe Les dépositions de ceux de l'évêque n'étant
les trois autres livres. En général, le princi- pas concluantes, il demanda que le jugement
pal but de cet ouvrage est d'établir les droits fût renvoyé sur les lieux , attendu , disait-il,

de l'abbaye de Vézelay et sa dépendance qu'il avait d'autres témoins à qui leurs infir-

immédiate du Saint -Siège. C'est pourquoi mités n'avaient pas permis de faire le voyage
l'auteur ne commence sa relation qu'aux dé- de Rome. Le pape y consentit; mais la nou-
mêlés qu'eut l'abbé Ponce avec Humbert, velle enquête n'eut point lieu par les retards

évêque d'Autun. Ce qui les occasionna fut afl'ectés du prélat, et l'aU'aire tut terminée à
une ordination que Ponce fit l'aire dans son l'amiable et à l'avantage de l'abbaye de Véze-
église par Hélie, évêque d'Orléans. Humbert, lay, par la médiation du duc de Bourgogne.
prétendant qu'elle portait atteinte à ses droits, Telle est la substance du second livre.
ordonnés -.
interdit les clercs qu'Uélie avait A la tête du troisième, se trouvent dix
Mais le pape Innocent II les ayant rétablis, distiques qui en renferment le sommaire. Les
l'évêque d'Autun se désista de ses préten- vers en sont assez bons pour le temps. Ce
tions entre les mains de l'abbé de Gluuy. livre roule entièrement sur les contestations
Henri de liourgogne successeur de ce pré-
, de l'abbé Ponce avec les comtes de Nevers
lat, fit revivre la querelle. A peine eul-il pris et les habitants de Vézelay. La nécessité de
possession du siège d'Aulun ,
qu'il fit som- se défendre contre les incursions des enne-
mer l'abbé de Vézelay de comparaître à son mis avait obligé l'abbaye à se ménager la
synode, de lui adresser les clercs qu'il vou- protection des comtes de Nevers par des
drait faire ordonner, et
de s'abstenir de l'ad- présents qu'elle leur faisait de temps en
ministration des sacrements. Sur son refus, temps. Insensiblement la coutume fit de ces
le prélat, aidé de son frère le duc de Bour- largesses gratuites, des prestations aux yeux
gogne, exerça diverses hostilités contre le de ces seigneurs. Le comte Guillaume IV

•Sou article est emprunté à t;/is(oi>e/i7/^/oi>e(/e /a écrivit a» papo vers Inn 1140, faveur de lévèque
Friime, loin. XU, pui'. C68 et suiv. (I.éilileur.) d'Anliin. CeUo lettre, plus vi inn" raisonnée, fut

' Le ctiapitrc général de Ctteaux, i|i:oique sans in- sans effet. Dom Marléne l'a pn
lérêt dans celte affaire, voulut y prendre couleur. Il de «e» Anccilolcs. [Lédileiir.)
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
fut un des premiers qui les regarda comme religieux lui donnèrent pour successeur Guil-
telles, et à ce titre prétendit que l'abbaye laume de la Rocbe-Marlot, abbé de Saint-
relevait de lui. Irrité des oppositions de l'abbé Martin dePontoise, qui prétendait descendre
Ponce, il employa la violence pour faire réus- de Cliarlemagne. Cette élection fit revivre les
sir ses desseins. Le pape, informé de ses pro- brouilleries avec lecomte de Ne vers et fut
cédés, le menaça de l'excommunication. Le même traversée par les religieux de Cluny.
comte , intimidé de cette menace, demanda Soutenu par eux, le comte se plaignit qu'elle
des juges pour examiner ses prétenlions. On eût été faite sans sa participation, et conti-
nomma saint Bernard et Hugues de Tel. L'af- nua de s'attribuer la suzeraineté sur l'abbaye,
faire fut plaidéedevant eux mercredi d'a- le de même que les clunistes s'en regardaient
près Pâques de l'an 1146, au milieu de ce comme les supérieurs spirituels. Mais l'ap-
concours prodigieux de peuple et de grands probation qu'elle reçut du pape Alexandre
du royaume, le souverain à leur tête, que la rendit inutiles les efforts que l'on fit de part
prédication de la croisade avait attirés à Vé- et d'autre pour la faire annuler. Le comte,
zelay. L'auteur ne
pas quel fut le juge-
dit excité par la comtesse Ida sa mère, n'en de-
ment rendu par les commissaires. Il nous vint que plus animé contre le nouvel abbé.
apprend seulement que, deux ans après, Les excès auxquels il se porta furent tels, que
Guillaume, qui s'était fait chartreux, fut dé- l'abbé et les moines prirent le parti d'aban-
voré par un chien, en punition, dit-il, du mal donner le monastère pour aller implorer la
qu'il avait fait à Vézelay. De ses deux fils, protection du roi. Le comte, mandé en sa
qui avaient suivi le roi à la Terre-Sainte, le cour, allégua ses moyens de défense auxquels
premier fut réduit en captivité, et le second les religieux ne manquèrent pas de répUquer.
n'échappa au naufrage , à son retour qu'en ,
On tint sur ce sujet diverses conférences qui
iaisant vœu de réparer tous les dommages aboutirent enfin à une composition entre les
que l'abbaye avait eu à souÛVirde l'injustice parties. Depuis ce temps, la bonne intelli-
de son père. Il tint parole à son arrivée; mais gence fut parfaitement rétablie entre elles.
bientôt après il montra que ce vœu n'était Le comte partit en 1165, pour la Terre-
,

pas sincère. L'évêque d'Autun se joignit à lui Sainte. L'auteur parle ensuite de la décou-
pour vexer de nouveau le monastère de Vé- verte que l'on fit à Vézelay, en H67, de cer-
zelay. Ponce, dans un voyage qu'il fit à Rome tains hérétiques nommés déonaires ou po-
en même temps que ce prélat, le confondit plicains. L'abbé Guillaume s'étant assuré de
en présence du pape. Il obtint également de leurs personnes, engagea les archevêques de
Sa Sainteté des lettres qui sommaient le Lyon et de Narbonne, les évêques de Nevers
comte sous peine d'encourir la disgrâce du
, et de Laon, plusieurs abbés et d'autres per-
Saint-Siège, de rendre justice à l'abbé. Guil- sonnes éclairées, à se rendre sur les lieux
laume, loin de déférer à cet ordre, souleva pour examiner la cause des accusés. Ils fu-
les habitants de Vézelay contre l'abbaye, et rent convaincus dès le premier interroga-
les engagea à former entre eux une confédé- toire. Quelques-uns se rétractèrent dans la
ration sous le titre de commune, pour se suite; on leur fit subir l'épreuve de l'eau et
mettre en liberté. Ces factieux ayant pris les on leur imposa une pénitence. Les autres,
armes, firent irruption dans le monastère, au nombre de sept, furent livrés aux flammes.
en pillèrent les meubles, maltraitèrent les Nous ne croyons pas devoir nous étendre sur
moines, et obligèrent l'abbé à prendre la ce fait que nous avons déjà rapporté ailleurs.
fuite. Une sentence d'excommunication, lan- Ainsi finit cette chronique.
cée contre eux par les légats du pape ne fit , Entre les faits dont nous venons de don-
qu'aigrir le mal. L'autorité royale, que Ponce ner la substance, elle renferme quelques anec-
appela à son secours, produisit un meilleur dotes et retrace quelques usages que nous
effet. Louis-le-Jeune ayant cité les parties à croyons devoir mettre sous les yeux de nos
sa cour en Ho5, imposa silence au comte et lecteurs.
fit rentrer les rebelles dans le devoir. C'est Dans l'enquête que le pape Eugène fit faire
par le récit de ce fait que finit le troisième en sa présence à l'occasion du démêlé entre
livre, dans lequel il se trouve plusieurs la- l'évêque d'Autun et l'abbé de Vézelay, ce
cunes, et entre autres une considérable que pontife, pour mettre les dépositions des té-
l'éditeur n'a pu remplir. moins à l'abri de toute altération, ordonna
L'abbé Ponce étant mort en 1161, les qu'on en fît trois copies, dont l'une fut mise
,

[xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXII. — HUGUES DE POITIERS , MOINE DE VÉZELAY. 003

entre les miini? de l'évêque, la seconde déli- sède, le demandeur sera débouté de sa pré-
vrée à l'abbé, et la troisième portée dans les tention; si, au contraire, il se reconnaît serf

archives du Saint-Siège. du demandeur, dans ce cas, il passera nu et


Sous les premières années du pontificat dépouihé de tout dans son domaine, et l'an-
d'Alexandre 111, un moine du prieuré de Mo- cien possesseur se saisira de tous ses biens,
ret, dépendant de Vézclay, nommé Rainard, tant meubles qu'immeubles, sans lui laisser
sortit avec les reliques de la sainte Vierge, autre chose que ce qu'il tient de la nature. »
de saint Basile et de plusieurs autres saints, L'histoire de Vézelay, dit l'abbé Legendre,
pour aller recueillir les aumônes des fidèles, est bien écrite; l'auteur, en homme d'esprit,
afin de les employer à la reconstruction de y défend vigoureusement les droits de son
son église. Or, il arriva qu'étant au-delà du abbaye. On y trouve même une liberté et une
territoire d'Amiens, dans un château appelé franchise de paroles que bien des historiens
Arborea, les saintes reliques y opérèrent di- n'ont pas toujours imitées.
vers miracles qui y attirèrent un grand con- Sans perdre le respect dû aux souve-
cours de peuple; mais lorsqu'il fut question rains, Hugues blâme sans détour le divorce
de les remporter, quelque elïort que l'on fit, de Louis-le-Jeune avec Eléonore, et montre,
jamais il ne fut possible de les tirer de l'é- par le détail des provinces que le monarque
glise. Alors, dit notre auteur, un des frères fut forcé d'abandonner, combien cette me-
qui accompagnaient Rainard eut la témérité sure fut contraire aux véritables intérêts de
de frapper de veiges brancard sur lequel
le la France. Avant l'édition que dom Luc d'A-

elles étaient placées, comme si à coups de chéry a donnée de cet ouvrage, au tome 111
fouet il eût voulu forcer les saints à sortir de de son Spicilége , André Duchesnè en avait
ce lieu. La vengeance divine ne laissa pas inséré un fragment dans le IV= volume de ses
cet attentat impuni. Le moine, qui s'appelait Historiens de France. 11 s'en trouve aussi quel-
Pierre, tomba aussitôt en paralysie et mou- ques lambeaux dans V Histoire de la maison de
rut peu de jours après. Témoin de ce pro- Vergy, par le même éditeur. [Le tome CXCIV
dige le seigneur du château nommé Alelme
, , de la Patrologie latine, col. 1561-1682, repro-
érigea dans cet endroit un monastère qu'il duit l'Histoire de Vézelay, d'après le Spicilége
mit sous la dépendance de Vézelay. On voit, de dom Luc d'Achéry. Une notice sur l'au-
dans ce récit un nouvel exemple de cette
, teur, tirée de Fabricius, précède cette repro-
superstition dont nous avons déjà parlé, et duction.]
qui consistait à frapper à coups de verges les 3. On attribue aussi à Hugues de Poitiers
châsses des saints, lorsqu'on ne pouvait ob- la petite Chronique des comtes de Nevers, pu-
tenir d'eux ce que l'on désirait, dans la per- bliée par le père Labbe, d'abord dans le tome II
suasion que c'était là un moyen de les fléchir. de ses Mélanges, et ensuite dans le tome I"
A l'occasion des conférences qui se tin- de sa Nouvelle bibliothèque des manuscrits; mais
rent à la cour du roi Louis-le-Jeune, pour l'éditeur avoue que l'ouvrage est anonyme
accorder le duc de Nevers avec l'abbé de Vé- dans les exemplaires qui lui ont servi de
zelay, notre auteur nous fait connaître un guides pour ces deux éditions.
point de la jurisprudence du temps, qui mé- Quoi qu'il eu soit, voici le précis de ce qu'il
rite d'être remarqué. Le comte s'élant plaint renferme. Le comté de Nevers était originai-
de ce que l'abbé lui retenait en prison un de ses rement fort resserré. Le premier qui le pos-
hommes, nommé André de La Palu , celui-ci séda fut Uathier, qui en rendit hommage au
répondit : « Cet homme est à moi depuis la duc de bourgogne, dont il relevait. Rathier
tète jusqu'aux pieds, comme serf de mon ayant été tué en duel par le chevalier Ali-
église. » A quoi comte répliqua qu'André
le chère, le comté de Nevers rentra dans la
n'avait reconnu cette servitude que par force. possession de son seigneur suzerain, et y
L'abbé s'en étant rapporté là-dessus au juge- resta jusqu'à Richard-le-Juslicier, mort en
ment de rassemlilée, on lui dit que la cou- donna à Landry, seigneur de
1)23. Celui-ci le
tume de la cour royale était telle, que » lors- Montceaux, dont le fils, nommé Renaud,
qu'un homme de condition servile était récla- ayaut épousé la lille de Hugues Capet, joignit,
mé par un autre que celui qui le possédait, en vertu de ce mariiige, le comté d'Auxerre,
ce dernier devait le représenter libre devant que sa femme Alix lui avait apporté en dot,
les juges. Alors, njoule-t-on, s'il ne recon- à celui de Nevers. Le duc de Bourgogne lui
naît pas d'aiilie uiiiilic que celui qui le pos- ayant déclaré la guerre ù cette occasion, il
HISTOIHE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASÏÏQUES.
fut tué, en iO40, dans une bataille livrée au- 5. Isaac tient un des premiers rangs parmi so <

près de Seignelay. Son fils Guillaïune lui les écrivains ds son ordre, moins par le

succéda comté pendant cinquante


et lint le nombre que par le mérite de ses ouvrages.
ans. Ileut continuellement les armes à la main, Dom Bernard Tissier les a presque tous re-
et cependant il fut si bon économe, qu'il cueillis dans le VI« volume de la Bibliothèque
conserva toujours mille sous d'or dans ses de Citeaux. Ce sont :

cofifres. Sur la fin de ses jours, il employa Des sermons au nombre de cent cin-

cette somme à bâtir la cathédrale de Nevers. quante-deux dont les sis premiers roulent
11 joignit le comté de Tonnerre à ceux de sur la Toussaint; les trente-un suivants ont
Nevers et d'Auxerre, qu'il tenait de son père, pour objet les évangiles des dimanches de-
il laissa deux fils, Guillaume et Renaud, dont puis l'Epiphanie jusqu'à Pâques; à quoi suc-
le premier eut le comté de Tonnerre, et le cèdent deux sermons sur la Résurrection,
second les châteaux de Mailly et de Huban. un sur l'Ascension, trois sur la Pentecôte,
Ils moururent tous les deux avant leur père. trois sur la fête de saint Jean-Baptiste, deux
Renaud laissa un fils qui fut élevé par son sur celle de saint Pierre et de saint Paul, trois
aïeul et qui hérita de ses trois comtés. sur l'Assomption et un sur la Nativité de la
L'auteur parle ensuite de ses deux fils, sainte Vierge.
Renaud, et Guillaume qui lui succéda. C'est Dans le premier sermon sur le troisième
par le règne de ce dernier comte que se ter- dimanche après l'Epiphanie, l'auteur expli-
mine cette chronique, dont le récit, par rap- quant ces paroles du Sauveur Je le veux, :

port aux premiers temps, ne doit être lu soyez guéri; allez vous montrer au pi-être, dit :

qu'avec beaucoup de discrétion. (I L'Eglise ne peut rien remettre sans Jésus-


Radier, sur la foi de Trithème, attribue Christ, et Jésus-Christ ne veut rien remettre
encore à notre auteur un livre d'histoires de sans l'Eglise. Elle ne peut rien remettre
son temps, et un recueil de lettres. Nous qu'au pénitent, c'est-à-dire à celui que Jé-
trouvons bien que Trithème adjuge des ou- sus-Christ a touché, et Jésus-Christ ne veut
vrages de ce genre à Richard de Cluny, mais rien remettre à celui qui a méprisé son
nous ne voyons nulle part qu'il fasse men- Eglise. Comme tout-puissant, il peut faire
tion de Hugues de Poitiers. Enfin le père Le- tout par lui-même, baptiser, consacrer l'Eu-
long nous parait lui donner tout aussi gra- charistie, ordonner, absoudre, et autres cho-
tuitement un Commentaire sur les lamentations ses semblables; mais l'humble et fidèle
de Jéi^émie, qu'il dit être manuscrit à la bi- époux ne veut rien faire sans son épouse.
bliothèque royale. Ce que nous pouvons Que l'homme ne sépare donc pas ce que
affirmer comme certain, c'est qu'il ne se ren- Dieu a joint. Je dis que ce sacrement est
contre point dans le catalogue imprimé de grand en Jésus-Christ et dans l'Eglise. Ne
cette bibliothèque. retranchez donc point du corps la tète, de
4. Isaac naquit en Angleterre et y em-
' manière que le Christ ne soit nulle part en-
brassa la vie religieuse dans un monastère tier. Car le Christ n'est nulle part tout entier
de l'ordre de Citeaux-. Après avoir été suffi- sans l'Eglise, comme l'Eglise n'est nulle part
samment éprouvé dans cette maison, il fut toute entière sans le Christ, attendu que,
envoyé par ses supérieurs, pour en fonder dans son intégrité, le Christ est composé
une autre, dans une île dont on ignore éga- d'une tête et d'un corps. C'est là cet homme
lement et le nom et la position 3. De là il passa unique qui remet les péchés, qui tout d'a-
en France en 1 147, et devint abbé de l'Etoile bord touche intérieurement afin d'opérer la
au diocèse de Poitiers. L'histoire ne nous ap- pénitence du cœur, et ensuite renvoie pour
prend aucun détail de son administration, la confession de bouche au prêtre, lequel
mais les lumières et la piété qui régnent dans renvoie lui-même à Dieu pour l'offrande de
ses écrits donnent lieu de présumer qu'elle la satisfaction. Ces trois choses produisent
fut très-sage. L'année de sa mort est incer- la parfaite guérison, savoir : la contrition, la

taine il vivait encore


; en dloo, et Valise, confession de bouche et la satisfaction des
son successeur, ne commence à paraître dans œuvres, de sorte qu'avant cela personne ne
les archives de la communauté qu'en H69. peut se dire guéri. »

' Cette notici? est empruntée avec quelques modi-» 2 Gallia christiana nova, tom. II, col. 1352. {Ledit.)
fication» à l'Histoire liitëruire de la France, tom. XII, 3 Bibl. Cist., tom. VI, pag. 20, col. 2. {I.'ddilenr.)
pag. 678 et SLiiv. [L'éditeur.)
,

fxiFSIÈCLK.] CHAPITRE LXil. — ISAAC, ABBÉ DE L'ETOILE. C95


Dans un autre sermon, Isaac dépeint ainsi touchés de compassion osent intercéder pour
la situation du monastère qu'il gouvernait elles, comme s'ils étaient plus compatissants
alors « C'est pour vous soustraire entière-
: et plus miséricordieux que leur maître, qui
ment au monde, mes frères, que par un est lui-même la source de toute miséricorde.
dessein bien entendu nous vous avons ame- Mais d'abord, mon frère, d'où savez-vous
nés dans cette solitude reculée, aride, désa- que c'est la pitié et non l'ennui qui a porté
gréable, où vous pouvez être humbles et ces disciples à en agir de la sorte, quand
ne pouvez être riches dans cette solitude, ; vous leur entendez dire Renvoyez cette:

dis-je, placée fort avant dans la mer, et qui femme, parce quelle crie après nous? Mais
n'a presque nul commerce avec de le reste soit prêtons-leur des sentiments plus no-
:

la terre, afln que privés de toute consola- bles et plus conformes à la charité. Dites-
tion séculière et presque de tout secours moi, quel esl celui d'entre vous qui ne sou-
humain, vous oubliiez entièrement le monde, haiterait pas que tous les hommes fussent
vous pour qui, à l'exception de cette petite sauvés, et que nul ne fut damné? Or, assu-
ile, la plus éloignée du continent, il n'y a rément. Dieu que nous n'égalons pas en
jilus de monde nulle part. » Ce texte ne dé- bonté, le ferait, s'il le jugeait à propos, avec
signe pas l'abbaye de l'Etoile, qui n'est point autant de facilité qu'il le voudrait Mais
dans une ile, et ne peut convenir qu'au pre- il n'y a, mes frères, aucune comparaison
mier monastère dont Isaac fut abbé. entre le Créateur n'y a nul
et la créature. 11

Le début du septième des neuf sermons rapport de notre piété à celle de Dieu. 11
sur l'évangile de la Sexagésime fait con- veut souvent que les siens désirent pieuse-
naître la circonstance dans laquelle il fut ment ce qu'il ne veut pas lui-même faire,
prononcé. maintenant, mes frères,
« C'est par le motif d'une plus grande piété. »
dit l'auteur, qu'on voit en vous l'exécution Toute la suite de ce sermon, ainsi que le
de cette sentence prononcée contre l'homme suivant, roule sur la prédestination, que
après son péché Tu mangeras ton pain à
: l'auteur explique suivant les principes de la
la sueur de ton front Voilà qu'accablés bonne peu éclairé sur
antiquité. L'éditeur,
par le travail et brûlés par la chaleur du cette matière, renverse dans une note la doc-
midi, nous dégouttons de sueur, et cela pour trine de ces deux sermons.
défricher une terre inculte, afin de ne pas Dans le premier sermon sur le troisième
semer sur des épines. Fatigués à l'excès du dimanche du Carême, Isaac dit « L'Ecri- :

soin de la semence terrestre, allons prendre ture, mes frères, ne vous laisse pas ignorer
un peu de repos à l'ombre de ce chêne touf- que chacun de nous a son démon particu-
fu que vous voyez ici près; et là, non sans lier, démon extrêmement curieux de ce qui

une certaine sueur intérieure, criblons, mou- nous regarde, qui nous suit en tous lieux,
lons, pétrissons, cuisons, mangeons la se- qui observe soigneusement toute notre con-
mence de la parole divine, pour ne pas tom- duite et qu'il n'est permis à personne
,

ber en défaillance par un jeune immodéré. » moins encore à un moine, de méconnaître.


La plupart des autres discours furent dé- Pour moi, je pense bien connaître le mien ;

bités en pareilles occasions; et l'on voit que, car rien ne m'est plus présent, parce que
nullement préparés, ils naissaient sur le rien ne m'est plus nuisible rien ne m'est ;

champ des questions que l'on faisait à l'au- plus familier, parce que rien n'est plus as-
teur. Par exemple, sur l'évangile du second sidu auprès de moi. n
dimanche de la Quinquagésime, Isaac, après Au commencement du premier sermon
avoir pris pour texte ces paroles des disci- sur l'Assomption, l'auteur s'énonce en ces
ples au Sauveur Renvoyez cette femme, parce
: termes « On ne trouve pas aisément ce
:

qu'elle crie après nous , commence ainsi : qu'on peut dire de précis sur la fête d'au-
« Allons, mes frères, c'est assez travaillé sur l'Assomption de
jourd'hui, c'est-à-dire
des mains prenons un moment de repos,
;
Marie. Resserrés comme nous le sommes dans

et employons-le à satisfaire, suivant ce que les limites que nos pères ont posées et qu'il
la bonté divine voudra bien nous inspirer, ne nous est pas permis de dépasser, nous
à la question que ce bon frère nous a faite n'osons décider autre chose, sinon qu'au-
sur la fin du sermon d'hier. 11 est étonné de jourd'hui Marie a été transportée (soit avec
ce que le Seigneur ne daignant point répon- son corps, soit sans son corps, je n'en sais
dre à celle femme, ses disciples néanmoins rien. Dieu le sait), a été, dis-je, transportée,
;

696 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


non pour un temps, ni jusqu'au troisième doivent arriver, et leur utilité finale dans la

cielseulement (si toutefois il y a réellement raison pour laquelle ils arrivent. Car la sa-
plusieurs deux), mais dans le domicile éter- gesse ne que d'une manière sage,
fait l'ien

nel de la souveraine félicité et jusqu'au plus et le souverain bien ne fait rien que de bon,

haut des cieux. » d'une bonne manièreetpour une bonne fin.»


Nous ne pousserons pas plus loin le détail La seconde lettre, moins longue que la
de ces sermons, malgré la satisfaction ex- précédente, est adressée à Jean de Belley-
trême que nous avons goûtée en les parcou- me, évêque de Poitiers, et traite de l'office
rant. Nous invitons les lecteurs curieux de de la messe. C'est un commentaire mysti-
s'instruire etde s'édifier à les lire et nous ;
que sur les paroles du canon de la messe,
osons leur promettre qu'ils y trouveront une dans lequel on rencontre d'excellentes cho-
théologie profonde une morale pure et
, ses. L'auteur termine ainsi cet écrit :

exacte, une grande connaissance du cœur hu- (1Tandis que je me délectais à vous écrire
main, un style clair, vif, pathétique et nourri ces choses, tant à raison du sujet, qu'à cause
des expressions bien choisies de l'Ecriture. de la personne à qui j'avais l'honneur de
2° Indépendamment des sermons dont parler, voilà que votre homme, Hugues de
nous venons de rendre compte, il nous reste Chavigny, m'arrête et vient m'empêcher de
d'Isaac deux lettres assez importantes en passer les bornes d'une lettre. Car il est
raison des matières qui y sont traitées. La tombé subitement sur nos gens, a frappé de
première, qui par son étendue pourrait mé- sa main quelques-uns de nos convers, mis
riter à bon droit le titre de traité, est sur la en fuite nos domestiques, proféré plusieurs
nature de l'âme. Alcher, moine de Clair- propos insolents contre nous et fait plusieurs
vaux, à qui elle est adressée, avait prié l'au- menaces contre notre maison. De plus, il
teur de lui mettre par écrit le résultat d'une nous a enlevé huit bœufs, qu'il a, je crois,
conférence qu'il avait eue avec lui sur ce déjà vendus, et sa main est encore levée
sujet. C'est ce qu'Isaac exécute dans celte pour commettre les plus grandes dépréda-
pièce, où il ne s'agit pas de savoir ce que, tions. Il crie sur les toits qu'il se vengera

selon les Ecritures, l'âme a été avant le pé- dans ma personne de tous les Anglais. Plût
ché, ce qu'elle est maintenant sons le pé- à Dieu que je ne fusse point de cette nation,
ché, ni ce qu'elle doit être après le péché ;
ou que dansje heu de mon exil je n'eusse
mais quelle son essence, quelles sont ses
est jamais vu d'Anglais » Dom Luc d'Achéry
!

facultés, comment
elle est unie au corps et en publiant cet ouvrage dans le troisième
de quelle manière elle en sort. Notre auteur tome de son Spkilége, en avait d'abord fait
satisfait à toutes ces questions en bon méta- honneur à Isaac, évêque de Langres mais ;

physicien et d'une manière qui leva les dou- il corrigea depuis cette attribution dans la
tes d'Alcher, et le mit en état de composer, table générale de ce recueil, sur l'autorité
comme nous l'avons vu, un assez bon écrit de deux manuscrits de la bibhothèque du roi

sur la même matière. Isaac termine sa lettre (n. 1252-1258), qui donnent cette lettre à
en lui disant : « Voilà, mon frère, ce que l'abbé de l'Etoile, et aussi parce que du temps
l'obéissance m'a engagé à vous écrire, au d'Isaac, évêque de Langres, il n'y avait point
milieu des aËQictions sans nombre dont nous de prélat du nom de Jean qui fut évêque de
sommes accablés. Car cette année, le Sei- Poitiers.
gneur a envoyé sur cette province deux 3° On conserve manuscrit à la bibliothè-
grands tléaux, la famine et la peste, fléaux que nationale un Commentaire sur le Canti-
tels qu'on croit qu'il n'y en a pas eu de sem- que des Cantiques. Il est sans nom dauleur
blables dans les siècles passés. Il ne nous mais comme il se trouve à la suite de la let-
ont point surpris inopinément. Nous en tre d'Isaac sur l'âme et qu'il est assez dans
avions observé les signes avant -coureurs sa manière d'écrire, tous les critiques s'en-
dès l'année dernière, persuadés comme tendent généralement à le lui accorder. Nous
nous le sommes, que tous les événements ne nous arrêterons pas ici à réfuter Oudin ',
ont leur cause d'où ils naissent, leur prépa- qui lui fait honneur des trois livres du Sa-
ration pour la manière dont ils doivent s'ac- crement de l'Autel, dont nous avons rendu
complir, leurs signes pour le temps où ils compte à l'article d'Alger 2. Il est incontes-

< Script., tom. II, pag. 14S5. {L'éditeur.) 2 Voyez plus haut, pag. 379. (L'éditeur.)
Ixii' SIÈCLE.] CHAPITRE LXIII. — RICHARD, PRIEUR DE SAINT- VICTOR 697

table que cette production appartient à cet Les de l'Etoile sont repro-
écrits d'Isaac
écrivain, et l'on peut voir les preuves que duits au tome CXGIV de la Patrologie, col.
nous en avons données dans notre 1" volume. 1G89-18'JG. Us y sont précédés de la notice
L'abbé Isaac est un des trente-un auteurs historique et littéraire que nous venons de
qu'OUomarus Luscinius a compilés pour la reproduire d'après ['Histoire littéraire de la

composition de son ouvrage des Allégories et France.


tropologics de l'un et l'autre Testament.

CHAPITRE LXIII.

Richard, chanoine et prieur de Saint-Victor, 1173; Gilduin, 1155,


Achard, 1172, Ervise, ''177, Guarin, 1192, abbés de Saint-Victor; Odon,
chanoine de Saint-Victor et ensuite abbé de Saint-Pére, après 1181.

[Ei'rivains latins.]

Nous empruntons à M. l'abbé Hugonin la de la discipUne. Il fut d'abord sous-prieur;


notice suivante sur Richard de Saint -Victor '
: c'esten cette qualité qu'il souscrivit, enH37,
•Viclor,
Richard naquit en Ecosse. Les biogra-
1. une convention entre l'abbaye de Saint-Vic-
SiTie.
phes ne disent pas en quelle année, ni de tor et Frédéric, seigneur de Palaiseau. II
quels parents ni quelle fut sa première édu-
, devint ensuite prieur, et il se conduisit avec
cation. Comme Hugues, son maître, il quitta une rare prudence dans les circonstances
de bonne heure sa patrie. Il vint à Paris, at- les plus délicates.
tiré peut-être par la réputation des profes- L'abbé Ervise, anglais de naissance, n'é-
seurs qui enseignaient dans cette capitale ;
tait ni un moine édifiant ni un administra-
peut-être conduit par le seul désir de se teur habile. La communauté de Saint-Victor
consacrer à Dieu dans une communauté avait tleuri jusqu'à lui sous la sage direction
aussi célèbre par sa science et par sa piété, de Gilduin, d'Achard et de Gautier. Ervise
que celle des chanoines de Saint-Victor. 11 dissipa ses biens et faillit ruiner sa disci-
prit dans cette maison l'habit de chanoine et pline. Alexandre fut témoin de ses désor-
111

fit profession entre les mains de Gilduin. Il dres, et il vivement dans le voyage
l'en reprit

n'était pas rare de voir, à cette époque, des qu'il fit à Paris. Ervise s'inquiéta peu de ces
jeunes gens d'outre-mer chercher en France, avertissements et continua ses scandales;
ou la science dans ses écoles publiques, ou c'est ce que nous apprenons d'une lettre du

un asile paisible dans les nombreux monas- même pontife, où il appelle l'abbé de Saint-
tères qui ûorissaient de toutes parts. Nous Victor un autre César, qui disposait de tout

y rencontrons, presque en même temps, Félon ses caprices, qui méprisait les statuts
Achard, philosophe distingué et profond théo- de son ordre, et qui, loin de profiter des re-
logien, qui fut abbé de Saint-Victor, et plus montrances pontificales que lui avait attirées
lard évêque d'Avranches; Adam du Petit- sa négligence, se montrait de plus en plus
Pont, disciple d'Abeihird, qui enseigna lui- incorrigible. Les choses en vinrent à ce
même avec éclat la grammaire, la rhélorique point que le souverain pontife, touché de
et la philosophie Jean de Salishury, Robert
;
l'état déplorable de cette maison auparavant

de Melun, et tant d'autres qu'il est inutile si tlorissante, nomma trois commissaires :

de mentionner ici. Guillaume, nrchevêque de Sens; Etienne,


Nous connaissons peu de détails sur la vie évêque de Meaux, et Nicolas, abbé du Val-
de Richard a Saint-Victor. Les annales de Secret, pour visiter et réformer l'abbaye de
celle abbaye, écrites par Simon (iourdan, Saint-Victor, avec pouvoir de déposer l'abbé,
vantent sa piété et son zèle pour le maintien s'il était nécessaire, et d'exiler les chanoines

vicieux. Le pape voulut toutefois que les


' Palrol., tom. CXCVI, col. 13 cl suiv. commissaires agissent de concert avec l'é-
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
vêque de Paris, supérieur immédiat de celte sita les chanoines de Saint-Victor, où plu-
maison. sieurs Anglais étaient venus chercher un
Il écrivit en même temps au roi Louis VII, asile; il fut introduit au chapitre, où il pro-

pour l'exhorter à contribuer de son auto- nonça sur ces paroles du psaume lxxv In :

rité au rétablissement du bon ordre dans le pace factus est locus ejus, un discours dont un

monastère. Ces deux lettres se trouvent rap- fragment a été longtemps conservé dans le
portées, sous l'an H69, dans les annales monastère. Pourquoi ne croirions-nous pas
manuscrites de Saint-Victor. On ne sait par avec Baronius Manrique et l'éditeur des
,

quels artiOces l'abbé éluda, pour cette fois, Œuvres de Richard, que le prieur eut avec
la punition qu'il méritait; mais il est sûr saint Bernard des relations qui ne lui furent
qu'il ne profita pas de l'indulgence qu'on point inutiles dans les circonstances délicates
eut pour lui dans cette occasion. Aussi où il se trouvait? Nous savons quel intérêt
Alexandre III fut-il obligé d'écrire de nou- l'abbé de Clairvaux portait aux chanoines de
veau, quelque temps après, au roi et à l'ar- Saint-Victor et quelle vénération les cha-
chevêque de Sens, pour les exhorter à ne noines avaient pour sa personne. Ils hono-
plus ditférer la réforme qu'il leur avait con- raient comme une relique précieuse une
fiée. Il fit aussi savoir par lettres à l'abbé coupe que le saint abbé avait laissée à Saint-
et aux chanoines réguliers de cette abbaye, Victor, dans une visite qu'il leur avait ren-
que l'archevêque de Sens, l'évêque de Meaux due. Ils durent à sa protection quelques

et l'abbé du Val-Secret devaient visiter leur avantages temporels, et ce fut sur sa de-
monastère, et il leur enjoignit de les rece- mande qu'ils reçurent avec affection Pierre
voir honorablement et de se soumettre à Lombard, et qu'ils lui procurèrent les secours
leurs ordonnances. Les trois commissaires dont \\ avait besoin. Enfin nous avons vu
se transportèrent à Saint-Victor et reconnu- que le saint abbé de Clairvaux avait eu des
rent le mal qui leur avait été signalé. Ils ré- relations particulières avec Hugues de Saint-
solurent la destitution de l'abbé. Mais avant Victor.
d'en venir à l'exécution de ce dessein, ils le Le calme succéda à la tempête dans l'ab-
communiquèrent aux cardinaux Théodin et baye de Saint-Victor, et Richard put couler
Albert, que d'autres nomment Alexis, légats en paix les dernières années de sa vie. Gua-
du Saint-Siège, qui se trouvaient alors à Pa- rin ou Guérin, successeur d'Ervisius, était
ris.Vers les fêtes de Pâques de l'an H72, un homme pieux et savant. Alexandre III,
selon l'auteur des Annales de Saint-Victor, qui connaissait son mérite, écrivit aux cha-
on obtint d'Ervise une abdication qui fut ap- noines pour les féliciter d'un si bon choix.
pelée volontaire. L'abbé démissionnaire se Les commencements de son administration
retira dans le prieuré de Saint-Paul des ne furent pas sans amertume le passage :

Aulnois, dépendant de Saint-Victor et situé d'Ervisius à Saint-Victor devait y laisser des


près de Chevreuse, où il continua à vivre traces. Toutefois le bon gouvernement du
dans la dissipation et la bonne chère, et d'oîi nouvel abbé et le concours qu'il trouva dans
il troubla plus d'une fois encore la paisible le prieur, rétablirent l'ordre et rendirent à
retraite des chanoines de Saint-Victor. l'abbaye son éclat primitif.
Il n'est pas téméraire de croire que Ri- Richard put donc continuer d'édifier en
chard ne fut pas étranger à cette réforme, paix ses frères par sa piété et de les éclairer
et qu'il eut plus que tout autre à souffrir des par ses leçons et par ses ouvrages. Sa répu-
caprices et des emportements de son abbé. tation était si grande que des religieux étran-
Mais Dieu lui ménagea quelques consola- gers lui demandèrent avidement des copies
tions au milieu des peines et des persécu- de ses écrits. Guillaume, prieur d'Ourcamp,
tions que lui attiiaitson zèle. Ce fut pendant de l'ordre de Citeaux, lui écrit pour lui an-
ces épreuves qu'il reçut à Saint-Victor, avec noncer qu'il lui en renvoie quelques-uns et
Ervisius, Alexandre III, ce pontife si atten- pour lui en demander un autre; c'était celui
tif récompenser le mérite et si zélé pour le
à qui traite du songe de Nabuchodonosor. Ga-
maintien de la discipline. Peu de temps rin, prieur de Saint-Alban, désire avoir une
après, un hôte aussi célèbre par sa fermeté liste complète de ses productions. Jean, sous-
apostolique que par ses souffrances, dut ré- prieur de Clairvaux, le supplie de lui com-
jouir son cœur et raffermir son courage : poser une prière au Saint-Esprit.
c'était Thomas de Gantorbéry. Ce prélat vi- « Ecrivez-la, lui dit-il, selon la science et
Ixii" SIÈCLE.] CHAPITRE LXIII. — RICHARD, PRIEUR DE SAINT-VICTOR. 699

le jugement dont le Saint-Esprit vous a doué; dentes. Mais surtout les écrits de Richard y
qu'elle ne soit ni trop courte ni trop lounue, sont disposés dans un ordre plus régulier.
afin que je puisse l'apprendre par cœur et On en trois classes les écrits
les a divisés :

l'adresser au Saint-Esprit au moins une fois exégétiques, où Richard explique quelques


par nuit ou par jour. » passages de ouvrages
la sainte Ecriture; les
On a publié dans cette édition plusieurs théo/ogiqites, et les Mélanges, qui comprennent
autres lettres écrites à Richard. Quoique fort des lettres et quelques écrits détachés. C'est,
courtes et peu importantes en elles-mêmes, à peu de chose près, l'ordre indiqué parles Bé-
ellesconcourent à montrer que Richard jouis- nédictins dans l'Histoire littéi'aire de France.
saitde l'estime de ses contemporains. Nous allons rapidement rendre compte de
En
1172, il fut fait entre les clianoines de ces ouvrages, afin d'en faciliter la lecture.
Saint-Cosme de Luzarche et ceux de Saint- 3. La première partie comprend quatorze
Victor,une transaction que signa le prieur traités. Le premier, qui a pour titre Benja-
Richard. Richard vivait donc encore cette min minor, est un traité de morale mystique
année. Mais le premier mois de l'année 1174, à l'occasion de ces paroles du psaume lxvii:
c'était Cantier qui remplissait à Saint-Victor Benjamin in mentis excesszt. Benjamin est le
les fonctions de prieur. On en peut conclure dernier et le plus cher des enfants de Ra-
qu'il mourut en 1173; sans doute le 10 mars, chel; il est l'ouvrage de la contemplation.
jour auquel se trouve placé son anniversaire Rachel et Lia représentent, la première la
dans le nécrologe de l'abbaye. raison, la seconde l'amour; l'une la vérité
Ce nécrologe loue Richard comme un possédée, l'autre la vertu conquise de l'une ;

digne prieur qui, par ses bons exemples, par naissent les bons desseins, de l'autre les bons
la sainteté de ses mœurs, par la beauté de désirs. Ue même que Jacob doit recevoir Lia
ses écrits, a laissé les plus honorables sou- avant Rachel, de même les bonnes actions
venirs. 11 fut enterré dans le cloître, auprès conduisent à la vraie science, de même la
de la porte de l'Aumône '. raison s'unit à l'imagination, et la sensibilité
2. On connaît sept éditions du Recueil des à l'amour.
œuvres de Richard. La première fut publiée La suite n'est qu'un développement de ces
à Venise en 1506, in-8°. Elle est incom-
fort pensées. Les enfants de Lia et de Rachel, ce

plète; la deuxième in-f°, parut à Paris en sont les facultés qui se i-apporlent à l'intel-

1.518; la troisième in-f°, à Lyon, 1534; la ligence ou à l'amour. Richard les étudie
quatrième in-f", à Paris, 1550; la cinquième psychologiquement il apprend à les régler
;

in-f", à Venise, 1592; la sixième in-4'', à Co- et à les conduire de concert au même terme,
logne, 1621. La dernière parut à Rouen, qui est la contemplation, ou le repos de
chez Jean Berthelin, en 1650, in-f°. Elle a l'âme dans la possession et l'amour de la vé-
été jusqu'ici à peu près la seule en usage, rité. Il n'est pas difficile de reconnaître les
quoiqu'elle soit peu correcte et dépourvue doctrines de Hugues sur la distinction pro-
de tout genre d'éclaircissements. Mais les fonde de la sensibilité et de la connaissance
précédentes, qui n'en sont pas plus riches, du monde physique et du monde spirituel,
sont plus fautives. Cette édition de 1650 et sur les rapports de l'un à l'autre. Toute-
s'annonce comme revue et corrigée par les fois ces principes sont plutôt indiqués que
chanoines réguliers de Saint-Victor de Paris. nettement exprimés dans cet écrit.
On ne la doit pourtant qu'aux soins d'un de Richard s'élève dans un passage contre les
ces religieux, Jean de Thoulouse, qui a placé écrivains de son temps. Il leur reproche une
à la tète du premier volume une vie de Tau- attention trop scrupuleuse à éviter les incor-
leur, tirée, dit-il, des manuscrits et des chartes rections et les négligences. « Ils sont, dit-il,
de l'abbaye. L'édition publiée par M. l'abbé bien plus honteux d'un barbarisme qui leur
Migne (Patrologie, tom. CXCVl) est plus cor- échappe que d'un mensonge qu'ils ont ar-
recte et plus complète. Elle contient des rangé, et craignent bien plus d'ollenser les
lettres que ne renferment point les précé- règles de Priscien que celles de l'Evangile.»

' Voyez Hisl. litl. de France, tom. Xlll, 472-488; Boulay, Hisl. unit). Par., tom. 11, p. 160, 260 et pas-
Vila Rtchardi, h la tête de l'édition de 1650 l'agi ad
; sim ; Uuchciue, Scr. rer. Gall., t. IV, pag. 7j7, 717,
ann. 1134, n" 41, et 1140, u" 8; Hernie. Gaud., Oes- 745 cl pnsaim; Dubois, Hisl. Paris, fcc/., lili. III;

cript. eccles., cap. xxvi ; Pilscns, pag. 311 Albnrio.,


; Corrozet, Anliq. de Paris, liv. I.\, fol. 57.
Chron., ad ou 115C Cent. Mugdcb. xii, cap. x
; Du ;
700 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Il regarde comme la gloire la plus haute à nacle de l'alliance, entendez l'état de perfec-
laquelle un mortel puisse aspirer, celle de tion. Où est la perfection de l'âme, là est l'ha-
convertir ses semblables, et de les transfor- bitation de Dieu. Plus on approche de la per-
mer du démon en enfants de Dieu.
d'enfants fection, plus on est étroitement uni à Dieu.
Un tel ministère est à ses yeux le don le Mais le tabernacle doit avoir le vestibule qui
plus sublime; il le préfère au pouvoir de l'environne. Par le vestibule, entendez la
faire des miracles et de ressusciter des discipline du corps; et par le tabernacle, la
morts. discipline de l'âme. Où il y a absence de dis-
Le Benjamin minor est celui des ouvrages cipline extérieure, la discipline intérieure ne
de Richard qui a été imprimé le premier. Il peut être gardée. Mais la discipHne du corps
en a paru une édition particulière à Paris en est inutile sans la discipUne de l'âme. Le
1489, in^"; il a été réimprimé à part dans vestibule est à découvert et en plein air, la
la même ville en 1521, in-12. Le même ou- discipline du corps paraît à tous. Les choses
vrage a été depuis plusieurs fois publié sous qui étaient dans le tabernacle n'apparaissaient
le titre de De duodecim patriarchis. pas au dehors. De même, personne ne connaît
Le Benjamin major diffère peu par la mé- ce qui est de l'intérieur de l'homme, si ce
thode du traité qui précède. L'arche est ap- n'est l'esprit de l'homme qui est en lui. La
pelée par le psalmiste l'arche de la sanctifi- raison est figurée par le tabernacle extérieur,
cation Surge, Domine, in requiem tuam, tu
: et l'intelligence par le tabernacle intérieur.
et arca sanctificationis tuœ (psaume cxxxi). Nous appelons sens rationnel ce par quoi
Or, c'est la sagesse qui triomphe du mal et nous discernons ce qui est à nous, et sens
qui procure la sanctification; et la perfec- intellectuel ce par quoi nous nous élevons à
tion de la sagesse, c'est la contemplation. la contemplation des choses divines. L'homme

C'est là que Richard nous ramène toujours. sort du tabernacle dans le vestibule par les
Il étudie d'abord la contemplation en elle- œuvres. L'homme pénètre dans le premier
même, et il en distingue six degrés. Le pre- tabernacle, quand il se recueille en lui-même;
mier consiste dans la considération et l'ad- il entre dans le second, quand il s'élève au-
miration des objets corporels qui frappent dessus de lui-même. En s'élevant au-dessus
nos sens ; le second n'est encore que l'étude de lui-même, il s'élève certainement à Dieu.»
de la production de la nature et de l'art; le Il a paru une édition particulière de ce

troisième nous élève à l'ordre moral, à la traité en 1494, in-4°, et une autre, in-S", sans
méditation des lois divines et humaines; le date et sans indication de ville, mais avant la
quatrième à la connaissance des substances fin du XV" siècle.
incorporelles et invisibles c'est-à-dire de
, L'opuscule qui a pour titre De fine mundi :

nos âmes et des esprits angéliques au cin- ; ou De meditandis plagis quœ circa fînem mundi
quième degré, la raison s'élance au-dessus evenient, est un sermon qui a pour texte ces
d'elle-même, au sixième elle parvient à
et paroles de l'Ecclésiaste Mémento Creatoris:

l'extase. Ce presque entièrement


traité est lui in diebus juventutis tuœ, antequam veniat
consacré à l'étude de ces différents degrés tempus afflictionis, et appropinquent anni de
qui conduisent à la contemplation il en : quibus dicas: Non mihi placent (c. xii). Le
cherche des figures dans les différentes par- stylede ce discours est naturel élégant ,

ties de l'arche. Il indique les moyens qui doi- même; il ne renferme rien, au reste, qui de-
vent élever l'âme de l'un à l'autre de ces de- mande une explication particulière.
grés ce sont la grâce, le concours de notre
: Richard composa son traité Du Tabernacle
propre activité et l'enseignement extérieur. sur la demande de ses amis, comme il nous
Il faut avouer que ses applications sont l'appprend lui-même dans le prologue. Cet
quelquefois forcées, ses raisonnements un ouvrage est divisé en trois parties dans la :

peu Il avoue qu'il a eu beaucoup de


subfils. première il traite de la construction du taber-

loisir pour composer ce livre et qu'il en faut nacle, en décrit toutes les parties et il en
il ,

beaucoup pour le lire. Il a pour appendice tire un sens tropologique. Cette composition
une sorte de récapitulation intitulée Allégo- : est dans le genre des deux premières que
rie du tabernacle de l'alliance. Nous eu cite- nous avons étudiées.
rons quelques passages qui donneront une La seconde partie est une simple explica-
idée de ce genre de composition qu'il est dif- tion littérale ou un simple commentaire de la
ficile de soumettre à l'analyse. « Par le taber- description du temple de Salomon, qui se lit
[xir SIÈCLE. J CHAPITRE LXIII. — RICHAKU, PRIEUR DE SAINT-VICTOR. 701

au livre des Rois. «La description du temple tructions qu'il renferme, aux sermons de cette
de Salomon, dit-il en commençant, est f^éiié- époque.
ralement assez claire. Plusieurs passages ce- Le traité sur Ezéckiel est une explication
pendant sont obscurs et embrouillés. Quel- littérale des animaux, des roues et des édi-
ques personnes, que je sers volontiers, me fices décrits dans la vision du prophète. Ri-
pressent de dire mon sentiment sur les en- chard fait ici peu d'usage de son talent pour
droits qui ont besoin d'explication. » La troi- l'allégorie. 11 s'attache à la lettre et au sens
sième partie traite de la chronologie des rois immédiat qu'il dit être le fondement néces-
de Juda et d'Israël. Ce dernier livre est saire de toute interprétation mystique. Ce
adressé, sinon par l'auteur, au moins par l'é- livre suppose quelques connaissances de géo-
diteur, à saint Bernard. Richard y concilie, métrie et d'architecture. L'auteur y a même
avec un soin scrupuleux, et non sans quelque joint des plans qui rendent son explication
sagacité, des dates contradictoires en appa- plus sensible.
rence. Il montre que ces difficultés viennent Richard nous apprend lui-même , dans un
tantôt de la négligence des copistes, tantôt petit prologue, à quelle occasion il composa
du double emploi d'une même année, comp- l'ouvrage intitulé De Emmanuek, et quel but
téecomme la dernière d'un règne, et comme il s'y propose. « Je suis tombé, dit-il, sur un
lapremière du suivant; quelquefois aussi du traité écrit et publié par maître André; j'y
couronnement de certains rois avant la mort ai trouvé quelques passages imprudents et
de leurs pères, et par conséquent de la co- peu catholiques. Dans plusieurs endroits, en
existence de deux monarques sur le même efl'et, il expose les opinions des Juifs sur la

trône durant plusieurs années. L'auteur a sainte Ecriture, moins comme étant des Juifs
joint à ce traité deux tables chronologiques : que comme la véritable interprétation. Ainsi,
l'uue en quatre colonnes, l'autre en cinq. sur ce passage d'isaïe : Voici qu'une vierge
Cet ouvrage fut imprimé à Paris en 1511 concevra et enfantera un il propose les ob-
fils,

et en 1540; à Venise en 1390. jections et les explications des Juifs et il ne ,

Les Annulations mystiques sur les Psaumes les réfute pas; en sorte qu'il semble leur cé-
sont plus étendues que celles attribuées à der la victoire en négligeant de résoudre
Hugues. C'est un commentaire pieux de quel- leurs difficultés. » Ce docteur imprudent avait
ques passages de ces divins cantiques. Le fait des disciples, en sorte que plusieurs en-
vingt-huitième est le seul qui soit expliqué tendaient ce texte non de Marie, mais d'une
tout entier. Les bénédictins nous semblent prophétesse. C'est pour faire disparaître ce
exagérés, quand ils disent que ces remarques scandale que Richard entreprit cet ouvrage.
sont purement mystiques. Les développe- 11 rapporte d'abord les objections des Juifs,
ments que Richard donne au texte sacré res- telles qu'elles se trouvaient dans le traité du
semblent assez à ceux que donnerait un pré- docteur André; il les résout ensuite d'après
dicateur; ilsforment comme de petits ser- l'interprétation de saint Jérôme, qu'il corro-
mons ou de petites homélies. bore encore par des arguments qui lui appar-
L'exj)lication du Cantique des Cantiques tiennent.
comprend quarante-deux chapitres ou ser- 4. Nous ne voudrions pas assurer que Ri-
mons inférieurs sans doute à ceux de saint chard ait toujours éclairci les difficultés que p.îMStf

Bernard, mais qui ne sont point sans mérite. présentent les textes qu'il interprèle. Mais sa
Richard y est plus sobre qu'ailleurs d'in- théologie est exacte, et c'est là un mérite
terprétations allégoriques, et il y donne à de conserver en traitant
qu'il n'est point aisé
ses auditeurs d'utiles instructions morales, de pareilles matières.
souvent empruntées à saint Grégoire-le- On a deux éditions particulières de cet ou-
r.rand. vrage l'une de Venise en 1392, l'autre de
:

L'opuscule intitulé Quomodo Christus poni- Rouen en 1G06, toutes deux in-folio.
tur in signum pujjulorum est une explication Le commentaire sur l'Apocalypse est adressé
de ces mots d'isaie Hadix Jesse stat in siy-
: à un religieux dont Richard ne dit point le
riuin po/iulorutn. Richard explique que le pro- nom. Il se divise eu sept livres, dont chacun
phète annonce Jésus-Christ élevé sur la croix, explique une vision. Nous n'entreprendrons
appelant et réunissant les deux peuples, c'est- pas une analyse de cette paraphrase mysti-
à-dire les Juifs et les gentils. Ce petit traité que du plus impénétrable de nos livriîs sa-
ressemble assez, par la forme cl pur les ins- crés. On y trouvera uu aliment à la piét(i,

I
702 HISTOIRE G1^.NÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
d'utiles instructions de morale, et plus d'une ce traité, d'éclaircir et de conBrmer par la
fois de belles interprétations du texte ins- raison les enseignements d'ailleurs innom-
piré. brables de la foi. Il débute par uue pensée

3. Le principal ouvrage dogmatique de Ri- profonde qui mérite de fixer l'attention des
chard de Saint-Victor est son traité De la Tri- théologiens et des philosophes chrétiens elle ;

nité, qui comprend six livres. A l'exemple des nous parait singulièrement féconde en appli-
pères et de tous les anciens écrivains ortho- cations importantes. « Notre dessein dans cet
doxes, il pose la foi comme le point de dé- ouvrage est, dit-il, d'apporter àl'appui de notre
part et le fondement obligé de toute science foi des raisons non-seulement probables, mais

théologique ; il répète et commenle dans le encore nécessaires. Car nous sommes plei-
sens des anciens le texte devenu fameux du nement persuadé qu'il existe pour toutes les
prophète Isaïe Nisi credideritis, non intelli-
: choses nécessaires des arguments non-seule-
getis. La foi est la porte d'entrée du sanc- ment probables, mais nécessaires, bien qu'il
tuaire; c'est par elle seulement qu'on y pé- arrive que notre esprit ne les aperçoive point
nètre. Mais, la porte étant ouverte, il ne faut toujours... En effet, il est de toute impossi-
point s'arrêter sur le seuil de ce temple si bilité que ce qui est nécessaire ne soit pas et
riche en merveilles de tout genre; on doit n'ait pas une raison d'être nécessaire; mais
avancer toujours en s'etl'orçant de compren- il n'est pas donné à tout le monde de tirer

dre de plus en plus les vérités reçues par la ces raisons du sein des mystérieuses profon-
foi. « Si dans la foi , dit encore l'illustre Vic- deurs de la nature et de les mettre ensuite à
torin, réside le commencement de tout bien, la portée des esprits ordinaires, n
c'est dans la connaissance que se trouve la La pensée de Richard nous semble d'une
consommation et la perfection. Travaillons exactitude rigoureuse. Tout ce qui est a une
donc à atteindre cette perfection; que tout raison d'être ou en soi ou en autrui; ce qui
nous serve de degié pour aller de la foi à la est nécessairement, ce qui ne peut pas ne
connaissance; employons tous nos efforts pas être, a une raison d'être nécessaire; rien
pour comprendre ce que nous croyons. C'est de plus certain. Il se peut que notre intelli-
peu pour nous d'avoir des sentiments justes gence ne voie pas, ne distingue pas cette rai-
et vrais sur Dieu; il faut, comme je viens de son; mais elle doit exister, sa réalité ne sau-
vous le dire, nous efforcer de comprendre ce rait être l'objet d'un doute sérieux. Or, la
que nous croyons; il faut travailler sans re- trinité des personnes dans l'unité de la na-
lâche, autant qu'il est permis, autant qu'il est ture divine est une vérité en soi nécessaire .

possible, à saisir par la raison ce que nous et la foi nous enseigne que Dieu subsiste en
tenons par la foi. Mais quelle merveille, si trois personnes distinctes. Mais si la trinité
notre âme se trouble et s'obscurcit en pré- est nécessaire , elle doit avoir aussi une rai-
sence des mystères de la divinité, lorsqu'elle son d'être nécessaire, raison qu'elle porte
est souillée presque à chaque instant de la avec soi, dans son propre fonds, dans sa pro-
poussière des pensées terrestres? Sors de la pre nature, et qui n'est point distincte d'elle-
poussière, ô vierge de Sion! Si nous sommes même. 11 y a en Dieu une raison d'être trois
de vrais fils de Sion dressons cette échelle
, en personnes; et quand le voile épais qui
sublime de la contemplation et prenant , , dans ce monde des sens nous dérobe la vue
notre vol comme des aigles échappons à la , de l'essence divine sera déchiré, nous ver-
terre pour planer dans les hauteurs des rons clairement que la trinité des personnes
cieux. » ne peut ne pas exister dans l'unité de cette
Ces paroles, qui semblent dictées par la essence ineffable. Nul doute donc qu'il n'y
chaleur du plus pur enthousiasme, nous ait des arguments où la logique est absolu-
montrent suflisamment quel intérêt Richard ment nécessaire en faveur du dogme de la
attacbaitauxspéculationsthéologiques. Aussi Trinité; et quoique durant le cours de cette
ne se contente-t-il pas de poser des principes vie, moitié obscure, moitié éclairée, notre œil
sur la mission de la théologie , ni de convier ne puisse pas plonger jusqu'à la dernière
les savants chrétiens à l'étude plus approfon- racine de ces arguments, s'ensuit-il cepen-
die des mystères révélés; lui-même veut dant qu'aidé de la lumière de la révélation
prêcher d'exemple en essayant d'expliquer chrétienne, il soit impuissant à les saisir dans
par la raison l'auguste mystère de la sainte leui' dérivation et dans cetle espèce do pro-
Trinité. L'illustre Victorin se propose , dans jection lumineuse que la nature divine nous
lxii'siiS:CLE.] CHAPITRE LXIII. — RICHARD, PRIEUR DE SAINT-VICTOR. 703

envoie sans cesse Richard ne le croit pas


? : comme le travail le plus important que nous
loin d'achuettre celte impuissance, il est au ait légué le moyen âge. Nous avouons cepen-
contraire profondément convaincu qu'une dant avec le même écrivain que l'ouvrage a
intelligence chrétienne peut trouver à l'ap- des parties faibles; que certaines déductions
pui de cet auguste mystère des arguments auxquelles l'auteur semble attacher le plus
d'une rigueur irrécusable. grand prix, sont loin d'être rigoureuses;
Plein de confiance en la vérité de ce prin- que quelques arguments ne concluent pas;
cipe, l'illustre théologien, après avoir dis- que l'on y rencontre parfois des idées peu
cuté , dans les deux premiers livres tout ce, exactes. Mais lu plupart de ses spéculations
qui a rapport ill'unité de la nature divine, sont très-solides et même très-profondes.
entre résolument dans la voie des spécula- C'est un traité qui renferme des trésors infi-
tions sur la Irinité des personnes. La bonté niment précieux, malheureusement trop peu
absolue de Dieu et la souveraine félicité dont connus de beaucoup de théologiens d'ailleurs
il jouit, voilà la double source générale dont recommandables.
l'auteur fait à peu près dériver tous ses argu- Les six livres De la Trinité ont pour appen-
ments. Dieu, étant la plénitude de la bonté, dice un opuscule qui traite des attributs de
doit être le siège de l'amour parfait; or, l'a- chaque personne, et qui est adressé à un
mour ne peut exister sans la pluralité des nommé Bernard qui l'avait consulté sur ces
personnes. On ne saurait donner le nom d'a- matières. Ce Bernard est-il le célèbre abbé
mour à cette atl'ection par laquelle une per- de Clairvaux? Baronius, Manrique, Dupin,
sonne s'aime soi-même; l'amour pur et vrai Thoulouse le pensent; les bénédictins en
demande nécessairement plusieurs person- doutent, parce qu'ils ne trouvent dans les
nes. Il faut donc qu'en Dieu, qui est le type œuvres de l'abbé de Clairvaux aucun vestige
et la loi de l'amour parfait, il y ait plus d'une de ses relations avec le prieur de Saint-
personne. Victor. Mais nous avons vu, dans la notice
Richard expose longuement les propriétés de Richard, qu'il était non-seulement impro-
de l'amour, et marque avec beaucoup de bable mais à peu près impossible que saint
,

soin le caractère propre à l'amour tel qu'il Bernard qui connaissait la communauté de
,

doit être en Dieu. II définit avec la même Saint-Victor, qui la visita, qui lui rendit et
attention les éléments essentiels du souve- lui demanda des services, qui traitait Hugues
rain bonheur dont Dieu jouit nécessairement, comme son ami, n'eût eu aucun rapport avec
et il s'eli'orce de prouver que ce bonheur ne se Richard, dont la réputation était si grande.
conçoit point, si l'on n'admet dans la nature C'est sans doute en comptant l'opuscule
divine trois personnes réellement distinctes dont nous venons de parler, que Vincent de
entre elles.Nous ne suivrons pas l'auteur Beauvais - dit que Richard a composé un
dans ses spéculations; nous nous contente- traité de la Trinitéen sept livres. Il ajoute que
rons d'en indiquer la source et la tendance c'est le principal ouvrage de notre Viclorin.
générale. Henri Etienne en a donné une édition
Après avoir établi la trinité des personnes particulière in-i", en lolO; il en existe une
divines, notre Viclorin cherche à montrer autre de Nuremberg, en 1518, in-8°.
comment des personnes se con-
la pluralité Le livre Dp Verbo incarnato est encore dé-
cilie avec l'unité de nature; et enfin, dans dié à Bernard et répond à une consultation
les deux derniers livres, il examine et dis- nouvelle adressée à l'auteur par le même
cute les propriétés respectives de chacune personnage, a Vous ne rougissez pas, lui dit
des personnes. Richard, de fatiguer mon incapacité. »
Nous dirons avec M. Laforet, à qui nous Ce traité de l'Incarnation du Verbe est en
avons emprunté celte analyse et cette appré- même temps une explication des onzième et
ciation si judicieuse et si profonde do ce douzième versets du chap. xxi d'Isaïe On :

traité ', qu'à le prendre dans son ensemble me crie de Sion : Sentinelle, qu'avez-vnus vu en

,

c'est une œuvre de beaucoup de mérite; cette nuit? un livre fort court dit
C'est ,

peut-être même, au point de vue des spécu- M. Laforet (page GG), mais substantiel, plein
lations théologiques, doit-on le regarder d'idées ingénieuses et souvent profondes, sur

' Coup d'œil sur l'hisloire de


la théologie dogmati- colié^'e du piipc àrUnivcrsilé rutliolique de Ixjuvuiu.
que, par M. Lafurel, docteur eu lliéologie, professeur |ou>uiii, 1X51.
à la Vacuité Je pliilosopbie ùb-lellres cl présiUuiil du ' S,H:iut. Ilifl., lil.. X.WIII. .«p. i.viii.
704 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
la nécessité de l'Incarnalion. » C'est l'objet exprès sa route pour visiter et admirer d'a-
principal du livre. gréables environs. » Le sujet de cet ouvrage

Nous ne nous arrêterons pas au petit traité est une explication de ces paroles d'Isaïe :

qui a pour titre Comment le Saint-Esprit


: A planta pedurn usque ad verticem non est in
est l'amour du Père et du Fils, ni sur celui eo sanitas. Impuissance, ignorance, concu-
intitulé : Du très-excellent baptême de Jésus- piscence, voilà la triple plaie de l'homme,
Christ. Ce dernier est écrit à la prière d'un son triple vice. 11 en résulte trois sortes de
de ses parents. C'est plutôt un ouvrage de péchés des faiblesses, des erreurs, des mé-
:

piété qu'un traité de théologie. chancetés. Il faut y opposer trois genres de


Il suffira même de mentionner un sermon remèdes, les commandements de Dieu, ses
sur la mission du Saint-Esprit, et un petit promesses et ses menaces. Telle est la subs-
opuscule où il compare Jésus-Christ à une tance de l'ouvrage qui se divise en trois par-
fleur, et Marie à une tige. ties. Dans la première, il traite du triple

Suit un autre sermon, où Richard explique vice; dans la seconde, du triple péché, et
aux religieux de Saint-Victor en quoi le sacri- dans la troisième, du triple remède. Presque
fice de David diffère de celui d'Abraham. Ce à chaque pas lauteur met en parallèle les
sacrifice d'Abraham, dont parle notre Victo- maux du corps et ceux de l'âme, ainsi que
rin, n'est point celui dont Isaac devait être les moyens de guérir les uns et les autres. II

la victime, mais celui que Dieu, au chap. xv de recueillir çà et là quelques


serait possible
de la Genèse, prescrit en ces termes au père notions de la médecine du xii' siècle. On y
des croyants Prenez une vache de trois ans,
: voit, par exemple, que les médecins distin-
une chèvre et un bélier du même âge, une tour- guaient trois esprits dans le corps humain :

terelle et une colombe. C'est une espèce de l'esprit animal qu'ils plaçaient dans la tête,
commentaire moral et allégorique du verset l'esprit naturel dans le foie, et l'esprit vital
14 du psaume lxv Holocausta medullata of-
: dans le cœur. Mais, sans nul doute, les trois

feram tibi cum incenso arietum. parties de ce traité sont plus édifiantes qu'ins-
Il explique dans un discours du même tructives, et l'on ne peut trop admirer le

genre les difl'érences qui existent entre le nombre prodigieux de pensées pieuses ou
sacrifice d'Abraham et celui de Marie, lors- mystiques que suggèrent à Richard chaque
qu'elle offrit deux tourterelles et deux co- parole et presque chaque syllabe des versets
lombes nouvellement écloses. cinq et six du premier chapitre d'Isaïe.
On a placé sous le titre commun De ge- : Des difficultés avaient été soulevées sur le
mino Paschate , deux autres sermons l'un : sens de ces paroles de notre Seigneur Quod- :

pour le jour des Rameaux, où il parle de la cumque ligaveris super terram, erit ligatum et
pâque des fleurs et de la pâque des fruits, et in cœlis; et quodcumc^ue solveris super terram,
L'autre pour la fête de Pâques; c'est une pa- erit solutum et in cœlis {Matth.,xyi); G\.s\xv
raphrase de ces mots de saint Paul Pascha : ces autres : Quorum remiseritis peccata, remit-
nostrum immolatus est Christus (I Cor. \u). tuntur eis ; et quorum retinueritis retenta sunt
Les trois traités sur l'Extermination du mal (ibid.) Les apôtres et leurs successeurs ont-
et la promotion du bien, sont, comme plusieurs ils réellement reçu par ces paroles le pou-
de ceux que nous avons parcourus jusqu'ici, voir de remettre les péchés ? Deux pécheurs
des traités de morale mystique dans lesquels viennent à un prêtre : l'un est endurci et par
Richard montre que, pour acquérir et con- là même lié, l'autre est vraiment juste et par
server la vertu, il faut se vaincre et se rési- là même déhé ; le prêtre peut-il délier celui
gner à la soufl'rance. qui est Hé, et lier celui qui est délié? De
Richard écrivit encore le traité De l'état de même deux criminels viennent à un prêtre ;

l'homme intérieur, à la demande d'un ami; l'un est pénitent, l'autre impénitent; le prê-
il indique dans le Prologue qu'il le composa tre peut-il remettre les péchés à celui qui
à plusieurs reprises et au milieu de beau- est impénitent, et les retenir à celui qui est
coup d'obstacles; ce qui ferait croire que ce pénitent? Telles étaient les questions discu-
fut pendant les dernières années d'Ervisius. tées par quelques théologiens, et sur les-
Peut-être est-ce la cause des nombreuses di- quelles on demandait à Richard son avis.
gressions qu'il a répandues dans son hvre, C'est pour répondre à ces demandes qu'il
et qu'il ne désavoue point lui-même. « 11 a écrivit son traité Sur la puissance de lier et de
fait, dit-il, comme un voyageur qui alonge délier. Toutefois cet ouvrage est plus moral
lxu^sikcle.J chapitre LXIII. — RICHARD , PRIEUR DE SAINT-VICTOR. 703

que dogmatique. On y trouve plutôt des ins- qu'un compilateur du xiii* ou du xiv« siè-
tructions édifianles que des solutions exac- cle a mis à contribution pour en composer
tes, nettes et précises, des difficultés qui lui un traité de la Charité attribué à saint Ber-
sont proposées. nard.
L'opuscule Sur le jugement finnl et (jménd 5. On a placé au commencement de la
a pour but de montrer comment, au dernier troisième partie des Œuvres de Richard de
jour, les apôtres jugeront en un instant et Saint-Victor plusieurs lettres qui ne se trou-
avec une extrême facilité tous les hommes ;
vent point dans les précédentes éditions.
comment ils découvriront les secrets de tou- La première est adressée par l'abbé Ervi-
tes les consciences, et comment ils détermi- sius et son prieur Richard à Robert, évoque
neront la mesure précise des récompenses de Herford, en Angleterre. Ce Robert n'est
ou des peines que cliacun aura méritées. autre que le fameux Robert de Melun, au-
C'est encore une espèce de sermon qui a teur de la première somme théologique peut-
pour texte ces paroles de notre Seigneur ; être qui ait été publiée. 11 était Anglais de

In regeneratione , cum sederit Filins /lominis in naissance. Il enseigna d'abord à Paris, puis
sede majestatis suce, sedeùilis et vos super sedes à Melun, et c'est de là que lui vint son sur-
duodecim, judicantes duodecim tribus Israël nom. Il eut pour disciples Jean de Sarisbury

(Matth., XIX, 28). etThomas Becket. Ce dernier, pour témoi-


L'esprit deblasphème n'est-il autre chose gner sa reconnaissance à son ancien maître,
que le blasphème contre le Saint-Esprit? contribua à le faire élever sur le siège épis-
Telle est la question proposée au prieur de copal d'Herford ; il le consacra même évé-
Saint-Victor, et qu'il examine dans un petit que, en qualité de primat. Mais Robert se
traité. Il ne la résout point, mais il incline montra peu digne d'un rang si élevé, il se
à croire avec Hugues, son maître, et saint rangea même parmi les prélats courtisans
Augustin, que la miséricorde de Dieu étant qui embrassèrent le parti du roi contre le
infinie il
, n'y a point de péché irrémis- saint archevêque de Canlorbéry. Ervisius et
sible. Richard lui écrivent pour lui reprocher sa
Suivent deux passages sur la différence du conduite, et lui faire savoir qu'elle était uni-
péché mortel et du péché véniel. Un homme versellement blâmée par les écoliers qui
meurt coupable de deux péchés l'un mor- : avaient autrefois applaudi à ses succès.
tel, l'autre véniel. On convient qu'il sera La seconde, qui n'est qu'indiquée, est
éternellement damné pour le premier. Mais adressée au pape Alexandre III. Le prieur de
la question est de savoir s'il souffrira pour Saint-Viclor lui recommande fortement l'af-
l'autre un surcroit de châtiment. Au lieu de Thomas de Cantorbéry. Elle est si-
faire
d'énoncer sur ce point une opinion précise, gnée de Richard et d'un ancien abi^é de
Richard commente ces paroles de l'Ecclé- Saint-Augustin.
siastique (chap. m, vers. 13) : Eleemosyna La troisième est celle de Guillaume de
pat ris non erit in ublivionem, et pro peccato Cantorbéry, dont le nom que
n'est désigné
matris leslituetur. par l'initiale yV, prieur d'Ourcamp, que nous
Il a été publié à Paris des éditions parti- avons mentionnée dans la notice de Richard.
culières de ce traité el de celui intitulé : De Les deux suivantes sont anonymes et peu
poteslate ligundi et solvendi, en lo2G, in-lii; importantes.
en 1328, in-S"; en loSi, in-12; en 1343, Les autres sont des lettres adressées par
iii-lG. le prieur de Saint-Alban, ou par son frère,
Des deux traités des Degrés de la charité, au prieur de Sainl-Viclor. Elles offrent quel-
le premier, qui n'a que quatre chapitres, est ques détails intéressants sur les relations de
adressé a un religieux, nommé Séverin, qui ces deux abbayes.
l'avait demandé à Richard, son ami. L'au- Le traité De eruditione hominis interioris,
teur y explique, d'après saint Paul, les ca- qui vient ensuite, se partage en trois sec-
ractères de la charité. lions, dans lesquelles l'auteur explique suc-
Dans le second, il met la charité en paral- cessivement les chapitres ii, iv et vu du pro-
lèle avec la cupidité. Comme l'amour pro- phète Daniel. C'est une suite d'iuterpréta-
fane, la charité a quatre degrés : elle blesse, tious tropologiques du songe do Nabuchodo-
elleenchaîne, elle lait languir, elle consume. nosor et de son histoire. L'auteur s'occupe
Ces deux livres sont du nombre de eeux peu du sens littéral, qui est geueiiileiMeiit

XIV.
^

706 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


connu. Selon lui, l'auteur s'est proposé sur- et De la différence du péché mortel et du
tout de nous montrer comment les gens de péché véniel. Mais le mot secundi nous don-
bien abandonnent peu à peu la vertu, com- nera lieu d'observer qu'on a quelquefois
ment ils s'éloignent de la perfection de la distingué deux Richard de Saint-Victor, sa-
vie contemplative ou de la vie active, par voir : celui dont nous parlons ici , et un autre
quels degrés ils tombent dans le précipice, et qui vivait vers l'an 1242, et que Possevin ^

par quels secours eiHcaces la grâce divine désigne comme l'auteur de quelques écrits,
les relève. Les allusions et les applications attribués d'ailleurs au premier par Possevin
sont nombreuses dans ce long traité. Ri- lui-même. Cette distinction de deux Richard
chard observe, par exemple, qu'aussitôt que est, selon toute apparence, une méprise à
les gens de lettres obtiennent un emploi con- laquelle Henri de Gand * et Sixte de Sienne
sidérable et parviennent à quelque dignité ont donné lieu en omettant, dans l'article
éminente, ils abandonnent l'étude, et perdent de Richard de Saint-Victor, sa qualité d'E-
souvent le goût des travaux solitaires. cossais.
Nous renvoyons pour les extraits à ce que Sanderus '*
cite les manuscrits suivants
nous en avons dit dans la critique des Œu- comme autant d'ouvrages de de Richard
vres de Hugues de Saint-Victor. Saint-Victor De canone ; Summa de virtuti-
:

„j,, 6. Trithème ', dans une longue liste des bus; De De septem generi-
studio sapientiœ;
'"'*•
écrits de Richard, en cite quelques-uns qui bus tentationum; Tractatus ad novitios ; Trac-
ne se trouvent pas, du moins avec les mêmes tatus de domo corporis nostri spirituali; Ser-
titres, dans l'édition de 1630, ni dans les mones octodecim in aliquas sententias sacrce
précédentes De Studio sapientiœ; de Pro-
: Scripturœ; Sermones vel tractatus sex in psal-
fectu rnonachorum; de Oratione mentali; de mos et alia Scripturœ loca; Sermones super
Offlciis ecclesiœ; de Quatuor ventis; de Actibus Evangelia; Sermones duo Matthœi : in verba
apostolorum; de Novitate vitœ; Epitome totius « Toile puerum et matrem ;
Sermones domi- »
Bibliœ. nicales ; Sermones dominicales per totum an-
On remarque que la plupart de ces titres num; Aliquot sermones; de Passione Domini.
seraient applicables à certains morceaux ou Enfin, dans le catalogue des manuscrits
fragments des œuvres imprimées de Richard : d'Angleterre ' on rencontre trois articles
,

il est fort vraisemblable que Trithème a qui portent le nom de Richard de Saint- Vic-
donné ces indications d'après des manuscrits tor Sermones; Tractatus de fide; Glossa in-
:

qui ne contenaient que de simples extraits terlinearis in Matth. et Marc.


des traités du prieur de Saint-Victor, et l'on Nous n'avons aucun moyen de vérifier
peut étendre cette conjecture à d'autres ma- l'authenticité de ces productions.
nuscrits soit de la bibholhèque .\mbroisienne, 7. « Richard est fort subtil, dit Dupin * il : ,^1°^"?'
^

soit de la Belgique, indiqués par Montfaucon raisonne avec justesse, avec méthode en ,
^' Riciu'd

et Sanderus. bon dialecticien. Ses traités de critique sont


Montfaucon - a trouvé dans la biblio- assez exacts pour son temps. Il n'est pas
thèque Ambroisienne deux traités de Ri- fort élevé dans ses expressions, et c'est ce
chard de Saint- Victor intitulés De lau- : qui fait que ses livres de spiritualité, quoi-
dibus B. Mcwiœ ; Incendium divini amoris. que pleins de bons sentiments, n'ont pas
Peut-être ce dernier article n'est-il que le toute la grandeur ni toute la force qu'on
Stimulus divini amoris de s:iint Bonaventure. pourrait souhaiter. » Les bénédictins ne
Il pourrait bien aussi n'être pas distinct de trouvent dans les œuvres de Richard ni tant
l'opuscule des Deux degrés de la charité. de dialectique ni si peu d'élévation. « Ses
Voyez ci-dessus. Montfaucon trouve encore pensées, disent-ils, bien plus recherchées
parmi les manuscrits de la reine Christine : que justes, ses allégories plus spirituelles que
Richardi secundi canonici a Sancto Victore raisonnables , communiquent presque tou-
Liber pœnitentialis, livre qui serait à confron- jours leur propre caractère à son style. Ri-
ter avec les opuscules Depotestate solvendi..., chard ne manque ni d'idées, ni d'imagiua-

' De Script. Ecoles., cap. cccLXXV. 6 mi. mss. Belg.. part. I, 32, 67, 112, 117, 223,
« Bibl. Bihl., tom. II, p. bas. -245, 254, 325.
^ Apiiar. S., tom. H, pag. 322, 327. ' Cat. mss. Angl., p. ni, n. 727, 4077, 6160.
' De Scrijii. Ecoles., cap. SKVI. * XU' siècle, pag. 727.
» Dtbl. S., tom. I, pas. 275.
,

fxii' SIÈCLE.! CHAPITRE LXIll. — GILDUIN, PRIEUR DE SAINT-VICTOR.


lion, ni même de sensibilité; et si, en etl'et, est le disciple et le continuateur de Hugues,
on ne lit plus ses ouvrages, c'est parce qu'ils si la doctrine de ces deux victorins est la
sont écrits sans méthode, sans critique, sans même, si leur méthode se ressemble, Richard

logique et sans goùl. Il s'en faut bien d'ail- semble avoir été doué d'un esprit moins
leurs que sa diction soit aussi familière que étendu, il a possédé une érudition moins
Dupin le suppose. On aurait plutôt le droit vaste et moins variée. Plus encore que Hu-
de dire qu'elle ne l'est pas assez. Souvent gues, il est avant tout théologien mystique
métaphorique plus souvent antithétique
, , et contemplatif; tous ses ouvrages décèlent
elle suppose et laisse voir beaucoup de tra- cette tendance, et la plupart sont exclusive-
vail. Les consonnances dont elle abonde ne ment consacrés à la théologie mystique. Il

sont point du tout des négligences, mais de faut bien remarquer cependant que le mys-
prétendus ornements qui ont exigé des soins ticisme de Richard, non plus que celui de
continuels, et même des efforts, car l'auteur son illustre maître, n'exclut ni la philosophie
semble s'être prescrit pour règle constante ni la spéculation; c'est un mysticisme spé-
de partager presque toutes ses phrases en culatif qui abonde souvent en pensées pro-
deux sortes d'héniisticlies rimes c'est ce : fondes; mais toujours la science s'y montre
qu'on va reconnaître dans les lignes suivan- accessoire, et l'esprit ne passe par elle que
tes, que nous rencontrons à l'ouverture du pour arriver à l'amour qui est la pleine vie
vol., p. 274, 273, et par lesquelles nous ter- de l'âme.
minerons cet article : 8. A la suite des œuvres de Richard de
n Cum contra mandatnm divinum aliquid Saint-Victor, les éditeurs de la Patrologie ont
pTXSumitur, jus contumacium contra majes- reproduit, d'après Martène, Ampliss. coll.,
tatem agilw. Sed cum majeslalem lœsam tome VI, les lettres de Gilduin, d'Achard
propitiare volumus, ad ejus misericordiam d'Ervisius, de Guarin, abbés de Saint-Victor,
recnTrimus. Recurrimus ad ejus honiiatcm, avec celles qui leur furent adressées. Nous
imo et ad ejus veiita/ew. Nani veuia pœni- allons dire quelques mots de ces différentes
tentibus promissa est ab eo qui mentiri om- lettres.
nino non potes/. Sic transiet nos ut iterum 9. Gilduin, originaire de Paris ', succéda
redeat ; sic iterum recédai.
rediet dies ut à Guillaume de Champeaux, fondateur de la 5.'

Mane ne laborantes defician/;nox ne iucuuti célèbre abbaye de Saint-Victor, et n'eut


fian^ Illud ubique ad mede/a?«; istud contra comme lui d'abord que le titre de prieur;

ad caute/am. » mais une bulle du pape Pascal II, datée de


Cette dernière observation est trop géné- l'année Hl't, lui décerna le titre d'abbé. Son

rale. Si nous trouvons dans quelques pas- administration sage et édifiante lui attira une
sages ce défaut que signalent les bénédic- foule de disciples recomniandables par leur
tins , il nous semble exagéré de dire que mérites et leur sainteté, au nombre desquels
c'est la manière habituelle d'écrire de notre nous citerons le bienheureux Thomas et le
victorin. Son style est souvent simple, clair célèbre cardinal si connu sous le nom de
et précis, sans aflectation, sans recherche, Hugues de Saint-Victor. La faveur des grands
surtout dans ses ouvrages plus sérieux. Nous vint le chercher dans son cloître. Le roi Louis-
avouerons simplement que nous avons cru le-Gros voulut l'avoir pour dépositaire et
remarquer dans la critique que les savants guide de sa conscience. Etienne, évèque de
bénédictins ont faite des œuvres de Richard Sentis, se l'associa dans le gouvernement de
dans le treizième volume de ['histoire litté- son évèché, et accorda à son abbaye toutes
raire de France, un peu de mauvaise humeur. les grâces dont il pouvait disposer. Le roi
Us ont été rebutés par les interprétations Louis-le-Jeune hérita des sentiments de son
Iropologiques qui s'y rencontrent si souvent. pèie pour l'abbé de Saint-Victor, et son mi-
On sait qu'elles étaient peu goûtées au nistre, l'abbé Suger, confia à ses moines le
xvii" siècle. Cette critique est bien inférieure gouvernement de l'abbaye de Sainte-Gene-
à celle des écrits de Hugues de Saint-Victor. viève, nous avons dit ailleurs à quelle occa-
II de croire que l'une et l'autie
est diUicile sion. Gilduin, pendant sept ans qu'il vécut
aient été faites par la même muiii. encore, eut la satisfaction de voir ces deux
Nous terminerons en disant que si Richanl maisons lleurir comme à l'envi, et, par une

'
CcUp notice est empruntée en (,Tande partii' du lu / rniice, Ion
708 lIlSTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
louable rivalité. Comblé d'années et de mé- La sagesse de sa conduite allait de pair
rites, il mourut le 13 avril 1135, après avoir avec ses lumières. Gilduin, abbé de Saint-
gouverné son monastère pendant quarante- Victor, étant mort le 13 avril 1133, les moines
trois ans. qui formaient le chapitre ne jugèrent per-
10. Dom Martène a publié, dans le tome VI sonne plus capable qu'Achard de le rempla-
de sa Grande Collection , une lettre et une cer, et ils ne furent pas trompés dans leur
charte de l'abbé Gilduin. La lettre, adres- choix. Il fut attentif à maintenir les choses
sée à Geoffroi , évêque de Beauvais, a pour sur le bon pied où il les avait trouvées. En
objet de lui recommander uu prêtre dont la 1137, il fut élu par le clergé de Séez pour
mort intestat , excepté qu'il avait
frère était succéder à l'évêque Girard, mort le 29 mars
légué son cheval aux chanoines réguliers de de cette année. Mais Henri 11 roi d'Angle- ,

Saint-Quentin, près de Beauvais, dans le ter- terre, défendit de le nommer, et lui substitua

ritoire desquels il avait établi sa demeure. Froger, uniquement, dit à ce propos saint
Ceux-ci, s'étant saisis du mort, l'avaient en- Thomas de Cantorbéry, parce que le pape
terré chez eux et s'étaient approprié tout ce Adrien IV avait favorisé son élection. Achard
qui lui appartenait. Gilduin supplie le prélat se consola sans peine de ce contre-temps.
de rendre justice à ce prêtre et de lui faire Quatre ans après, l'Eglise d'Avranches jeta
restituer le bien de son frère. La charte est à son tour les yeux sur lui pour le mettre
un échange fait avec les religieux de Long- à la place de l'évêque Herbert, que la
pont, d'une prébende et de quelques autres mort avait enlevé le 6 septembre de l'an
droits que l'abbaye de Saint-Victor possédait 1160. Comme ce choix, dit le même saint
dans l'Eglise de Montlhéry, contre d'autres Thomas, n'avait point été concerté avec le
propriétés que les premiers possédaient ail- pape, le roi d'Angleterre n'y mit aucune
leurs. Ducanse, et après lui Fabricius, attri- opposition.
buent à Gilduin le Livre de l'ordre de Saint- Achard conserva sur le siège épiscopal
Victor. La lettre et la charte de Gilduin sont l'esprit de son premier état, et, autant que
reproduites au tome CXCVI de la Patrologie, ses nouvelles obligations le lui permirent, il

col. 1379-1382. Une notice tirée de la Gallia pratiqua les mêmes observances qu'à Saint-
christiana précède, ibid., col. 1363-1372. Victor. y a beaucoup d'apparence que ce
Il

H. Achard évêque d'Âvranches


, ' , né en ou rétablit la vie com-
fut lui qui introduisit
Angleterre suivant les uns, et suivant les au- mune dans la cathédrale d'A-
et régulière
tres en Normandie, reçut sa première édu- vranches; car cette église est citée, depuis
cation parmi les chanoines réguliers de Brind- son époque, parmi celles qui, conformément
lington, au diocèse d'York. De là il vint ter- aux canons, embrassèrent, au xii« siècle, cette
miner ses études à Paris où il embrassa la , manière de vivre. Achard prolongea sa car-
vie religieuse dans l'abbaye de Saint-Victor. rière jusqu'au 29 mai 1171. L'histoire le met
11 y eut pour maître le célèbre Hugues, qui au nombre des grands prélats de son siècle.
commençait à jeter les fondements de la Son corps fut inhumé dans l'éghse des Pré-
haute réputation où relevèrent bientôt sa montrés de la Luzerne, dont il fut un des plus
science et ses vertus. Ce modèle excita son insignes bienfaiteurs.
émulation, et il ne tarda pas à s'en appro- 12, Parmi un certain nombre d'écrits com-
cher. On a la preuve de l'estime que Hugues posés par Achard, nous n'avons d'imprimés
professait lui-même pour le savoir d'Achard, que deux lettres. La première, qui a été
dans deux pa ^sages de ses commentaires sur publiée par Duchesne et par Martène, est
saint Paul, où il lui fait l'honneur de le citer adressée à Henri II, roi d'Angleterre, pour
comme une autorité 1° touchant le péché
: revendiquer une somme d'argent qui avait
originel, qu'Achard fais-ait consister dans la été léguée aux pauvres par un de ses sujets.
privation de la justice; 2° sur la question de A la suite de cette lettre dom Martène en a ,

savoir si l'eau, dans le sacrifice de la messe, donné une seconde, adressée à Arnoul, évê-
est changée eu vin. « Les uns, dit-il, sont que de Lizieux laquelle parait se rapporter
,

pour l'affirmative; les autres, pour la néga- au même objet. Achard n'était qu'abbé de
tive; et ce derniersentiment, que nous tenons Saint-Victor lorsqu'il les écrivit. On voit, par
de maître Achard, est le nôtre. » une troisième lettre qui est de Louis-Ie-Jeune,
que ce prince était très-mécontent de le voir
' Illst. lut. de la France, lom. XII, p. passer à l'évêché d'Avranches. Aussi défend-il
[xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXIII. — ERVISE ABBÉ DE SAINT-VICTOR. 701)

rigoureusement aux religieux de lui rien que par un A, qui pourrait aussi bien indi-
laisser emporter. quer Adam de Saint-Victor, si le nom d'A-
Cependant, indépendamment de seslettres, chard n'était exprimé tout entier dans l'exem-
il reste de lui plusieurs ouvrages qui n'ont plaire de la seconde.
pas été imprimés. 4" Un traité De la sainte Trinité. Casimir
1° Un traité ou sermon sur l'Abnégation de Oudin, aucun autre bibliographe ne pa-
ni ,

soi-même. C'est le vrai titre, et non pas De la raissent avoir connu cet ouvrage d' Achard;
Tentation de Jésus-Christ, comme le marquent nous ignorons nous-même s'il se rencontre
plusieurs biographes. Nous l'appelons ser- encore aujourd'hui dans quelque dépôt. Ce-
mon, parce que cette dernière dénomination pendant, il n'en est pas moins réel Jean de :

parait mieux lui convenir. Il est certain, par Cornouailles le cite dans son Eulogium sous
le début, qu'il fut prononcé dans le chapitre le nom d'Achard.
de Saint-Victor. Il a pour texte ces paroles 5° C'est par erreur et pour n'avoir pas dis-
de saint Matthieu (iv, I) Ductiis est Jésus a : tingué notre auteur d'un autre Achard, maî-
spiritu in desertum, ut tentaretur a diabolo. tre des novices de Clairvaux, que Vossius
Après quoi l'auteur poursuit : « Terminons attribue à l'évêque d'Avrauches une Vie de
ici la lecture de l'Evangile, lar dans le dis- saint Gezelin ou Schozelin, au dio-
solitaire

cours que nous allons vous l'aire il ne faut cèse de Trêves, que les BoUandisles ont im-
pas nous jeter dans des écarts. » Le dessein primée, au 6 août, dans leur recueil, comme
de l'auteur est de conduire l'âme chrétienne extraite du livre des Miracles de saint Ber-
à la plus éminente perfection par les sept nard, par Herbert.
degrés de l'abnégation évangélique, qui la 6" Enfin quelques-uns donnent encore à

font entrer, selon lui, comme dans sept dé- Achard un opuscule qui a pour titre Solilu- :

serts, où, dépouillée d'elle-même et de toutes guium de instructione animes; d'autres le met-
choses, elle s'unit intimement à Dieu. Gomme tent parmi les écrits d'Adam de Saint-Victor,
Jésus-Christ entrant dans le désert aussitôt parce qu'apparemment le nom de l'auteur
après son baptême, est le plus excellent mo- n'était désigné que par la lettre A qui peut ,

dèle de cette abnégation Achard s'applique , servird'initiale aux deux noms. Oudin prouve
à rechercher les principaux traits qui ont ca- que le véritable auteur est Adam, prémontré
ractérisé la solitude de l'homme-Dieu, afin écossais.
que nous puissions les imiter. La lumière et Les deux lettres d'Achard sont reproduites
l'onction sont répandues avec abondance sur au tome CXCVI de la Patrologie, col. 1381-
cet ouvrage assorti à toutes les conditions,
, 1382; elles sont précédées, ibid., col. 1371-
mais plus particulièrement à l'état religieux. 1374, d'une notice sur l'auteur tirée d'Ocdin,
Depuis que l'auteur eut permis d'en tirer des et de l'épitaphe d'Achard, ibid., col. 1379-
copies, on ne se contenta pas d'en faire des 1380.
lectures particulières, on le lisait encore à la 13. Ervise, ou Emise, ou Ernest, né en Er,i!,,.b

table commune. Au siècle passé , le père Angleterre, était abbé de Saint-Victor à Pa- wrfînV.^'

Gourdan en une traduction française,


a fait ris,dès l'an 1162. C'est la date de la pre-
qu'il était prêt à mettre au jour lorsque la mière des chartes qu'il a souscrites en cette
mort l'enleva en 1729. qualité, et qui sont indiquéesdans la Nouvelle
2° Sanderus indique, comme existant dans Gaule chrétienne. Quelques lettres d'Alexan-
l'abbaye de Dunes, en Flandre, un recueil dre 111 prouvent qu'Ervise ne veillait point

de sermons d'Acliard. On voit aussi de lui un assez au maintien de la discipline. Il abdiqua


sermon sur la Toussaint, dans l'abbaye de en 1172, et mourut le 13
la dignité abbatiale
Vauclair, à la tète d'un manuscrit où se ren- mai 1177.
contre le traité de l' Abnégation de soi-même, Quoique peu zélé, il prêchait néanmoins,
mais sous le titre de Traité des Déserts. et l'on a longtemps conservé ù Sainl-Viclor
3° Un opuscule de la Division de l'âme et ses sermons manuscrits. Sa lettre au cardi-
de l'esprit ,
qui commence par ces mots : nal Odon, diacre du titre de Saint-Nicolas, a
Hubstantia interiur quœ vna cum corjjore cuns- été publiée par dora Marlène et est repro-
tiluit hominem ; il existe dans la bibliothèque duite au tome CX(^VI de lu Patrologie, col.
de Saint-Victor et dans celle de Suint-Benoit 1384-1385. Ervise dit qu'il a sollicité et ob-
de Cambridge; mais dans le manuscrit de la tenu du roi de France la permission do re-
première, le nom de l'auteur n'est désigné tourner auprès du pape. Il a écrit de plus,
710 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
conjointement avec Richard, prieur de Saint- le même temps, que l'abbaye était vacante,
Victor, une épitre à Robert de Melun, évêque et il est prouvé d'ailleurs qu'en 1167 ou 1168
d'Herford, en faveur de l'archevêque de Can- un abbé nommé Hugues remplissait ce poste.
torbéry, saint Thomas Becket. Dom Brial, en On peut donc avancer que Guarin cessa d'être
réimprimant cette lettre, a rétabli le nom chanoine de Sainte - Geneviève avant cette
d'Ervisius, que les copistes avaient changé époque. 11 résidait dans l'abbaye de Chage,
en Hermus. On peut lire, dans le recueil au diocèse de Meaux, lorsqu'il fut nommé
d'André Duchesne, plusieurs lettres adres- abbé de Saint-Victor. C'était en 1 172, après
sées à Ervise, ou qui le concernent. Ainsi, que l'abbé Ervise eut été déposé à cause de
Eskil, archevêque de Lunden en Danemark, ses déprédations.
écrivant à Louis-le-Jeune accuse l'abbé
, On nous a conservé un grand nombre de
de Saint-Victor d'avoir détourné à son profit lettres qui furent écrites sur cetévénement.
uu dépôt de quatre cents marcs d'argent '. Il y en a cinq au pape Alexandre III, au roi
Les lettres sont reproduites dans la Patro- de France, à l'archevêque de Sens, aux cha-
logie, tome GXCVl, col. 1381-1388; mais il n'y noines de Saint-Victor, et à Guarin lui-même,
en a qu'une d'Ervise celle qu'il adressa au
, pour le féliciter sur sa promotion; il y en a
cardinal Odon. La lettre à Robert, évêque trois des cardinaux Albert et Théoduin lé- ,

d'Herford, est ibicL, col. 1225. Une notice gats du pape, adressées aux archevêques de
sur Ervise, tirée de la Gallia christiana nova, Sens et de Bourges, à l'abbé Guarin et à la
est ibid., col. 1373-1376. communauté de Saint-Victor.
ùrtssâîni
^^- ï' y ^ beaucoup d'apparence ^ que Gua- A peine Guarin était-il en possession de
'"• rin, avant qu'il fût promu à l'abbaye de Saint- son abbaye, qu'il survint une atfaire très-
Victor, en 1172, avait été abbé de Sainte- désagréable pour la maison de Saint-Victor.
Geneviève, quoique l'Histoire de l'Eglise de Eskil, archevêque de Lunden en Danemark,
Paris le nie formellement. L'auteur de la Vie avait mis en dépôt entre les mains de l'abbé
de saint Guillaume, abbé du Paraclet en Da- Ervise une somme de près de quatre cents
nemark auparavant chanoine de Sainte-
, marcs d'argent, pour être distribuée, soit de
Geneviève dit positivement qu'en l'an 1164
, son vivant, après sa mort, selon ses in-
soit
l'abbé de Sainte-Geneviève s'appelait Guarin; tentions. Ayant redemandé par trois fois cette
mais il ne dit pas qu'il soit devenu depuis somme, et n'ayant pu l'obtenir, Eskil écrivit
abbé de Saint-Victor. Cependant, il en dit au roi de France pour demander justice. Les
assez pour nous persuader que Guarin, en condamnés à payer la somme.
victorins furent
cessant d'être abbé de Sainte-Geneviève, a Cependant, s'étant pourvus en cour de Rome,
pu devenir dans la suite abbé de Saint- ilsemployèrent leurs amis afin d'obtenir quel-
Victor, car il raconte que Guarin prieur de ,
que adoucissement à la sentence. Sur quoi
Sainte-Geneviève, ayant été nommé abbé de nous avons cinq lettres du cardinal Pierre de
la maison, indisposa contre lui sa commu- Saint-Chrysogone, du cardinal Hugues de la
nauté en nommant à la place de prieur un maison de Pierre de Léon, de Bernard, évê-
de ses favoris, et surtout en le présentant au que de Porto, de Jean, cardinal de Naples,
roi pour obtenir de lui la confirmation du et de Pierre camérier du pape en réponse
, ,

choix qu'il avait fait. Le chanoine Guillaume à autant de lettres de l'^abbé Guarin, que
s'étant opposé plus fortement que tout autre nous n'avons pas. Mais en voici d'autres qui
au choix de l'abbé, celui-ci jura qu'il s'en nous restent, relatives à d'autres affaires.
vengerait ou qu'il quitterait sa place. En con- 15. 1° Le cardinal Jean Piuzuti autrefois ,

séquence, il usa envers le contradicteur d'une chanoine de St-Victor, dit le cardinal de Na-
sévérité extrême, et lui imposa une pénitence ples voulait peupler de chanoines réguhers
,

très-humiliante. Sur les plaintes de la com- une église qu'il avait bâtie et dotée à Naples.
munauté le pape Alexandre III , qui était à
, Il écrivit à l'abbé Guarin pour lui demander
Sens, ayant mandé les parties et pris con- des sujets de sa communauté. Guarin répond
naissance de l'allaire, cassa la sentence de au cardinal que, des deux sujets qu'il avait
l'abbé. L'historien ne dit pas que Guarin ait demandés, l'un était mort, et l'autre se trou-
donné alors sa démission; mais on voit, par vait fort incommodé; qu'il n'osait prendre
une lettre du roi Louis-le-Jeune, écrite vers sur lui d'en envoyer d'autres à la place, dans

Hist. lut. de la France, tom. XIII. Hist. litt. de la France, tom. XIII
[xir- SIÈCLE.] CHAPITRE LXIII. — GUARIN, ABBÉ DE SAINT-VICTOR. 7H
l'incertitude s'ils seraient agréés, attendu parmi de Tournai et en
celles d'Etienne ,

surtout qu'il manquait lui-même de sujets et écrivit aussi une autre, en son propre nom ,

qu'il n'eu trouvait aucun qui voulut exposer au roi, pour le prier de maintenir son ou-
sa vie dans un climat si funeste à la santé. vrage et d'être en garde contre les intrigues
2° Le cardinal aj'ant persisté à demander des frères convers.
au moins celui qui n'était pas mort, auquel G" Le pape Céleslin lU étant monté sur la
on pourrait associer tel autre sujet qu'on chaire de saint Pierre, Guarin lui écrivit pour
voudrait, et aj-ant appuyer sa demande
fait le féliciter et lui recommander en même temps
par le pape, l'abbé Guarin, en répondant au une all'aire dont il n'explique pas la nature.
souverain-pontife, répète les mêmes raisons Cette lettre prouve que l'abbé Guarin vécut
qu'il avait alléguées au cardinal. On voit ce- au-delà de l'année 1191, qui est celle où com-
pendant, par une autre lettre du cardinal mence le pontificat de Célestin 111. Les auteurs
Jean, que l'abbé de Saint-Victor lui avait en- varient sur l'année de sa mort; les uns la
voyé le sujet demandé. La même chose est placent en ii92, les autres en 1193, et le plus
prouvée par la lettre quarante-deuxième d'E- grand nombre auquel il faut s'en tenir, en
,

tienne de Tournai. 119-4. Peu de temps auparavant, le roi Phi-


3° Les chanoines de Reims ayant quitté la lippe-Auguste, en partant pour la croisade,
vie commune, Guarin leur écrivit une lettre l'an 1 190, l'avait nommé, dans son testament,
rapportée par Guillaume Marlot, dans laquelle un des dispensateurs de ses trésors, dans le
il leur représente le tort qu'ils fout à leur ré- cas où il viendrait â mourir.
putation en abandonnant des coutumes an- IG. 7° On conservait, dit-on, dans la biblio- ffrmoiisda

ciennes qui les avaient rendus recomman- tbèque de Saint-Victor, un recueil de ser-
dables dans toute l'Eglise. mons de l'abbé Guarin. Oudin, qui les avait
4° Une autre lettre, publiée par dom Luc vus dans un manuscrit à la suite des sermons
d'Achéry, contient la réponse de l'abbé de de l'abbé Gilbert sur le Cantique des cantiques,
Saint-Victor à un religieux de Grandmont, dit qu'ils sont au nombre de treize et qu'ils ,

qui, voulant contracter de nouveaux enga- roulent sur les fêtes de l'Annonciation, de la
pemenls dans l'ordre de Citeaus, doutait si Nativité et de l' Assomplion de la sainte Vierge,
manquer aux pre-
cela lui était permis sans de saint Augustin et de Tous -les -Saints. Le
miers. Ce religieux que l'on croit être Guil-
,
premier a pour texte Ecce odor filii mei sicut
:

laume, devenu depuis archevêque de Bour- odor ugri pleni, eut benedixit Bominus.
ges, et mis au nombre des saints, avait con- 17. 11 ne faut pas oublier de dire qu'un i_, j,^„
sulté sur cela plusieurs personnes, entre au- abbé de Saint-Victor avait engagé le poète "r'SM-
tres Pierre de Celles, abbé de Saint-Remyde Léonius à mettre en vers l'histoire de la J^" d'of'u
Reims, et Etienne, abbé de Sainte-Geneviève Bible, et que le poète la lui avait dédiée. ''"'°'°s":
de Paris, dont on a les réponses. L'abbé de Léonins, à la vérilé, ne nomme pas cet abbé ;

Saint-Victor ne décide point la question, mais mais le temps où il vivait nous permet de
il dit qu'il faut s'en tenir humblement à la croire que ce pourrait bien être l'abbé Gua-
décision de personnes si éclairées, sans crain- rin. En partant de celte supposition, nous
dre de suivre leurs avis, qui conseillaient de rapporterons quelques-uns des vers que Léo-
persévérer dans la seconde vocation. C'est nins lui adresse au commencement et à la
ce que fit le consultant, qu'on voit dans la fin de l'ouvrage d'où il résulte que l'abbé
,

suite à la tête de plusieurs abbayes de l'or- dont il parle n'était pas d'une naissance bien
dre de Citeaux. relevée, et cela explique pourquoi nous ne
5° Le roi Philippe-Auguste ayant rétabli la trouvons rien dans l'histoire sur les premières
paix entre les religieux clercs et les frères années de la vie de Guarin. Voici ces vers :

convers de l'ordre de (jraudmont par un rè- Tu quoque qxiam falso generis non liimine splendor,
glement de l'an H87,
convers re- les frères Sed virtus, merilique illustral gtoria celsi,
commencèrent aussitôt leurs vexations contre Nobililasque animi melior. Vicions ut unum
Marlyris œqualem sacra sibi religione
les religieux clercs, et les uns et les autres
lieppererit palrem liomus hoc te lempore dignum.
se pourvurent en cour de Rome. L'abbé de Ilœc ocutis lege digna luis, faulorque benigno
Saint-Victor, conjointement avec les abbés llunc res divinas animo luearis habenlem
de Sainl-Ueuis, de Saint-Germain et de Sainte- Quem libi pro mugno quœsisli munere, meque
Geneviève, écrivit alors au pape Clément 111 Magnus adegisli monilor compunere librum, etc.

une lettre qui est la cent quarante-troisième Les lettres de Guarin et celles qui lui sont
712 HlSTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
adressées sont reproduites au tome CXCVI cié ne peut être que Gilles Clément, qui,
de la Patrologie, col. 1387-1398. Une notice après avoir joui pendant quelque temps de
tirée de la Gallia christiana est ibid., col. la faveur de Philippe-Auguste, déplut à la.
1375-1378. reine-mère Alix, et fut éloigné de la cour en
18. Odon, d'abord chanoine régulier de 1182. Cette lettre n'est donc pas d'Odon de
Saint-Victor fut tiré de cette abbaye ou
,
Sainte-Geneviève, dont aucun écrivain ne
d'une de ses dépendances, pour devenir, vers prolonge la carrière au-delà de 1173 '. Ces
1167, premier abbé de la communauté de lettres sont reproduites sous le nom d'Odon
Saint-Père, près d'Auxerre, qui jusqu'alors de Sainte-Geneviève, au tome CXCIV de la
n'avait été gouvernée que par des doyens. Patrologie, col. 1399-1418, avec notice d'Ou-
Odon obtint, en 1171, une bulle d'Alexan- din, qui les attribue pareillement à Odon de
dre III eu veur des chanoines de Saint-Père
l'ii ;
Sainte-' Geneviève.
niais, en 1187, il avait abdiqué la dignité Des manuscrits de l'abbaye de Saint-Ger-
d'abbé. Redevenu simple chanoine régulier, main et de l'abbaye du Bec renfermaient,
il continua de jouir d'une grande considéra- avec ces sept épitres, huit sermons du même
tion. Il est nommé comme témoin et qualifié auteur Un sur la parole de Dieu, un sur
:

Magister Odo canonicus Sancti-Petri, en des l'Epiphanie, deux sur la Passion, trois sur
chartes de Guillaume de Toucy évêque , l'Ascension. Us n'ont jamais été imprimés,
d'Auxerre, datées de 1 180et 1181. On ignore non plus qu'une lettre de consolation au
l'époque de sa mort. pape Alexandre III, citée par D. Montfaucon.
19. On a sous son nom sept lettres égale- Il existe à la bibliothèque Sainte-Geneviève
ment attribuées à un autre écrivain du même un petit manuscrit in-8° sur vélin, dont l'é-

nom, qui fut premier abbé de Sainte-Gene- criture paraît du xiv* siècle, et qui est inti-
viève, mais dont la propriété parait résulter tulé : Odo abbas, Sententiœ ex sanctis Patribus
pour Odon de Saint-Père de la discussion excerptœ. On lit à la fin de l'ouvrage Ex- :

établie en sa faveur dans YHhtoire littéraire plicit a sanctœ memoriœ damna Odane excerp-
de France. La première de ces lettres expose tus.

les obligations des chanoines réguliers; l'un Dogmata cœlesti prudens hune Odo libellum
d'eux est consolé dans la seconde et vive- Florida composuit dociorum prala peragrans.

ment exhorté à ne pas quitter son monas- Ce sont trois livres d'extraits des pères de
tère. L'obéissance monastique est le sujet l'Eglise surdes matières dogmatiques et mo-
de la troisième; la quatrième traite des pré- rales. Peut-être ce manuscrit ne diffère-t-il
cautions à prendre pour les religieux hors point de ceux qui sont indiqués ailleurs sous
de leur couvent. L'auteur enseigne dans les titres de Magistri Odonis sententiœ, ou
la cinquième à bien user de la science; dans Summa encore Philosophia moralis. Cette
et
la sixième à mépriser le siècle ou le monde; compilation est-elle d'Odon de Sainte-Gene-
et dans la dernière à chérir les pratiques re- viève ou de l'abbé de Saint-Père? Il n'y a
ligieuses. La plus importante des lettres est rien dans l'ouvrage qui puisse désigner l'un
la sixième, parce qu'elle est adressée à un des Odon plutôt que l'autre. L'auteur de la
ministre ou homme d'étal disgracié : «Voilà Vie d'Odon de Sainte-Geneviève ne dit point
donc, lui que le roi vous
dit l'auteur, voilà qu'il ait laissé aucune production de sa plu-
persécute comme son ennemi, vous qui vi- me, et c'est Odon de Saint-Père que les bi-
viez près de lui dans la familiarité la plus bliographes indiquent le plus souvent comme
honorable. Tout ce que vous avez établi à auteur d'une Somme ou d'un livre de 5m-
Paris par tant de travaux, la reine vous or- tences ^.
donne de le détruire. » Ce ministre disgra-

> Hisl. lut. de la France, tom. XIII. 2 Hist. un. de la France, tom. XIII.
[XII" SIÈCLE.] CHAPITRE LXiV. — ADAM DE SAINT-VICTOR.

CHAPITRE LXIV.

Adam de Sainl-Victor, écrivain latin, 1177.

1 . Les Poètes chrétiens traduits et annotés cale. On a pu voir que le rhythme en est
par M. Félix Clément nous fournissent la
'
bien prononcé, et qu'il a dû avoir la plus
notice suivante sur Adam de Saint-Victor et grande influence sur la poésie française et
ses écrits : particulièrement sur la perfection successive
« Adam
de Saint-Victor, chanoine régu- de la rime.
lier de l'abbaye de Saint-Viclor-lez-Paris 2. » Les vers de l'épitaphe qu'Adam de
dans le xn" siècle, vécut dans ce célèbre mo- Saint-Victor composa pour lui-môme sont
nastère sous l'abbé Guérin, et composa quel- des plus beaux qu'on puisse lire. Nous dou-
ques traités. La date de sa naissance n'est tons qu'on puisse trouver dans aucun mor-
point connue; celle de sa mort est très-in- ceau de poésie antique, sur un sujet analo-
certaine. Suivant Ducange et Moréri, il mou- gue, un meilleur choix de mots et une plus
rut eu 1177; suivant Félibien et Lobineau, grande pureté de forme. Le sentiment chré-
il ne mourut qu'en 1192. Voilà tous les dé- tien Cfu'il est si doux de rencontrer chez un
tails biographiques qui nous ont été trans- homme de génie, l'humiliation du pécheur
mis sur le plus grand poëte du moyen âge. qui s'accuse encore sur le passage de son
Les trente-huit proses d'Adam de Saint-Vic- père abbé et des moines ses frères, après
tor sont des poèmes complets qui embras- avoir été couché dans le tombeau, le dogme
sent la vie entière d'un personnage ou qui , consolanl de la réversibilité des prières, no-
nous font connaître dans tous ses dévelop- tre prosopopée à nous autres chrétiens, sont
pements chacun des principaux dogmes du rendus d'une manière remarquable. Ces dis-
christianisme. On y trouve l'explication de tiques, dans lesquels le poëte fait si peu de
la plupart des figures de l'.\ncien et du Nou- cas de sa propre gloire, nous servent au-
veau Testament, et leur lecture est très-utile jourd'hui i\ lui en payer un nouveau tribut,
<i qui veut acquérir l'intelligence des saiutes et cela par une juste et providentielle rému-
Ecritures. Chacune d'elles est un clief-d'œu- nération. Les cendres d'Adam de Saint-Vic-
vre de lyrisme, où la perfection de la forme tor furent dispersées lors de la destruction
est jointe à la sublimité du fond richesse et : de l'abbaye. Un chaudronnier s'empara de
harmonie des rimes, variété du rhythme, la plaque de cuivre sur laquelle était gravée
élégance et précision du style, délicatesse et l'épitaphe, et il allait la fondre lorsque l'abbé
choix des expressions, heureuse application Pelit-Iiadel l'acheta. Ce savant hi déposa
des figures de l'Ecriture sainte, beauté des plus tard à la bililiothèque Mazarine ,où on
comparaisons, noblesse et profondeur des la voit encore.
pensées, chaleur des sentiments, mouve- B La plupart des séquences d'.Vdam de
ments poétiques d'une force singulière, su- Saint-Victor ont été chantées pendant près
blimes élans d'enthousiasme qui ne partent de quatre cents ans. Elles ont disparu de nos
que de l'âme d'un véritable poëlc!, telles sont Graduels vers le xvi° siècle. Cependant on en

les qualités qui les placent au rang des pro- a conservé quelques-unes dans les livres
ductions les plus belles de l'esprit humain. d'église à l'usage de Paris, et on n'a
pas
Va\ terminant cette appréciation des poésies cessé de chanter chaque année dans ce
du religieux de Saint-Victor nous avons , diocèse, jour de la Dédicace, la belle
le
a[)pelé, dans notre volume latin, l'attention pièce Jérusalem et Sioii /ilicp, composée au
du lecteur sur leur forme éminenmienl musi- xu" siècle par le religieux inspiré de Saint-
Victor. I)

' 1 vol. iu-8°, l'uiib, 1857, pag. 50Î-503. M. Félix Clément a traduit vingt-cinq se-
714 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
quences d'Adam de Saint-Victor. Il avait général. C'est ainsi qu'on y trouvera toute une
déjà fait paraître en latin ces proses dans histoire abrégée de l'abbaye et de l'école de
son ouvrage Poetœ christiani. Le tomeCXCVI Saint-Victor au xii= siècle. En efl'et, trois de
de la Patrologie, col. 1421-1434, contient nos chapitres sont intitulés : Histoire abrégée
une notice sur Adam de Saint-Victor, par un de l'abbaye et de l'école de Saint-Victor au xw
auteur ancien, reproduite d'après Martène, siècle. — Des principaux documents manuscrits
Ampl. collect., tome VI, p. 221, l'épitaplie de à consulter sur cette histoire. — Des principales
Saint- Victor, d'après D. Petit-Radel, les Sé- illustrations de Saint-Victor à la même époque.
quences, publiées par Clichtoveus, Bâle, 1517, Enfin, comme nous nous occupons du plus
in-fol. Mais le travail le plus complet sur célèbre auteur de proses du moyen âge nous ,

notre poète est celui qui a été fait par avons cru nécessaire de faire aussi une his-
M. Léon Gautier, archiviste, dans l'ouvrage toire succincte de ce genre de poésie litur-

intitulé : Œuvres poétiques d'Adam de Saint- gique. L'Histoire abrégée des proses que nous
Victor, précédées d'un Essai sur sa vie et ses avons insérée dans cet essai est le résumé
ouvrages ,
première édition complète , Paris ,
d'un vaste travail que nous nous proposons
Julien , Lanier, Cosnard et C', éditeurs , 1838 de publier plus tard sous ce titre Histoire :

et1839, deux vol. in-18. Voici les détails que de la poésie liturgique, précédée d'une histoire
donne l'auteur dans sa préface sur le plan de la versification latine au moyen âge. Nous
de l'ouvrage. en avons donné ici toute l'essence, au risque
L'Essai sur la vie et les ouvrages d'Adam de de déflorer notre sujet.
Saint-Victor a coûté surtout de longues re- Telle est V Introduction dont nous avons fait
cherches à l'auteur. Tout d'abord il est bon précéder notre travail. Le Recueil enhii-mème
de dire qu'on ne savait rien de détaillé et de n'a pas été l'objet d'une attention moins dé-
précis sur l'illustre victorin dont nous édi- licate.

tons les œuvres.Il a fallu consulter l'un après Les proses ont été placées suivant l'ordre
l'autre presque tous les manuscrits histori- si naturel de l'année liturgique. Le recueil est
ques du fonds de Saint-Victor à la bibliothè- donc divisé en trois parties :Propre du Temps,
que impériale; on a été assez heureux pour Propre des Saints, Commun des Saints. Nous

y trouver de nouveaux documents c'est avec : avons relégué à la fin du second volume les
eux qu'ont été composés les chapitres de pièces qui ont été attribuées à Adam, mais
Y Essai consacrés à d'Adam. la vie sans preuves de leur authenticité.
La grande encore pour
difficulté était plus La publication de chaque prose en parti-
les ouvrages d'Adam autres que ses proses. culier se divise pour ainsi dire en cinq cha-
L'Histoire littéraire n'en avait voulu admet- pitres : 1° Notice bibliographique ; 2° Texte
tre aucun comme authentique. Malgré tout d'Adam; 3° Variantes; 4° Traductions du xv=
notre respect pour dom Brial, nous avons osé siècle;?,'' Notes.
le combattre, et nos lecteurs jugeront si nous Dans la Notice bibliographique nous indi- ,

n'avons pas eu les motifs les plus légitimes quons clairement 1° Quelles autorités ont
:

pour attribuer à notre auteur les trois ou attribué cette prose à Adam; 2° dans quels
quatre grands ouvrages que nous avons mis manuscrits elle se trouve; 3° dans quels im-
sous son nom. primés; 4° quel jour enfin de l'année li-
Pour les proses , autre embarras : ce n'é- turgique elle se chantait dans les diverses
tait pas dom Brial seulement , c'étaient dix églises '.

érudits qui nous affirmaient hautement qu'il Le texte latin a été établi d'après les meil-
ne nous en restait que trente-septou trente- leurs manuscrits. Nous nous sommes efforcé
huit de notre auteur. Il a donc fallu, pour d'employer pour ces poésies trop oubliées du
établir victorieusement notre liste de plus de moyen âge le système critique des grands
cent proses, que nous réfutassions solidement éditeurs qui ont, au xv= siècle, pubhé les
nos devanciers , et que pas une de nos attri- éditions princeps des chefs-d'œuvre de l'anti-
butions ne prêtât à la plus légère critique. quité.
On verra si nous y avons réussi. On n'a donné que les Variantes véritable-
Mais cet Essai sur la vie et les ouvrages d'A- ment importantes.
dam renferme des parties d'un intérêt plus La Traduction française réclamait plus de

Voir notre avertissement au lecteur, lom. I , pag. 3.


CHAPITRE LXIV. — ADAM DE SAINT-VICTOR. 715

soins peut-être que le texte latin. Nous l'a- Dictionnaire de symbolisme qu'on pourra aisé-
vons imprimée d'après les sévères principes ment consulter.
pliilologiques que l'on puise à l'école des M. Gautier nous permettra de lui emprun-
Chartes, d'après les règles précises qui ont où il est question des ou-
ter le chapitre vu,
été adoptées pour le Recueil des anciens poètes vrages d'Adam de Saint-Victor autres que ses
de la France. proses, et le chapitre ix, où il est question
On nous permettra d'insister davantage sur des proses d'Adam de Saint-Victor. Ce sera
nos Notes. l'objet de deux articles.
Si les poésies d'Adam exigent des éclair-
cissements , c'est sous le triple rapport de la ARTICLE I.

théologie, de l'histoire légendaire des saints


et surtout du symbolisme. DES OUVRAGES D'ADAM DE SAINT-VICTOR AUTRES
La plus grande partie de nos notes se rap- QUE SES PROSES.
portent à ces trois chefs.
Nos notes théologiques sont les moins nom- Dom Brial termine ainsi sa notice sur Adam n«, ou.^

breuses. Nous les avons surtout tirées des (Ilist. littér., XV, 43) » On voit que de tant
: 5?wv1
docteurs du xii" et du xiii' siècle et notam- , d'ouvrages attribués à Adam de Saint-Victor, lêsproMs!"

ment des victorins, dont notre Adam avait on ne peut revendiquer comme lui apparte-
suivi les cours. nant réellement que les proses ou séquences
Nos notes hagiographiques ont été presque dont nous avons parlé. »
toutes empruntées aux légendes des bré- 11 avait dit plus haut (p. 42) « On attribue :

viaires, surtout à celles du bréviaire romain, à notre auteur divers autres écrits que nous
qui jouit d'une autorité bien plus considéra- ne sommes pas en état de lui garantir et dont
ble et cnlin à cette vaste compilation con-
, quelques-uns même lui sont manifestement
nue sous le nom de Légende dorée, sans la- opposés. »

quelle on peut dire qu'on ne connaît pas vrai- M. Ch. Barthélémy a suivi trop scrupuleu-
ment le moyen âge. Nous avons aussi, toutes sement l'opinion de dom Brial, lorsqu'il a dit :

les fois que nous l'avons pu, rapproché de (INous ne parlerons pas des autres ouvrages
nos Vies de saints les monuments figurés. que l'on attribue, au nombre de huit, à Adam
Nous avons souvent appelé l'iconographie au de Saint-Victor. On ne peut les lui garantir;
secours de la légende. Les vitraux et les mo- quelques-uns même lui sont manifestement
saïques du moyen âge nous ont été particu- opposés. On ne peut donc revendiquer comme
lièrement utiles, les vitraux, ces mosaïques
(( lui appartenant réellement que les proses

de verre ; les mosaïques, ces vitraux de pierre ou séquences dont nous avons parlé et que
etde marbre » ! nous publions aujourd'hui. » [Rational , III,

Mais si le texte d'Adam offre des diCBcul- •496).


tés réelles, c'estévidemment au point de vue .Vous, ici, veut dire Clichtove. D'ailleurs,
du symbolisme. Si nous ne craignions pas de l'opinion de dom Brial est reproduite exacte-
paraître trop vain , nous dirions que nos ment, et on la peut formuler ainsi : .\dam n'a
notes renferment presque toute une encyclo- PAS FAIT d'autres 0U\'RAGES QUE SES PROSES.
pédie du symbolisme catholique. Nous ne C'est cette proposition que nous prétendons
sommes pas certainement aussi complets que complètement erronée. Le savant bénédic-
dom Pitre a pu l'être dans les deux beaux tin, auteur de l'article sur Adam énumère,

volumes II et 111 de son Spicilegium .Sole.imense huit ouvrages dont il a facilement laison ; car,
qu'il a intitulés : De re symbolica. Mais nous sauf exception, on ne peut raisonnablement
pensons qu'on trouvera dans les textes litur- lui en attribuer la paternité. A côté de cette
giques peu de diilicultés qui n'aient été d'a- liste nous permetlra-t-on d'en dresser une
,

vance résolues dans nos notes. nouvelle, où, sans rien laisser â l'hypothèse
A la fin du second volume, nous avons et d'après les seuls manuscrits de Saint-
placé deux index : le premier des matières , Victor, nous établirons aisément qu'.\dam a
qui ont été traitées tant dans notre Introduc- fait, outre ses proses, d'autres ouvrages tort

tion que dans le cours de l'ouvrage le second, ; importants; que ces ouvrages sont connus, et
des symboles qui ont été expliqués dans nos qu'il serait aussi dillicile d'en contester l'au-
notes. Ce dernier index formera comme un thenticité qu'il a été facile à dom Rrial de
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEUHS ECCLÉSIASTIQUES.
démontrer le contraire pour la plupart des sortait de sa cellule, armé de sa composition.
ouvrages qu'il a voulu citer? On l'entourait, on était avide d'entendre cette
nouveauté. L'auteur la lisait, la faisaitapprou-
§ 1". ver par l'abbé; on l'écrivait d'abord sur
quelques feuiffes volantes de parchemin ou
Hymnes et offices de saint Victor et de saint
sur les feuillets laissés en blanc à la fin du
Augustin dans le bréviaire victorin.
bréviaire; puis, quand l'abbaye renouvelait
Il semble d'abord fort naturel qu'un écri- ses livres liturgiques, on avait soin de faire
vain qui a composé plus de cent proses pour écrire par le scribe les nouveaux offices en
les différentes solennités de l'année chré- leur lieu et place, où nous pouvons les trou-
tienne se soit aussi exercé dans un genre ver aujourd'hui.
liturgique tel que celui des hymnes, qui, pour C'est ainsique les choses se sont passées
la forme , différait quelque peu des proses, à l'abbaye de Saint-Victor, et quand bien

mais qui, pour le fond, s'en rapprochait à même un manuscrit de Saint-Victor n'attri-
beaucoup d'égards. buerait pas au xv° siècle les hymnes de saint
Il faut se transporter pratiquement dans un Augustin et de saint Victor à l'auteur du
monastère du moyen âge. La liturgie romaine Salue mater Salvatoris, Jean de Thoulouse
faisait alors le fond de tous les missels, de aurait eu raison de lui attribuer ces deux
tous les bréviaires. Seulement, chaque Eglise offices tout entiers, en disant qu'ils sont ma-
tenait à honneur de couvrir cette liturgie de nifestement du XII' siècle, et qu'au xii' siècle

la mère - Eglise d'ornements particuliers. on n'en a pu charger personne que notre


Telles sont les deux parties bien distinctes Adam.
qu'il faut reconnaître à cette époque dans Ce raisonnement est en effet très-solide.
tous les livres liturgiques de la France, de L'abbaye de Saint-Victor a eu surtout besoin,
l'Allemagne et de l'Angleterre. En quoi con- au xii" siècle, de deux offices nouveaux ce- :

sistaient donc ces ornements particuliers dont lui de son patron, que les victorins de Mar-

chaque cathédrale chaque abbaye aimait


,
seille n'avaient pas honoré, d'après le rite

ainsi à embellir ou à augmenter les vieux bénédictin, d'un office particulier; celui de
textes grégoriens? Us consistaient générale- saint Augustin, dont la règle était suivie par

ment dans ce qu'on appelle encore aujour- les chanoines réguliers. A qui les religieux

d'hui le propre d'un diocèse ou d'un ordre ont-ils pu demander ces offices, à qui, encore

religieux. Outre les proses et les tropes dont une fois si ce n'est à celui d'entre eux qui
,

on chargeait les offices communs à toute l'E- était le plus pieux, et le plus digne par con-

glise catholique,on composait pour les saints séquent de toucher à la littérature sacrée, si
du diocèse pour les patrons de l'Eglise pour
, ,
ce n'est à cet Adam que la Vierge avait gra-
les fondateurs de l'ordre une série d'ofSces
,
tifié d'une miraculeuse apparition, si ce n'est
spéciaux. Et ce sont ces offices spéciaux, an- cet Adam qui passait pour le plus grand
tiennes, répons, versets, d'abord composés poète liturgique de son époque? Non, non,
en prose, et plus tard eu vers assonances ou ils ne pouvaient s'adresser à un autre, et

rimes, ce sont ces offices qu'il serait si utile c'est à lui qu'ils ont eu recours.

aujourd'hui de réunir pieusement et de pu- Mais, au reste, la tradition des victorins,


blierdans une amplissima colkctio que l'auteur conservée pieusement jusqu'au xvii» siècle,
de cette notice a depuis longtemps la témé- ne laisse aucun doute à ce sujet, et Jean de
raire intention de publier un jour. Thoulouse dit qu'Adam est évidemment, sans
Mais ces offices spéciaux, ce propre des AUCUN DOUTE, l'autcur de ces deux offices :

saints, qui le composait? Dans une abbaye, « Non solum in sequentiis modulandis ex-

c'était le plussouvent un des religieux. Il y celluit Adami nostri ingenium et pietas sed ,

en avait toujours au moins un qui s'était fait prœterea in hymnis et olficiis divinis concin-
à ce sujet une certaine réputation de littéra- nandis digerendisque. Nec enim dubii superest
ture, et l'on s'adressait à lui dans toutes les quidquam eum authorem fuisse hymnorum
circonstances où il fallait chanter, à la grande sancti Victoris, immo officii quod eidem sancto
joie des fidèles, l'office d'un saint récemment dicatum quotannis celebramus. Insuper eliam
canonisé, ou de la translation de quelques palet eum dictavisse et concinnasse officium,
précieuses reliques. Il se mettait à l'oeuvre et hymnos , responsoria et similia quœ beati
]

[XII' SIÈCLE. CHAPITRE LXIV ADAM DE SAINT-VICTOR. 717

Aiigustini meritis et laudibus ab Ecclesia siii- Passons maintenant à des ouvrages qui ne
gulis annis consecrantur et ofleiuntur.)) (Ms. sont plus d'un poète, mais d'un théologien et
1037, Notice d'Adam, § XII) '. d'un savant. Notre Adam y a sans doute moins
Il y a cependant une difliculté pour cet réussi mais il s'y est exercé, et des manus-
,

office de saint Augustin. Tout un groupe de crits nous en restent.

savants eu attribue la composition à saint


Thomas d'Aquin. Les chanoines réguliers de §"•
Latran , Serenius dans V Eclaircissement de la
Summa Britonis seu de difficilibus vocahulis
Règle de saint Augustin, et Gabriel Pennotiis
in Bihlia content is.
s'accordent à faire cette attribution. Jean de
Thoulouse u'esl pas effrayé de cet accord un dictionnaire de tous les mots dif-
C'est
contre notre Adam , et répond à ces opinions ficiles de la Bible. Adam en donne souvent

hasardées par une seule raison qui le dis- l'étyraologie en explique le sens littéral ou
,

pense d'en donner d'autres « L'office en : mystique, en développe enfin toutes les signi-
question se trouve dans un ordinaire de l'ab- fications.Ce dictionnaire devait être le ma-
baye de Saint-Victor, qui est daté de 1208. » nuel des novices, et en général de tous ceux
Or, saint Thomas est né en 1224 et ne peut , qui commençaient l'étude de la sainte Ecri-
être l'auleur d'un office composé tout au ture.
moins seize ans avant sa naissance. Adam l'a fait précéder d'un prologue en
Nous renvoyons, pour plus de détails, à la vers, où nous ne retrouvons guère sa riclie
solide argumentation de Jean de Thoulouse, et originale poésie; mais qui pourrait être
qui, dans le chapitre consacré à notre Adam, poète dans le prologue d'un dictionnaire?
est l'objet de tout
§ XII. le Voici celte sorte d'avis au lecteur qui se re-
Les Antiquités de Saint-Victor, qui ne sont trouve dans tous les manuscrits de cette
qu'une seconde édition des Annales faite au Somme :

xviii« siècle, confirment les opinions précé- Difficiles sluJeo partes quas Uiljlia geslat
demment émises « Valde probabiliter exis-
: Pondère, nescio sed lalehras, niai quœ mainfestat
timo ipsum eumdem sanctum patrem Ada- kuxiliante Deo, qui oui vu/t singula prœstat :
Dante Juvamen eo, nihil inseparabile restât.
mum auctorcm extitisse olficii divini recitari Propria ponuntur hic nomina pauca, sed oro.
ac decantari soliti in festo sancti Victoris mar- Qui legis, mdulye, quoniam brevis ase laboro.
tyris, patroni nostri , et in festo sancti Augus- Si quem profectum tenel hoc optis, est Deilatis;
tin! episcopi, legislatoris nostri. » (Ms. 1039, Qui dat profectum, sine quo nihil est lionilatis.
I, loc. cit.).
Quicquid non recte patet hic, quicquid ruditatis,
Supplens defeclum, tector, studio pietatis,
Qu'on nous permette d'ajouter ici une rai-
Corrige; correctum sit in usum posteritatis.
son toute littéraire, qui, pour n'être pas à Schematis ignarus stylus est, non abnuo limam,
l'usage des érudits, n'en a pas moins quelque Nam pollere facit operam correclio primain.
valeur. Si l'on veut lire avec quelque atten- Desuper irradia scribenti, gratia dia !
Sis dux, sis socin, niera lux et vera Sophia.
tion les trois hymnes que nous publions :

Auroru diem nuntiat, Jesu tuorum militum, et Ensuite il commence le glossaire lui-même,
Magne pater Augustine; si l'on veut bien en- qui n'est souvent qu'une compilation des au-
suite les comparer avec quelqu'une des teurs ecclésiastiques, comme Adam a la mo-
proses d'Adam on sera frappé je crois, de
, ,
destie de l'avouer à la fin de son livre :

la ressemblance du style de la manière, des , Hic ego doctorum compegi scripla sncrorum,
idées; on se rangera facilement, après cette Floribus auctorum locn cerla signando librorum.

lecture à l'avis que Jean de Thoulouse émet- In série quorum textus patet hic posilorum, etc.
,

tait au que, d'après lui, j'ose émet-


xvii= siècle, En etfet, les citations sont toujours détail-
tre àmon tour, et qui est appuyé d'assez de lées , et , à défaut d'autre mérite , ce livre a
preuves pour u'étre plus un avis, mais une celui d'avoir été fait consciencieusement et
vérité *. longuement, avec un heureux choix de textes

' Ces officL-s comprenaient, avec le» hymnes, des Une, lu répons : Inveml. et l'anlienue de Laudes :

antiennes, de» répons, qui sont composés en prose, PosI mortel».


la mode ne s'éUmt pas encore bien répandue de les > C'est par cette seule critique littéraire qu'à défaut
écrire en vers. On signale spécialement comme d'autres raisons, on aurait pu se rendre certain que
d'Adam dans l'oOice de saint Augustin, l'anlienue : cette seconde hymne de l'oHice de saint Augiistm :

Lœtare, mater noslra, Ihymuc : Magne pater Augus CœU cives applaudiie, n'est pas de uolre Adam.
7J8 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
empruntés. N'est-ce rien qu'une bonne com- Humboldt des Delattre, des Chavée, elle n'é-
,

pilation? Que de lectures, que d'études elle tait encore au siècle dernier qu'un recueil
suppose Je dirai aussi que d'esprit, que de
! : d'ineptes suppositions, de traits d'esprit ou
goût! Le Spéculum de Vincent de Beauvais de calerabourgs par hypothèses. Qu'on ouvre
n'est qu'une compilation, et c'est pourtant de Joseph de Maistre on trouvera
les écrits :

une œuvre sublime. Le Soliloque de saint dans les chefs-d'œuvre de ce grand esprit
Bonaventure n'est qu'une compilation et ,
des étymologies qui valent celles de Baculus.
c'est pourtant un ouvrage immortel! Adam, Et dans combien d'ouvrages contemporains
dans sa Somme, qui ne pouvait èlre aussi re- ne pourrait-on pas en citer d'analogues?
marquable, mettait du moins tout le fruit de Qu'on nous permette de relever à ce pro-
vingt ou trente ans de courageux travail. Il pos la singulière injustice avec laquelle, de
avait feuilleté cent manuscrits, en avait reco- nos jours, on a pris l'habitude de traiter les
pié lui-même les morceaux choisis, flores sciences du moyen âge. On ne peut faire un
auctorum, et les avait délicatement enchâssés livre sur l'histoire générale des sciences sans
dans son ouvrage. montrer les siècles chrétiens comme un temps
Voici le commencement des trois premières de ténèbres, où la physique est restée muette,
lettres de ce dictionnaire : où la physiologie n'a pas rendu d'oracles, où
« A littera (sicut dicit Isidorus in primo la philologie a été naïvement inepte. Rien ne
Etymol.) ideo in omnibus linguis est prior, nous révolte autant qu'une telle opinion. Il
quia ipsa nascentium vocem aperit; unde di- nous est resté du moyen âge, outre un grand
citur in historiis Masculus, recenter natus,
: nombre de traités particuliers, de vastes en-
dicit A, mulier vero E, unde versus : cyclopédies comme le Spéculum de Vincent
E proferl aul A guisquis procedit ab Evn. de Beauvais, qu'on peut facilement consul-
(( Item , dicit Priscianus (in tractatu De in- ter. On y verra l'état de toutes les sciences

terjectione) A et prœpositio est et interjec- au xiii' siècle; on y trouvera sans doute bien
tio, et nomen : prœpositio, ut : a summo ad des lacunes qui surprendront, bien des er-
unum; inlerjectio est in Bucolicis : reurs qui feront rire; mais si l'on tient à être
A I tihi ne teneras glacies secet aspera plantas. impartial, il faudra se demander à qui l'on
« Et nos possumus addere quod Jeremiœ doit ces lacunes , de quelle source découlent
primo legitur, ubi est interjectio dolentis : ces erreurs, et l'on se persuadera que cette
Aaa, Domine Deus Item nomen est ipsius! — fameuse ignorance, cette barbarie, ces ténè-
litterœ, sicut supra dictum est. (Et sic de cœ- bres du moyen âge sont, à vrai dire, l'héri-
teris vocibus quœ incipiunt ab A, etc., etc.). tage scientifique de cette belle antiquité qu'on
« B. Baculus a Baccho repertore vitis fertur n'ose attaquer, sans doute parce qu'elle n'est
inventus quo liomines vino moti niterentur. pas chrétienne. Oui, on bafoue Vincent de
Sicut autem a Baccho dicitur baculus, ita a Beauvais, ce grand génie catholique; on fait
baculo dicitur bacillus per diminutionem, ita gorges chaudes des pitoyables notions de
dicit Papias, etc. physique et d'histoire naturelle qu'on trouve
« C. Cabus Phœnicum sonat dis-
in lingua chez saint Bonaventure et saint Thomas d'A-
plicere. Unde 111° Regum dicitur quod Hirara quin; on s'amuse des alchimistes, mais on
appellavit oppida quœ dederat ei rex Sa- est plein de respect pour les balourdises de
lomon terram Cabus , quia displicuerant Pline et pour les systèmes plus que niais des
ei, etc., etc. » philosophes grecs! Encore une fois, je de-
Voilà, certes, bien des subtilités, bien des mande aux véritables savants si laplupartdes
erreurs et une philologie digne de Ménage. sciences n'ont pas été d'une aussi risible pau-
C'est à ce dernier qu'aurait dû revenir l'hon- vreté chez les anciens que chez les nations
neur de trouver celte belle étymologie de modernes à l'origine de leur grandeur. Disons
Baculus , ainsi nommé
de Bacchus, « parce plus non-seulement le moyen âge a rempli
:

que les buveurs ont besoin d'un bâton, Mais y. consciencieusement le devoir imposé par Dieu
ne rions pas de cette érudition trop élémen- à chaque époque, qui consiste à passer aux
taire ou trop ingénieuse. Ayons quelque in- siècles suivants le faisceau intact des connais-
dulgence pour la philologie d'Adam. Rappe- sances qu'elle a reçues, non-seulement le
lons-nous que cette science vient seulement moyen âge n'a pas touché à ce trésor, mais
de naître , que
de nos jours la
et si elle est il l'a considérablement augmenté; il a com-
science des sciences, grâce aux travaux des muniqué à cette ingrate Renaissance plus de
|Xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXIV. — ADAM DE SAINT-VICTOR.
richesses scientifiques qu'il n'en avait reçu. fixe la mort en 135G. Il est encore vrai que,
Ily aurait un beau livre à faire pour le dé- dès le xiv» siècle, quelques manuscrits de la
montrer. Summa Britonis portent le nom de Guillaume.
Le xvn« siècle n'était pas toujours à cet (V. notamment le manuscrit 230 de la bi-
endroit dédaigneux que nous sommes, et
si bliothèque de Montpellier). Il est encore vrai
la Adam y trouvait encore
philologie de notre que ce même Guillaume Breton est indiqué
quelques dévots admirateurs. Jean de Thou- dans les premières Bibles imprimées comme
louse est de ce nombre. Il s'étonne hardi- l'auteur des commentaires sur les Prologues
ment qu'on n'ait pas encore songé à publier de saint Jérôme, ouvrage où il est fait de
la Siimma Britonis, et, avec un enthousiasme nombreuses allusions à la Somme du Breton.
que nous aimons à voir dans l'érudition, avec Mais s'ensuit-il de là qu'il en soit l'auteur
une solennité qu'on ne comprendrait pas de véritable ? Non il a commis un plagiat que
,

nos jours, il s'écrie « Faxit Deus optimus


: la conformité du surnom de Brito lui aura

maxirans ut tam profuturum saîculis opus in rendu trop facile. 11 a peut-être même retou-
posterum diutius non latent, nec patiar, ut, ché quelque peu l'œuvre du victorin; il y a
illo propitio, meus in hoc labor et industria peut-être ajouté quelques mots français pour
requirantur! » {Ms. 1037, loc. cit.) '. plus de clarté, comme semble l'indiquer le
L'appel de Jean de Thoulouse n'a pas en- titre du manuscrit de Montpellier, qui est

core été entendu, et le glossaire d'Adam est sans doute le seul du xiv^ siècle où son nom
toujours inédit. Mais, en vérité, notre auteur soit écrit {Guillehni Britonis ordinis fratrum
: ,

n'a pas été favorisé. Non-seulement on a Minorum vocabularium difficiliorum vocum


,

laissé ses œuvres dans l'obscurité, mais on Bibliorum, latino- gallicum : Difficiles studeo
lui en a de plus contesté la paternité. Dom partes, etc.).
Brial ne veut pas qu'il soit l'auteur do cette Quant à presque totalité des autres ma-
la
Somme philologique, et plutôt que de la lais- nuscrits, leur titre a pu favoriser le succès du
ser au victorin,
il propose d'en faire hom- plagiat, mais Guillaume n'y est pas nommé,
mage à un Guillaume Breton d'après deux , et les rédacteurs des catalogues modernes
manuscrits dont il n'indique d'ailleurs ni la ont eu tort, d'après l'autorité de Wadding et
cote, ni la date. (V. Hist. litt., XV, p. 43.— celle de dom Brial, d'attribuer au francis-
V. aussi XVII, p. 356.) cain Guillaume l'œuvre intitulée simplement:
Dom Brial ne faisait d'ailleurs que suivre Summa Britonis. (V. les manuscrits de la bi-
les errements d'une foule d'érudits français bliothèque de Laon, 1 et 2 ceux de la biblio-
;

et étrangers qui s'étaient également trompés thèque de Troyes, 1090, 1141 et 1719, tous
sur cette question. (Ducange, préface de son du xiV siècle; ceux de la bibliothèque de
Glossaire, édition de 1733, p. xlv -. — Pitseus, Bruxelles, 3813 et 15, 578, qui sont du xv=
De illustribus Angliœ scriptoriàus p. ,
48. — siècle, etc., etc.).
Wadding, Scriptores ordinis Minorurn, p. 150 Ils auraient dû tout au moins être éclairés
de l'ancienne édition, p. 102 et 103 de l'édi- par ladate du manuscrit de Montpellier,
tion de Kome. —
Fabricius, Bibliotheca latina. n" 111. Ce manuscrit est intitulé : Vocabulo-
— Jean Baie, De Scriptoribus Britanniœ, 7'um diversorum et ignotorum quœ rcperiuntur
p. 437. — Sbaraglia , Scriptores ordinis Mi- in Biblia liber vocalus : Suinma Britonis. Il

norurn, p. 317, 318.) vient de Clairvaux, où saint Bernard en aura


Tant de savants n'ont pu être induits en sans doute apporté l'original après un de
,

erreur que par de graves motifs. En effet, il ces séjours fréquents qu'il faisait à l'abbaye
y a eu un Guillaume Breton, de l'ordre des de Saint-Victor. 11 est du xiir siècle, et Guil-
mineurs, dout Wudding, dans ses Annales, laume le Breton est mort en 1350 1

' De operis hujus utilitale non est quud hic lectorem du collège de Navarre dont il oublie d'ailleurs de
moneam... Erudilorum solum vicem doleo quihus tam donner la date et l'iudication exacte. Au reste, le
docti o/jeris copia haclenus invisa fuit. Neque cnim suvaul glossateur semble exprimer, à la tin de son
sacrorum codicum inlerpreliOus utile, sed humanio- article, quelques doutes sur la vérité de sou asser-
rum eliam culloribus pernecessarium. » (Idem, il)id.) tion : « Ejus eliam {OiiiHelmi) fartasse sunl syno-
— Nous eapéroua pouvoir uu jour combler les vœux nymit quœ Britonis nomen prœfenint, édita Pansiis
de Jean de Ttioulouse, en publiant le Glossaire per Uionysium Rossium, anno MDVlll. Hanc eamdem
d'Adatu. tucubralionem perperam alii adscribunt nescio cui
« Uucaiige cile, en faveur de sou attribution, des Joannt .lùjidio ordinis eremitarum saiicti Auyustini. »
luauuscritu de Corbie, de Sainl>Geruiaiu-de8-Prés et (Loc. cit.)
,

720 HISTOffiE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


Mais ce n'est là, dira-t-on, qu'une preuve sitio quorumdam vocabulorum secundum ordi-
encore insuffisante. Il nous faut donc défen- nem alphabeti, B. II.

dre plus fortement notre auteur, et il ne nous 5" La Gallia christiana, recueillant la tradi-
sera pas difficile d'établir que devant la tra- tion des siècles précédents, a signalé, dans
dition constante de l'abbaye, c'est par le nom les quelques lignes consacrées à Adam, la
d'Adam, et non par celui de Guillaume, qu'il Summa Britonis comme son œuvre princi-
faut combler la lacune que beaucoup de ma- palecomme celle de toutes qui a le mieux
,

nuscrits nous présentent dans leur titre. fixé sa réputation. On ne dit rien de ses
Voici donc nos autorités : proses, et on écrit « Sub eodem Guarino de-
:

1" Notice de Guillaume de Saint-Lô (Mss. cessit Adamus de Sancto Victore scriptis
842 et 554 de Saint- Victor) : « In quo etiam clarus ET juxiME quodam Bibliorum vocabula-
libro (in Expositione super prologos sancti Hie- rio quod Summam Britonis vocant (VII, col.
ronymi), facit Adam multoties mentionem de 670). »
quodam libro quem ipse composuit, qui voca- 6° Les victorins qui, dans la notice de Guil-
tur : Summa de vocabulis Bibliorum, seu et laume de Saint-Lô, avaient, dès le milieu du
communius Summa Britonis. )) xiv= siècle et inO ans après la mort d'Adam
D'après ce passage, la justesse de notre reveudiqué comme lui appartenant le Dic-
attribution est confirmée non-seulement par tionnaire des mots difficiles de la Bible; qui,
Guillaume de Saint- Lu, mais encore par cet dans leurs catalogues du du xvi' siècle, xv et
autre livre d'Adam dont nous aurons lieu lisaient le nom d'Adam en tête des manus-
tout à l'heure de montrer aussi l'authenticité, crits de ce Glossaire; les victorins, au xvii»

le commentaire sur les prologues de saint siècle, étaient restés fidèles aux mêmes tra-
Jérôme. ditions. Jean de Thoulouse, dans ses Annales
2" L'ancien manuscrit de Saint-Victor cité (iMs. 1037, p. H27-H42), témoignait pour cet

par Jean de Thoulouse (Ms. 1037, p. H32) ouvrage d'Adam cette admiration dont nous
s'exprime ainsi sur cette question : « Com- avons entendu tout à l'heure l'expression
pilavit libros [Adami], videlicet unum super naïve. D'ailleurs, dans les Annales et partout
prologos sancti Hieronymi et summam quae ailleuz-s, on ne fait aucun doute de l'authenti-

intitulatur vulgariter : Summa Britonis, de cité de cet ouvrage. On ne répond à aucune


diversis vocabulis Bihliœ. n objection, parce que personne n'entendait
3° Deux manuscrits conservés encore au- soulever contre une telle évidence aucune
jourd'liui dans le fonds de Saint-Victor, à la objection. Quand dom Brial attaqua cette pa-
bibliothèque impériale, portent les titres sui- ternité, l'abbaye de Saint-Victor n'existait
vants : plus, et ne lallaitrien moins que cette des-
il

N" 1 5 . Summa magistriA dœ de Sancto Victore truction pour qu'on pût hasarder une aussi
de expositione difficilium vocabulorum Bibliœ. téméraire opinion '.
N° 760. Adœ Britonis summa de difficilibus 7" Au xviii' siècle, les Antiquités de Saint-
vocabulis Bibliorum. Victor nous offrent la même certitude sur uu
4° Le catalogue de l'ancienne bibliothèque sujet où le doute ne semble pas permis :

de Saint-Victor est conservé dans le n" 10,284 (( Scripsit Adamus et Summam quae Britonis
de l'ancien fonds français. C'est une copie inscribitur, in quo difficiliora sacrœ Bibliae
moderne, mais rédigée sur de vieux cata- vocabula dilucide explanat. » (Ms. 1039,
logues dont plusieurs existent encore. — p. 687 et ss.); et les éditeurs citent les ma-
Dans cet inventaire dressé par ordre alpha- nuscrits.
bétique de noms d'auteurs, on trouve l'indi- Telle est, à travers les siècles, la série im-
cation précieuse de tous les ouvrages d'Adam posante des autorités qui garantissent à notre
etdes manuscrits où ils sont renfermés; nous Adam la propriété de cette Somme du Breton
y lisons ce qui suit en première ligne ; qu'onluiasiinjustementconteslée.Quefaut-il
Adœ de Sancto Victore, Summa de difficili- penser maintenant de l'opinion de dom Brial
bus vocabulis in Biblia contentis, hh 15 et B. II. et de l'attribution qu'il a faite de cet ouvrage
Adœ de Sancto Victore declaratio seu expo- au cordelier Guillaume Breton? Que faut-il

Ducange, Fabriciua et quelques autres ont, il est


' attribuer cet ouvrage. Ils n'ont pas discuté la ques-
vrai, attribué à Guillaume Breton la Somme dout il tion comme D. Brial : ils se sont naïvement laissé
est question, mais ils ne connaissaient même pas les prendre à un plagiat.
litres d'Adam et ne soupçonnaient pas qu'on pût lui
[XII'SIKCI-E.] CHAPITRE LXIV. — ADAM DE SAINT-VICTOR. 721

en penser quand toute la tradition victorine j'écrirai. Mon esprit a presque horreur de ce
s'élève contre cette assertion; quand un Guil- nouvel ouvrage. Par obéissance pourtant, je
laume de Saint-Lô, abbé de Saint-Victor en veux subir ce travail, mais je ne puis par
1343, ne laisse aucun doute sur le nom de obéissance éloigner la défiance qu'il m'ins-
son auteur, quand un manuscrit nous en pire. vous, tout-puissant Ouvrier qui me
reste du xiii' siècle, et que Guillaume Bre- donnez cet ouvrage et en êtes la cause, —
ton, l'auteurprésnmé, estraort, suivant Wad- pour qu'il puisse valoir quelque chose, eu-
ding, en 1336 '
? voyez-moi votre secours, dirigez ma plume,
Dom Briai affirme cependant que l'attribu- soyez-moi propice 1 »

tion de la Somme à Adam ne se trouve que


Partibus expositis textus, nova cura cor angit
dans deux maimscrits de Saint-Victor. Il n'a Et fragiles liumeros onus importabile fraiigit.
pas connu les manuscrits 842 et 534, où est liiblia prœtendit ohscura proœmia quœdam

la notice de Guillaume de Saint-Lô; il n'a — De quibu<: ignora quart, ut expedit et decet edam.
Mens opus hoc liorret : sensus igrmra labarem
pas lu les catalogues anciens ou récents de
Jussa subit, sed jussa nequit removere timarem.
la bibliothèque de Saint-Victor; il n'a pas —
consulté les annales de Jean deThoulouse.
Nous lui opposons la liste qui précède. Nous Omnipotens Opifex, aperis dator, hujus [et] author.
Ut stet opus, fer opem,calamum rege, sis milti fautor.
pensons que devant un tel accord son hypo-
thèse ne peut tenir, et que le cordelier Guil- C'est par ces vers que commence l'ouvrage.
laume Breton se trouve dépossédé, aux yeux Immédiatement après, Adam entre en ma-
de la critique, d'une gloire à laquelle il n'eut tière :

jamais droit dont un plagiat a pu le mettre


, <( Incipit expositio epistolœ Ilieronymi ad Pau-
en possession, dont une de ces fausses attri- linum, etc. — Ad evidentiam hujus epistolee
butions, si fréquentes au moyen dge, a pu le quam Hieronymus ad Paulinum pres-
scribit
décorer dans quelques manuscrits apocry- byterum, notandum est quod Paulinus pres-
phes, mais dont la science éprouvée de dom byter elegantis fuit ingenii (sicut patel in se-
Brial aurait du faire justice avant nous ! cunda epistola Hieronymi ad eumdem), qui
renuntiare volens sœculo, cujusdam sororis
§ III.
su» vinculo tenebatur ne gradu incederet
Expûsilio auper omncs prologos Bibliœ. expedito. Hic per Ambrosium monachum
EcripsitHieronymo, significansei desiderium
Dans l'esprit d'Adam, cet ouvrage était lié quod habebat intelligendi sacras Scripluras et
au précédent. Il eu formait la suite, le com- a sœcuJi vinculis exeundi, et quœsivit utrum
plément naturel. Après avoir expliqué toutes sine doctore posset habere sacrarum intelli-
les difficultés du texte , partiùus cxposilis tex- gentiamScripturarum. Addiditetiamquod,ut
tus, Adam crut n'avoir point tout
fait pour easpossetaddiscere,multumdesiderabatcum
l'instruction des novices; il voulut leur com- bealo Hieronymo conversari. Gui rescribil
menter liistoriquement ces beaux prologues bealus Hieronymus, diceus Pater Ambro- :

de saint Jérôme sur tous les livres delà Bible, sius , etc. — Ista epistola dividitur in très
que les papes ont toujours eu soin de faire partes, etc.... »
imprimer eu tète des éditions canoniques de On voit, par ces quelques lignes, le plan
la sainte Ecriture, qui en sont aujourd'hui du livre tout entier. Adam y est clair et s'y
encore la préface la plus recherchée. Le com- montre bon écrivain. Sans contester en rien
mentaire des prologues de saint Jérôme pré- le mérite de la Somme pour laquelle Jean de
sentait d'abord de grandes difficultés, et un Thoulousc professait une si vive admiration,
tel travail répugnait à Adam. 11 l'avoue naï- il me paraîtrait plus utile de commencer par

vement « Après avoir éclairci les difficultés


: l'explication des préfaces de saint Jérôme la
du texte, un nouveau souci me tourmente, et publication complète des œuvres d'Adam.
mes frêles épaules se retrouvent chargées Mais quand fera-t-on celte publication?
dun fardeau insupportable. La Uible oUre Diim liiial conteste encore cet ouvrage à
certains prologues assez obscurs, sur lesquels notre Vicloiin, comme il luia contesté le pré-
il convient que j'écrive sans savoir ce que cédent. 11 va donc falloir s'armer de preuves

' Lu Summa Urilonis était déjà populaire au milieu guc qui est de 1365, et qui est cODServé aujourd'hui
du XIV" Duua uii catalogue tièi-précieux des
siècle. aux nrcliive» de la Huule-Marue, noua Irouvuuo cetd!
livres de Jeau de balIie», duyeu de Laugre^, caiulo- ludiculiuu : lient, Mum.iiu liritonis.

XIV. 46
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
pour restituer à Adam cette autre propriété; Or, nous avons démontré l'authenticité de
puisqu'on s'est plu à le dépouiller de tout la Somme.
son bien , il faut que la critique le lui recon- Cette preuve suffirait, et quand même on
quière : c'est son devoir et son honneur. ne trouverait pas sur l'Explication des préfaces
Voici donc les autorités qui attribuent à de saint Jérôme la tradition aussi bien établie
Adam de Saint-Victor VExpositio super pt^o- depuis le xiv» siècle au moins jusqu'au xvni=,
logos beuti Hieronymi. Il faut s'attendre à ce on ne saurait attribuer qu'à Adam un ou-
qu'elles soient les mêmes que celles précé- vrage dont l'auteur se déclare être en même
demment invoquées pour établir l'authenti- temps celui du Dictionnaire des mots difficiles
cité de la Somme. de la Bible'.
1° Notice de Guillaume de Saint-Lù. (Mss. Terminons par cette remarque qui, à dé-
842 et 354) « Magister Adam :doctrina et , faut de tant de preuves, servirait de présomp-
eruditione utilis et prœclarus, adeo ut sine tion eu faveur de notre Adam. Les deux ou-
operibus ejus vix possit home in prologos vrages dont nous venons de parler sont tous
beati Hieronymi pedem figere vel expositio- deux précédés d'un prologue en vers. D'un
nem rationalem dilBcilium invenire tracta- côté, pour quiconque a étudié un peu l'his-
tuum, etc. » toirede la versiflcation latine au moyen âge,
2° Ancien manuscrit cité par Jean de Thou- les vers sont du xir siècle ; et d'une autre
louse. (Ms. 1037, p. H37) « Compilavit libros,
: part, nous savons qu'Adam fut surtout un
videhcet unum super omnes prologos beati versificateur habile et un poète fécond. Que
Hieronymi.... » de vérités historiques sont basées sur de
3° Catalogue de la Bibliothèque de Saint- moins solides inductions !

Victor. (Ms. 10285- de l'ancien fonds français


et lescatalogues antérieurs) u Adaj de Sancto : § IV.
Victore expositio super omnes prologos Bi-
De discretione animas, spiritus et mentis.
bliœ, hh. 14. »
4° Annales sancti Victoris Parisiensis, par A
l'exemple d'Hugues et de Richard de d»
.Jeande Thoulouse. (Ms. 1037, cb. xiv) « Edi- : Saint-Victor, après avoir fait de l'Ecriture sp°ri
dit alium postea ingenii eruditi fœtum
et sainte l'objet de ses premiers travaux, après
Adaraus, expositionem omnium proœmiorum avoir, dans son Explication des préfaces de
sancti Hieronymi in sacris Biblise libris edi- saine Jérôme, complété son Glossaire des mots
torum, cujus initium sic habetur Partibus : difficiles de la Bible, il restait à Adam à abor-
expositis textus, etc. « der les études purement philosophiques, afin
5° Antiquités de Saint- Victor, deuxième édi- que le corps de ses écrits pût prouver que
tion remaniée des Annales. (Ms. 1039, I, dans l'abbaye chaque rehgieux ne cultivait
p. 277 à 283) : « Edidit et alium ingenii fœtum pas seulement un genre spécial, mais em-
Adam noster, expositionem omnium nimi- brassait dans ses travaux le cercle tout entier
rum proœriiiorum sancti Hieronymi in sacris de la théologie. C'est alors qu'il composa le
Bibliœ libris editorum, oui et hexametrum traité De discretione animœ, spiritus et mentis,
duodecim versuum anteponil prologum : où il touche aux plus délicats problèmes de
Partibus expositus textus. .. .n Et p. 687 «Elu-
: la psychologie.
cidavit quoque proœmia sancti Hieronymi in Ce commence ainsi
traité : « Substantia
omnes sacrœ Bibliaï hbros, etc., n et l'on ren- intcrior quœ una cum corpore constituit ho-
voie aux manuscrits. minem, secundura varia ipsius exercitia sive
Ajoutons que l'ouvrage en question est évi- oflicia quœ vel habet vel habere potest, in
demment du même auteur que la Somme, et varias distribui solet potentias quas et partes
que le lecteur en est vingt fois averti, comme ipsius wV^wafenominantur.Ipsa tamensecun-
l'avaitdéjà remarqué Guillaume de Saint-Lô : dum se et in se est una essentialiter, simplex
« In quo etiam lihro ipse facit multoties men- et iudividua, etc., etc. »
tionem de quodam libro quem ipse compo- Dom Brial ne dit pas un mot de cet ouvrage;
suit, qui vocatur Su7nma Britonis. » (Ms. 842 mais tous les anciens catalogues de l'abbaye
et 534.) sont plus explicites et nous oû'rent cet article :

' En de cerlaines Bibles incuuable», VF.xpnsitio


tète
ce plagiat ou de cette fausse attribution que nous
super proto'jos teuli Hieronymi est encore attribuée à avons signalée tout à l'beure et qui avait fait fortune
Guillaume Breton le curdelii;r. C'est la coutiuuatiou de dans le monde lettré.
.

[XII« SIÈCLE.] CHAPITRE LXIV. — ADAM DE SAINT-VICTOR. 723

Adam de Sancfo Viclore : De discretwne les notes de la vingt-neuvième lettre de saint


animœ, spiriltis et 7yieti/is, LL. 7 et U. lo. Anselme, ce traité n'est autre que le traité

(V. le n° 10284 de l'ancien fonds fnuK^iiis.) intitulé : Soliloquium de instructione animœ,


Le fonds actuel de Saint-Victor à la biblio- publié sous le nom d'Adam le prémontré par

thèque impériale nous donne, au n° 522, Bernard Pez. (Anecd., pars 11, p. 3G0.)
cette précieuse indication : Adœ de Saricto Mais pourquoi Bernard Pez ne se serait-il
Victore, de discretione animœ, spiritus et men- pas trompé dans son attribution? Et doit-on
tis. C'est là sans doute un des deux manus- avoir plus de conliance en son autorité qu'en
crits victorins signalés dans les vieux cata- celle du père Gourdan chanoine de Saint- ,

logues. Victor?
La propriété de ce traité était, du reste, Et les deux manuscrits de Bruxelles?
assurée à Adam parla tradition de l'abbaye,
et Jean de Thoulouse exprimait l'opinion de
§ VI.

Saint-Victor tout entier quand il écrivait dans


Attributions douteuses. — Super lihros senten-
ses Annales (Ms. 1037, 1, Adam
Tractatura fecit altioiis spi-
Victorinus,
tiarujn. — Summa metrica ritualium.
1127 à 1142) : «

ritas et doctrinre reconditioris ; De discretione Au catalogue de la bibliothèque de Reims


animœ et spii-itus. n Et il renvoie au manus- (E f||) est porté un manuscrit sous ce titre :

crit fl. 15. Adœ de Sancto Victoi-e opéra. (V. Ilaenel.)


Les Antiquités de Saint- Victor, qui ont si sou- Ce manuscrit est un commentaire sur les
vent modifié le texte et les opinions des An- quatre livres des Sentences. (Explicit Adam
nales, n'ont rien clian.ïé à l'attribution qui Super quatuor libi'os sententiarum .)
précède; on y lit (1, p. 277-283) « Pra'terea : Il du XV' siècle.
est
et alium tractatum edidit altioris spiritus et C'est évidemment le même ouvrage que
doctrina; reconditioris , oui litulus est : De celui que Montfancon indique dans sa liiblio-
discretione animœ et spiritus; sic autem inci- tlièque (t. Il, p. 12.i0), sous ce titre : Liber
pit : Substantia interior, etc. » sententiarum Adœ de LiUodonio.
Et à la page G87 du même volume : C'est encore le même ouvrage dont la bi-
« Edidit et sublimioris eruditionis tracta- bliothèque de Troyes possède une partie ma-
tum quera inscripsit : De discretione animœ et nuscrite sous ce titre : Magistri Adami [forte
spiritus. 1) Britannici, ordinis Minorum] quœ%tiones super
donc un ouvrage de plus à faire en-
C'est tertium librum sentenciarum. (xiv siècle. —
trer sans contestation dans le catalogue trop Clairvaux, 1. XVI. — Catalogue des manus-
appauvri des ouvrages d'Adam. crits de la bibliothèque de Troyes, n° 620.)
Cet ouvrage est-il réellement d'Adam le

victorin? permis d'en douter.


11 est

Soliloquium de instructiune animœ seu de ins-


Le manuscrit de Reims qu'Haenel a inti-
tructione discipuli. tulé, d'après des indications modernes, Adœ
de Sancto Victore opéra, ne présente en réa-
Le père Simon Gnnrdan, dans son ouvrage lité que le seul nom d'Adam : Incipit Adam
intitulé Les Vies et les Maximes saintes des
: supra quartum librum sententiarum... Explicit
hommes illustres qui ont (Icuri à Saint-Victor, Adam...
cite très-souvent un traité de notre Adam, qui On ne peut rien conclure de ce manuscrit.
a pour titre : De instructiune discipuli. Celui de Montfaucon parait plus décisif en
en traduit des passages il en expose la
11 , ce qu'il nous apprend que l'auteur de l'ou-
doctrine, il en loue l'auteur. (V. notamment vrage en question était de Rennes Adœ de :

1. pp. 549, 80.), 853, etc.)


I, Dhodonio, ce qui se rapporterait assez bien
C'est sans doute ce même traité que nous au surnom d'Adam de Saint-Victor Adam :

retrouvons dans le catalogue de la biblio- Jirito. Mais ce n'est pas encore là une preuve
thèque de Bruxelles, sous ce titre un peu dif- sullisante.
férent Adam de Sancto Victore soliloquium
: Nous ferons observer qu'il y a contre la ,

de ins truc lione animœ. Deux manuscrits le ren- raisonnements


vérité de celte attribution, des
ferment ce sont les n" 1229 et 2921
: beaucoup plus concluants. Comment suppo-
llom lirial en a parlé, et dit que d'après ser qu'un ouvrage aussi important de notre
certains passages cites par Jean Picart,dans Adam n'ait clé signalé par aucun de ses his-
72-4 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
lorJens? Comment expliquer le silence à cet De instructione discipuli dont parle le père
égard de Guillaume de Saint-Lô et de toute Gourdan.
la tradition victorine reproduite par Jean de 6° Il est douteux qu'il ait écrit le Super
Thoulouse? Comment enfin se fait-il que les libros sentcntiarum qui se trouve à la biblio-
anciens catalogues de la bibliothèque de Saint- thèque de Reims, et la Summa metrica rerum
Viclor ne nous offrent pas une seule indica- ritualium et canonicarum.
tion de ce livre d'un des plus illustres viclorins? 1° Si l'on excepte ses proses, on ne saurait
Nous soumettons ces doutes à nos lecteurs, prouver qu'il ait fait d'autres ouvrages que
sans rien oser décider nous-mêmes. ceux que nous lui avons précédemment at-
DomPiira, dans son Spiciléije, attribue en- tribués.
core à Adam une Summa metrica rerutn ri- D'après ces indications, la collection com-
tuaiium et canonicarum. plète des œuvres d'Adam devra se composer
Nous sommes obligés de contester cette des œuvres suivantes :

attributiou jusqu'à ce que l'éminent critique I.Œuvres poétiques. —


Plus de cent proses,
nous ait fourni ses preuves. les hymnes et les offices de saint Victor et de
saint Augustin.
§ VU. II. Œuvres théologiques. — La Summa Bri-
Fausses attributions.
tonis, V Expositio proœmioi'um beati Hieronymi,
le traitéDe discretione animœ, spii-ilus et men-
I. C'est avec raison que dom Brial refuse tis, celui De instructione discipuli.

de donner à notre Adam le traité intitulé : Nous appelons de tous nos vœux le mo-
Adœ Anylici super epistolam ad Uebrœos. ment où cette publication pourra se faire, où
Aucune autorité, du reste, ne justifierait ce volume viendra dans les Bibliothèques ec-
cette assertion, qu'il est d'autant plus facile clésiastiques se placer à côté des trois volumes
de combattre qu'elle n'a jamais été faite sé- d'Hugues et du volume de Richard de Saint-
rieusement. Victor. Dom Pitra qui, par les trois premiers
Dom Brial ajoute qu'il existait, du temps volumes de son Spicilegium Solesmense, s'est
de Sanderus, un manuscrit de ce traité à certainement élevé à la hauteur des anciens
Louvain. bénédictins, voire des plus illustres d'entre
Ce manuscrit, je pense l'avoir retrouvé. eux, dom Pitra, outre l'ouvrage dont nous
Il est aujourd'hui à la bibliothèque de avons parlé plus haut, a promis de donner,
Bruxelles, au n" \ 123, où il est précédé d'un dans les volumes qui suivront, des œuvres
autre traité sur l'Evangile de saint Marc. Voici inédites de notre Adam. Nous ignorons quelles
le titre exact : Adœ Anglici super Marcum; sont ces œuvres, mais nous saluerons avec
ejusdern super epistolam Pauli ad Hebrœos. joie leur publication, qu'une incroyable fata-
II. Le Catalogne actuel de Saint-Victor porte lité semble avoir reculée jusqu'à notre siècle.

au n" 32 celte indication Liber Adam de : Alors Adam prendra place entre Hugues
Arte dialectica. Ce livre n'est point de notre son maître et Richard son ami. Ces trois
.\dam. glorieuses figures seront de nouveau unies
Résumons maintenant toute la discussion comme elles le furent au moyen âge, et on
qui précède en ces quelques propositions qui ne les pourra plus séparer. L'école de Saint-
exprimeront, pensons-nous, toute la vérité Victor sera complètement représentée, et on
sur les œuvres d'Adaui. jugera encore mieux de la force de l'intelli-
1° Adam de Saint-Victor est certainement gence dans un siècle qui trouvait sous le
l'auteur des offices de saint Augustin et de cloître d'un seul monastère trois génies aussi
saint Victor insérés au bréviaire victorin. remarquables. Adam, comme Hugues, comme
2° Il est certainement l'auteur du Glossaire Richard, toucha à toutes les sciences métaphy-
des mots difficiles de la Bible, connu sous le siques et surnaturelles, et on pourrait tirer
titre de Sonune du Breton. toute une pliilosophie , toute une théologie
3° Il est certainement l'auteur de VExpli- de ses ouvrages consciencieusement étudiés.
cation des préfaces de saint Jérôme. Mais s'il ne montra pas dans ces domaines
4° Tout porte à croire qu'il a composé le l'admirable et profond mysticisme d'Hugues,
Iraité intitulé : De discj^etione animce , spiritus la subtilité solide de Richard, il reçut en re-
et mentis. vanche une couronne dont ils ne connurent
5° 11 est probablement l'auteur du traité pas la gloire il fut poète, et grand poète.
:
[Xll" SIÈCLE.] CHAPITRE LXIV. — ADAM DE SAINT-VICTOR. 725
L'Eïlise, en faisant entrer ses poésies dans des proses composées par Adam et les ma-
sa divine liturgie, les proclama par là même nuscrits où elles se trouvaient.
la plus pure expression de sa doctrine, et il Il n'a rien clierché, et, avançant un fait
mérita le titre de poète très-catholique. aussi grave d'une manière aussi étourdie,
Ce sont ces poésies mêmes dont il nous il a entraîné dans l'erreur tous ceux qui l'ont
reste à faire l'histoire. suivi.
C'est chose curieuse que de voir jusqu'à
ARTICLE II.
quel point les auteurs se copient les uns les

DES PROSES D'ADAM DE SAINT-VICTOR , ET EN autres sans remonter aux sources; comment
PARTICULIER DE CELLES QUE NOUS AVONS DÉ- une erreur se perpétue, se passe de main en
main, et cela pendant plusieurs siècles. Nous
COUVERTES.
pouvons ici assister à ce spectacle. Clichtove
I. Le savant Josse Cliclitove ' (V. Histoire a dit qu'Adam de Saint-Victor avait fait une
littéraire, XVII, p. 32), au début de !la
t. très-grande quantité de proses mais qu'il ,

quatrième et dernière partie de son Elucida- n'en restait que trente-sept. Tous les érudits
torium eccksiasticum après avoir donné une -, venus après lui répéteront froidement la
théorie fort peu savante des proses, et un même erreur. Pas un n'aura l'idée d'aller
aperçu moins savant encore sur leur versi- consulter les manuscrits de Saint- Victor,
fication, en vient à parler d'Adam de Saint- source naturelle, source à laquelle on devait
Victor, et dit en faisant allusion aux proses d'abord remonter, puisque les proses d'A-
de la seconde époque, aux proses rimées : dam ont dû se conserver surtout dans la bi-
« Hœc prosarum forma in ollicio ecclesias- bliothèque du monastère dont elles ont fait

lico est celeberrima et omnium maxime usi- la gloire.


tata. Autlior ejus insignis et non minus vir- La recherche la plus superficielle aurait
tule quam doctrina pra;clarus Adam de , donc fait voir l'erreur et la négligence im-
Sancto Victore, in rhythmica prosarum mo- pardonnable de Clichtove; mai.s ce dernier
dulatione majorem in modum copiosus et ayant écrit un in-folio sur la matière, n'a pu
proniptus quemadmodum permultœ ab être soupçonné de négligence, et chacun,
eo corapositfe prostc quse suis ponentur locis depuis le xvr siècle jusqu'à nos jours, est
dilucide déclarant, n venu lui emprunter ses assertions, en croyant
Après avoir fait bien d'autres compliments faire encore un très-heureux larcin.
à notre Adam, tous fort vagues, Clichtove Corn. Sculhtucingius, dans sa Bibliothèque
ajoute 3 : « Qu'il n'a rencontré dans les ma- ecclésiastique publiée à Cologne en 151)9
,

nuscrits de Saint-Victor que trente-sept pro- (t. I, pars. II, cap. vi et vu) , recommande
ses de notre auteur, mais présume que il beaucoup les proses d'Adam et en énumère
bien d'autres ont succombé à l'injure du trente et une que Clichtove avait pris soin de
recommander avant lui. Des autres proses
Si Clichtove n'a point rencontré plus
de pas un mot.
trente-sept proses dans manuscrits de les Dom au tome XV, de l'Histoire lit-
Brial,
Saint-Victor, c'est qu'il a bien mal cherché, téraire ,aveuglément les erreurs do
suit
uu plutôt qu'il n'a pas cherché du tout. Clichtove. bien entendu qu'il ne nous
Il est
S'il avait tant soit peu cherché, il ne se reste d'Adam que trente-sept proses. Quant
serait pas contenté d'une présomption au su- aux autres, il n'est pas possible d'en retrou-
jet de la destruction de tant de proses. Il ver la moindre trace, et les chanoines de
aurait trouvé dans les manuscrits de Saint-
« Saint-Victor en ont laissé négligemment pé-
Victor I) une assez grande quantité de docu- rir jusqu'à la mémoire. négligents cha-
ments qui lui auraient indiqué et le nombre noines!

' Josse Clichtove de Nieuport, docteur do Paiis, '^ertinentia planius exponens el quatuor libros com-
théologal de Chartres, après avoir fait ses études pleclcns. (Vénale liabelnr hoc opus viris sane eccle-
du cardinal Le Moiue sous Le Fèvrc
dniis h- collège siasticis quam utilissimum, Parisiis, in olBcina Hen-
d'Klapeg, fut reçu dans la société de Navarre, au riciStephani, etc. Anuo Vcrbi incarnati 1515.) Il —
coiuiucucemenl du xvi' siècle, et reçut le bonnet de y eut une autre édition de ce livre à Bàle en 1517,
docteur l'an 1506. U mourut & Chartres, le 42 sep- et deu.\ autres plus complètes en 1520 et 155U.
tembre 1544. » V. Hisl. tilt., toiu. XV, pag. 41.
» Elucidalorium ecclesiaslicum ad officium ecclesiœ
726 HISTOinE GÉNÉRALE DES AUIEURS ECCLÉSIASTIQUES.
M. Petit-Radel, au tome XVII de la même En effet, parmi ces trente-sept proses, il

histoire, p. 27, fait celte observation très- y en a quatre sur les fêtes de Pâques, trois
juste, que, d'après le rapport du chroniqueur sur celles de la Pentecôte, pas une sur Noël.
Ithier, le nombre des proses exéculées au C'est donc là un recueil tronqué.
xiii" siècle a dû être très-considérable. Il La collection de Clichtove commence à
ajoute : « Le seul Adam de Saint- Victor en saint Etienne ; mais Adam, qui a écrit des
a fourni trente-sept au moins. » Ces der- proses sur saint Léger et sur saint Gratien,
niers mots sont les plus vrais, mais ce sont n'en aurait-il point composé pour la grande
toujours les trente-sept de Clichtove. fête de la Nativité ? Non le très - pieux
,

M. Félix Clément {Carinina e poetis chris- Adam de Saint - Victor chez qui l'inspi-
,

tianis excerpta, p. 466), dit à son tour : «Les ration s'allumait si facilement pour célé-
trente-huit prosesd'Adam de Saint-Victor brer les fêtes des plus humbles martyrs, n'a
sont despoèmes complets'. » Mais du moins point laissé passer, sans y attacher quelques
M. F. Clément a l'excuse de ne s'être pas chants, la plus joyeuse solennité de l'année
spécialement occupé de la biographie d'A- chrétienne. Encore une fois, c'est là un re-
dam. Il a, du reste, racheté cette facile er- cueil tronqué, et tronqué par le commence-
reur par l'excellente annotation dont il a ment.
ennchi, dans ses Carmina, vingt-cinq de ces Mais si Adam a fait des proses pour Noël,

proses, pubUées, du reste, avec une correc- elles ont sans doute été chantées dans l'é-
tion qu'on trouve rarement en défaut. ghse de Saint-Victor. Si elles y ont été chan-
Enfin M. Ch. Barthélémy, de Paris, qui tées, on les doit trouver au graduel.
s'est le plus occupé de notre poète, puisqu'il Consultons le graduel de Saint-Victor.
a publié toutes ses séquences connues, dit Il en existe entre autres deux exemplaires

au tome III du Rational de Guillaume de magnifiques, l'un à l'Arsenal ( Théol. latine,


Mende, p. 494 ((Nous nous sommes surtout
: 155 B), l'autre à la Bibhothèque Impériale
attaché à recueillir les proses d'Adam, et (Saint-Victor, 934).
nous croyons avoir été assez heureux pour Le graduel en question renferme à peu
). Elles sont au nombre
les recueillir toutes
( ! près toutes les proses notées par Clichtove,
de trente-huit. » mais il oÛ're aussi pour la fête de Noël une
Tous ces auteurs ont copié Clichtove et série de proses qui ne sont pas dans VEluci-
l'avouent; mais n'était-ce pas lui témoigner datorimn, et ne portent d'ailleurs aucun nom
trop de confiance? Et si l'on avait seule- d'auteur (comme il va sans dire dans un
ment jeté les yeux sur les Annales de Saint- graduel.)
Victor, n'y aurait-on pas lu en toutes lettres: Ces proses de la Nativité, il les faut ce-
Nonaginta prosas Adam composuit, quas com- pendant examiner. A défaut d'autres preu-
mendat Cliclitoveus, quainvis 35 tantum illa- ves, la critique littéraire peut découvrir si

rum recenseat? ce ne sont pas là des œuvres d'Adam de


Quant à M. Ch. Barthélémy, de Paris, Saint-Victor.
est-ce bien respecter ses lecteurs que dédire On a lu ces proses, on les a étudiées, et,
qu'?7 s'est attaché à réunir les proses d'Adam, en comparant pour le style et pour les
les
et qu'il croit avoir été assez heureux pour les idées, à celles déjàconnues d'Adam, il a été
réunir toutes, quand il en a copié le texte mot démontré que ces pièces liturgiques devaient
pour mot sur Clichtove ! appartenir à notre auteur. Leur beauïé re-
II. A la vue des trente-sept proses publiées marquable, la manière hardie dont la stro-
par Clichtove il semble évident que notre
, phe était frappée, le choix des expressions,
Adam en dut composer un bien plus grand lesymbolisme, la variété savante des rhyth-
nombre. On s'aperçoit tout d'abord que ce mes, leur place enfin dans ce graduel de
n'est pas là une collection complète, et l'on Saint-Victor, tout faisait naître à ce sujet
en vient bientôt à dire comme Clichtove : une conviction qu'aucune autorité véritable
« Il est probable que beaucoup d'autres au- n'avait encore otliciellcment confirmée, mais
ront cédé à l'injure du temps. » qu'augmentait dans notre esprit ce raison-

' Au sujet de la prose Laudes crucis attollamus , auteur qui fasse autorité en tout ce qui concerne ce
M. F. Clément écrit ces mots « Le Laudes crucis est
: poète. » Triste autorité. La seule du reste en tout
attribué à Adam de Saint-Victor par Clichtove, seul cela, ce sont les manuscrits qu'on n'a pas consultés.
[XII'SIÉCLE.] CHAPITUE LXIV. — ADAM DE SAINT-VICTOH. 727

nement si simple, qu'Adam n'avait pu lais- diquait déjà cinquante-neuf, vingt-deux de


ser passer les fêtes de Noël et tant d'autres plus que la hste de Ciichtove.
sans y attacher quelques-unes de ses com- C'était un premier succès; c'était du moins
positions. un encouragement.
S'il est dans la critique littéraire une jouis- 2" Nous avons eu l'occasion de citer sou-

sance délicate et dont la vanité se trouve vent le manuscrit 842, qui contient le travail

particulièrement llattée ,c'est celle qu'on de Guillaume de Saint-Lô. Insistons encore


éprouve quand on voit confirmer par des sur son autorité.
documents irréfragables, par des textes au- C'est un abbé de Saint -Victor qui, au
thentiques ce que l'on s'était hasardé à
,
une notice sur notre Adam,
xiv" siècle, a écrit
supposer, eu laissant toujours trop de place alors que de sa vie étaient en-
les souvenirs
à une fantaisie trop ingénieuse. Découvrir core tout vivants dans l'abbaye c'est un ;

au tour de la phrase, à l'agencement des abbé de Saint-Victor qui, ayant à sa res-


idées, que tel ouvrage non signé est de tel source tous les manuscrits du monastère,
auteur, c'est là un de ces petits triomphes pouvant consulter les anciens religieux qui
de l'esprit, bien vain à la vérité, mais qu'on n'étaient séparés d'Adam que par cent cin-
n'oublie jamais. Ce triomphe facile était ici quante années, et qui avaient reçu de leurs

réservé à l'auteur de cette notice, qui osait devanciers les traditions liturgiques de l'é-
attribuer à Adam toute une longue série de glise abbatiale c'est un abbé de Saint-Vic-
;

nouvelles proses, sans que les manuscrits lor qui, à la fin de sa notice d'Adam nous ,

eussent encore donné leur opinion. donne la liste de toutes ses proses. Est-ce là

11 fallait chercher dans les manuscrits la vé- une autorité irréfragable? Est-ce là un té-
ritable attribution. C'est ce qu'on voulut l'aire. moignage qui réunisse toutes les conditions
Ayant à trouver les écrits d'un chanoine requises et sur lequel ou puisse asseoir une
de Saint-Victor, nous pensâmes que la voie certitude?
la plus natureUe était de consulter le fonds Cette liste, dressée authentiquement d'a-
de Saint-Victor. Ce religieux a tant fait d'hon- près la tradition des religieux et les manus-
neur à l'abbaye, que l'abbaye a été intéres- crits de l'abbaye qui portaient le nom de

sée à la conservation de ses œuvres. Si quel- l'auteur; celte liste, qui se trouve au reste
que part on les a fait copier, c'est là. Si d'accord avec les investigations postérieures
dans quelques manuscrits on y a fait quel- du P. Gourdan, nous offre les premiers vers
que allusion, c'est dans ces manuscrits. Si de quatre-vingt-dix proses.
l'on peut espérer de les découvrir quelque Et encore Guillaume de Saint-Lô ajoute-
part, c'est encore là, ou il y faut renoncer t-il :« Has prosas et alias plures de Sanctis

tout à fait. Ces œuvres n'existent plus, ou, Adamus composuit.»


si elles existent, c'est dans le fonds même de 3° Le manuscrit 554 de Saint-Victor, de la

l'abbaye où vivait leur auteur. même époque que le 842, mais d'une meil-
Armé d'un raisonnement aussi simple, leure écriture, nous présente avec quelques
nous avons relevé tout ce qui, dans le cata- variantes la même notice de Guillaume de
logue de Saint-Victor, pouvait se rapporter Saint-Lô.
à la question. 4° Les Annales de Jean de Thoulouse de-
Les histoires générales de l'abbaye de vaient, sur ce point comme sur tous les au-
Saint-Victor ontdû d'abord notre at-
fixer tres, nous présenter un grand intérêt. Dans
tention; nous en avons plus haut fait com- les pages qu'il consacre à notre Adam (Ms.
prendre toute la valeur, toute l'autorité. 1037, p. 1127 et ss.), l'auteur reproduit la
1» Le manuscrit 1,040 renferme l'ouvrage notice de Guillaume de Saint-Lô, et donne,
déjà cité du P. Simon Courdan. Un chapitre comme le manuscrit 842, la liste des proses.
spécial y est consacré aux proses d'Adam de Il est seulement à remarquer qu'il la donne
Saint-Victor. L'auteur, dans un style am- avec quelques variantes. Elle est aussi com-
poulé et fatigant, y fait entrer l'éloge de ces plète, mais oll're une meilleure distribution,
proses et des fragments de traduction, mais et a été remaniée par une main intelligente.
surtout, et c'est là le meilleur, il indique en C'est l'œuvre d'un homme de talent et de
marge les premiers mots du texte latin. critique qui ne copie pas servilement ses
La liste de ces proses (et le P. Gourdan prédécesseurs, et s'est éclairé de plusieurs
ne prétendait pas les donuer toutes), en in- manuscrits.
.

728 FTISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


Nous donnons ici cette liste, en indiquant fundationemet primos hujus domus patres

par un signe particulier les proses qui ne se inmemoriam revocans, de Adamo nostro
trouvaient pas signalées dans les manuscrits hœc habet Circa tempora Ricbardi Victorini
:

842 et 354 '. florebat magister Adam Brito canonicus sancli


Mais ce n'est pas tout. Ces listes mêmes Victoris, qui ses vigenti et ampli us prosas
paraissent incomplètes à Jean de Thoulouse, de Deo et beata Maria et pluribus aliis Sanc-
et il cite un ancien manuscrit de l'abbaye : tis fecit... etc.. »

u Manuscriptus codex bibliotliecae nostrae ,


5° Le manuscrit 1039 de Saint- Victor ren-

' Nous avons écrit premiers vprs


en Italiques les De sancto Petro et sancto Paulo. Roma Petro glo-
des proses qui ne sont pas indiquées dans le manus- rietur.
crit 842 et ne le sont que dans les manuscrits de De sancto Petro. Laus est ila triumpbalis.
Jean de Tlioulouse : De sancto Viclore. Ecce dies triumpbalis.
1 In Nalivitale. Potestate non natura. Item alia. Martyris Victoris laudes.
2. Item alia. In exceisis canitur. Item alia Ex radiée charitatis.
3. Ilem alia. Lux est orta gentibus. De sancto Apollinari. Laudemus ApoUinarem.
4. Item alia. Nato nobis Salvatore. De sancto Jacobo. Pangat chorus...
5. Item alia. Splendor Patris et figura. De sancto Germano. Ecce dies atlollenda.
G. De Nativitute Domini. In natale Salvaioris. Ad vincula sancti Pétri. Gaude Roma (voir le

7. Item alia. Juhilemus Salvatori quem cœlestes... n" 44.)


8. Item in nocturnis Nativitatis Domini. Hac die De sancto Laurentin. Prunis datum admiremur.
festa coDcinat. De Transfiguratione Domini. In eadem specie
Pascha Domini. Zyma vêtus expurgetur.
9. In visum.
10. Item alia. Salve dies dierum gloria. In Assumptione. Lux advenit veneranda.
11. Item alia. Mundi renovatio. Item alia. Salve mater Salvatoris.
12. Item alia. Ecce dies celebris. Ilem alia. Ave, Virgo singularis, porta...
13. Item alia. Lux illuxit dominica. Item alia. Ave, Virgo singularis, mater...
14. Item alia. Sexta passus feria. Item alia. Maria Stella maris.
15. In Ascensione Domini. Postquam hostem et in- Item alia. Jesse virgam humidavit.
ferna. Item alia. Ave mundi spes Maria.
16. In die Pentecostes. Lux jocunda, lux insignis. , In Assumptione. Ave mater Jesu Christi.
17. Item alia. Simplex in essentia. . In Assumptione. Hodiernse lux diei.
18. Item alia. Veui summe consolator. Item alia. Ante thorum virginalem.
19. Item alia. Spiritus Paraclitus. . Item alia. Virgo, mater Salvatoris.
20 De Trinitute. Trinitatem simplicem. . Item alia in Paschali lempore. Virginis Mariie
21. De Trinitate. Profitentes unitatem. laudes.
22. In Dedicatione. Quam dilecta tabernacula. . Item alia. Orbis totus.
23. i/e/H alia. Rex Salomon fecit templum. . De sancto Bartholomœo. Laudemus omnes in-
24. De sanclo Andréa. Exultemus et Isetemur. clyta.
25. De sancto Stéphane. Heri mundus exultavit. . In decollalione sancti Johannis Baptista. Praecur-
2S. Item alia. Rosa novum dans odorem. sorem summi régis.
27. De sancto Joanne Evangelista. Verbi vere subs- . De sancto JEgidio. Promat pia vox cantoris.
tantivi. . De sancto Nicolao. Congaudentes exultemus.
28. Item alia. Jérusalem et Sion fllise^. . De Angelis. Laus erumpat ex affectu.
29. De beato Johunne. Gratulemur ad festivum. . De sancto Reniigio. Venerando praesuli.
30. Item alia. Trinitatem et reserat. . De sancto Leodegario. Cordis sonel eu interno.
31. De sancto Thoma Cantuariensi. Aquas plenas . De sancto Dijonisio. Gaude proie Graecia.
amaritudine. . De sancto Saviniano. Deo laudes extoUamus.
32. Item alia. Pia mater plangat Ecclesia. . De sancto Maglorio. Adest dies specialis.
33. De sancta Genovefa. Genovefae solemnitas. . Item alia. Ad honorem patris Maglorii.
34. De saticta Agnete. Animemur ad agonem . De sancto Quintino. Per unius casum grani.
35. De sancto Vmcentio. Triumpbalis lux illuxit. . De sancto Martino. Gaude, Sion, gui diem re-
3B. Item alia. Ecce dies prœoptata. colis.
37. Iletn alia. Martyris egregii. . De sancta Catharina. Vox sonora nostri chori.
38. De conversione sancti Pauli. Corde, voce puisa . De sancto Gratiano. Gratiani grata solemnitas.
cœlos. . De sancto Marcello. Gaude superna civitas.
39. De A?inunciatione. Templum cordis adornemus. . De Apostolis. Cœli solem imitantes.
40. Item alia. Paranymphus salutat. . Item alia. Stola regni laureatus.
41. Item alia. Missus Gabriel de cœlis. . De Evangelistis. Cor angustum dilatemus.
42. De sancia Cruce. Salve crux arbor vitae. . Item alia. Plausu chorus lietabundo.
43. De sanctis Nereo et Achilleo. Celebremusvictoriam. . De quolibet sancto vel sancta. Superuœ matris
44. De sancto Petro. Gaude Roma caput mundi. gaudia.
45. De sancia Margareta. Tuba Sion jocundetur. . De Evangelislis. Jocuudare plebs fidelis. (Cette
46. De sancto Johanne Baptista. Ad honorem tuum dernière prose n'est pas indiquée dans les ma-
Christe. nuscrits de Jean de Thoulouse.)
> Cette prose se rapporte i la Hle de lii Dédicace. (L'éditeur).
|xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXIV ADAM DE SAINT-VICTOR. (29

ferme une nouvelle édition, corrigée et aug- par les manuscrits 1037 et 1039 qui repro-
mentée, des Annales de Jean de ïlioulouse. duisent, d'après d'autres manuscrits, la même
On n'y a rien modifié il l'opinion exprimée notice de Guillaume de Saint-Lô et qui
,

dans la première édition. On dit au con- montrent assez qu'au xvir' et au xyiii" siè-
traire, plus clairement que jamais (I. p. 687) : cle, la tradition de Saint -Victor attribuait

«Adam, natione Brito , canonicus sancti à notre Adam une centaine de proses qu'où
Victoris, nonaginta et amplius prosas seu connaissait encore et qu'on savait distinguer
seqnentias métro cecinit in prsecipuas anni de toutes les autres. Tout s'enchaîne, tout
feslivitates qiiarum 35 evulgavit anno 1513 s'éclaircit; mais ce n'est pas là encore un
Jodochus Clichtoveus. » résultat satisfaisant. Il est bon sans doute
Et dans un autre passage (V, p. 277 et suiv.): d'avoir les premiers vers des proses de notre
« Hic autem venerabilis pater nonaginta se- auteur, mais il s'agit de découvrir celles de
quentias vel prosas de Incarnatione, Nativi- ces proses qui ne sont pas dans les missels
tate, Circumcisione, Epipliania, Resurrectio- et dans les graduels.

ne, rhythmica lege composuit quas Ecclesia Le même manuscrit cité par Jean de
gallica et germanica, post earum approba- Thoulouse, dit à propos des proses d'Adam:
tionem a Concilio Lateranensi sub Innocen- « Asservantur autem hœc Adami nostri pro-

tio III, anno 1215, usurpavit et ad annum sœ in bibliotheca nostra in codicibus manus-
Christi 1607 retinuit. Jodochus Clichtoveus criptis quorum notœ sunt HH 3 et HBB. »
has Adami nostri sequentias eximie com- Nous fûmes assez heureux pour trouver
mendat, quamvis illarum 33 tantum reccn- celui de ces deux manuscrits qui portait au-
seat. I) trefois le n° HH3. C'est un manuscrit de la
Et ailleurs Jean de Thoulouse s'élève en- fin du xn= siècle, assez peu correct, qui ren-

core contre ceux qui n'ont voulu attribuer à ferme même une dizaine de fausses attribu-
sou Adam que trente-cinq proses « Derao-
: tions, mais qu'il est facile de corriger avec
chares (lib. IV de Missn, cap. xv) 33 seqnen- les listes des manuscrits 842 et 334.

tias nosiro Adamo refert verumtamen re-


: Ce manuscrit est le 577" du fonds actuel de
clamant et séries a Guillelmo de sancto Laudo Saint-Victor.
superius exhibita et veteres codices nostri Telle avait été notre marche. Certaines la-
ex quibus constat nonaginta et amplius com- cunes dans l'œuvre d'Adam nous avaient
posuisse. » Ms. 1037, § XI de la notice sur fait soupçonner de négligence Clichtove et
Adam, in fine. ses copistes. Nous avions cherché dans les
Ce passage lumineux résume toute notre livres liturgiques de l'abbaye si certaines
discussion. Tous les mots en sont utiles à pièces ne nous offriraient pas quelque res-
notre but 1» Clichlove et Democharès sont
: semblance originelle avec les autres poésies
tombés dans une grave erreur; 2° la liste de d'Adam. Nous avions, d'après ces livres, at-
Guillaume de Saint-Lo et les anciens manus- tribué quelques proses nouvelles à notre
crits où, du temps de Jean de Thoulouse, poëte, mais sans certitude, avec témérité,
on conservait précieusement le texte de ces avec crainte. Audaces furtuna juvat. Nous
proses, sont contre eux d'une irrécusable avions bientôt trouvé la justification de nos
évidence. audaces, et les manuscrits de Saint-Victor
Que pourrions-nous dire de plus? La ques- nous avaient aussi prouvé à l'évidence qu'A-
tion avait reçu au xvii' siècle ces solutions si dam avait composé de quatre-vingt-dix à
claires. Tous les savants que nous avons ci- cent vingt séquences, peut-être davantage.
tés plushaut se seraient donc évité bien des Nous nous étions mis en possession des ta-
recherches et bien des méprises en allant bles précieuses qui nous donnaient les pre-

demander aux Victorins ce que les Victorins miers vers de plus de quatre-vingt-dix de
devaient mieux savoir que les autres. ces compositions. Enfin, la découverte du
Ainsi toutes ces autorités se confirment manuscrit 377 nous fournissait ce texte tant
les unes par les autres. Le manuscrit lOiO désiré que nous pouvons livrer aujourd'hui
a été appuyé par les manuscrits 8'i2 et 351; l'admiration des littérateurs chrétiens, aux
les manuscrits 842 et 531 ont été fortifiés critiques des autres.
HISTOIUE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.

CHAPITRE LXV.

Joscelin ou Josse, archevêque de Tours, vers 1173 ou 1174; Henri,


archidiacre de Salzbourg, 1174; Henri, archevêque de Reims, 1175;
Nicolas, moine de Clairvaux et de Moutier-Ramey, 1175; Nicolas,
moine de Saint-Alban, 1187.

[Ecrivains latins.]

1 . Josse (Judocus, Joscius, Jesselin, Jo- l'empereur Frédéric schisme auquel seule
,

thon), archevêque de Tours, naquit en Bre- ne prit point de part cette Eglise, La mort cap.
tagne etfutprèsdesixansévêque deSaint-
', de l'archevêque Eberbard et l'élection de Con-
Brieuc, puis il fut élu eu 1157 archevêque de rad déclarée nulle, n'apportèrent aucun re-
Tours. Il mourut vers 1173 ou 1174. Alexan- mède aux maux de cette Eglise la colère ;

dre III lui écrivit plusieurs lettres, dont deux de l'empereur ne fit au contraire que s'en-
sont en même temps adressées à d'autres tlammer, et elle fut à son comble quand
prélats français. Josse fut chargé, avec l'é- .Adelbert fut placé sur le siège archiépisco-
vêque d'Autun, d'examiner la sentence d'ex- pal. L'empereur assiégea la ville et boule- ,„.

communication prononcée par l'archevêque versa tout l'évêché. Des traîtres livrèrent „,
de Reims contre le comte Henri -. Nous la ville, et Adelbert fut obligé de prendre
avons de ce prélat une charte et si?< lettres la fuite. Adalric, patriarche d'Aquilée, et ,

adressées au roi Louis-le-Jeune ^, qui toutes le pape Alexandre, eurent beaucoup plus
n'ont rapport qu'à des aiTaires particulières, à souffrir qu'Adelbert. L'auteur parle de ,,,

telles qu'une rébellion des chanoines de la peste extraordinaire qui se mit dans
Saint-Martin, une dispute entre le doyen et l'armée de Frédéric, et qui obligea ce prince
le trésorier de l'Eglise de Tours, l'élection à lever le siège de Rome. 11 décrit le nom- ,„,

d'un abbé de Saint-Julien, la conBance ex- bre et la dignité des personnes qui périrent
cessive que Louis accorde aux moines, etc. *. de devant Rome. Reinold, arche-
la peste

Ces lettres sont reproduites au tome CXCVI vêque de Cologne, qui suivait le parti du
de la Pntrologie, col. l.o.So-1540. schisme, y perdit la vie avec plusieurs au-

chidiacrt .
2. On croit ^ qu'Henri , archidiacre de tres princes de la Germanie, juste châtiment
Saliboure.i Salzbourg, est l'auteur de l'Histoire des cala- infligé <i ceux qui s'étaient ligués contre le

mités de l'Eglise de Salzbourg, publiée par Seigneur et son Christ. Exemple en même
Pez^ et reproduite au tome CXCVI de la temps pour les siècles futurs, et que le nôtre
Patrologie, col. 1539-1552. en particulier ne doit point oublier '. Mais ^,„
L'auteur, qui se nomme seulement par Frédéric n'en persista pas moins dans ses
la première lettre de son nom, dédie son poursuites contre Adelbert, qui n'eut plus
ouvrage à son archevêque Adelbert ou Al- de secours à attendre que de Dieu seul. Mal-
bert alors exilé par l'empereur Frédéric.
,
heureusement le schisme introduisit la cor-
La cause des calamités qui fondirent sur ruption des mœurs dans le clergé de Salz-
l'Eglise de Salzbourg fut le schisme excité par bourg. L'archidiacre montre la nécessité „
1 .Maan, Ecoles. Turonens., Aug. Tur., 1067, In-fol., cem erigant, qui vires hostium suorum tam facile scit,
part. I, pag. 119-123. et potestfrangere et poteniiam conterere. Cujus vir-
2 Ibid., pag. 221. tutem considérons proptieta exclamai dicens : Quis
3 Ducliesne, Scripl. Rer. Gall., tom. IV, pag. 640, non timebit te, Rex saeculorum (Jer. xi)? Decuit plane
642, 680. sic Dominum nostrum Jesum Christum gloriam suam
' Hist. lut. de la France, tom. XIII, col. 582. demonstrare, ut et inimici ejus in sœculis superve-
5 Momtum, tom. CXCVI de la Patrologie, col. 1539. nientibus terrerentur et Ecclesia ejus de tam gloriosa
6 Ar>ecd., tom. II, part, m, pag. 197. liberatione sua usque in generationem et generationum
> Voici quelques paroles de notre auteur qu'on ne generationem g/orificaretur, et Iriumphatori immensas
saurait trop méditer Eant nunc, qui velint et ud-
: grattas ageret, laudesque débitas caneret. Patrologie,
versus Regem regum et Dominum duminantium cervi- tom. CXCVI, col. 1549.
|xii' SIÈCLE.) CHAPITRE LXV. — HENRL ARCHEVÊQUE DE REIMS. 731

pressante d'apporter des remèdes à ces cri- chancelier dans l'Eglise de Noyon. Les
mes, et il veut qu'on frappe de suspense ces prières de l'archevêque en faveur de ce cha-
ministres indignes. noine furent inutiles. En 1169, Henri et Hu-
Tout cet ouvrage respire l'amour de l'E- gues, évêque de Soissons, réconcilièrent les
glise; il est plein de piété et d'onction, en rois de France et d'Angleterre; il empêcha
même temps qu'il retrace avec exactitude les aussi le mariage de la GUe de Louis avec le
maux de l'Eglise à l'époque du scliisme. fils de l'empereur Frédéric, et le mariage de

H.iirï,sr. 3. Henri, frère du roi Louis VII, passa, en la fîUe de l'empereur avec le fils du roi. La

5ïJî,°îns! 1162, de l'évêché de Beauvais au siège de discipline n'était guère bien observée par les
Reims, et reçut le pallium du pape Alexan- chanoines de Reims Henri ne put parvenir
:

dre III. La première chose qui l'occupa fut à rétablir parmi eux la vie commune et les
,

l'élection d'un évêque à Cliâlons-sur-Marne. oÛ'orts du pape vers le même but furent pa-

Le comte de Champagne, et, par son impul- reillement sans résultat. Sur la fin de sa vie,
sion, le roi Louis, s'y opposaient. La contes- il eut beaucoup à souQVir de la guerre que
tation fut portée au pape on ne sait com-
; lui fit le comte de Troyes. Il mourut en 1 173,

ment elle se termina. Henri s'opposa à la re- le 13 novembre, et fut enseveli devant le

connaissance de l'antipape Octavienpar le roi grand autel. On vante son amour et sa libé-
de France, et à l'entrevue de ce prince avec ralité pour les savants '.

l'empereur Frédéric. Le pape Alexandre en- 4. Ses lettres, et celles qu'il reçut de plu- s«ieiir«.

tretint avec lui un grand commerce de let- sieurs personnages, sont reproduites ou in-
tres soit sur les afl'aires générales de l'Eglise, diquées, au nombre de vingt-deux, au tome
soit pour des aÛaires particulières. L'arche- CXCVI de la Patroloyie, col. 13C3-IC78. Il y jm- i

vêque Henri eut de grands démêlés avec les en a une à saint Bernard en faveur de l'é-
,

habitants de Reims et avec les chanoines de vêque d'Âlet; une à l'abbé Suger, ouille
son Eglise, parce qu'il voulait enlever aux prie de faire élire un autre évêque à Beau-
uns et aux autres certains privilèges. Il reçut vais, où on venait de l'élire; une à Pierre-le-

des reproches assez vifs du pape pour avoir Vénérable, où il lui dit que c'est par son con-
ordonné, en 1165, Gauthier évêque de Tour- seil qu'il a accepté la charge épiscopale; une

nai, malgré les réclamations des chanoines à sainte Hildegarde, dans laquelle il se re-
de Noyon, qui en avaient appelé au Saint- commande à ses prières. Sa lettre à Hugues
Siège; mais ces reproches n'altérèrent pas de Compiègne est une lettre d'amitit'; celle
l'amitié du pape et de l'archevêque. Dans le qu'il écrivit au roi Louis, en 1 139, est contre

même temps, en faisant la visite des diocèses l'antipape Victor; celle qu'il reçut d'Eberhard
de Flandre, Henri découviit des manichéens et celle qu'il écrivit à cet archevêque de Salz-

infectés de toutes sortes de vices. Il chercha bourg, sont en faveur du pape Alexandre.
à les faire rentrer dans l'Eglise; mais comme Dans la lettre huitième, écrite en 1163, il est
ses efforts étaient impuissants, il les frappa question de l'élection de l'évêque de Châlons;
de censures. Ils en appelèrent au Saint-Siège, dans celle qui suit, et qui est de l'an 1161, il
et Henri écrivit au roi Louis VII pour empê- informe ce prince du mauvais état de sa
cher le pape d'écouter leur appel. Le pape santé; dans une autre il lui recommande le
employa l'archevêque de Reims dans deux comte de Rouci. Dans la lettre écrite, en 1167,
affaires qui demandaient de la sagesse et de ù sessuffragants, décrit les dommages que
il

la prudence. II voulut qu'il portât, avec Guil- lui avait causés comte Henri. Dans la let-
le

laume, des statuts sur le gouvernement des tre à l'évêque de Laon, il se plaint de ce

écoles de Paris, et qu'il dénonçât les meur- que cet évêque avait refusé d'obéir à son ju-
triers de l'évêque de Cambrai. On voit que gement et à ses ordres à propos d'un prêtre du
Henri savait résister aux demandes du roi diocèse de Laon. La suivante, datée comme
son frère, comme le prouve le refus de lever les précédentes de l'an 1167, parle de l'en-
l'interdit jeté sur une terre du diocèse de trevue que le roi devait avoir avec les Nor-
Beauvais; mais il trouva, lui aussi, la même mands à Bélhisy. La lettre aux cardinaux et
résistance dans le pape, à propos d'un cha- celle au pape Alexandre, écrites toutes deux
noine régulier qui ambitionnait la place de en 1 168, sont pour faire révoquer la condam-

' Voyez la nolice de Ht-nri dans la Gallia chris- de la Puirolorjie, col. 1559-15ti6.

/l'anu, lou. IX; elle est reproduite au tome CXCVI


732 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
nation de Drogon chancelier de l'Eglise de
, à son dessein nous le verrons exprimer,
,

Noyon. Henri se plaint avec assez de liberté dans plusieurs de ses lettres, l'ardent désir
qu'après les services qu'il a rendus au Saint- qu'il avait de se réunir à une communauté
Siège, on ait si peu de ménagements pour les dont il fait un éloge magnifique. C'était en
personnes qu'il considère. Le pape se con- 1145, avant que Rualen, prieur de Clairvaux,
tenta de lui renvoyer une lettre honnête sans eût été envoyé à Rome pour gouverner le
lui accorder ce qu'il lui demandait, en lui monastère de Saint-Anastase, à la place d'Eu-
marquant que s'il n'obtempérait pas à ses gène m, qui venait d'être élu pape. A peine
désirs, ce n'était nullement par défaut de avait-il fait profession, qu'on lui confia l'of-
bon vouloir, mais parce que la marche des fice de secrétaire. Saint Bernard en avait
affaires ne s'y prêtait pas. L'an MG9, notre plusieurs, à cause de la multiplicité des affaires
arclievêque écrivit au pape en faveur de saint donl il était chargé. Le premier était Geof-
Thomas de Cantorbéry. Celte lettre a été froi d'Auxerre, auquel Nicolas fut donné pour
publiée dans les Actes de la provincede Reims, adjoint, et il avait lui-même d'autres écri-
ainsi que la précédente. Ervise, abbé de Saint- vains sous ses ordres, entre autres un nommé
Victor de Paris était chargé de remettre au
, Gérard de Féronne qu'il appelle le compa-
,

roi la lettre qu'Henri son frère lui écrivait en gnon de ses écritures.
laveur de Hugues de Champtleu'y, évêque Pendant qu'il était à Clairvaux, et vraisem-
de Soissons et chancelier de France, menacé blablement avant et après qu'il en fut sorti,
d'une disgrâce. Henri fit savoir à Hugues la dé- Nicolas faisait une espèce de commerce de
marche qu'il avait faite auprès du roi en sa livres. Quand
il en communiquait quelques-

faveur. L'an dl74, il écrivit au pape Alexan- uns, ordinairement à condition qu'en
c'était
dre pour se plaindre de l'mtrusion de Robert lui renvoyant l'exemplaire original on lui en
d'Arias sur le siège de Cambrai. La dernière donnerait gratuitement la copie. Il en em-
lettre, dans le recueil donné par les éditeurs pruntait aussi quelquefois pour les trans-
de Ia Patrologie , est de Nicolas de Clairvaux, crire, et nous voyons, dans une lettre adres-
secrétaire de saint Bernard. Henri était venu sée au grand prévôt de l'Eglise de Cologne,
s'enfermer à Clairvaux , mais iln'avait pu y pour le féliciter sur le voyage qu'il allait en-
rester à cause du triste état de sa santé. Ni- trepi-endre à la Terre-Sainte, qu'il ne craint
colas, dans sa lettre, déplore ce départ. A la pas de lui demander sa riche bibliothèque en
suite de ces lettres viennent quatre diplômes ces termes « Ayez soin de laisser aux pau-
:

ou chartes. vres de Jésus-Christ, afin qu'ils prient pour


5. moine de Moutier-Ramey, et
Nicolas, vous obtenir un Iieureux voyage votre plus ,

champenois de naissance, avait embrassé la précieux trésor, je veux dire votre magni-
vie religieuse dans cette abbaye, située à fique bibliothèque, pour laquelle vous n'avez
quatre heues de Troyes. Il s'était fait de son épargné ni dépenses, ni soins. » Nicolas, en
temps une assez bonne réputation d'homme sedévouant à la solitude de Clairvaux, ne
de lettres, et on voit qu'il avait formé des perdit pas de vue les amis distingués et nom-
disciples dans celte maison. C'était du reste breux qu'il s'était faits dans le monde. Non
un esprit insinuant qui sut se concilier l'es- content de leur écrire des lettres, il cherchait
time et l'affection des plus grands person- toutes les occasions de sortir de sa retraite
nages de son siècle. Dès l'an 1140, il jouait pour les aller voir. En écrivant à Pierre-le-
dans les affaires de l'Eglise un rôle assez Vénèrable, il redouble d'instances pour qu'il
considérable. Il avait assisté au concile de luiobtienne de saint Bernard la faveur d'al-
Sens, et saint Bernard le députa à Rome, en 1149, et ce ne fut pas
ler à Cluny. C'était
chargé de ses lettres, pour y poursuivre la sans peine que l'abbé de Cluny, après avoir
condamnation d'Abailard, et prémunir la cnur écrit plusieurs lettres très-pressantes, sur-
romaine contre les intrigues d'un homme qui monta la résistancede l'abbé de Clairvaux.
se vantait d'avoir beaucoup de partisans dans Voici la d'une de ses lettres qui contient
fin
le sacré collège. Nicolas atteste que dans ses un éloge de ce moine tel que l'attacbement
,

fréquents voyages il s'y était l'ait lui-même le plus sincère, la reconnaissance la plus vive
beaucoup d'amis. La grande réputation dont el le délire de l'amitié peuvent seuls l'inspi-
jouissait alors dans l'Eglise saint Bernard, rer. « A quoi se réduit ma demande? dit-il à
lui fil naître l'envie de se retirer sous sa dis- saint Bernard en terminant. Est-ce que je
cijiline. Malgré les obstacles qu'il rencontrait vous demande d'appauvrir pour moi vos gre-

£\,U^Vi-^ «l^LVi. ^
[XII" SIÈCLE.] CHAPITRE LXV. NICOLAS, MOINE DE CLAIRVAUX. 733

niers et de prendre sur vos trdsors, si vous en puisse déterminer d'une manière certaine la
possédiez? Non, toutce quejevousdemande, retraite qu'il y choisit. Il parait qu'après bien
ii
c'est de m'envoyer Nicolas. Envoyez -moi des courses, il monas-
revint à son premier
Nicolas. » tère de Moutier-Ilamey, où, malgré la forte
Eh bien ce fourbe dont ces deux grands
! atteinte portée par lui-même à son honneur,
personnages avaient fait leur confident tra- , il jouissait encore auprès des grands et des

hissait son supérieur et trafiquait du crédit personnes en place d'une assez grande con-
que son maître avait dans l'Eglise en con- , sidéialion. Nous avons du pape Adiien IV
trefaisant h son profit de fausses signatures. deux lettres qui lui sont fort honorables, et
Voici le portrait que fait saint Bernard de cet dans lesquelles il l'appelle son cher fils et
hypocrite, dans une lettre qu'il écrivit au lui témoigne une grande afJection; une lettre

pape Eugène, après que ses fourberies eurent du pape Alexandre III, de l'année 1160,
été découvertes, et le coupable obligé de prouve que le moine Nicolas avait beaucoup
prendre la fuite. « Ce Nicolas, que vous con- agi pour le faire reconnaître eu France, mal-
naissez, est sorti d'entre nous parce qu'il gré les efforts de l'antipape Victor, appuyé
n'était pas des nôtres il est sorti, laissant
; par l'empereur d'Allemagne. Le Pape le re-
après lui de honteux souvenirs. Il y a long- mercie de tout ce qu'il a fait pour lui, et
temps que je connaissais le personnage mais ; l'exhorte à continuer ses instances pour lui
j'attendais ou que Dieu le converlît, ou qu'il gagner des partisans. Il lui annonce qu'il l'a

se trahit lui-même comme Judas ce qui est : recommandé par des lettres particulières à
enfin arrivé. Outre des livres de l'argent et , l'évêquedeSoissons, Hugues de Champfleuri,
plusieurs pièces d'or, on a trouvé sur lui, à chancelier de France, h Samson, archevê-
sa sortie, trois cachets: le sien propre, celui que de Reims, et à Henri-le-Libéral comte ,

du prieur et le mien; non l'ancien, mais le de Champagne. Il paraît qu'il sut tirer parti
nouveau, celui que j'avais fait substituer au de ces recommandations, car nous voyons
premier à cause de ses fourberies et de l'a- par une lettre d'Arnoul, évêque de Lizieux,
bus qu'il en faisait lorsqu'il pouvait le déro- que Nicolas remplissait dans la maison du
ber. Il lui rappelle que dans une lettre pré-
)) comte un emploi qui ressemble beaucoup à
cédente, il lui avait fait sur son compte bien celui de secrétaire ou de chancelier mais, ;

des révélations, mais sans le nommer; puis ce qu'il y a de fâcheux pour lui, c'est qu'il
•Ti-^
il ajoute « Qui peut dire combien il a écrit
: s'agit encore/dans cette lettre, d'une falsifi-
de lettres en mon nom, dans lesquelles il a cation de signature et d'escroquerie que ,

mis, à mon insu, tout ce qu'il a voulu? Que Nicolas voulait faire retomber sur un jeune
ne puis-je purger votre cour papale des im- ecclésiastique du diocèse de Lizieux, qu'il

mondices de ses impostures? Comment m'y avait attiré auprès de lui. Nous ignorons s'il
prendrai-je pour laver ma communauté des se lira de cette affaire avec honneur, mais il
reproches que sont en droit de lui faire les est certain qu'il retourna dans sou monas-
peisounes que ce fugitif a trompées, quoi- tère. Si l'on eu excepte une lettre adressée A
qu'elle en soit bien inuoceute? Il a été con- Ciiiillauine de Champagne, élu archevêque

vaincu en partie, et il a confessé d'ailleurs de Reims en 1176, c'est le dernier Irait que
qu'il vous avait écrit plusieurs fois des choses nous connaissions de la vie de Nicolas; il
fausses. Je m'abstiens, pour ne souiller ni était digne de la couronner. Aucun monu-
mes lèvres ni vos oreilles, de parler de ses ment ne nous apprend l'époque de sa mort.
infamies, qui sont connues que tout le pays
si 11 ne nous reste de lui que des lettres et des

vous trouver (car il se


se les raconte. S'il va sermons.
vante d'avoir de bons amis h la cour), sou- 6. Ses lettres, au nombre de cinquante-
venez-vous d'Arnaud de Hresce il est encore : cinq, ont été recueillies par lui-même, à la
plus méchant qu'.\rnaud. n C'était preiuire demande de Henri, frère du roi Louis-le-
le pape par l'endroit le plus sensible. Enfin Jeune. alors religieux à Clairvaux. Ce sont
il qu'on enferme Nicolas pour tou-
est d'avis celles qu'il écrivit pendant le séjour de qua-
jours, ou du moins qu'on le réduise h un tre ou cinq ans qu'il fil dans ce monastère,
éternel silence. et toutes respirent la ferveur vraie ou simu-
Ceci se passait en ilol.-On croit couuuu- lée dont il était animé pour le nouveau
némont que, pour écliappcr à l'orage, ce genre de via qu'il avait embrassé. Quoique
moine passa en Angleterre; mais sans qu'où presque toutes ascétiques et dénuées d'un
.

734 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


intérêt majeur, elles ne sont pas tout à fait il, ma petite cellule, car elle est très-agréa-
indifférentes pour de l'é-
l'histoire littéraire ble à voir et très-propre au recueillement.
poque où il écrivait, et surtout pour l'his- Elle est remplie de livres bien choisis et di-
toirede l'ordre de Citeaux, qui jetait alors vins; à leur aspect je suis portéau mépris
dans toute l'Europe une lumière éclatante. de toutes du monde, considérant
les vanités
Dans la première, qui sert de préface à tou- que tout est vanité, et que rien n'est plus
tes les autres, Nicolas parle très-modeste- vain que la vanité. On me l'a donnée pour
ment de son stj'le. Il l'adresse à Henri de y lire, écrire, dicter, méditer, prier et ado-
France et à Gérard, que nous l'avons vu ap- rer la majesté de Dieu.
peler ailleurs le compagnon de ses écritures, La trente-neuvième est une des plus belles, v- (,v

pour leur dire qu'il consent à les en faire Elle est adressée à Henri de France, qu'une
dépositaires, mais à la condition qu'elles ne maladie avait obligé de quitter Clairvaux
seront pas rendues publiques. Celte lettre pour aller ailleurs rétablir sa santé. Nicolas,
est datée de l'an H49, c'est-à-dire avant que en exprimant la tristesse qu'il éprouvait de
le prince Henri eut été promu à l'évéché de l'absence d'un ami tel que lui, amène fort
Beauvais. Dans le compte que nous ren- ingénieusement l'éloge d'un prince qui, pour
drons des autres, nous dirons seulement un son dévouement à la vie religieuse était ,

mot des plus intéressantes. alors l'admiration de tout le monde. On voit


La lettre quinzième est écrite à un de ses dans cette lettre l'intimité qui régnait entre
confrères deMoutier-Ramey, dans le dessein Nicolas et Henri, et la haute estime que le

de l'attirer à Clairvaux. II lui dépeint en prince faisait du littérateur.


beau le genre de vie que l'on y mène et La lettre quarante - troisième n'est pas
l'emploi dont on l'avait chargé. «Vous sa- moins spirituelle. Elle est adressée à Rua-
vez, lui dit-il, que je suis parmi des hommes len, prieur de Clairvaux, qui avait été ap-
chez qui la discipline régulière, la gravité pelé à Rome pour gouverner le monastère
des mœurs, maturité des conseils, accom-
la de Saint-Anastase, à la place d'Eugène III,
pagnées d'une dignité et d'une taciturnité élu pape en 114.5. Nicolas avait été reçu par
imposante sont dans toute leur vigueur.
, lui à Clairvaux; il lui témoigne en beaux

Tandis qu'ils ne sont occupés que de Dieu termes le regret qu'il éprouve de l'avoir
seul, je voudrais bien ne pas me singulari- perdu. A la fin il lui parle d'un couteau d'i-
ser, et n'être pas obligé de manier le stylet voire, faitde main d'orfèvre, opère argenta-
et les tablettes, pour courir de nouveau rto, qu'il envoie. Ce couteau avait un
lui

après les belles phrases et la pompe des manche de bois d'Hibernie d'autant plus
mots. Cependant je ne fais autre chose du précieux que ce bois avait la vertu de gué-
matin au soir. Que Dieu le pardonne à ceux rir des morsures des bêtes venimeuses c'é- ;

qui m'ont imposé un tel emploi, et qui m'ont tait un arbre miraculeux que l'on disait

mis dans la nécessité d'écrire sans cesse des avoir été planté par un saint homme (saint
lettres et des réponses. » Cet ami lui avait Patrice probablement), et que l'on conser-
envoyé des vers de la composition d'un de vait religieusement comme une relique.
ses confrères, nommé Gautier. Nicolas ré- Aussi ce ne fut pas sans peine que Nicolas
pond qu'il ne les a pas lus et qu'il ne les lira avait obtenu ce bijou de celui qui en était le
pas, parce qu'à Clairvaux la lecture des poé- possesseur.
sies est défendue. si concentré à Clair-
Nicolas n'était pas
Dans la lettre suivante adressée à ce Gau- vaux, ne lût en relation suivie de lettres
qu'il
tier, jeune homme de grande espérance, avec deux hommes célèbres de son temps,
qu'il avait formé et auquel il parait fort at- Pierre, abbé de Moutier-la-Celle, près de
taché, il fait la description de son labora- Troyes, et Pierre le Vénérable , abbé de Cluny
toire. « J'ai, dit-il, à Clairvaux, un petit ca- Les lettres 24, 28, 48, 49, 52, sont adressées
binet pour écrire, scriptoriolum, entouré de au premier de ces deux personnages. Dans la
tous côtés de laboratoires célestes... Là, sous première il lui envoie deux ouvrages de
une discipline très-exacte, chacun lit en son saint Bernard, qu'il venait de mettre au net.
particulier les livres saints, non pour faire Il le prie de/ les faire transcrire le plus tôt r(,T,

parade de son savoir, mais pour y puiser possible, et en procurer un exem-


de lui

l'amour du souverain bien, lu componction plaire pour sou usage. Dans la seconde, il
et la dévotion... Ne méprisez pas, ajoute-t- lui donne des avis pour le gouvernement de
CHAPITRE LXV. — NICOLAS, MOINE DE CLAIRVAUX. 735
son monastère, qui, selon la peinture qu'il puisse au moins passer à Cluny les fêtes de
en fait, était dans un état déplorable. A la PAques ; il lui annonce qu'il portera avec lui
fin, il lui recommande un maître Jean, que l'histoire d'Alexandre le Grand et le livre de
nous croyons Jean de Salisbury. Dans la
être saint Augustin coutre Julien d'Eclane, qu'il
troisième, il se plaint qu'une lettre à lui avait emprunté pour corriger l'exemplaire
confiée pour un jeune religieux de Moutier- de Clairvaux. Pierre le Vénérable redouble
llamey, ait été remise à l'abbé, qui sans d'instances auprès de saint Bernard et ,

doute y était assez maltraité, comme il l'est comme Nicolas lui en avait témoigné le dé-
dans la trente-huitième, qui roule sur le sir, il écrivit encore au prieur et au cellerier

même sujet. La lettre suivante est fort cu- de Clairvaux; enfin il lui mande à lui-même
rieuse. Elle contient les réUexions que Nico- les démarches qu'il a tentées pour vaincre
las avait faites sur les misères de la vie hu- la résistance de saint Bernard. Il y a appa-
maine, pendant le loisir que lui laissait l'u- rence que Nicolas obtint à la fin ce qu'il dé-
sage périodique de la saignée, à laquelle ardemment. Pierre le Vénérable fit
sirait si
étaient astreints les religieux de Citeaux. en H5Û un voyage à Rome, et à son retour,
En paraphrasant ce passage du livre de Job : ilne manqua pas d'instruire de son succès
Nomo natus de muliere, brevi vivens tempore, l'abbé de Clairvaux. Ayant oublié de faire
repletur multis miserih, il avait avancé que le même honneur à Nicolas, celui-ci s'en
le corps n'étant qu'un composé de parties, plaignit par une
que nous n'avons plus,
lettre
est un être vivifié, vivens; l'âme étant une comme d'un manque
d'égards. L'abbé de
substance simple, est ce qui vit en nous, Cluny lui répondit pour le rassurer sur la
viva. mais Dieu, qui est une substance sim- constance de son amitié; il le prie de lui
ple et unique dans son espèce, est propre- ménager une entrevue avec saint Bernard,
ment la vie,vita. Celte distinction donna et leprévient qu'il a écrit encore, alin qu'où
lieu à une discussion très-métaphysique en- luipermît de le venir trouver. Là finit la
tre lui et l'abbé de Celle. Celui-ci ne vit dans correspondance avec Pierre le Vénérable.
la distinction de Nicolas que du verbiage et Nous finirons cette revue, que l'on trou-
de l'obscurité; il le dit lui-même : il le lui vera peut-être trop rapide, des lettres les
dit sans ménagement dans la lettre qu'il lui plus intéressantes de Nicolas, par ce portrait
répondit; et Nicolas lui riposta, dans sa let- qu'il fait de sa conduite passée, dans sa let-
tre cinquième, en appuyant assez bien sa tre quarante-cinquième u Sous les dra-
:

distinction de l'autorité de Mamert Clau- peaux de Jésus-Christ, je cachais un homme


dien. adonné à toute sorte de vices, et tout en
La correspondance que Nicolas] entretint faisant partie du patrimoine du crucifié, et
avec Pierre le Vénérable n'est pas moins , malgré le prix des plaies de mon Sauveur,
honorable pour lui. Parmi les lettres de je montrais non-seulement au dedans du
l'abbé de Cluny, il y en a plusieurs qui lui sancluaire, mais même au dedans du Saint
sont adressées; une entre autres, dans la- des saints, un moine sans règle, un prêtre
quelle il lui recommande une lettre qu'il sans retenue, sine reverentia, eufin, je ne me
écrivait à saint Bernard pour cimenter l'u- souviens pas d'avoir bien vécu un seul jour
nion entre les deux congrégations, et faire de ma vie. » Ce retour sur lui-même était
cesser les petites animosités qui divisaient louable sans doute, mais il ne suilil pas
les clunistes et les cisterciens. Nicolas lui pour devenir un autre homme, de changer
répond qu'il espérait l'aller trouver bientôt, d'habit; nous avons vu que tout cela n'était
l'.n attendant renvoie deux de ses let-
il lui qu'hypocrisie. On peut juger par les quel-
tres, avec de saint Bernard De con-
le traité : ques détails que nous en avons donnes du
siderationc. Il du succès qu'avait eu
iinslruit mérite de ses lettres. Elles ne sont guère
s;i déiision pour déterminer le prince Henri recommandables que par le style; mais
à accepter l'évéché de Beauvais. Daus une elles sont si mal imprimées dans la Bildio-
autre lettre, l'abbé de Cluny l'informe des theque des Pères, que, malgré les soins de
\ instances qu'il avait faites au[>rès de saint Jean Picard qui les a éclaircies par des
,

Bernard pour qu'il lui permit de venir pas- notes, elles perdent beaucoup do leur agré-
ser à Cluny les fêles de Noël. Nicolas, voyant ment. La ponclualion surtout y est si vi-
<iu'il ne pouvait rien obtenir, [irie le véné- cieuse, qu'on a bien de la peine A saisir la
rable abbé d insiblrr davantage, afin (ju il pensée de l'auteur.
73G HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
nions. 7. Ces sermons sont au nombre de dix- les plus familières, que pour le fond et la

i'coL neuf. Dans l'épitre dédicatoire à Henri le manière de traiter ses sujets. 11 cite presque
Libéral, comte de Champagne, Nicolas dit toujours l'Ecriture sainte dans un sens allé- 5^^
qu'il les avait composés dans son jeune gorique et peu naturel; mais ce n'est qu'un
âge, et on s'en aperçoit bien à la manière mauvais copiste, qui reste bien loin de son
superficielle avec laquelle il traite ses sujets.
C'est un jeune orateur qui court après les Le seizième sermon, intitulé De l'méne-
phrases, qui fait des amplifications de rhé- ment du Seigneur et de la bienheureuse Marie,
torique et entasse les lieux communs. Cela se trouve aussi parmi les œuvres faussement
empêché qu'on ait attribué plusieurs
n'a pas attribuées à saint Bernard. Oa y remarque
de ses discours à saint Pierre Damien et à cette idée singulière, que l'ange Gabriel,
saint Bernard, parmi les œuvres desquelles lorsqu'il fut envoyé à Marie, était porteur
ils ont été souvent imprimés. Nous suivons d'une lettre contenant « la salutation à la
dans notre revue l'ordre que Nicolas leur a Vierge, l'incarnation du Verbe, la plénitude
donné. de la grâce, la grandeur de la gloire et la
". Le premier est sur la nativité de saint multitude de la joie. » Il y cite aussi Platon
f

Jean-Baptiste on le trouve parmi les ser-


;
et Le dix-septième fut prêché la
Aristote.
mons de Pierre Damien. Dom Mabillon, qui veillede Noël. C'est le troisième sur la nais-
l'a réimprimé parmi les œuvres supposées sance du Seigneur, imprimé par dom Mabil-
de saint Bernard, doute qu'il soit de Nicolas, lon parmi les écrits supposés.
parce que l'auteur, au nombre V, avoue que Le sermon dix-huitième sur la naissance
de son temps l'Eglise ne célébrait d'autre du Sauveur a été attribué à saint Pierre Da-
naissance que celle de Jésus-Clirist et de mien et à saint Bernard, quoique l'auteur
saint Jean; quoiqu'il soit constant, par les dise formellement qu'il a emprunté du sei-
lettres de saint Bernard, qu'à cette époque, gneur abbé de Clairvaux les pensées dont
l'Eglise faisait une nouvelle fête solennelle il s'est servi. Dom Mabillon l'a réimprimé
de la naissance de la sainte Vierge, et que plus exactement parmi les œuvres suppo-
Nicolas lui-même a laissé un sermon sur sées. On y voit que Nicolas avait lu avec
cette solennité. Mais comme elle était alors plaisir les bons auteurs latins. « Autrefois,
d'institution assez nouvelle, il est probable dit-il, Tullius me plaisait, Virgile me char-
que l'auteur voulait parler de l'ancien usage mait; c'étaient comme deux sirènes qui,
de l'Eglise, qui, dans l'origine, ne célébrait pour ma perte, m'avaient enchanté par la
d'antres naissances que celles de Jésus-Christ douceur de leur voix; mais maintenant tout
et de saint Jean-Baptiste. m'est insipide dès que je n'y trouve pas le
rin.27. Le second sermon est pour la fête des nom de Jésus. » 11 rapporte, d'après une
apôtres saint Pierre et saint Paul, qu'il com- histoireapocryphe, que les Romains avaient
pare à deux oliviers; le troisième pour celle bâti un temple d'une beauté singulière aux
de saint Benoit; le quatrième, pour celle de dépens de la ville et du monde entier, en
sainte Marie-Madeleine le cinquième, pour
; mémoire des victoires de leurs ancêtres;
la mémoire de saint Pierre délivré des liens; qu'ayant demandé aux oracles combien
le sixième, pour la tète de l'Assomption de pourrait durer un si bel ouvrage, la réponse
la sainte Vierge; le septième, pour celle de fut : « Jusqu'à ce qu'une vierge enfante. »
sa Nativité; le huitième, pour l'Exaltation de Comme la chose leur parut impossible, ils
la sainte croix; le neuvième, pour la fête des appelèrent ce temple l'Eternel. Il ajoute
saints anges; le dixième, pour la dédicace que ce temple fut renversé la nuit même
d'une église; le onzième, pour la fête de où Jésus-Christ vint au monde. Baronius,
saint Victor; le douzième, pour celle de tous au commencement de ses Annales, réfute ce
les saints; le treizième, pour celle de saint petit conte, et prouve que le temple de la
Martin; le quatorzième, pour celle de saint Victoire ne fut bâti que par l'empereur Ves-
André; le quinzième, pour celle de saint pasien, longtemps après la naissance du
Nicolas. Ces deux derniers sont également Sauveur. Mais Nicolas trouvait l'anecdote
imprimés parmi les œuvres supposées de ti'op pour la révoquer en doute. Le
belle
saint BernardfOn voit que dans tous Nicolas dernier sermon de la collection de Nicolas est
a atfecté d'imiter le saint docteur, tant pour sur la fête de saint Etienne il est écrit dans le
;

le style, en lui empru)itant ses expressions goût des autres, et n'oU're rien de particulier.
[xir SIÈCLE.] CHAPITRE F.XV. — NICOLAS MOINE DE SAINTAI.RAN. 7.37

Nicolas, dans sa lettre au comte Henri, se n'est appuyée ni sur l'Ecriture, ni sur la
(lit auteur de quelques opuscules qu'il lui tradition, et que l'Eglise romaine, d'ailleurs,
envoie. On lui altriljuc encore quatre ou n'a rien prononc»'^ là-dessus. 11 blâme Nico-
cinq sermons parmi ceux de saint Dei'iiard, las du peu de respect qu'il témoigne pour la
sur divers sujets; un commentaire sur quel- mémoire de saint Bernard; et, à cette occa-
ques versets des psaumes; des répons et sion, il fait un grand éloge de ce saint et de
des leçons pour les fêtes de la Croix et de la tout l'ordre de Citeaux. Mais, dans le vrai,
sainte Vierge; des Séquences ou proses ri- il va plus loin que le grand abbé de Clair-
mées pour l'otHce de l'Eglise. On ne trouve vaux, en prétendant que Marie, avant d'a-
plus ces ouvrages. voir conçu Veibe, a. senti, non pas à la
le
Les lettres de Nicolas sont reproduites au vérité les premières amorces de la concu-
tome CXGVI de la /'alro/vi/n\ col. l.'iS'J-lG.Si. piscence, mais les empêchements de la fra-
Les sermons sont au tome CXLIV, parmi les gilité humaine; ce qu'il lui parait nécessaire
œuvres de saint Pierre Damien. ils forment d'admettre pour dire qu'elle a pu mériter ou
les neuf, onze, vingt-trois, vingt-six, vingt- démériter.
sept, vingt-huit, quarante, quarante-trois, qua- Nicolas, comme de raison, fut choqué de
rante-quatre, quarante-sept, cinquante-deux, ces paroles, qui lui parurent une injure en-
cinquante-trois , cinquanle-six , cinquante- vers la Mère de Dieu; il prit la plume pour
sept, cinquante-neuf, soixante-un, soixante- les réfuter. «Puisque notre ami Pierre, dit-
soixante-dixième sermons attribués à
trois, il, sonne aujourd'hui de la liompette, pour
,^_ee saint docteur. persuader que la Vierge a senti le péché, et
„, 8. Nicolas, moine de Saint-Alban, que en le sentant l'a combattu, il ne m'est plus
!i87. l'on asouvent confondu avec celui de Mou- permis de dissimuler; la patience m'échappe,
lier-Ramey, dont nous venons de parler, il laut que j'élève ma voix pour combattre
ù cause du séjour que ce dernier fil en une telle assertion. » Venant à saint Ber-
Angleterre, n'est connu que par une dis- nard, qu'ayant été mis depuis peu au
il dit
cussion qu'il soutint contre Pierre de Celle, nombre des saints, il n'est plus justiciable
en faveur de l'immaculée conception de la des hommes; mais si l'on ne peut plus dou-
sainte Vierge. Ce religieux voulait établir ter de sa gloire, il est toujours permis de
comme un dogme cette vérité si heureu- disputer sur ses écrits. 11 apporte pour
sement définie de nos jours, et il avait com- exemple saint Cyprien, dont toute l'Eglise
posé sur ce sujet un écrit qui avait donné révère la mémoire, sans adopter cependant
lieu à l'altercation dont nous venons de par- toutes ses opinions. « 11 en est de même,
ler entre ces deux savants. Plusieuis années ajoute-t-il, de saint Bernard et sa sainteté ;

s'étaient écoulées sans que, de part et d'au- reconnue ne m'oblige nullement à penser
tre, on eût repris la plume, lorsque l'abbé comme lui sur la conception. » Il prétend
de Saint-Remy écrivit au nmine Nicolas pour même que les cisterciens avaient abandonné
savoir s'il persévérait dans son sentiment. son sentiment; rapporte à ce sujet une
et il

Nous n'avons pas sa réponse; maison voit vision d'un frère convcrs de Clairvaux, à qui
par la réplique de cet abbé que, bien loin saint Bernard apparut après sa mort, revêtu
d'avoir changé d'opinion, le savant anglais d'un habit blanc comme la neige, mais qui
l'appujait de nouvelles preuves et si multi- avait une tache rousse à la poitrine. Le frère
pliées,que lui-même n'a3'aut pas le temps en ayant demandé la raison, le saint lui ré-
de reprendre en détail tout ce que Nicolas a pondit C'est la marque de ce que j'ai
: (I

avancé, se borne relever les principaux


i'i souil'ert en puigatoire, pour avoir mal écrit
points de la controveise; A condition, dit- <i sur la conception de Marie. Cette vision, .)

il, que la paix ne sera point troublée entre ajoute Nicolas, fut mise par écrit et envoyée
nous, et que nous supporterons palicmment au chai)itre général de l'ordre; mais les
de part et d'autre les termes un peu durs pères de Citeaux la brûlèrent, aimant mieux
qui pourraient nous échapper. » Cette pré- porter atteinte ii la gloire de Marie qu'à la
caution n'était pas supcrilue, car les termes bonne opinion dont jouissait saint Bernard.
n'avaient été ménagés d'aucun Après
cùté. C'est ce que Nicolas déclare avoir appiis de
ce préambule, l'ierre de Celle entrant en quelques cisterciens vertueux et savants.
matière, se déclare pour le sentiment de Venant ensuite au fond de la question, il
saint Uernard, et dit (jue l'opinion contraire avance ijue la sainte Vierge a triomphé de
XiV. 47
738 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
tous les vices, non pas en les combattant vous la vérité. » Il lui reproche d'avoir mis
tous,mais en n'éprouvant le sentiment d'au- trop à nu des choses capables d'alarmer la
cun. même, dit-il, ce que l'abbé Ber-
« C'est pudeur. 11 fait ensuite une profession de foi
nard, sur l'autorité duquel vous vous fon- très-claire sur les prérogatives singulières de
dez, a écrit et pensé. Car la raison pour la- Marie. 11 prétend que leur dispute est moins
quelle il approuve la fêle de la Nativité de dans les choses que dans les mots, puisqu'ils
Marie, c'est que celle qui a été conçue dans étaient l'un et l'autre également dévoués au
le péché, selon lui, comme tout le genre culte de la Vierge. ((Néanmoins, ajoute-t-il, il

humain, est née sans péché, par une grâce y a cette différence entre vous et moi, que
accordée à un très-petit nombre d'hommes. je m'attache au vrai et au solide, au lieu
Or, si elle est née sans péché, conséquem- que vous ne cherchez qu'à accréditer les
ment elle a vécu sans péché; d'où il suit idées de certains dévots aux dépens de la
encore qu'elle quitte ce monde sans avoir vérité. » Il en donne pour preuve ces paroles
ressenti les atteintes du péché. Mais, dites- de Nicolas h Comme le Fils est tel que le
:

vous, elle a ressenti le péché sans contrac- Père dans le ciel, de même la Mère est telle
ter la tache du péché. VoiLà, je l'avoue, ce que le Fils sur la terre. » ((0 notre Dame — !

que je ne comprends point. Si vous enten- s'écrie à ce propos Pierre de Celle, pardon-
dez par là qu'elle a éprouvé la peine et les nez-lui ces paroles qui doivent infiniment
suites du péché originel, comme la faim, la vous déplaire. N'êtes-vous pas la servante
soif, le froid et les autres misères de la vie, ainsique la mère de votre fils? Vos yeux
cela est vrai, et cela joint à une grande clia- ne sont-ils pas dans les mains du Seigneur
rité et à une pureté incomparable, a dû suf- votre fils, comme
ceux de la servante sont
fire pour lui faire acquérir des mérites, sans dans les mains de sa maîtresse ? Ni lor de
la mettre aux prises avec le démon de l'impu- l'Ethiopie ni les précieuses teintures de l'Inde
reté. Sur ce que Pierre lui avait reproché
)) ne peuvent être comparés à ce Fils, parce
de soutenir une opinion qui n'est point fon- que nul ne s'est trouvé semblable à lui sur
dée sur la parole divine, il répond « Si : la terre; il est le seul et l'unique, et il n'est
j'écris quelque chose de la Vierge que je personne au monde qui puisse aller de pair
n'aie point lu dans le canon des Ecritures, avec lui. 11 vous suffit, ô Vierge sainte, d'ê-
cependant cela est à la louange de la Vierge tre assise à sa droite, non à titre d'égalité
et de son fils; et à l'occasion des Ecritures de condition, mais à raison de la gloire et
canoniques, j'écris ou des choses vraies, de la félicité stable qui vous est commune à
quoique non évidentes, ou des choses vrai- l'un et à l'autre. « Cette lettre, mêlée de
semblables et très-catholiques. On présume politesse et de duretés, finit par demander
avantageusement de la Vierge bien des cho- pardon à Nicolas de ce qu'il peut y avoir lu
ses qu'on ne lit nulle part, et on doit s'en d'incivil et de choquant. 11 lui témoigne en-
tenir à ces présomptions jusqu'à ce que le suite le plaisir qu'il éprouverait à voir celui
contraire soit prouvé. dont il avait admiré les écrits. Nous ne con-
Cette lettre ne ferma pas la bouche à no- naissons rien autre chose des productions
tre abbé; il y répondit par une autre lettre de cet auteur. Sa lettie fait partie du li-
en tête de laquelle il prend le titre d'évêque vre IV de la CoUecfion des lettres de Pierre de
élu de Chartres. « Dans la lettre très-mor- Celle '.

dante que vous m'avez écrite, lui dit-il, vous On la trouve au tome CCII de la Patrolo-
faites des syllogismes très-subtils,
ou plutôt gie, col. 022.
des paralogismes, car vous n'avez pas pour

' Ce Duméro est emprunté avec quelques modiû- cations il {'Histoire litt&aire de la F'-aiice. {Ledit.)
[xii'siÈCLE.] CHAPITRE I.XYI. — RAOUL LE NOIR, MOINE DE SALNT-(iERMER.

CHAPITRE LXM.

Raoul le Noir, moine de Saint-Germer; [Gauthier de Saint- Victor,


vers 1181; Godefroy de Viterbe, vers 1191.]

[Fxrivaius latins.]

1. Cel écrivain a mérité les éloges de tous guraent de la foi chrétienne se tire de l'ac-
ceux qui ont son comraenlaire sur le Lévi-
lu complissement des prophéties de l'Ancien
tique. Il élail moine de
l'abbaj'e de Sainl-Ger- Testament dans le Nouveau où l'on a vu
nier de Flaix, ordre de Sainl-Benoil dans le s'accomplir eu Jésus-Christ ce qui avait été
diocèse de Beauvais, et vivait, selon Albéric dit de lui par les prophètes mille ans aupara-
de Trois-Fontaines ', dans le xii' siècle. Les vant. C'est aussi l'argument dont se sert l'a-
ouvrages qu'on lui attribue, sont une Expli- pôtre saint Pierre dans sa seconde épitre, où
cation du Lévitique, un commentaire sur le il dit : Nous avons les oracles des prophètes, mpo
Cantique des Cantiques, un sur les Epi très de dont la certitude est maintenant plus affermie
saint Paul, une Histoire de France et une par l'événement, auxquels vous faites bien de
Chronique. Si ce commentaire sur le Cantique vous arrêter, comme à une lampe qui luit
dfis Cantiques est le même que l'on a imprimé dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour
quelquefois parmi les œuvres de saint Gré- commence à vous éclairer, et que l'étoile du
goire-le-Grand,ilest, non do Raoul le Noir ^, matin se lèie dans vos cœurs. Raoul prouve
mais de Raoul, abbé de FontencUe. ou de que dans un grand nombre d'exemples tirés
Saint-Wandrillc, on bien de Robert de Tom- des prophéties d'Isaïe, de Jérémie, d'Ezé-
blaine, abbé de Saint-Victor de Bayeux. Les chiel, et des autres livres de l'Ancien Testa-
autres ouvrages attribués à Raoul le Noir ne ment, que les mystères de la religion chré-
sont pas venus jusqu'à nous. 11 ne nous reste lienne ont éli' annoncés, non-seulement par
que ce qu'il a fait sur le Lévitique; voici les oracles des prophètes, mais encore par
quelle en l'ut l'occasion. dill'érentes figures qui étaient comme les om-
2. Etant en conversation avec ses confrè- bres de la vérité. Ces figures lui paraissant
res quelqu'un proposa les motifs de l'entê-
', beaucoup plus enveloppées dans le Léviti-
tement des Juifs dans leur religion et les ar- que, que dans les autres livres de Moïse, il
guments dont ils se sei valent pour combattre choisit ce livre exprès pour montrer que tout
les véritésde la religion chrélienne. Quel- ce qui est dit du tabernacle et des sacrifices,
ques-uns combattirent leurs motifs et leurs était figuratif, et s'est accompli réellement
arguments; d'autres en lurent ébranlés, et dans la loi nouvelle.
seraient demeurés dans l'incertitude du choi.x Ce commentaire est divisé en vingt li-
3. r.,

qu'ils devaient faire entre les deux religions, vres. Raoul donne dans les cinq premiers "i"
s'ils fait attention à l'autorité de l'E-
n'eussent l'explication de ce qu'on lit du tabernacle
"J^'^

glise, dont ils avaient sucé la doctrine avec dans le livre de l'Exode, et dans celui du i".

le lait. Raoul gémit de ces perplexités cl ; Lévitique et fait voir par le témoignage de
;

voyant qu'elles avaient leur source dans l'i- saint Jean, et de saint Paul dans l'Epitre aux
gnorance du vrai sens des divines Ecritures, Hébreux, que le tabernacle était la figure du
il crut qu'il devait s'appliquer à les leur dé- corps de Jésus-Cinisl. 11 applique aux cir-
velopper. En ellet, quoique la vérité de notre constances de la passion ce qui est dit des
religion soit bien constatée, et par les mira- hosties que la loi ordonne d'oUrir au Sei-
clesde Jésus-Christ et de ses apùtres, et par gneur; et parce que Jésus-Christ était en
le sang que tant de martyrs ont répandu même temps victime et sacrificateur, il en
pour lui rendre témoignage, le principal ar- trouve la figure dans les fils d'Aaron, dont

'
Alber., ad on. 1157. »Tom. XVll ttililiol- l'ai., odit. (.\igd.. pag. <8.
* Voyez toiD, XI, pag. 548.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
en eft'el il descendait selon la cliair, étant né aussi facileque solide, saint Paul l'ayant
également de la race royale selon David, et faite dans son Epitre aux Hébreux. Raoul

de la sacerdotale selon Aaron. applique de même à Jésus-Christ et à son


4. Dans les sixième et septième livres, il Eglise ce qu'on lit dans le seizième chapitre

donne le sens allégorique et moral des céré- du Lévitique. Raoul nous fait remarquer que
monies de la consécration d'Aaron et de ses la défense d'offrir des victimes ailleurs qu'à
fils de la défense faite à ceux-ci de pleurer
;
la porte du tabernacle, a été faite pour em-
la mort de leurs frères, et de boiie du vin pêcher le peuple, qui était encore charnel,
avant d'entrer dans le l-abernacle de l'or- ; de se choisir, pour offrir des hosties, d'autres
tiie qui leur est donné de rnanger ce qui lieux que celui qui était destiné de Dieu, et
reste des hosties offertes, et de brûler le le détourner aussi d'inventer à sa fantaisie
bouc oli'ert pour le pécbé. 11 demande pour- de nouvelles divinités comme il le fit dans la
quoi toutes les cérémonies qui regardent la suite. 11 ajoute, conformément à la doctrine
consécration d'Aaron et de ses fils, sont rap- des saints pères, que le taber-nacle du Dieu
portées dans l'Ecriture avant leur consécra- de Jacob est l'Eglise, et le lieu seul oii il soit
tion même, et répond qu'il était convenable permis de lui sacrifier; ainsi tout homme qui
que les piètres fussent informés de ce qui souffre hors de l'unité de l'Eglise ', peut bien
regardait le culte du tabernacle, avant d'être souflrir, mais ne peut être regardé comme
établis dans leurs offices, comme on n'élève martyr. A
l'occasion de la défense faite par
dans l'Kglise à l'épiscopat que ceux qui sont la loi de Moïse, de manger du sang, Raoul
instruits de la manière dont ils doivent ins- examine si les âmes des bêtes sont corpo-
truire les peuples. Il remarque que la consé- relles, et ce qu'on doit penser de celle de
cration d'Aaron devait se faire en présence l'homme celles-là sont dans le sang
: et ,

du peuple assemblé à la porte du tabernacle, celle-ci parait y être aussi, puisque l'homme
et dit que c'est de là qu'est venue la coutume a une chair qui est le principe, s'il est per-
de demander le consentement du peuple^jour mis de le dire ainsi, de la végétation de son
l'élection des évêques, comme l'Eglise imite âme. 11 trouve beaucoup de ditUculfés à ré-
encore dans l'onction faite sur la tête du soudre cette question mais s'attachant à:

grand-prêtre Aaron, et sur les mains des ce qu'en ont dit les saints pères, il décide
simples prêtres, celle qu'elle fait sur la tête d'après eux que l'âme de l'homme est im-
des évêques et sur les mains seules des prê- mortelle et incorporelle, parce que son corps
tres. étant mort et divisé en parties, elle ne meurt
0. Les diverses occupations de Raoul l'o- pas et ne souU're aucune division. A l'égard
bligèrent à discontinuer sou ouvrage, et il de l'âme des bêtes, il dit que suivant l'Ecri-
mit entre la fin du septième livre et le com- ture, elle meurt avec le corps; que par le
mencement du huitième , un intervalle de nom d'âme, elle entend la vie de la bête, qui
plus de trois ans. il continue dans celui-ci et est en etl'et dans le sang, et subsiste parle
les suivants l'explication de ce qui est dit sang.
dans le Lévitique des animaux mondes et 7. Il explique très-clairement tous les degrés
immondes, des ditïérentes sortes de lèpres. de lonsanguinilé dans lequels la loi de Moïse
de la purification des lépreux, et de diverses défend de contracter mariage, et répond à
autres incommodités, dont la connaissance ce qu'on pouvait objecter que Jacob avait
était réservée aux prêtres, et donne sur lout épousé les deux sœui s ces sortes de mariage,
;

cela des sens mystiques et moraux. il, n'étant pas alors défendus, ne pou-
dit-
6. montre dans le dixième que le pontife
11 vaient êlre imputés à péché. Dans le prolo-
ancien, qui entrait une fois l'année dans le gue du quatorzième livre, il distingue les li-

Saint des Saints portant du sang des animaux vres de l'Ecriture en diverses classes, histo-
qu'il offrait pour lui-même, et pour les igno- riques, prophétiques, paraboliques et mo-
rances du peuple, était la figure de Jésus- raux.11 dit des livres de Tobie, de Judith et

Christ qui est entré dans le sanctuaire non des .Machabées, qu'encore qu'on les lise
avec le sang des boucs et des veaux, mais pour l'instruction de l'Eglise, ils n'ont point
avec son propre sang. L'application était une autorité parfaite. Le chapitre premier

' Juxta Patrum senientiam, quisquis extra Ecclesiœ potesl. RaUul., lib. .\I1I, cap.
unitatcm paldur, pœnas paît potesl, martyr fieri non
IXJl'SIÈCLE.] CHAPITRE LXVI. — GAUTHIER, CHANOINE DE SAIXT-YICTOR.
du dix-liuitiènie livre est sur ranlccliiisl, demande la pénitence, on la lui accorde il ;

qu'il croit désigné par ces paroles du Lévili- la reçoit, on le réconcilie, il meurt. Je vous
que : Un homme né d'une femme Israélite cl avoue que je ne lui refuserais pas ce qu'il
d'un Egyptien parmi les enfants d'/sraël, entra demande, mais je n'ai pas la présomption de
dans le camp, ec prit querelle avec tin Israélite. vous (lire qu'il est sorti de ce monde en bon
Raoul conclut de ce lexle que l'autecluisl état. Voulez-vous vous ôter le doute d'une
naîtra de parents ecclésiastiques, qu'il rece- bonne ou mauvaise mort? Faites pénitence
via les sacrements de la foi parmi les enfants tandis que vous êtes en santé. Au reste, ce
de lEglise, qu'il y sera élevé aux honneurs n'est point au pécheur à décider de la satis- '

ecclésiastiques, après avoir trompe par un faction qu'il doit pour ses péchés c'est au ;

extérieur de piété ceux de qui il sera or- prêtre à la lui imposer, et le pénitent doit
donné qu'entin tirant vanité du premier
;
l'accomplir en la manière qu'elle lui est or-

degré d'honneur auquel il sera parvenu, il donnée. 1)

s'élèvera au dessus de ce qui est appelé Dieu, on 9. Raoul, pour rendre son commentaire
qui est adoré, coulant lui-même passer pour plus exact, recourt quelquefois au texte lié-

Dieu, selon que le dit saint Paul. 11 rapporte breu 5 et à la version des Soplantc, et dans
grand nombre de passages tirés des prophètes obscurs il y répand de la lumière
les endroits
Isaïe, Ezéciiicl, Daniel, et autres écrivains par quelques pnssages des autres livres de
sacrés, qui peuvent être appliqués aux blas- l'Ecriture qui ont du rapport avec la même
phèmes nux cruautés de cet enfant de
et matière. Il emprunte aussi quelquefois les
perdition, et à la victoire que les justes rem- pensées et les expressions des anciens pères,
porteront sur lui. surtout lie saint Augustin et de saint Grégoire-
quelques maximes de morale éta-
8. Voici h'-Grand.
blies dans le commentaire de Raoul. L'inno- Gauthier, chanoine régulier de Saint-
[10.
cence que l'on acquiert par le renonce-
' Victor, entreprit, sur la fin du xW siècle, de
ment aux péchés, doit renfermer la douleur combattre la mélhode des nouveaux théolo-
de les avoir commis il ne suffit pas même ; giens, et composa un traité qu'il intitula :

d'j' avoir renoncé, il faut en faire une péni- Contre les quali-e labyrinthes de la France,
tence convenable, et les pleurer lors même Pierre Abailard , Gilbert de la Porée , Pierre
que nous sommes occupés de bonnes œuvres. de Poitiers et Pierre Lombard. 11 les accuse
Celui qui est dans le dessein de faire du d'avoir avancé plusieurs erreurs sur les
mal -, pèche par la seule volonté qu'il a de mystères inellables de la Trinité et de l'In-
le faire mais il est bien plus coupable lors-
: carnation, en suivant la méthode scholas-
qu'il accomplit son mauvais dessein. Celui tique qui est incertaine, dit-il, et les principes
qui fait la confession de ses péchés ^, doit la d'Arislote dont ils étaient remplis. Ce repro-
faire entière, déclarant au Seigneur toutes che, sans doute, peut s'adresser avec justice
les fautes qu'il peut se rappeler. Si elle n'est à trois de ces auteurs; mais il ne saurait
point accompagnée de gémissements inté- tomber sur Pierre Lombard dont l'ouvrage ,

rieurs et de bonnes œuvres, il est incertain n'est qu'un tissu de passages de pères parmi
si elle sera reçue de Dieu. On en voit plu- lesquels Aristote ne se trouve jamais cité.
sieurs qui se confessent par la crainte de la Cependant on est forcé de convenir qu'il se
mort, mais qui étant revenus en santé, re- rencontre dans le Mai Ire des sentences comme
tombent dans les mauvaises habitudes aux- dans les autres quantité d'opinions qui ont
quelles ils avaient renoncé : lorsqu'ils s'en été abandonnées depuis par les théologiens,
accusaient, le confesseur dont les yeux ne et dont la Faculté de théologie a fait dresser,
pouvaient pénétrer dans l'intérieur, n'était dans le xir un catalogue sous ce litre
siècle, :

pas en état de juger s'ils détestaient sincère- Articles sur lesquels on ne suit pascommunément
ment les crimes dont ils s'accusaient, et s'ils le Maître des sentences. Le principal point sur
ne les confessaient que par la crainte de la lequel Gauthier attaque le Maitre des sen-
mort; mais toutes choses sont connues de tences et les îiutres théologiens est celui qui
Dieu. Saint Augustin dit dans un de ses ser- consiste à soutenir que Jésus-Christ n'est pas
mons Quiconque se trouvant A l'oxti éuiité
: (1 alii/uid en tant qu'homme. Il les traite d'iié-

lap. i\
'
Ibid., cap. IIjiJ., cap. vu. , cap. 1
742 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rétiques h ce propos el les appelle annilii- plupart des princes dont il y retrace l'histoire

lichrists. 11 réfute cette opinion dans son pre- n'aient été rien moins que des dieux, est dé-
mier livre. Dans le second, dirigé contre un dié à Urbain IH , qui occu])ait alors le trône
traité attribué à Abailard, et intitulé : Sentence pontifical. 11 est écrit en prose mêlée de vers,
de la Divinité, il attaque cet écrivain et Pierre et le style se ressent de la barbarie du siècle.
Lombard en même temps sur la signification L'auteur se montre d'ailleurs entièrement
qu'ils donnent au moi personne. Dans le troi- dépourvu de cet esprit de critique si néces-
sième, il rejette plusieurs sentiments, ou pour saire pour démêler la vérité, même dans les
parler plus juste, plusieurs locutions des théo- récits contemporains; mais on ne peut lui
logiens scolastiques sur Jésus-Cbrist et l'eu- refuser beaucoup de bonne foi, de la fran-
charislie, et blâme leur méthode. Enfin, dans chise et une éiudition très-vaste pour le temps
le quatrième, après avoir attaqué en parti- où il a vécu. Jean Hérold publia le premier
culier Pierre de Poitiers et blâmé l'applica- le Chronicon universale, Bâte, 1369, in-fol.
tion qu'il fait de saméthode philosophique, L'édition de Francfort, 1338, citée par Len-
iln'épargne pas saint Jean Damascène, qu'il glet Dufresnoy, n'a point été connue de Fa-
va jusqu'à accuser d'hérésie. En un mot, aux bricius, et pourrait bien être imaginaire.
sentiments et aux expressions des scolas- Jean Pistorius inséra la chronique dans les
tiques il oppose, dans ces quatre livres, le Script, rerum Germanicar., Francfort, 1384;
témoignage de plusieurs aiilorifés qu'il cite, Hanau, 1613; et Bur. Gotth. Struvius, qui
et établit ainsi une opposition de foi entre donna une nouvelle édition de ce recueil,
eux. On peut voir un long extrait de ce traité Ratisbonne, 172G, ajouta à l'ouvrage de Go-
dans le tome II de Y Histoire de l'Université, defroi des variantes tirées d'un manuscrit de
par du Boulay '. Cet extrait est reproduit au la bibliothèque de Nuremberg. Muratorien a
tom.e CXCIX de la Patrologie, col. H29-H72, inséré, dans le tome VII de sou Thésaurus
avec notice sur l'auteur, tirée de Fabricius. scriptorum Italice, les cinq dernières parties,
Ce qui est injuste dans l'ouvrage de Gauthier, corrigées el complétées d'après une chro-
c'est qu'il fait une part beaucoup trop res- nique manuscrite d'Est, dont l'auteur con-
treinte à la dialectique et h la philosophie, vient s'être beaucoup servi de l'ouvrage de
c'est qu'il leur attribue uniquement les erreurs Godefroi. On conserve, à la bibliothèque de
théologiques et attaque comme des so-
qu'il Vienne, un manuscrit de Godefroi, intitulé :

phistes, comme des hérétiques voulant s'é- Spéculum recjum. C'est une liste chronologique
garer dans de leurs systèmes,
le labj'rintbe des l'ois et des empereurs, depuis le déluge
quatre liommes de mérite qu'il a injustement jusqu'à Henri IV, à qui elle est dédiée, compo-
mis sur la même ligne ^. sée d'après Bède, Eusèbe et saint Ambroise.
l'ueTb/"'^''''
*^- 'jodefroi, surnommé de Viterbe, du On peut consulter à ce sujet le catalogue des
lieu de sa naissance, fut successivement cha- manuscrits de cette bibliothèque, par Lam-
pelain et secrétaire des empereurs Conrad III, bécius, tome p. 773 *.II,

Frédéric I" Henri IV


Après avoir employé
et ^. L'édition du Panthéon ou Memoria sœculo-
quarante ans à voyager dans les ditfércntes riim, donnée par Muratori, et qui commence
parties de l'Europe, pour recueillir les maté- à la seizième partie, avec l'empereur romain
riaux dont il avait besoin, il rédigea une chro- Maxcnce, est reproduite au tomeCXGVIlI de
nique universelle en vingt parties, qui com- la Patrologie, col. 871-1044, avec notice de
mence à Adam et finità l'année 1086. Cet Fabricius.]
ouvrage, qu'il intitula Panthéon, quoique la

' Voyez Dupin, Nouvelle bibliothèque des auteurs Théologie catholique, le fait de plus évèquc de Vi-
ecclésiasliques, et Histoire littéraire de France. terbe à partir de 1184, et le tiit mourir en 1191. Il
' Dictioiinnire encyclope'dique de la Ihéoloyie catho- remarque que l'auteur traite aussi dans suChronique
liqiie, tom. I.\, pag. 295. ilo sujets tliéolosiques.
' Sclirold, d;iiis le Dictionnaire enci/clope'dique de la '•
liiojraphie universelle par Micliaud.
J

[xii'SiECLE.] CHAPITRE LXVIl. — PIERRIi COMESTOR , CHANCELIER.

CHAPITRE LXVII.

Pierre Comestor chancelier de l'Eglise de Paris [1179; Guichard,


',

archevêque de Lyon, vers 1180; Pierre de Saint-Chrysogone, cardinal,


1182; Roger, abbé de Sainl-Euverte d'Orléans, 1182J.

IKcrivains latins.

t co- i. Quelques-uns se sont faussement ima- public avec un applaudissement presque gé-
?» 1° giné que Pierre Comeslor était frère de Pierre néral, surtout son Histoire scolastique, et pen-
l'r 5c Lombard, appelé le Maître des sentences, et dant plus de trois siècles elle fut regardée
de Gralien, que l'on regarde comme le prince .comme ce qu'il y avait de plus parfait en ce
des canonisles à cause de son décret; mais genre. C'est une histoire suivie depuis le
on sait que le premier était lombard de nais- commencement de la Genèse jusqu'à la fin
sance, l'autre toscan, né àClusiumnn Cliiusi; des Acies des apôtres, c'est-à-dire jusqu'à la
et Pierre Comeslor, français d'origine. La seconde année du séjour de saint Paul à
commune opinion lefait naître à Troyes en Rome qui revient à l'an 63 de Jésus-Christ.
,

Champagne. Etant encore jeune, il fut admis Comestor entreprit ce travail aux instances
dans clergé de cette Eglise et fait etisuile
le de ses amis qui n'étant pas contents de la
,
,

doyen de la cathédrale. Celle de Paris le Glose sur l'Ecriture sainte, lui demandèrent
cboisit pour son chancelier en 116'», et le une explication plus claire et plus suivie du
chargea de l'école de lliéologie. Comestor la texte de l'Ecriture. Il prit pour u'iiiJes les an-
gouverna * jusqu'en 1169 qu'il la laissa à ciens interprètes, peu inquiet de tlatler les
Pierre de Poitiers, mais sans abandonner sa oreilles par des nouveautés. Son Histoire est
qualité de chancelier, dédiée à Guillaume, archevêque de Sens :

.rt tn 2. Sur la tin de ses jours, il se retira en elle fut donc écrite avant l'an J176, auquel
l'abbaye de Saint-Viclor, où il mourut en Guillaume passa de l'archevêché de Sens à
1 178, selon qu'il est dit dans la chronique de celui de Reims, api-ès avoir possédé celui de
Robert', chanoine de Saint-Mariend'Auxerre, Sens depuis Tan H69.
qui ajoute que Comestor disposa, par son 4. Pierre donne d'abord le texte de l'Ecri-
testament, de tous ses biens en faveur dos ture, puis l'explication, tantôt littérale , tan-
pauvres et des églises. 11 fut enterré <^ Saint- tôt allégorique, et souvent ai-bitraire. Il mêle
Victoi-, où l'on voit encore son épitaphe en à ses explications diverses opinions des phi-
quatre vers hexamètres qui nous apprennent losophes et des théologiens de son temps, sur
qu'il fut surnommé Comestor, c'est-à-dire le ciel cmpyrée, les quatre riéments, la for-

Mangeur, surnom dont on ne connaît pas bien mation du monde, sur l'esprit qui était porté
la raison '. Celle qu'en donne Trilhème ^ n'est SU)' les eaux, que Platon pensait être l'âme

pas vraisemblable. Pierre se fil une grande du monde; sur le firmament qui nous paraît
réputation par son savoir, surtout dans les en forme de voûte. Par la division de la lu-
matières de théologie. Il est parlé de lui mière d'avec les ténèbres, il entend la sépa-
comme d'un des plus habiles docleuisde son ration de bons anges d'avec les méchants,
temps, dans la leltre de Pierre, cardinal de et cite, d'api es les Hébreux, que Lucifer fut
Saint-Chrysogone, au pape .\lcxandrc III, et fait diable le second jour; à quoi il rapporte
dans Vincent de Beaiivais *. l'usage où l'on était en quelques églises de
kriu. 3. Ses ouvrages furent en efl'et reçus du célébrer tous les lundis une messe en l'hon-

' Voir sur PW.ttu Comcblor nue notice Urée d'Ou- <•
Il tut ainsi suruouiiiië, Don parce qu'il maujceait

diu et uue autre tirée de Kabricius, au tome CXCVIII plus qu'uu autre, mais parce qu'il avait lu et dévoré
de la l'atrotogie, col. I0*5-1050. beaucoup de livres. (L'éditeur.)
' Chron. Alber., ad an. 11CU, pag. 353. ' Trith.. rff .S't/;i/. fcc/e*., rap. cccuxx.
* Ad au. 1178, et Uul»:us, Hislor. universil. Paiis., « Viuccul., ad un. 1151.
Psg. 4<3, «seul. IV.
U-i HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
iiPUf des ailles qui avaienl persévéré dans du tomplede Jérusalem, de Judith, d'Esther,
Cif-n-. \^ justice. 11 desapprouve le sentiment de quelques traits de l'histoire des Romains et
*" Platon sur la formation de l'homme. Ce phi- des Grecs, qu'il entremêle de celle des Ma-
losophe disait que Dieu avait créé l'âme, mais chabées. On voit par là que Pierre Comestor
que le corps d'Adam était l'ouvrage des ne s'est arrêté qu'aux livres historiques de
anges. Pierre croit que Dieu, en formant les l'Ancien Testament, à l'exception de celui de
corps, crée en même temps les âmes qui doi- Job, dont il ne dit rien. Il a suivi la même
vent les animer. méthode pour le Nouveau dont il réduit ,

="• 11 cite souvent le texte hébreu, les diverses l'histoire à ce qu'on lit dans les quatre Evan-
versions qui en ont été faites, à commencer giles et le livre des Actes des apôtres; mais
jL.i.,Lri.t
par celle des Septante, saint Augustin, Mélho- de temps en temps il rapporte quelque chose
dius et quelques autres pères de l'Eglise; Jo- de l'histoire des Romains et des Juifs, comme
sèphe l'historien, dont il rapporte plusieurs ayant trait à celle de l'Eglise; par exemple,
histoires, entre autres celie où il raconte que à l'occasion du voyage de saint Paul à Rome
la statue de la femme de Lolh
sel en laquelle par l'ordre d'Agrippa, il parle de la députa-
avait été clian/ée, subsistait encore de son lion dos Juifs en cette ville contre ce prince,
temps, et qu'il l'avait vne lui-même. L'histoire mécontents de ce qu'il avait établi grand-
du livre de la Genèse est divisée en cent quinze prêtre Ismaël, quoiqu'il ne fût point de la
chapitres. Comestor divise celle du livre de race d'Aaron, et donne, d'après l'historien
" rE.xode en soixante-dix. Il y fait , d'après Josèphe, le catalogue des grands-prêtres des
Pline le Naturaliste, la description d'Apis, Juifs.
divinité adorée en Egypte, et raconte, sur 9. L'accueil que l'on avait fait à cette His- |,f['';^\°°^ ;

de l'historien Josèphe, que Pharaon


l'autorité toire scolastique, ainsi appelée à cause de «o-Lsiique.

ayant mis sa couronne sur la tête du jeune l'usage que l'on en faisait dans les écoles, fit

"'
Moïse, l'enfant la jeta à terre et la brisa, juger qu'étant imprimée elle aurait encore

parce qu'elle portaill'image d'Hammon, autre un plus grand cours. Elle fut donc une des
divinité égyptienne; que les prêtres, voyant premières que l'on mit sous la presse, et on
cette profanation, voulurent le tuer; qu'ils en l'y remit souvent. On en connaît une édition
furent empêcliés par Pharaon même, de l'a- à Reutling en 1471 grand in-fol.; une autre
,

vis d'un des sages de la nation. à Strasbourg en 1483 et 1S02; une à Râle en
6. Pierre rapporte, dans les autres livres 1486, in-fol.; une à Paris en 151.3, in-4°, chez
du Pentateuque, plusieurs autres histoires Jean Frellon; une à Haguenau en 1519, in-fol.;
tirées de Josèphe, qui ne se lisent point dans deux à Lyon, en 1526, in-4°, et 1543, in-8°;
l'Ecriture. Il y cite aussi les traditions des la dernière est de 1728, à 'Venise; elle est
Hébreux au sujet de la double dime qu'ils dédiée aux évoques du concile qui se tenait
payaient chaque année de tous les biens, la alors à Bénévent. [11 existe une autre édition
première aux lévites, la seconde quand ils donnée à Madrid en 1690, par Navarro, chez
allaient au temple de Jérusalem, ce qui arri- Gonzalès de Reyes; c'est celle qu'on a repro-
vait trois fois l'année. duite au tome CXCVIII de la Palrologie, col.
NÏm'' "c'a".'
Dans l'histoire des juges d'Israël et des
''• 1049-1722.1 Guiart de Moulins traduisit en
^°^^ '^ ^^^ plusieurs traits de l'histoire pro-
' français V Histoire scolastique et la fit imprimer
ll.!"iyu"el

LV"hb.'"î- f^"^ 1^^ combats et la mort d'Hercule, l'en-


• en cette langue ', sans date ^ et sans nom de
"'' lèvement d'Hélène, la prise de Troye, les lieu, avec des figures imprimées sur des plan-
livi'.:

victoires de Sésac, roi d'iilgypte; la construc- ches de bois, en deux volumes in-fol. L'épître
tion de Home par Rémus et liomuhis, l'enlè- dédicatoire, qui est àCharles VIII, fait voir que
vement des Babines, et plusieurs autres. Il cette édition française parut entre 1483 et
donne ordinairement l'étyraologie des termes 1498; on réimprima à Paris en 1545.
la
propres, en quoi il n'est pas toujours heu- de Pierre Comestor ont
10. Les discours s.rmonî

reux; quelquefois il les prend d'Isidore. été d'abord imprimés sous le nom de Pierre i"'""

c»[. x,ii. 8. Aux histoires de Josué, des juges, de de Blois, par les soins de Jean Rusée, à
xvx'i'vilc^'
^^^^ 6t des rois, il joint celles de Tobie, des Mayence en 1600 et 1605, sur un manuscrit
""'
qui lui avait été envoyé de Louvain. Ils ne
'
prophètes, de la captivité, de la réédification

' Richard Siuioii, loiu Hisl. crilin. du No '-


Eq 1495, selon l'abbé Uive. [L'éditeur.^
Testam., pag. 19 et 320.
[XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXVIl. — PIEUIIE COMKSTOH, CHANCELIEU. 7i5
portaient pas néanmoins dans ce manuscrit par des regards sur les assistants.
distraits
le nom de Pierre de lilois, mais en général Pour exciter la piété des fidèles, il se faisait
celui de maître Pierre. Ce ne fut que par con- des processions d'une église à l'autre, et à
jecture que Budée de
les attribua à Pierre Home, le pape y assistait presque chaque
Blois. ("loussainvilleayant trouvé le nom de jour du carême; mais dans les autres églises
Comestor à la tête de six anciens recueils
'
l'usage n'était pas uniforme à l'égard de ces
de ses sermons, n'a point douté qu'ils ne fus- processions : on en faisait plus eu quelques-
sent de lui; c'est pourquoi il lésa suppiimés unes, moins en d'autres. Les moines com-
dans son édition des œuvres de Pierre de mençaient lejeûne à la Septuagésime.
Blois, publiée à Paris en 1667, (liez Siméou 12. 11 est p irlé, dans le discours sur le di-
Piget. Les auteurs de la Bibliothèque des Pires manche des Hameaux, de la rose d'or que le
à Lyon en 1677, n'en ont pas usé de même-; pape portait à la procession. Il est dit, dans
mais en les donnant à la suite des discours le suivant, que dans les premiers siècles de
de Pierre de Blois, ils ont averti, dans une l'Eglise, tous ceux qui assistaient à la consé-
note, qu'ils étaient véritablement de Pierre cration de l'eucharistie y participaient; que
Comestor. [Le tome CXCVIII, col. 17:21-1844, le nombre des fidèles s'étant augmenté, on

reproduit ces sermons d'après la Bibliothèque se contenta de les obliger à communier cha-
des Pères de Lyon.] que dimanche; que la charité s'étant refroi-
„ 1 1 . Ils sont au nombre de cinquante et un ^, die, on ordonna, dans les siècles postérieurs,

\^,l et roulent sur les dimanches et sur les prin- que l'on communierait du moins trois fois
cipales fêtes de l'année. Il y en a trois sur les l'année à Pâques, à la Pentecôte, à Noël.
:

dimanches de r.\vent, six sur le Carême, dix Comestor ajoute que de son temps l'usage
prononcés dans des synodes, deux aux évê- s'introduisit de n'approcher de la commu-
'• ques et aux prêtres. Dans le premier sur l'A- nion qu'une fois l'année, et qu'encore qu'il n'y
vent, Comestor met entre les signes que eût pas là-dessus de précepte de l'Eglise, on
Jésus-Christ donna de sa naissance tempo- ne pouvait sans pécher s'en dispenser. Il
relle une fontaine d'huile qui sortit de terre ce croit que la sainte Vierge est montée au ciel
jour même à Home, et prit son cours vers le en corps et eu âme, et que sa félicité sur-
Tibre, etla chute du temple de la Paix; évé- passe celle de tous les saints. Dans le discours
nement dit-il qui avait été annoncé dès le
, ,
sur la fête de tous les Saints, il dit que les
temps même que ce temple fut construit, car âmes qui sont dans le purgatoire n'ont point
les Romains ayant consulté sur sa durée l'o- de part à cette solennité, quoique du nombre
racle d'Apollon, il répondit «Ce temple : des élus; que les unes y seront peut-être jus-
subsistera jusqu'à ce que la Vierge enfante.» qu'au jour du jugement, d'autres pendant
"• Dans onzième discours, qui est le second
le peu de temps, et quelques-unes plus long-
sur le Carême, il fait cette remarque 11 : (( temps pour y être purifiées; que dans le jour
est établi que chaque jour de carême, les qui suit cette fêle on fait mémoire des dé-
frères, avant de manger, lavent les pieds aux funts, afin que s'ils sont dans le purgatoire,
pauvreset leur donnent à manger. Aux jours ils en soient délivres par les prières de l'E-

que l'Eglise ne jeune pas, on célèbre l'office glise, ou leur peine adoucie.
de la messe entre les heures de tierce et de 13. Il fait, dans le sermon de la Dédicace,
sexte, étant convenable d'offrir le sacrilice à le détail des cérémonies qui s'y pratiquent

l'heure en laquelle on croit que Jésus-Christ encore aujourd'hui; les discours que Comes-
a été immolé. Mais aux jours de jeune, on tor prononça dans les synodes regardent les
diffère l'office de la messe jusqu'à uono, et devoirs des évêques et des autres pasteurs,
pendant le carême jusqu'après none, parce tant à l'égard du soin de leurs troupeaux que
qu'on ne doit prendre sa réfection qu'après des offices divins et du sacré ministère. Voici
vêpres. Durant tout ce saint temps, on sus- comme il s'explique sur la présence réelle :

pend un voile entre le chœur et le peuple, « Ils consacrent ', dil-il, le corps de Jésus-
afin que ceux qui psalmodient ne soient pas (Mirist, ils le mangent, et le distribuent aux

' Goiissiiinv., pracfal Ui op. Pc.tri BIcscds. ' Corpus Pomini conficiunt, sumuni, tumeiiilum
«Toiu. X.XIV IIMiol. Pal., pape. 1385. nliit IriliuunI ; eorum minislerio panis et vinuin in
' Les sermons
7, IS, 17, 21, 24, 23, 25, 2f., 28, 34, carnem C'hrùti trunssubstantiaiur. Magna dehct eorum
35, 40, 51 se trouvent parmi les œuvres d"Hil(lcl)Crt sanclilas esse, quorum dignitas in tnm ianclis liabel
du Mans. {I.'cditeur.} cfficaciam. Comestor. Serm. 38.
,

746 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


autres pour s'en nourrir. Par leur ministère, sainteté incomparable, avec lequel il lui con-
le pain et le vin sont convertis en la subs- seille de se lier d'amitié, parce que de tous
tance de la chair de Jésus-Cbrist. Quelle doit les abbés de 1 ordre de Citeaux dont l'in-
être la sainteté de ceux dont la dignité a une fluence dans les affaires était très-grande,
si grande efficacité dans des choses si sain- Guichard était le plus accrédité, soit à la
tes 'remarque qu'anciennement on ne
)) Il cour du pape, soit à la cour du roi de France.
priait pas dans le canon de la messe pour 11 lui suggère qu'il trouvera à Pontigny une

l'évêque diocésain, ni pour le roi, que cet retraite assurée, si la force des événements,
usage dans les derniers siècles.
s'est introduit pendant sa contestation avec le roi d'Angle-
14. Voilà ce qui nous a paru plus re- terre, le force à s'expatrier.
marquable dans les sermons de Pierre Co- C'est ce qui arriva sur la fin de la même
mestor. On y chercherait en vain l'éloquence année H64. L'archevêque de Cantorbéry
et les grands mouvements qui caractérisent étant venu à Sens trouver le pape Alexan-
les bons orateurs. dre III, ce pontife, après avoir pris connais-

On a de lui en diverses bibliothèques de ' sance de son affaire, lui assigna pour retraite
l'Europe, un commentaire «m?' les Epitres de l'abbaye de Pontigny, persuadé qu'il trou-
saint Paul, un traité sur la Pénitence et un verait dans l'abbé Guichard les secours et
volume de discours, dont Henii Warthon a les consolations dont l'illnstie persécuté avait
rapporté quelques fragments dans le sup- tant besoin. L'année d'après, Guichard ayant
plément k l'Histoire doijmatique d'Ussérius *. été élu pour remplir le siège de Lyon, à la
Son sermon sur la Conception immaculée de la place de Drogon, déposé par le pape, à
sainte Vierge^, fut imprimé à Anvers en cause de ses liaisons avec l'empereur d'Alle-
1336. Comestor fit un poëme en son hon- magne, reçut des mains d'.\lexandre la con-
neur, dont nous avons quelques vers dans sécration épiscopale à Montpellier, le 8 août
Vincent de Beauvais * et dans saint Anto- H6o; mais son compétiteur se maintint tou-
nin. [Quelques auteurs ont attribué à Pierre jours, malgré sa déposition, dans la ville

Comestor un ouvrage non moins fameux que métropolitaine. Le nouvel archevêque ne put
l'Histoire scholastiqne, la Catena temporutn, entrer en possession de son siège qu'au mois
ou Rudimenta novitiorum, qui a été traduite de novembre 1 67. C'est ce qui résulte d'une
1

sous le titre de Mer des Histoires '. lettre de Jean de Salisbury, écrivant à Jean,
15. On ne sait liendes premières années de évêque de Poitiers.
la vie de Guichard, archevêque de Lyon, ni Dans une lettre de l'an 1171, le pape
de sa famille, ni du lieu de sa naissance". Le Alexandre lui donna la qualité de légat du
nom de Guichard ou Wicard étant commun Saint-Siège, et lui-même prend ce titre dans
dans le Lyonnais, on est porté à croire qu'il un acte de la même année et dans une charte
était né dans ces contrées. On trouve, en effet, rapportée parmi les pièces justificatives de
ce nom souvent répété dans la famille des sires la Gaule chrétienne, tome IV, page 21.
de Beaujeu; et dans un acte célèbre de l'an Ce qui a le plus illustré l'épiscopat de
1 173, éraané de noire prélat, figurent les noms Guichard, c'est l'accord qu'il fit, l'an 1137,
de Guichard d'Autun et de Guichard de Javez. avec le comte de Forez, touchant le do-
On peut donc croire que notre Guichard ap- maine utile et iionorifique de la ville de
partenait à quelqu'une de ces familles. Lyon. Depuis longtemps des prétentions res-
11 était moine à Cîteaux, lorsqu'il fut fait pectives avaient donné lieu à de fâcheuses
abbé de Pontigny après Hugues de Mâcon, contestations et à des entreprises hostiles
élu évêque d'Auxerre en 1136. C'était un de la part des comtes de Forez. Guichard
homme recommandable dans son ordre, et eut le bonheur d'eu tarir la source par l'a-
qui, dans le monde, jouissait d'une grande bandon qu'il fit, avec l'assentiment de son
considération. Jean évêque de Poitiers , clergé, de plusieurs terres et châteaux qu'il
écrivant à saint Thomas de Cantorbéry, ap- possédait sur la rive droite du Rhône, en
pelle l'abbé de Pontigny un homme d'une échange des droits seigneuriaux que les

Le Lons, Biblint. sacra, pag. 683, et Fabriciu.s,


' » Biographie universelle, par Micliaud, article Co-
lom. 1, pag. 113C, 1137. « Pag. 407, 353. — meslor.
3 l.abbe, tom. II, de Scn'pl. Ecoles., pag. 200. « Cet article esl smprnnlo à Vllisioire litldraire de
* Ad an. 1151, et S. Anton, iu Summa, tit. xvni, la France, (l'éditeur.)
cap. VIII, tom. III, pag. 77.
[XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXVII. — GUICHARD. ARCHEVKQUE DE LYON. 147

comtes de Fomz exerçaient dans Lyon. avec l'hérilière de ce comté. Quoi qu'il en
« C'est cet acte, » dit le P. Mt-nestrier, « qni soit, il est certain que le corps de Guichard

établit MM. les chanoines de l'Eglise de Lyon fut enterré à Ponligny, où l'on voyait sur
comtes de Forez, aux mêmes droits, titres son tombeau cette courte épitaphe Hicjn- :

et prérogatives que l'avaient été les anciens cet dominus Guichardus, archiepiscopus Lug-
comtes. C'est une acquisition qu'ils firent dunensis, secundus ahbas hujus monasterii.
par l'écliange de plusieurs de leurs terres et 16. Claude de Wisch, après bien des re-
par onze cents marcs d'argent. Pour l'ar- cherches, n'ayant pu découvrir aucun l'crit

chevêque, il était auparavant plus que comte, de ce prélat, se montre fort étonné que Man-
puisqu'il était exarque et souverain. » Mais rique l'ait qualifié illustre par ses écrits,
cela ne doit s'entendre que de la portion du scriptis clarus. C'est qu'apparemment Mau-
diocèse qui faisait partie du royaume de rique avait lu la Chronologie historique des
Bourgogne et par concession des empe- archevêques de Lyon, par Sevcrtins, qui l'ap-
reurs. pelle un poëte excellent; mais, en disant
L'an 1174, le pape Alexandre III, ayant cela, Sev(>rtius confond noire prélat avec un
confié la légation des Gaules à Pierre, car- nommé Wicliard, poêle et chanoine de Lyon.
dinal du titre de Saint-Chrysogone, aupa- Dom Martène. plus heureux, a déterré de
ravant évêque de Meaux, écrivit à Guicliard Guichard un écrit considérable dont nous
deux pour lui enjoindre de reconnai-
lettres parlerons après avoir rendu compte de quel-
tre ce cardinal en sa qualité de lécat, ce qui ques-unes de ses lettres.
prouve que l'archevêque de Lyon, se trou- 1" Comme il n'était encore qu'abbé de

vant lui-même revêtu de cette éniinente di- Pontigny, Guichard écrivit à l'abbé Sugeren
gnité, avait de la peine à se soumettre à la faveur du trésorier de l'Eglise d'.\uxerre,
juridiction du cardinal. Saint Bernard ayant demandant pour lui sa protection auprès du
été canonisé la même année, Guichard se roi, qui lui suscitait des atl'aires. Ce tréso-

rendit à Clairvaux pour assister h la dédi- rier était, selon l'abbé Lcbœuf, un cardinal-
cace du monastère et relever de terre le diacre, uommé tirégoire. 11 cite à l'appui de
corps du saint. son opinion deux letties du pape Eugène 111,
Nous ne relèverons pas l'erreur dans la- qui prouvent au contraire que ce cardinal et
quelle sont tombés plusieurs critiques mo- le trésorier étaient deux personnes distinc-
dernes, Baronius, Binius,du Boulay et même tes, possédant l'une et l'autre des prébendes
les auteurs de la Nouvelle Gaule chrétienne, à Sainte-Geneviève avant l'introduction de
qui, trompés par un passage altéré de Ro- la réforme. J'observe que dans cette lettre,
ger de Hoveden, font assister notre arche- l'abbé de Pontigny est appelé Guido au lieu
vêque au concile de Lambers, dans l'Albi- de Guichardus.
geois, concile qu'ils placent mal à propos en 2° La lettre 3:20, l'une de celles qui sont adres-
1176. La vraie date de ce concile est l'an sées au roi Louis Vil, est aussi de notre abbé,
1163, temps auquel Guichard n'était pas quoiqu'on n'y lise pas la première lettre de
encore archevêque, et ce qu'on rapporte de son nom. Il y remercie ce prince de la grâce
lui est attiibué dans les vrais actes à Gauce- qu'il avait accordée à sa prière à Clércni-
lin, évêque de Lodève. baud de Chalons-sur-Marne, son ami, sou
L'année précise de sa mort n'est marquée bienfaiteur et celui de sou ordre mais il;

nulle pari, mais elle est postérieure à l'an ajoute que le roi, ne lui ayant pas encore
1170, et peut être rapportée à l'an H80 ou accordé une entière liberté, il est obligé de
1181. Il voulut être enterré dans l'église dn réitérer ses prières poui- le supplier de la lui
château de Riotier, « Helortorii, n situé sur accorder tout entière. La lettre n'explique
la Saône, à cinq lieues de Lyon, terre qu'il pas plus clairement cette allaire.
avait achetée, dit-on, de Jean de Braine, 3° Comme il était archevêque de Lyon, il
comte de Mâcou, pour la somme de seize écrivit en commun à Louis VU, au cardinal
mille livres. André Duchesne, Severlius, les de Saint-Pierre Chrysogone, à JeandeSalis-
auteurs de la Gaule chrétienne, qui ont avancé bury, évêque de Chartres, à Maurice, évê-
ce fait, n'ont pas vu qu'il y a là un ana- que de Paris, et à Thibaud, comte de Itlois,
chronisme insoutenable; Jean de lîiainc, de une lettre par laquelle il certifie qu'un pro-
la maison de Dreux, n'élaut devenu comte cès, qui s'était élevé entre l'abbii de Ponti-
de MAcon que l'an 1^24 par son mariage gny et H(;nri, évêque de Troyes, avait été
,

748 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


terminé à l'amiable pendant qu'il était abbé plus frappants témoignages. D'abord abbé,
de ce monastère, aux conditions qu'il rap- puis évêque de Meaux, ensuite cardinal du
porte. Cette lettre, qui sans doute avait pour titre de Saint-Chrysogone, évêque de Tuscu-
objet d'éclairer la religion de ces personna- lum ou Frascati, archevêque de Bourges et
ges dans la décision de celte même affaire, légat du Saint-Siège, il obtint toujours à un
existe dans le Cartulaire de Ponligny, haut degré la confiance du Souverain Pon-

n° 5,465 de la bibliothèque Impériale. tife.Guillaume de Champagne, fils du comte


i° Doin Martène, comme nous l'avons an- Thibault et archevêque de Sens, n'avait pas
noncé, a publié des statuts de l'Eglise de peu contribué d'abord à lui faire obtenir
Lyon, renouvelés au xii" siècle parGuichard. l'évêché de Meaux. Pierre avait été .nrchi-
Le titre du manuscrit porte Inciphint statuta
: diacre et abbé avant d'être élevé à l'épisco-
Ecclesiœ Lugdimcnsis et ordinatio officii ejus- pat; mais nous ne savons pas bien de quelle
dem. En effet, ces statuts concernent presque Eglise il fut archidiacre, de quel ordre et de
tous l'office divin et la manière de le célé- quel monastère il fiit abbé. Une Ictlie qu'E-
brer avec l'ordre et lu décence convenables. tienne de Tournai lui écrit pour le compli-
Ilssont précédés d'une préface en forme menter sur sa promotion au cardinalat, ne
d'instruction pastorale, commençant par ces laisse cependant aucun doute à ce sujet :

mots Nos G. primœ Lugdunensis minister


: Amplector scholarem, dit-il à Pierre, qui avait
dans laquelle ce prélat s'élève
humilis, etc., été son condisciple à l'école de Paris, prosc-
avec beaucoup de force contre ceux qui mé- quoi- archidiaconum, deosculor abbatem, assurgo
prisaient et tournaient en ridicule les usages episcopo , 7'cvereor cardinalem ; et il ajoute
de cette Eglise, dont il fait remonter l'ori- quelques mots d'adulation qui prouvent
gine aux saints canons et aux anciennes mieux la complaisance d'Etienne de Tour-
institutions des Pères. Ces statuts sont cu- nay pour les hommes puissants que son goût
rieux et intéressants pour ceux qui aiment à comme écrivain. L'estime qu'Alexandre lll
c.onnailre les usages anciens des Eglises '. accordait à notre prélat est souvent expri-
Severtius avait connu ces statuts, dont il mée dans les lettres de ce pontife. Parmi ces
donne une courte notice. 11 voudrait en faire lettres pourtant il y en a une que l'on est
honneur à un autre archevêque nommé affligé de voir écrite sur un prélat si distin-
Guillaume Perrauld, qu'il suppose avoir rem- gué par des services rendus à l'Eglise avec
pli le siège de Lyon vers le milieu du xm' un zèle qui supposerait plus de désintéres-
siècle. Les autein-s de la Gaule chrétienne ont sement. Pierre, en devenant cardinal, avait
rejeté, avec raison, du catalogue des arche- gardé et continuait de percevoir les revenus
vêques de Lyon Guillaume Perruuld, et Se- de l'évêché de Meaux, dont d'autres au-
vertius détruit lui-même son opinion en rap- raient dû jouir. Plus vous êtes élevé en
(1

portant la promulgation de ces statuts, comme dignité, lui écrivait ce pape, plus vous devez
faite par Jean de Beimeïs, successeur de Gui- agir avec réserve et circonspection; il faut
chard. qu'on n'aperçoive en vous que des actions à
Le tome CXCIX de la /'a?ro%!e, col. 1091- imiter, aucune à reprendre. Votre réputa-
H20, reproduit les statuts de Guichard. Ils tion souffre de la grande avidité que l'on
sont précédés d'une notice tirée de la Gallia vous impute; l'Eglise en souffre elle-même.
rhiHStiaua nova. Changez donc de conduite; ne faites que des
17. Pendant le long séjour qu'il fit en choses louables devant les hommes et de-
France, Alexandre 111 accorda constamment vant Dieu, et que la religion y trouve un
une éclatante faveur aux écoles de Paris, et accroissement d'honneur et de gloire. «
de hautes dignités ecclésiastiques devinrent Cette lettre est du 8 septembre 1173;
souvent la récompense de ceux qui s'y dis- Pierre de Sainl-Chrysogone était déjà légat
tinguaient par de grands talents 2. Le pré- du Saint-Siège. Il avait reçu ce titre peu de
lat dont nous allons parler en offre un des temps après sa promotion au cardinalat

' Les auteurs de l'Histoire littéraire ajoutent : gements faits par Mgr de Montazet et par ses succes-
n Or, cellede l-yon mérite plus que toutes autres en seurs; mais actuellement Lyon, tout en conservant
France, d'être prise pour règle. On sait avec quel plusieurs .incieus usages, a changé. Voyez les articles
zèle et pour ainsi dire avec quelle jalousie, elle con- de SI. Bûuix dans la Revue des sciences ecclésiasti-
siTva toujours ses usages et ses ancieimes céréuio- ques, 1862. (L'éditeur.) — 2 Cet article est emprunté
nies. » Cette remarque était fondée jusqu'aux chan- à VHistoire littéraire de la France. (L'éditeur.)
[XTI' SIÈCLE.] CHAPITRE LXVII. — PIERRE DE SAlNT-CHRYSOCiONE, CARDINAL. 741»

vers 1173. Parmi beaucoup d'autres objets, 11 est vrai que les derniers placent un Pierre
il eut pendant le cours de sa légalion, à en dans la liste des archevêques, entre Guarin,
traiter deux d'une haute importance : l'un, mort 90 mars 1180, et Henri de Sully,
le

qui est le second dans l'ordre des dates, nommé HSi; mais sans savoir que ce
en
avait été prescrit par Alexandre Ilî à l'occa- personnage était le cardinal de Saint-Chry-
sion de lu princesse Alix, de Louis VIL
fille sogone, célèbre par tant de travaux et sur-
que l'on retenait dans les du roi d'An-
Etats tout par ses légations, et qui mourut en
gleterre, sans terminer le mariage convenu 1182.
entre elle et Richard, fds de Henri H, retard de deux lettres, l'une
18. Pieire est auteur
dont le papo s'irritait jusqu'à menacer des à Ervise, abbé de Saint-Victor, à Paris, l'au-
foudres de l'Eglise, si le mariage n'était pas tre à Garin, abbé du même monastère, im-
ci-léhré quarante jours après l'admonition primées dans la grande collection de dom
transmise par son légat. L'ellel des menaces Marténe et de dom Durand. La première n'a
apportées par le cardinal Pierre fut d'enga- pour objet qu'une somme d'argent qu'il avait
ger Henri II à demander un délai d'abord, et prêtée â un ami d 'Ervise et sur sa recom-
une entrevue ensuite avec Louis le Jeune, mandation. 11 rappelle dans la seconde tout
entrevue qui eut lieu à Ivry, en Normandie, ce qu'il a fait pour l'abbaye de Saint-Victor,
dans laquelle la paix fut jurée entre les deux tout ce qu'il croit que Gaiin doit faire pour
princes, et où se conclut un mariage qui ne les intérêtsde cette abbaye. Il trace la con-
se célébra jamais. La compression des héré- duite à suivre dans le cas où une composi-
sies qui agitaient principalement le midi de tion amiable ne terminerait pas le ditl'érend
la France, fut l'objet de la première et même élevé entre Eskil, archevêque de Lunden, et
d'une seconde mission de Pierre de Saint- les religieux de Saint-Victor. Ces deux let-
Chrysogone. On le voit prendre des mesures tres sont sans date; mais la première est au
terribles pour les étouffer. Les histo:iens ra- plus tard de 1171, puisque Ervise cessa
content en particulier qu'un des hommes les d'être abbé à cette époque. Les mêmes édi-
plus riches et les plus puissants du comté de teurs en ont imprimé une troisième dans
Toulouse s'étant trouvé suspect d'arianis- leur Trésor d'anecdotes. Elle est écrite anx
nie, on ordonna la démolition de ses châ- chanoines de Saiut-M irtin de Tours, et doit
teaux et la confiscation de tous ses biens. être de l'an 1180 environ. 11 y confirme, sur
Pour échapper à ce malheur, il vint trouver leur demande, une ancienne fondation qui
le légat, fit entre ses mains une abjuration avait établi que deux cierges brûleraient à
des erreurs qu'on lui imputait et la profes- perpétuité devant le tombeau de saint Mar-
sion de foi qu'on exigea. Néanmoins, il n'ob- tin. Il menace de
l'indignation du saint et
tint sa grfice que sous la condition qu'il se- de Dieu même toute personne qui oserait
rait fustigé nu, les mains liées derrière le diminuer ou détourner l'argent consacré à
dos, dans toutes les places et dans toutes cet usage.
de Toulouse; qu'il irait servir les
les églises Une lettre beaucoup plus importante est
pauvres pendant trois années en terre sainte, celle du cardinal Pierre contre les albi-
ut que, même à son retour, il paierait une geois, écrite eu 1178, et adressée, comme
amende considérable et que ses châteaux l'auleur le dit lui-même, à tous les enfants
seraient démolis. Nous citerons tout à l'heure de l'Eglise, concernant la foi catholique cl
une lettre de Pierre de Saiut-Chrysogone, apostolique. Elle est imprimée au tome XIH
écrite à l'occasion même de celte mission des JJistoriens de France et dans la Bibliothè-

contre les albigeois. que des. Pères de Cileaux. « Comme il n'y a


11 parait que notre prélat fut en même qu'un Dieu, il n'y a qu'une foi, dit l'auteur;
temps évoque de Tusculum ei ensuite arche- lesapôtres eu ont établi le fondement, il est
vêque de Bourges. Uuibert, abbé de Gcm- inébranlable; il le sera toujours, quellesque
bloux, dans une lettre écrite vers 1182, soient l(!s fureurs des aquilons machi-
et les

parle de Pierre de Saint-Clirysogone comme nations des impies. » Il raconte ensuite avec
ayant d'aburd occupé cet évéclié et comme quelques détails les tentatives de l'hérésie,
assis actuellement sur le siège métropolitain lesséductions de plusieurs hommes qui en
de Bourges. Un est surpris que cette cir- sont atteints, les mesures prises et les eU'orts
constance ait échapi)é aux auteurs de l'an- faits pour s'en garantir. Les principales er-
cienne et de la nouvelle Gaule chrétienne. reurs attribuées à ces sectaires y sont expo-
,

730 HlSTOirîK GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


que les poursuites faites et le ju-
sées, ainsi de la Patrologie, col. 1119-1124. La lettre à
gement rendu contre eux. l'abbé Ervise et celle à l'abbé Garin sont au
Une autre lettre du cardinal Pierre de au tome CXCVI.
Saint-Chrysogone, bien digne aussi d'être 19. Roger, abbé de Saiut-Euverte d'Or-
rapportée, est celle qu'il adressa en 1177 au léans ', fut d'abord chanoine régulier de
pape Alexandre, en réponse à une autie, où Saint-Victor à Paris, vers le milieu du xiv
ce pontife l'invitait h lui faire connaître les siècle. En 1145 ou 1146, Gautier, qui gou-
noms des lionijues les plus distingués par vernait ce monastère, le choisit pour aller
leurs talents, leur savoir, leur doctrine, leurs réformer celui de Saint-Euverte à Orléans,
mœurs, que France possédait alors. Pierre
la confié alors à des séculiers. 11 en fit des cha-
lui en désigna plusieurs avec beaucoup d'é- noines réguhers sous la règle de Saint-Au-
loges. Ce sont Henri, abbé de Clairvaux, qui gustin, et devint lui-même, de leur propre
fut dans la suite cardinal et évêque d'Alba- choix, leur premier abbé. L'auteur de VHis-
no; le prieur de la Chartreuse du Mont- toire d'Orléans place celte réforme en 1163;
Dieu de Reims, qu'il ne nomme pas, mais mais elle est antérieure de seize ans au
qui n'est autre que Simon, loué plus d'une- moins. Roger abbé de Saint-Euverte en
était
fois dans les lettres de saint Thomas de Can- 1147. La bulle d'Eugène III en faveur de

torbéry et de Pierre de Celle; Baudouin, celle abbaye lui est adressée, et elle est de
alors abbé de Fordes, ordre de Cileaux, puis la seconde année du règne de ce pape. La
évêque de Worchesler et archevêque enfin Gaule chrétienne nous offre, sous la même
deCantorbéry; Pierre, surnommé Monocule, date, un diplôme de Louis-le-Jeune, en fa-
abbé d'Igny, qui le devint ensnite de Clair- veur de Saint-Euverte dans lequel Roger
,

vaux et qu'il recommande moins sous lu


, est également désigné comme abbé.
rapport des connaissances littéraires que Quelques années après, il reçut dans son
sous celui de la sainteté et des miracles monastère et y eut pour disciple Etienne,
qu'on lui attribuait; l'abbé de Sainl-Remide qui devint dans la suite évêque de Tournai
Reims, qui n'est pas nommé non plus, mais et qui fut un des hommes les plus di.stingués
qui était Pierre de Celle, devenu quelques de ce siècle. Etienne parle de lui dans ses
années après évêque de Chartres; l'abbé de lettres, et une d'elles lui est adressée -. Il

Saint-Crépin de Suissons, le vénérable Ber- fut même pour remplacer Roger,


choi-si
nérède, cardinal ensuite et évêque de Pales- quand celui-ci donna
sa démission, en 1168.
trinc; Pierre Comestor et Bernard de Pise, Le nouvel abbé ne le fut guère que huit ans.
professeurs célèbres; Gérard Pucelle, pro- On lui confia eu 1176 le gouvernement de la
fesseur non moins illuslie, et qui devint en- maison de Sainte-Geneviève à Paris. L'ab-
suite évêque de Coventry; Yves, archidiacre baye de SaiuL-Euverle étant ainsi devenue
de Rouen; enfin Herbert Medecius, ou plu- vacante, Roger consentit à eu redevenir le
tôt Herbert de Boshara, l'uu des biographes chef. Il fallut vraisemblablement vaincre sa
de saint Thomas de Canlorbéry, dont il avait résistance, car je vois, dans un diplôme de
été le secrétaire était venu d'abord
,
qui cette même année, que Louis-le-Jeunc l'ap-
s'inslruire à Paris etque l'on croit avoir été pelle quondam aùùas, ce qui me fait croire
archidiacre de Meaux. qu'il ne gouverna d'abojd que comice an-
Il y a une foule de lettres adressées à ce cien abbé; au lieu que, dans les actes sui-
cardinal légat et dont nous ne possédons vants, il est qualifié abbé, sans l'addition du
plus les réponses; il nous semble compléle- moi quondam^. Roger succéda ainsi à celui
menl inutile d'en indiquer même le sujet. dont il avait été le prédécesseur. Nous ne
Elles prouvent la variété de ses rapports, la connaissons pas bien l'année piécise de sa
multitude de sed occupations et le zèle infa- mort, mais il vivait encore en 1182; on le
tigable avec lequel il s'en acquittait. voit par sa signature apposée au bas d'un acte
Les lettres de Pierre de Saint-Chrysogone auquel il concourut, et dont il est fait mention
sont indiquées ou reproduites au tomeCXClX dans le tome VIII de la Gaule chrétienne.

» Cette notice est empruntée à l'Histoire littéraire notes de l'éditeur, pag. 26 et 70. —
' Comparez les

de la France. [L'éditeur.) deux cliartes de Louis Vil, insérées sous les numéros 44
* La 17» dans que du Molinet en a donnée
l'édition et 47 dans les preuves do la Gallia christiana, tom.
en 1682, pag. 25 et 26. Voir aussi la 52% adressée à VII, pag. 519 et 321.
Oeoffroy, abbé de Saint-Satur, et sur toutes deux les
[xii'siÈCLK.] CHAPITRE LXVl ARNÛUL, ÉVÊQUE HE LISIEUX. 751

20. Nous avons de Roger. Le


trois cfiiits Roger sont deux lettres : l'une adressée h
premier est adresse aux religieux de Sainl- Louis-le-Jeune. Ducliesne l'a iusérée dans le

Oiien à Rouen. L'abbé de Saint-Euverte avait tome W


de ses Historiens de France. Elle en
découvert le corps du patron de cette église. suppose d'autres qui l'avaient précédée; car,
Les religieux de Saint-Ouen lui avaient té- dès la première pbrase, Roger demande par-
moigué un grand désir de connaître toutes don à Louis de l'importuner si souvent par
les circonstances de cette découverte Roger : ses plaintes. Un des officiers du roi avait
les satisfait. Sa narration est courte néan- fait enlever les bœufs d'un des hommes de

moins; le sujet ne permettait guère quelle l'abbé de Saint-Euverte; l'abbé demande


fût longue. R dit principalement quelles qu'on restitue ce qu'on a pris par violence,
avaient été, a ce sujet, les espérances de et que des excès pareils ne se renouvellent

ceux qui, avant lui, étaient en possession de jamais.


l'église, les siennes propres, les motifs qui L'autre Iftlre est adressée à Ervise, abbé
encouragements et
l'avaient fait bésiter, les de Saint-Victor à Paris. Alexandre 111 faisait
les promesses de Suger dans un voyage que assembler un concile ;\ Tours. Roger avait
cet liomme illustre fit à Orléans, la fouille consulté Ervise, pour savoir s'il devait s'y
subitement faite d'après son conseil, et le trouver; Ervise n'avait pas répondu; Roger
succès qui réalisa l'annonce de Suger. Uom lui écrit encore. Cette seconde lettre a été
Martène a publié cette lettre, qui du reste ne imprimée dans VAmplissima collectin de dom
parait pas entière, sur un manuscrit de l'ab- Martène. Elle est moins imporlante encore
baye de Saint-Ouen, dans le tome I de son que la lettre à Louis-le-Jeuue.
Nouveau trésor d'anecdotes. Les continua- Voilà tout ce que nous possédons des
teurs de Bollandus l'ont fait entrer dans leur écritsde Roger, abbé de Sainl-Euverlc.
Grande collection, d'après un autre manus- On a leproduit dans le tome CXCIX de la
crit, eu l'accompagnant de quel jues notes Patrologie, col. 1125-1128, le récit de l'inven-
peu importantes. tion des reliques de saint Euverte.
Les deux autres écrits qui nous restent de

CHAPITRE LXVIIl.

Arnoul , évêque de Lisieux.

[Ecrivain latin, 1182.]

1. Ce prélat, connu dans par ses


l'hisloiie ny, et saint Bernard abbé de Clairvnux,
,

écrits ', par son expérience dans manie- le écrivirent au pape Innocent 11, pour le prier
ment des grandes affaires, et par
faveur la de confirmer l'clecliou d'Arnoul, sans s'ar-
de Henri II, roi d'Angleterre, fut premièie- rôler aux oppositions du comte d'Anjou.
ment archidiacre de Séez ,
puis en 1141 Outre les qualités personnelles de l'élu ,

évéque de Lisieux. 11 était neveu de Jean de Pierre le Vénérable lit valoir l'attachement
Lisieux *, son prédécesseur. Mais dans son d'Arnoul pour le Saint-Siège, qu'il prouva
élection le clergé et le peuple de cette ville en lui rappelant l'ouvrage que cet évêque
n'eut égard qu'à l'intégrité de ses mœurs et avait composé avant son éi)iscopat contre
à sa capacité. Geotfroi Plantagenet, comte l'antipape Pierre de Laon. Le pape Inno-
d'Anjou, qui avait troublé la paix et la liberté cent II eut égard aux prières des deux ab-
de l'Eglise de Lisieux sous l'évéque Jean, bés, et confirma l'éleclion el l'ordination
voulut aussi continuer à l'opprimer sous son d'Ainoul.
successeur, et à cet elTet il s'opposa à son 2. En 11-47, cet évêque suivit Louis Vil,
élection. Pierre le Vénérable *, abbé de Clu- roi de France, dans son voyage de la Pales-

' Voir sur Arnoul uue notice bistorique tirée de la > Mabill., lib. LXXVII Annal.,
Gallia chrhliana, et reproduite Ju tome CCI du la ' felr. Venerabl., Kiiisl. 7, lieruard.,
Patrologie latine, col. 9-U. {L'élileur.) t>sr 348.
752 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
liuo, d'où il revint avec ce prince en 11 't9. Il [Arnoul fit encore un autre discours dans le

fut chargé ', tani en France qu'en Ant;le- même concile le lendemain de l'ouverture.
terre, de traiter des aOfaires de grande im- C'est une exhortation pressante pour les
portance, comme légat du Saint-Siège en évêques à demeurer attachés à l'unité,
1)59. Aussitôt qu'il eut appris la promotion malgré tous les obstacles et toutes les diffi-
du pape Alexandre III, il en donna connais- cultés. Ces deux discours sont reproduits
sance au roi d'Angleterre, à qui il fit pro- d'après le docteur Giles, au tome CCI de la
mettre de ne reconnaître point d'au Ire pape Patrolofjie, col. 56.]

que lui, au cas qu'il s'élevât quelque autre Cependant, l'évèque Arnoul ayant perdu
4.
^
parti; puis en écrivit lui-même à Alexan-
il les bonnes grâces du roi d'Angleterre, alla à 5
'
dre 111 poui' le congratuler et l'exhorter à la cour dansle dessein de se réconcilier avec

tenir ferme, à l'exemple du pape Innocent 11, ce prince; et pour en venir plus aisément à
et à ne perdre aucune occasion d'envoyer bout, il lui fournit un moyen qui ne pouvait
ses ordres dans loiilcs les provinces, afin que lui être agiéable savoir de diviser les , :

qu'on s'accoutumât à lui obéir. Alexan- évêques attachés à saint Thomas de Cantor-
dre 111 fit lire celle lettre aux cardinaux en béry, avec lequel il était en dissension. La
plein consistoire. Dans sa réponse ^ à Arnoul, conduite d'Arnoul de Lisieux envers cet ar-
il lui donna avis que l'empereur Fridéric chevêque lui attira [justement] de vifs repro-
prenait le parti de l'antipape Oclavien, ce ches de la part de Jean de Sarisbéry et saint ,

qu'on ne sav.iit pas encore en Angleterre. Tliomas eu fut touché lui-même. Arnoul s'en
3. Ce pape convoqua en 1163 un concile expliqua avec lui par une très-longue lettre *,
i"! Tours pour le 19 mai l'évèque de Lisieux : oij, après lui avoir donné des avis sur la ma-

y assista ^ 11 fut même chargé de faire l'ouver- nière dont il devait se conduire pour recou-
ture du concile par un discours. Après avoir vrer les bonnes giâces du roi, il lui dit « Pour :

exhorté les évèques àse déclarer courageuse- moi, je vous servirai fidèlement et avec affec-
ment pour l'unité de l'Eglise contre les tion, sachant que vous sacrifiez votre fortune
schismatiques, et pour sa liberté contre les et votre personne pour l'intérêt de vos frères;
tyrans qui la pillent et l'oppriment, il s'ex- m;iis il faudra d'abord témoigner que je vous
prime ainsi : premiers *
« Encore que les suis contraire, parce que si je paraissais vo-
sefl'orccnl de la détruire, elle n'en est pas tre ami, je ne serais ni cru ni écoulé; la dis-
moins une, puisqu'ils sortent de son sein et simulation sera un moyen de vous servir plus
demeurent dehors; et quoique les autres utilement. »

veuillent l'asservir, elle n'en est pas moins L'évèque de Lisieux, réconcilié avec le
5.

libre, puisqu'elle les punit par sa puissance roi la conférence


d'Anglelerre, se trouva à
spirituelle.» Dans le même discours, il prédit de Chinon eu 11 66. 11 y fut question des
le retour de l'empereur Fridéric à l'unité de moyens que ce prince devait prendre pour
l'Eglise, et presse les évêques de la secouiir se mettre à couvert de l'interdit qu'il craignait
dans ses membres dispersés et exilés en , pour son royaume, et de l'excommunication
leur faisant part de leurs richesses. Il ajoute: pour sa personne. Arnoul n'en trouva pas
«Si nous recourons aux anciennes histoires, de plus ellicace que de prévenir la sentence
nous verrons qu'il est certain que les prédé- de l'archevêque de Cantorbéry, qui était en
cesseurs de Fridéric n'ont reçu l'empire que même temps légat du Saint-Siège, par une
par la seule grâce de l'Eglise romaine » ''.
appellation au pape, et son conseil fut suivi.

> Sauimart., loin. 11 Galliœ Christian., pag. C48 ii quos dixi-


nobis propriœ malitia pravitatis; et licet
et seq. mus iyranni ierrariim circa iemporatia bona et ipsa
Alexand., Episl. 2, loni.
' X ConciL, pag. 1397. etiam corpora nostra desŒviant... Ecclesia tamen Dei
[Palrol., tùm. CG, col. 88.] quœ disponenda sunt, libéra potestale disponit : immo
3 Tom. X Cotici/., pag. 1411. etiam ipsos quasi servos nequam spiriluali potestate
donnni et paires carissimi, ul slalus Ecclesiœ
' Icleo,
vinculo analhematis astringit. Ariiulp., tom. X Conc,
conservelur incommis, oportet unilati ejus et libertali col. 1412.
sollicite prouideri. Ulraijue enini 1ns dieius multis s
M. l'abbé Gosselin s'appuie de ce passage d'Ar-
urgetur inccmmodi.t : quia alteram scindere nititur noul dans son ouvrage : Pouvoir du Pape au moyen
schismalicornm ambitio : alleram quœrit auferre vio- âge, 1 vol. in- 8°, 1845, deuxième édition, pag. 487.
lentia tgrannorum : utrumque tamen eis per Dei gra- [L'éditeur.)
tiam erit impossibile... Licet enim exierint anobisali- 6 Tom. il Spicil., pag. 485 et 494. [Patrol., tom.
qui qui nobiscum erani, sed de nobis non erant non : CCI, col. 5t;.]

est scissa tamen veritus propter eos quos separauil a


[XII' SIECLE.] CHAPITRE LXVIII. — AllNOUL, ÉVOQUE DE LISIEUX. 7S3

0. Plusieurs années après, il se retira ;\ le jiarti d'Anaclot. Arnoul fait une peinture
Saint-Victor de l'aris, pour y vivre eu simple très-vive des désordres de la vie de cet évo-
cliauoiiie '. Pendaut qu'il y était, quelques que ^, des défauts de son élection, de ses ra-
cbanoines de la cathédrale de Lisicus l'ac- pines, de ses exactions pendant son épisco-
cusèrent devant le pape Lucius III, élu le pal, de ses ordinations simoniaques de ses ,

1" septembre 1181 d'avoir dissipé les biens


, excès dans promotion de ses parents aux
la

de l'Eglise-. Ce pape nomma pour juges l'é- dignités de l'Eglise dont ils étaient indignes,
vèque d'Avrauclies, l'abbé du Bec et l'abbé de sa négligence à punir les crimes scanda-
de Savigny. Arnoul regardant ces juges
, leux et publics de quelques-uns de ses clercs,
comme suspects 3, se plaignit au pape du ju- de son avarice qu'il trouvait moyen de satis-
gement qu'ils avaient rendu contre lui, et en faire par l'autorité que lui donnait sa qualité

obtint la cassation. 11 eut par là le moyen de de légat. Il dépeint avec de semblables cou-
payer aux chanoines de Saint-Victor la somme leurs ^ la vie de Pierre de Léon ou de l'anti-
dont il était convenu avec eux pour sou en- pape Anaclel, souillée par tant de crimes
tretien. 11 mourut en cette abbaye en 1182, qu'on le regardait comme l'antechrist, parce
sur la fin d'août. [Si l'on peut reprocher à qu'il était né d'un père juif.

l'évêque de Lisieux une conduite quelquefois 8. Venant au pape Innocent II, il relève la ,

équivoque dans les luttes que saint Thomas probité de ses mœurs " et surtout sa modes-
de Cantorbéry eut à soutenir pour détendre lie, dont il donna des preuves éclatantes en

la liberté de l'Eglise, il luut dire qu'il racheta refusant constamment le souverain pontificat
cette faute par ses travaux pour éteindre le jusqu'à ce qu'il lût comme forcé de l'accep-
schisme occasionné par l'antipape Anaclet, ter. Arnoul fait voir la canonicité de son élec-
par sa belle lettre à Ale.\andre 111, par sa tion, que Girard d'Angouléme reconnut lui-
sollicitude pour l'intégrité des règles de la même par une lettre qu'il lui écrivit pour le
vie monastique et enfin par les actes de
,
complimenter de son intronisation. Il ajoute
piété, de méditation, de résignation par les- qu'Innocent lui ayant lefusé de le confirmer
quels il termina son existence.] Nous avons dans sa qualité de légat qu'il avait deman- ,

de divers ouvrages, des traités de tliéolo-


lui dée par la même lettre, Girard prit occasion
gie quelques sermons, des lettres et quel-
', de ce refus pour se joindre aux schismatiques
ques pièces de poésie. [Tous les écrits d'Ar- et sedéclarer hautement en faveur de l'anti-
noul ont été réunis pour la première lois par pape Anaclet, en sollicitant le roi d'.\ngle-
le docteur Uiles, Oxford 1844, et sont repro- terre, les évéques, les peuples (principale-
duits au tome CCI de la Patrologie latine, col. ment de l'Aquitaine), de le reconnaître pour
15-200.] pape légitime. Arnoul n'oublie pas de repro-
7. Après la mort d'Honorius II, airivée le cher à Girard &on intrusion dans le siège ar-
14 lévrier 113U, on donna à ce pupe pour chiépiscopal de Bordeaux **, où il n'avait été
successeur Grégoire, cardinal de Suint-Auge, appelé ni par le clergé, ni par le peuple. En-
connu sous le nom d'Innocent 11. Son élec- tre ceux qui se déclarèrent constamment pour
tion, traversée par celle de l'antipape Ana- le pape Innocent, il met les chartreux, les
clet 11 , occasionna un schisme dans l'Eglise. cisterciens et les cluuistes, et suppose visi-
Arnoul, qui n'était alors qu'archidiacre de blement qu'il était reconnu des rois, des em-
Séez, étudiait en Italie les lois romaines. Son pereurs, des princes, el de presque tout l'u-
attacliemcnt à l'Eglise, et les bienfuils qu'il nivers.
avait reçus du pape Innocent 11 et de Geof- y. Le sermon sur l'A nnonciatiou de la sainte
froi , évoque de Chartres légat du Saint- , Vierge a été donné au public par dom Luc
biége, l'engagèrent à soutenir l'élection de d'Achéiy '^, sur la du tome XllI du Spici-
fin
ce pape et ix s'élever contre Girard , évè- l('yc. [11 est reproduit au tome CCI de la Pa-
que d'Augouléme ,
qui favorisait en France tnAnijk, col. 107-172, d'après le docteur

Arnoul avait otTerl la UéiuissioD de 80U évéchè que de contracter des dettes pour son diocèse sans
aux |iupes Eugiiic el Adrien ; il ne l'obliul que du pouvoir jantuis s'en débarrasser. (L'éditeur.)
pape Alexandre 111. Voyez les letlies 104, 105, 107, 3 Toni. il S^ici/ej., pag. 182, 4S4. [A'a/io/., ton).
lOy, 110, loui. CCI de lu l'atrologie, col. 145 et buiv. CCI, col. 100.)
{^L'éditeur.) ' Ibid., pag. 33U. — ^ llàd., pag. iVi cl si'q.
«Ou voil pur plu:,ieur6 lellres d'Ainoul éditées par l'ag. 345 el seq.
le docteur Gilis, ipie ce prélat u'eut rien luul ù tauir >
l'ag. 3'i'J. - » l'ag. 351. — " l'..g 357.

XIV. 48
,

731 HISTOIHE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


Giles, qui le donne à tort coran)e inédit.] Se- vreux, ce qui lui paraît déshonorant pour
lon Arnoul, Marie, après avoir donné son l'épiscopat. C'est pourquoi il le prie de lui en
consentement aux paroles de l'ange, fut aus- nommer d'autres qui fussent d'un âge et d'un
sitôt purifiée du péché originel et des péchés ordre devant lesquels il pût comparaître sans
actuels si elle en avait commis quelques-uns ' blesser sa dignité et le respect dû à sa vieil-
afinqu'ayant recouvré la dignité et l'inno- lesse, et de les joindre à l'évêque d'Avran-
cence de la première création, la nature di- ches , nommé auparavant avec les deux
vine put s'unir en elle avec la nature humaine, doyens. 11 parait qu'il s'agissait d'églises pa-
exempte de toute tache. Sa virginité ne souf- roissiales etde dîmes qu'il disait usurpées
frit aucune atteinte pur la conception et l'en- par des moines. Par la seconde, il prend la
fantement -; cette Mère de Dieu fut élevée à défense de Regnaud, élu évêque de Batlion,
un degré d'honneur d'autant plus grand que mais dont l'élection était contestée principa-
sa conception était plus miraculeuse. Dieu lement à cause qu'on le disait né depuis que
ayant ajouté à l'honneur de la virginité qu'elle son père avait reçu les ordres sacrés. Arnoul
avaitembrassée celui de la fécondité, par dit aux cardinaux et légats, juges délégués
une merveille qui n'est possible qu'à Dieu. pour cette atl'aire par le Saint-Siège, que le
L'union peisonnelle des deux natures s'est mérite de Regnaud était bien connu, que son
faite sans aucun mélange ni confusion de ces élection s'était faite d'une voix unanime, et
deux natures; elles sont demeurées substan- qu'il était né avant que son père entrât dans
tiellement les mêmes après l'union comme les ordres sacrés; qu'ils ne devaient donc pas
auparavant. Quoique l'incarnation soit l'ou- tarder à l'envoyer dans son église, qui avait
vrage des trois personnes de la Trinité, la un grand besoin de sa présence ^.
seconde seule s'est incarnée.- Quand on dit 11. Robert, arciievéque de Rouen, avait
de Jésus-Christ des choses qui paraissent in- obtenu un rescrit de Rome en faveur d'un
compatibles, il faut les expliquer en attri- moine de Coriueil, qui était sorti deux fois
buant à la nature divine ce qui lui est pro- de son monastère. 11 y fut reçu une troisième
pre, et à la nature humaine ce qui lui appar- fois, et, s'étant depuis souillé de divers cri-
tient; en sorte qu'on n'attribue point les fai- mes, l'abbé lui permit d'aller s'établir ailleurs.
blesses humaines à la nature divine, ni la Il s'adressa au Saint-Siège, qui, ayant pris

majesté divine, c'est-à-dire les opérations di- connaissance de ses raœuis, lui refusa ses
vines, à la nature humaine; mais lorsqu'il demandes. Il apoitasia et tomba dans d'au-
est question di; la personne de Jésus-Christ, tres désordres. Arnoul, craignant qu'il n'eût
on peut dire de ce qui est de l'une et de
lui de nouveau recours à l'archevêque de Rouen
l'autre nature. Le mariage de saint Joseph pour se faire recevoir une quatrième fois à
avec la sainte Vierge, bien que n'ayant point Cormeil, le prévint et lui fit envisager les
été consommé, ne laiss:iit pas d'être un véri- maux qui en arriveraient à ce monastère.
table mariage, parce que le mariage ne con- 12. La lettre à tous les fidèles regarde l'ac-
siste essentiellement que dans la seule volonté cord fait à l'amiable entre Simon , abbé de
ou le consentement des époux. Arnoul ap- Saint- André, et les frères hospitaliers de
porte l'exemple du mariage de sainte Cécile Saint-Jean de Jérusalem, au sujet d'un tes-
avec Tiburce; tous deux de concert vécurent tament où ils étaient rappelés. Arnoul, com-
dans le célibat, même après leur mariage '. missaire du Sdint-Siége pour juger cette
i,iir., 10. A la suite de ce discouis on a mis, dans dilliculté définitivement et sans appel, la ter-
le même tome du Spicilége, cinq letties d'Ai- mina au conleutementdesparties intéressées.
Kpji. 1, noul à diverses personnes. Dans la première '
Dans sa cinquième lettre, il supplie Henri 11,
cciTcor.'ST'j qui est au pape Alexandre III, il se plaint roi d'Angleterre, d'interposer son autorité
d'avoir eu pour juges dans une atlaire pour obliger Hugues de Nouant, son neveu,
deux doyens, l'un de Bayeux et l'autre d'E- à restituer aux chanoines réguliers de Saint-

* Il est de foi, d'après le décret rendu


en 1854 par élé parlé, el uu troisième qui fut prononcé dans un
Pie IX, que .Marie a été conçue sans la laclie du autre concile , il en sera parlé au numéro 86.
péché originel à plus forte raison est-elle e.xempte
; [L'éclileur.)
de tout péché actuel. [L'éditeur.) ' Ibid., pag. 253, Eiiist. 1.
' Pag. 364, 365. i Celle lettre est adressée aux archevêques de
' On a trois autres discours d'Arnoul;
les deux qui Cantoibéry et de Tarentaise chargés par le Saint-
furent prononcés au concile de Tours et dont il a Siège de cette iill'aire. [L'éditeur).
CHAPITRE 1,\V11I. — ARNOIIL, KVftQUR DE LISIEUX.

Viclor 1 église paroissiale de Vassée, qu'il pressait, et qu'il doutait qu'ils pussent arri-
leur avait donnée avant de se retirer chez ver à temps. Plusieurs ne firent aucune dif-
eux. et ('tant encore évoque de Lisieux. ficulté de confirmer l'élection, et Arnoul se

11 se plaint beaucoup de ce neveu, fils de sa chargea, de prier Guillaume, èvêque du Mans,


sœur, et lui reproche vivement son ingrati- de donner aussi son consentement à cette
tude et son avidité à s'emparer du bien des élection.
pauvres et de l'iiglise. 15. Célestin II étant monté sur le Sainl-
13. Il y a quelques autres lettres d'Arnoul '
Siége en 1 1-43 mortd'lnno-
(aussitôt après la •

dans le tome II du Spicilége de doiu Luc d'A- cent 11), l'évêque de Lisieux, en le compli-
chéry. Nous avons déjà parlé de la première mentant sur son élévation fit dans la même ,

qui regarde l'accusation formée contre lui lettre l'éloge de son prédécesseur, qu'il ne
d'avoir dissipé les biens de son Eglise, et de craint pas de lui donner pour modèle, en di-
la seconde dans laquelle il suggère à saint sant qu'on ne doutait pas qu'il ne dut don-
Thomas archevêque de Canlorbéry les
, , ner de l'accroissement à ce qu'Innocent II
moyens de rentrer dans les bonnes grâces avait planté. Par une lettre que nous n'avons
de Henri 11, roi d'Angleterre -. 11 en écrivit pas entière *, il priait le pape Célestin d'a-
une Iroisièmeadresséeaupape Alexaudrelll', chever dans l'Eglise de Sécz le bien que ses
pour l'assurer que la puissance séculière n'a- prédécesseurs y avaient commencé. On voit
vait eu aucune part à l'élection de cet arche- par ]h qu'Arnoul, depuis qu'il fut fait évêque
vêque et que ses mérites seuls l'avaient
, de Lisieux, s'intéressait pourTEglise de Séez,
porté sur le siège archiépiscopal de cette dont il avait été archidiacre.
Eglise. 11 était déjà avancé en âge lorsqu'il 16. Toutes les lettres dont nous venons de
écrivit au roi d'Angleterre pour lui redeman- parler ne se trouvent pas dans le recueil ma-
der sa bienveillance; et, pour y rentrer, il le nuscrit d'Odon qne Claude Minos
Turuèbe ^,

l'ait souvenir que tant qu'il avait suivi ses fil imprimer à Paris en 1583, in-8°, avec les
conseils, il avait été obéi et respecté de ses autres opuscules d'Arnoul, qui faisaient par-
sujets, et que son royaume était resté dans tiede ce recueil. On a suivi cette édition dans
une Iranquilité parfaite parce qu'alors la rai- Pè^es à Cologne et dans
la liibliotlièqvc des ,

son, la justice et la miséricorde dirigeaient celle de Lyon. Mais on lit dans celle-ci un
toutes ses actions; mais que depuis qu'il s'é- discours entier d'Arnoul, que dom Luc d'.\-
aux conseils des llatteurs, il n'avait
tait livré chéry n'avait donné qu'imparfait dans le tome
connu d'autres lois q\ie sa propre volonté, ou H' de son Spicilcf/e. Arnoul fut prié, dans
plutôt celle des llatteurs. 11 lui représente sa vieillesse, de recueillir toutes les lettres
que Dieu n'a donné aux rois la puissance et qu'il avait écrites à diverses personnes. Il ré-
les richesses que pour la garde et la dètense pondit â Gilles, archevêque de Rouen, qui
de leurs peuples, et non pour user de vio- lui avait fait celte demande, qu'il ne la lui
lence envers eux. accorderait qu'avec peine, dans la crainte de
14. Sa lettre aux légats Albert et Théodin, s'attirer le mépris du public, qui l'accuserait
l'un et l'autre cardinaux de l'Eglise romaine, de vanité, ou regarderait ses letlres comme
estpour les engager à favoriser l'élection do ne méritant pas de voir le jour. N'en ayant
Kegnnud, à laquelle on disait que le jeune conservé aucune copie, il fut obligé de rede-
roi Henri s'opposait; il insiste sur la canoni- mander les originaux. Comme il en convint
l'.ilë de son élection connuede toutleroyaume, lui-même, celles qu'il avait écrites dans sa
sur les empressements du clergé et du pc^u- jeunesse étaient d'un style plus châtié, plus
ple de Balhon, et sur l'uiililé qu'il procurera coulant, plus lleuri, plus sentencieux, plus
â celte église; elle était desservie par des élégant; mais, dans un âge avancé, il s'é-
moines, non par des clercs. Arnoul écrivit
et tait moins appliqué à orner ses letlres de
sur le même
sujet une seconde lettre dont il figures qu'à les rendre uliles, comme il con-
a été parlé plus haut. Le cierge de Tours venait à un évêque. « Dans la vieillesse,
s'était choisi un archevêque sans attendre ajoute-l-il, l'esprit a plus de peine h fournir,
l'arrivée des sutl'ragants, parce que la chose lorsqu'il s'agit d'écrire à des personnes qui

' Voyez loin. II Sjjiciley., pag. 48i et seii. docteui' Uiles. {L'edilei .) — • Elle esl entière duns
' On a lieu d'èlrc surpri» dos moyens du disàiuju- l'édiliou du docteur Gil reproduite par la Palnlogie.
latiou dont il parle eu la terininant. {L'ddil.) (i:Milfur.}
' Je ne trouve point cette lettre dans l'édition du 5 Toin. XXII liiblwt. Pal., pag. 1305
?o6 HlSTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
méritent du respect, ou qu'il est question de 19. Il déclare, dans une lettre à l'évèque
traiter des affaires. du Mans, qu'une des parties conlendautes
Parmi ses lettres, il y en a plusieurs
17. citée à jour et lieu certain, ne peut être con-
qui ne sont que de pure amitié. Nous nous damnée pour une simple absence, jusqu'à ce
arrêterons à celles qui contiennent quelque qu'elle ait été citée une seconde et une troi-
chose d'intéressant. Dans sa lettre au pape sième fois. Arnoul ayant eu un ditl'érend avec
Adrien IV, il lui recommande un nommé Si- un seigneur de son diocèse, qui, non-seule-
mon, qui, pour avoir appelé au Saint-Siège, ment ne voulait pas reconnaître sa juridiction,
avait été mis eu prison, d'où il n'était sorti mais qui lui avait encore enlevé plusieurs
qu'en donnant de l'argent à son persécuteur, choses, les légats d u Sl-Siége ordonnèrent que
et en acquiesçant à. la sentence que l'évèque le seigneur restituerait ce qu'il avait enlevé;
avait portée contre lui. Il fait remarquer deux ceux de ses vassaux qu'Ar-
qu'il obligerait

choses au pape la première, que l'on com-


: noul avait excommuniés à faire satisfaction;
mençait dans ces cantons à n'avoir plus le et, pour reconnaître la juridiclion de cet évo-
même respect pour le Saint-Siège qu'aupa- que qui était son diocésain il lui présente- ,

ravant; la seconde, que si l'on soufl'rait à rait un prêtre pour gouverner, sous son au-
Rome qu'on éludât de cette façon le recours torité, l'Eglise et le peuple du lieu où il était

que l'on pouvait y avoir, la protection du seigneur. Celui-ci otl'rit à Arnoul de lui faire
Siège apostolique deviendrait inutile. Arnoul présenter ce prêtre par Hugues, archevêque
pria le même pape, par une autre lettre, de de Uouen. Arnoul le refusa, de crainte de
renvoyer l'évèque de Bayeux à son diocèse, nuire à sou droit. Il consentit au surplus à un
où sa présence était nécessaire pour préve- accommodement pour finir entièrement cette
nir les maux dont son Eglise était menacée '. dilficultè.

Sa quatrième lettie au pape Adrien a pour 20. On a déjà remarqué qu'aussitôt que
objet un différend entre l'abbé et les moines l'évèque de Lisieux eut appris la promotion
de Jumiège. Arnoul l'avait examiné sur les d'Alexandre 111, il lui écrivitpour l'en félici-
lieux, et jugé en faveur de l'abbé, qu'il avait ter et le reconnaître pour vicaire de saint
admis à son serment, et à celui de trois abbés Pierre, et pour le pasteur et l'évèque de tous
et de trois moines de probité reconnue, parce ceux qui portent nom
de chrétien. Pour le
le

que ses accusateurs n'avaient produit qu'un rassurer contre les de l'antipape Uc-
etl'orts

témoin pour chaque chef d'accusation. Les tavien , souvenir, dans cette lettre
il le fait ,

moines ayant demandé à l'évèque de Lisieux qu'il est souvent ariivé de ces sortes de

des lettres de renvoi au Sainl-Siége, auquel schismes dans l'Eglise romaine, mais qui ont
ils avaient appelé, ou, comme il est dit, aux toujours tourné à sa gloire, comme on le voit,
Apôtres, il leur en accorda, en ordonnant dit-il, par les peintures du palais de Latran,
néanmoins aux parties de ne rien faire qui où les schisuiatiques téméraires servent de
pût préjudicier à l'appel. marchepied aux pères catholiques, c'est-à-
18. Arnoul de Lisieux écrivit à l'abbé de dire aux papes. Alexandre, sensible à celte
St-Evroux qu'étant obligé d'acquitter toutes lettre, eu remercia Arnoul, le priant de con-
les dettes contractées de bonne foi par son tinuer ses soins auprès du roi d'Angleterre,
prédécesseur, il prononcerait contre lui une des évêques et des seigneurs du pays. Ce
sentence d'interdit, s'il ne satisfaisait tous ses pape lui donna avis de l'excommunication
créanciers avant la Pentecôte prochaine. Il qu'il avait prononcée contre l'empeieur Fri-
lui enjoignit encore, sous peine de suspen- déric et ses lauteurs.
se, de recevoir le moine Guillaume, qu'il 21. Arnoul écrivitdonc aux évêques d'An- Mil
avait chassé de son monastère sans avoir gleterre pour leur faire connaître la canoni- (p.|

voulu entendre sa justification. Avant d'en de l'élection d'Alexandre III. Il en détailla


venir à cette censure, Arnoul s'était fait in-
cité
"1
toutes les circonstances, dont il fait le paral-
former exactement du délit dont ce moine lèle avec celle d'Octavien. On trouvait dans
était accusé, mais non pas convaincu. Il avait Alexandre toutes les qualités personnelles né-
même cité deux fois l'abbé sans qu'il eût com- cessaires à un pape de la naissance, du sa-
:

paru; d'ailleurs Guillaume était disposé à obéir voir, l'assemblage de toutes les vertus. Son
en tout à son abbé. élection s'était faite suivant les règles, et sa

Cette lettre, ainsi qu'une autre sur la même affaire, est adressée au pape Eugène. {L'éditeur.}
[XU'' SIÈCLE.] CHAPITRE LXVIIT. — ARNOUL, ÉVÊQUE DE LISIEUX. 757

consécration par l'évêque d'Oslie, à qui il ;ip- 22. L'évêque de Séez, parent d'.\rnûul,
partient de droit. Il était reconnu par les car- avait établi des chanoines réguliers dans cette
dinaux évoques qui faisaient les fonc-
et les Eglise au lien des séculiers, et ce change-
tions de légats en divers pays; et toute l'E- ment avait été approuvé par les papes Hono-
glise serait dans une paix parfaite, si Octavieu rius 11, Eugène III et Adrien III, et par Henri II,
ne se fût mis sous la protection de l'empe- roi d'Angleterre; et les évêques ses successeurs

reur Fridéric, qu'il savait être disposé à le devaient, avant leur ordination, faire serment
secourir. En eQ'el, ce prince, ajoute Arnoul, de continuer cet établissement. L'un d'eux,
fut ravi de trouver cette occasion, que ses contemporain d'Alexandre III, en obtint la per-
prédécesseurs avaient souvent chercliée de , mission de conférer les archidiaconés à des sé-
soumettre l'Eglise romaine à leur empire; et culiers, dans la vue de placer ses parents.
c'est pour cela qu'ils ont favorisé les schis- Arnoul s'en plaignit au pape, el lui remontra
inatiques et suscité des séditions dans Rome. qu'il n'avait pu détruire ce que ses prédéces-

L'évêque dé" Lisieux fait voir qu'on ne pou- seurs avaient établi, parce que les privilèges
vait reconnaître Oclavien pour pape, et il eu par eux accordés font comme des testaments
donne les raisons suivantes Il n'avait été : qui ne sont pas annulés, mais plutôt confir-
élu que par un évoque et deux cardinaux; il més par la mort des testateurs; qu'on avait
avait piis de lui-même les ornements ponti- bien pu changer des chanoines séculiers en
ficaux, avait emploj'é la violence des armes réguliers, parce que l'institution de ceux-ci
pour s'asseoir le premier dans la chaire pon- est plus parfaite; mais qu'on ne pouvait chan-

tificale et s'emparer du palais; il n'avait été ger un ordre plus saint en un moins parfait,
consacré qu'en présence d'un petit nombre parce que c'était autoriser le relâchement. Il
de personnes et par des évêques qu'il avait exhorte donc le pape Alexandre <i révoquer
mendiés de tons côtés; n'ayant aucune con- ce qu'il avait accordé par surprise.
fiance dans sa cause, il avait fait l'empereur 23. L'abbé de Giestain, dans le diocèse de
le maître absolu de sa destinée, en jetant h Lisieux, sous prétexte de prendre soin des
ses pieds les marques de la dignité pontifi- biens que ce monastère possédait ru Angle-
cale, dont il avait ensuite reçu l'investiture tene y passait des temps considérables oc-
,

des mains de ce prince par l'anneau et le bâ- cupé à des procès et à se divertir, ce qui oc-
ton faisant triompher l'empire du sacerdoce.
,
casionnait de grandes dépenses et divers
En vain on faisait valoir pour son élection le désordres parmi les moines. Comme il était en
concile de Pavie, juiisque les évêques n'y ce pays-là depuis quatorzemois, etqu'ilyétait
avaient en aucune libeité; qu'on leur l'écrit allé sans la permission de son évèque, .ar-
avait produit était plein de faussetés, et on noul lui écrivit pour s'en plaindre et lui or-
n'avait pu y rendre valide une élection vi- donnei', en vertu de l'obéissance, de revenir
cieuse dans son commencement. Arnoul op- au plus tôt à Greslain, sous peine de recevoir
pose à ce conciliabule les assemblées tenues de sa part un ordre plus sévère. L'abbé, qui se
en Francepour la réception du pape Alexan- nommait Guillaume d'Excester, n'eut aucun
dre, el à cette occasion il dit : « liéni soit égard aux munitions de l'évêque de Lisieux.
Dieu qui a fait à l'Eglise gallicane sa miséri- Il continua son séjour en Angleterre. Le bri-

corde ordinaire, de reconnaitic toujours la gandage se mit dans son monastère. Les dé-
vérité et de ne pas s'écarter du chemin de la sordres éclatèrent au dehors. Arnoul en
justice. 1) Enfin ildit aux évêques d'Angle- porta ses plaintes au pape Alexandre, lui de-
terre qu'encore que le roi ail reconnu dès le mandant d'ordonner la dispersion de ces
commencement lepape Alexandre, il ne vou- moines indociles dans des monastères bien
lait point publier d'édit sur ce sujet sans les réglés, et de mettre à (jrestaiu des chanoines
avoir consultés. réguliers. La demande d'.Arnoul ne fut point
Dans sa lettre aux cardinaux, Ainoul les écoutée. Le pape laissa l'abbaye de Greslain
avertit de ne pas éloigner ce prince par Icuis sous la règle de saint Benoit; mais l'abbé
menaces, mais de l'adoucir, puisque l'obéis- (iuillaume fut transféré à Saint-Martin de
'

sance des royaumosde France, d'Angleterre, Pontoise, en 1183, par Gauthier, archevêque
d'Espagne, d'Hibernie el de Norwége dépen- de Rouen.
dait de sa déclaration, le roi de France s'en 24. Eu envoyant à Henri, cardinal évèque
étant rapporté à lui pour le jugement délini-
tit de celle cause. • Uulieiluâ do Me
758 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
de Pise, les ouvia,!,'es d'Ennodius, Ariioul en bruit occasionné par le grand nombre des
porte un jut;ement peu avanla^eux. Il dit que assistants. Gilles, archidiacre de Rouen , le

quant aux matières qui y sont traitées, elles pria de le mettre par écrit. On l'a mis au
ne sont point intéressantes et qu'à l'égard
, rang de ses lettres, parce qu'il est précédé
du style, il n'a ni beauté ni clarté; ce qui d'une lettre à cet archidiacre. Nous en avons
fait qu'au lieu de donner du jour aux diffi- parlé plus haut. Arnoul fit un autre discours
cultés qu'il se propose d'expliquer, il les dans un concile où il s'agissait de l'élection
couvre de ténèbres. II n'estime pas plus la d'un évêque. Dom Luc d'Achéry n'en adonné
poésie de cet écrivain que sa prose. Ses vers, qu'un fragment dans le tome II du Spicilége '.
dit-il, sontsansaménité,etilspèclientsouvent Il est tout entier dans la Bihliothkjue des Pères,

contre les règles on y fait longues les syl-


: p. i326, à Lyon en 1677. La beauté, l'uin'té,

labes qui sont brèves, et brèves celles qui la catholicitéde en font la matière.
l'Eglise
sont longues. Arnoul, cependant, ne prétend Arnoul s'y déclare ouvertement contre l'élec-
pas que son jugement doive fixer celui du tion de Girard, comme faite contre les règles.
cardinal Henri, qui était en état d'en juger lui- [Ce discours est reproduit, d'après le docteur
même par la lecture des écrits d'Ennodius. Giles, au tome CCI de la Patrologie, col. 161-
2o.Ce que dit l'évoque de Lisieux dans , 167, au rang des sermons.]
322. sa lettre à Arnaud, abbé de Conneval, du 27. Il approuva et confirma celle de l'abbé
sacrifice de la messe, mérite d'être rapporté. de Bernac, mais il trouvait mauvais que le
(IOn ne peut rien offrir de plus précieux que prieur ne fût pas venu lui-même avec quel-
Jésus-Christ, rien de plus efficace que ce sa- ques-uns de ses religieux lui demander le

crifice, rien de plus utile à celui qui l'ofiVe et jour de la bénédiction du nouvel abbé, et
à celui pour qui il est offert, si l'indignité des contenté de lui députer un jeune
qu'il se fût
personnes ne le rend inutile par l'opposition moine sans mœurs et sans gravité. Il ordonna
de leurs mœurs à la dignité de ce sacrifice; donc au prieur de le venir recevoir au jour
car il faut que celui qui l'offre ait les mains marqué pour cette cérémonie, et de se faire
pures, de peur que ce qui n'est pas appré- accompagner d'un nombre compétent de sa
ciable, et qui est digne de toute vénération, communauté, avec celui qu'ils avaient élu
ne soit otiert pour un vil pi'ix et pour des poui' leur abbé.
motifs encore plus indignes. 11 est aussi né- Dans sa lettre à Albert et à Théodin, légats
cessaire que celui pour qui il est offert en du pape, il fait voir qu'à cause de l'inconti-
reconnaisse la valeur par la foi, qu'il l'aime, nence des prêtres, très-fréquente dans sa
qu'il le désire ardemment, et qu'il mette en province, il n'est pas expédient de donner
ce sacrifice la confiance d'obtenir de Dieu sa des bénéfices aux fils des prêtres, de peur
propitiation et sa miséricorde. Par la réu- qu'à l'exemple de leurs pères ils ne souillent
nion de ces dispositions saintes dans les deux le sanctuaire du Seigneur.
parties, le sacrifice est utile à l'une à l'autre, 11 se plaint encore au pape Alexandre III de
et il arrive que ceux qui offrent pour les au- ce que les moines recevaient des cures et des
tres offrent pour eux-mêmes. Que ce bienfait dîmes de la main des laïques, et refusaient
est grand, qui profile à celui qui le reçoit et l'obéissance aux évêques. Cette dernière
à celui qui ledonne! Quelque étendue que plainte regardait particulièrement l'abbé de
soit la charité du prêtre envers certaines per- Saint-Evroul, qui avait célébié la messe et
sonnes, le sacrifice qu'il offre est tout entier tous les autres offices divins au préjudice de
pour tous, et tout entier pour chacun eu par- la suspense et de l'anathème que son évê-
ticulier. Pour être communiqué à plusieurs , que avait prononcés contre lui.

son intégrité n'en est pas divisée, ni sa vertu [28. Plusieurs autres leltres inédites ont été
diminuée lorsque plusieurs y participent. 11 publiées par le docteur Giles. Il y en a à saint
est tout à vous et tout à moi. Je l'ai offert Thomas de Cantorbéry, au pape Alexandre III,
tout entier pour vous, et je l'ai néanmoins à Henri , roi d'Angleterre , à des évêques , à
réservé tout entier pour mon utilité parti- des abbés et à ditl'érents personnages. Nous
culière. » ne parlerons que des plus importantes.
,23. 26. Lorsqu'Arnoul prononça un discours Arnoul,. écrivant à saint Thomas, encore
"'•
à l'ouverture du concile de Tours, la plupart chancelier d'Angleterre, l'avertit des dangers
des assistants, ceux même qui étaient auprès
de lui eurent peine à l'enlendre à cause du
, 1 Tom. II Sjiicileg., pag. 503.
[xirsiicLE.] CIlAPlTRIi: LXVIII. — ARNOUL, ÉVÈQUE DE LISIEUX. 759

et des embûches qui menacent ceux qui clésiastique sont tellement unies, que les rois
vivent à la cour; c'est une réponse à une ne peuvent pas obtenir le saint sans l'Eglise,
lettre du chancelier. Dans une antre lettre, il et que l'Eglise ne peut pas jouir de la paix
dépeint à l'archevêque de Cantorbéry les tri- sans la protection royale. »

bulations qu'il éprouve de la part de ses en- Plus tard , Arnoul fit connaître au pape la
nemis et surtout de la part de i'archevèquo liberté dont l'Eglise de Cantorbéry, ajjrès la
de Houen. 11 se plaint du silence que saint mort de saint Thomas, avait joui dans l'élec-
Thomas continuait à garder à son égard. tion d'un nouvel archevêque. 11 attribue cette
Arnoul, dans la lettre cinquante-cinq, fait lilerlé aux mérites du saint martyr et aux
savoir an pape Alexandie 111 les détails con- bonnes dispositions du nouveau roi. Il prie
cernant la mort violente de saint Thomas; il le pape de profiter des circonstances pour

lui représente la douleur du roi Henri, lui faire jouir l'Eglise de ses libertés complètes.
l'ait connaître combien ce prince déleste ce Plusieurs autres lettres adressées à Alexan-
crime, et les piolestalion.s qu'il fait de n'\' dre III sont consacrées >'i lui exposer les mo-
aA'oir pris aucune part. Il lui demande la pu- tifs qui portent Arnoul à donner sa démission.
nition des coupables, et le prie de conserver Dans d'autres, il s'agit d'affaires particu-
au roi son atl'ection. lières relatives à son diocèse.
Gilbert, évéque de Londres, avait été ac- Les lettres qu'il adi-esse à Henri-le-Vieux
cusé et condamné injustement, grâce à la regardent en général les accusations portées
haine de ses ennemis. Arnoul prit sa déicnse contre l'évéque de Lisieux, sa justification, les
auprès du pape. Dans la lettre qu'il écrivit à molifs qu'il allègue pour rentrer en grâce.
cette occasion et dont la plus grande partie
, Toutes les lettres éditées par le docteur
clail déjà publiée avant le docteur Giles, il Giles sont au nombre de cent trente et une,
faitvaloiiles talents, les vertus de l'évéque de en y comprenant le rescrit du pape Alexan-
Londres, montre qu'on a violé dans sa cause dre III en réponse à la lettre d'Arnoul rela-

toutes les formes du droit. Cet évéque avait tive à sa pioraolion à la papauté. On regrette
été , ce semble, accusé d'avoir mal géré les que ces lettres soient sans ordre et sans som-
de son diocèse et de n'avoir pas obéi
sitl'aires maiies.
fidèlement aux lois ecclésiastiques. Le pape 29. L'évéque de Lisieux s'occupait quel-
même, après avoir reçu le serment par lequel quefois de poésies. Ses vers ont de la dignité.
Gilbert s'engageait à obéir aux ordres apos- [On a de lui seize pièces de poésies qui sont
toliques quand il en serait requis, avait con- reproduites au tome CCI de la Patroloyie,
tribué à le faire condamner, et lui avait ainsi col. 193-200.1 Le premier poème est sur la
ôté le remède salutaire dans l'espérance du- Nativité de Jésus-Christ; les autres, sur dif-
quel il avait commencé Arnoul ii respirer. férentes matières qui n'ont que peu ou point
avait auparavant montré l'Eglise romaine de rapport à la religion, comme sur le retour
comme un refuge solennel et un remède sa- du printemps, le cliangement des saisons.
lutaire pour les accusés, comme une autorité Celui qui est adressé à un jeune homme et à
qui corrige ce que l'insolence ou l'inhabileté une jeune fille qui s'aimaient est trop libre;
a entrepris contre les règles. c'est apparemment un des fruits de sa jeu-
Joscelin, évéque de Sarisbéry, trouve aussi nesse. Il composa diverses épitaphes pour le

un défenseur dans Arnoul. 11 avait été con- roiHenri, pour l'impératrice Mathilde, pour
damné par le souverain poniife pour avoir Algar, évoque de Coulances, et Hugues, ar-
pris parti contre saint Thomas de Cantorbéry chevêque de Rouen. L'épigramme sur Jésus-
de l'Eglise qu'il avait d'abord
et les libertés Christ attaché à la croix est en quatre vers
défendues. Arnoul vante les vertus de cet élégiaques. 11 dit, dans une autre, qu'il pas-

évéque, et prie le pape de lui pardonner et sait en Normandie pour un poète célèbre, et
de sentir les etl'ets de sa miséricorde.
lui faire qu'en France on convenait qu'il n'avait pas
Dans une autre lettre, Arnoul prie Alexan- son semblable; mais il faut remarquer qu'il
dre de se montrer indulgent envers ceux qui parlait ainsi ;\ son neveu, dont il relève aussi
avaient pris parti contre l'archevêque de Can- les talents pour la poésie. 11 enavait lui-même
torbéry, qui venait de rentrer dans son dio- beaucoup en tout genre, et dans tout ce que
cèse. montre la nécessité où sont les
Il lui nous avons de lui on remarque aisément un
deux puissances de vivre eu bon accord. « La esprit fin, délicat, pénétrant. Ses lettres sont
puissance royale, dit- il, et la puissance ec- écrites avec beaucoup do grâce et d'élégance.
760 HISTOIRE GÉINÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.

CHAPITRE LXIX.

Gratien ' , moine bénédictin.

[Ecrivain latin, 1180.]

1. Gratien était natif de Clusium ou de grand poids dans la décision des causes ec-
Chiusi en Toscane ^. Quelques-uns lui don- clésiastiques. [Le décret de Gratien est de-
nent pour frère Pierre Lombard, maître des meuré, et il reste la base de la constitution
Sentences, et le font moine de Saint-Procule ecclésiastique.]

à Bologne; mais si l'on a égard au lieu de 4. On convient néanmoins que sa collée- f.

leur naissance, ils ne peuvent vraiseniblal)le- lion n'a p:is ledegré de perfection qu'il au-
ment passer pour frères, puisque Pierre Lom- rait dû lui 11 copie souvent les fautes
donner.
bard était né près de Novare en Lombardie, qui étaient dans celles de Bouchard et d'Yves
et Gralien dans la Toscane; et l'on voit, par de Cliartres. Ses extraits ne sont pas toujours
l'épilaplio qu'on lui a dressée dans l'église de exacts et comme il ne savait pas le grec il
, ,

Saint-Félix et de Saint-Nabor à Bologne, s'en est trop facilement rapporté aux mau-
qu'il était moine de ce monastère, et non de vaises traductions des ouvrages des pères qui
Saint-Procnle , situ en la même ville. L'an- ont écrit en cette langue. L'empressement
née de sa mort n'est pas marquée dans celte même que l'on eut paitout, soit avant, soit
épitaphe, et l'on ne sait quand elle arriva. depuis l'invention de l'imprimerie, à donner
2. Gratien fit sa principale occupation de place à ce Décret dans les Bibliothèques, oc-
la lecture des canons dans les collections de casionna de nouvelles fautes, tant par l'inha-
Denis-le-Petit, de Bouchard de
d'Isidore, que par la négligence des
bileté des copistes

Worms, d'Yves de Chartres et de quelques imprimeurs.


autres. Les défauts et les contrariétés qu'il y 5. Les papes Pie IV et Pie V s'intéressèrent r
'"'
remarqua lui firent naître le dessein d'en à donner plus correct le Z)ecre/ de Gratien,

composer une nouvelle plus complète. 11 la et choisirent à cet effet des gens habiles, soit

commença en 1 127 et l'acheva en 1151 dans , parmi les cardinaux soit entre les savants
,

le monastère de Saint-Félix, sous le pontifi- caunnistes de leurs temps. Grégoire XIII mit
cat d'Eugène 111 ^. la dernière main à ce travail, qui fut achevé

3. 11 donna à cette collection le titre de en 1580. Par ses soins et ceux de ses prédé-
Concoi'de des canons discordants, et c'est ainsi cesseurs, le texte de Gratien fut revu et cor-
qu'elle est intitulée dans les anciens manus- rigé sur les meilleurs et les plus anciens ma-
crits *. Innocent III l'appelle Corps des Décrets. nuscrits.Dans les citations où il avait raie un
On la nomme aussi le Livre des Décrets, ou père pour un autre, on rendit le passage cité

simplement le Décret. Aussitôt qu'elle parut, à son véritable auteur, et l'on marqua en
on négligea aupara-
celles qui avaient cours mémo temps le livre, le traité, le discours

vant. Elle se répandit rapidemenl dans les d'où ce passage était tiré; car il était arrivé

provinces étrangères, et dès Fan 1180 Guil- à Gratien, comme à Bouchard et à Yves de
laume de Passavant en avait fait présent à Chartres, de citer en général les écrits de
l'Eglise du Mans. On donna à Gratien la qua- saint Jérôme et de saint Augustin, sans dési-

lité de maître, et son autorité fut d'un Irès- gner l'endroit. Souvent aussi il n'avait donné

Voir sur Gratien une noti'-e tirée de Fabricius,


1 date qui indiquait toujours temps où l'œuvre était
le

au tome CLXXXVII de la Palrologie, col. 7 et 8. Voir terminée. On a souvent adopté l'année 1151 en Italie et
aussi l'article Décret de Gralien dans le DicUonnaire en Flandre, sur le monument de Gratien dans l'église
(le Saint-Pierre à Bonlogne en Flandre, parce qu'on
encycl. de la Théologie catholique. [L'éditeur.)
î Mabillon., Annal. Bened., tom. VI, lib. LXXIX, négligea le chiffre X, qui toutefois se trouve dans
num. 1G5. tous les manuscrits avant ou après le chiffre L. Voir
3 expose très-clairement que dans une formule
Sarti le tome VI du Diction, encydoiiédique de la Théologie

d'appel on voit l'année MCXLl, et non MGLXl. Par con- catlwliqae. iL'edileur.)

séquent en 1141 le Décret était fait, comme le prouve la Mabillon, ibid.


''
CHAPITRE LXIX. — GRATIEN, MOINE BÉNÉDICTIN. 761

que le précis de plusieurs passages ensemble, crct eu La première [sousdivisée


trois parties.

sans rapporter les propres paroles du père eu cent et une sections ou distinctions, est
qu'il citait. Pour la satisfaction des lecteurs, nue introduction au droit ecclésiastique, ré-
on a mis ces passages entiers, eu marquant digée dans l'esprit de Pierre Lombard. Elle]
l'endroit d'où ils sont tirés. On en a usé de traite d'abord du droit en général, puis de

même à l'égard des canons des conciles do ses différentes espèces, savoir : le droit na-
l'Eglise grecque. Le teste y est en cette lan- turel; le droit divin, fondé sur les saintes

gue, au lieu que Gratien ne l'avait donné que Ecritures; le droit ecclésiastique, autorisé par
suivant la version de Denis-le-Petit, et l'on a les canons des conciles, les décrets des papes,
suivi cette métliode dans plusieurs passages les statuts des pères, les constitutions des em-
des pères grecs. pereurs pour l'Eglise. Gralien cite indifférem-

F.di,ioo,do 6. Le Décret de Gratien ainsi corrigé fut ment les fausses comme les vraies décrétalos.
imprimé à Rome en 1380, par ordre du pape Celte première partie [qui contient la cons-
Grégoire XIII, qui y joignit une bulle portant titution hiérarchique de l'Eglise] est divisée
défense à tous les imprimeurs catholiques, en cent et une distinctions, dont chacune se
S0U3 peine d'excommunication et d'ameudes sous-divisB en capitules. 11 y est principale-
pécuniaires, de s'éloigner en quoi que ce fût, ment question des ministres de l'Eglise. La se-
dans les impressions à faire dans la suite, de conde contient trente-six causes composées
celle qu'on avait faite à Rome en ladite an- de plusieurs questions, sous-divisées ég. dé-
née. Sa bulle, qui est du 1" juillet 1580, fut ment en chapitres, suivant les divers casque
exécutée dans les éditions de Venise en 1384, l'on y décide. [Cette seconde partie envisage
de Lyon la même année et en 1386, de Paris par conséquent d'abord la vie extérieure de
en 1584 et 1612, et de Francfort en 1591 et l'Eglise.] La troisième, intitulée De la Con- :

1390; mais il y en avait plusieurs avant cette sécration, [traite de la vie intérieure de l'E-
bulle, savoir : k Strasbourg, en grand papier, glise, et] contient cinq distinctions. L'auteur
l'an 1471, par Henri Eggestein; à Cologne la y parle de l'office divin et des sacrements.
même année, chez Pierre d'Ospc; à Mayence Les canons pénitentiaux sont à la suite du
en 1472, de l'imprimerie de Pieire Schoitler Décret, et ils y étaient nécessaires pour l'ins-

de Gernersheim; à Venise en li74 et 1479, truction des ministres de l'Eglise '.

in-fol., avec la préface de Pierre Albignan, 8. On rencontre de temps en temps dans ^jj„i
"""'
et en 1480. in-4", par Adam de Rotnil. L'édi- le Décret quelques articles qui y ont été ajou- '"

tion de 1478, en la même ville, est enrichie tés sous le titrede Paleas , terme dont la si-
d'une glose de morne que celle de liâle en
, gnification n'est pas bien fixée. Les uns
1476, in-fol. Les deux autres éditions, in-fol., croient qu'il faut entendre par là des addi-
faites à Venise, sont de l'an 1486 et 1493. Il tions de peu d'importance; d'autres, des re-
y en a cinq de Paris en 1.300, in-4''; 1308 et
: marques anciennes qui ont rapport à ce qui
1317, in-8°; 1322 et 1328, in-.4"; et deux est contenu dans le corps du Décret. 11 est
d'Anvers, chez Plantin, en 1570 et 1373, par plus vraisemblable que Paleas se doit prendre
les soins d'Antoine Contins ou le Conte, qui pour Cotttt palea -, disciple de Gratien qui
avait fait quelques corrections dans le Décret. ajouta certains chapitres à l'ouvrage de son
[L'édition de Rome de 1380 a été reproduite maître '.
à Leipsici< en 1833, par Richter, avec des 9. Dans le temps que Grégoire XllI faisait „,„,„
améliorations et des notes très-savantes. Cette *"'""»'
travailler à l'édition romaine du Décret de
dernière édition se trouve au tome CLX.X.Wll Gratien, Antoine-Augustin, archevêque de
de la l'ntrologie.] Tarragone, composa deux livres en forme
coniMui
' '

^' Gratien a divisé sa collection ou sou Dé- de dialogues, intitulés De la Correction de :

' Quant à métliode de citation du Décret ([iio


la enajcinp. de In TliMo'jie calhol., art. Décret de Gra-
suit Gratien, Toici ce qn'il faut remarquer Cliariue : tien. {l/édileur.)
pasoaije isolé se nomme cauon tout le long du re- * On le nomme aussi Pancapalen, Pocapnlea, Pro-

cueil on y ajoute danu lu première partie la dis-


; toiialea, Quota palea ou Palea. Mansi n'adopte pus ce
linclion, de même que dans la troisième dans la se- ; sentiment, parce qu'on trouve quelquefois dans les
conde on cite la cause, causa, el la question, qiiœs- anciens manuscrits les canons cités sans le mot Palea.
lia, toujours d'ajiréa leur numéro. Vcul-on renvoyer Voyez liililioth. med. et inf. lat., revue par Mnnsi.
à Pœmtenlta? Il faut ajouter: De Pœniif.nlia, comme {Véditeur.)
dans l!i troisième, de Cunsecralione, pour distinguer ' Comme le prouve un manuscrit de la bibliothèque
cette troisièroc partie de la première. Voyez Diction. de Cassiiuo, Ribliotheca Cassanensis. [L'éditeur.)
76^ HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Gratien. L'aiileur ouvrage plusieurs
lit à cet nos jours. Ce fait n'étant contesté de per-
addilious, lorsqu'il eut l'éditiun du Dé- connu sonne, nous nous contenterons de rapporter
cret faite à Rome en 1 580 mais il ne donna pas ; ce qu'il a dit delà transsubstantiation, ou du
au public ce qu'il avait fait sur Gratien. Ses changement réel du pain et du vin au corps
remarques ne furi'nt imprimées qu'en 1581, et au sang de Jésus-Christ, afin de continuer

à Tarragone, nu peu après sa mort. Baluze la chaîne de la tradition sur cet article. Il s'é-

en fit nue seconde édition en 1672, à Paris, tablit par le témoignage des anciens pères de

chez François Muguet. 11 mit en tète une pré- l'Eglise, et par l'abjuration que Bérenger fit

face très-savante , et répandit sur tout l'ou- de l'erreur contraire dans le concile de Rome,
vrage de l'arclievèque de Tarragone des sous le pape iSicolas II, en présence de cent
notes très-instructives. Ce prélat, dans le pie- treize évêques reconnaissant que ceux-là
,

mier livre, au seizième dialogue, rapporte le étaient dignes d'un analhème éternel, qui ne
jugement que saint Antonin arclievèque de , confessaient pas que le pain et le vin offerts
Florence, a fait du Décret de Gratien, en di- sur l'autel sont, après la consécration, uon-
sant qu'il 3' a plusieurs choses dans ce Décret sculement sacrement, mais aussi le vrai corps
qui ne sonl plus en usage; d'autres qui, après et le vrai sang de noire Seigneur Jésus-Christ,
avoir élé établies par les papes ou par les qui est en vérité, et non en sacrement ou fi-
conciles, ont été ou révoquées nommément, gure, manié par les mains des prêtres, rompu
ou ont cessé d'être observées par une cou- et lacéré par les dents des fidèles. Ensuite il
tume généralement contraire. 11 eu donne s'explique lui-même plusieurs fois sur ce
pour exemple le jeune du Carême, que des mystère :

clercs, suivant que le dit Gratien ' , devaient «Le pain, dit-il* ,
qui est sur l'autel,

commencer à la Sexagésime et qu'ils ne ,


est du pain ordinaire avant que le prêtre
commencent aujourd'hui qu'avec les laïcs : prononce les paroles sacramentelles; mais
les joursdes Rogations, où, selon les conciles par la consécralion le pain est fait la chair

de Lyon et d'Orléans cités par Gratien ^, on de Jésus-Chrisl. Mais comment ce qui est
devait s'abstenir de travail et jeûner, sont pain peut-il être le corps de Jésus-Christ? Par
observés tout ditl'éremment. Il en est de la consécration. Par quelles paroles se fait

même de la semaine de Pâques, que ces con- de qui sont ces paroles?
cette consécration, et
ciles, cités une seconde fois par Gralien ^, Du Seigneur Jésus car tout ce qui précède
:

ordonnaient de chômer. Le travail n'y est ces paroles dans le canon de la messe, n'est
plus défendu que dans les deux ou trois pre- qu'une louange à Dieu et une prière pour le
miers jours de l'octave. Saint Anlonin allègue peuple, pour les rois, et les autres membres
plusieurs autres e.xemplcs d'usages établis de l'Eglise. Mais lorsque le prêtre arrive au
dans le Décret de Gralien, que l'on ne suivait moment de consacrer le vénérable sacrement,
plus dans les xiii» et xiv<^ siècles. il n'emploie plus ses propres paroles : il se
10. Mais il est important de remarquer que sertde celles de Jésus-Christ. C'est donc la
ces chaugements ne tombent que sur des parole de Jésus-Christ qui fait ce sacrement.

points de discipline, et que ce que l'on trouve Mais quelle est cette parole ? Celle par laquelle
dans le Décret touchant les mystères de la toutes choses ont été faites. Le Seigneur a
foi, a été enseigné invariablement jusqu'à commaudé, et le ciel a été fait; le Seigneur

I
Gratian., Dist. iv, cap. m etiv. Vides ergo guam operatorius sil sermo Christi. Si
5 Gratian., Dist. m, cap. i et m. ergo tanta vis est in sermone Dot>iini Jesu, ut incipe-
3 De consecrat., Dist. m, cap. i. rent esse quœ non erant, quanto niagis operatorius est
' Panis eit in alinri usilaius ante verba sacramen- ut sint erant et in aliud commulentur ! Et sic
quŒ
lorum : iihi aciessit comecratio, de pane fit euro qiiud panis ante consecrationem, jam corpus
erat
Chrisli. Iloo igilur adstrunmus : Quomodo guipants est, Clirisii post consecrationem, quia sermo Christi
est
poted corpus esse Clirisii? Consecralione. Consecralio mutât creaturam, et sic ex pane fil corpus Christi, el
aulem quitus verbis est et cujus sermonibus ? Domini vinu7}i cum aqua in calice mixlum fit sanguis con-
Jesu.Nam per omnia relir/ua quœ dicuntw, laus Deo secralione Verbi cœleslis... Omnia verba sunt Evange-
deferlur, ornlione pelUur pro pnpulo, /ro regibus, pro listœ usque ad Accipitej sive corpus, sive sanguine»/.
cœteris. Vbi veniiur ut cunficiatur venerabile sacra- Inde verba sunt Christi : Edile ex lioc omues, lioc
menlum, jam non suif sermonibus sacerdos, sedutitur est enim corpus meum quod pro mulds confrinfre-
sermonibus Christi. Ergo Chrisli sermo hoc confiait lur; et : Accipite et bibile e.f eo omnes, liic est eniui
sacramentum. Quis sermo Chrisli? Nempe is quo sanguis meus. Gratianus, de Consecratione, Dist. H,
fada sunt omnia. Jussit Dominus , et faclum est cap. Lv.
cu'lum : jussit Dominu<, et fnrja est terra
[xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXIX. - GRATIE.N, MOINE n^NEUlCTlN 763

a conimando, et la terre a été failo S'il v papes mêmes se reconnaissent obligés à l'ob-
tant de force dans sa parole, que par elle servation des canons et des décrets de leurs
soient faites les choses qui n'étaient pas, à prédécesseurs, et qu'ils ne peuvent accorder
plus forte raison peut-elle faire que celles aucun piivilége contre les canons, Gratien
qui étaicut soient changées en d'autres, et soutient que les papes ne sont point liés par
que ce qui était pain avant la consécration, les canons, quoiqu'ils leur donnent la force

soit corps de Jésus-Christ après la consécra- et la vigueur, et qu'ils peuvent, quand ils
tion; parce que la parole de Jésus- Christ veulent, y déroger. Il le prouve par trois

change la créature, et il arrive que du pain exemples 1° par l'exemple de Jésus-Christ


:

estformé sou corps, et du vin mêlé d'eau son qui, en touchant le lépreux pour le guérir,

sang, par la consécration du Verbe céleste.» fit contre la loi qui défendait de toucher ces
Gratien lapporte les paroles do la consécra- sortes de malades; 2° par celui des apôtres
tion, qui sont : Ceci est mon corps, ceci est mon qui arrachèrent des épis et les froissèrent
sang, en remarquant que celles qui précèdent dans leurs mains le jour du sabbat, quoique
sont de l'évangélisle et non de Jésus-Christ. cela fût défendu par la loi ancienne; trans-
11. Gratien ajoute que quoique ' lu figure gression que Jésus-Christ justifia par l'exem-
du pain et du vin reste après la consécration, ple de David qui, contre la défense de la
on doit croire toutefois qu'il n'y a réellement même loi, mangea, dans le besoin, les pains
que la chair et le sang de Jésus-Christ, la de proposition qu'il n'était permis qu'aux
môme chair, et non une autre, que celle qui est prêtres de manger; 3° par l'exemple de Jé-
née de Marie, qui a souffert sur la croix, et sus-Christ qui enseignait dans le temple les
qui est ressuscitée du sépulcre. Ou mange ^ scribes et les pharisiens, pour leur montrer
tous les jours le corps de Jésus-Christ dans qu'il était le maître de la loi. Gratien ajoute
11! sacrement de l'autel, et il demeure tout que l'observation des canons de la part des
entier dans le ciel. Fùl-il divisé par parties papes est pour faire voir que ces canons ne
(sous les espèces), cette division, qui ne se sont pas à mépriser , et sur cela il allègue
fait qu'en figure ne nuit point à l'intégrilé
, encore l'exemide de Jésus-Christ qui a reçu
du corps de Jésus-ChrisI, que chaque lidèle le premier les sacrements qu'il avait ordon-

reçoit tout entier. Les prêtres doivent avoir nés à son Eglise, voulant les sancliiier lui-
toujours l'eucharistie en réserve pour en coui- même eu sa personne. 11 conclut de tout cela
munier les infirnu's, afin qu'ils ne meurent que le Sié,i;e apostolique doit obseivcr les lois
pas sans communion. qu'il a faites et dont il a ordonné l'observa-

12. 11 n'est parlé, dans la troisième partie, tion, non qu'd soit obligé à les observer, mais
intitulée De la que des trois sa-
Consécration, pour leur donner plus d'autorité par son
cremeuts d'eucharistie, de baptême et de con- exemple. 11 dit encore que dans les cas où
iirmatiou. Mais, dans la trente; - troisième le pape contrevient aux canons, il le fait par

cause de la seconde pr.rtie, Gratien avait manière de dispense, et que les canons mêmes
traité fort au long du sacrement de pénitence, laissent toujours au Saint-Siège le droit du
du mariage dans la cause vingt-septième, et les interpréter. On a eu soin dans l'édition ,

de l'extrême -onction dans la distintion qua- de Paris, en 1C12, de mettre en lettres itali-
tre-vingt-quinzième de la première parlie du ques tout ce que Gratien dit sur cette ma-
Décret. tière, alin de faire connaître qu'il parle ici de
13. Après avoir établi, dans la prcmièie lui-même. Toutefois, dans les trois siècles
question de la cause vingt-cinquième, que suivants, ou a mis cette doctrine en pratique
les papes ont droit de faire de nouvelles lois, cl ion a eu recours au Décret de Gratien
pourvu qu'elles ne soient pas contraires aux comme à la source de la discipline la plus
statuts des saints pères, et montré que les pure '.

'
fiyuia pams et vint hic sit, umnino nihil
Licet sireul pas uni' uouvellc disi'ii.lino. La supri-uwtie du
uliud quant caro Chtisli el sanguis, post coiisea-atio- pape est de droit diviu el tous les siéiles cbrctieus
,

nem, cmlenda suitl... el ut mirubititus toquar, non l'oul reconnue. I,e sentiment de (îralieu par rapport
alia plane caro quam quce nain est de Maria, et passa à l'autorité du pape touchant les canons exprime
in cruce, el resurrexil de tepulchru. Grutiaii., \\\u\,, une vérité reconnue de tout catlioliquc c'est que le :

cap. I.\X1V. |iai)e peut ili-|iensiM' des canons, quaud il le juge à


' ll.ld , cap. i.xxv, Lxxvu. propos pour de» cuuses graves. Il n'y u rien cpic le
» Voyez ce que uous «voiw dit ailleurs ,ui' li;.^ pupe ni' puisse dans le droit ecclésiastiipie, dit Uos-
fausses di'crélales. Il est ccrlaiu qu'elles n'iuuodiii- ouel Uii-iuéiui', lorsque la néectsilé ou bien une évi-
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.

CHAPITRE LXX.

Pierre de Blois, archidiacre de Bath en Angleterre.

[Ecrivain latin, vers l'an 1200.]

1. Pierre surnommé de Blois ', du lieu de après le fils du comte de


chancelier Etienne,
sa naissiince, se distingua dans le monde et Perche, avec qui il était venu en Sicile. Un

dans l'Eglise par son savoir et sa vertu. Dès poste avantageux excita la jalousie de
si

qu'il fut en âge de s'appliquer, il alla à Pa- quelques courtisans, qui, pour éloigner Pierre
ris se former dans les arts libéraux et dans de Blois, le firent élire archevêque de Na-
les belles-lettres. Il se trouva du goût pour ples. Il refusa cette dignité, et voyant les
la poésie, mais il abusa de son talent à cet fréquentes conjurations contre le chancelier
égard, l'employant à composer des chan- Etienne,il sortit corome lui de Sicile, la
sons amoureuses. Dieu, par sa grâce, le tira même année que Catane fut renversée par
de ce piège Pierre lui en rendit grâces dans
; un tremblement de terre, c'est-à-dire en
une de ses ^. Il réussit aussi dans
lettres H69.
l'art oratoire etdans la jurisprudence c'est : 4. A peine était-il de retour en France, n „,„,
pourquoi étant à Bologne il faisait sou-
, , que Henri II, roi d'Angleterre^, l'appela à pllis^""^
«'"""•
vent, à la prière de ses disciples ^, des dis- sa cour pour le renvoyer à celle de France
cours d'éloquence en présence des jeunes négocier des affaires importantes. Il demeura
jurisconsultes. Il s'appliqua encore à la mé- à la cour de Henri II jusqu'à ce que, par le
decine et aux matlicmatiques ^. désir d'une vie plus tianquille, il se retira
2. De Bologne il letourna à Paris ^, où, auprès de Richard, archevêque de Cantor-
renonçaut pour toujours aux beaux-arts, il béry, qui se servit de lui pour ménager les
fit son unique étude de la tiiéologie. Avec aUaires de l'Eglise avec le roi Henri II. .Apres
un esprit excellent, il devint en peu d'an- la mort de ce prince, Eléonore, reine d'-^n-
nées un des bons théologiens 'de son temps. gleterre, voulut avoir auprès d'elle Pierre de
On voit par ses écrits qu'il avait fait de grands Blois, pour lui servir de secrétaire. Nous
progrès dans l'étude de l'Ecritui e sainte. Sans avons encoie plusieurs lettres de lui au nom
tirer vanité de ses talents, mais uniquement de cette princesse. Sa grande probité, et son
pour en donner une pieuve ^, il dit qu'il lui intelligence dans le maniement des affaires,
était arrivé en présence de plusieurs per- lui procuièrent une légation en 1176 vers le

sonnes, nommément de l'archevêque de pape Alexandre 111 de la part de l'archevê-


Canlorbéry, de dicter en même temps trois que Richard, et une autre en 1178 vers le
lettres sur diverses matières à trois scribes pape Urbain III.
ditl'éientâ, et qui écrivaient avec célérité. 5. Après avoir refusé l'évêché de Naples, n „u,

pour maitre Jean de Saris-


3. Pierre eut il refusa aussi celui de Rochester, content de Ko't.esi'er

bery ', docteur célèbre, depuis é/êque de l'archidiaconé de Bath, qui lui fut même
Chartres. Après son cours d'étude, il fut en- enlevé par la faction de ses envieux. On lui
voyé en Sicile par Rotiou, archevêque de donna celui de Londres, plus honorable que
Rouen, oncle de la reine Maiguerite, vers riche; en sorte que, ne pouvant le posséder
l'an H67. Le jeune roi Guillaume H avait eu avec décence, il fut obligé d'écrire au pape
jusque-là pour précepteur Gautliier, qui l'ut Innocent 111 pour lui demander une augmen-
ensuite archevêque de Palerme. Pierre de tation de revenus pour vivre plus honora-
Blois lui succéda dans le soin des études de blement '. On ne sait pas si le pape eut
ce prince, et fut en même temps chargé de égard à ses prières; mais il est certain que
son sceau; ce qui lui donnait le second rang Pierre de Blois mourut pauvre, et que,

dente utilité le demande. Voir Rolirbaclier, tom. XVJ, 3 Epist. 2, 6 et 8. _


» Ibid. — » Vita Pctri.
pag. n et siiiv. {L'éditeur.) 8 Episl. 92. —
Vita Pétri.
''
— » Vita Pelri.
' Vita, ad cale. op. — « l^pist. 76. 9 Epist. 15).
I^Xir SIECLE ] CHAPITRE LXX. — PIRRHR UE BLOIS, ARCHIDIACRE DE BATH. 765

n'ayant pu retcuruer eu Fiance il pria ' , trente-neuf chartes et lettres d'évêques et


Odon, évcqne de Paris, de lui procurer du do rois c'est: un supplément aux ouvrages
moins la sépulture dans son pays. de Pierre de Blois.]
G. Il mourut en Angleterre vers l'an 1200, 8. Il nous reste de lui cent quatre-vingt-
si l'on en croit les historiens anglais, et celte trois lettres ^, tant de celles qu'il écrivit en
époque peut se confirmer par la dernière de son nom'' que de la part des princes, prin-
ses lettres, qui est de l'an 1199 ou environ. cesses, évêqucs, et de quelques autres per-
Pierre do Bloisse lit estimer, non-seulement sonnes de la première condition. La pre-
dans son pays natal, mais aussi des étran- mière à Henri II, roi d'Angleterre ', tient
gers. On loua en lui la régularité de ses lieu de préface au recueil de ses lettres, que
mœurs -, son zèle contre les désordres, qu'il ce prince lui avait ordonné de rendre pu-
ne souU'rait ni dans ses amis, ni dans les bliques. Il eu excuse le style, disant qu'il l'au-
princes auxquels il était attaché, et sa liberté rait rendu plus poli et plus exact, s'il eut

à avertir les évoques mêmes de leurs de- prévu qu'elles dussent être mises au grand
voirs. jour. Dans une autre lettre*, il console ce
[7.Le tome CCVII de la Patrologic contient prince sur la mort de son fils; et pour arrê-
les œuvres de Pierre de Blois, d'après l'édi- ter les pleurs que celle mort lui faisait ver-

tion de Pierre de Goussainville, Paris, 1067, ser, il lui représente les sentiments de péni-
et celle du docteur Giles, Oxfort, 4 vol. in-8, Icnce et de piété dans lesquels ce jeune
1844-1847. Les prolégomènes comprennent prince était passé de celle vie à l'autre. 11

1° sa vie d'après ses écrits, par Goussain- fait voir à un homme


de condition', qui re-
ville; 2° le catalogue de ses ouvrages, par le prochait à son chapelain la bassesse de sa
même; du docteur Giles, qui
3° la préface naissance, que l'on doit plus estimer la pau-
annonce choses nouvelles mises dans son
les vreté dont Jésus-Christ a fait un si grand
édition et les corrections qu'il a fai'.i s. Vien- cas, que la noblesse d'une naissance souvent
nent ensuite les ouvrages de Pierre de Blois : incertaine, tel se croyant fils d'un prince,
l°Deux cent quarante-trois lettres; 2° soixante- qui l'est d'un comédien; surtout lorsque la
cinq discours; 3° de la Transfiguration du splendeur de la naissance n'est point accom-
Seigneur; i" de la Conversion de saint Paul; pagnée du lustre de la vertu.
5° Abrégé sur Job; G" contre la perfidie des 9. Sa lettre au prieur de Cileaux est sur

Juifs; 7° de l'Amitié chrétienne; 8° de la Cha- les avantages de la vie religieuse *; Pierre y


rité de Duu et du prochain; 9° J'assion de Ré- gémit de se voir obligé de demeurer dans le
ginald, prince d'Anliuche ; iO" Dialogue entre siècle, et cite son livre intitulé Des prestiges :

le roi Henri If et l'abbé de lionneval ; H" des de lu fortune. Il fit part à Richard, successeur
Douze utilités de la Tribulation ; 12° traité in- de saint Thomas dans le siège de Cantor-
titulé : Quales sunl? 13° de la Division et des béry', des plaintes du peuple et du roi
Ecrivains des Livres sacrés; 14° de la Nécessité Henri II contre lui; et comme ces plaintes
d'accélérer le départpour secourir J rusaient, étaient fondées sur les défauts de sa con-
suivie d'une instruction sur la foi envoyée duite, reproche de s'appliquer plus aux
il lui

par pape Alexandre III au soudan d'Ico-


le qu'aux spirituelles, c'est-
aU'aires temporelles
nium, qui désirait de se convertir; 15° de la ù-dire au gouvernement de son diocèse. Cet
Confession sacramentelle ; IG° de la Pénitence à archevêque avait toutefois dans sa maison
exiger par le confesseur; 17° le Canon épisco- des clercs tiès-savanls et très-judicieux, tou-

pal; 18° invective contre un auteur qui dé- jours occupés à la lecture et à décider les
naturait ses ouvrages; 19° sur le Silence; causes et les dillicultés que l'on portait de-
^20° de l'Art de dicter ;'î\° trente-trois pièces vant eux de tout le royaume. Us s'assem-
de vers. L'appendice donné par Goussain- blaient pour' juger dans un auditoire com-
ville et reproduit dans la Patrologie, contient mun, où Pierre se trouvait aussi avec quel-

I
E/iisi. lot;. de la 219' déjti éditée par Bouquet, tomo
l'c:(ce|itiiju
• Nicol. ilai-pfeld., Uisl. Angl., cap. XX. XVII, pug. 473, ont paru pour la première fois dans
y en u 243 daus l'éditiou du docteur Gilcj. Les
3 11 l'éditiondu doclour Giles. [L'idileur.)
lettres 183 à 208 étaient déjà daus lea ancicanes édi- * Edit. Paris., an. 16G7.
tions. Goussainville lus avait rejelées ; le docteur ' Epiit. t. — « Kpist. ï. — 1 Epist. 3.
Uiles tes admet comme authentiques d'apris uu ma- B Episl. 4. - » Epist. 5.
nuscrit du XIV» ou XV» siècle. Le» lettres 209 il ii3, ii
76G HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES
qiies autres tour épi?copale. Il so sert'
de la voulait aller demeurer dans un prieu-
de l'avantage qui en revenait au public pour ré ' , sous prétexte d'y gagner plusieurs
réprimer l'insolence d'un maitie d'école qui âmes à Dieu par ses discours. « Vous vou-

répandait dus invectives conlre les cleics, lez , lui dit-il, commander avant d'avoir
l'exhorte a adorer d'autres dieux que Cicé- obéi : c'est renverser l'ordre. Avant d'ensei-
ron, Lucain et Perse, et à sacrifier du moins gner est expédient que vous
les autres, il

les lies de sa vieillesse au Très-Haut. Il s'ef- receviez vous-même des


leçons. Entré une
força d'en détourner un autre-, qui de sub- fois dans vous avez fermé la porte
le cloître,

til dispuleur était devenu grand buveur par sur vous, et vous vous êtes attaché par les
l'amour excessif du vin, et lui écrivit à cette liens de Jésus-Christ; vous ne sauriez avoir
occasion tout ce que les livres saints ont de une plus grande liberté qu'en servant de
plus fort contre l'ivrognerie. cœur celui dont il est dit, que de le servi?;
10. I^ierre croyait qu'il était permis dans c'est régner. Le désir que vous avez de sortir

des discours de piété ^ de faire quelquefois du cloître pour aller prêcher les autres est
usage des sentences des pliilosoplies et des une illusion du siècle apprenez auparavant :

jurisconsultes; il paraît même qu'il l'avait ce qu'il faut que vous enseigniez votre état ;

fait en prêchant dans le chapitie k des moi- présent est de gémir; on ne vous a pas en-
nes d'une abbaye ne nomme pas. Il
qu'il core confié le soin d'enseigner, n

était ennemi déclaré de l'oisivelc c'est : 12. Etant à la cour du roi Henri II '.il trou-
pourquoi il blâmait un de ses disciples qui, vait du plaisir et de la consolation dans les
après avoir achevé son cours des aifs libé- entretiens des chapelains de ce prince; mnis
raux *, pensait à demeurer deux ans sans son cœur s'y livrait à l'ambition et à l'amour
rien faire, avant d'étudier en théologie. Il des richesses, ne pensant que peu à ce qu'il
écrivit à Gauthier^, chapelain du roi de Si- devait à. Dieu et à l'Eglise. Il tomba malade;
cile, pour se plaindre de ce que ce prince *, réduit à l'extrémité, il ouvrit les yeux sur
à la persuasion de Itobert, comte de Loro- les dangers de la cour pour un clerc qui
celle, voulait nommer évoque de Gergenti voulait manier les affaires et gagner les
le frère de ce comle. homme incapable, et bonnes grâces du roi; et faisant réflexion
malgré la résistance du cliapitre. Il se plaint que Dieu ne l'avait conduit h la porte du
encore de ce que le roi avait donné sa con- tombeau que pour le rappeler à lui et le
fiance à deux de ses domestiques, gens sans faire rentrer dans les voies de la vertu, il

esprit et sans naissance, plutôt qu'à Romuald, quitta la cour. Pour engager les chapelains
archevêque de Salerne. qui y étaient restés depuis sa sortie à s'en
11. Il écrivit à un de ses amis * qui avait retirer aussi, il leur fait une peinture très-

fait un vœu solennel de se faire religieux, de vive des vains prétextes des clercs qui se
satisfaire à sa promesse, s'il ne voulait s'ex- procurent des places dans les cours des
poser à la peite de son salut; qu'il ne devait princes, et des dangers auxquels ils y sont

écouter là-desdus ni ses parons ni ses amis continuellement exposés. ne trouve point Il

qui essayaient de le détourner de l'accom- à redire que des clercs simples et peu ins-
plissement de son vœu, ni la répugnance truits dans la science des divines Ecritures,

qu'il se sentait pour les austérités de la reli- s'attachent au service des rois; mais il ne le
gion. Son neveu s'aftligeait extiêmement de croit pas permis à ceux qui sont dans les
la mort d'iui de ses oncles, de l'incendie de ordres saciés, et qui ont les talents néces-
sa maison d'un accident fâcheux qui lui
,
saires pour instruire et convertir les peu-
était arrivé â lui-même'. Pierre, pour le ples. Pierrecite dans celte lettre son hvre

consoler de tous ces sujets de tristesse, fait Henri II, roi d'Angleterre.
des Gestes de
voir que les afllictions sont des marques de \îi. un certain comte,
Celle qu'il écrivit à
l'amour de Dieu envers nous; que nous ne élu évêque de Chartres '", contient une ins-
devons pas pleurer ceux qui ont passé leur truction très-solide sur les devoirs et les qua-
vie dans la piété et l'innocence, puisque la lités d'un évêque. «Soyez, lui dit-il, droit

mort leur ouvre un passage à une meilleure dans vos jugements, modeste dans vos pa-
vie. 11 reprend vivement un moine novice roles, comnandez avec discrétion, dispensez

Episl. O.— '-Epist. 7. '


Epist. 9. •Episl. 1'.. - '0 Episl. 15.
Epist. U. — Epist. 6 '.
[xii-^STÈCLE.] CHAPITRE \.X\. — IMERRE DE liLOIS, ARCHIDIACRE DE P.ATII. 707

avec sagesse, agissez avec ardeur, secourez 16. Dans une autre lettre*, il soutient que
piomplement, soyez fidèle flans vos conseils, l'évêque n'est pasle maitre des biens de l'E-

circonspect dans vos réponses montrez-vous ; glise,mais seuleraentle tuteur; qu'il doit don-
allectueux à vos ancien-, all'able à vos infé- ner en aumône aux pauvres le bien du crucifix,
rieurs, doux envers vos égaux, rigide à l'é- et non à des soldats; que rien ne fait plus
gard des superbes, bénin envers les hum- d'honneur j\ sa réputation que de défendre
bles, miséricordieux pour les pénilents, in- fortement l'état de la liberté ecclésiastique;

flexible envers les obstinés. Conduisez-vous que par sa dignité il n'est pas inférieur au
comme Jean-Bapliste contre les incestueux, roi, Pierre de Blois s'explique ainsi, pour

comme Jéiiu et Matliathias contre les apos- engager les évéqucs a s'opposer h la décime
tats, comme Pliinéès contre les t'ornicateurs, que le roi Philippe avait exigée du clergé
comme Elle contre les idolâtres comme , par un édit. Il disait que cette levée du
Pierre contre les menteurs, comme Paul prince tournerait insensiblement en coutume,
contre les blasphémateurs : plus votre nais- et réduirait l'Eglise en une honteuse servi-
sauce est illustre, de
plus vous acquerrez tude. Par un même principe il console'' Jean
gloire et de louanges, eu surpassant dans de Sarisbery, compagnon de l'exil de saint
les devoirs du ministère de Jésus-Christ ceux Thomas de Cantorbéry, par l'espérance d'une
que vous surpassez par la noblesse du sang.» récompense pour si>s travaux, et l'exhorte
Il écrivait à un autre évêque déjà âgé, mais à défendre de toutes ses forces la liberté de
plus occupé d'aû'aires temporelles que du l'Eglise, sans toutefois se laisser aller à l'es-
soin de son diocèse ', de changer sa vie tu- prit de vengeance contre ceux qui l'oppri-
multueuse en une plus tranquille, soit pour maient. 11 dit qu'il avait été charmé de la

lui-même, soit pour le bien de son troupeau, lecture de son livre iulilnlé Polycratique, :

ajoutant qu'il ne lui sullisait pas d'éUe ou Des Badineries des seigneurs de la cour.
exempt de grandes fautes, qu il devait eu- 17. Les évéchés étaient souvent remplis par
core s'occuper de bonnes œuvres. des clercs sans science ^, sans vertu, avant
14. Ilcoudamnele commerce dansun clerc-, l'âge prescrit par les canons, et qui n'avaient
non-seulement parce qu'il est défendu par pas d'autres vues dans l'épiscop;it que de sa-
les canons, mais parce qu'il ne peut être tisfaire leur ambition. Pierre de Blois supplie
exercé sans une espèce d'usure. En ctl'et, le cardinal Octavieu, légat du Saint-Siège,

ce clerc n'achète à vil prix que pour ven- d'éloigupr, par son crédit et son autorité, les
dre cher, et dès lors il reçoit plus de son am! itieux et les simoniaques du gouverne-
piochain qu'il ne lui avait donné ajoutez : ment de l'Eglise. 11 détaille à cette occasion
qu'un clerc, en suivant l'esprit de sa voca- toutes les qualités que doit avoir un évéque.
lion, a plus besoin de saintes lectures que de Dans la lettre suivante ', aux amis de saint
travailler à s'enrichir par le négoce. Thomas de Cantorbéry, de récon-
il les prie
15. On proposa à Pierre de Bloisdeux ques- cilier avec ce saint évoque l'archidiacre de
tions^ lapremière, siunefemmequi, croyant
: Sarisbery, qui otfrait de lui faire satisfaction :

son mari mort, fait vœu d'embrasser la vie c'était Réginald, qui fut depuis évêque de
monastique, peut de son autorité retourner Bath.
avec son mari s'il revient; la seconde, si son 18. se commettait alors tant d'abus dans
11

mari étant mort depuis, elle est obligée au les fonctions des oUiciaux qu'on ne pou- '*
,

viiiu qu'elle avait fait. répond à la pre-


Il vait les exercer avec honneur. On les appe-
mière, que cette femme s'étant engagée à la lait les sangsues des évèques, qui rejetaient

continence sans l'autorité et le consente- dans le sein de leurs maîtres le sang qu'elles
ment de sou mari, n'a point été obligée à le avaient sucé, et on les comparait à ces portes
garder. Il appuie cette décision de l'autorité secrètes par lesquelles les ministres de Bel
des pères etdes conciles. Sur la seconde, il emportaient secrètement les sacrifices que
dit qu'après même la mort de son mari elle l'on mettait sur l'autel de cette idole. Ces
n'est point tenue à observer un vœu qu'elle notes d'infamie, et pi iisieursau Ires, qui désho-
u'avail pas gardé auparavant, et qui de lui- noraient les olliciaux, engagèrent Pierre de
niérae élail nul. Rlois à écrire ù un de ses amis de se défaire

lifiisl. 10. — ' Kpisl. n. Epist. 18. Epist. H. — 'Episl. 25.


/-'/.iW. ÎO. — » Epist. il. '
Epiii. n.
.

768 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


de cet office. Il y avait aussi beaucoup d'abus gueux avait offert sa maison à Pierre de Blois*;
dans le barreau les avocals nom autrefois
: , de l'accepter, sur ce qu'il ne
celui-ci s'excusa
respectable ', Je souillaient par leur avarice; pouvait quitter alors celle de son iincien
ils vendaient leur éloquence, achelaient des maître.
procès, et, sans avoir égard à l'équité et à la 21. On voit, par sa lettre à Anselme, reli-

justice, ils travaillaient à dissoudre des ma- gieuse ^, qu'elle avait préféré la qualité de
riages légitimes , des dispositions testamen- vierge de Jésus-Christ à celle d'épouse du
taires, et à faire revivre les cendres des pro- neveu du duc de Bourgogne, qui, avec la
cès assoupis. Pierre, ne croyant pas que l'é- naissance , avait toutes les plus belles quali-
tude des lois fût exempte de dangers pour un tésde corps et d'esprit. Pierre de Blois la
clerc, l'abandonna pour s'appliquer unique- confirme dans sa vocation en lui représen- ,

ment à la théologie. tant d'un coté les avantages de l'état reli-


19. mort de saint Thomas
Ayant appris la gieux de l'autre la caduci;é des biens, des
,

de Cantorbéry ^, arrivée le 29 décembre II 70, honneurs, des plaisirs du siècle. Il fait la


il écrivit aux moines de Beauvoir qu'ils ne même chose dans sa lettre àChristiane '°, aussi
devaient point s'en affliger, mais plutôt se religieuse ,
qu'il exhorte à joindre à la vir-

réjouir de son bonheur, puisqu'il jouissait ginité la charité, l'humilité, la persévérance.

déjà des délices de la céleste patrie. Il fait 11 dans celle qui est à Alexandre,
s'e.\cuse,

l'éloge de ses vertus, qu'il commence à ses prieur de Juraiége ", de ne lui avoir pas ren-
premières années, et, après avoir parlé de la voyé dans le temps le livre qu'il lui avait
division qui se trouvait dans l'Eglise de Can- prêté. On accusait Richard, successeur de
torbéry touchant l'élection d'un successeur, saint Thomas dans le siège de Cantorbéry,
il prie Dieu di) ne point laisser fouler aux d'ignorer les lois, d'être avare et trop atta-
pieds la vigne plantée de sa main et l'Eglise ché à élever sa famille. Pierre de Blois '-,
rachetée de sou sang. Dans danger auquel le sans prétendre que cet archevêque fût exempt
celle de Rouen était exposée, à cause de la de fautes, le justifie sur tous ces points et ,

guerre entre Louis VII, roi de France, et fait son éloge dans une lettre à Albert , car-
Henri II roi d'Angletei're Rotrou qui en
, , ,
dinal et chancelier de l'Eglise romaine. 11

était archevêque ^, pria Guillaume, archevê- écrivit aussi avec beaucoup de force à un
que de Sens et légat du Saini-Siége de tra- , prélat de ses amis '3, pour lui remontrer com-

vailler à la mellre à l'ahii de ce péiil de , bien il était indécent à un homme de son ca-
même que la ville d'Andely, de sa dépen- ractère d'invectiver contre la personne et la
dance. Cette lettre est la vingt-huitième par- conduite de son roi.
mi celles de Pierre de Ulois, parce qu'il l'é- 22. Pierre informa Henri II , absent de sa
crivit lui-même au nom de Rotrou. capitale'*, que ses envoyés à Rome en étaient

La suivante est un éloge de l'hospitalité


20. ' revenus, déchargés d'argent et chargés de
Il eu prend occasion pour parler de la mau- plomb, sans avoir reçu de présents consi-
vaise réception qu'on lui avait faite dans un dérables; qu'il était venu aussi des ambas-
monastère, comme il faisait la visite de son sadeurs du l'oi d'Espagne le demander pour
archidiaconé. Dans celle qui est à l'évèque élu médiateur delà paix. Sa lettre à Robert, pré-
de Bath 5, il lui raconte le songe qu'il a eu vôt d'Aire en Flandres '^, élu évêque de Cam-
sur sa promotion à l'épiscopat. En remeiciant brai, est pleine de reproches qu'il ne rem- :

l'abbé des Fontaines de la part qu'il avait plissait pas les devoirs d'un évèque qu'il se ,

prise à sa maladie*', il rend grâces en même mêlait trop d'affaires séculières de celles ,

temps à Dieu de l'avoir rappelé à son devoir même où il s'agissait d'effusion de sang; qu'il
par cette affliction. Il en écrivit une seconde, traitait tyranniquement ses sujets et n'écou-

au nom de l'archevêque Rolrou, à Henri Iii, tait les remontrances de personne. On a re-

roi d'Angleterre ' pour le prier de prendre


,
marqué plus haut que Pierre de Blois avait
sous sa protection Andely et les autres terres étudié la médecine. 11 en donne des preuves
dépendantes de l'Eglise de Rouen et le dé- ,
dans sa quarante-troisième lettre "'. Dans la
tourner de la guerre qu'il avait dessein de suivante, il conseille à Arnoul, évêque de
faire à Henri II son père. L'évèque de Péri- Lisieux ", de ne pas abandonner son évèché

' Kjiist. 20. — 2 Eiiist. 27. 9 Episl. 35. — 1» Epist. 30. — 11 f.pist. 37.
= Epist. 2S. — ''
Epist. 29. — ' Episf. 30. '^ Epist. 38. — '> Epist. 40. — >^ Epist. 41.
« Episl. 31. — ' Epist. 33. — 8 Epist. 34. '5 Episl. 42. — 16 Epist. 43. — i' Epist. 44.
fxii' SIÈCLE.] CHAPITUt; I.XX PIERRE DE liLÛIS, AncmniArJiK DE l'.ATlI. ICi)

;icause des coiUraiiùtùs qu'il éprouvait delà dinal , appliqué ù éteindre le schisme
s'était
part de son prince, de son cliapilre ou d'au- entre le pape Alexandre III et l'empereur
tres personnes, l'assurant qu'il pourra aisé- Fridéric, le congratula sur le succès de ses
ment captiver lu bienveillance de ce prince travaux; il dit beaucoup de choses au désa-

par des laçons humbles et affectueuses; à vantage de l'antipape Octavien et de ceux


quoi il ajoute qu'illui conseillait au contraire qui, après lui, usurpèrent les honneurs de la
s'il y était parvenu par
de quitter son évèclié papauté, ou de ceux qui les y élevèrent. Dans
des moyeés qui blessassent sa conscience. Il un procès qu'il eut à soutenir contre Robert
soutient, dans sa lettre à un anonyme ', que de Sarisbéry, au sujet de la prévôté de Char-
Hégiuald ou Renaud, évèque de Balli, u'a tres ^, qu'il soutenait lui appartenir, il eut le
point concouru à la mort de saint Thomas de déplaisir de voir ses adversaires, qui n'avaient
Cantorbéry, qu'il l'avait aimé sincèrement et rien à lui reprocher, attaquer la mémoire de
avait souhaité d'être lié d'amitié avec lui; que son père, mort depuis quelque temps; mais
s'il échappé quelque terme de déri-
lui était ilvengea cet all'ront en prouvant aux juges
sion contre cet archevêque, dans le temps qu'il que ce qu'on avait avancé n'était que calom-
avait suspendu de ses fonctions i'évèque de nie, que sou père et sa mère descendaient des
Sarisbéry, on devait le lui pardonner, comme plus illustres familles de la Basse-Bretagne, et
tout ce qu'il avait pu faire contre lui par igno- qu'ils avaient vécu dans la piété.
rance, puisqu'il avait expié cette faute par 23. Dans sa lettre à Henri évèque de ,

une sévère pénitence, par ses larmes, par Bayeux ", il emploie les autorités les plus
ses aumônes. fortes de l'Ecriture pour engager ce prélat à
23. Richard, évéqiie de Syracuse -, pres- pardonner au camérier de l'abbé de Caen,
sait Pierre de Blois de retourner eu Sicile. Il qui, étant attaqué, avait, en se défendant,
s'en excuse sur lintempérie de l'air, et donne lué son ennemi, et s'oli'rail àfaire telle satis-
beaucoup de raisons à cet évèque pour ren- faction que l'on exigerait de lui. Il écrivit au
gager à retourner lui-même en Angleterre, nom de Richard archevêque de Cantorbéry
,

son pays natal. Ou trouve dans celte lettre et primat du royaume, une letlre circulaire à
un éloge de saint Thomas de Cantorbéry, dont tous les évoques d'Angleterre, portant dé-
on lail le parallèle avec saint Thomas, apôtre. fense de laisser faire dans leurs diocèses les
11 eu écrivit une au nom de Richard, succes- fonctions épiscopales à des Ecossais et à des
seur de ce saint martyr 3, uu roi Henri III, Hibernois qui n'avaient pas reçu l'onction
pour le faire désister de la guerre qu'il avait épiscopale",ou dont la consécration était an
déclarée à Henri 11 son père. Pierre remplit moins douteuse; il est ordonné, par la même
sa lettre d'exemples tiiés de IKcriture sainte leltre, de dénoncer excommuniés ceux qui
et de l'histoire profane, qui représentent d'un falsitiaient les bulles des papes et contrefai-
côté le respect et la tendresse des enfants en- saient les sceaux des évéques. Ce désordre
vers leurs pères, de l'autre les châtiments dont était alors commun en Angleterre.
ont été punis les enfantsqui ont manqué àces 26. Les deux lettres suivantes regardent
devoirs. Voici quelques exemples empruntés uiiG jeune lille nommée Adélitie. Elle était
à l'histoire profane. Volusien, quoique associé eu âge de prendre parti pour le monde ou
à l'empire par Gallus sou père, ne voulut rien pour la religion; Pierre de Blois conseille ' i\
avoir de commun avec lui, si ce n'est qu'il son oncle archidiacre de Poitiers de ne la
, ,

permit au.\ ennemis qui feraient mourir son contraindre en rien parce que tout ce que
,

père de le faire aussi mourir pour lui et avec l'on fait sans liberté n'est pas méritoire de-
lui. Le iils de l'empereur Dece refusa le dia- vant Dieu, et que le vœu de la religion ne
dème du vivant de son père, disant qu'il crai- liepas celui qui réclame et résiste. Ayant su
gnait qu'étant fait empereur, il ne désapprit depuis qu'elle avait fait vœu, mais en secret,
à cire Iils. Démélrius, au contraire, persé- de consacrer h Dieu s.i virginité dans un mo-
cuta cruellement son père; mais il linit uue uastère ', Pierre lui écrivit de se bâter de
misérable vie en exil, chargé d'opprobres. l'accomplir.
24. Kn 1178 ', Pierre de Rlois, sachant avec 27. Il fit counaitre à Gauthier, évèque de
quel zèle Guillaume, évoque de Pavic et car- Rochesler '", qu'on était infoiiné â Rome de

£>>/. 45. — ' lipiil. 4U — 5 Epùt. 17. Episl. 53. Episl. »4. - » t'pisl. 55.
Jifiist. 48. — » Epist. 49. — « Hpisl. 50. fpisl. bG

XIV.
770 inSTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
sa passion pour la cliasse, qu'il préférait cet oQensé que par quelques paroles indiscrètes,
exercice aux fonctions épiscopales, et que le et de ne plus avoir de liaison avec Simon,
pape et les cardinaux auraient déjà prononcé qui était un flatteur et un calomniateur.
une sentence contre lui s'ils n'eussent jugé à 29. En répondant à un ami *, qui trouvait
propos de charger le légat, qui allait partir mauvais que les évêques s'occupassent telle-
pour l'Angleterre, de s'informer du vrai, et de ment de l'avancement de leurs neveux et de
le condamner ensuite. Pierre rapporte la les enrichir, qu'ils ne pensaient à autre chose,
sentence de suspense et d'excommunication en sorte qu'ils ne soulageaient point les be-
portée par le pape Nicolas contre l'évêque soins des pauvres écoliers, et ne les voyaient
Lanfrède poui' cause de chasse, quoique sa que rarement « Vos plaintes, lui dit Pierre
:

jeunesse pût en quelque sorte excuser en lui de Blois, ne sont pas nouvelles lisez ce :

cet exercice; mais Gauthier s'en occupait en- que dit David, dans les psaumes Lvii' et
core à l'âge de quatre-vingts ans. « Parcou- Lxxip ,de la prospérité des impies et de
rez, lui dit Pierre de Blois, l'histoire de tous l'oppression des justes; la félicité des pre-
les saints pères, depuis le commencenieut du miers n'est que momentanée, et il y a peu
monde jusqu'à vous, vous n'en verrez aucun de riches qui, à l'article de la mort, ne sou-
faire son plaisir de la chasse. Nous connais- haitent d'avoir vécu pauvres. Je ne doute
sons, dit saint Jérôme, un saint pécheur; pas que, quand vous serez élevé à l'épiscopat,
nous ne lisons point qu'il y en ait eu de vous ne suiviez l'exemple de ceux dont vous
chasseurs. » vous plaignez, et que vous ne vous occupiez
28. Un de
ses amis, moine de l'abbaye comme eux de procurer à vos neveux des
d'Aulnay en Normandie s'était imaginé ' , bénéfices, et à vos nièces des maris, sans
qu'aussitôt après avoir embrassé la profes- avoir égard, dans la collation des bénéfices,
sion monastique, il serait délivré de toutes au mérite de la personne, ni dans le mariage
les tentations. Pierre le fit souvenir de ce à la parité de la condition. » Il écrivit à Re-
qu'on lit dans le livre de Job, que la vie de naud, archidiacre de Sarisbéry ^, qu'étant
l'homme est une tentation et un combat continuel chargé, par son oliice, du soin des âmes, et
sur la terre. A quoi il ajouta que le monde devant être bientôt promu à l'épiscopat, il ne
attaque bien plus fortement ceux qui l'aban- devait plus chercher son amusement dans la
donnent, que ceux qui le servent. 11 joignit à chasse des oiseaux.
sa lettre une prose sur le combat de la cbnir 'M. Richard, roi d'Angleterre °, instruit des
et de l'esprit. Sa lettre à l'évêque de Bath - troubles excités dans son royaume pendant
est une remontrance sur l'interdit de son son absence, quitta le séjour de la Terre-
vice-arcliidiacre. 11 allègue d'abord à ce pré- Sainte et s'embarqua au port d'Acre le 8 oc-
lat les services qu'il lui avait rendus, et dont tobre 1192. Obligé de passer sur les terres de
le souvenir aurait dû l'empêcber de le mo- Léopold, duc d'Autriche, avec lequel il avait
lester en la personne de son vice-archidiacre; eu des difficultés pendant le siège de cette
il dit, en second lieu, que contrairement aux ville, il fut pris et mené au duc, qui le retint

canons, il l'avait interdit sans lui avoir fait les à Vienne dans une étroite prison, puis le
troismonitions ordinaires; il allègue en troi- livra à l'empereur son ennemi. La nouvelle
sième lieu le privilège que le concile de Latran de son emprisonnement, qui dura toute l'an-
lui avait accordé de ne pouvoir èlre excom- née 1193, étant venue en Normandie, l'ar-
munié par aucun évéque, ni lui, ni personne chevêque de Rouen et ses sutl'ragants en
de ceux qui lui appartenaient. « Mais, ajoute- écrivirent au pape Célestin III, pour se plain-
t-il, ce qui met le comble à ma douleur, c'est dre que le roi Richard eût été pris en reve-
que vous m'avez causé ce chagrin pour la nant du pèlerinage de Jérusalem, contre le
somme que je vous devais, ets que j'avais or- privilège de la croisade, qui mettait les croi-
donné qu'on vous payât. » Il y a une se- sés sous la protection spéciale du Saint-Siège.
conde lettre à ce même évêque ^, que l'on Il exliorte le pape à user en cette occasion
nommait Haynaud Pierre de Blois l'exhorte
: du glaive de saint Pierre, afin qu'en mon-
à se réconcilier avec Henri , homme sage trant par des etlets ce qu'il devait à un si

et d'une société agréable ,


qui ne l'avait digne fils de l'EgUse, il fit entrevoir aux au-

Epist. 57. — ! Epist. 58. Epiai. 64.


Episl. 59. — * Episl. en. Epist. Cl,
[XIl' SIÈCLE. ] CHAPITRE LXX. — PIERRE DE BLOIS, ARCHiniACUE DE BATH. 771

1res, (l'uu rang même inférieur, ce qu'ils pou- et les visions. Il dit que recourir à ces sortes

vaient attendre du Saint-Siège dans leurs de voies pour découvrir l'avenir, c'est une
besoins. Pierre de Blois fut chaigé, de la part tentation du diable, et s'exposer à la damna-
des prélats, do composer celte lettre. Il prêta tion éternelle.
aussi plusieurs fois sa plume à la reine Eléo- Après avoir congratulé Gautier, arche-
;J3.

nore, mère de ce prince. Dans une de ces let- vêque de Palerme ', de sa promotion à cette
tres celte princesse reproche au p ipe Cé-
', dignité, quoiqu'il fût d'une basse naissance,
lestin de n'avoir pas envoyé en celte occasion il satisfit au désir que ce prélat avait de con-

un nonce pour négocier la délivrance du roi naître la stalure et les mœurs de saint Tlin-
Hicliard -, vu que souvent il envoyait pour des mas de Cantorbéry. Pierre en donne la des-
affaires médiocres des cardinaux en légation. cription, puis il assure que le roi Henri n'a-
«C'est, lui dit-elle, qu'aujourd'hui l'inlé- vait eu aucune part au meurtre de ce saint

rêt fait les légats non l'honneur de l'Eglise


, prélat, et que Gauthier pouvait s'en convain-
ni le salut du peuple. Quelle excuse, dit cre par les informations que les légats du
cette princesse dans une autre lettre à ce Saint-Siège avaient failes là-dessus. U per-
pape, peut pallier votre indolence et voire suada au roi Henri II, par plusieurs raisons
négligence, puisqu'il est connu de tout le et par plusieuis exemples *, qu'il était néces-
monde que vous avez pouvoir de délivrer le saire de faire étudier les belles-lettres à son
mon (ils, si vous en aviez la volonté? Dieu disant qu'un roi sans lettres est un vais-
fils,

n'a-t-il pas donné à suint Pierre, et à vous en seau sans rames ou un oiseau sans ailes; que
sa personne, la puissance de gouverner tous comme elles donnent de l'ouverture pour le
les royaumes? Il n'y a ni roi ^, ni empereur, gouvernement d'un Etat, elles adoucissent
ni duc, qui soit exempt du joug de votre ju- aussi les mœurs.
ridiction . Uù est donc le zèle de Pliinéès ? Qu'il 34. Il appelle l'Eglise romaine la mère de
paraisse que ce n'est pas en vain que l'on vous toutes les Eglises '. C'est dans une leltrc

a , à vous et à vos co-évéques , mis en main éciite au nom de Richard, archevêque de


des glaives à deux tranchants.» La reine t'ait Cantorbéry, au pnpe Alexandre III, rontre
souvenir Céleslin 111 de la tidélité du roi en- l'îibbé de Malmesbury, qui cherchait à se
vers le Saint-Siège, combien elle-même s'é- soustraire à la juridiction de son évêque,
tait intéressée , soit pour pour ses
lui , soit c'est-à-dire de celui de Sarisbéry. Cet abbé
légats. Revenant à la puissance du pape dans avait non-seulement été élu sans la partici-
une troisième lettre : « Vous me direz '*, lui pation de l'évêque diocésain , ce qui était
dit-elle, vous a été donnée sur les
qu'elle contre de l'Eglise d'Angleterre,
la discipline

âmes, et non sur les corps. Je le veux; mais mais il s'était encore fuit bénir par un évêque
il nous suflil que vous ayez la puissance de étningcr, sous prétexte qu'il y était autorisé
lier les âmes de ceux qui tiennent mon fils par des bulles de Rome qui l'exemptaient de
en prison, pour qu'il vous soit facile de le la juridiction de tout évêque et archevêque,

délivrer. Faitas seulement que la crainte de et qui le rendaient sujet immédiat du St-Siêge.
Dieu chasse en vous la crainte des hommes. L'archevêque Richard se plaint des privilèges
Rendez-moi mon fils, ô homme de Dieu, si accordés aux abbés par les papes, jjour un
toutefois vous êtes l'iiomme de Dieu, et non cens modique en or qu'ils payaient aiuiuelle-
pas un homme de sang, n ment à la chambre apostolique. Il dit que ces
31. Pierre de Blois écrivit lui-môme à Con- abbés en prennent occasion de s'élever con-
rad, archevêque de Mayence^, qu'il avait eu tre leur primai et contre leurs évêques, de
pour condisciple et pour ami dans les écoles, manquer au respect qu'ils leur doivent, de
de faire tous ses etl'oi ts, avecles autres princes secouer le joug de l'obéissance qui était l'u-
de l'empire, pour procurer la liberté au roi nique espérance du salul, de délester leur
Uicliard. supérieur, de faire tout avec impunité, de
32. La lettre de Pierre à un de ses amis « négliger la discipline monastique, et de se
est un recueil de ce que l'on tiouve dans les livrer à toutes leurs passions; que c'est de là

Livres saints touchant les augures, les songes que les biens des monastères sont en proie

' Efiisl. lU, 145, IIG. — « Epist. I îi. crnmhir. \'Ac. liles., Epist. US. — * £/!'«'. »««•
' Nome Pelio et m eo voUs u Duo omne reynum 5 fimt 143. — « Kfisl- bi. - >
Einsl. 60.
omnisque }iOtestus, regendu commiltitur? Non lex, » Episl. 07. — » Episl. 08.
non imptralor, nul dux a ju<,o vestra jurisJiçtionis
772 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
au pillage, parce que d'un côté les abbés ne de leurs terres aux clercs et aux autres moi-
cherchaient que leurs plaisirs, et que de l'au- nes. Ses raisons sont qu'ils ne peuvent se
tre les moines se regardant comme sans chefs, dispenser de payer la dîme d'une terre dont
passaient leur vie dans l'oisiveté et dans de on avant
qu'ils en fussent en posses-
la tirait

vains entretiens. L'archevêque remontre au sion; que si le par un privilège


Saint-Siège ,

pape que ce mal demande un prompt remède, particulier, leuren a accordé l'immunité, ce
de peur qu'à l'imitation des abbés, les évê- n'était qu'à raison de leur pauvreté; mais
ques ne refusent ce qu'ils doivent aux arche- qu'étant devenus très-riches, ce privilège ne
vêques, et que les doyens et les archidiacres peut plus avoir lieu; que les chevaliers fran-
ne prétendent aussi être exempts de la juri- çais, c'est-à-dire les seigneurs, à qui, pour
diction de leur évêque. 11 fait voir les suites avoir servi dans les croisades, les papes
de ce défaut de subordination. avaient accordé les dîmes inféodées , n'a-
35. Le peuple d'Angers avait abandonné le vaient aucun égard aux exemptions de Cî-
roi Henri II dans la guerre que son fils teaux, et en exigeaient les dimes par force.
Henri 111 lui faisait. Pierre de Blois eu écrivit Il menace donc les moines de cet ordre d'ex-
à Radulphe ', évêque de cette ville, lui fai- communication s'il leur arrive de retenir les
sant remarquer la faute de ce peuple, l'obli- dimes aux clercs et aux autres moines de
gation où il était de le faire rentrer dans le l'Angleterre.
devoir envers son prince, et d'employer même 38. Ces deux lettres de l'archevêque de
à cet égard les censures de l'Eglise, comme Cantorbéry sont de la composition de Pierre
avait fait depuispeu l'archevêque de Cantor- de Blois, de même que celle de Gautier^,
béry, tant envers le jeune roi que contre tous archidiacre d'Oxford, à Barthélémy, évêque
ceux qui s'étalent joints à lui pour déclarer dExcester, dans laquelle il l'avertit, comme
la guerre à sou père Henri II. juge ecclésiastique, de déclarer nul le ma-
Il conseilla àJean, évêque de Chartres*,
36. riage contracté entre Robert et sa parente
de ne pas écouter ceux qui le détournaient de Ismène, suivant l'ordre que Barthélémy
donner des bénéficesàses neveux, disant que, lui-même en avait reçu du pape, et la défense
puisqu'ils en étaient dignes, et qu'ils étaient des saints canons de contracter dans un de-
pauvres, il devait les préférer aux étrangers gré prohibé.
moins méritants qu'eux. «C'est.lui dit-il, faire 39. La lettre de Richard^ au pape Alexan-
une injure atroce à la nature, que de rejeter un dre 111 est encore de Pierre de Blois. On s'é-
neveu pauvre et de condition honnête, et d'ex- tait plaint au St-Siége de ce que les évêques

poser son sang et sa propre chair à l'oppro- d'Angleterre, nommément iiichard de Vin-
Ijrede la mendicité publique. Si la voix de la chester, Geotl'roi Ridel, d'Ely, et Jean d'Ox-
nature ne suffit pas pour vous toucher, ren- ford, évêque de Norvich , suivaient toujours
dez-vous du moins au mérite de la littéra- la cour; qu'ils y jugeaient des causes crimi-
ture et de la probité, n nelles, et que, se reconnaissant pour des
37. La lettre de Richard, archevêque de hommes de sang, ils s'abstenaient des choses
Cantorbéry et primat d'Angleterre aux ''
, saintes et u'otfraient point le sacrifice. Le
évêques de Vinchester, d'Lly et de Norvich, pape Alexandre, indigné de ces abus, en
est pour les engager à détruire un abus qui écrivit à l'archevêque de Canlorbéry, le me-
s'était introduit dans ce royaume, de punir naçant de le punir lui-même, s'il ne reformait
de mort les meurtriers des laïcs, et de ne ces abus et ne punissait les coupables suivant
punir que par l'excommunication les meur- la rigueur des canons. L'archevêque répon-
triers des clercs et des évêques. Richard veut dit au pape que ce qu'on lui avait écrit tou-
donc qu'à l'égard de ceux qui auront tué un chant les trois évêques était une calomnie;
clerc ou un évêque l'Eglise exerce d'abord
, que personne n'était plus compatissant pour
sa juridiction en le punissant par l'excom- les atïligés que l'évêque de Vinchester, plus
munication qu'ensuite le glaive laïque sup-
,
humble, plus assidu à l'autel, plus libéral
plée par une punition plus sévère. Il y a une envers les pauvres; que l'évêque d'Ely avait
lettre du même archevêque * aux moines de confondu ses ennemis en se justifiant cano-
Cîleaux, à qui il ordonne de payer la dîme niquement sur tous les chefs d'accusation

1 Epist. 69. — « Efjist. 70. 5 Epist. 83. - « Epist. 84.


3 Epist. 73. — 4 Ei>isl. 82.
[xiF SIÈCLE.] CHAPITRE LXX PIERRE DE RLOIS, ARCHIDIACRE DE BATH.
portés contre lui; que l'évêque de Norvicli 40. Pierre de Rlois avait souvent exhorté
avait donné au pape des preuves de sa pru- amiablement Robert de Sarisbéry à modé- '

dence de sa probité dans ses séjours à


et rer les dépenses de sa table, autant pour
Rome, y avait clé envoyé par le roi.
loisqu'il ménager sa santé que pour fournir aux be-
Passant du particulier au général, il entre- soins et à l'entretien des églises de sa dépen-
prend de montrer qu'il n'est pas nouveau de dance. Ses exhortations ayant été sans suc-
voir des évêques aux conseils des rois; que cès,il lui écrivit sur le même sujet une lettre

leur présence ne peut qu'y être avantageuse, fort vive, dans laquelle il lui fait voir que ses
parce que, surpassant les autres en dignité et excès ne nuiraient pas moins au salut de son
en sagesse, ils sont plus propres au gouver- âme qu'à la santé de son corps. Il cite en
nement de l'Etat. Il cite sur cela divers exem- preuve Hippocrale et Galien.
ples de l'Ancien ïcstaïuent, où les rois pre- 41. Son exhortation au moine .Alexandre
naient conseil des prophètes et des prêtres; est d'un autre genre -. Engagé dans l'ordre
puis il ajoute que évêques n'étaient ni
si les des chartreux, il en voulait sortir sous pré-
dans dans la faveur des rois,
les conseils, ni texte qu'on n'y disait pas la messe tous les
le clergé serait opprimé par les laïcs; au lieu jours. « Ne savez-vous pas, lui dit Pierre de
que les évêques ayant place dans le conseil Rlois, que le père des religieux et l'inslituteur
des princes, s'il ariive que les censuies ecclé- d'un ordre si saint, c'est-à-dire saint Genoit,
siastiques ne sullisent pas pour venger une n'a jamais été élevé à la dignité de prêtre,
injure faite à l'Eglise, ils font intervenir l'au- et qu'étant demeuré beaucoup de temps sans
torité du souverain. L'archevêque continue : entendre la messe, car il n'y avait pas en-
« Si le roi, comme il arrive souvent, est inilé core de précepte de l'Eglise là-dessus, il ne
contre des innocents, les évêques l'adoucis- savait pas même, le jour de Pâques, que ce fût
sent par leurs prières; ils font modérer la le jour de cette fête si solennelle. Nous ne
rigueur des jugements, écouter les plaintes lisons point dans les livres de l'Eglise que
des pauvres, soulager leurs misère? ; ils atl'er- saint Paul ,
premier ermite que saint .\n-
,

raissent la liberté du clergé, le repos des mo- toine, que les apôtres mêmes, saiut Pierre et
nastères , la paix des peuples , l'autorité des saint Paul, et les autres qui ont annoncé l'E-
lois; ils font observei' les décrets du Saiut- vangile avec tant de gloire, aient oll'ert tous
Siége, augmentent la dévotion des laïcs
ils les jours Dieu l'hostie vivante de notre
à
et les domaines de l'Eglise; à toutes les prin- salut. On méprise aisément ce que l'on fait
cipales fêtes vont à leurs Eglises, où, par
ils d'ordinaire, et lorsqu'on ne célèbre les saints
la distributiondes aumônes, la consolation mystères que rarement, on s'en approche
des veuves et des orphelins, la correction de avecplusderévérence. Il est vrai que nous pé-
ceux qui leur sont soumis, et d'autres bonnes chons tous les jours et que les remèdes doivent
œuvres, ils repaient le séjour qu'ils ont fait être continuels, lorsque les maladies sont
à la cour. Il n'en est pas de même lï la cour continuelles; mais il n'est pas permis d'im-
de Sicile, où des évêques demeurent des sept moler autrement que dans un esprit d'humi-
ans et des dix ans sans en sortir, en soi te lité, el un cœur contrit, ce prix inestimable

qu'il est inditl'érent qu'ils vivent ou qu'ils de la rédemption du inonde, et cette hostie
meurent pour la conservation des domaines commune et universelle du salut des hommes.
de l'Eglise, ou le gouvernement des âmes. La mort est dans cette viande, selon la parole
Nous avons voulu quelquefois retirer nos de l'Ecriture, si on n'y mêle la farine d'Elysée.
évêques de cette assiduité à la cour; mais Vous voulez, au contraire, vous unir tous les
elle a été jugée utile par des gens sages, dont jours au corps de Jésus-Christ, ne discernant
ils ont suivi le conseil malgré les incommo- pas le coips du Seigneur; c'est pour celte
dités qu'ils y soutirent et qui leur feraient raison que plusieurs âmes faibles s'endorment
désirer d'en sortir. Je vous prie donc, saint dans leurs péchés. (Juund vous serez assis, dit ,

père, de peser l'utilité de l'Kglisc anglicane le Sage, « la table du riche, mettez un couteau
avec inconvénients qu'on vous a mali-
les dans votre bouche, afn que vous fassiez diffé-
cieuseinent représentés; et quand vous nous rence entre les viandes célestes et divines, les
aurez fait savoir votre volonté, nous l'cxécii- communes et les profanes, jiar le respect profond
Icrons avec soumission. » avec lequel vous vous en approcherez. Prenez

E/nsl. 8b. Hljisl.


774 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
,?i. garde que le Seigneur ne dise de vous La ; vierges et dans les ordinations, fonctions qui
main de celui gui me trahit est avec moi à la n'appartiennent pas aux abbés , ni consé-
même défend à celui qui est
table; car il qucmmenl les ornements qui y sont destinés.»
étranger ou impur de manger l'agneau pas- 11ajoute qu'ils ne peuvent en ce point s'au-
cal. On ne doit mettre Jésus-Christ que dans toriser de la Règle de saint Benoit; que cet
un linceul très-net et un monument nouveau, abus occasionne ou fomente les contestations
parce que le pain de vie ne doit être reçu qu'ils ont avec les évêques; qu'en vain les
qu'avec une conscience pure et un cœur sin- abbés se flattent de donner par là un lustre
cère. Lorsqu'on reçoit indignement cette di- à leurs monastères; que pour lui, il ne voit
vine hostie, elle condamne cflui qui la reçoit dans ces privilèges que le veut de l'orgueil.
au lieu de le guérir; elle souille, au lieu de Guillaume, à qui Pierre de Blois avait con-
purifier. » Pierre de Blois ajoute : « Mais seillé de renoncer ou à ces ornements ou à son
puisque, pour vous empêcher de devenir le abbaye, prit ce dernier parti *, et préféra
sujet d'un scandale générai dans le monas- l'humilité d'un simple moine à la dignité
tère, vos frères, par une charité particulière, d'abbé. Son trère l'en congratula.
ont bien voulu vous accorder d'offrir tous les 44. Il dit, dans une lettre à Radulphe, évê-
jours le sacrifice de la messe, il ne vous res- que de Lisieux 5, qui, par un motif d'avarice
tera à l'avenir aucune raison de quitter votre et d'usure, avait fermé ses greniers dans un
état ni la maison où vous êtes. » Il fait la temps de cherté « Sachez que le souverain
:

description et l'éloge de la Chartreuse ,


qu'il Juge vous rendra responsable de la mort de
fait envisager comme la maison de Dieu et tous ceux dont vous vous êtes rendu coupa-
la porte du paradis. ble en ne leur sauvant pas la vie, comme
42. Richard, roi d'Angleterre ', en partant, vous le pouviez par vos denrées. On est à la
au mois de décembre 1190, pour la croisade, veille de la moisson, et dans ce temps de di-
laissa le gouvernement de ses Etats à Guil- sette vous n'avez pas encore donné à manger
laume de Longchamp évéque d'Ely son , , à un seul pauvre. »
chancelier, et, pour lui donner plus d'auto- 45. Pierre regarde la diversité des ordres
rité, il demanda pour lui au pape Clément III monastiques comme avantageuse à l'Eglise ''
;

la légation d'Angleterre; mais, pendant l'ab- mais il n'approuve pas qu'on passe d'un or-
sence du roi Richard, ses deux fils excitèrent dre à un autre sans de bonnes raisons. La
de grands troubles en Angleterre, formèrent longueurdela psalmodie lui parait utile, quand
un parti contre le régent du royaume, qui on peut la soutenir avec dévotion, et il ne
s'opposait à leurs entreprises, et, avec l'aide laisse pas de la traiter d'occupation honnête,
des prélats et des seigneurs d'Angleterre, quand même on s'en ennuierait. A l'égard
aigris conlie l'évéqne d'Ely à cause de ses du travail des mains prescrit aux moines il ,

hauteurs, ils le destituèrent de la régence, ce en parle comme d'une chose qui n'est ni à
qui l'obligea de se retirer en France, et de là désapprouver ni à louer, parce qu'il y a dans
en Normandie. Pierre de Dlois lui écrivit l'Ecriture sainte des passages pour et contre.
pour le consoler. Il invective vivement contre 11 écrivit deux lettres au nom de Richard de

ceux qui avaient eu part à la disgrâce de Cantorbéry ' l'une à ses suÛ'ragants, sur la
:

Guillaume -, nommément contre Hugiies, nécessité de secourir la Terie-Sainte où les ,

évêque de Coventiy, qui y avait eu plus de croisés se trouvaient réduits à l'extrémité;


part que personne. l'autre au pape Urbain 111 pour le congra-
,
,

43. Pierre de Blois ^, ayant appris que Guil- tuler sur son élection au pontificat ', et le
laume son frère, abbé de Mani, avait été béni remercier du pallium qu'on lui avait apporté
du pape même, en eut de la joie; mais il de sa part.
n'approuva point qu'il eût accepté les orne- 4U. Dans sa lettre à Henri, évéque d'Or-
ments poniiticaux. « Lu mitre, dil-il, l'anneau léans ° [comme dans une autre adressée à un
et les sandales, dans tout autre que dans un doyen de Rouen], Pierre de Blois témoigne
évêque, sont une ostentation présomptueuse. beaucoup de zèle pour la croisade mais il sou- ;

L'usage de ces ornements est dans la dédi- tient que la dépense devait s'en faire aux frais
cace des églises, dans la consécration des du roi et des seigneurs qui l'accompagnaient

Epist. S7. Epist. 97. — ' Epist. 98. '


Epist. ')9.

Epist. 90. Epist. 91. Epist. 11-2, 121.


[xir SIÈCLE. I CHAPITRE LXX. — PIEUHE DE BLOIS, ARCHIDIACRE DE BATH.
dans cette guerre; qu'allant combattre pour d'otfrir les hosties de propitiation. Il dit dans
l'Eglise, il était déraisonnable qu'ils la dé- cette lettre " que l'on otlYe sur l'autel le vrai
pouillassent, au lieu de l'enrichir des dé- sang de l'agneau sans tache.
pouilles de ses ennemis; que les exactions 31. Plusieurs grands seigneurs voulaient
faites sur l'Eglise n'ont jamais eu un bon suc- engager Pierre de Blois', par leurs présents
cès; que pour en avoir fait dans la dernière et par leurs promesses, à demeurer avec

croisade, la mésintelligence se mit eutre les eux; mais il préférait à tout une prébende
cliefs de l'armée, ce qui en occasionna la perte; dans l'Eglise de Chartres, parce que cette
que le roi ne peut et ne doit exiger des évé- ville n'était pas éloignée de son air natal. On

ques et du clergé que des prières pour lui.


' l'accusait de porter ses vues au-delà d'une
47. Ayant appris qu'il s'était élevé en Ecosse prébende ^ d'en vouloir à la prévôté, et d'a-
de nouveaux hérétiques -, il écrivit à Geof- voir employé pour cela la recommandation
froi, archevêque d'York et fils naturel de Hen- du roi, du pape, des seigneurs et des comtes.
ri II, roi d'Anglelerrre, d'empêcher qu'ils ne Il se justifia sur tous ces points dans une

dogmatisassent, et de publier, de l'avis de lettre à Jean de Sarisbery, évêque de Cliar-

son clergé une ordonnance si forte contre


, tres.

eux, que les autres en soient efi'rayés. Quoique le bénéfice qu'il possédait
52.
-48. Le compliment qu'il fait à Jean de Sa- dans de Sarisbery ' fût d'un très-
l'Eglise

risbéry, sur sa promotion à l'épiscopat de petit revenu, et qu'il ne passât point cinq

Chartres 3, donne lieu de croire que la lettre marcs d'argent, le doyen et le chapitre vou-
qu'il lui écrivit sur ce sujet est au plus tard laient l'obliger à résider. Il s'en délendit sur
de l'an 1180, puisque Jean fut fait évoque de la modicité de ce revenu : « Comment, leur
celte ville en 1177. Pierre loue la Vie qu'il dit-il, pourrais-je résider à Sarisbery et m'y
avait composée de saint Thomas de Cantor- entretenir, puisqu'à peine ma prébende en-
béry. tière pourrait suffire pour les frais du voya-
49. On avait consulté Pierre de Blois sur ge? Il prétend que
I) la constitution des évo-
les degrés d'aflinilé entre Robert et Adélilie*. ques Osinond et Jocelin, qu'on lui objectait,
Pour y répondre, il fait d'abord leur généa- ne legardait que les bénéficiers riches.
logie, puis il décide qu'étant l'un et l'autre 53. Voici les instructions'" qu'il donne à des
dans un degré très-éloigué d'allinité, leur abbés nouvellement élus : « Il est constant,
mariage n'est pas dissoluble; ensuite il rap- selon les anciens maîtres de la vie monas-
porte les divers empêchements de mariage ,
tique, que le vœu de la profession religieuse
qu'il renferme en six vers. Ces empêchements ne peut être annulé depuis qu'on l'a fait.
sont à peu près les mêmes qu'aujourd'hui. Pour avoir été élu abbé, vous n'avez pas
•50. Pierre de Blois fut longtemps A lefuser cessé d'être le frère de ceux qui vous ont
d'être promu au sacerdoce^, quelque ins- choisi pour leur supérieur. Si vous avez jus-
tance que lui en fit Richard, évêi|ue de Lon- qu'ici porté le joug du Seigneur, vous devez
dres ce n'était de sa part ni mépris, ni
: le porter à l'avenir avec encore plus de pa-
froideur, mais une crainte mêlée de respect. tience, et vivre régulièrement parmi ceux
11 s'autorisait dans son éloignement pour ce que vous êtes chargé de former à la vie reli-
saint ministère par l'exemple des chartreux, gieuse. Votre élection, votre dignité ne vous
qui oiïrent rarement le sacrifice de l'autel, dégagent pas des promesses que vous avez
de saint Antoine, de saint Benoit, et de faites, ni de l'observance de vos règles; au
quantité d'autres saints qui n'ont jamais été contraire, elles vous y obligent plus forte-
honorés du sacerdoce, et qui n'ont pas laissé ment; faites tout avec conseil, mais ne con-
de se sauver dans la siniplicilé de leur état; sultezque ceux qui sont d'une vertu éprou-
mais enfin il se rendit aux conseils de ses vée; donnez à vos religieux des avertisse-
amis, comme on le voit par sa lettre à l'abbé ments salutaires, afin qu'ils s'occupent de la
et à la communauté de Chicliester, dont il vertu, et qu'ils rempoilent de leurs travaux
implore les prières afin q-.i'il se trouve digne les fruits de la félicité. Il était plus sur pour

' Quiet aliud a ponlificibus, vel a clero, poiesl vel • Sancta Sanclorum dulci a/feciu, pura et defœeatn
débet pr inceps exigere, quam ut iticessantei- fiai oralio nientione inirat sacerdos , cum sanguine, jum verum
ab Ecclesia ad Deiim pro eo? Petr. lipifl. 112. nnguinem Agni immolait o/ferens. Epist. 139.
' Epist. 113. — > Episl. m. >
Episl. m. — • Episl. 130.
* Episl. 115. — » Episl. 123. ' Episl. 138. — «) Epist. i:)2.
776 HlSïOlllE GENERALE DES AUTE[IUS ECCLESIASTIQUES.
vous d'être soumis, que de présider'; mais diction, etquant audroît féodal, je ne relève
vous mériterez, si vous présidez à voire com- que de vous. Que l'Auglelerre éprouve main-
munauté de façon que vous lui soyez utile : tenant ce que peut le Souverain Pontife, et
étant dans un office inférieur, vous y trou- puisqu'il n'use point d'armes matérielles ,

viez souvent de l'ennui, et toujours du dan- qu'il défende le patrimoine de saint Pierre
ger. Posé maintenant sur le chandelier, vous par le glaive spirituel. Je pourrais repousser
entrez dans la carrière des événements dou- par les aimes les insultes de mes enfants,
teux; occupé des soins de vos biens tempo- mais je ne puis me dépouiller de la tendresse
rels et du salut des âmes, te ne sera pour de père. »

vous que combats au dehors et que frayeurs 36. Dans le doute où était un clerc de ce
au dedans. Rendez-vous aimable et imitable prince *, s'il s'appliquerait à l'élude des lois
à vos frères; faites non-seulement ce qui et de la jurisprudence, ou s'il se fixerait à
vous est utile, mais ce qui l'est à plusieurs. l'élude de l'Ecriture sainte et de la tliéolo-
11 vous convient bien mieux de travailler à gie, Pierre de Blnis lui fit observer que le
augmenter la bonté des mœurs de votre com- premier parti étant rempli de dangers pour
munauté, que ses possessions; de remplir le un ecclésiastique, il n'en avait pas d'autre à
ciel, que vos greniers vous pouvez faire l'un
: prendre que le second, qui était plus conve-
et ne pas omettre l'autre. » nable à sa condition et au règlement de ses
51-. Pierre de Blois -, qui avait demandé mœurs. « La connaissance des lois humai-
au doyen et au chapitre de Sarisbery d'être nes, dit-il, enfle le cœur, celle des lois di-
dispensé de résider, à raison de la modicité vines l'édifie : ceux qui cultivent les premiè-
du revenu de sa prébende, écrivit aux mê- res sont industrieux pour faire le mal, mais
mes de la part d'Hubert, archevêque de ils ne savent pas faire le bien; les autres
Cantorbéry, pour leur signifier de ne point sont humbles de cœur Dieu les
doux et ,

inquiéter sur la résidence un de leurs clia- maintient la paix. » En parlant du


dans
noines, nommé Thomas d'Esseben, tant qu'il changement qui se fait du pain et du vin au
serait occupé des atiaires du royaume. 11 corps et au sang de Jésus-Christ, il se sert
prend de là occasion de marquer en combien du terme de transsubstantiation. » Vous
de cas un chanoine ou tout autre clerc est voyez, dit-il dans un seul sacrement un
,

dispensé de résider dans son Eglise. Il en abîme très-profond et impénétrable à la rai-


est dispensé lorsque le bien public l'exige, son humaine le pain et le vin y sont trans-
:

étant raisonnable que celui qui travaille pour substantiés, par la vertu des paroles céles-
tous soit exempt de la loi commune; lorsque tes, au corps et au sang de Jésus-Christ ^, et
le primat du royaume en a besoin pour le les accidenis qui y étaient auparavant y de-
gouvernement des Eglises, parce qu'il leur meurent sans sujet et s'y voient. Quoique le
est permis de prendre des clercs pour leur corps de Jésus-Christ soit chaii, et non pas
service dans toutes les cathédrales du roy- esprit, il nourrit néanmoins l'esprit, et non
aume; lorsque le roi en a besoin pour ses le corps, parce qu'il nourrit et vivifie spiri-
propres affaires; enfin dans le cas d'infir- tuellement. Lo même corps se trouve chez
mité, de pèlerinage, d'étude dans les col- nous et en divers endroits, parce que, con-
lèges ou d'insullisance de la prébende. tre la nature des coi'ps, il est sur divers au-
35. Dans la lettre suivante ' Pierre se , tels, et en même temps dans le ciel. Il est
plaint au nom de Henri II, roi d'Angle- vrai que, par sa nature corporelle, ne peut il

terre, au pape Alexandre III, de la rébel- être qu'en un seul endroit et d'une manière
lion de ses enfants, et lui demande son se- circonscriplible; mais par sa vertu et par sa
cours. « Je me jette, lui dit ce prince, à toute-puissance il est en plusieurs lieux d'une
vos genoux pour vous demander conseil. manière spirituelle ce qui est un eQet de :

Le royanme d'Angleterre est de votre juri- l'union intime de la divinité et de la chair. »

» Epist. 134. — '-


Episl. 135. ' Kpisl. l'iO.
' Animo me vestris advotuo yenibus, consilium sa/u- ° //( iino sacramentorum videas abyssum profundis-
iare deposcens. Vestrœ jurisdictiotiis est regnuni
An- simam et humano sensui imperceptibilem, pane et vinu
gliœ, quantum ud feudalorii Juris ohligationent
et transubstantiatis virtute verborum cœlestium in cor-
vobis dumtaxat obnoxius leneor. Experiatur Anglia pus et sanguinem Christi : accidentia , quœ prius ibi
quid possit Romunus Ponlifex, et quia materialibus fuerant , sine suhjedo rémanent et apparent , etc. Petr.
ai-mis non utitur, patrimonium beati Pelri spiriluali iJles., Epiit. 140.
gladio tueatur. Petr. Blés., EpUt. 136.
[xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXX. — PlERRl' Dl! BLOIS , ARCHIDIACRE DE BATH. 777

57. La lettre de Pierre de Blois à Savario, ses places fortes, et à mettre sa propre
évêque de Bath ', est pour l'eniiager à retour- personne en sùrelé. Les raisons de mécon-
ner dans son diocèse, et h ne pas abandon- tentement du roi de France contre celui
ner son église sous protexte de pèlerinage. d'Angleterre sontdétaillées dans cette lettre.
« Quel est donc, lui dit-il, l'utilité, la néces- Pierre de Blois en éciivit une au nom du
sité, la décence d'un si long voyage? La Vé- même archevêque à la reine Eléonore, femme
rité dit au.K apôtres Si l'on vous poursuit : de Henri II, pour l'engager à se réconcilier,
dans une ville, fuj'ez en un autre. Ce n'est elle et ses enfants avec son mari autant pour
, ,

pas dans le temps de la paix, mais de la éviter la perte de sa famille que la désolation
persécution, que le Sauveur conseille la fuite du royaume. Pierre de Blois était en Angle-
à ses disciples. Souvenez-vous, mon père, terre pendant ces troubles, et y avait passe
que vous êtes le vicaire de saint Pierre; c'est viugt-six ans. L'amour de la patrie le rappe-
en lui qu'il vous a été dit Si vous m'aimez, : lait en France, il souhaitait du moins d'y
paissez mes brebis. Qu'est-ce que paître les être enterré c'est le sujet de sa lettre à
:

brebis, sinon annoncer l'Evangile à ses peu- Odon, évêque de Paris ^. Toutes celles qui
ples? Les laïques pleurent votre absence; suivent n'ont vien de bien remarquable. La
les religieux en gémissent, tous soupirent cent soixante-septième est un compliment de
après leur pasteur et leur évèque. » Pierre condoléance à la reine Eléonore sur la mort
étant déjà vieux- se vit à la veille d'être de son fils Henri III. Il y est dit que tout le
privé de son arcliidiaconé de Batli. 11 eut re- peuple d'Acre ou Ptolémaide, ayant appris
cours à l'autorité des amis qu'il avait à la la mort de ce prince, qui s'était croisé pour

cour, pour faire tomber les calomnies ré- aller à Jérusalem ', assembla les évèques,
pandues contre lui; en attendant, on lui of- les pasteurs, les barons du royaume de Jé-

frit l'arcliidiaconé de Londres. 11 était consi- rusalem dans l'église de la Sainte-Croix;


dérable pour le nombre des personnes qui qu'on y fit des obsèques à ce prince; que le
en dépendaient; on y comptait quarante légal célébra pour lui le saint sacrifice, et
mille bommes, et plus de cent vingt églises^; accorda aux peuples des indulgences en leur
mais Pierre n'en tirait ni dîmes, ni prémices, enjoignant des prières particulières , lant
ni oblations, quoiqu'il fût prêtre, ni aucun pour ce prince mort que pour la famille
des droits qu'on avait coutume de payer aux royale. Henri III, se voyant en danger ^ en-
archidiacres, ce (jui l'obligea de se pourvoir voya d'abord à son père, puis il confessa ses
auprès du pape Innocent 111 pour se procu- péchés en secret aux évèques, ensuite pu-
rer de plus amples revenus que ceux qu'il ijliquement; après en avoir reçu l'absolu-
percevait , attendu les grands mouvements tion, il reçut le saint Viatique, couché sur la
qu'il se doimait, tant pour l'instruction du cendre, ayant sous lui deux pierres quar-
clergé que pour la réforraation des mœurs rées, l'une à sa tête, l'autre à ses pieds, et
du peuple. Il pape de changer
pria le même mourut le 11 juin 1183, âgé de vingt-huit
un chapitre, dont il était doyen, en un mo- ans.
nastère de l'ordre de Citeaux *. Ce chapitre 5t). Les discours de Pierre de Blois sont au
était dans le diocès de Cliichester, et le dé-
; nombre de soixante-cinq, tant sur les diman-
canat était à la collation du roi. Pierre le ches que sur les fêtes de l'année la plupait :

remit entre les mains de ce prince, dans sont très-courts, composés presque entière-
l'espérance du changement qu'il projetait. ment de passages de l'Ecriture. Le style eu

58. Le roi Henri II avait envoyé vers le '"


est coupé etsententienx, comme celui de ses
roi de France Louis Vil Uoirou, archevêque lettres; mais dans celles-ci, outre les écrivains
de Rouen, et Arnoul, évoque de Lisieux, sacrés, il cite très-souvent les profanes, sur-
pour l'engager dans ses intérêts. La députa- tout les poètes. Il y a aussi plus de feu dans
tion fut sans succès. Pierre de Blois écrivit ses lettres que dans ses discours, particu-
au nom des députés que le roi de France et lièrement quand il est question de combattre
tout son royaume avaient conspiré contre les vices, de maintenir la saine doctrine et
Henri II; que sa seule ressource qu'il lui les règles de la discipline, ses propris inté-
restait consistait à garder ses frontières et léts, ceux de l'Ktal. jLe dernier discKurs

A/.m/. H8. — ! t>s/. H'J. — 3 EiHnl. 15 fc'/yis/. 1811. — T IJ/iisl.

t>i.s(. 152. — » lipisl. 153. Hogerli.j pag. GiO.


778 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
avait été débité en langue vulgaire, mais Dieu de racheter l'homme que de créer le
l'original français n'existe plus; on n'en a monde; étant devenu de seigneur esclave,
qu'une version latine faite par un ami de de riche pauvre, d'immortel sujet à la mort,
Pierre de Blois ce sermon a pour but de
: de Fils de Dieu fils de l'homme. Cette consi-
recommander à tout le monde la lecture de dération méritait de la part du roi Henri de
la Bible; il y avait donc déjà des traductions grandes actions de grâces envers Dieu. Pierre
des Livres saints en langue vulgaire '.] lui représente encore les bienfaits temporels

(30. Des dix-sept opuscules de Pierre de qu'il en avait reçus; de comte il devint duc,

Blois, le premier est un discours moral sur de duc roi, vainquit plusieurs rois, ajouta des
la Transfiguration, adressé, comme l'on croit, provinces à son royaume, réduisit ses en-
à Frumald, évêque d'Arras, qui lui avait or- fants révoltés conti'e lui à l'obéissance. Il ra-
donné de traiter ce mystère d'une manière conte des choses merveilleuses d'un char-
qui pût édifier ceux qui l'entendraient ou le treux nommé Gérard, entre autres qu'encore
liraient. Il fait voir qu'il a été aussi facile ix qu'il n'eut jamais étudié, il répondait avec
Jésus-Christ de se montrer tout éclatant de exactitude sur tous les articles de foi, comme
gloire dans son corps mortel, que de donner s'il eût passé la plus grande partie de sa vie
à toucher les cicatrices de ce même corps dans les écoles de Paris.
devenu immortel après sa résurrection, parce 62. Le traité qui a pour titre : Que l'on doit :

que l'un et l'autre était un effet de sa puis- se hâter d'entreprendre le voyage de Jérusalem, J|

sance comme Dieu. Il fait consister la glori- est une exhortation aux princes chrétiens
fication du corps dans quatie choses, la de secourir la Terre-Sainte. Il ramasse à cet
clarté, l'agilité, la subtilité, l'immortalité, et effet tout ce qu'on lit de plus fort dans l'E-

dit Sauveur ne parut glorifié dans sa


que le criture contre la ville de Jérusalem et ses
lr;instiguration que par la première de ces habitants; les menaces et les prédictions des
ou la splen-
qualités, c'est-à-dire par la clarté prophètes contre ses désordres, et ce qu'ils
deur. Pierre en prend occasion de parler de ont dit des ruiséricordes de Dieu envers les
la blancheur ou de l'innocence que nou- ac- pécheurs qui rentreront dans la voie du sa-
quérons dans le baptême et par la péni- lut. Il parle de la dime saladine et de l'a-

tence, qu'il appelle une seconde table après bus qu'on en faisait. « Les ennemis de la
le naufrage, loisque cette pénitence est par- croix, dit-il, qui devraient être ses enfants,
faite; que si elle ne l'est pas, il est besoin, anéantissent leur vœu par leur avarice, sous
ajoute-t-il, que la roui le que la confession prétexte d'une damnable collecte, et tour-
n'a pas nettoyée le soit par le feu du purga- nent la croix en scandale. » Mais il ne laisse

toire que ce feu n'est pas éternel,


"-.
Il dit pas de regarder la croisade comme un moyen
mais cause des douleurs au-dessus des
qu'il suffisant d'etfacer sespéchés il le propose :

plus aiguës que l'on puisseéprouver en cette aux riches, en leur faisant remarquer que le
vie. délai de la pénitence leur est plus dange-
61. Il n'y a rien de remarquable dans le reux qu'aux pauvres, et que l'on en trouve
second discours, qui a pour sujet la conver- peu qui soient morts comme on meurt com-
sion de saint Paul. Le traité sur Job est un munément; sur quoi il rapporte les exem-
commentaire sur les deux premiers chapitres ples des rois, des princes et des autres grands
de ce livie et sur une partie du troisième du monde, qui ont péri ou par l'épée, ou
et du quarante-deuxième. Pierre de Blois par d'autres morts violentes. Pierre paraît
dédia cet opuscule à Henri II, roi d'Angle- persuadé qu'en confiant la croisade à des
terre, qui le lui avait demandé. Il y déclame personnes d'un moindre rang, elle aurait eu
contre les prélats qui tiraient les revenus plus de succès, ou du moins qu'il convenait
d'un grand nombre d'églises, sans s'inquié- que l'empereur Fridéric et Philippe, roi de
ter du soin des âmes; contre les clercs qui France, conduisissent cette entreprise avec
ne s'occupaient que d'accumuler prébende plus de discipline et une armée moins nom-
sur prébende; contre les chanoines régu- breuse, mais composée de gens d'élite.
liers et les moines occupés de procès et de 63. Suit, dans le recueil des œuvres de
bonne chère. Il dit qu'il en a plus coûté à Pierre de Blois, \xnB Instruction sur la foi chré- Il

' Biographie universelle de Michaud, art. Pierre de mundavil, igné purga'orio abluatur... quod incetidium
lois. (L'éditeur.) licel non sit œternum, omnes dolores vilce prœseutis
"-
Quidijiiid sgualuris uut rubigiuis confessio non excéda. Petr. Blés., de Transfig., pag. 401, 402.
[XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXX PIERRE DE BLOIS, ARCHIDIACRE DE B.\TH. 771)

tienne,pour le sultan d'Icône, faite au nom gouttes d'eau qui, eu se multipliant , font
d'Alexandre III en 1169. « Nous avons ap- couler à fond le vaisseau. A l'égard de la

pris par vos lettres, lui dit ce [lape, et par la pénitence, si nous la mesurons sur le nombre

relation fidèle de vos envoyés, que vous dé- et la grandeur de nos péchés, elle ne nous
sirez vous convertir à Jésus-Clirist et que , paraîtra jamais suffisante pour satisfaire à
vous avez déjà ie(;u le Penlateuque de Moïse, Dieu au reste, quand nous avons le cœur
:

les prophéties d'Isaïe et de Jérémie, les Epi- touché de douleur, et que nos yeux se ré-
tres de saint Paul et les Evangiles de saint pandent en larmes ne nous tlattons pas
,

Jean et de saint Mattliieu. Vous demandez aussitôt d'être réconciliés iivec Dieu; la vraie
qu'on vous envoie un homme orlhodoxe qui, pénitence ne consiste dans une etfusion
ni

de notre part, vous instruise plus amplement momentanée de larmes, dans une com-
ni

de la loi de Jésus-Christ. Dans le dessein de ponction d'une heure; une alJ'ection même
vous accorder une demande qui nous fait pieuse n'est pas méritoire du salut, si elle

tant de plaisir, nous aurons soin de vous en- ne procède de l'amour de Dieu.
voyer des personnes dont la doctrine et les 66. Après avoir établi les règles de la con-
mœurs puissent vous édifier, et qui soient fession, Pierre de Blois prescrit au confes-
en état de vous donner en notre nom des seur la manière dont il doit se conduire en-
avis salutaires; et parce que vous demandez vers le pénitent. Il exige de lui en premier
encore par vos lettres une exposition de lieu un secret inviolable, en sorte qu'il ne
notre foi nous vous la donnons ici en
, découvre le crime du pénitent, ni de vive
abrégé. » voix, ni par aucun signe extérieur, comme
Le pape lui propose d'abord à croire
64. serait un air de mépris et de froideur. Sui-
le mystère de l'unité d'un Dieu en trois per- vant rigueur des canons, un confesseur
la

sonnes, dont il lui donne un exemple dans qui déclare les péchés qu'on lui a confessés,
les choses créées, savoir dans l'âme hu-
: doit être déposé sans espérance de rétablis-
maine, où l'on distingue l'entendement, la sement et condamné à d'ignominieux pèle-
mémoire et la volonté; dans le soleil, où l'on rinages, ce qui doit s'enlendre de la façon
distingue le rayon, la chaleur, la splendeur : de les faire, comme de porter des marques
trois choses toutefois qui, soit dans l'ârae, de pénitence. 11 demande en second lieu
soit dans le soleil, sont d'une même essence. qu'il ail des mœurs et de la science soit pour ,

Du mystère de la Trinité, il passe h celui de édifier le pénitent, soit pour connaître la


l'Incarnation et prouve l'un et l'autre par des
, qualité des péchés et leurs remèdes. Pierre
passages des livres de l'Ecriture, de ceux-là remarque qu'il était d'usage que les moines se
surtout que le sultan avait entre les mains. 11 confessassent à leur abbé, il désapprouve,
fait l'éloge de la sainte Vierge, nièie du mé- comme contraire aux constitutions des pères,
diateur de Dieu et des hommes, montrant laconduite de ceux qui se confessaient aux
qu'elle l'a conçu par l'opéraliou du Saint- évêques ou à leurs délégués; mais aussi il
Esprit, et mis au monde sans perdre sa vir- recommande aux abbés, surtout à celui à
ginité. Il vient de là à la nécessité du biip- qui il adressait ce traité, de ne point all'ecter
lême et à la vertu de ce sacrement. On ne sur leurs religieux un air de domination,
sait pas quel etl'et cette instruction produi- bien moins un air de mépris; au contraire,
sit. d'avoir pour eux des sentiments de bouté, et
63. Pierre de Blois fit, à la prière d'un de leur témoigner d'autant plus de douceur
évêque qu'il ne nomme pas, le traité de la qu'ils sont plus infirmes.
Confession sucrainentetle. Il commence par 67. Le traité intituléCanon épiscopal, ou
:

établir le pouvoir des clés par l'autorité de Institution d un évcque, en renferme les de-
l'Ecriture et des pères, ensuite l'ulililé , la voirs :
dans ses mœurs, libé-
qu'il soit réglé

nécessité et l'intégrité de la confession non- : ral, atl'able, doux, discret dans ses ordres,
seulement le pécheur doit s'accuser au prê- modeste dans ses entreliens, timide dans la
tre de tous ses péchés en détail, il est en- prospérité, ferme dans l'adversité, modéré
core nécessaire qu'il en dise les circonstan- dans son zèle, fervent dans les œuvres de
ces, la cause, le lieu, le temps, la manière, miséricorde, ni trop inquiet ni trop indolent
et tout ce qui aggrave le péché; on ne doit dans ses all'aires domestiques; eu choses
pas même, dans l'examen de sa conscience, d'importance et d'une exécution ditUcile,

négliger les péchés véniels, ce sont des qu'il délibère d'abord en lui-même, puis avec
780 HISTOIRE GENER ALK D1<:S AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
des personnes de probité connue; qu'il serve l'on y pratiquait. Il ajoute que le roi Henri
d'exemple à ceux qui demeurent avec lui; étant entré en colère contre deux prieurs au
qu'ils lisent dans ces actions ce qu'ils doi- sujet du denier de saint Pierre, et personne
vent faire eux-mêmes; que tous ses moments n'osant apaiser ce prince il entreprit avec ,

soient remplis de bonnes œuvres, surtout de succès de les réconcilier avec lui; ensuite il
la lecture des divines Ecritures; qu'il rap- explique les endroits qu'on avait repris dans
porte à Dieule fruit de ses travaux spirituels, ses ouvrages. On l'accusait , entre autres
s'en glorinei' en lui-même serait se rendre choses, d'avoir confondu la grâce et le libre

odieux à Dieu; qu'il n'imite pas ceux qui, arbitre. répond que le libre arbitre est
Il '

après avoir passé dans la piété la première tellement appuyé et dépendant de la grâce,
année de leur ordination, se relâchent en- que la bénignité de Dieu ne porte point pré-
suite jusqu'à négliger absolument leurs de- judice au mérite, ni la grâce au libre ar-
voirs; ni ceux qui, abusant des libéralités et bitre.
des aumônes faites à l'Eglise par les rois, 69. Connaissant combien il est difficile de Tra.ti

prennent par vanité les titres de barons ou convertir les ennemis de la religion catholi- ps°s «2.

de seigneurs régaliers héritier et vicaire de


: que, il voudrait que ceux-là seuls l'entre-
saint Pierre, il doit paître son troupeau en prissent, quien sont capables, parce qu'il est
lui enseignant les vérités de l'Evangile; s'il dangereux que ceux qui ne le sont p;is ne
atiecte les honneurs de l'épiscopat, c'est un succombent dans la dispute, et ne soient en-
mercenaire; s'il en supporte volontiers le traînés dans l'erreur par leurs adversaires.
fardeau, il est au pouvoir de Dieu d'augmen- Il cite là-dessus la loi de l'empereur Justi-
ter lu grâce qu'il lui a déjà conférée, et de le nien, portant défense générale de disputer
mettre en état de tirer de nouveaux avan- sur le mystère de la sainte Trinité et sur la

tages des anciens. Pierre de Blois se plaint de foi catholique, et renvoie à l'ouvrage qu'il
ce que sous le règne de Constantin plusieurs avait fait pour montrer comment un catho-
évêques, pour plaire à ce prince, téinoi- lique doit combattre les blasphèmes et les
gnaienl plus de respect pour ses édits que chicanes des hérétiques. Ce livre de Pierre
pour les préceptes de l'Evangile. Il fait des de Blois n'a pas encoie été rendu public :

plaintes à peu près semblables de quelques dans celui dont nous parlons, il se contente
évêques de son temps, et leur reproche en de mettre sous les yeux du lecteur les pas-
particulier de juger des causes de sang, de sages les plus formels de la loi et des pro-
condamner des coupables ou à la mort, ou phètes sur l'unité d'un Dieu en trois per-
à la perte de quelques membres, se crojant sonnes, le Père, le Fils et le Saint-Espril ;

innocents du sang qu'ils faisaient répandre, sur l'incarnation de la seconde de ces per-
parce qu'ils ne prononçaient pas eux-mêmes sonnes; sur les deux natures en Jésus-ChrisI,
la sentence. Les évêques ont, dit-il, l'inten- la divine et l'humaine; sur le lieu et le temps
dance sur les âmes, et non sur les corps ils : de sa naissance selon la chair; sur ses mira-
n'ont rien de commun avec Pilate. cles, samort, sa résurrection et les autres
Tniic con. 68. Les plaintes de Pierre de Blois contre circonstances de sa vie, qui prouvent qu'en
,ror"dc"°; les ecclésiastiques et les moines lui atlirc- lui ont été accomplies toutes les prophéties
mvrage!., p.
^^^^ ^^^ censpuTs qui l'accusèrent d'êlre en qui regardent le Messie promis aux patriar-
ce point un calomniateur, et de llalter les ches. Aux témoignages de l'Ecriture tou-
princes de la terre. 11 se justifia sur ces deux chant la de Jésus-Christ, il ajoute
divinité
articles, en disant que dans ses ouvrages, ceux que lui ont rendus les Gentils et les
dont il fait le catalogue, il avait repris avec Juifs, Ponce-Pilate dans sa lettre à l'empe-
liberté le roi et les grands seigneurs du reur Tibère, Philon et Josèphc, les deux plus
royaume, quand il en avait eu occasion ; fameux juifs du siècle dans lequel le Sau-
mais aussi qu'il n'avait pas manqué de leur veur est né, mort et ressuscité. Suivent les
dire des choses d'édification sans y mêler témoignages de l'Ecriture touchant la répro-
aucune invective. A l'égard des ordres reli- bation des Juifs, la vocation des Gentils le ;

gieux, il en témoigne de l'estime et de l'al- retour des Juifs à l'Eglise et le salut des res-
fection , relevant les œuvres de piété que tes d'Israël; l'état glorieux de l'Eglise, la

' Confidenler assero Itherum arbilrium ila inniti et libciœ vuliiitlali gral
juclicct , et
pendere de gratta, ut benùjnitas Deimerito non pra- Petr. Blés., Iniect., pag. 462.
,

Ixirsiki.E.] CHAPITRE LXX PIERRE DE BLOIS. ARCHIDIACRE DE BATH. /PI

venue ile l'Aiileclirist et le second avène- est (le retirer l'âme des mains de ses enne-
ment tle Jésus-Cliiist lors do la résiirieclion mis, c'est-à-dire des fausses joies et des faux
génériile et (lu jugement dernier. Pierre de plaisirs du inonde; la seconde, d'empêcher
Blois finit ce traité par quelques vers de Vir- qu'elle ne soit tentée du démon au milieu :

gile et de de Cumes, où il est parlé


la sybille des tribulations de Job, llieu défendit à cet
des deux avènements du Messie et de quel- ennemi de notre salut de tenter son âme; la
ques articles de la foi. troisième, de purifier les mauvaises mœurs
70. Le traité de l'Amitié clintienne nu de de l'âme, comme la médecine purifie les
l'amour de Dieu et du prochain, est un extrait mauvaises humeurs du corps; la quatrième,
de ce que Pierre de Blois avait trouvé de qu'elle sert de lumière à l'homme pour se
mieux sur cette matière, soit dans les livres connaître; la cinquième, que les tribulations

saints, soit dans les écrivains ecclésiastiques, accélèrent notre chemin vers Dieu; la sixiè-
même dans les profanes. Il était alors fort me, qu'elles nous acquittent de nos dettes
avancé en âge, et dans la crainte que cet envers lui; la septième, qu'elles dilatent le
ouvrage ne tombât entre les mains de celui cœur de l'bomme et le préparent à recevoir la
qui avait déjà censuré ses écrits, il pensait grâce de Dieu et sa gloire; la huitième, que
à le tenir secret ou à ne le communiquer Dieu, nous privant par les tribulations des
qu'à ceux qui pouvaient en faire un bon consolations humaines, nous oblige à re-
usage; mais se doutant bien qu'insensible- chercher les célesles; la neuvième, que par
ment il deviendrait public, il prévient les re- elles nous rappelle le souvenir de ce qu'il
il

proches qu'on lui ferait d'avoir profilé des est pour nous, c'est-à-dire notre salut. La
travaux d'autrui : « Comme on lit, dit-il, dixième utilité de la tribulation consiste en
dans le livre des Saturnales et dans les épi- te qu'elle nous fait exaucer de Dieu, qui n'a
tres de Sénèque, nous devons imiter les pas coulume de rejeter la prière de l'affligé;
abeilles, qui, avec un an admirai I.-, tirent la onzième est qu'elle conserve et nourrit le
les divers sucs des Heurs. » Il se fonde en- cœur, comme le feu est conservé et nourri
core sur l'exemple d'Afranius, qui, répon- sous la cendre; la douzième, qu'elle est un
dant à ceux qui l'accusaient d'avoir trans- témoignage à l'iiomme que Dieu l'aime
crit dans ses ouvrages non-seulement les parce que, selon le témoignage de l'Apôtre,
Sentences de Ménaiidre, mais même ses pro- Dieu aime ceux qu'il châtie et qu'il afflige.
])res termes, di.-ait «J'en ai usé ainsi, ne
: 72. Dans le traité intitulé Quels sont-ils"^? :

croyant pas que je pusse trouver quelque Pierre de Blois attaque, non les évêques en
chose de mieux. » Ce traité est divisé en général, mais cen.\-là seuls qui sont entrés
deux parties, ou si l'on veut, il y en a deux dans l'épiscopat par des voies illégitimes, ou
sur la même matière. Le premier est de qui y ont été promus sans être distingués ni
vingt-cinq chapitres; le second, de soixante- par leur esprit, ni par leur naissance, ni par
cinq. 11 montre dans l'un et dans l'autre que aucune des qualités essentielles à un évê-
la vraie amitié, soit qu'on la reg-rdc par que; qui, dans l'épiscopat, ne songent qu'à
rapport à la société humaine, soitpar rap- enrichir leurs neveux en leur donnant les
port à la religion, doit avoir son fondement clianoinies et les autres bénéfices de l'Eglise,
eu Dieu '. et qui, par un changement de fortune, pas-
71. Le but du traité qui a pour litre De : sant d'un état pauvre, dur et bas à une di-
l'utilité des tribulations, est de nous engager gnité Irès-iclevéc, vivent aussitôt dans la
à les supporter avec patience, en nous sou- splendeur, le luxe et la mollesse. 11 veut
venant qu'elles nous viennent de iJieu, et qu'il donc que si ces évèques les plus réglés ne
lesordonne pour notre avancement dans la répriment pas ces désordres, que le roi à qui
vertu. La première utilité des tribulations iladresse son ouvrage, les réprime lui-même

' aUribuù 4 tort à Cassiodorf , piiruii


Ce. Irailé est éciili' p..ur :i|ip:irti iiir à Pierre de Ulois, nui d'ml-
le.^ œuvres duqiiul
il se trouve ilaus le tome XI de leurs ue peut avcir dit, comme le fait l'auteur de celte
de Lyon Ou l'a re-
la Uililiiiltièiiue des l'èfen, édition diatrilic : que l'Aquitaiuc était sa patrie, ei que les
produit au tome XXIV du la uiâuie llibltutlièque mauvnii traileincuts essuyés pur lui de la part des

parmi Icâ œuvres do Pierre de lllois. [L'édileur.) prélats de cette contrée lavaiunt forcé à s'exiler.
> Nous ne croyons pas que Pierre de Ulois soit Voilà ce que disent les auteurs de la lUogrnphie uni-

l'auteur du livre intitulé Quales suitt, satire vlruleuto verselle de Mkliaud. Cependant le docteur Giles et les
contre les éviques d'Aquitaine et spécialement con- éditeurs de la Pahologie le reproduisent sans conteste
tre ceux de Saintes et de Limoges ; elle est trop mal cet écrit comme l'œuvre de Pierre de Blois. [L'édH.)
782 HISTOmE GÉNÉIÎALK DES A tITEURS ECCLESIASTIQUES.

par son autorité, et que pour les éviter à l'ave- 77. Ce traité est divisé en neuf chapitres,
nir, l'on examine avec soin ceux qui se présen- dans premier desquels Pierre de Blois en-
le i

tent à l'ordination, et que l'on prenne le temps seigne en termes exprès la doctrine sui-
nécessaire pour s'assurer de leurs mœurs. vante « Le pain qui est consacré sur Tau-
:

73. ne nous reste qu'un fragment de la


11 tel par la vertu du Verbe*, est fait chair di-

lettre que Pierre de Blois avait écrite sur vine, et la même qui est née de la Vierge et
l'obligation de garder le silence. Quoique les qui nous a rachetés; nul autre que Jésus-
instructions qu'il y donne regardent les moi- Christ ne peut satisfaire pour les péchés d'A-
nes, elles peuvent être uliles à toutes sortes dam; quoique immortel selon l'une et l'autre
de personnes comme lorsqu'il dit, « Ne : nature ^, il est cependant mort volontaire-
soyez point prompt à parler, mais observez ment pour nous; encore qu'il soit immolé
avec soin à qui vous parlez, ce que vous avez dans le monde entier, il est toujours un
à diie, de qui vous parlez, comment vous en et le même dans son royaume^, tout entier
parlez, ou en quel temps. Si l'on vous dit du dans le ciel et sur la terre, quoiqu'il semble
mal de quelqu'un, ne le croyez pas facile- distribué aux fidèles par parties; le juste
ment, et ne l'écoutcz pas volontiers. » n'eu reçoit pas plus que le méchant, Jésus-
74. Nous n'avons non plus qu'un fragment Christ se donne à tous en part égale '; le
du traité des Prestiges de la fortune. Pierre de mérite de celui qui préside à l'autel ne fait
Blois y donne les définitions des termes de rien à la bénédiction du pain, comme son
devin, d'aruspice, de nécromancie, de cliiro- iniquité ne peut souiller le sacrifice; la veilu
mancie, d'augure, d'iioroscope, et autres de la parole du Créateur est la même, quoi-
semblables '. qu'il y ait de la différence dans la vie du
75. Le traité suivant est une notice des li- cousécrateur; ce n'est pas l'homme qui crée
vres de l'Ancien et du Nouveau Testament, cette œuvre, c'est la puissance de celui qui
et de ceux qui en sont les auteurs. crée tout.»
Le dernier traité est un poëme sur
76. 78. « Le prêtre qui offre à l'autel représente
l'Eucharistie. 11 portait le nom de saint An- Jésus-Christ, qui est lui-même le sacrifica-
selme dans un manuscrit do la bibliothèque teur et la victime; c'est lui qui consacre et
du prince Charles de Lorraine, évéque de qui est consacré, et dans ce sacrifice ce qui
Metz et de Strasbourg; miiis il est visible- était auparavant la substance du pain ', passe
ment de Pierre de Blois, qui s'en reconnaît en chair de Jésus-Christ par le don de la
la

deux fois auteur dans le prologue, en s'y dé- Divinité; c'est un mystère inconnu à l'homme
signant par son nom. Le manuscrit est d'ail- et qui fait l'étonnement des anges ^. Dieu
leurs de l'âge de cet écrivain. Ajoutons que sort d'un élément ce changement est l'effet
;

Pierre se mêlait de poésie-, et que dans ce delà droite du Très-Haut; lui qui a formé
poëme, comme dans quelques autres de ses les vases célestes, peut changer en mieux le
vers sur l'Eucharistie, il emploie, en pailant petit morceau de pain que l'on met sur l'au-
de la réception de ce sacrement, le terme tel, c'est-à-dire en la gloire de sa chair, comme
d'incorporer, disant que celui qui mange le il a rendu la vie au vase de son corps cuit

corps de Jésus-Christ se l'incorpoie ^. pour ainsi dire par le feu de la passion '". La

1 On lit moL pour mot ce fraf^menl dans lo Poly- nata. Pet. Blés., de Eucharist., eap. i. ^ Cap. il. —
craliqne de Jean de Sarishéry. Voyez Palrologic, s Qui quumvis totuin per muiidum sacnficetur, in-
tome CXCIX. {L'éditeur.) teger in regno manet, unus semper tiabetur, et cum
2 Le doclPur Gites a publié plusieurs poèmes inédits dislribui per particulas videalur, sumitur hic totus,
de Pierre de Blois, savoir 1° Carmen de pœnilentia;
: cœlo totus veneratur. Ibid., cap. v.
2» Versus de commendalione vint, 3» responsio ad >
Non capit Itinc juslus magis, aul minus hinc homo
tjuemdiim cnnira ceravisim , k" carmen aceplialum. nerjuam... C/iristus namque sui partent fucit omnibus
Ou les trouve au tome CCVII de la Palrologic, col. œquain... hic panis dum presbyteri benedicitur ore,
115Î et suiv. (L'éditeur.) non pravo minus, aut magis in muliore; scilicet
est in
Malgré ces raisons, Ginguené revendique ce immundus qui sacrœ prœsidet ar<e, sorde lamen nulla
poème pour Pierre le Peintre, chanoine de Saint- valet hoc sacrum macularc; pur Verbi est virtus, licel
Omer, vers 1170. Voyez V Histoire littéraire de la impar vita sacrantis, nec créât iltud opus homo, sed
France, tome XIII, pag. 429. Ce poème fourmille de vis cuncla creantis. Ibid., eap. vl.
fautes de veraificatiou et de grammaire. {L'éditeur.) 8 iVû»! res quw panis pridem subslantia mansit, in
Panis in allari Verbi virtute sacratus fit divina Christi carnem deitalis munere transit. Ibid., cap. VU.
caro, tiostri medicina realu.i ; fit caro, non alla quam s Cap. vm. - '« C:ip. IX.
Christi nos redimentis, eadem caro tune de Virgiiie
[xii'siFCi.E.] CHAPITRE LXX. — PIERRE DE BLOIS, ARCHIDIACRE DE BATH. 783

consécialion du pain et du vin est essentielle n la cour; un de l'Elude de la Sagesse; un de


au de l'autel; d'où il suit que ce sa-
sacrifice la Célébratimi des Synodes; la ] ie de l'arche-
critice n'est point parfait avant la consécra- vêque Wilfride; celle du confesseur Guthlac; le
tion de ces deux espèces, figurées dans le Dialogue entre un roi et un abbé ^
; un livre de
sacrifice de Melcliisédecli. On mêle aussi de la Vérité de la foi; un recueil de Fleurs; un
l'eau avec le vin ', en mémoire de l'eau et du livre des Prestiges de la fortune , dont il reste
sang qui sortirent du C(Jlé de Jésus-Christ. un fragment; une lettre du Silence, dont nous
Pierre de Blois dit que le Sauveur, dans l'ins- avons aussi un fragment, .\ucun de ces écrits
litulion de l'eucliarislie, ne changea que le ne se trouve dans les éditions que l'on a
pain et le vin en sa chair et en son sang; faites des œuvres de Pierie de Blois '.

mais que les apôtres et leurs successeurs - On doit la première à Jacques Merlin, doc- Apptndi

ont ordonné d'y mêler de l'eau; quelques tour en théologie et pénitencier de l'Eglise «lé'p'err"*

anciens théologiens ont été de ce sentiment ^, de Paris; elle parut en cette ville l'an 1519,
fondés sur ce que l'Evangile ne dit rien de ce in-fol. Quatre-vingts ans après, c'est-à-dire

mélange. 11 croit avec eux que l'eau mêlée l'an 1600, Jean Dusée en donna une seconde

au vin devient par la consécration le sang


, ,
édition àMayence, avec un appendice con-
de Jésus-Christ *, et dit qu'il n'est permis à tenant quelques opuscules de Pierre de Blois,
aucun des fidèles d'ignorer ce que c'est que qu'il avait recouvrés depuis peu de temps;

le sacrement = du corps et du sang de Jésus- rajipendice est in-S", et l'édition de 1600 in-'i°
Christ que f'on célèbre dans l'Eglise, de peur (c'est celle-là que l'on a réimprimée dans le

que cette ignorance ne le rende indigne de tome XII de la Bibliothèque des Pères de Co-
le recevoir; qu'à plus forte raison ^ les prê- logne). La troisième édition est de Pierre de
tres doivent avoir connaissance de tous les Goussainville; elle fut publiée à Paris en 1C67,
sacrements du Seigneur, pour en instruire in-fol., et copiée dans le tome XXIV de la
tes fidèles confiés à leurs soins; Pierre de Blois Bibliothèque des Pères de Lyon, en 1677. On
parle ensuite du danger des communions a vu plus haut qu'Ingulplie avait fait l'his-
indignes '. 11 pense que ceux qui après un , toire de l'abbaye de Croyland jusqu'en 1091;
sérieux examen, ne se trouvent coupables Pierre de Blois la continua depuis cette an-
d'aucun péché mortel peuvent s'approcher,
née jusqu'en 1118. On n'a rien mis de cette
avec assurance de ce sacrement, quand même conliuualion dans le recueil de ses ouvrages;
ils remarqueraient leur conscience chargée mais elle fut imprimée à Oxford en i684, in-
de péchés véniels, puisque nous ne pouvons fol., à la suite de V Histoire d'ingulphe, et par

être une heure sans pécher, et que l'eucha- manière d'appendice. On a été quelque temps
ristie est un remède à nos maladies spiri- sans savoir de qui elle était; mais Briénus
tuelles. Turinus, dans le premier livre de \' Antiquité
79. Pierre de Blois composa divers autres de l'Académie d'Oxford, dit avoir vu plusieurs
ouvrages dont il fait juenlion lui-même dans manuscrits où elle portait le nom de Pierre
l'abrégé de la Vie de Job, ou qui sont cités de Blois.
dans plusieurs catalogues de ses écrits, sa- 80. Outre les variantes et les notes de Jean
voir un livre de la \ ie des Clercs qui vivent
: Busée et de Pierre de Goussainville, dont

Cap. X.
' que le roi pudiire. L'abbé
lui explique la cause de
» Hoc in natali calids non est celebralum, quando ces maux envoyés par
la Providence, et chercbe à le

Pascha novum vxtus est j)Osl Paicha dicatum nom : souli'iiir età l'eugager à les prendre comme des
panem ianlum Domintis vinii/ue liquorum in propriam moyens de taire pénitence. Eu fiuissaut, il lui con-
mutons carnem,sacrumque cruorcui, ilisciputis legilur seille une expédition ù Jérusalem. [L'éditeur.)

cœnunlibus altriOuisse... et quoniam lateris de vtilnere ' Le docteur Giles a publié la Passion de Héginald,

sanguis et undn effluxere simul, ulilulio nosira secundo, prince d'Anlioclic, tué par les Sarrasins. Pierre de
decrevit Puirum velerum censura mudesia, ut sitil illa Blois, après avoir déploré la négligence des chré-

duo sitnut ad Pasc/ialia [esta, lliid., cap. xni. lii'us il secourir Us clirétieus de la Terre-Sainte, re-
' Paschas., lib. de Corpore el Siing. Dom., cap. xi; trace la vie et la vertu de Régiuald; il donne ensuite
Kliab., iliid., cap. xxvni. la longueur et la latitude de la Palestine, d'après
Cap. XIV.
' —
' Cap. XX. saint Jérôme
après quoi il représente le courage et
;

« Cap. XXI. —
' Cup. XXIV. la fermeté des cbréliens massacrés avec Réginald par
1 C'esl le dialogue eutrc Heuri H el l'abbé de Don- Saladin, el leur gloire dans le ciel. Cet écrit est re-
neval. Le docteur Giles l'a édité pour la première produit au tome CCVll de la Palroloyie, col. 937-970.
fois, et il eet reproduit au tome CCVll do la Pnlro- {L'édileur.}
loyie, col. 975-968. Le dialogue ruulc eur le» mau.\
784 IIISTOmE GÉNÉIULE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
l'cditiou de 1667 est euiicbie, l'éditeur ii le décret de la Faculté de Paris sur la même
donné, dans un appendice, plusieurs pièces matière; diverses autres lettres des évêques
intéressantes pour l'intelligence des lettres de cette ville sur les prébendes de l'église
et autres écrits de Pierre de Blois; une lettre cathédrale et autres; une lettre touchant les
de Henri évêque de Baycux; deux de Ri-
, limites respectives des Eglises de Paris et de
chard, roi d'Angleterre; une d'Urbain III, et Beauvais; une lettre d'Odon de Paiis. tou-
une de LuciusIII; huit diplômes de Henri II, chant la légitimation des enfants que le roi
loi d'Angleterre; une lettre de Hervée, abbé avait eus de la fille du duc de Méranic; plu-
de Villeloup; divers diplômes de fondations sieurs lettres du pape Célestin, touchant l'in-
de monastères; une lettre de Vauthier, ar- terdit de Rouen et l'excommunication pro-
chevêque de Rouen; plusieurs lettres des noncée par l'archevêque Vauthier; enfin les
évêques de Paris pour l'abolition de la fête Actes du concile qu'il tint dans sa ville mé-
des Fous et le rétablissement de la fêle de la tropolitaine l'an 1207.
Circoncision au premier jour de janvier, avec

CHAPITRE LXXI.

Alain, évêque d'Auxerre, 1186; le bienheureux Pierre, huitième abbé


de Clairvaux, 1186; Robert de Torigni, abbé du Mont-Saint-Michel,
1186; Aimerio, patriarche d'Antioche, 1187; Jean Béleth, théologien
de Paris, 1190.

I. C'est à tort que l'on a confondu Alain, saint Bernard. Deux furent pour Alain; mais
évêque d'Auxerre, avec Alain de Lille sur- , ce ne fut pas sans éprouver de grandes con-
nommé le docteur universel, comme on peut tradictions de la part du comte de Nevcrs et
s'en convaincre en lisant les articles qui lui du roi Louis-le-Jeune, que saint Bernard par-
sont consacrés, à un siècle d'intervalle, dans vint .'i le faire reconnaître. 11 se plaint au
VHist.oire littéraire de la France. Alain d'Au- pape Eugène des morlitications qu'il eut à
xerre naquit en Flandre au commencement essuyer dans cette affaire, jusqu'à être accusé
du XII' siècle. La preuve en est certaine par d'avoir menti; et puisqu'il manquait une voix
le témoiii;nage d'un anonyme contemporain à l'élu, il prie le pape de lui donner la

qui a écrit sa Vie parmi les actes des évêques sienne.


d'Auxerre ; il l'appelle Alaniis Flandrensis, ce Le pape confirma l'élection, mais il fallait
qui est décisif. Après avoir fait profession de encore le consentement de Louis-le-Jeune,
la vie monastique dans l'abbaye de Clairvaux, qu'on avait indisposé contre Alain; il se plai-
il fut nommé, vers l'an H40, abbé de Lari- gnit que procédé à une nouvelle élec-
l'on eut

vour, à deux lieues de Troyes en Champa- tion sans une permission expresse de sa part.
gne. Il gouvernait ce monastère depuis douze Saint Bernard, qui avait fort à cœur le suc-
ans, lorsque le crédit de saint Bernard le lit cès de cette affaire, lui représente que, dans
élire à l'évêché d'Auxerre en Ho2. Le livre cette élection tout s'était passé dans les rè-
,

des sépultures des moines de Clairvaux dit gles; que l'on avait regardé bonnement la
que cette élection se fit unanimement; mais permission une fois donnée comme suffi-
on voit, par les lettres de saint Bernard, sante; qu'il n'avait rien à ciaindre de la part
qu'elle ne fut rien moins que paisible. Deux de l'élu, qui serait affectionné à son service ,

fois l'intrigue s'était agitée, deux fois on était et de duquel


la fidélité il répondait. Il finit sa
allé aux voix pour donner au comte de Ne- lettre en disant que si le roi persistait dans
vers un sujet qui lui fût agréable; ce ne fut son refus, ce serait pour lui le coup le plus
qu'après un an de vacance que le pape char- sensible qu'il eût éprouvé de sa vie. Ce prince,
gea trois commissaires de procéder à l'élec- sans doute, n'insista pas davantage et ap-
tion, et du nombre de ces commissaires était prouva ce qui avait été fait.
[xiPsiki.F.] CHAPITRE I.XXl. — Al-.\ IN, KVKOUE D'AUXERRE. 78."

Al.iin gouverna SMgomcînt l'Fslise d'Aii- Elles sont relatives aux contestations qu'il
xiMio pi'iidaiit treize dus. Il fut cliargo, soit eut vers l'an 1 Ki'i, avec (îiiillaumc IV, comte
,

par pape, de commissions


le roi, soit pai' le de Ncvcrs, au sujet de certains droits seigneu-
importantes, comme on
peut le voir dans la riaux que chacun revendiquait dans la ville
Gallitt christiana et dans les Mémoires de d'Auxerre. Alain eut besoin de toute la pro-
J'abbé Lebenfpourl'histoired'Auxerre. Notre tection du pape Alexandre M, qui demeurait
objet n'est pas de recueillir en détail toutes alors à Sens, et de l'ascendant du roi sur son
les actions de sa vie; nous dirons seulement vassal, pour terminer cette atfaire à l'avan-
que, s'étant démis de son évcclié en ilG7, tage de son Eglise. La décision en lut confiée
selon la chronique de Saint-Marien d'Auxene, d'abord à l'archevêque de Sens, Hugues de
il se retira à sou ancienne abbaye de Lari- 'l'ouci mais on ne gagna rien par les voies ju-
;

vour, d'autres disent à Clairvaux où il linit , diciaires, parce que le comte de Nevers inter-
ses jours vers l'an 118:2. L'abbé Lebeuf, qui jetait appel sur appel pour esquiver le juge-
assigne cette date à sa mort, ajoute Je dis : <( ment. Entin, il voulut bien consentir à ce que
qu'il est sûr que cet évèque d'Auxerre était l'atlàire fût soumise à l'arbitrage de Godefroi,
mort en 1182, paice que ce fut dans les pre- ancien évèque de Langres, assisté des abbés
mières années de l'épiscopat de Hugues de de Fontigni et de Clairvaux, dont la décision,
Noyers, sacré évèque d'Auxerre en 1181, que qui porte l'année 1 164, a été imprimée parmi
sa vie fut écrite avec celle de Guillaume de
, les pièces justificatives de la Gallia christiana.
ïouci son successeur
, par un chanoine
,
Ces lettres, en môme temps qu'elles prouvent
d'Auxerre, ainsi qu'on en juge par un manus- le zèled'Alain pour les intérêts de son Eglise,
crit original de ce temps-là, conservé dans nous donnent des lumières sur les droits ou
les archives du chapitre. » Cette circonstance coutumes féodales, et sur la manière de ter-
de la mort de l'évêque Alain, tirée d'un ma- miner les contestations qui s'élevaient en
nusciit authentique, détruit l'opinion de Casi- cette matière. Alain , comme suzerain, exi-
mir (Judin qui prolonge son existence jus-
, geait du comte de Nevers, outre les droits
qu'en 1203 c'est-à-dire trente-six ans après
, utiles dd fief, le serment de fidélité; maison
sou abdication, alin de se ménager par là le voit ,
par la sentence arbitrale que ce point ,

droit de le confnndre avec maître Alain dont ne lui fut pas accordé.
nous parlerons en son jien. Ce qui prouve 3. Alain estauteur d'une ie de suint Ber- \
^^^^^^
qu'Alain d'Auxerre et le Maître universel ne )W?(/, laquelle se trouvela seconde parmi celles B"""''-

sont pas une même personne c'est que le , que dom Mabillon a publiées à la suite des
premier a toujours pris ie titre d'ew^ue, même œuvres du saint docteur. Elle est divisée en
après qu'il eut renoncé à lépiscopal; tandis trente et un chapitre?, ayant en tête une
que, dans plusieurs épitres dédicatoires de épitre dédicatoire à Ponce abbé de Clair- ,

ses ouvrages, où il se nomme, l'autre n'a vaux, dans laquelle il prend la qualité d'an-
jamais usurpé cette qualilication. Enfin, ce cien évèque d'Auxerre. Ponce, cinquième
qui décide la question sans réplique, c'est abbé de Clairvaux, succéda, l'an 1 1G8, à Geof-
que l'un fut enterré a Clairvaux, et l'autre à froi d'Auxerre, auteur des trois derniers
Citeaux, où l'on voyait leurs tombeaux jus- livres de la première ie de saint Bernard, et
]

qu'en ces derniers teiups. « 11 est impossible, fut promu, quatre ans après, à l'évéché de
ditfortbien labbé Lebeuf, qu'un seul liomme Clei mont. C'est, par conséquent, dans l'inter-
soit inhumé dans deux endroits ditlerenls. » valle de ces quatre années qu'Alain composa
Ainsi, cette double sépulture prouve sura- sou ouvrage. Cette époque résulte des expres-
bondamment que ces deux personnages ne sions de l'auteur, qui ne donne à son héros
doivent pas être confondus. que la qualité de bienheureux, ùealœ recnr-
2. Après la distinction que nous venons dulionis, et non le titre de saint, qui ne lui
d'établir, et qui se trouve longuement moti- fut accordé qu'en 1174, époque de sa cano-
vée dans Vllisloire lUtiraiie de lu France, il nisation. 11 est vraisemblable qu'il n'entreprit
nous reste à démêler les écrits qui appar- ce récit que pour parvenir à cette canonisa-
tiennent incontestablement à l'eveque d'Au- tion à laquelle on travaillait depuis longtemps;
xerre, qui fait le sujet de cet article. quoique Alain ne le dise pas expressément,
Nous avons de lui cinq lettres adressées au il le donne assez à entendre.
roi Louis-le-Jeune, et (jui ont été imprimées Ce qui le détermina à composer cette nou-
au loiiic IV du recueil dsa IJislunvnsde J' raiwv. velle Vie, après celle qu'avaient publiée Cuil-
XIV. 50
,

HlSTOIliiC GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


laume de Saint-Thierry, Arnoud de Bonneval lecteur, dégagée des longues et fréquentes
et GeoU'roi d'Auxerre, c'est, dit-il, qu'il se réflcxions qui existaient auparavant, et d'une
trouvait dans leur composition beaucoup de multitude de miracles qui trouvaient appa-
redites, des clioses peu conformes à la vérité remment des incrédules; non qu'il révoque
et quelques expressions trop dures, quœdam en doute la véracité de ceux qui les ont re-

aspera, contre les puissances ecclésiastiques cueillis,mais pour ne pas rebuter les lecteurs
et séculières; ce qui était, ajoute-t-il, fort par une trop grande prolixité.
éloigné du caractère du saint, qu'il compare A. L'abbé Lebeuf ne doute pas qu'Alain oo.r.ges

à une olive sans amertume, parce qu'il s'é- d'Auxerre ne soit le véritable auteur d'un ?°iriii°és.'"'

tait toujours distingué par un grand fonds de commentaire qui porte le nom d'Alain de
douceur et d'amabilité envers les hommes. Lille, sur les prophéties de Merlin, où il tire
Ces inconvénients étaient graves et auraient de ce livre son plus fort argument pour éta-
pu retarder sa canonisation; c'est pourquoi blir que l'évêque d'Auxerre était né en cette
Godefroi, évêque de Langies, qui était son ville; mais on peut lire, dans l'Histoire litté-
paient selon la chair, et son ami le plus ia- l'uire de la France, les raisons qui, sans être
lime, avait, pour faire disparaître ces taches, décisives, nous empêchent d'adopter son sen-
conçu le dessein de publier une nouvelle Vie; timent.
mais la mort l'ayant empoché de terminer Bernard Pez parie d'un homiliaire manus-
cet ouvrage qu'il avait fort à cœur, Alain fut crit sous le nom d'Alain, abbé de Sainte-

chargé de le mettre au jour. Aussi promet-il Marie. 11 est possible qu'Alain, n'étant encore

de ne rien avancer que de certain, qu'il n'ait qu'abbé de Nolre-Uame de Larivour, ait com-
appris de la bouche même de Godefroi ou posé ces sermons; mais ce n'est qu'une con-
d'autres religieux dont la sincérité lui était jecture.
connue, en se contentant seulement d'a- Antoine Augustin soupçonne Alain, évêque
bréger les écrits de ceux qui l'avaient pré- d'Auxerre, d'être auteur de la collection des
cédé. constitutions ou décrets, qui se trouve à la
En eÛ'et, l'ouvrage d'Alain n'est qu'un suitedu troisième concile de Latran, sous le
abrégé des cinq premiers livres de la Vie de pape Alexandre 111, dans toutes les éditions
^aint Bernard, d'où, par conséquent, il a re- des conciles; mais c'est un fait encore plus
tranché beaucoup de choses, et notamment incertain.
le quatrième livre, qui contient ses révéla- 3. Si Alain n'était pas un savant du pre- jagemem
"""'"'°
tions et ses miracles, presque tout entier. 11 mier ordre, il aimait au moins les livres. 11
a aussi abrégé le style de ces auteurs, c'est- légua au monastère de Larivour sa biblio-
à-dire qu'il a réduit à de moindres termes ce thèque. Dom Martène dit avoir vu à Clair-
qui lui paraissait trop Mais il a donné
clill'us. vaux, parmi les manuscrits, un beau Décret
tout ce qu'il y avait d'essentiel à dire pour de Gratien, légué par Alain d'Auxerre, avec
la vérité de l'histoire et pour l'édification des défense de le déplacer pour quelque raison
lecteurs, en conservant néanmoins, autant que ce put être. «Mais, dit l'abbé Lebeuf
que possible, les propres expressions dont ils dès l'année H88, le chapitre général de Cî-
s'étaient servis. 11 n'y a de lui, à proprement teaux regarda apparemment ce livre comme
parler, que l'ordre et l'arrangement du tra- dangereux, puisqu'il ordonna qu'il ne lut point
vail. mis dans la bibliothèque commune, à cause
GeotJ'roi d'Auxerre, celui qui a le plus écrit du mauvais usage que l'on en pouvait faire,
sur saint Bernard, avait déclaré qu'il ne sui- et qu'il serait enfermé séparément pour qu'on
vrait pas dans ses narrés l'ordre chronolo- y eût recours seulement dans le besoin. »
gique, parce qu'il espérait produire un plus Nous avons indiqué les recueils dans lesquels
grand etfet en réunissant dans un même cha- les œuvres d'Alain se trouvent imprimées;
pitre les événements et les exemples d'un elles ont été reproduites dans le Cows com-
même genre '. Alain a fuit tout le contraire; plet de Puirulogte, édile par M. l'abbé Migne,
il a rétabli l'ordre chronologique en plaçant àMontrouge, au tome CCI, col. 1383-lci92.
les événements dans leur ordre naturel, et il Elles y sont précédées d'une notice sur l'au-
a réussi à donner une Vie complète du saint teur, tirée de la Gallia christiana, tome XII.

'lllud etiam admonendum , in rerum narrutione puris observari... Ht quœ erant ejusdem generis sibi
yestarum cohareniiam similiiudinis magis guam tem- aptius co/iaereaiil.
Ixii' SIÈCLE. I CHAPITRE LXXI. — LE BIENHEUKEUX PlEHllE, ABBE. 787

La Vie de saint Bernard est an loraoC.LXXXV, ordonnance avait excité de vives réclama-
quatrir»me des œuvres de suint Beinard '. tions. Dansiaqnatrièrae, l'évéque deMayence
G. Pierre, siirnoinmé Monocnle, parce rjn'il est félicite de sa réintégration et de la fer-
était borgne, naquit an château de Morlac, meté avec laquelle il a supporté beaucoup
prés de Cluny, d'une famille noljle ol alliée, d'outrages. Cet évêque de Muyence est appa-
dit-on, à celle des lois de France. 11 embrassa remment Conrad de Bûche, qui mourut en
la profession monastique dans l'abbaye d'I- 1183, mais que l'on trouvera peu digne de
gny, dont il devint prieur. On le fit malgré lunt d'éloges, si l'on consulte, sur ce qui le

lui abbé de Valrai, puis d'igiiy, et enfin de concerne, les auteurs de la Nouvelle Gaule
Clairvuux. Quelques monuments attestent chrétimne. Les quatre lettres suivantes sont
qu'il était à Valrai en 11G4, à Igny en 1169, relatives à des atl'aires particulières du plus
et il ne parait pas qu'il ait abdiqué cette se- faible intérêt, ou contiennent des conseils as-
conde abbaye en 1171, comme quelques-uns cétiques extrêmement communs. On voit,
le prétendent, puisqu'on l'y reliouve encore par lu neuvième, que le roi d'Angleterre est
en ing, lorsqu'il fut élu abbé de Clairvaux. indisposé contre Pierre Monocule ,
qui avait
11 voulut sans doute renoncer à toute dignité, mis en pénitence un moine protégé par ce
car son humilité lut profonde; il peut même prince; l'abbé écrit à l'évéque de Winches-
avoir refuse l'évéché de Toulouse, mais ou ter, et le prie d'apaiser le monarque. La
ne lui permit jamais de renoncer à la dignité dixième est adressée à l'abbé du Val, à qui
abbatiale. Le roi de France, à qui il commu- Pierre avait prêté deux livres, dont le pre-
niqua ce projet de démission n'y consentit , mier avait été rendu gâté, mouillé et mutilé;
point. Tout ce que Pierre put obtenir, ce fut Pierre ledemaude le second, et veut qu'on
de se décharger des soius temporels sur le le restitue en bon état. Cette lettre, fort dé-
cellérier et sur les autres olliciers du couvent. taillée, atteste le prix que l'on attachait alors
Il garda l'autoiité spirituelle, et il l'exerça aux bons livres. La onzième et la douzième
non-seulement à Clairvuux mais aussi dans
, sont des réponses à la reine Tarasie, prin-
les n;ûuastéres qui dépendaient de cette ab- cesse d'une piété exemplaire, et au roi de
baye. En 1180, 1183, et même encore eu Portugal, insigne bienfaiteur de l'ordre de
H8ti, il lit diverses tournées eu France et eji Citeaux. Nous ne disons rien de trois autres
Allemagne. 11 voyagea eu Italie par ordre du lettres qui ne concernent que de très-petites
pape Lucius, qui désirait vivement connaître mais celle qui les suit, et qui est
atl'aires;
un si vénérable abbé. Ce voyage est de l'an- adressée aux cardinaux-évéques d'Albano et
née 1185, époque où la discoïde éclata dans de Palestrine, montre avec quelle légèreté
l'ordre de Urandmont. Pierre fut un des com- on jetait quelquefois des interdits généraux
missaires chargés par le pape d'y rétablir sur les villes et sur les bourgs pour des in- ,

l'harmonie; mais il mourut le 28 septembre térêts purement temporels. Il faut observer


1186, dans le monastère de Foigny, qu'il vi- que dans la Bibliothèque de Citeaux le nom-
sitait. Son corps fut rapporté et inliuraé à bre des lettres de Pierre Monocule est de dix-
Clairvaux, où ses miracles ont lait inscrire le neuf, parce que l'éditeur y a compris trois
vénérable abbé au nombre des saints hono- lettres écrites au nom de la communauté de
rés dans l'ordre de Citeaux. Clairvaux. Pierre a bien pu rédiger celle qui
7. On a de lui quatoize lettres imprimées s'adresse à uu aichidiacie nonmié Cadorus,
dans la bibliothèque des Pères de Citeaux et et qui lui rappelle lu promesse qu'il a faite
dans d'autres collections. La première, adres- de visiter cette abbaye; mais les deux sui-
sée au pape Alexandre 111 invoque la pro-
, vantes ont eu certainement un autre rédac-
tection ponlilicale contre ceux qui op^irimeut teur, puisqu'elles sont d'un temps où Pierre
les moines, les dépouillent on leur suscitent était encore abbé d'igny. En ell'et, dans ces
d'injustes procès. Par la seconde, il remercie deux lettres, les religieux de Clairvaux font
le même pape d'un service qu'il a rendu à un magnifique éloge de leur abbé; ils gémis-
l'abbaye de Balerne. La Iroisièjne est écrite sent de ce qu'on vient de l'élire évêque de
au chancelier de l'Eglise romaine, pour lui oulouse
'i et supplient Alexandre 111 et
,

recommander l'évéque d'Autun dont une , Louis Vil do refuser leur consentement ù

' La notice précédente est empruntée en partie au uiûuie empruntée à Vllit'oire lillémire île la France,
Dictionnaire de Patrotogit, iota. V. 1/auteur l'a lui- tom. XIV, pag. 854. {Lélileur.)
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
cette ùlection. Si l'aMié dont il s'agil est lettres. Peisuadé qu'une des plus utiles oc-

Pierre lui-même, il est évident qu'il n'a pas cupations des moines était celle de copier
écrit une lettre où en termes si
il est loué des livres, dans un temps où ils étaient ra-
pompeux. Si, au contraire, il s'agit de son res, il appliqua ses frères à ce travail, et en-

prédécesseur à Chiirvaux c'est-à-dire de , richit par là sa bibliothèque d'un grand nom-

Henri, qui depuis fut cardinal, l'élection à bre de volumes dont plusieurs se sont con-
l'évécbé de Toulouse, coulrf^ laquelle les re- servés jusqu'à nos jours.
ligieux réclament ici, devra se lapporter à Notre abbé, dès la seconde année qui
Tannée H78, lorsque Pierre n'était pas en- suivit son élection, s'était déjà acquis une
core leur abbé. Dire qu'ils sont allés le trou- telle considération dans la province, que

ver à Igny pour le prier d'être leur secré- quatre prélats de Noiinandie, le métropoli-
taire, ce serait supposer que personne, dans tain à la tête, vinrent exprès au Mont-Saint-
leur communauté si nombreuse, n'était ca- Michel pour le voir, et passèrent quatre
pable de rédiger deux courtes suppliques. jours avec lui, tant ils furent enchantés de
Concluons qu'il ne reste que seize lettres de sa conversation. Deux ans après, en 1138,
Pierre Mouocule ou au plus dix-sept. 11 eu
,
le roi de France et le roi d'Angleterre, qui

a sans doute écrit bien d'autres, mais il ne venaient de cimenter leur bonne intelligence
nous en reste rien, non plus que des sermons par le mariage de leurs enfants, lui firent le

qu'indubitablement dû prêcher à ses


il a même honneur. La reine d'Angleterre ne le
moines '. Les dix du bienheureux
lettres céda point à son époux en estime pour l'abbé
Pierre sont reproduites au tome CCI, col. 139 - 1 du Mont-Saint-Michel. Elle lui en donna un
4404, avec notice tirée dOudin. gage bien marqué, lorsqu'étant accouchée
iioberi .1» Robert de Torigni, ainsi nommé du
8. à Domfront, en 11G2, d'une fille nommée,
du'Vonîsr nom de sa famille ou du lieu de sa nais- comme elle, Eléonore, elle voulut qu'il la

'" sance, se consacra à la vie religieuse dans tint sur les fonts du baptême avec l'évéquc
l'abbaye du Bec en 1128. Cette maison était d'Avranches. Tels sont les traits les plus re-
alors dirigée par le sage Boson, dont nous marquables de sa vie, qu'il a consignés dans
avons parlé eu son lieu. Robert s'y forma sa Chronique. Chéri dans l'intérieur de son
aux lettres et à la vertu sur le modèle qu'il monastère et respecté au dehors, il mourut
avait devant les yeux. Ses progrès dans les le 23 juin 1186.
lettres furent si rapides, qu'en 1139, l'histo- 9. 11 y a peu de plumes au xii= siècle qui j,.

rien anglais Henri, archidiacre d'Huuting- aient été plus fécondes que celle de Robert
ton, en passant au Bec, admira l'étendue de de Torigni, s'il est vrai, comme l'assure une
ses connaissances, et il le représente comme histoire manuscrite du Mout-Saiut-Michel,
un ardent chercheur de livres, dont il avait, qu'on voyait autrefois dans cette abbaye
une bonne provision. Sa régula-
dit-il, fait jusqu'à cent quarante volumes de sa compo-
rité et ses vertus monastiques lui méritèrent sition, que la ruine d'une tour où ils étaient

bientôt d'être élevé à la dignité de prieur enfermés, minée par les pluies, a fait pres-
claustral, qu'il exerça jusqu'en 1134. Cette que tous périr, sans que les titres en soient
année il fut choisi pour remplir le siège ab- même venus jusqu'à nous. Ceux qui nous
batialdu Mont-Saiut-Michel, qui depuis cinq restent sont presque tous historiques.
ans vaquait par le refus qu'avait fait le duc 10. 1° Gesta Henri I, régis Anglorum. C'est — g^,,, g
de Normandie d'agréer ceux qu'on y avait la continuation de l'Histoire des ducs de Nor- 'l'^

nommés sans sa participation. L'élection de mandie, par Guillaume de Jumiéges, dont


Robert, faite à l'unanimité, confirmée par le nous avons rendu compte ailleurs. Ce travail
métropolitain et hautement approuvée par forme le livre VUl' de la chrouique.de Guil-
le prince, rétablit le calme dans cette mai- laume, et bien que le manuscrit en soit ano-
son. Robert, dans ce poste, ajouta beaucoup nyme, les auteurs du Recueil des historiens de
à l'idée que l'on avait de sa capacité; en peu France ont établi par de bonnes preuves que
de temps il donna une nouvelle face à l'ab- ce continuateur n'est autre que le célèbre
baye, dont le temporel et le spirituel avaient Robert de Torigni, qui fut depuis abbé du
également soutlèrt des derniers troubles. Sa Mont-Saint-Michel.
réforme se ressentit de son amour pour les Robert, lorsqu'il composait cet ouvrage,
qui vraisemblablement est le premier qui
' Hislùii-e lUIéraire de la France. soit sorti de sa plume, n'était encore que
[XW SIÈCLE.] CllAPlTHE LXXI. — nOBERT DE TORIGNl, ABBE. 789

moine du Bec. On le voit par l'attention qu'il narque eut à soutenir, en 1118 et 1119, con-
a de faire entrer, à tout propos, les aflaires tre le roi de France, et de la victoire écla-

du Bec dans son Histoire; et ce n'est pas tante qu'il remporta sur les Français à
seulement dans le livre VllI dont il s'agit, Brenneville. Si la suppression de ces cha-
qu'il sepermet de ces sortes de digressions; ne peut être
pitres a été faite à dessein, ce
les livres précédents, comme nous l'avons que par des Français, qui, à l'époque de la
remarqué ailleurs, en présentent de sem- conquête de la Normandie par Philippe-
blables, ce qui prouve que c'est lui qui s'est Auguste, auraient voulu abolir la mémoire
permis d'interpoler fiuillaume de Jumiéges, de celte journée; et ils y auraient réussi,
comme il a interpolé depuis la chronique de si cet événement n'était raconté par d'au-

Sigebert, sans qu'il soit nécesssire de sup- tres historiens, et particulièrement par Or-
poser d'autres interpolateurs, comme l'ont deric Vital, qui n'a rien oublié de tout ce
fait dom Rivet et l'abbé des Tbuileries. que l'on pouvait dire à la louange du roi
Nous allons indiquer ces interpolations, afin d'Angleterre.
qu'à l'avenir chacun soit en état de distin- M2° Appendix ad Sigebertum
. La chro- a .

guer ce qui appartient nu premier rédacteur nique de Sigebert de Gemblours, dont nous wm
des Gestes, et ce que Robert y a ajouté du avons rendu compte ci-dessus pages 60, 61,
sien. avait acquis tant de célébrité aux xii^ et
D'abord, il faut convenir que le premier un
xiiF siècles, qu'elle a été continuée par
livre et les huit premiers chapitres du se- grand nombre d'écrivains. Plusieurs de ces
cond, ne doivent être attribués ni à Guil- continuations ont été imprimées, soit à la
laume de Jumiéges, ni peut-être à Robert de suite de cet ouvrage, soit séparément. La
Torigni. La raison en est qu'ils ne se trou- méthode qu'il avait adoptée parut si com-
vent pas dans les plus anciens manuscrits de mode, que partout on s'empressa de l'imi-
Guillaume, et que Robert ne compte le livre ter; mais aussi elle éprouva beaucoup d'al-
V11I% qui est de sa façon, que pour le Vil''. térations. Dans presque tous les monastères
Ilne parait pas non plus avoir touclié aux on trouvait cette chronique, avec des addi-
livres 111, IV et V, à peu de choses près. 11 tions ou interpolations concernant les évé-
a ajouté au livre VI le chapitre ix, qui est nements locaux dont on voulait perpétuer
tout à la gloire de l'abbaye du Bec. Le livre le souvenir. C'est ce qui a produit celle
VII lui appartient presque tout entier; les grande quantité d'articles nouveaux qu'on
chapitres m, iv, xii, xiii, xiv, xv, xvi, xix, remarque dans l'édition donnée par Aubert
XX, XXII, xxiii, xxv, XXVI, XXIX, XXX, xxxir, Lemire et qu'il distingue par des lettres
,

XLiii et XLiv sont incontestablement de lui, italiques, en indiquant les manuscrits d'où
et il a augmenté de moitié les chapitres ii, il les a tirés. Il aurait pu en ajouter davan-

IX, X, XI et xxxviii. Il a fait aussi disparaître tage, s'il eût consulté un plus grand nombre
entièrement la conclusion que Guillaume de de manuscrits.
Jumiéges avait placée à la fin de son livre. Pour Robert du Mont adopta celte méthode de
ce qui regarde d'autres changements moins classer les événements. Sigebert avait placé
considérables, on peut consulter les notes à la tète de sa Chronique celles d'Eusèbe et
qu'a recueillies l'abbé des Thuileries, sur un de saint Jérôme, qui vont depuis la création
manuscrit de la bibliothèque de Saiut-Viclor. jusqu'à l'an 380. Après cela, il commence la
Ce livre VIII, comme nous l'avons dit, est sienne à l'an 381, et finit en 11 13. Robert du
entièrement consacré à retracer l'histoire de Mont se proposa, comme tant d'autres, de la
Henri I", roi d'Angleterre et duc de Nor- continuer; mais voyant que Sigebert avait
mandie, jusqu'à sa mort arrivée en li.'J.ï. Il traité beaucoup trop supeificielleraent l'his-
est divisé en quarante-deux chapitres; mais toire des ducs de Normandie, il entreprit
il s'y trouve une lacune considérable, depuis de suppléer à son silence, en insérant, aux
le chapitre xvii jusqu'au chapitre xxi. Elle lieux convenables, les noms, la succession
existe dans tous, ce qui prouve qu'ils ont été et quelquefois les faits les plus mémorables
copiés sur un premier qui avait été mutilé, des ducs de Normandie, des archevêques
nous ne savons pourquoi, car l'endroit où se et évoques de la province, etc. C'est ce qui
trouve celte lacune est le plus glorieux de comjtose les accessions à la Chronique de
la vie de Henri I" d'Angleterre. C'est là que Sigebert, que dom Luc d'Achéri en a déta-
riiisloricn parlait de la guerre que ce mo- chées pour les imprimer séparément.
790 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Sigebert n'avait presque rien dit des rois oortain qu'il l'a continuée, année par année,
de la Grande-Bretagne, soit Bretons, suit jusqu'à sa mort, et qu'en II 82 ou 1184 '
i' la
Anglais. Robert aurait bien voulu suppléer présenta à Henri H, roi d'Angleterre, comme
à son silence, mais il aurait fallu pour cela on le voit dans une noie qui se lisait àla tête
interpoler les Chroniques d'Eusébe et de du manuscrit du Mont-Saint-Michel.
saint Jérôme : ileut scrupule de le faire. On voit par celte note, et encore mieux par
Pour satisfaire en quelque sorte sur cela la linspcction du livre, qu'il y a à profiter pour
curiosité du lecteur, il prit la liberté de tout le monde dans la Chronique de Robert,
transcrire, comme un hors- d'œuvre, à la et surtout pour les amateurs de l'histoire de
suite de sa préface, la lettre de Henri, ar- France. C'est depuis la mort d'Ordéric Vital,
chidiacre de Hnntington, à Varin, dans la- le seul historien français que nous puissions
quelle il fait le dénombrement de tous les opposer au grand nombre d'historiens an-
rois bretons, depuis Brutus, arriore-petit- glais qui, à la même époque, écrivaient leurs
fils d'Enée et fondateur de ce royaume, jus- chroniques. Ce n'est pas que Robert vivant ,

qu'à Cadwnllon, deruier roi des Bretons, qui sous la même domination, soit animé d'un
fut père de Cadwaladre, nommé CedwalJe autre esprit; mais il était plus à porlée de
par le vénérable Bède. C'est rani continue-
, connaître ce qui se passait eu France. Il n'a
t-il, qui lui ai fourni la matière de celle pas seulement recueilli les événements poli-
letlre, en lui communiquant un exemplaire tir[ues, il est encore attentif à marquer les
de l'ancienne histoire des Bretons, qui se phénomènes de la nature anivcs chaque an-
conserve au Bec. C'était l'histoire fabu- née, tels que les éclipses, les apparitions, les
leuse que Geolî'roi de Montmouth a mise en comètes, les famines, les inondations, les
latin. tremblements de terre, etc. Nous croyons
Après ce premier travail sur la chronique faire plaisir à nos lecteurs en leur présentant
de Sigebert, Robert entreprit de la continuer ici quelques traits épars qui peuvent servir à

comme il avait déjà lait à l'égard de Guillaume de cet âge.


l'histoire littéraire
de Jumioges, doni il avait interpolé et conli- Sous l'année H28, il rapporle qu'un clerc
nué l'histoire. Le molif dece second ouvrage de Venise, nommé Jacques, traduisit en laliu
fut lemême qui lui avait fait entreprendre les Topiques et quelques autres livres du phi-
lepremier, celui de célébrer, comme il le dit losophe Aristote, quoiqu'il y en eiit, dit il,
lui-même, le règne du roi d'Angleterre une ancienne traduction.
Henri I". Ce n'est pas borne à cela son
qu'il Il place à l'année 1130 la compilation du

travail; il recueille les événements de tous Décret de Gratien, qu'il fait mal à propos
les pays qui parvenaient à sa connaissance, cvêque de Chiusi dans la Toscane. Peut-être
mais plus particulièrement ceux qui se pas- faut-il lire Monachus Clusinus, c'est-à-dire de
saient en Angleterre et en Normandie. Aussi Saint-Michel de Cluse, au marquisat de Sa-
a-t-il soin de s'aider, dans son travail, de luées, quoique d'autres le disent moine de
l'Histoire de Henri de Huntinglou, qui va jus- Saint-Félix à Bologne. Cette utile compila-
qu'à l'avénemeut de Henri II à la couronne tion, dit-il,composée de décrets et de canons
d'Angleterre. de conciles de passages des saints docteurs
,

que Robert a composé sa


C'est sur ce plan et des lois romaines, est d'un grand usage
Chronique. Après avoir rapporté la mort de pour décider toutes les contestations en ma-
Henri I", son héros, il donne son épitaphc en tière ecclésiastique, soit à la cour de Rome,
vers de sa façon, danslaquelle il épuise toutes soit dans les autres cours. Il ajoute que de
les louanges que l'admiralion la plus grande sou temps, maître Hommebon, évêque de Vé-
peut inspirer.Il n'en demeura pourtant pas rone, qui avait été disciple de Gratien, avait
là,comme dans son premier ouvrage; nous déjà un abrégé de son livre.
fait
luiavons encore l'obligation d'avoir continué L'an 1132, le pape Eugène fit traduire du
en diûërenis temps sa chronique; de là vient grec en latin un livre de Pierre de Damas,
que, dans quelques manuscrits, elle ne s'é- Pétri Damasceni.
tend que jusqu'à l'année lloO. Mais il est En parlant du grand concile de Latran,

' Nous disons H 8-2


ou H 84, parce que dans le pro- mie de Caen, correspondant de l'Institut de France,
logue de Robert du Mont, on lit la première de ces nous a communiqué une lettre inédite de Roberl,
dates, et dans la uote ci-jointe l'année 1184. M. l'abbé dans laquelle il dil avoir contiimo sa chronique jus-
de Larue, professeur d'histoire à la nouvelle acadé- qu'à l'an 1182.
(XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXI. — ROBERT DE TORIGNl, ABBÉ. 791

tenu sous Alcxaiulre III, en 1179, il luconte die, depuis la mort de Henri I", roi d'Angle-
qu'un Pisan nommé Burgoiulion, lioinnic sa- terre, en 1135, jusqu'à celle du comte Geof-
vant en groc et en lalin, y apporta une nou- froi-le-Bel, ou Plautagenet, comte d'Anjou,
velle tradnclion latine qu'il avait faite de qui en fit alors la conquête sur Etienne de
l'Evangile de saint Jean. Il d(;clarc de plus Blois, lequel s'était emparé du trône d'An-
qu'il avait déjà traduit une grande partie de gleterre, c'est-à-dire jusqu'en 1131, époque
la Genèse et assure que saint Jean Cluysos- où celte lettre parait avoir été écrite. « Ce

tonc avait expliqué en grec tout l'Ancien travail, dit-il, vous fera honneur; en mon
et tout le Nouveau Testament. particulier, je vous eu aurai de l'obligation,
La Chronique de l'abbé Robert a été long- et, qui plus est, il vous conciliera peut-être la

temps confondue avec la Chronique d'un au- f.iveur du nouveau duc, n c'est-à-dire du fils
tre Robert, prémonlié, qui vivait au com- du comte Geoiïroi, Henri, qui devint bientôt
mencement du xiii' siècle. Celle-ci a été im- après roi d'Angleterre.
primée sous le nom de l'abbé du Mont, à la Voici le plan qu'il lui trace «Je voudrais,
:

suite de toutes les éditions de Sigebert, anté- lui dit-il, que vous nous donnassiez sommai-
rieures à celle d'.\ubeit Lemire, Anvers 1608, rement l'histoire des comtes d'Anjou, depuis
et ailleurs encore. Cette cbrouique ditl'ère Ingclger, le premier d'entre eux, jusqu'au
entièrement de celle de Robert du Mont, de- dit Geofl'roi, en indiquant seulement les noms,
puis l'année 1113 jusqu'en 1154; mais depuis les généalogies, la durée de leur gouverne-
celte dernière année elle y est en tout cou-
, ment, et ce qu'ils ont fait de plus mémorable,
forme, jusqu'à l'année 1184, où celle-ci se soit au spirituel, soit au temporel. Je vou-
termine. Le faux Robert a continué la sienne drais surtout que vous fixassiez à quelle épo-
jusqu à l'an 1210. que et sous quel règne de la monarchie fran-
La vraie Chronique de Robert du Mont est çaise vivait Ingelger. Et lorsque vous serez
donc celle que dom Luc d'Achéry a publiée, arrivé à Foulques, père de Geoffroi-le-Bel,
en 1631, à la suite des œuvres de Guibertde comme il avait épousé la fille d'Hélie, comte
Nogent, sur un manuscrit du Mont-Saint- du Maine il serait à propos que vous fissiez
,

Michel, qu'il croit être autographe, à cause sur les comtes du Maine ce que vous aurez
des ratures fréquentes et des surcharges qui fait sur les comtes d'Anjou, selon le plan que

s'y trouvent. Ce sont peut-être ces change- je vous ai tracé. Je me chargerais volontiers
ments qui ont occasionné le désordre et la de ce travail, si j'en avais le loisir et le secours
confusion des dates qu'on y remarque en des chroniques que vous êtes à portée de
plusieurs endroits,notamment depuis l'an- consulter. J'ai déjà fait une histoire abrégée
née 1140 jusqu'en il 34, où tous les événe- de la vie de Henri 1", roi d'Angleterre, que
ments sont placés une année trop tôt. Mais j'ai ajoutée aux Gestes des autres ducs de
toutes ces défectuosités ont disparu à l'aide Normandie, pour que son exemple ne fût pas
des manuscrits de la bibliothèque impériale, moins utile après sa mort que sou règne ne
par les continuateurs de dom Bouquet, qui l'avait été de son vivant. C'est pour la mémo
l'ont insérée presque tout entière au tome raison que je désire que quelqu'un transmette
\\\\ô.ci Hisloriem de Franre. La chronologie à la postérité ce qui s'est passé depuis sa
de Robert du Mont est encore plus viciée dans moit, sous nos yeux et dans lujtre province. »
un long fragment de cette chronique, depuis Nous ne pouvons pas assurer si Gervais
l'année 113U jusqu'en 1108, donné sur un exécuta ce dessein, mais les continuateurs du
mauvais manuscrit de Saint-Victor, par An- Recueil des historiens de France croient avoir
dré Ducliesne, sous le titre de Chronira Nor- trouvé son écrit dans un manuscrit de l'ab-
maiidiœ, parmi les Historiens de Normandie. baye de Saint-Victor, qu'ils ont publié en
12. 3" Epistola monacin Beccensis Roherti que nous avons examiné en
partie. C'est ce
ad Gervasium priorein Sancti Sei-enici. Non — rendant compte des écrits de Gervais.
content de s'exercer sur l'histoire, Rolierl 13. 4" Tructalus de iminutatione ordinis mo-
exhortait et encourageait ceux qui avaient nac/iorum. De abbatikis et abhatiis A'ormano-
du pour ce genre d'écrire à s'y livrer
talent rum et œdificatoribus earum. — Robert do
comme lui. C'est ce que témoigne sa lettre à Torigni composa ce traité, commo il le dit
Gervais, prieur de Saint-Cénéré, au Maine. lui-môrnc, en 1134, la même année qu'il fut
Elle a pour objet do l'engager à décrire les faitabbé du Mont-Saint-Michel. Il l'a divisé
événements qui sont arrivés dans la Norman- en deux parties bien distinctes, quoique dans
792 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
l'imprimé on ne voie qu'une seule série de buer sur aucun fondement; 'A" une Histoire
chapitres, an nombre de trente-quatre. Dans de l'abhaye du Mont-Saint-Michel. Avec le goût
la première, qui renferme les sept premiers qu'avait Robert pour les recherches histori-
chapitres, l'auteur décrit l'origine des nou- ques, on ne peut guère douter qu'il n'ait
veaux ordres religieux qui furent établis de composé une histoire de son monastère. 11 en
son temps; des cisterciens, qui, dans l'espace existe plusieurs sans nom d'auteur dans la
de cinquante ans, avaient déjà fondé cinq Bibliothèque des manuscrits du père Labbe ce
;

cents abbayes des chartreux qui ne devaient


; , sont deux petites chroniques qui ont été com-
être que treize dans chaque maison; de Che- posées dans ce monastère, et qu'on peut at-
zal-Benoît, de Fontevrault, de Tyron, de Sa- tribuer à Robert, parce qu'elles finissent pré-
vigny, ainsi que des chanoines réguliers de cisément à l'année 4134, où il commença d'ê-
Saint-Victor, d'Arouaise et de Prémontré. Il tre abbé. On trouve à la suite une histoire des
ne parle pas des grandmontains ni de plu- abbés du Mont-Saint-Michel; celle-ci est plus
sieurs autres congrégations qui, à l'époque vraisemblablementsonouvrage, parce qu'elle
où il écrivait, étaient déjà établies. Il est re- aussi à l'année Ho-l, quoiqu'elle ait été
finit

marquable que toutes ces congrégations ont continuée par une autre main; mais Robert
pris naissance en France et que de là elles
, du Mont n'a pas jugé à propos d'y mettre
se sont propagées chez toutes les nations son nom, ni d'y parler de lui-même.
voisines. L'auteur observe que cette nouvelle On trouve encore dans le catalogue des
créalion d'ordres religieux produisit un re- manuscrits du Mont-Saint-Michel plusieurs
nouvellement de ferveur parmi les anciens ouvrages qu'on pourrait lui attribuer, entre
moines qui eurent honte de se voir surpas-
,
autres une histoire de ce monastère, en vers
sés dans la pratique de leur règle par de latins : Versus de angelis et duobus monlibus;
nouveaux venus; que les autorités ecclésias- Commendatio hujus venerabilis loci qui dicitur
tique et civile s'en mêlèrent aussi pour les unum de mirabilibus mnndi. Si ces ouvrages
forcer d'embrasser les réformes de Cluny, de ne sont pas de lui, ils paraissent avoir été
Marmouliers, du Bec, ou d'autres monastères faitspendant son gouvernement et vraisem-
qui étaient alors, parmi les anciens moines, blablement sous sa direction. Mais voici d'au-
les plus réguliers qu'il y eût en France. tres écrits d'un autre genre qu'on ne peut
Dans la seconde partie, il ne parle que des lui contester.
monastères de Normandie de l'ordre de Saint- 15. 6° Prologus Roberti de Torinneio in ab-
Benoît, qui, avant les nouvelles créations, breviationetn expositionis Epistolarum Apostoli.
était le seul connu en France. Ce n'est pas secundum Augustinum. —
Robert, dans cet
que les nouveaux ordres monastiques eussent écrit, a donné une preuve qu'il n'était pas
embrassé une autre règle que la sienne, mais dépourvu de critique. Il avait un gros volume
ils y avaient apporté des modifications, et ils contenant un commentaire sur les épitres de
s'étaient formé un gouvernement particulier. saint Paul, composé des seuls textes de saint
Robert du Mont est fort succinct dans cette Augustin qui y sont relatifs, qu'on appelait
seconde partie; il se contente de nommer les pour cela Florus, comme contenant la fleur
fondateurs de chacun de ces monastères, et des œuvres du saint docteur. Cet ouvrage était
les abbés qui, jusqu'à cette époque, en avaient attribué pai' quelques savants au vénérable
eu le gouvernement. Cet ouvrage a été pu- Bède parce qu'à la fin de son histoire il dit
,

blié par dom Luc d'Achéry, à la suite de la avoir composé une Chaîne ou Commentaire
Chronique de Robert. On le trouve aussi an sur saint Paul, tiré des écrits de saint Augus-
tome XIV du Recueil des historiens de France. tin. La preuve était assez concluante; mais
f'io 14. 5" Historia monaste?m Sancti Mickae/is Robert, qui avait les deux commentaires sous
"M- de Monte. —
Quelques ^biographes attribuent les yeux, observe que l'écrit de Bède était si
à Robert des ouvrages liistoriques autres que succinct, qu'il n'égalait pas pour la grosseur
ceux dont nous venons de parler 1° une : la moitié de son manuscrit sur la seule Epitre
Histoire de la première croisade , qui n'est pas aux Romains. chercher quel était le
Il fallut
de mais d'un autre Robert qui fut abbé
lui, grand commentaire.
véritable auteur de son
de Saint-Remy de Reims dont nous avons
, Il trouva dans Cassiodore que longtemps ,

parlé ailleurs; 2" une Histoire de l'abbaye du avant Bède, un abbé de la province tripoli-
Bec, imprimée à la suite des œuvres du bien- taine, nommé un pareil ou-
Pierre, avait fait
heureux Laiifrunc, qu'on ne peut lui attri- vrage. U ne douta plus que ce ne fût celui
[xirsiiccLE.] CHAPITRE LXXl. — JEAN BELETII, THÉOLOGIEN DE PARIS. 793
qu'il possédait.en fit des extraits, comme
Il iiit si pai-faitenient les Maronites, qu'ils re-
vraisemblablement Bède en avait fait autant noncèrent sans retour ;iux erreurs du mono-
avant lui, auxquels il ajouta d'autres sen- liiélisme dont ils étaient infectés, et embras-
tences tirées des écrits de saint .\ugustin. Dom sèrent toutes les pratiques des catlioliques
Luc d'Acliéry s'est contenté d'imprimer le latins. Ce patriarche, qu'Alexandre III avait

prologue de cet ouvrage. nommé lésai du Saint-Siège en Orient, mou-


16. 7° Lemèmeéditeur affirme avoir vu un rut en 1187. Nous avons de lui De imtitu- :

exemplaire manuscrit de VHistoire naturelle tione primorum monachorum in lege veleri exor-

de Pline, qui lui avait été apporté du Mont- torum, et in nova perseverantium, au cinquiè-
Saint-Michel, et cl la tète duquel il y avait me volume de ki Bihliot/ièqite des Pères. Ce li-
une préface de la façon de notre auteur : vre, dans lequel l'auteur veut prouver que le
Prologus Roberti abbatis in Plinium, qui et ip- prophète Elle est le fondateur des Carmes,
sum librum in Nnrmaniam aduexit, et corrup- est la traduction d'un ouvrage faussement

tion correxit. Telle était l'occupation des sa- attribué à Jean de Jérusalem au V siècle;
vants de ces temps-là pour se procurer des 2° deux lettres, l'une à Louis, roi de France,

copies fidèles des anciens auteurs '. et l'autre à Henri, roi d'Angleterre. Dans la
17. Les écrits de Robert sont indiqués ou première, écrite eu H64, Aimeric rapporte
reproduits au tome CCil de la Patrologie, col. la victoire remportée sur les chrétiens par

1307-1320. On y trouve d'abord une notice les Turcs, et il implore son secours; dans la
sur l'auteur, p.nr Retbmann , puis l'épitre de secoude, écrite en 1187, il fait la relation
Robert à Gervais, le traité De imnnttatione de la victoire gagnée par Saladin, et il de-
ordinis monachorum , le prologue de V Abrégé mande du secours. Cette lettre est écrite
des Epîtres de saint Paul, selon saint Augustin. avant la prise de Jérusalem. 3° Une lettre à

Le livre des Gestes de Henri I", roi d'Angle- Hugues Etérien, où le patriarche fait l'éloge
terre,est au tome CXLIX de la Pati-ologie, du livre de Hugues contre les Grecs. Les
col.879; il forme le huitième livre de Guil- doux premières lettres sont rapportées au
laume de Jumiéges. La continuation de Sige- tome CCI de la Patrologie, col. 403-1408; la 1

berl est au tome CLX, col. 423. La lettre i\ troisième se trouve au tome CGII, col. 22'J-
Roger, abbé du Bec, est au tome CLX. col. 230. —
Les deux lettres de Terric, grand-
34, M. 132. Un appendice aux écrits de Ro- maitre des Templiers, viennent à la suite do
bert contient deux Chroniques de Saint-Michel, celles d'Aimeric; elles sont écrites l'une aux
d'après le père Labbe et la liste des abbés , 'J'empliers, pour leur annoncer la défaite des
de ce monastère, d'après le même. chrétiens, et l'autre à Henri II, roi d'Angle-
18. Aimeric ou Ainieri deMalafayda ou de terre, pour lui apprendre la prise de Jérusa-
s-v;. Malfaye, doyen d'Antioche et ensuite patriar- lem par Saladin -.
che de la même Eglise, était né à Limoges i9. La vie de Jean Belelh est si peu con-
au commencement du xu" siècle, dans le nue, que nous ne savons ni la date de sa
bourg de Saint-Viance en bas Limousin. Il naissance, ni celle de sa mort. On ne remar-
se voua de bonne heure à l'état ecclésias- que dans ses écrits qu'un seul passage qui
Son zèle et ses vertus l'ayant fait re-
tique. puisse indiquer l'époque où il les couipo^ail,
marquer en Orient dans la croisade qu'avait c'est le chapitre cxLVide sou Traité des Ojfi-
publiée Urbain H, il fut élu doyen, puis pa- ces divins.
Il
y parle d'une Elisabetii, sa con-
triarche d'Antioche en H'i2. Il travailla à la temporaine, à laquelle il fut révélé que le
réformaliun des ermites de MoutCarmel, les corps de la vierge Marie était monté au ciel
rassembla eu une congrégation et leur donna quarante jours après son âme. Ferri de Lo-
une règle. Sa réforme fui conlirmée en 1180 cres suppose que l'auteur désigne ici sainte
par !e pape Alexandre 111. C'est de là que Elisabetli de Hongrie, épouse du landgrave
sont venus les Carmes, dont saint Rerlhold, de Thuringe, laquelle vivait en 1220. Mais
frère d'Aimeric, fut le premier général. Ai- Ferri de Locres cite lui-même l'intitulé de
meric lit encore quelque chose de plus inté- cette révélalioii Visio /Jlisiif/i't/i ancil/w Do-
:

ressant pour le bien de la catholicité il réu- : mini quam vidit in Sc/ionaugiensi cœnofno ; c[

' llàloire lillérnire de la France, toiii. .\IV,|i. 302. croisailes, accuse Aimeric d'être entré dans la coiis-
' Voyez la Uil/liographie universelle par .Michuiul, piruliou ourdie contre lo palriareliK Ruuiil, soQ bicu-
\'lli\lijîre lilteraire île la Fiance. Guillauiiic de Tyr, failcur; il dit iuis4 qu' Aimeric i-lM uu liouime saii.-i

iiu cliaiiiUu xvni du livre XV de »ou Ihsluiru des lettres cl de mœurs assez Aquivuiiuei;. {Lcdilcur.)
794 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ces termes indiquent bien plutôt sainte Eli- laise. D'après ces indices, on pourrait conjec-
sabetli de Sclionauge, qui mourut âgée de turer que Jean Beleth était issu d'une famille
trente-trois ou de trente-six ans, en 1165. normande.
C'était donc avant cette époque que Beleth Cependant nous trouvons un Jurannus Be-
écrivait le cliapitre où il parle d'elle comme leth cité à Autun, comme témoin d'un acte de
d'une religieuse personne qui vivait encore. l'évêque de cette ville ; et cetévêque, nommé
11 s'ensuit au moins que nous ne le faisons Etienne, est, ou celui qui gouverna ce diocèse
pas trop ancien en le plaçant, comme l'a fait depuis 1112jusqu'en 1140, ou celui qui occupa
Albéric de Trois-Fonlaines sous l'année, le même siège depuis 1171 jusqu'en 1I8'J.
H82. Il est vrai que Trithème, Ciacoaius, Ainsi, au siècle de Jean Belelh, il se trouvait
Mabillon, Oudin et quelques autres, affirment des personnes qui portaient son nom en Bour-
que notre auteur a tleuri plus tard, entre gogne comme en Normandie.
1195 et 1210, au xiii' siècle et même au 20. On peut compter jusqu'à sept ouvra- sesé

xiv«, en 1320 ou 1328; mais de tous ceux ges de cet auteur, mais un seul est imprimé.
qui ont parlé de lui, Albéric est le plus an- Les six autres sont :

cien, puisqu'il finissait sa Clironique vers le 1° Des sermons qui se trouvent dans quel-

milieu du xiiP siècle, et que l'année 1182, ques manuscrits à la suite de son traité des
sous laquelle il fait mention de Beleth, est Offices divins, et qui sont cités par Trithème;

l'une des soixante dernières dont il s'occupe : 2° Un traité des Sept vices capitaux et des
son témoignage nous parait donc ici le plus sûr. vertus opposées à ces vices, manuscrit de la

Nous apprenons du même chroniqueur bibliothèque Ambroisienne à Milan ;

que Jean Delelh fut attaché à l'Eglise d'A- 3° Un traité des Sibylles, indiqué dans le

miens; et de Henri de Gand, qu'il enseigna catalogue des manuscrits de la bibliothèque


la théologie à Paris. Trithème le distingue Cottonienne;
parmi les docteurs de la fin du X]i« siècle. 4° Un Commentaire sur les quatre livres
Un monument cité par dom Martène le range des Sentences de Pierre Lombard, manuscrit
parmi les quatre principaux disciples de Gil- que possédaient les jésuites de Louvain;
bert de la Porée. Ce monument est le ma- ô" Des Eclaircissements sur quelques passa-

nuscrit même
d'un ouvrage de Gilbert ma- , ges difficiles de l'Ancien et du Nouveau Testa-

nuscrit que l'on conservait à l'abbaye de ment; manuscrit de labbaye de Citeaux, in-
Saint-Amand, et qui présentait au-dessous diqué par Lelong;
du portrait de Gilbert, ceux de ses quatre 6° Un ouvrage intitulé Gemma animœ, cité

élèves, avec cette inscription Jordanm; Yvo : par Gesner, mais qui parait n'être que celui
Carnotensis decarms; Joannes Beleth, et illo que l'on rencontre, sous le même titre, dans
quartus (ce quatrième est Nicolas d'Amiens), les œuvres d'Honoré d'Autun De Officiis :

intention studio atienti, mentis acie perspica- divinis tractatus.

cissimi, sitb pictaviensi episcopo viguerunt dis- On cite encore des livres de Jean Beleth
cipuli quorum animœ requiescant in pace. intitulés : De locis venerabilibus ; de personis,
11 est probable que Jean Beleth a résidé temporibus et multis aliis rébus; Spéculum Ec-
dans les villes d'Amiens, de Paris et de Poi- clesiœ; Ralionale ; Summa, etc. Mais tous ces
tiers. Au chapitre second de son T7-aité des titres sont donnés, selon toute vraisemblance,
Offices,il dit, en parlant de Paris Apud nos- : à un seul et même ouvrage, savoir, au traité

tram Lutetiam; et cette expression nosti-am, des Offices divins.


qui, sans aucun doute, est bien plutôt d'uu 21. Un manuscrit de la bibliothèque im- ^n
Français que d'un Anglais, sutlirait pour périale, qui contient ce traité, paraît être de ïcl?.

répondre à Jeun Pitseus, qui met en doute la fin du xii° siècle. Nous cioyous superflu
si Belelh est né en France ou en Angleterre. d'indiquer ici d'autres manuscrits d'un livre
Mais une question véritablement plus diffi- qui a été souvent imprimé dans le cours du
cile à résoudre, est de savoir en quelle pro- xvr et du xvii« siècle, soit à la suite de Guil-
vince de France il a reçu le jour. Haet, dans laume Durand, soit sur le même sujet, soit

ses Origines de Caen, nomme plusieurs Be- séparément. Coinelius Luuriman, d'Uti-echt,
lelb qui habitaient cette ville vers le milieu en donna en 1553, à Anvers, une édition
du xiir siècle. Un monument de l'abbaye de qu'ildédia à George d'Autriche, alors évê-
Saint-Ëvroul fait mention d'un Michel Be- que de Liège. Cette dédicace, où l'année
leth qui, en 1200, tenait des assises à Fa- lies est positivement désignée comme l'é-
[xii'SiÈcLE.] CHAPITRE F.XXI. — JEAN BELETH, THÉOLOGIEN DE PARIS. 795

poqne de la composition de ce livre, est sui- Les cent un derniers chapitres forment,

vie d'un avis nu lecteur, dans lequel l'édi- suivant nous, une troisième section de l'ou-
teur fait valoir le tiavail auquel il s'est livré vrage. L'autenr y parcourt le calendrier ec-
pour rendre digne du i^rand jour une pro- clésiastique, en s'arrétant à chaque fête mo-
duction délaissée depuis prés de quatre cents bile et à plusieurs fêtes de saints célébrées
ans. Il .ijoute que le manuscrit était presque à des époques invariables de l'année com-
inJécliitrrable, et qu'il a fallu souvent devi- mune. Le chapitre lxii, consacré à la fête
que
ner. Quoi qu'il en soit, l'ouvrage, tel des fous, est fort court, et nous apprend
Lauriman l'a publié, commence par un pro- seulement qu'elle s'appelait aussi la fête
loi^ue on l'auteur annonce qu'il traitera des sous-diacres, et que les uns la célé-
1» des institutions ecclésiastiques; 2° des braient à la Circoncision, les autres à l'Epi-
offices divins; 3° du calendrier liturgique. Il phanie, et quelques-uns le 13 janvier. Beleth
est possible, en effet, d'appliquer le premier nous fait remarquer les rapports de certaines
de ces trois titres généraux aux dix-sept cérémonies de l'Eglise avec celles du paga-
premiers chapitres du traité; le second titre, nisme :

aux quarante-six cliapitrcs qui suivent, jus- « Pourquoi, dit-il, la Purification se uom-
qu'au soixante-troisième inclusivement; et me-t-elle aussi la Chandeleur? et d'où vient
le troisième titre, aux cent un derniers cha- I illumination extraordinaire qui se pratique
pitres, c'est-à-dire, jusqu'au cent soixante- en ce jour-là? C'est, répond-il, que les lio-
quatrième, pnr lequel l'ouvrage est terminé. maius portaient des torches ardentes en cé-
1" Il s'agit, dans le dix-sept premiers cha-
; lébrant leurs fêles amburbalcs, c'cst-à-diro
pitres, des lieux, des temps, des solennités, eu faisant, au commencement de février,
dos processions, des jeunes, des personnes des processions autour de leur ville. » L'un
ecclésiastiques, des vreux. des sacrifices, des plus longs chapitres, le cxx°, est intitulé:

oblalions et donations. Sur tous res articles, De quadam libertate decembrii. On voyait eu
et spécialement sur les derniers, l'auteur décembre les évêques et les archevêques
établit d'excellentes maximes. 11 condamne jouer publiquement à la paume avec leurs
l'usage, qui commençait à s'introduire en clercs et leurs domestiques; cet usage et
certaines églises, d'exiger avidement des of- quelques autres du même genre, conservés
frandes qui devraient toujours rester volon- dans plusieurs Eglises, étaient, selon Be-
taires. « Vendre les sépultures et le son des leth, les restes des saturnales de l'antiquité.
cloches, c'est, dit-il, comme si l'on vendait II faut remarquer aussi, ajoute-t-il, que dans

les sacrements de l'Eglise. » la plupart des diocèses les femmes battent


2° Le chapitre xviii et les suivants jusqu'au leurs maris le second jour après Pâques, et
LXin traitent de l'office divin en général, des sont battues par eux lendemain. Dans le
le

prières de la nuit, de celles du jour, de la chapitre cxLvi, qui traite de l'Assomption de


messe et de toutes ses parties, enfin des li- la vierge Marie, et que nous avons déjà cité,
vres et des extraits de la Bible, dont la lec- Jean Beleth se déclare confie la fêle de la
ture entre dans la liturgie. Cette seconde Conception et contre la croyance que celte
section du livre de Beletli contient beaucoup fête autorise. Il n'aurait sans doute point parlé
d'explications allégoriques. lui, parSelon de la sorte après la définition prononcée de
exemple, les cloches sont les symboles des notre temps.
prédicateurs, et leurs mouvements alterna- le plan et tels sont quelques-uns
Tel est
tifs nous font voir conmienl le langage des des les plus remarquables de ce
détails
livres saints s'élève et s'abaisse tour à tour. traité ressemble presque pour tout le reste
; il

L'auteur nous enseigne encore que les sept à ceux que l'on a cjmposés depuis sur la
heures liturgi(|ues représentent les sept ilges inôuie matière '. M. l'abbé Migne s'est bien
de la vie humaine, la première enfance, donné garde d'en négliger la reproduction
l'Age puéril, l'adolescence, la jeunesse, l'ûge dans son Cours complet de Patroloyie. Elle
viril, la vieillesse et la décrépitude ; et, s'il existe au tom. CCII, avec notice tirée de Fa-
lient compte de la première enfance, c'est, bricius, col. 9 et suiv. Cet ouvrage est écrit
dit-il, parce que saint Nicolas, dès le ber- avec méthode, et l'auteur y fait preuve d'éru-
ceau , rendait hommage au Seigneur, en dition et de piété.
s'abslenanl du sein maternel les mercredis
et les vendredis de chaque semaine. '
Voyez Ihsloire lill&nire de la Fruiice.
796 HISTOIRE GÉNI':KALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.

CHAPITRE LXXII.

[Reynerus ou Régnier, moine de Saint-Laurent de Liège, 1488; Henri


de Marsi, abbé de Haute-Combe, puis évêque d'Albano et cardinal, 1188;
Baudouin, archevêque de Cantorbéry, 1188; Bonacurse, comte ro-
main, 1190; Bernard, abbé de Fontcauld, vers 1192; Bernard Septimel
ou le Pauvre, vers 1192].
[Ecrivains latins.]

,„,, [1. Reinerus, ou Raynerius, Reinerive, gée d'après celle que Pierre de Vangadice
*dê moine de Saint-Laurent de Liège, fut remar- avait fait paraître avant Reinerus.
quable par son talent et la sainteté de sa vie. 6° Un écrit en vers intitulé : De confliclu
A son style de bon goût et poli on aurait, duorum ducum et animarum mirabilirevelatione
peine à reconnaître un écrivain du xii' siècle. ac de milite captiva per salutarem hostiam libe-
Voici la liste des ouvrages de cet auteur, pu- rato, libelli duo. Dans le premier livre, l'au-
bliés par Pez, au tome IV des Anecdotes, et teur dépeint deux chefs qui rassemblent leurs
reproduits au tome CCIV de la Patrologie : armées et en viennent aux mains. L'un bril-
1° Trois livres Des Ecrivains célèbres du lait par sa piété et ses bonnes œuvres; il avait
monastère de Saint-Laurent. Reinerus fait pa- surtout une grande dévotion pour les âmes
raile assez d'exactitude dans cet écrit en par- du purgatoire. Aussi, au jour du combat, ces
lant des faits passés; mais il n'a pas voulu âmes vinrent à son secours et l'aidèrent à
aborder les faits contemporains dans la
, triompher de son ennemi. Quoi qu'il en soit
crainte d'être accusé d'envie s'il ne prodiguait de cette histoire ou de cette fiction, on voit
pas l'éloge, et de flatterie s'il le faisait. Au la croyance du purgatoire et l'utilité des

reste, l'histoire littéraire peut trouver son prières pour les morts.
profit dans cet écrit. 7° Un autre opuscule en vers sur l'arrivée
2° Un commentaire sur les neuf antiennes '
de Rome à Liège des reliques de saint Lau-
qui précèdent la fête de Noël. Cet écrit avait rent, martyr, avec diverses pièces de poésies,
déjà paru à Liège en 1618; mais les exem- telles qu'une prière à saint Laurent, des
plaires en sont extrêmement rares. Pez le hymnes pour l'office du Saint-Esprit, des épi-
joignit aux opuscules qu'il publiait; il peut taphes.
être d'une grande utilité aux prédicateurs 8° Le Triomphe de Bouillon, en cinq livres.

pour expliquer les mystères renfermés dans L'auteur expose, dans cet écrit, comment le
les antiennes en question. château de Bouillon revint en la possession de
3° Le Miroir delà Pénitence, ou deux livres l'Eglise de Liège, après les troubles et les ca-
de la Vie de sainte Pélagie. Reynerus n'est pas lamités occasionnés par Hugues et llaynaud,
l'auteur proprement dit de cet écrit, qu'il n'a fils de Raynaud, comte de Barre.

fait qu'arranger en y mettant plus de style 9° La Vie de saint Evracte, évêque de Liège.

dans la composition. On y trouve des exem- 10° La Vie de saint Réginard, évêque de
ples de vertus et de pénitences dignes d'être Liège.
rapportés. ii" De la chute de la foudre sur le monastère
ou deux livres de
4° Victoire d'une Vierge, de Suint-Laurent.
la vie et passion de Marie vierge de Cappa-
, 12°Sur la dédicace de la nouvelle église
doce. C'est dans sa jeunesse que l'auteur com- de ce monastère, ou Livre d'actions de grâces
posa cet écrit, pour fuir l'oisiveté et appli- A saint ÏMurerU. Cette dédicace eut lieu,
quer sou espiit aux études salutaires. comme nous l'apprend Reinerus, en H82.
5° La Fleur du Dései't, ou Vie de saint Tié- 13° Sur l'incendie de l'église de Saint-
baut ou Thibaut, en deux livres. Elle est ari'an- Lambert de Liège, en 1188.
' L'Lglise romaine u'en compte que sept; mais l'antienue da saiul Tljomas qui comù\bDçM pai'

l'Eglise de Liège en comptait dis eu y comprenant Didyme. {L'éditeur.)


[xii^SiÈCLE.] CliAFlTRE LXXII. — HENRI, ÉVÊQUE D'ALBANO, CAUOINAL. 797

14° Les larmes, enL'auteur y


trois livres. zélé pour la foi , voulant arrêter les progrès
expose avec beaucoup d'élégance et de piélé du mal, s'était adressé d'abord au roi de

les motifs qui doivent nous porter à craindre, France, persuadé que sa présence déconcer-
àpleui-eruos pécliés, et à faire pénitence; et terait l'hérésie. C'était en 1177, dans le temps

il apporte plusieurs exemples que la saine que ce prince avait pris des engagements
critique trouvera assezpeu fondés. avec d'Angleterre, pour faire le voyage
le roi

lo" Du Mort, en deux livres.


départ de la de la Terre-Sainte. Pour préluder à celte ex-
C'est une suite du précédent ouvrage. Le pédition, il fut convenu que les deux monar-
deuxième livre est à peine ébauché, l'auleur ques iraient en personnes exterminer les hé-
ayant sans doute payé le tribut à la mort rétiques dn Languedoc. Cependant, mieux
qu'il attendait en si bonne préparation '. avisés, ils convinrent qu'il serait plus à pro-
16° Mabillon a publié, au tome VI des Actes pos d'employer contre eux d'autres armes.
des saints de l'ordre de Saint-Benoit, la Vie de Des missionnaires furent désignés, comme
saint Wolbodon, évêque de Liège, par Ileine- plus propres à dissiper l'erreur par la force
rus. L'auteur en fait mention dans ses Vies de la parole et de l'instruction. en On voit,

de saint Evracle et de saint Réginard. effet,que de ces missionnaires les uns étaient
Hsnri.d.s- 2. Voici ce que nous trouvons sur Henri, sujets du roi de France et les autres du mo-
.'«nal!"'".' évéque d'Albano et cardinal, au tome XIV, narque anglais. C'étaient le légat du pape,
*••
pag. 451, de V Histoire littéraire de France. Pierre, cardinal du titre de Saint-Chrysogone;
Henri, abbé de Haute-Combe, puis de les archevêques de Bourges et de Narbonne,
Clairvaux, et enfin cardinal évêque d'Albano, les évèques de Bath et de Poitiers. Quant au

l'utun des plus grands personnages qu'ait comte de Toulouse sachant quels services
,

produits 1 ordre de Citeaux. Il naquit, dit-on, saint Bernard avait rendus, en pareille occa-
d'une famille noble au château de Murcy,
, sion, au comte Alphonse son père, il s'adressa
castra Marsiuco prés de l'abbaye do Cluuy;
,
au chapitre général de l'ordre de Citeaux,
mais malgré les préteutious exagérées de qui lui accorda les secours qu'il demandait,
plusieurs biographes, qui ne vont rien moins et chargea de cette mission l'abbé de Clair-
qu'à le déclarer issu du sang royal l'auteur , vaux.
du Grand Exorde de Citeaux se contente de Henri se joignit, en 1 178, aux autres mis-
dire qu'il était beaucoup plus noble par ses sionnaires qui, arrivés à Toulouse, ne fuient
vertus que par sa naissance. Il entra fort accueillis que par des huées. Après quelques
jeune à Clairvaux, et y passa les premières jouis de repos l'un d'eux se liasai'da à prê-
,

années de sa profession avec tant de ferveur cher publiquement; il établit si solidement


et d'innocence, qu'on lui trouvait déjà la ma- dans son discours les articles de la foi catho-
turité des vieillards. Il n'y avait que quatre lique, que les hérétiques, dissimulant leurs
ans qu'il était proies, lorsque, malgré sa jeu- sentiments, dirent qu'ils croyaient tout ce
nesse, il fut nommé, en llbO, abbédeilaute- que l'on venait d'exposer. Il y a toute appa-
Combe, dans la Savoie; et on le voit signer, rence que ce fut l'abbé de Clairvaux qui pro-
en cette qualité, un acte daté de MCI. Tout nonça ce discours, carc'estdelui que nous te-
le monde fut surpris dun pareil choix, qui nons ces particularités; etpuisque cediscours
néanmoins une preuve du raie
est à la fois produisit un grand effet, il n'aurait pas man-
mérite de Henri et du sage discernement de qué d'en faire honneur à celui qui l'avait
l'abbé Fastrède. On eut lieu de le reconnaître, prononcé, s'il l'eût été par quelqu'un de ses
quand on vit le nouvel abbé remplir les de- collègues. Nous savons d'ailleurs qu'il possé-
voirs de sa charge à la satisfaction de tout le dait éminemment le don de la parole. Le
monde. chroniqueur de Saint-Martin d'Auxerre l'ap-
11 gouverna cette abbaye pendant quinze pelle vir linguw disertœ.
ans, et fut élu, en H
76, abbé de Clairvaux. Le principal chef des sectaires s'étant con-

A cette époque, une espèce de manichéens, verti, etayant été réconcilié à l'Eglise, après
connus plus tard sous le nom d'albigeois, avoirsubi une pénitence publique, notreabbé,
faisait des progrès ell'rayants dans le Langue- qui voulait se rendre au chapitre général de
doc, et principalement dans les environs de sou ordre, demanda au légal la permission
Toulouse. Le comte llaymond-le-Vieux, prince de se retirer. Elle lui fut accordée, mais à la

Voyez la préface que l'cz a mise aux AcriLs de Keiiierué. [LcdUeur.)


798 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
condition qu'en s'en retournant il irait, avec nomma légat en France. L'évêque d'Albano
l'évêque de Bath, dans l'Albigeois, trouver ne tarda pas à remplir .?a mission. On le voit.
le vicomte Roger, seigneur du pays, pour dès l'an 1180, dans le bas Languedoc, où il
l'exhorter à remettre eu liberté l'évêque signa, comme témoin ,une chaite datée de
d'Alby, qu'il avait mis en prison sous la garde cette année, avec sa qualité d'évêque et de
des hérétiques. Henri s'acquitta de la com- légat. Ayant persuadé à un grand nombre de
mission; mais, à son approche, Roger se re- catholiques de prendre les armes et de le
tira dans des lieux inaccessibles, ne voulant suivre, il entreprit, au mois de juin 1181, le
point entrer en conférence avec lui. Cepen- siège du chûteau de Lavaur, qui, après quel-
dant, l'abbé de Clairvaux s'avança, avec l'é- que lésistance, lui fut livré par Adélaïde de
vêque de Bath, jusqu'à Castres, une des plus Toulouse, épouse de Roger, vicomte de Bé-
fortes places du pays, où se trouvait la fa- ziers. Alors celui-ci se soumit, et promit, avec
mille du vicomte. Ils y prêchèi'ent la foi ca- les principaux du pays, de renoncer à l'hé-
tholique sans se laisser intimider par le grand résie. Geoti'roi du Vigeois ajoute qu'après
nombre d'hérétiques qui peuplaient cette ville. cette expédition les croisés se retirèrent, mais
Voyant qu'ils ne pouvaient retirer des mains que les mécréants ne furent pas pour cela
du vicomte l'évêque d'Alby, ils le déclarèrent convertis.
traître, hérétique et parjure; et, après l'avoir Après avoir terminé cette campagne, le

excommunié au nom de Jésus-Christ, ils le cardinal Henri prit la route du Velay, et tint

défièrent au nom du pape, des rois de France au Puy, le 15 septembre de la même année,
et d'Angleterre, en présence de sa femme et un concile auquel assistaient les évêques de
de ses vassaux, c'est-à-dire qu'ils lui décla- Poitiers, du Puy, de Maguelone et de Lodève.
rèrent la guerre, à laquelle Henri exhorte Nous le retrouvons à Bazas au mois de dé-
tous les princes chrétiens en finissant sa re- cembre. Il y tint le concile de la province
lation. d'Auch. Il passa ensuite à Saintes, où il était
De retour à Clairvaux , il fit faire la trans- le 9 janvier de l'année suivante. Au troisième
lation du corps de saint Bernard, qui fut dimanche de Carême, 28 février, il présidait
placé dans un tombeau de marbre, derrière à Limoges le concile des deux provinces de
l'autel de la sainte Vierge. 11 obtint, daus lo Bourges et de Bordeaux. Le légat se trouvait
même temps, du roi d'Angleterre, les fonds le 1" avril à Poitiers. C'est de cette ville qu'est

nécessaires pour couvrir en plomb l'église datée la pièce d'où nous avons tiré tous ces
du monastère. Ce fut aussi par ses soins et à détails.
sa persuasion qu'Henri-Ie-Libéral, comte de De Poitiers, Henri se rendit à Paris, où il
Champagne, prit la croix cette même année, futun des médiateurs de la paix conclue en
avec plusieurs autres seigneurs. H82 entre le roi de France et le comte de
Henri, pendant sa miîsion à Toulouse, s'é- Flandre. Le chroniqueur qui rapporte cet
tait acquis une si grande estime, que le siège événement dit qu'on n'avait jamais vu une
épiscopal de cette ville étant venu à vaquer, guerre aussi vive éteinte aussi promptement.
il fut unanimement élu pourle remplir; mais A la prière de l'évêque de Paris, Henri fil
il le refusa constamment. Pour motiver son ensuite la dédicace de l'église cathédrale, le
refus, non-seulement il écrivit au pape et au mercredi de la Pentecôte.
roi Louis-le-Jeune mais il engagea encore
, 11 paraît que Henri, après avoir présidé

Pierre de Celles abbé de Saint-Remy de


, cette année le chapitre général de Citeaux,
Reims à joindre ses instances aux siennes
, ,
retourna en cour de Rome sur la fin de 1182.
et la communauté de Clairvaux lui témoigna 11 était à Velletri au commencement de fé-

aussi son attachement et la douleur qu'elle vrier 1183, où il souscrivit à la constitution


aurait de le perdre par deux lettres qu'elle
,
du pape Lucius 111, portant érection en mé-
écrivit, l'une au pape et l'autre au roi. Toute- tropole de l'évêché de Montréal en Sicile, il
fois, l'année d'après, il fallut bien qu'il se sé- était encore en Italie en 1185, car il fut pré-
parât, bon gré mal gré, de sa communauté. sent à la mort de ce pape arrivée à Vérone
,

S'étant rendu au concile de Latran, Henri le 24 novembre de cette année. H assista

y fut créé cardinal évêque J'Albano parle pareillement à la mort du pape Urbain 111,
pape Alexandre 111, qui, le jugeant plus pro- décédé à Ferrare le 9 octobre 1 187, du cha-
pre que personne à mettre à exécution les grin que lui causait la prise de Jérusalem par
décrets du concile contre les hérétiques, le les Turcs, qui fut pour lui comme un coup de
ixU'siÈCLF.T CHAPITRE LXXIl. — HKNKl, ÉVÈQUE D'ALBANO, CAHUINAL. 799

foudre. Lorsqu'il fut question tle lui donner La guerre ayant recommencé plus forte-
un successeur, plusieurs cardinaux jctcront ment qiio jamais entre les rois de France et
les yeux sur l'évêqued'Albano; mais quant à d'Angleterre, donna d'autant plus d'exercice
lui, ilse prosterna au milieu de rassemblée eu au légat qu'elle pouvait anéantir tous les
disant qu'il était serviteur delà croix, et qu'il de sa légation. Sa position était vrai-
fruits
prélerait au suprême pontiticatriionneur d'al- ment difficile; il fallait concilier les parties

ler la précberaux peuples elauxprinces.Alors belligéiantes, sans se rendre suspect et sans


les sutl'rages se portèrent sur le cardinal Al- blesser les intérêts de l'un et de l'autre. Be-
bert, cbaiicelier de l'Eglise romaine, qui prit noit de Pétcrboroug observe que dans toutes
le nom de Grégoire Vlll. Aussitôt le nouveau les circmistances où il fut question de paix
pape uomiua le cardinal Henri son légat en et le légat avait l'attention de
de conciliation,
France et en Allemagne, avec des pouvoirs ne parler à aucune des parties avant les con-
très-éteudus. Mais celui-ci ne survécut qu'un férences, faisant toujours sa résidence en
mois et dix-sept jours à son élection, et mou- Flandre pour éviter tout soupçon. Cependant,
rut à Pise le 17 décembre 1187. après celle qui eut lieu près de Bonsmoulins,
L'évèque d'Albano, suivant les instructions au diocèse de Séez, le 18 novembre 1 188, il
qu'il avait reçues, commença sa légation par lança l'excommunication contre Richard, fils

ordonner un jeune extiaordinaiic qui con-


,
du roi d'Angleterre, qui, s'élant ligué avec
sistait à jeûner pendant cinq ans, tous les le roi de France contre son père, mettait au

vendredis comme en carême et à s'abste-


, , voyage de la Terre-Sainte un obstacle insur-
nir d'aliments gras les mercredis et les sa- montable. Après cet acte de vigueur, Henri,
medis, à l'exemple de la cour papale, qui étant retourné en Flandre, y mourut bientôt
s'était imposé une semblable pénitence, en y à Arras, le 1" janvier 1189, et n'eut pas la
ajoutant l'abstinence du lundi. 11 parait que consolation de voir cette guerre terminée.
d'abord trouver l'empereur d'Al-
le légat alla 3. Dans une lellre au cardinal Pierre de
lemagne, avec lequel il se concerta pour le Saint-Chrysogone, légat en France, écrite au
voyage de la Terre-Sainte. Il trouva ce prince pape Alexandre 111 en 4177, l'abbé de Clair-
dans les meilleuies dispositions, bien qu'il ne vaux est représenté comme un homme qui
voulût se déclarer qu'après que la niajeure joignait à une science très-étendue des mœurs
partie des princes cbrétiens auraient pris la irréprochables et un grand fond de religion.
croix. C'est sans doute sur un témoignage aussi
Henri passa donc en France, et agit si etli- avantageux que l'abbé Henri fut créé cardi-
cacemeut auprès dus rois de France et d'An- nal deux ans après sa promotion à l'abbaye
gleterre, qu oubliant leurs querelles, ils re- de Clairvaux. Ses litres littéraires ne sont
culent de ses mains la croix, dans une coiil'é- pourtant pas en grand nombre; ils consistent
rence qu'ils eurent au mois de janvier sur en quelques lettres éparses dans plusieurs
les contins de la Normandie. 11 alla ensuite collections, et dans un traité qui a pour titre :

avec Guillaume, archevêque de Tyr, sollici- De peregrinunte civitate Dei.


ler 1 empereur de prendre la croix, et fut pié- 4. Nous n'avons de Henri aucune lettre
sent a la conléreiice qu'il eut à Yvoi avec le écrite pendant qu'il fui abbé de Haute-Combe.
roi de Fiance. L'empereur, après celle en- Dom Bertrand Tissier en a publié quatorze
trevue, indiqua uuediete àMayence, pour le de celles qu'il écrivit étant abbi- de Clair-
27 mars, et le légat parcourut l'Allemagne vaux, et qu'on retrouve, au moins en partie,
pour disposer les esprits a ce pèlerinage. dans la Collection d'André Ducliesne.
A la dièle de Mayeuce, il donna la croix à 1" Six lettres sont adressées au pape Alexan-
l'empereur et A soixauic-liuit princes de l'em- dre m. Dans la il annonce au pon-
première,
pire. Ue lii s'élant rendu à Liège, il prêcha tifeque Henri comte de Champagne, avait
,

si lurlement coiiire les vices ûu clergé, et reçu la croix de la main du légat Pierre de

paiticulièremeiit contre la simonie, que soi- Saint-Chrysogone, et le prie de prendre sous


xante-six clercs resiguèiont leurs prébendes la protection du Saint-Siège les domaines de

entre ses mains. 11 tut luuclié de ic^r repen- ce prince, pendant qu'il fera le voyage de la
tir, et, par un sage lempêiament qui adou- Terre-Sainte. Il prie instamment, dans la
cissait la rigueur de la règle sans la détruire, troisième, qu'on ne le force pas d'accepter
il les lit changer do benctici's, et rendit par l'évêché de Toulouse, auquel il avait été
te moyen leur inslitulion canonique. nommé. Dans la suivante, il expose le cas
800 HISTOIRE GÉNÉRALE DÉS AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
d'un évêquc d'Irlande, qui, se scninnt piùs sogone, dont lui-même faisait partie, il con-
de sa fin voulait se donner un succes-
, clut que c'en est fait de la religion dans ces
seur. Henri prie le pape d'accorder celle contrées, si les princes chrétiens ne prennent

grâce, s'il n'y trouve point d'inconvénient. les armes, tant l'hérésie avait fait de progrès.
Deux autres lettres contiennent des plaintes Cette pièce d'éloquence ayant été conservée
contre les moines de Déols et de Saint- à la postérité par l'historien Roger de Hove-
Bénigne de Dijon, relativement à des inté- den, a passé de là dans les Annales de Baro-
rêts temporels. Dans la sixième, pour dé- nius, année 1178, dans la Bibliothèque des
tourner le pape de rappeler le légat Pierre Pères de l'ordre de Citeaux , tome III p. 70, ,

de Saint-Clirysogone, il lui fait nu portrait sous le de Declamatio; dans le Recueil


titre

affligeant des vices qui régnaient en France, des historiens, d'André Duchesne, tome IV;
à l'extirpation desquels le cardinal légat tra- dans celui de dom Bouquet, tome XIV, et
vaillait efficacement. dans beaucoup d'autres livres.
2° Deux letties à Henri II, roi d'Angleterre, 5° Dom Martène a publié aussi onze lettres

pour le remercier, au nom du chapitre de de Henri, abbé de Clairvaux, fort courtes et


son ordre, de ses libéralités envers l'église assez peu intéressantes. La plupart ne por-
de Clairvaus, que ce prince voulait faire cou- tant point le nom de ceux à qui elles sont
vrir en plomb. Il lui envoie pour cela les di- adressées, et toutes ne traitant que d'atlaires
mensions de l'église et comme il venait de
,
relatives à l'administration des abbayes de
faire la translation du corps de saint Bernard, la filiation de Clairvaux, il est inutile de s'y

il lui destine un doigt qu'il avait retiré de la arrêter.


main droite du saint. On trouve encore ces 6° Nous avons déjà parlé d'un jugement de
deux lettres au tome II des œuvres de saint notre prélat, prononcé comme il était évêqne
Bernard, parmi les pièces relatives à sa cano- d'Albano, en 1182, dans lequel il fait con-
nisation. naître plusieurs conciles qu'il avait assemblés
3° Les autres lettres sont adressées, la en France en sa qualité de légat. Cet acte a
deuxième à son ancien ami l'abbé de Bosco- été publié par dom Martène, et se trouve par
dun en Daupbiné; la huitième aux religieux extrait parmi les preuves de l'Histoire du Lan-
de Savigni en Normandie, pour les exhorter guedoc, tome 111, p. 153.
à supporter patiemment les privations au.\- 7° Jean-Pierre Ludewig a recueilli deux
quelles les av.iit réduits la mauvaise admi- pièces de l'évêque d'Albano relatives à sa ,

nistration de leur monastère; la douzième à légation en Allemagne, en 1188. Chargé de


des abbés bénédictins de Flandre, qui trou- prêcher la croisade et de préparer les esprits
vaient mauvais que l'abbé de Ham eût livré au voyage d'outre-mer, il s'élève fortement,
son monastère aux cisterciens; la treizième dans la première, contre les mœurs du temps;
à l'évêque de Châlons-sur-Saône, nouvelle- il passe eu revue le luxe des habits, des équi-

ment installé, ce qui ne peut s'entendre que pages et de la table, les jeux et les divertis-
de l'évêque Engelbert; enfin dans la quator- sements qui, selon lui, n'étaient plus de sai-
zième au cardinal Hyacinthe, il prie cette son dans des jours de calamité, et prescrit
éminence d'employer son crédit auprès du au contraire desjeùnes extraordinaires. Celte
pape pour le dispenser d'accepter l'évéché pièce est aussi imprimée dans la Grande
de Toulouse. Collection de dom Martène tome 1". La se-
,

4° Indépendamment de ces quatorze let- conde pièce est une lettre circulaire, adres-
tres, on trouve encore dans le Recueil des his- sée aux prélats et aux princes de l'empire,
toriens de France , d'André Duchesne parmi ,
portant convocation d'une assemblée à Ma-
celles de Trasimond, moine de Clairvaux, yence, pour concerter le voyage de la Terre-
deux lettres à l'évêque de Chàlons-sur-Saône, Sainte.
et deux autres relatives aux hérétiques de la 8" L'auteur de la Chronique de Clairvaux,
province de Toulouse. Dans l'une de ces der- après avoir rapporté eu peu de mots les gestes
nières, adressée au roi Louis-le-Jeune, il loue du cardinal Henri pendant sa dernière léga-
la résolution que ce prince, de concert avec tion, dit que vers ce temps-là il composa un
le roi d'Angleterie, avait prise d'exterminer traitépour l'instruction des rehgieux de Clair-
ces hérétiques. Dans faulre, adressée à tous vaux. Cet ouvrage, qui a pour titre De pere- :

les fidèles catholiques, après avoir fait la re- grinante civitate Dei, a été publié par dom
lation du légat Pierre, cardinal de saint Chry- Bertrand Tissier. C'est une espèce de traité
[xii* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXll. — BAUDOUIN , ARCHEVÊQUE DE CANTORBÉRY. 801

de l'Eglise , divisé en dix-huit cliiipilres ou lui parait dans les cérémonies des trois
fig'>iré

discours, que l'éditeur ;i inlilulés Traites, derniers jours de la semaine sainte, pendant
craignant, dit-il, qu'on ue le prit pour ce que lesquels lEglise se couvre de deuil. On voit
nous appelons ordinairement des sermons. que l'auteur n'était pas difficile en fait d'al-
Rln tête est une préface dans laquelle Henri légories, et qu'il en trouvait partout. Le style
ne prend d'autres titres que ceux de pécheur et de cet écrit est moins bon que celui de ses
de moine. On voit pourtant qu'il était alors lettres, parce que dans celles-ci il avait pour
évoque, car quelques lignes après il forme secrétaire le moine Tiasimond, excellent la-
des vœux pour être délivré du poids acca- tiniste.

blant de l'cpiscopat. 11 ne veut pas, comme 9° C'est encore vers le temps de sa dernière
saint Augustin, faire un traité de la Cité de légation qu'il faut rapporter la lettre que
Dieu , qui
embrasse et la cité du ciel et celle Henri écrivit à GeoD'roi d'Auxerre, jadis se-
qui voyage sur la terre; il se borne à parler crétaire de saint Bernard. Nous n'avons pas
de celle-ci, et il expose son plan dans le pre- sa lettre, mais on voit, par la réponse de ce
mier discours, mais d'une manière assez con- dernier, qu'il lui avait demandé des rensei-
fuse. Il promet de trailer bien des matières gnements sur la manière dont
de les erreurs
qu'il n'a pas encore touchées; c'est que l'ou- Gilbert de la Porée avaient été condamnées,
vrage est resté imparfait, comme on en peut quarante ans auparavant, dans le concile de
juger par les derniers mots de l'imprimé : Reims. Cette lettre de Geofl'roi a pour inscrip-
Primum iyiltir de primo prosequimur, qui sup- tion Amanlissi7no Patriet Domino A. Deigra-
:

posent une continuation. tia Albanensi Episcopo , domini Papœ vicario,


L'auteur en était au treizième discours lors- frater Gaufridus de Claravalle minimum id
qu'arriva la nouvelle de la prise de Jérusa- quod est. Cet évêque d'Albano était, selon
lem par Saladin, par conséquent en 1 187 là ; dom Mabillon, Albin, qui fut le successeur
il interrompt sa matière pour se livrer, sur de Henri. Il est plus vraisemblable, comme
ce triste événement, à de doulcjui-eux regrets nous l'avons dit plus haut, que la lettre A a
dont l'expression remplit tout ce discours ; et été mise par les copistes pour la lettre //,
, ,

comme il y fait mention du résultat de sa lé- car nous ne lisons nulle part qu'Albin ait été
galion en Allemagne, il s'ensuit qu'il ne com- légat en France.
posa ce discours qu'en 1188. Dans les sui- 10" Le même Geotfroi avait consulté l'évê-
vants, qui sont comme un liors-d 'œuvre, il que d'Albano sur une question qui s'était
traite diman-
des ollices de l'Eglise depuis le élevée entre les théologiens de ce temps-là,
che delà Septuagésime jusqu'au premier di- savoir si, dans le sacrilice de la messe, l'eau
:

manche de Carême, cherchant partout des mêlée avec le vin est changée immédiatement
sens allégoriques. Aussi trouve-t-on dans son au sang du Seigneur, ou si auparavant elle
écrit des opinions assez singulièies. est changée eu vin. Nous aurions été curieux
Dans un endroit, l'auteur distingue des au- de connaître là-dessus la réponse du prélat.
tres apôtres Fieire,Jacques et Jean, appelés 11° Ciaconius et d'autres écrivains disent
par saint Paul les colonnes de l'Eglise. C'est que Henri avait prêché en présence du pape.
à eux, selon lui, qu'ont succédé les primats L'éditeur de la Bibliothèque des Pères de Ci-
et les archevêques; les évéques sont les suc- teaux regrette de n'avoir pu retrouver ses
cesseurs des autres apôtres, et les clercs in- sermons, non plus que ceux que Henri avait
férieurs le sont des soixante-douze disciples. prononcés à Chiirvaux, devant sa commu-
Dans les huitième et neuvième discours, il nauté, et auxquels il semble faire allusion au
relève beaucoup la chaire de suint Pierre et commencement de .^on traité De la Cité de
ne dit riende trop. Dieu.
Le temple de Jérusalem ayant été ruiné Baudouin ou Baldwin, archevêque de
0.
trois fois, à dill'érentes époques, par les Grecs Cantorbéry au xu' siècle, était né à Excester,
et par les Romains, il dit qu'il eu sera de de parents pauvres. Après avoir tenu quelque
même de la Jérusalem spiiituelle, qui est temps une école, il devint, par son mérite,
l'Eglise. Elle sera humiliée dans la dignité archidiacre; mais il quitta bientôt celte di-
sacerdotale; elle déchoira de sou antique gnité pour se faire moine de l'ordre de Cî-
simplicité, et, n'ayant plus que l'apparence leaux, et un an après il devint abbé de Fcr-
de la piété, elle ne conservera pas même la den on i'orden en Dcvonshiro. De cette ab-
forme extérieure de sa constitution. Tout cela baye il fut transféré ù l'ëvèché de Winches-
XIV, 51
802 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
1er. 11 étaitextrêmement sobre, modeste et L'archevêque Baudouin laissa un grand =«
6. «ctiis.

doux; mais on l'accusait de manquer de vi- nombre d'écrits qui sont indiqués dans la Bi-
gueur pour réprimer les crimes, et on disait bliothèque de Citeaux, savoir un livre du Corps
:

qu'il avait été meilleur moine qu'évéque. et du Sang de Jésus-Christ, ou du Sacrement

En 1184, Baudouin fut élevé à la dignité de l'Autel; des Sacrements de l'Eglise, en un


d'arclievéqne de Ciintorbéry, et fut le pre- livre; de la /iecommandation de la Foi , en un
mier de l'ordre de Citcaux qui monta sur ce livre; des Dogmes orthodoxes, en un livre; des
siège. En 1189, il sacra RicliardI", roi d'An- Sectes des hérétiques, en deux livres; de l'U-
gleterre. 11 lui donna l'épée après lui avoii- nité de la Charité, en un livre; de l'Amour,
fuit les onctions; Ricliard prit lui-même la en un livre du Sacerdoce de Jean Hir-
;

couronne sur l'autel et la présenta à l'arche- can en un livre ; de l'Erudition de Gi-


,

vêque qui la lui mit sur la tête. rald , en un livre; trente -trois sermons,
Pendant environ six ans qu'il occupa le en un livre; sur les Histoires des Bois, en
siège de Cantorbéry, Baudouin fut continuel- quatre livres; contre Henri de Winchester, un
lement en ditierend avec les moines de l'E- livre; de la Becommandation de la Virginité,
glise du Clirist, sa cathédrale, au sujet d'une un livre; de l'Annonce de l'Ange, un livre; de
nouvelle collégiale qu'il voulait établir par la Croix, un livre; de la Mythologie, un livre;

le conseil du roi Henri, pour faire passer aux un Poème de Dévotion, uu livre à' Epitres; l'édi-
chanoines le droit d'élire l'archevêque; car teur de la Bibliothèque de Citeaux ajoute :

on espérait qu'ils seraient plus irailables que (1 beaucoup d'autres écrits.» Ceux qu'on a
et

les moines. La fondation était déjà faite à imprimés sont seize sermons ou traités sur
Haquinton, l'église était bâtie et dédiée à divers sujets; le traité sur la Becommandation
saint Thomas de Cantorbéry et quelques , de la Foi et le traité sur le Sacrement de l'Au-
chanoines étaient installés; mais, à la pour- tel. Ce dernier est adressé à Barihèlemy,

suite des moines, le pape Urbain 111 cassa évêque d'Excester. Ces ouvrages, ditFleury',
tout et fit même abjtire les bâtiments. L'ar- comme la plupart de ceux du même temps,
chevêque Baudouin espéra mieux léussir au- sont pleins de lieux communs, de sens figu-
près de Grégoire VIII, successeur d'Urbain, et rés de l'Ecriture, de discours vagues et insi-
il commença la fondation de Lameth, sur la pides, qui n'attirent le lecteur ni par l'utilité
Tamise, près de Londres; mais la mort ne ni par l'agrémeut. Ce jugement nous parait
luipermit pas de l'achever. trop sévère; nous trouvons qu'il y a profit à
Le pape Lucius lll lionora Baudouin du lire les trois écrits de Baudouin publiés par

pallium et de la légation d'Angleterre. Pez, et que l'on trouve reproduits au tome


Baudouin flt le voyage de la Terre-Sainte, CCIV de la Patrologie, col. 401-774. L'auteur
où il suivit le roi Richard et il mourut pen- , présente bien en particulier ce qui regarde
dant le siège d'Acre, le 19 novembre 1190; la certitude de la foi et les preuves qui éta-

d'autres disenten 91, et il en estqui assurent


1 1
blissent la présence réelle de Jèsus-Christ
qu'ilne mourut qu'eu 1193, à Tyr. Mais nous dans l'eucharistie ^.
croyons que les uns et les autres se trompent : 7. Ronacurse, après avoir été engagé dans B„„„„n
car Kichard ayant appris sa mort à Messine, la secte des hérétiques cathares du xii' siè- J.""!'/

écrivitde cette ville, le S5 janvier 1191, au cle, et uu de leurs principaux docteurs à Mi-

chapitre de Cantorbéry, le priant d'élire pour lan, se convertit à la saine doctrine et com-
archevêque Guillaume, archevêque de Mont- posa contre ceux de sou parti un livre qui a
Réal en Sicile. Mais les moines ne voulant été imprimé par dom Luc d'Achéry, dans le
pas de cet étranger qui leur était iuconnu, tome XllI de son Spicilége, et est passé de là
s'excusèrent sur ce qu'ils voulaient avoir des au tome CCIV de la Patrologie, coi. 775-792,
nouvelles plus certaines de la mort de Bau- sous l'an 1190.
douin. Ensuite, sur un nouvel ordre du roi, 11 y expose leurs dogmes, ou plutôt leurs

les moines s'assemblèrent le 27 novembre et divagations et leurs rêves. Suivant cet au-
élurent archevêque de Cantorbéry Renaud ,
teur, quelques-uns d'entre eux avouaient que
évêque de Bath, surnommé Fitz Jocelin, parce Dieu a créé tous les éléments; d'autres di-
lils de Jocelin, évêque de Sarisbéry.
qu'il était saient qu'ils avaient été créés par le démon.

Hid. eccl., livre LXXIV, n. 34. théque de Citeaux et le Dictionnaire de l'Histoire


Voyez pour ce numéro la préface Biblio- ecclésiastique publié par M. Migne.
[xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXXII. BEHNARD, ABBE DE FONT-CAULD. 803

mais tous croyaient que le démon les avait retourné en son pays, y avait pris l'habit de
séparés et disposés dans l'ordre qu'ils occu- moine, et s'était mis en tète que le pape et
pent. C'estlui qui aurait formé le corps d'A- le clergé ne pouvaient jouir d'aucuns biens.
dam du limon de la terre, et il y aurait ren- Sur ce fondement, il se mit à prêcher que les
fermé un ange de lumière, et Gain serait né clercs qui avaient des biens en propre, que
du commerce qu'il eut avec Eve après qu'il les évèques qui possédaient des régales, que

l'eut loriuée. Le fruit qu'Adam mangea con- les moines qui jouissaient de quelques terres,
tre la défense de Dieu est l'union charnelle ne pouvaient être sauvés, puisque toutes ces
avec Eve. Tous les corps qui sont dans l'air, choses appartenaient anx princes. 11 ensei-
sur la terie et dans l'eau, ont été faits par le gnait en outre les mêmes erreurs que les ké-
diable. C'est lui qui a apparu aux patriarcbes, rétiques toucliant le baptême des enfants et
et qui est le Dieu de l'Ancien Testament que le sacrement de l'autel.
ces sectaires rejettent. Ils condamneni aussi Bonacurse entre dans la discussion de ces
saint Jean-Baptiste ; ils enseignent que Jésus- erreurs, et les combat par l'arme du raison-
Cbrist n'a point un corps animé, qu'il n'a nement et par l'Ecriture sainte '.
ni bu, ni accompli aucune action
mangé, ni S.Bernard, abbé de Foul-Cauld {Fonds BtTntrA.
''""
humaine réellement, mais seulement en ap- Calidij, de l'ordre de Prcmontré, au diocèse ï.'.^u'j"

parence. Us ne croient ni à sa descente aux de Saint-Pons, est regardé par les auteurs de
enfers, ni à sa résurrection, ni à son ascen- la Amoncelle Gaule chrétienne comme le premier

sion, et ils ne le tiennent pas l'égal de son abbé de ce monastère, qu'il gouvernait déjà
Père. D'après eux , la croix est le caractère en 1172. Ces auteurs ajoutent qu'en 1182 et
delà bête, saint Sylvestre est l'anteclirist; 1188 il fut témoin de deux transactions, et
depuis le pontificat de ce pape, l'Egliae est qu'en 1 184 son abbaye fut mise par Lucius III
morte, et personne ne peut être sauvé dans sous la juridiction de l'archevêque de Nar-
le mariage. Ils condamnent les saints pères; bonne. C'est peu d'années après qu'il écrivit
ils défendent l'usage de la chair, de.-i œufs, contre les vaudois. 11 mourut vers 1192, car
du lait et de tout ce qui sort des animaux. eu 1193 on le voit lemplacé par Pierre
Us ne croient pas que le Saint-Esprit soit Gérald.
donné par le baptême d'eau, ni que la subs- Voilà tout ce que l'on sait sur la vie de
tance visible du pain et du vin soit changée Bernard de Fonl-Cauld. Ni Hugo dans les An-
au corps et au sangde Jésus-Chrisl. Ils assu- nales de Pfémontré, ni dom Vaissette dan son
rent que tous ceux qui jurent seront damnés ; IJisloiredu Languedoc, ne nous apprennent
ils croient que personne ne seia sauvé que rien de plus sur les actions et les mœurs de
par l'imposition des mains, qu'ils appellent cet abbé. Oudin, qui n'en parle qu'en peu de
Je véritable baptême; ils assurent que le so- mots, s'en excuse sur l'ignorance profonde
leil est le diable qu'Eve est la lune et que
, , et perpétuelle dans laquelle a toujours été
tous les mois ils couchent ensemble comme cet ordre célèbre.
Je mari et la femme; que toutes les étoiles Au lieu de ce trait de satire, Oudin pouvait
sont des dénmns, et qu'enlin hors de leur du moins rendre compte de l'ouvrage de Ber-
secte personne ne saurait êtie sauvé. nard de Fcnt-Cauld, ouvrage que Cretser a
Bonacuise parle d'une autre secte d'héré- publié en 1G14, avec ceux d'Ebrard et d'Er-
tiques du môme temps, qu'il appelle passa- mengard sur le même en donnant à
sujet,
giens. D'après eux, il fallait observer à la ces trois traités des titres que, selon Noël
lettre la loi de Moïse; le sabbat, la circonci- .Mexandre, ils n'avaient point reçus de leurs
sion et les autres pratiques de cette loi de- auteurs. Ces traités ont été insérés depuis
vaient encore subsister; Jésus-Christ n'était dans le tome XXIV de la Hibliollièque des l'ères,
pas l'égal de son Père, et le l'erc, le Fils et imprimée à Lyon. Le traité de Bernard est
le Saint-Esprit n'étaient pas d'une mémo reproduit par Galland, au tome XIV de la
substance, lùilin il parle des arnaudistes, dis- Uibliothcque des anciens l'ères, et de là il a
ciples de cet Arnaud, natif de Bresce en Lom- l)assé au tome CCIV de la Patrolo<jie latine,
bardie, qui était venu en France, où il avait eu col. 793-8'i0. Voici, eu substance, co qu'en
Pierre Abailard pour maître, et qui, étant disent Bossuet et dom Vaissette ' :

« Voyez bibltnlhèque eccUsiaslique , par Dupiu, Doni Vaisselle , Histoire du Languedoc. Voyez
'
toin. X de la duu.^iùme édition. Histoire litléruire de France, lom. XIU.
' Uo^ieuet, Histoire des Variations, liv. XI, p. 78-79.
,

804 HISTOraE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


Le pape Lucius III avait condamné les vau- lui objecta le texte où saintPaul, parlant des
dois; mais comme malgré son décret ces hé- femmes d'un ûge mûr, met au nombre de
rétiques s'étendaient beaucoup, et que Ber- leurs meilleures qualités celle de bien ensei-
nard, archevêque de Narbonne, qui les con- gner : Anus.... bene docentes. «Mais, répond
damna de nouveau après un grand examen, l'abbé, il ne que d'un enseignement
s'agit là
ne put arrêter le cours de cette secte, plu- secret, dans des maisons, et non
l'intérieur
sieurs personnes pieuses , ecclésiastiques et dans les lieux publics.La sainte Vierge ne
autres, procurèrent une conférence pour les prêchait pas; elle renfermait dans son cœur
ramener à l'amiable. On choisit de part et les paroles de son divin Fils. » La nécessité
d'autre, pour arbitre de la conférence, un de prier pour les morts est prouvée dans le
saint prêtre nommé Raymond de Daventrie, neuvième chapitre par un texte fort connu
,

liomme illustre par sa naissance, mais encore du livre II des Macchabées, et par le témoi-
plus illustre par sa sainte vie. L'assemblée gnage de quelques défunts qui ont apparu
lut fort solennelle et la dispute fut longue. à des vivants pour les remercier de leurs
On produisit des deux cotés des passages de prières ou pour leur en demander. Le cha-
l'Ecriture sainte, dont on prétendait s'ap- pitre dixième, qui concerne le purgatoire, est
puyer. Les vaudois furent condamnés, après fort court et ne renferme guère qu'un texte

avoir élé déclarés hérétiques sur tous les chefs où saint Augustin dit qu'il n'est pas incroya-
de l'accusation. On voit par là, dit Bossuet ble que les âmes souillées encore de cer-
que quoique condamnés, les vaudois n'avaient taines taches, en soient purifiées par le feu.
pas encore rompu toute mesure avec l'Eghse Dans l'avanL-deruier chapitre, l'auteur com-
romaine, puisqu'ils convinrent d'un évêque bat l'erreur de ceux qui soutenaient que sans
catholique et prêtre. L'abbé de Font-Cauld, aller en paradis ni en enfer, les âmes atten-
qui fut présent à la conférence, a rédigé par daient dans des asiles provisoires le jour du
écrit, avec beaucoup de netteté et de juge- jugement universel. Le dernier chapitre traite
ment, les points débattus et les passages des églises et de l'obligation de s'y rassem-
qu'on employa de part et d'autre, de sorte bler pour prier, obligation tant recomman-
qu'il n'est rien de meilleur pour connaître dée. Bernard réfute l'objection que les vau-
tout l'état de la question telle qu'elle était dois puisaient dans ce texte de saint Mat-
au commencement de la secle.
alors et thieu :« Quand tu veux piier, retire-toi dans

Après une préface où Bernard expose l'oc- ta chambre et ferme ta porte. »


casion de la conférence, l'ouvrage contient Ce traité a été quelquefois mais fort mal
,

douze chapitres. Dans les trois premiers, à propos, attribué à saint Bernard.
l'auteur montre, par des textes de la Bible, 9. Sous l'an M91 ou 1192, les éditeurs de

qu'on doit de l'obéissance, du respect, et au la Palrologie ontplacé Henri Septimel, ou le


besoin de l'indulgence aux prêtres et aux Pauvre; ils le reproduisent au tome CCIV,
évêques. Aucun trait ne concerne particu- col, 841-868, d'après Leyser, Histoiiœ poeta-
lièrement le pape bien que le titre du pre-
, rum cl potmatum medii œvi, Haie 1721, in-8°,
mier chapitre donne lieu de s'y attendre. Les avec notice du même éditeur. Ou voit, dans
chapitres quatrième et cinquième refusent aux celte notice, que Henri Septimel naquit en
laïcs le droit de prêcher et d'enseigner la re- Etrurie, dans un village distant de sept milles
ligion. Le sixième est une réfutation des con- de la de Florence sur la route de Luc-
ville ,

séquences que les vaudois prétendaient tirer ques. Il sortait de parents pauvres, et fut lui-
du texte qui recommanded'obéir à Dieu plu- même tellement pauvre que, le papier lui
tôt qu'aux hommes. L'auteur répond qu'obéir manquant, il fut forcé d'écrire ses vers sur
à ses pasteurs, c'est obéir à Dieu qui les a une peau vieille et usée. Il fil ses études à
lui-même établis. L'objet du chapitre sep- Bologne. On a de lui un poème élégiaque
tième est de caractériser les personnes que intitulé : De la divenité de la foi-tune et de la

les vaudois séduisaient et celles qu'ils ne sé- consolation que donne la philosophie. Cet écrit
duisaient pas dans la première classe, on
: est adressé à l'évêque de Florence. Il con-
remarque surtout les femmes, dont il est en- tient mille et quatre vers, et est divisé eu
core question dans tout le chapitre suivant. quatre livres. Dans le premier et le deuxième,
L'abbé de Font-Cauld applique aux vaudois Henri se plaint de sa misère et des adversi-
etauxfemmescesmolsdupsaumeiLxvii,y.31: tésdu monde; dans le troisième, la philoso-
Congreyatio tauroi-um in vaccis populorwn. On phie vient le réprimander; dans le quatrième,
CHAPITRE LXXIII. — LABORAXT, CARDINAL, 80o

Par plusieurs traits, on voit


elle le console. tjraji/iie ou IC84 selon Leyser. En
universelle,
que l'auteur écrivait en l'an H9I ou H92. peignant ses malheurs et les consolations que
Christian Daum avait fait paraître cette élé- procure la religion, l'auteurmoutre une verve
gie dès l'an 1(180, selon les auteurs de la Bio- poétique bien inspirée.

CHAPITRE LXXIII.

[Laborant, cardinal, vers li90; Ermengaud ou Ermengard, 1192; Garnier,


évêque de Langres, 1198; Geofroi, sous-prieur des chanoines de
Sainte-Barbe en Normandie, 1198; Godefroi de Saint- Victor, le même
personnage probablement que le précédent; Maurice de Sully, évêque
de Paris, 1196, Odon, évêque de Toul, 1198; Alexandre, abbé de
Jumiéges, 1200; Matthieu de Vendôme, 1200; Thomas de Cîteaux,
vers 1200; Jean Algrin, cardinal, 1137.]

[Ecrivains latius.]

\. Laborant, ainsi appelé de son nom de Zaccaria, jésuite', qui lui-même en a trouvé
famille, et non à cause de son ardeur pour le plusieurs dans le traité du Droit et de la Jus-
travail , naquit à Poutorma , dans la Tos- tice, de Laborant -.
cane, à quelques lieues de Florence. Il étu- 2. Ce savant cardinal a composé plusieurs
dia plusieurs années à Paris, ville très-re- écrits qui sont demeurés marmscrits. On a
nommée pour la science de toutes les
alors de une Collection de canons, un traité delà
lui

bonnes doctrines. Il y prit lui-même le grade Justice et du Droit, divisé en quatre parties
de docteur, parcourut ensuite l'Allemagne, et dédié à Majon gouverneur de la Sicile, ,

revit son pays natal, fréquenta la cour de un autre traité sur la véritable liberté, dédié
Guillaume, roi de Sicile, et y acquit l'amitié à Hugues archevêque de Palerme ^, une
,

de Hugues, archevêque de Palerme, ainsi lettre à ce même prélat contre les hérétiques
que celle du grand-amiral du royaume. sabelliens, et une autre sur les Relations de
Etant venu à Rome, son mérite fut apprécié la Trinité, contre certaines erreurs qui se
d'Alexandre III, qui le nomma, eu 1 173, car- répandaient dans une portion de l'Italie. On
dinal diacre de Sainte-Marie in Porticu, et a aussi sur les appellations une lettre que lui
en 1178, cardinal prêlre du titre de saint écrit le cardinal Vivien, légat eu Angleterre.
Calixte. Laborant remplit plusieurs léfjations Nous nous occuperons spécialement de la
importantes. En 1178, Alexandre III l'envoya Collection de droit canon, ouvrage capital de
légat en Lombardie, pour promulguer et faire Laborant. Le père Zaccaria l'avait déjà fait

exécuter dans toutes les villes les conditions connaîlre, ainsi que les frères Ballerini *;

de la paix conclue à Venise avec l'empereur. mais le père Theiuer ne se bornant pas,
Le cardinal y retourna avec la même di- comme ses devanciers, aux dehors de la col-
gnité de légat sous Urbain III. Il fut le com- lection, a pénétré dans l'intérieur et en a
pagnon inséparable de Lucius III, do (iré- révélé les plus intimes parties dans ses Dis-
goire Vlll et de Clément VIII, comme on le ijuisitiones criticœ in pi-œcipuas canonum et

voit par sa signature apposée à presque tous decretalium collectiones, Rome, 1830, in-l".
leurs diplômes. Il mourut sous Clément VIII, Cette dissertation est reproduite sons l'an
vers l'an 1190. Ces détails sont dus au père 1191 au tome CCIV de la Palrolugie, col.

' De incdilit canonum collenlione, quant sirculo xu Qucliiues biograpbes ont dit après Dupin qu'on
'

cartlinalis Labotiins compusuit. Xidc Syllogen Oallan- ne savait à qui est adressé le traité de la Vraie lilteild;
dianam. II, p.!}!. 76G-800. on voit qu'ils ont tort.
» Dans sa notice sur Laborant, reproduilR an » t^elto di^^serlation est divisée en quatre pnra-
lome CCIV de la faliologie, col. 807-8(J8, Oudiu est Kraplies : 1° division de la collection; î» sources où
très-inexact; il eu es! de nj<^inc de l'auteur du Uiclmn- Laborant a |iuisc manière dont il a disposé sa
;

nairede lu Vatrologic [lublié cbcz M. Migne. (Ledit )


matière ; *° mérite do celte coUectiou.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
869-914. L'ouvrage est divisé en cinqlivres,et montre en quel cas et où les conciles doi-
chaque lui-même divisé en plusieurs
livre est vent être célébrés; il parle des euloges qu'on
parties. Chaque partie embrasse un nombre doit apporter aux conciles, de la sollicitude
plus ou moins grand de rubriques ou de titres des évéques par rapport aux conciles et à
qu'il appelle Capitu/aires. Chaque titre porte leurs prescriptions; des épitres décrétales et
des inscriptions et renferme des capitules des ordonnances du Siège apostolique et de
plus ou moins ë'endus, selon la nature des leur autorité. Sur la fin, il dit quelle est
sujets traités dans les rubriques.Les parties l'autorité des docteurs. — Dans la troisième
des livres et les capitulaires sont distingués partie,il est question des ministres des ca-
par des numéros. Le livre I" a onze parties; nons, de l'origine de l'ordre sacerdotal du
la première renferme seize titres; la deuxiè- Nouveau Testament, de la primauté de l'E-
me en a douze, la troisième six, la quatrième glise romaine, de l'ordre et de l'origine des
dix-huit, la cinquième quatorze, la sixième sièges patriarcaux, delà soumission du siège
cinquante-un, la septième vingt-neuf, la hui- de Constantinople et des autres sièges à
tième quatorze, la neuvième quatorze aussi, l'Eglise romaine. —
Les quatrième, cinquiè-
la dixième vingt-quatre, et la onzième six. me, sixième et septième parties sont consa-
— Le livre II est divisé en quatre parties : crées à l'ordination des clercs. L'auteur
la premièie a vini;t-trois titres, la deuxième commence par les ordres moindres, et va
vingt-huit, la troisième quarante la qua- , jusqu'au sacerdoce. Dans la quatrième, il
trième vingt-un. —
Le livre III renferme seu- dit quelles sont les peisonnes laïques qu'on
lement deux parties, dont l'une a dix titres, peut admetre au sacerdoce; dans la cin-
et l'autre six. — Le livre IV, plus achevé et quième il s'occupe de ceux qui peuvent mon-
plus étendu que les autres, renferme douze ter des ordres inférieurs aux ordres supé-
parties, auxquelles correspondent les titres rieurs; dans les sixième et septième livres,
vingt-cinq, quarante, trente-un, quinze, dix- il s'occupe des évéques.La huitième par- —
neuf, vingt-un, vingt-deux, quatre et dix- tie embrasse ce qui regarde le souverain
huit. — Le livre V a quatre parties, qui ren- pontife. On y trouve expliqués son autorité
ferment dix, huit, douze et dix titres. sur les pasteurs et sur tout le clergé, l'obéis-
A ces cinq livi'es l'auteur ajouta un livre VI, sance des sujets envers leurs prélats, ce qui
qui a cinq parties, dont la première renferme concerne les légations du siège apostolique,
dix titres, la seconde quatorze, la troisième l'origine et l'usage du pallium, l'autorité du
trente-cinq, la quatrième sept, la cinquième St-Siége, de ses rescrits authentiques. — Dans
treize. la neuvième partie , l'auteur traite de la
Chaque livre a une préface plus ou moins promotion des clercs et de l'examen que doi-
longue, selon la nature du sujet, et oij l'au- vent passer ceux qui veulent être promus
teur explique la matière du livre et fait ressor- aux ordres; il y joint ce qui regarde les in-
tir la liaison de ce livre avec les précédents. terstices, les temps des ordinations et le jeune
A la fin du V' livre l'auteur, dans une des quatre-temps. —
Dans la dixième, il est
note, explique brièvement le sujet de chaque question de l'élection et de la déposition,
livre et la nature du VI». depuis le Souverain Pontife jusqu'aux clercs
Voici maintenant le contenu de chaque inférieurs etaux moines. Dans la onzième —
livre :
et dernière Laborant explique la part que les
,

Après avoir exposé en général l'origine laïcs ont et peuvent avoir dans les élec-
du droit et ses progrès, il donne des prin- tions; il
y joint les institutions des empe-
cipes généraux sur le droit public et ecclé- reurs Louis, Henri et Othon.
siastique puis il s'occupe dans la première
; Dans le livre II, l'auteur parle de la dé-
partie du livre I, du droit naturel et de la gradation des clercs dans les quatre parties
coutume, de leurs diverses espèces et du qui le composent notre canoniste énumère
:

lien qui les réunit. Dans le corameucenient, tous les crimes des clercs qui peuvent ame-
ilexplique la nature de la loi, et dit quelque ner la déposition; il en traite le sujet; il
chose de sa force, de son autorité et de son considère tout ce qui regarde les clercs, leur
usage. —
Dans la deuxième partie, il tiaite doctrine, leurs offices, leur obéissance aux
de l'origine des conciles œcuméniques, de supérieurs, leur manière de vivre. 11 a pris
leur nombre, du canon de lu sainte Ecriture, dans Gratien tout ce qui, ayant trait à son
de l'autorité qui rassemble les conciles; il sujet, était épars çà et là.
[xii'SiÉCLE.] CHAPITRK L.XXIII. EHMENG.AUD. 807

Le livre III roule sur le rétablissement des Il renvoie très-souvent aux livres précédents
clercs déposés; il est divi?é en deux parties ou aux livres suivants, tandis que Gratien
où l'auteur traite du rétablissement des fois qu'il est né-
répète les textes toutes les
clercs déposés pour crimes publics et pour cessaire.
crimes occultes, dont le jugement est ré- Outre Gratien, Laborant a encore puisé
servé à Dieu. Il y examine aussi le mode dans Burchard, dans Anselme de Lncques,
avec lequel on doit intliger les peines, et il dans les papes Innocent 11, Eugène III,
arrive ainsi au livre IV, où il est question de Alexandre III. Dans le livre V, il cite plusieurs
l'excommunication; il en traite dans les trois passages du droit romain.
premières parties. Dans les quatrième, cin- Le m.érite de la collection, surtout si on la
quième et sixième parties, il parle du sacri- compare avec celle de Gratien, n'est pas
lège; dans la septième, du paijure, des jure- diliicile à saisir. La première otlïe plus d'or-

ments et des ditl'érenles formules de ser- dre et plus de méthode; mais la seconde,
ments; dans la liuitième, du mode d'excom- contenant !a division en causes et questions,
munication et de la manière de réconcilier et répétant les textes, a été plus utile et plus
les excommuniés, et sur la fin il disserte sur commode aux étudiants et aux gens du bar-
les bérëliques. Les neuvième, dixième et leau; aussi a-t elle été préférée. Laborant
onzième parties ont pour objet le mariage fait paraître une grande science du droit
et tout ce qui regarde le mariage, l'adultère, romain et du droit ecclésiastique; sa collec-
le divorce, la consanguinité, l'aûinité; mais tiou est surtout très-utilepour coiriger celle
sur plusieurs articles il ne fait qu'eflleurer la de Gratien. Aussi doit-on désirer son impres-
matière, parce qu'il l'a suffisamment traitée sion.
ailleursquand l'occasion s'en présentait. — Cette dissertation est suivie d'un appen-
Dans la douzième partie, qui est très-courte, dice où père Theiuer donne dos fragments
le
il embrasse tout ce qui concerne le for ec- de la collectiondu savant cardinal. 11 en
clésiastique, la puigalion des accusés, les avait déjà donné dans sa dissertation.
jugements injustes, et il arrive ainsi au li- 3. Ermengard, auteur de l'un des traités p,^
vre V, qui est tout entier consacré à l'expli- recueillis par Gretser ', parait au continua- °;,i.'

cation des jugements de l'Eglise. Il a quatre leur de l'Histoh-e littéraii-e de France -, être
parties. Dans la première, il est question de lemême personnage qu'Ermengaud de Saint-
l'ordre judiciaire, du pouvoir de porter des au diocèse de Niraes, et abbé de ce
Gilles,
jugements, et des accusateurs; dans la deu- monastère depuis 1179 jusqu'à l'an ll'Jo,
xième, il est question des témoins et des époque où Alain de Zislé lui a dédié un vo-
avocats; dans la troisième, des juges et de cabulaire. On lencontre, il est vrai, vers le
leur pouvoir; dans la quatrième, des appel- même temps, deux personnages du même
lations. Cette partie est la plus achevée. nom, l'un abbé de Valmagne, au diocèse
Le livre VI est un épilogue des livres pré- d'Agde; l'autre, évêque de Béziers, après
cédents, et il contient ce qui avait été omis avoir été abbé de Sainl-Pons de Tomières.
ou ce qui n'avait pu être traité dans les au- Mais Ermengaud, abbé de Valmagne, mou-
tres. Laboraut y traite de la consécration rut en 1171, avant que l'hérésie combattue
de? églises, de la célébration de la messe, dans ce traité eût pris de la consistance; et
du sacrement de l'Eucharistie c'est l'objet : celui qui a occupé le siège épiscopal de Bé-
des trois premières parties. Dans la qua- ziers depuis 1180 jusqu'en 1:205, serait dési-
trième, il est question du baptême, de la gné par le titre d'évcque plutôt que par ce-
confirmation, du caléciiisme et des exorcis- lui d'abbé, s'il était l'auteur d'un traité com-

mes. La cinquième est un appendice des posé, selon toute apparence, après 1180. Ce
autres parties; l'auteur y traite de l'eau bé- prélat est d'ailleurs connu par des poésies
nite et du culte de la croix et des images. provençales, dont Baluze a recueilli quel-
Laborant a surtout puisé dans Giatien; ques morceaux, sans le soupçonner aucune-
mais il a disposé les matières dans un ordre ment d'avoir écrit un ouvrage Ihéologique.
bien diQ'érent. Le premier a employé les Voici l'analyse du traité que nous attribuons
questions, et le second les néglige, en y sup- à Ermengaud ou Ermengard, abbé de Saiut-
pléant par des distinctions et des solutions. Gilles. L'ouvrage a dix-neuf chapitres. L'au-

Voycz Dupiii , Bibliothèque ries auteurs ecclcsiat tiques, tom. Xll de la deu.xième édilion. — » Toiu. .\I1I
HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
teur s'applique à prouver par des textes de snuvé. Enfin ils soutenaient que ceux qui

la Rible que Dieu a créé le monde; qu'il n'y étaient enpéché mortel ne la pouvaient don-
a pas deux Dieux; que le seul véritable est ner valablement '.
celui qui s'est révélé à Moïse; que le ma- Les derniers chapitres ont successivement
rias;e est permis; que la conception et la na- pour objet l'usage des viandes, la résurrec-
tivité de saint Jean-Baptiste ont été annon- tion des morts, l'invocation des saints, les
cées non par un démon, mais par un ange; jurements et le meurtre.
que le corps de Jésus-Christ était réel, véri- Il règne, comme
on le voit, fort peu d'or-
table et non fantastique ou aérien; qu'il faut dre dans cet ouvrage, qui, au reste, ne nous
des temples, des autels, des prières et des a point été conservé en totalité. Le chapitre
chants ecclésiastiques. Ermengard parle en- sur le meurtre n'a que deux lignes. Pour
suite des sacrements, savoir de l'Eucha- : l'ordinaire, Ermcngard emploie avec beau-
ristie, du Baptême et de la Pénitence. D'après coup de justesse et de bonne foi les textes
notre auteur, le sacrement du corps et du qu'il cite; mais il ne mérite pas toujours cet
sang de Jésus-Christ doit être célébré dans éloge. Ainsi, dans le chapitre de la péni-
l'église, les paroles de l'institution doivent tence, il applique à la confession des passa-
s'entendre d'une manière propre et non pas ges qui ne concernent que la profession pu-
figurée; le baptême est nécessaire pour le blique du culte et de la croyance. Un autre
salut, et on doit l'administrer aux enfants; défaut de cet écrit est de ne pas assez faire
la pénitence est nécessaire pour ceux qui connaître les opinions des Vaudois les ques- ;

sont tombés dans le péché, et elle est com- tions ne sont presque jamais posées d'une
posée de trois parties de la contrition, de
:
manière précise, le plus souvent on ne sait
la confession et de la satisfaction; et la con- pas prétend réfu-
q\ielle proposition l'auteur
fession au prêtre est nécessaire. L'un des ter. Le de Bernard de Font-Cauld est,
traité
plus longs chapitres est le quatorzième : il sous ce rapport et encore à d'autres égards,
est intitulé : De l'Imposition des mains , et de beaucoup préférable à celui d'Ermen-
n'est pas d'une parfaite clarté. L'auteur y gard ^.

disserte à la fois sur l'ordination et sur ce L'ouvrage que nous venons d'analyser pa-
qu'il appelle Consolamenlum. C'esl aaus doute rut d'abord en 1614, in-4°, avec les traités
la confirmation; mais il ne se sert pas de ce de Bernard de Font-CauId et d'Ebrard de
mot. et ce qu'il dit n'est pas toujours appli- Béthune.Tlfutréimprimé dans le IV» volume
cable à ce sacrement. Voici comment les hé- de la Bihlinfhèque des Pères de Paris, et dans
rétiques pratiquaient l'imposition des mains, le tome XXIV de celle de Lyon, en 1177, et
qu'ils appelaient consolation : Celui qui était enfin dans le tome XII des œuvres de Gret-
le supérieur parmi eux, après avoir lavé ses ser, publiées à Ratisbonne, d'où il est passé
mains, prenait le livre des évangiles et , au tome CCIV de la Pairologie, col. 1235-
avertissait ceux qui venaient pour recevoir 1272, avec une courte notice sur l'auteur,
la consolation, de mettre toute leur confiance tirée de Fabricius.
et l'espérance du salut de leurs Ames dans 4. Garnier de Rochefort, d'abord moine de
cette consolation; et ensuite, mettant le livre l'abbaye de Longue, devint abbé d'Anberive
des évangiles sur leurs têtes, il disait sept fois en U803. Il l'était encore, lorsqu'il concilia,
l'oraison dominicale et le commencement de en 1 183, les clercs de la chapelle ducale de
l'Evangile de saint Jean, depuis In principio Dijon, avec l'abbé et la communauté de
jusqu'à ces paroles : gratia et veritas per Je- Saint-Etienne de la même ville. Elu abbé de
sum Christum facta est. Ainsi finissait la cé- Clairvaux en 1186, il acquit un grand crédit
rémonie de leur consolation. S'il arrivait parmi les Cisterciens. L'année suivante, les
qu'il ne se trouvât pas de supérieur, quel- chevaliers de Calatrava en Espagne, séparés
qu'un des consolés faisait cette cérémonie, de Citeaux depuis quelque temps, dépêchè-
et les femmes mêmes la faisaient aux mala-
'

rent au chapitre général de l'ordre leur


des en l'absence des hommes. Ils croyaient grand-maître Nunès Pérès Quinonès, et pro-
que cette consolation remettait les péchés, mirent obéissance. Garnier voulait qu'ils dé-
et que sans elle il était impossible d'être pendissent immédiatement de l'abbayé de

' Voyez Dupin, Bihlioth. ecdésiasi., xii" sii'jcle. raire fie la Fi 'Vice, tom. XIII, pag. 34 'i et suiv.
' Histoire littéraire de la France, tom. XIII. {L'éditeur.)
s Nous empruntons cette notice à Vllistoire lilté-
, .

XIl'SIKCLE. CHAPITRE LXXIII. — GARNIER DE ROCHEFORT, ÉVÊQUE. 809


Morimond; l'abbé de Cîteaux et le chapitre fidèlesde son diocèse, comme ayant distrait
réglèrent celte association. L'importance de ou perdu les meubles et les immeubles de
l'abbé de Clairvaux est attestée par une let- son église, si bien que d'illustre et opu-
tre, datée du 1" octobre 1192, que lui adressa lente, elle devenait l'objet du mépris ou de
de Joppé ou Jatla, le roi d'Angleterre Ri- la compassion des églises ses voisines. Les
chard, pour l'informer de la victoire qu'il chanoines s'étaient rendus à Rome au jour
vient de remporter le 7 septembre sur Sala- assigné par le Souverain Pontife; Garnier
din. On peut conclure de cette épitre que n'avait point comparu. Seulement après de
Garnier avait contribué, par ses prédications, longs délais, deux personnes s'étaient pré-
à l'entreprise de la croisade de 1189. Le sentées de sa part; et quoiqu'elles ne fus-
prince anglais y déclare qu'il ne peut rester sent point munies de procurations, le Pape
lui-même en Syrie que jusqu'à Pâques 1193; leur avait donné audience des lettres lui
:

et que le duc de Bourgogne, le comte de avaient appris qu'au sein du chapitre de Ci-
Champagne et les autres croisés, n'y pour- leaux, Garnier avait pris la croix et s'était
ront subsister s'ils ne sont secourus. « Je voué à faire en personne le voyage de la
prie donc à genoux votre sainteté, ajoute le Terre -Sainte c'était volontiers le parti que
:

roi, d'exhorter tous les princes, les nobles, prenaient ceux qui avaient de mauvaises
les peuples, venir après Pâques défendre
.'i atïaires en Europe. Toutefois, Garnier ne
l'héritage du Seigneur, ainsi que vous nous partait point encore, mais il signifiait un ap-
y avez excité vous-même. » Aucun autre mo- pel en bonne forme. Par ménagement pour
nument de cette époque n'attribue une aussi lui, Innocent111 avait dilïéré le jugement
grande influence à Carnior dans ces événe- jusqu'à la veille de Noël, au grand déplaisir
ments. des chanoines, que ces letards impatien-
Manrique, s'en rapportant au catalogue taient et ruinaient. Le pape, après avoir re-
des abbés de Clairvaux, suppose que Gar- tracé ces faits, déclare à l'évêque de Lan-
nier gouverna ce monastère neuf ans, et gres qu'il ne veut pas lui causer le moindre
qu'en conséquence il n'est devenu évèque chagrin, mais que pourtant il ne peut plus
de Langres qu'en 1193; mais outre que la se dispenser de le suspendre de toute admi-
Chronique de Clairvaux indique ici 1192, on nistration spirituelle et temporelle , tant
a des actes épiscopaux de Garnier sous les parce qu'il est contumace, que parce qu'il
dates de 1193, 9i, 93 et 1196. De son temps parait bien qu'en effet il a fort mal rempli
les chanoines de Langres ne résidaient pas; ses devoirs épiscopaux. 11 lui enjoint donc
on essaya de les y forcer par un règlement d'observer iuviolablement la suspense , et
qui rei^'ut la confirmation de Célestin 111, et l'avertit que, pour terminer celte attaire le
que des juges désignés par lui, l'évêque de plus promptement et le plus canoniquement
Frascali, les abbés de Longue et de Clairvaux possible, l'évêque de Paris est chargé do
avaient rédigé. l'examiner sur les lieux et de la décider sans
Trois lettres d'Innocent III nous appren- appel, à moins que l'accusé ne préfère céder
nent que la fin de l'épiscopat de Garnier ne ^on siège, ce qui vaudrait encore mieux pour
fut pas heureuse. La première est datée du son repos et sou siilut. S'il ne donne point
16 mai 1198 et adressée à notre évèque. Ses sa démission. Innocent lui ordonne de se
chanoines, qui l'accusaient de dilapidation présenter devant l'évêque de Paris à toute
et d'incapacité, l'avaient cité devant le mé- réquisition et à l'etl'et de répondre aux
,

tropolitain de Lyon; Garnier avait appelé au plaintes du doyen de Langres, chargé de la


pape qui les ajourna, ainsi que lui, à la défense de cette Eglise. Mais, avant tout, le
Saint-Michel prochaine. 11 est sommé de pape veut que Garnier nomme un procureur
comparaître en personne pour répondre aux capable d'administrer provisoirement le dio-
accusations et pour exposer les griefs qu'il cèse. La troisième lettre pontificale est la
peut avoir contre les chanoines. En atten- commission donnée, sous la même date, à
dant, il lui est expressément défendu de l'évêque et au chantre de Paris. Elle leur
profiter du prétexte de cette discorde pour prescrit, s'ils trouvent l'évêque de Langres
dissiper les biens de son église. La seconde innocent de lever la sentence prononcée
,

lettre est datée du 22 décembre. On y voit contre lui, et de le décharger, sans appel,
que l'évêque de Langres était de plus en de toute accusation. Ils sont en même temps
plus dénoncé par les ecclésiastiques et les chargés de juger également sans appel
810 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
plusieurs démêlés particuliers entre l'évê- 5. Jusqu'ici nous n'avons énoncé aucun si
que et l'archidiacre de Langres, d'une part, détail quitende à placer Garnier au nombre
et ledoyen, ainsi que plusieurs chanoines, des écrivains; mais quarante sermons de
de l'autre; car il paraît qu'il régnait beau- lui, sur ditl'érenles fêtes, ont été publiés par
coup de dissensions graves ou légères dans dom Tissier, dans le tome 111 de la Biblio-
cette Eglise; on s'accusait réciproquement thèque de Cîteaux. Chacun de ces discours est
de déprédation d'incapacité et d'insuffi-
, précédé d'un texte sacré qui, pour l'ordi-
sance, et les ressentiments se nourrissaient naire, n'a aucun rapport avec le sujet, et
dans tous les esprits. n'est envisagé que dans un sens allégorique.
Soit que Garnier ait abdiqué, selon le L'orateur oublie bientôt ce texte et se perd
conseil du pape, soit qu'il ait été condamné dans un dédale d'allégories. On ne voit plus
par ses juges, on ne le retrouve plus à la du tout quel est son but, son dessein, ce
tête de l'Eglise de Langres en 1201; il y est qu'il prétend conclure; rien de ce qu'il dit

remplacé par le doyen Hilduin, le même qui ne ressemble à un raisonnement; il n'éta-


l'avait si constamment poursuivi depuis le blit presque aucune liaison entre ses idées;

temps de Célestin III. Elu dès l'an 1200, mais ses allusions ne sont pas seulement in-
Hilduin fut sacré le 1" juin de Tannée sui- cohérentes, la plupart sont fausses en elles-
vante. Manrique fait les plus grands efforts mêmes et sophistiques. On s'aperçoit bien
pour arranger toute cette histoire au moin- qu'il veut imiter les Morales du pape saint
dre désavantage du cistercien Garnier. Se- Grégoire sur le Livre de Job; mais il ne sait

lon cet historien, les dissipations de l'évêque pas même copier ce modèle, dans lequel
de Langres n'avaient été que les prolusions Fénelon discerne, malgré le mauvais goût
de la bienfaisance et de la charité. En butte qui y domine, des traits pleins de force et
à des persécutions injustes, il aima mieux de dignité. Les sermons de Garnier ne mé-
se croiser que d'aller subir des sentences. Il ritaient assurément pas d'être imprimés, à
était en Syrie lorsqu'on le jugea; absent, il moins qu'on ne voulût donner un exemple
fut absous, tant sa cause était bonne! De de plus de l'extrême dégradation du genre
retour d'Orient, il rentra dans son Eglise, et oratoire au xiv siècle. Cependant il ne laisse
y fut accueilli par des transports d'allé- pas d'annoncer des connaissances théologi-
gresse, par les bénédictions de tout son peu- ques assez exactes et assez étendues. Comme
ple et surtout des pauvres. Il fit d'amples ils roulent beaucoup plus sur le dogme que
largesses au monastère de Valdes-Chaus, sur la morale, ils fournissent à l'auteur des
comme on le voit par un cartulaire de cette occasions de faire usage de l'instruction

maison, dans lequel il est qualifié évêque et qu'il avait puisée dans les livres des saints
duc. 11 n'en prit pas moins la résolution de docteurs. 11 cite volontiers aussi, et même
quitter son évêché et de. se retirer à Clair- hors de tout propos, quelques écrivains pro-
vaus. Innocent III écrivait qu'il avait reçu sa fanes, principalement les poètes ; c'était un
démission toute volontaire, et qu'il lui avait autre travers des prédicateurs de cette épo-
accordé, pour sou entretien, quelques terres que. 11 parle des sept arts libéraux aussi
de l'Eglise de Langres; car on supposait pertinemment qu'on le pouvait faire alors;
alors que le pape disposait de tous les do- mais il ne manque point de les subordonner
maines, au moins ecclésiastiques. Cette con- à la théologie. Quand il retrace les grands
cession toutefois était faite à la condition mystères du christianisme, ce qu'il ne fait
que Garnier s'abstiendrait de rien inféoder, qu'incidemment son langage s'il n'est pas
, ,

de rien aliéner, de rien distraire d'une ma- éloquent, est du moins toujours orthodoxe.
nière quelconque, sous peine de nullité de Tout ce qu'il dit de la Trinité, de la chute
tout acte contraire. Manrique tire ces ren- de l'homme, de l'incarnation, de la grâce,
seignements d'une lettre du pape au chapi- de la crainte, de la différence qui existe en-
tre de Langres, en date du 14 mai 1201 Cette . tre les deux alliances, est digne d'un habile

lettre ne se trouve point dans les collections théologien. Il s'exprime sur l'Eucharistie
publiées. Quoi qu'il en soit, Garnier mourut avec une exactitude parfaite; il emploie le
à Clairvaux, et son épitaphe ne dit point en terme de transsubstantiation et traite de ,

quelle année. Comme il n'est plus fait men- dogmaliseurs ceux qui ne croient pas que
tion de lui après 1201, on peut le considé- Jésus-Christ soit tout entier sous chaque es-
rer comme mort en 1202. pèce du pain et du vin.
[xii' SIÈCLE. ] CH APITRK LXXIll. — GEOFROI , SOUS-PKIEUR DE SAINTE-BARBE. 811

De plus, il est certaines notions particu- dit de l'euseignement de la grammaire de


lières dont on doit savoir gré <i ce sermo- Priscillien dans les écoles, de la consécration
naire, parce qu'elles n'étaient pas très-com- des huiles dans les églises, et du culte que
munes; ce sont celles qu'il émet de l'iiisloire l'on s'obstinait à rendre, le 1" mai, à la

des opinions de Sabellius, d'Arius, de Moi- déesse Maïa, qui humectait et fertilisait la
nes, de Valentin et de plusieurs autres hé- terie. On n'a point, à beaucoup près, tous
rétiques des premiers siècles. 11 dit en quoi les sermons de l'évêquc Ganiier; car il ren-
ils s'écartaient de la foi catholique. D'un voie à ceux où il a expliqué les sept psau-
autre côté, il repousse aussi quelques opi- mes de la pénitence, el qui n'ont jamais été
nions nouvelles qui commençaient à s'accré- publiés. 11 parait que lorsqu'il était abbé
diter et qui se donnaient pour pieuses. Il d'Auberive cl de Ctairvaux, c'est-à-dire, de
prononce, sans ambiguïté que la sainte ,
118U à 1192, il faisait presque chaque jour
Vieige a été conçue dans le péché, qu'elle une instruction à ses religieux.
n'a été sanctifiée que plus tard, qu'elle a pu 6. On conservait à Clairvaux une autre

commettre des péchés véniels jusqu'à l'ius- production de Garnier de Rochel'ort; c'était
tanl concevant en elle-même Jésus-
où, un Gloisaire ou Dictionnaire latin; il n'est
Christ, elle a été remplie
de l'Esprit-Saint; connu que par le titre quedom Martèue nous
mais, en même temps qu'il se montre si dif- en a transcrit Vêtus glossarium quod cotnpi-
:

ficile sur cet article, il croit fermemenl que lavit Garnerius quundam Lingonensis episco-
la mère de Dieu, après être morte, est res- /JUS. Ce fut peut-être après son abdication
suscitée, comme son Fils, en corps et en livre et quelques autres in-
qu'il rédigr-a ce
âme. 11 prétend qu'Asterius et Hermès, deux diqués par Albéiic de Trois-Foulaiues. Ce
philosophes du roi de Perse, ont parlé de chroniqueur place à l'aunée 1200 la démis-
Marie et célébré ses vertus, soit que leur sion de l'évéque de Langres, et ajoute que
science et leur httérature aient pu s'étendre le pape lui permit de faire des ordinations
jusque-là, soit qu'un esprit prophétique les et de consacrer des églises; que, dans son
ait inspirés.A ce propos, Oarnier cite de loisii', il se mit à compiler de nouveaux li-

longs passages de cet Astérius, de cet Her- vres, à composer de nouveaux traités, outre
mès et d'un poëte qu'il nomme .\lbum;izar ;
les sermons assez subtils, salis subtiles, dont
passages singuliers et bizarres, mais dans il était auteur.
lesquels on démêle, malgré leur obscurité, Dans quelques actes de l'évéque Garnier,
des idées et des expressions empruntées à nom est écrit Warnerius. Ses sermons
son
la Bible, ce qui peut sembler un signe de ont passé de la Bibliothèque de Cîteaux, dans
supposition. Le prédicateur s'arrête à ces le Cours complet de Patrologie de M. l'abbé

prétendus témoignages, les explique, y Migue, tomt! CCV, col. 330-828. Ils y sont
cherche et y trouve des allégories. En cet précédés d'une notice sur l'auteur, tirée de
endroit sa crédulité et sa déraison n'out la Gallia C/iristiana nova, tome l\.
point de bornes. Nous empruntons la notice suivante au
7.
Ailleurs, il nous apprend quelles étaient tome V du Dictionnaire de la Patroloyie; elle
Birlvi Su
les paroles qu'écrivit Jésus-Christ sur le ter- est elle-même extraite de l'Histoire littéraire
rain, lorsque les docteurs de la loi et les de France, tome XIII.
la
pharisiens lui amenèrent la femme adultère; Geofroi, sous-prieur de Sainte-Barbe, ot
les voici : Terra, terra, terra, judica kos vi- Godefroi, chanoine régulier de Saint-Victor
rus abdicalos. 11 ne dit point d'où il prend de Paris. —
Ce double nom, joint à une dou-
ces mots, mais il les retourne dans tous les ble qualité désigne-t-il deux personnages
,

sens, et en lire autant d'allusions qu'il lui dili'érents ou bien un personnage unique qui
plait. C'est apparemment saint Pierre Chry- aura habité successivement, et à ditTércnts
sologue qu'il prétend citer sous le nom de titres, deux maisons du môme ordre? Cette
Piene de Ravenne, connue ayant avancé, dernière opinion est celle des auteurs de
dans ses décrets, que, selon les lois humiii- y Histoire littéraire de la France, et nous nous
ncs, toutes les questions sont assoupies par y rangeons volontiers, mais sans nous croire
une pre;;crii)tion de trente années. Ou peut obligé de détailler toutes les raisons iju'ils
recueillir encore, dans ses sermons, un petit apportent pour l'établir.
nombre d'autres détails relatifs aux coutu- Nous ne saurions rien sur la personne de
mes de son temps; par exemple ce qu'il : cet écrivain, si lui-mcmo ne nous eût ins-
-

8d2 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


truitde quelques circonstances de sa vie, n'étaitpas alors, comme aujourd'hui, un
dans un prologue qu'il a placé à la tête de faubourg de Paris, non plus que Saint-Martin
son grand ouvrage, intitulé Microcosmus ou des Champs ni Saint-Germain des Prés
, :

Petit monde. On y voit qu'avant sa retraite, tout comme il n'y a pas longtemps encore
ce savant avait enseigné quelque part, et on continuait d'appeler un ermitage une ,

qu'il n'était plus jeune lorsqu'il prit ce parti, solitude, le Mont-Valérien, qui se trouve si-
vetcranus. Comme ses amis et surtout ses tué aux portes de Paris.
élèves lui reprochaient d'avoir préféré le Par ces considérations et par plusieurs au-
repos au travail et d'avoir enfoui dans l'obs- tres encore que nous engageons nos lec-
curilé d'une solitude oisive les talents que teurs à rechercher dans VHistoire littéraire
Dieu donnés pour l'utilité du pro-
lui avait de France, nous nous croyons fondé à ne
la
chain, il lépond à ces plaintes dans son pro- faire du sous-prieur de Sainte-Barbe et du
logue, et encore mieux par l'ouvrage qu'il chanoine de Saint-Victor qu'un seul et même
leur adresse. 11 les prie de se souvenir que, personnage. Cependant, par déférence pour
s'il avait reçu de Dieu quelque talent, il en ceux qui penseraient autrement, nous traite-
avait usage, pendant plusieurs années,
fait rons séparément des écrits de l'un et de
pour leur utilité, soit par des instructions l'antre, en commençant par ceux du sous-
verbales, soit par des écrits, soit en leur prieur de Sainte-Barbe.
donnant l'exemple du travail. Il ajoute que, 8. Nous avons, sous le nom de Geofroi, sa^i.

pour récompense de tant d'efforts il n'a- , sous-prieur de Sainte-Barbe, cinquante-deux


vait recueilli que des persécutions, au point lettres qui ont été publiées par dom Mar-
qu'on avait attenté à sa vie, car c'était ce tène, sur un manuscrit de l'abbaye de Lire
qui l'avait déterminé à s'ensevelir dans la en Normandie. Sa correspondance la plus
solitude. active fut à Jean, abbé de Beaugerais, en
Casimir Oudin, qui avait lu ce prologue, Touraine dont Geofroi nous a conservé
,

en conclut que Geofroi avait enseigné à Pa- cinq lettres. L'abbé Jean lui expose dans la
ris, et son opinion a été adoptée par tous première la frayeur qu'il éprouve de se voir
ceux qui ont eu occasion de parler de ce à la tète d'une communauté. Geofroi lui ré-
professeur. Quant à nous, nous n'y voyons pond pour l'encourager, et il félicite sa com-
rien qui désigne Paris plutôt qu'un autre munauté, qu'il appelle notre vigne, parce
lieu l'auteur dit même que ceux à qui il
; qu'il l'avait cultivée lui-même auparavant,
adresse son livre demeuraient loin de lui. d'avoir à sa tète un tel vigneron. L'église de
Résidant à Sainl-Viclor, aurait-il pu se dire Beaugerais, près de Loches, avait appartenu
éloigné d'eux, s'il eût enseigné à Paris? Cette aux chanoines réguliers de Sainte -Barbe
circonstance nous autorise à abandonner avant de passer, en 1173, à l'ordre de Ci-
l'opinion d'Oudin, et à chercher ailleurs le teaux, et Geofroi y avait fait quelque temps
théâtre de l'enseignement de ce professeur. sa demeure.
Nous croyons devoir le placer à Sainte L'abbé Jean s'étant proposé de faire un
Baibe, dans pays d'Auge, en Normandie.
le voyage à Sainte-Barbe, en fut empêché par
Dom Martène a publié cinquante -deux les troubles qu'excita en Normandie en ,

lettres de Geoffroi de Breteuil, sous-prieur 1173, la guerre du roi de France contre ce-
des chanoines réguliers de Sainte-Barbe. lui d'Angleteire. C'est ce qui donna lieu à
Cette maison suivait la réforme de Saint- la cinquième lettre de Geofroi, et à la
Victor, comme celle de la ville d'Eu, qui sixième, qui est de l'abbé Jean. La dixième,
l'avait peuplée, et nous voyons qu'une as- écrite à Geofroi par un chapelain de l'é-
semblée ayant été tenue, vers l'an H74, à vêque de Worchesler, est relative à la même
Paris, relativement aux malversations d'Er- guerre dont on annonce la cessation en
vise, abbé de Saint-Victor le sous-prieur
, 1174.
de Sainte-Barbe fut obligé de s'y trouver. Dans la septième, Geofroi propose à l'abbé
On peut donc supposer que Geofroi, ayant de Beaugerais d'acheter une bibliothèque
éprouvé à Sainte-Barbe les tracasseries dont qui était à vendre à Caen. Cetle acquisition
l'auteur du Microcosmus se plaint, avait choisi était importante pour un nouvel établisse-
pour sa retraite la maison de Saint-Victor, ment, mais les fonds manquaient. Geofroi,
chef-lieu de son ordre. S'il appelle cette dans la lettre dix-huitième, s'adresse à un
maison un désert, une solitude, c'est qu'elle certain Pierre Mangot, qui avait déjà beau-
,

[xu-siÈCLE.] CHAPITRE LXXIll. — GEOFROI, SOUS-PIUEUR DE SAINTF.-BARBE. 813

coup contribué à l'établissement des cister- réforme de Beaugerais, et il ne fallut pas


ciens à Reaiigerais; il lui représente que, moins que la réputation du saint homme
pour compléter son ouvrage, il est essen- auprès de Henri II, roi d'Angleterre, pour
tielde leur procurer une bibliothèque, parce faire réussir celte all'aire. C'est ce que dit
qu'un monastère dépourvu de livres ressem- Geofroi dans sa lettre vingt-huitième aux
ble, dit-il, à un château fort sans muuitions. religieux de Beaugerais. Hamon mourut l'an
Enfin tout s'arrage pour le mieux, et l'abbé ini, et, en mourant il avait légué son ma-
Jean écrit à son ami qu'il peut arrêter la bi- nipule et son étole à fon ami Geofroi. Celui-
bliothèque pour son compte avant qu'elle ci garda pour lui le manipule comme un
soit vendue à un autre. C'est l'objet dé la trésor précieux, et il envoya l'étole avec ,

lettre vingt-unième. d'autres reliques qu'il tenait de Hamon, aux


La seizième est encore de l'abbé de Beau- religieux de Beaugerais, le tout accompagné
gerais, pour se plaindre de ce que Geofroi s'é- d'un écrit qui contenait la relation de sa vie
tait refroidi à son égard, parce qu'il avait été et de su mort, écrit qui ne se trouve plus
longtemps sans lui écrire. Celui-ci proteste et qui vraisemblablement était l'œuvre de
dans la suivante qu'il n'en est rien, et qu'il Geofroi.
aurait grand tort de ne pas aimer une com- La lettre suivante, vingt-neuvième, est
munauté pour laquelle il s'était donné tant adressée à l'abbé Jean. Geofroi annonce à
de mouvemeuts auprès du roi d'Angleterre, son ami le désir qu'il aurait de l'aller voir,
jusqu'à encourir les reproches de certaines si ses affaires le lui permettaieut. Comme il

gens qui pensaient sur cela autrement que se mêlait un peu de poésie, il lui envoie
lui. trois pièces de vers très-spirituelles. Ludus
L'abbé Jean, dans la lettre vingtième, avait de pastoriùus, De diyitis, De picturis , afin,
annoncé à son ami le désir qu'il avait d'aller que vous appreniez à vous jouer agréa-
dit-il,

le voir à Sainte-Barbe, au retour du chapitre blement dans le champ des Ecritures et à

de Citeaux Geofroi l'attendait avec une vive


; trouver dans les plus petites choses des con-
impatience; mais ne le voyant pas arriver ceptions sublimes. Dans la lettre quarante-
avec les autres abbés de Normandie, il s'é- quatrième, il se dit auteur de quelques can-
tait rendu à Paris à l'invitation d'un abbé tiques ou épilhalames qu'il avait composés
de son ordre, pour assister à un concile de- pour un de ses amis, appelé Augustin, (^est
vant lequel devait comparaître cet abbé. dommage que d'aussi belles choses ne soient
Nous ne connaissons pas ce concile de Pa- pas venues jusqu'à nous.
ris; mais nous savons que, vers le même Nous n'avons plus de lettres de l'abbé
temps, Ervise, abbé de Saint-Victor, fut re- Jean depuis la vingt-troisième mais les ,

cherché pour avoir enlevé du trésor, lors de trente-cinquième, quarantième et quarante-


sa déposition, un dépôt d'argent et d'autres huitième de Geofroi lui sont encore adres-
objets précieux. Sur quoi on peut voir les sées. Elles ne contiennent que des prolesta-
lettres du cardinal Albert, du titre de Saint- tious d'amitié et des compliments, surtout la
Laurent iiiLucina, de Guillaume, archevêque deruièje, dans laquelle Geofroi dit à son
de Sens, à Maurice, évéque de Paris, et ami qu'il a le talent d'instruire comme saint
d'autres lettres qui ont été imprimées par Jérôme, de prouver comme saint Augustin,
dom Martène. Quoi qu'il en soit, ce lut pen- de s'élever comme saint Hilaire, de s'abais-
dant l'absence de Geofroi que labbé de ser comme saint Chrysostôme, de reprendre
Beaugerais alla le tiouver à Sainte-Barbe. comme saint Basile de consoler comme
,

Geofroi, dans ses lettres vingt-quatrième et saint Grégoire, de presser comme RuDn
vingt-cinquième, lui témoigne le regret qu'il d'encourager comme saint Eucher, de pro-
a d'avoir manqué sa visite, et rend compte voquer comme saint Paulin, et de ne pas se
de ce que nous venons de dire. rebuter comme saint Ambroise. Cela prouve
Le sous-prieur de Sainte-Barbe était lié au moins que Geofroi connaissait les pères
d'une étroite amitié avec le bienheureux de l'Eglise, même les pères grecs et ce qui
Hamon de Landacop, moine de Saviguy, qui, les caractérise car nous no voyons pas que
;

au rapport de Robert du Mont, dans sa chro- ce qui nous reste de l'abbé Jean mérite un
nique, était agréable à Dieu et aux hommes aussi bel éloge.
par sa sainteté et sa grande charité envers Geofroi avait envoyé à Roger, autrefois
les pauvres. Ils travaillèrent de concert à la prieur de Saiul-Abraham au diocèse de Saint-
814 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Malo, un ouvrage de sa composition, intitulé tagne au Perche, mais à Mortagne en Tour-
De videndo Deo. Roger l'en remercie dans la naisis. Quoi qu'il en soit du personnage,
lettre vingt-sixième, et reconnaît que l'au- Geofroi exhorte le prieur de Séez à conti-
teur a traité celte matière à la manière de nuer son ouvrage, qui doit hii faire beau-
saint Augustin ;
que tout y est exact, écrit coup d'honneur, parce que la matière est
avec élégance et une grande pureté de style. abondante, remplie de nectar, de Heurs et
Geofroi, dans la lettre vingt-septième, rejette de perles. C'est un sujet beau et agréable à
modestement ces éloges, qu'il ne croit pas traiter , resplendissant comme l'écarlale ,

mériter. qu'un plaisant qui connaîtrait


Il dit brillant comme l'or, élégant comme la soie
son livre et qui lirait la lettre obligeante de et égalant pour la délicatesse la toile la plus
Roger ne manquerait pas de faire la cigogne fine. Le pi leur de Séez eût bien désiré que
derrière De son côté, il exhorte son ami
lui. Geofroi se chargeât de la continuation de
à continuer un ouvrage qu'il avait entrepris, cet ouvrage ; mais il s'en défend, parce que,
persuadé qu'il ne pouvait sortir de sa plume dit-il, ce serait gâter un si beau sujet par la
rien que de bon et d'admirable. Si ces ou- disparate du style, ne croyant pas le sien
vrages existent quelque part, on pourra les assez relevé pour atteindre à cette hauteur.
reconnaître au portrait que nous en faisons Nous sommes fâché de ne connaître ni cet
ici, et s'ils sont anonymes, nous nous ap- ouvrage, s'il existe, ni celui qui en est le
plaudissons d'en avoir signalé les auteurs. sujet.
Geofroi était lié d'amitié avec le prcchan- En général, les lettres de Geofroi nous
tre de l'abbaye de Troarn, désigné par la font connaître plusieurs littérateurs incon-
lettre R. Ne pouvant communiquer avec lui nus d'ailleurs, avec lesquels il était en rela-

aussi souvent qu'il l'aurait désiré, il le priait De ce nombre


tion. est un certain maître W.,
dans la lettre trentième de lui composer un surnommé Tuobe, qui avait demeuré non
cantique Cantando mihi cdiquid favorabik
: loin de Sainte-Barbe, bien connu, dit-il, par
de canticis Sion. Le chantre lui répond par un ouvrage qui l'avait mis en réputation et
une longue lettre bien triste, bien sérieuse, lui faisait beaucoup d'honneur. 11 rapporte

sur les misères du monde. Nous trouvons de lui, dans la lettre douzième, un trait sa-
dans la lettre de Geotroi un trait singulier tirique contre les moines, qui lui donne
qui mérite d'être recueilli, c'est que nous quelque conformité avec le génie de Brunel-
sommes redevables aux grues de l'invention lus Nighelli, auteur d'un écrit lameux contre
ou du moins de de l'alphabet. Mer-
l'idée les moines, ayant pour titi'e Asinun, sive :

cure, suivant ayant observé les ditié-


lui, spéculum stultorum. Ce livre est dédié à frère
rentes formes régulières que prenaient entre Guillaume, qui n'est peut-être pas dillérent
eux dans leur vol audacieux ces oiseaux de maître W., surnommé Tuobe. Au moins
attroupés pour faire de longs voyages, ima- est-il certain que ces deux auteurs étaient

gina qu'en représentant ces formes par des contemporains. Quoi qu'il en soit, voici le
liguressemblables, il élèverait la pensée lait. Quelqu'un était venu faire part à Tuobe

de l'homme jusqu'aux plus hautes concep- du dessein qu'il avait d'entrer en religion.
tions, et l'auteur cite Cassiodore pour son Dans ce cas-là, répondit Tuobe, voici ce que
garant. vous avez à faire pour être un bon moine :

Les lettres trente - troisième quarante-,


ne faites usage ni de vos oreilles ni de vos
unième, quarante-troisième, quarante-sixiè- yeux; laissez-vous conduire comme un bau-
me, quarante-neuvième, sont adressées à det; mangez tranquillement votre prébende.
Hugues, prieur de Saint-Martin de Séez, Alors vous pourrez chanter ce veiset 22 du
jeune homme qui avait ent' épris de compo- psaume lxxii « Me voilà comme une mon-
:

ser la Vie d'un saint personnage qui n'est ture à votre disposition. » il jument umfactus
désigné que par les lettres Wal ou par la sum apud te. Geofroi était zélé pour l'avan-
double initiale W, et qui était même encore cement de la science ecclésiastique; il prê-
vivant selon la lettre quarante-deuxième
, che partout l'étude et l'application. Une
écrite par le prieur Hugues. L'éditeur sup- chose remarquable dans ses lettres, c'est
pose qu'il s'agit là de Gautier de Mortagne, qu'elles finissent presque toutes par des sen-
évêque de Laon, mort en H74, parce que tences en vers, relatives aux matières qui y
Mortagne, au Perche, n'est pas loin de Séez. sont traitées.
Mais l'évêque de Laon était né, non à Mor- 9. Les compositions connues sous le nom
,

[xirsiÈCLE.l CHAPITRE LXXllI. — GEOFROl SOrS-PRlEUR nE SAINTE-RARRE. 815

de Godefroi, cbanoiue de Sainl-Viclor, rou- rumque hominem appellari tam philosopkus


lent sur la théologie et la philosophie. Quelr quam theokigus teslalur.
ques-uiies sont en vers, les autres en prose, et i Il y M quatorze de ses sermons dans les
I . su

aucune na encore été irapriniéc. deux manuscrits dont nous venons de parler.
10. Le livre qui porte le titre Microcosmus Ils roulent sur les principalesde l'année, l't'tes

se propose pour objet de nous présenter depnislepremierdiiiianchnde l'Avent jusqu'à


l'homme comme un monde en raccourci. C'est la Nativité de la sainte Vierge. Mais il est

à proprement parler un commentaire allégori- évident qu'aucun de ces manuscrits n'est


que du premier chapitre de la Genèse. Lou- complet dans celte pailie, et qu'il y en man-
vrage des six jours est pour ainsi dire le cane- que au moins un, puisque l'auteur dans ,

vas sur lequel l'auteur brode toujours en allé- son Microcosme renvoie au sermon qu'il
,

gorisant. 11 observe que les philosophes aussi avait composé pour la fête de tous les
bien que les théologiens s'accordent à re- Saints. 11 faut donc que l'annaliste de Saint-
garder sous dillérents rapports l'homme Victor, qui en compte jusqu'à trente-un, ait
comme un petit monde. En etl'et, dit-il fait une somme totale des sermons contenus

comme le monde est composé de quatre élé- dans l'un et l'autre manuscrit, quoique ces
ments, de même l'homme est doué de qua- scimons soient les mêmes. An moins est-il

tre facultés, qui sont : la partie sensitive, ceitain qu'il n'en existo que quinze à la
l'imagination, la raison et l'inlelligence. Tout bibliothèque impériale , en comptant pour
comme au premier jour Dieu créa le ciel et deux le premier, divisé en deux parties.
la terre, de même en créant l'homme Dieu Quant au mérite de ces semions, ils n'ont
le rendit capable de comprendre les choses rii'n de plus remarquable que tant d'autres

terrestres et célestes. C'est en faisant ces du même temps, qui ne sont que do fioides
comparaisons et ces rapprociiements que dissertations sur quelques textes de 1 Ecri-
l'auteur parcourt tous les versets de l'Hexa- ture sainte.
méron de Moïse. Fomphilosophiœ, qui, par-
12. L'éciitinlitulé
'"'
Cet ouvrage est divisé en trois livres. Dans mi manuscrits de la bihliothèque de Saint-
les
le premier, on parcourt les trois premieis 1 198, est aujourd'hui à la bi-
Victor, était coté
jours de la création, auxquels on lapporte bliothèque impériale sous le n'gii. C'est un ou-
les facultés naturelles de l'homme et leurs VI âge d'une composition sin,i;ulièro, divisé en

etl'els,qui sont les arts mécaniques et libé- quatre livres dont le premier est en prose
,

raux, dont on donne une assez ample des- riméc, par strophes ou quatrains ayant une
cription. Le second roule sur les qualités même désinence, les autres sont en vers élé-
morales de l'homme, combinées avec les giaques. Dans le premier livre, l'auteurnoiis
détails de l'œuvre des quatrième et cin- donne sur les ditl'érentes écoles de Paris des
quième jours. La charité, avec les diti'éren- renseignements précieux que l'on ne trouve
tes formes qu'elle prend dans les ditl'érentes nulle antre part, et qu'il est bon de recueillir.
vertus qu'elle anime, lait la matièi e du der- L'ouvrage est dédié à Etienne abbé de ,

nier livre. C'est à quoi se réduit en précis Sainlc-Ueneviève, qui, comme nous l'avons
la substance de cet écril, où règne une mys- dit, fut fait évêque de Tournay en 1191. En

ticité souvent très-alambiquée. On y recon- tète de l'épitre dédicaloire, l'auteur n'a mis
naît facilement le goût dominant des théo- que la première lettre de son nom, G. qui-
logiens du xii° siècle pour les allégories, les dam pauper Christi, usage fort commun en
tropologies ou les sens figurés dans l'inler- ce temps-là parmi les gens de lettres, soit
prétatiun des auteurs sacrés. en parlant d'eux-mêmes, soit en nommant
Cet ouvrage existait dans deux anciens les autres, mais usage très-incommode au-
manuscrits de la bibliothèque de Saint-Vic- jourd'hui pour ceux qui, comme nous, sont
tor, cutés 1011 et 1199. Ils sont aujourd'hui obliges de lire leurs écrits. Cependant on a
à li biljliolhèque impériale, sous les n"' TSi mis en toutes letires, à la marge du litre, et
et 913. Dans l'un et dans l'autre on lit, en d'une écriture aussi ancienne que le manus-
lettres rouges, après le prologue dont nous crit, qui est du xir siècle, le nom de l'au-

avons parle : MicrocosTitus Godefridi canonici teur, f'ratris (Jodefrtdi canonici H. Victoris, ce
Hancti Victoris J'arisiensis, et le premier livre qui ne laisse aucun doule que Uodefioi ne
commence par ces mois : Mundi nomine plv- soit l'auteur de cet ouvrage.
816 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Pour donner une idée de la facture de ses les mêmes images dans le Microcosme, h la
limes, il suffira de transcrire ici et de figu- fin du premier livre, lorsque l'auteur fait la
rer en même lemps la première strophe du di;scriptiou des arts mécaniques et libéraux
premier livre : avec toutes leurs i-amifications.
Nûctis erat terminus et soporis mei, Godcfroi déploie ensuite l'avilissement où
Et fugabat tenehras nuntiusdiei. ces arts sont tombés; à quoi succède l'éloge
Expergiscor, nescius nffuturœrei, des grands maîtres de l'antiquité dont on li-
Socris ductus monilis et inslinctu Dei.
dans les écoles. Las modernes,
sait les écrits

Ce déjjut, dont nous supprimons la suite, ou plutôt les sectes ou écoles qu'ils ont for-
est pour dire que l'auteur va parler de toutes mées, viennent à leur tour; celles des nomi-
les sciences naturelles et divines. Le pre- naux et des réalistes, dont on parle avec as-
mier livre truite en etfet de tous ces objets, sezdeliberté,paraissentd'abord sur la scène.
dont on repasse quelques-uns plus en détail On réprouve la première, et on n'admet la
dans les livres suivants. seconde, dont on distingue plusieurs bran-
On commence par les trois jij'emières Fa- ches, qu'avec restriction :

cultcs des arls, connus sous le nom collectif Adsunt /lis se socios quidam nominales,
de Trivium, savoir la grammaiie, la dialec- Nontine, non numine, lalium sodules.

tique et la rhétorique, qu'il compare à trois Alii vicinius adsuni, quos reaies
Ipsu nuncupavit res, quod sint laies.
grands IJcuves, et dont il retrace assez bien
le caractère. Ue ces trois fleuves, dit l'auteur,
Nam si pro realibus variis errorum
Polerat realium dici nomen horum,
le premier coule lentement et sans détours Tamen excusabilis error est, eorum
dans un lit étendu son eau bienfaisante donne
; Menti contradicere mos est insanorum.
naissance aux tendres arbrisseaux, et répand Nam quœ mens vel cogitai nomen esse genus?
la fécondité dans les terres qu'elle arrose : Solus hoc crediderit mentis alienus,
Cum sit tôt generibus rerum mundus plenus;
Horum primutn sparyitur campo latiore.
Cujus genus nomen est, semper sit egenus.
Et per plana labitur via vectiore :
Hoc virgulta ieuera suo créât rare, Cœlerum, realium sunt quamplures sectœ,
Hoc fecundat alia vena pleniore. Quas reaies dixeris a reatu recte ;
Quia veri tramitem non eunt dtrecle,
Le second fleuve, roulant ses eaux dans Nec fluenta gratiœ hauriuni perfecle.
des lieux inconnus ou peu fréquentés, em- Gilbert de la Porée avait aussi fait une
porte rocliers, bois et tout ce qui s'oppose à secte, laquelle, en triplant les dix catégo-
son cours; son lit est étroit, inégal et plein
ries, renversait, suivant notre auteur, les
de sinuosités, ce qui donne à ses eaux une fondements de la dialectique.
force et une impétuosité à laquelle rien ne
Ex his quidam tempérant Porri condimenla,
peut résister :
Quorum genus credilur geminis contenta,
At secundum transiens loca latebrosa, Decem rerum triplicant hi prœdicamenta,
Rupe<, iticos. invia frangil scrupulosa : Everluntur veterum per hoc fundumenta.
Ilujus via strictior et unfructuosa,
Il traite de fous les albéricains, ou disci-
Hujus aqua fortior et impetuosa.
ples d'Albéric, maître difl'érent de celui de
Le troisième se promène mollement dans Reims, quoique, selon le témoignage de
une i)rairie cliarmante, dont il embellit le Jean de Salisbury, cet Albéric fut Irès-op-
sein île l'émail de mille fleurs. Ses flots vont posé aux nominaux. Adliœsi, dit-il, maghtro
plus loin que ceux des autres fleuves. Sa Alberko, qui inter cœteros opinatissimus dia-
marche est d'abord lente, mais à mesure lecticus eminebat et erat rêvera nominalis
,

qu il avance, elle devient précipitée. sectw acerrimus impugnator. Voici le texte de


Tertium lasciviens per atnœna pruti, Godefroi, tel qu'il est dans le manuscrit,
VeriaU flore viirio sinus picluruti :
altéré sans doute, car il n'est pas trop intel-
Hujus fluilus cœteris longius vagati,
ligible.
Prirnum tardi, poslea currunt concitati.
Aliter, sed pariter, errât Albricanus,
Tel est, ajoute-t-il, ce fameux Trivium, Cujus sortes œgtr fit, si non manet sanus
connu de tout l'univeis, sur la base duquel Sed quia velociter transit homo vanus,
Etiam, dum morilur, maneat insanus.
sont assises plusieurs villes, dont quelques-
unes lui durent autrefois la prééminence Les disciples de Robert de Melun viennent
qu'elles avaient sur les autres. On retrouve à leur tour, et sont les plus maltraités. Parmi
(xii'SiÈci-E.I CHAPITHE LXXIII. — GEUFllOI, SOUS-PRIEUR DE SAlNTE-BAllBE. Si-
les traits que Godefioi leur lance, on croit ses pour donner <'i cet ouvrage de maçonne-
apercevoir qu'ils tenaient leur école sur le pont ne put
rie toute la solidité piissible, ce
sommet de la monta,i;ne Sainte-Geneviève, résister longtemps aux elforts de l'eau dans
et qu'ils se rapprochaient un peu des nomi- les grandes crues. L'I.istorien Rigord nous
naux, ce qui pourrait bien être la raison pour apprend que trois de ses arches furent ren-
laquelle il les comptait pour rien. versées au mois de décembre d206, dans
Hœrent saxi vei lice tutbœ RuLertinte, une inondation extraordinairement forte, et
Scixeee duriliœ vel adamonliiKe, telle qu'on ne se souvenait pas d'eu avoir
Qi'os nec rigat pltwia
neque tos docirinœ : jamais vu de pareille. Le professeur qui te-
Vêlant amnis nlitum scoptilorum minœ.
nait alors cette école était Jean, surnommé
Ipsi fiilsum liiiganl nihil sequi vere;
Qtiomvis tamen ipsimel post hos aOiere
du Petit-Pont, qui, suivant Gilles de Paris,
Qui de solo nomine fingunt mille ferre :
son contemporain, était un puits de science,
Igitur pro nihilo licet hos censere. et passa tonte sa vie à expliquer les anciens
Leur maître, comme on l'a dit ailleurs, auteurs. Après avoir lait le dénombrement
était Anglais, et avait icçu le surnom de Me- des littérateurs, et surtout des poètes qui,
lun parce qu'il avait enseigné longtemps de son temps, avaient illustré les écoles
,

en cette ville. En dl62, il devint évêque de Paris, Gilles termine ainsi sa nomencla-
d'Herfort, et mourut en HC7. Au reste, si ture :

les robertins étaient tels que notre auteur A'ei.' mentoro cunctos, aliquosque transeo, sicut
les représente, ils avaient altéré sans doute
Swpe retenlatis auclurum excursibus, ilium
Viisis ùiexhausti parvo de ponte Joannem.
la doctrine de leur chef, attendu qu'en ma-
tière lliéologique il employait avec beau- Nous n'entrerons pas dans un plus grand
coup de circonspection les maximes d'Aris- détail sur cette production, qui, dans le pre-
lote, comme on le voit par
son Traité de mier livre, embrasse toutes les branches de
l'Incarnation, conservé manuscrit à Saint- la littérature alors cultivée, dont on ne dit
Victor, et dont on a publié d'amples extraits qu'un mot en passant, pour s'arrêter ensuite
dans ['Histoire de l'Université de Paris. avec complaisance sur la théologie, â la-
La secte des parvi-pontains est celle qui, quelle est consacré le reste de l'ouvrage.

au jugement de Godelroi, mérite la prélé- Après avoir parlé du corps naturel de Jésus-
rence sur toutes les autres. Dans l'éloge Christ, soit dans le ciel, soit dans l'Eucha-

qu'il fait de leur enseignement, il nous ap- ristie, on y traite ensuite de son corps mys-

prend aussi la raison de leur dénomination. tique, c'est-à-dire de l'Eglise, dont Jésus-
C'est qu'ayant fait construire à leurs fiais le Clirist est le chef; et, à ce sujet, on passe

Petit-Pont de Paris, ils y avaient assis des en revue tous les membres du corps humain,
maisons où ils logeaient et tenaient leurs de manière qu'au premier aspect on pren-
écoles. Ce pont était lemarquuble par son élé- drait cette presque totalité de Touvrage pour

gance et sa solidité. Non-seulement la ma- un traité d'anatomie mais ce n'est rien ;

çonnerie en était excellente, mais on avait moins que cela on ne paile des fonctions
:

couvert de cuivre ks piles sur lesquelles il


particulièies de chaque membre que pour

reposait, pour en assurer davantage la du- en tirer des moralités ou de pieuses allégo-
lée. Les parapets avaient des ouvertures par ries. L'abbé Lebcuf s'y est trompé le pie-

lesquelles on pouvait regarder dans la ri- mier. Ce livre, presque tout entier iie des-
vière.Ce pont était pavé, ciiose que l'auteur criptions, avec ses rappiocliemeuls et ses
regarde comme une singularité, parce qu'à comparaisons continuelles , est excessive-
celleépoque la ville ne l'était pas encore. ment diliicile à analyser. \o\\k pourquoi
Tout cela est exprimé eu cinq quatrains, nous nous sommes contenté d'en indiquer
dont nous nous contenterons de rappoiterle le sujet, après nous être étendu sur la pre-

dernier, parce qu'il peint 1 estime profonde mière partie, pour donnera nos lecteurs une
que 1 auteur portait aux illustres maîtres de idée des sectes philosophiques qui divisaient
celte école. alors les écoles.

Venerandus sedel hic ordo seiiiortim, .\ la suite de cet écrit vient une autre pro-
El docirinœ gratta prueminens et nioriim :
duction de notre auteur, en prose rimée,
Siniplices erudiunt turbus populnruui
;
dont le sujet est l'éloge de saint Augustin,
beutus populus lalium rectomm.
il y relève surtout les combats que le saint
Malgré les précautions que l'on avait pri- docteur eut à soutenir contie les hérésies
AlV. u2
818 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
qui s'élcvèrenl clans l'Eglise tic son Icmps. archidiacre de celte Eglise, il en devint évê-
L'ouvrage commence par ces vers : que. Voici comment Césaire d'Heisterbach,
Auguslini gloHœ meritis prœclarœ moine de Cileaux, raconte son élection.
Laudes, quantum dabor, rhythmo cumulare, etc. Le siège de Paris vaquait par la mort de
Oiidin, snr la foi de l'Annaliste de Saint- Pierre Lombard, arrivée en H60. Les suf-
Victor ,nous apprend que Godofroi avait fi'ages ne se réunissant sur aucun candidat,
aussi composé un cantique en l'honneur de les électeurs s'accordèrent à investir trois
lasainte Vierge, et une complainte dans le membres de leur propre assemblée du droit
goût du Sta/iat mater. Ces deux pièces n'exis- de nommer définitivement l'évêque. Les opi-
tent pas dans les manuscrits de Saint-Victor nions de certains électeurs se trouvèrent
que possède maintenant la Ijibliotlièque aussi inconciliables que celles de l'assem-
impériale. blée qu'ils représentaient, etils ne sortirent

Il est de s'expliquer comment,


difficile d'embarras qu'en concentrant à leur tour
jusqu'il nos jours, les principaux au moins leurs pouvoirsdans la personne de l'un d'entre
de ces ouvrages n'ont jamais été imprimés. eux. Cet électeur unique était Maurice de
Ils sont pourtant de nature à piquer la cu- Sully, qui, après les réflexions sérieuses
riosité des lecteurs, et nous avons lemarqué qu'exigeait un choix aussi grave , fit à ses
dans le cours de celte analyse que, de temps deux collègues la déclaration suivante « Je :

en temps, on y découvre des documents ne dois choisir qu'un homme qui me soit
très-précieux. Nous faisons des vœux pour parfaitement connu comme dévoré du désir
que cette lacune soit comlilée et qu'où , d'être utile, et non de l'ambition de com-
puisse les retrouver au moius et les
lire dans mander. Je veux bien supposer cette dispo-
nos grandes bibliothèques. [M. Migne, au sition dans quelques-uns des candidats mais ;

tome CCV, col. 827-888, reproduit les lettres je ne saurais en répondre; je ne puis sonder
de Geofroi et celles qui lui sont adressées, leurs consciences; je ne lis clairement que
et au tome CXCVI, col. 1417-1422, il donne dans la mienne. Donc, pour ne rien hasarder,
une notice sur Godefroi, supérieur de Saint- c'est Maurice de Sully que je nomme. »
Victor de Paris, avec quelques fragments Cette anecdote n'a pas même le mérite du
des écrits de cet auteur, qu'il distingue de bon sens. Un pareil procédé n'était en rap-
Geofroi, sous-prieur de Sainte-Barbe.] port ni avec le caractère connu de Maurice,
13. L'Histoire littéraire de la France, t. XllI, ni avec les règles canoniques qu'il violait
nous fournit une notice sur Maurice de Sully, ouvertement. Cependant, tel qu'il est rap-
et l'analyse de ses ouvrages. porté par Césaire, le plus simple et le plus
L'écrivain dont nous allons parler n'ap- crédule des historiens, dit à ce propos Casi-
partenait nullement à la famille de ce nom. mir Oudin, ce récit n'en a pas moins été
Il était né de parents pauvres et obscurs, dans adopté par Duboulay et reproduit dans la
un village appelé Sully (Soliiaco), sur les bords Nouvelle Gaule chrétienne.
de la Loire. Il se vit, pendant sa jeunesse, Maurice a fondé les abbayes d'Hérivaux,
réduit à la mendicité. Vincent de Beauvais, d'Hermière, d'Hière, de Gif et de Saint-
Guillaume de Nangis et d'autres écrivains rap- An toine-des-Champs. Mais le fait capital de
portent qu'il refusa, un jour, une aumône son épiscopal c'est la construction de la
,

qu'on ne lui oll'rait qu'à la condition qu'il re- cathédrale de Paiis. Il en fit poser la pre-
noncerait à devenir jamais évoque. 11 est mière pierre par le pape Alexandre III, et,
sans doute fort étrange qu'on ait pensé à exi- pendant plus de trente ans, consacra tous
ger d'un mendiant un engagement pareil. ses soins au succès de cette entreprise. Pau-
Quoi qu'il en soit, Maurice ne voulut pas le vre et sans patrimoine, comment s'y prenait-il
prendre. C'est qu'apparemment il se sentait pour doter des monastères et pour bâtir un
dès lors une vocation décidée à l'épiscopat, temple? Il s'adressait, répond le père Morin,
et que, dans son dénùmenl extrême, il avait à ceux qui devaient accomplir quelque péni-
un pressentiment de sa grandeur future. 11 tence, et la leur remettait, en tout ou en par-
vint étudier et bientôt après enseigner à Paris. lie, moyennant des conli ibutions pécuniaires.
Il
y prêchait avec succès, lorsqu'on le nomma C'est par cette industrie spirituelle, dit le
chanoine de Bourges; mais il était destiné à même théologien ,
que Maurice subvint à
une dignité plus éminente. Après avoir quitté une dépense à laquelle eût à peine suffi le
Bourges pour être chanoine de Paris, puis trésor d'un prince. Voilà, dit Richard Simon,
9,,

[xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXXllI. — MAURICE DE SULLY ÉVÈQUE DE PARIS. Si

un l)cl exemple ilc rulilité des indulgences. sistèrent de leurs prétentions, et (iuillaume,
Cepciidiint, il se Irouvait des gens de bien qui n'avait point intérêt â condamner celles
qui n'appiouvaient point ce manège, et l'in- du prélat, assoupit ce différend.
dustrieux prélat ayant demandé à Pierre-le- Maurice de Sully se livra toujours avec
Chanlre ce qu'il en pensait, celui-ci lui ré- zèle à l'étude et à l'enseignement de la théo-
pondit qu'il ferait mieux d'exhorter ses dio- logie. 11 n'adoptait point les opinions de son
césains à ne rien retrancher de leurs péni- prédécesseur Pierre Lombard; il soutenait
tences. Quoi qu'il en soit, la catiiédrale fut surtout que la vierge Marie n'avait point
Maurice de Sully qu'en ap-
bâtie, et c'est ù échappé ù la tache originelle, et il ne per-
partient l'honneur; ceux qui le lui ont con- mettait point de célébrer dans son diocèse la
testé ont été victorieusement léfutés par fête de l'Immaculée-Conception. Mais il fut
l'abbé Lebeuf. Sur ce point, les témoignages un ardent défenseur du dogme de la résur-
positifs sont si nombreux , dès la lin du xii' rection des corps, et, pour contredire plus
siècle et pendant les deux siècles suivants, solennellement les nombreux ennemis de
que leur autorité ne saurait être ail'aiblie par cette croyance, il fit insérer dans l'ollice des
le silence du Nécrologe de l'Eglise de Paris, Morts ces paroles du livre de Job (xix, 23, 27) :

silence néanmoins bien c'trange dans un ou- Credo quod Redemplor meus vivit et in novis-
vrage qui contient un long détail de bien- simo die de terra surrecturus sum , et in carne
faits beaucoup uioins importants de ce pré- inea videbo Salvatorem meum, quem visurus sum
lat des chapes, des tuniques, des aubes et
: ego ipse et non alius, et oculi mei conspecturi
des encensoirs dont on lui est redevable des ; sunt; reposita est hœc spes mea in sinu meo. Pen-
soins qu'il a pris pour mieux loger l'évèque, dant sa dernière maladie , il fit placer sur sa
et pour accroître de cent manières les reve- poitrine un écriteau qui contenait ces mêmes
nus de l'évêché. 11 est sans doute étonnant paroles, et avec lequel il fut enterré. 11 est,
que l'on fasse un inventaire scrupuleux des dit-on, le premier qui ait donné cet exemple
donations les plus légères, et que l'on ne qui, dans la suite, n'a pas manqué d'imita-
dise pas un seul mot delà construction d'une teurs. Maurice mourut à Saint-'Victor, où il
cathédrale. A la vérité, cet édifice ne fut s'était retiré pour se mieux disposer à paraî-
achevé que sous Odou, successeur immédiat tre devant Dieu.
de Maurice et quelques parties n'ont été
, 14. On a de Maurice de Sully des chartes,
construites que plus taid; mais on ouvrait des lettres, des sermons et quelques traités
déjà le chœur lorsque Maurice de Sully théologiques.
mourut. 1" Ses chartes ont peu d'importance; mais

En 1163, il baptisa Philippe-Auguste, Ois il nous semble à propos de les citer, parce
etsuccesseur de Louis-le-Jeune; et lorsqu'eu qu'elles prouvent que Pierre Lombard n'a
1188 ce prince établit la dime saladine pour pas vécu jusqu'en HC-4, comme on l'a dit
subvenir aux frais des croisades, Maurice et souvent, mais qu'il est mort en 1160, ainsi
d'autres prélats y consentirent dans un con- que l'ont observé les auteurs de la Nouvelle
cile de Paris. Cette complaisance ne fut pas Gaule chrétienne. On connaît l'acte par lequel
universellement approuvée parle clergé fran- Maurice, prenant, en 11 GO, le litre d'évêquc
çais. Pierre de Ijlois, par exemple, trouva de Paris, établit des chanoines réguUers à
fortétrange qu'on dépouillât l'Eglise en pié- llérivaux. Nous avons trouvé dans le 'trésor
tendant combattre pour elle, et qu'on exigeât des Chartes sept autres articles de ce prélat
des ecclésiastiques un antre tribut que celui qui n'ont point encore été publiés ni indiqués.
de leurs prières. Maurice, toutefois, ne né- 11 y confirme, en 1170, un accord entre une

gligeait point les intérêts temporels de son église et un nommé Adam Panier; en 1173
épiscopat. 11 eut à soutenir, pour des droits une donation faite à un hôpital par Ameline,
honoriliques ou pécuniaires, plusieurs démê- fille d'Yvon le prêtre; en 1182, un engage-

lés avec des abbés et des moines; il en eut ment pris par Hugues de Marelles et Erem-
même avec le chapitre de sa cathédrale. 11 burge, son épouse en faveur des frères de
,

de savoir si les revenus du doyenné


s'agissait riiopital de Paris; en 1191, d'autres dons
vacant apparleuaient au chapitre ou à l'évè- faits uu même hôpital; en ll9't, une donation

que ; l'allaire fut portée au pape Alexandre 111, à l'église de Vincennes d'une vigne située à
qui conmiit, pour la décider, (juillaume, ar- Muntreuil. Dr, dans ces deux dernières pièces,
chevêque de Sens; mais les chanoines se dé- les années 1191 cl 1194 sont appelées la 31'
HlSTOlIiE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
et la 34«de l'épiscopat de Maurice, et l'ac- Il contient des discours aux prêtres sur leurs
cord daté de H72 l'est en même temps de la fonctions pastorales. Les copies manuscrites
i2' année de cet épiscopat, qui, par consé- de ces divers sermons soit en latin soit en
, ,

quent, a dû commencer en 1160. Des diplômes français, sont assez nombreuses. 11 en existe
de Maurice de Sully en faveur de l'abbaye de à la bibliothèque impériale, à la bibliothè-

Saint-Victor, des chanoines de Saint-Germain que ambroisienne de Milan dans celle du ,

d'Auxerre, de l'église de Sainl-Cloud, ont été collège de la Trinité à Dublin, et des cha-
insérés en divers recueils, ainsi qu'une tran- noines réguliers de Saint-Nicolas à Passaw
saction enti e lui et Roger, abbé de Coulombs, en Bavière. On en trouvait aussi au collège
au sujet de l'église de Saint-Germain-en- de Navarre, à l'abbaye de Saint-Germain-des-
Laye, que les moines de Coulombs prélen- Préb, au chapitre de Sens, à Saint-Bénigne
daient posséder sans dépendance de l'évêque. de Dijon, chez les sulpiciens de Bourges et
2° Ses lettres sont au nombre de six, elles chez les chanoines réguliers de Tournay.
trois que Ducbesne, Duboulay etMartène ont Ceux que possédait l'abbaye de Saint-Victor
recueillies ne consistent qu'enpeu de lignes à Paris se retrouvent à la bibliothèque impé-

et sont dun faible intérêt. Elles sont adres- riale. Maurice de Sully est cité et même loué

sées à l'évêque de Clermonl et à Guillaume comme prédicateur par Henri de Gand par ,

aux blanches mains. Les [rois autres, écrites Trithème, par Sixte de Sienne, par Granco-
au pape Alexandre 111, en 1169 et 1170, con- las. Cependant ses discours ne consistent

cernent l'atlaire de sainl Thomas de Cautor- presque jamais qu'en paraphrases vulgaires
béry. La première contient des plaintes con- et souvent peu justes des textes du Nouveau

tre Gilbert, évèque de Londres; la seconde Testament. Son éloquence est bien froide et
rend compte delà conférence qui s'est tenue sa latinité fort peu élégante. Les versions
près de Paris, entre Thomas et le roi d'An- françaises ont plus d'intérêt, parce qu'elles
gleterre. La conduite de ce prince est amè- sont au moins des monuments du langage de
rement censurée dans la troisième qu'éciivent celte époque, et quoiqu'elles ne soient peut-
en commun Maurice de Sully et Bernard, être pas du xm' siècle nous croyons d'au-
,

évèque de Noycn.jDn a aussi trois lettres du tant plus devoir en parler ici, qu elles parais-
pape Alexandie à Mauiice pour le charger
,
sent avoir été laites peu d'années après la
de commissions particulières relatives à Ray- mort de Maurice. L'abbé Lebeuf a déjà fait
naud, abbé de Flavigny; à Hugues, arche- connaître ces traductions; nous ne transcri-
vêque de Sens; aux moines de Cluny, qui rons qu'un petit nombre de lignes des mor-
demandaient qu'on leur restituât un domaine ceaux qu'il en a publiés d'après le manuscrit
envahi par un officier du roi Louis MI. Ce de l'Eglise de Sens, et nous y joindrons un
prince, dans une lettre à l'évêque de Paris, extrait du manuscrit de Saint-Victor.
le prie de nommer un clerc appelé Bar ou « Dici Jhesus [Joan. xxi, 17j : fasce oves
Barbadare au premier bénéfice qui vaquera. mcas. Segnor prevoire (prêtres), ceste parole
Enfin, Guillaume, archevêque de Sens, lui ne mie solement dite à mousegnor saint
fut
adresse, en 1171 ou 1172, une lettre dans Pierre. Quar et à nos fu ele dite aulsi qui
laquelle Ervise, abbé de Saint-Victor, est ac- sommes ellui de lui el siècle et qui avons les
cusé de cacher le trésor de cette abbaye. oeilles (ouailles) Damediu {Domini Dei, du
Voilà tout ce qui nous reste de la correspon- Seigneur Dieu) à garder ce est son puple à :

dance de Maurice de Sully pendant les trente- governer et à conseillier en cest siècle, et qui
six années de son épiscopat. avons à faire le bueu mestier e terre de lyer
3° Ses sermons n'ont d'importance que par les aiimes et de deslier en conduire devant
la traduclion française qui en a été faite pres- Dieu... Issi poons nos dire que la premeraine
que de son temps, ou du moins au commen- cose qui estbesoignable al prevoire qui tient
cement du XIII' siècle. Les uns sont adressés pari'oce (paroisse) si est sainte vie et bêle que
au peuple, les autres aux prêties; les pre- il doit démener devant Deu et devant son
miers ont été distribués en deux livres et puple. Sermo in circumcisione Domini. Segnor
portent le titre de Sermons pour les dimanches et dames, hui si est li premiers jors de l'an
et fêtes. Un autre livre de Maurice, intitulé : qu'il est apeles un rennes {annus tenascens).
Ue Oratione Bominica et ejus seplem partions, Ac cest jor sueleut malvais chrestien salonc
li

n'est aussi qu'un recueil de prédications, et la costume des païens faire sorceries et cha-
il en est de même du livre De cura animarum. raies, y por lor sorceries, y por lor charaies
.

LXIl' SIECLE.] CHAPITRE LXXIll. — ODON, ÉVÈQUE DE TOUL.


suelent expermenter les aventures qui sont tré pendant trente-six ans pour la construc-
avenir... Nous trovons lisant en la sainte tion de la cathédrale de Paris est son princi-
Evangil d'ui que noslre Deus par co qui; i!
, pal titre de gloire.
par soi mcisme volt garder le loi que il avait [Le tome CCV de la Patrologie, col. 897-
donnée, que il al wislime (huitième) jor de 906, indique ou reproduit les écrits de Mau-
sa naisence, quiliuiest, voltestre circumcis. rice. Les trois lettres adressées au pape
» Si dilûjitis me, mandata tnea serval''. {Juan Alexandre sont au tome CC. Les diplômes
.\iv,15). Segnor et dames, por amor Uen, or sont au nombre de quinze; plusieurs sont
entendez reste reson. Il ni a nul de vos s'il reproduits d'après le cartulaire de Notre-
avait un suen ami qui deult venir ù son hos- Dame de Paris. A la suite viennent dix char-
tel por lui voir qui moût ne se penast de net- tes qui regardent l'Eglise de Paris, et qui
toyer et de bien appareiller la meson au furent données sous le gouvernement de Mau-
miaux qu'il oncques porrait et panserait com- rice. Une notice sur Maurice, tirée de la Gal-
ment il la peut faire fere bêle et nete; si lia christiana nova, tome \'1I, précède les écrits
quand ses amis veurait qu'il ne veist rien qui de cet évêque.]
le dèspleust et se vos ce festes por un liome 16. Odon, de la famille des Vaudemont,
tcrien l'amor doquel est trespassable, mont après avoir rempli, dans l'Eglise de Toul, les
lou devriez mos miaux faire por l'amor à ce- charges d'archidiacre et de trésorier, fut
lui qui est li vcrais amis, et qui bien aide élevé, en H92, à la dignité épiscopalc de
aux suens là où mil autres ne le puet aidier cette même Parmi les actes de son
Eglise.
et dex qui est ores cil bons amis et cil verais épiscopat, on cite son voyage à Home et ce-
ami qui ce est. C'est cil qui consaille les des- lui qu'il fît à Cluny pour s'édifier. Le chapi-

conseilliez, qui avoie les desavoies, bians tre de Toul était alors composé de soixante
sire, et qui est cil sps {spiritus) veritatis , etc.. chanoines et de cent clercs ou vicaires. Odon
el devons nos donques recevoir hui et avoir réduisit les chanoines ii cinquante, avec l'au-

son saint espriz devons... si comme je vos ai torisation du pape Célestin 111. S'étant croisé
dit en commencement. Si diligitis me, man- pour la Terre-Sainte, il mourut en chemin
data mea sermte. » eu 1198 '. Ou a de cet évéque des statuts sy-
On cite deux éditions des sermons de Mau- nodaux dressés la première année de son
rice CD fiançais, l'une in-4°, sans date; l'au- épiscopat. Ils concernent les ravisseurs des
tre de Lyon, en loH, in-8°. Nous n'avons pu biens des églises , les excommuniés et les
rencontrer ni l'une ni l'autre. vaudois. défend de célébrer les offices di-
Il

-4° .Vyant considéré comme des recueils de vins dans les lieux par où passent les choses
|j

sermons les livres de Maurice qui portent les enlevées injustement aux églises. Il veut que
titres De cura animarum, De oratione Dominica, ceux qui violent les statuts portés contre les
nous n'avons plus qu'un seul traité tliéolo- ravisseurs soient privés de l'office et du bé-
gique à lui attribuei-; c'est un livre De canonc néfice; ordonne la cessation des divins of-
il

missœ, que Montfaucon cite comme se trou- fices, si on vient à ensevelir quelqu'un dans
vant manuscrit dans la LiblioliièquedeSaint- le cimetière en temps d'interdit. Les moines
Sulpice ù Bourges; et tout ce que nous en fugitifs sont déclaiés, jusqu'à leur retour,
pouvons dire est que l'auteur est appelé sanc- excommuniés chaque dimanche dans toutes
tus Mauritius dans l'intitulé de ce manuscrit. les paroisses. L'excommunication est pronon-
;j
15. On avait une très-haute idée des ver- cée contre celui qui aura célébré en présence
*; tus de ce prélat et il a longtemps conservé
, d'un excommunié, et ce prêtre est en outre
" assez de réputation, quuiqu il n'ait joué au- privé à perpétuité de son office et de son bé-
cun rôle Ijien remarquable dans les grandes néfice.Tout prêtre excommunié qui célèbre
atïaires de son siècle. L'histoire civile ne fait les saintsmystères encourt la même peine.
mention de hii que parce qu'il a baptisé Phi- Ordre à tous les fidèles, clercs el laïcs, pour
lippe-.\ugusle; et nous venons de voir que la rémission de leurs péchés, d'enchaîner les
ne sauraient lui assi-
les écrits qu'il a laissés hérétiques vaudois qu'ils trouveront, el de
gner un Irès-liaut rang dans le catalogue des les amener au siège épi.<copal de Toul pour
auteurs ecclésiastiques. Le zèle qu'il a mon- y recevoir le chûtinicnl qu'ils méritent. Ces

' Voyez su notice dons la Gallin christiaua unvn, de lu Pulro/uyic. col. 913-916.
toni. XIII, pag. 1004 ; elle est reproduite nu loin. CCV
822 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
statuts, d'abord par Martène, au
publiés 924. En voici l'inscription A Frédéric, par :

iome W
du Thésaurus Anecdfjt.,soniTeproàuûs, la grâce de Dieu triomphant et très-glorieux
,

au tomeCCV de la Patrolof/ie, col. 913-918. empereur des Romains , Gérard évêque de ,

Aieundre, 17. Alexandre, abbé de Jumiéges, com- Cahors :


>"égM; posa, vers l'an 1200, une épitre purement Parcere subjectis et debellare superbos ^.

théologique. Elle est écrite à un religieux 19. On trouve un article assez long sur
dont le nom n'est indiqué que par la lettre Matthieu de Vendôme dans \' Histoire littéraire
initiale R. L'auteur s'y propose d'expliquer de la France, tome XV, p. 680. Nous en rap-
ces paroles de l'Evangile : Quem dicunt homi- portons ici l'abrégé.
nes esse filium hominis? (Mattli., xvi, 13). Ma- Matthieu de Vendôme était antéiieurde près
tière importante, dit-il, qu'il aurait traitée en d'un siècle au célèbre Matthieu, ablié de Ven-
langue française , en présence des auditeurs dôme, abbé de Si-Denis et régent du royaume
les plus novices, s'il n'eût trouvé l'entreprise sous les ri'gnes de saint Louis et de son fils

par trop épineuse. En effet, la ditficulté d'un Philippe-le-Hardi, ce qui n'a pas empêché plu-
tel sujet se laisse assez voir, même dans l'é- sieurs graves et savants auteurs de confondre
pitre latine, qui pourtant s'adiesse à un théo- ces deux personnages. L'écrivain qui nous
logien exercé. Toutefois, le savant auteur dit occupe a consigné dans son poème sur Tobic
qu'Adam seul est appelé fils de la terre; que plusieurs circonstances de sa vie, et la glose
Jésus-Clirist seul est appelé fils de l'homme; qui accompagne le texte dans la première
que tous les autres sont nommés fils des édition fournit quelques autres pai'ticularités.
hommes. 11 ajoute que le nom latin Homo est De ces passages il résulte que Matthieu
des deux genres; qu'il ne détermine pas le était né à Vendôme ;
qu'il avait fait ses études
sexe; qu'ainsi la qualification de Filius homi- à Paiis et à Orléans, et qu'ayant sans doute
nis convient parfaitement au fils d'une vierge. perdu son père de fort bonne heure, son on-
k la vérité, le texte oriental de saint Matthieu cle paternel avait pris soin de lui; qu'après
porte fils d'.^dam, et non fils de l'homme; ses études terminées, il était allé demeurer
mais, selon l'abbé de Jumiéges, ces deux à Tours avec cet oncle, qui y était mort. Peu
mots se correspondent, et le premier n'a ici de temps après, Barthélémy de Vendôme
que la valeur du second. Le reste de l'épitre ayant été nommé à cet archevêché, Matt'nieu,
contient beaucoup plus d'argumentations que qui était son compatriote , s'attacha à lui ainsi
de résultats clairs et précis '. Elle a été pu- qu'au doyen son frère. Ceux-ci, l'ayant pris
bliée pour la première fois par Martène, en amitié, le placèrent assez bien pour qu'il
tome I'' du Thésaurus Anecd., ci a été insérée fût content de sa fortune, .\ussi ne tarda-t-il
au tome CCV de la Patrologie, col. 9)9-9^2. pas à consacrer les loisirs que lui laissait sa
<vf*"c''df
^^' *J'^''^'''^ (Hector), évéque de Cahors, place à la composition de son poème. On
cbor». mourut en 1199; mais il était évêque depuis ignore l'époque de sa mort, mais il parait
plus de cinquante ans, et ce fut en 1169 qu'il vraisemblable qu'il mourut vers la fin du
nous donne lieu déparier
écrivit la lettre qui xii= siècle.
de lui. Dans un voyage qu'il faisait en Italie poème qui a fait un nom à Matthieu
20. Le
pour visiter un de ses parents, Eble, vicomte de Vendôme est en vers élégiaques, et con-
de Ventadour, qui revenait de Jérusalem et tient toute l'histoiredes deux Tobie père et ,

qu'une maladie lelenait au Mont-Cassin; fils, de leurs femmes. Le style en est pres-
et
Gérard (Hector) et ses compagnons tombèrent que partout au-dessous du médiocre; le latin
entre les mains d'une troupe armée qui les et les vers en sont fort plats. Il est rempli de
fit prisonniers. Obtenir sa délivrance et celle digressions et de superUuités; aussi a-t-il plus
des gens de sa suite, tel est le but de la let- de deux mille deux cents vers, y compris la
tre qu'il adresse à l'empereur F'rédéric, et préface et l'épitre dédicatoire qui sont en ,

dans laquelle il se dit parent du marquis d'.\u- vers de la même mesure que ceux du poème.
busson, pour qui l'empereur avait de la bien- Dans la préface, l'auteur compare l'Ancien
veillance-.Dom Lucd'Achéry a publié cette Testament à un champ plein d'excellentes
lettreau tome II du Spicilége. Elle est repro- semences et de bonnes plantes. Les vertus
duite au tome CCV de la Patrologie, col. 923- des anciens patriarches Noé, Abraham , aux-

Hisloiie littéraire de la France. Virg.. .€nei't., VI, 854.


Histoire littéraire de la France, tom. XV, p. 609.
[xii CHAPITRE LXXIU. — THOMAS LE CISTRRCIEN. 823
quels il Simôon,
joint Lolli, Job, Saloraon et trois Thomas les font tous vivre à peu près
sont les semences et les plantes de justice dans le même temps, c'est-à-dire vers la liii
que l'on y trouve chacun d'eux s'est rendu
; du xii« siècle; ils leur attribuent à chacun un

célèbre par une vertu le seul Tobie les ras- ; ouvrage qui porte le même titre. Du reste,
semble toutes. C'est sur la version do saint ils ne nous donnent aucune espèce de ren-

Jérôme qu'il entreprend d'exercer sa verve. seignements sur leurs actions ni sur les pla-
Apre? celte préface, qui n'est que de dix ces qu'ils ont occupées. N'esi-il pas très-
vers , vient l'éfàtre dédicatoire à l'archevêque vraisemblable que le moine auteur de cet
de Touis, dont nous avons tire les traits re- ouvrage, ayant passé successivement d'un
de la vie de l'auteur, et qui
latifs à l'histoire mona tère à un autre, aura été désigné, sui-
ne contient du reste que de grands éloges vant les temps où se faisait la copie de son
de l'archevêque Barthélémy, et de son frère ouvrage, tantôt comme moine de Vaucelles,
le doyen. tantôt comme moine de Perseigne, et enfin
Le poème est divisé en trois parties ou sec- par le seul nom de Cistercien, titre que peut-
tions. L'histoire des deux Tobies et de leurs être il finit par adopter.
femmes y est racontée sans intervention de « Mais l'identité de ces personnages ne nous
faits, sans épisode et sans autre embellisse- parait plus douteuse après l'cxamon atten-
ment que les fréquentes réflexions morales tif de quelques manuscrits du livre qui leur
et religieuses de l'auteur, les discours pro- est à tous les trois attribué; déjà elle avait
lixes et les longues prières qu'il met dans la été regardée comme très -vraisemblable par
bouche de ses personnages, et certains jeux de Visch , dans sa Bibliothèque des Ecrivains
ou plutôt certains arrangements de mots qu'il de l'ordre de Cîteaux.
fait symétriser les uns avec les autres, arti- « Ce livre est un Commentaire du Cantique
fice ou espèce d'ornement, presque le seul des cantiques. Des trois manuscrits qu'en pos-
qu'il emploie et auquel il revient souvent. sède la bibliothèque impériale, souslesn°^ 473,
Tout mauvais et tout ennuyeux qu'est 362 et 363, les deux derniers portent au titre
ce poème, il a cependant eu plusieurs fois le nom de Thomas Cisterciensis; mais on lit,
les honneurs de l'impression, d'aboid à Lyon, dès la première ligne du manuscrit 473 /«- :

chez Jehan du Pié, 1489, petit in-fol., avec cipit exposilio domini Thomœ, monachi abbatiœ
une glose ou commentaire pour en faciliter de Vaucellis, summœ super Cantica canticorum.
l'intelligence, in-4°, 1303, 1306, 1320, et in-8°, .<\insi, du Commentaire sur le Cantique
l'auteur
1340, On le trouve aussi dans le recueil inti- des cantiques est désignédans les manuscrits
tulé : Auctoresocto morales, hy on 1338 et 1340; tanlôt par le nom
de Thomas de C îteaux tantôt ,

dans les de Bûle 1363. La meil-


Poetœ sacri, par le nom de Thomas de Vaucelles.
leure édition est celle qui parut à Brème sous « Cesmauuscrits sont conformes dans pres-

ce titre Matthœi Viiidocinensis historia sacra


: que tout leur contenu; on trouve seulement,
(le Tobia; accedit Ain/jrosius Mediolaiwms de au commencement du manuscrit 562, un long
eadem hùloria, cwa Joarmis Heringii, Bremœ, et ennuyeux ouvrage où toutes les lettres de
in-8°, 1642. C'est celle qui est reproduite au l'alphabet sont passées en revue, et qui n'a
tome CCV de la Patrologie, col. 927-988. Elle que peu ou point de rapport avec le Cantique

y est précédée d'une notice tirée de Fabri- des cantiques. Il est sans nom d'auteur. Ce
cius. n'est qu'au bas du folio 16 qu'on lit : Incipit

L'Histoire littéraire de la France donne la prologus morjistri Thomœ Cisterciensis monachi,


listede plusieurs autres écrits inédits com- super Cantica canticorum. Vient ensuite une
posés par Matthieu de Vendôme; ils n'inté- épilre dédicatoire à Ponce, évêque de Cler-
ressent pas assez notre ouvrage pour nous y mont, que l'on ne trouve point dans le ma-
arrêter phis longtemps. nuscrit 473 lequel porte le nom de Thomas
,

21. Voici une partie de l'article consacré à de Vaucelles. Mais dans tout le reste, les
Tiiomas le Cistercien , au tome XV de l'//is- deux manuscrits se ressemblent.
loire littéraire de lu France, p. 328. « Le manuscrit 363 n'est pas complet. Il

Nous réunissons ici trois noms qui, scten


n commence par le du comnien-
sixième livre

nous, désignent un seul cl même person- laire, et c'est le septième dans les deux au-
nage. Voici les motifs qui appuient notre tres manuscrits, et aussi dans l'ouvrage im-
opinion. primé dont nous parlerons bioutôl.
(i D'abord les auteurs qui ont parlu de ces Jusqu'ici, il nous parait bien prouve que
(.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Thomas de Vaucelles et Thomas le Cistercien plainte contre lui, et obtint sentence du maî-
ne sont qu'un seul écrivain puisque nous , tre du sacré palais, qui défendit de publier
avons le même ouvrage sous ces deux noms. le livre nom
que sous celui de
sous tout autre
Nous ne pouvons démontrer avec la même Thomas le Cistercien. On fut en conséquence
évidence l'identité de cet auteur avec un Tho- obligé d'en changer le frontispice. La sen-
mas de Perseigne dont on trouve le nom
, tence, que Casimir Oudin rapporte en entier,
dans les listes d'auteurs du xn= siècle; la bi- est du 1.5 mars I6oo, indiction huitième.
bliothèque impériale ne possède point de ma- « Examinons maintenant l'ouvrage en lui-

nuscrits qui portent ce dernier nom. Mais il même, et tel que l'a publié Josse Radius; il
y avait dans la bibliothèque des moines de sera facile de juger ensuite s'il méritait bien
Morimond, comme nous l'apprend de Viscb, de devenir, au xvii' siècle, le sujet d'une que-
un manuscrit qui contenait Expositiones : relle violente entre deux moines de différents
quasdam in Cnntica canticorum, éditas a fratre ordres.
Thoma de Peesenia. L'abbaye de Pcrseigne Le savant imprimeur qui l'a publié le
1)

étant, comme
l'abbaye de Vaucelles, de l'or- premier en 1521 le dédie au père D. Edmond,
,

dre de Cîteaux il est assez vraisemblable,


, abbé de Clairvaux, qui en avait examiné le
comme nous l'avons déjà remarqué, que le manuscrit avec attention, et l'avait jugé très-
Thomas auteur du Commentaire sur le Can- digne d'être livré au public. A ce motif qu'il
tique des cantiques aura été indififéremment avait de lui offrir l'ouvrage, Josse Radius en
désigné tantôt par les noms des abbayes de ajoute un autre c'est qu'il ne doute point
:

son ordre dans lesquelles il avait vécu tan- , que Thomas son auteur, ait été non-seule-
,

tôt par celui de Cistercien. De là est venue ment du même ordre que l'abbé Edmond,
l'erreur de ceux qui ne jugeant que sur les
,
mais encore moine de la même abbaye de
titres des manuscrits, ont fait trois et même Clairvaux. Ainsi, aux abbayesde Vaucelles et
quatre auteurs du même
personnage. de Perseigne, où nous croyons que Thomas
en i,^21 que l'ouvrage fut imprimé
« C'est a été moine, il faut aussi joindre celle de
pour première fois à Paris et publié in-f"
la , Clairvaux. Le reste de l'épître de Radius dé-
par Josse Radius {Ascensius) sons ce titre : taille tous les genres de mérite qu'il a cru
Cantica canticorum cum duobus commentariis remarquer dans l'ouvrage de Thomas le Cis-
plane egregiis ; altero venerabilis PaMs F. Tlio- tercien. On trouve dans ce docteur, selon lui,
mœ , Cisterciensis monachi , altero longe reve- l'éloquence douce et persuasive de saint Rer-
rendi cardinalis M. Joannis Halgrini ab Abba- nard, et sa rare sagacité dans l'art de recueil-
tisvilla. 11 paraît que cette édition est deve- lir les Heurs et même les fruits des saintes
nue rare. La bibliotJièque impériale, ni celle Ecritures.
de Sainte-Geneviève n'en possèdent aucun » Vient ensuite l'épître dédicatoire de Tho-
exemplaire; l'ouvrage ne se trouve que dans mas le Cistercien à Ponce, évêque de Cler-
la bibliothèque Mazarine. Et cependant le mont. Elle sert à fixer, du moins approxima-
livrede Thomas le Cistercien avait eu dans tivement, le temps où fut composé l'ouvrage.
le temps un grand succès, puisqu'il fut réim- En effet, Ponce gouverna l'Eglise de Clermont
primé à Lyon en 1571. On a peine à com- depuis 1170 jusqu'en 1188. Ainsi, c'est dans
prendre, d'après cela, qu'on ait voulu, moins cet intervalle que Thomas écrivit son Com-
de cent ans après, le publier à Rome en l'at- mentaire sur le Cantique des cantiques; il pa-
tribuant à un autre auteur. C'est pourtant ce raît même qu'il n'entreprit ce travail que par
qu'entreprit le cordelier Paul Reatino. Jaloux les ordres du prélat. C'est du moins ce qu'il
de la gloire de son ordre il fit imprimer cet , lui dit dans un style qui nous semble aujour-
ouvrage, auquel il trouvait sans doute un d'hui bizarre, et avec des expressions qu'il
mérite éminent, sous le nom célèbre du fran- nous serait difficile de traduire eu français.
ciscain Jean Duus Scot, surnommé le Docteur Dans sa piéface, ou/jrotCT?iiM»i, Thomas trace
subtil. Mais il eut soin de supprimer l'épître ainsi le plan qu'il a suivi dans son commen-
dédicatoire à l'évêque Ponce. En eifet, elle taire Singulos vcrsiculos ab integumento pa-
:

eût fait découviir la fraude, puisque le prélat leœ ahsolvo, brevi sine compendiosa expositione :
étaitmort avant que Scot vint au monde. Jean deinde enodatam sententiammullifoi-midisponens
Magloire, procureur général de l'ordre de distinctione ; postmodum quasi apis argumentosa
Cîteaux, qui se trouvait à Rome, révolté de percurrens flosculos Sc?-iptwarum, quœ exposita
l'audace du cordelier Paul Reatino ,
porta sunt et disiincla, eorum roboro attestatione.
,

[xiii'siÉCLE.] CHAPITRE LXXIV. _ TIlÉOnORE BALSAMON, PATUIARCIIE. 825


« Thomas que trop fidèle à ce plan.
n'est peut-être même
de Clairvaux il avait com- ,

Il n'y a pas un mol des versets du célèbie posé d'autres ouvrages que son Commentaire
Cantique qui ne lui fournisse roccasion de sur le Cantique des cantiques. Dans plusieurs
faire vingt définitions différentes, de diviser, catalogues de manuscrits, on trouve, sous le
subdiviser ses propositions. Au reste, les ex- nom de Tlmmas de Pcrseigne, un ouvrage De
plications qu'il donne sont bien plus inintel- prœparatione cordis; un autre sur le Livre des
que le texte,
ligiljles le plus souvent beau- Sentences; enfin, sous son nom plus connu de
coup trop clair. » Thomas Cisterciensis , des sermons. Nous n'a-
continuateur de V Histoire littéraire de
Ici le vons pu nous procurer aucun de ces ou-
la France rapporte plusieurs citations que vrages.
nous ne croyons pas devoir reproduire. » Tout ce que nous savons de la vie de ce

Nous avons vu par le titre de l'édition


« ,
moine, c'est, comme nous l'avons dit, qu'il
qu'a donnée Josse Badius, qu'il avait joint vécut tour à tour dans plusienrs monastères
au commentaire de Tliomas le Cistercien un de son ordre, et qu'il se fit un nom dans l'E-
autre commentaire de Jean Halgrin. Nous glise par ses écrits et ses sermons. Nous igno-
ignorons pourquoi il écrit ainsi le nom d'.\- rons l'année précise de sa mort; mais puis-
legrin d'Abbeville, qui fut promu, en 1227, qu'il estbien prouvé, parl'épîlre dédicatoire
à la dignité de cardinal, et mourut en 1237. de son Commentaire sur le Cantique, qu'il l'a-
Son commi-nlairc ne vaut guère mieux, ni vait publié entre 1170 et H88, nous présu-
pour le style, ni pour les idées, que celui mons qu'il est mort vers l'an 1200, ou dans
du moine de Citeaux son devancier. Au reste les premières années du xiii' siècle. >;

comme il a composé d'autres ouvrages, et [Le fom»!en<a('î-e de Thomas et du cardinal


qu 'il a joué un rôle important dans les atlaires Algiin sur le Cantique des cantiques est repro-
de l'Eglise, nous lui avons consacré une no- duitaulomeCCVIdela Pat rologie, col. lo-8G2.
tice particulière. Il est précédé d'une notice tirée d'Oudin sur ,

.) Si, comme nous le croyons, Thomas le Thomas et sur Algrin, et de la sentence du


Cistercien s'est appelé successivement Tho- maitre du sacré palais qui défend de publier
,

mas de Perseignc, puis Thomas de ^aucelles, ces œuvres sous le nom de Duus Scot.l

CHAPITRE LXXIV.

Théodore Balsamon ,
patriarche d'Antioche.

[Ecrivain grec, vers le commeucement siècle.]

Balsamon, né à Constantiuople, entra


1. Isaac l'Ange, qui était monté sur le trône en
dans le clergé de cette ville, où, sous le pa- 118a, avait dessein de déposséder le moine
Iriarche Michel Anchiale, il fut fait garde Léonce, patiiarche de Conslantinople, et de
des lois et des chartes de Sainte-Sophie, et mettre à sa place Dosithée, patriarche de Jé-
premier prêtre des Blaquernes, église bâtie rusalem. Comme il savait que les transla-
hors des murs par l'impératrice Pulcliéiiu. tions étaient défendues par les canons, il

Théodore possédait, dans un grand degré, la consulla malicieusement Balsamon, en lui


'

science des lois ecclésiastiques et civiles. Sa faisant entendre que s'il pouvait montrer et
réputation à cet égard, et sou zèle pour la persuader aux autres que les translations
défense de l'Eglise grecque contre 1ns Latins, fussent permises, il le placerait lui-même sur
lui méritèrent vers l'an 118G la dignité de le siège de Conslantinople, à cause de son
patriarche d'Antioche. 11 y avait déjà long- grand savoir. Balsamon répondit que la chose
temps que les Latins occupaient cette ville. était faisable, uc doutant point qu'elle ue
Balsamon, voyant qu'il ne pouvait y exercer réussit en sa faveur. Dès le lendemain ce
librement sa juridiction, en lit autant qu'il prince convoqua une assemblée d'évèques.
lui fut possible les actes à Constanlinople, La question de la translation y l'ut agitée et
où il fixa son séjoui-.
2. Il y était encore lorsque l'cmporeur '
Nicclna Clioiiiat., lili. Il, an. in hanco, nuin. *
,

826 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


jugée permise l'empereur en fit un décret;
: pas été mises dans les Basiliques composées
mais il transféra à Constanlinople le patriar- après la mort de Photius. Il ajoute qu'il ci-
che Dosithée, et Théodore Balsamon de- tera les livres des Basiliques où se trouvent
meura titulaire d'Antioche. Ceci se passa en les lois alléguées par Photius, selon les titres
H93. Ces évêques, qui ne s'attendaient pas du Code et du Digeste. Cette remarque était
à la translation de Dosithée, qu'ils regar- nécessaire, afin que le lecteur pût distinguer
daient comme indigne d'une place si émi- les lois qui étaient en autorité du vivant de
nente, et fâchés d'avoii' à son occasion violé
' Photius, et celles qui n'obligeaient plus lors-
les canons, obligèrent Isaac l'Ange de lui en que Balsamon Dans son
écrivait. commen-
substituer un autre et ce fut George Xiphilin,
;
taire sur le chapitre premier du titre hui-
grand trésorier de l'Eglise de Constanlinople. tième où Photius dit que Constantinople a
3,

3. Il paraît que Théodore fut en liaison les prérogativesde l'ancienne Rome, Théo-
d'amitié avec lui, puisqu'il lui dédia son dore remarque qu'il n'en est rien dit dans
commentaire sur les canons des apôtres, des les Basiliques; et après avoir lapporté com-
sept conciles œcuménique?, sur le code de me authentique lu donation de Constantin,
l'Eglise d'Afrique, et sur les épîtres canoni- où sont conlenus les privilèges de l'Eglise

ques des pères grecs saint Grégoire et saint de Rome, il ajoute que quelques archevê-
Bas'ile. Ce fut par ordre de l'empereur Ma- ques de Constantinople ont essayé de se les
nuel Comnène et de Michel Anchiale qu'il attribuer, m us qu'ils n'y ont pas réussi*.
entreprit cet ouvrage. Il le commença donc 5. La Bibliothèque du Droit canonique an-
avant l'an H80, qui fut l'année de la mort cien contient encore la collection que Balsa-
de ce prince, ou même avant l'an 1173, au- mon a faite des constitutions ecclésiasti-
quel on rapporte la mort d'Anchiale. Mais ques^, nommée quelquefois Paratitla, parce
soit qu'il ne l'eût achevé que sous le patriar- qu'on y rapporte sous un même titre tout ce
chat de Xiphilin, soit qu'il crût devoir y qui y a du rapport, afin que le lecteur voie
ajouter ou corriger, il ne le rendit public d'un coup d'œil tout ce qui concerne une
qu'après l'électionde ce patriarche. Ce com- même matière. Jean Leunclavius la fit im-
mentaire fut imprimé en grec et en latin, ii primer en en 1393, sous le titre de Pa-
latin
Paris, en 1620, in-4°, et réimprimé avec les ratitla; puis elle a paru eu grec et en latin,
notes de Guillaume Revergius, à Oxfort, en et corrigée sur plusieurs manuscrits grecs

1672, dans la Pandecte des canons. dans la Bibliothèque de Justelle, par Annibal
l. L'empereur IManuel Comnène et le pa- Fabrot, jurisconsulte, qui l'enrichit aussi de
triarche Anchiale ordonnèrent aussi à Théo- ses notes elles sont suivies de celles de
:

dore Balsamon de faire un commentaire sur Leunclavius, divisées en deux livres. Les
le Nomocanon de Photius. Christophe Jnstelle lois rapportées dans la collection de Théo-

le fil mettre sous presse en grec et en la- dore Balsamon sont tirées du Code de Justi-
tin, cà Paris en 1615, m-\°, et Henri Justelle, nien, du Digeste, des Imtituts, des Novelles,
conjointement avec Guillaume Voëlle lui , et d'une Novell", de l'empereur Héraclius
donnèrent place dans le second tome de la où il est parlé des évêques, des clercs et de
Bibliothèque du Droit canonique ancien, impri- ceux qui mènent une vie solitaire. Les prin-
mée en la même ville en 1661 , in-fol., cipales matières de cette collection regar-
Dans la préface de ce commentaire,
p. 813. dent ce que la foi catholique nous enseigne;
Balsamon avertit ^ qu'il marquera les lois la manière dont on doit traiter les choses
qui étaient en vigueur de son temps, et celles saintes, comme les reliques des Saints, les
qui n'y étaient plus depuis la dernière cor- biens qui appartiennent à l'Eglise, les qua-
rection du Code des lois par l'empereur lités et les privilèges de ses ministres et leur
Constantin Porphyrogenète, et qui consé- pouvoir; les hérétiques, les apostats et les
quemment auraient été abrogées, n'ayant juifs.11 y a un titre particulier sur l'unité du

• Nicetas Choniat., lib. Il, an. in Isancu, uum. 1. ctopédii/ue de la théologie catholique, que c'est à tort
' Prsetat. in Nomoc. Photii, pag. 8l'i. qu'eu a attribué à Balsamon la collectiou connue qui
' Prœfat. in Nomoc. Photii, pag. 9il. parut sous son nom et sous le titre de Collectio cons-
' Voyez l'appendice au tome XII de la présente titutionum ecclesiaiticurum. Bicner la place à la lin
édition où Dorn Pitra apprécie les
œuvres canoniques du règue d'Héraclius, tandis que Heimbach et Bickel
de Balsamon. [L'éditeur.) pensent qu'elle a été faite à la flu de l'empire de
5 Ou a prouvé d'une mauière incontestable dans
ic .Tustiu II. » [L'éditeur.)
les derniers temps, dit Haueberg, Dictionnaire ency-
,

[x)ii'sirci.£.] CHAPITRE LXXIV. — THEODORE BALSAMON, PATRIARCHE. 827

baplême, où il est dit quelque chose du aux évêques, qui n'ont pu prendre posses-
baptême conféré par les hérétiques. sion de leurs sièges à cause de l'incuision
6. Balsanion traite plusieurs questions de des barbares, les droits épiscopaux, leurs
:n: droit, comme do l'érection des évêchés en abbayes et leurs pensions.
métropoles; de ceux qui étaient élus pour 7. Consulté par le peuple de l'Eglise d'An-

les Eglises d'Orient; du for extérieur, des tioche si l'on devait jeûner la veille des
,

clercs, et autres semblables rapportées dans quatre grandes fêtes que l'on célébrait avec
le second cinquième et le septième livre
, le joie*, savoir, celles des apôtres, de la trans-

du Droit (jrec-romain '. La plupart sont des figuration de notre Seigneur Jésus-Christ,
réponses aux questions de Marc, patriarche de dormition ou assomplion de la sainte
la

d'Alexandrie. Parlant- des patriarches, il Mère de Dieu, et de la naissance de Jésus-


donne le premier rang à celui d'Antioche; Christ notre Dieu et notre Seigneur ; Balsa-
en supposant, mais sans le prouver, que mon répondit Que comme dans la loi an-
:

saint Evodo, premier évéque de cette ville cienne, les cinq grandes fêtes établies parmi
après saint Pierre, avait été ordonné par cet les Juifs étaient précédées chacune d'un
apôtre. 11 dit ensuite que saint Pierre fit jeûne d'autant de jours, on doit jeûner avant
saint Marc évéque d'Alexandrie, saint Jac- les quatre fêtes dont on vient de parler.

ques évéque de Jérusalem, et saint .\ndré Quelques-uns se contentant d'observer exac-


de Thrace; qu'environ trois cents ans après, tement le jeûne de quarante jours avant
l'empereur Conslantin, après avoir embrassé Pâques, croyaient faire un jeûne de suréro-
le christianisme, nomma saint Sylvestre pape gation en jeûnant quatre jours avant la fête
de l'ancienne Rome, en sorte qu'il fut le des Apôtres et la .Xativilé de Jésus-Christ, et
premier pontife de cette ville 3. 11 ajoute que ne jeûnaient point du tout avant la Transfi-
le siège de l'empire ayant été transféré de guration et la fête de l'Assomption, disant
l'ancienne Rome à Bysance, Métrophane, que ces jeûnes n'étaient ordonnés ni par les
qui en était évéque, prit le titre d'archevê- canons, ni par la tradition. Balsamon leur

que; que le premier concile de Constanlino- répond qu'ayant jeûné le carême à l'exem-
ple lui accorda les privilèges de l'ancienne ple de Jésus-Christ, nous devons, comme de
Rome, comme étant la nouvelle qu'encore ;
bons pénitents, multiplier par le jeûne et
que le pape de l'ancienne ait été retranché l'oraison nos moyens de salut. 11 fixe les
des Eglises, ce relranchement n'a porté au- jeûnes de ces quatre fêtes à sept jours. Il est
cun préjudice au bol ordre établi par les ca- fait mention de ces quatre jeûnes dans le

Droit grec-romain. Cependant le Type n'en


'"

nons. Balsamon est le premier qui ait dit que


les (îrecs se fussent séparés de la commu- marque que trois, et Isaac le Catholique, dans
nion du pi.pe, et on ne connaît point d'ail- sa première invective contre les Arméniens
leurs le décret par lequel ils s'en sont sépa- ne dit rien de celui de la Transfiguration.
rés. Il témoigne que cette sépaialion lui 8. Théodose, supérieur du monastère de
perce le cœur, et qu'il en attend la fin avec Papicius, consulta Balsamon sur ce qu'il
impatience par la concession du pape. .\ avait à faire envers quelques-uns de ses
l'égard des patriarches d'.\nlioche et de Jé- moines qui se plaignaient de sou gouverne-
rusalem, qui par les incursions d'^s gentils ment '. Les uns trouvaient mauvais qu'il
étaient réduits à résider hors de leurs siè- donnât l'habit monastique et fit raser les
ges, il prétend qu'ils ne perdent rien pour cheveux à ceux qui venaient pour embras-
cela de leur dignité et des honneurs qui leur ser la profession religieuse, peu de temps
sont dus ; sur quoi il cite le trente-septième après leur arrivée, et sans les avoir éprou-
canon du concile de Trulle. Il cite aussi la vés pendant trois ans, ainsi que le prescrit

constitution d'Alexis Comnène, qui conserve saint Basile dans ses Ascétiques. Leur raison

' Jus Greeco- Roman., lilj. II, V et VII. dans son coininenlaire sur le grand concde de Car-
' l.ib. VII Juris Grceco-Homan. tilage, il nous apprend que le siège de Uoiue a été le
' Asjerlionéviilemminentcontraireil'liisloiie écrito siège apostolique, parte que Pierre, le prince de»
uiôine pur les auteurs grers. Voir suitout Eu»èl)f du apôtres, l'a ilUistrf, et qu'il y a établi Lin premier
Césarée, qui donne cxac.teniPnt les noms rt les règnes pontife. Voir Jus grœcum, lib. Vil, pag. 591. [L\'(ltl.)

de tous les pontifes romains, depuis saint Pierre jus- * Toni. Il Monument. Coteleiii, pag. 41(4.
qu'à saint Sylvestre. Il y a plus non-senleuienl Hal- :
5 Coleler., Sotis in Efiist. liutsain., pag. (i87.
oainon ijinore ou oublie ce iiue disent les aulri's, il «T.jui. III, Munument. Colelerii, pa„'. 47:!.
oublie ou ignore ce qu'il a dit lui-uiiiuic. Kn edVl,
828 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
était qu'étant engagés par ce changement et riiabit monastique qu'après ce terme.
d'habit et par la tonsure, qui étaient suivis D'où il conclut que les moines de Papicius
immédiatement des vœux, ils n'avaient pas étaient mal fondés à
s'autoriser de ces dé-

eu assez de temps pour examiner sérieuse- crets contre la conduite de leur abbé; qu'il
ment un engagement de cette importance ;
lui était permis de consacrer ^, quand il lui
au lieu que, pendant un intervalle de trois plaisait, un moine par la tonsure et l'habit.

ans, ils se seraient décidés avec connaissance 11 confirme son sentiment par le chapitre
de cause, ou pour la religion, ou pour leur troisième du premier titre du quatrième livre
retour au monde. Une autre plainte de leur des Basiliques ^ où il est dit qu'un abbé peut
part était que Théodose faisait subir de plus donner quand il lui plait l'habit monastique
longues épreuves à ceux qui, attaqués de à celui qu'il sait être de condition libre et de
fréquentes tentations, combattaient avec les bonnes mœurs.
ennemis invisibles, qu'aux gens de guerre 9. Il est fait mention, dans les commen- t.-iuti

qui quittaient le service des armes, ceux-ci, taires de Larabecius * sur la bibliothèque im- dé onde'!'

toutefois ayant besoin d'être plus éprouvés


,
périale, d'une lettre de Théodore Balsamon
avant de recevoir l'habit et la tonsure monas- à l'archevêque de Grade ou d'Aquilée, dans
tiques. laquelle entreprend de montrer qu'il n'a
il

Balsamon répond au premier article ,


que aucun droit de prendre le titre de patriar-
saint Basile ', saint Pacôme et Gassien ,
qu'ils che. Il traite dans la même lettre de l'usage
alléguaient pour une épreuve de
encore des azymes pour le sacrifice de l'autel. On
trois ans, ne la prescrivent en aucun en- attribue ^ encore à Balsamon les Actes du
droit de leurs écrits, et que les anciens pères martyre de Théodore d'Orient et de Claude.
ne demandent autre chose, sinon que l'on 11. Balsamon vécut jusqu'à la prise de jogemei

instruise exactement les novices des dogmes Constantinople par les Latins, qui arriva le tlh'mll

de la religion et des moyens de réformer 12 avril 1204. 11 a passé pour le plus habile
leurs mœurs, et qu'on exige d'eux des mar- jurisconsulte des Grecs; mais il était peu
ques de leur amour pour Dieu. Il fait voir versé dans la critique et dans l'histoire des
ensuite que le cinquième canon du concile premiers siècles de l'Eglise. [On trouve en
de Constantinople, qu'il appelle premier se- effet dans ses ouvrages des bévues et des

cond, n'ordonne l'épreuve de trois ans que contradictions choquantes, qui nous font
pour ceux qui ne sont pas accoutumés à voir les Grecs bien au-dessous des Latins
combattre leurs passions, et seulement six pour la connaissance de l'histoire des ca-
mois pour les personnes de piété; que ni les nons et même de la bonne critique. Dupin,
uns ni les autres ne portaient point l'habit Bibliûtlmiue des auteurs du xii' siècle, vante
monastique pendant leurs épreuves; que la beaucoup Balsamon. mais il se garde bien d'a-
Novelle de Justinien déclare pareillement vouer, ce qu'a fait Moréri, dans son Diction-
que les novices garderont, durant l'épreuve naire historique, que ce patriarche dans ses ,

de trois ans, leurs cheveux et leurs habits ouvrages, s'est laissé aller à de tels excès qu'il
ordinaires, et qu'ils ne recevront la tonsure a même été condamné par ceux de son parti.]

CHAPITRE LXXV.
Le bienheureux Joachim, abbé et fondateur de Flore en Calabre [1202;
Eustathe, archevêque de Thessalonique, sur la fin du Xlle siècle.]

[Ecrivains latins.]

1 . bienheureux que
C'est sous le titre de l'anH45. Son père se nommait Maur, sa
les Bollandistes en ont donné la vie au 29 mère Gemme. 11 était bien fait de corps, d'un
mai *. Joachimétait né dans le diocèse de esprit pénétrant, d'une mémoii-e très-beu-
Coseiice, de parents honnêtes et pieux, vers reuse et d'une grande douceur dans ses

Coteler., Noiis in Epist. Balsam., p. 47G. -2p./,89. Vindobon.,-p. 49-2. — '"


Biblioth. Bodleian., num. 3274.
' P. 490. — * Lambec, t. VllI, Commenta Biblioih. — 6 Bollaud., ad diem 29 maii, t. VI, pag. 446 et suiv.
[xiirsiÈCLE.] CHAPITRE LXXV. — JOACHIM, ABBÉ ET FONDATEUR DE FLORE. 829

mœurs. Après avoir étudié la grammaire, il nastère, et l'impératrice y vint pour faire à
passa au service de la cour. Il en connut cet abbé la confession de ses péchés et en
liicnlôl les dangers, et il priait Dieu de l'en recevoir l'absolution.
préserver. 5. ville que
Fiant allé ù Pieira-Fitta, petite .Mon d.

2. La pensée qui lui vint d'aller visiter les lui avait donnée André, évêque de Cosence, ctin.''/ii iiîoj

saints lieux, lui parul un moyen que Dieu vers l'an 1202, il y tomba malade. Plusieurs
lui inspiiait pour le soustraire aux vanités de ses moines y accoururent, avec l'abbé de
et aux plaisirs du monde. 11 la suivit, s'as- Corace et quelques autres. Se sentant près
socia quelques personnes qu'il défraya dans de sa fin, il leur recommanda de s'aimer les
le voyage, s'Iiabilla de blanc d'une étoile uns les autres comme Jésus- Christ nous a
grossière, et fit une partie du chemin pieds aimés, ce qu'il répéta plusieurs fois. Puis
nuds. Ayant visité avec dévotion tous les s'élanl fait administrer les sacrements , il

lieux que Jésus-Chrisl avait sanctitiés par sa mourut doucement entre les mains de ses
présence, il passa dans la Thébaïde pour s'y frères le 30 mars d202, figé d'environ soi-
édifier par la conduite des saints anachorè- xante-douze ans. Son corps fut transporté
tes, occupés jour et nuit des louanges de dans l'abbaye de Flore. Les Bollandistes '

Dieu. Il fit quelque séjour à Jérusalem, et ont rapporté quantité de miracles qu'on dit
fut quarante jours entiers sur le mont Tha- avoir été faits par l'abbé Joachim pendant
bor, s'y occupant du chant des hymnes et sa vie et après sa moi t. 11 est honoré comme
des psaumes, et de la méditation du mys- saint en Calabre -. [11 avait fait durant sa
tère de la transfiguration. vie de nombreuses prophéties qui eurent
3. Sa piété satisfaite, il revint eu Calabre leur accomplissemeni-l
par la Sicile, passa un an dans un monastère 6. 11 a laissé un grand nombre d'ouvrages «es ctnt,
*'
de l'ordre de Cîleaux, et prit ensuite l'habit dont quelques-uns ont été rendus publics; iShiur'.

monastique dans celui de Corace, dnnt il fut savoir, la Concorde de l'Ancien et du Nouveau
fait abbé. Pendant son gouvernement, ce Testament, en cinq livres, imprimée à Ve-
monastère devint très-tlorissant et obtint de nise en 15) î), in-4°. Il la composa par ordre
grands piiviléges de la part du roi de Sicile. du pape Lucius 111, à qui il la dédia elle ne :

Mais Joachim, ne pouvant accorder les soins fut toutefois achevée que sous le pape Ur-
que demandait l'administration des afi'aires bain III. Il traite dans cet ouvrage des ciuq
temporelles, avec son inclination pour l'é- sceaux. Trithème en cite un sur les sept
tude et les ordres qu'il avait reçus du pape Sceaux de l'Apocalypse contre les Juifs.
Clément III, de continuer ses commentaires 7. Son Psautier â dix cordes, divisé en p.ioiifr i

'''"°'^"-
sur l'Ecriture renonça, avec sa permis-
, trois livres, fut imprimé à Venise en 1327.
sion au gouvernement du monastère de
, L'abbé Joachim y traite du nombre des
Corace, et se retira avec un nommé Ray- psaumes, des sens mystérieux et mystiques
venu le joindre des extrémités
nier, qui était qu'ils renferment; de la psalmodie, de la
du royaume de Naples. manière et de l'usage do la psalmodie, et de
4. Après s'être arrêtés quelque temps en ceux qui psalmodient. 11 y traite aussi du
divers endroits, ils fixèrent enfin leur de- mystère de la Trinité et de la distinction des
meure en lui lieu désert nommé Flore, dans personnes, conformément à la doctrine ca-
le diocèse de Cosence, où ils bâtirent un tliolique. On trouve dans la môme édition une
monastère qui en a depuis porté le nom. Us hymne de cet abbé sut la patrie céleste.
y trouvèrent beaucoup d'opposition de la 8. 11 donne dans ses commentaires sur cmmfn-
part des olUciers du roi de Sicile; mais l'abbé Isaie et sur quelques ciiapitres de Nafium, \',îù''

Joachim ayant fait agréer son établissement û'Habacuc, de Zacharie et de Malacbie, le


au roi même, le mona.'^tèrc de Flore prit en sens caclié et mystique de ces prophéties, en
peu de temps de grands accroissements. y mêlant plusieurs prédictions sur les cala-
L'abbé Joachim s'attira par ses vertus et sou mités dont la plus grande partie des villes
savoir la considération des princes et des du monde devaient être accablées. Ces com-
grands du royaume. L'empereur Henri et le mentaires furent publiés à Venise en 1317,
roide Sicile tirent des largesses à son mo- in -4".

' tom. VI Mail, pag. 461 et suiv.


Uollaiid., tniiié (le luTiinilé portant sou uom, oonlribuércnl
» Lea uouibreux livres cl les fréqueutes propliéties h ébranler son autorité. {L'éditeur.)
fausses attribués à Joauhiiu, et lacoudaniiialioii li'iin
830 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
9. Il ëciivil aussi sur Jérêmie, et dédia chim ait prédit les événements ou par l'es-
son commentaire à rempeieur Henri VI. prit de prophétie, ou par l'esprit d'intelli-
Nous en avons trois éditions, deux à Ve- gence, comme on le disait alors selon le
nise, en 1519 et lo2o, in-4°, et une à Colo- témoignage de Guillaume^, évêque de Pa-
gne en 1577, in-8°. Il y prédit que l'Eglise ris, qui écrivait environ vingt ans après, c'est

charnelle, appelée la Nouvelle Babylone, sera toujours un don de Dieu à relever dans cet
l'rappée de trois fléau:; , savoir : dans ses abbé; et l'évéque que nous venons de citer

Liens temporels, par la perte de l'empire ditque ce don d'intelligence est en quel-
d'Allemagne; dans sa doctiine, qui sera in- ques-uns d'une si grande clarté et d'une si

fectée par les hérétiques , surtout par les grande pénétration, qu'il ressemble fort à
patarins; et en troisième lieu par le glaive l'esprit de prophétie.
des infidèles, piincipaleraent des maliomé- 12. On attribue à l'abbé Joachim un com-
tans. Il ajoute qu'après que cette Eglise mentaire sur les révélations du bienheureux <

charnelle aura été presque entièrement dé- Cyrille, ermite du Mont-Carmel, mort en
truite, Jésus-Christ la renouvellera. 1225, et une lettre adressée au même Cy-
10. mention dans la Bibliothèque
11 est fait rille. On trouve dans la bibliothèque du Va-

de Citeaux commentaires de l'abbé


'
des tican deux exemplaires manuscrits de ces
Joachim sur Ezéchias. Ceux qu'il composa révélations, avec la traduction de l'abbé Joa-
sur Daniel ont été imprimés à Venise en chim. On les a imprimées à Venise en 1517,
1519. Nous ne connaissons son explication avec la lettre de cet abbé. Elles ont pour
de l'Evangile de saint Jeun que par Trithè- objet les grandes tribulations de l'Eglise jus-
me ^. Le commentaire sur les Prop/wtes, qui qu'à la fin des siècles, et surtout ce qu'elle

se trouve manuscrit dans la Bibliothèque aura à souffrir dans le schisme de l'ante-


Cottonienne, et qui est dédié à fière Raynier christ mystique, précurseur du véritable an-
de Pouce, parait être le même que celui que lechrist. Jean de Lezana cai-melite espa-
,

l'abhé Joachim écrivit sur Isaïe, et qui est gnol, a des notes sur ces révélations,
fait

eu eli'et dédié à Raynier. mais pas


elles n'ontencore été mises sous
11. Le commentaire sur l'Apocalypse parut presse. Les révélations furent imprimées en
à Venise en 1527, in-4'', avec le Psautier à italien avec les notes d'Anselme, évêque de
dix cordes. Clément 111 en fait mention dans Morsi, à Venise, en 1589 et en 1646, in-4°.
sa lettre à l'abbé Joachim où il dit qu'il , Le moine de Flore qui a écrit la Vie de l'abbé
l'avait composé aux exhortations de Lu- Joachim^, dit que l'ermite Cyrille lui envoya
cius 111 et d'Urbain 111, ses prédécesseurs. lui-même ses révélations, afin qu'il en don-
On trouve dans ce commentaire diveises nât le sens d'une manière plus claire, et
prédictions touchant les empereurs et les qu'elles fussent entendues de tout le monde.
rois de Sicile, vérifiées en partie par l'évé- Il y a beaucoup d'autres ouvrages prophé-

nement. iNIais il est à remarquer qu'en an- tiques sous le nom de l'abbé Joachim, soit
nonçant les choses à venir, il ne le fait pas manuscrits, soit imprimés, qui ne sont pas
toujours d'une manière décisive, mais quel- de lui. Il faut mettre de ce nombre les quinze
quefois en doutaut de l'événement, d'où prédictions sur les papes qui occupèrent le
vient que saint Thomas ^ a dit de lui qu'il Saint-Siège depuis Nicolas III, élu en 1288,
avait prédit des choses vraies, et qu'il s'était jusqu'à Urbain Vil, sacré en 1378'. L'auteur
trompé en d'autres. Qn peut mettre au nom- donne à tous ces papes une tiare à trois
bre "*
des choses vraies ce qu'il dit à l'empe- couronnes, ce qui n'a pas eu lieu avant Ur-
reur Henri VI dans sou commentaire sur bain V, mort le 19 décembre 1370. Il n'y a
Jérèmie , sur les divisions qui arriveraient pas plus de raison d'attribuer à l'abbé Joa-
après sa mort au sujet de son successeur; et chim les autres quinze prédictions qui vont
ce qu'il prédit à Taucrède, fils naturel de jusqu'à Innocent VHI; c'est plutôt l'ouvrage
Roger, roi de Sicile, qu'il serait exterminé d'un homme oisif, qui cherchait à répandre
avec toute sa postérité ce qui arriva eu ef- : la terreur sur les peuples.
fet quelque temps après. Que l'abbé Joa- 13. L'auteur de la Vie de cet abbé lui

' Pag. 172. lom. VI Mail, pag. 486.


' Trilhem., de Script, eccles., cap. cccLXXXlx. Guillelm. Paris., cap. si, pag. 152.
s Thotn., m
IV Sentent., distiuct. XLlil, qu. i, art. 3 Bolland., toiu. VI Mail, pag. 453.
Bd 3. Bollaad., tom. VU Maii, dissert. 41, pag. 34S.
;

rxiii'SiÈCLE.l CHAPITRE LXXV. — JOACHIM, ABBÉ ET FONDATEUR DE FLORE. 831

b« joichim, donne des notes sur la prophétie de l;i si- 13. On ne peut disconvenir que son livre vnie
^'"' "''
v. bylle Erytrée; sur celle de Merlin, propliètc contre Pierre Lombard n'ait été condamna- "* "^J"»'

anglais; un livre des Souverains Pontifea blc, puisqu'il y condamnait comme hérétique
un volume de Sentences; un livre de la Con- un docteur très-catholique; mais on peut
solation; un de lettres à diveises personnes; dire, ou qu'il ne comprenait pas l)ien le sens
deux de la Vie solitaire; un des \ertus; une des paroles du Maître des Sentences, ou que
Explication de lu /{i'ijle de saint Benoît; un son erreur plus dans la manière de
était
des dernières Tribulations; un des Articles s'exprimer que dans le fond de sa doctrine

de la Fui. Les BoUaudistes '


y ajoutent un même, ou que s'élant expliqué peu
enfin
traité des Sentences de l'Ecriture; un com- correctement, étant jeune, sur le mystère de
menlaire sur le Psautier à dix cordes; un la Trinité, il suivit exactement, dans un âge
traité sur la Prophétie i.iconnue; des exposi- plus avancé, la doctrine de l'Eglise sur cet
tions sur les Ve7-s étrangers; un livre sur les article.On en jugera par ce qu'il en dit dans
Présages provinciaux. On a sous son nom sou Psautier à dix cordes, qui est un de ses
une Clironique imprimée à Cosencu en I61;2, dernieis ouvrages. « Nous confessons véri-
in-4°. tablement, fidèlement et pieusement
dit-il 3,

i.i.rp con- l-^- Le livre qu'il composa sous le titre de que personnes sont une même subs-
les trois

iisênfenJét l'Unité OU Esscncc de la sainte Trinité, lit tance, et que cette une et même substance
beaucoup de biuit après sa mort. 11 y avait est les trois personnes; que le Père ne tient
appelé Pierre Lombard hérétique et inseusé, pas son être d'un autre; que le Fils est du
pour avoir enseigné dans la cinquième dis- Père; que le Saint-Esprit procède des deux.
tinction du premier livre des 5e'i/ences, qu'une Les trois sont donc un, et cet un est trois.
chose souveraine est Père Fils et Saint- , Ces trois personnes ne sont point divisées,
n'engendre ni n'est
Esprit, et dit qu'elle , comme le sont la terre, l'eau et le feu; elles
engendrée, ne procède. S'iuiaginant que,
ni ne sont point distinguées entre elles, coiuiue
suivant ce principe, il fallait admettre quatre trois hommes de même nature, ni en aucune

choses en Dieu, trois personnes, et uue es- autre manière qui soit semblable à la dis-
sence distinguée des trois personnes, il prit tinction de toutes les créatures entre elles. »
le parti de soutenir contre le Maitre des 11 combat fortement les hérésies de Sabel-

Sentences, qu'il n'y avait eu Dieu aucune lius et d'Arius sur la Trinité. Il leur oppose

chose qui tût tout ensemble le Père, le Fils l'autorité du Symbole, et conclut en disant^:

et le Saint-Esprit qu'autrement ce serait


,
« Nous croyons donc que cette substance di-

admettre une quateruité plutôt qu'une Iri- vine, qui est une, est trois persounes, et non
nité, savoir ces trois persounes, et cette
: une seule; de peur qu'en prenant l'unité
essence commune à ces trois personnes. 11 pour la singularité, nous ne tombions dans
semblait même dire que cette unité d'es- l'hérésie de Sabellius; et que ces trois per-
sence n'était pas proprement et véritable- sonnes sont une même substance, de peur
ment une unité, et qu'il ne la considérait que l'on ne croie qu'il y ait entre elles de la
que comme une unité collective et de res- division. »
semblance, comme il est dit dans les Actes lu Le quatrième concile de Lalran ne lit
des apôtres, que la multitude des croyants pas même un procès à l'alJjé Joachim, com-
n'avait qu'un cœur et qu'une âme. Le pape me s'il eût nié qu'il y eiit une unité de subs-
Innocent 111, avec l'approbation du quatrième tance dans les trois personnes. 11 reconnut
'^

concile de Latrau, se déclara pour la doc- même que cet abbé l'admettait; mais il lui
trine du Maitré des Sentences, qui est celle reprocha d'avoir dit que celle unité n'est
de l'Eglise, mais sans ilétrir la mémoire de pas propre et réelle, mais seulement siraili-
l'abbé Joachim, parce qu'il avait soumis son tudinaire. Et il est vrai que Joachim com-
sentiment au jugement du Saint-Siège, au- pare l'unité de substance en Dieu avec l'u-
quel il avait t'ait remettre tous ses écrits, et nité des cœurs dans les premiers cliréliens.
que par une lettre que nous - avons encore, Cependant il parait " qu'en cela il ne préten-
datée de l'an iiiOO, il déclare qu'il l'ail pro- dait pas contester la réalité de l'unité de
lession de la toi de l'Eglise romaine. substance dans les trois personnes; mais

' lu uotis ail Vitam, loin. VI Mail, pag. 4bG. * UoUauil., ad diem i» inaii, lom. VI, pag. 483.
• Vireclor. Inquisiltun., part. I, cap. il, pug. 5. 5 Bollaud., ad diem Î9 uiaii, lom. VI, pag. 483.
^ Uolland., ail diem 29 mail, loui. VI, pig. 483, • Bollaud., ad ditm 29 maii, lom. VI, pag. 485.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
prouver uniquement que dans l'unité, soit vé- saint Jean Damascène, parle de sa vieillesse
ritable, comme elle est entre trois relatifs, avancée. Les commentaires sur l'Iliade et
comme sont les trois personnes divines, soit l'Odyssée étaient à peu près inconnus en Oc-
siniililudinairc, comme entre trois absolus, cident, lorsqu'ils lurent imprimés pour la
telle qu'était celle des tribus de Jnda, de Ben- première fois à Rome, de 1542 à 1550, en
jamin etdeLévi qui, à cause de leur union avec quatre volumes in-folio, avec une excellente
ïa maison de David, ne faisaient qu'un peuple, table rédigée par Matthieu Devaris. C'était
peut et doit s'entendie à l'exclusion d'un qua- un Grec né à Corfou, que le pape Paul III
trième terme. [Le concile de Latran et plus tard récompensa de son travail par une place à
Honorius III reconnurent les sentiments de la bibliothèque du Vatican. Ou savait encore

Joachim orthodoxes, en déclarant qu'il avait qu'Eustathe avait composé d'autres écrits,
soumis fous ses jugements au Saint-Siège.] mais on n'en connaissait que de rares frag-
[Un illustre littérateur' occupe le siège ments. En 1841, à Rome encore, le cardinal
"i« de Tliessaloniqiie dans la seconde moitié Mai a découvert et publié dans son intégrité
;ii^ du XII' siècle, sans que l'on sache précisé- un de ses ouvrages, qui place Eustathe de
ment les années durant lesquelles il floris- Thessalonique parmi les pères de l'Eglise.
sait. Son nom est Eustathe. Il fut d'abord, C'est un commentaire sur l'hymne que les

à Constantiuople , ministre des requêtes Grecs chantent en l'honneur du Saint-Esprit


et chef des orateurs ou des prédicateurs : dans les fêtes de la Pentecôte. Cet hymne
c'étaient deux oiiices ecclésiastiques. Les passe pour être de saint Jean Damascène,
orateurs étaient chargés d'expliquer au peu- suivant le cardinal Mai, bon juge eu ces ma-
ple les saintes Ecritures. A cette époque, tières. L'Eglise grecque, après les pères des

Eustathe lit un commentaire sur Denis-le- premiers siècles, n'a peut-être pas d'inter-
Périégèle, auteur, en vers grecs, d'un Voyage prète comparable à Eustathe pour l'abon-
autour du monde, et qui décrit la terre telle dance du discours, la variété des connais-
qu'on la connaissait au temps d'Auguste. sances, et en particulier la sience de la théo-
Mais ce qui a surtout rendu fameux le nom logie ^. Ce commentaire est publié eu grec
d'Euslalhe de Thessalonique dans la répu- seulement au tome V du Spicilegium roma-
blique des lettres, ce sont ses commentaires num, pag. 161-383. Il est à désirer que l'ou-
sur les deux poëmes d'Homère, VIliade et vrage soit traduit, et il le sera certainement
l'Odyssée. C'est un immense trésor d'érudi- dans la nouvelle série des pères grecs, mise
tion littéraire et grammaticale, où Eustathe au jour par M. Migne.
réunit avec intelligence tout ce qu'ont dit de Le cardinal Mai a fait paraître, au même
mieux Appion Hé-
les scholiasles anlérieurs , , volume du Spicilegium 3, deux fragments du
rodote, Démoslhène de Thrace, Porphyre et même Eustathe : l'un est tiré d'un discours
quelques autres. Cette vaste et importante isagogique sur le jeûne quadragésimal; le

compilation lui lit une réputation immense. second réformation de la vie et de


est sur la
Désigné d'abord pour l'évêcbé de ÎNIyre, en la discipline monastiques. Le «avant cardinal

Syrie, il fut peu après nommé archevêque aurait bien désiré publier en entier ce der-
de Thessalonique, et déploya dans ces hau- nier traité, à cause de sou importance et parce
tes fonctions le caractère le plus noble et le que la question y est traitée à fond avec de
plus respectable. L'année de sa mort n'est grands développements historiques; mais il
pas connue; il vivait encore en 119-4. Ce qui a été arrêté par le mauvais état de la copie,
est positif, c'est que sa vie lut longue. Lui- et surtout parce qu'il doit exister en entier

même, dans ses notes sur les canons de dans la bibliothèque impériale de Vienne *.]

' Cette notice est empruntée avec quelques modi- Biographie universelle, art. Eustathe de Thessalo-
fications àÏHhtoire universelle de l'Eglise catholique, niijue.

par Rolirbacher, tom. XVI, pag. 70-77. {L'éditeur.) 3 Pag. '.02-405 et 105-409.
2 Mai, Spicileg. Rom., loin. V, pra'f., pag. xxv; » Voyez Mai, Spicileg. Rom., loin. V, pag. 402.
[xiir SIÈCLE.] CHAPlTItE LXXVI. — MARTIN, PRÊTRE ET CHANOINE.

CHAPITRE LXXVI.

Martin, prêtre, chanoine régulier dans le monastère de Saint-


Isidore-de-Léon, 1203; Gauthier de Chàtillon, 1200; saint Wilhelme
ou Guillaume, abbé de Saint-Thom.as-du-Paraclet, 1203; Absalon,
archevêque de Lunden, en Suéde, 1201; Willelmus ou Guillaume, dit
Blanches -Mains, archevêque de Reims, 1202; Jean de Belmeis,
archevêque de Lyon, 1202; Hugues V, dix -septième abbé de
Cluny, 1203; Baudouin, comte de Flandres, empereur de Constanti-
nople 1204 , Elias de Coxida; septième abbé du monastère de ,

Dunis, 1203; Thomas de Radoho, moine, 1203.

[Ecrivaius latins.]

Umlo. ptk-
1. Martin, né de parents nobles Pt cliré- chanoine régulier de Saint-Isidore, depuis
rtp>h,, dini
tiens, se distingua de bonne heure par la évêque de Tuy, rapporte un grand nombre
dcSt-ls:dore
ri. Lion. S. sainteté de sa vie. Sans quitter l'habit sécu- de miracles opérés par les prières du saint
Vi«. EJiliun
lier, il fut élevé dans le monastère de Saint- prêtre. 11 nous montre les rois et les grands
rUDÎÎÎlflr'o-
Marcel de Léon, où son père se retira après accourant auprès de lui et l'ayant en singu-
la mort de sa fumme. Ayant été promu au lière vénération. Les aumônes qu'il en reçut
sous-diacouat, il fit diti'érents voyages pour lui servirent non-seulement à se procurer des

comprimer les révoltes de la chair. C'est ainsi livies,mais encore k faire bâtir une église
qu'il visita Rome et Constantinople. Partout en l'honneur de la sainte Trinité. Après avoir
on admira sa morlificalion et les autres ver- prédit sa mort, il mourut le 12 janvier 1203,
tus qui brillaient en lui.De retour à Léon, il comme l'atteste un nécrologe du xiii" siècle
reçut les ordres du diaconat et du sacerdoce, conservé dans le monastère de Saint-Isidore.
et rentra à Saint-Marcel. Ce monastère ayant L'Eglise ne l'a pas encore mis au nombre des
été sécularisé par l'évêque, Martin en sortit saints, mais on lui a élevé un oratoire et on
pour aller à Saint-Isidore, puis y rentra de fait monastère on il est mort '.
sa fêle clans le
nouveau, et enfin s'établit déliuitivement Ses écrits, publiés pour la première fois en

dans le monastère de S^int-lsidore. Il y vécut 1782, en deux volumes, par Antoine Espi-
jusque dans une vieillesse avancée, édifiant nosa, à Séville, reparaissent dans la l'alro-
tous ses Irères par son austérité, sa religion, loyic, aux tomes CCVIII et CCIX, col. 9 à 420.

sa douceur et sa charité. Mais si le ciel avait Le premier volume contient la Vie de Martin
donné à Martin la grâce de la sainteté, il l'a- par le diacre Luca, les éloges décernés à ce
vait laissé sans dispositions pour la science et saint prélre par plusieurs écrivains, et trente
sans talents. Maitin, cependant, désirait ar- sermons du temps, Le deuxième volume con-
demment la science des saintes Ecritures, et tient neuf sermons sur les Saints, onze sur
la demandait avec ardeur a l'Auteur de tout divers sujets, une exposition de l'épitre de
don parfait. 11 fut exaucé, et saint Isidore lui saint Jacques, une exposition de la première
communiqua, dans une apparition surnatu- épitre de saint Pierre, une aulre de la pre-
relle, une science infuse. Il s'en servit pour mière épitrc de saint Jean et enfin un com-
,

confondre les hérétiques, pour prêcher la pa- mentaire sur l'Apocalypse.


role évangélique et pour écrire ditlérenls ou- 2. Le livre des sermons du temps est ap- saiooi.

vrages. Dans ce but, il se procura, avec la pelé par l'auleur Concordance de l'Ancien et
permission de son abbé, plusieurs livres qui du Nouveau Testament. y a deux sermons
Il

devaient lui servir pour la composition des sur l'Avent, deux sur Noël, un sur l'Epipha-
siens. L'auteur de sa Vie, Luca diacre et ,
nie, deux sur la Septuagésime, un sur la

' Voyez sa Vie dau» le tome (JGVIII de 1» Palro- de uoj biogiapliec n'a parlé de sur lui.

loyie, et les lémoijjnugeg de quelques auteui:<. .Aucun


XiV.
834 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Sexagésime, un pour la Quinquagcsime, un contre les juifs par des témoignages pris dans
pour le commencement du jeûne, un pour !c In Synagogue et dans les pères. On ne doit
premier dimanche do Carême, un pour le pas s'attendre à trouver en cet auteur l'élo-
Carême, un pour le deuxième dimanclie, un quence qui dans les beaux siècles de
brilla
pour le troisième, un pour le quatrième, deux l'Eglise; le temps où il vivait ne le compor-
pour la Passion, un pour les Rameaux, trois tait pas; mais on y trouve de la force, de la

pour la Cène, trois pour la Résurrection, un solidité de l'onction et de la piété. Nous ne


,

pour le deuxième dimanche après Pâques, pouvons pas nous arrêter à signaler les dif-
un pour les Litanies, trois pour les Rogations, férents points de doctrine exposés par saint
deux pour l'Ascension, deux pour la fête du Martin; mais nous devons cependant faire
St-Esprit, un pour la fête de la sainte Trinité. remarquer que l'immaculée conception de
Les neuf sermons sur les Saints sont ainsi Marie trouve en lui un zélé défenseur. Dans
divisés :un pour la fête de saint Isidore, un le sermon sur la naissance de la sainte Vierge,

pour celle de saint Jean-Uaptiste, un sur l'As- il proclame à plusieurs reprises qu'elle est
somption, un pour la Nativité de la sainte immaculée; il dit que ie Saint-Esprit l'a pré-
Vierge, un pour la Sainte-Croix, un sur l'ar- servée tout-à-fait du péché; il fait remarquer
change saint Michel, un pour la Toussaint et que pères l'appellent immaculée,
les saints
deux pour la translatiou de saint Isidore, où qualification qu'on ne donne à aucun autre
il n'est point question de translation. saint '. En parlant de saint Miclicl, il ne dit

Les sermons sur divers sujets en compren- rien du combat que cet archange, d'après
nent deux sur la dédicace d'une église; un l'Apocalypse, livra contre le dragon ou Luci-
où notre auteur exliorte les chanoines régu- fer; ce quine doit pas surprendre, car il ex-
liers à ne rien posséder en propre un sur
;
plique ce combat de Jésus-Christ et des saints
les prélats de l'Eglise, où il est question de dans l'Eglise. Il regarde V Apocalypse comme
leurs devoirs; un sur l'obéissance qu'on leur la plus excellente des prophéties, parce qu'on
doit; un sur la discipline ou la bonne con- y trouve les mystères touchant Jésus-Christ
duite et l'observance de la règle; un où il et son Eglise, et qu'ils sont en grande partie
montre comment les jeunes gens doivent accomplis. Il dit que ce qui donne de la force à
fuir l'oisiveté; un autre où il expose comment cette prophétie, c'est l'autorité de la Trinité
les jeunes gens et les vieillards doivent servir qui fait cette prédiction , celle de saint Jean
Dieu. Dans le neuvième et le dixième, il dé- qui la transmet, et celle de l'Eglise qui la re-
tourne les moines et les chanoines de la fré- çoit. Au en lexpliquant, il se sert des
reste,
quentation de la cour des rois et de la curio- commentaires des saints pères; il emploie
sité à savoir le^ secrets des princes. Le der- surtout, quand il explique les chapitres rela-
nier sermon est sur les Actes des apôtres. tifs à l'antechrist, l'écrit iutitulé : Delà Vie
L'auteur, dans les sermons et dans les de l'Antéchrist, attribué faussement à Alcuin,
commentaires, s'est beaucoup servi de saint et qui est d'Adsou, abbé de Moutier-en-Der.
Grégoire-le-Grand, de saint Isidore et du 3. Gauthier de Ctiâtillon, originaire de

Maître des Sentences. Il n'est pas toujours Lille en Flandre, devint prévôt des chanoines
exact dans les citations qu'il en fait; peut- de Tournai -. 11 est auteur d'un écrit contre
être faut-il l'attribuer aux copistes, ou peut- les Juifs, divisé eu tiois livres. Oudin l'a pu-
être n'a-t-il voulu donner que le sens. Quoi blié le premier en 1692, in-8°, à Liège, avec
qu'il en soit, ses écrits n'ont rien que de très- quelques autres opuscules du xu' siècle. 11 a
orthodoxe. 11 expose clairement le sens des reparu dans le tome XIV de la Bibliothèque
saintes Ecritures, les mystères des deux Tes- des anciens Pères, de Galland, d'où il a été
taments et les oracles des prophètes; il s'at- reproduit au tome CCIX de la Patrologie, col.
tache aussi à montrer les événements du 423-453. Il est en forme de dialogue entre Gau-
peuple Juif comme autant de iîgures de Jé- thier et Baudouin, chanoine de Braine, qui était
sus-Christ, et il prouve la divinité du Sauveur cher à 1 auteur comme étant son compatriote.

.Serf iamen beaiissima virgo Mar il G Spirifu ub omni illicita cogilalione penilus mundavH; tan'
Sanclo iota piùchra et sine macula dicitur, ila et n tuin. ut ei poslnwdum peccandi uccasio nullatenus
sanctU Patribus prtedicatur , (juod de nullo aiio sanc- CGIX, col. 28.
extilerit. Fatrol., tou).
torum creditur. Decenter igilur eam sine macula Sfji- ' Il s'appelle lui-même de Chàtillon, parce qu'il
rilus Sanctusprœdicit, quia illnm prceveniens a pevcaio passa uue partie de sa jeunesse à ChàtiUoD.
provsus purgavit el fomile peccali liOeravit, ulque
[XIU' SIECLE. CHAPITKE LXXVl. - GAUlUIER UE CHATILLON. 835

Baudouin, dans le dialogue, remplit le rôle montre que le Père n'a point de principe, que
des Juifs. Dnns le preuiicr livre, l'auteur éta- le Fils est engendré du Père et que le Saint-

blit, par les prophètes, que le Messie est ar- Esprit procède du Père et du Fils. .\u troi-
rivé; dans le second, il inonlrelesditléreiites sième chapitre, il prouve que le Père n'a d'au-
circonstances de la vie du Messie par les cun aulre ce qu'il possède; que le Fils a du
livres de Moïse, par les livres des Rois, par les Père tout ce qu'il a; que le Saint-Esprit tire
Psaumes, par les Proverbes, par la Sagesse, ce qu'il possède du Père et du Fils, non par
par r Ecclésiastique, pur les Paralipoiuèues. grâce, mais naturellement, ce qui pourtant
L(! troisième livre est consacré à prouver la n'entraîne aucune infériorité dans les per-
divinité de JésusClirisl. sonnes de la 1res -sainte 'l'rinilé. Le qua-
Gauthier a aussi composé un poème inti- Irième chapitre est consacré à celte vérité
tulé l'A/exa/it/md/e ou des Actions d'Alexandre. que toute la Trinité et son opération ad extra
Il est divisé en dix livres el renferme cinq est inséparable, et que ce qu'une personne
mille quatre cent soixante-quatre vers. Comme opère, les autres l'opèrent également; il ré-
Lucain, Gauthier marche sur les pas de l'his- sout en même temps les objections. Mais de
toire, el Uuinle-Curce est sou lidèle guide. celte vérité il ressort aussi que tout ce que
Un trouve chez l'un el l'autre poète de grands l'on dit substantiellement de Dieu, on le dit
sentiments, des peintures éueigiques et de tout entier du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
I endure. Gauthier n'est pas dépourvu d ima- C'est l'objet du sixième chapitre. L'auleur y
gination et de verve. Il a quelquefois de beaux examine aussi s'il est permis de dire qu'il y
détails,des expiessions heureuses et même a dans la Trinité trois substances individuelles
des vers qui sont devenus proverbes. L au- d'une nature raisonnable. Il ne le cioit pas,

teur a su amalgamer, quelquefois assez adroi- parce que l'usage n'a pas consacré celte ex-
tement, des idées Iheologiques et des his- pression. Dans le septième, il prouve que les
toiresde la Ijible avec l'histoire d'Alexandre '. choses qui conviennent de toute éternité à
La première édition dont le litre est Gestu
, Dieu par rapport à la nature, sontatlribuées
^lfcj;«nrf/i J/a(/w(,esldcmi-golliiquein-4", sans aussi à chacune des personnes, comme on
indication de lieu ni d année. Les autres sont leur attribue ce qui convient à Dieu dans le
de Strasbourg, 1513, iu-i"; Ingolstadt, lî)41, temps par rapport à la ciéalure. Mais il fait
ni-8°; Lyon, Kob. i.ranjon, lo58, in-4"; Ulm, observer en mémo
temps que le Fils seul
loo9, iu-1^; Saiul-Gall, 1069 et 1093, in-ia. s'est incarné dans le temps, et qu'il l'a fait
Ces deux dernières sout les meilleures. C'est sans éprouver de changement. Le huitième
celle de 1659 qu'on a reproduite au tome CCIX chapitre est ainsi intitulé Que doit-on attri-
:

de la Patroloyie , col. 4o9-57i. A la suite des buer à chaque personne de la l'rinilé par rap-
deux écrits de Gauthier de Châtillon, les édi- port aux propriétés relatives? Bien que les trois
teurs de la J'atroloyie ont mis eu appendice personnes soient un seul Dieu, cl qu un seul
un traité sur la Trinité, par Gaulhier, théo- Dieu soit la Trinité, on ne doit pas dire néan-
logien ancien. Pez, qui l'a publié dans le moins qu'il y a triplicité en Dieu. Dans les
tome II de son Thésaurus Anccd., l'attribue à neuvième el dixième chapitres il montre ,

Gaulhier de Châtillon. L'ameur, quel qu'il les similitudes de la Trinité que l'on trouve
soit, parait avoir composé cet écrit contre dans l'âme humaine el prouve que dans le
ceux qui prétendaient qu'il y a en Uieu des ciel les bienheureux ont seuls une connais-
propriétés ou des relations qui ne sont pas la sance paifaiie de la sainte Trinité. Nous avons
même chose que Dieu, mais qui sont des déjà indiqué l'objet du onzième et du dou-
choses diU'érenles de la substance de Uieu. zième chapitre. Dans le treizième il réfute ,

II les réfute au chapitre xi par l'aulorilé et la l'erreur de ceux qui, attribuant au Père seul
raison. 11 eu parle encoie dans le chapitre la puissance, au Fils seul la sagesse, au Saint-
suivant. Cet ouvrage comprend treize cha- Esprit seul la bonté, se vaillent par l;\ de
pitres, bans le premier, lauleur démontre coinpreiulre le mystère de la Irès-saiiitc Tri-
les perfections de Dieu et prou\e qu'elles lui nité. 11 tinit en posant des principes très-
sont essentielhs; dans le deuxième, il fait sages. « Ne poussons pas, dit-il, la folie jus-
voir qu'il y a liois personnes dans l'unité de qu'à vouloir comprendre par noire raison le
la substance diviue; dans le troisième, il secrel impéuéliable de la nature divine, et
ne nous vaulons pas de l'avoir saisi; mais
« Voyez biographie univ. de Micliaud, ait. GauHier. aussi qu'il n'y ait persomic d'assez obstiné
836 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
pour refuser de croire, parce qu'on ne com- do l'abbé du Paraclet, qui n'ont été rendues
prend point parfaitenienl les mystères ins- publiques qu'en 1786 parmi les historiens de
crutables de la sainte Trinité. Si vous com- Danemark par Jacques Langebeck
recueillis
mencez à douter parce que vous ne compre- et Frédéric Suhm,
ils onl admis comme cer-

nez pas, recourez aux autorités qui établis- que nous sommes en état de
tains des f lits
sent que dans cette vie nul n'a une parfaite détruire par le témoignage même de l'abbé
connaissance de Dieu. Aj-ant reçu ces ins- Guillaume dont ils ont donné l'histoire.
tructions, que l'on commence àcroire sur Dieu Parce que son biographe a dit que ce saint
ce que Pierre a cru. Son ombre a guéri les personnage est mort en 12Ù2, âgé de quatre-
infirmes; les martyrs, les confesseurs ont cru vingt-dix-huit ans, on le fait naître en HOàou
aussi, et leur sainteté s'est manifestée non- 1106. Cela serait vrai s'il n'y avait point er-
seulement dans leur vie, mais encore après reur dans le texte. Mais voici des données
leur mort, par des miracles incomparables. plus certaines sur l'âge de notre abbé à l'é-
S'il arrive que le juif ou l'hérétique combatte poque de son décès, et par conséquent sur
par des arguments tirés de la dialectique, in- la date précise de sa naissance.
ventés selon le cours ordinaire de la nature L'an 1197, Guillaume écrivit au pape Cé-
et l'usage des mots, la vérité catholique sur lestinlll lalettrequarante-huilièmedulivrell,

la nature divine, qui surpasse tout d'une ma- sur uu événement de sa jeunesse, savoir :

nière ineflable les catholiques seront peut-


, s'il était obligé d'accomplir un vœu qu'il avait
être dans l'impuissance de réluter ces argu- fait alors d'embrasser la vie monastique. Pour
ments par la raison humaine; mais ils ne faire connaître qui il était et rendre le pape
persévéreront pas moins constamment dans plus attentif à sa demande : « Je suis, dit-il,

appuyée sur tant d'autorités, se


la foi qui est ce Guillaume qui, d'abord chanoine séculier
souvenant toujours que la foi expérimentée de Sainte- leneviève embrassa ensuite la ré-
,

par la raison, n'a point de mérite '. » Des forme, en 1148, et fut envoyé longtemps après
notices tirées de Fabricius et d'Uudin précè- en Danemark, où, étant devenu abbé, deux
dent, dans la Patrologie, les écrits de Gauthier. fois je suis allé vous trouver de la part de

4. Un anonyme, que longtemps


l'on a cru l'archevêque de Lunden une première fois ,

disciple de saint Wiihelrae ou Guillaume, abbé à Venise, et une autre fois à Tusculum. Hu-
de St-Tliomas du Paraclet, dans le Danemark, gues, abbé de Saint-Germain-des-Prés, que
a écrit la Vie de ce saint personnage; mais vous honoriez de votre amitié, était mon on-
il est tombé dans des erreurs si multipliées, cle; c'estmoi qui eus l'honneur de vous re-
qu'on ne peut le regarder comme contempo- cevoir, ainsi que le cardinal Bernard, évéque
rain, ni faire aucun fond sur sa narration. de Porto, dans une des maisons de Sainte-
Nous ne disons pas cela parce qu'il a sur- Geneviève, près de Seuils, et qui vous accom-
chargé sa composition d'apparitions, de révé- pagiiaijusqu'à Compiègne, lorsque vous alliez
lations et de songes c'était l'etfet de la cré-
: au devant de l'archevêque de Magdebourg.
dulité de son siècle, qui mettait une partie de Comme vous avez toujours eu des bontés pour
sa dévotion dans ces pieuses rêveries ^. Quoi- moi en considération de mon oncle l'abbé de
qu'elles ne soient pas propres à concilier à Saint-Germain, je m'adresse à vous avec con-
l'écrivain la confiance des lecteurs, nous n'in- fiance et vous demande conseil sur un l'ait
,

sisterons que sur les erreurs qui blessent la qui m'est personnel.
chronologie ou l'histoire publique. Les suc- » A l'âge de quinze ou seize ans, deux de
cesseurs de Bollandus, qui ne pouvaient se mes confrères, qui convoitaient les bénéfices
dispenser de donner place dans leur recueil dont j'étais pourvu, voyant que j'avais de
à cette pitoyable production, ont examiné au l'inclination pour la vie monacale, feignirent
flambeau de l'histoire et redressé la plupart d'avoir le même désir pour m'eutrainer avec
des assertions de l'anonyme dans leur savant eux. Nous jurâmes que nous exécuterions ce
commentaire; mais n'ayant pas vu les lettres dessein; nous choisîmes l'abbaye de Poiiti-

• Palrol., tom. CCIX, col. 590. Le droit et le devoir du critique n'est pas de repous-
' La notice que nous reproduisons ici est, sauf quel- ser à priori ce commerce surnaturel, mais de s'as-
ques DiodiBcations, celle qu'a publiée dom Brial. Nous surer si vraiment il a eu lieu. Le témoignage, revêtu
protestons coutre celle crédulité qu'on attribue au des conditions voulues, la raison, et surtout l'Eglise,
xm* siècle, contre cette négation du
et commerce peuvent nous douiier celte certitude. [L'éditeur.)
«uroaturel de Dieu avec l'homme élevé à la sainteté.
[xiii^ SIÈCLE.] CHAPITRE LX.WI. — S AINÏ GUILLAUME, ABBÉ. 837

frny, et lejour du départ fut arrêté, .arrivés dont ils le verront chargé, entreprises qui
à Ponligny...» Il y a ici une lacune dans la demandaient un zèle infatigable et un cou-
lettre;mais on sait, par l'iiislorien de Guil- rage à toute épreuve.
laume, que ses compagnons de voynge ayant L'an HGl ou 1162, au mois de janvier,
trouvé des prétextes pour s'en retourner, il époque où le roi Louis-le-Jeune avait assem-
avait pris le même parti. blé à Paris les prélats etlesgrandsdu royaume
Guillaume, continuant ensuite son récit ; ]>our les besoins de l'Etat, le bruit se répan-
<iNous avions promis, dit-il, d'y retourner au dit que le chef de sainte Geneviève avait été
bout d'un au; mais m'élant aperçu que mes enlevé, soit par la négligence des chanoines,
compagnons n'agissaient pas avec bonne foi, soit par quelque raison d'intérêt, qui pouvait
perdu ce projet
je n'en ai rien fait, et j'avais avoir des suites fâcheuses pour eux, et sur-
de vue lorsque réforme de Saint-Viclor fut
la tout pour Guillaume qui en était le gardien.
introduite à Sainte-Geneviève. J'embrassai la Cet événement ayant causé de la rumeur
réforme, et il y a près de cinquante ans que parmi le peuple,
le roi voulul que le fait fût

je pratique ce nouveau genre de vie. Je prie vérifié par évêques de la province. On ou-
les
maintenant Votre Sainteté de me dire si je vrit la ctiâsse à la vue du peuple assemblé,
puis en sûreté de conscience rester dans lor- et il se trouva que rien n'avait été distrait des
die des chanoines réguliers, ou s'il faut, pour ossements de la patronne des Parisiens. Il n'y
accomplir mon vœu que j'embrasse la vie
,
eut que l'évéque d'Orléans, Manassès de Gar-
monastique. » lande, qui soutint qu'il y avait eu substitu-
Cette lettre est très-importante pourfiserles tion; mais il fut contredit par les autres évê-
époques de la vie de l'abbé Guillaume, .^ussi ques, qui témoignèrent que tout avait été
les auteurs de V Histoire Ut ter aire de la France trouvé en bon état. Telle est, en substance,
ont-ils établi à ce propos une discussion très- la relation de Guillaume lui-même, relation

savamment raisonnée, dont les conclusions qui a été brodée par l'auteur de sa Vie, le-
vont nous servir à tracer sa biographie. quel, mettant aux prises l'évéque et le cha-
Guillaume naquit donc en 1125, à Saint- noine, ajoute des faits démentis par l'histoire.
Germain, près de Crespy en Valois'. A l'âge Cet auteur n'est pas plus exact lorsqu'il
de quinze ou seize ans, il était chanoine de raconte l'altercation qui s'éleva, en 1 164, en-
Sainte-Geneviève, et déjà pourvu d'autres bé- tre Guillaume et l'abbé Guérin, au sujet de
néfices. Avant qu'il eût embrassé la réforme, d'un prieur à Sainte-Geneviève.
l'installation
en 1148, il avait été ordonné diacre par l'ar- Guérin prétendait que, dans une abbaye
chevêque de Sentis, au refus de l'évéque de royale, c'était au roi à nommer les officiers
Paiis, auprès duquel, dit l'historien de sa de la maison , ou du moins à confirmer le
Vie, les autres chanoines l'avaient desservi. choix qu'on en faisait, et, malgré l'opposition
Les bollandistes sont étonnés que l'évéque de de la communauté, il conduisit secrètement
Sentis ait pu l'ordonner sans des lettres di- chez le roi le prieur qu'il venait d'instituer à
missoriales de l'évéque de Paris, et ils don- sa place, 'iuillaume, le moins tolérant de ses
nent pour raison que l'église de Sainte- confrères, lorsqu'il croyait les droits de l'ab-
Geneviève était alors exempte de la juridic- baye compromis, non-seulement résista en
tion de l'ordinaire, comme le leur avait sug- face au nouveau prieur, en l'empêchant par
géré le père Claude Dumolinet. Selon nous. voie de fait d'exercer ses fonctions, mais il
rien n'est plus simple l'évéque de Senlis
: alla encore porter ses plaintes au pape, rési-
avait ordonné le chanoine Guillaume parce ,
dant à Sens, comme d'un attentat contre les
qu'il avait ce droit-là, Guillaume étant né statuts de l'ordre. Le pape tout eu approu- ,

dans son diocèse. vant son zèle voulul que le plaignant allât
,

Nous ne nous arrêterons pas à décrire ses faire satisfaction à l'abbé, non pour la ma-
vertus cléricales et religieuses, sur lesquelles nière dont il s'était conduit, mais pour s'être
l'auteur de sa Vie s'étend si longuement. absenté de la maison sans sa permission
Nous ne ferons que toucher les traits qui don- ou l'autorisation du chapitre. Ce fut alors
nent la mesure de son caractère, pour pré- que Guérin, n'écoutant plus que son ressen-
parer nos lecteurs aux entreprises difficiles timent, déploya contre lui une sévérité ou-

Daus un acte par lequi'l Guillaume règle la ci'vt-


' père s'appelait Rodulplie ou Raoul, et sa uière Euie-
moiiie de son anniversaire après sa mort (Rer. Dan. Une. L'.mleur de ;-a Vie , qui ne les nomme pas, ajoute
script., cap. vi, pag. 145), il nous apprend que son qu'ils étaient nobles A'oii/i ortus prosapia. (Ledit.)
:
,

838 HISTOIRE GENEIIÂLE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


trée. 11 le fit fustiger A nu, et le condamna à faisaiten France de fréquents voyages, et,
prendre, pendant sept jours, sa réfeclion à pour seconder les intentions du roi, jaloux
terre avec les chiens. C'est ce qui résulte de de civiliser son peuple en l'éclairant, avait
la lettre du pape Alexandre Kl aux abbés de attiré en Danemark des colonies de cister-
Saint-Germain et de Saint-Victor, auxquels il ciens de préraontrés et de cliartreux , aux-
,

adjoignit le prieur et le sous-prieur de Saint- quels on avait formé des établissements. Ce-
Victor, avec l'ancien abbé de Sainte-Gene- pendant, à l'époque où nous sommes, les
viève, nommé Odon, les chargeant d'infor- chanoines réguliers de France n'avaient pas
mer sur un traitement aussi atroce. La rela- encore d'établissement en Danemark. Absa-
tiondu biographe est la même quant au fond, lon, évêque de Roschilo, prélat d'une grande
mais il diffère sur plusieurs circonstances, et naissance, qui, dit-on, avait étudié en France,
il en ajoute qui auraient besoin d'être garan- désirait leur en former un dans l'ile d'Eskil-
ties par des autorités que nous n'avons pas. soë, à la place d'autres chanoines peu régu-
Il paraît que cette affaire indisposa aussi le liers. Ilenvoyé à Paris le prévôt de son
avait
roi contre Guillaume, et que celui-ci, s'étant Eglise, nommé
Saxon, pour négocier cette
éloigné de Paris, eut besoin d'intercesseurs peu près dans lo temps que Guil-
affaire, à
pour reconquérir les bonnes grâces de ce laume avait encouru la disgrâce du roi. Il
monarque. C'est ce que l'on peut ronclure consentit à se charger de cette mission, avec
d'une lettre qu'il écrivit du lieu de sa le- troisde ses confrères, non en H7I comme ,

traite à Richard, prieur de Saint-Victor. Son le dit l'auteurde sa Vie, mais en HG5. Les
nom, à la vérité, n'y est exprimé que par la preuves s'en trouvent consignées et dévelop-
lettre initiale G; mais tout porte à croire pées dans un intéressant mémoire d'un mem-
qu'elle est de lui. Il prie Richard de lui man- bre de l'Institut, sur les relations, au xii' siè-
der si, depuis qu'il est venu le trouver, il a cle, entre laFrance et le Danemark.
vu le roi disposé à lui faire grâce; s'il a réussi Nous ne parlerons pas de ce que fit Guil-
à fléchir son abbé; s'il a parlé de son affaire laume après son arrivée dans ce pays cela ;

à l'abbé de Saint-Germain, et quelle réponse trouvera sa place dans le compte que nous
ila à lui transmettre de ces personnages. rendrons de ses lettres. Nous dirons seule-
Nous ne voyons pas quelle fut l'issue de ment qu'en 1193 il fit un voj'age en France,
cette afl'aire; mais on peut croire qu'elle con- pour négocier le mai'iage d'Ingelburge de
tribua beaucoup
à lui faire accepter, l'année Danemark avec Philippe- Auguste; que ce
d'après, la mission qui lui était offerte d'aller mariage ayant été presque aussitôt rompu, il
en Danemark établir la réforme de Saint- fut envoyé l'année d'après en cour de Rome,
Victor dans une maison de chanoines qui ne pour en soutenir la validité; que delà, étant
vivaient pas conformément à leur institut. rentré en France avec les bulles qu'il avait
La des écoles de Paris at-
célébrité obtenues du souverain pontife contre le roi,
tirant en France des étudiants de presque ilavait été arrêté, avec toute sa suite, à Dijon,
toutes les nations de l'Europe, cela ne con- par ordre du duc de Bourgogne qu'ayant été
;

tribua pas peu à augmenter et à consolider mis en liberté vers le commencement de l'an-
les relations qui existaient entre les différents née 1196, il revint à Paris sans avoir pu re-
peuples. La montagne de Sainte-Geneviève couvrer les lettres papales dont il était por-
était alors le lieu le plus fréquenté pour teur. Quant aux détails de cette affaire, nous
les études, et l'abbaye, depuis la réforme, les donnerons plus bas à l'article des lettres.
rivalisait avec Saint-Victor pour la régularité Guillaume n'en vit pas la fin; il mourut en
et la bonne instruction. Non-seulement les 1203, la nuit de Pâques, qui tombait cette
Danois fréquentaient celte maison, mais plu- année-là le 6 avril, etc. Il fut canonisé par le
sieurs d'entre eux, et de la plus haute consi- pape Honorius III, en 122^.
dération, y avaient embrassé la vie cléricale. Jusqu'au siècle dernier, on ne connaissait
Sous le règue de Waldemar I", surnommé presque aucun de ses ouvrages. On savait
le Grand les relations de la France avec les
, seulement par tradition qu'il avait laissé un
Danois devinrent plus intimes, au point que volume de lettres très-intéressantes, dont on
la politique suggéra bientôt après au roi Phi- promettait de faire jouir le public. Elles oui
lippe-Auguste, devenu veuf, de choisir une été enfin publiées en Danemark, avec d'au-
épouse dans la famille royale de cette nation. tres opuscules dont nous allons nous occuper.
De son côté Eskil archevêque de Lunden
, ,
o. Elles sont divisées en deux livres : le s.s i.ur.i.
IXIU'SIKCLK. CHAPITRE LXXVl. — SALNT GUILLAUME, ABBÉ.
premier en contienl trente-neuf second et le lis est pecunia quœ domino non imperat, sed
quatre-vingt-trois. Il s'en faut beaucoup que domino cedit ad gloriam.
ce soit la totalité de celles dont parle l'au- Le mariage du roi ayant été dissous, vers
teur dans sa préface; mais c'est tout ce qu'il la fin de la même année, sous prétexte de
en reste. Le manuscrit original qui existait parenté, Guillaume fut envoyé en cour de
eu parchemin dans la bibliothèque de l'uni- llorae pour en soutenir la validité, et fut por-
vcisité de Copenhague, ayant été brûlé dans teur de plusieurs lettres à l'appui de ses
l'incendie de la ville, arrivé en 1728, on n'a l)oursuitcs. Celle d'Absalon, évêque de Lun-
pu retrouver que des copies informes et ré- ilen, au pape Célestin 111, contient la généa-
centes, qui prouvent que le manuscrit avait logie de la reine Ingciburge, et prouve que
été mutilé en plusieurs endroits, ou que les mal à propos on la disait parente de la reine
copistes ne s'étaient proposé que de faire un Elisabeth de Hainaut, première femme du roi
chois parmi ces lettres; car plusieurs n'ont Philippe-Auguste.
point de conimencemeul, d'autres n'ont point Celle du roi Canut au même pontife Céles-
de fin, et à cet égard nous partageons bien, tin rappelle les services importants que le
sincèrement les regrets de l'homme de lettres pape avait rendus à son père Waldemar et à
qui a écrit à la fin de l'index ou table des lui; ce qui lui donne la confiance que Céles-
chapitres cette apostille : Heu! crudelisctrus- tin ne l'abandonnera pas dans l'affaire du
tica, barbara manus, quœ violasti quod reparare divorce. Il supplie en même temps le pape
nequivisti! Desunt cœlerœ epistolœ domini ab- de jeter les yeux sur le tableau généalogique
batis Wilhelmi de Paraclito, quœ haitd dubic qui lui sera présenté. 11 écrivit pareillement
plures erant gi-avibus de rcbus perschptœ. au collège des cardinaux, pour accréditer les
Quoi qu'il en soit, nous allons rendre compte agents qu'il envoyait en cour de Rome, char-
de ces lettres dans l'état où nous les trouvons. gés de poursuivre la révision de la sentence
Comme dans leur arrangement on n'a observé de divorce prononcée contre le mariage de
aucun ordre, nous ne suivrons pas les nu- sa sœur. Ingelburge écrivit aussi au pape
méros qu'elles portent, mais nous les réuni- pour exposer l'état misérable auquel l'avait
rons sous certains chefs, afin de rapprocher réduite sa séparation injuste d'avec le roi.
les matières. Nous mettrons en première Pendant queGuillaumeétait àRome et qu'il

ligne toutes celles qui ont trait au mariage et avançait dans sesaû'aires, il inslruisitparleltre
au divorce de Philippe-Auguste, et heureu- l'abbé d'Esrom de l'ordre de Cîteaux, son
,

sement elles ne sont pas les plus maltraitées; ami, de l'heureux succès de son voyage, es-
puis viendront les lettres écrites aux papes, pérant qu'il irait bientôt le rejoindre, muni
à des archevêques, à des évêques, à des ab- de pièces qui combleraient de joie la nation.
bés, etc. Il écrivit aussi à la reine Ingelburge, pour

6. (Guillaume ayant été envoyé en France la consoler et l'exhorter à mettre sa confiance


en 1193, pour négocier le mariage d'Ingel- en Dieu, l'assurant que bientôt le roi serait
burge avec le roi, rend compte au roi Canut forcé de la reprendre, si elle persévérait,
de l'état de la négociation. On trouvait trop comme elle le faisait dans les exercices de
,

forte en Danemark la dot de la princesse, la piété chrétienne. Une seconde lettre, à la


telle que la demandait la France. Le négo- même, contient des reproches de ce qu'elle
ciateur insiste pour que l'on ne regarde point ne lui avait pas répondu, quoiqu'il eût entre-
à l'argent, quand il s'agit d'une alliance aussi pris pour elle un voyage au-dessus de ses
illustre et aussi avantageuse. 11 pousse la gé- forces. Il lui réitère ses exhortations avec plus
nérosité jusqu'à renoncer s'il le faut à un don d'instances que dans la lettre précédente.
que le roi venait de faire à son monastère, Le chancelier du roi de Danemark, nommé
pour subvenir aux besoins de l'Etat. Audi é, qui avait accompagné Guillaume, nous
Quoiqu'il eût heureusement conclu celle apprend, dans une lettre au cardinal Ûcta-
alliance, il parait qu'on lui sut mauvais gré vien, évêque d'Ostie, qu'il avait été obligé de
en Danemark d'avoir entraîné le roi dans une partir de Rome précipitamment, sans pren-
dépense si considérable. 11 fut obligé de se dre rongé du prélat, parce qu'on l'avait averti
justifier, mais sans se départir de la maxime qu'il serait arrêté immanquablement, s'il ne

qu'il avait adoptée que l'argent n'a de va-


: mettait sa personne en sûreté.
leur qu'autant qu'il procure à son possesseur Etant rentrés en France avec les lettres du
de la gloire et de la considération. Laudahi- pape, dont ils étaient porteurs, ils furent
840 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
arrêtés à Dijon et mis en prison. Guillaume de Sens, de l'évêque d'Arras, des abbés de
écrivit alors à Pliilippe-Auguste, pour lui dé- Citeaux et de Clairvaux, et de Pierre-le-Chantre
noncer cet attentat commis sur un prêtre et de Paris, qui devaient agir auprès du roi pour
des envoyés du pape. 11 veut lui persuader le déterminer reprendre son épouse, sans
i\

que les lettres dont ils étaient porteurs n'é- quoi cardinal Mélioi- avait ordre d'assem-
le
taient nullement flétrissantes pour sa per- bler,au second dimanche après Pâques de
sonne, mais partaient d'un fond de charité l'année 1196, un concile auquel seraient ap-
du pape, qui ne désirait rien tant que son pelés les évêques des provinces de Reims, de
salut; qu'au reste, si quelqu'un était coupa- Sens, de Tours, de Bourges, sous la prési-
ble, c'était lui, et non le chancelier André, dence du légat et du notaire du pape.
dont il fait l'éloge. Il prie donc le roi de le Ce concile n'eut aucun résultat et il n'en
faire rehlclier, et consent à rester en prison. reste aucun acte. Le roi, bien loin de repren-
Le chancelier, de son côté, écrivit au car- dre son épouse contracta la même année
, ,
,

dinal Mélior, légat du pape, résidant à Paris,


un nouveau mariage avec Agnès de Méranie.
en lui envoyant la lettre du souveiain pontife Alors commença une nouvelle procédure de
qui lui était adressée. Il s'excuse de ne la lui la part du roi de Danemark; il annonce an
avoir pas apportée lui-même, parce qu'il avait
pape que le roi des Frnnçais, malgré les dé-
été arrêté à Dijon, et il lui explique de quelle
fenses qui lui avaient été faites, venait de
manière. Cependant il avait été relâché et prendre une nouvelle épouse, et demande
rerais entre les mains des abbés de Citeaux qu'on déploie contre lui toute la ligueur des
et de Clairvaux, qui s'étaient rendus caution
canons, en mettant son royauuK! en interdit.
pour lui, mais à condition que si le roi n'ap- Ecrivant aux cardinaux « Vous savez,:

prouvait pas son élargissement, se recons-


il
leur dit-il que le pape avait ordonné au roi
,

tituerait prisonnier à Dijon ou ailleurs. de France de rappeler son épouse, ou, s'il
Guillaume écrivit, de sa prison, à frère
ne voulait pas la reprendre, de s'abstenir de
Bernard, grandmontain, correcteur des bons
contracter un nouveau mariage. Eh bien ! cet
hommes à Vincennes. C'était un homme d'une
homme, qui ne craint ni Dieu ni les hommes,
grande inllnence dans les conseils du roi. Il
n'a pas craint de commettre un adultère en
lui rappelle ce qu'ils avaient fait l'un et l'au-
épousant une autre femme. » Il demande,
tre pour la conclusion du mariage d'Ingel-
non pas que le royaume soit mis en interdit,
burge, et le prie d'employer son crédit au-
mais qu'au préalable le coupiible soit prive
près du monarque pour le déterminer à la des sacrements.
reprendre et à exécuter favorablement les
IngelbLMge écrivit aussiau pape, mais
avis salut.iires du souverain pontife.
uniquement pour lui exposer les chagiins
11 y a encore de lui une lettre à l'abbé
de qui la dévoraient, sans demander qu'il fût
Sainte-Geneviève, dans laquelle il lui fait part
infligéaucune peine à son mari. Ce qui
de son infortune, et lui recommande de de-
prouve que c'est à l'époque du mariage du
mander à Dieu la conversion du roi, ou que roi avec Agnès qu'il faut rapporter cette
justice soit faite par le pape. Quant à lui, il lettre, c'est qu'on trouve à la fin le commen-
est préparé à endurer les plus durs traite- cement de la lettre du roi Canut aux cardi-
ments succomber pour une si bonne
et à naux, laquelle vraisemblablement fut aussi
cause, persuadé que Dien suscitera d'autres
présentée au nom d'Ingelburge.
défenseurs qui la soutiendront jusqu'à la fin. Nous avons encore une lettre de l'abbé
Il est incertainque l'abbé Guillaume ait Guillaume au roi Canut, laquelle paraît n'a-
été relâché; mais
fut permis an chancelier
il
voir été écrite que l'an 1198, lorsque le pape
d'ai:er trouver le roi. Pendant qu'il attendait
Innocent III reprit l'alfaiie du divorce. 11 an-
à Paris le retour du monarque, André informa nonce au roi cette nouvelle comme une
l'archevêque de Lunden de ce qui se passait.
chose qui doit combler de joie tous les Da-
Après avoir raconté la manière dont il avait nois, et dissiper la tristesse dans laquelle
été arrêté et mis en liberté il annonce que ,
était plongée la famille royale, parce que.
l'on peut être tranquille sur la perte des pa- dit-il, le roi de France sera forcé, bon gré
piers, parce que le pape avait en voyé le prieur mal gré, de reprendre son épouse. Ne par-
de Sainte-Praxède avec de nouvelles instruc- lant de cet événement que comme d'un
tions; qu'en conséquence, on avait nommé
bruit qui commeuçait à se répandre, il n'y
une commission ccunpcsée de l'arclievêquo a pas d'apparence qu'il ait écrit celte lettre
[xiir SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVl. — SAINT (JUILLAUME, ABBÉ. 841

pendant qu'il était à Rome, en 1195 ; il eût Céleslin avait suggéré à Pierre, évêque de
parlé d'un Ion plus afîirmatif. Roschild, d'accorder à cet établissement le
Telles sont les lettres concernant le divorce revenu d'un an de tous les bénéfices qui
de Philippe-Auguste ;
quoiqu'on ne puisse viendraient <i vaquer dans sou diocèse. L'é-
douter qu'il en ait été écrit de part et d'autre vêque y consent et prie le pape de cimenter
un plus grand nombre que nous n'avons pas, par son autorité les arrangements à ce sujet
on voit de quelle importance sont celles-ci avec l'abbé (iuillaume, afin de leur donner
pour l'histoire de ce règne. plus de consistance.
7. Les vingl-trois premières sont des con- La lettre par laquelle GuilUaume deman-
sultations envoyées à Rome, presque toutes dait au pape cet accroissement de revenus
relatives à des cas concernant les sacrements est la quarante-troisième du second livre. Il

de mariage et de baptême, avec les réponses expose qu'en arrivant en Danemark, il n'a-
du pape à la plupart de ces questions. vait trouvé dans la maison qui lui était des-
L'arclievéqne de Drontbeim en Norwége, tinée et à ses compagnons de voyage, que
ayant de grands démêlés avec le roi du pays, sept fromages et la moitié d'un jambon qu'à ;

nommé Sverre, avait été obligé de s'expa- la vérité, l'évêque Absalon, devenu depuis

trii^r. et de se réfugier à Lunden en Dane- archevêque de Lunden, était venu à leur


mark. Dans sa lettre au pape Céleslin III, secours, selon ses facultés, mais trop bor-
il expose les différents sujets de conteslation nées pour les tirer de la misère. Il prie donc
qu'il avait avec ce prince i' parce que le
;
le pape d'ordonner à l'évêque de Roschild

regardant comme un usurpateur, il avait de leur accorder quelque bénéfice, et cela,


refusé de le couronner 2° parce que ce
;
avec d'autant plus de confiance, que celui
prince prétendait se rendre maître des élec- qui remplissait alors ce siège était un cha-
tions aux prélatures; 3° parce qu'il voulait noine régulier de leur ordre, nommé Pierre,
attribuer à ces cours de jusiice les causes et neveu d'Absalon.

des clercs; 4°disposer à sa fantaisie des égli- La lettre quarante -quatrième, écrite au
ses baptismales de ses domaines comme de nom du roi Canut VI au même pape, est re-
chapelles royales. Sur toutes ces questions lative à la conspiration qui devait porter sur
l'archevêque de Drontbeim demande au le trône l'évêque de Sleswic, nommé Wal-
pape de lui prescrire ce qu'il doit faire; et, demar. Le roi se plaint à Sa Sainteté de ce
attendu que le prince,pour l'empêcber de qu'elle n'avait eu aucun égard à ses plaintes
se rendre à Rome, s'était saisi de son tem- sur cet attentat, qu'il lui avait déjà dénoncé,
porel, ce prélat prie le pape d'écouter faro- quoique l'archevêque de Lunden et ses suf-
rableraent les personnes qu'il envoie à sa fragauts eussent attesté la vérité des faits sur
place. Peut-être l'abbé (juillaurae fut -il lesquels portait la dénonciation. Ces lettres
chargé de cette affaire, lorsqu'il alla tiRome, sont perdues ; mais dans celle-ci le roi invoque
en ii9i, pour celle du divorce. la notoriété publique, et si, parmesure de sû-
Quoique la lettre deuxième du second reté, il a mis en prison l'évêque de Sleswic, ce

livre soit mutilée au commencement, il paraît n'est pas qu'il le redoute personnellement mais
qu'elle fut écrite au pape par l'archevêque c'est pour déconcerter les menées de ses parti-
de Drontbeim, qui se plaint que des évêques sans. Il insiste donc pour que justice soit faite.
aient osé couronner, en son absence et sans L'atlaire des moines blancs et noirs dont il
égard à la défense du pape, le roi de Nor- est parlé dans les lettres onzième et dou-
wége qu'il appelle un tyran. zième de ce second livre, eut de fâcheuses
La lettre onzième d'Homer, évêque do suites. Ces derniers voulurent rentrer dans
Ripen, au pape Célestin, également mutilée leur maison à main armée et en chasser
au commencement, et la douzième de l'abbé les moines blancs. C'est de quoi se plaint
Guillaume au même pape, sont relatives à l'abbé du l'araclet, dans les lettres quarante-
une atlaire qu'ils avaient décidée, comme dé- sixième et quarante-huitième au pape Céles-
légués du pape, touclianl l'introduction des tin, pour le prévenir contre les clunistes qui

moines blancs de Uuldliolm dans le monas- allaient plaider leur cause en cour de Rome.
tère de Saint-Michel, au diocèse de Sleswic. La lettre quatre-vingl, écrite vraisembla-
Il parait que notre abbé avait mis à profit l.'lemenl au même pape, au nom de l'arche-
son voyage à Home, pour améliorer les re- vêque de Lunden, contient des plaintes sur
venus de son église du Paraclet. Le pape ce que le métropolitain et les évéques de
842 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Suède, méconnaissant la primatie de l'église les religieux, qui n'ont rien fait pour mériter
de Lunden, trouvaient des prétextes pour se un si cruel traitement.
soustraire à sa juridiction. Un incendie ayant consumé les greniers
Les lettres aux cardinaux sont peu intéres- du Paraclet, notre abbé eut recours à son
santes, et 1)8 contiennent que des recomman- grand prolecteur l'aichevêque Absalon. Il

dations sur des affaires dont ou n'explique a été, dit-il, si découragé,


qu'il a été sur le
pas même le sujet. point de retourner en France; mais
s'en
Une affaire que notre abbé eut en cour de n'ayant pu se résoudre à abandonner ses
Rome le détermina à écrire au cardinal Seuf- frères, comptant sur la protection du
el
froi ; mais il reste à expliquer en quoi consis- prélat, il déterminé à rester. A celte
s'est

tait cette atTaire, parce qu'on n'a conserve époque il était en marché d'acquérir la mai-
que le préambule de la lettre. — Dans une son où sa communauté était logée mais ;

autre lettre au même cardinal, il lui recom- l'incendie ayant dérangé tous ses projets, il
mande aussi une affaire, et lui annonce que espère que le prélat trouvera tous les moyens
le porteur de la lettre est chargé de lui re- de leur assurer cette maison qui devait être
mettre cinq marcs d'argent, lorsque l'affaire vendue au profit des pauvres. Etant inquiété
sera terminée. apparemment par un créancier [exactor), il
C'est encore pour recommander un chaigé s'excuse d'importuner si souvent l'archevê-
d'affaires qu'il envoyait à Rome, qu'il écrivit que, qui semblait faiie la sourde oreille à
au cardinal Cencius la lettre suivante. La ses demandes; mais comme cet homme avait
lettre soixante-quatorzième est aussi adres- besoin d'être arrêté dans ses poursuites par
sée à un cardinal qui n'est pas nommé, tou- une force majeure, il déclare qu'il ne cessera
jours pour recommander ses affaires ou d'implorer l'assistance du prélat, jusqu'à ce
celles des autres. Cette lettre n'est pas en- qu'il soit délivré de toute inquiétude.

tière, la fin y manque. Dans la lettre soixante - quatrième au


8. Le cardinal Fidentius, légat du pape en même prélat, il recommande un particulier
Danemark, ayant imposé de fortes contribu- qui allait plaider devant la cour archiépisco-
tions aux abbés du pays, sous peine de des- pale, pour un salaire qu'il revendiquait. —
titution, Guillaume, au nom de tous, écrivit Ayant commencé la construction d'un aque-
à l'arcbevêque de Lunden une diatribe vé- duc pour amener l'eau dans son monastère,
hémente contre les émissaires de la cour de Guillaume remercie le prélat des secours
Rome, dans laquelle, en suivant Timpétuo- qu'il avait reçus de lui pour cette entreprise;
silé de son caractère, il ne ménage guère les mais comme l'ouvrage n'était pas fini, il sol-
termes, et n'épargne pas même les évèqnes licite de nouveaux secours pour ne pas le

danois, qui, selon lui, étaient assez lâches laisser imparfait.


pour payer sans murmurer, et peut-être par 9. L'évéque de Scuren (Scuratensis) en
un motif d'ambition, les fortes sommes aux- Wester-Gothie, sous la métropole d'Upsal,
quelles ils étaient taxés. avait offert ses services à notre abbé, qui le
Une autre lettre au même prélat, dont il remercie dans une lettre dont il ne reste
ne reste qu'un lambeau du commencement, qu'un fragment.
semble avoir pour objet les mêmes vexations La lettre quarante-unième à Turgot, évo-
de la part du légat dont il s'était déjà plaint. que de Burgla, qu'on croit être le bourg de
Il reconnaît avoir reçu d'A])salon de grands Vensussel, en latin Vendulensis, dans le Jut-
biens; mais aussi fait-il valoir le sacrifice land, transféi é depuis à Alborg, est la même,
qu'il avait fait à sa sollicitation, de quitter à quelques petites différences près, que la

sa patrie, et il se plaint que le prélat lui ait soixante-sixième. Elle respire le zèle ardent
retiré sa protection dans une occasion où il qui animait notre auteur pour la stricte ob-
eu avait le plus besoin contre ses ennemis. servance de la règle de saint Augustin, dans
L'archevêque de Lunden, indisposé contre les maisons de son ordre. Depuis que ce
notre abbé, ayant suspendu les secours qu'il prélat avait quitté la maison de Westervic
procurait aux religieux du Paraclet, Guil- pour être élevé sur le siège épiscopal, le
laume lui écrivit une lettre très-soumise. 11 désordre sy était introduit au point que les
veut bien être puni, puisqu'il a eu le malheur religieux, comptant sur la protection de l'é-
de déplaire au prélat mais il demande en
; véque, ne reconnaissaient plus l'autorité du
grâce que l'on ne laisse pas mourir de faim prévôt, leur supérieur. C'est pour ôter à ces

[X m' SIÈCLE. CHAPITRE LXXVI. ~ SAINT GUILLAUME, ABBÉ. 843

religieux tlyscoles l'appui qu'ils se llattaient ou Cungehelle, pour savoir s'il pourrait sans
de trouver dans ce prélat, qu'il lui repré- danger expédier l'embarcation.
sente combien il serait plus expédient de ré- Des plaintes ayant été portées à l'abbé de
primer les désordres que de les favoriser. Prémontré, Hugues II, contre l'ablié de la
11 parait que le prévôt, irial^ré les représen- Sainte-Trinité de Lunden, l'abbé du Paraclet
tations de l'auteur, fut obligé de quitter son prit sa défense en écrivant à celui de Pré-
poste; car dans la lettre suivante, il lui con- montré la lettre cinquantième.
seille de se retirer dans sa maison du Para- En envoyant à Etienne, abbé de Sainte-
clet, ou chez les cisterciens d'Esroni. Geneviève, un beau cheval danois, il s'excuse
L'évêque de Swerin, dans le Mecklera- de ne l'avoir pas envoyé plus tôt pour plu-
bourg, avant invité notre alibé à venir le sieurs raisons, mais surtout parce qu'il n'en
trouver pour une atl'aire importante, Guil- trouvait pas qui fût digne de lui être présenté ;

laume lui répond qu'il se rendra à son invi- il Unit par lui recommander le fils de Suénou,
tation, non qu'il croie ([ue sa présence puisse chancelier du roi de Danemark nommé
,

être utile à quelque cliose, mais uniquement Pierre, qui faisait ses éludes à Sainte-Gene-
pour lui témoigner son entier dévouement. viève. L'épitre cent trente-unième d'Etienne
L'objet de la leltre soixante-neuvième à de Tûurnay contient la réponse à cette lettre.
l'évêque d'Odensée (Ot/ioniensis), est un re- L'abbé Jean ayant succédé, l'an H92, à
ligieux fui^itif du Paraclot, réfugié appa- Etienne de Tournai, dans l'abbaye de Sainte-
remment dans ce diocèse. On lappelle au Geneviève, l'abbé du Paraclet, connaissant
prélat qu'il avait promis de le faire arrêter les excellentes qualités du sujet, le félicite

et de le livrer à l'archevêque de Lunden. Ce sur son élévation et l'exhorte en même


,

religieux est vraisemblablement le Daniel au- temps à maintenir dans toute sa vigueur la
quel est adressée la lettre cinquante-huitième. régularité établie par son prédécesseur. Une
10. Un des meilleurs amis de l'abbé du douzaine de lettres du second livre ne nous
Paraclet était l'abbé d'Esrom, de l'ordre de paraissent pas assez intéressantes pour nous
Citeaux, nommé Walbcrt, nom qui semble y arrêter. Nous ferons exccpiion pour deux.
indiquer qu'il était français comme lui. Les La trentième est adressée à Pierre, fils de
lettres trente -six, trente -sept, trente- hui- Suénou, ciuuicelier du roi de Danemark,
tième du premier livre, et les vingt-sept, neveu d'Absalou, archevêque de Lunden,
trente -cinq, soixante -douzième du second lequel étudiait alors ù Sainte-Geneviève, où
livre, sont une preuve de l'étroite amitié et ilavait embrassé la vie religieuse, dont il est
de la réciprocité de services qui existaient souvent parlé dans les lettres d'Etienne de
entre les deux maisons. Tournai et qui devint ensuite évêque de
,

Ayant permis au prieur de sa maison de Uosch.ild ce jeune homme s'était adressé A


;

voyager en France, il le chargea d'une lettre l'abbé du Paraclet, pour obtenir de son père
pour Guérin, abbé de Saint-Victor, dans la- quelque faveur que celui-ci ue jugea pas à
quelle il annonce l'élat prospère de sa mai- propos de lui accorder voulant lui faire
,

son du Paraclet, sans entrer dans un grand goûter du refus de son père. Guil-
les motifs

composé sur
détail, p;:rce qu'il avait, dit-il, laume fait du ihaucelier, auquel il
l'éloge
cela et envoyé à l'abbé de Saint-Geneviève mêle aussi l'éloge du jeune homme, dont il
un écrit (libellum)que nous n'avons pas et ;
relève les bonnes qualités et l'application à
après avoir fait l'éloge de sou prieur, il prie l'étude, en l'exhortant toutefois à persévérer
l'abbé Guérin de lui envoyer les actes du et à se perfectionner de plus en plus. 11 est
martyre de Saint-Victor, parce qu'd avait parlé dans cette lettre de deux professeuis,
établi qu'on en forait l'otlice dans son église maître Amlré et maître Joceliu, auxquels
avec la solennité des fêtes doubles. l'auteur adresse des compliments. L'édilftir
Itanslalellrc trente-sixième, il félicite l'abbé des lettres de Guillaume n'a pu découvrir
de Neslveht d'avoir établi le bon ordre dans qui étaient ces deux piol'esseurs. Si ce n'é-
une maison de sa dépendance, mal famée par taient pas de» Danois, il y a apparence que
la conduite peu régulière d'un particulier. c'étaient d'anciens confrères de l'auteur le:

Voulant envoyer en Norwége un vai.sseau premier, André, qui a eu son article dans ce
chargé de grins à son profit {cumhrariu), volume; le secoiul, ce Jusceliu dont il est
dans un temps où les lois du Nord étaient parlé dans une lettre du pape Eugène 111,
en guerre, il écrit au prieur de Cunungellc parmi celles de l'abbé Suger, louchant une
.

844 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


contestation qui s'était élevée, l'an 1149, en- mark. Il ne pouvait se résoudre à aban-
maitre Pierre, devenu ensuite évo-
tre lui et donner ce prélat, après avoir reçu de lui
que de Meaux, et créé bientôt après cardinal tant de bienfaits, et d'ailleurs son attache-
du titre de Saint-Clirysogoue. ment à la personne du roi qui dans les oc- ,

Guillaume étant venu en France, l'an 1193, casions critiques était venu à son secours,
pour négocier le mariage d'Ingelburge, prin- lui faisait un devoir de rester il prie sa ma- ;

cesse de Danemark, avec le roi Philippe- jesté de ne plus écouter les faux rapports,
Auguste, écrivit à un ancien ami, nommé et de considérer que depuis son établisse-
Geofroi, la lettre soixante- troisième, pour ment, il avait éprouvé quatre incendies. —
luiannoncer son arrivée à Paris, et le désir Dans une autre lettre, il s'insinue dans l'es-
qu'il avaitde le voir. Ce Geofroi, inconnu prit du roi, pour lui parler d'une affaire li-
aux éditeurs le même qui dans la lettre
, tigieuse mais on n'a conservé de cette let-
;

vingt -neuvième est qualifie clianoine est , tre que le préambule, sans dire un mot de
vraisemblablement ce génovéfain qui avait l'affaire dont il s'agissait. — C'est peut-être
été envoyé en Danemark, par Etienne de celle dont il entretient un seigneur de la

Tournay, chargé de recueillir les aumônes cour, frère du chancelier André, nommé Rb-
que son abbé sollicitait pour la reconstruc- bes ou Ebbon, dans deux lettres où l'on voit
tion de son église. Il est parlé de lui dans que le roi s'itait déclaré contre les rehgieux
les lettres cent quarante-six, cent quarante- du Puraclet; mais ces deux lettres ne sont
sept, cent quarante -neuf, cent cinquante- pas entières.
deux, cent cinquante-troisième d'Etienne de Il y en a encore deux à André Suéran,
Tournay, et l'abbé duParaclet lui donna une chancelier du roi de Danemark, qui parais-
lettre de recommandation pour lui servir de sent avoir trait à celle même affaire, mais
passe-port dans ses tournées en Danemark ; qui n'expliquent pas davantage en quoi elle
mais dans toutes ces lettres son nom n'est consistait. En combinant ces lettres avec une
exprimé que par l'initiale G. charte du roi Canut, rapportée dans le même
Disons encore un mot de quatre lettres volume, nous sommes portés à croire qu'il
adressées à des religieuses. Ce sont des ex- s'agissait d'un droit de pêche dans un lieu
hortations à la persévérance dans l'heureux appelé Cline.
état qu'elles ont embrassé. Mais la plus re- Un comte Bernard, que nous croyons être
marquable du premier
est la vingt-sixième le comte d'Ascanie, fils d'Albert l'Ours, mar-

livre, adressée à deux du roi, M. et M.


filles grave de Brandebourg, créé duc de Saxe,
selon le titre, qualifiées simplement prin- l'an 1180, ou Bernard, comte de Halzebourg,

cesses du sang royal dans la suscription. voulant établir dans ses états une maison de
Parmi les louanges et les bons avis qu'il leur chanoines réguliers de la réforme de Saint-
donne, on est étonné de trouver celui de se Victor de Paris, s'adressa à l'abbé du Para-
préserver de l'iviognerie, tant ce vice était clet, qui lui envoya deux religieux pour con-

commun alors dans le Nord Ne sit vobis fa- : certer cet établissement.
miliare, dit-il, i)i mensis vestris ebrietatis ha- 11. 1° Bollandus a publié sans nom d'au- seso

here diffugium , licet consuetudini terrœ sit leur, d'après un manuscrit de Bruxelles, un
illud vitium opuscule qui a pour titre : Revelatio reliquia-
Au roi de Danemark et à des ofliciers de rum sanctœ Genovefœ. Le même écrit, dans un
sa cour, indépendamment des lettres au roi manuscrit de lu bibliothèque impériale, plus
Canut, relatives au divorce de Philippe-Au- correct que celui de Bruxelles rempli de la-
guste, desquelles il a été parlé plus haut, il cunes, porte en titre le nom de l'auteur. Nous
y en a encore deux autres dont il nous reste avons fait connaître celte production et ce
à rendre compte. qui y donna lieu, en traçant la 'Vie de noire
Des malveillants ayant dénigré notre abbé auteur. Elle a été reproduite au tome XIV du
dans l'esprit du roi Canut, Guillaume lui Recueil des historiens de France.
écrivit une lettre respectueuse et pleine de 2° On une généa-
attribue à notre auteur
dignité, dans laquelle il représente que s'il logie des rois de Danemark, composée en
a quitté la France, ce n'est pas qu'il manquât 1194, pour prouver qu'il n'existait aucune
des choses nécessaires à la vie, mais unique- parenté enlre la reine Ingelburge et le roi
ment pour répondre à la confiance de l'ar- Philippe-Auguste, et que c'est mal à propos
chevêque Absalon qui l'avait attiré en Dane- que sous ce prétexte, on a prononcé la dis-
,

[xiirsiKCLE.] CHAPITRE LXXVI. GUILLAUMI-: DE CHAMPAGNE. 845


solution de leur mariage. Il est possible que tom. VI; quinze diplômes donnés par Guil-
labbé Guillaume ail conliibué à la compo- liume et par différentes personnes à l'église
sition de cette pièce, mais il y a pins d'ap- et au monastère de Saint-Thomas du Para-
parence qu'elle fut l'ouvrage du conseil du clet. Le quatorzième contient l'acte de fon-
roi Canut qui s'y réfère dans une de ses
,
dation de son anniversaiie. Un appendice
lettres au pape Céleslin III. Quoi qu'il en soit, aux de saint Guillaume, col. 753-818,
écrits
il est pourtant vrai que Guillaume en fut le reproduit le testament d'Absalon, archevê-
porteur, lorsqu'il fut envoyé à Rome la même (jue de Lunden, d'après le tom. V Scriptores
année, avec le chancelier André, pour dé- rerum Danicarum, avec les notes de Sperling
fendre la validité du mariage de la princesse quilepremieravaitéditéce testamentenn96.
danoise. Cette généalogie a été imprimée 12. Guillaume aux Blanches Mains, Albi-
plusieurs fois , dans la
et particnlièrement manus, était le plus jeune des quatre fils de ICI - Maïus
Collection des historiens de Danemark par Thibaud-le-Grand ou le Dévot, comte de Char-
, l'ilum.. St
Jean Langebeck, qui l'a mise en regard avec tres de Blois et de Champagne et fut des-
, ,

un texte plus correct tiré d'un manuscrit tiné, dès son bas Age, A l'état ecclésiastique.
perdu de l'université de Copenhague, dont Quoique son père eût k sa disposition bon
on n'a pu recouvrer qu'une copie qu'il a en- nombre de bénéficesdont lui ou ses ancêtres
richie do savantes notes. étaient les fondateurs, il s'adressa néanmoins
3° En fondant dans son église l'anniver- à l'illustre abbé de Clairvaux dont le crédit ,

saire d'Absalon, évêque de Lunden, mort en était grand à la cour de France et de Rome,

1201, notre anteur faisait l'histoire de son afin d'obtenir de bonne heure pour son fils
arrivée en Danemark, de son établissement quelque grosse prélature. Saint Bernard, dans
dans l'ile d'Eskilsoë, de la transhition de son sa réponse, appuya son refus de se mêler de
monastère au Paraclet dans l'ile de Séeiande pareilles choses par de très-bonnes raisons :

au diocèse de Roschild, dans un lii u appelé » Ce n'est pas, dit-il, que je ne souhaite du

en langue vulgaire Ebblœholt, et des dons bien au petit Guillaume, mais non pas un
considérables qu'il avait reçus de ce prélat, bien pour lequel lui et moi nous otfenserions
tant en meubles qu'en argent; mais il ne Dieu. » Cette lettre est de l'année H51, qui
reste de cet écrit qu'un fragment qui fait re- précéda celle de la mort du comte.
gretter le reste. Quoique saint Bernard eût molivé son re-
Après avoir fondé l'anniversaire de sou
•'i" fus sur ce qu'il n'était pas permis de possé-
grand bienfaiteur, il s'occupa aussi à régler der simultanément des bénéfices dans plu-
ce qu'il voulait qu'on célébrât pour lui après sieurs Eglises, cependant Pierre de Celles,
sa mort. Cet acte respire une piété tendre; plus indulgent, ne fit pas ditUcuité de solli-
il veut que ce jour-là on serve à la commu- citer pour lui vers le même temps la pré-
, ,

nauté du pain de froment, du poisson et de vôté de l'Eglise de Soissons, alléguant pour


l'hydromel qu'on nourrisse aussi douze
;
molif les grands biens que ses ancêtres, et
pauvres, au.xquels on distribuera du pain, son père en particulier avaient faits aux ,

de la bière, de la viande ou du poisson, se- Eglises. « C'est , dit-il , un sujet qu'il faut se
lon le jour auquel tombera son anniversaire. hâter d'attacher à l'Eglise, parce que, issu
Ces distributions auront lieu même pendant d'une tige excellente, il pdrtera dans son
sa vie, au jour du décès de son oncle, l'abbé temps un fruit non dégénéré. Il a d'ailleurs
de St-Germain, de son père et de sa mère '. deux frères puissants, dont l'un est comte de
La Vie de saint Guillaume, abbé de Saint- Champagne, et l'autre comte de Blois et séné-
Tliomas, par un anonyme, est reproduite au chal de France que l'on peut considérer
,

tome CCIX de la /^a^;-o%((?, col. 589-636, d'a- comme deux bras prêts à venir au secours de
près les ScrijUores rtrum Danicarum, tom. V, la cour de Rome, toutes les fois qu'elle aura
Hannia', 1786. Viennent ensuite, col. 63o-7o6, besoin de leur appui. » Il ne parait pourtant
les épitres, lagénéalogie des rois de Dane- pas qu'il ait obtenu cette prévôté. Il était
mark. d'a[>vè9les Scriplores rerum Danicarum, destiné à des dignités plus relevées. En effet,

t. VI ; la révélalion des reliques de sainte Ge- son crédit à la cour du pape et à celle du roi

neviève, d'après les Bollandistes ; un frag- alla toujours croissant, surtout après que la
ment de l'éciit par lequel Guillaume fonde un plus jeune de ses sœurs eut épousé le roi

anniversaire pour Absalon, évêque de Lun- Louis-le-Jcuneetlui eut donné un fils qui fut
den, d'après les Scriplores rerum Danicarum, son successeur.
,

846 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


Robert du Mor.t nous apprend quM la de- tiers,fit de notre jeune prélat un bel éloge

mande de l'empereur Frédéric, le jeune Guil- que sa bonne conduite ne tarda pas à justi-
laume de Champ;igne fut élu en H63 par , ,
fier. « C'est, dit-il, un homme qui donne de
le clergé cl le peuple, arcljevèquc de Lyon, grandes espérances qui jouit d'une très-
,

el le pap'! Alexandre III approuva ce choix ;


brillante d'un grand crédit et
réputation,
mais ce fait qu'on ne lit iiLille part ailleurs,
,
d'une intluence considérable dans les affaires
nous parait fort douteux. Quoi qu'il en soit, du royaume; c'est lui qui, après le loi, ac-
cette élection ne fut pas soutenue; mais le corde le plus de secours à l'archevêque de
jeune aspirant ne tarda pas à être élevé à l'é- Ganlorbéry et aux peisonnes qui l'ont suivi
piscopat. L'an H6-4, il fut élu au siège vacant dans son exil. Je voudrais que vous tissiez
de l'Eglise de Chartres, concurremment avec connaissance avec lui, car il désire se lier
le prévôt du chapitre, qui s'était fait un nom- d'amitié avec vous; et pour vous dire sans
breux parti. Une lettre de Thibaud, comte de détour ce que j'en pense, je ne connais per-
Blois, au roi Louis-le-Jeunc, contient la rela- sonne dans le clergé de France qui ait plus
tion de ce qui s'était passé à cette occasion de prudence et plus d'éloquence que lui. »
afin d'intéresser le monarque en faveur de Cet éloge, dicté par la reconnaissance, pour-
son frère. Cependant, l'atiaire ayant été por- rait paraître intéressé, mais n'est pas con-
tée à la décision du pape Alexandre, ce pon- traire à la vérité. Personne en France n'é-
tife qui séjournait à Sens ordonna de pro-
,
, pousa plus ouvertement et plus chaudement
céder à une seconde élection, et écrivit au la cause de Thomas Liecket contre le roi d'An-

ici pour le prier d'employer son autorité alin gleterre Muni de l'autorité de légat eu France
.

que tout se fit dans les règles. L'année sui- dès l'instant de son sacre, il n'en fit usage
vante, noire jeune prélat ayant été élu une que pour contrebalancer celle des envoyés
seconde fuis, se rendit à Montpellier pour con- extraordinaires que le roi d'Angleterre, par
térer avec le pape qui à raison de sa jeu-
, ses instances et ses plaintes, obtenait de la
nesse, lui accorda, suivant Robert du Mont, cour de Rome. Indépendamment d'une mul-
un délai de cinq ans pour recevoir la consé- titude de lettres qu'il écrivit à ce sujet, et
cration épiscopale, elle chargea d'une lettre dont il sera rendu compte ', il fit, en 1169,
de recommandation auprès du roi, datée du le voyage d'Italie pour déterminer le pape à

19 août de la même année. employer les voies de rigueur, afin de con-


Eu MG6, comme il n'était encore qu'évèque traindre le roi d'Angleterre à faire sa paix
élu, ilassista au concile de Beauvais, où fu- avec l'archevêque. Lorsque le roi, ne pou-
rent excommuniés les moines de Ilébais, les- vant plus reculer, consentit à recevoir en
quels refusaient de reconnaître leur abbé, grâce larchevéque Thomas, ce fut l'arche-
parce qu'il avait fait profession d'obéissance vêque de Sens qui, avec le comte de Blois,
a lévéque de Meaux. Deux ans après, le roi son frère, le conduisit au lieu indiqué pour
d'Angleteire, pressé de toutes parts par ses la réconciliation; mais le saint prélat ayant
ennemis, et voulant se réconcdier avec le roi été mis à mort la même année, ses poursuites
de France, c'est à l'évéque élu de Chartres contre le roi d'Angleterre ne firent que re-
qu'il s'adressa en personne pour faire sa paix, doubler, jusqu'à lancer l'interdit sur ses do-
sachant, dilJean deSarisbéry, qu'il était plus maines en deçà de la mer, comme coupable
avant que tout autre dans l'intimiîé du roi. de ce meurtre, malgré l'opposition des pré-
La même année 1168, l'archevêché de Sens lats de Normandie.
étant devenu vacant par la mort de Hugues La guerre ayant recommencé de plus fort
de Toucy, Guillaume fut élu sans conteslation entre les deux rois, en 1173, l'archevêque de
pour lui succéder, et fut sacré le 22 décem- Rouen, craignant avec raison que ce Uéau ne
bre 1168, par Maurice, évêque de Paris, sans tombât sur sa terre des Andelys, s'adressa à
lenoncer néanmoins au gouvernement de l'archevêque de Sens, pour détourner, par
i'EgliSedeCliarlres, qu il lelinl pendant huit son crédit auprès du roi, ce malheur qui le
ans, avec la permission du pape. Ce lut à loc- menaçait. « C'est vous, lui dit-il, qui, dans le

casiou de ce sacre que Jean de SarisLéry, temps que la barque de saint Pierre était sur
écrivant à Jean de Belmeïs évêque de Poi- , le point d'être engloutie par les Ilots des scbis-

< Voir parmi les leltres de saint Thomas de Can- soixante-dix-huitième et quatre-vingt-huitième du
torbéry, la soixante-deuxième et soixante-quator- livre III, la septième du livre IV, les vingt-cinquième,
zième du livre 11, les lettres trentième, trente-unième, quatre-vingtième et quatre-vingt-deuxième du livre V .
|XUI' SIECLE CHAPITRE LXXVl. - GUILLATME DE CHAMPAGNE. 847

matiques, l'avez plus que toul autre sauvée; retint pendant un temps assez considérable.
du nautVage par votre main secourablc. Quoi- Itaoul de niceto dit qu'avant son départ le
que jeuue encore, vous surpassez en sagesse loi lui envoya en préfent des vases précieux

les vieillards, et votre vie réglée, au milieu dont il refusa l'hommage.


des séductions qui entourent les avantages S'étant rendu au concile général de Lalran,
du corps, de la naissance et du crédit dont m H79, il y fut revêtu de la dignité de car-
vous jouissez, vous donne plulùt l'apparence dinal-prêtre du titre de Sainte-Sabine, et la
d'un ange que d'un homme. Je n'insisleiai même année il fit le sacre et le couronnement
pas davantage sur vos autres vertus, qui lieu- de son neveu, le roi Philippe-Auguste.
nent du prodige; votre réputation d'honnê- Jusque-là notre prélat, parvenu aux plus
teté et de prudence est tellementrépandue hautes dignités de l'Eglise, n'avait rien perdu
partout, que vous n'avez aucun besoin de nos du crédit qu'il possédait à la cour du roi,

éloges. » et d(! la part qu'il avait eue dans le manie-


Pendant la guerre atroce que les Français ment des affaires et des grandes négocia-
tirent au roi d'Angleterre, pour prêter niaiu- lions; mais, A cette époque, une intrigue de
lorteàses enfants soulevés contre leur père, cour le brouilla pour un temps, ainsi que ses
en in'.i, Louis-lc-Jeune, faisant le siège de frères, avec le jeune roi son neveu. C'est un
Verueuil au Perche , envoj-a notre prélat au fait constant, tous les historiens le rapportent,
monarque anglais pour lui demander une mais iU ne sont pas tous d'accord sur le mo-
suspensioud'armes jusqu'au lendemain, pen- tif de cette brouillerie. Rigord dit que ce fut

dant laquelle, disent les historiens anglais, le une conspiration, mais sans nommer aucun
roi de France s'eujpara du bouig principal, des conspirateurs. Les historiens anglais et ,

qu'il réduisit en cendres. L'année suivante, surtout Gervais moine de Canlorbéry, don-
,

au mois d'août, le même prince, forcé d'a- nent à cette brouillerie un motif plus plau-
bandonner le siège de la ville de Houen, en- sible. Louis VII, en mourant, avait mis son
voya encore au roi d'Angleterre l'archevêque lils sous la tutelle du comte de Flandre, son

de Sens, demander une suspension d'armes parrain premier sujet de jalousie pour la
:

et la liberté de s'éloigner un peu, sauf à s'a- reine-mère et les oncles du roi. Le prince tu-
boucher le lendemain pour s'entendre. Mais, teur, abusant de la confiance de son pupille,
dès la nuit suivante, le roi de Fiance, sans voulut le marier avec une de ses nièces, fille
égard aux assurances données avec serment, du comte de Hainaut, et malgré le mécon-
leva le camp et prit le chemin de son royaume. tentement qne cette alliance disproportion-
L'an H7(i, (juillaume passa de l'archevêché née excita parmi les grands du royaume, il
de Sens à celui de Ueims pour succéder à
,
fil procéder à la célébration du mariage dans

Henri de France, frèie du roi Louis VU, dé- ses Etats, et bientôt après, an couronnement
cède le 13 novembre 117o; en même temps, de la nouvelle reine Saint-Denis. Ce pro-
ft

il se démit de èvéché UeChailies en faveur


1 cédé dut d'autant plus olfenser 1 reine-mère 1

de Jean de Salisbury, qu'on lit venir d'An- et ses frères, que la princesse de Hainaut
gleterre. Ce choix fut approuvé par le roi, avait été promise, dê.s l'année précédente, au
agréé par ie clergé, et plut sing..hérement à fils aine du comte de Champagne. Dans cet

Pierre de Celles, abhe de iiainl-Kemy de état de choses, sans égard à l'usage ou aux
Keims, lami et le prolecteur du savant An- préleutions de l'archevêque de Reims, on
glais, auquel il devait succéder un jour dans n'eut garde de recourir à son ministère pour
le même siège. 11 eu témoigna sa reconnais- ces cérémonies. Le mariage fut célébrée Ba-
sance au nouvel archevêque dans des termes paume par l'évoque de Sentis, et le cou-
qui prouvent le discernement et le désinté- ronnement à Saint-Denis par l'archevêque
ressement que notre prélat apportait dans le de Sens. Le cardinal Guillaume s'en plaignit
cliuix des sujets qu'il élevait aux dignités ec- au pape, et les autres mécontents, contre les-
clésiastiques. Au mois de juillet (Je l'année quels le roi prit des voies de rigueur, sans
H78, il alla en grand curtege \isiter le tom- épargner sa luere, appi lerent à leur secours
beau de saint 'Ihomas de Cantorbuy, dont il le roi d'Angleterre, qui prit d'abord les armes,

avait jadis épouse avec chaleur la querelle mais finit par concilier les esprits.

contre le roi comme nous l'avons dit plus


, Le crédit du comte de Flandre à la cour ne
haut. Néanmoins ie roiallaau devantdelui.ie fut pas de longue durée, et les princes de la

reçut dans son palais avec distinction, et le maison de Champagne trouvèrent bientôt oc-
848 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
casion de le desservir auprès du roi, et de une trêve. Au mois de janvier de l'année sui-
lui rendre la pareille. Dès la même anuée vante, les deux rois étant assemblés à Gisors,
H 81 des raisons d'intérêt le brouillèrent avec
, pour traiter de la paix, sur la nouvelle de la
le roi; il y eut des hostilités commises du prisedeJérusalem par Saladin, oubliant leurs
côté de Senlis; on appela une seconde fois le querelles, ils firent vœu d'entreprendre en-
roi d'Angleterre au secours du jeune roi et , semble le voyage de la Terre-Sainte. L'ar-
l'archevêque de Reims, sous prétexte d'un chevêque de Reims donna la croix au roi, et
pèlerinage au tombeau de saint Thomas de se croisa lui-même. La guerre ayant presque
Cantorbéry, fut envoyé vers ce monarque. aussitôt recommencé, il y eut, à la Saint-
Le roi d'Angleterre arriva en France. L'an- Martin, une assemblée à Bon-Moulin, au
née suivante, il y eut un congrès entre Sen- Perche, pour traiter de la paix, et notre ar-
lis et Crépy, et la paix fut cimentée. chevêque s'y trouva avec le loi. Il assista
Pendant ce démêlé, le pape Lucius III aussi au colloque qui eut lieu pour le même
manda à Rome notre cardinal; mais le roi, objet à la Ferté-Bernard, au mois de juin de
qui lui avait rendu toute sa contiance, et qui l'année suivante. A celte époque, voyant le
avait besoin de lui, pour le dispenser de faire roi d'Angleterre prèsde succomberaux etlbrts

ce voyage, écrivit au pape les raisons qui le des ennemis, et malade à Saumur, il alla le
déterminaient à le retenir auprès de lui. Cette trouver avec le comte de Flandre et le duc
lettreprouve qu'à cette époque l'archevêque de Bourgogne pour le déterminer à accep-
,

de Reims était non-seulement en faveur au- ter les condilions que le roi Philippe et son

près du roi, mais encore son premier mi- fils Richard voudraient lui imposer. Le roi

nistre. mourant se soumit à tout; mais il en conçut


Les aflaires politiques du royaume ne l'ab- tant de chagrin, qu'il expira bientôt après.
sorbaient pas tellement, qu'il laissât en souf- Quoique l'archevêque de Reims eût pris la
france celles de l'Eglise dont il était chargé croix en même temps que le roi, il ne fit
comme évêque , métropolitain et légat du pourtant pas le voyage de la Terre-Sainte.
Saint-Siège. Plus de quarante lettres, à lui Le roi, en partant, l'an 1190, l'institua régent
adressées par Etienne deTournay, prouvent du royaume, avec sa sœur, la reine-mère,
que le ministre du roi entrait dans les plus auxquels il laissa par écrit ses instructions.
grands détails sur les affaires du clergé, même Ce fut lui qui, à Saint-Denis, donna au roi la
les plus minutieuses. Il n'estdoncpas étonnant panetière et le bourdon de pèlerin. Le comte
que, dans des affaires plus sérieuses, lorsque de Flandre étant mon, sans enfants, au siège
la foi était en danger et que l'erreur faisait de Saint-Jean-d'Acre, il s'éleva une grande
des progrès, il s'armât d'une juste sévéïité. contestation entre le comte de Hainaut, son
L'an 1183, des hérétiques ou sectaires du beau-frère, et sa veuve, la comtesse Mathilde,
genre de ceux qui se multiplièrent en France prétendant qu'elle devait succéder à tous ses
pendant le xii" siècle, ayant été découverts biens. En l'absence du roi c'était au régent
,

dans l'Artois, notre prélat se transporta à à décider la question. S'étant rendu, au mois
Arras et s'étant concerté avec le comte de
, , d'octobre 1 191 à Arras, il ménagea entre les
,

Flandre, un grand nombre de ces malheu- parties un accommodement dans lequel les
reux nobles clercs villageois, furent con-
, , , droits du prince Louis, fils du roi, du chef de
damnés aux llammes. sa mère, ne furent ni oubliés ni méconnus.
L'an 1184 Guillaume fit le voyage d'Italie
, ;
L'an 1192, Guillaume, autorisé par le pape
il était à Vérone, à la cour du pape Lucius 111, et l'archevêque de Cologne sacra à Reims,

lorsqu'il donna la consécration épiscopale à Albert de Louvain élu évêque de Liège par
,

Pierre de Celles, évêque d' Arras. L'année la plus saine partie du clergé, contre la vo-
suivante, 1185, notre prélat fut un des prin- lonté de l'empereur, qui, de sa propre auto-
cipaux négociateurs de la paix entre le roi et rité,en avait nommé un autre. Albert, crai-
le comte de Flandre, au sujet du Verman- gnant le ressentiment de ce prince, n'osait
dois. Toujours attaché au service du roi, il retourner à Liège, et bientôt après il fut mis
était non-seulement l'âme de ses conseils, il à mort par des traîtres envoyés d'Allemagne.
l'accompagnait encore dans ses expéditions L'année suivante, le roi Philippe devant épou-
militaires. En H87, au siège de Châteauroux, ser la princesse Ingelberge, sœur de Canut,
il fut un de ceux auxquels s'adressa le roi roi de Danemark, Guillaume accompagna le
d'Angleterre pour obtenir la paix, ou du moins roi à Amiens pour célébrer le mariage et cou-
, ,

[xiIl'SiKCLK CHAPITRE LXXVI. — tlUIM.ALMK HK CIlAMPAfiNK 849

loniierla nouvelle reine; niiiis d^s le lende- assisté aux conciles de Saint-Arnoul el de
main des noces, le roi ayant pris de l'aver- Soissons par la raison que le pape lui avait
,

sion pour elle le même archevêque sur le


, , interdit l'exprcicc de ses fonctions épisco-
témoignaire d'autres évcques ou barons, pro- pales, jusqu'à ce qu'il eût fait le voyage de
nonça bientôt après le divorce, pour cause de Rome pour être réhabilité. U était à peine de
parenté. Sur les plaintes du roi de Danemark, retour de ce voyage, qu'il tomba frappé d'a-
le pape Oclestin III, ne voulant pas encore poplexie à Laon où il mourut le 1 septembre
,

prononcer sur ce qui avait été fait, lui enjoi- 1202, dans la soixante-dix-huitième année de
gnit, à lui et aux évéques de sa province, de ne son lige. Son corps fut rapporté à Reims, et
pas souttVir que le rni conlraclût un nouveau inhumé près du maitre-aulel de sa cathé-
mariage du vivant de sa femme répudiée. drale.
Malgré cette défense, le roi épousa, en 1 196, 13. Malgré le haut rang qu'occupait dans j
la fille du duc de Méranie, et il y a toute ap- l'Eglise et dans l'Etat le cardinal Guillaume
parence que notre arciievêque prêta encore de Champagne, nous ne pouvons pas le pré-
son mini.=tère tt celte union. 11 en fut puni par senter comme un littérateur ou un savant;
le pape innocent III, qui lui retira les pou- cependant, il nous est impossible de ne pas
voirs de légat dont il avait été revêtu jusqu'a- lui accorder une place dans cette histoire,

lors, au moins dans sa province. soit à raison de la protection qu'il accorda

Après avoir épuisé auprès du roi toutes les aux gens de lettres, soit parce qu'il reste de
voies de conciliation pour le déterminer à re- lui des monuments historiques, rédigés peut-
prendre sa légitime épouse et à renvoyer être par une main étrangère, mais revêtus de
celle qui occupait sa place, le pape Innocent son autorité.
se décida, en 1199, à l'y contraindre par la Quant à la protection accordée aux gens
voie des censures. Il donna ordre au légat de est prouvée par des témoi-
lettres, elle
Pierre de Capoue de jeter l'interdit sur toute gnages nombreux el irrécusables. Etienne de
la France , c'esl-à-dire sur les terres du roi Tournay, écrivant au prélat pour lui recom-
ce qui lut fait, en plein concile, à Dijon et à mander un professeur nommé Simon, dit :

Vienne en Daupliiné. Quoique le roi eût cru <cC'est un homme de mœurs irréprochables
écarter le danger, ou du moins suspendre el très-instruit qui, dans l'exercice de l'en-
reflet de la sentence du légat par sou appel seignement public, jouit d'une grande célé-
au pape, néanmoins, la plupart des évèques brité. Or, personne n'ignore que vous aimez
la mirent à exécution; mais l'arclievèque de à rechercher, à vous attacher de tels sujets
Reims, et un petit nombre d'autres, pour en répandant vos bienfaits sur eux. Cela est
ménager le roi , s'abstinrent de l'ordonner si connu dans le monde entier, depuisl'Orient
dans leurs diocèses, promettant cependant jusqu'à l'Occident, que l'on voit votre cour
de se soumettre et d'obéir si les raisons qu'ils remplie de Toscans, de Lombards, d'Anglais,
alléguaient n'étaient pas jugées valables. de Belges el de Français, que vous avez com-
Pendant cet interdit ,
qui dura neuf mois , blés de ricliessesel d'honneurs. » De là l'em-
le roi, mécontente-
voulant taire cesseï- le pressement qu'avaient les gens de lettres,
ment général, dans une assemblée dévéques poules et prosateurs, de lui dédier leurs ou-
et de baron.=, demanda ce qu'il y aurait à vrages. Pierre Comeslor lui a dédié sou his-
l'aire. Tout le monde fut d avis qu'il fallait toire ecclésiastique; Gauthiei' de Lille, sou
obéir au pape. Alors, se tournant vers l'ar- Alexmdréide ; Pierre de Poitiers, chancelier
cbevéque de Reims u Est-il vrai lui dit ce : , de l'Eglise de Paris, la Somme des Henlences;
prince, ce que mande le pape, que le divorce el un nommé Guillaume, sa ÀJicrocosmogra-
par vous prononcé n'est qu'un jeu? » Le pré- pkie, dont l'épilre dédicaloire a été imprimée
lat ayant répondu que le pape avait raison : au tome 1" de ÏAmpte collection de dom Mar-
IlVous êtes donc nu sol et un étourdi, lui lène.
répliqua-t-il, d'avoir rendu nn toljugemenl'/» Voyons maintenant ses propres écrits, et
£ryo lu es slullus el fatuus, qui talem senten- particulièrement ses leltres, qui sont en assez
tiam protulhti'i' giand nombre.
On ne voit pas que, depuis, Guillaume ait 1" La plus ancienne, dans l'ordre chrono-

eu aucune part aux négociations qui lurent logique, parmi celles qui nous sont parve-
entamées relativement au divorce, eu )20U jiues, est celle qu'il écrivit, en 1100, n'élanl
et iaOl, avec le cardinal Uclavieii, ni qu'il ail encore qu'évêque tUu de Cliarlres, au pape
XIV, 54
,

HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


Alexandre III, en faveur de Thomas Beckel, hostilité que sa fille, épouse du jeune prince,

archevêque de Cantorbéry, dans laquelle il n'eût pas été couronnée en même temps.
annonce que c'en est fait de l'Eglise d'Angle- L'archevêque de Sens fut chargé d'en porter
terre et même de celle de France, si les atten- ses plaintes au pape, auquel il ne dissimule
tats du monarque anglais restent impunis. 11 pas que les trop grands ménagements dont
déclare que telle est l'opinion du roi de France il use envers le roi d'Angleterre l'enhardis-

et de toute l'Eglise gallicane. sent à oser tout impunément.


2° Le roi d'Angleterre ayant obtenu du pape 8° L archevêque de Cantorbéry ayant été

un bref qui interdisait pour un temps à l'arche- mis à mort sur la fin de la même année ce- ,

vêque de Cantorbéry d'userdes censures ecclé- lui de Sens en fut d'autant plus indigné qu'il
siastiques contre son souverain et ses adhé- avait plus contribué à le réconcilier, au moins
rents, l'évêque élu de Chartres s'en plaignit en apparence, avec le roi d'Angleterre. II
au souverain pontife dans une lettre datée de écrivit donc au pape pour lui dénoncer cet

l'an H68. Il témoigne son étonnement que attentat, dont il ne craint pas de faire retom-
les menaces du roi d'Angleterre eussent agi ber l'odieux sur le roi d'Angleterre, en com-
plus etlicaceraent sur son esprit que les prières paraison duquel, dit-il, Achab, Hérode, Né-
du roi de France et des évéques du royaume. ron, Julieul'Apostatet même Judas Iscariote
3° L'an H69, ayant assisté à la conférence étaient en quelque sorte de bonnes gens.
qui eut lieu vers l'Epiphanie, à Montmirail, 9° Il répète les mêmes invectives dans la

entre les rois de France et d'Angleterre, il lettre au pape, pour lui annoncer qu'il a jeté

rendit compte au pape de ce qui s'y était l'interdit sur les terres du roi d'Angleterre en

passé relativement à Tafifaire de l'archevêque deçà de la mer, malgré l'opposition des évé-
de Cantorbéry, dans une relation qui a été ques de Normandie. [L'écrivain qui, pour cette
imprimée parmi les lettres du saint prélat. lettre, lui a prêté sa plume, s'il n'en est lui-
4° La même année, l'archevêque Thomas même l'auteur, l'y fait parler autrement,
ayant excommunié l'évêque de Londres et certes, que ne l'eut lait un évêque gallican
d'autres partisans du roi, pour intimider le de ces derniers siècles. « Toute puissance, y
roi lui-même, l'archevêque de Sens écrivit dit-il au pape, a été donnée à votre apostolat,

au pape, au nom du roi de France, d'approu- dans le ciel et sur la terre. 'Vous avez en main
ver la sentence d'excommunication, dont ou l'épée à deux tranchants; vous êtes établi
espérait le meilleur ellet. sur les nations et sur les royaumes pour met-
5° L'évêque de Londres, poussé à bout par tre les rois à la chaîne, et les plus nobles
cette menace d'excommunication lancée con- d'entre eux dans les fers. » Super gentes et
tre lui et ne gardant plus de ménagement
, régna constilud estis ad alligandos reges eorum
s'était vanté qu'il ferait transporter à son in cornpediOus , et noùUes eorum in niunicis fh'-
siège la dignité métropolitaine de l'Eghse de reis. 11 est vrai que saint Bernard, contempo-
Cantorbéry; c'est cette tentative de schisme rain de Guillaume, ne tenait pas lui-même
que l'archevêque de Sens dénonce au pape, un langage difi'éreut, dans ses livres de lu
afin de le prémunir contre l'intrigue. Considération, au pape Eugène IIL]
6° Le roi d'Angleterre ayant obtenu du 10° Vers le même temps, ayant été chargé
pape qu'il enverrait de nouveaux légats char- par le pape de visiter l'abbaye de St -Victor,
gés de lever les excommunications lancées et de reformer les abus qui s'y étaient intro-
par l'archevêque Thomas, et des difficultés duits par la négligence de l'abbé Ervise, il
étant survenues sur la manière de procéder écrivit à la communauté pour lui annoncer sa
qui leur était prescrite, le roi et les légats prochaine visite, après une maladie qui l'a-
s'adressèrent à notre archevêque pour que vait empêché d'agir.
lui-même, en qualité de légat, tranchât la 11° A cette époque, Hugues de Champfleury,
dilficulté. Son avis fut qu'il fallait suivre lit- évêque de Soissons et chancelier de France,
téralement le mandat du pape. faisait sa résidence à Saint-Victor, et n'était
7°L'an 1170, le roi d'Angleterre ayant fait peut-être pas étranger aux désordres qui ré-
couronner son fils par l'archevêque d'York, gnaient dans la maison. Le pape, pour l'éloi-

sans égard aux piiviléges de l'Eglise de Can- gner, avait témoigné le désir qu'il renonçât
torbéry, indisposa non-seulement les parti- à la chancellerie pour se livrer tout entier
sans de l'archevêque Thomas , mais encore aux soins de son diocèse, si l'on pouvait dé-
le roi de Fiance, qui regarda comme une terminer le roi à se passer de son ministère.
,

[XIIl'' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVI. — GUILI.AUMK DE CHAMPAGNE.


L'archevêque de Sens, voulant parer le coup docteur Melior, vidame de l'Eglise de Reims,
dont était menace le chancelier, et qu'il ne dé- fut fait cardinal et camérier du pape Lu-
tourna cependant pas, écrivit au pape, en sa cius 111 il était ami et compatriote de Roland,
;

laveur, une lettre apparemment sollicitée, évèque de Dol ', qui poussait vivement la
dans laquelle il fait son éloge, et prie le pape décision du procès contre l'Eglise de Tours.
de tolérer dans l'évéque de Soissons ce qui On craignit que le cardinal Melior profitât
n'est pas absolument incompatible avec les de l'accès qu'il avait auprès du pape, pour
obligations d'un pasleur. faire triompher la cause de son ami l'ar- ;

12" Sur les plaintes que le prince Eskil, chevôque de Reims fut chargé de lui écrire,
archevêque de Lunden en Danemark, avait pour le prévenir que, si par malheur on
adressées au pape et au roi, touchant un dé- blessait en quelque chose les droits de l'E-
pot de quatre cents marcs d urgent, que dans glise de Tours, ce serait déclarer à la France
un voyage en France il avait fait entie les une guerre dont les suites pourraient deve-
mains d'Ervise, abbé de Saint-Victor, dépôt nii' funestes à la cour de Rome. La lettre est

qu'il i-éclamait l'archevêque de Sens, saisi


; imprimée parmi celles d'Etienne de Tournai
de cette affaire, écrivit à Maurice, évèque de qui en fui le rédacteur.
Paris, de se transporter à Saint-Viclor et de 16° Marlot rapporte la lettre que notre
faire les recherches convenables parmi les prélat écrivit à Pierre, chantre de l'Eglise de
eQ'ets de l'abbé destitué afin de retrouver ce Paris, pour le presser et même lui enjoindre
trésor. d'accepter la dignité de doyen du chapitre
13» L'an 1177, comme il était déjà arche- de Reims, à laquelle il avait été nommé d'une
vêque de Reims, il écrivit à Guillaume de voix unanime. La lettre est très-obligeante
Pavie, cardinal, évèque de Porto, pour lui et pleine d'estin;e et de vénération pour celui
recommander une affaire qu'avait en cour qui en est l'objet. C'était apparemment pour
de Rome, Elienne, abbé de Sainte-Gene- réparer le tort qu'il lui avait causé, en lui
viève, depuis évèque de Tournay. faisant manquer deux fois l'épiscopat, en
14" A l'exemple de la plupart des villes de 1191, loisqu'il fut élu à l'évéché de Tournay,
France, le.s habitants du bourg de Saint- el en 1196, lorsqu'après la mort de Maurice
Martin à Tours, s'étaient érigés en commune de Sully, il fut nommé à l'évéché de Paris.
pour se soustraiie à la dépendance des cha- Ces lettres ne sont assurément que la
noines. Jean de Salisbury, évèque de Char- moinihe portion de celles que noire prélat,
tres, délégué par le pape Alexandre pour qui eut tant de part aux atfaires de l'Etat et
dissiper la conjuration, n'ayant pu rien ob- de l'Eghse, dut écrire et ne seraient pas
;

tenir, lança l'excommunication sur tous les même un titre littéraire pour quelqu'un d'un
conjurés. Le pape Lucius 111, voulant ter- rang moins élevé. Mais on lui a attribué
miner cetle affaire, chargea l'archevêque quelquefois un ouvrage théologique qui ,

de Reims, Guillaume de Champagne, de se s il exislait, pourrait le placer au nombre

transporter à Tours ce qu'il (il. Muni des


;
des docteurs de l'Eglise; c'est un traité sur
pouvoirs du pape et du roi, il réussit, en celle question « Si Jésus-Chrisl, en tant
:

1184, à détacher la multitude du parti des qu'homme, est quelque chose. «


conjurés, laissant sous les liens de l'excom- En rendant compte de l'ouvrage de Jean de
munication ceux des conjurés qui ne se pré- Coinouailles, intitulé Eulogium,el adressé au
sentèrent pas au serment d'abjuration. Nous pa pe Alexandre III, nous avons exposé les di tlé-
avons la lettre du cardinal au pape, dans la- rentesopinions des théologienssurcette ques-
quelle il rapporte la chose comme elle s'était tion, dont quelques-unes tendaient à renouve-

passée. de Neslorius qui admettait dans le


ler l'erreur ,

15° Depuis longtemps les archevêques de Verbe incarné deux personnes, et d'autres
Tours plaidaient à Rome, avec les évèques de celle d'Eutychès qui ne reconnaissait en
,

DoL louchant le droit de métropole sur les Jésus-Christ qu'une seule nature. Ceux qui
évcchés de la province de Bretagne. Le roi niaient que Jésus-Lhrist, en tant qu'homme,
de France niellait beaucoup d'importance à lût quelque chose, c'est-à-dire un vrai

ce que l'aichevèque de Tours fut maintenu homme composé d'un corps el d'une ûme,
dans ses droits. Celte même année 1184, le furent appelés nihilistes. Pierre Lombard

lia éloieiit Pisaus l'avons prouvé plus haut, pag. 311).


S52 HISTOIRE GÉNÉRAL1-] DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
évoque de Paris, rapporte, selon sa méthode, reut comme une grande
faveur d'être sou-
leur opinion, sans l'approuver ni la combat- mis aux de Beaumont et les ducs de
lois ;

tre.La même question fut agitée et non dé- Lorraine, les comtes de Bar et de Luxem-

cidée au concile de Tours de l'an H63, pré- bourg les firent observer dans presque tous
sidée par le pape Alexandre mais, six ans ; les lieux de leur obéissance. Cette charte,

après, ce pontife, voyant qu'à la faveur du composée de cinquante-quatre articles, est


des nihilistes se
livre des Sentences, l'erreur imprimée parmi les preuves de l'histoire de
propageait, en conféra d'abord avec noire Lorraine, tome II, en français seulement,
prélat, dans uu voyage qu'il fit à Rome en quoique dom Calmet eût promis de publier
1169, et enjoignit, l'année suivante, aux mé- aussi le texte latin
tropolitains de Bourges, de Reims, de Tours 2° La même année, 1182, Guillaume ré-
et de Rouen de proscrire la doctrine des
, tablit dans la ville de Reims l'échevinage
nihilistes, et d'ordonner aux théologiens pour réparer en quelque sorte les dommages
d'enseigner que le Christ est vrai Dieu et que son prédécesseur Henri de France avait
vrai homme.y eut une lettre particulière à
11 occasionnés aux habitants, se concilier l'al-
l'archevêque de Sens, portant la même in- fection de la bourgeoisie, et empêcher que
jonction, parce que le livre de Pierre Lom- les mêmes troubles ne recommençassent
bard avait été composé à Paris sous sa mé- sous son gouvernement. Celte charte a été
tropole. C'est ce qui a fait croire que Guil- publiée par dom Marlot, et parmi les preuves
laume de Champagne avait composé lui- du tome IX de la Gaule cin-étienne.
même un traité contie les niliilistes ; mais 3" L'année suivante, 1183, il céda à la ville
il est plus vraisemblable qu'il chargea de ce un terrain nommé la Culture, pour y établir
soin Jean de Cornouailles, ou peut-être Gau- un nouveau faubourg, auquel furent trans-
tierde Saint-Victor, qui, embrassant un cliamp portés des privilèges dont avait joui précé-
plus vaste, écrivit aussi contre les nouvelles demment l'hôpital des lépreux de la ville.
erreurs de Pierre Abailurd, de Gilbert de lu 4" Pour honorer la science et donner de
Porée, de Pierre Lombard
de Pierre de
et l'émulation à ceux qui la cultivaient, il fit,
Poitiers, qu'il appelle les quatre labyrinthes. en 1192, un statut par lequel l'écolâtre, dans
On peut croire aussi que notre prélat aura l'église de Reims, devait être incorporé au
proscrit la nouvelle erreur par un n:ande- chapitre et avoir sa place marquée parmi les
ment que nous n'avons pas. dignitaires.
On a conservé avec plus de soin les char- 5° Nous avons vu plus haut les reproches

tes émanées de la chancellerie de notre pré- que des auteurs graves et contemporains
lat, lesquelles sont en très-grand nombre. font à noire prélat de s'être livré sur la fin
Nous ne parlerons pas de celles qui n'inté- de ses jours à un luxe immodéré, au point
ressaient que des paiticuliers en laveur que, pour y satisfaire, il abusa quidquefois
desquels elles étaient données. Mais il est de son autorité. Eh bien! l'année môme qui
essentiel, pour achever son éloge, de faire précéda celle sa mort, il fonda à Reims un
connaître, en peu de mots, celles qui avaient hôpital pour vingt malades, au soulagement
pour objet le bien public, l'embellissement desquels il pourvut abondamment dans une
des ou la fondation des hôpitaux.
villes, charte, où respirent les sentiments religieux
1° DomCalmet raconte que Guillaume de d'un livêque vraiment pénétré des obligations
Champagne, archevêque de Reims, fit bâtir, de son ministère envers les pauvres '.
en 1182, la petite ville de lieaumonl en Ar- Le tome C'IiX, col. 817, contient une no-
gonne, sur la rivière de Meuse, entre Stenay tice sur Guillaume tirée de la Gallia cliris-
et Mouzon; que pour y attirer des habitants, tiana, tom. IX; il indique ou reproduit les
il fit leur condition meilleuie que ne l'était épilres de Guillaume au nomlire de quinze,
celle de presque toutes les populations de trente-un diplômes de ce prélat, une lettre
la campagne. Guillaume donna à ceux qui que lui adressa Philippe I", roi de France,
s'établiraient à Beaumont certaines franchi- en 1189, sur la dime saladine, la lettre que
ses qui furent nommées la loi de Beaumont. lui écrivit, en 1180, un nommé Guillaume
Elles fuient trouvées si sages par les princes sur sa Microcosmoyrupliie.
et par les seigneurs voisins, et parurent si 14. Les monuments historiques ne sont
avantageuses aux peuples, que ceux-ci de-
mandèrent avec grandes instances et reçu- 1
Histoire littéraire de la France, tom. XV, pag. 605.
[xiirsiÊcLE.] CHAPITRE LXXVl. — JEAN DE BELMEIS, ARCHEVÊQUE DE LYON. 8.53

kerique j= d'accord, ni sur le surnom, ni sur le lieu de princes, depuis longtemps en guerre, con-
''"' '"
'
la naissance de ce prt-lat '. Les uns, comme sentirent à faire la paix; l'évêque de Poitiers,
Pierre Dernardi, prieur de Grandmont, et de concert avec les grandmontains, qui en
15ry de la Clergerie, l'appellent Jean de Del- furent les médiateurs, choisit cette occasion
lesme, et pas difficulté de l'incorporer
ne l'ont de procurer aussi celle de l'archevêque de
à la famille des comtes d'Alençon et de Pon- Cantorbéry; mais ce prélat s'y étant en quel-
thieu. D'aulres, et en particulier les auteurs que sorte refusé, l'évêque de Poitiers, qui
de la Gallia christiana , après avoir léfiité voyait avec douleur ses espérances s'éva-
ceux qui l'ont surnommé de Rellcsme, lui nouir, lui en lit des leproches assez amers.
donnent pour surnom de Bellemamis ou Jean Cependant, loin de se rebuter, il voulut en-
aux belles mains. C'était le surnom de Guil- core, quelquch jours plus tard, lui ménager
laume de Champagne, archevêque de Reims, une autre entrevue avec le roi, et il l'avait
Pour nous, nous croyons les historiens an- obtenue de ce monarque; mais l'archevêque
glais plus fondés à l'appeler Bellesraeius ou ne jugea pas à propos de l'accepter, lui re-
de Belmeis, et c'est le vrai nom de sa fa- prochant d'avoir consenti, sans sa participa-
mille, à laquelle appartenait, selon Raoul de tion, à des conditions qu'il ne pouvait tenir.
Diceto, Wautliier de Belmeis, frèie de
lin Celte mésintelligence n'altéra pas l'amitié
Richard, évèque de 1-ondres, et vraisembla- qui régnait entre eux et Jean de Salisbury,
blement père de notre prélat. Nous savons comme on le voit par les lettres que celui-ci

d'ailleurs, par Jean de Salisbury, qu'il n'était continua d'écrire à l'évêque de Poitiers, sur
pas Français. le Ion de l'amitié la plus intime. Etienne de
L'histoire fournit beaucoup de renseigne- Tournai, alors abbé de Sainte-Geneviève,
ments sur ce personnage. 11 était trésorier nous apprend qu'après le meui tre de saint
de l'église d'York, lursqu'il fut nommé évè- Thomas, l'évêque de Poitiers eut la dévotion
que de Poitiers, en 1162, et sacré le 23 sep- de un pèlerinage à son tombeau, dans
faire
tembre par le pape Alexandre 111, dans le letemps qu'il fut envoyé en Angleterre ,

monastère de Déols, près de Châteauroux en comme légat du Saiut-Sii'ge, pour rétablir la


Kerry. 11 gouverna l'Eglise de Poitiers pen- paix entre le roi et ses enfants.
dant vingt ans. Nous voyons, par une ordonnance de notre
Ce prélat, fort ami de saint Thomas de prélat,que spolié injustement par Richard,
Cantorbéry et de Jean de Salisbury, prit une duc d'Aquitaine, au lieu d'avoir recours à
part très-active au dilférend, en 1164, entre l'excommunication ou aux armes, il ordonna
cet archevêque et le roi d'Angleterre, au des prières. Mais dans une autre circons-
point qu'il devint suspect lui-même aux of- tance, où il s'agissait de préserver son trou-
ficiers du roi, de la part desquels il éprouva peau des fureurs de la guerre, il ne fit pas
des tracasseries. On peut voir, sur ce sujet, dilliculté de prendre les armes contre le
les lettres qu'il écrivit à saint Thomas. Jean comte d'Ângoulème qui, à la tète d'une
de Salisbury nous apprend que, pendant ces bande d'aventuriers brabançons, faisait d'hor-
débats, l'évêque de Poitiers fut empoisonne, ribles ravages dans le Poitou. Jean de Poi-
il ne dit pas par qui mais ou voit par d'au-
; tiers,ayant rassemblé de toutes parts des
'tres lettres, que le poison ne fut pas mortel, troupes auxiliaires, et soutenu par Thibaut
et, qu'après un accommodement avec le roi, Chabot, commandant de la milice ducale,
ce prélat avait recouvré ses bonnes grâces : les attaqua dans la plaine de Barbezieux, en
dès l'an 1166, il eu fit usage pour travailler tua un grand nombre, et obligea les autres
à la réconciliation de l'archevêque de Can- à se réfugier dans une forteresse, avec tant
torbéry avec ce monarque. De là celte mul- de précipitation, qu ils abandonnèrent tout
titude de lettres, dans lesquelles Jean de Sa- leur bagage. A ce récit l'historien ajoute
lisbury l'instruit de tout ce qui se passait re- que ce n'est pas le courage
cette rétlexiou,
tlativement à cette affaire. qui manque ordinairement aux clercs, mais
Ayant assisté à la conférence qui eut lieu moyens de le déployer.
l'occasion et les
à Montmirail au Perche, au commencement Enns, Jean de Belmeis fut chargé d'une
1

de l'année 1 169, entre les rois de France et autre expédition. H accompagna, avec plu-
d'Angleterre , et dans laquelle ces deux sieurs missionnaires, le légat Pierre, cardi-

nal du de Saint-Chrysogone, allant à


titre

< Htsioire littéraire de la France, l.XVI, p. 477. Toulouse, sur la demande des rois de Franco
834 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
et d'Angleterre, et du comte de Toulouse selon Robert du Mont, vir jucundus et largus
lui-même, pour convertir les hérétiques du et opprime litteratus. Jean de Salisbury, par-
pays. 11 est remarquable que dans la rela- lant d'un repas somptueux auquel il avait
tion que le cardinal Pierre publie de cette été invité chez un Lucullus de la Pouille, dit
mission, l'évêque de
est honoré Poitiers que, pour en faire la description, il aurait
du de légal apostolique; ce qui semble
titre besoin de l'éloquence de Jean, archidiacre
prouver qu'il représentait le roi d'Angle- d'York, qui fut un des convives. Cependant
terre, comme l'autre représentait le roi de il ne reste des productions de cet éloquent
France. L'année d'après, l'évêque de Poitiers prélat que quelques lettres dont nous allons
est cité parmi ceux qui assistèrent au concile rendre compte.
de Latran. Six lettres à saint Thomas de Cantorbéry :

Ayant été nommé àl'évêchédeNarbonne, 1° Avant de s'enfuir d'Angleterre, ce prélat

en 1182, il se rendit à Rome pour obtenir avait chargé l'évêque de Poitiers d'aller
du pape sa translation mais à la demande ; trouver le pape résidant h Sens, pour l'in-
du clergé de Lyon, il fut investi de cette former de lagrande contestation qui s'était
dernière prélature par le pape Lucius III. élevée entre lui et le roi d'Angleterre. L'é-
C'est pour le congratuler sur cette éminente vêque de Poitiers lui répoml, dans sa pre-
dignité, qu'Etienne de Tournay lui écrivit sa mière lettre, qu'il est prêt à le servir mais ;

lettre soixante-quinzième. Dans ce nouveau qu'il serait plus prudent d'employer pour
poste eut à combattre les erreurs des vau-
il cela quelqu'un dont les démarches fussent
dois, ou des pauvres de Lyon, et l'anonyme, moins observées, et il indique Guicliard,
qui a écrit leur histoire, rapporte que l'ar- abbé de Poutigny, dont le crédit à la cour
chevêque Jean, après avoir épuisé les voies papale était considérable.
de persuasion, fut obligé de les excommunier L'archevêque ayant exigé qu'il fit le

et de les chasser du pays. voyage de Sens, il lui rend compte d'une
Notre prélat gouverna l'Eglise de Lyon conférence qu'il avait eue, chemin faisant,
pendant dix ans et neuf semaines, c'est-à- avec les officiers du roi d'Angleterre, qui
dire jusqu'en H93. Alors il donna sa démis- lui avaient signifié des ordres non moins
sion, pour des raisons qu'il fait connaître, vexatoires que ceux dont l'archevêque se
dans sa lettre à l'évêque de Glascow en , plaignait. Celte lettre donne quelques dé-
Ecosse, et dont nous parlerons dans l'exa- tails sur une affaire qui divisait alors les
men de ses écrits. Peut-être aussi trouvait-il cours de France et d'Angleterre, au sujet des
les exactions de Philippe-Auguste trop in- comtés d'Auvergne, que le monarque anglais
supportables; car Guillaume de Neubridge voulait soustraire à la suprématie du roi de
raconte qu'étant allé en Angleterre, en H&4, France.
et entendant tout le moude se plaindre du 3° Arrivé à Sens, il instruit l'archevêque
fardeau des impôts que le roi Richard levait de Cantorbéry de l'inutilité de ses agences
sur la nation : « Votre prince, disait-il, est relativement aux aÛ'aires dont il l'avait
un bon homme et un véritable ermite, n en chargé, et du peu d'espérance qui lui restait
comparaison du roi de France, qui, sans d'obtenir de la cour de Home quoique cliose^
toucher à ses trésors, avait fait la guerre au qui déplût au monarque anglais. Quant à lui,

loi d'Angleterre, au moyeu de subsides qu'il il s'attendait à des traitements aussi durs que
imposait aux églises, et particulièrement aux ceux dont l'archevêque éprouvait les rigueurs
monastères. eu Angleterre.
A son retour d'Angleterre, Jean se retira 4" Après l'arrivée de saint Thomas en
à Clairvaux, où il finit ses jours après l'an France, et le départ du pape pour l'Italie, il
1202, comme on le voit par trois lettres du conseille à l'archevêque, pour plusieurs rai-
pape Innocent qui prouvent que, jusque
III, sons, d'acc(3pter les bénéfices que le roi de
sur le déclin, notre évêque était encore tout France et le comte de Cbampagne voulaient
occupé de questions de théologie, dont il bien lui conférer, parce que la reine Aliénor
demandait la solution au Souverain Pontife. ne ferait rien pour lui, tant qu'il serait gou-
Mais sa vie publique et pontificale fut termi- verné par Raoul de Feria.
née en 1194. 3° Dans une autre lettre, il s'étend beau-
15. Ce prélat passait de son temps pour coup sur des nouvelles qu'il avait recueillies
un homme éloquent et fort lettré. 11 était, à Tours de la bouche de certains négocia-
[xiii' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVl. — HUGUES V, ABBÉ DE CLUNY. 835

leurs, que le roi d'Angleterre avait envoyés trier, qui la rapporte aussi en latin parmi les
h Rome, et qui en rapportaient des lettres de Preuves de l'Histoire de Lyon.
l'archevêque, capables d'indisposer encore ir On cite dans la Bibliothèque Cotto-
davantage le roi contre lui. nienne une lettre de notre archevêque à
6° S'étaut porté médiateur entre l'arclievê- Raoul de Dicelo, archidiacre de Londres,
que et le roi, après la conlérence de Montmi- louchant la primalie de l'Eglise de Lyon.
rail, dont il a été parlé plus haut, il voulut Cette lettre existe dans un manuscrit de la
engager larchevêque à discuter de nouveau bibliothèque roj-ale, coté 6238, et les auteurs
son afTaire tèle-à-téte avec le roi, qui y con- de la Gallia christiana la rapportent pour ré-
sentait à des conditions si peu admissibles, futer l'opinion du P. Sirmond et de Baluze,
qu'il en reçut des reproches de la part de qui voulaient placer un Jean, arclievèque de
l'archevêque et de Jean de Salisbury. Lyon, an commencement du xii' siècle sur ;

7° Jean Besly a publié des lettres de notre quoi l'on peut voir, daus l'appendice du
prélat, eu dale de l'an 1167, portant ratifi- tome V des Annales de l'ordre de Saint-Be-
cation d'un arbitrage sur la contestation qui noit, page 682, ce que dom Mabillou écrivit,
s'était élevée entre lui et l'abbcsse de Sainte- en 1707, à l'archevêque de Lyon. Les au-
Croix de Poitiers, touchant le droit d'instal- teurs de la Gallia christiana n'ont point ob-
ler le prieur de Sainte-Radegonde. servé que cette lettre, dans le manuscrit, est
Le nouveau Glossaire de Du Gange rap-
8° adressée à Raoul de Diceto, historien an-
porte une ordonnance du mémo prélat, qui glais, qui n'est mort qu'après l'an 1200.
prescrivait des prières pour demander à Dieu la Celte observation eût suffi pour lever toute
restitution du château de l'Angle, que Richard, prouver qu'elle ne peut avoir
la difficulté, et

duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, avait été écriteque par Jean de Belraeis.
enlevé à son Eglise. La prière est curieuse. Au tome CCIX de la Patroloyie, col. 873-
9° L'amitié qui avait lié l'évêque de Poi- 882, on trouve une notice sur Jean de Bel-
tiers à saint Thomas de Cantorbéry, le porta nieis tirée de la Gallia christiana nova, t. Il

à ériger en son honneur, à Lyon, une cha- et tome IV : seize épîtres et diplômes y sont
pelle desservie par un chanoine, dans le lien reproduits, ou renvoyés comme publiés d'a-
appelé Fourvières. L'acte est rapporté dans vance au tome CXC.
la Gallia christiana. 16. Aucun monument ne nous enseigne ni .[.."'l^prètl
f^"
10° Il n'était plus archevêque de Lj'on l'année, ni le lieu où naquit Hugues, cin- »,J''"''=

lorsque, pour satisfaire aux questions de l'é- quième du nom et dix-seplième abbé de
vêque de Glascow, qui venait d'être sacré à Cluny. Mais nous savons par une chronique
Lyon, sur la manière dont il avait administré de ce monastère qu'avant d'en avoir la di-
son diocèse, il lui écrit une longue lettre rection, il avait gouverné l'abbaye de Rea-
dans laquelle il expose que cette Eglise étant ding en Angleterre, et qu'on y conservait le
dans l'ordre civil une baionnie, il était obligé souvenir des bienfaits de son administra-
de rendre la justice tant au civil qu'au cri- tion; il y avait piaulé un clos et fort em-
minel mais qu'il ne l'exerçait que par le
;
belli le réfectoire. En 1199, il succéda k
ministère d'un sénéchal, pour ne prendre Hugues IV dans la dignité d'abbé de Cluny;
aucune part à des jugements de sang. 11 ne il s'y distingua par sa piété, par sa science,

trouve pas à redire à cette prérogative de paya les dettes de la communauté et enri-
son Eglise, parce que le pape jouissait des chit la bibliothèque du monastère.
mêmes droits à Rome et à Bénévent, et les Ses écrits, ceux du moins dont on a con-
exerçait de même. Mais une chose qu'il ne naissance, ne sont pas considérables, quand
se pardonne pas, c'est d'avoir été obligé de même on y comprendrait les chartes qu'il a
faire la guerre, même aux voleurs de grands souscrites, soit pour consentir en 1202 à la

chemins aux sacrilèges; d'avoir détruit et


et construction du palais que Raimond, duc de
brûlé des chAteaux et d'avoir fait périr des Narboune, voulait bûtir à Saint-Saturnin du
hommes, non-seulement du côté des enne- Port {de Portii); soit pour renouveler, en
mis, mais du côté des siens. 11 ne dissimule 1206, entre le monastère de Cluny et celui
pas que c'est la une des raisons qui l'ont de Saiut-Laurcnl de Liège, d'anciennes re-
déterminé i\ renoncer à l'épiscopat, pour ne lations t'ralerneilcs. Les auteurs de la IVou-
plus penser qu'A laire pénitence. Celte lettre vellc Gaule chrétienne lui attribuent, sur la
a été traduite en français par le P. Menes- foi d'un manuscrit de Colbert un dialogue
,
,

856 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


concernant le souverain bien;
nmis c'est un usage deux chevaliers croisés pour enlever
des ouvrages de Hugues d'Amiens, qui, de Constanlinople le chef de saint Clément,
avant de devenir archevêque de Rouen pape et martyr, et le transporter en France.
avait été aussi abbé de Reading. Nous en Pour ravir à une église grecque cette reli-
avons parlé ailleurs. Il y a Lien encore une que leur fallut beaucoup d'adresse
, il et
Relation des affaires de Turquie, par un abbé d'audace, comme on en va juger par l'ana-
de Cluny, dont le nom commençait par la lyse de la relation de Rostang. Rien de plus
lettre H, relation qui se conserve manuscrite propre que ce récit à donner une idée juste
à la bibliothèque de Saint-Benoit de Cam- du singulier système moral et religieux que
bridge; mais, selon toute apparence, cette professait alors toute la chrétienté : la frau-
relation est de Hugues VI, qui fit un voyage de, le rapt, même avec violence, n'avaient
en Palestine, d'abbé de Cluny, devint
et qui,
rien d'illicite, pourvu qu'une relique quel-
en 1245 évêque de Langres. conque en fût l'objet; et l'on pensait que les
nous semble donc que le seul écrit qui
Il
saints continuaient de répandre leurs grâces
nous vienne réellement de Hugues, cinquième sur les ravisseurs, comme sur les posses-
de ce nom dans la liste des abbés de Cluny, seurs légitimes de leurs restes.
est un recueil de statuts à l'usage de son
Le moine Rostang commence sa narration
abbaye, lequel remplit vingt-quatre colon-
par une histoire abrégée des croisades, his-
nes dans la Bihliotheca cluniacensis de Mar-
toire dans laquelle il fait, suivant l'usage
rier et André Duchesne. Hugues V n'en est
du tempp, de nombreuses citations de l'Ecri-
peut-être pas le seul rédacteur, mais son ture, et surtout des prophètes. Et il semble
nom à la tête de la préface de ces rè-
se lit
lui-même s'excuser de celle digression au-
gles; y déclare que, pour réformer les
il
près de ses lecteurs. Il voit dans la prise et
abus qui se sont multipliés, pour rendre à
la reprise de Jérusalem la cause de la trans-
l'or la couleur qu'il a perdue, pour rassem-
lation du chef de saint Clément dans l'ab-
bler les pierres dispersées du sanctuaire, il
baye de Cluny. El voici comment il explique
croit devoir recueillir et mettre en vi"i]eur
ou prouve celte pioposilion, qui parait d'a-
lesanciennes règles établies par les°ières
bord tout extraordinaire.
et lesfondateurs de l'ordre. 11 interdit donc
On sait que le marquis de Moutferrat par-
de nouveau la simonie, la société des fem-
tit avec plusieurs évêques et religieux, en
mes, le luxe, les voyages inutiles, le vaga-
1202, pour la Teiie-Sainle, où les affaires de
bondage; il recommande l'abstinence, l'é-
la chrétienté étaient dans une silualiou dé-
conomie, Ihospilalité, l'ordre dans les élec-
plorable, puisque les croisés avaient perdu
tions et dans les délibérations capitulaires.
Jérusalem et une partie de leurs conquêtes.
11 est mort en 1207, quatre jours
avant les Dans le nombre des guerriers qui marchaient
calendes de septembre, selon une cbroniquc
à leur suite se trouvaient deux Français,
de Cluny; au mois d'octobre, suivant le né-
nommés, l'un Dalmace de Serciac, que Ros-
crologe du monastère de Saint-Robert de
tang nous donne pour noble et très-lettré,
Cornillon '. Ses statuts sont reproduits au
et l'autre, Pons de la Bussièie, qu'il repré-
tome GCIX de la Patroloyie, col
881-90G. sente aussi comme brav(î et fidèle. Ce furent
17. A la suite des statuts de Hugues, les là les ravisseurs du chef de
saint Clément;
éditeurs de la Patrologie mettent en appen-
et moine Rostang interrompt sa naria-
le
dice la relation écrite par Rostang, moine de
lion pour laisser parler le lettré Dalmace de
Cluny, sur l'enlèvement et la translation du
Serciac, qui retrace, en son nom et au nom
chef de saint Clément, pape et martyr. Voici
de son camarade, tous les détails du vol de
l'article que le continuateur de VHistoire lit- cette relique.
téraire- consacie à
Hoslang :
Il raconte que s'étant embarqué avec son
Ce moine ne nous est connu que par une
camarade pour aller de Thessalonique à Jé-
pièce assez curieuse, conservée dans les ar-
rusalem, ils furent assaillis par une affreuse
chives de l'abbaye de Cluny, et qui depuis
tempête qui semaines sur mer.
les retint six
a été imprimée dans la Bibliotheca Clunia-
Ils se trouvèrent trop heureux de pouvoir se
censis de Martin Marrier. C'est une relation
réfugier dans le port de Constanlinople, où
très-détaillée des moyens que mirent en ils arrivèrent dans le plus triste élat. Mais, à

les en cioire, leur plus grande peine était


Histoire tittérmre de la Fraiae. tom. IX.
'
ii. 4fiS de ne pouvoir accomplir le vœu qu'ils
SI£CLK. CHAPITRE LXXVl. — ROSTANG , MOINR DE CLUNY. 857

avaient fait d'allercombattre dans la Terre- prendre que les parties indiquées; le cheva-
Sainte. Ils gémissaient nuit et jour de leur lier s'afflige, et dit au prêtre qu'il n'a rien

oisiveté, lorsque Dalmace de Serciac conçut fait. Cependant il lui conseille de s'en aller
l'heureuse idée de transporter du moins promptement avec ce qu'il a pris, tandis que
quelques reliques dans son pays. 11 fit part lui et Pons vont aviser aux moyens de ter-

de son projet à plusieurs hommes religieux, miner l'alfaire. Serciac teint alors d'avoir
même à des cardinaux, entre autres, <'i Pierre oublié ses gants dans l'église, et il envoie
deCapone; tous l'approuvèrent hautement, l'ons les chercher, tandis qu'il reste à cau-

et autorisèrent le chevalier à se procurer ser avec les moiues à la porte. Pons trouve
des reliques par tous les moyens possibles, heureusement endormi le jeune clerc leur
pourvu que ce ne fût point à prix d'argent, surveillant, et s'empare sans hésiter du reste

la loi ne permettant pas d'acheter ou de de de saint Clément.


la tête

vendre les martyrs. Apparemment que les A peine étaient-ils à quelques pas de l'é-
prêtres des églises grecques, à qui les croi- glise, que les moines, s'apercevaut du vol,

sés vainqueurs avaient déjà enlevé un grand jelèrent de grands cris et les poursuivirent
nombre de reliques, étaient sur leurs gar- dans les rues; mais Pons s'enfuit à toutes
des : car il fallut à Serciac tout un hiver pour jambes avec son butin, et Dalmace Serciac,
aviser aux mesures qu'il emploierait afin de au contraire essaie de calmer les moiues,
,

s'en procurer.Mais un jour, un prêtre nom- et leur découvrant ta poitrine, leur montre

mé Marcel de Châlons, avec qui il dinail, lui qu'il n'y a rien de caché, .\insi s'exécuta,

indiqua une église où était la tête de saint non sans péril, la capture du chef de saint
Clément. Serciac lui demande s'il est bien Clément. Ce qu'il y a de plus extraordinaire,
sûr que ce soit le chef de ce grand saint. Le c'est que les deux chevaliers tentèrent en-

prêtre tous ses doutes en l'assurant


lève core une fois d'enlever imc autre tète dans
qu'il une lame d'or enfermée dans
a vu la même église; mais, pour ce coup, ils no

l'intérieur de la châsse, sur laquelle était réussirent pas.


dépeinte l'image de saint Clément, avec le Comment la tète de saint Clément se trou-
nom de ce pontife, écrit en grec au-dessous vait-elle là? Un chanoine du Saint-Sépul-
de son image. cre ,
qui vivait à Conslantinople depuis
L'abhaye où se trouvait le chef de saint quinze ans, ne leur laisse aucun doulc sur
Clément était, selon Dalmace, une des plus l'authenticitéde la relique. C'était un em-
considérables de la ville, et s'appelait Tren- pereur qui avait apporté celte tête à Cons-
tafolia, ce qui en latin signifie Rosa. Nos tantinople.
deux croisés s'y rendent un jour, avec le Bientôt après, nos deux croisés montent
prêtre Marcel et quelques autres qui devaient sur un vaisseau pour retourner dans leur
participer au saint enlèvement. Us prient les patrie. Mais une tempête, que l'auteur de la

moiues de l'abbaye de leur laisser voir l'é- du style le plus poétique, les
relation écrit
glise. On le leur permet, mais on leur donne met encore une fois dans le plus grand dan-
un clerc pour conducteur et surveillant. Les ger. Pouvaient-ils périr? ils avaient avec
chevaliers trouvent moyen d'éloignerle clerc eux le chef de saint Clément. Tous deux, à
du lieu où sont les reliques, en se l'aisanl genoux devant cette tète, lui adressent une
conduire dans diverses parties de l'église, et fervente prière; le calme revient aussitôt
en lui demandant des explications sur les sur les ondes, et ils abordent heureusement
peintures qui la décoraient. Le prêtre Mar- sur les côtes de France. De retour dans leur
cel profitede l'occasion, et aidé d'un moine patrie, ils otl'reni leur relique à l'église de
de Citeaux qui l'accompagnait, il approche Cluny, et les moines la fout enfermer dans
du chef de saint Clément, non sans crainte; une boite d'argent. Hoc fuctwn est dit la ,

mais il n'ose en prendre que le menton et relation, jicr graliam Dei, nniio 120G.
les mâchoires Sed mentuvi cum inuxillis
: Nous avons dit, en commençant, les mo-
caute avulsit, capite derelicto. tifsqui nous ont porté à citer avec quelques
Celte capture faite, les deux prêtres re- du chef de
détails l'histoire de la translation
viennent trouver les chevaliers, qui étaient saint Clément. Ce fut par des moyens à peu
alors veis la porte de l'église. Serciac de- près semblables que presque toutes les égli-

mande secrètement à Marcel s'il a réussi. ses d'Occident se trouvèrent posséder eu ce


Marcel lui répond en lui disant qu'il n'a pu temps-là une prodigieuse quantité de reli-
HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
ques enlevées aux Grecs; que l'église de Joannice, roi de ces barbares, le fit mourir
Langres, par exemple, eut le chef de saint cruellement, et, d'après des auteurs, Bau-
Mamès; l'église de Troyes, le chef de sainte douin mourut victime de la chasteté '.

Hélène et une partie du chef de saint Phi- 19. On a de Baudoum huit lettres et diplô-
lippe d'autres églises, le chef de saint Jean-
; mes recueillis par Martène au tome 1" du
Baptiste ou celui de saint Georges plusieurs
, ;
Thésaurus Anecd., et deux lettres au pape In-
même du sang de notre Seigneur, du bois de nocent 111 parmi celles de ce pape. Les huit
la vraie croix, etc. Galon de Sorlon, chanoine premières pièces sont au tome CCIX de la
de Saint-Martin de Péquigny, fut celui qui, Patroloyie, col. 913-928, et lesdeux à Inno-
dans le pillage de Constantinople, enleva le cent 111, la cent cinquante-deuxième du sep-

plus grand nombre de ces reliques rappor- tième livre et la deux cent onzième du livre
tées en France. sixième des lettres de ce pape. Dans la pre-
A la suite de la relation de Rostang sur la mière lettre à Innocent, le nouveau roi rend
translation du chef de saint Clément, se compte de la manière dont les Latins ont eu
trouve une hymne à ce saint pontife que ,
l'empire de Constantinople. Il le prie de pro-
l'on doit sans doute attribuer au même reli- voquer chez tous les habitants de l'Occident
gieux. Si elle n'ofTre pas un grand mérite le désir de venir prendre part aux immenses

poétique, elle nous fait du moins connaître trésors temporels et spirituels de l'empire
ce saint Clément dont une église de Cons- grec. Il lui dit que les honneurs et les ri-
tantinople conservait les reliques. Ce Clé- chesses les attendent tous. Les religieux
ment est celui qui fut pape dans le premier de tous les ordres étaient particulièrement
sitcle de l'Eglise, qui fut envoyé en exil dans invités à encourager le peuple à se rendre
la Chersonèse par Trajan, mais dont le mar- en Orient, et eux-mêmes étaient priés de se
tyre a été révoqué en doute par de doctes rendre en foule après avoir obtenu le con-
écrivains. 11 paraît cependant que l'auteur sentement de leurs supérieurs non pour ,

de l'iiymne croyait à ce martyre, puisqu'il combattre, mais pour y établir un nouvel


dit dans une strophe : ordre de choses dans la paix et l'abondance
Sprevit décréta principum, pour le plus grand bien de l'Eglise. Il prie
Ob hoc passus exsilium, le souverain pontife de convoquer un concile
Sed per maris supplicium à Constantinople, d'iionorer cette cité par sa
Consecutus est bravium.
présence, et de réunir ainsi, par le service
André Ducliesne, qui a enrichi de notes divin, la nouvelle Rome et l'ancienne. «Vous
la Bibliothèque de Climy du P. Marrier, sem- avez déjà invité précédemment la Grèce dis-
ble attribuer au moine Rostang un sermon sidente à un concile, lui dit-il; mais c'est au-
qui a pour titre In natali S. Odonis, abbatis
: jourd'hui qu'est arrivé le temps favorable,
Cluniacensis. Mais rien ne prouve que ce le jour du salut. » Il lui représente, pour le
sermon, qui n'est du reste qu'une déclama- décider, l'exemple de plusieurs de ses prédé-
tion sans intérêt, soit de notre auteur. cesseurs, tels que Jean, Agapet et Léon, qui
18. Baudouin I", comte de Flandres, s'é- ont autrefois visité Constantinople pourdifie-
tant croisé pour aller à la Terre-Sainte, fut rents motifs. Il lui fait observer que les évè-
élu empereur de Constantinople après la ques, lesabbés.et même le clergé subalterne
prise de cette ville par les Français et les s'étant conduits avec gloire, honneur et pru-
Vénitiens réunis en 1204. On ne pouvait dence, il était juste qu'ils reçussent la récom-
faire un meilleur choix. Baudouin était pieux, pense de la main de leur seigneur. 11 recom-
chaste, humain, prudent dans ses entrepi'i- mande surtout à la bienveillance apostolique
ses, courageux dans l'exécution, et possédait le duc de Venise et ses alliés les Vénitiens -.
tous les talents militaires. Le nouvel empe- La seconde lettre, écrite avant celle dont
reur marcha vers Andrinople pour en faire nous venons de parler, est au nom des croi-
le siège; mais, l'ayant levé pour aller à la sés pour laire connaître au pape la destruc-
rencontre des Bulgares qui venaient secou- tion de la ville de Zara, la restitution à Alexis
rir la ville, il fut vaincu et fait prisonnier. de l'empire grec occupé par les assassins

Vuypz la Biographie, de Feller; un article plus


• Tontes ces choses se trouvent dans cette lettre,
'

étendu dans la Biographie universelle de lUichaud, et non dans plusieurs, comme le donne à croire
el un ai\lre dans le Dictionnaire de l'histoire univer- l'abbé Rohrbacher, tom. XVI de l'Histoire de l'Eglise,
selle de l'Eglise, par Guérin. pag. 202.
[xiii' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVI ELIE DE COXIDA, ABBE DES DUNES. 859

d'Isaac. Tons les chefs de la croisade pro- composé plusieurs ouvrages qui sont per-
testaient aux pieds d Innocent qu'aucune dus; mais il n'en fait connaître ni les titres
vue mondaine n'avnit dirigé leurs armes, et Ce qu'il y a de certain, c'est que
ni le sujet.
que l'on ne devait voir en eux que des l'abbaye des Dunes possédait un grand nom-
instruments dont la Providence s'était ser- bre de ses sermons, qui prouvaient que sa
vie pour accomplir ses desseins. La princi- réputation d'iiomme éloquent n'était point
pale cause qui avait porté les pèlerins h se- usurpée. Dora Charles de Viscli en publia
courir .\lexis c'est qu'il avait promis par
,
un, en 1649, d'après un manuscrit de celte
serment de reconnaître le pontife romain abbaye. Dans l'édition qu'il donna, six ans
pour chef de l'Eglise et pour le successeur après, de ce même ouvrage, il en publia un
de Pierre. second, d'après un manuscrit de Saint-Gui-
Par une lettre adressée aux évêques de lain, de l'ordre de Saint-Benoit, lequel lui
Cambrai, d'Arras, des Moriniens (c'est-à-dire avait été conim\miqué par dom Georges Ga-
de Térouanne), de Tonrnay ', Baudouin fait lopin, bibliothécaire de ce monastère. Tous
savoir l'espérance qu'il avait de pouvoir re- les deux avaient été prononcés dans des cha-
couvrer la Terre-Sainte, et il les prie d'exhor- pitres généraux, dont le dernier doit avoir
ter les nobles à venir le rejoindre. été tenu en 1190. De tous les sermons de
Ces écrits sont suivis dans la Patroloqic, l'abbé l':lie , ces deux seuls sont parvenus
927-090, d'un appendice où l'on donne jusqu'à nous. L'un et l'autre méritent quel-
col.
d'après Bothmann, Pertz {Monument. Germ. que attention.
hist. Srript., tom. IX), neuf généalogies des Le premier de ces sermons a pour texte
comtes de Flandres. ces paroles de saint Jean (xiv, 23) Si guis :

20. Voici ce que nous trouvons dans le dilifjit me, sermonem meum servabil. Le début

tome V du Dictionnaire de Patrologie de est plein de dignité et ne se ressent nulle-

M. Migne, sur Elie Coxida. ment du goût du siècle. « Si c'est une entre-
Eiie ou Hélie, abbé des Dunes, prit le sur- prise dilticile, dit l'oraleur, de parler devant

nom de Coxida, du bourg de sa naissance au un grand nombre de personnes, d'âges, de


territoire de Fnrnes. Elevé au monastère des conditions et de mœurs ditféienies, combiei\

Dunes, il en devint successivement prieur, ne dois-je pas ressentir un plus grand em-
puis abbé en 1189, après la mort de Walter, barras en paraissant aujourd'hui, ainsi
,

qui l'avait lui-même désigné pour son suc- qu'on me l'a enjoint, au milieu d'une as-
cesseur. 11 fut le septième abbé des Dunes, semblée si respectable, moi qui suis dénué
ordre de Citeaux. S'il faut en croire plu- de science pour instruire, et qui ne puis
sieurs biographes, et entre autres Charles de présenter ma vie comme un modèle propre
Visch, l'Europe entière admira sa doctrine à m'altirer les sutl'rages ? » Mais bientôt

et sa sainteté. Quelques anecdotes singuliè- l'orateurchange de ton. Son style devient


res qui assaisonnent sa vie, à défaut d'autres métaphorique, obscur, plein des rapproche-
renseignements plus sérieux ressemblent ,
ments les plus bizarres. Par exemple, le
trop à des fables pour que nous nous
,
précepte de saint Jean qu'il a pris pour
croyions obligé de les rapporter. On peut en texte, lui parait contenir toute la philosophie.

lire le récit abrégé dans YHistoire littérnire « Là, dit-il, sont la physique, l'éthique, la

de la France. Quoi qu'il en soit, apiès avoir logique, la politique, etc.: la physique, parce
gouverné son monastère des Dunes pendant que toutes les causes naturelles viennent de
quatorze ans, Elie de Coxida mourut en Dieu, auteur de toute la nature l'éthique, ;

1203, profondément regretté de tous ses re- parce qu'il est impossible d'aniver à l'hon-
ligieux. 11 fut inhumé le 16 août, ou, suivant nêteté des mœurs, qu'en aimant, et en ai-
le Mmologe de Citeaux, le 8 octobre, auprès mant comme il faut, ce qui mérite d'être
de son prédécesseur, et remplacé par dom aimé; la logique, parce que pour une âme
Pierre, que Gilles de Royac qualifie aussi raisonnable, la lumière et la vérité viennent

d'homme de lettres, vir bene litteratus. de Dieu, ou plutôt, la vérité, c'est Dieu;
21. Dom Bertrand Tisfier, dans sa Biblio- enlin la politique, et là en ell'et se trouve le
thèque des Pères de l'ordre de Citeaux, assure salut des Etats, parce que jamais une cité

qu'Elie de Coxida, qu'il appelle Pierre, avait ne sera mieux gardée, que quand tous s'ap-
l)li(lueront à aimer le bien commun qui cs| ,

' l'ati-ol., tom. CCIX, ICiiisl. 9, col. 927-9i8. Dieu. »


860 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
L'autre sermon contient des idées beau- contente seulement de le désigner ainsi :

coup plus raisonnables et plus utiles. Il roule nescio quis.

sur les devoirs et les obligations des pas- Au reste tout ce discours est plein de ci-
teurs, et a pour texte ces paroles de riicclé- tations prises dans Virgile, dans Horace et
siaste (xxxii, d) : Rectorem te constituerunt? dans Cicéron, qu'il appelle ille Romani maxi-
noli extolli, sed esto in illis quasi unus ex ipsis. mm author eloquii ; ce qui prouve dans l'au-
Sans doute, il est écrit dans le goût du siè- teur une érudition assez peu commune pour
cle, et c'est une allégorie presque conti- son temps, même parmi les écrivains ecclé-

nuelle de l'Ecriture sainte; mais sous cette siastiques. Cette production du xii" siècle,
enveloppe, on trouve de saines leçons et une tonte bizarre qu'elle nous paraisse en quel-
solideinslruclion. Voici, par exemi)le, comme ques endroits, et peut-être même à cause de
ilénumère toutes les qualités que doit pos- cette bizarrerie, méritait de passer à la pos-
séder un bon supérieur. « Envers les autres, térité. Les discours d'Elie sont reproduits au
il doit être pleiu de vigilance et de sollici- tome CCIX de la Patrnlogie, col. 991-1006,

tude, prudent et circonspect, juste et cepen- avec une notice tirée de la Bibliothèque cister-
dant miséricordieux; et comme il est chargé cienne, édition de 'Wisch, Cologne ,1656.
de toutes les âmes, il faut qu'il se fasse tout 22. L'Histoii-e littéraire de la France nous ^J!""'^
''"''"'•
à tous, afin de les gagner tous au bien. 11 a apprend ce qui suit sur Thomas Rodolius.
besoin, pour gouverner, d'une verge et d'un « Tout ce que l'on sait de Thomas Rodo-

bâton ; de vin et d'huile pour guérir chez ; lius ou Rodelius, c'est qu'il fut moine d'Igny,
lui, la rose et leslis doivent être l'emblème abbaye de l'ordre de Cîteaux, au diocèse de
de l'amour et de la chasteté ; le glaive et le Reims, et qu'il écrivit la Vie de Pierre Mono-
feu, l'image du
Pour paître ses sacrifice. cule, lequel fut promu, en 1179, à l'abbaye
ouailles, que sa besace soit tou-
il a besoin de Clairvaux, et gouvernait auparavant celle
jours remplie du pain des vivants pour ; d'Igny. Nous avons consacré un article à
dompter et pour réduire, il lui faut un frein Pierre Monocule.
et des éperons pour effrayer, un chien tou-
;
» Thomas Rodolius avait été disciple du

jours à ses côtés pour punir, sa fronde doit ;


bienheureux Pierre Monocule, qui avait pour
être sans cesse armée des pierres du tor- lui beaucoup d'affection. C'est ce que nous

rent; pour exciter les uns et pour soumettre voyons par une lettre que Thomas lui écri-
les autres, il doit porter à sa droite un clai- vit, pour le féliciter sur son exaltation à l'ab-

ron, et un fouet à sa gauche. Enfin, s'il ne baye de Clairvaux, et qui nous a été conser-
pouvait sans mourir faire fructifier la parole vée par Manrique. Cette longue lettre, après
de salut qu'il annonce, il doit faire de bon des félicitations à l'abbé Pierre sur sa nou-
cœur le sacrifice de sa vie, et donner sou velle dignité, ne contient qu'une ardente in-
âme pour son troupeau. » vitation de n'oublier ni lui ni son frère Phi-
Le principal défaut que doivent éviter les lippe dans les prières qu'il adresseia au Sei-
supérieurs, c'est l'orgueil ; et voici la défini- gneur. C'est dans les termes les plus empha-
tion que l'orateur en donne : « Une béte à tiques qu'il fait une demande aussi simple.
plusieurs tètes, dit-il, et qui tire son oiigine » L'nbbé Pierre, à qui Thomas écrivait
de causes diverses, c'est l'orgueil descendu cette lettre, mourut six ans après avoir été
du ciel avec les anges révoltés; il trouve appelé à l'abbaye de Clairvaux, c'est-à-dire
'
moyen d'établir sou siège dans les âmes les en H86. Notre auteur n'a guère pu donner
plus timides, et de se cacher encore sous le sa Vie que troisou quatre ans après, c'est-à-
cilice et sous Ja cendre c'est le premier : dire en H89
ou 1190. C'est la date que nous
défaut qui s'empare de nous en venant au mettons à cet ouvrage, dont on trouve des
monde et c'est celui qui ne nous quitte
, fragments épars dans les Annales de l'ordre
qu'à la mort. » de Citeaux, par Manrique. La Vie qu'a don-
née Henriquez de ce même abbé de Cîteaux,
Cum ùene pvgnabis, cum cuncla subacta puiabis,
Quœ posi infestât, vincenda superbia restât.
dans son Fasciculus sanctorum ordinis Cister-
ciensis, paraît avoir été extraite en partie de
En continuant de parler contre l'orgueil, l'ouvrage de Thomas , en partie des Vies qu'ont
il cite bientôt après les vers de Juvénal, com- aussi publiées du bienheureux Pierre Mo-
mençant par ces mots : Stemmata quid fa- nocule Antonin de Florence Vincent de
, ,

ciunt, etc. ; mais il ne le nomme pas, il se Beauvais et d'autres. Car Pierre a mérité d'à-
,

[xiirsiKCLE.] CHAPITRE LXXVI. - THOMAS HODOLIUS. 86i

voir plusieurs historiens, tant était gramlo sa un ennemi de moins qu'il avait dans le monde.
répiilalioii tle sainteté! « Fil oui, mes très-chers frères, dit-il aux

n Despremières lignes, qui conimen-


Ips moines qui l'environnaient, réjouissons-nous
ccut le récit do cette Vie, Thomas s'engage, dans le Seigneur, et rendons-lui d'immenses
par une espèce de serment qu'il pousse même actions de grâces; car nous avons vaincu,
jusqu'à Tiraprécalion, à n'écrire que des nous avons dompté un adveisaire. Déjà un
choses vraies. Or, les grandes vérités qu'il do mes ennemis est éteint, un seul lui survit;
nous raconte, après ce formidabh; serment je crains celui qui reste, mais je ne regrette
ce sont les visions de son héros et les mira- nullement celui qui est perdu. »
cles que Dieu a opérés en sa faveur. Par » La renommée de tant de vertus s'étendit

exemple Pierre voyait souvent la sainte


, si loin, que le pape Lucius 111, si l'on en croit

Vierge; ce fut elle qui l'invita, une nuit, à Thomas Uodolius, voulut le voir et prend.-e
entrer dans l'ordre de Citeaux. Aussi, lors- ses conseils , dans les circonstances difiiciles
(ju'il se présenta au monastère d'igny, la re- où se trouvait alors l'Eglise. 11 l'appela donc
trouva-t-il à Ja porte du couvent, belle comme à Home. Mais lorsque Pierre Monocule y ar-
elle lui était apparue en songe. Jésus lui- riva, le pape, vieux et malade, touchait pies-
même le comblait de ses faveurs. N'étant que queàses dei-niers moments. Le pontife vou-
simple moine à Igny, il avait la mauvaise lutdu moins être confessé par Pierre, et re-
habitude de s'endormir au chœur pendant çut même l'eucharistie de ses mains. Pierre
les prières; mais toujours il se sentait réveillé lui-même, de retour dans sa patrie, ne sur-
par quelqu'un qui lui poussaic doucement vécut pas longtemps à ce voyage. Thomas
le bras. Il ouvrait les yeux, tout tremblant, raconte longuement sa mort, et les appari-
croyant que c'était l'abbé qui faisait sa ronde ; tions ainsi que les miracles qui la suivirent.
mais il n'.ipeicevait personne. Enfin, un joui', » Pierre Monocule était né du sang des rois,
il vit prés de lui un beau jeune homme aux suivant tous les historiens qui ont parlé de
cheveux d'or, qui s'éloigna bientôt pour se lui,ex Galliœ regum sanguine procréa tus. C'est
promener au milieu du chœur, et disparut. dommagequ'ils ne disent rien de phis,etqu'ils
» Lorsqu'il fut fait abbé de Clairvaux, son ne nous apprennent pas comment il appar-
premier soin fut de renouveler les règlements tenait à la famille de nos monarques. Cette
qui interdisaient aux femmes l'entrée du mo- omission donne lieu de soupçonner qu'ils ont
nastère. Quel fut son étonuement de voir trois encore voulu celte fois, comme en tant d'au-
dames très-belles et dans la plus biillante
, , tres occasions, répandre plus d'éclat sur leur
parure, qui paicouraient les lieux les plus ordre, en supposant à leurs chefs des titres
cachés du couvent, et examinaient tout avec et une illustration mensongère.
une avide curiosité! Pierre, irrité, s'avance » Il existait à la bibliothèque impériale,
vers elles pour les chasser. Mais lu plus belle sous 5G13, un manuscrit de la Vie de
le n"

lui dit en souriant : « Pierre, calme-toi; je Pierre Monocule, dont le titre est Vita Pétri :

Mère de notre Seigneur Jésu?, et mes


suis la abbatis Clarœvallensis, auctore T/iomu de Ro-
compagnes sont Marie-Madeleine et Marie dotio.

l'Egyptienne. » n Nous ignorons la date précise de la mort

» Sans prendre la peine de compiler plus de cet auteur. Mais d après l'observation que
longtemps ce recueil de rêves monastiques, nous avons émise plus haut, que son ouvrage
nous nous contenterons d'apprendre à nos n'a guère pu paraître avant H90, sa mort
lecteurs que Pierre fut appelé Monocule parce doit être placée vers la tîn du xii' ou dans
qu'il perdit un œil à force de pleurer, tant lespremières années du xiii' siècle.»
pour les péchés qu'il avait pu commettre que La Vie du bienheureux Pierre, publiée par
pour les bonnes actions qu'il avait omis de M. Philippe Guignard, d'après un manuscrit
faire. Mais la perte de cet œil fut pour lui un de Troyes, est reproduite au tome CGIX de
sujet de joie c'était, selon son expression.
: la l'atrulugie., col. lOUG-1030.
HISTOIEE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.

CHAPITRE LXXVJI,

Gaibert , abbé de Gemblours '.

[Ecrivaiu latin, 1208.]

i . Dès sa jeunesse, il se consacra à Dieu de la coutume de fermer les portes de l'ab-

dans le monaslère de Gemblours, où il prit baye de Marmoutier la nuit de la fête do


l'habitmonastique. De.là il passa à l'abbaye l'ordination ou translation de saint Martin,
de Saiul-Maitin de Tours *. La candeur de et du bruit qui se répandait alors que ce
ses mœurs le fil aimer de ses confrères, et saintévêque célébrait la messe cette nuit-là.
sa dévotion singulière envers ce saint lui fil La quatrième est une lettre d'action de grâ-
donner le surnom de Martin. 11 n'y avait pas ces à l'archevêque de Cologne de la part de
longtemps qu'il était de retour à Gemblours, l'abbé et des religieux de Marmoutier, aux-
lorsque les moines de Florin demandèrent
le quels ce prélat avait envoyé une Vie de saint
pour leur abbé. Guibert les gouverna quinze Martin. En le remerciant, ils lui racontent
ans huit mois en cette qualité. Mais Jean, quelques miracles de ce saint évêque. Gui-
abbé de Gemljlours étant mort, ceux de
, bert, dans la dixième, exhorte l'archevêque
son monastère revendiquèrent l'abbé Gui- Philippe à remplir les devoirs de sa dignité
bert, et le luidonnèrent pour successeur. 11 et à travailler à la paix dans l'assemblée de

occupa pendant dix ans le siège abbatial de Liège et parce que ce prélat y réussit, Gui-
;

Gemblours. Puis l'ayant remis à la disposi- bert l'en congratula par la onzième lettre.
tion de la communauté, il retourna à Florin, Quoique cet abbé eût composé en vers une
d'où, après quelque séjour, il alla à Villier. Vie de saint Martin il employa le crédit
,

Sa dévotion à saint Martin le porta à faire d'Hervard, archidiacre de Liège, pour enga-
un second voyage à Tours. Il offrit aux moi- ger un chanoine de Lyon à faire un poème
nes de Marmoutier la Vie de ce saint qu'il en l'honneur de ce saint, comme il en avait
avait composée en vers. Ensuite, sur la ré- fait un à la louange de saint Sei'vat . La

putation que sainte Hildegonde s'était faite lettre d'Hervard se trouve dans les Analectes
par ses vertus, il alla s'entretenir avec elle de dom Mabillon, [et au tome CCXI de la
en son monastère, et après lui avoir souhaité Patrologie, col. 1283-1286. Les lettres de
toute sorte de prospérités, il retourna à Guibert sont reproduites, ibid., col. 1287-
Gemblours, où il mourut dans une heureuse 1312.]
vieillesse, le 22 février 1208. 3. C'est aussi des notes de Mabillon sur la
2. Guibert écrivit la Vie de saint Martin de lettre d'Hervard et sur celles de Guibert ^,

Tours^; il la divisa en quatre livres et la dé- que nous avons tiré tout ce que nous di-
dia à Philippe, archevêque de Cologne, qu'il sons ici de cet abbé peu connu jusqu'ici dans
appelle le vicaire du souverain pasteur et l'histoire littéraire, parce que ses écrits n'ont
Christ Jésus. L'épître dédicatoire ou prolo- pas encore été rendus publics. 11 écrivit plu-
gue est en vers. 11 y a onze lettres du même sieurs lettres à Arnoul le Scholastique, où,
abbé à cet archevêque. Dans la première, il entre autres matières, il traitait de l'amitié,

Iraite des mystères de la création, et de la de de Pûques, de la sortie d'E-


la solennité
réparation du genre humain par l'incarna- gypte, c'est-à-dire des tribulations de celte
tion du Fils de Dieu il s'excuse dans la se-
; vie, et de la patience avec laquelle on doit
conde, de ce que dans une invective contre les supporter; de la pauvreté volontaire, des
les pasteurs de l'Eglise, il semblait l'avoir trésors de la sagesse, de saint Vincent, mar-
attaqué lui-même. Il parle dans la troisième tyr, et de la vertu de patience. Ses deux lel-

' Voir sur Guibert la notice tirée d'Oudin, repro- » MabiUou., iu Analect., pag. 480 et seq.
duite au tome CCXI de la Patrologie, col. 1281-1284. * Mabillon,, in Analect., pag. 482.
{L'éditeur.) ' Mabillon., lu Analect., pag. 483.
* Mabillon., Analect., pag. 480.
[Xni" SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVIII. — ALAIN DE LILLE. 863
très à Jean, frère d'Arnoul le Scliolastique, neuf de finib^rl à sainte Hildegonde,
lettres
sont pour l'exhorter à se convertir et à eni- autant de réponses, et quelques-unes du
11 écrivit dans
Lrusser la milice spirituelle. même abbé aux sojurs du monastère de
le même goût ù Raynier, à roccasion d'une Dingue dont sainte Hildegonde était abbesse;
maladie dont il était attaqué. Ce Raynier les plus intéressantes sont les deux premiè-
était apparemment dans les ordres sacrés, res. L'une est l'éloge de saint Martin l'au- :

puisqu'il lui écrivit sur la dignité sacenlo- tre regarde les visions dont cette sainte était
lale. Dans une lettre sur la solennité de Pâ- favorisée. Guibert lui demande s'il était vrai,
ques, il l'appelle scliolastique, titre que l'on comme on le disait, qu'après les avoir mises
donnait souvent à ceux qui professaient pu- par en quelle
écrit, elle les oubliait aussitôt,
bliquement les sciences. langue elle les écrivait, en latinsi c'était ;

4. Guibert avait un neveu nommé Lam- enfin si elle avait appris la langue latine ?
bert, trop engagé dans les atl'aires du siècle. ^Les lettres à sainte Hildegonde ou Hilde-
11 lui écrivit trois lettres là dessus, afin de garde sont au tome CXCVII de la Palrologie,
l'engager à changer d'objet , et de lui inspirer parmi les lettres de la sainte.]
l'amour de la vertu. Dans le temps qu'il de- o. Guibert écrivit la Vie de sainte Hilde-
meurait en l'abbaye de Saint - Martin de gonde, qu'il adressa à Geoffroi, abbé de
Tours, on lui permit de transcrire les livres Saint-Euclier et de Saint-Willibrod '. Outre
des miracles de saint Jacques, l'histoire des la Vie de saint Martin en vers, il composa
guerres de Charlemagne en Espagne, et les un discours des vertus de ce saint, qu'il en-
actes du martyre du duc Roland. U témoigne voya à Sigefrid archevêque de Mayence. 11
,

dans la lettre qu'il écrivit aux religieux de dédia à Conrad archevêque de la même
,

ce monastère pour les remercier de ce qu'ils ville, un traité historique des divers progrès

lui avaient permis de transcrire ces livres, que de l'Eglise de Cologne. Voilà tout ce que
c'était à qui les transcrirait, tant on était cu- dom MabiUon nous apprend des écrits de
rieux alors d'histoires apocryphes, il leur de- Guibert. [Nous avons aussi un écrit de Gui-
mande encore les livres de Paulin, apparem- bert sur l'incendie du monastère de Gem-
ment les ouvrages de saint Paulin de Noie. blours. U est reproduit au tome CLX de la
Dans le manuscrit d'où le père MabiUon a tiré Patrologie parmi les œuvres de Sigebert,
,

les lettres don nous venons de parler on trouve


l col. 657.]

CHAPITRE LXXVIII.

[Alain de Lille, dit le Docteur universel, 1203; Absalon, abbé de


Sprinekirsbach, 1203; Etienne, abbé de Sainte-Geneviève de Paris,
puis évêque de Tournai, 1203; Adam, abbé de Perseigne, dans le
diocèse du Mans, 1203.]

[Ecrivains latins.J

1. Nous donnons ici une notice sur Alain partagées sur le lieu de sa naissance et sur
et ses écrits d'après l'Histoire littéraire de la l'année de sa mort; on ne sait presque rien

France '. des actions de sa vie, ni des emplois qu'il a


Alain de Lille ou maître Alain, qui a tant exercés dans le monde. A défaut de rensei-
écrit et sur tant de sujets, était théologien, gnements, on a inventé les fables les plus
philosophe, naturaliste, poète, historien, et absurdes, comme si. pour célébrer un homme
a laissé après lui une si grande rupulation extraordinaire, il fallait nécessairement re-
de surnommé
savoir, qu'il a été docteur le courir au merveilleux. 11 a eu cela de com-

universel. U semble qu'ayant joui d'une si mun avec le fameux Gerbert, excepté qu'il

grande célébrité, sou histoire devrait élie n'a pas été accusé de magie.
bien connue ; cependant les opinions sont Suivant un des auteurs de la Uiographi*

' Mabillou., in Anukct., pug. 483. «Toni. XVI, pag. 39C. ^ ~ — ^ '
864 HISTOIKE GENKIiALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
tiniverselle , Alain naquit vers le milieu du sa carrière. Trilhème, au contraire, et les
xii« siècle, non pas à Lille, en Flandre, bibliographes qui l'ont suivi, placent sa mort
comme l'ont avancé la plupart des écrivains à la lin du xiii' siècle sous les empereurs

ecclésiasliques et des dictionnaires histori- d'Allemagne Adolphe de Nassau ou Albert


ques, mais soit à Comtat Vé-
l'Ile, dans le d'Autriche. Cette opinion, conforme à l'épi-
naissin, comme le dit le savant abbé LebouF, taphe qu'on lisait à Citeaux sur son tombeau .

ou à l'Ile de Médoc, dans le lîordelais. Tri- n'est pas soutenable. Elle est contredite par
thème, Gesner, Posse^in, \'ossins et plu- des auteurs beaucoup antérieurs à cette épo-
sieurs antres font d'Alain un Allemand, tout que, lesquels fixent la mort d'Alain au com-
en avouant qu'il était né à Lille. Appaiem- mencement du xiiF siècle. Parmi ces écri-
ment qu'ils trouvaient en Allemagne quel- vains, nous citerons Otion de Saint-Biaise ,

que ville de ce nom, ou qu'ils regardaient la qui parle de l'auteur de VAnti-Claudianus '

Flandre comme faisant partie de l'empiie dans sa chronique, qui finit à l'an 1209, et
germanique; mais c'est une erreur la Flan- : Albéric de Trois-Fontaines, qui vivait vers le
dre proprement dite a toujours été un lief de milieu du même siècle, à l'année 1202 *; la
la couronne de France. D'autres font d'Alain Grande chronique helye porte la même date et
un Ecossais, d'autres un Espagnol, et d'au- dans les mêmes termes. Alain est cité par
tres un Sicilien. « Tout cela, dit l'Histoire Ebrard de Béthune, qui écrivait pareillement
littéraire de la Fronce, ne vaut pas la peine dans le xiii= siècle, parmi les poètes dont on
d'être réfuté. U faut s'en rapporter à ce qu'il lisait les écrits dans les écoles :

dit lui-même, qu'il était né à Lille, en Flan- Septenas artes quis alat descrMl Alanus,
dre. » On n'a besoin, pour établir celte vé- Vtrtulis species proprietate docel.

rité, que de piouver qu'il était vraiment l'au- Alain vivait donc et était mort avant
teur du commentaire sur les prophéties de tous ces auteurs. On ne peut donc pas pro-
Merlin. Nous en avons déjà dit un mot en longer sa vie jusqu'à l'an 1300; et, puisque
parlant d'Alain, évêque d'Auxerre, et nous nous avons une autorité positive qui fixe sa
nous proposons d'y revenir lorsque nous mort à l'an 1202, c'est la date à laquelle il

rendrons compte de cet écrit. faut nécessairement s'arrêter. Mais si la Bio-

Si l'on n'est pas d'accord sur le lieu qui a graphie universelle se trouve d'accord sur ce
vu naître le Docteur univeisel, on ne l'est point avec {'Histoire littéraire de la France,
pas davantage sur le temps où il a vécu. En voici en quoi ces deux recueils diffèrent sur
s'en rapportant à la Biographie universelle, quelques autres points également impor-
Alainétantvenude bonne heure Paris, l'Uni- <à tants.
versité s'empressa de le compter parmi ses Suivant M. Brial, un des membres de l'Ins-
chefs, et de l'admettre dans ses écoles, où il titut, chargé de continuer ce grand travail
enseigna la théologie. 11 n'est pas vrai que des bénédictins, Henri de Gand est le pre-
ce docteur ait été frère lai à Citeaus, ni qu'il mier qui ait écrit qu'Alain eut la direction
fûtchargé du soin de garder les troupeaux des écoles de Paris , Parisiis ecclesiasticœ
de l'abbaye, ni enfin qu'il ait été appelé à scholœ prœfuit •'';
mais, poursuit-il, il ne dit
Rome pour assister au coucile général de pas en quel temps. Or, dans le xii' siècle,
Latran. Il mourut dans les premières années on ne trouve aucun monument qui fasse
du XIII' siècle, dans la maison de Citeaux, mention de lui et lui-même lorsqu'il se
;

où, à l'exemple de plusieurs personnages de nomme, ne prend jamais la qualification de


son époque, il s'était retiré pour terminer professeur de Paris. Jean de Sarisbéry fait

1 llis iemporibus Pelrus cantor, Parisiensis Alanus, lelmum Montis Pessutani duminum , et alla quceduni
et l'rœposilivus, tnagistri claruerunt Alanus, multa
. . . illius habentur opuscula. Alberkus, ad an. 1202.
conscribens, exposuit inler iilios librum qui intitulalur, s Alanus Insulis oriundus Itberalium artium péri tus,
Anticlaudianus, et Régulas cœleslis Titœ, et contra Parisiis ecclesiasticœ scholœ prœfuit, et ingenii sui mo-
librum dé Viliis et Virtutibus, et de Arte
ha-reticos, et numenta relinquens, scripsit Summam ad prœdicutionis
prœdiciindi librwnque Sermonum , et multa sana et
, officium utilem; et quia métro muitum cluruit, scripsit
catholica C07isciipsil. Otto de S. Bliisio, ad an. 1194. metrice Poelicen, excogitala maleria de vero optimo et
» Apud Cistertium mortuus est hoc anno (1202) ma- in omnibus perfectisiimo, quem librum vocavit Anti-
yister Alanus de Insulis , doctor fumosus et scriptor claudianum. Scripsit et alium partim métro, partim
itle Anticlaudiani ,
qui m ttieologiu fecit quamdam prosd, quem vocavit Planctus nalurœ. Scripsit et alium
Artemprscdicandi, et contra Albigenses, Valdenses, Jit- de nuluris quorumdam ani>nulium.lit:UT. Gand., cap.
dœos et Saracenos librum edidit succinctum ad Guii- XXI.
(XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVIII. ALAIN HK LH.LE. 863

le dénombremenl des professeurs de son qui, poin- dire à ses auditeurs : « Qu'il vous suf-
temps, c'esl - - dire depuis 1136 jusqu'en
ft tise d'avoir vu Alain; » et il disparut aussitôt,
M48, enseignaient à Paris, et il ne nomme laissant l'assemblée dans le plus grand éton-
pas une seule fois Alain. Guillaume le Bre- nement. »
ton, dans l'éloge qu'il a fait des poètes de Tel est le motif que l'on donne de sa re-
son époque, nomme G:uitier de Cliâtillon, traite à Citeaux. Là, dit-on, ne voulant pas
Gilles de Paris, Pierre de Higa, et ne dit pas se faire connaître, il fut reçuparmi les frères
un mot de maître Alain, aussi bou versifica- lais, et chargé de la garde des troupeaux.
teur que les autres ce qui rend fort dou- : Si l'on demande en quel temps cela arriva,
teuse l'assertion de Henri de Gaud, qui aura c'est ce on a eu garde de nous dire.
que 1

confondu Alain de Lille avec Alain de Décotes, Les auteurs du roman ne le savaient pas
plus voisin de son temps, lequel, au rappoit plus que nous. H était plus aisé d'imaginer
de Matthieu de Paris enseignait à Paris en , d'autres aventures, et c'est à quoi ils n'ont
ii29. Parmi tant d'opinions hasardées, con- pas manqué, comme il est facile de s'en con-
tinue le même auteur, nous ne voyons donc vaincre, en lisant la notice qui lui est con-
que deux faits qui soient constants d'abord : sacrée dans le recueil que nous avons déjà
qu'Alain était né à Lille en Flandre, peu cité.

d'années avant 1 1 28, et ensuite qu'il est mort On ne pas contenté de farcir les
s'est li-

en 1202. C'est cette disette de renseigne- vres de ces inepties, on les a gravées sur le

ments qui a fait imaginer une foule de fa- marbre. Dom Martène a fait la description
bles absurdes que l'on a débitées sur sou du monument qu'on lui avait élevé à Ci-
compte, et que des auteurs graves n'ont pas teaux, lequel se ressent beaucoup de la bar-
dédaigné d'accueillir. Nous nous contente- barie du temps où il fut dressé. On voit, dit-
rons d'en citer une, pour donner une idée il,dans le cloître de l'abbaye im autel de
des autres. Notre-Dame, devant lequel, du côté de la
<i Pendant, disent ces faiseurs de romans, muraille, à l'entrée de l'église, à gauche, est
((u'Alain enseignait à Paris les sept arts li- un tombeau avec cette inscription :

béraux, les lois et les d('crets, il s'était en- Alitnum Orevis ora brevi tumulo sepelivil,
gagé en public le mystère de la
à expliquer Qui duo, qui sej-item, qui lotum scibile scivit ';
Trinité. La veille du jour où il devait prê- Scire suum nwriens dare vel relinere nequivit.

cher, se promenant sur le bord de la rivière, Plus de cent ans après, lorsque la fable
il aperçoit un enfant qui s'amusait à porter qui le faisait frère lai, ou qui l'attachait en
de l'eau à un trou qu'il avait creusé dans le qualité de valet de pied à l'abbé de Citeaux,
sable. fut répandue et adoptée, on ajouta à cette
« Que prétendez-vous faire, mon enfant? épitaphe les quatre vers suivants, pour ap-
lui dit le docteur. Je veux que toute la — puyer les nouvelles traditions :

rivière entre dans ce trou, et je ne disconti- Laheniis sœcli coniemptis rébus, egens fit,
nuerai pas jusqu'à ce que j'en sois venu à Inlus conversus, greyihm commissus nlendis,
bout. —
C'est un enfantillage que vous faites, Mille ducenteno nonageno quoque quarto,
Christo dévolus mortales exuii arlus.
la chose est impossible. Et quand croyez-
vous que vous aurez lini? Monsieur, j'au- — Casimir Oudin est le premier, je crois,
rai plus tôt réussi que vous dans le dessein qui ait fait la remarque que ces vers sont
que vous avez en tête. Et quel est-il ce — postérieurs aux trois précédents, et qu'ils
dessein? —
Vous voulez, dil l'enfant, pour ont été fabriqués dans un temps où l'on

faire parade de votre science expliquer le , n'était point scrupuleux en fait d'anacbro-
mystère de la Trinité or, cela est plus im- ;
nismes.
possible que ce que j'ai entrepris. » Ce dis- Comment se fait-il, dit l'auteur de sa no-
cours déconcerta le docteur, qui vit bien tice, dans l'Histoire littéraire de la France,
qu'il s'était trop avancé. Cependant il monta qu'Alain qui a tant écrit, et qui, de sou vi-
en chaire le lendemain, comme il l'avait vant, a du jouir d'une grande célébrité, ait
promis; mais, au lieu du discours que l'on été assez peu connu au xV siècle, pour que
attendait de lui, il ne lit que se montrer toutes ces fables pussent être invenléesî

' Par le mot duo , il faut entendre l'Ancien et le arli libéraux.


Nouveau Tcslauieiil; et imr le mot septem, les sej.t

XIV. B5
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Comment se fait-il qu'il le soit encore si peu nouvel archevêque, de concert avec le roi,
aujourd'hui? Cette question nous a paru as- pour se débarrasser d'un hôte si incommode
sez iniéressante pour mériter d'être exami- et si peu accommodant, le fit nommer, en
née en particulier, et nous avons fait des 1186, à l'abbaye de Tewksbury en Gloces-
recherches eu conséquence. Nous croyons tershire. Gervais, qui raconte fort au long
donc que l'on a cherché mal ù propos des toutes ces choses, parce qu'elles entraient
traces de son existence en France, puisqu'on dans le plan de son histoire, ne parle plus
n'a aucune preuve qu'il ait enseigné à Paris de maître Alain, auquel on n'a attribué jus-
ou dans aucune autre ville. Les historiens que-là qu'une Vie de saint Thomas de Can-
anglais parlent d'un maître Alain dont ils torbéry, laquelle fait partie du Quadrilogue,
racontent plusieurs choses qui peuvent fort imprimé par le P. Lupus avec les lettres du
bien convenir à celui qui nous occupe; les saint archevêque. Mais, si on y fait bien at-

époques, du reste, s'y accordent parfaite- tention, ce n'est guère qu'à lui que l'on peut
ment. faire honneur des ouvrages qui portent le

Gervais, moine de Cantorbéry, qui écri- nom d'Alain de Lille, surnommé le Docteur
vait avant la fin du xir siècle, nous apprend universel.
que maître Alain, après avoir été chanoine Et pour ne parler que du commentaire
de Bénévent, embrassa la règle de saint Be- sur les prophéties d'Ambroise Merlin, dans
noit dans l'église de Cantorbéry, et qu'il fut lequel l'auteur nous apprend qu'il était né
fait prieur du monastère, qui n'était autre à Lille en Flandre, il est évident que ce
que le chapitre de la cathédrale, le 6 août commentaire a été composé par un Anglais,
1179. A la vérité, il le dit Anglais; mais il ou par quelqu'un qui avait eu de grandes
n'est pas impossible qu'Alain soit né à Lille, relations avec l'Angleterre. Les trois pre-
de parents anglais qui se trouvaient là acci- miers livres ne sont, pour ainsi dire, qu'une
dentellement, et qu'il ait passé ensuite en histoire des rois d'Angleterre jusqu'au rè-
Angleterre. Voici les paroles de Gervais, qui gne d'Henri II, dans laquelle l'auteur s'étu-
peuvent jeter un grand jour sur cette ques- die à montrer la conformité des images, sous
tion :« Le 8 des ides d'août, Herlewinus, lesquelles le prétendu prophète a caché ses
prieur de Cantorbéry, résigna son prieuré, prédictions, avec les événements consignés
après trois ans de possession... Dès le jour dans l'histoire. Ajoutons que les manuscrits
même, il eut pour successeur Alain, peu des œuvres d'Alain, quoiqu'assez communs
d'années auparavant chanoine de Bénévent, partout, ne sont nulle part aussi multipliés
mais Anglais de nation, et depuis environ qu'en Angleterre.
cinq ans, novice dans l'église de Cantorbéry. Cela posé, nous pensons qu'Alain aura
Sa réputation de probité et la pureté de ?es composé ses premiers ouvrages, c'est-à-dire
mœurs inspiraient tant d'espérances, qu'il ses poésies, eu Angleterre, ou dans quelque
fut élu à l'unanimité que l'archevêque
, et ville de France soumise à la domination an-
Richard se vit en quelque sorte obligé d'em- glaise; que, sous le règne du roi Roger et
ployer la violence pour l'élever à cette di- de ses enfants, sa réputation l'aura attiré,
gnité. » Raoul de Diceto, autre historien an- comme tant d'autres Français, en Sicile, où
glais, parle aussi de la promotion d'Alain à il aurait été fait chanoine de Bénévent; ce
la dignité de prieur. qui explique comment il y a des auteurs qui
L'espérance que les moines de Cantorbéry le font Allemand, Anglais, Sicilien; qu'à
avaient conçue de la capacité d'Alain ne l'époque de l'expulsion des Français de la
tarda pas à se réaliser. Il en donna des Sicile,en 1169, il retourna en France ou en
preuves dès l'an 1184. Il s'agissait de l'élec- Angleterre; que bientôt après, à l'exemple
tion d'un archevêque de Cantorbéry. Alain de Hugues Foucaud, son compagnon d'in-
soutint vigoureusement les droits de son fortune, qui se fit moine à Saint-Denis, il

chapitre contre les évêques de la province, embrassa la vie religieuse à Cantorbéry,


et contre le lui-même, qui l'accusait de
roi puisque l'historien Gervais nous dit qu'en
trancher du pape en Angletcrie, parce qu'il 1179, il y avait cinq ans qu'Alain était entré
était chargé de recueillir le denier de saint au noviciat. Il est très-possible qu'il ait ac-
Pierre, et qu'il voulait faire un archevêque compagné, cette même année, non l'abbé
à son gré. Il réussit malgré toutes les oppo- de Cileaux, mais l'archevêque de Cantorbéry
sitions, mais il en fut pimi bientôt après. Le au concile de Latran, dans lequel les erreurs
[XII'SIÈCLF.] CHAPITRE I.X.XVUl. — ALAIN DE LILLE. 867
lies vaudois et aiilres liérétiques du temps offUiii l'iri liimi et un poëme ou
perferti, est
lurent proecrites; qu'Alain y ait fait preuve roman moral, écrit en vers et divisé en neuf
de savoir, et que le pape l'ait cbargé d'écrire livres. On le désigne par le nom d Encyclo-
contre cfs nouvelles erreurs. Nous avons vu pédie parce qu'il traite des connaissances
,

qu'à son retour, cette niêiue année H79, il nécessaires pour foimer l'homme vertueux,
fut choisi, quoique nouvellement religieux, et qu'il entre dans un grand détail sur les
pour remplir la place de prieur de Cantor- procédés et les avantages des sciences et des
béry, la premièie dans cette église apiès arts. On l'a intitulé Anticlaudianus, non que
celle de l'archevêque; qu'il en défendit si ce soit une réfutation du poème ou de la sa-
bien les droits pendant la vacance du siège, tire de Claudieu contre llufin, ministre sous
qu'il indisposa contre lui le roi et le nouvel l'empereur Théodosc l'Ancien, mais parce
archevêque lui-même, lesquels, pour l'éloi- qu'il en est une imitation dans un sens in-
gner et le punir de son inilexilile raideur, verse. Claudien, pour rendre odieuse la mé-
le firent éliie abbé de ïewksbury. Ici les lu- moire de Rufin, suppose un complot des
mières nous manquent pour achever sa vie. vices pour bannir la vertu, et ils ne trouvent
11 est probable qu'il éprouva d'autres désa- pas d'instrument plt:s propre que Rufin à
gréments, et que, bientôt après, il se démit l'exécution de leur entreprise. Alain au ,

de son abbaye pour repasser en France, où contraire, imagine un concert parmi les ver-
il composa quelques-uns de ses ouvrages, tus pour chasser les vices de la terre, et faire
et qu'enfin il se relira à Citeaux.pour y finir cesser la dépravation des hommes. C'est
ses jours. Comme il ne restait de tous ces dans ce sens qu'il faut entendre VAnticlau-
faits qu'une tradition confuse, de là le ro- dianus. Voici la fable de ce poëme.
man qui a été imaginé, dans le xiv oulexv^ L'auteur introduit la Nature délibérant
siècle ,époque féconde en fictions. Ou a sur la production d'un homme accompli; et
pourtant conservé à Alain la dénomination ne pouvant réussir à le former elle seule,
à'Insulensis, parce qu'on la trouvait diserte- elle assemble toutes les vertus avec lesquel-

ment exprimée dans un de ses ouvrages; les elle tient conseil. Le résultat de la déli-
et dans des temps plus lécents cette même bération est que la Prudence sera députée
dénomination l'a fait confondre avec .\lain, vers le ciel pour présenter à Dieu le vœu de
évêque d'Auxerre, cistercien comme lui. la Nature, et pour le prier d'envoyer une

Mais aujourd'hui les voilà si bien dislingués âme pure et sans tache, à laquelle la Nature
l'un de l'autre, qu'on ne s'avisera plus de les et les venus prêteraient leur ministère, pour
confondre. en faire un homme accompli et parfaitement
Quant à ce que nous avons dit de la der- heureux. La Prudence, craignant de se char-
nière époque de sa vie, nous convenons que ger de l'ambassade, cède enfin aux remon-
ce ne sont que des conjectures. Mais, au trances de la Concorde, et fait construire un
milieu des ténèbres qui enveloppent l'his- char par les sept arts libéraux, qui sont ses
toire d'Alain, nous n'avons pas dû négliger enfants. La Gramm.aire travaille au timon,
les faibles lumières que nous prêiaienl les et ici l'auteur l'ait une dissertation sur la
historiens d'Angleterre. Peut-èlre, dans grammaire; la Logique forge l'essieu, éloge
l'examen de ses écrits, trouverons-nous quel- delà logique; la Rhétorique enrichit le ti-
que motif à l'appui de nos conjectures. mon d'or et de pierreries, elle grave sur
2. Les œuvres d'Alain ont été publiées en l'essieu des fieurs et les autres ornements
1654, à Anvers, par les soins de D. Charles qui lui sont propres. L'Aiithmétique fabri-
de Visch, prieur du monastère de Uunes, en que la première roue du char; la Musique,
un volume in-folio. Mais il s'en faut bien que la seconde; la Géométrie, la troisième; l'As-

cette édition contienne tous les écrits du tronomie, la quatrième; ce qui fournit à l'au-
docteur universel elle n'en renferme qu'une
; teur un motif de digressions qui lui permet-
faible partie, et, sans compter les ouvrages tent de s'étendre particulièrement sur cha-
qui sont restés manuscrits, quelques-uns cun de ces arts.
même qui, dès cette époque, étaient impri- Cela fait, la Concorde assemble toutes ces
més, ne s'y trouvent pas. Nous allons rendre pièces, et remet le char à la Raison, qui doit
compte des uns et des autres. le conduire. La Raison y attelle cinq che-
3. L'Encyclopédie. —
Cet ouvrage, qui vaux, qui sont la Vue, l'Ouïe, l'Odorat, le
porte aussi le titre à'Anticlaudianus, sive de Goût et le Toucher. Après quoi la Prudence
868 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
part et fend les airs. Ici la description du qu'en assaisonnant toutes ces choses de la
système planétaire. Arrivée au plus haut du fable pa'ienne qu'il y répand en divers en-
firmament, les chevaux ne peuvent plus al- droits, il a fait de tous ces mélanges une
qu'à celte élévation les cinq
ler, c'est-à-dire, bigarrure continuelle, dont la bizarrerie ne
sens de la nature ne servent plus de rien; laisse pas d'avoir son prix, autant au moins
mais elle rencontre la Théologie qui va lui que l'on en peut accorder aux choses irré-
servir de guide et, ce propos, description
;
ii gulières. I)

de la Théologie, que l'auteur représente te- Il que les contemporains d'Alain


faut
nant de la main droite un livre, et un scep- l'aientjugé bien autrement, et qu'ils aient
tre dans la gauche. A l'éclat du ciel empyrée trouvé dans son poëmc de grandes beautés,
la Prudence s'évanouit; la Foi vient à son puisque, de tous ses ouvrages, c'est celui
secours et lui présente un miroir dans lequel qui lui a donné le plus de célébrité. Il était

elle peut considérer tout ce qui se passe déjà devenu classique au xui" siècle; et il

dans le ciel. Alors, la Prudence ne pouvant eut bientôt des commentateurs, parmi les-
plus être conduite par la Raison, ne veut quels nous trouvons Raoul de Long-Champ,
plus avoir d'autre guide que la Foi, et, sous Anglais, dont le commentaire, encore manus-
sa conduite, elle arrive aux pieds de l'Eter- crit, commence par ces mots : Quia in hoc

nel; elle expose le sujet de sa mission, et opère agitur de quatuor artifîcibus. Cet ou-
Dieu crée une âme telle qu'on la demande. vrage d'Alain avait été imprimé sans nom
La Prudence repart sur le char de la Raison d'auteur à Râle, en 1536, à 'Venise en 1382,
avec ce précieux dépôt, et le remet entre et à Anvers en 1623, avant que de 'Visch le
les mains de la Nature, qui, de concert avec fit entrer dans la collection de ses œuvres.

toutes les vertus, lui forme un corps doué Quant au temps où Alain a composé ce poë-
de toutes les qualités qui constituent l'homme me, les auteurs de VHistoire littéraire de la
parfait. Suit le portrait de l'homme juste, France lui assignent les premières années du
orné de toutes les vertus, et cultivé par la xiii' siècle.

science et les arts, dont l'auteur décrit une Legrand d'Aussi, mort membre de l'insti-

seconde fois les ne manque à


avantages. Il tut, a donné sur un manuscrit de la biblio-

cet être parfait que l'ancienneté de la no- thèque Nationale, la traduction libre de ^An-
blesse. La Fortune, dont la noblesse est la ticlaudianus, en vers français qu'il met beau-
fille, y supplée et lui prodigue ses dons. coup au-dessus de l'original latin. 'Voici le
Ici finit le septième livre; le huitième et jugement qu'il en porte « Le traducteur a:

le neuvième contiennent le combat des vices ajouté à l'original des morceaux de sa fa-
contre la vertu. La perfection de l'homme çon; il en retranche un grand nombre, et
ayant donné de la jalousie à l'enfer, Alecto, surtout ceux qui contenaient des détails de
une des furies, lève une armée de vices qui doctrine théologique ou scholastique que la
viennent fondre sur lui. Portraits de tous les pédanterie du docteur y avait insérés; en
vices l'auteur indique les vertus contraires
: un mot, il n'en a guère conservé que le
que l'homme leur oppose ou doit leur oppo- plan; et je crois que, dans ses mains, le
ser. Quant aux maux inséparables de l'hu- poëme a infiniment gagné. » Cependant il se
manité, l'homme juste les supporte coura- montre, en finissant, plus équitable, ou moins
geusement, en cédant à la nécessité. Tout sévère envers le docteur Alain. « Je ne veux
cela est mêlé de fictions ingénieuses, et qui point, dil-il, priver Alain de Lille de la por-
ne sont pas sans agrément. Les vers sont fa- tion de gloire qui lui est due; c'est à lui
ciles et beaucoup meilleurs que ceux de la qu'appartient le plan; et ce plan, mélange
plupart des poètes du xii' siècle. « Quoique bizarre de philosophie, d'érudition, d'imagi-
ce poëme soit assez philosophique, dit Adrien nation et des préjugés du temps, est une
Baillet, Alain ne s'est pourtant attaché à au- conception vaste. Notre translateur n'a eu
cun système particulier de philosophie. On que l'honneur de l'avoir resserré, corrigé,

y trouve divers traits de morale, et quelque- embelli. Cependant, si l'on juge de sa ver-
fois de mathématiques; mais ces traits, sou- sion par l'extrait que je viens d'en donner,
vent tournés à la manière de l'Ecole, l'ont ne lui trouvera-t-on pas ce qui caractérise
fait considérer comme un sophiste adroit par un bon poëme: unité d'action, variété, mar-
quelques critiques. Enfin, il n'a pas oublié che simple et rapide, fable brillante, esprit
d'y faire entrer un peu de théologie, de sorte dans les détails, grands et nombreux ta-
[X1I« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVIII. — ALAIN DE LILLE.
bleaux? Quoi qu'en dise M. Legrand d'Aussi, le sixième en douzains. Tel est l'ordre que
ces beautés sont encore plus sensibles dans maître .\lain a jugé à propos de garder dans
l'original que dans la traduction. Enfin il sa versification, de sorte qu'au lieu que le
ajoute : « Les opinions, les mœurs, le goût, sens d'une phrase, dans les vers élégiaques,
la littérature,tout change avec les siècles. finit ordinairement au second vers, l'auteur
Sans doute l'Anliclaudien ne réussirait pas s'est proposé de le prolonger dans le second
aujourd'hui; mais j'avoue que pour son chapitre jusqu'au quatrième, dans le chapi-
temps c'est un ouvrage qui m'étonne. » Au tre trois, jusqu'au sixième, de suite, et ainsi
reste, M. Legrand d'Aussi n'a fait aucune en ajoutant toujours à chaque parabole un
recherche sur la personne du docteur Alain, distique de plus que dans le chapitre précé-
ni sur le temps où il a vécu; il le place tout dent. Cet opuscule contient de trè--belles
bonnement, comme tant d'autres l'avaient maximes exprimées d'une manière fort spi-
fait avant lui, à la fin du xni« siècle. rituelle. Le sujet qu'il y traite est mixte;
4. Gémissements de la nature. — Ce livre tantôt ses paraboles roulent sur la morale,
qui a pour titre : De planctu Naturœ ad Deum, tantôt sur la philosophie naturelle et sur
ou bien ; Enchiridion de rébus naturœ, est un quantité d'autres vérités connues, qui, en
conte moral, dans lequel l'auteur suppose d'autres termes, sont dans la bouche de tout
que la Nature lui apparaît en songe, parée le monde.
de tous ses atours, pour se plaindre de la Il n'est pas douteux que cet ouvrage ne
dépravation qui règne parmi les hommes, soit d'Alain; Use nomme au chapitre quatre,
surtout du vice de luxure, qui n'a point de dans ces vers que nous citons comme un
bornes et qui l'outrage plus directement. échantillon de sa versification :

Là-dessus il s'établit un dialogue entre l'au-


Sim^liciter cœnus prohibetur ducere cœcum.
teur endormi et la Nature, qui veut bien Ne cœcus cœcum ducat in anira suum ;
répondre à toutes ses questions sur l'amour, Sed lamen insunum prnhibere nequimus Atanum,
Quin cœcos dubio ducere calle velit.
sur l'intempérance du boire et du manger,
et sur d'autres vices. Pendant cet entretien Cet opuscule d'Alain avait été imprimé
arrive l'Hyménée, accompagné de la Chas- plusieurs avant d'entrer dans la collec-
fois
teté et de la Tempérance, pour se plaindre tion de ses œuvres en 1491, in-4'', à Lyon
:
,

du genre humain, qui semble les avoir ban- chez Jean Dupré, avec d'autres traités qui
nies de la terre. La Nature les renvoie au ont rapport au même sujet, sous le titre de
Génie, avec une lettre pour demander qu'il Sylvœ morales cuni interpretatione Ascencii;
fasse justice des prévaricateurs. Le Génie l'an 1516, à Leipsig sans compter d'autres
:

revient avec eux trouver la Nature, et pro- éditions in-4° qui ne portent point la date de
nonce un anathème solennel contre les im- l'année.
pudiques, les ivrognes, les avares, les su- Cet ouvrage, au rapport de l'éditeur des
perbes, les envieux, les flatteurs, etc.; et là œuvres d'Alain, fut traduit en vers français,
finit le conte dont Barthius fait un grand à l'usage de Charles VIII, roi de France, et
éloge, et dont le savant Allatius préparait imprimé a>'ec des commentaires moraux,
une édition avec des notes, lorsque la mort Paris, in-16, en 1536. Il paraît que Char-
interrompit son travail. Cet opuscule, mêlé les I", roi d'Angleterre, le lisait aussi. Mé-
de vers de prose, est, dit-on, une imita-
et nage attribue à Ovide le vers que ce prince
tion du traité de Boèce, intitulé De consola- : prononça peu de temps avant sa mort :

tione philosophicr; mais il s'en faut de beau-


Qui decumbit humi, non habet unde cadat.
coup qu'il approche de son modèle, soit pour
Ce prétendu vers d'Ovide , suivant l'au-
le fond, soit pour le style.
.5. Paraboles en vers éléfjiaqiies. — Ce livre,
teur des additions au Menagiana, est d'Alain
de encore n'est-il pas rapporté ici tel
Lille;
qui porte aussi le litre de Doctrinale minus,
qu'il se lit dans les paraboles d'Alain, cha-
pour le distinguer d'un autre ouvrage d'A-
pitre m, parab. .ï de la vieille édition de
lain, intitulé : Doctrinale altum, est divisé en
Lyon, in-4°, 1492, où on lit :
six chapitres.Le premier contient les para-
boles ou maximes renfermées dans deux Tulior et locus in terra, quam lurribus allis :

Qui jacet in terra non habet unde cadat.


vers; le second, celles qui sont exprimées
en quatre; le troisième en sixains; le qua- 6. Deux proses rimces. L'une de ces —
trième en huiluius; le cinquième en dixains; deux pièces est sur rincarnalioii du Verbe;
870 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
l'autre, sur la faiblesse et la cadacitd de la Dans un manuscrit de Saint-Martin de
nature humaine. Dans la première, l'auieur Tournai, on lit que ce commentaire, à la
fait mystère impénétrable
voir conabien le louange dela sainte Vierge, fut composé à la
de l'incarnation déconcerte toutes les no- demande du prieur de Cluny, qui n'est pas
tions reçues, et les règles qui sont la base nommé. Si le nom de ce prieur était ex-
de nos connaissances, celles de la gram- primé, on saurait, à peu près, à quelle épo-
maire, de la rhétorique, de l'arithmétique, que Alain entreprit cet ouvrage.
de la musique, de la géométrie, de la dia- 8. De l'art de la prédication. — Ce tra-
lectique et de l'astronomie. Il y a des stances vail n'est autre chose que ce que l'on appe-
pour chacune de ces facultés, et toutes sont lait une Somme. Ce sont des esquisses
alors
terminées par ce refrain : de sermons sur presque tous les sujets de
In hac Verbi copu/a morale, dans lesquelles l'auteur indique les
Stupet omnis régula. différentes manières d'envisager un sujet. Il
Dans la seconde, il représente l'instabilité paraît qu'Alain voulait réformer les défauts
de la vie humaine, sous l'image d'une fleur des prédicateurs de son temps; mais, dit
qu'un même jour voit naître et mourir cette : l'abbé Lebeuf, tout excellente qu'était sa
pensée, qui n'était pas neuve de son temps, Somme, elle ne fut pas suivie.
et qui aujourd'iuii est triviale, se trouve ra- 9. Sermons. —
Ces discours oratoires,
jeunie par Alain d'une manière très-élé- au nombre de neuf, prouvent qu'Alain pou-
gante. Ces deux morceaux avaient été pu- vait bien servir de guide pour le choix des
bliés par le jésuite Buzelin, et du Boulai les sujets, mais non pour la manière de les trai-
a jugés dignes d'entrer dans l'Histoire de ter. 11 n'emploie presque jamais l'Ecriture
l'Université de Paris. Leyserus a aussi publié sainte que dans un sens allégorique. Nous ne
sous le nom d'Alain, une prose rimée De nous arrêterons pas à en faire l'analyse il ;

Amore Veneris, qui peut-être faisait partie du suffira d'en indiquer les sujets. Le premier
Planctvs naturœ, mais qui ne se trouve pas roule sur l'union e! la bonne intelligence qui
dans l'imprimé. doit régner entre les abbés des monastères
7. Elucidatio super Cantica Cantico7'nm. et les moines; le second, sur la fête de l'An-
I

— Ce court commentaire sur


le Cantique nonciation de Marie, lorsqu'elle tombe au
des Cantiques, est écrit entièrement à la dimanche des Rameaux; le troisième, sur la
louange de la sainte Vierge, pour laquelle crainte du jugement de Dieu le quatrième ;

l'auteur trouve, dans ce livre, des allégories fut prêché le jour de Pâques devant les maî-
qui prouvent au moins la vénération qu'il tres dercs, Ad magistros clericos; le cinquième,
avait pour celte créature privilégiée. Nous en plein synode , sur le gouvernement de
nous permettons cette remarque afin de l'Eglise ; le sixième, sur pouvoir de délier
le
montrer quel fond on peut faire sur l'anec- le pénitent après la confession le septième,
;

dote rapportée par un auteur du xv= siècle sur les paroles : Rorate, Cœli, desuper {Isa. xlv,
,

selon lequel Alain aurait été frappé de taci- 8), pour


temps de l'Avent le huitième,
le ;

turnité, ce qui signifie apparemment qu'il sur les dons du Saint-Esprit, au jour de la
aurait perdu l'usage de la parole, pour avoir Pentecôte; le neuvième n'est qu'un fragment
manqué dans un sermon qu'il prêchait à im- de sermon sur les tentations, pour la fête de
plorer le secours de Dieu par l'intercession saint Augustin. A ces neuf sermons, l'éditeur
de la sainte Vierge. Que le fait soit con- en a ajouté trois autres, sur le Saint-Esprit,
trouvé, comme nous n'hésitons pas à le le mystère de la Croix, et pour la fête de
croire, au moins ce
récit, qui nous arrive en saint Nicolas.
droite ligne du moyeu âge, prouve l'anti- 10. Des sentences. — Ce livre des dits
quité de cette pratique, employée depuis par mémorables d'Alain, est autrement appelé
'

tous les prédicateurs, d'invoquer la Mère de Doctrinale altum, pour le distinguer du livre
Dieu au début de leurs discours. Ce commen- des paraboles, écrit en vers, et qui a pour
taire d'Alain avait été imprimé à Paris, en titreDoctrinale minus. Ce bont des pensées
1540, chez Jacques Krener, sur un manusciit détachées sur ditl'érents textes de l'Ecriture
de l'abbaye de Saint-Victor, selon les vers sainte, à l'usage encore des prédicateurs.
qu'on lit au frontispice : 1 1 . Sur les six ailes du cliérubin. — Cet
HuiK tihi num: priinum, leclur, depromit Alunum opuscule une explication allégorique de
est ]

Viclorina suo bibliotheca sinu. ce passage d'isaïe (vi, 1,2): Vidi Dominum
,

[XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVllI. — ALAIN DE LILLE. 871

sedentem super solium excelsum et ckvatum, et donné des preuves de sa capacité


Alain a
ea quœ sub ipso erant replebant templitm. Se- dans cet écrit, qui est un excellent traité de
raphim stabant super illud : Sex alœ uni et sex controverse, dans lequel il réfute une à une
alœ alteri ; duabus velabanl faciem e/us. et toutes les erreurs avmcées par les héréti-
duabus velabant pedes ejus, et duabus volabant. ques albigeois ou vaudois, et leur oppose
L'auleui' trouve dans cette image qui a été dans les deux premiers livres, les autorités
gravée par l'éditeur, toutes les parties de la de l'Ecriture sur lesquelles sont fondés les
confession, jusqu'à la réconciliation du pé- dogmes de l'Eglise catholique. Dans les
nitent. Cet opuscule a été jugé assez bon et deux livres suivants, contre les juifs et les
assez solide, pour être attribué au Docteur mahométans, il suit une autre marche; il ne
sérapliique. Aussi a-t-il été imprimé parmi se contente pas de répondre aux reproches
les œuvres de saint Bonavenlure, mais il est qu'ils font aux chrétiens, il leur reproche à
moins entier d'un tiers dans ces éditions, que son tour ou l'imperfection ou l'absurdité de
dans celles des œuvres d'.Alain, ijui en est le leurs lois. Les deux premiers livres avaient
véritable auteur. été imprimés à Paris, l'an 1612, par les
12. Liber pœnitentialis . — C'est une ins- soins de Jean Masson, archidiacre de l'église
truction courte et solide qui pouvait être fort de Bayeux. Dom Claude de \'isch les ayant
utile, aux pécheurs qui voulaient re-
soit revus sur d'autres manuscrits, les inséra
tourner à Dieu par une sincère pénitence, dans la collection des œuvres d'Alain mais ;

soit aux confesseurs, pour se diriger dans il ne put se procurer les deux derniers li-
l'exercice de leur ministère. Ce livre, dans vres. Ce ne fut que deux ans après la publi-
plusieurs manuscrits est dédié par Alain ,
cation des œuvres d'Alain, qu'ils lui furent
dictus Magister, à Henride Sully, archevêque envoyés de l'abbaye de Cileaux, et qu'il les
de Bourges, qui gouverna celte Eglise depuis publia par forme d'appendice à la fin de la

l'an 1184 jusqu'à 1200; ce qui est une nou- seconde édition de sa Bibliothèque des écri-
velle preuve qu'Alain vivait alors. vains de l'ordre de Cîteaux, in-4''.
13. De la foi catholique. — Ce traité 14. Be arte seu articulls catholicœ fidei. i:on.»ri8

dirigé contre les hérétiques de son temps, — Sous ce titre, D. Bernard Pez a mis au w°hoûcï'e'dèi

est divisé en quatre livres : le premier, con- jour un autre ouvrage de controverse divisé
tre nouveaux hérétiques que l'éditeur
les en cinq livres. Le premier traite de l'unique
nom que l'auteur ne leur
appelle albigeois, cause de toutes choses, c'est-à-dire de l'unité
donne pas, parce que vraisemblablement il et de la Trinité en Dieu, De Dco unoeodem-
écrivait avant que ces hérétiques, appelés que trino; le second de la création, de l'ange,

d'abord henriciens ou cathares, eussent été de l'homme et du libre arbitre; le troisième,


ainsi dénommés le second livre est positi-
; du Fils de Dieu incarné pour racheter
vement contre les vaudois le troisième, ; l'homme le quatrième, des sacrements de
;

contre les juifs; quatrième, contre les


le l'Eglise et le cinquième, de la résurrection
;

mahométans, qu'il regarde comme de vrais des morts.


païens. L'ouvrage est dédié à Guillaume, Dans un prologue qui lient lieu d'épître,
prince de Montpellier, qu'il appelle son sei- l'auteur adresse son ouvrage à un pape
gneur. Nous croyons que ce prince n'est autre nommé Clément. Ceux qui font vivre Alain
que Guillaume VUI, parce que l'ouvrage d'A- sur la fin du xiii» siècle l'entendent de Clé-
lain ne fut composé qu'après le concile de La- ment IV; pour nous, nous ne doutons pas que
tran ', assemblé spécialement contre les hé- l'auteur n'ait eu en vue Clément III, qui fut
rétiques qu'il réfute, et auquel il paraît certain pape depuis l'année 1187 jusqu'à l'année
qu'il assista en 1179. vraisemblable que
Il est 1191. 11 lui dit qu'il voit l'Occident plein de
c'est là qu'il lit la connaissance de l'abbé de sectes et d'hérésies, et l'Uiient livré aux ma-
Saint-Gilles, lequel l'aura fait connaître au hométans qui poursuivent les chrétiens, les
seigneur de Montpellier, comme un homme armes à la main. « Ne pouvant, dit-il, les
capable de défendre la foi catholique contre combattre par la force, j'ai tenté de le faire
l'hérésie qui faisait alors les plus grands ra- par le raisonnement. » Il convient que les
vages dans les contrées du midi de la France. saints pères, pour convertir les juifs et les

' In cvncilio eliam Lateranensi, in ens {Val<Jeii.9es], EcclesiA prœciu sinl. Alnnus, de Fide cath., lib. II,

senlentia excommunicalionis luta est , unde eis eliam


communicandum non est, cum sententià Apostolica ub
872 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
gentils, ont employé
les miracles et l'auto- bruit que faisaient alors ces prétendues pro-
rité des Ecritures. «Je n'ai pas reçu, ajoule- phéties. Ce commentaire est rempli de cita-
t il, le don des miracles, el l'autorité des tions des historiens anglais, normands et
Ecritures est impuissante contre des hom- français, et même des anciens poètes latins.
mes qui les rejettent ou qui les corrompent. Il a pour titre : Aluni rnagni de Insulis, dnc-
C'est pourquoi j'ai disposé avec soin les rai- toris universalis, explanationum in prophetiam
sons probables de notre foi, afin que ceux Merlini Ambrosii Britanni, libri sept fin. Nous
qui ne se soumettent pas aux prophètes et à nous étendrons un peu sur cet ouvrage, non-
l'Evangile soient convaincus par les raisons
seulement parce qu'il lui est contesté par
humaines. »
des critiques très-habiles mais parce que, ;

En eflet, la méthode qu'il a adoptée est de tous les écrits d'Alain, c'est celui qui peut
celle des géomètres, qui fut celle des scho-
nous donner le plus de lumières sur sa per-
lastiques,bonne pour convaincre un esprit sonne.
obstiné, mais qui ne va pas au cœur pour
Il expose d'abord le motif qu'il a eu de
l'entraîner. Sur ce plan, il place à la tête de l'entreprendre. C'est, qu'à la vue des
dit-il,
chaque des définitions, des distinc-
livre
événements extraordinaires qui se passaient
tions, des pétitions de principes évidents
alors en Angleterre, tout le monde parlait des
par eux-mêmes, lesquels lui étant accordés,
prophéties de Merlin, qui paraissaient avoir
il faut admettre nécessairement toutes les
leur accomplissement; mais peu de person-
conséquences qui en découlent. C'est donc nes connaissaientassezl'histoirepouren faire
avec raison que cet écrit doit avoir pour
l'application aux événements. Quant à lui, il
litre De a7-te fîdei cat/iolicœ, et non, comme
se croit assez versé dans l'histoire des Bre-
portent ceitaiiis manuscrits, De articulis. La tons, des Saxons, des Anglais, des Normands
nature de l'ouviage semble l'exiger, et, dans
et des Français, pour donner de ces prophé-
son prologue, l'auteur dit positivement qu'il
ties des explications satisfaisantes, au moins
a eu de justes motifs de l'intituler ainsi.
jusqu'à son temps, c'est-à-dire jusqu'au règne
On voit, en eU'et, que pour démontrer le
d'Henri II.
sujet qu'il traite, avec art les
il rappelle examine ensuite plusieurs questions re-
Il
théorèmes qu'il a établis et qu'il en déduit
latives à la personne de Merlin 1° s'il était :

les corollaires qui complètent la preuve.


chrétien (et il n'en doute pas, attendu que,
Il n'y a pas à douter que cet écrit n'ait
dans temps où il vivait, l'Angleterre avait
le
été fort goûté de son temps cependant il ;
déjà embrassé le christianisme); 2° s'il était
n'a vu le jour en Allemagne que dans le
vraiment prophète. Alain n'ose l'affirmer,
dernier siècle. que l'auteur fût bien
Il fallait
mais il soutient que Dieu a pu se servir de
persuadé du mérite de l'ouvrage, pour oser
lui pour prédire l'avenir, comme il s'est servi
le dédier au pape. Il le fit, dit-il, pour deux
de Job qui n'était pas Juif, de Balaam qui
raisons d'abord, parce que c'est au pape,
était uu mauvais sujet, des sibylles, de Cas-
:

comme vicaire de Jésus-Christ, et successeur


sandre et d'autres pythonisses; 3° si Merlin
de saint Pierre, qu'il appartient de répandre était né, comme on le disait, du couimerce
par toute la terre la bonne semence de la une princesse, avec un
de sa mère, qui était
parole catholique, et ensuite pour concilier démon incube. Alain soutient que la chose
à son ouvrage une plus grande autorité. 11 n'était pas impossible; mais il aime mieux
ne dit pas qu'il eût reçu du souverain pon- croire que la mèie de Merlin l'avait déclaré
tife l'ordre d'y travailler; mais on peut le ainsi afin de couvrir un peu sa honte et parce ,

supposer, s'il est vrai qu'Alain


ait fait preuve qu'elle avait des raisons pour ne pas déclarer
de capacité contre les hérétiquesau concile son amant.
de Latran, auquel communément on pense Après cela il entre en matière, et, le flam-
qu'il avait assisté. S'il n'en parle pas, c'est beau de l'histoire à la main, il donne aux
que ce n'était plus le même pontife qui lui prophéties des explications quelquefois assez
avait demandé ce travail; c'était le quatrième plausibles, au moins dans les trois premieis
qui,dans l'espace de six ans, avait succédé livres et jusqu'au règne de Henri II, où le
à Alexandre 111. conduit la suite des événements applicables
"Surk.
^'^^ '^'"'' ''^*' prophéties de Merlin. — à ces prédiction?. Quant à celles qui n'avaient
hi.„. ti Alain composa ce traité, sous le règne de pas encore reçu leur accomplissement, il en
Louis le Jeune, eu 1171, à l'occasion du réserve l'intelligence à ceux qui seront té-
.

[XII'SIJCLK.] CHAPITRE LXXVm. — ALAIN DE LILLE. 873


moins des événements lorsqu'ils ariiveront. Alain était-il alors moine de Citeaux? C'est
Cependant il s'efforce de donner, dans les sur cette question, résolue affirmativement,
quatre derniers livres, une interprétation que l'abbé Lebeuf et Casimir Oudin se pré-
quelconque à ces prophéties, en saisissant tendent fondés à attribuer ce commentaire à
les images et les expressions sous lesquelles l'évêque d'Auxerre. La grande raison qu'ils
le prophète les a énoncées; et, dans cette font valoir, c'est qu'un abbé appartenant au
partie même, Alain a fait preuve de sagacité même ordre que l'auteur, du reste homme
et d'une connaissance assez étendue dans érudit et éloquent, après avoir lu une espèce
les sciences pb3'siques et naturelles. d'aperçu sommaire de ce travail, exigea d'A-
Telle est l'idée générale que nous pouvons lain qu'il le complétât par une nairation éten-
donner de cet ouvrage; mais c'est ici le lieu due des faits dont il avait été témoin et qui

d'établir plusieurs questions que ce livre a pouvaient donner raison à la prophétie. « Or,
fait naître parmi les savants. Nous examine- dit-il, comme je n'avais pas le droit de décli-

rons 1°
: si maître Alain en est l'auteur; ner sou autorité, j'ai fait ce qu'il me com-
2° en quel temps il l'a composé; 3° s'il était mandait. C'est bien, mais il y manque quel-
))

alors moine de Citeaux. que chose. Si l'auteur avait dit que l'abbé
Surla première question, nousavons à com- dont il parle appartenait à l'ordre de Citeaux
battre l'opinion de Casimir Oudiu et de l'abbé la question serait en faveur de l'évêque d'A\i-

Lebeuf, qui font auteur de cet écrit Alain, xerre, qui, à celte époque, s'était démis de
évêque d'Auxerre. La seule raison qu'ils al- son évéclié et résidait à Clairvaux. Mais l'au-
lèguent que cet évêque était surnommé
est teur ne le dit pas; il parle de son ordre sans
de que l'auteur du commentaire sur
Lille, et le désigner en particulier; et puisque à cette
Merlin dit positivement qu'il était né à Lille même époque nous trouvons un maître Alain,
en Flandre, et qu'il vécut au temps où le moine de Cantorbéry, de l'ordre de Saint-
comte Thierrj', soutenu des hommes de Bru- Benoit, pourquoi ne luiattribuerions-nouspas
ges et de Gand, fut déclaré légitime héritier un écrit qu'il était plus à portée de composer
de cette province, à l'exclusion de Guillaume qu'un évêque d'Auxerre, qui avait vieilli, non
de Normandie, qui n'y avait aucuns droits. dans la carrière des sciences, mais dans l'exer-
Or, Thierry d'Alsace prit possession du comté cice du saint ministère? Nous ne nicms pas que
de Flandre en 1128. En rapprochant cette maître Alain ait été cistercien, puisque son
date des époques connues de la vie d'Alain tombeau le dit positivement; mais nous pen-
d'Auxerre, et par la nature même de l'ou- sons qu'il ne l'a été que longtemps après et
vrage, nous avons fait voir ailleurs le peu de sur la fin de sa vie. Quoi qu'il en soit, le com-
vraisemblance qu'il y aurait à faire honneur mentaire d'Alain à la tête duquel se trouve
,

de cet écrit à l'évêque d'Auxerre. la version latine des prophéties d'Ambroise


Quant au temps où ouvrage a été com-
cet Merlin, traduites de l'ancien breton par Geo-
posé, nous en trouvons plusieurs indices dans froid de Monmouth, a été imprimé i Franc-
l'écrit même d'Alain. Voulant expliquer cette en 1603. Dom Claude de Visch,
fort, vol. in-8°,
prophétie de Merlin Evigilabunt catuli ru-
: éditeur des œuvres d'Alaiu, n'a pas jugé à
gtentis, et postpusitis nemoribus, infra mœnia propos d'insérer cet ouvrage dans sa collec-
civitatum venabuntw, il en fait l'application tion.
aux enfants d'Henri II, qui nunc est, dit-il, 16. Dans la persuasion où nous sommes ^^^^,^
pour marquer qu'il régnait à cette époque. que maître Alain n'est autre que celui qui, eu »i"tThoo.»

Il nomme ces enfants par leurs noms et dans 1179, fut fait prieur du chapitre de Cantor-
l'ordre exact de leur naissance : Henri, Ri- béry, puis abbé de Tewksbury en 1 186, nous
chard , Geofroi et Jean. Le dernier des qua- devons lui attribuer une ]'ie de saint Thomas
tre était né en H67, selon la chronique de de CatitarOcri/, dont on a publié des extraits
Hobert du Mont. Alain écrivait donc posté- dans le Quadriloguc placé par le père Lupus
rieurement à cette année, avant la mort à la tête des lettres du saint archevêque. Mais
d'Henri II, arrivée en H 89, et même avant il faut espérer que les continuateurs de Bol-

celle de Henri son fils aîné, qui mourut eu landus l'imprimeront quelque jour tout en-
usa. De ces considérations, nous croyons tière dans leur grande collection. Oudin as-
pouvoir conclure qu'Alain composa son com- sure qu'il a trouvé dans la Vie de saint Tho-
mentaire dans l'intervalle des années H74 mas, par Héribert de lloscham, vie qu'il avait
à IITJ. transcrite de sa main et envoyée aux Uollan-
874 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
distes, qu'il a trouvé, disons-nous, que c'est ritus rationulis. Cet ouvrage est dédié à Er-
maître Alain qui a recueilli et rais en ordre mengaud, abbé de Saint-Gilles, qui gouverna
les lettres du saint prélat. Si cela est, comme ce monastère dèsavantH79 et jusqu'en 1195,
on n'en peut guère douter, c'est sans contre- et le docteur Alain y a mis son nom Alanus, :

dit le meilleur service qu'Alain ait rendu ù la dictus Magister, ce qui prouve de plus en plus
littérature , et surtout à l'histoire ecclésiasti- qu'il vivait à la findu xii' siècle et non à la ,

que du xir siècle, dans laquelle le différend fin du xiii". Nous croyons qu'il y a erreur
entre saint Thomas et Henri II ,
roi d'Angle- dans tous ces titres désignés par différents
terre,occupe la plus grande place. L'histoire critiques, et que le livre dont il s'agit ici n'est
de France ne lui a pas moins d'obligation, autre que le Distinctiones dictionum theologiœ,
puisque, dans cette contestation la cour de ,
imprimé plusieurs fois au xv" siècle.
France prit une part très-active, comme on 4° Trithème lui accorde encore une autre

le voit par ces lettres mêmes. Somme De vitiis et virtutibus, qui, dans d'au-
17. Aliiin était aussi alchimiste, s'il est tres manuscrits, a pour titre De conflictu vi- :

vrai qu'il soit auteur d'un écrit qu'on a inséré tiorum et virtutum. Alain a traité ce sujet en
dans le Theatruin chemicum, sous ce titre : vers dans les deux derniers livres de l'Anti-
Dicta Alani de lapide philosophico, e Germanico claudianus ; mais cet ouvrage, qui est en
idiomate reddita per Justum a Balbian, Alosta- prose et qui commence par ces mots Apos- :

num. Cette circonstance, que l'ouvrage était toliea vox clamât, est attribué à Ambroise

écrit en allemand, nous fait penser qu'il ap- Autpert par les éditeurs des œuvres de saint
partient à quelque autre Alain que celui qui Augustin, lesquels l'ont imprimé parmi les
l'ait le sujet de cet article. écritssupposés au saint docteur.
18. Dans le dénombrement des écrits d'A- 5° Bernard Pez cite comme manuscrit un

lain, 1° des Commentaires


Tritlième place : ouvrage d'Alain, ayant pour titre De Intel- :

sur le Pentateuque de Moïse; il parle aussi ligcntiis, seu Memoriale rerum difficilium. Il

de commentaires sur les prophètes, sur l'E- commence ainsi : Summa in hoc capitulo
vangile et sur lesEpîtresde saint Paul, qu'il nostrce intentionis est rerum naturalium diffi-

dit n'avoir jamais rencontrés. Nous ne pou- ciliora breviter colligere. Ne le connaissant
vons garantir l'existence d'aucun de ces com- pas autrement, nous ne pouvons que l'indi-
mentaires, que nous ne trouvons indiquésdans quer. Un autre manuscrit, également cité
aucun catalogue. par Pez, a pour titre : Alani magistri liber
encore, et d'autres après lui,
2° Tritlième de diversis sermonibus, sive Dictionurium theo-
attribuent à Alain une Somme sur les quatre logicum. Nous aurions pensé que c'est, sous
livres du Maître des sentences Super Sen- : un autre titre, l'ouvrage dédié à l'abbé de
tentias, lihros quatuor. Oudin observe avec Saint-Gilles, début n'en était difTérenl.
si le

raison que cet ouvrage n'est autre que le Celui-ci commence par ces mots Quisquis :

traité de la Foi catholique, divisé en quatre ad sanœ scriptwœ notitiam. C'est peut-être le
livres , contre les albigeois , les vaudois , les Quodlibcta dont parle Trithème. Le même
juifs et les mahométans. Bernard Pez indique un ouvrage d'Alain qu'il
3° Une Somme qui porte dififérents titres a vu manuscrit avec ce titre Paradoxa de :

dans les manuscrits. On la trouve désignée maximis generalibus. Voici il com- comme
sous celui-ci : Summa quot modis, titre qui a mence Sententia Platonis et Aristotelis est.
:

besoin d'explications pour être entendu. C'est Nous ne le connaissons pas autrement.
un glossaire, par ordre alphabétique, dans 6° On trouve dans plusieurs bibliothèques

lequel on indique, pour la commodité des des manuscrits d'Alain qui ont pour titre :

prédicateurs, dans quel sens, bon ou mau- De maximis theologiœ. A juger de cet ou-
vais, on peut emploj'er les passages de l'E- vrage par le litre, on pourrait le confondre
criture sainte. Dans d'autres manuscrits, il a avec le Liv7-e de Sentences, qui est imprimé
pour litre Oculus, et même quelquefois
: : et connu sous le titre de Doctrinale altum,
Oraculmn Scripturw sacrœ ; Tractatus de diver- si ledébut n'en était différent. Celui-ci com-
sis verborum signiftcationibus secundum ordinem mence par ces mots Omnis scientia suis :

nlphabeti; dans d'autres Compendium utrius- : utitur regulis. C'est le début du Begulœ
que Teftamenti; ou bien jiUquiooca Alani ad : Alani, édité par Aloysius Mingarelli, et pu-
Ermengaldum, et commençant par ces mots blié par M. l'abbé Migne, dans son Cours
précédés d'un prologue : Anima propria spi- complet de Patrologie, tome CCX.
s;

[xiî'siÈCLE.] CHAPITRE LXXVIII. — ALAIN DE LILLE. 875

Henri de Gand et Tritbèmo donnent à Alain Gnomarum libri /.Y, dont Bartliius a donné
un ouvrage qui a pour litre De naturis quo- : des extraits dans ses Adversaria.
rumdam animalium. Casimir Oudin pense 19. On a pu juger du mérite des écrits
que c'est le même qui, sons le titre de Bes- d'Alain par notre analyse de ces principales
iiat'um, a été imprimé parmi les œuvres de productions. Nous avons assez fait connaître
Hugues de Saint-Victor. Il est divisé en qua- notre opinion; mais, comme nous la comp-
tre livres, dont le premier, qui traite des oi- tons pour peu de cliose en matière de goût,
seaux, appartient h Hugues de Fouillois de nous rapporterons ce qu'en a dit et pensé
Fulieto ; le second à Alain le troisième et le ; un philologue du piemier mérite, et qui a
quatrième sont l'ouvrage de Guillaume Per- exercé sa critique sur presque tous les au-
rault, dominicain, qui s'est servi des deux teurs de l'antiquité et du moyen Age. Ce sa-
auteurs que nous venons de nommer pour vant universel n'est rien moins que le célè-
composer son livre De rerum jimprietatibus. bre Gaspard Bartliius.
Tritlième t'ait mention, smis le nom d'A- 11 est certain que la partie brillante des

lain, d'un grand nombre de sermons, Ser- écrits d'Alain sont se; poésies. Nous avons
mones plures. Nous avons rendu compte de dit déji\ qu'elles étaient devenues classiques

douze, imprimes dans la collection de ses au xm« siècle. Barthius en faisait très-grand
œuvres. Bernard Pez en indique d'autres cas. Alain, selon lui, ne manquait pas de gé-
qu'il dit excellents, Prœstantes sermones. Le nie il s'était appliqué, comme les meilleurs
;

manuscrit a pour titre Spéculum Ecclesiœ.: auteurs de son temps, à former son style sur
Suit une préface qui commence par ces celui de Martianus Capella, dont il imite les
mots Cum primo in nostro convenlu reside-
: allusions de mots, le rbythme et même les

res, et verbum fratribus, secundum datam tibi défauts avec une contrainte pénible. Et, en
sapieiitiam, etc.; puis un prologue dont les effet, ajoutc-t-il, après déj.'i plus de mille
premiers mots sont Pcritissimi jiictores Am-
: ans écoulés, l'autorité de ce Capella était

brosius, générale-
Augiistiinis, etc. On croit encore si grande et si vivace, que celui qui
ment que ces sermons sont l'œuvre d'Ho- le possédait, était censé connaître les secrets

noré d'.Autun. les plus cachés de tous les arts. C'est chez
liarthius allirme avoir rencontré, dans la lui qu'Alain a puisé toutes les notions qu'il
bibliothèque publique de Bâle, un gros com- étale dans l'Encyclopédie sur les sept arts
mentaire d'Alain ayant pour titre De ra- : libéraux, et dont l'abbé Lebeuf a fait un si
tione metrorum et syllabarum. Je ne me sou- fréquent usage dans sa dissertation sur l'état

viens pas, dit-il, qu'aucun bibliographe en des arts en France depuis la mort du roi

ait parlé. Robert.


Trithème lui attribue encore un recueil Ailleurs, Barthius appelle Alain un écri-
de lettres. Oudin cite un manuscrit de saint vain merveilleux pour son siècle, parce qu'il
Benoit de Cantorbéry, qui contient celles avait eu le bon prendre pour mo-
esprit de
qu'Alain écrivit à Henri H, roi d'Angleterre, dèles les auteurs anciens; et, pour établir
et â d'autres mais il prétend qu'elles sont
; son jugement, il cite les premiers vers de
d'Alain, abbé de Tewksburi, qu'il distingue VAnticlaudianus, dans lesquels il fait remar-
du Docteur universel. Nous avons exprimé quer les mots et les pensées des bons au-
notre sentiment sur cette distinction, et dit teurs. Il rapporte encore de lui deux mor-
sur quel fondement on peut idoutilier ces ceaux de poésie, extraits du Planctus naturœ
deux personnages. l'un, dans lequel Alain prescrit agréablement
Sandcrus cite un manuscrit qui a pour les remèdes qu'il faut opposer aux vices;
titre : De accusât ionibus, inquisitionibus et de- l'autre est une ode en vers saphiques, dans
nuntiutionibus Alani, cet écrit serait -il re- laquelle Alain fait une description très élé-
aux tracasseries auxquelles nous avons
latif gante de la nature. « Je ne nie pas, dit Bar-
supposé qu'Alain aurait été exposé en An- thius, que cette ode ne se ressente, eu bien
gleterre ? des endroits, de la barbarie du siècle où elle
Fahiicius indique un poème intitulé : a été composée mais je pense qu'elle ren-
;

Oruius moralin. C'est peut-être le livre des ferme assez de beautés pour mériter d'être
paraboles; un poème, Detriplirimundo, dont lue. Elle prouve les efforts malheureux que
voici les premiers mots : lixpurpiant hiemeiu faisaient eu ce temps-là les esprits supérieu'
vernali, etc.; enfin, neuf livres de sentences : pour ressusciter le bon goiil, et pour tirer la
,

876 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


littérature de l'état de barbarie où elle était et mêmeauteur, auquel nous attribuerons
réduite. » lessermons qui existent.
Quant aux ouvrages d'Alain sur la théolo- A
l'appui de cette opinion, nous citerons
gie,ils n'ont rien de bien remarquable. Ses un passage de Césaire d'Eisterbach, auteur
commentaires sur l'Ecriture sainte et ses contemporain, qui raconte qu'à l'époque où
sermons ne présentent que des allusions et Absalou fut appelé à Springkirsbach, un
des interprétations allégoriques. Les traités chanoine de la communauté vit en songe un
de controverse ont plus de solidité; mais ils Hambeau ardent entrer dans la maison; qu'à
ont aussi tous les défauts de lu scliolastique, cette merveille, tous les confrères étant ac-
c'est-à-dire la sécheresse et la poinlillerie ; courus avec des cierges éteints, ce flambeau
ils parlent à l'esprit, et ne vont point au cœur. s'approcha de tous, l'un après l'autre, et
Le tome CCX de la Patrolugie reproduit leur communiqua sa lumière. C'était, dit
l'édition dom
de Wisch avec un supplé-
de l'auteur, un présage de l'heureux change-
ment où l'on trouve l'écrit sur l'Art ou tur ment que devait opérer le nouvel abbé dans
les articles de la foi catholique, d'après Pez ; cette communauté tombée dans le relâche-
les Règles de la Théologie, d'après Mingarelli; ment. En etî'et, Absalon fit revivre dans cette
Anecdotorum Fasciculus, Romaî, 1736, in-4° ; maison la pratique exacte de la règle de
le Liber de distinctionibus dictionum theologi- saint Augustin, telle qu'elle existait dans
carum, d'après un exemplaire sans indication l'abbaye de Saint-Victor, qui, comme on le
de lieu ni de date, mais qui peut remonter sait, était devenue le modèle de presque
vers l'an d477, et qui n'a été imprimé qu'une toutes les communautés religieuses du même
fois, savoir à Deventry. L'édition des écrits ordre, non-seulement en France, mais en-
d'Alain est précédée, dans la Patrologie core dans les pays étrangers.
d'une notice historique littéraire, tirée d'Ou- Césaire ne marque pas la date de cet évé-
din. nement, ni le temps auquel on peut rappor-
20. VHistoire littéraire de la France '
nous ter le commencement de la prélature d'Ab-
fournit les renseignements suivants sur Ab- salon à Springkirsbach. Browerus, dans ses
^?;,^^,«; salon et ses écrits. Annales du diocèse de Trêves, a placé à l'an-
Nous trouvons deux auteurs de ce nom, née 1214 ce qui concerne la prélature d'Ab-
vivant dans le même temps, tous les deux salon. Cela dérangerait notre système, s'il

religieux profès de Saint-Victor, et ayant, donnait quelques preuves de son assertion ;

l'un et l'autre, composé des sermons. La mais il n'en donne aucune, et, ce qui
-seule différence qui les distingue, c'est que prouve qu'il n'en avait pas, c'est qu'il se
l'un futabbé de Springkirsbach, au diocèse contente d'écrire d'une manière vague bis :

de Trêves, à peu de distance de Witiich, et temporibus.


l'autre abbé de Saint-Victor, à Paris, où il Nous nous croyons donc autorisés à dire
mourut le 17 septembre J203. qu'Absalon, après avoir rempli sa mission à
Tous les écrivains modernes qui ont eu Springkirsbach pour la réforme de ce mo-
occasion de parler de ce dernier, le distin- nastère, aurait été rapjielé à Saint-Victor, où
guent de son homonyme, sous le nom du- il abbé en H98, après la mort de
fut installé
quel ses sermons ont élé imprimés. Mais ne Bernard, décédé le 28 mai de la même année,
pourrait-on pas dire que ce fut un seul et et où il mourut lui-même, comme nous l'a-
même personnage, lequel aurait été succes- vons dit, le 17 septembre 1203. Ainsi, s'il a
sivement abbé de Springkirsbach et de Saint- été réellement abbé de Springkirsbach, ce
Victor de Paris ? C'est l'idée que fait naître que nous sommes loin de contester, ce n'a
la conformité qui se rencontre dans leur pu être qu'avant l'an 1198, car on lit dans un
nom, leur profession dans le même ordre et manuscrit de la bibliothèque de Saint- Victor,
la même maison, le temps où ils vécurent, son épilaphe en ces termes :

et le genre de talent qui les caractérise. Tant


Absalon hic finem suicepit amœnum ,
de conformité serait fort extraordinaire, s'il Ad solium raptus œterna luce serenum :

fallait admettre deux personnages; elle n'est Illustris senior, cui mundi gloria vilis,

pas dans le cours ordinaire des choses. Nous Septimus a primo pastor fuit hujus avilis.

ne ferons donc de ces deux abbés qu'un seul Le premier de ces quatre vers semble in-
diquer qu'Absalon ne fut pas toujours rési-
' Tom. XVI, pag. 4j2 et suiv. dant à Saint-Victor, et que, s'il en fut éloigné
[XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVIII. — ETIENNE, ÉVf:QUE DE TOURNAI. 877

pour un temps, il eut beaucoup de plaisir à Casimir Oudin dit avoir vu à la bibliothè-
y retourner. que de Saint-Victor un manuscrit ayant pour
21. Quoi qu'il en soit, nous allons rendre titre Sermones venerabilis Absalonis canonici
:

compte des sermons qui ont été imprimés regularis apud S. Viclorem ad muros parisien-
deux fois, sous le nom de l'abbé de Spiing- ses, et postmodum abbatis in Germania.

kirsbacb d'abord, en 1534, in-folio, à Colo-


: Nous n'avons pas retrouvé ce manuscrit ;

gne, par les soins de Daniel Scbilling, abbé mais dans celui que nous avons sous les
de ce monastère; et ensuite à Milan, in-4'', yeux, on lit d'une écriture assez récente :

en 1603, sous ce titre Sermones in prœci- : Sermones Absalonis quondarn abbatis S. Vic-
puas ckristiani cultus solemnitates , auctorc toris Purisiensis in diversis festivitatilms.
D. Absalone, ubbate Sprùiglàrsùacensi, cano- Ces deux inscriptions, bien loin d'être en
nico i'e<jv,lari, jam inde ab annis ferme quin- opposition, rentrent dans notre système ; et
(jentis edili, recens autem castigati, scholiàque si elles prouvent quelque chose, c'est qu'Ab-
yratiam B. patris D. f).
et indicibus aucti, in salon a fort bien pu être successivement abbé
Celsi Ddgnani, canonicorum regularium Sal- eu Germanie et à Saint-Victor.
vatoris Lateranensium abbatis generalis, opéra Quant au mérite de ces sermons, on les dit
D. Basilii Serenii^ ejusdem congregationis composés dans le goût de ceux de saint Ber-
canonici, Mediolanemii presbyteri, verbi Dei nard, que l'auteur aurait pris pour modèle.
prœdicatoris. Cela est vrai, si l'on a égard aux sorties
Ces sermons sont au nombre de cinquante- fréquentes qu'on y fait contre le luxe et les
un cinq pour le temps de l'Avent, trois
: désordres qui régnaient alors dans le clergé;
pour la fête de Noël, cinq pour le jour de mais il que ces sermons éga-
s'en faut bien
l'Epiphanie, six pour le Carême, un pour le lent, pour ceux de l'illustre abbé de
le style,

jour de Pâques, trois pour l'Ascension, qua- Clairvaux. C'est presque toujours dans un
tre pour la Pentecôte, un pour la nativité de sens allégorique ou tropologique qu'on y
la sainte Vierge, trois pour la Purification, et cite, suivant le goût du temps, l'Ecriture
trois pour la fête de l'Assomption. Viennent sainte.
ensuite les sermons pour les fêtes des Ces sermons sont reproduits au tome CCXI
saints : un sur saint Augustin, un sur saint de la Palrologie, col. 14-294, d'après l'édition
Victor, deux pour la tête de tous les saints, de Cologne, en 1534; ils sont précédés d'une
deux applicables indistinctement à tout notice tirée d'Oudin, qui les refuse à Absalon
saint dont on célèbre la fête, deux pour la de Saint-Victor.
dédicace de la basilique du Sauveur à Rome, 22. Etienne de Tournai, ainsi appelé parce
deux pour la dédicace d'une église, et qua- qu'il fut évêque de cette ville, naquit à Or-
n'iDilc é.é.
tre enfin débités devant l'assemblée du cha- léans, en 1132. Elevé d'aljord par les soins uede Toor-
pitre général. d'un maître particulier, le désir de complé-
Un Espagnol, nommé Pierre de Alera et ter son instruction le conduisit par la suite,
l'Astorga, a encore inséré dans son Mariale des écoles de Sainte-Croix, dans celles de
quelgues-uns des sermons d'Absalon, con- Chartres et de Paris. Il reparut dans sa ville
cernant la Mère de Dieu, qu'il a extraits des natale pour y puiser les premiers éléments
livres imprimés. de jurisprudence, qu'il perfectionna par ses
La plupart de ces sermons se trouvent études à Bologne. La qualification de maître
également dans un manuscrit de Suint-Victor, qu'on lui donne, fait préjuger qu'il obtint dans
coté i, j, 10, puis 183, et aujourd'hui à la bi- celte ville le titre de docteur en droit. Après
bliothèque royale, 731, écriture du xiii" siè- avoir desservi comme simple clerc l'église
cle ; il ne contient que trente-quatre ser- d'Orléans, il dans l'abbaye de Saint-
se relira
mons disposés dans un ordre tout diiférent de Euverte, dont il devint abbé en 11(33.
Il dé-

celui qu'on a suivi dans les imprimés, parce ploya, sous ce titre, de tels moyens, que le
qu'apparemment on les mettait originaire- concile provincial de Sens le chargea pres-
ment au net à mesure qu'ils étaient prononcés. que seul de demander à Louis-le-Jeune jus-
Plusieurs de ces sermons se trouvent en- tice du meurtre commis sur la personne du

core mêlés parmi ceux de l'abbé Jean leTeu- doyen de l'église d'Orléans par un seigneur
lonique, qui fut successeur d'Absalon, dans du pays. Le monarque reçut si froidement
un manuscrit de Saint-Victor, coté aulrelois l'abbé de Saint-Euverte, que les parents du
8G, aujourd'hui ii'J. meurtrier en prirent occasion de le menacer
878 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
de mort, s'il ne se désistait de ses poursuites. à ses ennemis de le persécuter et de le me-
De retour dans son abbaye, Etienne en fit nacer du pillage et de la mort même, s'il ne
rétablir l'église ruinée par les Normands, se désistait de sa poursuite et n'abandonnait
avant de prendre l'administration de celle au plus tôt celte affaire. Il eut recours à
de Sainte-Geneviève, dont il l'ut élu ablié on Guillaume, évêque de Charlres, et fils de
1177. Son mérite y parut sous un jour si Thibault, comte de Champagne, qui apaisa
brillant, (ju'il eut part aux affaires les plus rentrer Etienne dans ses bonnes
le roi, et fit

importantes de son siècle. A la sollicitation grâces, comme celui-ci l'eu avait prié par
de Pbilippe-Auguste, il se cliargea d'arrêter ime seconde lettre. La troisième est une
les entreprises du duc de Bretagne ; et dans lettre dans laquelle Ponce, évêque de Cler-
ces circonstances épineuses, il ménagea tel- mont, demande à Maurice, évêque de Paris,
lement tous les intérêts, que le monarque le et à Etienne, abbé de Saint-Euverte, la solu-
choisit pour un des parrains de Louis "VllI, tion d'un cas touchant la validité du baptême
son iils aîné. En 1192, Etienne devint évê- des enfants que l'on plonge dans l'eau en
que de Tournai, et sa conduite dans l'épis- récitant Au nom du Père, du Fils et du
copat répondit à toutes les espérance^ que Saint-Esprit, sans exprimer l'action par ces
ses talents avaient fait concevoir. Ses diocé- paroles sacramentelles : Je te baptise. Un
sains rendaient à son administration la plus père avait ainsi baptisé son enfant, et c'était
éclatante justice, quand il mouiut le 12 sep- alors la coutume de baptiser de cette manière
tembre 1203. dans le cas de nécessité. L'évêque Maurice,
23. 11 a laissé un commentaire sur le dé- dans la lettre quatrième, répond que ce bap-
cret de Gratien, dont la préface seule a été tême est nul, et le décide avec assurance et
imprimée ; trente -un sermons également en peu de mois. Etienne, an contraire, ré-
manuscrits, et dont quelques-uns peuvent pond, dans la cinquième lettre, que le bap-
aller de pair avec les productions les plus tême est bon, pourvu que l'on invoque les
grotesques de Barlelte et d'Olivier Maillard. trois personnes divines. Suivaut lui, il n'est
Tel est, entre aulres, celui dans lequel, his- pas nécessaire d'ajouter ces mots Je te :

torien d'un mariage entre le démon et l'hy- baptise, parce qu'il n'est pas dit dans l'Evan-
pocrisie, il décrit les habits des deux époux gile : (( Allez et baptisez les nations, en di-
et lesmets du festin nuptial. Tel est encore sant : Je vous baptise, etc.; » mais seulement:
le sermon de Noël, où il donne au Verbe « Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du
divin des conjugaisons, des temps et des Saint-Esprit. confirme son sentiment par
» 11

modes à la manière des grammairiens. Heu- des passages des pères, qui ne requièrent
reusement qu'il a laissé après lui, pour sau- que l'invocation des trois personnes de la
ver sa mémoire, d'auties écrits, qui, bien Trinité pour la validité du baptême. Il pré-
que moins travaillés lui font plus d'hon-
, tend que ces termes Je vous baptise, sont :

neur; ce sont les suivants. ajoutés par l'Eglise pour la solennité de


24. Ses lettres sont au nombre de deux l'action, sans toucher nullement à la subs-
cent quatre-vingt-sept, et divisées en trois tance du sacrement De solemnitate minis-
:

parties.La première partie contient celles terii, non de substantia sacramenti. En adop-
qu'il écrivit étantabbé de Saint-Euverte, de- tant le sentiment contraire, il faudrait dam-
puis l'an 1163 jusqu'à l'an 1177. La pre- ner une infinité d'enfants baptisés ainsi par
mière, qu'il récita dans le synode de la pro- des la'iqnes dans le cas de nécessité. Il ré-
vince tenu à Sens, est une plainte très-pa- marque néanmoins que l'on doit reprendre
thétique sur le meurtre commis en la per- et mettre en pénitence les prêtres qui, par
sonne de Jean, doyen de l'église d'Oiléans, ignorance ou mauvais vouloir omettent ,

par un seigneur aux mains duquel il avait quelque chose de ce qui regarde la solennité
voulu arracher quelques biens usurpés sur de l'administration du baptême. Mais il sou-
le cbapitre. 11 fut chargé par la même as- tient qu'il ne faut point rebaptiser l'enfant
semblée d'écrire au roi, pour lui demander qui l'a été au nom de la Trinité, encore
justice de cet attentat. Il mit tout en œuvre qu'on n'ait point exprimé l'action du sacre-
pour l'exciter à en tirer vengeance mais ; ment par ces paroles : Je te baptise. Il ajoute
nous avons vu déjà que cette lettre fut très- que celui qui baptise un enfant contracte
mal accueillie du roi, qui en conçut de l'in- avec la mère une affinité spirituelle qui lui
dignation confie Etienne : ce qui donna lieu interdit de l'épouser ou d'exiger d'elle le
1.XI1 'SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVIII. — ETIENNE, ÉVÉQUE DE TOURNAI. 879
devoir conjii2:;il , s'ils l't.iient inarit^s en- sieurs lettres adressées au roi de Danemark
semble. ainsi qu'aux évêques de ce royaume et de
Les aulies lettres eonteimos diins cette la Suède, dans lesquelles il les prie de faire
première partie sont ou des lettres de re- acheter du plomb d'Angleterre pour couvrir
commandation, pour diverses personnes, ou l'église de Sainte-Geneviève, brûlée et pillée
des lettres concernant des affaires particu- par les Normands. Il fait ressortir très-spi-
lières, comme le rétablissement de l'église riluellement la différence qu'il y a entre le
de Saint -Euverte, incendiée par les Nor- plomb que l'on achète à Rome pour des bul-
mands, et pour laquelle il demande des se- les, et celui que l'on achète en Angleterre :

cours au cliapitre de Saint-Mai tin de Tours l'un sert à appauvrir les églises, et l'autre les
et à ses amis la révocation d'un prieur qui
;
couvre :plumbo leguntur ecclesiœ, nu-
Arujlico
avait dissipe le bien de son monastère l'af- ;
dantur Romano. Il demande deux dispenses
faire de l'église de Saiut-Samson qui avait au pape, l'une pour le chancelier de France
été maltraitée par le chapitre de Sainte-Croix, qu'on refusait de recevoir dans le clergé,
et autres sujets du même genre. parce qu'il n'était pas né en légitime ma-
La seconde partie contient les lettres écri- riage, et l'autre pour un homme qui avait
tes par Etienne de Tournai pendant qu'il été procureur fiscal, afin qu'il fut promu aux
était abbé de Sainte-Geneviève, depuis l'an ordres sacrés. 11 remarque dans la première,
1177 jusqu'à l'an H;ii>.La plupart de ces let- que la loi qui défendait d'admettre dans le
tres sont des compliments ou des recom- clergé ceux qui n'étaient pas nés en légitime
mandations et ne contiennent rien de bien mariage, n'était pas reçue dans toutes les
remarquable. Il y en a plusieurs écrites en Eglises. Il demande aussi au pape la confir-
faveur de l'archevêque de Tours, à l'occa- mation de l'immunité de l'abbaye de Saint-
sion d'un ditférend qu'il eut avec l'évêque de Euverlo d'Orléans et 'a conservation des
Dol ;
quelques-unes contre des chanoines revenus des prébendes de la cathédrale de
réguliers de Saint-Jean-des-Vigues, qui, se Paris affectés à l'église de Saint-Victor, il y
trouvant pourvus de cures, voulaient jouir en a une qui traite des difficultés qui se ren-
de leur pécule , se soustraire à la dépen- conlrent dans la pratique de la vie érémiti-
dance de l'abbé ne relever que de l'évê-
et que, c'est la lettre cent cinquante-neuvième,

que. Il prétend qu'ils doivent rester soumis l'ivrard d'Avesnes, évêqne de Tournai, étant
à l'obéissance de leur abbé et amovibles à mort en 1191, le clergé choisit d'abord pour
sa volonté, suivant l'usage qu'il assure avoir évéque Pierre, chantre de l'Eglise de Paris,
toujours été pratiqué, sans quoi il y aurait etEtienne écrivit en sa faveur à l'archevê-
autant d'abbés que de curés et c'en serait que de Reims la lettre cent soixante-quin-
fait de la discipline régulière. Il prouve dans zième, qui esl la dernière de la seconde par-
la lettre soi.Kante-onzième que ceux qui ont tie mais cette élection ayant été annulée,
;

fait vœu de passer de l'ordre de Grandmont il lui-même choisi pour évêqne de Tour-
tut
dans celui de Citeaux doivent s'acquitter de nai, et fit élire à sa place son neveu pour lui
ce vœu, et que généralement on peut passer succéder dans la dignité d'abbé de Sainte-
d'un ordre plus relâché dans un ordre plus Geneviève.
austère. Il rapporte dans la cent quarante- Les premières lettres de la troisième par-
troisième, un jugement rendu par le roi en tie traitent de sa promotion. Il décide, dans

faveur de quelques élèves de l'ordre de la deux cent deuxième, que le mariage d'un
Grandmont contre leur prieur et quelques novice, sorti du noviciat pour se marier, est
frères convers du même ordre, et écrit au valide. Pour se justifier des fausses imputa-
pape, tant en son nom qu'au nom des abbés tions de Berthier, archevêque de Cambrai,
de Saint-Gerraain-des-Prés et de Saint-Victor, qui l'accusait de ne pas mener une vie con-
et même au nom de ses clercs, afin que ce forme aux devoirs d'un évêque, il décrit
jugement soit confirmé. Dans la cent qua- avec détail, dans sa deux cent huitième let-
rante-unième, il prie le doyen de l'église de tre, sa manière de vivre. « Je sors fort peu
Reims d'empêcher que les chanoines de de la ville. J'assiste aux offices le plus sou-
cette cathédrale n'abolissent ce qui leur était vent que je puis. J'annonce la parole de Dieu
resté de l'aucienne régularité, comme l'ha- à mes diocésains le plus chrétieunement
bitude de prendre leurs repas en commun possible. Je déclame contre les erreurs et
et d'habiter dans le môme cloître. 11 y a plu- toutes les nouveautés. Je confère gratuite-
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
ment sacrements que j'ai gratuitement
les cisions de l'Eglise, touchant la Divinité in-
reçus. Je déteste la simonie je ne reçois ;
compréhensible. La chair et le sang discu-
point de présents défendus. Je donne des tent avec irrévérence l'incarnation du Veibe;
conseils utiles à tous ceux qui viennent se la Ti-inilé indivisible est divisée et déchirée,
confesser à moi je leur impose des péni-
;
pour ainsi dire, dans les lieux publics, de
tences salutaires ;
je console, autant qu'il sorte qu'il y a presque autant d'erreurs que
m'est possible, les affligés. J'emploie les heu- de docteurs, autant de scandales que d'au-
res où je ne suis point occupé, à lire et à mé- ditoires, autant de blasphèmes que de places
diter l'Ecriture sainte. Je reçois mes hôtes pour les reproduire. Si de la théologie on
avec plaisir. Ma table est bien couverte, et passe au jugement des affaires qu'il faut dé-

je ne mange jamais seul. Je ne prodigue point cider p;ir le droit canon, soit devant des ju-
le patrimoine de Jésus-Ciirist aux comédiens ges commis exprès, soit en présence seule-
et aux farceurs. Telle est extérieurement la ment des ordinaires, on nous apporte une
conduite que je tiens à la vue de tous; quant forêt de décrétâtes toutes décorées du nom
à mon inlérifiur, il n'est connu que de Dieu.» d'Alexandre, d'heureuse mémoire, et dont il
Les lettres deux cent vingt-quatrième, deux est impossible de se tirer, et l'on ne fait au-
cent vingt -cinquième et deux cent vingt- cun cas des anciens canons bien loin de là, ;

sixième ont trait à l'abbé de Saint-Martin de on les rejette, on les méprise. Dans ces em-
Tournai, qu'il avait interdit à cause de sa barras, il arrive que les ordonnances salu-
conduite irrégulière, et rétabli ensuite à la taires des anciens conciles ne sont point
prière de l'évéque d'Arras, à la condition suivies dans les nouveaux, et qu'on ne s'en
qu'il observerait les règles qu'il lui avait rapporte plus à leurs dépositifs pour juger
prescrites et qui se trouvent rapportées par- les affaires, parce que les épîtres décrétâtes
ticulièrement dans la lettre deux cent vingt- l'emportent. On fait de ces épîtres forgées
quatrième. La deux cent trente-unième et les sous le nom des pontifes romains par quel-

suivantes, sont dirigées confie l'interdit que ques nouveaux canonisles, un volume qui se
le légat Mélior voulait porter contre la Flan- lit dans les écoles et que l'on vend publi-

dre. Dans la deux cent quarante-troisième quement au grand profit des écrivains, qui
et les suivantes il se plaint amèrement de trouvent moins de peine et gagnent plus
l'insoumission des de Tournai.
habitants d'argent à copier ces ouvrages suspects. Un
Dans les lettres deux cent quarante-huitième troisième défaut, qui contribue beaucoup à
et deux cent quarante-neuvième, il se plaint la ruine des études, c'est que les arts libé-
que l'évoque d'Arras confère les ordres sa- raux ont perdu leur ancienne liberté, et se
crés à des moines de Saint-Amand sans sa trouvent tellement asservis, que les chaires
permission. La deux cent cinquante-unième ne sont plus occupées que par des jeunes
est une réclamation adressée au pape contre gens. On donne la qualité de maîtres à des
l'abus qui faisait négliger alors l'étude des personnes qui ne méritent pas même le titre
pères, pour s'occuper de dialectique et de de disciples, et qui, sans s'attacher aux rè-
décrélales. « Les étudiants, dit-il, n'ont plus gles de l'art, s'amusent à disposer des mots,
de goût que pour les nouveautés; et les mai- et à aiguiser des sophismes avec lesquels ils
Ires, qui ch('rissent avant tout leur gloire attrapent les sots, comme les mouches se
dans l'instruction des autres, composent tous laissent prendre aux toiles d'araignées. La
les jours de nouvelles sommes et de nou- philosophie a beau crier qu'on lui arrache
veaux ouvrages de théologie, qui amusent son manteau et qu'on la déchire; les anciens
les auditeurs et les trompent, comme si les ne sont plus là pour la consoler et pour se
écrits des pères ne suffisaient pas, eux qui consoler avec elle. Ces abus, très-saint père,
ont expliqué l'Ecriture sainte, assistés du demandent que vous y mettiez la main pour
même esprit qui dirigeait les prophètes et les les réformer, et que, par votre autorité, vous
apôtres lorsqu'ils l'ont composée. Ces doc- établissiez une manière uniforme d'ensei-
teurs de fraîche date apportent des mets in- gner, de s'instruire et de discuter. Il y a à
connus et étrangers, quand les noces du roi craindre que la théologie ne devienne mépri-
sont toutes prêtes ;
quand les bœufs et les sable, qu'il ne s'élève de faux prophètes qui
ne reste plus aux
volailles sont tués, et qu'il crient de nouveau : Le Christ est ici, le
convives qu'à se mettre à table pour man- Christ est là , et qui jettent aux chiens les
ger. On discute publiquement, contre les dé- choses saintes, et les perles précieuses aux
[Xin' SIÈCLE. CHAPITRE LXXVllI. — ADAM, ABBE DE PERSEIGNE.
pourceaux. » Dans la deux cent cinquante- Adam nous apprend lui-même, dans une
cinquième, il combat les appels interjetés au de ses lettres, qu'après avoir été d'abord
St-Siége par le clergé des ordres inférieurs, chanoine régulier, il se fit bénédictin puis ,

pour éviter la correction de ses supérieurs entra enfin dans l'ordre de Citeaux; mais il
ecclésiastiques ; il vent [en donnant à son tour ne dit pas dans quels monastères il avait
dans l'excps opposé] que lus prélats et les abbés embrassé ces diti'érentes professions; c'est
aient le pou voirabsolu de corriger leurs subor- ce que nous allons essayer de découvrir.
donnés et de changer les officiers de leur dé- Dom Martène pense qu'en quittant son
pendance sans que l'appel au St-Siége puisse canonicat, Adam se retira h Marmoutiers,
y porter le moindre enipécliement. Dans la parce qu'en ce temps-là, en etlet, il trouva
deux cent soixante-deuxième, il fait l'éloge dans cette abbaye nu moine nommé Adam,
de la reiue Ingelberge, femme du roi Plii- lequel avait de grandes relations avec les
lippe et, dans la suivante, il lui conseille
; chanoines réguliers. Aussi voyons-nous que
de ne pas soull'rir la dissolution de son ma- GeotTroi sous -prieur de Sainte-Barbe-en-
,

riage. Les autres ne contiennent rien de bien Ange, dans une lettre adressée à André, ar-
remarquable aussi, bornerons-nous ici nos
: chidiacre de Tours, et écrite vers l'an 1173,
citations. Elles furent imprimées d'abord, au le pria de saluer de sa part Adam armarius,

nombre de deux cent quarante, en 161 1, par c'est-à-dire bibliothécaire de Marmoutiers,


les soins de Jean Marron de Bayeux, et le père son ami, qui, bien qu'il tire son nom de la
Claude du Molinet en ajouta quarante-sept terre, dit-il, n'en a pas moins de goût pour
dans la seconde édition, publiée en 1682. les choses du ciel.
Plusieurs d'entre elles, comme on a pu s'en Ce terme de confamiliarem, que nous avons
convaincre, appartiennent essentiellement à traduit par le mot ami, pourrait faire croire
l'histoire du temps. Le style en est concis et qu'Adam et Geoflroi avaient été commen-
serré, et, malgré l'atl'ectation d'antithèse et saux à Sainte-Barbe, quoiqu'on puisse nous
quelques expressions mal appliquées, elles objecter que le sous-prieur GeotTroi, ayant
se font lire agréablement, parce que les pen- demeuré longtemps à Beaugerais, en Tou-
sées en sont justes et naturelles '. raine, avait pu se lier d'amitié avec le biblio-
25. Les lettres d'Etienne de Tournai sont thécaire de Marmoutiers. Mais une autre
reproduites au tome CCXI, col. 309-342, d'a- considération vient à l'appui de notre con-
près l'édition du père du Molinet, mais avec jecture. Parmi les lettres de l'abbé de Per-
les corrections indiquées par dom Brial dans seigne, il en est une dans laquelle il entre-
les notices des manuscrits de
la bibliothèque prend de répondre à certains détracteurs,
royale, tome X,
avec les trente-deux let-et qui trouvaient mauvais que, dans une hymne
tres inédites pui^liées par le même éditeur. du bréviaire, on égalût saint Martin aux
Parmi celles-ci, il y en a deux pour les clercs apôtres, Martine par apostolis. L'auteur,
de Grandmont l'une est adressée au pape
;
nommé Adam, ne prend pas d'autre quali-
Grégoire VIll, et l'autre à Clément 111 il
y ; fication que celle de véuérateur de saint
est question de la désobéissance des convers Martin. En supposant qu'.\dam n'était en-
de Grandmont. Viennent ensuite quelques coie que bibliothécaire de Marmoutiers
statuts synodaux, un fragment de l'ollice de lorsqu'il écrivit cette lettre, comme elle se

saint Gérald par Etienne de Tournai, les ser- trouve parmi celles de l'abbé de Perseigne,
mons on n'en produit qu'un, et on se con-
; on peut donc croire que c'est le môme Adam
teute de donner la table de trente-un autres, qui, comme il le dit, fut consécutivement
et enfin la préface d'une somme de décrets. inoine régulier, puis moine de l'ordre de
Une notice historique faite par du Molinet saint Benoit, et enfin moine de Citeaux.
précède les écrits d'Etienne, Quoi qu'il en soit, Adam s'étant rendu
è 26. Le tome XVI de V/Iistoire littéraire de- chez les Cisterciens , vraisemblablement à
là Vrance '
nous fournit les enseignements i l'ontigny -, il y lut très-bien accueilli et jugé
suivants sur Adam de Perseigne : si capable, qu'on le dispensa des épreuves du

' Voyez Histoire lUIérave de la France, luiii. XV, paratl pas différent Je celui qui fut ensuite abbé de
pag. 534. Perseigne ; iiiuis il faut le distinguer d'un autre Adam,
' Charles de Viscli cile un manuscrit de l'abbaye moine aussi de Marmoulicrs, puis de Foigni en Tbie-
de Poutigny, ayant pour titre : Adumi Pontiniucensis rach, et puis de Moriniont, ordre de Citeaux, auquel
monaclii conciones et meditaliones. Gel Adam ne nou» saint Ueroard adressa sa lettre cinquième, l'an 11Î5.

XIV. 56
HISTOIRE GÉNÉllALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
noviciat. Bientôt après, il fut fait abbé de fets de la défunte, on le fit attendre long-
Ferseigne, au diocèse du Mans, vers l'an temps avant de l'introduire. Enfin, admis
H80. Il certainement revêtu de cette
était dans les appartements, il trouva le cadavre
dignité en H91, puisqu'on cette année il si- presque nn et abandonné sur la paille. A
gna, comme abbé de Ferseigne, une charte cette vue, notre abl)é fit aux assistants, sur
par laquelle Robert, couite d'Alençon, fon- la vanité des grandeurs du monde, un dis-

dait à saint Vincent du Mans l'anniversaire cours que l'on peut lire encore dans l'auteur
de son frère Jean, le jour même des obsè- que nous venons de citer.
ques de ce prince. Cette charte n'est p:is Un statut du chapitre général de l'ordre
datée, mais on sait que Jean II, fils de de Cîtcaux, de l'an 1201, pour satisfaire à
Jean 1", comte d'Alençon, mourut le 6 mai l'oidre du pape et des princes croisés, lui
M91, la même année que son père. permit, ainsi qu'à d'au Ires abbés, de faire
Un historien anglais, Raoul de Coggesale, avec eux le voyage d'outrc-mer; mais rien
rapporte, sous la date de 1195, que notre ne prouve qu'il ait exécute ce dessein, car
abbé, ayant fait un voyage à Rome, eut une Jacques de Vitri rapporte que l'abbé de Fer-
conférence avec le fameux Joachin, abbé de seigne s'étant associé au missionnaire Foul-
Flore, dans la Calabre, dont les révélations ques curé de Neuillj'-sur-Marne, continua
,

faisaient alors grand bruit. «Il fut interrogé, après la mort de ce dernier, arrivée en 1202,
dit l'historien, par un homme également à travailler à la conversion des pécheurs,
éloquent et religieux, l'abbé de Ferseigne, sans rien perdre de son zèle pour la prédi-
qui lui demanda de quelle autorité il pu- cation de la croisade qui ml lieu à cette
bhait ses visions; si c'était par esprit de pro- époque. Il vivait encore en 1204, comme on
phétie, par simple conjecture ou par révéla- le voitpar une charte émanée de lui celte
tion. Joachin lui répondit qu'il n'avait rien même année, et conservée dans le cartuiaire
de tout cela; mais que Dieu cependant, qui de Saint-Vincent du Mans, pour terminer un
donnait autrefois l'esprit de prophétie, lui procès qui existait entre ce monastère et
avait accordé, à lui, le don d'intelligence, celui de Ferseigne.
au moyen duquel il découvrait tiès-claire- 27. 11 ne reste de l'abbé Adam que des seti

ment les mystères cachés dans la sainte Lettres et des Sermons; nous commence-
Ecriture. L'abbé de Ferseigne lui ayant en- rons par rendre compte de ses Lettres.
core demandé ce qu'il pensait de l'Anté- 28. Celles de ses lettres qui ont été impri- ^^^^
christ, l'abbé de Flore répondit qu'il était mées se trouvent éparses dans les collec-
alors dans Rome, mais encore fort jeune, tions d'Etienne Biiluze et de dom Martène.
adolescente!» . Sur quoi, Adam ayant observé Elles roulent presque toutes sur des matiè-
que, selon le témoignage des pères de l'E- res de spiritualité, et sont si longues, qu'elles
glise, l'Antéchrist devait naître à Babylone ; pourraient passer pour des traités de mo-
Joachin, bien loin de demeurer court , fit rale, ou pour des sermons dont elles ont
voir que saint Fierre, à la fin du sa première souvent la forme. Baluze n'en a publié que
épitre, donnait le nom de Babylone à la ville cinq, mais dom Martène en a déterré vingt-
de Rome : SaLutat vos ecclesia quœ est in Ba- trois dans un manuscrit de Clairvaux, et
bylone cuëlecta. » L'histoire [si ce n'est plutôt deux autres ailleurs. Nous rendrons compte
une fable] ne nous apprend rien de plus sur des plus importantes, et le plus brièvement
cette conférence. possible.
La réputation de sagesse de l'abbé Adam, Les lettres publiées par Baluze sont adres-
dans la conduite des âmes, était si bien éta- sées à Osmond, religieux de l'abbaye de
bhe à la fin du xii' siècle, qu'il était consulté Mortenier, ordre de Citeaux, au diocèse de
de toutes parts par les personnes de la plus Rouen.
haute qualité. Thomas de Cantimpré raconte La première roule sur la bonne manière
que la comtesse de Champagne fille de , d'élever les novices qui entrent en religion.
Louis VllI et veuve de Henri-le-Libéral se , Dans la seconde, l'auteur explique les sept
sentant à l'article de la mort, le fit appeler dons du Saint-Esprit qu'il applique aux sept
en 1197. Quelque diligence qu'il put faire, fériés de la semaine cette allusion lui plai-
:

elle avait rendu le dernier soupir lorsqu'il sait beaucoup, car il y revient souvent dans
arriva; mais comme les serviteurs de la ses lettres. Osmond lui ayant découvert les
maison étaient occupés à se partager les ef- peines intérieures qu'il éprouvait et les ma-
[xiii' SIÈCLE.] ,
CHAPITRE LXXVIII. ADAM. ABBE DE PERSEIGNE. 883

ladies de son âme, Adam le console dans la à Jésus enfant et à sa sainte Mère. U l'é-

Iroisièrae lettre, et le renvoie au vrai méde- crivait apparemment vers les fêtes de Noël ;

cin, qui est Jésus-Christ. 11 le prie de ne plus mais il serait difficile de dire en quelle an-
l'importuner par ses lettres, et de cesser de née, car Etienne de Chalmet était déjà char-
lui faire des questions, auxquelles il ne ré- treux l'an H 33.
pondra plus, et ne l'en aimera pas moins. La comtesse du Perche (c'était Mahaut de
Dans la quatrième, il lui reproche d'user de Blois, fille de Thibaud-le-Grand, comte de

finesse, parce que, voyant qu'Adam ne vou- Champagne, mariée à Rotrou III' du nom,
lait plus lui écrire, Osmond avait interposé, ou Mathilde de Saxe, fille de Henri-le-Lion,
pour obtenir de lui une réponse ù ses ques- épouse de Geotfroi III, fils de Rotrou, car la
tions, une personne à laquelle l'auteur ne qualité de princesse du sang royal que l'au-
pouvait rien refuser; il parait que sa réponse teur lui donne, peut convenir à l'une et à
est contenue dans la cinquième lettre où il l'autre), la comtesse du Perche, disons-nous,
n'est question que del'amourde Dieu, comme avait demandé à notre abbé un règlement
dans presque toutes les autres il y cite pour- ; de vie pour se conduire chrétiennement dans
tant ce vers d'Ovide : le monde. Parmi les ditiërents avis qu'il lui
donne, nous remarquerons ceux-ci savoir, ,

Res est sollicili jjlma liiiioris umor;


de s'abstenir des jeux de hasard, de ne pas
pensée qui, dans cet auteur, avait un autre perdre son temps au jeu des échecs ou aux
objet que l'amour divin. Au reste, il consent farces des histrions. Quant à la parure, il
qu'Osmond lui écrive fréquemment, pourvu s'égaye sur les robes à longues queues; il
qu'il n'exige pas de réponse. compare celles qui s'habillent de la sorte à
Parmi les lettres publiées par dom Mar- des renards dont la queue fait le plus bel
lène, la première est adressée à Odon ou ornement.
Eudes de Sully, évêque de Paris. 11 parait On tiouve dans la lettre cinquième, adres-
qu'ils étaient liés depuis longtemps d'une sée à un religieux de Pontigny, qui avait
étroite amitié; car il le tutoie, contre l'usage demandé à l'auteur des instructions sur la
ordinaire lorsqu'on écrivait à des personnes manière de conduire les novices, d'excel-
constituées en dignité. La lettre roule en- lentes choses sur la nécessité de se dépouil-
tièrement sur le saint amour et l'humilité ler du vieil homme pour se revêtir du nou-
chi-étienne. C'est un lieu commun pour en veau. C'est dans cette lettre que l'auteur
venir à remercier le prélat des secours qu'à nous apprend qu'il fut d'abord chanoine ré-
il avait accordés à deux femmes de
sa prière gulier, puis bénédictin puis enfin moine de
,

Bagneux ou Uagnolet [apud Balneolum) dans Citeaux.


un temps de disette qui aflligea la France, La lettre septième est adressée à Guil-
l'an 1197, disent les éditeurs, parce qu'ef- laume de Longchamp, chancelier d'Angle-
fectivement il y eut celle année -là une terre, évêque d'Ely, depuis 1189 jusqu'en
grande famine qui durait depuis deux ans; 1197, et régent du royaume. L'objet de cette
mais il y en eut une autre non moindre lellre est de recommander une affaire qui
l'an 1202, selon la chronique de Sainl-Ma- intéressait sa maison ou son ordre; mais, à
rien d'Auxerrre, à laquelle on pourrait aussi titre d'ancien ami, il ne perd pas l'occasion

bien rapporter la générosité du prélat, qui, de lui exposer les dangers qu'il courait en
l'an 1197, était à peine installé sur son exerçant un emploi qui ne convenait guère
siège. à un évêque. Non decct, dit-il, ducem populi,
La seconde, écrite en son nom et au nom ecclcske prœsidem, terreni régis inservire satel-

des abbés de Châlis, et de Vaux-Cernai, à litio. Cette lettre fut écrite avant que l'évê-

Etienne de Chalraet, prieur de la Chartreuse que d'Ely fût nommé chancelier d'Angle-
des Portes, dont il est parlé dans l'Histoire terre, en U91.
page 423, est une réponse à la
littéraire, à la Dans la huitième, adressée à un abbé de
lettre de ce chartreux, par laquelle il de- sou ordre, il est parlé de .l'atfreuse disette
mande à entrer en société de prières avec qui régnait en France en 1196 ou 1202. Ou
ces trois abbés. 11 ne fallait pas de grands demandait à l'abbé de Perseigne de recevoir
discours pour lui accorder sa demande; mais dans sa maison des religieux d'une autre
l'auteur en prend occasion de lui recom- abbaye; il répond que le manque de subsis-
mander, dans une longue lettre, la dévotion tances l'a forcé d'envoyer ailleurs la plupart
HISTOIUE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
des siens, ce qu'il n'a pu faire sans avoir les pas la controverse, il n'a garde do fournir
entrailles déchirées. des armes à ceux qui se plaisent dans ces
Tant de monde s'adressait à l'abbé de sortes de conflits; 3° parce qu'il re?;arde
Perseigne [pour avoir des instructions, que, comme de disputer avec les Juifs,
inutile

pour en finir, il était souvent obligé d'en- qui, par un jugement impénétrable de Dieu,
voyer la même lettre à plusieurs personnes. sont frappés d'un aveuglement qui doit du-
C'est ce qu'on voit par la lettre neuvième à rer jusqu'à la fin des siècles. Mais, en re-
un jeune frère nommé Nicolas, auquel il re- vanche, il lui indique les moyens d'exercer
commande de faire passer sa missive au son zèle pour la religion, s'il en a, en lui
frère Evrard de Vaux-Cernai, en y substi- faisant la peinture des désordres de la cour

tuant Sun nom. et des mauvais prêtres. 11 va jusqu'à dire

La lettre dixième est adressée à l'abbé de que les chiétiens de son temps sont pires
Notre-Dame de Turper.ai, monastère de l'or- que les Juifs. Tel est l'objet de la lettre
dre de Saint-Benoit, au diocèse de Tours, quinzième. Si elle ^e rapporte à l'expulsion
fondé par les seigneurs de l'Isle-Boucliard, des Juifs des Etats du roi en 1181, elle con-
dans la forêt de Cliinon, en 1208, comme firme notie opinion qu'Adam fut fait abbé de
l'écrivent MM. de Sainte-Marthe dans leur Perseigne vers 1180, car il y prend cette
Gallia christiana. Si cette date était prouvée, qualité; mais elle peut se rapporter à l'an-
il que notre auteur aurait vécu
s'ensuivrait née 1198, lorsqu'à la poursuite du prédica-
au moins jusqu'à cette année; mais ils n'en teur Foulques de Neuilly, ils furent chassés
apportent aucune preuve. Quoi qu'il en soit, des terres de plusieurs barons, comme le
il n'est question, dans cette lonj^ue lettre, rapporte l'auteur de la chronique de Saint-
que de la dévotion à la sainte Vierge et à Marien d'Auxerre.
l'enfant Jésus. En la terminant, l'auteur sa- La lettre dix-neuvième a été pendant long-
lue plusieurs personnes de celte commu- temps attribuée à saint Odon, abbé de Cluni;
nauté, et, en particulier, une personue pieuse mais nous avons déjà remarqué ailleurs que
du pays, à laquelle il parait avoir été fort ce petit traité est l'œuvre de l'abbé de Per-
attaché, et qu d charge de saluer, en son seigne. 11 y lépond à certains critiques qui
nom, tous ceux qui ont conservé pour lui trouvaient mauvais que, dans une hymne de
quelque amitié; ce qui semble confirmer lolfice de Saint-Martin, composée par saint
notre conjecture, qu Adam avait demeuré Odon, on égalât le saint évêque de Tours
en Touraine, et vraisemblablement à Mar- aux apôlres, Martine par apostolis. Adam ne
moutiers. prend dans cet écrit que le titre de vénéra-
On même conjecture de
pourrait tirer la teur de saint Maitin, parce que vraisembla-
onzième, à un chanoine de Tours,
la lettre blement il n'était encore que le bibliothé-
désigné seulement par la lettre B servant caire de Marmoutiers, comme nous l'avons
d initiale à son nom. Celui-ci lui avait de- dit plus haut.
mandé un sermon sur les grandeurs de Ma- Vient ensuite un traité sur la pénitence,
rie; notre auteur lui envoya une paraplirase adressé à Robert, abbé de Veinon ou Gros-
sur le premier verset du cantique Magnifi- bois, abbaye de chanoines réguliers, au dio-
cat. cèse de Bourges. On y trouve d'excellentes
Dans toutes ces lettres, Adaiu n'a pris que instructions pour les confesseurs et les péni-
la qualification de pécheur; dans la quator- tents; un y voit que les règles que l'on sui-
zième et presque toutes les suivantes, il vait alors sont les mêmes q>ie pratiquent
prend celle d'abbé de Perseigne, Perseniœ encore aujourd'hui les confesseurs instruits
dictas abbas. pour le salut des âmes.
et les plus zélés

Un ami, revêtu du sacerdoce et attaché La letlre vingt-troisième, à un archidiacre


au service de la cour, demandait à notre de I3ellérae, qui lui avait demandé un écrit
abbé un écrit propre à affermir la foi des fi- sur l'utilité du silence, roule tout entière sur
dèles, et à combat. re l'infidélité des Juif;. Il cette matière. Mais son écrit est fort alani-
refuse d'entreprendre un pareil ouvrage pour biqué et plein d'allégories toutes plus singu-
plusieurs raisons : 1° lui semble
parce qu'il lièies les unes que les autres. L'auteur n'est
que l'on demande cet écrit moins par un bien intelligible que quand il tombe sur le

véritable zèle pour l.i religiou, que pour bril- babil des moines et des chanoines.
ler dans la dispute; 2° parce que, n'aimant Après avoir publié ces vingt-trois lettres,
[xiii« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVIIl. — ADAM, ABBÉ DE PERSEIGNE.
dom Martène en découvrit encore deux au- sur Saint-Esprit; un sermon aux minis-
le

tres, dont il ne voulut pas priver le public. tres de l'Eglise, un pour la fête de l'Assomp-
Ou les trouve dans son Amplissima collectio. tion de la Vierge, plus Irois panégyriques
La première est adressée à Odon de Sully, de cette sainte Mère de Dieu; trois discours
évéque de Paris; Adam n'y prend que la prononcés dans le chapitre général de son
qualité de dernier des moines. Comme il ordre, liuil petits sermons intitulés De sep-
avait à lui parler de choses peu agréables, il tem columnis, c'esl-à-dire des sept ordres ec-
lui rappelle, par précaution oratoire, l'an- clésiastiques; enfin, plus de deux cents pe-
cienne amitié qui les unissait, et qui sem- tits sermons on méditations sur divers sujets,

donner le droit de lui dire des véri-


blait lui qui, au jugement de dom Maldura, sont si
tés dures,mais utiles. Il lui reproche d'abord éloquents et si pieux que, pour son édifica-

son entrée dans l'épiscopat, au préjudice de tion, il en lisait quelqu'un tous les jours avec
Pierre le Chantre, qui, nuire qu'il avait élé beaucoup de plaisir.
élu avant lui canoniquement, avait encore De tous ces sermons, il n'y a eu d'impri-
le consentement du roi. En lui annonçant més que ceux qui contiennent les éloges de
que Pierre le Chantre était mort « Vous : la sainte Vierge. Ils ont été publiés in-8» i\

pouvez maintenant, lui dil-il, briller de tout Rome, en 1662, sous ce litre : Adœ abhatis
l'éclat de votre gloire, après que l'astre bril- Perseniœ ordinis Cisterciensis, Mariale, sive

lant du firmament de votre église, qui l'a si de lieatœ Mariœ laudibus sennones aurei, et
longtemps illustrée par la sainteté de sa vie, fragmenta nunc primum édita, et notis illu-

et par l'éclat de sa doctrine, s'est entière- strata studio et labore Hippolyti Maraccii.
ment éclipsé. Je ne m'explique pas davan- Si l'on peut s'en rapporter à Théophile
tage; vous comprenez assez que je veux par- Raynaud, la plupart des sermons faussement
lerdu chantre de l'église de Patis, homme attribués à saint Bernard, sont d'Adam de
de pieuse mémoire, dont vous devriez d'au- Perseigne, comme reconnu dans
il dit l'avoir

tant plus regretter la perte, que, selon l'opi- un manuscrit qu'il vu à


se rappelait avoir
nion de bien du monde, vous regrettez peu Rome entre les mains de dom Hilarion Ran-
son absence. » Un second reproche qu'il lui cati, procureur général de l'ordre de Citeaux

fait, c'est d'avoir imposé une taille sur les en cour de Rome.
prêtres de son diocèse, au grand scandale 30. Trithême fait un bel éloge de notre
""
des gens de bien, pour payer vos
c Si c'est auteur. « Celait, dit-il, un homme très-versé
dettes, dit-il, cela est en quelque sorte ex- dans les saintes Ecritures, dont l'élude fai-
cusable, parce qu'il n'est que trop ordinaire sait son occupation journalière, et assez ins-
que les évéques meurent insolvables; mais truit dans les sciences profanes; mais il ex-
il ue faut pas que vous y reveniez souvent, n cellait surtout dans la prédication. Plusieurs
Blanche de Navarre, comtesse de Cham- traités qu'ila composés ont fait passer son
pagne, avait demandé à noire abbé une co- nom, avec éloge, à la postérité. Il reste de
pie de ses sermons, qu'il appelle lui-même lui deux livres de sermons fort pieux l'un ,

Ser-munculos. Il les lui envoie, avec une lettre àsesreligieux, ad fratres ;VAVi\,v&,à la louange
qui vaut bien un sermon. Il lui donne des des saints et sur divers sujets. » 11 ajoute
avis propres à les lui rendre utiles, surtout qu'on lui attribuait encore quelques com-
dans l'état de viduité où elle se trouve. Celte mentairessurl'Ecriture sainte, lesquelsprou-
lettre est donc postérieure à l'année 1200, vaient l'étendue de son génie. Mais il avoue
époque de la mort de son mari Thibaud 111. que ces commentaires ne sont pas parvenus
127. Les sermons de notre abbé existaient à sa connaissance.
à Rome dans le monastère de Sainte-Croix En ctl'et, on a attribué quelquefois à Adam
en Jérusalem. Charles de Visch en donne la de Perseigne des écrits appartenant mani-
liste, telle qu'il l'avait reçue de son confrère festement à Adam, prémontré écossais, qui
Charles- Emmanuel de Maldura, qui certifie vivait dans le même temps, et écrivait dans
que l'on y conservait les sermons suivants : le même genre que notre auteur, ("-'est ainsi
un pour l'Avent, un sur l'Epiphanie, un sur que dom Bernard Pez a trouvé dans un ma-
la fête de l'Annonciation, un pour le diman- nuscrit de l'abbaye de Tegernsée en Ba-
che des Hameaux, un sur la fête de Pâques, vière, le Soliloque de l'âme, portant le nom
deux sur l'Ascension, un pour le jour de la d'Adam de Perseigne, quoiqu'il soit reconnu
Pentecôte, avec une très-belle lettre morale que ce traité appartient à Adam le Prémon-
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
trc.Les écrits d'Adam de Perseigne, impri- d'Adam, d'après Baluze et Martène; le Ma-
més dans les collections d'Etienne Baluze et riale, d'après l'édition de Rome de 1652,
de dom Martène, comme aussi ses sermons in-12. Le Mariale ou
Cinq discours en les^
imprimés à Rome ont été reproduits dans l'honneur de la sainte Vierge, sont suivis de
leCours complet de Patrologie de M. l'abbé sept fragments sur le même sujet et de nom-
Migne. [Au tome CCXI, col. 583, les éditeurs breuses notes.]
de la Patrologie ont reproduit les lettres

CHAPITRE LXXIX.

Pierre de Riga, chanoine de Reims, poète, vers 1209; Odon ou Eudes


de Sully, évêque de Paris, 1208; Gonthier, moine de Citeaux, vers 1212;
Hélinand, moine de Froidmont, 1212; Sicardi ou Sicard, évêque de
Crémone, 1214; Pierre de Vaux-Cernay, moine, vers 1218.

[Ecrivains latins.]

1. Au tome XVII de l'Histoire littéraire de ]JAurora contient plus de quinze mille


la Finance nous trouvons la notice suivante
', vers. L'auteur se fait connaître, dès le com-
sur Pierre de Riga et ses ouvrages. mencement, par cette espèce d'épigraphe qui
Pierre de Riga, pendant tout le xiii' siècle, précède une préface en prose dont nous par-
et même encore après, a passé pour un ex- lerons bientôt :

cellent poète latin; et cependant ses contem- Scire cupis, leclor, quis codicis istius auctor?
porains ne nous ont laissé presque aucun Peints Riga vocor, oui Christus petra rigat cor.
détail sur sa vie. On ignore la date précise Dans la préface, il déclare qu'il n'a entre-
de sa naissance ; mais il est certain qu'il tlo- pris ouvrage que sur les instances de
cet
rissait vers la fin du xii' siècle. Suivant quel- ses condisciples il annonce que, dans son
;

ques auteurs, il était né à Vendôme et avait poème, il joint, aux événements historiques
fait ses études à Paris. d'abord cha- Il fut rapportés dans la Bible, leur sens allégori-
noine et chantre de Sainte-Marie de Reims, que, parce que, suivant lui, ce dernier est
et ensuite chanoine régulier de Saint-Au- destiné à éclaircir l'obscurité des autres.
gustin, dans l'abbaye de Saint-Denis de la « .\insi, dit-il, Vaurore chasse les ténèbres
même y mourut en 1209. C'est sous
ville. 11 de la nuit. » C'est pour cela précisément
cette date qu'Albéric annonce sa mort dans qu'il a intitulé son livre Aurora. Mais il a eu
les termes suivants : Remis moritur quidam un autre motif encore; c'est que, n'étant
sanctus canonicus regularis Sancii Dionysii, parvenu qu'avec beaucoup de peine jusqu'à
magiîler Petrus Riga, cognominatus Biblio- la fin de son travail, il a pu justement, ajoute-
THEGA. t-il, adresser son livre les mots qu'un ange
ci

Il dut la grande réputation dont il a


2. adressa à Jacob, après son combat noc-
n:z'.. joui pendant longtemps à une paraphrase en turne Aurora est, dimitte me. (Gen. xxxii,
:

vers latins de l'Ancien et du Nouveau Testa- 26.)


ment, à laquelle il donna le titre à'Aurora. Il parait que ce grand poème était sorti
Lui-même reçut le surnom de Bibliolheca, fort imparfait des mains de son auteur, et
qui indiquait le sujet de son poème, et peut- que peut-être même il lavait publié d'abord
être aussi l'étendue des connaissances dont par Iragraeuts. Gilles de Paris en rassembla
on supposait pourvu. Plus tard, ce nom
le les parties, lescoordonna, corrigea les en-
fut donné, non à l'auteur, mais au poème droits défectueux, etmême fit de nombreu-
qui, dans plusieurs manuscrits, est appelé ses additions. C'est ce que l'on voit par le
Aurora, et, dans quelques autres, Bibliollieca. prologue en vers qui se trouve en tête de la
plupart des manuscrits. Gilles de Paris parle
' Pag. 26. souvent de la vieillesse dti poète dont il a
[xiiF SIÈCLE.] CHAPITRE LXXIX PIERRE DE RIGA, CHANOINE DE REIMS. 887

entrepris de compléter et de perfectionner ce grand poète, après avoir jeté tant d'éclat,
l'ouvrage. On serait même tenlé de croire commence à se refroidir, sans doute, par
que, pendant qu'il y travaillait, Riga mourut, l'etiet de la vieillesse :

puisqu'il parait ne savoir à quelle cause at- Quem intepuisse dolemus


tribuer plusieurs omissions qu'il reproche k Peirum in divinis verbo tenus alla sequentcm.

son prédécesseur, omissions qu'il regarde Or, Gilles de Paris, parlant de Pierre de
comme « Si Pierre de Riga
très-importantes Riga, comme s'il vivait encore, c'est donc
n'a rien de l'agneau pascal
dit observe , une présomption de plus en laveur de l'opi-
Gilles, c'est qu'il aura trouvé trop de dilli- nion qui prétend que l'auteur de VAurora
cultés dans le sujet, ou qu'il aura succombé est mort dans le xiir siècle, c'est-à-dire eu
sous le fardeau. » Et il profite de l'occasion 1209, comme l'aûlrme positivement Albéric
pour rendre compte des additionsqu'ilafailes de Trois-Fontaines.
aux de Tobie, de Juditb, d'Estlier et
livres N'oublions pas qu'un autre poète, son
des Macliabées. C'est ce que l'on trouve dans contemporain, Guillaume le Breton, lui a
une préface en vers qui précède le Nouveau payé aussi un tribut d'éloges dans les pre-
Testament, préface que Leyser a insérée miers vers de sa Philippide, tout en lui ad;es-
tout entière dans son IJistoire des poètes du sant un léger leprocbe sur le rhytlime élé-
moyen ûye. Gilles a donc été, pour l'ouvrage giaque, qu'il avait cru devoii- adopter pour
de Pierre de Riga, bien plus qu'un éditeur son poème. Enfin, Evérard de Béthune, dans
ordinaire, et il n'est pas étonnant que plu- un poème latin sur la versification, passant
sieurs manuscriis portent les noms de ces en revue tous les poètes anciens et moder-
deux auteurs, et quelquefois même le nom nes, dit de Pierre de Riga :

seul de Pétri j'Egidii Parisiensis. Petrus Riga, peira cujus rigat intima Christus,
Mais quel était cet jEgidius ou Gilles de Legem mellifluo texit utramqiie stylo.
Paris? On en compte au moins deux qui Les étrangers mômes payèrent un tribut au
vivaient à la même
époque. Gilles, auteur talent poétique de Pierre de Riga; et, entre
du poème Carolinm dont nous avons rendu autres, Guy de Vicence, évoque de Ferrare,
compte, fait très-bien connaître l'autre. Ce- qui, près d'un siècle plus tard, composa à
lui-ci était médecin, et parait avoir vécu vers l'exemple de notre auteur un poème de
la fin du xii' siècle. Nous avons de lui des l'Ancien et du Nouveau Testament, et l'inti-
poèmes De pulsibus, De urinis, De antidotis, tula : Margarita Biblica.
et un livre De virtutibus medicaminum, que Si l'on s'en rapportait à la plupart des ca-
Leyser a imprimé tout entier dans son ou- talogues des grandes bibliothèques, et à plu-
vrage '. Voici ce que dit ce Gilles, l'auteur sieurs bibliographes, on posséderait de Pierre
du Carolinus. de Riga quelques autres ouvrages, entie au-
Noniiuis i/le mei celeberrimus arle medendi, tres, un livre De grammatica ; un autre in-
Cum sil et hic {Parîsiis] orlus, cujus facundia grata titulé : Tropi Scripturœ et un
et phrases ,

Et nunquam laudanda salis, nec in agmine vatum est, troisième sous ce Spéculum L'cclesicr.
titre :

Sominis extremos sortiri débet honores.


Quant à ce dernier ouvrage, il est de Pierre
Et il ajoute aussitôt, pour compléter son le Chantre. La ressemblance des prénoms
éloge :
est la cause de l'erreur. L'ouvrage sur la

Cum sit et hic alius nostrœ non indecor urbi, grammaire ne nous est connu que par les
Oris adornaii, solo milti junclui in usu catalogues. Il en est de même d'un recueil
Nominis; in reliquis major, meliorque gerendus '.
de vers que lui attribue Leyser, sur la foi
Au reste, on trouve aussi dans le Carolinm des manuscrits catalogués d'Angleterre et
des vers à la louange de Pierre de Riga. d'Irlande. Ce recueil de vers n'est peut-être
L'auteur regrette seulement que la muse de que son Aurora. On aurait peine à compter

C'est le Gilles dp Coibeil dont on peut lire l'arti-


'
îi Leyser et à quelques autres que Gilles de Paris
cle daus le tome XVI de notre Histoire littéraire, pap. indiquait ici un troisième Gilles, orateur ou poète, et

506; mais il faut lire aussi l'article sur Gilles de Paris, qui vivait dans ce même temps à Paris. Pans nos ur
qui va suivre immédialemeut celui ci, et où l'on trou- tjcles sur Gilles de Corbeil et sur Gilles de Paris, nous
vera les obscrviilious qui prouveront incontestable- croyiins avoir démontré que c'est encore de Gilles de
ment que Gilles de Paris, auteur du Carolinus, est Corbeil qu'il s'agit dans ces trois vers, et que l'on ne
véritablemeut le poète qui corrigea et compléta la doit lonséquemmeut compter que deux poètes
du
Bible en vers de Pierre de ni|j;a. (Note de VHisl. lut.) nom d.; Gilles qui aient été contemporains. Nous ren-
» Ce sont ces trois derniera vers qui ont tait croire voyons les lecteurs à ces articles. [Ibul.)
888 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
toutes les dénominations sous lesquelles ce qui traduisit en vers, pour son fils Eihérius,
poème est désigne dans les divers catalogues la Genèse, depuis le commencement jusqu'à
de manuscrits. lamorld'Abraham.Maisc'était moins une tra-
Il est étonnant qu'un poème aussi célèbre duction qu'un commentaire, puisqu'il trouva
n'aitjamais été imprimé. Le livre seul d'Es- moyen de faire quatre Hvres de cette seule
ther a été publié par Barthius. Casimir Ou- partie de la Genèse. Cette même Genèse fut
din, à l'exemple de quelques autres, avait encore mise en vers latins par un Hilaire,
entrepris d'en donner une édition : elle était évêque d'Arles ou de Poitiers, en 440 ou 430 '.
toute préparée, d'après divers manuscrits; il Dans le vi« siècle, nous trouvons qu'Avitus
mourut avant d'avoir pu exécuter ce projet. a composé des poèmes, d'après la Bible, sur
Mais aucun livre n'a jamais été si souvent l'origine du monde, sur le Lévitique, les
copié. Il est peu de grandes bibliotlièques Nombres, le Deutéronome, les livres de Jo-
publiques, où l'on ne trouve plusieurs ma- sué et des Juges. Dans le ix* siècle, Alcniu
nuscrits de VAurora. La seule bibliothèque
prend aussi pour sujet de ses vers plusieurs
impériale en possède au moins quinze. La livres de la Bible; dans le xip siècle, Léo-
bibliothèque de Lyon se llatte d'avoir le ma- met en vers
nins, prêtre de l'Eglise de Paris,
nuscrit autographe. Les marges du volume, «
l'Ancien Testament. Marbode traduit en vers
dit M. Delandine, ofTrent quelques notes de latins leCantique des Cantiques; etHildebert
la même main que le poème. )> A la fin de prend pour sujet d'un poème la création du
celui-ci, on lit ce vers :
monde, telle qu'elle a été lappoitée dans la
Hic liber est Aclus Pétri, manibusque magistri. Genèse. Ce dernier poème que Leyser a cru ,

devoir faire imprimer, dans son Histoire des


Ce vers, ajoute M. Delandine, n'indique-
poètes du moyen âge, est remarquable en ce
rait-il pas que Pierre de Riga fut lui-même
qu'on y trouve ce goût singulier pour les al-
le copiste de son ouvrage, dans le manuscrit
légories, qui était alors dominant parmi les
qui est sur vélin, avec les capitales en cou-
auteurs ecclésiastiques, et qui ne s'éteignit
leur?
que lorsque l'étude d'Aristote s'introduisit
ne nous reste plus qu'à donner une idée
11
parmi eux et donna une autre direction aux
exacte d'un poème qui a eu tant de célé- esprits. Dans chaque phrase de l'Ecriture, les
brité, et qui est, en etfet, l'un des plus im-
auteurs de ce temps trouvaient un sens mys-
portants ouvrages en vers latins qui aient
tique. Par exemple, à peine Hildebert a-t-il
été composés depuis la décadence des lettres
rapporté la création du soleil et de la lune,
latines.
au troisième jour, qu'il y voit l'image du
3. Ce n'était pas une entreprise nouvelle Christ et de l'Eglise :

de mettre la Bible en vers. Depuis l'établis-


sement de la religion chrétienne, ce livre Quarto die Deus fecil duo lumina magna :
Per quœ signanlur Christui et Ecclesia.
sacré avait fourni le sujet d'un grand nom-
bre de poèmes. immense poème,
Pierre de Riga, dans son
Dès le commencement du iv= siècle , le a constamment méthode. Tous les
suivi celte
prêtre espagnol Juvencus, avait mis en vers faits racontés dans la Bible sont pour lui des
latins l'Evangile; mais il est presque toujours allégories qui donnent lieu à des explications
fidèle au texte il n'était point encore d'usage
;
quelquefois très-bizarres. En voici quelques
d'y chercher un sens mystique. Dans le v= exemples.
siècle, un autre Espagnol, Dracontius, com- Dieu envoie sur
Dans l'Exode, chap. viii,
posa en vers ua Hexamerun, ou l'ouvrage l'Egypte des nuées de mouches et de mou-
des six jouis; Astérius, un poème intitulé : cherons, et couvre la (erre de grenouilles :

Conférence de l'Ancien et du Nouveau Testa- le poète prétend que la mouche vorace figure
ment ; Rusticus Helpidius, un autre poème les gourmands, les moucherons les hommes
de peu d'étendue en vers hexamètres, inti- turbulents, et les grenouilles les hérétiques,
tulé Historiœ Veteris et Novi Testamenti '.
:
qui, comme elles, ne cessent de coasser:
Ce v'' siècle est fécond en poètes traducteurs
de la Bible nous y rencontrons encore Vic- Musca caninu, cibos maculons pungensque, gulosos
;
Mordentesque fera dente notare potest.
torinus de Marseille, qui tloiissait en
430, et

I
GuiUaume Mord en a donné une édition en 15G0. 2 Ce poème a été imprimé à Paris en 1544 et 1650.
, ,

[xiii'siÈCLE.] CHAPITRE LXXIX. — PIERRE DE RIGA, CHANOINE DE REIMS. 889


Rana loquax hœresim signnt : slrejiit hœc, sirepit Ula, de Riga n'a pas craint d'intercaler dans sa
Turget clamosis illa vel Ula sortis.
Bible poétique. Il en avait sans doute pris le
Discurrunl calices, hominum turbando quietem,
sujet dans les livres de quelques rabbins.
Designantque vagos qui sine pace movenl.
Mais on pourra du moins remarquer com-
Dans l'ûnesse de Balaam, il voit les gen- ment, dans ce siècle religieux, ou défigurait
tils qui, dès qu'ils sont convertis, chantent sans scrupule un livre que l'on aurait dû re-
les louanges du Seigneur :
garder comme sacré.

Muta prius plebs gentilis loquilur modo laudes, Ou pu se faire une idée de la manière et
a
Christe, tuas : istud signât asella loqueiis. du style de l'auteur, par les citations, déjà
trop nombreuses peut-être, dont nous avons
Le d'Egypte ordonne-t-il de noyer les
roi
appuyé nos reclierches et notre opinion. Des
enfants mâles et de n'épargner que les filles;
antithèses, des jeux de mots, c'est là tout ce
c'est que le démon a toujours témoigné de
que l'on remarque dans celte longue file de
la préférence pour le sexe féminin.
vers hexamètres et pentamèlres. Mais au mi-
.Hgt/pli princepsmuliehrem vivere sexum
lieu de ce fatras, on trouve quelquefois des
Imperal, et mergi cogit in amne mares.
tirades harmonieuses, des descriptions plei-
Dœmon fœmineos et molles diligit acius
Ac sanctos odit persequilurque viras. nes de vérités. Yoilà ce qui motive le juge-
ment favorable qu'a porté Barthius de ce
Notre poète ne se contente pas de donner
poème célèbre, et excuse un peu nos aïeux
ainsi un sens allégorique à la Bible, et aux
d'en avoir fait un livre classique.
événements historiques qu'elle contient, il
Nous avous omis de dire que le poète s'é-
étend ces événements et invente lui-même
tait créé à plaisir des difficultés. Il y a dans
des faits. C'est ainsi qu'il nous apprend que
ÏAuroia de très-longues tirades, où l'on ne
le signe dont Dieu marqua le fratricide Gain,
trouve pas un A d'autres qui sont sans 13,
;
pour qu'il ne fût pas tué, était un tremble-
etc. c'était le goiit du temps.
:
ment de tête.
Certainement la latinité de Juvencus, le
Dat Deus ergo Cain signum cito ne perimalur,
premier des poêles connus qui ait mis les
Et motus capitis et tremor illud erat.
Evangiles en vers, n'a rien de bien recom-
Il nous apprend que l'épouse de Caïn s'ap- mandable; mais on n'y renconlre point ces
pelait Calmana. taches, ce mauvais goût, qui déshonorent
Conjugis illius Calmana noinen erat. trop souvent le poème de Pierre de Riga.
Il sait combien de degrés avait l'échelle de Nous allons comparer ensemble, et ce sera
Jacob. On en comptait douze, autant que notre dernière cilalion, un morceau de cha-
d'apôtres :
cun des deux poètes sur le même sujet. 11
s'agissait de peindre l'inquiétude assez natu-
Ula gradus habuit quasi bis .<:enos : qui bis sex
Exstant discipuli qui docuere relle qu'éprouva Joseph, lorsqu'il s'aperçut
fidein.
que Marie, qui n'était encore que sa fiancée,
On croit vulgairement que Joseph n'eut à
portait des signes évidents de fécondité. C'est
défendre sa vertu que contre les entreprises
d'abord Juvencus qui parle :

de la femme de Putiphar; mais, scion notre


poète, Putiphar lui-même brûlait d'amour Interna Mariœ sponso miracula menletn
quod pondéra vidtl
Sollicitant, manifesta uteri
pour Joseph. Comment, dit-il, aurait-il été in-
Et secum volvit quanam ruiione propinquœ
sensible à la beauté d'un visage où les roses Dedecus oppressum celet, thalamosque recuset.
se mêlaient aux lis'? D'ailleurs, c'était un des Tulia tractanti lorpescunt membra sopore :
premiers de la cour du roi; et les grands, même Mox stertente, Dei vox est audila monentrs.
.iccipe conjugium nulto cum crimi'ie puctœ,
aujourd'hui, sont sujets à ce vice honteux.
Spiritus implevit sanclo cui viscera fœlu.
Sulphureo vitio qui dicitw esse noialus Hanc cecinit vales venturam ex virgine prolem,
Putiphar isie fuit captus umore Joseph. Noùiscum Deus est cui nomen. Proiinus iile

Sam guis scit quos non lnqueo prœdctur amoris Hœc prœcepla sequens, serval sponsalia pacla.
Os in quo certant lilia mista rosis?
ilagnus hubebatur antistes régis, eoque Voici le même passage de l'Evangile de
Putiphar a vitio non a/ienus erat. saint Matthieu traduit par Pierre de Riga :

Nunc etiam taies absorbet, eoque Inborant


Qui mundi regimen et loca sutnrna tenent. Vent re Joseph gravidam, ceniensque stupensque Mariam
Quœrit ut abcedat, clamque relinquat eam.
Nous ne rapporterons pas plusieurs autres Sed monet angélus hune in somnis ut sua fiai,
histoires non moins apocryphes, que Pierre Conjuije nil in eu cugitet ense malii
,

890 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


Conceptum puerum sacro de Pneumaie credat, nova 3. La dernière de ces pièces est un di-
Imponensque Jhesu nome» honorel eum :
plôme par lequel Pierre de Nemours cou-
Qui salvat populum, qui mundum mundat ab omni
Crimine, miseris spes, medicina reis.
firme les donations de son prédécesseur. On
fit
Paruit ille sacris nwnilis, vir virginis esse a mis à la suite, d'après la Gallia christiana
Gaudeus; cum sancla Virgine virgo manens. nova *, une relation de la retraite miracu-
Jamais peut-être Pierre de Riga ne s'est leuse de la Seine, menaçant d'inonder Pa-
moins écarté que dans ce morceau du texte ris. Le se passa sous l'épiscopat d'Odon.
fait

des Ecritures et cependant il a trouvé moyen


;
Voici ce que l'Histoire littéraire de la France ^
d'y placer des jeux de mots, tels que ceux-ci : nous apprend sur Odon de Paris et ses
Mundum mundat, vir virginis esse, etc. écrits :

L'Auro7'a eut, à ce qu'il semble, beaucoup Odon ou Eudes de Sully, qui succéda en
d'imitateurs. Montfaucon cite entre autres un 1196 à Maurice de Sully sur le siège épisco-
poème de Jean le Petit, moine bénédictin, pal de Paris, n'avait avec lui aucune relation
lequel se trouvait parmi les manuscrits de de famille. Maurice, comme nous l'avons
Saint-Sulpice de Bourges. Il a pour titre : vu, était né de parents pauvres et obscujs
tîhtjtlimi in Vêtus et Novum Testamentum. On au village de Sully, sur les bords de la Loire.
croit que l'auteur vivait au xiii« siècle, ou, Odon, au contraire, était né à la Chapelle-
au plus tard, dans le xiv°. Mais nous n'avons Damgilon, dans le Berry, au sein d'une fa-
pu rien découvrir de sa vie et de ses autres mille très-illustre qui descendait des mai-
ouvrages. sons de Champagne et d'Angleterre, et était

Nous ignorons si son poème, qui, d'après encore maison de France, puis-
alliée à la

le litre, ne paraît être qu'une imitation de que son aïeul Henri était oncle d'Alix de
YAuroru, se trouve encore dans quelque bi- Champagne, troisième épouse de Louis-le-
bliothèque de Bourges ou ailleurs. Nous ter- Jeune. Nous ignorons l'année de sa nais-
minerons donc ici cette notice, dans laquelle sance; il était chantre de Bourges, lorsque la

il nous a paru convenable d'examiner avec mort de Maurice de Sully le fil choisir pour
quelque étendue le poème de Pierre de lui succéder sur le siège de Paris.
Riga. C'est, à notre avis, un monument cu- Son épiscopat ne commence, à proprement
rieux de la littérature, du goût et des opi- parler, qu'en 1197. C'est ce que supposent
nions de lafin du xii"^ siècle. toutes les dates qu'il a données à ses pro-
Le tome CCXII de la Patrologie latine, col. pres chartes. U n'était pas même encore sa-
9-47, renferme une notice d'Oudin et une cré, mais seulement élu, lorsqu'on 1197 il
autre de Leyser sur Pierre de Riga, une troi- régla, par une sentence, les droits de visite

sième d'Oudin sur Gilles de Paris, annota- à exercer par les archidiacres de Paris dans
teur de Pierre de Riga. Viennent ensuite des l'abbaye de Chelies. L'année suivante, Jean
fragments du poème de VAurore, d'après de Matha et l'ermite Félix, qui songeaient
Fabricius, Leyser, Bartbius, l'Histoire litté- à fonder l'ordre des Trinitaires, furent ren-
raire de la France, deux fragments de Gilles voyés par Innocent III à l'évêque de Paris,
de Paris, d'après Leyser; l'un est sur le qui, de concert avec eux et Absalon, abbé
nombre des livres de l'Ancien et du Nouveau de Saint-Victor, rédigea leur règle, à laquelle
Testament et sur la manière de lire ces li- peu après le pape donna son approbation
vres sacrés, et l'autre est sur les peines de définitive, en y faisant quelques additions.
l'enfer. Odon travailla particulièrement à l'abolition

14. Les de Pierre de Riga et de Gil-


écrits de la fête des Fous.Il crut devoir employer

les de Paris sont suivis dans la Patrologie la- l'autorité du légat Pierre de Capoue, qui
tine,tome CCXII, col. 47-96, d'une notice était alors à Paris, et qui rendit une oidon-
sur OJon de Sully, évêque de Paris, tirée de nance contre ces profanations insensées
nova et des écrits de cet
la Gallia christiona menaçant d'excommunication ceux qui ten-
évêque. On a reproduit ses Constitutions syno- teraient de les renouveler, et enjoignant de
dales d'après Mansi '; ses statuts et ses dona- célébrer avec décence la circoncision du Sau-
tions pieuses, au nombre de vingt-six, d'a- veur. Ces injonctions, justes en elles-mê-
près Goussanville - et la Gallia christiana mes, pouvaient bien excéder les pouvoirs

' Concil., lova. XXII, pag. 675. Ou


trouve aussi les pag. 778 et suivantes. — ' Tome VII, Imtrum., pag.
dans les Actes de l'Eglise de Parti, publiés chez 79 et suivantes. 1227. — * Tom. VU , Instrum., pag.

U. Migne, —
2 Ex appeud. ad opéra Pétri blesensis. 228. -
» Tom. XVII.
,

[xiii« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXIX. — ODON DE SULLY, ÉVÈQUE DE PARIS. 891

d'un légal ', mais Pierre de C;ipnue y joignait vie de l'obligation de suivre les armées, oh
des compliments pour la ville de Paris qu'il omni exercilu et equitatioue, service auquel
appelait le temple de la politesse et le foyer les évêques de Paris étaient alors tenus.
des lumières. Odon, et avec lui le doyen et Après avoir perdu son frère Henri, Odon
le chapitre de son église, publièrent celte assista au mois de novembre de l'année
,

ordonnance et y ajoutèrent un mandement J200, à l'éieclioad'un nouvel archevêque de


où étaient réglées pour l'avenir les cérémo- Piourges, et par son inllucnce les suffrages
nies de la fête de la Circoncision ils y fai- ;
se réunirent sur Guillaume, abbé de Gliâiis.
saient une mention particulière des orgues En 1201, Odon et l'abbé de Lagny furent
qu'on y devait employer. Cependant il se chargés par Innocent III de faire rentrer les
commetlait des excès non moins scandaleux clercs de Hebais sous l'obéissance de l'é-
à la fête de saint Etienne. C'était pour les vêque de Meaux. Vers ce même temps, le
diacres un jour de licence, comme pour les pape ayant consenti à reconnaître pour lé-
sous-diacres le 1" janvier. Odon, par un se- gitimes les enfants que Pirrlippe-Augusle
cond règlement, s'efforça de corriger à la avait eus d'Agnès de Méranie, l'évêque de
fois l'un et l'autre désordre. Il assignait une Paris y donna un acquiescement que l'on
rctrihulion aux cli;inoines et aux clercs qui aurait pu trouver superllu; sa lettre sur ce
assisteraient ce jour-là aux matines et à la sujet est de janvier 1201; elle est datée de
messe, à condition y empêcheraient
qu'ils Sens, apparemment dans un concile provin-
toute bouffonnerie. Il que
tenait surtout à ce cial.
l'on célébrai dignement la mémoire de saint Eudes de Sully soutenait alors, contre
Etienne, patron de l'église de Bourges où il communauté de Sainte-Geneviève
l'abbé et la
avait été élevé. Mais de si sages réformes une contestation où il s'agissait de la pa-
n'étaient pas encore possibles, il se vit obligé roisse de Saint -Etienne- du -Mont et do la
d'y renoncer. Ces farces, demi-païennes, chapelle Sainte-Geneviève-des- Ardents. Odon
espèces de saturnales, ainsi qu'on les appe- prétendait que le curé nommé devait lui
lait quelquefois au moyen ûge, ont duré jus- être présenté et lui demeurer soumis, quoi-
qu'en 1444 et même
plus tard encore. que chanoine régulier. On eut recours au
Une affaire encore plus sérieuse occupa jugement universel et suprême d'Innocent III,
Eudes de Sully en 1199 et 1200. Innocent III qui chargea des commissaires d'examiner
venait de jeter un interdit sur les églises de l'affaire sur les lieux. Quoique la dispute eût
France, à l'occasion du divorce de Piiilippe- été vive et qu'il se fût engagé en présence
Auguste, qui avait répudié Ingelburge pour du légat Octavieu, que l'évêque était venu
épouser Agnès de Méranie. Odon et son cha- visiter à Sainte-Geneviève, une rixe si tu-
pitre s'empressèrenl de se soumettre à cette multueuse, que le repas qu'ils prenaient en-
mesure. Le roi, qui depuis répara ses torts semble en avait été interrompu, les parties
avec Ingelburge, réprima auparavant ce qu'il cependant s'accommodèrent, et le pape rati-
appelait l'allentat du clergé de Paris. L'évc- fia leur accord. Odon conserva la juridiction
que, chassé de son église, de sa maison, épiscopale sur cette paroisse, et le nouveau
privé de ses biens, de ses meubles et de ses curé, Thibaut, lui prêta serment de fidélité.
équipages, s'enfuit h pied et erra pendant Satisfait de ces déférences, le prélat laissa
plus de huit mois. Quelques hisioriens mo- des pouvoirs fort étendus aux réguliers
dernes se plaignent amèrement et avec rai- spécialement à l'abbé de Saint-Victor. Il fit
son des traitements rigoureux qu'Odou es- des statuts pour l'aumônerie de la Croix-
suya de la part des soldats de Philippe et Heine, ainsi que pour le monastère de Saint-
d'après les ordres du prince. 11 faut se re- Magloire de Saint-Médard, que par ordre
et
porter à l'esprit des temps et h l'ancienne d'Innocent lU, il visita en présence de plu-

discipline de l'Eghse pour bien juger ces sieuis abbés, notamment de ceux de Sainte-
sortes de mesures. Quoi qu'il en soit, l'inter- Geneviève et de Saint-Germain des Prés. On
dit ayant été levé, le roi s'empressa de ré- a de lui, sous la date de cette même année,
tablir l'évêque, et pour le dédommager de des règlements pour les collèges de chanoi-
tant de rigueurs, il l'exempta pour toute sa nes de son diocèse et des décrets sur la rési-
'De l'aveu de uotre liistorien, le légat n'agissait qu'u- snlliiammeul autorisé par le souverain pontife,
lias été
v«c l'osseutiuient de l'ordinaire du lieu. Quand même eu quoi ses injonctions au sujet de la fôte des Fous
doue, contre la notoriété du fait et du droit, il u'eùt excéder ses pouvoirs? (^L'cdileur.)
Ijouvaioiil-clles
892 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
dence du doyen et du chantre de Sainl-Ger- née, prêter serment de résidence au chan-
main-I'Auxerrois. celier Prœpositivus, ainsi que nous l'expose-
Ses actes de 1203 et de 1204 ont pour objet rons bientôt.
de réserver à son chapitre, sous la condition A son instigation, le pape Innocent
III pu-

de quelques aumônes annuelles, la disposi- bha, en 1208, la croisade contre les albi-
tion du canonicat et de la vicairerie que la geois. L'évêque de Paris employa les der-
communauté de Sainte -Geneviève avait niers mois de sa vie a exciter celte guerre
possédés dans Notre-Dame, et auxquels elle qu'il considérait comme une sainte entre-
renonçait; d'accepter une donation pieuse prise. Il a laissé dans ses constitutions syno-
d'Adam de Montreuil, chanoine de Paris; dales des traces de ce zèle de prosélytisme
d'enrichir de plus en plus son chapitre; d'é- dont il n'eut pas le temps de voir les effets.

tablir quaire chapelains ou matriculaires Ilmourut le 12 juillet 1208, dans la douzième


perpétuels qui, avec trois laïques, devaient année de son épiscopat, à peine âgé, dit-on,
garder l'église jour et nuit, la défendre des de quarante ou quarante-deux ans, et peut-
oulrages des voleurs et des libertins; enfin, être même, à ce qu'il nous semble, un peu
de recevoir un iief cédé par Guillaume de la plus jeune, car Pierre de Blois nous le re-
Ferté et qui, situé à Port-Roi, semble avoir présente comme sortant à peine de l'ado-
été le berceau de l'abbaye de Port-Royal. lescence en 1187, au temps de leur commun
En etfet, Odon y installa des religieuses qui séjour à Home, ce qui donnerait lieu de
recueillirent les libéralités de Mathilde Gar- croire qu'il était né vers 1170, et qu'il n'a
lande, épouse de Matthieu de Marly, et sur- guère vécu que trente -huit ans.
tout celles de la maison de Montmorency. Ses écrits se réduisent aux chartes que
Racine n'a point négligé cette origine. « L'ab- nous avons indiquées, et à des constitutions
baye de Port-Royal, près de Chevreuse, est synodales qui ont été souvent recueillies, et
une des plus anciennes abbayes de l'ordre qu'on a même considérées comme le plus
de Citeaux. Elle fut fondée en l'année 1204 ancien code de statuts ecclésiastiques à l'u-
ou 1206 par un saint évêque de Paris, nommé sage du clergé parisien. 11 en existait un
Eudes de Sully, de la maison des comtes de manuscrit à Sainl-Victor. Plusieurs de ses
Champagne et proche parent de Philippe- ordonnances sont éparses dans les compila-
Auguste. C'est lui dont on voit la tombe en tions de Duboulayetdu P. Dubois, ou parmi
cuivre, élevée de deux pieds à l'entrée du les preuves de VHistoire de Paris. Mais on
chœur de Notre-Dame de Paris. La fonda- trouve les constitutions d'Odon rassemblées,
tion n'était que pour douze religieuses; ainsi d'abord à la suite de la Pragmatique de
le monastère ne possédait pas de fort grands imprimée en 1578, puis avec les
saint Louis,
biens. Ses principaux bienfaiteurs furent les œuvres de Pierre de Blois, ou bien dans la
seigneurs de Montmorency et les comtes de Bibliothèque des Pères, et dans la collection
Montfort. » des Conciles du P. Labbe, et plus commo-
Sous l'année 1207, Albéric de Trois-Fon- dément encore dans le Synodicon Ecclesiœ
taines dit que le vénérable Odon, par sa mé- parisiensis, publié en 1674 par l'archevêque
diation puissante, fit nommer à l'archevêché François de Ilarlay. Les vingt-deux premiè-
de Reims Albéiic de Humbert, archidiacre res pages de ce recueil contiennent les sta-
de Paris à l'évêché de Troyes, maître Hervé;
; tuts d'Odon, sous ce titre Statuta synodi
:

ù celui de Soissons Haymon chantre de , prioris. In nomine sanctœ Trinitatis incipiunt


l'église de Reims; Geofroi lui dut aussi l'ar- prohibiliones et prcccepta observanda ab omni-
chevêché de Tours, selon la C /ironique d'Au- bus sacerdotibus, data a venerabili Odone, Pa-
xerre; et comme nous l'avons déjà vu, Guil- risiensi episcopo.
laume de Châlis, celui de Bourges. C'étaient, Les synodes se tenaient le premier jeudi
dit cette Chronique, des hommes d'un savoir après la Saint-Luc, et le troisième jeudi après
éminent; il est encore plus certain qu'Odon Pâques. Après quelques avis sur la manière
était un très-puissant protecteur. L'un des de venir au synode, d'y assister et d'en re-
actes remarquables de son épiscopat est d'a- partir, ces premiers statuts consistent en
voir établi dans son église la fête de saint instructions relatives à l'administration des
Bernard, abbé de Clairvaux. EHe est indi- sacrements. Ceux du second synode; expli-
quée dans un décret d'août 1207 pour le 23 quent les devoiis généraux et particuliers
du même mois. 11 a fait, en celle même an- des curés, comment ils doivent se conduire
[xiii= SIÈCLE.] CHAPITRE LXXIX. — UON l'HlER, MOINE DE CITEAUX. 893

eux-mêmes, comment ils doivent gouverner rendus en faveur du Ligurinus, et il fait con-
leurs paroisses. 11 est défendu aux prêtres iiaitre les ditrérentes éditions qu'on a faites

(le faire rédiger leurs testaments par des de ce poème. L'éditeur prouve que l'ouvrage
laïques; au contraire, les clercs recomman- en question est l'œuvre de Gonthier, que cet
deront souvent aux laïques de ne faire les auteur était ecclésiastique, qu'il était de la
leurs qu'en présence d'un prêtre. Pour cora- Germanie et qu'il a vécu du temps de Fré-
liléter les ordonnances et les chartes d'Ûclou, déric I" ou peu de temps après, mais il n'est
ilfaut y joindre celle où plusieurs de sos pas porté à croire qu'il ait été moine '. Dans
dernières dispositions ou donations sont la seconde dissertation, il est question de la

confirmées par son successeur, Pierre de naissance, de la famille et des actions de


Nemours, eu 1208. Du reste, il convient Frédéric I", surtout dans les dix premières
d'observer qu'il y a eu dans le môme siècle années de son règne. L'ouvrage dans cette
un Odon évêque de Toul, dont quelques
, édition est accompagné de notes et de va-
actes, d'ailleurs fort peu importants, pour- riantes. Voici les renseignements que nous
raient se confondre avec ceux de l'aiche- trouvons dans tome V du Dictionnaire de
le

vêque de Paris. Paljologie, publié par M. Migne.


Uobert de Saint-Marien d'Auxerre, qui 6. Gonthier, l'un des meilleurs poètes du
prodigue à Odon les éloges les plus tlatteurs, XIII' siècle, que plusieurs écrivains, au nom-

le loue surtout d'avoir rempli constamment bre desquels Swert, Valère, André et Casi-
l'un des plus grands devoirs d'un évêque, mir Oudin, ont confondu avec un nioiue de
eu ne considérant dans la distribution des Saint-Amand, au diocèse de Tournay, qui
bénéfices ecclésiastiques, ni la naissance, ni portait le même nom, était né en Allema-
les prières, ni les présents, mais la science et gne. Après avoir enseigné pendant quelque
les mœurs,
qui seules rendent digne des fonc- temps les belles-lettres, il entra dans l'ordre
tions de rEglise.Nousne devons pas Iprminer de Citeaux, et se relira au monastère de
cet article sans dire que Eudes de Sully a vu Pairis ou Paris {Parisiense), dans la partie de
achever, étant évoque, la cathédrale de Pa- la haute Alsace, qui dépendait alors du dio-

ris; mais l'honneur de celte construction ap- cèse de Bâle. C'est là qu'il finit ses jours, le
partient tout entier, ainsi que l'abbé Lebeuf 11 mars 1223, suivant les continuateurs de
l'a prouvé, à son prédécesseur Mauiice, qui Moréri mais ces biographes n'ont pas cité
;

s'en est occupé pendant trente -six ans, avec la source à laquelle ils ont puisé un rensei-

un zèle infatigable. Si Odon y a apporté des gnement aussi précis, et l'on ne trouve dans
soins, il n'en est lait aucune mention. aucun auteur rien d'aussi positif. Il est d'ail-
Gooiher. 5. Nous trouvons dans la Patrologie, tome leurs certainqu'il vivait encore en 1210,
^CXll, col. 97-476, sous le nom de Gouiliier, puisque nous aurons occasion de dire un
ViV' 'sél

ïi'iioèi""
°iO'"C de Citeaux, 1° un ouvrage en treize mot d'un ouvrage qu'il avait composé sur lu
livres sur les trois actes des chrétiens, la prise de Constantinople.
prière, le jeûne et l'aumône, d'api.'S l'édi- 7. Son principal ouvrage est un poème en
tion de Bâle de 1307, iu-4°, par Léonlorius ;
vers hexamètres, intitulé : Ligurinus, sive de
ii" ï'Hktùire de la prise de ConsCantinople pur rébus a Friderico I gestis, dans lequel il
lesLatins, en 120i, avec préface de Canisins chante les expéditions et conquêtes de Fré-
et de liasnage 3° le poème intitulé le Ligu-
; déric Barberousse dans le Milanais, qu'il ap-
rinus ou les Gestes de l'empereur Frédéric Bar- pelle Ligurie, d'où vient le titre de Ligurinus
berousse, en dix-neuf livies, d'après l'édition qu'il a donné à son ouvrage. Ce poème, di-
de deorges Dumge, en 1812. Cette édition visé en dix livres, est un des monuments lit-

est précédée d'une préface et de deux dis- téraires les plus remarquables des xir et xiir
sertations de l'éditeur. Daus la première dis- siècles; et, à ce titre, il mérite une attention
sertation, Uumge s'occupe de l'auteur et de toute particulière. En ell'et, Vossius, Juste
son nom, de sa perr,onne et de sa patrie, Lipse et Casaubon, et généialeraent tous les
de l'époque où il a vécu, de la matière de critiques s'accordent pour en louer le style,
l'ouvnige et de l'autorité de l'écrivain, enfin qui lient plus de la pureté des anciens que
il donne les témoignages que les érudits ont de la barbarie des temps où il a été corn'

Hac et similia non obscure


'
ecclesiasiicum innuunl, irul., toiu. CCXIl, col. 2CC.
guem lamen monachum /laud /ncile acdidtirim. Va-
894 HISTOlItE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
posé. Cet ouvrage n'est pas moins estimable L'invocation est adressée à Frédéric lui-
pour l'exactitude des faits, puisque l'auteur même, puis à chacun de ses fils, et particu-
ne parle que d'événements qui lui avaient lièrement à Henri VI, son successeur, ce qui
été rapportés par des témoins oculaires. prolonge ce morceau un peu au-delà des
Considéré comme épopée , ce poème est bornes ordinaires.
d'une composition Irès-iégulière. L'action Le premier chant est presque uniquement
en est une, simple et entière elle se déve- ; consacré à raconter l'élection de Frédéric et
loppe par degrés, et si régulièrement, que le son avènement au trône. Ce prince, neveu
lecteur peut avec facilité suivre le fil des de l'empereur, ayant été désigné par Conrad
événements; mais on pourrait lui reprocher lui-même pour lui succéder, au préjudice de
de négliger trop souvent son héros et son Frédéric, son propre fils, trop jeune alors
sujet, pour s'arrêter à décrire les villes et les pour gouverner, les seigneurs s'assemblè-
provinces à donner l'étymologie des noms
; rent pour décider entre eux à qui l'honneur
des fleuves, des cités et des autres lieux dont d'un si grand trône devait être dévolu. Les
il a occasion de parler. Ces détails sont uti- avis flottèrent longtemps d'un candidat à
les, sans doute, mais ils sont trop multipliés; l'autre, et le poète s'applique à peindre l'in-

et bien qu'ils fassent connaître l'érudition du décision de l'assemblée relativement au choix


poète, ils n'en produisent pas moins une lec- qu'elle devait faire. Elle se prolongeait de-
ture fatigante, et l'on dirait que son talent puis quelque temps, quand un des seigneurs
est de faiie des taMeaux. plutôt que d'ourdir se lève, et fixe toutes les incertitudes par un
avec art la trame d'une histoire intéressante discours adroit et plein d'énergie :

en elle-même.
Francorum proceres quos inclyta robora regni,
Peut-être doit-on regretter aussi que Gon- Et validas nunquam pudeat dixisae columnas,
Ihier n'ait pas rompu l'uniformité de son Scitis ut e medio, dolet heu sublatus acerbo
'

poème par quelque épisode qui eût animé et Funere Chunradus vitam, regnumque reliquit...
In mnnibus vestris reguum est : ea quippe poleslus
nourri la sécheresse et l'aridité du sujet;
Ad vos more suo, semper viduata recurrit.
mais ce défaut, si c'en est un, doit paraître Itegibus est aliis /otiundi jure patertto
bien excusable. La proximité des temps, la Cerla /ides, sceptrumque patris novus accipit hœres.
notoriété publique de l'événement, la nature Nos quibus est melior libertas, Jure vetusto
Orha suo quoties vacat inclyta principe se.des,
même du sujet, refusaient à son génie la li-
Quodlibel arbitrium statuendi reuis hubemus, etc.
berté d'employer les inventions fabuleuses,
et pour cela, sans doute, qu'il n'ose
c'est Après avoir amené naturellement l'éloge
s'écarter en rien de l'histoire, comme l'indi- de Frédéric, l'orateur retrace brièvement, et
quent ces vers, qui terminent le chant qua- avec art, les qualités que doit avoir un sou-
trième. verain : la religion, la bonne foi, la justice,

la grandeur d'âme dans l'une et l'autre for-


Adde, quod ahsenti de multis pauca referre,
Remque verecundo leviter perstringere taclu
tune et la constance qui ne se laisse ni

Sufficit : hi solide possunt descriùere gesta, exalter par les succès ni abattre par les re-
Quos uculaia fiiles, simul et prœsenlia facli vers, et qui ne sait point compter sur le ha-
Jnslruil, et notus falli non sustinet ordo.
sard.

Son poème en quelque sorte que


n'est Hœc sunt, o proceres, hœc sunl quœ régna tueri
l'histoire d'Olton de Frisingue et de Rade- Ac munire soient. His artibus infima crescunt,

vicus mise en vers et ornée des charmes de Maxima servantur...


la poésie. La bonne foi de Gonthier, à cet est à peine fini, que l'on en-
Ce discours
égard, se montre en plusieurs endroits de tend de tous côtés retentir le nom de Fré-
son ouvrage, où il semble renvoyer le lec- déric. Les uns louent sa probité, les autres
teur à ces deux auteurs, comme à la source exaltent son courage, sa loyauté, etc.
primitive de ses écrits. .
Pars nperuin titulos jactant, œvique minoris
Au début de son poème, il expose claire-
Vix œquanda viris, annisque valentibus acta
ment son sujet d'une manière simple et con- Hanc ego rem penifus, quam dicere pauca silere
cise. Tutius esse puto : non est mihi carminis inde
Tania fides, pleno scribens ut cuncta relatu
Ardua sollicilo versu, memorandaque seclis Exœquare velim; magnu.n res isfa poetam
Gesta cano, mundoque tuos, Frederice, triumphos : Exigit, in minimis nobis audacia rébus.
Atque tibi loties conalam iltudere frustra
Forlumm, vulgare para, etc. Le choix est fait, les seigneurs ont prêté
;

fxiii' SIÈCLE. 1 CHAPITRE LXXIX. — UONTHIEK, MOINE DE CIÏEAUX.


serment de fidélité à leur nouveau souve- mœurs des habitants de la Pologne, de la

rain, qui se rend à Aix pour se faire couron- manière suivante :

ner. Après quoi il parcourt les principales Gens aspera cultu,


villes de son empire, donne des lois aux peu- Terribilis facie, morum ferilate timenda,

ples, confirme ou réforme les anciens usa- Uorrendo violenta sono, truculenla minaxque :

l'rompta inanu, rationis inops, assuela rapinœ,


ges. Nous ne suivrons pas le poète dans tou-
Vix hominum se more gerens, Iwrore ferino
tes les descriptions, dans tous les détails éty-
Sœvior, impatiens legum, cupidissima cjedis,
mologiques géographiques des fleuves,
et Mobilis, incomtans, acerrima, lubrica, fallux,
des que visite Frédéric. Ces dé-
villes, etc., Sec dominis servnre fidem, nec amare propinquos
Sueta, nec affecta pielalis docla moveri.
tails sont beaucoup trop prolixes et ne sont
Hœc partim nulura dédit, partimque nocentes
pas toujours exacts. Il serait aussi trop long Tabida pestiferœ faciunt contagia plebis.
de donner en particulier le sommaire de
chaque cliant. Nous passerons donc sur les On remarquera au neuvième chant, le por-
événements historiques qui constituent le traitque trace le poète d'un homme qui, sou-
plan du poème, et dont ce qui précède doit doyé par les Milanais pour assassiner Fré-
donner une idée sulïisante, pour ne nous ar- déric, contrefait l'insensé, et parvient, parce

rêter qu'à la poésie. moyen à pénétrer dans le camp.


Le discours des moines de Tortone , au Subversa facie, cunctis incognitus intrat :
troisième chant, trop long pour être cité en Exceptusque semel, lotis ludibria castris.
entier, est plein de verve et de sentiment. Et faciles prœbere jocos, risumque movere
Gnudebut, stultœ Simulator callidus arlis.
La description de l'entrée triomphale de
Squullidus, illotn facie, barbaque, comaque
l'empereur dans Pavie mérite aussi d'être Horridus iinpexa, scisso squammosus amictu,
mentionnée. Elle est pleine de détails gra- Fulgur hahens oculis, spumanti sordidus ore;
cieux, et la versiDcaliou en est assez vive. Nuiic pavidus vutlu, nunc efferus; et modo mitis,

comment Et modo Irux; modo blaitda loquens, modo jurgia


Voici le poète lu termine :

[nectens;
ut domus aulœis laie pendeiilibus omnis. Nunc humilis, nunc ore minax, ac fervidus ira;
Ht picturatis constrata plateu lapelis, Nunc celer incessu, nunc tardior et modo pollens.
Rébus odori/eris, et pinyui thure vnporet : Et modo terribili succensus lampade vultum ;

et tuba ierribiii spiramine, tibia teni, Nunc risu lacrymas, gemitu modo gaudia rumpens,
Cornua venloso strepilu, caua tympana rauco, Sœpe genns alapis, colaphis supponere colla
Seu lijra perculsis dulci nwdulamine nervis Gaudebal, prudens hominis Simulator inepti.
Murmure mirantes placido demulceai auren. Sic olim Priamum, perituraque Pergama mendax
i't pueri, populusque mi/wr, venieiitibus ultro llle Sinon, Graia munitus fraude, subivit.
Exuvius subsiernat equis, Pieanaque lœtum,
loque triumplie canal hœc omnia, pliiraque nobis
-• Parmi les discours que Gonthier a insérés
Si modo
suppeierent vires, memoranda fuerunl ; dans son poème, on peut citer celui que Fré-
ingenium : non hœc fiducia menti,
lieficit
déric adresse à ses soldats, au quatrième
Ut penilus meminisse velim rerumque nilorem
Voce sequi. Vix luec stimulalus Apolline loto,
pour les exhorter à supporter les fati-
cliant,

l'el Mars, vel mugnus verbts cequaret Homerus. gues avec courage et à braver les dangers
jusqu'à la dernière extrémité ; voici comme
En général, ce troisième chant est bien
il commence :

supérieur, pour les beautés de détails, à tous


socii, proceresque, mei solatia casiis,
les autres. L'on y remarque encore un ca-
Quos niundi dominos, et certo jure patentes,
ractère assez bien peint :

Iinpertosa facit Romani gloria regni


Cufus origo mali , taniœque voraginis auclor Cermtis in quantum majestas regia tandem
Exslilit Arnold us; quem Brixia prolulit ortu Venerit opprobrium, post lanla negotia regni,
l'estifero, tenui nutrivit Gatlia sumptu, Post expugnatas armis viciricibus urbes,
Edocuitque diu. Tandem nalalibus oris Imperiique sacro susceptam more coronam,
Hcdditus, assumpta supientù fronle, diserto Post multas scelerum panas, cludesque nocentum;
Fallehal sermons rudes, etc.. Cum jam veslibulum patriœ, primosque pénates,
Optalaxque domos reduces intrare parumus,
Le portrait d'Albéric, au quatrième chant, l'rohpudori a paucis prohibemur iuerlibus, ultra
est d'un tout autre geiu-e, 11 est dessiné plus Regali transire via, nec vertere cursum
largement; le coloris en est plus v gourcux. Fuma, pudorque sinit, etc. elc...

Albericut cuptdus scelerum, cupidusque rapince, Les périphrases et les comparaisons abon-
Ihrndus, acer, airox, ex ordine natui equeslh, dent dans le poème de Gonthier; on pourrait
Civis erat, Verona, tuus.
même presque lui reprocher d'être trop pro-
Au sixième ciiant, Gonthier décrit les digue des ornements de ce dernier genre,
,

HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES,


Nous ne citerons que cette périplirase qu inséré, en 1569, dans les ScrifUores rcrum
est prise du sixième chant : Germanicarum de Pithou ; et ensuite dans le

Recueil des historiens allemands de Just. Reu-


Jamque procellosis arjuilonibtis aéra molles
ber. Conrad Rittershusius le imprimer sé- fit
Ahsiuleranl zephyri, senii cum frigore pulso
Grala repubescit jucundi lemporis œtns, parément, d'après un manuscrit plus correct,
Dum viret onmis ager, Mlusi/ue deare resutnpfo , avec d'excellentes notes et un bon index,
Ftoribus et viridi jiwenescere grumine gnudet, Tubingue, in-8°, 1598. Jean Hiklebrand Wi-
Cum jam desiielos posl otia longa juvencos
Ihoff publia, en 1731, le Spécimen d'une
Cura luboriferi cogit juga ferre coloni
:

Quœque diu tulœ lenuit navalia sedis meilleure édition de ce poème elle n'a pas ;

Nauta ralem dubias pelogi deilucil in undas, paru.


Magnaque pro regno gesturi prœlia reges
8. Gonthier est encore auteur de quelques
Fortia helligeras revocant in castra cutervns. écrit) HeGon-
autres ouvrages, dont nous devons dire un
Quoique ouvrage, ainsi que quelques
cet mot :
1° d'un autre poème intitulé Solyma-
autres, dont nous avons également rendu riurn siv. poema de Belle sacro et captis a Go-

compte, sV'carte un peu des sujets qui sont dofredo Bullionco, anno 1099, Hœrosolymis. Il

lialjituellement du ressort de nos jjludes, ce- en parle eu plusieurs endroits de son Ligu-
pendant nous en avons, à dessein, multiplié rinus entre autres au commencement du
,

les citations, pour prouver, une fois de plus, premier chant, où il dit :

que, sans trop chercher, on pourrait facile-


Sed tamen exigiias amor et devotio vires
ment trouver des modèles de poésie dans la Supplebit, fragilemque animi spes nmgria viyorem
littérature du moyen âge. Certes, nous au- Fulciet o/fectusque pios fortuna juvabit.
Jamque adco, si quid studio possemus in isto
rions pu citer bien d'autres morceaux; mais
Experti, nosterque legi Solymarius audet,
ceux qu'on vient de lire nous semblent suf-
Atque etiam fartasse placet...
fisants pour faire connaître ce poème, qui
mérite de sortir de l'oubli dans lequel il pa- Il paraît, d'après ce passage et plusieurs

rait être tombé, surtout en France. Quoique autres encore, que ce poème était entière-

l'auteur, qui avait pris Lucain pour modèle, ment fini, quand Gonthier composa son Z,ij«-

ait trop souvent caché la sécheresse du sujet cependant on n'en retrouve nulle part
ri)i«s;

sous l'enllure de la phrase, cependant, en des manuscrits dans aucune grande biblio-
général, sa versification est simple, facile et thèque.
élégante.On y trouve un grand nombre de 9. 2° D'une histoire de la prise de Cons-
ces heureuses réminiscences, qui indiquent tantinople, en prose, sous ce titre : Gunteri «

'

dans l'auteur un homme de goût, nourri de monachi in cœnobio Parisiensi, Historia Cons-
l'étude des bons modèles de l'antiquité, et tantinopolitana sub Balduino. Cette histoire
les possédant à fond ce qui paraîtra très-
; est estimée, et Canisius l'a insérée dans ses
étonnant, si l'on pense au siècle de déca- Lectiones antiquœ, 1604, in-i", tome V et à ;

dence dans lequel il vivait, et aux préven- Amsterdam, in-fol., 1725, à la lin du tome IV.
tions que l'on avait alors contre les anciens Gonthier composa cet ouviage d'après les
poètes et notamment contre Virgile. Cepen- renseignements recueillis de la bouche d'un
dant des tournures, des expressions, souvent abbé de son monastère, nommé Martin, le-
même des hémistiches et quelquefois des quel fut témoin oculaire de la prise de cette
vers entiers de ce poète paraissent être ve- ville. Nostrœ nnrrationis pagina, dit-il dans

nus comme d'eux-mêmes se placer sous la le premier chapitre, nil prorsus falsum vel
plume de l'auteur du Ligurinus. ambiguum continebit , sed veram ac certam
Conrad Cellis ayant découvert un manus- rerum gestarum seriem perseguetur, sicut idem
crit de ce poème dans le monastère d'Ebe- vir, de quo plura dicturi sumus, humiliter satis

rack, dans la forêt Noire, l'adressa à Conrad et verecunde puram nabis ac simplicem enar-

Peutinger, qui le publia à Augsbourg, in- ravit historiam. Malgré l'assurance de cette
folio,1507. 11 reparut encore avec l'Histoire véracité, Basnage observe, avec raison, que
d'Otton de Freisingen, et orné d'une préface les événements rapportés par Gonthier ne
de Phil. Melanchthon Bâle in-folio lob9.
, , , s'accordent pas toujours avec les récits his-
Longtemps auparavant, Jacques Spigel de toriques , et que cet auteur a omis beaucoup
Schelesladt en avait donné une édition avec de faits.

des notes , à la suite de VAusti-iadv de Ricli. En effet, cet ouvrage, qui ne contient que
Barlhclin, Strasbourg, in-folio, 1531. Il fut vingt -cinq chapitres fort courts, n'est eu
(xni' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXIX. — GONÏHIER, MOINE DE CITEAUX. 897

quelque sorte qu'une relation du voyage de Conrad Lcontorius, à Bâle, in-i", en loOi et
Martin, cl il n'y est question que de cet ab- 1507. 11 est divisé en treize livres; les onze
bé. Le second chapitre, par exemple, est en- premiers traitent de la prière, le douzième
tièrement consacré à en faire l'éloge; le cha- du jeune et le treizième de l'aumône. La
pitre suivant contient le discours qu'il adres- morale de l'auteur est austère, et sa doctrine
sa aux habitants de Hâle, pour les exciter à est quelquefois intolérante. Le style, sans
marcher contre les inlidèles. Ce discours est être mauvais, n'est point généralement aussi
d'un style extrêmement serré, très -sec et pur, aussi élégant que celui des ouvrages
très-rapide, coupé en phrases fort courtes, précédents mais les matières sont si ditl'é-
;

sans aucune figure, sans ornement oratoire, rentes qu'il est difficile, pour ne pas dire
mais il est pressant et va droit au but. Dans impossible, de reconnaître au style s'il a été
le cinquième chapitre encore, Gonthier éta- composé par le chantre des exploits de Fré-
blit un parallèle tout à fait insignifiant entre déric liarberout.se ou par le moine d'Elnone,
l'abbé de Pairis, marciiant à la tête de ceux qui écrivit également en vers le martyre de
des habitants de Bûle qui s étaient croisés, saint Cyriaque.
et saint Martin, évêque de Tours. En un mot, Voici brièvement, et livre par livre, l'ana-
il est pour ainsi dire plus souvent question lyse de cet ouviage. Dans le livre premier,
des faits et gestes de Martin, que de ceux après avoir défini la prière, l'auteur parle de
des guerriers qui prirent (ionstanlinople. Le ce qui convient à celui qui prie, et des di-
seul passage un peu remarquable de cette verses manières de prier Les circonstances,
histoire, est celui où il décrit le siège et la suivant son expression ,
que renferme la
Après avoir raconté cet
prise de cette ville. prière, sont au nombre de six, qu'il désigne
événement d'une manière suivie et sans em- ainsi : quis petat, quid, a quo, cui, quare et
phase, et avec une simplicité qui n'est pas quoniodo. Telle est la matière du commen-
sans élégance, il ajoute : « Et c'est ainsi qu'en cement du second livre. Après quoi, en trai-
quelques jours fut prise et dépouillée de son tant de première circonstance, il divise
la
faste cette ville capitale, la plus fameuse les in viva ac mortua. Le troisième
œuvres
parmi celles de l'empire grec, et qu'elle de- livre est consacré au développement de la
vint la possession de ses vainqueurs ; et, seconde circonstance ce que l'on demande
:

j'avoue que, nulle part, soit dans les récits est bon ou mauvais, juste ou injuste, ou bien
des historiens , soitdans les fictions des tient le milieu entre ces qualités suit une :

poètes, je n'ai souvenance d'avoir rien lu énumération des diverses espèces de bien.
d'aussi merveilleux. A mon avis, ce n'est Le quatrième livre traite de bono meritoino,
que par un miracle éclatant de la faveur di- c'est-à-dire de la vertu, et le cinquième, de
vine qu'une place aussi admirablement for- bono remuneratorio, c'est-à-dire de la vie éter-
tifiée, et qui par sa position naturelle servait nelle.
de rempart à toute la Grèce, tomba comme Après avoir parlé, dans le sixième livre,
d'elle-même et aussi subitement, entre les des diverses soites de mal, par opposition
mains d'un petit nombre de braves. » Plus aux diverses espèces de bien, il traite des
eniui hic, uno munimto,paucos furies fecisse in- quatre dernières circonstaaces de la prière ;

telliyo, quam poetw vcleres upud Trojaiii infinita et, dans le livre suivant, de ceux dont les
liominum millia profvcisse deccnnio iiwntianlur, prières sont exaucées. 11 part de là, pour
inveniantur. montrer quels sont les etl'ets de l'oraison, et
iO. 3° Les critiques ei les bibliographes ne tous les biens spirituels qui en sont la suite.
|;
savent si c'est à Gunthier, moine d'Elnone, 11 termine ce septième livre, en indiquant
ou à Gonthier de Paris, auteur du Liguri- les qualités que doit avoir celui qui prie pour
nus, qu'il faut attritjuer l'ouvrage intitulé : un autre. Dans le huitième, il est question
Ve tribus usitatis C Itristianorum actibus, oru- du temps, du lieu, du mode et de la forme,
tione, jejunio et elecmosyna. N'ayant aucun etc., de la prière et dans le neuvième, des
;

moyen de lever cette difficulté, nous som- quatre espèces d'oraisons, dominicale, do-
mes obligé de nous en rapporter à l'opinion mestique, monastique et ecclésiastique, et
la plus commune qui l'attribue au moine de d'abord de l'Uraisou dominicale. Les livre3
Paris. dix et onze sont consacrés aux trois autres
Cet ouvrage de théologie purement ascé- sortes d'oraisons. C'est là que se termine le
tique, a été imprimé avec une préface de traité de la prière. Le livre douze traite du
XIV. 57
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
jeùue, en quoi il consiste, quelles en sont les auquel les amateurs de l'ancien langage prê-
diflerentes espèces. 11 parle de ce qui con- tent de la grâce et de la naïveté. On a re-
vient à celui qui jeûne, de l'utilité de cette proché à Hélinand les traits sutiriques qu'il
action, et des bons etl'ets qui en sont la suite. s'est permis contre la cour de Rome; mais
Uonthier traite de l'aumône dans le treiziè- les contemporains n'en étaient pas scanda-
me et dernier livre ; il fait voir quelles sont lisés, puisqu'on lisait ses vers avec édification
les ditierentes manières de faire l'aumône, dans les assemblées publiques, et les auteui's
son utilité, ses résultats. Ce dernier chapitre de l'Histoire littéraire de la France, tome IX,
est le meilleur de tout l'ouvrage. p. 174, pensent que cette raison aurait dû
11. La Biograpliie universelle de Micliaud engager le chapitre général de Cîteaux à
nous fournit les renseignements suivants sur restreindre la défense faite aux moines
Hélinand, appelé aussi Elinaud, Ailinaud : d'exercer la poésie en langue vulgaire.
Héiinand (Dans ou Dan), l'un de nos
« 13. » Le plus important des autres ouvrages
plus anciens poètes né au xii'' siècle à , , d'Hélinand est sa Chronique universelle. Le
Pruiieroi ou Prout-le-Roi, dans le Beauvai- père Teissier en a inséré la dernière partie,
sis, mais d'une famille originaire de Flan- contenant les livres XLV à XLIX, et qui com-
dre, eut de son temps une très-grande répu- prennent de 634 à 1204, dans le tome VII de
tation. Alexandre de Paris, auteur contem- sa Bibliotheca Cisterciensis. L'abbé de Lon-
porain, rapporte que Pliilippe- Auguste le guerue faisait un très-grand éloge de cette
Bt venir à sa cour, et qu'après le repas Hé- chronique, et dit que ce qu'on en a publié
linand chanta devant ce prince l'entreprise est entouré de pièces de si peu de valeur,
des Titans et leur délaite par Jupiter. C'est que c'est la perle dans le fumier. La Mon-
ainsi qu'Homère représente Phéuiius et Dé- noye penait que si elle était imprimée, on
modocus chantant à la table d'Alcinoûs et de en trouverait la lecture fort divertissante.
Pénélope, et que Virgile nous montre Copas M. Brial trouve si peu d'ordre et de discer-
chantant à la table de Didon. Ce rapproche- nement dans les livres qui nous sont parve-
ment si naturel entre les mœurs des temps nus, qu'il ne regrette pas la perte des au-
héroïques et celles de nos pères, a été fait tres 2. Le manuscrit original, qui était con-
par tous les écrivains de l'histoire littéraire. servé à l'abbaye de Froidmont, a disparu. 11
Hélinand, lassé du monde, embrassa la vie paraît que les quarante-quatre premiers li-
religieuse dans l'abbaye de Froidmont. 11 se vjes n'existaient déjà plus du temps d'Albé-
livra pour lors à des études sérieuses, et se ric de Trois-Fontaines; et Vincent de Beau-
conduisit d'une manière si édiliante, qu'il vais en attribue la perte à la négligence de
mérita l'estime des plus illustres person- (iuérin, archevêque de Seulis. Cependant il
nages de son temps. 11 mourut le 3 lévrier est question a'un manuscrit de la Bibliothè-
1223, suivant La Monnoye '. que Cot Ionienne, renfermant les seize pre-
1:2. Des poésies qu'il avait composées et
I) miers livres, depuis la création jusqu'à Da-
qui étaient en grand nombre on ne connaît , rius Nothus.
que les Vers de la Mort. Antoine Loysel les 14. » Parmi les autres productions du même
publia en 1594 in-8°, sur un manuscrit défec-
, auleur, on cite encore vingt-huit sermons ^,

tueux; il y manque dix stances, et beaucoup dans lesquels il donna l'exemple d'entremê-
de vers dans trente-neuf autres. Le manus- ler des passages des auteurs profanes à ceux
crit de Saint-Victor est complet chaque : deslivressaints; trois opuscules, conservéspar
stance est de dix vers de huit syllabes. L'é- Vincent de Beauvais sous le nom de Fleurs
,

diteur a précéder ce poëme d'une lettre


fait d'Hélinand; une Viedesaint Géréon et desautres
au président Fauchet, dans laquelle il a réuni martyrs de Cologne qui faisaient partie de la
tout ce qu'il avait pu recueillir sur la per- légion Ihébéenne, imprimée dans Surins; des
sonne d'ilélinand; il la refondue depuis corrections du Cycle de Denis-le-Petit, où il
dans ses Mémoires sur Beauvais. Le poëme prouve que cet auteur a placé la naissance
de La Mort est écrit d'un style trés-obscur. de Jésus-Christ vingt ans trop tard un Eloge ;

• Eu 1227, suivant les nouve.ux éditeurs de la lii- Toulouse. — * JVû(ice sur la ouvrages d'Hé-
vie et les
Oliolhèijuede France. Les auteurs du dei'uier Diction- linand, lue à l'Institut, le 3 mars 1815. {Exjjosé des
naire universel plàceal sa mort eu 1209; maison sait travaux de ta classe d'histoire, jusqu'au 30 juin 1815,
qu'Hélinand vivait encore en 1212, et plus probable- pag. 98).
ment en 1289, où il pariiU qu'il prêcha au concile de ^ Oudin, de Script, eccles., lom. III, col. 22.
[xni' SIÈCLE CHAPITRE LXXIX. — SICARD, ÉVÊQUE DE CRÉMONE.
de saint Bernard un Commentaire sur
', et Tiraboschi conjecture d'un passage de la
l'Apocalypse. Hélinaïul avait, dil-on une , Chronique de Sicardi. que l'évêque de Cré-
telle aversion pour Arislole (Histoire litté- mone lit équiper, en 1189, un vaisseau pour
raire de la France, lome IX, page 184), qu'il aller au secours des croisés. En 1196, il so-

le mettait au rang des monstres de la na- lennisa la translation des corps de saint Ar-
ture. » chelaûs, martyr, et de sainl Himerius, con-
Plusieurs ouvrages d'Hélinand sont repro- fesseur, et acheva la construction du châ-
duits sous l'année 1212, au tome CCXII de teau de Genivolta, en latin Jocis altœ, dans
la Patrologie, col. 477-1084. On y trouve le Crémonèse. U obtint en 1199, du pape
1° une notice liistorique et littéraire tirée Innocent 111, dans un voyage qu'il fit à Rome,
d'Oudin 2° ses sermons, au nombre de vingt-
;
la canonisation de saint Omobon. Il suivit en

huit ; ses Floi-es ;


3° sa lettre à Gautliier, clerc : 1203, dans l'Orient et jusqu'en Arménie, le
ces écrits sont reproduits d'après l'édition cardinal Pierre, légat apostolique, et, l'an-

de lissier. Vient ensuite la Passion des saiyits née suivante, il fit à sa prière une ordina-
Géréon, Victor, Cassius et Florent, martyrs de tion solennelle dans de Sainte-Sophie
l'église

la légion thébéeune , d'après les Acta Saricto- de Constantinople. Sicardi vint peu de temps
rum, Octobre, tome V. Dom Tissier a fourni après à Crémone, où il mourut, au mois de
les cinq dernieis livres de la Chronique, et le juin de l'année 1213. Malgré ses occupa-
lome XVIII de V Histoire littéraire de la France tions multipliées, ce prélat avait trouvé le
un fragment du poème sur la Mort, écrit en de composer plusieurs ouvrages.
loisir

français. Le plus important est sa Chronique


16. »
Nous empruntons à la Biographie uni-
d4. universelle, dont Muratori n'a publié que la
verselle de Micbaud et à la Bibliographie des seconde partie, qui s'étend depuis Jules Cé-
Croisades du même auteur, la notice sui- sar jusqu'à l'an 1213, dans les Scriptores
vante sur Sicard ou Sicardi et sur sa Cluv- rerum Italicarum, tome VIL Elle est précé-
nique : dée d'une dissertation qui cnnlient des dé-
« Sicardi, chroniqueur du xiF siècle, était tails sur la vie de l'auteur, et les ditlërents

de Casai ou Casel. U composa dans sa jeu- manuscrits de cet ouvrage. Cette Chronique
nesse un Extrait de Gratien pour faciliter ,
remonte aux temps les plus reculés; mais
à ses camarades l'étude des saints canons. Muratori ne l'a trouvée digne du public que
Le P. Sarli en conclut qu'il avait professé le pour ce qui concerne le moyen âge. Elle est
droit canonique à Rologne mais cette as- ; précieuse sous le rapport des croisades, car
sertion n'est appuyée sur aucune preuve. l'auteur était contemporain. Il raconte avec
Ayant embrassé l'état ecclésiastique, il l'ut une élégance qui pas ordinaire aux
n'est
ordonné sous-diacre en 1183, par le pape écrivains de son siècle, et souvent il porte
Luce III; et deux ans après il succéda sur le dans ses jugements une raison qu'on trouve
siège de Crémone à 1 évêque Ullïedo. Les rarement dans les chroniqueurs du même
prélats exerçaient, à cette époque, une au- temps. On peut diviser ce qu'il dit sur les
torité presque souverainedansleursdiocèses; guerres saintes en deux parties. La première
ainsi l'on ne doit pas être étonné de voir Si- comprend un récit assez abrégé de ce qui
cardi jouer un grand rôle dans toutes les se passa en Europe et en Asie lors de la

atlaires du Crémonèse. L'empereur Frédé- première croisade. 11 raconte ensuite quel-


ric I", mécontent des habitants de Crémone, ques-uns des événements qui suivirent la
lit raser, en H8C, un des chdteaux qui dé- prise de Jérusalem. En parlant de la déli-
pendaient de celte ville. Sicardi parvint à faire vrance de Jusselin, qui avait été fait prison-
cesser les hostilités, et, l'année suivante, il nier avec le roi Baudouin II, Sicardi, sans
se rendit en Allemagne pour solliciter de entrer dans aucun détail sur la manière dont
l'empereur la permission de relever le châ- cette délivrance eut lieu, s'exprime ainsi :

teau qu'il avait fait détruire. Toutes ses dé- « Quoiqu'on eut employé la ruse dans cette

marches à cet égard furent inutiles. U revint entreprise, ce n'est point à la ruse qu'il faut
ù Crémone en 1188, sans avoir rien obtenu ; eu attribuer le succès, mais à la misériccu-de
mais, éludant la défense de l'empereur, il ht et au pouvoir de Dieu. » Le chroniqueur ne
jeter aussitôt les fondements deCastel-Leone. dit pas un mot de la croisade prèchée par
saint Bernard.
' Mari. Gerbert, lier liai icuni, pag. 4S4. » La seconde partie de la Chronique de Si-
,

900 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


cardi contient ce qui s'était passé du temps à l'amour d'un père! » Après sept jours de
où il vivait, c'est-à-dire, la prise de Jérusa- siège, Saladin revint à Acre , et bientôt il

lem par Saladin, et la troisième croisade qui ajouta à ses conquêtes Napoli, Niizareth,
la suivit. Cette partie est beaucoup plus éten- Capho, Césarée de Palestine, Joppé, Alzète,
due et mérite que nous nous y arrêtions uu Gaza, Ascalon et Jérusalem. Sans parler du
peu. La cause de l'invasion de Saladin, dit
<( siège de la ville sainte, Sicardi rapporte que
l'auteur, lut l'iniquité des chrétiens; car, Saladin sanctifia à sa manière, et fit garder
pendant que la paix était aOermie entre le le temple du Seigneur, auparavant profané

sultan et le roi de Jérusalem, les chrétiens, par les chrétiens. Il confia aux Syriens la
par l'ordre de Renaud, prince de Montréal garde de Betldéem et du saint tombeau; il
et seigneur de la vallée d'Hébron, s'empa- permit à cent mille chrétiens de sortir de la
rèrent des caravanes des Sarrasins, et vio- ville, et les fit conduire jusqu'à Tripoli. Les

lèrent méchamment la paix. » Cet esprit pauvres et les gens de pied, dépouillés par
d'équité qui porte ici l'auteur à blâmer la les habitants de Tripoli et d'Antioche, en-
violation des traités, n'est pas ordinaire chez trèrent dans la Remanie, et périrent de froid
les vieux chroniqueurs. Uue autre cause de et de faim. « C'est ainsi, dit l'historien, qu'ils
l'invasion de Saladin, selon le même histo- subirent la peine qu'ils méritaient pour avoir
rien, fut la discorde qui s'éleva entre le roi souillé l'héritage du Seigneur. Remarquez,
Gui et Bohémond, ou plutôt Raymond, comte ajoute Sicardi, que la croix fut retrouvée
de Tripoli. par l'empereur Héraclius, que Jérusalem fut
)) Saladin en entrant dans la Palestine, as-
, ensuite envahie sous ce même Héraclius par
siégea d'abord Tibériade. Le roi Gui établit des disciijles de Mahomet, et que la cité de
son camp dans un lieu que Sicardi appelle Jésus-Christ fut perdue sous le patriarche
Marsalia. « J'ai entendu parler d'un présage Héraclius. Elle avait été reconquise sous un
qui annonçait une prochaine défaite dit , pape nommé Urbain, et fut subjuguée alors
l'auteur. La nuit qui précéda la bataille, Hé- par les barbares sous un autre pape égale-
raclius, lisant dans sa tente la leçon des ma- ment nommé Urbain. » Nous ferons remar-

tines, tomba sur le passage où il est ques- quer que ces rapprochements frappaient vi-
tion de 1 arche d'alliance, qui fut autiefois vement les esprits dans ces temps reculés :

prise par les Philistins. » aussi en trouve-t-on de fréquents exemples


» Après avoir raconté les désastres qui sui- dans les vieilles chroniques.
virent le combat livré au point du jour, le » L'auteur entre ensuite dans quelques dé-

chroniqueur dit que Conrad marquis de


, tails sur le second siège de Tyr par Saladin.

Monlferrat, arriva de Constantiuople par la Les assiégés, animés par l'exemple du mar-
volonté de Dieu, afin de visiter le sépulcre quis de Monlferrat, repoussèrent les Sarra-
du Seigneur. Voyant que Ptolémaïs était oc- sins sur terre et sur
mer. A la fin, le sultan,
cupée par les infidèles, il se dirigea vers désespérant de prendre la ville, fit mettre le
Tyr avec un vent favorable, et les habitants feu à toutes ses machines et se retira la
de celte ville, qui se trouvaient sans chef, le veille des calendes de janvier. Pour marque
choisirent pour leur gouverneur. Saladin de sa douleur, il fit couper la queue de son
venant de Beryle à Tyr, amena avec lui le cheval, afin d'exciter par là les siens à ven-
père de Conrad, un de ses prisonniers, dans ger i'atfront qu'il essuyait.
l'intention d'obtenir la reddition de Tyr, en » Sous la date de 1189, l'évêque Sicardi nous
rendant la liberté à Guillaume et à quelques apprend qu'il fit lui-même construire un bâ-
autres seigneurs. Il lit donc oil'rir cette con- timent qu'il appela Bursu, et qu'il l'envoya
dition à Conrad; mais celui-ci répondit qu'il au secours de la Terre-Sainte, chargé de
ne livrerait pas même une pierre de la ville. guerriers et de provisions. L année précé-
Saladin ayant menacé Conrad d'exposer son dente, les Tyriens n'osant, à cause des Sar-
vieux père aux traits des assiégés, le nou- rasins, sortir pour aller couper du bois et
veau gouverneur répondit qu'il lancerait lui- faire du fourrage, se voyaient pressés par
même la première ilèche. « heureuse im- la famine. Le marquis envoya, sous les or-
piété, s'écrie Sicardi, qui se vante de percer dres de Hugues de Tibériade une petite ,

un père exposé aux traits des Barbares, llotle au port d'Azol. Les Tyriens s'empa-
pour le salut des Ciirotiens! admirable et rèrent de cette ville et y firent prisonnier
pieuse impiété, qui préfère l'amour de Dieu l'émir, qui avait lui-même fait prisonnier le
[xiii« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXLX. — SICARD, ÉVÊQUE DE CRÉMONE. 901

roi Gui. Ils délivrèrent quarante clirétienset saint Etienne. Les pèlerins, se voyant en-
cinquante chevaliers captifs, et revinrent k fermi's du cùlc de la terre et du côté de la
Tyr chargés de vivres et d'argent. L'émir mer, ne perdirent point counige. Le mar-
fut échangé contre le pore du marquis. II quis, habile dans l'art de la guen-e, anima
arriva alors des vaisseaux remplis de pèle- tous les esprits par ses discours, et promit
rins. L'amiral du roi de Sicile, nommé Mar- aux pèlerins qu'il détruirait entièrement les
puorit, aj'ant abordé avec sa flotte, força des galères des Sarrasin^.
pirates qui maltraitaient les Tyriens à s'éloi- 11 partit pour Tyr sur une petite barque,
1)

gner de cette Ces pirates allèrent abor-


ville. au milieu ('e la nuit, bravant cent fois la
der à Tripoli, où ils périrent de faim, juste mort; et lorsqu'il eut exposé aux Tyriens les
châtiment qu'ils avaient mérité. besoins de l'aimée, qu'il les eut excités à
» Sicardi après avoir raconté ime tentative
, armer leurs galères, tous lui répondirent :

de Saladin contre Tripoli, et l'expédition du « Nous sommes prêts à vivre et à mourir

sultan sur le territoire d'Antioche, rapporte avec vous. » Il aborda avec une flotte, à la
que deux comtes de Sicile abordèrent à Tyr fin de février, dans le port qu'il avait fait

avec cinq cents ciievaliers et cinquante ga- ouvrir près d'Acre, ayant pris aux Sarrasins,
lères beaucoup d'autres pèlerins arrivèrent,
;
pendant son trajet, des bâtiments chargés
sous conduite de l'archevêque de Ravenne,
la de vivres. Après plusieurs attaques, la ville
légat du Sainl-Siége. Le marquis, aidé de aurait été sans doute prise par les chrétiens,
leur secours, défit un grand nombre de Sar- si le feu grégeois de l'ennemi n'eût incendié

rasins sortis de Sidon. L'empereur d'Alle- les tours qu'ils avaient construites. Sicardi
magne envoya alors auprès de Saladin, pour interrompt ici sa nnrration du siège d'Acre,
lui demander de rendre la Terre-Sainte car, ; pour de l'expédilion de l'empe-
faire le récit
dit Sicardi, c'est la coutume de l'Empire de reur Frédéric. Ce récit
est, en grande partie,
déclarer d'avance la guerre h ses ennemis. le même que celui de la plupart des chroni-

Dans l'année H 89, Ubakle, archevêque de


» ques que nous avons analysées. Après la
Fisc, aussi légatdu Saint-Siège, aborda à mort de l'empereur, l'auteur suit l'armée
Tyr avec un grand nombre de pèlerins; des Allemands, conduite par le duc de Soua-
comme la ville ne pouvait les contenir tous, be, à Tarse, à Malraistra, à Anlioche, puis à
il y eut divers avis sur ce qu'il convenait d'en Acre. Revenant ensuite au marquis Conrad,
faire. Le roi Gui, arrivant alors de Tripoli, il parle de sa naissance et de sa famille;
et le marquis lui refusant l'entrée de la ville, puis, passant au siège d'Acre, il fait le récit

ces divisions firent naître le scandale et la de quelques-uns des combats qui se livrè-
guerre civile. La plupart des pèlerins se rent durant ce siège, des maux qu'éprouvè-
réunirent pour aller faire le siège d'Acre. rent les assiégeants, en proie à la disette,
Ils se présentèrent devant celle ville au mois des généreux secouis que leur procura le
d'août, et, peu de temps après qu'ils eurent marquis de Tyr.
placé leurs lentes, ils lurent eux-mêmes as- » AladatedeH9l,leclironiqueur parle de
siégés dans leur camp par Saladin. Ici le l'arrivée devant Acre du comte de Flandre,
chroniqueur donne quelques détails sur le du duc de Bourgogne, des comtes de Nevers
siège d'Acre, auquel le niiirquis de Montfer- et de Bar, et de Philippe, loi de France. Il
rat vint bientôt prendre part; il établit son lail mention de plusieurs assauts dans l'un

quartier en face de la Tour-des-Mouches, où desquels périt Albéric Clément qui était ,

il fut souvent attaqué par les Sarrasins. Il lit déjà parvenu sur les murs de la place. Au
couper des rochers qui étaient dans la mer, milieu des périls de la guerre, ^deux Sarra-
afin d'ouvrir un port aux vaisseaux chré- sins s'échappèrent de la ville, reçurent le
tiens; et ce port, dit notre chroniqueur, est baptême, et restèrent, dit notre chroniqueur,
encore aujourd'hui appelé le l'ort-du-.)lur- fidèles dans leurs œuvres. Sicardi rapporte
quis. Les pèlerins, pour se défendre des sur- ensuite que le marquis remit au pouvoir du
prises de l'ennemi, creusèrent des fossés au- roi de France la ville de Tyr, selon la pro-
tour de leur camp, et les chefs de l'armée messe qu'il avait faite de la remettre à celui
décidèrent qui; chaque nation serait com- des deux princes, Richard ou Philippe, qui
mandée par un des siens, afin d'éviter toute arriverait le premier. Le rui de France y
dispute. Quarante-cinq galères venant d'E- envoya une garnison.
gypte abordèrent au port d'Acie, le jour de Pendant ce temps,
I) le roi Richard soumet-
,

902 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


tait l'ile de Chypre, et faisait prisonnier un donné comme otage pour sauver la
s'était
certain Isaac qui s'en disait empereur. Il em- garnison et les habitants de Joppé, et qui
portait de cette île d'immenses richesses resta après la paix, dans les prisons de
,

des provisions et des bestiaux, lorsqu'il ren- Damas.


contra sur mer un vaisseau sarrasin, parti » La guerre terminée, les croisés allèrent

de Béryte et se rendant à Acre. Ce vaisseau, visiter le Saint-Sépulcre, où, à leur honte,


escorté de vingt-quatre galères, portait sept ils trouvèrent, dit Sicardi, un Ethiopien nu,
cents guerriers d'élite, avec toute sorte de qui recueillait les offrandes. Le roi ne voulut
provisions, des armes de toute espèce, du point aller adorer ce lieu sacré, qui était
feu grégeois, des serpents, des crocodiles et sous la main des infidèles. Sicardi termine
autres animaux destinés à donner la mort. sa Chronique en racontant le retour de Ri-
Richard donna le signal de l'attaque, qui se chard en Europe, sa captivité en Allemagne,
renouvela plusieurs fois. Après un combat et sa délivrance. On a pu voir, par cet ex-
très-meurtrier, le vaisseau ennemi fut sub- trait,que l'évéque de Crémone était assez
mergé. Il n'échappa que deux Musulmans, bien instruit des événements généraux de la
que le roi, dit Sicardi, envoya l'un h la ville troisième croisade. Un anonyme a continué
d'Acre et l'autre à Saladin, lorsqu'il fut dé- la Chronique de Sicardi et l'a terminée à
barqué. Malgré la division qui ne tarda pas l'année 1221. On ne retrouve dans cette con-
à s'élever entre les deux rois, le siège se tinuation qu'un récit fort abrégé de la prise
poursuivitavec activité. Motsub un des , de Constantinople par les Latins. Après ce
émirs enfermés dans la place, après avoir récit,il n'y est plus question de croisades.

obtenu du roi de France un sauf-conduit, »Nous croyons devoir faire observer ici que
parut devant les rois et les barons, et promit la Chronique de Sicardi et sa continuation
de rendre la ville avec toutes ses richesses, sont composées de deux textes, dont l'un a
à condition que la garnison oi tiendrait la été trouvé dans la bibliothèque de Vienne,
vie sauve. A la suite de cette conférence, la et l'autre dans la bibliothèque d'Est; les
ville se rendit aux conditions que l'histoire différences qui existent entre ces deux tex-
nous a conservées. L'historien fait monter à tes portent fond des événements
moins sur le

deux cent mille le nombre des chrétiens qui que sur des détails qui souvent sont peu im-
périrent à ce siège mémorable. portants. Nous n'avons pas cru devoir tenir
» En parlant des débats élevés par les deux compte de ces différences, qui auraient pro-
prétendants au royaume de Jérusalem, Si- longé notre travail, sans y ajouter aucun
cardi nous fait connaiire la décision qui fut intérêt. »
prise pour régler les droits des deux princes La CAron!'5'Me,depuislesPtolémëes jusqu'en
rivaux. On arrêta que Tyr, Sidon, Béryte 122 1 avec préface de Muratori, est reproduite
,

et la moitié d'Ascalon et de Joppé, appar- au tome CCXIII de la Patrologie, col. 437-340.


tiendraient au marquis, à titre d'hérédité; la 17. Un autre ouvrage de Sicard, non moins
moitié d'Acre et tout le royaume acquis et à précieux et jusqu'alors inédit, a été publié
acquéiir devaient être soumis à Gui : mais, dans ce même volume, col. 9-Mo. Il est in-
pendant que tous deux vivraient, ni l'un ni titulé : Mitrale seu de officiis ecdesiasticis
l'autre ne devait porter le diadème. Après summa. Muratori avait cru que cet ouvrage
ce traité, le roi de France partit peur re- étaitune chronique '. Ma'i avait relevé cette
tourner dans ses Etats, au grand élonnement erreur, et avait donné les sommaires des
des pèlerins, qui lui reprochaient sa retraite chapitres et quelques fragments du Mitrale-.
comme une fuite, et qui le maudissaient Les éditeurs de la Patrologie ont eu le bon-
d'abandonner la terre du Seigneur. Sicardi heur de publier en entier cet écrit, d'après
donne peu de détails sur les exploits do Ri- un manuscrit du comte de L'Escalopier.
chard, sur la bataille d'Arsur, sur les divi- L'ouvrage est divisé en neuf livres, et cha-
sions qui s'élevèrent dans l'armée chré- que livre, précédé d'un prologue, renferme
tienne. En parlant de la bataille de Joppé et des chapitres plus ou moins nombreux, plus
de ce qui la reproche au roi
suivit, Sicardi ou moins élendus; il y aussi une préface et
d'Angleterre de n'avoir pas exigé dans le une conclusion. Dans la préface l'auteur ,

traité la délivrance du patriarche Raoul, qui donne la division de tout son travail. Après

Muratori, prsefat., Valrot., tom. GCXlll, col. 9. 2 Mai, S/Ji'ci/. Rom., toni. VI, pag.
[xiu'-siÈcLr CHAPITRE LXXIX. - SICARl), ÉVftQUE DE CRÉMONE. 903

avoir parlé du paradis terrestie, de l'arche saints depuis l'Avent jusqu'à Noël, il parle
de Noé et du cénacle où notre divin Maître de saint Andié, de saint Nicolas, de sainte
fitla cène avec ses disciples, il dit que l'E- Lucie, de saint Thomas. Dans les fêtes de
glise étant assimiléeau paradis, à l'arche et Noël à la Septuagésime, il est question de
au cénacle, il parlera d'abord de la cons- saint Etienne, de saint Jean l'évangéliste,
truction, des ornements et des ustensiles de des saints Innocents, de saint Félix in Pincio,
l'église en deuxième lieu, de l'institution,
;
de saint Marins, de sainte Marthe, des saints
des vêtements des ministres de l'Eglise, de Audifax et Habacuc, des saints Fabien ot Sé-
leurs offices, où il exposera clairement l'ins- bastien ,de sainte Agnès. Les fêtes de la
titution de chacun de ces oliices, et les cau- Septuagésime à Pâques comprennent saint
ses de leur institution. Le premier livre est Biaise, sainte Agathe, la Chaire de saint
divisé en treize chapitres l'auteur y traite ; Pierre, saint Mathias, et l'Annonciation de
de l'établispemenl et de la fondation de l'E- la sainte Vierge '. Dans les fêtes de la Ré-

glise, de l'autel, des parties de l'église, des surrection à la Penlecôle, nous trouvons
noms de l'église, de la consécration de l'é- saint Marc, saint Phihppe et saint Jacques,
glise, de sa réconciliation, de ses ornements la. Sainte-Croix, saint Jean devant la Porte

et de ses ustensiles. latine, la fête de sainte Marie aux Martyrs,


Dans les huit chapitres du deuxième livre, la lête de saint Michel. Les fêtes qui vont de

il est question de l'institution et de la mise l'octave de la Pentecôte à l'Avent, sont celles


des personnes ecclésiastiques, des ordres, des saints Marcellin et Pierre , des saints
des dignités, des vêtements sacrés, des insi- Geivais et Protais, de saint Jerai-Baptiste,
gnes de la royauté, de l'Iiabillement des mi- des saints Jean et Paul, des apôtres Pierre
nistres des autels. et Paul. On y trouve encore les fêtes de la
Le troisième livre a neuf chapitres il est ; Division de saint Pierre et de saint Paul, sur
consacré à la messe l'auteur y expose le
;
laquelle il y avait difî'érenls sentiments les :

nom, l'institution et les diflférenles parties de uns voulaient la rapporter à la séparation


la messe qu'il divise en sept. qui se après douze ans à Jérusalem, quand
fit

Au quatrième livre, qui comprend dix cha- les apôtres se séparèrent pour aller prêcher

pitres, il p:irle des offices de l'Eglise, c'est- l'Evangile les autres l'entendent de la divi-
;

à-dire des nocturnes de la t'érie, des noctur- sion des ossements de saint Pierre et de

nes pour les fêtes, des sept heures canoni- saint Paul, faite par le pape Sylvestre quand
ques, des laudes aux jours de férié et aux ilconsacra les églises de ces deux apôtres.
jours de fêtes, de tierce, sexte et none, des Les fêtes suivantes sont celles des sept frè-
vêpres, des conférences et des compiles de res, de la translation de saint Benoit, celles
l'office monastique. de saint Jacques le Majeur, de saint Pierre
Le cinquième livre, divisé en dix chapi- aux liens, de saint Laurent, de l'Invention
des offices, depuis le premier di-
tres, traite de saint Etienne, les fêtes de la Transfigura-
manche de l'Avent jusqu'à l'Hypapaute ou tion de Notre-Seigneur, de saint Laurent, de
Présentation de Notre-Seigneur. l'Assomption de la sainte Vierge, la Décolla-
Le sixième, divisé en quinze chapitres, va tion de saint Jean - Baptiste, les fêtes des
du dimanche de la Septuagésime jusqu'à saints Félix et Adauctc, de la Conception et
Pâques. de la Nativité de la sainte Vierge de l'Exal- ,

Dans le septième, qui comprend onze cha- tation de la sainte Croix, de la dédicace de
pitres, l'auteur continue la suite des diman- saint Michel, de saint Remy, de saint Luc,
ches jusqu'à la Pentecôte. des saints apôtres Simon et Jude , de la
Au huitième où l'on trouve vingt-cinq
, Toussaint, des quatre Couronnés, de saint
chapitres, il parcourt les vingt-cinq diman- Martin et de sainte Cécile.
ches après la Pentecôte. Le dernier chapitre contient des règles
Le neuvième livre, divisé en cinquante- générales pour les fêtes.
quatre ciiapitres, est tout entier sur les fêtes Dans une courte conclusion, l'auteur invite
des saints, à partir des fêtes de l'Avent jus- les fidèles et les prêtres à se nourrir et à se
qu'à sainte Cécile. En traitant des fêtes des désaltérer au banquetqu'ilvientdeleurservir.

est
' L'iudt'ji des chapitres par la Palrolngie
publii^^s ([uc dans le U:\b: de la Patrologie, celte ftHe
met la fêle de l'Annoncialion après celle de saiul après saint Malhiiw. i^L'àtileui:)
Jean-Baptiste ; c'est uuc faute. Dans Mai aussi bico
904 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
y a quelques différences entre les cha-
Il (( moinedeVauIx-Cernay, embrassa
Pierre,
pitres indiqués par Angelo Maï et ceux pu- jeune dans l'abbaye de ce
la vie religieuse
bliés par M. Migne. Ainsi dans le septième nom, au diocèse de Chartres. 11 était neveu
livre, le savant éditeur romain indique un de l'abbé Guy, l'un des plus ardents promo-
chapitre sur le jeûne de l'Ascension jusqu'à teurs de la guerre contre les albigeois, mort
la Pentecôte, qu'on ne trouve pas dans le évêque de Carcassonne, en 1223. Pierre ac-
texte de la Patrologie. Quelques-uns jeû- compagna son oncle dans la croisade des
naient tout ce temps pour imiter les apôtres; Latins contre les Grecs, dont le résultat fut
mais, dit Sicardi, le maître Gilibert prouve l'élévation de Baudouin, comte de Flandre,
qu'on ne doit pas jeûner parce que c'est le sur le trône de Constantinople; et il le suivit
temps pascal, et que la Pentecôte est le cin- également dans l'expédition contre les albi-
quantième jour après Pâques. Saint Jérôme, geois. Il prit une part active à celte entreprise
saint Ambroise, saint Augustin disent aussi par ses démarches et par ses prédications.
qu'il n'y a nulle nécessité de jeûner entre Nous avons vu qu'en 1206, Arnaud, abbé de
Pâques et la Pentecôte on peut s'abstenir en
;
Cîteaux et douze autres abbés du même
,

tout temps de prendre de la nourriture, mais Languedoc par


ordre, furent envoyés en le
il n'y a pas nécessité de le faire Le neuvième
'
.
pape Innocent 111, pour réfuter d'abord, par
livre, dans Mai, renferme cinquante-huit cha-
la voie de l'instruction, la doctrine des albi-
pitres; le prologue et la conclusion comptent geois et, dans le cas de non-succès, pour
;

pour deux, et il y en a deux autres qui ne se exhorter les princes et les peuples à réduire,
trouvent point dans le texte de la Patrologie. par la force des armes, les fauteurs opiniâ-
Après saint Simon et saint Jude vient une fête tres de cette hérésie. Ces abbés emmenèrent
de la Lirpiée ou parenté de la sainte Vierge, et avec eux ceux des moines de leurs couvents
après chapitre sur les Funérailles des morts,
le
que leur zèle et leur savoir recommandaient
en vient un autre intitulé De Tricenario, sans comme les plus capables de bien seconder
doute sur le trentième jour après la mort l'exécution de ce projet. C'est sous ce point
qu'on célèbre pour les défunts. de vue que Pierre de Vaulx-Cernay fut
Cet ouvrage est une source abondante of- par l'abbé Guy, son oncle, pour l'ac-
choisi
ferte à la science liturgique; fournit des
il
compagner dans cette mission qui lui réussit
détails curieux sur les édifices religieux, sur
mieux comme historiographe que comme
les vêtements des ecclésiastiques, sur les prédicateur. En effet, comme il avait vécu
officesde l'Eglise, sur les fêtes, sur les cé- dans l'intimité de tous les chefs de celte
rémonies usitées pour les morts. L'auteur, guerre mémorable, personne n'était plus en
tout en constatant ce qui se pratiquait de état que lui d'en écrire l'histoire. C'est là
son temps dans les diflPérenles parties de la tout ce que l'on sait touchant les circons-
liturgie, a donner des explications
soin de tances de la vie privée de Pierre de Vaulx-
historiques et morales de ces pratiques, et il Cernay, qu'il a dû prolonger au-delà de l'an-
le fait souvent avec bonheur.
née 1218, époque où il finit son Histoire des
En parlant de la Conception de la sainte Alhigeois ; mais la date précise de sa mort
Vierge, il dit que quelques-uns l'ont
célébrée est restée aussi inconnue que celle de sa
et que quelques-uns la célèbrent peut-être naissance.
encore à cause d'une révélation faite à un 19.» Après une préface contenant quelques sonHis
abbé dans un naufrage. Mais, ajoute-t-il, -"'*""6
extraitsde différents auteurs relativement
cette fête n'est pas approuvée [authentica) aux albigeois, Pierre offre la dédicace de
;
mais quelques-uns pensent qu'elle doit être son livre au pape Innocent III. Il le divise en

rejetée parce que la sainte Vierge aurait été quatre-vingt-six chapitres, distribués, dit-il,
conçue dans le péché. Sicardi n'aurait point suivant les progrès successifs et multipliés
parlé de la sorte, s'il eût vécu de notre temps, des affaires de la foi. Il commence son récit
après la définition solennelle et infaillible à la légation de Pierre de Casfelnau, et de
portée par Pie IX. Raoul, moine de Citeaux, en 1203. Après
io^ne"'<).
^^' ^°'*^' ""^ partie de la notice que VHis- avoir retracé brièvement comment l'hérésie
'°''''j"', '""'^ littéraire de la France, tome XVII, con- se répandit de Toulouse, qui en était le
218.' Jv't! sacre à Pierre de Vaulx-Cernay. siège principal, dans les villes et les pro-
vinces voisines, il expose les dogmes et les
» ilal, Spicil. Rom., tom. VI, pag. 584. doctrines des albigeois et des vaudois ; en-
.

[xiii'SiÈCLE.] CHAPITRE LXXIX. — PIERRE, MOINE DE VAULX-CERNAY. 903


suile il entre en détail sur quelques-unes de 1208, désespérant de rien obtenir, Pierre se
leurs pratiques et de leurs cérémonies reli- disposait à passer le Rhône pour s'éloigner
gieuses ;
puis il dit comment les ministres des Etats du comte, lorqu'il fut assassiné.
envoyés par pape, la présence même de
le La voix publique accusa le comte de Tou-
ses li'ijats n'ayant rien oijlenu de l'opiniâlrelé louse, qui refusa de rechercher et de punir
des albigeois, par la voie de la persuasion, les meurtriers. Le droit des gens venait d'ê-
une croisade fut armée pour les combattre. tre ouvertement violé. Innocent III prononça
I) Notre bistorien pour uit en racontant les l'excommunication contre les albigeois et fit
sièges, les batailles, et les différents liants prêcher contre eux une croisade. On sait que
faits qui eurent lieu durant l'expédition des Raymond après avoir fait semblant de se re-
croisés. Cette partie de son ouvrage en est pentir et avoir abjuré, refusa de tenir ses
la plus étendue et la plus intéressante. Le promesses et déclara la guerre aux croisés
chef dont il s'attache le plus constamment à en se joignant à Pierre d'Aragon '. Pierre de
relever les exploits est Simon, comte de Mont- Vaulx-Cernay est donc excusable de ne pas
fort, un des chefs de l'armée des croisés et estimer beaucoup le prince hérétique, fau-
le principal héros'de cette histoire; aussi linit- teur d'hérétiques et plusieurs fois parjure. Il

elle à la mort de ce seigneur, tué devant n'a donc pas tous les torts de l'appeler scele-
Toulouse en 1218, et se termine-t-elle par rat iss im us, m Uidiss im us
ces mois « Telle est l'histoire des faits et
: (i Ce n'est pas sans quelque justice, dit le con-
tiiompbes mémorables de noble homme et tinuateur de V Histoire littéraire de la France,
seigneur Simon, comte de Montfort.» que reproché au moine de Vaulx-Cer-
l'on a
Dom Vaissette a dit de cet bistorien qu'il nay de s'être, quoique contemporain, trompé
était véritablement estimable en bien des en quelques endroits, et d'avoir, en d'autres,
choses, mais qu'il se montrait aussi trop ad- renversé l'ordre des événements. Sou ou-
mirateur de Simon de Montfort, auquel on vrage est néanmoins curieux, car il contient
ne peut refuser de grands talents, un cou- beaucoup de faits et de'particularités qui ne
rage invincible, une grande valeur, une pouvaient être transmis que par un témoin
science consommée dans l'art militaire ;
oculaire, et qui seraient probablement de-
quoiqu'il joignit à ces qualités une ambition meurés en oubli. C'est surtout dans cet au-
démesurée, une grande fierté et une cruauté teur qu'ont puisé les historiens qui ont écrit
sanguinaire dans quelques circonstances. sur l'expédition entreprise contre les albi-
Ce jugement se vérilie toutes les fois que geois. Mais ce n'est pas dans le meilleur ma-
Pierre de Vijulx-Cernay rencontre l'occasion nuscrit de son ouvrage qu'ils auront trouvé
de manifester son animosito contre Raymond, que le nombre des croisés s'élevait à cinq
comte de Toulouse. » Ici l'auteur du t. XVII cent mille, ou à trois cent mille suivant d'au-
de V llûtoire de la Finance cherche <i justifier tres. Pierre de Vaulx-Cernay ne fait monter
Raymond et s'élève contre la conduite de leur nombre qu'à cinquante mille, lorsque
l'Eglise et des croisés au sujet de ce prince. l'armée arriva à Carcassonne ; un manuscrit
Voici la vérité sur ce point. Raymond élevé porte cependant quingenta au lieu de quin-
par les hérétiques albigeois s'était déclaré quaçjenta,mais il parait que les résultats de
pour eux en 119i, avec ses principaux vas- ces recensements devaient varier beaucoup,
saux; il entravait autant qu'il le pouvait les suivant les différentes époques, où des corps
missionnaires envoyés pour convcitir les hé- croisés arrivaient pour accomplir leur qua-
rétiques. Une lettre sévère que lui écrivit rantaine, ou bien repartaient après l'avoir
Innocent III ne le retint que peu de temps ;
terminée. Ainsi le nombre de cinquante, as-
il abjura en apparence ses erreurs et con- signé par Pierre de Vaulx-Cernay, peut être
tinua la même vie, sans se mettre en peine considéré comme exprimant la force conti-
de tenir ses promesses les plus solennelles. nuelle et moyenne de l'armée des croisés ;

Pierre de Casteliiau, légat du pape lui re- il est naturel de préférer le récit de ce té-
procha son manque de parole, sans se laisser moin oculaire, placé, comme il l'était, dan-
intimider par les menaces de mort que Ray- la situation la plus propre à connaître exac-
mond VI avait fait entendre. Le 15 janvier tement l'état de l'armée.

' \'oyez Vllislohc impidaire des pii/ies, par M. Clmn- la coUectiou îles /Ue» es relatifs à l'histoire de
Iri'l, loin. XII, pug. 1Î9 et suiv. Pour les preuves, fiance.
voyez les cliiouiqucs sur la guerre des alliigeois Jaus
;,

906 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


» On a révoqué en doute le mot féroce que des mécréants (1. V, cb. xxi). Or, suivant
l'on prétait à Arnaud, abbé de Citeaux, lors- tous les historiens de la croisade, les choses
que, consulté par les croisés, au moment n'ont pu se passer ainsi. Voici quelles furent,
même de l'assaut de la ville de Béziers, ils si l'on en croit les plus sûres autorités, les
lui demandèrent ce qu'il fallait faire, dans circonstances de la prise de Béziers.
l'impossibililé de distinguer les catholiques 1) Le 22 juillet, quelques assiégés firent
d'avec ceux qui ne l'étaient pas. Cœdite eos, une sortie. Un croisé, qui s'était avancé jus-
répondit-il, novit enim Dominus qui surit ejus que sur le pont de Béziers, tomba percé de
aussi ne lit-on de quartier à personne. 11 leurs flèches. A cette attaque inattendue, les
faut remarquer pourtant, que ce trait n'est ribauds, frémissant de rage, s'élancent con-
rapporté que par un chroniqueur étranger à tre les imprudents agresseurs, les refoulent
la France, et que Pierre de Vaulx-Cernay, dans la place, et y entrent impétueusement
qui n'hésite pas d'en rapporter d'autres du à leur suite. « lis donnent l'assaut, dit Pierre
même genre, ne dit rien absolument de cette de Vaulx-Cernay, à l'aide des gentilshommes
réponse. » Ce mot n'a jamais été dit on l'a : de l'armée, et à l'heure même s'emparent de
prouvé plus d'une fois un érudit de nos
; la ville. 1) —
a Les habitants de Béziers, dit

jours, M. Ch. Tamizey de Larroque dans à son tour Guillaume de Puylaurens, ne pu-
la Correspondance littéraire, vient encore de rent repousser la première attaque du vul-
réfuter cette erreur historique d'une façon gaire de l'armée. » L'abbé Arnauld, lui aussi,
définitive. « D'abord, dit-il, si nous interro- dans la relation qu'il adresse au pape (dans
geons les chroniques relatives à l'histoire de Baluse Epistolarwn Innocenta III, tom. II,
:

France, nous n'y apercevons pas la moindre pag. 374) raconte que pendant que l'on
,

trace de la barbare réponse partout et tou- délibérait avec les principaux chefs de l'ar-
jours attribuée au légat du pape Inno- mée sur les moyens de sauver ceux qui dans
cent 111. » la ville passaient pour catholiques, les ri-
Notre érudit, après avoir parcouru douze bauds et autres viles personnes (ribaldi et
chroniqueurs du temps et montré le démenti alii viles et inermes personœ). sans attendre
qu'ils infligent par leur silence à l'accusation l'ordre des chefs, firent invasion dans la
intentée au moine de Citeaux, poursuit ainsi : cité. Matthieu Paris dit la même chose.
« Où donc a été consignée pour la première Enfin, Guillaume le Breton, et surtout l'au-
fois l'anecdote dont nous avons vainement teur anonyme de la croisade, qui, lui, entre

jusqu'ici cherché l'origine? Dans un livre dans les plus minutieux et les plus pittores-
d'un moine allemand. C'est un étranger, ques détails, attribuent aux truands l'initia-

séparé du théâtre des événements de la croi- tive de carnage, et écartent loin des chefs
sade par plus de deux cents lieues, qui nous toute complicité.
apprend ce qu'ont ignoré les hommes placés » On voit combien il est impossible qu'au-

dans les rangs mêmes des deux armées : cun dialogue ait eu lieu, avant l'assaut, en-
c'est Pierre Césaire, religieux de l'ordre de tre l'abbé de Citeaux et les ribauds. Les ri-
Citeaux, dans le monastère d'Heisterbach bauds ne prirent ni le temps ni la peine de
près de Bonn, diocèse de Cologne, Césaire consulter leur généralissime; il leur tardait
qui, mort vers 1240, composa en 1223 un trop d'en venir aux mains pour songer à
livre sur les miracles, Dialogi de Miraculis. » soumettre en ce moment au légat d'Inno-
Tous les critiques anciens et modernes qui cent III une espèce de cas de conscience.
ont eu à s'occuper de ce livre conviennent Loin d'avoir donné, par les abominables pa-
qu'il est rempli de fables, d'histoires suppo- roles qu'on lui prête, le signal du massacre
sées, que dans les récils de Césaire l'invrai- de Béziers, l'abbé Arnauld apprit sans doute
semblance atteint les dernières limites du la nouvelle de l'entrée des terribles bandes

grotesque. Nous trouvons donc le témoignage de truands dans la ville quand déji\ on avait
de cet auteur frappé d'une légitime suspi- commencé la boucherie. La justification du
cion. Il est d'ailleurs réfuté par les paroles légat ressort clairement de tous ces textes,
si

des chroniqueurs. D'après le moine alle- que je ne comprends pas comment ceux qui
mand, les ribauds demandèrent à l'abbé Ar- en ont eu connaissance ont continué à dé-
naud, au moment de monter à l'assaut, ce noncer à l'indignation de la postérité la pré-
qu'ils devaient faire, si la ville était prise, tendue réponse qui aurait coûté la vie à tous
pour reconnaître les catholiques au milieu les habitants de Béziers.
[xTii' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXIX. — PIERRE, MOINE DE VAULX-CERNAY. 907

n Un autre formel démenti est infligé par crées au siège de Béziers mais ce carnage ;

les chroniqueurs au religieux d'He'sterbacb. n'avait été ni prévu ni voulu , il excita ;

Dans l'année qui suivit le sac de Béziers, une horreur générale, et ne contribua pas
en i210, Simon de Montfort s'empara de la peu à donner à la guerre des albigeois
ville de Minerve, et il déclara « qu'il ne dé- une couleur de cruauté que les ennemis de
ciderait rien sur le sort des habitants, sinon l'Eglise ont eu bien soin de taire ressortir.
ce qu'ordonnerait l'abbé de Citcaux, maître La guerre était juste, elle fut malheureuse-
de toutes les affaires du Christ. A ces paro- ment poussée avec une rigueur qui n'était
l'abbé fut grandement marri, n'osant les
les, que trop dans les mœurs du temps. Pour
condamner, vu qu'il était moine et prêtre. On juger ces événements avec équité, il ne faut
pardonna, suivant son conseil, à ceux qui pas oublier que les chefs des croisés n'é-
voudraient se convertir mais ils refusèrent
;
taient pas toujours les maîties de retenir les
et on les brûla. » Pierre de Vaulx-Cernay, bandes indisciplinées rangées sous leurs
auquel nous devons ces précieux renseigne- étendards; il ne faut pas oublier non plus
ments, ajoute qu'il essaj'a lui-même de ra- que jamais Innocent 111 n'encouragea ni ap-
mener ces malheureux dans la bonne voie, prouva les cruautés commises et qu'il fit tout
et qu'il ne fut pas écouté. pour les prévenir. Quant à Simon de Mont-
1) Ce récit, dont d'autres chroniqueurs cer- sur qui beaucoup d'historiens font
fort, re-
tifient l'exactitude, et principalement Guil- tomber l'odieux des massacres, il faut re-
laume de Nangis ', me fournit un argument marquer qu'il n'était pas encore le chef de
décisif. Est-ce que les motifs sacrés qui dé- la croisade lorsqu'on prit Béziers, ni lorsque
fendaient au chef ecclésiastique de la croi- Carcassonne, quelques jours après, fut livré
sade d'opiner pour la mort des héréliques de au pillage. L'histoire impartiale admire dans
la Minerve, nedéfendaient pas toui aussi
lui Montfort un courage héroïque, un grand dé-
impérieusement d'opiner l'année précédente vouement à l'Eglise, et même de grands sen-
pour la mort des hérétiques, et bien plus des timents de douceur -. Les hérétiques ont
catholiques de Béziers? Je le demande h exagéré les fautes de - croisés pour couvrir
tout homme de bonne foi, peut -on croire les leurs; l'histoire doit flétrir le mal partout
capable d'avoir prononcé un arrêt de mort où elle le rencontre, mais elle ne doit pas se
contre plusieurs milliers d'hommes celui qui, laisser détourner d'approuver les choses jus-
en sa qualité de prêtre, se regarde comme tes, même quand ceux qui les ont servies
tenu de pardonner aux habitants, relative- ont commis des fautes ; elle ne doit pas da-
ment peu nombreux de Minerve, quoiqu'au vantage admettre des accusations qui ne sont
fond du cœur il désire leur extermination, pas prouvées ^.
comme le confesse ingénument Pierre de L'auteur du tome XVII de l'Histoire litté-
Vaulx-Cernay. 11 n'y aura qu'une voix j'en raire de la France entre dans certains détails
suis sur, pour proclamer que les paroles de qui, à son point de vue, montient la partia-
l'abbé Arnauld, devant les murs écroulés de lité de Pierre de Vaulx-Cernay en faveur du

Minerve, obligent invinciblement à rayer de comte de Montfort. Nous ne croyons pas de-
l'histoire les paroles qu'il passe pour avoir voir les repioduire. Voici le jugement qu'il

dites devant les murs encore debout de Bé- porte sur notre auteur : <( D'ailleurs ses lé-
ziers. » cits sont pleins de chaleur et d'intérêt; on
Et qu'on ne dise pas que les cruautés sent qu'il éciit avec conviction ; et son livre
commises par les croisés et autorisés par est un de ceux qui font le mieux connaiire
leurs chefs rendent l'accusation croyable. 11 las temps déplorables où vécu '. »il a
est vrai, vingt mille personnes furent massa- 18. L'Histoire de Pierre de Vaulx-Cernay

' « Od permit à ceux des assiégés qui voulureut (le France, tom. XIV, s'exprime ainsi : « Le moins
abjurer l'Iiéréiie de se retirer librempnl; mais on eu Pierre raconte d'ailleurs avec détail ce qu'il a vu; il
trouva encore cent quatre-vingts qui aimèrent mieux décrit li-s lieux, rappelle avec soin les petites cir-
se laisser briller. » constances, les incidents, les anecdotes, ce qui fait la
' C'est un témoignage que lui rend saint François vie et la vérité morale de l'hi.-toire. 11 en est peu de
de Sales, dont la douceur et la charité ne peuvent plus partiales que la sienne et qui doivent être lues
être mises en doute. avec plus de méfiance, ajoute l'écrivain protestant,
' Histoire povutairc des papes, par M. Chantrel, mais aucune peut-être n'est plus intéressante, plus
tom. XII, pag. 134, 133. vive, et ne fait mieux connaître le caractère du temps,
* M. Guizot dans les Mémoires relatifs à l'Iàstoire des évéuemenls et du parti de l'historien. » {L'éditeur.)
908 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
fut publiée pour la première fois à Troyes, prima dans le tome VII de la Bibliothèque de

en 1613, in-8°, par les soins de Nicolas Ca- Cîteaux, d'après un manuscrit de l'abbaye
musat, qui lui donna ce titre Historia Albi- : de Longpont. Cette édition passe pour la
gensium et sacri belli in eos, anno MCCJX sus- plus exacte; mais M. de Camljis en possédait
ccpti, duce et pi-incipe Simone a Monteforti, un manuscrit qui diffère en beaucoup d'en-
dein Tolosano comité, rébus strenue gestis, auc- droits des imprimés, et dont les leçons pa-
tore clarissimo Petro cœnobii Vallis Sarnensis raissent meilleures, parce qu'il le regarde
ord. Cisterciensis monacho, cruceatœ hujus mi- comme une copie faite sur le manuscrit au-
litiœ teste oculatoTrecis 1613. Du-
, in-S", tographe.
chesue dans sa collection des
l'inséra depuis M. Migne a reproduit l'édition de Ducbesne,
Historiens de France, avec quelques correc- tome CCXXIII de la Patrologie, col. 343-712,
tions tirées d'un manuscrit de Saint-Martin avec une notice tirée de Fabricius.
des Champs et enfin, dom Tissier la réim-
;

CHAPITRE LXXX.

Seize anonymes du Xlle siècle.

[1. Le tome CCXllI de la Patrologie, col. Martène l'avait fait paraître au tome V du
713-1044, contient plusieurs auteurs ano- Thésaurus Anecdotorum, p. 1307. L'auteur, p,,,

nymes du xii' siècle, que nous devons au d'après son propre témoignage, écrivait en '^^f:

moins mentionner. On y trouve 1° une épi- l'an 1160; il est grave et très-versé dans la
tre écrite par un anonyme à Hugues. C'est connaissance de la sainte Ecriture. On voit p

celle dont il a été question ci-dessus au nu- qu'il eut souvent des discussions avec les

méro 13, p. 407; 2° la lettre d'un chanoine Juils. La lecture de ce traité nous donne une

régulier au prieur de la Cliarité, pour récla- réfutation solide de tous les subterfuges des
mer un chanoine qui s'étaitfait moine. Ma- Juifs et des vaines interprétations qu'ils fai-
billon l'avait publiée au tome VI de ses An- saient de l'Ecriture, qu'il connaissait parfai-
nales, p. 677; 3° une explication de l'Oraison tement. L'auteur y établit, d'après des té-
dominicale ;
4° une explication du Symbole moignages irréfragables de l'Ancien Testa-
des apôtres; 3° une explication du Symbole de ment, le mystère de la sainte Trinité, l'abro-
saint Athanase. Ces trois traités ont été mis gation des rits de la loi, la conception et
au jour par Mai au tome IX des Scriptorum l'enfantement de la Vierge, la divinité de
veterum nova collectio, 377-409. D'après un Jésus-Christ, la réprobation des Juifs, la vo- .j^.J'

manuscrit du xi' siècle, le cardinal Mai, en cation des Gentils. Il avait composé un autre m
''"'
parlant de ces explications, les appelle gra- traité sur l'Astuce et l'Envie du Serpent.
ves et excellentes '. Dans le Symbole des 3. 7° Le livre des différents ordres et des pro- i.\

apôtres, le dogme de la procession du Saint- fessions gui sont dans l'Eglise. Martène, qui a die!

Esprit est affirmé contre les Grecs -. Ces publié ce livre au tome IX de son Ampl. col- .^^J

deux expositions du Symbole ont-elles le lect., col. 1027, nous apprend que cet opus-
même auteur? Le savant éditeur n'ose le dé- cule fut écrit vers le temps où commença
cider; mais il trouve une grande science l'ordre de Prémontré, dont l'auteur anonyme
théologique dans celui qui a expliqué le fait un grand éloge. Cet auteur paraît avoir
symbole de saint Athanase. Ce commenta- été chanoine régulier. Après un prologue où
teur attribue à saint Athanase, aichevcquc il expose son plan, il parle 1° des ermites
d'Alexandrie, le Symbole qui porte son nom. qui vivent souvent seuls ou avec un petit
Ses paroles sur ce sujet sont remarquables 3. nombre de personnes; 2° des moines qui vi-
2. 6° Le traité d'un anonyme contre un Juif. vent au milieu des hommes, comme les

Gravis elperliona explkatio. Script, vet.nov.coll.,


' 3 Tradilur quod hoc opusculum a beatissinin Alhu-
tom. IX, l'rôefatio, pag. xm. nasio Alexandrinœ Ecclesiœ antistite sit editum : ita
5 Spiritus sunctus comubstantialis est eis, a quibus 7iam'jue sempev eum vidi prœlitulalum eliam in velc-
procedit, hoc est Palri et Filio, ibid. iibus Cùdicibus. l'aliol., t. COXIIl, col. ISG.
c

[Xir SIÈCLE.] CHAPITRE L.KXX. — ANONYMES. 909

moines de Clnny; 3° des moines qui so sé- la même méthode, le même génie, et on re-
parent de riuibitation des bomnius, comme trouve la même époque. On peut diviser cet
les religieux de Cluny; 4" des moines sécu- opuscule en deux parties. Dans la première,
liers; 5° des clianoines réguliers qui vivent qui va du premier chapitre au sixième, il
loin des hommes, comme les prémontrés; examine les difl'érenls états et les différentes
0° des clianoines qui habitent parmi les hom- atfections de l'âme humaine, en y mêlant
mes, comme les chanoines de Saint-Quen- des sentences pleines de sens et de piété; la
tin, de Saint-Gerraain-des-Frés , de Saint- deuxième roule sur les raisons et les modes
Victor; 7° des chanoines séculiers. Voilà le de nos pensées, matière, comme on sait,
sujet traité dans le premier livre, le seul qui tiès-embrouillée.
nous reste. Dans les autres livres, il devait 7. 10° C'est encore un bénédictin qui a four- ^
l

pailer de ceux qui, sans appartenir aux or- ui à l'e/., Bibiiotheca ascetica, tome IV, p. 1, le i^"
dres précédents, vivent reclus ou dans la livre sur la Stabilité de l'âme, ouvrage d'une ^i
continence, et ensuite il arrivait aux femmes grande élégance. L'auteur fait consister la
i-ecluses et dévotes. Il s'étendait après cela vertu de stabilité dans la triple stabilité du
sur l'habit, la nourriture et le travail des corps, des sens et de l'esprit. 11 envisage la
mains, et s'appliquait à montrer que toutes stabilité comme un édifice, et y trouve les
les coutumes de l'Eglise étaient agréables à fondements, les fenêtres, la porte, le toit, les
Dieu, le fondateur et le chef de l'Eglise. habitants. L'esprit et la raison, aidée de hi
4. 8° Dialogue sur le Conflit de l'amour de grâce divine, forment un mariage admirable
Dieu et la langue trompeuse. On en doit la d'où naissent la foi, l'espérance et la cha-
publication à Fez, qui l'a donné au tome rité.Mais à côté de cette chaste union il en
de sa Bibiiotheca
I", p. 1, ascetica. C'est un existe une autre, celle de la sensualité ou de
opuscule élégant, savant et plein de piété, la chair avec l'esprit elle donne naissance
:

où l'auteur réfute toutes les objections et les à l'infidélité, au désespoir, au mépris de


prétextes que l'esprit du monde et de la Dieu. La chair, qui doit être la servante, sug-
chair oppose à ceux qui veulent faire leur gère à son maître, l'esprit, l'amour des ri-

salut et surtout à ceux qui veulent embras- chesses, du pouvoir, des honneurs, des vo-
ser la vie rehgieuse. L'éditeur croit que l'au- luptés. La raison avertit l'esprit du danger;
teur anonyme de cet opuscule appartenait à qu'elle court; elle lui montre quel cas il doit
l'oidre de Cileaux. faire de tnutes les suggestions de la chair.

5. 9° Le tome I", p. 1, de la Bibiiotheca 8. 12° Le dialogue 6«r


Manducation de la
la i

'"
ascetica de Pez, nous otl're un autre traité volaille est sur cette question Est-il permis,
:

d'un anonyme sur la Pénitence et les Tenta- dans la règle de saint Benoît, de manger de '°î
tions des religieux. L'auteur était bénédictin la volaille quand on est fort et en bonne "'''

et écri'.ait sous Frédéric Baiberoussc. Sou santé? L'auteur anonyme, que Pez croirait
ouvrage peut se diviser en trois parties. volontiers être Honoré d'Autun, se prononce
Dans la preniière, qui va du commencement pour la négative. Cet opuscule élégant a
au vingt-cinquième cbapilre, il examine dif- paru au tome II du Thésaurus anecdot. ,

férentes questions sur la pénitence, comme part. 2, col. 346.


faisaient les anciens; dans
deuxième, qui la 9. 13° Jeu pascal de l'arrivée et de la mort j,„

va du vingt-cinquième chiipitre au trente- de l'antcchrist, représenté sur la scène au xii"


troisième, il traite des diU'érentes tentalious siècle. On que, dans
sait le moyen âge, on
auxquelles sont exposés les religieux; dans aimait A jouer sur le théâtre par piété les
la dernière, il examine comment l'homme ditl'érents mystères de la religion. Le Jeu
peut toujours être un avec lui-même et avec pascal est une de ces pièces, et ce n'est pas
l'esprit de Dieu, ou en d'autres termes com- la moins remarquable. Pez l'a publiée au
ment Ihomme peut lutter avec la concupis- tome II de son Thésaurus anecd., part. 2,
cence et s'unir à Dieu. L'auteur avait soixante- col. 183.
trois ans; il a écrit son livre avec un style 10. L'anonyme de Moll; sur les écri-
14° ^

vécu dans
"
succinct, piquant et plein d'élégance. vains ecclésiastiques. Cet auteur a
G. 10» Au tome VI de la DiOliollieca asce- le xii" siècle, du temps d'Honorius dWutun l'

tica, de l'cz, p. 29, on retrouve un opuscule et de Sigcbert de Gemblours. C'est tout ce


sur la Conscience, qui parait appartenir au qu'on peut alUrmer à son égard. Il est nom-
même auteur anonyme : c'est le môme style, mé l'anonyme de Molk, non parce qu'il a
910 HISTOIUE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
vécu dans ce monaslère, mais parce que de la fin du ix' siècle, jusqu'à Grégoire X
Fabricius y a trouvé son ouvrage. Les écri- inclusivement. On trouve dans cet ouvrage
vains ecclésiasliques n'y sont pas toujours 1° continuation du Liber Pontificnlis d'A-
la
rangés par ordre chronologique. On en trouve nastase-Ie-Bibliothécaire; 2° le catalogue des
plusieurs qui étaient encore inconnus, et papes jusqu'à saint Léon IX, contenant les
l'auteur nous révèle un assez grand nombre noms, l'origine et les parents des papes, avec
d'écrits qu'on ne connaissait pas, quoique quelques courtes notices sur leur vie; .3° le
les noms des auteuis fussent d'ailleurs con- catalogue dit de Pandulfe de Pise, qui ren-
nus. Fabricius a publié cet ouvrage au ferme les vies des papes depuis saint Gré-
tome I" âcsa Bibliol/teca ecclesiastica, p. 141. goire VII jusqu'à Honorius II 4° les vies des ;

H.sioire 11. 15° Nous sommes redevables à Ber- papes, publiées sous le nom du cardinal Ni-
«n./raic» nard Pez, Thesaur. anecd., tome III, p. 3:25, colas d'Aragon 5° les vies de saint Léon IX,
;

Pairoi.. de la publication d'une histoire des souve- de saint Grégoire II, d'Innocent III, d'Inno-
,a.,Mi.927.
j.jjjjjg pontifes, depuis saint Pieire jusqu'à cent IV, d'Urbain IV et de Grégoire lU, qui
Célestin III, c'est-à-dire jusqu'à l'an H9I. seules méritent proprement le titre de Vies,
L'auteur anonyme parait avoir vécu dans le tout le reste n'étant que de courts résumés.
diocèse de Passa u ou dans celui de Salz- M. Waterich a de plus emprunté aux chro-
bourg. Il n'a guère fait que rapporter ce niqueurs contemporains tout ce qui se rap-
qu'on connaissait déjà pour les siècles anté- porte au pape, surtout pour les faits qui in-
rieuis à l'époque où il a vécu; mais il est téressent l'Italie et l'Allemagne faisant à ,

remarquable dans l'histoire des papes des peu près, pour l'histoire des quatre siècles
-xi' et XIV siècles. On peut observer qu'il ne de l'Eglise romaine, ce que dom Bouquet a
fait aucune mention de la fable de la pa- l'ait pour l'histoire de France. Après chaque

pesse Jeanne, mais il donne sans intervalle époque se trouve un recueil des principales
Léon IV comme successeur de Benoit III. U lettresou pièces diplomatiques qui la con-
garde le même silence sur les arts magiques cernent, puis des documents et formules,
par lesquels Sylvestre II serait parvenu au qui sont comme la partie législative de l'ou-
suprême pontificat. Une partie de cet écrit vrage. Cette publication ed'ace complètement
est reproduite dans le recueil paru chez En- le recueildes vies des papes, que Muratori
gelman, à Leipsik, en 1862, sous le titre de a inséré çà et là dans plusieurs volumes de
Pontificwn rmimtorum qui fuerunt inde ab ses Scriptores. Elle est plus abondante, plus
exeunte sœculo ix usque ad finetn sœculi xiii, soignée, plus critique, plus méthodique, en
vitœ ab œqualibus conscriptœ. L'auteur de ce un mot incompaiablement meilleure sous
recueil, M. Walerich docteur en philoso-
, tous les rapports '.

phie en théologie, professeur d'histoire


et 12. IC" Lettre d'un anonyme, témoin ocu-
au lycée de Worms, s'est proposé de réunir laire sur la prise de Constantinople par les
et de donner les meilleurs textes des docu- croisés, en 1204. Elle est reproduite d'après
ments historiques qui existent sur les papes Martène, Thésaurus anecdol lome I, p. 784.]
.
,

' Etudes religieuses, hisloriques et littéraires, jan- vier-tévrier 1863, pag. 157, 158.
,

[XIP SIÈCLE.! CHAPITRE LXXXF. — AXASTASE IV, PAPE. 9M

CHAPITRE LXXXI.

Des papes Anastase IV [1154), Adrien IV [1159] et Alexandre III [1181].

inuia.eiv. 1- Le successeur d'Eugène III fut Anas- avec défense aux évêques de prononcer au-
''"•
t.ise IV, vieillard respectable par sa vertu, cune sentence d'interdit, de suspense ou
et d'une grande expérience dans les atl'aires, d'excommunication dans les églises dépen-
nommé Conrad. 11 était romain de naissance dantes de cet ordre. La bulle est datée du
et évêque de Sabine. Son élection se lit le 12 des calendes de novembre, indiction 4,
9 juillet 1153, el il ne tint le St-Siége qu'un l'an Ho4. H faut lire, indiction 3; elle avait
an, quatre mois et vingt-quatre jours, étant commencé dès le mois de septembre de
mort le 2 décembre M 54. l'aniice précédente.
2.11 reste de lui neut lettres imprimées ">. Dom Martène - a publié une autre bulle
so. inirM.

?. 3. », 5, dans les collections des conciles ', dont sept du même pape, datée de la première année
hJ'lii'a'
^°^^ P°"'' l'éprimer les vexations faites par de son pontificat, en faveur de l'abbé de Sa-
les bourgeois de Vezelay et le comte de vigny et de ses successeurs, qu'il confirme
Nevers à l'abbé et à l'abbaye de ce nom. dans la juridiction et l'autorité qu'il avait
Elles sont adressées aux archevêques de Sens sur tous les monastères dépendant de cette
et de Bourges et à quelques autres évêques. abbaye. 11 nomme tous ces monastères, par-
il y en a une à Louis Vil, rui de France, et mi lesquels se trouve celui de la Trappe.
une en général aux évêques de ce royaume. 6. [Le tome CLXXXVIII de la Patrologie, r.Mo.tàm
La septième est à Ponce, abbé de Vezelai, col. 989-1088, contient quatre-vingt-sept let- \'^àil[l\\
dans laquelle le pape l'exhorte à souli'rir en très et privilèges. Ceux-ci, en plus grand p^irotjî,.'*

patience, et lui défend d'accorder dans son nombre que les lettres, sont des confirma-
église aucune marque de distinction ou tions d'anciens privilèges ou des concessions
d'honneur au comte de Nevers. de nouveaux privilèges à des monastères, à
Kpisi. I, 3. Dans la lettre à Engelbald, archevêque des églises, à des évêques. La
lettre quatre- g^i^, jj_

.x'xivMr; de Touis, Adrien lui ordonne de s'informer vingt-sixième de l'an 1154, 28 novembre, "'">"•
'"
oiV.) '
avec suin de la conduite de l'évêque de Tré- est adresséeaux évêques de Suède. Le pape
guier, et de lui en rendre compte par écrit, leur marque la joie qu'il a eue en apprenant
après l'avoir ouï lui-même en présence de que leur nation a fait des progrès dans la
personnes discrètes et de son clergé vou- : doctrine des apôtres, et qu'ils ont reçu avec
lant qu'au cas qu'il se trouvât coupable des respect, dévotion et soumission, le légat Ni-
crimes dont il était accusé, il le suspendit colas, évêque d'Albane. 11 leur recommande
d'abord de ses fonctions et qu'ensuite il, le respect envers l'Eglise romaine et l'obser-
l'envoyât à Home, pour y être puni suivant vation des constitutions portées par le légat.
la rigueur des canons. Il les exhorte à se montrer en tout les mo-
Epist.8«9 4. 11 y a une lettre du même pape aux dèles du peuple. Prenant en considération
•»î'.'t?'M'''ii' chanoines réguliers de saint Jean de Latran, l'éloignement de leur pays, il tempère le
"' décjet que le concile général de Latran avait
dont il coniirme l'établissement, les biens et
les privilèges, et une autre aux chevaliers de porté contre ceux qui exerceraient des actes
Sainl-Jean de Jérusalem, [établis à Lucques], (le violence sur la personne des clercs; il .

auxquels il accorde la possession des obla- n'exige le voyage de Rome que pour ceux
lions faites et à faire à l'hôpital de cette ville, qui auraient tué soit un clerc, soit un moine,
pour l'entretien des pèlerins et des pauvres. ou auraient coupé un br.is à ces personnes.
Le pape leur accorde encore l'exemption Il laisse aux évêques la faculté d'imposer la

de dîme pour toutes les terres qu'ils cul- pénitence convenable aux autres violateurs
tiveront ou feront cultiver par d'autres de ce canon, el celle de les absoudre après

' Tom. X Concit., pag. 1138 et seq. [PatroL, tome ' Martène, tom. 1 Anecdot. [PatroL, ibid., Epitl.
CLXXXVIII, col. 1008 et suiv., £>!>(. n-î2.J 6;i, col. lOai.]
912 HlSTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
qu'ilsauront promis avec serment de se sou- leurs, pressés par le clergé et le peuple, lui
mettre à leurs ordonnances. Dans la dernière eurent juré sur les Evangiles qu'ils chasse-
lettre, écrite le même jour,
le pape recom- raient de la ville et de son teiritoire Arnaud
m:\nde au aux grands de Suède, d'exé-
roi et et ses sectateurs ce qui fut exécuté. Arnaud
:

cuter les prescriptions du légat Nicolas. 11 fut livré au prélat de Rome, qui le fit brûler
87, finit sa lettre en renouvelant la recomman- et jeter ses cendres dans le Tibre, de crainte
dation qu'il avait déjà faite aux évêques, que ses disciples ne l'honorassent comme un
touchant la fidélité à payer le cens qu'ils saint.
avaient promis de donner chaque année au 9. Le 18 juin de l'an M55, l'empereur Ilconn
Saint-Siège. Frédéric I" étant à Rome, dans l'église de FréJêric.

Les lettres d'Anastase IV sont précédées Sainte-Marie de la Tour, le pape Adrien


d'une notice historique par Mansi, et d'une l'ayant faitapprocher après que l'on eut
notice diplomatique, par Jaûe.] chanté le graduel à la messe, lui donna de
IV, 7. Dès le lendemain de la mort d'Anas- sa main l'épée, le sceptre et la couronne
tase', on choisit pour lui succéder Nicolas impériale ^. Guillaume, roi de Sicile, avait
Brec-Spere, c'est-à-dire Brise-Lance. 11 était demandé au pape la confirmation de son
Anglais de naissance de parents pauvres.
et royaume. Sur le refus qui lui en fut fait, il

Se voyant s;ins passa la mer,


ressources,
il attaqua les terres de l'Eglise romaine, assié-
quelques années pour
vint à Arles, s'y arrêta gea Pénévent et prit plusieurs places en
faire ses études, passa de là à l'abbaye de Campanie. Le pape l'excommunia; mais ils
Saint-Auf, près d'Avignon, y fit profession s'accorJcrent ensuite, sur la condition que
de la règle de saint .\ugustin, et devint abbé Guillaume lui ferait hommage, et à ses suc-
de cette maison, composée de chanoines ré- cesseurs, du royaume de Sicile, du duché de
guliers. Nicolas, qu'ils u'avaient choisi que Fouille et de la principauté de Capoue, et
pour son mérite, leur déplut quelque temps qu'il paierait le tribut annuel comme ses
après son élection. Ils se repentirent de s'être prédécesseurs. Le pape en donna sa bulle
8, (Pa.
donné un étranger pour abbé, l'accusèrent datée du mois de juin 1156, indiction qua- 0,., 1.

jusqu'à deux fois devant le pape Eugène 111, trième. Pendant qu'il était en Pouille, il re- CLXÏXVni
qui, connaissant que le tort était du côté de çut la visite de Jean de Sarisbery, Anglais
ces religieux, fit Nicolas évêque d'Albane et comme lui, et sou ami particulier, et ils pas-
cardinal. Ensuite il l'envoya légat en Nor- sèrent ensemble environ trois mois à Béné-
vège, où il convertit plusieurs barbares et vent. Nous avons rapporté, dans de l'article
les instruisit avec soin dans la loi de Dieu. Jean de Sarisbery, l'entretien qu'ils eurent
De retour à Rome, il fut élevé sur le Saint- sur ce qui se passait dans le maniement des
Siège sousle nom d'Adrien IV. affaires à la cour de Rome.
>mé. 8. 11 bon, doux, patient, très-instruit
était 10. L'empereur Frédéric, étant en Bour-
iM. dans langues grecque et latine, éloquent,
les gogne vers la mi-oetobre 1137^, y trouva
''"•'
habile dans le chant ecclésiastique, excel- deux légats du pape, avec une lettre où
lent prédicateur, lent à se fâcher, facile à il se plaignait de ce que ce prince n'avait

pardonner, donnant avec joie et avec lar- pas puni les indignes traitements qne les
gesse, estimable en tout. Il n'est pas surpre- scélérats avaient faits dans ses Etats à Es-
nant que, doué de tant de vertus, son élec- quil, archevêque de Lunden, à son retour
tion se soit faite d'une voix unanime. 11 ar- de Rome. Le pape disait dans cette lettre :

riva au commencement de son pontificat, « Vous devez vous remettre devant les yeux

qu'Arnaud de Bresce étant à Rome, où il combien la sainte Eglise romaine vous re<^ut
s'appliquait à répandre ses erreurs, quel- agréablement l'autre année, et comme elle
ques-uns de ceux qu'il avait séduits attaquè- vous conféra de bon cœur la couronne im-
rent Gérard, prêtre, cardinal du titre de périale. Ce n'est pas que nous nous repen-
Sainte-Pudentienne, et le blessèrent dange- tions d'avoir en tout rempli vos désirs; au
reusement. Le pape mit la ville de Rome en contraire, si vous aviez reçu de notre main
interdit, qu'il ne leva que quand les séna- de plus grands bénéfices*, nous nous en ré-

• Tom. X Concil., pag. 1140. * Le mot latin bénéficia signifie, dans son sens pro-
s Ibid. et Pagi, ad au. 115'., r l, et Fazol., pre, bienfaits, et c'est de la sorle qu'il est employé
lib. VII, cap. ni et iv. — » Radenic cap. vni, TX. ici. Heury a mal traduit en mettant bénéficepour
Guntlier, lib. VI, pag. 367. bienfait, [L'éditeur.)
[xii'siÊCLi:.] CHAPITRE LXXXI. — ADRIEN IV, PAPE. yl3
jouirions en considëration des biens que de l'archevêque de Cologne, l'impériale du
vous pouvez procurer à l'Rglise et h nous. » pape '-. »

L'empereur et Ips grands de sa cour, pre- H.Averti que l'emperenr Frédéric s'a- ri

nant ces expressions à la rigueur, en furent vançait vers l'Italie avec son armée, le pape

ne croyint pas qu'il dépendit du pape


irrites, lui envoya deux autres légats, qui le joigni-
de conférer l'empire de Rome ni le royaume rent à Augsbourg ^. Ils lui présentèrent la
d'Italie. Ce prince s'était déjà plaint, étant à lettre du pape. Elle portait en substance que (p

Rome en Hoo, de la peinture qui, dans le l'empereur n'avait pas dû être choqué du %•'

palais de Latran représentait l'empereur


, mot de bénéfice employé dans sa piemière
Lotliaire Agenoux, recevant la couronne de lettre que ce tei me n'y était mis, ni pour
;

la main du pape, avec une inscription en signifier un fief, ni pour marquer que ce
ces termes « Le roi s'arrête à la porte, et
: prince fût vassal du pape mais pour un ,

après avoir juré les droits de Rome, il de- bienfait, et qu'en disant n Nous vous avons :

vient vassal du pape, de qui il lecevait la conféré la couronne, » il n'avait voulu dii'c
couronne, n Adrien IV avait promis de faire autre chose, sinon Nous vous l'avons im-
: (i

effacer cette peinture et celte inscription, et posée.» L'empereur, content de celle lettre,
n'avait point e.xécuté sa promesse. Un des déclara qu'il rendrait son amitié au pape et
légats aigrit encore plus les seigneurs alle- au clergé de Rome. Il admit ces légats au
mands, en disant «lie qui l'empereur
: baiser de paix et leur lit des présents^.
tient-il l'empire, s'il ne le tient pas du pape ?» 12. Celte paix ne fut pas de longue durée ^. ^

Otion, comie palatin, tira presque son épée, Le pape, mécontent de ce que ce prince avait ","

menaçant de lui couper la tèle; mais l'em- obligé les évéques et les abbés de Lombardie '"

peieur apaisa ce tumulte, et ordonna aux à reconnaître qu'ils tenaient de lui les droits
deux légats de retourner à Rome. Cepen- régaliens, lui en marqua sa peine dans une
dant il écrivit par toute l'.XIlemagne pour se lettre qui lui fut rendue par une personne
plaindre du pape et de ses légats, soutenant inconnue. L'empereur, piqué du style de
dans sa lettre que, par l'élection des sei- cette lettre, l'imita dans sa réponse, et, sui-
gneurs, il ne tenait l'empire que de Dieu vant celui des anciens Romains, il mil en
seid, et que quiconque dirait qu'il avait reçu tète son nom avant le nom du pape, el dans
du pape la couronne impériale, s'opposait à le corps de la lettre toi au heu de cous, con-
l'insiitution divine. 11 ne laisse pas d'y re- tre l'usage établi depuis longtemps de nom-
conuaîtie deux glaives, du
l'autorité des mer au pluriel, par honneur, celui à qui l'on
spirituel et du temporel. Le pape, de son parle ^. Le pape se plaignit de ce manque de

côté, écrivit aux évéques de France et d'Al- respect et de l'hommage qu'il s'était fait ren- ^^j'

lemagne pour se plaindre de la manière dont dre par les évéques, contre la foi qu'il lui
on avait traité ses légats, et demander qu'on avait jurée ".
11 concluait sa lettre en mena-
,n., leur fit Les évoques, dans leur
satisfaction '. çant Frédéric de la perte de sa couronne.
'.b/' réponse, témoignèrent avoir été mécontents L'empereur répliqua d'un ton encore plus
^

I ) de sa première lettre, et ajoutèrent que, se- haut, el il fallut qu'Ebérard, évêque de Bam-
lon son ordre, ayant averti l'empereur, ce berg, prélat distingué par sa doctrine et la
prince avait répondu : « Nous rendons vo- pureté de ses mœurs, en qui l'empereur avait
lontaiiement au pape le respect qui lui est une confiance particulière, s'entremit pour
dti,mais nous ne reconnaissons tenir notre les réconcilier, comme il avait déjà fait à
couronne que de la grûcc de Dieu. L'arche- Augsbourg l'année précédente 1138.
vêque de Mayence a la première voix dans 13. 11 y eut encore entre eux quelques dis-
^
l'éleclion, les autres seigneurs ensuite, selon dans une
putes. sur des all'uires temporelles ', t"'

leur rang : nous recevons l'onction loyale assemblée que l'emperenr Frédéric tint en

' Radenic, cap. xvi. — ' Idem, cap. xvn. » S. Thomas Cantorb.. lib. I, E\usl. 24.
' Idem, cap. xxii. » l'iédéric façouDft à l'idée d'un ouipereur tel que
» cause vcTiUible des couflils entre l'empereur
l.a César, Tibère ou Néron, ne comprenait rien à l'ins-
et le pape furent les rcproclieg énergiques qu'Adrien titution chrélieune de la dignité imiiériaje en Occi-
adressa à Frédéric au sujet de son divorce avec Adé- dent, ni au rôle providenliei d'un empereur catlio-
laïde son épouse. (L'éditeur.) lique, tel que Cbarlemagnc et saint Henri qui met
' Radenic, cap. laieiit leur gloire et leur prérogative à être les dévots
• Klcuiy, liv. LXX Hist. Ka/es., pag. 58, lom. .W . défeuseurs el les humbles auxiliaires de l'Eglise ro-
' Append. ad Rudenic, pag. 563. maine. LudoctriDé par les légistes de Bologne, il se
XIV. 58
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
son camp de Bologne, après la fête de Pâ- 13. Par im ancien abus, condamné souvent T.f»t.

ques de l'an 1159. Mais elles furent termi- dans lesconciles des Gaules ^, les baillis et -p"!-.,' '

nées par la mort du pape Adrien, arrivée le les autres officiers des seigneurs pillaient et
1" septembre de la même année, à Anagni, enlevaient les biens des évèques morts, c'est-
d'où son corps fut transporté à Rome. 11 avait à-dire ce qu'ils trouvaient dans leurs palais ,

occupé le saint-siége quatre ans, huit mois et leurs cliâtCiiux et leurs terres. Raymond,
vingt-neuf jours. Bien éloigné d'enrichir ses comte de Barcelone, avait renoncé à ce pré-
parents, il ne laissa à sa mère, qui était dans tendu droit par une charte de l'an 1130; à
l'indigence, que les charités de l'Eglise de son exemple, Hermengaide, vicomtesse de
Cantorbéry '. C'est le témoignage de Jean de Narbonne, fit une pareille renonciation en
Sarisbéry. faveur de l'archevêque, par acte donné à
14. Ce fut lui qui se chargea de demander Montpellier le 15 janvier 1135, au mois de
au pape Adrien, pour Henri II, roi d'Angle- décembre de la même année. Le pape Adrien
terre, la permission d'entrer en Irlande, pour confirma cette renonciation par une bulle
en soumettre le peuple aux lois et en extir- adressée à Bérenger, archevêque de Nar-
per les vices , faire payer à saint Pierre un bonne.
denier par an de chaque maison , et conser- 16. A la mort d'Anselme, archevêque de ,.pi„ ,

ver en leur entier les droits de l'Eglise. Ce Ravenne, l'empereur Frédéric, qui se trou- '^^',',1°'-

"'''^''
EpijI. ini pape accorda avec plaisir cette permission au vait alors en Lombardie, fit élire à sa place
roi Henri, dans la vue de l'accroissement de Gui fils du comte de Blandrate Quoique
,

c£xixv°iT'
l'Eglise -. La bulle, qui est rapportée par l'élection eut été faite du consentement du
Matthieu Paris et par plusieurs autres histo- pape, qui y avait envoyé le cardinal Hyacinthe
riens, est de l'an 1136 ^. Le pape y joignit un pour y assister de sa part, Adrien refusa de
anneau d'or orné d'une émeraude en signe la confirmer, sous prétexte que Gui, qu'il

d'investiture, et cet anneau fut conservé dans avait reçu dans le clergé de Rome à la prière
les archives *. de l'empereur, pouvait être d'une grande

regardait sérieusement comme l'unique propriétaire sistent dans une plus grande extension de la reli-

du sol, il prétendait que li?s évèques et les églises gion, les faits dont il s'agit s'expliquent, se justifient,
étaient incapables de posséder en propre une maison. et les considérations secondaires de l'ordre humain
[L'éditeur.) — • Tom. X ConciL, pag. 1143. tombent d'elles-mêmes.
* Les lettres et privilèges d'Adrien, au t. CLXXXVIU Au reste la démarche du roi d'Angleterre n'a rien
de la Pairologie, sont au nombre de 259 la plupart : de surprenant. Tout le monde reconnaissait alors au
sont des pi'iviléges. Ou parlera des lettres plus im- pontife romain un droit spécial sur les îles. Les
portantes. Elles sont précédées d'uue notice histori- Grecs étaient d'accord là-dessus avec les Latins.
que par Mausi, de sa Vie par le cardinal d'Aragon, Théodore Balsamon, patriarche grec d'Antioche,
et d'une notice diplomatique par Jafîé. Elles sont sui- composait alors son Corps de droit canonique, où il
vies de trois qui lui sout adressées par les évèques a inséré la donation de Constantin, qui concède
de Germanie, par l'empereur Frédéric et par les toutes les îles à l'Eglise romaine. Jean de Satisbéry,
consuls de Gênes. [L'éditeur.) — » 11 faut lire il55 Metalogicus, c. ultim., se réfère à cette pièce. Et ce
d'après Labbe. ConciL, tom. X, col. 1144. [L'édit.) qui surprendra peut-être encore plus de nos jours,
''
Ainsi les rois avaient recours au pape pour leurs c'est que, l'an 1173, le même roi Henri II écrit au
eutrepr.ses temporelles ils invoquaient la nécessité
; pape Alexandre 111 en ces termes « Le> royaume :

de seconder les progrès de la civilisation chrétienne, d'Angleterre est de voir.- juridiction, et quant à l'o-
de fortifier l'action de l'Eglise, de pourvoir à l'ins- bhgalion du droit féodal, je ne me reconnais sujet que
truction du peuple et d'extirper les vices; toutes cho- de vous. Que l'Angleterre apprenne ce que peut le pon-
ses bonnes en elles-mêmes ils ne voulaient rien
; tife romain, et puisqu'il n'use pas d'armes matérielles,

faire sans l'approbation du souverain pontife, et il qu'il détende par le glaive spirituel le patrimoine de
semble qu'ils auraient cru ne pas réus^ir s'ils ne l'a- saint Pierre. » Baronius, ad an. 1173. L faut donc que
vaient point obtenue et de fait cette haute appioba-
: les historiens hostiles ou inattentifs à la signification
tion leur communiquait une grande puissance d'ac- de ces faits eu prennent leur parti. Le pape était
tion. Sans doute ces promesses des princes ont pu alors puur la chrétienté entière, ce que serait au-
être souvent dictées par des vues d'une politique jourd'hui un congrès d'hommes choisis pour aviser
personnelle et par des désirs de conquêtes; sans aux moyens d'étendre la civilisation par toute la terre,
doute des papes ont pu voir dans ces offres des et pour l'aire respecter partout la vérité et la justice.
princes des moyens de prospérité personnelle, quoi- Au reste le roi Henri 11 ne put mettre à exécution
que l'histoire n'eu dise rien. Mais ce qu'il faut con- la concession d'Adrien IV. Ce ne fut que plus tard
sidérer djns ces actes de soumission d'une part et que les Irlandais eux-mêmes la mirent à exécution.
de protection de l'autre, ce sont les résultats qu'il a Voyez Dictionnaire de l'histoire universelle de l'E-
plu à la Providence de tirer de ce concours de cir- glise, par Guérin. [L'éditeur.)
coQotances. Or, ces résultats ayant incontestahle- ' Marca, Concoid., lib. Vlll,cap. xvlil, nota ullima
ment tourné au profit de l'humanité, puisqu'ils con- et addil. Baluz, ibid., pag. 1317.
[Xll" SIÈCLE.] CHAPITRE LX-XXI. — ADRIEN IV, PAPE. 915

utilité à l'Eglise romaine, tant par son mé- gnage de l'archevêque de Thessalonique, les

rite personnel que par le crédit de ses pa- Grecs n'avaient pas encore rompu formelle-
rents; mais Frédéric le maintint en posses- ment avec l'Eglise romaine; ils reconnais-
sion de l'archevêché de Ravenne. saient encore le pontife romain pour leur
17. Adrien IV, h l'exemple de ses prédé- père, leur pasteur et même le pasteur des
cesseurs, souhaitait ardemment
la réunion pasteurs; les évêques mêmes se disaient en-
de l'Eglise de Constantinople avec celle de core ses enfants et ses ouailles.] Cette lettre
Rome. en écrivit à Basile d'Acride, arche-
Il ne se trouve pas dans la Collection des con-
vêque de Thessalonique, par les deux nonces ciles du père Labbe; mais la lettre du pape

qu'il envoyait l'empereur Manuel, en l'ex-


.'i et celle de l'archevêque sont dans le Code du
hortant h travailler à cette réunion. « 11 n'j' droit grec-romain, de l'édition de Marquard
qu'une Eglise, qu'une ar-
a, dit-il à Basile, Freherus ', à Francfort, en 1596, in-fol., et
che de sanctifiration où chacun des fidèles
,
à la suite des Commentaires de Zonare sur les
doit entrer pour se sauver du déluge, sous Canons des conciles, à Paris en 1618, in-fol.
laconduite de saint Pierre. Vous n'ignorez 18. Le pape Adrien bien informé que
,

pas que, selon la doctrine des saints pères, Hugues de Champ - Fleuri chancelier de ,

l'Eglise romaine a la primauté sur toutes les France, avait travaillé efficacement à l'union
églises, et qu'il en a été ainsi ordonné pour du roi Louis-le-Jeune son maître, et de Henri,
ôter entre elles toute division. Bevenez donc roi d'Angleterre, ne se contenta pas de l'en

premièrement à l'unité, et ensuite donnez remercier par une lettre, mais il prit soin de
vos soins pour y faire revenir votre peuple lui procurer plusieurs bénéfices et de lui

avec votre Eglise, et faites que tous ceux confirmer en même temps ceux qu'il avait-.
qui sont chargés du soin des brebis du Sei- , Comme il était chanoine de Paris et d'Or-
gneur retournent au troupeau de saint Pierre, léans, le pape ordonna au chapitre de Paris
à qui Jésus-Christ en a confié la garde, comme de lui assigner ses revenus en entier dans
des autres. » quelque lieu où il se trouvât. Il donna le
L'archevêque de Tliessnlonique répondit même ordre aux chanoines de Sainte-Croix
au pape qu'il avait lu sa lettre et écouté sa d'Orléans. Ou voit, par la lettre du pape 3,
qu'ils avaient d'abord refusé d'obéir, et que,
voix comme les lirebis écoutent celle de leur
pasteur; qu'ainsi il ne devait pas le regar- parce que Hugues ne faisait point de rési-
der, ni lui ni les siens, comme des brebis dence, ils lui avaient ôté la moitié de ses re-
égarées ou qui refusassent de le reconnaître venus. Mais on les obligea de restituer le
pour pasteur ni d'être soumis à sa garde. tout. Adrien pria même Tbibaud, évêque de
(I Nous sommes ,dans la confes-
ajoute-t-il ,
Paris, de donner à Hugues le premier ))er-
sion de saint Pierre; nous prêchons et nous sonnat ou dignité qui vaquerait dans son
confessons celui qu'il a confessé. Nous n'in- l<:glise, et aux chanoines de la même Eglise

novons rien contre les décrets des pères; de lui accorder la première dignité vacante
nous ne retranchons rien des paroles de l'E- et les premières maisons qui viendraient à
vangile, ni des Epitres des apôtres. Nous vaquer dans leur cloître. 11 confirma encore
prêchons et nous enseignons la même foi que au chancelier le grand archidiaconé d'Arras,
vous, et il en est de même de toute l'Eglise dont il avait été pourvu par l'évèque Gode-
froi^; et parce que le prélat lui avait
fait
de Constantinople. Nous n'avons avec vous
qu'un même langage sur la foi; le sacrifice promettre par serment de lui résigner la
que nous offrons dans les églises d'Orient est chancellerie le pape l'absout de ce serment
,

le même que l'on oll'redans les églises d'Oc- et de la condition illicite qu'on avait exigée
cident auxquelles vous présidez. Si quelques de Cet évêque en donnant à Hugues le
lui. ,

petits sujets de scandale nous ont éloignés grand archidiaconé, lui avait ôté nue église
les uns des autres, votre Sainteté pourra les dont il était eu possession; le pape ordonna
faire cesser par fon autorité à Godefroi de la lui restituer, et à
Samson,
si étendue, avec

le secours de l'empereur, qui est dans les archevêque de Reims, de veiller à cette res-
mêmes intentions. » [On voit que dans la se- Ce sont les premiers exemples de
titution.
dispenses du pape pour la résidence cl
lu
conde moitié du xii' siècle, d'après le témoi-

Zonaras, pag. 783. et V Juns Grœcontm. " Flcui'y, Histoire ecclésiasl., liv. lAX, tom. X\,
'
lib.
= O'iclques-unes des lettres qui suiveut furent pag. 64.
écrites avaut la conclusion * Ou Godescalc. (LdJiteur,
de la paix. {L'éditeur.} )
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
pluralité des bénéfices, et de recommanda- à celui de Tolède comme à son primat. Par
tions ou mandats pour etigagei' les ordinaires une troisième lettre à Jean, le pape le chargea ^i;;",

à promettre des bénéflces avant qu'ils va- de s'informer de la vie et des mœurs de l'évê-
quassent. Ce pape eut recours à la médiation que de Pampelune, accusé de divers crimes.
du chancelier pour faire rentrer l'abbé de 22. Les deux lettres au clergé et au peu- ^
Ei

Compiègne dans les bonnes grâces du roi pie de Plaisance regardent l'élection qu'ils ^bj.e,

Louis. avaient faite de Hugues, fils de Pierre de ^i/^^

19. Ce prince, avec le roi d'Angleterre, Léon. Quoique Hugues fût très-utile et même
avait formé le dessein d'aller en Espagne nécessaire â l'Eglise romaine, Adrien con-
faire la guerre aux infidèles; mais avant de sentit à son élection et la confirma. Il leva
partir, il envoya demander le conseil et la en même temps l'interdit jeté sur cette ville
faveur de l'Eglise romaine sa mère. Le pape, à cause de certaines rapines qu'on y avait
après avoir loué son zèle, conseilla au roi commises.
Louis de ne pas entrer dans nn pays étran- 23. Il soumit à Henri Dandolo, patriarche e
ger sans l'avis des seigneurs et du peuple, de Grade, l'archevêché de Zara ou Jadera en ^P«'f
parce qu'il serait à craindre que son voyage Dalmatie, et les évôchés de cette même pro- '"•
ne fut sans aucune utilité, qu'il ne leur devint vince,avec pouvoir d'en sacrer l'archevêque,
à charge et qu'on ne l'accusai de légèreté. Il sauf le pallium que celui-ci continuerait de
faitsouvenir ce prince du mauvais succès recevoir du pape. La bulle, qui est souscrite
de son voyage à Jérusalem avec le roi Con- de treize cardinaux, est du 13 juin 1157. Par
rad, parce qu'il l'avait entrepris sans avoir une autre bulle de même date, il accorda au
consulté cen.ï qui étaient sur les lieux, ni patriarche de Grade la faculté d'ordonner un
pris les précaulions nécessaires, et des re- évêque à Constantinople et dans toutes les
proches que s'attira l'Eglise romaine pour autres villes de l'empire grec où les Vénitiens
luiavoir conseillé ce voyage. Le pape ajoute avaient des églises. Cette seconde bulle est
que, par tous ces motifs, il a différé l'exhor- signée des mêmes cardinaux. Quoique les
lation au peuple de son royaume, que Rohon, Zarétins souffrissent avec beaucoup de peine
évêque d'Evreux,lui avait demandée; qu'en que leur archevêque fût soumis au patriarche
attendant il lui accordait ses lettres de pro- de Grade, l'archevêque de Zara étant à Rome,
tection contre tous ceux qui voudraient atta- donna lui-même sa soumission par écrit, et
quer son royaume pendant son absence. Cette l'on en dressa un acte public. Le pape Adrien ^ c
lettre est du 18 février t^^9. informa les Vénitiens de tout ce qui s'était '£^
20. Adrien IV s'intéressa, comme avait fait passé en cette occasion.
.\nastaseson prédécesseur, pour rédimer de la 24. Nous avons deux autres bulles du même
vexation l'ubbé et l'abbaye de Vézclai; et sa- pape ' :l'une tirée du tome IV du Spicilége,
chant que l'abbé avait, contre les privilèges l'autre du tome I" des Anecdotes de doni
accordés à son monastère et contre le senti- Martène *. La première, qui est aussi rap- ii

ment de sacommunauté, donné à Simon de portée dans les Conciles du père Hardouin, coi'.

Silviniac une table de changeur, il l'obligea et adressée à Léonat, abbé du monastère de


de la lui faire rendre. 11 soumit à l'abbaye Saint-Clément, dans l'ile de Casaure, met ce
de Cluny celle de Baulne, dans le diocèse de monastère sous la protection du Sainl-Siége,
Besançon, voulant qu'à l'avenir on ne lui défend à tout évêque d'y faiie aucune fonc-
donnât plus le titre d'abbaye, mais celui de tion épiscopale, permet à ses moines de re-
prieuré. cevoir les ordres de quel évêque ils vou-
Jean, archevêque de Tolède, souhai-
21. dront, et ordonne que l'abbé sera toujours
;
tant donner une nouvelle vigueur aux privi- choisi par les suffrages de la plus saine partie
i
léges que ses prédécesseurs avaient obtenus de la communauté, selon Dieu et la règle de
des papes Urbain H Pascal, Calixte et Eu-
, saint Benoit. La seconde confirme aux cha- ^

gène, supplia Adrien IV de les confirmer. noines de Saint-Eusèbe à .\uxerre la dona- ^^i-

Adrien le Qt par deux lettres qu'il lui adressa tion qui leur avait été faite par l'évèque Alain
la seconde année de son pontificat. Eu con- du revenu de la première année des prében-
séquence, il en écrivit une à l'archevêque de des de la cathédrale.
Prague, par laquelle il lui ordonnait d'obéir Dom Martène a publié quelques autres.

['om. VI Concil. limdiiiuij pag. 13i)o. Murteu., Anecdot., tom. I, pag. UO.
IXII'Slf;CLE. CHAPITRE LXXXI. — ADRIEN IV, PAPE. 917
lettres du même
pape dans le tome II de sa synode qu'il défendait tout appel au Siège
Grande Collection [et dans le 7'liesaurus Anec- apostolique. Le pape charge Hillin, archevê-
doiorum.] Elles ne contiennent rien de bien que de Trêves, de faire une enquête sur ces
remaïquablc '. faits, de l'envoyer à Rome et de faire res-
;';,''',„ 23. 11 coutiima, eu 1133 -, l'établissement tituer aux chanoiues la prébende qui leur
'' > des clianoines réguliers de Sainte-Geneviève avait été enlevée après l'appel.
à Paris, fait par l'autorité du pape Eugène III. Des moines avaient accusé Conrad, évêque
L'''""'-'^ suivante, il écrivit à Bérenger, ar- d'Augsbourg. Le pape ayant entendu les
i',i°3oi
'•>' '
chevêque de Narbonne et légal du Saint- parties, déclara Conrad innocent et inlligea
Siège, de l'aire observer inviolablement l'ex- de fortes punitions à ses accusateurs.
communication prononcée par le pape Eu- Le pape, dans la cent deuxième lettre,
gène contre le comte Geotl'roi, pour avoir écrite au mois de juin 1136, confirme la paix
répudié sa femme légitime et eu avoir épousé qui avait été conclue par ses légats avec Guil-
une autre qu'il avait encore. laume, roi de Sicile. Dans la suivante, il or-
»r'^°t [-^- ^'^^ lettres et privilèges d'Adrien IV, donne aux évoques d'.\grigentc, de Mazare,
ijcf^î réunis ou indiqués tome CI.XXXVIII
au de Malte, d'obéir à l'archevêque de Palerrae.
.pn,o de li\ J'at/ologie , sont au nombre de doux Le clergé de Plaisance menait une vie peu
cent cinquante- huit. Voici les lettres les régulière .-Adrien l'engage, par une lettre
:

plus importantes après celles analysées par écrite le 23 janvier 1138, à changer de con-
II. in. notre auteur. Le 27 février 1133, Adrien duite et à obéi ralingues, évéque de Plaisance.
écrivait aux évêques d'Ecosse d'obéir à Ro- Le comte de Barcelone, Raymond, avait
ger, archevêque d'York, comme à leur mé- donné, en piusieuis occasions, des preuves
i-i n. lropoliiain.Le20décembresuivant, il écrivait non équivoques de dévoùment au Saint-
à l'archevêque de Tours de terminer à l'a- Siège. Le pape, voulant lui donner une preuve
miable avec l'archevêque de Dol la question de sa reconnaissance par une lettre adres-
,

des sutfragauts depuis si longtemps soulevée, sée, le 23 juin 1358, aux archevêques de
ou de se faire représenter à Rome par le Tarragone et de Narbonne, prit ce comte et
doyen de son Eglise et par d'autres personnes ses possessions sous la protection du Siège
convenables avant la Toussaint de l'année apostolique.
prochaine, pour y recevoir la décision du La lettre deux centième, écrite on ne sait
i. :<. Saint-Siège. Le même jour, il écrivait à tous en quelle année, est pour recommander fi
les clercs et laïcs de la province de Dol, con- Louis-le-Jeuue, roi des Français, l'abbé et
firmant la sentence d'excommunicatiou que les religieux de Prémontré. Le pape, dans
l'archevêque Hugues avait portée contre ceux cette lettre, fait un grand éloge de la religion,

qui usurpaient les biens de l'Eglise. du roi et de son dévoùment au Saint-Siège.


,i.t. 1-, Des gens de Baudouin Jérusalem , roi de ,
Les lettres deux cent deuxième et deux
avaient enlevé de l'argent et pris un vaisseau cent troisième sont adressées à Gauthier,
a la république de Gênes. Le pape, l'ayant su, évêque de Laon. Adrien lui recommande de
ordonna au roi de restituer ce qui avait été conserver avec soin les bénéfices accordés à
ib.d. enlevé. En même temps il écrivait, dans le , l'ordre de Prémoniré par les évêques ses
même but, au comte de Tripoli prince d'An- ,
prédécesseuis, et de ne pas soull'rir qu'on y
tioche, au patiiarche de cette ville et à plu- porte atteinte.
sieurs auties évêques. La dernière lettre d'.\drien, concerne son
II. «6. Ainoul, archevêque de Mayence, était ac- dillërend avec l'empereur Frédéric Barbe-
cusé d'avoir donné nue prébende eu béné- rousse. Si celui-ci n'était pas ilisposé à
lice à des laïcs; d'avoir distrait l'or, l'argent céder, le pape l'était encore beaucoup moins.
et les ornements de l'église sans consulter le Le l'J mars 1139. il écrivit aux archevêques
clergé ni le peuple; d'avoir, après l'appel de Mayeuce, do Trêves et de Cologne, et à
iuteijeté àRome, enlevé aux chanoines de leurs sntl'ragants, une lettre que Hahn rap-
Saint-Martin de Mayence une grande partie porte en entier ' et que M. Rohrbacber a tra-
de leurs biens, et d'avoir fait publier dans un duite pour la plus grande partie '. La l'alru-

' Oo les Irouvc au tome CLXXXVlll de la Putrj- « baluz., iliscell., toiii. Il, pag. 223,224.
logie, Epist. 19, i5, 29, 35, 30, 37, 41, 47, 57, 58, 61, ' Habu, Co/lect. Monument., toui. 1, pag. 122.
63, 66, 67, 91, 123, 151, 153, 160, 161, 162, 163, 173, ' Rorlibarlier, Hist. universelle de i'Egtise cutUoli-
214, 217, 219, i20, 221, 222, 218. {L'éditeur.) que, tom. XVI, pag. 106-107.
,

HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


F.pist 25R, logie la plus grande partie de
reproduit aussi princes? Est-ce que les empereurs allemands
cette lettre donnant telle qu'elle est
en la ont pu arracher Rucher (Roger) de la Sicile

dans Pertz ', où elle est un peu différente du de la Calabre et de l'Apulie?... Comment
texte de Habn. Le pape déclare aux évêques soumettra-t-il la Grèce, tandis qu'il n'a pu (ou
â qui il s'adresse qu'entre lui et le roi, dont ne peut) soumettre la Dacie tandis qu'il n'a ;

la part est hors de l'héritage du Seigneur, il pu, l'année précédente, dompter par sa va-
ne peut pas exister de communion que cette ;
leur et avec la force de son armée la Frise,
division, toutefois, qu'il a provoquée, retom- c'est-à-dire le chef de la Saxe et de la Ba-
bera sur sa tète. Adrien ajoute que l'empe- vière ? Nous vous avons écrit ces choses, afin
reur n'a tenu aucune de ses promesses, qu'il que vous fassiez rentrer votre roi en lui-
a soulevé contre le pape la ville de Rome, même. »]
parce qu'il a répandu le sang des Romains 27. Adrien IV écrivit en un livre l'histoire a

et l'a mis sur la tète du successeur de saint de sa légation dans les provinces du nord; ïdi'

Pierre. « Aussi, continue le pontife, nous le un traité de la Conception de la bienheureuse


frapperons publiquement d'analhème ^. Voici Vierge, adressé à Pierre de Pontigni, évêque
encore plus ce Jéroboam cherche à vous
: d'Arras; des homélies et des catéchèses aux
imposer le joug de son iniquité et à vous en- peuples de Norwége et de Suède. Il en est
traîner dans sa ruine et dans sa damnation. fait mention dans la Bibliothèque pontificale '
]l égale sa puissance à comme si la
la nôtre, et dans les additions d'Oldoin Ciaconius.
nôtre élail bornée à un coin comme le royaume 28. On doniui pour successeur à Adrien iV ^^ai

teutonique, et ne s'étendait pas aux autres Roland, cardinal et chancelier de l'Eglise ro-
royaumes où également redoutée, ac-
elle est maine, natif de Sienne et fils de Raiuuce *.
cueillie et chérie. Est-ce que l'empire n'a pas Son élection se fit le 7 septembre 1139 par
été transféré du royaume des Grecs chez les les suffragesde tous les cardinaux, excepté
Allemands, à la condition que le roi des Teu- du titre de Sainte-Cé-
trois, savoir, Octavien,
tons ne serait appelé empereur qu'après la cile ;Jean de Morson, du
titre de Saint-Mar-
consécration que lui donnerait le successeur tin, et Guy de Crème, dutitre de Saint-Ca-
de l'apôtre saint Pierre? Remarquez bien ces liste. Ces deux derniers élurent Octavien ,

paroles Avant la consécration il n'est que


: sous le nom de Victor 111, appuyés par des
roi ; après qu'il a reçu la consécration il est gens armés. Les cardinaux qui avaient choisi
auguste et empereur. D'où a-t-il donc l'em- Roland, sortirent de la ville avec lui, et se
pire, sinon par nous? C'est par nous qu'il retirèrent à treize milles de en un lieu Rome
commande. 11 nous reproche d'avoir fait de appelé les Nymphes, où il fut sacré par les
Viterbe. province de l'empire, une nouvelle mains des évêques d'Ostie, de Sabine et de
Rome et d'y avoir transporté le Siège apos- Porto, assistés de cinq autres évêques, en
tolique, lorsque toute l'Apulie est sous notre présence d'un grand nombre de cardinaux,
autorité, etnon sous la sienne nous sommes ; de prêtres, d'abbés et d'une grande partie
en deçà des Alpes, et lui est au-delà des Alpes. du peuple romain, sous le nom d'Alexan-
N'a-t-il pas son siège à Aix-la-Chapelle, dans dre III, le 20 septembre, qui était un diman-
lesArdennes, comme nous avons le nôtre à che Octavien fut plus d'un mois à chercher
'5.

Rome? Autant Rome est au-dessus d'Aix-la- des évêques qui voulussent le sacrer, et il le

Chapelle , autant sommes-nous au-dessus de fut enfin le premier dimanche d'octobre par
votre que nous ne pourrions pas
roi. I']st-ce Igraar de Tusculum, assisté des évêques de
jeprendre l'empire accordé aux Allemands Melfi et de Tusculum.
et le transférer aux Grecs? Comment votre 29. Alexandre, s'étant retiré à Terracine, ^j* .1 r-j.lB

loi se glorific-l-il de reprendre l'empire sur envoya de des nonces à l'empereur Fri-
là p»;^

les nations étiangères, lorsqu'il peut à peine déric, qui était en Lombardie mais l'empe- ;

contenir dans l'ordre un de ses indociles reur les reçut mal, et ne fit point de réponse

' Pertz, Archiv. IV, pag. 428. logie,où l'on trouve 1° une nolice sur ce pape tirée
Frédéric ne fui cependant pas excommunié par
' de Mansi; 2" sa Vie, par le cardinal d'Ara.!;on, d'a-
Adrien, il ne le fut que par Ale-^tandre 111, quoiqu'eii près Muratori 3" une notice diplomatique, d'après
;

dise Leiiglel-Dufresnoi. Jaffé 4° sis lettres au nombre de quinze cent vinpt-


;

''
Bibliot. Pontifie., pag. 105, et Pagi, ad an. 1159, nue environ 5» deux épitres supposées 6° lo som-
, ;

num. 8. maire de ses décrétâtes; 7» cent une lettres îianoruni


' Acia Alexand., tom. X Concil., psp. 1185. adressées à ce pape. (L'édileur.)
*Voir sur Alexandre III le tome CC de la Palro-
[XIl' SIÈCLE.! CHAPITRE LXXXI. — ALEXANDRE III, PAPE. 919

i'i la lettre Ses cardinaux, au nom-


du p:ipe. 31. Alexandre (Hait rentré dans Rome au
bre de viust-deux, écrivirent encore à ce commencement de l'an llGl; mais n'ayant «

prince, le priint, comme dét'enseur spécial pu y rester longtemps à cau.=e des schisraa-
de l'Eglise romaine, d'obvier aux maux dont liques, soutenus de la famille d'Uctavien qui
elle était menacée, en ne donnant aucune était puissante, il se retira eu France, osile
-
protection à Octavien. Celui-ci, de son côté, ordinaiie des souverains pontifes persécutés,
av;\it eu soin de prévenir l'empereur; et les et arriva h Matiuelone , le 11 avril de la

cardinaux, ses électeurs, écrivirent à tous môme année, d'où il passa à Moiilpellier. 11
les prélats pour fortifier leur parti. Fridéric, y fut reçu par la noblesse et le peuple, par

du conseil des seigneurs de sa cour, assem- plusieurs archevêques et évoques du royau-


bla, le \2 février 11(30, un conciliabule a me. Le roi Louis le Jeune lui envoya Thi-
Pavie, où il fil reconnaître pour pape Octa- baut, abbé de Saint-Germain des-Prés, et un
vien '. 11 avait écrit de Crème, le iJ3 octobre de ses élèves et saint Thomas de Cantor-
;

de l'année précédente, une lettre au pape béry, des députés pour lui demander le pal-
Alexandre, ou, comme il dit, <i Roland, pour lium. Pendant son séjour en cette ville *, il
luiordonner de se rendre à Pavie avec les réitéra publiquement l'excommunication
cardinaux qui l'avaient élu. N'ayant point contre Octavien et ses complices, et écrivit
I comparu, il fut condamné par contumace. un grand nombre de lettres, tant aux évé-
lustrecon. 30. Les rois de France et d'Angleterre, et ques de France que d'Angleterre, i]ui lui

i"'o'.»og"" quelques autres princes, dont les députés étaient attachés.


avaient assisté à cette assemblée , furent Sur la fin du mois de juin 1162, le
32.
quelque temps en balance s'ils reconnaî- , pape Alexandre partit de Montpellier, et vint
traient Alexandre III mais ils furent pleine-
; par Alais, Mende et le Puy, à Clermont, où
ment informés de la différence des deux pa- il arriva le 14 août. Etant à l'abbaye de
pes et des deux élections par les lettres ,
Bourg-Dieu, il y reçut la visite du roi d'An-
d'Odon, cardinal par celles de l'iiilippe,
;
gleterre. De là il passa à Tours, et y célébra
abbé de l'Aumône, ordre de Citeaux, bomuie kl fête de Noël. Au Carême de l'an H63, il
de grande vertu ; par celles d'Arnoul, évè- vint à Paris conférer avec le roi Louis, qui
que de Lisieux, l'un des plus savants et des alla deux lieues au-devant de lui. Il célébra
plus autorisés de son temps par celles de ;
en celte ville la fête de Pâques, et retourna
Jean de Sarisbéry -, et par les lettres de à Tours le 19 mai, jour auquel il avait con-
quelques autres; ils firent reconnaître dans voqué un concile. On y compta avec dix-sept
leurroyaume Alexandre 111 pour pape légi- cardinaux, cent vingt-quatre évéques et qua-
time,quand ils connurent qu'Alexandre avait tre cent quatoize abbés. De Tours, ce pape

été élu par le plus grand nombre et par la plus se retira à Sens, où il demeura depuis le 1"
saine partie des cardinaux, et Victor, seule- octobre 1163, jusqu'à Pâques de l'an 1163 '',
ment par deux; qu'il n'appartenait, ni à Fri- expédiant en cette ville toutes les atl'aires,
déric, ni à son convenlicule de Pavie de dé- comme s'il eût été à Rome. Cependant l'an-
cider de la validité de l'une ou l'autre de ces tipape Octavien étant mort le 22 avril 1161,
deux élections, n'étant pas juges compétents et les Romains ayant promis avec serment
d'une affaire de cette nature; que d'ailleurs de reconnaître Alexandre il partit pour ,

tout s'y était passé par violence et par arti- celte ville , où il arriva le 24 novembre
fice que les évéques qui la composaient
; 1163.
et qui étaientchargés de rendre la sentence, 33.De quatre cardinaux qui avaient suivi
avaient été intimidés par la présence d'une l'antipape Victor, il n'en restait que deux
armée que l'élection de la plupart d'entre
; après sa mort, Jean de Saint-Martin, et Ciui
eux était nulle ou rejelée, et que faute d'é- de Crème. Ayant appelé les schismatiques
vèques, on y avait fait paraître des seigneurs d'Italie et d'Allemagne qui s'étaient trouvés
laïques. Alexandre fut encore reconnu en aux funérailles d'Octavien, ils élurent pour
Palestine, dans un concile tenu à Nazareth, pape le cardinal Gui de Crème, qni prit le
où se trouvèrent Araauri, palriarclic de Jé- nom de Pascal III. L'empereur Fridéric con-
rusalem, et Pierre, archevêque de Tyr firma cette élection, et Pascal fut sacré par
'^.

'
Tom. X Concil., pag. 1387 ; Radenic, cap. LXU, Concil., pag. 1403. — * Toin. X Concil., pag. 1«0.
I.xv, Lxxil. — ' SarUber., Hpisl. 64, 65. » Chronic. Saticti Peiri Vài, toui. II Spicileg,
' Ciuill. Tyr., lilj. XVIll, cap. XXIX, et loin. .X pag. 177.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Henri, évêque de Liège, le 26 avril 1164. des Romains, et se rendit à Rome le 12 mars
Alexandre III ne laissa pas de rentrer dans 1178. Jean de Strume vint le 29 août de la
Rome, et de s'j' maintenir jusqu'au mois de même année se jeter à ses pieds, confessant
juillet de l'an 4167, que la prise de Rome publiquement son péché. Il demanda pardon
par Fridéric l'oljligea de se retirer à Bdné- et abjura le schisme, Alexandre le reçut avec
vent. L'antipape Pascal ,
qui était entré à bonté et le traita depuis avec honneur. Quel-
Rome quelques jours auparavant, y célébra ques schismatiqiies choisirent encore pour
la mcfse le 30 juillet, et le jour suivant il antipape Lando Sitino, à qui ils donnèrent le
couronna dans l'église de Saint-Pierre-aux- nom d'Innocent 111. Mais après avoir porté
liens , l'empereur Fridéric et l'impératrice ce nom quelques mois, Lando fut obligé de
Beatrix son épouse. Les Romains, voyant se soumettre au pape Alexandre. Ainsi finit
qu'ils ne pouvaient plus tenir contre ce le schisme, l'an 1180.
prince, étaient résolus de lui prêter serment Les abus et les dérangements qu'il
36. s,„

de fidélité et de rei onnaitre Pascal, lorsqu'un avait occasionnés, soit dans les mœurs, soit 'i^'t
coup de précédé d'une petite pluie,
soleil, dans la discipline, ne pouvaient guère se ré- uT'
mit la mortalité dans l'armée de Fridéric ', former que dans un concile générai. Le pape
et l'obligea de quilter le voisinage de Rome. Alexandre en indiqua un à Rome pour le
Le pape Alexandre le frappa d'anathcme ^, premier dimanche de Carême de l'an 1179,
lui ôta sa dignité royale, et déchargea les que l'on compte pour le troisième concile
Italiens et tous les autres du serment de fi- général de Latran. 11 en sera parlé plus au
délité. L'antipape Pascal continua toutefois long dans l'article des conciles. Les affaires
h faire son séjour dans Rome, où il mourut des croisés allaient aussi en décadence, par
le 20 septembre 1168. Ses partisans élurent l'accroissement de la puissance de Saladin.
à sa place Jean, abbé de Strume, élu évêque Ce fut une raison au pape d'exhorter les ,|

d'Albane, qu'ils nommèrent Caliste III. princes fidèles et leurs sujets, à marcher au S
34. Cependant Fridéric, après la déroute secours, pour sauver, s'il était possible, le
de son armée en Italie au mois de juin 1176, royaume de Jérusalem, et de publier une
voyant que les seigneurs tant ecclésiasti- , croisade, pour laquelle il accorde la même
ques que séculiers qui l'avaient suivi jusque indulgence que les papes Urbain H et Eu-
là, menaçaient de l'abandonner s'il ne faisait gène III avaient accordée. Alexandre 111
sa paix avec le pape Alexandre, résolut de mourut le 30 août 1181, après un pontificat
les contenter, et fit négocier sa réconciliation de vingt - un ans onze mois et vingt - trois
par des députés. Ce pape qui était alors à jours, à compter du jour de son élection.
Anagni, se prêta aux propositions, nomma Il était éloquent et très-instruit des letties
sept cardinaux pour traiter en son nom dans divines et humaines.
la conférence qui devait se tenir à Venise, et [L'iiomme peut-être qui, au moyen âge,
«

y lui-même. L'empereur Fridéric s'y


alla mérita le plus du genre humain, fut le pape

rendit, et après avoir renoncé au schisme Alexandre III. Ce fut lui qui, dans un con-
d'Octavien, de Gui de Crème, de Jean de cile, au XII' siècle, abolit autant qu'il le pût

Strume, et promis obéissance h Alexandre III, la servitude. C'est ce même pape qui triom-

il fut absous de l'excommunication et réuni pha, dans Venise, par sa sagesse, de la vio-
à l'Eglise catholique, de même que les pré- lence de l'empereur Barberousse et qui ,

lats et les seigneurs allemands qui étaient força Henri II, roi d'Angleterre à demander
présents. La paix fut jurée solennellement pardon à Dieu et aux hommes du meurtre
six jours après, c'est-rt-dire le 1" août 1177, de Thomas Becket. 11 ressuscita les droits
et l'empereur déclara qu'il la rendait aussi des peuples et réprima le crime dans les
au roi de Sicile et aux Lombards avec qui il rois. Avant ce temps, toute l'Europe, ex-
était en guerre depuis longtemps. cepté un petit nombre de villes, était parta-
35. De Venise le pape revint à Anagni, où gée entre deux sortes d'hommes les sei- :

il reçut une députation de sept des principaux gneurs de terres, soit séculiers, soit ecclé-
citoyens romains, avec des lettres du clergé, siastiques, et les esclaves. Les hommes de loi
du sénat et du peuple qui le priaient de re- qui assistaient les chanceliers, les baillis,
venir. 11 prit d'abord ses sûretés de la part dans leurs jugements, n'étaient réellement

• Acerbo Morena, pag. 84S. « Tom. X Concil., pag. USO,


|X1I'SIÈCI.K.1 CHAPITRE LXXXI. — ALEXANDRE 111, PAPE. 9âi
que des serl's d'origine. Si les hommes sont au lorreut qui menaçait la terre. Leurs
rentrés dans leurs droits, c'est principale- mains paternelles éclairèrent la hiérarcliie,
ment au pape Alexandre qu'ils en sont rede- et, à côté de la hiérarchie, la liberté de tous
vables c'est à lui que tant de villes doivent
; les Etats. «
leur splendeur. Les paroles que nous ve-
» L'anglican Hobertson ne pense pas autre-
nons de citer, et qui rendent uu si bel hom- ment La monarchie pontificale, dit-il, ap-
: (1

mage au pape Alexandre, et, en sa personne, prit aux peuples et aux rois à se regarder
il la papauté, sont d'un écrivain peu suspect mutuellement comme citoyens d'une même
de partialité envers les papes; elles sont de patrie, c'est-à-dire comme nés tous égale-
N'oltaire lui-même. ment sujets de Ce centre d'unité
la religion.

.Ajoutons quelques citations d'autres


ici religieuse a été pendant bien des siècles un
écrivains non suspects, et qui montreront ce grand bienfait pour le genre humain. »
qu'ont été ces papes dont l'ignorance, la Enfin le calviniste Sismondi s'exprime ainsi
mauvaise foi et la haine ont tant de fois défi- dans son Histoire des républiques italiennes :
guré l'histoire. « Aumilieu du conflit des juridictions terri-
M. Coquerei, pasteur prolestant, dit dans toriales, le pape était le seul qui se montrât
son Fssai sur l'histoire du cliristianisme : le défenseur du peuple, le pacificateur des
" L'autorité pontificale, en disposant des feudataires. La conduite des pontifes inspi-
couronnes, empêchait le despotisme de de- rait le respect, et leurs bienfaits, la recon-
venir atroce. Il arriva ainsi que pendant ces naissance. »

temps de ténèbres, on ne vit pas d'(?semples Voilà ce que furent les papes, ce que fut
de tyrannie semblable à celle de Caligula : Alexandre 111, de
l'un des plus glorieux rois
un Tibère eût été impossible. Les rois se cette dynastie pontificale qui compte tant de
changent en tyrans aussitôt qu'ils se persua- héros de saints. 11 nous faudrait un
et tant
dent qu'il n'y a rien au-dessus d'eux; alors volume spécial pour apprécier convenable-
l'ivresse du pouvoir illimité enfante les excès ment le pontificat de ce grand pape, et nous
les plus coupables, d ne pouvons disposer que de quelques pages :

Le luthérien ,\ncillon s'exprime ainsi dans nous aurons moins à le regretter, parce que,
1 introduction à son Tableau des )-évolutiuns : sur celle majestueuse figure les ennemis ,

« Au moyen ûge, où il n'y avait pas d'ordre même de l'Eglise sont d'accord avec les his-
social, la Papauté sauva l'Empire de la bar- toriens catholiques; nous n'avons pas, comme
barie; elle créa des relations entre les na- pour tant d'autres papes, à réfuter des cd-
tions les plus éloignées; elle fut un centre lomnies et à réformer des préjugés.]
commun, un point de rappel pour les na- 37. Ses lettres, qui sont en grand nombre, ses

tions isolées ; elle s'interposa entre l'oppres- ont été recueillies par divers écrivains, et qu°'ô'
'-'"'
seur et l'opprimé, renouant les uns aux
et, placées parmi les conciles dans les coUec-
autres les peuples par des liens d'alliance lions du père Labbe, du père Haidouin, et
et d'amitié, elle devint la sauvegarde uni- en dernier lieu dans celle de Venise. Le père
verselle. » Labbe en a publié trois cent quarante-une,
Ecoutons maintenant le piotestant Leib- dont cinquante-six avaient été imprimées à
nitz, dans sus Pensées : « Quelles que soient la fin des œuvres de Pierre de Celles, de
Itisraisons qu'oppose l'abbé de Saint-Pierre, i'éditiûu du père Sirmond, à Paiis en 1631
les princes de 1 Europe seront peu disposés et 1G71, in-4">, et dans le second tome des
à s'assujettir à une espèce de nouvel em- écrits de ce père. Les trente-neuf lettres aux
pire '. S'il réussissait au contraire à les ren- Espagnols insérées dans le troisième tome
dre tous croyants à l'infaillibilité du pape, des Conciles d'L'spayne, par le cardinal d'.\-
sou but serait atteint. Moyennant la supré- guirre, sont aussi du nombre de celles que
matie du vicaire de Jésus-Christ, la paix uni- le père Labbe, et après lui le père Hardouin,
verselle serait assurée et l'âge dor relleuii- ont données. 11 y en a dans le deuxième et
rail.B Le zwinglieu Jean de MuUer dit a sou le quatrième tome des Mélanges de Ijaluze,
tour dans sou histoire universelle : « Sans dans le cinquième du Spiciléye, dans le pre-
les papes, Home n'existerait pas. Urégoire, mier de l'Angleterre sacrée, qui n'avaient pas
Alexandre, Innocent, opposèient une digue encore vu le jour, non plus que celles qui se

'
Leiljuitz fait allusiou au Piojel de paix unh I- Klle lie l'ubbé de Saiut-Herre.
XIV.
,

HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


trouvent dans le premier tome des Anecdotes la prière de Lintulfe, évêque de la même
de dora Martène, et dans le second de sa Eglise. Richard,abbé de Corbie, obtint, en
Grande Collection. Galisonius en fit imprimer 1020, du pape Jean XX, la canonisation d'A-
trois avec les lettres de Léon VII, d'Inno- dalard, abbé du même monastère et celle ;

cent à Tours, en 1694. [Beaucoup d'au-


m, de Paschase Radbert, en 1073 3. Léon IX ca-
tres lettres ont été recueillies par les édi- nonisa saint Gérard, évêque de Tout, en
teurs de la Palroloyie, au tome CC car ils ; 1053, et Pascal II, Pierre Eugène d'Anagni.
en ont réuni près de quinze cent vingt-une ', Ce Alexandre III que le clergé d'Angle-
lut à

sans compter cent une qui sont adressées à terre s'adressa pour la canonisation du roi
ce pape par diliérentes personnes.] Nous ne Edouard, mort il y avait quatre-vingts ans.
nous arrêterons qu'à celles qui nous paraî- Ce pape l'accorda par la réponse qu'il fit aux
tront les plus intéressantes ; car la plupart prélats de ce royaume, datée d'Anagni le 7
ne nous apprennent que les voyages d'A- février 1161. Il remarque dans sa lettre que (p.„oi.,
^
lexandre 111, ou quelques circonstances du des affaires aussi difficiles et aussi importantes 'L'^'m)

schisme les noms et les qualités de ceux


;
que celle-là, ne se décidaient ordinairement
qui en étaient les fauteurs. D'autres concer- que dans les conciles solennels; que toutefois
nent les affaires particulières d'une province par égard pour le roi et pour eux il s'était
ecclésiastique : telles sont les lettres conte- contenté de prendre l'avis de ses frères
nues dans de celles d'Alexan-
le registre c'est-à-dire les cardinaux et les évêqucs.
dre III, second tome de la
rapporté dans le 39. Toutes les lettres suivantes jusqu'à la i,sir„cti,

Grande Collection de dom Martène. Elles ne trente-deuxième, regardent les dillicullés de riëolV.""'

jegardent que ce qui s'est passé dans la mé- saint Thomas de Cautorbéry, et il s'en trouve
tropole de Reims, sous l'archevêque Henri, encore plusieurs dans la suite '. Nous en ^^^^ 33

dont il y a aussi quelques lettres dans ce re- avons parlé ailleurs, de même que de la lettre

gistre et d'Amauri, patriarche de Jérusa-


;
du pape au sultan d'iconie, dont nous avons
lem. Il en contient encore des papes Ur- donné le détail dans l'article de Pierre de Blois,
bain II, Pascal II, Eugène 111, et Adrien IV ;
parce que ce fut lui qui composa cette lettre
mais l'éditeur a supprimé celles d'Urbain et ou instruction pour ce sultan, qui, en 1109,
de Pascal, déjà imprimées dans le cinquième avait prié le pa[)e de lui envoyer une expo-
tome des Mêlamjes du Baluze, ou dans les sition de notre foi. Elle roule sur les deux

Conciles du pure Labbe. Celles du pape Eu- mystères de la Trinité et de l'incarnalion.


gène m, qu'il a publiées, sont au nombre de •40. Sur les preuves que l'on donna au c.nonist-

quinze ; il y en a vingt-deux d'Adrien IV. pape Alexandre qu'il se faisait des miracles "
l^";^^^:'^

38. Avant de l'Eglise, les mé-


le x= siècle au tombeau de l'archevêque Thomas; et sur Epjj, ,3

tropolitains conservaient encore le droit de la connaissance qu'il avait lui-même de ses ép,sr''i(lM;
'"'*
canoniser ceux qui étaient morts en odeur vertus, ayant pris le conseil des cardinaux,
de sainteté dans l'étendue de leur métro- il le canonisa solennellement le 21 février

pole. Mais depuis les souverains pontifes se 1173, ordonna qu'il serait mis au rang des
réservèrent ce droit à eux seuls, et Alexan- martyrs, et que l'on en ferait annuellement
dre III ^ mit la canonisation des saints entre la fête le 29 décembre, qui était le jour de

les causes majeures. Le dernier exemple que sa mort. Les deux bulles qu'il donna pour ce
l'on ait d'une canonisation par un métropo- sujet sont datées de Segni le 12 mars, et
litain, est celle de saint Gautier, abbé de adressées l'une aux moines de la cathédrale
Pontoise, faite en 1153 par l'archevêque de de Cautorbéry, l'autre au clergé et au peuple
Rouen, Saint Udalric, évêque d'Augsbourg, de toute l'Angleterre.
fut canonisé en 993 par le pape Jean XV, à U Etant à Ripaste
. le 28 septembre ^
„\-'^^'Z>>

> Nous disons près de quinze cent vingt-une, car plu- c'est-à-dire eu 1073, ail canonisé Paschase Radbert.
sieurs sont seulement rappelées ici qui eu d'autres ont {L'éditeur.)- Paf roi.,
'< ihid., Epist. 234, 235, 236,238,

leurs chiffres répétés plusieurs fois. {L'édileui:) — 2:i9, Ï40, 244, 331, 352, 367, 372, 378, 379, 380, 381,
> Alcxaud., Epiit. 3, tom. X Concil , pag. 1191; Ma- 384, 385, 386, 390, 391, 3j2, 393, 394, 395, 397, 398,
billon., l'rœfat. in sa;cul. v, num. 99; et Pagi, ad an. 399, 4ul, 402, 405, 412, 413, 414, 445, 447, 450, 451,
993, num. 2, 3, 4, et 6. —
^ 11 y a ici une compli- 459, 4o0, 480-483, 485, 487, 488, 490, 491, 502, 505,
cation d'erreurs que l'éditeur est dans l'obligation de 507-509, Ï12, 571, 608, 609, 614, 617, 619, 639, 640,
relever. En 10-20, le St-Siéj;e était occupé non par Jean 643, 644, 679-691, 694-696,762-774, 776-779, 788, 790,
XX, mais par Benoit VlU; et il n'est pas possible que 898, 899, 1022-1025, 1114. — » La lettre est du 27
ce soit le même pape qui, plus de cinquante ans après, septembre. {L'éJiieur.)
[XII'SIÈCLK.] CHAPITRE LXXXI. — ALEXANDRE III, PAPE. 923

1177, il écrivit nu roi des Indes, nommé vul- jour si les Latins pouvaient alléguer quel-
gairement le Prêtre Jean, une lettre où il ques passages des pères qui prouvassent que
disait : « Nous avons appris
y u longtemps il le Saint-Esprit procède du Fils, Hugues lui

par le rapport de plusieurs personnes et par en cila de saint Basile, de saint Alhanase et
le bruit commun, que, faisant profession de de saint Cyrille; et voyant que l'empereur
la leligion chrétienne, vous voulez conti- s'appliquait à approfondir celle question, il

nuellement vous appliquer aux ii'uvres de la traita lui-même avec étendue dans l'ou-
piété, et à tout ce qui peut être agréable à vrage envoya depuis au pape Alexan-
qu'il
Dieu. Mais noire fils bien-aimé, le médecin dre, à Léon le Toscan son frère et à Cacia-
Philippe, qui s'est souvent entretenu de vos red. Il est divisé en trois parties, dans les-
dispositions avec les grands de votre royau- quellesil réfute les erreurs des Grecs, et les

me, nous a dit aussi que vous souhaiteriez leprochcs qu'ils font aux Latins sur la pro-
être instruit de la doctrine catholique et cession du Saint-Esprit du Père et du Fils.
apostolique, et n'avoir d'autre foi que celle Ce trailé fut imprimé à Bâle en 15i3. Il se
du Saint-Siège. A quoi il a ajouté que vous trouve dans la Bibliothèque des Pères de La
désiriez ardemment avoir une église à Home, Digne, en 1589, et dans toutes celles de Pa-
un autel à Saint-Pierre, et un dans l'église ris, de Cologne et de Lyon. Hugues com-
du Saint-Sépulcre où des hommes sages et , posa encore quelques autres ouvrages, dont
prudents de votre royaume puissent demeu- il a été parlé plus haut. Alexandre III finit
rer, afin de se mieux instiuire de la doc- la lettre qu'il lui adressa en l'exhortant à

trine apostolique, et vous en instruire en- inspirer à l'empereur Comnène des senti-
suite vous et les vôtres. Voulant donc, comme ments d'amour et de respect pour la sainte

nous y sommes obligé par les devoirs de Eglise romaine, et le désir de l'unité.
notre ministère vous retirer des erreurs
, 43. Le pape confirma certaines constitutions
dans lesquelles vous êtes à l'égard de la foi que Casimir, duc de Pologne, avait faites pour
chrétienne et catholique, nous vous envoyons la conservation des biens de l'Eglise, celle
le même médecin Philippe, homme habile enlr'autres qui portait défense de confisquer
et discret, bien iustruit des articles de celte les biensdes évêques aussitôt après leur mort.
foi dans lesquels vous ne paraissez pas con- Il en 1181 une lettre circulaire à tous
écrivit
venir avec nous, et sur lesquels vous pouvez les grands seigneurs, princes, ducs, comtes,
sans crainte recevoir des éclaircissements barons, pour les engager au secours de la
qui vous tireiout de l'erreur. C'est pourquoi Terre-Sainte, et fournir des subsides aux croi-
nous vous prions de le recevoir favorabli'- sés; et une sur le même sujet à tous les pré-
ment, d'écouter ce qu'il vous dira de notre lats, archevêques, évoques et abbés.
part, et d'envoyer avec lui vers nous des 44. Après qu'il eut fait sa paix avec l'empe-
personnes considérables chargées de vos reur Fridéric en 1 177, et réuni ce prince à l'E-
lettres scellées de votre sceau, par lesquelles il en donna avis à Guillaume, archevêque
glise,
nous puissions connaître vos intentions. » de Reims, à Richard, archevêque de Cantor-
Suivant quelques historiens anglais qui béry, à Roger, archevêque d'York, au roi de
rapportent celle lettre ', ce roi des Indes est France et à quantité d'autres personnes, pour
le même dont, trente-deux ans auparavant, lesengagera en rendre grâces à Dieu.
Hugues de Gabales racontait les victoires Le premier appendice ^ des lettres du
43.
sur les Persans. Il régnait à l'extrémité de pape en contient cinquanle-six, la plupart
l'Orient et était chrétien,mais nestorien. adressées à l'abbé de Saint-Remy à Reims,
Le 13 novembre - de la même année
42. qu'il charge de la décision de plusieurs af-
1177, le pape Alexnndre écrivit de Troyes à faires particulières ari'ivées dans ce diocèse,
Hugues Eterien pour le remercier d'un livre ou dans les évêchés dépendants de celte
qu'il lui avait envoyé de Conslantinople, où métropole , en l'absence de l'archevêque
il demeurait à la cour de l'empereur Manuel Henri, qui eu allant à Rome l'avait laissé
Comnèrie. Ce prince lui ayant demandé un son vicaire général'. Par la cinquième, lo

' l'ieiiry, liv. I. XXIII, Histoire ecclesiast., tom. XV, pas- 1247— ' Pdtro/., il.id., Hpist. 606,786, 808, 815,
pag. «3; Radulp. de Direto, pag. 608; Jeau Brouiji- 818, 83:;, 838, 8ij, 8'.f., 8tJ:i-867, 904, 903, 905, 908,
luu., pa^;. 1132. 917, 9ih, yiO, 9«, 930, 934, 937, 910, 908, 9G9, 971,
' C'est le 16 novembre, d'après Mansi. {L'éditeur.) 978.
* Hpist. Alexand., Append. 1 , tom. X Concil.
924 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
pape ordonne à l'abbé Pierre de faire resti- paiement de la dime ayant été ordonné par
tuer, par un nommé Gérard, une lerre qu'il notre Seigneur même.
avait usurpée sur un bourgeois de Saint- 46. Dans une troisième lettre à l'arche-
Thierry de Reims, qui s'était croisé pour la vêque d'Upsal, à ses suffragants et au duc
Terre-Sainte. Gutherne,ildit que l'on avait porté au Saint-
Il régnait plusieurs grands abus en Suède.
Siège une plainte très-considérable, savoir,
Les laïques donnaient pour de l'argent les que quand les l'inlandais se trouvaient pres-
églises à qui ils voulaient, sans consulter sés par les armées de leurs ennemis, ils
les évoques, d'où il arrivait que toutes sortes
promettaient d'embrasser la foi chiétienne,
de prêtres, même vagabonds, faisaient les et demandaient avec empressement des mis-
fonctions sacerdotales sans examen et par sionnaires pour les instruiie; mais qu'aussi-
l'autorité séculière. On y obligeait les clercs
tôt que l'armée s'était letirée ils renon- ,

à plaider devant les juges séculiers, soit en çaient à la foi, et maltraitaient les mission-
demandant, soit en défendant, et on les jugeait naires. Le pape exhorte donc ce duc et ces
selon les lois civiles; on les soumettait même
évêques à ne plus exposer le christianisme
aux épreuves du fer chaud, de l'eau chaude à une telle dérision, à se faire livier les
et du duel, on les frappait oi on les tuait places des Finlandais, ou h prendre si bien
impunément. Des femmes corrompues fai- leurs sûretés, que ces peuples ne puissent
saient périr les enfants qui ét;iient le fruit
plus les tromper, et qu'ils soient contraints
de leur débauche; il s'en trouvait quelque- de garder la foi chrétienne, quand ils l'au-
fois d'étouiles pour avoir été couchés avec
ront une fois embrassée.
leurs père et mère; on commettait des in- moine de Moustier-la-Celle
47. Foulques,
cestes et divers ciimes d'impudicité; des au diocèse de Troyes, et depuis évêque d'Es-
prêtres employaient à lamesse de la lie de tonie, province située sur la mer Raltiquc,
vin ou des miettes de pain trempées dans alla trouver le pape Alexandie k Tusculum
du vin. Des laïques, quoique chrétiens, se en 1171, pour avoir de lui des lettres qui
mariaient clandestinement, sans la bénédic- l'aulorisassent dans le ministère que Esquil,
tion du prêtie, ce qui occasionnait souvent archevêque de Lunden en Danemark et ,

des divorces et des mariages illicites. Le primat de Suède, lui avait confié. Dans une
pape en écrivit à l'archevêque d'Upsal et à des lettres que le pape lui accorda, adres-
ses sutfragauts; et sachant que la plupart sées à tous les fidèles de Danemark, il les
de ces abus venaient d'ignorance, il rapporte
exhorte à soulager l'indigence de l'évêque
sur tous ces cas des autorités de l'Ecriture, Foulques et à le mettre en état de pouvoir
,

des décrétales et des écrits des pères, il soutenir ses travaux pour la conversion de
prescritaux mères qui auront fait périr leurs la province d'Kstonie. Par une autre lettre
enfants, en les étouffant dans le lit par inad- aux rois et aux princes de Danemark, de
vertance, trois ans de pénitence si ces en- Norvège, de Gothie, il les excite à réprimer
fants étaient baptisés, et cinq ans s'ils ne l'é- par la force des armes la férocité des Esto-
taient pas. Quant aux autres abominations, il niens et des autres païens de ces quartiers-
veut que l'on envoie les coupables à Rome là, qui ne cessaient de molester les chré-
visiter les tombeaux des saints apôtres, aliu tiens et les serviteurs de Dieu, et à cet efi'et
que la fatiguedu voyage leur serve à lléchir le pape leur accorde l'indulgence d'une an-
la justice de Dieu. 11 défend les mariages née, semblable à colle des pèlerins qui visi-
jusqu'au sixième degré de consanguinité, en tent le saint sépulcre ; et à ceux qui mour-
ordonnant toutefois de ne pas séparer ceux ront dans le combat et qui auront reçu la
qui s'étaient mariés jusque-là dans le qua- pénitence, la rémission de leurs péchés. Il

trième ou le cinquième degié. A l'égard du parait par cette lettre que les églises du Nord
sacrifice de l'autel, il défend de l'offrir autre- étaient très-attachées à l'Eglise romaine, et
ment que Jésus-Christ ne l'a institué, et qu'il qu'ellesn'avaient pris aucune part au schisme.
n'est observé dans l'Eglise romaine, c'est-â- Alexandre III écrivit encore à l'archevêque de
dire du pain seul, avec du vin mêlé d'eau. Drontein en Norvège et à l'ancien évêque de
Ce pape leur ordonne aussi d'avertir les fi- Statfenger, d'accorder à Foulques, évêque
dèles de payer à l'Eglise la dime de leurs d'Estonie, le moine Nicolas, originaire de cette
fruits, et, s'il est nécessaire, de les y con- province, homme sage et discret, afin de l'ai-
traindre par la sentence de l'anathème, le der dans la conversion de ces peuples.
[.MPSIKCLE.] CHAPITRE LXXXl. — ALEXANDRE III, PAPE. 925

,^
Kpj»
^^> 48. I-epape Alexandre ne doulant point tué I'évèque de Cambray. Par une troisième Epi... IS,
(Pairol.. ib.,
f|uc la science des icUres ne fut un don de il le charge de renvoyer à Rouie, ou de rap- <•!>. :ti9, col
4;o"iV"''
Dieu accordé gratuitement, voulait qu'il fût porter lui-même, ou enfin de mettre en dé-
jjcrmis à quiconque l'avait reçu d'en faire , pôt entre les mains de l'abbé de Saint-Ger-
part aux autres. C'est pourquoi, ayant ap- main de Paris l'argenterie que le défunt
,

pris qu'un inaitre des écoles de l'Eglise do évcque de Porto avait déposée dans l'église
Cliùlons, étahli dans la terre de Sainl-Pierre- de Saint-Martial de Limoges, savoir , des
Moiit, se servait du nora de l'abbé pour em- chandeliers d'argent pesant vingt - quatre
pêcher que d'autres y vinssent enseigner les marcs, et une coupe aussi d'argent, mais
lettres, il en écrivit à l'arclievéque de Reims dorée en dedans et en dehors, pesant qua-
pour défendre, tant à cet abbé qu'au maître torze maics. Dans une quatrième lettre il lui
des écoles, d'empêcher loute autre personne donne commission (^xhorlerle roi de France
capable d'exercer le même ministère, soit et d'autres princes à se croiser pour aider

dans la ville, soit dans les faubourgs. Manuel, empereur de Constanlinople, à dé-
^''^- ^^'^ appendice
leltre.s du second '
truire les Turcs, et à procurer l'exaltation du
. 'D'".'I-°d«

r"\i'x'!nK'
rendues publiques dans le
vivaient déjà été nom chrétien.
quatiiéme tome de la Collection d'André Du- 51. L'empereur Fridéric-, pensant aux
chène, imprimée à Paris en i641, in-foL; elles maux que le schisme causait, convint avec
sont au nombie de cent-neuf. L'ordre de Ci- Louis, roi de France, d'une assemblée sur
teaux, qui s'était déclaré pour Alexandre Kl la Saône le jour de la Décollation de saint
avec saint Pierre de Tarautaise, n'eut pas de Jean-Baptisle, 29 d'août 1162, pour avisrr
peine d'obtenir la confirmation de ses sta- aux moyens de l'éteindre, et jugeant que la
*"'^ '"' ''^ ^^^ privili'ges. La bulle est adres- présence de Matthieu, duc de Lorraine, y
b '{"dV^Vis
c^r. .'4(ij sée à Gislebert, abbé de Cileaux, et à tous était nécessaire, il l'invita à se rendre à Be-

les abbés moines de l'ordre, tant présents


et sançon quatre jours avant ce terme. Mais
qu'à venir, elle est semblable en beaucoup en même temps le pape écrivit à Hugues,
\it)
d'articles à celle qu'Eugène III leur avait évêque de Soissons, de détourner le roi de
déjà accordée. Le premier porte que, dans France de se trouver à cette conférence,
tous les monastères de l'ordre comme dans prévoyant qu'elle serait préjudiciable au
celui de Clteaux, la règle de saint Benoit bien de l'Eglise. Le pape écrivit aussi à ce Eriipt 30
(P<lrol . ib
sera observée en fout temps d'une manière prince une lettre, où il relève son attache- épis 9C, col.
.
.

uniforme, et selon le sens de la lettre, sans ment et celui des rois de France, ses prédé-
y en cliercliei' d'autre; le troisième, que cesseurs, à l'Eglise romaine, les service-s
chaque année tous les abbés s'assembleront qu'elle en avait reçus dans ses besoins, et
à Citeaux pour y tenir un chapitre général. l'amour de prédilection que le Saint-Siège
„K[i.i. 8, 50. 11 y a plusicuis lettres du pape à Pierre, avait pour lui. Il lui d'iuna avis, par une
(Pairol . ît>, ,. , , . .

^072
')'"'''''' *'*'"'"'' ^^ ^''''6 ^^ hamt-Chrysogoue, légat autre lettre, du retour de l'empereur Fiidé-
eu France. Dès l'an 1176, dans l'une il lui lic à l'obéissance et à l'unité de l'Eglise, et
ordonne de presser l'exécution du mariage manda la même nouvelle à Guillaume ^, ar-
accordé entre iiichard, second fils du roi chevêque de Sens, et à ses suffragants. Par-
d'Angleterre, et Alix, de France, fille du roi mi quantité d'autres lettres au roi Louis Vil,
que le roi d'Angleterre avait sous sa puis- il y en a une dans laquelle il explique en un

sance, ou de la restituer à son père dans sens spirituel toutes les parties de la rose
quarante jours, sinon de prononcer un in- d'or qu'il lui envoyait *.
terdit sur toutes les terresde l'obéissance 52. (Jn voit par d'autres lettres que l'empe-
du roi d'Angleterre, avec ordre aux arche- reur Manuel Comnène avait reconnu .\lexan-
vêques de (^antorbéry, de Bordeaux et à dre ri pour pape légitime, sur le témoignage
i'évèque de Poitiers de le faire observer. seul de Louis Vil, et que le respect que cet

<Piw«r''ii''
^'^"^ "" autre il lui ordonne de dénoncer empereur [lortait au pape, allait jusqu'à lui
ÎSn"'°''"''
publiquement excommuniés ceux qui avaient faiie désirer de participer à ses prières : ce

' Appeud. i, Episl. 1, pa». 128C, loin. X Coucil. 122, 124, 132, 133, 143. 174, 184, 19Î, 195, 200, ÎOÎ,
' Toiu. X Concil., pav'. 1304. 211, 213, 220, 221, 223, 220, 228, 231, 258, 259. 205,
' Il faut lire Guy. {Véliteur.) 2(i0, 208, 272, 275, 278, 281, 28.1, 284, 290, 297, 303,
' Voici les lellrub Écriiez a Louis Vil : Efiul. i9, 300, 310, 312, 314, 317, 330, 343, 350, 357, 307, 309,
34, 57, 04, li«, 78, »3, 88, U6, 100, 100, 108, Ui, 117, 447, 470, 480, 491, 708, 855, 899, Ull, 1310. [L'éd.)
926 HISTOmE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
qui faitque Manuel Comnène
voir comp- '
So. A la tête du recueil des lettres d'A-
tait être dans la communion de l'Kglise ro- lexandre III, le P. Labbe ^ en a mis une de <

maine. On snit d'ailleurs qu'il avait dessein Reinole, archevêque de Cologne, chancelier
de réunir l'Eglise grecque avec l'Eglise ro- de l'empereur Fridéric, par laquelle nous
maine, comme elles l'avaient été ancienne- apprenons les faits suivants Ce prince ayant :

ment, en sorte quelles ne fissent plus qu'un pris par famine et réduit à discrétion la ville
seul peuple sous un seul chef. de Milan, la ruina entièrement, et détruisit
Trois éîce 53. Les Icttrcs du troisième appendice * *
jusqu'aux églises. Dans une église dédiée à
ppecdice. *

sont recueillies de divers endroits. Il y en a saint Eustorge, on prétendit avoir trouvé les
sept à différents évêques, qu'il exliorte à corps des trois mages qui vinrent adorer
réunion des schisraatiques, en
travailler à la Jésus-Christ. Fridéric les donna à Rfinole,
même temps qu'il y rend compte de la manière qui l'accompagnait à cette guerre; l'arche-
honorable dont il avait élé reçu des Ro- vêque en donna avis à son clergé et à son
Epui. 1.?. mains, et du bon état de l'Eglise; cinq qui peuple, à qui à son retour il donna ces trois

iv;o°',V'. regardent les vexations que souffrait l'ab- corps avec ceux de saint Nabor et de saint

ff-316)'' baye de Vezelai. Dans la dix-septième, il Félix, martyrs de Milan. La fête de cette
c'l''(!'air°i'' 6^P0S6 aux prélats d'Angleterre les raisons translation se célèbre à Cologne le 12 juillet.

';,''toi. îiM l'^'^ avait eues de mettre le roi Edouard au L'invention de ces reliques s'était faite dans
(Pairoi., rang des saints, et dans la dix-huitième, le mois de mars 1162. Pierre Comestor^ qui
iio,'c. 9SI.') adressée aux évêques et aux abbés de France, écrivait vers ce temps-là donne aux trois ,

ce qui l'avait engagé à y mettre aussi saint rois les noms de Gaspard, Baltasar et Mel-
bi.)""''!' i'st
Bernard. H approuve, dans la vingtième, les chior, et c'est sous ces noms qu'ils sont ho-
is3>. norés à Cologne.
1(121 )
statuts de l'ordre des chevaliers de Saint-Jac-
ques en Espagne; elle est de l'an 1175, et 56. Il avait été ordonné dans le concile de
signée de lui et de treize cardinaux. La sui- Latran ', célébré sous le pontificat d'Inno-
(P-iroi , vante est de la même année, et la vingt- cent en 1139, de priver de leurs béné-
II,
'^'"
deuxième de l'an 1166^ l'une est la confir-
: fices et de l'exercice de leurs fonctions, les

niation de l'institut de l'oidre de saint Basile, clercs qui, après avoir été promus au sous-
bf'^ l'V-i
s.ii.c.ioso)
pau[,.e de celui des Chartreux. Celle-ci est diaconat ou aux ordres supérieurs, se ma-
(Pairoi.,^ signée de douze cardinaux. Le pape y pieud rieraient en conséquence de ce canon, qui
:

.i89.'c.io3,i)
cet ordre, et toutes leurs possessions, sous est le sixième, et en vertu des décrets des
la protection de l'Eglise romaine. saints pères, pape Alexandre III donna
le

54. On trouve quatre lettres du pape ordre à l'évêque de Laon d'obliger un de


Alexandre * dans la collection des conciles, ses chanoines séparer d'une femme
à se
par le père Hardouin, qui ne sont pas dans qu'on disait épousée, et, en cas
qu'il avait

bi'^"',"ilc
'^^"^ *^" P^""® Labbe. La première prescrit de résistance de sa part, de l'excommunier.
147,' c. 058.) un honoraire pour ceux qui enseignaient Il ordonna à Henri, archevêque de Reims *,
^
(P">'»i
.^ dans les écoles de Paris. La seconde, en de faire restituer au monastère de Saint-
iu6,'c. 938') confirmant les biens de l'Eglise de Paris, Vaast d'Arras les reliques de saint Jacques,
confirmée aussi la possession où était l'ab- que Philippe, comte de Flandres, lui avait
baye de Sainte-Geneviève d'en tirer une enlevées par violence. Le pape Alexandre
prébende. La troisième ordonne que les pré- écrivit au même archevêque d'assister au-
bendes dont l'église cathédrale était chargée tant qu'il le pourrait les croisés, qui souf-
envers cette abbaye, ou d'autres, soient fraient beaucoup dans leurs expéditions, et
réglées sur le pied ancien. La quatrième d'engager Louis VII, roi de France, à régler
exempte de tributs et de toutes sortes de dans une assemblée des ecclésiastiques de
charges les sei'viteurs et les commensaux de son royaume un subside pour subvenir à
,

l'évêque et de l'Eglise d'Anagni. leurs besoins. Par une autre lettre, il lui

' Baron , ad an. 1166. * Les lettres adressées à Henri par lejiape Alexan-

2 Tom. X Concil., pag. 1362. dre et recueillies dans la Patrologie, sont très-nom-
3 11 faut lire 1176. [L'éditeur.) breuses elles regardent pour la plupart des affaires
;

» Tom. VI Concil. Harduiui, pag. 1563. Au tome CXCVI de la Patrologie, col.


particulières.
s
Tom. X Concil., pag. 1186. 1559-1566, on trouve une notice sur cet évêque, d'a-
8 Peirus Com., Hist. Evaiig., cap. viii. près la Gallia cliristiana. Suivei,t, ihid., col. 1565-
' Alexaud., Epist. 119; tom. 11 Amplis. Collect., 1584, vingt lettres et quulre diplômes, {l'éditeur.)
Marteu., pag. 737, et Einsl. 195.
[XU' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXI. — ALEXANDRE III, PAPE. 927

ordonne d'obliger le doyen de Sainl-Lan- 60. L'archevêque de Reims ne sachant s'il

renl h faire n'sidence dans ^on Eglise, parce pouvait, sans blesser sa conscience ou les
qu'il ne convenait nullement que celui qui y droits de sa dignité et de son Eglise, rece-
occupait la principale dignité s'en absentât, voir l'hommage de l'évéque de Liège, qui
au de la servir.
lieu était schismatique, consulta là-dessus le pape.
37. Le pape Alexandre chargea encore Alexandre répondit de ne point communiquer
l'archevêque Henri d'empêcher le mariage avec cet intrus et ce schismatique, jusqu'à ce
de la fille du roi Louis VII avec le fils de qu'il fût rétmi à l'Eglise catholique; mais
l'empereur Fiidéric, disant que cette alliance que si en refusant l'hommage de cet évéque,
avec le persécuteur de lEglise pourrait lui les droits et la dignité de l'Eglise de Reims
être pernicieuse, de même qu'à l'Etat. H devaient en souUrir quelque atteinte, il fei ait
ajoutait que si le roi voulait donner la prin- à cet égard ce qu'il trouverait de mieux. Il
cesse sa fille en mariage à l'empereur de l'avertit néanmoins d'user tellement dob biens
Constantinople, il travaillerait lui-même à temporels, qu'il ne perdit pas les éternels.
l'aire conclure ce mariage, qui ne pourrait Dans une autie lettre, il charge le même ar-
qu'être avantageux. Les devoirs de I episco- chevêque d'exhorter le roi de France à tra-
(Palrol-,
pat lui paraissant incompatibles avec les vailler à la paix entre l'Eglise et l'Empire, et
100)
fonctions de chancelier du royaume de d'engager ce roi à se réconcilier aussi avec
France, il employa le crédit du même pré- le roi d'Angleterre il le prie de travailler
:

lat pour engager l'évéque de Soissons à lui-même à cette réconciliation -, et à celle


quitter la chancellerie et à ne s'occuper du roi d'.\ngleterre avec ses enian'.s.
que du soin de son diocèse. On croit que cet L'archevêque Henri reçut une lettre par
évéque suivit le conseil du pape, car la chan- laquelle Josbert aiaitre des hospitaliers de
,

cellerie était vacante en 1171 et 1173, et Jérusalem, lui demandait de lui procurer un
Hugues ( c'était le nom de l'évéque de Sois- établissement dans son diocèse.
sons), mourut en 1173 '. [Gl. Parmi les lettres si nombreuses d'A-
38. L'évéque de Cliâlons avait ordonné le lexandre III que renferme la Patrotogie, nous
fils d'un piètre sans savoir qu'il le fût, et l'a- n'en avons que quelques-unes à signaler,
vait institué dans une église pour laquelle le les plus importantes ayant déjà été indi-
pape même l'avait demandé. Alexandre écri- quées, un grand nombre n'étant que ties pri-
vit â cet évéque de laisser ce prêtre jouir de vilèges accordés à des monastères et à des
la place qu'il avait dans cette église, sans églises, et la plupart concernant seulement
que cette dispense tirât à conséquence pour des alfaires particulières. Le schisme, la divi-
d'autres. 11 fit des reproches à l'évéque il'Ar- sion et la réconciliation avec l'empereur Fri-
ras de ce qu'il avait accordé une prébende déric, les démêlés de saint Thomas au sujet
dans son Eglise û un jeune homme qui n'é- des libertés de l'Eglise, les secours réclamés
tait pas encoie clerc. pour la Terre-Sainte, voilà les choses d'un
5'J. Croyant qu'il était important pour le intérêt général auxquelles le pape Alexandre
bien et l'honneur du royaume de France, piit une part très-active. Il s'etforce d'étein-
que le roi Louis le Jeune fit couronner et sa- dre schisme, soutient et encourage les
le

crer roi Philippe son fils, le pape Alexandre evéques qui lui sont dévoués, fiappe de cen-
écrivit à Henri, archevêque de Reims, d'y sures ceux de la faction opposée, il fait tout
eng.iger ce prince, et lui donna pour exem- son possible pour ramener l'empereur d'Al-
ple l'empereur de Constantinople, qui, pour lemagne, et il emploie dans cette mission,
prévenir les troubles qui pouvaient arriver surtout Eberhard, évéque de Salzbourg, qu'il
dans son empire après sa mort, venait de constitue son légat en Allemagne, quand la
faire couronner son fils, quoiqu'âgé seule- paix est rétablie. 11 fait savoir cette réconci-
ment de trois ans, et rendre le serment de liationaux personnages les plus importants
fidélité par tous ses sujets. Mais lu loi Louis de l'époque. Dans la lutte avec le roi Henri
ne fil faire cette cérémonie que quelques an- éclatent la fermeté, la modération, la pru-
nées après, c'est-à-dire eu 1179. dence consommée du pape. U soutient saint

' Mabillou., liti. U de He dip/oitiatica, cap. xn. cbesnc, ibid., col. 158-159, sout au nombre de huit,
[Voyez sur Hugues de Clminplleury sa notice (irée dont cinq sont adressées au roi de France Louis Vil.
lie laOallia chrisliam, et reproduite au tom. GXGVI, [Véditear.)
col. 1483-1580. Ses lettres reproduites, d'après Uu- » Voyez aussi ibid., £|)i»<. 607. {L'éditeur.)
HISTOIRE GÉNÉIîALR DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Tliomas avec lui les droits de l'Eglise
el : solubilité, l'unité, la sainteté du lien conjugal,

tantôt il écrit au roi d'Angleterre, tantôt aux la ruitedelafornication.lpsempêciiements de


évêques de ce pays d'autres fois au roi do
;
consanguinité d'honnêteté puldiqu.'.llveut
et

France il échange surtout une multitude de


:
que l'on honore avec plus de soin les évêques,
lell'esaveclesaintarclievôquedeCantorljéry, les prêtres, les moines et les autres person-

les unes pour l'encourager et le soutenir, les nes religieuses; qu'on paie exactement les
autres pour lui prêclier la modération, l'ini- dîmes. Il défend cependant de déshériter
,bi. loij. milité, le pardon. Gomme son cœur sura- les enfants pour enrichir l'Eglise « Ce qu'on
:

bonde de joip, lorsque la paix est enfin con- peut faire, dit-il, c'est d'admeltie Jésus-Christ
clue! mais aussi quelle douleur, quand il ap- à partager avec ses enfants.» 11 défend aussi
prend le crime atïreux commis sur la per- d'honorer comme saints des hommes tués
sonne de l'archevêque Comme il venge celte
! dans les plaisirs de la table et dans l'iviesse :

mort en tVappant les coupables et en inscri- à peine, dit-il, de prier


l'Eglise permet-elle
vantTliomas au nombre des saints martyrs! pour de tels morts de leur rendre un
, loin

Les malheurs des chrétiens d'Orient n'exci- culte. Quand même il y aurait des miracles,

tent pas moins l'attention et la vigilance in- comme on le dit pour un homme tué en pareil
fatigable d'Alexandre UL II presse et sollicite cas, il n'était point permis de l'honorer publi-
les princes de voler au secours des chrétiens quement comme saint sans l'autorité de l'E-
opprimés par les infidèles. Il envoie à ces glise romaine. Il les exempte du jeûne de

mêmes chrétiens toutes les aumônes qu'il quarante jours qui précédait la Saint-Michel,
peut recueillir. à l'exception cependant du vendredi qu'ils
Le droit canon trouve une mine abondante doivent passer dans les jeûnes et les bonnes
dans les décisions d'Alexandre 111. Pour s'en œuvres par respect pour la croix de Jésus-
convaincre, ou n'a qu'à parcourir la série Christ. Il les remercie enfin des secours qu'ils

des épîtres décrétâtes de ce pape leproduites avaient envoyés par le prêtre Richard.
dans la Patrologie, d'après Jatlé, la suite i) Parmi les privilèges, nous remarquons sur-
des lettres. Il y en a jusqu'à cinq cent deux. tout celui qu'il accorda la première année de

807, tm. On peut aussi remarquer les lettres d'A- sou pontificat au Mont-Cassin. 11 déclare ce
lexandre sur les écoles en France et le soin monastère le premier de toute l'Italie, en
particulier qu'il en prend. confirme les biens et toutes les libertés, et
Plusieurs lettres à l'archevêque d'York ont lui accorde de nouveaux privilèges.
,23'„ 2JC.

pour objet le droit que ce prélat revendi- 62. La lettre à Ubald, archevêque de Pise, e,i.,

quait de faire porter la croix devant lui dans et à tous les évêques et abbés de la Toscane,

toute l'Angleterre. Alexandre avait d'abord est pour les convoquer au concile qui devait
,,J4.

défendu à l'arclievêque d'user de ce droit, puis avoir lieu à Rome le 8 février 1179. La \m.

il avait appelé la cause à Rome, et enfin il ac- même lettre fut adressée aux archevêques et

corda le privilège tant disputé. évêques de la Hongrie, à Guarin, archevêque m.


,., ; Une lettre à Richard, archevêque de Cau- de Bourges, et à ses sutl'ragants.
torbéry, porte que le couronnement des rois 11 accorde des indulgences ou comme iss?. ,

d'Angleterre ne pourra se faire que dans la s'exprime la bulle, il remet la rémission des
province de Canlorbéry ou dans les lieux sou- péchés à ceux qui observent la règle de
mis immédiatement au St-Siége,etpar l'arche- Grandmont , et supportent le tiavail qu'elle

vêque de Canlorbéry, ou, le siège vacant, par impose en esprit de pénitence.


celui qui remplacera l'archevêque et avec le 11 permet au doyen du chapitre de Châ- is-c.

consentement de l'Eglise de Canlorbéry. lons-sur-Saône de présenter à l'évêque d'Au-


,„-,(,,, Dans la lettre écrite au roi des Suédois et tuii les personnes capables d'être chanoines

des Goths, aux grands, aux évêques et aux que l'évêque de Châlons aurait refusées. Par 1555.

fidèles de ce pays, le pape rappelle la pri- un privilège accordé à ce même chapitre, il


mauté de ^aint Pierre et de ses successeurs. défend à l'évêque de Châlons de suspendre
« C'est là, dit-il, qu'il faut recourir pour avoir un clerc sans l'avoir signifié auparavant au
l'enseignement de la foi.» Mais un des princi- chapitre. Un autre privilège assez remarqua- i;pi.

paux articlesdelafoiestcequiconcernele ma- ble est celui qu'il accorda à Hugues III, duc
riage institué par Dieu dès le commencement de Bourgogne. Hugues, en revenant de la
et élevé au rang des sacrements par Jésus- Terre-Sainte, avait fait vœu, s'il échappait à
Christ. Il rappelle les lois du mariage, l'indis- un naufrage imminent, de faire construire
(XII'' SIECLE.] CMAPITRE I.XXXII. — F.UCIUS III, PAPlî. 02n

tians son palais une chapelle en l'honneur rain siii' l('(]uel ihwail être bâtie la cliapcîlh^

de la sainte Vierge cl tic saint Juan l'Evan- et la déclara exemple. C'est cette même cha-
géliste. Ayant heureusement fait la traver- pelle que les [révolutionnaires] Uijonais ont
sée, il fut à Rome, et obtint d'Alexandre 111 renversée pour construire à sa place un
une bulle par laquelle ce pape accepta le ter- théâtre.]

CIIAPiTHK LXXXII

Lucius III [1185], Urbain III 11187], Grégoire VIII [1187J, Clément III [1191]
et Célestin III [1198J, papes,

1. Le Saint-Siège n'uvait vaqué qu'un jour douze jours de pontificat, à compter du jour
depuis la mort d'Alexandre III, lorsqu'on élut, de son couronnement.
pour lui succéder, Ubalde né à Lucques, , 3. Après la moit de Richard, évêque de sesieiitM.

en Toscane, évêque d'Ostie. Il était fort Saint-André en Ecosse, le clergé cboisit un


avancé en âge, d'un savoir médiocre, mais docteur nommé Jean mais le roi Guillaume ;

très-expérimenlé dans les att'aires. Dans son lui préféra Hugues, son chapelain, et le fit

élection, qui se fit le 1" septembre 418! on , sacrer par les évèques. Jean en appela au (p.itoi..

mit en pralique le décret du concile do La- pape Alexandre III, qui envoya sur les lieux '^coi.'iiîi')

tran sous Alexandre III, portant que celui-là Alexis, sous-diacre de l'Egfise romaine. Le
serait reconnu pour pape, qui aurait les deux légat déposa Hugues, et confirmant l'élection
tiers des voix et les cardinaux commencè-
; de Jean, il le fit ordonner évêque. Le roi dé-
rent à s'arroger à eux seuls le droit d'élire, fendit à Jean de demeurer dans son royaume.
à l'exclusion du cleigé et du peu-
du reste Hugues alla à Rome emportant avec lui la
ple. couronné à Vellétri, sous le
Ubalde l'ut chapelle épiscopale, avec, l'anneau et la
nom de le (3 du même mois, qui
Lucius III, crosse. Alexis l'excommunia , et le pape Aie» n.isi.

était un dimanche il lut sacré par Téodin,


; Alexandre confirma la sentence, en ordon- i^ùi^Vi^'o,;.'
'"'''
évêque de Porto, et par l'archiprêtre d'Os- n;\nt à Roger, archevêque d'York, d'cxcom-
tie '. munier le l'oi Guillaume et de mettre ses
2. Les llomains avaient - certaines coutu- Klats en interdit, et à Jean de ne pas aban-
mes dont les papes les laissaient jouir en li- donner son siège. Le roi ne fut point etfrayc
berté, les gardant eux-mêmes. Lucius jura des menaces de Rome, et chassa Jean de son
qu'il ne les observerait jamais : ce qui ré- Eglise. L archevêque d'York prononça donc
volta les Romains contre lui. Ne pouvant !a sentence d'excommunication contre ce
leur résister, il sortit de Rome, l'an 118:2. Il prince, et mit son royaume en interdit. II y
y revint l'année suivante.H83; mais y ayant étaitencore lorsque le roi C.uillaume ^ en-
tiouvé les Romains plus furieux encore qu'au- voya en cour de Rome pour le faire lever.
paravant, il quitta une seconde fois cette Le pape Lucius 111 lui accorda sa demande (Pairoi.,

ville, et se retira à Vérone dans le mois de par une bulle datée de Vellétri le 17 mars de l'C'cof.ii'î?')

juillet 1184. il y fut joint le ;{1 du même l'an M82. Elle est adressée â tous les évo-
mois par l'empereur Fridéric et par plusieurs ques et au clergé d'Ecosse, à qui il ordonne
évuques et seigneurs laïques, avec lesquels de rendre les honneurs et les lespects dus à
il tint un concile, qui commença le !" août sa dignité, comme étant dans la communion
etne finit que le A novembre. Le pape niou- du Siège apostolique.
ri.ten la même ville le ^o du même mois, 4. Le pape Lucius avaii, en 1183 •*, obtenu Er.'t.s.__^

'f^w.
Lan 1185, après quatre ans, deux mois cl des rois et des seigneurs, tant laïques qu'ec- i^'i.'^

Les lellreu et privilèges de Lucius III sout repro-


' deux décrété cl do ciiii^ lettres ndres.iées ù Lucius IIL
duits ou iodiciufs au nombre de 254 dau» la t'a- (Lédttcur.)
truloyie, lom. CCI, col. 1071-1378. Ceâ pièces sout s Uoger Hovedeu, pag. 021.
précédées duue uolice liislorique par Mauii et d'uue 3 ïoiii. X Concil., pag. 1735.
notice diploumlic(ue pai' Jiiffé. Elles sont suivies do ' Uoger Hoved., pag. ul5.
XIV, 59
930 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
clésiastiques, des subsidesen argent pour pensent ou enseignent autrement que l'E-
faire sa paixavec les Romains. En H8o, glise romaine touchant le sacrement du corps
Baudouin IV, roi de Jérusalem, voyant les et du sang de Jésus-Christ, le baptême, la
progrès de Saladiu, et les cruautés que ce rémission des péchés, le mariage et les au-
prince exerçait contre les chrétiens, envoya tres sacrements et, en général, tous ceux
;

en Occident Héraclius patriarche de celte


,
qui auront été jugés hérétiques par le Saint-
ville Arnaud, maitre des temphers, et Ro-
; Siège, par chaque évêque dans son diocèse
ger, maître des hospitaliers, pour demander avec le conseil de son clergé ou par le ,

du secours '. Ils trouvèrent le pape ei l'empe- clergé même, le siège vacant, avec le con-
reur Fridéric à Vérone. Lucius 111 n'étant pas seil, s'il est besoin, des évêques voisins. Sont
en état de leur procurer par lui-même aucun compris dans la même condamnation tous
secours ellectif, leur donna deux lettres de ceux qui donneront retraite ou protection à
recommandation pour les rois de France et ces hérétiques, soit qu'on les nomme conso-
d'Angleterre. De ces deux lettres on n'a mis lés, croyants, parfaits, ou de quelque autre

dans le recueil des Conciles que celle qui nom superstitieux.


était adressée à Henri II, roi d'Angleterre. 6. La peine imposée aux clercs ou reli-
Les ambassadeurs la lui présentèrent au gieux convaincus de quelques-unes de ces
mois de février 1183. Le pape y fait la pein- erreurs, est d'être dépouillés de tout ordre
ture de l'élat déplorable auquel la Terre- et bénéfice, et abandonnés à la puissance sé-
Sainte était réduite par les victoires de Sa- culière pour recevoir la punition convenable,
ladin et par la maladie du roi Baudouin. 11 si ce n'est que le coupable, soil clerc, soit
recommande le patriarche de Jérusalem et laïque, fasse, aussitôt qu'il sera découvert,
le maitre de l'Hùpital, et ne dit rien du maî- son abjuration entre les mains de l'évêque
tre des templiers, parce qu'il était mort à du lieu. On punira de même ceux qui sont
"Vérone ; il t'ait souvenir de la pro-
Henri II suspects, s'ils ne prouvent leur innocence ;

messe qu'il avait faite de donner du secours et ceux qui, après avoir abjuré ou s'être jus-
à la Terre-Sainte, lorsqu'il reçut l'absolution tifiés, retomberont, seront laissés au jugement

du meurtre de saint Thomas de Cantorbéry. séculier, sans être plus écoutés ^. A l'égard
Les ambassadeurs qui étaient chargés de de- des clercs condamnés, on appliquera leurs
mander un prince pour commander l'armée biens aux églises qu ils servaient; et afin que

des croisés, prièrent le roi d'Angleterre de 1 excommunication prononcée contre tous les
venir lui-même ou du moins d'envoyer son héiétiques soit connue, elle sera renouvelée
fils. Il refusa l'un et l'autre suivant l'avis de par tous les évêques aux grandes solennités,
son conseil, et se contenta d'otl'rir de l'argent sous peine d'être suspens des fonctions épis-
et d'en aider ceux qui voudraient faire le copales durant trois ans.
voyage de Jérusalem ce qui mécontenta le
: 7. Par le conseil des évêques et sur la re-

patriarche. montrance de l'empereur et des seigneurs


5. La troisième lettre du pape Lucius est de sa cour, il fui ordonné que les évêques
le décret qu'il fit faii'e contre les hérétiques visiteraient, ou par eux-mêmes, ou par des
dans le concile de Vérone [tenu en H84], en commissaires, les lieux de leurs diocèses où
présence de l'empereur Fridéric, de l'avis l'on savait par le bruit public que des héré-
des cardinaux, des patriarches, archevêques tiques y taisaient leur demeure, que d'autres
et évêques, de plusieurs seigneurs qui se tenaient des conventicules secrets, ou me-
trouvèrent à celte assemblée de diverses par- naient une vie différente du commun des fi-
ties du monde ^. On condamna par ce décret dèles. Dénoncés à l'évêque ou à l'archidia-
toutes les hérésies connues jusqu'alors, nom- cie, ils se purgeront suivant la coutume du
mément les cathares et palarins, les passa- pays, ou s'ils retombent, ils seront punis par
gins, les humiliés ou pauvres de Lyon. Tous le jugement des évêques s'ils refusent de
:

sont soumis à un anathème perpétuel et , jurer, ils seront dès là jugés hérétiques *.

l'on comprend sous cette censure tous ceux 8. encore ordonné aux comtes, aux
11 est

qui osent prêcher en public ou en particu- barons, aux recteurs et consuls des villes et
lier sans avoir mission et autorité du pape autres lieux de promettre sous serment, sui-
ou de l'évêque diocésain, et tous ceux qui vant la monition des évêques, d'aider elfica-

Roger Hoved., pag. 632. '


Tom. X Conc, pag. n.H7. — ' Ibid. — » Ihid.
J

[XII" SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIl. — LUCIUS III, PAPE.


cernent rEi,'lise dans toutes ses procédures du Nouveau Testament en langup vulgaire, et
contre les liérétiques, sous peine d'être âô- leur faisait embrasser la pauvreté volontaire
pouillés de leurs Chartres, d'être excommu- à l'imilation de Jésu?-C'irist et des apôtres.
niés et leurs terres mises en interdit '. Maisvoyantquelesocclésiastiquesle traitaient
Le décret ajoute que la ville qui néii:ligera de téméraire, il invectivait contre eux, disant
de punir les contrevenants, sera privée du à ses disciples que le clergé corrompu dans
commerce des autres villes, et perdra la di- ses mœurs enviait leur sainte vie et leur doc-
gnité épiscopale ; et que tous les fauteurs trine. On ne leur attribue d'autre erreur que la
d'hérétiques seront notés d'infamie perpé- pratique d'une pauvreté oisive, et le mépris
tuelle, et comme tels exclus d'être avocats du clergé. Il est aussi parlé dans le dc'cret de
et témoins, et des autres fonctions publiques ;
Lucius m des jésepins et des arnaudistes. On
enfin que ceux qui sont exempts de la juri- ne connaît pas les premiers; mais les arnau-
diction de l'évèque, et soumis immédiale- distes, disciplesd'Arnaud de Bresce, prélcn-
I
ment au Saint-Siège, ne laisseront pas, dans daient que les clercs et les moines ne pou-

tous les cas dont envient de parler, de subir vaient, sans péril de salut, posséder aucuns
le jugement des évêques, comme délégués fonds, regardaient comme nul le baptême
du Siège apostolique, nonobstant leurs privi- des enfants, et ne reconnaissaient point la
lèges. 11 n'est pas surprenant que le décret présence réelle dans le sacrement de l'autel.
du pape Lucius, ou du concile de Vérone au- 10. Il y a une quatrième lettre du pape
quel il présidait, fasse concourir les deux Lucius III, en forme de bulle, dans les notes
puissances pour l'extirpation des hérésies, de dom Luc d'Achéry sur Guibert de Nogent,
puisque ce concile fut tenu en présence de datée de Vellétri le 8 avril M81 - (il faut lire
ces deux puissances, du pape, des cardinaux, 1182, puisque Lucius III ne fut élu que le 1"

des évêques, de l'empereur et des seigneurs septembre 1181). Cette bulle est adressée à
de sa cour, [encore était-ce le pape qui y pré- l'abbé et aux religieux du Mont-Saint-Quen-
sidait, et non l'empereur.] tin, et signée du pape, de deux évêques et de

ae> sont 9. Sous le nom de cathares ou patarins sept cardinaux. On y met ce monastère et
n'i.rn.é. mentionnés dans ce décret, il faut entendre tous ses biens sous la protection du Saint-
i«p"; »" les nouveaux manichéens, dont la secte se '
Siège, et l'on y confirme la possession de ses
concila de
'•"> répandait en beaucoup d'endroits. En 1183, biens actuels. Voici ce que cette bulle or-
Guillaume, archevêque de Reims, et Phi- donne « Aucun de ceux qui auront fait pro-
:

lippe, comte de Flandre, en condamnèrent fession dans ledit monastère ne pourra en


un grand nombre au feu, avec confiscation sortir sans la permission de son abbé, si ce

de leurs biens, après les avoir convaincus n'est pour passer à un ordre plus sévère per- ;

par leur propre confession d'une doctrine sonne ne pourra exiger d'eux la dime des
très-impure. Les passagins observaient à la novales qu'ils cultiveront par leurs mains,
lettre la loi de Moïse touchant le sabbat et la ou qu'ils feront cultiver à leurs frais; il leur
circoncision, niaient la trinité des personnes sera libre de choisir des prêtres pour la des-
en Dieu, et condamnaient les Pères et toute serte de leurs églises, en les présentant à
l'Eglise romaine. Il y avait deux sortes d'hu- l'évèque diocésain; ils ne pourront aliéner ni
miliés les uns vivaient d'une manière édi-
: terres, ni bénéfices, ni églises de leur dépen-
fiante, et leur institut avait été approuvé par dance sans le consentement de tout le cha-
le St-Siége les autres vivant sans aucune sou-
; pitre ou de la plus grande et plus saine par-
mission à l'Eglise, prêchaient sans mission, en- tie; à la mort de l'abbé, on ne pourra lui

tendaient les confessions et dirigeaient [leurs donner pour successeur que celui qui aura
dupes], s'atirihuant d'eux-mêmes le minis- été élu selon Dieu et la règle de saint Benoît,
tère ecclésiastique. Les pauvres de Lyon fu- par le consentement unanime de la commu-
rent nommés cause que leur secte
ainsi, à nauté ou par la plus saine partie, »
commen(;a en cette ville en 1160; mais ils [II, Les lettres de Lucius III, dans la Pa-
sont plus connus sous le nom de vaudois, au nombre de deux cent cin-
trologie, sont
qui leur lut donné depuis que Pierre Valdo quante-quatre mais quinze sont seulement
•*,

se mit à leur tète. Il leur expliquait le texte indiquées; on n'a que de courts fragments

' Pag. 1737. ' Nous disons 254, et non 254 comme porte la liiMe.
' Episl. 4, apud Guilerlvm, in notis, pag. C20. Deiij: cliiCfres sout répétés ; ce qui arrive souvent
[Patrol., ibid., Epist. 48, col. 11 80-1131. aussi dans les collections des lettres de la Patrologie.
93a HISTOreE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
des huit dernières. La plupart de ces Icllres qu'autant qu'ils en seraient requis par les
sont des privilèges. Voici les plus importantes templiers. Ils devaient l'obéissance au grand
qui n'ont pas été analysées par notre auteur. maître, selon les statuts de l'ordre. Les tem-
Dans la huitième lettre, écrite le 29 novem- pliers devaient s'adresser aux évêques des
bre 1181, le pnpe défend de pn'lever des lieux pour la consécration des autels ou des
dîmes sur les terres ou les animaux des frères basiliques, les ordinations des clercs; mais
hospitaliers de Jérusalem. Ses prédécesseurs si ces évêques n'étaient pas catholiques ou
avaient déjà porté cette défense mais quel- , n'étaient pas en communion avec le Siège
ques-uns n'en tenaient pas compte. apostolique, les templiers pouvaient s'adres-
La onzième est adressée au cierçïé teuto- ser, par autorité du St-Siége, aux évêques
nique. Le schisme avait atfaibli les liens de de leur choix.
l'obéissance jusque dans l'ordre de Prémon- Le pape dans lalettre Ho% en date du 2 sep-
.
,

fré quelques abbés et des prévôts refusaient


: terabre 1 183 donne avis aux évêques de Ger-
,

de se rendre au chapitre général qui devait manie de la mort de Chrétien, archevêque de


se tenir tous les ans. Le pape ordonne aux Mayence. Ce prélat guerrier avait d'abord
évéqiies d'Allemagne de sévir contre les ré- servi avec ardeur l'empereur Frédéric; mais
fraclaires qui n'auraient pas d'excuse raison- dans la suite le pape l'avait mis à la tête de
nable à faire valoir. ses troupes, et la terreur qu'inspirait son nom
La suiv.mte, datée du 30 décembre 118 1, avait suffi pour mettre en fuite jusqu'à deux
est adressée à Cnnut, roi de Suède; le pape fois les Romains, qui assiégeaient Tusculum.
lui recommande Gilles, qu'il avait sacré évé- C'est dans cette ville qu'il mourut de la fièvre
que de Westerns, pour remplacer Ilien, qui dans de <rrands sentiments de piété.
étiiit décédé. Le 8 novembre de la même année, il fai-
Simon, évèque de Meaux, avait dressé un sait savoir au doyen et au chapitre de Char-
statut par lequel il obligeait à la résidence tres qu'il n'y avait pas d'appel pour les usur-
ceux qui obtenaient un personat dans son pateurs sacrilèges des biens de l'Eglise de ce
Eglise. Sur sa demande Lucius confirma le
, diocèse.
statut; l'acte est du 29 janvier 1182. Le 4 janvier 1 184, il signifiait la même chose
La lettre à Etienne d'Autun et à Manassès à Maurice, évêque de Paris contre les prê- ,

de Langres, en date du 21 décembre 1182, tres accusés de fornication.


est pour leur défendre de rien entreprendre Les lettres cent quarante- sixième, cent E[.i,l. t

contre le privilège accordé aux moines de cent quarante -septième et cent quarante- 1259-1262.

Cîteaux. Par ce privilège, les moines de Ci- huitième, du 28 mai 1184, regardent le cha-
leaux étaient exemptes de la dime comme de Saint -Martin de Tours. Il
pitre et l'église
les frères hospitalieisde Jérusalem. en est de même de la cent soixante-dixième.
Dans la lettre à Guillaume, archevêque de Le chapitre de Rouen avait élu pour ar-
Reims, Lucius se plaint de ce que cet arche- chevêque l'évêque de Lincoln; le pape agréa
vêque donnait l'absolution des censures à cette élection le 17 novembre, et il envoya
ceux qui en avaient été frappés par l'évêque à l'archevêque élu le pallium par le sous-
de Beauvais; elle est du 9 juin 1182. diacre Hubald.
;
11 confirme, le 28 avril 1183, par une lon- Le 21 novembre , Lucius faisait défense à
gue lettre, les privilèges des templiers, et tout prélat de porter des censures contre les
leur donne en même temps de sages con- monastères de Cîteaux et les frères qui y de-
seils. Il leur permet d'avoir avec eux, dans meuraient.
leurs ditl'éreules maisons, des clercs et des Le 10 décembre, il écrivit à Robert, arche-
prêtres, et de recevoir ceux qui se présente- vêque de Vienne, pour lui recommander l'or-
ront, quand lucme èvêques refuseraient
les dre des chartreux, et le 21 du même mois il
de les donner. Ces prêtres, après une épreuve prenait sous la protection du Saint-Siège la
suffisante, devaient professer la vie religieuse, maison des cliartreux et en confirmait les,

vivre, se vêtir et se coucher comme les tem- possessions.


pliers; leurs vêteuients cependant devaient Outre la lettre sur la croisade, on eu a une
être fermés. Ils ne devaient preudre part au autre adressée à Henri, roi d'Angleterre. Le
chapitre et s'occuper des soins de la maison pape engage ce prince à traiter convenable-
qu'autant qu'ils en recevraient l'ordre des ment la relue Marguerite, veuve d'Henri, et
templiers. Ils ne devaient avoir soin des ûmus à augmenter ses revenus.
[Xll' SIÈCLE.] CHAPITRE L.XX.XII. — URBAIN III, PAPE.
Le pape écrivit, le 16octobre, ;\Gautliier, .ir- 12. Le jour même de la mort de Lucius III. urimni,!,
'"'"'
clievèqiie de Rouen de ne pas meltre comme
, 23 novembre 1185, les cardinaux nommèrent
vicaires dans les églises paroissiales dus tous d'une voix pour son successeur Hubert
clercs qui ne seraient pas prêtres ou au moins Griiieili, né à Milan, archevêque de cette
sur le point de le devenir, qui no seraient pas ville et cardinal du titre de Saint-Laurent in
disposés à résider et qui ne seraient pas ca- Damaso. 11fut couronné le dimanche suivant,
pables, quand même ils auraient été présen- l^décembjc, sous le nom d'Urbain III, et
tés par des patrons laïcs. garda l'archevêché de Milan.
Le 1" du même mois, il avait écrit aux 13. Le 12 janvier 1186 il donna avis de '
s»iciireaui

habitants de Ueiras pour confirmer les cou- son élection à tous les évèques, aux abbés .iém°;n! .."^î

tumes et les libertés instituées par Guillaume, et à tous les prélats des Eglises, demandant ,p,irM.,

archevêque de Reims, et approuvées par le les sutlrages de touspour son pré-


les fidèles ',°'Jli, ,2,'coi;
'''' '"*'
roi Philippe. décesseur, et le secours de leurs prières pour
Baudouin venait d'être élu archevêque de lui-même. Mécontent du mariage^ que l'em-
Canlorhéry; le pape le félicita, en H85, de pereur Fridérie avait conclu entre Henri son
cette élection, et lui envoya le pallium pur filset Constance, fille de Roger, roi de Sicile,
le notaire Trausraond. et célébré à Milan le 27 janvier de la même
Hartwige II, archevêque de Hambourg, année, et plus encore de ce que dans ceile
s'était plaint de ce que les évêqucs de Dune- cérémonie l'empereur Fridérie avait été cou-
mark, de Suède et de Norwège ne lui obéis- ronné par l'archevêque de Vienne , le roi
saient pas le pape répondit à l'archevêque
: Henri par le patriarche d'Aquilée, et la reine
qu'il ditlërait d'écrire à ce sujet aux prélats Constance par uu évêque allemand, il sus-
en question à cause des troubles qui exis- pendit tous lesévêquesqui y avaient assisté.
taient alors dans ces Etats. La lettre est du Le pape Urbain eu t divers autres démêlés avec
4 mai 1185. l'empereur Friiiéric; il se plaignait en parti-
Parmi les privilèges, on remarque encore culier de ce que ce prince s'était emparé in-
celui par lequel le pape accorda, en 1182, à justement des biens légués par la princesse
l'abbé de Vézelay et à ses successeurs, le Malhilde à l'Eglise romain''; qu'il s'emparait
droit de porter la mitre. aussi des dépouilles des évèques morts, et
Nous avons dit qu'on avait deux décrets dissipait les biens de plusieurs monastères
lendus par le pape Lucius III. Le premier, de filles, sous prétexte que les abbesses en
adressé au maitie et aux frères de la milice abusaient.
de Saint-Jacques, est sur la cohabitation des avec ce prince,
14. Ilfitdanslasuite sa paix ?<•, s»ins

clercs avec les femmes. Défense d'entendre mais ne vint pas à bout de porter du se-
il L°d.'sam°ri

la messe des prêtres qui ont très-certaine- cours aux chrétiens dans la Terre-Sainte,
ment une concubine. Mais il faut distinguer quoiqu'il se fût donné à cet égard de grands
entre crime notoire et avoué , et crime oc- mouvements. Il était eu ciiemin pour Venise
culte et toléré par l'Eglise. Ou peut licite- dans le dessein d'y faire équiper une Hotte,
ment entendre la messe et recevoir les sacre- que Jérusa-
lorsqu'il apprit, étant à Ferrare,
ments quand les clercs et les prêti es, quoique lem avait été rendue à Saludin le 2 octobre
fornicatenrs, ne sont pas encore découverts 1187. La nouvelle de cette prise, qu'il pré-
et que leur crime n'a pas l'évidence. voyait devoir entraîner lu perte de la Terre-
L'évêque de Norwicli avait demandé au Sainte, lui causa une maladie dont il mourut
pape si le juge ordinaire, ou autre à qui le juge le 19 octobre de la même année, n'ayant

délégué a ordonné de citer les parties ou a tenu le Saiiit-Siége qu'un an, dix mois et
confié l'exécution de la sentence, est tenu vingt-cinq jours, en comptant du jour de son
d'obéir au juge délégué. Le pape répond par élection ^.

l'allirmative, lu juridiction déléguée pouvant 15. Il nous reste de lui cinq lettres '. Dans scsiciir...

déléguer tout ce qui concerne la juridiction.] la première il fait part de son élection à
,

' Tom. X Concil., piig. 1742. autres. Elles sont précédées d'une notice bisloriiine
« Godi'frid. Viterb., Chruuic, liait, xvii, pag. Îil3 de Mansi, d'une notice diplomatique tirée de Juffé,
et 52'2. et elles sont suivies d'une lettre écrite à ce pape par
' Pulrohrjic, tom. CClf, col. 1331-1533, contient
l.u lîauilouiu, archevêque de Cantorbéry. (L'ctlileur.)
cent quardutfi-buil leltrps d'Urbain III; une est scule- *Tom. X ConcU., pag. 1742 et seq.
uicut indiquée, cl on a de courts frugmenlâ de deux
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
tousles évèques, ainsi qu'on l'a dit plus haut. Baudouin, archevêque de Cantorbéry, et il
Dans la seconde , adressée à Guillaume , roi emploie les mêmes termes dont il s'était
d'Ecosse [le 3i juillet H86], il informe ce servi dans la lettre aux évèques. Par une
prince du jugement qu'il avait rendu en f;i- lettre en date du même mois, il faisait savoir
veur de Jean évoque de Donqueld à qui il
, , aux évèques et à tous les fidèles de la pro-
a>ait rendu l'évêché de Saint-André, possédé vince de Cantorbéry, qu'il établissait Bau-
par Hugues son compétiteur. 11 charge, par douin son légat. Les lettres vingt -deux,
sa troisième lettre [écrite à la même époque], vingt-neuf, trente, regardent l'abbaye de
Jocelin, évéque de Glascow, et quelques au- Cluny. La lettre où le pape exprime ses
tres, de proléger l'évêque Jean et ses amis, plaintes contre l'empereur Frédéric est du
et d'empêcher qu'il ne leur fût fait aucun 18 juin 1186; elle est datée de Vérone. Le
mal. Jean et Hugues avaient auparavant re- 13 avril 1186 on 1187, il écrivait aux évè-
mis leurs intérêts au pape Lucius III, qui avait ques, au clergé et aux fidèles de la province
rendu à Hugues l'évêciié de Saint-André et de Bourges, pour les avertir qu'il avait éta-
donné à Jean celui de Donqueld, avec tout bli Henri, archevêque de Bourges, son légat
ce que le roi d'Ecosse lui avait ôté. Mais ce dans toute la province il en exceptait le
:

prince n'ayant pas voulu faire cette restitu- monastère de Déols. La cent huitième lettre
tion, Jean continua à disputer à Hugues l'é- est adressée à Gauthier, archevêque de Rouen;
vêché de Saint-André; le pape Urbain 111 fa- le pape le fait souvenir qu'après un appel
vorisa les prétentions de Jean, comme il est interjeté, il n'est point permis de rien inno-
dit ici, et cita Hugues à comparaître à jour ver, et il lui ordonne, au cas où quel'|u'un
certain devant son tribunal. Far la quatrième, de sa province aurait eu à se plaindre d'une
[écrite le 1" octobre 1186],pape Urbain le paieille innovation, de rétablir les choses
permet à Baudouin archevêque de Cantor-
, dans l'état où elles étaient avant l'appel. A
béry, de bâtir une église en l'honneur de la prière de Philippe, roi de France, il donna
saint Etienne et de saint Thomas, d'y mettre un an de délai à l'archevêque de Tours pour
des personnes en état de la desservir avec arranger son dift'érend avec l'Eglise de Dol.
décence, et de leur assigner une portion ca- Cette lettre est du i septembre 1186 ou
nonique pour leur subsistance. A cet etl'et, il 1187. Sons l'an 1187, nous en trouvons une
lui ordonne de partager en quatre parties les du 24 févriei- à Wichmann, archevêque de
otl'randes que l'on apportait au tombeau de Magdebourg. Le pape s'y plaint des torts
saint Thomas, martyr; d'en donner une aux faits à l'Eglise romaine par l'empereur Fré-
moines qui desserviraient l'église des saints déric, et il prie le prélat de s'interposer pour
Etienne et Thomas, martyrs; une à la fabri- obtenir la paix. Les deux lettres suivantes,
que de l'église une pour les pauvres, et la
, écrites en 1187, regardent le différend que
quatrième pour quel usage il voudrait. Par Baudouin, archevêque de Cantorbéry, avait
la cinquième [écrite le 26 mars 1187], il prend avec les religieux de sa catnédrale. Baudouin
sous la protection du Saint-Siège la maison avait gravement molesté ces religieux, et
que les frères hospitaliers avaient bâtie dans n'avait tenu aucun compte de leur appel. Le
le territoire de Boulogne avec une église
, pape lui ordonne de rétablir les choses com-
dont le pape Alexandre avait mis la première me elles étaient avant l'appel, et, s'il ne le
pierre. Il leur accorde aussi divers privilèges, faisait pas, les moines étaient autorisés à le

lesmêmes à peu près que Lucius III avait faire. Dans une autre lettre, il ordonne à

accordés à l'abbaye du Mont-Saint-Quentin, ce même archevêque de détruire la nouvelle


dont on a parlé plus haut. église qu'il lui avait d'abord permis de bâ-
16. [Au tome CCII de la Patrologie, col. tir, parce que les moines de (Cantorbéry s'é-

1331-1532, nous trouvons cent quarante-huit taient plaints qu'elle leur portât préjudice.
lettres d'Urbain III. Lu plupart sont, comme Baudouin n'avait pas tenu compte des lettres
les précédentes, des privilèges. Voici les du pape sur les réparations qu'il devait aux
principales : moines Urbain lui en fit des reproches. Il
:

Urbain permet à Pierre, archevêque de en adresse pareillement aux moines qui


Spalatro, en Dalraatie, de faire porter la avaient négligé d'exécuter les ordres du
croix devant lui dans tout le royaume de Saint-Siège. Il accorda au prieur et au cou-
Hongrie (12 décembre 118.3). Au mois de vent de Cantorbéry le privilège suivant :

janvier 1186, il fait part de son élection à Personne, tant que le procès entre eux et
(XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXII. — GRÉGOIRE VllI, PAPE.
l'archevêque serait pendant, ne devait pro- mer, lorsqu'il fut attaqué d'une fièvre dont il
noncer contre leur église et leurs personnes iiiomiit le 17 dt'cembre 1187, après avoir
une sentence d'excommunication, de sus- tenu le Saint-Siège un mois et dix - sept
F.pisi i6n, pense ou d'interdit. Par une lettre en date jours '.

°3i.'
"' " du 2 octobre, il prie Henri, roi d'Angleterre, 18. Nous avons de lui trois lettres -. Dans SMUuroj.

de réprimer les abus commis par Baudouin, la première, écrite le 29 octobre à Ions les
et (le mettre à exécution les mesures pres- tidèles, témoigne une très-vive douleur de
il ,„„î'';',7';
'.'"' '"s.
crites par les juges délégués par le Saint- la prise de Jérusalem, particulièrement de
Epi.t. 163, Siège. Ces juges étaient Réginakl, évêque la vraie croix dans la bataille de Tibériade,

de Bath, Sefrid, évêque de Chichester, et les où on l'avait portée selon la coutume. Quoi-
abbésdeBelloet de Fauresham. Us devaient qu'il ne doutât point que tous ces malheurs

piocédei' à l'exécution des ordres du pape, ne fussent arrivés en punition de leurs pé-
si trente jours après la réception du la lettre chés, il les exhorte à ne pas perdre courage,
qu'il leur adressait, l'archevêque n'avait mais à apaiser Dieu par des larmes de pé-
point obéi. nitence et par toutes sortes de bonnes œu-
Parmi les privilèges, on peut remarquer vres, et à retourner ensuite à l'ennemi, en
ceux qui concernent Cluny, Citeaux, Grand- imitant les Machabées, pour la défense de
mont, Vczelai, Prémontré et les Chartreux. la religion et la délivrance de leurs frères.

Kpisi »5, Urbain permet aux religieux de (jrandmoul C'est pourquoi il promet à ceux qui feront
de sonner une cloche en cas d'interdit géné- le voyage de la Terre-Sainte l'indulgence

ral du pays. Il accorde à l'abbé de Vézelai plénière el la protection de l'Eglise ro-


et à ses successeurs l'usage de la mitre, des maine, pour eux, leurs fauùlles el leurs
gants et de l'anneau « Ce qu'il t'ait, dit-il,
: biens temporels, dès le moment même qu'ils
par respect pour sainte Marie -Madeleine, se seront croisés.
dont le corps sacré repose dans votre église.» 19. 11 marque dans la seconde lettre ^, aussi Epui. s.

Col. 1533. A la suite des lettres d'Urbain III, un trouve adressée à tous les fidèles, la pénitence que ^T'i,' «i."

celle que Baudouin, archevêque de Cantor- chacun devait faire pendant cinq ans les ven- ;

béry, écrivit à Urbain pour le féliciter au dredis au moins ils devaient jeûner comme en
sujet de son élection, qui avait réuni tous carême, et ces jours-là la messe ne devait
les sutl'rages, et il le remercie en même être célébrée qu'à [l'heure de] noue; ils de-
temps du pallium qu'il lui avait envoyé.] vaient s'abstenir de manger de la chair le
Grijore 17. Le succcsseur d'Urbain 111 fut Gré- mercredi samedi il exceptait les ma-
el le :

vin, p>pe.
gQJj.g Y|[j^ natif de Bénévent, cardinal, chan- lades. Quiconque y manqueiail serait traité
celier de l'I^^glise romaine. Son élection se comme s'il avait rompu l'abstinence du ca-
fit 20 octobre 1187, et sa consécration le
le rême. Le pape ajoute, eu parlant de lui-
25, qui était uu dimanche. 11 prit le nom de même et de sa cour « Pour nous et pour :

Grégoire, au lieu de celui d'.Albert qu'il por- nos frères, nous nous en abstiendrons en-
tail auparavant. Hugues d'.\uxerre nous le core le lundi avec nos domestiques. »

dépeint comme un homme savant, éloquent, 20. La troisième aux prélats de


lellre est Epiji. 3.

d'une vie pure et austère, et d'un grand l'Eglise, donne avis que, pour
auxquels il e,'„ui',mi',

zèle. Dès le commencement de son pontifi- ne point occasionner de nouveaux fi'ais à


cat, il envoya des légats aux princes ciiié- ceux qui avaient obtenu des lettres du pape
lieus pour les animer, eux et les autres tidèles, Urbain, son prédécesseur, pour faire juger
au recouvrement de la Terre-Sainte; et sa- leurs affaires sur les lieux, il valide et con-
chant combien les Pisans cl les Génois, très firme toutes les commissions données par
puissants les uns et les autres par terre et lui trois mois avant sa mort. Celte lettre est
par mer, pouvaient contribuer à la réussite datée de Ferrare, le 27 octobre 1187. C'est
de celte entreprise, il alla lui-même à Pise, que, selon les règles du droit, les commis-
où il fit venir les Génois. 11 commença par sions cessent par la mort de celui qui les a
travailler à leur réconciliation, et celte œu- données.
vre salutaire était sur le point de se consom- 21. Baluze* a fait imprimer, dans le t. VII Kpiin

' Les lettres et privilèges de Grégoire VIII suut au par JalTé. Elles sont suivies d'une lellre de Guy, ar-
nombre do vingt-sept dans la l'ulro/oyii, loin. CCII, clievéque de Sens. {L'édi/eur.)
col. 1537-1563. Ces pièces sout précédées d'une nolice » Tom. X ConciL, pag. 1748. —
' Ibid., pag. 1751.

historique tirée de Mansi et d'uue notice diplomatique *Tom. VH Aliscellan. Baluz., pag. 1C7.
HlSTOmE GÉNÉRALE DES AUTF.URS ECCLÉSIASTIQUKS.
de ses Mélanges, une lettre sous le nom fie écrivit le même jour au roi Henii, éhi em-
Grégoire Vlll, mais en remarquant qu'elle pereur des Romains.
est plutôt de l'antipape Bnurdin qui prit ,
La lettre suivante, écrite le 30 novembre,
aussi le nom de Grégoire Vlil. Eu effet, dans est adressée à Folmar, archevêque de Trê-

cette lettre, qui est adressée à l'empereur ves. Le pape lui dit que la ruine de l'Eglise
Henri V, l'auteur se plaint de ce que ce orientale le porte à prendre des mesures
prince, qui était son plus grand appui dans moins rigoureuses contre l'empereur et ses
le schisme, ne le soutenait pas assez dans fils. Il s'élève contre les censures trop mul-

ses prétentions sur le Siège apostolique de tipliées de l'archevêque, lui en montre les
Rome, que les secours militaires qu'on
et inconvénients et lui défend d'excommunier
lui promis lui étaient plus nuisibles
avait ou de déposer personne dans la province,
Tout cela convient h Gourdin, et
qu'utile?. sans avertir le Saint-Siège et sans en avoir
n'a aucun rapport à l'histoire de Grégoire reçu la permission.
vm. Dans la lettre aux fidèles, il s'élève contre
'

Les lettres et privilèges de Grégoire VIII,


[22. l'usure et le serment que les usuriers exi-
dans la Patrologie, sont au nombre de vingt- geaient de leurs débiteurs.
sept. Nous signalons les pièces sniv;mtes : Dans la suivante, adressée à tous les évê-
La première, en date du 27 octobre, est ques, il s'étend sur les vêtements des clercs,
adressée au clergé d'Allemagne. Le pape lui sur leurs devoirs;il leur ordonne de porter
annonce son élection et l'exhorte à faire des vêtements fermés; il leur défend de se
tous ses etforts pour engager Frédéric, les servir de chapes ou de mantelets rouges ou
grands et le peuple, à se croiser pour re- verts, d'y mettre de l'étoffe de de por-
soie,

couvrer la Palestine. Les appels en cour de ter des anneaux aux mains, à moins qu'ils
Rome étaient si multipliés, que le pape ne ne soient évêques. Il veut qu'ils aient la cou-
pouvait suffire aux graves intérêts de l'E- ronne et la tonsure convenable; qu'ils évi-
glise. Pour remédier à cet abus, il écrivit à tent tout à fait les jeux de hasard, do dés, et
tons les évêques et à tous les archidiacres la chasse; qu'ils s'exercent suffisamment
de terminer sur les lieux les procès pour les dans les offices ecclésiastiques et dans les
choses modiques qui ne dépassaient pas la autres études. Venant ensuite aux habits
somme de vingt marcs, sans tenir comiite de des hommes et des femmes, il s'exprime

l'appel qu'on pourrait interjeter. S'il s'agis- ainsi : « Défense aux hommes de porter des
sait d'une somme plus forte, on ne devait habits coupés dans la partie inférieure, et
pas forcer les parties à subir le jugement aux femmes d'avoir des vêtements somp-
de leur évêque, mais, dans ce cas, il fallait tueux et qui dépassent la longueur de leur
les contraindre à choisir des juges dans les corps; elles doivent avoir une tenue hon-
évéchés voisins, et ces juges traiteraient nête et modeste qui n'indique ni l'impureté
l'atlyire selon la formule envoyée par le pape. ni la vanité. L'homme ou la femme qui con-
On ne devait appeler au St-Siége que dans treviendra à ces règles sera exclu, jusqu'à
les causes majeures et dans les points les coriection, de la communion du corps du
plus obscurs. En cas d'appel, les évêques et Seigneur, et ne pourra assister aux offices
les arcliidi cres devaient accorder les lettres ecclésiastiques subira une peine plus
; il

dimissoriales où ils exposeraient l'atfaire. Le grave de la part du prêtre, s'il ne prend pas
pape ajoute qu'en prenant ces dispositions, il soin de corriger sa légèreté. » Que ferait
ne changeait pas l'ordie des anciens canons Grégoire Vlll s'il voyait les vêtements des
en ce qui regardait les appels aux archevê- femmes de nos jours?
ques ou aux primats. Dans la lettre adressée à Grégoire VIII,

L'empereur Frédéric désirait la paix; il Gui, archevêque de Sens, se purge des cri-
avait envoyé vers Urbain 111 l'évêque de mes dont il était accusé.]

Brandebourg et l'abbé d'Hersuel. Ces en- 23. Grégoire eut pour successeur Paul ou
voyés trouvèrent le Saint-Siège occupé par Paulin, romaindenaissance, cardinal, évêque
Grégoire Vlll, et c'est à lui qu'ils se présen- de Preneste ou Palestrine. Son élection se fit
tèrent. Le pape écrivit à l'empereur qu'il à Pise, le 19 décembre 1187, et son couron-
avait autant de désir que lui de conclure la nement le dimanche suivant, 20 du même
paix, et qu'il ferait tout ce qu'il pourrait mois. On luidonna le nom de Clément III.
pour arriver à ce but. C'est aussi ce qu'il Ses premiers soins, après son couronne-
[X1I<^ SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXII. — CLÉMENT 111, PAPE. 937

ment, fuient de traiter avec les Romains à mace, lui ota l'évêché de Saint-.\ndré, le
l'occasion de la ville de Tiisculum, qui était suspendit des fonctions épiscopales, déchar-
de son domaine, mais que les Romains tra- gea ses sujets de l'obéissance qu'ils lui
vaillaient à soumettre à leur domination de- avaient promise, fit ordonner au chapitre de
puis le pontificat d'.\lexandre III. Les dépu- Saint-André de choisir un nouvel évéque
tés de Clément III ' transigèrent avec le sé- comme si le siège était vacant, et engagea
nat et le peuple, aux conditions suivantes : les évêques d'Ecosse à faire réussir l'élec-
La ville et les deux tiers de la monnaie se- tion en faveur de Jean de Donqueld, dont il
raient rendus au pape; de Saint- l'église leur fait l'éloge. La lettre qu'il leur écrivit
Pierre et les autres engagées
qui étaient est datée de Pise, le IG janvier 1 188.
pour la guerre, seraient décbargées; les 26. Le pape écrivit le même jour et sur la g^.,, j_ ,_

murs de la ville et de la forteresse de Tus- même atl'aire à Guillaume, roi d'Ecosse, _'i^f/°5; ,'^|5

culum seraient détruits dans six mois; l'E- pour l'exhorter à recevoir l'évèque Jean en "'"•'^'
gliseromaine en aurait, comme auparavant, ses bonnes grâces; à Henri, roi d'Angle-
les domaines et les mouvances, et les Ro- terre,pour y contraindre ce prince par l'au-
mains y donneraient sûreté, tant au pape torité qu'il avait sur lui;et au clergé de

qu'aux évêques et aux cardinaux qui y sé- Saint-André de reconnaître Jean pour leur
journeraient ou en reviendraient -. Le traité évèque et de lui obéir en tout. Par une cin-
ayant été conclu le dernier jour de mai quième lettre, de même date, il ordonna à
1188 Clément III songea au voyage de
, tous les évêques d'Ecosse d'aller à la cour
Rome, où il n'arriva toutefois que le 13 mars du roi Guillaume pour l'engager à oublier
1189. tous les sujets de mécontentement qu'il pré-
24. Avant de sortir de Pise, il reprit la né- tendait avoir contre l'évèque Jean, et à le
gociation du recouvrement de la Terre-Sainte laisser jouir paisiblement de l'évêché de
commencée par son prédécesseur. y ex- Il Saint-André; d'aller aussi à cette église,
horta les Pisans, et donna l'étendard ^ de d'en assembler le cbapitie, et d'examiner
saint Pierre à leur archevêque Ubalde, avec avec soin si tout y était dans le devoir et
la qualité de légal. Le pape confirma lindul- dans un état convenable. Le pape leur donne
gence accordée aux croisés par Grégoire VIII, pouvoir de prononcer des censures contre
composa' une formule de prières qu'ils de- quiconque leur résisterait, fut-ce même le

vaient réciter chaque jour, et en ordonna roi d'Ecosse.

de particulières par toute l'Eglise pour la 27. Ce prince rendit ' sa bienveillance à
paix, la délivrance de la Terre-Sainte et des l'évèque Jean, le laissa jouir paisiblement

chrétiens détenus captifs chez les Sarrasins. de l'évêché de Donqueld, et lui en restitua
11 bâtit le monastère de Saint-Laurent ^ hors les fruits, mais à condition qu'il renoncerait
des murs de Rome, et répara le palais de à l'évêché de Saint-.4ndrê, qu'il donna à sou
Latran, qu'il fil orner de peintures. C'est le chancelier Roger, fils de Robert, comte de
commencement de la renaissance des arts. Leicester. L'évèque Jean consentit à tout
A peine avait-il achevé ces ouvrages, qu'il pour le bien de la paix. Le roi ayant donné p^,^, ^

mourut le 27 mars 1191, après trois ans et cette satisfaction au pape, en obtint un pri- ^^'378"epi'',i!
trois mois et demi de pontificat *. [11 est le vilége par lequel Clément ordonne qu'à l'a- "'
premier pape qui ait ajouté l'année de son venir l'Ecosse sera immédiatement soumise
pontificat aux dates du lieu et du jour.] au Saint-Siège; que le pape seul, ou son
23. La contestation au sujet de l'évèclié légat ù lalere, aura droit d'y publier un in-

de Saint-André en Ecosse durait toujours terdit ou une excommunication; qu'aucun


entre Jean et Hugues. Celui-ci, cité au tri- ne pourra y exercer les fonctions de légat,
bunal du pape Urbain III, avait lelusé de s'il n'est Ecossais ou tiré du corps de l'E-

comparaître. Clément 111, voyant sa contu- glise romaine ; et que les ditlérends pour

ad au. tlSci. lom. CCIV, col. 12731S78. Ces pièces soûl précédées
« Voyez plus bas, pag. 940. [L'éditeur.) d'uue notice historique par Mausi et d'uue uotice
5 III Ital. sacra, pag. 38S.
C/iJwi. I^ts., toiii. diplomatique par Jalîé el elles sont suivies de tiu-
;

Koger, pag. U51.


* quaiile-six décrets, d'uue lettre que Richard, roi d'.'Vu-
s Vila Ctem., loin.
X Concil., pag. 1753. gleterre, adressa au pape, cl de l'accord fait eutre le
• Les lettres de Clémeul 111,
y compris les privilèges, pape el le.> séuatcurs de Home. (L'éditeur.)
6out au uombre de cent soixanle-uiie, Pairologin, "
llogcr, pag. 04».

XIV. 59*
938 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
les biens situés dans le royaume ne pour- lit, et le pape confirma le 12 décembre la paix
ront être évoqués à aucun tribunal du de- qui en fut la suite.
hors , sinon à Rome par appel. Le pape Joachim, abbé de Corace, sur l'ordre du
nomme dans sa bulle, qui est du 13 mars ' pape Lucius III, avait entrepris l'exposition
H88, neuf évêchés de l'Eglise d'Ecosse,
les de l'Apocalypse et une concordance, et avait
savoir Saint-André Glascow Dunquekl,
: , , continué ces ouvrages, comme il l'assurait,
Dublin, Bréchim, Aberdon, Mourai, Rosse par l'autorité du pape Urbain. Clément, par
et Catne. une lettre en date du 8 juin, lui prescrit d'a-

Le pape Clément III, informé par les


28. chever et de corriger ces ouvrages, afin de
lettres d'un grand nombre de personnes, que les soumettre le plus tôt possible à l'examen

Dieu, par l'intercession d'Otton de Bamberg, et au jugement du Siège apostolique. Le len-


apôtre de la Poméranie, opérait divers mira- demain il écrivait à Absalon, archevêque de
cles principalement dans cette province
, ,
Lunden, pour lui permettre de mettre au
écrivit [le i" mai H80] aux évêques de Merse- nombre des saints, Retillus, autrefois prévôt
bourg et d'Eisclilal, aux abbés de Saint-Em- de Sainte-Marie de Viberge, dont la vie avait
meram, de Ratisbonne et de Swartzen, et été illustrée par ses vertus, et qui après sa
aux doyen et scholaslique de "Wirtzbourg, mort opérait beaucoup de miracles.
d'examiner avec soin la vérité de ces mira- Les lettres soixante - quatorze soixante-,

cles, et l'histoire de la vie d'Otton de Bam- quinze, soixante-seize regardent Grandmont.


berg et au cas qu'ils trouveraient vrais les
;
Dans la première. Clément annonce aux frè-
rapports qu'on lui en avait faits, de le dé- res de l'ordre qu'il a éloigné de la supério-
clarer canonisé par le Siège apostolique, et rité pour le bien de la paix, Guillaume, qui

de fixer sa fête au jour de sa mort. Le même avait fait serment de se démettre, et Etienne,
pape canonisa encore saint Etienne de Grand- son successeur, et qu'il leur accorde la liberté
mont. de choisir pour prieur celui qu'ils voudront.
[29. Le tome CCIV de la Patrologie, col. Dans la seconde, il fait savoir au comte Henri
1275-1478, renferme cent soixante-une lettres de Champagne le diti'érend survenu entre les
et privilèges de Clément III. Voici ce que frères de Grandmont au grand scandale des
nous y trouvons de plus remarquable. fidèles. Par la troisième, il confirme la règle

L'archevêque Baudouin n'obéissait point de Grandmont comme Urbain III l'avait cor-
aux ordres qu'il avait reçus d'Urbain III. rigée. Toutes ces lettres sont du mois do juin
Clément, par une lettre en date du 26 jan- 1188. Dans une lettre adressée à Henii, ar-
vier 1188, lui commanda de faire démoHr chevêque, il défend aux moines et aux clia-
tous les travaux qu'il avait exécutés dans la noines réguliers de demeurer seuls dans les
chapelle après l'appel au Saint-Siège et la villes. Les évêques de Syracuse usaient du

défense d'Urbain III.Tout ce qu'il avait en- pallium par une lettre adressée à Guil-
:

trepris contre les moines depuis ce moment laume, archevêque de Montréal, le pape leur
était pireillement déclaré nul et sans etl'el. défend de portât- cette marque de dignité.
Par une autre lettre en date du 10 décem- On n'a plus le texte de cette lettre.
bre, il donne quarante jours à ce prélat pour Nous n'avons qu'un fragment de la lettre
restituer aux moines ce qu'il leur avait en- qu'il écrivit à Isaac, empereur de Constanti-

levé. 11 lui défend de léser les privilèges du nople. Dans ce fragment il indique à l'empe-
Siège apostolique et de l'Eglise de Gantor- reur les principaux souverains qu'il a excités
béry, et lui déclare que, s'il n'obéit, Raoul, à s'armer contre Saladin l'empereur Frédé-
:

cardinal de Sainte-Praxède, usera de sévé- ric; Philippe, roi de France; Richard, roid' An-

rité.Plus tard, le 12 mars 1289, il substitua gleterre Othon de Bourgogne. Guillaume,


;

à Kaoul le cardinal Jean. Le zèle du pape roi de Sicile, après avoir purgé la mer des

s'étendait aussi à mettre la paix entre les corsaires, avait préparé des vivres à ceux
Pisans et les Génois depuis longtemps en dis- qui devaient partir d'Apuhe et de Sicile les ;

cussion au sujet de la Sardaigne. Le 19 mai, Frisons et les Danois avaient armé cinquante
il écrivait en conséquence aux consuls et au galères, et les habitants de la Flandre en
peuple de Pise, qu'il leur envoyait les cardi- avaient armé douze. Ces guerriers, passant
naux Pierre et Solfréde. Cette mission abou- dans la Mauritanie et abordant aux rivages
de l'Afrique, avaient causé de grands dom-
' On lit le 2 dans Maasi. (L'éditeur.) mages aux Sarrasins, avaient pris et détruit
[xii'siÈCLE.] CHAPITRE LXXXIl. — CLÉMENT 111. PAPE. 939
la ville de Sylvie le roi de Hongrie avait
; de l'Angleterre et de l'Irlande à
la légation
fait la paix avec les Vénitiens. Clément priait Guillaume, évêque d'Eii. La cent quarante-
Isaac d'aider de toutes manières les croisés neuvième lettre est la bulle de canonisation
dans la guerre qu'on commençait. de saint Malacliie ; elle est du 6 juillet; Ma-
Les clercs de Norwége avaient l'iiabitudc billon l'a donnée dans les œuvres de saint
cofu'î's'"'
de faire partie des expéditions guerrières. Bernard.
Le pape leur fait défense de s'y trouver, ;\ Sur la demande d'Alphonse, roi de Cas-
moins que ce ne soit pour y donner la péni- tille, le pape érigea en évêché la ville de Pla-
tence et les sacrements aux mourants, et centia et confirma le diocèse que le roi avait
pour détourner les sjldats des mauvaises établi <.

actions; autrement il confirmera la sentence 30. Les décrets de Clément III reproduits
que l'archevêque de Drontheim a portée dans la Patrologie, sont au nombre de cin-
contre eux. quante-six. Nous en signalerons quelques-
^F.piir 113,
pap mie en date du 21 mars, il an-
lettre uns.
nonçait à Gérald, prieur de Grandniont, et Un homme avait épousé depuis cinq ans
aux frères de cet ordre, qu'il avait donné une femme et avait couché avec elle pen-
ordre à Jean, cardinal-prêtre de Saint-Marc, dant trois mois, sans pouvoir consommer le

de mettre au nombre des saints Etienne , mariage, ce qu'il attribuait à un maléfice.


leur instituteur. Comme on le voit par celte L'évêque de Vérulam, dans le diocèse du-
lettre, le pape Urbain avait déjà fait la véri- quel se trouvaient les conjoints, avait con-
fication des vertus d'Etienne et des miracles sulté le Saint-Siège sur ce mariage on lui ;

par lesquels Dieu prouvait les mérites de son avaitrépondu que la coutume de l'Eglise ro-
serviteur. maine n'était pas de dissoudre de pareils
.oL''md."'Si I' avertit Othon II, évêque de Bamberg, de mariages. L'homme et la femme qui vivaient
'"'•
la commission qu'il venait de confier aux séparément étaient revenus habiter ensemble
évêques de Mersebourg et d'Eichstat, pour sans pouvoir se connaître ; nouvelle consul-
procéder à la canonisation d'Othon, évêque tation à Rome, et nouvelle réponse pour le

c.'^iïà-ilu: ^^ Bamberg. L'Eglise de Trêves avait eu maintien du mariage. Le même pape rompit
beaucoup à souffrir de la dissension qui avait un mariage dans un cas différent. Un soldat
eu lieu dans l'élection de l'arclievêque et de avait promis par serment de donner une cer-
la dissension survenue à cette occasion entre taine fille noble en mariage à son fils déjà
l'Eglise romaine Clément avait
et l'Empire. en âge nubile, et il avait fait venir dans sa
fait tous ses efforts pour y porter remède. maison cette fille à ITige de quatre ans; mais
Jugeant la présence de Folmar, archevêque après la mort de sa femme, il épousa cette
de Trêves, nécessaire pour traiter de la paix fille et vécut avec elle maritalement. Con-
et consommer toute cette affaire , il avait sulté sur un pareil mariage. Clément pro-
commandé h cet archevêque de se présenter nonça sa dissolution. Avant le concile de
à Rome. Mais Folmar ne tenant pas compte Trente, les unions contractées clandestine-
de cet ordre, le pape le déclara contumace ment n'entraînaient pas la nullité. Aussi,
et le priva de toute juridiction. 11 rendait aux Clément ayant été consulté sur ces ma-
clercs les prébendes et les bénéfices qu'ils riages, répondit qu'on devait tolérer ceux
possédaient au temps de l'élection de cet ar- qui les avaient contractés, tout en les soumet-
chevêque et dont ils avaient été dépouillés; tant à la pénitence, parce qu'ils avaient violé
rétablissait pareillement ceux qu'il avait ex- la défense de l'Eglise, et avaient encouru
communiés, déposés et suspendus. Il se ré- l'excommunication. Une fille avait été mariée
servait de pourvoir à l'honnête entretien de malgré elle à l'âge de onze ans mais elle ;

J'^T'cbevêque. GcollVoi, frère de Richard, roi avait habité avec son mari pendant un an et
«."uM-ius'
d'Angleterre, venait d'être élu archevêque demi. Le pape reconnaît ce mariage comme
de Cantorbéry. Le pape fit savoir le 7 mars valide à cause de l'habitation.
ll'JO, à tous les suffragants de l'Eglise de Nous trouvons dans ces décrets plusieurs
Cantorbéry, qu'il agréait cette élection. Le cas d'homicides involontaires commis par des
coi^um'"'
juin, à la prière du roi Richard, il confiait clercs. Dans tous les cas, le pape défend

Parmi les privilèges accordés par Clément III, il


« lequel il permet il cet abbé et ses successeurs I

y en a un à Gérard, abbé de Yézelay, Eyisl. 15, par sage des sandales.


940 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
l'exercice des ordres supérieurs ou la promo- versité était plus violente, avaient été éloi-
tion aux mêmes ordres, et enjoint une péni- gnés de Rome. Urbain III et Grégoire VIII
tence convenable. Il répondit à nn chanoine s'étaient vus sommés d'en sortir. Le peuple
de Cologne, homme habile dans les sciences romain ne fut pas si ennemi avec Clément III,
physiques, qu'il ne lui conseillait pas de son concitoyen.
prendre les ordres majeurs, parce que ce On convint que l'on continuerait d'élire
chanoine, en prenant toutes les précautions comme à l'ordinaire des sénateurs mais ;

convenables, avait donné des remèdes qui qu'au lieu d'un patrice on élirait un préfet.
avaient mis plusieurs personnes en danger Voici les articles de ce traité ^ 1° la ville :

de mort. de Rome sera sous la puissance du souverain


L'évéque de Ségovie avait demandé au pontife; 2° on abolira le titre et la dignité de
pape si les Juifs ou les Sarrasins convertis patrice, et l'on y substituera un préfet;
à la foi chrétienne pouvaient habiter avec 3° les sénateurs seront élus chaque année,
leurs femmes qu'ils avaient
prises dans sous l'autorité du pontife, ils jureront au
rinfîdélilé au troisième
au quatrième ou pape paix et fidélité, ils prêteront main forte
degré, ou pouvaient, laissant ces fem-
s'ils h l'Eglise romaine, si cela est nécessaire ;

mes, convoler à de secondes noces. Clément i" le peuple romain restituera la basilique
répond que ces convertis peuvent, s'ils le vaticanc et les fiefs de saint Pierre occupés
veulent, retenir ces femmes, qu'elles soient en temps de guerre 5° les tributs publics
;

converties ou non; qu'on ne doit pas cepen- seront au pouvoir du pape; qui en cédera le
dant les forcer <à le faire. Ils ne doivent tiers pour les besoins du peuple ;'6'' le sénat
pas contracter mariage avec d'autres, tant et le peuple romain défendront la majesté,
que ces femmes vivront et voudront demeu- l'honneur et la puissance de l'Eglise romaine
rer avec eux; si elles se sont retirées en et du souverain pontife; 7° le pape, dans les
haine de la foi chrétienne, ils peuvent con- temps accoutumés, donnera aux sénateurs,
tracter un autre mariage, l'injure faite au aux juges, aux avocats, aux écrivains et aux
Créateur dissolvant, d'après saint Grégoire, le ministres du sénat, les présents que l'on ap-
droit du mariage à l'égard de la partie aban- pelle presbytères; 8° le pape contribuera cha-
donnée. Il n'importe point s'ils ont contracté que année, par une certaine somme, au ré-
au second ou au troisième degré, pendant tablissement des murailles de la ville; 9° le
dans riiifidclilé, In loi ancienne
qu'ils étaient pape, finalement, permettra la destruction
ne défendant que l'union avec les sœurs. La de la ville de Tusculum, et prêtera aide au
même réponse fut adressée h l'cvêque de peuple romain pour achever cette entre-
Siguença. prise alors le sol et les citoyens dndit Tus-
;

28. Ces décrets sont suivis 1" de la lettre culum resteront sous le pouvoir de l'Eglise
que Richard, roi d'Angleterre, adressa à Clé- romaine.]
ment 111, pour lui annoncer qu'il avait fait la 31. Deux jours après sa mort, on donna à
paix avec Tancrède, roi de Sicile; 2° de l'ac- Clément pour successeur le cardinal Hya-
cord passé, en H88, entre Clément III et les cinthe, diacre du litre de Sainte-Marie en
sénateurs et le peuple romain. Cet accord Cosmedin, que l'on nomma Célestin III. Il
est rapporté, d'après Muratori, Antiq. ifaL, était diacre depuis environ soixante-cinq ans.
tom. III. « Depuis SO ans ', il existait des dis- 11 30 mars 1191 ordonné prêtre le
fut élu le ,

sensions entre les papes peuple romain. et le 13 avril, veille de Pâques, et consacré le jour
Les Romains avaient à peu près enlevé aux de cette fête. Le lendemain il couronna em-
papes l'autorité dans Rome, et l'attribuaient pereur le nouveau roi d'Allemagne, Henri VI,
h des sénateurs et à un patrice. Les pontifes, avec la reine Constance, sa femme, qui étaient
depuis Innocent II, s'étaient vus souvent obli- passés en Italie pour faire valoir leurs droits
gés de sortir de Rome. Innocent II et Céles- sur le royaume de Sicile, et en même temps
tin II moururent dans la douleur que leur pour couronner par le pape. Céles-
se faire
causait cette discorde ; Lucius II fut blessé voyant suivi de troupes, comme se
tin III, le
par des sacrilèges; Eugène IH, Alexandre III, tenant assuré de la couronne impériale, dif-
Lucius III, vivant dans les moments où la per- féra soQ sacre de quinze jours, pour différer

' Histoire des souverains Pontifes, par le chevalier ' Notre auteur . parlé ; mais il a passé les plus
Artaud de Montor, tom. II, pag. 292. importants.
[xii'siÈCLE.l CHAPITRE LXXXII. - CELESTIN III, PAPE. 941

aussi celui de ce prince; mais à la prière des en aucun endroit, et qu'on ne lui a donné le
Romains, qui se plaignirent de ce que son ar- nom de stercoraria, que parce que pendant
mée ravageait leurs moissons, il le couronna que le pape nouvellemenl élu y est assis, ou
aussitôt qu'il l'eut été lui-même. Un écrivain chante le verset du psaume cxii Suscitât ds :

anglais '
pape étant assis
remarque que le piilvere egenum, et de stercore erigit pauperem,
dans sa chaire pontificale pour faire cette pour marquer que Dieu tire le pauvre de la
cérémonie, poussa du pied la couronne qu'il poussière et du fumier, pour le faire asseoir
tenait entre ses pieds et la fit tomber i\, avec les princes sur un trône de gloire.
terre, pour montrer qu'il avait le pouvoir de 33. Quelque temps après, l'élu reçoit du
déposer l'empereur s'il le méritait mais ; camérier * trois pièces de monnaie, qu'il
qu'aussitôt les cardinaux prirent la cou- jette au peuple, en disant « Je n'ai ni or ni
:

ronne, et la mirent sur la tète de l'empe- argent pour mes plaisirs, ce que j'ai je vous
reur. le donne. » Conduit ensuite devant la basi-

ne s'était rien passé de semblable


32. Il lique de Saint-Sylvestre, on le fait asseoir
dans couronnement des empereurs pré-
le sur un siège de porphyre, et on lui met en
cédents, etil se lit aussi dans le même siècle main la férule ou bâton pastoral pour mar-
des innovations dans le couronnement des que du gouvernement, et les clés de la basi-v
papes, comme on le voit dans l'ordre ' ro- lique et du palais de Lalran. Puis l'élu s'as-
main que le camérier Cencius écrivait sous sied dans une autre chaire de même matière,
le pontificat môme de Célestiu III qui y , et ou lui met une ceinture de soie rouge,

est nommé. « Lorsque le pape, dit Cencius, où pend une bourse de pourpre contenant
est élu par la plus grande et la plus saine douze cachets de pierres précieuses et du
partie des cardinaux, le premier des cardi- musc, que Cencius explique ainsi « La cein- :

naux-diacres le revêt aussitôt de la chape ture ^ signifie la continence, la bourse l'au-


rouge, et lui donne le nom ensuite deux : mône, les douze pierres précieuses les douze
des anciens cardinaux se mettant à côté de apôtres, le musc la bonne odeur de Jésus-
lui le conduiseut à l'autel, où étant, il &e Christ. » La plupart de ces cérémonies no
prosterne pendant que l'on chante le Te furent point pialiquées dans le couronne-
Deum, lequel aclievé, les cardinaux-évêques ment de Pascal II, en 1099. 11 n'y est rien dit
le conduisent à son siège derrière l'autel, et de kl chaire appelée stercoraria, quoiqu'il y
l'y placent comme il convient. Là il reçoit eût dès loi s à la porte méridionale de la basi-
tous les évêques, tous les cardinaux, et tous lique du Sauveur un siège où le pape devait
ceux qu'il lui plait, à ses pieds, puis il leur s'asseoir. Au lieu d'une bourse de douze ca-
donne le baiser de paix. Se levant ensuite de chets, on pendit à sa ceinture sept clés et
son siège, conduit par les cardinaux
l'élu est sept sceaux pour signifier les sept dons du
à une chaire de pierre posée devant le por- Saint-Esprit. L'Ordre romaiu, composé de-
tique de la basilique du Sauveur, du patriar- puis Cencius par Jean Gaétan, est encore
chal de Lalran. » Celte chaire se nommait diil'éreut et plus ample mais il y est fait
;

dès lors stercoraria ; il n'en est fait aucune mention de la chaire stei-coraria ^, où le pape
mention avant le xir siècle ' ainsi ceux-là : s'asseoit devant le palais de Latran.
se trompent qui en rapportent l'origine à la 34. Le pape Célestiu 111 mourut le 8 jan-
prétendue papesse Jeanne. C'est encore par vier 1198, après six ans neuf mois et dis
erreur que quelques-uns ont avancé qu'on jours de pontificat, et fut enterré dans la ba-
la nommait stercoraria, parce qu'elle est silique de Latran. 11 reste de lui plusieurs
percée au fond, et qu'elle servait autrefois à lettres ', dont la plupart ont été insérées
quelque bam pour égoulter l'eau. Dom Ma- dans les collections des conciles *. 11 est dit
billon qui l'a examimée étant à Rome, dit dans première, adressée à tous les prélats
la

qu'elle est de marbre, qu'elle n'est percée d'Angleterre, que le roi Richard s'élant croisé

' Roger Hoveden, pag. 689. [Voyez Biauclii, Traité 1 Le toui. CCVl (le la Patiu/ogic, col. S07-I240,
de la Puissance ecclésiastique, liv. \l, § l, n. 3, conlieut trois cent treiile-quatrc leUres et privilèges.
toin. Il, pag. 450 de la trad. franc.] Une nolicc historique tirée de Maiisi et une notice
' MabiiloD., iMusœum liai., lom. II, pag. âlO. tirée do Juffé pvécûdent. A la suite des lettres vieu-
' Ibid., in nolis, pag. 121. nent quatre lettres supposées, soixante-dix décrets et
Mbid.,pag. 211. huit lettres lan'orum écrites à Célestin III. {L'édil.'
» Ibid., pag. 212. — « Ibid., pag. 259. « Tom. X Concil., pag. 1768.
942 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
pour aller au secours de la Terre-Sainte, le rapport au Saint-Siège. L'information se fit
comte de Mcrtain et quelques autres atten- le 8 janvier 1193, dans l'église cathédrale,

tèrent contre ce royaume et contre Guil- en présence du clergé. L'archevêque GeofTroi


laume, évêque d'Eli et légat du Saint-Siège, ayant appelé de la commission, et pris le
à qui le roi Richard avait laissé la régence chemin de Rome, les commissaires y en-
de ses Etals. Le pape, qui les avait lui-même voyèrent après avoir donné
les informations,
pris sous la protection du Saint-Siège, or- à l'archevêque un délai de six semaines au-
donna à tous les évéques de s'assembler, et delà des trois mois accordés par le pape. Ce
de dénoncer excommuniés, au son des clo- prélat toutefois ne se présenta point au pape :
ej. S33, 234,

ches, les cierges allumés, le comte et ses ce qui engagea Célestin III à charger Simon,
complices; d'interdire aussi tout office divin doyen de la cathédrale d'York, de la con-
dans les terres des coupables jusqu'à ce ,
duite du diocèse et à priver Geoffroi de
,

qu'ils se présentassent au Saint-Siège pour l'exercice des fonctions èpiscopales.


se faire absoudre, avec des lettres testimo- La première année de son pontificat,
36. ,p^P'„',''
%
niales du légat et de ces évêques, et que le le pape Célestin mit au nombre des saints jfj")-
''•"''

légat fût remis en liberté et le royaume en son révérés dans l'Eglise, saint Ubalde, évêque
premier état. Cette lettre est du 2 décembre de Gubbio. L'année suivante, c'est-à-dire en '
Episi. i.
(Palrul., ib
1191. L'évéque d'Eli avait été dépouillé de il92 -, il écrivit aux evêques d'Angleterre de jpjf-
'o^, «

sa dignité de chancelier et de régent du travailler à la correction des mœurs dans


royaume, et l'on en avait confié la régence leurs diocèses, en leur représentant que la
à l'archevêque de Rouen. L'évéque d'Eli en- Terre-Sainte n'était tombée sous la domina-
voya des députés à Rome le pape plus tou-
; tion des infidèles, que parce que la plupart
ché de sa situation, que ses ennemis avaient de ceux qui étaient allés pour la défendre,
mis en prison que des plaintes qu'il for-
, avaient déplu à Dieu par leurs mauvaises
maient contre lui, écrivit en sa faveur la let- actions. Il donna pouvoir aux évêques d'user
tre dont on vient de parler, mais on n'y eut de censures contre ceux qui par des inimi-
aucun égard en Angleterre. Le succès des '
tiés et des guerres particulières empêche-
deux cardinaux-légats que le pape envoya raient le succès de la croisade.
en Normandie pour y moyenner la paix en- 37. En 1193, le 10 mars, le pape, à la Epui. 7

tre le chancelier Guillaume et Gauthier, ar- prière du roi Richard, accorda à Hubert, ar- ','j^''-^'^|«''|;^

chevêque de Rouen, ne fut pas plus heureux, chevêque de Cantorbéry, la légation enAn- ^gi,^'-,'^'-

et on leur refusa constamment l'entrée en gleterre, avec ordre à tous les évêques du
Normandie. royaume de lui rendre le respect et l'obéis-
33. Geoffroi, archevêque d'Yorli, frère na- sance dans tout ce qu'il ordonnerait selon
turel du roi Richard, avait excommunié Hu- Dieu, en vertu de sa légation, [qui le consti-
gues, évêque de Durliam, et quelques au- tuait représentant du pontife romain, chargé
tres personnes. Leur cause ayant été exami- d'instruire et de gouverner toute l'Eglise].
née à Rome, le pape Célestin cassa la sen- Célestin III écrivit à ce légat et aux évêques Epist. «
tence [en 1192J, et fît publier son décret dans d'Angleterre, le 23 juillet do la même an- epîti'Ht,

toute l'Ecosse. L'archevêque d'York était ac- née, une lettre commune pour les engager
;
cusé de négliger ses fonctions, de s'occuper à prêcher la croisade', en faisant connaître
de la chasse et d'autres vains amusements ;
à ceux qui se croiseraient qu'ils participe-
de ne faiie ni ordinations, ni dédicaces d'é- raientaux indulgences accordées par lui et
'
glises, ni bénédictions d'abbés; de ne point par ses prédécesseurs. Plusieurs de ceux Episi. n
'
tenir de synodes, de n'avoir aucun égard qui s'étaient croisés refusèrent d'accomplir epïs'.°23»,'

pour les appellations à Rome, pour les juge- leurs vœux, quoiqu'ils le pussent; d'autres
ments du Saint-Siège, ni pour les privilèges se trouvèrent hors d'état de faire le voyage,
accordés par les papes, et de tomber dans faute d'argent ou de santé. Hubert ayant
d'autres excès : Célestin III nomma des com- consulté là-dessus le Saint-Siège, le pape
missaires sur les lieux pour s'informer de répondit en H96 : « Si les premiers ne four-
tous ces chefs d'accusation, et en faire le nissent point une excuse légitime, il faut les

« Joan. Brompt., pag. 1232. lettre, elle est en entier dans Raoul de Diceto, Ima^.
* La lettre dont il est question est du 11 janvier hist., et dans la Patrologie, à l'endroit indiqué.
1193 ;la première est du 4 mars 1192. {L'éditeur.) (L'éditeur.)
' Le père Labbe ne rapporte qu'une partie de cette
,

[XIl" SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXII. — CÉLESTIN III, PAPE. 943

coiilraindiP par les censures ecclésiastiques 1193; mais Jaffé croit ([u'il faut lire 3 13
à accomplir un vœu qu'ils avaient lait avec
lilierté; pour les autres, on doit se conten- Quelque temps après, et au mois de
39.
ter de leur imposer quelque pénitence, et mai de l'an H9C, Philippe de Dreux, évêque
les laisser dans leurs pays. » 11 y a une au- de Beauvais, petit-fils de Louis -le -l'.ros,
tre lettre à l'archevêque de Cantorbéry, par voyant les Anglais s'avancer jusqu'aux por-
laquelle Célestinlui ordonne de rétablir dans tes de celte ville pour piller, en sortit pour

le monastère de Coveutry les moines béné- les repousser, accompagné de plusieurs no-

dictins que révoque de Chicliestre en avait bles et du peuple il fut pris et mis en pri-
:

fait sortir sous l'autorité d'une lettre surprise son. II s'en plaignit au pape Célestin, dont
ou supposée au pape Clément III, pour y la réponse fut qu'il n'avait que ce qu'il raé-
mettre des chanoines, et d'user de censures rilait,pour avoir voulu faire le guerrier con-
envers tous ceux qui s'opposeraient à ce ré- tre le devoir de sa profession, et pris part ù
tablissement. la guerre injuste que le roi de France faisait
38. Le roi de France Philippe-Auguste au roi d'Angleterre pendant qu'il était absent
après la mort de sa première femme, Isa- pour la croisade *. Le pape, toutefois, écrivit à
belle de Hainaut, épousa, le 14 août 1193, ce prince en faveur de l'évêque de Beauvais.
lugelburge, sœur de Canut, troisième roi de Richard ne se laissa point toucher, mais il
Danemark. Le jour même de ses noces, il envoya à Célestin III la cotte de mailles avec
conçut de l'éloignement pour cette prin- laquelle Philippe de Dreux avait été pris, et
cesse,.et songea à s'en séparer sous prétexte lui fil dire « Voyez si c'est la robe de votre
:

de parenté. 11 indiqua à ce sujet un parle- frère, » faisant allusion à ce que les enfants
ment à Compiègne, où des témoins assurè- de Jacob dirent à leur père en lui présen-
rent par serment qu'il y avait parenté entre tant la tunique de Joseph tout ensanglan-
la défunte reine Isabelle et Ingelburge. Les tée.
évêques jugeant cette parenté sullisaute pour 40. La dernière lettre du pape Célestin,
empêcher le mariage, l'archevêque de Reims dans le Recueil des conciles, est une confirma-
prononça la sentence de nullité. Ingelburge tion des libertés de l'Eglise d'Ecosse [elle est
en appela à Rome '. Le pape Célestin III en- du 13 mars H92; en 1188, Clément III avait
voya un légat - en France avec une lettre déjà exempté celte Eglise de la juridiction
pour l'archevêque de Sens il n'en reste
: de la métropole d'Angleterre ^]. Par une autre
qu'un fragment ^ où il est dit que la sentence lettre datée de la première année de son pon-
de divorce rendue par les évêques étant tificat, le 22 juillet, et qui se trouve au second
contre les règles du droit, le pape l'a annu- tome des Mélanges de Baluze ^, le pape ap-
lée de l'avis des cardinaux; qu'en consé- prouve de Bérenger, évêque de
la translation

quence, il ordonne à l'archevêque de Sens Lérida, à l'archevêché de Narbonne La raison .

de défendre, par l'autorité du Saint-Siège, de celle translation était que le. diocèse de
au roi Philippe, de contracter un nouveau Narbonne avait besoin de l'évêque Bé-
mariage du vivant d'Ingelburge. [Le pape, renger pour résister à divers hérétiques qui
pour casser le mariage, s'appuie sur l'acte par leurs erreurs, et pour ter-
l'infectaient
public qui lui avait été envoyé par l'arche- miner les guerres et les divisions qui s'aug-

vêque de Lunden et ses suQ'ragants, touchant mentaient de jour en jour parmi les peuples
la généalogie de la princesse et la commune dépendants de cette métropole. Le pape dit
renommée. La lettre est datée du i'â mars dans celle lettre, qui est adressée au cha-

• Le roi de Danemark surtout fit cutendre ses qu'avant de décider une afîaire de cette importance,
plaintes. {L'éditeur.) on n'ait pas consulté le Saint-Siése, quoiqu'on doive
* Il envoyé précédemment deux légats qui
avait lui rapporter toutes les causes majeures, suivant les
«valent prévuriqué au concile de Paris. {L'éditeur.) canons et la maxime toujours observée par l'Eglise
3 Elle existe en entier dans Raoul de Diceto, Imag. gallicane. 11 cite le mariage de Lolhaire et de Tliiet-
hist., et est reproduite au tome GCV[ de la Patro- berge, et il continue comme le dit notre auteur.
logie, col. 1095-1098. Le pape commence par rappeler {L'éditeur.)
la bienveillance dont l'Eglise romaine a usé i l'égard » La lettre à Philippe de Dreux est rangée parmi
deg rois de Eruuce, les privilèges qu'elle leur a ac- les lettres supposées elle est la troisième de cette
;

cordés il cause de leur zèle pour la foi et de leur at- classe dans la Putrologie, col. 144G. {L'éditeur.}
tactiemenl au Saint-Siège. Puis venant à la question » Palrol., ibid., u. 2, col. 921. {L'éditeur.)
il expose l'indissolubilité du mariage, et se plaint * Baluz., Misai., tom. II, pag. 241,
944 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
pitre de Narbonne, que les canons de l'E- prieur et du couvent, que cet archevêque
glise, tant anciens que nouveaux, autorisent avait supprimés, et leur en accorda d'autres, i

ces sortes de translations quand il y a utilité Les précédentes sont de l'an 1191.
lettres

ou nécessité. Il en cite plusieurs exemples, Le 15 février de l'année suivante, il préve-


celui de saint Pierre, qui fut transféré d'An- nait Jean, archevêque de Lyon, et ses sutlVa-
lioche à Rome, d'Eusèbe à Alexandrie, de gants, qu'il venait d'accorder aux moines
Félix à Eplièse. Le cardinal d'Aguirre a de Cluny la faculté de prononcer l'excom-
donné place à celle lettre dans le troisième munication et l'interdit, les chandelles allu-
tome '
des Conciles d'Espagne. On cite- trois mées, contre ceux qui feraient du mal à ces
bulles de Célestin III : l'une pour la canoni- religieux, si les évêques de la province,
sation de saint Ubalde, dont on a parlé pins après trois monitions, ne les forçaient à sa-
haut; l'autre pour la canonisation de saint tisfaire convenablement.

Jean Gualbert ^, la troisième pour la contir- Le 16 avril 1 192 et le 11 mai 1193, il ac-
mation de la congrégation de Mont-Vierge, cordait au doyen et au chapitre de Rouen

ordre de saint Benoit. l'autorisation de célébrer, en temps d'inter-


[41. Parmi les trois cent trente-quatre let- dit, les divins offices sans solennité, d'enter-
tres de Célestin III, y compris les privilèges, rer les chanoines décédés en ce temps avec
publiées dans la Palynologie, trente sont seu- l'eau bénite, la croix et les prières récitées
lement indiquées, et on n'a que de courts à voix basse.
fragments de onze autres. Voici les pièces La bulle pour la canonisation de saint Ber-
les plus importantes, après celles qui ont été nouard, évêque d'Hildesheira, est datée du
analysées par notre auteur : 8 janvier 1193; elle est adressée à l'évêque,
Le 10 mai H91, par une lettre adressée au clergé d'Hildesheim etaux fidèles de tout
aux archevêques, évéques, prieurs et autres le diocèse. Le pape constate que la sainteté
prélats de l'Eglise, le pape Célestin déclarait de Bernouard était prouvée par des mira-

qu'il venait de mettre au nombre des saints cles multipliés.


Pierre, autrefois archevêque de Tarentaise. Le 11 du même mois il écrivait aux ar-
Deux abbés de l'ordre de Clteaux avaient chevêques et évêques d'Angleterre, que les
demandé Lucius cette grâce, mais les dil-
l'i armées parties pour l'Orient n'avaient pas
ficultés des temps et des atl'aires avaient em- rempli, à cause de leurs dissensions, la juste
pêché ce pape de faire droit à cette demande. attente qu'on plaçait en elles. Il voulait, en
Célestin, après des enquêtes sur les vertus conséquence, amener une autre croisade :

et les miracles de Pierre, était heureux de c'est pourquoi il avait écrit à tous les princes
l'inscrire dans le catalogue des saints. Pierre chrétiens de cesser leurs guerres et leurs
était né dans le diocèse de Vienne en Dau- discussions. Il conjurait aussi les évêques de
phiné en 1102, et était mort en 1175. II avait travailler à ce même but, et leur ordonnait
été moine de l'ordre de Citeaux. de mettre en interdit les terres des contre-
Baudouin, archevêque deCantorbéry, était venants, et au besoin de les excommunier
mort sans avoir exécuté complètement les
ordres des papes Urbain et Clément. C'est La cent vingt-septième est une longue ré-
pourquoi Célestin ordonne à Réginald, évê- ponse aux questions que Guillaume, arche-
que de Bath, et aux abbés de Reading et vêque de Rouen, avait adressées au pape
de Waltham, de faire restituer aux moines sur les appels et sur plusieurs points de pro-
de Cantorbéry ce que Baudouin leur avait cédures ecclésiastiques. Cette réponse est
enlevé. II rétablit lui-même les privilèges du importante pour le droit canon.

' Pag. 400. lationdu crucifix qui inclina la tète devant Jean
« Cherubinus, tom. 1, pag. 77 ; et Ludovicus Ja- Gualbert. Toutes ces pièces sont reproduites au
cobus, pag. 41. tome CXLVI de la Patrologie, col. 667-970. Seule-
s Voir sur saint Jean Gualbert, fondateur des ca- ment les éditeurs ont commencé par la Vie d'Alton,
maldules, ses Actes publiés par les Bollandistes, au avec les observations prélimioaires de Mabillon. A la

tome 111 de juillet, sous le 12 de ce mois. On y suite de ces pièces les Bollandistes ont donné quel-
trouve 1° un commentaire préliminaire par Cuper; ques prières composées par saint Gualbert. Ou les
2° la Vie du saint par le bienheureux André, abbé reproduit dans la Patrologie, ibid., col. 9C9-980. La
de Sturm 3» une autre Vie par le bienheureux At-
; lettre que ce saint écrivit à ses frères est dans sa
ton, abbé de Vallombreuse et ensuite évêque de Pis- Vie donnée par Alton, ibid., col. 700. {L'éditeur.)
loie; 4° les miracles opérés par le saint; 5° la trans-
[xii-' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXII. — CELESTIN III, PAPE. 945

Trisi ipo. Par la cent cinquantième , datée du 21 L'arclievèijuc do


Salzbourg avait forcé
janvier, il confie h Adalbeit, arclievêcinc de Léopold.duc d'Autriche, sur son lit de mort,
Salzbourg, la légation de sa province. Par à satisfaire pour les excès qu'il avait com-

î^oia'ioj"'
^^ <^^"' cinquante-sixième, en date du 23 mis contre le roi d'Angleterre, et à rendre
mai, il ordonne ;\ François, évèque d'.\rezzo, intégralement la somme qu'il avait reçue
à Bon, évêque de Sienne, et à l'évéque de pour la rançon de ce prince. Il avait en ou-
Pistoie, de lever de terre le corps de saint tre forcé le tils du duc ii jurer de remplir

Jean Gualberl, pour exciter la dévotion et toutes les conditions promises par sou père,
la vénération des tldèles. menaçant de lui refuser la sépulture ecclé-
Le pape avait excommunié, dès l'an 1193, Par une lettre en date du 22 mars
siastique.
le duc d'Aulriclie, pour avoir emprisonné le H93, combla d'éloges Adalbert, archevê-
il

roi Richard, qui, comme croisé, était sous que de Salzbourg pour la conduite qu'il
,

la protection du Saint-Siège , et pour en avait tenue en cette occasion, et il lui or-


avoir exigé une grosse rançon avec des ota- donna de faire exécuter sans restriction le

F.riM 161, ges. Le duc témoigna vouloir satisfaire, et serment que le fils de Léopold avait fait, et
01.1030
céleslin écrivit ainsi, le 6 juin ll9i, à l'évé- d'employer même à cet effet, s'il le fallait,
que de Vérone, Adélard, son légat « Nous : les censures de l'Eglise.
voulons que vous preniez serment du duc Gaucher de Salinis avait épousé Borbonio,
d'Autriche qu'il obéira en tout à nos ordres. sa parente à un degré prohibé. Le pnpe,
Puis vous lui commanderez de délivrer tous par une lettre en date du 14 avril, chargea
les otages du roi d'Angleterre, de le déchar- r.authier, évêque d'Autun, et Garnier, évê-
ger des conditions qu'il a exigées de lui, de que de Troyes, de prononcer la dissolution
restituer tout ce qu'il a reçu de sa rançoij, du mariage.
de satisfaire entièrement pour l'injure et le Jalle a publié une lettre de Célestin 111 à
dommage qu'il lui a causés. Alors vous lui l'empereur Henri VI, sous la date du 27
donnerez l'absolution, à lui et aux siens, et avril. L'empereur témoignait son désir de
vous lèverez l'interdit porté sur ses terres. procurer la paix, d'envoyer du secours à la
Vous leur ordonnerez de plus d'aller au plus Terre-Sainte, et de favoriser le bonheur du
tôt à la Terre-Sainte, et d'y faire le service peuple chrétien. Le pape félicite Henri de
de Jésus-Christ autant de temps que le roi ces bonnes dispositions, lui rappelle ses de-
aura été en prison. S'ils n'observent pas ces voirs de chrétien et d'empereur catholique,
conditions, ils retomberont sous l'excommu- et lui recommande les légats qu'il lui en-
nication. » voie.

Epiii. 16*.
Guillaume de Raymond avait tué cruelle- 42. Le pape Célestin adressa à Guillaume
•'""•""'•
ment, dans la ville de Girone, ilérengej-, ar- archevêque de Reims, cardinal de Sainte-
chevêque de Tarragoue, son oncle et son Sabine, légat du Saint-Siège en France, et à
bienfaiteur. Le souverain pontife ayant été ses sutl'raganls, une lettre conçue dans les
informé de ce crime, écrivit au chapitre de mêmes termes que celle qu'il avait envoyée
Tarragone de dénoncer le coupable comme à Michel, archevêque de Sens, sur le divorce
ayant encouru l'anathème, et de mettre sa de Philippe-Auguste. 11 écrivit aussi à ce
teire en interdit. 11 voulait en outre que les prince pour le prévenir qu'il avait cassé la
chanoines exhortassent le roi et la reine sentence de son divorce, et l'exhorter à re-
d'Aragon, sous peine d'excommunication et cevoir Ingelburge el à la traiter en épouse.
d'interdit, à proscrire du royaume Guillaume Le 15 mai, il confirmait la sentence Ci'es.-
et ses complices, à faire rendre à l'Eglise de communication et d'interdit portée par Gau-
'Jarragone ce qu'on lui avait enlevé, et à thier, archevêque de Rouen, contre les ha-
exiger satisfaction pour les injures dont elle bitants de cette ville. Ils avaient profité de

avait été aflligée. La lettre est du 17 juin. l'alisence de l'archevêque, occasionnée par
Eriit ne, Gilbert, évèque de ClermonI, avait con- les atlaires du royaume d'Angleterre pen-
!oi. \m. du Richard,
gyjj^ jg pape pour savoir s'il devait observer dantle voyage et la captivité roi

un interdit lancé contre une église par ses pour dévaster la cathédrale et les autres
chanoines sans son assentiment. Célestin églises, corametire toutes sortes d'excès con-
répondit qu'il ne devait tenir aucun compte tre les ministres des autels et piller leurs
de cet interdit. On n'a qu'un fragment de Liens. Le pape confirme et maintient la sen-

cette lettre. tence de l'archevêque, jusqu'à salisfacliou


XIV.
9i6 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
complète. On
trouve encore deux autres let- commettraient à l'avenir de semblables excès
tres sur les excès des habitants de Rouen, et dans le diocèse de Maguelone.
une autre contre ceux d'entre eux qui mé- Le 23 avril H97, il accorda une indul-
prisaient les censures. gence de quarante jours aux fidèles de Da-
Les lettres deux cent dix-sept, deux cent nemark qui avaient donné de l'argent pour
dix-neuf sont pour maintenir les privilèges aider à construire en pierres l'église de Wes-
du chapitre de Chartres, que l'évêque de teras. Les lettres de Célestin III sont suivies,
I de Cé.
cette ville attaquait. La suivante, adressée dans la Patro/ogie, col. 1241-1280, de quatre
au doyen et au chapitre de la même église, lettres supposées, de soixante-neuf décrets
porte qu'aucun chanoine ne pourra être et de huit lettres adressées par ditlerenles
traîné au jugement séculierqu'à raison d'un personnes à Célestin. Les décrets sont rap-
fief. Par la lettre deux cent trente-sixième, portés d'apiès Mansi; ils concernent une
le pape confirme la sentence portée par Mi- multitude d'atl'aires, mais, à l'exception d'un
chel, archevêque de Sens , et l'archidiacre seul, ils ne sont pas donnés intégralement.
de cette entre le chapitre de Chartres
ville, Le plus considérable est une réponse à un
et Adelice, comtesse de Blois, au sujet des évêque sur ditïérents cas de mariage, sur la
privilèges du chapitre de Chartres. parenté spirituelle, sur l'impuissance, etc.
Malgré sa vieillesse et le mauvais succès Dans les lettres écrites à Célestin, il y en
des armes chrétiennes, Célestin songeait à a une par laquelle Guarin, abbé de Saint-
une autre croisade. Il écrivait sur ce sujet Victor, le félicite de sa promotion et lui re-
non -seulement aux évêques d'Angleterre, commande l'église de Saint -Victor; trois

mais aussi à ceux d'Allemagne. La lettre lettres d'Eléonore, reine d'.\ngleterre, dans
aux évêques d'Angleterre, dont notre au- lesquelles elle conjure le pape de travailler
teur ne rapporte qu'une partie, est remplie à la délivrance du roi Richard, son époux.
d'une sainte tristesse, et présente en même La septième est la lettre qu'Ingelburge écrivit
temps un appel pathétique à la cause sacrée en 1196, pour annoncer au souverain pontife
de la ville sainte et des chrétiens de Pales- que le roi Philippe, son époux, l'avait aban-
tine. donnée et s'était attaché à la fille du duc de
Guillaume, évêque de Maguelone, éprou- Méranie. Elle dépeint les mauvais traitements
vaitdes contradictions de la part de ceux qu'elle avait à subir et demande justice. La
dont il était obligé de demander l'assenti- huitième lettre est écrite par Philippe, évêque
ment pour nommer aux dignités d'archidia- de Beauvais, au sujet de sa captivité.
cre et de sacristain. Le pape lui écrit de S'il fallait porter un jugement sur les let-
passer oulre quand ces oppositions n'étaient tres de Célestin III, nous dirions qu'elles
pas raisonnables ni canoniques. Dans une sont bien écrites, pleines de vigueur et d'é-
lettre de la même date, :22 avril 1196, qui loquence quand le que le
sujet le réclame,
lui est commune avec le chapitre, Célestin pape montre partout, malgré son grand âge,
porte des peines contre ceux qui, ayant pillé une noble fermeté pour maintenir la justice
les biens de l'évêque et des chanoines, re- et faire respecter les droits de l'Eglise, ceux
fusaient de satisfaire , et contre ceux qui du mariage et ceux des particuliers.]

CHAPITRE LXXXIII.

Innocent III, pape [1198-4216].

ARTICLE I". lions sur l'âge de Lothaire ', qui n'avait que
trente-sept ans, tous se réunirent à le choi-
HISTOIRE d'innocent III.
sir, à cause de la probité de ses mœurs et

I. Quoique à la mort de Célestin III plu- de son savoir. Son élection se fit le 8 janvier
sieurs cardinaux prétendissent à la papauté, 1198, et on le nomma Innocent III. Il était
leSainl-Siége ne vaqua néanmoins que quel-
ques heures; et après de légères contesta- ' Gesia Iniioc, loin. 1. Op., n. I, 2 et seq.
[XII' SIÈCLE.] CHAPITllE LXXXIII. — INNOCENT m, PAPE. 947

lils de Trisimond, de la famille des comtes ques, les seigneurs, le clergé, peuple de le

de Segui, et de Clarine, noble romaine. D'un France, d'.\ngieterre, de Hongrie et de Si-


esprit pénétrant et d'une mémoire tenace, il cile, pour les exiiortor à procurer du secours

fit de grands progrès dans les lettres divines à la Terre-Sainte.


et humaines. 11 étudia d'abord à Rome, puis .'). Dans le même dessein, il convoqua un ii«nvor,n,

à Paris, ensuite à Bologne. De retour à concile général par une bulle du 10 avril "'"'

Rome, il fut fait chanoine de Saint-Pierre. i2l3, et en publia une autre an mois de juin
Grt'goire VllI l'ordonna sous-diacre , Clé- de la même année, datée de Viterbe. Mais
ment 111 le fit diacre-cardinal sous le titre de il avait aussi d'autres vues dans la convoca-
Saint-Serge. tion de ce concile, savoir la correction des
:

sooucre. 2. Ilencore lorsqu'il fut élu, c'est


l'était mœurs, l'extinction des hérésies, l'atl'ormis-
pourquoi l'on différa son sacre jusqu'aux sement delà foi.
quatie-temps de carême '. Le samedi, qui G. Le pape Innocent 111 mourut le 16 ou le sum-neo
était le 21 février, il reçut l'ordre de la prê- 17 juillet 1216, après avoir occupé le Saint- meM ItrK't
^
trise, et le lendemain dimanche il fut sacré Siège dix-huit ans six mois et neuf jours, à

dans l'église de Saint-Pierre, et intronisé compter depuis le jour de son élection. Outre
dans sa chaiie. Le lundi il reçut- le serment un très-grand nombre de lettres, il laissa
de fidélité et l'hommage-lige du préfet de plusieurs écrits, des sermons, des traités de
Rome, qu il investit de sa charge en lui don- piété et quelques autres dont nous allons
nant un manteau. Jusque-là, le préfet l'avait parler.
tenue de l'empereur, à qui il prêtait serment S'il eut des admirateurs, il eut aussi des
de fidélilé. censeurs. Exact et sévère dans ses juge-

Commence- 3. Dès Ic Commencement de son poutili- ments, ne pouvait guère éviter le blâme
il

°ouBoi."° cat, il s'appliqua ù recouvrer les domaines de ceux qui be voyaient lésés dans la déci-
de l'Eglise ^, à bannir de la cour de Rome sion des causes portées h son tribunal 5.

la vénalité et les autres désordres qui y ré- [Nous citerons ici, d'après M. Alexandre
gnaient, et à régler par lui-même les aflaires de Saint-Chéron, traducteur de Hurter, un
les plus importantes, écoutant attentivement témoignage aussi extraordinaire que peu
les raisons des parties, et prononçant après suspect d'un érudit du commencement de
une mûre délibération, et sans aucun égard ce siècle, de M. de la Porte du Thcil, qui,
aux personnes. Les plus savants juriscon- après avoir étudié l'époque d'Innocent III,
sultes venaient à Rome pour l'entendre et écrivait les lignes suivantes, en l'an IX de la
s'instruire, et on lui écrivait de toutes les République française, sous le patronage de
parties du monde pour juger les plus gran- l'Institut national, certainement peu favo-
des causes, comme on le verra dans l'ana- rable <i tout ce qui touche l'Eglise et la pa-
lyse de ses lettres, pauté.
foo Kie qu'aucun de ses prédéces-
4. Zélé autant Le nom d'Innocent 111 réveillera toujours
;(

" "°" seurs pour le recouvrement de la souvenir d'un des personnages qui ont
d" Terre- le
Sainte *, il voulut que la cour de Rome y figuré avec le plus d'éclat sur la scène du
contribuât elle-même. A cet etl'et, il choisit monde, et dont l'impartiale philosophie aura
deux cardinaux, Sotfrid, prêtre du titre de le plus de peine à définir exactement les
Sainte-Praxède, et Pierre de Capoue, diacre verlus et les défauts. Je dis les défauts ; non
du titre de Sainte-Marie in via lata, auxquels que j'ignore combien ce terme paraîtra doux
il donna la croix, afin qu'ils invitassent les à ceux qui ont lu les écrits historiques et
autres à la croisade autant par leur exemple polémiques, ovi ce pape a été formellement
que par leurs discours; il fit payer au clergé accusé et taxé de véritables vices Mais,
le quarantième de ses revenus, se taxa lui- lorsqu'on s'est livré ù une étude rétléchie de
même et les cardinaux au dixième, et publia l'histoire de son pontificat, on ne sait quel
une lettre circulaire adressée à tous les évê- degré de croyance tout lecteur équitable

' Geftu limoi:., toiu. 1 Op., nuni. 7 et 8. Histoire d'iimocenl III et de ses conlemporains, en
« Lib. I Epislo/.. Episl. 23. allemand. On en a deux traductions françaises; l'une
' Ibid., num. 9, 10 et dcq., et niim. 41 et seq. est de MM. de Saiiit-Cbérou el Haiber, Paris, 1839,
* Ibid., mim. 4'). 3 vol. iu-S"; l'autre est de MM. Jager et Vial, Paris,
' Voir sur InuMceiil l'excellent ouvrage de 1-r. 1840, î volumes in-8°. {L'éditeur.)
Hurler, alori présideut du consistoire à Schoffouse,
,

HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


doit accorder à des imputations qui, la plu- duit comme il le devait. Du Theil termine
part, ù l'examen, paraissent visiblement avoir ainsi cette rapide revue :

été, dans l'origine, dictées, du moins exagé- (( Conclusion. Innnocent 111 doit paraître,
rées par l'esprit de parti Si l'ambition en total, bien plus digne d'éloges que de
dans un prince temporel, quand elle semble blâme. Si on ajoute à cette faible ébauche
motivée par de grandes et importantes cau- les souvenirs de son habileté dans les scien-

ses; quand elle peut extérieurement paraître ces auxquelles on s'appliquait de son temps,
tenir moins à la vanité personnelle de de son érudition dans les belles-lettres, de
l'homme qu'à la gloire du rôle qui lui est sa pénétration dans les causes de jurispru-
confié sur le de l'univers; quand
théâtre dence, de son intégrité habituelle dans les
elle marche du cortège
à son but, entourée jugements, de l'autorité jusqu'à présent en-
des qualités les plus estimées et presque tou- core inébranlée de la plupart de ses déci-
jours les plus utiles aux Etals, je veux dire sions en matière de droit ecclésiastique, de
une fermeté d'âme à l'épreuve, une cons- son application infatigable aux soins du gou-
tance inébranlable dans les projets, un zèle vernement, de son aptitude au travail, de la
infatigable pour la chose publique, une pu- pureté de ses mœurs généralement recon-
reté de mœurs sans reproche; quand elle nue enfin d'une foule de qualités distin-
;

est, de plus, soutenue d'une habileté rare guées que ses détracteurs les plus violents
dans les affaires, d'une supériorité reconnue n'ont guère pu lui refuser, ne demeurera-
de talents naturels et de lumières acquises, t-on point persuadé qu'il fut plus digne d'é-
d'une adresse peu commune à tirer parti de loges que de blâme ? »

tous les événements favorables à son des- On nous saura gré après cette citation, de
sein, soit qu'on les ait préparés ou fait naître laisserencore un moment la parole à l'his-
soi-même, soit qu'ils arrivent naturellement; torien même d'Innocent III, au président
entin, quand elle est couronnée par des suc- du consistoire protestant de Schafîhouse, à
cès brillants et constants, et suivie d'elfels Hurter :

éclatants dont plusieurs, dus à un désir ((


y a bientôt vingt ans, dit-il en publiant
Il

louable et à un etïort heureux pour opérer son ouvrage, que l'auteur de cette Histoire,
le bien vont
, réellement au bonheur des en parcourant la collection des lettres du
peuples et â l'avantage des sociétés humai- pape Innocent III, conçut le projet de con-
nes et de la religion; si, dis-je, au milieu de sacrer ses loisirs à l'exposition de l'immense
pareilles circonstances, l'ambition pouvait de cet homme, dans la personne du-
activité
trouver grâce auprès du moraliste indul- quel papauté parvint incontestablement à
la

gent, qui longtemps aurait cherché, sans la son degré le plus élevé de puissance. Cette
trouver chez les hommes, la vertu pure et pensée se représenta souvent, se développa,
sans mélange, on conviendrait peut-être devint plus claire et plus précise, prit une
que, de tous les princes dont l'intluence pré- forme de plus en plus déterminée; dès cette
pondérante, n'importe par quels moyens, époque, j'ai commencé à rechercher et à
s'est fait irrésistiblement sentir sur la face matériaux de cette histoire, au
recueillir les
de la terre, Innocent n'a pas été celui dont milieu des devoirs d'une vie très-occupée, et
l'ambition ait eu le moins de palliatifs et le plus riche trésor s'est oCfert à moi dans
d'excuses. » les deux collections de la correspondance du
Le ton même de ce passage montre à quel règne d'Innocent.
point du Theil avait été frappé des grandes » Avant d'avoir parcouru dans toute son
qualités d'Innocent III, malgré les préjugés étendue et sa variété la sphère d'action au
d'éducation qui l'empêchaient de voir ou milieu de laquelle était placé Innocent, l'au-
d'oser dire la vérité tout entière. Il fait suivre teur comprit que la vie d'un homme, le cen-
ce préambule d'un tableau général des ac- tre et le mobile de tous les événements,
tions d'Iimocent III et de sa conduiic dans même les moins importants, dont l'éminente
les ditlérents pays de la chrétienté. Il résulte, position et la haute personnalité constituaient
de son « examen impartial et approfondi, .) pour ainsi dire, le battement de cœur de l'hu-
qu'eu Espagne, en Angleterre, en Allema- manité européenne, ne pouvait être exposée
gne, dans le Nord, en Hongrie, en Grèce, en en la séparant de ses relations multipliées
Italie, dans Rome, dans l'atl'aire des albi- avec ses contemporains. L'existence d'un
geois, le grand pape du xiii« siècle s'est con- pape du moyen âge est un fragment de
[XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. - INNOCENT III, PAPE. 949

l'iiistoire universelle, et celle-ci sans le chef par Innocent dans une position moins atta-
perd cette base centrale, la source
lie l'Rjïlise, quée et dans cette longue série de prédé-
;

do celte vie qui circule dans toutes les par- cesseurs et de successeurs, tous animés et
lies du corps européen. plus ou moins pénétrés d'une seule et mémo
» Plus l'auteur parvint à saisir la manière idée, Innocent apparaît comme celui chez
dont Innocent envisageait le monde, sa con- lequel cette idée est arrivée à son plus
viction sur le caractère essentiel et l'impor- haut degré de précision et d'énergique in-
tance de la papauté , sur la nécessité de Ouence
maintenir suprématie absolue, l'extension
la » Parmi les faits qui se passent dans un

illimitée, la plénitude de ses droits, sa pro- règne do dix-huit ans, il en est à peine un
fonde connaissance de tous les devoirs que seul qui n'ait pas subi l'infiuence d'Innocent.
lui imposait cette haute idée du pontiticat, Parcourons la scène sur laquelle son œil vi-

plus les écrils de ce pape révélèrent à l'au- gilant et attentif devait s'arrêter, veiller, di-
leur combien la vie entière d'Innocent s'était riger depuis l'Islande jusqu'aux rives de
:

Iransformée dans celle de l'Eglise, plus la l'Euphrate depuis la Palestine jusqu'aux


,

figure de l'homme dont il avait entrepris d'é- royaumes Scandinaves ! La restauration de


crire liislûire lui apparut dans sa lumineuse
1 la puissance temporelle et la lutte contre les
splendeur. L'égalité de la conduite d'un toi complots des grands seigneurs turbulents
homme sur une vaste scène, et au milieu du dans le centre du gouvernement de l'Eglise;
ciiangemont rapide des événements; cette en Sicile, la conservation, la protection et la
vie toujours d'accord avec elle-même, inirce défense vigoureuse du pays, la division qui
qu'elle repose sur une idée fondamentale; le dura dix ans, puis les troubles de l'Allema-
langage clair et précis d'Innocent dans toutes gne, et l'ordre à peine rétabli, de nouvelles
les grandes circonstances, rendent plus facile décisions, l'opposition du pouvoir impérial
la tâche de suivre le cours de sou exislence, et du pouvoir pontifical, de nouveaux boule-

de la reproduire avec fidélité, de pénétrer versements; en France, la longue lutte pour


dans l'intimité de son âme. le maintien des lois de l'Eglise contre la vo-
)) Tel était Innocent. Il avait le sentiment lonté du roi dans l'atTaire du divorce de Phi-
le pins haut de la destination du pontificat, la lippe-Auguste contre Ingclburge, la propa-
volonté de la réaliser, il le regardait comme gation et la destruction de l'héiésie dans le
une institution établie par Dieu lui-même sud du royaume, l'agrandissement du pou-
pour la direction de l'Eglise et le salut du voir royal par la conquête de la Normandie
genre humain Quoi de plus injuste que et la brillante victoire de Bouvinesqui sauva
de répudier les sublimes qualités de l'intel- la France en Angleterre, l'adminislration
;

ligence et du caractère, uniquement parce d'un roi c;ipiicieux, l'éreclion de l'arclievê-


que nous n'approuvons point les formes ex- ché de Cantorbéry, le royaume change en
térieures et les circonslances accidentelles fief du pape; en Espagne, la victoire lem-

avec lesquelles elles ont dû se manifester ? portée près de Las Navas de Tolosa, qui pa-
Parmi ces dernières individualités, aucune ralysa irrévocablement la puissance des
ne parait supérieure à Innocent, si nous con- Maures, sans parler de bien d'autres faits
sidérons la pénétration de son coup d'oeil, importants que de choses concernant non-
;

ses connaissances, son infatigable activité, seulement l'Eglise, en Norwége, en Dane-


sa dignité morale, sa grandeur, quand il mark, en Suède, en Hongrie, qui exigeaient
parle de sa fonction qui est celle même de des conseils, des soins, une direction, des
Dieu, son humilité qui se montre dans toute ordres émanés de Rome! L'Arménie, la Bul-
sa personne. Et lorsque nous contemplons et garie, la Servie réunies à l'Eglise romaine ;

ce qu'il a voulu et ce qu'il a fait, nous pou- de là des négociations, des arrangements,
vons dire Innocent a eu la conscience claire
: des ordonnances de plus le christianisme
;

de ce qui a été entrevu obscurément par propagé en Esthonie, en Prusse, consolidé


Grégoire VII; ce qui était en germe sous ce- en Livonie, tous ces pays rattachés au centre
lui-ci, a reçu son entier développement du suprême de la vie clirélienne enfin ce qui ;

génie d'Innocent la pensée pour laquelle


; a été constamment le plus grand et le der-
Alexandre III a soutlert et combattu si long- nier but de tous les ell'orts el de tous les
temps avec une inllexibdité digne des an- actes d'Innocent, la délivrance de la Terie-
ciens Romains, a été diversement appliquée Sainlc, les croisades, la prise do Couslunti-
9o0 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
nople , la fondation d'un empire latin , la exposés, le langage exprimé par Innocent
réunion de l'Eglise grecque à l'Eglise ro- dans toutes les circonstances graves et les
maine ! Sons le rapport ecclésiastique, une plus décisives, témoignent de son désinté-
afflnence plus considérable d'afi'aires que ressement et de son abnégation '. »]
sous aucun autre règne, une foule de ques-
tions décidées qui étaient restées sans solu-
ARTICLE II.

tion depuis un grand nombre d'années; enfin DES LETTRES D'INNOCENT III.
un concile général, la fondation de deux nou-
veaux ordres religieux, ceux de Saint-Domi- 1. Il eut soin, à l'imitation de ses prédé-
nique et de Saint-François certes, tous ces ; cesseurs de faire un registre ou recueil, non-
faits,rassemblés en un seul tableau, exi- seulement de ses lettres, quand la matière
geaient un récit largement développé. » en était importante, mais encore de celles
Hurter termine ainsi l'histoire du ponti- qu'on lui écrivait. Par cette sage précaution,
ficatd'Innocent 111 : les papes ont conservé à l'Eglise quantité de
«Depuislestempsanciens jusqu'à nosjours, monuments très-intéressants, soit pour l'his-
les jugements de tous les hommes capables toire, soit pour la discipline, soit pour la règle
d'apprécier la vie de l'un de leurs sembla- de des mœurs. Le registre des let-
la foi et

bles, le but qu'il s'est efforcé d'atteindre, les tres d'Innocent III était divisé en dix-neuf li-

grands problèmes qu'il a su résoudre, la ma- vres; elles ont été publiées en partie par Ba-
nière dont il s'est élevé au-dessus d'une épo- luze, à Paris, chez François Muguet, en 1682,
que pour re-
entière, se sont tous accordés 2 vol. in-folio. Le premier tome commence
connaître que pendant des siècles, avant et par les Gestes d'Innocent III, écrits suivant
après Innocent, le siège de saint Pierre n'a l'ordre chronologique par un anonyme, mais
jamais été occupé par aucun pontife qui ait contemporain. L'auteur parait avoir été bien
jelé un plus vif éclat par la réunion du sa- informé des faits qu'il raconte, et avoir eu
voir, de la pureté des mœurs, par les servi- en main quantité de lettres d'Innocent III et
ces rendus à l'Eglise et par ses grandes ac- d'autres monuments qui regardent l'histoire
tions. Aucun de ses successeurs n'a orné si de son pontificat, celles de la croisade, de
éminemment le siège de saint Pierre de , France, d'Angleterre, d'Italie, et d'.\llema-
sorte qu'il est appelé non-seulement le plus gne. Ces Gestes sont divisés en trois livres,
puissant, mais aussi le plus sage des papes et finissent par un détail des libéralités de

qui aient illustré le trône depuis Grégoire VIL ce pape, tant envers les pauvres et les orphe-
On peut expliquer par l'influence des idées, lins, qu'envers les monastères et les hôpi-

de points de vue et d'elïets différents et même taux ce que nous remarquons pour faire con-
;

entièrement opposés, la facilité avec laquelle naître le peu d'équité de ceux qui ont accusé
des écrivains postérieurs ont adopté les ca- Innocent d'avarice. [Ce détail n'embrasse que
lomnies de quelques contemporains, excu- les onze premières années de ce pape qui a

sées par des rivalités, des rancunes, des in- régné dix-huit ans. Le cardinal Mai a re-
térêts froissés. D'autres écrivains qui étaient trouvé du même auteur un catalogue beau-
en état de comprendre et d'apprécier sa
po- coup plus complet des largesses d'Innocent.
sition et qui ont su se teniren garde contre Ce document précieux est reproduit dans la
toute influence de leur époque, ont porté un Patrolocjie, tome CCXIV, col. 204 et suiv. Il

jugement fort difierent ; la fausseté et l'exa- se trouvait au tome VI du Spici/eg. Roman.,


gération qui ont pour source la haine de pag. 300-312.]
parti, n'auraient jamais dû être érigées en 2. A la suite des Gestes d'Innocent III, Ba-
vérités historiques. L'accusation d'ambition hize a mis les deux premiers livres de ses
qu'on peut imputer à Innocent dépend de lettres. Ils avaient été imprimés à Rome en
cette question A-t-il rapporté à sa personne
: 1543, par les soins de Guillaume Sirlet, garde
ou seulement à la réalisation de la grande de la bibliothèque du Vatican, et depuis car-

idée qu'il avait de l'importance et des de- dinal. Il s'en fit une seconde édition ;\ Colo-
voirs du pontificat, le pouvoir qu'il a exercé, gne , en 1575 , chez Materne Chohn une ;

la manière avec laquelle il a dominé toutes troisième, à Venise, en 1578, par la société
les relations du monde,
persévérance avec
la des imprimeurs, et une quatrième, à Tou-
laquelle il a dirigé ces relations en sa qualité
d'arbitre suprême ? Les faits que nous avons • Hurler, livre XX, traduction de S;iint-Cliérou.
, ]

[XII'SIÈCLF.] CHAPITRE LXXXUI. — INNOCRXT III, PAPE. 951

louse, en 1625 : Paul Dumay en prit soin et donné d'une manière plus étendue dans l'é-

iciirichit de ses notes. [Josquet, évêquc de dilion de Baluze, quoiqu'il ne paraisse pas
Montpellier, ayant découvert quatre autres encore complet. Les sixième, septième, hui-
livres des hUtres du même pape dans la bi- tième et neuvième livres, a peu près égaux
Lliotlièque du collège de Foix, à Toulouse; entre eux pour le nombre de lettres, sem-
savoir, les treizième, quatorzième, quinzième blent nous être parvenus entiers. Ainsi se
et seizième, les fit imprimer en cette ville, trouve remplie la vaste lacune que la collec-
en 1633, avec les Gestes, qui depuis ont été tion publiée par Baluze otl're entre le cin-
réimprimés dans le troisième tome du Trésor quième livre et le dixième. Les dix-septième,
d'Italie de Muratori, dans la Bibliothèque de dix-huiliènie et dix-neuxième livres sont per-
Sicile de Canisius, [et d'une manière plus dus, ou s'ils existent quelque part, on l'i-

correcte et plus étendue, avec des notes his- gnore. L'édition de Bréquigny et de la Porte
toriques et chronologiques dans le volume du Theil renferme un assez grand nombre
intiluIéZ'//j/o»io/a,c//«r/(e, etc., publie' par Bré- de lettres du même pape également iné- ,

quiguy et du Theil, in-folio, Paris, en 1791, dites et toutes relatives à des Eglises de
avec une partie considérable des lettres iné- France, qui ont été recueillies dans les ar-
dites du pape Innocent III. C'est l'édition chives de ditl'érents monastères et envoyées
qu'on a reproduite au tome CCXIV de la au dépôt destiné à cet objet par les savants
Patrologie.] Ces quatre livres, avec les deux que le gouvernement avait chargés de ce
premiers publiés par le cardinal Sirlel, soin.
ne faisant qu'une collection très-imparfaite Les tomes CCXIV, CCXV, CCXVI, CCXVII
des lettres d Innocent III, Baluze y ajouta les de la Patrolorjie reproduisent les lettres du
dixième, onzième et douzième livres, avec une pape Innocent, d'après l'édition de Baluze et
partie du cinquième. 11 suppléa au troisième celle de Bréquigny.
et au quatrième par la première collection
'
Le premier volume nous offre d'abord
des décrétales de ce pape laite des trois , comme prolégomènes, 1° la dédicace au roi
premiers livres du Registre, par Rainier, 'ia- Louis XIV, par Baluze 2° la préface du ;

cre et moine de Pompesie, sous quarante ti- même éditeur; 3" l'avertissement de Bréqui-
tres, et mil à la suite du cinquième livre, qui gny de la Porte du Theil 4° une notice
et ;

était imparfait, le Registre ou. recueil des piè- de Mansi; 3° les Gestes d'Innocent III, par un
ces qui concernent l'atl'aiie de l'empire. Les anonyme. Les lettres viennent ensuite; elles
sixième, septième, huitième et neuvième li- vont de l'an 1198 à l'an 1202; du premier
vres manquent dans de Baluze
l'édition livre au cinquième, elles sont au nombre de
quoiqu'ils se trouvent parmi les manuscrits mille six cent ving-neuf il y a en outre huit
;

du Vatican mais il a donné dans le second


; lettres de divers à la fin.
tome les di.\.ieme, onzième, douzième, trei- Le deuxième volume contient les lettres
zième, quatorzième, quinzième et seizième ; de l'an 1203 jusqu'à l'an 1208, du sixième
les trois suivants sont perdus ou n'ont pas livre au onzième il renferme mille quatre
;

encore été mis sous presse. [Bréquigny et de cent quatre-vingt-trois leltres.


la Porte du Theil ont publié a Paris, en 1791, Le troisième volume va de l'an 1209 jus-
in-lolio les lettres inédites d Innocent 111
, qu'à 1213, du douzième au seizième livre; il

conservées dans les manuscrits du Vatican. renferme neuf cent qualre-vingt-trois lettres.
Elles sont imprimées d'après une copie tirée Dans ces lettres sont comprises les pièces
par la maison de Couli sur les manuscrits du suivantes Procès du comte Raymond de
:

"Vatican. Cette collection renferme le troi- Toulouse, mariage de Bochard d'Avesnes,


sième livre, mais tort mutilé, puisqu'il n'est formes de jurements donnés au pape par les
composé que de cinquante-sept lettres, tan- baror.s des villes et autres, de l'atl'aire des
dis que tous les autres livres en contiennent comtes de Toulouse et de Gaston de Béarn,
chacun environ deux cent cinquante. Mais sur la controverse entre Blanche et Erard de
celte portion ne laisse pas d'être extrême- Braine, sommaire de quelques lettres per-
ment intéressante, attendu qu'elle renferme dues sur les all'aires de France, cent quatre-
précisénienl les lettres relatives au divorce vingt-quatorze lettres sur les atl'aires de
de Philippe-Auguste. Le cinquième livre est l'empire romain, première collectiou des dé-

Lc quulnéuie u a pas élu retroiivo ; le lioisieiue été eu partie. {L'éditeur.


032 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
crélales d'Innocenl III, composée par le dia- son voyage, avant que la paix et la tranquil-
cre Rainicr, index des lettres décrctnles qui lité ne fussent rétablies en Hongrie. Par une
sont admises dans le droit canonique. seconde lettre, il le chargea de la réforme du
Le quatrième volume comprend la suite monastère de Téléqui. L'abbé de Saint-Mar-
des lettres de l'an 1198 à l'an 1216; il ren- tin était accusé de favoriser les troubles de
ferme deux cent quarante-quatre lettres du Hongrie, et de s'être uni pour cet effet au
pape Innocent et vingt-deux lettres de divers. frère du roi qui les avait excités. Innocent III
Le reste du volume conlien! les autres écrits fait souvenir cet abbé de la peine d'excom-
d'Innocent avec l'index alpbaliélique et l'ini- munication dont le pape Célestin III avait
tiale des lettres.] Venons à l'analyse de ses frappé tous ceux qui prendraient le parti du
lettres. frère du roi, soit par leurs conseils, soit en lui
§1". prêtant secours; et lui ordonne de se rendre
à Rome pour la fête de l'Exaltation de la
Lettres du Livre premier.
sainle Croix, afin d'y rendre raison de sa
\ . [Le premier livre des lettres d'Inno- conduite. Par sa lettre à l'évêque de Ferrare,
cent m en renferme cinq cent quatre-vingt- il le charge de remettre le bon ordre dans
trois, mois de janvier il98jusqu"aa
depuis le l'abbaye de Nonantule, et de punir l'abbé
mois d'avril 1199.] Dès le lendemain de son qui l'avait dérangé tant dans le temporel que
élection, Innocent III écrivit une lettre circu- le spirituel.

laire aux évêques pour les en informer et


'
4. Un seigneur liongrois avait commencé
demander le secours de leurs prières. Il écri- un monastère mais étant mort avant que
;

vit en particulier à Philippe, roi de France, les bâtiments en fussent achevés, le pape
et il en allègue deux motifs très-remarqua- permit au roi de le transférer en un lieu plus
bles : l'un, que le royaume de France est convenable, néanmoins avec l'agrément de
toujours demeuré dans l'unité de l'Eglise ;
l'évêque diocésain.
Il déclara au duc, frère

l'autre que le prince qui le gouverne étant du roi, que s'étant engagé volontairement à
le fils spécial de l'Eglise romaine, il était accomplir le vœu que son père avait fait
convenable adressât les prémices de
qu'il lui quelque temps avant sa mort, d'aller à la
ses lettres. Le pape l'y exhorte à honorer Terre-Sainte contre les ennemis de la croi-
tellement cette sainte Eglise sa mère qu'il ne sade, il ne pouvait se dispenser de faire ce
s'éloigne en rien des tracesque le roi Louis, voyage. Il le menaça même d'excommuni-
son père, lui avait marquées par son exem- cation en cas de résistance de sa part, et de
ple. Sa troisième lettre est aux abbés, aux privation de son droit à la couronne, s'il ar-
prieurs et aux religieux du même royaume, rivait que le roi son frère mourut sans en-
auxquels il demande des prières assidues fants. Ce pape lui reprocha d'avoir pris les
pour le bon gouvernement de l'Eglise, en armes contre ce prince, et d'avoir mis par l.'i

leur promettant de défendre leurs droits le trouble dans le royaume de Hongrie. Cette
contre fous ceux qui voudraient les atta- lettre qui est du 29 janvier 1198, fut sans
quer. effet. Le duc André ne partit pour la croi-

2. Dès l'an H93. le roi Philippe avait fait sade que vingt ans après, et le roi Emeric,
divorce avec lareine Ingelburge son épouse, son frère, étant mort le 30 novembre 1201,
et quoique le pape Célestin III eût annulé la et Ladislas, son fils, six mois après, André
sentence des évêques de France qui autori- fut reconnu roi, et couronné au mois de juin
sait ce divorce, ce prince était toujours sé- 1201 le pape même lui écrivit depuis plu-
:

paré de sa femme. Innocent III écrivit à l'é- sieurs lettres.


véque de Paris de travailler à les remettre 5. En faisant part au patriarche de Jéru- ,

ensemble et en paix. salem et à ses suli'ragants de son élection,


3. L'archevêque de Strigonie avait fait le pape leur témoigne un désir sincère de
vœu d'aller à la Terre-Sainte mais Henri, ;
secourir la Terre-Sainte, et de travailler effi-
roide Hongrie, avait besoin de la présence cacement à délivier la province de Jérusalem
de ce prélat pour apaiser les troubles dont de l'oppression; mais il les exhorte en même
ce royaume était agité. Il en écrivit au pape temps à apaiser la colère de Dieu par des
qui défendit à l'archevêque d'entreprendre œuvres de pénitence, en les priant d'empê-
cher que son héritage ne devienne l'opprobre
1 Tom. I Baliiz., pag. 1. et le domaine des nations. Ses deux lettres, i
[XII* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT lll, PAPE. 933

lune à de Mayonce el aux au-


l'aiclicvêqiie décide, confi'rmément aux canons, qu'un
Irc's évcqiies d'Allemau;ne l'aiilre au land-
; prêtre qui, suivant le conseil des médecins,
grave de Tliuringe et aux Allemands qui se s'était fait mutiler pour éviter le danger de
troiivaieiil dans les pays d'outrc-mni-, sont la lèpre, pouvait continuer les fonctions de
pour les exhorter à la dél'ensc de la Terie- son ordre. Par une autre lettre, il commit Kpisi

Sainle. l'évèque et l'aldié de Saint-Loup de Troyes,


0. On avait porté au Saint-Siège par appel pour absoudre un prêtre accusé d'homicide,
le jugen.enl d'un diUérend entre l'abbaye de pourvu qu'il se purgeât canoniquement, qu'il
Prum et celle de Préniontré. Le pape Inno- ne parût aucun accusateur légitime, et que
cent nomma
des commissaires sur les lieux, le crime ne fût pas public mais il leur or-
;

eu ajoutant dans l'acte des commissions, que donne de le punir suivant les canons, si ce
si quelqu'une des parties, après avoir été prêtre confesse son crime, ou qu'il en soit
citée légitimement, refusait de comparaître convaincu, il chargea l'archevêque et l'ar- m.

ou méprisait leur jugement, ils ne laisse- cbidiacre de Traui d'informer contre l'évè-
raient pas de juger l'atl'aire autant qu'ils que de Vesli, accusé par six chanoines de-
pourraient connaître le droit des parties, et vant le pape Célestin d'avoir dilapidé les
recevoir les preuves de la partie présente. biens de son Eglise, et négligé ensuite de
Ces termes Quantum de jure potcritis, mis
: restituer, selon qu'il en était convenu avec
avant ceux-ci Et probatiunes prœsentis partis
: eux par une transaction ; et d'envoyer ensuite
rccipere, semblaient iusiuuer que le juge au Saint-Siège l'acte d'information scellé de
pourrait juger, même avant d'avoir entendu leurs sceaux. —
Il permit à l'archevêque de «ï.

les preuves de la partie présente. C'est pour- Milan à cause du besoin que son Eglise
,

quoi le pape s'expliqua plus clairement dans avait de ministres, d'ordonner diacres et prê-
une autre lettre, où il dit que cette clause : tres ceux que le souverain pontife avait admis
Quantum de jure poteritis, non
doit suivre, et à la cléricalure.
précéder celle-ci Et probationes prœsmih
: 10. Le pape Célestin avait menacé d'excom- s*

partis recipcre, en sorte que les commissaires munication un seigneur allemand, s'il ne met-
devaient d'abord écouter les raisons de la tait en liberté l'archevêque de Salerne, qu'il

partie présente, puis juger suivant qu'ils détenait en piison. Ses menaces n'ayant pro-
tonnaitraient sou droit. duit aucun etfet, limocentIII,son successeur,
7.y a trois lettres d Innocent lli au sujet
il en ordonna l'exécution par les évêques de
d'une confédération que les évêques de Tos- Spire, de Strasbourg et de Worras, et leur
cane avaient faite avec les consuls des villes. ordonna, en cas de résistance de la part de
Ce pape lui écrivit qu'ils n'avaient pu la faire ce seigneur, de mettre ses terres et même le
à son insu, la Toscane étant du domaine du diocèse où il demeure eu interdit. C'était
Samt-Siége , et parce que dans plusieurs de l'empereur Henri qui avait envoyé prisonnier
ses articles elle n'était ni utile ni dicente. en Allemagne l'arclievèque de Salerne, lils
L'est pourquoi il ordonna à ses légats d'en de Maltliieu, chancelier de Sicile; c'est pour-
empêcher l'exécution, sous peine d interdit quoi le pape menaçait, dans la même lettre,

contre les villes où elle serait exécutée. de mettre toute l'Allemagne en interdit. Phi- 05.

Après avoir posé pour principe dans la


8. lippe, duc de Souabe, frère de ce prince, avait
lettre au cliapitre de Sainte-Auasiasie, que déjà été excommunié pour le même sujet,
,

les causes majeures doivent être portées au par le pape Célestin; ne pouvant être absous
Saint-Siège pour en juger, il annule l'élec- que par le pape, il aurait été obligé d'aller
liou que ce chapitre avait été contraint de à Home. Innocent 111 manda à l'évèque de
faire par l'autorité de la puissance séculière, Sutri el à l'abbé de St-Anastase, ses nonces,
el ordonne aux clianoincs de choisir un autre que si le duc Philippe délivrait l'archevêque
évéque, qui ait moins d'empressement pour de Salerne, ils pourraient lui épargner le
les dignités, que de désir et de capacité pour voyage el lui donner l'absolution par l'auto-
. en remplir les lonctions. Innocent lll écrivit rité du Si -Siège. Il les chargea aussi de tra- j^

aussi aux archevêques de Capoue, de Ueggio vailleràla liberté de plusieurs autres prison-
et de Falerme, et à l'impératiice, de n ap- niers de Sicile, el d'employer, s'il était besoin,
porter aucun obstacle à cette élection, mais les censures contre les princes allemands chez

plutôt d'eu procurer la liberté. qui ils éiaient détenus.


y. Dans sa lettie à l'évèque de Paris, il 1 1 . Le p;ipe fut consulté, par l'évèque de F c- d
XIV.
954 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
rentino, au sujet d'un homme qui avnil pro- leslas , duc de Pologne. Averti que l'évêque
mis au père d'une fille de l'épouser, et à qui de Worms ne faisait pas célébrer dans son
lepère avait aussi juré de la lui donner pour diocèse la fête de la Conversion de saint Paul,
épouse, en sorte qu'il ne dépendait plus que il lui écrivit de la faire solemniser comme
de la fille de contracter ce mariage; quatre ou celle de son Martyre que l'on y célébrait, at-
cinq ans après, elle se maria avec un autre tendu que ces deux circonstances de la vie
homme en donnant son consentement pa?'
,
de cet apôtre sont également respectables
les paroles du présent. InnocentIII décida que aux chrétiens.
si le second mariage avait été fait par les pa- 13. Il décide, dans la lettre à l'évêque de epIji.

roles du présent, il devait subsister; mais que Marsi, le cas suivant. Un homme avait épousé
s'il n'avait été conçu, comme le premier, que une femme avec laquelle il avait eu aupara-
par des paroles du futur, ce premier devait vant un commerce charnel. Depuis son ma-
avoir lieu. riage il ne la connut plus, mais il en épousa
Un citoyen de Pise avait hypothéqué
12. une autre dont il eut des enfants. La pre-
sa maison et son jardin pour deux cent cin- mière demanda qu'il habitât avec elle, ou
quante-deux livres, avec serment que s'il ne qu'il lui fût permis de se marier à un autre.

redemandait pas ce qu'il avait hypothéqué La décision du pape porte que si cet homme
dans un temps limité, il l'abandonnerait à son l'a épousée per verba de pressenti, il doit re-

créancier. Le débiteur renvoya la somme au tourner avec elle; mais si ce n'est que pe»'
terme convenu mais le commissionnaire qu'il
;
verba de futuro, on doit leur imposer à tous
en avait chargé ne la rendit pas. Il arriva, deux une pénitence et permettre à cette,

pendant ce temps, que le citoyen de Pise fut femme d'en épouser un autre.
mis en prison par l'empereur, et qu'il se 16. Par la lettre adressée à l'abbé et aux S9.

trouva hors d'état de satisfaire son engagiste. religieux de Riom dont le monastère était
,

Mais aussitôt qu'il eut recouvré sa liberté, il soumis au Saint-Siège, le pape annule toutes
lui otIVit la somme prêtée. Celui-ci ne voulut les aliénations faites par l'abbé Gui, l'un des
pas Le pape, informé du fait, or-
la recevoir. prédécesseurs de l'abbé actuel. Il en donne
donna à deux chanoines de Pise de faire ren- deux raisons l'une que cet abbé avait agi
:
,

dre au ciloyeu de cette ville les biens qu'il en cela contre le serment qu'il avait fait dans
avait engagés, en payant le sort principal de son élection, de ne pas aliéner les biens de
la somme empruntée, sur laquelle on met- son abbaye; l'autre, qu'il les avait aliénés
trait en compte les revenus que l'engagisle étant dans le schisme. Il écrivit même aux
avait perçus. consuls de Riom de contraindre les déten-
Le pape, consulté si un prélre qui, à
13. teurs de ces biens à les restituer.
de la mort, avait reçu l'habit monas-
l'article 17. La translation et la déposition des évê- bo.bi.

tique de la main d'un simple moiae et qui, , ques, ou leur changement de siège, étant une
étant revenu en santé, l'avait quitté avec l'a- des causes majeures dévolues au pape, Inno-
grément de l'abbé, pouvait rentrer dans le cent m
suspendit le pouvoir que le patriar-
monde et y reprendre ses fonctionsordiuaires, che d'Antioche avait de confirmer les évéques,
décide qu'il le peut et n'est nullement obligé parce qu'il avait transféré à Tripoli et or-

de mener la vie monastique s'il n'en a fait


, donné évêque de cette ville celui qui était
volontairement profession. Dans sa lettre aux élu pour l'évêché d'Apamée, sans en avoir'
évéques de la Marche, il confirme l'excom- eu auparavant la permission du Sainl-Siége.
munication portée par ses légats contre Mar- Le pape suspendit aussi cet évêque de ses
couald, usurpateur des biens de l'Eglise, et fonctions. 11 confirma, comme ses prédéces- «s.

défend à tous ses sujets de lui obéir, les dis- seurs, à Hubald, archevêque de Pise, le droit
pensant du serment de fidélité qu'ils pour- de métropolitain sur les évêchés de l'ile de
raient lui avoir prêté. Corse, et celui de primat sur les provinces de
14. En considération des mérites person- Sardaigne.
nels de G., évêque de Lunen, le pape soumit 18. De deux coUateurs d'un bénéfice à b9.

à sa juridiction monastère d'Abolen, qui


le charge d'âmes, l'un l'avait conféré à un sous-
auparavant dépendait de celle du St-Siége. diacre qui n'avait pas encore vingt ans, l'autre
Il ordonna à l'archevêque de Gnesneetàses à un prêtre. Quoiqu'ils fussent l'un et l'autre
sufl'raganls d'user des censures ecclésiasti- recommandables par leurs bonnes qualités,
ques contre tous ceux qui molesteraient Bo- le pape, à qui la contestation intervenue sur
,

[XJI'SHXLK.] CHAPITRE LXXXUI. - INNOGENT 111, PAPE. 955


ces nominations fut envoyée pour la termi- pitre de Novare avait faite d'un évêque,
ner, décida, conformément au\ canons, en parce qu'il s'était aperçu depuis que ces let-
co, Mj. faveur du prêtre. II commit l'évéque de Luc- tres étaient subrepti«es.
ques, un abbé et un archidiacre pour exami- 20. Le pape permit à l'évéque de Troyes F.pin

ner et juger le ditlërend entre l'évéque d'O- de racheter le vœu qu'il avait fait d'aller à la
rense en Espagne et l'abbé de Celle-Neuve. Terre-Sainte, en y envoyant par une per-
Celui-ci prétendait que son monastère était, sonne religieuse les sommes qu'il aurait dé-
dès sa fondation, exempt de la juridiction de pensées dans ce voyage. Les raisons que
l'évéque diocésain. L'évoque, au contraire, l'évéque avait alléguées pour obtenir cette
le regardant comme de sa dépendance, ap- dispense étaient les besoins que son Eglise
pela l'abbé au synode, et, voyant qu'il n'y avait de sa présence , <^ cause des troubles
était pas venu, il alla au monastère pour es- dont elle était agitée et la crainte de ue pou-
sayer de vaincre l'abbé par la douceur. Per- voir, h son âge, soutenir les fatigues du
sonne ne se présenta pour recevoir l'évéque : voyage et surmonter la crainte des dangers
on lui ferma même les portes. L'évéque sus- de la navigation. Comme il avait dû prévoir
pendit l'abbé de ses fonctions et interdit le toutes ces avant de s'engager
diliicultés
monastère. envoyèrent l'un et l'autre à
Ils par vœu, pape ne l'en dispensa qu'en lui
le

Home l'évéque pour demander la confirma-


: imposant une peine pécuniaire pour le se-
tion de sa sentence, l'abbé celle de son exemp- cours de la Terre-Sainte. Il s'autorise d'un
tion. Les commissaires du pape furent char- décret du pape Alexandre III, son prédéces-
gés d'en examiner les preuves, de soutenir seur, où il est dit que le vœu de la Terre-
l'abbé et son monastère au cas qu'elles fus- Sainte peut être commué.
sent bien constantes ou fondées sur une pré- 21. La de Liège, à l'abbé
lettre à l'évéque lo.

somption légitime sinon, de déclarer le mo-


; de Saint-Trond et au prévôt d'Utreclit est une
nastère dépendant de la juridiction de l'évé- commission d'informer contre l'archevêque
que d'Orense, dans le diocèse duquel il était de Trêves avec pouvoir de le suspendre de
,

enclavé. ses fonctions s'il se trouve coupable des


61. Innocent lll révoqua le privilège que
19. crimes dont le doyen de son Eglise l'avait
l'évéque de Chartres disait avoir obtenu du accusé. 11 permit à l'évéque d'excommunier ,3.

pape Célestin III portant que l'archevêque


,
ceux d'entre ses clercs qui oseraient le tra-
de Sens ne pouvait absoudre ceux que cet duire devant les juges laïcs. Il consentit
63. évêque aurait excommuniés. Il déclare, dans aussi à ce que l'évéque d'Anagni hypothé-
une de ses lettres que les chrétiens n'étant
,
quât les biens de son Eylise pour l'acquisi-
pas astreints aux observances de la loi de tion d'un château dont elle pouvait retirer
Moïse, les fen>raes peuvent entrer dans l'é- des avantages mais à condition que tout
, 71.

glise peu de temps après leur accouchement son chapitre ou la plus grande et la plus
pour y rendre grâces h Dieu mais que si par ; saine partie y consentirait.
respect elles veulent s'en abstenir plus loug- 22. A
mort de Guillaume, évêque de
la ib.

lemps on ne doit pas les condamner. 11 an- Poitiers, le chapitrefit un compromis entre
61, £6. ,

nula, dans les deux lettres suivantes, toutes les mains desix chanoines pour l'élection
les collations de bénéfices faites dans les dio- d'un successeur. Ayant laissé s'écouler six
cèses d'Averse etdeSalerne, par la puissance mois sans faire l'élection, le compromis fut
séculière. Le monastère de Galdo était situé renouvelé en ptésence de l'archevêque de
au milieu d'une nation perverse qui en inquié- Bordeaux; les suffrages tombèrent sur Adé-
55 „ lait sans cesse les moines. Le pape leur per- mar, et l'archevêque confirma son élection.
mit d'aller s'établir dans un lieu où ils pus- Le doyen, le sous-doyen et quelques autres
sent s'acquitter avec plus de tranquilité des chanoines prétendirent qu'elle était nulle,
devoirs de leur étal. 11 conmiit à l'évéque de parce que le temps du compromis était expiré
Poitiers réforme de l'abbaye de Saint-
la lorsqu'elle fut faite; et qu'encore qu'on l'eût
Maixent, tant dans le chef que dans les mem- renouvelée, on n'y avait pas procédé le jour

,g. bres, mais en le chargeant de s'informer au- marqué dans le second compromis que ;

paravant sur les lieux de la réalité des plaintes d'ailleurs l'élection s'était faite en secret
formées contre l'abbé. Il avertit l'évéque de sans être notifiée au chapitic et au préju-
Lodi de n'avoir aucun égard aux lettres par dice de l'appelque le doyen avait interjeté
lesquelles il avait cassé l'clcctionquc le cha- au St-Siége. Appuyés de toutes ces raisons,
936 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
les opposants élurent l'évêque de Nantes, et 25. Depuis son élection, mais avant son
ils furent secondés dans leur prétentiou par sacre, le pape avait fait expédier plusieurs
quelques-uns de ceux qui avaient clioisi Adé- bulles pour le règlement des aBfaires, surtout
mar, sachant qu'ils feraient plaisir au comte des pauvres; mais ces lettres n'avaientqu'une
de Poitiers. Les partisans d'Adémar soute- demi-bulle, c'est-à-dire un demi-sceau; et
naient au contraire que son élection s'était pour épargner aux parties les frais d'en faire
faiteau jour marqué; que l'archevêque de expédier de nouvelles, il déclara, quelque
Boideaux l'avait déclarée au chapitre, et que temps après sa consécration, que ces lettres
si on ne l'avait pas rendue publique, c'était
n'étaient pas de moindre autorité que celles
à cause du comte de Poitiers, dont la crainte qui avaient la bulle entière. De deux bénéfi-
avait obligé les électeurs à se retirer en un
ciers qui avaient voulu peimuter, l'un avait
lieu sûr pour publier l'élection qu'ils avaient
trompé en lui faisant résigner son
l'aulre
faite dans au surplus, l'Eglise de
la ville;
bénéfice un de ses parents, et ensuite ne
à
Poitiers n'était pas dans l'usage de deman-
lui avait pas voulu donner le sien. Le pape,
der le consentement du prince. Les deux informé du fait, déclara d'abord que suivant
parties ou'ics par leurs députés, dans un con-
les règles du droit ils n'avaient pu permuter;
sistoire public, le pape jugea en faveur d'A-
ensuite il ordonna que, la fraude ne devant
démar, qui fut en efîet sacré évêque de
favoriser personne, le bénéfice serait rendu
Poitiers.
à celui qui l'avait résigné de bonne foi. Il
2.3. Quelques-uns des papes ses prédéces-
obligea sous peine d'excommunication un
, ,

seurs avaient déclaré nulles les ordinations


avocat qui avait mal parlé publiquement d'un
des clercs qui n'avaient ni titre ni patrimoine.
jugement qu'il avait rendu en faveur de
Innocent III, voulant traiter ces cleics avec
l'abbé de Scozula de donner, dans la quin-
,

plus de douceur, déclara que ceux de qui ils


zaine assurance de lui faire satisfaction. Le
,

avaient reçu les ordres, ou leurs successeurs,


pape dit qu'en cela il ne cherchait point à se
pourvoiraient à leur subsistance jusqu'à ce
venger de l'injure que l'avocat lui avait faite
qu'ils eussent des bénéfices. C'est ce qu'il
à lui-même, mais à maintenir la disci-
ordonna en particulier à i'évôque de Zamora,
pline ecclésiastique, parce que, selon les
à l'égard d'un clerc qu'il avait fait sous- règles canoniques, il y a des fautes qu'on ne
diacre, quoiqu'il n'eût rien pour subsister.
peut laisser impunies.
Ilordonna encore à l'archevêque de Magde-
26. L'évêque de Chartres refusait souvent
bourg de châtier celui qui avait été intrus sans raison des provisions aux clercs de son
dans l'évêché de Prague par la puissance sé- diocèse qui se présentaient pour des béné-
culière, et d'accorder au chapitre la liberté fices. Ils en portèrent leurs plaintes au pape,
d'en élire un autre suivant les formes cano-
qui ordonna à l'archevêque de Sens, leur
niques.
métiopolilain, de les leur accorder. Un clerc
24. Dans les quatre lettres à l'archevêque de l'Eglise d'Anvers y avait obtenu une pré-
d'Aucli, le pape lui demande de punir, sui- bende par une supplique au pape Célestin 111 ;

vant les canons, les clercs de son diocèse qui mais comme il n'avait pas dit qu'il avait déjà
recouraient à la puissance laïque pour avoir plusieurs bénéfices dont il pouvait subsister,
des bénélices, lorsqu'ils ne pouvaient en ob- le chapitre donna cette prébende à un autre,
tenir dcsévê^ues; de contraindre les moines
et Innocent III confirma cette collation. Il or-
vagabonds de relourner à leurs monastères; donna au cardinal Raynier de rompre le ma-
de travailler de tout son pouvoir à faire sor- riage incestueux de la fille du roi de Castille
tir de hi Gascogne et des provinces voisines
avec le roi de Léon et d'employer même à
,

les hérétiques qui les infestaient, et d'em- cet effet, s'il était besoin, les censures de
ployer, s'il était besoin, le secours du bras l'Kglise. Ses lettres aux archevêques d'.^ix,
séculier; d'obliger aussi les clercs qui avaient de Narbonne, de Vienne, de Tarragone, et à
plusieurs bénéfices en diverses Eglises ou leurs sull'ragants, sont pour les exhorter à
dans la même, comme archidiaconés, digni- seconder les commissaires du Saint-Siège
tés et personnals, de les résigner et de se
dans leurs procédures contre les hérétiques
contenter d'un seul. Par une cinquième let- qui infestaient ces provinces. Il en écrivit de
tre au même archevêque, il lui défendit en-
semblables aux princes aux barons aux
, ,

core de souUrir qu'une même peisonne pos- comtes et à tous les peuples de ces lieux. 11
sédât plusieurs abbayes. recommanda à prélats l'hôpital
tous les
, .

Ixirsif^^ciT J
CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, PAPE. 957

(In Saint - Esprit , fondé ù Montpellier bliger tous le.s béuéficiers à résider dans les
et lui donna ensuite divers privilèges. 11 églises où ils avaient des bénéfices, et dans ki,„i m.
ordonna que les quatre chanoines créés au- la seconde il confirme les échanges qu'il avait
delà du nombre ordinaire auraient part, faits avec le roi d'Angleterre. Après s'être oj,i o

comme les anciens, à l'augmentation des re- instruit exactement du procès entre la com-
venus de ce chapitre. tesse de Flandres et les chanoines de Seclin,
27. Alphonse Henriquez, duc de Portugal, an sujet du patronage de celte Eglise, il dé-
ayant, en l^iri, le 25 juillet, remporte une
I cida que la nomination du prévôt faite par
victoire sign ili'C sur cinq rois des Maures, fut cette princesse aurait lieu, et que le rescrit

proclamé roi par les soldats, et couronné peu que chanoines avaient obtenu du pape
les
de temps après à Lamago. C'est là l'époque son prédécesseur était obreptice. 11 fit défense ni.ua «i
'"*'
de la monarchie de Portugal. Mais il paraît, à l'archevêque de Cantorbéry de bûtir une
par une lettre d'Innocent III que la qualité ,
nouvelle chapelle qui ne pouvait qu'être
,

de roi ne fut généralement reconnue dans préjudiciable à la cathédrale, parce qu'il en


Alphonse que lorsqu'elle lui eut été donnée, prenait les fonds pour y établir un des cha-
pour lui et ses successeurs, par Alexandre III, noines. Le pape Urbain III et Clément III
('lu jiape au mois de septembie 1159. Ce avaient déjà fait les mêmes défenses à l'ar-

prince, en reconnaissance, s'obligea à payer à chevêque.


l'Eglise un cens annuel de mille écus d'or. C'est 30. Par une lettre circulaire adressée à n:.

ce cens qu'Innocent III chargea le cardinal tous les fidèles, datée de la première année
li.iynier, son légat, de répéter à Sanche I", de son pontificat. Innocent 111 leur déclare
fils d'Alphonse. que une œuvre méritoire de la rémis-
c'est
28. L'abbé de Faverney, dans la Franche- sion des péchés, que de retirer des femmes
Comté étant mort il y eut contestation sur
, , de la débauche et de les épouser. Les dé-
la nomination de son successeur. Le chapitre rangements arrivés au monastère de la Bau-
prétendit avoir droit de l'élire, et l'abbé de me, tant dans le temporel que le spirituel,
la Chaise-Dieu de le nommer. L'affaire, por- l'obligèrent à se soumettre de nouveau à m. ui.mb.

tée au tribunal du pape Célestin III ne put , celui de Cluny, pour y rétaldir le bon ordie,
être terminée sous son pontificat. Innocent III, avec le secours de l'archevêque de Besan-
sou successeur, nomma des commissaires et çon et de l'évêque de Mâcon. 11 ordonna au
ordonna à l'archevêque devienne de mettre prévôt et aux clianoines de Saint-Juvence à
en possession de l'abbaye de Faverney celui Pavie, de recevoir dans leur chapitre un
que l'abbé de la Chaise -Dieu avait nommé, clerc auquel son prédécesseur avait d(umé
s'il trouvait que le droit de cet abbé fût bien un mandat pour y être admis. Il se plaignit ne.
établi. Il déciJe, dans une lettre au chapitre à l'archevêque de Bourges que celui de Tours
de Spolèle, que le mariage d'un homme avec eût permis, sans l'autorité du Saint-Siège, la
une concubine qu'il avait eue du vivant de translation de l'évéïue élu d'Avranches à
sa femme est valide à moins que l'on ne , l'évêcbé d'Angers, et lui ordonna de révoquer
prouve que l'un ou l'autre eût contribué à sa tout ce qui était défectueux dans cette trans-
mort, ou qu'ils s'étaient donné mutuellement lation, qui, selon les canons, n'avait pu se faire ,,7.
(.les promesses de mariage du vivant de cette sans qu'on en eût communiqué avec le Saint-
femme. Siège, la translation des évêques étant ime
répond à un abbé de l'ordre deSaint-
2!(. 11 des causes majeures dont il doit couuaitre
IJenoit, qu'un homme qui s'était fait moine particulièrement; et afin qu'on ne l'accusât
dans son monastère et en était sorti à rai- , , point d'une entreprise nouvelle sur les droits
son de ses infirmités, pour passer dans un des métropolitains, il renvoie à ce qui avait
autre plus mitigé, pouvait y exercer les fonc- été fait en pareil cas par le Siège apostoli-
tions des ordres qu'il y avait reçus, pourvu que contre le patriarche d'Antioche.
qu'il n'en eut aucun empêchement canonique. 31 encore question de mandat apos-
Il est ,,5 ,y,_ „.
Il ordonna à laichevéque de Moiit-Héal de tolicjue dans la lettre à l'archevêque de Pa-
retirer tous les biens de sou Eglise, aliénés lis. Le pape le commet avec le chantre et
mal à propos, et lui défendit d'en aliéner à un chanoine de celte église, pour faire exé-
l'avenir, principalement ccu.x qui étaient de cuter celui que son prédéces eur avait donné
la luense épiscopale. Dans la première à l'ar- à Bernard de l'Ile pour un canonicat de
chevêque de Uouen, le pape lui ordonna d'o- Tournai, dont il avait été investi parle doyen
HISTOIRE GÈiNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
de l'Eglise de Paris, du consentement du sieurs endroits. Innocent III le confirma, en
chapitre de Tournai, et avec les formalités autorisant ceux de qui l'on voudrait exiger
ordinaires dans la réception des chanoines, au-delà de ce qui y était porté, à s'y refuser.
savoir ,en leur marquant leur place au Un clerc s'était vanté d'avoir abusé d'une i

chœur et au chapitre. On avait changé un femme : le mari se


sur celte déclar;ition ,

monastère en couvent de chanoines séculiers, sépara Le pape ordonna qu'au cas


d'elle.

et donné ce monastère en bénéfîce à un clerc. qu'il fût constant que le clerc eût dit ce dont

Sur les remontrances de l'évêque d'Oviédo, on l'accusait, il serait suspendu des fonc-
de qui ce monastère dépendait. Innocent III tions du diaconat et de son bénéfice, mais
lui permit de rétablir les choses en leur qu'on obligerait le mari de retourner avec
premier état, et d'y remettre un abbé et sa femme.
des moines. Il permit à rarchevéque de 34. Il permit à celui qu'on avait élu évè- i

Tarragone, dont l'église était réduite pres- que de Cambrai de renoncer à son droit, et
que à rien, de la rétablir par des bénélices enjoignit à l'archevêque de Reims d'en faire
assignés sur ses revenus, tant au dedans élire un autre daus le mois, sinon d'en nom-
qu'au dehors du diocèse, de laisser pendant mer un par l'autorité du Saint-Siège. Il donna
sept ans les bénéfices qui viendront à y va- aussi à cet archevêque la permission d'éri-
quer, sans les remplir, s'il n'y a nécessité ger eu évêché l'abbaye de Mouzon, située
ou utilité pour l'Eglise même. Il confirma, à dans son diocèse et d'y faire bâtir une
,

la demande de Philippe, roi de France, le église cathédrale , comme Célestin III le lui

traité d'alliance que ce pi'ince avait fait avec avait accordé, mais à condition que les
le comte de Flandres, défendit à l'archevc- moines n'en seraient pas chassés, parce que
que de Rouen de rien entreprendre contre suivant les règles canoniques, les monas-
le roi an préjudice de sou appel au Saint- tères consacrés à Dieu doivent toujours être
Siège; il commit les abbés de Citeaux et de des monastères. Le roi consentit à cette
Clairvaux pour terminer leur différend. Le érection, et le projet en fut fait de l'avis des
pape dit dans la lettre adressée à ces deux évêques d'Arras et d'Amiens. Néanmoins
abbés, que les rois de France se sont tou- elle n'eut pas lieu, et cetle abbaye subsiste
jours rendus plus recommandables que les encore [1753] sous la règle de saint Benoît.
autres par l'intégrité de leur foi et par leur Innocent III autorisa l'abbé de Saint-Vaast
attachement à l'Eglise romaine. d'Arras à rétablir, de l'avis de la plus saine
32. L'évêque de Toscane ayant eu des rai- partie de la communauté, les chanoines
sons de mettre en interdit tout son diocèse, séculiers dans une église où il y en avait
quelques religieux refusèrent de l'observer eu avant qu'on y mit des moines. Il dé-
dans la célébration des offices. Il s'en plai- cide que ceux qui avaient eu part au
gnit au pape, qui lui écrivit de les y con- meurtre d'un évêque ne pouvaient être ab-
traindre, sauf les privilèges de l'Eglise ro- sous que par le pape, sinon en cas de mort.
maine. Il accorda à l'abbé et aux moines de Quoique le Saint-Siège eût prononcé sur les
Belle-Ville, sous l'agrément de l'évêque dio- difficultés entre l'archevêque de Tours et
césain, de bâtir des oratoires dans les lieux l'évêque de Dol en Bretagne, qui se pré-
où ils auraient un nombre suffisant de reli- tendait indépendant, la discorde entre ces
gieux pour faire l'office. Les deux lettres deux prélats durait toujours. Le pape les
suivantes contiennent la confirmation des cita l'un et l'autre, pour terminer leur dif-
statuts et anciennes coutumes de l'abbaye férend. Il écrivit à Philippe-Auguste, roi de
de Saint-Vaast d'Arras et de celle de Veze- France, en des termes très-pressants, de re-
lay. Il accorde de nouveau à celle-ci de prendre la reine sa femme qu'il avait répu-
chanter le Glo7-ia in excelsis le jour de la diée, et de chasser la concubine qu'il entre-
translation de sainte Marie-Madeleine quand tenait. Il prit sous la protection du Sainl-
il tomberait en carême, à cause de la solennité Siége l'ablîaye de Saint-Germain-des-Prés,
de celte fête dans ce monastère. lui accorda de nouveaux privilèges, confirma
33. Quoi([ue le troisième concile de Latran les anciens, et chargea Guillaume arche- ,

. eut réglé le nombre des domestiques que vêque de Reims et cardinal, de veiller à
les évéques, les archidiacres, les archiprê- leur conservation. Il confirma aussi ceux de
tres et les doyens pouvaient avoir à leur l'abbaye de Saint-Denis et l'élection d'un
suite, ce décret n'était point exécuté en plu- abbé de ce monastère. Informé des difficul-
[xtl'SlKCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — I.NNOGENT III, PAPE. 939

tés y avait entre 1 evèque d'Auxerre et


(ju'il voir les revenus serait égale entre les an-
les moines île l'altiiaye de Saint-ljeim.iiii eu ciens chanoines et les nouveaux. Il confirma Kpin. m,
la même ville, il leur permit, en cas de re- à l'abbé et aux religieux de l'rémontré le
fus de la part de cet évcque, de recevoir les privilège à eux accorde par ses prédécesseurs,
saintes huiles de tout autre évèque catho- de chasser de leur ordre les incorrigibles
lique, la bénédiction abbatiale, les ordres, qu'ils auraient sentencié.^, et de ne pas même
et de leur taire consacrer les églises dépen- déférer aux lettres qu'ils auraient obtenues
dantes dudit monastère. du Saint-Siège pour rentrer dans ledit ordre.
Erui. lii. ''i'i- 11 déclara encore que l'excomniunica- Il confirma encore le statut que l'abbé de
Prémonlré et les autres abbés du même or-
''
lion serait nulle et ne les obligerait pas, si

l'évèque d'Auxerre les excommuniait sans dre avaienlfait entre eux, qui portait défense
une cause évidente , raisonnable, et sans à tous de porter la mitre et les gants comme
avoir observé les formali;és de droit. Enfin les évêques, de peur qu'ils n'en prissent oc-
il leur accorda de s'adresser à l'aichevéquc casion de vanité. Il y a plusieurs autres let-

de Sens pour se soustraire aux injustices et tres d'Innoieut III concernant les usages et

ij,
aux vexations de leur évèque. Le pape Cé- les privilèges de cet ordre.
lestin, en considération des mérites person- 37. Il défendit, conformément au décret j,^
nels de l'évèque de Tortone, lui avait per- du concile de Tours, à l'évèque de Sentis de
mis de conserver pendant trois ans les bé- diviser les prébendes, avec ordre de donner
nétices qu'il possédait lors de son élévation le premier canonicat vacant à celui à qui il
à l'épiscopat de cette ville. Il jouit pendant n'avait donné qu'une demi-prébende. Kn ^^_
quelque temps de cette dispense, et, en qua- envoyant au roi d'Angleterre quatre anneaux
lité de prébondaire de l'ijglise de Milan, il d'or ornés de pierres précieuses, il lui en
eut part à l'élection de l'archevêque, comme donna une explication mystique et morale.
y
un des chanoines. Néanmoins le chapitre Il écrivit au roi de Navarre de restituer au
donua sa prébende et sa maison à un autre. roi d'Angleterre quelques châteaux qu'il lui
L'évèque de Tortone s'en plaignit au pape avait pris; sinon, il le menace de procéder
Innocent, qui obligea les chanoines à lui contre lui par les censures de l'Eglise. Dans ^^^
rendre sa prébende et sa maison, pour en l'évèque de Berg, le pape l'auto-
la lettre à
jouir paisiblemeut jusqu'au terme marque riseà se faire donner la dime ancienne et

igu
par le pape Célestin. Innocent 111 maintint accoutumée par les marchands de son dio-
aussi en possession de son bénéfice un clerc cèse qui allaient négocier eu Irlande. Par la j,,

qui avait tué involontairement un eulanl en suivante, adressée aux évêques de Rirchval
tirant une tlèche contre un arbre, et qui s'é- et de Rosse, il leur donne pouvoir de con-
tait l'ait absoudre de cette faute par son ar- traindre par les censures ecclésiastiques l'é-
chevêque, et en avait obtenu permission de vèque de Contlincs,à laisser payer le denier ^^^

conserver son bénéfice. annuel que chaque famille de son diocèse


,j, -Hi. Il donna pouvoir à l'évèque de Troyes était en usage de payer au Saint-Siège.
d'obliger les clercs de son diocèse qui pos- 38. Dalmarse, chapelain de "Villefranchc, ^^^
sédaient plusieurs bénéfices, à se contenter exigeait de ses paroissiens des sommes d'ar-
d'un seul dont ils pussent vivre convena- gent pour la sépulture des morts et la célé-
I5J
blement, et de contraindre ceux de ses clercs braliou des mariages; et quand les parties
qu'il trouverait capables, si les be-oins de intéressées refusaient de les lui payer, il
son église le demandaient, à recevoir les or- prenait divers prétextes pour se dispenser
dres sacrés. Les chanoines de la même d'enterrer les morts et de bénir les maria-
églisede Troyes avaient fait entre eux uu ges. Le pape le lit réprimander par un abbé,
règlement portant que ceux qui composaient à qui il ordonna de le punir s'il continuait
actuellement le chapitre perceviaient tous dans ce désordre. 11 y a plusieurs lettres j,_ j, ,,
"-".»'•
leurs revenus, soit qu'ils fussent présents ou d'Innocent 111 pour le maintien des droits de
absents, mais que ceux qu'on recevrait dans l'évèque de Conimbre, une entre autres où
la suite n'en jouiraient que loi squ'ils seraient il ordonne aux religieux du monastère de
,06. présents. Innocent III ;iunula cette conven- Saiute-Croix à Argenil, de se soumettre à sa
tion, par la raison que nous devons subir la juridiction, dontils ne s'étaient soustraits

loi que nous imposons aux autres, et déclara que par un privilège obtenu subrepticement
en conséquence que la manière de perce- du pape Clément. Il écrivit à l'archevêque de
960 HÎSTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Houen de ne pasubsoudreles personnes que trouveraient fausses, ceux qui les avaient
l'cvêque de Lisieux avait excommuniées. Il supposées seraient punis, savoir les laïques
:

en excepte le cas auquel cet évoque aurait par l'excommunication, les clercs par la
refusé de les absoudre. « Alors, dit le Pape, suspension de leurs fonctions. En troisième
en recevant d'eux leur caution juraloire , lieu il ordonna la peine d'excommunication
vous pouirez leur donner l'absolution, mais contre tous ceux qui, ayant sciemment de
en les obligeant de faire satisfaction à l'évê- fausses bulles, ne les lacéreraient pas, ou
que, pourvu toutefois qu'il n'ait pas porté ne les rapporteraient pas, quinze jours après
contre eux une excommunication injuste. » la publication de cette ordonnance. Cette
Dans une aulre lettre il permet à l'évèque lettre est adressée à Guillaume, archevêque
de Lisieux de ne pas comparaître devant de Reiras, cardinal de Sainte-Sabine, et à ses
l'archevêque de Houeu, comme juge délé- sutfragants.
gué du Siège apostolique, s'il lui était sus- 40. Le pape Innocent, écrivant à l'évèque lipui

pect, à moins que les lettres de commission de Tarantaise, lui donne pouvoir d'absoudre
adressées h cet archevêque ne le portent en les incendiaires qui ne pouvaient de tiois
termes exprès. Sa lettre au roi d'Angleterre ans aller à Rome, en étant empêchés ou par
est pour lui rendre compte de ce qu'il avait quelque maladie, ou par la crainte de leurs
fait pour obliger le tils du duc d'Autriche à ennemis. Il exempta de dîmes les terres de 238.

lui restituer la somme que son père avait l'église de Heytrachl que l'évèque faisait
,

exigée de lui à son retour delà Tcrre-Saiute. valoir par lui-même. On a vu plus haut
La raison de cette restitution est que le père qu'Innocent III avait accordé à l'évèque de
de ce jeune duc d'Autriche, touché de regret Lisieux de ne pas répondre devant l'arche-
à la mort de l'injustice qu'il avait commise vêque de Rouen, son métropolitain. Il révo- r.o.

envers le roi d'Angleterre à son retour de la qua ce privilège, et ordonna que l'archevê-
Terre-Sainte, ordonna à son Dis de restituer que ne pourrait procéder contre l'évèque de
à ce prince l'argent qu'il en avait tiré par Lisieux qu'après trois monitoires, et que ce-
violence pour sa rançon. Le pape détaillait lui-ci ayant appelé à futuro gravamine, l'ar-

dans la même au roi d'Angleterre les


lettre chevêque ne pourra rien entreprendre contre
soins qu'il s'était donnés pour lui faire ren- contre son église, le remède de l'^ip-
lui. ni

die les châteaux dont le roi de Navai-re s'é- pel ayant été institué pour la défense des
tait emparé et après avoir rappoité les
;
opprimés. Le pape ajoute que si l'arche-
plaintes mutuelles de ces deux princes, et vêque prononce la peine de suspense ou colle
leur diti'érend, il assure qu'en voulant met- d'interdit, avant les monitions, on après l'ap-
tre la paix entre eux, il a agi sans partia- pel justement interjeté, sa sentence sera
lité. nulle et de nul eflet.
39. 11 déclare que les chanoines peuvent 41. Dans la lettre à l'évèque et au chapitre 2u
servir de témoins dans les affaires civiles de d'Angouléme, le pape déclare que les cha-
leur qu'on doit ajouter foi à
chapitre, et noines qui ne résident pas pendant la plus
leurs dépositions. Le pape détenait en pri- grande partie de l'année, sans en avoir de
son quelques faussaires des bulles, tant de causes raisonnables, ne peuvent s'opposer
lui que de Ciilestin III, son piédécesseur, et aux règlements faits en leur absence, et que
afin que celles qu'ils avaient fabriquées fus- le chapitre n'est point obligé d'avoir égard

sent sans autorité, et qu'à l'avenir d'autres à leur opposition, ni à l'appel par eux inter-
n'en fabriquassent plus, il ordonna premiè- jeté. L'évèque de Chester avait, en veitu a, s.

rement que les bulles seraient reçues de la d'un bref surpris au pape Clément, chassé les
main du pape ou de ceux qu'il aurait com- moines de l'Eglise de Conventri, et mis h leur
mis pour les délivrer; en second lieu, que, place des chanoines. Innocent 111 l'obligea d'y
dans un concile provincial assemblé en France rétablir les moines, qui avaient été établis dès
par les archevêques et évêquesdu roj^aume, la première fondation de la religion chré-
on ferait un statut qui serait publié dans tienne en Angleterre, et qui par la régularité
tous les diocèses, poitant oi'dre à tous ceux de leur observance av;iient mérité les grâces
qui prétendaient avoir des bulles du pape, du Saint-Siège et des rois.
de les rapporter à l'évèque diocésain, ou à 42. Il décide que les actes des juges, qui ?56.

quelqu'un de sa part, pour être confrontées ne se sont pas fait autoriser de deux ou trois
avec les véritables; qu'au cas qu'elles se témoins, ne peuvent avoir aucune foi ce en
[Xll' SIÈCLE.] CIIAPITRK LXXXIII. — INNOCENT III. l'APF. 961

Epiii 5f. quelque cause que ce soit. A rexcniple ilc A'i. Il permit aude Hongrie de retenir tpisi
roi

ses prédécesseurs, il confirme les rcglonienls un comte et vingt croisés dont il avait besoin
que les consuls, les juges et le peuple de Bé- pour entretenir la paix dans son royaume.
néveut avaient faits pour les droits des olU- I.e monastère de Lérins, autrefois si célèbre m.
ciers de justice. Mais, informé que le chapitre par l'observance de la discipline et par ses
de cette Eglise refusait dadmeltie les prières grands biens, était réduit à un état si déplo-
du pape Célestin en faveur du sous-diacre rable que l'on n'y pratiquait plus les exer-
Albert, il ordonne de les mettre à exécution cices monastiques et que les frères y man-
et de donner eu conséquence un canouicat à quaient des choses nécessaires à la vie. Le
cet ecclésiastique. Il ordonne pareillement pape, de qui Lérins dépendait immédiate-
l'exécution d'une convention du chapitre de ment, chargea l'archovêque d'Arles d'y met-
Rouen louchant la réparation de l'église ca- tre la réforme; et au cas que les moines qui
thédrale. Cette convention, signée de la plus y étaient encore ne voulussent pas la rece-
grande et la plus saine partie des chanoines, voir ou ne pussent la soutenir, d'y en mettre
portait que chacun y contribuerait de ses de Tordre de Cileaux. Il ordonna à l'arche- ^t-

jco. revenus; quelques-uns refusèrent. Le pape vêque et à l'arcliidiacre de Narbonne de dé-


veut qu'on les contraigne; au contraire, il clarer nul tout ce que l'abbé de Saint-Sauveur
défend à l'archevêque de cette ville de con- de Lodève avait fait contre ses moines et
sentir à la convention faite entre les rois de d'autres personnes depuis leurappel au Saint-
France et d'Angleterre, par laquelle ils vou- Siège. Le trésorier de l'Eglise de Besançon t^a.

laient obliger ce prélat, sous peine de saisie ne résidait pas, parce qu'il était en même
de son temporel, à n'exécuter aucune sen- temps appréhendé dans les Eglises de Trêves
tence contre leurs sujets, qu'auparavant qua- et de Spire. Le pape nomma les abbés de
tre ecclésiastiqueschoisis par cesdeux princes Citeaux et de Toul pour procéder contre lui
n'eussent reconnu la validité de la sentence, et l'obliger à résider à Besançon «Car il est, :

j^, 43. Le pape, consulté par le même arche- dit-il, conforme à la raison et à l'équité que

vêque si un clerc qui a droit de patronage pour celui qui a l'bonneur et le profit des dignités
un bénéfice peut quand il vient à vaquer,
, ,
ecclésiastiques en supporte la charge, puis-
se présenter lui-même pour le posséder, ré- qu'on ne les a instituées qu'afin que ceux qui
pond qu'il ne le peut, quelque capable qu'il en sont pourvus servent le Seigneur. »
soit de le remplir, parce qu'il nest permis à 44. La première année de son pontifical, j,,

personne de s'ingérer dans l'otlice de la pré- le pape coniirma le nouvel institut des cba-

lalure ecclésiastique ni de se présenter soi- noines de l'Eglise de Sainte-Osyle, la posses-


25 JJ5
même pour un bénéfice. 11 déclare encore à sion de tous les biens qui en dépendaient, et
cet archevêque que l'interdit prononce par leur accorda divers privilèges. Ils suivaient
lui sur son diocèse doit être observé de tous la règle de saint Augustin. Un diacre nommé ssj

ses diocésains, à moins qu'ils ne produisent Pierre, se voyant dépouillé de son canonicat
un privilège spécial qui les eu exempte, et et de ses revenus par violence, en devint fou.
qu'il peut contraindre soit les clercs, soit les Pendant ce temps-là, on le mit dans un mo-
la'ics de son diocèse qu'il aura ou interdits ou nastère et on lui donna l'habit monastique.
excommuniés, de subir ces sentences, no- Revenu à son bon sens, il protesta contre
nobstant l'appel, jusqu'à une entière satis- tout ce qui avait été fait contre lui et appela

3„ faction de leur part. Il dit, dans sa lettre à au pape contre le détenteur de son canoni-
l'évèque de Maguelone, que les jugements du cat et de ses revenus. Innocent III ordonna à
Siège apostolique peuvent être changés et l'évèque et à l'archidiacre de Chester d'exa-
jévoqués lorsqu'il y a eu subreption. L'évè- miner la vérité de ses plaintes, ensuite de le
que de Véradin avait commis certaines fautes dans son bénéfice et de lui faire res-
rétablir
pour lesquelles son métropolitain l'excom- qu'on lui avait enlevé. Il déclare,
tituer ce ,(

munia : il les avoua même dans un écrit conformément à ce qui avait été arrêté par
scellé de son sceau. Le métropolitain leva son kgal en Lombardie, que les hérétiques
jj,

l'excommunication, mais en lui ordonnant ne peuvent avoir voi.x passive ni active dans
d'aller à Rome dans un temps limité pour
, ,
les élections pour les dignités de cette pro-
recevoir du pape la pénitence. Innocent 111 vince. Il admit la résignation volontaire de ^
lui écrivit de veuir au temps marqué par le l'abbé de Télèsc, et permit à la communauté
métropolitain. de ce monastère de choisir pour abbé un
XIV. 61
962 HISTOIIŒ GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
d'entre eux y en avait de capable, sinon
s'il que chaque année les abbés s'assembleraient
d'un autre monastère, s'offrant de le bénir pour tenir un chapitre général. Consulté, par
. lui-même. Il ordonna la déposition d'un abbé l'archevêque d'Arles, si un sourd et muet
qui avait été choisi sans qu'on sût qu'il n'a- pouvait contracter mariage, il répondit affir-

vait point de main gauche ayant lui -même


,
mativement, disant que ce sourd et muet
aU'eclé de cacher ce défaut dans sa promo- pouvait donner son consentement par signe.
tion. La raison du pape est qu'en cet élat il Il suspendit Tévêque d'Hildesheim, parce
ne pouvait être promu aux ordres sacrés. 11 qu'il était passé à l'évêché de Wirtzbourg

réserve au Sainl-Siége l'absolution de ceux sans la permission du Saint-Siège. Sa lettre


qui ont maltraité des ecclésiastiques, et qui à l'archevêque de Narbonne, à ses sutfra-
par celte violence ont encouru l'excommuni- ganls, aux abbés et seigneurs laïcs de sa mé-
cation. Le motif de cette réserve est de punir tropole, est pour les autoriser à la guerre
parla peine, les dépenses et la fatigue du contre les Sarrasins pour le recouvrement de
voyage ceux qui ne sont point empêchés de la Terre-Sainte. Il déclare, dans sa lettre à
sévir contre les clercs par le respect qu'ils l'archevêque de Sens, que si le doyen et le
leur doivent. chapitre avaient lîxè par serment le nombre
43. La lettre à l'abbé et aux moines de des chanoines dout il devait être composé,
Bourgueil contient les devoirs d'un abbé. Elle avant le mandat qu'il avait accordé à un clerc
estpresque entièrement tirée de la règle de sur cette Eglise, le mandat serait nul.
saint Benoit. Le pape y dit qu'en cas d'infir- 47. Pierre de Sainte-Marie, cardinal-diacre
mité, l'abbé pouna manger de la viande dans et légat apostoliqueeu France, fut chargé de
lachambre des botes, et y appeler quelques deux commissions l'une, de procurer la paix
:

moines, mais ni clercs ni laies. Il décide, dans entre le roi de France et celui d'Angleterre ,

d'autres lettres, qu'un archidiacre excommu- et de les porter à donner du secours aux
nié pour deux causes, et qui n'avait obtenu chrétiens contre les Sarrasins; l'autre, d'o-
l'absolution du Saint-Siège que sur l'exposé bliger le roi Philippe, en mettant un interdit
d'une, demeure excommunié jusqu'à ce qu'il sur tout son royaume à lenvoyer Agnes de
,

ait satisfait pour l'autre à son Kgiise; qu'un Mèranie, qu'il avait épousée du vivant de sa
fils né d'une iemnie qui passait pour concu- femme Ingelbuige de Danemark, et de re-
bine, mais qui en etièt était femme légitime, prendre celte piincesse auprès de lui. Le
doit aussi être regardé comme légitime; qu'un pape ea écrivit a Philippe, mais sans succès.
diacre dont les parents avaient à sou insu tué L'interdit dura huit mois et s'étendit par
l'abbé qui l'avait privé de son benétice, pou- toute la France, et le roi, au lieu de rappeler
vait exercer ses fonctions de diacre et être la reine Ingelburge, la fit enfermer dans le

même promu au sacerdoce, comme étant in- château d'Etampes. 11 chassa plusieurs évê-
nocent de ce meurtre; qu'une lille qui n'avait ques de leurs sièges ', des curés de leurs pa-
pas encore sept ans ne pouvait validement roisses, bannitdu royaume des chanoines et
contracter mariage ni en donner des pro- des clercs et conlisqua leurs biens pour
,

messes; qu'encore que le mariage spirituel s'être adressés au Saint-Siège et avoir gardé
d'un évêque avec son Eglise paraisse aussi l'interdit.Touché néanmoins, des clameurs
,

indissoluble que le mariage charnel, néan- de son peuple, il envoya une députatiou au
moins la coutume, interprète des lois, et les pape et promit de se soumettre à justice de-
saints canons autorisent le Saint-Siège à ac- vant d'autres légats. Innocent 111 insista sur
corder la translation des évêques d'une Eglise le renvoi d'Agnès et le retour d Ingelburge.
à une autre, à raison de la nécessité etdel'uti. Les prélats, que répon-
le roi consulta, lui

lité de l'une et de l'autre, comme aussi de dirent qu'il fallait obéir. L'archevêque de
recevoir la cession d'un évêque ou d'ordonner Reims, son oncle, qui avait d'abord opiné
sa déposition. pour la cassation du mariage d'Agnès, chan-
46. Le pape Innocent III conlirma l'institut gea de sentiment. Le roi4ui fit des reproches
de l'ordre de Prémoutré selon la règle de de la sentence qu'il avait prononcée sur
saint Augustin, avec tous les piiviléges qui sou mariage avec Ingelburge, et se soumit
lui avaient été accordés jusque-là, et ordonna eulin au jugement du pape. Innocent 111 en-
que l'abbé de Prémoutré seraitregardè comme voya un autre légat, Octavieu, cardinal,
père de cet ordre; que tous, tant les abbés
que les frères lui rendraient obéissance et
, , 1 Gesla Innuc, uum. 5:2.
[XII« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, PAPE. 963

évêqne d'Ostie, qui ,


par sps ordres, obligpa dont elles sont ordinairement conçues et

le roi à faire d'abord satisfaction aux Eglises plombées.


et aux ecclésiastiques, et ensuite à éprendre
i 49. Innocent III l'empereur de
écrivit à tp:,i m.
Ingelburge, avec serment qu'il la traiterait Constantinople pour l'exhorter à recevoir les
comme reine et ne la quitterait plus sans ju- croisés, à se joindre à eux pour la délivrance
gement de l'Eglise. Ceci se passa le 7 sep- de la Terre-Sainte, et à travailler à la réu-
tembre 1200. Agnès, retirée à Poissj-, y mou- nion di'S deux Elglises, la grecque et la latine,
rut l'anuée suivante. Le roi essaya une se- sous l'obéissance du Siège aposlolique leur
conde fois de faire déclarer nul son mariage mère commune, afin qu'elles n'eussent plus
avec Ingelburge. Il se tint là-dessus un con- qu'un seul et même pasleur. Il envoya à ce jm.

cile à Soissons. Le roi el la reine Ingelburge prince des légats pour Irailer avec lui les

s'y trouvèrent avec quantité de seigneurs et atl'aires qui pouvaient le ou l'E-


regarder, lui

d'évéques, et deux légats; mais personne ne glise romaine. Sa lettre au patriarche de Cons-

voulut plaider la cause de celte piincesse, tantinople a également pour objet de ramener
qu'un pauvre clerc inconnu. Néanmoins, le lesGrecs à l'unité de l'Eglise romaine, comme
cardinal Jean de Saint-Paul, collègue légat étant lamère de toutes les Eglises. Celle qu'il sst.

d'Octavien, était prêt à prononcer qu'il n'y adressa au roi de France était pour l'enga-
avait point de cause de séparation, lorsque ger à faire sa paix avec le roi d'Angleterre
le roi, qui en fut averti, déclara qu'il prenait et à combattre de concert les Sarrasins. Le ««.

Ingelburge pour sa femme. Il l'emmena, et pape écrivit aux abbés de Citeaux, assemblés
la renvoya au château d'Etarapes, où il lu iit au chapitre général, de faiie pour lui une
enfermer. prière particulière, outre celle qui se fait

48. L'arcliiprètre, l'archidiacre et les cha- dans toute l'Eglise et de trouver bon qu'un
,

noines de Milan, doutant que la bulle que le de leurs confrères, à qui il avait donné com-
pape leur avait adressée pour recevoir un mission de prêcher la parole de Dieu aux
clerc dans leur chapitre fût authentique, la peuples de lu Sicile, fût dispensé d'assister à
luirenvoyèrent sans l'avoir mise àexécution. leur assemblée.
Innocent III l'examina lui-même, et reconnut, 50. Quoiqu'il n'ajoutât pas une foi entière 35,.

par le cordon attaché à cette bulle, qu'il avait à l'avis qu'un prêtre lui avait donné, à la suite
été coupé et le sceau arraché d'une autre d'une vision, qu'il y avait dans son Eglise
bulle pour être attaché à la fausse bulle. 11 pliisieui's autels non consacrés, nommément

ordonna que celui qu'on soupçonnait de cette ceux de Saint-Philippe, de Saint-Jacques, de


fraude serait puni, et marqua en même temps Saint-Simon, de Suint-Jude, de Saint-Grégoire
les diverses faussetés qu'il avaitdécouvertes et de Saint-André, il ordonna à l'évêque d'Os-
dans les bulles des papes. La première est tie de les consacrer ou de les faire consacrer

d'apposer un faux sceau aux lettres du pape. par d'autres auxquels pour cet efl'et il en
La seconde est d'arracher le sceau d'une bulle donnait le pouvoir. Il décide, au sujet d'une s««,

authentique et de l'attacher à une fausse plainte d'adullère formée par une femme
bulle en y passant un antre cordon; la troi- contre son maii, que l'on ne pouvait pro-
sième, de couper un des côtés du cordon de noncer sentence contre lui sur les informa-
la bulle et de 1 attacher aune autre lettre en tions faites avant le procès intenté, mais seu-
rejoignant le cordon avec de la filasse de lement excommunier le mari pour n'avoir
même couleur; la quatrième, de fendre le pas voulu comparaître.
plomb et d'en détacher un cùlé du cordon 51. Le pape avait donné lu chancellerie de jsj.

et ensuite le rejoindre; la cinquième, de l'Eglise de Milan à un sous-diacre qui en


gratter l'écriiure des lettres et d'y faiie était chanoine, et adressé le mandat A l'ar-
des changements; la sixième, de porter chevêque. Le prélat répondit d'abord qu'il
de fausses lettres et de les mêler adroi- ne l'avait pas donnée, ayant besoin des re-
tement parmi d'autres authentiques afin , venus de cet otlice; il dit ensuite qu'il l'avait
qu'elles soient toutes bullées ou scellées en- donnée il y avait plus de dix mois. Cité de-
semble. On ne peut découviir cette dernière vant le pape, il comparu! par son procureur
fausseté que par le style, ou pai la forme de avec des témoins; il prouva qu'à la mort du
l'écriture, ou par la qualité du parchemin. chancelier il avait donné secrètement dans
On connaît les autres par l'inspection de la sa chambre la chancellerie à Henri de Lam-
bulle, quand on est bien au fait de la manière pune, à la sollicitation de 688 parents qui
964 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
avaient consenti à ce qu'il en lirùt lui-même aux immunités, aux dignités ni aux li' ertés
lesrevenus; qu'il avait investi Henri de cet ecclésiastiques. Le pape rapporte les propres
olBce en lui donnant le livre et recevant son termes de cette déclaration. Eu envoyant à Episi 37»

serment de fidélité, mais qu'il ne lui en avait l'archevêque d'Upsallepallium, il lui marque
donné les provisions qu'après avoir reçu le comment il devait en user, en quels jours il

mandat du pape. Les témoins aliirmèreut devait le porter, et les sentiments d'humilité,
tous ces faits, et Henri de Lampune ne con- de miséricorde, de charité que l'ornement
testa pas le fait, mais dit qu'il n'avait pas été d'une si grande dignité devait lui inspirer. Il
investi solennellement. Le pape des nomma accorde à un homme de condition, qui avait 3^9

commissaires sur les lieux, qui, informés de formé le dessein de se faire hospitalier de
la vérité des faits, interdirent à Henri le droit Jérusalem, mais sans en avoir fait vœu, d'en-
du sceau. Il appela au pape, à qui il demanda, trer dans l'ordre de Saint- Benoit, dont la

avant toutes choses, d'être rétabli dans son discipUue était plus austère. 11 déclare nul le 550.

droit; puis il soutint qu'il avait eu ses provi- mariage contracté entre un homme et une
sions de l'archevêque avant l'arrivée du man- femme, parce que cette femme avait tenu
dat; qu'il n'était intervenu aucune simonie sur les fonts de baptême un fils naturel que
dans la concession de la chancellerie, puisque cet homme avait eu d'une autre femme avant
ce n'est pas un office spirituel et qu'il n'a son mariage.
aucune fonction spirituelle annexée; que les 53. Consulté par l'archevêque de Nidrosie 35,

revenus et les fruits en avaient été cédés par ou Drontheim, si un autel sur lequel un ex-
ses parents à l'archevêque avant qu'il eût été communié avait célébré devait être consacré
investi de la chancellerie; qu'au surplus il de nouveau, si on pouvait communiquer avec
n'avait eu aucune part à ce pacte; enfin qu'il un excommunié qui avait donné caution d'o-
était capable de cet office, étant chanoine de béir au commandement de l'Eglise, mais qui
l'Eglise de Milan. Le pape, en conséquence n'avait pas encore été absous; quelle peine
de ces allégations, priva l'archevêque de la on doit imposer à ceux qui communiquent
collation de la première prébende vacante volontairement avec les excommuniés et à
dans son Eglise ,
premièrement pour avoir ceux qui y communiquent malgré eux; s'il y
varié dans ses réponses, secondement pour en a qui puissent communiquer avec les ex-
n'avoir pas pourvu de la chancellerie une communiés ou qui y soient même obligés;
personne capable, troisièmement pour s'en comment l'on doit se comporter avec les
être réservé pour toujours les revenus avant prêtres qui gouvernent les vaisseaux pour le
de la donner. A l'égard de Henri de Lam- combat, et avec ceux qui combattent et ex-
pune, voyant qu'il n'était intervenu aucun citent les autres au combat; le pape répond
pacte de sa part, et qu'il n'était pas bien en substance On ne doit pas consacrer de
:

prouvé que la chancellerie ait des fonctions nouveau un autel sur lequel un excommunié
spirituelles, puisque suivant l'usage le chan- a célébré; on ne doit point communiquer
celier de l'Eglise ne faisait que proposer les avec un excommunié avant son absolution,
ordinants, les examiner, mettre en posses- quoiqu'il ait donné caution d'obéir; les per-
sion les abbés et abbesses, et qu'il ne faisait sonnes qui peuvent ou doivent communiquer
ces mêmes fonctions que par un ordre spé- avec les excommuniés sont dénommées dans
cial de l'archevêque, comme dévolues de droit le chapitre Quoniam inultos; ceux qui com-
commun à l'archidiacre, il leva l'interdit que muniquent avec des excommuniés nommé-
les commissaires avaient prononcé contre lui, ment, s'ils ne cessent de communiquer avec
lui conserva la chancellerie et jugea que les eux, étant avertis, doivent être excommuniés;
deux voyages que son appel lui avait occa- on encourt la peine d'excommunication en
sionnés à Rome étaient une peine suffisante communiquant avec une personne qui a été
pour les fautes qu'il pouvait avoir commises excommuniée avec ses complices; les prêtres
dans l'acquisition de son office. dont il est parlé ci-dessus pèchent énormé-
52. Dans la lettre à Hubert, archevêque de ment et doivent, suivant la rigueur du droit,
Cantorbéry, il conlirme la déclaration de Ri- être déposés. Le pape décide d'autres cas non
chard, roi d'Angleterre, où ce prince dit que proposés par l'évêque, savoir que ceux qui
:

les subsides à lui accordés par le clergé d'An- résignent leurs bénéfices à des laïcs, de
gleterre ne pourront porter aucun préjudice même que ceux qui en reçoivent de leurs
ni alors ni en quelque occasion que ce soit, mains, doivent en être privés; qu'une table
.

[XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXUI. — INNOCENT III, PAPE. 965


d'autel, consacrée parle ministère pontifical, 56. Il consentit à reconnaître pour roi de
perd sa consécration si on la changi; de place Sicile le jeune Fridéric, fils de l'impératrice
ou si elle a reçu une fracture considérable; Constance, à condition d'en rendre foi et
qu'il est permis de mêler de l'huile non con- hommage-lige au Saint-Siège, de lui payer
sacrée avec celle qui est consacrée; que l'on une redevance annuelle d'une certaine quan-
doit déposer de leur ordre les clercs excom- tité de sequins et de maintenirdans ce royaume

muniés et ceux qui ont été ordonnés par un la liberté des élections canoniques. Il pres-
excommunié connu d'eux comme tel. crit lui-même forme de ces élections en
la
Eiiisi. 562 5i. Les trois lettres suivantes regardent les cette manière Lorsque le siège épiscopal
:

vexations que l'on faisait soutîrir à l'Eglise de sera vacant, le chapitre en donnera avis au
Nidrosie et à celles de Norwége; le pape s'y roi, puis il procédera à l'élection d'un nou-

intéresse pour leur procurer du secours, et vel évêque, et demandera au roi son consen-
suspend l'évéque de Rergens qui favorisait tement pour l'élu, qui ne sera intronisé qu'a-
^î"- ces novations. Il ordonne à l'évéque de Vé- près que le prince aura consenti à son élec-
rone de priver de son bénéfice et de dénon- tion, et ne fera aucune fonction épiscopale

cer excommunié un clerc qui avait tué de qu'après qu'elle aura été confirmée par le
ses propres mains un arcliiprètre, mais que pape.
ses parents avaient trouvé moyen de déli-
le 57. Un clerc de l'Eglise de Naples avait
vrer de la mort en payant une somme d'ar- obtenu, par le crédit de son père, des béné-

gent à ceux du défunt. Les Eglises de Hon- ficesdans plus de vingt églises de la ville et
grie jouissaient autrefois d'une si grande un très-considérable dans la cathédrale. Le
liberté et d'une telle immunité, qu'un voleur pape, en ayant été informé, ordonna à l'ar-
qui s'y retirait, pouvait y être en sûreté. Dans la chevêque de le dépouiller de ces bénéfices,
suite des temps il n'était pas même siir d'y
,
en ne lui laissant de ses revenus ecclésiastiques
sauver les choses sacrées et les personnes qu'autant qu'en possédait le plus riche des
'• "' innocentes. Le pape s'en plaignit à l'arclie- donner les autres à
clercs de cette Eglise, et de
vêque de Strigonie, avec ordre de rétablir les des personnes capables de faire l'ofiîce divin
choses comme elles étaient auparavant. Il Il défendit aux abbés, aux abbesses et autres

déclare que l'appel interjeté par celui qui a prélats des Eglises dépendantes de la métro-
promis pa r serment de défendre l'Eglise n'em- pole de P^aples, de vendre, de donner, de
pêche pas qu'on procède contre lui comme louer et d'hypothéquer les biens de leur dé-
parjure. pendance, sanslapermissionde l'archevêque,
i,'92- 53. Le pape décide qu'une cause dont le sous peine de nullité, si ce n'est que cela fût
jugement est commis à trois juges ne peut nécessaire pour libérer quelque Eglise de ses
être définie par deux, lorsque la commission dettes. Il confirma la primatie de l'archevê-
porte qu'ils doivent juger conjointement. Il que de Lunden sur toutes les Eglises de
W8- permet au cardinal Foulques, qui allait prê- Suède; ordonna aux évêques d'Islande ou
cher en Orient, surtout pour la province de à leurs vice-gérents de réformer l'abus de ne
Jérusalem, de se faire aider des moines noirs payer qu'une pièce d'argent pour tous les
et blancs, c'est-à-dire des bénédictins et des crimes que l'on aurait confessés publique-
chanoines réguliers qu'il jugera être propres ment; confirma l'usage où l'on était en Dane-
»M. au ministère de la prédication. 11 ordonne mark de donner du bien aux églises en pre-
aux prélats de France de faire punir les usu- nant un peu de terre et la mettant sur l'autel
riers publics nonobstant leur appel. Le
, en présence de témoins; nomma pour com-
doyen de l'Eglise de Troyes lui avait de- missaires les évêques de Paris et d'Arras pour
mandé de changer une église collégiale, qui examiner s'il était vrai que le nouvel élu du
dépendait de lui en un monastère de cha-
, chapitre de Cambrai eut épousé une veuve
noines réguliers. Comme cette église était et en eût eu un fils, et si ce fils lui avait suc-
t(io. dans le diocèse de Siponto, Innocent III donna cédé immédiatement dans la prévôté de Saint-
pouvoir à l'archevêque de faire ce change- Pierre de Douai, voulant que dans ce cas
ment, à deux conditions : la première, que l'élection fût nulle.
les prêtres séculiers qui desservaient cette 38. Il prit sous la protection du Saint-Siégc
église y consentiraient; la seconde, que les Aymcric, roi de Jérusalem, et son royaume.
revenus seraient sullisants pour lenlretieu Ce prince était frère de Gui de Lusignan. Il
du monastère. fut couronné en 1197, et mourut à Ptolé-
966 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
maïde, l'an 1203. La guerre sainte durant qui étant faites, doivent être observées. Le
toujours, le pape ordonna pour subvenir aux pape défend toutefois aux abbés de recevoir
frais que ceux qui seraient dispensés du
, à la profession avant l'année de probation,
vœu qu'ils auraient fait d'aller à Jérusalem et ordonne de les punir en cas qu'ils contre-
en personne paieraient une somme d'ar-
, viennent à cette défense. Il décide aussi que
gent. Sur les remontrances de l'évêque d'A- l'on ne doit point recevoir la profession d'une
cre, il défendit d'augmenter le nombre des personne mariée, à moins que celle qui lui
cbanoines de celte Eglise, attendu que ses est unie par le mariage, ne fasse vœu de
revenus actuels ne pouvaient en soutenir un continence perpétuelle ou qu'elle ne soit
,

plus grand. L'archevêque de Lunden avait d'un âge qui ôte en elle tout soupçon d'in-
fait tous ses efforts pour maintenir l'obser- continence.
vation du décret du concile de Latran qui 61. Les papes prédécesseurs d'Innocent 111 epIsi

porte défense de piomouvoir aux ordres sa- voulant empêcher les abus qui provenaient
crés, et d'élever aux dignités ecclésiastiques de la vacance des bénéfices, et obliger les
les enfants illégilimes : il avait même sus- collateurs à les remplir, avaient lixéun temps
pendu de leurs fonctions deux évêqnes qui au-delà duquel en était dévolue
la collation

avaient contrevenu à ce décret, en consa- au supérieur, et le concile de Latran en avait


crant évêqnes deux enfants illégitimes. ordonné la même chose. Le pape accorde
59. Innocent III autorise l'évêque de Péri- donc à Philippe, évêque de Dunelrae [ou
gueux à visiter une église et un monastère Durham], de pourvoir aux bénéfices de son
pour y rétablir le bon ordre, avec l'avis de diocèse qui n'auraient pas été remplis dans
la plus grande partie du chapitre à con- ; le temps prescrit; mais il veut qu'avant d'y

traindre aussi les moines et les chanoines nommer, il avertisse le coUateur ordinaire,
réguliers qui demeuraient seuls dans une et qu'après cette monition, celui-ci puisse se
celle ou dépendance de leur monastère, d'y pourvoir par voie d'appel. Dans une autre w.
retourner pour y vivre en communauté, ou lettre, il déclare que les la'iques ne doivent,
de prendre avec eux dans ces celles trois ou sous quelque prétexte que ce soit, exiger des
au moins deux de leurs confrères, suivant le dîmes des ecclésiastiques, sous peine d'in-
décret du concile de Latran. Sur les plaintes terdit envers les la'iques qui useront de vio-
de l'archevêque de Lunden que l'on em- lence pour s'en emparer. 11 permet à l'arche- m-
ployait quelquefois des clercs et des laïques vêque d'Arles de procéder par la voie des
scandaleux pour recueillir les aumônes des- censures contre l'abbé de Saint-Gervais de
tinées à la guerre de la Terre-Sainte, le pape Foy, qui admettait aux offices divins et don-
lui ordonna il'employer les censures ecclé- nait la sépulture à ceux que ce prélat avait
siastiques contre tous ceux qui à l'avenir interdits et à l'évêque de Chonard en Hon-
;

abuseraient de la commission donnée à cet grie d'absoudre des cas réservés au Sainl-
etïet par les frères de l'hôpital Saint-Jean, Siége, les malades ou les vieillards de son
soit en mettant d'eux-mêmes la croix sur diocèse, à condition que quand ces malades
leurs habits, soit en usant des aumônes pour auront recouvré la santé, ils viendront à
contenter leurs passions. Rome, et que les vieillards rachèteiont ce ««i.

60. Il décide dans la lettre à l'archevêque voyage par quelque compensation. Cet in-
de Pise qu'encore qu'il soit défendu d'ad- duit n'était que pour trois ans. Il ordonne à «s.

mettre à la profession monastique avant ce même évêque d'obliger les diacres et


l'année de probalion, néanmoins elle est va- sous-diacres mariés de quitter leurs femmes;
lide dans celui qui du consentement de l'abbé et en cas de résistance, de les priver des re-
l'a faite avant ce temps. La raison que le venus ecclésiastiques.
pape en donne, est que l'année de probation 62. Au mois de décembre de l'an 1198, le "i

ayant été ordonnée, tant pour l'utilité du pape Innocent 111 confirma la règle de l'or-
novice, que du monastère, ils peuvent l'un dre de la Trinité pour la rédemption des cap-
et l'autre renoncer à cet avantage et qu'a- ; tifs, par une lettre adressée à Jean de Matlia

lors l'engagement c>utuel devient ferme et qui en fut le premier ministre ou généial, et
stable, suivant cette maxime ' : Il y a plu- à tous les frères de l'ordre. Cette lettre ou
sieurs choses que l'on défend de faire, mais bulle renferme la règle qu'ils doivent suivre.

Multa fieri prohibentur, quœ si fada fuerint linent finnitatein. luuoceut lit, Epist. 455.
[xii« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. - INNOCENT III, P.APE. 967

Jean l'avail composée avecde Paris


IVivêqiio seraient convaincus canon iquement d'y être
et l'abbé de Sainl-Victor. En voici la subs- entrés par simonie; et d'obliger les autres,
tance Les frères vivront sous l'obéissance
: qu'on n'en pouvait convaincre, mais qui
d'un ministre ou supérieur de la maison ils ; en étaient accusés par le bruit public, de
garderont la cbastcté et n'auront rien en s'en purger selon les règles de l'Eglise. Il
propre tous leurs biens, de quelque côté
; écrivit au roi de Hongrie de contraindre les
qu'ils leur viennent, seront divisés en trois Sclaves à payer les dîmes à l'archevêque de
parts, l'une pour leur entretien, l'autre pour Colocz; défendit à l'abbé et aux religieux de
leurs domestiques et pour les pauvres, la Saint-Pierre de Chartres de promettre des
troisième pour la rédemption des captifs; bénéfices avant qu'ils fussent vacants sus- ;

toutes leurs églises seront dédiées e'ila sainte pendit de ses fonctions l'évOque de Langres,
Trinité et bâties simplement ;en cbaque jusqu'à ce qu'il eût restitué à son Eglise les
maison ils ne seront que trois clercs et trois biens meubles et immeubles qu'il lui avait
laïques, outre le supérieur, nommé ministre; enlevés, et qu'il en eût rendu compte à fou
celui-ci le confesseur de la
sera piètre, et chapitre ; et ordonna au patriarche d'.\ntio-
communauté au-dessus des ministres parti-
; che de sévir par les censures ecch'siastiques
culiers, y en aura un nommé grand mi-
il contre les laïques qui exigeraient des églises,
nistre ou général ils seront vêtus de blanc
; dos clercs et des hommes à leur service, la
et porteront sur leurs cbapes une marque taille dont, selon l'ancienne coutume, ils doi-
pour les distinguer des autres ordres reli- vent être exempts.
gieux; ils ne mangeront point de cbair ni de 64. Le pape déclare que quand des té-
poisson, à moins qu'on ne leur en donne ou moins ne sont assignés que pour déposer
qu'ils n'en trouvent chez eux sans l'acheter la : sur les exceptions d'un procès, ils ne peuvent
règle excepte les voyages, où elle leur permet être entendus, ni obligés de déposer sur le
d'acheter. Leurs jeûnes étaient fréquents. La principal, si ce n'est que les deux parties le
règle en marque les jours et le temps; outre demandent que le mariage contracté entre
;

ceux qui sont prescrits par l'Eglise, ils en les infidèles qui sont parents, ne doit pas
observaient trois fois la semaine, le mercredi, être dissous après qu'ils auront reçu le bap-
le vendredi et le samedi, depuis le 14 sep- tême que les patriarches et les primats
;

tembre jusqu'à Pâques. Pendant l'Avent et n'ayant d'autres privilèges au-dessus des
le Carême, qu'ils commençaient à la Quin- évéques que ce que les canons leur en don-
quagésime, ils ne mangeaient que de ce qu'on nent, ils ne peuvent s'attribuer en première
a coutume de manger en Carême. Ils tenaient instance le jugement des clercs qui consen-
en chaque maison un chapitre particulier tent à être jugés par leur évêque que ceux ;

tous le.î dimanches, et le chapitre général se qui quittent une ville pour aller fixer leur
tenait tous les ans. Cet ordre fit tant de pro- domicile en une autre, ne doivent pas payer
grès, que quaianle ans après son institution, les dîmes à l'évêque de la ville qu'ils ont
on en comptait déjà six cents maisons ', tant quittée, mais à celui du lieu où ils viennent
en France, qu'en Lombardie, en Espagne et demeurer; que l'on doit contraindre celui
ailleurs: celle de Cerfroid en fut le chef. Elle qui s'est engagé par vœu dans un ordre, à
fut donnée aux trinilaires par Marguerite, demeurer dans le monastère où il a fait pro-
comtesse de lîourgogne. Ils sont quelquefois reprendre l'habit s'il l'a quitté.
fession, et en
nommés Mathui-ins, à cause d'une ancienne Ilaccorde à l'abbé de Corbie dont le monas-
église dédiée à saint Maihurin, que le cha- tère étaitimmédiatement soumis au Saint-
pitre de Paris leur donna en cette ville. La Siège, de porter l'anneau. 11 ordonne que
règle leur défend de recevoir un novice avant dans le cas de contestation entre les patrons
l'âge de vingt ans complets, et de ne l'ad- d'une église, sur le droit de présentation, si
mellre à profession qu'après une année de elle n'est pas terminée dans les quatie mois
probation. de vacance, l'évêque diocésain y mettra un
^^- P°"'' "''èter le scandale que la simo- vicaire. 11 annule l'élection d'un laïque poui
Fi>iinn.
nie causait dans le diocèse de Conventri, In- l'abbaye de Luxeuil, di'fend aux moines dt
nocent 111 oidonna à celui qui en était évo- lui obéir, et casse tout ce qu'il aurait pu faire

que de priver de leurs bénéfices ceux qui dans le gouvernement du monastère, puis-
qu'il n'était pas moine avant son élection.
' Alberic. Iriuui fonlium, ad au. 1198. C'est dans cette lettre que le pape Innocent III
HISTOmE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
déclare qu'on ne doit point faire moine celui
'
de Penna et le monastère de Saint-Vit de
qui ne demande de
l'être, que sur l'espérance Fourche deux lettres, l'une du pape au roi
;

qu'il a, ou sur
promesse qu'on lui a faite,
la d'Angleterre l'autre des sufiragants de
; ,

d'être abbé. Il décide que celui qui, étant l'Eglise de Cantorbéry au pape, au sujet de
malade, fait vœu entre les mains d'un prêtre la chapelle que l'archevêque voulait bûtir,
de se faire moine, doit y être contraint, quoi- et dont il a déjà été parlé plusieurs fois; et
qu'il n'en ait pas pris l'habit, parce que ce une troisième des moines de Cantorbéry au
n'est pas l'habit qui fait le moine, mais la pape, dont ils réclament la protection dans
profession régulière. lesvexationsqu'onleurfaisait souffrir, comme
Epi.i. 530.
65 Innocent III canonisa un laïque nommé par ordre du roi.
Homobon, célèbre à Crémone par la sainteté
§11.
de sa vie, et par ses miracles, et en adressa
l'acte à l'évêque, au clergé et au peuple de Livre second des lettres d'Innocent III.
°*^-
cette ville. Dans
sa lettre à l'évêque de Les du second livre [vont du mois
lettres
Constance, décide que celui qui a pris le
il
d'avril 1199 au mois de janvier 1200. Elles
terme de vingt jours pour exécuter une sen- sont au nombre de trois cent cinq. Elles]
tence ou pour en appeler, n'est pas reçu à commencent par une défense générale à
S"**-
l'appel passé ce terme; parce qu'encore qu'il toutes personnes, de recevoir, de défendre
soit ordinaire d'accorder un plus long délai ou de favoriser en aucune manière les héré-
pour les appellations, cet homme s'est res- tiques, sous peine d'être notées d'infamie,
treint volontairement à celui de vingt jours.
privées de voix active ou passive dans les
Il donna dans la lettre aux évêques de Por- élections, déchues du droit de succéder, et
tugal la distinction entre l'interdit général et déclarées inhabiles à toutes sortes de fonc-
le particulier.Ce qui occasionna cette expli- tions. y est dit que tous ceux qui commu-
Il
cation, fut que certaines églises qui avaient
niquent avec les hérétiques, encourent la
des privilèges du Saint-Siège, prétendaient
peine d'anathème, et que l'on doit confis-
que dans un interdit particulier, elles pou- quer les biens de ces hérétiques. On y décide
vaient célébrer hautoment l'office divin et
ensuite que le mariage d'une fille, déclaré
sonner les cloches au lieu que dans un in-
;
nul d'abord pour avoir été contracté avant
terdit généra], elles ne le célébraient qu'à l'âge nubile, peut être réhabilité par son
huis clos et sans sonner les cloches. Mais il
consentement, lorsqu'elle est parvenue à cet
restait à savoir quand l'interdit était général
âge; qu'un chanoine régulier ne peut passer
ou quand il n'était que particulier, et ce
de son monastère à un autre sans le consen-
doute formait diverses contestations, qui tour-
tement de son abbé que l'appellation d'un
;

naient au détiiment de la justice et au mé- criminel notoire ne doit point empêcher


pris des sentences rendues par les évêques. l'exécution du jugement de l'ordinaire, parce
Le pape déclare donc qu'un interdit est gé- que la voie de l'appel n'a point été établie
néral, quand il est porté non-seulement sur
pour donner moyen aux coupables d'éviter
un royaume ou une province, mais aussi sur la peine, mais pour secourir ceux qui sont
une ville ou un château. injustement opprimés; que les incendiaires
"0 66. Par la lettre au maître et aux frères de excommuniés ne peuvent être absous que
l'Hôpital, il confirme les règlements
de l'or- par le Saint-Siège et que s'ils ne sont pas
;

dre teutonique, composé de clercs et de mi- en état de faire le voyage de Rome, ils doi-
litaires, à l'exemple des templiers, et desti-
vent du moins obéir à ce qui leur sera or-
nés, à l'imitation des hospitaliers, au soula-
donné de la part du pape.
gement des pauvres etdes malades. Voil;\ 2. Le roi d'Aragon avait fait serment de
ce qui nous a paru de plus lemarquable continuer le cours à la monnaie du roi son
dans les lettres d'Innocent
III rappoitées au père. Il se trouva que cette monnaie avait
premier livre duLa dernière est du
Registre. été altérée et diminuée de poids. Ce prince
17 février 1199. Celles que Baluze y a ajou- eu doute s'il était obligé à son serment, con-
tées, sont des actes de serments prêtés au
pape sulta le pape, qui décide qu'en cas qu'il sût,
par le préfet de Rome et le comte Ildebran- lorsde son serment, que la monnaie de son
din; la confirmation d'un traité entre l'église
père était altérée et diminuée de poids, c'é-

A'«//«s, si,em vel promhsionem UaLms


'

ut abbm fiai, dek'l monadiori. lui; , Eiiisl. b-23.


IKCLE.] CHAPITRE LXXXllI. — INNOCENT 111, PAPE.
tait une faute dont il devait se confesser et libre devant Dieu de ses engagements, est lié

faire pciiilence ; et que s'il n'avait pas su par une sentence ecclésiastique. Le lien donc
alors celte altération, il n'était pas moins qui lie le pécheur devant Dieu, est dissous dans
obligé d'interdire le cours de cette monnaie. la rémission du péché mais le lien dont il est
;

Il ordonne la peine de la prison contre les lié devant l'Eglise, n'est dissous à l'égard de
faussaires des lettres apostoliques. Dans plu- l'Eglise que quand elle prononce la sentence
sieurs de ses lettres, il déclare ce qui suit : On d'absolution. Cela parait évidemment dans
présumer en faveur du juge,
doit toujours la résurrection de Lazare : le Seigneur le
quand on ne connaît pas ses motifs ni ceux ressuscite d'abord : ensuite il ordonne à ses
de la sentence. Un prêtre ne peut célébrer apôtres de délierle ressuscité. Ainsi, l'homme
l'office divin, ni administrer les sacrements dont il est question a, il est vrai, promis
dans un diocèse, sans la permission de l'é- avec serment d'obéir à l'Eglise, il s'est hu-
vêque. Un métropolitain n'a pas le droit de milié, et il a donné des marques de repentir
mettre des prêtres dans le diocèse d'un de ses pendant sa vie; néanmoins, prévenu par la
siifl'ragants sans sa permission. Le mariage est mort, il n'a pu recevoir l'absolution de son
dissous entre des infidèles, lorsque l'un d'eux crime; et l'Eglise ne doit pas le regarder
se convertit à la foi; et celui-ci peut convoler comme absous, encore que l'on puisse croire
à de secondes noces, s'il ne peut habiter qu'il est absous devant Dieu. Elle doit toute-
avec l'autre partie sans danger évident de fois,sur les signes constants que cet homme
péché mortel ce qu'il prouve par ces paro-
: a donnés de sa pénitence, lui accorder après
lesde saint Paul Si le mari infidèle se sépare
: la mort le bénéfice de l'absolution. Il n'im-

d'avec sa femme qui est fidèle, quelle le laisse porte qu'on lise que la puissance de lier et

aller, parce qu'un frère ou une sœur ne sont de délier n'a été accordée à l'Eglise que sur
plus assujettis en cette rencontre. Au contraire, les vivants, puisque dans le cas présent il

le mariage contracté entre deux fidèles sub- n'a pas dépendu du pénitent de s'en faire
siste, quand même dans
l'un d'eux tomberait absoudre, ayant été prévenu par la mort.
l'hérésie. La raison de cette disparité, c'est Le pape ajoute qu'on lit dans quelques ca-
que le mariage entre les infidèles, quoique nons, que l'Eglise en certains cas a lié et

véritable, n'est pas ratifié il l'est au con- : délié les morts et afin d'observer en
: môme
traire entre des fidèles, par le sacrement de temps la vigueur et la douceur de la disci-
la foi qui ne se perd jamais. pline, il ordonne qu'on demandera pour ce
3. Par sa letlre au maître et aux frères de mort l'absolution au Saint-Siège, laquelle il

Calatrava, Innocent III les prend sous la pro- auraitdû recevoir étant en vie.
tection du Saint-Siège, et leur permet de 4. On doit regarder comme bigames, non- ^^^^^

vivre suivant les statuts de l'ordre de Cî- seulement ceux qui ont été mariés deux fois
tcaux. Il approuve la conduite d'un chanoine valideraent, mais aussi ceux qui après avoir
réguliei', qui après s'être fait chevalier de contracté un mariage déclaré nul, en ont
1 Hôpital voulait retourner à son premier
, contracté un légitime, parce qu'encore qu'ils
ordre parce qu'il n'est pas permis de passer
: ne soient pas réellement bigames à cause du
d'un ordre plus austère dans un antre qui défaut de sacrement dans le premier mariage,
l'est moins, mais qu'on peut sortir d'un ordre ils ont eu l'intention de l'être; les laïques qui

moins sévère pour entrer dans un autre plus meltent des clercs dans les liens ou en prison,
rigide. Il ne veut pas qu'on piivo de la sé- encourent l'excommunication parle seul fait,
pulture ecclésiastique un homme mort ex- de même que ceux qui les frappent avec vio-
communié, mais qui avant de mourir avait lence; celui qui communique avec d'autres
reconnu sa faute, et avait conçu le dessein nommément excommuniés, soit en participant
d'aller à Rome pour se faire absoudre. Le à leurs actions criminelles, soit en les leur
pape en donne la raison en ces termes Le : conseillant, encourt aussi l'excommunicalion,
jugement de Dieu, qui est toujours appuyé dont il ne peut être absous que par celui qui
sur la vérité, ne peut tromper ni être sujet i\ a excommunié ceux avec qui il a communi-
erreur mais le jugement de l'Eglise peut y
: qué, ou par son supérieur; mais s'il n'a com-
être sujet, n'étant souvent appuyé que sur muniqué avec eux qu'en mangeant ou en
une opinion d'où vient qu'il arrive quel-
: [iriant, ou de quelque autre manière, sans

quefois que celui qui est lié devant Dieu, est il pourra être absous
participer à leurs crimes,
délié devant l'Eglise, et qu'un autre qui est par son évoque, ou par son piopre prêtre.
970 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
S. En plusieurs endroits, les Sarrasins s'é- avis, écrivit au peuple de la ville et du dio-
taient emparés de terres possédées par des cèse de Metz :« Quoique le désir de compren-

chrétiens, et refusaient d'en payer la dime, dre sens des divines Ecritures, et d'en
le

ce qui mettait les ministres des églises hors tirerdes sujets d'exhortation, soit louable,
d'état de subsister. Innocent III veut qu'on cependant on est répréhensible quand on
les y oblige, en défendant aux chrétiens des tient des conventicules en secret, quand on
lieux d'avoir avec eux aucun commerce dans usurpe le ministère de la prédication, quand
les atlaires civiles, comme celles du négoce. on se moque de la simplicité des prêtres, et
11 ordonne à l'archevêque de Compostelle qu'on méprise la compagnie de ceux qui ne
d'user des censures ecclésiastiques pour obli- les imitent pas. Suivant l'ordre établi par

ger le roi de Léon à se séparer de la fille du Jésus-Christ et par l'apôtre saint Paul, ceux-
roi de Castille, qu'il avait épousée dans un là seuls peuvent prêcher, qui sont envoyés ;

degré de parenté prol)ibé. Depuis un grand en vain ils se vantent d'avoir reçu de Dieu
nombre d'années, l'évêque de Dol en Bre- une mission invisible plus excellente que la
tagne se prétendait exempt de la juridiction visible, car tout hérétique en peut dire au-

de l'archevêque de Tours. Le pape Inno- tant; il leur faut prouver leur mission, ou par

cent m
termina celte ail'aire à l'avantage de des miracles, comme Moïse, ou par des témoi-
l'archevêque déclara l'évêque de Dol suf-
;
gnages de l'Ecriture, comme saint Jean-Bap-
fraganl de Tours, et le priva du pallium. Il tiste. Les savants mêmes doivent honorer dans
déclara nulle l'élection d'un évêque de Cam- les prêtres le ministère sacerdotal, sans tour-

brai, parce que l'élu n'était qu'un simple ner en dérision leur simplicité. 11 appartient
tonsuré, et qu'il avait épousé une veuve de à l'évêque, et non au peuple, de corriger
laquelleil avait eu un enfant. Il donna ordre avec douceur les prêtres qui lui sont soumis,
à son légat en France et à l'archevêque de l'évêque ayant seul le dioit d'instituer les
Paris de faire le procès à l'abbé de Saint- prêtres et de les déposer, n Le pape conclut sa
Martin de Nevers, accusé d'hérésie, et les lettre en exhortant ces chrétiens à revenir

chargea, au cas qu'il en serait convaincu, de de cet égarement, et à ne pas se laisser sé-
le déposer et de l'enfermer dans un monas- duire par une vaine apparence de vertu et
tère pour y faire pénitence. Les erreurs dont de piété. 11 écrivit à l'évêque et au chapitre
ilétait accusé consistaient à soutenir que le de Metz une autre lettre, par laquelle il leur
corps de Jésus-Christ va au retrait, et que ordonna de s'appliquer à découvrir les héré-
tous sans exception seront sauvés mais ou : tiques; d'employer les voies de douceur pour
l'accusait aussi de divers dérèglements dans ramener ces misérables et les empêcher de
ses mœurs. s'attribuer la fonction de prêcher; de s'in-

6. En 1199, Bernard, évêque de Metz, in- former avec soin de l'auteur de cette version
forma le pape que dans sa ville épiscopale, de l'Ecriture, de l'intention qu'il a eue en la
et en d'autres endroits de son diocèse, grand faisant, et de la foi de ceux qui s'en servent.

nombre de laïques, et même des femmes, Celle lettre est du 12 juillet 1109. Le 9 dé-
dans le dessein d'entendre l'Ecriture sainte, cembre, enlr'autres choses, l'évêque de Metz
avaient fait traduire en français les Evangi- répondit au pape: «Quelques-unsdessectaires
les, les Epitres de saint Paul, le Psautier, les refusent d'obéir aux ordres du Saint-feiége,
Livres moraux. Job et plusieurs autres; qu'ils uns en secret, les autres publi-
et disent, les

lisaient cette version avec tant d'ardeur, qu'ils quement, ne faut obéir qu'à Dieu; ils
qu'il

tenaient des assemblées secrètes où ils en continuent à s'assembler et à prêcher secrè-


conféraient et se prêchaient les uns les au- tement attachés o])iniâtrément à leur ver-
;

tres. Ils méprisaient ceux qui ne prenaient sion, ils protestent qu'ils s'en serviraient bon
aucune part à cette étude, et ils s'abstenaient gré, mal gré, quand même le Saint-Siège, le

de Quelques curés blâmèrent


les fréquenter. métropolitain ou l'évêque la supprimeraient.»
leur conduite mais ils n'écoutèrent pas leurs
: Sur cela le pape écrivit aux abbés de Ci-
remontrances, prétendant qu'ils n'étaient pas teaux, de Morimond et de la Cresse, d'ap-
en pouvoir de les empêcher de lire l'Ecriture peler, conjointement avec l'évêque de Metz,
sainte; ils allaient jusqu'à mépriser la sim- ceux qui étaient dans ces sentiments, d'es-
plicité de quelques-uns de leurs pasteurs, et sayer de les corriger, et en cas de résistance,
à se vanter qu'ils l'emportaient sur eux dans de s'informer exactement des plaintes for-
leur manière de prêcher. Le pape, sur cet mées contre eux dans la lettre de l'évêque
[Xlll' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, PAPE. 97!

de Metz; d'en faire le rapport au Saint-Siôgo, jupan [ou schupan] de la Servie, frère de
afin de procéder en règle dans une affaire Vulcan, écrivit aussi au pape, pour lui mar-
qui intéressait l'Eglise universelle. Il paraît quer qu'à l'exemple de son père il avait tou-
que le prêtre Crispin favorisait ce dérègle- jours été soumis aux ordonnances du Saint-
ment : pape ordonne aux commissaires de
le Siège, et qu'il avait chargé les légats de lui
le punir, s'il se trouve coupable, quand même expliquer ses sentiments. La lettre de l'ar-
il appellerait de la sentence '. chevêque de Dioclée au pape est pour le re-
ou Vulcau, roi de Dioclée et de
7. \'iiulc mercier du pallium qu'il lui avait envoyé,
Dalraatie, voulant mettre ses Etats sous la lui témoigner sa soumission envers l'Kglise

protection de l'Eglise romaine, envo}'a pour romaine, et lui faire part des douze décrets
cet ell'ot des députés à Innocent III. Le pape, qu'il avait faits, conjointement avec les lé-

de son côté, lui députa deux religieux, Jean et gats, pour la réformation des mœurs et de
Simon, en qualité de légats. Ceux-ci tinrent la discipline dans la Dalmatic. La simonie y

un concile, où ils publièrent douze canons est défendue, le mariage des prêtres y est

tendant à retrancher dans le royaume de ce condamné; l'interstice d'un an est ordonné


prince les abus qui y régnaient, et à y éta- pour le diaconat et la prêtrise l'âge pour ;

blir les usages de l'Eglise romaine. Ces douze celle-ci est fixé à tienle ans, et les enfants

canons furent souscrits par les deux légats, de prêtres et les bâtards sont exclus des or-
par l'arclievéque de Dioclée et d'Antivari, et dres sacrés. On y défend aux laïques déjuger
par six évoques ses suffragants. Vulcan en les clercs, etde les soumettre aux épreuves
fait mention dans sa lettre au pape, en re- de l'eau et du fer chaud on y ordonne à ;

marquant que le concile s'était tenu au même ceux-ci de se raser et de porter la tonsure on ;

endroit où l'on avait coutume autrefois d'en défend les mariages entre parents jusqu'au
assembler. Il donne avis parla même lettre,
lui quatrième degré, et aux Dalmatiens de re-
qu'il se répandait une hérésie dans une pro- tenir des Latins esclaves.
vince de la dépendance du roi de Hongrie, 8. Le pape informé que l'évêque de Penna
savoir la Bossine; que le ban lui-même, s'était mis en possession de son évèché avant
nommé Culin, la professait avec sa femme que son élection eût été confirmée, le priva
et sa sœur; et qu'ils avaient attiré dans cette de son évêché, et déclara incapable de cé-
hérésie plus de dix raille chrétiens. Vulcan lébrer la messe un moine
qui, pénétré de
ajoute : « Le
de Hongrie en étant irrité,
roi douleur d'avoir souvent négligé de suivre
les a obligés à se présenter devant nous pour l'ordre de la liturgie dans la récitation du
être examinés mais ils sont revenus avec
;
canon s'était coupé le doigt appelé index.
,

de fausses lettres, disant que vous leur aviez Le patriarche de Constantinople -, ne conce-
permis leur loi. C'est pourquoi nous vous vait pas comment on donnait à l'Eglise de
prions d'avertir le roi de Hongrie de les Home la qualité d'Eglise universelle, ni pour-
chasser de son loyaume, comme on sépare quoi on a( cusait les Eglises d'Orient d'être
la zizanie du bon grain. » Etienne, grand schismaliqnes, puisqu'elles retenaient la foi

Hurler fait à ce sujet les réflexioDs suivantes


'
: sacré,mal compris ou faussement interprété, on ne
« Sans avoir égard à l'époque où ces lettres ont été s'étonnera ]ilus de la déclaration du pape, surtout si
écrites, on les a regardé, s comme une preuve d'un l'on réfléchit à ses devoirs de chef de la chrétienté,
esprit eimemi des lumières on s'en est servi pour
; devoirs qui lui imposaient l'obligation de veiller à
avancer que le pape cherchait à proiciire l'étude de l'intégrité de parole sainte. La critique ne s'élève
la
l'Ecriture sainte. Mais la lettre adressée aux habittints nuUemoul quand on juge d'une manière fausse et
de Metz et plusieurs autres lettres déjà citées, prou- partiale la position des autres. » Vie it'Iimocent III,

vent suffisamment que loin d'avoir eu cette pensée, par Hurler, livre XUl. Le même historien résume,
il voulait au contraire que les fidèles fussent iustruits d'après les leUres et les faits, les principes qui diii-

au moyeu de l'Ecriture sainte. Il ue désapprouvait geaient la conduite d'Innocent envers les hérétiques.
pas tant la traduction en langue vulgaire, qu'un travail On y voit que ce pape ne recourait à des voies de
entrepris par un inconnu dépourvu de capacité et de rigueur qu'après avoir inutilement employé les voies
l'autorité nécessaiie pour l'exécuter. Si nous pesons de la douceur et de la persuasion. Voyez llisloiie
maintenant la profonde vénération qu'on avait alors univ. de l'Eglise catliol., par Rohrbacher, tom. XVII,
pour l'Ecriture sainte, considérée comme parole di- pag. 2ia et suiv. [L'éditeur.)
vine, le sciupule expriuié pur Innocent relativement « On trouve la deux cent huitième lettre traduite

il relie traduction ue nous paraîtra nullement bli\- en français, au tome XVII de Yllis'.oire universelle de
mable. Ue plus, quand ou considère iiue ceux qui l'Eglise calholi'/ue, pur Rohrbacher, pag. 134 et suiv.
allaquaieut lEglise se servaient gouveut du texte de la troisième édition. (L'éditeur.)
972 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
de Nicée,et croyaient que le Sainl-Esprit pro- les prélats renonçaient à la prudence de la
cède de la substance du Père. Le pape prouve chair. Néanmoins il exhortait le pape à as-
d'abord par les témoignages de l'Ecriture que sembler un concile., avec promesse que les
la primauté de saint Pierre et de l'Eglise de évêques de l'Eglise grecque s'y trouveraient.
Jean Camatère, patriarche de Constantino- e
Rome est de droit divin. On lui donne le

titre d'Eglise universelle, parce que toutes pie, accusait dans sa réponse, mais en ter-

les Eglises particulières sont au-dessous mes couverts, les Latins d'être les auteurs
d'elle ; elle en est la première et la pdnci- de la division qui régnait entre les deux
pale, et dans elle est la plénitude du pou- Eglises.
voir; d'elle découle une partie de ce pouvoir 10 Les raisons que l'empereur Alexis al- 2

dans les Eglises particulières mais si on la


; léguait pour ne pas secourir la Terre-Sainte,
considère comme faisant elle - même une ne parurent point suffisantes au pape. Il ré-
partie de l'Eglise catholique, comme les au- pondit à ce prince que ce n'était pas à lui h
tres Eglises , on ne peut l'appeler univer- décider du temps auquel Dieu avait résolu
selle. Si l'on donne à l'Eglise de Rome la de délivrer son peuple ;
qu'il n'en connais-

qualité de mère, ce n'est pas à raison du sait point les desseins; qu'en supposant qu'il

temps de son élablissement, puisque celle connût le moment de cette délivrance , il

de Jérusalem est plus ancienne ; mais à rai- n'aurait pas grand mérite de donner alors du
son de sa dignité, qui lui donne le rang sur secours, Dieu pouvant sans lui retirer son
les fidèles, comme saint Pierre n'a pas été héritage des mains des Sarrasins. 11 le presse
établi lepremier des apôtres pour avoir été de nouveau d'accomplir sa promesse tou-
appelé le premier à l'apostolat, puisque saint chant la tenue d'un concile général, pro-
André le fut avant lui, mais par le choix de mettant d'y recevoir avec joie, comme son
Jésus-Christ. Le pape Innocent 111 fait part très-cher frère, et le membre principal de
au patriarche du dessein qu'il avait d'assem- l'Eglise romaine, le patriarche de l'Eglise de
bler un concile général pour les divers be- Constantinople, qui par cette démarche se
soins de l'Eglise, nommément pour la réu- réunirait à l'Eglise romaine, comme la fille
nion et la paix entre toutes les Eglises : il à sa mère, et lui rendrait le respect et l'o-
invite le patriarche à ce concile, le prie d'y béissance qu'elle lui doit.
venir en personne ou par des procureurs, et il. D'après l'auteur des Gestes d'Inno-
d'y envoyer des prélats des plus grandes cent III ', l'empereur et le patriarche ayant
Eglises. L'empereur Alexis en était con- entendu l'explication des lettres du pape ,

venu c'est pourquoi le pape dit au patriar-


: se repentirent de ce qu'ils lui avaient écrit ;

che que si lui et les autres prélats ne vien- l'empereur s'était engagé à envoyer les Grecs
nent pas au concile général, il sera obligé au concile que le pape devait convoquer, et
de procéder contre l'empereur même de , à leur en faire observer les décrets le pa- :

qui cela dépendait, et contre l'Eglise grec- triarche par les réponses du pape à ses
,

que, consultations, se trouvait convaincu les :

,_
9. Le pape avait déjà écrit à ce prince et preuves tirées de l'Ecriture, l'autorité de la
'•
au patriarche sur l'unité de l'Eglise, sur la raison ne permettaient pas de douter qu'il
primauté de saint Pierre et sur le besoin de ne dût rendre obéissance au pontife romain.
,_
secourir la Terre-Sainte. L'empereur Alexis C'était là le sujet de leur douleur. Aussi
répondit sur le dernier article que le temps Alexis, après une longue délibération avec
n'était pas venu de se prêter au recouvre- les Grecs, écrivit au pape que s'il faisait tenir
ment des lieux saints, Dieu étant encore ir- un concile en Grèce, où les quatre premiers
rité pour les péchés des chrétiens, et la divi- conciles avaient été assemblés, l'Eglise grec-
sion qui régnait entre eux; que l'on n'igno- que y enverrait ses députés puis changeant :

rait pas les ravages faits sur ses terres par de matière, il s'eÛ'orça de prouver que l'em-
le roi Fridéric, après les serments les plus pire était au-dessus du sacerdoce. 11 appor-
solennels d'y passer paisiblement qu'il ne ;
tait en preuve ces paroles de saint Pierre :

lui était pas possible d'aider des gens si Soyez soumis pour Dieu, à toute créature hu-
mal intentionnés, ni de marcher avec eux. maine qui a du pouvoir sur nous, soit au i-oi
Sur la réunion des Eglises, il disait qu'elle
serait facile si les esprits étaient réunis, et si ' Gesta Iniioc. III, uum. 62.
[XUV SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, PAPE. 973
comme au souverain , soit aux gouverneurs tandis que les autres rois se lèvent devant
comme à ceux qui sont envoi/is de sa pari pour les évéques, et les font asseoir auprès d'eux.»
punir ceux qui font mal, et pour traiter favo- 11 cite l'exemple de l'empereur Constantin.
rablement ceux qui font bien. De ces mots : di. Sur l'avis qu'on lui donna qu'à Cons- f.puc 312.

Soyez soumis, l'empereur inférait que le sa- tantinople de simples prêtres doimaient le
cerdoce est au-dessous de l'empire; de ceux- sacrement de confirmation il le leur lit dé-
,

ci au roi comme au souverain, il concluait


: fendre par son vicaire résidant en cette ville.
que l'empire est plus éniiiient; des suivants: Mais celte défense ne legardait que les prê-
pour punir ceux qui font mal et favoriser les tres latins, qui se croyaient suflisamment au-
gens de bien, il tirait la couséquence que torisés dans cet usage par la coutum.e des
l'empereur a juridiction et même puissance lieux. Le pape veut qu'à cet égard ils ne con-
du .i;laive sur les prêtres comme sur les laï- sultent pas une coutume abusive, mais ce qui
ques. Le pape ', en repondant à la lettre de s'est fait dans l'Eglise depuis les apôties, où
ce prince, lui fait voir qu'il n'avait pas pris ce sacnment a été administré par les évêques
le sens des paroles de saint Pierre. Cet apô- seuls.
tre ceux qui lui étaient soumis
parlait à , 1.3. Dès l'an 1143, les Arméniens avaient jn.sn,
'''^' ""•
dans le dessein de les avertir avec humilité; témoigné au pape Eugène III leur désir de se
s'il avait voulu soumettre le sacerdoce à toute réunir à l'Eglise romaine. Mais en 1170 ils se
créature humaine il s'ensuivrait que le
, réunirent aux Grecs et au patriarche de C.ons-
moindre esclave devrait commander aux tantinople. Sous le pape Innocent 111, Léon,
prèlies par ces paroles au roi comme au
;
: leur roi, lui éciivit une lettre datée de Tarse
souverain, saint Pierre prétend seulement Iti 23 mai 1199, où il disait que suivant les ,

que le roi a la souveraineté sur ceux qui re- avis de l'archevêque de Mayence, il désirait
çoivent de lui les choses temporelles le ; réunir à l'Eglise romaine son royaume et
pouvoir qu'd a de punir les malfaiteurs, doit tous les Arméniens. Le pape lui envoya une
être restreint à ceux qui usant du glaive, couronne dont l'archevêque couronna Léon.
sont soumis à sa juridiction, suivant celte Il expliqua aux Arméniens la doctrine de

sentence du Sauveur Quiconque prendra le : l'Eglise romaine. Tous les archevêques et


H»iih
^"^-- '
glaive, périra par le glaive : car personne, dit évêques du royaume promirent de l'embras-
saint Paul, ne doit juger le serviteur d'au- ser. Mais en même temps Grégoire, catho-
trui. Innocent ne nie donc pas la souverai- lique d'Arménie, écrivant au pape au nom
neté du roi pour le temporel; mais il montre de tous, lui demanda des secours contre les
que le pontife est souverain pour le spirituel, infidèles. Innocent 111 félicita le roi et les Ar-
autant au-dessus du temporel, que lame est méniens sur leur retour à l'obéissance du
au-dessus du corps. Il allègue en preuve ce Saint-Siège, et lui envoya, suivant sa prière,
que le Seigneur dit à Jérémie. « Je vous ai l'étendard de saint Pierre pour s'en servir aux
établi sur les nations et les royaumes, pour combats contre les infidèles. 11 lui accorda
arracher et dissiper, édifier et planter. Or aussi que ni lui ni aucun de ses sujets ne pour-
ce prophète n'était pas roi, ni de la race raient être frappés d'excommunication ou
royale, mais prêtre et de la race sacerdo- d'interdit que par le pape ou par son légal, et
tale. » 11 allègue encore les deux grands lu- il envoya à l'archevêque de Sils, chancelier

minaires que Dieu a faits dans le ciel, l'un du roi, les ornements qu'il avait demandés,
pour présider au jour, l'autre ù la nuit fi- : savoir, l'anneau, la milre et le pallium, avec

guie des deux grandes dignités qu'il a mises la peiraission de donner l'indulgence de la
dans TEglise la pontiflcale et la royale
, : croisade à ceux qui combattraient contre les
l'une pour présider aux choses spirituelles, infidèles sous les ordres du roi Léon.
l'autre aux corporelles ce qui, dit-il, met : 14. Dans sa lettre à l'évêque de Nevers, ,„
entre elles autant de différence qu'entre le Innocent III l'autorise à rétablir dans ses fonc-
soleil et la lune. Il dit à l'empereur » Si : tions un prêtre de l'ordre de Citeaux, auquel
vous y aviez fait réllexion, vous ne permet- l'archevêque de Bourges avait interdit la cé-
triez pas que le patriarche de Gonstaulinople lébration de la messe, sur ce que ce religieux,
fùl ussis à gauche près de votre marche-pied, étant encore laïc, avait indiqué à des voleurs
un homme qu'ils cherchaient cl qu'ils avaient
' Oesta liitioc. III, iiuui. Gî. ensuite fait mourir. La raison de croire ce
974 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
prêtre innocent de ce meurtre était qu'il ne miracles. La lettre est de la seconde année
savait à quelle fin ces voleurs cherchaient cet du pontificat d'Innocent III, aux nones de
Epi«i.24i. homme. Il déclare, dans celle qu'il écrivit à novembre, c'est-à-dire le 5 novembre 1199.
l'évêque de Verceil que des clercs interdils
,

de leurs fonctions ne peuvent être promus à m.


des bénéfices ecclésiastiques, parce qu'on ne
Troisième et quatrième livres des lettres
donne des bénéfices que pour en remplir les
d'Innocent III.
SCI. charges. Consulté par l'évêque de Uossane
sur divers cas arrivés dans son diocèse (le 1. Nous avons déjà remarqué que le troi- p,f s.a.
père et le fils avaient épousé la mère et la sième-et le quatrième livre des lettres d'In- i.xxvi'.M
'"•'-'"')
tille, neveu les deux sœurs), In-
l'oncle et le nocent IIF étaient perdus, et que Baluze y
nocent répond que les parents du mari et les avait suppléé ^ par la première collection des
parents de la femme ne conlraclant par le décrétâtes de ce pape, faite dos trois pre-
mariage aucune affinité entre eux, les parents miers livres du Registre par Rainier, diacre
d'une femme peuvent épouser les parents de et moine de Pomposie, sous quarante titres
son mari; il dit encore que le rnari et la qui traitent chacun d'une matière particu-
femme, en tenant sur les fonts de baptême lière relativement à ce qui en est dit dans les
un enfant étranger, ne contractent point en- lettres d'Innocent III. La lettre à Pierre, ar-
semble de compaternité qui doive leur inter- chevêque de Compostelle, forme le premier
dire l'usage du mariage, parce qu'ils ne sont titre. Le pape y résout quelques difficultés

qu'une chair par le mariage. H décide, dans de cet archevêque sur des termes dont on se
la même lettre, qu'il n'est pjint permis aux sert en parlant des mystères de la Trinité et
prêtres latins d'avoir une femme ou unecor.- de l'Incarnation. D'après Iniiocent, les termes
cubine; que l'évêque peut contraindre les de Père, de Fils et de Saint-Esprit désignent
abbés et les prêtres de venir à son synode; les propriétés relatives des personnes divines,
que les cliapelains d'un chAteau n'ont pas qui les distinguent l'une de l'aulre sous le
droit de juger de la validité ou de l'invalidité nom de Père, de Fils et de Saint-Esprit; le
des mariages. nom de Seigneur exprime la nature divine
308. 1,"). Le second livre du registre des lettres commune aux trois personnes; ces personnes
d'Innocent III finit à la deux cent quatre-vingt- ont chacune des propriétés ou notions parti-
neuvième lettre; maison ne peut douter qu'il culières; ainsi, l'on distingue dans le Père
n'y en ail eu un plus grand nombre, puisque l'innascibilité, la paternité, l'aspiration. En-
Roger Hoveden en une d'Innocent 111 de
cite suite il examine en théologien scolastique en
l'an M99, adressée archevêque de
à Hubert, quel sens on dit que Jésus-Christ est homme,
Cantorbéry, au sujet de la dignité de métro- et il répond : v En distinguant en lui la na-
pole parl'église de Saint-David, et écrite dans ture humaine de la nature divine, il est facile
ce registre. Fourle rendre plus complet, Ba- démontrer comment il est homme; il l'est
luze a ajouté plusieurs autres lettres à ce se- parce que le Verbe, par l'incarnation, a pris
cond livre, tirées de divers endroits. Celle l'humanité ou la nature humaine. » Mais,
qui porte défense de contraindre les juifs à répondant plus simplement et d'une manière
se faire baptiser, et de leur faire aucun tort, apostolique sur toutes ces questions, il s'ex-
avait déjà été imprimée dans l'édition de prime ainsi : (i Ne pouvant comprendre en
Materne Cholin, à Cologne en 1575. Par la cette vie la nature de Dieu, nous n'avons au-
303. trois cent troisième, le pape accorde à l'abbé cun terme propre pour l'exprimer comme elle
et aux religieux de Vézelay des indulgences est en elle-même, nous avons seulement des
de quarante jours, chaque année, pour tous noms lelatifs; nous ne trouvons pas même
ceux qui le jour de la fête de sainte Made-
, dans l'Ecriture des expressions propres à
leine, ou pendant l'octave, iront par dévotion exprimer cette nature, et tout ce que l'on
en l'église de ce monastère, où le corps de peut conclure des noms que l'Ecriture donne
cette sainte repose et fait une infinité de
' à Dieu, c'est que ces noms lui sont propres.

' Vbi venerandum corpus beutce Mariai MugJalenœ, Porte du Tlieil, nous en parlerons au numéro sui-
innumeris coruscans miraculis, sut celebri custoclia vant. (L'éditeur.)
venerabiliter conservatur. M/Jisl. 303. ' baluze n'a voulu suppléer qu'au troisième livre
» Le troisième a été publié par Bréquigny et de la (Védiieur.)
.

[XIIl'SIKCI.E.] CHAPITRE LXXXIII. INNOCENT m, PAPE. 973

de faron qu'o ue peut les donner ix crea- voulait aussi qu'on emplovAt rontre eux, en
tiiies, comme relui d'Adonaï. n Les autres Hongrie comme partout ailleurs, les lois de
titi es de cette collection traitent des matières l'Eglise. D'après ces lois, tout individu qui,
poi:r la plupart déjà discutées dans les lettres ayant été sommé deux
de se sépaier de fois
des deux premiers livres dont nous venons ces hérétiques, persistait dans sou erreur,
de donner l'analyse. devait èire déclaré inhabile à exercer des
fonctions publiques, à déposer devant la jus-
IV. tice, à tester et à citer en justice; si l'intime
était ecclésiastique, il tenu de résigner
était
Livre troisième des lettres d' Innocent lll
son emploi; s'il était juge, ses sentences
roioc., [Le troisième livre des lettres d'Innocent III étaient déclarées nulles; s'il était notaire, ses

:9-a*o.' a été publié au moins en partie par Bré-


, ,
actes n'avaient aucune authenticité: tous de-
ijuigny et de la Porte du Thcil; nous disons vaient être déclarés déchus de leurs biens '.

en partie, car il ne se compose que de cin- 2. Le roi d'Ecosse av.iit demandé au pape Kpisis.coi.
"'•
quante-sept lettres, et si l'on s'en rapporte ce qu'il fallait faire quand des maléficiers se
au nombre bien plus considérable que com- réfugiaient dans l'église. Le pape répondit
prend chacun des autres livres, il est à croire que, suivant les canons et les lois civiles, il

que celui dont nous parlons en avait davan- fallait distinguer entre l'homme libre et l'es-
tage. Il forme l'année 1200 et la troisième clave; si une personne libre qui s'est
c'est
année du pontificat d'Innocent lll. On le réfugiée dans l'église on ne doit point l'en ,

trouve reproduit au tomeCCXlY de la l'atro- tirer violemment, ni la condamner à la mort


loijie , col. 869-946. Voici ce que nous y ren- ni à quelque autre punition mais les recteurs ;

controns de plus remarquable : de l'église doivent lui oblenir la conservation


. s col. I-e pape
ordonne à l'urclievèque de Spala-
'
de la vie et des membres. Le coupable s'en-
tro en Dalmatie de déclarer excommunié Ni- gagera néanmoms à expier son crime. On ne
colas, évèque de Fare qui avait l'ait élire , permet d'enlever de l'église que le voleur
dans la province de Spalalro, pour évêques, public qui attaque pendant la nuit sur les che-
deux personnes qui n'étaient point encore mins fréquentés. Si la personne qui s'est ré-
.3,coi. revêtues des oidres sacrés. Il fait connaître fugiée dans l'église est un esclave, cet esclave
à Hemmérade, roi de Hongrie, les peines sera rendu à son maître après que celui-ci
portées contre les hérétiques, et il en demande aura prorais par serment de ne pas le punir.
l'application aux hérétiques Logomiles, secte Un diacre avait reçu le sous-diaconat et le
^ ^^ ^ ^^,

de pauliciens et de manichéens qui avaient diaconat sans avoir auparavant été ordonné *'^'-

pour chel iiasile, médecin, qui avait pris l'ha- acolyte. Innocent écrit à l'abbé d'Hautvillers
bit de moine *. Cette hérésie, dit Hurler, avait de le recevoir dans son monastère où il vou-
son principal siège en Bosnie; ses maximes lait entrer, et, s'il en était digne, de le pro-
avaient trouvé faveur chez les Sliupans; elle mouvoir k la prêtrise, après qu'il aurait reçu
fut [irotégée par le ban Culin , et ses secta- l'ordre d'acolyte.
comme
teurs se regardaient
On dit qu'ils comptaient à Zara un
chrétiens.
les seuls vrais Les lettres onzième, douzième, treizième,
. .

quatorzième, quinzième, seizième, dix-sep-


... ]
,.
Epi«l. Il,

j- ,';',
"-^'JJ-

grand nombre d'adhérents. Ils chassèrent lième et dix-huitième ont pour objet le divorce *"•«»«•

1évèque de Spulatro, qui se proposait de les de Philippe, roi de France; elles ne sont pas
attaquer sérieusement, et Innocent fit un toutes du pape.
appel aux aiuies du rui de Hongrie contre le 3. Un prêtre avait commis un homicide in-
bau de Bosnie, si ce dernier n'expulsait pas volontaire dans les circonstances suivantes : coi. «m.

de ses Etats les partisans de l'hérésie il re- ; Il avait monté un cheval pour exciter son

piésenta à ce monarque que celte doctrine appétit; comme ce cheval n'allait pas comme
dangereuse pourrait s'introduire en Hongrie. il fallait, son cavalier l'avait slimulé par la
(ILes rois, lui disait-il, portent le glaive pour bride et par l'éperon. Mais la bride s'étant
protéger les iidèles dans leur Ici, et pour rompue, le cheval, laissé à lui-même, court
chasser les infidèles lorsqu'ils résistent aux précipitamment; il rencontre une femme qui
sévères avertissements de l'Eglise.» Le pape porte un enfant, renverse son cavalier qui court

' Histoire d'innoceni lll, Iraductiou de M, )age » Voyez Dictionnaire encycl. île la Théologie cath.^
loui. Il, liv. Xlll. pag. 301. art. Basile. — > Patrol., Kpisl. 8, col. 87i,
976 HISTOIRE GÉNÉHALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
risque de perdre !a vie, et tue l'enfant. Le depuis dix ans que ce prélat était sur le siège
prêtre ayant recouvré la santé n'osa célé-
, , de Narbonne, il n'avait pas visité une seule
brer les saints mystères. Le pape écrivit à fois sa province, ni même son diocèse. Pour
l'évèque de Lincoln, dont le prêtre était dio- consacrer l'évèque de Maguelone, il avait
césain, de faire une enquête; et si les faits exigé et avait reçu jusqu'à cinq cents sous.
étaient véritables, de permettre à ce prêtre 11 n'avait tenu aucun compte de l'ordre que
de célébrer les divins offices, parce qu'il n'a- le pape lui avait donné de convoquer un con-
vait commis d'homicide ni par volonté ni par cile pour s'occuper des afî'aires de la Terre-
acte, et que d'ailleurs il ne vaquait pas à une Sainte '.

Epui 24, chose illicite. La lettre trente-quatrième est Leslettres vingt-huitième, vingt-neuvième. Emît 2«.

dans le mêm.e sens. trente-unième, quarante-huitième, quarante- li'imi."


fp'«'-""-
Epiîi. 20, Quelques prélats n'avaient pas observé l'in- neuvième, cinquantième, cinquante-unième,
°'""
terdit jeté sur la France à cause du divorce cinquante-deuxième et cinquante-troisième,
du roi Philippe. Parmi eux se trouvait l'évè- regardent le retour de la province des Mar-
que d'Auxerre, Hugues IV des Noyers. Le ches et de la ville de Ferrao sous l'autorité
papelerclevo de la suspense que le légat du du Sainl-Siége.]
Saint-Siège avait prononcée contre lui; mais §v.
il ne voulut point confirmer son élection <i
Cinquième livre des lettres d'Innocent III.
l'arclievêché de Sens.
Epist. 21, Par la lettre vingt-unième, le pape ordonne Le cinquième livre du Registre ne contient p.g eo?.

aux consuls et au peuple de Zara de ne point que cent soixante-une lettres ^. Baluze y en ccxvi'""
s'opposer aux appels interjetés au Saint- a ajouté quelques-unes d'Innocent III, et un

Siège. plus grand nombre de divers particuliers, qui


Episi. 23, il exhorte les arche-
P;ir la vingt-troisième, peuvent fournirdes éclaircissements sur l'his-
vêques, comtes, les barons, les citoyens
les toire de son pontificat. Voici le résumé des

et tout le peuple d'Apulie à résister à Mark- plus importantes Les religieuses qui se sont Ep^i.
: i.

wald, qui menaçait d'envahir de nouveau la battues ou qui ont frappé leurs sœurs con-
Sicile, où il avait déjà exercé sa tyrannie, verses, ou les clercs qui les desservent, peu-
comme vice-roi de l'empereur Frédéric. vent recevoir l'absolution, au nom du pape,
Epifi. Si, 4. Dans sa lettre au cardinal Octavien, lé- par l'évèque diocésain. Le fils d'un compère ,.
"' '™
gat du Saint-Siège, le pape ordonne de punir ne peut épouser la fille de sa commère, fùt-il
selon les canons les hérétiques manichéens né avant qu'ils eussent tenu un enfant sur
répandus dans province de Narbonne. 11 y
la les fonts de baptême. Dans le cas oii ils se
peint les mœurs
lamentables du clergé de ce seraient mariés ensemble, on doit les sépa-
pays. La simonie l'intérêt sordide l'amour
, , rer, et ceux qui ont connaissance de mariage
des présents, la dissolution des mœurs, l'in- sont obligés d'en aveitir. Les personnes dont ^p ,, ji.
terprétation dépravée des dogmes évangé- le pape a commis le jugement à des commis- o?xî'v,"'ep

liques régnaient dans tous les rangs de la saires, se trouvant dans l'impossibité d'aller "^'
cléricature. Au mépris des canons, on con- en sûreté au lieu indiqué, peuvent en appe-
fiait plusieurs dignités à une même persoune, ler au Saint-Siège, quoique les lettres de la
et on donnait le gouvernement des églises commission aient exclu l'appel. On peut ju- Epuno.
paroissiales à des gens qui n'étaient point ger le pétitoire sans s'arrêter au possessoire, epts'Î.Vi'.)"'
dans les ordres sacrés, qui étaient sans mé- quand celui qui est dépouillé veut bien con-
rite , sans discipline , à des enfants qui ne clure sur le fond. Les fugitifs de l'ordre de Eoisi.sg.
'

savaient pas lire. De là les insultes des héré- Giteaux ne seront pas reçus, quoiqu'ils aient .p'èT)'

tiques , les dévastations des tyrans et le mé- obtenu des de rétablissement de la


lettres

pris que le peuple et les égfises témoignaient part du Saint-Siège, à moins que ces lettres
à l'égard de Dieu. Béreuger II archevêque , ne portent qu'ils seront reçus, sauf la disci-
de Narbonne, bâtard de Raymond Bérenger, pline de l'ordre. Il n'est pas permis de don-
comte de Barcelone, était la cause principale ner des bénéfices aux enfants ni aux neveux
de tous ces maux. L'argent était son Dieu; de ceux qui les possèdent. Cet abus régnait

' Voyez dans VHistoire d'Innocent JII, le tableau dans la Palrnlogie, en contient cent soixante-douze,
que Hurter trace de ce prélat, tome II, pag. 336 et avec un appendice qui en a deu.x autres. Elles sont
Biiiv. de mars 1202 au mois de mars 1203.
« L'édition de Bréquigny et du Ttieil, reproduite
[XIII'SItCLE.J CHAPITRE LXXXIII. — l.NXOCENT 111, PAPE. 977

,1, dans le monastère de Remiicmont, où les mercredis des deux carêmes de Noël et de
Zi'. clercs qui le desservaionl faisaient passer à Pâques; de se contenter, les autres jours,
leurs enfants ou à leurs neveux les bënélices d'un mets cuit; d'aller nu -pieds avec une
qu'ils avaient obtenus de l'abbesse, tomme tunique de laine, un scapulaire très-court et
par droit de succession, s'etforçant de tour- un baiou long d'une coudée en sa main, de-
ner en hérédité le sanctuaire de Dieu. Cet mandant l'aumône et ne recevant que de quoi
abus est décrit fort au long dans la lettre vivre un jour, sans coucher deux nuits en un
qu'Innocent 111 adressa à l'abbesse et aux même lieu de faire ainsi des pèlerinages pen-
;

moniales de Remiremont, avec ordre de le dant Il ois ans, se prosternant devant l'église
réloimer entièrement. Le pape en écrivit sans y entrer, avant d'avoir reçu la disci-
aussi à l'arcbevèque de Trêves et à l'évéque pline.Le pape lui défendit aussi de se ma-
de Toul, en les cliargeanl d'employer les cen- rier etd assister aux jeux publics, lui ordonna
sures ecclésiastiques contre ceux qui s'op- de dire le l'atc?' cent lois par jour et de faire
poseraient à la réformalion de cet abus. cent genutlexions, et de revenir au bout des
7. 2. A la prise d'une forteresse, quelques trois ans à Rome demander miséricorde. Il
'''
soldats de l'armée victoiieuse se saisirent de donna à Robert une lettre ciiculaire adressée
l'évéque de Catiies en Ecosse, qui avait été à tous les archevêques, évoques, abbés et
fait prisonnier, et obligèrent un d'entre eux, prieurs, pour recommander te misérable à
nommé Lumberd, de lui couper la langue. leurs charités.
Ce coupable alla à Home pour être absous i. Les Bulgares, après avoir été soumis E,,ist.iiît
'"''
de son crime. Le pape lui donna l'absolution aux Grecs plus de cent cinquante ans, se ré-
et lui ordonna de retourner au plus lût dans voilèrent sous Isaac l'Ange, ayant pour chefs
son pays et de s'y montrer de même que Pierre et Asan, frères, descendus de leurs an-
dans Je pays de l'évéque mutilé, pendant ciens rois. Ils associèrent au royaume leur
quinze jours, nu-pieds, en caleçons, avec nu frère Jean ou Joannice. Celui-ci, se trouvant
babil de laine court et sans manches, la lan- seul possesseur de la Bulgarie après la mort
gue liée d'une petite corde dont les deux de ses deux frères, crut que, pour affermir
bouts seraient altacbés au cou, en sorte que sa puissance, il lui serait avantageux de se
la langue parut un peu hors de la boucbe. 11 soumettre au Saint-Siège et d'en recevoir la
devait aussi tenir des veiges à la main, et couronne. Il envoya donc à Rome en H97;
venir en cet équipage se présenter à la porte mais il n'en reçut de l'éponse que deux ans
de l'église, s'y prosterner en dehors, s'y faire après, la seconde année du pontihcat d'In-
fouetter par quelqu'un, demeurer jusqu'au nucent 111. Ce pape lui députa Dominique,
soir en silence et à jeun, puis prer.dre pour archiprêtre des Grecs à Brindes. Joannice le
nourriture du pain et de l'eau. Après les retint jusqu'en 1202, puis le renvoya avec un
quinze jours, il devait se préparer pour se prêtre nommé Biaise, élu évèque de Brandi-
mettre dans un mois en clieuiin pourla Terre- zubère, chargé d'une lettre pleine de respect
Sain te, y servii- pendant li ois ans, et ne jamais et de soumission pour le pape. Basile, arche- ^^^
porter les armes contre les chrétiens; eniin, vêque de Zagora, y en joignit une de sa part,
jeûner au pain et à l'eau tous les vend:edis écrite dans le même sens. Le pape, dans sa
pendant deux ans, si ce n'était qu'il en fut réponse à Joannice, lui indique les rois des
empêché par quelque maladie, ou dispensé Bulgares qui avaient reçu la couronne du
par quelque évéque discret. Saiul-Siége. Il ajouta que sous le pontificat de
„ 3. Un autre homme, nommé llobert, étant Nicolas, Michel, roi de ces peuples, avait, aux
'f- captif chez les Sarrasins, avec sa femme et exhortations de ce pape, reçu le baptême;
sa lille, il survint une famine pendant laquelle que le pape Adrien lui ayant envoyé un sous-
l'émir ordonna que tous les captifs qui avaient diacre avec deux évéques, les Bulgares, ga-
des enfants Jes tuassent. Robert, pressé par gnés par les présents et les promesses des
la faim, tua sa lille et la mangea. Sur un Grecs, chassèrent les Romains; que cette lé-
nouvel édit, il lit mourir sa fenmie; mais, en gèreté ne lui permettait pas de lui envoyei
ayant fait cuire la chair, il n'en put manger. le grand nonce qu'il demandait, c'est-à-dire
Délivré de l'esclavage, il alla se pré.senterau quelque cardinal; qu'il se contentait, pour le
pape, qui lui donna pour pénitence de ne présent, de lui députer Jean, son chapelain,
jamais manger de viande, de jeûner au pain avec la qualité de légat du Saint-Siège et le

et à l'eau tous les vendredis, les lundis et les pouvoir de réformer et ordonner dans la Bul-
XIV. 02
978 HISTOIRE GÉNÉHALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
garie, quant au pouvoir spirituel, tout ce qu'il saint chrême à l'usage du baptême; d'élire
jugera à propos. « Il donnera de notre part, et de sacrer le patriarche après la vacance
dit le pape, lepallium à l'archevêque du pays, du siège, et de lui envoyer un cardinal avec
fera ordonner les clercs et sacrer les évoques un sceptre et une couronne pour le sacrer
par les évèques catlioliques du voisinage, et le couronner. On voit par cette lettre que
s'informera exactement, tant par 1ns anciens les évèques bulgares ne faisaient point eux-
livres que par les aulres documents, de la mêmes le saint chrême, qu ils le recevaient
couronne donnée à vos ancêtres par l'Eglise des Grecs, et que, ne voulant plus leur être
romaine, et traitera avec nous de tout ce qui soumis, ils demandaient au Saint-Siège le
Epiîi. 119. conviendra. » Dans sa réponse à Basile ar- , pouvoir de le l'aire eux-mêmes.
chevêque de Zagora, il exhorte ce prélat à re- 6. Jean de Belles-Mains s'étant retiré à

connaître la primauté de l'Eglise romaine, à Clairvaux vers l'an H9o, écrivit quelques
recevoir comme sa propre personne le légal années après, de sa retraite, au p;ipe Inno-
Jean, à écouter ses inslruclicns et à faire cent III pour avoir des éclaircissements sur
accepter ses ordonnances par tous les Bul- trois dillicullés, dont les deux premières re-
gares. Le reste de la lettre contieut les mêmes gardaient l'eucharislie, la troisième, le chan-
choses que celle à Joannice '. gement fait dans une collecte au jour de la
S. Avant que ce prince l'eût reçue, il eu tête de saint Léon. L'archevêque demandait
écri.'it une au pape Innocent III, par laquelle en premier lieu pourquoi, dans la consé-
il disait « Depuis que les Grecs ont su que
: cration du calice, l'Eglise a ajouté ces mots:
j'ai envoyé vers vous, le patriarche et l'em- Mystère de la foi. Innocent 111 répond En :

pereur m'ont envoyé dire Venez à nous, : examinant le canon de la messe, on trouvera
nous vous couronneions empereur et vous que l'Eglise y a ajouté d'autres mois que
donnerons un patriarche, car votre empire ceux-lù, par exemple, que Jésus-Christ éleva
ne subsisterait pas sans cette dignité. IMais les yeux auciel;el à lépillièle du Nouveau Tes-

je ue l'ai pas voulu, parce que je veux être tament celle d'Eternel, quoique ni l'une ni
,

serviteur de saint Pierre et de Votre Sain- l'autre ne se lisent dans l'Evangile ces mots :

teté. »Joannice accompagna cette lettre de qu'elle a ajoutés ont pu lui être connus par
présents en argent monnayé, en vaisselle, la tradition des apôtres, soit orale, soit par
en étoiles de soie, en cire, en chevaux, eu écrit : car les évangélistes n'ont pas rapporté
mulets, et la scella de bulles d'or, à la ma- toutes les paroles non plus que toutes les

nière des Grecs. L'archevêque Basile fut actions de Jésus-Christ. G'esl seulement dans
porteur de cette lettre ^, mais les Grecs saint l'aul que nous lisons que le Sauveur a
l'ayant empêché de passer à Rome, il revint dit : Il vaut mieux donner que de recevoir, et
en Bulgarie. Le légat Jean lui donna le pal- qu'après sa résurrection il apparut à plus de
lium et reçut de lui le serment de fidélité au cinq cents disciples à la fois. Innocent réfute
pape dans l'Eglise, en présence de plusieurs ceux qui de ces paroles AJystci^e de la foi, :

évêques. De concert avec Joannice, le légat concluaient que l'eucharistie n'est le corps
établit en Bulgarie deux archevêchés qu'il de Jésus-Christ qu'en figure; et il fait voir
soumit à 1 archevêque Basile ^ comme à leur qu'elle est tout ensemble figure et vérité,
primat, et mit le siège primatial dans la ville et qu'on n'appelle le sacrement de l'aulel
de Ternoue, alors capitale de ce royaume. un mystère de foi, que parce que l'on y voit
Basile, en écrivant au pape, lui demanda des apparences de pain et de vin, et que
deux palliums pour ces deux archevêques, l'on y croit la vérité de la chair et du sang
et le pria de lui apprendre comment ils de- de Jésus-Christ*. 11 ne doute point que les
vaient avoir le saint chrême pour hapliser apôtres n'aient reçu de Jésus-Christ la forme
leurs peuples, ahn qu'ils ne fussent pas pri- de la consécration, comme elle se lit dans
vés de cette onction. Joannice demanua aussi le canon, et qu'ils ne l'aient transmise à
au pape, eu renvoyant le légat, d'accorder leurs successeurs ^. A
seconde question la

à i'éghse de Ternoue le pouvoir de faire le de l'archevêque Jean, savoir, si l'eau est

» Lib. VI, Epist. 142. — 2 Ibid., Epist. 143. * Credimus quod formam verborum,sicut in canone
' Gest. Innoc, num. 70, 71 el 7-2. reperitur, et a Ckristo apostoli, et ab ipsis eorum ac-
* Ceniiiur species panis et vint, et crcditur veritas ceperunl successores.
earnis it sanguinis.
[xui' SIÈCLE.] CHAPITHK LXXXIII. — INNOCENT IIL PAPE. 979
changée au précieux sang avec le vin, le Siège a l'autorité de légitimer des enfants ;

pape, après avoir rapporté les difl'érentes que cette légitimation viiut non-seulement
opinions des théologiens, regarde comme la pour le spirituel, mais aussi pour le temporel.
plus probable celle qui soutient que l'eau «D'ailleurs, ajoute-t-il. la grûce accordée
est changée au sang avec le vin, alin que la aux enfants du roi Philippe était fondée sur
propriété du sacrement paraisse plus claire- des motifs qui ne pouvaient avoir lieu à l'é-
ment; car l'eau est niêlée au vin pour re- gard de ceux du comle de Montpellier; le
présenter le peuple uni à Jésus-Christ, en ce roi Philippe avait d'Isabelle, sa femme légi-
que comme il a pris notre nature, nous le time, un fils aine, héritier présomptif de sa
recevons lui-même en ce sacrement, et nous couronne, tandis que comle n'avait au-
le
lui sommes tellement unis que par lui nous cun enfant mâle; le roi n'était soumis au
devenons un avec le Père. L'oraison secrèle Saint-Siège que dans le spirituel, tandis que
de la messe de saint Léon avait donné lieu à le comte en dépendait, tant dans le spirituel
la troisième question. On y lisait ces paro- fpie dans le temporel, puisqu'il tenait une
les : Accordez-nous, Seigneur, que cette abla- partie de sa terre de J'église de Maguelone.
tion soit utile à l'âme de votre STviteur Léon. qui en devait elle-même une reconnaissance
On mit à la place de ces mots ceux-ci : Que au Saint-Siège; si le roi Philippe s'était sé-
cette oblation nous soit utile par l'intercession paré de reine Ingelburge, ce n'était qu'à
la
du bienheureux Léon. La première formule se la suited'une sentence rendue par l'arche-
lit encore dans le Sacramentaire de saint vêque de Reims, légat apostolique; le comte
Grégoire mais la seconde ne se trouve plus
; de Montpellier, au contraire, s'était séparé
dans le Missel romain, si ce n'est à la fête de de la sienne au mépris de l'Eglise, et sans
saint Grégoire. Le pape dit qu'il ne sait qui aucune formalité. Enfin, il avait été au pou-
a fait ce changement, ni eu quel temps il a voir du roi de légitimer ses enfants quant au
été fait; mais il a eu lieu sans doute, ajoute- temporel, et si à cet égard il avait eu re-

t-il, parce que, selon la doctiine de l'Eglise, cours au Saint-Siège, c'est qu'il l'avait bien
établie dans saint .Vugustin, c'est fiiire in- voulu; mais le comte dépendant d'autres
jure à un martyr de prier pour lui; et l'on souverains, n'avait pas la même autorité
doit dire la même chose des autres saints. pour la légitimation de ses enfants quant au
Venant au fond de la question, qui est de temporel. » Le pape conclut qu'il ne lui ac-
savoir comment on doit entendie les prières cordera pas sa demande qu'il n'ait fait voir
que l'on fait pour les saints, il répond : auparavant; ou que sa faute dans le divorce
(( C'est de notre part un souhait que les avec sa femme légitime n'est pas si consi-
saints soient de plus en plus honorés sur la dérable, ou que sa puissance est plus indé-
terre, ou que leur gloire augmente dans le pendante. L'acte de légitimation des enfants
ciel jusqu'au jour du jugement dernier; au du roi Philippe, surnommé Auguste, est
heureux,
reste, les sainis étant paifaitement rnpporté dans l'Appendice du cinquième li-
c'est plutôt nous qui avons besoin de leurs vre avec plusieurs autres actes et lettres
prières, eux n'ayant pas besoin des nôtres. » d'Innocent 111 qui n'avaient pas encore été
7. Guillaume, comte de Montpellier, vou- londus publics.
lant faire légitimer les enfants qu'il avait 8. Bakize a fait imprimer à la suite du c..i

eus d'une femme du vivant de sa femme lé- cinquième livre des lettres d'Innocent III, le c'.'l'
gitime qu'il avait répudiée, employa, pour registre de ce pape louchant les contesta- *"«
obtenir cette grâce du Saint-Siège, la mé- lions de l'empire d'Allemagne '. î"r'
^'^
diation de l'archevêque d'.Vrles. Le comte Innocent écrivit sur ce sujet grand nom-
se fiindait sur ce que le pape en avait ac- bre de luttrcs, et il en reçut de beaucoup de
cordé une semblable au roi Philippe, eu lé- personnes. Aucune de ces lettres ne se trouve
gitimant les enfants que ce prince avait eus parmi celles que l'on a recueillies en dix-
d'Agnès de Méi'anie, après avoir renvoyé neuf livres, sui\ant les années de son ponti-
Ingelburge de Danemark. Innocent III fait licat, parce que, prévoyant que le schisme
voir d'abord dans sa réponse que le Saint- qui divisait l'Allemagne occasionnerait di-

' 11 cal reproduit aa tom. CCXVl de ia Palroloyie, lettres, (l'éditeur.)


".o\. ÏSS-UVî. 11 contient cent quatre-vingt-quatorze
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
vers grands événements, Innocent avait ré- lippe-Auguste et abandonné de tout le mon-
solu de les rappoiter dans une collection de il
, mourut sans postérité au château
particulière. Le détail en serait trop long. Il d'Horzbourg, le 19 mai 1218.
nous suffira de marquer ici en quoi consis-
tait ce schisme, quelle en fut l'occasion et § VI.
le parti que le pape y prit.
Livre sixième des lettres d'Innocent III.
9. Henri VI, un an avani sa mort, qui ar-
riva le 28 septembre il97, avait fait élire Les livres sixième, se])tième, huitième
[1.
'

pour son successeur Frideric II, âgé seule- et neuvième des lettres d'Innocent 111 ont été
ment de trois ans. Celte élection, qui se fit publiés par Bréquigny et de la Porte du
en H96, fut d'abord méprisée en Allema- Theil ils sont reproduits au tome CCXV de
;

gne; mais, en 1198, elle fut confirmée à Er- la Patroloyie, col. 9-278. Le livre sixième
ford par l'archevêque de Mayence et la plu- comprend deux cent quarante-cinq lettres

pait des princes allemands. L'année précé- écrites dans la sixième année du pontificat
dente, 1197, Philippe de Souabe, son oncle, d'Innocent, de mars 1203 au mois de mars
frèrede Henri VI, l'ut institué son tuteur et 1204. Voici les plus importantes.
élu roi de Germanie par une autre partie Le pape exhorte archevêques et évé-
les

des seigneurs. D'autres élurent la même an- ques du royaume de Hongrie, à faire prêter
née, à Cologne, Gtbon duc de Saxe, iils de le serment de fidélité ù Ladislas, fils du roi

Henri le Lion, qui fut couronné roi à Aix-la- Henri, qui allait partir pour la Terre-Sainte.
Chapelle le jour de la Pentecôte. Philippe 11 promet à ce même roi de faire en sorte

de Souabe l'avait été, mais en qualité de roi que pendant son absence, il n'arrive ni scan-
des Romains, à Mayence, l'octave de Pâques, dales ni dissensions dans son royaume. 11
et c'est l'époque de sou règne dans les mo- confie aux évèques de Châlons et de Sentis,
numents du temps. Le pape Innocent écrivit et à l'abbé de Trois-Fon laines, l'examen de
plusieurs lettres au sujet de ces trois élec- la cause de Philippe de Beauvais, élu arche-
tions.La plus remarquable est la viugL-neu- vêque de Reims, dont l'élection était com-
vièiue, dans laquelle , après avoir rapporté battue par l'archidiacre et quelques chanoi-
les raisons que l'on pouvait alléguer pour nes de Reims. 11 engage Vulcain, méganippau
et contre les prétentions de chacun de ces ou chef de la Servie, à revenir à la foi catho-
trois princes, il décide en faveur d'Othon, et lique et à se réunir au Saint-Siège. Il charge
conclut à ce qu'ilsoit reconnu pour roi, et à cet etl'et l'archevêque de Colocz de se ren-
appelé à couronne impériale. 11 lit part
la dre en Servie afin d'all'ermir Vulcain, les ar-
aux princes, tant ecclésiastiques que laïcs chevêques, évêques et barons dans la foi ca-
d'Allemagne, des raisons qui l'avaient dé- tholiques d'opérer leur réunion au Saint-
,

terminé pour Othon, et leur enjoignit de lui Siège et de rompre les anciens liens qui les
rendre le respect et l'obéissance en qualité attachaient au patriarche de Constantinople.
de roi des Romains et d'empereur élu, pro- Les lettres soixante-huitième, soixante-neu-
mettant de mettre eu sûreté leur réputation vième, soixante-dixième, ont pour but d'a-
et leur conscience touchant les serments mener le roi de France et le roi d'Angleterre
qu'ils pouvaient avoir faits auparavant. 11 à faire la paix en vue de la croisade. Dans la
conclut eu ces termes la lettre qu'il écrivit à quatre-vingtième, le pape exhorte le roi de
Othon « Par l'autorité du Dieu tout-puissant
: Castille à rappeler sa fille qui était unie au
qui nous a été donnée en la personne de roi de Léon par un mariage incestueux. Par
saint Pierre, nous vous recevons pour roi, la suivante, il ordonne a Bérenger, arche-

et nous ordonnons qu'à l'avenir on vous vêque de Narbonne, de se démettre de son


rende en cette qualité respect et obéissance; évêché ou de son abbaye du Mont-Aragon.
et après les préliminaires accoutumés, nous Il accorde à l'archevêque de Compostelle la

vous donnerons solennellement la couronne faculté d'absoudre les juges laïques qui
impériale. » Ces deux lettres sont du 2 mais avaient puni les clercs vagabonds, et celle
1201. Le règne d'Othon ne fut pas tranquille. d'absoudre les personnes qui avaient exercé
Défait en 12U6 par Philippe de Souabe, ex- sur les clercs des violences et ne pouvaient
communié en 1210 par le pape Innocent 111, se rendre à Rome à cause de leur âge, de
défait entièrement eu 1214 par le roi Phi- leur sexe ou de leurs infirmités. La reine In-
[XIIl' SIÈCLE. CHAPITRE LXXXUI. — INNOCENT III, PAPE.
g^^''"'"gs o" Indelburge écrivit au pape, lui d'une ferme résolution, vous êtes déjà ré-
cof té-Bs'"'
exposa le trisic état où elle se trouvait et lé- conciliés avnc Dieu. Si les Vénitiens suivent
^Kri.i^ei, clama son secours et sou autorité. Innocent votre exemple, vous pouvez sans crainte
écrivit aussitôt en faveur de l'infortunée vous embarquer et combattre avec eux;
reine, une lettre très-touchante au roi Phi- dans le cas contraire, nous vous permettons
lippe. Il envoya en outre à ce prince, comme de vous rendre avec eux jusqu'au pays des
légat, l'abbé deCasamario, ditJ'érent de Jean Sarrasins ou dans le royaume de Jérusalem :

de Casamario, employé alors en Bulgarie. cependant nous ne vous le permettons qu'a-


colIo^io»'
^- *^" ^''''' coniment les croisés avaient pris vec un cœur affligé et dans l'espoir que vous
Zara, malgré la défense du pape. Cette dés- obtiendrez le pardon d'avoir communiqué
obéissance occasionna plusieurs lettres de la avec eux; car, ayant déjà payé la majeure
part des croisés et de la part du p:ipe. Dans partie de vos fiais de transport, il vous serait
la quatre-vingt-dix-neuvième, écrite au mois difficile d'obtenir la restitution des fonds

d'avril, les croisc'stémoignent une grande avancés ; nous serions donc peines que le
joie de l'indulgence dont le pape usait à leur repentir vous occasionnât des pertes, tandis
égard ils se hâtèrent d'envoyer la déclara-
;
que l'opiniâtreté des Vénitiens leur procure-
tion qu'il demandait. Innocent exigeait que rait du gain; de même que le voyageur est

les croisés lui prêtassent le serment d'obéir autorisé à acheter ce qui lui est nécessaire
aux ordres qu'il leur donnerait. Il les engage dans un pays d'hérétiques et d'excommu-
en outre à montrer d'une manière authenti- niés, et qu'il est permis aux gens de la mai-
que qu'ils veulent réparer leur faute, à n'at- son d'avoir des rapports avec le père excom-
taquer à l'avenir aucun pays chrétien <i , munié; de même, comme hôtes sur les vais-
moins qu'ils n'y trouvent de la résistance, seaux du doge, il vous est permis d'être en
enfin à demander pardon au roi de Hongrie contact avec les siens. Mais aussitôt que voua
de l'offense commise à son égard. En même serez débarqués, vous ne les recevrez plus
temps il recommande aux députés de retenir dans vos rangs, si l'excommunication n"a
l'armée sous les drapeaux, et autorise deux pas été levée car dans ce cas, la malédic-
;

ecclésiastiques h lever provisoirement l'ex- tion s'étendrait jusqu'à vous; vous seriez fa-
communication jusqu'à du cardinal
l'arrivée cilement mis en fuite par vos ennemis, comme
Pierre qu'il leur envoie. Le margrave ou il ai-riva aux enfants d'Israël au siège d'Haï,

marquis de Monlferrat fut particulièrement parce qu'Achan se trouvait au milieu d'eux,


chargé de veiller à ce que l'armée et la flotte ou bien comme il arriva au saint roi Josa-
ue se séparassent pas, afin que l'entreprise phat dans son alliance avec l'impie Ocliozias.
fût continuée '. Les Vénitiens seuls ne vou- Nous nous adressons à l'empereur de Cons-
lurent rien entendre ils se glorifiaient de
; tantinople pour l'engager à vous fournir de
leur exploit, n'en témoignaient nul repentir, vivres, comme il nous l'a promis. Dans le
etne voulaient pas non plus demander par- cas où il s'y refuserait, vous pourrez vous en
don. Le marquis de Montferrat, craignant procurer partout où vous en trouverez, en
de les voir s'éloigner avec leur llotte, ce qui prenant toutefois la résolution de les payer,
forcerait l'armée à se dissoudre, n'osa leur et en vous abstenant de porter préjudice aux
montrer la lettre du pape. 11 crut d'autant personnes. Ici le pape allègue différents
:>

plus pouvoir se dispenser de cette commu- exemples pour établir qu'en cas de nécesité,
nication que le doge et quelques amis des on peut prendre ce qui est nécessaire pour
Vénitiens donnèrent l'assurance qu'ils se
lui vivre; mais il dit expressément qu'il n'auto-
justifieraient eux-mêmes auprès du souve- rise point en cela la rapine, mais qu'il tolère
Ep..i. 100, rain pontife. Le margrave se justifia auprès seulement ce qu'on ne peut pas éviter en cas
d'Innocent de la marche suivie dans cette de grave nécessité et sans préjudice de la
circonstance, en alléguant ses bonnes inten- vie. Il avait dit plus haut qu'on devait pren-
tions, et il le pria, ainsi que tous les barons, dre toutefois la résolution de payer les Cirées.
de leur donner ses avis sur leur conduite ul- « Si les Vénitiens, continue-t-il, travaillent
térieure. à dissoudre l'armée, souffrez et prenez pa-
que vous ayez atteint le
Eii.t. )oj.
»! "01-110.
Innocent leur écrivit
.
3.
,, , .
« Si vous êtes

pénétres d un repentir sincère et animés


... : tience jusqu'à ce
lieu de votre destination où vous pourrez les
châtier selon les circonstances. »

' Voyez lib. V, Epist. 16J. Avant d'envoyer cette lettre. Innocent ap-
982 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
prit par le légat le traité conclu par les croi- tife que le succès de leur entreprise n'est
sés avec le jeune Alexis. donc au Il écrivit point l'ouvrage deshommes, mais l'ouvrage
marquis de Montferrat, aux comtes dn Flan- de Dieu. Ces "guerriers pleins de fierté qui

dre, de Blois et de Saint-Pol. «Nous sommes venaient de conquérir un empire, qui, selon
affligé à cause de nous, de vous et de toute Nicétas, témoin oculaire, se vantaient de ne
la chrétienté, qu'une entreprise si agréable craindre que la chute du ciel, abaissaient
à Dieu ait été souillée par un semblable leurs fronts victorieux devant le tribunal du
crime, mais nous nous réjouissons en même pape, et protestaient aux pieds d'Innocent,
temps d'avoir appris par vos lettres que vous qu'aucune vue mondaine n'avait dirigé leurs
avez reconnu vos torts, et que vous êtes dis- armes et que l'on ne devait voir en eux que
posé à vous soumettre aux ordres du Siège des instruments dont la Providence s'était
apostolique que votre repentir soit sincère,
: servie pour accomplir ses desseins '. Ils l'as-
et que ce qui est arrivé ne se renouvelle suraient qu'au printemps suivant, ils mar-
plus Ne vous figurez pas qu'il vous soit
! cheraient avec des renforts contre les Sarra-
permis d'attaquer l'empire grec, sous pré- sins, et lui donnaient l'espoir que bientôt les
texte que cet empire ne reconnaît pns le deux Eglises seraient réunies.
Siège apostolique ou que l'empereur a pré- 5. Innocent 111, en répondant à l'empereur
cipité son frère du trône. Vous n'êtes point Alexis, loua ses intentions et son zèle et le
juges dans cette cause vous avez pris la
; pressa d'accomplir ses promesses. Mais les
croix pour venger non celte injustice, mais excuses des croisés n'avaient pu apaiser le
l'outrage fait au Christ. Nous vous engageons ressentiment que le pape conservait de leur
sérieusement à renoncer à ce projet et h désobéissance aux conseils et aux volontés
passer dans la Terre-Sainte, sans vous arrê- du Saint-Siège. Dans sa réponse, il ne les
ter en route sous prétexte d'y avoir été con- salua poiut de la bénédiction ordinaire, crai-
traints,autrement nous ne pourrions vous gnant qu'ils ne fussent retombés dans l'ex-
accorder le pardon. Nous vous défendons de communication en attaquant l'empire grec
nouveau sous peine d'excommunication
,
, contre sa défense. « Si l'empereur de Cons-
d'attaquer un pays chrétien ou d'y causer tantinople, leur disait-il, ne se hâte point de
des dégâts, et nous vous ordonnons de sui- faire ce qu'il a promis, il paraîtra que ni son
vre les conseils du légat. Comme nous vou- intention ni la votre n'ont été sincères et
lons que les Vénitiens connaissent notre vo- que vous avez ajouté ce second péché à celui
lonté, afin qu'ils n'invoquent pas pour excuse que vous avez déjà commis. » Le pape don-
leur ignorance, nous vous invitons à leur nait aux croisés de nouveaux conseils pour
montrer notre précédente lettre, n l'avenir. 11 tenait le même langage dans deux
4. On trouve encore dans le sixième livre lettres adressées aux évoques de Soissons
plusieurs autres lettres touchant les affaires et de Troyes qui faisaient partie de la croi-
de la croisade. Il y eu a une au cardinal- sade.
légat dans laquelle le pape se réjouit de ce 6. Voici les autres lettres du sixième livre
qu'il avait abordé en de Chypre, et le
l'Ile qui semblent mériter de l'intérêt.
laisse libre de communiquer avec les Véni- Conrad, évêque de "Wurzbourg, avait été
tiens qui étaient toujours excommuniés. La assassiné par des seigneurs de son diocèse
suivante est d'Alexis, empereur de Constan- et ses parents. Les meurtriers, tourmentés
tinople. Ce prince y reconnaît le souverain par leur conscience se rendent en toute
,

pontife comme
chef de toute l'Eglise, et lui hâte à Rome, témoignent un profond re-
assure que cette soumission a principalement pentir de leur crime et s'ottrent à en faire
déterminé les chevaliers à le faire rentrer à pénitence. Un cardinal entend leur confes-
Constantinople. Les principaux chef.s de la sion. Ils sont enfin absous des derniers châ-
croisade écrivirent au pape pour l'informer timents, à condition de consacrer le reste de
de la prise de la ville de Zara; de la restitution leur vie à la pénitence, en souvenir de leur
de l'empire de Constantinople, occupé par les crime. Pour montrer que la grâce a remplacé
meurtriers d'Isaac, à l'empereur Alexis qui la justice, ils sont tenus de rester exposés
promettait respect et soumission à l'Eglise pendant plusieurs jours la corde au cou et
romaine. Ils représentent au souverain pon- le corps nu, couvert seulement autant que

Hohrbacher, His!. l'Eglise catholiqu


[XIII' SIÈCLE. CHAPITRE LXXXllI. — INNOCENT 111, PAPE. 983

l'exige la dans cet état, ils doivent


décence ; chrétiens, promirent de se conformer dans
se rendre à la cathédrale de toutes les villes leurs institutions, dans leur genre de vie et
épiscopales d'.Mllemagne qu'ils Iraverseroiil dans leurs soletiniiés, aux canons de l'Eglise
pour retourner à leur pays, et pendant le romaine, et de ne souU'rir à l'avenir parmi
trajet ils doivent recevoir la discipline ecclé- eux aucun hérétique ou manichéen.
siastique. Cette punition doit être renouvelée 8. Le roi des Bulgares, Calo Jean ou Jo-

àWuizbouig, quand ils pourront s'y trouver hannice, envoya au pape une déclaration
en sécurité, quatre fois par an, savoir aux : par laquelle il le reconnaissait comme suc-
féiesde P'iques, de la Pentecôte, de Noël et cesseur de saint Pierre, à qui appartient le
â cellede saint Paulin '. 11 ne leur est plus droit de lier et de délier. « J'ai déjà voulu
permis de porter des armes que pour leur trois fois depuis six ans, écrit ce prince,
défense et contre les ennemis de la chré- vous faire cette déclaration, mais mes am-
tienté ; les habits somptueux leur sont tota- bassadeurs n'ont jamais pu parvenir jusqu'à
lement interdits. Ils sont obligés en outre de Rome. La mission dont vous avez chargé
se rendre en Palestine, comme pénitents, et l'archiprêtre de lirindes me prouve que vous
d'y servir quatre ans contre les infidèles, de ne m'oubliez pas. Aussi ma résolution est-
purifier leurs Ames par des jeûnes rigoureux elle inébranlable, malgré les efforts de l'em-

et par la prière, et de ne recevoir le corps du pereur et du patriarche de Coustanlinoplc


Seigneur qu'à la mort, ils sont déclarés non- pour me retenir. Mou archevêque apporte
seulement déchus de tout fief ecclésiastique, beaucoup de présents à Rome, et est chargé
mais même incapaiiles d'en posséder à l'a- de vous prier d'envoyer quelques cardinaux
venir. pour me couronner empereur et sacrer un
Le patriarche de Jérusalem étant mort,
7. patriarche pour mon peuple, d L'archevêque
le pape offrit ce siège au cardinal-légat Sol- arriva heureusement à Durazzo, ou des mes-
frède. Parmi les lettres écrites en 1203 à ce sagers du comte Gauthier de Drienne vou-
cardinal, il y en a deux Irès-loucliantes par lurent faire la traversée avec lui. Un Grec
lesquelles il l'exhorte àaccepter cette charge qui accompagnait ces messagers fit obser-
et à supporter patiemment les travaux qu'il ver au gouveineur de cette province que
avait à endurer dans l'expédition de la l'empereur les verrait avec déplaisir se join-
Terre-Sainte. Les letres cent trente-unième, dre à l'archevêque. La traversée fut donc
cent trente - deuxième , cent trente- troi- refusée. Le clergé latin de Durazzo eut de la
sième, cent trente-quatrième regardent l'E- peine à empêcher les Grecs de jeter l'arche-
glisede Tyr, dont l'archevêijue, à peine élu, vêque à l'eau. Ou lui conseilla de ne s'ex-
témoignait de la désobéissance à l'égard du poser à aucun danger, mais de faire connaî-
Saint-Siège. tre ces circonstances au pape par l'intermé-
Innocent avait envoyé en Bosnie l'arche- diaire de quelques aliidés. Innocent, con-
vêque de Spalalro, avec plein pouvoir de pro- vaincu que le roi des Bidgares avait des
céder contre les hérétiques qui refuseraient idées orthodoxes sur l'autorité des succes-
de se conveitir, selon toute la sévérité des seurs de saint Pierre, écrivit à l'archevêque,
lois*. Il lui adjoignit plus tard son chapelain qu'il avait déjà envoyé en Bidgarie son fils
Jean de Ciisamario. Cet ecclésiastique trouva chéri Jean (c'était Jean Casamario). auquel il
dans le défaut d'une haute surveillance spi- avait donné pouvoir de réform-crel de régler
rituelle la principale cause de la propagation les affaires ecclésiastiques, de sacrer les

de l'hérésie. Il n'y avilit, en eilet, qu'un seul évoques et les prêtres, de remettre le pal-
évèché dans le pays; et encore était-il va- lium l'archevêque, et de faire une enquête
à
cant. Il se promit de grands avantages en au sujet de la couronne portée par les pré-
faisantoccuper cet évèché par un prélat lalin diicesseurs du roi. (Cependant, comme le roi
et en créant quatre nouveaux diocèses. Mais de Bulgarie avait invité l'archevêque à se
ce qui contribua le plus à consolider la réu- rendre lui-même à Rome, le pape l'engage
nion de ce pays à l'Eglise romaine, ce fut à laisser derrière lui toute sa suite, et à
que du pays qui jouissaient dii
les religieux preudie des assurances pour y arriver. Il lui

singulier privilège de s'appeler exclusivement donne l'assurance qu'il veilleia à ce que son

' Dans la traduction d..' VHisloire d'itmocenl lit, avons reconnu encore l'autrcs différences, et

M. Jagcr a mis Sainte-Croix. Le texte laliu de la avons suivi le texte.


lettre cinquante-unième porte sancii Pauliani. Nui;>i « Lib. V, F.pist. 119.
984 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
retour s'effectue en sécurité, soit par terre, tation. Quels propos on tiendrait sur vous si
soit par mer, et lui fait entrevoir la possibi- la reine venait à mourir dans le misérable
litéde le faire accompagner immédiatement état oîi elle est réduite! on dirait que vous
par un légat qui remplira toutes les inten- l'avez fait mourir, et, dans ce cas, il n'y au-
tions du roi. Innocent écrivit clans le même rait pas à songer à un autre mariage. Ren-
sens au roi, lui exprimant le désir de lui trez en vous-même, car la main du Seigneur
voir faire préalablement la paix avec Vul- qui vous a béni jusqu'à présent, peut aussi
cain, grand shupan ou clief de la Servie '. vous châtier. »
9. Le comte d'Auxerre avait exilé l'évêque 10. La lettre à Jean aux blanches-mains, ^f'^^l];.

de cette ville, Hugues de Noyers, qui l'avait ancien archevêque de Lyon, retiré à l'ab-
excommunié à cause de ses déprédations et baye de Clairvaux pour s'y préparer à la
de ses excès contre les ecclésiasliques. Do mort, est remarquable et riérite grandement
là des lettres du pape au comte, au roi de d'être lue. Raynaldi l'avait publiée sous l'an
France, à l'archevêque de Sens et au prélat 1203, mais mutilée en grande partie. Elle
exilé, limocenl demande la rentrée de Hu- est i-eproduite d'une manière complète et
gues dans son diocèse il se plaint de ce
; correcte dans les Diplomata de Rréquigny et
que l'archevêque de Seus n'a pas procédé (lu Theil, et de là dans la Patrologie latine.
contre le comte, et il console l'évêque par Innocent y répond à plusieurs questions que
- une excellente lettre. Los lettres au roi de lui avait proposées l'ancien archevêque. La
France, à Jean, abbé de Casamario, à l'ar- première question était celle-ci Pourquoi :

chevêque de RoLirges, à Jean, roi d'Angle- le Psalmiste n'a-t-il donné aucun titre aux
terre, ont pour objet la paix entre les sou- psaumes qu'on de la
récite le troisième jour
, verains français et anglais. Waldemar, évê- semaine, b en que tous les autres aient des
que de Schleswig, avait conjuré contre Ra- titres? Le pape répond que le troisième jour
nut VI, roi de Danemark, et était pour ce étant remarquable à cause du mystèi'e de la
crime retenu en prison. Le pape demanda Trinité, le Psalmiste, malgré les lumières
sa grâce au roi Waldemar H, successeur de extraordinaires qu'il recevait, pourfaire com-
Kauut, en se plaignant de ce qu'on avait prendre combien ce mystère était ineffable, a
soustrait le jugement de ce prélat au Siège préféré le silence plutôt que de balbutier tant
apostolique. Il promet de retenir le prélat so=t peu. « Il y a, continue le Souverain
en Italie de ne lui permettre de rentrer
,
Pontife, trois personnes en Dieu, trois subs-
en Danemark qu'avec l'assentiment du roi, tances en Jésns-Christ et trois espèces dans
et prie le prince de pourvoir à son hon- le sacrement de Dans la première
l'autel.
nête sustentation. Cette demande ne fut trinité il y a trois personnes dans une subs-
2, exaucée que plus tard. La suivante estadres- tance, le Père, le Fils et le Saint-Esprit;
'

sceau roi Philippe; elle a pour but les plain- dans la seconde, y il a trois substances dans
tes de la reine Ingelburge. 11 représente à une seule personne, la divinité, le coips et
Philippe le blâme que sa conduite lui attirait l'âme; car, de même que l'âme raisonnable
de la part des étrangers, de ses sujets et et la chair forment un seul homme, de même
même de ses serviteurs il scandalisait toute
:
Dieu et l'homme sont un seul Christ. Dans
l'Eglise, et on finira par dire que la patience la troisième trinité on trouve trois espèces
du pape n'a fait qu'endurcir son cœur : dans un seul sacrement, le pain, le vin et
« Votre épouse, continue-t-il, est plus mal- l'eau, car le pain n'est point changé au corps
heureuse dans uu château royal qu'elle ne sans le sang, le vin et l'eau ne sont pas
l'était autrefois dans un couvent. Là du moins changés au sang saus le corps, l'un ne pou-
les consolations de la religion, la société des vant pas être sans l'autre. Trois ineffables
religieuses adoucissait ses peines, tandis que trinités, mais la plus ineffable est celle des
les personnes qui l'entouraient aujourd'hui ne trois personnes en une seule substance. »
sont pour elle qu'un objet de scandale et de Innocent apporte ensuite les comparai-
douleur. Si un motif plus noble ne peut vous sons et les similitudes que l'on trouve dans
détermiuer à mieux traiter voire épouse, les anges, dans les hommes et dans le mon-
faites-le du moins pour votie propre répu- de. En parlant de la connaissance du mys-

' Cetlu analyse est extraite, avec quelques modifi- tuctiou de M. l'abljé Jager.
cations, de VHistoire d'Innocent III, par Hurler, Ira-
[xiii' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXllI. - INNOCENT III, PAPE. 985
tère de que les fidèles, avant
la Trinité, il dit le qu'en blasphémant par malice ou
Fils;
la loi, ont eu quelque connaissance de lu par envie on blasphème contre le Saint-
,

Trinité, comme on le voit par l'exemple d'A- Esprit.


braham, qui vil ti'ois personnages et n'en Le péché coiifre le Père et le Fils est dit
adorj qu'un seul. Cette connaissance fut un rémissible, parce que la fragilité ou la sim-
peu plus grande sous la loi, comme l'alleste plicité sont une excuse. Le péché contre le
la vision dans laquelle Isaie entendit les sé- Saint-Esprit est appelé irrémissible, parce
raphins crier alternaliveraent : Saint, saint, que la malice éloigne toute excuse. Comme
saint est le Seigneur Dieu des armées. Elle rien n'écha]ipe à la puissance du Père, com-
a été plus complète dans la révélation faite me rien n'est caché à la sagesse du Fils, il a
par Jésus-Ciirist, mais elle ne sera parfaite fallu adresser dans les collectes des suppli-
que dans le siècle futur, lorsque nous ver- cations au Père et au Fils. Mais, comme se-
rons Dieu face à face. 11 s'élend sur le nom lon l'apôtre, la bonté de l'Esprit saint prie
de Jéhova, où il voit représenté le mystère toujours pour nous avec des gémissements
de la Trinité, ce qu'il rend sensible par une inénarrables, nous faisant demander avec
figure. les mêmes gémissements, il n'a pas été né-
11 admet que les philosophes, sous la con- cessaire, pour distinguer mieux les attribu-
duite de la raison, sont parvenus à la con- tions divines dans les personnes, d'adresser
naissance du Père et du Fils, qu'ils appe- une collecte propre au Saint-Espiit, quoique
laient, dit -il, togaton et noym ou mieu.K ,
dans les hymnes la piière soit souvent diri-
T'àfaOov xai vo'jv mais il ne veut pas qu'ils gée au Saint-Esprit comme au Père et au
soient paivenus à connaître le Saint-Esprit, Fils, Ihymne étant non une supplication ,

qui est nommé le doigt de Dieu. D'après le mais un chant de jubilation, tandis que la
savant pontife, quiconque parvient, sans le collecte est surtout destinée à la prière.
secours de la prédication ou de la lecture, La seconde raison qu'apporte Innocent est
à connaître la Trinité, a reçu une inspira- celle-ci Anciennement, dans l'Eglise pri-
:

tion divine qui lui révèle cemystère; mais il mitive, toutes les collectes s'adressaient au
ne doit point attribuer cette connaissance à Père seul, à cause de l'autorité de principe
la raison humaine. que Jésus-Chiist, dans l'Evangile, attribue
L'archevêque avait encore demandé au tout entière, au Père dont le Fils lire son

pape pourquoi, dans la liturgie, aucune origine et dont le Saiul-Esprit procède. Le


oraison ne s'adressait individuellement à la Père seul est innascible et non engendré,
personne du Saint-Esprit, comme cela avait car lui seul n'est de personne, et tout est de
lieu pour le Père et le Fils. Innocent III lui, soit par la génération,comme le Fils,
donne deux raisons de cet usage. La pre- soit par la procession, comme le Saint-Es-
mière, c'est que le péché contre le Saint- prit, soitpar la création, comme le momie.
Esprit est le péché qui mène h la mort, dont C'est ce qu'on observe, dit le pape, jusqu'à
•' ^^* *^'' '^'^"^ ^^'"' J^^" « Il y a un péché ce jour dans les préfaces qui ne se rappor-
Xl-'^fli. •

qui va à la mort, et ce n'est pas pour ce tent qu'au Père. Mais quelques hérétiques,
péclié-là que je
de prier, car le péché
dis continue-t-il, ayant commencé à enseigner
contre le Saint-Esprit n'est remis ni dans ce que le Christ n'est pas vrai Dieu, mais un
siècle ni dans le futur, selon le témoignage pur homme, et assignaient, entre autres cau-
de la vérité. » —
« On attribue, dit le pape, ses de leurs erreurs, que les collectes ne s'a-
la puissance au Père comme au principe, au dressaient pas au Fils comme au Père, et en
Fils la sagesse, comme au Verbe, au Saint- concluaient que le Fils n'était pas Dieu com-
Esprit la bonté comme au don ou encore ;
me; le Père; l'Eglise, pour réfuter cette er-
la puissance est attribuée au Père, pour quil reur perverse, ordonna de diriger les collec-
ne paraisse pas comme un vieillaid impuis- tes au Fils de même qu'au Père, afin d'expri-
sant; au Fils la sagesse, pour qu'il ne pa- mer plus formellement la divinité du Fils.
raisse pas uu enfant sans sagesse, au Saint- Elle a donc ajouté cette forme de conclusion:
Esprit la bonté, pour éloigner de lui l'idée Qui cittn Paire et Spiri(u sancto vivis et régnas
d'enllure et de malice. De là il suit qu'en Deus per nmnia sa'cula sœculorum. Elle l'a
péchant par fragilité ou par impuissance, ou étendue aux autres collectes, pour démon-
pèche contre le Père qu'en péchant par ;
trer par làque le Père et le Fils avaient
simplicité ou par ignorance, on pèche contre une même divinité. Mais d'autres hérétiques
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ayiinl nié la divinité du Saint-Esprit et ayant seurs seraient toujours des fils dévoués au
erré sur cette troisième personne, l'Eglise Siège apostolique. Le primat, les archevê-
institua dans les hymnes et les litanies des ques, les évêquesetles prêtres du royaume,
oraisons propres au Saint-Esprit comme , recevaient dans ce même acte l'ordre de se
elle avait faitpour le Père et le Fils, tout diriger d'après les lois du Siège de Rome,
en conservant la forme ancienne et habi- auquel il promettait également de soumettre
tuelle usitée dans les collectes. On trouve, tous les pays chrétiens qu'il pourrait con-
il est vrai, quelques prières adressées au quérir.
Saint-Esprit mais elles ne
,
passent point L'évêque de Branizowa, et le chapelain
pour authentiques, et l'Kglise n'en fait usage Jean qui l'accompagnait apportèrent en
,

ni dans les offices de la nuit, ni dans les of- 1204 à Rome la déclaration du roi et les de-
flces du jour. mandes de l'archevêque. Ils avaient aussi

§ VU. une lettre où le roi remerciait le pape de la


bienveillance qu'il lui avait accordée, solli-
Livre VII des lettres d'Innocent III.
pour l'Eglise de Ternovo, vu son éloi-
citait

l. Le comprend deux cent trente-


livre VII gnement et les nombreuses guerres qui
une lettres, écrites du mois de mars 1204 avaient lieu, non-seulement le droit d'élire
au mois de mars 1205. Voici les plus impor- un patriarche, mais encore de le sacrer; en-
tantes : fin il réclamait l'envoi d'un cardinal muni
Les quatoize premières regardent les af- d'une couronne, d'un sceptre, d'une bulle
faires de la Bulgarie. Nous empruntons apostolique, avec le pouvoii' de procéder au
l'analyse suivante en grande partie à l'IIis- couronnement. Le roi laissait entièrement à
taire d'Innocent lll, par Hurter nous y joi- : la décision du pape son différend avec le
gnons l'indication des sources et quelques roi de Hongrie, et émettait le vœu que ce
additions : différend ne coûtât plus désormais la vie à
Basile, archevêque de Ternovo, avait voulu aucun chrétien.
se rendre à Rome, mais il en avait été em- Des présents d'un grand prix servaient à
pêclié comme nous l'avons vu dans le li- confirmer ces promesses. Le pape témoigna
vre VI. Il séjournait encore dans un village une grande satisfaction de ce nouvel accrois-
près de Durazzo lorsqu'il fut subitement
, sement de l'Eglise et résolut, après mûr
,

rappelé par le roi de Bulgarie. Le jour de la examen, de proclamer Johannice roi des Va-
Nativité de la bienheureuse Vierge, après laques et des Bulgares, et de le faire sacrer
avoir prêté serment de fidélité au Saint- par le cardinal Léon, du titre de Sainte-
Siège, il reçut des mains du légat Jean le Croix, qui devait lui remettre la couronne et
pallium, la mitre et l'anneau pastoral. C'est le sceptre.

ce qu'il nous apprend lui-même dans une Le pape remit à ce légat le pallium pour
lettre au pontife romain. Dans celte même le nouveau primat, et exhorta celui-ci à se
lettre il demande au pape le saint chrême, conformer avec empressement à tout ce que
ne voulant plus se servir de celui des Grecs; le légat jugerait convenable de réformer et

des instructions sur la manière de conférer d'ordonner « Car, comme vous vous êtes
:

le baptême, des préceptes pour diriger son soumis, lui écrit-il, à l'évêque et piisteur de
troupeau, et le pallium pour les deux ar- vos âmes, il convient que vous vous confor-
chevêques créés par le légat de concert miez à la doctrine de celui auquel le Sei-
avec le roi '. Ces archevêques, avec leurs gneur a confié la direction de l'Eglise, et
suti'ragants, protestaient de leur soumission qui est solidement établi sur le rocher où il
au Saint-Siège et demandaient le pallium. a bâti son Eglise. » Voici en partie la for-
Le légat avait aussi conféré la dignité de mule du serment qu'il lui imposa : « Je jure
primat aux archevêques de Zagora et de d'être fidèle et obéissant à saint Pierre, à
Ternovo *. Le roi déclara ensuite, par un l'Eglise romaine, à monseigneur Innocent et
acte revêtu d'un sceau d'or, que, résolu de à tous ses successeurs catholiques, de ne
suivre la trace de ses aïeux, il plaçait son rien entreprendre contre leur vie ou contre
royaume dans la communauté de l'Eglise leur liberté; de ne donner à personne des
romaine, promettant que lui et ses succes- conseils à leur préjudice; de défendre l'hon-
neur, la dignité et les droits du Siège ponti-
' Gtsla, cap. Lxxii. — ' Ibid. fical; de me rendre aux conciles lorsque j'y
[XIII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIIL — INNOCENT 111, PAPE. 987

serai convoqué; de me rendre tous les qua- et les privilèges accordés aux évêques de
tre ans en personne ou par uu envoyé aux son pays; elle l'engageait non-seulement à
tombeaux des saints apôtres; d'exiger do le recevoir avec respect, mais à veiller en-
tous les évèques que je serai appelé ù sa- core à ce qu'on obcil à ses ordres dans tout
crer, le serment touchant l'honneur et l'o- son royaume. Innocent attacha le privilège Epit» s.
i!i.M7.
j-
1 w 1 •
J .
col.
béissance dus au Ponlile romain, et de faire de couronner le de primat,
roi a la dignité
jurer aux rois que je sacrerai le dévouement qui avait été conférée à l'archevêque de
de leurs personnes et de leurs sujets au Saint- Ternovo, et il ordonna au clergé
" de recon- kpki j,
col. 280-283.
Siège. » naitre le primat pour chef, attendu que la

Epi,,. ,_ Le légat apportait aussi pour les deux au- dignité de primai et celle de patriarche élait
Mi. S9S.
j|,ggarchevcquos le paliium, insigne de leur la même. Le succes.=;eur du primat devait être
dignité et symbole de la pureté de l'ûme. 11 élu selon les formes canoniques, et sacré
Epiii. 9 ei était chargé de leur dire dans quels jours par le métropolitain et les sull'raganls de
de fêtes il leur était permis de le porter, at- son église. 11 était tenu de prêter serment au
tendu que le pape avait seul droit de s'en Saint-Siège et de recevoir, ainsi que les mé-

revêtir chaque fois qu'il allait à la messe. Le tropolitans, le paliium des mains du légat
cardinal Léon quitta Auagni où résidait le ou du nonce apostolique. En général, il leur
pape dans les derniers jours de février. Il fut enjoint d'observer les rits de l'Eglise ro-

est probable que l'évéque deBranizowa était maine, ou plutôt les préceptes de Dieu.
destiné à être son compagnon de route. Ce 3. Innocent annonçait ensuite au clergé et Ep»i. u.

dernier ainsi que les autres prêtres du


,
aux peuples de la Hongrie et de la Servie, jss."

pays, n'ayant pas reçu, à l'époque de sa dont le cardinal traversa le pays, l'heureuse
consécration, l'onction selon le rit romain, réunion des Valaques et des Bulgares avec
Innocent la lui fit donner en sa présence par l'Eglise.Il charge le légat de juger ou d'exa-

un cardinal, assisté de deux évêques, et or- miner tout ce qui lui sera soumis dans les
donna qu'à l'avenir aucun ecclésiastique ne pays qu'il devait traverser, et de rétablir
serait élevé au sacerdoce ou à l'épiscopat partout la paix el la concorde.
sans avoir été oint selon ce rit. Quatre autres lettres nous font connaître
Epiit. 3, 2. Dans une longue lettre adressée à l'ar- la suitede celle légation. Le légat reçut en Eni-i. ue.

chevêque de Ternovo, et dans laquelle il Hongrie un accueil brillant, comme on le


cite une foule d'exemples tirés du Nouveau voit par la lettre du pape au roi de Hongrie

et de l'Ancien Testament, il développe les Eméric; mais ce prince ne voulut pas lui
gp.j, ,
motifs de cette mesure. Le cardinal Lénn laisser passer les fronlières, prélexlaut la
"'•
remit ensuite au roi une bulle dans laquelle guerre qu'il soutenait contre les Bulgares.
le pape expliquait par des citations de l'E- Si Eméric se plaignait d'un côté que Johan-
criture sainte et par des paroles du Sauveur, nice avait envahi son pays, ce dernier accu-
les privilèges de saint Pierre et de ses suc- sait à son tour son adversaire de lui avoir
cesseurs. Eu vertu de ces privilèges, le pape enlevé cinq évèchès.de s'être même emparé
lui envoyait la couronne et le sceptre, et des biens des églises c'est pour ces motifs
:

donnait au cardinal le pouvoir de le sacrer qu'il occupait le pays ennemi. Le roi de epiu. isi,
«''"'•'"•
après avoir reçu son serment d'être soumis Hongrie envoya un chevalier à Rome, avec
Ecin. 13, à l'Eglise romaine. Le pape accordait de i)lus une lettre par laquelle il s'excusait de sa
col. »5 !36. 1 • u ,.
1
au roi le droit débattre conduite envers le légal. Le pape lui répon-
I

monnaie a son nom,


et lui faisaitprésent d'un étendard sur le- dit par une longue lettre. Il lui disait entre
quel on voyait la croix et les clés de saint autres choses : « Que diriez-vous si nous
Pierre la croix servait à rappeler que c'é-
: mettions obstacle au coiirunnement de votre
tait à Dieu et uon à lui-même que le roi de- propre fils? Nous éprouvons les sentiments
vait attribuer ses victoires; les clés étaient qui vous agiteraient dans une semblable oc-
le symbole de la prudence et de la force. casion, lorsque vous empêchez le couronne-
Enfin la croix et les clés étaient les signes ment de notre fils spirituel qui retourne dans
du salut par les soullrances de Notre-Sei- lamaison de son père. » Le roi, etl'rayé el
gneur el par son Eglise. craignant que le pape n'élevât des ditUcultés
Epi.i «. Uue lettre particulière du papo faisait coii- au sujet du couronnement du jeune Ladis-
<oi. j92-2<.4.
„j,n,.ç jjy ,.QJ j.| missiou du légat, les pleins las,permit au légal de continuer son voyage.
pouvoirs dont il était revêtu, les honneurs Innocent ne tarda pas à lui en témoigner
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Hpisi 13-, sa gratitude, etil écrivit au roi qu'il n'avait plir les obligations que nous impose notre
jamais douté qu'il recevrait aussi bien le lé- juridiction, pourquoi chercherions- nous à
gat lors de son retour, qu'il l'avait reçu lors usurper la juridiction des autres? Nous ne
de son arrivée. nous immisçons pas non plus dans les af-
4. Le légat arriva le 15 octobre à Ternovo, faires des fiefs; mais les devoirs de notre
capitale fortifiée de la Bulgarie, et le 7 no- charge nous commandent de parler des af-
vembre sacra le primat, qui orJonna à
il faires des deux rois, puisqu'elles concernent
son tour les métropolitains et les évêques. le bien-être de la chrétienté. Ici nous n'avons

Après quoi ceux-ci reçurent le pallium des point en vue les rois, mais les chrétiens, et
mains du Le lendemain, le cardinal
légat. les rois ne sont point exceptés de la loi com-

couronna aux acclamations du peuple,


le roi mune. Nous sommes donc obligés de répri-
et repartit emmenant avec lui deux
le 15, mer et même de punir chaque chrétien qui
enfants que Johanuice lui avait confiés pour commet un péché mortel, et la violation
les faire instruire à Rome daus la langue d'un traité en est un sans doute. Les évê-
latine, afin qu'ils fussent en état de traduire ques doivent donc appuyer l'abbé de Casa-
Ep'si. 231, les lettres envoyées en Bulgarie. Une lettre mario et l'archevêque de Bourges, qui ont
du primai à Innocent nous fournit tous ces mission d'amener les deux souverains à con-
Episi. îM, détails. Dans lu lettre que le roi donna au clure la paix, ou tout au moins une suspen-
légat pour le souverain pontife, il témoigna sion d'armes, et d'examiner en dernier ressort
la joie qu'il ressentait d'être au comble de si les plaintes du roi d'.4ngleterre sont fon-
ses voeux.En terminant, il s'exprime ainsi : dées. »Par la lettre suivaute, le pape con- Epw. a.

« Le légat vous donnera des explications fiait la connaissance du litige entre les rois

touchant ma position à l'égard du roi de de France et d'Angleterre à l'abbé de Casa-


Hongrie, d'où Votre Sainteté pourra voir de mario, qui devait agir de concert avec l'ar-
quel côté sont les torts. Si ce monarque vient chevêque de Bourges.
à m'attaquer. Dieu me donnera la victoire, 6. Les mauvaises mœurs des prélats et la

mais que dans ce cas Votre Sainteté ne con- diffusion de l'hérésie continuaient à exciter
çoive aucun soupçon contre moi. Recom- le zèle d'Innocent III. Il écrivit à ses légats f-Pl'i 3"-

mandez aux Latins qui ont conquis Constan- en France de faire une enquête sur les vices
tinople de ne point troubler mes Ktats, car dont on accusait Bérenger, archevêque de
je me réserve aussi d'agir librement, dans Niubonne. A peine le voyait-on deux fois
le cas où un semblable événement aurait par semaine à l'église. 11 conservait pour lui
lieu. Je vous envoie quelques présents com- les bénéfices vacants , se faisait payer les

me marque de souvenir, et je penserai à consécrcitions d'évêques, laissait s'éteindre


vous toutes les fois que je vous enverrai des lescharges de chanoine dans l'Eglise de Nar-
députés. » bonne, et cumulait les bénéfices de cinq
Nous avons tenu à résumer ces différentes paroisses et d'autres emplois ecclésiastiques.
lettres sur les aûaires de la Bulgarie. Outre Il conférait les ordres avec légèreté, sans
l'intérêt qu'elles présentent par elles-mê- s'informer de la conduite des postulants.
mes, on aime, au moment où commence Aussi vit-on des chanoines et des religieux
l'heureux retour des Bulgares à la foi catho- rompre tous les liens, jeter le froc sans
lique, à connaître tout ce que le Saint-Siège crainte, prendrepour concubines des femmes
a fait pour ce peuple, ei quels ont été les souvent enlevées à leurs maris, exercer l'u-
sentiments de cette natiou pour l'Eglise ro- sure, s'adonner au jeu, à la chasse, se faire
maine. avocats, jongleurs ou médecins. Les laies
0. Le pape s'était porté médiateur entre ne manquèrent pas de suivre un tel exem-
le roi de France Philippe-Auguste et Jean- ple; c'est pourquoi on vit disparaître de ce
sans-Terre, qui se faisaientune guerre achar- pays toute discipline, tout ordre et toute
F.pi-1. 43 née. Philippe-Auguste s'était plaint de ce moralité. Ces excès affligèrent le cœur d'In- Episi. ts,

c<.i.,^35-32b:
qyg ]g Souverain Pontife cherchait à empié- nocent; il voyait l'Eglise et le salut des
ter sur ses droits. Innocent écrivit aux ar- âmes en danger ; il voyait remplacer par la
chevêques et évêques de France au sujet des licence, l'austéri'.é desmœurs qu'il recom-
observations du roi. « Nous n'avons jamais mandait toujours d'une manière si pressante
songé à resserrer la juridiction et le pouvoir aux prélats et aux clercs. Il déclara donc
du monarque. Nous suffisons à peine à rem- qu'il lui retirait l'abbaye du Mont- Aragon.
[xiiFsiÈcLE.] CHAPITRE LXXXIII. - LN.NOCENT III, PAPE. 989
gardée par cupidité, au grand détiimenl du 7. Le zèle du pape se déployait aussi con-
diocèse, et malgré l'ordre qu'il avait reçu de tre les juifs de France. Voici les reproches
s'en démettre. Si, dans le délai d'un mois, qu'il leur adresse « Ils exercent des usures
:

Jes religieux n'y avaient pas nommé uu au- excessives contre les chiétiens; contraire-
tre abbé, l'évèque de ïairagone leur en don- ment à la défense du concile de Latran, ils

;„. 19, nerail un. Innocent écrivait à Pbilippe-Au- ont des chrétiens à leur service; ils ont
'^'-^"-
guste d'assister ses légats dans la mission construit une synagogue, y célèbrent leurs
qu'il leur avait confiée contre les hérétiques : offices avec grand bruit, ce qu'ils n'avaient
« Le temps est vcrm, dit-il, où les deux pou- pas le droit de faire même avant leur expul-
voirs, le spii'ituel et le temporel, doivent se sion du royaume, empêchent par leurs
et ils
réunir pour la défense de 1 Eglise et se prê- cris la dans
céléliration des divins olfices
ter un secours mutuel, afin que le bras sé- une église voisine de leur synagogue. On les
culier réprime ceux qui ne se laissent pas accuse encore de blasphémer le nom du
ramener par la discipline ecclésiastique. V^o- Sauveur, d'insulter publiquement les chré-
tre devoir vous commande de vous lever, tiens, en cherchant à faire ooire que les
d'employer la puissance qui vous a été con- Juifs, au lieu du Sauveur qui a racheté le
fiée par le ciel, et s'ilvous est impossible de monde, avaient crucifié un homme grossier et
marcher en personne contre les malfaiteurs, rustique. Le vendredi ils courent parles rues
de charger votre fils ou tout autre person- et les places, et se moquent publiquement des

nage puissant de ce soin vous devez aussi: chrétiens qui accourent adorer Jésus-Christ
forcer les grands à confisquer les biens des attaché à la croix. Les portes des juifs sont
hérétiques, et, s'ils s'y refusent , vous em- ouvertes aux voleurs jusqu'au milieu de la
parer de leurs possessions au profit du tré- nuit, et il est impossible d'obtenir ce qu'on
sor. » 11 promet au roi et à tous ceux qui a enlevé. » Le pape conjure le roi de réprimer
lassisteront les mêmes grâces qui sont ac- ces abus. Plusieurs se récrieront devant ce
cordées à ceux qui se rendent en Palestine zèle, et pourtant, de bonne foi, de pareils
Epi.i '6 P*^"'"
combattre les infidèles. Les légats re- excès ne méritaient-ils pas une répression ?
«I 35(i-3eo.
que Sou-
curent de nouveaux pouvoirs qui les autori- Qu'on n'oublie pas, d'ailleurs, les
saient à prendre toutes les mesures qu'ils verains Pontifes, et Innocent lui-même, ont
jugeraient nécessaires à l'extirpation de l'hé- pris dans d'autres circonstances la défense
résie. Dans le cas où des dillicultés impré- des juifs contre les peisécutions des souve-
vues se présenteraient ils avaient l'ordre
, lains et des peuples. Voici, au reste, les ré-
d'attendre la décision du Saint-Siège. «Nous flexions de l'historien d'Innocent 111 relati-
voulons que votre modération fasse taire vement à la conduite des Souverains Pon-
l'insolence des ignorants, leur disait le pape, tifes à l'égard des juifs « La situation so-
:

et que vous évitiez avec soin, dans vos pa- ciale des juifs, dans un Etat chrétien, repose
roles et vos actions, tout ce qui pourrait tout simplement sur cette règle Empêcher :

donner prise à des reproches de la part des toute atteinte aux droits naturels des juifs,
E^,„ ;, hérétiques. » Une lettre conçue dans le comme tout préjudice porté par eux aux
toi. 360.
niême sens fut adressée aux archevêques chrétiens ;
punir l'un et l'autre avec la même
d'Aix, d'Arles, de Xarboune, et à leurs sul- ligueur. Cette règle faisait la base de toutes
fragants. les mesures prises par les papes, relative-
Au commencement de l'année 120j, In- ment aux rapports des juifs avec les chré-
nocent engagea Pierie de Castelnau, son lé- tiens.En général, il régnait dans les ordon-
gat, il la persévérance, malgré les dilficultés nances pontificales un esprit de douceur qui
de la position et le peu de fruit qu'il recueil- avait sa racine dans la juste appréciation de
Kpi.i ïio.
l*!'' La vie active, lui écrit-il, est utile
" l'importance de ce peuple par rapport aux
"''""' pour vous et pour les autres, et la vertu se chrétiens. Les Souverains Pontifes lestèrent
fortifie au milieu des peines et des soull'ran- étrangers aux persécutions dont les juifs
^^^- " '^ somma de nouveau le roi d'aider furent l'objet dans ces siècles, et sous les-
E,,ii iij
coi.Bj^-vM. avec le glaive temporel les légats, dont les souvent. Les juifs
quelles ils gémissaient si

avertissements salutaires étaient méprisés vivaient en toute sécurité à Rome; aucune


par les hérétiques, et de se montrer ainsi en oppression ne pesait sur eux beaucoup d'en- ;

prince catholique. tie eux se distinguaient par une vie honora-


990 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ble, et plusieursmême occupèrent des em- ville; la réponse du pape, la lettre d'Inno-
Mnnocentll les traita avec bienveillance,
plois cent aux évoques, abbés et autres clercs de
Alexandre III calma le peuple exaspéré con- l'armée des croisés.
tre eux. et Grégoire IX les défendit contre Par une autre lettre, Baudouin infoime
les mauvais traitements des croisés. Saint le pape du traité conclu entre lui et les Vé-
Bernard et les prélats les pli;s distingués de nitiens, et en demande la confirmation. Par
pasteurs et les docteurs parta-
l'Eglise, les une autre encore, le doge de Venise demande
gèrent ces sentiments -. » Plus haut ' le , l'absolution pour lui et les Vénitiens.
même historien rapporte une ordonnance Dans une nouvelle lettre au clergé de l'ar-
concernant les juifs, empreinte de la plus mée des croisés, le pape déclare nulle l'élec-
douce humanité, et qui fait voir la conviction tion qu'ils ont faite d'un patriarche, et nomme
d'Innocent sur les véritables rapports des lui-même ce patriarche; une lettre à l'empe-
juifs etdes chrétiens. C'est la lettre 302 du reur confirme cette élection. Elle est suivie
livre II. du traité passé entre le comte de Flandres et
8. La lettre trente-troisième ' nous montre autres chefs, le marquis de Montferrat et les
les révoltesdes Romains contre l'autoi-ité Vénitiens.
temporelle du pape, et nous apprend en Dans les autres lettres. Innocent répond
même temps comment Innocent Iriomph.a de au doge de Venise et confirme, sur sa de-
,

ces révoltes. Le courage et la persévérance mande, les contrats passés entre les Fran-
garantirent l'Eglise de la violence, et mirent çais et les Vénitiens, et lui donne l'absolution,
fin à une honteuse oppression, dit Hurter *. ainsi qu'aux Vénitiens. 11 annule le traité qui

c(Ces hautes qualités, dit cet historien, ne donne droit aux Vénitiens et aux Grecs de
l'abandonnèrent jamais, et dans le succès il disposer à leur gré des églises et des béné-
montra de la modération, marques distinc- fices; il prie l'évêque de Verceil d'accepter
tives de la vraie souveraineté. Chacun re- la dignitéde patriarche de Jérusalem il blâme ;

connut enfin que l'injustice et la résistance le cardinal du titre de Saint-Marcel , son lé-
étaient sans force contre ce mais
pontife, gat, d'avoir quitté la Terre-Sainte avec le
que, par l'obéissance et le respect, on pou- cardinal de Sainte-Praxède pour aller à Jé-
,

vait tout obtenir de lui. » rusalem; il lui ordonne néanmoins de tout


Innocent atïermit également la domina- régler et de porter ses soins sur les afl'aires
tion du Saint-Siège à l'extérieur. Il déploj'ait, de Jérusalem, jusqu'à l'arrivée d'un autre
pour défendre les droits de ses sujets dans légat.
les royaumes éloignés, autant d'énergie qu'il 10. Nous donnerons ici les appréciations
en mettait à soutenir les siens propres. C'est d'Hurter sur la conduite du pape relative-
ainsi qu'il soutint avec fermeté les droits du ment à la conquête de Constantinople. On y
Saint-Siège sur l'ile de Sardaigne. D'autres trouvera quelques citations de lettres du VIII»
lettres nous font connaître les rapports du livre.
pape avec la Sicile ^ la Calabre ", l'Allema- « Innocent ne répondit que d'une manière
gne ", avec le roi de Bohême ^ générale à la lettre dans laquelle Baudouin
9. Un grand nombre d'épîtres contiennent lui faisaitun rapport circonstancié des évé-
des privilèges ou des décisions sur des ma- nements de Constantinople. « Nous nous ré-
riages, sur des irrégularités ou sur d'autres jouissons du succès de vos armes, disait-il;
matières. Les lettres cent cinquante-deux, nous prenons votre empire sous la protection
cent cinquante-trois, cent cinquante-quatre, de saint Pierre, et nous ordonnons à l'armée
deux cent une, deux cent huit, deux cent des croisés de vous assister de leurs épées et
vingt-deux, deux cent vingt-trois, sont rela- de leurs conseils. Nous ferons notre possible
tives à la croisade. On y trouve la lettre par pour vous procurer les secours que vous de-
laquelle Baudouin, empereur de Constanti- mandez. Nous vous rappelons combien nous
nople, apprend au pape la prise de cette désirons que vous soumettiez l'empire grec

' Sous Alexandre III, Benj. Tudel. Ilin., pag. 19, * Histoire d'Innocent III, tom. I, pag. 676, traduc-
Lips. 1764. tion de Jager.
Histoire d'Innocent lll, par Hurler, traduite
»
par s Epist. 129. — « Epist. 36. — ' Epist. 44, 114. -
l'abbé Jager, livre III, pag. 346-347. 8 Epist. 49, 52, 54.
» Ibid., pag. 844-345.
,

[XI11« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, PAPE. 991


au Sainl-Siége, afin d'assurer par là votre réunion de tous les clirétiens sous un même
domination. Nous vous rcconimaudoiis aus?i pasteur. Ce grand but des efforls de tous les
de conscivcr avec soin les biens ecclésiasti- papes avait été alteiul cependant la manière
;

ques, afin que ce qui est h l'empereur reste dont s'était etl'ecluée cette soumission ne
à l'empereur, et que ce qui est à Dieu reste pouvait obtenir l'assentiment d Innocent. Lui
à Dieu '. Innocent s'explique d'une manière
1) qui, dans toute occasion, recommandait si
plus étendue en s'adressant aux évèques formellement de ne pas dévier du chemin de
aux prélats et aux ecclésiastiques de l'armée, la justice, ne pouvait tolérer qu'on eût violé

sur la satisfaction qu'il éprouve de voir les ses ordres en attaquant un pays chrétien, en
desseins de Dieu dans la soumission de l'em- se livrant â des cruautés lors de la prise de
pire grec à un prince calliolique, et sur l'es- Consîantinople. Si les Grecs ne reconnais-
poir qu'il a de la réunion des deux Eglises. saient pas le Saint-Siège et s'ils avaient re-
,

« C'est maintenaut, leur écrit-il, que Samarie fusé plusieurs fois de venir au secours de la
se tournera vers Jérusalem, et que chacun Terre-Sainle; si l'aîné des Alexis occupait un
chercliera le Seigneur à Sion, et non à Dan trône usurpé, et si les Latins avaient été
ou à Bétliel. 11 vous importe donc de faire en maintes circonslanccs froissés par les ha-
tous vos efforts pour qu'il n'y ait plus qu'un bitants de Constantinople, lunocent n'en sou-
pasteur et qu'un troupeau, et d'insisler, tant tenait pas moins que les croisés n'avaient pas
auprès de l'empereur qu'auprès de l'armée, pris la croix pour les punir de ces fautes. De
pour qu'on allérraisse la soumission de la plus, le traité conclu antéiieurement à la
Grèce à l'autorité spirituelle du Siège apos- conquête enire les Français et les Vénitiens
tolique -. » contenait plusieurs articles relatifs à l'Eglise
Dans toutes les lettres où Innocent parle
I) etau clergé, articles qui empiétaient sur les
de celte conquête et de ses conséquences, droitsdu Sainl-Siége. Aussi le pape eut-il à
ajoute Hurler, nous ne trouvons pas cette ce sujet de nombreuses conférences non-
expression de juie qui dénote l'accomplisse- seulement avec les cardinaux, mais encore
ment d'un vœu nourri depuis longtemps. avec des archevêques, des évéques et d'au-
Elles sont empreintes de cette quiétude qui tres personnes éclairées que leurs affaires ,

reconnaît eu tout le doigt de l'Eternel diri- , atliraient de toutes les parties du monde à la
geant les événements vers un but salutaire. capitale de la chrétienté ^.

La gloire du Seigneur, la dignité de l'Eglise, 1) A de ces conférences, il écrivit


la suite

le salut des âmes sont les seuls soins qui aux croisés, au sujet de la conquête «Vous :

l'occupent. S'il reconnaît dans la conquête vous êtes écartés avec légèreté de votre vœu,
un châtiment pour la séparation de l'Eglise puisque, ayant jun'', dans votre obéissance
grecque d'avec le troupeau de saint Pierre, envers le Crucifié, de délivrer la Terre-Sainte
il y voit aussi le moyen de rappeler celte des mains des infidèles «, vous avez attaqué,
Eglise, autrefois si féconde eu doctrines pures malgré les menaces d'excommunication, un
et ensuite obscurcie par l'erreur, au sein ma- pays chrétien, bien qu"il vous fût défendu
ternel, et de la ramener, avec la grâce de d'agir ainsi tant que les habitants ne s'oppo-
Dieu, aux principes fondamentaux de la pa- seraient pas à votre passage ou ne vous re-
role divine '. Le ton de ses lettres et leur fuseraient pas le nécessaire. Et dans ce cas ,

contenu jusliheni pleinement Innocent d'a- même, vous ne deviez rien entreprendre sans
voir voulu proliler de la conquête de Cons- l'avis du légat. Vous vous êtes servi du glaive
tantinople pour augmenter la puissance tem- non contre les Sarrasins, mais contre des
porelle du Saint-Siège. Le lecteur impartial chréiiens. Vous n'avez point conquis Jérusa-
pouria, en les parcourant, pénétrer au fond lem, mais bien Constantinople, et vous avez
de son cœur et reconnaître sous quel point préféré les richesses de la terre aux trésors
de vue il envisageait ces événements '. du Mais ce qui vous rend plus coupables
ciel.

» La conquête de Conslanliiiople, conlinue encore, c'est que vous n'avez ménagé ni âge
le même historien, avait amené la soumis- ni sexe; c'est que vous vous êtes livrés pu-
sion de l'Eglise grecque au Saint-S.ége et la bliquement à la prostitution et à l'adultère.

> Inuoc, lib. VU, Episl. 153. > Gesia, cap. xcill.
« Lib. VU, Ei>ist. 154. •innoc, lib. VIII, Episl. 126, 133; Gesla, cap.
' Innoc, lib. XVI, Epitl. lOS. xcm et ïciv.
^ Hurler, lib. IX, tum. Il, pag. 17 et luiv.
,

992 HISTOIBE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


Vous avez abandonné à la lubricité des liber- avertissements de ses prédécesseurs, qui leur
tins non-seulement les femmes et les veuves, avaient recommandé de rentrer dans l'unité
mais encore les vierges vouées au culte du de l'Eglise et de secourir la Terre-Sainte ce :

Seigneur. Ce n'était pas assez pour vous de que la proximité des lieux leur eût rendu si
puiser dans le trésor impérial et de vous em- facile.

parer des richesses des grands et des petits; La conquête de Constaniinople n'avait de
»

vous avez encore porté une main sacrilège prix aux yeux d'Innocent qu'autant qu'elle
sur les richesses de l'Eglise et sur ses do- lui un moyen de soumettre la
fournissait
maines. Vous avez enlevé les tables d'argent Terre-Sainte. Il est donc au-dessus de toutes
des autels, enfoncé les sacristies, volé les ces calomnies produites, dans les temps mo-
croix, les images et les reliques. Ainsi, mal- dernes, par des écrivains qui n'ont pas su
gré les poursuites exercées contre l'Eglise apprécier d'une manière exacte l'enchaîne-
grecque, celle-ci refuse l'obéissance au Saint- ment des événements ni les tendances des
Siège, parce qu'elle ne voit chez les Latins hommes qui les ont dirigés. Si ce pontife eût
que trahisons et œuvres de ténèbres, et qu'elle été animé par l'ambition, comme plusieurs
les fuit comme des chiens '. n écrivains le lui reprochent, la soumission de
» Iimocent revient ensuite sur la permission la Grèce eût dû le satisfaire plus que celle de
accordée par le légat, sur la détresse et la Jérusalem et de toute la Palestine. Et cepen-
trahison des Grecs. Il parle des voies impé- dant la Terre-Sainte reste le point lumineux
nétrables de la Providence, qui a peut-être vers lequel convergent ses efforts ainsi que
voulu châtier ce peuple parce qu'il s'était ceux de la chrétienté. Il rappelle ce but dans
séparé de l'Eglise et qu'il n'avait pas secouru toutes ses lettres, et, pour l'atteindre, il

la Terre-Sainte. Il termine en disant que le exhorte le clergé et le peuple à seconder le


Saint-Siège est d'avis que les croisés gardent nouvel empereur S'il engage les croisés à
^.

et défendent le pays tombé entre leurs mains la persévérance, c'est pour attirei' leurs re-
par le jugement de Dieu mais il leur recom- ; gards sur Jérusalem cette ville de Dieu sur
,

mande de gouverner les peuples avec justice, la terre; s'il ne les dégage pas de leur vœu

de les former à la religion, de maintenir la c'est qu'ils ne l'avaient pas encore accompli;

paix, de restituer les biens de l'Eglise, de s'il les traite avec douceur, bien qu'ils eus-
donner satisfaction pour ce qui s'est passé, sent dévié de la vraie route, c'est parce qu'il
et surtout d'accomplir leur premier vœu. Il espérait obtenir par là le moyen d'arriver
insiste d'autant plus sur cette dernière obli- pluspromptement sûrement à ce but.
et plus
gation, que la conquête de Constaniinople » C'est pourquoi il désapprouve le départ

lacilite la conquête de la Terre-Sainte. précipité de ses légats, de Palestine pour


Dans cette lettre, qui était adressée au
» Coustautinople, et écrit au cardinal Pierre :

marquis de Moutferrat, il l'invite à imiter ses (1Si c'est afin d'obtenir des secours pour la
aïeux et ses frères dans leur obéissance et Terre-Sainte que ce départ a eu lieu, nous
leur fidélité au Saint-Siège, s'il veut conser- vous approuvons; si c'est pour organiser l'E-
ver ses bonnes grâces. Lorsque plus lard glise en Grèce, vous vous êtes trop hâtés.
Théodore Lascaris se plaignit à Innocent du Nous aurions envoyé à Constaniinople uu
parjure et des excès des Latins, ce pontife autre légat, à la prière de notre bien-aimé
se borna à lui exposer les motifs d'excuses fils Baudouin. Cependant, comme nous vou-
allégués par ceux-ci, sans discuter leur plus lons pallier vos torts, nous vous permettons
ou moins de validité. Il avoua même qu'ils de nous lemplacer dans la province de Cons-
n'étaient pas tout-à-fait innocents, mais que taniinople. Nous vous recommandons toute-
Dieu avait sans doute voulu punir les Grecs fois de ne pas perdre de vue Jérusalem, but
d'avoir abandonné l'Eglise. Il dit encore que primitif de votre mission. Cette ville avait
les voies de la Providence sont impénétra- autrefois uu patriarche dont elle est privée
,

bles, qu'elle se sert quelquefois desméchants maintenant ainsi la présence de l'un de


: ,

pour punir les méchants; qu'il en avait sans vous est nécessaire, et aucun de vous ne doit
doute été ainsi dans cette circonstance, parce penser au retour avant qu'il en ait reçu
que les Grecs n'avaient pas eu égard aux l'ordre ^ »

1 Lib. VIII, Epist. 133. Lib. VII, Epist. 228; lib. VIII, Episl. 126.
s Innoc, lib. VUl, Episl. 72, 63.
[xiii' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, PAPE. 993

n Quoique les croisés eussent conquis l'E- de Conslanlinople devaient se réunir à Sainte-
glise grecque par la lorce des armes, et opéré Sophie et procéder à l'élection ^.
sa soumission au Saint-Siège, Innocent ne n Pour ne point troubler la paix entre les

voulut pas que les Latins s'arrogeassent sur deux peuples, il ordonna à ses légats de sui-
celte Eglise plus de droits que n'en possé- vre les mômes règles relalivement au choix
daient les princes et les seigneurs de chaque des autres ecclésiastiques. 11 annula le traité
Etat d'Occident. Selon lui, partout où IT-glise qui donnait droit aux Vénitiens et aux Grecs
était fondée, elle devait s'élever dans tout de disposer à leur gré des églises et des bé-
l'éclat de sa liberté; et le pouvoir, qui pou- néfices. Cependant, il veut que le légat con-
vait la proléger ou contribuer h son dévelop- firme ions les ecclésiastiques français dans
pement, ne devait point s'arroger de droits lapossession de leurs églises, sans deman-
sur elle. Animé de ces sentiments, Innocent der le consentement du patriarche. La faveur
témoigna à louslesévèqueset abbésde Cons- accordée aux Vénitiens pour un choix im-
tautinople sa joie du retour de l'Eglise grec- portant ne doit pas être refusée aux Français
que à l'obéissance du Saint-Siège. 11 avait quand il s'agit d'élections de moindre impor-
l'espérance de voir encore de ses yeux la tance *.

conversion des Juils et des idolâtres, ainsi Innocent s'explique plus nettement avec
»

que le rétablissement des sièges patriarcaux le doge de Venise, au sujet de ce traité. « Si


de Jérusalem et d'Alexandrie. le pillage des trésors de l'Eglise suffit pour
» Quant à l'élection du patriarche Thomas attirer la disgrâce divine, lui écrit-il, que
Morosini, il se croit obligé de la rejeter, non sera-ce donc lorsqu'on y joint le morcelle-
à cause de la personne de l'élu, mais parce ment des possessions de cette même Eglise?
que l'élection pèche par les formes canoni- Le Saint-Siège ne peut protéger celui qui
ques; car il refuse aux laïcs le droit de dé- viole ainsi la dignité de l'Eglise. Il est vrai
cider une afiaire purement ecclésiastique, qu'on a inséré dans chaque article du traité :

et conséquerament d'élire un patriarche. Il En l'honneur de l'Eglise romaine. » Mais


((

rejette encore l'élection pour la raison nous ne pouvons approuvez ce qui est con-
qu'elle était faite par des ecclèsiat^tiques traire au serment et à l'honneur des deux
vénitiens qui s'intitulaient chanoines de parties. Ainsi, si le doge, le marquis de Mont-
Sainie-Sophie sans avoir élé institués ni par ferrat et six conseillers ont le droit d'ajouter
le pape ni par le légat. Cependant, comme au traité ou d'en retrancher, comment pour-
l'Eglise ne doit point souUrirdes erreurs des rons-nous soumettre à l'excommunication,
hommes, et que le sous-diacre Thomas n'a au gré des laïcs, ceux qui n'observeront pas
rieu à se reprocher puisqu'il n'a point assisté des décrets opposés aux lois fondamentales
à l'élection, il prend en considération la de l'Eglise? On aurait dû aussi attendre l'ar-
prière de l'empereur, confirme l'élection du rivée du patriarche pour disposer ainsi des
ditThomas, et le reconnaît comme membre biens de son Eglise. »
du Saint-Siège '. 11 recommande à l'empe- » Innocent refusa également d'acquiescer

reur de le recevoir avec bienveillance à son à la demande du doge, qui, sous prétexte de
arrivée, et de soutenir ses droits et ceux de son grand âge, demandait à être dégagé de
l'Eglise romaine -. son vœu. Il allègue l'expérience et les talents
» En rejetant l'élection du patriarche, et de Dandolo, la confiance que l'empereur et
en élevant ensuite, de sa propre autorité, ce l'armée ont en lui; aussi craindrait-il, en con-
nouvel élu à cette dignité Innocent ne vou-, sentant à son désir, de provoquer la disso-

lait point porter alloinle aux libertés électo- lution de l'armée. Il espère que le doge ne

rales de 1 Eglise de Conslanlinople; son but voudra pas encourir le reproche de savoir
était,au contraire, de les maintenir. 11 pres- venger les injures qui lui sont faites, à lui et
ciivitdonc de ne point tirer un prétexte de aux siens, et non celles qui sont laites au
sa conduite dans cette circonstance pour em- Christ. Il l'engage à servir le Seigneiu- comme
piéter sur les droits de cette Eglise pendant il a servi jusqu'alors le monde, à lionorer les

lu vacance du siège; car, dans ce cas, les serviteurs de Dieu et à proléger l'Eglise dans
principaux ecclésiasliquesdetoutesles églises ses possessions. Il confirme la levée de l'ex-

' Gesla, cap. xcvi ; Iiiiioc. lib. VII, Episl. 203. » luuoc, lil). VllI, Epist, 135.
« Lib. Vil, Epint. 204. — ' Lib. VIII. Episl. 25, C4.

XIV. m
994 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
communication prononcée par le cardinal Il eut la faculté de conserver les anciens
Pierre '. usages de son Eglise, en tant qu'ils ne se-
I) Un prince sage reconnaît qu'il paralyse raient point contraires aux prescriptions du
les forcesde l'administration en désapprou- Saint-Siège. 11 fut autorisé à porter le pal-

vant publiquement les démarches des liants lium aux jours de fête, à le remettre aux ar-
il est con-
dignitaires placés sous ses ordres; chevêques sous ses ordres, et à recevoir leur
vaincu que l'estime et la confiance commen- serment de hdélilé au nom de l'Eglise ro-
cent à chanceler lorsque la foule aperçoit le maine. Il lui fut également permis de faire
manque d'unité entre le maître et les exécu- porter devant lui une croix, excepté à Rome

teurs de ses volontés c'est pourquoi Inno- :


ou dans les lieux où séjournerait le pape.
cent conflrme plusieurs autres mesures prises Enfin il eut le droit, aux processions, de mon-
parle cardinal; mais il lui adresse en secret, ter une haquenée magnifiquement ornée '.

et avec une éloquente ferveur, des reproches » Le pape croyait honorer la seconde Eglise

sérieux sur sa précipitation ^. de la chrétienté en étendant les privilèges


» En adressant à l'empereur Baudouin la des patriarches. En conférant lui-même les
lettre par laquelle il refuse de reconnaître le ordres à ce prélat, il lui donnait une preuve
traité rédigé par les croisés , il lui recom- évidente de sa bienveillance. 11 ne s'arrêta
mande de s'opposer au morcellement des do- pas là; il accorda aussi au patriarche le droit
maines de de Constantinople. Il lui
l'Eglise de couronner les empereurs de Byzance , de
rappelle ses serments, et l'engage à soutenir conférer le sous-diaconat les jours de diman-
les droits de cette Eglise. 11 écrit dans le che et de fête et d'attacher, de sa propre
,

même sens aux autres comtes de l'armée, et autorité, des hommes savants et bien méri-
les menace même de l'excommunication. Les tants a l'Eglise de Constantinople. Le pa-
évêques, les abbés placés auprès de l'armée triarche reçut aussi le pouvoir d'absoudre les
reçoivent des avertissements analogues ^. laïcs qui avaient commis des violences envers
» Le samedi après les Quatre-Temps, 5 mars un clerc, et même des faussaires, à moins
1203, le nouveau patriarche l'ut ordonné dia- qu'ils n'eussent contrefait le sceau patriarcal
cre par le pape en personne. Le samedi après ou que leur crime ne fut si énorme qu'il fal-
la Mi-Carême il fut sacré prêtre, et le diman- lût le dénoncer au Saint-Siège. 11 lui fut per-
che suivant consacré évéque dans l'église de mis aussi de recevoir les appels de ses subor-
Saint-Pierre, où il reçut le pallium. Il prêta donnés, à moins que ceux-ci n'aimassent
ensuite, dans les formes voulues, le serment mieux les porter en cour de Rome.
de tidélilé et d'obéissance au Saint-Siège. Prenant en considération le désordre qui
I)

L'acte de nomination rédigé en celte circons- régnait dans l'Empire, et la création récente
tance portait : de l'Eghse de Constantinople, et ne voulant
La faveur dont le Siège apostolique com-
Il pas que, pour chaque allàire importante, le
ble l'Eglise de Byzance en l'élevant au pa- patriarche lut dans la nécessité de demander
triarcat, montre la plénitude de la puissance des instructions à Rome , Innocent lui adjoi-
ecclésiastique que, non pas l'iiomme, mais gnit un conseil d'hommes expérimentes, afin
Dieu, ou plutôt le Dieu-Homme, a donnée à qu'ilpût décider avec eux, dans le sens le
l'Eglise romaine dans la personne du bien- plus convenable au bien-être de l'Eghse.
heureux Pierre, et en vertu de laquelle le L'élection du patriarche devait avoir heu se-
pontife romain, son vicaire, peut taire du lon les règles canoniques, sans intrigue et
premier le dernier, et du dernier le premier. sans violence. Chaque élu était tenu de rece-
L'Eglise byzantine, autrefois sans rang et voir le paUium du pape et de lui prêter ser-
sans siège, est élevée au patriarcat par l'E- ment. Le nouveau patriarche est invité à ne
glise romaine, premier rang
et elle prend le pas vendre, donner, engager ou aU'ermer,
après celle-ci. S'étant détachée autrefois de sans l'autorisalion du pape, les biens desti-
l'Eglise jomaiue, elle y rentre aujourd'hui.» nés à la table des évéques. Atlendu le peu
» Outre les faveurs accordées d'ordinaire d'ordre qui avaitjusque-là régné dans 1 Eglise
aux mélropohtains, le patriarche obtint le de Constantinople, Innocent accorde au pa-
droit d'acquérir des biens et des franchises. triarche et aux clercs qui devaient l'accom-

> Lib. 'VU, Epist. 206, 207. ' Lib. VIII, Epist. 153,19; Gesla, ca]). xcvlii ;
Hur-
» Lib. VllI, Epist. 12b; Hurler, lib. IX. ler, lib. l.\.
» Innoc, lib. VII, Epist. 208.
[Xlir SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, PAPE.
paguer dans son voyage, jusqu'à ce qu'on ferrat présente au pape ses sentiments d'af-
eut pris de nouvelles dispositions, la jouis- fection et d'obéissance, et l'informe des
sance do leurs bénéfices '. événements de Constantinople. Ces trois
» Par une lettre adressée à l'archevêque lettres ne sont pas reproduites, la copie qui
de Colocz, Innocent montre combien il était les contenait ayant disparu au moment de
attentif à respecter les droits du patriarche, l'impression, (^e même accident est arrivé
puisqu'il n'accorde à cet archevêque la fa- pour d'autres lettres des livres VllI et IX ; mais
culté de soumettre à son siège métropolitain l'original existe à Home dans la bibliothèque
un diocèse grec qu'autant qu'il aurait exa- du Vatican. Innocent accorde au cardinal de gpisi. bî,
"' '""'•^•
miné auparavant si ce diocèse n'a pas appar- Sainte-Suzanne la faculté d'accepter la dé-
tenu autrefois au patriarcat. Car, comme le mission des évêques et de les transférer à
patriarche est rentré dans l'union de l'Eglise d'autres sièges, selon que le bien de l'Eglise
romaine, il n'entend pas qu'on porte préju- l'exigera. 11 le charge en même temps de
dice à ses droits, mais il défendit verbalement recommander au patriarche pour la place
au patriarche de nommer e.xciusivement des de chanoines, quelques ecclésiastiques qu'il
Vénitiens aux fonctions de son Eglise, comme croyait dignes de sa bienveillance. Il écrivit Epi,,, s»,
"*"
portail le traité. Le pape, ne pouvant être à tous les archevêques et évêques de France mt.""''

inditl'érent au chois des ecclésiastiques pla- pour les engager à déterminer les ecclésias-
cés à la cathédrale de Constantinople, vou- tiques et les laïques, ainsi que les hommes
lait que dans cette circonstance on n'eût égard de toute condition, à se rendre à Constanti-
qu'au mérite personnel. C'est pourquoi pré- nople, où ils pourraient acquérir des riches-
voyant le cas où le patriarche fermerait les ses et des honneurs en rapport avec leur
yeux sur ces nominations, il chargea le légat naissance et leur rang; il renouvelle à cette
de nommer à cette Eglise des hommes re- occasion l'indulgence pour la croisade. Ayant g,,., ei.

commandables, sans considérer à quelle na- appris la défaite et la captivité de l'empe-


tion ils appartiendraient -. Il recommanda reur Baudouin, il s'adressa au roi de France,
aussi au patriarche, pour la place de cha- espérant obtenir de ce prince les secours les
noine, quelques ecclésiastiques qu'il croyait plus elHcaces. Il insiste moins sur la conser- jp|,|_ ,s,
»i- •'*•«"•
dignes de sa bienveillance ^. » vallon de Constantinople et de l'empire
grec, que sur la délivrance de la Terre-
§ vm. Sainte, ainsi que sur la conquête du Saint-
Sépulcre « Si l'on ne se hâte d'envoyer
:
Livre VIII des lettres d'Innocent.
de prompts secours, mande-t-il à Philippe-
Le livre VIII comprend deux cent seize Auguste, non-seulement on court risque de
vont du mois de mars 1205 au
lettres; elles ne point reconquérir ce qu'on a perdu, mais
mois de février 1206. Les lettres dix-neuf, encore on sera obligé d'abandonner le peu
vingt, vingt- une, vingt-deux, vingt- trois, qui reste aux chrétiens; car depuis la con-
vingt-quatre, vingt-cinq et vingt-sixième, sont quête de la capitale de l'empire grec, pres-
adressées ù Thomas, patriarche de Constanti- que tous les pèlerins et même un grand
nople. Nous en avons sullisamment rendu nombre d'indigènes de la province de Jéru-
compte ci-dessus. Peu de temps après le dé- salem se sont rendus à Constantinople. Les
part du patriarche de Constantinople, Inno- ressources sont épuisées; le patriarche, le
cent nomma le cardinal Benoit, du litre de roi et son lils sont morts; les légats sont
Sainte-Suzanne, son légat à Byzance, et lui absents; le ditl'érend survenu entre le roi
donna au sujet de la réunion de l'Eglise d'Arménie et le comte de Tripoli a été une
grecque des ordres plus positifs que ceu.\ qui cause de discorde. Satl'edin a fait la paix
avaient été remis aux cardinaux Pierre et avec ses ennemis, et il cherche à les entraî-
SolTred. ner dans une alliance contre les chrétiens.
Dans les lettres cinquante-six et cinquante- Les Latins ont éprouvé de grands revers
Bepliérae, il recommande ce légat aux arche- dans leur guerre contre les Bulgares. Le
vêques, évoques et prélats de l'empire. Dans cardinal a dégagé de leur vœu un grand
la cinquante-huitième, le margrave de Mont- nombre de croisés qui se disposaient à re-

> Gesta, cap. xcvm. Innoc. lib. VIII, Episl. 19-2C. »Lib. Vin, F.pitt. 02, 185; Hurler
« Lib. VIII, Episl. 46, 62; lib. IX, Epitl. 100.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
tourner dans leur patrie, à condition qu'ils nous maintenant engager les peuples de
resteraient encore un an à Constantinople, l'Occident à secourir Constantinople et la
afin de contribuer à sa défense. II est à Palestine, lorsqu'on pourra nous reprocher
craindre que les Sarrasins ne finissent par d'avoir dégagé les croisés de leurs vœux, et
s'emparer du reste de la Terre-Sainte, et lorsqu'on verra ces derniers revenir dans
n'enlèvent ainsi aux chrétiens la possibilité leur patrie, chargés des dépouilles du royau-
ppiît. 130, d'y revenir '. » Comme plusieurs chevaliers me qu'ils n'auront pas su défendre? Si vous
se préparaient h répondre à l'appel de leurs vous êtes tu jusqu'à présent, c'est une rai-
compagnons d'armes, il leur fait savoir qu'il son di! parler aujourd'hui plus haut et plus
prendra des mesures pour qu'ils puissent sévèrement. Nous nous abstenons de repro-
traverser la Fouille en tonte sûreté, et qu'ils ches au sujet de l'absolution accordée aux
trouvent des vaisseaux à Brindes. Vénitiens, mesure contraire à tous les usa-
Kpisi IS6, 2. Il exprime au cardinal Pierre son mé- ges de l'Eglise : ce sera le sujet d'une lettre
contentement au sujet de la conduite qu il particulière. Mais comme nous avons confié
avait tenue « A peine avons-nous appris,
: la légationde la Grèce au cardinal Benoît,
lui écrit-il, votre départ et celui du cardinal auquel se joindra le cardinal SotFred, nous
SofTred de la province de Jérusalem, dans vous ordonnons de retourner sans délai dans
une position aussi difficile, que nous avons la Terre-Sainte, où, en attendant l'arrivée
conçu de vives inquiétudes, et nos craintes du patriarche de Jérusalem, vous prendrez
se sont réalisées. Ce royaume est mainte- toutes les mesures nécessaires *.

nant dépourvu de pilotes et de défenseurs : 3. Le Baudouin excita


sort déplorable de Epui. 129,
la faute en est aux légats. En s'embarquant "' '''^"'^•
le zèle d'Innocent. Ce pape écrivit au roi des
pour Constantinople et en exhortant tant de Bulgares « Si vous ne faites la paix avec
:

personnes à les suivre, au lieu d'attendre du les Latins, de grands dangers menacent vo-
secours, ils ont provoqué tous ces malheurs. tre empire, car de nouvelles troupes mar-
Si les ennemis n'observaient pas la trêve, le chent vers l'Orient. Si les Hongrois vous at-
pays serait alors hors d'état de leur opposer taquent d'un autre côté, il vous sera impos-
la moindre résistance. Nous vous blâmons sible de résister. En donnant la liberté à
donc avec raison d'avoir quitté le royaume l'empereur, vous nous prouverez que vous
tous deux à la fois; nous ne vous avons point désirez sincèrement la paix. Nous écrivons
revêtus de la dignité de légat pour recher- à son frère Henri pour qu'il y prête la main
cher les biens terrestres, mais bien pour et cesse les hostilités. »
acquérir des trésors éternels, et nous som- La cent treute-unième
lettre est de Henri, epui i'i,
"'™'' '""
mes indigné que vous ayez dégagé de leurs frère de Baudouin. Ce prince annonce au
vœux tous les croisés qui ont consenti à res- pape la captivité de Baudouin et tous les
ter à Constantinople jusqu'aumois de mars malheurs arrivés aux croisés, et il lui envoie
prochain. Comment avez-vous osé prendre des députés entre lesquels se trouve l'évê-
une semblable mesure, et avez-vous été as- que de Soissons, dont le zèle pour la Terre-
sez téméraire pour changer un vœu aussi Sainte était à toute épreuve. Henri recevait Episi 132,

saint que solennel? Rélléchissez -y vous- en môme temps l'ordre de faire la paix avec
même. Le chagrin, l'angoisse et la honte le roi des Bulgares. On sait que ses démar-
nous accablent lorsque nous examinons s'il ches n'aboutirent pas. Dans une lettre adres- Episi. n?,
"'•'"'""*•
est possibleque l'Eglise grecque se réunisse sée au margrave de Monlferrat, pape rap-
le
au Saint-Siège, quand celle-ci ne voit chez pelle les instructions qu'il avait données sur
les Latins que des œuvres de ténèbres?» la direction de la croisade vers la Terre-
Innocent reproche ensuite aux croisés tous Sainte, et il dit comment elles avaient été
les excès commis à Constantinople, puis il violées. 11 charge le margrave de défendre

continue Les Sarrasins, qui tremblaient


: « et de protéger l'empire de Constantinople
lors de la prise de Constantinople, ne se jet- jusqu'à ce qu'il ait été informé d'une ma-
teront-ils pas comme des loups alTamés sur nière plus complète des événements qui
votre troupeau, quand ils apprendront le avaient eu lieu. Dans la suivante, il félicite ^pi^t ,3,^
"*•
départ des croisés? Et comment oserons- Isabelle, épouse du margrave, unie précé- "'

i
Histoire d'Innocent III, traduction de M. rabl)é 2 Histoire d'Innocent III, ibid.
Jager.
[xnr SIÈCLE.] CH.^PITRE L.XX.VUI. — INNOCENT 111, P.\PE. 997

demment à l'empereur Isaac, d'avoir rejeté pourriture infectent même les contrées voi-
les rits de l'Eglise grecque pour embrasser sines.La pitié que nous inspire votre misère
ceux de l'Eglise latine. nous porte à essayer d'empêcher votre rui-
160 4. Le patriarche de Constantinople fut ne, de fermer l'abime ouvert sous vos pas,
prêt à partir pour se rendre à destination à invoquer pour vous le Seigneur, comme
101. vers la fin de l'année 1205. Le pape le re- le Abraham, aux prières duquel il promit
fit

commanda, selon l'usage, à tont le clergé d'épargner Sodome et Gomorrhe, pour dix

de sa province. Il accorda ensuite pour trois justes qui se trouveraient dans ces deux villes.
ans, aux ecclésiastiques qui accompagnaient Mais nous prendrons en même temps le
le prélat, la jouissance des bénéfices qu'ils glaive de Phinéès, et, ix l'exemple de Matha-
tes- possédaient en Occident. Le patriarclie fut thias, nous punirons tous ceux qui sacrifient

autorisé à absoudre les excommuniés quel aux idoles. Nous chasserons, avec l'aide du
que fût le motif qui eût provoqué celte me- Seigneur, les perfides et les indignes, et
sure, à condition que ceux qui auraient été nous détruirons le levain de la méchanceté
absous se présenteraient à leur retour de- hérétique. » Il fait un appel au peuple ,

vant le Saint-Siège porteurs de bonnes at- l'exhorte à se soulever contre les élus et

testations.Il lui imposa ensuite l'obligation contre les électeurs, à leur résister, à les

de visiter ou de faire visiter par des délégués combattre et à paralyser tous leurs efforts :

les tombeaux des saints apôtres, lui permit « Personne, dit-il, ne doit obéissance à de pa-

de porter partout le pallium, et lui donna reilles autorités, et nous délions de leurs ser-

quatre cents oboles d'or pour subvenir aux ments ceux qui leur en auront prêté. Tous
fraisde son voyage, ainsi que vingt-quatre ceux qui s'adjoindront à eux dans leurs fonc-
marcs d'argent pour secourir la Terre-Sainte. tions seront suspendus, et leurs arrêtés seront
5. Dans la plupart des villes de l'Etal de déclarés nuls. Si ces moyens n'amènent pas
l'Eglise, les hérétiques professaient les doc- de résultats, la main du pape, armée de la
trines des patarins ou manichéens; la secte puissance spirituelle et temporelle, s'éten-
de Waldù s'y était également introduite et y dra sur eux avec plus de sévérité encore,
avait de nombreux partisans. Les sectaires jusqu'à ce qu'ils éprouvent ce que peut
avaient surtout établi leur résidence à Hi- l'autorité du Saint-Siège. Ils doivent donc
mini, à Faenza, à Viterbe et particulière- réfléchir aux dangers qui les menacent, si
ment à Orviéto '. Le pape les combattit avec toutefois ils méprisent ces conseils. »

zèle,comme on peut le voir dans Hurter, Quelque temps après, il cliargea les évê- Episi. i

son historien. ques de Viterbe et d'Orviéto, le premier de


Dans le huitième livre, nous trouvons deux bien se pénétrer de son devoir pastoral, de
j*5 lettres relatives à cette hérésie. Innocent or- protéger les brebis fidèles contre les loups,
donne aux habitants de Viterbe de se lever de ramener au bercail celles qui sont éga-
contre les patarins il leur défend de leur
; rées, et d'exposer même sa vie pour elles;
donner du secours, des conseils, et de les le second de prêter assistance à son collè-
favoriser. Il parait que le nombre des sectai- gue, de l'aider à porter son fardeau et de
res était considérable dans Viterbe, puisque combattre avec lui. Tous deux devaient se
quelques-uns furent nommés consuls, et rendre à Viterbe. afin de raffermir les fidèles
qu'un autre, malgré l'excommunication qui par la parole de Dieu, de les exhorter à ex-
pesait sur lui, obtint la charge de trésorier. pulser les païens d'ordonner au peuple,
,

H Lors même que les hommes et les éléments sous peine d'excommunication, de chasser
se réuniraient pour vous détruire, sans dis- de la ville les fonctionnaires élus. Ils de-
tinction d'âge et de sexe, la peine ne serait vaient destituer et déclarer infâmes quel-
pas encore celle que vous méritez. Vous ne ques juges qui s'étaient adjoints à ces ma-
craignez ni Dieu, ni les liommes. Vous con- gistrats, si, dans un délai de quinze jours,
fondez le sacré avec le profane. Vous nom- ils ne se soumettaient pas <i ses ordres.

mez ténèbres ce qui est lumière, et lumière .\près ce délai, si obéissance n'est pas ren-
ce qui est ténèbres. Vous pourrissez dans vos due en tout, il ordonnera aux fidèles des
péchés comme des bêles de somme dans villes et des châteaux d'alentour de prendre
leur orduie et les exhalaisons de votre
, les armes contre Viterbe -. On n'en vint pas

Vovez Histoire d'Innocent III, livre .Mil, ' Iliiloire d'Innocent III. par Hurler, ihid.
HISTOIRE GÉNÉRALE, DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
à cette extrémité; mais il fut impossible de Rome, et à assister en personne ou par des
comprimer entièrement l'hérésie. Plusieurs représentants, à tous les conciles tenus au-
lettresdu dixième livre nous apprennent '
delà de la mer, mais aucun ne devait être
ce que le pape fit contre les hérétiques de tenu sans lui ou ses représentants. On traita
cette ville, dans une visite qu'il y fit en ensuite de la paix, et le cardinal donna l'as-
1207. Tous les hérétiques avaient pris la surance au pape qu'il n'avait menacé de
fuite : au milieu des acclamations
il fut reçu prononcer une sentence qu'après avoir pro-
et des marques de respect des habitants. posé au préalable un accommodement entre
Avant de partir, il promulgua plusieurs dé- les parties; que le roi avait accepté avec re-
crets contre les sectaires. connaissance, mais qu'il avait insisté pour
6. Lesappelèrent encore l'attention
juifs que le comteexpulsé de la
fût ville et de la
;
du Souverain-Pontife. En Espagne, une es- principauté d'Antioche. Il lui fit connaître
clave sarrasine, en se faisant baptiser, ac- qu'ayant déclaré au roi que cette mesure ne
quérait la liberté avec le baptême, et l'E- pouvait être exécutée avant qu'il eût porté sa
tenue de payer à son maître une
glise était plainte, celui-ci l'avait formulée en ces ter-
somme convenue. Le roi de Castille ayant mes : Les cardinaux sont témoins de l'in-
«
soutenu des juifs qui lui demandaient un justice à l'égard de mon neveu, or-
commise
prix trop élevé. Innocent se déclara contre phelin, et de sa mère. Je leur remets donc
lui en lui disant qu'un prince chrétien ne le soin de juger cette affaire, et celui à qui
devait pas élever la synagogue ou la mos- leur décision accordera Antioche, gardera
quée au-dessus de l'Eglise. En écrivant à et possédera cette ville, comme si le pape
l'archevêque de Sens et à l'évêque de Paris lui-même eût prononcé. » Après de longues
pour les exciter à réprimer l'insolence des négociations , et d'après le conseil du pa-
juifs, il disait : « La mort du Christ a rendu triarche et des évêques, le cardinal obligea
les chrétiens libres et les juifs esclaves : ils les deux parties à rester en paix jusqu'à ce
ne doivent donc pas s'élever contre les chré- qu'une décision fut prise *. Telle est la sub-
tiens. )) Il détaillait aussi les excès commis stance des rapports envoyés à Rome par le
par les juifs.
roi Léon et par le catholicos.
Les deux premières lettres du huitième
7.
8. Parmi les décisions données en ce livre
livre regardent le différend qui existait au
par Innocent 111, on peut signaler les sui-
sujet de la principauté d'Antioche entre le
vantes Il commande au cardinal-archevê-
:

comle de Tripoli et Léon, roi d'Arménie. Ce que de Reims de forcer, dans un concile
dernier revendiquait la principauté d'An- provincial, les archidiacres et les doyens à
tioche pour son propre neveu. Il avait pé- même
recevoir les ordres sacrés. Le ordre
nétré à main armée dans cette ville pour donné à un autre évoque. défend aux
fut Il
soutenir les droits de ce neveu. Voulant
abbés réguliers de se rendre cautions et
éviter des e.xcès, il réclama l'intervention
d'emprunter à intérêt. Un mariage ayant été
du patriarche. Mais les chevaliers du Temple contracté par ignorance au sixième degré
se montrèrent hostiles pendant les négocia- de parenté, et un enfant étant né de cette
tions, quoique
le roi qui les considérait , union, il accorda la dispense nécessaire sans
comme amis, eût respecté leurs possessions connaître aux parties. La lettre cent
la faire
et les eût constamment ménagés. Le cardi-
quatre-vingt-neuvième contient' plusieurs
nal Pierre, légat du pape, vint à Antioche. mariage.
réponses sur les jugements et le
Le roi, entouré de ses barons, d'un grand Une décision sur le mariage se trouve aussi
nombre de pèlerins, du
catholicos ainsi que dans la lettre cent quatre-vingt-quinzième.
de ses suffraganls, le reçut et lui rendit tous
leshonneurs dus à la personne qu'il repré- § IX.
sentait.Le premier soin du cardinal fut de
conclure la réunion de l'Eglise d'Arménie Livre IX des lettres d'Innocent III.

avec lEglise romaine, ce qui ne se fit pas 1. Le IX comprend deux cent soixante-
livre
sans peine. Le catholicos reçut le pallium onze lettres. Elles vont du mois de mars \

avec la plus grande solennité, s'engagea à


1206 au mois de mars 1207.
envoyer tous les cinq ans des députés à Parmi les lettres relatives aux affaires de

Epist. 73, 105, 130. — '-


Histoire d'inn traduite par ,M. l'abbé Jager.
(xni» SIÈCLE CHAPITRE LXXXIU. - INNOCENT III , PAPE. 999

la croisade, nous sipnalerons les suivantes. tie. Cette convention devait être inviolable-
F.pi.i. (lî,
907 963.
Le cardinal Benoit fut cliai-L'é

de terminer le ment observée par les deux parties. Vu les
•Ml. .

différend qui divisait les ecclésiastiques fran- ciicoiistanci s critiques, le pape approuva
çais et vénitiens. Ce prélat réussit à mettre celte convention, qui avait été conclue sciem-
d'accord, au sujet de la dotation ecclésias- ment et librement '.

tique, le palriarclie avec lecomte Henri, les 2. Avant son départ pour Conslantinople, r.pi-i_ "o.

barons et les chevaliers. Ceux-ci abandon- le patriarche avait été forcé par les Vénitiens

nèrent à l'Eglise, pour l'indemniser des pro- à signer un traité au sujet de la nomination
priétés qui lui avaient appartenu, la quin- aux emplois ecclésiastiques. 11 s'était engagé
zième partie de leurs possessions et de leurs à nommer toujours des Vénitiens aux places
revenus dans la Romanie. Ils exceptèrent de chanoines dans l'églife de Sainte-Sophie.
néanmoins de cette convention toutes les Une convention de cette nature était diamé-
possessions situées près des murs de la ca- tralement opposée aux principes de l'Eglise
pitale du côté de la mer, ainsi que les mon- universelle, car, d'après ces principes, dit
naies, pour lesquelles on assura une com- Hurler,le sanctuaire de l'Eglise n'est point

pensation à valoir sur le butin de la pre- une possession héréditaire, et Dieu choisit
mière conquête. Quant aux bénéfices résul- d'entre tous les peuples celui qui lui est

tant du commerce dont on pourrait encore agréable. Innocent annula donc le serment
s'emparer, la part promise devait être ga- et le traité du patriarche, défendit, sous
rantie à l'Eglise. 11 fut décidé que huit hom- peine d'excommunication, de l'exécuter, et
mes irréprochables, nommés par les parties signifia aux chanoines de l'ordre de le re-

intéressées procéderaient immédiatement


,
garder comme non avenu. Il pardonna néan-
au partage. Ces arbitres, qui devaient ter- moins au patriarche de l'avoir signé, h cause
miner cette aflaire pour la Pentecôte, étaient de l'article qui réservait les droits, l'autorité

tenus de faire quinze lots, et en cas de con- etl'honneur du Saint-Siège.


testation d'en tirer la distribution au sort. La Innocent adressa aussi une lettre aux
3. e,,!,, ,„.^
™'' '"'"^
propriété des couvents était exclusivement cardinaux Pierre et Benoit, et leur fit ob-
réservée à l'Eglise. Dans le cas où leur server que la prospérité de Sainte-Sophie et
nombre soulèverait quelque difficulté, cha- de toutes les autres églises de Conslantino-

que partie un arbitre, les deux ar-


clioisirait ple, exigeait la nomination d'hommes ins-
bitres réunis en nommeraient un troisième, truits et honorables, quelle que fût d'ailleurs
et les décisions qu'ils rendraient dans l'es- leur patrie. Si le patriarche ne choisissait,
pace de vingt jours recevraient leur exécu- comme on le prétendait, que des Vénitiens,
tion. Lorsque la défense du pays nécessite- malgré les représentations verbales et écri-
rait la fortification des couvents, celle me- tes qui lui avaient été faites, les cardinaux
sure ne devait avoir lieu qu'avec l'assenti- étaient chargés de l'avertir de ne point s'at-
ment du patriarche et de l'ëvêque diocésain, tacher à l'origine du candidat, mais à sa
et toute contestation devait être vidée selon piété, à sa conduite et à son instruction; il
la forme indiquée ci-dessus. On assigna en ajoutait que si le patriarche agissait autre-
outre au clergé la dime de tous les produits ment, il ne méritait pas d'être obéi par un
de la terre, des fruits, des arbres, du bétail, clerc d'une autre nation. II écrit aux cardi-
des abeilles et de la laine, et il fut convenu naux « Si vous avez placé des ecclésiasti-
:

que si les ecclésiastiques parvenaient par ques dans les églises de Conslantinople ,

voie d'exhortation à obtenir cette même dime il faut qu'ils jouissent en paix de leurs bé-
des Grecs, la jouissance entière leur en se- néfices, et qu'ils soient réintégrés dans
rait laissée. Les temples, les couvents, ce leurs fonctions s'ils en ont été exclus. » Il

qui appartenait à l'état ecclésiastique, tous désapprouve, du reste, d'une manière écla- Epi,,. ,2»,
'°''"'
ceux, tant Grecs que Latins, qui se réfugie- tante, les principes établis dans le traité,
raient dans les sanctuaires, ou qui demeure- car confirme dans ses fonctions un ecclé-
il

raient sur les possessions de 1 Eglise, devaient siastique nommé par l'empereur Baudouin
être à l'abri de la juridiction temporelle. Dans prieur de l'église de Notre-Dame de la Misé-
toutes provinces à conquérir, l'Eglise
les ricorde, et un autre qui avait été attaché à Epi.t m.
'"'"'•
était autorisée à prélever la quinzième par- l'église de Saint-Etienne. 11 maintient égale-

I
Histoire d'Innocent III, par Hurler,, traduite par l'abbé Jager, livre X.
1000 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
• ment maître Clément, qui avait été nommé demande, et que les circonstances exigeaient
par le cardinal Pierre chanoine de l'église que l'on cherchât plutôt à gagner leur ami-
i. patriarcale , recommande au même pa-
et
tié.
triarche et au chapitre, un compagnon du Ne voit-on pas toujours chez Innocent le
cardinal pour les mêmes fonctions '. Il était pontife prévoyant et circonspect, aux yeux
d'autant plus nécessaire d'attacher à la nou-
duquel les petites considérations s'effacent
velle colonie des hommes estimables et de
devant grandeur du but qu'il se propose?
la
les encourager par la concession de riches
C'est la remarque de Hurter. Le moment ne
prébendes à braver les périls, qu'il y avait paraissait donc pas opportun au pape, lors
lieu de supposer qu'un grand nombre d'in-
';
même que les prétentions du patriarche au-
trigants dépourvus de titres, des moines en
raient été fondées. Il fit lu même réponse
habit de prêtres et des étrangers en habit
au sujet des réclamations faites pour obtenir
de moines, n'avaient pas quitté l'Occident
la soumission des archevêques et des évêques
pour les motifs les plus purs ^.
de Chypre. Il recommande la circonspec-
i. Le patriarche fit partir pour Rome une
tion k l'égard des évêques de la Romanie,
ambassade solennelle, chargée de traiter de
qui refusaient de prêter obéissance au pa-
divers objets; il profita de celte occasion pour
triarche, et percevaient leurs revenus, mal-
se plaindre de ce que le cardinal Pierre gré leur absence prolongée « Sommez-les
:

avait détaché du siège patriarcal plusieurs jusqu'à trois fois, lui écrit-il, de comparaître
églises, pour les incorporer dans d'autres
devant vous, et prononcez ensuite la suspen-
diocèses; il reconnaissail, il est vrai, que sion et l'excommunication contre les récal-
ces changements avaient eu lieu en sa pré-
citrants. S'ils ne deviennent pas plus dociles,
sence, mais il déclarait en même temps
vous vous entendrez avec le légat pour les
qu'ils n'avaient obtenu ni son assentiment,
faire remplacer par d'autres prélats; car les
ni celui de son chapitre. 11 pria donc le pape
lois de l'Eglise prononcent la peine de desti-
d'annuler les dispositions du légat. Innocent
tution contre ceux qui sont absents pendant
lui répondit « Quoique parmi les églises
six mois. Comme la grande quantité d'évê-
:

patriarcales, celle deCoustanlinople possède


chés qui se trouvent dans le pays sont pour
au plus haut degré notre bienveillance, nous
la plupart mal dotés, le légat pourra, avec
ne pouvons faire droit à votre demande,
votre consentement, confier plusieurs églises
parce que, en l'absence du légat, retenu par
à un seul évêque, afin de préparer les chan-
les alïaires de l'Eglise à Jérusalem, il nous
gemenls qu'il y aura lieu de faire pour l'a-
est impossible de rien changer à ses déci-
venir. En attendant les mesures ultérieures
sions. Si ce qui a en lieu s'est fait en
votre que prendra le Saint-Siège, cherchez, par
présence et sans votre assenlimcnt, n'ou-
les exhortations, et non par la sévérité, à
bliez pas que vous avez disposé vous-même
ramener les Grecs aux usages latins 3. Dans
d'un évêché en présence du représentant du
les diocèses habités exclusivement par les
Saint-Siège, sans lui avoir, au préalable,
Grecs, vous placerez un évêque grec, et dans
demandé conseil.
Cependant, à cause de ceux dont la population est mêlée de Grecs
l'estime parliculière que nous avons pour et de Latins, vous placerez un évêque latin.
vous, nous ordonnons à ceux qui occupent
Aussi longtemps que les couvents grecs se-
les églises du patriarcat de vous
obéir. » ront habités par des religieux, ils ne pour-
Quant à la demande du patriarche, qui avait
ront être convertis en fondations temporel-
pour objet de faire rentrer sous son autorité
les.
les Eglises qui,antérieurement à la conquête Constantinople se trouvant ii une grande
de Constantinople, se trouvaient sous sa ju-
distance de Rome, le pape veut aussi faire
ridiction, le Siège apostolique déclara
ue participer ces diocèses aux privilèges accor-
pouvoir prendre de décision avant d'avoir
dés par son prédécesseur Grégoire VIII, de
entendu ceux qui y étaient intéressés. Inno-
sainte mémoire, savoir : Que les différends
cent pensait d'ailleurs que les Vénitiens et
qui surviendront pour des valeurs au-des-
les Pisans, possédant quelques-unes
de ces sous de dix marcs, soient décidés par le pa-
églises, s'irriteraient si l'on accueillait cette triarche, sans qu'il eu soit référé au Saint-
' Voyez aussi les lettres cent vingt-sept, cent vingt-
" Le patriarctie ayant demandé le droit de coni-
huit et cent vingt-neuvième.
pellere, le pape ne lui accorda que celui de revocare.
' Hurler, ibid.
N'est-ce pas là, s'écrie Hurter, la véritable tolérance?
[XIIPSJÈCLE.) CHAPITRE LXXXIII. - INNOCENT III, PAPE. 1001

Siège, ou sans qu'on puisse en appeler à la cher la Terre-Sainte aux païens. Quelque
décision d'arbitres. Il engage le patriarche satisfaction que nous éprouvions à voir Cons-
à contraindre par les censures ecclésiasti- tantinople rentrée sous l'obéissance de l'E-
ques les Vénitiens domiciliés à Constanlino- gliseromaine, noire joie eût été bien plus
ple, à payer la dinae à l'Kglise, sans déroger grande si Jérusalem fût tombée au pouvoir
à l'usage dans lequel ils sont de payer à leur des chrétiens. Si la volonté divine, bien plus
mort dixième partie des biens qu'ils ont
la que la force humaine, a fait tomber ces deux
acquis de leur vivant, et il lui fait remarquer villesentre vos moins, vous ne devez pas
que, dans le cas où il négligerait cette me- perdre de vue que Dieu châtie souvent sans
sure, plusieurs d'entre eux retourneraient à se complaire dans l'instrument dont il se sert
Venise vers la fin de leur vie, et frustreraient pour châtier. N'attribuez donc pas à notre
ainsi ceux qui ont droit h ce legs. Du reste, dureté, mais à vos crimes, le refus que nous
Innocent lui conseille de procéder en toutes faisons d'approuver la nomination de celui
clioses avec circonspection et après mur exa- que vous nous présentez comme archevêque
nsen, parce qu'en semblable occurrence il de Zara. D'ailleurs, comme toute la chré-
vaut mieux encourir le reproche de marcher tienté a été scandalisée de votre conduite,
trop lentement que celui d'agir aven trop de lors de la prise de cette il nous est im-
ville,

précipitation '. possible de donner le même scandale à l'E-


5. La république de Venise avait jusque- glise,en accordant le pallium à l'archevê-
là négligé de donner satisfaction au Saint- que avant que nous ayons reçu satisfaction
Siège après la prise de Zara. Elle demanda de vous. Mais si, à l'exemple de ceux qui
néanmoins une seconde fois le pallium pour ont commis des crimes moins grands, puis-
l'archevêque qu'elle avait établi dans cette qu'ils ont été obligés de céder à la contrainte,

dernière ville, et qui avait été élu par le pa- vous vous décidez à donner satisfaction à
triarche de Grado. Ses députés revinrent Dieu et au Saint-Siège, alors nous prêterons
toujours de Rome sans avoir rien obtenu, une oreille favorable, non-seulement à votre
car le pape n'avait pas oublié l'offense grave demande actuelle, mais encore à celles que
dont Venise s'était rendue coupable envers vous pourrez nous adresser par la suite.
Dieu, envers l'Eglise romaine, et même en- Dans l'espérance que vous changerez de sen-
vers toute la chrétienté « Vous avez dé-
:
timents, nous diU'crons de vous iutliger les
tourné, écrit-il aux chefs de la république, peines que vous méritez; nous vous en fe-
l'armée du Seigneur du droit chemin pourhi rons même la remise, el nous vous rendrons
mettre dans une fausse voie, et au lieu de notre bienveillance, si vous répondez à notre

combattre les Sarrasins, vous avez attaqué attente. 11 y a peut-être parmi vous des
des chrétiens. Vous avez refusé d'écouler le hommes qui n'ont point participé à cette
légat, méprisé l'excommunication, rompu le action, cependant cela ne change en rien
vœu fait sur la croix, dépouillé l'Eglise de leur position; car approuver une action ou
Constantinople de ses trésors et de ses pos- l'exécuter, c'est la même chose. Nos paroles
sessions, el vous avez cherché ,
par des trai- ne doiveut pas vous déplaire, car les aver-
tés illicites, à vous approprier l'Eglise du tissements du père ont plus de prix que les
Seigneur, et à la rendre héréditaire parmi flatteries du pécheur. N'ayez pas non plus
vous. Dites-le vous-mêmes, comment pour- honte de vous humilier devant la puissance
lez-vous dédommager la Terre-Sainte du de celui qui, par sa seule volonté, abaisse
préjudice que vous lui avez causé en dé- les foits et élève les faibles; car ce n'est
tournant de sa destination une armée de point à votre force, mais bien à la puissance
chrétiens, qui avait été rassemblée avec tant divine que vous devez attribuer votre vic-
de peines et à tant de frais, qui était si nom- toire-. »
breuse et animée de sentiments si nobles, Dans les lettres cent quatre-vingt-dix-sept,
qu'elle eût pu conquérir non-seulemeul Jé- cent quatre-vingt-dix-huit et cent quatre-
rusalem, mais encore une partie de l'em- vingt-dix-neuvième, le pape presse le départ
pire de Dabcl? Car si cette armée est parve- de nouveaux croisés, pour porter secours à
nue à s'emparer de Constantinople et de la Henri, cmpciour de Constantinople.
Grèce, à plus forte raison eut-elle pu arra- G. Les lettres décrétales renferment entre

Huiler, traduit par l'abbé Jager. ' Hurter, tiaduit i ubbé Jagcr.
!002 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
1, autres les décisions suivantes : Innocent tiques ne se ralentissait pas. Les vaudois ou
écrit à un évèque qui voulait se démettre, de pauvres de Lyon avaient de nombreux par-
ne point le faire, et indique en même
il lui tisans à Faenza et à Bologne. Le pope re- ëpi« i8.
'*"
temps les causes qui motivent la renoncia- commande aux autorités de Faenza de clias-
tion ou la démission d'un évêché, savoir : ser de cette ville les sectaires, et aux abbés
une conscience cliargée d'un crime, un corps de Saint-Procule et de Saint-Etienne de se- Epist. i9,

débile, le défaut de science, la malice du vir contre ceux de Bologne par les censures
peuple et l'irrégularité. Mais on ne doit ecclésiastiques. Les bourgeois de Prato ex- ep.îi. s.

prendre une pareille mesure qu'avec discré- puisèrent les patarins de la banlieue et ar-
tion et précaution, et avec l'assentiment du rêtèrent que quiconque serait soupçonné de
Pontife Romain. Il répond à l'arclievêque de
3, n'avoir pas la vraie foi ne pourrait être élu
'"'
Brague que le jeûne est prescrit aux vigiles gouverneur de la ville. Les mêmes moyens, ^^,'^f'^'|'-.J;,

des apôtres; que si la fête est remise au pour extirper l'hérésie, furent employés à
lundi pendant l'avent, on jeune le samedi Florence, d'où, depuis longtemps, les héré-
précédent; qu'à Rome on ne cliante pas le tiques cherchaient à répandre leur doctrine
Gloria ni le Ci^edo les samedis quand on cé- dans les contrées voisines, et où ils s'étaient
lèbre une messe en l'honneur de la sainte faitun grand nombre de partisans par leur
Vierge, quoiqu'on y cliante une préface pro- apparente humilité. A Plaisance, les diffé- Epi.i m
pre. D'après une autre décision donnée au rends entre l'évêque et les bourgeois avaient loo'i"'

même prélat, on voit qu'en carême et dans pour objet la prépondérance que l'hérésie
les autres jeûnes, les infirmes peuvent man- obtenait dans la ville. L'inimitié qui en ré-
ger de la viande; qu'on ne doit point punir sulta fut telle que le prélat se vit forcé de
ceux qui, en temps de disette, pressés par le fuir avec tout son clergé et qu'Innocent
,

besoin, mangent de la viande, ni ceux qui, menaça la ville de lui retirer son siège épis-
à cause de de leur corps, ont re-
la faiblesse copal. Mais les bourgeois finirent par obéir.
cours à cette nourriture le samedi. 8. En France, les légats avaient cité l'ar-
Cette dernière coutume n'existait pas dans chevêque de Narbonne devant eux, pour ré-
la province de Brague, et le pape recom- pondre à l'accusation du crime d'iiérésie, le
mande à l'archevêque de ne pas la laisser suspendirent de ses fonctions, défendirent à
«. s'introduire. L'archevêque de Nidrosie ou l'évêque de Magueloue de se faire sacrer
'" Drontheim avait demandé au pape ce qu'il par traitèrent avec tant de sévérité
lui, et le

fallait penser d'un baptême conféré à l'arti- qu'il en appela à Rome, sous prétexte qu'ils
cle de la mort à un enfant, sur lequel on avaient dépassé leurs pouvoirs. L'ati'aire
avait répandu de la salive, parce qu'on man- ayant traîné en longueur, et l'archevêque
quait d'eau et qu'il n'y avait pas de prêtre. s'étant démis de son abbaye, Innocent or- Epui. «<

Innocent répond qu'il faut nécessairement donna aux légats de ne plus l'inquiéter pour
l'eau et la parole, selon le précepte de Notre des fautes dont il se reconnaissait coupable,
Seigneur, et que le baptême où ces deux et de lui donner le temps de faire pénitence.
choses ne se trouvent pas, n'est pas un vrai Malgré son ûge et ses infirmités, l'archevê- ub x,
"'""'' '

baptême. que se rendit à Rome, où il trouva k la vé-


„ ,2_ Une jeune fille, enfuyant des libertins qui rite patience et pardon, mais on lui fit des
"
la poursuivaient, s'était précipitée dans la observations sévères sur le passé, et on lui
rivière, où noyée. Le pape, con-
elle s'était donna de bonnes leçons pour l'avenir. Mais
sulté par l'archevêque de Tours, répondit l'archevêque resta tel qu'il était, et le pape
qu'on devait lui donner la sépulture ecclé- se vit forcé de le déposer, et d'ordonner au
siastique, parce qu'elle ne s'était pas tuée légat de faire une nouvelle élection '.
volontairement, mais par accident. 9. Le légat Rodolphe, moine de l'abbaye Epist. u

,1 isi
Un homme avait été promu aux ordres, de Font -Froide, recevait dans ce même "'""•
''
et même au sacerdoce, sans avoir aupara- temps ordre du pape d'établir des prédica-
vant reçu le baptême. Innocent décide qu'on teurs chargés d'évangéliser les hérétiques
doit baptiser celte personne, et ensuite lui dans la province de Narbonne, et il comptait
1 ,51,
donner Il veut qu'on
les ditl'érents ordres. plus sur la prédication et les vertus des
' accorde le sacrement de baptême aux Sar- hommes évangéliques que sur tous les au-
rasins ou aux Juifs qui le demandent.
7. Le zèle d'Innocent III contre les héré- ' Hurler, ibid., livre XIII.
[xiii'siici-E.] CHAPITRE LXXXIII. - INNOCENT III, PAPE. 1003

très moyens. C'est alors qu'on voit apparaî- Lorsque les enseignements des ecclésiasti-

tre parmi ces prédicateurs Diego évéque , ques, les efl'oits des évéques, les voies de
d'Osnia, et Dominique de Guzman, qui fut douceur et de sévérité ne ramenaient point
plus des fondateurs d'un ordre
tard l'un les apostats, alors seuli-ment il croyait être
puissant, appelé l'une des colonnes de l'E- en droit et être même obligé de recourir à
glise '. des mesures de rigueur. Son devoir envers
10. L'hérésie des albigeois et des vaudois l'homme en bonne santé devait l'emporter
répandue dans le roj'aume d'.\ragon,
s'était selon lui sur les ménagements dus au ma-
et, malgré la sévérité des lois portées contre lade, car une trop grande condescendance
eux, y avait fait de grands progrès -. lui paraissait dangereuse. 11 déclara donc
Ep.t. m. Dans le livre qui nous occupe, on voit le que ceux qui persévéreraient opiniâtrement
pape accorder à Pierre, roi d'Aragon, la fa- dans l'hérésie, seraient livrés à Satan, dé-
culté de retenir à son usage tous les biens clarés déchus de leurs fiefs et possessions
des hérétiques qui tomberont en son pou- dépendant de l'Eglise; que leurs biens se-
voir, pendant que, poussé par le zèle de la raient transmis à leurs descendants catholi-
foi catholique, il s'appliquent à exterminer ques, et, s'ils n'en avaient pas, mis sous le

Epi.i. 103, les sectaires. Innocent accorde en outre au séquestre; que leurs maisons seraient ra-
"'"' eux-mêmes bannis, et que leurs cada-
roi le château de Scura, qui appartenait à sées,
l'Eglise romaine. C'était un lieu très-propre vres seraient arrachés de la terre sainte dans
à l'extirpation des hérétiques, par ses forti- laquelle ils auraient été enterrés. Il croyait

fications et sa position au milieu des sec- devoir recommander aux princes de prendre
taires. les armes contre eux « Car, disait-il. Dieu
:

En achevant ici cette trop couile analyse ayant confié le glaive aux puissants de la
de lettres si intéressantes, nous emprunte- terre pour protéger les bons et pour punir
rons à l'historien d'Innocent 111 quelques ré- les malfaiteurs, la sévérité ne peut jamais
flexions sur les principes qui guidaient la être employée plus convenablement que
conduite de cet illustre pape à l'égard des contre ceux dont les eCforts fendent à enle-
hérétiques « Le chef de l'Eulise s'affligeait
: ver aux autres, avec la foi, la vie spirituelle. »

profondément en voyant un chrétien faire D'après ces principes, le concile tenu à .\vi-
cause commune avec les hérétiques. Les fi- gnon en 1209, ordonna aux évéques et aux
dèles qui restaient dans l'Eglise ou les héré- archevêques de faire jurer aux comtes, aux
tiques qui y rentraient, devaient naturelle- châtelains, aux chevaliers et à tous leurs
ment lui causer plus de joie que ceux qui subordonnés, de se vouer à l'extermination
déchiraient son sein. C'est pourquoi, lors- des hérétiques exclus de l'Eglise ^. »
qu'on accusait quelqu'un d'hérésie, il vou- Qu'on n'oublie pas non plus combien les
laitqu'on fit une enquête sévère, afin que doctrines des nouveaux manichéens étaient
personne ne fut injustement déclaré coupa- contraires non-seulement à la foi catholique,
ble 11 recevait avec plaisir ceux qui abju-
''. mais à l'existence même de la société. Les
raient leurs erreurs, s'opposait à ce qu'ils albigeois les poussèrent aux dernières ex-
fussent inquiétés, et se montrait disposé k trémités et leur firent produire les plus
les soutenir, même contre leurs évéques, monstrueuses conséquences. Les détails don-
lorsque ces derniers doutaient de leur sincé- nés par quelques auteurs contemporains sur
rité '. Mais une enquête rigoureuse lui pa- les mœurs des sectaires sont hideux Ray- :

raissaitdoublement nécessaire, lorsque les mond VI, comte de Toulouse, leur principal
accusés étaient membies du clergé. Le com- protecteur, rappelait par sa conduite les
mirce fréquent même avec les hérétiques ne princes les plus corrompus du paganisme, et
devait pas entraîner la perte des bénéfices, allichait hautement l'impiété la plus scan-
mais seulement la suspension. Cette pre- daleuse. La propriété, la famille, la religion
mière mesure ne devait être appliquée qu'au- se trouvaient,à la fois attaquées par la doc-
tant que la participation aux tentatives des trine des albigeois ; il était impossible à
hérétiques serait suUisamment constatée ^. l'Eglise et à l'autorité civile de les tolérer,

' Voyez Ilurter, livre -XIII. — « llurtor, ibiil. l.ib. XII, Episl. ni; IX, 18; VII, 7G; X, 130; IX,
s Lib. Il, ICptst. US. — ' l.il). V, t>.«/. 36; lib. II, 213; 1,81 ; I, 91.— ' ConciV. .4ueii. Mansi XXll; Labbo.
Episl. 03. lom. XI, pag. 4i.
> Histoire d'Innocent y//, ibid., pag. 311 et ïuiv.
,

1004 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


d'autant moins que les albigeois déployaient élangs, pillèrent les biens de l'Eglise, dé-
la plus grande activité pour les propager. pouillèrent les fermes, en enlevèrent les bes-
Ils s'introduisaient dans les maisons, et, as- tiaux, les blés, les vins et autres denrées;
surant dans un langage habile et séduisant contraignirent, à force de mauvais traite-

qu'on ne pouvait rencontrer chez eux que ments, leshommes de la même Eglise à
la vérité et la paix de l'âme, ils cherchaient leur payer des sommes empor-
d'argent, et
surtout cl circonvenir les malades avant qu'un tèrent tous les meubles de maison épisco-
la

prêtre fût arrivé pour les visiter. Ils écri- pale. Ils confisquèrent même ce que Hugues
vaient les principaux articles de leur doc- avait légué aux églises et aux pauvres par
trine sur des billets, les plaçaient dans des son testament. Le roi se saisit encore de
endroits solitaires, atîn qu'ils fussent dé- deux prébendes qui vinrent à vaquer, et les
couverts par des pâtres et donnés par ceux- donna à ses clercs. Le roi Louis, père de
ci à leurs ministres. Partout où ils jjensaient Philippe-Auguste n'avait rien commis de
,

pouvoir se présenter plus hardiment, ils (en- semblable pendant son règne, ni aucun de
taient d'intercepter les ordonnances des évè- ses prédécesseurs; mais, à la vacance du
ques, de rendre suspects ceux qui voulaient siège, le doyen et l'arcliidiacre se saisirent
les réfuter, etde leur faire une mauvaise ré- des revenus de l'Eglise et les administrèrent
putation parmi le peuple mais lorsqu'ils ; pendant la vacance, pour les remettre à
craignaient quelques dangers, ils pratiquaient celui qui serait élu évêque. Ce fut Guillaume
exlérieurement tous les usages de l'Eglise, de Seignelai. Aussitôt après son élection, il
se mettaient à genoux, recevaient l'eucha- envoya demander au roi la levée de la ré-
ristie avec toutes les apparences de la fer- gale, et, ne l'ayant pas obtenue, il y alla lui-
veur, et proteslaient qu'ils étaient de vrais même. Ses remontrances ne furent pas écou-
chrétiens. Ils attiraient le peuple à des con- tées. Le pape en fit parler au roi par deux
férences publiques, prêchaient partout leur évêques. Ce prince se laissa enfin fléchir, et
doctrine, et, afin d'acquérir une plus grande par un acte de Fan 1207, il restitua ce qui
habileté pour défendre leurs opinions, ils avait été légué par l'évêque Hugues, fit la
envoyaient même des jeunes gens à l'uni- remise de la régale à Guillaume son succes-
versité de Paris. Un de leurs chefs évalue seur, et donna ù perpétuité à l'église d'Au-
le nombre des parfaits à quatre mille cinq xerre tous les droits qu'il avait sur la régale
cents des deux sexes; ce nombre donne une pendant vacance du siège, consentant que
la

idée de l'active propagande qui s'exerçait'. le doyen chapitre les gardassent pour
et le
« Quant à leurs adhérents, on n'en connais- l'évêque futur, de même que les prébendes
pas le nombre », dit Hurter -. L'auteur
sait qui pourraient vaquer alors.
remarque avec raison que tout le boulever- 2. Dans une lettre à l'évêque de Saragosse,
sement qui mine depuis plus d'un derai-siè- le pape déclare que par le terme de Navales
cle les fondements delà société européenne, mentionné dans les bulles des papes, il faut
n'est autre choseque l'œuvre des albigeois, entendre une terre nouvellement cnltivée
transmise par eux à leurs successeurs, les et dont on n'a point de mémoire qu'elle l'ait
francs-maçons été auparavant. Dans une autre il accorde à
'•'.

§x. un seigneur, qui pour obtenir le pardon de


ses péchés s'était engagé au service de la
Livre A des lettres d'Innocent.
Terre-Sainte, de choisir avant son départ
[Le livre X contient deux cent vingt-huit un prêtre discret pour lui confesser avec hu-
lettres ; il commence avec
le mois de mars milité tous les péchés de sa vie, et en rece-
1207 et va jusqu'au mois de mars 1208.] voir une pénitence salutaire. Un évêque
x„„. Il,
Après la mort de Hugues, évêqued'Au-
!• exilé de son diocèse avait défendu à tous ses
''ou-^i:.\ïli xerre en 1206, les olliciers du roi saisirent, clercs de se faire promouvoir aux ordres sa-
''^^''•'
suivant la coutume, les régales, c'est-à-dire crés par d'autres évêques, sans sa participa-
EpisMi. les fiefs mouvants de la couronne; mais sous tion. Plusieurs, sans avoir égard à sa dé-
ce prétexte ils commirent des exactions vio- fense, se firent ordonner en d'autres diocè-
lentes, dégradaient les bois, épuisèrent les ses. Sur ses plaintes, le pape interdit de

Histoire populaire des Papes, par Ghantrel, t. XII, trouve de grands détails sur les mamchéeus et
5. 126, 127. Voyez aussi Hurter, liv. XIII, où l'ou vaudois. —
2 Ibid., pag. 286. —
s Ibid.
[XUI' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III , PAPE. 1005
leurs fonctions tant les ordonnés que les terres sujettes à la dîrae doivent la payer, à
évoques qui leur avaient conféré les ordres, moins qu'ils n'aient obtenu des privilèges
en supposant toutefois qu'ils avaient eu con- là-dessus; pas permis d'employer
il n'est
naissance de la défense faite par l'évêquc l'épreuve de l'eau ouillanle, soit dans les
I

hpisi. H6. diocésain. Un clerc qui n'était qu'acolyte causes matrimoniales, soit dans les causes
s'était faitordonner diacre, sans avoir reçu ecclésiastiques. Consulté si l'on devait sépa- Epui. loi.
le sous-diaconat. 11 fit pénitence de cette rer deux personnes coupables l'une et l'au-
faute dans un monastère, puis s'adressa à tre d'adultère, pape répondit négative-
le
un évèque pour savoir comment il devait ment, l'égalité des crimes faisant une com-
89. se comporter. L'évoque le renvoya à l'ar- pensation entre elles, le maii et la femme
clievêquc de Lundcn, qui lui défendit de sont obligés de se rendre mutuellement le
faire les fonctions de diacre, jusqu'à ce qu'il devoir. Il permit à un du vivant homme qui, r,i.

eût consulté là-dessus le Saint-Siège. Inno- de sa piemièi'e femme, en avait épousé une
cent IH répondit que si ce clerc avait d'ail- autre dans un pays éloigné, de demeurer
leurs du mérite, il pouvait lui permettre les avec celle-ci depuis qu'il avait appiis la mort
fonctions du diaconat, mais seulement après de la première, pourvu qu'il n'eût contribué
qu'il l'aurait ordonné sous-diacre. en rien à cette mort. Etant libre par la mort
u9etiib. 3. Aoyaut que tout ce que l'Eglise avait de la première femme, il a pu contracter de
fait j)Our détruire l'hérésie des albigeois nouveau avec la seconde, d'autant qu'elle
Epi.t. 33. clait pape eut recours au bras
inutile, le n'avait aucune connaissance qu'il fut marié
séculier pour les extirper de la France,où à une autre quand elle l'avait épousé.
ils se répandaient, et en écrivit au roi et à

plusieurs seigneurs du royaume, accordant § XII.


à tous ceux qui prendraient les armes contre
Livre XII des lettres d'Innocent III.
ces iiérétiqucs, les mêmes indulgencosqu'aux
m. croisés pour la Terie-S:iinte. Il fixa à huit [Dans ce livre, qui va de mars 1209 au
le nombre des maîtres de théologie dans mois de février 1210, se trouvent cent soi-
l'Université de Paris, à moins que la néces- xante-dix-sept lettres un appendice en con- :

sité ou l'utilité n'en demandassent davan- tient cinq autres.]

,6» lage; déclara qu'un sous-diacre pouvait être Dans la lettre à l'évêque de Ferrare, le p,j_ j,,,

élu évêque, le sous-diaconat étant à présent pape réfute l'opinion de quelques théolo- ccxvi'j'™'
au nombre des ordres sacrés, et les sous- gieus qui soutenaient que l'eau que saint
diacres obligés à la continence. Jean dit être sortie du coté de Jèsus-Clii'ist £pi,i ,_

avec le sang, n'était que du phlegme ou une


§XI. humeur aqueuse de son corps. Première-
ment, l'on doit là-dessus s'en rapporter à
Livre .\l des lettres d'hinnocent 111.
l'èvangéliste, qui avait vu lui-même couler
[Le livre XI s'étend de mars 1208 au mois cette eau : si une humeur aqueuse,
c'eût été
de février 1209; on y trouve deux cent il l'aurait marqué. Secondement, on a tou-
soixaute-dix-sept lettres. Un supplément en jours regardé dans l'Eglise celte eau comme
contient cinq autres. 11 est suivi de six let- la ligure du baptême, et comme une raison

tres de diQ'érents papes, au sujet de l'élec- de mêler l'eau avec le vin dans le sacrement
tion de l'abbesse de Jouarre.] de l'Eudiaristie. 11 ordonna la dissolution ,9.

Pij. 1J9. Dans sa réponse à diverses consultations d'un mariage vingt ans après qu'il avait été
Ix'iv')'""' de l'archevêque de Besançon, Innocent don- contracté, parce qu'on découvrit que les
ne les décisions suivantes Les clercs, dans
: conjoints étaient parents, et que la femme,
les ordres mineurs, qui ont du patrimoine tombée dans l'hérésie des cathares, faisait
en suffisance pour s'entrelenir décemment, tous ses ell'orts pour infecter de ses erreurs
peuvent être promus aux ordres supérieurs, toute sa famille et ses voisines. 11 permit à 30«iib.
^*''
quand môme ils n'auraient point de béné- uu clerc, qui en badinant avec un de ses
lices ecclésiastiques; les moines assignés en compagnons d'étude lui avait occasionné une
témoignage dans la cause de leurs frères, chute, dont il mourut le quatrième jour, de
ne le peuvent rendre sans avoir prêté ser- retenir son bcnétice et de se faire promou-
ment, si ce n'est que la partie adverse les voiraux ordres supérieurs, après que son
en dispense; les religieux qui ont acquis des évoque lui aurait imposé pour celte faute
,

1006 HISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


une pénitence convenable. Il dispensa du Innocent défend aux moines de se eau- p>j

défaut de naissance un jeune liouime qui le tionner pour personne sans le consentement ù^xv
réparait par ses bonnes mœurs, et déclara de l'abbé et de la plus grande partie du cha- "p"'
que, quoique né d'une concubine et d'un pitre, et, si quelque moine faisait le con-

diacre, il serait liabile à posséiler un béné- traire,il décharge le monastère du caution-

fice qui n'aurait point charge d'âmes. nement. 11 détend aus-i aux clercs constitués iso.

dans les ordres sacrés, de faire l'ofiice de


§ XIII. tabellion, sous peine de privation de leurs

Livre XIII des lettres d'Innocent III. bénéfices, et aux prêtres de rendre des juge- us.

ments touchant les épreuves de l'eau froide,


[Le livre XIII renferme deux cent neuf let-
ou du fer chaud, ou du duel, l'Eglise n'ad-
tres deux autres lettres sont données en
:
mettant point de jugements semblables,
appendice. Ce livre va de mars 1210 à mars quoiqu'ils soient usités dans les tribunaux
1211.] séculiers.
A la lequête des abbés de l'ordre de saint
S XV.
Benoit dans la province de Rouen, Inno-
cent III leur accorda d'assembler cliaque an- re X V des lettres d'Innocent III.
née un chapitre provincial, où, sous la di- [Le XV s'étend de mars 1212 à mars
vre
rection d'un abbé religieux et humble, ils
comprend deux cent quarante let-
1213; i

pussent, en conférant tous ensemble, tra-


très.]
vailler à la réformation des moeurs, tant des
1. L'abbé de Sainte-Colombe, à Sens, eut p ^
abbés que des moines, et s'afferinir par la
avec l'abbé et les moines de Saint-Pierre-le- {f,;xvi'.)'
pratique exacte de leurs statuts, dans le
Vif en la même ville, une ditliculté au sujet e^isi. lo.
service qu'ils doivent à Dieu. Consulté par
du corps de saint Loup, archevêque de Sens.
l'archevêque de Rouen, si la tonsure que
Ceux-ci prétendaient en avoir la tête et quel-
les abbés confèrent à leurs moines les cons- ques membres de son corps; l'abbé de Ste-
titue dans l'ordre de la cléricature, le pape
Colombe montrait l'authentique ou procès-
répondit que ce privilège avait été accordé verbal de la visite faite du corps de ce saint,
aux abbés par le septième concile général, qui portait que Hugues, archevêque de celte
mais seulement dans leur propre monastère, ville, dans une assemblée d'évêques invités
pourvu que, suivant la coutume, ces abbés exprès, y avait montré, en présence du cler-
eussent été bénits par l'évêque, qu'ils fussent
gé et du peuple, le corps entier de saint
prêtres, et qu'ils conférassent celte tonsure Loup, et sa tête dans l'église de Sainte-Co-
suivant la forme de l'Eglise. Il réforma un
lombe. L'affaire poitée au Saint-Siège, le j,_j|,
abus introduit dans quelques maisons de pape jugea en faveur du monastère qui porte
filles de l'ordre de Citeaux, où les abbesses
le nom de cette sainte, avec défense aux
bénissaient elles-mêmes leurs religieuses
abbés et moines de Saint-Pierre de s'attri-
entendaient leurs confessions, lisaient l'E-
buer à l'avenir les reliques de saint Loup. Il
vangile et l'expliquaient en public « Quoi-
y a plusieurs lettres d'Innocent lil au sujet
:

que la très-sainte Vierge Marie ait été, dit-


des portions congrues des prêtres qui des-
il, plus digne et plus excellente que tous les
servent les paroisses. Il veut que les patrons
apôlies, ce n'est pas à elle, mais à eux que
aient soin de leur faire assigner une partie
le Seigneur a donné les clés du ciel, n II dé- des revenus de l'Eglise pour leur subsis-
cide que le patrimoine d'un clerc appartient
tance. 11 décide qu'un homme qui a commis ^^^
après sa mort à ses héritiers. un adultère avec une femme, du vivant de
son mari, peut l'épouser après la mort du
§ XIV.
mari poui vu qu'il n'ait point donné pro-
,
Livre XIV des lettres d'Innocent III.
messe de mariage à cette femme avant la
[Dans le livre XIV se trouvent cent soixante mort de son mari, et qu'il n'y ait pas contri-
lettres, qui vont de mars 1211 à mars 1212. bué.
Ce livre a deux appendices le premier ren- : 2. Le pape écrivit à l'archevêque de Be- u,
ferme cinq lettres, et le deuxième contient sançon, dont l'église avait été incendiée,
plusieurs pièces relatives à l'affaire de Bo- que si les murailles n'avaient pas été en-
chard d'Avesne avec Marguerite, soeur de dommagées; si la table du maître autel n'a-
Jeanne, comtesse de Flandre.] vait souffert que quelques légères fractures
[XIU' SIECLE. J CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, PAPE, 1007

dans les extrémités, et n'avait point été re- ses ordres. D'un grand nombre de
que lettres
muée de sa place, on ne devait pas consa- le pape Innocent III écrivit pour la convoca-
Kpiii isi. crer de nouveau l'église. 11 répondit à l'évê- tion du concile de Latran, on n'a rapporté
que de Dcauvais que les terres dont la dirae dans cette collection que celles qui sont em.i >»,

"' "• '"


a autrefois appartenu aux gros et menus adressées à l'archevêque, aux évêques, ab-
décimaleurs, mais qui ont été longtemps bés et prieurs de la province de Vienne, aux
sans être cultivées, leur doivent la même patriarches d'Alexandrie et de Jérusalem et
dime, quand on les remet eu culture. à l'archevêque de Lunden, légat aposto-
lique '.

§ XVI.
§ XVII.
Livre X VI des lettres d'Innocent IIl. Autres lettres d'Innocent III.

[ Le livre XVI va de mars 1213 jusqu'à {. Outre les lettres de ce pape rapportées ^„,„,
mar~s 1214; il renferme deux cent quatre- dans la Collection de Baluze, il s'en trouve ni'."" 1,'àJ",!'

vingt-deux lettres. On j' a joint un appen- deux dans le quatrième et le sixième tome
dice qui contient trois lettres et diirérentes de ses Mélanges, l'une pour l'église d'Albi, p,g. ut.
notes relatives à des aii'aires traitées dans ce et l'autre pour la consécration de Foulques,
livre.] évêque de Toulouse. Pierre Ludevig en rap- m.
P.p 1,,. 1.L'évèque de Slesvic lui avait demandé porte une troisième touchant le droit que
ilcxvi')""'" si un prêtre qui a une église dans un dio- l'on a en Allemagne d'apprler au Saint-
Epiit 26. cèse, et qui y demeure, mais dont le patri- Siège, malgré l'empereur -; et une quatriè-
moine est di.us un autre diocèse, doit être me cl Waultier, abbé de Mont-berein. Les
jugé par l'ovêque du diocèse où ce patri- lettres ^ qui concernent l'Espagne ont été
moine est situé, pour un oime qui y aurait imprimées dans le troisième tome des Con-
u été commis par ce prêtre. Innocent III ré- ciles du cardinal d'Aguire. Goldast, dans son

pondit que la sentence devait élie publiée traité de la Monarchie, rapporte l'épitre dé-
par l'évèque du diocèse où le délit a été crétale d'Innocent III pour le droit du roi de
commis, mais exécutée dans le diocèse où France et de son royaume. Celle que ce pape
le coupable demeure, écrivit au roi Philippe pour l'engager à ne

ço 2. La lettre à l'archevêque de Sens con- pas souffrir l'usure dans ses Etats, est im-
tient l'histoire de la conversion d'un juif à primée dans le sixième tome * du Spicilége.
Rome, par le ministère de l'évèque de Tus- On imprima à Tours, en 1694, la lettre
culum. 11 défend dans celle qui est au pa- qu'Innocent III adressa à l'évèque du Mans
triarche de Jérusalem, de rien ecevoir pour i pour taire la visite de l'église de saint Mar-
,18. l'entrée dans la religion. 11 déclare dans la tin de Tours avec celles de Léon VU et
,

lettre i l'archevêque de Lunden, qu'un prê- d'Alexandre III. Il y en a une dans le deu-
tre qui a eu une ou deux concubines, soit xième tome ^ de la Bibliothèque des manus-
successivement, soit en même temps, n'eu crits du père Labbe, qui est à l'archevêque

.j, est pas devenu pour cela irrégulier, comme de Bourges; il y est question de la canoni-
s'il était bigame, parce que le concubinage sation de Guillaume de Bourges, qui d'abbé
est réputé simple fornication; qu'ainsi ou de ChaOli avait été fait archevêque de cette
peut sans dispense le rétablir dans ses fonc- ville, et était mort en odeur de sainteté. On

tions. peut voir plusieurs lettres du même pape au


3. Sur le doute qu'avait uu chanoine s'il roi Philippe, aux princes, aux évêques, tou-
avait reçu les ordres de sous-diacre et de chant l'atfaire des albigeois et le voyage de
diacre samedi des Quatre-Temps, ou seu-
le la Terre-Sainte, dans le cinquième tome' de
lement le dimanche suivant, le pape répon- la collection des historiens de France, par

dit qu'on doit toujours présumer que l'é- André du Chêne.


vèque a suivi dans l'ordination les règles de [ 2. Le supplément des lettres d'Inno- p,,,^,^^

l'tglise, à moins que le contraire ne soit cent m, donné par les éditeurs de la Patro- ^| j'^^"»
prouvé évideuimcut; qu'ainsi ce chanoine loijie au tome CCVH, col. 9-39, contient deux

pouvait sans scrupule faire les fonctions de cent quarante-neuf lettres. Le plus grand

« Les lettre» trente-un, trente-deux, trente-trois ' Pag. 403, 485. —


» l'ng. 86.

tout aussi pour la couvocatioa du concile. {L'éditeur.) ' rom. VI, pag. 464. —« Hag. 890.

' Ludevig, tom. Il, Rettquiar. nus., pag. SOI.


1008 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
nombre consiste en des concessions ou des à vous faire sentir vos fautes, vous déplaît,
confirmations de privilèges; elles sont par nous agissons cependant comme un médecin
ordre chronologique. Parmi les lettres pro- prudent et zélé, qui opère et cautérise le
prement dites, on peut remarquer les suivan- malade pour le guérir malgré sa résistance.
tes En 1199, Innocent exhorta les fidèles
: Si votre maladie se montrait rebelle au trai-
de Saxe et de Westphalie à s'armer pour tement suivi jusqu'à présent, nous emploie-
repousser les attaques que les paysans de rions des remèdes plus amers et propres à
Livonie dirigeaient contre ceux de leur na- guérir. Une fois la guérison opérée, vous bé-
tion qui s'étaient faits chrétiens. Dans le nirez le médecin expérimenté et vous oublie-
commenceraent de la lettre, il dit que l'E- rez l'amertume des remèdes. Nous n'avons
glise ne force personne à se faire chrétien, pas encore perdu l'espoir d'amollir votre
mais qu'elle de protéger ceux
est obligée cœur par nos paroles. Exécutez les promes-
qui ont eu bonheur d'embrasser la foi.
le ses contenues dans la lettre que vous avez
Par une en date du 3 avril, il fait sa-
lettre écrite et que nous a remise l'abbé de Beau-
voir k l'évêque de Bamberg qu'il a mis l'im- lieu, car en négligeant de faire ce que nous
pératrice Cunégonde parmi les saints et a avons permis sur votre demande pressante,
décrété sa fête. Il décide que, dans la béné- vous ajouterez une seconde faute d'autant
diction du cierge pascal, on doit mettre le plus grave, que vous nous avez envoyé de
nom du patriarche de Grade avant le nom nouveaux ambassadeurs sous prétexte de
du doge de Venise. Dans le monastère de la terminer promptement cette affaire. Très-
Charité on avait la louable habitude de
, cher fils, ne vous endurcissez pas, n'élevez
prier pour ceux qui persécutaient ou pil- point de nouvelles difBcultés afin de ne ,

laient ses biens le pape approuve cet usage.


: point vous attirer des embarras qu'il vous
11 accorde à Adèle, reine de France, la fa- serait difîicile de surmonter; car, quoique
culté d'être enteirée à Pontigny, aux frères nous vous aimions et que vous receviez avec
prêcheurs et mineurs qui accompagneront colère les châtiments de l'Eglise, nous nous
le roi d'Angleterre en Terre-Sainte, celle verrions forcé, si dans l'espace de trois mois
d'aller à cheval. vous n'accomplissiez pas toutes vos promes-
3. L'élection d'Etienne de Lington à l'ar- ses, de vous exclure de la communion des
chevêché de Cantorbéry occasionnait de, fidèles, et de donner à nos vénéraljles frères
grands démêlés entre le roi Jean et le pape'. l'ordre positif de vous déclarer excommunié,
En 1208, le pape écrivit à Jean une lettre tous les jours de dimanche et de fête, au son
où il se phint avec amertume du mépris de des cloches et avec les cierges allumés, sans
ses conseils et de ses avertissements No- : <( vous laisser la faculté d'en appeler au Saint-
tre cœur de ce que vous récompen-
s'afflige Siège. Cette sentence, nous la prononcerions
sez notre amour par
la haine, de ce que vous nous-même, afin que toute l'Eglise sût la
vous révoltez contre vous-même et ne mé- punition infligée à celui qui l'a offensée.
nagez pas votre propre honneur, afin d'atta- \'oyez, l'arc est tendu. Evitez, évitez la flè-
quer le nôtre. Ne voyez-vous pas combien il che, car une fois lancée elle ne rétrograde
est vain de résister à l'Eglise et aux ordres plus. Prenez garde qu'elle ne vous fasse
de Dieu? Car personne ne peut se soustraire une blessure grave, dont la cicatrice resterait
à sa main, ni changer ses décisions. Si votre encore lorsque la plaie serait déjà fermée-.»
ingratitude se refuse à reconnaître la con- A la suite de cette lettre vient la formule de
descendance que nous avons eue pour vous l'interdit que le pape avait jeté sur l'Angle-
dans l'affaire de l'église de Cantorbéry, l'E- terre pour punir la résistance du roi et ses
glise universelle s'en souviendra et n'ou- persécutions sauvages contre le clergé et ses
bliera pas notre patience à votre égard. Vo- sujets. Cet interdit fut prononcé par les évê-
tre oreille et votre esprit sont tellement en- ques de Londres, d'Ely et de Vinchester, le
durcis, que vous repoussez tout avis salu- M mars 1208.
taire, et que vous ne sentez pas votre bles- 4. Le pape écrivit en 1210 aux évêques
sure, qui dévore tout autour de vous. Si des Gaules, pour leur ordonner d'éviter la
l'amour paternel avec lequel nous cherchons simonie dans la réception des moines et des

> Voyez Histoire d'hmocent III, par Hurler, lib. XI 2 Histoire d'Innocent 111, traduite par l'abbé ,

8l Xll. tom II, livre XII, pag. 18G, 187.


, ,

[XIII'SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, PAPE.


religieuses. Les lettres cent quarante-neuf, ARTICLE III.

cent cinquante, cent cinquanle-nne, regardent


DES OPUSCULES D INNOCENT III.
de Gérard, évèque d'Osnabruck, à
l'élection
rarchevéché de Brème. La première collection de ses Opuscules
1. ^fntoo!
FpiH ICI
Les lettres cent cinquante - deux cent est de Cologne en 1332, in-fol. chez Mateine m"""''*"'
, ,

soixante-treize, sont relatives à la canonisa- Cholin, de l'impression de Jean Novesien. Il


tion de saint Guillaume, archevêque de Bour- s'en lit une seconde chez le même en 1373,
ges. Malgré le concours de peuple qui se et une troisième à Venise en 1378. [L'édi-
rassemblait devant le tombeau du prélat tion donnée à Cologne en 1573 est repro-
malgré les miracles qu'on disait s'y opérer, le duite au tome CCXVII de la Patrologie, col.
pape ne crut pas devoir exaucer la demande 309 et suiv., avec plusieurs additions. Voici
réitérée de l'archevêque et du cliapilre. la série de ces écrits 1» Soixante-dix-neuf
:

On trouve dans ce supplément plusieurs sermons avec un discours du cardinal Ro-


161. lettres relatives h la croisade. Il y en a main; 2° Dialogue entre Dieu et le pécheur
233. une au roi d'Angleterre ; une où lepape avec préface de Mai .3° Du mépris du monde
;

soo. règle ce qui regarde la croisade; une autre ou de la AJisère de la condition humaine en ,

par laquelle le roi Philippe établit un règle- trois livres; 4° De l'Aumône; 5° E'.oge de la
ment pour la croisade contre les albigeois. Charité ; 6° Du mtjstère de la Loi évangélique
199. Dans une lettre écrite par Olivier, écolâtre et du sacrement de l'Eucharistie, en six livres;
• de Cologne, il est question de ditférentes 7" Eloge de la bienheureuse vierge Marie et de
apparitions de croix qui eurent lieu tandis Jésus; 8° trois prières sur la vie et la passion
de la multitude
qu'il prêchait la croisade, et de Jésus-CLrist; 9° trois prières à tous les
de personnes qui avaient pris la croix dans saints pour la défense de l'Eglise; 10° hymne
iff,coi.!s6- la province de Cologne. Innocent déclara au sur le Christ et sur la sainte Vierge; 11" des
roi d'Angleterre qu'on ne pouvait prononcer quatre espèces de noces; 12° Epi/lwlame de
l'excommunication contre sa personne ou l'Époux ei de l'Epouse. Parmi les ouvrages
l'interdit sur sa chapelle, sans un mandat douteux, les éditeurs rangent l'explication
F.M.i. im, spécial du Saiul-Siége. 11 écrivit au même des sept Psaumes de la pénitence, les règles
m.
m prince qu'il prenait les mesures nécessaires de l'ordre du Saint-Esprit à Home, qu'In-
pour amener une trêve entre le roi d'Angle- nocent a fondé.] On a mis à Li tête la vie de
teire et le roi de France, alin de poiter se- ce pape, tirée de divers écrivains dignes de
Epi.i. m, cours à la Terre -Sainte. D'autres lettres foi. Suivent les homélies sur l'Avent, sur le

m'.Mi.'i'à-! ont pour but la paix entre le roi d'Angleterre jour des Cendres, sur les Qiiatre-Temps, et
et ses barons. Innocent écrivit en 1213 aux sur plusieurs solennités et dimanches de
prélats, aux nobles et au peuple d'Irlande, l'année; puis sur les fêtes des saints, ensuite
de persévérer clans la fidélité qui était due sur le commun
des apôtres, des martyrs,
au roi d'Angleterre et à ses héritiers. 11 dit des confesseurs et des \ierges, et sur la con-
que l'accord léguait alors en Angleterre en- sécration d'un évêque même du pape '.
,

tre le loyaume et le sacerdoce. Le pape Tous ces discours sont semés de passages
contirma en 1213 la charte que le roi Jean de l'Ecriture. H y explique les principaux
avait accordée pour assurer aux égli?es de dogmes de la foi, les grandes maximes de la
Epiii. 190. *>"" lojuuine la liberté des élections. 11 écri- morale chrétienne, les motifs des grandes
coi. m.sw. ^.j^ g,j ^^2\/^ a Philippe, roi de France, de ne solennités de l'Eglise, et les raisons du culte
plus soullrir désormais l'usure dans son qu'elle rend aux saints '-.
loyaume. [Elle y avait fait des ravages af- 2. Nous empruntons à Hurfer l'apprécia- i^.,„.,
freux dans toutes les classes de la société. J tion suivante des sormons d'Innocent III ^ :
y°',l^'\

' Pag. 70fi-74S, 7i)2-79'i, 802-804. de plusieurs martyrs, un autre pour la fêle des cou-
» Le Spiciletjium romanuni, loiu. VI, p. 47o bOl, fesseuis, et eutin un i des moines. Ces si;rmon8 sont
conlitut douze sermons jusqu'aloi s inédits, savoir: reproduits dans la Patroloyie, k la. place qui leur
troissermons pour les pnuiier, deuxième et troisième convient parmi les autres sermons. Us méiileut d'être
dimautlie de lAvciit, un p.iur la résurrection, un lus, surtout celui sur la nuliv.té de la sainte Vierge,
pour le dimimilie où il est question de l'évuugde (tWl/fH--.)
du pliarJBiin etdu publuaiii, un pour la fête de saint s Ui^loire d'Innucenl III, tom. 11, livre XX, traduc-
Jcun-lJiiptisle, un j.our ta léte de saint Hi^rre, un sur lion de M. l'abbé .l;iger, pag. Sîo et suiv.

la naissance de ta sainte Vierge deux pour la IV'te


;

XIV. 64
1010 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
« Au milieu de tant d'occupations, Inno- élevées et sanctifiantes, qu'Innocent saiais-
cent n'oublia jamais qu'en sa qualité de prê- sait toute occasion d'annoncer les vérités
tresuprême de la clirétienté, il devait servir du salut : « Je suis teUement surchargé de
de modèle à tous par l'accomplissement de procédures , tellement entouré d'affaires ,

ses fonctions ecclésiastiques Il s'attaclie écrivait-il,que je ne puis suffire à tous les


surtout à élever les esprits et à les confir- détails, malgré les réclamations. 11 ne nous
mer dans la foi eu leur annonçant les véri- reste aucun loisir pour méditer sur les cho-
tés sublimes de l'Evangile, et en leur expo- ses célestes. A peine ai-je le temps de respi-
sant l'influence vivifiante qu'elles ont exer- rer; obligé de vivre pour les autres, je de-
cée dans tous les temps sur les membres viens en quelque sorte étranger à moi-même.
distingués de l'Eglise. Quand il n'était en- Néanmoins, pour que les devoirs que m'im-
core que cardinal, il se livrait avec zèle à pose mon apostolat, et que j'ai infiniment à
cette partie de ses fonctions ecclésiasliques, cœur, ne soient pa.'^ absorbés par la multi-
qu'ilne négligea pas étant devenu pape. 11 plicité des affaires temporelles qui pèsent
avaitcomme prédicateur des talents qu'A- sur moi dans ces mauvais temps, j'ai pro-
lexandre 111 regrettait amèrement de ne pas noncé et fait copier quelques exhortations
posséder'. A chaque grande fête, il en ex- adressées au clergé et au peuple. Pour que
pliquait l'institution et la signification, eu sou activité, exercée sur tant de voies difl'é-
même temps qu'il en montrait l'influence rentes, ne vint pas le détourner de la vie
sur les couvictions et sur la vie des chré- spirituelle et véritablement sacerdotale, il se
tiens '. dans les
C'est ce qu'il faisait surtout fitune règle de consacrer certaines heures
semaines consacrées plus spécialement à la que lui laissaient les soins de son gouverne-
contemplation de l'amour de Dieu, révélé ment, à méditer, à approfondir et à com-
par la mort réparatrice de Jésus-Chrisl, se- menter des parties détachées de l'Ecriture
maines qui doivent trouver tous les ccburs sainte, celles qui étaient les plus propres à
chrétiens ouverts aux saintes et célestes ins- élever et à fortifier son âme ^.

pirations. Sa voix se faisait encore entendre La manière de prêcher d'Innocent dif-


»

aux jours glorieux où l'Eglise célébrait, avec fère complètement de celle qui est usitée de
toute la pompe de ses cérémonies, la mé- nos jours; ses discours, en général, ne peu-
moire des confesseurs et des martyrs du vent être proposés comme modèles de goût.
Christ. C'était toujours un vrai chagrin pour On n'y trouve ni cette simplicité, ni cet
lui lorsque l'accumulation des aflaires venait enthousiasme ni cette éloquence entraî-
,

l'empêcher de remplir ces hautes obligations nante que nous admirons dans les anciens
que lui rappelaient, non les circonstances, pères de l'Eglise. 11 est à regretter qu'Inno-
mais les jours mêmes des fêtes ^. 11 prêchait cent ait fait servir le plus souvent les con-
comme il était d'usage alors, en langue vul- naissances si profondes qu'il avait de l'Ecri-
gaiie, et aux ecclésiastiques et au peuple, ture sainte, à des interprétations éuigmati-
qui, en foule, se pressaient autour de lui ques ou arbitraires, et qu'il ait visé à l'efièt
pour l'entendre; la longueur de l'ollice di- des mots aux dépens de la clarté du sens.
vin ne pouvait en détourner Innocent, ni le Tour à tour il joue sur les textes, ou les
fatiguer. Si dans ses sermons il excitait, par abandonne comme s'ils n'avaient aucun rap-
ses connaissances approfondies de l'Ecriture, port avec sa pensée. Cependant, malgré les
l'admiration de tous ceux qui l'entendaient, imperfections et les vices même que l'on
quel ne devait pas être l'étonnement quand remarque dans les formes, on voit qu'il avait
on apprenait qu'aux jours de ses prédica- toujours devant les yeux le but et l'efièt de
tions il vaquait aux ad'aires comme à l'ordi- la prédication, et qu'il exposait la vérité lu-
naire? Etant devenu pape, il lit un recueil mineuse de l'Evangile dans toute sa subli-
de ses discours et en fit un don d'amitié à mité. Voici ce qu'il dit lui-même sur les qua-
l'abbé Arnault de Citeaus ''.
lités du prédicateur et sur les efl'ets qu'il

C'était non-seulement par devoir, et dans doit chercher à produire « La force de la :

l'intérêt des fidèles, mais encore dans la vue prédication de la parole est telle qu'elle ra-
de n'être pas lui-même détourné des choses mène l'âme de l'erreur à la vérité, du vice à

' Albericus ,
pag. 362. —Serm. In dom'.' Lœtare.
' * Murât., Âniicli. Test. 1, cap. 36. — AymODia Citron,
' Innocenta sermones yro festis sanctorum lutius in Matth.
» Postula super septem Psalmos pœnit. Prcem,
[xm-siÈaî:.] CHAPITRE LXXXIU. — INNOCENT m, PAPE. iOli

la vertu; elle rediesse ce qui est courbù, ment de la vertu et du vice, des récompen-
aplanit ce qui est raboteux; elle instruit ses et des châtiments, de la miséricorde et
dans la foi, tait naître l'espérance, atlermit de la justice. Tour à lour simple et vélié-
dans l'amour; elle arrache ce qui est nui- menl, il faut qu'il emploie en temps et lieu
sible, plante ce qui est utile, entretient ce les pieuves cl les motifs, les comparaisons

qui est vertueux; elle est la route de la vie, et les exemples -. 11 veut surtout que ce qui
l'échelle du salut, la porte du paradis. C'est est visible et matériel serve comme de de-
pourquoi il faut que le prédicateur soit grés pour monter vers ce qui est invisible et
pourvu d'or, d'argent et de baume, c'esi-.V spirituel; car, dit-il, de même que chaque
dire qu'il ait de la sagesse, de l'éloquence action de Jésus-Christ doit servir d'instruc-
et de la vertu, afin qu'il conçoive ce qu'il dit tion au chrétien, de même nous avons à
et pratique, ce qu'il a dit et conçu. Plaise à examiner non-seulement sa signification al-
Dieu que je pratique moi-même ce que j'en- légorique, qui éclaire l'esprit, mais encore
seigne comme prédicateur! » Rempli et pé- le sens Irnpologiquc, qui dirige l'âme vers
nétré de la grt'ice qui lui était donnée de le salut \ »

pouvoir annoncer la parole du salut, il com- » annonce parfois le texte avec au-
11

mence ainsi un de ses sermons « Quand : tant de clarté que de simplicité. Prenons
je rétleehis sérieusement à ce que je suis, pour exemple ces paroles « Lorsque les :

moi qui vous parle, et aux vérités que je dois temps étaient accomplis. Dieu envoya son
vous ar.noncer, il me semble que je devrais Fils, formé d'une femme et soumis à la loi,

plutôt me condamner au silence. Car je suis pour racheter ceux qui étaient sous la loi.
muet, et je dois vous entretenir du Verbe, Ici, dit-il, il faut distinguer quatre choses
de lu Parole Je suis cendre et poussière, et
! différentes : le temps, la personne, la forme
je dois vous parler du ciel! Je suis un mi- et le but *. »

sérable pécheur, et je dois vous faire con- H Une autre fois, il ne parvint que par

naître le Rédempteur! Il me semble que une de ses explications ingénieuses ù lier


j'entends le Seigneur qui me dit Comment : l'exorde d'un discours de fêle au texte qu'il
oses-tu annoncer ma justice, et pourquoi la avait choisi *. « Quand le Seigneur dit à
parole de mon alliance est-elle dans ta bou- Pierre : Remonte avec ta barque et , jette
che? Mais puisque toute créature doit louer alors tes filets, c'est comme s'il lui avait dit:

le Créateur, qu'il me soit permis aussi à moi, Va à Rome et jettes-y tes filets. Par ce texte,
mes très-cbers frères, d'apporter mon tribut on voit clairement que le Seigneur a distin-
de louanges et d'actions de grâces à mon gué cette ville de toutes les autres, pour
Sauveur, à mon Rédempteur '.» être à la fois sacerdotale et royale, impé-
» Eu général, il est facile de voir, par les riale et apostolique, qui doit exercer un em-
sermons d'Innocent, qu'il s'était familiarisé pire absolu tant sur les corps q\ie sur les
d'une manière étonnante avec l'Ecriture âmes. Elle occupe aujourd'hui, par son au-
sainte dans toutes ses parties. 11 ne présente toritéspirituelle, un rang infiniment supé-
aucune vérité, ne donne aucune explication, rieur à celui qu'elle occupait autrefois dans
sans les appuyer sur des textes, et souvent l'espritdes peuples par sa puissance tempo-
il de sa pa-
les faisait seivir à l'ornement relle. Par la première, elle est en possession
role, comme chaque texte de
il attachait à des clés du ciel, et par la seconde elle di-
lEcriture un sens quadiuple l'historique, : rige les rênes de l'univers *. » Hiirter mon-
l'allégorique, l'analogique et le trupologi- tre ensuite qu'Innocent, en se permettant
que, sens qu'il voyait figurativemenl dans des interprétations arbitraires de passages
les quatre lleuves du paradis. de l'Ecriture, arrivait quelquefois à des in-
1) 11 fixe lui-même ainsi les qualités du terprétations fausses. Il lui reproche aussi
prédicateur circonspect : « Le^ discours, dit- de prendre trop fréquemment, dans un sens
il, doivent être appropriés aux pcisoinies et mystique les mots et les nombres dont il
,

aux choses; il faut qu'il parle allernative- est parlé dans l'Ecriture '.] »

' Voyez les trois sermons ; Sermones de tempore, » Galat, IV, 4,5. — In Advenlu Dom., serm. 1.

m solemnitale Annunimtionis gloriosiiSinia semper » In feslo Penlecosles, serin. 1.


virginis; in fcsio S. Gregorii papre, Serin. 1. « 1,1 feslo S. Pétri et S. Pauli.

• In feslo Convers. S. Pauli, serin. 1.


'
Histoire d'Innocent lU. tom. II, livre XX, pag.
' In Communi de una Virgine, serni. 1. 812-8J9 de 11 tradu. lion de M. l'abbé Jager.
101^ HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
3. Quand il est question des mystères de confesseur, et une partie à un autre, mais la
la religion, Innocent 111 ne les approfondit faire entière au même jirêtre. Il ne doit pas
pas, mais il les adore, se contenant de nous non plus se contenter de déclarer son crime;
les rendre cro\-iibles par l'autoiilé de l'Ecri- il faut qu'il eu rapporte les circonstnnces et
ture, ou par des i-aisons de convenance. 11 l'iulenlion eue en le commettant, et
qu'il a

avoue, par exemple, que Dieu seul sait pour- qu'il ne cherche diminuer l'énormité,
ni tien

quoi le Fils s'est incarné, plutôt que le Père ni à l'excuser. A du prêtre, son de-
l'égard
et le Saint-Esprit; mais en même temps il voir est de tenir tellement secrets les péchés
en apporte cette raison Dieu qui a lout : de son pénitent, qu'il ne fasse conniùtre ni
par sa Sagesse, qui est le Fils, a aussi
t'ait par des signes, ni par des paroles, qu'il en
réparé par la même Sagesse, et comme ciéé est informé. Le péché qu'il ferait en les ré-
de nouveau l'homme tomjjé dans le péché. vélant, serait plus considérable que ceux du
Le Fils, ajoute-t-il, ne s'est pas uni à la na- pénitent.
ture angélique pour racheter l'homme, mais 3. Le second discours est sur le même su-
à la nature luiniaine parce qu'il n'y a ,
jet : « C'est Jésus-Christ même , dit Inno-
qu'une partie des anges qui soit tombée du Siège Apos-
cent, qui a établi la primauté
dans le péché, tandis que tous les hommes tolique, en sorte que son établissement ne
ont péché dai.s Adam. Dans l'homélie sur le peul être contesté de personne. Il a donné
quatrième dimanche de carême, il parle de à sa. ni Pierre la plénitude de puissance dont
la rose d'or : on la préseulait aux iidèles les autres apôtres n'ont eu qu'une partie.
dans l'Eglise, en réjouissance de la solen- L'Eglise romaine est la mère et la maîtresse
nité du jour annoncés par le premier mot de de tous les fidèles. Deux choses sont essen-
l'introït de la messe Lœlare. La coutume
: tielles à un évêque : la charilé. principe de
de présenter cette rose était liès-ancienne la bonne vie, et la science pour instruire les
dans l'Eglise romaine la rose était d'or, et : autres de la vraie foi.»

par le moyen d'un baume on l'imprégnait 6. Dans le livre de l'Aumône, Innocent III

de musc, afin qu'elle répandit une bonne fait voir par les témoignages de l'Ecriture,
odeur. L'explication qu'il en donne est mo- combien elle est utile pour le salut, l'avan-
rale et allégorique. Dans l'homélie sur la tage que les riches surtout en retirent. En-
cène du Seigneur, il dislingue trois sortes de core qu'elle n'opère pas la rémission des
baptême d'eau, de larmes, de sang. Ce
: péchés dans un homme qui est dans des ha-
jour-là, on ôtail la lable de dessus l'autel de bitudes criminelles, elle le prépare à rece-
l'église de Lalran et le pape consacrait
, voir la grâce de Dieu. Son efficacité est su-
l'eucharistie au bas de l'aulel. Le second di- périeure à celle du jeûne et de la prière.
manche d'après Pâques ', la station se fai- Pers')nue n'est exempl de faire l'aumône en
sait dans l'église de Saint-Pierre, à cause la manière qu'on le peut. On la doit à tous
que dans l'Evangile il est parlé du bon Pas- ceux qui ont besoin, aux bons, aux méchants,
teur et des brebis qui écoulent sa voix, et aux amis, aux enuemis. Elle doit toutefois
que Jésus-Christ a confié son troupeau à se faire avec ordre, en sorte que, dans l'é-
saint Pierre. On conserve dans les églises galité des besoins, on peul préférer ses pa-
les reliques des saints, qui par leurs prières rents aux étrangers. Il y a des cas où il faut
nous ob.ieuneut ce que nous ne pouvons la faire plutôt à un méchant qu'à un bon,
oblenir par nos mérites; ainsi nous devons comme lorsque le pénitent est dans un plus
paraître devant ces reliques avec beaucoup pressant besoin, et qu on ne peul, sans dan-
de dévotion. ger, ditiérer de le secourir. En général l'au-
4. Dans
premier discours sur la consé-
le mône doit se faire des biens acquis juste-
cration d'un évèque, le pape Innocent de- ment. A l'égard des biens acquis injuste-
mande autant de sincérité dans le pénilenl ment, il faut considérer si la manière dont
qui confesse ses péchés, que de prudence et on les a acquis en donne la propriété à l'ac-
de secret dans le prêtre qui reçoit cette ccn- quéreur, ainsi que cela se fait dans le com-
fession. Le pécheur ne doit pas paitager la merce et dans la guerre; oi si c'est par
confession, ni en révéler une partie à un d'autres voies qui ne donnent pas le do-

' Hodie remota tabula Laleranensis altaris, infrn Don


cpsuin allare conficif Eucharistiam. Hoin. tu Cixnu
fxill' SIÈCLE. CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, PAPE. 1013

mîiine de la chose, comme le vol, la rapine, Psaumes de la pénitence dans un sens moral »i»

le sacrilégre. l'usure. Pans


premier ras, le et allégorique, et descend dans le détail de
quoiqu'on ait fait quelque faute en acqué- ce que doit fairele pécheur pour obtenir le

rant ces biens, ils sont devenus propres h pardon de ses fautes. La pénitence doit avoir '"'

l'acquéreur, et il peut en faire l'aumône; trois parties : la contrition, la confession, la


mais non pas dans le second cas, parce que satisfaction. La contrition doit renfermer la
les biens du voleur, de l'usurier, lui étant crainte de la peine, la douleur du péché,
étranfirers. il doit les restituer. [Le livre de l'amour de la grâce qu'il souhaite et qu'il
l'Aumône est reproduit au tome CCXVIIde la espère. Dans la confession il doit exprimer
Patrologie. col. 7'(j-762, d'après l'édition de le fait sans
déguisement, le nombre des
Cologne de l.ï7o.] fautes, la manière dont il les a commises.
"^^ ^^ commentaire sui' les sept Psaumes de La satisfaction exige de lui qu'il adresse des
J^'m"
'" pénitence fut imprimé à Anvers en 1550, prières à Dieu; qu'il fasse l'aumône à son
"««,'V-e'.
"• prochain, qu'il se punisse lui-même par le
à Cologne en lool, à Venise en 1578, et en-
core à Cologne la même année, puis dans jeûne. Le pécheur ne doit pas attendre à la
les éditions générales des œuvres d'Inno- mort pour faire pénitence, parce qu'il arrive

cent 111. [Il est reproduit au tome CCXVII de souvent que, dans cette extrém'té, les dou-
la Patrologie, col. 967-H30, d'après l'édition leuis du moiibond sont si aiguës, qu'elles
de Cologne de lo7o, parn)i les œuvres dou- lui ôtent la mémoire de ses fautes. Si l'on

teuses.] Le pape le composa pour se rap- ' rougit de confesser ses péchés à un homme,
peler lui-même aux grandes vérités de la qui néanmoins lient la place de Dieu, com-
religion et aux sentiments de piété que ces bien doit-on plutôt rougir de les commettre
psaumes inspirent. Mais il fallut pour cela devant Dieu, à qui rien n'est caché !

qu'il se dérobât de temps en temps aux af- 9. Li; péché originel est remis, quant à la m
faires dont il était accablé. Il traite dans la coulpc, par le baptême; il laisse néanmoins

préface de la nécessité et de l'utilité de la en nous un loyer qui est la source de nos


prière; de l'eliet qu'elle a dans les bons, de tentations et des combats que nous avons à
son inutil té dans les raécbants. Selon Inno- .soutenir en cette vie. Quelquefois le péché

cent, après l'Oraison dominicale, certains mortel est remis quant â la coulpe, mais non
psaumes nous fournissent les formules de entièrement qunnt à la peine. Il y a deux
prières pour obtenir les eB'ets de la miséri- peines : l'une temporelle, l'autre éternelle.
corde du Seigneur. Il veut que la prière soit Dieu remit à David la ppiue éternelle due à
persévérante, parce que Dieu, qui ne nous son péché mais il l'en punit de peines tem-
,

exauce pas au commencement, le fait quel- porelles. Si la contrition n'est pas telle qu'elle
quefois au milieu, et tarde souvent jusqu'à obtienne la remi-e de ces deux peines, on
la fin à nous exaucer; qu'elle soit fidèle, doit allonger la temporelle. Le péché n'est
c'est-A-dire animée de la foi; humble, pieuse, jamais remis sans qu'on l'ait confessé de
attentive, précise, assidue et discrète, en cœur à Dieu mais il an ive aussi quelquefois
;

demandant à Dieu son royaume et sa justice, que cette confession intérieure produit la ré-
dans la persuasion que les besoins de la vie mission du péché avant qu'on la fa-se exté-
nous seront donnés par surcroit. Il dislingue rieurement au prêtre; celte confession est
trois sortes de prières : celle de bouche, néanmoins nécessaire, parce qu'elle est com-
celle de cœur et celle d'action. 11 distingue mandée, et si on la néglige par mépris, le
aussi plusieurs façons de prier : on peut être péché levit.

debout, assis, pioslerné, courbé les bras , 10. On


distingue trois effets dans le bap- ,v.

étendus. Il donne des exemples de ces pos- lôme la rémission du péché


: la relaxation ,

tures dans la prière, tirés des livres saints; de la peine, l'infusion de la grâce. La foi,
il fait de même pour les heures de la prièie, dans un adulte, vaut sans le sacrement de
et remarque que l'Eglise, dans les heures baptême dans le cas de nécessité; mais ce
canoniales, a consacré le nombre de sept, sacrement lui est inutile sans la foi, parce
que David s'était prescrit. que Jésus-Christ dit : Quiconque croira et re-

omÎÎp?".' y- Le pape Innocent III explique les sept cevra le baptême, sera sauvé. Il y a cette difl'é-

' VExpliculion rfe< Ptaumes fut composée en l'an grandes sffaire». Voyf?, Hurler, livre Vit. (L'MUeur
nos, après une grave maladie et au milieu des pliii
1014 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rence entre la foi chrétienne et le baptême, qu'on y a représenté pour la plus grande

que remet son pé-


la foi qui justifie l'impie lui partie ce que Jésus-Christ a fait depuis qu'il
ché, mais ne le décharge pas de la peine due est descendu du ciel jusqu'au jour de son as-
à son péché; au lieu que le baptême remet cension.
le péché et la peine. Personne n'est justifié 13. Après ces remarques préliminaires, le
que par un don de la prAce et non par le , pape Innocent parle des six ordres de la clé-
mérite de sa vie; car l'infusion de la grâce ricature, savoir des évêques, des prêtres,
:

est proprement la justification, que Dieu n'ac- des diacres, des sous-diacres, des acolytes
corderait à personne par l'attention seule à et des chantres; de leurs fonctions, de leurs
ses mérites. pouvoirs, de leurs habillements; des orne-
[L'auteur termine ainsi : « Comme aucune ments particuliers au souverain pontife, de
œuvre humaine n'est parfaite dans toutes ses sa primauté dans toute l'Eglise; des quatre
parties, je piie amicalement le lecteur de couleurs principales usitées dans les orne-
rapporter à la grâce éternelle ce qu'il trou- ments : le blanc, le rouge, le vert, le noir,
vera de convenable dans ce que j'ai écrit, et suivant la propriété et la distinction des jours
d'attribuer à l'imperfection humaine tout ce solennels consacrés aux fêtes des saints ou
qui lui paraîtra moins convenable. Je le sup- à celles des mystères.
plie humblement d'implorer le Père de toute 14. Il comment le pontife va
décrit ensuite
miséiicorde, afin qu'il m'accorde la rémis- à l'autel, accompagné de ses ministres, quels
sion de mes péchés, en vertu de la véritable sont leurs ornements, la manière des encen-
et fertile pénitence que je lui expose de mon sements, la confession que le célébrant fait
mieux dans cette explication des sept psaumes avant de commencer la messe, les ornements
à la louange du nom de Jéaus-Chrisl, qui vit que l'on met sur l'autel, et donne de toutes
et règne avec le Père et le Saint-Esprit; que ces choses des explications mystiques. Au
Dieu soit loué dans l'éternité.»] milieu de l'autel était la croix entre deux
H. Innocent III joignit à son commentaire candélabres. Suivant les canons, le célébrant
sur les sept Psaumes de la pénitence un Eloge devait être assisté au moins de deux prêtres
de la Charité, où il en montre la nécessité et pour lui répondre dans le salut qu'il donnait
lesavantages; la nécessité, parce que Dieu au peuple, et dans les collectes qu'il disait
nous en a fait un précepte indispensable; secrètement. Le sous-diacre chantait l'épître,
parce que cette veitu rend les bonnes
l'utilité, le diacre l'évangile. A la messe d'un évêque,
œuvres agréables à Dieu et profitables à ils baisaient l'un et l'autre sa main droite;
l'homme. [Le livre de la Charité est réimprimé quand le pape célébrait, ils lui baisaient les
au tome CCXVU de la Patrologie, d'après l'é- pieds. On voit dans ce livre toutes les céré-
dition de Cologne de 1573.] monies observaient dans leurs fonc-
qu'ils
12. Sous le nom des Mystères de la Loiévan- tions, et ce le chœur devait chanter pen-
que
géligue, le pape Innocent entend particuliè- dant toute messe. Innocent 111 rapporte
la
rement dans le traité qu'il en fait celui de
, , deux Symboles celui des Apôtres et celui
:

l'eucharistie. Il le divise en six livres, dont de Conslantinople avec l'addition Filioque,


le premier nous apprend quels sont les mi- la préface commune , et décrit toutes les cé-
nistres de ce sacrement et les fonctions de rémonies qui se pratiquaient jusqu'au canon
chacun. Il rapporte l'institution de l'eucha- de la messe.
ristie à la dernière cène que Jésus-Christ fit 13. Il le rapporte tout entier et en donne
avec ses apôtres, après laquelle il leur donna l'explication. Comme il n'y est pas fait men-
son corps, en leur enseignant la forme de le tion mais seulement des
des confesseurs ,

consacrer eux-mêmes, sous l'espèce du pain, apôtres et des martyrs, il en donne pour rai-

par ces paroles Ceci est mon corps. Les apô-


:
son, que le canon avait été fait avant que
tres se conformèrent à celte institution. Saint l'Eglise eût décerné un culte public aux con-
Pierre célébra le premier la messe à Antio- fesseurs.
che, qui à la naissance de l'Eglise ne consis- 16. Ce fut le quatrième de la lune que Jé-
tait que dans trois oraisons. Dans la suite des sus-Christ, après avoir accompli toutes les ,

temps, on y a ajouté diverses autres prières figures de la loi de Moïse, institua le sacre-
et diverses cérémonies pour la célébrer avec ment de son corps de son sang, et qu'il le
et
plus de décence. Mais en tous ces points l'of- laissa à son Eglise, pour s'en nourrir, comme
fice de la messe a été ordonné de telle façon elle faisait auparavant lorsqu'elle mangeait
,

[xiii'siÉCLE.] CHAPITRE LXXXIII. - INNOCENT m, P.\PE. 1015

l'agneau pascal ,
qui était la figure de ce sa- déclare que je mange véritablement la chair
crement; « car nous mangeons, dit le pape, ' de Jésus-Christ, et que je bois véritablement
lachair de l'Agneau, lorsque daus le sacre- son sang : la même chair qu'il a tirée de la
ment nous recevon- le vrai corps de Jésus- Vierge, le même sang qu'il a répandu sur la
Clii istquelque * partie que nous recevions de
;
croix. Lorsque je mange son corps sous le
l'eucliaristie, nous la recevons tout entière, sacrement, il n'est point divisé ni lacéré
comme cela se faisait dans le désert à l'égard comme la viande que l'on vend au marché,
de la manne. » Quoique le prêtre ^ bénisse à mais il demeure enlieret sans division, il vit

la fois plusieurs hosties il n'en tient qu'une ,


après avoir élé mangé comme après avoir été
entre ses mains parce qu'elles sont toutes
,
mis à DJort. Ce n'est point ^ du pain et du vin
changées eu même temps au corps de Jésus- que se forment matériellement le corps et le
Ciirist. Innocent III soutient, contre les Grecs, sang de Jésus-Chrisl, mais la matière du pain
que Jésus-Christ a consacré avec du pain et du vin st changée en la substance de sa
(

azyme, et que nous devons le faire à son imi- chair et de son sang, et l'on n'ajoute rien au
tation. Quelques théologiens enseignaient corps, mais le pain est Iranssubstantié au
que Jésus-Christ avait consacré son corps par corps. »

sa bénédiction, et ils prétendaient le prouver 17. Le pape résout ensuite plusieurs ques-
par la fraction du pain, qui suivit immédia- tions scolastiques sur la transsubstantiation,
tement la bénédiction. Le pape ne s'éloigne et sur la manière dont le corps de Jésus-
pas de ce sentiment, et il dit que Jésus-Christ Christ est dans l'eucharistie, et il dit qu'il est

opéra par sa vertu divine le changement du plus sûr de croire que d'approfondir ce mys-
pain en son corps, mais qu'il prescrivit la tère. 11 rapporte la confession que Béranger
forme sous laquelle on consacrerait l'eucha- fit après l'abjuration de son hérésie dans le

ristie dans la suite, en disant Ceci est mon :


concile auquel présidait le pape Nicolas; il

corps. Il s'explique neltcment sur la réalité prouve, par combinaison des paroles des
la

du changement, en disant : (i Ce qui était * du divers évangélistes que Judas n'était pas ,

pain lorsque Jésus-Christ le prit entre ses présent lors de l'institution de l'eucharistie,
mains, était son corps, lorsqu'il le donna à et qu'ainsi il ne reçut pas le corps de Jésus-
ses apôtres. Le pain avait donc été changé Christ comme les autres apôtres. Cependant
en son corps, et de même le vin en son sang. il ne condamne pas les théologiens qui étaient

Il ne faut pas s'imaginer, comme font les hé- d'une opinion contraire. En la supposant
rétiques, que lorsqu'il dit : Ceci est mon cm-ps, vraie, il dit qu'à l'exemple de Jésus-Cbrist,
ce soit la même chose que s'il disait : C'est la un prêtre doit accorder l'eucliaristie au pé-
figure de mon
corps, puisqu'il détermine le cheur qui la lui demande publiquement, mais
sens de sa proposition en ajoutant Qui sera : dont le péché n'est connu que de lui et non du
livré à lamort pour vous, n 11 rapporte plu- public, de peur de le publier lui-même par son
sieurs passages de l'Kcriture pour confirmer refus. On peut voir, dans la suite de l'explica-
la vérité du changement du pain au corps de tion du canon, la solution de quantité de
Jésus-Christ. Puis il ajoute « Pour moi ^, : questions que l'on a coutume d'agiter dans les
qui désire sincèrement la vie éternelle, je écoles de théologie au sujet de l'eucharistie.

• Carnes agni comedimus, cum in sacrnmenta ve- rabat corpus dominicum, sed ozymus panis opus sin-
rum Chrisli corpus suscipimus. Lib. IV, cap. n. cerum. Sicut autem Joannes Buplista quod diierat :
' QuantamlUiet '/uisijuc parlent accipit, lolam per- Ecce aguus Dei, per adjunctum determinavit : Ecce
cipit eucharisliam, sicut evenit de manna. Ibid. qui lollit peccata mundi ; sic et Chrislus quod dixe-
> Cum sacerdos plures sintul benedicit ohlalas rat Hoc est corpus meum, per adjunctum determi-
unam pro omnibus manibus accipit; nam et in unum
in navit : Quod pro vobis Iradetur. Innoc, lib. IV,
C/irisli corpus omnes simul hosliœ convertunlur. lijid. cap. vu.
cap ni. s Ego vero quia vilam œternam habere desidero,
' Panis fuerat cum nccepil, corpus suum eral cum carnem Cliristi veraciler comedo, et sanguinem ejus
dédit. Pcnis itaque mulalus erut in corpus ipsius, et veraciter bibo : i7/a»i uiique carnem quam Iraxit de
siniililer vinum in sanguinem. Kon enim ut limreti- Virgine, et illum sanguinem quem fudit in cruce.
cus supit, sed desipil, i!a deliet inlelligi quod Domi- Ibid.
nus ait : Hoc est corpus uieum, «/ est hoc signât ' Non de pane de vino malerialiler formaiur
vet
corpus mcum, sicul quod dicit Aposiolus : Petra au- caro vel sungnis, sed muteria panis et vini mulalur in
tem erat Cbristus, id est petra sigmfi:abal Christum. substanliam carnis et sanguinis, nec adjicilur aliquid
Hoc enim potius dixisset de agno pasclwli, quam de corporijsed transsubslanliaturin corpi«. lbid.,cap.vu.
aiymo pane; nam paschalis agnus absque dubio figu-
1016 HISTOIRE GÉNÉPALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
\8.Le cinquième livre donne la suitp de cupidités dont il est agité, sans pouvoir se
l'explication du canon jusqu'à l'Oraison do- satisfaireentièrement; les péchés dont il est
minicale inclus! vement ; le sixième commence soui'lé depuis sa naissance jusqu'à sa mort,
par l'explicalion de la fraction de l'hnstie, les horreurs du tombeau où il est réduit en
dont le prêtre met une dans le calice.
partie pourriture; les tourments qu'il souffre dans i-''

Le pape y explique ensuite la cérémonie du l'enfer pour ses péchés; l'éternité des peines
baiser de paix que les fidèles se donnent mu- auxquelles il sera condamné au jugement
tuellement en signe d'union; la communion dernier, s'il les a méritées par les désordres
de l'évêque avec ses ministies, et les antres de sa vie '. Nous avons plusieurs éditions de
rits de la messe jusqu'à la dernière oraison ces trois livres, snvnir : à Cnlocrne en 1496
et la bénédiction du peuple, que le diacre et1681, à Anvers en l,ï40, à Venise en 1558,
congédie par Vite, missa est. Il distingu3 la à Lyon en 1554 et 1641. à Paris en 1482,
messe en deux parties des fidèles et des : 1594 et 1645; à Douai en 1633. [On a repro-
catéchumènes. Cenx-ci n'assistaient à l'office duit, au tome CCXVII de la Patrologie, col.

que jusqu'après la lecture de l'évangile, parce 701-7'(5. l'édition de Cologne 1575.]


qu'ils ne devaient pas être présents lors de 21. Il sera parlé ailleurs des discours que
la consécration de l'eucliaristie. C'est pour- le pape Innocent prononça dans le concile de •

ran p. 131.

quoi le diacre, après avoir lu l'évangile, leur Latran en 1215, et des décrets qui y furent Décrels da

ordonnait de sortirde l'église. Ainsi, la messe faits.


des catéchumènes allait jusqu'à l'otîertoire, 22. Lepape régla lui-même la marche des
et celle des fidèles depuis l'otfertoire jusqu'à croisés, leur ordonna de se rassembler en
la postcommunion. En signe delà révérence Sicile, les uns à Brindes. les autres à Mes-
due àl'évêque, au commencement de la messe, sine, ou en d'autres villes voisines, et promit
le primicier lui baisait l'épaule droite; le de se rendre lui-même sur les lieux pour
diacre en faisait autant au milieu de la messe, mettre l'armée en ordre et la bénir avant son
et le prêtre assistant à la fin; pour le tout départ. Comme elle était composée de laïcs
marquer la principauté de Jésus-Christ, dont et de clercs, les uns pour combattre les infi-
il est parlé au chapitre ix d'Isaïe. dèles les autres pour exhorter les croisés à
,

19. Le sixième livre est su'w'i d'an Eloge de mériter le secours de Dieu par leur bonne
« la sainte Vierge, de deux proses en l'honneur vie, et lui offrir eux-mêmes leurs peines à ce
de Jésus-Clirist et de sa Mère, et de plusieurs sujet, il accorda aux uns et aux autres des
oraisous pour le pardon des péchés et la paix indulgences et divers privilèges. Il permit
de l'Eglise catholique. Les six livres des Mys- aux ecclésiastiques de tirer pleins les reve-
tères ont été imprimés séparément à Leip-ik nus de lei:rs bénéfices, comme s'ils eussent
en 1534, et à Anvers en 1540. [Ils sont repro- résidé dans leurs églises, et même de les
duits au tome CCXVII de la Patrologie, col. engager pour trois ans. Il fournit une grosse
763-920, d'après l'édition de Cologne de 1575. somme d'argent pour les frais du voyage, et
Une édition in-1 8 a paru à Paris chez Sagnier obligea tous les clercs qui ue le feraient pas
et Bray, en 1845. Elle devrait être entre les de donner pendant trois ans la vingtième
mains de tous les ecclésiastiques.] partie de leurs revenus ecclésiastiques. 11 se
L'vrfsdi 20. Innocent 111 n'était encore que diacre taxa, lui et les cardinaux, au dixième. Il dé-
,i" lorsqu'il composa les trois livres intitulés : chargea les croisés des usures qu'ils auraient
» JI rèro
g. Du mépris du monde ou De la misère de la cor- promises, même par serment, aux juifs. Quoi-
ruption humaine. Il les dédia à l'évêque de que défendus en di-
les tournois eussent été
Porto, et ne prit point d'autre nom que ce- vers conciles, il en réitéra la défense, sous

II. lui de Lothaire. Son but, dans cet ouvrage, peine d'excommunication, pendant trois ans,
est de rabattre l'orgueil de l'homme, en lui de peur que cet exercice ne nuisit à la croi-
remettant sous les yeux toutes les .misères sade. Mais, voyant apparemment la difficulté
auxquelles il est sujet dès sa naissance et qu'il y aurait d'empêcher absolument ces di-
H. dans tous temps de sa vie; les incommo-
les vertissements de la noblesse, il permit au
dités particuhères àchaque âge, à chaque cardinal lloberl de Courçou de régler, sui-
condition, aux bons comme aux méchants, vant sa prudence, ce qui regardait les tour-
aux riches comme aux pauvres; les diverses nois.

Voyez Histoire d'Innocent lll, par Hurter, livre 1. (L'éditeur.)


[xiii'siÈCLE.] CHAPITRE LXXXIII. — INNOCENT III, P.\PE. ion
23. On a fait à Coloprne, en 4606, une édi- contenus dans ce recueil sont des extraits des
tion partirnlière dns cinq livres des Comfitu- k'ilros d'Innocent, qui, si elles existaient en-

du pape Innocent III. Ils se


tions d/'crr/ales core toutes, s'élèveraient à environ six mille*.
trouvaient déjà dans l'édition pénérale de ses Il n'est pas permis de douter que les plus

œuvre'', faite en 1352. Nous la dovons .nux imporlanles an moins n'aient élé écrites par
chartreux de celle ville, qui, poui la rendre Innocent lui-même, car on y retrouve des
plus complote, ont ajouté aux opuscules d'In- pensées que l'on rencontre dans ses autres
nocent III ces cinq livres de Comtitutions dé- écrits, souvent aussi des citations des poètes

crétâtes, tirés piincipalement des lettres de anciens qu'un autre écrivain ne se serait pas
ce pape. C'est proprement un code de jufre- permises. Le style de ces lettres a un cachet
ments el des lois ecclésiasliques, auquel on particulier; il est le même dans les seize

peut recourir pour la décision des cas qui livies, Innocent


ce qui n'aurait pas lieu si

arrivent journellement dans l'Etrlise catlio- n'en avait donné que le plan. Userait super-

lique. Nous avons, dans l'analyse de ses let- flu de parler ici de l'impoilance de ces écrits
tres, rapporté les décisions les plus intéres- poui l'histoire du temps, pour l'administra-
santes, et il sera't inutile de les n'péterici. tion intérieure et la vie de l'Eglise, pour la

[Trois ans après l'avénemenl dT'nocent au connaissance exacte de l'esprit et de la juris-


trône poiilifical, Bernard de Compostolle ju- prudence de ce siècle =.]

gea à propos de recueillir tous les arrêts ren- 2i. Il est parlé, dans le premier livre delà
dus par ce pape; cette collection n'ayant pas BibUoth'-que pontificale ^, d'un commentaire !

reçu l'approbation supérieure, ne put servir d'iunoceut 111 sur le Maître des Sentences;
que pour l'usage privé '. Plus tard, le diacre d'un opuscule sur la Science des Princes; A'nn

Rep:nier, moine du couvent de Pomposia, sur le Sacrement de Buptéme; d'un autre sur
continua le même travail;
mais sa collection, le Purgatoire, el d'un quatrième qui a pour
appelée la première, ne fut pas reconnue tilre Le Cloître de l'Ame. .4 ucun de ces écrits
:

n'a encore vu le jour. Il en composa un cin-


ollicielleiuent -. Ce ne fut que dans la dou-
zième année de son règne qu'Innocent char- quième sur les quatre espèces de mariages,
gea le sous-diacre maître Pierre Morra de mentionné au commencement des gestes de
Bénévent, autrefois professeur de droit à l'u- son ponlilîcat. [Cet ouvrage, publié parTrom-
niversilé de Bologne, de faire ce recueil qu'il belli,à Bologne en 1753, avec difTérents
approuva '. La dignité de cardinal et son opuscules de pères, est reproduit au tome
emploi dans des missions importantes furent CCXVII de la Putrologie, col. 921-968.] L'ou-
la récompense de Pierie Morra pour son zèle vrage intitulé Entretien moral sur le Jeu d'é-
:

et son activité. Un grand nombre d'articles checs, n'est pas du pape Innocent III, quoique
de ce recueil sont des règles de conduite tant cité sou son nom dans la même Bibliothèque,

pour les ecclésiastiques que pour les laïcs. mais d'un moine anglais ' nommé Innocent.
Cinq ans plus tard, au concile de Latran, ce 11 lut imprimé à Oxforl en 1637, in-S", avec

recueil fut encore augmenté des décisions et les opuscules de Jean Prideaux. [On a aussi
des préceptes qui avaient été rendus depuis, attribué au pape Innocent la règle de l'ordre
et Grégoire IX l'incorpora dans la collection du Saint-Esprit, de Saint-Michel. Cette règle
plus étendue qu'il fil faire onze anuées après est rapportée, d'après Brockie, Codex regit-

la mort d'Innocent. La plupart des décrets larum, au tome CCXVII de la Palrologie, col.

' Cûunue sous le titre de Romana. Giannone, II, ainsi un total de trois mille huit cent ciuquante-cinq.
345. — Sorti, p. Î37. Ces quatorze livres donnent une moyenne de deu.\
« Bœlimer, de Decretis pontif. mm. var. Coll., cent soixante-quinze lettres par année. La corres-
pag. 14. pondance de trois anuées est perdue, et il ne nous
» Chron. Ursp. — Du reste, c'était la première col- restiî que cinquante-une lettres de la troisième année.

leclioD otScielIe des décisious pniiliiîcales. Iiuiouenl Nous sommes donc fondés à croire qu'il nous eu
l'euvoja aux pro^sseurs d« Boiogue, afiu qu'Us eri manque au mjius la collecliou de quatre années, ce
fissi Dt la base de lurs cours. qui donnerait mille cent lettres de plus. Comme on
' Les dut livres du lettres publiés par Baluze ooii- trouve dans d'autres collections plusieurs lettres im-
tieDoeiit, y compris liegistnim de negotio imperii, (lorlautes nou mentionnées dans les Rcgesta, nous
dtiU-t mille sept cent quaraute-huit lettres; les quatre pouvons, saus exagération, porter à six mille la to-
livres, aiusi que le reste du Iroisiùnie el de l'appen- talité des lettres écrite» par Innocent.
dice, publiés par de la Porte du Tbeil et Bréqul^uy » llisloiie d'Iimoccnl III, par Hurler, tome II, lib.

(nou compris le cinquième, qui se trouve aussi dans XV, traduction de M. l'abbé Jager, pag. 836, 837.
BaluzeJ, contiennent mille eoixanle-oozc lettres :
« Pag. 118. — " liiblioth. latin., pag. SU.
1018 HISTOIKE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
1229-H58, parmi les œuvres douteuses. Le cheur, où il cherche à fortifier le chrétien
cardinal Mai a publié en outre un opuscule dans l'espérance de la miséricorde, et où il
intitulé : Dialogue entre Dieu et le pécheur, donne à l'homme la consolation la plus effi-
Spicilegiumromanum, l. VI, p. 562-571. Il est cace, en disant que le plus impardonnable
reproduit dans la Patrolofjie, après les ser- de tous les péchés est celui de douter de la
mons. C'est un ouvrage où l'on retrouve bonté de l'Eternel ^. Plusieurs historiens lui
toute la piété à la fois solide et tendre de ce attribuent aussi des connaissances en méde-
grand pape. Le péclieur, voulant revenir cine. Initié dans les sciences, il devait natu-
à Dieu, invoque le Seigneur. Dieu lui fait des rellement professer une haute estime pour
reproches sur son ingratitude et lui indique, ceux qui les cultivaient avec la vertu, a Si
comme moyens de se convertir, la médita- Âtlicncs a été rajeunie par la loi de grûce,
tion, la contrition, la confession. L'auteur écrit-il à l'archevêque de cette ville, son an-

s'attache surtout à montrer qu'avec la grâce cienne célébrité ne doit point vieillir. Elle
de Dieu ces moyens ne sont pas difiiciles, et était, lors de sa fondation, comme la figure

il expose les consolations attachées à la con- de la nouvelle religion, puisque le culte


fession.] qu'elle rendait dans trois parties à trois faux

25. On reconnaît, dans tous les écrits du dieux ditférents, elle le rend maintenant aux
pape Innocent III, un génie vaste et profond, trois personnes de la vénérable et insépara-

bien cultivé, né pour les grandes aûaires;


et ble Trinité. Celte ville, si célèbre et d'un si

un homme plein de prudence, de sage-se et brillant éclat, qui fut d'abord le siège de la

de piété; un canoniste profond, un pontife philosophie, et qui fut instruite ensuite dans
plein de charité et de zèle, appliqué à la dé- la foi apostolique, qui apprit aux poètes l'art

fense de la foi à la réforraation


orthodoxe et d'écrire, et qui comprit plus tard les pro-
des mœurs et de la discipline. Père des phètes par l'Ecriture, a été appelée la mère
princes, comme de tous les autres fidèles, il des arts la ville des lettres. Maintenant, si
,

leur parle avec fermeté le langage de la reli- nous voulons ajouter l'interprétation à ce qui
gion, et n'oublie rien pour les faire rentrer a été déjà interprété, nous pouvons la nom-
dans les voies du salut et rétablir entre eux mer Cariathsep/ier^. » Innocent connaissait à
l'union et la concorde. C'est ce que l'on peut fond l'histoire de l'Eglise chrétienne, surtout
voir dans un grand nombre de ses lettres, la partie qui se rattachait au culte et au droit

également fortes, tendres et polies; il y an- canonique fondé sur les décisions de ses pré-
nonce partout l'autorité de son Siège, mais décesseurs. Si les empereurs étaient les fon-
il y fait voir en même temps qu'il est dateurs du droit civil et politique, les papes
le père

de tous ceux qui y sont soumis. Juge éclairé étaient les créateurs du droit canonique, car
il ne décide les difficultés portées ils avaient rendu, dans le courant des siècles,
et exact,
devant son tribunal qu'après avoir pesé mû- des décisions nombreuses sur les cas les plus
rement et avec une précision admirable les importants qui touchaient aux intérêts de
raisons pour et contre, et il le fait de façon l'Eglise. Mais ces décisions ne se multipliè-
que l'on est porté insensiblement à juger rent jamais autant que sous le pontificat d'In-
comme lui. Dans lesjugements qui regardent nocent. La connaissance qu'il avait du droit
les mœurs et la discipline, il en donne tou- romain, et principalement des Pandectes, le
jours les raisons. Mais dans les causes de fait, servit utilement dans les décrets qu'il rendit.

lorsque les preuves n'ont pas l'évidence né- Ce qui donna surtout une si haute considé-
cessaire, il renvoie l'examen sur les lieux ration au droit canon, c'est qu'outre la défé-
avant d'en juger définitivement. rence qu'on avait pour l'Eglise et l'influence
[Innocent avait des connaissances étendues. des papes, il était beaucoup plus indulgent
Ses lettres et ses sermons, dit Hurter ', prou- que les anciennes lois civiles. Aussi, dès que
vent que les poètes romains lui étaient fami- les anciennes lois reçurent une interprétation

liers -. Outre les écrits déjà mentionnés, il a moins sévère par Martin Gosia de Bologne, ,

composé un ouvrage sur l'éducation des tous les professeurs de droit canon à Bolo-
princes et des dialogues entre Dieu et le pé- gne se déclarèrent pour lui ^. La manière

» Histoire d'Innocent III, toui. Il, livre XX, pag. commun, de uno martyre. — ^ Raumer, 111, 25. —
834 et siiiv.
' Epist. lih. XI, 256.
» Regist. 80, Epist. X, 19, 20î. — Rocch. Pirr. In 5 Sarti, de clar. profess. archigymn. Bonon. p. 39.
Gœv. Thés. 111, 96; De eleemosynis , cap. vi; Sermon.
[xiii'siiaE.] CHAPITRE LXXXIV. - GUILLAUME D'AUVERGNE, ÉVÈQUE. i019

dont Innocent débrouillait les questions de présentait sous tant de points de vue, et aux
droit les plus dillkiles témoigne de sa saga- interprétations mystiques des mots et des
cilé, de son attention sérieuse à lout ce qui lui nombres, fait qu'on ne trouve pas dans ses
était soumis, et de l'étendue de ses connais- écrits celte élévation et cette noble éloquence

sances dans cette brandie cultivée alors avec dont les anciens pères nous ont laissé de si
un grand zèle. Plusieurs de ses écrits qui beaux modèles. Ce n'est qu'autant qu'il se
contiennent des recherches, des éclaircisse- dégage de ces chaînes et de cette accumula-
ments et dos déiisious de ce genre peuvent lion de sentences bibliques, qu'on se sent
être regardés comme des chefs-d'œuvres.» véritablement entraîné. Néanmoins, il faut le
Concluons donc avec Hurler que les jtapes du reconnaître, ses sermons respirent une foi

moyen ûge n'ont pas été les fauteurs de l'i- vive, une vénéialion profonde pour la parole
gnorance. Il n'y a qu'un esprit superficiel
(( divine, pour les vérités et les mystères con-
dédaignant l'élude des documents et des an- fiés à la garde de l'Eglise. Si Innocent eu-
nales de cette époque ou un esprit aveuglé
, tremêle parfois ses discours de citations de
soit par la prétendue supériorité de notre poètes romains; s'il parle même la langue

siècle, soit par une haine systématique, qui dans laquelle ils avaient écrit, c'était moins
ose se permettre d'accuser les papes du choquant alors, que cela ne le serai de nos
moyen âge d'avoir été les fauleuisde l'igno- jours, où nous demandons aux prédicateurs
rance '. Les sciences avaient à cette époque, chrétiens la simple parole de Dieu.] Les
il est vrai, une autre forme et une autre ap- théologiens liront avec satisfaction son traité
plication que de nos jours; elles n'étaient pas des Mystères, surtout l'aiticle du Sacrement de
le bien de tous, comme elles le sont aujour- l'Eucharistie. Innocent traite celle matière en
d'hui. Mais la vie intellectuelle était-elle controversiste, et après y avoir établi la pré-
morte, parce qu'on lui avait donné un autre sence réelle par l'autorité de l'Ecriture, il
développement? La culture de l'esprit était- répond solidement à toutes les chicanes des
elle négligée, parce qu'elle provenait d'un liérétiqu(!S de son temps contre le dogme de
élément tout ditlërent et parce qu'elle se la transsubstantiation. Son commentaire 5«r
mouvait dans une autre sphère, ou parce le Canon de la messe est littéral et moral. Ce-

qu'elle s'alliait étroitement au christianisme lui qu'il a fait sur les sept Psaumes de la péni-
qui pénètre l'existence entière, et qu'elle tence est moral et allégorique. On ne peut
mettait au-dessus des Grecs et des Romains lire saus être louché les livres du Mépris du

l'influence qu'elle exerçait sur la religion?»] monde, tant la description qu'il y fait des mi-
26. Le slyle des discours d'Innocent est con- sères de l'homme est énergique et naturelle.
cis, mais chargé de figures et surtout d'an- [On croirait plus d'une fois entendre Job ou
tithèses. [Ce défaut, dit Huiler -, joint à ses jérémie déplorant la msère physique, intel-
citations trop fréquentes de l'Ecriture qu'il lectuelle et morale de rhomme.]

CHAPITKE LXXXIV.

Guillaume d'Auvergne , évêque de Paris.

[Ecrivaiu laUû, 1248.]

Giiiiione i • Après le décès de l'évcque Barthélémy, rillac. Il eut un grand nombre de compéti-
*it,°p'.""p.: arrivé le 20 octobre 1227, le 19 de ce mois, teurs*; mais son mérite l'emporta et il fut
ci., p.j. »».
ggiQ„ gQjj épitaphc on lui donna pour suc-
', élu canoniqucmenlen 1228. Guillaume avait
cesseur Guillaume d'Auveigne, natif d'Au- fait ses études ù Paris el s'y était rendu ha-

' accorda plusieurs bénéfices au profes-


lIoDoriiis la cumulation des bénéfict's circa sublimes et lilleralas
seur Michel Scott, parce qu'il savait l'arabe et l'bé- /jersonas. —
' Hurler, liv. XX, traduit par Jager,

breu, cliose rare à celte époque. Rauiuer, VI, 447, pag. 829. —
> Gatiia Chrisliana, tom. VU, pag. 9i.

not. Le quatrième concile Uu Latrau, eau. i'i, permit * Cronichon AlOerici, pag. 5i7.
1020 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
bile dans les sciences tant sacrées que pro- mière naturelle, ce qui de lui-même est in-
fanes. On le regardait comme un
des plus compréhensible. Ne blûmerait-on pas l'homme
cultivés entre les docteurs de l'académie de qui prétendrait avoir la vue aussi perçante
Paris. Sa piété et son é'oquence le firent ad- que l'aigle? La sixième est le défaut de la re-
mirer dans le clergé. Il n'y a presque aucune cherche des preuves. Les preuves des véri-
année de son épiscopat qui ne soit signalée tés de la religion sont comme les degrés
par quelque aclion mémorable de sa part. Les d'une échelle qui seit à monter sur un lieu
auteurs de la Gaule chrétienve ont pris soin élevé. Qu'on néglige ces preuves, on ne par-
de mettent sa mort au mardi
les relever. Ils viendra pas à la connaissance de la vérilé.
de grande semaine de l'an 1248, et sa sé-
la La sejitième est le peu de toin de recourir à
pulture dans l'église de l'abbaj'e de Saint- Dieu pour obtenir les lumières nécessaires à
Victor, en la chapelle de Saint-Denis, où l'on cette connaissance.
voit son épitapbe. Son nom se lit dans le L'auteur montre ensuite que la foi doit
4. (

Martyrologe de l'Eglise de Paris, avec le dé- être une essentiellement, et qu'elle ne peut
nombrement de ses donations à cette église, varier à raison du nombre des croyants, qui
et un statut par lequel il ordonna qu'à la au contraire doivent être réunis en une même
messe des Morts on allumerait deux cierges, foi. Il distingue néanmoins deux sortes d'ar-

au qu'auparavant on n'en allumait qu'un.


lieu ticles de foi les uns qu'il appelle les racines
:

Le premier des écrits de Guillaume d'Au-


2. primitives et les premiers fondements les ,

vergne, dans le tomel" de l'édition de Paris autres qu'il dit être comme des bianchesqui
en IG74 est un traité de la Foi et des Lois. Il
, naissent des racines primitives. Les premiers
y fait voir que la plus excellente et en même sont la créance de l'existence d'un Dieu et
temps la plus utile de toutes les connaissances de la trinité des personnes en Dieu; les seconds
est celle de la vraie religion ,
parce qu'elle sont tons les autres articles de foi que Dieu a
produit la félicité éternelle; que la foi est le révélés à son Eglise. Le nombre en est fixe,
fondement et la première racine de cette re- et il y aurait de l'incongruité à fonder une

ligion, qui n'est autre que le cidte de Dieu. religion sur une infinité d'articles, puisque
Il la définit une vertu par laquelle on croit l'homme ne pourrait les supporter.
fermement tout ce qui appartient à la viaie ?>. Dans le traité des Lois, il distingue sept

religion, c'est-à-direles véi'ités que Dieu nous parties de la loi les témoignages, les com-
:

a révélées, et qui ne sont ni évidentes ni mandements, les jugements, les exemples,


probables, parce qu'autrement notre foi n'au- les promesses, les menaces, les cérémonies.
rait pas le mérite de la soumission et de l'o- De ces sept parties, il y en a quatre qu'il dit
béissance aux oidres de Dieu. n'être pas de l'essence de la loi, savoir les :

3. Guillaume fait l'énuméralion des causes témoignages, les exemples, les promesses,
de l'eireiir et de l'mipiélé des ditférentes les menaces, parce qu'en effet elles ne com-
sectes de perdition ou d'iiérétiques. La pre- mandent et ne défendent rien. Par témoi-
mière de la mesure ou de
est l'ignorance gnages, il entend les faits historiques propres
l'étendue et de la capacité de l'entenJement à appuyer la vérité. Il distingue plusieurs
bumain. Quiconque eu eûet se croit capable lois : la loi naturelle, qui, gravée de Dieu
de tout concevoir, ne croit pas qu'il soit né- dans le cœur des hommes, les oblige de droit
cessaire de croire ce qu'il ne conçoit pas. La naturel à faire le bien et à éviter le mal; les
seconde est l'aversion des cboses que l'on diverses lois données dans l'Ancien Testa-
doit croire. Un sectaire opiniâtre dans ses ment, et la loi évangélique. D'après notre
sentiments craint même de penser aux opi- auteur, la loi publiée par Mo'ise n'était pas

nions contraires aux siennes. Comment un paifaite mais seulement une introduction à
,

homme qui détourne ses yeux d'un objet la perfection, ce qu'il entend des préceptes
qu'on lui préseule pourrait-il le voir? La troi- moraux. La loi de Mahomet élait beaucoup
sième est la sublimité des vérités que la foi moins parfaite, puisque le peu de préceptes
propose, beaucoup au-dessus de l'inlelligence moraux qu'elle renferme sont etfacés par la
des hommes vulgaires et ignorants. La qua- laideur des vices et des rêveries du législa-
trième, le défaut d'application à s'instruire teur. La loi de l'Evangile est la seule qui
de ces sortes de vérités. La cinquième, la qui contienne les préceptes et les règles de
folie des hommes qui s'imaginent pouvoir la perfection. Il entre dans le détail de toutes

comprendre, par les seules forces de la lu- les lois de l'Ancien Testament, et montre que
[xiii' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIV. — GUILLAUME D'AUVERGNE, ÉVÊQUE. 10:21

Dieu pour de bonnes raisons,


les a prescrites les. Il avec saint Augustin,
définit la vertu,
entre autres pour détourner les Israélites de une bonne qualité de l'âme, par laquelle on
l'idolâtrie; qu'elles n'ont riend'absurde ni vit bien, et dont personne n'use mal, et que

de ridicule; qu'elles ont plusieurs sens : le Dieu opère dans l'homme sans l'homme.
littéral, le spirituel, l'allégorique, le moral. Après quoi il tiaite en particulier de la tem-
Venant à celle de Mahomet, il l'ait voir que pérance et de ses espèces, de la foi, de l'a-
la félicitépromise à ses observateurs ne con- mour de Dieu et des autres vertus, des di-
sistant que dans les voluptés et lus autres verses affections de l'âme, des passions
plaisirs corporels, elle convient plus aux ani- d'ambition, d'orgueil et autres, dont elle est
maux qu'aux boranies riiisonnables. Ensuite susceptible.
il combat que l'on a vue renuilre de
l'erreur 8. Il expose ensuite les vérités suivantes :

nos jours, que chacun peut se sauver dans La force de la vertu est plus grande que
sa loi s'il la croit bonne. La raison des per- celle du vice, et l'amour que la grâce ins-
sonnes infectées de celte erreur était qu'on ne pire, plus puis.^ant que l'amour qui vient de
pouvait sans absurdité croire Dieu a choisi la nature; il y a entre les vraies vertus une

les chrétiens seuls et a réprouvé les autres. connexion si intime, qu'on ne peut en avoir
Guillaume d'Auvergne répond qu'on doit une sans les avoir toutes; elles sont néan-
croire que la miséricorde de Dieu est tou- moins susceptibles de divers degrés, et plus
jours prête à ouvrir à celui qui frappe; mais on en possède de degrés, plus on approche
aussi que ceux qui persévèrent dans l'erreur de Dieu, qui est la vertu suprême.
par opiniâtreté, par néj;ligence ou faute de 9. Guillaume ch.ange de style dans la se-

se faire instruire, sont dignes de punition, conde paitie, qui est inlituhie Des Mœurs. :

comme il est écrit : Celui qui ignore sera ignoré Toutes les vertus paraissent successivement;
et rejeté de Dieu. chacune fait son propre éloge par le détail
G. L'auttur vient ensuite à l'idolâtrie, dont des avantages qu'elle procure et des etfets
il attaque toutes les ditl'érentes espèces; puis qui en dérivent. La foi se montre la premiè-
il passe à la religion chrétienne, dont il fait re, comme la vie de l'âme, la colonne de la

voir la nécessité, l'esprit et le culte, les sa- vérité, le fondement de toutes les autres
crements, les sacrifices spirituels, plus agréa- vertus, le casque du salut, l'étoile qui éclaire
bles à Dieu que le sang des victimes. Il dis- sans cesse l'Eglise et dissipe les ténèbres de
tingue deux temples consacrés à Dieu l'un : la nuit. Vient ensuite la crainte du Seigneur.

vivant, qui est la cougrégaliou des saints sur Elle est la fontaine de vie. Par elle on s'é-
la terre, et chacun d'eux; l'autre mort et loigne du mal, on évite la mort; c'est un
purement matériel, composé de bois et de trésor dont la valeur surpasse la sagesse et
pierres. Il rapporte les cérémonies qui se la science. Suivent l'espérance, la charité,
font dans la dédicace de cette seconde sorte la piété, le zèle, la pauvreté évangélique,
de temple. l'humilité, la patience, qui font chacune
7. Le traité des Vertus est divisé en plu- leur panégyrique.
sieurs parties. Dans la première, après avoir La troisième partie traite des vices et
10.
parlé des vertus naturelles, qui sont les des pécheurs. Sous le nom de oice, Guil-
puissances et les facultés de l'âme, savoir : laume entend une habitude mauvaise, et
l'entendement, la volonté, le libre arbitre, par le péché un acte de cette mauvaise habi-
Guillaume d'Auvergne se propose de mon- tude. Comme les enfants contractent en nais-
trer qu'elles ne sutlisent pas d'elles-mêmes sant le péché originel, et qu'à cet âge ils ne
pour nous procurer le salut, comme l'ensei- sont capables d'.mcun acte de péché, il ap-
gnaient les pelagiens; qu'il est encore besoin pelle le p'iché originel « un vice originel,
du secours de la grâce pour laire le bien, une perversité, une malice innée. » II en
éviter le mal, combattre contre sni-méme, prouve l'existence, répond aux objections
et vaincre l'ennemi qui cherche à donner la de Julien le Pélagien, qu'il confond avec Ju-
mort à notre âme; que toutes les vertus spi- lien l'Apostat. Il donne les solutions de saint
rituelles et tous les dons des grâces néces- Augustin, et explique autant qu'il est possi-
saiies au salut, sont donnés par le baptême ble la transfusion du péché originel, et com-
aux enfants; que nous les acquérons, par le ment il est le n)éme dans tous les descen-
secours de la grâce, dans la participation dants d'Adam. 11 dit encore, d'après saint

des sacrements et des choses sacramentel- Augustin, que la concupiscence qui demeure
1022 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
dans les baptisés, après la rémission de la desraisonnementsphilosophiques,renvoj'ant
coulpe, esl comme un feu sur lequel on a ses lecteurs à des preuves de fait, comme
versé de l'eau ;
qu'il reste dans la matière sont les témoignages de ceux qui sont reve-
de ce feu quelques degrés de chaleur qui le nus de l'autre vie en celle-ci. Saint Grégoire
font rallumer facilement. en rapporte plusieurs dans ses Dialogues.
11. La concupiscence est la cause des ten- Voici la première preuve, qui établit en mê-
tations auxquelles l'homme esl exposé, mê- me temps la spiritualité de l'âme Toute :

me depuis le baptême. Guillaume distingue substance dont l'opération ne dépend pas du


trois choses dans la tentation, la pensée, la corps, a aussi une essence qui n'en dépend
délectation le consentement. « Toute per-
, pas. Or, l'opération de l'âme humaine, de
sonne, dit-il, peut surmonter la tentation, son entendement, ne dépend pas du corps :

quelque forte qu'elle soit, si elle le veut vé- donc son essence n'en dépend pas non plus.
ritablement; mais pour qu'elle le veuille Si l'on objecte que la vertu intellectuelle est
purement, elle a besoin du secours de la empêchée, attaiblie par les embarras et les
grâce. Divers exemples démontrent com- maladies du corps, on répond que l'essence
bien il de résister aux tentations
est dilUcile de la vertu intellectuelle ne soutl're rien des
et de néanmoins uti-
les vaincre; elles sont empêchements ni des infirmités du corps;
les, soit pour réprimer nolie orgueil parla que ses opérations ordinaires en sont seule-
vue de notre faiblesse, soit pour nous exer- ment arrêtées, parce qu'elle s'occupe de ces
cer dans la pratique de la vertu et nous pu- empêchements et de ces infiimités, comme
rifier, comme on ôte la rouille du fer par le elle s'occupe des fantômes du sommeil. H
travail. » n'en est pas ainsi de l'âme des bêtes. Entiè-
12. Il existe plusieurs remèdes pour sur- rement matérielle, elle dépend de la ma-
monter les tentations la fidélité que nous : tière, quant à son être et à son opération,
devons à Dieu; ses invitations à soutenir en sorte qu'elle ne subsiste plus après la
fortement la guerre contie ses ennemis; la destruction de la matière.
couronne qu'il nous promet après la victoire; 13. Le traité qui a pour titre : La Rhétori-
l'attention de la milice céleste à nous voir que divine, a pour objet la prièie, ses vertus
combattre, et leurs prières à Dieu pour le inestimables, les fruits que l'on en peut re-
succès; la fuite des objets capables de nous tirer. La prière, en général, esl une demande

séduire; la considération des peines de laite à Dieu ou à quelque personne pour


l'enfer; le souvenir de la mort, la mortifica- elle-même; mais ici on la restreint à Dieu
tion de la chair. seul ou à ses saints. Guillaume l'appelle
Traité di 13. D'après Guillaume, nul ne peut méii- Hhélorique divine, parce qu'à la manière des
première grâce, parce qu'elle est tou-
ter la orateurs, qui commencent leurs discours par
paj. 310.
jours gratuite; et sansle secours de Dieu capter la bienveillance de l'auditeur, nous
nous ne pouvons ni mériter une seconde devons commencer notre prière dune ma-
grâce, ni la gloire éternelle. 11 faut trois nière qui soil agréable à Dieu, en lui avouant
conditions pour la perfection d'une bonne d'abord qu'on est indigue de se présenter
œuvre la droiture d'intention, la bonté et
: devant lui. D'où il suit que la première dis-
de l'action, et la vérité, qui exclut
l'utilité position à la prière est l'humilité. 11 faut en-
toute simulation ou hypocrisie. Les bonnes suite rendre grâces à Dieu de ses bienfaits;
œuvres sont nôtres, et des dons de Dieu :
puis lui confesser les péchés que l'on a com-
elles sontdes dons de Dieu, parce qu'il les mis, louer sa clémence, témoigner de la
opère eu nous elles sont nôtres ;parce ,
confiance en ses miséricordes, et un vrai
que nous ne sommes pas seulement les coo- désir d'entrer dans les voies de la justice.
pérateurs de Dieu, mais que nous opérons Voila une partie des préceptes qu'il donne
nous-mêmes d'où : vient que nos bonnes œu- pour la prière. Les etlèis qu'il lui attribue
vres sont méritoires et nous obtiennent la sont le pardon des péchés, la guérison du
béatitude, comme une rétribution due aux malade. 11 donne une formule de piière à :

saints, en vertu de la promesse que Dieu Dieu, une à la sainte Vierge, une particu-
leur en a faite. L'auteur fait consister, avec lière à Jésus-Christ. Quand on ne peut obte-
saint Augustin, la béatitude dans la vision nir le don des larmes, il conseille de le de-
intuitive de Dieu. mander par l'intercessiou des martyrs et des
li. Il prouve l'immortalité de l'âme par autres saints. Il conseille encore la pratique >
[xni'siÈCLE,] CHAPITHE LXXXIV. — GUILLAUME D'AUVERGNE, ÉVÊQUE. 1023

du jeune, de l'anmône, de fréquents actes certain de


manière dont Dieu l'aurait
la

de foi, ceux-là surtout qui peuvent exciter jugé. 11 dit qu'il y a certains cas où le pé-
en nous des sentiments de gratitude et de nitent peut ne pas se confesser à son propre
dévotion. prêtre ou curé, comme lorsqu'il est con-
IG. Après avoir traité des sncrements en vaincu d'avoir révélé ce qui lui avait été
général, de leur utilité, de leur nécessité, il diten confession, ou que le pénitent a pensé
parle de chacun en particulier , et décide ou formé le dessein d'attenter à sa vie. D'a-
les questions qui ont rapport à la morale ou près Guillaume, dans ce cas et dans quel-
<i la pratique, pnr l'aulorilé de l'Ecriture et •
ques autres qu'il propose, le pénitent doit
dcf pères. Ceux-ci ont enseigné unanime- demander à son propie prêtre ou à I'évêque,
ment qu'outre la grâce et la rémission de permission de s'adresser A un autre confes-
tous les péchés, tant originels qu'actuels, le seur.
baptême imprime un caractère qui ne s'ef- 19. On doit se confesser aussitôt après le
face peint; mais ils n'ont pas dit en quoi il péché, cause du danger de l'oublier
soit à
consiste. Guillaume d'.Uivergne compare le en retardant trop la confession, soit dans la
baptême à la consécration des églises et des crainte de mourir sans confession, ou d'être
vases sacrés. Il se plaint de ce qu'on n'avait puni par Dieu de la négligence à faire cette
plus la mênie confiance, ni le même respect action. Selon Guillaume, on peut diviser la
pour sacrement de confirmation
le tout : confession, en sorte que l'on se confesse à
l'honneur et toute la révérence qu'on lui l'un pour en recevoir conseil et une péni-
portait se réduisait à en permettre Tadmi- tence salutaire, et à l'autre pour en recevoir
nislralion aux évoques seuls. 11 met pour la bénédiclion et l'absolution. 11 n'y a point
matière de ce sacrement l'ouclion du fionl '
d'obligation de réitérer loule une confession,
avec le chrême, et 1 imposition des mains de pour èlre retombé dans un péché mortel
i'évêque; pour la forme, les paroles qui ac- déjà confessé. Il veut que le confesseur en-
compagnent l'onction et l'imposition des tende les péchés du pénitent dans un lieu
mains. saint, s'il est possible, orné de son étole.
17. Ce qu'on lit dans quelques anciens ,
20. Son traité sur le Mariage est une invec-
que plusieurs fidèles ont vu et mangé le tive continuelle contre les désordres qui se
corps de Jésus-Christ sous une forme hu- commettent en matière d'impureté et il ,

maine, lui parait certain. D'après notre au- n'exempte pas de péché ceux qui, dans l'u-
teur, la substance du pain matériel et visi- sage du mariage, ne recherchent que le
ble ne reste plus dans ce sacrement après la plaisir, la fin du mariage étant d'avoir des

descente du pain céleste et vivifiant, n'étant enfants.


plus nécessaire à aucun usage, si ce n'est 21. Quelques-uns comptaient neuf ordres,
pour être le sujet des accidents -. 11 est au au de sept, mettant de ce nombre la
lieu
pouvoir de Jésus-Christ de rendre présent première tonsure et l'épiscopat. Il y en a
sou corps en autant d'endroils qu'il veut; trois de sacrés, le sous-diuconat, le diaconat
pouvant l'aire les fonctions de son sacerdoce et la prêtrise, dont il détaille les fonctions.
dans le ciel, il a voulu descendre sur l'autel La principale fonction des prêtres est le mi-
et être immolé par les mains des prêtres, nistère de l'autel. La malice du prêtre n'em-
afin de soutenir l'espérance des fidèles, nour- pêche point la consécration de l'Eucharistie,
rir leur dévotion et les sanctifier. comme elle n'empêche pas l'efi'et des prières
18. La partie de la pénitence sur laquelle de 1 Eglise. Dans les prêtres suspens ou ex-
l'éièque Guillaume s'étend le plus, est la communiés, le pouvoir reste, et leur oflice
contession des péchés. 11 prouve qu'on doit est seulement suspendu pour un temps, au
la faire au prelre, parce que si on la laisait lieu que ceux qui sont déposés et déguidés
à Dieu seul, le pénitent serait toujours in- eu sont privés totalement. C'est pour mar-
' Forma conveniens huic sacramento est... ut prœ- intelligenda est coiisigitatio, ut melum incutiat d<t-
missa oralione super confirmatidos, pingutur signum noniùus. Pag. 429.
crucis de citrtsmule in fronttljuseorum; et impositis ma- Appaiet aulemex Itocsubslanliam panis mnterialis
«

niùus super cupila eu'um, dtculur eis : Pax lecum. Si- alque visiOi/is in illo sacramento, post uduentum cœ-
i/uideniad imposilionem manuum aposlolorum solebal lestis ac vivifici panis, nullatenus remanere. Nulli
dari Spirilus sanclus, et dalur modo ad imposiUonein enim usui seu fructui nccessana e>< l'ii, nisi propler
manuum episcoporum. Quod autem dicit pontifex pin- susientalionem accidcntium ipsiui. Pag. tRi.
gendo caractirem : Consigno te, et cruce conflruio;
1024 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
quer ce dépouillement entier qu'on leur ote détacher de cette vie, nous servir de mémo-
successivement les ornements sacerdotaux rial de la vengeance que Dieu tire du péché,

en les met'.aut à l'envers. et nous imprimer une crainte salutaire de la


22. L'exercice du pouvoir de lier et dé- divine justice.
lier dans les prélres ne dépend pas de
. 2G. On trouve dans le traité de la Péni-
la probité du ministre. On doit craindre la tence les raisoi.s que Dieu a de punir le pé- '

sentence du pasteur, quand même elle se- cheur; l'obligation du pécheur de confesser
rait injuste. L'excommunication lie à l'exté- ses péchés au prêtre, foit pour en recevoir \

rieur les bons comme les méchants, mais elle l'absolution, soit pour apprendre de lui à
ne lie à l'intérieur que ces derniers, et ainsi les détester, à s'en corriger et en faire péni-
les justes excommuniés ne sont pas piivés tence. On y trouve aussi des conseils salu-
du fruit de la communion qu'ils ont inté- taires pour ceux qui sont chargés du soin
rieurement avec l'Eglise. 11 paraît qu'alors, des âmes, les questions qu'ils doivent faire
c'est-à-dire dans le xiii= siècle, il était en- an pénitent pour connaitre la vraie disposi-
core d usage que les évéques chassassent de tion de son cœur, et comment ils doivent
l'église les grands pécheurs au commence- engager, par leurs remontrances les pé- ,

ment du carême, et ils ne leur permettaient cheurs à rentrer dans la voie du salut. Ce
d'y rentrer que le jeudi saint. traité n'est point entier: on en verra la suite
23. 11 était encore d'usage de diminuer le dans le supplément de ses œuvres.
temps de la sévérité des pénitences par des 27. Le iva.\\.é de r Univers Q5i divisé en deux
aumônes ou des libéralités envers l'Eglise. parties. Dans la première, qui est sous-divi-
Quelques-uns le trouvèrent mauvais, disant sée en trois autres, il prouve contre les ma-
que c'était ouvrir la porte au libertinage, et nichéens qu'il n'y a qu'un seul principe de
vendre les indulgences. Guillaume justifie ce monde, qui est Dieu; et contre quelques
cette pratique, sur ce que ce n'est qu'une philosophes, qu'il n"y a qu'un seul monde et
commutation d'une œuvre satisfactoire avec qu'il ne peut y en avoir plusieurs, non par
une antie d'une espèce ditl'érenle; et sur ce défaut de puissance en Dieu, mais par l'im-
qu'il est au pouvoir des évéques d'allonger possibilité de plusieurs mondes ensemble;
ou de diminuer le temps de la pénitence, que le monde a été fait par le Verte de Dieu.
comme d'en adoucir ou d'en augmenter la Il parle de l'arbre de vie qui était au milieu

sévérité, selon qu'ils le jugent bon pour la du Paradis terrestre, et après avoir dit que,
gloire de Dieu et l'utilité publique et particu- suivant les plus sages des Hébreux et des
lière. chrétiens, on l'appelait arbre de vie, parce
24. Guillaume dit de l'extrêrae-onclion, que son fruit avait la vertu de conserver la
que dans les commencements de son insti- vie à tous ceux qui en mangeraient, il rap-
tution elle était nu remède pour le rétablis- porte plusieurs opinions lidicules des rabbins
sement de la santé, comme on le lit dans les touchant cet arbre ,
qu'ils disaient être si

Actes des apôtres et dans l'Epitre de saint haut, qu'il aurait fallu cinq cents ans pour
Jacques. parvenir au sommet, et plus gros que toute
23. La cause principale de l'incarnation du la terre. A l'occasion de la situation du pa-
Filsde Dieu est la rédemption du genre hu- radis et de l'enfer, il s'explique sur ce que
main. Les hérétiques, les mahométans,lesjuils l'Eglise enseigne du purgatoire, dont il mon-
objectent : Si Jésus-Christ a satisfait pleine- tre l'existence par les apparitions de ceux

ment par sa mort pour les péchés du monde, qui y étant pour expier les peines dues à
la damnation originelle ettouie la misère de leurs pécliés, ont demandé à leurs amis sur
la vie présente doiventdonc cesser. Celevêque la terre le secouis de leurs sntlrages.il s'ex-
répond : Comme
la rédemption de Jésus- plique aussi sur la manière dont les corps
Christ n'a lieu que dans ceux qui sont régé- des damnés souffriront le feu dans l'enfer
nérés par le baptême, la damnation origi- sans en être consumés, et propose l'exemple
nelle ne doit cesser qu'à l'égard de ceux qui de salamandre, qui vit dans le feu.
la
ont reçu ce sacrement. Il ajoute que si les Il passe de la création du monde à sa
28.
pénalités qui sont les suites du péché origi- durée, et résout les dillicultés des phiioso-
nel restent en nous, même depuis qu'il est plies qui l'ont dit éternel. Il combat aussi le
remis par baptême, ce n'est point comme
le sentiment de Pythagore sur le passage des
une peine du péché, mais pour aider à nous âmes d'un corps à un autre, que nous appe-
[xiii' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIV. — GUILL .AUME D'AUVERGNE, ÉVÈQUE. 1025

Ions Métempsycose; celui de Plalon, qui en- m-\\ en 1638, in-foL Mais l'édi-
et à Paris
seignait qu'au bout de Ircnte-sis mille ans tion de Paris en 1494, chez Gering et Bem-
toutes choses reviendraient à leur premier blod, de même que celles de Lyon en 1367,
(ilal; celui d Origéne toucliant l'anéantisse- in-S", et de Cologne en 162'J, in-4°, les don-
ment des corps. Jl en prend occasion d'éta- nent à Guillaume Perrault, dominicain, mort
blir ledi.gme de la résurrection des morts, avani l'an 1230. Ils lui sont encore attribués
la glorilicalion des âmes des saints et de en divers manuscrits et dans l'apostille de
leurs corps apiès la résurrection, et l'éter- Guillaume de Paris, aussi dominicain, sur les
uilé des peines des daujnés. 11 ne croit pas Epilres et les Evangiles, écrite vers l'an 1488.
qu'on doive prendie à la lettre ce qui est dit Mais le plus grand nombre des manuscrits
du jugement dernier dans la vallée de Josa- décide en faveur de duillaurae d'Auvergne*.
pliat, parce qu elle ne pourrait comprendre Il s'en trouve jusqu'à buitdans les bibliothè-

tous les bumiues nés depuis la ci éuliou jus- quesd'.'Viigletene dans lesquellesces sermons
qu'à la lin du monde, mais d pense qu'on nom de Guillaume de Paris,
sont inscrils au
peui donner le sens suivant aux paroles du Quelques-uns, pour réunir ces deux senti-
prophète le jugement se fera dans la vallée
: ments, ont conjecturé avec assez de vraisem-
de Josaphat, c'est-à-dire le souverain juge blance que i.uillaume Perrault avait abrégé
descendra dans une nuée qui sera suspen- les discours de Guillaume d'Auvergne. En
due sur la vallée de Josaphat, et de là il ju- etfet, quoiqu'ils commencent de même, ceux
gera tous les hommes. de Perrault sont plus courts. En attendant de
2J9. Guillaume d'Auvergne traite ensuite plus grands éclaircissements, nous les lais-
de la providence de Dieu sur les hommes, serons à l'évêque de Paris. Le recueil de ses
quel que suit leur état et leur condilion, semions est en deux parties la première :

pauvres ou riclies; des peines dont il punit contient les discours sur les épitres du jour;
ceux qui abusent des biens qu'il leur a con- la seconde de ceux qui sont sur l'évangile.
,

liés; ues récompenses qu'il prépare aux 32. Il y en a treize sur les quatre diman-
bons. Il montre qt.e la providence el la pres- ches de l'Aveut, où il explique les endroits ,

cience de Dieu n imposent aucune nécessité des Epitres de saint Paul aux Homaiiisetaux
aux agents libres de leur nature, et rejelte Philippieus, qui ont du rapport au mystère
comme extiemement dangereuse I erreur de l'incarnation. Il se plaint de ce qu'au lieu de
qui UépeuUie les événements du destin.
fait se préparer dignement a la célébration de la
30. La seconde partie a pour objet le monde Naissance du Sauveur, par des œuvres de
spirituel les anges, les Uemons, les âmes,
: piété et de miséricorde, les uns ne s'appli-
leurs opérations. L'auteur se déclare pour quaient qu'a y paraître avec des habi.s somp-
l'immaterialilé de tous ces êtres; selon lui, tueux les autres à laii e payer en ce jour avec
,

ou ne peut Uécider si le uombre des aii^^es usure ce qui leur était du, et plusieurs à en
apostais est plus ou muins grand que celui employer une partie à des jeux de liasard, pas-
des saints aiiyes, ni à quel degié monte la sant en uuejoie profane le jour auquel Jésus-
connaissance naturelle Ues uns el Ues autres. tlirist avait commencé à pleurer pour eux.
11parle des neuf ordres des anges et des trois J3. C'est encore sur l'explication des Epi-
hiérarchies, dans le gouldu taux Denis i'A- '
tres de saint Paul que roulent les huit dis-
réopagite; il marque Jes noms et les oUices cours sur les dimanches d'après Noël, et les
des anges envers les hommes, et tout ce qui vingt-six sortes dimanches depuis la Septua-
peut regarder leur nature et leurs qualités. gesime jusqu'au premier d après Pâques.
Il agile a peu pies les mêmes queslious sur D après Guillaume, le saint temps de Carême
les démons. Tout ce tiaile n'esl appuyé que élail, selon saint Paul, le plus favorable de
sur des jaisoiiiiemeuls p..iloboplii4ues. L au- l'année pour le salut, parce que les confes-
teur u'y tait eiit.er ni lautorile de i'bcrilure seurs se lenaienl toujours prels pour enten-
ni celle des pères; c'est la doclriiie uei'tglise dre les confessions des pénitents on prêchait ;

qu il donl il prend la défense.


suit el la parole de Dieu plus souvent-; les veilles,

ùl. Le second tome des écrits de Guillaume les jeûnes, les prières étaient plus fréquents.
"
d'Auvergnecunjprendsessermons. llsavaieiit Dans les dix sermons suivants, Guillaume
déjà pai u sous sou nom a Tuoiugue en i4'Jt>, piend sou texte dans les Epilres cathobques.
' Noua croyous au contraire avoir prouvù, loin. X, Deuis rAréoj.axilc. {^L'éditeur.) — » Oudiu, toui. III,

p. 151 el suiv., Tuallieulicilé des œuvres de suiiil pag. lOÎ, (le àcriylor. Ecoles.

XIV. 03
1026 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
swm. (« Ilparle, dans l'homélie sur le premier di- l'obéissance doit avoir sept degrés : obéir
maiiclie d'après Pâques, des qualités essen- voloutiers, avec simplicité, avec joie, avec
tielles (le la foi : elle doit êire simple, vive et justesse, avec courage, avec humiliié, avec
entière, en sorte que l'on croie tous les arti- persévérance. Dans le second sermon sur le
cles du tjymbole, sans aucune exceplion; même apôtre, il traite des deux qualités es-
que soit accompagnée de bonnes œu-
la fui sentielles à la foi, croire de cœur et confes-
vres et animée par la cliai;té; et qu'on croie ser de bouche. Le troisième est sur ces pa-
à Dieu pour lui-même, parce que lui seul se roles Venez après moi, Je vous ferai pêcheurs
: jutib .v,

connaît. Il remarque que le Symbole des d'/iommes.


apôtres se disait à voix Lasse dans l'église 37. 11 fonde l'éloge de saint Nicolas sur ses sminiNù
aux heures de prime et de compiles, qu'on miracles, sur ses vertus, sur son épiscopat. c'eliaim'i'i

chantait à la messe celui de Nicée et à , Dans l'un il est admirable; dans l'autre, imi-
prime celui qu'on attribue à saint Atliuuase. table, et dans le troisième, respectable. Les
Di.'-onrtsnr 34. Lcs Irols discours sur la Pentecôte en actes que nous avons de sainte Lucie, font la
«i.'"!Iîm'i! expliquent le mystèie, et les dispositions matière de son panégyrique. Ou y relève sa
TrTi^it.Taïf! nécessaires pour lecevoir le Saint-Esprit : constance, son amour pour la virginité. Il y
""*''
l'unité, la concorde, l'iiumililé. 11 appelle a trois discours en l'Iioimeur de saint 'l'Iio-
les dimanches suivants, non d'après ta l en- mas. Guillaume, entre diverses raisons qu il
tecûte, comme nous faisons; mais d'après la allègue pour montrer que Dieu permit l'in-
Trinité. Ses discours sur ces dimanciies sont crédulité du cet apôtre, dit que ce fut pour
au nombre de quarante-quatre. Sur le sei- en prendre occasion de confirmer l'Eglise
zième dimanche il exiiorte ses auditeurs à dans la fo/, et à cet égard il répète ce qu'a
secourir par leurs sutl'iages et leurs autres d.t saint Gregoire-le-Grand , que l'inlidélité
bonnes œuvres, les âmes qui sont dans le de Thomas nous a été plus utile que la foi
purgatoire; les molils qu'il leur suggèie sont des autres apôtres.
laideur du leu qui les tourmente, la pau- 38. Dans les sermons sur la naissance s^^moni!,
vreté dans laquelle elles sont. Sur quoi il temporelle de Jésus-Christ, il insiste sur l'a- !?.
"^/l'^'i*

p,„ ,35_ leur dit : (1 On donne volontiers l'aumône


aux dorution qu'on lui doit dès le moment de sa f, t» °i„„'

lépreux et à ceux qui sont tourmentés du naissance, et, pour leprouver, outre lus té- ThVm.iTd
^"'°'^'^-
feu de saint Antoine. » Cette maladie ht de moiguages ae 1 Ecriture, il allègue l'exemple
grands ravages dans le XI' et le xu« siècle, des mages, l'usage de l'udorer dans l'iiiviia-
et ce fut pour soulager ceux qui eu étaient toire à matines
le jour d(! Noël; et celui oii
attaqués, qu'on établit dans le Viennois l'or- l'on est de se prosterner dans le chapitre,
dre religieux de saint Antoine en 1093. lorsqu'eii lisant le martyrologe, l'on annonce
mnxèm, 33. La seconde partie des discours de la naissance du Sauveur. 11 attribue à la
c"r'd°'G!.'î. Guillaume d'An vergue en contient cent trenle- prière de saint Etienne l'apostolat de saint
l"g'.,n*°; quatie, tous sur les évangiles des dimanches Paul. 11 dit sur saint Jean, qu'étant près de se
"'"^""-
de 1 auuée. Ils ont plus l'air de commentaiie marier, il préféra au mariage l'avantage de
moral et spirituel que de sermons, dont ils suivre Jésus-(.;iirist qui l'appelait, et que ce fut
n'ont ni les mouvements ni la lut-thode : on uuedes causes de lamitié particuliereciU bau-
y cite souvent la glose sur l'Ecriture; sur- veur pour cet apôtre. 11 ue doute pas que les
tout saintBernard et saint Augustin. Guil- saints Innocent» n'aient été baptisés aussi etli-
laume avait moins lu les autres; mais il pos- cacemeiit dans leur sang, que s'ils eussent
sédait bien les Livres saiuts, et il en lait un été régénérés dans
Les trois motifs de
l'eau.
grand usage. l'éloge de saint Thomas de Cantorbéry, sont
Pïrdgjriqrni 3*3. A la suite des homélies ou discours l'exilqu il souti'rit peudant sept ans de la
""' ^'
aS." sur les dimanches de l'année, ou a mis qua- part uu roi d'Augleleire, la conliscatiou de
Ire-vingt-lieizepanégyriques et un sermon ses biens, sa mort pour la justice.
s,int André, s^^ déuicacc dc l'Eglise. Le premier est
^<>-
39. La soleuuité ôe la Circoncision a deux j„^,, q^
en l'honneur de saint André. Guillaume dit objets, la circoncision du Sauveur à imiter f.»i" 1°".
'

que l'on a coutume d'en célébrer la fête vers par une véritable circoncision de cœur, qui
le premier dimauche d'avent, parce qu'ap- renferme le retranchement de tous les des-
pelé à l'apostolat par Jésus-Chiist, il s'appli- ordres et la pratique de id vortu ; le second
qua surtout à faire connaître sa venue sur objet est la publication du saint nom de Jé-
la terre. Il y dit d'après saint Bernard que sus, nom digne, selon Origène, d'adoration
[Xlll' SIÈCLE CHAPITRE LXXXIV. — GUILLAUME D'AUVERGN'E, ÉVÈQUE. 1027

el de culte. Les quntre sermons sur l'Epi- tin, de la Décollation de snint Jean-Baptiste ;

phanie sonl employés à l'explication du mys- doux sur la Nativité de la suinte Vierge; un
tère du jour et à m;iiquer les ditl'érenls ef- sur l'ENallalion de la sainte Croix, dont il

fets des sacrements de la loi nouvelle. Le rapporte l'occasion; deux sur saint Matthieu,
baptême ellace le pcché oiiginel; la péni- un sur saint Maurice, un sur saint Michel,
tence, le moitel; l'extième-onction, le vé- un sur saint Jérôme el sur saiut François,
niel; l'ordre chasse l'ipnorance, par la clé un sur saint Denis, un sur saint Luc, un sur
delà science qu'il confère au piètre; l'eu- saintSimon ot saint Judc, un sur la fèie de
cliarislie nous puiilie des all'eclions qui vont tous les Saints, un sur la commémoration
à corrompre le cœur; la coiiUrmatioii forti- des fidèles trépassés, deux sur saint Martin,
fie notre lailjlesfe; \c mariage nettoie les un sur sainte Cécile, un sur saint Clément,
taches qui déshonorent la partie concupis- pape, un sur sainte Catherine et un pour la
cible de l'âme. dédicace d'une église. Dans le discours sur
40. Les sermons suivants sont pour la fête la Commémoration des fidèles trépassés, il

de saint Antoine, des saints Fabien et Sé- établit l'ohligation de prier pour les morts,
bastien, de sainte Agnès, de saint Vinctut par témoignage ordin .ire du second livre
le

et de la conversion de saint Paul. Guillaume des Machabées, et par l'attention que nous
dit dans celle-ci que le pécheur nouvelle- devons à nos parents et à nos amis, qui
meut converti doit s'approcher souvent des soatl'rent dans le purgatoire.
sacrements de l'Eglise, parce qu'ils sont des 42. Dans l'édition de l'an 1674 à Orléans
fontaines de grâces. Suivent les discouissur chez Hotol, ou à Paris chez André Prnlard,
la Puiilicalion, sur la Gliaiie de saint Pierre, on a mis à la fin du second tome un supplé-
sur sailli Mathias apôtre, sur saint Grcgoiie- ment contenant quatre traités de Guillaume
le-Giand, sur saint iienoit, sur l'Annoncia- d'Auvergne, qui n'avaient pas été imprimés
tion, sur saint Ambroise, sur saint i.eorge, dans l'édition de Venise en 1391. M. le Pé-
saiut Maïc, saint Pierre martyr, saint Phi- rou, chanoine de Chartres, les mit au jour
lippe et saint Jacques l'iuventiou de la sainte
, sur un mauuscrit de la bibliothèque de cette
Cioix, sur saint Jean devant la porte Latine, église. Le premier est un traité de la Trinité;
saint Dominique, saint liariiabè. Ce dernier le second, de l'Ame; le troisième, de la Pc-
avait couluuie de porter avec lui ri<.vangile de nitence; le quatrième, de la Collation des bé-
sahil Matthieu, el eu imposant ses mains et néfices.Guillaume fait mention du premier
ce livre sur les malades, il les guérissait : dans le vingt-troisième chapitre de la pre-
c'est ce que Guillaume d'Auvergne rapporte mière partie de V Univers. H est aussi sous
de la vie de cet apôtre. son nom dans le dénombrement de ses ou-
41. Les autres panégyriques sont des vrages par Trithème. Enfin il est dans le
saints martyrs Gervais et Prolai?, de saint goiil de ceux qu on ne lui conteste pas.
Joau-liaptisle, de saiut Jean et de saint Paul, L'auteur y parle d'abord de l'existence, de
de saint Pierre el de saint Paul. Les pasteurs de la toute-puissance de Dieu,
la simpliciié et
doivent doiiuei- d'aboid tout ce qu'ils possè- qu'ilprouve par des arguments métapliysi-
deut pour leurs tioupeaux, ensuite leuj' pro- ques réduits à la façon des démonstrations
pre \ie, s'il est iiLces&aiie. Tous ces pané- géométriques. H emploie îles l'aisonnements
gyriques ne contiennent rien de remarqua- semblables pour prouver la trinité des per-
ble ni pour le dogme, ni pour la di^ciphne, sonnes en Dieu, dont il apporte encore des
et peu de choses pour l'hisloire ce ne sont: exemples tirés des choses créées, pour ren-
que des moralités pour l'instruction des fi- dre ce mystère jilus croyable. L'âme hu-
dèles. 11 eu faut dire autant des suivants, que maine vit, elle s'aime, elle se conçoit : ces
Guillaume pronomja à la louange de sainte trois choses, la vie, renlendement, l'amour,
Marguerite, de sainte Madeleine de saiut , ne sont pas dans l'âme comme des parties
Pierre-aiixLiens, I invention de saint Etien- ditl'éi entes d'elle même, nicomme des acci-
ne, saint Laurent. pense avec saint lier-
Il ilents, mais une et même essence avec l'âme.
nard, qu il esi de la pieté de croire que la 11traite ensuite des notions et des uilributs
eaiiue Vierge est moulée au ciel en corps et de Dieu, tant esseniiels que lelatifs, el s'ex-

en âme. It a deux serinons sur cette solen- plique en peu de mots sur la volonté et la
nité el uu sur la lètc de saint Bernard, sur prédestination divine.
celles de suint Barthélémy, de saint Augus- 43. En plusieurs endroits de ses ouvrages,
1028 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
.•4,r.6, pjg. mais surtout dans le troisième chapitre de la les avoir pleures devant Dieu, il les confesse

seconde parlie de l'Univers, et dans le cha- en secret au prêtre, qui lui fait sur chaque
pitre LV de la première partie, il se recon- péché des remonlrances salutaires. Il instruit
nuit auteur du livre de l'Ame, connu dans aussi le pénitent sur la nécessite de confes-
Tritiième et dans Bellurmin sous le litre des ser les circonstances aggiavantes du péché,
Ames humaines. 11 y emploie de temps en et l'examine sur les péchés capitaux. On

temps ces façons de parler « Comme vous : trouve de suite les motifs qui doivent enga-
l'avez ouï. Ainsi que je vous l'ai dit »; ce qui ger le pécheur à se convertir à Dieu, les
prouve qu'avant de mettre ce traité par écrit, conditions d'une bonne confession, les ques-
il l'avait déjà expliqué à ses disciples. Son tions que le confesseur doit faire au péni-

dessein est d'y montrer que l'âme est spiri- tent sur l'inobservation des commandements
tuelle et immortelle de sa nature; que, de Dieu et de l'Eglise, les pénitences qu'il

souillée par le péché, elle a été rétablie dans doit lui imposer, et les avis quil doit lui
sa pureté par la grâce '. Il parle aussi de donner après avoir ouï sa con'ession.
son état après sa séparation d avec le corps. 45. Le but du traité qui a pour titre De ;

Son sentiment sur l'âme des bétes n'est pas de faire connaî-
la Collalion des bénéfices, est

fort ditlerent de celui de Descartes. 11 sou- tre quels sont les devoirs des prêtais et des
tient qu'il n'y a aucune liberté dans leurs autres bénéficiers , et avec quelle pureté d'in-
opérations ditlérentes -, au lieu que celles de tention on doit donner ou accepter des bé-
l'âme humaine sont enlieremenl libies; d où néfices. Guillaume d'Auvergne lut engagé à
il conclut qu'il peut y avoir du péché dans composer cet ouvrage par la considération des
celles-ci, et non dans celles des brutes. Il abus qui r. gnaient dans la collation, dans la
réfute ^ l'opinion de ceux qui mettent plu- recherche, et dans l'usage des bénéfices.
sieurs âmes dans un même homme, ou qui Les prélats à qui la collation appartenait,
la font descendre des pères et mères par la savaient trop que, comme archilectes de la
voie de la géneraliun; soutenant qu'elle est maison du Seigneur, ils devaient seulement
de Dieu seul, qui l'unit au corps au moiuenl employer de ijons matériaux, c'est-à-dire
où les organes eu sont formés. Les misères coniérer les bénéfices de leur dépendance à
auxquelles les hommes sont sujets dès leur des sujets capables et merilanls mais ils :

naissance*, lui servent de preuves pour la ne pouvaient résister aux prières des grands
transfusion du péché originel de père en seigneurs; et ceux-ci connaissaient la fai-

fils, depuis que notre nature a été corrom- blesse des prêtais. De là la multitude de
pue pur le péché d'Adam. Il reprend l'argu- clercs indignes de ce nom, et la déprédation
meul déjà employé dans ses autres ouvra- des revenus de l'Eglise. Les bénéfices se
ges ^ pour prouver 1 iminoi talile de 1 âme, sa- trouvaient entre les mains des petils-neveux,
voir la résurrection des morts, dont on avait ou d'autres entants.
une infinité d'exemples, tant clans l'Ecriture 46. Les saints êvêques, avant d'appeler
que dans les histoires particulières, il cite quelqu'un au clergé, se mettaient en priè-
avec trop de confiance ce qu'on lit, que saint res; celui qui était appelé commençait par
Grégoire retira par ses prières l'âme de confesser ses péchés et s'en purifier ces :

l'empereur Trajan des enfers ^; qu elle fut usages s'observaient généralement dans la
réunie à son corps, et que ce prince vécut réception de ceux qui eulraieiil en religion.
plusieurs années après, faisant pénitence de Mais à l'égard des chanoines, il suffisait pour
ses crimes. y être admis d'avoir la tonsure on négli- :

Traiédeh
^® Supplément du traité de la Ptni-
^^' geait tout le reste. Un les investissait de leur
Pi^iunc, p. teyiQg je ce qui manquait dans
est l^ guitg qualité en leur mettant en main un pain et un
les éditions de Venise et d'Urléans, ou de Paris livre: le pain pour marquer les revenus tem-
en 1C74, depuis le chapitre xviu. C'est une porels, ou leur prébende; le livre en signe
»i). xf.ii.
pj.jg^.g q^jg jg pénitent fait à Dieu depuis son du service qu'ils devaient rendre à l'Eglise.
retour vers lui cette prière est accompa-
: Guillaume distingue quatre défauts dans la
gnée de la confession de ses péchés, et d'une collation des bénéfices ils consistent à don-
:

grande douleur de les avoir commis. Après ner les bénéiices à un indigne dans la vue

' Part. 111, pag. 75, et part. XIII, pag. 82, et pag. '
Pag. 106 et seq. — Pag.
'

147, m, 177. — " Part. 15, pag. 85. Pag. 129 et seq. — «Pag.
[xin« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXIV. — GUILLAUME D'AUVERGNE, ÉVÊQUE. 1029

de l'enrichir ou de l'Iionorer par un motif ;


sent ainsi que parce qu'ils en possèdent ac-
d'avarice, ou d'une aH'ection cluirnelle; et tuellement plusieurs, ou qu'ils ont intention
faire cette coUalion sans aucune marque d'en posséder. On doit donc compter pour
extérieure de révérence pour le saint minis- nul leur témoignage, puisqu'ils sont intéres-
tère. sés dans la cause. Suivant l'intention des
47. Les prélatsnepeuventconférerles béné- fondateurs des prébendes, chacune doit être
fices qu'à des personnes qui en soient dignes ;
possédée en titre par un seul clerc; d'où
lorsqu'ils les confèrent à un indigne, tout ce vient qu'il est défendu d'avoir deux prében-
qu'ils font à cet égard est nul de droit, com- des dans une même église. Il l'est bien plus
me ayant passé leur pouvoir. Un clinpilre de d'en posséder plusieurs en difTérentes égli-
clianoines n'est point obligé de recevoir ce- ses, à cause de l'impossibilité de satisfaire
lui dont la vie ou les qualités le rendent in- en même temps aux devoirs attachés à ces
digne d'être leur confrère. Le droit de col- différentes prélmndes. La pluralité des bé-
lation dans les prélats n'est pas arbitaire, néfices dans une même personne retranche
mais limité suivant les canons. Il y a abus quantité de membres d'une église, et la prive
de la part du collateur, lorsqu'il confère un conséquemnient d'un grand nombre de mi-
bénéfice sans autre intention que d'enrichir nistres, ce qui ôte le Instie et la décence au

la personne. 11 doit avoir spécialement


en service divin. La cupidité seule ou l'ambi-
vue de la charger du service attaché à son tion porte à posséder plusieurs bénéfices à
bénéfice. la fois. 11 est monstrueux dans l'Eglise, com-
48. Celui que au ministère de
l'on appelle me dans la nature, qu'un même membre
chanoine, d'archidiacre, ou de tout autre soit attaché à deux corps, et un même arbre
office, doit nécessairement donner son con- planté dans deux jardins.
sentement; d'où il suit que des enfants ne 50. L'aufenr se pose cette objection : Comme c.p.i

peuvent être promus ni à des canoin'cats, ni il y a des bénéfices plus considérables du dou-
à aucune dignit(; ecclésiastique, puisf|n'ils ble ou du triple que les autres, on peut ce
ne sont pas eu Age de donner leur consente- semble en posséder plusieurs qui équivalent
ment. 11 en est h cet égard comme dans le à celui qui eu vaut trois et même dix. A quoi
contrat de mariage on ne peut le faire sans
: il répond Ceux qui font cette objection ne
:

le consentement des parties. Mais dès lors considèrent dans les bénéfices qne le reve-
qu'il est donné, le chanoine et le moine sont nu, et non les offices et les charges attachés
obligés de remplir Idus les devoirs de leur aux bénéfices. Chaque bénéfice a un office
état. Autrement ils agiraient directement particulier qui doit être rempli par celui qui
contre l'intention des fondateurs, qui n'ont le possèds. Il est contre le bon ordre qu'une

donné leurs biens aux églises qu'afin qu'on même personne en possède plusieurs. S'il y
y entretînt de vrais serviteurs de Dieu, et a quelques bénéfices dont les revenus ne
pas d'autres. s\dUsent pas pour l'entretien d'un clerc, ces
49. Le partage des sentiments sur la plu- bénéfices ne demandent pas ordinairement
ralité des bénéfices formant un doute, s'il un service particulier, ou l'on en augmente
est pcimis d'en posséder plusieurs, ou de les revenus par l'union de quelqu'autre bé-
n'en avoir qu'un, doit détourner de la plu- néfice.
ralité des bénéfices; parce qu'il n'est jamais 5t. Quelques-uns disaient' que certains
permis de s'exposer au danger do se peidre, bénéfices ne demandaient pas la résidence.
etque celui-là s'y expose, qui fait une chose Guillaume répond qne tous les bénéfices
qu'on doute être un péché mortel. Ceux qui demandent la résidence par leur établisse-
sont pour la pluralité des bénéfices, ne pen- ment et par leur fondation; que si l'on s'en

' Si quis vero adjecerit nobis


ex eccksiU , in quibus manuspontifexquanlumcumque largnm dispensationis
non dia'mvs quia non est
coniiiellilur fieri tesidentia, yrutiam videutur fiicere in beneficiis cum aliquibus
liberlas ex constilulione vel funlulione, sed magis ex personis, tameu non dispensât, cum avaritia, cupiditate
lonyn coiisueludine et clericoruni mnlitia isurpala; vel ambitione earum, nec iudulget eis indulgenliis
si tumen in aliquibus est in paucissimis. Quod si ad- suis, et liis vel aliis vitiis : non enim inlendil pascere
jecerit nobis de dispcnsutionibus aposlo/icis, responde- vel nulrire Pasior vitiorum de bonis temporalibus ec-
mus quod lUce subira nos suni, et quod diligentius clesiasticis,quœ plenc novil ad sustentationem servo-
considerutœ irritre sunI, et de omni dispensa Houe rum Dei in ejui servitio certificata esse Domino et
fada idem senlimus, nec interpretari prœsumimus. E oblatH. Lib. de Collât, cap. vi, pag.260.
contrario tnmen indubilanter sciendum est quod Un-
1030 FIISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
dispense en quelques églises, c'est par une n'est pas la m-'me dans le Saint-Fsprit que
mauvaise coutume, qui ne s'est établie que dans le Père et le Fils; le Saint-Esprit, com-
par la malice des ecclésiastiques. Si l'on me arnnur et lien de l'amour mutuel du Père
nous oppose, dit-il, les dispenses apostoli- et du Fils, ne procède pas du Fils; il y a
ques, nous répondons qu'elles sont au-des- plusieurs vérités éternelles qui ne sont pas
sus de nous, et qu'à les bien considérer elles Dieu même; le principe n'est pas ciéateur;
sont nulles; et nous pensons de racme de le mauvais ange a été mauvais dès l'instant
toutes dispenses, sans prétendre les exami- de sa création; le séjour des âmes et des
ner. Mais quelque étendue que soit la dis- corps glorifiés est le ciel aqueux et cristallin;
pense que le pape accorde à certaines per- un ange peut être en même temps en plu-
sonnes, de posséder plusieurs bénéfices, il sieurs endroits, et même parloul; ceux qui
ne peut leur donner dispense pour leur ava- ont les meilleurs talenls naturels auront né-
rice, ni pour leur cupidité, ni pour leur am- cessairement plus de grûces et plus de gloire;
bition, ni leur accorder des dispenses pour les mauvais anges et le premier homme
ces vices, ni pour de semblables. Son inten- n'ont pas eu dans l'élal d'innocence de quoi
tion n'est pas de nourrir ces prêtres des se soutenir. A ces erreurs on opposa autant
biens temporels de l'Eglise, destinés à l'en- de véiilés catholiques.
trelien des serviteurs de Dieu et consacrés 34. Trilhème ^ compte entre les écrits de
j.J'-

au Seigneur. Guillaume d'Auvergne diverses lelties, nn p^"

32. C'est sur ces principes que l'évêqiie li\re des Démons, un du Cloître de l'âme, un
Guillaume fondait la décision qu'il fit rendre du Don de la science, un de la Profession des
en 1238, dans une assem!)lée * célèbre des novices, un du Bien et du Mal, et du Premier
plus habiles docteurs de la Faculté de Paris, principe, des Commentaires sur le Psautier,
touchant la pluralité des béuétices. La ques- sur les Proverbes de Salomon, S7jr l'Ecclésiaste,
tion avait déj.'i été agitée en 1223 dans le sur le Cantique des Cantiques et sur l'Evangile
couvent des Dominicains; on la reprit au de saint Matthieu. Sixte de Sienne * ajoute
même endroit trois ans après; et par l'auto- un livreou commentaire sur l'Ouvrage des
rité de Guillaume et le plus grand nombre six jours. Il reconnaît, comme Tritlièmc, que
des docteurs présents, il fut décidé que per- Guillaume d'Auvergne avait expliqué l'Evan-
sonne ne pouvait, sans péché mortel, possé- gile de saint Matthieu, et il y a apparence
der ensemble deux bénéfices, dont l'un vau- que c'est le commentaire que l'on trouve
drait quinze livres parisis, somme alors suf- dans les anciennes éditions de saint Ansel-
fisante pour l'entretien d'un clerc. Hugues me. Outre l'autorité des manuscrits, on est
de l'ordre des prêcheurs, et depuis cardinal, encore porté à l'attribuer à cet évêque par
confirma cette décision avec plusieurs autres la conformiié du style et surtout par la répé-
maîtres en théologie. tition de quelques expressions qui se lisent
53. Dans une autre assemblée de docteurs dans son traité des Vertus. Dans le cha-
à Paris en 1240, Guillaume de Paris fit con- pitre .K, de celui des Mœurs, il semble ren-
damner plusieurs erreurs contre la vérité voyer .i ce commentaire. Théophile Raiuaud
catholique. La censure qui en fut faite est le croit néanmoins de Pierre Babiou, [moine]
imprimée dans le tome XXV de la Bibliothè- anglais qui écrivait vers l'an 13C0. 11 en a
que des Pères, sous le titi e desErreurs détes- fait imprimer la préface dans le tome Xll de
tablescondamnées par cet évéque -. Ces er- ses ouvrages sur un manuscrit de Lyon ^.
reurs sont au nombre de dix, les voici Les : 33. [On conservait à l'abbaye de Saiut-Vic- m^

bienheureux ne verront pus l'essence de tor, qui avait été la demeure de Guillaume, Gii.n

Dieu; à laison de la forme, l'essence divine des copies manuscrites ds presque toutes ses

' Tiiomas Caûliprali, lib. I, de Apibus, c.ip six, Mais... l'on a tout lieu d'attribuer le livre contre
Qum 5, et Gatlia VtirisHana, tom. vji, pag. 97. les privilèges des moines à Guillaume de Saiut-
2 Tom. XXV, Bibliotti. Put., pag. 3-.9. Ami ur, nommé quelquefois Guillelmiis Pariuensis,
' Tritli., cap. ccccrxx.x. plutôt qu'il un prélat qui sVst toujours montré
* Sixtui Seueus., iu BtOliutfi. sacra, ad nomeu Gidi- furldévoué aux iutérès des religieu.x. Quant aux
lelmtis Alof.rnus.
commentaires sur les P.saumes, les Proverbes, sur
6 Voici ce que nous trouvons dans VHisloh-e litté- sur le Cantique des Cantiques, sur saint
rE<:cl. stable,
raire di la France, sur les écrits contestés à Guil- a les évaugiles, ils ont tous
Mallliieu, sur les épîtres
laume d'Auvergue. «... Un traité contre les exemp- paru apocryphes. L'auteur en est fort incertain. On
tions des réguliers et des commentaires de la Uil.le. peut hésiter entre saint Anselme, Pierre Babion, le
[xiTi'siÈCLE.] CHAPITRE LXXXIV. — GUILLAUME D'AUVERGNE ÉVÉQUE. 1031
œuvres. en existe de son traité de l'Uni-
Il dans l'histoire trop négligée aujourd'hui de
vers, à Venise, sons les nnmdros 303 et 306 la philosophie scliolastiqiie. 11 avait étudié
des manuscrits Intins. Le monastère de Long- avec soin les écrits des Arabes, et surtout
Pont, dans le Soissonnais, possédait sous ctux d'Averrhoès, d'Alfarabi, d'Avicenne,
celte même forme ses tonimentairos sur d'Algazel; il parait avoir, le premier en Eu-
l'Ecch'siaste et sur le Cantique des Cantiques. rope, fait usage des livres attribués à Uei mes
La plose sur saint Mattiiieu. qui lui a été at- Trismégiste, et en avoir connu plusieurs qui
tribuée, est le nnniérn 4123 des manuscrits sont perdus aujourd'hui, tels que celui De
latins de la bililiolli^que impériale de Paris. Deo deontm en particulier. 11 était remoulé
Des sermons déposés dans celle des Céles- aussi aux philosophes de l'anliquilé, et avait
tins et en des musées d'Oxford et de Cam- consulté les doctrines de l'école d'Alexan-
bridge, portaient le nom de Guillaume d'Au- drie. Si, par la nature et l'étendue de son
verpne, et se retrouvaient sons celui d'un érudition, il s'éleva fort au-dessus des scho-
autre Huillaume cliez les Frémontiés de lasliques de son temps, il ne s'en distingua
Cnissy. C'était sons le premier nom que se pas moins par sa manière de penser et d'é-
lisail nn livre contre les Exceptions et Privi- crire. Loin de recevoir les opinions d'.\ris-
lèges des lii'q'iliers. dont il subsistait d'an- tote connue des oracles, il les combat sou-
ciennes copies dans les bibliothèques des vent, et l'on remarque qu'il leur oppose, par
deux collèges d'Oxford. Mais ces divers ma- intervalle, des armes empruntées aux idées
nuscrits ont anjourd'iini peu d'importance, platoniciennes. Il préféra les vues morales

les uns parce qu'ils ont été publias, les au- et pratiques aux spéculations oiseuses qui
tres parce donteux qu'ils ap-
qu'il est fort absorbaient de son temps toute l'activité des
paitiennent à l'auteur qui nous occupe '.] esprits; il négligea les formes syllogisliques
dM°."îîrdt. 56. Gin'Ilanme d'Auverime était d'un es- alors consacrées, et donna au laisonnement

d'ÂimjU'." prit vif et pénétrant, d'un jiiprement solide, la forme d'une déduction suivie et dévelop-
bien instruit des matliémaliques et de la pée. Son style est naturel, clair, quelque-
pliilosopbie nalnrelle, très -versé dans la fois élégant, el sa latinité est généialcmont
connaissance de Platon et d'Aristote. II sui- plus pure que celle de ses contemporains. 11
vait ces auteurs dans ce qu'ils avaient de ne cile pas une seule fois ni saint Anfelme,
bon. et réfutait avec feu ce qui lui paraissait ni Pierre Lombard; il suit une route propre,
contraire à la vérité. Mais son zèle n'est ja- il ouvre une carrière nouvelle. Ses aperçus,

mais plus animé que lorsqu'il combat les quoique souvent imparfaits, préludent aux
hérétiques. Ses preuves ordinaires sont ti- théories de la métaphysique moderne, quel-
rées de l'Ecrilure sainte, qu'il possédait quefois en contiennent le germe, el méritent
bien, et de la raison liumaine. rarement des d'être notés avec soin dans le tableau des
pères de l'Eplise, quelquefois des démons- progrès de l'esprit humain, conmie l<i pre-
trations matliémaliques. Dans ses œuvres ruière tentative de la réfoime qui devait s'o-
morales, il emploie les similitudes et les pérer plus tard dans les études philosophi-
exemples pour rendre ses instructions plus ques; tentative pais ble et modeste, dans la-
pathétiques. Sou slyle est simple et naturel, quelle on n'aperçoit rien du goût de la dis-
mais il traite ses matières avec Irnp d'élen- pute, de l'amour de la nouveauté, ni de l'es-
due on a peine à le suivre. [Voici l'appré-
: prit de système, et qui ne se montre que
ciation raisonnéc, publiée par M. de Gé- comme l'ell'et de la rectitude de la raison
rando, sur Guillaume d'Auvergne et sur ses réunie ù la droiture du cœur. C'est ainsi
écrits, au tome XIX de la Bioqraphie univer- qu'en traitant de la véritô, il indique la dis-

selle. tinction de la vérité réelle et de la vérité logi-

« Théologien
philosophe , mathéma- ,
que; qu'en traitant de l'éternité, il introduit
ticien Guillaume d'Auvergne fut un des
, pour la première fois les termes de durée cl
hommes les plus disliiifiués du xiii" siècle, de succession, dont il oppose les noiious à
ou plutôt il se montra supérieur à son siè- celle de l'éternité, considérée par lui comme
cle, et il mérite d'occuper une place à part indivisible; qu'il établit, contre Arislole el

(ioniiaicniii (iuillnuuiu de Paria et le perâouiiase ' llisloir tilléraiie de la France, loiu. XVIIl,
moins coiimi appelé Guilloriu en plusieurs copies pag. 86Ï.
manuscrilcs et imprimées. » [L'éditeur.)
1032 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Avirenne, la di^monstration du
commence- traités de la Trinité et des Attributs divins, ni
ment nécessaire du monde, en montrant la le traité de l'Ame, ni le supplémeat à celui
contradiction renfermée dans l'idée d'une de la Pénitence] On doit la seconde édition à
succession infinie et antérieure. Il combat Barthélémy le Perron; elle est pins ample
également le fatalisme, en s'atlachant à faire que la précédente, [mais elle laisse encore à
voir que le système entier de l'univers res- désirer, car on n'y a admis aucun commen-
sort d'une intelligence libre dans ses déter- taire de l'Ecriture sainte, et on en a exclu
minations, et que l.i cbaîne elle-même des le traité de In Passion de Jésus-Christ, l'opus-
agents physiques n'est pas soumise à des cule centre les exemptions ou privilèges , et
conditions absolues. En adoptant pensées
les la cpnnnre prononcée en 1243.] L'auteur a
de Platon, qui rapporte la création aux types distribué cette édition en deux volumes in-
et aux exemplnires préexistants dans les fol. et l'a fait imprimer à Orléans en 1674. ou
desseins de l'intelligence suprême, il évite Paris, cnr el'e est datée de ces deux villes,
?i

l'erreur dn fondateur de l'Acndémie, qui apparemment parce qu'imprimée à Orléans,


avait réalisé ces notions; il les rappelle à on la débitait aussi à Paris.
leur valeur véritable, c'est-A-dire à celle Les opuscules rapportés dans le supplé-
qu'ils ont dans la pensée d'une intfllicrenre ment avaient été publiés .'i Strnobnnrcf en
à laquelle ils servent dedistingue la
fin. 11 la Collntinn des Bénéfirps. à
'.^07. et celin' de
prescience qui embrasse ésTalement le bien Le de
Paris en 1400, in-4". livre la Rhétori-
et lemal, tels qu'ils se mêleront l'un à l'au- que divine jour k Paris en 151R, in-4°.
vil le
tre,de la providence qui tend au bien. La On en connaît une édition pins arcienne
Providence, suivant lui, règne siir les lois et de saint Epbrem, sons
in-S". avec le traité
par les lois, et n'agit pas d'une manière im-
le titre de la Componction du cœur, mais le
médiate sur les événements pnrticullers. Les
lieu et l'année ne s'v lisent point. 11 parut
preuves qu'il donne de la simplicité de
encore h Paris en 1517, in-8°, une partie des
l'âme et de son immortalité sont l'abrégé,
écrits de Guillaume d'Auvergne par les ,

informe sans doute, mais h peu près com-


soins d'Antrtine Silvestre, avec un sommaire
plet, de celles qu'ont développées, par la
de de l'auteur.
la vi*^
suite, les métaphysiciens modernes. On ne
[Les éditeurs de VHistoire littéraire de la
peut s'étonner que Guillaume d'Auvers-ne
Fronce aiontent les édi'îons suivantes. On a
ait employé quelquefois des moyens faibles imnrimé la Rheforira divina h Gand en iWA,
à l'appui de vérités certames; telles sont à Bille avant 1186. in-fol.. et en 149't, in-4°;
ses objections contre la métempst/coae, ses A Paris en- 1500 et 4516, in-8°, outre plu-
raisonnements pour démontrer l'existence
sieurs éditions sans date in-8°, in-4°et in-fnl
des esprits, dans lesquels, au lieu de s'ap-
Les livres de F/de, de Lpciihis, d^ Virivtihus,
puyer du témoignage de l'expérienre in-
de Aforih'is. etc., ont été imprimés à Ulm en
time, il recourt à une loi supposée de l'exis-
1485, k Nuremberg' en 1406, et à Augsbourg
tence nécessaire des contraires, et il em-
sans date, in-fol. Le traité de Sepfem sacra-
prunte h Maxime de Tyr l'idée de lécbelle
mentis erclesiœ a paru Paris en 1489, in-4°;
ci

continue des êtres du reste, sa théolode


:
en 1492 et en 149i, in-8°: k Nuremberg en
naturelle est exposée avec simplicité et clar-
1496. in-fol.; k BAle en 1507, et k Leipsisren
té; et c'est à la philosophie qu'il donne la 15l2, in-4°, et dans les trois formats sans
noble prérogntive de reconnaître les attri- indication de lieu ni d'année. Celui de Colla-
buts de la Divinité. »]
tione et Plurnliiate benefcioriim a vu le jour
57. La première édition générale des œu- k Paris en 1490; à Strasbourg en 1500. m-'t".
vres de Guillaume d'Auvergne est due à Celui de Universo, k Nuremberg, en 1 '(96. et
Jean-Dominique Trajani, napolitain; elle pa-
sans indication d'année ni de lieu, in-fol.
rut à Venise en 1591, in-fol. [Cette édition
Celui de Passione Dornini , à Haguenau en
comprend vingt-nu articles, parmi lesquels 1498, in-4''. Le traité de Trinitnte et attrihu-
toutefois ne se rencontrent ni les sermons, tis divinis, à Strasbourg en 1507, in-4°; celui
ni les notes sur les évangiles et les épîtres,
de Claustro animœ, à Paris, in-i», en 1507.
non plus que sur aucun autre texte sacré,' Les éditions de la Glose d'un Guillaume ou
ni la censure des dix propositions, ni
les li- d'un Guillerin sur les épîtres et évangiles,
vres sur les privilèges des réguliers, ni les
sont au nombre d'environ soixante-dis-buit,
[xr SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXV. — CONCILES DU Xl« SIÈCLE. 1033
depuis celle d'.Augsbourg, en 1475 et 1476, bingue en 1499, in-4''; à Paris en 1638. in-
in-fol., jusqu'à celle de Bâle en io20, in-4°. fol., l'ont été sans autre nom à Paris en
l.essermons imprimés sous le nom de Guil- 1494 , in-8°; à Lyon en 1567 -8°; à Co-
laume d'.\uvergne, évéque de Paris, à Tu- logne en 1629, in-4°.]

CHAPITRE LXXXV.

Conciles du Xle siècle.

ARTICLE I". lieiin ne laissa pas de protester publique-


ment que l'archevêque de Mayence n'avait
Conciles depuis l'an 1001 jusqu'à aucun droit dans ce monastère. 11 airiva que
l'an 1031. Sophie en sortit malgré l'abbesse, pour aller
à la cour, où elle resta un an ou deux. Ber-
CONOLES DE ROME flOOl]; DE POLDEN, DE FRANC-
FORT, DE TODi [lous en 1001]; de rome
nouard, alors évéque d'Hildesheim, l'avertit
doucenieut de renirer elle le refusa, disant
:

[1002]; DE DORMUNDE [lOO")]; DE CHELLtS


qu'elle ne dépendait point de lui. Elle y re-
[1008]; DE BARCELONE [1009]; d'anuam
tourna néanmoins quelque temps après;
[1009]; DE BAMBERG [1012]; LOIS ET DIPLO-
mais elle sut si bien aliéner les relipieuses
MES; CONCILES DE RAVENNE [1014]; DE ROME
de l'évêque, que lorsqu'il fut question de
[101 SI; D'ORLÉANS [1022]; DE SELINGSTADT
faire la dédicace de l'église du monastère,
[1022]; d'airy flOGO]; de duon, de beaune
elles appelèrent l'archevêque de Mayence,
ET DE LYON; DE WINCHESTER [1021]; D'AIX-LA-
et avertirent seulement l'évêque d'Hildes-
CHAPELLE 11023]; d'arras [I02.Ï]; d'anse
heim d'y poussa les cho-
assister. Willigise
['0251; DE FRANCFORT [1027]; de mayence
ses plus loin; sachant que Bernouard était
[10281: DE KAR0FE [1028]: de limoges [1028
allé à Rome, il tint un synode dans le mo-
ET 1031]; D'ORLÉANS [1029]; DE PALTTII
nastère même de Gaiidersheira.
[1029]; DE BOURGES [1031]; de constanti-
2. Le pape Sylvestre, pour juger ce diB'é-
NOPLE [1027].
rend, assembla à Rome un concile de vingt
1 .L'emperenrOlhon HT étant pnssé en Italie évoques -, dix-sept d'Italie el trois d'Alle-
en l'an 1000, célébra la fête de Noël an mois magne, en présence de l'empeieur Olhon 111
de janvier suivant. Bf^rnouard, évéque d'Hil- et du duc Henri. Bernouard, qui clail pré-

drslu'im, qui nvnit élé son précepteur, vint sent, expliqua son affaire, et prouva que le
lui porler ses plaintes ainsi qu'au pape Syl- monastère de Gandeisheim avait toujours
vestie , contre Willipiise archevêque de
,
été de son diocèse. Sur cela le concile dé-
Mayence ', au sujet d'un monastère de filles clara nul el schismatique le synode que l'ar-
nommé Gandersîieim, qui avait toujours re- chevêque de Mayence y avait tenu. Le pape
connu l'évêque d'Hildesheini pour diocésain. rendit à Bernouard l'investiture, c'est-à-dire
Cette possession fut interrompue par Sophie, le bâton pastoral que l'archevêque lui avait

fille de l'empereur Olhon II. Voulant se con- ôté. Ou écrivit à Willigise de se désister de

sacrer à Dieu dnn': ce monastère, elle se fit ses prétentions, et il fut décidé que les évo-
donner le voile par Willigise , ne croyant ques de Saxe assembleraient un concile à
pas qu'il convint à sa naissance de le rece- Polden le 21 juin, auquel Fridéric, prêtre
voir d'un évéque qui ne portait pas le pal- cardinal de TEglise romaine, présiderait eu
lium. L'évêque d'Hildesheim s'y opposa; et qualité de légat.
pour terminer celte difUculté, il fut convenu 3. Le concile se tint le 22 juillet 1001.

que l'archevêque et l'évêque feraient en L'archevêque de Mayence el l'évêque d'Hil-


commun la cérémonie. L'évêque d'Hildes- desheim y assistèrent On y lut la lettre du
'>.

' Mabillou, loin. IV, Annal., ad an. 1001, num. ' Mabillou, iliid., ol in \'ita bernoard., loin. Vlli
4,
liuR. 147 cl seq.
Acior., mmi. â8.
' Tom. IX Concil., pag. lî»6.
1034 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
pape à Willigise ; les évêques du concila, la contestation au sujet de la juridiction sur
surtout l'arclievêque de Hambourg, lui oon- le monastère de Gandersheim demeura indé-
seillèrenl de donner satisfaclion à Ijernoiinrd. cise. Quoique ce concile se soit tenu, selon
Les partisans de l'arclievêque firent grand notre mariière de compter, le jour de saint
bruit, menaçant le légat et l'évêque d'Hil- Jean l'Evangéliste en 1001, Tangmar, au-
desheim. Le légat voyant que raiclievêque teur de la Vie de saint Bernouard, le met en
s'élait retiré sans avoir voulu se rendre à 1002, parce que, de son temps, l'année com-
l'avis du concile, le suspendit de toute fonc- mençait en beaucoup d'endroits à Noël.
tion épiscopaie jusqu'à ce qu'il se présentât 6. Le 3 décembre de l'an 1002, Sylvestre

au concile que le pape devait tenir à Rome tenant un concile à Rome '. l'abbé de Saint-
aux fêles de Noël. Pierre, près de Perouse, se plaignit de ce
4. Cependant l'évêque Bernouard alla au que Conon, évêque de cette vile, l'avait
monaslère de Candersheim poi;r y remédier chassé de son monastère, et avait abandonné
à quelques abus '. L'entrée lui en fut refusée au pillage tout ce qui appartenait aux moi-
par la piincesse Sophie, soutenue d'une nes. L'évêque s'offiit à prouver qu'il n'avait
troupe de gens armés, que sa famille et l'ar- eu ancime pari à celte violence; mais il
chevêque de Mayence lui avaient fournis. soutint que ce monastêie étant de sa dépen-
L'évêque, contraint de se retirer, trouva le dance, c'était à lui à en maintenir les droits.
moyen de faire assembler un concile ti Franc- On fit lecture des privilèges accordés au
fort, après l'Assomption de la sainte 'Vierge. monastère de Saint-Pierre, et il fut démon-
Les archevêques de Mayence de Cologne , tré que, du consentement même du prédé-

et de Trêves s'y trouvèrent avec quatre


, cesseur de l'évêque Conon, il avait été sou-
évêques. Mais Bernoaard n'ayant pu y as- mis immédiatement au Saint-Siège. L'évêque
sister, parce qu'il était tombé malade, ou renonça à ses prétentions, et donna à l'abbé
n'y jugea point défmilivement son affaire, le baiser de paix, avec promesse de l'aider

et ou se contenta de convenir que ni lui ni dans la suite en ses besoins.


"Willigise n'exercerait aucune juridiclion sur 7. L'empereur Othon 111 étant mort sans

l'abbaye de Gandersheim, jusqu'au concile enfants en 1002, Henri, duc de Bavière, son
qui devait se lenir à Frislar pendant l'octave plus proche parent, lui succéda dans le
de Pentecôte de l'an 1002.
la royaume de Germanie. La snconde année de
5.Le cardinal légat, de retour à Rome, son règne, c'est-à-dire en 1003. il assembla
fit le rapport au pape et à l'empereur de ce un concile nombreux à Dormund *, ville im-
qui s'était passé à Polden. Ils en furent indi- périale dans la Westphalie, où il exhorta les
gnés et donnèrent ordre aux évêques d'Al- évêques à réformer grand nombre d'abus qui
lemagne de se rendre en Italie vers la fêle s'étaient glissés ('ans la discipline de l'Eglise.
de Noël 2. Bernouard, hors d'état d'en faire 11 se fit là-dessus divers décrets que les histo-

le chemin parce que sa maladie conti-


,
riens du temps ne nous ont point transmis.
nuait, y envoya le prêtre Tangmar, qui Dilmar nous apprend seulement qu'on y éta-
avait déjà assisté de sa part au concile de blit une confraternité de prières entre tous

Francfort. 11 trouva du côté de Spolète l'em- ceux qui assistèrent .à ce concile. A la nou-
pereur, qui luiordonna d'attendre le concile velle de la mort de quelqu'un d'entre eux,
indiqué à Todi pour la fête de saint Jean chaque évèque s'engageait à dire une messe
l'Evangéliste. Tangmar raconta au pape ce pour le défunt les prêtres devaient dire
,

qui s'était passé à Francfort : le cardinal trois messes; les diacres et autres ministres

Fridéric, nommé depuis peu à l'archevêché inféiieurs, dix pseautiers; le roi et la reine
de Ravenne, fit ensuite le récit de sa léga- donneraient aux pauvres quinze cents de-
tion.Le concile désapprouva le procédé de niers, et en nourriraient autant; les évêques

l'archevêque de Mayence, mais on convint donneraient à manger à (rois cents pauvres,


d'attendre l'archevêque de Cologne et les et à chacun trente deniers, et autant de lu-

autres évêques d'Allemagne. Comme ils tar- minaires à l'église; on jeûnerait au pain, au
daient trop,Tangmar s'en retourna avec la sel et à l'eau les veilles de saint Jean-Bap-

permission du pape et de l'empereur. Ainsi tisle, de saint Pierre et de saint Paul, et de

' Mabillou., ibid., nutn. 30. 3 Tom. IX, Concil. Lab., pag. 1210.
î Tom. VI, Concil. Haiduici, pa^;. 765, et, Mabil., » Ditmar., lib. VI, pag. 381 , tom. I, ficrtpt. Uruns-
in Yita Bemoard., num. 30. viceiis., et tom. IX C'o«c., pag. 783.
[Xl* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXV. — CONCILES DU XI" SIÈCLE. 1035

tous les Saints; le jeiîlne de la veille de IWs- dence de la régularité. Vivien se présenta
somplion et de toutes celles des fcles d'apô- au concile, et demanda au roi Robert de
tres se ferait comnie dans le cuiêiue; il nn nouveaux privilèges, qui lui furent accordés.
seraitde niêmedesquatie-lemps, excepté le 11. L'année suivante, 1009, il se tint un
vendredi avant Noël, où l'on jeûnerait au concile à Barcelone *, dont nous ne savons
pain, nu se! et à l'eau. autre chose, sinon que l'on y cjutirma les
8. Le roi Henri avait aimé dès son enfance donations faites à l'église de cette ville.

la ville de Bamberg. Quand il fut roi, il for- 12.Le concile d'Auliam en Angleterre ^, Coneits

ma le dessein d'y ériger un évêclié. Il prit fut assemblé en 1009 par le roi Etheirède, a
sur cela l'avis des évêques de son royaume la priéie d'jElfeape de Canlorbéry et de
assemblés à Mayence le 23 mai pour célé- Wulstau d'York. On y appela les évêques et
brer avec lui la fèie de la Fentecôie et , les giauds seigneurs du royaume, et on en

ayant obtenu le consentement de l'évèque fit l'uuveilure le jour de la Pentecôte. Les

de \Virzi)onrg, il envoya deux de ses cliape- décrets de ce concile sont au nombie de


lains à Rome demander au pape Jean XVIU trente-deux; mais dans quelques exemplai-
la confirmation de cette érection. La bulle res il ne s'en trouve que vingt-hui!. Voici les
est datée du mois de juin de l'an 1007 elle ; plus remarquables Défense aux ministres
:

fut accordée en un concile tenu dans la ba- de Dieu, surtout aux prêtres, de se marier,
silique de Saint-Pierre ', et le pape en écri- sous peine d'être soumis aux charges publi-
vit à tous les évêques de Gaule et de Ger- ques et aux tiibuts; et on promet à ceux qui
manie. garderont la continence, d'éti e tiaités comme
9. Au retour des cliapel.iius du roi, ce les nobles. Les sorciers, les enchanteurs,
piince convoqua un concile nomhieus ù les femmes débauchées, les parjures, seront
Fiancl'orl pour le 1" novembre de la même
- bannis du p:iys. Aucun chrétien ne sera
année. L'évèque de Wirzboiirg ne voulut vendu hors de sa patrie principalement ,

point y venir, fâclié de ce qu'on ne lui avait pour le service d'un païen. On ne puniia pas
pointdonné le litre d'arclievéque. iMais il y non plus de mort un chrétien pour une faute
envoya Berniger son clinpelain, avec charge légère. Les chrétiens ne pourront contracter
de s'opposer au démembrement de son dio- maiiage jusqu'au sixième degré de consan-
cèse son opposition fut sanselfet. Tagnion,
: guinité. Chacun paiera exactement la dime
archevêque de Magdebourg, opina pour l'é- de ses fruits et le denier de saint Pierre aux
rection de l'évêclié de Bamberg, suivant les jours marqués. On paiera aussi trois fois
désirs du roi. Son avis fut suivi, et tous les l'année les cens pour l'entretien des lumi-
évêques souscrivirent la bulle de confirma- naires, et le droit de sépulture à l'ouverture
tion donnée par le pape. Le roi nomma à ce delà fosse; et s'il arrive que le corps soit
nouvel évcclié EbeiarJ, son chancelier, qui inhumé hors de la paroisse, on ne laissera
fut sacré le même jour par l'archevêque de pas de payer ce qui est dû à l'église d'où
Mayence; c'était Willigise. 11 souscrivit le dépendait le défunt pendant sa vie. On jeû-
premier; trente-quatre évêques souscrivirent nera la veille de r.\ssomption de la Vierge
ensuite. et des fêles des apôtres, à l'exception de
10. Il ne s'en trouva que treize au concile celle de saint Jacques et de saint Philippe, à
que Uoiiert, roi de France, tint a Chellus ^ cause qu'elle se leucoulre dans le temps
en son jialais, le 17 mai 1008, dont le pre- pascal; les jours des quatre-temps et tous
mier dans les souscriptions est Leutheric, les vendredis de l'année, si ce n'est qu'il y
archevêque de Sens. 11 reste de ce concile ait une fête en l'un de ces jours. Le diman-

une charte en faveur de l'abbaye de Saint- che sera sanctifié de façon qu'il ne se tienne
Denis. Vivien, ù qui le roi en avait donné le ni foire, ni marché, ni assemblée du peuple,
gouvernement, y avait rétabli la discipline qu'on n'aille point à la chasse, et qu'on ne
régulièie; mais elle avait perdu beaucoup fasse aucune œuvre mondaine. Tous les
de ses biens et de ses droits dans la déca- chrétiens confesseront * souvent leurs pé-

"Toiu. IX, ConciL, p. 784. ' Unusiuisqtie chrislianus. . . fréquenter adeat coi,-

> Toin IX, ConciL, p. 783 et seq. fcmonem, et pudore fosito sua confitentur peccatn, et
'Tûui. IX, Co«e</., p. 787; Mal)iliou, lib. I.lll, uuum ei iniposuerit sjcerdos emendationem seilulus
Annal., nuui. 1, pag. 199. — » Tom. IX, ConciL, exequalur. Reverenter eliam prceparatus quisque adeat
pag. li»8. — ' Tom. IX, ConciL, p.ig. 789. sacram euchnristiani, saitem ter quotannis. Can. ÎO.
1036 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
cbés, feront la pénitence qui leur sera en- ies chrétiens en âge de jeûner jeûneront
jointe pur le prêtre , et s'approcheront de trois jours avant la fête de saint Miciiel, le
l'eucharistie au moins trois fois l'année, et lundi, le et le mercredi, en ne man-
mardi
plus souvent jugent nécessaire. Les
s'ils le geant ces jours-là que du pain et des herbes
csD.jt. amendes pour des crimes commis contre crues, et ne buvant que de l'eau; ils inmt à
Dieu seront appliquées à l'Eglise, quoique l'église nu -pieds pour se confesser. Il se
décernées par le juge laïque, fera pendant ces trois jours des processions
canciie de 13. L'égHse Cathédrale de Bamberg ayant auxquelles les prêtres, comme le peuple,
mi"^' " été achevée en 1012,1e roi Henri choisit assisteront nu-pieds. Il y a un autre règle-
pour en faire la dédicace le jour de sa nais- ment qui poite que l'on chantera chaque
sance, qui était le 6 mai '. Jean, patiiarche jour, dans toutes les assemblées du matin,
d'Aquilée, en fit la cérémonie, assisté de la messe intitulée : Contre les pnyens dans
,

trente-six évêques. Ensuite ils tinrent un laquelle on priera en particulier pour le roi;
concile, le roi présent, où l'on termina quel- et qu'à chaque heure de l'office on chantera,
ques diliicullés personnelles entre les évê- le corps étendu sur la terre, le psaume Do-
ques de l'assemblée. Dilmary lit des remon- mine, quid muUiplicati sunt, avec la collecte
trances au sujet des biens que l'on avait en- contre les païens, ce que l'on continuera de
levés à son église on lui en promit la resti-
; faire tant qu'il y aura nécessité. [A la suite
tulion. 11 était évêque de Mersebourg. Le roi de celle constitution, la Palrologie reproduit
y alla passer la fête de la Pentecôte. Tag- d'après Mansi le privilège que le roi Ethel-
mon, archevêque de Magdebourg devait , rède accorda à l'église de Canlorbéry et aux
chanter la messe ce jour-là mais étant ; moines qui avaient remplacé les clercs dans
tombé malade, Dilmar eut oidre de le sup- cette église. Il est signé du roi, de plusieurs
pléer. évêques et abbés.]
Loi. ccc'é- 14. Vers le même temps, Ethelrède, roi 15. Suivent dans la collection des Concî7e.s^, uptoM
d'ÊiLired." des Anglais, tit à Haba un code de lois ^, une lettre du pa])e Benoit VIII aux évêques
divisé en quatre parties, dont la quatrième de Bourgogne, d'Aquitaine et de Provence,
concernait les matières ecclésiastiques. Voici contre les usurpaleursdes biens de l'abhaye
entre autres choses les prescriptions qu'on deChiny *, un diplôme de l'empereur Henri *,
trouve dans celte quatrième partie : Tous par lequel ce prince confirme toutes les do-

1 Tom. IX Concil., pag. 806, et Dilmarus, lib. VI, venne, intégralement avec sa capitale, ses villes,
pag. 390. bourgs, châteaux et villages, savciir Ravenne. Cé- :

2 Tom. IX CunciL, p. 807. [Palrologie, tom. CLI, sène, Bologne, Ferrare, etc., avec les confins et îles;
col. 1103-1170.] aussi la Peiitapole, savoir : Rimini, F'ino, Sinigaglia,
«Tom. IX Coticil., pag. 810. Ancône , Urbin, etc.; aussi le district de Sabin, de
' Ou la trouve au tum. CXXXIX de la Patro/ogie, même que dans les confins de la Toscane lombarde,
col. 1183 1184. {L'éditeur.) Férentnm, Viterbe, etc., avi-c leurs territoires et vil-
' I.e diplôme de empereur saint Henri, nommé
1
lages au.-si en Campante. Sora, Aquinium, Arpinum,
;

aussi la coi.veulion de samt Henri avec le pape Be- Capoue, etc. comme aussi les patrimoines de Béné-
;

noît VlU, est apporté au tome CXX de la Palrologie,


1
vent,deNaples, deCidabre et de Sicile, si le Seiimeur
col. 233-5!38, sous la date de l'an 1020. L'authentique vous la rend entre les mains; comme aussi les vil es,
de Cette pièce, que l'on conservait autrefois dans les bourgs et territoires de Riéti, d'Amiterne, de Terni,
archives du Vatican, n'existe p us. La copie que les etc. El tout cela soi' fait et confirmé à jamais pour
. .

auteurs reproduisent est rangée par l'eilz, Patnjlogie, le salutde notre àme.» —
« Ainsi , dit M Chantrel,
ibtd., parmi les pièces douteuses, quoiqu'il la repro- Histoire populaire des Papes, tom. X, pag 36, les
duise lui-même et la juge fidèle pour le fond des Etiitspontificaux étaient alors plus étendus qu'au-
choses, comme celle d'Othon 1" qu'elle suit pas à jourd'hui mais les pays qu'ils renferment aujour-
;

pas. Le manuscrit 1984 du Vatican, qui repioduit le d'hui en fai^aient partie au x" siècle, et, ou peut le
diplôme de Henri, contient quelques vaiiantes. Quoi dire, depuis la fin du siècle, au milieu des troubles
qu il en soit, ce diplôme prouve que les limites des de l'anarthie, des plus horribles bouleversements, te
Elats pontificaux n'avaient pjs changé, malgré les Saint-Siège faisait reconnaître ses droits et les faisait
vicissitudes si orageuses du siècle. « Je voue et V triompher. » N'est-ce pas là un phénomène vraiment
promets, dit l'empereur, que Rome et sou duché se- digne ii'admiralion?ajouterons-uousavec monseigneur
ront tenus par vous en la même souveraineté et Pavy, Esquisse d'un traité de la souveraineté tempo-
puissance que par vos prédécesseurs, avec les dis- relle du pape, pag. 66. « Dans ce diplôme, dit
tricts adjacents, portes, cités, château.x, bourgs, vil- M. Rohrbacher, Histoire universelle de l Eglise catho-
lages au dedans des frontières toscanes, savoir : tom. XIII, pag. 413, comme
lique, troisième édition,
Porto, Centumcelles (Civita-Vecchiaj, Géré Sutrium , dans celui d'Othon, qu'd copie, on voit la réserve,
(Sutri), Népi, Améria, Pérouse, etc., avec les terri- non pas Je la souveraineté de l'empereur, comme
toires adjacents à ces villes; aussi l' exarchat de Ra- dit Fleury, mais de la puissance qui était attribuée
,

[xi 'SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXV. — CONCILES DU XI» SIÈCLE. 103"

nations faites par ses prédécesseurs à l'é- juge ou tabellion qui aura écrit le contrat.
glise de Rome, signé de lui, de douze évê- (>es décrets sont souscrits de sept évèques, y
ques, de plusieurs abijés et grands seigneurs compris le pape Benoit ^. La date est du
de l'empire; et un autre diplôme de C:iiiut ', i" août, on ne dit pas de quelle année.
roi d'Angleterre, en faveur de l'église de L'empereur Henri conliima, à la prière du
Canlorbéry, signé de sa propre main, de la pape, ce qui avait été fait dans le concile, et
reine Emme, de plusieurs évèques et ducs. son autorité était nécessaire, parce que quel-
La date est de lan 1018 de l'iucaination. ques-uns de ses décrets regardaient le tem-
On peut rapporter au même temps le con- porel.
cile où présida Hector, arclievéque de Besan- de Ravenne ayant été pen-
17. L'église
çon, auquel assistèrent Brunon de Langres, dant onze ans sans évêque, il se commit dans
Vanillier d'Autun et Goslen de Mâcou. Ce la province plusieurs désordres, soil à l'é-
qu'où en sait est que l'on y assura la liberté gard des ordinations, soit par rapport aux
de certaines personnes qui dépendaient du dédicaces des églises. L'empereur nomma
monattere de Ceze. Il en est parlé dans le Arnoul, son frère, pour remplir ce siège va-
quatrième tome de la Nouvelle Gaule chré- cant, mais il eut à disputer contre Adalbert,
tienne. On trouve au même endroit des frag- qui l'avait usurpé. Arnoul demeura paisible
ments de i;eux lettres du pape Benoit VlH à possesseur, et Adalbert se vit au moment

Bj'unon, évêque de Langres, qui lui avait d'être déposé. On iiiteicéda pour lui auprès
demandé la conlirmation des privilèges de du pape, qui lui douna l'evèché d'Aiitie.
l'abbaye de Saint-liénigi.edeDijon. [Ces deux iVriioul assembla un concile le dernier jour
lettres sont rapportées en entier d après Pé- d avril 1014^; ily eut trois séances. On ré-
rard, Recueil de plusieurs pièces curieuses, ser- gla dans la première, que ceux qui avaient
vant à l'histoire de Bourgogne, au tome été ordonnés illicitemeiit seraient suspendus
CXXXIX de la l'atroloyie , col. io7'J-lo82, jusqu'à plus ample examen; uans seconde, la

sous l'an 1012.] que les églises consacrées par Adalbert de-
16. Le pape Benoit VIII présida au concile meureraient interdites; et daus la troisième
de Pavie -, et y lit un long discours contre la il fut défendu, sous peine d'anatheme, d'exi-

vie licencieuse des cleics. On le mit à la télé ger de l'argent pour le saint chrême, la re-
des actes du concile, qui consistent en sept couunandation de l'âme et la sépulture; et
déuets ou canons. Ils portent en substance aux archiprétres, de donner au peuple la
que les clercs n'auront ni femmes, ni concu- bénédiction ou la contirmalion par le saint
bines; que les enfants nés d eux seront serfs chrême, ces fonctions éianl réservées aux
de l'cglise en laquelle leurs pères servent, évèques =.

quoique leurs mères soient libres; qu'il ne 18. 11 ne reste rien du concile de Rome eu
sera point permis aux juges laïques de les 1015*, que le privilège accordé par le pape
atl'ranchir; que les serfs de l'Eglise ne pour- Benoit VIII à l'abbaye de Frutar, par la-
ront lane aucune acquisition sous le nom quelle elle est déclarée exempte de la juri-
d'un homme libre; que l'homme libre qui diction épiscopaie. Ce privilège est signé du
auia prête son nom, donnera à l'Eglise ses pape, de quarante-cinq évèques, de plusieurs
sûretés, et que l'on frappera d'anuthème le cardinaux-prêtres, de quelques diacres et de

au.x empereurs daus la couititutiou du pape Eugène de l'empereur saint Henri sont rapportés au 1. CXL
et de fies sutcciseur:-, savoir, que lout le clergé et de la Pulrotoyie, col. i2S-3S4. [L'édiieur.)
toute nublosse de Uonie s'engageraient par ser-
la 'On le trouve au tome CH de la Palrologie
meut à u'élire de pape ijue d'unn manière canoni- col. 1183-11S4 {L'éditeur.)
que, el que le nouvel élu, avant d'être sacré, s'enga- « Tom. IX Concil., pag. 819. — 3 Voyez l'article du
gerait de même par serment, en présence des en- pape ISenoil Vlll. — * lom. l.K Concil., pag. 833, el
voyés de l'empereur ou en présence de tout le Dilmar., Ub. VU, pag. 400.
peuple, à conserver U-s droits de tous. On voit, par ' Dans le tom. XI des Conciles de Venise, on met

ces paroles du diplôme, qu'il n'est point ici question un concile de Ravenue eu 1016, et c'est à lui qu'on
de souveraineté proprement dite, mais du droit attribue ce qui fut réglé pour les cleios ordonnés
réservé par les papes mêmes aux empereurs, comme par Adalbert. C'est aussi le sentiment de Mansi, qui
défcLseurs de 1 Eglise romaine de veiller à ce que
, le prouve par la raison que le concile où eut lieu
l'élection du pape se fil canonique ment, et à ce que cette opération fut préïidè par Arnoul, qui u était
le pape juriU de conserver les droits de tout le pas encore évêque à l'époque oii se tint le concile
monde. » de l'un lOU. Mansi, tom. XIX. {L'éditeur.)
Les lois, constitutions et diplômes ecclésiastiques 9 Tom. IX Concil., pag. 814.
1038 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
quelques abbés qui avaient assisté au con- Labbe et de plusieurs autres. Mais on voit
cile. par un ^ diplôme de l'abbaye de Saint-Mrîs-

19. En France, deux clercs en réputation min, près d'Orléans, que le concile tenu en
de docUine de piété, s'étaient laissé sé-
et cette ville à l'occasion de ces nouveaux ma-
duire par une femme veuve d'Italie, et in- nichéens, est de l'an 1022, la vingt-seplième
fectée de l'hérésie des manichéens. lls> reje- année du règne de Robert. Cela parait en-
taient l'Ancien et le Nouveau Testament, en core parle témoignage ^ d'Aderaar, qui dit

ce qui y est dit de la Trinité et de la créa- que cette hérésie fut découverte sous l'épis-
tion du monde; niaient que Jésus-Ciirisl fût copat d'Odohic d'Orléans. Or on ne peut en
né de la Vierge Marie; qu'il eut soullert, mettre le commencement avant l'an 1022
qu'il fût ressuscité; que le baptême eût la puisque ce lut en celte année que Théodo-
vertu d'eli'acer les péchés; que le pain et le ric,son prédécesseur, se démit de son évê-
vin fussent changés au corps et au sang de ché pour se retirer au monastère de Saint-
Jésus-Chrisl par la consécration du prêtre. Pierre à Sens.
Us legardaient les bonnes œuvres et liiiter- 20. Le 11 août de la même année, Aribon,
cession des saints comme inutiles, condam- archevêque de Mayence, assembla un con-
naient le mariage et défendaient de manger cile à Seliugslad, où assistèrent les évêques
de la chair. Us s'assemblaient la nuit pour de Stiasbouig, d'Augsbourg, de Bambcrg et
la célébration de leurs mystères; et après de Wirzbouig, ses sulfiagaus. Ce qui renga-
avoir éteint les lampe», ils se livraient à gea à le convoquer fut ' le désir de ictablir
toutes sortes d'impuretés. Un homme de l'unitoimité de la discipline dans toutes les
ccndiliou, nommé Aréfaste, ayant découvert églises dépendantes de la métropole, et de
celte pernicieuse secte, en lit donner avis supprimer quantité de déctels synodaux ef
au roi Robert par Richard, duc de Norman- d'usages, dont la contrariété causait du trou-
die. On iudiqua un concile à Orléans', l'an^ ble et de la confusion. Four obvier aux in-
^0-2-2. Le roi et la reine Constance son épouse convénients qui eu résultaient, le concile lit
s'y rendirent avec plu^ieurs évêques, du vingt canons, que Burchard de Wiizbourg,
nombre desquels était Leutijeric, archevêque l'un de ces évêques, a rapportés à la iiu de
de Sens. Etieinie et Lisoye, ce sont les noms son Décret, et qui se tiouvent dans la vie de
des deux clercs qui se laissèrent séduire les saint Meinverc évêque de Paderboru au
, ,

piemiers, lurent amenés au concile avec premier tome des Â'crivains de Brunawkk.
ceux qu'ils avaient engagés dans leurs er- Voici ce qu'on trouve dans ces canons. Tous
reurs.Ou essaya de les en tirer dans une les chrétiens s'abstiendront de la chair et de
conlérence qui dura depuis la première la graisse quatorze jours avant la Saiut-Jean-
heure du jour jusqu'à trois heures après Biiptisle, autant avant Noël; ils garderont
midi. Comme on les vit enduicis, on les me- la même abstinence les veilles de 1 Epipha-
naça du feu 3. Ce supplice ne les eti'raya nie, des fêtes des apôtres, de l'Assomption
point. y allèrent gaiement, mais lorsqu'ils
Ils de la sainte Vierge, ue saint Laurent et de
commencèrent à sentir l'impression des llam- tous les Saints, et ils ne feront qu'un repas :

mes, ils se miient à crier et à détester leurs on en excepte les intiimes. L'observance sera
erreurs. On se mit en devoir de les retirer la même pour les jeunes des quatie-temps.
du feu mais on les trouva réduits en cen-
; Il ne sera permis à personne ue contracter

dres. De treize qu'ils étaient, quand ou se mariage en aucun de ces jours, ni depuis
saisit d'eux pour les faire comparaître de- l'avent jusqu'à l'octave de l'Epiphanie; et
vant le concile, il n'y eut qu'un clerc et une l'on ue se maiiera pas non plus depuis la
religieuse qui se couvertiient. Rodulphe Gla- sepluagésime jusqu'à l'octave de Pâques. Le
ber rapporte cet événement à l'an 1017,
**
prêtie qui auia bu après le chant du coq,
en quoi il a été suivi de Raronius, du père ne pourra célébrer la messe le jour suivant *.

) Tom. IX Concil., pag. 836, et Glabcr, lib. 111, do la société, comme elle le jugeait convenable, con-
t;ap. vni. tre ceux qui la troublaient. [L'éditeur.)
3 llabilton, lib. LV Anna/., nuui. 3, png. 284. '*
Glaber, ibid.
3 Ces actes, si amèrement reiirochés à l'Eglise, ne » Mabilton, Tom. IV Annal. ,ia appendice, p. 708.
B'eXéculaieut que par vrclre du roi el du consentemeiit 6 Mublllon, lib. LV ^n««/.,iium. 1 ,:i 3.
du peu/jle, selon l'expression
de Rodiilfe Giaber, au- >
Meirtverci Vita, tom. 1 Scriplor. Brunsvic, pag.
teur du temps. Les évêques constataient le crime ISl, el tom. IX Concil., pag. 8U.
d'hérésie, et l'autorité civile sévissait dans l'intérêt 8 II n'y avait point encoied'borlogesjbien qu'on attri»
[xi* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXV. — CONCILES DU XI' SIÈCLE.

[Défense à un prêtre de dire plus de Irois à Rome ne lui de rien *. Le péni-


servirait
messes par jour. Plusieurs prélres, par dé- tent, pendant le cours de sa pénitence, de-
volioii, célébraient alors plus de six messes meurera donc dans le lieu où il l'a reçue,
par jour.] Défense, sous peine d'analiième, afin que son propre prêtre puisse rendre té-

de jeter un corporal consacré pur l'atlou- moignage de sa conduile, et s'il ne le peut à


chement du corps du Seigneur, dans le feu, cause de l'incursion des ennemis, le prêtre
pour éteindre un incendie, de porter une le recommande à quelqu'un de ses confrè-

épée dans l'église, si ce n'est celle du roi, et res, pour la lui faire observer. Défense au
de causer dans le veslibule de lï'glise. Si de prêtre d'introduire dans l'église, sans la per-
deux pcisonnes accusées d'adultère, l'une mission de l'éveque, celui ft qui l'entrée en
avoue et l'autre nie, on mettra en pénitence est défendue pour quelque crime. L'auteur
celle qui s'avouecoupable; l'autre sera obli- de la 'Vie de saint Meinvcrc ne rapporte que
gée de donner des pi euves de son innûccnce. ces dix-neuf canons, parce qu'il n'avait pas
[Quand deux peisonncs accusées d a voir com- dans ses exempl.iircs le cinquième, qui, se-
mis un adultiue ensemble, nient le l'ait et de- lon Burchurd, pmte défense à un prêtre de
mandent que l'une des deux fasse l'épreuve dire plus de trois messes par jour.
du jugement de Dieu pour toutes les deux; On trouve à la suite de ces canons un for-
si l'une succombe dans l'épreuve, elles se- muluiie des cérémonies que l'on doit ob-
ront toutes deux réputées coupables.] On server en commençant le concile, et des
relranclie l'abus qui régnait paruii les laï- prières qu'il faut réciter pendant sa tenue.
ques, en particulier parmi les femmes, de [^Ce formulaire est d'autant plus remarqua-
faire dire par superstition et pour deviner, ble qu'il fuit loi encore aujourd'bui, ayant

le commencement de l'Evangile de saint été inséré depuis des siècles dans le Pontifi-

Jean, et des messes de la Trinité ou de suint Co.l romain.]


Micliel. 11 est ordonné (.e suivre, c'aus l'énu- 21. Le roi lloijert voulant rétablir dans la

méralion des degrés de consanguinité, non Bourgogne la paix qui y avait été troublée
les lois civiles, mais les canons '. On abattra depuis la mort du duc Henri, convoqua en
les bâliments des laiqaes attenants aux égli- 1030 un concile à Airy ^, dans le diocèse
ses, et on ne permettra qu'aux piètres de d'Auxerre *. Gauzelin, archevêque de Bour-
logei' dans le paivis. Les laïques palrons de ges, et Leutlieric de Sens, y assistèrent, ap-
quelque église, présenteiont à T'evéque un paremment avec les évêques couiproviii-
pieire pour la desservir, alin qu'il s'assure ciaux. Celait alors 1 usage de poi ter les re-
de su capacité, de ses uiœuis et de son âge. liques des saints à ces sortes d'assemblées''.
Celui qui u'aura pas observé le jeûne prés- On porta donc du monastère de Saint-Pierre
ent par l'éveque, nourrira un pauvre le de Sens celles de saint Salvien, martyr, et
même jour, .'\uiuu ne pouiia aller à Hume de Montier-eu-Der ceLes de suint BeicL'aire.
sans la puiuiission de l'éveque ou de son vi- Quelques uns demandèrent aussi celles de
caire. Le piètre ne partugeia puiul au péni- saint Germain d'Auxeire. L'éveque Hugues
tent sa péiiiteuce, bors le eus cl'inbrmile. Le s'y opposa. Les moines de Montier-en-Der
pénitent doit d'abord accomplir la pénitence formèrent devant les evêques du concile des
qui lui imposée par ses pasteurs; s il
est plaintes contre le comte Lamlric, qui avait
veut ensuite aller à llome, il le pourra en usurpé des terres dépendantes de lab. aye.
prenant des lettres de son évéque. Autre- Le comte, pour s'en venger, lésolut d'arrê-
ment i'absoluiiou que le péniteul obtiendrait ter les reliques de saint Lieichaire, au retour

bue l'invention de l'iiorlogerie à Gerbert. Ou suppo- sape coulraire a prévalu dans le droit canon, tandis
sait que lu cbiiut du coq, uu élé, m.crquait uiiimiL; qu'on a compté ainsi dans le dioit civil. {L'édileur.}
aiUsi un prèire qui avuit bu apiùd eu (uiniis-là ne * Sans doute parce qu'ils n'auraient pas suffisam-

pouvait diru la uiusse lo leuUt.ujuiu. Muld bi c'éluit ment réparé le scandale dans le lieu où il a été
en biver, où Us uuius suut plus loiiyuus, ou e»tiiuait douLé. {L'edileur.)
que le cbaut du cuq ue uiuiquait plus loujours le 8 Ou Airiac, Aris, Ariacense, Airiacom, ch&teau de

ujilicu du lu nuit. Cependant, par respect pour le l'ancien diocèse d Auxerre. (L\iliieur.)
sacicini-ut, un jugeait que, dans le doute, celui qui ^Toui. IX CunciL, pa;.'. 84i, et Mabillou, lib. HV
avuil bu après le cbanl du coq ne devait pas dire la Annal., uuui. Ta, ppy. 2(.7.

messe le leudemaju sauo uece^àté. {L'éUilear.) Mausi, lom. I, col. Ii45,


» fait rciuonlor celle cou-
I
On orduDuc, dans le canon, de compter les de- tume jusqu'au milieu du ix« siècle. (L'éditeur,}

grés en commençant par le ooveu ou la nièce. L'u-


104U HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
des moines qui les reportaient. Il les fit at- rer Otton, comte d'Hamerstein, d'avec Irmen-
tendie à un pont sur lequel ils devaient pas- garde, qui n'était point sa femme légitime;
ser; mais ils évitèrent ce danger en passant que le comte le promit, autant par crainte
la rivière ù pied. C'est toul ce que l'on sait de l'empereur que par égard aux remon-
de ce concile, que le roi Robert lionoia de trances des évêques, mais qu'lrmengardc
sa présence. méprisa ouvertement tout ce qui lui fut or-
Conciles 22. Les Actes des évêques d'Auxerre, en donné de la part du concile.
tJ^'àt"' .lé parlant du concile d'Airy, font mention de 26. La recherclie des sectateurs de l'héré- concu.
'''""
trois autres, le premier à Dijon, le second à sie découverte à Orléans en 1022, ne se fit ïnts"''*"

Beaune, le troisième à Lyon'.


11 n'en est point si exactement qu'il n'en échappât quel-
rien venu jusqu'à nous, ques-uns. On en trouva à Arras en 1025.
concie àt 23. Le jour de Noël de l'an 1021, le roi Gérard, qui en était évéque, de même que
wimhrtier ,
Canut lint un concile à Vincliester *, où, de de Cambrai, se les fît amener, les interrogea
l'agrément des évéques, des seigneurs et des sur leur doctrine, et, les voyant dans l'er-
abbés présents, il exexnpta le monastère de reur, les lit mettre en prison, où il les re-
Saint-Edmond et ses dépendances de la juri- tint pendant trois jours. Pendant ce temps il

diction des évéques. Cette exemption fut ordonna aux clercs et aux moines un jeûne
coniirmée par le roi Hardicanut, son fils et et des prières pour la conversion de ces hé-
son successeur. rétiques. Après quoi il les fît venir à l'église
co„cii8 24. Il se tint, vers l'an 1023, un concile à un jour de dimanche, et leur demanda eu
pétil.V'iota'!" Aix-la-Chapelle ^ en présence du roi Henri, présence du cleigé et du peuple, quelle
où l'on discuta les prétentions contradictoires était leur créance et l'auteur de leur secte*.

de l'arclievêque de Cologne et de l'évêque Ils répondirent que c'était un nommé Gan-

de Liège sur le monastère de Borcet.Pilequin dulplie, d'Italie; qu'ils avaient appris de lui
de (Pologne soutenait qu'il était de sa juridic- à ne reconnaître d'autre écriture que l'Evan-
tion et Durand de Liège
, de la sienne. La
, des apôtres; que la doctrine
gile et les écrits

cause de cet évéque prévalut, parce que de l'Evangile consistait à quiller le monde,
Géjard, éveque de Cambrai, rendit témoi- à réprimer les désirs de la chair, à vivre du
gnage que les évêques de Liège avaient béni travail de ses mains; à ne faire tort à per-

cinq abbés de ce monastère, sans aucune op- sonne; que pourvu qu'on observât ces pré-
position de lii paît des archevêques de Colo- ceptes, le bapléme n'était point nécessaire au
gne, et que lui-même, à la prière de l'empe- salut. Ils donnaient plusieurs raisonsdel'iu uti-
reur et de Baudric, évéque de Liège, avait litéde ce sacrement, la mauvaise vie des mi-
ordonné des moines de Borcet, et consacré nistres, la rechute dans le péché elle peu d'ap-
,

leur église avec Poppon de Trêves et Hey- parence que la volonté d'autrui puisse servir
mon de Verdun. Pilequin fâcbé qu'on eût , au ne sait pas même
salut d'un enfant qui
donné ^ain de cpuse à l'évêque Durand, sor- ce que c'est que le baptême. Us ne faisaient
tit brusquement du concile. pas plus de cas de l'eucharistie et de la pé-

cooci n de
Le roi Henri après avoir célébré à
25. , nitence. Ils rejetaient le mariage et ne re-

S""'
*° Mersebourg la tète de Pâques de l'an 1023, connaissaient pour saints que les apôtres et
vint à Mayence célébrer celle de la Pente- les martyrs. L évéque (jéiaid réfuta ces er-

côte. L'archevêque Aribon l'avait invité au leurs par un discours dont nous avons donné
concile * indiqué pour ce jour-lâ ^. Les actes ailleurs le précis. Puis se tournant vers ces
en sont peidus, et nous n'en savons que ce hérétiques , il leur demanda s'ils avaient
que l'auteur de la Vie de saint Godehard, quelque réplique à faire. Ils reconnurent
évéque il'Hildesheim, en a conservé. Il dit qu'on les avait abusés, aualhcmatisèrent
en général que l'on y corrigea plusieurs dés- leurs erreurs, et souscrivirent à la proles-
ordres, et que l'on voulut entr'autres sépa- siou de foi qui leur fut préseulée. Ainsi finit

' Tom. IX Concil., pag. 843. » Mansi prétend que ce concile fut tenu l'an 1020,

» Toui. IX Concil., pag. 843. [Patrologie, tom. et que l'archevêque qui y présida était Erkambauld,
CLl, col. 118B-1187.] prédécesseur d'Aiibon. Mausi, tom. I, coi. 1241.
3 Tom. IX Concil., pag. 853, et Mabillon, lib. LV [L'éditeur.)
Annal., num 2, pag. 287. 6 Tom. XIII Spicilegii, initio; et Mabillon, lib LV
'Tom. IX Concil., pag. 854, et tom. Actor. Mabil., Aimai., num. 63, pag. 308.
pag. 305 in Vita S. Godebard.
[Xl'SItCLE.] CHAI'IÏRK LXXXV CONCILIAS m; w sikcle. 1051

le concile d'Arras, donl l'évêque de Cambiiii ciiii, à qui il promit par manière de satisfac-
envoya les actes à un évêque voisin poui' le tion tle fournir chaque année l'huile d'olives
précautior.ner contre quelques-uns de cette nécessaire pour le saint chrême. Mais le ju-
secte, qui trumpé t'ii déguisant'
l'avaient gement ' de ce concile n'eut lieu que pour
leur mauvaise doctrine. La profession de foi un temps les souverains pontifes, nommé-
:

qu'on leur fil souscrire porte sur l'eucharis- ment Jean XIX, Urbain II et Calixtc II, con-
tie, que c'est la même chair qui est née de firmèrent le privilège de l'abbaye de Cluny, et
la Vierge, qui a souffert sur la croix, qui est dans un concile de Reims, on reconnut qu'il
sortie du tombeau, qui a été enlevée au était au pouvoir de l'abbé de faire ordonner
ciel, qui est à la droite du Père dans la ses moines par quelque évêque que ce fût.
gloire. 28. La Cluonique (F ildesheim met en H ,

Quelque temps après, on assembla un


27. 1027 un concile de treize évêques à Franc-
concile à Anse, près de Lyon ', dans l'église fort *. où, en présence de l'empereur Con-
de Saint-Ilomnin, auquel se trouvèrent les rad, il fut ordonné que Godehard, évêque
archevêques de Lyon, de Vienne, de Taran- d'Hildesheim, conserverait sa juridiction sur
taise, et neuf évêques, entr'autres G;iuslin, le monastère de Gandersheim. Dans le même
évêque de Mâcou. Il se plaignit de ce que Bou- concile, le jeune Godehand, frère de l'empe-
chard, archevêque de Vienne, avait contre reur, reçut la tonsure cléricale.
les canons ordonné des moines dans le mo- Ou rapporte ^ à la même année le concile
nastère de Cluny qui était du diocèse de
, tenu à Elue ou Perpignan, dans lequel on
Mâcon. L'archevêque donna pour garant de traita de la paix et de la trêve, et de quel-
ces ordinations l'abbé Odilon, qui était pré- ques points de discipline. Mais il ne faut le
sent avec quelques-uns de ses moines. L'abbé mettre qu'en 1047, comme on le dira ci-
produisit un privilège de Rome qui lui per- après.
mettait d'appeler quel évêque il voudrait 29. Il s'en tint un à Mayence en 1028, *

pour ordonner ses religieux, aussi bien que auquel l'archevêque Aribon présida, assisté
pour la dédicace des églises dépendantes de de ses suffragants". On y termina plusieurs
son monastère. On lut les eanous de Chalcé- alïaires ecclésiastiques, entr'autres celle d'un
doine et autres, qui soumettent les abbés et homme libre, accusé d'avoir tué le comte
les moines aux évêques diocésains, cl qui Sigefroi. N'ayant pu être convaincu par té-
défendent à un évêque de faire dans un au- moins, le concile ordonna qu'il se justifie-
tre diocèse ni ordinations, ni consécrations, rait par l'épreuve du fer chaud cela lui :

bans la permission de l'ordinaire : d'où les réussit.


évêques du concile inférèrent que le privi- 30. Les guerres particulières continuaient
lège allégué étant formellement contraire à en France, et occasionnaient des meurtres
ces canons, il devait être regardé comme et des pillages. Pour y remédier, Guillaume
nul *; qu'ainsi l'abbé Odilon n'êlait pas un IV, duc d'Aquitaine, assembla un concile à
garant sullisant du procédé de l'archevêque KarolTe [Charroux] * , auquel il appela les
de Vienne. N'ayant rien à répliquer à ces évoques et les seigneurs de ses Etals. On
raisons, il lit des excuses à l'évêque de Mâ- leur ordonna de travailler h la Iranquillité

Tom. IX Concil., pag. 8û9,


' et iMabilloii, lib. LV seul feulement, après avoir examiné le privilège de
Annal., pag. 313. Cluny, qu'ils ne le ratifient pa*, probablement parce
' Fleury, en rapportant ce fait dans son Histoire qu'ils le regardent pas coumie aulbeulique, n'é-
ne
LIX, num. 7, en conclut bien vile
ecclésiasi., )ivre tant pas conforme au concile de Chalcédoine. Decre-
que « les évoques de ce temps-là ne croyaient pas le verunl chartam non esse ratuni quee canonicis non
pape au-desous des canons. » Les évêques de ce cuncordaret. On voyait à cette époque beaucoup de
lemps-lù, n'eu déplaise ii Flcuiy, dit M. André privilèges supposés. (L'éditeur.)
[Histoiri c/ironologitjtie et ilogmaliijue des conciles, » Mabillon, lib. LV Annal., num. 75, pag. 313.
tom. IV, pag. 159J, comme les évêques catlioliqucs * Clironic. Hildesheim . XUl , tom. I. Sa-ipt. liruns-

romains de tous les temps , ont toujours regardé wic, p. 71b.


le pape comme lu cbef de toute l'Eglise, et ayant 5 Fabricius, tom. XI. Bibliot. G;-<rc«, pag. 576;

plum pouvoir de la gouienier et de la régir, Concil. tom. IX Concil., pag. lâ«.


l'ior., et par conséquent de dispenser des cauons et c 11 eut lieu près de Mayence, nommé
d'accorder des ixcmptioas. Il ne faudrait pas être en latin Geilzleteuse. .L'éditeur.)
catholique pour soulmlr le coutraire. Les évêques 1 Tom. IX Concil., pag. ); Chronic. Hi
du coucdc d'Anse ne cuntefleut nullement ici uu ulii »upru.
pape le droit de dispenser des canons; mais ils di- »Tom. IX, Concil., p. 8Gi \^y^-
XIV. .^
,10^2 HISTOIRE GÉNÉIULE DES AUTEURS E(;CLESIASTIQUES.
publique, ei de respecter l'Eglise. 11 parait cienne tradition du pays. Toutes ces preuves
par la cbi-onique d'Adémar qu'on s'y uccupa firent impression sur le roi Robert, qui était
aussi à éteindre les erreurs que les nouveaux présent, et sur les évoques du concile, en
manichéens semaient partout où ils se trou- sorte que l'apostolat de saint Martial y fut
vaient. Quoique le père Labbe rapporte ce reconnu unanimement contre ceux qui le
concile à l'an 102:8, il croit toutefois qu'il ne contesteraient à l'avenir. Mais Jourdain de p,, 897.

fut tenu qu en 1031. En etlet, on en assem- Limoges demanda du délai *. On lut dans le
bla plusieurs en France pour le rétablisse- même concile les canons de celui de Bour-
ment de la paix. ges, tenu quinze jours auparavant ils furent ;

:e de 31 Odolric, abbé de Saint-Martial de Li-


. acceptés, à la réserve du second, portant
Vuii. moges, ayant fait faire la dédicace de l'é- ordre de renouveler l'eucharistie tous les di-

glise du Saint-Sauveur en 1028 ', les évêques manches. On dit qu'il suffisait de le laire
qui y assistèrent tinrent à la suite de la cé- douze fois l'année et aux principales fêtes;
rémonie uu concile - où ils agitèrent la ques- mais on laissa aux monastères que l'on sa-
tion de l'apostolat de saint Martial^. Elle vait observer avec plus de soin et de pro-
avait déjà été agitée dans une conférence preté ce qui regarde le service de l'autel la ,

tenue à Paris dans le palais du roi Robert, faculté de la renouveler plus souvent. Sur la
mais elle fut une troisième fois discutée, et plainte des moines de Beaulieu qu'ils avaient ,

avec plus d'exactitude, dans un autre con- pour abbé un clerc séculier, qui avait succédé
cile qui se tint à Limoges en 1031. L'abbé à son oncle par l'autorité des seigneurs du
Odolric y assista avec neuf évêques Aimon, : pays, l'évèque de Limoges fut ctiargé de
archevêque de Bourges, président de l'as- leur donner un abbé selon la règle, et l'abbé
semblée, faisait le dixième. Jourdain, évé- séculier se démit volontairement, priant les
que de Limoges, se plaignit d'aboi-d des vio- évêques de réformer cet abus. Voici les au-
lences que les seigneurs de son diocèse tres décisions qu ils portèrent Un moine :

exerçaient contre l'Eglise et contre les pau- pouvait quitter un monastère relâché pour
vres. Mais l'abbé Odolric prenant la parole, passer à un plus reguher on ne toucherait
;
^
r»B. pria de Unir, avant toute autre ali'aire, la point au privilège, dont jouissait le monas-
contestation de l'apostolat de saint Martial, tère de baint-Marlial, d'y administrer le bap-
motif de la convocation du concile. Les preu- tême à Pâques et à la Peutecôte, et d'atfran-
ves que l'on produisit en faveur de l'aposto- chir des serfs, à la charge que ceux qui y
lat du saint, étaient tirées d une histoire de auraient été baptisés se présenteraient le
sa vie, composée sous le nom d'Aurélieu, jour même devant l'évèque à la cathédrale,

son disciple, et reconnue aujourd'hui pour pour recevoir la confirmation. Uu clerc ou


apocryphe, et se réduisaient à montrer que un moine ayant l'ordre de lecteur, pourrait
son nom, chez les Latins et chez les ijrecs, prêcher dans toutes les églises; uu homicide g„_
se trouvait dans les litanies entre les apô- volontaire, se fùt-ii fait moine, ne pourrait
tres; qu'il était aussi qualifié apôtre dans de être promu aux ordres, puisque, selon la ré-
très-anciens livres; enfin que telle était l'an- ponse du pape à l'abbé Oddon, un tel homme

1 Les auteurs varient sur la date de ce concile ; et ses religieux d'autre part, firent un concordat par
mais le témoiguage d'Adémar, qui écrivait sa lellre lequel ils s'engagèrent solennellemeut, eu se donnant
sur l'apostolat de saint Miirtial eu 1028, quelques la main oroile, à célébrer à l'aïenii- et à perpétuité
mois après la tenue du coucile de Limoges, dont il cette fête comme celle d'uu apôtre. Le concile fil un
rappelle toutes les circonstances, ne permet pas de décret ainsi cont;u Si quelqu'un ose combattre ou en-
:

le reculer au-delà de l'au 1028. Mais alors la dédi- freindre ce décrut sur l'aposlulat de saint Martial , qu'il
cace de la basilique da Sainl-Sauveur aurait eu lieu soit analhéme et maintenant et à jamais! EL tous les
en 1027. {L'éditeur.) évêques et abbés répondirent d'une voix unanime :
2 Tom. IX ConciL, pag. 860 et pag. 8C9, et Mabil- Amen, qu'il en soit ainsi. (L'éditeur.)
lou, lib.LVt Annal., num. 49, pag. 348-3G9. Jourdain ne demanda pas de délai; il avait ac-
*

!*
Le dernier jour du concile, le dimancbe 3 août cepté l'apostolat dès le premier concile tenu en
1028, Jourdain, évèque de Limoges, au milieu d un 1028, et depuis était arrivée la lettre de Jeau XIX,
imuieuie concours de peuple, leva le corps de saint en réponse à la lettre écrite à Benoit VIll par Jour-
Martial de sou sépulcre, et le transporta avec grande dain. Cette lettre ne permettait plus de délais; aussi
pompe sur le maitre autel de la catbédrale où l'on n'y en eut-il point. Au reste, Jourdain admettait l'en-
célébra la messe eu son honneur, comme d'uu apô- voi de saint Martial par saint Pierre, et tous les autres
tre. Ce même jour, quand on eut rapporté les reli- faits traditionnels concernant saint Martial; seulement
ques dans l'église du Sauveur, l'évèque de Limoges il avait d'abord combattu le titre d'apôtre, sur lequel
et sea chanoines d'une part, l'abbé de Saint-Martial ou avait varié dans sou église. {L'éditeur.)
[xi' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXV. CONCILKS DU XI- SIECLE. 1043

ne doit pas même otlVir cnli'e les mains des nardouin,et dans le second volume d.- la
prêties, ni recevoir lu communion, si ce fiiljliullwque dvs Munmcrits i)ar le [iremier
,

n'est à la mort. Personne ne doit recevoir de ces éditeurs'.


du pape la pénitence et l'absolulion sans 3"2. y eut au mois de juin de l'an 1029
11
'

l'agrément de son évèque, parce qu'il arri- une assemblée nombreuse d'évêqncs et d'ab-
vait souvent que l'on surprenait la rc^ligion bés à Orléans, pour la dédicace de l'église
des papes. Ou en produisit des exemples de Saint-Aignan -. Le roi Roberl el la reine
dans le concile. L'évèque de Limoges prêcha Constance y assistèrent, et n'omirent rien
pendant lu messe qui fut célébrée dans l'é- pour la pompe et la magnificence de celle
glise du Sauveur, el exhorta tons les sei- cérémonie. Mais on ne voit pas qu'il s'y soit
gneurs à se rendre le lendemain au concile lait aucun règlement sur les matières ecclé-

pour y tiaiter de la paix, et les engagea à siastiques.


la garder. Les clievaliers du diocèse ayant 33. La même année les évêques d'Allema-
refusé de la promettre par serment à cet gne, au nombre de douze, s'étant assem-
évêque, comme il l'avait exigé d'eux, ils fu- blés à Palill), près de Mayence^, l'empe-
rent excommuniés; et pendant qu'on pro- reur présent, Aribon, archevêque de cette
nonçait contre eux la sentence d'excommu- ville, renouvela ses prétentions sur le mo-

nication, les évêques jetèrent à terre les nastère de Gandeisheim; mais l'année sui-
cierges qu'ils tenaient allumés, et les étei- vante il s'en désista pour toujours, reconnut
gnirent. y eut quelques plaintes contre
Il que son droit n'était pas fondé, et se récon-
Tabbé d'Uzerche, accusé d'avoir enterré dans cilia sincèrement avec saint Godehard, évê-

sou monastère le vicomte d'Aubusson, mort que d Hildesheim.


excommunié. Mais la plainte se trouva dé- 34. Le concile de Bourges dont il est parlé
pourvue de preuves. Un convint que si les dans les Actes de celui de Limoges, fut assem-
seigneurs du Limousin continuaient à s'op- blé le 1" utjvembre 1031 parAimon, succes-
poser à la paix, l'évèque jeterait sur tout le seur de Gauslin dans cet archevêché '. Les
diocèse une excommunication générale, par évêques du Puy, de Cleimont, de Meude,
suite de laquelle on n'accorderait la sépul- d'Alby et de Caliors, y assistèrent. Voici les
ture qu'aux clercs, aux pauvres mendiants, décrets de celle assemblée. On ne fera plus
aux passants aux enfauts de deux ans et
, mémoiie de saint Martial, docteur d'Aqui-
au-dessous. L'ollice divin se ferait en secret taine, entre les confesseurs, mais entre les
dans toutes les églises, les messes se diraient apùlres, suivant ce qui a élé léglé par le
les portes fermées; les autels ne seraient Sainl-Siége et par les anciens pères. 11 y
revêtus que lors de la célébration des mys- avait là-dessus une lettre de Jean XIX. Ou
tères; on ne contracterait point de mariage; en lit lecture. Sur les plaintes qu'on négli-
on n'userait d'autre nourriture que de celle geait dans les paroisses de renouveler les
permise en carême; veis l'heure de tierce hosties consacrées, il fui ordonné qu'on les
on sonnerait toutes les cloches dans toutes renouvellerait d'un dmianche à l'autre ', Dé-
les églises; et alors tous prosternés sur le fense aux évêques de recevoir aucun pré-
visage, prieraient pour la paix. Un déclara sent pour les ordinations, et à leurs olliciers
toutefoisque l'on donnerait pendant le ,
de rien prendre pour écrire les noms de
temps que durerait celle excommunication, ceux qui sont proposés pour l'ordination.
le baptême à ceux qui le demanderaient, el Aucun ne sera nommé à un arcbidiaconé,
la pénitence el le viatique à la mort. Il man- qu'il ne soit diacre. Les prêtres, les diacres,
que quelque chose à la lin des actes du con- les sous-diacres n'auront ni femmes, ni con-
cile de Limoges de 1031 le reste, qui : cubines. Ceux qui en ont les quitleronl au
fait la plus grande partie, se trouve dans la [ilus lot, et ceux qui ne voudront pas s'en

collection des conciles de 1644 au Lou- séparer seront interdits de leurs fonctions,
vre, dans celles du père Labbe et du père et n'auront plus que le rang de lecteurs ou

> Voir, sur les deux couviltfs de Limoges relalifi à * Tom. IX Concil., pag. 8G4.

l'apobtolut >lc :>aiiil Martial, la dUscrlaliou sur ra|iOs< ' 1,0 concile Iciiu à Limoges quinze: jours après

total de suint Maitial, par l'uljbé Ai'liullot, pa| et modilia ce canon n d^'crétaul, comme on vient de
t

Buiv. L'édticur.) le voir, qu'on peut se contenter de renouveler lo6


' Toiii. 1,\ Cducil., pag. 860. saintes espèce» tous les mois. {L'éditeur.)
sfom. IX Conci/., pag. 8U1.
1044 HISTOIRK GÉNICllALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
de chantres. Les évêqiies n'auront plus de prendre droit de fief sur les prêtres pour
sous-diacre qu'il ne pronielle à Dieu devant les biens ecclésiastiques que l'on appelait fiefs

l'autel de n'avoir ni l'erame ni concubine, ou presbyléraux; et de mettre des prêtres dans


de renvoyer celle qu'il pourrait avoir au leurs églises sans l'approbation de l'évê-
moment de son ordination. Tous ceux qui que. Les clercs qui quitteront la cléricature
seront employés aux lonctions ecclésiasti- seront séparés des autres clercs. Si un moine
quitte son iiabit,il sera privé de la commu-
ques porteront la tonsure, et auront la barbe
rase'. On n'admettra point dans le clergé nion de l'Eglise, jusqu'à ce qu'il le reprenne,
les enfants de prêtres, de diacres ou de et si l'abbé ne veut pas le recevoir, il de-

sous-diacres; et ceux qui sont actuellement meurera avec des clercs dans l'église, ou
clercs ne pourront être promus aux ordres dans un monastère, en habit de moine et en
sacrés. Les serfs ou esclavesne seront point observant la règle. Les chanoines et les
reçus dans le clergé avant d'avoir obtenu,
moines ne passeront pas d'une église ou
de leurs maîtres une entière liberté, en pré- d'uu monastère à un autre, sans la permis-
sence de témoins dignes de foi. On ne doit sion de l'évêque ou de l'abbé. Les canons

point regarder comme enfants d'ecclésias- sont suivis d'une déclaration de l'archevêque
tiques, ceux qui en sont nés depuis le retour Aimou, ordonnant de donner à saint Martial
de leurs pères à l'état de laïque. Les évêques la quahté d'apôtre dans les ollices de l'Eglise.

déclareront dans le temps de l'ordination 36. Au mois de janvier de 1 an 1027,

qu'ils ne veulent ordonner ni les enfants de Alexis, patriarche de Constantinople tint ,

prêtres, de diacres, de sous-diacres, ni les un concile avec les évêques qui se trouvaient
esclaves qui n'ont pas été mis en liberté; et à la cour -. Avant d'être élevé à celte digni-
si par surprise ils en ordonnent quelqu'un, et té, il gouvernait le monastère de Stude.

que sa condition servile vienne à être connue, Etant venu visiter l'empereur Basile dan-
l'archidiacre le déposera comme ayant éié gereusement malade, il lui * apporta le chef
ordonné illicitement. de saint Jcan-liaptiste. Ce prince le nomma
35. Le concile défend de rien recevoir patriarche de Constantinople à la place
pour le baptême, pour la pénitence, pour la d'Eustache , mort quelques jours aupara-
sépulture mais il permet de recevoir ce que
;
vant, et le lit introniser sur-le-champ. C'é-
les fidèles oll'riront volontairement. 11 ac- taiten 1023, et Alexis occupa ce siège jus-
corde aux prêtres la propriété des oliiandes qu'en 1042. Il nous apprend lui-même, dans
et des luminaires qu'on leur donne mais il ;
sa lettre synodale, ce qui fut réglé dans ce
veut que le cieige pascal reste dans l'église concile. Plusieurs évêques faisaient retomber
pour éclairer l'autel. Défense de mettre sur sur les métropolitains les charges de leurs
diocèses, c'est-à-dire les contributions * que
l'autel les draps qui ont servi à couvrir les
morts, et de faire des voitures le dimanche, l'empereur exigeait d'eux, et pour se dispen-
soit par charroi, soit par bêtes de somme, ser du paiement ils détournaient leurs reve-
sinon par charité, par la crainte des enne- nus , et s'absentaient dans le temps de la

mis, ou en grande nécessité. Celui qui aura levée des deniers. Comme les métropolitains

quitté sa femme légitime, sans y être auto- étaient responsables des non-valeurs, ces
risé par le cas de fornication, n'en prendra contributions tournaient presque entièrement
point une autre, tant que la première vivra, à leur charge. Pour obvier à cet abus, il fut
et il en sera de même de la femme qui aura ordonné que les métropolitains établiraient
quitté son mari : ils doivent se réconcilier. des économes dans les diocèses dont les
Personne n'épousera sa parente Jusqu'au évêques n'avaient pas fourni leur contin-
sixième ou septième degré, ni la femme de gent, jusqu'à ce que les métropolitains fus-
son parent, parce que le mari et la femme sent indemnisés; et que, dans les diocèses
unis légitimement sont une même chair; ne dont ils avaient à craindre un semblable
donnera sa tille en mariage à un prêtre, à dommage, ils nommeraient des commissai-
un diacre, à un sous-diacre ou à quelqu'un res pour prendre connaissance, avec les évê-
de leurs enfants, et n'épousera la tille d'au- ques, du revenu des églises, en faire rendre
cun d'eux. Il est défendu aux laïques de compte tous les ans, et employer le revenant

• La coutume d'Orient est différente. (L'éditeur.) = Pagi, ad an. 1025, uum. 7.


'Alexii monument, synod. apud Zouaram, p. 786, '•
Fleury, liv. LIX, pag. 481, lom. Xli.
et Jus Graco-Rom., lib., IV, pag. 230.
-

CHAPITRE LX.XXV. — CONCILES DU XI' SIÈCLE. 1045

bon à l'indemnité du métropolitain, ou le aux ordres du concile. Mais il prend en même


conserver à l'Eprlise. Les évêques du concile temps la défense des monastères donnés à
disent que leur décret à cet égard est con- des étrangers, suivant l'abus dont on rap-
forme aux canons cinq et vingt d'Antioche, porte l'origine à Constantin Copronyme, en-
et au onzième du septième concile '. Ils rap- nemi des moines et des images. Il permet
portent ces trois canons. aux moines qui se trouveront lésés dans
37. Ils se plaignent ensuite des évêques leurs biens par ces donataires, de se pour-
qui dissipaient les biens de leurs églises, qui voir devant le concile du patriarche pour se
pienaient des terres d'autrui à ferme, et se faire reslituer ce qu'on leur a enlevé*. La
mêlaient indécemment d'affaires temporel- raison de ce règlement, c'est que ceux à qui
les, en négligeant celles de l'église confiée on donnait quelque monastère, jouissaient
à leurs soins. Le concile les menace de dé- des revenus sans en rendre compte, négli-
position en cas d'incorrigibilité. 11 menace geaient les réparations, les aumônes, enle-
aussi des censures les évêques qui, sans au- vaient aux moines leur subsistance, ou la
cune raison légitime, s'absentaient des con- consumaient en faisant loger dans le monas-
ciles provinciaux, ou qui entreprenaient sur tère grand nombre de séculiers.
les droitsde leurs confrères, en ordonnant 39. 11 fut ordonné que la séance des évê-
des clercs étrangers, ou en recevant chez ques ", dans la célébration des mystères,
enx des clercs d'une autre province ^ sans dans les conciles, dans les repas, seiait ré-
permission par écrit de leur évèque. Ce rè- glée suivant le rang de leurs métropolitains.
glement, qui avait été si souvent renouvelé Ou condamna l'abus des oratoires domesti-
dans le concile précédent, regardait particu- ques, en quelques-uns desquels les person-
lièrement Constantinople, où, comme le dit nes puissantes aÛeclaient de faire sonner,
lepatriarcbe Alexis, il venait de tous côtés d'assembler le peuple, de célébrer l'ollice et
des clercs, coupables ou innocents, ordonnés de faire administrer le baptême, sous pré-

ou non, et qui y faisaient impunément leurs texte que le patriarche ou l'évêque avaient
fonctions, sans que personne les en empê- permis d'y planter une croix. Le concile dé-
chât. voulut apparemment y être autorisé
II fendit aux évêques de donner à l'avenir de
par renouvellement de la défense aux
le semblables permissions, et aux prêtres sous
clercsde passer d'une province h l'autre peine de déposition, de célébrer en ces ora-
sans une permission expresse de l'ovéquc toires d'autres offices que la messe, et seule-
diocésain. ment aux jours de fêtes, avec la permission
38. Le concile défendit ', sous les mêmes de l'évêque. Les laïques qui refuseront de
peines, aux évêques d'admettre au sacerdoce se soumettre à celte ordonnance sont mena-
ceux qui avaient contracté de secondes no- cés d'anathème. Vingt-deux métropolitains
ces, ou qui avaient commis des crimes qui, et neuf archevêques souscrivirent à ce qui

selon les canons, excluent des ordres sacrés; avait été ordonné dans ce concile, et les ac-
les impubères; ceux dont la probité n"est tes en furent scellés en plomb suivant la cou-
pas cjnstatéc; ceux qui, après avoir été tume. Ils sont rapportés dans les commen-
liaucés à une fille, en ont épousé une autre. taires du moine Zonare sur les Canons des
Il ordonne que les différends des clercs et conciles, [édités] à Paris, en 1618, et dans le
des moines seront terminés par les évêques; quatrième livre du Droit grec-romain.
ceux des évêques par le métropolitain, ou, 40. Zonare rapporte ensuite le décret d'un ,vuit

en cas de récusation, par le patriarche et autre concile de Constantinople ', tenu dans Si.dÔ
'""'
son concile; avec défense aux clercs et aux le mois de novembre de la même année par

moines de s'adre>ser à des juges séculiers, le patriarche Alexis, avec seize métropoli-

nonobstant les privilèges prétendus par les tains et cinq archevêques. Ce décret regarde
monastères qu'on nommait impériaux, et l'abus que faisaient des monastères les
aux évêques dans le diocèse desquels ces étrangers qui on les donnait, appelés pour
il

monastères étaient situés ^, d'imposer les cela donataires et quelquefois charisticaires.


mains, de donner la bénédiction ou la com- On en donnait à des évêques, à des laïques,
munion aux moines qui refuseraient d'obéir à des hommes mariés, à des femmes, et il

' Alexii mnmimenl. synod., pag. 788. « l'Uj,'. 791.


— > Pag. 792.
» Ibid. —
' Pag. 789. 8 Zouar., ibiil., psg. 794.
» Ihid. — 5 l'u!-. 790.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.

arrivait souvent qu'une femme avait un mo- [1047] ; D'ALLEMAGNE [1047] ; DE CAEN [1047];
nastère d'iiommes, el un homme un monas- DE SENS fl0'l8]; LOIS ECCLÉSIASTIQUES fSOUS
tère de filles; et une même personne en LA DATE 1019]; CONCILE DE ROME ET DE PAVJE
avait quelquefois plusieurs : ce qui occasion- [lO'O]; DE REIMS [1049]; de mayence [1049];
nait la ruine des monastères et le relâche- DE ROUEN [1050]; DE ROME, BR10NE, VERCEIL,
ment des moines ou des religieuses, parce PARIS [tous en 1050]; de tours [1055]; de
qu'on les laissait manquer de subsistance, ROME [1039]; DE coYENÇA [10oO|; de siponto
ou parce que les donataires les oblisjeaient [10.50]; DE ROME [10.50 ET 1031]; DE MANTOUE
à recevoir des sujets peu propres à la vie [10-53]; DE ROME [lOoS]; de limoges [10.52];
religieuse. Ils faisaient encore passer leurs DE SAINT-DENIS [1053]; DE NAREONNE [1034];
monabtères à d'autres, après en avoir joui DE BARCELONE [1034]; DE CONSTANTINOPLE, DE
autant qu'ils le voulaient, et on en aliéi:ait MAYENCE, DE FLORENCE, DE LYON, DE TOURS
les biens.Le concile défend à toute personne, TOUS EN 1035]; DE COLOGNE [1056]; DE LI-
de quelque condition qu'elle soit, de possé- SIEUX, DE ROUEN [1033]; DE TOULOUSE [1036];
der un monastère d'un autre sexe, et veut DE COMPOSTELLE [1036]; DE ROME [1057]; DE
qu'il soit donné à quelqu'un de la com- NAREONNE ET d'ELNE [1038]; DE SUTRI ET DE
munauté même. Il défend encore d'en alié- ROME [1059]; D'AMALPHI ET DE EÉNÉVENT
ner les fonds sans l'autorité du patriarche [1059]; DE REIMS, VIENNE ET TOURS [1039];
ou du métropolitain; et parce que quelques DE .lACCA [1060]; DE BÉNÉVENT [lOGl ET
évèques avaient reçu des monastères de la- 10(32]; DE B.iLE [1061]; d'oseor [1062];
part des métropolitains il oidonne,
qu'ils d'aragon [1062].
leur seront rendus lorsque les métropoles
seront réduites à l'indigence par les conlri- 1. Le dérangement des saisons vers l'an .conci
. .
1. rince,
butions nécessaires aux besoins de l'Etat. 1030, occasionna une famine si atireuse, lo».

Dé.rsttoii- 41. Suitdans Zonare la solution d'un cas


'
qu'en plusieurs endroits on mangea de la
ic^duN m", concernant les mariages de deux cousins; l'un chair humaine. Les coupables furent punis,
s'était marié avec une fille qui n'avait pas et on lâcha de subvenir à la misère publi-
encore atteint l'âge nécessaire à cet engage- que, en vendant les ornements des églises
ment. Celle fille étant morte quelque temps et en vidant leur trésor. La stérilité fut sui-

après, l'autre cousin épousa la mère de celte vie de l'abondance ^. Alors les évêques et

fille. 11 fut décidé, de l'avis de Michel, mé- les abbés commencèrent premièrement en
tropolitain d'Allièues, et ce semble du pa- Aquitaine à assembler des conciles, dans
triarche Alexis, que ce second mariage élait l'assurance que la mémoire toute récente
valide, et que le premier était nul, par dé- des calamités et la considération des bien-
faut d'âge du coté de la fille. Le métropoli- faitsde Dieu engageraient les hommes à la
tain Michel avait assisté aux deux conciles conversion de leurs mœurs. On en assembla
précédents. Ainsi l'on peut rapporter vers le ensuite dans la province d'Arles, dans celle
même temps la solution de celte dilflculté. de Lyon 3, par toute la Bourgogne, et jus-
qu'aux extrémités de la France. On portait
ARTICLE II.
à toutes ces assemblées les reliques des
saints. Les seigneurs furent invités de s'y
Conciles depuis l'an 1031 jusqu'à
trouver, et les peuples y accouraient avec
l'an 1063.
joie, parce qu'il s'opérait plusieurs miracles
CONCILES DE FRANCE [1031]; DE TRIEUR [1031]; par de ces reliques. Tous, grands et
la vertu
DE POITIERS [1032]; LOIS ECCLÉ-SIASTIQUES DU petits, témoignèrent être disposés à écouler
ROI canut; CONCILE DE RIPOUILLE [1032]; DE les évêques et à exécuter leurs ordres, com-
PAMPELUNE [1032]; DE TRIEUR [1036]; DE me venaient du Ciel. On détailla par ar-
s'ils

ROME [1037]; DE NARBOSNE [1038]; DE VEN- ticlestous les crimes que l'on devait éviter
DO.ME [1040]; DE VENISE [1040]; DES GAULES et les bonnes œuvres que chacun s'enga-
[1041] DE cÉsÉNA [1042]; de coxane [1033,
; geait à faire. L'arlicle principal regardait
104o]; DE CONSTANCE [1044] d'arule [104(i];
; la paix que l'on devait observer inviolable-
DE sutri [1046]; de rome [1047]; d'elne ment, et il y était dit que les hommes, libres

' Zonar., ibid., pag. 798. mine, commencèrent en 1033. {L'éditeur.} — ^ Tom. IX
5 La famiue commença eu 1030 et dura trois :iiis. C'mcil., pa^. 010 Glaber, Ilistor. lib. IV, cap. iv
I.es conciles eu question, ayant eu lieu après la i'a- et V.
[xrsjÈCLE.] CHAPITRE LXXXV. — CONCILES DU XI' SIÈCLE. 1047

ou saus armes, que'lquos


serfs, ninrclieraienl i.L'année suivante 1032, Gnillaume V,
ditférends qu'ils eussent eus ensemble au- surnommé le Grand, comte de Poitiers et
paravant; que les voleurs ou usurpateurs du duc d'.\quitaine, assembla un concile en
bien d'autrui seraient punis, selon les lois, cette ville*. ïi-ois évêques y assistèrent;
de peines pécuniaires ou corporelles. Isembert, évoque de Poitiers, Jourdain de
2. Voici les décrets de ces conciles Les : Limoges et Arnaud de Périgueux, avec plu-
églises seront des lieux de sûreté pour ceux sieurs abbés, moines et clercs. 11 y fut or-
qui s'y réfugieront pour quelque ciime
'
,
donné entre autres choses, que ceux qui se
que ce soit, hors celui de violeraeut de la seraient emparés frauduleusement ou par
paix, dont les coupables pourront être pris violence des biens de l'Eglise, les restitue-
même à l'autel; il ne sera fait aucune in- raient, et que l'on laisserait libres et entiè-
sulte aux clercs, ni aux moines, ni aux reli- res les terres appartenant aux moines.
gieuses, ni à ceux qui les accompagneront 5. Le roi Canut, fils de Suénon, roi de
dans leurs voyages; chaque semaine on Danemark, étant devenu seul maître de l'An-
s'abstiendra de vin le vendredi et de chair le gleterre après la mort d'Ethelred, en 1017,
samedi, à moins de maladie considérable ou s'appliqua à rétablir Ja discipline dans l'E-
de fête solennelle celui qui en sera dispensé
; glise et dans l'Etat ^ Dans cette vue, il fit

pour cause d'infirmité nourrira trois pau- avec secours de gens habiles un code de
le

vres. Vers le même temps un évèque de lois hWinchester, dont il prescrivit l'obser-
France qui disait avoir reçu des lettres du vation dans tout le royaume. On les trouve
Ciel pour le renouvellement de la paix, en- de dilférentes versions dans les collections
voya à ses confrères les statuts suivants pour générales des conciles sur l'an 1032. L'an-
les publier à leurs peuples -. Personne ne née précédente, le roi Canut étant à Rome
portera les armes, soit pour répéter ce qui écrivit ^ aux grands seigneurs de ses Etats
lui aura été pris, soit pour venger le sang de pour leur faire part de la mimière gracieuse
son parent; mais il pardonnera aux meur- dont il avait été reçu du pape Jean XIX, de
triers. On jeûnera tous les vendredis au pain l'empereur Conrad et du roi Rodulpbe, et
et à l'eau et le samedi on s'abstiendra de
. pour les exhorter à l'équité envers l'Eglise
chair. Ceux qui refuseront d'accomplir cette et envers IT.t.it. Ses lois tendent au main-
ordonnance seront excommuniés; on ne les tien du bon ordre dans l'un et l'autre.
visitera point à la mort, et ils seront privés 11 défend toute division en matière de reli-
de la sépulture. Ces règlements paraissant gion ; ordonne le respect pour les lieux saints
trop sévères, divers évêques refusèrent do et les ministres des autels; et à ceux-ci de
les recevoir, entre autres Gérard, évèque de vivre conformément à la sainteté de leur
Cambrai, comme on l'a remarqué dans son état; le paiement des dîmes, l'observation
article. des dimanches et des fêtes, des jeûnes du
3. Cet évèque assista au concile que l'em- Carême, desQuatre-Temps et de tous autres
pereur Conrad convoqua en 1031 à Tribur^, jeûnes prescrits par l'Eglise exhorte les fi-
;

autrefois ville royale, près de Mayence. 11 dèles à confesser leurs péchés, à en faire
s'y trouva plusieurs autres évêques de di- pénitence et à s'approcher de l'eucharistie
verses provinces, dans le dessein de confé- au moins trois fois l'année; h aimer Dieu de
rer ensemble sur ce qui pouvait être utile à tout leur cœur, et toujours, à apprendre par
l'Eglise et à la religion. On y proposa de cœur l'oraison Dominicale et le Symbole des
faire le jeûne des quatre-temps de mars au apôtres; et les évêques à prêcher la vertu.

commencement de carême, lorsqu'ils se ren- ^ leurs peuples, de vive voix et par leur
contraient ensemble, comme il arrive sou- bonne vie. Ce sont là les principaux articles
vent. L'cvêque Gérard lut d'avis de le ren- de la première table des lois de ce prince.
voyer à semaine suivante, selon l'ancienne
la La seconde renferme les peines corporelles
coutume de l'Eglise, et son sentiment pré- dont on punissait les prévaricateurs de ces
valut. lois. [A la suite des Constitutions ecdésiasti-

1 Tom. IX CtiHcil., pag. 911, cl Glub., i bid. '•


Tom. IX Concil; pag. 91*.
» Bnldnric, lit). III, cap. l.M, (.•! Sij,'(;li, , C/imnic, 5 Tom. IX Concil., pag. ÙH et seq. [Palyi,/.,

ad on. 1032. CM, i^ol. 1175-1182, d'après Mdnsi.]


'Tom. I.\ Concil., pay. 'JIS, el lialdric ., Cltronic, * liiid., p. KIH.

lib. m, cap. Ll.


,

1048 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


ques du roi Canut, on trouve dans la Patro- 8. La Chronique d'Ilildesheim met un con- ileTriloc.en
loc/ie, col. H81-1189, que ce prince
la lettre cile nombreux à Tribur en 103C, l'empereur
écrivit de Rome à ses sujets en 1031. Il y Conrad présent *. On y confirma les décrets
expose avec quelle bonté il a été reçu par faits précédemment, et l'on en fit quelques

le pape Jean, par l'empereur Conrad et le autres qui parurent nécessaires pour le
,

roi Rodulphe. Il fait connaître les privilèges maintien de la discipline. L'historien ne les
qu'il a obtenus pour ceux qui iront à Rome ; rapporte pas, mais il ajoute que les évéques
il promet de changer de vie il avertit les ; obligèrent Olton de Sumvord de promettre
grands de se détourner de l'injustice, de ne par seiment qu'il se séparerait de Mathilde,
faire tort à personne et de faire rendre avec fille du duc Boleslas, avec qui il s'était ma-
soin ce qui appartient k l'Eglise. Cette lettre
est suivie de cinq diplômes accordés par 9. On ne sait rien du concile de Poitiers de ';
p,^°;f'''
'"^i.
Gannt à des églises et à des monastères.] 1036 S sous l'cpiscopat d'Isembert, sinon
Concile li» G. Le concile de Ripouille no nous pré- '
que l'on y établit une paix solide entre les
1-2 '

sente rien que la confirmation des privilèges particuliers qui étaient auparavant en guerre.
de ce monastère, par les évéques qui s'y as- 10. On a parlé ailleurs du concile tenu à ^/^l'^^
semblèrent au mois de janvier 1032 pour la Rome en 1037 S dans lequel André, évéque 'l,°„";,f,^'

dédicace de l'église. Les évéques qui y assis- de Peruse en Ombrie, renonça à toutes ses Iv'iôpè, ï

tèrent sont Aliba d'Ausone ou de Vicb, Wi- prétentions sur le monastère de Saint-Pierre.
fride de Carcassone, Bérenger d'Elne, Ameli On en tint trois de suite dans la Gaule nar-
d'Albi, Wadad de Barcelone. bonnaise; les deux premiers en 1038', le


'°?n','n
''° '^- L'église de Pampelune ayant été dé- troisième en 10-40*, à l'occasion de trois dé-
m en
1032.
par les barbares, le siège épiscopal dicaces d'églises, savoir, de Girone, d'Au-
'

truite
au monastère de Leyre en Es-
fut transféré sone et d'Urgel. Il ne paraît aucun acte de
pagne. Quelques années après, le roi Sanche ces assemblées; mais nous avons celui de la
assembla un concile à Pampelune même-, dédicace de l'église du monastère de Ven-
où l'on résolut d'y rétablir ce siège, et l'on dôme, faite la même année 1040. Il porte
en donna le soin à l'évêque Sanche et à qu'Arnoul, archevêque de Tours, en fit la
l'évêque de Leyre. Afm que ceP évêclié fût cérémonie, accompagné de sept évéques, de
toujours occupé à l'avenir par des person- vingt-trois abbés et de plusieurs seigneurs;
nages de mérite, et que le bon ordre établi que le monastère de Vendôme fut bâti et
dans ce monastère s'y maintint et se com- fondé par GeoH'roi, comte d'Anjou, et Agnès
muniquât aux autres monastères du royau- son épouse, et donné du consentement de
me, on porta les décrets suivants L'évêque : l'évêque de Chartres, daiis le diocèse duquel
de Pampelune sera pris entre les moines de il est situé, à saint Pierre et à l'église ro-
Leyre et choisi par les évéques comprovin- maine.
ciaux; avant son ordination, l'évêque pro- [A la suite des lois et diplômes de saint gi^'j'e.'"
mettra à Dieu et à la sainte Vierge, patronne Edouard le Confesseur, on trouve au tome ',;'°do''H„°
^'°-
de l'église de Pampelune, de professer la foi CLI de 1207-1257, la Vie
la Patrologie, col.
catholique, de la prêcher constamment; de de saint Etienne de Hongrie, les avis de ce
catéchiser et de baptiser conformément aux prince â son fils, les lois qu'il porta, et un

saints canons; de conférer les ordres sacrés donna en faveur du monastère


privilège qu'il
gratuitement, de remplir fidèlement tous les de Saint-Martin de Pannonie. La Vie repio-
devoirs d'évêque; de célébrer de nuit et de duite d'après les Arta sanctorum du 2 sep-
jour les divins oilices, et de garder fidélité tembre, est de l'évêque Carthuit, qui vivait
au loi. Le concile que Baronius et le père au commencement du xii" siècle. On y trouve
Labbe rapportent à l'an 1032, fut tenu, se- quelques erreurs, mais elle ne manque pour-
lon le cardinal ^ d'Aguire et dom Mabillon, tant pas d'autorité, au jugement des boUau-
au mois de septembre de l'an 1023. Sept distcs. Voici ce que dit M. Rohrbacher des
évéques y assistèrent avec le roi Sanche, la lois d'Etienne et des avis de ce saint roi à
reine son épouse, et quatre de leurs enfants. son fils :

1 Tom. IX Concil., pag. 935. Toin. IX Concil., pag. 937, et ('/ironie. HiUles/i.,
'

'Touj. IX Concil.,png. 935. ad an. I03G, pag. 728.


3 D'Aguire, tom. III Conctl. Hispnn., pag. 395; s ToiiJ. IX Concil
,
!>. 937. —
« Ibid., p. 250.

Mabillon, lib LV Amta/. i, pag. 2'J7. ' Ibid., pag. 9:i8. — 8 lijid.
,

[XI' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXV. — CONCILES DU XI" SIÈCLE. 1049

Apôtre de sa nation, saint Etienne en fut


« en donner un pour la rédemption de son
encore le législateur. La législation princi- âme. Les esclaves ne seront pas reçus à té-
pale, c'est la religion même. 11 y ajouta uu moin contre leurs maîtres. Quant h la puni-
code de lois civiles et pénales en cinquante- tion du vol, l'esclave qui vole pour la pre-
cinq articles. Les principales dispositions de mière fois rendra la chose volée et rachètera
ce code ont pour but de maintenir le respect son nez par cinq bouvillons; s'il ne le peut,
des églises des choses sacrées, de soute-
et on le lui coupera. S'il vole une seconde fois,
nir l'autorité des évéques dans le gouverne- il rachètera de même ses oreilles, ou bien on

ment ecclésiastique, particulièrement dans les lui coupera. S'il vole encore après cela,
la défense des veuves et des orphelins. Si il sera puni de mort. Un homme libre qui
un prêtre, un comte ou une autre personne commet un ou il se rachètera, ou il sera
vol,
fidèle trouve quelqu'un à travailler les di- vendu; retombe après avoir été vendu,
s'il

niauelies, il l'en empêchera; s'il travaille il suivra la loi des esclaves. Quiconque tue

avec des bœufs, on lui en prendra un, que un homme avec un glaive, sera tué avec ce
l'on donnera à manger aux habitants; si même glaive. Si quelqu'un, tirant l'épée, en
c'est avec des chevaux, il eu rachètera un mutile un autre, on lui fera souffrir la peine
par un bœuf qui sera donné à manger, com- du talion. Si le blessé guérit sans qu'il lui
me il a été dit. Les prêtres et les comtes re- reste d'infirmité, celui qui l'a blessé payera
commanderont à tous les paysans de venir la composition ou l'amende de l'homicide.
à l'église le dimaiiclie ,
jeunes et vieux Celui qui n'a fait que tirer l'épée dans la
hommes et femmes, excepté ceux qui gar- colère, mais sans blesser personne, en payera
dent les feux. Si quelqu'un reste obstiné- pour cela seul la moitié'. On voit par ces
ment chez soi, il sera battu et tondu. Ceux extraits combien celte législation tendait à
qui causent dans l'église de manière à trou- civiliser cette nalion farouche, habituée de-
bler les autres, si ce sont des personnes puis des siècles au sang et au carnage ; mais
considérables, on les réprimandera et on les la législation la plus efficace sur ces peu-
chassera honteusement ; si ce sont des jeu- ples était sans doute l'exemple de la vie du
nes gens ou des gens du peuple, on les fus- saint roi.
tigera devant tout le monde. Si quelqu'un » Outre ce code pour son peuple, nous
mange de la chair le vendredi ou les quatre- avons de saint Etienne une instruction en
terops, il seia enfermé et jeûnera une se- dix articles sur la manière de bien gouver-
maine. Si quelqu'un refuse obstinément de ner, adressée à son fils saint Eméric, jeune
confesser ses péchés au prêtre, on ne fera prince qui mourut avant lui. Ces dix articles
pour lui ni prières ni aumônes, non plus sont, dans l'esprit du saint roi, comme dix
que pour un infidèle. Si quelqu'un meurt fleurons qui doivent orner la couronne roya-
sans confession, parce que ses parents ou le. Voici comment il s'exprime «Nul ne de- :

ses voisins ont négligé d'appeler un prêtre, vant aspirer à la royauté s'il n'est fidèle ca-
on fera pour lui des prières et des aumônes, tholique, nous donnons la première place
mais les parents expieront cette négligence dans nos instructions à la sainte foi. Je vous
par des jeûnes, au jugement des prêtres. recommande donc avant tout, très-cher fils,

Ceux qui meurent subitement seront enter- sivous voulez illustrer la couronne royale,
rés avec tous les honneurs de l'Eglise, car de conserver si bien la foi catholique, que
les secrets jugements de Dieu nous sont in- vous serviez de modèle à tous vos sujets, et
connus. que tous les enfants et ministres de l'Eghse
» Chacun aura la faculté de disposer de vous reconnaissent pour un vrai chrétien;
ses biens, de donner à sa femme, à ses fils, car ceux qui ont une fausse croyance, ou
à ses tilles, h ses parents ou à l'Eglise; et, après qui, ayant la vraie, ne la suivent pas dans
sa mort, personne ne pourra détruire ses dis- leurs œuvres, ceux-là ni ne régneront ici avec
positions. Si quelqu'un touché de compassion gloire, ni ne participeront au royaume éter-
donne la liberté <i ses esclaves avec un té- nel; mais si vous retenez le bouclier de la
moignage, nul n'entreprendra, après sa mort, vous aurez aussi le casque du salut. Avec
foi,

de les réduire en servitude. S'il leur a pro- cesarmes vous pouirez combattre légitime-
mis la liberté, et que la mort l'ail empêché ment contre les ennemis visibles et invisi-
de leur en donner un témoignage, il sera
au pouvoir de sa veuve et de ses lils de leur '
Vil. s. Steph., Acta Sanctor., i sept. Dissert , § 34
1050 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
bles, car l'Apôtre dit Il n'y aura de cou-
: alliance éternelle, il les a séparés des antres

ronne que celui qui aura légitimement com- nommes, les a rendus participants de son
battu. Or, la foi dont je parle est celle-ci.» Sur nom et de sa sainteté, et a défendu aux il

quoi il rappelle le Symbole de saint Atha- hommes de les reprendre, en disant par Da-
nase touchant la sainte Trinité. « Si donc, vid : Ne louchez point à mes christs. Or,
quelqu'un se rencontre sous votre
conclut-il, celui-là touche aux christs de Dieu, qui,
domination, qui cherche à diviser, à dimi- contre la loide Dieu et les saints canons,
nuer ou à augmenter cette Trinité sainte, flétrit les hommes de cet ordre sacré par de
sachez que c'est un suppôt de l'hérésie, et fausses accusations, et les traîne devant le
non un enfant de la sainte Eglise. Gardez- public. C'est ce que je vous défends absolu-
le nourrir, soit de le défendre,
vous, soit de ment de faire, mon
si vous voulez vivre
fils,

de peur que vous n'en paraissiez l'ami et le heureux et illustrer votre règne; car c'est

fauteur; car les gens de cette espèce infec- en ces choses surtout que Dieu est offensé.
tent les enfants de la sainte foi; mais sur- Si, ce qu'à Dieu ne plaise, vous voyez dans

tout ils perdraient et dissiperaient miséra- quelqu'un d'entre eux quelque chose de
blement ce nouveau peuple de la sainte répréhensible, reprenez-le trois ou quatre
Eglise. Veillez donc principalement pour que fois entre vous et lui seul, suivant le pré-
cela n'arrive point. cepte de l'Evangile. Si alors il refuse d'é-
» Après la foi, ce qui tient la seconde couter vos avertissements secrets, il faut en
place, c'est l'Eglise commencée par Jésus- employer de publics, selon cette parole : S'il

Christ, propagée parles apôtres et répandue n'écoute pas, dites-le à l'Eglise. En suivant
par tout l'univers. Quoiqu'elle enfante sans cet ordre, vous rendrez votre couronne tout
cesse de nouveaux enfants, il y a cependant à fait glorieuse.
des lieux où elle passe pour ancienne. Mais, » Le quatrième lustre du gouvernement,
très-cher notre monarchie y est encore
fils, c'est la fidélité, la valeur, la promptitude, la
jeune et nouvelle; c'est pourquoi elle a be- politesse, la confiance des princes, des ba-
soin de gardiens plus attentifs, de peur que rons, des comtes, des hommes
de guerre,
le bien que la divine miséricorde nous a des nobles; car ils sont le boulevard du
fait, sans que nous l'ayons mérité, ne se royaume les défenseurs des faibles les
, ,

dissipe et ne s'anéantisse par votre négli- vainqueurs de l'ennemi et les augmentateurs


gence; car celui qui diminue ou défigure la des monarchies. Qu'ils vous soient, mon fils,
dignité de la sainte Eglise, cherche à muti- comme des pères et des frères. N'en rédui-
ler le corps du Christ. sez jamais aucun en servitude, n'en appelez
» Ce qui fait l'ornement du trône, c'est jamais aucun esclave ils seront vos soldats,
:

l'ordre des pontifes : aussi, dans ce qui re- non vos serviteurs; commandez-leur à tous
hausse la dignité royale, les pontifes tien- sans colère, sans orgueil, sans envie, paci-
nent la troisième place. Très-cher fils, mé- fiquement, humblement, doucement, vous
nagez les seigneurs de cet ordre comme la souvenant toujours que tous les hommes sont
prunelle de vos yeux. Si vous avez leur bien- d'une même condition, et que rien n'élève,
veillance, vous ne craindrez aucun adver- sinon l'humilité, et que rien n'abaisse, sinon
saire. S'ils vous gardent, vous serez assuré l'orgueil et l'envie. Sivous êtes pacifique,
en toutes choses, et ils vous recommande- alors vous serez appelé roi et fils de roi,
ront au Dieu tout-puissant; car Dieu les a alors vous serez aimé de tous les guerriers.
établis les gardiens du genre humain, les Si vous êtes colère, superbe, envieux, in-
sentinelles des âmes, les dispensateurs de traitable, et si vous vous élevez avec hau-
toute la dignité ecclésiastique et des divins teur au-dessus des comtes et des princes, la
mystères. Sans eux, on ne constitue ni rois valeur même des guerriers sera la faiblesse
ni princes. C'est par leur intervention que de la royauté, et ils livreront votre royaume
sont remis les péchés des hommes. Si vous à des étrangers. Craignant cela, dirigez la

les aimez parfaitement, vous vous guérirez vie des comtes d'après la règle des vertus,
certainement vous-même, et vous gouver- afin que, letenus par l'aôection qu'ils vous
nerez votre loyaume d'une manière hono- portent, ils demeurent toujours attachés à
rable; car en leurs mains est déposée la la royauté et que votre règne soit paisible.
puissance de nous lier dans nos péchés et de » Un cinquième ornement de la couronne
nous en délier. Dieu a établi avec eux une royale, c'est la patience et la justice. David
[XI' SIÈCLE.] CHAPITRR LXXXV. — CONCILES DU XI" SIÈCLE. lOol

disait : Dieu, donnez votre jugement au roi. » Le conseil lient la septième place près
Et encore : L'Iionneur du roi aime le juge- du Irone. C'est par le conseil qu'on établit
ment. Sain! Paul dit de la patience Soyez : les rois, que l'on gouverne les royaumes,
patients envers loutle monde; elle Seigneur, que défend la patrie, qu'on dispose les
l'on
dans l'Kvançile C'est par la patience que
: batailles, qu'on remporte la victoire, qu'on
vous posséderez vos âmes. Si donc vous vou- lepousse l'ennemi, qu'on se fait des amis,
lez avoir l'honneur de la roj'auté. aimez le qu'on bâtit des villes, qu'on ruine les forte-
jugement si vous voulez posséder votre
; resses des adversaires. Tout cela se fait, dis-
âme, soyez patient. Toutes les fois donc je, quand les conseils sont utiles; car des
qu'on vous présentera, soit une cause digne conseillers insensés, arrogants et médiocres,
d'être jugée, soit un accusé de crime capi- ne sauraient former des hommes il faut :

tal, n'en montrez point d'impatience, n'assu- pour cela les vieillards les plus illustres et
rez point avec serment que vous le punirez ,
les meilleurs, les plus sages et les plus ho-
ce qui rend nécessairement inconstant et norables. C'est pourquoi, mon fils, ne pre-
variable, car de sottes promesses doivent nez point conseil des jeunes gens et des
être rompues. Ne veuillez pas non plus ju- moins sages, mais des vieillards que l'âge et
ger par vous-même, pour ne point avilir la l'expérience rendent propres à cela; car les
royauté par l'usurpation des affaires subal- conseils des rois doivent être enfermés dans
ternes, mais renvoyez-les plutôt aux juges le cœur des sages, et non point livrés au vo-

compétents pour qu'ils les jugent selon leur lage babil des insensés. Que chacun s'exerce
loi. Craignez d'être juge, aimez beaucoup donc en ce qui convient à son âge, les jeunes
mieux d'être roi et d'en porter le nom. Les gens aux armes, les anciens aux conseils.
rois patients régnent; les impatients tyran- Cependant il ne faut pas tout à fait repous-
nisent. Quand il vous arrivera une affaire ser les conseils des jeunes gens. Mais lors
qu'ilconvient à votre dignité de juger, ju- même qu'en les consultant vous recevriez
gez-la avec patience et miséricorde, afin que un conseil utile, il faut toujours le comam-
lacouronne en soit louée et embellie. niquer aux anciens, afin que toutes vos ac-
Dans les botes et les immigrants, il y a
» tions soient mesurées d'après la règle de la
une si grande utilité, qu'on peut la regaider sagesse.
comme le sixième fleuron de la dignité royale. » Dans la dignité royale, l'imitation des
Par où principalement l'empire romain s'est- ancêtres tientle huitième rang. Sachez qu'un
il agrandi et les souverains de Rome sont-ils très-grand ornement de la royauté, c'est de
devenus si élevés et si illustres, sinon parce suivre les rois qui ont précédé et d'imiter
qu'une foule d'hommes nobles et sages y af- d'honorables parents, car qui méprise les
fluaient de tontes parts? Home serait encore décrets de ses pères et ne
fait point observer

esclave si les descendants d'Enée ne l'a-


, les lois divines, celui-là périra. Les pères le

vaient rendue libre. Car les imn.'igrants, ve- sont pour nourrir les enfants, les enfants le
nant de diverses provinces, apportent, avec sont pour obéir aux pères. Qui résiste à son
diverses langues et coutumes, diverses in- père est ennemi de Dieu. L'esprit de déso-
dustries, diverses armes, toutes choses qui béissance disperseles fleurs de la couronne.

embellissent et relèvent une coui', et rabat- La désobéissance est la perte de tout le


lent l'arrogance des nations étrangères. Un royaume. Aussi, très-cher fils, ayez tonjours
royaume d'une seule langue et d'un seul ca- présents à la mémoire les avis de votre père,

ractère est faible et fragile. C'est pourquoi afin que vous usiez de votre prospérité en
je vous ordonne, mon fils, d'accueillir les roi. Suivez, sans aucune perplexité, mes
étrangers avec bienveillance et de les traiter mœurs, que vous voyez convenir à la dignité
avec lionneur, afin qu'ils aiment mieux ha- royale. 11 vous serait difficile de lenir le
biter avec vous que partout ailleuis; car si royaume de celte contrée, si vous n'imitiez
vous alliez détruire ce «juc j'ai édifié, dissi- les coutumes des rois précédents. Quel (jrec
per ce que j'ai réuni, votre royaume en souf- gouvernerait les Latins d'après les mœurs
frirait indubitablement le plus grand préju- grecques? ou quel Latin gouvernerait les
dice. Pour que cela n'arrive point, augmen- Grecs d'après les mœurs latines? Aucun.
tez voire royaume chaque jour, afin que tout C'est pourquoi suivez mes coutumes, afin que
lé monde regarde votie couronne comme vous vous distinguiez parmi les vôtres et que
vraiment auguste. vous soyez renommé parmi les (itrangers,
1032 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
» La prière est un très-grand moyen de sonne; soyez pudique, afin d'évitei toutes
salut pour un roi; elle tiendra la neuvième de la convoitise, comme l'aiguil-
les saletés
place. La prière continuelle est la rémission lon de la mort. C'est là cet ensemble qui
des péchés. Chaque fois que vous allez au compose la couronne royale, sans lequel nul
temple du Seigneur pour adorer Dieu, dites ne saurait nirégner ici-bas, ni parvenir au
avec Salomon Envoyez Seigneur, la sa-
:
, royaume éternel '.

gesse du trône de votre gloire, afin qu'elle » Telles sont les instructions que saint
soit avec moi et qu'elle travaille avec moi, Etienne, l'apôtre, le héros, le législateur, le

pour que je sache en tout temps ce qui vous premier roi de Hongrie, donnait à son fils
est agréable. C'est ainsi que priaient les an- saint Eméric sur l'art de bien gouverner. On
ciens rois priez de même, afin que Dieu
:
y voit quelle idée, au commencement du
écarte de vous tous les vices, et que tout le xi= siècle, on se formait de la royauté et de
monde reconnaisse en vous un roi invinci- la politique. Nous ne nous souvenons pas
ble. Priez aussi qu'il éloigne de vous la pa- d'avoir jamais rien lu de si chrétien, de si
resse et l'hébétement, qu'il vous donne tou- sensé, de si simple, de si noble, de si par-
tes les vertus pour vaincre les ennemis visi- fait.. Ce qui est plus merveilleux, c'est que le

bles et invisibles, afin que vous puissiez, vous xi^ siècle, non-seulement avait dans l'esprit
et vos sujets, achever votre vie en paix. cet idéal, mais qu'il en voyait plus d'un
» Ce qui orne la couronne des rois, c'est exemple réel le pieux Robert de France, le
:

l'accord des vertus, et ce sera mon dixième saint Henri d'Allemaïne, le saint Etienne de
précepte; car le Seigneur des vertus est le Hongrie. Que dis-je, la froide Scandinavie
Roi des rois. Comme l'ensemble de l'armée elle-même eut son saint roi.
céleste se compose de dix chœurs (il compte » C'était Olaph ou Olaiis, fils posthume de

sans doute les hommes pour le dixième), Harald, roi de Norwége. »


ainsi l'ensemble de votre vie se composera 12. On lit dans la Chronique d'André Dan-
^^^°l[
de dix commandements. Il faut qu'un roi dolo sur l'an lOiO, qu'il y eut à Venise en ^°^'™
soit pieux, miséricordieux et orné des autres celte année un concile ^ où le doge Flabani- '"'
vertus. Un roi impie et cruel s'arroge vaine- eus assista, et que l'on y régla divers points
nement le nom
de roi; c'est tyran qu'il faut de discipline ecclésiastique. La difficulté de
l'appeler. pourquoi, bien -aimé fils,
C'est faire recevoir les règlements pour l'établis-
délices de mon
cœur, espoir de ma future sement de la paix en 1031, obligea les évo-
postérité, je vous prie et vous ordonne d'être ques, dix ans après, c'est-à-dire en 1041, de
si pieux en tout et partout, que vous soyez se réduire à une trêve pour certains jours.
débonnaire, non-seulement avec les parents, On la nomma la trêve de Dieu, soit parce
les proches, les princes, les ducs, les riches, que les jours qui y furent destinés avaient
les voisins et les indigènes, mais aussi en- été honorés de l'accomplissement de quel-
vers les étrangers et tous ceux qui viendront ques mystères; soit à cause que l'on croyait
à vous, car l'œuvre de la piété vous conduira qu'elle avait été approuvée de Dieu par plu-
à la souveraine béatitude. Soyez miséricor- sieurs punitions exemplaires sur ceux qui
dieux envers tous ceux qui souffrent vio- l'avaient violée. Cette trêve commençait au
lence, ayant toujours dans le cœur cet exem- soir du mercredi, et finissait au lundi matin;
ple du Seigneur Je veux la miséricorde, et
:
pendant ce temps, personne ne devait tirer
non le sacrifice. Soyez patient envers tout vengeance d'aucune injure, ni enlever par
lemonde, non-seulement envers les puis- force le bien de son ennemi, ni exiger de gage
sants, mais encore envers les faibles. Soyez d'une caution, sous peine d'excommunica-
fort,de peur que la prospérité ne vous élève tion et d'être banni du pays, ou de payer la
trop ou que l'adversité ne vous abatte; soyez composition des lois comme ayant mérité la
humble, afin que Dieu vous exalte en ce mort. 11 se tint là-dessus divers conciles en
monde et en l'autre; soyez modéré, afin France, dont on n'a pas d'autres détails.
de ne punir ou de ne condamner personne 13. A Céséna^, dans la métropole de Ra- conr

outre mesure; soyez doux, afin de ne jamais venne, il se tint un concile en 1042, auquel lôis.'"

lésister à la justice; soyez honnête, afin de Gebehard, archevêquedecelte ville, présida.


ne jamais faire spontanément injure à per- Plusieurs évêques y assistèrent, avec des

Tom. IX Concil., pag. 940. - s IbiU,, [lag. 941.


,

[xrsifccLK.] CHAPITRE LXXXV. — CoNClLES Di; X[' SlFXLE. 1033


abbés, des prêtres et des diacres. Jean pape légitime dans ce concile, il y vint;
évèque de Céséiia, y fit approuver le des- mais sa promotion ayant été prouvée irré-
sein d'établir parmi les clercs de la callié- gulière, il renonça au pontificat après en ,

drale la vie commune et régulière. 11 leur avoir fait les fonctions pendant environ vingt
assigna à cet cilet les fonds nécessaires pour mois. Quelques-uns disent ' qu'il abdiqua
subsister. Ils ne devaient s'occuper que du voloniairement. On élut à sa place l'évêque
service de Dieu, manger en un même réfec- de liamberg, connu sous le nom de Clé-
toire, et dormir dans un même dortoir. ment II, qui fut sacré le jour de Noël.
13. 11 est parlé dans l'histoire de deux conci- 18. Au commencement de l'année suivante
les de Coxane, l'un en 1033, l'autre en 1043. 10'i7, assembla un concile à Rome', où il
il

Uom Mabillon dit du premier que l'archevê-


'
termina la contestation pour la préséance
que de Narbonne y assista avec neuf évêques entre l'archevêque de Raventie, celui de Mi-
et Hugues, légat du pape Benoit; et qu'ils lan et celui. d'Aquilée. Tous les trois préten-
réglèrent que la celle ou prieuré deTremes- daient s'asseoir à la droite du pape. Mais
.\igues dépendrait du monastère de Coxane. cette prérogative fut adjugée à l'archevêque
L'autre concile était composé de deux- ar- de Ravenne. On travailla dans le même con-
chevêques et de dix-huit évêques. 11 fut as- cile à bannir la simonie des églises d'Occi-
semblé contre les usurpateurs des biens de dent, où elle faisait de grands ravages.
cette abbaye. Guifroi, archevêque de Nar- 19. Le concile de Téluges au diocèse ,

bonne, qui présida à ces deux conciles com- d'Elne, est rapporté dans la Collection géné-
me métropolitain, eu assembla ^ un troisième rale des conciles à l'an 1027 ^; mais l'auteur
eu 1043, où, avec les évêques de Conserans, de la nouvelle Histoire du Languedoc fait voir
de Vich, de Maguelone et quelques autres, il qu'il ne fut assemblé qu'en 1047 ">, la der-
conflnua les privilèges de l'église de Saint- nière année de la vie d'Oliva, évêque d'Âu-
Michel, dans le Lampourdan. sonne ou de Vie, qui présida à ce concile en
13. En lOii, le roi Henri se trouva au con- l'absence de liérenger évêque diocésain,
,

cile de Constance ', où il lit remise de tout qui était allé visiter les saints lieux. Baluze
ce qu'on lui devait, se réconcilia avec tous en a donné des actes dans ses additions au
ses ennemis, et établit une paix inouïe jus- chapitre xxiv du livre IV de la Concorde du
que-là, tant dans la Souabe que dans les au- Sacerdoce et de l'Empire; et c'est de là qu'ils
tres provinces de son royaume. ont passé sous le nom de Recueil des Conciles.
10. Herraanu Contract dit que ce prince Ces actes portent que, dans tout le comté de
tint en 1046 un concile à Pavie. On ne sait Koussillon, personne n'attaquera son ennemi
ce qui s'y passa; nous n'avons pas non plus depuis l'heure de none du samedi jusqu'au
les actes du concile tenu à Arule, dans la lundi à l'heure de prime, afin que chacun
Catalogne, au diocèse d'Elne, la même an- puisse rendre au dimanche l'honneur conve-
née^. On sait seulement que les évi ques qui nable; qu'il ne sera permis non plus à per-
s'y étaient assemblés pour la dédicace de sonne d'attaquer, en quelque manière que
léglisc du monastère d'Arule, en confirmè- ce soit, un clerc ou un moine marchant sans
lenl l'immunité. armes, ni un homme allant à l'église ou en
17. Le roi Henri étant passé d'Allemagne revenant, ou marchant avec des femmes; ni
en Italie pour travailler à la réunion de 1 E- l'église ou les maisons d'alentour à trente
glise, tjt tenir vers la fêle de Noël 1040 un pas. Celte défense est convertie en anathè-
concile à Sutri, près de Rome". Grégoire VI me. 11 est défendu sous la même peine de
occupait alors le Saint-Siège. Mais [les soi- s'emparer des biens des églises ou des mo-
disant] BeuoitlX et Sylvestre 111 continuaient nastères; d'épouser sa parente jusqu'au si-
de prendre, chacun de son coté, le nom de xième degré, et de communiquer avec des
pape. Espérant d'être reconnu pour seul excommuniés, e'esl-à-dire de leur parler, do

' Mabillon, in Diploin., png. C15, et lib. \.\ Il Annnl., J Uaron., ad an. 104G.
iium. 58, pag. 404. » Hermau. Coulract., iu C/i<oi,ic., ad an. 1017, el
> Tom. IX ConcU., p;ig. 942. — ''
Ihid. tom. IX Coiici/., pag. 1251 et 940.
* Tuui. IX, pag. 94Î. Tom. IX Concil., pag. 489, 1249, 1250.
'Tom. IX Concil., pag. 948, et lleniiiiu. Conliact. 10 Oliba, qui préeida à ce concile, était mort deux

Bd an. 104C. ans anparavanl; ainsi ce concile eut lica plus t(it.
• Tom. IX Concil., pag. 944, et Hfiiniau., in Chro- {I.'ùliteur )

nie, ad an, i04(i.


lOS-4 HISTOIHE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
boire cl manger avec eux,
et de leur donner ils enseigneront tous les enfants de fidèles
le baiser de paix; et au cas qu'ils meurent qu'on y enverra. Les pénitents s'accuseront <

dans l'excommunication, de leur donner la dans la confession de tous leurs péchés en


sépulture et de prier pour eux. Mais le con- particulier, même de pensées^ et le prê-
cile ordonne des prières publiques pendant tre aura soin de les interroger sur les huit
trois mois pour la conversion des excommu- vices principaux ; sur l'occafion et les cir-
niés. consiances des péchés, afin qu'il puisse pro-
20. La même année t047, l'empereur portionner la pénitence à la grièveté de la
Henri assembla en Allemagne un concile faute. On paiera la dime, non-seulement des
nombreux contre les simoniaqiies '. Glalier^ fi'uits de la terre, mais encore des biens ac-
Rodulphe ne dit pas eu quel endroit, ni si le quis par le commerce. On se confessera aux
pape Clément II y fut présent; mais il est prêtres la semaine d'avant le Carême, et on
certain qu'il suivit ce prince en Allemagne lecevra d'eux la pénitence. Tous jeûneront
celle année là, et qu'il y mourut le 9 octobre pendant le Carême, à l'exception des enfants
après neuf mois et demi de pontificat. et des infirmes. Ne pas jeûner en ce temps,
21. Il y eut deux conciles à Caen ^ sur la c'est transgresser le précepte de Dieu. Il faut
trêve et la paix; l'un en 1047 avant la mort donner aux pauvres ce qu'on se retranche
de Gradulle, abbé de Fontenelle; l'autre en anx jours de jeùue, et attendre après l'iieure
1061, sous Maurille, archevêque de Rouen. de vêpres à prendre son repas. Les fidèles
22. Celui de Sens * en 1048, la dix-sep- doivent communier tous les dimanches de
tième année du roi Henri, confirma la fon- Carême, le jeudi saint, la veille et le jour de
dation du monastère de Saint-Ayoul de Pro- Pâques mais il ne faut pas qu ils s'appro-
;

vins, faite par Tbibaud, comle de Champa- chent de l'Eucharistie avec inditiérence. Ils
gne, eu déclarant qu il dépendrait de l'ab- doivent s'y préparer par l'expiation de 1 urs
baye de Monlier-la-Celle, située dans les péchés, par la pratique de la vertu, par l'au-
faubourgs de Troyes, dépendance qui sub- mône, par Les prêtres qui diront
la prière.
siste encore aujourd'hui [1763]. L'acle fui des messes particulières les dimanches, le
souscrit par Gilduin, archevêque de Sens et feront de façon qu'ils n'empêchent pas le
ses suffragants, et par les comtes Thibaud, peuple de se trouver à la messe publique et
Aruaul, Rodulphe et Vdlerme. solennelle qui se dit à l'heure de tierce, pour
23. Le père Labbe rapporte sur l'an 1049 y entendre la parole de Dieu.
divers recueils de lois ou règlements ecclé- Le quatrième recueil est des lois ^ que
s.
siastiques Le premier est de Maccabée, roi saint Edouard, roi d'Angleterre fit, avec le
d'Ecosse. 11 ne conlient que quatre articles, secours des plus sages de son royaume, pour
où l'on ordonne de renvoyer aux juges ec- y rétablir le bon ordie. Guillaume le Con-
clésiastiques le chrétien qui aura été traduit quérant, son successeur, les confirma. 11 y
devant les juges laïques de payer aux pas-
; en a une contre les usuriers, à qui il défend
teurs la dime des fruits de la terre de re- : de demeurer dans ses Etats; voulant qu'on
garder comme ennemi de la république, celui en bannisse tous ceux qui seront convaincus
qui aura méprisé pendant un an l'autoi ité de d'usure, et qu'on les prive de tous leurs
son évêque, et de le priver de tousses biens, biens. Le roi Edouard en donne pour raison,
s'il l'a méprisée durant deux ans. qu'étant à la cour de France ', il avait ouï
Le second recueil est une lettre d'Elric, dire que l'usure est la racine principale de
archevêque deCantorbéry, àl'évêque Vulfin. tous les vices. [A la suite des lois ecclésias-
On a remarqué en son lieu qu'elle ne conte- tiques d'Edouard viennent dans la Palroloyie,
nait rien qui ne fût dans les anciens canons. tome CLI, col. 1195-1204, quatre diplômes
Le Iroisièuîe ixcueil, qui est anonyme, est accordés par le roi Edouard à l'église de
divisé en quarante -cinq articles. Voici les Saint-Pierre de Westminster.]
plus intéressants. Les prêtres auront dans les 24. En 1049, la semaine d'après Pâques,
villes et les villages des écoles publiques, où le pape Léon IX tint un concile à Rome

Pagi, ad an. 1047, nuui. 3. pag. 173.


'
BTom. IX Concil., pag. 1003. [Patrotogie, t. CLI,
«Tom. IX, pag. G08, ui Mabilloo, lib. LIX Annal., col. 1189-1190.]
aum. 25, pag. 489. 6 [Pdlrulogie, tom. C[,I, col. 1189-119C. Voyez aussi
8 MabilloD, lib. LIX Annal., mm. 14. lom. CXLIX, article de Guillaume le Conquérant, ad
» Wabillon, lib. LIX Annal., uum. 38, pag. 493. an. 1087.] — 1 Tom. IX Concil., pag, 1024.
[X1'SIK0I.E.J CHAPITRE LXXXV. — CONCILES DU XI" SIECLE. 1035

avec les évêques d'Ilalie etdans de (jaule ', donné de l'argent pour évèque, mais
le faire

lequel il déclara nulles les ordinations simo- à son insu. Il otfrit de renoncer à son évê-
niaques mais à l'exemple de Clément II, il
; ché, et jeta sa crosse aux pieds du pape. On
permit à ceux qui avaient été ordonnés par le fil jurer que cet argent avait été donné

des simoniaques, d'exercer leurs fonctions sans son consentement. Sur cela, le pape, de
après quarante jours de pénitence. 11 or- l'avis du concile, lui rendit les fonctions épis-
donna aussi que les clercs qui abandonne- copales, avec une autre crosse. L'éveque de
raient le parti des hérétiques pour se réunir Coutances qui était dans le même cas, fit
à l'Eglise, conserveraient leur rang, mais aussi serment que ses frères, à son insu, lui
sans pouvoir être promus à des degrés su- avaient acheté l'évéché, et on jugea qu'il
périeurs. Il approuva dans le même concile n'était point coupable de simonie. L'éveque
la traiislalion de Jean, évèque deToscanelle, de Nantes s'en avoua coupable. On le priva
à l'évéché de Porto -, avec le droit de faire des fonctions épiscopales, en lui ôtant l'anneau
les fonctions épiscopales au-delà du Tibre. et la crosse; mais on lui laissa l'exercice des
De Rome, le pape alla à Paris, où il assem- fonctions de prêtre. Les évéques qu'on avait
bla un concile pendant la semaine de la Pen- invités au concile et qui n'y étaient pas venus,
tecôte. Les actes en sont perdus. Puis apiès furent excommuniés, de même que l'ubbé de
avoir passé le Montjou, il vint en .\llemagne, Saint-Médard qui en était sorti sans congé,
et célébra avec l'empereur Henri la fête de et l'archevêque de Saint-Jacques en Galice,
saint Pierre à Cologne. De là il alla à Toul, qui prenait le titre d'apostolique, réservé au

et se rendit à Reims le 29 septembre. pape. Léon IX avait conservé son évêché de


23. Il fit la dédicace de l'église de Saint- Toul. Il se plaignit que l'on avait soustrait de
Remy les deux premiers jours d'octobie. Le son Eglise l'abbaye de Monlier-en-Der, et fit
troisième, il tint un concile dans la même faire lecture de ses titres. Mais l'archevêque
église ^. Vingt évéques y assistèrent, cin- de Reims en produisit de plus anciens, et on
quante abbés et grand nombre d'autres ec- le laissa en possession de ses droits sur cette

clésiastiques. La simonie régnait en France; abbaye.


les laïques y faisaient des fonctions qui n'ap- 26. Pour obvier aux autres abus dont on
partenaient qu'aux clercs ; ils s'emparaient avait fait des plaintes au concile, on renou- ]

des églises, ou les vexaient par des exac- vêla les anciens décrets qui y avaient du
tions. Les mariages incestueux ou adultérins rapport, et il fui ordonné que les promotions ,

étaient communs. On voyait des moines et d évéques se feraient par l'élection du clergé
des clercs quitter leur habit et leur profes- et du peuple; que personne ne vendrait ou
sion, et porter les armes. Les pillages étaient n'achèterait les ordres sacrés, les ministères
fréquents ; diverses hérésies commençaient ecclésiastiques ni les églises, sous peine d'en
à se répandre. Le pape se proposa dans ce être puni par sou évèque; que les laïques ne :

concile de remédier à tous ces abus •. Il or- posséderaient point d'églises, et ne s'ingé-
donna aux évêques présents de déclarer si reraient point dans le sacré ministère. On
quelqu'un d'entre eux aviiit donné ou reçu défendit de rien exiger pour la sépulture,
les ordres par simonie. Plusieurs protestè- le baptême, l'eucharistie et la visite des ma-
lent publiquement de leur innocence. L'ar- lades aux clercs de porter les armes et de
;

clievéque de Reims accusé de simonie et de servir à la guerre; aux clercs et aux laïques
plusieurs autres ciimes demanda un délai d'exercer l'usure aux clercs et aux moines
;

pour sa justification, et on lui accorda jus- de quitter leur habit ou leur profession; à tous,
qu'au concile qui devait se tenir à Rome à la de faire violence aux ecclésiastiques en voya-
mi-avril de l'année suivante. L'abbé de Pou- ge de détenir injustement le bien des pau-
;

tliieresconvaincu d'incontinence, fut déposé vres;de pratiquer des conjonctions incestueu-


de sa dignité. Il fut prouvé que l'éveque de ses.11 fut aussi défendu de quitter sa femme

Langres avait obtenu sou évecbé par simo- légilimepour en épouser une autre. Lescomlcs
nie, et eu conséquence on l'extumumnia. Eugelrai et Eustache furent excommuniés
Celui de Nevers avoua que ses parents avaient pourcaused'inceste,etHuguesdeBrainepour

' Tom. IX Concit., pag. 10i7 1028. * Le concile eut trois sessions. Parmi les prières
i Léo IX, Eptsl. lH, pag. S»»4. que l'on lit pour l'ouverture de la troisième session,
» Tom. IX Conc-.l., piig. 1035, et toui. Vlll Actor. un chaula le Veni Creator c'est la première fois
:

Mubilluu, iu liuc. qu'il est question de cetlo hymne. (L'éditeur.)


,

dÙ5G HlSTOffiE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


avoir quitte sa femme légitime et en avoir offrande du saint SacriKce. Mais Vibert, au-
épousé une autre '. Le comte Tbibaud fut cité leur de la Vie de Léon IX, dit que Subicon
pour avoir quitté la sienne, et on fit délensc s'étant parjuré, en fut puni miraculeuse-
à Baudouin, comte de Flandre, de donner sa ment, la bouche lui étant demeurée tournée
fille en mariage à Guillaume, duc de Nor- depuis ce moment. La simonie et l'inconti-
mandie, et à ce duc de l'épouser. On excom- nence des clercs furent condamnées, et l'on
munia les nouveaux liérétiques, avec défense fit d'autres règlements pour l'utilité de l'E-

de recevoir d'eux quelques services, ou de glise, que nous ne lisons point dans les écri-

les protéger. GeotTroi, comte d'Anjou, tenait vains du temps. Adalbert, archevêque de
en prison Gervais, évêque du Mans on le : Hambourg, fut des plus exacts à e.xécuter le

cita au concile de Mayence pour y être ex- décret contre le concubinage des prêtres. 11

communié, s'il ne remettait cet évêque en excommunia leurs concubiues, et les chassa
liberté. de la ville, afin d'oter même le scandale que
27. Dès la première session du concile de leur vue pouvait occasionner.
Reims, il y eut une contestation entre le 29. La discipline avait souffert de grands
clergé de cetteville et celui de Trêves sur la affaiblissements dans la province de Rouen, î

préséance. Le pape ne croyant pas devoir autant par la vie déréglée de ses archevêques,
entrer alors dans la discussion de ce diffé- que par les guerres civiles dont elle fut agi-
rend, ordonna que les sièges des évêques tée sous le règne de Richard III et la mino-
fussent mis en rond, et le sien au milieu, et rité de Guillaume le Bâtard. L'archevêque
que l'arcbcvèque de Reims réglât les places. Mauger, quoique peu réglé dans ses mœurs,
Le pape se trouvait au milieu du cbœur, songea à rétablir le bon ordre, et tint à cet
tourné vers l'Orient, ayant vis-à-vis de lui effet, avec Hugues d'Evreux et Robert de
l'arcbevèque de Reims à sa droite, et l'ar- Coutances, deux de ses sufl'ragants, un con-
chevêque de Trêves à sa gauclie Les places cile à Rouen", vers l'an 10-49 ou lOoO, où ils

des autres évêques sont marquées dans les tirent dix-neuf canons, la plupart contre la
actes du concile *. Dans la même session, où simonie, qui régnait jusque dans les cloîtres,
il ordonné sous peine d anatlième ^, que
fut On défendit de briguer l'épiscopat en faisant
si quelqu'un soutenait qu'un autre que le des présents au prince et à ceux qui avaient
pape fut le chef de l'Eglise universelle, il de l'accès auprès de lui, et de passer d'une
eût à le déclarer, tous étant demeurés dans Eglise à une autre par un motif d'ambition.
le silence, on lut les autorités des pères or- Les évêques s'autorisaient, dans ces sortes
thodoxes sur la primauté du pape. A la fin de translations, sur un passage de l'Evangile
de la troisième session le pape fit lire le pri- mal entendu, où Jésus-Christ ordonne à ses
vilège qu'il avait accordé à l'église de Saint- apôtres de passer d'une ville à une autre
Remy *, après quoi il congédia le concile en pour éviter la persécution. Défense aux moi-
donnant sa bénédiction. nes de donner de l'argent pour parvenir à la
28. Arrivé à Mayence, il y célébra celui dignité d'abbé; aux évêques et aux abbés de
qu'il avait indiqué mais ou ne voit point
: supplanter leurs confrères pour usurper leurs
que GeoÛ'roi d'Anjou, qu'on y avait cité, s'y places aux évêques, de vendre les ordina-
:

soit rendu ^. Adam de Brème donne à ce tions aux archidiacres et aux notaires
;

concile le titre de général, parce qu'il fut as- d'exiger quelque chose de ceux qui se pré-
semblé de toute l'Allemagne ^. Il y vint près senlent pour l'ordination. On n'admettra per-
de quarante, tant archevêques, qu'évêques. sonne aux ordres sacrés avant l'âge prescrit
L'empereur Henri l'honora de sa présence, par les canons, et qui ne soit bien instruit.
accompagné des grands seigneurs de l'em- L'évêque ne pourra ordonner un clerc d'un
pire. Ce prince s'y réconcilia par la média- autre diocèse, sans lettres de recommanda-
tion du pape avec Godefroi, duc de Lorraine. tion ou dimissoire de l'évêque diocésain. Il
Il demanda l'approbation du concile sur la lui est également défendu de donner en fief
légende de saint Servais, évêque de Liège, à des laïques les rétributions ou les terres
et elle fut accordée. Subicon, évêque de destinées à l'entretien des clercs de vendre ;

Spire, accusé d'adultère, s'en purgea par le saint chrême d'exiger des présents pour
;

> Tom. IX Conc//., pag. 1042. s Les actes de ce concile sont perdus; on n'en sait

Pag. 1036. - 3 Pag. 1038. que ce qu'en dit Adam de Brème. [Védit.] Tom. IX — "<

Pag. 1042. — »Pag. 104C. Conci/., pag. 1047 et Concil. Rotomagensium, pag. 40.
CUAPITRE LXXXV. — CONCILES DU XI' SIECLE. 10j7

la dédicace des églises pour Je baptême.


et ront sous la juridiction de l'évêque : les laï-
Le concile permet en ces deux cas de rece- ques n'auront aucun pouvoir sur ces églises
voir des fidèles ce qu'ils ofl'riront d'eux-mê- ni sur ces clercs. On n'oU'rira point le sacri- cm 3.

mes. Il parait qu'oulre leurs otl'randes parti- fice dans un calice de bois ni d'argile. Dans
culières, ils abandonnaient aux minisires de la célébration des mystères, les prêtres por-
l'Eglise le cierge et le voile de lin dont ils se teront l'amict, l'aube, la ceinture, l'étole, la
couvraient la tète pendant les liuit jouiS qui chasuble, le manipule ; les diacres, l'amict,
suivaient leur baptême. Ils étaient obligés l'aube, la ceinture, l'étole, la dalmatique, le
pendant tout ce temps de se présenter cba- manipule. L'autel sera entièrement de pierre,
que jour, vêtus de blanc, avec des cierges et consacré par l'éiéque; l'hostie de pur
allumés, dans l'église où ils avaient reçu le fromenl le vin et l'eau nets; et lautel cou-
;

baptême. L'avarice des prêtres les portail vert d'un linge propre, sur lequel on mettra
quelquefois ;\ diminuer ou à aggraver les un corporiil pour y poser le calice. Défense
pénitences, à proportion de l'argent qu'ils aux prêtres et aux diacres de porter des ar-
tiraient des pénitents. Le concile défend cet mes, des habits indécents et de ditlërenles
abus sous peine de déposition, et ordonne de couleurs, et de loger avec des funimes, au-
régler la pénilence suivant la grièveté de la tres que celles qui sont permises par les ca-

faute et les forces de la nature. nons. Us se feront raser la barbe et les che-
30. L'hérésie de Bérenger occasionna la veux en forme de couronne. Les clercs sont
tenue de plusieurs conciles pendant le cours chargés de l'instruction de la jeunesse. Ou ,

de l'année 1030. Il y en eut à Itome, à Brione, avertit les archidiacres et les prêtres d'in-
à Verced, a Paris un à Tours en 1053, un
; viter ù la pénitence les adultères, leshomi-
autre à Rome en 1059, un à Rouen en 1063, cides et les autres pécheurs, avec menace de
un à Poiliers et à bainl-Maixent en 1073, un séparer de 1 Eglise et de la communion les
à Bordeaux eu 1080. Ses erreuis fuient con. impénitents.
damnées dans toutes ces assemblées. On peut 3:2. Aux Quatre-Temps, les archidiacres
^

voir ce que nous en avons dit dans l'urticle présenteront pour l'ordination , des clercs
de Hugues, évéque de Lungres, le premier qui sachent parfaitement tout le Psautier,
qui coiubattil celte liéiésie dans sa naissance. les hymnes, les canliques, les épitres, les
L'anonyme publié par le père Chiiilet à Di- évangiles et les oraisons. Les prêtres n'iront
jon, en 1030, in-4°, et imprimé dans le dix- point aux fesUns des noces, sinon pour les
huilieme tome de la Bibliothcque des Pires, bénir. Les clercs et les laïques invités au re-
à Lyon, en 1677, pag. 833, fait aussi men- pas qui se donne après les obsèques, man-
tion des divers conciles où elle fut con- geront tellement le pain du défunt qu'ils las-
damnée. sent quelques bonnes œuvres pour le repos

31. Ferdinand I", surnommé le Grand, roi de son âme, comme d'inviter à ce repas les
de Léon et de Castille, fit assembler en 1050 pauvres et les infirmes. L'observation du di- ^

un concile de neut évêques, à Coyac[Coyan- manche commencera aux vêpres du samedi;


ça], dans le diocèse d'Uviédo '. Il y assista les fidèles assisteront le lendemain à la messe
avec la reine Sancha, son épouse, plusieurs de toute
el à toutes les iicures; s'abstiendront
abbés et les grands du royaume. Des treize œuvre de voyager, si ce n'est pour
servile, et
canons de ce concile, il y en a quelques-uns raison de prières, de visite des malades, de
pour le temporel; la présence du roi el des sei- sépulture des morts, pour le service du roi,
gneurs leur donnait autorité Lciviluj. 11 est or- ou pour combattre les Sarrasins. Un chrétien
donné aux évéques de résider en leurs égli- qui demeurera ou mangera avec un juif fera
ses, et d'y faire exactement leurs fonctions pénitence penaaut sept jours. S'il ne veut
avec leurs clercs aux abbés et aux abbes-
; pas s'y suumellie, ou le privera de la com-
ses, de faire observer dans leurs monastères munion pendant un an, si c'est une personne
la règle de saint Benoit, d'être soumis aux de condition il ; ou sera puni de cent coups
évéques, el de ne recevoir ni religieux ni re- de veiges, s'il est du comnuin. On fera subir ^
ligieuse d'un autre monastère sans la per- aux faux lémoius lu peine prescrite dans le
mission de l'abbé ou de l'abbesse. Toutes les livre des Juyes; el aux homicides le supplice
^
églises el les clercs qui les desservent, se- porté dans les décrets du roi Alphonse. Eu ^

cas de conteslalioii sur la propriété d'une


' Toiii. IX CunciL, png. 10U3. vigne ou d'une Iciie, celui qui l'a cullivée

XIV. 07
1058 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
en percevra les fruits en attendant le juge- plaignit contre les moines de Farfa au sujet
10- mentdéfinitif iJu piocès; alors, s'il est évincé, d'une église de son diocèse. Cette plainte est
" ilrendra les fruits aux propriétaires. Il est rapportée au tome CXLUI de la Patrologie,

ordonné de jeûner tous les vendredis. On col. 909-910. lille y est précédée d'une no-
autorise le droit d'asile dans les églises pour tice sur Jean de Sabine, tirée d'Ugiielli.J
quelque crime que ce soit, et on recom- d'empêcher la guerre
36. D.uis le dessein concie de

mande la fidélité et le respect pour le roi. entre l'empereur Henri et André, roi de ÏT\°°

/> [33. L'année 1050, il y eut un concile à Hongrie, il tit un voyage en Allemagne, l'an
Saint-Tibéri ou Saint-Tuberl. Guifred, arche- 1032, et célébra à Worms la fête de Noël,
vêque de Narbonne, y présida. Les moines de celle de la Purification à Aiigsbourgen 1053,

l'abbaye d'Arias en Uoussillon y firent une et la Quinquugésime à Mantoue. 11 y assem-

plainte contre les usurpateurs des biens de Ijla un concile niais qui fut troublé par la
'',

leui'monastère, et les pères du concile pro- taction de quelques évéques qui redoutaient
noncèrent anallième cuntre ces usurpateurs. sa sévérité. Le pèie Labbe rapporte ce con-
Ces deux actes sont rapportés d'après Mansi cile à l'an 103:2 mais Henschenius ^ le met
;

au tome CLI de la Patrologie, col. 723-7:2().] en l'année suivante; en quoi il est appuyé
de 34. On ne connaît le concile de Siponto, de Vibert, d'Hermann Contract et de l'histo-
ville située autrefois au pied du mont Gar- rien de Mantoue. Ce dernier raconte que
gan, et présentement détruite, que par Vi- Léon IX vint en cette ville pour y adorer le
bert, histoiien de Léon IX. Il rapporte que sang de Jésus-Christ qu'on disait y être con-
ce saint pape y déposa deu.\ archevêques, servé qu'il le demanda pour l'emporter à
;

qui pur envie de se surpasser l'un l'autre, Rome mais qu'il se désista de sa demande,
;

avaient acheté ces dignités. Ce que dit cet voyant le zèle du peuple pour la conserva-
écrivain ,
peut se confirmer sur le témoi- tion de ce gage précieux de notre salut.
gnage de Léon d'Ostie ', de qui nous appre- 37. Le pape arriva à Rome pendant le ca- cm
nons que Léon IX alla en 1050 visiter l'église rême, et convoqua un concile après Pâques ". ?or!!°"'

de Saint-Michel Archange, et que de là il Henschenius et le père Pagi croient que l'on


vint au Mont-Gassin, où il célébra la fête des y agita la question des azymes, qui don-
Palmes. naient aux Grecs un prétexte de calomnier
35. De retour Rome, il y tint un concile -
<i l'Eglise romaine et toutes les églises d'occi-
i'°. où il mit au nombre des saints le bienheu- dent. Nous renvoyons le lecteur à ce qui en
reux Gérard, l'un de ses prédécesseurs dans a été dit dans les articles de Léon IX et de
le siège épiscopal de Toul. Dans un autre Michel Cérularius, patriarche de Constanti-
concile tenu l'année suivante, après Pâques, nople.
il excommunia Grégoire, évêque de Verceil, 38. Après la mort de Jourdain, évêque de conciic ^e
coupable d'adultère avec une veuve fiancée Limoges, arrivée en 1052, l'égfise de cette |oï',"^
'•

à son oncle, et de plusieurs parjures. L'évé- vifie fut agitée de beaucoup de tempêtes.

que était absent. Informé de cette censure, Pour les apaiser, les évêques de la province
il vintàRome, et comme il promit satisfaction, s'assemblèrent ', et choisirent Iterius, hom-
le pape le rétablit dans ses fonctions. Pierre me noble de grande vertu. Il fut ordonné
et
Damien ^ dit que Léon IX fit dans le même aussitôt par Aimon, archevêque de Rourges,
concile un décret pour la continence des métropohtain. Avant de procéder à l'élec-
clercs; et un autre portant que les femmes tion, le clergé de Limoges en avait demandé
qui, dans l'enceinte de Rome se seraient la permission à Guillaume, comte d'Aqui-
prostituées à des prêtres, appartiendraient taine. Il ne reste de ce concile que la lettre
dans la suite au palais de Latran comme es- synodale adressée à tous les fidèles d'Aqui-
claves et qu'il fût d'avis que l'on en usiit de
; taine, à qui les évêques rendent compte de
même pour les autres Eglises. [Dans ce l'élection d'Itérius.
même concile, Jean, évêque de Sabine, se 39. Les moines de Sainl-Emmeran avaient coooie

< Ostiena., lib. II, cap. l.xxxn; et Pagi, ad an. t05o, '"
Hensch., in Vitam Leonia, Hist. Mant., lib. lll,

num. 1. pag. 203.


«Pagi, ibid., n. 2, et Herman. ad an. 1050 et 1051. « Pagi, ad an. 1053, num. 4 et 12.
3 Opuscul. xvin, cap. vu, et tom. IX toncil., p. loti?. ' Tom. IX Conctl., pag. 1068, et tom. 11, Gallids
*Tom. IX Concil., pag. 1067; Pagi, ail au. 1053, Christian., pag. 515.
num. i et 3.
[xr SIÈCLE. GHAPITRli LXXXV. — CONCILES DU \l' SIÈCLE. 1059

soulemi en présence de Léon IX, lorsqu'il pcr les oliviers, à cause qu'ils fournissent la
était à Ralisbonne en 1052 qu'ils possé-
,
matière du saint chrême et du luminaire des
daient des reliques de saint Denis l'Aréopa- églises. En tout temps et en tous lieux les can. to.

gite. Au mois de juin de l'année suivante, pasteurs et leurs brebis jouiront de la sûreté
Henri, roi de France, envoya Otlon, son de la trêve. li en sera de même des églises, n.u.
frère, au monastère de Saint-Denis, où, en des maisons situées à trente pas à l'entour,
présence de Guy, archevêque de Reims, de des biens, des terres et revenus dépendants
Robert, archevêque de Cantorbéry, de cinq de ces églises. Défenses aux laïques de s'em- u. le n.

évêques, de six abbés, et de plusieurs sei-» parer des prémices des oblations ot rétribu-
gneurs ', on fit la recunnaissance des reli- tions des clercs, en quoi qu'elles puissent con-
ques de ce saint, que l'on trouva envelop- sister; de piller les marchands et les pèlerins
pées d'une élofl'e si usée de vétusté, qu'elle et de faire tort à qui que ce soit, sous peine a*,
s'en allait en poudre lorsqu'on la touchait. a ceux qui auront commis ces désordres
Les reliques de saint Denis étaient enfer- pendant la trêve, d'être séparés de l'Eglise
mées dans un coffre d'argent; celles de ses jusqu'à une entière satisfaction, et de resti-
compagnons dans un autre de même métal, tuer au double.
fermés l'un et l'autre avec grand artifice, et h\. Tout ce qu'on sait du concile de Bar- concua

placés dans une grotte derrière l'autel. celone ^ en fOô-'t, c'est que Guifroi de Nar- i»5».
40. A Narbonne, l'aiclievêque Guifroi as- bonne et Raimbald d'Arles y assistèrent avec
sembla un concile -le 25 août 1054, où se trois évêques, Guillebcrt de Barcelone, Guil-
trouvèrent dix évêques, grand nombre d'ab- laume d'.\usone et Berenger de Girone; et
bés, de clercs, de seigneurs. Le comte Pierre que l'on y lut le décret de Guillaume, comte
Raimond et le vicomte Berenger l'aidèrent de Barcelone, et de la comtesse Adalmond,
dans la tenue du concile, et il était besoin contre les usurpateurs des biens de l'église
de leur protection parce qu'il s'agissait
,
de cette ville.
principalement de confirmer la trêve de Dieu. 42. Nous n'avons rien à ajouter à ce que r.onti.

On y fit viugt-quulrc canons, où l'on renou- nous avons dit dans l'article de Michel Céru- ?foo'p°,°'
velle la défense à tous les chrétiens de se larius, du concile de Gonstantinople en 1054, f"o'"".
faire aucun mal depuis le mercredi au soir et dans celui du pape Victor 11, des conciles rô°a°«'!
jusqu'au lundi maiin après le lever du soleil, de Mayence et de Florence en 1055. 11 a
depuis le premiei' dimanche d'Avenl jusqu'à aussi été parlé dans l'article de Grégoire VII,
l'octave de l'Epiphanie; depuis le dimanche des conciles qu'il tint à Lyon et à Tours la
de la Quinquagesime jusqu à l'octave de Pâ- même année, en qualité de légat du Saint-
ques; depuis le dimanche qui précède l'As- Siege.
cension, jusqu'à l'octave de la Pentecôte; 43. Le pape 'Victor II assista en 1056 à loocik

aux jours des fêtes de la sainte Vierge, de l'assemblée générale de Cologne *, où il ré- losëf".'
saint Pierre, de saint Laurent, de saint Mi- concilia Baudouin, comte de Flandre, avec i^nSfr!
chel, de tous les Saints, de saint Martin; et Godefroi, duc de Lorraine, et il y a appa-
pendant tous les jours de jeûne de l'année, rence que ce duc consentit dans ce même
sous penie d'anathème et d'exil perpétuel. concile à reprendre la duchesse Béatrix son
Ceux qui auront soutl'ert quelques domma- épouse. —
Vingt-deux évêques de la piovince
ges se pijurvoiront devant l'évcque, ou par- de Narbonne et des provinces voisines s'as-
. devant les juges qu'il aura conmiis; et sui- semblèrent la même année à Saint-Gilles, où
vant la gnèveté de la faute, ou ordonnera ils tirent trois canons pour la confirmation

contre les coupables ou le jugement de 1 eau de la paix et de la trêve. Les actes du con-—
froide, ou l'exil. Celui qui voudra bûlir une cile de Landatl'^, dans le pays de Galles, por-

forteresse ne le pourra que quinze jours tent que le roi Catgucan y fut excommunié
avant le temps marqué pour la trêve. Les avec toute sa famille, pour avoir, étant ivre,
débiteurs qui refuseront de payer seiont usé de violence le jour de Noël contie le ne-
chassés de l'Eglise, et l'on ne fera aucun of- veu de l'évéque Hergaud, et contre le méde-
fice dans leur paroisse jusqu'à ce qu'ils aient cin de la ville; et que ce prince ayant en.
,. acquitté leurs dettes. 11 est défendu de cou- suite demandé pardon, les larmes aux yeux,

' Toin. IX Condl., pag. 1069, et Maliillon, lib. LX. = Toni. IX Cowil., pag. 1077.
Aimai., iium. 34. k
Tonj. IX Condl., pag. 108Î.
'Toni. IX Condl., pag. 1071. » Ihid., pag. 1083.
1060 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
reçu la pénitence canonique et fait des au- plainte du vicomte ^ mais le concile fit treize

mônes à l'Eglise, on le rétablit dans la com- canons, dont quelque~-uns ont du rapport à
munion. lamauvaise conduite de Guifroi. Le premier can i.

cnci,., 44. Muuger, archevêque de Rouen, conti- ordonne de priver de leur diLinité ceux qui
de i(Ta!n%n nuaut dans ses désordres, on assembla con- recevront l'ordination ou qui la conféreront
tre lui un concile à Lisieux en lOoo, auquel ' pour de l'argent. Le tioisième défend aussi j.

présida Hermenfroi, évêque de Sion en Va- de rien prendre pour la dédicace d'une église.
lais, légat du pape. On accusa Maugerd'avoir Le second fixe à trente ans l'ordination d'un 2.

dépouillé son église, d'eu avoir dissipé les évêque, d'un abbé, d'un prêtre, et celle d'un
biens par ses prodigalités; de vivre dans diacre à vingt-cinq. 11 est défendu par le 4.

l'incontinence; de manquer de respect pour quatrième de rien donner pour avoir un bé-
le Saint-Siège. Eu etiet, il avait été souvent néfice. Celui qui se fera moine dans le des- ,-,

appelé k Rome pour y assister à des coi.ciles, sein d'avoir une abbaye, ne pouna jamais
et il ne s'était trouvé à aucun. Mauger avait êtrepromu à celte dignité. Les abbés feront e.

encore iriité contre lui le duc Guillaume, observer dans leurs monastères la règle de
son neveu, en l'excommuniant, à cause de saint Benoit, nourriront et habilleiont leurs
son mariage avec la princesse Matlnlde sa moines suivant celle règle , empêcheront
parente. Il fut donc déposé par le consente- qu'ils n'aient rieu en propre; et un moine
ment unanime des évèques, et Maurille mis ne possédera point une prévôté sans la vo-
à sa place. Le nouvel arcbevêque tint quel- lonté de son abbé. On privera de leur degré ,.

que temps après un concile à Rouen, où il d'honneur et de leur otlice de prêtres, les
tâcba (le remédier aux abus qui s'étaient diacres et les autres clercs qui ne voudront
glissés dans la discipline de l'Eglise sous pas vivre dans le cefibat. Défense aux laï- ,

ses prédécesseurs. Maurille assembla plu- ques, sous peine d'excommunication, de


sieurs autres conciles pendant son épisco- posséder ou de retirer les fruits d'aucun bé-
pat. Il en a été parlé dans son article. néfice ecclésiastique, pas même de sacris-

Concile rf«
^3- Le, 5 septembre 1050, le pape Vic- tain ou de mailre d'école, et de s'emparer
ro,Moti£e, eu
j^j, jj gj^ asscmblcr par ses légats, Raimbaud, des biens des défunts. On doit les partager ,

archevêque d'Arles, et Ponce, archevêque suivant leur dernièie volonté; ou s'ils meu-
d'Aix, un concile à Toulouse-, où se trou- rent sans avoir de testament, selon qu'il
fait

vèrentGuilroi deNarbonne, Arnaud de Tou- en sera décidé par les héritiers. Les éghses ^^

louse et quatorze autres évêques. Berenger, dépendantes de la cathédrale payeront les


vicomte de Narbonne, forma ses plaintes droils ordinaires à l'évoque et aux clercs,

contre l'archevêque, disant qu'encore qu'il c'est-à-dire le tiers de leur revenu, et celles

eût coutiibué à lui faire avoir l'arche véché qui ne le payeront point donneront à Tévê-
pour une somme de cent mille sous, il l'a- que et aux cleics le de leurs dimes et
tiers

vait depuis traité indignement, et levé contre des oblalious qui leur seront faites pour les
lui une grande armée; qu'il avait donné les morts. Si ces églises sont l'aleu des seigneurs ^
terres de l'Eglise et celles des chanoines à laïques, le tiers des dimes et des olïrandes
des la'iquesqui portaient les armes pour lui; sera pour le prêtre et les clercs qui les des-
acheté à Guillaume son Irère l'évêché d'Ur- servent. On excommunie dans les deux der- ^^ ^
gel pour cent mille sous, et que, pour ac- niers canons les adultères, les incestueux,
quitter cette somme, vendu â des
il avait les parjures, et ceux qui ont commerce avec
juifs d'Espagne les vases d'or et d'aigent, les excommuniés.
les livres, leschapes et autres ornements de 46.Le cardinal d'Aguire met en 1031 un g^^^..,^ ^

son église. Il accusa encore l'archevêque concile à Composlelle ', dont les statuts sont ^""J"""""
d'avoir violé la trêve de Uieu après l'avoir à peu près les mêmes que de celui qui y fut
jurée; de se faire payer de tous ceux à qui tenu eu 1056. 11 est le premier qui les ait
il donnait des ordres, et de la consécration donnés au public dans le troisième lome de
des églises; enfin de l'avoir excommunié, sa coUection des conciles d'Espagne. Mais
lui, sa lemme, ses enfants et toutes ses ter- on remarque ' qu'il a fait une faute avec
res. On ne sait point ce que produisit la Baronius, en appelant Gresconius président

' Norman Conci/., pag. 46-47. tora. CXLIII de la Patrologie latine, col. 837-844.
* Tùm. IX ConcU., pag. 1084 et 1-254. [L'éditeur.) —' Tom. IX Co«C!/., pag. 1087.

' Cette plainte est reprùdiiite, d'après Mausi, au Pagi, ad au. 1056, nuin. 3,
Ixi'siKCLE.i CHAPITHE LXXXV CONCILES DU XI' SIÈCLE. 1061

du concile, archevêque de Compostelle. Cres- geront ensemble, coucheront en un même


conius n'eut jamais d'autre siège que celui lieu, et mettront en commun tout ce qui leur
d'Jria ou de Piadon en Galice; el au concile vient de l'Eglise; que les dîmes, les prémi- '

de Coyac, en lOcO, il est qualifié évêque ces et les oblations des vivants et des morts,
d'iria. D'ailleurs, Compostelle ne fut érigé seront rendues exactement à l'Eglise par les
en archevêché que sous Callixte II. Mérida la'iqups,pour être en la disposition de l'évè-
était auparavant le siège archiépiscopal. Les que; qu'un clerc n'emploiera point un laïque i

prélats assemblés à Compostelle ordonnè- pour obtenir une église, ni gratuitement ni


rent, entr'aulres choses, que les évêques et par argent; qu'un laïque ne prendra pas
les piètres diraient chaque jour la messe, et l'habit de moine, dans l'espérance ou sous
que toutes les fois que l'on indiquerait des la promesse d'être abbé; qu'un prêtre n'aura
jeûnes el des processions publiques pour pas en même temps deux églises; que les
l'expiation des péchés, les clercs se revêti- laïques ne jugeront aucun clerc, de quelque
raient de cilices. ordre qu'il soit. Le concile défendit encore

AI. Au concile tenu à Rome '


le 18 avril les ordinations et promotions simoniaques;
1057, dans la basilique de l.utran, le pape les mariages entre parents jusqu'à la sep-
Victor II rétablit dans son premier état l'é- tième génération; d'avoir en même temps
vêché de Marsi, que l'on avait depuis divisé une femme et une concubine, sous peine
en deux; et il dor.na à l'évèque Acton, qui d'être privé de la communion de l'Eglise; et
en occupait injustement une partie, la ville de promouvoir un laïque aux degrés ecclé-
de Thièle. siastiques subitement, et avant de l'avoir
48. En 1058, on tint deux conciles dans la éprouvé longtemps parmi les clercs. Ces ca-
province de Narbonue, l'un à la dédicace de nons sont suivis du décret publié en ce con-
l'église de cette ville, l'autre à celle de l'é- cilepar le pape Nicolas contre les simonia-
glise d'Elue -. Les évêques firent en ces deux ques, portant qu'on les déposera sans misé-
occasions quelques règlements de discipline. ricorde mais on pardonne pour cette fois à
;

On lut dans le concile de Baicelone le décret ceux qui ont été ordonnés gratuitement par
du duc Maie, touchant les îles Baléares, dé- des évêques qu'ils connaissaient pour simo-
pendantes de ce diocèse. niaques. Suit encore la profession de foi que
49. L'année suivante, il s'en tint un à Su- Bérenger souscrivit dans celte même assem-
tri, où l'archevêque Benoit, surnommé Min- blée, el le décret pour l'éleclion du pape.
cius, fut déposé el piivé des fonctions du sa- 50. Ou a déjà parlé des conciles qu'il con-
cerdoce. C'était au mois de janvier, sous le voqua à Amalphi dans la Fouille, et à Béné-
pontificat de Nicolas II. Ce pape en assembla vent en 1059 ». Nous ajouterons ici qu'il dé-
un à Hon)e le mois d'avril suivant, composé posa dans le premier l'évèque de Trani; et
de cent treize évêques ^. On y lit treize ca- que dans le second fit vendre à l'abbé de
il

nons', qui portent en substance que l'élection saint Vincent une celle ou prieuré de sa dé-
d'un pape doit se faire du consentement pendance, dont le moine Adelbert s'était
unanime des cardinaux; que ce que le dé- emparé.
funt aura laissé sera réservé à son succes- 51. Les légats assistèrent la même année
seur; qu'il ne sera pas permis d'entendre la au couronnement de Philippe, fils aîné de
messe d'un prêtre que l'on sait avoir une Henri, roi de France, et donnèrent leurs suf-
concubine; qu'il sera défendu à tout prêtre, frages pour l'élection de ce jeune prince.
diacre el sous-diacie, qui depuis la consti- Celle cérémonie se fil à Reims, et les actes
tution du pape Léon IX aura pris ou gardé en sont rapportés dans la collection des con-
«. Le pape Nicolas II fit
une concubine, de célébrer la messe, d'y ciles sur l'an 10.59
lire l'évangile ou l'épitre, de demeurer dans assembler l'année suivante, 1060, deux con-
le sanctuaire pendant l'oilice, et de recevoir cilesen France par son légal Etienne, l'un à
sa part des revenus de l'Eglise; que ceux Vienne le 31 janvier, l'autre à Tours le 1"
des mêmes ordres qui, suivant la même mars '. Les canons de ces deux conciles sont
les mêmes, mot pour mol de même que
man- la
constitution, ont gardé la coulinence, ;

> Tom. IX Concil., pag. 1087 cl 1083. suivantes, l'article du pape Nicolas II.
' Faltriciiis, Uibliolh. (irwcix, (oui. II, pag. 583. 'Tom. IX Concil . pag. 1105.
' Tom. IX Concil., pag. 1098-1099. « Tom. IX Concil., pag. 1107-1108.

' Ibid. el loin. VI Concil-, Harduini, pag. 107».


' Voyez, tome Xlll de cet ouvrage, page î*3 el
1062 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
préface qui y est à la tête. Dom Luc cVA- épiscopal d'Huesca, parce que cette ville était

chéry les a rapportés dans ses notes t-ur ' passée au pouvoir des infidèles mais on y
:

Lanfranc, sous le nom d'un concile d'An- mit pour condition, que si Huesca venait à
gers ; apparemment parce que le légat être délivrée de leur domination, le siège
Etienne les publia de nouveau dans cette épiscopal de Jaca serait soumis à l'Eglise
ville, où il se trouvait ^ en 1067. Dom Mar- d'Huesca, comme la fille à sa mère. Depuis
tène 3 n'en a donné que la préface avec les ce temps les évêques qui portaient le nom d'é-
trois premiers canons et le commencement vêques d'Aragon, prirent aussi celui d'évêques
du quatrième, mais comme élant du concile de Jaca. Paterne de Sarragosse fit du bien à
de Vienne. L'entière conformité de ces ca- cette nouvelle cathédrale, avec le consente-
nons dans les différents conciles où ils furent ment du concile, et ses donations furent con-
publiés, fait conjecturer que le légat les avait firmées par Grégoire Vil. Pierre I", roi d'A-
apportés de Rome tout dressés, ou qu'il les ragon, ayant repris Huesca sur les infidèles,
composa lui-même sur ce qui avait été pres- on y rétablit le siège épiscopal en 1097, et

crit dans le concile de Rome sous le pape .\mat, archevêque de Bordeaux, en dédia la

Nicolas II; car ils roulent sur les mêmes mosquée pour en faire une église.
points de discipline. Ils sont au nombre de 53. Il y eut en 1061 un concile à Béné-
dix ; tous contre la simonie, l'incontinence vent ^ et un autre en 106"2, tous deux pour
et autres souvent condamnés
désordres si terminer un dilierend entre l'évêquede Dra-
dans les conciles précédents. Ce qu'il y a de gonara, et l'abbé du monastère de Sainte-
particulier dans le second canon, c'est qu'il Sophie. Celui-ci répétait deux églises de sa
y est dit que si un évêque confère par simo- dépendance usurpées par l'évêque Léon
,

nie quelque ministère ecclésiastique, ou la (c'étaitson nom); celui-ci s'en désista, et le

pension qui y est attachée, il sera permis au concile confirm.a le droit de l'abbé.
clergé de s'y opposer, d'avoir recours au.x 54. Le pape Nicolas mort sur la fin
II étant
évêques voisins, ou même au Saint-Siège. de juin de l'an 1061, Guibert de Parme, que
Avant la tenue du concile de Tours, le légat l'impératrice Agnès avait fait chancelier d'I-
Etienne cit:i par écrit Johon, qui se disait arche- talie, excita les évêques de Lombardie, la
vêque de Uol pour y comparaître sinon à
, , plupart simoniaques et concubinaires, à se
celui qui devait se tenir à Rome après Pâques. choisir un pape d'entre eux, qui eût de la
On ne voit point qu'il ait comparu ni à l'un condescendance pour leurs faiblesses. Les
ni à l'autre. Il est dit à la lin du concile de évêques passèrent les monts, prièrent l'im-
Tours que les canons en furent souscrits pératrice de faire choisir un pape, l'assurant
premièrement par le légat Eliunne, comme que Nicolas II avait décidé qu'à l'avenir on
présidant au nom du pape, ensuite par dix ne reconnaîtrait pour pape que celui qui au-
prélats tant archevêques qu'évêques. Ils ne
, rait été élu par les cardinaux du consente-
sont point nommés. ment du roi. La cour ordonna qu'il se tien-
32. On connaît les neuf évêques qui as- drait une assemblée h Bâle**. Les évêques de
sistèrent au concile de Jaca * en Aragon, Lombardie y assistèrent; et sur l'avis qu'An-
l'an 1000. Il y avait entre autres Paterne, selme de Lucques avait été élu pape à Home,
évêque de Sarragosse, Guillaume d'Urgel, et sans attendre le consentement de l'empe-
Sanche d'Arragon. Le l'oi Ramire y assista reur, l'impératrice et son conseil firent élire
avec ses enfants et les seigneurs du royaume. à Baie Gadaloûs , connu sous le nom d'Ho-
Le concile s'appliqua à remettre en vigueur norius II. Il était évêque de Parme et concu-
les cérémonies de l'Eglise négligées pendant binaire, de même que les évêques de Verceil
les guerres, à réformer les mœurs, à faire et de Plaisance, ses électeurs.
revivre les statuts des pères. Il fut ordonné 35. Cependant on chargea Annon, arche-
aux prêtres de suivre romain dans les le rit vêque de Cologne, de l'éducation du jeune lie,eul062.

prières ecclésiastiques, au lieu du gothique, roi Henri, et de l'administration de ses Etats.


que l'on rejeta comme étranger à l'Eglise Annon commença par destituer Guibert de
d'Espagne, et l'on transféra à Jaca le siège Parme et ayant indiqué un concile à Osbor
;

1 Pag. 23. — 2 MabilioDj lib. LXIII. Annal., u. 14. « Harduin., ibid., pag. 1117, et Gesta Pontif., apud
» Marten., Velerum Scriptor., part, i; pag. 224. Barou., ad an. 1061-1062, et tom. IX, Concil. Labb.,
''
Tom. IX ConciL, pag. 1111. pag. 1155.
' Tom. VI Concil. Harduiui, pag. 1075 et 1118.
fXl'SIKCLE.] CHAPITRE LXXXV. — CONCILES DU XI' SIÈCLR. 1063

en Siixe ', en 1062, il y fil déposer Cadulous, PARIS[1092]; D'ANGLETERRE [1093]; DEBRIOUDE
et confirmer l'élection d'Anselme de Luques, ET DE DOL [1094]; D'IRLANDE [1097]; DE BOR-
c'est-à-dire d'Alexandre II. Saint Pierre l)a- DEAUX [1098]; DE SAINT-OMER [1099]; de JÉ-
mien avait composé pour la défense de ce RUSALEM [1099].
pape un écrit en forme de dialogue enlre l'a-
vocat du roi Henri, et le défenseur de l'E- 1. Nous avons donné dans l'histoire du j,"!,""^'^".,

glise romaine, comme s'ils parlaient dans le pontificat d'Alexandre II le précis des canons
^"'.^.("de
concile ; el il est vraisemblable que cet écrit qu'il avec les évêques du concile de Rumn
fit
îli^^'"-
"
y fut lu. Les pères Labbe et Hardouin l'ont en 1063, et des constitutions que les légats
rapporté tout entier. Ce concile se tint le 27 dressèrent à Milan, en 1067, pour la réfoima-
octobre. Le roi Henri y assista avec tous les tion des abus du clergé en cette ville. Hugues,
évêques d'Allemagne et ceux d'Italie qui se abbé de Cluny, s'était plaint au concile de
trouvaient alors à la cour de ce prince. Rome des entreprises de Hrogon, évêque de
53. Le siège épiscopal de Pampelune ayant Mâcon, sur les droits et les privilèges de son
été transféré, en 1032, en l'abbaye deLeyre, monastère. Pierre Damien, légat en France,
le roi Sanclie ordonna dans un concile tenu fut chargé de vérifier ces plaintes, et indiqua
celte année-là, que l'évêque de ce :-iége se- à cet effet un concile à Châlons-sur-S;iône '.

rait à l'avenir choisi d'entre les moines de ce On y lut les privilèges de Cluny, et les évê-
monastère. Ranimir, sou fils, tii un sembla- ques, après les avoir bien examinés, ordon-
ble règlement à un concile d'Aragon dont , nèrent unanimement qu'ils demeureraient en
l'époque n'est pas certaine, mais que l'on vigueur. Drogon en reconnut lui-même l'aii-

fixe ordinairement à l'an 1062-. 11 porte que thenlicité demanda pardon de les avoir
,

les évèques d'.\ragon seront pris du monas- combattus, et reçut pour pénitence déjeuner
tère de Saint-Jean, avec de grandes menaces au pain et à l'eau. On traita dans le même
aux rois ses successeurs, s'ils changeaient concile quelques autres aflaires concernant
cette disposition. la discipline de l'Eglise et en particulier
,

celle de deux évêques accusés de simonie,


ARTICLE ni.
savoir Hadéric d'Orléans et l'évêque de
Cliarires. Foulques, évêque de Caliors, con-
Conciles depuis l'an 1063 jusqu'à
vaincu du même crime, fut exclu du nom-
l'an 1099.
bre des évêques qui assistèrent au mois ,

CONCILES DE ROME , DE CU.\L0N-SDR-SAONE , DE de décembre de la même année 1063 à la ,

MOISSAC , DE BAR-
DE ROUEN , DE MANTOUE , dédicace de l'église du monastère de Mois-
*
CELONE [10G3j; ROME [10631; d'elne DE sac, situé dans son diocèse. Moissac avait

[1063]; DE WESTMINSTER [1066]; d'auch et alors trois abbés Ponce comte de Tou-
: ,

de TOULOUSE [1068]; D'ESPAGNE [1068]; de louse, qui l'avait reçu du roi de France
.MAYENCE [10691; d'anse [1070]; de winches- à titre de bénéfice Gausbert, prince sécu-
;

ter, DE WINDSOR, DE LONDRES ET DE PÉDREDA lier, qui l'avait acheté du comie pour la

[1070, 1071]; DE MAYENCE, DE ROUEN, DE somme de trente mille sous ; et Durand qui,

WINDSOR [1071]; DE CIIALON-SCR-SAONE, DE de moine de Cluny, était devenu évêque de


SAINT-GENÈS, DE BÉNÉVENT [1073]; D'ANGLE- Toulouse, à qui Ponce avait donné le soin
TERRE [1073]; DE WINCHESTER [1076]; ser- de cette abbaye. 11 se trouva à ce concile.
ment DE ROBERT, ÉVÉQUE DE CHARTRES; CON- On croit que ce fut lui qui fit remarquer à
CILES DE FRANCE [1077]; DE POITIERS [1078]; Ponce et à Gausbert qu'ils étaient l'un et
DE BORDEAUX [1079 ET 1080]; DE BRETAGNE l'autre coupables de simonie. Gausbert ren-

[1079] DE wiRZBOURG [1080] de lyon, d'avi-


; ;
dit l'abbaye à Ponce, afin qu'il la remit à
GNON. de SENS [1080]; DE LILLEBONNE [1080]; Hugues, abbé de Cluny, chargé d'y mettre la
DELANGRES, DE SAI.NTES, DE MEAUX. DE BURGOS réforme, el un abbé régulier, au choix des
[ 1080]; D'ISSOUDUN [1081!; DEMEAUX ET DECHA-
moines.
RONNE [1082]; DE SAINTES [1083]; DE COMPIÈ- 2. Nous ne répéterons point ce que nous cociie.

GNE 1 083]; DE CAPOUE ET DE BÉNÉVENT [1087];


;
avons dit du concile de Rouen en 1063 con- U..1.10».,' .i

DE SAINTES [1089]; DE SOLSSONS [1092]; DE tre l'hérésie de Bérenger, et de celui de

' llarduÎD., toiu. VI, png. 1119, el Léo Osliens., a loin. LX Concil., pag. 117a et .seq., et Papi, i

lib. m, cnp. XX, et tom. IX Concil. Lab., pap. H 56. an. inr.s.
'Toril. IX Concil., pag. 1173. ' Mabillon, lil>. LXI .\nnul.. iimii. lîO, pag. 6i7.
.

1064 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


Mantoue où, en 1064, Alexandre II fut re- le reculentjusqu'en 1072 *. L'une et l'antre
connu pour seul pape légitime, et l'antipape de ces opinions ne peut se soutenir, puisque
Cadolous condamné. Les évêques d'Espagne Drogon, évêque de Mâcon. l'un des évêques
qui avaient assisté à ce concile, en suivirent de ce concile, ne fut promu à l'épiscopat
le jugement dans le concile qu'ils tinrent à qu'en l'an 1060, et que Hugues I", arche-
Barcelone la même année. Telle est l'époque vêque de Besançon, qui y assista, mourut en
de ces deux conciles dans la collection géné- 1060 ou 1067. En ce concile, Hugues, abbé
rale du père Labbe et celle du père Hardouin '
de Cluny, réconcilia Robert, duc de Bour-
Mais le père Pagi soutient qu'ils ne furent gogne , avec Aganon évêque d'Autun.
,

tenus, le premier qu'en 1067. et le second Elienne de Tournay cite dans sa soixante-
qu'en 1068; il a pour son sentiment le té- onzième lettie à Robert, moine de Pontigny.
moignage de Sigeberl, auteur conleraporain, un canon de ce concile où il est défendu aux
Landulplie, dans la Vie de saint Arield, et abbés et aux moines de détourner les cha-
François Maria dans ses Remarques sur l'his- noines réguliers de leur profession, et de les
11 convient que
toire de la comtesse Mathilde. admettre dans leurs roonastèri s en leur don- ,

le continuateur d'Hermann Coniract met le nant l'habit monastique, tout le tnraps qu'ils
concile de Mantoue en 1064, mais il prouve auront une église de leur ordre où ils puis-
que ce chronologiste n'est rien moins que sent mener la vie de chanoine régulier.
fidèle; et pour répondre au témoignage de Cette défense est faite sous peine d'ana-
Lambert de Schafnabourg, qui assure que thème.
l'arcbevêque de Mayence fit, en 1064, un 3. On avait déjà tenu à Tulujes dans le
y^^°f\^^
voyage eu Italie, il répond qu'il y alla encore diocèse d'Elne un concile en 1047, ponrla "''^-•'

en 1067, et que ce fut en cette année-là qu'il confirmation de la trêve et de la paix. On la


assista au concile de Mantoue. Puis donc que confiima de nouveau dans le concile qui y
celui de Barcelone ne fut tenu qu'un an fut as.semblé en 1063 ^. Guifroi, archevêque
après, il en 1068. Hugues le
faut le mettre de Narbonne, y présida, assisté des évêques
Blanc, prêtre-cardinal, envoyé en Espagne de Girone et d'Elne. Il s'y trouva plusieurs
avec la qualité de légat par Alexandre II, laïques de la première condition et de con- ;

présida à ce concile, abrogea les lois gotlii- cert avec eux les évêques réglèrent comment
ques en usage chez les Catalans, introduisit celte paix et celte trêve seraient observées.
le rit romain dans les offices divins, et fit re- Les articles en ont beaucoup de rapport à ceux
connaître Alexandre pour seul pape légitime. qui avaient été dressés dans les conciles pré-
Il avait déjà été réglé dans le concile de Jaca cédents, mais ils sont en plus grand nombre.
en 1060, que Ion quitterait le rit gothique Us ont été donnés par Baluze, et depuis par
pour suivre le romain dans les prières de les collecteurs des conciles.
l'Eglise. 6. L'église de Westminster, près de Lon- ^9^^^^'}^^
<*«

i:o.,c.is L'hérésie des incestueux, c'est-à-dire de


3. dres, étant achevée, le roi Edouard en fit " i""*-

•'•.i.
'
ceux qui approuvaient le mariage dans les faire la dédicace le jour des Innocents de
degrés de parenté où il n'est point permis l'an 1066 ^; car en Angleterre l'année com-
d'en contracter, donna lieu aux deux con- mençait à la fête de Noël. Il avait assemblé
ciles que le pape Alexandre II tint à Rome pour cela une cour plénière, afin que la cé-
en 1065 -. Cette nouvelle hérésie fut vive- rémonie s'en fit plus solennellement. Le jour
ment combattue par saint Pierre Damien; et même il fit expédier un diplôme dans lequel
on défendit ces sortes de conjonctions en il dit qu'il a employé la dixième partie de
ces deux conciles, sous peine d'excommuni- tout son bien, tant en or qu'en argent et en
cation. On peut voir dans l'analyse de la autres espèces, pour le rétablissement de
lettre d'Alexandre II au clergé de Naples ', celte basilique qu'il y a mis quantité de re-
;

la manière de compter les degrés de parenté, liques qui lui venaient du roi Alfred, et de
suivant les lois de l'Eglise. Carloman, roi des Français, c'est-à-dire de
o.nc'.e 4. Baronius, Duchesne et quelques autres Charles-le-Chauve, dont Alfred ou Echelvelf
io65o°d°'iog"'. mettent le concile d'Autuu en 1035, d'autres avait épousé la fille en secondes noces. En-

1 Tom IX Concil., pag. 1179, et ad an. 1064, ' Tom. IX Concil., p. H83, et Pagi, ad an. 1055,
um. 1, ï, i, 6. uum. 2, 3, 'i.

«Tom- IX Concil., pag. 1182. * Tom. IX Concil., pag. 1184.


' Voyez l'article d'Alexandre 11, i * Tom. IX Concil-, pag. 1186.
[xi"' SIÈCLE,.] CHAPITRE LXX.W CONCILES DU XI« SIFXl.E. 1065

tre ces reliques, y avait doux morceaux de


il la rigueur des canons, et l'on vint à bout
la vraie croix, un morceau d'un clou, el une d'extirper ce vice. Puis il fut ordonné que

partie de la tunique sans couture. En consé- l'église de Lectoure, que l'on avait changée
quence des huiles des papes Lëon IX et Ni- en monastère sans aucune cause légitime,
colas 11, il confirma les biens el les privilèges serait rendue à Raymond, sou évêque, et que
de Westminster, même l'exemption de la ju- l'on y remettrait des clercs à la place des
ridiction épiscopale, avec la faculté aux moi- moines, à qui l'on permit de se retirer où
nes de se choisir un abbé suivant la règle de bon leur semblerait, avec leur abbé.
saint Benoit. y ajouta le droit d'asile, le
11 8. Les tentatives que l'on avait faites en di-
tout dû consentement des évêques et des vers conciles d'Espagne n'ayant pas eu tout le
sei;2neurs. Le diplôme fut souscrit par le roi, succès que l'on en attendait, on fil sur ce su-
la reine Eadgitlie, son épouse, Stigand, ar- jet de nouveaux règlements dans les conciles
chevêque de Cantorbéry, Ealred d'York, d'Auch et de Girone *, tenus en cette même
huit autres évêques el sept abbés; puis par année 1068. Il f.dlui encore de nouveaux ef-
plusieurs seigneurs, dont le premier est le forts pour obliger les Eglises d'Espague à
duc Hardla qui succéda à ce prince dans le quitter le rit gothique, et l'uniformité sur l'u-
royaume d'.Angleterre. On lut dans la même sage du rit romain n'eut lieu qu'en 1071.
assemblée les bulles de Léon IX et de Ni- épousé en
9. Henri, roi d'Alleniague, avilit
colas n, et la lettre du roi Edouard ;\ ce der- 1066 Berlhe, fille d'Othon, marquis d'Italie.
nier pape, par laquelle il lui demandait la Ce mariage n'était point de son choix, il n'ai-
confirmation de tous les biens et des droits ma jamais son épouse, et chercha tous les
du monastère de Westminster. Le diplôme moyens de s'en séparer. Trois ans après, il
de ce prince dans les imprimés est daté de fit part de son dessein à Sigefroi, archevêque

la vingt-cinquième année de son règne. C'est de Mayeuce, en lui promettant récompense,


une faute, on doit lire la vinjt-quatrième, ' s'il le faisait réussir. L'archevêque se prêta

Edouard n'ayant régné que trois ans six mois à la passion du piince mais pour le faire
;

et vingt-sept jours, selon Hovedeu et les autres avec décence, il voulut y engager le pape
écrivains anglais. 11 mourut le i janvier 1066. Alexandre par une lettre équivoque qu'il lui
,
«^«jl'ij»' ,^
7. Le cardinal Hugues le Blanc, en reve- écrivit sur ce sujet. Le pape ne donna point
o^u^ouK. .n nant de sa légation d'Espagne, tint un con- dans le piège. On tint un concile à Mayeuce ^.
cile à Auch - avec l'archevêque .\ustind, ses où Pierre Daniien son légat obligea le roi de
sutfragants, les abbés et les seigneurs de se réunir à la reine Berlhe. On trouvera toute
toute la Gascogne. On y fit divers règle- cette atl'aire plus détaillée dans les articles
ments dont le plus remarquable fut, que d'.\lexandre II, de [sainl] Grégoire VII et de
toutes les églises du pays paieraient à la ca- Sigefroi «.

thédrale le quart de leurs dimes. Mais Ray- 10. Il y avait eu autrefois dans le diocèse
mond, abbé de Saint-Orens, ayant remontré de Châlons-sur-Saône un monastère bilti par
que les églises dépendantes de son monas- saint Grains, évêque de cette ville, sous le
tère n'avaient jamais payé de dimes à la ca- nom de Saint-Laurent mais les évêques ses
:

thédrale, tout le concile confirma cette exemp- successeurs en avaient usurpé les biens, et
tion en l'honneur de Saint-Orens, un des laissé les bâtiments tomber en ruines. L'è-
plus célèbres évêques d'Auch, et patron de vêque Achard songea à les i-établir, el à
la ville comme de l'abbaye. La même exemp- rendre à ce monastère les biens dont ses
tion fut accordée à plusieurs autres églises prédécesseurs s'étaient emparés. Il prit là-
dénommées dans du concile. C(! car-
les actes dessus l'avis de ses chanoines, el de concert
dinal en assembla un
année par or- la même avec eux, il soumit le monastère de Saint-
dre du pape Alexandre à Toulouse '. Aus- II, Laurent à celui de Saint-Martin en l'isle-
tind, aichevèque d'Auch, y assista avec Ay- Barbe, dont Oger était alors abbé. Cette
mond de Bourges, plusieurs évêques, abbi':s union fut proposée et ratifiée dans le concile
et seigneurs laïques. Divers ecclésiastiques qui se célébra à Anse en 1070 '. Hurabert,
accusés de simonie y furent traités suivant archevêque de Lyon, y présida. Les autres

' l'agi, ad an. lOliS, imiii. «, cl ad au. IIIOU, ii. 2. »Toiu. IX Conci/., pag. 1198.
«Toin. IX Coiicil., |iag. 1HI5. * Voyez tome XIII de cet ouvrage, pag. 405, 40ij.

» Ibid ,
piig. 119t). ' Tom. IX Concil., pag. HOl, et Mal)illou, lib.

Tom. IX Conctl., p. 1197, Pagi, ad au. lOiit, u. (k LXIII Annal., num. 01.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
prélats du concile étaient Hugues de Besan- Lanfranc, à la sollicitation du roi Guillaume,

çon, Agaue d'Aulun, Acliard de Châlons, voulut obliger saint Wulstan, évêque de
Drogon de Mâcon. (I s'y trouva aussi plu- Worchester, à se démettre de l'épiscopat
sieuis abbés. La condition de l'union fut que sous prétexte d'incapacité. Le saint évêque
l'abbé de l'Isle-Barbe entretiendrait dans le avoua qu'il en était indigne; qu'il ne l'avait
monastère de Saint -Laurent une commu- accepté que malgré lui, et par ordre du
nauté régulière. L'acle qui en fut dressé et Saint-Siège et du roi Edouard; mais il ajouta
signé par l'évéque Achard et ses chanoines, qu'il ne remettrait le bâton pastoral qu'à

est daté du 26 janvier 1070. celui de qui il l'avait reçu. Sur-le-champ, il


11. En Angleterre, les trois légats envoyés alla au tombeau de ce prince, et après l'a-

par le pape Alexandre II, à la prière du roi voir fait souvenir de la façon dont il l'avait
Guillaume, présidèrent de sa part au concile chargé de l'épiscopat, et lui avoir exposé
qui se tint à Winchester pendant l'octave de comment on voulait l'en dépouiller, il ticha
Pâques de l'an 1070 '. Ces légats étaient Her- son bâton sur le tombeau, mit bas ses orne-
menfroi, évèque de Sion en Italie, Jean et ments pontificaux, reprit son habit de moine,
Pierre, prêtres de l'Eglise romaine. Le roi et s'assit avec les moines. Gundulfe, évêque

fut présent au concile. On y déposa Stigand, d'Aoffe, envoyé pour rapporter le bâton pas-
archevêque de Cantorbéry, ei plusieurs de toral, ne put l'en arracher. Lanfranc étonné

ses suffragants, à cause de leur ignorance et accourut au tombeau avec le roi, et les évê-
de leurs mauvaises mœurs. Stigand était ac- ques firent des etforts aussi vains. On pria
cusé de parjure et d'homicide mais en in- ; saint Wulstan de l'arracher, et il le fit dans
sista sur ce qu'il avait gardé l'évêché de le moment. Lanfranc se jeta à ses pieds, lui

Winchester avec l'archevêché de Cantor- demanda pardon, et le traita depuis avec


béry; qu'il s'était emparé de ce dernier beaucoup d'honneur. Oa convient qu'en cette
siège du vivant même de l'archevêque Ro- occasion, Lanfranc se ressentit de la fai-
bert, et qu'il avait reçu le pallium de l'anti- blesse humaine, moins en écoutant trop la
pape Benoît. Saint Wulstan répétales terres volonté du roi, à qui il résista plus d'une fois
de son Eglise qu'Aldrède avait retenues en en de pareilles rencontres, qu'en ne faisant
passant de l'évêché de Worchester à l'évê- pas assez attention à la science ecclésiasti-
ché d'York. IMais cet archevêque était mort, que nécessaire à un évêque. Car encore que
et les terres qu'il avait usurpées sur l'évéque saint Wulstan ne fût point instruit des scien-
de Worchester étaient sous la puissance du ces profanes, il l'était de la discipline de l'E-
roi :ainsi l'on ne décida rien sur cette af- glise; et ce fut à lui que saint Anselme, suc-
faire. A la Pentecôte suivante, le roi étant à cesseur de Lanfranc, s'adressa dans une con-
Windsor, y fit tenir un concile, auquel le légat testation qu'il eut avec l'évéque de Londies
Hermenfroi présida seul les deux autres lé-
, an sujet de la consécration d'une église dans
gats ayant repris le chemin de Rome. Agcl- ce diocèse. — Lanfranc termina avecles rois et
ric, évêque de Sussex, fut déposé, avec plu- les évêques du concile de Pédreda, la dilli-
sieurs abîmés. Le roi donna l'évêché de Sus- culté qui avait été mue au concile de Win-
sex à Stigand auparavant archevêque de
, chester touchant les teries que le défunt ar-
Cantorbéry, et cet archevêché à Laniranc, chevêque d'York avait usurpées sur l'évêché
abbé de Saint-Etienne de Caen. Orderic Vital de Worchester, que Thomas, consacré nou-
rapporte la dépo ition de Stigand au concile vellement archevêque d'York voulait appa-
,

de Windsor, et ne dit rien de celui de Win- remment revendiquer. C'est tout ce que l'on
chester mais l'historien Roger distingue
; sait de ce concile.
nettement ces deux conciles dans ses An- 12. On a parlé ailleurs des procédures j/-^";"";,

nales. Lanfianc fut sacré archevêque de Can- contre Charles, évêque de Constance, faites f^ wri,,'
torbéry le 29 août 1070 la même année, il
«-"'o'mots
: au concile de Mayence en 1072, des canons
assembla un concile à Londres, où il fut oi- du concile de Rouen, sous Jean de Bayeux,
donné que les chaires épiscopales établies archevêque de cette ville, et des difficultés
en des villages on en des bourgs, seraient mues en Angleterre, en 1072, au sujet de la
transférés dans des villes. En ce concile *, primatie de l'archevêque de Cantorbéry sur

Tom. IX Concil., pag. 1202 et seq. S. Wulstani, tom. IX Acior., pag. 820.
M.ibillun, lib. I.XV Annal., nuœ. 43, et
[xr SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXV. — CONCILES DU XV SIÈCLE. 1067

l'cTrchevêque d'York Jean de Bayeux as-


'. conflrmer par un décret synodal, auquel
sembla, en 1074, un second concile à Rouen, onze évêques souscrivirent avec plusieurs
où l'on fit encore quatorze canons. Nous abbés.
avons rapporté les plus remarqualiles. 11 y Après que Guillaumc-le-Conquérant se
14.
en avait eu un autre en la même ville, l'an- fut rais en possession du royaume d'Angle-
née précédente, au sujet du tumulte arrivé terre, plusieurs de ceux qui l'avaient aidé à
dans l'église de St-Ouen. L'histoire du pon- le conquéiir, voulant partager avec lui les

tificat de [saint] Grégoire VII nous a aussi fiuits de la victoire, s'emparèrent des terres
enp;apé à parler d'un grand nombre de con- des vaincus et attentèrent à Ibonnour des
ciles auxquels il eut paît, ou pur lui-même, matrones et des vierges. Elles prirent le
ou par ses légats, ou dont il fut l'occasion. parti de se réfugier dans les monastères de
Tels sont ceux de Lyou, d'Erford, de Rome, filles, et y demeurèrent jusqu'au rétablisse-

de Worms, de Pavie, de Tribur, de For- ment de la tranquillité et du bon ordre dans


cbeim, de Mayence, de Brixen, et il est inu- cet Etat. 11 se tint alors un concile général
tile de lépéter ce que nous en avons dit. [d'Angleterre] *, où l'on agita la question si
Dans sa lettre- à Girald, évêque d'Oslie, son l'on devait obliger celles qui ne s'étaient re-
légat en France, il se plaint de ce qu'il ne lui tirées dans les monastères que pour y mettre
avait pas envoyé le détail de ce qui s'était leur bonneur à couvert, à prendre le voile ;

passé en un concile en Gascogne tenu dans et il fut décidé, de l'avis de Lanftanc, qu'on
la métropole d'Aucb, en 1073. Il parait que ce ne le pouvait, à moins qu'elles ne le deman-
concile lut nombreux, et qu'on y traita beau- dassent elles-mêmes. L'année de ce concile
coup d'atlaiies. Plusieuis évêques y furent n'est point marquée, mais on no peut le
excommuniés, d'auties déposés. Ils en por- raettreavant 1070, puisque Lanfranc ne fut fait
tèrent leurs plaintes à Rome. Le pape, in- archevêque de Cantorbéry qu'au mois d'août
formé que Guillaume, archevêque d'Auch, de cette année-là. Il en fit tenir un à Londres
n'avait encouru l'excommunication que pour en 1073, où se trouvèrent quatorze évêques
avoir communiqué avec des excommuniés, et plusieurs abbés. L'évèclié de Rotl' ou Ro-
le rétablit dans ses fonctions. chester était vacant, et l'évêque de Dunelme
Coo^i» 13. Le légat Girard avait convoqué la ou Lindisfarne ne put y venir. Celui de Cou-
's«ne°Së même année par oidre du pape Alexandre tances, quoiqu'étranger, y fut admis, parce
! Hjr.é^"ni,' uu concile à Châlons-sur-Saône. Iloclen, qui qu'il possédait quantité de terres en Angle-
io;a, 1071, . ,
T '

m- en était evèque, passait pour très-instruit terre. On travailla dans ce concile au réta-
dans les saintes lettres. Les historiens du blissement de la discipline, qui avait souffert
temps se sont moins appliqués à rapporter de grands aflaiblissements depuis l'interrup-
les actes de ce concile que ce qui le suivi!, tion des conciles; et parce qu'on ne se sou-
c'est-à-dire le choix que l'on fit de Hugues, venait pas du rang que devaient tenir les
chambrier de Lyon, pour évêque de Die, i\ la évêques, ordonné que chacun serait
il fut
place de l'évêque Lancelin, convaincu de si- assis suivant le temps de son ordination ce :

monie. On peut voir dans l'article de saint qui fut observé même à l'égard de l'évêque
Anselme de Lucques ce qui se passa à son de Coutances. Mais on en usa autrement en-
occasion dans le concile tenu à Saiul-Genès, vers ceux qui firent preuve de leurs privi-
en 1074 '. 11 avait été réAé dans les conciles lèges. Dans ce nombre d'évêques, il y eu
de liénéveiit, sous l'archevêque Udalric, en avait trois qui tenaient leurs sièges dans des
1061 et 106SJ, que les deux églises usurpées villages on leur permit de passer dans des
:

par l'évêque de Dragonara sur le monastère villes. Le concile renouvela plusieurs anciens

de Sainte-Sophie, lui seraient rendues. Cet canons touchant les mariages dans les de-
évêque ne s'en étant point tenu à ce règle- grés de consanguinité. 11 défendit diverses
ment, Milon, successeur d'Udalric, prit la superstitions, entre autres de suspendre en
défense de ce monastère, dans un troisième certains lieux les os des bêtes, sous prétexte
concile tenu à Uénévent en 1075 on les lit ; de préserver les autres de contagion ; aux

' Toin. IX Concil., pag. Ii04, et Concit. Rothoma- Toui. X Concil., pag. 308 et 1811, et pag. 313 et
5

gens., pa^. 54. Voyez les articles d',\lexandre II, 1813; Mabillon, lib. LXIV Annal., nuui. 87.
(le Sigefroi de Mayeuce et de Jeau de Rouen. 'Toin. X Concil., pag. 346, et Mabillon, lib. LXIV
» Gregor. VU, lib. I, fc>ij(. 16, et loin. X Concil., .innal., uum. 109.
pag. 1811.
1068 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
clercs de prendre part à un jugement qui de retour en France, il refusa d'accomplir sa
tendrait à la mort ou à la mutilation des promesse, quoiqu'il en fût admonesté par le
membres; aux moines de posséder quelque légat Hugues. Le pape [ saint] Grégoire VU,
chose en propre, sous peine d'être privés de pour punir Robert de son parjure, écrivit^ au
la sépulture, au cas qu'ils ne l'eussent pas clergé et au peuple de Chartres de ne le plus
rendue, et ne se fussent point confessés de reconnaître pour évêque. et d'en élire un
celte faute avant leur mort. Le concile or- autre à sa place; par une autre lettre, il or-
donna que la règle de saint Benoît serait donna à Richer, évêque de Sens, de sacrer
observée dans les monastères, et qu'il y au- celui que le clergé et le peuple auraient
rait des maîtres pour enseigner la jeunesse. choisi 3.

la. La collection générale des conciles i7. Le même légat, en exécution des or- contiwd-

présente trois exemplaires diiïérents des dres de ce pape, assembla en France plu- io77.

actes de celui de Londres, mais qui sont les sieurs conciles. Hugues de Flavigny en
mêmes pour le fond. Elle en met deux pour compte jusqu'à quatre en 1077, le premier à

celui de Winchester en 1076 '. L'archevêque Anse, dont les actes sont perdus. Il semble
Lanfranc y présida, et Wuistan, évêque de que ce fut dans ce concile qu'il promut aux
Worchester, fut du nombre des prélats qui y ordres Jarenton, qui de prieur de la Claise-
assistèrent. Les canons de ce concile sont di- Dieu devint abbé de Saint-Bénigne de Dijon.
visés en trois parties, et précédés d'un dé- Le second à Clermont en Auvergne où ,

cret portant défense aux chanoines et aux Etienne, évêque de celte ville, fut déposé
prêtres de la campagne d'avoir des fem- pour avoir abandonné son église et s'être
mes ; et aux évêques d'ordonner ni prêtres, emparé de celle du Puy; on y déposa aussi
ni diacres, qui ne fassent auparavant pro- Guillaume, qui avait envahi le siège épisco-
fession de continence, dans les termes qui y pal de Clermont, et avait donné de l'argent
sont rapportés. Les treize canons de la pre- pour y parvenir Durann, abbé de la Chaise-
:

mière partie défendent la simonie dans les Dieu, fut fait évêque à sa place. Le troisième
élections d'évêques el d'abbés, et dans les se tint à Dijon; le légat y déposa les simo-
ordinations; ils prescrivent la tenue descou- niaques et leur substitua des clercs ortho-
ciles deux fois l'année, le paieuieut des dî- doxes. Le quatrième fut tenu à Autun, du
mes, le respect pour les clercs et pour les consentement de Hugues I", duc de Bour-
moines. Il est défendu dans la seconde partie gogne. Il s'y trouva grand nombre d'évê-
de posséder en même temps deux évêchés ; ques, de clercs, d'abbés, de moines. Manas-
d'avoir d'autres autels que de pierre de cé- ; sès, archevêque de Reims, y fut accusé par
lébrer la messe avec de la bière ou de l'eau son clergé comme simoniaque et usui pâleur
seule d'administrer le baptême en d'autres
; de cette église. On l'appela au concile pour
temps qu'à Pâques et à la Pentecôte, s'il n'y répondre aux accusations. N'ayant point
a danger de mort; de célébrer la messe dans comparu, on le suspendit de ses fonctions.
une église non consacrée parl'évêque; d'en- Pour se venger de ses accusateurs, il brisa
terrer dans les églises de sonner la cloche
; leurs maisons, pilla leurs biens et vendit
pendant la récitation du canon, de se servir leurs prébendes. Le siège de Lyon était va-
de calices de bois ou de cire. La troisième cant par la reiraite de l'archevêque Hum-
partie contient les règlements pour la péni- bert; on élut pour le remplir Gebouin, ar-
tence de ceux qui ont tué des hommes à la chidiacre de Langres, qui avait accompagné
guerre. Celui qui en avait tué un, devait faire son évêque en ce concile. L'abbaye de Saint-
pénitence pendant un an c'est-à-dire qu'on; Bénigne de Dijon était aussi vacante par la
lui imposait autant d'années de pénitence mort d'Adalberon, et elle avait besoin d'un
qu'il avait lue d'hommes. homme de poids pour y rétablir les biens et
16. On a mis à la suite de ce concile la l'observance. L'évêque de Langres proposa
fojmule du serment que Robert, évêque de Jarenton, prieur de la Chaise-Dieu ; il fut ac-

Chartres, fit au mois d'avril l'an 1076, sur le cepté des moines de Saint-Bénigne. Divers
corps de saint Pierre, qu'il renoncerait à cet évêques de France, accusés de simonie, ou
évêché qu'il avait envahi par ambition. Etant promus irrégulièrement à l'épiscopat. furent

'
Tom. X ro«aV., pag. 351-353. question ont été traités dans les pontificats d'A-
ici
' Gregor. VII, lib. IV, Ei)ut. 14 et 15. lexandre II, de saint Grégoire VII et d'Urbain II.
" Les conciles du xi= siècle dont il n'est poiut Voyez le tom. XIII. [L'éditeur.)
[xi''siÈa.E.] CHAPITRE LXXXV. — CONCILES DU XI' SIÈCLE.
jugés dans le même concilo, el l'on y traita rédité; le quatrième, de recevoir des pré-
plusieurs affaires pour l'nlililé de l'Eglise. sents pour l'ordination et pour la bénédic-
Hugues rendit compte au pape Grégoire Vil tion d'une église ou do toute autre chose.
de tout ce qui s"élait passé dans ces con- Par le cinquième, il est défendu aux abbés et
ciles, et il eut soin de l'avertir que l'ar- aux moines d'imposer des pénitences, si ce
clievéque de Bordeaux n'était venu ni à celui n'est par commission de l'évêque. Le sixième
de Cleruiont, ni à celui d'Aulun; que, défend aux moines et aux chanoines de se
quoique suspendu de ses Ibnctions, faute do procurer une nouvelle église par argent ou
s'être excusé canoniqueraent, il n'avait pas autrement, sans le consentement de l'évê-
laissé de les exercer, au mépris de sa cen- que diocésain. Le septième ordonne aux ab-
sure. bés et aux doyens de se faire promouvoir à
18. Il rendit aussi compte au pape du con- la prêtrise; aux aichidiacrcs de prendre le

cile tenu à Poitiers le 15 janvier 1078 ', des diaconat, et aux archipiétres la prêtrise,
oppositions que Piiilippe, roi de France, y sous peine de perdre leur dignité. Le hui-
forma *, de la conduite irrégulière qu'y tin- tième défend de promouvoir aux ordres sa-
rent l'archevêque de Tours et l'évêque de crés les(ils de prêtres et ceux qui sont nés

Rennes, et de l'insulte qu'ils lui fnent. de fornication, s'ils ne se font moines ou


Comme l'archevêque lefusait de en fairelui chanoines réguliers; mais ils ne pourront
satisfaction, il le suspendit de ses tondions; être élevés à la prélature. Le neuvième in-
mais l'archevêque en appela au Saint-Siège. terdit les concubines aux prêties, aux dia-
Le concile déposa l'abbé de Bergues, con- cres, aux sous-diacres, et la demeure avec
vaincu de simonie. On en accusa aussi l'é- des personnes du sexe capables de répandre
vêque de Beauvais et celui de Noyon. Le lé- sur eux de mauvais soupçons. On excom-
gat renvoya au pape le jugement de leur munie dans le dixième les clercs portant ar-
cause et de ceux qui les avaient ordonnés. mes, et les usuriers.
lise plaignait dans sa lettre de ce qu'au lieu de 19. 11 y eut, en 1079, un concile à Bor-
punir ceux qui avaient été condamnés dans deaux =, auquel présidèrent Ame évêque ,

les conciles précédents Grégoire \ Il leur , d Oleron, et Hugues de Die, légats du pape :

faisait grâce, ce qui les rendait plus inso- il s'y trouva plusieurs évéques, des abbés et
lents. Eu ell'et le pape rétablit dans son ' des clercs. Guillaume, comte de Poitiers et
grade et dans ses fonctions Manassès, ar- duc de toute l'Aquitaine, se présenta devant
chevêque de l'eims; il eu usa de même à l'assemblée et demanda qu'il lui lût permis
l'égard de l'archevêque de Besan(;on, quoi- de fonder un monastère où l'on fil des priè-
qu'il ne fut venu ni au concile d'Autuu ni à res pour son salut. Les évéques approuvè-
celui de Poitiers; et à l'égard dcî lUcher, ar- rent son dessein, et il fut convenu que l'on
chevêque de Sens, et de quelques autres prendrait pour cela une église du diocèse de
condamnés comme coupables par le légat. Saintes entièrement négligée, où reposait le
11 est parlé du concile de Poitiers * dans ies corps de l'évêque saint Eulrope. On y mil
letties de Grégoire Vil; ainsi ou ne peut le des moines de Cluny, mais ce ne fut que
mettre, avec Baronius et Biuius, a l'an 1100. deux ans après. Le duc Guillaume fonda
On y lit dix canons. Le premier défend aux aussi le monastère de bcaune-MaJour, qu'il
évêques, aux abbés et autres ecclésiastiques exempta de toute servitude. Il lit confirmer
de recevoir les investitures des rois et des celle loudalion dans un concile de Bordeaux
autres laïques; et aux laïques de les donner, en 1080. On en tint donc deux de suite en
sous peine d'excommunication et d'interdit celle ville. L'anonyme de Maillezais en parle
des églises; le second de posséder deux bé- dans sa C/ironifjue iurccHc année, el dit que
nélices à la fois, et d'en acquérir par argent; Bérenger y rendit compte do sa doctrine, el
le troisième, de prétendre à des biens ecclé- que Hugues, abbé de Saint-Léger, y fut dé-
siastiques par droit de consanguinité ou d'hé- posé. Dès le pontilicat d'Alexandre II, les

'Tom.X Concil., pag. 866. de l'Egliâo, ils s'opposent à eux-uiéiucs en s opposant


* 11 y a loiigtemps, ou le voit, que des conseillers au Roi du ciel Puissuul-ils enfin le comprendre (i'erfiV .)
. !

imprudents pousscut les princes, sous prétexte de Hireg. Vil, lib. V, E/jist. 17.
voir s'obscurcir l'éclat de leur couronne, à euipéclier '•
Idem., lib. VI, Episl. 8 et 40.
la tenue des conciles. Mais, comiuc le luit observer sTorn. X Conal., [lag. 381, cl Mabillon, lib. LX\
II- légat du Sdint-Siége, eu entravant ainsi la liberté Annal., nuiu. 07
1070 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
moines de Sainte-Cioix de Bordeaux avaient talion entre l'archevêque de Lyon et Taltbé
disputé à ceux de S;iint-Séver J;i possession de Cluny. Hugues indiqua à cet efl'rt en
de l'église de Sainte-Marie de Solec. Gré- 1080 un concile à Lyon ', où Manassès de
goire VII chargea ses deux légats, Amé el Reims fut appelé pour se justifier. Cet ar-
Hugues, de terminer cette contestation, et ils chevêque fit offrir au légat trois cents livres
adjugèrent gain de cause aux moines de d'or, et des présents considérables à ses do-
Sainte-Croix dans le premier de ces deux mestiques, pour obtenir de se justifier par
conciles. On a encore la sentence qu'ils
' sei'menl avec six de ses suft'ragants pro- ,

rendirent sur ce sujet. mettant que personne ne serait informé de


20. Le légat Amé futan-envoyé la même cette convention. Hugues ayant rejeté toutes
née, 1079, par le pape en Basse-Bretagne^, ces ofi'res, Manassès ne crut point devoir al-

pour y reformer certains abus sur l'adminis- ler au concile de Lyon, et se contenta d'en-
tration de la pénitence. On donnait sans au- voyer une apologie au légat. 11 y fut déposé,
cun délai l'absolution, même aux pécheurs et le pape confirma ce jugement au septième
publics, quoiqu'ils persévérassent dans leurs concile de Rome. Hugues déposa aussi, dans
mauvaises habitudes. Grégoire VII en écrivit un concile tenu à Avignon la même année,
lui-même aux Bretons, leur fit voir qu'une Achard, usurpateur du siège d'Arles, et Gi-
telle pénitence était illusoire, et que, pour belin fut élu à sa place. On élut dans le
obtenir la rémission de ses péchés, il fallait même concile de Lyon Lantelme,' archevê-
recourir à l'origine de la foi , c'est-à-dire que d'Embrun, Hugues évêque de Grenoble
accomplir ce qu'on avait promis dans le bap- et Didier de Cavaillon le légat les mena à
:

tême, renoncer au diable et à ses pompes, Rome, où ils furent sacrés par le pape. On
croire en Dieu et accomplir ses commande- met vers le même temps un concile à Sens*
ments. sous l'archevêque Richer les actes n'en
,

21. Il avait été résolu au concile de Rome, sont pas venus jusqu'à nous.
d'envoyer des légats en Allemagne, afin d'y 23. Ce fut encore en 1080 que se tint le conHio
rétablir la paix par la discussion du droit des concile de Lillebonne en Normandie, par n'mt'
deux partis de Henri et de Rodolphe. En ordre de Guillaume, roi d'Angleterre. Ce
conséquence, le pape Grégoire VII écrivit ^ prince y assista avec les comtes et les au-
aux évoques et aux seigneurs du royaume tres seigneurs du pays. Guillaume, arche-
teulonique, de tenir une asseinblée, où il se vêque de Rouen, y présida; il s'y trouva
IrouvAt de part et d'autre des personnes fa- plusieurs évéques et plusieurs abbés, et on
vorables à ces deux princes. Les légats nom- y fit treize canons. » Les évéques et les sei- c,„ ,.

més pour s'y rendre étaient les évéques de gneurs maintiendront la trêve de Dieu, en
I^adoue et d'Albane. Ils tinrent le concile à employant les censures el les autres peines
Wirzbourg*. On ne sait pas bien ce qui contre les prévaricateurs. Ls feront exécuter ,^

s'y passa; mais il paraît que le roi Henri '' les canons à l'égard de ceux qui ont épousé
trouva le moyen de rendre cette conférence leurs parentes. Tous ceux qui sont engagés ^
inutile, et que ce fut une raison au pape de dans les ordres, les chanoines et les doyens,
déclarer qu il avait encouru l'excommunica- n'auront aucune femme avec eux. Il est dé- ^
tion dont ou l'avait menacé dans le concile fendu aux laïques de rien prendre des reve-
tenu à Rome au commencement de l'an nus des églises, des dîmes et des sépultures,
1080. Cette censure fut si sensible à ce ni n'exigei d'un prêtre des services qui le
prince et à ses partisans, qu'ils ne balancè- détournent de son ministère. On défend pa- ^
rent plus à choisir un autre pape. Ils s'as- reillemeut aux évéques et à leurs ministres
semblèient « d'abord à Mayencc puis â ,
d'obliger les prêtres à d'autres redevances
Brixen, où ils élurent Guibert archevêque qu'à celles qui leur sont dues justement, et
de Ravenne, sous le nom de Clément III. de les condamner à des amendes à cause de
22. Grégoire Vil avait renvoyé à Hugues leurs femmes. Les archidiacres visiteront ,

de Die, son légat, le jugement d'une contes- une fois l'année les vêtements, les calices el

' Mabillon, in Append., tom. V Annal., pag. C33. s Tom. X Concil., pag. 334.
«Tom. X Concil., p. 380; et Gregor. VH, lib. VII,
« Tom. X Concil., pag. 386-389.
Epist. 10. ' Tom. X Concil., pag. 390.
« Gregor. VU, lib. V, Epist. 15. « Ibid., pag. 1816.
* Tom. X Concil., pag. 385.
[Xl' SIÈCLE. CHAPITRE LXXXV. — CONCILES Dl] Xb SlECLK 1071

les livresdes curés de leur dépendance; une apprend par la vingt-unième du livre V, que
fois chaque année, vers la Pentecôte, les cu- Richard, moine de Saint-Victor de Marseille,
rés viendront en piocession à l'église cathé- en fut fait abbé eu 1079; et dans la sixième
drale, où ils otl'riront de quoi enlreleiiir le lettre du livre Vil, qu'il l'envoya la même
luminaire. Il n'est point permis à un laïque année lé«at en lîspagnc, vers le roi Alphonse.
de conimeltre un prêtre à la desserte d'une Il faut donc rapporter à ce temps le concile

église, ni de la lui otersans le consenlement que Richard tint ;\ Burgos pour le change-
de l'évéque. Si l'on donne une église à des ment du rit gothique au romain, qu'on avait
moines, le prêtre qui la desservait n'en souf- déjà tenté plusieurs fois, et qui trouvait tou-
frira aucun préjudice il tirera pendant sa
: jours de la résistance de la part de quelques-
vie ce qu il en tirait avant cette donation; uns. Quoique Alphonse fût d'accord
le loi
ma-s après sa mort l'abbé aura droit de pré- sur ce point avec le légat dans ce concile,
senter à levêque un prêtre capable, à qui il ils ne purent abroger entièrement le rit go-

fournira, des biens de l'église, de quoi s'en- thique dans le royaume de CastiUe, et il se
tretenir décemment et pour faire hon ser- tintencore sur ce sujet d'autres conciles.
vice. Si l'abbé lui refuse sa subsistance, il Le moine Clarius et la Chronique d'Au-
2.0.

y sera conliaint par l'évéque. Le dernier xerre en mettent un à Issondun, dans le dio-
canon règle les cas dans lesquels les amen- cèse de Bourges, le 1" avril 1081 •; mais ils

des imposées aux coupables appartenaient n'en rapportent point les décrets , ni les
aux évèques. Suit le décret du même con- noms des évéques qui y assistèrent. Nous
cile, où sont marquées les pénitences que les avons dans une lettre de Richard, arche-
l'on imposait à ceux qui rompaient la trêve vêque de Bourges, rapportée au tome VI du
de Dieu depuis le soir du mercredi jusqu'au Spicilégc, où nous lisons que cet archevêque
lundi mutin. On a mis ensuite l'acte de l'é- ayant retiré des mains des laïques l'église
lection de Vautbier, évêqiie de Ci.âlons-sur- de Saint-Martin -des -Champs, proche les
Saônc, eu 1080. murs de Bourges, la donna à l'abbaye de
24. Quelques-uns mettent un concile à Marmouliers, et qu'il fit confirmer cette do-
Langres la même année, auquel ils disent
'
nation par les légats Hugues de Uie et Amé
que le légat Hugues présida; mais la chro- d'Oléron ,
présents au concile d'issoudun.
nique de ^erdun, qui rapporte assez exacte- Ilsen souscrivirent l'acte, et après eux Ri-
ment les conciles tenus par ce légat, ne dit chard de Bourges, Richer de Sens, Rodolphe
rien de celui de Langres. Il est toutefois de Tours, Gauscelin de Bordeaux, avec douze
parlé d'un concile en celte ville en 1080, évéques.
dans les additions à la Clironique de Bèze, 26. Les mêmes légits présidèrent au con-
imprimée dans le premier tome du Spicilége; cile de Meaux de l'an 1082 '. Richard, ar-
mais ce n'était qu'un synode du diocèse, chevêque de Bourges, y assista avec neuf
assemblé par Rainaud, évêque de Langres. évéques et le comte 'l'hibaud. Ce comte avait
Neuf évéques assistèrent à celui de Saintes, déchargé l'abbaye de Montier-en-Der de
avec plusieurs abbés. 11 y fut décidé que le certaines redevances. Le comte de Brienne
monastère de la Réole, nommé alois Squirs, ne laissa pas de les exiger. On lui défendit,
que l'évéque de Liazas prétendait lui appar- sous peine d'anuthèiue, de continuer à les
tenir, dépendrait de l'abbaye de Fleuri. Le demander. Le concile confirma quelques do-
concile de Meaux fut, selon Sigebert, assem- nations faites au même monastère. Il fut
blé par l'autorité du légat Hugues. On y dé- tenu, selon la Chronique de Sens, sur la fin

posa Urcion, évêque de boissons, et l'on mit d'octobre. Vauthier, évêque de Meaux, était
a sa place Arnoul, abbé de Saint-Médard, morl quelques jours auparavant on lui :

en la même ville, homme lespectable par sa donna pour successeur Robert, abbé de lie-
venu *. Lambert de 'l'erouane y tut aussi bais, qui fut ordonné par les légats. Cette
déposé, comme on le voit par une lettre du ordination s'élant faite en l'absence de Ri-
pape Grégoire 'VII aux Flamands '. 11 nous cher, archevêque de Sens, et sans son cou-

1 Tom. X Coiwil., i)ag. 397, 398, 1813. ' Hliisl. 34, lib. IX.
' Arnoul y fut orduuué uu ilimuuclie, ce qui ne se » Tom. X CottciL, pag. 399, et Mabil., lib. LXVl,
rapporte ui ù i'uu 1080^ ni à l'an 1082, mais ù l'au Aimai., uuiu. 9.
1081; il faut reconnaître que le concile où il avait 5 Tuiu. X Cuucil., pag. .Ol et MabiUou, lili. LXVl
cté élu s'était icuu la mâme année. (L'éditeur.) Annal., nuni. ÎC et Î8.
1072 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
sentenient, prononça avec ses suffragants
il Capoue, de Bercbacb, de Quedlimbourg, de
une sentence d'excommunication contre Ro- Mayence. L'anti-pape Gnibert en tint un à
bert, et deux ans après il ordonna un autre Ravenne, où il confirma les privilèges de
ëvêque de Meaux. ne voulant pas reconnaî- cette église en 1086. L'année suivante, on
tre Robert. On ne sait pourquoi l'on a compté en assembla un à Capoue* l'abbé Didier s'y :

entre les conciles l'assemblée de Charonne trouva avec les autres cardinaux, le consul
en 1082, le 3 novembre, puisqu'il ne s'y Cencius, Jourdain, prince de Capoue, Roger,
trouva aucun évêque, et qu'elle n'eut d'au- duc de Calabre, et plusieurs seigneurs. 11
tre motif que de montrer aux fidèles les reli- avait été élu pape l'année précédente, mais
ques de ce monastère. il avait refusé d'accepter, quelques instances

27. On cite un concile tenu à Saintes' en qu'on lui en fît. On les réitéra au concile de
présence des deux légats Hugues et Amé en Capoue, et il C(.'da aux piières et aux rai-
1081, où Guillaume, comte de Poitiers et sons. Le prince de Capoue et le prince de
duc d'Aquitaine, remit le monastère de Saint- Salerne le conduisirent à Rome, et chassè-
Eutrope à Hugues, abbé de Cluny, pour y rent Guibert de l'église Saint-Pierre. L'abbé
rétablii' le service de Dieu, négligé pendant Didier fut sacré le 9 mai 1087, sous le nom
que les laïques le possédaient. Le duc exempta de Victor III, par les évêques d'Oslie, de
en même temps le monastère de toutes char- Tusculum, de Porto et d'Albane. Au mois
ges, à la réserve de cinq sous qu'il devait d'août suivant, il assembla un concile à Bé-
payer à l'église cathédrale. La Chronique de névent de= évêques de Pouille et de Calabre,
Maitlezak met un autre concile à Saintes en avec qui il prononça une sentence de dépo-
1083, où Ramulse fut ordonné évêque de sition et d'anatlième contre l'anti-pape Gui-
cette ville à la place de Boson, qui avait été bert. Hugues, évêque de Die, légat en France
déposé l'année piécédente au concile de sous le pape Grégoire VII, était devenu ar-
Charonne. cbevêque de Lyon, et ce pape, en mourant,
28. En 1085 Rainauld , archevêque de
, l'avait désigné avec Otlion et Didier pour lui
Reims, indiqua un concile à Compiègne^, pour succéder. Hugues, voyant la résistance de
y tiavailler avec ses suU'ragants au réta- Didier, espérait devenir pape; mais quand il
blissement de la discipline ecclésiastique, vit que l'abbé Didier avait accepté, il se re-
qui s'était extrêmement relâchée. Les dé- pentit de l'avoir pressé à ce sujet, et d'avoir
crets n'en ont pas encore été rendus publics. consenti à son élection. Il en écrivit à la
On sait seulemenî que Ion y confirma les comtesse Mathilde à qui il se plaignit de ce
,

privilèges de l'église de Saint-Corneille de que Didier avait usé d'artifices dans le concile
Compiégne, et qu'on en déclara les chanoi- de Capoue pour exciter le prince de cette
nes exempts de la juridiction de l'évêque ville à le contraindre d'accepter le pontificat,
de Soissons, qui les avait attaqués sur ce qu'il en avait pris les marques sans avoir
sujet dès le commencement de son épisco- auparavant subi l'examen canonique sur cer-
pat, et même de la juridiction du métropoli- tains cas contraires à sa réputation, et dont
tain de la province. Cette église avait été on n'avait eu connaissance que depuis son
fondée par Cliarles-le-Chauve, et consacrée élection. Richard, abbé de Marseille, était
parle pape Jean, assisté de soixante-douze venu au concile avec l'archevêque Hugues,
évêques. Ce fut lui, apparemment, qui lui et avait élu l'abbé Didier avec les évêques
accorda le droit d'exemption de l'ordinaire présents au concile; mais donnant dans les
et du métropolitain. Le roi Philippe autorisa sentiments de Hugues, il s'opposait comme
le décret du concile par un diplôme daté de lui à l'intronisation de l'abbé quoiqu'ils ,

la vingt-quatrième année de sou règne. Ce l'eussentreconnu l'un et l'autre pour pape.


concile est cité dans l'acte de dotation faite Après que Victor III eut exposé au concile
la même année 1085 en faveur de l'église de Bénévent toutes leurs fausses démarches,
des saints maityrs Acée et Âchéal, par Ro- il dit aux assistants Puisqu'ils se sont sé-
: <i

ric, évêque d'Amiens. parés de la communion de nos frères et de


» 29. On a parlé dans l'article de Gébehard 3, la nôtre, nous vous ordonnons de vous abs-
" archevêque de Salzbourg, des conciles de tenir de la leur et de n'avoir aucune com-

' Mabillon, lib. LXVI Annal.) num. l'i, et tom- X Annal., num. 3, et lona. Il Spicil., pag. 518. — H'oyeï,
Conctl., pag. 402. tom. XIII de cet ouvrage, pag. 398-399. — '•
Tom. X
> Tom. X Concil., pag. 40G, et Mabillon. lib. LXVI Concil., pag. 418, 419, 420,
,

[xi'siÈCLE.] CHAPITRE LXXX\ CONCILES DU XI' SIÈCLE. 1073

immicalion avec eux. » Il défendit ensuite Compiè e, dont il confirma les biens et les
de rece\oir aucune dignité ecclésiastique de droits.
la main d'une personne laïque; et aux sécu- 22. L'année suivante, tous les évêques
^

liers, de quelque condition qu'ils fussent d'Angleterre , excepté Wulstan de "Wor-


d'en donner l'investiture; d'entendre la messe chester, et Osberne d'Excester, qui étaient
d'aucun di' ceux qui auraient contrevenu i\ malades, se rendirent à Cantorbéry pour le

cette ordonnance, ou de reievoir d'eux la sacre de saint Anselme *. Dans l'acte d'élec-

pénitence et la communion. Tous ces dé- tion, l'Eglise de Cantorbéry était qualifiée

crets ayant été autorisés par les évêques du métropole de toute la Grande - Rretagne.
concile, on en fit des copies que l'on envoya Thomas, archevêque d'York, dit que s'il en
de tous cotés, en Orient et en Occident. Vic- était ainsi, son Eglise n'était point métro-
tor III tomba malade pendant le concile, qui pole. Sa remontrance fut trouvée raisonna-
dura trois jours, et ayant repris le chemin i)le. On
corrigea le décret d'élection, et au
de Mont-Gassin, il y mourut le 16 septembre lieu de donner à l'Eglise de Cantorbéry le
de la même année 1087. titre de métropole, on lui donna celui de

30. Urbain II, son successeur, convoqua primaliale de toute la Grande-Bretagne. Le


un grand nombre de conciles, dont nous sacre de saint .\nselme se tit le second di-
avons parlé dans l'iiistoire de sa vie. On ne manche de l'Âvent, quatrième jour de dé-
sait autre chose de celui de Saintes en 1089 ', ceiubre. Quelques mois après, le roi Guil-
sinon qu'Ame, évêque d'Oléron, y fut nommé laume le Roux étant de retour de Normandie
à l'archevêché de Bordeaux. Renaud, arche- en Angleterre, le nouvel archevêque lui de-
vêque de Reims, présida au concile de Sois- manda permission daller demander le pal-
sons ^, assemblé en 1092, contre les erreurs lium au pape Urbain. Le roi s'y opposa, di-
de Roscelin, clerc de Compiègne. U ensei- sant qu'il n'avait pas encore reconnu pour
gnait que les troif personnes divines étaient pape Urbain, et qu'il ne souffrirait pas qu'on
trois choses séparées l'une de l'autre, comme le reconnût dans ion royaume sans sa per-
le sont trois auges ;
qu'elles n'avaient néan- mission, ajoutant que c'était lui manquer de

moins qu'une même volonté et qu'une même fidélité, de demeurer contre sa volonté dans
puissance; en sorte qu'on pourrait dire que l'obédience du pape. L'arcnevêque demanda
ce sont trois dieux, si l'usage le permettait. une assemblée d'évêques où l'on décidât s'il
U appuyait cette doctrine, en disant que si pouvait, sans préjudice à la fidélité due au
on ne l'admettait pas, il faudrait dire que le loi, rendre l'obéissance au Siège apostolique.
Père et le Saint-Ksprit se sont incarnés et ; Le roi y consentit et ordonna l'assemblée à
ajoutait qu'en ce point il pensait comme Lau- Rockiugham pour le onzième jour de mars,
franc et comme
Anselme, l'un abbé du
saint qui était un dimanche. Elle se tint de grand
Bec, l'autre archevêque deCanlorbéry. Saint matin. L'archevêque exposa aux évêques en
Anselme l'ayant appris, écrivit à Foulques, présence d'une grande multitude de clercs
évêque de Beauvais, qui devait assister à ce et de laïques, qu'il n'avait accepté l'épiscopat
concile, que ni lui ni Laniranc n'avaient ja- qu'il condition de demeurer dans l'obédience
mais rien dit de semblable qu'il disait en ;
du pape Urbain ; et qu'étant résolu de ne
son particulier anathème à Roscelin et à son pas s'en départir d'un moment, il avait be-
erreur. Roscelin l'abjura lui-même en pré- soin de leur conseil pour savoir comment il
sence des évoques; mais ne l'ayant condam- pouvait en même temps garder la fidélité au
née que dans la crainte d'être assommé par roi. Les évêques s'étant excusés de lui don-
le peuple, il continua de l'enseigner après ner conseil, sur ce qu'il était assez sage pour
élje sorti du concile. le prendre de lui-même, il agréa qu'ils fis-
JI.y eut un concile à Paris, en 1092 ^ où
11 sent rapport au roi de ses dispositions. Le
'
assistèrentManassès de Reims, Richard de lendemain il parla encore aux évêques, leur
Bourges, Roger de Châlons, Geotlioi de Pa- cita lespassages de l'Evangile sur lautorité
ris, et sept autres évoques. Tous souscrivi- de saint Pierre et de ses successeurs, et sur
rent au diplôme que Philippe, roi de France, l'obéissance due aux princes, il conclut en

accorda à l'abbaye do Suint - Corneille de déclarant qu'il rendrait en ce qui regarde

' Tom. X Concil., p. 47S. '


Tom. X t'oHcil., pag. 49t.
« Ibid., p. 484. ^
IbiU., pag. 493, 494, 493 ut 597.

XIV.
1074 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Dieu, l'obéissance au pape ; et qu'en ce qui dans les conciles précédents, où l'on avait
concerne la dignité temporelle du roi son traité de la trêve de Dieu, nommément en celui
seigneur, donneiait fidèlement aide et
il lui de Soissous. Le premier regarde la sûreté
conseil selon son pouvoir. Les évéques lui des églises et de leurs parvis. Le second dé-
conseillèrent de renoncer à l'obéissance d'Ur- fend de s'emparer des terres appartenant aux
bain. Guillaume, évêque de Durliam, fil ce évéques, aux abbés, aux clercs, aux moines;
qu'il put pour persuader au roi de le chasser de les ravager, et de molester ceux qui les
de sou royaume. Rien n'ébranla l'aichevêque. cultivent. Il est défendu par le troisième d'at-
Dans une troisième séance on lui accorda un taquer, de dépouiller, d'arièter les évéques,
délai jusqu'à la Pentecôte ; et les évéques se les abbés, les clercs, les moines, les léiniues
retirèrent sans avoir décidé la question poui' en voyage, et ceux qui les accompagnent.
laquelle ils s'étaient assembles. Le quatrième prescrit la même chose à l'é-
de 33. Les conciles de Brioude et de Dol as- ' gard des pèlerins et des marchands, à moins
sembles par Hugues arcbevêque de Lyon, et qu'il ne soit prouvé qu'ils ont refusé de payer
Amé de Bourges, légats du Saint-Siège, le- les tributs oi'dinaires. Ou ordonne dans le
vèrent rexcommuUàCation portée injustement cinquième aux seigneurs des villes, des
par Rodolphe, archevêque de Tours, coutie châteaux, des forteresses, de jurer l'obser-
les moines de Marmouliers et l'e.xcomma-
: vation de la trêve de Dieu, sous peine dex-
nièrent lui-même pour diverses fautes dont communication contre ceux qui le refuse-
il ne put se justifier. ront, et d'interdit de l'oilice divin dans les
. 34. Le roiMurchertac, le clergé, les nobles, teii es de lenr dépendance. 11 est permis néan-

et le peuple d'Hibernie écrivirent et députè- moins d'administrer le baptême aux enfants,


rent, en 1097, à saint Anselme pour le prier, dans le cas même de cet interdit.
en sa qualité de primat de toute la Grande- 30. La ville de Jérusalem fut prise par
Bretagne, d'ériger un évéché à Wuteiloid, l'armée des croisés, le vendredi 15 juillet de
et d en ordonner évéque le prêtre Mulcb, l'an 1099, à trois heures après midi; ce que
moine de Winchester. 11 se tint là-dessus un l'on remarqua comme étant le jour et l'heure
concile ^, et Miilch l'ut sacré a Cantorbcry, le de la mort de Jésus-Christ. Huit jours après,
28 décembre de la même année 1097. les seigneurs et les évéques procédèrent à
:> 35. Il ne reste rien des actes du concile l'élection d'un roi et d'un patriurclie. On elul
m.- tenu à Bordeaux, en 1098, par l'archevêque pour Godetroi de Bouillon, duc de Lor-
roi
Amé, légal du Saml-Siege Manassès, ar-
•'. raine, et pour patriarche Arnoul, ch;ipelain
chevêque de Reims, présida à celui de Saint- du duc de Normandie. Godefioi était un
Omer assemblé à la piière de Robert le
, prince vertueux Arnoul, un homme d'une
;

Jeune, comte de Flandres, et des seigneurs vie inlâme, décrié dans toute l'armée, qui
de sa cour, en 1099. Comme ils étaient près ne devait son intronisation qu'a la protection
de partir pour la croisade, il leur parut né- du duc de Normandie. Indigne de l'épisco-
cessaire de pourvoir a la sûreté de leurs pal, il en fut déposé dans un concile d'évê-
biens et à la paix de l'état pendant leur ab- ques et de seigneurs *, et l'on mit â sa place
sence. On fit donc cinq canons, les mêmes à Tbcobert ou Daimbert, évéque de Fise et lé-
peu près que ceux qui avaient été publiés gat du Sainl-Siége apostolique.

> Tom. X Concit., pag. 499. — « Pag. 613. 'Tom. X Conci/., pag. 620, et GuiUel. Tyr., lib.
' Tom. X tVnciV., page 614-618. VIII, cap. II, et lib. IX, cap. i, xvui tl xiï.
1 1 ;

[Xll' SIÈCLE. CHAPITRE LXXXVJ. — CONCILES UU XII' SIÈCLE.

CHAPITRE LXXXVI.

Conciles du Xlle siècle.

ARTICLE I". [1130]; de jouarre [1133]; de liège [1131];


de reims [1131]; de mayence [1131]; de plai-
Conciles depuis l'an 1100 jusqu'à SANCE [1132]; DE CREiXAN [1132]; de nor-
l'an 1153. thampton [1133]; de pise [1134]; de nar-
bonne [1 134 ou 1 1 40]; de montpellier [1134];
CONCILES D'ÉTAMPES, DE VALENCE, DE POITIERS, de londres [1136]; de bur60s [1136]; de val-
d'anse [tous en 1100]; de milan [MOI]; de ladolid [1137]; de lago-pésole [1137]; de
VILLE BERTRAND [1101 i; DE LATRAN [1 105]; DE londres [1138]; concile général de latran
LONDRES [110:2]; DE RO.ME [1103]; DE TROYES [1139]; conciles de wincuester [1139]; de
[lIO'ij; DE ROME [llO'ij; DE PARIS [110-4]; DE sens [1140]; dantioche et de jérusalem
ET 1109]; DE FLO-
FL'SSEL OU HIZILLOS [1088 [1140]; de constantinople [1140]; de véroll
RENCE ET m- GUASTALLE [1106]; DE OUEDLIM- [1140]; de winchester et de westminster
BOURG OU DE NORTHIS [1105]; DE MAYENCE [1141]; de lagny [1141]; de constantinople
[H05]; DE REIMS [110.j]; de Poitiers [IIOG]; [1143 et 1144]; de londres [1143]; d'angle-
DE LISIEUX [1106]; DE JÉRUSALEM [1107]; DE TERRE [11'43]; DE BOURGES [1143]; de vézelai
FLEIRY [1107]; DE TROYES, 1107]; DE LONDRES [1146]; DtCUARTRb,S[H46];DÉTAMPES[1147];
[1107]; DE ROUEN [1108] de louhun [1109];
; DE CONSTANTINOPLE [1147]; DE PARIS [1147];
DE REIMS [1109]; DE ROME [lUO]; DE CLER- DE TREVES [1148]; DE REIMS ,1148]; DE LINCO-
mont[H10]; de fleury [HIOJ; de Jérusa- PING [1148]; DEBEAUGENCY [Ho2j; DE LONDRES
lem [1111]; DE latran [lll^i; de vienne [1131]; DE MlLLIFONT EN IRLANDE [1132];
[1112]; DANSE [1H2J; de bénévent [111:2]; CONSTITUT.ON DE GUaLAUME , ARCHEVÉODE
de windsor [1114]; de cépérano [1114]; de D'YORK [1153].
beadvais [1114]; d'esp.iGne [1114 et 1113];
DE SOISSONS et DE REIMS [1 à] DE COLOGNE ET 1 ; 1. Vers l'an 1100,11 se tint en automne ou
DE ClIALONS [1 115]; DE SYRIE [1 1 15] ; DE TROYES au commencement de l'iiiver, un concile à
11113]; DE TOURKUS lIUo]; de duon [1115]; Etarapes ', auquel assistèrent Yves de Ciiar-
DE COLOGNE [1 1 13]; DE LATRAN [1 1 16]; DE VER- tres, Guillaume de Paris, Jean d'Orléans,
BER1E [1116]; DE LANGRES [1116]; DE BÉNÉ- Gautier de Meaux, Humbald d'Auxerre; on
VENT [1117]: DK TOURNUS [1117]; DE MILAN y avait cité Pliilippe, évéque de ïro3es, pour
[1117]; DE CAPOUE [1118]; de cologne, de repondre diverses accusations formées con-
<i

FRITZLAR. DE ROUEN [1 118]; de TOULOUSE [l 118] tre lui. 11 ne jugea pas à propos de compa-
D'aNGOULÉME et de VIENNE [1118]; DE TOU- railre et se contenta d'y envoyer des députés.
LOUSE [Il 10]; DE REIMS [1119]; de reims Les évéques du concile auraient pu le con-
[1118]; DE ROUEN [1119] de bénévent; damner, parce qu'il n'avait fourni aucune
[1119]; DE BZAUVAIS [11:20]; de naplouse excuse légitime de sa non-comparuliou. Mais
[11201; de quedlimbourg [1121J; de sois- ils aimèrent mieux lui donner un délai jus-

SONS [1121] DE WORMS [1122] CONQLE GÉ-


; ; qu'au dimanclie avant Noël, avec ordre de
NÉRAL DE LATRAN [1123]; CONCILE DE LON- venir rendre compte en ce jour de sa con-
DRES [1123]; DE NANTES [1127]; DE LONDRES duite au concile. Atin de lui ôler tout pré-
[1127]; DE TROYES [1128]; deravenne[1128J; texte de ne pas se présenter, ils l'assurèrent
DE ROUEN [H-8|; DE PARIS [1 129] DhCUALONS ; de la part du vicomte, de son fils et de ses
29] Dt LONDRIS 1 1 i9] Dt. PALtKTl A 1^1 1 29]
[1 1 ; , ; gens, qu'il pouvait venir en toute sûreté.
D'ORLÉANS ,1129]; DE TOILOISE [11^9,; DE Nous ne connaissons ce concile que par sa
nabijonne [lli:9]; du puy [1130j; de cler- lettre synodale, rapportée * parmi les lettres
monTlM30^; de wirzbourg[H30];d'étamp£S d'Yves de Chartres.

Tom. X Concil., pag, 710. Episl.


1076 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
cuDcik .le Les légats Jean et Benoît avaient
2. Siège. Dans le même concile, le roi Philippe
11(10.'"'' '
indiqué un concile k Autun pour juger l'af- fut excommunié avec Bertrade, malgré les
faire de Norigaud, évêque de celle ville, ac- remontrances et les oppositions de Guil-
cusé par ses chanoines d'êlre entré dans ce laume IX, comte de de Gascogne
Poitiers,
siiige par simonie, et de dissiper les biens de et de Toulouse. Cette censure fit une si grande
son Eglise; mais ils changèrent de senliment impression sur les peuples, que le roi étant
et l'indiquèrent à Valence ', où il se tint le venu quelque temps après à Sens avec Ber-
dernier jour île septembre, l'an 1100. Vingt- trade, toutes les églises de la ville leur furent
quatre prélats, tant archevêques, qu'évêques fermées pendant les quinze jours qu'ils y sé-
et abbés y assistèrent. L'archevêque de
,
journèrent. Labbé de Saint-Remy de Reims
Lyon, mécontent de ce que les légals lui avait été chassé injustement de son abbaye,
ôtaienl le jugement d'un évêque de sa pro- et on lui avait substitué Burcbard. Le con-
vince, ne s'y trouva pas, sous préle.xte de cile rétablit l'abbé dans son siège. Il décida
maladie mais il envoya des députés. On dit
; que Drogon, trésorier de l'Eglise de Châlons,
qu'il empêcha aussi les évoques de Langres ne pouvait posséder ce bénéfice, parce qu'il
et de Châlons de s'y rendre. Norigaud y vint en avait un dans un autre diocèse, et adju-
avec Ireize chanoines de son Eglise, qui gea à Yves de Chartres une église que Jean,
étaient ses parties l'abbé de Saint-Bénigne
, évêque d'Orléans, avait usurpée sur lui.
de Dijon Hugues, abbé de Flavigny, et les
, 4. On fit dans cette assemblée seize ca- (

députés de labbé de Cluny. Toute la séance nons', qui portent, qu'il appartient aux évê- p°i

se passa en contestations sur les foimalités ques seuls de donner la tonsure cléricale, à '^'"

de la procédure on ne termina rien non


; la réserve des abbés qui peuvent la donner
plus le lendemain. Seulement il fut convenu à ceux qui s'engagent à vivre selon la règle
à la prière des évêques que l'on donnerait de saint Benoit; t,ue l'on n'exigera rien pour s.

un délai à l'évêque d'Autun jusqu'au concile cette tonsure, ni ciseaux, ni serviettes que ;
3.

que les légats devaient tenir à Poitiers. En les clercs ne rendront aucun hommage aux
attendant, Norigaud fut déclaré suspens de laïques, et n'en recevront point de bénéfices;
toutes fonctions épiscopales et sacerdotales. que la bénédiction des habits sacerdotaux et 4.

Pour ce qui est de Hugues de Flavigny, que de tout ce qui sert à l'autel, seia réservée
les moines avaient chassé de celte abbaye, aux évêque-; qu'à l'avenir, les moines ne se ».

il obtint du concile des lettres de rétablisse- serviront point de manipules, s'ds ne sont
ment. sous-diacres; que les abbés n'useront point e.

Concile de 3. Lc concilc de Poitiers ^ s'assembla le 18 de gantelets, de sandales ni d'anneau en cé-


'"
ko'"' novembre, jour de l'octave de saint Martin. lébrant, si ce n'est par concession du Saint-
11 fut composé de quatre-vingts prélats, évê- Siège qu'on ne vendra
ni achètera des pré- t.
;

ques ou abbés. Norigaud, évêque d'Autun, bendes, et qu'on n'exigera point de repas
y comparut, assisté des évêques de Châlons pour les avoirdonnées; que l'on ne donnera ».

et de Die, que l'archevêque de Lyon lui avait pas l'investiture d'une prébende, d'un autel,
donnés pour sa défense, il était d'usage dans ni d'une prélature, du vivant de celui qui les
l'Eglise gallicane, que les accusés se pur- possède; que les clercs et les moines n'achè- 9.

geassent par serment, et que pour fortifier teront des la'iijues, ni autels, ni dimes que ;
10.

ce serment, d'autres jurassent avec lui pour les chanoines réguliers pourront avec la per-
preuve de son innocence. Cela fut accordé à mission de l'évêque, baptiser, prêcher, don-
l'évêque d'Autun; mais on ne permit pas ner la pénitence, ensevelir les morts, mais n.
aux évêques de Châlons et de Die de jurer, que ces fonctions seront interdites aux moi-
parce qu'ils s'étaient déclarés en sa faveur. nes; que l'on ne permettra point de prêcher, n.
L'archevêque de Tours, l'évêque de Rennes à ceux qui portent des reliques de côté et
et quelques autres s'offrirent; mais les cha- d'autre pour en tirer de l'argent; que les 13.

noines d'Autun qui étaient venus au concile archevêques n'exigeront pas des évêques, ni
au nombre de trente-cinq, les en dissuadè- les évêques des abbés, des chapes, des ta-
rent. Norigaud n'ayant donc pu se purger pis, des bassins ou des serviettes pour leur
canoniquement, fut déposé de l'épiscopat et consécration que les laïques n'auront pas de
;
'*

du sacerdoce, nonobstant son appel au Saint- part aux olfrandes qui se font à l'autel, ni à

' 'i'om. X Concil., pag. 717. * Tom. X Concil., pag. 720. — ' Pag. 7Î5.
[xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. CONCILES DU XIP SIÈCLE. 1077

ce que les fidèles donuent aux prêtres pour Notre-Dame à Ville-Bertrand, assisté de Ué-
leur sépulhire ;
que les avoues ou quelque renger, évèque de Barcelone, et de Pierre,
autre personne ne s'empareront pas du bien évèque de Carcassone. Ces évêques tinrent
des évêques, soit de leur vivant, soit après un concile ^ dont les actes sont rapportés par
leur mort ;
que l'on observera tout ce qui a de Marca dans sa Marca Hispania. Ils statuè-
été réu'lé par le pape Urbain II dans le con- rent entre autres choses qu'il y aurait dans
cile de Clermont, touchant les dinies, les au- cette Eglise des fonts de baptême pour y ad-
tels, le célibatdes prêtres, des diacres, des ministrer ce sacrement à Pâques et à la Pen-

sous-diacres, des chanoines et touchant la , tecôte, selon l'ancienne coutume que les
;

défense d'avoir des prébendes ou des dignités clercs de la même Eglise mèneraient la vie
dans deux Eglises. canonique suivant la règle de Saint- Augustin,
5. Hugues, archevêque de Lyon, ayant dépouillés de la propriété de toutes choses.
obtenu du pape la permission de faire le Ou leur donna pour abbé d'une vois una-
voyage de la Terre-Sainte, et reçu de lui la nime du clergé et du peuple, Pierre Rigaldi,
légation d'Asie, assembla ses suHragants et qui avait bâti et doté cette Eglise, et on la
le clergé de son diocèse ', pour en obtenir rétablit dans la possession où elle était au-
les subsides nécessaires aux frais du voyage. trefois de percevoir les prémices et les dîmes
11 parait qu'avant toutes choses les évéques de la paroisse. Les actes sont signés des trois
du concile réglèrent ce qui concernait l'éta- évêques qu'on vient de nommer, de plusieurs
blissement de la paix, c'est-à-dire apparem- clercs qui étaient présents, et de quelques
ment de la trêve de Dieu. Ensuite on excom- autres à qui on les fit signer depuis, comme
munia tous ceux qui après avoir promis , de Boson, cardinal à<\ titre de Sainte-Anas-
d'aller à la Terre-Sainte, n'avaient pas exé- tasie, et de Richard, archevêque de Nar-
cuté leur vœu. Hugues partit au commence- bonne.
ment de l'an HOl, et aussitôt après le con- 8. L'empereur Henri avait déclaré sur la
cile ; ce qui fait juger qu'il se tint sur la tin fin de l'an MOI, qu'il assemblerait à Rome

de l'année précédi'Ute 1100. un concile vers le 1" février de l'année sui-


6. Après la mort d'Anselme, archevêque vante pour y examiner sa cause et celle du
de Milan, arrivée à Constantinople, le 1" oc- pape mais son dessein était d'en faire élire
;

tolire de l'an HOO, au retour de la croisade, un autre. Tous ses projets demeurèrent sans
Grossulan, évèque de Savone, qui pendant exécution mais au mois de mai s de la même
:

l'absence d'Anselme avait fait ses fonctions année 1102, Pascal 11 assembla un concile des
à Milan, fut ciioisi pour son successeur. On évêques de toute l'Italie *, et des députés
prétendit qu'il était entré dela simonie dans des évêques ultramontains, avec qui il dressa
son élection. Le prêtre Liprand en écrivit au une formule d'auathème contre les schisma-
pape Pascal II, le priant de ne point confir- tiques elle était conçue en ces termes
; :

mer l'élection sans l'avoir entendu. Gros- « J'anathématise toute hérésie, surtout celle
sulan, par le crédit de la comtesse Malliildc, qui trouble l'élat présent de l'Eglise, et qui
reçut du pape l'étole en signe de confirma- enseigne à mépriser l'anathème et les cen-
tien, et pour prouver son innocence il con- sures de l'Eglise. Je promets aussi l'obéis-
voqua un concile où il porta le défi à ses ac- sance au pape Pascal et ses successeurs, .'i

cusateurs de dire quelque chose contre lui -. eu présence de Jésus-Christ et de l'Eglise,


Liprand soutint qu'il était simoniaqup et s'ol- atiirmant ce qu'elle aflirme et condamnant
frit de le prouver parle jugement de Dieu, ce qu'elle condamne. » Le concile confirma
c'est-à-dire par l'épreuve du feu. Les évêques l'excommunication prononcée contre l'em-
du concile l'en empêchèrent mais quelque ; pereur Henri par Grégoire VII et Urbain II.
temps après Grossulan le pressant de sortir Pascal II la lut lui-même à haute voix dans l'é-
du pays ou de faire l'épreuve, Liprand passa glise de Latran, le jeudi saint 3 avril, en pré-
entre deux bûchers allumés sans être en- sence d'une niullilude infinie de diverses na-
"dommagé. tions, voulant qu'elle fut connue de tous, no-
7. Au mois de novembre de l'an MOO, tamment des ultramontains, afin qu'ils s'abs-
bernard, évèque de Girone, dédia l'énIise de tinssent de la communion de ce prince. On

' Toiii. .\ Concil., pug. 72li. ' Toin. X Concil., pag. 7Î7, et Marca Hispai
' Toiii. X Concil., pag. 1832. lag. U6 et lîîO. — » TÔm. X Concil., pag. 7Î7.
1078 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
termina dans le même concile la difficulté sent au concile, s'intéressait pour un sujet
survenue entre l'archevêque de Capone el qu'il croyaitdigne de remplir le siège vacant
les moines de MontCassin au sujet d'une d'Amiens; mais, dans le même temps, les
chapelle qu'ils avaient fait bénir par Brunon, députés du clergé de celte ville arrivèrent
évêque de Segui. pour prier le concile de confirmer l'élection
9. Nous ne répéterons point ce que nous qu'ils avaient faite de Geofl'roi. Il voulut
avons dit dans l'article de saint Anselme du prendre la fuile, ou l'arrêta; et, par ordre
concile national qu'il assembla en 1102 dans du légat Richard et des évêques, il fui amené
l'église de Westminster, pour la réformation au milieu de l'assemblée, qui confirma avec
des mœurs et de la discipline. Pascal II en joie son élection. Ou confirma ensuite les
tint un à Rome en 1103 ', au sujet de Gros- privilèges des églises de Saint- Pierre de
sulan, qui, depuis l'épreuve du feu, soutenue Troyes, de Saint-Sauveur et de celle de Mo-
avec succès par le prêtre Liprand, avait été lesme.
obligé d'abandonner son siège et de sortir 11. Le 26 mars de la même année 1104,
de Milan. Cet archevêque trouva le moyen lepape Pascal convoqua un concile à Rome ^
de gagner la bienveillance du pape, et de se dans lequel, de l'avis des évêques, il excom-
faire rétablir dans ce concile Liprand eut munia tous les fauteurs des investitures en
ordre de s'y rendre. Il exposa les plaintes Angleterre, et tous ceux qui les avaient re-
qu'il avait à faire contre Grossulan. Le pape çues.
n'approuva point l'épreuve du feu, et il au- 12. Les évêques, tant de la province de
rait déposé Grossulan de l'épiscopat s'il n'eût Reims que de celle de Sens, inviti's par le
prouvé par serment qu'il n'avait pas contraint légat Richard, se rendirent à Baugency''
Liprand à celte épreuve. S'étant donc justifié dans le diosèse d'Orléans, le 30 juillet 1104,
sur ce fait, il fut renvoyé à son siège, et Li- pour absoudre d'excommunication le roi
prand confirmé dans ses fonctions de prêtre. Phih'ppe el Beiliade. Ils s'otlrirent l'un et

Cependant l'archevêque ne se trouvant pas l'autre, suivant l'ordre du pape, de jurer sur
paisible à Milan, fit, de l'avis de ses amis, le les Evangiles qu'ils renonceraient à mut
voyage de Jérusalem. A son retour il trouva commerce nuptial, même ù se parler. Mais
l'archevêché de Milan rempli. Il se pourvut il y eut entre le légat et les évêques une
au concile que Pascal II avait assemblé dans couteslation sur la manière dont cette ab-
l'église de Latran, le 6 mars 1116. L'aflaire solution devait se donner, en sorte qu'ils se
des deux contendants discutée, le concile séparèrent sans avoir rien fait. Le roi s'en

maintint Jourdain sur le siège de Milan, el plaisnil hautement. Yves de Chartres en


renvoya Grossulan à Savone dont il avait été écrivitau pape", le priant de condescendre
évêque avant sa translation à Milan. à la faiblesse de ce prince, autant qu'il se
10. Le pape résolu de lever l'excommuni- pourrait, sans préjudice de son salut, afin de
cation du roi Philippe, envoya ^ pour l'ab- délivrer par absolution le royaume du péril
soudre Richard, évêque d'Albane. Ce légat auquel il était exposé.
indiqua h cet etl'et un concile à Troycs ^, au- 13. Snr cela le pape écrivit aux évêques
quel il invita nommément Yves de Chartres^; des provinces de Reims, de Sens et de Tours,
mais la cérémonie de l'absolution ne se fit qu'au cas que le légat Richard ne serait plus
point en ce concile. 11 s'assembla au com- en France, il commettait l'absolution du roi
mencement d'avril de l'an 1104. Manassès, à Lambert, évêque d'Airas. La lettre est
archevêque de Reims, et Dairabert, archevê- datée du 5 octobre. En conséquence ils s'as-
que de Sens, y assislèreut, avec les évêques semblèrent à Paris « le 2 décembre. Après
de Soissons, de Châlons, de Chartres, d'Or- la lecture des lettres du pape, on députa des
léans, d'Auxerre, de Nevers, de Troyes, de évêques au loi pour savoir de lui s'il voulait

Reunes, l'archevêque de Tours et plusieurs prêter le serment prescrit par le pape. Il

autres prélats. Hubeit, évêque de Seulis, y vint à l'assemblée avec Bertiade, avec de
fut accusé de simonie, mais il s'en purgea grandes marques d'humilité, et, nu-pieds,
par serment. Godefroi, abbé de Nogent, pré- jura, en touchant les Evangiles, qu'il renon-

' Tom. X Concil., pag. 728, et 1833-1834. Yvo, Epist. 141


' Eadmer, lib. IV Novor, pag. 70. Tom. X Concil., 741. — « Ibid.
> Tom. X Conr.il., pas. 738. Yvo, Epist. 144. Tom. X Concil..
(XII* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVl. — CONCILES DU XII' SIÈCLE. 1079

çait à tout commerce criminel avec Bertrade. que la province de la


sorte qu'il n'y eut plus
Berlrade tit le même serment '. .\piès quoi F'Iaminie qui dépendit de la métropole de
Lambert, évéque d'Arras,leur donna l'abso- Uavenne. On lut divers endroits des écrits de
lution de l'excommunication, saint Augustin, de saint Léon, et le troisième
^^- F'i'"icius met en H04 un concile à canon du concile de Carthage, touchant la
d.?""]"»
FussL'l-, appelé vuls^airement Huziilos, ville réconciliation de ceux qui avaient été or-
liSï'.t'îVo's"
dans le voisinage de Flacentia en la vieille donnés hors de l'église catholique, et l'on en
Casiille.Le père Pagi en compte deux, le forma un décret qui porte que ceux du :

premieren 1088, le second, non en 1 104, mais loyaume teutonique qui ont été ordonnés
en 1109. Selon Sandovalius ^, Richard, abbc dans le schisme seront reçus à leurs fonc-
de Saint-Victor de Marseille et légal du pape tions, pourvu qu'ils ne soient ni usurpateurs,

Urbain II en Espagne, présida à celui de ni simoniaques, ni coupables d'autres cri-


1088, où il fut question de fixer les limites mes. Ce décret fut fait pour tous les degrés
des évêcliés d'Osuia et de Burgos. Dans ce- du sacré ministère, avec la clause que ceux
lui de HO'J, auquel le cardinal Hicliard pré- qui en étaient revêtus seraient recommanda-
sida, on rendit à 1 église de Biague son an- bles par la prol;ité de leur vie et de leur sa-
cienne qualité de métropole, suA'ant le pri- voir. Par un second décret, on défendit aux

vilège accordé par le pape Pascal II à Ber- laïques de donner les investitures; il y est
nard, qui venait d'en être élu et sacré évêque. remarqué que l'empereur Henri était mort.
Sa qualité d'archevêque l'ut reconnue dans Le troisième fait défense aux abbés, aux ar-
ce concile , célébré, comme le précédent, chiprêtres, et généralement à tous les pré-
dans l'église Sainte-Marie d'Huzillus; et tous vôts d'une église, d'en vendre, d'en aliéner
ses sullVagants lui promiieut respect et obéis- les biens, de les échanger, de les louer ou
sance, laisser en fiefs, sans le consentement de la
c-cicuide 13. Le pape Pascal II, supplié par les dé- communauté ou de l'évêque diocésain, sous
iiZn"J!cî, pûtes de l'assemblée de Mayence de réta- peine de privation de son ordre. Herman,
blir la paix en Allemagne, prit sa roule par évêque d'Augsbourg, accusé de simonie par
Florence, où il tint un concile^ dans le des- les députés de cette église, fut suspendu de
sein de Faire revenir Fluentius, évéque de ses fonctions jusqu'à ce qu'on eût pleine-
cette ville., de la fausse opinion où il élait ment discuté sa cause sur les lieux; et pour
que l'anteclirist était né. Il avait donné dans arrêter le zèle indiscret des Allemands qui
cette nouveauté par la considération des ca- voulaient quitter le pays dans la crainte de
lamités publiques et des prodiges arrivés de communiquer avec les excommuniés , le

son temps. On disputa beaucoup avec lui pape Pascal leur écrivit^ qu'ils pouvaient re-
dans le concile. Comme on remarqua qu'il cevoir à communion de l'Eglise ceux qui
la

y avait autant de légèreté dans son fait, que n'avaient communiqué avec les excommu-
de vanité, voulant passer pour auteur de niés que par la nécessité du service ou de
cette découverte, le pape et les évêques se l'habitation commune.
contentèrent de le réprimander comme un 16. Après que Henri, roi d'Allemagne, se
arrogant et un amateur de nouveautés. De fut révolté contre l'empereur Henri son ,

Florence, le pape vint h Guastalle; là se père, il passa en Saxe et alla célébrer la fête

trouvèrent plusieurs cvéqucs, tant d'en-deçà de Pûques de l'an 1103 à Quedlimbourg. De


que d'aii-delA les monts; beaucoup de clercs de Rothar, archevêque de Mayence, et
l'avis
et de laïcs, les ambassadeurs de Henry, roi de Gebehard, évêque de Constance, légats
d'Allemagne, et la princesse Mathilde en du pape, il indiqua un concile à Northus*,
personne. Le concile s'assembla le 22 octo- maison royale en Thuringe, pour le 29 mai.
bre 1106 pour humilier l'église de Ravenne, On y condamna la simonie et le concubinage
siège de l'antipape Guibert, et encore parce des prêtres. Le jeune des quatre-temps du
que, depuis près de cent ans, elle s'était mois de mars fut fixé à la première semaine
élevée contre l'église romaine, et en avait de carême, et celui du mois de juin à la se-
usurpé les terres. Il fut ordonné que la pro- maine de la Pentecôte. On conlirma la paix
vince de l'Emilie ne lui serait plus soumise; en de Dieu, et l'eu promit de réconcilier aux

' C« fcrmi^nt pH reproJuit au toiii. CLXIX de la ' .Sandovalius, in Alfihonso VI, paz. 79.
Palrologie, col. 839-842. {L éditeur). ' Tom. X Concil., pa^. 743-148.
'Psgi, sd an. 1088 ftl 1109. » Epiai. 12. — " Tora. X Cmat., pa»» 74S-744.
1080 HISTOIRE GÉNÉRA.LE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
premiers quatre-temps ceux qui avaient été Tournai; mais Gaucher trouva le moyen de
ordonnés par les schismatiques. A l'égard se maintenir dans son siège tant que ce
des évêques intrus, ils fuient déposés, et prince vécut.
l'on déterra ceux d'entre eux qui étaient 19. Boëmond, duc de Pouille et prince concie de

morts. Le roi Henri était à Northus pendant d'Antioche, ayant été pris par les Sarrasins, nU"'
la célébration du concile, mais il n'y venait vœu, en cas qu'il obtint sa hberté, d'aller
fit

que quand on l'y invitait. Il renouvela à au tombeau de saint Léonard à Nouaillé,


chacun ses droits, témoigna de l'iiorreur dans le diocèse de Limoges. Délivré de ses
pour le schisme, sa soumission au Saint- liens qui étaient d'argent, il les oûrit sur
Siège, et la disposition où il était de rendre l'autel dédié en l'tionneur de ce saint. Boë-
à son père tous ses Etats s'il voulait se sou- mond voyage de France avec le légat
fit le

mettre lui-même à saint Pierre et à ses suc- Brunon, évêque de Segni, chargé de prê-
cesseurs. Les évêques d'Hildesheim, de Pa- cher la croisade. 11 assembla à cet ellét un
derborn et d'HalbersIat se soumirent aussi concile à Poitiers In 26 mai 1106 '. Suger,
à l'obéissance du pape; mais en attendant qui était présent, dit que l'assemblée fut
que le pape les eût jugés lui-même, le con- très-nombreuse, et qu'après y avoir traité
cile les déclara suspendus de leurs fonc- de diverses matières ecclésiastiques, le légat
tions. et le prince Boëmond firent ce qui dépen-
c.n.iie rtc
n. f^e roi de Germanie avait indiqué une dait d'eux pour animer les peuples au voyage
't'5- '
assemblée générale du royaume teulonique de Jérusalem.
â Mayence pour la fête de Noël dl05 elle '
; 20. Henri I", roi d'Angleterre, voulant ré- c<...ciie de
'

fut des plus nombreuses. Outre un grand tabiïr les affaires de la Normandie, entière- nor
nombre de seigneurs, les évêques dAlbane ment dérangées par le duc Robert , son
et de Constance, légats du pape, s'y trouvè- frère, indiqua un concile à Lisieux* vers la
rent et confirmèrent l'excommunication con- mi-octobre de l'an 1106. Ordeiic Vital dit
tre l'empereur Henri IV. On agit envers ce qu'il fut très-utile à l'Eglise de Dieu, appa-
prince avec tant d'adresse et de subtilité, remment parce qu'on rétablit la paix dans
qu'on lui persuada de s'avouer coupable et toute la province, qu'on en bannit les vols
de renoncer au royaume et à l'empire. Alors et les rapines, et qu'on maintint les églises
il remit toutes les marques de sa dignité à dans la possession des biens qu'elles avaient
son fds, qui fut élu une seconde fois roi de sous le roi Guillaume son père car pour ce ;

Germanie. Les légats confirmèrent son élec- qui est des ordonnances du concile elles ,

tion par l'imposition des mains, après quoi appartiennent plus à la police civile qu'à
ce jeune prince reçut le serment tant des l'eccléRiasiique. Aussi y avait-il dans cette
évêques que des seigneurs laïques. L'empe- assemblée un plus grand nombre de sei-
reur son père demanda avec instance au lé- gneurs laïques que d'évêques.
gat Richard l'absolution des censures; mais 21. Le duc Boëmond, en venant en France conçUe de

le légat répondit qu'il n'en avait pas le pou- l'an 1104, avait amené avec lui Daïmbert, ni?!"""''"

voir, qu'elle était réservée au pape et à un patriarche de Jérusalem, qui allait <à Rome
concile général. Avant de dissoudre l'assem- se plaindre de ce que le roi Baudouin l'avait
blée, il fut convenu que l'on enverrait des chassé injustement de son siège, et avait
députés au pape pour le prier de venir lui- mis à sa place Ebremar. Le pape Pascal re-
même en Allemagne remédier aux abus qui tint plus de deux ans Daïmbert, pour voir si
s'étaient glissés dans les églises germani- le roi de Jérusalem alléguerait quelque rai-
ques. son de sa conduite envers le patriarche.
Con I» 18. La mort de l'empereur Henri IV, arri- Personne n'ayant comparu pour l'accuser,
ie^^.e;,ns, en
^^^ j^ ^ ^^^^ H06, fut funcslc à Gaucher, le pape le renvoya à son siège avec des let-
évêque de Cambrai. Déposé dans le concile tres apostoliques. Arrivé en Sicile, Daïm-
de Clermont en 1093, les évêques de la pro- bert tomba malade et mourut le 27 juin
vince avaient élu à sa piace, dans un concile 1107. Ebremar, informé que cet évêque re-
assemblé à Reims * par ordre du pape Pas- venait à Jérusalem avec l'approbation du
cal, en 1105, Odon, abbé de Saint-Martin de Saint-Siège, et n'ayant aucune nouvelle de

'Tom. X Concil., pag. 743. '


ïoui. X Concil., p;
'Tom. Xll Spkilefjii, pag. 444 Tom. X Concil., pa
-

[x)i' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XII» SIÈCLE. 1081

sa mort, alla lui-même à Rome se justifier tous à matines, qu'ils ne savaient ce qu'ils
sur la manière dont on l'avait placé sur le disaient en psalmodiant. Le pape, informé
siège palriarcal ; tout ce qu'il put obtenir fut de cet événement, fit venir l'abbé et les an-
qu'on enverrait avec un légat sur les lui ciens, leur ordonna de transférer l'autelde
lieux pour juger sainement de l'allaire. Gi- saint Benoît ailleurs, et leui' défendit de cé-
bellin , arclievéque d'Arles, fut député. II lébrer à l'avenir la fête de la translation de
assembla à Jérusalem un concile des évê- ' ses reliques ^. Mais en suivant la route que
ques du royaume. La cause d'Ebremar, dis- le pape prit pour s'en retourner de France
culée eu présence de témoins irréprocha- à Rome, il est évident qu'il n'alla point à
bles, on reconnut qu'il avait usurpé par la Fleuiy.
faction d'Arnoul le siège d'un évoque vivant; 23. Il était à Tours le quatrième dimanche
que Daïraberl avait été chassé sans aucune de Carême l'an 1107; de Tours il vint à
raison. On déposa donc Ebremar du patriar- Saint-Denis, non par Orléans, mais par Ven-
cliat, mais, par considération pour sa piété dôme et par Chartres; de Saint- Denis il alla
et sa simplicité, on lui donna l'évêclié de à Châlons pour conférer avec l'empereur
Césarée, qui se trouvait vacant. Le légat Gi- Henri V, et de Châlons il se l'endit à Troyes,
beJlin fut choisi unanimement pour remplir où il avait indiqué un concile qui s'y tint en
le siège patriarcal de Jérusalem, qu'il occupa ell'et vers la fête de l'Ascension *; elle tom-
pendant cinq ans. bait en cette année
23 mai. Entre plusieurs
le

22. En H07 il y eut à Fleury-sur-Loire décrets que la nécessité des temps deman-
une assemblée d'évêques, d'abbés et de sei- dait, le concile en fit un pour rétablir la
gneurs, en présence de laquelle se fit la liberté des élections; un autre pour la con-
translation des reliques de saint Benoit, damnation des investitures; les autres opé-
d'une châsse de cuivre en une autre cou- rations du concile regardent le voyage de
verte d'or et d'argent, ornée de pierres pré- la Terre-Sainte, l'affermissement de la trêve
cieuses. Louis, déjà reconnu roi, était pré- de Dieu et les châtiments dont on devait
sent; mais on ne vit point à celle cérémonie punir ceux qui la violaient, de même que
le roi Philippe son père. Elle fut occasion- les usurpateurs des biens de l'Eglise. Le
née par le rétablisferaent du chevet de l'é- pape, par sentence du concile, suspendit de
glise. Pendant qu'on y travaillait, on trans- ses fonctions Rothiird, arclievéque de Ma-
porta la châsse des reliques dans la nef de yence, et plusieurs évêques d'Allemagne,
l'église : c'était, comme l'on croit, la même pour avoir contrevenu aux canons de l'E-
châsse où elles avaient été enfermées lors- glise.
qu'on apporta de Mont-Cassin. La seconde
les 2i. II a été parlé, dans l'article de saint
translation sefit le 20 mars. Jean d'Orléans Anselme, archevêque de Cantorbéry, des
et Ilumbald d'.\uxerre firent le même jour conciles tenus à Londres en 1107 et 1109.
la consécration du maître -autel en l'honneur Celui de Bénévent fut tenu par le pape Pas-
de la sainte Vierge, et de l'autel matutinal cal II, le 12 octobre 1108''. A l'exemple de
en l'iionueur de saint Benoit. Guillaume, ses prédécesseurs, il ordonna la peine d'ex-
archevêque de Bourges, plaça les reliques communication contre les laïques qui donne-
du saint sous cet autel en 1207. En présence raient des bénéfices ecclésiastiques et contre
du concile, Boson fut élu abbé de Fleury à les clercs qui les recevraient de leurs mains,
la place de Simon. Le roi Louis promit de et défendit l'usage des babils séculiers et
faire agréer l'élection par le roi Philippe son précieux aux clercs. Brunon, abbé de Mont-
père, ce qui prouve qu'il n'était pas présent. Cassin, qui avait assisté à ce concile, pria le
Pierre, diacre, continuateur de lu chronique pape, lorsqu'il fut arrivé â Capoue, de con-
de Cassin, dit que le pape Pascal II assista à sacrer l'église que l'abbé Didier avait fait

la fêle de la translation, qui se célèbre au bâtir en cette ville en l'honneur de saint Be-
mois de juillet, et que, persuadé que les re- noit. \ l'occasion de cette solennité, l'abbé
liques de saint Benoit étaient restées en Ita- Brunon mit dans cette église quelque partie
lie, il pria Dieu de désabuser les moines de des vêtements du saint que l'on avait con-
Fleury; qu'il arriva la nuit suivante, étant servés à Mont-Cassin.

' Toui. X Concil., pn]?. 754. ' Voyez l'artielft Pascal II.

«Tom. X Co>,ci/., img. 753, et Maliillou. lil). LXXI i


Toiii. X CoHcil., [lag. 754.
Anii'i/., uum. 27.
1082 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
25. Orderic Vital n'entre dans aucun dé- crés, et toutefois il s'en abstint pour lors. De
tail sur le concile tenu h Rouen en 1 108 par ' retour à Amiens il assemble son clergé, ex-

l'archevêque Guillaume et ses sutiVapanls. pose l'injure qu'on lui aviiit faite; tous en
11 dit seulement que, pendant quelques jours, étant émus opinèrent qu'il fallait citer l'abbé
ils s'occupèrent des atïaires nécessaires de de Saint-Valeri 11 comparait, et à force d'ar-
l'Eglise. gent il trouve de la prote tion contre l'évê-
Le concile de Loudun, assemblé en
26. que. Celui-ci porte l'affaire à Manassès, ar-
1109 ^ dans l'cylise de la Sainte-Vierge par chevêque de Reims, dans le temps qu'il y
Girard, évéque d'Angouléme et légat du avait en celte ville un concile nombreux.
Saint-Siège, termina une difficulté survenue L'abbé de Saint-Valeri y vint avec ses moines,
entre Benoît, évéque de Nantes, et ses cha- se plaignant de ce que Godefroi voulait les
noines, d'une part, et les moines de l'abbaye dépouiller de leur immunité. On lut par
de Tcuinus, d'autre part, au sujet de l'église ordre de l'archevêque de Reims leurs lettres
de St-Vital, que ceux-ci soutenaient être de d'immunité. Ceux qu'ils avaient gagnés par
la dépendance du prieuré de Cunault, qui argent y applaudirent; mais l'archevêque
leur appailenait. L'évêque et les chanoines les ayant examinées avec soin en aperçut

de Nantes possédaient celte église; mais il la fausseté, et, les frottant doucement de sa
fut prouvé en présence du légat, de l'arche- robe, convainquit les assistants qu'elles
il

vêque de Bordeau.K. des évèques de Poitiers, avaient été fabriquées depuis peu. Les
d'Angers, du Mans, de Rennes et de quel- moines, couverts de confusion, recoururent
ques abbés, qu'elle dépendait des moines de à Rome. Godefroi en prit aussi chemin; le

Cunault; sur quoi elle leur fut rendue, sauf mais ses adverses parties ayant plus de fait

le droit canonique de l'église de Nantes, si diligence, le prévinrent, obtinrent par leurs


elle y en avait aucun. On adjugea dans le présents de nouvelles lettres, et retournè-
même concile aux moines de Marmoutiers la rent joyeux en leur monastère. L'évêque fut

chapelle de Saint -Etienne possédée injus-


,
d'abord mal reçu; mais étant retourné à
tement par les chanoines de Chemillé. Rome après un pèlerinage à Bari, le pape
97. Dans les collections générales des con- lui donna des lellies portant ordre à l'abbé

ciles, on en met un à Reims en 1109 sous el aux moines de Saint-Valeri de lui obéir
l'évêque Manassès, où l'on dit que Godefroi, en tout comme <à leur père et à leur pasteur.
évéque d'Amiens, tiaduisit les moines de L'abbé ayant vu ces lettres fut obligé de se
Saint-Valeri ^. Dans cette supposition , il désister, el depuis il obéit à l'évêque d'A-
faudra mettre ce concile au plus tard eu miens. Tel est en substance le narré du
1107, puisque Manassès mourut cette année- moine Nicolas, aussi incroyable que peu
là, ou au plus lot en 1104, qui fui la première vraisemblable. A qui persiuidera-t-on que
année de l'épiscopat de Godefroi; mais il y l'abbé et les moines de Saint-Valeii, qui se
a apparence que l'on n'a réalisé ce concile disaient exempts de la juridiction des évê-
que sur ce qui en est dit dans la Vie de Go- ques, n'aient pas jugé à propos de décliner
defroi par le moiue Nicolas; reste à savoir celle de l'archevêque de Reims; qu'ils soient
s'il est digne de foi dans ce qu'il raconte du venus à bout si fncilement de séduire par
démêlé de l'évêque d'Amiens avec les moi- argent les clercs d'Amiens, de Reims el de
nes de Saint-Valeri, on en jugera par son Rome, eux dont le monastère n'était pas
rapport même. L'évêque Godefroi faisant la riche; qu'ils aient été assez stupides pour
visite de son diocèse, alla au monastère de présenter à un concile composé de gens
Sainl-Valeri, où quelques prêtres du voisi- éclairés des lettres d'exemption écrites de
nage lui présenlèient des calices et des lin- la veille, ou de quelques jours aupaiavant?

ges à bénir pour le service de l'autel. Les Ajoutez qn Yves de Chartres ne dit rien de
moines s'y opposèrent, prétextant leur ex- cette historiette, lui qui n'aurait pas manqué
emption, et disant que les évêques d'Amiens d'en faire de vifs repioches aux moines s'il
n'avaient aucune juridiction dans leur mo- l'eût connue, et qu'il n'en est pas dit un mot

nastère. L'évêque soutint qu'il lui était per- dans une autre vie de Godefroi Irès-ancienne
mis de consacrer en tout lieu des vases sa- dont l'original se conserve à llougeval près

> Tom. X Concil., pag. 758. 3 Ibid., p. 703, et Mabillon, lib. LXX Annal.,
« Ibid., pag. 762 [Païrol., tom. CLXXU, col, 1317- num. 107.

13Î0.]
CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU Xll» SIÈCLE. 1083

de Bruxelles. Mais ce qui met la chose hors à Mausac, examina la cause du doyen devant
de doule, c'est que les moines de S;iint-Va- deux témoins. Celui-ci, s'Utenu de quelques
leri obliiircnt l'année suivanle, c'est-à-dire gens de guerre et de l'évéque de Clermont,
en HOC, du pape Pascal, et depuis d'.'Mexan- refusa de répondre aux accusations, sinon
die 111. la coufum-.ition de leur exemption. en présence de l'évéque. L'abbé excommu-
La bulle de Pascal li est datée de Bénévent, nia le doyen, le déposa, et mit à sa place
le 12 mars H06. Ou la trouve dans l'Appen- Robert, prieur d'un autre monastère. Le
dice du cinquième tome des Anuales béné-
' doyen, en colère de se voir déposé, entra à
diclincs pai- dom Mabillon. 11 y a plus, c'est main armée dans le monastère, souilla l'é-
que monastère de Saiiit-Valeri jouissait
le glise de sang, et pensa tuer l'abbé et le nou-
encore de son exemplion en 1653, qu'il in- veau doyen. L'abbé pria 1 evêiine de Cler-
tervint un arrêt du parlement de Paris qui mont de faire réconcilier l'église; le prélat
reslrei,L;nil celte immunité à l'enceinte seule le refusa, accordant seulement aux moines
du monastère, au lieu qu'elle s'étendait au- de faire l'office dans l'oratoire de SI - Benoit
paravaul à la ville même de Sainl-Valeri. Ce sans aucun son de cloches. L'abbé s'adressa
l'ut à l'occasion de cet arrêt que dom Robert à l'archevêque de Bourges, métropolitain
Quatremaires fit imprimer chez Louis Bil- de l'évéque Clermont deà cet évêque ,

laine, en IfjC.'i, une dissertation où il entre- même, à de Boideaux et à


l'archevêque
prend de monlrer qu'il ne s'était jamais tenu Girard d'Angoulême. légat du Saint-Siège,
de concile à Reims pour terminer le dillé- assemblés à Cuau, lieu situé dans la Com-
rend de Godefroi, é\êque d'Amiens, avec les braille, au voisinage de Clermont et de Li-
religieux de Saint-Valeri. moges*. L'évéque fut biamé de n'avoir pas
<:,a:io 28. Le pape Pascal II assembla le 7 mars obéi aux ordres du légat, et ou lui ordonna
oR»mo, >n
jiiQ ^^^ concile à Rome* ilans l'église de de rentire pleine justice à l'abbé.
Latran, où, en renouvelant les décrets con- 30. Elle consistait à excommunier le doyen c^n&e

tre les investitures, il défendit aux laïques de Pierre et ses complices, et à les obliger de n.u.

disposer des biens de l'Eglise, et aux clercs faire satisfaction à l'abbé de Saint-Pierie-le-
de les recevoir de leurs mains sous peine de Vif. Il fallut, poui- en venir là, que l'abbé re-

déposition et d'excommuuicalion à quicon- courut de nouveau à l'archevêque de Bour-


que aurait couléré les ordres aux clercs cou- ges, au b'gal Ricbard, même au roi. L'é-
pables de celte prévarication. On réserva véque de Clermont ne pouvant se refuser à
aux évêques le soin de toutes les affaires ec- tant d'autorités, obéit en partie. Il excom-
clésiastiques, avec défense à tout laïque d'en munia doyen déposé et ses fauteurs; mais
le

prendre connaissance, même aux clercs et il aucune satisfaction pour le


n'ordonna
aux moines à l'insligal'on des laïques. On doyen Robert, qu'ils avaient insulté. Le lé-
excommunia ceux qui, par violence ou au- gat Richard s'élant assiuiblé à Fleuri ^ en
trement, troublaient le gouvernement de 1 1 10 avec les archevêques de Sens, de Reims,
l'Eglise, de même que ceux qui pilleraient de Tours et de Bourges, avec plusieurs évê-
les débiis des naufrages. ques et abbés, ils excommunièrent, en pré-
.Concile j..- 29. Il arriva en 1109 un grand scandale sence de l'évéque de Clermont, tous ceux
Dtrmunl, eu i ii • i* i «» t

ma
'

dans 1 église de Mausac, qui est une decc- qui, à l'avenir, s'opposeï aient par voie de
nie dépendante de l'abbaye de Saint- Pierrc- calomnie ou autrement, au changement que
le-Vif à Sens. Pierre, qui en était doyen ,
les abbés de Saint-Piene feraient à l'égard
avait fait arracher les yeux à un chapelain' du doyen de Mausac. On trouve dans la col-
.'i cause qu'ill'avait
cité devant Arnaud, abbé lection des conciles deux lettres du légal Ri-
de b'aint-Pierre, pour quelques dommages chard sur celte all'aire l'une aux persécu-
:

que le doyen lui avait causés. Pierre ne teurs des frères de Mausac; l'aulie à Daïm-
comparut |)oint. Le légal Richard, informé bert archevêque de Sens et à l'abbé de
, ,

du crime, ordonna à l'évéque de Clermont Sainl-Pierre. 11 parait par celle-ci qu'il y eut,
de le punir et de rendre justice au chape- lamême année 1110, un concile à Toulouse.
lain cl à l'abbé de Saint-Pierre. L'évoque Nous n'en avons plus les actes.
feignit d'obéir, mais ne fit rien. L'abbé alla 31. Conon, évéque de Palestine'*, cardi- coiciv,

' Mabillou. Aniwl., loin. V, jjug. «79. — ' Toiu. X Toui. X Concil., pag. 766, et Mabillou, lib.
» LXXl
Coiici/., [i.v. 7fi4. - 'Mabillou, lib. LXXI /Imia^, Annal., uuiu. 96, 97.
num. 78, 9i), 97. — 'Toni. X Concil., pag. 705. • Voir sur Conon, onrdinal-légal, ta notice lirt'é
1084 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
nal-légat dans la Terre-Sainte, ayant appris vestiture du roi. Tous souscrivirent à cet
àjérusalemlesmanvaistraitementsquerem- écrit, qui avait été dressé par le légat Gi-
pereur Henri avait fait souffrir au pape, aux rard, Léon d'Ostie et quelques autres évê-
cardinaux et aux nobles romains, assembla ques du concile. Baronius ^ remarque, d'a-
en IIH un concile en cette ville', où, de près le cardinal d'Aragon, que l'empereur
l'avis de ceux qui le composaient, il pro- Henri n'y fut point excommunié, et que la
nonça contre ce prince la sentence d'excom- censure ne tomba que sur le privilège qui
munication. 11 fit la même cliose en divers lui avait été accordé.
conciles qu'il tint en Grèce, en Hongrie, en 33. Le 16 du mois di; septembre de la
Saxe, en Lorraine, en France. C'est ce qu'on même année 1112, Gui, arclievêque de Vien-
lit dans la Chonique d'Usperge sur l'an 1116. ne, assisté de Hugues de Grenoble et de
32. On y voit aussi un détail de ce qui se Godefroi d'Amiens, tint un concile où ils
passa au concile de Latran, assemblé par le condamnèrent non -seulement le privilège
pape Pascal II le 8 mars 1112^. Son dessein, accordé au roi Henri, ou plutôt extorqué de
dans la convocation de ce concile, était de sa part, mais le prince lui-même. Le concile
révoquer le privi ége que Henri V, roi de le frappa d'excommunication et d'anathème

Germanie et empereur, avait extorqué de jusqu'à ce qu'il eût fait au Saint-Siège une
lui par violence, et de se purger du soupçon entière satisfaction. Dans la lettre synodique
d'hérésie dont on accusait ceux qui favori- que les évêques adressèrent au pape, ils le
saient les investitures. Le pape, informé que prient de confirmer leurs décrets contre les
les guibertins, au mépris de l'interdit de investitures, qu'ils regardent comme une
leurs fonctions, les continuaient, comme s'il hérésie*. C'est ce que Pascal fit par une let-
leur en eut donné depuis ia permission, dé- tre datée du palais de Latran, le 20 octobre.

clara qu'il n'avait point absous générale- 34. Joceran, archevêque de Lyon, convo-
ment tous les exi ommuniés, ni rétabli les qua aussi un concile à Anse^ vers le même
guibeitins; et après avoir raconté par quelle temps, pour y traiter de la foi et des investi-
violence il avait accordé à Henri V le privi- turcs. Daïmbert, archevêque de Sens, et ses

lëfje des investituies, il remit au jugement sutfragants y furent invités. Ils s'en excusè-
du concile la manière de réformer ce privi- rent par une lettre qu'Yves de Chartres écri-
lège ; ensui'.e il fit sa profession de foi en vit au nom de tous les évêques de la pro-

présence de tous les évêques, au nombre de vince. Nous en avons donné l'analyse dans
cent ou environ, déclarant qu'il recevait l'article de cet évêque. Il y a apparence que
l'Ancien et le Nouveau Testament, les qua- Joceran ne tint pas le concile projeté; du
tre premiers conciles généraux, celui d'An- moins n'en reste-t-il aucun décret.
tioche, les décrets des papes, nommément 35. La ville de Bénèvent, agitée par di-
de Grégoire VII et d'Urbain II. Girard, évé- verses factions, appela à son secours le pape
que d'Angouléme, lut, du ronsentenient du Pascal, qui arriva le 2 décembre 1112. Il y
pape et du concile, un écrit contenant la indiqua un concile^ pour l'année suivante,
condamnation du privilège extorqué par le où il adjugea aux moines de Mont-Cassin
roi Henri. On le condamna et on le déclara quelques églises qu'on avait usurpées sur
nul sous peine d'excommunication. La rai- eux.
son de le condamner, c'est qu'il y était porté En Angleterre, le siège de Cantorbéry
36.
qu'un évêque élu canoniqueraenl ne serait étaitvacant depuis la mort de saint Anselme,
point sacré qu'il n'eût reçu auparavant l'in- c'est-à-dire depuis cinq aus. Pour le remplir,

d'Ugtielli, au tome CLXlit de la Palrologie, col. 1431- s Baron, ad an. 1112, num. 8.
1 ; elle est suivie da neuf lettres, parmi lesquelles
434 * Le texte du concile porte ces remarquables pa-
ily eu a quatre à Théoser, évêque de Metz, uue à Fri- roles : Et mine, domne Pater, vesti-am, sicut digimm
déric, archevêque de Cologne, dans laquelle Conon lui est, inaje'<tatem supplicitet exoramus , ut ijuod pro
dit qu'ilpeut excommunier le roi. La neuvième est sanctie Ecctesiœ fidei rubore, pro Dei et vestro ho-
adressée à H..., évêque de Nevers : Conon lui fait nore fecimus, auctoriiate aposiotica solemniter confir-
part de l'inauguration de Calliste II; il déclare qu'il melis. Le pape répondit : Qnœ stulutu sunt iU rata
excommunie le comte de Nevers et ses satellites, à suscipimus et confirmamits. L'envoi des décrets d'un
cause des sacrilèges qu ils ont commis contre l'église concile provincial à Rome pour les faire confirmer
de Vézelai. [L'édileur.) n'est doue pas une nouveauté. [L'éditeur.)
1 Tom. X Concil., pag. 766. ' Tom. X Concil., jiag. 78c.
« Tom. X Concil., pag. 767. « Tom. X Concil., pag. 792.
[XII'SÙCI-F.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XII' SIÈCLE. \OHÔ

Henri convoqua les évêques et les sei-


le roi ser. L'archevêque mit aussitôt ses habits
I)

gneurs d'Angleteire à Windsor en 1114'. aux pieds du pape; mais il refusa de les re-
Haoul, évêque de Rocliestor, avait fait les prendre. Ughtlli dil 3 que depuis il rentra
fonctions épiscopales pendant la vacance, et dans les bonnes grâces du comte Roger.
ce fut sur lui que tous les suffrages se réu- Dans le même concile, le pape confirma au
nirent. Les évéqiies et quelques seigneurs duc Guillaume le duché de Pouille et de Ca-
avaient songé d'abord il choisir un évéque labre.
entre le clergé, ou un clerc de la chapelle 38.Quelque temps après, c'est-â-dire le coc(

du roi. Mais sur l'objection qu'on leur fil, 6 décembre de la même année, il y eut h iii»".

que depuis saint .Uiguslin tous les archevê- Beauvais un concile * auquel se trouvèrent
ques de Cantorbéry avaient élé pris entre trois métropolitains, Raoul de Reims, Liger

les moines, ils consentirent à l'élection de de Bourges, et Daimbeit de Sens, avec leurs
Kaoul, qui avait été moine de Saint-Etienne l'omprovinciaux. Conon, évêque de Pales-
de Caen; elle se fit le 26 avril et Raoul prit , Irine, cardinal, légat du pape, y présida. On

possession le 17 mai. y excommunia l'empereur Henii et Thomas,


Le 12 octobre de la même année,
37. seigneur de Marie, qui ravageait les diocè-
Hiî, le pape Pascal II tint un concile à Ce- ses de Laon, de Reims et d'Amiens, n'épar-
perano-, ville dans le Uénéventin sur le , gnant ni les églises, ni les monastères, ni
lleuve de Lyiis. Landulfe, archevêque de les pauvres, et faisant mourir tous ceux

Bénévent, et ceux de son parti y furent ex- qu'il prenait prisonniers. Nous avons dit ail-

communiés pour avoir excité une sédition leurs que Lisiard, évêque de Soissons, et
'^

contre le connétable que le pape avait rais Guibert, abbé de Nogent, vinrent consulter
dans cette ville. L'archevêque se retiia dans le concile pour savoir ce que l'on devait

une lie près de Ceperano mais peu de temps


;
faire de certains hérétiques manichéens, qui

après il fit prier le pape de lever la sentence répandaient leurs erreurs dans ce diocèse;
de déposition pi'ononcée contre lui. Celte mais que le peuple, craignant la douceur
grâce lui fut accordée, et il vint au concile épiscopale, avait fait mourir tous ceux de
prendre sa place. Il voulut se justifier de ce ces béréliques qu'il tenait en prison. 11 y
qu'étant appelé à la cour par lettres du pape, avait déjà quelque temps que Godefioi, évê-
il n'y était pas venu. Les archevêques éta- que d'Amiens, vaincu par l'indocilité de son
blis pour le juger ne trouvèrent pas son ex- peuple, s'était retiré â la Chartreuse, dont
cuse canonique. Ils ne furent pas plus satis- Guignes était alors prieur. Il vint au concile
faits de ses réponses aux accu^ations formées des députés de la ville d'Amiens se plaindre
contre lui, d'avoir pris les régales de saint de ce que leur évêque les avait abandonnés.
Pierre contre la volonté du pape, de s'être « De quel front, leur dit Raoul, archevêque de

saisi des clés des portes de Bénévent, d'a- Reims, osez-vous vous plaindre, vous qui,
voir envahi le palais et chassé Lai ilulfe, le par votre indocililé, avez chassé de son siige
connétable, porté uu casque et un bouclier, un homme orné de toutes sortes de vertus?
iniroduil les Normands et obligé Foulques à L'avez-vous vu jamais attaché à son intérêt?
prêter serment. C'est pourquoi ilspronon- Allez donc le chercher et le ramenez ici;
cèrent contre lui la sentence de deposilion. vous n'en aurez point d'autres, tant qu'il
En conséquence on lui ûta sou siège, et il vivra. Se présentèrent aussi des députés
1)

fut obligé de sortir du concile. Arnoul, ar- de Godefroi avec des lettres pour le concile,
chevêque de Cosence, y accusa Roger, comte par lesquelles il déclarait qu'il avait renoncé
de Sicile, de l'avoir chassé de son siège et a l'épiscopat, exhortant ses diocésains à se
contraint de se faiie moine. Le pape ordonna choisir un plus digne pasteur. A la lecture
de porter l'allaire à Girard, abbé de Mont- de ces évêques du concile se ré-
lettres, les
Cassin, qui, ayant fait venir Arnoul, lui dit : pandirent en larmes, et remirent la décision
«Dieu ne veut point de services forcés; si de cette atl'aire au concile qu'ils se propo-
donc vous avez pris l'habit monasli.iue mal- saient de tenir à Soissons, au commence-
gré vous, metlez-le aux pieds du pape, en- ment de l'année suivante, 15. Celui de H
suite vous pourrez le reprendre ou le luis- Beauvais fit un règlement qui porte que les

' Tom. X Cuncil., pag. "93. » Tom. X Concil., pag. 797, et 1., lib. LXXtl
' Toui. X CowiL, pag. 794. Annal., uuin. 87.
' Mobillou., lib, LX-Ml Annal., luim. 8G. ' Voyez l'art, de GuibiTt,
1086 HlSTOmi: GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
biens dont les églises auront joui paisiblement défendaient d'ordonner un évéque pour uue
pendîintun an et un jour, leur demeureront église qui en avait un, à moins que ses in-
pour toujours, à condition que celte posses- firmités ne le rendissent incapable de la gou-
sion n'auta lieu que contre les laïques, et verner, ou qu'on ne l'eût déposé pour crime.
que d'église à église il faudra trente ans de Godefroi, contraint d'obéir aux ordres du
possession. concile, ne quitta la Chartreuse qu'en pleu-

{'"t'ï'^TL
''^^' archevêque de Tolède, Icpat
t^^rnard, rant. Il se rendit à Reims, où le légat Conon
ft^fiiif. du Saint-Siège, assembla un concile à Pa- tenait un concile depuis le 28 mars de la
lentia, en 1114, pour donner un évéque à même année iHS. Raoul-le-Verd, arche-
l'église de Luuo, qui en manquait depuis vêque de celte ville, amena Godefroi au con-
plusieurs années. 11 s'en tint un la même an- cile. Le légat lui ordonna de relouruer à

née à Cnmpostelie sous l'évêque Didace


, Amiens, où il fut reçu avec grande joie.
Gelmirez. On y fit viugl-cinq canons, qui ont Quoique le légat eût excommunié l'empe-
pour objet causes
et les perponnes ecclé-
les reur Henri à Beauvais, il réitéra à Reims
Ces canons se lisent dans le troi-
si:isliques. cette sentence contre ce prince.
sième tome des Conciles du cardinal d'A-
'
41. 11 lit la môme chose dans les conciles
guire 2. L'année suivante, Hio, Pelape, de Cologne et de Châions*. Le premier fut
évèque d'Oviedo, en indiqua un dans sa ville assemblé dans l'église Saint-Géiéon, le lundi
épiscopaJe, dont les déciets sont contre les de Pâques, 19 avril; le second, le 12 juillet.
voleurs, les sacrilège?, les profanateurs des La Chronique de Sainl-Pierre-le-Vif le met
temples et aiilies malfaiteurs. Par un autre au o de ce mois. Siméon de Dunehne eu fait
décret, il fut défendu de tirer d'un temple mention dans l'histoire des gestes des rois
celui qui s'y était réfugié, si ce n'est qu'il d'Angleterre, sur l'an 1115. Voici i-es pa-
lût ou voleur public, ou convaincu de tra- roles :Le jour de l'oclave des Apôtres,
(1

hison, on excommunié notoirement, ou moine c'est-à-dire le 6 juillet, Conon, cardinal de


fugitif, ou moniale, violateur du temple. La l'Eglise romaine, célébra un grand concile
peine imposée à celui qui c utreviendra à à Châlons, dans lequel il excommunia les
ce décret est, ou de se faire moine bénédic- évêques qui avaient refusé de s'y trouver; il
tin, ou ermite, ou de devenir l'escla\e de eu dégrada d'autres, priva plusieurs a. bes
l'église dont il auia violé l'immunité. Sando- de leur bâton pastoral, et les déposa en leur
valius a rapporté les actes de ce concile en interdisant leurs fonctions, Les évêques i;

langue espagnole dans la "Vie de la relue déposés dans ce concile avaient leurs sièges
Urraca. C'est de là que le père Pagi a tiré dans la Normandie, et obéissaient à Henri I",
ce qu'il en rappoile ' dans fes remarques roi d'Angleterre. Le légat Conon les avait
critiques sur V Histoire ecclésiastique de Baio- invités jusqu'à liois fois à ce concile; ce fut
nius. pour leur refus opiniâtre qu'il les excommu-
con-ii.! <e 40. Le concile indiqué à Soissons par celui nia. Le roi en fut irrité et s'en plaignit au
rHÏl'œs.en de Bcauvais se tint le jour de l'Epiphanie pape. C'est ce que dit Eadmer dans le cin-
de l'an lHo^. Les évoques députèrent Henri, quième livie de ses Nouveautés.
abbé de Saint-Quenlin, et Hubert, moine de 42. Le pape Pascal II, informé de la vie
Cluny, aux frères i:e la Charlreuse, pour les scandaleuse d'Arnoul, patriarche de Jérusa-
engager à renvoyrr l'évéque Godefroi à son lem, envoya en Syrie l'évéque d'Orange avec
église d'Amiens. Ils lui écrivirent à lui-même la qualité de légat ^ pour y assembler' un
pour lui représenter qu'il n'aurait pas dû concile de tout le royaume. Arnoid, obligé
quitter si facilement son siège; qu'il od'en- d'y comparaître, fut déposé de son siège.
sait plus Dieu en laissant sou troupeau ex- Mais étant allé à Rome, il se fit rétablir et
posé au danger, qu'il ne méritait auprès de revint <à Jérusalem, où il demeura en pos-
lui, tn s'appliquautdans la retraite à sa per- session de son église jusqu'en 1118 qu'il
fection particulière; qu'au reste, les canons mourut.

' Pas. 3-22. 3Tom. IV, pas. 387, ad ann. 1 115.


* M. Pellier, dans son Dictionnaire si remarquable ^Tom. X Concil., pag. 801.
des Conciles, pruse que ce prétendu concile ne fut 5 Ibid., pag. 802 et 797.
qu'un synode diocésain dans lequel Didace Gelmirez « Ibid., pag. 802.
renouvela et confirma les statuts de ses prédéces- f GuiUolmus Tyrius, lib. II, cap. xxvi.
3«un. {L'éditeur.)
[Xll* SIÈCLE. CHAPITRE LXXXVl. — CONCILES DU Xll' SIÈCLE. 1087

43. Au mois d'août de l'an papeH15, le avec les évêques qui lui étaient attachés et
Pascal étant à Troie dans la l'oiiille, assem- les seigneurs de sa cour. Indigné de ce qui
bla im concile auquel assistèrent
' presque se pass.iit à Cologne, il envoya l'évèque de
tous les évêques et les seigneurs. On y éta- Virzbouri:, à qui l'on refusvi l'audience et la
blit la tiève de Dieu, qui fut jurée pour trois communion jusqu'à ce qu'il se fût réconcilié
ans, par les comtes et les barons. avec l'Eglise. Il le fil ; et, à son retour, après
44. Ce fut de Troie que le pape écrivit à avoir rendu compte de sa légiition, il re-
Gui, archevêque de Vienne, vicaire du Saint- fusa de communiquer avec l'empereur. Tou-
Siège, pour lui l'aire des reproches de ce tefois, par la crainte mori dont
de subir la

qu'il u avait pas voulu écouter le témoi- on le menaçait, il célébra la messe devant
gnage des chères de Saint-Eiienne en faveur ce prince. Les remords qu'il en eut l'obligè-
de leur église. Le rescrit de Pascal II est du rent à se retirer secrètement. ïl ne put obte-
26 août. Par un autre rescrit du 2:2 avril, le nir qu'avec beaucoup de larmes d'être ab-
pape lui avait ordonné d'assembler un con- sous une seconde fois; aussi ne vil-il plus
cile à Dijon, ou en quelque lieu convenable, l'empereur dont il perdit absolument les
pour régler à l'amiable îeditlérend entre les bonnes grâces.
clercs de celte église et ceux de l'église de 46. Le 6 mars de l'année suivante 1116, le (.„„,;,

Saint-Jean à Besançon, au sujet de la chaire pape Pascal assembla dans l'église de La- \'tl"°
archiépiscopale que chacun prétendait avoir. Iran ^ les évêques. les abbés et les seigneurs
Les archevêques de Besançon avaient très- qu'il avait convoqués de divers royaumes el
souvent siégé dans l'église Sainl-Jean, et de diveiscs provinces; c'est ce qui a fait
quelquefois seulement dans celle de Saint. donner à ce concile le titre de général. On y
Etienne. Le concile * indiqué à Tournus termina la conteslalion entre Grossulaii et
n'ayant pu terminer celle dillicullé, elle fut Jourdain, au sujet de l'archevêché de Milan.
proposée dans un concile de Dijuii par le Il fut adjugé à Jourdain, et Grossulan ren-

légal Uui, archevêque de Vienne. Mais les voyé à Sun évéché de Savone. L'évèque de
chanoines des deii.x églises demeuiant in- Lucqiies avait coinineiicé à se plaindre de ce
flexibles dans .euis prelenlioiis, 1 aliaiie fut que les paysans s'éUiient enipués des terres
renvoyée à un iiulre temps et enliu terminée de son Eg.ise, loisqu'un évêque repi ésenla au
parle cardinal Hugues-', surnommé de Saint- pape que le concile avait été convoqué pour
Car ou de Saint-Clier, légat apostolique, qui les affaires de l'Eglise, et non pour vider des
uuit les deux églises conlendanles, et des atlaTes séculières. Le pape, prenant la pa-
deux n'eu lit qu'une, ordonnant qu'à l'ave- role, raconta de quelle manière il avait été
nir elles ne feraient qu'un chapitre, n'au- violenté d.ms la concession des in\es;iture?,
raieut qu'un même liésor, qu'un sceau, et faite au loi Henri. U convint de sa faute,
qu'elles feraient l'ollice à la môme heure et condamna sous un anathème perpétuel l'écrit
suivant les mêmes rils. L'archevêque a son qu'il en avait fait, et pria tous les assistants
siège dans chacune; le choix est en son de le condamner aussi. Quelques-uns soutin-
pouvoir. 11 n'est rien dit du concile de Dijon rent que cet écrit contenait une hérésie.
dans la collection générale mais la Chro- ; Jean, évêque de Gaëte, les réfuta. Le terme
nique de Bonneval, imprimée dans les An- d hérésie lit peine au pape, et faisant signe
nales de Liteauju, en fait mention sur l'an de main, il dit à l'assemblée « Cette Eglise
la :

1117. n'a jamais eu d'hérésie; au contraire, c'est


45. Thierri, cardinal légat du Saint-Siège, ici que toutes les hérésies ont été biisées,
invita dur la lin de l'an lllo, plusieurs évê- suivant la promesse faite à saint Pierre, que
ques à se trouver à Cologne pour la fêle de sa foi ne défaillirait pas. )>

Noël, afin qu'il put leur faiie part en commun 47. Tout ceci se passa les trois premiers
des ordres du pape. Le légat mourut en che- jours du concile. Le quatrième, le pape ne put
min, mais cela irempécha pas la tenue du assister au concile*. Le cinquième, il renou-
concile On y publia une sent, iice d'ex-
•'.
vela la défense laite par [saint] Grégoire Vil,
communicalioa contre l'empereur Henri V, sous peine d'anathème, de donner on de re-
qui célébrait alors la fêle de Noël à Spire, cevoir les investitures. Après quoi le cardinal

' rom. X Coiial., pag. 80i. — ' Ibid., pag. 803. * Tom. X Concil., pag. 806.
' CliifUet, lUslor. fernodor, cap. XXXIX, et Pagi, 5 ïom. X Concil., pag. »06.
tout. IV, pag. aS4 at 38&. • Pas. 807.
4088 HISTOIRE GÉNÉRALE DÉS AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Conon expliqua commeiiL étant à Jérusalem, férer à Guillaume, en cas de mort du roi
il avait prononcé la sentence d'excommunica- Henri, son père, la couronne et le royaunse,
tion contre Henri, et l'avait réitérée en divers comme aussi de lui prêter serment de fidélité
conciles tenus en Grèce, en Hongrie, en Saxe, après son installation.
en Lorraine et en France, et demanda que le 50. Les pillages et les antres brigan lages
concile ralitiât sa légation, comme le pape qui se commettaient en France, surtout dans i

venait de le faire. Il y eut là-dessus quLJques le diocèse de Langres, firent naître le des-
débats, surtout de la part des partisans de sein à l'évêque Joceran et à Guy, archevê-
l'empereur mais la plus saine jiartie passa
; que de Vienne, de tenir un concile pour avi-
il approuver ce que le légat avait fait par ser aux moyens de réprimer tous ces désor-
l'autorité du Saint-Siège. Le concile finit par dres. Le concile s'assembla le 8 juin 1116'
une indulgence de quarante jours que le dans la plaine de Luz, éloignée d'environ
pape accorda à ceux qui étant en pénitence douze stades de la ville de Bèze. On appoita
pour des péchés capitaux, visiteraient les du monastère qui y est situé les reliques de
églises des apôtres, soit pour le concile, soit saint Prudent, marlyr, qui opérèrent plu-
pour le remède de leurs âmes. Les chanoines sieurs miracles sur des malades. L'assemblée
de Saint-Etienne et ae Sain -Jean de Resan- fut nombreuse. L'archevêque Guy qui y pré-
çon se présentèrent devant le pape et les sidait, fit un discours sur les calamités publi-
évêques pour avoir un jugeraenl définitif sur ques, les vols, les rapines. Il émut tellement
leur contestation. Les piemiers furent admis les esprits et les cœurs des assistants, que
à faire pieuve que, dans les trente ans qui tous jurèrent la paix, et promirent de s'abs-
s'élaient passés depuis le rétablissement de tenir dans la suite de ces sortes de crimes.
leur église, ils avaient contesté à ceux de La Chronique de Saint-Pierre-le-Vif met deux
Saint-Jean le droit de cathédrale en sorte ; autres conciles à Langres en cette même
que ceux-ci n'avaient eu dans leur église le année, l'un après Pâques, l'autre après la
siège épiscopal, qu'à cause du renversement recolle des fruits. Les actes n'en subsistent
de l'église de Saint-Etienne. La preuve faite, plus. De Langres, les évêques allèrent à
la chaire épiscopale fut adjugée aux cha- Dijon tenir un autre concile, où il fut or-
noines de Saint-Etienne. donné que les chanoines réguliers qui avaient
48. Pouce, abbé de Cluny, prenait dans ce quitté le monastère de Saipt- Etienne pour ae
concile le titre d'abbé des abbés interrogé ' : retirer dans la solitude, retourneraieut à leur
par Jean de Gaëte, chancelier de l'Eglise ro- première demeure et n'en sortiraient plus.
maine, si les moines du Mont-Cassin avaient On rapporte à la même année le premier
''

reçu leur règle de ceux de Cluny, ou si ceux chapitre général de Citeaux, qui se célébra
de Cluny l'avaient reçue des moines de Mont- depuis chaque anuée. Il servit de modèle aux
Cassin il répondit que
; non-seulement les autres ordres.
moines de Cluny, mais tous ceux de l'empire 51. Le pape Pascal, craignant les suites
romain avaient reçu de Mont-Cassin la règle de la sédition qui s'était élevée à Rome con-
de saint Renoît. C'est donc, répliqua le chan- tre lui, à l'occasion de l'élection d'un nou-
celier, à celui-là seul, qui est le vicaire du veau préfet, en sortit, et se retira à Mont-
saint législateur, qu'il appartient de pouvoir Cassin, et de là à Béuévent par Capoue.
être appelé abbé des abbés. Peut-être était-il encore informé que l'em-
49. Henri 1", roi d'Angleterie, se disposait pereur Henri, qui venait recueillir la succes-
à passer en Normandie. Ciaignant la suite de sion de la comtesse Mathilde, devait ensuite
ce voyage, il assembla au mois de mars, l'an aller à Rome avec une puissante armée.
1116, les évêques, les abbés et les seigneurs Quoi qu'il en soit, il tint un concile à Béué-
de son royaume ^, et leur proposa de recon- vent ^ au mois d'avril de l'an 1117, où il ex-
naître pour héritier de la couronne, Guil- communia Bourdin, archevêque de Brague,
laume, son fils. Tous consentirent à cette pour avoir couronné empereur le roi Henri.
proposition Raoul, archevêque de Cantor-
; Il écrivit même à Bernard, archevêque de

béry, les autres évêques et les abbés pré- Tolède et primat d'Esp;igne, de signifier aux
sents, s'obligèrent, sous serment, de traus- autres évêques du royaume l'excommunica-

' Tom. X Concil., pag. 810. « Tom. X Concil., pag. 812, et Pagi, ad an. 1117,
ï Tom. X C'onc.,pag. 81). — ' Ibid. num. 2 et 7.
* MabilloD, lib. LXXII, Annal., num. U9,
,

[XIÎ' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU Xli' SIECLE. 1089

lion de Bouriliu', avec ordre de faire élire uu traité fait avec le pape Pascal louchant les
autre archevêque de }3iague à sa place. Pas- investitures, lui fit proposer ;\ Gaëte de re-
cal II était à Bénévent le 5 avril, comme on venir se faire sacrer à Rome, lui olfrant en
le voit par une lettre à Henri, roi d'Angle- même temps d'entrer ensemble en confé-
terre, datée de ce jour. rence pour rétablir l'union entre l'empire et
52. Claude Robert fait mention dans sa le sacerdoce. Gélase qui avait été mis aux

Gaule chrétienne, surGotsald, évèque de Châ- fers avec Pascal II par ce prince, refusa la
lons-sur-Saùne, et sur Jocoran, évèque de proposition. Il se lit sacrer à Gaëte, d'où il
Langres, d'un concile tenu à ïournus, dans alla à C.'ipoue célébrer la fête de Pâques.
lequel on confirma à l'église de Saint-Etienne L'cmpereui' irrité, lit choisir pour pape Mau-

de Dijon le patronage de Saint -Martin de rice Rourdin, archevêque de Rragne, qui


l'Arc-sur-Tille. C'est tout ce que l'on con- l'avait couronné l'année précédente 1117. Il
naît des actes de cette assemblée tenue en était Limousin de naissance. Bernard, ar-

1117. chevêque de Tolède, le mena en Espagne,


53. On connaît encore moins ce qui se en 1095, l'ordonna diacre, puis évèque de
passa dans le concile de Milan ^ assemblé la Conimbre. Géraud, archevêque de Brague,
même année par l'archevêque Jourdain. étant venu h mourir, Bouidin lui succéda en
Landulphe le Jeune nous apprend seulement 1110. Dans un voyage à Rome, en 1115, le
que l'on avait dressé deu.\ théâtres dans une pape Pascal lui connaissant de la capacité,
prairie, que sur l'un étaient les évêques et le fit son légat pour traiter la paix avec

les abbés, sur l'autre les consuls et les juris- l'empereur Henri. Mais il passa son pouvoir
consultes ;
qu'autour des deux théâtres se et couronna ce prince en l'absence du pape,

trouvait une multitude de clercs, de laïques, qui l'excommunia au concile de Bénévent.


de femmes et de vierges, qui demandaient à Bourdin se retira auprès de l'empereur; il y
haute voix que l'on ensevelit les vices, et que était encore lors du sacre de Gélase II à
l'on ressuscitât les vertus. Il n'est rien dit de lui qu'il jeta les yeux
Gaëte, et ce fut sur
ce concile dans la collection générale. pour donner au nouveau pape un compéti-
54. Le pape Pascal 11 étant mort à minuit teur sous le nom de Grégoire "VllI. Cela se fit

le 18 janvier 1118, on choisit le 2a,du même le 14 mars 1118.


mois pour lui succéder, Jean de Gaëte ^, 55. Sur cette nouvelle, Gélase 11 écrivit
chancelier de l'Eglise romaine, qui prit le aux archevêques, évêques, abbés, seigneurs
nom de Uélase 11 '. 11 était né à Gaëte, de et autres fidèles des Gaules, ce qui s'était

parents nobles. On le confia de bonne heure passé entre lui et le roi Henri ;
comment il

aux religieux du monastère de Monl-Cas- avait offert à ce prince de terminer, soit à


sin, où il étudia avec succès les arts libé- l'amiable, soit par voie de justice, le diffé-

raux. Ses mœurs répondant à son savoir, le rend entre l'Egfise et l'Etat; et comment il Epim. 1

(P..l,al.,l,
pape Urbain H le lit cardinal diacre, et quel- avait intrus dans l'Egfise, notre Mère, Mau- i-LXIil,

que temps après chancelier. Son élection fut rice de Brague, excommunié un an aupara-
aussitôt traversée par Gencio Frangipane vant dans le concile de Bénévent. 11 rend
partisan de l'empereur Henri. Cela n empê- grâces à Uieu de ce qu'aucun du clergé de
cha pas que Gélase 11, c'est le nom qu'on lui Rome n'avait eu part à l'entreprise de l'em-
donna, ne fût couronné et mené à Samt-Jean pereur, dit que ses complices étaient des
de Lalraii avec les cérémonies ordinaires. guibertins, et un certain Teuzon, qui avait
Ou délibérait du jour de son ordination et de longtemps ravagé la Dace ou le Uauemarck.
son sacre, quand on apprit que l'empereur ((Nous vous ordonnons donc, ajoute-t-il,
Henri était eu armes à Saint-Pierre. Le pape aptes en avoir délibéré en commun, devons
sortit de Rome et se relira à Gaëte sa patrie. préparer de la manière qui vous paraîtra
L'empereur qui lui avait fait oO'rir à Rome convenable, à venger l'Eglise, voire Mère. »
de le reconnaître, s'il voulait confirmer le Le pape écrivit ensuite à Bernard, archevê-

> Toui. X Concil., [lag. 81i, et l'uyi, ad au. 1117, sou auii, avec prùface des Bollaudisles, [ii Conuiu
niiiii. ï el 7. Cliionico ad froitylwum maii, pag. 328. Cette Vie est
* l'ayi, iiil au. 11 17, uuui. 12. reproduite au louie CLXllI de la l'alroloyie, col. 473-
3 Ge/cs. Vila, toui. X Coiicil., pag. 812, el l'agi, 484; elle est suivie, \hid., col. 48b-S14, d'une uolicc
ad au. 1119, uuui. 3. diplouialique livée du Juffc et de viiigt-buil lellres et
' Voir bur Gélose U sa Vie par l'authilplje Aluliiu privilèges de G.';la«e. {L'éiiileur.)

XiV. G9
1090 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
que de Tolède, d'élire un antre archevêque Cluny, et sa communauté. De là il fit expé-
de Drague à la place de Bourdin, après l'a- dier une bulle confirmative de la primatie de
voir fail connaître à tous les évêques d'Es- Tolède, elle est adresée à l'archevêque Ber-
pagne. Dans sa lettre au clergé et au peuple nard, et datée du 7 novembre. Tous les évê-
de Rome, il les avertit d'éviter Bourdin, ques du pays, et quantité de seigneurs, se
comme un excommunié, un parjure et un rendirent à Saint-Gilles pour otfrir leurs ser-
usurpateur. Ces trois lettres sont datées du vices au pape. L'abbé de Cluny le défraya
16 janvier 1118 dans la collection des con- pendant son séjour en cette ville et lui fit de
ciles '. Mais il laut lire le 16 mars, deux jours grands présents.
après que le roi Henri eut fait élire Bourdin. 58. On met en cette année 1118 un concile
Gélase étant passé de Gaëte à Capoue, y tint à Cologne, et un autre à Frislar, auxquels le
un concile où il excommunia l'empereur
, légat Conon présida, et où l'empereur Henri
avec son idole Bourdin. Celui-ci demeurait à fut excommunié -, mais il parait qu'ils ne fu-
Rome il y passa le reste de l'année, et le
: rent tenus qu'après la mort du papu Gélase.
jour de la Pentecôte, il couronna en qualité Aussi l'abbé Tjithème, l'abbé d Usperge et
de pape l'empereur Henri. De Capoue, le l'interpolateur de la Clironiqued'Anselme de
pape Gélase écjivit à Pons, abbé de Cluny, Gemblours, les rappellent â l'an 1119. L'au-
le 12 avril, une lettre, dans laquelle il con- teur de la Vie de saint Norbert, dans le cha-
firme à son moiiastè.ie tous les biens qu'il pitre VII, dit que les évêques et les abbés y
possédait lors de la mort de l'abbé Hugues. appelèrent cet instituteur; qu'ils l'accusèrent
56. Ayant appris que l'empereur Henri de prêcher sans mission, de déclamer contre
s'était retiré en Ligurie, il revint à Rome, et eux sans autorité, de porter un habit extra-
officia dans l'églisede Sainte-Praxède, le 21 ordinaire et de garder la propriété de ses
juillet, jour de la-lete de cette sainte. L'office biens. Norbert répondit, ajoute cet histoi-ien,
fut interrompu par les troupes de Cencio qu'il avait reçu pouvoir de prêcher en re-
le
Frangipane, et le pape obligé de sortir de cevant et que suivant 1 apôtre
la prêtrise ;

Rome, laissant Pierre, évéque de Porto, saint Pierre, ce ne sont pas les habits pré-
son vicaire en cette ville. Le pape Gélase y cieux qui nous rendent agréables à Dieu ;

était encore le 7 août de l'an 1118, comme sur quoi les évêques le laissèrent aller. A
on le voit par la lettre qu'il écrivit à Gau- l'égard du concile de Rouen, il fut assemblé
thier, archevêque de Ravenne car au lieu: du vivant du pape Gélase, non le 7 octobre ^,
d'indiction 12, il faut lire indiction 2 autre- ; comme le dit Urderic Vital, mais le 7 no-
ment il faudrait dire que le pape Gélase se vembre. Eu ce concile, Henri I", roi d'An-
trouvait à Rome le 7 août 1119, ce qui ne se gleterre, traita de la paix avec Raoul, arche-
peut, puisqu'il mourut a Cluny, le 29 janvier vêque de Gantorbéry, et les barons qu il y
de cette année. L'Eglise de Ravenne avait avait invités. Geollroi, archevêque de Rouen,
été longtemps dans le schisme, parce qu'elle s'occupa, avec quatre de ses suU'ragants, de
était gouvernée par des évéques choisis au l'état présent de l'Eglise. Le pape Gélase y
gré de i'empeieur c'est pour cela que Pas-
; avait envoyé Conrad, clerc de l'Eglise ro-
cal II dans le concile de Guastalla, en 1106, maine, homme éloquent dans la langue la-
avait soustrait à la juridiction de Ravenne, tine, qu'il avait apprise dans sa source dès
les églises de Plaisance, Parme, Rége et l'enfance. Il se plaignit de la tyrannie de
Bologne. Depuis elle se réunit à l'Eglise ro- l'empereur Charles-Henri, car ce prince avait
maine, ce qui engagea Gélase II à lui rendre ces deux noms; de l'usurpation de l'antipape
sa juridiction sur ces quatre églises. C'est le Bourdin, des vexations dont l'Eglise de Tos-
sujet de sa lettre à l'archevêque Gauthier, à cane était accablée et de la triste situation
;

qui il accorda aussi le pallium. où lu pape était réduit en deçà des Alpes,
57. Cependant le pape ne se croyant pas comme dans un exil. Il finit son discours en
en sûreté à Rome, en sortit, pour se rendre demandant à l'Eglise de Normandie un se-
en France par la Provence. Il fut reçu au cours de prières et d'argent.
port de Saint- Gilles, par Pons, abbé de 59. La Lhrunique de Malaisé [ou Maillezais]

1 Dans Manài, Coll. Concil., reproduit par la Pa- de mars, mais u'a pas de date. {L'éditeur.) — * Tom. X
trologie, la lettre aux évêques des Gaules est datée Coitci'., pag. 823, S!!4.
du 16 mars, celle que Gélase adresse à Beruard est du 3 Oïderic, lib. XU ; Pagi, ad an. 1118, num. 21.
25 mars; celle qu'il envoya aux Romaius est du mois
[Xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XU' SIÈCLE. i091

T.oooe. en met SUT l'an H 18 lin concile Toulouse. .'i la prolcclion du Sainl-Siége plusieurs mo-
^^^^ lequel on convint du voyage' d'EspaL'ne nastères de la dépendance de Cluny, et con-
"'Liir.
'
PO""" secourir Alphonse, roi d'Aragon, con- tinue à Pons et à ses successeurs l'usage des
oïdfpi'l'
tre les Sarrasins et les Maures '. Ce prince, ornements pontificaux que le pape Pascal lui

avec secours de l'armée chrétienne, assié-


le avait accordés.
gea Sarragosse, dont il se rendit maître le 61. On lit dans la Chronique de Malaisé ^, ^°"„''',^,„

Epiit. 5. 10 décembre. Nous avons une bulle de Gé- qu'il se tiut, en 1118, un concile à Angou- et de v.e„'ô'«

tîîr8t,wi: laseH à celte armée, dans le temps quelle lème *, ne nous apprend autre
dont elle
°°*'
faisait le siège de cette ville. Pierre Librane chose, sinon que l'on y confirma l'élection
qui en avait été choisi archevêque, avant de l'archevêque de Tours et de deux antres
même qu'elle se fût rendue, lui avait écrit évêques. La Chronique d'Usperge, en met un
une lettre au nom de la ville *. Le pape, à Vienne en Dauphiné au commencement de
dans sa réponse, promet l'absolution des l'année suivante 1119. Falcon n'en dit rien
péchés à tous ceux de celte armée qui s'y dans la accompa-
sienne, ni Pandulphe qui
seront préparés par la pénitence, de même gnait Gélase, ni Hugues, moine de Cluny,
qu'à tous ceux qui travailleront au rétablis- dans le du voyage
récit qu'il de ce a fait
sement de l'église de Sarragosse, en contri- pape en France. Falcon dit seulement que
buant à la subsistance du clergé. Il remet Gélase avait indiqué un concile à Reims pour
toutefois l'indulgence qu'il promet à la dis- le mois de mars, où se dev.iient trouver les
crétion des évêques, afin qu'ils la propor- évêques de France et d'Allemagne, pour y
tionnent aux mérites des bonnes œuvres ^. traiter de la paix entre le sacerdoce et l'em-
La lettre ou bulle du pape est datée d'Alest, pire mais qu'avant le temps marqué pour
;

le quatrième des ides de décembre, c'est-à- celte assemblée, il vint à Cluny, où il fut at-
dire le 10 de ce mois. En conséquenci\ l'ar- taqué d'une maladie violente, qui le réduisit
chevêque Librane envoya par son archidia- à l'extrémité.
cre, des lettres souscrites de lui et de trois 62. Avant fait appeler les cardinaux qui Mondor»-
autres évêques, adressées à tous les fidèles, étaient à sa suite, il leur proposa pour son ms.
pour accorder les indulgences et recueillir successeur, Conon, évêque de Paleslrine.
lesaumônes. Celui-ci s'en défendit, et dit que dans les
Le 1'=' février de l'an 1117, Raymond III, circonstances présentes, il conviendrait d'é-
comte de Tarragone, accorda au bienheu- lire Gui, archevêque de Vienne, parce que,
reux Oldegaire et à ses successeurs la ville outre la piété et la prudence, il avait la puis-
de Barcelone, dont il était évêque, avec la sance et la noblesse séculière. Son avis fut
liberté d'amasser de tous côtés des personnes on envoya chercher cet archevêque,
suivi, el
de toutes conditions pour peupler cette ville, mais avant son arrivée, le pape se sentant
et le pouvoir de les juger selon Dieu. Gé- proche de sa fin, fit sa confession en pré-
(p.iroi .
l''S6 'ï' P'*'' """^ lettre écrite de Gaëte, le 12 sence de plusieurs personnes, reçut le corps
liruT)"'^' mars 1118, coufirma celte donation à Olde- et le sang de Jésus-Christ, se fit coucher sur
gaire, lui donna encore l'évêché deTorlone, terre, suivant la coutume des moines, et
si les chrétiens la reprenaient, jusqu'à ce mourut le 29 janvier 1119, après un an et
qu'elle put avoir un évêque particulier, et quatre jours ^ ilc pontificat. [Parmi les au- ,_^,,t*°'j^

tous les droits de métropolilain, avec le pal- 1res lettiesde Gélase non mentionnées ci- p'p«1

lium. Cette lettre et celle du comte Ray- dessus, nous remarquons les suivantes. Il y
mond sont rapportées par Bollandus dans la en a une adressée le 15 mars 1! 18 à Jour-

Vie d'Oldegaire, au 6 mars. dain, archevêque de Milan, pour faire rendre


B^iii. G«- t>0. Le pape, étant à Avignon, accorda un à Landulphe une église dont il avait été dé-
l"iicil°,'"i«^. privilège à l'abbaye de Cluuy, adressé à pouillé^ La lettre ' à Bernard, archevêque
fb''ep!ï'i"s6.' l'abbé Pons. Oulre la conDimation des biens de Tolède, et aux autres évêques d'Espagne,
"'"*'
dont elle jouissait à la mort de l'abbé Hu- concerne le remplacement de Bourdin sur le
gues, Gélase confirme encore la possession siège de Brague elle est du 25 mars. On la
;

des autres biens acquis depuis, prend sous reproduit d'après les Miscellanea de Baluze,

' Tom. X Conci/., p. 8i4. ' Tom. X Concil., pag. 8Î* Psgi, ad an. 1119,
;

« Elle est rsproduilc, Palrol., Mil., col. 507, nuai. 1, î. — ' PoL'i, ad an. 1119, iium. 3.
note 10. (LWUeur.) » Palrol., ibid., Episl. 3, col. «88.
' Tom. X Concil., pag. 8Î0. 1 Ibid., Episl. 7, col. «91.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECGLÉSIASTIOUES.
édition de Lucques. La suivante du 13 avril, consentement unanime pour gouverner l'E-
est adressée à Conon, évéqiie de Piéneste et glise ^. Les cardinaux, de leur côlé, donnè-
légat du S;iint-Siége. Gélase l'informe que rent avis à Rome de la mort du pape Gélase
l'empereur a fait nommer pape l'arclievêque et de l'élection de Calixte. Pierre, évêque de
de Brague '. Le prévôt de l'église de Sprin- Porto, vicaire du Saint-Siège, 6t la lecture
gersba avait des doutes sur certaines obser- de leur lettre en présence des Romains, qui
vances prescrites par la règle do saint Au- approuvèrent unanimement l'élection. Elle
gustin, touchant les ofUces, le travail des fui aussi publiée dans toutes les églises, sur-

mains et le jeûne, observances qu'on ne gar- tout d'Allemagne, et dans la diète que l'em-
dait point à Rome. Le pape répond qu'il faut pereur Henri avait convoquée à Tribur. Il s'y
en cela une modération convenable^, il veut trouva des évêques et des seigneurs, des dé-
qu'on célèbre les ollices dans ce monastère, putés de Rome, de Vienne et d'ailleurs. On
selon la coutume dt; l'Eglise catholique, que y reconnut le pape Calixte on consentit à ;

dans le jeune et le travail des mains on ait la convocation du concile qu'il se proposait
égard à la qualité du lieu et à la faculté des de tenir à Reims, vers la Saint-Luc, pour la
personnes. 11 remarque que dans l'ordre de réunion des Eglises, et l'empereur promit de
saint Benoit, on n'observait point certains s'y trouver.
points de la règle, sans qu'on crût pour cela G4. De Vienne, le pape vint à Toulouse, conuie de

infirmer la profession monacale. Il veut que où il tint un concile le 13 juin, composé de m".°Toii x
''"^'
«"è'."'
l'on suive les prescriptions des saints pères, quelques cardinaux, des archevêques, évé- '

par rapport ù avec les ex-


la participation ques et abbés des provinces de Gothie, de
communiés. Par la lettre à Bernard, arche- Gascogne, d'Espagne et de la Bretagne cité-
vêque d'Auch, il ordonne de laisser le cime- rieure. Le concile condamna et chassa de g,„ ,,

tière de Saint-Orens dans l'état où il était ^.] une


l'Eglise cei tains hérétiques qui, feignant
63. Quelque résistance que Gui, archevê- apparence de religion, condamnaient le sa-
que de Vienne, apportât à son élection, elle crement du corps et du sang de Jésus-Christ,
se fit, non conmie quel-
le 2 février, ni le 4, le baptême des enfants, le sacerdoce, tous
ques-uns l'ont avancé, mais le 1" de ce mois*, les ordres ecclésiastiques et les mariages lé-
selon Ouuphre et Ciaconius. Gui [prit le nom gitimes ; c'est ce que porte le tioisième ca-
de Calixte II =]; il était fils de Guillaume Téte- non. défendu par le premier d'ordonner
Il est ,

Hardie, comte de Bourgogne, parent des ou de promouvoir quelqu'un pour de l'argent ;

empereurs, des rois de France et d'Angle- par le second, d'élever à la dignité de prévôt, ,

terre. Sa sœur, nommée Guille, épousa Hum- de doyen, d'archiprêtre et d'archidiacre, celui
bert II, comte de Maurienne ou de Savoie. qui n'est pas encore diacre. Le quatrième in- ^

Ils eurent une fllle du nom d'AdéiaïJe, qui, terdit aux princes, et généralement aux laï-
eu Hlo, fut mariée à Louis VI, roi de France, ques, la perception des prémices, des dîmes,
surnommé le Gros. De Cluny où s'était faite desoblations, de s'emparerdesbiensd'un évê-
l'élection, le pape, à qui l'on donna le nom que après sa mort, ou de ceux des clercs, sous
de Cdlixte II ^, vint à Lyon, de là à Vienne, peine, eu cas d'obstination, d'être chassés de
où il fut couronné le dimanche de la Quin- l'Egl-se comme sacrilèges. 11 est défendu dans 3.

quagésime, 9 février. Aussitôt il lit part do le cinquième de mettre en servitude des hom-
sa promotion aux évêques des principaux mes libres, soit clercs, soil laïques. Le sixième s.

sièges, entre autres à Adalbert, archevêque porte que les clercs ne seront tenus à aucun
de Mayence, à qui il raconte comment, no- service envers les laïques pour des bénéfices
nobstant son opposition, il avait été élu d'un ecclésiastiques. Le septième, que personne -.

• PatruL, ibid., Epist. 9, col. 492. 2» dé la confirmation de l'élection de Calixte ;

2 Ibid., Epist. 14, col. 496. Elle est rapportée, d'a- 30 d'unu notice diplomatique, d'après Jaffé. Les let-
près Jaffé, Regesta Pontificum Romanormn. tres viennent à la suite, au nombre de deux cent
' Putrol., ibid., Epist. 24, col. 507. quatre-vingt-deux; elles sont suivies de six lettres
' Pagi, ad an. 1119, num. 5. que différents personnages adressent au pape, du con-
Voir sur Calixte II les notices de Mausi, de Cia-
5
cordat de Worms en 1122, des canons du concile de
conius et de Pandulidie. On les trouve au t. CLXIII Latran en 1123. Les écrits supposés sont à la suite.
de la Putrologie, col. 1072-1082, où ils sont suivis {L'éditeur.)
1° du commentaire de Hesson le ScLolastique sur 6 Callisti Epist. l, tom. .X Coticil., pag. 827. [Pa-
le traité de paix entre Calixte et Henri V, en 1119, tml., tom. CLXUI, Epist. i, col. 1093.
et sur le concile de Reims, avec préfa(e de GreUer;
[Xir SIÈCLE.] CIIAPITHK LXXXVI CONCILES DU Xll- SIÈCLE. 1093

n'usurpera sur l'évêque la quatrième partie prendre Maubergeon, femme du vicomte de


des oblatinns qui lui appartient. Le liui- Châtellerault. Il y en eut encore de la part
tièmc, qn 'aucun ecclésiasiique ne laissera ;\ d'Audin, évèque d'Evreux, contre Amaury
personne ses dignités ou ses bénéfices, comme de Monlfort, qui l'avait chassé de sa maison
par droit d'héi édité. Le neuvième, qu'il ne épiscopale. L'examen de ces plaintes fut ren-
sera rien exigé pour la sainte huile, pour le voyé au retour du voyage quelepiipe devait
chrême, ni pour la sépulture. Le dixième faire le lendemain à Mouson pour y conférer
fait défense aux moines aux chanoines et , avec le roi de (Germanie sur les moyens de
aux autres clercs de quitter leur profession, paix.
sous peine d'être privés de la communion de 06. Il s'était fait là-dessus deux écrits de
l'Eglise; la même peine est imposée aux ec- concert de la part de ce prince et du pape.
clésiastiques qui laissent croître leur barbe Les évêques et d'autres gens habiles que
et leurs cheveux à la manière des séculiers. amenés avec lui, examinèrent
Calixte avait
Le concile adjugea au monastère d'.Aniane avec beaucoup de soin ces deux écrits; puis
la celle de Sainte-Marie que lui disputaient on députa au camp du roi Henri, l'évêque
l'archevêque d'Arles et les moines de la d'Ostie,Guillaume de Cliampeaux -, évêque
Chaise-Uicu. C'est ce que l'on voit par la de Châlons, et quelques autres, pour déter-
lettre synodale du pape Calixte qui présida miner du traité; mais le roi ren-
les clauses
à ce concile, elle est datée des ides de juillet, dit inutiles toutes leursdémarches par des
indiclion 12, c'est-à-dire du 13 de ce mois, Le pape levint au concile, le
délais atl'ectés.
lan 1119. 20 octobre, et sacra évêque de Liège, Fri-
63. Le 20 octobre de la même année, le déric, frère du comte de Namur. Le lende-
pape assembla à Reims le concile projeté main, 27 du même mois, chargea Jean de
il

pour la réunion des Eglises '. Il y vint treize Crème de rendre compte du voyage de Mou-
archevêques, plus de deux cents évoques, son et des divers détours par lesquels le roi
un grand nombre d'abbés et d'ecclésiasti- Henri avait éludé tous les moyens de paix.
ques conslilués en dignité. Le pape ouvrit le La séance du 29 se passa à écouter les plain-
concile dans l'église métropolitaine par un tes de l'archevêque de Lyon, des moines de
discours latin, d un style simple, dans lequel Cluny et d'autres. Le 30, qui fut le dernier
il expliqua l'endioit du chapitre -Xiv de saint jour du concile, on publia cinq canons. Le
Matlliieu, où il est dit Jésus oi-donna à ses: premier est contre la simonie, elle y est dé-
disciples de monter dans une barque et dépasser fendue sous peine d'anathème, tant contre
à l'autre bord avant lui, et que le soir la bar- celui qui vend un bénéfice que contre celui
que, figure de l'Eglise, se trouva battue des qui l'achète. Par le second, on défend sous
flots au milieu de la mer, parce que le vcn: était la même peine les investitures des évêcliés
contraire. Après qu'il eut fini son discours, le etdes abbayes, avec privation de la dignité.
cardinal Conon en fit un plus éloquent sur Dans le troisième, on décerne aussi l'ana-
le devoir des pasteurs qu'il exhorta à avoir thèm.e contre les usurpateurs des biens de
le même soin de leurs lioupeaux que Jacob l'I^glise. Le quatrième défend de laisser
avait des brebis de Laban, son oncle. Le pape comme par succession les bénéfices, et de
exposa le sujet de
convocation du concile,
la rien exiger pour le baptême, les saintes hui-
qui était l'extirpation de la simonie et l'abo- les, la sépulture, la visite des malades et
lition des investitures puis venant an projet
: l'extrême-onction. Par le cinquième, on dé-
de paix avec le roi Henri, il ordonna A l'évê- fend aux prêtres, aux diacres, aux sous-dia-
que d'Ostie d'expliquer en latin tout ce qui cres, d'avoir des femmes ou des concubines,
s'était passé avec ce prince; et à l'évêque de sous peine d'être privés de leurs fonctions et
Châlons de dire la môme chose eu français A de leurs bénéfices. Le concile fit aussi un
cause des laïques présents. Le roi Louis décret pour l'observation de la trêve de
forma des plaintes devant le concile contre Dieu *. Tout étant réglé, le pape fit un petit
d'Angleterre; Hildegarde, comtesse de
le roi discours sur les dons du Saint-Esprit; et
eu forma aussi contre le comte Guil-
Poitiers, après qu'il eut exhorté les assistants à la
laume, son époux, qui l'avait quittée pour charité, et à la concorde, on apporta quatre

loin. X Concil., |i 802. ' Pag. 877.


Voyez l'article de (lUiltauint: de Cliain|>pniix.
1094 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ceut vingt-sept cierges, que l'on distribua Henri I", roi d'Angleterre, dans le dessein
aux évêques et abbés portant crosse : puis de l'engager à rendre la liberté à son frère
tous s'étant levés, le cierge à la main, on lut Robert, et le duché de Normandie à son fils.
lesnoms de ceux que le pnpe s'était proposé Le roi se défendit si bien sur ces deux arti-
d'excommunier solennellement, et particu- cles, que le pape approuva ses raisons. Il ac-
lièrement le roi Henri et l'antipape Bouidin. corda même à ce prince la confirmation de
Il déchargea du serment de fidélité tous ceux toutes les coutumes qui étaient en vigueur
qui l'avaient fait à ce prince ', jusqu'à ce tant en Angleterre qu'en Normandie sous Je
qu'il revînt à résipiscence et satisfît à l'E- roiGuillaume le Roux son père en parti- ;

glise; donna sa bénédiction à tous les as- culier que l'on n'enverrait ('es légats de
,

sistants, et permit à chacun de se retirer. Rome dans ses Etats qu'à sa demande, et
Les actes de ce concile ont été écrits par di- pour terminer des affaires que les évêques
vers historiens, Oïderic Vital, Roger de Hove- du royaume n'auraient pu terminer. De Gi-
den, Siméon de Dunelme, par Hesson Scho- sors, le pape reprit le chemin de Rome par
lastique, ot par Eadmer mais ils ne se sont ; la Bourgogne et la Provence, et y arriva le
pas tous également étendus dans l'histoire 3 juin 1120. 11 n'y resta qu'un mois, ne s'y
qu'ils en ont faite. Turstain, élu archevêque croyant pas en sûreté, à cause de l'antipape
d'York, se trouva au concile de Reims, où il Bourdin. De Rome, il vint à Mont-Cassin, et
fut sacrépar le pape Calixte 11, nonolislant de là à Bénévent. L'archevêque Landulphe

la défense du roi d'Angleterre qui voulait y avait tenu un concile le 10 mars de l'an
conserver les droits de l'archevêque de Can- 1119, assisté de ses suff-a gants, de six abbés,
torbéry. Ce prince fut quelque temps à ne et en présence de deux cardinaux et de l'é-
vouloir le souflVir dans aucun lieu de ses vêque de Tusculum On y dit anathème à
'^.

Etats ; mais le pape ayant ordonné sous peine tous ceux qui ravageaient le pays et dépouil-
d'excommunication contre le roi et de sus- laient les églises.
pense contre l'archevêque de Cantorbéry *, 69. Le concile de Beauvais ^, où l'on pro-
que Turstain fût mis en possession de son ar- céda à la canonisation de saint Arnoul, évê-
chevêché, le roi lui permit de revenir en An- que de Soissons, se tint au mois d'octobre,
gleterre. non de l'an 1119, comme on lit dans la col-
67. OrJeric Vital met un concile à Lisieux lection des conciles, mais de l'an 1120. Cela
en 1119, sans en marquer le sujet '. Mais on paraît clairement par un fragment des actes
trouve dans les archives de cette église, qu'il de ce concile imprimé dans le onzième tome
fut assemblé pour confirmer la paix faite à du Spicilége de dom d'Achéry. \\ y est dit
demars,
Gisors, en il 13, la dernière semaine qu'il fut ordonné dans ce concile qu'on élè-
du consentement des rois de France et d'An- verait de terre le corps de ce saint évêque,
gleteiTe *. Cette assemblée fut comme un le premier jour de mai, et que la cérémonie

préalable au concile de Reims dont on vient s'en fit ce jour-là même, l'an 1121, la qua-

de parler, auquel on avait appelé les évê- torzième année du règne de Louis, fils de
ques de Neustrie. Geott'rûi, archevêque de Philippe. On a parlé de ce qui se passa en
Rouen, aussitôt après sou retour de Reims, ce concile dans l'article de Guillaume de
assembla un concile de sa province au mois Champeaux, évêque de Châlons, qui y as-
de novembre de l'an 1119, où il défendit aux avec plusieurs autres prélats Conon,
sista, ;

prêtres tout commerce avec les femmes sous évêque de Prénesle, légat du Saint-Siège,
la peine terrible de l'anathème. La plupart présida à l'assemblée.
alarmés de ce décret en murmurèrent hau- 70. Les diverses calamités dont le royaume
tement, et il s'excita dans le moment même de Jérusalem était affligé depuis quelques
une sédition contre l'archevêque qui causa années engagèrent le patriarche Guermond
un grand scandale par tout le diocèse, les et le roi Baudouin à assembler un concile
prêtres en étant venus aux mains avec les général des évêques et des seigneurs de cet
domestiques du prélat. Etat, à Naplouse ou Naples \ ville de Pales-
68. Le pape Calixte, après le concile de tine, connue autrefois sous le nom de Sama-

Reims, eut à Gisors une conférence avec rie. L'archevêque y fit un discours pour ex-
' Pag. 878. - 2 Pag. 879. 5 Pasi, ad an. 1119, mun. 15, et toiD. X Concil.,
sOrderic, lib. Xll, pag- 8bl et 8H. pag. 1835.
*Tom. X Concil., p.ag. 881. 6 Tom. X Concil., pag. 882. —
^ Ibid., pag. 884.
[Xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XIP SIÈCLE. 1095

horler les peuples à détourner la colère du dit porter à l'arclievcque et à ses deux
de le

Ciel de dessus leurs têtes par une pénitence délateurs Albéi ic et Lotull'e. On était au der-
sincère des fautes qui avaient attiré tant de nier jour du concile, qu'on n'avait encore
lléaux, la guerre, la famine, les tremble- rien décidé sur son livre. GeoflYoi, évêque
ments de terre. Le concile, pour contribuer de Chartres, proposa d'interroger Abailard
au rétablissement des mœurs et de la dis- sur sa doctrine, et de lui donner toute liberté
cipline, fit vingt-cinq canons qui ne sont de répondre. Cet avis n'ayant pas été du
pas venus jusqu'à nous. goût du concile, le même évêque proposa de
71. On lit dans la clironique d'Anselme de lenvoyer au concile qui devait se
l'atlaire

Gemblours, qu'en 1121, au mois d'octoljre, tenir à ne


Saint-Denis. L'archevêque, qui
l'empereur Henri vint à Quedlinibourg avec voulait pas qu'elle fût portée à un autre tri-
les grands seigneurs de son royaume ;
qu'il bunal qu'au sien, convint avec le légat de
y vint aussi des députés du Saint-Siège pour condamner le livre à être briàlé sans examen,
terminer les diflScultés agitées depuis long- par la seule raison qu'Abailard l'avait rendu
temps entre ce prince et le pape '
;
que l'on public, avant qu'il eût été approuvé par l'au-
disputa beaucoup sur l'état présent de l'em- torité du pape ou de l'Eglise. Cette sentence

pire, sur les investitures, sur l'hérédité de fut exécutée, Abailard jeta de sa propre main

Sitfrid, comte palatin, et sur d'autres afl'aires son livre au feu. On l'obligea à faire profes-
tantôt en faveur du roi, tantôt en renvoyant sion de tous les articles de foi contenus dans
la cause à l'examen du pape ; en sorte qu'a- le Sj-mbole attribué à saint Athanase puis, ;

près avoir bien disputé, l'on s'en retourna par ordre du concile, il fut enfermé dans le
sans avoir rien décidé sur le point qui divi- monastère de Saint-Médard à Soissons. Quel-
sait l'empire du saceidoce. La Clironique ques-uns accusaient Abailard de sabellia-
d'Usperye met ce concile à Viizbourg mais ; nisme, et de ne pas assez distinguer les trois
peut-être s'assembla-t-on en deux endroits personnes de la sainte Trinité d'autres, au ;

pour le même sujet. contraire, lui reprochaient d'enseigner qu'il


62. 11 faut rapporter à l'an 1121 le concile y avait trois dieux ; d'autres, qu'il ne recon-
que le légat Conon assembla à Soissons con- naissaitque le Père tout-puissant. Abailard
tre Pierre Abailaid -, car celui-ci dit expres- ne fut pas longtemps enfermé à Saint-Mé-
sément 3 qu'il fut tenu après la mort de Guil- dard le légal l'en tira pour le renvoyer au
;

laume de Cliampeaux, évêque de Châlous, monastère de Saint-Denis, dont il était reli-


son maître : or, Albéric de Trois-Fontai- gieux.
nes*, Siméonde Dunelme, Anselme de lieni- 73. En 1121, on avait député ^d'Allemagne
blours, continuateur de la Clironique de Si- à Rome l'évêque de Spire et l'abbé de Fulde,
gebert, et plusieurs autres écrivains contem- pour traiter de la paix entre l'Eglise et l'Em-
porains, mettent la mort de Guillaume de pire avec Calixte II, qui fut prié d'indiquer à
Cliampeaux au mois de janvier de cette cet etl'et un concile général, si l'on ne pouvait

année. Ou ne peut renvoyer la tenue du autrement ramener la concorde. Le pape, de


concile à l'année suivante 1122, puisqu'il fut l'avis des cardinaux et de tous les évêques

assemblé par le légat Conon, qui, sur la fin d'Italie, envoya avec les députés d'Allema-

de l'année précôdeule 1121, eut pour suc- gne, Lambert, évêque d'Ostie, Sarçon, piè-
cesseur dans la légation de France, Pierre tre-cardinal du titre de Saint -Etienne au
de Léon. Le livre d'Abailard sur la Trinité mont Celius, et Grégoire, diacre du titre de
donna lieu au concile. Deux do ses condis- Saint-.\nge. On convint d'abord de tenir une
ciples, Albéric et Lotull'e, qui enseignaient à diète générale àVirzbourg, mais elle fut en-
Keims, le déférèrent à l'archevêque Raoul le suite transférée à Worms, où elle se tint le
Verf, qui en parla au légat Conon. Ils indi- 8 septembre de l'an 1122 «. On l'ut plus d'une
quèrent le concile, avec ordre à Abailard d'y semaine à discuter les ditlicuUés et adresser
apporter son livre. Il le donna à examiner an les articles de la paix, qui fut enfin conclue
légat, en oll'rant de corriger tout ce qui s'y et arrêtée en cette manière. Le pape accorda
trouverait de contraire à la foi. Le légat lui à l'empereur lleuri que l'élection des évé-

' Tom. X Voncil., |ia^'. 883. s Chron. Vsperg., ad an. 112Î, cl i-dus, tom. Il

> Ibid., |>u^. 885. Hcripior. medii avi, pa^. 308.


> Aljielardu.1, Ejiisl. de suis cnla<nitulUius,{n\\. i\. « Tom. X Concil., pag. 88a.

' Pugi, ad an. 1 1-21, imm. i.


1096 HISTOIIŒ GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
ques des abbés du royaume teutonique
et l'Eglise, le priant de lui renvoyer ses légats, à
se ferait en sa présence sans violence ni , cause du concile qn'il avait dessein de tenir
simonie en sorte que, s'il arrivait quelque
;
l'année suivante 1123 [à Latran].
dififérend, ce prince donnerait son consente- Il y invita tous les archevêques et tous
74.
ment et sa protection à la plus saine partie, les évoques des provinces d'Occident, en leur î.

suivant le jugement du métropolitain et des faisant part de la paix rétablie entre l'Eglise
comprovinciaux que l'clu recevrait de lui
;
et l'Empire *. Quelques-uns mettent cette

les régales par le sceptre, excepté ce qui ap- assemblée en 1122. Mais Falcon Siraéon ,

partient à l'Eglise romaine qu'il remplirait ;


deDunelme, Anselme deGemblours, etl'abbé
d'ailleurs tous les autres devoirs qui sont de Suger qui y assista, la rapportent à l'an 1123,
droit et que celui qui aurait été sacré dans
; le19 mars. Il y vint plus de trois cents évê-
les autres parties de l'empire, recevrait de ques et plus de six cents abbés. L'ouverture
l'empereur les régales dans six mois. Le du concile se fit le lundi et finit le mercredi,
pape ajouta dans l'écrit qui fut fait en son en sorte qn'il n'y eut que deux sessions, car
nom, qu'il prêterait secours selon le devoir on ne s'assembla p 'S le mardi. On y fit vingt-
de sa charge ii ce prince quand il le lui de- deux canons =, dont la plupart ne font que
manderait que pour ;
le présent, il lui don- renouveler les anciens contre la simonie, le
nait une vraie paix et à tous ceux qui étaient concubinage des clercs, et l'infraction de la
ou avaient été de son côté du temps de la trêve de Dieu. Nous rapporterons ici ce qu'ils
discorde. La date de cet écrit est du 23 sep- ont de particulier. Le sixième déclare nulles ^^

"
tembre H22. Celui que l'on fit de la part de toutes les ordinations faites par l'hérésiarque
l'empereur est de même date '. Ce prince y Bourdin depuis sa condamnation par l'Eglise
dit que pour l'amour de Dieu, de la sainte romaine, et celles qui ont été faites par les
Eglise romaine, du pape Calixte, et pour le évêques qu'il a ordonnés à la suite de sou
salut de son âme, il remet toute investiture schisme. Le huitième prononce anathème «

par l'anneau et la crosse; qu'il accorde dans contre les usurpateurs des biens de l'Eglise
toutes les églises de son royaume et de son romaine, nommément ceux qui s'empare-
empire las élections canoniques etlesconsé- ront ou retiendront par violence la. ville de

cralionslibres; qu'ilrestilueàl'Eglise romaine Bénévent. Par le onzième, l'Eglise romaine '

les terres et les régales de Saint-Pierre-, qui prend sous sa proteclion les familles et les
lui ont été ôtées depuis le schisme ;
qu'il biens de ceux qui vont à Jérusalem secourir
restituera de même les domaines des autres les chrétiens contre les infidèles ; leur ac-
églises des seigneurs et des pai'ticuliers
,
; corde la rémission de leurs péchés, et or-
qu'il donne une vraie paix au pape Calixte, donne sous peine d'excommunication à ceux
à la sainte Eglise romaine, et à tous ceux qui après s'être croisés, avaient quitté leur
qui sont ou ont été de son côté, et lui prê- croix,de la reprendre dans l'année. Dans le
tera secours fidèlement quand elle le lui de- quatorzième, il est défendu aux laïques, sous
mandera. Ces deux écrits ayant été lus de- peine d'auathème, d'enlever les offrandes
vant une nombreuse assemblée, l'évêque des autels de Saint-Pierre, du Sauveur, de
d'Ostie célébra la messe, où il reçut l'empe- Sainte-Marie-de-la-Rotonde et des autres
reur au baiser de paix et lui donna la com- églises croix, et de fortifier les égfises
ou des
munion. Les légats donnèrent l'absolution à comme des châteaux pour les réduire en ser-
toute l'armée el à tous ceux qui avaient par- vitude. 11 est porté dans le quinzième que
ticipé au schisme ^ Le pape informé de tout Ion séparera de la communion ou société
ce qui s'était fait en cette occasion, félicita des fidèles, les fabricateurs de fausse mon-
l'empereur, par une lettre datée du 13 dé- naie et ceux qui en débiteront. Le seizième
cembre, de sa soumission à l'obéissance de est conçu en ces termes « Celui qui osera :

Ces deux écrits sont reproduits d'après Perlz,


> iium. 1, 2, [FatroL, ibid-^ col. 1301. ]
3, 4, 5.

Monum. Germ. hist. lerjuin, tom. II, au tome CLXIII 5 Pertz, qu'on suit dans la Patrologie, n'eu donne
de la Patrologie, col. 1 359-1 3C2. [L'éilileuv.) que dix-huit dans un ordie différent. On n'y trouve
* On appelait régales les droits royaux de justice, point le 13» relatif à la trêve de Dieu, les 19, SO re-
de monnaie, de péage ou autres semblibles accordés aux services que les monastères peuvent ren-
latifs
à des églises ou à des particuliers. (Fleury, livre dre aux évêques et à la sûreté des biens et des per-
LXVII, pag. 327, tom. XIV.) sonnes ecclésiastiques, ni le 22= relatif aux aliénations
3 Tom. X Concil., pag. 891. de biens ecclésiastiques. [L'éditeur.)
4 Tom. X Concil., pag. 891 : Pasi, ad liunc au..
[xii' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVl. — CONCILES DU XI^ SIÈCLE. 1097

prendre, dépouiller ou vexer par de nou- sents se leva par ordre du pape, et prit la
veaux péages ceux qui vont à Rome ou à défense de ses confrères. Un évéque de Li-
d'aulres lieux de dévotion, sera privé de gurie, nomméPierre, fit voir qu'il y avait de
la communion chrétienne, jusqu'à ce qu'il l'équité dans les donations faites aux monas-
ait satisfait pour sa faute. Le vingt-deuxième tères par les évéques. Le pape ayant fait
déclare nulles les aliénations des biens de faire silence, releva les avantages que saint
l'Eglise, faites par les évéques, les abbés ou lienoît avait rendus à Mont-Cassin, en pur-
autres ecclésiastiques; en particulier les alié- geant ce lieu des ordures des idoles, et en
nations des biens de l'exarcat de Ravenne, le rendant fameux dans tout le monde, soit
faites par Olton, Guy, Jérémie ou Philippe. par ses miracles, soit. en l'établissant le chef
C'étaient les quatre évoques scliismatiques, de l'ordre monastique. 11 ajouta que ce saint
qui avaient succédé à l'antipape Giiibert '. lieu rétabli par les papes, avait été jusque là
73. U ne nous reste des autres actes du la consolation de l'Eglise romaine dans ses

concile de l.atran -, que ce qu'on en lit dans adversités, et sa joie dans sa prospérité.
le quatrième livre de la Chronique de Moiit- C'est pourquoi, à l'exemple de ses prédéces-
Cussin 3. Girard, qui avait gouverné ce mo- seurs, il déclara ce monastère exempt de
nastère jusqu'au 17 janvier moi t, H 23, étant toute juridiction, et sous la protection de la
ou élut à sa place Oderise II. Le pape in- seule Eglise romaine voulant que tous les;

formé par les moines de rabba3-e de son autres monastères fussent maintenus suivant
élection, lui ordonna de venir à Rome pour le temps de leur fondation.

y recevoir la bénédiction abbatiale. La céré- 76. On rapporte au temps du concile de


monie s'eu fit pendant la tenue du concile. Latran le rescrit du pape Calixte II adressé
Les évéques saisirent cette occasion pour se à l'abbé Andron et aux moines de Sainte-
plaindre des moines, en disant « U ne reste : Croix de Bordeaux ^. Ceux de Saint-Macary,
plus qu'à nous ôter la crosse et l'anneau, celle ou prieuré dépendant de Sainte-Croix,
et à nous mettre à leur service. Ils possèdent avaient tenté plusieurs fois de se soustraire
les églises, les terres, les châteaux, les dî- à la juridiction de cette abbaye. Ils avaient
mes, les oblalions des vivants et des morts.» même surpris de Girard, évéque d'Angou-
Puis se tournant vers le pape, ils ajoutaient : lème et légat apostolique; le droit de faire
« La gloire des chanoines et des clercs est porlei' la crosse à leur supérieur, comme s'il

obscurcie, depuis que les moines, oubliant eut été abbé. Le pape Calixte ayant fait venir
recherchent les droits des
les désirs célestes, les partiesà son audience, cassa le privilège
évéques avec une ambition insiitiable, au obtenu subrepticement par les moines de
lieu de se contenter de vivre en repos sui- Saint-Macary, qu'il déclara soumis à l'ohéis-
vant l'intention de saint Benoit. » Ce fut ap- sance de l'abbé de Sainte-Croix.
paremment pour les humilier que; l'on lit le 77. Aussitôt après son intronisalion, le
dix-septième canon, où il est défendu aux pape Calixte en donna avis par une lettre à
abbés aux moines de donner des péni-
et Adalbert, archevêque de Mayence *. Il y té-
tences publiques ', de visiter les malades, de moigne que, malgré sa résistance, il avait
faire les onctions, et de chanter des messes été élu d'un consentement unanime. C'est ki
publiques. On leur ordonna encore de rece- première de ses lettres, selon l'ordre qu'elles
voir des évoques diocésains les saintes hui- tiennent dans la collection des conciles. La
les, la consécration des autels et l'ordination seconde est une confirmation des statuts de
des clercs. Après que l'on se fut étendu en l'ordre de Cîteaux. Ils avaient été faits par
plaintes contre les moines, un des abbés pré- une mûre délibération des abbés et du con-

1 Ce cauou ne se trouve point dans Pt-rtz On y lit Cos cauoQs se trouveul aussi tlaus la collecliou Jes
les (leu.x suivauU sur les bieus ecclésiastiques. Cao. 8. coucili's de Labbe, où ils compteul tous les deu.x
Praterca juxla bealissimi pajia: S/e/j/m/ii sanclionem ensemble pour le quatrième. [L'éditeur.)
slaluimus, ut Itùci quaiiivis religiosi sint, niil/am * C'est le premier concile général tenu eu Occi-
lameu de ecclesiasiicis rébus aliquid disponendi ha- dent, (t éditeur.)
lieant facutltitem.Sed secundum aposlotorum couoiies » CUron. Cassin., lib. XIV, cap. Lwvu.
omnium neyuliorum ecclesiaslicorum curam episcopus ' Dans Pertz il n'est poiul question de pénitence
halieal,et ea velul Oeo contemplante dispenscl. Caa 9: publiaue. {L'éditeur.)
Si quii ergo principum vel nliorum laxcurum disposi- 5 Mnbillou., lib. I.XXIV Annal., uuni. AS. [Patrol.,
tionem seu dommationem n;/ posses.iionem ecclesiasii- ibid., fe'/>i>/. SU, col. 1Î76.!
airum rerumstài vindicavcril, ut sacnlerjus judicetur. « Toiu. X Coiicil., pag. 894.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
senlement des évêques diocésains. Le pape son amour pour Dieu, son respect pour les
confirme dans la troisième les droits et les églises et les ministres des autels. Il or-
privilèges de l'Eglise de Vienne, entre autres donne dans la lettre à ijrbert, évêque de
le droit de primatie sur sept provinces, sa- Paris, à tous les clercs de son diocèse de
voir de Vienne, de Bourges, de Bordeaux, lui rendre le respect et l'obéissance, et dé-
d'Auch, de Narbonne, d'Aix et d'Embrun. Il clare que s'il arrive que quelqu'un des cha-
soumit encore à l'archevêque de Vienne noines vienne à être fait évêque, il ne lui
celui de Tarenlaise, comme à son primat, et sera pas permis de garder la prébende qu'il
déclara que l'archevêque de Vienne ne serait avait dans l'église d'où il aura été tiré. Ca-
soumis à aucun légat, sinon à un légat à la- lixte II permet dans la lettre vingt-cinquième
tere. La lettre est du 26 février H20. Il y est a Otton du château d'iring de fonder une
fait mention d'un privilège accordé à l'Eglise église en l'honneur des apôtres, et un mo-
de Vienne par le pape Sylvestre. Mais on nastère, à la charge d'en mettre les fonds
convient que c'est une pièce supposée. sous la protection du Saint-Siège , et aux
78. Le pape ayant fait assiéger la ville conditions que les moines donneront tous les
de Sutri, où Bourdin s'était retiré, prit cet quatre ans à l'église de Latran, une aube et
antipape et l'envoya au monastère de Cave des amicts; qu'à l'avenir, ce seigneur ni ses
pour y faire pénitence. Il écrivit de Sutri successeurs rie s'ingéreront pas dans l'advo-

même le 27 avril 1121, aux évêques et à catie dudit monastère; mais qu'il sera libre
tous les fidèles des Gaules, pour leur ap- aux moines de se choisir un abbé et un avocat
prendre que la Providence avait livré Bour- ou avoué. La lettre est datée du 30 mars 11 21.
din entre ses mains. C'est le sujet de la qua- 80. Dans la vingt-sixième, qui est de l'an-
trième lettre. Dans la cinquième, il congra- née suivante 1122, au mois de novembre, le
<£ Imo ')

tule l'empereur Henri de sa soumission à pape approuve l'institution des chanoines


Episl. 6. l'Eglise. La sixième adressée à Pelage, évê- réguliers de Bernried et dans la vingt-sep-
;

S.: S, que de Brague est une confirmation des


, tième datée du mois de mai de la même an-
privilèges de cette Eglise, nommément de née, il approuve aussi l'institut des chanoi-
ses droits de métropole sur la dalice. Par la nes réguliers de Berglestad. La vingt-hui-
siîil septième et la huitième, il confirme ceux de tième adressée aux évêques et aux fidèles
l'Eglise de Bamberg et des monastères que des provinces de Bourges, de Bordeaux,
saint Oitou avait fondés. La neuvième et la d'Auch, de Tours et de Bretagne, est pour
dixième contiennent l'énumération et la con- leur donner avis qu'il avait établi son légat,
firmation des privilèges de l'abbaye de Ven- dans ces provinces, Gérard, évêque d'An-
dôme. 11 commet dans la onzième à Joceran, gonlême. Par la vingt -neuvième, le pape
évêque de Laon, le jugement d'un dilférend avertit les évêques de Chartres, d'Orléans et
entre le monastère de Saint-Pierre-le-Vif et de Paris, qu'il a confirmé la sentence rendue
les abbés de Molesmes et de Saint-Remy de par son légat, portant défense de célébrer
Reims. Les cinq suivantes regardent la con- l'office divin partout où se trouverait Guil-

testation entre les chanoines de Saint-Etienne laume, fils du comte Robert, qui avait épousé
et ceux de Saint-Jean de Besançon, au sujet la fille du comte d'Anjou, sa parente. Dans

du droit de cathédrale. On a vu plus haut la trentième à Pons, abbé d'Aniane, il ad-

que le pape avait adjugé ce droit au chapitre juge à cet abbé un prieuré qui lui était con- 237, 2ô8,2f9,

de Saint-Etienne. testé par l'archevêque d'Arles et les moines


79. Dans les quatre qui suivent, le pape, de la Chaise-Dieu. Les deux suivantes por-
à l'imitation de Pascal 11, prend sous la pro- tent excommunication contre les pillards des
tection du Saint-Siège l'abbaye de Tournus, biens que le chapitre de Mâcon possédait
et luiconfirme tous ses droits et toutes ses dans le village de Montgodin. Les quatre
possessions. Il fait la même chose à l'égard dernières regardent la primatie de Tolède,
de Cluuy dans les lettres vingt-unième et ses droits, l'obligation où étaient les évêques
vingt -deuxième. Dans la vingt- troisième d'Espagne d'obéir au primat Bernard comme
adressée au roi Louis, il lui recommande à un légat apostolique.
Pierre, cardinal, son légat en France. Le 81 . Suit dans la collection des conciles L»llre<1

pape y relève aussi la piété de ce prince. une lettre de Louis VI, roi de France', en

Torn. X Concil. 855. [PatroL, ibid., Diver- rum ad Calixlum Episl., epist. 3, col. 1339.]
J

[Xll' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XU'= SIÈCLE. 1099

réponse à celle qu'il avait reçue du pape fouse, et les actes ^ du concile assemblé à
Calixte II au sujet de la prise de l'antipape Soissons en H 18, auquel Calixte II présida.
Bourdin. Ce prince en témoigne sa joie. Ce code contient encore^ le traité fait entre
Puis venant à la sentence prononcée par le ce pape et l'empereur Henri V, touchant les
pape contre l'archevêque de Sens Vous : (( investitures, et les promesses qu'ils se firent
nous avez, lui dit-il, un peu apaisé en relâ- mutuellement de vivre en paix. Calixte II
chant cette sentence mais vous nous avez
;
voulant, à l'imilation du pape Pascal, son
laissé dans la perplexité, en ne la relâchant prédécesseur, contribuer à l'entretien de
que pour un temps. Il nous parait en etl'et l'hôpital de Jérusalem ^, écrivit une lettre

que 1 archevêque de Lyon a encore quelque circulaire à tous les évoques, abbés, cha-
espérance d'obtenir la soumission qu'il de- noines, chapelains, et généralement à tous
mande de l'archevêque de Sens. Mais je les fidèles de l'Europe, de remetire au por-
souÛYirais plutôt que mon royaume et ma teur de sa lettre, envoyé par Raymond, di-
vie fussent en danger deque d'endu-
périr, recteur de cet hôpilal, les aumônes qu'ils
rer l'opprobre qui rejaillirait de cette sou- voudraient y envoyer, pour le soulagement
mission, qui semble tourner au mépris de des pauvres et des pèlerins. Enfin on trouve
ma personne. » Le roi représente au pape dans le code de Bamberg^, le précis de ce
la promptitude des Français à servir l'Eglise qui se passa dans les négociations de paix
romaine, la fidélité qu'ils lui ont gardée, les entre le pape et l'empereur Henri V, en
bons ollices qu'ils lui ont rendus; l'honneur IM9, à la conférence de Mouson et ailleurs,
qu il lui a fait à lui-même en allant au con- avec les écrits dressés de concert de paît et
cile de Reims, quoique malade; en consé- d'autre sur ce sujet.
quence, il prie le pape de conserver à l'é- 83. [Outre les privilèges et lettres de Ca-
glise de Sens sa liberté et son indépendance lixte II, dont il a été question ci-dessus, il

de celle de Lyon, dont elle a toujours joui. en existe beaucoup d'aulres dans la Patrolo-
Il ajoute que la ville de Lyon élaut d'un au- gie, puisque le volume CLXIII contient ou in-

tre royaume, c'est-à-dire de celui de Bour- dique jusqu'à deux centqualre-vingts lettres^.

gogne, et conséquemment soumise à l'em- Voici ce qui nous a paru digne d'être signalé :

pereur; un roi de France se sentirait mé- Le pape accorde à Bernard, archevêque


piisé si un prélat de ses états se soumettait d'Auch, la liberté d'ensevelir désormais les
à un autre prince, et que ce serait peut-être morls dans l'église de Sainle-Marie. Le 16
une occasion de rompre l'amitié qui était avril 1119 il fait savoir à Frédéric, archevê-
entre lui et l'empereur. que de Cologne, qu'il célébrera en automne
82. On trouve dans l'appendice '
du sixiè- un concile à Reims, pour la réunion des
me tome des Annules ùénéJiclines par dom églises. C'est ce concile dont il a été parlé
Mabillon, une bulle de Calixte II en faveur plus haut. Par une bulle datée de Brives le
du monastère dii mont Yullurue, adressée 17 juin de la même
année, Calixte déclare
à l'abhé Mauson, et une autre pour l'église le chapitre de cette ville soumis immédiate-

de Sainl-Remi en Provence, dont l'abbé se ment au Saint-Siège, et lui accorde la fa-


nommait Odon. Outre la confirmation des culté de choisir l'évêque qu'il lui plaira le
biens et des droits de ces deux monastères, mieux pour la confection du saint chrême,
le pape leur accorde l'élection libre de leur des saintes huiles les consécrations des
,

abbé. Il accorda le même juivilége à l'ab- églises ou des autels et les ordinations des
baye de Schall'ouse, par une bulle rapportée clercs. Didace, archevêiiue de Composlelle,
dans le code - de Uliic de Ifaniberg. On lit est invité le 1 i juillet au concile de Reims,
au même endroit une lettre de ce pape à qui devait s'ouvrir le jour de la fête de saint
l'évoque cl aux chanoines de Constance, pour Luc. Par une lettre en date du 13 juillet, le
les exhorter à finir amiablemcnt les diilicul- pape avertit le prévôt, le clergé el le peuple
tés qu'ils avaient avec les moines de Schaf- d'Hildesheim, que, dans un concile tenu en

' Pag. OU cl 044. [PalioL, ibid , Hpisl. 106, 4y. s Ibid., pag. 304. [Pulrol., ibid., E/iisl. 239, col.
Odou (tait abW- de Saiut-Reiny de Hiims.) 1299.
' l'ag. 299, toin. M Scripl. meclii œvi, Eccardi. [l'u- « Ibid
,
pug. 303 el 308.
trol., U>id., t/»..7 03, col. 1150.] ' Il u'y uu a réellement ([ue 280, car la 99' et la
» Ibid., pug. 301. [Hpisl. 6i, col. 1149.1 lOOf foriiicnl le numéro 100.
* Ibid., pag. 307. [l'ulrul., ibid., Eiitsl., col. 1359.)
,

1100 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIAS'nQUES.


Gascogne, il a condamné absolument les in- Dans la lettre aux archevêques d'Arles
vestitures. d'Aix et d'Embrun et à leurs sutfraganls, il

Dans la letlre à Henri, roi d'Angleterre, veut qu'on respecte les biens du monastère
il prie ce prince de laisser venir les évêqucs de Marseille soumis immédiatement au
,

de sou royaume au concile qu'il a convoqué Saint-Siège, si la possession de ces biens


pour terminer la controverse au sujet de la remonte à trente ans et plus.
primauté de l'église d'York. Godebald, évo- Par la lettre adressée le 26 février à Di-
que d'Utreclit, n'avait pu venir au concile de dace, archevêque de Compostelle, il ôte k
lleims. Le pape, connaissant son affection Mérida, ville déchue et au pouvoir des infi-
pour le Sainl-Siége, et prenant en considé- dèles, le droit de métropole, qu'il transfère
ration l'église qui lui était confiée, envoya à Compostelle par respect pour saint Jac-
le30 octobre au prélat une mi're épiscopale. ques, apôtre, dont le corps glorieux est l'or-

Les lettres adressées à Gislebert, archevê- nement de cette église, et par ali'ection pour
que de Tours, et à Henri, roi d'Angleterre, la personne de Didace.
ont pour but de recommander à ce prince Les lettres quatre-vingtième, quatre-vingt-
Turstain, archevêque d'York. Au lieu de une, quatre-vingt-deux, quatre-vingt-trois,
Turslain, le texte porte Thomas; mais c'est sont encore relatives à cette affaire.
évidemment une faute. Le 2 novembre, le La aux évêques, princes, comtes,
letlre
pape coufiima le décret porté contre les si- soldats et fidèles d'Espagne, est pour faire
moniaques. Dans les lettres vingt-sept et reconnaître comme roi le fils de Raimond.
vingt-huitième, soixante-onzième, il est ques- Celui-ci était gendre du roi Alphonse. Après
tion de l'argent enlevé par l'abbé de Redon sa mort, Alphonse avait choisi le fils du
à l'abbé de Quimperlé. comte pour lui succéder, mais la mère du
Dans la cinquante-unième, Caiixte recom- jeune prince avait cherché à oter à son fils
mande aux évêques d'Ecosse et à Raoul, la couronne. Le pape ordonne aux Espagnols

évêque des Orcades, l'obéissance à Turstain, d'observer le serment prêté au jeune roi. .

archevêque d'York, qu'il avait consacré lui- Pelage, archevêque de Brague, retenait in-
même. Dans la suivante, il recommande à justement plusieurs églises, et avait refusé
Aistan et à Siward, rois de Norwége, Raoul, d'obéir aux ordres de Hugues, évêque de
élu canoniquement évêque des Orcades, et Porlucal, chargé par le pape Pascal de ter-
sacré par l'archevêque d'Y'ork, son métio- miner cette affaire. Caiixte ordonne à Pe-
polilain. Les abbés de Molesme et de Reims lage la restitution de ces églises, sous peine
avaient enlevé plusieurs possessions au mo- d'être inleidil quarante jours après la ré-
nastère de Saint-Pierre-le-Vif de Sens; Jos- ception de sa letlre. Le 3 juin, il informait
ceran, évêque de Laugres, fut chargé de de son heureuse arrivée à Rome Etienne,
terminer ce différend. Toutes ces lettres camérier, légat du Saint-Siège en résidence
sont de l'an 1119. à Trêves. La lettre à Didace, archevêque de
Sous l'an 1120, nous remarquons les sui- Compostelle, écrite le 31 décembre, ajoute
vantes : les détails relatifs an voyage du pape dans
exempte de la juridiction du légai
Caiixte les provinces méridionales, son retour dans
Brnnon, archevêque de Trêves, à moins cette ville, la sécurité qu'il y goûtait. Il lui
qu'il ne s'agisse d'un légat a latere. Il con- recommande le roi Ildepbonse.
firme à ce même prélat les droits de métro- Parla lettre cent-dix-huitième, du 2 jan-
politain, l'usage du pallium, le droit déjà vier, il ôte aux archevêques de Pise le droit

accordé par le Siège Apostolique de monter de consacrer les évêques de Corse. Il rap-
sur une jument caparaçonnée de pourpre, pelle à ce propos tout ce que les papes ses
pour se rendre aux stations, et de faire por- prédécesseurs avaient fait relativement à ce
Hugues, évêque d'Au-
ter devant lui la croix. point si vivement débattu entre les Génois
xerre, avait demandé
la faculté de rempla- et les Pisans, les guerres et les dévastations
cer par des chanoines réguliers ou des moi- qui en avaient été la suite. Pour mettre un
nes les clercs séculiers qui occupaient diffé- terme à toutes ces fâcheuses discussions, il
rentes églises; il avait sollicité la même fa- soumet l'île de Corse à la juridiction immé-
veur pour des églises retenues injustement diate du Saint-Siège. Bréquigny nous ap- '

par des laïques. Le pape acquiesça à ces


deux demandes le 'd janvier. 1 Tables chronologiques, 11, p. 300.
[Xll' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU X1I« SIECLK HOl

pieiul quo Calixle confirma la piimatie à à ce sujet le 7 octobre 1121. S. la prière Je


Uinbald, arclievêque de Lyon. Louis, roi de France, il confirma, le 9 dé-
La lettre cent-viugl- deuxième est une cembre, l'union des évêchés de Noyon et de
bulle pour ériger ou rétablir l'évêché des Tournai.
Trois-Tavernes [Trium Tabermrum) en Ca- Par les lellies cent soixante-quatre, cent

labre. soixante-cinq, cent soixante-six, du l.ï jan-

La cent-vingt-qualrième, adressée à Gui, vier 1122, demanile aux évèqnes d'Ecosse


il

évêque de CoirL-, contient des détails sur le l'obéissance à l'archevêque d'York leur ,

voyage du pape dans les provinces du midi métiopoliti'.in. La lettre à l'empereur Henri

et sur son lieureux retour à Rome. Les évo- est pleine des plus nobles sentimenis. Calixte
ques de la province de Compostelle avaient cherche à ramener ce prince, pai- l'atl'ection
refusé d'obéir à Didace et de se rendre au qu il lui porte et comme chef de l'Ejlise,

concile que cet archevêque avait convoqué. et comme son parent. Il l'était en ell'el par
Le Souverain Pontife approuve la suspense l'impératrice Agnès a'i'eulo de Henri V.
,

portée contre eux, si, quarante jours après « Revenez cl vous-même, lui dit-il, revenez

la mouition de l'évéque, ils persistent dans etpesez sérieusement ce que vous étiez et ce
le refus de satisfaire. 11 l'accuse de trop dé- que vous êtes devenu. Ne vous confiez pas
sirer la ruine de la dignité métropolitaine dans la superbe des hommes iniques, car
de Brague, et le prie de venir terminer celte Dieu résiste aux superbes. Vous avez pour
aiïaire vers la Saint-Jean de l'année sui- soutiens vos soldats; l'Eglise a pour son dé-
vante. 11 ordonne au même archevêque de fenseur le Roi des rois, qui l'a rachetée par
rompre le maiiage par Girald, qui avait son sang. Elle a pour seigneurs et pour pa-
épousé une parente de sa première femme trons les suints apôties Pierre et Paul. Lais-
au troisième degré. sez ce qui n'est pas de votre ressort, pour
Les lettres cent trente-neuf, cent quarante, vous appliquer dignement à ce qui vous
cent quarante-une, cent quarante-deux, cent concerne. Que l'Eglise ait ce qui est de Jé-
quarante-trois, cent cinquante-une, sont re- sus-Christ, quo l'empereur ait ce qui lui ap-
latives aux biens que le comte lldephonse partient. Que chaque partie soit contente de
avait enlevés au monastère de Saint-Gilles. son office, et que ceux-là ne se laissent point
Dans la lettre cent quarante-sept, il con- aller à l'ambition d'usurper, qui défendent la

firme l'institut et les possessions des cha- justice en tout. Si vous voulez nous entendre
noines réguliers du Saint-Sépulcre de Jéru- et obéir à nos conseils et à ceux dos hom-
salem. mes religieux, vous procurerez une grande
La lettre suivante, adressée à la province gloire à Dieu et au siècle, et avec le faite du
de Césarée, constate lenvoi du palliuni ;i royaume temporel et de l'empire, vous ob-
Guarmaund, patriarche de Jérusalem. Il écri- tiendrez encore la gloire du roynume éter-
vit a ce même patriarche de mettre fin aux nel. En outre, vous vous altacherez notre
désordres occasionnés par le chantre et le personne par les liens de la
et toute l'Eglise
sous-chantre de l'église du Saint-Sépulcre. dilection, et vous serez vraiment prince,
Ces deux olliciers vivaient eu séculieis vraiment roi et vraiment empereur par la
dans leurs maisons, présidaient au chœur grâce du Dieu toul-puissant. Que si, au con-
des frères réguliers, et disposaient à leur traire, vous prêtez l'oreille aux adulations des
gré de la célébration des divins otlices. On sots et de ceux qui veulent vous commander,
voit dans la lettre adressiie à Marc, clerc vé- et aux suggestions de la méchanceté, et si vous
nitien la coutume où étaient les Souve-
, refusez de rendre ù Dieu et à l'Eglise l'honneur
rains Pontifes d'envoyer une pierre pour la qui leur est dû, nous aurons soin de pourvoir
fondation des églises qu'on voulait construire. au bien de l'Eglise par des hommes religieux
Cet usage avait lieu surtout quand les églises et sages, mais ce ne sera pas sans vous blesser:
devaient être sous la protection de saint nous ne pouvons pas rester plu? longtemps
Pierre et du siège romain. La reine Uraca, dans cet état. » Voilà un langage semblable
fille du roi lldephonse, avait mis en prison à celui que tient encore de nos jours le
Didace, archevêque de Compostelle, et avait successeur de Calixte, en face des prétentions
enlevé ses châteaux. Le pape prit en mains et des injustices des puissances de la terre.
la cause de ce prélat, qui était en même La lettre à Raoul, archevêque de Reims,
temps son légat, et il écrivit plusieurs lettres ei^l du IG mai il22. Le pape y condamne
.

1102 HISTOIRE GÉNÉRALE DES A UTEURS ECCLESIASTIQUES.


l'abus siraouiaque d'aprùs lequel l'abbé de .
l'an 1123 ou 1124. Dans cette lettre, Calixte
Saint-Renii vendait ou donnait la prébende lui ditque Robert, évêque d'Arras, cité par
de chanoine de l'église des Saints-Timotliée- Bnrchard, évêque de Cambrai, s'était pré-
et- Apollinaire, quand la mort avait laissé senté au concile général, mais que l'évèque
une place vacante. 11 ordonne à Raoul de de Cambrai n'ayant pas pu s'y présenter de
révoquer Robert, prieur de Saint-Oricle, dont même, il avait été obligé de remettre à un
l'incurie laissait périr les biens de cette autre temps le jugement de ce diftérend.

église. Ce Robert avait été autrefois abbé de Les malheurs de l'Espagne, qui gémissait
Saint-Remi, et avait été dépouillé de cette toujours sous le joug des infidèles, engagè-
charge à cause de son mauvais gouverne- rent le pape à écrire à tous les évêques,
ment. C'est le même qui a écrit l'histoire de rois, comtes et princes. 11 les exhorte à se-

l'expédition de Jérusalem. Calixte ordonne courir cette église, accorde les mêmes in-

à l'archevêque de conserver les moines dans dulgences que pour la Terre-Sainte ù ceux
l'église de Rethel. qui prendront la croix et iront combattre les
Dans une lettre, il loue Othon, comte pa- infidèles, et il leur recommande Oldégaire,
latin du repentir qu'il témoignait d'avoir
, archevêque de Tarragone, qu'il envoie en
combattu dans l'armée qui lit prisonnier le qualité de légat pour traiter cette aSaire. La
pape Pascal 11; il l'exhorte à construire une lettre est du 2 avril, entre 1121 et 1124. Le
église et à la mettre sous la protection de 22 mars de l'an 1124, il réglait le différend
saint Pierre. Il lui recommande Azzon, évê- qui existait entre Obert, évêque de Crémone
que d'Acqui dans le Mont-Ferrat. Le 25 juin et ses chanoines.
de la même année, il convoquait l'évèque de Parmi les privilèges très nombreux ac-
Dol etsessuii'ragantsau concile général qu'il cordés par Calixte, il y en a qui concernent
devait tenir à Ronm au carême prochain. les monastères de Citeaux, de Cluny, de
Les lettres à Tarasie, reine de Portugal, Saint-Martin de Tours, de Vézelai, de l'hôpital
et à Didace, archevêque de Compostelle, ont de Jérusalem, de Saint-Frigdien de Lucques,
pour but de faire mettre en liberté Pelage, de Saint-Bénigne et de Saint-Etienne de Dijon
archevêque de Brague, que la reine de Por- 84. Les lettres écrites à Calixte sont au
tugal retenait eu prison. 11 ordonne à l'ar- nombre de six dans la Patrologie. La pre- !

chevêque de prononcer l'excommunication mière est une lettre écrite par les héréti- I

contre cette princesse et l'interdit sur ses ques, qui donnent leur assentiment à son
terres, si le prisonnier n'est pas délivré au élection; cette lettre est signée de plusieurs
temps de la fête des saints apôtres Jacques prêtres de Rome. La seconde est la requête
et Thomas. Pierre avait été élu abbé de que présenta à Calixte, au concile de Reims,
Cluny à la place de Pons le pape félicita : Urbain, évêque de Landon en Angleterre,
Pierre au sujet de son élection, et il écrivit dont l'église était dans une grande détresse
aux moines de Clunj- qu'il la latifiait. Ces par différentes causes. La troisième est de
lettres sont du 21 octobre. Par une lettre datée Louis, roi de France c'est celle qu'il écrivit
:

du 6 mars 1123, il confirme à Didace le titre pour repousser la primalie de Lyon à l'égard
de légat du Sainl-Siége. de l'archevêque de Sens. La quatrième est de
Dans la lettre à Udalric, évêque de Cons- Raoul, archevêque de Canlorbéry. Ce prélat
tance, au clergé et au peuple de ce dio- se plaint de l'injure que le pape lui a faite
cèse, il apprend que, dans le concile géné- ainsi qu'à l'église de Cantorbéiy, en consa-
ral, il a mis au nombre des saints Conrad, crant l'archevêque d'Yoïk. Les deux der-
autrefois évêque de Constance. Adalbéron nières sont d'Adalbert, archevêque de Ma-
avait été consacré par Calixte arciievêque yence. Dans la première, Adalbert raconte
de Hambourg, et avait reçu le palliuîn. Le ce que Conon, évêque de Strasbourg, eut
pape écrivit au clergé et au peuple de Ham- à souffrir de la paît de l'empereur Henri;
bourg pour leur recommander le nouveau dans la seconde, il raconte ce qu'il a souf-
prélat. Le 30 septembre, il écrivit à Louis, fertlui-même de la part de ce prince en dé-
roi de F'rance, pour lui recommander le car- fendant les droits de l'Eglise. Il lui recom-
dinal Pierre, légat du Saint-Siège. On a une mande l'évèque Rokker, dont le siège était
lettre écrite au même prince le 19 février de occupé par un laïque '.

11 y a plusieurs lacunes vers la fin de cette lettre. Je ne sais quel était cet évêque.
[XII^SIKCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XI^ SIÈCLE. H03
85. l'iiisieuis écrivains . môme anciens ,
Mais si la supposée et faussement
lettre est
c'cst-à-dirc tiès le xiii" siècle, ont attribué à attribuée à Calixte, comme on ne peut en
Calixte un livre des Miracles de saint Jacques, douter, on ne peut se dispenser de porter le
à la lète duquel est une lettre qui porte le même jugement du livre, qui ne lui a été
nom de ce pape. Vincent de Beauviiis l'a in- attribué qu'en conséquence do ia lettre,
séré piesque entier dans son Miroir historial dont on le croyait auteur.
(1. XXVI, chap. XXX ); les manuscrits qu'on Originiiiremenl il était sans nom d'auteur,
en trouve sont la plupart de la même anti- comme il de le démontrer par l'exem-
est aisé
quité. .Mbericen parle assez au long dans sa plaire de ce livreque Guibcrt, abbé de Gem-
Chronique {an. 1118). On coiilinua dauslessiè- blours, trouva dans l'abbaye de Marraoutiers,
cles suivants de l'aire Calixte auteur du livre du temps de l'abbé Hervé, qui se démit en
des Miracles de saint Jacques. Saint Antonin 1187. Nous avons dans la grande collection
en a donné plusieurs extraits {Sum. hist. de dom Maitène (tome 1, pag. 923), une
part. 11, lit. 17). ïrithème en parle avec lettre que ce Guibert écrivit à Hervé et à ses
éloge { De scrip. eccL, ann. H20), et dit que religieux, pour les remercier de ce qu'ils lui
Calixte avait fait cet ouvrage avec soin, et avaient permis de tirer une copie du livre
d'un style élégant Scripsit expolito sermone
: des Miracles de saint Jacques; il n'y nomme
et maxima diligentia; il ajoute que l'auteur, point l'auteur, et ne l'atiribue point à Ca-
qui était alors étudiant, sc/iolaris, avait vu ou lixte (Mab. Analect., tome II, pag. 347). Est-
lu, ou entendu raconter les miracles qu'il il croyable qu'il eut manqué de le faire fi la
rapporte. Les Ceuturiateurs de Magdebourg lettre en question avait été à la tête de l'é-

(cent. XII, pag. 1397-1398; n'ont pas manqué crit? Ne leur aurait-il pas témoigné la satis-

d'eu prendre occasion de calomnier ce pape, dans


faction qu'il aurait eue en découvrant
et de l'accuser d'avoir inventé de faux mira- leur bibliotbèque un ouvrage de ce grand
cles pour autoriser l'idolâtiie (c'est ainsi pape, dont il n'avait auparavant aucune
qu'ils traitent le culte que 1 Eglise rend aux connaissance? Guibert ajoute qu'il avait trans-
reliques des saints) en faveur de l'église de critsur le même manuscrit l'histoire de
Compostelle, qu'il venait d'ériger en métro- Charlemagne par Turpin, et du martyre du
pole : CompusU'Uanam Ecclesiam in archiepis- célèbre Roland. Voici sans doute ce qui aura
copatum suOitmuvil, et pro confirmanda illa donné occasion d'attribuer à Calixte le livre
idololatria de confictis iunctiJacobi miracalis li- des Miracles de saiyit Jacques. On savait que
brum en parlant
cuHsarcinauit. Ces écrivains, ce pape avait érigé en métropole l'arclievê-
de la sorte, n'ont pas fait attention que le cliéde Compostelle; les relations qu'il avait
désir de calomnier les a lait tomber en con- eues avec le nouvel archevêque étaient con-
tradiction. Ils avancent que Calixte composa nues. On savait encore qu'il avait fait un
cet écrit après avoir élevé Compostelle à la voyage à Saint-Jacques. Tout cela a servi de
dignité de métropole si cela est, comment
; fondement à la fiction, et de matière à l'im-
donc l'a-t-il pu composer étant encore éco- posteur qui a fabriqué la lettre; c'est même
lier, cuin esict ud/tuc sc/wlaris'/ ce qui persuade encore aujourd'hui à plu-
Il est iimlile de nous arrêter à faire l'enii- sieursque Calixte avait une dévotion singu-
mération de tous les écrivains anciens et lièrepour l'apôtre saint Jacques. Ce préjugé,
modernes qui ont attribué à Calixte le livre uniquement fondé sur la lettre supposée, a
des Miracles de saint Jacques nous avouons
: empêché les continuateurs de Rollandus de
que le nombre en est grand; mais quelque regarder le livre dont nous parlons comme
grand qu'il soit, il n'en est pas moins certain une pièce faussement attribuée à Calixte, et
que cet écrit ne fut jamais une production de les a portés à croire qu'élanl sur le siège de
la plume de Calixte. Ce qui a lait illusion la- Vienne, ou même dans sa jeunesse, ayant
dessus est la lettre qui est à la tète du livre; une dévotion particulière pour saint Jacques,
mais tout le monde littéraire convient au- il avait pu faire un recueil de quelques-uns

jourd'liui que cette lettre a été fabriquée par des miracles de ce saint apôtre. Non inficior,
uu imposteur ignorant, qui a méuie inter- dit un de ces critiques, a Calixto, cutn forte
polé en plusieurs endroits le livre sur les [ ienuensem cathedram obtineret, aut etiam ju-
Alirucles de saint Jacques. C est le jugement nior esset, pro singulari suo erga sanctum
que les continuateurs de Ltollaudus en por- Jacoljum atléctu, uliqua ipsius niiracula col-
tent eux-mêmes (25 Jul., pag. 43 et seq.). lecta fuisse. Nous avons vu que l'établisse-
HOi HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ment de son frère en Espagne fut le sujet du préjugé qu'il était religieux lui-même {Dol-
voyage qu'y fît Calixte avant son élévation land., ihid., pag. 47). Du reste, noun ne don-
au pontificat. S'il érigea dans la suite l'évê- nons ceci que comme une conjecture. C'est
clié de Compostelle en arclievêché, ce ne fut assez d'avoir démontré que Calixte n'est
point par une dévotion particulière pour point auteur du recueil des Miracles de saint
saint Jacques; mais il le fit à la soUicilution Jacques, qui ne lui a été attribué que dans
du roi de Léon, de Pons, abbé de Cluny, des le XIII» siècle.

cardinaux légats en Espagne, et des sei- A la suite de ce recueil (BolL, ih.) se trou-
gneurs de Galice. De plus, on ne voit aucun vent plusieurs autres cuviages dans les ma-
vestige de cette dévotion singulière de Ca- nuscrits, savoir : l'histoire du martyre du
lixte, ni dans sa Vie écrite par Pandulphc, saint apôtre, Passio sancii Jacobi, celle de sa
ni dans aucun auteur contemporain. 11 y au- translation, la Vie de Charlemagne par le
rait plus de fondement à lui attriijuer une faux Turpin (Baron., Not. in martyr. Rom.,
dévotion singulière envers les saints en l'hon- 25 jul.). C'est tomber le cardi-
ce qui a fait

neur desquels il consacra des églises qu'il nal Baronius dans une assez grande bévue.
combla ensuite de privilèges. Les auteurs de Cet écrivain, faute d'examiner de près ces
riiisloire de Compostelle, dont les Bollan- différents écrits, et ne faisant attention qu'au
distes relèvent le manuscrit, et qui ont écrit titre du recueil. De miraculis sancti Jacobi, a
pi'u d'années après la mort de Calixte, gar- cru et avancé qu'il y avait cinq livres des
dent un profond silence sur le recueil des miracles. Les continuateurs de Bollandus
Miracles de saint Jacques, quoiqu'ils soient n'ont pas daigné insérer ces écrits dans leur
d'ailleurs fort exacts à rapporter tout ce que grande collection, ne les jugeant pas dignes
ce pape a en faveur de l'église de Com-
fait de voir le jour; ils se sont contentés de rap-
postelle; ce silence, qu'Ambroise Morales porter un fiagment de l'histoire de la trans-
{Chroii. gen. Nisp., t. I, 1. L\, chu p. i, pag. lation de saint Jacques, pour faire lemar-
241) a remarqué, est une preuve décisive, quer les absurdités qui y sont répandues. Ce
selon Cet histoiien espagnol, que Calixte n'a n'est pas néanmoins que ces auteurs aient
point fait de recueil des Miracles de saint dessein d'infirmer la tradition d'Espagne sur
Jacques. ce sujet, ils en sont très-éloignés, et font
Nous ne parlerons pas du manuscrit de même tous leurs efforls pour dissiper les
Compostelle, qui est rempli de tant de fau- doutes de M. de Tillemont ( tome I, not. 7,
tes, d'anachrouismes et d'absurdités, que en p. 627, 628, etc.) sur la validité des preuves
serait, au jugement des bollandistes, faire dont on appuie cette tradition. Ils indiquent
injure à Calixte de lui attribuer ce qu'il con- la bulle de Léon III, que ce savant critique

tient. \ l'égard du recueil que Guibert, abbé n'avait trouvée nulle part, et qui existe dans
de Gemblours, avait vu et transcrit dans l'ab- le bréviaire d'Evora, imprimé à Lisbonne en

baye de Marmouliers, on pourrait douter 1348, divisée en quatre leçons pour l'office
avec beaucoup de fondement qu'il ait été du jour. Nous n'entrerons point sur cet ar-
composé avant la mort de Calixte puisque ticle dans des discussions qui passeraient les
,

Guibert, abbédeNogent, qui vivait du temps bornes que nous nous sommes prescrites.
de ce pape, et ect mort la même année, pa- Pour revenir aux écrits qui suivent le livre
rait n'en avoir eu aucune connaissance dans des Miracles de saint Jacques, nous souscri-
le récit qu'il fait d'un miracle de saint Jac- vons au jugement que portent là-dessus les
ques (lib. m. Mon., c. 8). Bollandistes, et nous convenons avec eux
Nous serions assez portés à croire que le que Calixte ne les a ni composés ni approu-
bienheureux Jean, premier abbé de Bonne- vés. 11 n'est même personne aujouidbui,
val, et ensuite évéquede Valence {Ann. Cist. pour peu qu'il ait de oilique, qui pense dif-
ann. 1114, chap. i, pag. 73; aim. 1118, féremment.
pag. 96), esl auteur du recueil. 11 avait fait Outreles écrits dont nous venons de par-

un pèlerinage ci Saint-Jacques, et eut toute ler,on a encore attribué à ce pape quatre


sa vie une vénéiation particulière pour ce sermons sur saint Jacques, qu'on a supposés
saint apôtre; ce sont des faits constants. avoir été prêches à Compostelle ou à Home,
L'auteur de cet écrit veut qu'ilsoit lu non- aux jours de la translation ou des autres
seulement dans les églises, mais encore au fêtes de cet apôtre [Lip. Bibl. theul., torn. 11,

réfectoire des religieux ce qui forme un


, page 53); mais ils portent les mêmes carac-
,

CHAPITRE LXXXVI. - CONCILES DU XII' SIECLE. H05


tères (le supposition. Baroiiius en fait men- mais sans en donner de preuve. M. de Tille-
tion dans son Martyrologe (25 Jul., p. 309). monl [Hist. eccl., tom. XII, not. 5, 9, p. 483),
Ilsont été irapiiraés à Cologne en 1618, et qui sait apprécier les choses à leur juste va-
depuis on les a insérés dans la BibUotlicque leur,méprise cette production, qui fait peu
des Pères imprimée à Lyon (tome XX, paces d'honneur à son auteur, quel qu'il soit '.
1278-1293). L'opuscule sur les miracles de saint Jac-
Parmi les ouvrages dont les bibliographes ques, apôtre, les quatre sermons sur le
el autres écrivains font auteur le pape Ca- même apôtre, la Vie de sai)tt Jacques, évèque
liste (Possev., in App., lova.
pag. 288), il 1, de Tarantaise, sont reproduits au tome CLXIII
s'en trouve encore dens autres dont il faut de 1369-1414. Le livre De
la Patroloyie, col.

dire un mot. Le premier, qui porte ce titre : ortu et obitu se trouve au tome
Patrum ,

De obilu et vita Sanctovum, est le même, com- LXXXV, parmi les œuvres de saint
col. 129,
me Fabricius le remarquea près Oudin (Fab. Isidore de Séville. Voyez aussi les prolégo-
Med. et inf. lat., t. III, pag. 891 ; Oud., t. Il, mènes du tome LXXXI, col. 382.]
p. 1090), qui a été si longtemps attribué à 86. Jean de Crème, prêtre, cardinal du corHie d.

saint Isidore de Séville, De vita et morte Sanc- titre de Saint-Clirysogone, envoyé en Angle- ni?"'
torum. Cet écrit est la production d'un im- terre avec la qualité de légat, par les papes
posteur, qui a voulu autoriser de deux noms Calixte II et Honorius 11, fut retenu longtemps
respectables les fables ridicules qu'il y a en Normandie par le roi Henri I", mais ce
entassées. Wion en a eu quelques fragments prince lui accorda enfin la peimission de
entre les mains. On peut consulter la quin- passer en Angleterre vers l'an 1125. Sa lé-
zième dissertation du P. Alexandre (p. 158) gation s'étendait non- seulement sur cet
sur l'histoire ecclésiastique du premier siècle. état, mais aussi sur l'Ecosse, comme on le

Le second ouvrage est un traité des re- voit par une lettre d'Honorius II, datée du
mèdes, connu sous ce titre Thésaurus pau- : 13 avril, adressée à ce cardinal, et par une
perum. Nous ne voyons pas sous quel pré- autre du même jour à David, roi d'Ecosse,
texte on a pu le donner à Calixte, son vrai qu'il prie d'obliger les évêques de ses Etats
auteur étant Jean XIX ou Jean XXI, qui s'ap- à venir au concile quand ils y seront invités
pelait Pierre-Julien ou autrement Pierre
, par son légat. Les églises de ces deux royau-
d'Espagne. Petrus Hispanus, cest sous ce mes le reçurent avec honneur. Après y avoir
nom qu'il est désigné dans un manuscrit de rempli les fonctions de sa légation, il revint
la bibliothèque publique de Cambridge : à Londres, où, de concert avec Guillaume de
Thésaurus pauperum, éditas a Petro Hispano Corbeil, archevêque de Cantorbéry depuis
{Cat. Mss. AmjL, tom. III, n. 1329). Son ar- l'an 1123, il indiqua un concile pour la fête

ticle se trouve dans la Uibliotheque des papes, de la on ne


Nativité de la sainte Vierge;
par le P. Louis-Jacob de Saint-Charles i^lib. l'ouvrit que le lendemain, 9 septembre. Sy-
I, p. 138), qui rappelle les ditlerenlus édi- méon de Dunelme, qui en rapporte les actes,
tions de cet éciit {Ibid., p. 3d, 37). Il y a le met en 1126; mais il faut lire 1125, puis-

lieu d'être surpris que ce même auteur l'ait qu'il fut tenu la première année du pontifi-

inséré dans la des écrits de Calixte,


liste cat d'Honorius, élu vers le milieu de dé-
comme étant l'ouvrage de ce pape. On trouve cembre 1124-.
dans cette liste un livre de la découverte du 87. Le concile s'assembla à Westminster; unooi d»
corps de Turpin, le légat y présida, assisté des archevêques
""'"
archevêque et martyr,
qu'on ne doit pas craindre de mettre au de Cantoibéry et d'York, de vingt évêques,
rang des écrits supposés. d'environ quarante abbés, et d'une multitude
Le même bibliographe [Ibid.) parle encore, de clercs et de peuples. Selon la Chronique
sur l'autorité de Molanus, d'un autre écrit de Saxe, le concile dura trente jours entiers,
sous ce titre J)e cont/actibus itlicilis. Il ne
: pendant lesquels on travailla à la réforma-
nous est pas connu d'ailleurs. tion des mœurs el de la discipline ; on lit à
Bollandus (16 Jan., p. 26-28) nous a donné ce sujet dix-sept canons, qui sont à peu près
une Nie imparlaile de saint Jacques, pre- les mêmes que l'on avait publiés dans les
mier évéqiic; de l'église de Taianlaise, et il conciles tenus sous saint Anselme. Us com-
croit que celte Vie peut être de Culixte ,
battent particulièrement la simonie, l'incon-

Wi»/. liti. lie la France, loni. X, p. 531. X Concil., pag. 914.


XIV. 70
1106 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
2, tinence des clercs, les ordinations sans titre, Les évèques d'Angleterre et d'Ecosse s'y
la pluralité des bénéfices, les mariages entre trouvèrent avec un grand nombre d'abbés
parents jusqu'à la septième génération; mais et de personnes pieuses. Turslain, archevê-
le concile déclare queks maris qui voudront que d'York, n'ayant pu y venir, y envoya
se séparer de leurs femmes, sous prétexte de des députés avec des lettres d'excuse. Ran-
consanguinité, ne seront pas admis à en faire dulphe, évêque de Dunelme, s'était mis en
6. preuve par témoins. 11 y est défendu de s'ap- chemin surpris par une maladie, il ne put
;

proprier un bénéfice par voie d'iiérédité, et arriver à Londres. Le pjieur et les clercs de
de se donner un successeur. Quelques-uns son église qu'il députa au concile furent
de ceux qui en possédaient ne voulaient pas chargés de faire valoir les raisons de son
se faire pft-omouvoir aux ordres, atin de vivre absence. On réitéra les ordonnances faites
en plus grande liberté le concile ordonne
: dans le concile précédent contre les simo-
contre eux la privation de bénéfice. niaques et l'incontinence des prêtres. 11 fut
d« 88. Il régnait aussi dans la Bretagne divers défendu d'exiger aucune somme d'argent pour
abus considérables; pour j-apporter remède, la réception des chanoines, des moines et des

le comte Conan et les évèques de la province religieuses d'êlij'e pour doyen tout autre
;

invitèrent Hildebert alors arcijevéque de


, qu'un prêtre, et pour archidiacre, tout autre
Tours, et en cette qualité métropolitain de qu'un diacre et à un archidiacre de possé-
;

la Bretagne, d'y assembler un concile '. Le der plus d'un archidiaconé, même en diver-
comte Cunan y assista avec les évèques et ses églises. On ordonna aux évèques d'em-
plusieurs peisonnes recommandables par pêcher les prêtres, les abbés, les moines et
leur savoir et leur piété. Hildebert, qui y les prieurs de leui' juridiction de gérer des
présidait, nous apprend dans sa lettre au fermes et à tous ceux qui devaient la dime
;

pape Honurius que les décrets du concile lu- de la payer exactement, comme étant due à
rent très-honorables à l'Eglise et utiles au Dieu. Le concile défendit encore de donner
peuple. En eti'et, on supprima la coutume où ou de recevoir des dîmes ou quelque béné-
les comtes avaient été jusqu'alors de s'attri- fice ecclésiastique sans le consentement de
buer après la mort d'un mari ou d'une l'évèque. 11 y a un canon qui recommande
femme tous les meubles du défunt, et de aux abbesses et aux religieuses la simplicité
couDsquer au proiit du prince tous les débris et la pauvreté dans leurs habits. Le décret
des naufrages. Ces deux articles furent dé- contre le concubinage des prêtres et des
fendus sous peine d'excommunication du ,
chanoines porte, qu'au cas que leurs con-
consentement de Conan et de tout le concile. cubines ne voudraient pas contracter un ma-
Les mariages incestueux furent défendus riage légitime on les chassera de la pa-
,

sous la même peine, el on déclara illégitimes roisse, et que si elles retombent dans leur
et incapables de succéder les enfants qui en piemier desordre, on se saisira d'elles pour
naîtraient. On défendit aussi de promouvoir les punir, suivant la sentence de l'évèque.
aux ordres les enfants des prêtres, à moins Le roi d'.4ngleterre, qui se trouvait à Londres
qu'ils n'eussent été auparavant chanoines dans le temps du concile, en approuva et
réguliers : et afin d'ôter lidée de succession confirma les décrets.
défendue dans tous les bénélices et les di- 90. Mathieu, évêque d'Albane et légat du
'

gnités ecclésiastiques, le concile ajouta que Saint-Siège, en assembla un à Troyes en


ceux qui étaient déjà ordonnés ue pour- Champagne*, le 13 janvier 1128, fête de
raient servir dans les églises où leurs pères saint Hilaire. Les archevêques de Reims, de
avaient servi -. Tous ces décrets furent con- Sens, y assistèrent avec les évèques de
firmés par le pape Honorius, à la demande Troyes, de Chartres, de Soissons, de Paris,
d'Hildebert. de Meaux, de Châlous, de Lacn, de Beau-
le même temps, c'est-à-dire en
89. Vers le vais, et plusieurs abbés du nombre desquels
1127, il un concile de Londres à West-
se tint était saint Bernard. Il s'y trouva aussi deux
mai et les deux jours suivants ^
miiister, le 13 docteurs célèbres, Aibéric de Reims et Fou-
Uuillaume de Gorbeil, archevêque de Can- ger; Thibaud, comte de Champagne, le
torbéry et légat du Saint-Siège, comte de Nevers Hugues, maitre des tem-
y présida. ;

' Tom. X Concil., pag. 918. 8 Tom. X Concil., pag. 920.


' Pag. 919. * Ibid., pag. 922.
[xii^siÉcu:.] CHAPITRE LXXXVl. — CONCILES DU XII<^ SIÈCLE. 1107

pliers, et cinq de ses confrères. Toutes ces pées. Il ajoute que c'est de l'évêque que les
personnes sont dénonsniées dans le prologue moines doivent recevoir les biens qui leur
de la règle des templiers, selon le rang sont oll'erts par les fidèles, en consentant
qu'elles tinrent dans le concile. L'évêque toutefois qu'ils jouissent par l'indulgence du
d'Albane, commelégat du pape et président, pape des possessions qu'ils avaient acquises
occupait première place suivaient Rai-
la ; jusque-là. La lecture de ces canons finie, le
naud, archevêque de Reims, puis Henri, ar- légat Mathieu donna une absolution générale
chevêque de Sens. Hugues, maître des tem- à tous ceux qui avaient prévaiiqué. Les actes
pliers, est nommé le dernier avec ses con- de ce concile sont rapportés dans ['Histoire
frères. Ils exposèrent aux évêques l'obser- ecclésiastique d'Ûrderic 'Vital , d'où ils sont
vance qu'ils s'étaient prescrite dans ce nouvel passés dans la collection des conciles de
ordre; mais le concile trouva bon de leur en Rouen, par dom Guillaume Bessin. L'éditeur
donner une règle par écrit, afin qu'elle fut met ensuite une charte d'Etienne, roi d'An-
exécutée avec plus d'exactitude et d'unifor- gleterre et duc de Normandie, par laquelle
mité. en a été parlé d:ins l'article de saint
11 ce prince rend à l'archevêque Hugues, et à
Bernard, à qui l'on donna commission de la tous les évêques de Normandie, l'exercice
composer. des droits épiscopaux et synodaux, et dé-
91. Nous ne savons autre chose du concile clare qu'il s'en tient, pour ce qui regarde la
de Ravenne, en li28 ', sinon que le pape trêve de Dieu, au règlement fait par le roi

Honorius H y déposa par le ministère de Henri, son oncle. Celte charte est de l'an
Pierre, cardinal du titre de Sainte-Anastasie, 1137.
les deux patriarches d'Aquilée et de Venise 93. Ce fut encore le cardinal Mathieu qui
ou de Grade. Bernard de Guy dit que le présida au concile tenu à Paris ^, dans l'ab- i

sujet de leur déposition fut d'avoir favorisé baye de Saint-Germain-des-Prés, en pré-


leschisme, apparemment de Conrad, duc de sence du roi Louis le Gros, l'an 1129. On y
Franconie, contre l'empereur Lolbaire ce ; traita de la réforme de plusieurs monastères,
futen elTet le même motil qui occasionna la nommément de celui d'Argenteuil c'était ;

déposition d'Anselme, archevêque de Milan. une communauté de filles peu nombreuse et


Rubeus ne parle point de ce concile dans d'une vie qui causait du scandale. Suger,
l'Histoire de Ravenne. abbé de Saint-Denis, présent au concile, re-
92. Le cardinal et légat Mathieu, évêque vendiqua Argenteuil comme une dépendance
d'Albane, après avoir conléré à Rouen avec de son abbaye, et pioduisit ses titres; sur
Henri, roi d'Angleterre, des choses utiles à quoi le légat ayant pris avis des évêques du
l'Eglise, assembla par son ordre tous les concile, au nombre desquels étaient Rai-
évêques et abbés de Normandie*, et convint naud de Reims, Etieune de Paris, GeoUroi
avec eux de plusieurs règlements, dont il fil de Chartres, Gosselin de Soissous, il ordonna
lui-même la lecture h l'assemblée, le roi pré- à Suger d'envoyer les religieuses d'Argen-
. sent. Le premier porte qu'aucun prêtre n'aura teuil en des monastères bien réglés, et de
une femme que s'il ne renvoie sa concu-
;
mettre ii leur place des moines de Saint-De-
bine, il sera privé de son église et de sa pré- nis. Ce décret lut confirmé par l'évêque de
bende, et que les fidèles ne pourront assister Paris, ensuite par le pape Honorius, puis
. à sa messe. Il est dit dans le second que le pai' le roi Louis. Le diplôme daté de Reims à la
même prêtre ne pourra desservir deux égli- fête de Pâques 1129, est signé de ce prince,
ses, ni un clerc posséder deux prébendes en et de Philippe, son fils, sacré roi en ce jour.
deux églises dillërentes mais qu'il sera
, 94. Henri, évoque de Verdun, dès le pon-
obligé de faire le service de Dieu dans l'é- tificat du pape Pascal 11, s'était attiré par le

glise qui lui fournil sa subsistance, et d'y dérèglement de ses mœurs le mépris du ,

otTrir ses pour ses bienfaiteurs. Le


prières clergé et du peuple. Ils en portèrent leurs
. troisième défend aux abbés et aux moines plaintes à Calixle H. Cité à Rome, il ne com-
de recevoir des églises et des dimes de la parut point. Les plaintes s'étant renouvelées
main des laïques, et ordonne ù ceux ci de devant le pape Honorius, on cita de nouveau
remeltre à l'évêque celles qu'ils ont usur- Henri à Rome mais l'atl'aire n'ayant pu y
;

Tom. X
< Coiicil., png. 936, et Pngi, ad nu. \\î8, Toui. X Concit. Ro(homag., png.
num, 10. Toin. X Concit., pag. 93«.
1108 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
être terminée, le pape la renvoya sur les bines des clercs. On restituera aux églises et
lieux pour être examinée par le cardinal aux monastères tout ce qui leur aura été en-
Mathieu qui tint à cet efi'et un concile à Cliû- levé. Les moines vagabonds seront contraints
lons-sur-Marne ', le 2 février H29. L'arche- de retourner à leurs monastères. L'évèque
vêque de Reims s'y trouva avec d'autres même ne pourra les retenir sans la permis-
évêques et plusieurs abbés, entre autres sion de l'abbé, ni recevoir une personne ex-
saint Bernird. Henri, voyant ses accusateurs communiée par un autre. Il est ordonné de
prêts à déposer contre lui, prit l'avis de séparer les adultères et les incestueux. Dé-
saint Dernaid. Ce saint lui conseilla de re- fense aux clercs de recevoir des églises de
noncer à sa dignité plutôt que de s'expor.er la main des laïques, et aux vicaires des évê-
à des reproclies publics. Henri suivit ce con- ques d'y consentir. S'il arrive que des évê-
seil, et aus ilôt on lui donna poi.r successeur ques soient en dissension, on les obligera à
Ursion, abbé de Saint-Denis de Reims. se réconcilier. On punira d'exil ou l'on en-
93. La même année 1129, Henri, roi d'An- fermera dans un monastère ceux qui atta-
glelerre, après avoir fini toutes les atliiires queront les clercs, les moines, les marchands,
qu'il avait en France, en Flandre, en Nor- les pèlerins et les femmes. Ceux qui déso-
mandie et ailleurs, repassa la mer, et tint le béiront au roi seront excommuniés. On n'o-
1" août un concile à Londres ', où assistè- bligera pas les ecclésiastiques au port des
rent les archevêques de Cantorbéry et d'York armes ou à quelque chose contre leur état.
avec plusieurs évéques des deux royaumes. Défense aux laïques de posséder des églises
Il y tut question d'empêcher les prêtres d'a- ou des oblations. Tout ce qui appartient à l'E-
voir des femmes ou concubines le roi se : glise doit être en la disposition des évêques.
cbaigea de l'exécution du projet, mais il se Outre l'excommunication dont on fiétrira les
conlenta d'exiger de giosses sommes d'ar- faux monnaye urs, le roi leur fera arracher
gent des prêties concubinaires, et les laissa les yeux.
vivre en liberté. Les évêques, se voyant Le concile étant fini par le chant du
97.
trompés par le roi, se repentirent, mais trop Te fJeum, l'évèque de Composlelle, de l'avis
tard, de lui avoir laissé usurper le droit de de ses fières, demanda au roi tous ses droits
punir les prêtres incontinents. Ce droit leur sur la Ville de Mérida, tant pour lui que pour
avait été réservé dans le concile tenu en la ses successeurs; ce qui lui fut accordé par un
même ville, en 1127. diplôme que ce prince signa avec son épouse.
96. Il y en eut un à Placentia en Espa- Méiida était alors sous la domination des
gne 3, l'an 1129, pour remédier aux désordres Sarrasins.
qui se multipliaient de jour en jour dans le 98. On met ordinairement le concile d'Or-
royaume. Le roi Adelphonse y appela tous léans en 1129, quoique l'on n'ait aucune
*

les évêques de ses Etats, les abbes, les com- bonne raison pour en fixer I époque. Geof-
tes, les princes et les autres personnes cons- froi, abbé de N'endôme, y fut invité, mais il

tituées en dignité, afin do régler avec eux ce s'en excusa par une iettie à Umbald, arche-
qui convenait pour rétablir le bon ordre. On vêque de Lyon et légat apostolique, disant
jugea à propos de faire dix-sept canons rela- que par les privilèges accordés à son abbaye
tifs aux abus qu'on voulait bannir de l'Eglise par le Saint-Siéye, aucun évêque ni légat ne
et de l'Etat. En voici la substance. Aucun pouvait ni linviter au concile, ni le contrain-
n'aura chez lui ou avec lui un traître public, dre d'y venir.
un voleur, un parjure, un excommunié. Dé- 99. Il un à Toulouse au mois de
s'en tint
fense de posséder en propre un teirain qui novembre 1129 ^, auquel présida Romain de i

approche de l'église moins de quatre-vingt- Saint-Ange, cardinal-diacre et légat aposto-


quatre pas, et de recevoir les oblations et lique. Le motif de assemblée fut de dé-
cette
les dîmes des excommuniés. Les seigneurs couvrir les hérétiques qui répandaient en
des lieux ne dépouilleront point leurs sujets secret leurs erreurs, et d'atfermir les peu-
qu'après nu jugement équitable. On ne don- ples dans la foi catholique. C'est pourquoi
nera point d'églises à ferme à des laïques. l'on fit dix-sept canons qui devaient être ob-
Ordre de chasser publiquement les conuu- servés non-seulement dans le diocèse de

' Alberic, Chronic an. 1129, et Pagi, ad ao. 3 Tom. VI Concil. Harduini, pag. 2053.
UÎU, nuiu. 8. 4 Tom. X Concil., pag. 944.
> Tom. X Concil., pag. 94i ' Tom. VI Concil. Harduini, pag. 1149,
[Xir SIECLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XII' SIÈCLE. 1109

Toulouse, mais aussi diins la province de n'ont quilté leur secte que par la crainte de cm. ».

Narbonne et où les hé-


les diocèses voisins la mort ou par q\ielque autre motif sembla-
rétiques avaient mis le trouble. Les actes ne ble, l'évêque les fera enfermer, de peur
parlent qu'en général de ceux qui assistèrent qu'ils ne corrompent les fidèles, et il sera
à ce concile; il y avait des archevêques, des pourvu à leurs besoins, ou par ceux qui dé-
évéques et autres prélats, des barons, des tiennent leurs biens, ou par l'évêque.
chevaliers. On ordonna que les évéques et 102. Tous , tant hommes que femmes , lo.

archevêques établiraient dans chatjiie pa- celles-ci à l'âgede douze ans, ceux-là à l'âge
roisse, tant des villes que de la campagne, de quatorze, abjureront toutes sorles d'hé-
un prêtre et trois laïques, ou plus s'il en résies, et jureront de garder la foi catholique
était besoin, chargés sous serment de faire que l'Eglise romaine professe; à cet etfet, on
la recherche des hérétii]ues, avec pouvoir de fera par écrit le dénombrement de cha(|ue
visiter les maisons et tous les endroits que paroisse, afin que s'il se trouve des absents,
l'on soupçonnerait de leur servir de retraite, ils fassent, quinze jours après leur retour, le
de les arrêter et de les dénoncer en diligence même serment. Tous aussi, après être par- n-

aux évéques, aux seigneurs des lieux ou à venus à l'âge de discrétion, confesseront leuis
leurs olliciers, pour être punis suivant leur péchés trois fois l'an à leur propre pasteur,
mérite. Le concile enjoint li même chose aux ou avec sa peimission ou son ordre à un
abbés exempts de la juridiction ordinaire de autre prêtre, et recevront les sacrements de
l'évêque. pénitence et d'eucharistie, savoir à Noël, à
100. Il vent que ceux qui auront accordé Pâques et à la Pentecôte, si ce n'est qu'ils
sciemment à un hérétique de demeurer dans s'en abstiennent de l'avis de leur curé ; au-
leur terre, soit pour de l'aigent ou quelque trement ils seront suspects d'hérésie.
autre raison, soient, lorsqu'ils en seront con- Défense aux laïques d'avoir les li-
103. 12.

vaincus, privés de cette terre, et livrés eux- vres de l'Ancien et du Nouveau Testament,
mêmes au seigneur des lieux, qui les punira hors le Psautier, un bréviaire pour les offices
suivant qu'il le devra faire; que l'on punisse divins, et les heures de l'otlice de la sainte
même ceux chez qui l'on ne trouve point Vierge, encore ne pourront-ils avoir les li-

d'hérétiques, mais qui passent dans le public vi'cs susdits tiaduits en langue vulgaire. Il i3.

pour en retirer souvent; que l'on détruise la était souvent à des malades de se
arrivé
maison où l'on aura trouvé un hérétique, et laisser séduire par des hérétiques c'est :

que le fonds en soit conlisqué; que l'on pourquoi le concile ordonne de veiller soi-
prive de ses biens et de sa dignité le bailli gneusement sur l'infirme, depuis qu'il aura
trouvé négligent à agir contre les héréti- reçu la communion de la mnin de son cuié.
ques. On déclare nuls tous les testaments qui u'au- n.
ICI. Mais afin que l'innocent ne soit pas ront pas été faits en présence du curé ou
puni pour coupable, et pour ôter occasion
le d'un autre ecclésiastique au défaut dn curé,
à la calomnie, il est défendu de punir quel- et de quelques personnes de probité. Il ne if.

qu'un comme hérétique, qui ne soit con- sera permis à aucun seigneur, ni ecclésias-
vaincu d'hérésie par un jugement ecclésias- tique, ni laïque, de confier aucune adminis-
tique permis de faire la recherche des hé-
; tration à des hérétiques ou à ceux qui seront
rétiques en quelque lieu que ce soit, et de soupçonnés de l'être, ni de les admettre dans
les faire arrêter en demandant main-forte à leur famille on dans leur conseil.
la police civile. S'il arrive qu'un hérétique 104. Tous les paroissiens des deux sexes le.

revienne à l'unité de la foi, on ne lui per- sont obligés de venir à l'église les diman-
mettra pas de demeurer dans sa ville si elle ches et fêtes, d'y entendre le sermon, l'office
est suspecte, mais on lui permettra de faire divin et la messe entière, sous peine d'une
son séjour en une catholique et non sus- amende de douze deniers tournois, dont la
pecte. 11 portera deux croix de couleurs dif- moitié au profil du seigneur du lieu, l'autre
férentes de son habit, une à droite, l'autre h pour le curé et l'église. Ils visiteront aussi
gauche; il recevra des lettres de son évoque
avec dévotion l'église le samedi soir, en
portant témoignage de sa réconciliation et ; l'honneur de la sainte Vierge. Le dernier 17.

avant d'être admis aux olUccs et actes pu- canon marque les jours de fêtes pendant
blics, il se fera rétablir en entier par le pape l'année il y en a trois pour Noël, trois pour
:

ou par son légat. Quant aux hérétiques qui Pâques, trois pour la Pentecôte.
.

HIC HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


105. Au mois de mars de l'an 1129, Ar- ront été promus par argent à quelque béné-
naud, archevêque de Narbonne, tint dans sa fice ou dignité ecclésiastique en seront dé-
ville métropolitaine un concile de sa pro- jetés et notés d'infamie. Les évêques, de
vince ', évêques Bermond de
auquel' les même que tous les autres clercs, s'applique-
Béziers , et Armand de
Adelbert d'Agde ront à plaire à Dieu et aux hommes par la
Carcassonne assistèrent. On y confirma la modestie de leurs habits. Suivant le décret
donation faite par Dalmace, son prédéces- du concile de Chalcédoine, les biens de l'évê-
seur, aux chanoines réguliers de la cathé- que défunt seront réservés à son successeur
drale de Saint-Jean d'Oneillan. et remis entre les mains de l'économe do
106. Après la mort d'HonoriusII, le 14 fé- l'église; défense à tout autre de s'en empa-
vrier 1130, les cardinaux se divisèrent dans rer sous peine d'excommunication. La même
le choix de son successeur les uns choisirent
: chose est ordonnée à l'égard des biens des
Grégoire, cardinal de Saint-Ange, sous le prêtres et des autres clercs. Celui qui après
nom d'Innoccntll; les autres, Pierre de Léon, avoir été ordonné sous-diacre se maiiera ou
prêtre, cardinal de Sainte-Marie-Trastevère, prendra une concubine, sera privé des fonc-
à qui donnèrent le nom d'Anaclet II, ce
ils tions de son ordre et de son bénéfice
s'il en a

qui causa un schisme dans l'Eglise ^. Saint Il est défendu aux moines et aux chanoines
Hugues, évêque de Grenoble, qui savait que réguliers de faire au barreau les fonctions
la violence et le crédit de la famille de Pierre d'avocat et d'exercer la midecine. On obli-
avaient eu plus de part à son élection que le gera les laïques qui tiennent des églises de
mérite vint au Puy en Velay avec quelques
, les remettre aux évêques sous peine d'ex-
autres évêques ^, où ils excommunièrent communication contie les rebelles. Aucun
Pierre et reconnurent Innocent 11 poui' pape ne pourra être fait archidiacre qu'il ne soit
légitime. Quelques-uns ont avancé * qu'il diacre ni doyen ou prévôt qu'il ne soit
,

avait été présent lui-même à ce concile, mais piètre.


il était alors à Avignon ^, d où il vint à Vi- 109. On renouvelle les règlements touchant
viers, et de là au Puy, après la tenue du l'observation de la trêve de Dieu en certains
concile. jours de semaine, savoir depuis le cou-
la :

107. Etant à Clermont en Auvergne, au cher du du mercredi jusqu'au lever du


soleil
mois de novembre de la même année 1130, soleil le lundi, et en certains temps de l'an-
le pape Innocent II présida au concile qui y née, comme en Avent et en Carême, dans les
fut tenu, assistéde huit archevêques^, entre octaves de Noël et de l'Epiphanie, et depuis
autres Guillaume de Bourges, Estienne de la Quinquagésime jusqu'à la Pentecôle. Le
Vienne Arnaud de Narbonue Guillaume
, , concile déteste les tournois et autres specta-
d'Auch et de leurs sulfiagants; il s'y trouva cles où des chevaliers, pour faire preuve de
aussi di-'S cardinaux deux évêques d'Alle-
, leur valeur, se battaient à mains armées. Il
magne, de Sahbourg et de Munster, et plu- ordonne d'accorder la pénitimce et le viati-
sieurs abbés. Les deux prélats d'Allemagne que à celui qui, étant blessé à mort, les de-
avaient été envoyés par le roi Lot'iaire. On mandera. Il prononce anathême contre ceux
traita d'abord de la foi catholique ensuite , du démon, frapperont des
qui, à l'instigation
de la rëformation des mœurs, puis de l'obéis- clercs ou des moines, et défend, sous peine
sance que l'on devait au pape Innocent II. de privation de bénéfices, de s'en emparer
Tous la lui promirent d'une voix unanime; par droit de succession. Les mariages inces-
après quoi on lut publiquement les treize ca- tueux continuaient à être fréquents; le con-
nons que l'on avait faits. cile fait remarquer qu'ils sont non-seulement
Canons ia 108. Us ne se lisent point dans les collec- contre les lois de l'Eglise, mais que les lois
Clerroont. tions ordinaires des conciles, mais seulement civiles déclarent infâmes les entants nés de
dans le tome Vil des Mélanges de Baluze '. tels mariages. Le dernier canon est contre
Quiconque aura été ordonné par simonie les incendiaires; outre la peine d'excommu-
sera privé de son office, et tous ceux qui au- nication on leur impose pour pénitence d'é-

' Histoire de Languedoc, tom. II, pag, 402. 2 Tom. X Concil., pag. 971.
* Ona deux lettres de Pierre de Léou et de Gré- ' Daniel, Histoire de France, tom. I, pa
goire pendant leur légation en France. Elles sont s
Pagi, ad an. 1130, num. 35.
reproduites d'après Martène, Amplis. Coll., au tome « Baluz., Miscellan., tom. VII, pag. 74.
CLXVI de la Patrologie, col. 831-854. [L'éditeur.] ' Ibid.
[Xir SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XII- SIÈCLE. 1111

tre pendant un au au service de guerre à la beaucoup d'honneur de la part du roi Ln-


Tcrre-Sainle ou en Espagne. thaire qui y était avec la reine son épouse;
110. Environ un mois avant le concile de la cour fut nombreuse outre les princes et
:

Clermont, il y en eut un de seize évèques les grands seigneurs, il s'y trouva trente-six
assemblés à Virzbourg par le roi Lutliaiie. ' évoques *. Après y avoir traité des matières
Innocent II avait envoyé vers ce prince Gau- concernant l'utilité de l'Etat et de l'Eglise,
thier, archevêque de Ravenne, son légat. on excommunia Pierre de Léon, Conrad,
Gauthier assista au concile, et le pape Inno- compétiteur de l'Empiie, et Frédéric son
cent II y fut élu et confirmé pur le roi Lo- fière, avec tous leurs partisans. En ce même
thaire et par tous ceux qui étaient présents; concile, Otton, évêque d'Halberstat, déposé
mais on y excommunia Pierre de Léon avec de l'épiscopat depuis trois ans par le pape
tous ses fauteurs. Honorius II, fut rétabli à la prière du roi et
111. Les légats envoyés par le pape au roi des seigneurs. L'évéque d'Hildesheim y pro-
Lnuis-le-Gros et eu diverses provinces de posa la canonisation de saint Godehard, l'un
France lui attirèrent grand nombre de per- de ses prédécesseurs, mort en 1038 ^; mais
sonnes. Le roi convoqua à ce sujet un con- le pape renvoya cette aU'aire au concile qu'il

Etampes, vers
cile à le mois d'avril -. Saint devait tenir à Reiras vers la Saint-Luc, disant
Bernard y fut invité, et, après le jeûne et les qu'elle devait se traiter dans un concile gé-
prières, on convint de s'en rapporter à lui néraL
sur la canonicité de l'élection d'Innocent ou 114. Le pape s'y rendit pour le jour mar- concie

d'Anaclet. Le abbé, ayant mûrement


j^aint que. 11 s'y trouva treize archevêques, deux nji.""'

examiné la forme de leur élection, le mérite cent soixante-trois évèques, grand nombre
des électeurs et la réputation des élus, se d'abbés, de clercs et de moines tant de la
décida pour Innocent, qui fut aussitôt re- France que d'Allemagne d'Angleterre et ,

connu par toute l'assemblée. d'Espagne^. Saint Bernard, en qui Innocent II


112. A la suite des conciles dont nous ve- avait grando confiance, assista, avec les car-
nons de parler, on a mis dans les collections dinaux, auxdélibératiims [lubliques. Quoique
du père Labbe et du père Hardouin celui qui le concile eût été indiqué pour la Saint-Luc,

fut tenu à Jouarre ^, dans le diocèse de qui, en 1131, était un dimanche, on n'en Ut
Meaux, au sujet du meurtre de Thomas, l'ouverture que le lendemain. C'était l'usage
prieur de Tabbaye de Saint-Victor; mais il de ne commencer les conciles que le lundi.
paiail certain que ee concile ne se tint qu'en Celui de Reims dura quinze jours. Ou y
H.'J3, et qu'on doit rapporter à la même an- approuva solennellement l'élection d'Inno-
née l'assassinat de Thomas; la raison en est cent II, et l'on excommunia Pierre de Léon, à
que ce meurtre ne fut pas plus tôt commis que moins qu'il ne vint à résipiscence. Saint Nor-
l'on songea à le venger, et que Geofroi, évê- bert, archevêque de Magdebourg, présenta au
que de Chartres, légat du Saint-Siège, qui pape des letties du ro Lothaire, par lesquelles
ordonna la tenue d'un concile ù Jouarre pour ce prince lui promettait de nouveau obéis-
punir cet attentat ne fut établi léL'at en
, sance, et de l'aider à rentrer dans Rome ^.
France que lorsque le pape Innocent II en Henri, roi d'Angleterre, lui fit aussi présen-
sortit, vers le mois de mars de l'an 1132 car : ter des lettres d'obéissance par Hugues, ar-
il n'était pas besoin de léi^at eu ce royaume chevêque de Rouen. Il fut encore reconnu
tandis que le pape y était lui-même. Le con- par Alphonse VI, roi d'Ara^^on et de Navarre,
cile de Jouarre, ou Jutrcnse, frappa d'excom- et par Alphonse VII, roi de Castille. Les er-
munication les auteurs du meurtre de Tho- mites de la Chartreuse chargèrent de leur
mas, coiumis le 20 août 1 133. lettre l'abbé de Pontiuny; Geofroi, évêque de
H3. Le 22 mars, qui tombait, en 1131, le Chartres, en fit publiquement la lecture, et
*.
troisième dimanche de Carême, le pape In- elle fut admirée de tous les assistants

nocent arriva à Liège où il fut icr.u avec 113.11 est remarqué, dans les Actes du „'^^i;','

' Annnlista Saxon., ad an. 1130. "Toin. X Concil., paR. 989, et Eccard., Soiplor.
» Toni. X Concit., pa«. 972. meilii œvi, tom. H, pag. 1.
» Tom. X Concil., pag. 973, et l'agi, ad au. 1135, 1 Chronic. ilauiiniacens., ad an 1131.

num. S, C. 8 Raynald ou Rayuaud 11 était alors arclievèquc d«

"•
Annal. Saxon., ad an. 1131. Reims. Voir sur Raynald la notice Urée du Gallia
* Rolland., ad diem 4 mail. cbrisiiana et reproduite au tomeCLXXII de la Pnlro-
ill2 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
coucile publiés par Eccard ', que c« ne fut d'en assembler plusieurs en cette ville, puis-
qu'à la dernière session que l'on excommu- qu'il y était encore le 5 novembre, comme

nia Pierre de Léon, Conrad, Frédéric et leurs on le voit par sa lettre à Geofroi , évêque de
fauteurs, et que dans le temps que l'on pro- Chartres, son légat en France, datée de ce
nonçait contre eux cette sentence, tous ceux jour.
qui étaient présents au concile tenaient des 118. Le 5 décembre de la mêm.' année 1 132, (.

cierges allumés, mais en les inclinant vers la Arnaud, nrcliCv-êque de Narbonne, légat du '

terre comme pour les éteindre , afin d'étein- Siège apostolique, tint un concile à Creixan ^,
dre etïeclivement la mémoire de tous ceux dans son diocèse, à l'occasion de la dédicace
qu'on excommuniait. Le concile publia dix- de l'église de ce lieu. Outre les évêques Ber-
sept canons qui sont à peu près les mêmes mond de Béziers, Raymond de Carcassone
que ceux du concile de Clermont en 1130. Le et Jean de Nimes, il s'y trouva nu grand
25 octobre, le pape Innocent sacra roi le nombre d'ecclésiastiques et de laïques nobles
prince Louis, fils du roi Louis-le-Gros avec , et non nobles. Le motif de cette assemblée
l'huile dont saint Remy avait oint le roi Clo- était d'établir une sauvegarde à Creixan. Les
vis à son baptême -. Il tit, dans le même évêques en marquèrent les limites par des
concile, la cérémonie de la canonisation de croix qu'il firent planter, et prononcèrent en
saint Godehard, évêque d'Hildesheim; dé- même temps anathème contre ceux qui don-
clara authentiques les titres de l'église de neraient atteinte à cette sauvegarde, ou qui
Magdebourg, que saint Norbert avait fait re- commettraient quelques désordres dans l'en-
nouveler, parce qu'ils étaient rongés des ceinte de ces bornes.
vers; lui confirma les biens qu'il avait reti- 119. Le concile de Norlhampton en Angle- ,

rés des usurpateurs, el lui accorda encore le terre ' fut tenu pendant l'octave de Pâques,
privilège d'établir dans sa cathédrale l'ob- le 10 avril. Le roi Etienne qui l'avait con-
,

servance de Piémontré, quand il en aurait voqué, y assista. Turstain, archevêque d'York,


une occasion favorable, y présida, assisté de
plusieurs évêques ou
j, 116. Dodecbin met en 1131 un concile à abbés, et d'un grand nombre de comtes, de
'"
Mayence ', auquel le cardinal Matthieu, évê- barons, et autres seigneurs anglais. L'église
que d'Albane, présida. Le loi Lotliaire était d'Excester manquait de pasteur; on choisit
présent. Oulre les archevêques de Mayeuce pour la gouverner l'archidiacre Robert. Il fut
et de Trêves, Tritbème nomme huit évéques aussi pourvu à la vacance de deux abbayes,
d'Allemagne qui y assistèrent, entre autres en y nommant deux moines, dont un, qui se
saint Otton, évêque de Bamberg. En ce con- nommait Robert, était parent du roi Etienne.
cile, Bruuon, évêque de Strasbourg, accusé Ce prince n'ayant commencé à régner qu'en
d'être intrus dans ce siège, renonça à sa di- 1133. c'est une faute dans les collections gé-
gnité '. Innocent II y fut reconnu pour seul nérales des conciles ^ de mettre celui de
pape légitime. Norlhampton en 1133. On a du roi Etienne
^„ 117. Après avoir célébré à Ast la fête de un diplôme daté d'Oxfort en 113C, la pre-
•" Pâques, qui, en 1132, était le 10 avril, le mière année de son règne, par lequel il pro-
pape alla à Plaisance, où il tint un concile ^ met de conserver les libertés de l'Eglise an-
avec les évêques et les abbés de Lombardie, glicane. Ce prince y dit qu'il avait été sacré
de la province de Ravenne et de la basse par le légat du pape et conCrmé par Inno-
Marche. Les actes n'en sont pas venus jus- cent IL
qu'à nous. Ce concile est appelé le troisième 120. Le pape, étant à Pise en 1134, y as-
de Plaisance. Innocent II eut tout le loisir sembla un concile' auquel saint Bernard fut

logie, col. 1330-1342. On trouve à la suite deux let- 'Tom. X CowcjV., pag. 988, et Pagi, ad an. 1131,
tres et ouze diplômes, œuvres de cet archevêque. nuui. 22.
La preraière lettre est adressée à Robert, archidiacre Voir sur Brunon de Strasbourg une notice ti-
*

de Tûurnay, pour lui signifier que des moines al- rée du Gallia christiana et d'une lettre à Gerohus,
laient remplacer les clercs dans l'église de Petingen. prévôt, toui. GLXVl, col. 1347-1350. Pez avait donné
La deuxième est adressée aux cleccs d'Arras sur l'é- la lettre au tome 1 de ses Anecdotes. [L'éditeur.)
lection d'un évêque. Ces lettres sont reproduites s Tom.
X Concil., pag. 988, et Pagi, ad an. 1132,
d'après les Actes de la province de Reims. {Ledit.} num. 3.
1 Tom. Il Scriptor. medii œvi, pag. 15. « Tom. X Concil., pag. 989.
î Chrome. Mauriniacens., ad an. 1131, et loin. X >
Tom. X Concil., pag. 991.
Concil. « Ibid. — 9 Ibid.
,

CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XII' SIÈCLE. H13


appelé pour assister à toutes les délibérations. qu'ils s'y préparassent par une véritable con-
Ce concile est quelquefois nommé général à fession.

cause qu'il élnit composé de presque tons les 122. 11 est fait mention, dans la même His-

évêques d'Occident; le motif de s<i convoca- toire de Languedoc, d'un concile tenu à Mont- '•

tion fut d'excommunier Pierre de Léon ou pellier par Hugues, archevêque de Rouen,
l'antipape Anaclet, avec tous ses fauteurs, légat du Saint-Siège, par les archevêques

sans espérance d'être rétablis dans la com- d'Arles et de Narbonne, avec un grand nom-

munion de l'Eglise que dans le cas de rési- bre d'évêques et de clercs, au sujet d'un dif-
,

piscence. On ne laissa pas d'y traiter beau- férend entre les abbés de la Chaise-Dieu et
coup d'autres aU'aires utiles à l'Eglise; mais de Saint-Tiberi *. Le premier ne comparut
lestempsétaienttropfûcheux pour qu'on pût point, et ses excuses ne furent pas jugées

exécuter tous les projets formés. Hugues, suffisantes; ainsi, l'on rendit un jugement

archevêque de Rouen, aida beaucoup le pape favorable à l'abbaye de Sainl-Tiberi. L'aU'aire


Innocent II à lever les obstacles qui s'oppo- ne fut pas pour cela terminée, et les reli-
saient à sa rentrée dans Rome. D'un autre gieux de ce monastère ne furent maintenus
côté, saint Bernard, en réconciliant le duc en possession du bien que ceux de la Chaise-
Conrad avec l'empereur Lotliaire, et les Mi- Dieu leur contestaient que cinq ans après,
lanais avec ce prince et le pape Innocent 11
dans le concile dUzès. Celui de Montpellier
avait fortifié son parti et affaibli considéra- est du 3 novembre 1134.

blement celui d'Anaclet. On déposa, dans le 123. Après qu'Etienne, roi d'Angleterre,

concile de Pise ', Alexandre, usurpateur de eut fait serment de conserver les libertés de
1 Eglise anglicane, au commeuceraenlde l'an
l'évèché de Liése. Saint Hugues, évêque de
Grenoble, y fut canonisé, et Guignes, prieur 1136, à Oxfort, il indiqua un concile à Lon-
de la Chartreuse, chargé d'en écrire la vie, dres ^, pour les fêtes de Pâques, dans le des-
comme l'ayant connu particulièrement. Cela sein de mettre les évêques en état de réfor-

parait par la lettre qu'Innocent II lui écrivit mer les désordres et les abus sur lesquels ils
lui avaient fait des plaintes à son avènement
de Pise le 22 avril 1 1.34, quelques jours avant
la tenue du concile 2. Le pape y excommunia à la couronne. Raoul de Dicet parle de ce

l'hérésiarque Henri qui depuis le ponliticat concile, de même que l'Anonyme, dans son
,

de Pascal II n'avait cessé de répandre ses histoire du roi Etienne. Il fut tenu à West-

erreurs dans les Eglises de Fiance. minster. L'évèché de Londres était alors va-
121. Le concile de Narbonne, que les pères cant; quelques chanoines choisirent pour le
Labbe Hardouin mettent en 113-4, est rap-
et remplir Anselme, abbé de Saint- Edmond,
porté <i 1 140 dans la nouvelle Hhloiredu
l'an neveu de Saint - .\nselme archevêque de ,

Languedoc, par dom Vaissetle ^. 11 fut assem- Cantorbéry; mais ce choix fut désapprouvé
blé dans la cathédrale de cette ville par l'ar- tant du concile que du roi, parce qu'il s était

cbevêque Arnaud, qui y présida. Les évêques fait sans le consentement de Guillaume,

de Carcassonue, de Toulouse et d'Elne y as- doyen de la cathédrale et le pape Innocent


,

sistèrent avec celui de Maguelone. L'évêqne ordonna à Anselme de retourner à son abbaye.
d'Elne, nommé Udalgaire, fit en pleine as- 124. Au mois d'octobre de l'an ll.'jO, Gui,
semblée le récit des maux que des pirates cardinal et légat apostolique en Espagne pour
Sarrasins avaient causés à son diocèse, des y introduire le rit romain dans les offices
prisonniers qu'ils avaient faits et réduits en divins et réconcilier les rois de Navarre et de
esclavage, ajoutant qu'ils demandaient pour Gastille qui étaient en guerre, célébra un

leur lani^on cent jeunes tilles. Ne se trouvant concile à Burgos « les actes n'en sont pas
;

pas en état de fournir l'argent qu'il avait venus jusqu'à nous, mais on ne peut douter
promis à ces infidèles pour le rachat des qu'il u ait eu pour objet l'introduction du rit

captifs, les pères du concile ordonnèrent une romain dans les églises d'Espagne. L'année
quête dans la province, en accoidant à ceux suivante, le même légat assembla un concile
qui conliibueraienl à cette bonne œuvre la à Valladolid ', apparemment pour le même
rémission de leurs péchés secrets, pourvu sujet que le précédent.

' Toui. X Concil., pag. !I90. 5 Pugi, ad au. 1135, uum. 37 et seq.

» Mabillou, Analecta, pag. 3IG, 3î3, edit. iii-fol. « Pagi, ad an. 1136, uum. 10.
' Tom. Il de {'Histoire de Languedoc, pag. HS.
ï
Pugi, ad an. 1131, luiiu. î*.
' Ibid., pag. 4)3.
1114 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
125. On peut mettre au nombre des con- on élut pour archevêque de Cantorbéry Thi-
ciles l'assemblée de Lugo-Pesole *, où, en baud, abbé du Rec, à la place de Guillaume
1137, l'empereur Lotliaire, choisi
le ISjuillet, deCorbeil, mort en 1136. Knsuite le légat
arbitre entre l'abbé, les moines de Mont- Albéric invita tous les évêques d'Angleterre
Cassin et Innocent II, fit lever l'excommuni- et plusieurs abbés au Loncile que le pape

cation que ce pape avait lancée contre eux Innocent II se proposait de tenir à Rome à
comme partisans du pape Anaclet, à condi- la mi-carême de l'année suivante 1 139; mais

tion qu'ils renonceraient au schisme, à Pierre à cause des troubles dont le royaume était
de Léon, à Roger de Sicile, et qu'ils promet- agité, le roi Etienne ne permit qu'à l'arche-

traient obéissance à Innocent II et à ses suc- vêque Thibaud, à quatre autres évêques et à
cesseurs, ce qui fut fait. Pierre Diacre, moine quatre abbés d'aller à ce concile.
de Mont-Cassiu, prit en cette occasion la dé- 128. Celui de Latran *, que l'on compte pour conài»

fense de son monastère contre le cardinal ledixième concile général, fut tenu le 8 avril mè""'
Gérard, qui faisait pour le pape Innocent II. 1139, qui en cette année était le samedi avant
L'empereur, en présence de qui ils plaidèrent le dimanche de la Passion. II s'y trouva en-

chacun leur cause fut si satisfait de Pierre,


, viron mille prélats, tant patriarches qu'ar-
qu'il le retint à son service, comme on l'a chevêques et évêques, qui y étaient venus
déjà remarqué plus haut ^. de toutes les parties du monde chrétien.
126. Il y eut un concile à Londres ^ le 13 Innocent ouvrit le concile par un discours ^
décembre 1138; le légat Albéric, qui l'avait où, avant d'entrer dans les motifs qui de-
convoqué, y présida. Il était composé de dix- vaient engager les évêques à l'extinction
sept évéques, d'environ trente abbés, de du schisme, il leur dit « Vous savez que :

plusieurs clercs et d'une multitude de peu- Rome est la capitale du monde, que c'est

ple. Turstain, archevêque d'York, n'ayant par la permission du pontife romain que l'on
pu y venir pour cause de maladie, y députa reçoit les dignités ecclésiastiques , comme
Guillaume, doyen de son Eglise. Le concile par droit de fief, et que sans son agrément,

fit dix-sept canons dont la plupart ne


font que on ne possède pas légitimement. »
les

renouveler ce qui avait été ordonné dans les 129. On


peut réduire à quatre articles tout Attes a
"°""''
conciles précédents contre la simonie, l'in- ce qui passa dans ce concile. En premier
continence et l'usure des clercs, l'usurpation lieu, on cassa tout ce que Pierre de Léon ou

des biens de l'Eglise et la succession hérédi- l'antipape Anaclet avait fait, et l'on déclara
. taire des bénéfices. Le second canon porle nulles toutes ses ordinations, de même que
qu'on ne gardera pas plus de huit jours le cellesde Girard, évêque d'Angoulêrae, fau-
corps de Notre-Seigneur, qu'il ne sera admi- teur du schisme; c'est le sujet du trentième
nistré aux malades que par un prêtre ou un canon. Après ce décret, le pape appela par
diacre, mais qu'en cas de nécessité toute leur nom chacun de ceux qui avaient été or-
personne pourra le leur porter, en observant donnés dans le schisme et se trouvaient au
. un très-grand respect. Le septième défend à concile * puis leur reprochant leur faute, il
;

ceux qui ont reçu les ordres d'un évêque leur arracha la crosse des mains, l'anneau
étranger, sans dimissoire du diocésain, d'en du doigt et le pallium de l'éi'aule. 11 n'épar-
faire les fonctions, si ce n'est qu'ils en ob- gna pas même Pierre de Pise, quoiqu'il lui
tiennent le pouvoir du pape, ou qu'ils pren- eût rendu sa dignité lorsqu'il avait quitté le
. nent l'iuibit de la religion. Par le quinzième, schisme. Secondement, on excommunia Ro-
il est défendu aux religieuses de porter des ger II, comte de Sicile, pour avoir reçu le
fourrures de prix, comme des martres ou des titre de roi de l'antipape Anaclet, et avoir

hermines de se servir d'anneaux d'or et de


, pris son parti. En troisième lieu, l'on con-
cheveux, le tout sous peine d'a-
friser leurs damna les erreurs de Pierre de Rruis et

7. nathème. On défend, dans le dix-septième, d'Arnaud de Bresce. C'est contre eux que fut

aux maîtres d'écoles de les louer à d'autres fait le vingt-troisième canon, qui est le même,
à prix d'argent. mot pour mot, que le troisième du concile
'"
127 Après qu'on eut publié ces règlements,
. de Toulouse, en 1119, contre les nouveaux

1 Chronic. Cassin., lib. IV, cap. cvni et seq. ' Tom. X Concil., pag. 999.
s pag. 1010.
* Voyez l'art, de Pierre Diacre. Ibid.,
3 Tom. X Concil., pag. 994, et Pagi, ad an. 1138, «Ibid., pag. 1010.
num. 13.
[xU'SliCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU X1I« SIÈCLE. 1113

manichéens. Le quatrième regarde article un nouveau décret contre les arbalétriers et


les relâcliemenls intiodnits dans les mcturs les archers, leur défendant, sous peine d'a-
et dans la discipline ecclésiastique, à l'occa- uathème, d'exercer leur art contre les chré-
sion du schisme. Pour y remédier, le concile tiens et les catholiques.
fit vingt-huit canons, sans ycomprendre les 131. En Angleterre, quelques évêques ou-
deux dont nous venons de parler, qui sont bliant la simplicité chrétienne, se jetaient
contre les hérétiques et les schismatiques. dans le luxe et dans le parti des armes, fai-

130. Les autres ' sont à peu près les mêmes sant bâtir des châteaux ou des forteresses
que ceux du concile de Reims en 1131, et du pour défendre avec des troupes qu'ils
s'y
concile de Clermont en 1130; mais on les commandaient eux-mêmes ^. On en prit oc-
cite ordinairement sous le nom du concile de casiou de les mettre mal dans l'esprit du roi
Latran, pour leur donner plus d'autorité. Etienne, et d'exciter ce prince à se saisir de
Défense d'obtenir par argent ou une pré- ces évêques et de leurs châteaux qui pou-
bende ou un prieuré, et tout aulre bénéfice vaient servir de retraite k des gens mal in-
ou dignité ecclésiastique l'administration , tentionnés. Le roi, suivant ce conseil, fit ar-
des sacrements, la consécration des autels rêter et mettre en prison Roger, évèque de
ou des églises, sous peine
de privation des Sarisbéry, et Alexandre de Lincoln, et se
honneurs, dignités acquis par
et bénéfices saisitde leurs châteaux. Henri, évêque de
cette voie, et à l'acheteur et au vendeur Winchestre, frère du roi et légat du Saint-
d'être notés d'infamie. On privera de leurs Siège, voyant que le procédé du roi tournait
bénéfices ceux qui, avertis par leur évêque au désavantage des Eglises qu'on avait dé-
de se corriger, persévéreront dans leurs dé- pouillées de leurs biens, et de la discipline
règlements. Il est défendu aux laïques de ecclésiastique violée, en ce que ce prince avait
posséder les dimes ecclésiastiques, soit qu'ils arrêté deux évêques sans un jugement cano-
les aient reçuesdes évêques ou des rois, ou nique, assembla un concile dans son église
de quelques autres personnes, avec ordre de cathédrale le 29 août 1138. Presque tous les
les resliluer à l'Eglise, s'ils ne veulent se évêques du royaume y assistèrent avec Thi-
rendre coupables de sacrilège et courir le baud, archevêque de Cantorbéry. Turstain
danger de la damnation éternelle. On leur d'York était malade depuis longtemps. Quel-
ordonne aussi, suus peine d'excommunica- ques évêques s'excusèrent d'y venir, à cause
liou, de rendre les églises dont ils sont eu des dangers que la guerre occasionnait dans
possession aux évêques. 11 y avait des femmes le pays. On commença
le concile* par la lec-
qui, sans observer ni la règle de saint Benoit, ture des lettres du pape Innocent qui éta-
ni celle de saint Basile ou de saint Augustin, blissaient Henri de Winchestre légat du
voulaient passer pour religieuses, et demeu- Saint-Siège. Ensuite il fit lui-même un dis-
raient dans des maisons parliculières, où, cours en latin, dans lequel il se plaignit que
sous prétexte d'hospitalité, elles recevaient le roi eût fait arrêter les évêques de Saris-
des personnes dont la réputation n'était pas béry de Lincoln, disant que si ces évêques
et
bonne le concile leur défend, sous peine
; étaient en faute, on devait les juger, non par
d'auathème, de continuer ce genre de vie. l'autorité du roi, mais selon les canons, et
11 défend encore aux religieuses d'aller qu'il n'avait pu les dépouiller de leurs biens
chanter dans un même chœur avec des cha- qu'après un jugement canonique.
noines ou des moines et aux chanoines de; 132. Le roi cité au concile dont il n'avait
procéder à l'élection d'un évèque sans y ap- pas désapprouvé la convocation ^, envoya
peler des hommes de piété il veut que l'é- ; des comtes demander pour quelle raison on
lection se fasse par le conseil de personnes l'y avait appelé. Le légat répondit qu'il ne
sages ou du moins «le leur consentement, devait pas trouver mauvais, étant chrétien,
sous peine de nullité. Ou entend par ces d'être invité par les ministres de Jésus-Christ
hommes religieux les moines et les chanoi- à faire satisfaction du crime dont il s'était
nes réguliers qu'on invitait ordinairement rendu coupable qu'au reste il était plus
; ,

aux élections des évêques *. Le concile, après obligé qu'un aulre à favoriser l'Eglise qui
avoir renouvelé la défense des tournois, fait l'avait élevé dans son sein et placé sur le

'
Tom. .K Concil., pag. 1002. «Toiu. X CoiiciL, pay. 1014, et lMj?i, ad an. 113».
' Kleurj-, Histoire ecciésiastique, lib. LXVllI, toin. num. 21.
XIV, pag. 529. ' Pag. 1015. — ' fad. 1016.
1H6 HISTOIKE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
tiône sans le secours des armes. Le roi, in- dans la chaire de Saint-Pierre. Raoul s'était
formé de cette réponse, envoya au concile concilié l'amour de la noblesse et du peuple
porter ses plaintes contre les évêques de par son humeur guerrière, sa magnificence
Sarisbéry et de Lincoln; et le légat ayant et ses lihéialités. Les évêques refusèrent
dit que ce que l'on avançait contre eux de- d'obéir à un patriarche qu'ils n'avaient pas
vait être examiné dans un jugement ecclé- élu; qnelques-uns de son clergé qu'il avait
siastique, mais qu'il fallait auparavant les maltraités s'élevèrent contre lui, ils portè-
rétablir dans la possession de leurs biens, le rent leurs plaintes à Rome Raoul les y de- ;

roi renvoya la décisionde celte alfaire jus- vança mais ses adversaires n'étant pas en
;

qu'à l'arrivée de l'archevêque de Rouen. Il preuves suffisantes pour le convaincre, le


prit le parti du roi, et soutint qu'encore que pape envoya un légat sur les lieux pour l'in-
ces deux évêques eussent droit d'avoir des former de l'atfaire. Le légat qui était Pieire,
forteresses ',ils devaient dans un iemps sus- ai'chevêque de Lyon, tomba malade à Acre,
pect en donner les clés au roi, chargé de où il mourut le 29 mai H 39; ce qui obligea
faire la guerre, pour la sûreté publique. Les les accusateurs de Raoul de relouiner à
évêques menaçaient le roi d'envoyer à Rome Rome demander un autre commissaire. On
contre lui, il les cita lui-même, et après bien nomma Albéric évêque d'Ostie. Arrivé à ,

des contestations, le concile se sépara sans Aulioche ^ il y convoqua un concile pour le


avoir rienfait. On voyait en etl'et que le roi 30 novembre 1140. Guillaume, patriarche de
ne se soumettrait pas au jugement des évê- Jérusalem Gaudence, archevêque de Césa-
,

ques, et l'on ne croyait pas qu'il fût à pro- rée Anselme, évêque de Bethléem Fou-
; ;

pos de l'excommunier sans le consentement cher, archevêque de Tyr, et deux de ses


du pape. suflraganls, Bernard de Sidon et Baudouin
133. En France, Pierre Abailard, con- de Béryte Etienne, archevêque de Tarse
; ;

damné au concile de Soissons, en 1121, re- Gérane, évêque de Laodicée, et Hugues de


commença à répandre de nouveaux dogmes Cabales; Francon d'Hiéraple, Gérard de Co-
dans les provinces de France. Guillaume, rice, et Serlon d'Apamée, y assistèrent. Les
abbé de Saint-Tliieriy, en donna avisAGeof- accusaleuis de Raoul, Lambert, archidiacre
froi,évoque de Chartres, et à saint Beinard. d'Antioche, et Arnoul, depuis archevêque de
Celui-ci avertit en secret Pierre Abailaid qui Cosence, présentèrent leurs libelles qui con-
promit d'abord de s'en corriger; mais ex- tenaient trois chefs d'accusations contre lui,
cité par de mauvais conseils il s'oU'rit de
, son intrusion dans le siège patriarcal, son
défendre sa doctrine devant les évêques du incontinence, sa simonie. Invité solennelle-
concile qu'on devait tenir à Sens -, le 2 juin ment au concile dès le premier jour, il re-
1140, et demanda à l'archevêque de cette fusa d'y venir. 11 fut cité le second jour, et per-

ville d'y appeler saint Bernard. 11 y vint en sistadans son refus *. Comme il refusa en-
effet,proposa à l'assemblée les erreurs qu'il core de comparaître à la dernière citation
avait trouvées dans les écrits d'Abailard, et qu'on lui fit le troisième jour, le légal pro-
demanda ou qu'il les désavouât, ou qu'il les nonça contre lui la sentence de déposition ^,
corrigeât. Pierre refusa de répondre, et s'é- l'obligea à rendre l'anneau et la croix, puis
tant retiré de l'assemblée, il appela de la ille livra au prince d'Antioche qui l'envoya
sentence qu'on y avait portée contre lui. Il a en prison au monastère de Saint-Siméon sur
été parlé plus au long de ce concile dans les une haute montagne, pioche de la mer. On
articles d'Abailard et de saint Bernard. élut à la place de Raoul le doyen Aimeri *.
134. Après la mort de Bernard, premier Ensuite le légat alla à Jérusalem où il as-
patriarche latin d'Antioche, arrivée en 1133, sembla un concile dans l'église de Sion la
les archevêques et évêques qui dépendaient troisième fête de Pâques '. Le catholique
de ce siège s'assemblèrent au palais patriar- d'Arménie, ou le premier des évêques de
cal [lour lui donner un successeur mais ils ; cette nation, se trouva au concile. On y traita
furent prévenus par le peuple qui élut tu- des articles de foi comme il paraissait s'é- :

multuairement Raoul, archevêque de Ma- loigner en quelques-uns de la doctrine de


mistra, auparavant Mopsueste, et l'intronisa l'Eglise, il promit de se corriger.

' Tom. X ConciL, pag. lOiV. * Ibid. — s Gap. xvi(. — = Cap. xvm.
» Tom. X Concil., pag. loi S. ' Tom. X Coiicil., pag, 1030.
3 Guillelm. Tyr., lib. V, cap. x, xn, xiv, xv.
[xu'siicij:.] CHAPITRE LXXXVl. — CONCILES DU Xll' SIÈCLE. .17

133. La même
année 1140, Léon Slypiole, i^T. Mathilde, unique de Henri 1",
lilie

palriarclie de Coiistanlinople, assisté de onze roi d'Angleterre, devait lui succéder au


raétropolilains, de deux archevêques, avec royaume; mais ayant été prévenue par
les clliciers de l'empereur, lint un concile en Etienne, comte de Bologne, son cousin ger-
celte ville où après avoir examiné les écrits
' ,
main, elle lui déclara la guerre. Etienne fut
de Constantin Clirysomale, on les condamna pris dans le combat ei mis en prison. Ma-

comme remplis des erreurs des enthousiastes thilde obtint de l'évêque de Winchester, lé-

et des bogomiles. Il y était dit, entre autres gat du Saint-Siège ,


qu'il la reconnaîtrait

choses, que c'est adorer Satan, que de ren- pour reine d'Angleterre. Robert, comte de
dre honneui' à un prince ou à un magistrat; Glocester, et plusieurs autre.^ grands sei-
que le hapléme conféré aux enfants est de gneurs; Thibaud , archevêque de Cantor-
nul ellet, parce qu'ils ne peuvent être instruits béry, plupart des évéques, se joigni-
et la

avant de le recevoir; que la pénilence est rent au légat, qui la fit reconnaître dans un

inutile ceux qui n'ont pas été régénérés


c'i
;
concile tenu à Winchester, le lundi d'après
que ceux qui ont reçu le baptême et sont les l'octave de Pâques, l'an 1141 ^. Mais lorsque
vrais chrétiens, ne sont plus soumis à la loi, l'on croyait Mathilde bien atl'ermie sur le
parce qu'ils sont arrivés à la mesure de l'âge trône d'Angleterre les choses changèrent
,

de Jésus-Christ; que tout chrétien a deux de face. Le légat quitta le parti de Mathilde;
âmes, l'une impeccable, l'autre pécheresse ;
Robert son frère, comte de Glocester, fut fait
au lieu que celui qui n'est pas encore chré- pjîsonnier. Le roi sortit de prison, vint au
tien n'en a qu'une. Allatius a rapporté la concile que le légat assembla à Westminster
sentence du concile contie les éciits de Chry- le jour de l'octave de la Saint-André, et se
somale. Elle prononce anathème contre les plaignit de ce que ses propres sujets s'étaient
erreurs y contenues et contre quiconque en saisisde sa personne. On lut dans le concile
prendra la délense ; ordonne de jeter ses une d'Innocent II, dans laquelle il re-
lettre
écrits au teu, avec défense à toute personne prenait doucement le légat de sa conduite
de hre aucun livre nouveau, à moins qu'il envers le roi son frère. Toute l'excuse qu'il
n'ait été examiné et approuvé par l'Eglise en apporta, fut qu'il avait été obligé de re-
catholique *. A l'égard des deux moines du cevoir Mathilde, et qu'il savait certainement
monastère de Saint-Nicolas, chez qui l'on qu'elle et les siens avaient attenté à sa vie.
avait trouvé les écrits de Constantin Chryso- 11 conclut le concile en ordonnant que le

male tomme l'un d'eus, uonimé Fampliile,


, roi ayant été sacré par (a volonté du peu-
déclara qu il ne les avait lus que par igno- ple et du consentement du Saint-Siège, on
rance, et avec une bonne intention, le con- lui prêterait tous les secours nécessaires pour
cile le déchargea des peines que méritait sa se maintenir.
faute; l'autre nommé Pierre, fut condamné 138. Il faut rapporter à l'an M41 le con-
ù changer de monastère. cile tenu à Lagnyau sujet de la diflicullé
«,

13(3. Fabricius met en 1140 •*


un concile à entre Alvise, évêque d'Arras, et les moines
Véroli. Mais dom Mabillon qu'il cite sur ce de Marchiennes. L'évêque prétendait avoir
sujet, le place en Mil, sous le pontiticat de droit de leur nommer un abbé après la mort
Pascal II *, qui en etl'et occupait alois le de Lietbert. Les moines soutenaient que l'é-
Saint-Siège, et c'était la treizième année de lection leur appartenait. Comme ils ne vou-
son pontiticat qui ne dura que jusqu'en 1118. laient point se désister, -ni recevoir celui
Le motif de celte assemblée à laquelle ce qu'Alvise avait nommé, il les excommunia.
pape présida, tut dobliger Grimald, aithi- Le pape Innocent 11, â qui ils s'en plaigni-
chanoine de l'église de Saint-Patern, qui se rent, cassa la sentence d'excommunication.
prétendait exempt de la juridiction de l'évé- Saint Bernard prit le parti de l'évêque ", et
que diocésain, de le reconnaître pour sou écrivit au pape que les députés de l'abbaye
supérieur et di; lui obéir. Il le promit et de- l'avaient trompé. L'ati'aire fut renvoyée un
manda pardon de sa désobéissance. cardinal Yves, légal en France, qui indiqua

' Allatius,de Coiisemu Ecoles. Occid. et Oriental., > Fabricius loin. XI Bit/liot. yra-cœ, pag. Cil.
lib. Il, cap. .\i, cl P,igi, ad an. lUO, uuiu. ii. * Mabillou, lom. MuS(fi llalici, pag. i«i.
1

' Ltgl.se grecque, comme Eglise latiue, défeud


1 ' l'agi, ad an. lUl, uum. 6 clseq.; loua. \ CunciL,

de lire les livres qui u'onl pua été examiués et approu- pag. lUi4 et 10Î9.
vés pur la puis»aiice coclésiaitliqui». {L'éditeur.) » Tom. X Conci/., pag. 1830.— ''
Heruard., t'/JM/. 339.
dH8 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
à cet effet un concile à Lngny, apparemment lienne, Guillaume, évêque de Winchester et
dans le monastère de S;iinl-Pierre eu co lieu ;
légat du Saint-Siège, tint un concile à Lon-
l'évêqiie Alvise y vint, et forma ses plaintes dres -,auquel ce prince assista, voulant ap-
contre les moines de Marchiennes. Ceux-ci paremment autoriser par sa présence les dé-
ne comparurent pas d'abord Yves en de- ;
crets que l'on devait faire contre ceux qui
manda la raison. Les minisires de l'évêque manquant de respect pour les églises et pour
répondirent que se défiant de leur cause, ils les ecclésiastiques, volaient les choses sa-
ne viendraient pas au concile. Pendant que crées, frappaient les clercs et les mettaient
l'on contestait là-dessus , des députés de eu prison. Ce concile ordonna premièrement,
Marchiennes vers le pape Innocent arrivè- que ceux qui auraient violé uue église ou un
rent à Lagny. Ils rapportèrent au concile ce cimetière, ou frappé violemment une per-
qui s était passé à Rome. Le légat qui les y sonne consacrée à Dieu, ne pourraient être
avait vus et qui savait le vrai de leur rap- absous que par le pape même; secondement,
port, leur ordonna de plaider leur cause. que les laboureurs et leurs charrues seraient
Après qu'ils eurent fini, les ministres de l'é- en aussi grande sûreté à la campagne, que
vêque, au lieu de plaider la leur, demandè- s'ils étaient dans le cimetière. On excommu-

rent du temps pour prendre conseil. Le nia avec des chandelles allumées ceux qui
légat refusa. Alvise prit donc le parti de contreviendraient à ces décrets; et cette cen-
céder, et convint qu'il avait excédé envers sure eut pour eUet de contenir tant soit peu
les moines de Marchiennes. On dit que le la rapacité des brigands.
légat reprit saint Rernard, qui était pré- 141. La même année, Alexandre, évêque
sent, des lettres trop vives qu'il avait écrites de Lincoln, que le pape Innocent avait fait
contre eux , et qu'il s'en excusa , disant légal apostolique, convoqua un concile en
qu'il avait été trompé par le député de l'é- Angleterre ^, où il fit plusieurs canons très-
vêque. Par l'entremise des pères du con- utiles contre les désordres qui régnaient
cile, les parties se réconcilièrent. Les évê- alors dans le royaume. Ces canons ne sont
ques demandaient que l'abbaye fût adjugée pas venus jusqu'à nous. Alexandre avait fait
à celui qu'avait nommé Alvise. Le légat s'y deux fois le voyage de Rome, et s'était con-
opposa et maintint les moines dans leur duit avec tant de sagesse, qu'il avait mérité
droit d'élection. la bienveillance du pape et du roi d'Angle-
139. Le 20 août H43, il y eut un concile terre.
à Constantinople ', où Michel Oxite, patriar- 142. Le roi Louis le Jeune voulant accom-
che de cette ville, fit déclarer nulles les or- plir le vœu que Philippe sou frère aine avait
dinations de Clément et de L( once, parce fait, etqu'une mort imprévue l'avait empê-
qu'elles avaient été faites par le métropoli- ché d'accomplir, forma le dessein de se croi-
tain seul. Ils furent encoie condamnés com- ser. Il le déclara aux évêques et aux sei-
me infectés de l'erreur des bogomiles. Le gneurs dans la cour qu'il tint à Bourges * à
l"" octobre de la même année, il se tint un la fête de Noël 1143, et son dessein fut ap-

autre concile à Constantinople, qui condamna puyé par uu discours très- pathétique de
un moine nommé Niplion, accusé aussi d'être Geotiroi, évêque de Langres. Mais pour ré-
de la secte des bogomiles, à être enfermé soudre la croisade avec plus de solennité, il
dans un monastère, jusqu'à une plus ample parut convenable de tenir une assemblée
information de ses sentiments et de sa con- plus nombreuse. On l'indiqua à Vézelay pour
duite. Convaincu ensuite d avoir dit ana- la tète de Pâques 1146 ^.
thème au Dieu des Hébreux, et avancé plu- 143. Il s'y trouva uu grand nombre d'évê-
sieurs autres choses contre la religion, le ques, de seigneurs et d'abbés, entre autres
concile de Constantinople assemblé le 22 fé- saint Bernard, qui y avait été invité par le
vrier 1144, lui fit raser sa longue barbe, et roi. N'y ayant point de place assez vaste

le mit en prison, où il demeura pendant tout dans la vihe pour l'assemblée, on dressa en
le patriarcat de Michel Oxite. pleine campagne un échafaud. Saint Beinard
I
140. Au milieu du carême de l'an 1143, étant monté dessus avec le roi, prêcha avec
qui était la huitième année du règne d'E- beaucoup de force. Le roi harangua sur le

Allatius, de Consensu utriusque Ecclesiœ, ca.p. xli. 3 Tom. X Concil., pag. 1033. — ' Ibid.
Tom. X Concil., pag. 1033. ' Ibid., pag. 1100.
,

[XIl'SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XII' SIÈCLE. 1119

même sujet ; et après qu'on eut lu la lettre de pieté, il assembla, le 26 février 1147, dans

du pape Eiig(;uc III sur la croisade, on en- le palais de Bl.iquernes, les princes les ,

tendit de tous côtés demander des croix. Le grands officiers de l'empire, et tous les évê-
nombre de celles qu'on aviiit prépurées ne quos qui se trouvaient à Constantinople, pour
sullisant pas, saint Bernard fut contraint, en venir à un examen juridique^. Le pa-
pour y suppléer, de mettre en pièces ses ha- triarche Cosme, interrogé sur la doctrine de
bits. La reine Eléonor se croisa avec son Niphon, répondit qu'il la croyait orlliodoxe,
mari. Quantité de seigneurs et d'évêques et ajouta : n Je suis seul, tomme Loth à So-
suivirent leur exemple. dome. » Convaincu par son propre témoi-
144. .\vant le départ pour la Terre-Sainte, gnage de favoriser l'hérétique et l'erreur, il
il fallut en régler le voyage. On s'assembla fut déposé de l'épiscopat. La sentence était
pour cet elfet à Chartres', le troisième di- souscrite de trente-un prélats , tant métro-
manche d'après Pâques, 21 aviil. Pierre, politains qu'arclievêques. Constantin de Cé-
abbé de Cluny, invité au concile, ne put y saiée présida au concile en qualité d'exarque
venir, parce qu'il avait convoqué pnur le et de protothrône. On élut à la place de
même jour un chapitre géuéial à Cluny, et Cosme Nicolas Muzalon.
que sa mauvaise santé ne lui permettait pas 147. On a vu plus haut, dans l'aiticle de
de voyager. On convint unanimement dans Gilbert de la Poriée, quelle était sa doc-
le concile de clioisir saint Bernard pour chef trine sur la Trinité, et dans quelles erreurs
de la croisade. Mais on ne put l'y faire il donna pour avoir voulu employer les sub-
consentir. Il se contenta de la prêcher en tilités de dans l'explication de
la dialectique
diûërenles provinces, et d'écrire des lettres ce mystère. Ilau pape Eugène III
fut déféré
pour exciter au voyage de la Terre-Sainte. par deux archidiacres de l'église de Poi-
145. Un en régla la route dans l'assemblée tiers, dont il était évèqiie. Ce pape, qu'ils
tenue à Elampes - le dimanciie de la septuagé- trouvèrent à Sienne, renvoya l'examen de
sime, IG février 1147, et il fut résolu qu'on l'affaire au concile qu'il devait tenir à Paris*,
passerait par la Grèce. Il lut question de à la fête de Pâques 1147, qui en cette année
choisir un régent du royaume pendant l'ab- était le 20 avril. On produisit contre Gilbert
sence du roi. Les suffrages se réunirent sur diverses propositions et des témoins qui les
l'abbé Suger et sur Guillaume, comte de Ne- avaient ouïes de sa bouche, avec des extraits
vers; mais celui-ci n'ayant pas voulu diti'é- de son commentaire sur Boëce. Ces propo-
rer l'exécution du vœu qu'il avait tait d'en- sitions portaient que l'essence divine n'est
trer chez les Chartreux, Suger fut l'abbé pas Dieu; que les propriétés des personnes
chargé seul de la garde du royaume. On divines ne sont pas les personnes mêmes;
fixa le jour du départ à la Pentecôte, où les que les personnes divines ne sont attiibuts
croisés devaient se rendre de tous côtés à en aucune proposition, et que la nature di-
Metz. vine ne s'est point incarnée, mais seuloment
14G. Le patriarche Michel Oxite ayant re- la personne du Fils. Gilbert nia d'avoir dit
noncé à sa dignité en 1146, on lui donna ou écrit que la divinité ne soit pas Dieu;
pour successeur dans le siège de Constanti- qu'il y cijt en Dieu une forme ou une essence
uople Cosme Luttique, diacie, natif de lile qui ne soit pas Dieu. Il donna pour témoins
d'Egine. Prévenu en faveur du moine Ni- de sa doctrine à cet égard plusieurs de ses
phou, dont ou vient de parler, il le tira de disciples constitués alors en dignités. Mais
prison, le mit en honneur, priant et man- comme d'autres soutenaient le contraire
geant avec Niphon se sentant appuyé,
lui. entre autres saint Bernard, pape renvoya le

reconmien^a à publier les erreurs des bogo- la décision de cette dispute au concile qu'il
miles. Oh en lit des remontrances au patriar- se proposait de tenir â Ueims à la nii-ca-
che , qui les méprisa. L'empereur Manuel rème de l'année suivante 1148.
s'informa auprès des évoques îles sentiments 148. Vers le commencement de cette an-
de Niphon sur la religion; et ayanl su d'eux née, étant à Trèvs, où il était venu de Paris
que c'était un impie, qu'il n'y avait que le par Verdun il assembla un concile où se
,

patriarche qui le regardât comme un homme trouvèrent dix-huit cardinaux qui l'avaient

' Toin. .\ Concil., pag. llOï. I


Allatius, de Consensu, lib. II, cup. xn.
< Ibid., pug. 1104. • Toin. X Concil., pag. 1105 et lUO,
- ,

U20 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


accompagné dans son voyage, grand nom- de France, d'Allemagne, d'Angletene et
bre d'évêques d'Allemagne, de Fiance, des d'Espagne. On amena au concile un gentil-
Pays-Bas, d'Angleterre, de Lombardie et de homme breton, nommé Eudes de l'Étoile,
Toscane, entre autres Adalberon de Trêves, vulgairement Eon, hommes sans lettres et
qui avait invité le pape, Arnold de Cologne idiot, qui voulait se faire passer pour Fils de
et Henri de Mayence. Tous les autres pré- Dieu juge des vivants et des morts, sur
et
lats du concile sont dénommés dans l'an- l'allusion de soa nom avec le mot latin eum,
cienne vie d'Adalberon ', archevêque deTrè- qui se dans la conclusion solennelle des
lit

ves, et c'est â l'auteur de cette vie que nous exorcismes Fer : mm


qui venturus est judi-
devons ce que nous savons de cette assem- care vivos et mortuos; et dans celles des orai-
blée, dont il quelque chose dans
est aussi dit sons ordinaires, per eundem, etc. Interrogé
la Vie de sainte Hildegarde, par le moine par le pape, il ne répondit que des imperti-
Théodore. Ou lut dans ce concile des lettres nences. C'est pourquoi le pape chargea l'abbé
de Henri-le-Jeune, roi des Romains, dans les- Suger, comme régent de France de le faire ,

quelles il formidait trois demandes accom-


: il enfermer. A l'égard de ses disciples que l'on
pagnait la picuiière de la promesse de rece- avait aussi amenés au concile, comme on
voir avec bonté tous les prélats et autres di- les vit opiniâtres dans leurs erreurs, ils furent
gnitaires du royaume qui iraient à sa cour, livrés au bras séculier.
les exhortant à piendre soin de son éducation ;
130. Gilbert de la Porrée, voulant justi-
la seconde que le concile travaillât à
était un grand nombre
fier sa doctrine, produisit

duchesse de Pologne, sa tante,


faire rentrer la de passages des pères, en faisant remarquer
dans son duché et dans la jouissance de ses que ses adversaires les avaient tronqués en
biens, dont elle avait été dépouillée par une les alléguant. Le pape Eugène, ennuyé de
sentence d'excommunication; la troisième, cette foule de passages,
lui ordonna de dire
que l'union des monastères de Caminat et de nettement s il croyait que l'essence divine
Wisbicha à l'abbaye de Corbie, par l'empe- fût Dieu. Gilbert ayant répondu que non,
reur Conrad, fût maintenue et confirmée à saint Bernard demanda que sa réponse fût
l'abbé Wibald. Cet abbé, qui l'était en même mise par écrit. Comme on l'écrivait, Gilbert
temps de Stavclo, se plaignit au concile de dit à l'abbé de Clairvaux « Ecrivez aussi :

l'usurpation faite d'une terre de cette ab- vous, que la Divinité est Dieu. » Le saint ré-
baye, par un nommé Eustache diocésain , pondit : (( Qu'on écrive avec le fer et le dia-

et arai de l'évéque de Liège. On croit que le mant que l'e-sence divine, sa forme, sa na-
décret pour la clôture des religieuses de ture, sa bonté, sa sagesse, sa puissance, est
Horween à Trêves, fut rendu dans ce con- vraiment Dieu. » Après qu'on eut disputé
cile; du moins on ne peut douter qu'il ne longtemps sur cet article saint Bernard ,

soit du pape Eugène 111, à qui Adiien IV ajouta « Si cette forme ji'est pas Dieu
: elle ,

l'attiibue dans une lettre qu'il écrivit quel- est meilleure que Dieu, puisque Dieu tient
ques années après à ces religieuses. Enfin son être d'elle. » On disputa aussi sur les au-
on y confirma l'élection de l'évéque de Plai- tres propositions avancées par Gilbert; et
sance, qui avait soutlert quelque ditliculté. pour en faire apercevoir plus aisément l'er-
Après un séjour d'environ trois mois Trê- .'i reur, on leur opposa une confession de foi
ves-, le pape Eugène en sortit pour aller au conçue en quatre articles * 1° Nous croyons :

concile indiqué à Reims. que la nature simple de la Divinité est Dieu,


ronciie 149. 11 quatrième dimanche
s'assembla le et que Dieu est la Divinité; qu'il est sage
14"°°"'"
de carême, qui était le 21 mars ^ Mais on par la sagesse qui est lui-même, grand par
ne fit en ce jour que les prières accoutu- la grandeur qui est lui-même, et ainsi des
mées pour la tenue des conciles, et la pre- autres attributs; 2° quand nous parlons des
mière session se tint le lendemain lundi, sui- trois personnes divines, nous disons qu'elles
vant l'usage. Quoique l'on donne quelque- sont un Dieu et une substance divine; et au
fois le titre de général à ce concile de Reims, contraire, quand nous pailuns de la subs-
il ne s'y trouva néanmoins que des évêques tance divine, nous disons qu'elle est en trois
et des abbés de deçà les Alpes. Il y en eut personnes; 3° nous disons que Dieu seul est

Marten., tom. Il Amplis. CoUect., in prœfatione, ' Toin. X Concil., pag. 1107, et loin. II Amplis,
m. 4, pag. 25. Coltect. Martea., in prœfal., pag. 29.
Pag. 26 et suiv. * Tom. X ConcU., pag. 1108.
[Xn« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVJ. — CONCILES DU XII« SIECLK. 1121

éternel, cl qu'il n'y a aucune autre chose, Cantoibéry, y avec joie et avec
fut rec^u

soit qu on la noiniue relation, propriété, ou honneur; mais ses sutl'ragants ne s'y étant
autrement, qui soit éternelle sans être Dieu; pas rendus, le concde les suspendit de leurs
4° nous croyons que la divinité même et la fonctions, quoiqu'U n ignorât pas que le roi
nature divine s'est incarnée dans le Fils. d'Angleterre les en avait empêchés. On con-
Cette confession de loi fut dressée dans une lirma l<i juridiction de l'archevêque de Tours

assemblée pai liculiere des archevêques, évo- sur les évêques de Bretagne, et la sentence
ques, abbés et docteurs de l'église gallicane, d'excommunication que cet archevéq e avait
et ensuite présentée au pape, puis à tout le prononcée coiilie l'évéque de Dol, qui refu-
concde '. Elle lut généralement approuvée, sait de le reconnaître pour métropolitain.

même de ceux qui avaient paru soutenir la Les moines de Fulde s'élaient choisi pour '"

personne de Gilbert. On condamna les arti- abbé un nommé Huggerus, contre la défense
cles de sa doctrine qu'il avait lui-même dres- d'Eugène 111. Ce pape leur ordonna d'en
sés, avec défense de lire ou de transcrire le élire un autre, et d'un autre monastère, après
livre d'où ils avaient été tirés. On ne voulut avuir pris l'avis de quatre abbés, qu'il leur
pas même lui contier ia correction de ses nomma. Us n obéirent que lorsque Hugge-
écrits, quoiqu'il s'y fut oii'ert, et l'on déchira rus voyant qu'il ne pouvait se maintenir
,

publiquement ceux qui contenaient quelques dans sa dignité, sortit furtivement de son
autres erreurs suivant le rapport de ses
, abbaye *. Il a été parlé ailleurs " de la déposi-
écoliers. Il y eut même des éveques du con- tion de Guillaume, archevêque d'York, com-
cile qui opinèrent qu'on devait brûler les me intrus dans ce siège par l'autoiité du
écrits de Gilbert; mais d'autres cruienl qu'il roi, el de l'umon de la congrégation de Sa-

suUisait de les lacérer. Tout ce qui se passa vigiiy à celle de Citeaux, dans le concile de
dans cette aUaire fut mandé à l'eveque d'Al- Reims. Reste à donner le précis des canons
bane par le moine Geottroi, qui avait ac- qui y furent faits pour la réformation des
compagné saint Dernard au concile de Ueims, mœurs et de la discipline.
et qui fut depuis son successeur dans l'ab- 152. Ou n en compte que dix-sept, mais
baye de Ciairvaux. ils sont rapportés avec tant de dili'érences en
151. Nous en avons aussi une relation par divers exemplaires, qu'il semble que Ion
Otlon de Fiisingue -; mais étant en byrie doive en admettre un plus grand nombre*.
dans le temps de lu tenue du concile, il ne On y dit anaUieme à quiconque aura usurpé,
pouvait être témoin oculaire des faits qu'il pille ou diverti en quelque façon les biens
rapporte. Nous apprenons de lui qu'Henri, de l'Eglise. Un clerc qui aura perçu les re-
roi des Uomains, envoya des députés au venus d'une église contre la défense de l'é-
concile pour faire resliluer la Pologne à voque, sera soumis à 1 anathème jusqu'à ce

Christine sa femme sœur de l'empereur


, qu d ail resùlué; et le prêtre qui pendant ce
Conrad, et que Wibald, abbé de Corbie, fut temps aura desservi cette église subira la ,

le principal de ces députés. Arnold^, arche- même peine, et sera en outre dégradé. Dé-
vêque de Cologne, accusé dans le même ieuse de tirer rançon d'un clerc, de retenir
concile par 1 arclievêque de Mayeuce fut , ses otages, de le mettre en prison ou dans
privé de ses lonctious. Le pape Eugène lui les lers, le tout sous peine d'anatheme, d'iii-

donna environ cinq mois de tlelai pour venir terdictiou du lieu ou il sera détenu, et de
à Home se justilicr sur les cliets d'accusa- tous les autres lieux qui appartiendront au
tion lormés contre lui. Arnold y alla avec seigneur qui aura pris ce clerc. L'absolution
des leilres de recommanaation de l'empe- de cette censure est réservée au pape, sinon
reur Conrad. Mais eik-s lui lurent iuutilts : en cas de mort. Délense, sous peine de pri-
son interdit dura jusqu a sa moi t. Henri, vation d'oUices et de benelices, aux clercs
archevêque de Maycnce ', aurait eu le même de communiquer en quoi que ce soit avec
Sort s il tut venu au concile; mais il trouva les excommuniés, fussent-ils de condition
le moyen de s'en absenter avec quelquap- '
noble; de célébrer l'ollice divin, ou de son-
parence de laison. Ihibaud, archevêque de ner les cloches dans la ville ou le château el ,

' Tom. X Concil., jiag. HÎ4, 11Î5 el aeq. '•


Ibid., pag. 33. — « ibid.
» Marlen., tom. Il Amittis. Coilect., lu priefatioiie, ''
\ oyvz l'arlicle d'Kugèiie Ht.
pag. 2'J. «ïom. IV Aneai'il. Miirten., pag. U«.
' Ibid., pag. 31. — * ibid., pug. 3i.
XIV.
H22 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
tout autre lieu oùil y aura un excommunié, saint Augustin, de garder la clôture, de quit-
an 8. quand même le roi sérail présent, sous peine ter leurs prébendes et tout ce qu'elles pos-
aux chapelains de la cour et aux prêtres des sèdent en propre, afin de mener la vie com-
lieux, de déposition et de perte de bénéfice. mune. Défense aux laïques de juger les can. s.

9 S'il arrive que quelqu'un ait été excommu- affaires ecclésiastiques, aux évêques et autres
nié pour rapine ou invasion des biens d'é- prélats des églises de les en faire les juges.
glises, qu'il vienne à résipiscence, et ne puisse Il est aussi défendu aux avoués des églises e.

toutefois réparer le tort, avant de l'absoudre de prendre quelque chose sur elles, ni par
on l'obligera par serment à payer chaque eux ni par leurs inférieurs, au-delà des an-
année une somme qui lui sera fixée, jusqu'à ciens droits; aux laïques de posséder des s.

10. satisfaction entière. Il est défendu aux prê- dîmes, soit qu'ils les aient reçues des évê-
tres de desservir les chapelles des seigneurs ques, des rois ou de quelqu'autre personne
sans la permission de l'évêque, à qui ils pro- que ce soit et de mettre dans les éghses des
,

mettront en même temps d'obéir à tous ses prêtres mercenaires par commission c'est : ,.,,

11. ordres. Les prêtres, qui pour avoir célébré pourquoi le concile ordonne que chacune
contre la défense à eux faite de célébrer, aura son prêtre particulier, qui ne poura
auront encouru l'anathème, seront dégradés être destitué que par le jugement canonique
et privés des biens ecclésiastiques, s'ils n'ob- de l'évêque ou de l'archidiacre; qu'on lui
tiennent du pape le pardon de leurs fautes. assignera - une subsistance convenable sur
13. Un évoque prié par son confrère de publier les biens de l'Eglise.
uu jugement rendu contre une personne, ne 134. Avant le concile de Reims, le pape condie

pourra le refuser sans se mettre en danger Eugène en avait célébré un à Trêves', où lî.s.""'
16. de privation de son ordre. Les corps des Henri, archevêque de Mayence, vint le con-
excommuniés demeureront sans sépulture, sulter touchant les révélations de sainte Hil-
et au cas que l'on aurait enterré dans le ci- degarde, qui, après avoir été élevée à la

metière le corps d'un excommunié nommé- piété au mont Saint-Isibode par une fille

ment, on l'exhumera. vertueuse nommée Jutte, fut faite abbesse


133. Ces canons ne se lisent point dans du mont Saint-Rupert, près de Bingue sur le
les collections générales des conciles. Dom lihin, à quatre lieues au-dessous de Mayence.
Martène les a publiés dans le quatrième tome L'archevêque de cette ville ne fut pas le seul
de ses Anecdotes, sur deux manuscrits, l'un qui rendit témoignage à la vertu de cette
de l'abbaye de Saint-Germain des Prés, l'au- fille. Saint Bernard raconta aussi au pape

17. tre du Mont-Sainl-Michel. Mais le dix-sep- les merveilles qu'on publiait d'elle. Le pape
tième, dans ces deux manuscrits, est le même voulant approfondir la chose envoya au ,

que dans les Conciles du père Labbe '. Il porte monastère d'Hildegarde Alberou, évêque de
défense de i-ecevoir ou de protéger les héréti- Verdun, avec Albert son primicier, el quel-
ques de Gascogne et de Provence, c'est-à- ques autres personnes prudentes et dignes de
dire les manichéens, et la peine d'excommu- foi, afin de savoir d'elles-mêmes, sans bruit
nication contre les personnes et d'interdit et sans témoigner de curiosité, ce qui en
sur les terres. Voici ce qu'il y a de remar- était. Elle s'expliqua avec beaucoup de sim-
quable dans les autres canons de la collec- plicité sur les choses qui la regardaient, et

2. tion générale. Les évêques, comme les au- remit aux députés les écrits et les livres qui
tres clercs, n'otl'enseront point les yeux du contenaient ses révélations. On les lut pu-
public par une variété de couleurs dans leurs bliquement par ordre du pape, et ii eu lut
habits. Ils y éviteront aussi les découpures lui-même une pailie. Tous les assistants en
comporteront de façon
et la supertluité, et se admiration rendirent grâces à Dieu. Le pape
que juge par leurs actions combien
l'on permit à la sainte de faire connaître tout ce
ils sont portés à vivre dans l'innocence con- que le Saint-Esprit lui révélerait, et l'excita

,. venable à la dignité de l'ordie clérical. On même à le mettre par écrit. C'estceque l'on
ordonne aux religieuses et auxchanoinesses _ voit par la lettre qu'il lui écrivit^ et que l'on
qui vivent peu régulièrement, de se confor- a eu soin de joindre aux actes du concile de
mer à la règle ou de saint Benoit, ou de Trêves, et par une autre de sainte Hildegarde.

' Tom. X Concil., pag. 1109. 3 Tom. X Concil., pag. 1128, et Chrome. Hirsaug.,
5 Cui de bonis Ecclesice kuiiuin bene/iciis pi-œLenlio- ad an. 1130.
uiide comenienter valant sudeiitciri. Cau. 10. ' Paul, ad au. 1148, uuiu. 3,
[XII'' SIÈCLE. CHAriTm- LXXXVI. — CONCILES DU X![' S1ÈC(>E. 1123

155. On met en 1148 un concile à Linco- l'histoire de saint Anselme et la léponse qu'il
pen ', où il fut question d'ériger un siège fit au roi qui lui alléguaiU'usage de l'Angle-
arciiiépiscopal en Suède. Nicolas évêque , teirc « Vous dites qu'il est contre votie
:

d'Albane, légat du pape, fut cbargé de la coutume que j'aille consulter le vicaire de
commission; mais voyant que les c.otiisct saint Pierre pour le salut de mon finie et le
les Suédois nn pouvaient s'accorder ni sur le gouvernement de mon Eglise; et moi, je dé-
lieu de la mélropole, ni sur la personne de clare que cette coutume répugne à Dieu et A
l'arclievcque, il se letira sans avoir rien ar- la justice, et que tout serviteur de Dieu doit

rêté là-dessus; néanmoins, afin que sa léga- la mépriser *. »

tion pas absolument inutile, il laissa à


ne fût L'éditeur de Venise a publié, d'après Ua-
Escliile, archevêque de Lunden, le pallium luze, huit canons sur la discipline du concile
destiné à celui de Suède, le chargeant de le de Londres ^.]
donner au prélat que les Golhs et les Suédois 138. .lean Papeion avait été envoyé en Ir-
éliraient unaniraenient. Mais il ne paraît point lande avec la même qualité par le pape Eu-
que la cliose ait eu son exécution, ni qu'au- gène III, l'an M3I mais n'ayant pu obtenir
;

cun archevêque de Suède se soit soumis à un saut-conduit de la part du roi d'Angle-


recevoir de l'archevêque de T.unden les in- terre (c'était Etienne), il fut obligé de re-
signes de la dignité archiépiscopale. tourner à Rome. Il en revint l'année suivante
156. Le concile de Beaugency - s'y tint le 1152. David, roi d'Ecosse, lui accorda le pas-
18 mars, le mardi avant Pâques-Fluuri ou sage, et il arriva en Irlande accompagné de
le dimanche des Rameaux de Tan 1152. Les Cbristien, évêque de Lismove, dans la même
archevêques de Sens, de Reims, de Bor- île, aussi légat du Saint-Siège. Le motif de

deaux de Rouen s'y trouvèrent, avec plu-


, , leur légation était le rétablissement des
sieurs évêques et grand nombre de seigneurs. mœurs et de la discipline en Irlande; c'est
Le roi Louis et la reine Eléonoie y furent pourquoi ils y convoquèrent un concile pro-
invités à cause du dnule que l'on avait sur la vincial où les évêques, les abbés, les rois,
validité de leur mariage, que Ion disait avoir les ducs et les anciens du royaume furent
été contracté dans les degrés prohibés. Les appelés, afin de donner plus d'autorité aux
témoins produits, après avoir prêté serment, décrets que l'on se proposait de faire, et
déposèrent de la parenté; et la preuve ayant d'en procurer plus siirement l'exéculion. Le
été jugée sullisante, le mariage lut déclaré lieu du concile futle monastère de Mellifont",
nul du consentement des parties. Louis Vil
, ordre de Cîteaux. Du consentement des évê-
épousa Constance, fille d'.'Xlpiionse VlU, roi ques et des seigneurs, on établit en Irlande
de Castille et l'Jéonore Henri duc de Nor-
, , quatre archevêchés à Armach, à Dublin, à :

mandie et comte d'Anjou, ensuite roi d'An- Cassel et à Tuam auxquels on assigna des,

gleteire. suU'ragants. Ces quatre premiers archevêques


157. Sous le roi Etienne, la seizième an- furent Gélase d'Armach, quifut aussi primat
née de son règne, de Jésus-Christ 1151, 'l'hi- d'Irlande; Grégoire de Dublin, Donat de Cas-
baud archevêque de Cantorbéry, légat du
, sel et Edan de Tuam. Le légat Paperon ,

Siège apostolique assembla un concile à , cardiual-prêtre du de Saint- Laurent,titre


Londres ^, la mi-carême où ce piince as-
.'i , leur distribua les palliums qu'il avait appor-
sista, avec son fils Eustache et les seigneurs tés de Rome. Il réforma plusieurs abus qui
d'Angleterre. 11 ne fut question, dans ce con- s'étaient glissés dans les mariages parmi les
cile, que des appellations à Rome, et on Hiberiiùis, et les obligea à se conformer aux
y
appela trois fois pour diveises allaires. Un lois établies dans l'Eglise et qu'on avait ap-
historien anglais dit qu'auparavant ces sortes paremment renouvelées dans le concile. Les
d'appels n'étaient pas en usage, et qu'Henri, Ecossais avaient, pendant la guerre, fait des
évéquede Winchester, fut le premier qui les dégâts dans les terres des églises ^. Le roi
fit valoir dans le temps qu'il était légal du David, pour réparer en quelque façon ce
Saint-Siège. [Cet historien ignorait sans doute dommage, donna à chacun un calice d'argent.

•Toin. X Concit., ad an. 1148, pag. 1819. '•i


llisloire des conciles, ton). IV, p. 428.
«Tom. X Concil., pag. 1129, an. 11&2. 8 Tom. X t'onciV., pag. 1130, el Svuieon Diiuel-
' HuU(!liuiiou, lib. VIII, Pl Cliionicun Gervasii, nifiiBis, ad an. 11S2.
loin. Il Scripl. Ang., pag. 13U9. ' Dunelui., iliiil.
• Saint Anselme, par M. de MoiitaleinbiTl, p. g'J.
H24 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
159. La que Guillaume, arche-
constitution DE MONTPELLIER [1162]; DE TOURS [1163]; DE
vêque d'York, publia vers l'an M53 ', a pour CLAREND0N ET DE NORTHAMPTON [1164]; DE
objet la réiormation de deux abus dont l'un WIRSBOURG [1163]; DE CONSTANTINOPLE [1166].
regardait la coupe des arbres et de l'herbe
dans les cimetières; on s'en emparait sans 1 L'an 1134, qui était le premier du règne
.

permission de personne, et l'on en faisait un de Henri H, roi d'Angleterre, il se tint à


usage tout autre que l'on ne devait. Le se- Londres - un concile général pendant le ca-
cond abus concernait les biens que les cha- rême, où l'on renouvela les anciennes lois
noines, les curés ou leurs vicaires laissaient ecclésiastiques du roi s:iint Edouard, publiées
en mourant; leurs successeurs dans les ca- en 1049; on y confirma aussi les coutumes
nonicats ou dans les cures répétaient sur les du royaume et la paix qui y était établie.
successions des défunts certaines sommes 2. Le 10 juin de l'année suivante, le roi

qu'il? fixaient eux-mêmes pour les répara- Louis VI assembla un concile à Soissons ^ où
tions des ornements, des maisons et autres se trouvèrent les archevêques de Reims et
dépendances du bénéfice; et au lieu d'em- de Sens avec leurs sutfraganls, le duc de
ployer toutes les sommes aux réparations, Bourgogne, le comte de Flandres et plusieurs
ils n'en faisaient aucune ou ils s'appro- grands seigneurs. La paix y fut jurée de tous
priaient une partie de ce qu'ils avaient pour dix ans, et le roi eut soin de faire met-
demandé. Pour remédier au premier abus, tre par écrit tout ce qui s'était pusse eu cette
l'archevêque ordonna que les curés ou occasion, et de sceller l'acte de son sceau.
recteurs des églises aui aient seuls droit de 3. A Constantinople , un diacre nommé
pei mettre la coupe des herbes et des arbres Basile, chargé du ministère de la parole, dit,
des cimetières, mais aussi qu'ils seraient en expliquant l'Evangile, que c'est le même
obligés d'en employer le produit aux répa- Fils de Dieu qui otlre à l'autel et qui est la
rations de l'église ou de leurs maisons cu- victime; et qu'il reçoit avec le Père l'oblatioa
riales. Sur le second, il ordonua, de l'avis qui se fait sur l'autel. Quelques-uns des au-
unanime de son chapitre, qu'apiès la mort diteurs le blâmèrent, disant que le sacrifice
d'uQ chanoine ou d'un curé, on prendrait des ne s'oflrait qu'au Père et au Saint-Esprit, et
personnes sages et discrètes du voisinage non au Fils, qui, disaient-ils, est le sacrifica-
pour faire l'estimation des réparations néces- teur. Us raisonnaient ainsi dans la crainte
saires dans les dépendances de leur bénéfice, d'admetire deux personnes en Jésus-Christ,
et que la somme taxée par ces experts serait comme faisaient les nestoriens, c'est-à-dire
mise entre les mains de deux ou tiois per- une personne qui serait l'oblation, l'autre qui
sonnes qui, à la requis tion du chanoine ou la recevrait; de ce nombre était un nommé
du curé successeur, l'emploieraient aux ré- Soterich élu évéque d'Antioclie, mais non
,

parations nécessaires, sans aucun délai, sous encore sacré. Un le pressa comme les autres,
peine d'excommunication, après une moni- dans un concile *, de reconnaître que l'obla-
tion faite par l'archidiacre. tion se faisait au Fils comme au Père et au
Saint-Esprit et sur le relus qu'il eu fit on
, , ,

ARTICLE II. annula son élection. Luc, patriarche de Cons-


tantinople, présida à ce concile, assisté de
Conciles depuis l'an 1154 jusqu'à plusieurs métropolitains. Allalius^ a rapporté
l'an 1166. ce décret synodal dans l'Apologie du concile
d'Ephése. 11 en est parlé dans Nicétas Cho-
CONCILES DE LONDRES [i 154] ; DE SOISSONS [11 35]; niates et dans Jean Cinname.
DE CONSTANTINOPLE [1135 OU MIEUX H56]; [Angélo Ma'i a publié en grecet en latin,
DE CHICHESTER [i 137] DE WATEUFORD [1 158]
;
;
tome X du Spicileg. rom., p. 1-93, les Actes
DE REIMS [H58]; CONCILIABULE DE PAVIE du concile de Constantinople, tenu non en
[1160]; CONCILES DE NAZARETH [H60]; 1 153, comme dit notre auteur, mais en 1 136.

d'oxford [liOU]; DE NORMANDIE, DU NEUF- Le patriarche de Constantinople celui de ,

MARCHÉ ET DE BEAUVAIS [1161; DE TOULOUSE Jérusalem, environ quarante archevêques et


[1161]; DE LODi [1161]; de londres [1162J; évêques, l'empereur Manuel et les principaux

> Tom. X Concit.j pag. 4131. k Cinnam., lib. IV, Hisl., pag.
* Tom. X Concil., pag. M40. — ^ ibid., pag. ' Allât., pag. 582.
(xir SIÈCLE.] CHAPITHK LXXXVJ. — CONCILES DU XII' SIÈCLE. 1125

de sa cour assistèrent à ce concile. Les actes voilà ce qui est incontestablement démontré
manquaient dans les recueils des conciles, qui par les divines Ecritures, voilà le dogme pour
se bornaient à en faire mention. On y trouve lequel je suis prêt à mourir.
» L'archevêque

un grand nombre de noms d'évêques et de d'Epbèse, sans attendre que son tour vint,
sièges inconnus jusqu'ici, à ajouler à ceux se leva aussitôt et déclara qu'il pensait comme
qu'adonnés Lcquien dans son Oriens c/ais- celui de Russie, et qu'il soulfrirait volontiers
tianus. Ces actes se composent 1" de l'écrit : la mort pour celte confession. Tous les évé-
même où Sotéricus soutenait son opiuion; ques professèrent la même doctrine, princi-
2° de la sentence du concile; 3° d'un grand palement Nicolas, patriarche de Jérusalem.
nombre de passages de pères opposés à l'o- Les sénateurs, ainsi que les minisires infé-
pinion de cet hérésiarque. Des noies savantes rieurs de l'Eglise de Constantinople, pensè-
accompagnent la Uaduclion latine. Voici l'a- rent comme les évêques. Michel, premier des
nalyse des acles par M. Rohrbacber (t. Xlll défenseurs, dit qu'il avait douté autrefois,

de {'Histoire universelle de l'Eglise catholique, mais que désormais il suivrait la sentence du


pages 73 et suivantes) : concile. L'archevêque de Durazzo demanda
« Au mois de janvier 1136 avait eu lieu à du temps pour s'instruire plus à fond de la
Constantinople un autre concile, sur lequel matière. On commença donc à lire les auto-
on n'avait jusqu'à présent que des renseigne- rités des pères. On n'avait pas fini, lorsque
ments incomplets, mais dont le cardinal Mai rarclievéque s'avança au milieu du concile
vient de retrouver les actes '. L'objet de et dit « Je suis convaincu par ce que je viens
:

celte assemblée était une question de doc- d'entendie; je n'ai plus aucun doute et je
trine. 11 est dit à Jésus-Christ dans la litur- , souscris à la sentence de mes frères. Je con-
gie grecque Vous êtes à la fois celui qui
: fessedonc franchement que ce n'est pan au
offre, et celui qui est offert, et celui qui re- Père seul, mais encore au Fils et à toute la
çoit l'offrande. Mais, au milieu du xii'' siècle, sainte Trinité qu'a été oiïert le corps el le sang
un diacre de Cons'antinopie, Sotéricus, élu du Sauveur lors de sa passion, el que de même
patriarche d'Antioche, soutint, avec trois au- les saints mystères, ofl'erts Ions les jours
tres ecclésiastiques, que le sacrifice de la par les prêtres , le sont à la Divinité en trois
messe était offert au Père et au Saint-Esprit, personnes. « Alors tous les évêques, aj^ant
mais non pas au Fils, el il publia un dialogue à leur tête les patriarches de Constantinople
pour accréditer celle opinion. Celte nou- et de Jérusalem, décidèrent que les auteurs
veauté causa beaucoup de rumeur. Le 26 de la nouvelle hérésie, s'ils
y persistaient,
janvier, le patriarche Constantin ,
qui mou- seraient soumis à l'analhème.
rut quelque temps après, assembla au palais Autorités des pères lues dans le concile,
))

patriarcal, dans l'église ou cbapelle de Saint- pour établir que chaque jour est immolé r.\-
Thomas, les évéques qui se trouvaient à Cons- gneau de Dieu, le Fils du Père, qui ôle les
tantinople, ainsi que Icsprincipaux sénateurs, péchés du monde, ainsi que le disent à voix
et parmi eux Nicolas Zonare. On posa ainsi basse ceux qui chaque jour accomplissent le
la question « Est-il vrai que le sacrifice de
: sacrifice mystique André de Crète, en son
:

son corps et de son sang que le Verbe incarné discours sur les rameaux de palmes, Léon de
offrit au temps de sa passion el que les prê- Bulgarie en sa lettre sur les azymes, Théodo-
tres oB'renl chaque jour en mémoiie de lui, ret, saint Basile, saint Jean Damascène, saint
n'a pas été otl'ert ni ne l'est au Fils, mais seu- Chrysostôme en neuf endroits, saint Grégoire
lement au Père?» Le métropolite de Russie, de Nazianze, saint Maxime, Pholius, saint
qui était sur le point de retourner en sa pro- Athanase el saint Cyrille d'Alexandrie.
vince, déclara, comme il avait déjà fait, que .\ulorilcs des pères lues dans le même
1)

le sacrifice vivifiant otfcrt d'abord par notre concile ,


pour établir que c'est le même qui
Sauveur Jésus-Christ, et ensuite jusqu'à nos olfre comme pontife, qui est ollèrt comme
jours, n'a pas été olfcrt et ne l'est pas seule- victime, el qui reçoit comme Dieu, savoir,
ment au Père, mais encore au Fils et au Sainl- notre Seigneur Jésus-Clirisl. C'est d'abord
Ksprit en un mol à la Divinité unique co-
, , cette prière de saint Basile dans sa /.«'/«r^îe.-
naturclle cl coéternclle dans la trinité des per- « Daignez permettre que ces dons vous soient
sonnes. « Voilà ce que je crois fermement, oUerls pour moi, pécheur el voire serviteur
indigne. Car vous êtes l'otl'ranl el rotferl, et

Mai, Spicileg. Hom., loiu. .\, |i. 1-93. l'acceptant , et le distributeur notre Dieu. »
,

1126 HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.


Saint Cyiille d'Alexandrie enseigne la même qui , n'entendant pas bien cette parole de
chose dans quatre endroits différents « Bu- : notre Seigneur Faites ceci en mémoire ds
:

vons son sang adorable, dit-il sur la cène moi, osent dire que les prêtres, en offrant la
mystique, pour la rémission de nos péchés victime quotidienne en la manière prescrite
et pour participer à l'immortalité en lui, par le Sauveur, renouvellent fantastiquement
croyant qu'il est à la fois prêtre et victime, et iraaginairement le sacrifice de son corps
le même qui ofl're ,
qui est offert, qui reçoit et de son sang précieux offert par lui-même
et qui distribue. Et nous ne divisons point sur la croix, et qu'ainsi le sacrifice quotidien
pour cela en deux personnes la divine et in- difi'ère de l'autre; tandis que saint Chrysos-
séparable et inconfuse union de l'un de la tome atteste bien des fois qu'il n'y a pas de
Trinité. »« Lorsqu'il a été fait homme, dit-il différence et que c'est un seul et même sa-
à Théodoret, il a aussi rempli l'office de prê- crifice ^. »

tre, non pas comme offrant ce sacrifice à un » Le 12 mai suivant, sous la présidence de

Dieu plus grand, mais en présentant à soi- l'empereur Manuel Comnène, entouré de ses
même et au Père la confession de notre foi. grands officiers et du sénat, 1:: concile s'as-
Vous rougissez d'entendre dire qu'il a été sembla au palais de Blaqusrnes, non plus
prêtre en tant qu'homme; pourquoi ne pas pour décider de la doctrine, mais du sort des
vous étonner alors de ce qu'il ne sacrifie pas personnes. On rappela que, d'après l'Ecri-
comme les autres prêtres, mais plutôt à lui- ture et les pères, le sacrifice de la messe,
même et au Père? » « Le même a donc été comme celui de la croix, est offert à la Tri-
prêtre en tant qu'homme, quoiqu'il reçût les nité tout entière; en second lieu, que le sa-

sacrifices de tous en tant que Dieu; lui-même crifice de la messe est un seul et même sa-
la victime selon la chair, lui-même pardon- crifice avec celui de la croix. Interrogé à cet
nant nos péchés selon sa puissance divine.» égard par le concile, Sotéricus demanda du
Ailleurs encore « Considérez de quelle ma-
: temps pour répondre, usa de subterfuge, eut
nière en tant qu'homme, il remplit l'office
, recours à des syllogismes. L'empereur lui-
de prêtre et devient médiateur de Dieu et même s'en mêla, pour lui persuader d'ac-
des hommes. Car tout prêtre est médiateur; quiescer à la doctrine des saints pères. A la
mais quant au mode du sacrifice, il ne l'ofï're fin, il consentit à dire avec le concile que le
pas servilement comme les autres prêtres, sacrificede la messe est le même que le sa-
comme n'y ayant aucune part; car il l'offre crifice de la croix, mais non pas qu'il fût
â lui-même et par lui et en lui à Dieu et au oûert à la Trinité entière. Sur quoi l'on de-
Père. Ainsi, quoiqu'il sacrifie comme homme, manda si un pareil homme pouvait encore
il reçoit comme Dieu , étant à la fois Dieu et être promu au siège d'Antioche pour lequel
homme Saint Cyrille de Jérusalem et saint
'.» il avait été élu. Le patriarche de Constanti-
Athanase parlent de même. Le concile cite nople et celui de Jérusalem jugèrent que non,
encore l'archevêque de Bulgarie, Photius, etaprès eux les archevêques de Bulgarie, de
Eustrate de Nicée Cosmas Indicopleuste , Chypre, de Césarée,de Corinthe, d'Athènes,
saint Jean Damascènc et le Livre sijnodique de Larisse,d'Andrinople. Cependant plusieurs
de Constantinople. demandèrent à ne pas porter ce jour-là même
» Dans ce recueil on lut les anallièmes sui- une sentence définitive, mais à tenter encore
vants « Anathème à ceux qui disent qu'au
: quelque moyen pour ramener le coupable.
temps de sa passion, notre Seigneur Jésus- Le lendemain, 13 mai, le concile s'assembla
Christ, étant la fois sacrificateur et victime, au même lieu pour lire les actes qu'on n'a-
bien à Dieu le Père le sacrifice de sou
offrit vait pas eu le temps de lire la veille. Sotéri-
corps et de son sang précieux, mais qu'il ne cus était absent; ou lui députa trois évêques
le reçut pas comme Dieu Fils unique, non pour lui signifier d'avoir à comparaître. Il
plus que l'Esprit saint! à ceux qui Anathème s'excusa sur ce qu'il avait la fièvre, ajoutant
n'avouent pas que le sacrifice offert chaque que le concile pouvait décréter en son ab-
jour par les prêtres du Christ est ofîert à la sence ce qu'il jugerait à propos. Les actes
sainte Trinité, contredisant ainsi les saints furent donc lus et souscrits par les deux pa-
pères Basile et Chrysostome , avec lesquels triarches et par tiente-lrois archevêques ou
s'accordent tous les autres ! Anathème à ceux évêques. Le patriarche de Constantinople,

Mai, Spictleg. Rom., tom. X, pag. 41-44.


[xii'siicu ]
CHAPITHK LXXXVI. — CONCILES DU X1I« SIÈCLE. 1127

qui signa les actes, n'était plus Conslanlin agiter la question des deux élections; le

Chliarène , mais son successeur Luc Cbryso- sixième, on lut une espèce d'information et
berge '. » de déposition de témoins; après quoi on pro-
4. Dans le concile de Londres, en 1134, nonça, le septième jour, en faveur d'Octavien
l'on avait confirmé le privilt'ge accordé à une qui était présent. L'empereur était sorti du
abba\-e du diocèse de Chichestcr par le roi concile pour laisser la liberté aux évèques;
Guillaume. L'évéque de Cliicliester, voyant mais aussitôt que la sentence fut rendue, on
que ce privilège élait contre les droits de son la lui porta pour la confirmer. Octavien, ap-
siège, voulait l'annuler el se soumettre l'abbé. pelé à l'église, y fut reçu avec grande solen-
Le roi Henri II fit donc tenir une assemblée nité. L'empereur lui rendit à la porte le res-
en cette ville -, qui commença le jour de la pect accoutumé, puis, le prenant par la main,
Pentecôte continuée pendant les dix
et fut le mena à son siège et l'intronisa. Le lende-
jours suivants. On y écoula les raisons des main, 8 février, Alexandre III fut anathéma-
deux parties. Comme il manque quelque lisé comme schismatique, sous le nom de

chose aux actes, on ne sait pas ce qui y fut Roland, avec ses fauteurs. Alexandre III,
décidé. étant à Anagni avec les évèques et les cardi-
5. ordonné dans le concile de Waler-
11 fut naux de sa suite, excommunia solennelle-
ford 5, en 1138, que les .'Vnglais, en quelque ment, le jeudi-saint 24 mars, l'empereur Fri-
endroit de l'Irlande ils se trouvassent, seraient déric, et déclara tous ceux qui avaient prêté
mis en liberté, ceux qui les avaient vendus serment de fidélité à ce prince absous de ,

ou achetés étant coupables d'un grand crime. leur serment ^. Les présidents du concilia-
Les actes du concile qui se tint la même an- bule de Pavie écrivirent une lettje circulaire
née à Roscomen en Irlande sont perdus. dans laquelle ils assuraient qu'ils avaient
6. Barthélémy et Gauthier \" successive- , traité canoniquement la cause des deux élec-

ment évèques de Laon, avaient fait quelques tions, et sans aucune intervention du juge-
donations aux Prémontrés de la même ville. ment séculier; la première signature est de
Gauthier II s'en plaignit, et voulut obliger Péregrin patriarche d'Aquilée, qui signa
,

les prémontrés à restitution. Barthélémy vi- aussi pour ses suffragants. Arnoul, archevê-
vait encore, et après avoir abdiqué l'cpisco- que de Mayence fit de même. La lettre
.

pat s'était fait moine de l'ordre de Citeaux. que l'empereur écrivit sur l'élection de Vic-
Informé des poursuites que Gauthier II fai- tor 111 est adressée à Eberard, archevêque
sait contre les prémontrés, il écrivit au con- du Salzbourg, et à quelques autres évèques
cile * assemblé à Reims en 158, pour se jus- 1 d'Allemagne; mais on ne fut pas longtemps
tifier et montrer qu'au lieu d'avoir dissipé, sans faire voir les nullités de l'assemblée de
étant évèque, les biens de l'Eglise de Laon, Pavie. Henri, prêtre-cardinal, auparavant
il les avait augmentés et remis en état. Le moine de Clairvaux; Odon, cardinal, diacre,
roi Louis intervint dans celle affaire et la ter- et Philippe, abbé de l'Aumône au diocèse de
mina. Chartres écrivirent une lettre générale à
,

7. L'empereur Fridérics'étant déclaré pour tous les prélats et fidèles, oix ils montraient
Octavien ou Victor 111, antipape, fit assem- l'incompétence des juges, la canonicité de
bler les évèques h Pavie au nombre de cin- '",
l'élection d'Alexandre et son mérite person-
quante, avec plusieurs abbés, dans le dessein nel; les défauts essentiels de celle de Victor,
de le faire ieconn:iitre solennellement. Le ses violences. Jean de Sarisbéry écrivit aussi
pape .«Vlexandre lil à qui l'empereur avait , pour faire voir d'un côté la canonicité de l'é-
mandé de s'y rendre, ne le jugea pas à pro- lection d'Alexandre; de l'autie, l'irrégula-
pos, craignant de se faire mettre entre les ritédu concile de Pavie, où faute d'évèqnes,
,

mains de ce prince. Celle assemblée com- on avait fait paraître des laïcs, el mis aux
mença le 5 février 1160. On fut cinq jours à premiers rangs des évoques dont l'élection

> Mai, Siiicileg. Hom., tom. X, i)ag. 58-93. de ses snjels, surtout en Allemagne et en Italie
' Toui. .\ Concil., pag. 1170. même, par les partisans du schisme qu'il soutenait ;
' ToiH. X Concil., pag. 1183. mais il déchu de sa
est "Certain qu'il était rri'llement
»ll)id., pag. 1184. dignité aux yeux des autres nations et des fldèles
» Ibid., pag. 1387. catholiques. C'est ce qui résulte clairement de plu-
< Malgré la seutcuce de déposition prouoncéc sieurs lettres de Jean de Sarisbéry, notamment des
conlre lui par le pape Alexandre III, Frédéric con- 150, 178, 182, îll, Î33, 270. (Lédileur.)
tinua d'être réputé empereur par uu grand nombre
1128 HISTOIRE GENERALJî DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
étaitnulle ou rejetée. Fastrède,abbé de Claii- convoqua un concile à Oxford ^. Interrogé
dans sa lettre à Omnibon ', évé-
vaiix, disait, publiquement sur leur religion, Gérard ré-
que de Vérone, qu'au lieu de cent cinquante- pondit pour tou^ qu'ils étaient chrétiens et
trois évéques que les schismatiques disaient suivaient la doctrine apostolique. On entra
avoir assisté au conciliabule de Pavie, il n'y dans le détail des articles de la foi. Ils s'ex-
eu avait que quarante-quatre. pliquorent catholiquement sur la rédpmption
8. Dans un concile convoqué à Nazareth,
du genre humain, mais non sur les moyens
l'an 1160 ', où se trouvèrent Aniaury, pa-
dont Dieu s'était servi pour guérir nos infir-
triarche de Jéiusalem, avec d'autres évé-
mités, regardant comme inutiles les sacre-
ques, le roi Baudouin, avec quelques sei-
ments de baptême et d'eucharistie, et té-
gneurs, on fut quelque temps à délibérer moignant de l'horreur pour le mariage. On
sur le parti que l'on avait à prendre au sujet les pressa en vain pnr des témoignages de
des deux contendants à la papauté. Les uns l'Ecriture ils répondirent qu'ils ne voulaient
:

se déclaraient pour Alexandre, et voulaient


point disputer de la foi. Les évêques les
qu'on reçût son légat Jean, prêtre-cardinal, voyant obstinés dans leur erreur, les livrè-
qui demandait d'entrer dans le royaume de
rent au prince séculier après les avoir dé-
Jérusalem et Pierre, archevêque de Tyr,
;
clarés hérétiques. Il ordonna de faire impri-
était à leur tête. D'autres préféraient Victor,
mer sur leur front le caractère de leur hé-
comme ayant toujours été ami et protecteur
résie, les fit fustiger publiquement, et les
du royaume de Jérusalem, et s'opposaient à du supplice en-
chassa de la ville; la crainte
ce qu'on reçût le légat. Le roi et ses sei-
gagea la femme à quitter son erreur, et elle
gneurs proposaient de ne recevoir ni l'un ni
fut réconciliée.
l'autre, etde n'uccoider au légat que la li-
10. En 1161, sous le règne de Henri II, les
berté de visiter les Saints-Lieux, comme pè-
évêques de Normandie s'assemblèrent pnr
lerin, sans aucune marque de sa légation, ordre de ce prince en un lieu du diocèse de
de peur d'occasionner un schisme en Orient.
Rouen appelé le Neuf-Marché, et là avec les
Le premier avis prévalut. Le patriarche abbés et les barons, ils reconnurent Alexan-
Amaury écrivit donc en son nom, et au nom dre III pour pape légitime, et rejetèrent Vic-
de ses sulfragants, une lettre synodale au
tor. Le concile que le roi Louis VII assembla
pape Alexandre, où il dit que sa lettre avait même
la même année à Beauvais prit le
été lue en pleine assemblée, et son élection ^.
parti
louée et approuvée, qu'ensuite on y avait ex-
Quelque temps après, ces deux rois se
11.
communié Octavien avec les deux cardinaux rendirent au concile de Toulouse ^ avec plu-
Jean et Guy et leurs fauteurs. 11 ajoutait ' :
sieurs seigneurs; il y vint des envoyés de
« Nous vous avons élu et reçu unanime- l'empereur Fridéric et du roi d'Espagne, et
ment * pour seigneur temporel et père spi- des légats des deux papes. Le concile était
rituel.» Ce titre de seigneur temporel donné composé de cent prélats, tant évêques qu'ab-
au pape est d'autant plus remarquable que bés. Les cardinaux d'Alexandre furent ouïs
le roi de Jérusalem et ses seigneurs étaient
les premiers, et on reconnut parles réponses
présents au concile. de ceux de Victor, par des témoins présents
9. Vers le même temps on vit paraître en
el sans reproche, et par les propres paroles
Angleterre une nouvelle secte qui avait pour des schismaliques, que l'élection d'Octavien
chef ua nommé Gérard, ils étaient trente en était nulle. « Il s'était lui-même revêtu de la
tout, Allemands de naissance, gens rustres et dans chaire pontifi-
chape, il s'était rais la
ignorants. Gérard seul avait quelque teinture cale par le secours des laïques; excommunié
des lettres. Pendant le séjour qu'ils firent depuis huit jours, il avait été sacré par les
dans le royaume, ils engagèrent une femme évêques de Tusculum et de Férentine ex-
dans leur erreur. Quelque soin qu'ils pris- communiés avec lui, et par celui de Melfe,
sent de cacher leur mauvaise doctrine, elle déjà condamné et déposé pour ses crimes
fut découverte le roi ne voulant ni les faire
; notoires. Alexandre, au contraire, avait été
sortir de ses Etats, ni les punir sans examen, élu par tous les cardinaux, à l'exception de

' Tom. X Concil., pag 1407. elegimus unanimiter el volunlarie recepimus. Ihicl.,
« Ujid., pag. l'.03.
pag. 1404.
3 Fleury, Histoire ecdésiast., tom. XV, pag. ll«. = Tom. X Concil., pag. 1404.
' Vos in dominum temporalem el palrem s/nritua/em 5 Ibid., pag. 1406. — '
Ibid., pag. 1406 et 1407.
,

[Xll' SIÈCLE. CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU Xll« SIÈCLE. 1129

deux, Jean et Guy de Crème; sans leurs vio- de l'Ascension 1162, le pape y excommunia
lences, il aurait été dans le moment revêtu Oclavien, pchismalique, et tous ses fauteurs,
solennellement de la cliape; mais il l'avait et prononça avec les évoques du concile ana-

été depuis on temps et lieu, s II fut encore thème contre tous les princes qui ne répri-
prouvé que l'empereur, longtemps avant le meraient pas par leur autorité les hérétiques,
concile de Pavic, avait reconnu Octavieii, et ceux qui fournissaient des ar-
les pirates, et

qu'il avait employé les menaces pour le faire mes et du bois aux Sarrasins. 11 lut défendu
reconnaître. Les évéques de cette assemblée dans le même concile aux moines, aux cha-
ayant été d'avis avec le cardinal Guillaume noines réguliers et à tout autre religieux de
de Pavic, à cause de leur petit nombre, de prendre des leçons des lois et de la physique
ne rien décider alors sur une atfaire de cette dans les écoles séculières.

importance, mais de la renvoyer à un con- 13. Le pape Alexandre, après avoir célébré
cile général, l'avis commun du concile de à Paris la fête de Pûques, en 1163, retourna
Toulouse fut de rejeter le scliismatiqne Octa- à Tours où il avait passé la fête de Noël
vien et de recevoir le pape Alexandre. Ce de l'année précédente 1162, et y tint le
qu'on sait de ce concile est tiré de Géroh, concile indiqué quelque temps auparavant 5.
prêtre de Keicliersperg, et de Fallrède, abbé Il était assisté de dix-sept cardinaux, de cent
de Clairvaux. vingt-quatre évêques «, de quatre cent qua-

12. L'antipape Victor faisait de sou côté torze abbés ' et de beaucoup d'autres per-
tout ce qu'il pouvait pour fortifier son parti. sonnes, tant ecclésiastiques que laïques, de
Il indiqua un concile à Lodi ', où se trouvait toutes les provinces soumises aux deux rois
l'empereur. Grand nombre d'évêques, d'ab- de France et d'Angleterre. Le premier jour

bés et de seigneurs y assistèrent on y lut ;


du concile, 19 mai, Arnoul, évèque de Li-
des lettres des rois de Danemark, de Nor- sieux, en fil l'ouverture par un discours où
wége et de Hongrie, et de plusieurs arche- il exhorte les évêques à la défense de l'unité

vêques, évèques et abbés absents, qui pro- de l'Eglise contre les schismatiques, et de sa
mettaient de ratifier tout ce qui se décideiait liberté contre les tyrans qui la pillaient et
dans cette assemblée. Tons ceux qui étaient l'opprimaient. 11 dit des schismatiques que

attachés au pape Alexandre, ecclésiastiques leiiis eti'orts pour déchirer l'Eglise n'empê-
ou laïques, furent excommuniés et on pro- ; chent pas qu'elle ne soit une en elle-même,
nonça la sentence d'excommunication confie puisqu'ils sortent de son sein et demeurent
ceux qui, en 1160, avaient tué Arnold, ar- dehors. 11 dit des tyrans, qu'encore qu'ils
chevêque de Mayence, l'un des partisans de travaillent à lui ôter sa liberté, elle la con-
Victor. Le concile dura depuis le V.) juin serve, puisqu'elle les punit par sa puissance
liGl jusqu'au 23 juillet. spirituelle. Venant à l'fmpereur Fridéric, il

Le concile de Londres -, en 1162, fut


13. en prédit conversion et la réunion ;ï l'E-
la

assemblé pour donner un successeur à Thi- glise, ajoutant qu'il reconnaîtra la seigneu-
baud ^, archevêque de Canlorbéry, mort le rie de l'Eglise romaine, ses prédécesseurs
mardi de Pûques, 18 avril 1161. Il se tint à n'ayant reçu l'empire que par la seule
Westminster près de cette ville, et les évé- grâce de celte Eglise. Il finit son discours en
ques de la province donnèrent leurs suil'ia- exhortant les prélats à faire servir leurs ri-
ges à Thomas Uecket, alors chancelier du chesses au secours de l'Eglise exilée, et de
roi Henri II. ceux qui ont perdu leurs biens et leur repos
1'». On n'a de connaissance du concile pour la cause de Jésus-Christ, ce qu'il en-
tenu à Montpellier *, le pape Alexandre pré- tend du pape et des cardinaux. Cet évèque

sent, qu'autant que sa lettre à Umnibon, lui-même de soutïrir pour une si


souhaitait
évèque de Vérone, et les actes du concile de bonne cause, et de répandre son sang pour
Montpellier, en 1193, en fournissent. Le jour faire en quelque sorte une compensation

' Toui. X Coiicil., pag. 14u'J. — * Ibid., png. UIO. i Ibid., pai,'. 1411.
^ (tn a de Tliil)au«l queliiUBs lettres et son lestu- » l.e texte de U. Ceillier porte arclievAfines. C'est
inent. Ces lellri's août reproduites au loiuc CXCIX de une faute d'iiupressiou. (L'édileur.)
la fad-ologie, parmi les lettres de Jean de Sarihbér) Le texte de l'ancieuiie édition porte évèques au
"'

cjI. 1-133 passiu. Le testament est ibid. C'est la 57' lieu d'abbés. C'est uue faute d'iiupressiuu. La vraie
lettre (L'éditeur.) ler;ou, fondée sur les actes uiéuies du concile, t. X

Toui. X CnnciL, pag. 1410. Conci/., col. 14 18), est celle que nous douuous.(LV(/i(.)
1130 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
de celui que Jésus-Christ avait répandu pour decine, étudier les lois civiles, et poursuivre
lui. des affaires, prétendant s'en acquitter plus
"" 16. Le concile fit dix canons ', dont voici fidèlement que les séculiers ; leur ordonne
1 la substance. Défense de diviser les pré- de rentrer dans deux mois sous peine d'ex-
bendes et les dignités ecclésiastiques, parti- communication et veut que si quelqu'un
;

2-
lièrement les moindres bénéfices. Toute sorte d'eus se présente pour faire fonction d'avo-
d'usure est défendue aux clercs et aux leli- cat, toute audience lui soit déniée. Cet abus

gieux, même le contrat pignoratif par lequel avait déjà été condamné par Innocent II, au
on reçoit en gage un fonds pour profiter des concile de Reims en 1131, et en celui de La-
revenus sans les imputer sur le sort prin- tran en 1139; les clercs séculiers n'étaient
cipal de l'argent prêté, et au cas qu'ils au- point compris dans cette défense, parce que
raient perçu des fruits équivalents au sort les laïques étant alors sans lettres, étaient

principal, les frais de la récolte déduits, le incapables d'exercer les fonctions de méde-
3-
concile les oblige de rendre le fonds. Il dé- cin et d'avocat. Le concile ne les défend pas
fend aux évéques et autres prélats , sous non plus aux religieux, pourvu qu'elles ne
peine de déposition, de donner à aucun laï- les tirent pas de leurs cloîtres.

que ni église, ni dime, ni oblation, pour ar- 19. Il déclare nulles les ordinations faites cai. .

rêter le cours de l'hérésie des manichéens, par Oclavien, par les schismatiques et par
connus sous le nom d'albigeois, qui se ré- les hérétiques. Le dernier canon regarde les ")

pandaient dans la Gascogne et dans les pro- immunités ecclésiastiques il porte que les
;

»• vinces voisines. Le concile défend, sous peine chapelains des châteaux, avertis que l'on y
d'excommunication, à ceux qui les connaî- a apporté quelque chose pillée sur l'Eglise,

tront, de leur donner retraite, ni protection, en avertiront le seigneur ou celui qui y com-
et d'avoir avec eux aucun commerce, soit mande, et qu'au cas qu'il ne donnerait pas
pour vendre, soit pour acheter, soit autre- ordre de restituer, ils cesseront dans le châ-
ment; et ordonne aux seigneurs catholiques teau tout office divin, excepté le baptême,
de les faire emprisonner avec confiscation de lu confession et le viatique; que l'on pourra

leurs biens de faire anssi toutes les


; dili- aussi dire une messe par semaine à huis clos
gences possibles pour les empêcher de s'as- dans le village; mais que si les gens du châ-
sembler. teau demeurent incorrigibles pendant qua-
i 17. Il s'était introduit en certains endroits rante jours depuis l'excommunication pro-
une mauvaise coutume de donner à ferme noncée contre eux, les chapelains en sorti-
pour un prix annuel le gouvernement des ront, de même que les écrivains, c'est-à-dire
églises; cet abus est défendu aux évêques et les clercs qui écrivaient ou qui lisaient pour

aux autres piélals, sous peine de déposition. eux, car ces seigneurs ne sachant ni lire ni
« On défend pareillement de vendre les prieu- écrire, se servaient du ministère des clercs
rés, ou les chapelles de moines ou de clercs; pour ces deux fonctions. Le concile ajoute
de rien demander pour l'entrée en religion, que les clercs des châteaux ne pourront être
de rien exiger pour la sépulture, l'onction des changés qu'en faisant serment, à la diligence
malades, ou le saint chrême, sous prétexte de l'archidiacre, d'observer ce canon. 11 or-
même d'ancienne coutume, puisque la lon- donne de plus que les marchands et autres
gueur de l'abus ne le rend que plus criminel. habitants des villes et des bourgs ne loge-
''•
Par un autre abus., les évêques et les archi- ront aucun excommunié et n'auront aucun
diacres en quelques diocèses mettaient à leur commerce avec lui, et que si dans les lieux
place des doyens ou des archiprêtres pour du domaine du roi, le connétable, c'est-à-dire
juger les causes ecclésiastiques, moyennant le gouverneur est excommunie, l'ollice divin

un certain prix annuel ; le concile con- cessera quand il sera présent dans le lieu.
damne cet usage comme tendant à l'oppies- Le concile de Tours étant iini, les deux rois
sion des curés et au renversement des juge- de France et d'Angleterre otirirent au pape
ments. Alexandre III de se choisir dans leurs Etats
8. 18. Il condamne encore l'usage où étaient quelle ville lui plairait le plus; il choisit celle
quelques religieux de sortir de leurs cloîtres de Sens, où il séjourna depuis le 1" octobre
sous prétexte de charité, pour exercer la mé- 1163 jusqu'à Pâques de lan 1163.
20. Il a déjà été parlé dans l'article de ^Ço^j

« Tom. X ConciL, pag. 1418. saint Thomas de Cantorbéry de l'assemblée 'le»,


[XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVl. — CONCILES DU Xll' SIÈCLE. 1131

Mon générale que Henri II, roi d'Angleterre, tint Dieu et que c'était en ce sens que le Sauveur
;

à Clarendon pour y faire reconnaître les cou- dit dans l'Evangile Le Père est plus grand:

tumes de son royaume, celles-là surtout que que moi, puisqu'il était absurde de l'enten-
les évêques conteslaient Elle commença '. dre de la nature divine. Peu après cette con-
au mois de janvier 116-4 -. Le refus que cel férence, Démétrius apporta à l'empereur un
arcLevêque fit de les signer, lui occasionna livre où il essayait d'établir son erreur ce ;

la haine du roi, et le bannissement, après prince lui conseilla de l'enfouir dans la terre,

avoir été condamné comme traître et parjure de crainte qu'il ne fût à plusieurs une occa-
au concile de Norlliampton, le 14 octobre sion de perte. Démétrius en devint plus in-
1164 3. solent, débita ses erreurs en particulier et

bti» 21 . L'antipape Victor étant mort à Lucques en public, déclamant ouvertement contre
le 22 avril 1164, les schismatiques lui don- ceux qui disaient le Fils moindre que le
nèrent pour successeur le canlinal Guy de Père.
Crème, sous le nom de Pascal III, qui fut 23. Quoique Luc Chrysoberge, patriarche
sacré par Henri, évêque de Liège, diman- le de Constantinopie condamnât l'erreur de ,

che 26 avril de la même année il ne porta ;


Démétrius, il n'osait toutefois s'en expliquer
le nom de pape que trois ans. L'empereur publiquement; d'autres évêques gardaient
Fridéric toujours attaché au schisme, entre- aussi le silence et n'osaient même s'ouvrir à

prit de faire valoir l'élection de Pascal, et à l'empereur, quand il les interrogeait sur cette

cet eflet fit tenir une grande cour à Virs- question. en fut irrité, et voyant que l'er-
Il

bourg en Franconie *, le 23 mai 1165 on y ;


reur se répandait de plus en plus, qu'elle
reconnut Guy de Crème pour pape légitime, s'emparait même de l'esprit de plusieurs
et l'empereur écrivit sur ce sujet une lettre évêques, il convoqua un concile auquel le ''

adressée à tous les peuples de l'empire, et patriarche de Constantinopie présida, assisté


une autre aux seigneurs en particulier; elles des patriarches d'Autioohe et de Jérusalem,
sont suivies dans l'édition des conciles d'une et de plusieurs évêques, cinquante- six en

d'un ami au pape Alexandre a qui il


lettre tout; quelques-uns en comptent soixante ''.

rend compte de ce qui s'était passé dans Les partisans de Démétrius n'ignoraut pas
l'assemblée de Virsbourg. que le patriarche de Constantinopie leur était
<• 22. A Constantinopie, l'empereur Manuel contraire, proposèrent contre lui diverses ac-
(' fit tenir un concile ' au sujet d'une question cusations, criant à haute voix qu'il fallait le
sur l'égalité du Père et du Fils. Elle avait été chasser de son siège l'empereur les arrêta ;

agitée par un nommé Démétrius, lyitif de en disant qu'il fallait commencer par décider
Lampe, bourgade en .Vsie, homme peu ins- sur la doctrine, qu'ensuite ou viendrait aux
truit des sciences humaines, mais continuel- accusations personnelles.
lement appliqué à dont il
Celle de la religion 24. Le concile fit neuf canons -, qui con-
disputait sans tin. F^nvoyé plusieurs lois en tiennent en substance que ces paroles de
Italie et en Allemagne en qualité de député, Jésus-Christ : Mon yrand que moi,
l'ère est plus

il en revint plus présomptueux; il accusa les doivent, suivant les interprétations des saints
Allemands avec qui il s'était entretenu, d'er- pères, s'entendre de lui selon son humanité
reur sur un point caiiital de la religion, en par laquelle il a soulTert; que le Verbe, en
soutenant que le Fils de Dieu est tout en- prenant la nature humaine, ne l'a pas chan-
Femble moindre que sou Père et égal à lui. gée en divinité, mais que par l'union de la
L'empereur voulut bien un jour conférer nature humaine avec la nature divine, cette
avec lui sur celte matière, aliu de le con- nature participe à la dignité divine, en sorte
vaincre que les Allemands pensaient saine- qu'elle est l'objet d'une seule adoration avec
ment sur l'égalité du Père et du Fils, et lui le Verbe qui l'a prise, qu'elle demeure avec
prouva que Jésus-Christ, Fils de Dieu, étant toutes ses propriétés naturelles, mais enri-
Dieu et homme il était conséquemraent
, chie des avantages de la divinité en sorte :

moindre comme homme et égal comme que la chair du Seigneur élevée par l'union

' Nos arlicieâ organiques du 18 germiual au .\, » Ciiinaui., lib. VI, num. 2, pag. 114, edil. Vcuel.
sembieul calqués sur ces coutumes. Us sout au rcslii Ibid, pag. 115 et 110.
issus du même principe. L'éditeur.) ' Allatius, lib. de Coiiseiusu ulriusque k'cc/esiœ,
' Tom. X Concil., pog. 1445. lib. Il, cap. XII, uum. 4.

» Ibid., pog. 1433. — * Ibid,, pag. 1438. • TrioUion Grxcor.


1132 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
hypostatique à la souveraine dignité, sans ans avant par le patriarche Alexis, qui to-
altéralion ni contusion, est assise avec lui sur lérait le mariage du sixième au septième de-

le trône à la droite de Dieu le Père. Le con- gré, pourvu qu'on n'eût pas demandé permis-
cile dit anatlième à tous ceux qui ne rece- sion de le contracter, c'est-à-dire qu'en ce cas
liv, 28. valent pas les paroles de Jésus-Christ : Mon il n'était pas déclaré nul, mais les parties
Père est plus grand que moi, comme les saints étaient mises en pénitence, car on supposait
les ont expliquées, ni les actes des quatrième qu'elles l'avaient contracté par ignorance ;

et sixième conciles œcuméniques. Il rapporte sous ce prétexte, ceux qui voulaient contrac-
lesdeux manières dont ces actes ont expliqué ter ces mariages, quoiqu'ils connussent leur
ces paroles les uns relativement à la divi-
; degré de parenté, se gardaient bien d'en de-
nité, parce que le Père est le principe de la mander la permission qui leur aurait été re-
génération du Fils; les autres par rapport aux fusée, et les contractaient hbrement comme
propriétés naturelles de que le Fils a
la chair permis ^. Le patriarche Luc abolit cet abus,
prise, comme d'être créée, bornée et mor- et déclara nuls ces mariages parle décret de
telle. Les canons du concile furent souscrits ce concile *, en conformité duquel l'empe-

par l'empereur et gravés sur des pierres que reur Manuel donna un édit du même mois
l'on mit dans l'église de Sainte-Sophie à , d'avril, publié au mois de mai suivant. Au
gauche en entrant ils furent encore insérés
; mois d'avril ce prince révoqua l'ordonnance
dans le Synodique que les Grecs lisent à la de Constantin Porphyrogenète, qui portait
fête de l'orthodoxie ou du rétablissement des qu'un homme coupable d'un homicide de
images, qu'ils célèbrent le premier dimanche guet-apens serait tiré de l'asile oîi il se serait

de carême. Les accusations formées contre réfugié ; ensuite relégué en un lieu éloigné
Luc, patriarche de Constantinopls, furent de celui où il aurait commis ce crime, puis
trouvées si peu considérables qu'il fut con- enfermé dans un monastère pour en prati-
servé dans Sun siège '. [Les actes de ce con- quer les exercices, et changea cette peine en
cile ont été publiés en grec et en latin par une prison perpétuelle, défendant d'admettre
Angelo Mai, au tome IV des Scriptorum Ve- l'homicide à la profession monastique, sinon
terum nova Collectio, p. 1-96. Le texte grec après des épreuves rigoureuses, et au cas
est reproduit d'après l'autographe même, seulement qu'il le désirât ^. Voici quelle fut
avec deux planches, l'une offrant les signa- l'occasion de ce décret. Un soldat avait com-
tures autographes des trente-un évêques qui mis un homicide volontaire, et l'évêque lui
assistèrent au concile, et l'autre les portraits donné l'absolution après fort peu de
avait
de l'empereur Manuel et de son épouse Marie. temps. L'empereur en fut indigné, et ordonna
Cesynodeeuthuitactionsousessions; ony lut que l'atfaire fût examinée dans un concile,
les témoignages d'un grand nombre de pères qui condamna le coupable à faire de nou-
sur le texte controversé; on interrogea l'em- veau la pénitence prescrite par les canons,
pereur, les évêques; on expliqua les témoi- et suspendit pour un temps l'évêque de ses
gnages obscurs, on prononça les anathèmes, fonctions. On attribue encore au patriarche
t^;
et on fit des décrets dogmatiques sur la ques- Luc quelques autres constitutions l'une
tion en litige. L'empereur discutait ces ma- qui défendait aux ecclésiastiques de se char-
tières avec une grande science théologique ; ger dali'aires temporelles, comme de cura-
il donna le premier son avis, mais non comme telles, d'intendance de grandes maisons, de

juge.] recette des deniers publics, sous peine de


intre con- 25. Le 11 avril de la même année 1166, déposition ; l'autre, pour empêcher un dia-
tnope.oo on tint un autre concile à Constantinople. cre de faire la fonction d'avocat. Mais le dia-
auquelle patriarche présida. Trente métropo- cre ayant représenté que les canons et les
litains y assistèrent avec les officiers de l'em- lois qui défendaient celle fonction aux clercs
pereur^. Nicolas Hagiothéodorite, métropoli- ne regardaient que les avocats inscrits dans
taind'Athènes, s'y plaignaitdecequel'on abu- les tribunaux séculiers ', admis par les ma-
sait d'un décret synodique fait environ cent gistrats, et recevant pension de l'empereur.

' Cinnam., pag. 117. '


Ibid., lib. in, pag. 224.
2 Jus grœco rorn., lib. III, pag. '217, et Nomocanon, '
Ibid., pag. 220 ; Balsamou., in crm. IC Carlkay.,
lilulo 23, pag. 18G. î. 625.
3 Fleury, liv, l.XXl, pag. 249, tom. SV. '
Jus grceco rom., pas. 225.
' Jus grceco rom., lil). Il, pag. 165.
[XII" SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. CÛNCILES DU Xlb SIÈCLE. 1133

obtint la liberté de continuer cet exercice. non, s'assemblèrent à Londres-, où ils réso-
Par une troisième constitution , il déclara lurent d'interjeter appel au pape des sen-
qu'entre les gains sordides défendus aux tences de l'archevêque de Cantorbéry. Ils
clercs,on devait comprendre les métiers de notifièrent leur appel au pape et à l'archevê-
parfumeurs ou de baigneurs et délendit ; que par deux lettres écrites au nom des suf-
aux diacres et aux prêtres d'être médecins fiagants de Cantorbéry. Dans la lettre au
de profession. Luc mourut en 1107, après pape ^, ils le font souvenir de la soumission
avoir tenu douze ans le siège patriarcal de que le roi lui avait témoignée en l'assurant ,

Constantinople. Il était surnommé Chryso- qu'il ne corrigerait les abus de son royaume

berge. que suivant le jugement de son Eglise. Ils


ARTICLE 111, ajoutent que ce prince était toujours dans la
même disposition et que tous ses vœux ue
,

Conciles depuis l'an 1166 jusqu'à tendaient qu'à ôter le scandale de ses Etats
l'an 1178. et à y faire régner la paix que cette paix leur ;

serait déjà rendue, si l'archevêque ne l'avait


CONCILES DE CUINON [H66]; D'ANGLETERRE éloignée par ses menaces et ses censures,
lCi6j; DE LATRAN [illi"]; D'IRLANDE [ilîjj;
[I excommuniant les uns, suspendant les autres
jni]\ DE LONDRES (1175]; DE
D'aVRANCHES de leurs fonctions sans procédure juridique;
WINDSOR lH7ô]; de northampton ^11 76]; de et que c'était pour obvier à de si grands maux

LONDRES ^1176]; DE LOMBERS [1176 OU 1165]; qu'ils eu appelaient au Saint-Siège pour le

D'ANGLETERRE OU DÉCOSSE [1177]; DE VENISE terme de l'Ascension de l'année suivante.


[1177] ; DE H0HÉNAU [1178]. 3. En signifiant aussi leur appel à l'arche-
vêque Thomas *, ils l'exhortent à prendre
1. Saint Tliomas, archevêque de Cantor- des voies plus douces envers eux et envers
béry, voyant qu'il ne pouvait, par des négo- le roi qu'ils assurent êlre disposé à satis-
,

ciations, taire rendre la libeité à l'Eglise an- faire à Dieu pour ses péchés, et à exécuter
glicane, employa, quoique absent de son la promesse qu'il avait laite au pape Alexan-
église, mais comme Icgat du pape, la igueur i dre, de se soumettre, pour l'exécution des
des censuies. 11 excommunia d'abord quel- coutumes d'Angleterre, au jugement de l'E-
ques grands seigneurs du royaume qui ,
glise de son royaume. « Après cela, ajoutent-
avaient part au maniement des atlaires. Puis ils, de quel droit et en vertu de quel canon

il écrivit deux lettres au roi Henri 11, comme le Irapperez-vous d'interdit ou d'excommu-

pour lui servir de monitoire avant d'en venir nication? »

à l'excommunication. Le roi, qui voulait 1 é- 4. hn 1167, le pape Alexandre III, après


viier, eut une conférence, à Cliinon en Tou- avoir attendu longtemps en patience que
raine ', avec les évéques et les seigneurs en l'empereur Fridéric se convertît, voyant qu'il
qui il avaitleplusdecoiitiance. Arnold, evéque persévérait dans le tcliisme et qu'il continuait
de Lisieux, dit que l'unique moyen de se tirer à ajouter péchés sur péchés, le frappa d'aua-
de cet embarras, était de prévenir la sentence thème dans un concile assemblé à Latran ^',

par une appellation au pape. Cet évéque alla lui ùta la dignité royale et défendit, par l'au-
donc, avec celui de Séez, à Ponligny, signi- torité de Dieu, qu'il eût à l'avenir aucune
fier a l'archevêque de Cantorbéry un appel force dans les combats, qu'il remportât la
qui suspendit sa sentence jusqu à l'octave de victoire sur aucun chiétien, ou qu'il eût nulle
Pûques de l'année suivante; mais l'archevê- part ni paix ni repos, jusqu'à ce qu'il fil de

que était sorti de Pontigny lorsqu'ils y arri- dignes fruits de pénitence. Eu quoi, dit «

ver^nl, et était passé de Soissons à Vézelai, Jean de Sarisbéry, le pape a suivi l'exemple
où, le jour de la Pentecôte, il excommunia de Grégoire VII, qui de notre temps a déposé
Jean d'Oxforl et quelques autres, menaçant de même l'empereur Henri dans un concile
le roi d'une pareille censure s'il ue faisait romain. » Alexandre 111 établit dans le même
pénitence. concile de Latran, Galdin, archevêque de
2. Les évoques d'Angleterre, avertis de ce Milan, légat, avec pouvoir de faire rentrer
qui s'était passé dans la conli-reiice de Chi- dans leurs Eglises les évéques catholiques

'
Toin. X Concil., pag. U43. ' Pag. 1447. — »Pag. I44<
lliiil., nt^[. lU'l. » lliid., pan. 1«9.
1134 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
qui en avaient été chassés ', et d'en chasser 6. On ordonna 5° que les clercs ne seraient
: car

les schismatiques intrus : ce que cet arche- pas obligés de contribuer, avec les autres
vêque exécuta, en parliculier dans l'Eglise de parents, pour la composition d'un meurtre
Lodi, attachée au schisme, l'an 1 168. On con- commis par un laïc; 6° que tous les fidèles e.

naît deux assemblées d'évêques en 1170 : étant malades feraient testament en présence
Tune pour la conservation de l'église Saint- de leur confesseur et des voisins, et divise-
Amant de Bresce -, l'autre à Angoulême, où raient leurs biens en trois parts :une pour
l'on confirma une donation faite par le che- leurs enfants, l'autre pour leur femme, la
valier Guillaume de la Prade au monastère troisième pour leurs funérailles, c'est-à-dire
de Saiut-Amant. pour faire prier Dieu pour eux; 7° que ceux ;,

5. Le concile d'Arniach, en H71, mit en qui mourraient avec une bonne confession
liberté tous les Anglais qui se trouvaient ré- seraient enterrés suivant l'us ge de l'Eglise,
duits en esclavage dans l'Irlande. Jl y eut, avec les messes et les vigiles; 8" que l'office s.

l'année suivante, un concile général à Cas- divin serait célébré partout selon l'usage de
sel auquel l'archevêque d'Aimach primat
, , 1 Eglise anglicane : « Car il est raisonnable,
d'Irlande, ne put assister à cause de ses in- ajoute le concile, que l'Iilande, qui a eu sou
firmités et de son grand âge. Christien, évé- roi de l'Angleterre, en reçoive aussi une
que de Lismor, présida à ce concile en qua- meilleure forme de vie. Et c'est en effet de
lité de légat du Saint Siège. On comptait en l'Angleterre que l'Irlande a reçu la paix dont
Irlande quatre archevêques et vingt- huit elle jouit et l'accroissement de la religion.»
évêques. Tous reconnuient pour leur roi Gélase, archevêque d'Armach, qui n'avait pu
Henri II, roi d'Angleterre, et ses héritiers assister au concile, alla trouver le roi à Du-
jusqu'à sa dernière postérité, et en dressèrent blin, au mois de novembie 1171. Ce prince
un acte qu'ils signèrent. Il régnait en Irlande y confirma les décrets du concile de Cassel,
de très-grands désordres. Le rapport s'en lit et l'archevêque lui témoigna qu'il se cou.
publiquement au concile, et on le rédigea formerait en tout à ses volontés*.
par écrit sous le sceau du légat. Pour y ap- 7. Le roi Henri II passa de Dublin en Nor-
'*
porter un remède convenable, il fut ordonné : mandie, et le 22 mai 1172, après avoir juré
1° que les mariages ne seraient contractés sur les saints Evangiles, devant les légats du
que suivant les lois de l'Eglise, au lieu que pape, qu'il n'avait contribué en rien à la mort
la plupart des Irlandais prenaient autant de de l'archevêque Thomas, et cassé les coutu-
femmes qu'ils voulaient , et souvent leurs mes illicites qu'il avait introduites en Angle-
proches parentes; 2" que les enfants seraient terre,il reçut d'eux l'absolution à Avranches^

portés à i'églJse pour être catéchisés à la Ce prince ne disconvenait pas avoir donné
porte ', c'est à-dire exorcisé?, et ensuite bap- occasion à ce meurtre par l'animosité et la
tisés aux fonts par les prêtres, dans l'eau colère qu'il avait conçues contre le saint ar-
pure, avec les trois immersions, hors le cas chevêque de Cantorbéry, et ce fut pour répa-
de péril de mort (auparavant, la coutume ration de cette faute qu'avant de recevoir
était, en divers lieux de l'Irlande, qu'aussitôt l'absolution il promit d'envoyer incessam-
qu'un enfant était né son père, ou le pre-
, ment à Jérusalem deux cents chevaliers pour
mier venu, le plongeait trois fois dans de la défense de la Terre-Sainte, et de les y en-

l'eau, et dans du lait si c'était l'enlant d'un tielenir pendant un an de permettre de por-
;

riche; puis ou jetait cette eau ou ce lait ter librement les appellations au Saint-Siège,
comme sale); 3° que l'on payerait à l'église et de rendre à l'Eglise de Cantorbéry tous
paroissiale la dime du bétail, des fruils et de les biens qu'elle possédait avant la disgrâce
Ions les autres revenus (c'est que plusieurs de l'archevêque Thomas, et ses bonnes grâces
n'en avaient jamais payé et ne savaient pas à tous ceux contre qui il avait été irrité à
même si que toutes
elles étaient dues); 4° cause de ce prélat. Il ajouta à toutes ces
les terres ecclésiastiques seraient exemptes clauses, dans le concile tenu en la même
de toute exaction des séculiers, particulière- ville d'Avranches, le 27 septembre de la même
ment des repas et de l'hospitalité qu'ils fai- année 1172, que jamais il ne se retirerait de
saient donner par violence. l'obéissance du pape Alexandre et de ses

' Tom. X Concil., pag. 1451. 3 Fleury, liv.I.XXU Hist. Ecclés., p. 369, tom. XV.
« Ibid. et pag. 1452. * Tom. X Cnnci!., pag. I'i5e. —
* Ibiil., pag. 1457,
[XII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XII" SIÈCLE. M:i5

successeurs, tant qu'ils le tiendraient pour du consentement du' roi et des seigneui's 11

roi calholique ; et qu'à Noël proclmin il pren- est dit, dans la préface, qu'ils n'ordonnent
drait la croix , et partirait l'été suivant pour lien de nouveau, et que ce ne sont pour
Jérusalem si le pape ne l'en dispensait. Le
, ainsi dire que des extraits des décrets des
lendemain, 28 du même mois, les légats, de pères orthodoxes. Voici les plus remar-
concert avec les prélats et le clergé de Nor- quables.
mandie publièrent douze canons dont voici
,
10 11 est défendu à ceux qui sont dans les
la teneur. ordres sacrés, sons peine de privation de leur
8. Défense de donner à des enfants quel- ordre, de leur olfice et de leur place, de ren-
que bénéfice à charge d'âmes, et aux enfants dre desjugements en des causes où il s'agit de
de prêtres les églises de leurs pères. Les mutilation de membres ou d'eu couper eux-
laïcs ne prendront rien des oblations. On ne mêmes; et aux prêtres, sous peine d'ana-
donnera point d'églises à ferme, ni à des vi- thème, d'exercer la charge de vicomte ou de
caires annuels; mais on obligera les curés prévôt séculier. C'est que l'ignorance des laïcs
des paroisses qui le peuvent porter d'avoir obligeait de donner à des clercs les charges
un vicaire. 11 est défendu d'ordonner des de judicature-. L'Eglise de Dieu devant être
prêtres sans titre certain. Le prêtre qui sert une maison de prières on ne doit y traiter
,

une église aura du moins le tiers des dimes. aucune cause séculière où il s'agira, de peine
Ceux qui en possèdent par droit héréditaire, corporelle et il en sera de même des cime-
,

peuvent les donner à un clerc à condition , tières, qui sont en effet des asiles pour les
qu'après Ini elles retourneront à l'Eglise. Les criminels. Conformément aux instituts des
clercs n'exerceront point les juridictions sé- anciens pères, le concile défend toute sorte
culières, sous peine d'élre exclus des béné- de trafic aux moines et aux clercs aux moines :

fices. Le mari ou la femme ne pourra entrer de tenir des feimcs el aux laïcs de tenir à
,

en religion tant que l'autre demeurera dans ferme des bénéfices. 11 veut que dans les
le siècle, s'ils n'ont passé l'âge d'user de leur causes pécuniaires entre les clercs, on con-
mariage. Ce concile propose l'abstinence et damne celui qui aura perdu aux dépens en-
le jeûne de l'.Vvent à ceux qui pourront l'ob- vers sa partie. Le nombre des préfaces que
server, principalement aux ecclésiastiques l'on dira à la messe est réduit h dix , et ce
et aux nobles. 11 voulait aussi défendre aux sont les mêmes que nous disons encore. Le
prêtres plusieurs exactions sur les biens des concile défend, par l'autorité du pape Alexan-
mourants pour les maiiages et pour les
, dre, d'en ajouter de nouvelles.Il défend aussi

baptêmes, et pour l'absolution des excom- de donner l'eucharistie ^ trempée, sous pré-
munications dont ils exigeaient quarante-
, texte de rendre la communion plus complète.
huit livres; mais les évéques de Normandie L'usage commun était donc dès lors de ne
s'opposèrent à ce décret. Le clergé de Dol communier que sous l'espèce du pain. Dé-
s'opposa aussi à l'archevêque de Tours, qui fense de consacrer l'eucharislie autrement
soutenait que celui de Dol devait lui être que dans un calice d'or ou d'argent, et aux
soumis, et qu'il ne devait point y avoir de évéques d'en bénir qui soient d'étain. On
siège archiépiscopal en celte ville. défend encore les mariages clandestins, et
9. Le roi Henri 11 et son fils, de retour ;\ il est ordonné qu'ils se feront publiquement

Londres au mois de mai 1175, assistèrent au avec la bénédiction du prêtre. Le prêtre qui
concile '
qui fut tenu en celte ville par lli- aura célébré un mariage en secret est dé-
cbard, archevêque de Cautorbéry, le diman- claré suspens de son olfice pour trois ans.
che avant l'Ascension, dans l'église de Saint- Le mariage des enfants est défendu au-des-
Pierre de Westminster. Les évéques sutl'ra sous de l'âge prescrit par les lois et par les
gants de Cautorbéry et les abbés de ce dio- canons, si ce n'est qu'on soit obligé de tolérer
cèse s'y trouvèrent. Richard, placé sur un ces sortes de mariages jiour quelque grande
siège plus élevé qne les autres, présida à ce nécessité, comme pour le bien de la paix.
concile comme primai et légat du S;i ;ut-Siégo. M. Dans le même cnncile, les clercs de
11 en fil louveilure par un discours, puis il Roger, archevêque d'York citèrent l'arche-
,

fil lire les dix-neuf canons que l'on avait faits vêque de Cantorbéry pour répondre devant
' Tom. X to«ciV., pag. 1461. nioiiis intimiam alicui euchorislU Iradal. Cau. lii.

« Heuiy, hb. LXXIl, Hisi. Hccles., p. 401, loin. XV. |iag. 14ijC.
liihibemus lie qiiis fjuasi iiro complemenio coiniiiu-
,

1136 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


lepape sur deux prétentions de leur prélat '
: lande le droit de posséder les mêmes tencs
dans
l'une, qu'il pouvait faire porter sa croix dont il avait joui auparavant, en lui payant
la province de Canlorbéry; l'autre, que les un tribut annuel, comme homme lige du roi
quatre évécliés de Lincoln, de Chester, de d'Angleterre. En
de Northampton, qui
celui
Worchester et d'Hereford, devaient être suf- en présence du roi
se tint le 23 janvier 1176,
fragants d'York. encore par-
Ils citèrent Henri II et de son
et de Guillaume, roi
fils,

devanl le piipe l'arclievèque de Cantolbéry, d'Ecosse, il fut convenu que les églises de
pour les avoir frappés d'anathème à cause ce royaume neseraient point soumises à l'E-
du refus qu'ils avaient fait de comparaître glise anglicane, quoiqu'elles lui eussent l'ait

devant lui. Geoffroy, évêquede Saiat-Asaph, leur soumission sous les prédécesseurs du
au pays de Galles, pressé par la pauvreté et roi Henri dans le temps qu'il
II, c'est-à-dire

par les ravages des Gallois, s'était retiré en n'y avait point de métropole en Ecosse.
Angleterre, où le roi Henri lui avait donné 14. Le concile convoqué à Londres * pour

en garde l'abbaye d'Abbendon qui était va- le 14 mars, qui était le quatrième dimanche !

cante pour en jouir jusqu'à ce qu'il eût la


,
de carême ne tit aucun décret, ayant été
,

liberté de rentrer dans son siège. Le clergé rompu d'abord par une dilffculté survenue
de Sainl-Asaph se plaignit au concile de ce au sujet de la préséance, l'archevêque d'York
que Geoffroi ne voulait point retourner à son prétendant être assis à la droite du légat, et
Eglise, quoiqu'il en eût été admonesté parle Richard de Cantorbéry soutenant que cette
pape Alexandre, et demanda en conséquence place lui appartenait de droit.
ou qu'on l'y obligeât, ou que l'on nommât un 15. On met ordinairement le concile de

autre évéque à sa place. L'archevêque Roger, Lombers, petite ville dans le diocèse d'Albi,
de l'avis du concile, lui ordonna de retour- en 1176; mais on lit, en quelques manuscrits,
ner à son évèché. GeoU'roi obéit, et, dans qu'il fut tenu onze ans auparavant, c'est-à-
l'espérance que l'abbaye d'Abbendon lui de- dire en 1163. L'hérésie des albigeois y donna
meurerait, il résigna son évèché entre les occasion : car le pape Alexandre 111, voyant
mains de l'archevêque, lui remettant son an- qu'elle se répandait toujours de plus en plus,
neau et sa crosse. L'archevêque sacra en sa ordonna qu un la combattrait dans les lieux
place un docteur nommé Adam, et le roi mêmes qu'elle avait le plus infectés; et alin

donna l'abbaye d'Abbendon à un moine; que ceux de cette secte n'eussent pas à se
ainsi, GeoU'roi perdit l'un et l'autre. plaindre, il voulut encore que l'on appelât
1-2. Le légat Hugues, ou Hugucion, étant au concile les plus savants d'entre eux. Us y

venu en Angleterre sur la fin d'octobre de la assistèrent en effet avec quatre juges de la
même année 117.5, donna l'absolution aux dispute, clioisis des deux parties, savoir :

clercs de l'archevêque d'York que Richard ,


Gaucelin, évêque de Lodève; Roger, abbé
deCantorbéry avait frappés d'anathème et. '-, deCastres; Pieire, abbéd'Arduielle;Ernaud,
déclara l'archevêque d'York exempt de sa prêtre de iNarbunne, et l'abbé de CandiUe.
juridiction, de même que la chapelle de Saint- L'archevêque de Narbonne les évêques de ,

Oswalde, comme étant une chapelle royale. Nimes, de Toulouse, d'Agde, plusieurs abbés
Elle avait été l'occasion de la querelle entre et personnes de distinction, ecclésiastiques et

ces clercs, qui y avaient fait l'office, et l'ar- sécuhères, assistèrent au Cuucile, entre autres
chevêque de Cantorbéry. Quant au droit de Trincavel, vicomte de Réziers; Constance,
faire porter la croix dans la province de Can- comtesse de Toulouse; Sicard, vicomte de
torbéry, que l'archevêque d'York prétendait Luutiec.
avoir, le légat en renvoya la décision a l'ar- 16. Gaucelin, évêque de Lodève, chargé,
chevêque de Rouen et à quelques évêques de la évêque d'Alby, qui avait
part de uiraw,
de France. Mais il permit au roi Henri 11 de la principale autoiité comme évéque diocé-
poursuivre devant srsotticiers laïcs les clercs sain, d'interroger ces hérétiques ^, leur de-
accusés d'avoir chassé dans ses bois. manda :
1° s'ils recevaient la loi de Moïse
13. Dans le concile de Windsor 3, tenu pen- les Prophètes, les Psaumes, tout l'Ancien

; dant l'octave de la Saint-Michel de l'an 1175, Testament, et les docteurs du Nouveau. Ils
'
le roi Henri accorda au roi de Conacte en Ir- répondirent qu'ils ne recevaient point l'An-

' Tom. X Concil., pag. I'i66. * Ibid., pag. ri69. — Mliid., pag. 1471,
> Ibid., pag. 1468. — Mliid., pag. 1468.
[XII" SIÈCLE. CHAPITRE LXXXVi. — CUNCILKS DU Xll SIECLE. UTi
cien Teslamerit, imiisseulemenl les Evangiles, 18. ils dirent ensuite plusieurs choses sur
les Epître? de saint Paul, les sept Epitres ca- lesquelles on ne les interrogeait pas', savoir,
noniques, les .Actesdes apùtres et l'Apoca- qu'on ne doit faire aucun serment; que saint
lypse. Il leur demanda 2° d'exposer leur Paul ayant marqué les qualités des évèques
doctrine, ils répondirent qu'ils n'en teruient et des prêtres, ceux que l'on ordonne sans

rien si ou ne les y conliaignail. Uaucelin leur qu'ils k'S aient,ne sont ni évèques, ni prê-
demanda 3° s'ils croyaient que les enfants tres, mais des loups ra\issanls, des hypo-
fussent sauvés par le baptême. Ils dirent : crites et des séducteurs, à qui l'on ne doit
« Nous ne nous expliquerons pas la-dessus, pas obéir. L'archevêque de Narboiine, l'é-
mais sur lEvangile et les Epitres. » 11 les in- veque de Nimes, l'abbé de Sendras et l'abbé
terrogea 4° sur le coi'ps et le suug du Sei- de Fonllroide, léfutérent par l'autorité de
gneur, en leur demumlant où il était consa- l'Ecriture sainte, surtout du Nouveau Testa-
cré, par qui, qui le recevait, et s'il était éga- ment, tout te que ces hérétiques avaient
lement consacré par un tjon et un mauvais avancé, et après que l'on eut ouï ce qui
ministre. Leur réponse lut que ceux qui le avait été dit de part et d'autre, l'éveque de
recevaient dignement étaient sauvés, et ceux Lodève, par ordre de l'éveque d'.\lbi, pro-
qui le lecevaient indignement s'ultiraienl nonça la sentence déUnitive, portant que ces
leur damnation. Ils ajoutèrent que tout Liomme prétendus bons hommes, c'est ainsi qu'ils se

de bien, tant clerc que laïc, le consacrait. taisaient nommer, étaient hérétiques. Il con-
C est tout ce qu'ils dirent sur cet article, sou- damna com-
aussi la secte d'Ulivier et de ses
tenant qu'on ne devait pas les contraindre à pagnons, la même que suivaient ces bons
rcpcuidie sur leur foi. hommes du diocèse d'Albi, en particulier
47. interrogés 5° sur ce qu'ils pensaient du ceux de Lombeis. Après quoi il rapporta
maiiage, et si i bomme et la teiuiiie usant de tous les passages de l'Ecriture par lesquels
la liberté qu
donne, se pouvaient sauver,
il on les convainquait d'hérésie. Après avoir
ils ne voulurent répoudre autre cbose, sinon montré, sur le troisième article, que les en-
que cette liberté est accoidée a cause de la fants ne peuvent être sauvés sans le bap-
luxure et la lornicalion, a.nsi que le dit tême, il demande par la foi de qui ils sont
, j_ saint Paul dans sa lettre aux Coriutliiens. sauvés, puisque la foi est nécessaire pour
Gaucelin leur demanda 0" si la pénitence plaire à Uieu. A quoi il répond que c'est par
était salutaire à la tin de la vie, si les gens la toi de l'Eglise 2 ou de leurs parrains, com-
de guerre blessés à mort pouvaient se sau- me le paralytique fut guéri par la foi de ceux
ver par cfc moyeu; si ou devait conlesser qui le présentaient, et la hlle de la Cananée
ses péchés aux prêtres ou aux laïques indil- par la toi de sa mère. Sur l'article de l'Eu-
,j féremmeut, et de qui parle saiiii Jacques charistie, qui est le quatrième ^ il dit qu'elle
quand il dit : Cunfesscz vos ijvcIkjs les uns auj. est consacrée par la vertu des paroles de
autres. Us reponUirent qu'il sutlitait aux ma- nuire Seigneur Ceci est mon rorjjs, ceci
:

lades de se confesser a qui ils voudraient, et estmon sang, et que sa consécration ne dé-
ne voulurent rien dire sur les gens de guerre, pend point du mérite ou de la dignité du
parce que saint Jacques ne parle que des ministre.
malades. L'éveque leur demanda en dernier VJ. Les bons hommes ayant voulu contes-
lieu SI la contriUon de cœur et la confession ter la sentence rendue par l'éveque de Lo-
de boucliesutlis:iient, et s'il n'était pas néces- dève, comme étant leur ennemi, il oti'rit
saire Uy ajouier la saliofaction par les jeu- de prouver quelle était juridique ', soit dans
nes, les macérations et k-s auuiones. Us lé- la cour du pape Alexandre, soit en celle
ponUireul que saint Jacques ne parlait que du roi de France, ou de llaymond, comte de
de la confession; qu ils ne vouiaieui pas être Toulouse, ou de Constance, son épouse,
meilleurs que cei aputre, ni nen ajouter un sœur du roi Louis qui était présent, ou en
leur Comme font les eveques. celle de Triucavel, vicomte de lié/.iers. Se

' Tuui. X Coiicil., [lag. iili. Iiûi-a qua regutus ni Cuiiuiuva ciedideruiil. fuiii. .\
« Si iiulcin i/uUTulur,cuj.u /ide salvnntur infaiitei, ConciV., pag. HTi.
cuiit non Imùcuiit sme qua impossibde al
I//4-I /tUeni s icrOa saaa, quœ dixil Suiualor in ca'/ia sci-
/'er
placeie Ueo : Dicimus quta /4c/e Kccltsiu: vel fiUe i^u- licel ; H jc est corpu» meuui, el hic csls.iuguidmcua,
tnnoruin, sicul yaialylicua est curuius fiiie off'eieuttum coiiieciulur et çoii/ialur Duminicum cori/us. Ibid.
(,•( fitius reguii et fitia Cauunaœ salvuli sunl nitlem • Iiiid., png. un.
XIV. li
-

1138 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


voj'ant condamnés, ils présentèrent une pro- 21. La paix entre le pape Alexandre 111 et
fession de foi qui était catholique; mais l'empereur Fridéric ayant été jurée solen-
quelqu'instance qu'on leur fit de jurer que nellement à Venise ^ le premier jour d'août
telle était leur croyance, ils ne le voulurent de l'an H77, le pape, pour consolider celte
point, disant que l'Evangile et les Epities paix, assembla un concile le 14 du même
leur détendaient de jurer. L'évèque de Lo- mois dans l'église de Saint-Marc, assisté de
dève prononça de nouveau qu'ils étaient ses cardinaux, des évêques et des abbés
hérétiques, en cela même qu'ils niaient que d'Allemagne, de Lumbardie et de Toscane.
le serment fut permis, et leur prouva le con- Les envoyés de l'empereur, du duc de Ve-
traire par saint Paul, qui prend souvent nise et du roi de Sicile s'y trouvèrent avec
Dieu à témoin dans ses Epilies. Ils avancè- une grande multitude de peuple. On com-
rent que 1 évêque d'Albi leur avait promis mença par les litanies et les prières accou-
qu'on ne les contraindrait pas de jurer. Ce tumées, qui furent suivies d'un long sermon
prélat nia le fait, et, se levant, il conûrma la sur la paix ^, après lequel le pape, ayant fait
sentence rendue par l'évèque de Lodève, en donner des cierges allumés à l'empeieur et
quoi il fut suivi par les autres juges elles aux autres assistants, tant clercs que laïques,
évêques, abbés et grands seigneurs présents. prononça l'excommunication contre quicon-
Ces hérétiques furent depuis nommés albi- que troublerait la paix que l'on venait de
geois, parce qu'ils s'étaient beaucoup ré- conclure. Aussitôt chacun jeta et éteignit
pandus dans ce diocèse. Leur hérésie tenait son cierge, et l'empereur dit à haute voix
de celle des manichéens, puisqu'elle rejetait avec les autres : Ainsi soit-il.
l'Ancien Testament et condamnait le ma- 22. 11 Chronique de Rei-
est parlé dans la
riage, ce que faisaient aussi les manichéens. chersperg, d'un concile tenu à Hohenau eu
i!0. Dans le concile de Northampton ', as- Bavière « dans le diocèse de Salsbourg, sous
semblé après la fête de saint Hilaire 1177, le l'archevêque Conrad, légat du Saint-Siège,
roi Henri rendit au comte de Leycesler tou- l'an 1178, mais les actes en sont perdus.
tes ses terres, et à tous ceux dont il en pos-
sédait, et mit par l'autorité du pape des cha- ARTICLE IV.

noines réguliers dans l'église de Watlhan,


nu TROISIÈME CONCILE DE LATRAN , ONZIÈME
qu'il avait fait venir de diverses maisons
GÉNÉRAL [1177-1178].
d'Angleterre, et leur donna pour premier
abbé Vaulier de Gaunt. Le même prince lit 1 . Un des fruits de la paix dont le pape
venir la même année des religieuses de Fon- Alexandre IIl jouissait à Rome depuis la ré-
tevrault, que Richard, archevêque de Can- conciliation avec l'empereur Fridéric, fut la
torbéry, intioduisit dans labbaye d'Ambres- convocation d'un concile général à Rome. Il
berie, à la place de celles qui y étaient, et y fut engagé par trois motifs considérables:
que l'on envoya à cause de leurs mauvaises l'un, de détruire les restes du schisme; l'au-
mœurs en des maisons d'une plus étroite tre, de condamner l'hérésie des Vaudois; le
observance. L'assemblée de Westminster troisième, de rétablir la discipline ecclésias-
était composée d'évêques d'abbés et de
, tique, qui avait beaucoup soutlèrt pendant
grands seigneurs laïques. Elle se tint la pre- un si long schisme. Des l'année 1177, le
mière semaine de carême l'an 1177. Le roi pape Alexandre avait invité à ce concile les
Henri, qui l'avait convoquée, y examina les eveques latins d'Orient; mais ils ne partirent
ditl'érends survenus entre Alphonse, roi de pour Rome qu'au mois d'octobre de l'année
Caslille, et Saintes, roi de Navarre, qui l'a- suivante 1178. 11 y appela, par une lettre
vaient pris pour juge. La même année le adressée aux évêques et aux abbés de Tos-
cardinal Vivien, légat en Ecosse, y célébra un cane, datée de Tusculum le 21 septembre,
concile ^, où il suspendit Christien, évêque tous les évêques de l'Eglise latine d'Occident
de la Maison-Blanclie, pour n'être pas venu et les principaux abbes, lixant le jour du
au concile; mais Cliristien ne s'etfraya point concile au premier dimanche de lannée
de celte censure, étant protégé de Roger, 1179.
archevêque d'York, dont il était sulfiagant. t. 11 y eut de la part des prélats latins

'
Tom. X Concil., pag. 1479. » Ibid., pag. 1481. - » Pi 1499.
- Ibid., pag. 1480. — s Ibid., pag. 1481 " Ibid., pag. 150i.
l^iii^ SIÈCLE ]
CHAPITRE LXXXVl CONCILES DU Xll= SIECLE. 1-139

d'Orient deux aiclievêqups, dont l'un était aux canons qui ordonnent que la plus grande
Guillaume de Tyr, connu par son Histoire et la plus saine partie doit l'emporter,parce
de la guerre sainte, qiialie évêques et Pierre, que dans les auties églises, lorsqu'il y a
prieur du Saint-Sépulcre, député du patriar- quelque doute sur une élection, il peut être
che de Jérusalem et Uaynald
, abbé du , levé par les supérieurs, ce qui ne peut avoir
Mont-Sion. L'empereur Manuel y envoya lieu dans l'Eglise romaine, qui n'en a point.
George, métropolitain de C.orlou, qui, étant G. Ensuite le concile déclare nulles les or- c.d.

tombé malade eu chemin, ne put arriver à dinations faites par les antipapes Octavien,
Rome pour le temps du concile. On y compta Gui de Crème et Jean de Strume, et veut
jusqu'à cent soixante-un évoques d'Italie, que ceux qui ont reçu d'eux des dignités ec-
du nombre desquels était Hubalde, évéque clésiastiques ou des bénéfices , en soient
d'Oslie, depuis pape sous le nom de Lucius 111, privés. 11 annulle pareillement les aliéna-
et deux Grecs de la province de Reggio; tions pareux faites des biens ecclésiastiques,
soixante -deux évêques de France et des et déclare suspendus des ordres sacrés et
provinces voisines, Cologne, Trêves et Rouen; des dignités ceux qui ont volontairement fait
quatre d'Angleterre, cinq d'Irlande et deux serment de tenir le schisme.
archevêques, et plusieurs d Ecosse; en tout 7. Comme o.i doit chercher dans ceux s.

trois cent deux prélats, y compris un évé- qu'on élève aux ordres sacrés et au minis-
que de Danemark et un archevêque de tère ecclésiastique la maturité de l'âge, la
Hongrie. gravité des mœurs et la science des lettres,
3. Tous étant assemblés dans l'église de c'est surtout en celui qu'on destine à l'épis-
Latran, le pape Alexandre III, placé sur un copat. C'est pourquoi, de crainte que ce qui
siège élevé avec les cardinaux, les préfets, s'est faitquelquefois par nécessité ne tire à
les sénateurs et les consulsde Rome, tint la conséquence, il est dit qu'aucun ne sera élu
première session du concile le lundi de la évéque avant trente ans accomplis; qu'il ne
troisième semaine de carême, 5 mars; la soit né en légitime mariage et recomman-
seconde, le mercredi de la semaine suivante, dable par ses mœurs et sa doctrine qu'aus- ;

14 du même mois, et la troisième le 19, qui sitôt que son élection aura été conhrmée et
était le lundi de la Passion. qu'il aura l'administration des biens de l'E-
4. On s'occupa, dans ces trois sessions, à glise, les bénéfices qu'il avait pourront être
régler les choses qui en avaient occasionné librement conférés par celui à qui la colla-
la convocation, et ce l'ut la matière de vingt- tion en appartient. A l'égaid des dignités
sept canons de ce concile '. La Chronique de inférieures, comme doyenné, archidiaconé
Gervuis n'en compte que vingt-six; mais et autres bénétices à charge d'âmes, per-
c'est que de deux elle n'en l'ait qu un. L'A- sonne ne pourra en être pourvu qu'il n'ait
nonyme de Cassin en met vingt-sept. 11 se atteint l'âge de vingt-cinq ans, et il en sera
trompe dans le nombre des évêques, faute privé si dans le temps marqué par les ca-
que l'on attribue à Caracciolus, sou éditeur. nons il n'est promu aux ordres convenables,
Parlaui des abbés qui assistèrent à ce con- savoir, le diaconatpour les archidiacres, et
cile, l'Anonyme dit qu'ils y étaient en si la prêtrise pour les autres. Les clercs qui
grand nombre qu'on ne pouvait les tfompter. auront fait une élection contre cette règle
i). U y fut ordonné - que si, dans Iclec- seront privés du droit d'élire et suspendus
lion d'un pape, les cardinaux ne se trou- de leurs bénétices pour trois ans l'evéque :

vaient pas d'un sentiment unanime, on re- qui y aura consenti perdra le droit de con-
connaîtrait pour pape celui qui aurait les férer ces dignités.
deux tiers des voix que celui qui n'en
; 8.Les grands frais que quelques évêques t
ayant que le tiers ou au-dessous, prendrait faisaientdans leurs visites avaient souvent
le tilie de pape, serait prive du tout ordre et obligé leurs inférieurs à vendre les orne-
excommunié, un soile qu'on ne lui accorde- ments de l'église et à cousumer en un mo-
rait le viatique qu'à la lin de la vie, et (jae ment ce qui aurait sulli pour les faire sub-
ceux qui le recevraient pour pape seraient sister longtemps. Le concile ordonne donc
soumis à la même peine. Le concile ajoute que les archevêques, dans leurs visites, au-
que ce décret ne portera aucun préjudice ront tout au plus quarante ou cinquaute

Façi, ad »n. 117), nuin. 4. • Tom. X Concil,


1140 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
chevaux; les cardinaux vingt-cinq, les évê- faut point, dit le concile, alléguer la longue
ques vingt ou trente, les arcliiiiiacres sept, coutume, qui ne rend l'abus que plus crimi-
les doyens et leurs inférieurs deux; qu'ils nel. Il défend aussi aux évéques et aux ab-
ne mèneront point de chiens, ni d oiseaux bés d'imposer aux églises de nouveaux cens,
pour la chasse, et se contenteront pour leur ou de s'approprier une partie de leurs reve-
table d'élre servis suffisamment et modeste- nus, sous peine de cassation des actes qu'ils
ment. Il leur défend aussi d'imposer ni tail- auront laits à cet égard.
les, ni exactions sur leur clergé; mais il leur 12. Défense de conférer ou de promettre
permet de lui demander en cas de besoin un les bénéfices avant qu'ils vaquent, pour ne
secours charitable, pas donner lieu de souhaiter la mort du ti-
i. 9. Si un évêque ordonne un prêtre '
ou un tulaire. Les bénéfices vacants seront confé-
diacre sans lui assigner un tilre certain dont rés dans six mois, autrement le chapitre
il puisse subsister, donnera de quoi
il lui suppléera à la négligence de l'évêque, l'é-
vivre jusqu'à ce qu'il lui assigne un revenu vèque à celle du chapitre, et le métropoli-
ecclésiastique, à moins que le clerc ne puisse tain à celle de l'un et de l'autre.
vivre de sou patrimoine ^. C'est le premier 13. Les évéques avaient foiiuulé les plaintes
canon qui parle de titre patrimonial ou de suivantes : les nouveaux ordres militaires des
patrimoine au lieu de titre ecclésiastique. templiers et des hospitaliers recevaient des
10. L'abus des appellations trop fréquen- églises de la main des laïques; dans les
tes en av.it attiré un autre, savoir que pour leurs ils instituaieul et destituaient des prê-
Jes prévenir les évéques et même les archi- des évéques; ils admettaient
tres à l'insu
diacres prononçaient des sentences de sus- aux sacremeuis les excommuniés et les in-
pense ou d'excommunication sans monilions teidits, et leur donnaient la sépulture; ils
précédentes. Le conci'e leur défend d'en abusaient de la permission donnée à leurs
user aiubi, si ce n'est pour les fautes qui de frères envoyés pour quêter, de faire ouviir
leur nature eu;porlent excommunication; une fois l'an les églises interdites et d'y fa. re
mais détend aussi aux inférieurs d'appeler
il célébrer l'oilice divin, d'où plusieurs de ces

sans giiels, ni avant l'entrée en la cause. Si quêteurs prenaient occasion d'aller eux-mê-
l'appelant ne vient poursuivre son appel, il mes aux lieux interdits et de s'associer des
sera condamné aux dépens envers l'intimé confrères en plusieurs, à qui ils communi-
qui se sera présenté 3. Ur ces dépens étaient quaient leurs privilèges. Le concile condamna
grands, surtout pourles appellatiousà Rome, tous ces abus, non-seulement à l'égard des
où on allait se défendre en personne. Il est ordres militaires, mais de tous les autres re-
défendu en particulier aux moines * et aux ligieux.
autres religieux d'appeler des corrections de 14. Les moines ou tous autres religieux, ,

discipline imposées par leurs supéiieurs ou de quel institut ils soient, ne seront point
leurs chapitres. reçus pour de l'argent, sous peine au supé-
11. Dans le corps de l'Eglise, tout devrait rieur de privation de sa charge, et au paiti-
Ion devrait aussi y
se traiter par charité, et culier de n'êtie jamais promu aux ordres
donner gratuitement ce que l'on a reçu gia- sacrés. Un ne permetira pas à un religieux
tuitemeut. Sur ce principe le concile défend d'avoir tle pécule, si ce n'est pour l'exercice
comme des abus hoiribles de rien exiger de son obédience celui qui sera trouvé
:

pour l'intronisation des évéques ou des ab- avoir un pécule sera excommunié et privé
bés, poui- l'installation des autres ecclésias- de la sépukure commune et on ne fera
,

tiques, oude possession des curés,


la piise point d'oblatiou pour lui. L'abbé trouvé né-
pour mariages et les au-
les sépultures, les gligent sur ce point sera déposé. On ne don-
tres sacrements; en sorte qu'on les refuse à nera point pour de l'argent les prieurés ou
ceux qui n'ont pas de quoi donner. Et il ne les obédiences, et on ne changera point les

< Episcopus si aliquem sine cerlo titulo de quo ne- 3 Fleury, ibid., pag. 467, tom. XV.
cessaria vitœ percipiat, in diaconum vel presbyieruni * Prœcipue vero m locis veliywms liœc volumus ob-
ordinuverit, iundiu necessuria ei subminisiret, dunec servori, ne monachi sive quicumque leligtosi, eum
in atiqua ecclesia ei coiwenienlia stipendia mihtiœ pro aliquo excessu [uennt corngendi, contra regulam
clericalis UiSignel : nisi forte talis qui ordmalur, ex- prwlati sui et cupiluli disciptiuum appeltare prœsu-
titerit,qui de sua vel paterna heredilaie subsidtum mant;sed humiltler ac deuute suscipiunl quud pro
vitœ possis fia'jere. Concil. 3. Lateian., can, 5. sulute sua utiliter eis fuerit injuncium. Cau. 6.
' Fleuiy, lib I.XXIII, Hist. pcc/.,pag. 4C7, tom, XV.
1

[XII' SIÈCLE. CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DU XII" SIKCLE. 1141

prieurs convenluels, sinon pour des causes 19. Dans la disposition des affaires com- on
graves, ou pour les dlevcr à un plus haut rang. munes, on suivra toujours la conclusion de
15. Il est ordonné aux clercs constitués la plus grande et de la plus saine partie du
dans les ordres sacrés, qui ont chez eux des chapitre, nonobstant tout serment et cou-
femmes notées d'incontinence, de les chas- tume contraire si ce n'est que l'autre partie
;

ser et de vivre chastement, et en cas de re- propose quelque chose, qu'elle fasse voir
fus le concile veut qu'on les prive de leur être raisonnable. Pour lever les difficultés «t

bénéfice ecclésiastique et de leur olHce. Il qui se rencontraient quelquefois dans la pré-


enjoint même peine au
la clerc qui sans sentation des clercs pour des bénéfices, le
une cause manifeste et nécessaire fréquente concile règle le droit des patrons ; en sorte
les monastères de filles, après la défense que s'ils sont plusieurs, ils s'accordent à
que l'évéque lui en aura faite. Un laïque nommer un seul prêtre pour desservir l'é-
coupable il'un crime contre nature sera ex- glise ; et que celui-là
soit préféré, qui aura
communié et chassé de l'assemblée des fi- la pluralitédes suB'rages autrement l'évé- ;

dèles. Si c'est un clerc, il sera ou chassé du que y pourvoira comme aussi en cas de
;

clerfîé ou enfermé dans un monastère pour questions pour le droit de patronage, qui ne
y faire pénitence. soient pas terminées dans trois mois.
16. Défense aux clercs, à ceux même qui 20. L'Eglise étant obligée, comme une „
ne sont que dans les ordres mineurs, de se bonne mère, de pourvoir aux besoins corpo-
charger d'affaires temporelles, comme d'in- rels et spirituels des pauvres, le concile or-
tendance des terres, de juridiction séculière, donne qu'il y aura pour l'instruction des pau-
ou de la fonction d'avocat devant les juges vres clercs, en chaque église cathédrale, un
laïques. maitre à qui l'on assignera un bénéfice suffi-
17. Le concile défend aussi la pluialilé sant, et qui enseignera gratuitement ;
que
des bénéfices, qui dès lors était venue à un l'on rétablira les écoles dans les autres égli-
tel excès, que quelques-uns en avaient jus- ses et dans les monastères, où il y a eu au-
qu'à six et possédaient plusieurs cures, d'où trefois quelques fonds destinés à cet efl'et ;
il arrivait qu'ils ne pouvaient résider, ni qu'on n'exigera rien pour la peimission d'en-
faire leurs fonctions, etque plusieurs dignes seigner, et qu'on ne la refusera pas eà celui
ministres de l'Eglise manquaient de subsis- qui en sera capable, parce que ce serait em-
tance. L'audace des laïcs était venue aussi à pêcher l'utilité de l'Eglise.
uu tel excès, qu'ils instituaient ou desti- 21. En plusieurs endroits, les recleurs, „.
tuaient des clercs dans des églises sans , consuls ou autres magistrats des villes, im-
l'autorité de l'évéque, et obligeaient les ec- jiosaient aux églises des charges, et les sur-
clésiastiques à comparaître en jugement de- chargeaient si fort par leurs exactions, que

vant eux '. Le concile leur défend toutes ces sous leur magistrature, le sacerdoce parais-
choses, sous peine d'être sépaiés de la com- saitd'une moindre condition que sous Pha- g-o
munion des fidèles, et prive de la sépulture raon qui n'avait aucune connaissance de la
ecclésiastique ceux des laïques qui transfè- loi divine. Car ce prince délivra ses prêtres,

rent à d'autres laïques les dimes qu'ils pos- non-seulement de la servitude commune à
sèdent au péril de leur? âmes c'est sur ce : tous ses sujets; il déchargea encore leurs
fondement que l'on conserve aux laïques les possessions de toutes impositions et il leur ,

dimes dont on juge qu'ils étaient en posses- faisait même donner des vivres des greniers
sion dès le temps de ce concile, et que l'on publics. Le coucile défend donc à ces magis-
nomme dimes inféodées. trats, sous peine d'anatlicme, d'obliger les
18. Les biens que les clercs ont acquis par églises à aucune charge publique, soit pour
le service de l'Eglise, lui demeureront après fournir aux fortifications ou expéditions de
leur mort, soit qu'ils en aient dis[)0sé par guerre, soit autrement et de diminuer la ;

testament ou non concile défend


; d'où le juridiction (temporelle) des évêques et des
d'établir à certains des doyens pour i)rix autres prélats sur leurs sujets. Néanmoins il
exercer leur juridiction, sous peine de pri- permet au clergé d'accorder quelque subside
vation d'oUice, aux doyens et à l'évéque du volontaire pour subvenir aux nécessités pu-
pouvoir de conférer cet olUce. bliques, quand les facultés des laïques n'y
sulUsent pas.
I
Fli^ury, ihid.. (.;ia. 470. 22. Il défend, sous peine de i>rivation de *-"
1142 H]ST01)Œ GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
la sépulture ecclésiastique, les tournois ou ]a sépulture, renvoyant au jugement de Té-
foires, auxquels se trouvaient des soldats, vêque le prêtre qui aura contrevenu à ce
qui pour montre de leur force et de leur bra- décret.
voure, se battaient avec d'autres, avec dan- 26. On défend aux Juifs et aux Sarrasins c^n

ger de périr quant au corps et à l'âme. Il d'avoir chez eux des esclaves chrétiens sous
2'' ordonne aussi d'observer la trêve de Dieu, quelque prétexte que ce soif. Toutefois l'on
qui consistait à n'attaquer personne depuis permet de recevoir en témoignnge les chré-
le coucher du soleil du mercredi jusqu'au le- tiens contre les juifs , comme les juifs contre
ver du soleil du lundi, depuis l'avent jusqu'à les chrétiens ; et l'on ordonne de conserver
l'octave de l'Epiphanie, et depuis laseptuagé- les biens aux juifs convertis, avec défense,
sime jusqu'à l'octave de Pâques, sous peine sous peine d'excommunication, aux sei-
23. d'excommunication. Il renouvelle la défense gneurs ou aux magistrats, de leur en rien ôter.
d'inquiéter, de maltraiter les moines, les 27. 11 est remarqué au commencement du 27.

clercs, les pèlerins, lesmarchands, les pay- dernier canon, qu'encore que l'Eglise, sui-
sans allant en voyage ou occupés à l'agri- vant que le dit saint Léon, rejette les exécu-
culture, les animaux employés aux laboura- tions sanglantes, elle ne laisse pas d'être ai-
ges; et défend d'établir de nouveaux péages dée par les lois des princes chrétiens, en ce
ou d'autres exactions, sans l'autorité des que la crainte du supplice corporel fait quel-
souverains. C'est que chaque petit seigneur quefois recourir au remède spirituel. C'est
s'en donnait l'autorité. donc sur ce concours des deux puissances ec-
" 23. Quelques ecclésiastiques, par une du- clésiastique et séculière, que le concile de
reté contraire à la compassion que l'apôtre Latran anathématise les hérétiques nommés
ordonne pour les membres souffrants de l'E- cathares, patarins ou publicains, les albi-
glise, ne permettaient pas aux lépreux qui geois et autres qui enseignaient publique-
ne pouvaient s'assembler avec les autres ment leurs erreurs, et ceux qui leur don-
fidèles dans les églises publiques, d'en avoir naient protection ou retraite ; défendant, au
de particulières, ni des cimetières, ni de se cas qu'ils vinssent à mourir dans leur pé hé,
faire assister d'un prêtre particulier. Le con- de faire oblation pour eux et de leur donner
cile ordonne que partout où les lépreux se- la sépulture entre les chrétiens ;
qu'il or-
ront en assez grand nombre vivant en com- donne de dénoncer excommuniés dans les
mun, pour avoir une église, un cimetière et églises les dimanches et les fêtes, les bra-
un prêtre particulier, on ne fasse aucune bançons, aragonais, navarois, basques, cot-
difBculté de le leur permettre et il les ; tereaux et triaverdins qui portaient la déso-
exempte de donner la dîme des fruits de leurs lation partout, ne respectant ni églises, ni
jardins, et des bestiaux qu'ils nourrissent. monastères, ni veuves, ni orphelins, ni âge,
'• défense aux cin'étlens, sous
24. Il fait ni sexe et qu'il enjoint à tous les fidèles
;

peine d'excommunication de porter aux


. pour la rémission de leurs péchés de s'op-
Sarrasins des armes, du fer ou du bois pour poser courageusement à tous ces ravages ;

la construction des galères comme aussi ; permettant de confisquer les biens de ces
d'être patrons ou pilotes sur leurs bâtiments, bandits et de les réduire en servitude. Il per-
etveut que cette excommunication soit sou- met même de prendre les armes contre eux,
vent publiée dans les églises des villes mari- et reçoit ceux qui les attaqueront sous la
times, et que l'on excommunie aussi ceux protection de l'Eglise, comme ceux qui visi-
qui prennent ou dépouillent les chrétiens al- tent le saint sépulcre. Ces cottereaux ou rou-
lant sur mer pour le commerce ou pour tiers étaient des troupes ramassées dont les '

d'autres causes légitimjes, ou qui pillent ceux seigneurs se servaient pour leurs guerres
qui ont fait naufrage, s'ils ne restituent. particulières, et qui vivaient sans discipline
" 25. L'usure était devenue si commune par- et sans religion.
tout,que le concile crut devoir renouveler 28. A la suite de ces canons, les collée- a^

l'excommunication si souvent prononcée teurs des conciles ont mis divers actes de
contre les usuriers, avec défense de recevoir celui de Latran tirés de diÛ'érents écrivains
les ofi'randes des usuriers manifestes, de les contemporains, ou qui écrivaient très peu
admettre à la communion, et de leur donner de temps après ^. C'est d'eux que nous ap-

Fleury, ibid., pag. 474. lom. X ConaV , pag. 15'23 et seq.


,

[XIl' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVl. — CONCILES DU XII' SIÈCLE. 1143

prenons les faits suivants .Alexandre III avait


: Poin. C'est un recueil de décisions ou cons-
eu dessein de condamner en ce concile cette titutions d'Alex.indie III,de ses prédéces-
proposition de Pierre Lomljard, évêque de seurs et de ses successeurs, et des décrets

Paris n Jésus-Christ, en tant qu'homme,


: des anciens conciles. Laurent l'avait trouvé
n'est pas quelque chose » mais sur les '
; du concile de Latran dans
à la suite des actes
remontrances de quelques cardinaux et l'op- un manuscrit. Pierre Grabe est le premier
position d'Ad.ira,évêque de Saint-Asapli au qui l'ait rendu public. Depuis il est passé

pays de Galles, qui avait été disciple de dans les collections ordinaires des conciles
Pierre Lombard, le pape changea de senti- corrigées par Surius. Comme il n'appartient
ment, et se contenta d'écrire à Guillaume, point au troisième concile de Latian, nous
archevêque de Reims, d'assembler les doc- n'en dirons rien ici.

teurs des écoles de Paris et de Reims, et de


ARTICLE V.
défendre sous peine d'anathème, à qui que
ce fût, de soutenir dans la suite cette pro- Conciles depuis l'an 1198 jusqu'à
position. Dans le même concile de Latran l'an 1200.
on pardonna aux évêques et autres ecclé-
DES CONCILES DE SENS [1198], DE DIJON [1199],
siastiques d'Allemagne qui avaient pris le
DE DALMATIE [1199].
parti de l'empereur Fridéric contre le pape
Alexandre. L'élection de Bertold, archevê- 1. En 1198 on découvrit dans le Nivernais
que de Brème, y ayant été déclarée nulle plusieurs hérétiques nommés poplicains
par défaut de formalité, le pape refusa de dont les erreurs étaient les mêmes que celles
l'ordonner prêtre, car il n'était pas même des manichéens. Ils avaient pour chef un

dans les ordres lorsqu'on le choisit pour appelé Terric. Caché depuis longtemps dans
remplir le siège de Biême, vacant par la une grotte souterraine à Corbigny, il en fut
mort de Baudouin. Alexandre sacra dans tiré et condamné au feu après avoir été ,

le concile deux évêques anglais et deux convaincu d'hérésie. Michel, archevêque de


écossais, dont l'un était venu à Rome avec Sens, invité par l'évêque d'Auxerre, se ren-
un seul cheval l'autre à pied avec un
, dità la Charité, ville du diocèse d'Auxerre,
compagnon. Il y fit deux nouveaux cardi- avec les évêques de Nevers et de Meaux,
naux Guillaume, archevêque de Reims,
, pour y informer contre ceux qui étaient in-
beau-frère du roi de France, et Henri, abbé fectés d'hérésie. Plusieurs hommes très-ri-
de Clairvaux, à qui il donna l'évêché d'AJ- ches furent cités, mais ils refusèrent de com-
bane *. Enfin il y déclara son légat, Lau- paraître, et s'absentèrent. Les évêques les
rent, arclievêque de Dublin, dans l'Eglise excommunièrent et les livrèrent au bras sé-
d'Irlande c'était un prélat d'une vertu con-
: culier. Le clergé et le peuple de la Charité
sommée; il ne vécut que deux ans après le étaient présents à l'enquête. Le doyen de
concile, étant mort le 14 novembre 1181. Le Nevers, et l'abbé de Saint-Martin de la même
pape Honorius III le canonisa en 1223 il est ; ville, furent dénoncés comme ditTamês pu-
honoré dans l'Eglise le jour de sa mort. bliquement pour cause d'hérésie. L'archevê-
29. Les actes du concile de Latran sont que de Sens les suspendit de leurs fonctions
beaucoup plus étendus dans le douzième et leur assigna un jour certain pour venir à
tome du S/jiciiéije de doni Luc d'Achéry, et Auxerre se délendie devant lui; le doyen de
le père Labbe en a donné un appendice qui Nevers comparut, mais comme il ne se fiouva
comprend cinquante titres particuliers sur point d'accusateurs, l'archevêque assisté des
toutes sortes de matières ', la simonie, le deux évêques d'Auxerre et de Nevers, et
dol, la contumace, les dîmes, le pouvoir aux de plusieurs jurisconsultes instruits du droit
personnes mariées d'entrer dans un monas- canonique et civil, fit d'ollice recevoir et
tère, les épousailles et le mariage, le |iouvoir examiner les témoins pour et contre, et pu-
des juges délégués, les appellations, l'usure, blier leurs dépositions. L'abbé de Saint-Mar-
la pluralité des bénéfices et quantité d'au- tin comparut aussi son prieur le chargea
;

tres ; avec la préface de Laurent surnommé non-seulement d'hérésie mais encore de ,

' Tom. X Coucil., pag. 15i8. trologie, col. 211-Î16. A oo trouve treule-
la suite
• oir sur Heuri une uotice hialorique par CrIicIIi,
\ deux lettres de ce prélal, l'ouvrage de la Cité de
me autre jjar D. Tissier et une troisième par Falri- Dieu pérégrinanle, en dix-luiil traités, {/.'éditeur.)
itie; i;Ur>6 sont reproduitps au loini' CCIV de la Pn. ' l'om. X Cnnci/., pBfi. 1535.
Il5i HISTOIKE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
plusieurs crimes, et il était prêt à se porter nant au cas que les charges portées par les
pour accusateur lorsque l'abbé appela au informations se trouveraient véritables, de
pape. L'archevêque, n'ayant aucun égard à le déposer encore de la prêtrise et de l'en-
cet appel frustratoire, admit l'accusateur à fermer dans un monastère, de crainte qu'il
produire ses témoins, et les informations ne prît parti avec les héiétiques. La com-
faites, il remit le jugement au concile qu'il mission du pape est du 19 juin H99.
devait tenir à Sens ', et y ajourna les par-
4. La même année, vers la mi-janvier, le
ties. légat Pierre de Capoue, chargé de la part
Actodoct
2 L'archevêque y présida assisté des évê- d'Innocent III de travailler à réconcilier les
ques de Troyes, d'Auxerre et de Nevers. deux rois de France et d'Angleterre, fit tenir
Le doj'en de celte Eglise comparut, proposa une conférence aux confins des deux royau-
quelques reproches contre les témoins, quel- mes, entre Andely et Vernon -. L'assemblée
ques raisons pour sa défense, puis demanda fut composée d'un grand nombre d'évêques,
à être jugé la preuve pour le condamner
; d'abbés, de seigneurs, et d'autres, tant ec-
comme coupable d'hérésie ne s'étant point clésiastiques que laïques; mais on ne put
trouvée assez claire, l'archevêque ne voulut convenir de la paix, et tout le fruit de celte
pas prononcer, mais aussi il refusa de recevoir conférence fut une trêve pour cinq ans. Le
la purgation canonique que le doyen offrait, pape la confirma, et toutefois elle n'en fut
car il était prouvé qu'il avait eu des liaisons
pas plus solide, à peine dnra-t-elle jusqu'à
avec les hérétiques, et qu'il les avait recher- Pâques, c'est-à-dire environ trois mois.
chées; ainsi il le renvoya sans labsondre au 5. Le légat Pierre de Capoue ne réussit
Saint-Siège, auquel il appartient de dispen- pas mieux à réconcilier la reine Ingelburge
ser de la sévérité des canons, ou de l'excé- avec le roi Philippe; apiès y avoir travaillé
der. Le pape Innocent III, après l'avoir oui pendant tout le cours de l'année H99, il fit

en consistoire, le renvoya sur les lieux pour une dernière tentative dans le concile qu'il
s'y purger par le témoignage de quatorze per- assembla à Dijon ^, en l'église de Saint-Bé-
sonnes de son ordre qui fussent d'une foi pure nigne, le jour de la fête de saint Nicolas, 6
et de probité connue. La sentence du pape,
décembre. Les archevêques de Lyon, de
qui est du 7 mai H99, porte que si le doyen
Reims, de Besançon et de Vienne y assistè-
ne peut accomplir la purgation, il sera dé-
rent, avec dix-huit évêques et plusieurs ab-
posé et enfermé dans un monastère pour faire
bés, nommément ceux de Cluny et de Saint-
pénitence; que si au contraire il l'accomplit,
Denis en France. Le dessein du légat était
il sera rétabli dans son bénéfice.
de procéder contre le roi par les censures
suiis. Quant à Rainald, abbé de Saint-Martin,
.3.
ecclésiastiques, et de publier un interdit
quoiqu'il eût réitéré dans le concile son appel
contre son royaume. Le prince qui l'avait
au pape, l'arclievèque ne laissa pas de le prévu fit appeler au pape par ses envoyés.
déposer de sa charge d'abbé, tant pour cause
Pierre de Capnue, sans déférer à l'appel,
d'adultère que pour d'autres crime? dont il pour un temps l'exécution de l'ordre
différa
avait été convaincu mais à l'égard de l'ac-
;
du pape, afin de l'exécuter plus commodé-
cusation d'hérésie, il ne voulut rien pronon-
ment ailleurs que dans les Etats du roi. C'est
cer, se contentant d'envoyer au pape les dé-
pourquoi il assembla quelques jours après
positions des témoins qui prouvaient que cet
un concile à Vienne en Dauphiné, alors terre
abbé avait soutenu deux erreurs l'une, que :
de l'empire. 11 s'y trouva quelques archevê-
le corps de Noire-Seigneur va au retrait
ques de France, et en leur présence le légat,
comme les autres aliments l'autre que ; , trois semaines après Noël, c'est-à-dire à la
tous à la fin seront sauvés. L'abbé Rainald mi-janvier de l'an 1200, publia l'interdit sur
ainsi déposé chanoines réguliers de
, les toutes les terres de la dépendance du roi,
Saint Martin en élurent un autre. Il ne pour-
avec ordre à tous les prélats du royaume de
suivit pas son appel, et le pape voyant qu'il
l'observer sous peine de suspense. Dans les
ne comparaissait pas, ni personne de sa part, lettres qu'il leur adressa, il eut soin d'insérer
renvoya l'examen et la décision de sa cause l'ordre qu'il avait reçu du Saint-Siège sur ce
à Pierre de Capoue, son légat en France, et à sujet. L'interdit dura jusqu'au 7 septembre
Eudes de Sully, évêque de Paris, leur ordon- de la même année. Le roi Philippe en fut

' Tom. XI Concil. l,ag. 3. 2 Iliid., p,-!'.'. 7. — •!


Ibid.; pay. 11.
[xni'siÈCLE.] CHAPITRE LXXXVIl CONCILES DU XIII' SIECLE. M 43
tellement chassa de leurs sièges
irrité qu'il promu au diaconat ; et il en sera de même
^*
les évêques qui avaient consenti ou qui s'é- du diacre avant d'être élevé à la prêtiise, qui
taient soumis à cet interdit, bannit de ses ne pourra être conférée qu'à trente ans.
terres leurs chanoines et leurs clercs et con- 8. Les dîmes et les oblations des fidèles a.

fisqua Icuis biens. tant pour les vivants que pour les morts, se-
Nous avons déjà parlé ailleurs des dé-
6. lonl divisées en quatre parties, l'une pour
marches que le grand jupan de Servie fit l'évêque, l'autre pour le besoin des églises,
auprès du pape Innocent III pour réduire la troisième pour les pauvres, la quatrième

ses Etats à l'obéissance de l'I^nlise romaine, pour les clercs. Il est défendu sous peine de >•

et remarqué que pape lui envoya pour


le privation d'office et de bénéfice, à tout prê-
coopérer à une si bonne œuvre, deux reli- tre de révéler ce i|u'il aura ouï dans une
gieux nommi'S Jean et Simon en qu:ililé de confession particulière. Quiconque aura s-

légats. Ils logèrent chez Etienne, c'était le frappé avec violence un évéque, un prêtre,
nom du grand jupan, et y tinrent un con- un clerc, un religieux, encourra l'excom-
cile ', assistés de l'archevêque de Dioclée et munication, dont il ne pourra être absous

d'Antivari (qui ne laisaient qu'une Eglise de- que par pape ou par son légal, après une
le

puis la lénniou qui en avait été faite par satisfaction convenable pour celte faute. On
Alexandre II en 1003), de l'archiprêtre d'Al- décerne la même peine contre celui qui tra-
bane et de six évêques. Tous souscrivirent duira un clerc devant les tribunaux sécu-
aux canons qui furent faits dans cette assem- liers pour y être condamné à l'épreuve du
blée, les légats les premiers. fer chaud, de l'eau, ou pour y subir tout
7. Ces car.ons sont au nombre de douze autre jugement. Les mariages sont défendus o.

dont voici la subslance. Défense aux évêques entre parenls au quatiième degré. Il est or- '•

de recevoir de l'argent pour promouvoir donné aux clercs de se raser et de porter la


quelqu'un aux ordres sacrés ou poui' la colla- tonsure. Défense, sous peine d'excomrauni- s.

tion d'un bénéfice. On n'ordunneia ni piè- cation, aux laïques, de juger les clercs, et de
tres ni diacres mariés, qu'auparavant leurs leur conférer des églises. Ceux qui eu rece-
femmes n'aient fait vœu de continence entre vront de leurs mains subiront la même peine.
les mains de l'évêque et si quelqu'un des
; On excommunie aussi ceux qui se sont em- s

prêtres ou des diacres se marie après l'ordi- parés des biens de l'Eglise, jusqu'à ce qu'ils
nation, s'il ne renvoie sa femme et ne l'ait pé- aient restitué et ceux qui retiennent des
,

nitence, il sera privé de son oûice et de son Latins en esclavage.


bénéfice ecclésiastique. L'ordination pour 9. La même peine est imposée à ceux qui '»,
les ordres sacrés est fixée aux qualrc-temps, répudient leurs femmes avant le jugement
le pape seul ayant l'autorité d'ordonner des de l'Eglise. Défense de promouvoir aux or- n
sous-diacres chaque dimanche de l'année ; dres sacrés les enfants de prêtres et ceux
celui qui aura été oidonué sous-diacre en qui ne sont pas nés d'un légitime mariage.
fera les fonctions pendant un an, avant d'être

CHAPITRE LXXXVIl.
Conciles du XIII^ siècle.

AHTICLE I . KT DE REDI.NGl'E [i206j; DE NARBONNE [I 207];


STATUTS DU LÉGAT GALON [1208]; CO.N'CILES DE
Conciles depuis l'au 1200 jusqu'à
.MO-NTÉLiMAR [1209]; d'avignon [12U'J]; DE
l'an 1212.
PARIS [I209J; D'AVIGNON [1210]; DE SAINT-
CONCILES DE LONDRES ^I2U0J; DE NÉELLE [1:200,; GILLES [1210]; d'arles [ 2 1 1 J; de romi; [ 1 2 1 0];
1

iiE soissoNS [1201]; dk paris il:20ij; de DE paris [1212].


l'EUTHE EN ECOSSE [1201]; AUTRE CONCILE
U'ÉCOSSE [1201]; DE MEAUX[120-4j; de LA.MBYT 1. L'an 1200, Hubert, archevêque de Can- coreii.
'

torbéry. assembla, sans avoir égard â la dé- ù'oo""'

ioui. XI f' .7., i.aa. 7. fense de Gcotfroi, coiiite d'Essex, grand jus-
,

H46 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.


ticier d'Angleterre , un concile général à prendront garde eux-mêmes de ne point
Londres ' dans l'église de Westirinster. 11 y s'approcher de l'autel qu'ils ne se soient con-
publia quatorze décrets, avec orJre à tous fessés des fautes dans lesquelles ils seront
ceux de sa dépendance de les observer in- tombés, et de ne point imposer de messes
violablement. La plupart de ces canons pour pénitence à ceux qui ne sont pas prê-
avaient été publiés dans le concile de Lalran tres.

sous le pape Alexandre III, en 1179, on ne 3. Défense de diminuer la dime sous pré- c.» 9.

les répétera pas ici. Le premier ordonne aux texte des frais de la moisson. Les prêtres
prêtres de réciter les paroles du canon de la auront pouvoir d'excommunier avant l'au-
messe distinctement, ni trop vite, ni trop tomne ceux qui fraudent la dime, et de les
lentement, et d'observer la même règle dans absoudre suivant la forme de l'Eglise; mais
la récitation des Il leur est dé-
offices divins. ceux qui retiendront lesdîmes après avoir
fendu dans le second de célébrer deux fois été avertis trois fuis seront soumis à l'ana-
la messe en un même jour, sinon en cas de thème; quant aux dimes des terres nova-
nécessité; alors il ne fera point l'ablution du les, elles ne seront payées qu'aux églises

calice, et il réservera celle des doigts pour la paroissiales. 11 est défendu à un homme de n.

prendre après la seconde messe, si ce n'est contracter mariage avec les parentes de sa
qu'il y un diacre ou quelque autre mi-
ait première femme, et à une femme avec les
nistre qui soiten état de prendre cette ablu- parents de son premier mari, et au baptisé
tion à la première messe. Le même canon de se marier avec la fille de celui qui l'aura
ordonne de porter l'eucharistie aux malades baptisé ou tenu sur les fonts de baplême.
dans une boite propre et couverte d'un linge, Avant que l'on puisse contracter mariage,
en faisant précéder la croix et la lumière, à on l'annoncera trois fois publiquement dans
moins que le malade ne soit trop éloigné. Il l'église, et le mariage se célébrera publi-

veut aussi qu'on renouvelle l'hostie chaque quement dans l'église, le prêtre présent ;

dimanche que l'on observe avec soin de ne


;
autrement le mariage ne sera pas admis
pas donner une hostie non consacrée au lieu sans un ordre spécial de l'évêque. Aucun
d'une consacrée; que l'on ne porte pas en des conjoints ne pourra entreprendre un
secret l'eucharistie h celui qui ne la demande long pèlerinage, à moins qu'il n'ait été fait
pas, mais qu'on la donne publiquement à déclaration publique du consentement mu-

celui qui la demande avec instance, si ce tuel des deux parties.


'^
n'est que son crime soit public. 4. Lorsqu'il y aura en un endroit des lé-

2. Il est ordonné par le troisième d'admi- preux, on leur permettra de se bâtir une
nistrer le baptême et la confirmation à ceux église ou chapelle avec un cimetière et ,

qu'on doute avoir été baptisés ou conQrmés, d'avoir un prêtre à leur service.
parce qu'on n'est pas censé réitérer un sa- 5. Toute la France était dans la tristesse, ^^^.

crement quand on n'a point de preuve qu'il parce que depuis l'interdit elle était privée '^""•
ait été conféré; c'est pourquoi on doit bap- de l'usage des sacrements et de la liberté
tiser les enfants exposés quand ou doute s'ils d'enterrer les fidèles dans les cimetières or-

l'ont été soit qu'on trouve avec eux du sel


,
dinaires, lorsque le légat Octavien assembla

ou non. Le concile ne parle pas du baptême à Néelle en Vermandois -, dans l'église de

sans condition, mais il dit que quand un en- Saint-Léger, les archevêques et évêques de
fant a été baptisé par un laïque dans le cas France, la veille de la Nativité de la sainte
de nécessité, le prêtre doit suppléer les cé- Vierge, 7 septembre 1200. Le roi Philippe
rémonies et les prières qui suivent l'immer- et Agnès de Méranie s'y trouvèrent. Ce

sion, et non celles qui la précèdent. Les prince, suivant les ordres du légat et le con-
prêtres, dans l'administration de la péni- seil de ses amis, éloigna de lui Agnès, re-

tence, auront égard à toutes les circonstan- prit Ingeburge, et jura en son âme qu'il la

ces du péché et à la douleur du pénitent, et traiterait en reine et ne la quitterait point

n'imposeront point de pénitence h une femme sans jugement de l'Eglise; eu même temps
qui puisse la rendre suspecte à son mari de Octavien leva l'interdit, on sonna les cloches
quelque crime caché, et useront de la
ils et la joie fut grande parmi le peuple. Ce-

même précaution à l'égard du mari; ils pendant le roi Philippe soutenant toujours

'
Tom. XI Conci/., pag. 13. « Ibid., pag. 20.
[Xlll' SIÈCLE. CHAPITRE LXXXVII. — CUNCILES DU XllI» SIECLE. 1147

qu'Ingelburse ne pouvait èlic sa lemme ;i peiinirent. Le clerc se fit admirer, et le car-

cause de la purenlé, demanda que son ma- dinal de Saint-Paul l'ayant oui, était prêt à
riage fût déclaré nul. Le légal, suiviint ses prononcer définitivement en faveur du ma-
instr'jclions, lui de six mois
donna un délai riage, lorsque le roi amena Ingelburge, fai-

pour prouver la nullité de son mariage. Le sant savoir aux prélats qu'il la reconnaissait
légat rendit compte au pape de ce qui s'é- pour sa femme, et qu'il ne voulait plus en
tait passé à Néelle, et les archevêques et être séparé. Ainsi finit le concile de Sois-

évêques de France lui écrivirent sur le même sons.


sujet. Le pape écrivit à la reine Ingelburge 7. Le même légat qui y avait présidé en
et à Canut, roi de Danemark, son frère, de tint un quelque lem])s après à Paris - à cette
se préparer à bien défendre sa cause. occasion. Henri, comte de Nevers, avait con-
6. La reine choisit pour l'assemblée la fié le gouvernement de sa terre à un cheva-

ville de Soissons. Elle se tint vers le milieu lier nommé Eviaud, homme habile dans les

du mois de mars 1201 '. Le roi s'y rendit all'aires. Abusant de son autorité, il oppri-

avec les évêques et les seigneurs du royau- mait les peuples, ce qui le rendit odieux. On
me, et la reine accompagnée de quelques l'accusa de l'hérésie des bulgares ou vau-
évêques et des envoyés du roi de Dane- dois, la môme que celle des manichéens.

mark, son frère. Ceux-ci demandèrent d'a- Cite pour cette raison devant le légat, ce
bord au roi Philippe sûreté de parler pour la prélat lui donna jour pour se purger publi-
reine Ingelburge et de retourner chez eux. quement au concile qu'il devait assembler à
L'ayant obtenue, le roi demanda d'être sé- Paris. Les archevêques et évêques du royau-
paré d'Iugelburge, disant que son mariage me s'y trouvèrent avec plusieurs docteurs de
avec elle ne pouvait subsister à cause de leur cette ville. On y amena Evraud, et l'on pro-

parenté. Les députés de Danemark firent le duisit contre lui des témoins et des preuves

rapport des démarches que le roi et ses am- littérales. Convaincu d'hérésie, à la pour-

bassadeurs avaient faites pour son mariage suite surtout de Hugues, évèque d'Auxerre,

avec Ingelburge, du serment qu'ils avaient il fut jugé définitivement et livré à la puis-
faiten son nom qu'il l'épouserait, la ferait sance séculière; mais on le rendit aujiara-
couronner et la traiterait en épouse et en vant au comte de Nevers, pour lui rendre
reine, tout le temps qu'ils vivraient l'un et compte de son administration. Mené ensuite
l'autre, et des lettres qu'ils avaient en main, à Nevers, il y fut brûlé en présence de tous
tant du roi que de ses ambassadeurs, por- ceux dont il s'était fait haïr en les oppri-
tant ce serment. Us ajoutèrent : <i Et parce mant.
que vous avez traité la reine autrement que 8. On met en un concile à Perlhe en
1201
vos ambassadeurs avaient promis, nous les Ecosse ^ dont on dit que les actes furent
accusons de parjure devant le pape, à qui écrits par Raoul, abbé de l'ordre de Cîteaux.
nous appelons aussi de ce juge lu seigneur Us n'ont pas encore été rendus publics, et
Ûctavien qui nous est suspect, comme se l'on sait seulement que ce concile fut assem-
disant votre parent et vous favorisant mani- blé jiour la réformation des mœurs.
festement. La reine Ingelburge interjeta
1) 9. Quelque temps avant la mort de Foul-

aussi le même appel. Le légal Oclavien pria ques, curé de Neuilly-sur-Marne, ariivée au
les envoyés de Danemark d'al tendre l'arri- ruois de mai li02, Eustaclie, abbé de Flay,
vée de Jean, cardinal de Saint-Paul, que le qui l'avait accompagné dans les provinces
pape Innocent lil lui avait donné pour col- pour prêcher avec lui la parole de Dieu et
lè>;ue dans le jugement de cette all'airc. la croisade, retourna en Angleterre, où al-

Mais ils se retirèrent, disant qu'ils avaient lant de ville en ville, il prêchait sur l'obser-
appelé. Trois jours après, le cardinal de vation du dimanche '. Son principal but
Saint-Paul arriva à Soissons. On s'assi'mbla était d'empêcher qu'on ne tint en ce jour
de nouveau. Les avocats du roi parlèrent des marchés, et qu'on s'y abslint des œu-
pour lui; mais la reine n'avait personne vres serviles. Il publia à cet ell'et une lettre

pour la défendre, lorsqu'un pauvre clerc que l'on disait cire venue du ciel, avoir été
inconnu s'oU'ril pour plaider la cause de trouvée à Jérusalem, et reçue par le pa-
cette prince-se. Le roi et les deux légats le triarche et par un archevêque nommé Acca-

V'ini. M Concil., [liit;. H. — ' lliid., pan. Î4. Ibid. - ' Ibid.
H48 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rias. Elle était écrite au nom de Dieu, que pour l'apaiser Jean, abbé de Casemaire, et
l'on y faisait parler pour exhorter le peuple l'abbé de Trois-Fonlaines tous deux de
.

à la pénitence, et particulièrement à l'ob- l'ordre de Cîteaux. Ils signifièrent aux deux


servation du dimanche, avec des menaces rois le mandement du pape, pour assembler
terribles contre ceux qui y manqueraient. les évêques et les seigneurs du royaume^,
La manière de était de
sanctifier ce jour sauf le droit des deux rois. Philippe répon-
s'abstenir de toute oeuvre servile , même dit aux légats que le pape n'avait aucun droit
d'achetir et de vendre, sinon la nourriture de se mêler des différends des rois, et qu'ils
aux passants. On devait observer le dimanche n'étaieut point obligés de recevoir ses ordres,
depuis l'heure de noue du samedi, jusqu'au en ce qui regardait leurs vassaux. Le pape,
soleil levé du lundi. L'abbé Eustache porta informé de cette réponse par l'abbé de Ca-
cette lettre à York, donna au peuple la pé- semaire ^ écrivit au roi Philippe qu'il ne
nitence et l'absolution pour avoir mal ob- prétendait pas s'attribuer une puissance in-
servé les dimanches et les fêtes, en leur en- due; qu'en se mêlant de faire la paix entre
joignant de les observer à l'avenir en la lui et le roi d'Angleterre, il ne touchait au

manière que nous venons de dire, et en droit ni de l'un ni de l'autre, mais aussi
vaquant à la prière et aulres bonnes œuvres. qu'on ne pouvaitlui contester celui déjuger
Le peuple dévot qui avait assisté aux pr. di- ce qui regarde le salut ou la damnati(m de
cations de labbé Eustache, promit d'obéir à l'âme. Par la même lettre, il fit part au roi
ses ordres et de donner sur le prix de tout Philippe des torts dont se plaignait le roi
ce qu'ils vendraient une aumône pour le Jeun, et des démarches qu'il avait pour f.nites

luminaire de l'église et la sépulture des pau- la paix. 11 pour lui


écrivit aussi à ce prince *
vres. A cet effet l'abbé fit mettre un tronc repiésenter les plaintes du roi de France;
en chaque église paroissiale; mais le roi et et une troisième IpttTe ^ aux évêques de
les seigneurs s'opposèrent ù ces établisse- France dans laquelle il déclare qu'il ne pré-
ments, et maintinrent l'usage de tenir les tend dinjinuer en aucune façon la juridic-
marchés au jour de dimanche. L'auteur de tion du roi, ni la troubler, mais seulement
qui nous apprenons ces faits, débite plu- prononcer sur les péchés dont la correction
sieurs punitions miraculeuses sur ceux qui lui appartient comme appelé au gouverne-
avaient fait des œuvres serviles le jour du ment de l'Eglise universelle.
dimanche. On ne voit pas pourquoi les col- H. L'abbé de Casemaire, voyant que tous
lecteurs des conciles y ont inséré celte let- ses soins et les voyages qu'il avait faits tant en
tre, puisque dans co qui précède, ni dans ce France qu'en Angleterre, n'avançaient pas la
qui suit, il n'est pas question d'assemblée paix entre les deux rois, assembla un concile
d'évéques. Il est parléd'une semblable lettre à Meaux. On y lut les lettres du pape, et les
dans le concile de Rome en 745 et dans le évêques, après avoir observé aux légats que
second tome des Capitulaires donnés par le roi d'Angleterre n'avait point obéi , et
Baluze ce qui prouve qu'il n'était pas
'
, craignant que l'abbé de Casemaire ne pro-
nouveau d'en supposeï- en ce genre. cédât en qualité de légat, appelèrent au pape.
dO. Jean, roi d'Angleterre, ayant fait tirer Us se rendirent à Rome au terme prescrit,
son neveu ArDiur, comte de Bretagne, d'une et voyant que personne ne se présentait de

tour ûti il le faisait garder, le tua de sa main la part du roi d'Angleterre, ils déclarèrent
dans un bateau, et fit dans la
jeter le corps dans un consistoire public qu'ils n'avaient
Seine le jeudi saint, 3 avril 1203. Sur la point appelé pour éluder le mandement du
nouvelle de ce crime, Philippe, roi de France, pape, mais pour soutenir la justice de la
fit citer Jean comme son vassal, pour répon- cause de leur roi; et que s'il reslail quelque
dre sur ce fait. Jean n'ayant pas comparu, soupçon contre eux à cet égard, ils étaient
Philippe, par le jugement des pairs, entra prêts à s'en purger canoniquement; mais le
en Aquitaine, puis en Normandie, et y fit pape les en dispensa.
plusieurs conquêtes sur le roi d'Angleterre. 12. En 1206, Etienne de Langlon, arche-
Tel était le sujet de la guerre entre ces deux vêque de Cantorbéry, tint un concile provin-
princes, lorsque le pape Innocent Ili envoya cial dans un château de sa dépendance.

Pag. 13'Jii. Ub. VI, Emst. !63.


Tom. XI ConciL, i
Lib. VII, Epist. 4?.
[Xlir SIÈCLE CHAPITRE LXXXVII. -=- CONCILES DU XIII SIÈCLE. 1149

nommé Lambyt où il publia trois ordon-


', neur et lui demandèrent conseil. Il s'informa
nances, dont la première règle le droit de des mœurs de ces hérétiques, et, apprenant
mortuaire qu'on doit aux églises. La seconde qu'ils séduisaient les simples pai- un exté-
défend les assemblées que les paroissiens rieur de modestie et de sainteté, voyant an
d'un même lieu faisaient pour boire, sous contraire que les missionnaires catholiques
prétexte d'un repas de charité. 11 est défendu, avaient de grands équipages, beaucoup d'ha-
par la troisième, aux prélres de dire plus bits, de valels, de chevaux et faisaient ,

d'une messe par jour, sinon aux fêtes de grande dépense, il leur fit entendre qu'ils
Noël et de Pâques, ou lorsqu'un curé est ne ramèneraient pas à la foi ces gens-là par
obligé d'enterrer un mort dans sa propre les paroles seules; qu'il fallait combattre

église, ou qu'il faille la dire pour son con- leur vertu apparente par une vraie piété, et
imiter la vie des apôtres. 11 en donna lui-
frère arrêté par quelque maladie, ou pour
quelqu'autre nécessité. En ces cas le célé- même l'exemple en renvoyant ses chevaux,
brant ne doil prendre Tablution qu'à la der- ses équipages et tous ses domestiques, ne
nière messe. Le Itt octobre de la même an- gardant qu'un seul compagnon, savoir, Do-
née, Jean de Ferentino, légat du Saint-Siège, mingne ou Dominique, chanoine réguher et
assembla un concile en .Angleterre dans l'ab- sous-prieur de sa cathédrale. Les mission-
baye de Redingue -. Les actes n'en sont pas naires en firent autant ils embrassèrent la
:

venus jusqu'à nous. pauvreté évangélique, n'allèrent plus qu'à


13. Il est parlé dans les Gestes de saint pied, et par leurs discours et leurs exem-
Dominique, instituteur de l'ordre des frèies ples, ren Mrent odieux aux peuples les
ils

prêcliLurs, d'un cuucile tenu dans la pro- chefs des hérétiques, et ramenèrent à la foi
vince de Narbonne ^, savoir à Monlpellier, calholique ceux qui avaient été séduits.
en 1207, et c'est de là que Viiicent de Beau- 11. L'année suivante, 1208, le pape Inno-
vais a tiré ce qu'il dit de cette assjmblée; cent III envoya en France Galon, cardinal
mais l'auteur de ces actes est sans aulorile diacre du titre de Sainte-Marie du Portique,
pour ce qui regarde la tenue de ce concile, jurisconsulte et homme de bonnes mœurs *.
dont la date même ne peut s'accorder avec Quelques-uns l'ont confondu avec Galon ,
l'histoire de l'évéque d'Usma, ni avec celle évéque de Paris ^ sous le pontificat de Pas-
de saint Dominique. Ils passèrent à Mont- cal H. Mais celui-ci ne fut ni cardinal, ni lé-
pellier en 1206, et l'on ne voit nulle pari gat en France. Ciaconius est le seul qui lui
qu'ils y soient retournés en 1207. On ne voit donne le titre de cardinal, en supposant sans
pas non plus où l'auteur a lu que douze ah- doute qu'il était auteur d'un règlement de
îîés de Cileaux se soient trouvés à Monlpel- discipline que nous avons sous le nom du
lier en ci.'tte année. Quoi qu'il en soit, voici cardinal Galon. Mais on convient que ce règle-
ce qu'on dit de ce concile. Le pape Inno- ment n'est pas de lui, mais de Galon, en-
cent III, voyant les ravages que hérésie I voyé légat en France par Innocent 111. Il esl
faisait dans le terriloire d'Albi, envoya pour divisé eu dix articles, qui concernent la con-
s'y opposer douze abbés de l'ordre de Ci- tinence des clercs, la modestie de leurs ha-
teaux, avec .\rnauld, abbé du même ordre, bits et leur désintéressement. Il est défendu

légat du Sainl-Siége. Us assemblèrent un par le premier aux prêtres et autres e^.xlé-


concile d archevêques et de prélais les plus siasliques, sous peine d'excommunication,
voisins, pour concerter avec eux commeiil après une monilion légitime, d'avoir dans
ils allaqueraient les hérétiques. Us êlaieut leurs maisons des femmes suspectes, à l'ex-
encore en délibération, lorsque Diego, évêque ceplion des clercs qui, n'étant que dans les
d'Osma, recommaiidable par sa naissance, ordres mineurs, peuvent se marier, mais
son savoir, sa veitu et son zèle pour le salut non pas retenir leurs bénéGces avec leurs
des âmes, arriva. Us le reçurent avec hon- femmes. Par le même article, il est ordonné

' Toin. XI Concil., pag. 30. quel il accorde l'églUe de Saint-Eloi aux moincâ de
' Ibiil. — ' Ibid., pag. ai. Uossal . se trouve ibid., col. 7i5-7i8. Il est auiv'
* Ibid ,
png. 32. d'une lettre qu'Auseline cliantre du Saint-Sépulcre,
,

s Voyez la iiolice lirée de la Gallia chrisdana, adresse à Galon et à l'Eglise de Paris eu leur eu-
lomB Ll.Xll de la Palioloyie, col. 7Î1-7Ï6. On a de voyonl du bois de la vraie Croix. Il y raconte à la
Ouloii nn.j iuUre ù Lambert, évéque d'Arras; ello fin l'histoire de U croix dn SfiiiTenr. [I.'édileur.]
est nn loiiip (:i,XII,i'ol.091 et suiv l'n ilipliiim; p.jr le-
1150 HJSTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
qu'on avertira les autres ecclésiiistiques de tant pour y justifier sa conduite que pour se
n'avoir pas même avec eux leurs mères ni rendre le pape favorable. Raymond lui fit
leurs plus proches piirenles. Le second dé- demander par ses envoyés un prélat romain
fend sous la même peine de rien exiger pour en qualité de légat à latere, avec lequel il
le baptême, la sépulture, la bénédiction, ui pût traiter, disant que l'abbé de Citeaux lui
pour les aulres sacrements de l'Eglise. Il était suspect. Innocent UI nomma pour cette
permet néanmoins d'avertir les laïques de fonction Milon, son notaire ou son secré-
ne pas refuser par un motif d'avarice ce que taire, et lui associa, non pour la légation,
la dévotion des fidèles a mis en usage de mais pour le conseil, un chanoine de Gênes,
donner pour témoigner leurs respects pour nommé 'J'héodise. lisse rendirent à Auxerre,
les sacrements. où Arnaud, abbé de Citeaux, les attendait.
13. On défend dans le troisième anx prê- Milon le consulta sur divers articles. L'abbé
tres et à ceux qui sont dans les ordres sa- lui conseilla entr'autres d'assembler un con-
crés, de porter des luibits de couleur rouge cile et d'y appeler les évêques qu'il juge-
ou modo de ceux des séculiers. La
faits à la rait à propos, avant de procéder contre le
même défense est faite aux doyens, aux ar- comte de Toulouse. Le concile fut convoqué
chiprêlres, aux archidiacres et à tous ceux à Moutélimar '. Suivant le résultat de cette
qui ont le soin des âmes. Elle s'étend jusque assemblée, Milon cita le comte de Toulouse
sur les moines auxquels on ne permet ni des à Valence, et lui fixa un jour pour compa-
habits somptueux, ni d'autres couleurs que la raître devantlui. Ce prince se rendit en cette
noire. Ils sont compris également dans la ville vers la mi-juin de l'an 1209, et promit
défense faite aux clercs de prêter à usure et d'exécuter tous les ordres du légat, lequel
de négocier. Le septième article charge les lui ordonna de remettre sept de ses châteaux
prélats de faiie observer ces règlements, à l'Eglise roiuaine pour la sûreté de ses pro-
même en employant les censures ecclésias- messes. Le comte se soumit à tout, et prêta
tiques. Le huitième met une exception pour serment entre les mains de Milon, portant
les docteurs et les étudiants de l'école de qu il se remettait lui-même, avec sept châ-
Paris, et ordonne qu'avant de procéder con- teaux, à la miséricorde de Dieu et au pou-
tre ceux qui y contreviendront, ils soient voir absolu de l'Eglise romaine, du pape et
admonestés par les maîtres et menacés d'ex- de son légat, pour servir de caution au sujet
communication. Le neuvième porte qu'en des articles pour lesquels il avait été ex-
cas d'une résistance opiniâtre, ils seront dé- communié.
noncés excommuniés par le chancelier de n. Milon , serment de
après avoir reçu le

l'école, qui n'aura aucun commerce avec Raymond, lui donner


alla à Saint-Gilles pour
eux jusqu'à ce qu'ils se corrigent, qu'ils l'absolution et le réconcilier à l'Eglise *. Le
aient satisfait et reçu l'absolution de l'évc- légat était accompagné de plusieurs arche-
que, ou de l'abbé de Saint-Victor en l'ab- vêques et évêques du royaume. Le 18 juin
sence de l'évêque. Dans le dixième article, 1209 le comte Kaymond fut amené en che-
,

le légat ordonne aux maîtres de faire exé- mise, nu jusqu'à la ceinture, devant toute
cuter soigneusement tous ces règlements, l'assemblée, et jura sur les Evangiles, eu
sinon dans le cas de nécessité, où les peines présence des saintes reliques, de l'eucharis-
tie et du bois de la vraie croi.';, qu'il obéirait
y portées ne pourraient avoir lieu.
16. La foi se trouvant en grand péril dans à tous les oidres du pape, de Milon, légat du
les provinces de Narbonne, de Bourges et oaint-Siége apostolique et de tous autres lé-
de Bordeaux, les évêques députèrent au gats, touchant tous et un chacun des articles
pape Innocent III pour demander du secours pour lesquels il avait été excommunié. Ces
contre les albigeois. Le pape publia une articles sont au nombre de quinze qui con- ,

croisade contre ces hérétiques, et ciiargea tiennent en substance que le comte Raymond
l'abbé de Citeaux de rassembler les croisés. n'avait pas voulu jurer la paix quand les au-
Raymond, comte de Toulouse, fauteur de tres la juraient; qu'il n'avait pas gardé ses
l'hérésie, voyant que l'orage allait tomber serments sur l'expulsiop des hérétiques et
sur sa tête, prit le parti de la soumission à de leurs fauteurs; qu'il les avait au contraire
l'Eglise, envoya des ambassadeurs à Rome, toujours favorisés; qu'il avait violé les jours

»Tom. I Concil , pag. 9S, e\. Histoire de Languedoc, tom. III, pae. 159 el suiv. — ' Ibid,
,

[xui' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVU. — CONCILES DU XI1I« SIÈCLE. 1151

de carême de qualre-temps, qui devaient


et jours de dimanches el de t'èles tous les usu-
être des jours de sûreté; qu'il avait contié à riers en général , el en particulier ceux qui
des juifs les ollices publics, et forlilié les après trois monitions s'opiniâtreront à con-
églises pour s'en servir comme de forte- tinuer leurs usures. Le* juifs seronlcoutraints Cil

resses; qu'il retenait les domaines des mo- sous la même peine de restituer aux chré-
nastères et des éf^lises; qu'il avait chassé de tiens ce qu'ils en auront exigé par usure, et
son siège Lévéque de Carpentras; qu'il était on les empêchera de travailler les dimanches
soupçonné du meurtre de Pierre de Castel- et de manger de la chair les jours d'absti-
nau; qu'il avait pris l'évéque de Vaison et nence. Le payement des dîmes étant d'obli- ,.

son clergé, et détruit leurs maisons; vexé galion et imprescriptible, on emploiera, s'il
les personnes religieuses et commis divers est besoin, les censures de l'Eglise pour y
brigandages. Le comte consentit, s'il n'ob- contraindre autres personnes par
les la'ics et

servait ce serment, à perdre sept de ses ch.l- qui elles sont dues, et aucun évêque ni clerc
leaux et à être de nouveau excommunié. ne pourra les aliéner à perpétuité en faveur
Après ce serment le légiit Milon lui donna
, des laïcs.

l'absolution, en l'obligeant à réparer tous les Défense aux seigneurs la'ics et ecclé-
19. -.

torts qu'il avait causés. Le même jour, les siastiques, sous peine d'excommunicalion et
consuls d'Avignon de Montpellier el de
, d'interdit sur leurs terres, d'y établir des
Nimes brent serment entre les mains du lé- péages et impôls injustes, si ce n'est qu'ils en
gat, du consentement du comte, d'agir de aient obtenu la permission des rois ou des
tout leur pouvoir pour l'obliger à observer empereurs. Il est défendu aux laïcs , sous :.

tout ce qu'il avait promis. Les consuls de pareille peine, d'exiger des clercs la taille et
Saint-Gilles en avaient t'ait un semblable la antres impôts, et de s'emparer des biens des
veille. Ou le lit passer devant le tombeau du évêques ou des ecclésiastiques après leur
bieuheuieux Pierre de Castelnau, au meurtre mort. On leur défend encore de se mêler de s.

duquel on l'accusait d avoir eu part, comme l'élection d'un évêqnoou d'un pasteur d'une
pour lui fane satisfaction. En promettant la église, d'empêcher de cette élection,
la libellé

réparation des torts, il s'engagea en particu- el d'extorquer, sous quelque prétexte que ce
lier à rétablir l'évéque de Carpentras el l'é- soit, une partie des revenus annuels des mai-

véque de Vaison dans tous leuis droits; d'ô- sons religieuses et des ecclésiastiques. Les 9.

ter aux juifs le maniement des atlaires publi- cliâteaux et fortifications que l'on avait en
ques, et de conserver les immunités des quelques endroits joints aux Eglises, étant
Eglises. Puis, pour se garantir des croisés (li'vcnus des retraites de voleurs et des lieux
qui devaient entrer dans ses terres il de- , d'abomination, le concile ordonne de les dé-
manda au légat de lui donner la croix à lui- molir, à l'exception des fortilications néces-
même et à deux de ses chevaliers. saires pour repousser confirme
les païens. Il lo,

18. Au mois de septenibre de la même an- les lois déjà faites pour l'observation de la
née 1209, Hugues, évêque de Riez, et Milun, paix el de la trêve, el condamne en même
notaire du pape, tous deux légats du Sainl- temps les aragonais, les brabançons el au-
Siége, tinrent un concile général ù Avignon ' tres qui la troublaient, voulant qu'ils fussent
assistés des archevêques de Vienne, d'Arles, frappés d'excommunication comme héréti-
d'Embrun et d'Aix de vingt évêques, de plu-
, ques, de même que ceux qui leur donneront
sieuis abbés et autres prélats. On y tit vingt- retraite dans leurs terres.
un canons dont voici la substance Les évo- : 20. 11 enjoint aux juges ecclésiastiques de m
ques prêcheront plus souvent et plus soigneu- terminer promptement et avec fermeté les
sement qu a l'ordinaire dans leurs diocèses; causes portées à leurs tribunaux, el les
el lorsqu'il t.era expédient, ils emploieront exhorte à n'être pas si faciles à lever les sen-
au ministère de la parole des personnes sages tences d'excommunication et d'interdit. En ,j

el discrêtes. Dans le besoin, les evêques use- se conformant à uuedécrétale d'Innocent lil,
ront des censures ecclésiastiques peur obliger il défend de lever l'excommunication portée

les seigurmrs laïcs à prêter serment de chas- pour quelque dommage, avant que l'excom-
ser les hérétiques et d'ôter aux juifs toutes munié ait prêté serment de réparer Ij tort.
sortes de chuiges. Ou excommuniera aux Il décide la même chose ù l'égard de celui

qui aura été excommunié pour avoir fait dé-


1 Tom. XI VoiiciL, pag. 4J faut en jugement, disant qu'il ne pourra être
1152 HISTOIRL; générale des auteurs ECCLESIAbTIQUES.
absous qu'après avoir fait serment de s'y pape Innocent III, qui le condamna, après
H. présenter. Pour réprimer la facilité du par- l'avoir ouï, e1 avoir recueilli les objections de
jure, il réseï ve au pape l'absolution de ceux l'Université contre sa proposition. .Amauiy,
qui seront convaincus de ce crime ou qui de retour à Paris, fut obligé par l'Université
l'auront commis publiquement. Il renvoie de à se rétracter. Mais il ne le fit que de bouche,
même au pape les sacrilèges et les incen- et mourut quelque temps après dans son er-
diaires, et ordonne qu'un clerc coupable de reur. Ses disciples y en ajoutèrent d'autres,
quelqu'un de ces crimes, sera en outre privé soutenant, entre autres, que chacun pouvait
de ses fonctions et de son bénéfice. être sauvé pur l'infusion intérieure de la

u, 21. Le décret du troisième concile de La- grâce du Saint-Esprit, sans aucun acte exté-
tran, qui oblige les coUateurs à pourvoir aux rieur, et que ce qui était en lui-même un pé-
Eglises dans les six mois, est renouvelé dans ché, ne l'était plus, étant fait par cbarité.

,5 celui-ci. On y défend aux évéques, aux abbés En conséquence, commettaient des adul-
ils

et autres supérieurs, de permettre aux moines tères et d'autres impuretés sous le nom de
la propriété de quelque chose, d'autant que charité. Ces erreurs étant venues à la con-
le pape même ne peut la leur accorder, ainsi naissance de Pierre, évéque de Paris et de ,

„. qu'Innocent III l'a déclaré. Il y est encore dé- frère Guérin, profès de l'oi-ure de St-Jeande
fendu de faire dans les églises des njouis- Jérusalem, principal conûdent du roi Phi-
sances scandaleuses aux vigiles des saints. lippe, ils envoyèrent secrètement le docteur
On poussait l'excès jusqu'à y introduire des Raoul de Nemours s'informer exactement des
danses immodestes et des chansons a.nou- gens de cette secte. 11 en découvrit plusieurs
,j reuses. Le canon sur les moines porte qu'ils de toute condition prêtres, clercs et laïcs
:

auront la tonsure et l'Jiabit conlormes à leur de l'uu et de l'autre sexe. On en amena qua-
état, que leurs robes seront d'une ètotl'e sim- torze à Paris, où on les mit en prison. Les
ple, de couleur modeste et avec des manches évéques voisins et les docteurs en théologie
de même couleur; que les clercs séculiers, s'assemblèrent pour les examiner '. Ou leur
surtout ceux qui sont dans les ordres sacrés, proposa les articles de leurs erreurs, et ceux
auront couronne convenable aussi à leur qui y persistèrent furent brûlés le au décem-
état, et des habits fermés, qui ne seront ni bre 1210. Le concile condamna aussi la mé-
,1. de soie, ni de couleur rouge ou verte. Le ca- moire d'.\maury et l'excommunia; ses os
non suivant ordonne aux piévots et autres furent en conséquence tires du cimetière et
clercs de recevoir les ordres sacrés lorsque jetés sur les fumiers. Outre les erreurs dont
leur évéque le jugera a propos; mais il leur nous avons parlé, ses disciples enseignaient
défend, et à tous les stipendiés de l'Eglise, que le corps de Jésus-Christ n'est pas autre-
de faire devant les juges l:iïcs la lonctiou ment au puiu de 1 autel qu en tout autre pain,
d'avocat. Enfin le concile, en punition de la et que Lieu avait parlé par Ovide comme par

mort du légat Pierre de Castelnau et de saint Augustin. Ils niaient la résurrection et


Geotiroi, chanoine de Genève, exclut tous disaient que le païadis et l'enter n'étaient
les parents de leuis meurtriers, jusqu'à la rien; que ceux-là avaient en eux le paradis,
troisième génération, de tout bénélice ecclé- qui avaient la pensée de Dieu; et ceux-là
siastique. l'enfer, qui étaient coupables d'un péché

;i,
22. Vers la même année, 1209, on répandit mortel; que c'était idolâtrie d'ériger des au-
• " à Paris de nouvelles erieui s qui y causèrent tels sous l'invocation des saints et d'encenser
de grands troubles. Elles avaient pour au- leurs images.
teur unnommé Amaury, clerc, natif de Bène 23. On lisait alors publiquement à Paris les on

au pays Chartrain. Apres avoir longtemps livresde la Mi-taiihyuque d'Arislote, apportés ^là't

enseigné lu logique et les autres arts libéiaux, depnis peu de Constaulinople et traduits de
ils'adonna à l'etude de TEcrituie sainte, mais grec en latin. Comme ils avaient donné,
avec un esprit préoccupé d'opinions pariicu- par les subtilités qu'ils contieuueut, occasion
lières.Jl avauça que chaque chrétien est à l'hérésie d'Amaury, et qu'ils pouvaient eu
obligé de croiie qu'il est membie de Jesus- faire naître d'autres, le concile ordonna de
Cbrist, et que personne ne peut être sauvé les briller tous -, et défendit, sous peine d'ex-
sans cette créance, dont il faisait un article communication, deles transcrire, deles lire ou
de foi. Â cette proposition, tous les catho-
liques s'élevèrent contre lui. 11 fut déféré au Tom. XI Cnncil., pag. •
Ibid ,
pag. 52.
-

[XIIP SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVIl. — CONCILES Dl XIII' SIÈCLE. 1133

les releilir. M.iis à l'égard de la Pliysique gé- à Avignon, l'un au mois de septembre 1209,
nérale du méiue philosophe, qu'on lisait l'autre au commencement de 1210.
aussi depuis quelque temps à Paris, le con- 23. Raymond, comte de Toulouse, trou-
cile se contenta d'en défendre la lecture pen- vant trop onéreuses les conditions que le lé-
dant trois ans. 11 n'eut pas le niènie égard gal Milon lui avait imposées avant de lui ac-
pour les livres d'un maître nommé David : corder l'absolution alla à Rome pour s'en
,

ils furent biùlés par ordre du concile, avec fairedécharger par le pape, ou du moins
les livres français de théologie, et par toutes pour les faire modérer. Il y arriva sur la fin
ces précautions l'hérésie fut éteinte. du mois de janvier 1210. Le pape, dans l'au-
c„„j,,
24. Le père Labbe met un second concile dience qu'il lui accorda, lui permit de se pur-

nMfû'"' à Avignon en 1210 dilléreut de celui qui y


', ger sur les deux chefs principaux d'accusa-
fut tenu en 1209. Ses raisons sont qu'il faut tion qu'on formait contre lui, savoir du :

distinguer deux conciles en cette ville : l'un meurtre du légat frère Pierre de Castelnau,
auquel le légat Milou présida, selon le témoi- et du crime d'hérésie. 11 entendit même sa
gnage de Pierre de Vaux-Cernay, qui fut confession et lui donna une nouvelle absolu-
celui de 1210, et dans lequel les Toulousains tion en présence de tout le sacré collège, et
et le comte de Toulouse furent excommuniés à son départ pour la France il lui fit présent
pour avoir désobéi aux ordres du légal l'au- ; d'un riche manteau et d'une bague de grand
tre, en 1209, où Milon n'assista point, et où prix. En même temps ^, il écrivit aux arche-
il ne fut fait mention ni du comte de Tou- vêques de Narboune et d'Arles, et à l'évéque
louse ni des Toulousains. Mais il est aisé de d'Agen, tout ce qui s'était passé à Rome en-
détruire ces raisons par les actes mêmes du tre lui et le comte, et enjoignit à ses légats
concile de 1209, puisque, dans la préface de de tenir dans trois mois un concile en un lieu
ces actes il est marqué expressément que
, commode, où le comte pût se justitier sur
Hugues, évéque de liiez, et Milon, notaire, ces deux chefs d'accusation. Raymond alla
légats du Saint-Siège présidèrent à ce con- , trouver l'abbé de Citeaux pour lui signifier
cile, et que, selon Pierre de Vaux-Cernay, le les ordres du pape, pour être reçu à se pui--
comte de Toulouse y fut excommunié sous ger du crime d'hérésie et de la mort de Pierre
condition. Cela parait encore par la lettre de Castelnau. L'abbé lui répondit qu'il se
que l'évéque de Hiez et Milou écrivirent au rendrait pour cet eÛet à Toulouse. Ils entrè-
pape Innocent 111, pour lui rendre compte de rent en conférence; mais ils ne fiuirentrien,
ce qui s'était passé dans ce concile. S'il n'est parce que maître Théodise, sans lequel l'abbé
rien dit, dans les actes, de l'excommunica- ne voulait rien faire, était absent. Arrivé à
tion des Toulousains, c'est qu'elle n'y fut pas Toulouse, il reprit avec l'abbé de Citeaux la
portée contre eux dans le concile d'Avignon, conférence touchant la purgalion canonique
mais dans l'armée même
du conseil des ^, « du comte, et, do concert avec l'évéque de
prélats qui y étaient assemblés,» durant Riez, ils fixèrent = un certain jour au comte
l'expédition de Béziers et de Carcassone, pour se trouver à Saint-Gilli s, avec promesse
ainsi que le marquent les deux légats dans d'y recevoir, en présence d'une assemblée
Jamême lettre. Cette expédition linit le 15 d'archevêques, d'évêques et d'autres prélats
août 1209. Il se put faire que le concile d'A- qu'ilsy convoquèrent, les preuves de son inno-
vignon, au mois de septembre suivant, con- cence touchant le ci'ime d'hérésie et par rap-
firmât la sentence des prélats assemblés a port au meurtre de Pierre de Castelnau. En at-
larmée, d'où Pierre de Vaux-Cernay aura tendant, ils lui ordonnèrent de chasser les ''

pris occasionde dire que les Toulousains hérétiques de ses domaines et d'exécuter en-
furent excommuniés dans ce concile. Au tièrement tous les autres articles qu'il avait
reste, les actes n'en sont pas entiers, et l'on promis d'accomplir par divers serments, en
y lit plusieurs décrets qui ne sont pas venus luidisant que s il en négligeait l'exécution,
jusqu'à nous. Il suit de tout ce que nous ve- il ne pourrait parvenir à se justifier sur les
nons de dire qu'il estinutile de supposer deux autres. Le concile de Saint-Gilles s'as-
presque dans le même temps deux conciles sembla ' vers le mois de septembre de l'an

' Tom. XI Concil., png. 53. > Pclrus Val., cap. xxxix.
> lom. II Lptsl. Jniiouul. lit, pag. 3GC. « Iniioc. 111, lib. XVI, f/>iï/. 39.
= liiiJ., pag. 3G9 '
Toiu. XI Concil., pag. 5*.
» lauoceiJl. 111, lili. XII, L/nsl. I5i, !(>«.

XIV.
1154 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
1210. Le comte Raymond s'y présenta pour Rome informer le pape de ce qui était arrivé.
se justitîerdu crime d'hérésie et du meurtre Le pape confirma la sentence, comme on
du légat de Gasteluau mais comme il n'avait
; vient de le dire.
exécuté aucun des ordres qui lui avaient été 27. On met vers l'an 1210 un concile à
donnés auparavant de la paît de divers légats, Rome, dont on ne sait pas bien le détail.
on ne voulut pas l'admellre à se purger sur ' Voici quelle en fut l'occasion. Le pape Inno-
ces deux articles. Les pères du concde lui centlii était venu à bout de faire reconnaître
ordonnèrent doue de nouveau de chasser de Uthon IV des Romains, dans une diète
roi
ses terres les hérétiques et d'accomplir tous tenue a Fiancfort au mois de novembre de
les autres articles, atin de se rendre digne de l'an 1208. Le 4 octobre de l'année suivante
la grâce qu'il demandait. Les légats, en in- 1209, le pape le sacra et couronna empeieur
formant le pape de ce qui s'était passé au dans l'église de Saint-Fierre à Rome, après
concile, lui marquèrent que le comte Ray- avoir reçu de tuile serment où il promettait,
mond , après en être sorti , avait ajouté ini- entre autres choses, de rendre à l'Eglise ro-
quité à iniquité, et avait commis des crimes maine toules les terres dont elle avait joui,
encore plus énormes. 11 parait ^ qu'ils ne l'ex- notamment celles de la comtesse Malhilde,
communiejent pas dans ce concile, que les et de la laisser encore jouir de ses droits sur
légats et les évéques se séparèrent sans non le royaume de Sicile. Olhon^, sans avoir
conclure, et qu'il n'était pas encore excom- égard à ce serment, refusa de rendre les
munié décembre de la même année,
le 17 terres de la comtesse Malhilde, et attaqua
date de la lettre que le pape lunucent lui les terres du roi de Sicile. Le pape le fit aver-
écrivit pour l'exhorter avec beaucoup de tir de garder ses serments et de rendre jus-

douceur à chasser les hérétiques, comme à ac- tice à l'Eglise romaine. Uthon n'écouta rien,
complir les autres articles qu'il avait promis. et prétendant observer le premier serment
Mais ce comte fut excomuiuiiié au concile qu il avait lait de conserver et de faire valoir
d'Arles ,
qui se tint quelque temps après ce- les droitsde l'empereur, il continua à réta-
lui de Saint-Gilles, et le pape innocent con- blirsou autorité en Italie. Le pape, mécon-
firma cette sentence ^ le 17 avril de Tannée tent de sou procédé l'excommunia l'année
,

suivante 1211. suivante 1210. En conséquence, il écrivit en


26. Uaus l'intervalle, les deux légats, l'é- 12H aux patriarches d'Aquilée et de Grade,
" vèque d'Uzès et l'abbé de Citeaux tinrent une aux archevêques de llavenne et de Gênes, et
conférence à iNarbonne, où il fut question de à plusieurs autres prélats, de renouveler l'ex-
réconcilier le comte de Foix à 1 Eglise; et une communication prononcée contre Othon et
à Montpellier, où l'on lit au coinle de Tou- ses fauteurs. Cela n'empêcha pas ce prince
louse les mêmes otl'res qu'on lui avait déjà de continuer ses conquêtes en Fouille et en
laites, et sous les mêmes conditions. (Jette Calabre. Le pape employa labbé de Mori-
dernière conférence, qui se tint vers la fin mond pour négocier la paix avec Uthon. Mais
du mois de janvier 1211, fut sans succès. De tous ses mouvements furent inutiles. Othon
Montpellier les légats se rendirent à Arles jouit de l'empire jusqu'en 1214, qu'il fut dé-
avec plusieurs évéques, où ils linrenl uu con- tait par le roi Philippe-Auguste, le 2 juihet.
cile *. Us proposèrent au comte Raymond Alors, abandonné de monde, il se re-
tout le
quatorze articles à signer. Raymond les com- tira a Rruiiswick, et mourut au château de
muniqua au roi d'Aragon. iNe les trouvant Hortzbourg le 10 mai 1218.
pas acceptables , ils sortirent d'Arles sans 28. A Cordon [de Courçon],
Paris, Robert
prendre congé de personne. Les légats, irri- cardinal et légat en France, tint un concile

tés du départ précipité ^ du comte Raymond, en 1212 où, par l'autorité du pape et la
',

l'excommunièrent et le déclarèrent publique- sienne, et du consentement des prélats as-


ment ennemi de l'Eghse et apostat de la foi, semblés avec lui, il pubha plusieurs décrets
et disposèrent de ses domaines en faveur du pour la réformation de la discipUne. Ils sont
premier occupant. Ensuite ils envoyèrent à divisés en quatre parties, dont la première

' Innoc. m, lib. XII, Epist. 156. ' Innoc. III, lib. XIV. Epist. 36, 38.
• Histoire de Lanyueduc, lom. III, pa| 8 Uodoliid., ad an. Iï09, et Malthaeus Paris., ad
» Innoc. III, lib. XIV, hpist. 3li. an. 1210.
» Toni. XI Concil., pay. 55 et Hisloii ' Toui. XI Concil., pag. 57.
doc, loin. III, pag. aoi, 204.
[xni' siicLE. CHAPITRE LXXXVll. — CONCILES DU XIII' SIÈCLE. Uou
regarde le clergé séculier, la seconde les chargé du soin des âmes, si ce n'est dans le
religieux, la troisième les religieuses, la qua- cas de nécessité. Ce statut donne au curé et
trième les archevêques et les évêques. à son supérieur le titre de propre prêtre. Il c»r.
29. Nous rapporterons les décrets les plus est ordonné aux clianoines des chapitres con-

remarquables. Les clercs seront modestes ventuels de choisir un étranger pour leur
dans leurs liabils et dans leur maintien, et supérieur, s'ils n'en trouvent point de capa-
ne sortiront point du chœur avant la fin de ble parmi eux. Lorsqu'il y aura un bénéfice i»'"
la messe, princip.ilement dans les grandes vacant à la collation du chapitre, ou quelque
solennités. En quelques églises les chanoines élection à faire, on en publiera le jour afin
n'assistaient qu'au commencement et à la que les absents puissents'y trouver. Délénse ^^
fin des heures canoniales . s'absentant au de posséder en même temps deux bénéfices
milieu, et toutefois ils recevaient la rétribu- à charge d'âmes, avec ordre de se défaire de
tion entière. Le concile ordonne aux doyens l'un ou de l'autre dans deux mois, sous peine
de rétbrmer cet abus, soit en le reprochant de privation de tous ses patronats.
aux coupables, soit en leur retranchant la 'Al.Ceux qui suivent la règle de saint Au- "*=

rétribution ordinaire. Il leur défend d'avoir gustin, comme ceux qui font profession de ca^

des chiens et oiseaux de chasse, et des che- la règle de saint Benoit, n'auront rien en
vaux harnachés richement et de différentes propre; mais les prieurs et ceux qui ont
couleurs; leur enjoint de se confesser il leurs quelque administration, pourront, avec la
supérieurs si ce n'est qu'ils leur permet-
, permission générale de leurs prélats, retenir
tent de se confesser à d'autres; défend aux ce qui leur sera nécessaire pour acquitter les
clercs qui avaient des bénéfices ecclésiasti- charges de leurs offices. On ne recevra per- "•

ques, et auxquels, selon l'usage du temps, sonne, dans quelque ordre que ce soit, avant
il était permis de faire la fonction d'avocat, f'ûge de dix-huit ans, et i'on n'exigera rien
de faire des pactes avec leurs parties; de pour l'entrée en religion. On murera dans "
se charger dos causes presque désespérées; les monastères les petites portes, afin d'ôter
d'alonger les procédures ou d'en empê- toute occasion de dérangement. Les revenus '. v
cher le cours par malice; quant aux clercs destinés au soulagement des infiimes et des
qui n'étaient ni chanoines, ni bénéficiers, pauvres ne seront ni diminués ni employés
le concile leur interdit seulement les salaires à d'autres usages. L'entrée en religion ne v,.
excessifs. sera refusée à personne sous prétexte que le
30. Défense aux quêteurs de prêcher, soit postulant ne serait pas du pays où le monas-
qu'ils portent des reliques ou non, et d'af- lèie est situé; mais on ne recevra pas un tih.
fermer fa prédication de quelque province. moine d'un autre monastère sans la permis-
On peut néanmoins leur permettre de prê- sion de son abbé, et sans une forte pré-
cher, s'ils ont des lettres de leur évêque dio- somption qu'il est dans le dessein de mener
césain. On ne doit pas non plus permettre la une vie plus régulière. La couleur des habits «,
célébration de la messe à ceux qui n'ont pas pour les religieux sera le blanc ou le noir.
de semblables lettres testimoniales, à moins Uuaud les supérieui s les enverront en voyage, n-
qu'il-s n'en aient de gens de probité, qui at- ilsleur donneront de quoi le faire, afin qu'ils
testent leur ordination. On n'obligera per- ne soient pas obligés de mendier, à la honte
sonne à léguer par testament, pour un an- de leur ordre. C'est qu'il n'y avait pas encore
nuel ou pour des messes peudant trois ans, de religieux mendiants. Les abbés ne don- mi.
ou pendant sept ans, et les prêtres ne se neronl à ferme ni les prévôtés, ni les prieu-
cliargeront point de tant de messes, qu'ils rés, de crainte que le moine fermier ne re-
fcoient obligés de s'en décharger sur d'autres tienne pour lui-même l'excédant de la somme
pour de l'argent, ou de dire des messes sè- prescrite par le bail. Le moine qui aura »"•
ches pour les morts. Les rétributions de quitté son habit sera excommunié par l'ordi-
messes étaient donc déjà établies. Il est dé- naire du lieu, afin que personne n'ait de com-
fendu aux curés de prendre à ferme d'autres munication avec lui. Un ne laissera pas un «'i.

cures, ou de laisser à ferme les leurs, ou moine seul dans un village, dans un bourg,
d'être chapelains en d'autres églises. Aucun ni même dans une cure. Ce décret avait déjà
prêtre ne confessera dans la paroisse sans été fait dans le troisième concile de Latran.
ordre du supérieur ou de celui qui y est Défense à un moine d'avoir deux prieurés ou ""
1156 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
deux obédiences, de faire la fonction d'avocat leurs parents; recevront deux fois l'an les
i'»-pour les séculiers; mais il le pourra pour des comptes de leurs olliciers; n'emprunteront
réguliers avec la permission de son abbé. Il point de grosses sommes sans l'avis des an-
"• leur est aussi défendu de sortir du monastère ciens, au moins au nombre de sept, choisis
pour aller étudier la médecine ou la juris- à cet etiet par le chapitre; ne maltraiteront
prudence, sous peine d'excommunication au point ceux qui au chapitre feront quelque
cas qu'ils n'y retournent pas dans deux mois. proposition pour la rélormation du monas-
"• On ne diminuera point le nombre des moines tère; et ne mangeront point dans leurs cham-
dans les monastères dont les revenus ne sont bres sans nécessité.
'TM. pas diminués, et l'on n'exigera ni repas ni 34. A l'égard des archevêques et des évé- o
'""
habits de ceux qui veulent entrer en reli- ques, il leur est ordonné de couper leurs che-

gion. veux en rond, de façon qu'ils ne paraissent pas


™o 32. Les religieuses ne gardaient pas alors indécemment au-dessous de leur mitre; de
p.,, une clôture exacte; c'est pouiquoi le concile garder la gravité dans leurs habits et tout
ordonne qu'elles n'auront point auprès d'elles leur extérieur; de célébrer eux-mêmes l'olMce
des clercs ni des serviteurs suspects; qu'elles dans les solennités; de prêcher la parole de
ne verront pas leurs parents en particulier Dieu ou de la faire prêcher; de s'abstenir de
l'i- et sans témoins; que quand elles sortiront la chasse et des jeux de hasard; de faire lire

pour leur aller rendre visite avec la permis- à leur table au commencement et à la fin du
sion de leur supérieure, elles seront bien ac- repas; de rendre la justice aux pauvres
compagnées et reviendront après uu séjour comme aux riches àdes heures réglées; d'eu-
fort court ;
qu'elles ne feront point de danses tendre la confession des autres et de se con-
„ ni dans le cloître ni ailleurs. Il condamne fesser souvent eux-mêmes; de résider dans
donner à cha-
l'abus qui s'était introduit de leurs cathédrales aux jours de grandes fêtes
cune une petite pension en argent pour les et durant le carême; de lire au moins deux y,„

vivres et les vêtements d'où il arrivait que


, fois l'année la profession qu'ils ont faite le
n'ayant sullisamment ni pour les uns ni pour jour de leur sacre; de n'être pas à charge, „.
autres, elles y suppléaient par des voies illi- dans leurs par une suite trop nom-
visites,
cites; le concileveut donc qu'elles soient en- breuse; d'éviter même
l'apparence de simo-
tretenues en commun des biens du monas- nie dans des ordres la dédicace
la collation ,

tère, et que les évéques réduisent le nombre des églises, la bénédiction des vierges, sans
des religieuses suivant les facultés du monas- piéjudicier toutefois aux coutumes honnêtes
II. tère. 11 charge aussi les évéques de leur don- et permises; de ne rien prendre pour leur j^^,,

ner des confesseurs bien choisis, sages et sceau ni pour le rachat des frais de visite,
discrets. lorsqu ils ne la font point, ni pour la permis-
IX. 33. Aux statuts qui concernent les reli- sion d'enterrer les excommuniés, ni pour la
gieuses, le concile en ajoute touchant les hô- dispense des bans de mariage, ni pour tolé-
pitaux, alors gouvernés par des rehgieux. Il rer le commerce des clercs avec leurs con-
est ordonné que ces religieux feront les cubines.
vœux de pauvreté, de contmence et d'obéis- 35. Le concile leur défend de donner des j,^,

sance; que leur nombre n'excédera 2)as celui bénéfices à charge d'âmes à des jeunes gens ;

des malades ou des étrangers, et qu'où n'y de porter des censures avec trop de précipi-
recevra pas des séculiers qui demandent de tation; d'élever aux ordres sacrés des clercs
s'y retirer sous prétexte de piété, mais en dont la capacité ni la vertu ne sont connues;
etiet pour éviter la juridiction séculière. Le de se trouver aux fêtes des Fous; de permet- „,j
j concile ajoute encore des règlements pour tredes combats et des danses dans les cime-
la conduite des abbés et des prieurs. Us ou les œuvres serviles
tières et les lieux saints,
n'exercerout les fonctions d'avocats ni de dans de dimanche, ou les mariages ,„
les jours
,,, juges; n'auront ni d'équipages nombreux, ni dans degrés prohibés par les canons, ni
les
de jeunes laquais; ne donneront point les l'annulation des testaments légitimes et des
biens du monastère à leurs parents, s'ils ne dernières volontés des mourants. Il renou- ,, ^
sont pauvres; ne laisseront point entrer de velle le canon du troisième concile de Latran
jeunes femmes dans le monastère; ne don- touchant les crimes que l'on n'oserait nom-
neront pas les prieurés et les obédiences à mer.
[Xlir SIÈCLE. CHAPITRE LXXXVII. — CONCILES DU Xin» SIECLE. 1157

sa terre à un hérétique, en sera privé pour


toujouis. Dans les villages où il n'y a point
Conciles depuis l'an 1212 jusqu'à d'église, on choisira, pour en faire une, la
l'an 1215. maison la plus propre occupée auparavant
par un hérétique, et l'on commettra un prê-
CONCILES DE PAMIERS [1212]; DE LAVAUR [1213];
tre pour la desservir. Los autres articles re-
DE MORET [1213]; DE DUNESTABLE [1214]; DE
gardent la police des Etals de Simon de Mont-
LONDRES [1213, 121-4]; DE MONTPELLIER [12 13].
fort, et de quelques autres seigneurs qui

1. Après les conquêtes faites par les croi- avaient confisqué à leur profit les terres de
sés dans les pays infectés de l'hérésie des la noblesse qui avait emlorassé ou favorisé

albigeois ,
Simon de Moutfort, l'un des chefs l'hérésie, ou qui s'était déclarée contre Simon

de cette croisade, assembla, à la fin de no- de Montfort.


vembre 1212, une assemblée nombieuse h 3. Pierre II, roi d'Aragon , mécontent des
Pamiers ', où il appela les évéques, les no- vexations que ce seigneur exerçait dans les
bles et les principaux bourgeois, en sorte provinces, et auxquelles ne doutait pas que
il

qu'elle fnt composée des trois états de ses les légats n'eussent part envoya des dépu-
,

domaines. Son dessein était d'y faire des rè- tés à Rome pour y soutenir les intérêts des
glements pour le rétablissement de la reli- deux comtes de Toulouse ses beaux-frères,
gion, de la paix et des bonnes mœurs. On des comtes de Foix et de Comminges, et du
choisit, pour rédiger ces règlements douze ,
vicomte de Biarn. Le pape Innocent III
commissaires, savoir les évêques de Tou- : écouta ses plaintes, en écrivit ^ à ses légats
louse et de Consérans, un templier, un hos- et à Simon de Montfort. Il ordonna aux légats

pitalier, quatre chevaliers français et quatre d'assembler un concile, où les demandes et


habitants du pays, dont deux étaient cheva- les désirs du roi d'.\ragon seraient exami-

liers et deux bourgeois. Ils convinrent d'a- nés, afin que, sur l'avis des pères de cette
bord de quarante-six articles, puis ils y en assemblée, le Saint-Siège pût statuer ce
ajoutèrent trois. Simon de Montfort et tous qui serait convenable. Le concile fut d'abord
les chevaliers firent serment de les observei'. indiqué à Avignon pour la fin de 1212; mais
L'acte est du 1" décembre 1212. les maladies qui régnaient en cette ville l'o-

2. Il est parlé de cette as emblée dans les bligèrent de l'indiquera Lavaur, où il se tint
collections ordinaires des conciles, mais on en etlet au mois de janvier 1213 '. Les arche-
n'y en trouve pas les Mar-
règlements. Dom vêques de Narbonne et de Bordeaux y assis-
tène et dom Durand les ont donnés dans le tèrent avec plusieurs évêques et abbés. Le
tome I" de leurs Anecdotes -. On peut remar- roi d'Aragon y réitéra les mêmes plaintes et

quer ceux-ci Défense, tant aux laïques


: les mêmes demandes qu'il avait faites à Rome
qu'aux évéques, de laisser subsister les châ- par ses envoyés. Le concile rejeta ses propo-
teaux ou forteresses consignés aux Eglises, sitions, et refusa de recevoir le comte de Tou-

el d'en bûtir de nouveaux. Les prémices et louse à se purger canoniquement du crime


les dîmes se payeionl, dans les pays conquis, d'hérésie et de la mort de Pierre de Castel-
comme de coutume. On n'imposera pas la nau. Le roi d'Aragon appela au Saint-Siège
taille aux pauvres veuves ni aux dores à , du refus que les évêques du concile faisaient
moins qn'ils ne soient mariés et qu'ils n'exer- d'écouter ses propositions; mais les prélats
cent le négoce ou ne soient usuriers. 11 ne se ne firent aucun cas de cet appel et passèrent
fera aucune foire ni marché les jours de di- outre. Ce prince, voyant qu'il ne pouvait rien
manche. In clerc pris en quelque délit que gagner sur le concile se déclara protecteur
,

ce soit sera remis entre les mains de son du comte de Toulouse et de ses alliés. L'ar-
évêque ou de rarchidiacrc, ce clerc n'eùt-il chevêque de Narbonne essaya de l'en détour-
d'autre marque de cléricature que la cou- ner par une lettre fort vive, où il le mena-
ronne. Les paroissiens seront contraints d'as- çait d'excommunication au cas qu'il prit ce
sister à l'église les jours de tètes et de diman- parti. Mais ces menaces ne firent qu'aigrir le
che, et d'y entendre la prédication et la messe roi d'Aragon, qui se lia au contraire plus
entière. Celui qui aura donné retraite dans étroitement avec les comtes de Toulouse, de

Tom. XI Concil-, pag llisl. lie l.nngucf/nc. ' Iniioc. III, lib. XV, Ephl. 2lî, Î13.
11. III, pag. Î33. ' Toni. I Aiiecdol., Marlèuc, pag. 82 cl scq., el
'
Toiii. 1 AnccrloL, Murtoii., png llisiuirc de Languedoc, itiid., pag. Î3* cl seq.
H58 HISTOIBE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Foix, de Comminges,
et le vicomte de Béarn. récouciher à l'Eglise par le ministère de Foul-
Les prélats du concile, avant de se sépa-
4. ques, évêque de Toulouse, s'ils voulaient y
rer, rendirent compte au pape de ce qui s'y était revenir sincèrement , ainsi que l'avaient as-
passé', et firenirapologie de la conduite qu'ils suré les députés du roi d'Aragon. Le pape ré-
avaient observée à l'égard du comte de Tou- voqua aussi, comme
obtenu par surprise, le
louse. Ils disaient, dans leur lettre, que ce sei- rescrit qu'il avait donné, portant ordre de res-
gneur, depuis son retour de Rome, n'a vait exé- tituer aux comtes de Foix et de Comminges
cuté aucune de ses promesses; qu'il avait conti- et à Gaston de Béarn leurs domaines respec- ,

nué àfavoriser les ennemis de l'Eglise; qu'il tifs, etlesrenvoya,pourleurabsolution, à l'ar-

avait menacé de chasser de ses Etats l'Eglise chevêque de Narbonne, légat du St-Siége. 11
et le clergé; que dans le temps que l'armée déclara même que si les Toulousains et les
catholique attaquait la ville de Lavaur, où comtes leurs protecteurs persistaient dans
était le siège de Satan et la primatie de l'er- leurs erreurs , il ferait publier une nouvelle
reur, avait envoyé des chevaliers et des
il croisade contre ei'x.

soldats au secours des assiégés; qu'il avait Le roi d'Aragon n'eut aucun égard aux
5.

chassé l'évêque d'Agen de son siège, fait ordres du pape, et s'avança avec les comtes
prisonnier l'abbé de Moissac, et détenu cap- de Toulouse ses alliés vers Muret, petite
tif pendant plus d'un an l'abbé de Montau- ville du diocèse de Comminges sur la gau-
ban; qu'il faisait tout le mal qu'il pouvait che de la Garonne, au conlluent de la rivière
contre l'Eglise, soit par lui-même et par son de Longe dans le même fleuve, et en fit le
fils, soit par les comtes de Foix et de Com- siège au mois de septembre 1213. Simon de
minges et par Gaston de Béarn ses confé-
, , Montfort le fit lever, livra ensuite la bataille
dérés, hommes scélérats et pervers. Les pré- aux princes confédérés, remporta la victoire,
lats ajoutent que Simon de Montfort ayant et les mit en déroule. Le roi d'Aragon fut
occupé presque toutes leurs terres, parce tué sur la place, avec plusieurs seigneurs
ennemis de Dieu et de l'Eglise, ils
qu'ils sont aragonais. Sept évêques et trois abbés qui
ont eu recours en dernier lieu au roi d'Ara- étaient à la suite de Simon de Montfort, et
gon , et l'ont amené à Toulouse ,
pendant la qui demeurèrent pendant l'action, adressè-
tenue du concile de Lavaur, afin qu'il y en- rent le lendemain à tous les fidèles ^ une
trâten conférence avec les évêques. « Vous lettre pour leur faire part d'une si glorieuse
verrez, continuent-ils, ce que le roi a pro- victoire.On donne cette lettre dans la col-
posé et ce que nous lui avons répondu par lection des conciles pour une épitre syno-
nos lettres scellées. Nous envoyons aussi à dale.
votre sainteté leconseil que nous avousdonné 6. Eu Angleterre, le légat Nicolas, auto-
à vos délégués, après en avoir été requis, sur risé du pape Innocent à remplir les évéchés
le fait du comte de Toulouse. » Us finissent en et abbayes qui vaquaient, après avoir
les
priant le pape de terminer une aflaire qui demandé le consentement du roi, et pris
se trouvait si heureusement commencée, de conseil pour n'en pourvoir que des sujets
mettre la coignée à
la racine de l'arbre et de méritants, les conféra au contraii'e à des
le couper pour toujours, afin de l'empêcher personnes peu capables, sans prendre le
de nuire. «Soyez ceitain disent-ils, que , conseil de l'archevêque de Cantorbéry. Il
si l'on restitue à ces tyrans ou à leurs héri- distribua aussi à ses élèves des cures sans
tiers les domaines qu'on leur a enlevés avec l'aveu des patrons ce qui lui attira beau-
:

tant de peine et par l'effusiondu sang de tant coup de reproches. L'archevêque ne pou-
de chrétiens, outre le scandale qui en arri- vant souffrir ces abus, assembla après l'oc-
vera, l'Eglise et le clergé seront dans un pé- tave de l'Epiphanie, l'an 1214, un concile à
ril imminent. » Plusieurs évoques écrivirent Dunestable où de concert avec ses suffra-
*,

aussi au pape contre le comte et les habitants gants, il Saint-Siège de


interjeta appel au
de Toulouse. Ces lettres eurent leurefl'et. Le tout ce que le légat avait fait en cette occa-
pape, quoique prévenu en faveur du roi sion. La raison de l'appel était que la provi-
d'Aragon, lui enjoignit - d'abandonner les sion des églises vacantes appartenait à l'ar-
Toulousains, leur offrant néanmoins de les chevêque. En conséquence, le concile eu-

Lib. XVI, Eiiisl. 41. 3 Petr. Vall. serm., (?ap. LXiiu, el toin. XI Concil.,
innoc. m, Episl. 4S, pag. 99. — ' Tom. IX Concil., pag. 102.
[xiU' SIÈCLE.] CHAPITliE LXXXVll. — CONCILES DU XIJP SIÈCLE. I1S9

voya deux clercs défendre au légal d'établir légat dans la province. Pierre en fit l'ouver-
des prélats l'ans ces Eglises. Le légat ue dé- ture le 8 janvier 1213, et l'on y dressa qua-
féra point à l'appel, et du consentement du lante-six canons pour la réformation de la
roi Jean dont il était appuyé, il députa Pan- discipline ecclésiastique, la dénonciation des
dofle en cour de Roujc pour s'opposer au hérétiques et de leurs fauteurs, etc.
dessein de l'archevêque. Ce prélat y envoya 9. Les quatre premiers concernant la mo-
de son côté le docteur Simon de Langton destie qui doit régner dans les habits des
son frère. Pandotle se rendit le pape favora- évoques et des clercs, que l'on ne distinguait
ble, et Simon ne fut pas écouté. presque plus des laïques, sinon qu'ils étaient
7. Le roi Jean, surnommé Sans Terre, était plus déréglés. Le concile fait les ordonnances
excommunié depuis longtemps, à cause de suivantes Les évêques porteront des habits
:

la violente persécution qu'il exerçait contre longs et par-dessus un rochet, lorsqu'ils sor-
pape Innocentlll avait
les ecclésiastiques, et le tiront à pied de chez eux et lorsqu'ils donne-
mis son royaume en interdit. Ce prince ayant ront dans leur maison audience aux étran-
accepté, en 1213, la forme de satisfaction gers. Les chanoines et autres clercs ne por-
que le pape lui avait prescrite, lui demanda teront ni habits rouges ni habits verts; leurs
un légat à latere. Le pape choisit Nicolas, habits de dessus, de laine ou de lin, seront
évèque de Tusculum, qui étant arrivé à Lon- fermés et descendront jusqu'aux talons. En
dres sur la fin de septembre de cette année, allant à cheval, ils ne porteront point d'épe-
y tint dans la cathédrale de Saint-Paul une rons dorés, et ne mettront point à leurs mon-
assemblée à laquelle assistèrent le roi Jean
' tures de brides dorées; la forme de leur cou-
avec deux cardinaux, le légat Nicolas, l'ar- ronne sera ronde. Les clercs ne prêteront
chevêque de Cantorbéry, les évêqucs et les point à usure; ils ne trafiqueront point; ils
grands du royaume. Le premier jour fut em- n'auront point d'oiseaux de chasse et ne les
ployé à discuter le dédommagement que le porteront pas sur leur poing jusqu'à ce qu'ils
;

roi donnerait au clergé, et il otl'rit de payer aient rélormé leur manière de se vêtir, ils ne
comptant cent mille marcs d'argent, et le pourront obtenir de bénéfice, ni lire solen-
surplus à Pâques, si le dommage montait nellement l'épitre ou l'évangile.
plus haut. Il fut question au second jour de 10. Le concile défend de recevoir des laï-
la levée de l'interdit. Le roi renouvela de- ques pour chanoines ou confrères, et de leur
vant le grand autel l'acte par lequel il avait donner la prébende ou distribution canoniale
soumis au pape l'Angleterre et 1 Irlande. La du pain et du vin, ces sortes de confrater-
cliarte de cette donation est du 3 octobre nités étant préjudiciables aux églises. Il en-
1213. Elle fut scellée en or et portée au pape joint aux évêques de donner gratuitement ^

Innocent 111 qui accepta cette donation des les bénéfices à des personnes capables de les
royaumes d'.\nglelerre et d'Irlande par une posséder, et leur défend de pourvoir de cures
bulle rapportée au seizième - livre de ses les jeunes gens qui ne sont que dans les or-
lettres. Néanmoins le dédommagement des dres mineurs. 11 y a plusieurs canons sur la
prélats uc se fit qu'après le concile, et la modestie que les moines et les chanoines ré-
levée solennelle de l'interdit ne s'exécuta guliers doivent garder dans leurs habits et
que le jour de la fête des apôtres saint Pierre dans leurs équipages; sur l'observation du
et saint Paul de l'année suivante 1214. 11 vœu de pauvreté, dont le concile dit que les
avait duré six ans six mois et quatorze supérieurs mêmes ne peuvent pas dispenser.
jours. Le concile ne veut pas même qu'on donne à
8. Le cardinal RobertdeCorçon[ou de Cour- un religieux une certaine somme pour son
décembre 1214, convo-
sonj étant à Reiras le 7 nécessaire, et ordonne qu'il y aura dans les
qua un concile à Montpellier^, auquel il appela monastères des personnes préposées pour
les archevêques de Bourges, de Narbonne, donner ù chacun ce dont il aura besoin.
d'Auch et de Bordeaux, avec les évéques, les Afin que la propriété soit bannie des cloîtres,
abbés et les archidiacres de ces provinces. 11 tant chez les moines que les chanoines régu-
ne présida pas toutefois à cette assemblée ; liers, il ordonne d'excommunier, chaque di-
te fut le cardinal prieur de Béncveiit, comme manche au chapitre, tous les propriétaires.

Toui. XI Conci/., |>ag. 103. ' foin. XI Concil., pag. 103, 104, et Histoire de
'

louoc. 111, lib. XVI, £7)147. 131. Languedoc, toœ. XVI, pag. 26ii.
1160 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Il défend aux uns et aux autres d'exiger donna provisionnellement le comté de Tou-
quelque chose pour entrer en religion de ; louse à Simon de Montfort, jusqu'à ce qu'il
faire la fonction d'avocat dans des causes en eût été décidé autrement au concile gé-
étrangères, s'il n'y a nécessité ou grande néral qu'il avait convoqué à Rome pour le
ne soit ordonné par l'évêque
utilité, el qu'il \" novembre suivant.
ou par leur abbé de passer d'une église ou
;

d'un monastère à un autre, si ce n'est pour ARTICLE m.


quelque cause approuvée par les canons; de
OlL-iTRlÈME CONCILE DE L.iTRAN, DOUZIÈME
faire profession en deux églises ou en deux
GÉNÉRAL [1215J.
monastères, avec ordre à ceux qui l'auront
fait de demeurer dans l'église ou le mo-
, Le pape Innocent III, occupé depuis
1. j^''"™;^

nastère où ilsont d'abord fait profession, et longtemps des moyens de recouvrer la Terre- ^âiian'"
d'être privés de voix dans Le concile l'autre. Sainte, et de réformer les mœurs de l'Eglise '"*

approuve le changement d'un monastère à universelle, crut pouvoir y réussir par la te-
un autre, quand c'est pour passer à une ob- nue d'un concile général '. 11 le convoqua
, servance plus étroite. Il ordonne que les par une bulle datée du 19 avril 1213. Elle fut
prieurés qui ne peuvent entretenir trois reli- envoyée par toute la chrétienté, et adressée
gieux seront réunis à d'autres. Les canons aux archevêques et évêques de chaque pro-
suivants ont rapport à la conservation de la vince, même au catholique ou métropolitain
paix ou sûreté publique, que l'on faisait jurer d'Arménie et à l'archevêque des maronites.
à tout le monde sous peine d'cxcommunica- Il y invita aussi le patriarche d'Alexandrie,
lion. Il est ordonné parle dernier canon que c'est-à-dire celui des mclquiles : car les ja-
les archevêques el évêqnes auront en chaque cobites regardaient les Latins comme héré-
paroisse un prêtre, et deux ou trois laïques, tiques.
qui serontobligéssousserment, s'il estbesoin, 2. Outre le recouvrement de la Terre- ^.^,4'"'r!,'u

de leur déclarer à eux-mêmes, ou aux juges Sainte el la réformalion des mœurs, il se 'jî','";';,'",^

hérétiques qu'ils découvriront. i^"-


du lieu, les proposait encore d'éteindre les hérésies ,

1 H. Pendant la tenue du concile, le cardi- d'afi'ermir la foi, d'apaiser les dissensions.


i
nal Pierre de Bénévent, qui favorisait les in- C'est pourquoi il pria, tant les évêques que
térêts de Simon de Montfort, fit un grand les chapitres des cathédrales, de s'informer
discours pour disposer les évêques à donner exactement de ce qui avait besoin de cor-
à ce comte, en récompense de ses services, rection, et d'en dresser des mémoires pour
la villede Toulouse qui avait été possédée être apportés au concile. Il fut fixé au 1"
.parle comte Raymond, et tous les autres novembre 1215. Mais l'ouverture ne s'en fit

domaines que les croisés avaient conquis que le jour de la fête de saint Martin, dl du
dans les pays hérétiques. Ayant ensuite ap- même mois.
pelé chez lui les prélats, il leur demanda là- 3. Il s'y trouva quatre cent douze évé- ^^;^;™';';

dessus leur conseil. Ils demandèrent du ques, y compris deux patriarches et soixante- -=is «..i;

temps pour délibérer, et après s'être commu- onze primats ou métropolitains; plus de huit
niqué mutuellement leurs lumières, ils mi- cents abbés ou prieurs, et un grand nombre
rent leur avis par écrit, et convinrent unani- de députés pour les absents. Fridéric, roi de
mement de comte de Montfort pour
choisir le Sicile, élu empereur; Henri, empereur de
prince et pour monarque de tout le pays. Ils Constanlinople les rois de France, d'Angle-
;

prièrent en même temps lelégat de l'investir terre, de Hongrie, de Jérusalem, de Chypre,


de tous ces domaines mais sachant qu'il :
d'Aragon, et plusieurs autres princes y
n'en avait pas le pouvoir, le concile prit le avaient leurs ambassadeurs. Les deux pa-
parti de députer à Rome l'archevêque d'Em- triarches qui y assistèrent étaient latins, sa-
brun pour prier pape de leur donner Si-
le voir Gervais de Constanlinople et Raoul de
mon de Montfort pour seigneur el monarque Jérusalem.
du pays. Le légat fit, en attendant la réponse 4. Un mois ou environ avant le concile ^, nfr. i

du pape, prendre possession de Toulouse au Rodrigue Chimène, archevêque de Tolède, j'^^"' '"
'

nom de l'Eglise romaine, par Foulques, évê- ayant oljtenu du pape la permission de pro-
que dans celte ville. Le pape Innocent IIl poser ses prétentions à la primatie sur les

« Innor.ent III, lib. XVI, Ejjist. 123, et tom. IX Concil., p 123. — '-
Ibid., ]
[Xl II 'SIÈCLE. CHAPITRE LXXXVII. — CONCILES DU XIIP SIÈCLE. 1161

archevêques de Brague, de Compostelle, de demment de pâque avec vous. Il y


célébrer cette

Tarragone et de Narbonne, en présence des distingue trois sortes de Pâques ou passages;


ëvêqiies déjà arrivés, expliqua ses raisons rt un passage corporel, d'un lieu à un autre;
chacun en leur langue vul- l'autre spirituel, d'un état à l'autre par la
ses autorités à
gaire, en italien, en allemand, en français, réformation des mœurs; le troisième éternel,
qui est de cette vie à la gloire céleste. Il ex-
en anglais, en navarrois ou basque et en es-
pagnol, ce que l'on regarda comme un pro- plique le premier passage, du voyage de la

dige inouï depuis le temps des apôtres. Il al- Terre-Sainte pour la délivrer des mains des
infidèles. Il oû're d'aller lui-même en per-
légua entre autres les privilèges des papes
sonne chez les rois,, les princes et les peu-
Honorius III, Gélase II, Lucius II, Adrien IV,
ples, pour les exciter à combattre pour le
et la sentence du cardinal Hyacinthe, légat
d'Alexandre III, en faveur de la primatie de Seigneur, et venger l'injure du Crucifié, qui

Tolède contre Jean de Drague. Cet archevê- pour nos péchés est chassé de sa terre et de
sa demeure qu'il a acquise par son sang, et
que refusa de répondre, disant qu'il n'avait
pas été citi' pour ce sujet. L'archevêque de où il a accompli tous les mystères de notre

Compostelle se défendit sur l'antiquité de salut. « C'est nous, ajoute-t-il, comme prê-
son Eglise, qui reconnaissait pour son apôtre tres du Seigneur, que cette expédition re-

saint Jacques, parent du Seigneur. Rodrigue garde spécialement. Nous devons contribuer
nia le fait, et soutint que cet apôtre n'était de nos personnes et de nos biens aux néces-
jamais entré en Espagne, ayant été mis à sités de la Terre-Sainte. En un cas sembla-
ble, Dieu a sauvé Israël par les mains des
mort par Hérode,dans le temps qu'il annon-
çait l'Evangile dans la Judée et la Samarie. Machabées, fils du prêtre Mathathias. »
7. Le second passage ' est celui par lequel
Les archevêques de Tarragone et de Nar-
bonne n'ayant rien produit pour leur dé- on passe des abominations du siècle à la ré-
fense, le pape laissa la contestation indécise formation des mœurs. Pour le procurer, il
jusqu'à ce que les parties eussent fourni leurs faut non-seulement le don Je la science, mais

preuves. Mais il commit à l'archevêque de encore la probité de vie dans ceux qui en
Tolède la légation en Espagne pour dix ans, sont chargés il faut qu'après avoir reconnu
;

l'énormité des fautes, ils emploient la sévé-


et lui accorda divers privilèges.
5. Les députés d'Angleterre se plaignirent riti: des peines contre les coupables pour les

de ce qu'Etienne de Langton avait conspiré ramener au devoir. La corruption des mœurs


avec les barons du royaume pour détrôner dans le peuple est occasionnée par les
le roi ', et de ce qu'ayant été suspens par
dérèglements du clergé aussi faut-il pour ;

l'évêque de Winchester et les autres commis- cette raison, selon la qualité de leurs fautes,
employer contre les clercs les censures, les
saires du pape, il n'avait tenu aucun compte
interdire, les suspendre, les excommunier,
de cette censure qu'il était même venu au
;

concile en cet état. L'archevêque, qui était les déposer; afin d'empêcher que la foi ne

présent, demanda l'absolution de la suspense. périsse, que la religion ne soit défigurée,

I.e pape, au lieu de la lui accorder, confirma que la justice ne soit foulée aux pieds, que Je
la suspense, et la dénonça aux évêques ses schisme et l'hérésie ne prévalent.
En parlant du troisième passage qui est de
sutl'iagants, avec défense de lui rendre obéis- ,

celte vie la céleste patrie, Innocent dit :


sance tant qu'elle durerait. Il cassa aussi l'é- <à

lection que les chanoines d'York avaient faite ((C'est cette pâque surtout que je désire de

de Simon de Langton, et ces chanoines ayant manger avec vous dans le royaume de Dieu.»
postulé pour archevêque Gautier de Grai, 8. Le pape fit un second discours * dont il

évoque de Worcester, le pape consentit à prit la matière dans le psaume lxvii>'. Ce dis-

leur demande. cours roule sur la science nécessaire à ceux


G. Le concile s'assembla dans l'église pa- qui sont chargés du soin des âmes, et sur le
°
triarcale de Latran, le jour de saint Martin, bon exemple qu'ils doivent donner A ceux
11 novembre 1213. Innocent 111 en fit l'ou- qu'ils inslruisent. Ce n'est qu'une exhorta-
verture par un discours -, où il prit pour texte lion morale, qu'il lit apparemment à la lin

. ces paroles de Jésus-Christ : J'ai drsin': nr- du concile.

Mallli. l'iirij., ad un. Itl5. s Ibid., pag. 132. — ' Ibid., pag. 135
'

Toui. .\I Conci/., yaa- 131.


162 HISTOIUE GÉNÉRALE DES AUTEUHS ECCLÉSIASTIQUES
9. Ony dressa soixante-dix décrets ou ca enfers, ressuscité d'entre les morts, et monté
nons ', qui furent traduits en grec dans le au mais il est descendu en âme, ressus-
ciel;

même temps, afin que les députés des pa- citéen corps, et monté au ciel en l'un et
triarches d'Antioche et d'Alexandrie pussent en l'autre. Il viendra à la fin des siècles pour
les porter en leur pays, en une langue in- juger les vivants et les morts, et rendre à
telligible à ceux de leur nation. Ces canons chacun selon ses œuvres, tant aux réprouvés
commencent par l'exposition de la foi catho- qu'aux élus, qui ressusuileiont tous avec
lique, et cela était nécessaire par rapport leurs propres corps, afin qu'ils reçoivent
aux hérésies des albigeois et des vaudois, selon leurs mérites, bous ou mauvais les ,

qui infectaient alors diverses provinces. Voici réprouvés, la peine éternelle avec le diable;
cette formule de foi « 11 n'y a qu'un seul
: les élus, la gloire éternelle avec Jésus-

Dieu en trois personnes, le Père, le Fils et le Christ. »

Saint-Esprit; mais en une seule essence, en H. Il n'y a qu'une seule Eglise univer- s

une subsiance et une nature très-simple; le selle des fidèles ^, hors de laquelle nul n'est
Père ne tient son être de personne, le Fils lient absolument sauvé ,dans laquelle Jésus-
et

ce qu'il est du Père, et le Saint-Esprit pro- Christ est le prêtre et la victime dont le ,

cède de l'un de l'autre sans commenie-


et corps et le sang sont véritablement dans le
ment et sans Gu
le Père engendre, le Fils
; sacrement de l'autel sous les espèces du
est engendré, le Saint-Esprit procède; ils pain et du vin; le pain ^ étant transsubslan-
sont consubstantiels et égaux en tout, égale- tiéau corps de Jésus-Christ, et le vin en son
ment puissants, également éternels; ils sont sang par la puissance divine, afin que pour
un seul principe de toutes choses, créateur rendre le mystère de l'unité parfait, nous
des choses invisibles et visibles, des spiri- recevions du sien ce qu'il a reçu du nôtre.
tuelles et des corporelles, qui, par sa vertu Personne ne peut consacrer ce mystère, que
toute-puissante, a, dès le commencement du le prêtre ordonné légitimement, selon la
temps, fait de rien l'une et l'autre créature spi- puissance des clefs de l'Eglise, que Jésus-
rituelle et corporelle, et les démons mêmes, Christ a donnée aux apôtres et à leurs suc-
qu'il avait créés bons et qui se sont faits mau- cesseurs. Quant au sacrement de Baptême,
vais. C'est par la suggestion du diable que qui est consacré par l'invocation de la Tri-
l'homme a péché. » du Père, du Fils et
nité indivisible, savoir
10. Cette sainte Trinité indivisible selon du Saint-Esprit sur l'eau, il procure, tant
son essence, commune et distinguée selon aux enfants qu'aux adultes, le salut, quand

ses propriétés personnelles a donné au , il leur est administré suivant la forme de


genre humain la doctrine salutaire par le l'Eglise,quel qu'en soit le minisire. Si après
ministère de Moïse, des prophètes et de ses lavoir reçu, quelqu'un tombe dans le péché,
autres serviteurs, suivant la disposition des il peut recouvrer son innocence par une
temps; et enfin le Fils unique de Dieu Jésus- vraie pénitence. Non-seulement les vierges
Christ incarné par la vertu commune de toute qui vivent dans la continence méritent de
la Trinité, et conçu de Marie toujours Vierge, parvenir à la vie éternelle, mais aussi les
par la coopération du Saint-Esprit, qui s'est personnes mariées, qui plaisent à Dieu par
fait homme véritable, composé d'une âme une foi pure et par leurs bonnes œuvres.
raisonnable et d'un corps humain, une per- 12. En conséquence de cette exposition de
sonne en deux natures, nous a montré plus la foi catholique, le concile condamna le

clairement le chemin de la vie. Immortel et de l'abbé Joachim contre Pierre Lom-


traité
impassible selon la divinité, il s'est fait pas- bard sur la Trinité, où Joachim appelle le
sible et immortel selon l'humanité. Il a même Mailre des sentences hérétique et insensé,
souffert sur le bois de la crois pour le salut pour avoir dit dans son premier livre des
du genre humain. Il est mort, descendu aux Sentences* qu'une chose souveraine est Père,

1 Tom. XI Concil., pag. 142. ipsede nostro. Concil. Lateran. IV, can. 1. Le terme
» Ibid., pag. 143. de Transsubstantiation consacré daus ce canon, a
3 In qua Ecclesia idem ipse sacerdos et sacrificium toujours été depuis employé psr les théologiens ca-
Jésus Christua cujus corpus et sanguis in sacramento
: llioliquespour signifier le cliangtment que Dieu
altaris sub speciehus punis et vint veraciter conli- opère au sacrement de l'eucliaristie, comme le terme
nentur ; Iranssubstantiatis pane in corpus et vino in de Consubslantiei fut consacré au concile de Nicée
sanguinem potestate divina, ut ad perficiendum mys- pour exprimer le mystère de la Trinité.
i.enum uniiatis accipianius ipsi de suo quod accepil <•
Lib. 1 Sent., distinct. 5, cap. m.
[xiii' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVII. — CONCILES DU XllP SIÈCLE. 1163

Fils et Saint-Esprit, et qu'elle n'engendre, personne; demeurent un an excommu-


s'ils

n'est enfiendrée, ni en procède. L'abbé Joa- niés, on les condamnera comme liéiétiques.
cbim prétendait de celte doc-
qu'il suivait On avertira les puissances séculières, on les
trine qu'il y avait une quaternité en Dieu, contraindra même pur censures de prêter
savoir les trois personnes de la Trinité et leur serinent en public qu'elles chusseront de
espèce commune, et soutenait que l'union leurs terres tous les hérétiques notés par
des personnes n'est pas propre et réelle, l'Eglise; si les seigneurs temporels négligent
mais seulement similitudinaire, comme celle de le faire, ils seront excommuniés par le
3- des croyants, dont il est dit aux .'\ctes des métropolitain et les évêques de la province;
apôtres, qu'ils n'avaient qu'un cœur et qu'une s'ilsne satisfont dans l'an, l'on en donnera
âme; et comme dit Jésus-Cbrist dans saint avis au pape, qui déclarera leurs vassaux
'"•
Jean, en parlant des Cdèles à son Père : Je absous du serment de fidélité, et exposera
veux quils soient un comme nous. « Pour nous, leurs terres à la conquête des catholiques
dit lepape, nous croyons avec l'approbation pour les posséder paisiblement, après eu
du saint concile, et nous confessons qu'il y avoir chassé les hérétiques, et y conserver
a une chose souveraine, qui est le Père, le la pureté de la foi, sauf le droit du seigneur

Fils et le Saint-Esprit, sans qu'il y ait de principal, pourvu que lui-même ne mette
quaternité en Dieu; parce que chacune de aucun obstacle à l'exécution de cette ordon-
ces personnes est cette chose, c'est-à-dire la nance. La même chose sera observée à l'é-
substance, l'essence ou la nature divine, qui gard de ceux qui n'ont point de seigneur
seule est le principe de tout. » Le concile dont ils relèvent, c'est-à-dire de ceux qui
déclara donc hérétiques tous ceux qui dé- ont des fiefs allodiaux qui ne relèvent de per-
fendraient ou approuveraient la doctrine de soime. » Il semblerait que le concile entre-
l'abbé Joachim sur cet article; mais il dé- prenait sur la puissance séculière ', si on ne
clara aussi qu'il ne prétendait pas par ce se souvenait que les ambassadeurs de plu-
décret porter aucun préjudice au monastère sieurs souverains étaient présents, et qu ils
de Flore, établi par cet abbé, et où l'obser- consentaient à ces décrets au nom de leurs
vance régulière était en vigueur, vu surtout maîtres. [On doit d'ailleurs se rappeler le

que Joachim avait ordonné de remettre tous droit public du temps contre les hérétiques.]
ses écrits au Saint-Siège pour en subir le « Ou accorde aux catholiques qui se croiseront
jugement, et que dans une lettre souscrite pour exterminer les hérétiques, la même in-
de sa main il faisait profession de suivre la dulgence qu'à ceux qui font le voynge de la
foi de l'Eglise romaine. Le concile condamna Terre-Sainte; on excommunie ceux qui re-
aussi la doctrine d'.4manri ,
qui soutenait çoivent, qui protègent ou recellent les héré-
que chaque chrétien est obligé, sous peine tiques; et on déclare que si, dans l'an de-
de privation de salut, de croire qu'il est puis qu'ils auront été dénoncés, ils ne satis-
membre de Jésus-Christ. Amauri avait déjà font, dès lors ils seront infâmes de plein
été condamné à Paris par l'Université eu droit, et comme tels exclus de tous otlices,
1210. ou conseils publics, et privés de voix dans
>• 13. Le concile prononça anathème contre les ne seront pas même
élections; qu'ils
toutes les hérésies dont les erreurs étaient admis à porter témoignage, à faire testament,
contraires à la formule de foi précédente, et ni à recevoir succession. Si c'est un juge, sa
il porta les décrets suivants : «Les hérétiques, sentence sera nulle, et on ne portera point
après avoir été condamnés , seront livrés de causes à son audience. S'il est avocat, il
aux puissances séculières ou à leurs baillis ne sera point admis à plaider. S'il est ta-
pour être punis, avec ordre néanmoins de bellion, les actes par lui dressés seront nuls.
dégrader les clercs avant de les livrer au bras Si c'est un clerc, il sera déposé et privé de
séculier; les )>iens des laïques seront confis- tout bénéfice. Quiconque n'évitera pas ces
qués, et ceux des clercs appliqués aux égli- excommuniés après qu'ils seront notés par
ses dont ils tiraient leurs rétributions. On l'Eglise, sera lui-même excommunié. Les
frappera aussi d'anathème ceux qui seront clercs ne leur donneront ni les sacrements,
suspects d'hérésie, s'ils ne se justifient d'une ni la sépulture ecclésiastique, et ne rece-
manière convenable, suivant la qualité de lu vront ni leurs aumônes, ni leurs olfraudes.

Fleur.v. Ilist. Eccles., liv. lAXVlI, toni. .\VI pag. 38S.


1164 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
sous peine de déposition, et les réguliers l'Eglise romaine qui a la principauté sur
sous peine de ne pus jouir de leurs privilèges toutes les autres, comme mère de tous les
dans le diocèse.Le concile défend sous
» fidèles, celui de Constantinople, puis ceux
peine d'excommunication à qui que ce soit, d'Mexandrie, d'Antioche et de Jérusalem.
de prêcher, soit en particulier, soit en pu- Après qu'ils auront reçu du pape le palliura
blic, sans une permission du Saint-Siège ou en lui prêtant serment de fidélité, ils pour-
de l'évéque catholique du lieu. Ce décret est ront, dit le concile, donner lepallium à leurs
spécialement contre les vaudois, qui soute- suflragants, en recevant la profession d'o-
naient que tout laïque et même les femmes béissance pour eux et pour l'Eglise romaine.
devaient prêcher. Enfin le concile ordonne à Us feront porter la croix devant eux partout,
l'évéque de visiter au moins une fois l'an par excepté à Rome et dans les lieux où sera le
lui-même ou par quelque autre personne capa- pape ou son légat. Dans toutes les provinces
ble la partie de son diocèse où l'on dira qu'il y
, de leur juridiction, les appellations seront
a des hérétiques; de faire jurer trois hommes portées devant eux, sauf l'appel au pape.
de bonne réputation, que s'ils savent en quel 16. On renouvelle les anciens décrets tou- csc

lieu il y a des hérétiques ou des gens tenant chant la tenue des conciles provinciaux, et
des conventicules secrets, ils auront soin de afinqu'on puisse y réformer facilement les
les lui indiquer; de faire ensuite venir les abus, il est ordonné qu'on établira en cha-
accusés en sa présence, et de les punir ca- que diocèse des personnes capables, qui
noniquement, au cas qu'ils ne se justifient pendant toute l'année, s'informeront exacte-
pas, et de les traiter comme hérétiques. Une ment, mais sans exercer aucune juridiction,
des erreurs des albigeois était de conJamner des choses dignes de réforme, pour en faire
toute sorte de seiment c'est pourquoi le
: leur rapport au concile suivant.
concile l'ordonne plusieurs fois dans ce ca- 17. Il est enjoint aux ordinaires de veiller i.

non. 11 finit par une menace de déposition à la correction des mœurs de leurs diocé-
contre les èvêques qui négligeront d'éli- sains, surtout des clercs; et afin qu'ils le
miner de leurs diocèses tous les hérétiques. puissent faire plus librement, le concile dé-
14. Quoique le concile voulût favoriser et clare qu'on ne pourra les empêcher sous
honorer les Grecs réunis à l'Eglise romaine, prétexte d'un usage contraire ou par quel-
en supportant autant qu'il le pouvait, selon que appellation, à moins qu'ils n'aient ex-
Dieu, leurs mœurs et leurs rits, il ne put cédé dans la forme qui doit s'observer en cas
s'empêcher de blâmer ceux qui après s'être pareils. Quant aux excès commis par les cha-
soustraits à l'obéissance du Saint-Siège, noines de la cathédrale, que le chapitre avait
poussaient leur aversion jusqu'à laver les coutume de punir, il est dit que le chapitre
autels où les prêtres latins avaient célébré, et les corrigera à l'ordre de l'évéque, dans un
à rebaptiser ceux qu'ils avaient baptisés. Il terme limité par le prélat; ce terme étant
défend de commettre à l'avenir de semblables passé, l'évéque les corrigera lui-même, en
excès, sous peine d'excommunication et de employant les censures ecclésiastiques si ;

déposition. En plusieurs pays des peuples les chanoines cessent de faire l'office dans
de diverses langues se trouvaient mêlés, et leur église sans une cause évidente, l'évé-
diUeraient non-seulement dans les mœurs, que ne laissera pas d'y célébrer; et sur sa
mais dans les cérémonies de la religion, plainte, le métropolitain usera contre eux
quoiqu'habitants d'une même ville ou d'un des censures ecclésiastiques, après s'être as-
même diocèse. Ce mélange se rencontrait à suré de la vérité du fait.

Constantinople et dans toute la Romanie, où 18. Voici quelle est la manière de procéder ».

les Latins étaient répandus parmi les Grecs; pour la punition des crimes, non-seulement
et en Orient, à Antioche, à Tripoli, à Acre, où contre les particuliers, mais encore contre
les Latins étaient mêlés avec les Syriens, les les supérieurs de moindre rang. Le prélat,
Grecs et les Arméniens. Pour éviter la con- sur la diffamation publique, doit informer
fusion que pouvait produire cette diveisité d'office : mais celui contre lequel il informe
de langues et de rits entre les chrétiens de la doit être présent, à moins qu'il ne soit absent
même croyance, le concile fit un décret qui par contumace. Le juge lui exposera les ar-
sera rapporté en son lieu. ticles sur lesquels il doit informer, afin qu'il
lo. Il régla l'ordre et les prérogatives des de se défendre, et lui déclarera
ait la faculté
quatre patriarches d'Orient , mettant après non-seulement les dépositions, mais les noms
[Xlir SIECLt CHAPITRE LXXXVII. — CONCILES DU X1II= SIÈCLE. 11G3

des témoins, et recevra ses exceptions et ses toutefois qu'il soit pour cela chanoine. S'il

défenses légitimes. Le concile dislin;:ue trois arrivait que l'église métropolit.iine fut sur-
manières de procéder en matière criminelle, chargée par l'entretien de ces deux maîtres,
par forme d'accusation, de dénonciation, l'on pourvoirait à la pension du maître de
ou d'enquête. L'accusation doit
d'inquisition grammaire par le moyen de quelque autre

être précédée d'une plainte de la part de église de la ville ou du diocèse.


l'accusateur; la dénonciation précédée d'une 22. La réforme n'était pas moins nécessaire cao.

admonition charitable; l'inquisition précédée dans les monastères que dans le clergé sécu-
d'une dill'amation publique mais il déclare : lier. Pour y remédier, le concile fit les ordon-

qu'il n'est pas nécessaire de suivre si exac- nances suivantes. «. Dans chaque royaume
tement cet ordre de procédure à l'égard des ou chaque province, les abbés ouïes prieurs
réguliers, et que l'on peut, quand il est à qui n'étaient pas dans l'usage de tenir des
propos, leur ôter leur charge saus toutes ces chapitres généraux , en tiendront tous les
torniaiilés. trois ansy appelleront dans ces com-
; ils

19. 11 a été remarqué plus haut qu'en di- mencements deux abbés de Citeaux pour les
verses provinces de l'Orient, il se rencontrait aider, comme étant accoutumés depuis long-
un mélange de chrétiens, dont lalangue et temps à tenir de pareilles assemblées ; l'on
les rits étaient ditl'érenls : c'est pourquoi le y traitera de la réforme et de l'observance
concile ordonne que
évéques de ces dio-
les régulière ;ce qui y sera statué avec l'appro-
cèses établiront des hommes capables pour bation des quatre présidents du chapitre,
célébrer à cliaque nation l'oilice divin, lui sera observé inviolablement et sans appel ;

administrer les sacrements , et l'instruire on y prescrira le lieu du chapitre suivant, et


chacune selon son en sa langue avec
rit et ; le tout se fera sans préjudice du droit des
délense toutefois de mettre deux évéques évéques, à la juridiction desquels la plupart
dans un diocèse, mais seulement un vicaire des monastères échappaient par l'exemption.
catholique, soumis entièrement à l'évèque, Au chapitre général on députera des per-
pour ceux qui sont d'un autre rit. sonnes capables pour visiter au nom du pape
20. Le pain de la parole de Uiuu étant né- tous les monastères de la province, même
cessaire au peuple chrétien, les évéques ne ceux des religieuses, pour y corriger et ré-
pouvant pas toujours le distribuer par eux- former ce qu'il conviendrait; s'ils jugent né-
mêmes, surtout dans les grands diocèses, cessaire de déposer le supérieur, ils averti-
auront soin de choisir des personnes éclairées ront l'évèque, ou le Saint-Siège, au cas que
pour s'acquitter avec fruit de ce njinistère, et Tévêque s'oppose à celte déposition. » Par ce
de leur fournir les choses nécessaires à la vie, décret le concile ne prélendit pas décharger
alin qu'ils ne soient pas obligés d'abandon- les évéques du soin de si bien réformer les
ner l'ouvrage qu'ils auraient commencé. Us monastères de leur dépendance, que les vi-
en choisiront de même pour entendre les siteurs ne trouvassent rien à corriger. 11
confessions, imposer des pénitences, et faire prescrivit également la tenue des chapitres
tout ce qui convient pour le salut des ûmes. à un chanoine régulier, et ordonna aux évé-
21. Ou renouvelle l'ordonnance du concile ques et aux présidents des chapitr«îs d'em-
de Latran tenu sous Alexandre 111, portant ployer les censures ecclésiastiques ciintre les
qu'il y aura dans les églises cathédrale un j séculiers qui feraient quelque tort aux mo-
maître de grammaire et des autres sciences, nastères, sans que ces séculiers puissent se
qui instruira gratuitement les clercs de ces pourvoir par appel.
églises et les autres pauvres écoliers, auquel 23. Il fut défendu à toute personne d'in- u.

on donnera le revenu d'un bénélice. Le con- venter de nouveaux ordres religieux, et il


cile veut qu'on observe la même chose dans fut ordonné que ceux qui voudraient entrer
les autres églises mais il ordonne de plus
; en religion, embrasseraient un des ordres
que dans la métropolitaine, outre ce raaitre approuvés. On défendit aussi à une même
de grammaire, ou établisse un thcologal, personne d'avoir des places de moine en
pour enseigner aux prêtres et aux autres ec- divers monastères, et d'être abbé en même
clésiastiques l'Ecriture sainte et ce qui re- temps en plusieurs maisons. La défense
garde le suin des ûmes. A cet elfel il lui sera d instituer de nouveaux ordres fut mal ob-
donné le revenu d'un bénélice, dont il jouira servée; et il s'en établit plus depuis ce con-
pendant tout le temps qu'il enseignera, sans cile, qu'il n'y en avait auparavant.
dl66 HJSTOIRE GENER AL1>: DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
24. Voici les ordonnances sur les clercs. le saint chrême et l'eucharistie seront enfer- i

Un clerc convaincu d'incontinence sera puni mes exactement sous la clédans toutes les
suivant la rigueur des canons, et plus griè- églises, et suspend pendant trois mois de
vement encore celui qui demeure dans un leur office ceux qui auront été négligents à
pays où il est de coutume que les clercs se cet égard, en les menaçant d'une peine plus
marient. Ils vivront aussi selon les règles de considérable, s'il arrive quelque profanation
latempérance, et celui qui sera sujet à l'ivro- du saint chrême ou de l'eucharistie.
gnerie, s'il ne se corrige étant averti par son 26. Nous avons rapporté dans le cours de ;

évêque, sera suspens de son bénéfice ou de cette histoire plusieurs décrets des conciles,
son office. En général, il est défendu aux qui pour ranimer la ferveur des fidèles dans
clercs d'aller à la chasse, d'avoir des oiseaux la participation de l'eucharistie, les obli-
pour ce sujet. On leur défend encore les tra- geaient de la recevoir au moins trois fois
fics séculieis, les spectacles, les cabarets, si l'année, à Pâques, à la Pentecôte et à Noël.
ce n'est en voyage, et les jeux de hasard. Ils Mais ces canons ne furent pas longtemps en
doivent porter une couronne et une tonsure vigueur; et dans le xir siècle, la plupart des
convenable à leur état, avoir des habits fer- chrétiens ne communiaient plus qu'une fois
més, qui ne soient ni trop longs ni trop courts, l'an, savoir à Pâques. D'ailleurs les albigeois
et sans parures porter à l'église des chapes
; et les vaudois, répandus en plusieurs provin-
sans manches, sans agrafes et sans rubans ces, méprisaient ce sacrement et préten-
d'or ni d'argent. Ils ne porteront point de daient recevoir la rémission de leurs péchés
bagues, à l'exception de ceux à qui leur di- sans confession ni satisfaction, par la seule
gnité donne droit d'en porter. Les évêques imposition des mains de l'un de ceux qu'ils
porteront au dedans et au dehors de l'église des appelaient yjw'yoï's, évêques ou diacides. Le con-
surplis de toile leurs manteaux seront atta-
: cile fit donc un canon ainsi conçu « Tous
:

chés, ou sur la poitrine avec des agrafes, ou les fidèles parvenus à l'âge de discrétion,
derrière le cou. confesseront tous leurs péchés au moins une
25. Quelques clercs et même des prélats fois l'an à leur propre prêtre ils accompli-
;

passaient une partie de la nuit dans des fes- ront la pénitence qui leur sera imposée, et
tins ou des entretiens profanes dormant ; recevront le sacrement de l'eucharistie avec
jusqu'au jour, ils récitaient matines avec respect, au moins à Pâques, si ce n'est qu'ils
précipitation, en passant la moitié à peine ; croient devoir s'en abstenir pour une cause
célébraient-ils la messe quatre fois l'an, et raisonnable, et de l'avis de leur propre prê-
ils l'entendaient rarement. Le concile me- tre, pendant quelque temps. Ceux qui ne
nace ces ecclésiastiques de suspense, et les s'acquitteront pas de ce devoir, seront con-
exhorte à célébrer assidûment et avec dévo- damnés à être privés de leur vivant de
, ,

tion l'office du jour et de la nuit. 11 leur dé- l'entrée de l'église, et de la sépulture ecclé-
fend de dicter ou de prononcer une sentence siastique après leur mort. Ce statut sera pu-
de mort, et de rien faire qui ait rapport au blié souvent dans l'Eglise, afin que personne
dernier supplice ; d'exercer aucune des par- n'en prétende cause d'ignorance. Si quel-
ties de où il faut employer le fer
la chirurgie qu'un veut confesser ses péchés à un étran-
ou le feu de donner la bénédiction pour
, et ger, c'est-.'i-dire ou à un cuié voisin ou ù tout
l'aire l'épreuve de l'eau chaude ou froide, ou autre prêtre approuvé, il en demandera et
du fer chaud. Quelques clercs avaient si peu en obtiendra la permission de son propre
de respect pour les églises, qu'ils y mettaient prêtre, parce qu'autrement cet étranger ne
leurs propres meubles et ceux des autres, en pourrait le fier ni le délier au reste le prê-
;

sorte qu'elles ressemblaient plus à des mai- tre à qui ils confessent leurs péchés doit être
sons de laïques qu'à des basiliques de Dieu : discret et prudent, panser comme un bon
le conciledéfend d'y porter des meubles, si médecin les blessures des malades; y mettre
ce n'est dans des cas de nécessité, comme de Ihuile et du vinaigre en s'informant
,

lorsqu'il y a du danger de les perdre par les exactement du pécheur et des circonstances
incursions des ennemis. Il blâme la malpro- du péché, pour savoir quel conseil il doit lui
preté des vases sacrés et des linges destinés donner, et de quels remèdes il doit se servir
au sacré ministère, qui était telle qu'on ne pour le guérir; il doit aussi prendre garde
l'aurait pas soufferte dans des meubles des- à ne pas découvrir par quelque parole ou
tinés à des usages profanes. Il ordonne que par quelque signe les péchés de ceux qui se
[XIII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVIl. — CONCILES DU Xlll= SIÈCLE. 1167

confessent; s'il .i besoin de conseil, il duit le partie du chapitre. La seconde se fait en re-
demander sans désigner la personne qui s'est mettant le pouvoir à quelques personnes ca-
confessée. Le concile ordonne que celui qui
» pables, qui élisent au nom de tous; et la
aura fait lui aura été
connaître uu pécbé qui troisième, lorsque tous s'accordent à nommer
révélé en confession soit condamné non-
, un même sujet comme par inspiration divine.
seulement à être déposé, mais encore à être Toute autre forme d'élection est déclarée
renfermé toute sa vie dans un monastère nulle. Personne ne peut donner son suti'rage
pour y faire pénitence. Ce canon ne déter- par procureur, à moins qu'il ne soit absent
mine que le temps de la communion, qu'il pour empêchement légitime; et aussitôt
fixe à Pâques, et non celui de la confes- que l'élection est faite, on doit la publier so-
sion, parce qu'alors '
on devait la faire au lennellement. Si elle se fait par l'autorité de
commencement du carême. Quoique par la puissance séculière, elle sera nulle de plein
le terme Ati propre prêtre, l'on entende com- droit l'élu qui y aura consenti, n'en tirera
: can

munément le curé, on peut néanmoins, sui- aucun avantage, et deviendra incapable d'ê-
vant le cinquième concile de Lalran -, sa- tre élu : les électeurs seront suspens pen-
tisfaireau canon que nous venons de rap- dant trois ans de tout office et bénéfice, et
porter, en confessant ses péchés à tout privés pour cette fois du pouvoir d'élire.

autre prêtre approuvé par l'ordinaire; mais 29. Celui à qui il appartient de confirmer j^

on ne peut recevoir que de lui l'eucharistie à l'élection , doit auparavant en examiner soi-
Pâques. gneusement la forme, ainsi que les qualités
c„ 2, 27. Les médecins qu'un malade aura ré- de l'élu , ses mœuis , sa science et son âge.
clamés, l'avertiront, avant de lui rien ordon- S'il confirme l'élection d'un sujet qui n'a pas
ner pour le rélablisseineut de sa santé, de les qualités requises, ou dont l'élection n'est
pourvoir au salut de son âme cette précau- ; pas dans il perd le droit de con-
les règles,
tion étant même nécessaire pour l'eliicacité firmer premier successeur, et l'élu sera
le

des remèdes parce qu'il arrive quelquefois


; privé de la jouissance de son bénéfice. Les
que le danger de mort est plus grand, lors- prélats soumis immédiatement au St-Siége
qu'on attend à l'extrémité à aveitir le malade se présenteront au pape en personne pour
de songer au salut de son âme. Les méde- faire confirmer leur élection. S'ils ne le peu-
cins qui auront failli en ce point, seront pri- vent commodément, ou qu'ils soient hors de
vés de l'entrée de l'église jusqu'à une satis- l'Italie, ils enverront des homines capables

faction convenable. Il leur est déleadu encore de donner au pape les informations néces-
sous peine d'analheme de rien conseiller au saires, et dans ce cas ils pourront avoir par
alidade pour la santé de son corps, qui puisse dispense l'administration de leurs Eglises,
nuire au salut de l'âme du malade. tant au spirituel qu'au temporel, mais ils se
j3 28. Défense de laisser vaquer plus de trois feront consacrer ou bénir suivant l'usage des
mois un évèclié ou une abbaye. Autrement lieux.
ceux qui avaient droit d'élire, en seront pri- 30. Les évêques ne conféreront les dignités „,

vés pour cette fuis, et il sera dévolu au su- ecclésiastiques ou les ordres sacrés qu'à des
périeur auquel il appartient de pourvoir à la personnes capables, et auront soin d'instruire,
vacance, lequel ne pourra diUérerde la rem- soit par eux-mêmes, soit par d'autres, ceux
plir dans trois mois, eu prenant pour cet etl'cl qu'ils voudront ordonner prêtres, tant sur
j, conseil de son chapitre. L'élection doit se les divins offices que sur l'administration des
faiie en présence de tous ceux qui doivent et sacrements, puisqu'il vaut mieux que l'Eglise
peuvent commodément y assister. Elle peut ait peu de bons ministres, surtout des prê-

se faire en trois manières, par scrutin, par tres, que [ilusieurs mauvais. Celui qui aura
j,
compromis ou par inspiiation. En la pre- demandé et obtenu la permission de quitter
mière, les vocaux doivent choisir trois per- son bénéfice, sera tenu et même contraint de
soiniesdu corps pour recueillir secrètement le quitter, attendu qu'il n'a pris cette résolu-
lessuUrages de chacun en particulier, les ré- lion que pour l'utilité de son Eglise ou pour
diger par écrit, et les publier aussitôt en ses intérêts propres. Une même personne ne ^
couiiuun; ulin que celui-là soit élu, sur qui pourra posséder deux bénéfices à charge
8'accorde la plus grande ou la plus sume d'âmes, et celui qui eu recevra un second de

Felru» Coiucator, Sun. 'ïom. XIV Coiicil., I.ublie, in Huila Leotiis, Uum inira, [>a\i.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
même nature sera privé du premier; que s'il Siège. Si le juge révoque une sentence com- c.j
veut le retenir, il sera aussi dépciuillé du se- minatoire ou interlocutoire prononcée par
cond. Le coUateur du premier bénéfice le lui, cette révocation ne lui ôte pas le pouvoir

conférera aussitôt qu'un clerc en aura un se- de continuer l'instruction du procès, quand
cond. Si le collateur ditfère trois mois de don- même on aurait appelé de cette sentence,
ner le il sera dévolu au supérieur.
premier, pourvu qu'il n'y ait point de causes légitimes
La mêmechose s'observera à l'égard des de le suspecter. On défend de se pourvoir en „
personnats et des dignités en une même cour de Rome pour obtenir des lettres atiu
église, quoiqu'elles n'aient point charge d'appeler une partie en jugement à deux
d'âmes. Le Saint-Siège pourra néanmoins journées au-delà de son diocèse, de peur
dispenser de cette règle les personnes dis- que le défenseur, fatigué par les importuni-
tinguées par leur grande naissance ou par tés du demandeur et par de grands frais,
leur science. n'abandonne son droit. 11 arrivait quelquefois
0. 31. Ceux qui conféreront des bénéfices à qu'un méchantjuge prétendait, en cause d'ap-
des personnes incapables de les posséder, pel, avoir fait toute la procédure nécessaire,
après une première et seconde monition, se- quoiqu'il en eût omis quelque acte important,
ront suspens du droit de conférer, et ne pour- et qu'il était impossible à la partie de prou-
ront être relevés de cette suspense que par le ver le contraire. Le concile ordonne donc que

pape ou le patriarclie. On s'informera soi- le juge fera écrire par une personne publique
gneusement, dans le concile provincial an- tous les actes du procès, savoir : les citations,
nuel, des fautes commises à cet égard, et les délais, les récusations, les exceptions, les
l'on y aura soin de substituer des personnes demandes, les réponses, c'est-à-dire les dé-
sages et discrètes pour suppléer au défaut de fenses, les. interrogations et les confessions;
celui que le concile aura suspendu de son les dépositionsdes témoins, les productions
31. droit de collation. Les enfants de chanoines, des pièces, les interlocutoires, les appella-
surtout les bâtards, ne pouiront posséder des tions, les renonciations à pioduire, les con-
canonicats dans les mêmes églises où ces clusions. Le tout doit être écrit par ordre, en

3j chanoines en ont. Ou assignera au curé une marquant les lieux, les temps etlespersonnes.
portion congrue. 11 desservira sa paroisse On en donnera copie aux parties; les origi-
par lui-même, et non par un vicaire, à moins naux demeureront par devers les écrivains,
que sa cure ne soit annexée à une prébende afin que s'il arrive quelque dilficulté sur la
ou à une dignité qui l'oblige à servir dans procédure du juge, elle puisse être levée par
une plus grande église en ce cas, il aura un
: le vu des pièces.
vicaire perpétuel, qui recevra une portion 33.Le possesseur d'un bien qu'il a acquis
^^
congrue sur les revenus de la cure. Ce canon de celui qu'il sait l'avoir usurpé, doit le res-
fut fait pour réprimer l'abus des collateurs tituer au possesseur légitime. Lu possession ^_^

qui s'attribuaient presque tout le revenu des d'un an sera comptée du jour qu'elle est ad-
cures, et en laissaient si peu aux titulaires, jugée par sentence, quoique celui au profit
qu'elles n'étaient desservies que par des duquel elle est rendue n'ait pu, par la malice
ignorants. de son adveisaire se mettre en possession
,

3j 32. Il est défendu aux évéques, à leurs ar- de la chose, ou qu'il en ait été dépossédé par
chidiacres et aux légats, de rien prendre pour lui.La presciiptiûu doit être de bonne foi :
^^

frais de que quand ils la l'ont en per-


visite autrement elle ne doit pas avoir fieu et il est;

sonne, de chercher dans leur visite plutôt


et nécessaire que celui qui se sert de la pres-
leur profit que ce qui regarde Jésus-Christ cription n'ait su en aucun temps que ce qu'il
et la réformation des mœurs, qui en doit être retient ne lui appartient pas. Les ecclésias- j,
le principal objet. Défense d'appeler avant tiques ne pouvant soutlrir que les laïcs éten-
j^
la sentence. La cause d'appel doit être pro- dent leur juridiction sur eux, ils ne doivent
posée au juge, et être telle, qu'étant prou- pas non plus étendre la leur sur les laïcs. En ^^

vée, elle soit réputée légitime. Si le juge su- conséquence, le concile défend à ceux-ci
périeur ne trouve pas l'appel raisonnable, il d'exiger des serments de fidélité des ecclé-
doit renvoyer l'appelant au juge inférieur et siastiques qui ne possèdent aucun bien tem-
le condamner aux dépens; le tout sans pré- porel qui relève des laïcs. On ne doit pas non ^^
judice des constitutions qui ordonnent que plus observer les constitutions des puissances
les causes majeures seront portées au Saint- laïques faites au préjudice des droits de l'E-
[XIII' SIECLE. I
CHAPITRE LXXXVII. — CONCILES UU Xlll^ SIÈCLE. 1169

glise, soit pour l'aliénation des fiefs, soit pour 3G. On


peut récuser un juge suspect, en .

l'usurpalioa de la juridiction ecclésiastique, alléguant les raisons de suspicion par-devant


soit pour tout autre bien annexé au spirituel, si des arbitres convenus. S'ils les trouvent rai-
ce n'est que ces constilutions aient été portées sonnables, le juge récusé enverra le procès
du consentement de l'autorité ecclésiastique. à un autre juge ou au juge supérieur. Si ce-
34. En quelques provinces, les patrons ou lui à qui l'on l'ail une monilion appelle, et
vidâmes, avoues des églises, négligeaient que toutefois son désordie soit connu certai-
non-seulement de pourvoir aux églises va- nement, on n'aura point d'égard à son ap-
cantes, ils disposaient encore du revenu des pel; mais au cas que le crime soit douteux,
béneljces et attentaient à la vie des prélats. l'accusé seia tenu, en appelant, d'exposer
Le concile ordonne que si à l'avenir ils tom- devant le juge la raison de son appel, qui
bent dans de pareils excès, ils seront privés doit être telle, que si elle était prouvée, elle
de leur droit de patronage et d'advocation, serait légitime. 11 sera encore obligé de pour-
même leurs héritiers jusqu'à la quatrième suivre son appel dans le temps prescrit; au-
génération, et ne pouriout être admis dans trement, le premier juge procédera contre
aucun collège de dans des maisons
clercs, ni lui nonobstant son appel. S'il a mal appelé,
religieuses. Les olliciers de villes ne pour- il sera renvoyé devant sou premier juge. Au
ront exiger des tailles ui d'autres taxes des reste , ce qui vient d'être dit dans les deux
ecclésiastiques, sous peine d'excommunica- derniers canons ne s'étend pas aux réguliers,
tion; mais les évéques sont autorisés d'en- parce qu ils ont leurs maximes particulières
gager les ecclésiastiques, en cas de nécessité de juger les coupables. Le suivant détend
ou d'utilité à donner des secours après eu
, , d'excommunier ou d absoudre par intérêt, et
avoir pris conseil du pape. ordonne que si l'injustice de l'excommuni-
3j. Un ne pronoucerala sentence d'excom- cation est prouvée, le juge sera condamné à
munication contre personne, qu'après la mo- restituer au double l'amende pécuniaire qu'il

nition convenable faite en présence de té- aura perçue.


moins; qui fera le contraire, sera privé de 37. Uaus précédents, la défense
les siècles

l'entrée de l'église pendant un mois. L'ex- de contracter mariage s'étendait jusqu'au


communication doit être fondée sur une cause septième degré de parenté et d'aliiiiite, et

publique et raisonnable. Celui qui se préten- Ton comptait trois genres d altinité le pre- :

dra excommunie injustement, portera sa mier, entre le maii et les parents de sa

plainte au juge supérieur, qui le renverra au femme, et réciproquement; le second, entre


premier juge pour être absous, s'il n'y a le mari et les parents du premier mari de sa
point de péril dans le retardement. S'il est à femme le troisième, entre le second mari et
;

craiudre qu'il ait de fâcheuses suites, le juge les alliésdu premier. Tous ces ditïérents de-
supérieur lui donnera lui-même l'absolution grés d'atiinité fournissaient souvent des dif-
après avoir pris ses sûretés. L'injustice de licultés qui mettaient les contractants en
l'excommunication étant prouvée, celui qui danger de salut. Le concile, pour obvier à
l'aura portée sera condamné aux dommages ces inconvénients, retranche le second et le
et intérêts, sans préjudice d'autre peiue, se- troisième degré daUinité, restreint au pre-
lon que le juge supérieur pourra lui miposer mier l'empêchement de mariage, et réduit
suivant la quahté de la faute. Mais si l'excom- au quatrième degré de parente la défense
muuié ne se trouve pas bien fondé dans sa de contracter entre parents, il condamne les
plainte, il sera condamné aux dommages et mariages clandestins et ordonne à cet etl'el
,

intérêts envers le premier juge, et a telle que les mariages, avant d'être contractés,
autre peine que le juge supérieur estimera, seront annoncés publiquement par les prêtres
et satisfera la cause de 1 excommuni-
pour dans les églises, avec un terme suthsaut dans
cation , leloiiibera dans la même
siuon il lequel ou puisse proposer les empêchements
censure. Si premier juge, reconnaissant
le légitimes; que ceux qui auront contracté un
sa faute, révoque sa sentence, et que celui mariage clandestin, même en un degré per-
pour qui elle a été rendue en appelle, de- mis, seront mis eu pénitence, et que le prê-
mandant quelque satisfaction, le juge supé- tre qui y aura assisté sera suspens pour trois

rieur ne Ueferera point à I appel et absoudra ans. Dans le même temps ou le mariage était
l'excuininuuié, a condition qu il subira le ju- prohibe jusqu'au septième degré de parenté.
gement de celui à qui il a appelé. Il était ti'usa).'e de piouver la parenté par

XIV. 71
1170 HISTOffiE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIAS'nQUES.
témoins, et l'on admettait ceux qui ne prou- donné occasion à l'interdit, et à condition que
vaient que par ouï dire, n'étant pas possible excommuniés n'y assiste-
les interdits et les
de trouver des hommes assez âgés pour être ront pas.
témoins oculaires de la parenté dans ces de- 40. 11 est défendu à un religieux de se ren- cs». t9.

grés. En réduisant ces degrés au quatrième, dre caution pour quelqu'un et d'emprunter
,

le concile abolit aussi cet ancien usage, et une somme d'argent sans la permission de
veut qu'on ne reçoive plus en cette matière son abbé et de la plus grande partie du cha-
que des témoins oculaires. pitre; et aux abbés d'entreprendre sur les m.

can.53. 38. 11 y avail, en certaines provinces, un droits des évêques, en prenant connaissance
mélange de peuples dont les uns, suivant des causes de mariages, en imposant des pé-
leurs coutumes, ne payaient point de dîmes, nitences publiques, en accordant des indul-
tandis que les autres en payaient. Les parti- gences ou en faisant d'autres fonctions épis-
culiers d'entre ceux-ci laissaient leurs terres copules, à moins qu'ils n'en aient obtenu
à ceux-là pour en tirer de plus grands pro- un privilège ou qu'ils ne soient fondés sur
fits,à raison du non-payement de la dîme. quelque autre raison légitime. On défend a.
Le concile défend cet abus et veut que l'on
, encore aux réguliers de recevoir des églises
contraigne par les censures ecclésiastiques ou des dimes des mams des laïcs sans le ,

ceux qui, pour frauder la dime, donnent aux consentement de l'évèque, et il leur est en-
5,
premiers leurs terres à cultiver. 11 déclare joint de présenter aux évêques des prêtres
que la dime est due de droit divin à l'Eglise; pour desservir des églises qui ne dépendent
qu'elle doit se prendre sur toute la récolte pas d'eux de plein droit, avec défense de
avant qu'on en ait rien levé pour les cens et retirer de ces églises les prêtres institués par

ES.
les tributs; que les terres acquises aux moi- i'évéque, sans en avoir obtenu auparavant
nes ae Cileaux ou à d'autres, depuis la tenue sa pei mission.
de ce concile, doivent payer la dime, soit 41. Souvent on déshonorait la religion en ^^
qu'ils cultivent eux-mêmes, soit qu'ils fassent exposant en vente des reliques et les mon-

cultiver ces terres par des étrangers. défend Il trant â tout le monde. Pour remédier â cet
aux clercs, tant séculiers que réguliers, de abus, le concile défend de montrer hors de
louer leurs béritagesoude les donner a titre leurs châsses les anciennes reliques, et de
de tiefs, à condition que la dime leur en sera rendre à celles que l'on trouve de nouveau
payée, et que ceux à qui ils les donnent se aucune vénération publique, qu'elles n'aient
feront enterrer chez eux; ce pacte marquant été approuvées par autorité du pape. Les
un fond d'avarice de leur part , dont les suites quêteurs surtout étaient depuis longtemps
sont préjuaiciables aux églises paroissiales. dans l'usage de porter des rehques partout
j, 39. L'Eglise romaine availaccordé aux con- où ils allaient, et de les montrer aux peuples
frères de quelques ordres d'être toujours pour en tirer des aumônes pour l'entretien
inhumés en terre sainte, pourvu qu'ils ne des hôpitaux, ou par d'autres motifs de piété.
fussent pas nommément excommuniés ou in- Le concile défend de les recevoir, à moins
terdits. Le concile, informé que ce privilège qu'ils ne soient munis des lettres du pape ou
avait occasionné des abus, le restreignit aux de I'évéque diocésain. 11 désapprouve aussi
confrères qui étaient oblats et avaient pris l'indiscrétion de quelques prélats dans la
l'habit de l'ordre, ou à ceux qui avaient concession des indulgences, ce qui tournait
donné tous leurs biens aux monastères, en au mépris des chefs de 1 Eglise et à l'allai-

se réservant lusufruit. 11 restreignit aussi à blissement de la discipline dans l'adminis-


une seule église du que les
lieu le privilège tration du sacrement de pénitence. H déclare
réguliers avaient obtenu pour ceux de leurs que, dans la dédicace d'une église, I'évéque
ordres qu'ils envoyaient pour faire des col- ne pourra accorder plus d'un an d'iudulgeuce,
lectes, d'en faire ouvrir les portes et d'y cé- et seulement quarante jours pour l'anniver-
lébrer les offices divins, mais enrefusanllen- saire. •

^^
trée de cette église aux excommuniés. 11 ac- 42. Les décrets contre la simonie, si sou- j,

corde de même aux évëques de pouvoir célé- veut reitérés dans les conciles nommément ,

brer les offices divins à voix basse, les portes dans le troisième deLatrau, sont renouvelés
fermées et sans son de cloches, dans les dans celui-ci. Ou y abohl les taxes établies
églises même par un interdit gé-
interdites par une mauvaise coutume pour le sacre des
néral, à moins que ceux de ces églises n'aient évêques, la bénédiction des abbés et l'ordi-
(Xlll' SIÈCLE CHAPITRE LXXXVIl. — CONCILES DU XIIP SIÈCLE. 1171

nation des clercs. On y défend aux curés cette défense aux païens. Enfin il ordonne
d'exiger de l'argent pour les sépultures, les que les juifs convertis à la foi chrétienne, et
mariages et les au Ires fonctions de leur mi- baptisés volontairement, renonceront aux
nistère mais on y maintient les louables cou-
; rits anciens des juifs, afin de ne pas faire un
tumes de donner aux églises, et on ordonne mélange du christianisme et du judaïsme,
aux évêques de s'opposer aux maximes répan- qui ne serait propre qu'à ternir la beauté de
dues par les vaudois et les albigeois, qui dé- la religion chrétienne.

tournaient de rieu donner aux églises ni au 45. Ce concile publia ensuite un décret
clergé. Ce concile se plaint de ce que la si- pour la croisade ', dont il fixa le rendez-vous
monie régnait tellement dans les monastères au 1" juin de l'an 1217. Ceux qui voulaient
de lilles, qu'on n'y en recevait presque plus passer par mer, reçurent ordre de s'assem-
sans argent, sous prétexte de la pauvreté de bler dans le royaume de Sicile, les uns a
ces monastères. C'est pourquoi il condamne 13rindes les autres à Messine
, où le pape ,

celles qui seront coupables de cette faute, à promit de se trouver. Il promit aussi à ceux
être renfermées en d'autres maisons d'une qui prendraient leur route par terre, de leur
observance plus régulière, pour y passer le envoyer un légat. Ils devaient également être
reste de leur vie en pénitence; et à l'égard prêts à marcher pour le même jour. Il exhorte
de celles qui auront été reçues pour de l'ar- les prêtres et autres ecclésiastiques de l'ar-
gent avant ce décret, il ordonne de les trans- mée à s'appliquer à la prière et à la prédi-
férer dans un autre couvent du même ordre, cation et à instruire autant par leurs exem-
,

ou qu'elles seront reçues de nouveau dans ples que par leurs discours, afin qu'il ne se
le même, à condition qu'elles n'y auront commit rien de la part des croisés qui pût
d'autre rang que celui de leur seconde récep- otlenserDieu, ou du moins qu'ils efl'açassent
tion. La même chose est ordonnée pour les leurs péchés par la pénitence. 11 accorde aux
monastères d'iiomuies. mêmes ecclésiastiques de percevoir les reve-
43. A la mort des curés, quelques évêques nus de leurs bénéfices pendant trois ans,
mettaient les églises en interdit, et ne per- comme s'ils étaient présents à leurs éghses;
mettaient pas qu'on leur donnât des succes- ordonne aux évêques et autres prélats d'a-
seurs jusqu'à ce qu'on leur eût payé une cer- vertir tous ceux qui se sont croisés de s'ac-
tainesomme, ils exigeaient aussi des présents quitter de leurs vœux , même de les y con-
d'un militaire ou d'un clerc, pour leur per- traindre par censure ecclésiastique; d'exhor-
mettre d'entrer en religion et de se choisir ter les princes et les peuples à fournir des
la sépulture dans une maison religieuse. soldats, des armes, des vivres et les autres
Toutes ces exactions sont détendues, sous choses nécessaires pour cette expédition, sous
peine de restitution du double. lapromesse de la rémission de leurs péchés.
44. On défend aux juifs les usures exces- Le pape déclare qu'il fournira lui-même trente
sives confie les chrétiens, avec menace de mille livres de ses épargnes, outre trois mille
leur interdire tout commerce avec eux, et il marcs d'argent d'aumônes qu'il avait en
leur est ordonné de payer la dime et les au- main, et de payer les frais des croisés depuis
tre- oblations, à cause des maisons ou des home et les lieux ciiconvoisins. Il ordonne
héritages qu'ils possèdent, de la même ma- au clergé de payer pendant trois ans le ving-
nière que les payaient les chrétiens avant tième de ses revenus, et aux cardinaux le
que les juifs les eussent aclietés d'eux. En dixième; il excommunie tous ceux qui, en
quelques provinces, les juifs portaient un quelque manière que ce soit, porteront obs-
habit diU'éreni des chrétiens; dans d'autres, tacle à l'expédition de la croisade; défend
il n'y avait aucune diQ'érence dans les ha- les tournois pendant trois ans: enjoint aux
billements des juits et des chrétiens , d'où il princes qui sont en guerre de faire la paix, ou
arrivait des conjonctions illicites entru des au moins une trêve de quatre ans accorde aux ;

chrétiennes et des juifs. Le concile obvie à croisés une indulgence pléniêrede tous leurs
ces inconvénients en ordonnant que les juifs péchés, après qu ils s'en seront confesses, et
des deux sexes porteront quelque marque dont ils auront la contrition; et déclare par-
sur leuis habits qui les distm.;ueronl des ticipants des sutl'{ iges du concile tous ceux
chrétiens. Ce concde défend, conformément qui contribueront au piogrès de lu croisade.
à celui de Tolède, de donner aux juifs des
charges et des emplois publics, et il étend I
loin. XI Concil., pag. iU.
1172 HISTOffiE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
46. A la fin du concile, on agila la cause seoir aux affaires de l'Eglise , et à dissoudre
- de l'empire ', et le pape ayant entendu les le concile. Matthieu Paris * dit que les
raisons des députés d'Ûthon et de Fridéric, soixante-dix décrets qui y furent faits, pa-
jugea en faveur de celui-ci, parce qu'OtLon rurent tolérables aux uns, et h charge à
n'avait pas gardé le serment qu'il avait fait d'autres. Il parait que le pape ' les dressa
à l'Eglise romaine, et qu'il retenait encore lui-même, mais aussi qu'ils lurent approu-
' du concile; qu'ainsi on doit les regar-
les places pour lesquelles il avait été excom- vés
munié. Il ordonna aussi que les terres de der comme des décrets de l'Eglise univeselle.
Raymond, comte de Toulouse, dont la pos- Aussi ' ont-ils servi de fondement à la disci-
session provisionnelle avait été accordée à pline qui s'est observée depuis, c'est-à-dire
Simon, comte de Montfort, parce qu'il avait depuis le commencement du xiii" siècle.
plus travaillé qu'aucun autre dans la croi- 49. Je finirai l'histoire des douze siècles
sade contre les bérétiques, lui resteraient, précédents en méfiant sous les yeux du lec-
et que pour les autres terres de ce comte teur la lettre par laquelle je l'ai soumise au
qui n'avaient pas été conquises par les croi- jugement de notre très-saint père le pape
sés, elles seraient gardées aux ordres de lienoît XIV, et la réponse dont Sa Sainteté
l'Eglise par des personnes capables de main- a bien voulu m'honorer. J'y ajouterai une
tenir la paix et la foi, pour être rendues en seconde lettre de sa part, où elle continue
tout ou en partie au lils unique du comte à s'expliquer sur cet ouvrage et sur un au-
Raymond, s'il s'en lendait digne lorsqu'il tre que j'ai mis au jour sous le titre d'Apo-
serait parvenu à un âge compétent. Quant logie de la morale des saints pères :

au comte, il lui fut ordonné de se retirer en oO. «Beatissiiue Paler, Sanctitali Vestrse,
quelque lieu pour y faire pénitence; et le » pedibusejusadvolutus,septemdecim priera
pape lui assigna une pension de quatre cents » Bibliotheca; meae Ecclesiasiicœ volumina,
marcs d'argent laissant la comtesse sa
,
)> donec plura in lucem edantur, oll'ero :

femme, sœur du roi d'Aragon, jouir paisi- » supplex orans ut Iselâ quâ soles fronle ht-
blement des terres de sa dot. Le pape ex- » teralorum fœtus suscipere , bosce meos
communia encore tous les barons d'Angle- » excipias, Summe Fontitex; doctrinam in
terre pour avoir persécuté le roi Jean, quoi- » eis deprehensurus, quam à beato Fetro,
qu'il fût croisé et vassal de l'Eglise romaine. » ejusque in Sancla Sede successoribus ac-
Il prononça la même sentence contre l'ar- » ceplam, etiamnum universalis tenet Ec-
cbevéque de Cantorbéry, qui avait été d'in- )) clesia. Is namque fuit laboiis à me sus-
telligence avec ces barons, et contre tous » cepti scopus, ut catbolicae fidem Ecclesiœ ,

ceux qui travailleraient à envahir le royaume » incoucussam per tôt seculorum curricula,
de ce prince. » conlractis infei i viribus, permausisse, Sum-
47. Le patriarche des Maronites, qui, sous » morum Pontihcum dccretis , et patrum
le pontificat de Lucius III, s'étaient réunis à » conciliorumqne testimoniis comprobarem,
l'Eglise romaine, assista au concile*, où, » quatenùs catholici in fide firmareutur, be-
s'étant fait instruire pleinement de la foi et n terodoxi ad fidei unitatem redirent.
des saintes cérémonies, il promit non-seule- » Quu in opère, beatissime Paler, si con-
ment de les observer, mais encore de les » ligerit me, quod à via veritatis aber-
absit,
faire observer par sa nation; et malgré les » rando peccasse, lubens sanciae .4postoli-
persécutions qu'ils eurent à sonlirir de la » casque Sedis emendationi correctioniquc
part des inûdcies, ils persévérèrent cons- )) me submilto; cujus fidem et doctrinam à
tamment dans la foi catholique ^usque sous » prima eetate edoclus, usque in seneclam et
Léon X, comme on le voit par lej lettres ^ H senium profiteri gloriabor. Dabat Flavi-
qu'ils lui adressèrent. » uiacikaleiidisjanuariil731 in testimonium
Le quatrième concile général de La-
48. » deTOtissimi erga sanctitatem Vesfram ani-
tran dura depuis le H
novembre 1213 jus- » mi sui servus humillimus Remigius Ceil-
qu'au 30 du même mois. Les troubles qui » lier, monachus benedictinus è congrega-
survinrent eu Italie obligèrent le pape à sur- » lione Sanctorum Vitoni et Hydulphi. »

' Tom. XI Concil., pag. 232 etsuiv. 6 Can. 51, etc.


• Pag. 234. 6 Con. 2, 4, 8, 42, 45.
» Baronius, ad an. 1128, Dum. 4. ' Fleury, Hist. Ecoles., liv. LXXVII, tom. XVI,
* Matth. Paris., ad ao. 1211, pog. 188. pag. 409. '
[Xlir SIÈCLE.]
.] CHAPITRE LXXXVII. — COiNCILES DU XIII= SIÈCLE. 1173

31. Benedictus P. P. XIV, dilecle Fili,


« 1) surant que nous admirons toujours de plus
n salutem et apostolicam benediclionem. Per » en plus votre vrai mérite, souleiiu et fortifié
» manus dilecli filii iioslri cardin;>lis Pas- » par votre infatigable application aux études
» sionei scptemdecim recepimus volutuina » sacrées et profitables au bien de l'Eglise.
» tuœ Bibliûlbecae Ecclesiastic», mcritasque )) C'est pour vous marquer celte sincère dispo-
» eN corde referiinus gratias. Non erat opus » silion de notre part, et procurer en vous la

I) nobis incognilum, cùm bonorifîcnm ejus- » continuation de votre zèle, que nous vous
n dem menîionem fecerimus in nonnuUis » donnons avec une tendresse paternelle notre
1) nosUis operibus prœlo datis, et signanter •1 bénédiction apostolique. Datum Romse
I) Martyro-
in epistoli nostra prafL-ca editioni )) apud Sanctam Mariam Majorem die 4 julii
.> logii romani. Opus tuum nobis visum est » 1733, pontiticatùs nostri anno 13. »
I) peipolitè scriplum, et ex iiis quœ hucus- L'inscription de ces deux lettres est en
» que eo iegiraus, sano, non insano crl-
in ces termes :

» terio abiiudaus, medelasque parans vulne- « Dilecto Filio Remigio Ceillier, monacho
» ribus .'Vpostolicaî Sedi, et veritali impaclis benediclino è congiegatione Sanctorum Vi-
i> in aliis qiiibusdam bibliothecispiîBcedentor tonis et Hydulplii. »
)) cdilis. Sexdecim volumina nobis commo- 33. [Le projet de la nouvelle édition de
p»c
)) data, domino reslituemus, et septemdccim l'Histoire des Auteurs sacrés et ecclésiastiques ur.ri
P.e
l„iie
IX Sou-
» à te nobisdonc data in noslra bibliollicca ayant été soumis à Pie IX, « Sa Sainteté a
» privata reponemus; ideraque fiet de aliis » daigné louer beaucoup ce projet. Elle a

» volnminibus à te edendis, si ea nobis dono ))été heureuse d'apprendre que les notes et
» dedeiis. .4gemus cum caidinali Passioneo » les additions seraient faites dans un esprit

» de modo ad te transmittendi volumina à » très-conforme aux doctrines du Siège apos-

I) nobis édita, quœ pro anirai lui ingenitâ » tolique. » C'est Son Eminence le cardinal
» bonitate speramus tibi grala esse futuia; Villecourt qui a bien voulu communiquer
« et dùm te plenis ulnis arapleclimur, tilii cette réponse, le 21 novembre 1857, à l'édi-
I) apostolicam benedictionempoiamanterim- teur littéraire.
» pertiraur. Datum Rom» apud Sanctam Celte couimunication a grandement réjoui
)) Mariam Majorem, die 4 septembris nSi, celui qui a osé revoir, annoter et compléter,
» ponlificatùs nostri anno duodecimo. » par les découvertes modernes, du le travail

52. « Benedictus P. P. XIV, dilecte Fili, savant Bénédictin. Plus de huit années ont été
» salutem et apostolicam benediclionem. consacrées à ce rude et dillicile labeur, qui
» Nous avons reçu par les mains du cardinal pourtant a procuré de délicieuses jouissances.
» Passionéi le dix-liuitième tome de votre Toujours de plus en plus dévoué au baint-
» savante Histoire générale des Auteurs saars Siége, et reconnaissant dans le succee seur de
» et ecclésiastiques, accompagné aussi de 1.4- saint Pierre, avec les Pères et les Docteurs
n pologie de la Morale des pères de l'Eglise; de l'Eglise, le guide infaillible de la vérité,
» deux ouvrages heureusement sortis de je soumets respectueusement mou humble
» votre plume, dont nous vous rendons très- travail au jugement du très-saint et vénéré
» distinctement nos remerciements, vous as- Pontife qui gouverne l'Eglise.
ADDITIONS

parmi les écrivains du xii' siècle, et il lui

assigne quelques ouvrages. Voici quelques


Théodore Prodrome.
autres renseignements propres à corriger ou
A la page 149 ci-dessus, domCeillier parle à compléter les assertions de notre auteur.
de plusieurs écrits inédits de Théodore Pro- Nicétas, dont il est ici question, ne vivait
drome. Voici ceux qui ont paru depuis cette point au xii'' mais bien au ix", et il
siècle,
époque. Le cardinal Mai a publié en grec, parait être le même
personnage que David-
au tome V du Spkilerjium romanum p. 293- , Nicétas le Paphlagonien ', dont il a été ques-
296, le commentaire sur les hymnes en l'hon- tion au tome XII, p. 736, 737.
neur de Jésus-Christ, par Cosme de Majume Le cardinal Mai a publié en grec et en la-
et saint Jean Damascène. lia aussi publié en tin, au tome IV de sa Nouvelle Bibliothèque
grec, au tome VI de la Nova Bihliotheca Pa- des Pères, p. 323-431 trois écrits inédits de
,

Irum, p. 399-414, vingt poèmes du même Nicétas de Byzance. Le premier est une ré-
auteur, qui intéressent l'histoire. 11 les a fait futation suivie de VAlcoran de Mahomet, et
suivre, ibid., p. 414-416, du discours que
les deux autres sont deux lettres contre les
Théodore composa pour le mariage des deux musulmans. Voici à quelle occasion ces écrits
fils de Nicéphore de Brienne et d'Anne Com-
furent composés. En 842, l'empereur Michel
nène, Alexis et Jean. reçut de la part des musulmans deux lettres
Dix-sept lettres de Théodore Prodrome pa- qui calomniaient la foi chrétienne et glori-
rurent en 1754, dans premier volume des
le
fiaient l'hérésie mahométane. Sur la recom-
Miscellanea des livres manuscrits de la biblio- mandation de l'empereur, ou de sa mère
thèque du collège Romain, texte grec, tra- sainte Théodora, Nicétas de Byzance réfuta
duction italienne de Pierre Lazeri version ,
l'une et l'autre lettre par deux épities, et il
latine par un anonyme. Trois seulement sont
écrivit un grand traité contre ÏAlco7-an. Le
données en grec. savant cardinal, en publiant ces ouvrages de
II. Nicétas 2, en attendait trois résultats 1° Il y :

trouve, ibid., p. 322, une nouvelle défense


Jean Zonare.
de la religion chrétienne et une réfutation de
Une partie du commentaire sur les canons, la superstition et de la fraude de Mahomet;
ou cantiques anastasimes de sainl Jean Da- 2° il y voit une image naturelle de la théolo-
mascène, dont il a été question ci-dessus, gie scolastique ou spéculative chez les Grecs.
p. 157, est imprimée au tome V du Spicile- « Nous y remarquons, dit-il, avec quelle mé-

gium 7'omanum, p. 384-389. thode, avec quelle pénétration, avec quelle


Le Lexicon a paru en 1808, in-4°, 2 vol., à force de dialectique et de notions communes
Leipsick, par les soins et avec les notes de ou de bon sens les chrétiens, en face des
Jean-Auguste-Henri Tittmann. païens et des musulmans, soutenaient sur-
tout le mystère très-difficile et très-obscur de
m. la Trinité; et certes, en cette partie, notre
Nicétas de Byzance. Nicétas est admirable et il nous fournit un
,

exemple remarquable du génie grec et d'une


A la page 149, t. XIV, ci-dessus, dom Ceil- sublihlé docte et solide. » 3° La Réfutation
lier parle de Nicétas de Byzance, qu'il range nous otlre en grec le texte de Mahomet; ce

' Voyez Maij .Vora Patrum liiblioth., tom. IV, pag. 321. — ' Ibid., pag. 322.
ADDITIONS. — NICETAS DE BYZANCE. 1175

texte diffère de celui qu'on rencontre main- chrétienne. L'auteur le fait dans les même»
tenant dans les imprimés et dans les manus- termes que dans l'ouvrage précédent, et il

crits. Cette variété vient selon l'éditeur, ou


, réfute ensuite les accusations portées par les
de rianorance du traducteur grec, ou des musulmans contre la foi chrétienne sur la
nombreuses significations des mots arabes, génération du Fils en Dieu.
ou enfin de la variété des éditions du texte La seconde lettre contient encore la même
arabe de ï'Alcoran. démonstration du dogme; elle est aussi con-
Le grand ouvrage contre Maliomet se com- sacrée à réfuter les autres objections des
pose d'une préface et de trente chapitres. musulmans contre le mystère de la Trinité,
Dans la préface, après avoir dit comment il et quelques autres avancées par ces sectaires

avait été amené à composer cet écrit, et après dans la seconde lettre à l'empereur. Ils y
avoir prié Dieu de le bénir, l'auteur donne le disaient, entre autres choses, que Dieu avait
sommaire de tout l'ouvrage. Dans le premier donné la foi des Sarrasins comme une lu- '

chapitre, ilexpose et démontre l'orthodoxie mière; qu'on ne pouvait point approcher de


de la foi des chrétiens, il attaque tous les Dieu avec une foi différente. Nicétas s'atta-
blasphèmes que renferme le livre de Maho- che à montrer - combien les prescriptions de
met, et il réfute les dogmes pervers contenus la loi musulmane portent aux vices et dé-
dans le premier chapitre. Dans les chapitres tournent de la vertu en donnant un aliment
ii'àxviir, il réfute seize chapitres de VAlco- aux passions les plus viles. « De telles pres-
ran. Dans le xviir, il expose et renverse les criptions, ajoute-t-il, rendent la foi nuisible ^,

impiétés débitées çà et là par Mahomet dans et personne ne peut s'approcher de Dieu par
les chapitres suivants. Le xix« est sur la no- une foi pareille. Donc votre foi, ô Sarrasins,
tion du mot Verbe. Les suivants, jusqu'au doit être appelée ténèbres plutôt que lumière,
xxni% sont consacrés à réfuter les assertions et personne ne s'approche de Dieu par elle.
de Mahomet qui soutenait que Dieu est la
, S'il en est ainsi, elle ne vient pas de Dieu.

cause du péché; que les hommes, après la Mais notre foi est bien différente. La vôtre
résurrection, vivront dans le mariage; que prescrit la luxure, la nôtre commande la pu-
les anges sont des femmes. Dans le xxiii', il reté; la vôtre ordonne la gourmandise, la
est question de l'intercession des anges. Dans nôtre enjoint la tempérance. Votre foi est
le xxiv% Nicétas prouve que Dieu n'est pas donc mauvaise et nuisible; elle n'attire pas
sphérique. Dans le xxv, il démontre que le l'amitié de Dieu; elle rend plutôt semblable
peuple ismaélite n'était pas compris dans aux brutes. Il est donc démontré que notre
l'alliance faite par Dieu. Les chapitres xxvr foi est bonne et utile, qu'elle nous rend
et xxvii» sont sur la circoncision. L'auteur y amis de Dieu, parce qu'elle élève les hommes
prouve qu'elle d'aucune utilité pour les
n'est à la condition des anges. Aussi nous pouvons
musulmans, et ne peuvent en conclure
qu'ils dire avec confiance qu'il n'est point de foi, à
qu'ils adorent le Dieu d'Abraham. Le xxviir l'exception de celle que professent les chré-
est sur le Dieu de Mahomet. [> 'auteur y dé- tiens, par laquelle on puisse s'approcher de
montre que Mahomet et ses sectateurs n'a- Dieu et participerau vrai bien.»
dorent point le vrai Dieu, mais le démon qui Voilà ce que disait Nicétas de la loi musul-
a usurpé le nom de Dieu. Dans le suivant, mane au IX» siècle. Au xix°, ses raisons sont
il montre que les musulmans, tout en recon- aussi concluantes : elles condamnent ces
naissant un Dieu unique, n'adorent point le hommes, ces chrétiens qui prétendent civi-
vrai Dieu, parce que le vrai Dieu ne peut liser lesArabes et les Turcs par le mahomé-
être adoré sans son Fils notre Seigneur Jésus- tisme, et qui ne rougissent pas de comparer
Christ. Il s'éli've ensuite contre les musul- l'Evangile à l'Alcorau. Temps étrange que
mans qui blasphèment la divinité de Jésus- celui dans lequel nous vivons, et où de sem-
Christ, prétendent que Jésus-Christ n'est pas blables doctrines trouvent des lecteurs et des
Dieu et soutiennent que Dieu leur a donné
, partisans.
comme une proie à dévorer le pays des Nicétas dit ensuite comment nous sommes
chrétiens. C'est l'objet du dernier chapitre. faitsà la ressemblance de Dieu '. Il repousse
La première lettre de Nicétas est con- la similitude qui consisterait à confoudre la
sacrée à démontrer la vérité de la religion substance divine avec la nature humaine,

Voyez Mai, Nova Patrum Bihiinth., tom. IV, 42S. — ' PaR. 444. Pa«. 4Î&.
1176 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
comme le font aujourd'hui les panthéistes; torius,surEutychès, sur le cinquième concile,
mais il admet une ressemblance d'analogie. sur les incorruptibles, sur le sixième con-
Selon Nicétas, nous sommes fails à l'image cile, sur l'hérésie des Arméniens *, sur les
de Dieu par notre volonté libre et notre libre lizicianiens, anciens hérétiques.
arbitre. Nous sommes faits à l'image de la Nicétas Acominatus ou de Chone , autre-
Trinité, parce qu'il y a en l'homme l'intelli- ment Colosses, écrivait du temps de Bau-
gence, le verbe el le son (Mens, Verbum, douin, premier empereur de Constantinople.
Spin(us). Notre intelligence engendre le Il avait été dans les honneurs et avait servi
verbe, le verbe est fils de l'intelligence, et le dans guerre contre les Latins. A la prise
la
son est proféré par le verbe. Et comme au- de Constantinople, en 1204, il dut la vie à un
cune intelligence n'existe sans le verbe ainsi , marchand vénitien qui montait la garde à sa
nul verbe n'existe sans intelligence; ils exis- porte. Il se retira à Nicée où il termina, vers
tent simultanément, sans que l'un précède l'an 1216, une vie cruellement agitée '. C'est
verbe n'est pas siins le son, le
l'autre. Si le pendant son exil et pour la consolation de
,

son, qui est exprimé par la voix, n'est pas ses compagnons, qu'il composa son Trésor
non plus sans le verbe. Notre intelligence, de la foi orthodoxe. Montfaucon, dans sa Pa-
qui engendre le verbe au dednns de nous a , léographie grecque, a donné les arguments
de l'analogie avec Dieu le Père, qui a engen- ou sommaires des vingt-sept livres dont se
dré éternellement son Fils. Le verbe, qui est compose l'ouvrage. Fabricius les a reproduits
au dedans de nous a de l'analogie avec ce-
,
dans la Bibliotheca grœca. Pierre Morel de ,

lui qui est engendré vrai Fils de Dieu sans Tours, a publié la traduction latine des cinq
les imperfections de la génération. Notre son premierslivres, d'après un manuscrit du Mont-
a de l'analogie avec le Saint-Esprit, qui pro- Atbos, acquis par Jean de Saint- André, doyen
cède du Père et est répandu par le Fils sur de Carcassonne et qu'on regarde comme
,

les créatures '.


l'oricrinal. Cette version, imprimée à Paris en
Disons en outre que l'homme est fait à la 1561 , 1370, 1610, in-8% a été insérée dans
ressemblance de Dieu à cause de l'exercice la Bibliothèque des Pères, où l'on trouve aussi
des vertus et de la participation des biens. un fragment traduit du XX' livre, sur la con-
Ce que Dieu, cause créatrice, possède primi- duite à tenir envers les Sarrasins convertis
tivement et non causalement l'homme le ,
au christianisme. Outre cet écrit Nicétas a ,

possède secondairement par participation et , composé des Annales en vingt-un livres, qui
causalement. Dieu est le premier des êtres, commencent à la mort d'Alexis Comnène, en
est supersubslanliel, est vie, lumière, 1118, et finissent au règne de Baudouin. Jé-
il il il

est sage, puissant, bon, doux, juste. L'homme rôme Wolf les a publiées avec une traduction
est sage, est vie,
il il est puissant, bon, doux, latine, Bâle, 1337, in-fol. Cette édition a
juste; mais Dieu est tel naturellement et subs- servi de base h celle de Genève, 1593, «1-4%
tantiellement; l'homme l'est par adoption, augmentée d'un index chronologique et de
par grâce, et non essentiellement. » notes par Simon Goulart, et Annibal Fabrot
IV. en a donné une nouvelle édition, revue et
corrigée, qui fait partie du corps de l'Histoire
Nicétas Choniate.
byzantine, imprimée au Louvre. Elle est re-
A la suite de ces ouvrages de Nicétas de produite dans la nouvelle édition imprimée à
Byzance, le cardinal Mai a publié en grec ,
Bonn, par les soins de Bekker, en un volume.
el en latin, p. 431-442, un opuscule de Nicé- L'histoire de Nicétas est très-intéressante par
tas Choniate sur la superstition des Agaré- l'importance des événements et par la fran-
niens ou Sarrasins. Cet opuscule est le hui- chise avec laquelle il avoue les torts de ses
tième chapitre du Trésor de la foi ortltodnxe. compatriotes; mais on regrette que le style
Le cardinal l'avait déjà publié en grec au en soit défiguré par cette fausse éloquence
tome IV du Spicilegium romanum, avec plu- qui dépare les meilleurs ouvrages de la même
sieurs autres extraits du Vl« livre du Trésor. époque. Elle a été traduite en français par
Ces extraits roulent sur Macédonius, sur Nes- le président Cousin.

' Voyez Mai, A'ooa Puh-um BMiolh., tom. IV, réfute une de leurs erreurs, celle d'oindre les cadavres
pag. 426. avec l'huile sainte.
» Le savant éditeur cite ici uu écrit manuscrit de s Voj'ez son article dans la Biographi» universelle
saint Nicéphore, patriarche de Conatantinople, qui de Michaud.
ADDITIONS. — MICHEL GLYCAS. 1177

Nicétas nous a encore laissé un Discours sement et en peu de mots à toutes ces objec-
sur les monuments détruits par les croisés. Ce tions. Sur la fin de la dispute, il montre la
fragment précieux a été publié, avec une fausseté de la mission de Mahomet, et l'ab-
version latine, par Banduri, dans la troisième surdité, l'immoralité de sa doctrine. La dis-
partie de V/mperium orientale, et par Fabri- pute se termine par la conversion du phi-
cius, dans la Bibliotheca grœca. M. le comte losophe au christianisme.
d'Hauterive en a donné une traduction fran- Le cardinal f.iit suivre cet écrit d'un frag-
çaise, imprimée dans la nouvelle édition de ment de dialogue d'un chrétien avec un ismaé-
VHistoire du Bas-Empire, t. XII, p. 573 et s., lite. Ce sont à peu près les mêmes interroga-

dont elle n'est pas un des moindres orne- tions et les mêmes réponses.
ments. Au tome VI de Nova Patrum Bibliotheca
la

Michel a composé une raonodie sur la mort il promettait de faire paraître le commentaire

de Nicétas, son frère '. Cette pièce, dont d'Euthymius Zigabène sur les Epitres de saint
Pierre Morel a donné une traduction latine Paul, qu'il avait entre ses mains; mais la
insérée dans le tome XXV de la Ftibl. Max. mort l'a empêché de tenir parole.
Patrum, parait difî'éiente d'un éloge d'Aco-
VI.
minatus, par Michel, conservé à la biblio-
thèque Bodléienne. Hanckius a recueilli beau-
Michel Glycas.
coup de détails sur Nicétas, dans sa disserta-
tion de Hist. Byzant. scriptoribus, ch. xxxi. A la page 642 ci-dessus, notre auteur parle
d'un traité inédit sur l'état des âmes séparées
de leurs corps. Ce traité, en forme de lettre,
a été publié par Mai, en grec, au tome VI
Euthymius Zigabène.
de la Nova Bibliotheca Patrum, p. 533-537.
A la page \ oA t. XIV de la nouvelle édition
, ,
Michel y souient contre quelques Grecs que
n" 20, dom Ceiilier parle d'un écrit d'Euthy- les âmes des justes n'att(!ndent pas la résur-
mius Zigabène, conservé à la bibliothèque im- rection pour jouir de la vue de Dieu; il y ex-

périale de Vienne et intitulé Dispute de Ziga-


, pose l'intercession des saints auprès de Dieu,
bène avec un p/iiloso/ihe sarrasin, sur la Foi. laconnaissance et le soin qu'ils prennent de
Le cardinal Mai a retrouvé cet ouvrage dans nos intérêts, et la communion qui existe en-
les manuscrits du Valican, et il l'a publié au tre les saints du ciel et nous qui sommes en-
tome IV de sa Bibliotheca nom Patrum, p. i\2- core sur la terre. Cette lettre avait été copiée
454. Le Sarrasin reproche aux chrétiens de par Léon Allatius, avec deux autres sur le
professer le polythéisme, d'attribuer à Dieu même sujet mais où la matière est traitée
,

la génération, et d'admettre un Père, un Fils moins longuement. Le cardinal a fait précé-


et un Saint-Esprit. 11 attaque l'incarnation, der le traité de Michel d'un fragment où un
la virginité de Marie la passion et la mort
, anonyme défend aussi le dogme catholique
de Jésus-Christ. Euthymius répond victorieu- sur l'état des âmes séparées du corps.

' Après la prise d'Athènes, Micliel se retira dans le VAcloralion de la Croix et un poëme sur Athènes où
monastère de Saint-Jean, ou le Précurseur, dans l'ile il expose les changements qu'elle avait éprouvés de-
de Céos (Zée). Ou conserve à la bibliollièque du roi puis les temps auciens. (Note de la Biograji/iie uni-
(impériale) deux opuscules de ce prélat, un traité sur verselle.)

FIN DU TOME QUATORZIÈME.


.

TABLE AMLITIQIIE

MATIÈRES CONTENUES DANS CE QUATORZIÈME VOLUME.

A.

ABAILLARD (Pierre), alibé de Sainl-Gildas. (On mière Apologie, p. 328. Seconde Apologie, ibid. et
le nomme communément Abélard. C'est en latin 329. Ses commentaires sur l'Oraison dominicale, le
Abœlardus nu Abiiitardun, et quelquefois par erreur Symbole des apôtres, et celui de saint Athanase,
de copiste Abatlardus. Son vrai nom pouvait être p. 329. Solution des problèmes d'Iléloïsse, ibid. et

Abeillard, c'est-à-dire docteur qui imite les abeilles. 330. Livre contre les hérésies, p. 330. Commentaire

D. Ceillier le nomme Abaillard). Sa naissance, ses sur l'Epîlre aux Romains, ibid. et 331. Remarque
éludes, p. 317, 318. Devenu odieux à Guillaume de sur ce commentaire, p. 331. Sermons d'Abaillard,

Champeaux son maître, il se relire à Melun, où il ifcîrf. cl 332. Son Introduction Théologie, p. à la

ouvre une école, qu'il transfère ensuite à Corbeil, 332, 333. Sa prose et ses hymnes, p. 334. Sa Théo-
p. 318. 11 revient à Paris; ses disputes avec Guil- en cinq livres, p. 334, 335.
logie chrétienne divisée

laume ; il retourne à Melun, puis il vient à Paris Coramentaire sur l'ouvrsge des six jours, p. 335,
établir une école sur le mont Sainte-Geneviève, ibid. 336 Morale d'Abaillard, p. 336. Ses autres écrits
Chargé d'instruire Héloïsse, nièce de Fulbert, cha- imprimés depuis D. Ceillier. Le livre intitulé Sic et

noine de Paris, il en devient amoureux, puis l'é- Non, Dialogue entre un philosophe, un
ibid. et 337.

pouse, ibid. Vengeance que Fulbert exerce à son juif et im chrétien, p. 337, 338. Abrégé delà Théo-
égard; il se fait moine à Saint-Denis, ibid. Il ouvre logie chrétienne, p. 338. Poésies, ibid. et 339. Ses

une nouvelle école â Deuil, prieuré dépendant de autres écrits qui n'ont pas été imprimés, p. 339.
Saint-Denis, p. 319. Jalousie que ses succès occa- Jugement sur les ouvrages d'Abaillard et d'Héloïsse,

sionnent. On défère au concile de Soissons son traité p. 310. Editions qu'on en a faites, ibid. Traductions
de la Trinité; il y est condamné, ibid. Sa conduite des lettres, ibid. et 341. Circonstances de la vie

dans le concile, ibid On lui donne pour prison l'ab- d'Abaillard, écrites par lui-même dans une de ses
baye de Saint-Méd.ird ; puis on le renvoie à Saint- lettres, p. 317. Sa Vie par D. Gervaise, p. 341.
Denis, ibid. et 320. Il fonde le Paraclet, p. 320. Ses Concile de Sens oi!i saint Bernard dénonce les erreurs

envieux préviennent contre lui saint Norbert et saint qu'il avait trouvées dans les écrits d'Abaillard, p.
Bernard, ibid. Il est élu abbé de Saint-Gildas de Ruis, 1 1 16. Concile de Soissons où le traité d'Abaillard
sur
en Bretagne, et donne le Paraclet à Héloïsse, qui s'y la Trinité est déféré, p. 1095. Ecrits de Guillaume,
retire avec quelques religieuses d'Argeiiteuil, ibid. abbé de Saint-Thierry, contre Abaillard, p. 888.
Il est condamné au concile de Sens et par le pape Lettres de saint Bernard contre Abaillard, p. 440.
Innocent II, ibid. Il se retire à Cluny, ibid. et 321 441. Lettres que le pape Innocent II adresse à saint

Sa mort, p. 321. Eloge que fait de lui Pierre, abbé Bernard contre les erreurs d'Abaillard, p, 442. Traité
de Cluny, ibid. Ses écrits Ses lettres, iftid. et : suiv. de saint Bernard contre les erreurs d'Abaillard, p.
Règle pour l'abbaye du Paraclet, p. 324 et suiv. 480. Pierre le Vénérable fait l'éloge d'Abaillard, p.

Autres lettres d' Abaillard, p. .326 et suiv. Sa pre- 510. Epitaphe d'Abaillard par le même, p. 522.
,

l\i TABLE ANALYTIQUE.


Lettre écrite à Abaillard par Gauthier de Mortagne, 557. Sa chute, d'après Hugues, archevêque de
p. 660. Epilaphe d'Abaillard parPliilippe de Bonne- Rouen, p. 603. Livre de Philippe de Borne-Espé-
Espérance, p. 687. rance sur le salut du p.'-emier homme, p. 685.
ABBANDUS (ou ABBAUDUS), abbé. Son traité ADAM, chanoine d", Brème, est d'abord chargé du
sur la Fraclioii du corps de Jésus-Christ, p. 345. soin des écoles de cette ville, p. 201. En quel temps
ABBÉS. Canon d'un concile de Poitiers qui in- il est fait chanoine de Brème, Son Histoire des
ibid.

terdit aux abbés l'usage des omenienls pontificaux, éijlises du Nord; ses recherches pour la rendre
p. 1076. Abbé des abbés; titre usurpé par Ponce, exacte, ibid. Analyse de cette Histoire, ibid. et suiv.
abbé de Cluny, et dont il est repris au concile de Analyse du premier livre, p. 201, 202. Analyse du
Latran par le chancelier de l'Eglise romaine qui deuxième livre, p. 202, 203 ; du troisième livre, p.

l'adjuge à l'abbé de Mont-Cassin, p. 108S. Plaintes 203, 204; du quatrième livre, p. 204, 205. Descrip-
de saint Bernard contre abbés de son ordre, p.
les tion des provinces du Nord, p. 205, 206. Epilogue
i66. Privilèges depuis accordés aux abbés, ibid. d'Adam à l'archevêque Liémar, p. 206. Différentes
Abus que les abbés faisaient des privilèges que les éditions qu'on en a faites, p. 206.
papes leur a'cordaient, p. 771. Instructions que ADAM, abbé de Saint-Denis. Sa mort, p. 374.
Pierre de Blois donnée des abbés nouvellement élus, ADAM, abbé d'Eberbach en Franconie, p. 425,
p. 775. Lettre de Philippe de Bonne-Espérance qui 426.
explique le nom d'abbé, les marques de sa dignité, ADAM, d'abord de l'ordre de Prémontré, puis abbé
ses lonctions et ses devoirs, p. 684, 685. ou évêque de Case-Blanche, en Ecosse, p. 687. Il

ABBESSES. Abbesses dans l'ordre de Cîteaux qui passe en France; sa mort, ibid. Ses écrits, ibid. Ana-
bénissaient leurs religieuses et entendaient leurs lyse de son Soliloque de l'Ame, p. 688.
confessions, etc. Le pape Innocent III réforme cet ADEFONSE, évêque de Salamanque. Son épitaphe
abus, p. 1006. par Pierre de Poitiers, grand prieur de Cluny,
ABDIAS, prophète. Commentaire de Guibert, abbé p. 571.
de Nogent sur ce prophète, p. 196. Notes de Hu- ADELBERT, archevêque de Bourges. Sa mort,
gues de Saint-Victor sur la prophétie d'Abdias , p. 99.
p. 349. ADÈLE, fille de Guillaume le Conquérant et femme
ABOLEN, monastère. Le pape Innocent III le d'Etienne, comte de Chartres. Elle fait assigner à
soumet à la juridiction de l'évêque de Lunen , sa justice un archiprêtre. Yves de Chartres s'en

p. 954. plaint, p. 109.


ABSOLUTION. Ce que dit saint Yves de Chartres ADÈLE, femme d'Etienne, comte de Blois, sœur
sur le délai de l'absolution, p. 118. de Henri I"', roi d'Angleterre. Lettres que lui écrit

ABSTINENCE. Règle de saint Benoît sur les abs- Hildebert, évêque du Mans, p. 209. Lettre que Pierre
tinences, p. 164. le Vénérable lui écrit, p. 502.
ACHARD, moine de Clairvaux et maître des no- ADÈLE, reine d'Angleterre, épouse de Henri I«r.

vices. Ses sermons, p. 346. Sa Vie de saint Gotce- Lettres que lui écrit Hildebert, évêque du Mans,
lin, ermite, ibid. p. 210.
ACHARD, usurpateur de l'archevêché d'Arles, est ADELME ou ATHELME, abbé de Malmesbury, et
déposé dans un concile d'Avignon, et Gibelin élu à ensuite évêque de Salisbury ou Schirburn. Sa Vie
sa place, p. 1070. écrite par Guillaume de Malmesbury, p. 314. Ana-
ADALBÉBON ou ALBÉRON, archevêque de Trê- lyse de cette Vie ;
éditions qu'on en a faites, ibid.
ves. Lettre de reproches que lui adresse Hugues Mé- ADÉMAR, évêque de Poitiers. Difficultés sur son

tellus, p. 363. Saint Bernard prend sa défense, ibid. élection qui est enfin confirmée par le pape Inno-
Autre lettre que saint Bernard lui écrit, p. 366. Let- cent 111, p. 955.
tres que saint Bernard écrit en son nom au pape ADJUTËUR (saint), moine de Tiron. Sa Vie écrite

Innocent II, p. 439. par Hugues, archevêque de Rouen, p. 608.


ADALBERT (saint), évêque de Prague. Sa Vie ADORATION. Discours de Zonare sur l'Adoration
faussement attribuée à Cosme, doyen de l'Eglise de de la croix, p. 158.
Prague, p. 174. ADRIEN, abbé de Saint-Augustin de Cantorbéry.
ADALBERT, archevêque de Brème et de Ham- Sa Vie écrite par le moine Goscelin, p. 233. His-
bourg. Sa mort, p. 201. Histoire de son épiscopat, toire de la translation de son corps par le même,
par Adam do Brème, p. 203 et suiv. ibid.
ADALBERT, moine de Spaldingen, en Angleterre. IV (Nicolas Brec-Spere), pape. Ses com-
ADRIEN
Ses extraits du commentaird de saint Grégoire sur mencements, p. 912. Anglais de naissance, il passe
Job, p. 346. Autres écrits que Pitséus lui attribue. en France, et s'arrête à Arles pour ses études, ibid.;
ibid. prend l'habit de chanoine régulier à Saint-Ruf (et non
ADALBERT, usurpateur de l'archevêché de Ra- St-Auf), près^'Àvignon, dont ensuite il devient abbé.
venne, est obligé de le céder à Arnoul, p. 1037. On ibid. Ses religieuxl'accusent auprès du pape Eugène 111
lui donne l'évèché d'Aricie, ibid. qui connaissant son mérite, le fait évêque d'Albane et

ADaM, premier homme. Doctrine de Pierre Lom- cardinal, ibid. Sa légation en Norwége où il fait des
bard sur la création du premier homme, p. 456, conversions, ibid. Il est fait pape après la mort d'A-
.

TABLE ANALYTIQUE. 1181

Son éloge, ibid. Il ordonne qu'on


nastase IV, ibid. voure (ou Larivour), est fait évèque d'Auxerre, p.
chasse de Rome Arnaud de Bresce, ibid. 11 couronne 494. 11 quitte son évèclié et retourne à Clairvaux,
empereur Fnkleric Barbcrousse, ibid. Ses différends ibid.Sa mort, ibid. Il compose la Vie de saint
avec fiiiillanme, roi de Sicile ; la paix se l'ait entre le bernard d'une manière plus exacte et plus suivie,
pape et ce prince; bulle qui en contient les conditions. ibid.

ibid. Différend entre le pape cl l'empereur; à quelle ALDÉRIC (saint), second abbé de Cîteaux. Sa
occasion; common! il s'arrange, ibid.ùl p. 913. Autre mort. Etienne Hardinf; lui succède, p. 230. Son
diffférend au sujet de ce que l'empereur s'était fait oraison funèbre par Etienne, ibid.
rendre l'homninge par les cvèques deLombardie,913. aLBÉRIC, l'un des directeurs de l'école de Reims.
Mort du pape Adrien IV, ibid. Ses lettres, p. 914 et Sa jalousie contre Abaillard, p. 319, 320. Il est

suiv. Ses écrits dans la Patrviogie , p. 914 , note 2, confondu par Abaillard, p. 319. C'est le même qui
et p. 917 et 918. Autres écrits de ce pape, p. 918. devint archevêque de Bourges, p. 426. Sa mort,
ADUl.TÈRR. Les Suédois punissent de mort l'a- p. 509.
dultère, p. iOô.Poème de Philippe de Bonne-Espé- ALBÉRIC, cardinal-évcque d'Ostie, légat du pape
rance sur une femme faussement accusée d'adultère, contre les henriciens , p. 446, 447.
p. 687. ALBERT, antipape, élu pour succéder à Guibert,
^LKÈDE ou ÉTHELRÈDE. abbé de Riedval ou est enferm à Saint-Laurent, p. 129.
Réverbi, p. 620. Principaux points de sa vie ; sa ALBERT, cardinal, chancelier de l'Eglise romaine,
mort, ibid. Ses écrits hisloriques, ibid. Sermons sur est élu pape, et prend le nom de Grégoire VIU, p.
le prophète Isaïe, ibid. et 621. Sermons du temps 935. Voyez Grégoire VIII.
et sur les saints, p. 621. Le Miroir de ta charité, ALBKRT-LE-GRAND. Ses huit traités sur le livre

ibid. et 622. Traité de l'Amitié spirituelle, ibid. Dis- de Gilbert de la Porrée, intitulé : Des six principes,
cours sur Jésus âgé de. douze ans, ibid. et 623. His- p. 343.
toire d'Anglettrre, composée par .Elrède ; ce qui ALBIGEOIS, hérétiques. Canons du concile de
reste de cette histoire, p. 624. Autres écrits qu'on Toulouse, assemblé en 1129 pour les réprimer, p.
Jugement sur ses écrits, ibid. On
lui attribue, ibid. 1108. Canon du concile de Tours, 1163, contre ces
trouve à la suite des œuvres de saint H rnard les hérétiques et ceux qui les protégeaient, p. 1130.
onze sermons d'.^ilréde sur Isaïe, p. 492, et son Concile de Lombers, 1179, oii les albigeois sont in-
traité sur Jésus enlant de douze ans, ibid. terrogés juridiquement et condamnés, p. 1136. Ca-
AFFLIGHE.M, abbaye à quelques lieues de Bruxel- non du concile de Latran, 1179, contrôles albigeois
les temps de sa fondation, p. 190.
; et autres hérétiques, p. 1112. ['retendu concile de
AGANON, évèque d'Autun. Sa mort, p. 80. Ro- .Montpellier contre eux, p. 1 1 49. Croisade publiée
bert, duc de Bourgogne, se réconcilie avec lui, contre eux, p. 1150. Traitements odieux qu'on fait
p. 1061. subir à Raymond, comte de Toulouse, à leur occa-
AGE de l'homme. Age fixé par le troisième con- sion, ibid. Lettres du pape Innocent III au roi et aux
cile de Latran pour être promu à l'épiscopat et pour seigneurs de France, pour les engager à détruire les
les dignités inférieures et bénéfices à charge d'âmes, armes, p. 989 el 1005. Sentence
albigeois par les
p. 1139. prononcée en 1215 par le concile général de Latran
AGNAN (saint), évèque d'Orléans. Dédicace de contre les hérétiques albigeois et ceux qui les pro-
l'église de Saint-Agnan, évèque d'Orléans, p. 1043. tégeaient, p. 1163.
AGNÈS (SAINTE), vierge, martyre. Poème du vé- ALBIGNAN (pierre). Sa préface sur le Décret de
nérable Hildebert sur le martyre de sainte Agnès, Gratien, p. 761
p. 222. Son martyre en vers élégiaques, par Phi- ALCORAN, livre attribué à Mahomet. Traduction
lippe de Bonne-Espérance, p. 687. Sermon de Guil- latine de l'Alcoran par Pierre de Tolède et Robert
laume d'Auvergne en son honneur, p. 1027. de Rétines, p. 510 et 516. Pierre le Vénérable y
AGNÈS de Méranie, reine de France. Philippe- joint l'abrégé de l'histoire de Mahomet, p. 510. Ré-
Auguste l'éloigné de lui, p. 9li2. futation de l'Alcoran par Pierre, le Vénérable, p. 516
AGNÈS, veuved'Hélie, comte du Mans, et fille de et suiv.

duc de Poitiers, se consacre à Dieu dans un


Pie.-rc, ALETHE, de la maison de Montbart, mère de
monastère, p. 209. saint Bernard, p. 418.
AIGULFE (SAINT) ou AYGULPIIE, vulgairement ALEXANDRE II (ansf.lme), pape. Son élection
Aïou, abbé de Lérins. Manastère fondé à Provins confirmée, p. 1062. Il est reconnu seul pape légi-
sous son nom par Thibaud, comte de Champagne, time, p. 1064.
p. t054. Cette fondation est confirmée dans un con- ALEXANDRE III (roland), p.ipe, est élu par Ifi

cilede Sens, qui met ce monastère sous la dépen- très-grand nombre des cardinaux pour succéder à

dance de Montier-la-Cclle, ibid. Adrien IV, p. 918. Oclavien est élu en concurrence
AlUY, château au diocèse d'Auxerre. Concile tenu par une faction, et prend le nom ds Victor III, ibid.
en ce lieu, p. 1039, lOiO. L'empereur Frédéric Barberousse assemble un con-
AIX-LA-CHAPELLE , ville d'Allemagne. Concile ciliabule à l'avie, où il fait casser l'élection d'Alexan-
tenu m celte ville, p. 1040. dre et confirmer celle d'Oclavien , ibid. et 919. Les
ALAIN, moine de Clairvaux, puis abbé de la Ri- rois de France et d'Angleterre reconnaissent Alexandre,
,

H82 TABLE ANALYTIQUE.


p. 919. Il se réfugie en France, ibid. 11 retourne à par laquelle il justifie l'usage qu'il avait fait des ri-

Rome après la mort d'Octavien, ibid. L'empereur chesses de l'Eglise pour rétablir les finances de
Frédéric, qui avait fait un autre antipape,
élire l'Empire, ibid. el 110. Différents avantages que le

oblige Alexandre à sortir de Rome. Le pape se retire cornte Boémond remporte sur lui. Inquiétudes que
à Bénévent, p. 920. Il excommunie l'empereur, el lui donnent les croisés. Il traite avec eux, p. 140.
délie les sujets du serment de fidélité, ibid. Dans Il manque à ses engagements, ibid. Son zèle pour la
une conférence qui se tint à Venise, il fait la paix foi. Il condamne les hérétiques bogomiles, ibid. Ses

avec ce prince, qu'il absout de l'excommunication, soins pour la conversion des pauliciens, ibid. et 141.
ibid. Il rentre dans Rome, ibid. Il tient le troisième Son attachement à l'Eglise romaine. Sa mort, p.
concile général de Latran, pour remédier aux maux 141. Sa novelle touchant les élections d'èvêques,
causés par le schisme. Sa mort, ibid. Jugement ibid. el 142. Ses autres constitutions, p. 142, 143.
sur ce pape, ibid. et 921 . Ses lettres, p. 921 et suiv. Son tarif des impôts et des monnaies, p. 143. Autres
Autres lettres d'Alexandre 111 dans la Patrologie, p. Comnène, ibid. Son épilhalame par
écrits d'Alexis

927 et s. Il est excomnmnié au conciliabule de Pavie, Théodore Piodrome, p. 149.


p. 1127. Ecrits faits en sa faveur, p. ifci'd. 611128. Il est ALEXIS 111, l'ANGE ou COMNÈNE , empereur
reconnu par le concile de Nazareth, p. 112><. Il est d'Orient. Ses lettres au pape Innocent III, qui le
reconnu dans les conciles de Neuf-Marché et de Beau- pressait de donner du secours aux croisés el d'en-
vais, ibid., et dans celui de Toulouse, ibid, et 1 129. voyer des députés à un concile, p. 972.

Concile de Lodi, où il est excommunié, p. 1129. ALEXIS ARISTENE, économe de la grande église
1 129 Coniile de Montpellier, où il excommunie l'an- de Constanlinopie. Ses Scholies sur la synopse des
tipape et tous ses fauteurs, ibid. Concile de Tours , où canons, p. 653. Consulté par un concile de Cons-
il demande du secours contre les partisans de l'anti- tanlinopie, il produit un canon contre Nicéphore,
pape, p. ibid. et 1 130. Concile de Latran, où il excom- patriarche de Jérusalem, ibid.
munie l'empereur Frédéric, p. 1133, 1134. Concile ALPHONSE VI, roi d'Espagne ou de Léon et de
de Venise pour confirmer la paix qu'il avait faite Caslille. Donation qu'il fait au monastère de Cluny,
avec Frédéric, p. 1138. Sa conduite dans le difi'érend p. 53. Stiitul en sa faveur, ibid. et 54.

qu'il y eut entre Henri II, roi d'Angleterre, et saint ALPHONSE, comte de Sainl-Cilles. Saint Ber-
Thomas de Gantorbéiy, p. 663 el suiv., 669 et suiv. nard lui écrit contre les henriciens, p. 447.
Lettres qu'Ainoul deLisieux écriten sa faveur, p. 751 ALGAR, évêque de Constance. Son épitaphe com-
752, 754 et suiv. posée par Arnoul de Lisieux, p. 759.
ALEXANDRE, usurpateur de l'évêché de Liège, ALGER, diacre et scholaslique de Liège, p. 379.
est déposé au concile de Pise, p. 1090. Dégoûté du monde, il se fait moine à Cluny, où il

ALEXANDRE, évêque de Lincoln, se brouille avec est ordonné prêtre, ibid. et note 4. Donation qu'il
Etienne, roi d'Angleterre, p. 1115. Ses voyages à fait à celte abbaye, ibid. On ne sait pas bien le temps
Rome. 11 gagne la bienveillance du pape Innocent II, de sa mort, ibid. Voyez note 5. Son traité sur l'Eu-
qui le fait légat apostolique en Angleterre. Concile charistie, p. 379. Analyse de ce traité, divisé en
qu'il lient en cette qualité, p. 1118. trois livres, ibid. el suiv. Livre premier, p. 380.
ALEXANDRE, moine de Chypre. Incertitude où Livre second, p. 381 et suiv. Livre troisième, p.
l'on esl sur le temps où il a vécu, p. 655. Son dis- 383, 384. Jugements qu'on a portés sur cet écrit,

cours en l'honneur de l'apôtre saint Barnabe et sur p. 384. Editions qu'on en a faites, ibid. Editions
l'invention de ses reliques, ibid. Autre discours his- nouvelles, ibid. Traité de la miséricorde el de la
torique sur l'invention de la sainte Croix, ibid. Ses justice, tbid. Analyse de cet ouvrage, divisé en trois

erreurs historiques et chronologiques, ihid. et 656. parties, p. 384, 385. (Voyez noie 1, p. 385). Histoire

ALEXIADE, histoire de l'empereur Alexis Com- de l'église de Liège, p. 385. Traité de la giàce et du
nène, écrite par Anne Comnène, sa fille, p. 146. libre arbitre , p. 386. Traité du saint sacrifice de la
ALLXIS (SAINT), pèlerin. Sa vie écrite en vers messe, p. 386.
par Marbode, p. 229. ALIX , fille de Louis-le-Jeune, roi de France.
ALKXIS ou ALEXIUS, abbé de Stude, el ensuite Lettre du pape Alexandre III, au sujet de son ma-

patriarche de Constanlinopie, p. 1044. A quelle oc- riage avec le second fils du roi d'Angleterre, p. 925.

casion l'empereur Basile le nomme patriarche, ibid. ALLEGORIES. Explications allégoiiques de l'An-
Il tient un concile à Constanlinopie, ibid. Autre cien el du Nouveau Testament, attribuées à Hugues
concile auquel il préside, p. 1045. Décrets de ces de Saint-Victor, p. 349.
deux conciles, p. 1044 et suiv. Quand il cessa d'être ALLEMAGNE. Concile tenu en Allemagne , p.

patriarche, p. 1044. 1054.


ALEXIS CtJMNÈNE, empereur d'Orient. Ses com- ALULFE, moine de Saint-Martin de Tournai. Ce
mencements, p. 139. 11 parvient à l'empire, ibid. 11 qu'on sait des circonstances de sa vie, p. 71, 72
est couronné par le patriarche Cosme iûid. Il , Ses e.vlraits des livres de saint Grégoire-le-Grand,
demande la pénitence pour les violences qui s'é- auxquels il donne le litre de Grégorialc, p. 72.

taient commises lors de sa proclamation, el l'ac- ALVISE, évêque d'Arras, prétend nomme.- l'abbé
complit avec exactitude, ibid. Il perd une bataille de Marchiennes le concile de Laguy maintient les
:

contre Robert Guiscard, duc de Fouille, ibid. Bulle moines dans leur droit d'élection, p. 1117.
TABLE ANALYTIQUE 1183
AMAND (saint), évêque de Maëstrichl. Sa Vie AMOS, prophète. Commentaire de Guibert, abbé
écriie par Philippe de Bonne-Espérance, p. 687. de Nogent, sur le prophète Amos, p. 195.
AMAURl , patriarche de Jérusalem , reconnaît AMOUK DE DIEU Soliloque d'Hugues de Saint-
:

Alexandre lll, p. 9l9. Victor sur l'Amour de Dieu. p. 351. Discours sur
AMAL'RI, ciief d'une nouvelle secte d'hérétiques. l'Amour de l'Époux el de l'Epouse, p. 352. Traité de
Ses erreurs condamnées dans un concile tenu à la Nature el de la Dignité de l'Amour divin, ouvrage

Paris, p. 1 1.52. de Guillaume, abbé de Saint-Thierri, p. 387. Traité


AMBOISE (D'), autrement AMBOISE (François), de saint Bernard, sur l'Amour de Dieu, p. 47ô, 476.
conseiller d'Etat. Son édition des œuvres d'Aliail- ANACLET 11 (PIERRE DE LEON), antipape, est élu
lard et d'Héloîse, p. 340. en concurrence du pape Innocent II, p. 256. Diffé-
AMBRUISE (saint), aichevèque de Milan. Sermon rents conciles où il est anathématisé, et Innocent 11

de Guillaume d'Auvergne en son honneur, p. 1027. reconnu légitime papa. p. IIH et 1113. Sa mort,
AME de l'homme. Traité de l'Origine de l'âme, p. 257.
ouvrage de Guillaume de Charapeaux, p. )93. Sen- ANAGNl, ville d'Italie. Lettre du pape Alexan-
timent de Guibert de Nogent sur la manière dont dre 111, qui exempte de toutes charges les commen-
les âmes sont punies ou récompensées dans l'autre saux de l'évèque et de l'église d'Aiiagni, p. 926.
monde, p. 199. De la plaiute et du combat de la AISASTASE IV (CONRAD), pape, succède à Eugène
chair et de l'âme, ouvrage du vénérable Hildebert, 111 et ne siège qu'un an et quelques mois, p. 911.
évêque du Mans, p. 2l8. Quatre livre.-; du Cloitrede Ses lettres, tbid.
rame, ouvrage de Hugues Foliet, attribué à Hugues ANASTA6E (SAINT), moine au mont Saint-Michel.
de Saint-Victor, p. 350. Quatre livres de l'Ame et de Lettre que lui écrit saint Hugues de Cluny, p. 52.
ses affections. Ce que c'est que cet ouvrage, p. 351. Epoque de sa mort, ibid. Ses lettres dans la Patro-
Traité de la Médecine de l'âme, ouvrage attribué à logie, ibul. el 912.
Hugues Foliet, ibid. Traité de la Sagesse de l'âme ANDRE Sermon du vénérable Hil-
(SAINT), apôtre.
de Jésus-Christ, ouvrage de Hugues de Samt-Vic- debert en l'honneur de ce saint, p. 215. Sermons
tor, p. 354. Traité de la Nature du corps et de de saint Bernard sur
la vigile et la fête de ce saint

l'âme, pai- Guillaume de Saint-Thierri, p. 387. Let- apôtie, p. 484.Sermon de Nicolas de Clairvaux, p.
tres de Hugues de Ribomond, sur la Nature de 492. Homélie de Théophanes de Céraméus sur
l'âme, p. 407. Traité d'Odon d'Orléans, sur l'Ori- saint André, p. 654. Trois sermons de Guillaume
gine de l'âme, p. 412. Sentiment de saint Bernard d'Auvergne pour la lète de cet apôtre, p. 1026.
sur l'état des âmes après leur séparation du corps, AlNDUE, abbé de Saint -Michel près de Baniberg,
p. 486, 487. Opuscule de Michel Gljcas sur l'état auteur d'une Vie de saint Otlon évêque de Bamberg, ,

des âmes séparées du corps, p. 642. Traité du tie- p. 180, 181.


tour des âmes de l'enfer, ouvrage de Hugues Eté- AÎSDRUiMC CAMATERE, parent de l'empereur
rien, p. C57 658. Lettre de Gauthier de Mortagne, où il
, Manuel Comnène; ses différents ouvrages, p. 650.
réfute cette proposition de Hugues de Saiiit-Viclor, Son traité de la Procession du Saint- Esprit contre
que l'âme de .lésus-Christ avait une science égale à les Latins, ibid. el p. 651, réfuté par Jean Veccus,
celle de la nature divine, p. 661. Le Cloitre de patriarche de Conslantinople, ibid.
l'âme, opuscule du pape Innocent 111, p. 1017. ANGES. Honiéhe de sainl Olton, évêque de Bam-
Traité de l Immortalité de l'âme, ouvrage de Guil- berg, sur les anges, p. 180. Sentiuieuls d Hildebert
laume d'Auvergne, évêque de Paris, p. 1022. Traité du Mans sur anges, p. 219. Réponse de Hugues
les
des Ames humaines, ouvrage du même évoque, Métollus à ces deux questions ; 1" Pourquoi, dans
p. 10-28. l'Ecriture, ils sont appelés animaux t" pourquoi
;

AME, archevêque de Bordeaux. Jugement qu'il Dieu a racheté les hommes el non les anges, p.
rend en faveur du monastère de Sainte-Croix de 367. Doctrine de Robert Pullus sur les angts, p.
Bordeaux, p. 1070. Il est transféré du siège d'Ulé- 393 et b96. Doctrine de saint Bernard sur les an-
ron sur celui de Bordeaux, p. 1073. ges, p. 465 et 486. Doctrine de Pierre Lombard sur
AMEDEE (LE BIENHEUREUX), abbé de Haute-Co- lus anges, p. 555, 556.
lombe, puis évêque de Constance (ou de Lausanne), ANt,ILBLRr (SAINT), abbé de Centule ou de
p. 624. Ce qu'on sait de sa personne, ibid. Sa mort, Sainl-Uiquiur. Sa \ie écrite par llariuHe, abbé de
ibid. Ses sermons à la louange de la sainte Vierge, Aidembourg, p. 234. Autre Vie du même par Aiia-
p. 623, 624. Différentes éditions qu'on en a faites, cher, moine de Sainl-Riquier, p. 23o. Le pape
ibid. Lettre d'Ainédée à ses clitrs Bis de Lausanne, Pascal 11 le met au nonibiu des saints, tbid. Trans-
p. 624. Diplôme que lui adresse l'empereur Frédé- lation de son corps, ibid.
ric I, tbid. ANGLETERRE. Livre de Florent Bravon, de la
AMITIE poëme de Théodore Prodrome, intitulé
:
: Hace royale des Anglais, ou Généalogie des rom
L'Amitié bannie du monde, p. 149. Traité de l'A- d'Angleierre, p. 245. Ili:>tuire des rois U'An^ljterie,
milié spirituelle, ouvrage d /Eircde abbé de
l'.ied- , par Guillaume de Malmesbun, page 31 1 et sui-
val, p. 622. Traité de l'Amitié
chrétienne, ou de vantes. Supplément à cette histoire sous le litre
l'Amour de Dieu el du prochain, ouvrage de
Pierre d'Histoires nouvelles, p. 313. Les Gestes des ciei/uis
de Blois, p. 781. d'Angleterre, par le même, ibid. Ilislvirt des An-
m TABLE ANALYTIQUE.
glais, écrite par Henri fie Hungtinglon, p. 311, nimement élu abbé du Bec après la mort de Her-
315. Histoire des rois d' Anijlelerre et de Daiiemaik, Son premier voyage en Angleterre, ibid.
louin, p. 2.
par Siméon de Durliani, p. 316, 3l7; continuée par Second voyage qu'il fait en ce royaume; à quelle oc-
Jean d'Hagustad, p. 317. Concile tenu en Angle- casion, ibid. Il est fait archevêque de Cantorbéry,

terre, dont on ignore le lieu, p. H33. Voyez tes au- ibid. et 3. Sa conduite dans l'épiscopat, p. 3.
tres conciles sous les noms des lieux particuliers d'An- Le roi Guillaume-le-Roux s'indispose contre lui; à
gleterre où ils ont été tenus. quelle occasion, ibid. 11 veut quiller son archevê-
ANGOULÈ.ME, ville capitale de TAngoumois. Con- ché. Hugues , archevêque de Lyon, l'en dissuade,
cile tenu en cette ville, p. 1091. ibid. L'indisposition du roi continue, ibid. et 4. U
ANHAM en Angleterre. Concile tenu en cette feint de lui rendre ses bonnes grâces, p. 4. Anselme
ville, p. 1035, 1036. passe à Roms, ibid. Ses entrevues avec le pape Ur-
ANIMAUX purs et impurs. Animaux mentionnés bain II; il assiste au concile de Bari en 1098, ibid.
dans la sainte Lcriture. Traité sur ce sujet attribué et 5. Il empêche le pape de sévir contre le roi
à Hugues de Saint-Victor, p. 353. d'Angleterre, p. 5. assiste au concile de Rome en
II

ANNALES de Zonare. Estime qu'on en doit fiire, 1099; mais il ne peut obtenir justice, tbid. 11 part
p. 156. Division de ces Annales, îii'd. Editions qu'on de Rome et revient en Angleterre, ibid. Il tient un
en a faites, ibid. et 157. concile à Londres, ibid. et 6. II se brouille avec le
ANNALES de Michel Glycas,p. 642. roi Henri 1'' au sujet des investitures. Son second
ANNE DALLASÈNE, mère de l'empereur Alexis voyage à Rome, p. 6. Il sort de Rome. Son séjour
Comnéne, p. 139 et 143. Son éloge, p. 143. en France, p. 7. Par l'entremise de la comtesse de
ANNE COMNÉNE, fille de l'empereur Alexis Com- Blois, il se réconcilie avec le roi d'Angleterre, ibid.

néne. Sa naissance, p. 146. Elle fait de grands pro- et 8. Son retour en Angleterre. Assemblée à Lon-
grès dans les sciences, ibid. Elle est fiancée avec dres, où le roi renonce à l'investiture et se contente

Constantin Ducas, ibid. Son mariage avec Nicé- de l'hommage, p. 8. Sa difficulté avec l'archevêque
phore de Brienne, ibid. Sa mort, ibid. Son Ale.tiade, d'York, ibid. Sa mort, ibid. L'Eglise le met au nom-
ou histoire de l'empereur Alexis Coninène, son père, bre des saints et des docteurs, p. 9. Son éloge, ibid.
ibid. A quelle occasion elle la composa, ibid et 147. Ses écritsMonologue, p. 9, Proslogue,
: ibid. et 10.

Ce qu'elle contient; éditions qu'on en a faites, p. 147. Réponse à Gaunilon p. 10. Livre de ,
la Trinité,

ANNEAU donné aux filles qui se consacrent à Dieu. contre Roscelin, ibid. et 11. Traité de la Trinité et
p. 288 Les abbés, au douzième siècle, ne portaient de l'Incarnation, p. 11, 12. Traité de la Procession
l'anneau que par privilège du Saint-Siège, p. 535. du Saint-Esprit, p. 12, 13. Livre rfe la Chute du
ANNEAU, ou Dialogue d'un Chrétien et d'un Juif, diable, p. 13, 14. Le traité : Pourquoi Dieu s'est

ouvrage de Rupert, abbé de Tuy, p. 288. fait homme, p. 14. Analyse de ce traité divisé
ANNONCIATION de la sainte Vierge. Sermon d'Y- en deux livres, p. 14 et 15. Traité de la Conception
ves de Chartres pour l'Annonciation, p. 123. Ser- virginale et du Péché originel, p. 15. Analyse de ce
mon du vénérable Hildebert sur l'Annonciation, p. traité, ibid. et 16. Traité de la Vérité, p. 16. Traité

2l5. Poème de Marbode sur l'Annonciation, p. 228. de ta Volonté, p. 16 et 17. Traité du Libre arbitre,
Sermon pour l'Annonciation, p. .331.
d'Abailard p. 17. Traité sur la concorde de la Prescience, de la
Trois sermons de saint Bernard sur cette fêle, p. 484. Prédestination et de la Grâce avec la Liberté de
Sept sermons de Pierre de Celle sur l'Annonciation, l'h'mme, p. 17, 18. ItAi^é du Pain azyme et du Pain
p. 681 . Sermon dArnoul de Lisieux sur l'Annon- fermenté, p. 18. Lettres de Valeranne à saint An-
ciation, p. 753, 754. Sermon de Guillaume d'Au- selme et de saint Anselme à Valeranne, ibid. et 19.

vergne sur cette fête, p. 1027. Traité des Clercs concubinaires, p. 19. Traité des
ANSCAIRE ou ANSCHaIRE, ou.\NGARE (saint), Mariages entre parents, ibid. et 20. Traité du Gram-
archevêque de Hambourg. 11 convertit les Danois et mairien, p. 20. Livre rfe la Volonté de Dieu , ibid.
devient successivement archevêque de Hambourg et Homélies de saint Anselme, p. 120. Exhortation au
de Brème, p. 202. mépris des choses temporelles, ibid. Avertissement
ANSCHER, abbé de Saint-Riquier, succède ,i Ger- à un moribond, ibid. et 21. Le poème du Mépris
vin, p. 235. 11 compose la Vie de saint Angilberl, du monde n'est point de saint Anselme, mais de
ibid. Elégie d'Hariulfe en son honneur, ibid. Roger de Caen, p. 21. Méditations de saint Anselme,
ANSE, ville du Lyonnais. Conciles qui y furent ibid. et suiv. Ses Oraisons, p. 22. Preuves qu'elles
tenus, p. 1041, 1077. sont de lui, p. 23. Hymnes en l'honneur de la

ANSELME 111, archevêque de Milan. Il meurt à Vierge; son Psautier, ibid. et 24. Lettres de saint
Constantinople, p 1077. Anselme, p. 25 et suiv. Livre premier, p. 25, 26.
ANSKLME (SAINT), archevêque de Cantorbéry; sa Livre second, p. 27, 28. Livre troisième, p. 28 et
naissance, son éducation, p. 1. Il passe en Norman- suiv. Livre quatrième, p. 31 et suiv. Lettre sur
die et se met sous la discipline deLanfranc, qui en- l'Eucharistie, p. 33. Traité de la Paix et de la Con-
seignait à l'abbaye du Bec, ibid.Il prend l'habit corde, ibid. et 34. Ouvrages qui ne sont pas certai-
monastique dans cette abbaye, ibid. Il en est fait nement de saint Anselme, ou qu'on lui a faussement
prieur. Célébrité qu'acquiert l'école de ce monas- attribués, p. 34 et suiv. Autres lettres de saint An-
tère sous son gouvernement, ibid. et 2. Il estuna- selme, p. 37, 38. Oraison sur la Passion, p. 38.
TABLfc] ANALYTlQUIv.
Traité ascéliqiie, ibid. Autres lettres Je saint An- ANSELME, évéque de Morsi; ses noies sur les ré-
selme, ibid. Doctrine de saint Anselme, sur l'Ecri- vélations du B. Cyrille, ermile du mont Carrael,
ture sainte, p. 38, 39; sur le péi hé originel, p. S'J; p. 830.
sur le uijslère de rincarnatioii, ibid.; sur la volonté AiNTECHRIST. Traité de fAnlechrist, ouvrage de
de Dieu de sauver tous les hommes, ibid. et 40; sur Géioeli, préxot de Heichersperg, p. 632. Un concile
l'Euclurislie, p. 40; sur la conlession des péchés, .isseiublé à Florence combat l'opinion de l'évéque
ibid.; sur l'excomnmnication, tbid.; sur les clercs, Fhienlius, qui croyait que l'Anlechrist était né, p.
ibtd. cl 41; sur les évê(iues, p. 41; sur le pape, 1079.
ibid.; sur l'Eglise, ibid.; sur li consécration des ANTIOCHE, ville capitale de Syrie. Les droits de
églises, ibid. et i'i. Jugement sur les écrits de sainl cette église reconnus par le pape Pascal II, p. 134.
Anselme, p. 4:!. Editions particulières qu'on eu a Concile tenu en cette ville par Albéric, évéque d'tls-

faites, tbid. et 43. Editions générales, p. 43. Ihéo- lie. p. 1116.


logie de saint Anselme, p. 44. t^a Vie écrite par ANTIPHONAIRE. Anliphonaire à l'usage de Cî-
Eadiner, son disciple, p. 40. Lettre que lui écrit le teaux, corrigé par saint Bernard, p. 482.
pape Pascal 11, en réponse à plusieurs questions ANTUliNE, surnommé Mélisse. Autre article sur le

qu'il lui avait proposées, p. 135. Lettre que lui même auteur, p. 651. D'où lui vient le surnom de
adresse Gilbert , évequc de Limcrick en Irlande : Mélisse, ibid. Un ignore dan» quel siècle il a vécu,
réponse qu'il y l'ait, p. 177. Sa Vie, par Jean de Sa- ibiU. et 652. Son recueil de Maximes. Différentes
risbcri, p. t)79. 5on épilaplie, par Hiilippe de Boiiue- éditions qu'on en a laites, p. 652.
tspérjiice, p. 087. Sou sacre, p. 3. Il veut, contre APuCALVPSE d.; sailli Jean. Commentaire sous
le gré du roi, aller deiuamJer le pallium au pape, ibid. le nom de saint Anselme. Un l'attribue à Anselme
AA&LLMr,, abbe de Lituiljiours, l'un des conti- de Laon, p. 36 et 184. Le commeiitaire faussement
nuateurs de la chiomque Uc âigeburt, p. 01. attribué à saint Ambroise esl vraisemblablemenl de
AiNsElME, aobé ue ûaiiil-Luaioiiu el neveu de Bércngaud, moine de Eerrières, et non de Béren-
saint Auteliiie, aitlieveque de t^auloibeiy, est du gose, abbé de Sainl-Maximin de Trêves, p. 238,
évéque de Lonuies. Oc qui empêche cette élection 239. Loiiimeiilaire de Kupert, abbé de Thuy , sur
d'avoir lieu, p. 1 1 13. l'Apocalypse, p. 283. Commentaire de l'abbé Joa-
AlNbtL.UE Ue Laun, d'abord chanoine, puis lioyeu cliim, p. 830.
de la caUiéuiale ue Laou, p. Iù2. Il s'oppose à 1 é- APULI.l.NAIUSTES, hérétiques. Leur erreur tou-
lection de Ijauury, élu évéque de Laoa, ibid. 11 est chant rbuiuuiiilé de Jésus -Chnsl, renouvelée par un
cepeiiuaul le seul qui lui leiuoigiie de i auacliemeiit niome do Cluny, p. 507.
dans ses disgrâces, lOid. Eloge que Ouilierl de lo- APuLUGIEû d'Abaillard. Première apologie, p.

gent lait de sa science, ibiu. ôa uiort, Wid. bes 328; seconde apologie, ibid. el 329.
écrits ; Glose inleriuieaire sur 1 Ecriture saune, :Oid. APULL'GIE de saint Bernard, p. 433, 434, 470 et

et 183. Gomiiicnlaire sur saiiil Malihieu, p. 183,


184. Commentaire sur le Gantique des (jaiUiques APULOGIE de Pierre-le-Véïiérable, p. 503 el suiv.

el sur l'Apocalypse, p. 184. Autres écrils que in- Al'PLLLA'UUlN. Inconvénients qui résultaient des
theiue lui aliribuc, ibid. ba lettre uù il duiLie des appellations trop fréquentes à llonie, seKin le véné-
règles jiour concilier les conLiaiities apparentes de rable Hildeberl, p. 2l3. Voyez ibid. note 1. Abus

quelques endroits de I LCiilure, p. 163. buu recueil (jue saint Bernard y relève, p. 439 cl 463. Elles
de iteiileucts el de {Jutslwiis, lUid. txpiicaiiuii de ouimencent d'être employées eu Angleteire, p. 668.

quelques endroits des Evangiles et coiumenlaires Canon du concile de Lalran pour en modérer l'abus,

sur les epitres de saint Paul qu'on lui altribue, ibid. p. 1140.
Vers de Alarbude à sa louange, p. '228. APPELS. Canon du concile de Lalran, concer-
ANSELME, évéque de Havelburg (ou HavcibergJ, nant les appels dans les jugements, p. 1 168.
envoyé ambassadeur à Constantinople par l'empe- APPUtiNDKE. Traité de Hugues de Saint-Victor :

reur Lolhaire 11, p. 413. Ses contereiices avec des de la Manière d'apprendre et de méditer, p. 358.
évèques grecs sur les dogmes qui les divisaient de AQUILEE. ville célèbre d'Italie. Lettre de Théo-
l'Eglise romaine, ibid. Il est guéri miraculeuse- dore Balsamon au patriarche d'Aquilée. où il pré-
ment par saint llernard, tbid. Son voyage en Italie, tend prouver que cel évéque n'a aucun droit au litre
ibid. Le pape Eugène Ui le charge de mettre par de patriarche, p. 820.
éci il le détail de ses conférences avec les Grecs, ABBALEThlEUS. Un concile de Lalran leur dé-
iind. Traite de t'Uinloimite de l tyiist, ibid. el 1 14. fend d'exeicer leur art coulre les chrétiens et les
Analyse de ses UiuWi/ues cuntie ks G-ecv, p. 114 et catholiques, p. \i\o.
suiv. Aijolvyte de ividie (len diunuinei tcyuliers, AUtHE DL NuE. de l'Arche muslique H
Traité
qu'on lui aliiiu.ie raïauiis de douier qu'elle soit de
; murale, attribué à Hugues Koliet, p. 351, 352.
lui, p. 4i0. Autics écrits d'Anselme d'Uavelburg, Allt-HE D'ALLlAiNt.E. Traité de l'Arche d alliance
ibtd. Sa iiiorl, ibid. et de iu i.rtie d'E'jypIe, ouvrage de Geoffroi do
ANbl'.L.ME, auteur de VApotogie de l'ordre c/w Vendôme, p. 167, 168.
chanoines rcyalun, doit cire distingué d'Anselme, 259.
ABtHEMBAlD, sous-doyen d'Orléans, liu", p.

évéque d'Uavelburg, p. 4i6. Sun meurtrier excommunié, ibid.

XIV.
H86 TABLE ANALYTIQUE.
ARCHEVÊQUE. Règlements d'un concile de Paris abbaye. Lettre que saint Bernard lui écrit sur ce
touchant les archevêques et évoques, p. 1156. sujet, p. Ai5, 4'26. Sa mort, p. 425.
ARCHlblACRE. Canons d'un concile de Londres ARNON ,
prévôt de Reicbersperg , succède à Gé-
touchant les archidiacres, p. 6. Canou d'un concile roch son frère, p. 633. Sa mort, ibid. Son écrit sur
de Paris touchant les archidiacres, p. 1155. r Eucharistie, ibid.; contre Folmar, prévôt de Frie-
ARGENTEUIL, monastère près Paris. Un concile fenstein, ibid. Son Bouclier des Chanoines réguliers,
de Paris ordonne de remplacer les religieuses qui ibid.
l'habitaient par des moines plus réguliers, p. HIO. ARNOUD ,
prévôt de l'Eglise de Metz. Sa lettre à
AulSTOTE, philosophe. Commentaires d'Euslrace, Pierre Lombard, p. 567.
métropolitain de Nicée, sur le second livre des Ana- , ARNOUL, frère de l'empereur Henri, est nommé
lytiques et les A/ura/e* d'Aristote, p. 148. Commen- archevêque de Ravenne, p. 1037. l\ tient un con-
taire sur Logique d'Anstote, attribué à Zouare,
la cile, ibid.

p. 158. La lecture de plusieurs des ouvrages d'Aris- ARNOUL (saint), évêque de Soissons. Son élec-
tote défendue dans les écoles, permise ensuite, p. tion, p. 1071; il est canonisé dans un concile de
545. Ces ouvrages commentés par Albert-1 '-Grand Beauvais, p. 1094; son corps levé de terre, ibid.
et saint Thomas d'Aquin, pour concilier la forme ARNOUL, patriarche de Jérusalem. Son élection,
scholastique avec l'Evangile, p. 546. A l'occasion p. 1074; il est déposé, dans un concile, pour sa vie
des erreurs d'Amauri, les livres de métaphysique scandaleuse, ibid.; il se fait rétablir; année de sa
d'Afistote sont brûlés, et la lecture de ceu.x. de phy- mort, p. 1086.
sique interdite par un concile, p. 1152. AHiNOUL, évêque de Lisieux, succède à Jean son
ARITHMÉTIQUE. Traité de Raoul de Laon sur oncle, p. 751. Son élection est confirmée par le pape
ï Arithmétique, p. 183. Innocent II, malgré l'opposition de Geoffroy Planla-
ARLES, ville de Provence. Concile tenu en cette genet , comte d'Anjou , lOid.; il accompagne le roi
ville, p. 1154. Louis VU à son voyage en Palestine, ibid. et 752.
ARMÉiNlE, province d'Asie. DéputJtion des évo- Alexandre lU le nomme son légat en France et en
ques d Arménie et de leur patriarche au pape Eu- Anglelerre; il engage le roi d'Aagleterre à le recon-
gène 111, p. 269,270. Erreurs des Arméniens sur la naître pape, p. loi; il assiste au concile de Tours,
foi et la discipline, p. 634. Conférence de Théo- ibid.; sa conduite dans le diffi/rend entre le roi d'An-
rien, envoyé par l'empereur Manuel Coiiinène, -îvec gleterre et saint Thomas de Cantorbéry, ibid.; sa
Norsesis ou Nersès, patriaiche des Arméniens, sur retraite à l'abbaye de Saiiit-Viclor de Paris, p. 753;
ces erreurs, ibid. et suiv. Autre conférence de Théo •
sa mort, tbid. Edition de ses écrits dans la Patrolo-
rien avec Nersès, p. 6:i8 et suiv. Invectives du pa- yte, ibtd.; traité du Schisme, à l'occasion de l'é-
triarche Isaac contre leurs erreurs, p. 644 et suiv. lection de l'antipape Anaclet 11, ibid.; sermon sur
Réunion des Arméniens à l'Eglise romaine, p. 998. l'Annonciation, ibid. et 754; ses lettres, p. 754 et
ARNAUD DE bHESCE (ou de brescia), hérésiar- suiv.; ses poésies, p. 759. Jugement sur les écrits
que. Ses erreurs condamnées au concile de Latran, d'Arnoul, ibiU. Discours qu'il prononça à l'ouverture
en 1139, p. 1114. Lettre que saint Bernard écrit du concile de Tours, p. '752; ses lettres à Arnaud,
contre lui, p. 442, 443. Troubles qu'il occasionne à abbé de Bonneval, p. 758; ses lettres à saint Iho-
Rome. Lettres de saint Bernard sur ce sujet, p. laas, archevêque de Cantorbéry, p. 671 et 755.
447. 11 est livré au pape qui le fait condamner au ARNOUL (SAINT), premier abbé de Aldembourg.
feu, p. 911. Sa Vie écrite en deux livres par Hariulfe, p. 234. ,

ARNAUD, abbé de Bonneval, succède à Bernier, Lisiard , évêque de boissons , y ajoute un troisième
p. 616. Persécution qu'il a à souffrir. Ses voyages à livre contenant ses miracles, ibid.
Rome, ibid. Il quitte son abbaye et retourne à Mar- ARNOUL (LE scholastique). Lettres de Guibert
moutier, ibid. Sa mort en 1154, ibid. Ses liaisons de Gembluurs qui lui sont adressées, p. 862.
avec saint Bernard, ibid. Ses écrits : Continuai ion ARNULPHE ou ERNULPHE, évêque de Roches-
de la Vie de saint Bernard, commencée par (ùiil- ter, d abord inoine de SaiiU-Lucien de Beauvais,
laume de Saint-Thicrri, p. 494 et 616. Traité des passe au monastère de Cantorbéry, p. 235; û devient
Œuvres cardinales de Jesus-Chnst, p. 6 17. Ce qu'il abbé de Buick, puis évêque de Rochesler; temps de
contient de plus remarquable, ibid. et 618. Des sept son épiscopat; sa mort, ibid. Histoire de l'Eglise de
paroles de Jésas-Christ sur la croix, p. 618. Sermon Buchciler, qu'on lui attribue; elle n'a pas encore été
sur les louanges de Marie, ibid. Traité de l'Ouvrage imprimée, ibid. (Voyez, ibid., note 7); sa lettre à
des SIX jours, ibid. et 619. Autres écrits qu'o.u lui Walquelin, évêque de Windsor, sur la question de
attribue, p. 619. Ses lettres, ibid. Lettre de saint savoir si une femme, coupable d'adultère avec le fils de
Bernard, qui lui e.st adressée, p. 452 et 616. son mari, doit être séparée, 235 et 236; autre lettre
ARNAUDISTES, sectateurs de Arnaud de Bresce; à un nommé Lambert, contenant réponse à plusieurs
leurs erreurs condjmnées au concile de Vérone questions qu'il lui avait proposées, p. 236, 237.
tenu par le pape Lucius III, p. 931. ARAGON. Concile dont lieu est inconnu,
le
ARNOLD, archevêque de Cologne, est privé de p. 1U63.
ses functious au concile de Reims, p. 1121.
AURAS, ville des Pays-Bas. Concile tenu ii Arras,
ARNOLD, premier abbé de Mariinond, quitte son p. 1040, iOll.
TABLE ANALYTIQUE.
ARSÈNE, moine du Mont-Athos. Sa collection de AUGUSTIN (ANTOINE), archevêque de Tarragone.
canons rédigée par ordre de matièrej , p 650. Ce Son ouvrage intitulé : De la Correction de Gratien,
que conlieni celle coUi'ction, ibid. On n'a plus une p. 761.
colleclion semblable qu'il avait faite des lois des em- AULBÉRl (GEORGES), secrétaire de Charles 111, duc
pereurs, ibid. de Lorraine. Sa traduction française de la Vie de saint
ARSÈNE, moine, puis patriarche à Nice, et ensuite Sigebert, roi d'Austrasie, p. 63.
à Constantinople, n'est pas le même que le moine du AUIIALE, ville de Normandie. L'église d'Aumale
Moiit-Allios, auteur d'une colleclion de canons, p. 650. érigée en abbaye par Hugues, archevêque de Rouen,
ARTHUR, comte de Bretagne, neveu de Jean, roi p. 601.
d'Angleterre, tué par son oncle, p. lliS. AUMONE. Traité du pape Innocent 111 sur l'Au-
AHTS. Epigramme de Philippe de Bonne-Espé- mône, p. 10<.6.

rance sur la langueur des arts par le défaut d'ar- AUTEL. Saint Anselme prétend qu'il faut rebénir

gent, p. 6H7. une pierre transportée d'un autel détruit à un autre,


ARULE en Catalogne. Concile tenu en celte ab- p. 42. Yves de Chartres pense de même, p. 107.
baye pour en conférer l'imnjunité, p. 1053. AUTUN, ville de Bourgogne. Conciles tenus en
ASCENSION. Sermon de Yves de Chartres sur ce celle ville, p. 10fi4, tU68.
mystère, p. \i3. Sermon de Geoffroi de Vendôme AUXERRE, ville de Bourgogne. Ravage des biens
sur l'Ascension de Jésus-Christ, p. 169. Deux ser- de celle Eglise par les officiers du roi Philippe-Au-

mons du vénérable Hildebert sur ce sujet, p. 214. guste, après la mort de l'évèque Hugues, p. 1004.
Poème de .Marbode sur l'Ascen.sion de Jésus-Christ, Réparation que le roi en fait : il donne à perpéiuilé

p. 228. Cinq sermons de saint Bernard pour la fêle à l'Eglise d'Auxerre ses droits sur sa régale pendant
de l'Ascension , p. •iSi. Tmis sermons de Pierre de la vacance du siège, ibid.
Celle sur l'Ascension, p. 68t. AVARICE. Poème du vénérable Hildebert contre
ASSOCIATIONS de prières et de suffrages, p. 514. l'avarice, p. 222. Epigramme de Philippe de Bonne-

ASSOMPTION de la sainte Vierge Trois sermons Espérance sur l'avare, p. 6i*7.

du vénérable Hildebert sur l'Assomption de la sainte AVE, MARIA . prière à la sainte Vierge. Poème
Vierge, p. 215; son sentiment sur ce point, p. 2i6. d'Eberhard sur celle prière, p. 247.
Sermon sur l'Assomption de la sainte Vierge faus- , AVENEMENT DE J.-C. (second). Discours d'Yves
sement attribué à Hugues de Saint- Victor, p. 353. de Chartres sur le dernier avènement de Jésus-Christ,
Quatre sermons de saint Bernard sur celle fête, p. 122.
p. 484; autre sermon qu'on lui attribue, p. 492. AVENT, temps destiné à célébrer la mémoire de
Huit sermons de Pierre de Celle sur l'Assomp- ralleiite du premier avènement de Jésus-Christ.
tion de la sainte Vierge, p. 681. Deux sermons Abstinence et jeûne de l'avcnt proposé par un con-
de Guillaume d'Auvergne sur rAssoraplion de la cile d'AvTanches, p. 1 135. Sermons du vénérable. Hil-
sainte Vierge, p. 1027. debert sur l'avent, p. 214. 11 y recommande l'absti-

AS! RttLABE (PlunRE), fils d'Abaillard et d'Héloise. nence dans l'avent, p. 216. Sept sermons de saint
p. 318 et 340. Klégies sur les mœurs ,
qui lui sont Bernard sur l'avent, p. 484. Sermons de Pierre de
adressées, p. 339. Celles sur l'avent, p. 681 Sermons de Pierre Co-
.

ASTROLOGIE. Ouvrage du vénérable Hildebert meslnr pi'Ur l'avent, p. 745. Sermons du pape Inno-
contre l'astrologie judiciaire, p. 222. cent 111 sur l'avent, p 1009. Sermons de Guillaume
ATHANASE, patriarche grec de Jérusalem. Lettre d'Auvergne, évêque de Paris, sur l'avent, p. 1025.
que lui écrit Georges, métropolitain de Corfou ré- ;
AVIGNON, ville de Provence. Conciles qui y fu-
ponse d'Athanase, p. 653. rent tenus, p. 1070, 1153.
AUCH , ville de Gascogne. Concile tenu en celle AVOCAT. Canon d'un concile de Clermonl qui en
ville, p 1065. On y ordonne que toutes les églises interdit les fonctions aux moines et aux chanoines
du pays payeront à la cathédrale le quart de leurs réguliers, p. 1 HO.
diines, ibid. AVOUES des églises. Canon d'un concile de Reims
AUDICO'JR. Lettres de saint Bernard aux cha- qui leur défend de rien prendre au-delà de leurs
noines d'Audicuur, p. 425. anciens droits, p. lO.IS.
AUGUSTIN (SAINT) , évêque d'Hippone et docteur AVRANCHI-S. ville de Normandie. Concile qui y
de l'Eglise. Commentaire de Hugues de Saint-Victor fut Icnu, p. 1134.
sur la règle de saint Augustin, p. 350. Vie de saint AZYMES. Traité de saint Anselme sur le pain
Augustin écrite par Philippe de Bonne-Espérance, azyme et le pain fermenté pour le sacrifue de la

p. 687. Sermon de Guillaume d'Auvi.rgne pour la messe, p. 18. Ta question des azymes agitée entre
fêle de saint Augustin, p. 1027. les évoques grecs cl Anselme d'Havelburg. p. 415,
AUGUSTIN (SAINT) , premier archevêque de Can- 416. Opuscule de Michel Glycas sur le pain dont
lorbéry. Les deux différentes Vies de ce saint, com- dans la dernière Cène, p.
Jésus-Christ s'est servi
posées par Gotztlin , moine de Canlorbéry, p. 233. 642. Concile de Rome, où la question des azymes
Histoire de ses miracles; histoire de la tr.msialion est agilét, p. 1058.
de ses reliques, par le luéiue, ibid.
. .

TABLE ANALYTIQUE.

B.

BABION (pierre^ Anglais. Son commentaire sur BALE. Concile tenu en cette ville, p. 1062.

l'évangile de saint Matthieu, attribué à Anselme de BAPTÊME de Jésus-Christ, c'est-à-dire institué


Laon, p. 183. Ses homélies sur les évangiles, attri- par Jésus-Christ. Doctrine de saint AnsHme, p. 16.
buées aussi à Anselme de Laon, p. 181. Discours d'Yves de Chartres si.r le baptême, p. 12'2.
BALEARES (les îles), dans la Méditerranée. Dé- Traité de Geoffroi de Vendôme sur le b.iptême, la

cret du duc Haie, touchant ces îles, p. 1061. confirmation, etc., p. 168. Doctrine de saint Otton,
BALTHASAR, nom donné à l'un des trois mages évêque de Bamberg. p. 179. Doctrine d'Abaillard sur
ou rois, p. 926. ce sacrement, p. 330. Doctrine de Robert Pmlulus,
BALUZE (Etienne), professeur royal en droit canon. p. 357. Doctrine de Robert Pullus, p. 394. 395. 396.
Son éilitifin des lettres du pape Innocent III, p. 951 Baptême au nom de Dieu et de la vraie et sainte

BAMBERG, ville d'Allemagne. Lettres du pape Ooix approuvé par saint Bernard, p. 458. ^59.
Callixte H, qui confirinent les privil 'ges de l'église Traité de sa'nt Bernard sur le baptême, p. 479. Dis-
de Bamberg. p. 1098. Son l'rection en évêché, p. cours de saint Bernard sur le haptème, p. 484. Té-
1035. Confirmatian de cet établissement, ibid. Con- moignage de saint Bernard sur le baptême, p. 488.
cile tenu en cette vile à l'occasion de la dédicace Doc'tiine de Pierre Lomb.ard , p. mî , 563 Réfuta-
de sa cathcilrale, p. 1036. tion des hérétiques qui voulaient qu'on ne donnât
BARBE-D'On, doyen de l'église de Paris Lettre pas le baptême aux enfants, p. 609. Doctrine du
que lui écrit Hugues, archevêque de Sens, sur la pape Innocent III sur le baptême, p. 976. Opuscule

mort de l'évcque Pierre Lombard, p. 519. du même sur ce sacreninnl, p. tOl7. Doctrine de
BARCELONE, ville d'Espagne. Conciles tenus en Guillaume d'Auvergne, p. 1023. Canon d'un concile
celte ville, p. 1035, 1059, 1064. Coufirm.ition des de Londres sur le baptême, p. 1146.
donations faites à l'église de cette ville, p. 1035. BAPTÊME des hérétiques. Lettre de Gauthier de
Cette ville est donnée par le comte de Tarragone, Mortagne sur le baptême conféré aux enfants par des
Raymond III. à l'évèque Oldégaire et à ses succes- héréliques. p. 059.
seurs, p. 1091. Cette donation confirmée par le BAPTÊME des morts ou pour les morts : Disser-
pape Gélase II, ibid. tation sur le sentiment d'AbaiUaid touchant le bap-
BARNABE (saint), aiiôtre des Gentils. Discours tême pour les morts, p. 341.
d'Alexandre, moine de Chypre, en l'honneur de cet BAUDOUIN V, comte de Flandre. Sa réconcilia-
apôtre, et sur l'invention de ses reliques, p. 657. tion avec Godefroi. duc de Lorraine, p. 1059.
Sermon de Guillaume d'Auvergne sur la fête de ce BAUGENCY, ville de l'Orléanais. Conciles qui y
saint apôtre, p. 1027. furent tenus, p 10"'8 et 1123.

BARTHÉLÉMY (saint) , apôtre. Sermon de Guil- BaULNL, abbaye du diocèse do Besançon, sou-
laume d'Auvergne pour la fête de ce saint apôtre, mise .î cf lie de Cluny par le pape Adrien IV, p. 915.
p. 1027. BAUME (la), monastère soumis de nouveau à ce-

BARTHELEMY, évêque de Laon, succède à Hu- lui de Cluijv p.nr le pape Innocent III. p. 957.
gues, p 195. Il se retire au monastère de Foigny, BÉATITUDE Traité de la Béatitude et de la Féli-
oii il se fiit moine. On a de lui une lettre aposto- cité de la céleste patrie , ouvrage d'Eadmer, disciple
lique dans les conciles. (Voyez son article dans VHis- de saint Anselme, p. 46.
toire littéraire de la France, t. XII, p. 524 et suiv.) BEAUCHAMP (P. F. godard de). Sa traduction
BARTHÉLÉMY, évêque de Paris. Sa mort, p. 1029. française des lettres d'Abnillard et d'Héloïse, p. 341
BASILE (saint), archevêque de Césarée en Cappa- BEAUCENDRE (Antoine), bénédictin. Son édition

doce. Lettre du pape Alexandre III, qui est une con- des œuvres du vénérable hildehert, p. 224, et de
firmation de l'institut de l'ordre de saint Basile, celles de Marbode, p. 25;5.

p. 926. BEAUVAIS, ville de France. Lettre touchant les

BASILE, auteur de l'hérésie des Bogomiles, p. 140 limites respectives des diocèses de Paris et de Beau-
et 653. 11 est condamné au feu et brûlé vif, p. UO. vais, p. 784. Conciles qui y furent tenus, p. 1064,
BASILE d'Acride archevêque de Thessalonique.
, 1085, 1094.
Sa lettre au pape Adrien IV, au sujet de la réunion BEC (le), abbaye de Normandie. Les privilèges
des deux Eglises, p. 651 et 915; sa réponse touchant de l'abbaye du Bec confirmés par Hugues, archevê-
les mariages dans les degrés de consanguinité, que de Rouen, p. 601.
p. 651, 652. BEL (PHiLiPi'E LE) , docteur de Paris. Sa traduc-
B.ASILE, archevêque de Zagora. Sa lettre au pape tion française des sermons, des opuscules et de quel-
Innocent 111 pour la réunion des Bulgares à l'Eglise ques lettres di^ saint Bernard, p. 499.
romaine, p. 977; il est député au pape par le roi BÉNÉFICES. Traité de Guillaume d'Auvergne,
Joannice;les Grecs lui ferment les passages, p. 978; évêque de Paris, sur la collation des bénéfices,
il reçoit le pallium et est fait primat, ibid. p. 1030. Canon d'un concile de Reims , p. 1093.
. , .

TABLE ANALYTIQUE.
Canon d'un concile d'Avranclie, p. 1135. Canons du ibid. 11 gagne les bonnes grâces du roi Alphonse,
troisième concile de Lalran, p. (141. Csnon du qua- qui le fait élire archevêque de Tolède, ibid.; il se
trième concile de l.utran, concernant les bénéfices, saisit à main armée de la grande mosquée, et y éta-

p. 1168. blit le culte catholique, ibid. Le pape Urbain II le

BENÉTI (CYPRIEN), de l'ordre des frères prêcheurs. fait primat et sou légal en Esp.igne. Conciles aux-
Son édition du traité d'Ainaud de Bonneval, des quels il présida, ibid. Il entreprend le pèlerinage de

œuvres cardinales de J.-C, p. 618. la Terre-Sainte. Le pape le dispense de son vœu et

BÉNÉVtNT, ville d'Italie. Conciles tenus en cette l'oblige de retourner à son évêciié , ibid. Sa mort,
ville, p. 1061, 1062, 1067, 1072, 1081, 1084, 1088, ibid. Quatre discours sur le Salve, Hegiiia, qui lui

1089. 1094. sont allribués; raison de douter qu'ils soient de lui.

BENOIT (SAINT), patriarchedes moines d'Occident. ibid Idée de ces discours , ibid et 90. Lettre que

abbé de Vendôme lui écrit le pape Pascal 11, au sujet de Maurice Bour-
Sermon de Geoffroi , , sur saint
Benoil, p. 169. Panégyrique de saint Benoît, par din, qu'il venait d'excommunier au concile de Béné-
saint Bernard, p. 484. Hymnes de Pierre-le-Véné- vent, p. 1089. Lettre que lui écrit Gélase il, au su-

rable , pour la fête de saint Benoît et pour celle de jet du même devenu antipape, ibid. et 1090, 1091.

la de ses reliques, p. 511 et 522. Rela-


translation Bulle qui confirme la priuiatie de Tolède, p. 1090.

tidn de l'invention du corps de saint Benoît dans l'é- BERNARD, moine de Cluny, auteur du recueil

glise du Mnnt-C-3fsin, écrite par Pierre, diacre, dus usagts de Cluny, p. 90.

p. 583. 584. Sermon de Guillaume d'Auvergne sur BLHNARD, moine do Cnibie. en Saxe. Auteur
saint Benoît, p. 1027. Dissertation d'Ange de la Noix, d'un écrit satirique contre l'empereur Henri IV,
abbé d:i Monl-CisR'n, pour prouver que le corps de p. 90.

saint Benoît est encore dans l'église de cette abbaye, tSK.RNARD. patriarche d'Anlioche; sa mort. Raoul,
p. 583. Reliques de siint Bfnoit transférées d'une aichevéque de Wainistra, lui succède, p. Itl6.
châsse dans une autre à l'abbaye de Fleury -sur-Loire, btRlNARD, abbé du monastère de saint Anas-
p. 1081. tase, est élu pape, et prend le nom d'Eugène 111,

BENOIT VIII, pape. Sa lettre contre l'usurpateur p. 269. Voyez Euijcne III.

des biens de l'abbaye de Cluny, p. 1036; sa lettre BERNARD, évèque de Menève ou Saint-David.
par laquelle il confirme les privilèges de l'abbjye de Son différend avec Thibaud, archevêque de Cantor-
Sainte-Bénigne de Dijon, p. 1037. béry, p. 271.
BENOIT X (JEAN), antipape. Son élection et sa dé- BERNARD de Morlas, moine de Cluuy, auteur
position , p. 1061 d'un poëme sur le Mépris du Monde, p. 21, et dune
BÉRARD, archidiacre de Lyon, est fait évèque de homélie sur k Fermier d'iniquités, p. 76, 77 et

Mâcon. p. 80. 492.


BÉPiENGAUD, moine de Ferrières. Le moine Bé- BERNARD des Portes, d'abord moine bénédictin
rengaud, dont il est fait mention dans les lettres de à Ausbournay, bàtit la Chartreuse des Portes, d'où
Loup, abbé de Ferrières, est vraisemblablement il prend son surnom, p. 400. Ses liaisons avec saint
l'auteur du commentaire sur l'Apocalypse, fausse- Bernard, à qui demande des sermons sur le Can-
il

ment attribué à saint Ambrnise, p. 238, 239. tique des Cantiques, ibid. Il se démet du prieuré de
BÉRtNGAUD ou BÉHENGOSË, abbé de Saint- la Chartreuse des Portes, ibid. Sa mort, ibid. Ses
Maximin de Trêves. Ce qu'on sait des circonstances lettres, ibid. et 401
de sa vie , p. 238. Ses trois livres de l'invention de BERNARD (saint', fondateur de l'abbaye de Ti-

la croix de notre Seigneur, ibid. Livre du Mystère ron. Sa vie écrite par Galfrède ou Geofroi-le-Gros,
du bois de la Croix, ibid. Ses sermons, ibid. On exa- moine de ce monastère, p. 404. 11 quitte son ab-

mine s'il peut être l'auteur du commentaire sur l'A- baye de Sainl-Cyprien de Poitiers, et fonde celle de
pocalypse, attribué faussement à saint Ambroise, ibid. Tiron. ibid. et 93. Sa mort, p. 405. (On lui attri-
et 239. bue des règlements et des lettres. Voyez son article
BËRENGRR , hérésiarque. Conciles tenus contre dans [Histoire littéraire de la France, t. X, p. 210
ses erreurs, p. 1057. et suiv.)

BÉKENGER, disciple d'Abaillard, p. 327. BERNARD (saint), premier abbé de Clairvaux, et

BÉRENGER, abbé de Formbacii. Sa Vie écrite par docUur de l'Église. Sa naissance, p. 417. Ses élu-
Géruch, prévût de Reichersperg, p. 630. des, i>. 418. ifse fait moine de Cîteaux, ibid. Sa
BERFNGER, évèque de Lérida. Sa translation à conduite pendant son noviciat, ibid. H fait profes-
rarchevèché de Narbonne, p. 943. sion avec plusieurs gentilshonmies qui l'avaient suivi,
UERtn'ESTAD. Lettre du pape Calixle 11 , qui ap- ibid. Il fonde le monastère de Clairvaux et en est
prouve l'institut des chanoines réguliers de Bergtes- faitabbé, ibid. Succf's de cet établissement. Fouda-
tad, p. 1098. tion du monastère de Trois-F. ntaines et de celui de
BEHNAHD, archevêque de Tolède, après avoir Fonteuay, p. 419. Saint Bernard cède Prémontré à
suivi quelque temps le parti des armes, embrasse la saint Norbert, ibid. Ses exhortations portent Hum-
vie monastique Sainl-Orens d'Auch, p. 89. Saint
à beiine, sa sœur, à renoncer au monde, ibid. Son
Hugues abbé de Cluny, l'envoie en Espagne pour voyage à Paris. Il assiste à plusieurs conciles, ibid.
rétablir la régularité du monastère de Sainl-Kagon et 420. Saint Bernard refuse divers évéchés, p. 420.
1190 TABLE ANALYTIQUE.
De quelle manière il reçoit à Clairvaux le pape In- vingt-six, ibid. Recueil des sentences de saint Ber-
nocent II, ibid. Il r.icconipagne à son retour en Ita- nard, tbid. Chronologie de sa vie, ibid. Ce qu'il y a
lie, ibid. Il paese en Allemagne pour réconcilier de remarquable dans les discours de saint Bernard,
l'empereur Lolhaire avec les neveux de son prédé- ibid. et suiv. Sentiment de saint Bernard sur l'état

cesseur, ibid. Son second voyage en Ilalie. Il assiste des âmes après la séparation de leur corps, p. 486,
au concile de Pise. 11 engage les Milanais à recon- 487. Sur l'eucharistie, p. 487. Sur la grâce, ibid.
naître le pape Innocent II, ibid. et 421. L'augmen- Sur l'usage des biens de l'église et sur l'abus qu'on
tation de sa communaulé l'oblige à rebâtir son mo- en fait, ibid. et 488. Sur les enfants morts sans
nastère dans un lieu plus étendu et plus commode, baptême, p. 488. Doctrine des hérétiques de Co-
p. 421. II va en Aquitaine et 'y fait reconnaître le logne réfutée par saint Bernard dans deux de ses
pape Innocent II, ibid. Son troisième voyage en sermons, ibid. et 489. Diffi'rents ouvrages fausse-
Italie; ses travaux pour éteindre le schisme, ibid. ment attribués à saint Bernard, dont on a depuis
Il le fait finir entièrement, ibid. et 422. Ses repré- découvert les véritables auteurs, p. 489 et suiv. Vie
sentations au pape au sujet de Pierre de Pise, p. de saint Bernard, par Guillaume de Saint-Thierri,
422. Il fait condamner Abaillard au concile de Sens, p. 493; par l'abbé de Ronneval, p. 494; par Geof-
ibid. Il fonde divers mon.istères, ibid. Il réconcilia froi, ibid. Recueils de ses miracles, ibid. Autres

le roi Louis VII avec Thibaud, comte de Champa- Vies de saint Bernai d, ibid. et 495. Doctrine de
gne, Avec quel succès il prêche h seconde
ibid. siiinl Bernard sur l'eucbarislie, p. 495. Autres let-
croisade, ibid. Il combat et confond les Henriciens, tres de saint Bernard, p. 495, 496. Hymne sur saint
ibid. et 423. Il convainc d'erreur la doctrine de Gil- Malachie, p. 496. Jugement sur les écrits de saint
bert de Porrée sur l'essence divine, p. 423. Pour
la Bernard, p. 496, 497. Catalogue des éditions et
consoler le pape Eugène III dans ses afflidions, il traductions qu'on en a faites, p. 497 et suiv. Leltr»
compose ses livres de la Considcralion, ibid. Sa qu'il écrivit aux cardinaux sur l'élection du pape
mort, ibid. Son éloge ; témoignages rendus à sa Eugène III, p. 269. Lettre que lui écrit Abaillard,

sainteté et à sa doctrine, ibid. et 424. Sa vie écrite p. 326, 327.. Lettre de Hugues Mctellus qui lui est
par différents auteurs , p. 424. Ses ouvrages : adressée, p. 36 Sa Vie commencée par Guillaume,
.

Ses lettres, p. 424 et suiv. Livres de la Considéra- abbé de Saint-Thierri, p. 390; co.itinuée par Ar-
tion, p. 460 et suiv. En quelle année ils ont été naud, abbé de Bonneval, p. 616. Son épitapbs, par
compo.^és, p. 460. Analy^e de cet ouvrage : Pre- Philippe de Bonne-Espérance, p. 687. Sermon de
mier livre, ibid. et suiv.; second livre, p. 462, Guillaume d'Auvergne, pour le jour de sa fête, p.
463; troisième livre, p. 463, 464; quatrième livre, 1027. Saint Bernard dénonce au concile de Sens les
p. 464, 465; cinquième livre, p. 465. Trailé des erreurs qu'il avait trouvées dans les écrits d'Abail-

Mœurs et des Devoirs des évéques, p. 466, 467. Li- lard, p. 11 16. H se trouve au conrile de Vézelay, oii

vre de la Réforme des clercs, p. 'j67. Livre du Pré- il prêche la croisade, p. 1118. Il refuse d'en être le
cepte et de la Dispense, ibid. et suiv. Apologie de chef, p. 1119.
saint Bernard au suji t de son livre contre tes n.oi- BERNARD, prieur de Cluny. Son épitaphe par
nes de Cluny, p. 470 et suiv. Quelle en fut l'occa- Pierre-le-Vénérable, p. 522.
sion, p. 470, 471. Analyse de cet ouvrage: Première BEiiNER, élu abbé de Dol après la mort d'Adel-
pallie, p. 471; seconde partie, ibid. et 472. Livre bert, archevêque de Bourges, p. 99.
à la louange des chevaliers du Temple, p. 472 et BERNOL'ARD (saint), évêque d'Hildesheim. Son
suiv. Traité des Degrés d'humilité et d'orgueil, p. différend avec Willigise, archevêque de Mayence, au
474, 475. Rétractation de saint Bernard, p. 475. sujet de l'abbaye de Gandesheim, p. 1033.
Traité de l'Amour de Dieu, ibid. et 476. En quel BERNRIED; lettre du pape Calixte II, qui ap-
temps il fut écrit, p. 475. Analyse de ce traité, ibid. prouve l'institution des chanoines réguliers de Bern-
et 476. Traité de la Grâce et du libre Arbitre, p. ried. p. 1098.
476 et suiv. A quelle occasion il fut écrit, p. 476. BERTHE, reine de France, épouse du roi Phi-
Analyse de ce traite, ibid. et suiv. Jugement sur ce lippe. Ce prince la quitte pour épouser Bertrade,
traité, p. 478. Traité du Baptême, p. 470, 471. p. 491.
Traité contre les erreurs d'Abaillard, p. 471. Vie de BEKTIN (saint), monastère. Lettres de saint Ber-
laint Mntach'ie, archevêque d'Irlande, ibid. et suiv. nard à l'abbé et aux religieux de Saint-Bertin, p.
Ce qu'il y a de remarquable dans cette vie, p. 481, 457.
482. Traité du Chaut ou de la Correction de l'Anti- BERTRADE de Montfort, femme de Foulques Re-
phonier, p. 482, 483. Sermons de saint Bernard, chin, comte d'Anjou. Le roi Philippe l'épouse, p.
p. 483 et suiv. Caractère de ces sermons, p. 483. 491.
En quels jours saint Bernard prêchait, ibid. A quelle BESANÇON, ville du comté de Bourgogne. Con-
heure, ibid. Il prêchait en latin aux religieux et en cile tenu en cette ville, p. 1037.
langue vulgaire aux fr. res convers, p. 484. Sermons BESSAN, église disputée entre les abbés de Saint-
du temps, Sermons des saints, ibid.
ibid. Sermons Tiliéri et de la Chaise-Dieu, adjugée à celui de
sur divers sujets, ibid. Sermons sur le liantique des Sainl-Tdiéri, p. 600.
Cantiques, ibid. et 485. En quel temps ils ont été BEVEREGIUS ou BEVERIDGE (Guillaume), évê-
composés, p. 485. Ils sont au nombre de quatre- que de Saint-Asaph en Angleterre. Ses notes sur le
, ,

TABLE ANALYTIQUE. H91


commentaire de ïliéodore Balsamon sur les canons, pour traiter de la paix avec l'empereur Henri V.

p. 826. 11 dépasse ses pouvoirs el couronne ce prince, ibid.;


BIBLIOTHÈQUE. Bibliothèque estimée aussi né- il est excommunié pour ce sujet au concile de Bé-
cessaire dans un monastère qu'un arsenal dans une névent, ihid. L'empereur le fait élire pape en
forteresse, p. 4l0. concurrence avec Célase il, ibid. Lettres de Gélase

BIKNS DE L'ÉGLISE, ou des clercs, ou des moi- à son sujet, ibid. Bourdin est pris dans la ville

nes. Ce que dit saint Bernard sur l^usagc des biens de Sutri , et envoyé au monastère de la Cava
de l'Eglise et sur l'abus qu'on en fait, p. 487, 488. p. 1098.
Concile de Poitiers qui ordonne aux u uipaleurs BOSON, évéque de Saintes, déposé, p. 1072.

des biens d'église de les restituer, p. 1047. Décret BOSQUET (FRANÇOIS). Son édition de plusieurs
de Guillaume, comte de Barcelone, contre les usur- livres des lettres du pape Innocent III, p. 95).
pateurs des biens d'église, p. 1059. Canon d'un BOURGES, capitaledu Berri. Conciles tenus en
concile de Poitiers sur les biens ecclésiastiques, p. cette ville, p. 1043, 1044 et 1118.

1076. Canon d'un concile de Guastalla, p. lOlQ. Ca- BOURGOIN DE VILLEFORE (joseph-françois).
non d'un concile de Keims, p. 1093. Canon du 'S<" traduction française des œuvres de saint Ber-
premier concile général de Latran, p. 1096. Canon n;ird. p. 499. Sa Vie de saint Bernard, ibid.

d'un concile de Dalniatie, p. 1 145. BRAGUE, ville d'Espagne. Leltre du pape Adrien IV
BIGaMES. Ceux qu'on doit regarder comme bi- qui ordonne à l'archevêque de Brague de reconnaître
games, selon le pape Innocunt 111, p. 969. celui de Tolède pour primat, p. 915. Concile de
BLNGUE, lieu piès duquel sainte Hildegarde bâ- Fussel ou Huzillos ,
qui rétablit l'Eglise de Brague
tit le monastère du mont Sainl-Rupert, p. 591. dans son ancienne dignité de métropole, p. 1079.
BLAiNCKW.NLT (JUST). bon édition des lettres de Lettre du pape Calixte II ,
qui eonlirme les privilèges
sainte Hildegarde, p. 593. de l'Eglise de Brague et la priiuatie sur la Galice,
BLA>PHE.Vlt: contre le Saint-Esprit. Traité du p. 1098.
bienheureux Odon, évéque de Canlorbéry, sur ce BREC-b'PESE (NICOLAS), anglais, esl élu pape et
péché, p. 76. prend le nom d'Adiien IV, p. 911.
bOuAUD (JEAN). Edition qu'il donne, avec Josse BRLGWIN (SAINT), archevêque de Cantorbéry. Sa
Clichtou des ceuvres de saint Bernaid, p. 497. Vie par Eadmer, disciple de saint Anselme, p. 46.
BUfcMUNU, jiiiuce cl'Anlioche, hls aîné de Robert BREUIL (JACQUES Son édition de
du), bénédictin.
Guiscaid, duc de Pouille. Devenu prince d'Anlio- la chronique du Mont-Cassin, par Léon d'Ostie,
che, il dccom|)lit le vœu qu'il avait lait étant pri- p. 583.
sonnier des barrasins, de venir en pèlerinage au BRIONE, ville de Normandie. Le duc Guillaume-
tombeau de saint Léonard, à Noaillé, p. lOSO. le-Dàlard y fait tenir une conférence avec Bérenger,
UUGUAIILES, hérétiques, p. 140 et 653. Ils sont qui y est confondu, p. 1057.
condamnos au feu par l'empereur Alexis Comiiène, BRIUUDE, ville d'Auvergne. Concile tenu en cette
p. 140. Leur chef est brûlé vil, ibid. Détail des er- ville, p. 1074.
reurs de» Bugomiles, selon Eulhjmius Zygabéne, p. BRU.NUiN, évéque de Strasbourg, accusé d'être in-
IbO et 153. Lettre d Lulhjmius conlre les Bogoiiii- trus dans ce siège, renonce à sa dignité, p. H 12.
les, p. l53. uélail de leuis erreurs, p. 653. Leurs (On a de lui deux lettres. Voir son article dans
erieurs condamnées dans un concile de Conslanti- \'Hisl. Iiltér. de la France, tome XI, p. 156 et suiv.)

nople, p. 1 1 17. BRUNOiN , archevêque de Cologne . p. 425 , 426.


BOHE.ME, contrée d'Allemagne. Chronique de Leltre que lui écrit saint Bernard, qu'il avait con-
Bohême par Cosme, doyen de l'église de Prague, sulté pour savoir s'il devait accepter l'épiscopat,

p. 173 et sui/. p. 4-26.


BOLEïLAs. (et non Sobeslas, comme porte le BULGARES, peuple d'un pays situé entre le Da-
texte de aura Ceillier), duc de Pologne, procure la nube et la mer Noire. Ils se soumettent au Saint-
coiiveiftiou de la Poiiiéianie, p. 178. Siège sous le [jspe Innocent 977. Le pape y
III , p.

BUltCtT, monastère. Discussion entre l'archevê- envoie un légat , ibid. Archevêchés établis dans le

que de Cologne et l'évèque de Liège, pour la juri- pays, p 978.


diction sur le mouastère de Borcet, laquelle est ad- BULLES. Le pape Pascal II n'est pas le premier
jugée à l'évèque de Liège, p. 1040. qui ail fait ajouter, au revers du plomb des bulles,

BUl.DtAUX, capitjlu de la Guyenne. Conciles te- les tètes de saint Pierre el de saint Paul séparées
nus e:i celte ville, p. lOjj?, 1069, 1074. par une croix, p. 138.
BOKDlLIi (fhanvois), abbé de Sahit-Victor. Son BURCHARD, èvêcpie de Metz, sacré ù la place
édition des œuvres de Hugues de Saint- Victor, d'ilèrimann, p. 55. Remarque sur son ordination,

p. 349. p. 56.
bUUBDIN (MAURICE), antipape sous le nom de BURCHARD, premier abbé de Balerne. Sa lettre

Grégoire Mil. bes colllmencenlent^, pag. 1089; à saint Bernard; réponse qu'il en reçoit, p. 436,
il pa»se en Espagne, où il est fait évéque de Co- 437.
niiidire, puis archevêque de Drague, ibid. Son BURGLEN, abbaye en Brisgau. Sa Chnmique
voy.nge à Koine. Le pape Pascal 11 le l'ait son légal écrite par Conrad, abbé de Moury, p. 541.
lis TABLE ANALYTIQUE.
BURGONDION (
). Sa traduction latine de fi.xe les limites des diocèses de Burgos et d'Osma,
l'ouvrage de Némésius , intitulé : De la nature de p. 1079. Autre concile tenu en cette ville, p. 1113.
t'Iiomme, et du commentaire de saint Jean Chrysos- BL'SEE (JEAN), jésuite. Son édition des œuvres
tôme sur saint Matlhieu, p. 280. Temps de la mort de Pierre de Blois, p. 783. Son édition des sermons
de ce traducleuf, ibid. de Pierre Comestor, qu'il attribue à Pierre de Blois,
BURGUS, ville d'E>pagtie. Concile tenu en cette p. 744.
yille, p. 1071. Concile de Fussel ou Huzillos, qui

c.

CADALOUS, évêque de Parme, antipape, sous le CANONISATION DES SAINTS. Suivant le pape
nom d'Honorius II. Comment fut élu, p. 1062. il 11 Eugène III, elle ne devrait se faire régulièrement que
est déposé, p. 1063. Sa condamnation confirmée, dans des conciles généraux, p. 272. Jusqu'au x"
p. 1064. siècle, elle se laisait par les métropolitains; dans la

CAEN, ville de Normandie. Deux conciles tenus suite, les papes se la sont réservée, p. 922.
en cette ville, p. 1054. CANONS EVANGÉLIQUES. Canons des Evangiles
CALATRAVA, ville d'Espagne en Castille, dont un dressés par lo bienheureux Odon, évêque de Cam-
ordre militaire porte le nom Le pape Innocent lil brai, p. 76.

met l'ordre de Calatrava sous la protection du Saint- CANOiSS ECCLÉSIASTIQUES DU XI' SIÈCLE.
Siège, p. 969. Canons du concile d'Anham, p. 1035; du concile de
CALICES, vases sacrés. Lettres d'Yves de Chartres Pavie, p. 1037 du concile de Selingstad, p. 1038;
;

sur ce que, dans la consécration du calice, on dit ces du concile de Bourges, p. 1043; du concile de Reims,
paroles : Mystère de foi, p. H'-O. p. 1055; du. concile tie Rouen, p. 1056; du concile
CALLISTE II ( CALIXTE ou CALLIXTE ) pape, ,
de Coyac, p. 1057; du concile de Naroonne, p. 1059;
nommé auparavant Gui et archevêque de Vienne.
,
du concile deToulouse, p. 1060, o'unconciiedeRome,
Son illustre naissance , p. 1092. Il succède au p. 10l6; du concile de Winchester, p. 1066; du
pape Gélase II, ibid. Lettres par lesquelles il fait concile de Poitiers, p. 1069; du concile de LlUehone,
part de sa promotion aux évêques des principaux p. 1070; du concile de Sainl-Onier, p. 1074.
sièges, ibid. Il est reconnu en Italie, ibid. Il tient CANttNS DU Xl^ SIÈCLE. Canons du concile de
un concile à Toulouse ; canons de ce coucile, ibid. Poitiers, p 1076; du concile de Toulouse, p. |092;

et 1093. Il tient un concile à Reims ; conférence du concile de Reims, p. 1093; du premier concile
avec r. mpereur Henri V, p. 1093. Henri et l'anti- général de Latran, p. 1096; du concile de Londres,
pape Maurice B.iurdin sont excommuniés, p. 1094. p. 1IU5; d'un autre concile de Londres, p. 1106 ;

Eiitri vue de Calliste II et de Henri It, roi d'Angle- du concile de Rouen, p. ! |07 du concile de Pla- ;

terre, à Gisors, ibid. Calliste II pisse en Ita le et centia, p. 11U8; du concile de Toulouse, p. 1109;

arrive à Rome, d'où il est obligé de sortir un mois du concile de Cleriuoiil, p. 1110 d'un concile de ;

apti's, ibid. A quelles conditions il fait la paix avec Londres, p. 1 1 14 du deuxième concile général de
;

l'empereur, p. 1096. Premier concile général de Latiiin, p. 1115; du concile de Reims, p. 1121 du ;

Lalran, ibid. et 1097. Rescrit du pape Calliste II qui concile de Tours, p. 1129; du concile de Cassel en

déclare les moines de Saint-Macary soumis à l'ablié de 1134; du concile d'Avranches^ p. Il35;
Irlande, p.
Ste-Croix de Bordeaux, p. 1097. Ses lettres, ibid. et du concile de Londres, ibid.; du troisiècie con-
suiv. Lettre du roi Louis le Gros au p^ipe Calliste II, cile général de Latran, p. 1139 du concile de Dal-
;

p. 1098, 1099. Sa bulle en faveur du monastère du niatie, p. 1145 ;du concile de Londres, p. 1146.
mont de Vulturne, p. 109!). Autres lettres du pape CANONS DU Xlll« SIÈCLE. Canons du concile
Calliste II dans la Putr.dogie. p. 1099 et suiv. Let- d'Avignon, p. 1151 du concile de Paris, p. H55
;
;

tres écrites à Calliste, p. 1102. Ecrits faussement du concile de Pamiers, p. il 57; du concile de Mont-
attribués à Calliste, p. 1 103 et suiv. pellier, p. 1159; du quatrième concile général de
CANON DE LA MESSE. Explication du canon de Latran, p. 1162 et suiv.
la messe par le bienheureux Odon, évêque de Cam- CANONS (Collections de). Commentaire de Zo-
bray, p. 73, 74. Canon de la messe expliqué par nare sur les canons des apôtres, sur ceux des con-
Odon d'Orléans, p. 4)2. Canon d'un concile de Lon- ciles et sur les épitres canoniqiies des pères grecs :

dres qui ordonne <lc piononcer distinctement les différentes éditions qu'on en a faites, p 157. Collec-
paroles du canon de la messe et des oftices divins, tion de canons, par Arsène, moine du inont Athos,
p. 1146. p. 6.0. Autre colleclion par le même, ibid. Scliol-.es

CANON ÉPISCOPAL ou Institution dun évêque. d'Alexis Anstèr.e sur la synopse des canons. p.b53,
Ouvrage de Pierre de B ois, p. 779, 780. 654. Synopte des canons, par Siméoii Logotliète, p.
Canonique des évoques. Ce que c'est ; à quoi 654. Synopse de Nil Doxopater, ibid. Commentaire
elle est fixée par une constitution de l'empereur de Théodore Balsanion sur les canons, p. 8i6. Son
Alexis Comntne, p. 142. exposition du Nomocanon de Photius, ibid.
TABLE ANALYTIQUE. 1193

CANTIQUE DES CANTIQUES, livre sacré. Com- de Flavigny. Sa lettre au pape Benoît XIV, par la-
menlaire sous le nom de saint Anselme on l'altri- ; quelle il lui présente les dix-sept premiers volumes
bue à Anselme de Laon, p. 36, 184. Commentaire de son histoire des auteurs sacrés cl ecclésiasti-
allégorique et moral en vers, ouvrage de Marbode, ques, p. 1172. Réponse que lui fait le pape, ibii.
p. TlM. Couimennire de Rupert, abbé de Tuy, p. Seconde lettre que lui écrit le même pape, en le
28-i. Commentaire de Hugues de Saint-Viclor sur le remerciant du dix-huitième tome, qu'il lui avait fait

septième verset du quatrième chapitre du Cantique présenter par le cardinal Passionéi, p. 1173.
des Cantiques, p. 361Sermons de saint Bernard sur ce
. CEINTURE de la sainte Vierge. Discours d'Eiity-
livre; ils sont au nombre de quatre-viiigl-six, p. 484, mius Zigabène sur ce sujet, p. 153.
485. Quarante-huit sermons de Gillebert de HoiUande CÉLESTIN 11, pape en 1143, p. 267. Lettres qui
qui en font la suile, p. 489, 490. Coaimenlaire de nous restent de lui, ibid. et 268. Voyez aussi p.
(iuillaumcde Saint-Thierry, p. 389 et 490, 491. Com- 267, note 1. Sa mort, p. 268. Lettre d'Arnoul, évê-
mentaire de Philippe de Koiine-Espérance, p. 685. que de Lisieux, qui lui est adressée, tbid.
Moralités dumême sur le même cantique, ibid. CÊLEb.TlN 111, pape, p. 940. 11 couronne empe-
Caduques. Commen.aire d'Eulhyniius Zigabène reur Henri VI tt la reine Constance sa feiume, ibid.
sur les i'àaumes et sur les Cantiques, p. i53, 154. Sa mort, p. 941. Ses lettres, ibid. et suiv. Coll c-
Cantiques anaslasimes de saint Jean Damascène ex- tion de ses lettres dans la Patrologie, p. 944 et suiv.
pliques par Zonare, p. 157. Commenlaire du moine Autres écrits qui lui sont attribués, p. 946. Jugement
Hervé sur les cantiques des églises, p. 403. Dis- sur les lettres de Célestin 111, ibid.

cours de saint Bernard sur le Cantique d'Ezéchias, CÉLIBAT des clercs. Témoignage du vénérable
p. 484. Hddebert, évêque du Mans, p. 217. Témoignage de
CAMTORBÉRY, ville d'Angleterre. Privilégeaccordé Robert PuUus, p. 398.
à l'Eglise de Cautorbéry par leroi/Ëlhelrède, p. 1035. CELLE-NEUVE, monastère au diocèse d'Orense,
Diplôme du roi Canut en laveur de l'Eglise de Can- en Espagne, qui se prétend exempt de la juridiction
lorbéry, p. 1036. Concile tenu en celte ville, p. 1073. de l'évèque, p. 9j5.
Suite des conlestations de l'archevêque de Canlor- CELLULE. Livre des Quatre exercices de la Cel-
bérj et de celui d'York, p. 1136. lule, ouvrage de Gui, prieur général de la Char-
CANUl II, roi d'Anglelerre et de Danemark. Code treuse, p. 402.
de lois qu'il publie, p. 1047, 1048. CEMETIERES ou CIMETIÈRES. Règlements de
CAPOUE, ville d'ilalie. Conciles tenus en celte Guillaume, archevêque d'York, concernant la coupe
ville, p. 107-2, 1073, 1089. des arbres et des herbes dans les cimetières, p. 446.
CARDINAUX. C'est à l'élection de Lucius 111 que Témoignage de Robert PuUus sur la sépulture des
les cardinaux commencent à s'arroger le droit d'é- enfants morts sans baptême, p. 393.
lire le pape à l'exclusion du clergé, p. 929. CENCIUS, camérier du pape. Son Ordre romain
CARÊME, jeûne qui précède la solennité de Pâ- écrit sous le pontifical de Célestin lll, p. 941.
ques. Sermon d'Yves de Chartres pour le premier CENDRES im|iosées sur la tête au commence-
dimanche de Carême, p. 123. Sermons du vénérable ment du carême. Sermon du pape Innocent III sur
Hildebsrl sur le Carême, p. "214. Le commencement le jour des Cendres, p. 1009.
du Carême, d'après Robert Paululus, p. 357. Sept CÈNE, ou souper mystérieux que Jésus-Christ cé-
sermons de saint Bernard pour le Carême, p. 484. lébra avec ses disciples, et dont la mémoire se re-
Homélie de Théophanes Céranséus sur le premier nouvelle dans la célébration des saints mystères.
dimanche de Carême, p. 655. Dix-huit sermons de Sermon d'Inès de Chartres sur la cène du Seigneur,
Pierre de Celle sur Carême, p. 681. Sermons de
le p. 123. Sept sermons du vénérable Hildthert, p.
Guillaume d'Auvergne pour le Carême, p. 10-25. 214. Livre de la Cène mystique ou des Sept ordres
CAS DE CUiN.SClENCE. Cas réservé au pape par de la messe, ouvrage de Jean de Cornouaille, p. 358.
un concile d'Avignon, p. 1152. Homélie du pape Innocent III sur la cène du Sei-
CAoliMlR 11, duc de Pologne. Ses conslilutions gneur, p. I0l2.
concernant la succession des évêques , conlirmées CEPHANO, ville d'Italie. Concile qui y fut tenu,
parle pape Alexandre 111, p. 923. p. 1085.
C»SSEL, ville d'Irlande. Concile qui y fut tenu, CEREMONIES de l'Église. Livre de Robert Pau-
p. 1134. lulus, des cérémonies, des sacrements, des offices
CATGUCAN, roi d'Angleterre, cxconmiunié et ré- et des rils ecclésiastiques, p. 356, 357.

labli dans la communion de l'Égl se, p. 1059. CÉSÉNA, ville d'Italie. La vie commune et régu-

CATHARES; hérétiques condamnés au concile de lière est établie parmi les clercs de la cathédrale,
Vérone, tenu par le pape Lucius 111, p. 930. p. 1053. Concile tenu en celle ville, ibid.

CAIHERINE (SAINTE) d'Alexandrie. Sermon de CHAIR de l'homme pécheur. De la plainte et du


Guillaume d'Auverjjne pour le jour de sa fête, p. 1027. combat de la chair et. de l'âme, ouvrage du vénéra-
CECILE (SAlNTEj, martyre. Sermon de Guillaume ble Hildcbert, p. 218.
d'Auvergne pour le jour de la fêle de cette aainle, CHAIRE DE SAINT PIERRE. Discours d'Yves de
p. 1027. Cli.irtrcs pour celte fête, p. 122. Scinion de Guil-
CEILLIER (DOM itEMi), bénédictin, prieur litubire laume d'Auvergne pour la même fête, p. 1027.

-XIY. 73*
,, .

1194 TABLE ANALYTIQUE.


CHALONS-SUR-SAONE. Conciles tenus en cette CHARTREUX, ordre établi par saint Bruno. Sta-
ville, p. 1063, 1067, 1086. tuts des chartreux rédigés par le bienheureux Gui-
CHAMAllT (NICOLAS) abbé de Bonne-Espérance.
, gnes, p. 306, 307. Témoignage de Pierre le Véné-
Son édition des œuvres de Philippe de Bonne- rable sur l'instilut des chartreux, p. 522. Lettre par
Espérance, p. 683. laquelle Alexandre 111 confirme cet ordre, et le prend
CHAiNDELLE EVANGÉLIQUE , traité de théolo- sous la protection de l'Eglise romaine, p. 926.
gie composé par Gerland, p. 406. CHASSE interdite aux ecclésiastiques. Raisons
CHANOINES. En quel cas, selon Pierre de Blois, qu'en uonna Pierre de Blois, p. 770.
un chanoine est dispensé de résider, p. 776. Canon CHASTETÉ. Eloge de la chasteté et des autres
d'un concile de Latran concernant les chanoines, vertus, poème de iMarbude, p. 227.

p. 1097. CHAIEAUDUN, au diocèse de Chartres. Lettres


CHANOINES RÉGULIERS. Eloge des chanoines d'Yves de Chartres aux religieuses de Châteaudun,
réguliers par Letbert, abbé de Saint -Ruf, p. 70. Yves p. 100.
de Chartres blànie ceux qui voulaient les exclure du CHATZITZARIENS, secte de jacobites. Leurs er-
gouvernemenl des âuies et de la desserte des cures, reurs combattues dans un écrit de Philippe le Soli-
p. 107 et 117. Lettre d'AbaiUard sur les ohanoin'is taire, p. 84.

réguliers, p. 326. Apologie de l'ordre des chanoines CHELLES, monastère près Paris. Concile général
réguliers, attribuée à Anselme d'Havelburg, p. 416. tenu en ce lieu, p. 1035.
Bouclier des Chanoines réguliers , ouvrage d'Arnon CHEVALIERS. Canon d'un concile de Londres
prévôt de Reichersperg, p. 633. qui défend aux abbés de faire des chevaUers, p. G.
CH.\NT ECCLES1A611UUE. Traité du ChaiU, ou- CHEVEUX. 11 était d'usage chez les anciens de se
vrage de saint Bernard, p. 482. couper des cheveux pour attester la vérité de sa pa-
CHANTELOU (Claude), bénédictin, avait donné role, p. 211.
les règles de saint Basile en lalin. 11 fut chargé de CHICHESfER, ville d'Angleterre. Concile qui y fut
donner une nouvelle édition des œuvres de saint tenu, p. 1 127.
Bernard, p. 498. CHINCN, ville ds Touraine. Conférence qui y fut

CHAPELAINS des châteaux. Canon d'un concile de tenu, p. 1133.


Tours qui concerne, p. 1130.
les CHOSES TEMPORELLES. Exhortation au mépris
CHAPELLES. Canon d'uuconcile de Reiras, p. M22. des choses temporelles et à l'amour des éternelles,
CHAPriRE des moines. Traité de Geoffroi de Ven- attribuée à saint Anselme, p. 20.
dôme; de quelle manière les moines doivent se com- CHRÊME ^^LE SAINT), huile consacrée par l'évèquc.
porter dans le chapitre, p. 168, 169. Canon d'un concile de Ravenne, p. 1037.
CHAPITRE GÉrsERAL DE CITEAUX. Sa première CllRlS'lOPHE (SAINT), martyr. Deux sermons du
assemblée ,
qui servit de modèle aux autres ordres vénérable Hildebert sur saint Jacques et saint Chris-
p. 1088. tophe, p. 2l5.
CHAPITRES (LES dix). Livre Des dix Chapitres, CHRONIQUE de Sigebert de Gemblou , p. 60, 61,
ouvrage de Marbode, p. 228. Editions qu'on en a faites, p. 61
CHARISTICAIHES. Décrets de deux conciles de CHRONIQUE de l'abbaye de Gemblou, par Sigebert,
Conslantinople qui les concernent , p. 1045. p. 63,
CHARITE. Eloge de la Charité, ouvrage de Hugues CHRONIQUE de Verdun. Titre qu'on donne ordi-
de Saint- Victor, p. 351. Lettre où saint Bernard nairement à la chronique de Hugues de Flavigny,
traite de la charité, p. 426. Traité de la Charité, p. 82.
faussement attribué à saint Bernard. Ce n'est qu'une CHRONIQUE de Hugues, abbé de Flavigny, p. 81.
compilation dont on ignoie l'auteur, p. 491. Miroir 82. Ulilité de cette chronique, p. 82. On l'a atuibuée
de la Charité, ouvrage dans lequel j€lrclde, abbé de mal à propos à Yves de Chartres, p. 124.
Kiedval, traite de la charité et des autres vertus CHRONIQUE des rois de France, attribuée à Hu-
chrétiennes, p. 621 . Eloge de la Chanté, pai le pape gues de Chartres, p. 124.
Innocent III, p. 1014. CHRONIQUE de Bohême, par Cosme, doyen de
CHARLES du CHARLEAIAGNE, roi de France
1er,
l'Eglise de Prague, p. 173, 1/4. Editions de cette
et empereur. Son épilaphe par iMarbo.ie p. 228. ,
chronique, p. 174.
CHARONNE monastère près Paris. Assemblée
, CHRONIQUE deSaint-Biquier, continuée par Ha-
qui y fut convoquée pour montrer aux fidèles les re- riulfe, p. 2J4.
liques de ce monastère, p. 1071. CHRONIQUE de Saint-Pierre-le-Vif, par Clarius,
CHaRROUX ou KAROEFE, abbaye dans le Poi- p. 237, 238.
tou. Concile tenu en ce lieu, p. 1041. CHRONIQUE de Saint-Tron, par l'abbé Rodulphe,
CHARTE DE CHARITE dressée dans un chapitre p. 239, 240.
général de Cîteaux, p. 230; confirmée par une bulle CHRONIQUE des Gaules, depuis Pharamond jus-
du pape Calivte II, p. 230; ce qu'elle contient, qu'à Philippe Pr ; ouvrage de Hugues de Sainte-
p. 231; éditions qu'on en a faites, p. 232. Marie, moine de FleUry, p. 243.
CHARTRES, ville de Fiance. Concile tenu en cette CHRONIQUE de Florent Bravon, moine de Wor-
ville, p. 1119. chester, p. 245. Editions de cette chronique, ibid.
.

TABLE ANALYTIQUE. il95


CHRONIQUE des papes et des empereurs, |i,ir Hu- l'archevêque Daïnibert, p. 238. Sa chronique de
gues de Saint-Victor, p. 361. Saint-Pierre-le-Vif. p. 237, 238.
CHROKiyUË dis évéques d'Hildesheim. alliibuée CLEMENT (saint) , disciple des apôtres, pape et

à Eccard, abbé de Saint-Laurenl d'Unigen, p. 405. martyr. Sermon de saint Bernard pour le jour de sa
CHRONIQUE du Munl-Cassin, commencée par fête, p. 484.Sermon de Guillaume d'Auvergne pour
Léon dVtstio.et continuée par Pierre Diacre, p. 582. le jour de sa fête, p. 1027. Monastère de l'île de
Preuves que cette continuation est véritablement de Casaure, sous le nom de Saint-Clément; le pape
Pierre, p. 583. Editions qu'on a faites de cette chro- .Adrien IV le met sous la protection du Saint-Siège,
nique, ibid. p. 915.
CHRONIQUE de Constantin Manassès, p. 6i3. CLÉ.MENT II, pape. Son élection au concile de
CHRONIQUE attribuée à l'abbé Joachim , p. 830. Suiri, p. 1061.
CHUNON ou CONRAD, abbé de Maury en Suisse. CLÉMENT m, pape, p. 936. Son traité avec les
Ce qu'on sait des circonstances de sa vie avant qu'il Romains au sujet de la ville de Tusculum, p. 937.
fiit abbé, p. 539. Il succède à l'abbé Ronzelin, tbid.\ Son zèle pour la croisade, ibid. Sa mort, ibid. Ses
ilobtient du pape Adrien IV une LuUe qui lui per- lettres, ibid et 937. Collection complète des lettres
met de célébrer l'ofTice divin pendant l'interdit jeté de Clément III dans la Patrologie, p. 938, 939. Dé-
sur le pays, ibid. Autre bulle confirmalive de tous les crets de Clément III, p. 939, 940. Lettre de Richard
droits et privilèges de son monastère , ilid.; il se au pape Clément, p. 9iO. Accord entre ce pape, le

démet de son gouvernement, ibid.; sa mort, ibid.; peuple de Rome et les sénateurs, ibid.
ses actes de l'abbaye deMoury; ce qu'ils contiennent CLERCS. Discipline observée à l'égard des clercs
de remarquable, ibid. et 510 Les actes et la généa- dans le Xl"^ siècle, p. 40, 41 . Comparaison des clercs
logie de la maison d>; Hapsbourg, qui est à la tète, et des moines, par Abaillard, p. 326. Discours de
ne sont ni du même auteur ni du mrnic temps, saint Bernard sur la réforme des clercs, p. 467.
p. 540. Chronique du monastère de Burglon autre , Dialogue sur la différence de l'état des clercs sécu-
ouvrage de l'abbé Chunon p. 5H , liers et des clercs réguliers, ouvrage de Géroch,
CIRCONCISION. Discours d'Yves de Chartres sur prévôt de Reichersperg, p. 631. Lettre de Pierre de
la Circoncision de J.-C., p. 122. Sermon du véné- Blois, de la Vie des clercs qui vivent à la cour. p.
rable Hildedert sur la fêle de la Circonci-sion. p. 214. 766. Traité de Jean Sarisbéry, contre les Vices des
Sermon d'Abaillard pour la fête de la Circoncision, clercs, p. 679. Traité de Philippe de Bonne-Espé-
p. 331 Doctrine de Robert Pullus îur la Circonci- rance, sur la Dianité des clercs, p. 686. Canons d'un
sion, p. 393. Trois sermons de saint Bernard sur la concile de Clermont, p. 11 lO. Du troisième concile
Circoncision de notre Seigneur, p. 484. Sentiment de Latran.p. 1141. D'un concile de Dalmatie, p. 1 145.
de saint Bernard sur la Circoncision, p. 486. Sermon Statutsdu cardinal Galon, légat en France, p. 1149.
de Guillaume d'Auvergne pour le jour de la Circon- Décrets d'un concile de Paris, p. 1155. Canons du
cision, p. 1026. quatrième concile général de Latran, pour la réfor-
CITEAUX, juircfoiâ abbaye en Bourgogne. Le Petit mation des mœurs des ecclésiastiques, p. 1166 et
comiiencemrntdel'ordredeCiteaux,oixvr3ged'Elienne suiv.
Ilarding, p. 231 . Le pape Eugène III assiste au cha- CLERMONT, ville d'Auvergne. Concile tenus en
pitre général, p. 271. Différend des moines de Cî- cette ville, p 1068, 1083 et ÙlO.
leaux avec les moines de Cluny. Apologie de saint CLICHTOU (JOSSE), chanoine et théologal de
Bernnrd, p. 470 503 et suiv., 506, 507,
et suiv., Chartres. Édition qu'il donne avec Jean Rocard des
Lettre de sainte Hildegarde aux moines de Citeaux. œuvres de saint Bernard, p. 497.
p. 59t. Bulle du pape Alexandre 111, qui confirme CLOCHES. Cloches données à l'église de Char-
les statuts et les privilèges de l'ordre de Citeaux, tres par une reine d'Angleterre, p. 112.
p. 925. Premier chapitre général tenu à Citeaux, CLOITRE. Quatre livres du Cloitre de l'dme, ou-

p. 1088. Lettre du pape Calixle II, qui confirme les vrage de Hugues Foliet, faussement attribué à Hu-
statuts de l'ordre de Citeaux, p. 1097. gues de Saint-Victor, p. 350. Traité de lu Discipline
CLAIRVAUX , monastère de l'ordre de Citeaux, du cloître, ouvrage de Pierre de Celle, p. 682.
établi en Champagne par saint Bernard, p. 418. CLUNY, abbaye dans le Màconais. Recueil des
L'augmentation du nombre des religieux oblige le usages de Cluny, par le moine Bernard, p. 90. Per-
saint abbé de rebâtir le monaslcre dans un lieu plus mission accordée à l'abbé de Cluny de se servir de la

étendu commode, p. 421. Privilège accordé


et plus nu'tre et des habits pontificaux, p. 135, 136. Privilèges
au monastère de Clairvaux en France par le pape de Cluny, confirmés par le pape Honorius II, p. 252;
Innocent II, p. 455. par le pape Innocent II, p. 260. Contestations entre
CLAIRVAUX, monastère de l'ordre de Citeaux, à l'abbaye de Cluny et celle de Saint-Gilles, terminée
deux milles de Miian. Sa fondation, p. 436. par ce pape, p. 261. Lettre de Célestin 11, qui con-
CLARENDON . ville d'Angleterre. Concile qui y firme la donation faite de l'église de Saint-Vincent de
fut tenu, p. 1130. Salainanque à l'abbaye de Cluny, p. 267. >>es privi-

CLARIUS, moine d'abord .i Klcury, puis à Saint- lèges confirmés par le pape Liicius 11, p. 268. Diffé-
Pierre-le-Vif à Sens, p. 237. Il assiste au concile de rend des moines do Cluny avec ceux de Citeaux.
Beauv.?is a la place d'Arnaud n)i\ .ibbé , député par Apologie de saint Bernard contre les moines de Cluny.
1196 TABLE ANALYTIQUE.
p. 470 et suiv. Réponse de Pierre-Ie-Vénérablc aux cours sur le même sujet, ibid. Ce qu'a pensé le vé-
imputations de saint Bernard, p. 503 et suiv. Statuts nérable Hddebert sur la conception immaculée de
de Cluny réformés par Pierre-le-Vénérible, p. 522 et la sainte Vierge, p. 216. Lettre de saint Bernard,
suiv. Et.it de l'abbaye de Cluny, dressé parle même, qui s'oppose à l'établissement de celle fête dans
p. 525. Charte de fondation faite à Cluny par Pierre- l'église de Lyon, p. 438, 439. Raison qu'il allègue
leVénérahle, p. 5"24, 525. Concile de Chalon-sur- pour prouver que Jésus-Christ .'eul a été conçu sans
Saône, où les privilèges de Climy soni, lus et approuvés, péché, p. 439. Soumission anticipée de saint Ber-
p. 1063. Lettre du pape Gélase II, qui confirme à cette nard au décret de l'Eglise. Dogme de l'immaculée
abbaye tous les biens qu'elle possédait lors de la conception proclamée par Pie IX, ibid. Doctrine de
mort de l'abbé Hugues, p. 1090. Bulle du même Godefroi, abbé des Monts, sur l'immaculée concep-
pape en faveur de ce monastère, p. 1091. tion, p. 588. Sermon de Pierre Comestor sur l'im-
COCHLÉE (JEAN), chanoine de Breslau. Son édi- maculée cunception de la sainte Vierge, p. 745.
tion de plusieurs des ouvrages de Rupert, abbé de CONCILES. Pascal II observe que les conciles

Tuy, p. 292. n'ont point fait de lois pour l'Église romaine, |iarce

CŒUR. Di la Garde du cœur, lettre de Jean, que c'est elle qui donne l'autorité aux conciles, p.
moine de la Chartreuse des Portes, p. 401. 130. Décret du concile général de Latran, qui re-
COLEMANN, moine. Ses mémoires sur la vie de nouvelle les anciens canons pour la tenue des con-
saint Walstan, évèque de Worcheiter, dont il avait ciles provinciaux, p. 1064.
été disciple, p. 314. Sa mort, ibid. CONCILES DU XI» SIÈCLE. Article I". — —
COLLATION des Bénéfices. Traité sur ce sujet, Concile de Rome (lOOl), où le différend entre Ber-
composé par Guillaume d'Auvergne, évêque de Pa- nouard, évèque d'Hildesheim, avec \Villigise, arche-
ris, p. 1028 et suiv. vêque de Mayence, au sujet du monastère de Gan-
COLOGNE, ville d'Allemagne. Conciles tenus en desheim, est décidé en faveur de Bernouard, p.
cette ville, p. 1059. 1086. 1087, 1090. Traité his- 1033. Concile de Polden (1001) en Saxe, sur la

torique des divers Progrès de l'église de Cologne, p. même afiai-re. L'archevêque de Mayence y est sus-
863. pendu de toutes fonctions épiscopales, ibid. Concile
COLOMBES. Livre des Trois Colombes, attribué à de Francfort (1001) sur la même affaire. On con-
Hugues de Saint-Victor, p. 353. vient que ni l'un ni l'autre des contendants n'exer-
COMESTOR (FRANÇOIS), docteur de Sorbonne. cera de juridiction jusqu'à la décision d'un autre
Son édition des ouvrages de saint Bernard, p. 498. concile, p. 1034. Concile de Todi (1001), où l'on
CO.'^LMERCE. Doctrine de Pierre de Blois sur ce désapprouve la conduite de Willigise, archevêque
point, D. 767. de Mayence, .i l'égard de Bernouard, évêque d'Hil-
CO.MMUNION EUCHARISTIQUE. Lettre du pape desheim, ibid. Concile de Rome (1002), où l'on fait
Pascal II sur un abus qui s'était introduit de donner convenir à Conon, évêque de Pérouse, que le mo-
la communion en trempant l'espèce du pain dans nastère de Saint-Pierre, près Pérouse, était soumis
celle du vin, p. 134. Les deux espèces doivent être immédiatement au Saint-Siège ibid. Concile de ,

prises séparément, ibid. Raison que donne Arnul- Dortmund (1005), convoqué par l'empereur Otton
phe, évèque de Rocliester, de l'usage qui s'était in- 111 pour le rétablissement de la discipline ecclésias-
troduit de trenip-ir l'hostie dans le sang en donnant tique, ibid. Confraternité de prières établie entre
la communion, p. 236. Pourquoi l'on reçoit séparé- tous ceux qui assistèrent au concile, ibid. Concile de
ment le corps et lesang de Jésus-Christ, p. 237. Rome (1007) qui confirme l'érection de l'évêché de
Doctrine de Hugues, archevêque de Rouen, sur la Bamberg, 1035. Concile de Francfort (1007), où
p.
comuiunion, p. 6U9. Voyez Eucharistie. l'érection de l'évêché de Bamberg est de nouveau
COM.MUMON DE PRIÈRES. Communion ou as- confirmée, ibid. Concile de Cbelles (1008 tenu par 1

sociation de prières entre divers monastères, p. 514. le roi Robert en son palais. On y accorde de nou-
COMNÈNE (ALEXIS), empereur. Voyez Alexis veaux privilèges à l'abbaye de Saint-Denis, ibid.
Comnéne. Concile de Barcelone (1009), où l'on confirme les
COMNÈNE (ISAAC), frère de l'empereur Alexis, donations faites à l'église de Barcelone, ibid. Con-
p. 139 . t suiv. cile d'Anham (1009), assemblé pat le roi ^thelrède,
COMNÈNE (MANUEL et jean), empereurs. Leur ibid. canons de ce concile, ibid. Concile de Bam-
;

histoire par Jean Cinnam, p. 641, 642. Voyez Ma- berg (1012), assemblé à l'occasion de la dédicace de
nuel Cvmnéne. la cathédrale de Bamberg, p. |036. Concile de Bî-
COMPIEGNE, ville de Fiance. Concile tenu en sauçon (1018), présidé par Victor, archevêque de
cette ville, p. 1072. Besjnçon, 1037. Concile de Pavie, tenu par le
p.
COMfOSTELLE, d'Espagne. Conciles tenus
ville pape Benoît VIH. On y déclare que les enfants des
en cette ville, p. 1060, 1061, 1086. clercs concubinaires seront serfs des églises où ser-
COMPUT PASCAL. Comput ecclésiastique dressé vent leurs pères, ibid. Concile de Ravenne (1014),
par Sigebert, moine de Gemliloiirs, p. 67, 68. Com- tenu par l'archevêque Arnoul, ibid. Concile de Home
put ecclésia.-;lique de Gerland, p. 366. un privilège
(1015), où le pape Benoît VIH accorde
CONCEPTION de la sainte Vierge. Traité de la à l'abbaye de Frutar, ibid. Concile d'Orléans (1022),
conception passive de la sainte Vierge, p. 35. Dis- tenu contre de nouveaux manichéens, p. 1038. Con-
TABLE ANALYTIQUE. H97
cilede Sélingstadt (1022), assemblé par Aribon, ar- Pierre, ibid. Concile de Girone (1038), tenu à l'oc-
chevêque de Mayence. Canons de discipline faits en casion de la dédicace d'une église, ibid. Concile
ce concile, ibid. et I0li9. Conciles de Dijon, de d'Ausonc ou de Vie (1038), tenu à l'occasion de la
Bcaune, de Lyon; les actes en sont perdus, p. 1039. dédicace d'une l'glise, ibid. Concile d'Urgel (lOiO),
Concile d'Airy (1030), convoqué par le roi Robert; ce tenu à l'occasion de la dédicace d'une église , ibid.

qu'on sait de ce concile, p. 1039. Concile de Win- Concile de Vendôme (lOiO), tenu à l'occasion de la
chester (1021), où le monastère de Saint-Edmond est dédicace de l'église du nioiiastère . ibid. Concile de
exempté de la juridiction des évèques, ibid. Concile Venise (1040), où l'on règle divers points de disci-
d'Aix-la-Chapelle (1023), où l'on discute les préten- pline ecclésiastique, p. 1052. Concile de Céséna
tions de l'archevêque de Cologne et de l'évêque de (1042), qui établi! la vie commune et régulière parmi
Liège, sur le monastère de Horcet, ibid. Concile de les clercs de la cathédrale, ibid. Concile de Coxane
Mayence où l'on sépare le comte d'Harmens-
(102ÎJ), (10351, qui règle que le prieuré de Trunes-Aigues
tein d'avec Irmengarde, qui n'était point sa femme dépendrait du monastère de Coxane, p. 1053. Con-
légitime, iii'rf. Concile d'Anse (1025). près de Lyon, où cile de Coxane (1043), tenu contre les usurpateurs
Gauslin, évèque de Màcon, se plaint de ce que Bou- des biens de cette abbaye , ibid. Concile de Cons-
chard , archevêque de N ienne , avait ordonné des tance (1044), où le roi Henri se réconcilie avec tous
moines de Cluny, p. 1041. Concile de Francfort ses ennemis, ibid. Concile d'Arule (1046), qui con-

(1027), qui conserve à i'évêque d'Hildesheim la ju- firme l'immunité de ce monastère, ibid. Concile
ridiction sur le monastère de Gandersheim, ibid. tenu par Guifroi , archevêque de Nirbonne (1015),
Concile de Mayence (1028), où un homme accusé pour conférer les privilèges do l'église de Saint-
d'avoir tué le comte Sigf froi est admis à se justi- Michel en Lampourdan, ibid. Concile de Pavio (1046)
fier par l'épreuve du fer chaud, ibid. Concile de dont parle Herman Contracte , ibid. Concile de Su-
Karofie ou Charroux (1028 ou 1031), assemblé par tri (1046), où Grogoire VI abdique le souverain pon-
Guillaume IV, duc d'Aquitaine, pour le rétablisse- tificat. Clément 11 est élu à sa place , ibid. Concile
ment de la paix, ibid. Concile de Limoges (1028), de Téluges (1047), au diocèse d'Elne, qui prescrit
où l'on agite la question de l'apostol-jt de saint Mar- la trêve de Dieu, ibid. Concile d'Alle-
l'observation de
tial, p. 1042. Concile de
Bourges (1031), qui décide magne contre les simoniaques(1047), p. 1054. Con-
en faveur de l'apostolat de saint Martial, p. 1043; cile de Caen (1047), pour l'observalion de la trêve de
canons de discipline faits en ce concile, ibid. Con- Dieu, ibid. Concile de Caen (1061), pour l'observalion
cile de Limoges (1031), où l'apostolat de saint Mar- de la trêve de Dieu, ibid. Concile de Sens (1048), qui
tial est unanimement reconnu, p. 1042. Les canons confirme la fondation du monastère de Siint-Ayoul
du concile de Bourges y sont adoptés, ibid. Autres de Provins, ibid. Concile de Home en 1049. ibid. et
dans ce concile, ibid. Concile d'Or-
affaires traitées 1055. Concile de Pavie (1049), tenu par le pape
léans (1029), tenu à l'occasion de la dédica. e de Léon IX, ibid. Concile de Reims (1049), tenu par
Sainl-Agnan, p. 1043. Concile de Palith (1029), où le pape Léon IX, pour remédier à plusieurs abus, p.
l'archevêque de Mayence renouvelle ses prétentions 1055, et 10.56. Concile de Mayence (1019), tenu par
sur le monastère de Gandersheira, ibid. Concile de le même
pape, p. 1056. Concile de Rouen (1049 ou
Conslanlir.ople (1027), tenu par le patriarche Alexis, 1050). Canons de ce concile, la plupart contre la
p. 1044. On pourvoit à l'indemnité des métropoli- simonie, ibid. Concile de Coyac (1050), au diocèse
tains qui avaient payé les taxes pour leurs suffra- d'Oviédo. Canons de discipline faits en ce concile,
gants, ibid. Autres canons de ce concile, p. 1045. p. 1057. Concile de Siponto ^1050), où le pape
Concile de Constantmople (1027), tenu la même Léon IX dépose deux archevêques simoniaques ,

année par le même jiatriarche Alexis. On y prononce p. 1058. Concile de Rome (1U51), où Grégoire, évè-
un décret touchant les monastères et leurs biens, que de Verciil, est déposé pour adultère, ibid. Con-
ibid. et 1046. cile de Mantoue (1053), tenu par le pape Léon IX,
CONCIIi:s DU Xl6 SIÈCLE. — ARTiCLii — Con- ii. ibid. Concile de Rome (1053), où l'on agite la ques-
ciles de France (1031). à l'occasion d'une famine tion des azymes, ibid. Concile de Limoges (1052),
affr-use, p. 1046. Décrets qui y fuient faits, p. 1047. où Hérius est élu évèque pour succéder à Jourdain,
Concile de Tribur (1031), convoqué par l'empereur ibid. Concile de Saint-Denis en France (1053), où
Conrad, ibid. Concile de Poitiers (1032). On ordonne l'on fait h reconnaissance des reliques de saint De-
aux usurpateurs des biens d'église de les restituer, nis, p.1059 Concile de Narboiine (1054). Ses canons
ibid. Concile tenu au monastère de Hipouille (10'12), pour l'observalion de la trêve de Dieu, iéid. Concile
qui en confirme les privilég^'s, p. 1048. Concile de de Barcelone (1054), où on lit le décret de Guillau-
Pampelunc (1023 et non 1032), pour rétablir l'évé- me, comte (le Barcelone, contre les usurpateurs des
ché de celte ville, ibid. Concile de Tribur (1036). biens de l'Eglise, ibid. Concile de Cologne (1056),
On y h\l promettre i Otton de Suinvord de se sépa- où le pape Victor II réconcilie Baudouin, comte de
rer de Mathilde , fille du duc Boleslas ,
qu'il avait Flandre, avec Godcfroi, duc de Lorraine, ibid. Con-
épousée, ibid. Concile de Poitiers (1030), qui rét.i- cile de (1056), pour l'observation de la
S.->int-Gilles
blit la paix entre plu.-ieurs particuliers, ibid. Con- trêve de Dieu, ibid. Concile de LaïulalT (1056) où ,

cile de Kome(1037), où André, évèque de Péioust, le roi Calgucan est excommunié, ibid. Concile de
renonce i ses prétentions sur le monastère de Saint- Lisieux (1055), où Mauger, archevêque de Rouen.
TABLE ANALYTIQUE.
est déposé., et Maurille mis à sa place, p. 1060. Con- abbaye. On y confirme les biens et les privilèges de
cile de Rouen (1055), tenu par l'arclievêque Mau- l'abbaye, ibid. Concile d'Auch (1068), qui ordonne
rille, pour rélalilir la discipline, 'bid. Concile de que toutes les églises du pays payeraient à la cathé-

Toulouse (1056), où Bérenger, vicomte de Narbonne, drale le quart de leurs dîmes, p. 1065. L'abbaye de
forme de grandes pl.iintes contre Guifroi, arciievèq\ie Sainl-Orens et quelques autres églises sont exemp-
de Narbonne , Canons de discipline faits rn ce
ibid. tées de cette imposition, ibid. Concile de Toulouse
concile, ibid. Concile de Compostelle (I056ou 1031). (1068). Plusieurs ecclésiastiques accusés de simonie
doni les actes ont été donnés par le cardinal d'A- y sont traités suivant la rigueur des canons, ibid.
guirre, ibid. Concile de Rome (1057), qui rélablit L'évêché de Lecioure est rétabli , ibid. Conciles
dans son premier état l'évêché de Mai si, qu'on avait d'Auch et de Cirone (1068), pour établir en Espagne
depuis peu divisé en deux, p. (061. Concile de le rit romain en la place du gothique, ibid. Concile
Narbonne (1058), tenu à l'occasion de la dédicace de Mayence !1069), qui oblige le roi Henri IV à se

de l'église de cette ville, ibid. Concile d'Elne (1058), réunir à la reine Berlhe sa femme, ibid. Concile
tenu à l'occasion de la dédicace de l'église de cette d'Anse (1070), qui soumet le monastère de Saint-
ville, ibid. Concile de Barcelone (1058), où on lit Laurent à celui de Saint-Martin-en-l'Ile-Barbe, ibid.
un décret touchant les îles Baléares, dépendantes Concile de Winchester (1070), où Sligand, archevê-
de ce diocèse, ibid. Concile de Sulri (1059), où l'ar- que de Cantorbéry, et plusieurs de ses suffragants
chevêque Benoît, surnommé Mincius, est déposé et sont déposés, p. 1066. Concil.î de Windsor (1070),
privé des fonctions du sacerdoce, ibid. Concile d'A- où Agelric, évêque de Sussex, et plusieurs abbés, sont
raalfi (1059), où le pape Nicolas II dépose l'évèque déposés, ibid. Concile de Londres (1070), assemblé
de Trani, ibid. Concile de Bénévent (1059) , où le par Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, ibid. On y
même pape fait rendre à l'abbé de Saint-Vincent un ordonne que les chaires épiscopales établies dans
prieuré dont le moine Adalbert s'était emparé, ibid. des villages ou dans des bourgs, seront transférées
Concile de îieims (1059), où Philippe, fils aîné dans des villes, ibid. Procédure contre saint Wu!s-
d'Henri 1", est couronné roi de France, ibid. Con- tan, évèquede Worchesler, qu'on veut obliger à se
cile de Vienne (1060), tenu par le légat Etienne, ibid. démettre , sous prélextu d'incapacité , ibid. Concile
Concile de Tours (lOOO), tenu par le même, ibid. de Pédrada (l071), où l'on termine l'aflaire concer-
Concile de Jacia en Aragon (1000). On transféra i nant les terres usurpées par l'archevêque d'York sur
Jacca le siège épiscopal de Huesca, p. 1062. Autres l'évêché de Worchester, ibid. Concile de Windsor
canons de ce concile, ibid. Concile de Caen (1061). (1072), où l'affaire de la priniatie l]^ Cantorbéry fut

Statuts et règlements
faits en ce concile, ibid. Con- terminée, ibid. Concile d'Auch (1073), tenu par Ci-
cilesde Bénévent (1061, 1062), pour terminer un rald , évêque d'Ostie , légat du pape Grégoire VII,
différend entre l'évèque de Dragonara et l'abbé du p. 1067. Concile de Cl.âlons-sur-Saône (1073), con-
monastère de Sainte-Sophie, ibid. Concile de Bàle voqué par le même légat , ibid. Concile de Saint-
(1061), où l'impératrice Agnès fait élire pape Cada- Genès (1074), au sujet de Saint-Anselme de Lucques,
loûs ,
qui fut l'antipape Hor.orius 11 , ibid. Concile ibid. Concile de Bénévent (1075), au sujet du mo-

d'Osbor ei Saxe (1(-62). où l'antipape Honorius II nastère de Sainte-Sopliie, ibid. Concile général d'An-
est déposé, et l'élection d'Alexandre il confirmée, gleterre (entre 1070 et 1075), où l'on décide que
ibid. Conciled'Aragon (1062), qui ordonne que l'é- l'on ne devait point obliger à prendre le voile les
vèque de Pauipelnne sera choisi d'entre les moines fille? et les femmes qui, pour éviter l'insolence des
de Leyre, p. 1063. soldats, s'étaient retirées dans les monastères, ibid.
CONCILES DU XI' SIÈCLE. — AniiCLE !ii. — Con- Concile de Londres (1075), où l'on travaille au réta-
cile de Chàlons-sur-Saône 1 1063) , où les privilèges blissement de la discipUne , ibid. Concile de Rome
de Cluny sont lus et approuvés, p. 1063. Concile de (1075). second sous le pape Grégoire VII. Ses dé-
Moistac (1063), tenu à l'occasion de la dédicace de crets contre les investitures, les simoniaques et les
l'église de ce monastère, ibid. Concile de Mantouo clercs concubinaires, ibid. Concile de Winchester
(1064), où Alexandre II est reconnu seul pape légi- (1076), présidé par Lanfranc, archevêque de Cantor-
time, p. 1065. Discussion sur la date de ce concile, béry. Canons de ce concile sur la discipline ecclé-
ibid. Concile de Barcelone (1064 ou plutôt 1068). siastique , p. 1068. Concile d'Anse (1077), dont les

où Alexandre II est reconnu seul pape légitime, ibid. actes sont perdus, ibid. Concile de Clerraont en Au-
Discussion sur la date de concile, ibid. Concile de vergne (1077), où l'on dépose les évêques du Puy
Rome (1065), qui condamne ceux qui autorisaient et de Clermont, ibid. Concile de Dijon (1077), où
les mariages entre parents dans les degrés prohibés, les clercs simoniaques sont déposés, et d'autres mis
ibid. Concile d'Aulun (1065), dont la date est incer- à leur place, ibid. Concile d'Autun (1077). Manas-
taine, ibid. Hugues, abbé de Cluny, réconcilie Ro- sès , archevêque de Reims y est suspendu de ses ,

bert, duc de Bourgogne, avecAgamon, évêqued'Au- fonctions, ibid. Autres affaires traitées en ce concile,
tun, ibid Canon de ce concile qui défend aux moines ibid. Concile de Poitiers (1078). Canons faits en ce
d'attirer d.ins leur monastère les chanoines réguliers, concile, p. 1069. Concile de Bordeaux (1079), où
ibid. Cmcile de Tulujes (1065). On y confirme la Guillaume, duc d'Aquitaine, fait agréer le dessein
trêve de Dieu, ibid. Concile de Westminster (t066), qu'il avait de fonder un monastère où l'on fit des
tenu à l'occasion de la dédicace de l'église de cette prières pour son salut, ibid. Concile de Bretagne
TABLE ANALYTIQUE. 1199

(1079), tenu par le légat Amé , pour réformer les Omer (1099), assemblé à la prière de Robert-le-
abus qui se commettaient dans l'admini&tralion du •leune, comte de Flandre, et di's seigneurs de sa
sacrement i!e pénitence, ibid. Concile de Bor- cour, prêts à partir poiii- la croisade, pour pourvoir
deaux (1080 le dernier assemblé contre Bérenger.
, à 11 sûreté de leurs biens pendant leur absence, ibid.
Guillaume, duc d'Aquitaine, y fait confirmer la fon- Concile de Jérusalem (1099), tenu après que cette
dation qu'il avait faite du monastère de Sauve-N 'jour, ville eut été prise par les croisés. Godefroi de
Autres affaires traitées en ce concile, p. 1070.
l'éirf. Bouillon y est élu roi, et Arnoul patriarche de Jéru-
Concile de Wirtzbourg (1080), assemblé pour discu- salem, ibid.
ter les droits de Henri IV et de Rodolphe, son com- CONCILES DU Xll" SIÈCLE. —
Article I<t. —
pétiteur à l'empire d'Allemagne, ibid. Concile de Concile d'Élampes (1 lOO), où Philippe, évêqiie de
Lyon (1080), où Mauassès, achevéque de Reims, Troyes, est cité pour répondre à diverses accusations
est déposé, ibid. Concile d'Avignon (I08U), où formées contre lui, p. 1075. Concile de Valence
Aciiard, usurpateur du siège d'Arles, est déposé, et (IlOO). assemblé pour juger l'affaire de Nnrigaud,
Gibelin élu à sa place, ibid. Concile de Sens (lO80j, évéque d'Autun, accusé de simonie, p. 1076. Con-
dont les actes sont perdus, ibid. Concile de Lille- cile de Poitiers (HOO). Norigaud y est déposé; le

bonne (t080), convoqué par le roi Guillaume.-le- roi Philippe excommunié avec Bertrade, etc., ibid.
Conquérant, ibid. Analyse des treize canon;; faits en Canons de ce concile, ibid. Concile d'Anse (llOOj,
C2 concile , ibid. Concile ou synode du diocèse de assemblé par Hugues, archevêque de Lyon, qui en
Lapgres (1080), assemblé par t'évèque Haynaud, obtient les subsides nécessaires pour son voyage à
p. 1071. Concile de Saintes (1080), qui décide que Jérusalem, p. 1077. Concile de Milan (lIOl), assem-
le monastère de la Réole, prétendu par l'évêque de blé au sujet de l'archevêque Grossulan, accusé Je
Bazas, dépendrait de l'abbaye de Fleury, ibid. Con- simonie, ibid. Concile de Ville-Bertrand (1102),
cile de iMeaux (1080j, où Urcion, évéque de Sois- tenu à l'occasion de l'église Notre-Dame. ibid. Con-
sons, est déposé, et Arnould mis à sa place. Lambert cile tie Latran (1102). tenu par le pape Pascal 11.

de Térouanrifcy est aussi déposé ibid. Concile de , Formule d'aiiathème contre les partisans de l'anti-
Burgos (1080j, pour substituer en Espigne le rit pape Guibert; l'excommunication prononcée contre
romain au gothique ibid. Concile d'issou'lun (1081),
, l'empereur Henri IV est confirmée, ibid. Concif; de
quicouliime la donation que IliLhard, arcbe\éque Londres (1102), tenu par saint Anselme, archevêque
de Bourges, avait faite de l'église de Saint-Wartin h de Cantorbéry. Différents canons de ce concile sur
l'abb'iye de Marmoulier, ibid. Concile de Meaux la discipline, p. 1078. Concile de Rome (1103), tenu
(1082), où l'on confirme les exemptions et donations par le pape Pascal II au sujet de Grossulan , arche-
faites à l'abbaye de Moutier-en-Uer, ibid. Concile vêque de Milan, de Troyes (1104). Hu-
ibid. Concile
de Saintes (108!), où Cuillaumc, duc d'Aquitaine, bert, évéque de Senlis, accusé de simonie, se justi-
remet à l'abbé de Cluny le monastère de Saint- fie, ibid. L'élection de Geoffroi pour l'évèché d'A-
Eulrope, pour y rétablir le service de Dieu, p. 1072. miens est confirmée, ibid. Concile de Rome (1104),
Concile de Saintes (1083j, où Ramnulfe est ordonné dans lequel le pape Pascal !I excommunie tous les
évéque de Saintes à la place de Boson , ibid. Con- fauteurs des investitures en Angleterre, et tons ceux
cilede Compiègr.e (1085), tenu par Raynaud, arche- qui les avaient reçues, ibid. Concile de Beaugency
vêque de Reims, pour travailler au rétablissement (llOll, convoqué pour absoudre le roi Philippe et
de la discipline cccclésiastique, ibid. On y confirme Bertrade ; difficulté qui en empêche l'effet, ibid.
les privilèges de l'église de Saint-Corneille, ibid. Concile de Paris (1104), où le roi Philippe et Ber-
Concile de Fussel ou Husillos (1088), qui rend à trade sont absous par Lambert, évéque d'Arras, ibid.
l'église de Brague son ancienne qualité de métro- Concile de Fussel ou Huzillos (1088), où il fut ques-
pole, ibid. Concile de Saintes (1089), où Ame, évo- liou de fixer les limites des évèchés d'Osmi et de
que d'Uléron, est nommé archevêque de Bordeaux, Burgos, p. 1079. Concile de Fussel ou Huzillos
p. 1073. Concile de Soissons (1092). qui condamne (1 104 ou 1 '09), ipii rend à l'église de Brague si qua-
les erreurs de Roscelin sur la Trinité , ibid. Concile lité de mélmpole, ibid. Concile de Florence (1106),
de l'aris (1092), dont les évéques souscrivent au di- où l'oncombat la fausse opinion de Fluentius, évé-
plôme que Philippe, roi de France, accorde à l'ab- que de cette ville, que l'antechrist était né, ibid.
baje de Sai.it-Curneille de Ccmipiégne, ibid. Concile Concile de Giiastalla (1106), où la province d'Emi-
de Canlorbéry (1093), tenu à l'occasion du sacre de lie est soustraite à l'archevêché de Ravenne, ibid.
l'archevêque saint Anselme, ibid. Concile de Rockin- Décret concernant ceux qui abandonnaient le parti
ghain il094), tenu i l'occasion de ce que contre le de l'empereur pour se réunir à l'église romaine,
gré du roi, saint Anselme voulait aller demander le ibid. Concile de Quediimbourg ou Je Northus (1 105),
pallluin au pape Uibain I!, ibid. Conciles de Urioude tenu par les partisans du roi Henri V, révolté con-
et de Dol (1095), qui lèvent l'excommunication in- tre l'empereur son père, ibid. Concile de Mayence
juste portée par l'archevêque de T(-urs contre les (1105), où l'on oblge rcinpercur Henri IV à renon-
moines de Marmoulier, p. 1074. Concile tenu en cer à l'empire et à remettre les marques de sa di-
Irlande (1097), pour l'élection de l'évèché de W«- gnité à son fils, qui est élu une seconde fois roi de
Icrford, tbid. Concile de Bordeaux 1098), dont les Germanie, p. lOSO. Concile de Reims (1105), où
actes ne sont point connus, ibid. Concile de Saint- Odon est élu évéque de Cambrai à la place de C,3\} -
,

1200 TABLK ANALYTIQUE.


cher, ibid. Concile de Poitiers il 106; où l'on prêche sacrilèges, ibid. Concile de Soissons (1115), qui
la croisade, ibid. Concile do Lisieux (1106), assem- enjoint à Godefroi, évèque d'Amiens, de retounerâ
blé par ordre du roi d'Angleterre Henri I, ibid. son évêché, ibid. Concile de Reims (t 115), tenu par
Concile de Jérnsalem (1107), où Ébremar, mis sur le légat Conon , qui y réitère l'excommunication
le siège de Jérusalem à la place de Daïmbert, est contre l'empereur Henri V, ibid. Concile de Colo-
déposé , et Gibellin élu patriarche, ibid. Con; ile gne (1115), tenu par le légat Conon, qui y réitère
tenu à l'abbaye do "f'Ieury-sur-Loire (1107), pour la l'excommunicalion contre l'empereur Henri V, ibid.
translation des reliques de saint Benoit d'une châsse Concile de Chalon-sur-Saône (1115). Le légat Conon
dans une autre, p. 1081. Concile de Troyes (1107) y réilère l'excommunication contre Henri V, et ex-
tenu par le pape Pascal II. Décrets qui y furent pro- communie les évêques de Normandie qui n'étaient
noncés, ibid. Concile de Londres ^1107), tenu par pas venus au concile, ibid. Concile de Syrie (1115),
saint Anselme, archevêque de Cantorbéry. On y où Arnoul, patriarche de Jérusalem, est dt'posé pour
convient de s'y conformer au règlement du pape sa vie scandaleuse, ibid. Concile de Troies en Pouille
Pascal II, qui accordait au roi d'Angleterre les hom- (1115), où la trêve de Dieu est jurée pour trois ans,
mages, et lui défend. lit les investitures, ibid. Con- p. 1087. Concile de Tournus (1115), assemblé pour
cile de Bénévent (1108), tenu par le pape Pascal IL terminer le différend d'entre l'église de Saint-Ktienne
La défense des investitures y est renouvelée, ibid. et celle de Saint-Jeaii à Besançon, au sujet de la

Concile de Rouen (1108), tenu par l'archevêque chaire épiscopale, ibid. Concile de Dijon (11 1 5), as-
Guillaume et ses suffragants, p. 1082. Concile de semblé pour le même sujet, ibid. Loncile de Colo-
Londres (1108), tenu par saint Anselme, ibid. Con- gne (1115), où l'empereur Henri V est excommunié
cile de Loudun (1109), assemblé pour juger le dif- de nouveau, ibid. Concile de Lalran (lll6), appelé
férend entre l'église de Nantes et l'abbaye de Tour- général à cause du grand nombre d'évéques, d'ab-
nus, au sujet de l'abbsye de Saint-Vital, p. 1082. bés et de seiijneurs que le pape Pascal 11 y avait

On y décide aussi celui d'entre l'abbaye de Marmou- Ce qui se passa en ce concile, ibid. et
invités, ibid.

tier et les chanoines de Chemillé, au sujet de la 1088. Concile de Verberie (1116), assemblé par le roi
chapelle de St-£tienne, ibid. Concile de Beims (1104 d'Angleterre Henri I, pour faire reconnaître son fils
ou 1 109) supposé, pour juger le différend entre l'évè- Guillaume son successeur à la couronne, p. 1088.
que d'Amiens et les moines de Saint-Valery, ibid. Concile de Langres (1116), assemblé pour cherciier
Raisons qui prouvent la supposition de ce concile et les moyens d'arrêter les pillages et les brigandages
la fausseté de l'histoire qu'on prétend y avoir donné qui se commettaient en France, ibid. Concile de
lieu, ibid. Concile de Rome (1110), tenu par le pape Dijon (1116), qui ordonne aux chanoines réguliers
Pascal 11, qui renouvelle les décrets contre les in- de Saint-Etienne, qui s'étaient retirés dans leur so-
vestitures, p. 1083. Concile de Cuau près Clermont litude, de retourner dans leur maison, ibid. Concile

(1 119), au sujet de la cruauté commise par le doyen de Bénévent (1117), où le pape Pascal 11 excommu-
de Mausac sur un chapelain, ibid. Concile de Fleury nie Bourdin, archevêque de Brague, pour avoir cou-
(1110) sur la même affaire, ibid. Concile de Tou- ronné empereur le roi Henri V, ibid. Concile de
louse (ItiO), dont nous n'avons plus les actes, ibid. Tournus (1117), qui confirme à l'église db Saint-
Concile de Jérusalem (1111), convoqué par le légat Etienne de Dijon le patronage de celé de Saint-
Conon, pour excommunier l'empereur Henri V.ii/rf. Martin d'Arc-sur-lille, p. 1089. Concile de Milan
Concile de Latran (1112). Le pape Pascal H y (1 117), qu'on ne conuaît que par ce qu'en dit Lan-
réclame contre la violence que l'empereur Henri V dulphe-le-Jeune, ibid. Concile de Capoue (1118),
1084. Concile de Vienne (1112), où
lui avait faite, p. où le papeGélase excommunie l'empereur Henri V
11

l'empereur Henri V est excommunié, ibid. Concile et l'antipape Maurice Bourdin, ibid. Concile de Co-
d'.i^nse (1112), indiqué par Joceran, archevêque de logne (1118 ou 1119), où l'empereur Henri V esl
Lyon il n'en
: reste aucun décret, ibid. Concile de excommunié, p. 1090. Concile de Fritzlar (1118 ou
Bénévent (1 112), où le pape Pascal H adjuge aux 1119), où l'empeieur Henri V est excommunié,
moines du Mont-Cassin les églises usurpées sur eux, ibid. Concile de Rouen (1118). Le pape Gélase
y II

ibid Concile de Windsor (1114). Raoul, évèque de envoie un clerc demander des secours de prières et
llochester, y est élu archevêque de Cantorbéry, ibid. d'argent -contre l'empereur Henri V et l'antipape
Concile de Cépérano (1114), où Landulfe, archevê- Bourdin, ibid. Concile de Toulouse (1118), qui or-
que de Bénévent, est déposé pour ses violences, p. donne une croisade contre les Maures d'Espagne
1085. Concile de Beauvais (1114), présidé par le p. 1091. Concile d'Angoulème (1118), uù l'on con-
légat Conon. L'empereur Henri V y est excommu- firme l'élection de l'archevêque de Tours et de deux
nié. On manichéens découverts près de
y défère les autres évêques, ibid. Concile de Vienne en Dau-
Soissons. La ville d'Amiens se plaint de l'évêque pliiné (11 19), dont parle la chronique d'Usperge, ibid.
Godefroi, qui l'avait abandonnée, ibid. Règlement Concile de Toulouse (1119), tenu par le pape Cal-
du concile sur la prescription, ibid. Concile de Pa- lixteIL Canons qui y lurent faits, p. 1092. Concile
lentia (Ht 4), pour donner un évèque à l'église de de Reims (1119), tenu par le pape Callixte 11, p.
Lugo, p. 1086. Concile de l'.ompostelle (1114). Un 109a. Canons de discipline faits en ce concile. L'em-
y fait vingt-cinq canons de discipline, ibid. Concile pereur Henri V et l'antipape Maurice Bourdin sont
d'Oviédo (1114). Ses décrets contre les voleurs, les excommuniés, ibid. Concile de Lisieux (1119), as-
TABLE ANALYTIQUE. 1201

semblé pour confirmer la paix faite à Gisors, p. mas, prieur de Saint-Victor, y sont excommuniés,
1094. Concile de Rouen (I Ii9), où l'on défend aux ibid. Concile de Liège (1131), présidé par le pape
prêtres tout commerce avec les femmes, sous peine Innocent II. L'antipape et ses fauteurs y sont excom-
d'anallième, ibid. Coiicile de Bénévcnl (1119), où muniés, ibid. Concile de Reims (1131), tenu par le

l'on dit anathème à ceux qui pillaient les églises, pape Innocent II, qui y est reconnu par l'empereur
ibid. Concile de Beauvais (1120), où l'on procède à et les rois d'Angleterre, d'Aragon et de Castille, etc.

ia canonisation de saint Arnoiil, évêque de Soissons, ibid. Concile de Mayenc(; (1131), où Brunon, évêque
p. 192 et 1094. Discussion sur la date de ce concile, de Strasbourg, accusé d'être intrus dans ce siège,
p. 1094. Concile de Naplouse (1120), convoqué pour renonce i\ sa dignité, p. 1 112. Concise de Plaisance
exhorter les peuples à la pénitence, ibid. Concile (1132), tenu par le pape Innocent 11. ibid.. Concile
de Quedlimbourg (H2l), convoqué par l'empereur de Creixan (1132), au diocèse d-î Narbonne. Sauve-
Henri V. Différentes affjires qui y furent agitées, p. garde établie à Creixan, ibid. Concile de Northamp-
1095. Concile de Boissons (t 121), où le livre d'A- ton (1135 . Robert y est élu évêqu'î d'Excester. On
Ijaillard sur la Trinité est condamné au feu, ibid. Con- y pourvoit aussi à remplir deux abbayes vacantes,
cile de Wornis (1 122), qui termine l'aifaire des inves- ibid. Erreur des collections des Conciles sur la date
titures entre l'empereur Henri V elle pape Callixte 11, de ce concile, ibid. Concile de Pise (1134). L'anti-
ibid. et 1096. Premier concile général de Lalran pape Anaclet et ses fauteurs y sont excommuniés,
(1123), convoqué par le pape Callixte II. Canons de ibid. Autres affaires traitées dans ce concile, ibid.
ce concile, p. I09B. Plaintes des évèques contre les Concile de Narbonne 1134 ou 1140), qui ordonne
(

moines, p. 1097. Concil.' de Londres (1125). Ses canons une quête pour l'évêque d'Elne, engagé à fournir
pour la réformation des mœurs et de la discipline, une somme d'argent aux pirates sarrasins, p. 1113.
p. 1105. Concile de Nantes (1127), tenu par Hidel- Concile de Montpellier (H3i), au sujet d'un diffé-
bert, archevêque de Tours. Règlements qui y fu- rend entre les abbés de la Chaise-Dieu et de Saint-
rent faits, p. 1106. Concile de Londres (1127), tenu Thierry, ibid. Concile de Londres (1136), assemblé
par (Guillaume de Corbeil, archevêque de Cantoibéry. à Westminster par le roi Etienne, ibid. Concile de
Règlements qui y furent faits, ibid. Concile de Burgos (1136), assemblé pour établir en Espagne le
Troyes (1128), qui approuve l'ordre des Templiers, rit romain dans les offices divins, ibid. Concile de
et lui donne une règle par écrit, ibid. Concile de Ra- Valladolid (1137), assumblé pour le même sujet,
venne (1 128), où les patriarches d'Aquilce et de Grado ibid. Concile de Lago-Pésole (1137), où l'empereur
sont déposes, p. 1107. Concile de Rouen (1128), Lothairc réconcilie les moines du Mont-Cassin avec
tenu par le légal Matthieu, évêque d'Albane, ibid. le pape Innocent H, p. 1114. Concile de Londres
Concile de Paris (1129), pour la réforme de plu- (1 138), tenu par le légat Albéiic. Canons de ce con-
sieurs monastères, et nommément de celui d'Argen- cile sur la discipline, ibid. Deuxième concile géné-
teuil, ibid. de Chàlons-sur-Manie (1129),
Concile ral de Latran (1139), convoqué par le pape Inno-
assemblé contre Henri, évêque de Verdun; il y re- cent 11, ibid. Actes de ce concile, ibid. Analyse de
nonce à l'épiscopat, et on lui donne pour succes- ses canons sur les mœurs et la discipline ecclésias-
seur L'rsion abbé de Saint-Denis de Reims, ibid.
, tique, p. 1115. Concile de Winchester (1138), as-
Concile de Londres (1129), convoqué par le roi semblé au sujet de l'emprisonnement des évèques
Henri 1"', pour empêcher les prêtres d'avoir des de Sarisbéry cl de Lincoln, arrêtés par ordre du roi
femmes ou des concubines, p. 1108. Concile de Etienne, ibid. Concile de Sens (1140), où saint
Placenlia en Espagne (1129). Canons de discipline Bernard propose Ifs erreurs qu'il avait trouvées
qui y furent faits, ibid. Concile d'Orléans (1129), dans les écrits d'Abaillard, p. 1116. Concile d'An-
auquel Geoffroi, abbé de Vendôme, refuse d'assister, tioche (ll'iO), où Raoul, patriarche d'Anlioche, est
ibid. Concile de Toulouse (1129), présidé par le déposé, ibid. Concile de Jérusalem (1140). On y
légal romain de Saint-Ange, ihid. Ses canons con- traite des articles de la foi avec les catholiques d'Ar-
tre les hérétiquesdu diocèse de Toulouse, de celui ménie, ibid. Concile de Constantinople (1140), où
de Naibonne et des diocèses voisins, p. 1109. Con- les écrits de Constantin Chrysouiale sont condam-
cile de Narbonue (1129), qui conlirme la donation nés comme remplis des erreurs des bogomiles, p.
par l'archevêque Dalniace aux chanoines régu-
faite 1117. Concile de Véroli (Mil), tenu par le pape
de Saint-Jean d'Oneillan, p. 1110. Concile du
liers Pascal 11 pour obliger Grimald. archi-chanoine de
Puy en Velay (1130), assemblé par saint Hugues, saint Paterne, qui se prétendait exempt, à reconnaî-
évêque de Grenoble. Innocent H y est reconnu pape, tre l'évêque diocésain pour son supérieur, et à lui
et Anaclet, son compétiteur, excommunié ibid. , obéir, ibid. Erreur de Fabricius sur la date de ce
Concile de Cb rmont (1130), tenu par le pape concile, ibid. Concile de Winchester (1141), où
Innocent II il y est reconnu pape légitime ihid.
:
, Malhilde est reconnue reine d'Angleterre, ibid. Con-
Canons de ce concile, ibid. Concile de Wirlzbourg cile de Westminster (1141), qui ordonne de recon-
(1130), convoqué par Lolhaire, qui y confirme l'é- naître Etienne roi d'Angleterre, ibid. Concile de La-
lection du pape Innocent H, p. 1111. Concile d'E- gny (1141). qui maintient les moines de Marchienncs
lampcï (1130), où le pape Innocent II est reconnu dans le droit de nommer leur abbé, contre l'évêque
légitime pape, iLid Concile de Jouarrc (1133). au d'Arras, qui prétendait li' nommer, ibid. Conciles
diocèse de Weaux. Les auteurs du meurtre d.; Tlm- de Constantinople (1143. 1114,, tenus par le pi-
XIV. 70
1202 TABLE ANALYTIQUE.
Iriarche Michel Oxite, qui y cond^imne plusieurs pape légitime, ibid. Concile d'Oxford (1160), où
erreurs, p. U18. Concile de Londres (1143), contre l'on condamne une secte d'hérétiques qui avaient
ceux qui pillaient les églises, frappaient les clercs et pour chef un nommé Gérard, ibid. Concile de Neuf-
les mettaient en prison, ibid. Concile d'Angleterre Marché (1161), diocèse de Rouen. Le pape Alexan-
(1143), tenu par Alexandre, évèque de Lincoln, ibid. dre III y est reconnu pape légitime, ibid. Concile
Concile de Bourges (1 145), où le roi Louis-le-Jeune de Beauvais (1161), qui décide de même, ibid. Con-
déclare le dessoin qu'il avait formé de se croiser, cile de Toulouse (1101). On y examine l'élection de
ibid. Concile de Vézelay (1146), où le roi Louis-le- l'anlipape Victor III et celle du pape Alexandre III.

Jeune, accompagné de saint Bernard, invite les On se déclare pour ce dernier, ibid. Concile de
peuples à se croiser, ibid. Succès de ce concile, Lodi (1161), tenu par l'empereur Frédéric et l'anti-
ibid. Concile de Chartres (il4G), assemblé pour ré- pape Victor Le pape .\lexandre III et ses parti-
III.

gler le voyage de la Terre Sainte. Saint Bernard sans y sont excommuniés, p. U29. Concile de Lon-
refuse d'être le chef de la croisade, p. 1119. Concile dres (1162), où Thomas Becket est élu archevêque
d'Etainpes (1U7), où on règle la route et où on de Cantorbéry, à la place de Thibaiid, mort l'année
fixe le jourdu départ pour la croisade. L'abbé Su- précédente, ibid. Concile de Montpellier (1162), où
ger et Cuillaume, comte de Nevers, sont élus ré- le pape Alexandre III, excommunie l'antipape et
gents du royaume, ibid. Concile de Conslantinople tous ses fauteurs, ibid. Concile de Tours (1163),
(1147) où le patriarche Cosme l'Atlique est déposé présidé par le pape Alexandre III. Il demande du
pour son attachement au moine Niphon, ibid. Con- secours contre les partisans de l'antipape Victor III,

cile de Paris (1147), assemblé pour examiner les ibid. Analyse des dix canons faits en ce concile, p.
sentiments de Gilbert de la Porrée sur la Trinité, 1130. Concile de Clarendon (1164), où saint Tho-
ibid. Concile de Trêves (1148), tenu par le pape mas, archevêque de Cantorbéry, refuse de recon-
Eugène III, ibid. Affaires qui y furent traitées, p. naître les coutumes d'Angleterre, p. 1131. Concile
1120. Concile de Reims (1U8), tenu par le pape de Norlhanipton (1164), où saint Thomas est con-
Eugène III. Éon de l'Etoile est condamné, ibid. damné comme traître et parjure, ibid. Concile de
Le sentiment de Gilbert de la Porrée sur l'essence Virtzbourg (1165), où l'empereur Frédéric fait re-
divine est condamné et ses écrits lacérés, ibid. Au- III, qui avait succédé à
connaître l'antipape Pascal
tres actes du concile de Reims, p. 1121. Canons qui Victor III, ibid. Concile de Conslantinople (1166),
y furent faits, ibid. Voyez aussi ce qui est dit de ce qui condamne l'erreur d'un nommé Démétrius, qui
concile dans l'article du pape Eugène 111, p. 270, prétendait que le Fils de Dieu n'était pas en tout
et dans celui de Gilbert de la Porrée, p. 342. Con- égal à son Canons de ce concile, ibid.
père, ibid.
cile de Lincopen (1148), assemblé pour ériger un Concile de Conslantinople (1166), qui révoque un
siège archiépiscopal en Suède, p. 1123. Concile de décret qui permettait les mariages entre parents, du
Beaugency (1152), où, sous prétexte de parenté, le sixième au septième degré, p. 1132.
roi Louis VII est séparé de la reine Elénnore, ibid. CONCILE DU Xlle SIÈCLE. — Article III. —
Concile de Londres (1151). On y appelle à Rome Concile de Chinon (1 166), au sujet du différend en-
pour trois diverses affaires, ibid. Concile de Melli- tre le roi d'Angleterre Henri II et saint Thomas de
font (1152), où on établit quatre archevêchés en Cantorbéry, p. 1133. Concile de Londres (1166), où
Irlande, ibid. lesévêques d'Angleterre interjettent appel au pape
CONCILES DU XI!e SIÈCLE. — Article IL — dos sentences de l'archevêque de Cantorbéry, ibid.
Concile de Londres (1154), où l'on renouvelle les Concile de Lalran (1167), où le pape Alexandre III

lois ecclésiastiques du roi saint Edouard, et l'on excommunie l'empereur Frédéric, ibid. Concile d'Ar-
confirme les coutumes du royaume, p. 1124. Con- mach en Irlande (1171), qui rend la liberté à tous
cilede Soissons (1155), assemblé par le roi Louis- les Anglais prisonniers dans l'île, p. 1134. Concile
le-Jeune. La paix y est jurée pour dix ans, ibid. de Cashel ou Cassel en Irlande (1171), ou Henri II,

Concile de Conslantinople (1155), assemblé contre roi d'Angleterre, est reconnu roi d'Irlande, ibid.
l'erreur de ceux qui croyaient que, dans le sacrifice de Canons de ce concile, ibid. Concile d'Avranches
la messe, l'oblalion ne se faisait pas au Fils comme (1172), où le roi d'Angleterre Henri H reçoit l'ab-
au Père, ibid. Concile de Chioh.ester ^1157), assem- solution du meurtre de saint Thomas de Cantor-
blé au sujet d'un privilège accordé à une abbaye béry, Canons faits en ce concile, p. 1 135.
ibid.
du diocèse de Chichester, que l'évêque voulait faire Concile de Londres (1175), tenu par Richard, ar-
annuler, p. 1127. Concile de Waterford (1158), qui chevêque de Cantorbéry, légat du Saint-Siège, ibid.
ordonne de mettre en liberté les Anglais prison- Analyse des canons de ce concile, ibid. Concile de
niers en Irlande, ibid. Concile de Roscomen Windsor (1175), où le roi Henri II accorde au roi
(1158),
en Irlande; les actes en sont perdus, ibid. Concile de Conaugt en Irlande de posséder les mêmes ,

de Reims (1158), au sujet de quelques donations terres dont il avait joui auparavant en en faisant
faites aux Prémontrés de Laon, ibid. Concile de hommage, 1136. Concile de Northampton (1176),
p.
Pavie (1160), où l'empereur Frédéric fait confirmer qui déclare les églises d'Ecosse exemptes de la juri-
l'élection de l'antipape Victor III, et excommunier
diction de l'Eglise d'Angleterre, ibid. Concile de
le pape Alexandre 111, ihid. Concile
de Nazaretli Londres (1176), où l'archevêque de Cantorbéry et
(1160), où le pape Alexandre III est reconnu pour celui d'York se disputent la préséance, ibid. Concile
TABLE ANALYTIQUE. 1203

de Lombers (1176 ou H65), tenu contre les albi- mond, comte do Toulouse, p. 1150. Concile d'Avi-
geois Interrogations qu'on leur fait sur leur doc- gnon (1209), tenu par Hugues, évcque de Riez, et
trine, ibid. Sentence prononcée contre les héréti- Milon, tous deux légats du pape. Analyse des canons
ques, après qu'on eut réfuté leurs erreurs, ibid. de ce concile, p. 1151; ce concile est le même que
Concile de Norlbampton (tl77), assemblé par le roi celuioù Raymond comte de Toulouse fut excom-
, ,

d'Angleterre Henri II. Différentes affaires qui y sont munié, et dont le père Labbe fait un second concile
traitées, ibid. Concile tenu en Ecosse (M 77) par le qu'il date de l'année suivante, ibid. Concile de Paris
cardinal Vivien, ibid. Concile de Venise (1177), tenu (1209), au sujet d'une nouvelle secte d'hérétiques
par le pape Alexandre III, pour confirmer la paix qui s'était élevée, p. 1152. Concile de Saint-Gilles
qu'il avait faite avec l'empereur Frédéric, ibid. Con- (1210). Le comte de Toulouse s'y présente pour se
cile de Ilohenau, en Bavière (1178). Les actes en justifierdu crime d'hérésie et du meurtie du légat
sont perdus, ibid. Pierre de Castelnau. p. 1153. Concile d'Arles (1211),
CONCILES DU Xll" SIÈCLE. - Article IV. — où le comte de Toulouse est excommunié, p. Il54.
Troisième concile général de Lalran (H79), con- Concile de Rome (1211), où l'empereur Otton IV est
voqué par le pape Alexandre III; grand nombre d'é- excommunié par le pape Innocent lll, ibid. Concile
vêques et d'abbés qui y assistent, p. 1139. Temps de Paris (1212), tenu par le légat Robert Corçon.
des sessions, ibid. Analyse des canons qui furent Analyse des canons de ce concile, ibid.
faits en ce concile , ibid. Divers actes du con- CONCILES DU XIll' SIÈCLE. — Article IL —
cile tirés des auteurs contemporains, p. 1142. Ap- Concile de Pamiers (1212), assemblé par Simon,
pendice donné par le père Labbo, p. 1143. comte de Montfort. Articles de ce concile, p. H57.
CONCILES DU Xlle SIÈCLE. — Article V. — Concile de Lavaur (1213), qui rejette les propositions
Concilede Vérone (1 185), tenu par le pape Lucius II!, du roi d'Aragon, lequel en appelle au pape. Lettre du
en (.résence da l'empereur Frédéric, p. 930. Décret concile au pape Innocent lll pour justifier la con-
,

fait en ce concile, ibid. Quels sont les hérétiques duite desévêques, ibid. Concile de Dunestable (1214),
condamnés par ce décret, ibid. Concile de Sens tenu par l'archevêque de Cantorbéry, pour s'opposer
(1198), assemblé pour examiner l'alfaire du doyen aux vexations du légat Nicolas, p. 1158. Concile de
de Nevers et de l'abbé de Saint-Martin de la mèuie Londres (1213), où le roi Jean-sans-Terre soumet au
ville, accusés d'hérésie, p. 1143. — Concile ou con- pape l'Angleterre et l'Irlande. Il est ensuite absous
férence entre Andelys et Vernon (1199), pour pro- de l'exconimunicalion, tt l'interdit jeté sur son
curer ta paix entre les rois de France et d'Angle- royaume est levé, p. 1159. Concile de Montpellier
terre. On convient d'une trêve, p. H44. Concile de (1215), pour la réformalion de la discipline, la dé-
Dijon (1199), où le légat Pierre de Capone prétend nonciation des hérétiques et de leurs fauteurs, ibid.;
contraindre, par les censures ecclésiastiques, le roi canons de ce concile, ibid.; décret du concile qui
I hilippe-Auguste h se réconcilier avec la reine In- proposa de donner le comté de Toulouse à Simon de
gelburge,iAirf. Concdede Vienne en Dauphiné (1200), Montfort, p. IIGO.
où le roi Philippe-Auguste est exconmiunié, ibid. CONCILES DU Xlll» SIÈCLE. — Article Hl. —
L'interdit y est jeté sur la France, ibid. Concile de Quatrième concile général de Lalran (1213) tenu ,

Dalnialie (1200), pour réduire cet ét.nt à l'obéissance par le pape lunocent lll. Bulle de convocation,
de l'Eglise romaine, p. 1145. Analyse des canons p. 1160. Objets que le pape se proposait de traiter
faits en ce concile, ibid. dans ce concile (1215), ibid. Grand nombre de pré-
CONCILE DU XIII' SIÈCLE. — Article l»'-. — lats y assistent, ibid. Affaires discutées un mois
Concile de Londres (1200), assemblé par Hubert, avant la tenue du concile, ibid. Ouverture du con-
archevêque de Canlorbéry, p. 1145. Canons de ce cile; discours du pape, p. 1161, Second discours du
concile, p. 1146. Concile de Néelle (1200), où l'in- pape, ibid. Soixante-dix canons dressés dans ce
terdit jeté sur la France est levé, et le roi Philippe- concile et traduits en grec, p. 1162. Exposition de
Auguste reprend Ingelburge , ibid. Concile de Sois- la foi catholique, ibid. Analyse des canons du con-
sons (1201), où l'on agite la question du mariage cile de Latran, ibid. et suiv. Décret pour la croisade,
du roi Philippe-Auguste avec Ingelburge. Le roi le p. 1171 . Autres décrets du concile, p. 1172. Le pa-
termine en déclarant qu'il ne veut plus en être sé- triarche des maronites se réunit à l'Eglise romaine,
paré , p. 1 147. Concile de Paris (1201) où Evrond , ibid. Fin du concile, ibid.
est convaincu d'hérésie,
et livre au bras séculier, CONCORDANCE ou Concorde de l'Ancien et du
ibid. Concilede Perlh en Ecosse (1201 1, pour la ré- Nouveau TeslimenI , ouvrage de l'abbé Joachim,
furmation des mœurs, ibid. Concile de .Meaux (1204), p. 829.
assemblé pour ménager la paix entre le roi Jean, CONCORDANCE ou Concorde des quatre Evangé-
roi d'Angleterre, et Philippe-Auguste, roi de France, listen. Concorde ou canons des évangiles, dresses
p. 1 148. Concile de Lambyt (1206), tenu par Elisnne par bienheureux Odon de Cambrai p. 76.
le ,

Langton, archevêque do Cantorbéry, ibid. Concile de CONCORDE des deux Testaments. Discours d'Yves
Redingue (1206), dont on n'a pas les actes, p. 1149. de Chartres sur la concorde des deux Testaments,
Concile de Monlpellicr (1207), assemblé au sujet des p. 122.
albigeois ce concile parait supposé, ibid. Concile
: CONCORDE de l'ancien et du nouveau Sacrifice,
de iMoiitélimart (1207), assemblé au sujet d'; Hay- ou de la Messe, poème d'Ilihlebert, p. 221.
, .

1204 TABLE AN ALYTIQUE.


CONCORDE (tes Canons discordants, litre donné auteur de l'épilaphc de Frédéric, duc d'Autriche,
par Gratien à son Décret, p. 760. p. 247.
CONCORDE entre les fidèles. Traité de la Paix et CONRAD, évêque de Sabine, succède au pape Eu-
de la Cmcorde, par saint Anselme, p. 33, 34. gène III et prend le nom d'Anastasc IV, p. 535.
,

CONCORDE de la Prescience, de k Prédestination CONSCIENCE. Doctrine de saint Bernard, p. 467.


et de la Grâce avec le Libre arbitre, ouvrage de saint Traité de la Conscience , faussement attribué à saint
Anselme, p. )7, 18. Bernard, p. 49i. Traité de la Conscience, ouvrage
CONCL'BINAIRES. Traité de saint Anselme contre de Pierre de Celle, p. 682.
les clercs conciibinaires, p. 19. Lettre de Pascal II CONSÉCRATION des évêques. Sermons du pape
contre les clercs conculiinaires, p. 135. Innocent ill sur cette cérémonie, p. 1009.
CONCUBINES. Lettre d'Yves de Chartres sur le CONSIDÉRATION. Cinq livres de la Considération.

mariage des concubines, p. 101. ouvrage de saint Bernard, adressé au pape Eugène III,

CONFERENCE de Mouz.on entre Calixte II et pour le consoler dans ses afflictions, p. 460. Analyse
Henri V, p. 1093, 109i. de cet ouvrage, ihid. etsuiv.
CONFÉRENCES de Tliéorion avec les Arméniens CONSOLATION. Livre de la Consolation, attribué
et les Syriens jacobiles, p. 634 et suiv. à l'abbé Joachim, p. 831. Certains hérétiques du
CONFESSEURS, ou ministres établis pour recevoir ne faisaient des sacrements de pénitence,
xil= siècle

les confessions des fidèles. Règlement de l'empereur de confirmation et d'extrèmc-onction qu'une seule ,

Alexis Comnène touciianl les confesseurs, p. 142. cérémonie qu'ils appelaient Consolation p. 330. ,

CONFESSION des péchés. Témoignages de saint CONSTANCE, vertu. Lettre de Jean, moine de la

Anselme, 40; de Philippe le Solitaire, p. 83; de


p. Chartreuse des Portes, sur la constance dans ce qu'on
Geoffroi de Vendôme, p. i63, 166, 168. Traité de s'est proposé , p. 401. Lettre d'Etienne de Chalmet
Hugues de Saint-Victor sur la confession, p. 361. sur le même sujet, ibid.
Pratique de l'abbé Suger sur la confession , p. 375. CONSTANCE, ville d'Allemagne. Concile tenu en
Témoignage dcRoberl Paululus, p. 357;desaint Ber- cette ville,- p. 1053.
nard, p. 474 et 487. Traité de la Confession sacra- CONSTANTIN (le grand), premier empereur chré-
mentelle, ouvrage de Pierre de Blois, p. 779. Témoi- tien. Sa donation rejetée comme une pièce supposée,
gnages du pape Innocent III, p. 1013; de Guillaume p. 534.
d'Auvergne, p. 1023. Canon du concile de Latran CONSTANTIN CHRYSOMALE, bogomile. Ses écrits
qui oblige les fidèles à la confession annuelle, p. 1166; condamnés dans un concile de Constautinople ,

canon d'un concile de Toulouse, p. 1109. p. 1117.


CONFIRMATION, sacrement. Témoignage d'Yves CONSTANTIN MANASSÈS, historien. Sa Chro-
de Chartres, p. 122. Traité de Geoffroi de Vendôme nique, différentes éditions qu'on en a faites, p. 643.
sur le baptême, la confirmation, etc., p. 168. Té- CONSTANTIN HARMÉNOPULE, juge de Thessa-
moignage d'Otton de Bamberg, p. 179. Témoignages loniijue, que plusieurs auteurs placent vers le milieu
de Robert Paululus, p. 357; de Robert PuUus, p. 395; du xil« siècle, n'a vécu que vers le milieu du xive,
de Pierre Lombard, p. 563. Réfutation des hérétiques p. 648.
qui rejetaient comme inutile le sacrement de confir- CONSTANTINOPLE , ville de Thraco, bâtie par
mation, p. 608, 609. Témoignage de Guillaume d'Au- Constantin. Conciles tenus en cette ville, p. 1044-
vergne, p. 1023. Canon d'un concile de Londres sur 1016. Autres conciles tenus en celle ville, p. 1059,
la confirmation, p. 1 146. lH7etsuiv, Autres conciles tenus en cette ville,
CONFORTATOBIUS, livre de Gotcolin , moine de p. 1124, M31 et suiv.
Canturbéry, p. 233, 234. CONSTITUTIONS de l'empereur Manuel Comnène,
CONIMBRE, aujourd'hui Coinibrc, ville de Portu- p. 656.
gal. Plusieurs lettres du pape Innocent III ,
pour CONSTITUTIONS ECCLÉSIASTIQUES. Collection
maintenir les droits de l'évèiiue de Coimbre qu'en a faite Théodore Balsamon, p. 826 et suiv.

p. 959. CONSTITUTIONS DÉGRÉTALES du pape Inno-


CONNAISSANCE. Connam«2-uott« «ous-méme, titre cent m, p. 1017.
donné à un traité de morale qu'Abaillard a composé, CONSTRUCTION d'églises. Société de laïcs,

p. 336. qui s'était formée pour aider à la construction des


CONON, cardinal-légat dans la Terre-Sainte, ex- églises, p. 606.
communie l'empereur Henri V dans plusieurs con- CONTE {ANTOINE le), nommé en latin Conlius,
ciles, p. l084, 1085; i! excommunie les évoques de jurisconsulte. I! a donné une édition du Décret de
Normandie, 1086; il rend compte de
p. sa légation Gratien, p. 761
dans le concile de Latran, p. 1088. CONTEMPLATION. Traité de. la Contemplation de
CONRAD III, roi d'Allemagne. Lettre que lui écrit Dieu, ouvrage de Guillaume de Saint-Thierry, p. 388
le pape Eugène 272. Quelques actes de cet
III, p. et 490. Traité des Trois genres de Contemplation,
empereur, p. 532, 533. Sa mori, p. 534 ouvrage d'Adam, ahhé de Case-Blanche en Ecosse,
CONRAD, clerc de l'Eglise romaine, envoyé par p. 687.
le pape Gélase 11 au de Rouen, p. 1090.
c(uicile CONTINENCE des clercs. Statuts du légat Galon,
CONRAD, moine saxon, de l'ordre de Cîleaux, p. 1149.
. ,

TADLE ANALYTIQUE. 1203

CONTRARIÉTÉS apparentes de l'Ecriture sainte. COUSINS GERMAINS. Traité de Zonare pour prou-

Règles données par Anselme de Laon pour les con- ver que deux cousins germains ne peuvent succes-
cilier, p. 183. sivement épouser la même feuime , p. 157 et 1046.
CONVERSION de saint Paul. Deux sermons de COUTUME. Coutumes d'Angleterre qui ont fait le

saint Bernard pour cette fête, p. 48i. Discours de sujet du différend enlreleroi Henri II cl saint Tho-
l'ierrc de Blois sur ce sujet, p. 778. Sermon de Guil- mas de Cantorbéry, p. 662.
laume d'Auvergne pour cette fêle, p. IO"27. COXANE, abbaye dans la province de Narbonne.
CORBEIL , ville de France. Abaillard y li aiisfèie Conciles qui y furent tenus, p. 105:t.
l'école qu'il avait établie à Melun, p. 318. COYAC, ville située en Espagne, dans le diocèse
CORBIE, ville de France. Le p.ipe Innocent 111 per- d'Oviédo. Concile qui y fut tenu, p. 1057.
met à labbé de Corbie de porter l'anneau, p. 967. CRAINTE. Doctrine de Robert Pullus sur la crainle

CORNEILLE (saint) ,
pape et martyr. Eglise sous des peines de l'enfer, p 396.
son vocable. On met la réforme dans l'église de Saint- CRÉATION. Ou-zrage sur la création , attribué ;'i

Corneille, à Corapiègne, en chassant les chanoines Siméon Logothète, p. 654.


et mettant à leur place des moines de Saint-Denis, CREIXAN. Concile tenu en cette ville, p. 1112.
p. 374 et 378. l'riviléges de cette église confirmés CRIMES. Canon d'un concile de Latraii, qui pres-
dans un concile tenu dans cette ville, p. 1072. Di- crit la manière de procéder pour la punition de.«,

plôme du voi Philippe accordé à cette abbaye dans un crimes, p. 1 164.


concile de Paris, ibid. et 1073. CRIVELLI, et non crinelli (hubert), archevêque
COP.PS HUMAIN. Traité de la Nature du Corps et de Milan et cardinal, est élu pape et prend le nom
de l'Ame, par Guillaume de Saint-'i hierry, p. 387 d'Urbain 111, p. 933. (Voyez Urbain III.)
et 388. CROISADES. Poème de Marbodesur l'utilité de la

CORPS DE JÉSUS-CHRIST. Traité de Geoffroi, croisade , p. 228. Seconde croisade publiée par le

abbé de Vendôme, du Corps et du Sang de Jésus- pape Eugène m, p. 271; prêchée par saint Bernard,
Christ, p. 166. Trailé de Guibert, abbé de Nogent, p. 422, 449, 455. Traité de Pierre de Blois en faveur

sur In Vérité du Corps de Jésus-Christ dans l'Eucha- de la croisade, p. 778. Constitution du pape Inno-
ristie, p. 196 et 197. Traité de l'abbé Abandus sur cent m touchant la croisade, p. 1016. Concile de
la Fraction du Corps de Jésus-Christ, p. 345. Toulouse qui ordonne une croisade contre les Maures
CORRECTION DE GRATIEN (de la), ouvrage d'Espagne, p. 1091. Décret du premier concile gé-
d'Antoine Augustin, archevêque de Tarragonc, p. 761 néral de Latran concernant la croisade, p. 1096. Croi-

CORWEY ou CORBIE-LA-NOUVELLE, en Saxe. sade de Louis-le-Jeune : il en déclare le dessein


On y réunit Kaminat et Visbika, deux monastères de p. 1118; il y invite les peuples, itirf.; saint Bernard
filles, p. 529. les y exhorte, mais refuse d'en être le chef, p. 1119;
COSME (saint), évèque de Majume. Commentaire on en règle la route et on fixe le jour du départ,
de Théodore Prodrome sur ses hymnes en l'honneur ibid. Croisade publiée contre les albigeois, p. 1150.
de Jésus-Christ, p. 149. CROISÉS. L'empereur Alexis Comnène leur dresse
COSME l'i", patriarche deConstantinople, couronne des embiiches, p. 140. Ils écrivent au pape Pas-
l'empereur Alexis Comnèneetsafemme Irène, p. 139. cal II; réponse du pape, p. 129. Conduite des croi-
Pénitence qu'il impose à l'empereur et à toute sa sés envers les juifs, p. 174. Canon du premier con-
famille, ibid. cile général de Latran sur les croisés, p. 1096.
COSME H, L'ATTIQUE, patriarche de Constanti- CROIX DE JÉSUS-CHRIST. Mystère de la croix :

nople, succède à Michel Oxite, p. 1119. Il est dé- Traité de la Mesure de la croix, faussement attribué
posé dans un concile pour son atlachcment au muinc à saint Anselme, archevêque de Cantorbéry, p. 35.
Niphon, ihid. Sermons du vénérable Hildebert sur la sainte croix,

COSME , doyen de l'église de Prague , confondu p. 215. Livre d'Arnaud, abbé de Bonneval, inlitulé:
par plusieurs auteurs avec Cosma, évèque de Prague, Des sept paroles de Jésus-Christ sur la croix, p. 618.
mort à la fin du w» siècle, p. 173. Année de sa Épigramme d'Arnoul de Lisieux sur Jésus-Christ at-
mort, ibid. Sa Chronique de Dihéme, ibid. et 174. taché en croix, p. 759. Bois de la croix : poème du
Editions qu'on en a faites, p. 174. vénérable Hildebert sur l'invention de la sainte

COSME, évèque de Prague, confondu par plusieurs croix, p. 222. Trois livres de Bérengaude sur l'in-

auteurs avec Cosnie, doyen de la même église et au- vention de la croix de Notre Seigneur, p. 238. Au-
teur de la Chronique de Bohême, p. 173. tre du même sur le mystère du bois de la croix,

COULÉON, l'un des chefs des pauliciens, se con- ibid. Morceau du bois de la croix donné à saint
vertit à la fipi catholique, p. 1 1l. Bernard, p. 439. Discours d'Alexandre, moine de
COUR DE ROME. Livre de Jean deSarisbéry : De Chypre, sur l'Invention de la sainte croix, p. 655.
l'état de la Cour de Rome, p. 679. Sermon de Guillaume d'Auvergne sur la fête de
COURTISANS, l'olijcratique ou Amusements des l'Invention de la sainte croix, p. 1027. Culte de la

courtisans, ouvrage de Jean de Sarisbéry, p. 676. croix Témoignage de Pierre Alphonse, juif espa-
:

COUSIN , l'un des i-hefs des pauliciens , souliont gnol converti, p. 172. Témoignage de Pierre-le-
les erreurs de sa secte contre l'empereur Alexis Com- Vénérable sur le culte de la croix, p. .')19, 520.
Mcne, p. Ml. Slalul di> C.lunv, p. .'il'S. Homélies de Théophan.-;
.

1206 TABLE ANALYTIQUE.


Cérameus sur l'Exaltation de la sainte croix, p. 655. CUNON, abbé de Sibourg, puis évêque de Ralis-
Sermon de Guillaume d'Auvergne sur l'exaltation de bonne, à qui l'abbé Rupert dédie plusieurs de ses
la sainte croix, p. 1027. Monastères ei églises en ouvrages, p. 280 et suiv.
l'honneur de la sainte croix. L'église de Sainte- CYRIC (SAINT) et sainte Julitte, martyrs. Les actes
Croix d'Englc est soumise à certains égards au mo- de leur martyre, écrits par Philippe de Bonne-Es-
nastère de Sainte-Croix de Poitiers, p. 103. pérance, p. G87. Histoire de la translation de Saint-
CROSSE, ou bâton pastoral. Témoignage del'abbé Cyr ou Cyric au monastère de Saint-Amand, par le
Rupert, p. 287. même, ibid.
CROYLAND. Histoire de celte abbaye, compilée CYRILLE (LE bienheureux), ermite du Mont-
par l'abbé Ingulphe, p. 783. L'histoire de cette ab- Carmel; sa mort, p. 830. Ses révélations, ibid. H
baye continuée par Pierre de Blois, ibid. lesenvoie à l'abbé Joachim, qui en fait la traduc-
CUAU, près de Clermont en Auvergne. Concile tion, ibid. Editions qu'on en a données , ibid.

tenu en ce lieu, p. 1083.

DAIMBERT, archevêque de Sens. 11 fait à Orléans dédicace d'une église, p. 122. Six sermons du vé-
le sacre de Louis-le-Gros, p. 92. Lettres d'Yves de néraiile Hildebeit sur la dédicace des églises, p.
Chartres touchant l'élection de Daïmbert, p. 105, 215. Témoignage du même sur les indulgences ac-
106. Lettres du même adressées à Daïmbert, p. IH, eordéesàroccasiondesdédicaces,p.217. Six sermons
112, 113, 117, 118. Sa mort. Henri lui succède, de saint Bernard sur !a dédic.ice des églises, p. 484.
p. 466. DEGRÉS DE CONSANGUINITÉ ou de parenté.
DAIMBERT, patriarche de Jérusalem. Ciiassé in- Canon du quatrième concile de Latran, qui restreint
justement de son siège, il vient porter ses plaintes au quatrième degré de parenté la défense de con-
à Rome, p. 1080. il est renvoyé à Jérusalem, et tracter n;ariage entre parents, p. 1170.
meurt en Sicile, ibid. DEGRÉS D'AFFINITÉ limités par le concile de
DALMATIE. Concile tenu en Dalmatie, p. 1145. Latran, p. 1169.
DANEMARK, région de l'Europe. Histoire des DÉMÉTRIUS de Lampe. Son erreur sur l'égalilé

rois d'Angleterre et de Danemark, par Siméon do du Père et du Fils condamnée dans un concile de
Durham, p. 317. Continuée par Jean d'Hagustad, Constantinnple, p. 1131.
ibid. DEMI-TON. Traité du Demi-Ton, ouvrage de
DANIEL, prophète. Commentaire de Philippe de Raoul de Laon, p. 183.
Bonne-Espérance sur le songe de Nabuchodonosor, DÉMONS. Livre de saint Anselme intitulé : De M
p. 685. Commentaire de l'abbé Joachim sur le pro- Chute du Diable, p. 13, 14.
phète Daniel, p. 830. DENT de Notre Seigneur, relique qu'on préten-
DAVID, roi et prophète. Duglorieux David, ouvrage dait avoir à l'abbaye de Saint-Médard de Soissons.
de Rupert, abbé deTuy, qu'on croit perdu, p. 292. Ouvrage de Guibert de Nogent, pour prouver que
DAVID NICÉTAS, surnommé le Paphlagoriien. cette relique ne peut être véritable, p. 197 et suiv.
Ecrits qu'on lui attribue, p. 149. DENIS L'ARÉOPAGITE (saint), premier évêque
DAVID, roi d'Ecosse. Sa Vie par /Rhèùe , abbé de d'Alhènes (et, selon le sentiment le plus probable,
Riedval, p. 620. premier évêque de Paris). Sentiment d'Abaillard sur
DÉCALOGUE. Commentaire de Hugues de Saint- l'apostolat dece saint, p. 319. Lettre d'Abaillard
Victor, p. 350. sur un témoignage de Bède, qui prétend que saint
DÉCLAMATIONS de l'abbé Geoffroi, disciple de Denis l'Aréopagile était évêque de Corinlhe, p. 326.
saint Bernard, p. 491 Commentaire de Hugues de Saint-Victor sur la Hié-
DÉCOLLATION de saint Jean-Baptiste. Sermon rarchie céleste de saint Denis l'Aréopagite, p. 349.
de Guillaume d'Auvergne pour cette fête, p. 1027. DENIS (saint), premier évêque de Paris. His-
DÉCRET d'Yves de Chartres; ce que c'est, p. 93, toire de la translation des reliques des saints Denis,
94. Analyse de ce décret, p. 94 et suiv. Editions Rustique et Éleuthère, écrite par l'abbé Suger, p.
qu'on en a faites, p. 97. 376. Sermons de Guillaume d'Auvergne, pour le

DÉCRET de Gratien. En quel temps il a été com- jour dela fête de saint Denis, p. 1027.
posé; réputation dont il a joui^ p. 760. Fautes qu'on DENIS (saint-), abbaye près de Paris. Réforme de
y remarque, ibid. Corrections qui en ont été faites l'abbaye de Saint-fenis par l'abbé Suger, p. 374.
par différents papes, ibid. Éditions qu'on en a don- Histoire de cette abbaye sous cet abbé, écrite par
nées, p. 701. Ce que contient le Décret, ibid. Addi- lui-même, p. 376. Histoire de la dédicace de l'é-
tions au Décret, désignées par le titre Paléas, ibid. glise de cette abbaye, écrite par le même, ibid.

Livre d'Antoine Augustin, de la Correction de Gra- Constitution de Suger pour cette abbaye, ibid. et
tien, ibid. 377. Charte du roi Robert, qui accorde de nouveaux
DÉDICACE. Discours d'Yves de Chartres sur la privilèges à cette abbaye, p. 1035. Concile qui y l'ut
TABLE ANALYTIQUE. 1207

tenu, et où l'on fit la reconnaissance des reliques DIPTYQUES sacrés. On y nonmiait les vivants et
des saints nnrlyis, p. '.058, 1059. les morts, p. 514.
DESCENTE de Jcsus-Clirist aux enfers. Quel en DISCIPLINE. Discipline cléricale, sujet et litre

fut l'effet selon Philippe-le-Solitaire, p. 84. d'un ouvrage de Pierre Alphonse, juif c(uiverli, p.
DESWARES. Sa traduction française de l'ouvrage 172.
de saint Bernard, intitulé: De la Considération, DISIBODE (SAINT). Sa Vie écrite par sainte llilde-

p. 499. garde, p. 593, 595.


DEL'IL, prieuré dépendant de l'abbaye de Saint- DISPENSE. Traité des dispenses ouvrage de ,

Denis. Abaillard y ouvre une école, p. 319. Geoffroi de Vendôme, p. 167. Témoignage d'Alger
DIALECTIQUE. Ce que dit Abaillard pour justi- de Liège sur les dispenses, p. 384. Livre de saint
fier l'usage de la dialectique dans la théologie, p. Bernard, du Précepte et de la Dispense, p. 467,
332, 333. Dialectique ou Logique composée par 168. Analyse de ce traité, p. 468 et suiv. Témoi-
Abaillard, p. 339. gnage de Pierre-le-Vénérable sur le droit do dispen-
DIDIER, élu évêque de Cavaillon dans un concile sor.'p. 50G.
de Lyon, p. 1070. DIVINITÉ de Jésus-Christ. Traité de Picrre-le-
DIEU-DONNÉ (SAINT), archevêque de Cantnrbéry. Vcnérahle sur la divinité de Jésus-Christ, en forme
Sa Vie écrite par le moine Goscelin ou Gotcelin, do lettre adressée à Pierre de Saint-Jean, p. 515.
p. 233. Autre traité du même sur le même sujet, contre
DIJON, ville de France. Conciles tenus en cette les juifs, ibid. et 516.
ville, p. i040, 1068, 1144. DOL, ville de France. Le pape Innocent III dé-
DIMANCHE. Prédication de l'abbé Eustache sur clare l'évêque de Dol soumis à la juridiction de l'é-
du dimanche, p. 1147. Sermons de
l'observation voque de Tours elle prive du pallium, p. 970. Con-
Guillaume d'Auvergne, évèque de Paris, pour les cile tenu en cette ville, p. 1074. L'évêque de Dol,

dimanches, p. 10'26. obligé par le concile de Reims de reconnaître la ju-


DIMAS, nom que Geoffroi de Vendôme donne au ridiction de l'archevêque de Tours, p. 1121.
bon larron, p. 169. DOMINIQUE (SAINT), instituteur do l'ordre des

DIMES. Canon d'un concile de Londres, p. ô. frères prêcheurs. Sermon de Guillaume d'Auvergne
Décret du pape Pascal II, qui déclare que les moines pour le jour de sa fête, p. 1027.
ne doivent point la dîme des fruits provenant des DONS du Saint-Esprit. Traité de Hugues de Saint-
terres qu'ils cultivent par eux-mêmes et pour leur Victor, des sept Dons du Sai.il-Espril, p. 361.
nourriture, p. 137. Antre décret qui déclare que les Voyez, ibid., note 5. Discours de samt Bernard
clercs doivent la dîme aux autres clercs qui leur ad- sur Dons du Saint-E.ipril p. 481. Ouvrage d'Ar-
les .

ministrent les choses spirituelles, ibid. Selon Geof- naud, abbé de Bonneval, sur les Dons du Saint-
froi de Vendôme, les ecclésiastiques doivent les dî- Esprit, p. 619.
mes pour les biens qu'ils possèdent sur le territoire DORTMUND, ville de Westphalie. Concile qui y fut

d'aulrui, p. 164. Sentiment de Robert Pullus sur les tenu, p. 1034.

dîmes, p. 397. L'exemption des dîmes accordées à DRAGM,\T1C0N, ouvrage de Guillaume de Con-
l'ordre de Cîleaux cause de grands différends entre ciles, où il rétracte ses erreurs sur la Trinité, p. 388.

cet ordre et celui de Cluny, p. 506, 507. Canons du DUELS, ou combats singuliers, désapprouvés par

quatrième concile de Latran concernant les dîmes, Yves de Chartres, p. 120. Lettre de saint Bernard
p. 1)70. Canons du second concile de Latran, contre les duels, p. 457.
p. 1097. Canon d'un concile de Reims, p. 1122. DUMAV (PAUL), conseiller au parlement de Dijon.
Canon d'un concile d'Avranches, p. 1135. Canon du Son édition des deux premiers livres des lettres du
troisième concile de Latran, p. 1141. Canon d'un pape Innocent III, p. 951.
concile de Dalmalie, p. 1145. Canons d'un concile DUNESTABLE, ville d'Angleterre. Concile qui y
de Londres, p. 1 146. Canon d'un concile d'Avignon, fut tenu, p. 1158.
p. 1151. DUNSTAN (SAINT), archevêque de Cantorbéry. Sa
DINA. Histoire du rapt de Dina, mise en vers Vie par Eadmer, disciple de saint Anselme, p. 45,
par Marbode. p. 228. 46. Livre de ses miracles, attribué au même. p. 46.
DIOPTRE, ou liégle de la vie chrétienne, traité DURHAM ou DUNELME, ville d'Angleterre. His-
de Pliilippe-le-Solitaire, p. 82 et suiv. Re-
spirituel toire de cette église, par Turgol, évêque de Saint-
marques sur ce traité, p. 84. Appendice à ce traité, André en Ecosse, p. 232, 233. Continuée par le

,l,id. moine Siniéon, p. 233 el 316, 317.


.

TABLE ANALYTIQUE.

EADGATHE (saint). Sa Vie écrite par r.otzelin, nard, p. 491. Fabricius n'est pas éloigné de l'allri-

moine de Canlorbéry, p. 233. buer à Gui, prieur général de la Chartreuse, p. 4Û'2


EADMER ou EALMER prieur de Saint-Alban. ,
et 491
Temps de sa mort, p. 45. Ouvrages qu'on lui at- ECOLES. Canon du troisième concile de Latran
tribue, ibid. concernant les écoles, p. 1141.
EADMER, moine de Canlorbéry, disciple et ami ECOSSE, contrée d'Europe. Bulle du pape Clé-
de saint Anselme, archevêque de Canlorbéry, p. 45. ment 111, qui déclare le royaume d'Ecosse immédia-

Il est fait évèque de Saint-André en Ecosse, ibid. 11 tement soumis au Saint-Siège, p. 937. Lettre du
abdique son évêché et revient au monastère de Can- pape Clément 11[ qui confirme les libertés de l'E-
,

lorbéry, dont il est fait prieur, ibid. Sa mort, ibid. glise d'Ecosse, p. 943. Coaciles tenus en Ecosse, p.
Ses écrits, ibid. Vie de saint Anselme, ibid. Histoire 1138, 1147.
des Nouveautés, p. 46. Livre de l'Excellencs de la É<:RITURE SAINTE ou Livres sacrés. Doctrine de
sainie Vierge, ibid. Traité des quatre Vertus qui ont saint Anselme 38 39. Poèmes de Théodore Pro-
, ,

été daits Marie, ibid. Traité de la Béatitude, ibid. drome sur diverses histoires de l'Ecriture sainte,
Traité des Similitudes, ibid. DiiFérentes Vies des p. 149. Glose inlerlinéaire d'Anselme de Laon sur
samts écrites par Eadmer, ibid. et p. 47. Jugement l'Ecriture sainte, p. 182, 183. Ses règles pour en
sur ses écrits, p. 47. Ses écrits dans la Palrologie, concilier les contrariétés apparentes, p. 183. Com-
p. 45. menlaire de Rupert, abbé de Tuy, sur presque
EAU qui sortit du côté d>; Jésus-Clirist sur la toute l'Ecriture sainte, 281 , 282. Elude de l'Ecri-
croix. Selon le pape Innocent III, ce fut vraiment ture sainte recommandée par Abaillard aux reli-

de l'eau, el non une humeur aqueuse mêlée au sang, gieuses du Paraclet, dans la règle qu'il leur donne,
comme le soutenaient quelques théologiens p. , p. ;;26. Lettre par laquelle il les y exhorte, p. 327.
1005. Problèmes surl'Ecriture sainie, proposés par Héloïse;

EAU chaude el eau froide servant d'épreuve. solutions qu'Abaillard en donne, p. 329, 3.30. Pro-
Voyez Epreuves. légomènes d'Hugues de Sl-Victor sur l'Ancien et le
EBEON, prêtre et moine, auteur d'une Vie de Nouveau Testament, p. 349. Deux lettres anonymes
saint Otlon, évèque de liamberg, p. 180. louchant la méthode et l'ordre de l'Ecriture sainte,
ÉBERAKD, premier évèque de Bamberg, p. 1035. p. 407. Traité de la Divisiondes Livres sacrés, ouvrage
ÉBÉRHARD, auteur d'un poème sur la Salutation de Pierre de Blois , p. 765, 782. Lettre du pape
angélique, p. 247. Innocent III au sujet de plusieurs laïcs du diocèse
EBREMAR ou ÉVERMER, patriarche de Jérusa- de Metz, qui avaient fait traduire l'Ecriture sainte en
lem, mis à la place de Daïmbert chassé injustement, fiançais, el tenaient des assemblées secrètes, p. 970.

est déposé dans un concile, p. 1080. Ou lui donne A l'occasion de l'hérésie naissante des albigeois, un
l'évêché de Césarée, p. 1081. concile de Toulouse défend aux laïcs d'avoir des
ECCARD, premier abbé de Saint-Laurent d'Ura- livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, hors le

gen. Combien de temps il gouverna cette abbaye, Psautier et des livres d'Heures, encore ne pourraient-

p. 405. Son ouvrage intitulé ; Lanterne des moines, ils les avoir traduits en langue vulgaire, p. 1109.

ibid. Chronique des évêques d'Hitdesheim ,


qui lui EDBURGE (SAINTE), vierge, fille d'Edouard I^r, roi

ast attribuée , ibid. Sa Chronique universelle, ibid. d'Angleterre. Sa Vie, écrite par Osbert de Stoeke-
et 406. Edition de celle Chronique dans la Palrolo- clare, p. 408.

gie, p. 406. EDESSE, ville de Mésopotamie. Edesse prise par


ECCARD, chanoine de Saint-Victor à Paris, auteur les Turcs, p. 271. Lettre d'Eugène 111 au roi Louis-
de plusieurs traités spirituels, traduits en français le-Jeune à ce sujet, pour l'engager à se croiser, ibid.
par le père Gourdan, p. 406. EDGAR, Son discours aux évê-
roi d'Angleterre.

ECCLÉSIASTE, livre sacré. L'Ecclésiaste mis en ques el aux supérieurs des monastères, p. 620 et
vers héroïques par Sigebert, moine de Gemblous, 623.
p. 67, 68. Le premier chapitre de l'Ecclésiaste mis EDIFICE DE DIEU (de l'), ouvrage composé par
en vers par le vénérable Hildebert, p. 222. Com- Géroch, prévôt de Reichersperg, p. 630. Analyse de
mentaire de Rupert, abbé de Tuy, sur l'Ecclésiaste, cet ouvrage, ibid. et 631.

p. 282. Homélies d'Hugues de Saint-Victor sur l'Ec- EDMOND (saint), martyr, roi d'Estangle (et non
clésiaste, p. 349. pas de toute l'Angleterre). Recueil de ses miracles
ECHECS. Entrelien moral sur le jeu des échecs, par Osbert de Stockeclare, p. 408.
ouvrage faussement attribué au pape Innocent III; il EDOUARD III (SAINT), dit le Confesseur, roi d'An-
est d'un moine anglais nommé Innocent, p. 1017. gleterre.Sa Vie écrite par Osbert de Stockeclare, p.
ECHELLE DU CLOITRE ou DU PARADIS, ouvrage 408. Sa Vie et ses miracles, par jClrède, abbé de
faussement attribué à saint Augustin el à saint Ber- Riedval, p. 620. Sa Vie en vers élégiaques, par le
.

TABLE ANALYTIQUE.
même, lii'd. Sa canonisation par le pape Alexandre III, ENFANTS. Coulume barbare des Poméraniens de
p. 922. Recueil de ses lois ecclésiastiques, p. 105i. tuer leurs enfants, p. 179. Lettre dans laquelle Thi-
EGELRIC. évèque de Siissex, déposé au concile baud d'Etampcs prouve que les enfants morts sans
de Windsor, p. i06G. baptême ne peuvent être sauvés, p. 189. Sentiments

EGGESTKIN (HENRI). Son édition du Décret de de saint Bernard sur ce sujet, p. 488. Enfants offerts
Gralien, p. 761. aux monastères par leurs parents. L'usage en sub-
EGGOH.\HT, premier abbé de Saint-Laurent d'U- sistaitencore au xii= siècle, p. 240 et 246. Lettre
ragen. Voyez Eccnrd. de Sibert, prieur de Saint-Pantaléon, à Rodulphe,
EGLISE, corps entier de la société chrétienne. abbé de Saint-Trond, au sujet d'un enfant offert sans
Doctrine de cainl Anselme, p. 11. Traité de* Quali- dot. Réponse de Rodulphe, p. 240.
tés de l'Eglise, ouvrage de Geoffroi de Vendôme, EiVFER. Traité du Retour des Ames de l'enfer,

p. 167. De rélat de l'Eglise, ouvrage de Gilbert, ouvrage de Hugues Elérien, p. 657.


évéque de Linierick en Irlande. Analyse de ce traité, ENNODE (SAINT) (Magnus-Félix-Ennodius). évè-
p. 176, 177. Exposition du Psaume LXiv, ou livre que de P.ivie et confesseur. Jugement qu'Arnoul de
de l'clat corrompu de l'Eglise, ouvrage de Géroch, Lisieux porte de ses écrits, p. 758.
prévôt de Reichersperg, p. 6"27, 628. ENSEIGNEMENT. Lettre du pape Alexandre III

EGLISE RO.MAINE, ou de Rome. Témoignage de touchant la nécessité de l'enseignement, p. 923.


331; de Hugues Métellus, p.
Pierre Abaillard, p. ÉON DE L'ÉTOILE, gentilhomme breton. Ses
365; d'Anselme, évèque d'Havelburg, p. 4-15; de extravagances condamnées au concile de Reims, p.
saint Bernard, p. 465. Ce que dit le pape Innocent 111 608. On le fait enfermer mais ses disciples sont
;

de la primauté de l'Eglise de Rome, p. 978, 980, 982, livrés au bras séculiers, ibid. Ses erreurs combat-
986, 987. tues par l'archevêque de Rouen, p. C08 et suiv.
EGLISE. Témoignage de saint Anselme de Cau- EPIPHANIE. Sermons d'Yves de Chartres pour
torbcry, p. 41 cette fête, p. 122. Trois sermons du vénérable Hil-
ELEGTIO.N DES ÉVÈQUES.Novelle d'Alexis Com- deberl, p. 214. Sermon du même pour le troisième
nène touchant les élections des évoques, p. 141. dimanche qui suit celte fête, ibid. Poëme de Mar-
Canons du quatrième concile général de Lalran, bode sur l'Epiphanie, p. 228. Sermon d'Abaillard
concernant les élections d'évêques, p. 1167. Ca- pour cette fête, p. 331. Plusieurs sermons de saint
nons du troisième concile de Latran sur les évêques, Bernard sur celte fête et sur l'octave, p. 484. Ser-
p. 1140. mons de Guillaume d'Auveigne sur la fête de l'Epi-
ÉLÉÛNORE, reine de France, épouse de Louis- phanie, p. 1027.
le-Jeune : elle en est séparée, p. 1123. Elle épouse ÉPISTOLAIRE (livre). Dialogue de Géroch, abbé
Henri, duc de Normandie , depuis roi d'Angle- de Reichersperg, sous ce titre, p. 631.
terre, ibid. ÉPURES (les QUATORZE) de saint Paul. Commen-
ELFÈGE (SAINT), abbé de Bath. 11 est honoré des taire sur ces épitrcs, attribué à Euthymius Zigabéne,
Anglais comme martyr, p. 2. p. 155. Commentaire sur ces épitres, allribué à
ELISABETH, religieuse de Schonauge ; sa nais- Anselme de Laon, p. 183. Commentaire de Gilbert
sance, p. 598. Ce qu'on sait des circonstances de sa de la Porrée sur ces épitres, p. 343. Commentaire
vie. Ses révélations, ibid. Sa mort, ibid. Ce que d'Hervé, moine bénédictin du bourg de Dol, sur ces
contiennent ses révéhtions, ibid. Ses lettres, ibid. épitres, p. 403. Commentaire de Pierre Lombard
et 599. Voyez aussi p. 593. Editions qu'on a faites sur les> épitres de saint Paul, p. 567. Commentaire

de ses écrits, p. 599. Sa vie écrite par son frère de Jean de Sarisbéry sur les épitres de saint Paul,
Lebert, p. 598. p. 679. Commentaire sur ces épitres par Pierre
ELNE, ville de France. Conciles tenus en cette Comestor, p. 746. Explication de ces épitres par
ville, p. 1053, 1064. Dédicace de l'église de celte Guillaume d'Auvergne, évèque de Paris, p. 1025.
ville, p. 1061. (Voir les articles suivants.)
RLOPHE (saint), martyr. Sa Vie mise en un meil- ÉPITRE de saint Paul au Rom.iins. Commentaire
leur style par Rupert, abbé de Tuy, p. 285. d'Abaillard sur cette épilre, p. 330, 331 et 341.
ELUCIDARIUJI , ouvrage faussement attribué à Commentaire de Guillaume, abbé de Saint-Thierri,
saint .\nselme de Canlorbéry. On n'en connaît point sur cette épilre, p. 390.
l'auteur, p. 34. Ce que c'est que cet ouvrage, ibid. ÉPITRE de saint Paul aux Colossiens. Commen-
Editions qu'on en a faites, p. 35. taire particulier de Jean Sarisbéry sur celte épilre,
EMILIE, province d'Italie. Au concile de Guas- p. 679.
lalla, la province d'Emilie est distraite de l'arche- ÉPITRES (les sept) catholiques. Commentaire
vêché de Ravenne, p. 1079. Elle lui est rendue par d'Euthymius Zigabéne sur ces épitres, p. 155. Ex-
le pape Gelas.; Il, p. )090. plication de ces épitres i>ar Guillaume d'Auvergne,
EMMAUS, ville de Palestine. Discours sur les p. 10^5.
disciples qui allaient à Emmaûs, faussement attri- ÉPITRES canoniques des pères grecs. Commen-
bué à saint Bernard, p. 492. taire, de Zonare sur ces épitres, p. 157.
EMPEREURS D'ORIENT. Leur histoire par Nicé- ÉPREUVES. Épreuves du fer chaud et autres
phore Bryenne, p. C43. condamnées par Yves de Chartres, p. l08, 114,116,

XIV. 70"
1210 TABLE ANAL^'TIQUE.
117, 120. Manichéens éprouves par le jugement de tre de Saint-Étienne à Besançon, uni à celui de
l'eau exorcisée, p. 200. Témoignage de Robert Pul- Saint-Jean de la même ville. A quelle occasion, p.

de l'eau chaude, p. 1087. Deux sermons du vénérable Hildebert en


lus sur les épreuves du feu et ,

396. Exorcismcs qui précédaient l'épreuve du feu. l'honneur de saint Etienne, p. 215. Panégyrique de
saint Etienne, par Abaillard, p. 327. Sermon de Ni-
p. 513. Épreuve du fer chaud ordonnée dans un
colas de Clairvaux pour le jour de la fête de saint
concile de Mayence, p. lOil.
ÉPREUVE.S MONASTIQUES. Lettre de Théodore Etienne, p. 492. Panégyrique de saint Etienne par

Balsamon sur ce sujet, p. 828. Lettre du pape Inno- Guillaume d'Auvergne, p. 1026. Sermon du même
cent 111, p. 966. sur l'invention de ses reliques, p. 1027.

ÉRASME (DIDIER), savant célèbre. Son jugement ETIENNE, clerc de l'Église d'Orléans. II est con-
sur l'écrit d'Alger, scholastique de Liège, touchant damné au concile d'Orléans comme manichéen, p.
l'Eucliaristie, p. 384. 1038.
EREBERT, chancelier du roi Conrad, l'accom- ETIENNE DE GARLANDE, élu évêque de Beau-

pagne à la croisade, p. 525. vais. Yves de Chartres s'oppose à son élection, p.

ERHENWALD ou ERCHONVALD (saint), évêque 91, 92. Lettre qu'il écrit à son sujet, p. 109. Son
de Londres. Sa Vie écrite par Gotzelin, moine do élection est cassée. On élit à sa place Gualon, abbé

Cantorbéry, p. 233. de Saint-Quentin, ibid.


ERLEBOLD, se fait moine à Saint-Laurent de ETIENNE, comte de Chartres et de Blois. Lettre
Liège, puis passe àStavelo, dont Wibald, son frère, que lui écrit Yves de Chartres, sur ses prétentions,
était abbé, p. 525. p. 104.

ÉRUDITION THÉOLOGIQUË. Livres des Méknges ETIENNE , roi d'Angleterre. Concile oîi il est re-

d'érudition théologique faussement attribués à Hu- connu, p. 1 1 17.

gues de Saint-Victor, 356. ETIENNE, grand jupan de Dalmatie, fait tenir un


p.
ÉRUDITIONS DIUASCALIQUES ou instructives. concile pour soumettre ses Etats à l'obéissance de
Notice sur cet ouvrage de Hugues de Saint-Victor, l'Eglise romaine, p. 1145.
p. 353, 354. ETIENNE HARDING, abbé de Cîteaux, né en An-
ESCLAVES. Canon du troisième concile de La- gleterre, où il embrasse la vie monastique, passe en
tran, qui défend aux Juifs et aux Sarrasins d'avoir Ecosse, puis en France, pour suivre le cours de ses
des esclaves chrétiens, p. 1142. études, p. 230. 11 fait le pèlerinage de Rome; de re-
ESPENCE CLAUDE d'), docteur de Paris. Son tour, il s'arrête à Molesme , ihid.; il suit Robert et
(

édition de VElucidariutii, faussement attribué à saint Albéric à Cîteaux, dont il est fait prieur, ihid.\ il en
abbé après la mort d'Albéric ibid.; il tient
Anselme, archevêque de Cantorbéry, p. 35. est fait ,

ESPRIT-SAINT. Traité de saint Anselme sur la un chapitre général de l'ordre de Cîteaux, ibid. Au-
procession du Saint-Esprit, p. 12. Témoignage tre chapitre dans lequel il publie la charte de cha-

d'Yves de Chartres, p. 123. Traité de Grossulan sur rité, ibid. Bulle du pape Callixte II, qui la confirme.

la procession du Saint-Esprit, p. 148, 149. Hymne ibid. Il se démet du gouvernement de Cîteaux ; sa

du Saint-Esprit par Rupert, abbé de Tuy, p. 283. mort, ibid.; ses écrits, p. 231 ; ses lettres à Louis-

Traité du même de la glorification de la Trinité, le-Gros et au pape Honorius H , au sujet d'Etienne


et de la procession du Saint-Esprit, ihid. En quel de Sonlis, évêque de Paris, ihid. Ce que c'est que la
sens Rupert, abbé de Tuy, a dit que le Saint-Esprit Charte de charité, ihid.; ce qu'elle contient, ibid.;
s'était incarné, p. 291 Réponse d'Anselme d'Havel-
. éditions qu'on en a faites, 232.
burg aux objections des Grecs, touchant la proces- ETIENNE DE SENLIS évêque de Paris, encourt ,

sion du Saint-Esprit, p. 414, 415. Traité de Hugues la disgrâce du roi Louis-le-Gros; lettres d'Etienne
Élérien pour justifier le sentiment des Latins sur la Harding, abbé de Cîteaux, à son sujet, p. 231. U est
procession du Saint-Esprit, p. 658. attaqué par une troupe de gens armés, p. 259. Let-
ESSENCE DIVINE. Erreurs de Gilbert de Por-
la tres du pape Innnocentll, qui lui est adressée,
rée sur l'essence divine, p. 342, 343 ; condamnées p. 259. Lettres de saint Bernard à son sujet, p. 428,
au concile de Reims, p. 343. Lettre de Gauthier de 429. (Voir, sur Etienne de Senlis, ibid., note 1).
Mortagne sur l'essence divine, p. 660. ETIENNE DE CHALMET, moine de la Charlreuse
ESTONIE, contrée du Nord. Conversion de cette des Portes. Sa lettre aux novices de l'abbaye de Saint-
province au christianisme, p. 924. Sulpice ,
qui voulaient en sortir pour se faire char-
ETAMPES, ville de France. Conciles tenus en cette treux, p. 401.
ville, p. 1075, un. ETIENNE DE MURET (saint), instituteur de l'or-
ÉTHELRÉDE (saint), roi des Anglais orientaux. dre de Grandmont. Sa naissance; son pèi-e le laisse

Sa Vie par Gotzelin, moine de Cantorbéry, 233. malade à Bénévent, p. 575; il prend du goftt pour
p.
Autre par Osbert do Slockeclare, p. 408. la manière de vivre des religieux de Calabre, et de-
ETHELREDE (sainte), vierge. Prose en son hon- mande au pape Alexandre U la permission d'établir
neur par le moine Gotzelin, p. 233. un ordre dont la règle de vie y fût semblable, ibid.
ETIENNE (SAINT), premier martyr. Chapelle de Bulle qu'on prétend qu'il obtint du pape saint Gré-
Saint-Etienne usurpéepar les chanoines de Chemillé, goire VU, ibid. Cette bulle est supposée preuves :

et rendue à l'abbaye de Marmoutier, p. 1082. Chapi- De retour en sa pair il se


de sa supposition, ibid.
,

TABLE ANALYTIQUE. 1211

retire au désert de Muret, où il fait sa profession en l'eucharistie, p. 344. Traité de l'abbé Abandus sur
se consacrant à Dieu , ibid. et 576. Formule de sa la fraction du corps de Jésus-Christ, p. 345. Témoi-

profession, p. 576; sa manière de vivre; il reçoit gnage de Robert Paululus, p. 357; de Hugues de
quelques disciples , ibid.; il reçoit la visite de deux Sairît-Victor, p. 360; de Hugues Métellus, p. 366,
cardinaux, légats en France, ibid.; sa mort, ibid. Le 367. Traité d'Alger, diacre et scbolastique de Liège,
pape Clément III le met au nombre des saints, tbid. sur l'eucharistie, p. 379 et suiv. Eloge que plusieurs
Règle de saint Etienne; elle est véritablement de lui, auteurs en ont fait , p. 379 et 384. Analyse de ce
ibid. et 577; elle est différente de celle de saint Be- traité, p. 379 et suiv. Editions de cet écrit, p. 384.
noît, p. 577; analyse de cette règle, ibid. Analyse Traité du Sacrement de l'autel, ouvrage de Guillaume,
de la règle de saint Etienne ibid. et 578 éditions , ; abbé de Saint-Thierry, p. 389, 390. Lettre du même
de cette règle, p. 578. Jlaximes et sentences de saint sur l'eucharislie,p. 390. Témoignage de Robert
Etienne, ibid. et suiv. Editions des Maximes, p. 578. Pullus, p. 393, 395, 398, 399; d'Anselme, évêque
Le livre intitulé : Doctrine ou instruction des novices d'Havelburg, p. 415, 416. Réponse de saint Bernard
de l'ordre de Grandmoiit n'est pas de lui, p. 580. consulté par Gui, abbé de Trois-Fontaines, qui, cé-
Vie de saint Etienne de Muret, écrite par Etienne de lébrant la messe, n'avait consacré que de l'eau, les
Lisiac, p. 580. (A'ofa. Il faut voir, sur cet article, ministres n'ayant pas mis de vin dans le calice,
une lettre d'un religieux de Grandmont, imprimée p. 431, 432. Doctrine de saint Bernard sur l'eucha-
dans le Journal de Verdun, en 1776, juillet, p. 57 ristie, p. 487. Sermon attribué à saint Bernard,
et suiv., et août, p. 126 et suiv.). Saint Etienne de touchant l'excellence du Saint-Sacrement et la dignité

Grandmont canonisé par le paiie Clément III, p. 939. des prêtres, p. 492. Miracles de saint Bernard, opé-
ÉTIEÎWE DE LISIAC, quatrième prieur de Grand- rés par l'eucharistie, p. 49 i. Témoignage de Picrre-
mont, écrit la Vie de saint Etienne de Muret, p. 580. le-Vénérable, p. 520, 521, 525. Plusieurs miracles
(Nota. Cela est contredit dans le JoHrna/ de Verdun, qui regardent l'eucharistie, rapportés par Pierre-le-
1770, août, p. 133). Vénérable, p. 522. Doctrine de Pierre Lombard sur
ETIENNE DE LANGTON , arciievêque de Canlor- l'eucharistie . p. 563 et 564 ; de Pierre de Poitiers ,

hér^y. Concile qu'il tient à Lambyt, p. 1148. p. 569. Doctrine de Godcfroi . abbé des Monts,
ETUDE. Plan d'étude donné à un jeune homme p. 588. Expressions de sainte Hildegarde, p. 593,
par Wibaldc, abbé de Stavelo, p. 531. 594. Erreurs de Folmar, prévôt de Triefenstein en
EUCHARISTIE.Lettre de saint Anselme sur Feu- Franconie, p. 03t , réfutées par Géroch ,
prévôt de
charistie, p33; sa doctrine sur ce mystère, p. 40. Reichersperg , ibid. et 632 , et par Arnon , frère de
Doctrine du bienheureux Odon évêque de Canlor- , Géroch . p. 633. Traité de V Eucharistie ,
poème de
béry, sur Feuchiristie, p. 73, 74. Partie du Décret Pierre de Blois. Ce qu'il contient de remarquable,
dans laquelle Yves de Chartres traite de l'cucharislie, p. 782. Doctrine de Pierre de Celle sur l'eucharis-
p. 95. Autres témoignages du même, p. 121 122. , tie, p. 681. Comment Arnoul de Lisieux s'exprime
Doctrine d'EuIhymius Zigabèoe sur la présence réelle sur ce mystère, p. 758. Doctrine contenue dans le
de Jésus-Christ dans l'eucharistie, p. 150, 153, 154. Décret de Gralien, p. 762. Doctrine du pape Inno-
Lettre dans laquelle Zonare dit qu'on ne doit point cent II!, p. 1014. Traité de ce pape sur l'eucharistie,
trop approfondir le mystère de l'eucharistie, p. 157. ifcid.ets.Doctrine de Guillaume d'Auvergne, p. 1023.
Sentiment de Zonare sur l'eucharistie, p. 158,, 159. Témoignage d'IIildebert , évêque du Mans, p. 221;
Traité de Geoffroi de Vendôme, du Corps et du Sany de Marbode, évêque de Rennes, p. 228; d'Arnulphe,
de notre Seiyneur Jésus-Christ, p. 166. Traité de évêque de Rochester, p. 237; de Gilbert de la Por-
Geoffroy de Vendôme, sur le baptême, l'eucharis- rée, p. 34i; de Hugues de Saint-Victor, p. 360; de
tie, la confirmation et l'extrcme-onction , p. 168. Robert Pullus p. 398. Canon du quatrième concile
,

Témoignage de Francon, abbé d'Afflighem, p. 190, de Latran, qui oblige les fidèles à recevoir l'eucha-
191. Traité de Guibert de Nogent du Morceau , ristie à la fête de Pâques, p. 1166. Canons de divers
donné à Judas, et de ta Vérité du Corps du Sei- conciles de Londres, p. 1114, 1135. 1146. Décret
gneur, p. 196, 197. Autres témoignages du même, d'un concile de Lombers, p. 1136.
p. 197, 198, 199. Sentiment d'IIildebert, évèquedu EUDES, sénéchal de Normandie. Lettre que lui
Mans, sur l'usage de tremper l'eucharistie dans le écrit Yves de Chartres, p. 102.
prét-ieux sang pour la communion , p. 211 , et sur EUGÈNE 111, pape, succède à Lucius H, p. 269.
l'action d'un prêtre (pii avait célébré la messe avec Les troubles qui régnaient à Rome l'obligent de se
du pain fermenté, ibid. Doctrine du vénérable Hil- retirer à l'abbaye de Farfa où il est ordonné, ibid. ,

debert sur l'eucharistie, p. 215. Son traité du Sacre- Lettre que saint Bernard, dont il avait été disciple,
ment de l'Autel, p. 220. Poème du même sur le Sa- écrit aux cardinaux au sujet de son élection ibid. ,

crement de l'Autel, p. 221. Autre poème d'Hildcbert Séjour du pape à Viierbe; il y reçoit les députés des

sur l' Eucharistie . ibid. et 222. Témoignage d'Ar- évèques d'Arménie, ibid. et 270; il retourne à Rome,
nulphe, évêque de Rochesler, p. 236, 237. On jus- p. 270; il passe eu France et tient un concile à Pa-
tifie Rupert , abbé de Tuy, relativement aux repro- ris, ibid.;il assemble à Trêves un concile où les
ches qu'on lui faisnit au sujet de sa doctrine surl'eucha- écrits de sainte Hildegarde sont approuves, ibid.; il
ristie, p. 200, 291. Doctrine d'AbniU.ird sur l'eucha- vient J Reims, où il préside au rcncile qui condamne
ristie, p. 330. Lettre de Gilbert de la l'orrée sur la doctrine de Gilbert de la Porrée, ibid. et 271; il
,

121S TABLE ANALYTIQUE.


assiste au chapitre général de Citeaux, p. 271; il re- 155. Commentaire sur les épîtres de saint Paul et
tourne à Rome, iiid.; obligé d'en sortir, il se retire sur les épîlres catholiques, p. 155.
en Carapanie, ibid.; enfin il fait la paix avec les Ro- EUTROPE (s.\int), premier évêque de Saintes.
mains et revient à Rome, ibid.; sa mort, ibid. Ana- Monastère au diocèse de Saintes sous son nom, ré-
lyse de ses lettres , ibid. et suiv.; autres lettres du tabli par Guillaume, duc d'Aquitaine, p. 1069. Mis
même, p. 275 et suiv.; autres lettres dans la Patro- sous la discipline de l'abbé de Cluny, ibid.
loyie, p. 277 et suiv. Lettres que diverses personnes EUTYCHÉS, hérésiarque. Réponse de Nicétas
écrivent à Eugène 111 , p. 279, 280. Saint Bernard, moine de Constantinople, à la lettre d'un prince
pour le consoler dans ses afflictions , compose d'Arménie, qui prenait h défense d'Eulychès, p.
ses livres de la Considération, p. 4.60. Concile 646, 647.
qu'Eugène tient à Trêves, p. 1119; autre à Reims, ÉVANGILES (les quatre) de saint Matthieu,
p. 1120. saint Marc, saint Luc et saint Jean. Canons des
EULALIE (sainte), vierge. Monastère de filles à Evangiles dressés par le bienheureux Odon de Cam-
Lyon, sous son nom; lettre que Bernard des Portes brai, p. 76. Conunenlaire d'Euthymius Zigabène sur
écrit aux religieuses de ce monastère, p. 400. les quatre Evangiles. Traduction latine qui en a été
EULOGIUlM. Idée de cet ouvrage de Jean de Cor- faite, p. 154. Différents auteurs à qui ce commen-
nouaiiles, p. 358. taire a été attribué, ibid. Seize homélies de Pierre
EUNUQUE. Décision d'Yves de Chartres au sujet Babion sur les Evangiles attribuées à saint Anselme de
d'un moine qui, pour se guérir de l'épilepsie, s'était Cantorbéry, p. 184. Explication rie quelques endroits
fait eunuque, p. 118. des Evangiles attribuée à Anselme de Laon, p. 183.
EUSÉBE (saint), évêque deVerceil, confesseur. Glose manuscrite de Guillaume de Couches sur les
Eglise érigée sous son nom à Auxerre. Bulle du quatre Evangiles, p. 388. Commentaire du rnoine
pape Adiien IV, qui confirme a\ix chanoines de Saint- Hervé sur 403, 40i. Sermons de
les Evangiles, p.
Eusèbe de la ville d'Auxerre une donation qui leur Guillaume d'Auvergne sur les évangiles des dimanches
avait été faite, p. 9f6. de l'année,' p. 1025 et suiv. Voyez chacun des évan-
EUSTACHE , abbé de Flay. Ses prédications sur gélistes à leurs titres, et chacun des évangiles dans
l'observation du dimanche, p. 1 147. Lettre qu'il sup- les articles suivants.
pose être venue du ciel pour en recommander la ÉVANGILE de saint Matthieu. Commentaire d'An-
sanctification, ibid. selme de Laon sur cet évangile, p. 183. H n'a pas
EUSTACHE s'empare de l'évèché de Valence en encore été imprimé. Celui qui est imprimé sous son
Dauphiné. Lettre que lui écrit saint Bernard à ce nom parmi les œuvres de saint Anselme de Cantor-
sujet, p. 440. béry, est de Pierre Babion, Anglais, ibid. et 184.
EUSTACHE, comte. Son cpitaphe par Pierre-le- Ouvrage de Ruperl, abbé de Tuy, sur saint Mat-
Vénérable, p. ri22. thieu, intitulé : De ta gloire et de l'honneur du Fils
EUSTATHE, archevêque de Thessalonique. Son de l'homme, p. 282, 283.
oraison funèbre par Eutliymius Zigabène, p. 153. ÉVANGILE de saint Luc. Quatre sermons de
EUSTRACE, métropolitain de Nicée, aide l'empe- saint Bernard sur ces paroles : L'Ange Gabriel fut
reur Alexis Comnone à convertir les pauliciens, envoyé, etc., p. 484.
p. 148. Eloge que .Anne Comnène fait de lui, p 148. ÉVANGILE de saint Jean. Commentaire de Ru-
Ses écrits contre Pierre, évêque de Milan, sur la perl, abbé de Tuy, sur cet évangile, p. 283. Com-
procession du Saint-Esprit, ibid.; ses commentaires mentaire de Gilbert de la Porrte sur cet évangile,

sur le second livre des Analytiques et sui' les Morales p. 343. Commentaire sur cet évangile, attribué par
d'Aristote, ibid. En écrivant contre les Arméniens, Trilhème à l'abbé Joachim, p. 830.
iltombe lui-même eu plusieurs erreurs, dont il est ÉVÈCHÉS. On ordonne que les chaires épiscu-
obligé de se rétracter dans un concile de Constanti- pales établies dans des villages ou des bourgs soient
nople, ibid. transférées dans des villes, p. 1066.
EUTHYMIUS ZIGABÈNE, moine du monastère de ÉVÈQUES. Doctrine de saint Anselme sur l'auto-
la Mère de Dieu
à Constanlinople p. 150. Son mé- , rité dos évêques, p. 41. Novelle de l'empereur
une grande considération à la cour,
rite lui acquiert Alexis Comnène concernant le choix de ceux qu'on
ibid. L'empereur Alexis Comnène le charge de com- voulait élever à l'épiscopat ou à la prêtrise, p. 141,
poser un traité sur toutes les hérésies, avec la ré- 1 42 . Constitution touchant les évêchés dont les biens
futation de chacune. C'est ce qu'il exécute dans sa étaientoccupésparlesinfidèles,p.l42.TraltédeGeof-
Panoplie dogmatique, ibid. Analyse de cet ouvrage, froi de Vendôme sur l'ordination des évêques, p. 166,
ibid. et suiv. Éditions qu'on en a faites, p. 152. 1 67. Traitéde la bénédictiondes évêques, parle même,
Écrit d'Euthymius contre les Latins, ibid. Sou traité p. 168. Lettre Ue saint Bernard sur les devoirs des
contre les massaliens, ibid. et 153. Ses lettres, p. évêques. p. 427. Les évêques, selon saint Bernard,
153. Son oraison funèbre d'Euslathe, évoque de sont les vicaires de Jésus-Christ, p. 462. Traité de
Thessalonique, ibid. Commentaire sur les Psaumes saint Birnard, Des Mœurs et des Devoirs des évê-
et sur les dix cantiques de l'Écriture, ibid. et 154. ques, p. 466. Analyse de ce traité, ibid. et 467.
Commentaire sur quatre Evangiles, p. 154. Doc-
les Instruction sur les devoirs et les quaUtés d'un évê-
trine d'Euthymius sur la présence réelle, ibid. et que, contenue dans une lettre de Pierre de Blois,
,

TABLE ANALYTIQUE. 1213

p. 767. Canon épiscopal ou Institution d'un évéque, tions, p. 1169. Canons du concile de Reims, qui
par le même, p. 779. Traité des Mauvais pasteurs, concernent les excommuniés, p. 1121. Canon du
autre ouvrage de Pierre de Blois, p. 781. Lettre de concile de Tours, p. 1130. Canon d'un concile d'A-
Philippe de Bonne-Espérance contenant l'ex[ilicalion vignon, p. 1151.
du mot ew^we , des marques de la dignité épisco- EXEMPTIONS. Ah'js des exemptions blâmées par
pale, des l'iinclior.s et des devoirs des évoques, p. saint Bernard, p. 463, 464. Comment elles sont jus-
684. Canons du troisième concile de Lalran sur les tifiées par Pierre-le-Vénérable, p. 505.
élections des évèques, p. 1139. Un concile d'Avi- EXERCICES SPIRITUELS attrihués à Ladmcr
gnon recommande aux évoques de prêcher plus sou- prieur de Saint-Alban, p. 45.
vent et plus soigneusement, p. 1151. Décret d'un EXTRAITS. Dix livres d'extraits attribués à Hu-
concile de Pari.> concernant les archevêques et évè- gues de Saint-Victor par les uns, et à Richard, son
ques, p. 1156. Canons du quatrième concile de La- disciple, par d'autres, p. 352.

tran louchant les élections des évêques, p. 1 167. EXTRÈIIE-ONCTION. Geoffroi de Vendôme et

EXALTATIO.N de la sainte Croix. Homélies de Yves de Chartres croyaient que le sacrement d'ex-
Théophanes Cératnéus sur l'exaltation de la sainte trème-onction ne pouvait se réitérer, p. 120, 162,
croix, p. 655. Sermon de Guillaume d'Auvergne 168. Trailé de Geoffroi de Vendôme sur le baptême,
sur l'exaltation de la sainte croix, p. 1027. la confirmation, l'eucharistie et rexlrème-onction,
EXC0.M.MUN1C.\T10N. Docirinede saint Anselme, p. Sentiment de Robert Paululus sur l'ex-
168.
sur l'excommunication, p. 40. Parliedu Décret dans trème-ondion, p. 357. Sentiment de Hermann,
laquelle Yves de Chartres parle de l'excommunica- abbé de Saint-Martin de Tournai, p. 412. Saint Ma-
tion, p. 97. Réponse d'Yves de Chartres à différen- lachic d'Armaoh la reçoit avant le saint viatique, p.

tes questions qui lui avaient été faites sur les ex- 482. Témoignage de Pierre-le- Vénérable sur le

communications, p. m, 115. Selon le pape Inno- même usage, p. 502 et 508. Pourquoi, selon Pierre-
cent 111 , on ne doit point refuser la sépulture le-Vénérable, on peut réitérer ce sacrement, p. 51 1.

ecclésiastique à un excommunié, qui, avant de mou- Doctrine de Pierre Lombard sur le sacrement d'ex-
rir, a reconnu sa faute, p. 969. Canon du quatrième tl•ème-o.^clion, p. 565. Ce qu'en dit Guillaume
concile de Latran , concernant les e.xcomnmnica- d'Auvergne dans son traité des Sacrements, p. 1024.

FABIEN (SAIM), pape. Sermon de Guillaume FERMIER ou économe d'iniquité. Différcnles ho-
d'Auvergne en l'honneur de saint Fabien et de mélies sur celle parabole ds l'Évangile, p. 76. Sermon
saint Sébastien, p. 1027. de Bernard, moine de Cluny, sur la parabole du
FABRICIUS (JEAN-ALBERT). Son édition de l'His- fermier d'iniquité, p. 492.
toire des Eglisesdu Nord, par Adam de Brème, avec FÉRON (BARTHÉLÉMY LE), chanoinc de Chartres.
plusieurs pièces relatives, p. 206. Erreur de Fabri- Son édition des œuvres de Guillaume d'Auvergne,
cius sur un concile de Véroli, dans la Bibliothèque évèque de Paris, p. 1032.
grecque, p. 1117. FESCHIÈRES, lieu d'une église érigée en abbaye
FALCON, doyen de l'Eglise de Lyon, en est élu par Lambert, évoque d'Arras, p. 87.
archevêque, p. 438. FÊTES. Constitution de l'empereur Manuel Com-
FAMINE affreuse en France; conciles à cette oc- nène sur les fêtes, p. 656. Plusieurs lettres des évê-
casion, p. 1U46. ques de Paris pour l'abolition de la fête des Fous,
FAUSSAIRES. Disposition du pape Innocent 111 et le rélablissement de la fête de la Circoncision au
au sujet des faussaires qui avaient fabriqué des premier jour de janvier. Décret de la faculté de Pa-
bulles, p. 963. ris sur la même matière, p. 784. Sermon de Guil-
FAVERNEV, abbaye en Franclie-Ccmité , dont laume d'Auvergne, évèque de Paris, pour les fêtes,
l'abbé de la Chaise-Dieu prétendait avoir la nomina- p. 1026.
tion, p. 957. FÈVRE (JACQUES LE) d'Estaplcs. Son édilion du
FÉLICIEN (JEAN-BERNARDiN) de Venise. Sa tra- ilicroloffue, p. 125.
duction latine des commentaires d'Eustraoe sur les FÈVRE (HILARION le), bénédictin, travaille avec
Woro/e» d'Aristote, p. 148. D. Mathond â l'édition des livres des Sentences du
FÉLICITÉ des saints dans l'autre vie. Poëme de cardinal Robert Pullus, p. 392.
Francon sur ce sujet, p. 346. FIANÇAILLES. Constitution de l'empereur Alexis
FÉLIX (SAINT) et saint ADAUCTE martyrs. , Comnène concernant les fiançailles, p. 142.
Poëme de Marhode sur leur martyre, p. 227. FIGON (JEAN). Sa traduction française du poëme
FEM.MES. Épigrammes de Philippe de lionne-Es- de Théodore Prodrome, intitulé : L'Amitié bannie
pérance sur le caractère d'une mauvaise femme, p. du monde, p. 149.
687. Concile de Rouen, i\m défend aux prêtres tout FILS DE DIEU. Question sur l'égalité du Père et
commerce avec les femmes, p. 1094. ilu Fils, agitée à Constantinople, p. 1124.
121^ TABLE ANALYTIQUE.
FILS DE L'HOMME. Traite de la Gloire et de f Hon- FORTUNE. Traité des Prestiges de la Fortune,
neur du Fils de l'Homme, ouvrage de Ruport, abbé ouvrage de Pierre de Blois, p. 782. Epigramme de
de Tuy, p. 282, 283. Traité de la Glorification du Philippe de Bonne-Espérance sur la roue de la for-
Fils de l'Homme, ouvrage de Géroch, prévôt de Rei- tune, p. 687.
chersperg, p. 629. FOUCHER , second archevêque de Tyr, pour les
FINLANDE. Lettre du pape Alexandre III, au su- Latins. Persécution qu'il a à essuyer de la part du
jet des conversions simulées des Finlandais, p. 924. patriarche de Jérusalem , p. 250.
FLEURY, ou Saint-Benoît- sur-Loire, abbaye dans FOULQUES, évêque de Beauvais. Lettre que lui

le diocèse d'Orléans. Conciles tenus en cette abbaye, écrit Yves de Chartres , p. 102.
p. lOSI, 1083. FOULQUES, doyen de l'Eglise de Paris, en est
FLORE, monastère fondé au diocèse de Cosence, élu évêque, p. 112; sa mort, ibid.
par l'abbé Joachim, p. 829. FOULQUES, chanoine régulier. Lettre que lui écrit

FLORENCE, ville de Toscane. Conciles tenus en saint Bernard sur ce qu'il avait quitté son monas-
cette ville en 1055, p. 1059; en H06, p. 1079. tère, p. 425.

FLORENT (SAINT), martyr. Sa Vie, écrite par War- FOULQUES, moine de Moustisr-la-Celle, puis
bode, p. 229. (Le discours surla vie de saint Florent évêque d'Estonie. Différentes lettres du pape Alexan-
est reproduit tome CLXXI de la Palrologie).
dans le dre m, sur sa mission en Estonie, p. 924.
FLORENT RR/VVON, bénédictin du monastère de FRACTION. Traité de l'abbé Abandus sur la Frac-
Worchester. Ce qu'on sait de sa personne; temps de tion du corps de Jésus-Christ, p. 345.
sa mort, p. 245. Sa Chrbnique continuée par un FRANCE. Histoire des Gestes des rois de France
moine du même monastère, ihid.; son livre de la de la seconde race, ouvrage de Hugues de Sainte-
Bacc royale des Anglais, ibid. Editions qu'on a faites Marie, moine de Fleury-sur-Loire, p. 243.
de ces deux ouvrages, ibid. FRANCFORT-SUR-LE-MEIN , ville d'Allemagne.
FLORENTIN (marc-émile). Sa traduction italienne Conciles tenus en cette ville, p. 1034, 1035, 1041.
des Annales de Zonare, p. 157. FRANCON, abbé d'Afflighem, succède à Fulgeuce,
FLORIDUS ASPECTUS, recueil de poésies du vé- p. 190. Son voyage en Angleterre, ibid.; il fait fleu-

nérable Hildeberl, p. 222. rir la piété et les lettres dans son abbaye, ibid.; sa

FLUENTIUS, évêque de Florence. Concile où l'on mort, ibid. et 345. Ses écrits : Livre de la Grâce et

combat la fausse opinion par laquelle cet évêque de la Miséricorde, ibid.; analyse de cet ouvrage, ibid.

croyait que l'anteclirist était né, p. l079. et 191. Poème sur la Gloire future, p. 191. Lettres
FOI. Doctrine du vénérable Hildebert sur la foi de Francon , ibid. Autres écrits qu'on lui attribue,

en Jésus-Christ, p. 215. Traités du Miroir et de l'En- ihid. Edition de ses écrits dans la Patrologie, p. 192.
seigne de la Foi, deux opuscules de Guillaume de (Voyez un article sur ce même auteur, p. 345.)
Saint-Thierry, p. 388. Sentence de la Foi, autre FRANGIPANE (CENCIO) , chef d'une faction oppo-
opuscule du même, p. 389. Doctrine de siint Ber- sée au pape Gélase II, p. 1089.
nard sur la foi, p. 441. Instructions sur la Foi chré- FRÉDÉRIC BARBEROUSSE, empereur. Il succède
tienne, faites par Pierre de Blois pour le sultan à Conrad, p. 534. Réputation qu'il envoie au pape
d'Icône, p. 778. Xrailé des Articles de ta Foi, ou- Eugène III , ibid. Traité que le pape et l'empereur
vrage attribué à l'abbé Joachim, p. 830. Traité delà font ensemble, ibid. et 535. Députation que l'empe-
Foi, ouvrage de Guillaume d'Auvergne, évêque de reur reçoit du pape Adrien IV, p. 535. 11 passe en
Paris, p. 1020. Exposition de la foi catholique dres- Italie, se fait couronner roi des Lombards, puis va à

sée au quatrième concile de Latran, p. 1162. Rome où il est couronné empereur, ibid.; il est cou-
FOILLAN (saint) et saint Salvien. Les actes de ronné empereur par le pape Adrien IV, p. 911 ; ses
leur martyre écrits par Philippe de Bonne-Espérance, différends avec ce pape, ibid.; il refuse de recon-

p. 687. naître' le pape Alexandre III , et fait confirmer, par


FOLIE. Miroir de la Folie, poème de Jean de Sa- le conciliabule de Pavie, l'élection de l'antipape Oc-
ri-héry, p. 679. tavien , p. 917, 918; il se fait couronner par l'anti-

FOLMAR ,
prévôt de Triéfenstein en Franconie. pape Gui de Crème, qui avait succédé à Octavien,
Ses erreurs sur l'eucharistie, p. 631; réfutées p^ir p. 919; il se réconcilie avec le pape Alexandre III,
Géroch, prévôt de Reichersperg, p. 632. Il rétracte ibid.; il se trouve au concile de Vérone, tenu par le
ses erreurs, ibid. Ecrit d'Arnon, frère et successeur pape Lucius III, p. 929. Ses démêlés avec le pape
de Géroch , contre Folmar, p. 633. Urbain III, p. 933; il fait confirmer l'élection de l'an-
FONTAINE (simèOn), franciscain. Son édition des tipape Octavien sous le nom de Victor III, p. 1127;
œuvres de saint Anselme, p. 44. il est excommunié par le pape Alexandre 111, ibid.

FONTENAI, monastère établi dans le diocèse d'Au- Lettre "qu'il écrit à quelques évêques d'Allemagne,
tun, par une colonie de Clairvaux, p. 419. ibid. Concile de Lodi où il fait excommunier le
FONTEVRaULT, monastère sur les confins du p.ipe Alexandre III et ses partisans, p. 1129. Con-
Poitou. Eloge que fait Geoffroi de Vendôme des re- cile de Wirtzbourg, où il fait reconnaître l'antipape
ligieuses de Fontevrault, p. 164. Charte de société Gui de Crème sous le nom de Pascal 111, p. 1131.
entre l'abbaye de Fontevrault et celle de la Trinité Concile de Latran où il est excommunié de nouveau
de Vendôme, ibid. et 165. par le pape Alexandre III, p. 1133. Concile de Va-
.

TABLE ANALYTIQUE. 1215


nisc pour confirmer la paix qu'Alexandre III avait FROiN'TEAU (jeanI , chanoine régulier de Sainte-
faite avec lui, p. il38. Geneviève. Sa Vie d'Yves de Chartres, p. 93. Son
FRÉDÉRIC 11, élu roi de Germanie du vivant de édition des œuvres de cet évê(|ue, p. 97, 9l>.
l'empereur Henri VI son père, p. 980. Son élection FHOWIN, aiibédu Mont-des-Anges, vulgairement
confirmée quelque temps après mais devenue inu- , Engclberg en Suisoe, p. 232. Son explication de l'o-
tile par la concurrence de Philippe de Souabe et raison Dominicale, ibid.; ses sept livres à la louange
d'Olhon, duc de Saxe, élus par d'autres partis, ibid. du libre arbitre , ibid. On n'a imprimé que les pro-
Lettres du pape Innocent 111, qui se déclare pour logues ou pri'l'aces de ces deux ouvrages, ibid.
Otiion, ibid. Lettres de Frédéric contre les pontifes FRUnS de la Chair et de l'Esprit, livre attribué
romains, p. 27i!. à Hugues de Saint-Victor, p. 3.^)2.
FRÉDÉRIC, duc d'Autriche. Son épilaphe, p:ir un FRUTARE, monastère du diocèse do Langres. Pri-
moiue nommé Conrad, p. 247. vilège accordé à cette abbaje par le pape Benoît VIII,
FRÉDÉRIC, archevêque de Cologne. Sa lettre à dai.s un concile de Rome. p. 1037.
l'évêque de Liège, en faveur des moines méprisés par FULBERT, chanoine de l'Eglise de Paris, charge
les chanoines réguliers, p. 287. 288. (Voyez p. 288, Abaillard d'instruire Héloïse sa nièce, p. 318. Tous
noie I). deux abusent de sa confiance, ibid.; il maltraite sa
FRÉDÉRIC, fils de l'impératrice Constance. A nièce, ihid. Vengeance indigne qu'il tire d'Abaillard,
quelles conditions le pape Innocent III le reconnaît ibid.
roi de Sicile, p. 965. FULGENCE, premier abbé d'Afllighem. Sa mort;
FRESNE (CiiARLES du), sieur du Cange. Son édi- Francon lui succède, p. 190; sa lettre à Francon pour
tion des Annales de Zonare, p. 156. Son édition de l'engager à écrire sur la grâce, ibid. Eloge que Fran-
VHistnire des empereurs Jean et Manuel Comnène, con l'ait de lui, p. 191
p. 642. FIISSEL ou HUZILLOS, ville de la vieille CastiUe.

FRITZLAR, ville d'Allemagne. Concile tenu en Conciles qui y furent tenus, p. 1072, 1079.
cette ville, p. 1090.

G.

GABRIEL (DOM ANTOINE DE SAINT-), feuillant. Sa neuf livres de Théodore Prodrome, sur les amours
traduction française des sermons de saint Bernard, de Rhodanlhes et de Dasiclès, p. 149.

p. 499. GAUNILON, moine de Marraoutier, prétend réfu-


GALFRÈDE ou geofroi-le-gros, moine de Tiron, ter ce qu'avait dit saint Anselme, qu'on ne peut
écrit la Vie de saint Bernard, fondateur du monas- avoir l'idée d'un être parfait sans concevoir qu'il
tère de Tiron, p. 4Ui, 405. Editions de cette Vie, existe nécessairement. Réponse de saint Anselme,
p. 405. p. 10.
GALON, évêque de Paris, mal à propos confondu GAUTHIER, auteur de la Vie de saint .iiiaslase.
avec le cardinal qui suit, p. 1149. ermite, p. 52.
GALON , cardinal , légat du pape Innocent 111 en GAUTHIER, abbé de Saint-.Maui-des-Fossés. Lettre
France. Son léglement, qui prescrit aux clercs la que lui écrit Yves de Chartres, p. 102.
continence, la modestie dans les habits et le désin- GAUTIER, abbé de Bonneval, quitte son abbaye
téressement, p. 1149 et suiv. et se retire à .Marraoutier. Lettre d'Yves de Chartres
GALOPIN (GEOUf.ES), moine de Sainl-Guislain. Son à ce sujet, p. 99.
édition de la Somme de Pierre-le-Chanlre, p. 571. GAUTIER (saint) ,
prévôt et ensuite abbé de
GARZON (THO.>iAs), chanoine régulier de Saint- l'Estreppe. Lettre que lui écrit Yves de Cliartres, p.
Jean-de-Latran. Son édition des œuvres de Hugues 107. Sa Vie écrite par Marbode, p. 229.
de Saint-Victor, p. 348. GAUTHIER, archevêque de Ravenne. Lettre que
GASPARD, nom donné à l'un des trois mages ou lui écrit le pape Gélase 11 pour lui rendre la juri-
rois, p. 926. diction sur les villes de l'Emilie, p. 1090.
GAUCELIN, évèque de Lodèvc, interroge et con- GAUTHIER, évèque de Lao.i. Sa mort. Gauthier
damne les albigeois, p. 1136; il condamne aussi la de Mauritanie ou do Mortague lui succède, p. 659.
secte d'Olivier cl de ses compagnons, p. 1137 GAUTHIER DE MAURITANIE ou DE MORTAGNE,
GAUCHER, évèque de Cambrai, déposé au concile évèque de Laon, enseigne à Paris la rhétorique,
de Clcrmonl, se maintient par la protection de l'em- puis la philosophie, ensuite la théologie, p. 059. 11

pereur Henri IV, p. 72. Dans un autre concile, Odon, tient les écoles de Laon. 11 est fait chanoine et
abbé de Saint-Martin, est élu pour le remplacer, ibid. ensuite doyen de la cathédrale, ibid. 11 est fait évè-
et 1080. que de Laon. Différentes affaires auxquelles il eut
GAUDRY, élu évèipie de Laon. Sa fin déplorable, p.irt, ibid. Sa mort, ibid. Lettres qui restent de lui,

p. 182, 199. ibtd. et suiv. Donation de Gauthier, p. 661. Sa let-


(JAULMIN (OILUEIIT). Sa traduction latine des tre à Hugues de Saiut-Viclor, p. 394.
1216 TABLE ANALYTIQUE.
GÉLASE II, pape, auparavant nommé Jean de Rome, ibid. et 160. Il reçoit
rité à le pape Urbain à

Gaëte, eL chancelier de l'Eglise romaine, succède à Vendôme, 160. Son second voyage à Rome. Il fait

Pascal II, p. 1089. Une faction, favorisée par l'cm- confirmer les piiviléges de son abbaye, ibid. Ses
pereur Henri V, l'oblige à se retirer à Gaëte, où il est liaisons avec les papes Pascal II et Callixte II ,

sacré, ibid. L'empereur fait élire antipape Maurice ibid. Honorius II lui confirme, et à ses successeurs,
Bourdin, archevêque de Brague, qui prend le nom la possession de l'église de Sainte-Prisque à Rome,
de Grégoire VIII, ibid. Lettre de Gélase sur ce su- ibid. Il est un des arbitres que prend le roi Louis VI
jet aux archevêques, évèques et autres fidèles des pour terminer son différend avec Foulques, comte
Gaules ; à l'archevêque de Tolède, au clergé et au d'Anjou, ibid. Sa mort en H32. Son éloge, ibid. et
peuple de Rome, ibid. Il tient a Capoue un concile 161. Ses lettres en cinq livres, 161 et suiv. Sa lettre
où il excommunie l'antipape, ibid. Il revient à Rome ;
à Robert d'Arbrisselle, p. 165, 166. Son traité du
la faction de Frangipane l'oblige encore d'en sortir, p. Corps et du Sang de Notre Seigneur, p. 166. Traité

1090. Sa lettre à Gauthier, archevêque de Ravennc, de l'Ordination des è'oéques il de l'Investiture des
ibid. Il passe en France et vient demeurer à l'ab- laïques, p. 160, 167. Traité des Investitures que les

baye de Cluiiv, ibid. Il favorise la croisade contre rois peuvent donner, p. 167. Traité des Dispenses,
les Maures d'Espagne, p. 1091. Etant à Avignon, il ibid. Traité des Qualités de l'Éfjlise, ibid. Traité de
confirme les biens et les privilèges de l'abbaye de l'Arche d'Alliance et de la sortie d'Egypte, ibid. et
Cluny, ibid. Il revient à Cluny et y meurt, ibid. Son 168. Traité du baptême, de la Confirmation et de
épitaphe par Pierre de Poitiers, grand prieur de r Eucharistie , et de l'Onction des malades, p. 168.
Cluny, p. 570. Traité de la Réitération des sacrements, ibid. Traité
GEMBLOU ou GEMBLOURS, abbaye près de Na- de la Bénédiction des évéques, ibid. Traité sur la

mur. Chronique de cette abbaye, ouvrage commencé manière de se comporter dans le chapitre, ibid. et

par Sigebert et continué par un de ScS disciples, p. 169. Traité des Vertus nécessaires aux pasteurs, p.
60. 61. 169. Discours entre Dieu et le pécheur, ibid. Hymnes
GENÈSE, premier livre du Pentateuque. Morales de Geoffroi de Vendôme, ibid. Ses sermons, ibid.
de Guibert, abbé de Nogent, sur la Genèse, p. 195. Traité des Investitures, ibid. Jugement sur les ou-
Explication de la Genèse par le moine Hervé, p. vrages de Geoffroy : éditions qu'on en a faites, ibid.
403. et 170. Lettre que lui écrit Yves de Chartres sur la

GENEVIÈVE (sainte), vierge. Sermon du véné- bénédiction des moines, p. 103, 105.
rable Hildebert en l'honneur de sainte Geneviève, GEOFFROI DE LORIOLE ou DU LOROUX, ar-
p. 215. Le pape Eugène III permet de mettre des chevêque de Bordeaux, succède à Gérard d'Angou-
chanoines réguliers de Saint-Victor dans l'abbaye de lême, p. 409. 11 assiste à plusieurs conciles, ibid.
Sainte-Geneviève, p. 272, 273 et 456. L'abbé Suger Sa mort, ibid. Lettre que lui écrit saint Bernard,
travaille à cette réforme, p. 374. Abaillard ouvre pour l'engager à s'opposer au schisme, ibid. Ses
une école sur le mont Sainte-Geneviève près Paris, lettres imprimées avec celles de l'abbé Suger, ibid.

p. 318. Le pape Adrien IV confirme l'établissement Ses sermons, ibid. Commentaire sur les cinquante
des chanoines réguliers de Sainte-Geneviève, à Pa- premiers Psaumes qu'on lui attribue, ibid.
ris, p. 910. Règlement du pape Alexandre III con- GEOFFROI DE BRETEUIL, chanoine régulier de
cernant les prébendes dont la cathédrale de Paris Sainte-Barbe en Neustrie, puis abbé. Ses lettres,
était chargée envers l'abbaye de Sainte-Geneviève, p. 409, 410.
p. 926. GEOFFROI, abbé de Saint-Médard de Soissons,
GEOFFROI I", évêque de Chartres. Il fut deux est élu évêque de Cliàlons-sur-Marne, p. 420.
fois deux fois rétabli, p. 91.
déposé et Il est obligé GEOFFROI, prieur de Clairvaux, élu évêque de
enfin de renoncer à l'épiscopat. Yves est élu à sa Langres, p. 438.
place, ibid. Geoffroi est rétabli par le concile d'É- GEOFFROI, moine de Clairvaux, secrétaire de
tampes, ibid. Se maintient dans une partie du dio- saint Bernard, puis abbé d'Igny, p. 491. Ses Décla-
cèse, p. 100. mations prises de divers endroits des sermons de
GEOFFROI II, évèque de Chartres, succède à saint Bernard, ibid. Editions qu'on en a laites sous
Yves. Ses liaisons avec Geoffroi, abbé de Vendôme, le nom de saint Bernard, ibid. Il continue la Vie de

p. 162. Il confirme tous les droits et exemptions saint Bernard commencée par Guillaume de Saint-
accordés par ses prédécesseurs à l'abbiye de la Tri- Thierri, un discours à sa louange, ibid. et
et fait

nité de Vendôme, ibid. et 170. Lettres de saint 494. II abandonne son monastère, et se retire à
Bernard qui lui sont adressées, p. 430. Témoignage Fosse-Neuve en Italie, p. 494. Ses autres ouvrages,
((ue saint Bernard rend à son désintéressement, p. ibid.

464, 465. GEOFFROI, comte, excommunié pour avoir ré-


GEOFFROI, .«bbé de la Trinité de Vendôme ; sa pudié sa femme. Lettre du pape Adrien IV à son

naissance et son éducation, p. 159. embrasse la Il sujet, p. 916.


vie monastique au monastère de Vendôme, dont il GEORGES (SAINT), martyr. Sermon de Guillaume
est élu abbé sur la démission de Bernon, ibid. Il va d'Auvergne sur sa fête, p. 1027.
i Rome porter au pape Urbain II des secours d'ar- GEORGES, métropolitain de Corfou. Lettre qu'il
gent, au moyen desquels ce pape rétablit son auto- écrit à l'empereur Frédéric Barberousse pour le dé-
TABLE ANALYTIQUE. 1217

tourtifir d'attaquer l'île de Corfoii, p. 652. L'empe- lettres de Géroch, ibid. Vies de Bérenger et de
reur Miinuel Ducas le iharge de mettre l'île en état Wirnton, abbés de Fornbach, ibid. Livre de l'Edi-
de défense, ibid. 11 est député au concile tenu à fice de Dieu, ibid. et 631. Livre épistolaire au pape
Rome par le pape Alexandre 111. Une mabdie l'em- Innocent I", p. 631. Lettre à l'abbé d'Erbruch au
pêche d'y assister, ibid. Ses lettres à Siméon, pa- sujet des erreurs de Folmar sur l'Eucharistie, ibid.

triarche d'Antioche, à Jean, notaire de l'empereur, et 632. Traité de r Antéchrist, p. 632. Jugement sur

et à Nectaire, abbé de Casules, ibid. et 653. Mono- Géroch, ibid. et 033.


die sur la mort de Nectaire, p. 653. Sa lettre à GERVAIS (SAINT) et SAINT PROTAIS, martyrs.
Athanase, patriarche de Jérusalem, ibid. Panégyrique de ces deux martyrs par Guillaume
GEORGES 11, surnommé SCHOLARIUS et GEN- d'Auvergne, p. 1027.
NADE, patriarche de Constantinople. 11 traduit en GERVAISE (ARMAND-FRANÇOIS), ancien abbé de la

grec, la Lo.jiquc de Pierre Alphonse, p. 172. Trappe. Sa traduction français >.


des lettres d'Abaillard
GÉRARD (SAi.NT), évèque de Toul, est mis au et d'Héloïse, avec leur Vie, p. 3il.
nombre des saints par Léon IX, p. 1058. GERVIN, second abbé d'Altenbourg. Sa Vie écrite
GERARD, archevêque d'Yorck. Sa mort. Thomas par Hariulfe, p. 234.
lui succède, p. 8. GESNER (CONRAD), médecin. Sa traduction latine
GÉRARD, morne savant qui fait à saint Bernard du poème de Théodore Prodrome, intitulé L'Ami- :

deux questions sur l'Eucharistie. Réponse de saint tié bannie du monde, p. 119.

Bernard, p. 365. GIBBON (richard), jésuite. Son édition des ser-


GÉRARD, chef d'une secte d'hérétiques, condamné mons et autres œuvres spirituelles d'^'EIrède, abbé
dans un concile d'Oxford, p. M28. de Riedval, p. 620. Son édition des sermons d'A-
GÉRARD, chanoine régulier, cardinal, élu pape médée, évèque de Constance, p. 623.
sous le nom de Lucius II, p. 268. Voyez Lucius H. GIBELIN, patriarche de Jérusalem, et auparavant

GÉRAULD DE VENNE, disciple de saint Ro- archevêque d'Arles. Ce qu'on sait des circonstances
bert, abbé de la Chaise-Dieu, écrit sa Vie. Cet ou- de sa vie, p. 68. Sa lettre au peuple et à l'Eglise

vrage est revu par Marbode, p. 227. d'Arles, après son élévation sur le siège de Jérusa-
GERBERON ^Gabriel), bénédictin. Son édition lem, ibid. et 69. On ignore temps précis de sa
le

des œuvres de saint Anselme, p. 44. Corpô de doc- mort, p. 69. Il est élu palriarche de Jérusalem et
trine des ouvrages de ce père, par le même, ibid. occupe ce siège pendant cinq ans, p. 1081. 11 avait

Son apologie de l'abbé Rupert, p. 291. Sa traduc- été élu archevêque d'Arles à la place d'Achard, dé-
tion française des de saint Augustin et de
livres pose dans un concile d'Avignon, p. 1070.
saint Bernard, de la Giâce et du libre Arbitre, p. GILBERT, évèque de Limerick en Irlande. Com-
500. bien de temps il gouverne son Eglise, p. 176. Ce
GERLAND, homme savant. Lettre que Hugues qu'on sait des circonstances de sa vie, ibid. Sa
Métellns lui écrit pour le faire revenir de l'erreur mort, ibid. Sa lettre circulaire à tous les évêques et
de Bérenger, dans laquelle il avait donné, p. 366, prêtres d'Hibernie, intitulée : des Usages ecclésias-
367. Ilest diliërent de Gérard, à qui une autre tiques, ibid. Son traité de VEtat de l'Eglise, ibid.

lettre de Hugues est adressée, p. 365. Son comput et 177. Sa lettre à saint Anselme, archevêque de
ecclésiastique conservé manuscrit, p. 367. Cantorbéry, p. 177. Réponse de saint Anselme,
GERLAND ou JARLAND, chanoine régulier de ibid. Ses lettres et son traité de VElat de l'Eglise,
saint Paul à Besançon, auteur d'un traité de théolo- p. 247.
gie intitulé : Chandelle évangélique, p. i06. GILBERT DE LA ÏORRÉE, évèque de Poitiers.
GER.MES (saint), fondateur du monastère de Flay. Ses études, p. 342. Il enseigne avec succès la phi-
Sa Vie imprimée dans l'appendice des œuvres de losophie en diverses provinces de France, ibid. Il

Guibcrl de Nogent, p. 200. succède à Grimoard dans l'évêché de Poitiers, ibid.


GEROCH,prévôt de Reichersperg. Ses études, p. H donne dans des sentiments singuliers. Deux de
627. Différents emplois qu'il remplit avant d'être ses archidiacres défèrent au pape plusieurs de ses
prévôt de Reichersperg, ibid. Il succède à Gothes- propositions. Concile de Paris où elles sont exami-
caic, et gouverne son monastère avec succès pen- nées, Ses erreurs sur l'essence divine sont
ibid.
dant près de quarante ans, ibid. Sa mort, ibid. Ses condamnées au concile de Reims. Il acquiesce à ce
écrits, ibid. et suiv. Ses écrits dans la Patrologie, jugement, ibid. et 343. Ses ouvrages, p. 343. Ses
p. 627. Traité sur l'état
corrompu de l'Église, ibid. autres ouvrages d'après VHistoire littéraire de la
et 627, 628. Analyse de ce livre, p. 628. Traité France, ibid. et 344. Ses lettres à Matlhieu, abbé
contre les simoniaques, p. 628, 62'J. Traité de la de Saint-Florent, sur l'Eucharistie, p. 344. Son sen-
Glorification du Fils de l'Homme, p. 629. Analyse timent sur l'Eucharistie, ibid. Saint Bernard con-
de cetraité, ibid. Traité contre deux hérésies, l'une vainc d'erreur sa doctrine sur l'essence divine,
des nouveaux nestoricns, l'autre de ceux qui ad- p. 423. Ses sentiments sur h Trinité déférés au
mettent les prêtres excommuniés et les sacrements concile de Paris, p. 1119; condamnés à celui de
qu'ils confèrent,ibid. et 630. Lettres où il est fait Reims, p. 1120.
mention d'im ouvrage de Géroch touchant les diffé- GILBERT, archevêque de Tours. Sa mort; Hilde-
rends entre les Grecs et les Latins, p. 630. Autres bcrl lui succède, p. 208.

XJV.
1218 TABLE ANALYTIQUE.
GILBERT L'UNIVERSEL, évêque de Londres. confirmée, p. 1078. Il abdique l'épiscopat pour se
Eloge que saint Bernard fait de lui, p. 247. Anglais retirer i Cluny, puis à la Chartreuse, p. 305 et 1085.
de naissance, il passe en France, se fait une grande Les députés de la ville d'Amiens viennent au concile
réputation à Paris , et devient chanoine d'Auxerre, de la ville de Beauvais se plaindre de sa retraite;
ibid.; il succède à Richard dans révcché de Londres, reproches que leur fait Raoul, archevêque de Reims,
ibid.; sa mort, ibid.; ses écrits : aucun n'a été im- p. 1085. Le concile de Soissons lui enjoint de re-
primé, ibid. tourner à son évêché; il y est reçu avec grande joie,
GILLEBERT ou GILBERT, abbé de Hoillande, p. 305 et 1086.
petite île située entre l'Angleterre et l'Ecosse. Ce GODEFROI, évêque de Chartres, succède à Yves,
qu'on sait des circonstances de sa vie, p. 489, 490. p. 404. Ce qu'on sait des circonstances de sa vie,
Sa mort, p. 490. Ses quarante-huit discours sur le ibid.; sa mort, ibid.; ses lettres, ibid.
Cantique des Cantiques; ils font la suite de ceux de GODEFROI (le vénérable) , abbé des Monts. Ce
saint Bernard, ibid. Ses livres ascétiques, ses lettres, qu'on sait des circonstances de sa vie, p. 587; sa
ibid. mort, ibid.; seshomélieo; méthode qu'il y suit, iéirf.
GILLES (saint) , abbaye sous le vocable de saint Sur la grâce et la prédestination il suit les senti- ,

Gilles, abbé. Contestation entre l'abbaye de Saint- ments de saint Augustin ; sur la conception de la
Gilles et celle de Cluny, terminée par le pape Inno- sainte Vierge, il suit celui de saint Bernard, ibid.
cent II, p. 261. Homélies sur les dimanches de l'année, ibid. et 588.
GILLES, abbé de Venouse; sa mort; Pierre, bi- Homélies sur les fêto.s p. 588. Homélies sur divers
bliothécaire du Mont-Cassin, lui succède, p. 5b2. sujets, ibid. Opuscule sur les bénédictions que Jacob
GILLOT (JEAN). Son édition des œuvres de saint donna à ses enfants, ibid. et 589. Livre des Dix ca-
Bernard, p. 498. lamités piédiles par haïe, p. 589. Lettre à un moine,
GILON moine de Cluny, depuis cardinal -évoque
, ibid. Edition des écrits de Godefroi dans la Palro-
d'Ostie, écrit la Vie de saint Hugues, p. 51. logie, p. 589 et suiv.
GIRARD, évêque d'Angoulème. Bulle par laquelle GODEHARD (saint), évêque d'Hildesheim. Il est
le pape Pascal II l'établit légat des provinces de canonisé par le pape Innocent II, aa concile de
Bourges, de Bordeaux, de Tours, d'Auch et de Bre- Reims, p. 1112.
tagne, p. l35. Il meurt archevêque de Bordeaux, et GOIFFRÉDE, doyen de la cathédrale du Mans,
Geotfroi de Loriole lui succède, p. 409. s'oppose à l'élection de l'évêque Hildebert, p. 207.
GIRBERT, évêque de Paris. Lettre que lui écrit GOSCELIN, ou GOTCELIN, ou GOTZELIN, moine
le pape Callixte II, p. 1098. de Saint-Berlin, p. 234. Ce qu'on sait des circons-
GIRONE. Conciles tenus en cette ville, p. 1048, tances de sa vie, p. 233. Différentes Vies qu'il écrit,
1065. ibii. Edition de ces ouvrages dans h Patrologie,
GISLEBERT CRI3PIN, abbé de Westminster, fait p. 234.
profession de foi monastique dans l'abbaye du Rec ,
GOSViN , abbé de Bonneval , est élu abbé de Cî-
p. 174. Il parcourt les plus célèbres écoles de France, teanx, p. 449.
d'Italie et d'Allemagne, ibid. Ses conférences à GOTCELIN, ermite. Sa Vie écrite par Achard,
Mayence, avec un juif, sur la religion chrétienne, moine de Clairvaux, p. 346.
ibid.; il une dispute publique, ibid.; il est
a avec lui GOTHESCALC (saint), fils d'Uton, prince des
élu abbé de Westminster ibtd. On ignore le temps , Sclaves, p. 203. Sa mort, p. 204.
précis de sa mort, ibid. et 175. Il met par écrit sa GOTHESCALC, prévôt de Reichersperg, résigne
conférence avec le juif. Analyse de cet ouvrage, sa dignité. On lui donne Géroch pour successeur,
p. 175. Analyse de cet écrit, ibid. et 176. Autres p. 627.
ouvrages qu'on lui attribue, p. 176. GOURDAN (SIMON), chanoine régulier de Saint-
GISLEBERT, moine, qui embrasse une plus grande Victor de Paris. Son édition et la traduction fran-
retraite. Lettre d'instructions que lui écrit Pierre- çaise des traités spirituels d'Eccard, chanoine de
le-Vénérable, p. 503. Saint-Victor, p. 406.
GLAIVE. Explication donnée par saint Bernard, GOUSSAINVILLE (pierre de). Son édition des
p. 464. œuvres de Pierre de Blois, p. 783.
GLASTON. De l'a/itiquité de l'église de Glaston, GRACE. Doctrin<; du vénérable Hildebert, évêque
ouvrage de Guillaume de Malmesbury, p. 315. du Mans, sur la prédestination et sur la grâce,
GLOIRE. Poème de Francon , abbé d'Afllighem , p. 216. Sentiment d'Abaillard sur la grâce, p. 331.
sur la gloire future, p. 191. Traité de la Grâce et du Libre arbitre, ouvrage d'Al-
GLOSE interlinéairc sur l'Ecriture sainte, par saint ger, i^cholastique de Liège, p. 386. Traité de saint
Anselme de Laon, p. 182. Bernai li, de la Grâce et du Libre arbitre , p. 476 et
(JODEFROI duc de Basse-Lorraine. Sa récon-
IV, suiv. Jugement de ce traité, p. 478, 479. Doctrine
ciliation avec Baudouin, comte de Flandre, p. 1059. de saint Bernard sur la grâce, p. 487. Doctrine do
GODEFROI UE BOUILLON , roi de Jérusalem. Il Pierre Lombard sur la grâce, p. 560, 561 Traité de .

est élu roi de Jérusalem, p. 1074. Grâce Misé-


Francon. abbé d'Afllighem, sur la et la
GODEFROI, abbé de Nogent, est élu évêque d'A- ricorde de Dieu, p. 345. Analyse de cet ouvrage, ibid.
miens, p. 194. Concile de Troyes où son élection est et 346. Editions qu'on en a faites, p. 346.
.

TADLE ANALYTIQUE. 1219

GRADE, ville du Frioul. Privilèges accordés au écrit Théodore Prodrome, avec lequel il était lié,

patriarche de Grade, par le pape Adrien IV, p. Ol.'S. p. 149.


GRAMMAIUE. Canon du concile de Lalran, qui GRÉGOIRE DE CRESCENT, cardinal-diacre de
ordonne que dans les églises cathédrales il y aura saint Théodore, envoyé légat en Danemark par le
un maître de grammaire et des autres sciences qui , pape Honorius II, p. S.îl
instruira gratuitement les clercs et les pauvres éco- GRÉGOIRE, cardinal de Saint-Ange, légat en Al-
liers, p. 1 165. lemagne et en Fr.^nce, p. 256 ; est élu pape et

GRAMMAiniEN. Traité du Grammairien , ouvrage prend le nom d'Innocent II, ibid. Voyez Innocent II.
de saint Anselme, p. 20. GRÉGOIRE, prêtre-cardinal, est élu pour succé-
GRANDMONT. Fondation de l'ordre de Grand- dera l'antipape Anaclet II, sous le nom de Victor IV,
mont par saint Etienne de Muret, p. 576. Règle de p. 258. Il quitte la niître et la i hape, et se soumet
cet ordre; p.-euves qu'elle est de saint Etienne, ibid. à l'obédience d'Innocent II, ibid.

et 577. Elle est différente de celle de saint Benoît, GRÉGOIRE, évêque, parent de Norsésis, patriar-
p. 577. Analyse de celte règle, ibid. et 578. Editions che des Arméniens, assiste aux conférences tenues
de cette règle, p. 578. entre Norsésis et Théorien, député de l'empereur
GRAÏROLE (ANDRE). Sa traduction latine du com- Manuel Comnène, p. 635.
mentaire d'Eustrace sur le second livre des Analy- GREGÛRIAL, extrait des livres du pape saint

tiques d'Ai'istote p. Ii8. Grégoire-le-Grand, composé par Alufe, chantre de


GRATIEN, moine bénédiclin du monastère de Saint-Martin, p. 72.
Saint-Félix et de Saint-Nabor à Bologne, p. 760. GRIMBALD (saint), moine de Saint-Bertin, puis
Erreurs où plusieurs auteurs sont tombés à ce sujet, abbé de Winchester en Angleterre. Sa Vie écrite
ibid. Son Décret : combien de temps il mit à le com- par Gotcelin, moine de Cantorbéry, p. 233.
poser, ibid. Estime qu'on fait de ce Décret , ibid. GRONOVIUS (JACQUES). Son édition des œuvres
Fautes qu'on lui reproche, correction qu'on en a de Marbode, évêque de Rennes, p. 225.
faite en divers temps, ibid. et 761. Editions qu'on GUALON, abbé de Saint-Quentin de Beauvais,
en a données, p. 761. Ce que conlient le Décret, ibid. consulte Yves de Chartres sur le mariage des en-
Additions désignées sous le nom de Paléas, ibid. fants impubères, p. 109. Il est élu évoque de Beau-
Correction du Décret par Antoine Augustin, ibid. et vais à la place d'Etienne de Garlande. Ltttre d'Yves

762. Doctrine de Gratien sur l'eucharistie, p. 762, de Chartres à son sujet, ibid. II devient évêque de
763. Il traite de tous les sacrements, p. 763. Son Paris, p. 112.
sentiment sur l'autorité du pape relativement aux GUASTALLA, ville de Lombardie. Concile tenu
canons, p. 763. (Voyez ibid., note 3). en cette ville, p. 1 106.
GRECS. Dialogues d'Anselme d'Havelburg sur les GUÉRIN, chanoine de Tournai, puis moine de
points qui divisaient les Grecs des Latins, p. 41 1 et Clairvaux, p. 493 ; est fiit abbé d'Igny après la

suiv. Ouvrage de Géroch, prévôt de Rcichersperg, mort d'Humbert, ibid. Sa mort, ibid. Ses sermons,
sur les questions agitées entre les Grecs et le.^ La- ibid.

tms; lettres qui en font mention, p. 630. GL'Î, archevêque de Vienne en Dauphiné. Lettre
GRÉGOIRE DE NAZIANZE (saint), surnommé le que lui écrit le pape Pascal II, 'ont il était légat,

THÉOLOGIEN, archevêque de Constantinople. Com- p. 133. Il assemble un concile à Vienne, où l'on


mentaire sur quelques-uns de ses poèmes, attribué déclare nulle la bulle que l'empereur Henri V avait
à Nil Doxapater, p. 654. extorquée du pape sur les inv3stitures, et ce prince

GRÉGOIRE-LE-GRAND (saint), pape et docteur est excommunié, ibid. et suiv. Lettres du pape Pas-
de l'Eglise. Sermon de Guillaume d'Auvergne en son cal II, qui lui sont adressées, p. 136. Il est élu

honneur, p. 1027. pipe et prend le nom de Callixle II, p. 1092.

(iRÉGOIRE VI, pape. Concile de Sutri, oij il ab- GUI DECASTEL,prèlre-cardinaldii titre ds Saint-
dique le pontificat, p. 1053. Marc, est élu pape pour succéder à Innocent II. II

GRÉGOIRE VII (SAINT), pape. Prétendue réfuta- prend le nom de Céicstin II, p. 267. Voyez Cèles-
tion d'une lettre de ce pape par Sigeberl, abbé de lin II.
Geniblou, p. 64. GUI ou GUIGUES, cinquième prieur général de la

GREGOIRE VIII, antipape. (Voye?. Boitrdin, .Mau- Chartreuse. Voyez Guignes.


rice.) GUI ou GUIGUES II, autre prieur général de la

GHE(^,OIRE VIII, pape, succède, en 1187, à Ur- Chvirtreuse, date de son abdication, p. 402. Sa mort,
bain m, p. 935. Son zèle pour la croisade, ibid. Sa ibid. Son livre des Quatre exercices de la Cellule,
mort, ibid. Ses lettres, ibid. et suiv. ibid. Fahricius n'est pas éloigné de lui attribuer

GRÉGOIRE XIII, pape. Edition du Décret de Gra- X'Echdk du Paradis ou des Ctoitres, imprimée parmi
tien, donnée par ordre, p. 761. les œuvres du saint Augustin et de saint Bernard,
GREGOIRE, évêque de Vcrceil. Sa déposition, p. ibid. et 491. II ne faut pas le confondre avec Gui-
1058. gues, cinquième prieur. Voyez Guignes.
GRÉGOIRE, abbé d'Oxia. Ses deux lettres l'une : GUI, chancelier de l'Eglise ron>aine. Erreur de
à l'empereur Alexis Comnène, l'autre à h princesse Ciacnniiis sur la date de sa mort, p. 533.

Théodora Porpliyrogénète, p. 150. Lettre ipie lui (iUl, fds du comte de lilaiulrate, est élu arche-
1220 TABLE ANALYTIQUE.
vêqiie de Ravenne, par ordre de l'empereur Frédé- Editions de ses écrits, ibid. Lettres que lui écrit
ric I". Le pape Adrien IV s'y oppose en vain, p. 913. saint Bernard, p. 426. Il fut chargé d'écrire 'a vie

GUI DE CRÈME, cardinal. Est élu antipape apr.'s de saint Hugues, évêque de Grenoble, p. 1112. Il

la mort d'Octavien. 11 prend le nom de Pascal 111, ne faut pas le confondre avec Guignes ou Gui l'r,

p. 918. 11 couronne l'emperenr Frédéric Barberousse autre prieur de la Chartreuse. Voyez Gui.
avec Béalrix sa femme, p. 919. Sa mort. On lui GUILI.AIN (SAINT), disciple de saint Amand. Sa
donne pour successeur Jean, évêque d'Albane, qui Vie écrite par Philippe de Bonne-Espérance, p. 687.
prend nomle de Callixle lll, ibid. GUILLAUME VI, comte de Poitiers et huitième
GUIBERT, archevêque de Ravenne, antipape. Il duc d'Aquitame, fonde le monastère de Sauve-Ma-
est excepté de l'indulgence avec l'empereur Henri IV, jour, p. 1069. Il remet le monastère de Saint-Eu-
p. 61. Il est chassé de Rome. Sa mort, p. 129. For- trope à l'abbé de Cluny, pour y rétablir le service
mule d'anathème contre ses partisans, dressé par de Dieu, p. 1072.
Pascal II, p. 1077. GUILLAUME VHI, comte de Poitiers et dixième
GUIBERT (saint), fondateur de l'abbaye de Gem- duc d'Aquitaine, fauteur du schisme et converti par
blou. Translation de ses reliques, p. 59, 60. Sa Vie saint Bernard, p. 421.

composée par Sigebert, p. 63. Antiennes et répons GUILLAUME II, comte de Nevers, élu régent du
pour son office, ibid. Histoire de la translation de royaume, p. 1 ! 19. Se fait Chartreux, ibid.
son corps par un autre moine, ibid. GUILLAUME DE BONNE- AMI, archevêque de
GUIBERT, abbé de Nogent. Sa naissance , son Rouen, d'abord moine, puis abbé de Caen, p. 507;
éducation, p. 194. Il embrasse la vie monastique à nommé archevêque de Rouen ibid. Sa mort, ibid. ,

Saint-Germer, ibid. Ses études , ibid. Il est élu Trois lettres qui nous restent de lui, p. 56, 57.
abbé de Nogent à la place de Godefroi, élu évêque Conciles tenus par cet archevêque, p. 57. Lettres
d'Amiens, ibid. Sa mort, p. 195. Ses écrits. Traité qui lui sont adressées, ibid.
sur la prédication, ibid. Morales sur la Genèse, ibid. GUILLAUME I DE MONTFORT, évêque de Paris.
Commentaires sur Osée, Amos et les Lamentations Témoignage avantageux que lui rend Yves de Char-
de Jéréniie, ibid. Commentaire sur le p'ophète Ab- tres, p. 103, 104. Sa mort. Foulques lui succède,
dias, p. 196. Traité de l'Incarnation contre les Juifs, p. 112.
ibid. Traité de la Vérité du corps de Jésus-Christ GUILLAUME DE CHAMPE.4UX, évêque de Châ-
dans l'Eucharistie, ibid. et 197. Eloge de la sainte lons, enseigne à Paris la rhétorique, la dialectique
Vierije Marie, p. 197. Traité de la Virginité, ibid. et la théologie, p. 192. Devenu premier archidiacre
Traité dei Reliques des Saints, ibid. Analyse du de la cathédrale, il fait ses leçons dans le cloître,
premier livre, ibid. el 198. Analyse du deuxième ibid. Il se retire avec quelques-uns de ses disciples
livre, p. 198, 199. Analyse du troisième livre, p. à Saint-Victor, alors hors de Paris, ib'id. et 209. Il

199. Les Actions de Dieu par les Français, ibid. est élu évêque de Châlons , p. 192. Il donne à saint

Sa Vie écrite par lui-même, ibid. et 200. Appendice Bernard, élu abbé de Clairvaux, la bénédiction ab-
de ses œuvres, p. 200. Sermon qu'on lui attribue, batiale, ibid. 11 assiste à plusieurs conciles, ibid. Il

ibid. Jugement siir ses écrits, ibid. Editions qu'on est député avec Pons, abbé de Cluny, vers l'empe-
en a faites, ibid. et 195. reur Henri V, par le pape Callixte II, ibid. Sa mort,
GUIBERT, abbé de Florin, puis de Gemblours. Ce ibid. Différents écrits qu'on lui attribue, ibid. el

qu'on sait des circonstances de sa vie, p. 862. Sa 193. Son traité de l'Origine de l'âme, p. 193. Son
mort, ibid. Ses écrits. Vte de saint Martin de Tours. sentiment sur les enfants morts sans baptême, ibid.

ibid. Ses lettres, ibid. Vie de sainte Hildegonde, Sa dispute publique avec Rupert, sur la volonté et
ibid. Autres écrits de Guibert, ibid. et 863. Ques- la toute-puissance de Dieu, p. 281.
tions qu'il propose à sainte Hildegarde, p. 863. Ré- GUILLAUME, lils de Henri I, roi d'Angleterre, est
ponse qu'il en reçoit, p. 596. reconnu pour son futur successeur au concile de
GUIGUES ou GUIGES, ou GUI I" (le bienheu- Verberie, p. 1088.
reux), cinquième prieur de la Chartreuse. Son GUILLAUME DE CORBEIL, archevêque de Can-
éloge, p. 305 Estime qu'il avait pour Tordre de torbéry. Sa mort, p. 1114. Thibaud, abbé du Bec,
Cîteaux, ibid. et 306. Il fonde plusieurs chartreu- est élu pour lui succéder au concile de Londres,
ses, p. 306. Il s'applique à faire transcrire des livres, ibid.
îéi'd. 4)e son temps, une inondation ruine les bâti- GUILLAUME, archevêque de Reims, fait cardinal
ments de la Chartreuse, ibid. Sa mort, ii/rf. Son re- par le pape Alexandre II! au concile de Latran, p.
cueil des usages et des statuts de l'ordre des Char- 1143.
treux, ibid. et 307. Ses Méditations, p. 307, 308. GUILLAUME DE MALMESBURY ou DE SOMMER-
Par ordre du pape Innocent II, il écrit la Vie de SET. D'où lui viennent ces deux surnoms, p. 311.
saint Hugues, évêque de Grenoble, p. 308. Son Temps où il florissait, ibid. Ses écrits : Histoire des
traité de la Vie monastique, adressé aux religieux rois d Angleterre, ibid. Analyse de cette histoire,
du Mont-Dieu. Il en est véritablement auteur, p. divisée en cinq livres, ibid. et suiv. Histoires nou-
308, 309. Analyse de ce traité, p. 309. Lettres qui velles, ou supplément à l'Histoire d'Angleterre, p.
nous restent de lui, ib'id. et 310. Ouvrages qu'on lui 313. Les Gestes des évêques d'Angleterre. Analyse
a attribués, p. 310. Jugement sur ses écrits, ibid. de cette histoire, divisée en quatre livres, ibid. Vie
TABLE ANALYTIQUE.
de saint Weslan, évoque dn Worchester, p. 314. GUILLAUME, frère de Pierre de Blois. Lettres que
Vie de saint Adelme, évcque de Schirbiirn, ibid. lui écrit son frère, p. 774.
Edilion de celle vie, ibid. Livre de t'Antiquilé de GUILLAUME D'EXESTER, abbé deGrestain. Let-
l'Eglise de Glaston, p. 3lo. Lellre à Pierre, moine tre d'Arnoul (le Lisieux à son occasion, p. 757. Il

de Malmesbury, ibid. Autres ccrils de GuilLiume, est transféré à l'abbaye de Sainl-Marlin, près Pon-
qui n'ont pas été imprimés, ibid. Jugement sur ces toise, ibid.

ouvrages : éditions qu'on en a faites, ibid. GUILLAUME, roi de Sicile. Sa querelle avec le

GUILLAUME, abbé de Saint-Thierry, né à Liège, pape Adrien IV; accommodement par lequel elle se

est envoyé avec Simon, son frère, à Reims pour y termine, p. 911.
faire leurs éludes, p. 386. Ils embrassent la vie GUILLAUME, roi d'Ecosse. Son différend avec la

monastique à l'abbaye de Sainl-Nicaise, ibid. Guil- cour de Rome, au sujet de l'évêché de Saint-André,
laume est fait abbé de Saint-Thierry, p. 387. Ses p. 929. Bulle du pape Lucien III, qui lève l'excom-
liaisons avec saint Bernard, ibid. 11 quitte son ab- munication prononcée par l'archevêque d'York, ibid.

baye et se relire au monastère de Signi, de l'ordre Lettres d'Urbain III au sujet de la même affaire,

de Cileaux, ibid. Sa mort, ibid. Catalogue de ses p. 934. Lettres de Clément III , p. 937.
ouvrages : éditions qu'on en a faites, ibid. Livre des GUILLAUME, comte de Montpellier. Raisons qui
Méditations, ibid. et 388. Traité de la Nature et de portent Ini;ocent III à refuser de légitimer les bâ-
la Dignité de l'Amour divin, p. 388. Traité de la tards de ce comte, p 979.
Contemplation de Dieu, ibid. Traités du Miroir et de GUILLAUME D'AUVERGNE, évêque de Paris, suc-
l'Enigme de la Foi, ibid. De la nature du Corps et cède à Barthélémy, p. 1019. Son éloge, ibid.; sa
de l'Ame, ibid. Lettre à Geoflroi de CliJrlres, et mort, ibid.; ses écritstraité de la Foi, p. 1020;
:

dispute contre les dogmes de Pierre Abaillard, ibid. traité des Lois, ibid.; traité des Vertus, p. 1021;
Traité contre les erreurs de Guillaume do Couches, traité des Mœurs, ibid.; traité des Vices et des Pé-
ibid. Commentaire sur le Cantique des Cantiques, chés, ibid.; traité des Tentations, p. 1022; traité du
p. 389. Sentences de la Foi. p. 389. Traité du Sa- Mérite et de la Récompense, ibid.; traité de rimmor-
crement de l'Autel, ibid. et 390. Lettre sur l'Eu- talité de l'âme, ibid., traité de la Rliélnrique divine,
charistie, p. 390. Commentaire sur l'épitre aux Ro- ibid.; Irailé des Sacrements, p. 1023; traité des Causes
mains, ibid. Vie de saint Bernard, p. 390 et 413. de l'incarnation, p. 1024; traité de la Pénitence, ibid.;
Traité de la Vie solitaire, sux frères du Mont-Dieu, traité de l'Univers, ibid. Sermons de Guillaume d'Au-
p. 390. Jugement des écrits de Guillaume de Saint- vergne, p. 1025. Traité de la Trinité, p. 1027; traité
Thierry, ibid. Il remarque plusieurs erreurs dans de l'Ame, p. 1028; traité de la Pénitence, ibid.; traité
les écrits d'AbaiUard, p. 380. de la Collation des bénéfices, ibid. Autres ouvrages
GUILLAUME DE CONÇUES. Ses erreurs sur la de Guillaume, p. 1030. Autres ouvrages qui n'ont
Trinité, p. 388. Il les rétracte dans son ouvrage in- pas été imprimés, ibid. Jugement sur ses écrits,

titulé Dragmaticon , ibid. Sa glose sur les quatre p. 1031. Editions qu'on en a faites, p. 1032.
Evangiles, ibid. et 389. Temps de sa mort, p. 389. GUIGNER (SAINT), FINGAR (saint), et leurs com-
Réfutation de ses erreurs par Guillaume de Saint- pagnons, martyrs en Irlande. Leurs actes faussement
Thierry, p. 388. attribués à saint Anselme, p. 35.
GUILLAUME, trésorier de l'Eglise d'York, en est GUINISON (SAINT) et JANVIER (saint). Leur Vie,
élu archevêque pour succéder à Turstain. Diflicullés écrite par Pierre , diacre et bibliothécaire du Mont-
sur son élection, p. 445, 446; il est déposé au con- Cassin, p. 586.
cile de Reims, et Henri Murdac est élu à sa place, GUITOT Sa traduction française do plu-
(JEAN).
p. 446. Sa constitition, ibid. sieurs des méditations et oraisons de saint Anselme,
GUILLAUME PELLICIER. le premier qui, dans p. 24, 43.
l'ordre de Grandmont, a pris le titre d'abbé. Dom GUTHLAC (SAINT) , anachorète dans l'île de Croi-
Marlène lui attribue l'instruction des novices de land. Sa Vie, attribuée à Gotcelin, moine de Canlor-
l'ordre de Grandmont, p. 580. héiy, p. 233. Autre par Pierre de Blois, p. 783.

IIABACUC, prophète. Commentaire de l'abbé Joa- culiers, p. 1150. Habits des clercs, p. 217. Canons
chim sur quelques chapitres du prophète Ilahacuc, d'un concile de Coyac concernant les habits ecclé-
p. 830. siastiques, p. 1057; d'un concile de Montpellier sur
HABITS des clercs d'une seule couleur, p. 6. Ser- le mémo sujet, p. 1159.
mon d'Yves de Chartres sur la mondanité des habits, HAPSBOIJRG. La généalogie de cette maison jointe

p. 123. La bénédiction des habits sacerdotaux cl de aux actes de l'abbaye de Maury, n'eet pas exacte,
tout ce qui sert à l'église, est réservée à l'évêquc, p. 538. Elle n'est ni du même temps, ni du même
p. 1076. H est défendu aux clercs de porter des ha- auteur que les actes, ibid. En quel temps clic a été

bits de couleur ro\ige ou faits à l.i manière des sé- l'aile, p. 539.
1222 TABLE ANALYTIQUE.
HAGULSTAD on HAUGULSTAD , vulgairemenl HENRI IV, dit le vieux , empereur. Ecrit sati-

HAUSTON, évèché d'Angleterre. Livre des Miracles rique contre lui, par Bernard, moine do Corbie,
de Vèqlise d'Hagulstad ,
par yElrèdc, abhé de Ried- p. 90. Pascal II excite Robert, comte de Flandres, à
val, p. 620. poursuivre Henri comme chef des hérétiques, p. 130.
KALMERIC, français de naissance, est fait cardinal L'excommunication prononcée contre lui est con-
par le pape Callixte II, p. 475. Honorius II le fait firmée dans un concile de Lalran, p. 1077. Henri
chancelier de l'Eglise romaine, ibid. Sa mort, ibid. remet les ornements impériaux à Henri V, son fils,

Ses liaisons avec saint Bernard ; lettres que ce saint qui est élu une seconde fois roi de Germanie, p. 1080.
lui écrit sur différentes affaires, p. 426, 427, 430, Sa mort, ibid.; il est obligé de se réunir à la reine

437, 441 , 452. Saint Bernard lui adresse son traité Berlhc son épouse, p. 1065. Concile assemblé à Wirtz-
(le l'Amour de Dieu, p. 475. Lettres de l'ierre-le- bourg, pour discuter ses droits à l'empire, p. 1070.
Vénérable qui lui sont adressées, p. 502, ;.07. (Voyez les articles des papes Grégoire VII et Ur-
HALTOW évêque de Troyes, consent à l'établis-
, bain II.)

sement de l'abbaye du Paraclet, p. 320. HENRI V, dit le jeune, roi d'Allemagne, se ré-
HAMBOURG, ville d'Allemagne. Lettres du pape volte contre l'empereur Henri IV, son père, p. 130;
Innocent II concernant les droits de l'Eglise de Ham- il vient en Italie, s'empare de Rome, se saisit du
bourg sur les évèchés de Danemarck, de Suède et de pape Pascal II , et l'oblige à donner une bulle par
Norwège, p. 260. laquelle il lui accordait les investitures, p. 131, 132;
IIARIULFE, moine de S.iint-Riquier et ensuite il se fait ensuite couronner empereur par le pape,
abbé d'Aldenbourg. Sa mort p. 234. Analyse de sa , p. 132. Lettre que le pape lui écrit pour lui notifier

Vie de saint Angilbert, ibid. Sa Vie de .saint Arnoul, que le concile de Latran avait annulé la bulle qu'i\

premier abbé d'Aldenbourg. ibid. Sa continuation de avait extorquée de lui, ibid. et 133. Henri est excom-
U Chronique de Saint-Riquier, ihid. Autres ouvrages munié au concile de Vienne, p. 133; il soutient le
qu'on lui attribue, ibid. Son épitaphe composée par parti des séditieux contre le pape Pascal 11, ibid. Ce
lui-même, ibid. Son éloge en l'honneur d'Anscher, prince, révolté contre l'empereur Henri IV, son père,
abbé do" Saint-Riquier, p. 235. Edition des écrits assemble un concile à Northus, p. 1079. L'empe-
d'Hariulfc dans la Potrologie, p. 235. reur lui remet les marques de sa dignité au concile
HAROLD, roi des Danois. A quelle occasion il em- de Mayence, p. 1080. Il est excommunié dans plu-
brasse la religion chrétienne, p. 202. Sa morl, ibid. sieurs conciles particuliers, p. 1083 à 1087, 1089,
HARVINGE (PHILIPPE de), abbé de Bonne-Espé- 1090, 1093. Sa conduite à l'égard du pape Gélase II,
rance. (Voyez Philippe de Harvinge). p. 1090; sa conduite avec le pape Callixte II, p. 1095.
HAVID, sœur de Wibald, abbé de Slavélo, se fait Conditions de la paix conclue avec ce pape en la

religieuse à Gérishem, p. 525. diète de Worms, ibid.; sa réconciliation dans cette


HEIMERIC, cardinal et chancelier de l'Eglise ro- assemblée, ibid.
maine. Lettre du bienheureux Guignes le chartreux, HENRI VI , dit le sévère , couronné empereur ,

qui lui est adressée, p. 310. avec Constance sa femme, par le pape Célestin III,

HÉLI, ville d'Angleterre. Erection de l'évêché p. 940.


d'Héli détaché de celui de Lincoln, p. 137. HENRI 1er, roi d'Angleterre, succède â Guillaume-
HÉLOISE ou HÉLOISSE , plus du
tard abbesse le-Roux, son frère, p. 2; il se brouille avec saint
Paraclet, épouse Abaillard, chargé de lui donner des Anselme, au sujet des investitures, p. 3 et suiv.; il
leçons, p. 318. Elle est maltraitée par Fulbert, son fait saisir les revenus de son archevêché, p. 7. Par

oncle, Abaillard l'envoie à Argenteuil, ibid. Elle y l'entremise de la comtesse de Blois, il rend ses
faitprofession de la vie religieuse; à quelle occasion, bonnes grâces au prélat conditions de cet accom- :

ibid. Elle s'établit au Paraclet avec plusieurs reli- modement, ibid. et 8. Il soutient le droit des inves-
gieuses d'Argenteuil, p. 320. Ses lettres à Abaillard, titures, fondé sur l'exemple de son père et de son
p. 321 et suiv.; ses problèmes proposés à Abaillard, prédécesseur, p. 130; il a une conférence à Gisors

p. 329, 330; ses ou règle pour l'abbaye du


statuts avec le pape Callixte ,
qui confirme les coutumes
Paraclet et les monastères en dépendant, p. 326, d'Angleterre et de Normandie, p. 1094. Sa mort,
339, 340. Ce qu'ils contiennent de remarquable, p. 601, 602.
p. 339, 3i0. Canons des conciles pour les gouver- HENRI H, roi d'Angleterre. Origine du différend
nements des religieuses, p. 340. Sa mort, ibid. Son entre lui et saint Thomas de Cantorbéry, p. 663.
éloge, ibid. (Voyez Abaillard.) Sa Vie, par dom Ger- 11 prend pour chancelier Thomas Becket et lui

vais, p. 3i1 . Editions et traductions des lettres d'Hé- confie l'éducation de son fils, p. 662; il le fait élire

loïse, p. 340, 341. Hugues Métellus relève ses ver- archevêque de Cantorbéry, ibid.; il s'indispose con-
tus et son savoir, p.36i. tre lui sur ce qu'il lui avait renvoyé les sceaux, ibid.
HENRI II, dit LE SAINT, empereur. 11 est canonisé Assemblée de Clarendon, où le roi fait approuver,
par le pape Eugène 111, p. 272. sans restriction, les coutumes d'Angleterre, ibid. et
HENRI 111, dit LE NOIR, roi de Germanie. Protec- 663. Thomas ayant refusé ensuite d'y accéder, le roi

tion que cet empereur accorde à l'ordre de Cluny, le prend en aversion : suites de cette haine entre
p. 53. Concile de Constance, où il se réconcilie avec le roi et le prélat, p. 663 et suiv. Ils font la paix
tous ses ennemis, p. 1053. dans une entrevue, p. 665. La suite de ce différend
TABLE ANALYTIQUE. 42â3

est cause mori du sairit cvcque, p. 666. Son


de la et en Westphalie : leurs erreurs réfutées par saint
cpita[ihe, composée par Arnoul de Lisieux, p. 759. Bernard, p. 488. Canons d'un concile de Toulouse
Concile de Chinon louchant le différend entre
,
contre les hérétiques, p. 1108. Défense de recevoir
Henri II et saint Thomas de Cantorbéry, p. 1133. ou protéger les hérétiques de Gascogne et de Pro-
Henri est reconnu roi d'Irlande au concile de Cas- vence, p. 1109. Hérétiques en Angleterre, p. 1128.
sel, p. I13i. Concile d'Avranchcs , où il reçoit Leurs erreurs, ibid. Hérétiques de divers noms con-
l'absolution du meurtre de saint Thomas de Cinlor- damnés au concile de Lalran, p. 1103.
bcry: ibid. Concile qu'il assemble à Northampton, HÉRIBERT (saint), archevêque dî Cologne. Sa
p. 1136. Vie mise en meilleur style par Rupert, abbé de
HEiXRI 111, roi d'Angleterre. Relation de sa mort Tuy, p. 281,285.
dans une de Pierre de Ulois, p. 777.
lettre HÉRINAL, monastèie de chanoines réguliers en
HENRI, évèque de Verdun, déféré pour le dérè- Lorraine, fondé par Maurice de Sulii, évèque de
glement de ses mœurs, comparaît au concile de Pariy, p. 548,
Châlons-sur-Mnrne, et y renonce à l'épiscopat, p. HERLOUIN (le bienheureux), premier abbé du
1108. Ursion, abbé de Saint-Denis de Reims, est Bec : sa mort. Saint Anselme lui succède, p. 2.
élu à sa place, p. 1109. HERMAN, évèque d'Augsbcurg, accusé de simo-
HENRI, hérésiarque, excommunié au concile de nie et suspendu de ses fonctions au concile de Guas-
Pise, p. 208. Convaincu de plusieurs erreurs par talla, p. 1079.
Hildebert, évèque du Mans, et chassé de ce diocèse, HERMANN, évèque de Pragues, succède à Cosme,
p. 208. Il prêche au Mans et à Toulouse, p. 422; p. 173.
il devient chef des henriciens, p. 423. Lettres de HER.M\NN, moine de Saint-Jean de Laon. Ses
saint Bernard contre lui, p. 447. livres sur les miracles delà sainte Vierge à Laon, et
HENRI, archidiacre de Hunglington, et aupara- les actions de saint Norbert, p. 200.
vant chanoine de Lincoln; son Histoire des Anglais, HERMANN ou HÉRIMANN, moine, puis abbé de
sa lettre sur le Mépris du monde, p. 315, 316. S.iint-Marlin de Tournai. Ce qu'on s:iil des circons-
HENRI DE LORRAINE, évêiiue de Toul, p. 364. tances de sa vie, p. 411. Son histoire du rétablisse-
HENRI, évèque de Beauvais. Lettre que lui écrit ment de l'abbaye de Saint-Martin, ibid. Son traité
l'abbé Suger pour le détourner de se révolter contre de l'Incarnation, ibid. Livre des miracles de Notre-
le roi, p. 378. Dame de Laon, ibid.
HENRI DE COILI, est élu pour succéder à Tur- HERVÉ, m.oine bénédictin du bourg de Dol, au
tain, archevêque d'York. Son élection n'a pas lieu, diocèse de Bourges. Son éloge dans la lettre circu-

parce qu'il ne veut pas quitter l'abbaye de Saint- laire que ses confrères écrivirent après sa mort, p.

Etienne de Caen, p. 445, 446. 402, 403. Ses ouvrages. On n'a imprimé que ses
HENRI MURDAC, abbé de Fontaines, est élu ar- commentaires sur les épîlres de saint Paul, p. 403,
chevêque d'York à la place de Guillaume, déposé au 404.
concile de Reims, p. 446. HEURES CANONIALES, ou heures de la prière.
HENRI, archevêque de Sens, succède à Daïmbfrt, Vers du vénérable Hildebert sur les sept heures ca-
p. 466. Saint Bernard lui adresse son traité des noniales, p. 222.
Mœurs et des Devoirs des évêques, ibid. HEXAEMÉRON ou HEXAMÉRON, c'est-à-dire ou-

HENRI, abbé de Corbie en Saxe. Plainles for- vrage des six jours de la création Poëme du véné-
mées contre lui, p. 527. Il est déposé, et Wibald rable Hildebert sur ce sujet, p. 222. Commentaire
élu a sa place, ibid. d'Abaillard sur les six jours de la création, p. 335,
HENRL archevêque de Reims. Différentes lettres 336. Commentaire d'Hugues, archevêque de Rouen,
du pape Alexandre III, qui lui sont adressées, p, sur le même sujet, p. 604. Traité d'Arnaud, abbé de
923. Bonneval, sur le même sujet, p. 618, 619.
HENRICIENS, hérétiques du Xll" siècle, confon- HIÉRARCHIE CELESTE. Commentaire d'Hugues
dus par saint Bernard, p. 423 et 447. de Sainl-Victor sur cet ouvrage de saint Denys l'A-
HENTEN (en latin HENTENIUS) (jean), hiéro- réopagile, p. 3ii}.
nymite et ensuite dominicain. Sa traduction latine HILDEBERT (le vÈNÉnABLE), évèque du Mans,
du commentaiie d'Eulhyinius Zigabéne sur les puis archevêque de Tours. Sa naissance, ses éludes,
quatre évangiles, p. 154. On lui attribue une tra- p. 207. Il est chargé de la direction de l'école du
duction latine du commentaire du même sur les Mans, puis il est fait archidiacre, ibid. 11 succède A
épîlres de saint Paul, p. 155. Hocl dans l'évêchc du Mans, ibid. Calomnies dont
HERESIES. Traité sur toutes les hérésies, inti- on noircit sa réputation, ibid. Il est la victime des
tulé : Panoplie dogmatique, ouvrage d'Eulhyinius dissensions entre Guillaume-le-Roux et Henri I, qui
Zigabènc, p. 150 et suiv. Livre d'Abaillard contre se disputaient la ville du Mans, ibid. H combat l'hé-

les hérésies, p. 330, 331. Différence de l'hérésie rétique Henri, le chasse de son diocèse et ramène
d'avec le schisme, p. 385. Livres de Hugues, arche- ceux qu'il avait réduits, ibid. et 208. 11 est mis une
vêque de Rouen , contre les hérésies de son temps, seconde fois en prison par Rolrou, comte du Per-
p. 608 et suiv. che, p. 208. Rendu à son église, il la gouverne avec
IIÉRETIUUES. Hérétiques découverts à Cologne beaucoup de piété, de ïèle et de prudence, ibid.
1224 TABLE ANALYTIQUE.
Après la mort de Gilbert, archevêque de Tours, il Saint-Esprit lui inspirerait, p. 1122. Sa Vie écrite
est élu pour lui succéder, ibid. Sa mort, son éloge, par le moiue Théodore, p. 1 49. Lettre que lui écrit le
ibid. Ses écrits, ses lettres, ibid. Premier livre, pape Eugène 111, p. 270. Lettre que saint Bernard
ibid. et suiv. Second livre, p. 2)0 et suiv. Troi- lui écrit, p. 456.
sième livre, p. 213, 2U. Ses sermons, p. 2U, HILDEGONDE (s.unte). Sa Vie écrite par Gui-
215. Doctrine d'Hildebert sur la foi en Jésus-Christ, bert, abbé de Gemblours, p. 863.
p. 5ii5; sur l'incarnation, ibid.; sur l'eucharistie, HILDESHEIM, ville de la basse Saxe. Chronique
ibid. el 2 16; sur la prédestination et la grâce, p. des évêques d'Hildesheim attribuée à Eccard, abbé
216; sur la conception immaculée, ibid.; sur quel- de Saint-Laurent d'Uragen, p. 405.
ques points de discipline, ibid. et 217; sur le pur- HISTOIRE des gestes des rois de France, par
gatoire et autres points de doctrine, p. 217; sur le Hugues de Fleurv, p. 243.
célibat et les fonctions des prêtres, ibid. Opuscules HISTOIRE ECCLESIASTIQUE de Hugues de Ste-
d'Hildebert : Vie de sainte Radegonde, ibid. Vie de Marie, moine de Fleury-sur-Loire, p. 242, 243.
saint Hugues, abbé de Cluny, tbid. et 218. De la Histoire ecclésiastique écrite par Orderic Vital, moine
Plainle et du Combat de la Chair et de l'Ame, p. de Saint-Evroul, p. 369. Analyse des treize livres
218. Traité de l'Honnête et de l'Utile, ibid. Livre qui la composent, ibid. et suiv. Jugement sur cette
des Quatre vertus de la Vie honnête, ibid. Traité de histoire, p. 372. Édition qu'on en a faite, ibid. et 373.
théologie, ibid. Analyse de ce traité, p. 2)9, 220. HISTOIRE BYZANTINE , histoire des empereurs
Traité sur le sacrement de l'autel, p. 220. Exposi- d'Orient, par Nicéphore Rryenne, p. 643.
tion de la messe, ibid. et 22 t. Poésies de Hildebert : HISTOIRE SCHOLASTIQUE écrite par Pierre Co-
Traité de la Concorde de l'Ancien et du Nouveau sa- inestor. Analyse de cette histoire, p. 743. Elle est
crifice, ou de la Messe, p. 221. Livre sur l'Eucha- appelée scholasligue parce qu'on en faisait usage dans
ristie, ibid. et 222. Pocme sur l'ouvrage des six les écoles, ibid. Editions qu'on en a données, p. 744.
jours et autres sujets, p. 222. Autres poèmes, ibid. Traduction française par Guiars des Moulins, ibid.
et 223. Opuscules d'Hildebert, qui ne sont point NOËL, évêque du Mans. Sa mort : Hildebert lui
dans la nouve le édition de ses oeuvres, on qui sont succède, p. 207.
perdus, p. 223. Opuscules publiés récemment, ibid. HŒSCHÉLIUS (DAVID), bibliothécaire d'Augsbourg.
Ouvrages divers d'Hildebert, ibid. Jugement sur les Son édition des huit premiers livres de VAkxiade
écrits d'Hildebert, ibid. et 224. Diftérentes éditions d'Anne Cumnène, p. 147.
générales et particulières qu'on en a faites, p, 224, HOHÉNAU, villa de Bavière dans le diocèse de
225. Epigranime de Marbode qui lui est adressée, Sallzbourg. Concile tenu en cette ville, p. 1138.
p. 227. Lettre d'Yves de Chartres qui lui est défa- HOMMAGE. Défense aux clercs de faire hommage
vorable. Remarques sur cette lettre, p. 128. Lettres aux laïcs pour des biens temporels, p. 135 et H68.
de Geoffroi de Vendôme qui lui sont adressées, p. HOMME. Deux livres de saint Anselme : Pourquoi
163. Sa mort. Troubles à l'occasion de l'élection de Dieu s'est fait homme, p. 14, 15. Lettre de Zonare,
son successeur, p. 496. intitulée : de l'Homme créé à l'image de Dieu, p. 157.
HILDEGARDE (s.\inte), vierge, abbesse du mont Miroir de l'état de l'homme , ouvrage d'Adalbert,
Sainl-Rupert. Offerte à Dieu dans son enfance, elle moine de Spaldingen en Angleterre, p. 346.
mène ensuite la vie de recluse sous la bienheu- HOMMES ILLUSTRES. Traité des Hommes illustres,
reuse Jutte, puis elle se retire à Bingue, où elle par Sigcbert de Gemblou, p. 61, 62. Editions de ce
bâtit lemonastère du mont Saint-Ruptrt, p. 591. traité, p. 62.
Elle devient célèbre par les visions dont Dieu la fa- HONNÊTE. Traité de l'Honnête et de l'Utile, opus-
vorisait, ibid. Elle les met par écrit, p. 592. Consi- cule du vénérable Hildebert, p. 218.
dération dont elle jouit dans l'Eglise et dans l'Etat, HONORÉ ou HONORIUS, prêtre et scolastique de
ibid. Ses écrits sont approuvés du pape Eugène III, l'Eglise d'Autun. (Voyez la table des additions.)
ibid. Il est douteux que saint Bernard lui ait rendu HONORIUS II, pape. Son origine; le pape Pascal II

visite, ibid. Sa mort, ibid. Ses miracles, ibid. et le fait venir à Rome et lui donne l'évêché de Vellétri
593. Elle n'a jamais été canonisée, mais son nom ou d'Ostie, p. 251. 11 est envoyé légat en Allemagne,
est dans le martyrologe romain, p. 593, Sa science et fait la paix entre le pape et l'empereur, H'id.; il
infuse, ibid. Ses lettres dans la Palrologie, ibid. est élu pour succéder au pape Callixte 11, ibid. Evé-
Editions qu'on en a faites, ibid. Analyse des lettres nements de son pontificat, ibid. Sa mort, ibid. et 252.
de sainte Hildegarde, ibid. et suiv. Jugement sur Ses lettres, p. 252. Autre lettre du même, ibid. Col-
les lettresde cette sainte, p. 595, 596^ Solutions lection des lettres de ce pape dans la Patrologie,
de sainte Hildegarde aux questions de Guibert de ibid. et suiv. Différentes lettres que lui écrit le vé-
Gemblours, p. 596. Explication de la règle de saint nérable Hildebert, p. 212, 213.
Benoît, ibid. Explication du symbole attribuée à saint HONORIUS (saint), évêque de Cantorbéry. Sa Vie
Athanase, ibid. Révélations de sainte Hildegarde, écrite p.ir le moine Gotcelin, p. 233.
ibid. et 597. Autres ouvrages de sainte Hildegarde, HOPITAUX. Décrets d'un concile de Paris, con-
p. 597. Témoignages avantageux qui lui sont ren- cernant les hôpitaux, p. 1156.
dus dans un concile de Trêves présidé par le pape HORSTIUS (jacques-merlon). Son édition des
Eugène 111, qui lui permet de publier ce que le œuvres de saint Bernard, p. 498.
TABLE ANALYTIQUE. 1225

HOSPITALIERS, ordre de chevalerie. Plaintes successeur d'Haganon, ibid. et 81. Il est chassé de
formées, au Iroisiènie concile de Latran, contre les son abbaye : le concile de Valence le rétablit, p. 81.
chevaliers liospilaliers, p. 1140. 11 est lait abbé de Saint-Vannes, ibid. On ignore le

HOSPITALITE. Lettre du vénérable Hildebert sur temps de sa mort, ibid. Sa Chronique, ibid. et 82.

l'hospitalité, p. 209. Eloge de l'hospitalité dans une Utilité de cette Chronique, p. 82. Editions de cette
lettre de Pierre de Blois, p. 768. Chronique, ibid. On l'a attribuée mal à propos à Yves
HOSTIE. Défense de tremper l'hostie consacrée de Chartres, p. 124.
dans le sang de Jésus-Christ, p. 126 et I3i. Pour- HUGUES, vicomte de Chartres, arrête de la part
quoi, au sacrifice de la messe, on met une partie de du roi, Yves de Chartres, p. 101.
l'hostie dans le calice, p. 236, 237. HUGUES, évèque de Soissons. Lettre que lui écrit

HUBERT, abbé de la Trinité de Vendôme, obtient Yves, évèque de Chartres, p. 103.


de Geoffroi, évèque de Chartres, la confirmation des HUGUES, seigneur du Puiset. Ses vexations sur
privilèges de son abbaye, p. 170. les terres de l'Eglise de Chartres. Lettres d'Yves de
HUBERT, évèque de Sentis, est accusé de simo- Chartres sur ce sujet, p. 108, 110, 111.
nie au concile de Trojes, p. 1078. HUGUES, évèque de Laon. Sa mort. Barthélémy
HUBERT, archevêque do Cantorbéry, nommé lé- lui succède, p. 195.
gat en Angleterre par le pape Célestin 111. Lettres HUGUES DE SAINTE-MARIE, moine de Fleury-
que ce pape lui écrit, p. 942. Lettres du pape Inno- sur-Loire. On ne sait aucune des circonstances de
cent 111, qui lui sont adressées, p. 964, 974. sa vie, p. 242. Son commentaire sur les Psaumes,
HUESC.'^ , ville épiscopale d'Espagne dans le ibid. Son Histoire ecclésiastique, ibid. Différence des
royaume d'Arragon. Le siège épiscopal de cette ville manuscrits de cette histoire, ibid. Différentes édi-
est transféré à Yacca, p. 1062. tions qu'on en a données, ibid. et 213. Histoire des
HUGUCION ou HUGUES, légat en Angleterre, Gestes des rois de France de la seconde croisade, p.
donne l'absolution aux clercs de l'archevêque d'York, 243. Ce qu'elle contient de remarquable, ibid. Dif-
que Richard de Cantorbcry avait frappés d'anathème, férentes éditions qu'on en a données, ibid. Traité
p. 1136. de la Puissance royale et de la dignité sacerdotale,
HUGUES, abbé de Saint-Léger, déposé dans un ibid. Analyse de ce traité, ibid. et 244. Edition de ce
concile de Bordeaux, p. 1069. traité, ibid. Vie de saint Sacerdos, évèque de Li-
HUGUES évèque de Grenoble, élu dans
(saint), moges, ibid. Chronique des Giules qui lui est attri-
un concile de Lyon, p. 1070. Il excommunie l'anti- buée, ibid. et 245.
pape Anaclet, p. 257. 11 est canonisé au concile de HUGUES, chanoine régulier de Saint-Victor. In-
Pise, p. 1113. Sa Vie écrite par le bieriheureux Gui- certitude où l'on est sur le lieu de sa naissance, dif-
jj'ues, prieur de la Chartreuse, p. 308. férents sonlinients sur ce point, p. 347. Ses études,
HUtîUES, archevêque de Lyon. Yves de Chartres ibid. Il se fait chanoine régulier à Saint-Victor, près
lui écrit, p. 105. 11 assemble un concile pour en Paris ; il y enseigne avec succès la philosophie et la
obtenir les subsides néce.ssaires auxfrais du voyage théologie, ibid. et 348. Il ne fut élevé à aucun grade
qu'il voulait faire à la Terre-Sainte, p. 1077. de supériorité, p. 348. Ses derniers moments, ibid.
HUGUES (SAINT), abbé de Cluny. Sa naissance, Sa mort, ibid. Ses ouvrages ; différentes éditions
ses commencements, p. 50. 11 prend l'habit monas- qu'on en a faites, ibid. Edition dans la Palrologie,
tique à Cluny, dont ensuite il est fait prieur, ibicl. ibid. et 349. Prolégomènes sur l'Ancien et le Nou-
Il est député à la cour d'Allemagne pour y négocier veau Testament, p. 349. Notes sur le Pentateuque,
la réconciliation des moines de Payerne, ibid. 11 est ibid. Homélies sur l'Ecclésiaste, ibid. Notes sur les
élu abbé de Cluny après la mort de saint Odilon, Lamentalions de Jérémie et sur les prophéties de
ibid. il rtconduil à Rome le pape Léon IX, ibid. Johel et d'Abdias, ibid. Commentaire sur la Hiérar-
Grande considération dont il jouit, dilïérentes négo- chie céleste de saint Denys, ibid. Commentaire sur le
ciations oij il est emjiloyé, ibid. et 51. Sa mort, Décalogue, p. 350. Explication de la règle de saint
p. 51. Sa Vie écrite par trois auteurs différents, li/i/. Augustin, ibid. Institution des novices, ibid. Soliloque
Il est mis au nombre des saints, ibid. Ses lettres, de l'dme, p. 351 Eloge de la charité, ibid. et 352.
ibid. et suiv. Statuts, p. 54, 55. Vision de saint Traité de la Prière, p. 352. Discours sur l'amour de
Hugues, p. 55. Si Vie écrite par le vénérable Hil- l'époux et de l'épouse, ibid. De la ntaniére de mé-
debert, p. 217, 218. Poésie do Pierre le Vénérable diter, ibid. De l'arche de Noé, ibid. Livres des Trois
en son honneur, p. 522. colombes et des animaux mentionnés dans la sainte
HUGUES U' du nom, abbé de Cluny. Sa mort. Ecriture, p. 353. Eruditions didascaliques, ibid. cl
Pierre le Vénérable lui succède, p. 500. 351. Traité de la Puissance et de la volonté de Dieu,
HUGUES, abbé de Klavigny, fut un des moines de p. 354. Des quatre volontés en Jésus-Christ, ibid.
Saint-Vannes qui pour éviter la perséculion de
, Traité de la Sagesse de Jésus-Christ, ibid. De l'union
Thierry, évèque de Verdun, se retirèrent à Flavigny, du corps et de l'esprit, ibid. et 355. De l'Unité du
puis à Saint-Bénigne de Dijon, p. 80. Il accompagne Verbe incarné, p. 355. De la Virginité perpétuelle
l'abbé Jarenton (à son voyage) en Angleterre, ibid. de Marie, ibid. et suiv. Traité de la Manière d'ap-
Il est élu abbé de Flavigny, et est béni par Haganon, prendre et de méditer, p. 358, 359. Des sacrements
évèque d'Autun, ibid. Ses difDcuIlés avec Norgaud, de la loi naturelle et de la loi écrite, p. 359. Somme
XIV. 77*
4226 TABLE ANALYTIQUE.
des sentences, ibiil. Livre des Sacrements de la foi ibid. ïl reçoit la consécration : lettres que lui écri-

chrétienne, ibid. Ce qu'ils contiennent de remarqua- vent saint Bernard et Pierre le Vénérable, ibid. Dif-
ble, ibid. et suiv. Ouvrages d'Hugues de Saint-Vic- férents conciles auxquels il assiste, ibid. et 601. 11

tor qui ne sont pas imprimés, p. 361. Jugement sur érige en abbaye l'église d'Aumale, p. 601. Son atta-
ses écrits, ibid. Différents ouvrages qu'on lui a faus- chement au pape Innocent II, ibid. Son zèle, ibid.
sement attribués, p. 349, 350, 351, 352, 356, 357. 11 assiste à la mort le roi d'Angleterre Henri I, ibid.

Voyez les notes, ibid. et 602. Mort de l'archevêque Hugues, p. 602. Ses
HUGUES DE FOLIET ou DE SAINT-LAURENT, écrits, ibid. et suiv. Ses Dialogues analyse de cet :

moine de Saint-Laurent d'Helliac, p. 350. 11 est élu ouvrage, ibid. et suiv. Commentaire sur l'ouvrage
abbé de Saint-Kémy de Ueims, et refuse d'accepter des six jours p. 604. Livre de la Mémoire p. 605.
, ,

cette dignité, ibid. Son livre du Cloître de l'âme, Explication du symbole et de l'oraison dominicale,
ibid. Traité sur les Noces charnelles et sur les spiri- ibid. Lettres de Hugues de Rouen, p. 606 et 607.
tuelles, ibid. et 351. Autres écrits qu'on lui attri- Autres lettres, p. 607, 608. Vie de saint Adjuteur,
bue, p. 351. p. 608. Livres contre les hérésies, ibid. et suiv. Ju-
HUGUES MÉTELLUS, chanoine régulier de Toul. gement sur les écrits de l'archevêque Hugues, p.
Ses études, progrès qu'il faitdans les sciences, p. 610, 611. Edition de ses écrits dans la Patrologie,
362. Dégoûté du monde, il se fait chanoine régulier p. 602. Lettre que saint Bernard lui écrit, p. 427.
à Saint-Léon de Toul, ibid. On ignore le temps de Son épitaphe composée par Arnoul de Lisieux ,

sa mort, ibid. Analyse de ses lettres, ibid. et suiv. p. 759.


Ses poésies, p. 368. Jugement sur son style, ibid. HUGUES ÉTÉRIEN, né en Toscane, puis établi à
Editions de ses lettres, p. 362, 363; de ses poésies, Constantinople. Son traité du Retour des âmes de
p. 368. l'enfer, dédié au clergé de Pise, p. 657. Analyse de
HUGUES DE RIBEMOND ou RIBEMONT (ou RU- cet ouvrage, ibid. et 658. Son traité de la Procession
BOMOND). Sa lettre sur la nature de l'âme, p. 4-06, du Saint-Esprit : il le compose à la prière de l'em-
407. pereur Manuel Comnène, p 658. Analyse de cet ou-
HUGUES DE MAÇON, premier abbé de Pontigni, vrage, ibid. et 659. Lettre que lui écrit le pape
puis évêque d'Auxerre. Ce qu'on sait des circons- Alexandre III sur cet ouvrage, p. 658, 923.
tances de sa vie, p. 408. Sa mort, ibid. Lettres et HUGUES DE CHARTRES. Son épitaphe par Phi-
actes qui restent de lui, ibid. et 409. lippe de Bonne-Espérance, p. 687. C'est peut-être
HUGUES FARSIT, abbé de Saint-Jean, près de le même que Hugues Farsit, abbé de Saint-Jean
Chartres. Lettres de saint Bernard qui lui sont adres- près de Chartres, dont il est parlé plus haut.
sées, p. 428. (C'est peut-être le même que Hugues de HUGUES DE CHAMPFLEURY, chancelier de
Chartres ci-après.) France. Différentes lettres du pape Adrien IV pour
HUGUES, évêque de Cabale en Syrie, passe en lui procurer plusieurs bénéfices et lui conserver ceux
Occident solliciter du secours contre les mahomé- dont il jouissait, p. 914.
tans, ce qui donne lieu à la seconde croisade, HUGUES, fils de Pierre de Léon, évêque de Plai-
p. 449. sance. Lettre du pape Adrien IV à son sujet, p. 915.
HUGUES, archevêque de Tours, succède à Hilde- HUMBERT, moine de Clairvaux. Sermon de saint
bert, p. 496. Lettres de saint Bernard en sa faveur, Bernard sur la mort de ce religieux, p. 484.
ibid. HUMBERT, abbé d'Ygny. Sa mort. Guerric lui
HUGUES, archevêque de Sens. Sa lettre à Barbe- succède, p. 493.
d'or,doyen de l'Eglise de Paris, sur la mort de l'é- HUMBERT DE BEAUJEU, chevalier du Temple,
vêque Pierre Lombard, p. 549. quitte l'ordre et reprend sa femme. Lettre de Pierre
HUGUES DE LACERTA, disciple de Saint-Etienne le Vénérable à son sujet, p. 513.
de Muret, fait le recueil de ses maximes et senten- HUMILITÉ. Traité de saint Bernard, des Degrés
ces, p. 578. (Nota. Cola est contredit dans le Jowno/ d'Humilité et d'Orgueil, p. 474, 475.
de Verdun, 1776, août, p. 132). HUZILLOS ou FUSSEL, ville dans la vieille Cas-
HUGUES D'AMIENS, archevêque de Rouen, em- tille. Conciles tenus en cette ville, p. 1072, 1079.
brasse d'abord la vie monastique à Cluny, p. 600. HYACINTHE, cardinal, diacre du titre de Sainte-
11 est fait prieur de Saint-Martial à Limoges, ibid. 11 Marie en Cosmedin, est élu pape et prend le nom
passe en Angleterre pour être prieur de Saint-Pan- de Célestin III, p. 940.
crace, et devient ensuite abbé du monastère de Reading HYMNES. Hymnes et proses d'AbaiUard , p. 334,
nouvellement fondé, ibid. Après la mort de Geoffroi,
archevêque ùe Rouen, il est élu pour lui succéder,
,

TABLE ANALYTIQUE. 1227

ICONK, ville de Lycaonie. Inslruclions sur la foi de Philippe de Bonne-Espérance sur le mystère de
chrélienrie, dressées par Pierre de Blois pour le sul- l'incarnation, p. 687. Doctrine du pape Innocent III

tan d'Icône, p. 778. sur l'incarnation, p. 1012. Traités des Causes de


IDOLE à trois têtes", trouvée à Sletin , et en- l'Incarnation, ouvrage do Guillaume d'Auvergne
voyée au pape, p. 179. évêque de Paris, p. 1024.
IGNACE (saint), disciple des apôtres, évêque INCENDIAIRES. Lettre d'Yves de Chartres au su-
d'Anlioche et martyr. On conservait de ses reliques jet d'un incendiaire, p. 113. Autre lettre sur le

à Clairvaux, p. 486. même sujet, p. 1 16. Canon du concile de Clermont


ILDCFONSE (saint), archevêque de Tolède. Sa contre les incendiaires, p. 1110.
Vie écrite par Herinann, abbé de Saint-Martin de INCORRUPTIBLE. L'homme a été créé incorrup-
Tournai, p. il 2. tible. Ce n'est que par le péché qu'il est devenu su-
IMMUNITÉS des clercs. Canon d'un concile de jet à la mort, p. 642.
Lalran qui concerne les immunités ecclésiastiques, INDULGENCES accordées aux croisés par le pape
p. 1168. Eugène III, p. 271. Canon du quatrième concile de
IMPANATEURS, disciples de Bérenger. En quoi Latran, où il est parlé des indulgences, p. 1171.
consiste leur erreur, p. 379. Réfutation qu'en fait INGELBURGE, reine de France. Pierre de Capoue,
Alger, p. 378. légat, prétend contraindre Philippe-Auguste à se ré-
IMPECCABILITÉ DE JÉSUS-CHP.IST. Divers sen- concilier avec la reine Ingelburge, p. 962. Le roi
timents des théologiens, p. 39i. Philippe la reprend, ibid. Elle vient au concile de
IMPOTS. Tarif des impôts et des monnaies recti- Soissons, p. 963. Un pauvre clerc inconnu y plaide
fié par l'empereur Alexis Comnène, p. Ii3. la cause de la reine. Le roi la reconnaît pour sa
IMPUDICITE. Il n'arrive presque jamais que l'im- femme, ibid. Autre récit de cette affaire, p. 1144,
pudicilé soit suivie d'une véritable pénitence, p. 381. 1U7.
IMPURETÉ. Moyens de combattre les tentatives INGILGÉRE, prêtre et solitaire. Doux lettres de
d'impureté prescrits par Hildcbert, évêque du Mans, Marbode qui lui sont adressées, p. 226.
p. 210. INGOBRAND, moine de Liège, intrus dans l'ab-
INCARNATION DU VERBE. Traité de saint An- baye (le Saint-Hubert à la place de Thierry, p. 557.
selme, de la Trinité et de l'Iiicarnalion, p. 11, 12. INNOCENT II, pape. Son origine, p. 256. Ur-
Deux livres du même Poitrquoi Dieu s'est fait
: bain II le fait cardinal, ibid. Callixte II l'envoie
homme, p. li, 15. Tr:iité di: nièiue De la Concep- : légat en Allemagne, pour négocier la paix avec l'em-
tion virginale et du Péché originel, p. 15, 16. Doc- pereur Henri V, ibid. Légat en France, il y tint
trine de saint Anselme sur l'incarnation, p. 39. Doc- deux conciles, ibid. Il est élu pape, pour succédera
trine du bienheureux Odon, évêque de Cambrai, Honorius II. Une faction élit Pierre de Léon, qu;
sur l'incarnation du Verbe et la rédemption du genre prend le nom d'Anaclel II, p. 256, 257. Il est obligé
humain, p. 75, 76. Lettre où Zonare donne les rai- de quitter Rome et passe en France, p. 257. Diffé-
sons pourquoi le Verbe s'est incarné dans les der- rents conciles où il est reconnu pour légitime pape,
niers temps, p. 157. Traité de l'Incarnation contre ibid. et 258. Il repasse en Italie, et lient un concile
les Juifs, ouvrage de Guibert, abbé de Nogent, p. à Plaisance, p. 258. L'empereur Lotbaire le mène
196. Doctrine du vénérable Ilildebert du Mans sur à Rome et y reçoit la couronne impériale, ibid. In-
l'incarnation, p. 215. De rincarnation du Seigneur, nocent se retire à Pise; il y tient un concile où les
titre que Rupcrt, abbé de Tiiy, a donné à son com- Milanais se réunissent à lui, ibid,; il vient à Viterbe
mentaire sur le Canli(|ue des Cantiques, p. 282. s'aboucher avec l'empereur, ibid. Mort de l'antipape
Disputes sur l'incarnation du Verbe, attribuées à Anaclct. On lui donne pour successeur Victor, qui
Hui;ucs de Saint-Victor, p. 35i, 355. Doctrine de deux mois après se soumet à Innocent IL Celui-ci
Robert Pullus, p. 391. Traité de l'Incarnation, ou- rentre à Rome et demeure paisible successeur du
vrage d'Hermann, abbé de Saint-Martin de Tolirnai, Sainl-Siége, Ibid. et 259; il tient un concile qui est
p. 412. Doctrine de saint Bernard, p. 465. Les an- le second général de Latran, p. 259 ; il fait la paix
ges ont-ils connu le mystère de l'incarnation avant avec Roger, roi de Sicile. Sa mort, ibid. Ses lettres;
son accomplissement? p. 480. Les justes de la loi autres du même,
lettres p. 201, 262. Lettres et
ancienne ont-ils connu aussi clairement que nous le privilèges de ce pape dans 262 et la Patrologie, p.
mystère d; l'incarnation?iTi/t/. Doctrine de Pierre suiv. Innocent II On lui op-
succède i Honorius II.

Lombard sur mystère de l'incarnation, p. 560,


le pose l'antipape Anaclet excommunié 11. Celui-ci est
561. Les façons de parler sur ce mystère usitées et Innocent II reconnu au concile du Puy en Vilai,
par les scho'astiques, combattues par Gérnch, prévôt p. 1110, et au concile de Clermont, ibid. Son élec-
de Reichcrsperg, 629 Lettre de Gauthier de Mor-
p. tion confirmée au concile de Wirlibourg, p. 1111.
tagne, sur riiirarn.ilion du Verbe, p.OGO.Epigramme 11 est reconnu au concile d'Etanqics, ibid. Concile
1228 TABLE ANALYTIQUE.
de Reims, où il est reconnu .par plusieurs rois, ibid. maintenir, p. 5. Le pape Pascal II les condamne,

Concile qu'il tient à Plaisance, p. ili'2. Il tient le p. 6. Saint Anselme refuse de sacrer deux évêques,
second concile général de Latran, p. H 14; il est qui avaient reçu l'investiture, ihid- Sentiment d'Yves
reçu à Clairvaux par saint Bernard, p. 420. Saint de Chartres sur les investitures, p. 92, 106, 118,
Bernard engage les Milanais à le reconnaître, ibid. 1 19. Lettres de Pascal II sur le.» investitures, p. 133.

Il le fait reconnaître en Aquitaine, p. 421; éteint le Il est contraint de les accorder, p. 132. Sentiment
schisme, ibid. et 422. de Geoffroi de Vendôme sur les investitures, p. 161.
INNOCENT m, antipape, p. 919. (Voyez ^ando Son traité de l'Ordination des évéques et de l'inves-
Sétino.) titure donnée par les la'iques, p. 166, 167. Autre
INNOCENT III, pape. Sa naissance; ses commen- traité du même sur les Investitures, p. 167. Autre
cements, p. 946. Il succède à Célestjn III, ibid. Son traité de l'Ordination des évêques et de l'Investiture
sacre; il reçoit l'iiomniage lige du préfet de Rome, des laïques, ibid. Concile de Rome, dans lequel Pas-

à qui il donne l'investiture de sa charge, p. 947. cal II excommunie tous les fauteurs de l'investiture
Eloge de son gouvernement, ibid. Son zèle pour la en Angleterre, et tous ceux qui les avaient reçus,
croisade, ibid. Il convoque un concile général pour p. 1078. L'investiture est défendue sous peine d'a-
la correction des mœurs, l'extinction des hérésies, nathème, p. 1083. Arrangement entre l'empereur
l'affermissement de la foi, ibid. Sa mort, ibid. Ses Henri V et le pape Callixte II sur les investitures,
écrits : ses Gestes, p. 950; ses lettres; différentes p. 1095. Canon d'un concile de Poitiers, qui défend
éditions qu'on en a faites, ibid. Analyse des lettres aux ecclésiastiques de recevoir l'investiture des rois
du pape Innocent III. Livre premier, p. 952. Livre et des autres laïques, p. 1069.
second, p. 968. Livres troisième et quatrième, p. IRÈNE DUCAS, impératrice, femme d'Alexis Com-
974. Livres cinquième et suivants, p. 976 et suiv. nènc. Son couronnement, 143. Son éloge, par p.

Livre dixième, p. 1004. Livres onzième et douzième, Anne Comnène, Son attachement pour
sa fille, ibid.

p. 1005. Livres treizième, quatorzième et quinzième, l'empereur, son mari, ibid. On ignore le temps de
p. 1006. Livre seizième, p. 1007. Autres lettres, sa mort, ibid. Elle fonde à Constantinople un mo-
ibid. sermons, p. 1009. Livre de l'Aumône, p.
Ses nastère de filles, ibid. Analyse du Type ou des règles
1012. Explication des sept psaumes de la pénitence, qu'elle donne à ce monastère, ibid. et suiv. Qua-

p. I0l3. Livre de la Charité, p. 1014. Livre des rante-trois lettres qui lui sont adressées par Jac-
Mtjslères de la loi évangélique, ihk\. Éloge de Jésus- ques, moine grec, p. 85.
Christ et de la sainte Vierge, p. 1016. Livres du IRÈNE DE SÉBASTE. Réponse de Théodore Pro-
Mépris du Monde ou de la Misère humaine, ibid. drome aux questions qu'il lui avait proposées,
Discours du pape Innocent III au concile de Latran, p. 149.
ibid. Constitution touchant la croisade, ibid. Livres IRING. Lettre du pape Callixte II, au sujet de la
des Constitutions décrétâtes, p. 1017. Autres ou- fondation d'une église et d'un monastère au château
vrages de ce pape, ibid. Jugement sur ses écrits, d'Iring, p. 1098.

p. 1018. couronne l'empereur Othon IV et ensuite,


Il IRLANDE. Concile de Millefont, où l'on établit
s'étant brouillé avec lui, l'excommunie, p. 1154. quatre archevêchés, p. i 123. PuUe du pape Adrien IV
INNOCENT, moine anglais, auteur de l'entretien qui donne l'Irlande h Henri II , roi d'Angleterre,
moral sur le jeu d'échecs, faussement attribué au p. 913.
pape Innocent III, p. 1017. IRMINE (sainte), abbesse d'Oéren à Trêves. Sa Vie
INNOCENTS (LES saints). Sermons de saint Ber- écrite par Théofroi, abbé d'Eplernac, p. 58.
nard pour la fêle des saints Innocents, p. 484. Ser- ISAAC L'ANGE, empereur de Constantinople. Sur-
mon de Guillaume d'Auvergne pour le jour de leur prise qu'il fait à Théodore Balsamon pour l'engager
fête, p. 1026. à approuver les translations d'évèques , p. 825.
INTERDIT lancé sur la France à l'occasion do ISAAC, catholique ou patriarche de la grande Ar-
Philippe-Auguste, p. H44; il est levé, p. 1146. ménie. Ce qu'on de sa personne, p. 643. Ses
sait

Autre interdit jeté sur les terres du roi de France deux invectives contre les Arméniens. Editions qu'on
Louis-Ie-Jeune par Innocent II, p. 414. Distinction en a faites, ibid. et suiv. Analyse de la première,
entre l'interdit général et l'interdit particulier, se- p. 644, 645. Analyse de la seconde, p. 645, 646.
lon le pape Innocent Ut, p. 968. Canons du qua- ISAIE, prophète.Onze sermons d'.^lrède, abbé
trième concile de Latran concernant les interdits, p. do Riedval, sur Isaïe, p. 492. Livre des Dix calami-
M 70. tés prédites par le prophète Isa'ie ouvrage du véné- ,

INTERSTICES des ordinations, recommandés par rable Godefroi, abbé des Monts, p. 589. Commen-
un concile de Dalmatie, p. 1145. taire de l'abbé Joachira sur le prophète Isaïe,

INTRODUCTION à la Théologie , ouvrage d'A- p. 620.


baillard, p. 332, 333. ISSOUDUN, ville de France. Concile tenu en cette
INVESTITURES condamnées dans un concile de ville, p. 1071.
Rome, p. 5. Henri I, roi d'Angleterre, veut les
TADLE ANALYTIQUE. 1229

JACCA. Concile tenu en celte ville, p. lOGi. Le Prodrome sur les hymnes de saint Jean Damascène
sicgc cpiscopal fie Hiiesca y est uansl'éré, ibid. eu l'honneur de Jésus-Christ, p. 149.

JACOB, fils d'isaac. Opuscule du vénérable Gode- JE.\iN-SANS-TERRE, roi d'Angleterre. II tue son
froi, abbé des Monts, sur les bénédictions que Jacob, fils Arthur, comte de Bretagne, p. 1148. Concile de

près de mourir, donna à ses enfants, p. 589. Meaux, assemblé pour ménager la paix entre lui et
JACQUES-LE-MAJEUR (saint), fik de Zébédée, Philippe-Auguste, ibid.; il soumet au pape l'Angle-
apôtre. Deux sermons du vénérable Hildebcrt pour terre et l'Irlande, p. 1159^

la fèlu de saint Jacques et do saint Christophe, JEAN, évoque d'Orléans. Lettres d'Yves de Char-

p. 215. Lettre par laquelle le pape Alexandre 111 ap- tres sur son élection, p. 104, 106. Décrié pour ses
prouve les statuts de l'ordre de Sainl-Jacques en désordres, il tient le siège épiscopal pendant vingt
Espagne, p. 926. ans, p. 106, 107.

JACQUES, moine grec, qu'on ne connaît que par JEAN FERNUS. Son écrit sur la Procession du
ce qu'en dit Du Cange p. 85. Ses quarante-trois
,
Saint- Esprit, contre les Latins, p. 149. 11 aide Eu-
lettres à l'impératrice Irène, ibid. H est peut-être le thymius Zigabène à composer sa Panoplie ibid. ,

même que moine de Coccinobaphe, dont parle


le JEAN DE GAETE, pape, sous le nom de Gélase II.

Léo AUatius, et dont on a plusieurs homélies, ibid. p. 1089. (Voyez Gélase II, pape.)
JANVIER (dom AMBRoise), bénédictin. Sun édi- JEAN DE CRÈME, légat des papes Callixte II cl

tion des œuvres de Pierre de Celle, p. 681. Honorius 11 en Angleterre et en Ecosse, p. 1105.
JARElNÏON, prieur de la Chaise-Dieu, est élu abbé JEAN D'ONEILLAN (saint). Un concile de Nar-

de Saint-Bénigne à Dijon, p. 1068. 11 admet Ro- bonne confirme la donation faite par l'archevêque
dulphe, abbé de Saint-Vanne, avec ses moines, dans Dalmace aux chanoines réguliers de Saint-Jean d'O-
son uionaslère , p. 80; il veut les obliger à y faire neillan, p. 1 1 10.

vœu de stabilité, ibid. JEAN PAPEHON , légat en Irlande , réforme plu-


JEâN-BAPTISTE (saint). Sermon du vénérable sieurs abus qui s'y étaient glissés, p. 1123.

Hildebert en l'honneur de ce saint, p. 215. Sermon JEAN, abbé de Casemaire, légat en France,
d'Abaillard pour la fête de ce saint, p. 331. Sermon p. 1148.
de saint Bernard sur ce saint, p. 484. Panégyrique JËAN, prieur d'Haguslad, continue l'/fistoired'/l n-

de ce saint par Guillaume d'.Vuvergnc p. 1027. Let- ,


gleterrecommencée par Siméon deDurham, p. 317.
tre du pape Ana.stase IV qui confirme les privilèges JEAN DE CORNOUAILLE, théologien du xii' siè-
des chanoines réguliers de Sainl-Jean-dc-Latran, cle. Temps où il florissait p. 3ô8. Son canon de la ,

p. 910. Le chapitre de Saint-Jean à Besançon est Cène mystique ou des Sept ordres de la messe, ibid.
uni à celui de Saint-Etienne de la même ville; à Son Eulogium; idée de ce traité, ibid. Autres écrits
quelle occasion, p. 1087. Lettre circulaire du pape qu'on lui attribue , ibid. {L' Eulogium est reproduit

Callixte il pour exhorter les fidèles à secourir de au tome CXCIX de la Patrologie, col. 1041 et suiv.

leurs aumônes l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, Les deux autres écrits sont dans les appendices des
p. 1099. Bulle du pape Anastase IV en faveur des œuvres de Hugues de Saint-Victor.)
chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, p. 910. JEAN, moine de la Cliarlreuse-des-Porles. Ses
JEAN (SAINT), apôtre etcvangéliste. Deux sermons lettres, p. 401.

du vénérable Hildebcrt en l'honneur de ce saint, JEAN DE SAINT-MICHEL, regardé comme le ré-

p. 215. Son panégyrique par Guillaume d'Auvergne, dacteur de la règle des Templiers, p. 473.

p. 102G. Sermon du même sur le martyre de saint JEAN, surnommé l'Ermite, compose la Vie de saint

Jean devant la porte Latine, p. 1027. Bernard, p. 494.


JEAN CAMATÈRE, patriarche de Conslantinople. JEAN, évèque de Cessounion en Syrie, se trouve
Lettre que lui écrit le pape Innocent lll, p. 972. Sa aux conférences tenues entre Norsésis, patriarche des
réponse, p. 973. Arméniens, et Théorien, député de l'empereur Ma-
JEAN VECCUS, patriarche de Conslantinople. Sa nuel Comnène, p. 636.
rérutation du traité d'Andronic Camatcre sur la Pro- JEAN CINNAM, grammairien honoraire de Cons-
cession du Saint - Esprit, contre les Latins, p. 650, lantinople, trcs-atlachc à la personne de Manuel

651. Comnène, p. 641. Son Histoire des empereurs Jean


JEAN, surnommé Damascène-le-Jeune patriarche ,
cl Manuel Comnène, ibid. et 642. Editions el tra-
même que Jean moine de l'île
d'Anlioche. C'est le , ductions qu'on en a faites, p. 642.

d'Oxa ou Oxia, puis patriarche d'Anlioche. Analyse JEAN PETIT, surnommé D"; SARISBÉRY, cvêque
de son traité des Donations des monastères entre les de Chartres. Etant encore jeune, il vient étudier i
mains des laïcs, p. 648, 649. Paris, d'abord sous Abaillard, puis sous différents

JEAN DE DAMAS ou DAMASCÉNE (.saint), moine maîtres, p. 675. II retourne en Angleterre, oi\ Thi-
et prélrc de Jérusalem. Commentaire do Théodore i),iud, archcvèinio de Canlorbéry, le fait son chape-
. . .

1230 TABLE ANALYTIQUE.


lain et son secrétaire,ibid. Il est envoyé à Rome et d'^lrède, abbé de Riedval, sur Jésus âgé de douze
obtient du pape Adrien IV une bulle de concession ans, p. 493, 022, 623. Deux proses du pape Inno-
rie l'Irlande au roi d'Angleterre, ibid. Il est élu cent 111 en l'honneur do Jésus-Oirist, p. 1009. Voyez
évêque de Chartres, ibid. Il est sacré par Maurice, Divinité de Jésus-Christ et Fils de Dieu et Fils de
évèque de Paris, ibid. 11 assiste au troisième concile l'homme.
de Latran, ibid. Sa mort, p. 676. Ses écrits : le Po- JEUDI SAiNT. Sermon de saint Bernard pour ce
h/cratique ou Amusemenl des courtisans, ibid. Ana- jour, p. 484.
lyse de cet ouvrage divisé en huit livres, ibid. Sa JEUNE. Jeûnes recommandés par Otton de Bam-
Mélalogique, p. 677. Ses lettres, ibid. et suiv. Vie berg aux nouveaux convertis de Poméranie, p. 179.
de saint Thomas de Cantorbéry, p. 679. Vie de Règlement dn concile de Quediimbourg pour le jeûne
saint Anselme, ibid. Pénitentiel que Tritlième lui des Quaire-Temps, p. 1079. Du temps de saint Ber-
attribue, ibid. Commentaire sur les épîtres de saint nard, on poussait le jeûne du Carême jusqu'au soir,
Paul, ibid. Son traité en vers sur les dogmes des p. 486. Lettre de Théodore Balsamon au peuple
philosoph-îs, ibid. et 680. Traité en vers de la Cons- d'Antioche sur les jeûnes qui devaient précéder les
piration des membres, p. 680. Ses autres écrits res- grandes fêles, p. 827. Voyez Carême, Quatre-Temps,
tés manuscrits, ibid. Editions des œuvres de Jean Samedi et buperposilions.
de Sarisbéry, ibid. JOACHIM (LE bienheureux), abbé et fondateur de
JEAN, diacre de l'église de Latran. Ce qu'on sait Flore en Calabre. Sa naissance, p. 828, 829. Son
des circonstances de sa vie et ilu temps où il a vécu, voyage à la Terre-Sainle, p. 829. 11 revient dans son

p. 689. Son livre de l'Eglise de Latran, ibid. et 6S0. pays, prend l'Inbit monastique dans l'abbaye d» Co-
Constitutions de cette église, p. 690, 691. race dont on lui donne le gouvernement, ihid. Il

JEAN, évêque de Lisieux. Sa mort. Arnoul son quitte cette abbaye et vient s'établir à Flore où il

neveu lui succède, p. 751 fonde un monastère, ihid. Sa mort, ihid. Ses écrits :

JEAN, abbé de Sirum, est élu antipape après la Concorde de l'Ecriture, ibid. Psautier à dix cordes,
mort de Gui de Crème ; il prend le nom de Cal- ibid. Commentaires sur Isaïe et sur d'autres livres
lixte 111, p. 919. 11 se soumet au pape Alexandre III de l'Ancien Testament, ibid. et 830. Commentaire
qui le traite avec honneur, ibid. sur l'Apocalypse, p. 83il. Explication d'un livre du
JEAN (saint) GUALBERT, fondateur de la con- bienheureux Cyrille, ermite du Mont-Carmel. ibid.

grégation de Vallombreiise. Sa canonisation par le Autres ouvrages de l'abbé Joachim, ibid. et 831 . Son
pape Alexandre III, p. 944. livre de l'Unité ou essence de la sainte Trinité contre
JEAN, ciiapelain du pape Innocent 111, envoyé en Pierre Lombard, p. 831. Vraie doctrine de l'abbé
qualité de légat en Bulgarie, p. 977. Joachim sur la Trinité, ihid. Sa doctrine sur ce mys-
JEAN ZONARE, moine grec. Voyez Zonare. tère devant le quatrième concile de Latran et le pape
JEPHTÉ. Traité du Vœu de Jephté attribué à Hu- Honorius III, p. 832.
gues de Saint-Victor, p. 356. JOANNICE, roi des Bulgares, soumet ses Etats à
JEREM1E, prophète. Commentaire de l'abbé Joa- la juridiction de l'Eglise romaine, p. 977. Lettres
chim sur le prophète Jérémie, p. 830. qu'il écrit au pape Innocent III, p. 978.
JEROME (saint), prêtre et docteur de l'Eglise. Ses JOB, homme juste de la nation des Iduméens.
lettres recueillies et corrigées par le bienheureux Abrégé des Morales de saint Grégoire sur Job, par
Guignes, prieur de la Chartreuse, p. 310. Sermon Guillaume de Champeaux, p. 193. Commentaire di
de Guillaume d'Auvergne pour le jour de sa fête, Rupert, abbé de Tuy, sur le livre de Job, p. 288.
p. 1027. Gloses de Pierre Lombard sur Job, p. 282. Commen-
JÉRUSALEM prise par les croisés, p. 129. Buile taire de Pierre de Blois sur plusieurs chapitres du
du pape Pascal II qui ordonne que tous les évêques livre de Job, p. 765.
des Eglises d'Orient obéiront à l'archevêque de Jé- JOËL, prophète. Notes d'Hugues de Saint-Victor
rusalem comme à leur métropolitain, p. 134. L'Eglise sur la prophétie de Joël, p. 349.
d'Antioche en est exceptée, ibid. Traité de Pierre JONAS, prophète. PoèmedeMarbodesurlenaufrage
de Blois sur le voyage de Jérusalem, p. 778. Concile deJonas,p.228.
ou assemblée d'évêques et de seigneurs dans cette JOSEPH, fils de Jacob. Comment, selon Pierre le

ville, p. 1074. Godefroi de Bouillon y est élu roi, et Vénérable, s'est accompli le songe de Joseph, p. 51 1

Arnoul, patriarche de Jérusalem, ibid. Conciles te- JOSSELIN ou JOSGELIN, évêque de Soissons, mi-
nus en cette ville, p. 1080, 1083, 11 16. nistre d'Etat sous Louis le Jeune. Eloge que fait de
JOSEPINS, hérétiques condamnés au concile de lui saint Bernard, p. 454.
Vérone, tenu par le pape Lucius 111, p. 931. JOUARRE, ville de Brie. Concile qui y fut tenu,

JÉSUS-CHRIST. Livre de Gilbert de


Porréesur la p. 1111.
les deux natures unies en une personne dans Jésus- JOURDAIN DES URSINS, légat du pape Eu-
Christ, p. 343. Traité de la Sagesse de Jésus-Christ, gène III. Sa mauvaise conduite. Lettre de saini
par Hugues de Saint-Victor, p. 354. Rimes et proses Bernard à son sujet, p. 451
de Pierre le Vénérable sur la vie de Jésus-Christ, p. JOURDAIN , fait sébaste par l'empereur Manuel
522. Livre d'Arnaud de Bonneval sur les sept pa- Comnène et envoyé au pape Alexandre III lui offrir

roles de Jésus-Christ sur la croix, p. 618. Discours du secours contre l'empereur Barberousse, p. 050.
. .

TABLE ANALYTIQUE. 1231

JUDAS ISCARIOTE, apôtre. Traité Je fiuibert, Sentiment de Pierre le Vénérable à leur égard, p.
abbé de Nogisnt, intitulé : Du morceau donné à 511. Traité du morne contre ,'ux, p. 515,516. Traité
Judas et de la vérilé du corps de Nuire-Seigneur, de Pierre de Blois contre les juifs, p. 780. Canon du
p. 196. quatrième concile de Latran contre les juifs p. H 71 ,

JUIJES ECCLÉSIASTIQUES. Canon d'un concile Canon du troisième concile de Latran qui les con-
d'Avignon qui enjoint aux juges ecclésiastiques de cerne, p. 1142. C;inon d'un concile d'Avignon,
terminer promptement les causes portées à leurs p. 1151.
tribunaux, p. 1151 JULITTE (sainte), martyre, avec saint Cyr, son
JUIFS. Une juive qui s'est convertie à la religion fils. Les actes de leur martyre écrits par Philippe de
clirétienne ne peut, selon Yves de Chartres, quitter Boiine-Espérance, p. 687. Voyez saint Cyr.
son mari pour en épouser un autre, p. 1 18. Dialogue JURIDICTIONS SÉCULIÈRES. Canon d'un concile
de Pierre Alphonse pour prouver la vérité de la reli- d'Avranches qui défend aux clercs de les exerci r,

gion chrétienne contre les juifs, p. 170 et suiv. Dia- p. 1135.


logue de Gislebert Crispin, abbé de Westminster, JUSTE, moine. Sa Vie écrite par le moine Gnt-
sur le même sujet, p. 175, 176. Traité de V Incar- celin, p. 233.
nation, par Guibert, abbé de Nogent, contre les JUSTES. Epigramme de Philippe de Bonne-Espé-
juifs, p. 196. Dialogue d'un chrétien et d'un juif, rance sur la triple demeure des justes, p. 687.
ouvrage de Rupert, abbé de Tuy, p. 288. Dispute JUSTICE DE L'HOMME. Traité d'Alger, scholas-
contre un ouvrage d'Odon d'Orléans, p. 412.
juif, tique de Liège, sur la miséricorde et la justice,
Saint Bernard blàme les mauvais traitements dont p. 384, 385.
quelques gens usaient à l'égard des juifs, p. 455.

KAMINAT, monastère de filles réuni à l'abbaye de p. 529, 531 , 532. Accident qui arrive dans l'église do
Cotbie sur la demande du prieur de cette abbaye, Kaminat, p. 53 1 .

L.

LABYRINTHE DES GAULES. Pierre de Poitiers vant chanoine et chantre de Lille, est élu dans un
est un des théologiens que Gautier de Saint-Victor concile, p. 85; il va à Rome se faire sacrer par le
qualifie ainsi, p. 568. pape Urbain 11 , ibid. Différents conciles auxquels
LAET (JEAN DE). Sa traduction latine du poème il assista, p. 86. Le pape Pascal II le charge d'ab-
de Théodore Prodrome, intitulé : L'amitié bannie du soudre le roi Philippe I", ibid.; sa mort, ibid.; ses
monde, p. 149. Gestei de l'Eglise d'Arras; ce qu'ils contiennent,
LAGNY, ville de Brie. Concile tenu en celte ville, ibid. Edition de ses Gestes dans la Patrologie, ibid.
p. 1117. Ses leltres , ibid. et suiv. Différentes lettres qui lui
LAGO-PÉSOLE, près de Melfe en Italie. Concile sont adressées par Guillaume, archevêque de Rouen ,

tenu en ce lieu, p. 1114. p. 57; par Baudin, évêque de Noyon, p. 70.


LAÏCS. Traité de Jean Damascène le Jeune, pa- LAMBERT, évèque d'Ostie est élu pape et prend ,

triarche d'Antioche, sur ce qu'on ne doit point don- le nom d'Ilonorius H, p 25t. (Voyez Honnrius IL)
ner des monastères aux laïcs, p. 648. Concile de LAMBEIIT, neveu de Guibert, abbé de Gemblou.
Reims qui défend aux laïques de juger des affaires Lettres de son oncle qui lui sont adressées, p. 863.
ecclésiastiques, p. 1122. Concile de Tours qui défond LAMBERT, évêque de Térouanne, déposé dans un
aux évêques et autres prélats de donner A aucun concile de Meaux, 1071.
laïc ni église, ni dîme, ni oblation, p. 1130. Concile LAMBERT, moine de Clairvanx. Edition qu'il

de Dalniatie qui défend aux laï(pios de juger Jos donne, avec Laurent, des œuvres de saint Bernard,
clercs, p. 1 I4t). p. 498.
LAIS (FRÈHES), ou convers, espèce de religieux. LAMBYT, ih,'Ueau près de Cantorbéry, en Angle-
Frères lais chez les Chartreux, p. 307. terre. Concile tenu en ce lieu, p. 1 118.
LAMBERT (saint) ,évêque de Maestricht ou de LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. Commentaire de
Tongres. Sa Vie, retouchée par Sigebcrt, moine de Guibert, abbé de Nogent, p. 195, 196. Notes de
(îembhni. p. 61. Hugues de Saint-Victor, p. 349. (Voyez Jércmie.)
LAMBERT, abbé de S.-iint-Iîerlin, p. 54; il soumet LANDAFF, ville du Glnmorgan en Angleterre.
son abbaye A celui de CInny, ibid. Conciles tenus en celte vlllo, p. 10.59.

LAMBERT DE GUINES, évèque d'Arras, aupara- LANDELIN (saint), londatour d.' l'^iM.nyo ,lo
1232 TABLE ANALYTIQUE.
Lobes. Sa Vie écrite par Philippe de Bonne-Espé- nauge, dont ensuite il devient abbé, p. 598, 599. Il

rance, p. 687. écrit les révélations d'Elisabeth de Schonange sa


LANDO-SITINO, élu antipape après la démission sœur, ibid.; il écrit aussi sa Vie, ibid.; ses autres
de Jean , évêque d'Albane , p. 919. 11 est obligé de écrits dans la Patroloijie, et en particulier contre les

se soumettre au pape Alexandre III, ibid. Cathares, p. 599.


LANDULKE, archevêque de Bénévent, déposé dans LECTOURE, ville de France. Son évêché, converti
un concile de Céprano, p. 1085. en monastère, est rétabli par un concile de Toulouse,
LANFRANC (le bienheureux), archevêque de p. 1065.
Cantorbéry. Poème de
Anselme sur sa mort,
saint LÉGATS du Saint-Siège. Avis de saint Bernard au
p. 43. Son épitaphe, par Philippe de Bonne-Espé- pape Eugène III, sur le choix des légats, p. 464 , 465.
rance, p. 687. LÉON STYPIOTE ,
patriarche de Constantinople,
LANGRES, ville de France. Conciles tenus en celte tient un concile où il condamne les écrits de Cons-
ville, p. 1071, 1088. tantin Chrysomale, p. 1117.
LANGÏON (ETIENNE de) , archevêque de Cantor- LÉON interprète à la cour de Constantinople,
,

béry. Lettre d'Innocent III au roi d'Angleterre, re- frère de Hugues Étérien, p. 657.
lativement à l'éleclion d'Etienne de Langton, p. 1008. LÉON, roi d'Arménie. Sa lettre au pape Inno-
LANTERNE DES MOINES, ouvrage d'Eccard, abbé cent III, pour lui témoigner le désir qu'il avait de se
de Saint-Laurent d'Uragen, p. 405. réunir à l'Eglise romaine, p. 998. Conduite du pape
LAON ville de France. Conjmune ou société des
, à son égard, ibid.
bourgeois de cette ville, p. 182. Son église catiié- LÉONIUS, abbé de Saint-Bertin. Saint Bernard
drale brûlée, ibid. lui écrit, p. 457.
LARRONS crucifiés avec Jésus-Christ. Sermon de LÉPREUX. Canon du troisième concile de Latran,
Geoffioi de Vendôme sur le Bon larron, p. 169. Il concernant les lépreux, p. 1142. Canon d'un con-
l'appelle Dimas, ibid. cile de Londres, p. 1146.
LATINS, peuples occidentaux qui composent l'E- LÉRINS, île de la Méditerranée. Le pape Inno-
glise latine. Ecrit d'Euthyraius Zigabène contre les cent III commet l'archevêque d'Arles pour mettre la

Lalins, p. 152. réforme dans le monastère de Lérins, p. 961.


LATRAN. Conciles de Latran, p. 1077, 1084, 1087; LESCOT (HUBERT), chanoine régulier. Sa traduc-
premier général, p. 1096; deuxième général, p. H14; tion française des sermons et des opuscules de saint
autre, p. 1133; troisième général, p. 1139; qua- Bernard, p. 499.
trième général, p. 1160 et suiv. Livre de l'Eglise de LÉTARD (saint), évêque de Senlis. Sa Vie écrite

Latran écrit par Jean, diacre de cette église, p. 689, par le moine Gotcelin, p 233.
690. Constitutions pour la même église, p. 690. LETBERT, d'abord chanoine de Lille en Flan-
LAURENT (SAINT), diacre de Rome. Martyre de dres, puis abbé de Saint-P.uf en Dauphiné. Temps
saint Laurent décrit en vers par Marbode, p. 227. où il a vécu, p. 09. Son commentaire sur les psau-
Histoire du monastère de Saint-Laurent de Liège par mes, ibid. et 70. Ses lettres, p. 70.

Ruperl, abbé de Tuy, p. 289. Fondation de l'abbaye LÉUNCLAVIUS (JEAn), Allemand. Son édition,
de Saiut-Laurent d'Uragen , au diocèse de VVirtz- avec une traduction latine, de la relation des Confé-
bourg, p. 405. Sermon de Guillaume d'Auvergne rences de Théorion avec les Arméniens, p. 638 Sa
pour la fête de saint Laurent , p. 1027. Monastère traduction de la chronique de Constantin Manassés,
de Saint-Laurent au diocèse de Châlons-sur-Saôue, p. 643.
rétabli par l'évéque Achard , p. 1065. II est soumis LÉVITIQUE, troisième livre du Pentateuque : ce
au monastère de Saint-.Martin en l'île Barbe, p. 1066. livre est certainement de Moïse. Commentaire de
LAURENT (saint), archevêque de Cantorbéry. Sa Raoul-le-Noir, moine de Sainl-Germer de Flaix, sur
Vie, écrite par le moine Gotcelin, p. 233. le Lévitique, p. 739. Analyse de cet ouvrage, tbid.
LAURlilNT, moine de la Charité. Réponse que fait LEXICON de Zonare, ouvrage considérable qui se
Yves de Chartres à diverses i|uestionj qu'il lui avait conserve manuscrit à la bibliothèque Impériale de
proposées sur l'excommunication, p. 115. Vienne, p. 157.
LAURENT, moine de Clairvaux. Edition qu'il LÉZANA (JEAN de), carme espagnol. Ses notes
donne, avec Lambert, des œuvres de saint Bernard, sur les révélations du bienheureux Cyrille, ermite
p. 498. du Miint-Carniel, p. 830.
LAURENT, moine de Venise. Son édition de la LIBERTÉ de l'homme. Traité de la Concorde, de
Chronique du Mont-Cassin, p. 583. la Prescience et de h Prédestination de Dieu avec
LAURfcT (MATTHIEU), espagnol, religieux du Monl- la liberté de l'homme. Ouvrage de saint Anselme,
Cassin , et depuis abbé de Saint-Sauveur. Son édi- p. 17, 18.
tion de la Chronique du Monl-Cassin, par Léon LIBRANE (pierre), archevêque de Sarragosse.
d'Oslie, p. 583. Lettre que lui écrit le pape Gélase II, p. 1091.
LAVAUR, ville du Languedoc. Concile tenu en LIBRE ARBITRE de l'homme. Traité de saint
cette ville, p. 1 157. Anselme sur le libre arbitre, p. 17. Sentiment du
LÉBERT ou ECKBERT, EYBERT, ECHBERT, cha- vénérable Hildebert, évêque du Mans, sur le libre

noine de Bonn, puis moine de Saint-Florm de Scho- arbitre, p. 219, 220. Sept livres à la louange du
TABLE ANALYTIQUE. 1233

libre arbitre, ouvrage de Frovoin, abhé d'Eiigelberg, LûMBERS, petite ville de France, près Alby. Con-
p. 232. Traité de la Grâce et du libre arbitre, ou- cile qui y fut tenu, p. 1136.
vrage d'Alger, scolastique de Liège, p. 38(3. Traité LONDRES, c.ipitale de l'Angleterre. Conciles te-
de la Grâce et du libre arbitre, ouvrage de saint nus en cette ville, p. 1066, 1067, 1078, 1081, 1082,
Bernard, p. 476 et suiv. Doctrine de Pierre Lom- 1105, 1106, 1108, 1113, 1114, 1118, 1)23, 1124,
bard sur le libre arbitre, p. 557, 558. (Voyez Liberté.) 1129, 1135, 1136, 1145, 1159.
LICIMUS ou LÉZIN (saint), évèque d'Angers. Sa LOTHAIRE U, empereur. Lettres de Wibald, abbé
Vie mise en meilleur style par Marbode, p. 227. do Stavelo, à l'empereur Lothaire, p. 528, 529.
LIÈGE, ville des Pays-Bas. Réponse insolente du Elles sont attribuées à Pierre, diacre du Monl-Cas-
clergé de Liège à la lettre où le pape saint Gré- sin, p. 529 et 585. Lothaire reconnaît Innocent II

goire VU établissait son droit de déposer les souve- pour légitime pape, p. 527. 11 est couronné roi avec
rains, p. 64. Réponse du clergé de Liège à une let- Richise, sa femiiie, au concile de Liège, ibid. U
tre du pape Pascal II, p. 65, 66. Observations sur rétablit Innocent à Rome et se fait couronner em-

celte réponse, p. 06. Histoire de l'Eglise de Liège, pereur avec sa femme, p. 258. Deux lettres de
écrite par le scliolasiique Alger, p. 385, 386. Con- Pierre, diacre du Mont-Cassin, à l'occasion de sa
cile tenu en cette ville de Liège, p. m 1. Histoire mort, p. 5S5.
des évêques de Lié?c, par Rupert, abbé de Tuy, LOTHAIRE, diacre, cardinal du titre de Saint-
p. 289. Serge, est élu pape et prend le nom d'Innocent 111,

LIÉ.MAR, archevêque de Brème, succède à Adal- p. 946. (Voyez Innocetit III.)


bert, p. 201. LOTULPHE, l'un des directeurs do l'école de
LIÉTARD, abbé de Gemblours. Sa mort, p. 60. Reims. Sa jalousie contre Abaillard, p. 319, 320.
LIETBERT (saint), évèque de Cambrai. Sa Vie LOUIS VI, dit LE GROS, roi de France, succède
écrite par Rodulphe, depuis abbé de Saint-Tron, à Philippe 1, son père, p. 92. U est sacré à Orléans.
p. 240. Opposition de l'Eglise de Reims, réfutée par Yves ds
LIEUX marqués dans la sainte Ecriture. Livre des Chartres, ibid. et 115, 116. Lettre que le pape Cal-
Lieux-Saints, ouvrage de Pierre, diacre du Monl- lixte II écrit à Louis-le-Gros, p. 1098. Lettre de
Cassin, p. 585. ce prince au pape, au sujet de la primatie de l'E-
LlGtCOURT, terre donnée à l'abbaye de Vau- glise de Sens, ibid. Sa Vie écrite par Suger, abbé
celles, près de Cambrai, p. 440. de Saint-Denis, p. 375.
LILLEBONiNE, ville de France. Concile tenu en LOUIS VU, LE JEUNE, roi de France. Il assiste

cette ville, p. 1070. au concile de Paris, p. 1107. Il déclare, dans le

LIMOGES, ville de France. Conciles qui y furent concile de Bourges, le dessein qu'il avait de se croi-
tenus, p. 1041, 1043, 1058. ser, p. 11)8. Concile de Vézelai, où il invite les

LINCOPEN, ville de Suède. Concile tenu en cette peuples à se croiser, ibid. U se croise avec ia reine
ville, p. 1123. Eléonore, son épouse, p. 1 119. Concile de Beau-
LINDENBROG (erpold). Son édition de VHistoire gency, où il est séparé de la reine Eléonore, p.
des Eglises du Nord, par Adam de Brème, p. 200. 1123. Il épouse ensuite Constance, fdle d'Alphonse
LISIARD, évèque de Soissons. Guibert, abbé de VIII, roi de Caslille, ibid. Concile qu'il assemble à
Nogent, lui dédie son histoire de la première croi- Soissons, p. 1124. Son départ pour la croisade, p.
sade, p. 199. Lisiard soumet à l'épreuve de l'eau 270. Son retour, p. 271. Saint Bernard le réconci-
deux hommes accusés d'hérésie, p. 200. lie avec Thibaud, comte de Champagne, p. 422.
LISIEUX, ville de France. Conciles tenus en cette Lettres que saint Bernard lui écrit, p. 4 14, 445.
ville, p. 1080, 1094. Lettre que lui écrit le pape Adrien IV, au sujet de
LISOVE, clerc de l'Eglise d'Orléans. Il fut con- l'expédition qu'il méditait en Espagne, p. 915. Ré-
damné comme manichéen au concile d'Orléans, p. ception qu'il fait au pape Alexandre III, réfugié en
1038. France, p. 918. Lettres de ce pape qui lui sont
LIUTWIN (SAINT), archevêque de Trêves. Sa Vie adressées, p. 925.
écrite par Théofrui, abliè d'Eptcrnac, p. 58. LOUP (saint), archevêque de Sens. Différends
LIVRES. Les moines de l'abbaye de Saint-Martin entre les monastères de Sainte-Colombe et de Saint-
à Tournai, s'appliquaient à transcrire des livres, Pierre-le-Vif de Sens, dont le premier prétendait
p. 412. avoir le corps entier de saint Loup, et le second
LODl, ville d'Italie. Conciliabule tenu en cette soutenait en avoir une parlie. Le pape Innocent III

ville par l'antipape Victor 111, p. 1129. décide en faveur des moines de Sainte-Colombe,
LOGIQUE ou DIALECTIQUE. Traité concernant l'art p. 1006.
de penser, logique rouiposèe par Pierre Alphonse, LOYAUTÉ, avocat au parlement. Ses notes sur
juif converti, p. 137. Logique ou Dialectique com- quelques lettres du vénérable Hildcberl, p. 225.
posée par Abaillard, p. 339. LUC (SAINT), èvangèliste. Sermon de Guillaume
LUIS. Traité des Lois, ouvrage de Guillaume d'Au- d'Auvergne pour le jour de sa fêle, p. 1027.
vergne, évèque de Paris, p. 1020. LUC CIIRYSUBLRGE, patriarche de (:onstanti-
Luis des empereurs, recueillies par Arsène, nople, préside 1 un concile tenu en celle ville, p.

moine du mont Alhos, p. 050. 651 et 1121. Autre concile tenu A l'oi-casiou d'un

XIV. 78
, .

1234 TABLE ANALYTIQUE.


nommé Démétrius, qui errait sur l'égalité du Père ter Piome, ibid. Il se retire à Vérone oti il tient un
et du Fils, p. 651 et 1131. Autre concile où on concile, ibid. Sa mort, ibid. Ses lettres, ibid. Quels
abolit le décret qui tolérait les mariages entre pa- sont les hérétiques condamnés dans le décret de
rents du six au septième degré, p. 651 et 1132. Lucius ou du concile de Vérone, p. 931 . Autre lettre
Constitutions qu'on lui attribue, p. 651 et 1132. Sa du même pape, ibid.
mort, p. 651 et 1133. LUITPRAND ou LIPRAND, prêtre de l'Eglise de
LUCIE ou LUCE (sainte), vierge et martyre de Milan, accuse de simonie l'arcnevèque Grossulan, et
Syracuse. Ses reliques transférées de Syracuse à subit l'épreuve du feu, malgré laqueDe Grossulan se
Corfou, et de Corfou à Metz, p. 62. Trois écrits de maintient sur le siège de Milan, p. 1077.
Sigebert de Gemblours sur cette sainte, ibid. et 63. LULLE (saint), archevêque de Mayence. Vie de
Son panégyrique, par Guillaume d'.\uvergaej évêque ce saint attribuée à Sigebert, moine de Gemblou,
de Paris, p. 1027. p. 68.
LUCIUS II, pape, succède à Célestin II, p. 268. LUPUS (chrétien), ermite de Saint-Augustin. Il

Ce qu'on sait des circonstances de sa vie, ibid. Sa prépare l'édition des lettres et des actes de saint
mort, ibid. Analyse des lettres qui nous restent de Thomas de Cantorbéry, p. 667.
lui, ibid. et 269. LYON, ville de France, capitale du Lyonnais. Con-
LUCIUS 111, pape, succède à Alexandre III, p. 929. cile tenu en cette ville, p. 1070.
Ses ditférends avec les Romais qui l'obligent à quit-

MABILLON (jean), bénédictin de la congrégation bliger les églises à aucune charge publique, p. H4l
de Saint-Maur. Ses différentes éditions des œuvres MAGNIFICAT, cantique de la sainte Vierge. Ex-

de saint Bernard, p. i'J8, 499. Soin qu'il a pris de plication de ce cantique par Hugues de Saint-Victor,
recueillir les anciens Ordres romains, p. 689. p. 361.
MACARY (saint), évoque de Comminges, mort MAGNOBODE ou MAINBCEUF (saint), évêque
dans do Bordeaux. Abbaye qui y fut éri-
le territoire d'Angers. Sa Vie retouchée par Marbode, p. 227.
gée en son nom. Les moines de celte abbaye tentent MAHOMET, faux prophète, chef des Musulmans.
de se soustraire à la juridiction de Sainte-Croix de Histoire de Mahomet, écrite par le vénérable Hilde-
Bordeaux. Rescrit du pape Callixte II, qui leur or- bert. p. 222. Abrégé de son histoire et de sa doc-
donne de rentrer dans l'obéissance, p. 1097. trine par Pierre le Vénérable, p. 510.
MACCABÉE, roi d'Ecosse. Recueil de ses règle- MAHOMÉTANS, sectateurs du faux prophète Ma-
ments ecclésiastiques, p. 1054. homet. Détail de leurs erreurs selon Euthymius Zi-
MACHABÉES ou MACGABÉES, juifs fidèles du gabène, p. 151,152 et 153.
temps d'Antiochus Epiphane. Poème du vénérable MAIEUL (saint), abbé de Cluny. Sa Vie écrite par
Hildebert sur le martyre des Macbabées, p. 222. le moine Nalgode, p. 85.
Poème de Marbode sur le même sujet, p. 227. Reli- MAINBŒUF (saint). Voyez saint Magnobode.
ques des Macbabées apportées à Cologne par l'arche- MAISON INTÉRIEURE. Traité de l'Edification de
vêque Reinold, p. 434. Pourquoi, selon saint Ber- la maison intérieure, faussement attribué à saint
nard, les Macbabées sont les seuls martyrs de l'an- Bernard, p. 491.
cienne loi dont l'Eglise chrétienne fasse la fête MAITRE. Canon du troisième concile de Latran,
ibid. qui ordonne qu'il y aura dans chaque église cathé-
MADÉRUS (joachim-jean). Son édition de V His- drale un maître qui enseignera gratuitement ,

toire des Eglises du Nurd, par Adam de Brème, p. llil.


p. 206. MAITRE (LE) DES SENTENCES. Voyez Pierre
MAGDEBOURG, ville d'Allemagne. Les titres de Lombard.
cette Eglise renouvelés par saint Norbert, et con- MAITRES D'ÉCOLES. Canon du concile de Lon-
firmés au concile de Reims par le pape Innocent II, dres, qui leur défend de les louer à d'autres,
p. 1111. p. 1114.
MAGDELENE (sainte). Voyez sainte Marie Mag- MALACHIE, prophète. Commentaire de l'abbé
dtlene. Joacliim sur quelques chapitres du prophète Mala-
MAGES qui vinrent adorer Jésus- Christ. Epi- chie, p. 829.
gramme de Philippe de Bonne-Espérance sur l'ado- MAL\CHIE (saint), archevêque d'Irlande. Sa let-
ration des mages, p. 687. tre à saint Bernard ; il lui demande deux de ses re-

MAGINULFE, antipape, élu par le parti de Gui- ligieux pour former un monastère dont l'observance
bert, est chassé de Rome et meurt de misère, p. 129 soit semblable à celle de Clairvaux, p. 454. Sa mort,
et 138. p. 456. Lettre de consolation que saint Bernard écrit
MAGISTRATS. Canon du troisième concile de aux religieux d'Irlande, ibid. et 457. Analyse de sa
Latran, qui défend aux magistrats des villes d'o- vie écrite par saint Bernard, p. 480 et suiv. Deux
1

TABLE ANALYTIQUE. 1235

sermons du même sur la mort de ce saint archevê- MARWARD , abbé de Tuy. Sa mort : Rupert lui

que, p. 484. Hymne de saint Bernard en son hon- succède, p. 281.


neur, p. 496. MARES Sa traduction française des livres
(des).

MANASSÉS II (ou MANASSÉ II), archevêque de de la Considération, ouvrage de saint Bernard, p. 499.
Reims. Lettre d'Yves de Chartres qui lui est adres- (Voyez Desnares.)
sée, p. 108. MARGUERITE (sainte), vierge et martyre. Son
MANICHÉENS, liérétiques, disciples de Manès ou panégyrique par Guillaume d'Auvergne, p. 1027.
Manichée. Manichéens découverts dans le diocèse de MARGUERITE (sainte), reine d'Ecosse. Sa Vie,
Soissons, p. 200. On fait subira leurs chefs l'épreuve par ^hède, abbé de Riedval, p. 620.

de l'eau, ibid. Le peuple les brûle, ibid. Manichéens MARGUERITE, reine d'Angleterre. Lettre de Thi-

qui, sous le nom d'Albigeois, se répandent dans la baud d'Etampes qui lui est adressée, p. 189.

Gascogne et dans les provinces voisines, p. 1 130. MARIAGE. Canons d'un concile de Londres tou-

Manichéens condamnés dans un concile d'Orléans, chant mariage, p. 6. Traité des mariages entre
le

p. 1038 dans un concile d'Arras, p. 1040. Canon


;
parents, ouvrage de saint Anselme, p. 19, 20. Déci-
d'un concile de Tours qui les concerne, p. 1130. sion d'Yves de Chartres sur divers cas concernante
MANIPULE. Un concile de Poitiers défend aux mariage, p. 111 à 120. Décisions du vénérable Hil-
moines de se servir de manipules s'ils ne sont sous- deberl du Mans, sur le mariage, p. 210. Question
diacres, p. 1076. sur le mariage agitée entre Arnulphe, évêque de
M.'VNTOUE, ville d'Italie. Conciles tenus en cette Rochester, et Walquelin, évêque de Vindsor, p. 235,
ville, p. 1058, 1064. 236. Doctrine de Robert Paululus sur le mariage,
MANUEL COMNÈNE, empereur d'Orient. Pourquoi p. 357. Décisions de Hugues Métellus sur le ma-
on le met au rang des auteurs ecclésiastiques, p. riage, p. 365. Doctrine de Robert PuUus sur le ma-
656. Epoques de son règne, ibid. Secours qu'il donne riage, 398. Sentiment de saint Bernard sur un cas

au pape Ahxandre III contre l'empereur Frédéric qui concerne le mariage, p. 469. Doctrine de Pierre
Barberousse, ibid. Se lettre à l'empereur Conrad, Lombard sur le sacrement de mariage, p. 565, 566.
ibid. Ses Constitutions, ibid. Son respect pour le Lettre de Basile d'Acride, archevêque de Thessalo-
pape Alexandre III, p. 925. nique, sur les mariages dans les degrés de consan-
MARBODE, évcque de Rennes. Différentes édi- guinité p. 651. Opuscule du pape Innocent III sur
,

tions qu'on a données de ses œuvres, p. 225. Supé- quatre espèces de mariages, p. 1017. Ce qu'en dit
riorité de celle donnée par doni Beaugendre, ibid. Guillaume d'Auvergne dans un traité des Sacrements,
La plus récente et la meilleure est celle de M. l'abbé p. 1023. Canon d'un concile de Clermont sur le ma-
Bourassé, ibid. Ce qu'on sait des circonstances de la riage, p. 1110. Canon d'un concile de Constantino-
vie de Marbode. Sa naissance; il est fait chanoine ple , p. 1132. Canons d'un concile de Londres,
d'Angers, ibid. Il est chargé de la direction des p. 1106. Canons d'un concile de Dalmalie, p. 1145.
écoles de cette ville, ibid. et 226. Il est fait archi- Canon d'un autre concile de Londres, p. 1135. Con-
diacre de l'Eglise d'Angers, p. 226. Il est élu évè- cilede Rome qui condamne ceux qui autorisent les
que de Rennes, ibid. Eloge do son gouvernement, mariages entre parents dans les degrés prohibés,
ibid. Sa mort, ibid. Ecrits de Marbode ses lettres, :
p. 1064.
ihid. et 227. Vie de saint Licinius, évêque d'Angers, MARLE, sœur de Moïse. Mahomet la confond aves
p. 227. Vie de saint Robert, abbé de la Chaise-Dieu, la sainte Vierge, mère de Jésus-Christ, p. 152.
ibid. Vie de saint Magnobode, évêque d'Angers, ibid. MARIE (sainte), vierge et mère de Jésus-Christ.
Vies de plusieurs saints en vers, ibid. Autres poésies Psautier de la sainte Vierge, par saint Anselme,
de Marbode, ibid. et 228. Livre de l'Ornement des p. 24. Hymnes en son honneur, par le même, ibid.
termes et des dix chapitres, p. 228. Vers sur diffé- et 25. Livre de l'Excellence de la sainte Vierge, par
rents sujets, ibid. Livre des Pierres précieuses, ibid. Eadmer. disciple de saint Anselme, p. 36 et 46.

Prose sur les Douze pierres précieuses de l'Apocalypse, Traité des Quatre vertus qui ont été dans Marie, par
p. 229. Livre sur la Cantique des Cantiques, ibid. le même , ibid. Mahomet confond la sainte Vierge

Opuscules de Marbode qui ne sont point dans la avec Marie, sœur de Moïse, p. 152. Discours d'Eu-
nouvelle édition de ses œuvres, ou qui sont perdus, Ihymius Zigahène sur la vénération qu'on doit à la

ibid. Ouvrages contenus dans l'édition de M. Bou- sainte Vierge, sur sa ceinture, sur son tombeau,
rassé, ibid. Jugement sur ses écrits, ibid. et 230. p. 153. Hymne de Zonare sur la sainte Vierge,
MARC (SAINT) , évangélistc. Sermon de Guillaume p. 157, 158. Hymne de Geoffroi de VendAme adres-
d'Auvergne pour le jour de sa fête, p. 1027. sée à la Mère de Dieu , p. 109. Livre des Louanges
MARCEL (.SAINT), pape. Sermon de Pierre-le-Vé- de la sainte Vierge, ouvrage de Francon, abbé d'Af-
nérable en l'honneur de ce saint pape , p. 521. flighem, p. 101, 192 et 346. Eloge de la sainte

MARCELLIN (Antoine). Son édition des œuvres Vierije, par Guibert, abbé de Nogent, p. 197. Mira-
de saint Bernard, p. 498. cles de la sainte Vierge à Laon, p. 200. Sermons

MARCHIENNES,abbaye en Flandres. Différend des d'Abaillard sur la sainte Vierge, p. 331. Prose du
moines de Marchienncs avec Alvise, évêque d'Arras, même en son honneur, p. 334. Traité de la Virginité

(|ui prétendait nonnner leur abbé. p. 1 17. Un concile peupétuelle de la sainte Vierge, ouvrage de Hugues de
de Lagny les coiifirnie dans leur droit d'élection, ihid. Salnl-Viclor, i). 355, 350. Livre des Mincies de la
1236 TABLE ANALYTIQUE.
sainte Vierge, par lemoine Hervé, p. 404. Réponse Marmoutier, et la donation confirmée au concile
de Pierre-le-Vénérable à un moine nommé Grégoire, d'issoudun, p. 1071.
qui lui avait proposé plusieurs questions sur la sainte MARTYRE. Doctrine de saint Bernard, p. 479.
Vierge , p. 509. Poésies de Pierre-le-Vénérable en MASCELIN, abbé de Gemblours, succède a Ot-
l'honneur de la sainte Vierge, p. 52i2. Sermon d'Ar- bert, p. 59.

naud, abbé de Bonneval , sur les louanges de la sainte MATHÉMATIQUES, science des grandeurs. Ou-
Vierge, p. 618. Huit sermons d'Amédée, évèque de vrage du vénérable Hildebert contre l'astrologie ju-
Constance, à la louange de la sainte Vierge, p. 623, diciaire, sons de Muthcmatiqucs, p. 222.
le litre

624. Dispute entre Nicolas , moine de Saint-Alban ,


Traité de Jean de Sarisbéry, de la Double Mathéma-
et Pierre de Celle , sur la question de savoir si tique., p. 079.
la sainte Vierge a été assujettie au péché, p. 682, MATHI.\S (saint), apôtre. Sermon de Guillaume
683. Sermon de Pierre Conieslor, sur son immacu- d'Auvergne pour le jour do sa fête, p. 1027.
lée conception, p. 746. Poème du même en sou hon- MATHILDE, comtesse de Toscane. Le pape Inno-
neur, ibid. Eloge de la sainte Vierge par le pape cent Il cède, à certaines conditions, à Lothaire et à
Innocent III, p. 1009. sa fille Richise, les biens allodiaux que la comtesse
MARIE-MAGDELÉNE ou MADELEINE (sainte). Matbildo avait donnés au Saint-Siège, p. 259.
Trois hymnes de Geoiïroi de Vendôme sur la péni- MATHILDE, reine d'Angleterre. Lettre que lui

tence de Marie-Magdelène, qu'il ne distingue pas de écrit Yves de Chartres sur ce qu'elle avait fait pré-
la pécheresse, p. 169. Sermon du même sur cette sent de cloches à son église, p. 112, 113. Autre
sainte, ibid. Sermon du vénéiable Hildebert du Mans lettre au sujet de la mort d'Edgar, roi d'Ecosse, p.
sur cette sainte, p. 215. Trois hymnes de Marbode 114. Mathilde est reconnue reine d'Angleterre, p.
sur cette sainte, p. 227. Poésies d" Pierre-le-Véné- 1117. Elle fait présent de deux chandeliers d'or à

rable en son honneur, p. 522. Au XIIF siècle, on Hildebert, évèque du Mans. Lettre que cet évèque
croyait avoir son corps à Vczelai, p. 974. Indulgences lui écrit, p. 209.
accordées par le pape Innocent 111 à ceux qui visi- MATHILDE, duchesse de Bourgogne. Saint Ber-
teraient l'église de Vézelai le jour de h fête ou dans nard lui écrit touchant le mariage d'un de ses su-
l'octave de sainte Marie-Magdelène, p. 974. Pané- jets, p. 435.
gyrique de cette sainte par Guillaume d'Auvergne, MATHILDE, impératrice. Son épitaplie composée
p. 1027. par Arnoul de Lisieux, p. 759.
MARIE D'EGYPTE (sainte). Sa Vie en vers par MATHOND (CHARLES-HUGUEs), bénédictin de la
Hildebert, évèque du Mans, p. 222. congrégalion de Saint-Maur. Son édition du livre
MARMOUTIER, monastère fondé par saint Martin des Sentences du cardinal Robert PuUus, p. 399. Il

près de Tours. Lettre par laquelle Pascal II confirme y ajoute le livre des Sentences de Pierre de Poitiers,
à ce monastère tout ce qu'il possédait, et ses droits chancelier de l'Eglise de Paris, ibid.
et privilèges, p. 138. Chartes de Marbode, évèque MATTHIEU (saint), apôtre et évangéliste. Deux
de Rennes, en faveur de ce monastère, p. 229. Con- sermons de Guillaume d'Auvergne sur saint Matthieu,
cile où est levée l'excommunication injuste pronon- p. 1027.
cée par l'archevêque de Tours contre les moines de MATTHIEU , cardinal , évêçue d'Albane. Lettre
Marmoutier, p. 1074. que Pierre-le-Vénérable écrit au pape Innocent II

MARONITES, chrétiens monothélites , dispersés en sa faveur, p. 508. Il était frère d'Hugues, arche-
sur le sommet du Liban. Leur réunion à l'Eglise vêque de Rouen, et il avait d'abord embrassé la vie

romaine, au quatrième concile de Latran, p. llTfi. monastique, p. 600. Hugues, son frère, lui dédie ses
MARTIAL (saint), premier évèque de Limoges. Dialogues, p. 602.
Concile tenu à Limoges, où l'on examine la question MATHURINS, nom donné aux religieux de l'or-
de l'apostolat de saint Martial, p. 1042. dre de la Trinité. D'où leur vient ce nom, p. 967.
MARTIN (saint), évèque de Tours. Eglise de Saint- MAUGER, archevêque de Rouen, e.st déposé pour
Martin, près de Tournai les clercs séculiers qui
: ses mauvaises mœurs. Maurille est mis à sa place,
y
étaient reçoivent l'habit monastique à l'exemple du p. 1060.
bienheureux Odon, qui devient leur abbé, p. 71, 72. MAUMONT (JEAN de). Sa traduction française des
Eglise au voisinage de Chartres, sous le nom de Saint- Annales de Zonare, p. 157.
Martin : saint Yves y établit des moines à la place MAURICE (SAINT) et ses compagnons. Poëme de
des chanoines séculiers qui y étaient, p. 93. Histoire Sigebert sur martyre de saint Maurice et de la
le
du rétabhssement de l'abbaye de Saint-Martin de légion Thébaiue, p. 63. Leur martyre décrit en
Tournai, écrite par l'abbé Hermann, p, 411, 412. vers par Marbode, p. 227. Sermon de Guillaume
Sermon de saint Bernard sur la fête de saint Mar- d'Auvergne pour sa fête, p. 1027.
tin, p.484. Vie de saint Martin, écrite en vers par MAURICE, évèque de Porto, envoyé comme légat
Guibert, abbé de Gemblours, p. 862. Discours des par Pascal H, pour régler ce qui regardait les Églises
vertus de ce saint, par le même, p. 863. Deux ser- d'Orient nouvellement délivrées de l'oppression des
mons de Guillaume d'Auvergne sur saint Martin, infidèles, p. 129.
p. 1027. L'église de Saint-Martin-des-Champs, pro- MAURILLE (SAINT), évèque d'Angers. Sa Vie écrite
che les murs de Bourges, est donnée à l'abbaye de en vers par Marbode, p. 227.
TA CLE ANALYTIQUE. 1237
MAXIMES el sentences de saint Etienne de Mu- MESSE. Yves de Chartres explique mystiquement
ret, éditions el traductions qu'on en a faites, p. 578. les signes de croix qu'on fait à la messe, p. 118.
Par qui elles ont clé recueillies, ibid. Les plus re- Ludomille, sœur de Brécislas. duc de Bohême, fonde
marqualiles de ces ma.\imes, ibid. et suiv. Recueil une messe quotidienne pour les morts, p. 174. Ex-
de maximes rédigé par Antoine, surnommé Mélisse position ou commentaire moral sur la messe, ou-
ou l'Abeille, p. 651, 652. vrage du vénérable Hildebert, p. 220, 221. Son
MAVENCE, ville d'Allemagne. Conciles tenus en poëme du Sacrifice de la messe, p. 221 . Les anciens
celte ville, p. 1039, 1041, 1056, 1065, lOSO, 1112. chartreux disaient rarement messe, p. 306. Saint la

MEAUX, ville de Brie. Conciles tenus en celle Weslan, évêque de Worchesler, faisait chanter cha-
ville, p. 1071, Hi8. que jour une messe pour les morts, p. 314. Les
MÉDECINE. Livre de la Médecine de l'âme, altri- ritesde la messe sont expliqués dans l'ouvrage de
luié àHugues do Saint-Victor ou à Hugues de Saint- Robert Paululus sur les rites ecclésiastiques, p. 357.
Laurent, p. 351. Canon d'un concile de Tours, qui Livre de la Cène mystique ou des Sept ordies de la
défend au.\ moines d'exercer la médecine, p. 1130. messe, par Jean de Cornouailles, p. 358. Messe
MÉDECINS. Canon du quatrième concile do La- quotidienne de la sainte Vierge, établie dans l'ordre
tran, concernant les médecins, p. 1 167. de Cluny, p. 523. Traité de Pierre-le- Vénérable,
MÉDITATIONS de siint Anseimo, archevêque de sur le sacrifice dela messe, p. 524. Trenlains de

Canlorbéry , p. 2l et suiv. Traduction française messes pour les morts dans l'ordre de Cluny, p. 525.

qu'on a faite de plusieurs de ces Méditations, p. 42 Moine puni de son extravagance dans la célébration
et 43. Différentes éditions, p. 43. Méditations du des saints mystères,
p. 531, 532. Lettre de Pierre

bienheureux Cuigues, prieur de la Chartreuse, p. de Blois au moine Alexandre, qui voulait quitter
307. Formules de méditations et de prières de Guil- l'ordre des chartreux, sous prétexte qu'on n'y disait

laume de Saint-Thierry, p. 387, 388. méditations pas la messe tous les jours, p. 773. Explication de
pieusessur la connaissance de la condition de la messe par le pape Innocent III : ce sont ses li-

l'homme, faussement attriliuées à saint Bernard, p. vres des Mystères de la loi évangélique, p. 1014.
491. Méditations d'Arnaud, abbé de Bonneval, p. (119. Canons d'un concile do Londres sur le sacrifice de
MÉLANGES d'érudition théologique dont on la messe, p. 1135. Canon d'un concile de Lambyt

ignore l'auteur, p. 356. sur le même sujet, p. 1 149. Canon d'un concile de
MELCHIOR. nom donné à l'un des trois mages Paris sur les messes pour les morts, p. 1155.
ou rois, p. 926. ( Voyez Sacrifice. )
MÉLISENDE, reine de Jérusalem, avait beaucoup MÉTALOGIQUE, ou apologie de la bmjie dialec-
d'égards pour saint Bernard, p. 443. Saint Bernard tique ou de la vraie éloquence, ouvrage de Jean de
loi écrit, p. 451. Sarisbi'ry, p. 677.
MELLIFONT, ville d'Irlande. Concile qui y (ut METLOC, abbaye au diocèse de Trêves. Sa célé-
tenu, p. 1123. brité, p. 58.
MELLITE (SAINT), abbé. Sa Vie écrite par le MÉTROPOLITAINS. L'ordination du métropolitain
moine Golcelin, p. 233. doit se faire par les évêques de sa province, p. 106.
MELUN, ville de France. Abaillard y établit une MEURSIUS (JEAN), Hollandais. Son édition de la

école, p. 318. chronique de Constantin Manassès, p. 643.


MÉLUSINE, reine de Jérusalem. Lettre que lui MICHEL (saint), archange. Homélie de saint Ot-
écrit saint Bernard, p. 451. ton, évoque de Bamberg, pour la fête de saint Mi-
MÉMOIRE, faculté de l'âme. Traité de la Mé- chel, p. 180. Abbaye de Saint-Michel, près de Bam-
moire, ouvrage de Hugues, archevêque de Rouen, berg, fondée par l'évêque saint Ollon, p. 181.
p. 605. Donation d'une chapelle faite à ce monastère par le

MÉRANIE (AGNÈS de), reine de France, troisième même, ibid. Deux sermons de saint Bernard pour
femme do Philippe-Auguste. Lettre d'Odon de Paris la de saint Michel, p. 484. Sermon de Guil-
fête
touchant la légitimation des enfants que le roi avait laume d'Auvergne pour la même fête, p. 1027.
eus de cette princesse, p. 891. MICHEL OXITE, patriarche de Conslantinopic,
MERCREDI- SAINT. Sermon de saint Bernard tient plusieurs conciles, p. 1118. Il renonce à sa
pour ce jour. p. 484. dignité. Cosmc l'Atlique le remplace, p. 1119.
.MÉRITE. Traité du Mérite et de la Hécompense, MICHEL GLYCAS. Ses Annales divisées en quatre,
ouvrage de Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris, parties, p. 642. Ses lettres, ibid. Jugement sur ses
p. 1022. Icllres, ibid. Autres écrits qu'on a de lui, et qui
MERLIN (AMBROISE), prétendu prophète anglais. n'ont pas été imprimés, ibid.
Notes de l'abbé Joachim sur la prophétie de .Mer- MICHEL de Thcssalonique, maître des rhéteurs,
lin, p. 831. premier défenseur et diacre de l'Eglise de Constan-
MERLIN (JACQUliS), chanoine et pénitencier de linople, p. 653; d'abord attaché aux erreurs des
l'Eglise de Paris. Son édition des œuvres de Pierre bogomiles. Quels étaient ces erreurs, ibid. Chassé
de Rlms, p. 783. de Constautinople, ibid., il abandonne les bogomiles.
MESSALIENS ou MASSALIENS. Traité d'Eulhy- Sa rétractation, ibid.
mius Zigîbène contre eux, p. l.')2, 153. MICROLOGUE. C'est le livre des ofliccs ecclé-
1238 TABLE ANALYTIQUE.
siastiques, composé par Yves de Chartres, p. d24. Lettre par laquelle Abaillard combat un chanoine
Yves de Chartres est l'auteur de cet ouvrage, iind. régulier qui mépri-ait les moines, p. 326. Traité de
et 125. Editions du Microloyue, p. 125. Analyse de la Vie monastique, adressé aux religieux du Monl-
cet ouvrage, ibid. et suiv. Dieu, par Guigues, prieur de la Chartreuse, p. 308
MILAN, ville d'Italie. Conciles tenus en cette et 490. Canons d'un concile de Toulouse, qui dé-
ville, p. 1077, 1089. fend aux moines de quitter leur profession, p. 1093.
MILBURGE (sainte), vierge en Angleterre. Sa Vie Plaintes des évêques contre les moines au premier
écrite par le moine Goscelin, p. 233. concile gt'néral de Latran, p. 1097. Canon d'un
MILDREDE (Sainte), fille de Mérewalde, roi des concile de Placentia sur les moines vagabonds, p.
Merciens. Sa Vie écrite par le moine Goscelin, p. 1108. Canon d'un concile d'Avignon sur les habits
233. Histoire de la translation de ses reliques et de dîs moines, p. 1152. Canon du quatrième concile
la fondation de son monastère dans l'île de Tanet, de Latran, concernant les moines, p. 117.
ibid. MOISSAC, monastère dans le Quercy. Concile
MILÈSE DE SAINT-AMOUR (jeanj. Sa traduc- tenu en ce monastère à l'occasion de la dédicace de
tion française des Annales de Zonare, p. 157. l'église, p. 1003.
MILON, secrétaire du pape Innocent III, est er.- MONASTÈRES. Traité de Jean, patriarche d'An-
voyé en qualité de légat en France, pour réconci- tiochfi, contre les donations des monastères, faites
lier à l'Eglise Raymond , comte de Toulouse. Sa à des personnes laïques, p. 648. Canon du qua-
conduite dans cette légation, p. 1151. trièm3 concile général de Latran, concernant la
MINISTRES D'ÉTAT. Leurs devoirs selon saint réforme des monastères, p. 1165. Monastères don-
Bernard, p. 451. nés à des étrangers. Décrets de deux conciles de
MINOS (CLAUDE). Son édition des œuvres d'Ar- Constantinople qui les concernent, p. 1045.
noul de Lisieux, p. 755. MONASTIQUE. Selon Geoffroi de Vendôme la vie

MIRACLES. Recueil de miracles composé par monastique peut être regardée comme un second
Pierre-le-Vénérable, p. 522. baptême, p. 169. Traité de la Vie monastique adressé
MIRE (aubert le), chanoine d'Anvers. Son édi- aux religieux du Mont-Dieu, par Guigues, prieur de
tion de la chronique de Sigebert de Gemblours et la Chartreuse, p. 308 et 490.
de ses continuateurs, p. 61. MONDE. Poème du Mépris du monde, attribué à
MIROIRS, ouvrages ainsi intitulés. Miroir des saint Anselme; il est de Roger de Caen, moine du
mystères de l'Eglise, faussement attribué à Hugues Bec, p. 21. Ce que c'est que ce poème, ibid. Autre
de Saint-Victor, p. 356. Miroir de la Charité, ou- poème sur le même sujet, composé par Bernard,
vrage d'iElrède, abbé de Riedval. dans lequel il est moine de Cluny, ibid. Traité de l'Image du monde,
question de la charité et des autres vertus chré- ouvrage dont on ignore l'auteur, p. 36. Lettre de
tiennes, p. 621, 622. Henri de Hungtington sur le mépris du monde, p.
MISÈRE. Trois livres du Mépris du monde ou 316. De la Vanité du siècle, ouvrage attribué à Hu-
de h Misère humaine, ouvrage du pape Innocent III, gues Follet, p. 351, 352. Lettre de Bernard des
p. 1016. Portes sur la fuite du siècle, p. 400. Lettre de Jean,
MISÉRICORDE. Livre de la Grâce et de la Misé- moine de la Chartreuse des Portes, sur la fuite du
ricorde, par Francon, abbé d'Afflighem, p. 190. siècle, p. 401 . Trois livres du Mépris du monde ou
Traité d'Alger, scholastique de Liège, de la Miséri- de la Misère humaine, ouvrage du pape Innocent 111,

corde et de la Justice, p. 384. Analyse de cet ou- p. 1016.


vrage, ibid. et 385. MONNAIES. Tarif des impôts et des monnaies
MIZON, abbé d'Epternac, ne doit point être con- rectifié parl'empereur Alexis Comnène, p. 143. Ca-
fondu avec Mizon ou Nizon, abbé de Mithiac, p. 58. non du premier concile général de Latran contre
MIZON, abbé de Milhlac. (Voyez Nizon.) ceux qui fabriquent ou débitent de fausses monnaies,
MŒURS. Elégies d'Abaillard sur les mœurs et la p. 1096.
bonne conduite de la vie, adressées à son fils As- MONODIES de Guibert, abbé de Nogent. Analyse
trolabe, p. 339. Traité de l'Ordre, de la Vie et des de cet ouvrage, p. 199, 200.
Mœurs, faussement attribuai à saint Bernard, p. 491. MONOLOGUE de saint Anselme, p. 9. Analyse de
Traité de Siméon Logothite, sur les Mœurs de l'E- ce livre, ibid.
qlise, p. 05i. Traité des Mœurs, ouvrage de Guil- MONT-CASSIN, montagne d'Italie. Statuts du
laume d'Auvergne, évêque de Paris, p. 1021. Mont-Cassin, écrits par Pierre Diacre, p. 584. Con-
MOINES. Décision d'Yves de Chartres sur h bé- cile de Bénévent, où Pascal II adjuge aux moines
nédiction que recevaient les moines, p. 103. Lettre les églises usurpées sur eux, p. 1084. Le pape Ca-
de Frédéric, archevêque do Cologne, pour relever lixte II déclare le monastère de Mont-Cassin exempt
l'état des moines, méprisé par les chanoines régu- de toute juridiction et sous la protection de la seule
liers, p.287. Traité de Rupert, abbé de Tuy, du Eglise romaine, p. 1097. De l'origine et de la vie des
pouvoir qu'ils ont de prêcher, p. 288. Autre traité justes du monastère du Mont-Cassin, ouvrage de
de Rupert, abbé de Tuy, intitulé : De la Vie apos- Pierre Diacre, p. 585. Catalogue des hommes illus-
tolique, pour prouver que les moines ont le pouvoir tres du Mont-Cassin, par Pierre, bibliothécaire du
de prêcher et d'administrer les sacrements, ibid. Mont-Cassin, continuée par dom Placide, diacre de
TABLE ANALYTIQUE.
la mêmeabbaye, p. 582. Différentes éditions qu'on pape Eugène HI ordonne aux mosarabes de se con-
en a faites, ibid. Continuation de la Chronique du former aux pratiques de l'Eglise, p. 275.
Hlont-Cassin, par Pierre Diacre, ibid. et 583. Edi- MOUCIIY (ANTOINE de), surnommé Démocîiarès,
tions qu'on en a faites, p. 583. docteur de Sorbonne. Son édition des oeuvres de
MONT-DIEU. Traité du bienheureux Guignes en saint Anselme, p. 43, 44.
forme de lettre aux Chartreux du Mont-Dieu, p. 308. MOULIN (JEAN du). Son édition du décret d'Yves
Analyse de ce traité, ibid. Guillaume de Saint- de Chartres, p. 97.
Thierry n'en est pas l'auteur, p. 390 ; ni saint Ber- MOULINS (guiart des), chanoine d'Aire en Artois.
nard, p. 490. Sa traduction française de VHisloire scholnslique de
MONTÉLIMART, ville du Dauphiné. Concile tenu Pierre Comestor, p. 744.
en cette ville, p. 1150. MOURY, abbaye en Suisse au diocèse de Cons-
MONTIER-EN-DER, abbaye au diocèse de Châ- tance. Actes de la fondation de cette abbaye, rédigés
lons-sur-Marne. Les donations et exemptions laites par l'abbé Chunon ou Conrad, p. 539. Ce qu'il y a
à celte abbaye confirmées par un concile de Weaux, de remarquable dans ces actes, ibid. et 5i0. Estime
p. 1071. que plusieurs savants font de ces actes, p. 537. Quel-
MONTPELLIER, ville du Languedoc". Conciles tenus ques-uns doutent de leur authenticité, tbid. Raisons
en cette ville, p. 1113, 1129, 1159. Concile suspect des uns et des autres, ibid. et 538. La généalogie
ou supposé de cette ville, p. 1149. des comtes de Habsbourg n'est pas exacte, p. 538.
MONT-ROCHER (gui de). Son édition du poème Elle n'est ni du même auteur ni du même temps que
du vénérable Hildebert sur la messe, p. 224. les actes de l'abbaye de Moury, ibid. En quel temps
MONT-SAINT-QUENTIN, abbaye du diocèse de elle a été composée, ibid. et 539.
Noyon. Bulle du pape Lucius 111 en faveur du mo- MOUSON ou MOUZON, ville et abbaye du diocèse
nastère du Mont-Saint-Quentin, p. 931. de Reims. Conférence tenue en cette ville sur les
MONT-SAINT-RUPERT . abbaye au diocèse de investitures, p. 1093.
M.iyence. Monastère bâti par sainte Hildegarde, p. MOYSE, juif conveiti, prend au baptême le nom
270 et 591. de Pierre Alphonse, p. 170. Voyez le sous ce nom.
MONT-VIERGE montagne où est le chef-lieu
, MURET, château en Gascogne. Bataille de Muret
d'une congrégation dans le royaume de Naples. Bulle gagnée par Simon, comte de Monifort, sur le roi
du pape Célestin III pour la confirmation du Mont- d'Aragon qui y est tué, p. 1158. Lettre des évêques
Vierge, ordre de Saint-Benoît, p. 944. de la suite du comte à tous les fidèles pour les in-
MORALE. Traité de Morale composé par Abaillard, former de cotte victoire, ibid.

p. 336. MUSIQUE. Traité de Jean de Sarisbéry t/e/'/lmour


MORIBOND. Exhortation à un moribond, attribuée de laMusique, p. 679.
à saint Anselme, p. 20 et 21. Il était d'usage dans MUTILATION. Conduite que tient Yves de Char-
les monastères de metire les moribonds sur la cen- tres à l'égard d'un chevalier qui avait fait mutiler un
dre et sur le cilice, p. 412. prêtre, p. 112.
MORT. Traité de la Méditalion de la mort, ouvrage MYSTÈRE DE LA FOI. Paroles ajoutées à celles

de Rupert, abbé de Tuy, p. 285. de la consécration. Raison qu'en donne Yves de


MORTS. Les prières pour les morts sont rejetées Chartres, p. 120.
par les pétrobusiens, p. 518. Pierre le Vénérable ré- MYSTÈRES (les saints). Mystères de la hi évan-
fute les hérétiques sur ce point, ibid. et suiv. gélique. Traité du pape Innocent III sur l'eucharistie,
MOSARABES, anciens chrétiens d'Espagne. Le p. 1014.

N.

NAHUM, prophète. Commentaire de l'abbé Joa- veille que sur la fête de Noël, p. 681. Poème d'Ar-
chim sur quelques chapitres du prophète Nahum, noul de Lisieux sur la Nativité de Jésus-Christ,
p. 829. p. 759. Sermons de Guillaume d'Auvergne sur les
NAISSANCE ou NATIVITÉ DE NOTRE SEIGNEUR dimanches après Noël, p. 1025. Sermons du même
JÉSUS-CIIUIST. Discours d'Yves de Chartres pour sur la fête de Noël, p. 1026.
cette fêle, p. 122. Quatre sermons de GeofTroi de NALGODE ou NAGOLDE moine de Cluny. Il n'a
,

Vendôme sur la naissance de Jésus-Christ, p. 169. fait (ju'abréger les Vies de saint Odon, abbé de
Sermons du vénérable liildehert sur le mêine sujet, Clunv, et celle de saint Maïeul ,
qu'il a rftouchécs,

p. 214. Poème du vénérable Hildebert sur ce sujet, p. 85.


p. 22i. Sermons u'Abaillard sur ce sujet, p. 331. NANTES , ville de France. Concile tenu en cette
Six sermons de saint Bernard pour la veille de Noël, ville, p. 1106.
p. 48'i; cinq pour le jour de la fête, ibid.; trois ser- NAPLOUSK, ville de Samarie en Palestine. Con-
mons de Nicolas, son secrétaire, sur le même sujet, cile tenu en frlle ville, p. 1091.

p. 492. Six sermons de Pierre de Celle, lanl sur la NARBONNK, vill.'. d.i l'rauo;. Dédicace .le l'église
.

TABLE ANALYTIQUE.
de cette ville, p. 1061. Conciles tenus en cette ville, NICOLAS, moine de Moustier-Ramès, est reçu à
p. 1059, 1061. illO, 1113. Clairvaux, p. 452.On le donne à Geoffroi, secrétaire
NATIVITÉ, ou Naissance de la sainte Vierge. Ser- de saint Bernard, pour l'aider dans son travail, ibid.
mon de saint Bernard pour cette fête , p. 4-84. Ser- Il devient le premier secrétaire du saint, ibid.; son
mon de Guillaume d'Auvergne pour celte fête, infidélité; il sort de Clairvaux; lettre de saint Ber-

p. 1027. nard contre lui , p. 451 , 452; il retourne à Mous-


NATIVITÉ de saint Jean-Baptiste. Sermon sur tier-Rsmès, p. 452; ses sermons, p. 492.
cette fête, p. 492. NICOLAS-BREC-SPERE, évèque d'AIbane et car-
NATURE DIVINE et nature humaine unies en Jé- dinal, est élu pape et prend le nom d'Adrien IV, p. 91 1

sus-Christ. Ecrit de Nicétas, moine de Constanli- NIL ou NICOLAS DOXOPATER, d'abord archi-
nople, sur les Deux natures en Jésus-Christ, p. 646, mandrite, puis notaire patriarcal de la grande église
647. Traité d'Andronic Cramalère, des Deux natures de Constantinople, premier syncelle et défenseur des
en Jésus-Christ, p. 650. lois de l'Empire, p. 654. Il passe en Sicile, où le
NAUFRAGES. Concile de Rome où on déclare ex- roi Roger II l'engage à coniposer un traité des Grands
communiés ceux qui en pilleraient les débris , sièges patriarcaux , ibid. Idée de cet ouvrage, ibid.
p. 1083. Sa synopse des canons, ibid. Commentaire sur quel-
NAZARETH , ville de Palestine. Concile tenu en ques poèmes de saint Grégoire de Nazianze ,
qu'on
cette ville, p. 1127. lui attribue, ibid.

NÉCROLOGES. Usage des nécrologes dans les mo- NINIEN (saint), évèque en Ecosse. Sa Vie, par
nastères, p. 514. ^Irède, abbé de Riedval, p. 620.
NE(;;TAIRE , aLbé de Casules , assiste ,
pour les NIPHON, moine accusé de plusieurs erreurs, con-
Grecs, au concile de Rome, tenu parle pape Alexan- damné dans deux conciles de Constantinople, et mis
dre lil, et y soutient les erreurs des Grecs, p. 052. en prison, p. 1118. Rétabli par le patriarche Cosme
Lettres que lui écrit sur ce sujet Georges, métropo- l'Atlique, qui est déposé à cause de lui, p. 1119.
litain de Corfou, ihid. et 653. Monodie que Georges NIZON, abbé de Mithlac, est auteur de la Vie de
compose sur sa mort, p. 653. saint Basin, archevêque de Trêves, p. 58, ne l'est

NÉELLE, ville de France. Concile qui y fut tenu, point de celle de saint Liutwin, ihid.

p. 1146. NOCES. Traité sur les Noce.<! charnelles et les No-


NESTORIENS, sectateurs de Nestorius. Nouveaux ces spirituelles, ouvrage de Hugues Foliet, p. 352.
nesloriens combattus par Géroch, prévôt de Rel- NOIX (angiî de la) , abbé du Moiil-Cassin. Son
chersperg, p. 629. édition de la Chronique du Mont-Cassin, p. 583. S.i
NEUF-MARCHÉ, au diocèse de Rouen. Concile dissertation où il prétend prouver que le corps de
tenu en ce lieu, p. 1127. saint Benoît repose encore dans l'église du Mont-
NICÉPHORE III, BOTONIATE, empereur d'Orient. Cassin, ibid.
Il est détrôné par Alexis Comnène; il se retire dans NOMOCANON de Photius. Exposition deceiVomo-
un monastère, p. 139 et 147. canon, par Théodore Ralsamon, p. 826.
NICÉPHORE BRIENNE , mari d'Anne Comnène, NORD. Histoire des églises du No7-d, écrite par
fille d'Alexis Comnène et de l'impératrice Irène, Adam de Brème, p. 201. Ce que comprend cette

p. 146. Sa mort, mémoires pour l'histoire


ibid.; ses histoire, ibid. Analyse de cette histoire, ibid. et suiv.

de l'empereur Alexis Comnène, son beau-père, con- Editions qu'on en a faites, p. 206.
tinués par Anne sa femme ibid. Eloge de ces mé- , NORGAUD ou NORIGAUD, évoque d'Autun, suc-
moires, ibid. et 147; éditions qu'on en a faites, cède à Haganon, p. 81. Il prend de l'aversion pour
p. 147. Hugues abbé de Flavigny, et le chasse de son mo-
,

NICÉTAS SEIDUS. Son traité contre les Latins, nastère, ibid. Accusé de simonie, il comparaît au
où il prétend montrer que ce qui est ancien n'est concile de Valence, où, par provision , il est déclaré

pas toujours plus respectable que ce qui est nouveau, suspens, p. 1076; il est déposé au concile de Poitiers,
p. 148. Fragments qui restent de ce traité, ibid. ibid.
NICÉTAS DE BYZANCE, écrivain grec qui vivait NORMANDS, peuples descendus du Nord. Ils as-
dans le XIF siècle. Différents écrits qu'on lui attri- siègent Cologne, p. 202.
bue, p. 149. NORSÉSIS ou NERSÈS (saint), catholique ou pa-
NICÉTAS , moine de Constantinople. Sa réponse triarche des Arméniens. Sa lettre à l'empereur Ma-
à la lettte d'un prince d'Arménie qui prenait la dé- nuel Comnène , où i! demande à conférer avec un
fense de l'erreur d'Eutychès, p. 646. Analyse de Grec instruit, sur plusieurs points de foi et de dis-
cette réponse, ibid. et 617. Autres écrits de Nicétas, cipline, p. 634. Quelles étaient les erreurs des Ar-
p. 647. Jugement sur cet auteur, ibid. méniens, ibid. L'empereur envoie Théorien : détail

NICOLAS (saint), évèque de Myre. Sermon du vé- de ses conférences avec Norsésis, ibid. et suiv.

nérable Hildebert en l'honneur de ce saint, p. 215. NORTHAMPTON, ville d'Angleterre. Conciles tenus
Son panégyrique, par Guillaume d'Auvergne, évèque en celte ville, p. 1112, 1131, 1136.
de Paris, p. 1026. NORTHUS, maison royale en Thuringe. Le roi

NICOLAS IV, MUZALON, patriarche de Constan- Henri V, révolté contre l'empereur son père, y as-
tinople, p. 1119. semble un concile, p. 1079.
,

TABLE ANALYTIQUE. 1241

NOTRE-DAME DE LAON. Livre des Miracles de NOVICES. Institution des novices, ouvrage de
Notre-Dame de Laon , par Hermann , abbé de Saiiit- Hugues de Saint-Victor, p. 350. Instruction des no-
Marlin de Tournay, p. 412, 413. vices de l'ordre deGrandmont, ouvrage faussement
NOUVEAUTÉS. Histoire des Nouveautés, par Ead- attribué à saint Etienne de Muret, p. 581.Dom Mar-
raer, disciple de saint Anselme, p. 46. tène le croit de Guillaume Peliicier, ibid.

0.

OBASINE, monastère dans le Limousin. L'institut ce traité dans la Patrotogié, p. 75. Dispute aoec un
de Citeaux y est établi, p. 306. juif' sur l'incarnation du Verbe et la rédemption du
OBÉISSANCE. Discours de saint Bernard sur l'o- genre humain, ibid. Analyse de ce traité, ibid. et 76.
béissance, p. 484. Traité de l'Obéissance et du Silence, Traité du Blasphème contre le Saint-Espril, p. 76.
ouvrage de Philippe de Bonne-Espérance, p. 687. Traité sur les canons des évangiles, ilid. Homélie
OCTAVIEN, antipape sous le nom de Victor IIL sur le fermier d'iniquité, ibid. et 77. Autres homé-
L'empereur Frédéric fait confirmer son élection au lies d'Odon. ses lettres, p. 77. Tétraples sur le
faux concile de Pavie, p. Wzl. Nullité de son élec- Psautier, ibid. Ses leçons à Tournai, p. 412. Ses
tion, ibid. Concile de Montpellier où il est excom- ouvrages, ibid.
munié parle pape Alexandre III, p. H29. Ses ordina- ODON, abbé de Saint-Rémy de Reims. Sa lettre
tions sont déclarées nulles, p. 1130. Il se soumet au au comte Thomas sur un miracle fort extraordinaire
pape Innocent II, p. 258; il vient trouver saint Ber- qui arrivait tous les ans dans les Indes le jour de la

nard qui le réconcilie avec le pape Innocent II,p. 421 fête de l'apôtre saint Tiiomas, p. 407, 408.
422. Il avait é'.é élu pape par
une faction, en concur- ODON, abbé de Marmoulier. Lettre que lui écri-

rence avec le pape Alexandre III, p. 917. Son parti vent saint Bernard et Hugues, abbé de Pontigny, au
oblige le pape Alexandre à sortir de Rome, p. 91 8. sujet d'un différend qu'il avait avec des ecclésiasti-
Mort d'Octavien, ibid. Sa faction lui donne pour ques, p. 458.
successeur Gui de Crème qui prend le nom de ,
ŒUVRES DE JÉSUS-CHRIST. Traité des Œuvres
Pascal III, ibid. et 113l. cardinales de Jésus-Christ, ouvrage d'Arnaud, abbé
OCTOÈCHE, livre qui renferme les hymnes et les de Bonneval, p. 617. On l'a faussement attribué à
chants à l'usage des églises grecques, pour le di- saint Cyprien, ibid. C'est un composé de douze ser-
manche. Explication de l'Oc^oi; ou Ocloèche de saint mons qu'Arnaud avait prononcés aux jours de la cé-

Jean Damascène, par Jean Zonare, p. 157. lébration des mystères de Jésus-Christ, ibid. Ce qu'ils
ODE (sainte), vierge. Sa Vie écrite par Philippe contiennent de remarquable, ibid. et 6I8. Editions
de Bonne-Espérance, p. 687. qu'on en a faites, p. 617 et 618.
ODERISE II, abbé du Mont-Cassin, succède à Gi- OFFICE DIVIN. Lettre de Gilbert, évèque de Li-
rard. Le pape Callixle II lui donne la bénédiction ab- mérik en Irlande, pour établir l'uniformité des offi-
batiale, p. 1097. ces divins dans ce royaume, p. 176, 177. Livre aes
ODON (SAINT), abbé de Cluny. Sa Vie écrite par Offices divins, ouvrage de Rupert, abbé de Tuy, p.
le moine Nalgode, p. 85. 284. Analyse de ce traité, ibid. et 285. Constitution
ODON (saint), évoque de Schirburn. Sa Vie écrite pour l'église de Latran, touchant l'office divin, p. 690,
par Eadmer, et non par Osbern, selon Warthon, 691 . Voyez l'article suivant.

p. 46. OFFICES ECCLÉSIASTIQUES. Livre des Offices


ODON ou OUDART (le bienheureux), évêque de ecclésiastiques, par Yves de Chartres : c'est le même
Cambrai. Sa naissance, p. 71. Il enseigne publique- que le Micrologue dont on a longtemps ignoré l'au-
ment les beaux arts à Toul, puisa Tournai, ibid. Sa teur, p. 124. Analyse de cet ouvrage, p. 125etsuiv.
manière d'enscijiner, ibid. Il prend du dégoiH pour Livre des Cérémonies, sacrements, offices el rites ec-
le monde et se fait chanoine régulier à Saint-Martin clésiastiques, faussement attribué à Hugues de Saint-
de Tournai, ibid. Ensuite il prend l'habit monastique Victor, p. 356 et suiv.
par le conseil de l'abbé d'Anchin : à quelle occasion, OGER, abbé de Lucidia, au diocèse de Verceil. Ses
ibid. et 72. Toute la communculé de Saint-Martin quinze sermons sur les paroles de Jésus-Christ à ses
prend aussi l'habit monastique Odon en est élu : apôtres le jour de la Cène, p. 492.
abbé, p. 72. Il y établit la règle de Saint-Benoit, OISEAUX. Traité des Oiseaux et des bétes féroces,
avec les usages de Cluny, ibid. Il est élu évèque de attribué à Hugues Foliet, p. 351.
Cambrai, ibid. Refusant de recevoir l'investiture du OLDEGAIRE (saint), archevêque de Tarragonc.
roi Henri V, il est exilé et se retire !i l'abbayi: d'An- Offert dans son enfance à l'église de Sainte-Eulalie,
chin, ibid. Sa mort, ibid. Ses écrits sur des ma- il en devient chanoine et ensuite prévôt, p. 4i0. H
tières d'histoire et de philosophie, p. 73. Son expli- est faitabbé de Saint-Ruf, |irès Avignon, et con-
cation du canon de la messe, ibid. Ce que cet ou- firmé par le pape Pascal H les privilèges de cette

vrage contient de remarquable, ibid. Traité du péché abbaye, ibid. 11 est élu évèque de Barcelone à la place
originel, ibid. Analyse de ce traité, ibid. Editions de de Raymond, tué k la guerre contre les Maures, ibid.

XIV.
,

1242 TABLE ANALYTIQUE.


Il est fait archevêque de Tarragone, ibid. Le comte tavien. Gui de Crème et Jean de Slrume, sont dé-
Raymond lui fait donalion, à lui et à ses succes- clarées nulles, p. 1 139. Le pape a l'autorité d'ordon-
seurs, rie cette ville et de son territoire, ibid. et ner des sous-diacres chaque dimanche de l'année,
1091. Bulle du pape Gélase II qui confirme celte p. 1145. Canon d'un concile de Dalmatie qui défend
donalion, iLid et 410. Il assiste au premier concile d'ordonner des prêtres et des diacres mariés, si leurs
de Lalran, où le pape Calixie II le l'ail son légal en femmes n'ont fait vœu de continence, ibid. Autre
Espagne, ibid. 11 tient un concile à Barcelone pour qui défend d'ordonner les enfants des prêtres, et
rétablir la police civile et les droits des églises, ibid. ceux qui ne sont pas nés d'un légitime mariage,
et 4H. Il procure la paix entre les rois d'Aragon ibid.
et de Castille, p. 411. un gouverneur à Tar-
11 établit ORDRE, sacrement. Doctrine de Pierre Lombard
ragone, ibid. Il fonde dans cette ville un hôpital et une sur l'ordre, p. 565. Le sacrement de l'ordre défendu
maison de Templiers, Peu avant sa mort, il lient
ibid. par Hugues, archevêque de Rouen, contre les héré-
un concile où il prononce plusieurs discours il ne : tiques de son temps, p. 610. Ce qu'en dit Guillaume
reste rien de ces discours, ibid. d'Auvergne dans son traité des Sacrements, p. 1023.
OLKOT (ROBERT). François Pic s'est trompé en le Voyez Ordres.
croyant auleur de l'écrit qui prétend réfuter le sen- ORDRES ECCLÉSIASTIQUES. Discours d'Yves de
timent de saint Anselme, qu'on ne peut avoir l'idée Chartres sur l'excellence des ordres sacrés, sur la vie
d'un être parfait, sans concevoir qu'il existe néces- et les devoirs des ecclésiastiques, p. 122.
sairement, p. 10. Cet écrit est de Gaunilon, moine ORDRES RELIGIEUX. Canon du quatrième con-
de Marmoulier, ibid. cile de Lalran qui défend d'en établir de nouveaux,
ORAISON DOMINICALE. Sermon d'Yves de Char- p. 1165.
tres sur cette prière, p. 123. Explication de cette ORDRES ROMAINS pour la liturgie. Anciens or-
prière par Frowiii, abbé d'Engelberg en Suisse, p. dres romains recueillis par D. Mabillon, p. 689.
232. Lettre d'Abaillardà saint Bernard, où il justifie ORGUEIL. Traité de saint Bernard des degrés
une expression qu'il avait changée dans l'oraison do- d'humilité et d'orgueil, p. 474, 475.
minicale, en se conformant au texte de saint Mat- ORIGÈNE, prêtre et confesseur. Saint Bernard re-
thieu, p. 326, 327. Commentaire d'Abaillard sur jette plusieurs endroits des écrits d'Origène, et con-
l'oraison dominicale, p. 329. Explication de cette seille à ses auditeurs de ne les lire qu'avec précau-
prière par Hugues de Saint-Victor, p. 361. Explica- tion, p. 487.
tion de cette prière faussement attribuée à saint Ber- ORLÉANS, ville de France, capitale de l'Orléa-
nard, p. 492. Explication de cHte prière par Hugues, nais. Sanction, évèque d'Orléans, délivre de prii-on
archevêque de Rouen, p. 605. un clerc le jour de son entrée en cette ville, p. 105.
ORAISONS de saint Anselme, archevêque de Can- Conciles tenus en cette ville, p. 1038, 1043, 1108.
torbéry, p. 23, 2i. Preuves que ces oraisons sont de ORNEMENT DES TERMES. Ouvrage de Marbode
lui, p. 24. Traductions françaises qu'on a faites de sur ce sujet, p. 228.
plusieurs de ces oraisons, ibid. Différentes éditions, ORNEMENTS ECCLÉSIASTIQUES. Discours d'Yves
p. 43, 44. de Chartres sur la signification mystique des orne-
ORATOIRES. Concile de Constantinople qui con- ments sacerdotaux, p. 122. Ornements pontificaux
damne l'abus des oratoires domestiques, p. 1045. accordés aux abbés par le pape, p. 162. Pierre de
ORDÉRIG VITAL, morne de Saint-Evroul. Sa nais- Blois désapprouve l'usage de cette permission
sance, p. 369. Ses études : il embrasse la vie mo- p. 774.
nastique et prend le nom de Vital, ibid. Il est or- OSBERT DE STOCKÉCLARE, moine bénédictin,
donné prêtre, ibid. Son Histoire ecclésiastique divisée prieur de Saint-Pierre de Londres, écrit la Vie de
en treize livres, ibid. et suiv. Jugement sur cet ou- saint Kdouard III du nom, roi d'Angleterre, p. 408.
vrage, p. 372. Editions qu'on en a faites, ibid. et Autres Vies de saints dont il est l'auteur, ibid. Ses
373. On ignore le temps de la mort d'Ordéric : il lettres, ibid.
avait soixante-sept ans lorsqu'il acheva son histoire, OSBOR, ville de Saxe. Concile tenu en cette ville,

p. 372. p. 1062.
ORDINATION. Les ordinations ne doivent se faire OSÉE, prophète. Commentaire de Guibert, abbé de
qu'aux Quatre-Temps, p. 105. Rétributions fixées par Nogent, sur le prophète Osée, p. 195.
une novelle de l'empereur Alexis Comnène pour les OSMA, ville d'Espagne. Concile de Fussel ou Hu-
ordinations, p. 142. Traité de l'Ordination des évé- zillos, qui fixe les limites des diocèses de Burgos et
qucs et de l'investiture donnée par les /aies, ouvrage d'Osma, p. 1079.
de Geoffroi, abbé de Vendôme, p. 166, 107. Canon OSYTE (SAINTE), vierge et martyre, en Angleterre.
d'un concile de Toulouse qui défend d'ordonner ou Le pape Innocent 111 confirme le nouvel institut des
de promouvoir pour de l'argent, p. 1060. Canon d'un chanoines de Sainte-Osyle, et lui accorde divers pri-
concile de Londres qui défend à ceux qui ont reçu vilèges, p. 961.
l'ordination d'un évèque étranger sans démissoire, OTBERT, abbé de Gemblou. Sa mort. Mascelin
d'en faire les fonctions, p. 1106. Canon d'un concile lui succède, p. 59.
d'Avranches qui défend d'ordonnersans titre certain, OTTON IV, reconnu roi des Romains par les

p. 1135. Les ordinations faites par les antipapes Oc- soins du pape Innocent III, et couronné empereur
,

TABLE ANALYTIQUE. 1243

parle même pape, p. 1154. Il refuse de rendre les ibid. et 181. Sa lettre circulaire aux abbés et pré-
terres de la comtesse Mathilde, el il est excommu- vôts des monastères qu'il avait fondés, p. I8i. Ses
nié dans un concile de Rome, ibid. Ses conquêtes autres lettres dans la Patrologie, ibid. et 182. Ses

en Pouille et en Calabre, ibid. Défait par le roi discours, p. 182. Autres pièces qui le concernent,
Philippe-Auguste, il se retire à Brunswick, ihid. Sa ibid.

mort, ibid. OTTON, duc de Saxe, est élu roi de Germanie en


OTTON .(SAINT), évêque de Bamberg. Sa nais- concurrence de Philippe de Souabe. Le pape Inno-
sance, p 177. 11 passe en Pologne, où il tient une cent 111 se déclare pour lui, p. 980. 11 meurt aban-
école publique, ibid. et 17S. Le duc de Pologne donné, ibid.

l'emploie en diverses négociations, p. 178. L'em- OUI (LE) ET LE NON (Sic et Non), ouvrage d'A-

pereur Henri IV le demande pour son chapelain, baillard, dans lequel il rapporte sur chacun de ces
puis le fait son chancelier et le nomme évêque de deux articles les passages de l'Ecriture et des Pères,
Bamberg, ibid. 11 va à Rome, où il est sacré par le p. 339. 11 a été imprimé par M. Victor Cousin, p.
pape Pascal II, ibid. Sa conduite pendant son épis- 336. Ce qu'il contient, ihid. et 337.
copat, ibid. Sa première mission en Poméranie, ibid. OVIÉUO, ville d'Espagne. Conciles tenus en cette
et 179. Articles de la doctrine qu'il enseignait, p. ville, p. 1086.
179. Sa seconde mission en Poméranie, ibid. Sa OXFORD, ville d'Angleterre. Concile tenu en celte
mort, ibid. Clément 111 le met au nombre des saints, ville, p. 1127.
p. 180. Sa Vie écrite par divers auteurs, ibid. Ho- OXFORD. L'académie de cette ville rétablie par
mélies d'Otlon de Bamberg, ibid. Ses lettres, ihid. Robert PuUus, p. 391. Elle fait chaque année le

Son diplôme en faveur de l'abbaye de Saint-Michel, panégyrique de son restaurateur, ibid.

PAIN EUCHARISTIQUE. Traité du Pain azyme pape n'est point soumis au jugement d'aucun hom-
el du Pain fermenté pour le sacrifice de la messe, me, selon Yves de Chartres, p. 119 Le pape est
ouvrage de saint Anselme, p. 18. ainsi nommé parce qu'il est le père des pères, p.
PAIN BÉNI. 11 doit être distrihué au peuple les 357. En quoi consiste son office, selon Robert Pau-
jours de fête après la messe. Témoignage de Robert lulus, ibid. Doctrine de saint Bernard sur la dignité
PuUus sur cet usage, p. 398. et l'autorité des papes, p. 446 et 462. Sentiment
PAIX. Traité de la Paix et de la Concorde, ou- de Gratien sur l'autorité du pape relativement aux
vrage de saint Anselme, archevêque de Cantorbéry, canons, p. 763. Plusieurs prédictions sur les papes
p. 33, 34. Analyse de es traité, p. 34. allribuées à l'abbé Joachim, ne sont pas de lui,

PALEA (COTTA), disciple de Gratien, qui a fait p. 830.Canon du concile de Latran, qui règle le
plusieurs additions à son décret, p. 761. nombre de voix nécessaire pour que l'élection du
PALÉAS, titre par lequel sont désignées plusieurs pape soit canonique, p. 1139.
additions faites au Décret de Gratien, p. 761. PAPESSE JEANNE. Sigebert de Gemblours justi-
PALENTIA, ville d'Espagne. Conciles qui y furent fié contre ceux qui l'accusent d'avoir adopté la fable

tenus, p. 1086, 1108. de cette papesse, p. 61.


PALITH, prés Mayence. Concile tenu en ce lieu, PAQUES. Sermon d'Yves de Chartres pour le

p. 1043. jour de Pâques, p. t23. Discours d'Euthymius Ziga-


PAMIERS, ville de France. Concile tenu en celle bène sur le jour où J.-C. célébra la dernière pàqiie,
ville, p. H.57. p. 153. Deux sermons du vénérable Hildebert sur
PAMPELUNE, ville capitale de Navarre. Concile la fête de Pâques, p. 214. Trois sermonsdesaint Ber-
tenu en celte ville pour y rétablir l'cvêclié, p. 1048. nard pour le jour de Pâques; deux sur l'octave, p. 484.
On y convient de tirer à l'avenir les évêques de PARABOLES de saint Birnard du Combat spiri-
Pampelune de l'abbaye de Leyrc, ihid. tuel, p. 484. Autres qu'on lui attribue, ibid.

PANN0.\11E (ou abusivement Pannormie) d'Yves PARACLET, abbaye fondée au diocèse de Troyes,
de Chartres, p. 98. Analyse des huit parties qui la par Abaillard. Ses commencements, p. 320. Héloïse
composent, ibid. el 99. Editions p.irticuliéres qu'un en est faite abbesse, et y établit des religieuses
en a faites, p. 99. chassées d'Argenteuil , ibid. Règle du Paraclet
PANOPLIE, ou armure spirituelle. Panoplie dog- dressée par Abaillard, p. 324 et suiv. Statuts d'Hé-
matique, titre que l'on donne au traité qu'Eulliy- loïse pour cette abbaye, p. 326.
mius Zigabène a l'ail sur toutes les hérésies. Analyse PARRAINS et Marraines. Canon d'un concile de
de cet ouvrage, p. 150 et suiv. Editions qu'on en Londres, qui défend aux moines d'être parrains, p. 6.
a faites, p. 152. Devoirs du parrains, selon Robert Pullus, p. 395.
PAPES. Doctrine de saint Anselme sur l'autorité PAR ATITLES. Titre donne à la collection que Balsa-
du pape, p. 41. Histoire de» Vies des Papes, attri- mon a l'aile des constitutions ecclésiastiques, p. 826.
buée à Sigeberl, moine de Gcmblours, p. 68. Le PARIS, capitale de la France. Lettre du pape
1244 TABLE ANALYTIQUE.
Pascal II pour le clergé de Paris, p. 136. Lettre du p. 214. Traité de la Vigne mystique ou de la Pas-
pape Alexandre 111, concernant les prébendes de sion du Sauveur, ouvrage faussement attribué à saint
l'Eglise de Paris, p. 926. Conciles tenus en cette Bernard, p. 491. Méditation attribuée au même sur
ville, p. 1073, 1078,1107, 1119, 1U7, 1152, 1154. la passion et la résurrection de Jésus-Christ, ibid.
PASCAL II, pape, succède à Urbain II, p. 129. Il Lamentation sur le même mystère, qui lui est aussi

avait d'abord été moine de Chuiy, puis envoyé à attribuée, p. 492.


Rome pour les affaires de l'abbaye. Saint Grégoire VII PASTEURS. Traité des Vertus nécessaires aux
l'avait lait cardinal et ensuite abbé de Saint-Paul Pasteurs, ouvrage de Geoffroi de Vendôme, p. 169.
hors des murs de Rome, ibid. Sa lettre aux croisés Traité des Pasteurs et des Brebis, attribué à Hugues
pour les féliciter de leurs succès, ibid. 11 achève de Follet, p. 351.
dissiper le parti de l'antipape Guibert, ihid. Il PATRIARCHES, ou anciens Pères du peuple Juif.
tient un concile à Rome, où il confirme l'excom- Vers du vénérable Hildebert sur les douze patriar-
munication prononcée contre l'empereur Henri IV, ches, p. 222.
ibid. Serment dressé dans ce concile, et qu'il e.\ige PATRIARCHES, ou évêques des grands sièges.
des archevêques de Guesne et de Palerme, ibid. et Traité de Nil Doxapater sur les grands sièges patriar-
130. Son démêlé avec le roi d'Angleterre, au sujet caux, p. 654. Ce que dit des patriarches Théodore
des investitures, p. 130. Selon un auteur du temps, Balsamon, dans sa collection de constitutions ecclé-
il fait soulever Henri V contre l'empereur Henri IV siastiques , p. 827. Oécret du quatrième concile gé-
son père, ibid. Il excite le comte de Flandres à faire néral de Latran, qui règle l'ordre et les prérogatives
1,1 guerre à révêi|ue de Liège, ibid. Lettre de Sige- des quatre patriarches d'Orient, p. 1164.
bert, écrite à ce sujet au nom de l'Eglise de Liège, PATRONAGE. Canon du quatrième concile de La-
p. 65, 66. Pascal se met en marche pour aller en tran, p. 1169. Canon du concile de Sélingslad, con-
Allemagne. Différents conciles qu'il tient, p. 130. cernant les patrons, p. 1039. Canon du troisième
Détourné de passer en .\Uemagne, il vient en France. concile de Latran, concernant les patrons, p. 1141.
Réception qui lui est faite par le roi, p. 131. Il Canon d'uil concile d'Avignon, p. 1151.
tient un concile à Troyes, puis relourne à Rome, Paul (saint), apôtre des gentils. Sermon d'Abail-
ibid. Il assemble un concile, où l'on renouvelle les lard sur saint Paul, p. 331. Discours de Pierre de
décrets contre les investitures, ibid. Henri V vient Blois sur la conversion de saint Paul, p. 778.
à Rome, le force à renoncer aux investitures et se PAUL ou PAULIN, cardinal-évèque de Préneste
fait couronner empereur, ibid. et 132. La conduite en Palestine , est élu pape et prend le nom de Clé-
du pape est blâniée : lettre qu'il écrit pour se jus- ment III, p. 936.
tifier, p. 132. Concile de Latran, où il réclame PAULICIENS, hérétiques. L'empereur Alexis Com-
contre la violence que l'empereur lui avait faite, nène parvient à en convertir un grand nombre,
ibid. Sa lettre à l'empereur contre les investitures, p. 140, 141.
ibid. et 133. Sa lettre à Gui, archevêque de Vienne, PAUVRE. Epigramme de Philippe de Bonne-Espé-
qu'il exhorte à demeurer ferme sur les investitures, rance sur le pauvre, p. 687.
p. 133. Sédition qui s'élève à Rome contre le pape; PAUVRES DE JÉSUS-CHRIST, titre donné aux
à quelle occasion, ibid. L'empereur prend le parti chartreux dans les commencements, p. 402.
des séditieux. Le pape se relire de Rome, ibid. Il PAUVRES DE LYON, ou Vaudois. (Voy. Vaudois.)
revient à Rome. Les séditieux lui demandent la PAUVRETÉ. Dissertation de Théodore Prodrome
paix; il veut les réduire par la force, ibid. Sa mort, sur la pauvreté, p. 149.
rbid. Ses lettres : leur nombre dans la Patroloyie, PAVIE , ville d'Italie. Les droits et privilèges de
p. 131. Notice de celles qui sont intéressantes, ibid. l'Eglise de Pavie confirmés par le pape Pascal II,

et suiv. Fragments des décrets qu'on lui attribue, p. 136. Conciles tenus en cette ville, p. 1037, 1053,
p. 137. Autres lettres du pape Pascal H, ibid. Sa 1055. Conciliabule tenu en cette ville par Tanlipape
Vie écrite par Pierre de Pise , p. 138. Concile qu'il Victor III, p. 1127.
tient à Rome, p. 1078. Concile qu'il lient à Troyes, PÉCHÉ ORIGINEL. Traité de saint Anselme De :

p. 1081 . AutreàBénévent, iii'd. Autre concile à Home, la Conception virginale et du Péché originel, p. 15,

p. 1083. Autre à Bénévent, p. 1084. Autre à Latran, 16. Doctrine de saint Anselme sur le péché originel,
p. 1087. Autre à Bénévent, p. 1088. Autre à Véroli, p. 39. Traité du Péché originel, par le bienheureux
p. 1117. Comment il reçoit saintAnselme. Il confirme Odon, évêque de Cambrai, p. 74. Analyse de es
les droits de sa primatie, p. 7. Lettre de Sigebert traité, ibid et 75. Remèdes du péché originel avant
au nom du clergé de Liège contre une lettre de Jésus-Christ, selon saint Bernard, p. 479. Doctrine
Pascal II, p. 65, 66. de Pierre Lombard, p. 557, 558, 559.
PASSAGINS, hérétiques condamnés au concile de PÉCHÉS. Ce qu'enseigne Pierre Lombard sur les

Vérone, tenu par le pape Lucius III, p. 931. péchés, p. 559 et 561. Traité des Vices et des Péchés,
PASSION DE JÉSUS-CHRIST. Dialogue sur la ouvrage de Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris,
passion de Jésus-Christ, faussement attribué à saint p. 1026.
Anselme, p. 35. Oraison sur la passion, qui est vé- PECHEUR. Dialogue entre Dieu et le pécheur,
ritablement de lui, p. 38. Deux sermons du véné- ouvrage de Geoffroi de Vendôme, p. 169.
rable Hildebert, sur la passion de Jésus-Christ, PÉCHEURS. Doctrine d'Yves de Chartres, p. 118.
TABLE ANALYTIQUE 1243
Selon Michel Glycas, on ne doit point leur accorder PHELUS, l'un des chefs di;s pauliciens, défend les
facilement l'eucharistie, p. 6i"2. On doit abandonner le sa secte contre l'empereur Alexis Com-
ceux qui ne veulent pas suivre les avis qu'on leur nène. p. 141.
donne, ibid. PHILIPPE (saint), apôtre. Sermon de Guillaume
PÉCULE défendu aux religieux, p. 11 iO. d'Auvergne, pour le jour de la fêle de saint Philippe
PEDRADA, ville d'Angleterre. Concile tenu en ce. et de saint Jacques, p. 1027.
lieu, p. 1066. PHILIPPE 1er, roi de France. Lettre que lui écrit
PÈLERINAGES. Hildebert, évêque du Mans, ne saint Hugues, abbé de Cluny, p. 52. Yves de Char-
condamne pas les pèlerinages , mais il veut que le tres s'oppose à son mariage avec Bcrtrade , p. 91.
motif en soit raisonnable et religieux, p. 210. 11 dé- Le pape Urbain II prononce anathème contre le roi,
tourne le comte d'Angers du pèlerinage de Saint- p. 92. Lettres d'Yves de Chartres au sujet du ma-
Jacques, ibid. Selon saint Bernard, il est plus expé- riage du roi avec Bertrade, p. 101 et suiv. Entrevue
dient qu'un moine fasse pénitence dans un monas- de Philippe avec le pape Pascal II , p. 131. Philippe
tère que d'errer de province en province sous pré- est excommunié avec Bertrade au concile de Poitiers,
texte du pèlerinage, p. 458. p. 1076. Concile de Beaugency convoqué pour les
PÉNITENCE. Défense aux moines de donner la absoudre : difticultés qui en empêchent l'effet,

pénitence sans la permission de leurs abbés , p. 6. p. 107S. Concile de Paris où ils sont absous, ibid.
Doctrine de Ceoffroi de Vendôme sur la pénitence, PHILIPPE H, dit AUGUSTE. Lettre du pape
p. 169. I,ettre Je Tbibauld d'Etampes sur la péni- Alexandre III, pour engager le roi Louis-le-Jeune à
tence, p. 189. Sermons du vénérable Hildebert sur le faire couronner, p. 927. La cérémonie ne s'en fait

la pénitence, p. 214. Ce qu'il dit de la pénitence, que quelque temps après, ibid. Son divorce avec In-

p 217. Doctrine d'Abaillard sur la pénitence, p. 330 gelburge, p. 962. Lettres du pape Innocent III qui
et 336. Doctrine de Pierre Lombard sur le sacrement le concernent, ibid. et 973. Conférence pour la

de pénitence, p. 564. Traité de la Pénitence imposée réconciliation des rois de France et d'Angleterre,
par le prêtre, ouvrage de Pierre de Blois , p. 779. entre Andelys et Vernon, p. 1 Meaux,
144. Concile de
Traité de Pierre Comeslor sur la pénitence, p. 746. assemblé pour ménager la paix entre les deux rois,
Ce que dit de la pénitence Guillaume d'Auvergne, p. 1148. Le légat Pierre de Capoue prétend con-
évéque de Paris, en parlant des sacrements, p. 1023. traindre ce prince à se réconcilier avec la reine In-
Traité du même sur la pénitence, p. 1024. Supplé- gelburge, p. 1144. Il reprend Ingelburge, p. 1146;
ment à ce traité, par le même, p. 1028. il déclare qu'il ne vent plus en être séparé, p. 147. 1

PÉNITENTIELS. Pénilentiel attribué à Jean de PHILIPPE-LE-SOLITAIRE, auteur ecclésiastique


Sarisbéry, p. C79. qui vivait à b fin du xi" siècle, p. 82. Son traité
PENTATEUQUE, ou les cinq livres de Moïse, qui spirituel intitulé : Dioptre , ou Régie de la vie chré-
sont la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres, tienne, ibid. Analyse de ce traité, divisé en quatre
et le Deuléronome. Notes de Hugues de Saint- livres, ibid. et suiv. Observations sur ce qui y est
Victor sur le Pentateuque, p. 349. dit de la descente de Jésus-Christ aux enfers,
PENTECOTE. Discours d'Yves de Chartres sur la p. 84. Appendices à ce traité, ibid.

Pentecôte, p. 123. Deux sermons du vénérable Hil- PHILIPPE, évêque de Troyes, cité au concile d'E-
debert, p. 214. Trois sermons de saint Bernard, tampes, n'y comparaît point, p. 108, 1075.
p. 484. Autres sermons sur plusieurs dimanches PHILIPPE, moine de Clairvaux, l'un de ceux qui
après celle fête, ibid. Quatre sermons de Pierre de ont recueilli les miracles de saint Bernard , p. 494.
Celle sur la Pentecôte, p. 681. Sermons de Guil- PHILIPPE dispute l'archevêché de Tours à Hugues,
laume d'Auvergne, cvèque de Paris, sur la Pente- p. 490.
côte et sur les dimanches qui la suivent, qu'il ap- PHILIPPE, fils du roi Lonis-le-Gros, étudie sous
pelle dimanches après la Trinité, p. 1026. Pierre Lombard, p. 548; il embrasse l'état ecclésias-
PÈRE DE LA PATRIE, titre donné à l'abbé Suger, tique et devient archidiacre de l'Eglise de Paris , ibid.

p. 378. Après la mort de Thibaud , il est nommé évêque de


PERINGSKIOLDIUS (JEAN-FRÉDÉmc). Sa traduc- Paris, et cède cette dignité à Pierre Lombard, ibid.

tion suédoise de l'histoire des églises du Nord ,


par PHILIPPE, archevêque de Reims. Ses lettres à
Adam de Brème, p. 206. Pierre Lombard, p. 567.
PERRAULT (GUILLAUME), dominicain. On lui attri- PHILIPPE DE HARVINGE, surnommé DE bonne-
bue les sermons de Guillaume 'd'Auvergne, évêque espérance, étudie d'abord Paris, puis à Laon, .^

de Paris, p. 1025. Eous le docteur Anselme p. 683 il se consacre i , ;

PERRONET (DENIS), théologal d'Auxerre. Son Dieu, dans l'ordre de Prémontré, à l'abbaye de Bonne-
édition du traité d'Arnaud , abbé de Bonneval , sur Espérance, dont il est fait prieur, ibid.; il se brouille
l'ouvrage des six jours, p. 618. avec saint Bernard , à quelle occasion , ibid.; il est
PERTH, ville d'Angleterre. Concile qui y fut tenu, envoyé en exil dans une autre abbaye et ne revient ,

p. 1147. h Bonne-Espérance que deux ans après la mort de


PÉTROBUSIENS, hérétiques, sectateurs de Pierre saint Bernard, ibid.; il est élu abbé de Bonne-
de Bruis Leurs erreurs réfutées par Pierrc-lc-Véné- Espérance, et succède h Odon, ibid. On ignore le
rablo, p. .51 K. temps de sa mort; il vivait encore en 1187, ibid.
1246 TABLE ANALYTIQUE.
Editions de ses œuvres , ibid. et 684. Ses lettres, PIERRE DE PISE écrit la Vie du pape Pascal II,

p. 684, 685. Commentaire sur le Cantique des can- p. 138.


tiques, p. 685. Moralités sur le même Cantique, ibid. PIERRE GROSSULAN, ou CHRYSOLAN, ou CRO-
Commentaire sur le songe de Nabuchodonosor, ibid. SOLAN, archevêque de Milan. Son voyage à la Terre-
Livre du Salut du premier homme, ibid. et 686. Sainto, p. 149. Sa dispute avec les Grecs sur la pro-
Traité de la Damnation de Sahmon, p. 686. Traité cession du Saint-Esprit, ibid. Son écrit sur ce sujet
de ta Dignité des clercs, ibid. et 687. Traité de VO- conservé manuscrit, ibid. Réponse qu'il fait à un
béissance et du Silence p. 687. Vies de quelques ,
écrit de Jean Fernus, ibid.; il avait succédé à An-
saints, ibid. Poésies do Philippe de Bonne-Espérance, selme sur le siège de Milan, p. 1077; il est accusé

ibid. Jugement sur ses écrits, ibid. de simonie, ibid.; il est justifié dans un concile de
PHILIPPE, archevêque de Cologne. Différentes Rome, p. 1078; il fait le voyage de Jérusalem, ibid.
lettres que lui attribue Guibert, abbé de Gemblours, \ son retour, il trouve le siège de Milan occupé par
p. 862. Jourdain, qui est maintenu par un concile de Latran,
PHILIPPE , duc de Souabe , instituteur du jeune et Grossulan est renvoyé à son premier siège, ibid.
roi Frédéric II , est élu lui-même roi de Germanie PIERRE-ALPHONSE, auparavant nommé Moïse,
par une partie des seigneurs, p. 980. Olhon, duc de juif espagnol, embrasse la religion chrétienne, p.
Saxe, est élu en concurrence lettre du pape Inno- : 170. Les juifs jugent diversement du motif de sa

cent III qui se déclare pour Othon, ibid. conversion, ibid. Pour en prouver la solidité, il

PHILOSOPHES païens. Traité de Jean de Saris- compose un traité en forme de dialogue, sur la vé-
béry sur les dogmes des philosophes, p. 689. rité de la religion chrétienne, ibid. Analyse de cet
PHILOSOPHIE. Usage que les Pères ont fait de la ouvrage, ibid. et suiv. Jugement sur ce traité. Edi-
philosophie péri|ialéticienne, p. 544, 5i5. Abus tions qu'on en a faites, p. 172. Son traité de la Dis-
qu'en ont fait plusieurs scholastiques, p. 545, 546. cipline cléricale a été imprimé depuis D. Ceilher,
PHILOTHÉE moine. Son poème de la vie et des
, ibid. Editions de ce traité, ibid. et 173. Sa Logique
mœurs de saint Bernard, p. 495. est restée manuscrite, p. 173.
PICARD (JEAN), chanoine de Saint-Victor de Paris. PIERRE DE LÉON, cardinal, antipape sous le
Son édition du poème de Roger de Caen, du Mépris nom d'Anaclet H, p. 256 et suiv. Concile de Liège,
du monde, p. 21. Son édition des œuvres de samt oi'i il est excommunié, p. 1111. Il est excommunié
Anselme, p. 44. Son édition des œuvres de saint au concile de Pise, p. 111 3. Ses ordinations sont dé-
Bernard . p. 498. clarées nulles, p. 1114. ( Voyez Anaclet II.)
PIERRE (saint), apôtre. Sermons du vénérable PIERRE DE BRUIS. Ses erreurs condamnées au
Hildebert pour la fête des saints apôtres Pierre et deuxième concile de Latran, p. 1114 réfutées par ;

Paul, p. 2t5. Sermons du vénérable Hildebert sur Pierre-le-Vénérable, p. 518 et suiv.


de saint Plerre-aux-Liens, ibid. Relation des
la fête PIERRE DE CAPOIJE, légat, travaille à réconci-
miracles opérés par l'intercession de saint Pierre lier les deux rois de France et d'Angleterre, p. 1144;
dans l'abbaye d'Aldenbourg, p. 234. Chronique de prétend contraindre Philippe-Auguste à se réconci-
l'abbaye de Saint-Pierre-le-Vif par le moine Clarius, lier avec h reine Ingelburge, ibid.

p. 237, 238. Sermon d'Abaillard pour la fête de saint PIERRE DE CASTELNAU, légat. Concile de Saint-

Pierre, p. 33i .Sermon de saint Bernard sur la veille Gilles, où Raymond, comte de Toulouse, se présente
de la fête des saints apôtres Pierre et Paul, p. 484. pour se justifi'^r du meurtre de ce légat, p. 1 153.

Trois sermons du même sur leur fête, ibid. Témoi- PIERRE DE HONESTIS , abbé d'un monastère
gnage de Pierre-le-Vénérable sur saint Pierre, p. 5l9. qu'il fonda au port de Ravenne, p. 245. On l'a quel-

Panégyrique des saints apôtres Pierre et Paul, par quefois confondu avec saint Pierre Damien, ibid. A
Guillaume d'Auvergne, p. 1026. Sermon de Guil- quelle occasion il fit sa fondation, ibid. Sa mort,

laume d'Auvergne pour la fête de ces saints apôtres, ibid. Sa règle approuvée par le pape Pascal II, ibid.

p. 1027. Edition de cette règle, ibid. et 246. Analyse de celte


PIERRE (saint), martyr. Sermon de Guillaume règle, p. 246.

d'Auvergne pour le jour de sa fête, p. 1027. (Si l'on PIERRE, moine de Malmesbury. Lettre de Guil-
en croit l'analyse de dom Ceillier, ce sermon se laume de Malmesbury, qui lui est adressée, p. 315.
trouve placé entre la fête de saint Marc et celle des PIERRE DE PISE, cardinal, d'abord attaché au
saints apôtres Jacques et Philippe, ce qui suppose- schisme de l'antipape Anaclet, puis réconciUé avec
rait que saint Pierre , martyr, serait le dominicain le pape Innocent II, qui néanmoins le prive une se-

qui fut tué en 1252. Mais cela ne peut s'accorder conde fois de sa dignité, p. 422. Saint Bernard

avec le temps de l'épiscopat de Guillaume d'Auver- s'intéresse pour lui auprès du pape, ibid. et 443.
gne, qui mourut .ivant Pâques 1249.) 444.
PIERRE (SAINT) évêque d'Anagni. Sa lète fixée , PIERRE DE LA CHASTRE, sacré archevêque de

par le pape Pascal II au 3 août, p. 134. Bourges par le pape Innocent IL Le roi Louis-Ie-
PIERRE, évêque de Poitiers. Lettre que lui écrit Jeune refuse de le reconnaître. Lettre de saint Ber-

Yves de Chartres, p. 103. nard sur ce sujet, p. 444.


PIERRE, préfet de Rome. Sa mort; elle est sui- PIERRE, évêque de Poleticia en Espagne. Lettre
vie d'une sédition contre le pape Pascal II, p. 133. que lui écrit saint Bernard, p. 456.
TABLE ANALYTIQUE 1247
PIERRE, surnommé LE VÉNÉRABLE, abbé de lysc (lu second livre, p. 555 du
et suiv. Analyse
Cluny, est offert dans son enfance i cette abbaye, et troisième livre, p. 5G0 Analyse du qua-
et suiv.
y fait profession, p. 500. Il est envoyé pour ses trième livre, p. 562 Jugement sur les livres
et suiv.
études au monastère de Seucilanges, ibid. On le fait des Sentences, p. 566. Commentaires qu'on a faits
prieur de Vézelai, et ensuite prévôt de Doména, sur ces livres, ibid. et 567. Différentes éditions qu'on
ibid. Il succède à Hugues dans l'abbaye de Cluny, en a données, p. 567. Ses lettres, ibid.; ses dis-
dont on le compte pour le neuvième abbé, ibid. Ses cours, ibid.; ses commentaires sur l'Ecriture, ibid.
soins pour y rétablir le bon ordre, p. 501. Son Editions qu'on en a faites, ibid. et 568. Estime que
voyage en Italie. Il assiste au concile de Pise, ibid. François Pilliou faisait des écrits de Pierre Lom-
Il est invité au parlement convoqué pour la croi- bard, p. 568. Vénération qu'on a portée à sa per-
sade, ibid. 11 solbcile la libéralité de Roger, roi de sonne et à ses ouvrages, i'iid. Proposition d-; ce
Sicile, pour fournir aux dépenses que faisait l'abbaye théologien que le pape Alexandre III veut faire cor-
de Cluny pour assister les indigents, ibid.Son se- d-umner au troisième concile de Latran, p. 1143.
cond voyage à Rome pour les aflaires de son mo- Lettre par laquelle le pape défend de la soutenir,
nastère, ibid. 11 fait la visite des monastères situés ibid.
en Espagne, qui dépendaient de l'abbaye de Cluny, PIERRE DE POITIERS, chancelier de l'Eglise de
ibid. Sa mort, ibid. Son éloge, ibid. et 502. Sa Vie Paris, succède à Pierre Comestor dans la chaire de
écrite par Rodulpbc, son disciple, p. 502. Ses écrits : tliéologie à Paris, p. 568.s'écarte de la méthode Il

ses lettres. livre premier, ibid. et suiv. Apologie do Pierre Lombard, son maître, employant la forme
de Vordre de Cluny, p. 503 et suiv. Autres lettres et les raisonnements de la dialectique, ibid. Gau-
de Pierre-le- Vénérable; suite du livre premier, p. thier de Saint-Victor le nomme un des quatre laby-
506, 507. Livre second, p. 507 et suiv. Livre troi- rinthes de la Gaule, ibid. Différend de la comtesse
sième, p. 509. Livre quatrième, ibid. et suiv. Livre de Blùis avec les chanoines de Chartres, que le pape
cinquième, p. 511, 512. Livre sixième, p.512,513. Innocent III reu\et à sa décision et à celle de l'abbé
Autres lettres de Pierre de Cluny, p. 513 et suiv. de Sainte-Geneviève, ibid. Sentence qu'il prononce
Traité sur la Divinité de Jésus-Christ, p. 515. Traité sur uu procès entre les moines de Saint-Eloi et les
contre les Juifs, ibid. et 516. Sommaire de l'Alco- chanoines de Saint-Victor, touchant les dîaies du
ran. Sa réfutation, p. 516. Analyse de cette réfuta- blé et du vin à Vitry, ibid. et 5G9. Si mort, p. 569
tion, ibid. et suiv. Traité contre les Pétrobusiens, et 399. On l'a fait mal à propos évêque d'Evreux.
p. 518. Analyse de ce traité, ibid. et suiv. Senti- Ce qui a donné lieu à cette erreur, p. 569. Ses cinq
ment de Pierre-le-Vénérable sur la présence réelle livres des Sentences. Analyse de cet ouvrage, ibid.
de Jésus-Christ dans l'eucharistie, p. 520, 521. Ses et 570. Propositions qui ne sont pas reçues dans les
sermons, p. 521, 522; son recueil de miracles, p. écoles, p. 570. Autres écrits de Pierre de Poitiers
522; ses poésies, ibid. Statuts de Cluny corrigés par restés manuscrits, ibid. Son livre des Sentences, pu-
Pierre-le-Vénérable ; ibid. et 523. Ce qu'ils contien- blié à la suite de Robert Pullus, p. 399.
nent de remarquable, p. 523,524. Traité sur le Sa- PIERRE DE POITIERS, grand prieur de Cluny,
crifice de la messe, p. 52i. Fondation que Pierre connu aussi sous le nom de Pierre de Saint-Jean.
établit à Cluny en faveur de Raoul, comte de Pé- Ce qu'on sait des circonstances de sa vie, p. 570.
ronne, i6i(i.et525. Etat de l'abbaye de Cluny, dressé Sa mort, ibid.; ses poésies, ibid. elbl\.'èon Abrégé
par Pierre, p. 525. Jugement sur ses écrits, ihid. historique de la Bible, p. 571'. Son apologie eu vers
Elégie de Pierre de Poitiers, prieur de Cluny, sur élégiaques par Pierre-le-Vénérable, p. 522.
la victoire que Pierre-le-Vénérable remporte à Rome PIERRE DE POITIERS, chanoine et chantre de
sur Ponce et ses adhérents, p. 510. Autre poëmedu l'Eglise de Paris, connu sous le nom de Pierre-le-
même sur son passage à l'île d'Aia, ibid. Chantre, gouverne l'école de Paris avec succès, p.
PIERRE LOMBARD, surnommé le m.\itre des 571 . Il est élu évèquc de Tournai son élection est ;

SENTENCES, cvèque de Paris. D'où lui vient le nom traversée, elle n'a point lieu, ibid. 11 se relire h
de Lombard; ses études, p. 547, 548. Il enseigne l'abbaye de Long-Pont, où il prend l'habit monas-
dans les écoles de Paris, puis est pourvu d'un ca- tique, ibid. 11 meurt dans son temps de probation,
nooicat de l'Eglise de Chartres, p. 548. Accusé ibid. Ses écrits, ibid ; sa Somme, ibid. Editions de
d'avoir excité le trouble parmi les écoliers, il va à cet ouvrage, ibid. Analyse de cette Somme théolo-
Rome pour se justifier, et le pape Eugène 111 remet gique , ibid. et suiv. Jugement sur cet ouvrage, p.
à l'abbé Suger l'examen do cette affaire, ibid. Après 574. Antres écrits de Pierre-le-Cliantre : ils n'ont
la mort de Thébaud, il est élu évèquc de Paris, sur pas été imprimés, ibid.
le refus do Philippe, fils du roi Louis-le-Gros, ibid. PIERRE DE LIMOGES, disciple de saint Etienne
Sa mort, ibid. Il est enterré dans l'église collégiale de Muret. On lui attribue la rédaction de la règl«
de Saint-Marcel prés Paris. Fausse date énoncée pour les (îrandmontains, p. 576. Réfutation de ce
par son épitaplie, ibid. Eloges donnés à l'ierre Lom- seiiliment, ihid. et 577.
bard, ibid. et 549. F2rreurs qu'où lui a imputées, p. PIERRE, diacre et bibliothécaire du Mont Cassin,
549. Ses écrits Ses quatre livres des Sentences.
: est offert par ses parents à l'abbaye de Mont-Cas-
Idée de «et ouvrage, ibid. Division de cet ouvrage, sin, p. 580. Sus éludes, ibid. et 58t. Il est chassé
[>. 550. Analyse du premier livre, ibid. ctsuiv. Aiia- de l'abbaye et so retire chez son oncle avec Odcrisc
,

1248 TABLE AN.VLYT1QUE.


son abbé, p. 581. Dans l'assemblée tenue au sujet de tiges de la Fortune, ibid. De la division des Livres
l'élection de l'abbé Raginald, il est choisi pour dé- sacrés, ibid. Traité de l'Eucharistie, ibid. Ce qu'il
fendre les droits du Mont-Cassin, ibid. Sa dispute contient de remarquable, ibid. et 783. Autres ou-
avec un philosophe grec, ibid. et 582. L'empereur vrages de Pierre de Blois qui ne sont pas imprimés,
Lothaire le fait son secrétaire, son auditeur et cha- p. 783. Editions qu'on a faites de ses œuvres, ibtd.
pelain de l'empire. Affection que ce prince lui té- PIERRE, cardinal de Saint-Chrysogone , légat du
moigne, p. 582. Le pape Alexandre III le fait abbé pape Alexandre III en France. Lettres de ce pape
de Venouse. On ne sait plus rien des circonstances qui lui sont adressées, p. 925.
de sa vie, ibid. Ses écrits : Catalogue des hommes PIERRE DE CELLE, évèque de Chartres, mis dés
iltuslres du Mont-Cassin, ibid. Sa continuation de sa première jeunesse à Saint-Martin-des-Champs,
la Chronique du Mont-Cassin elle e.-t véritablement passe ensuite à Moulier-la-Celle, dont il est fait abbé,
de lui, ibid. et 583. Editions de cette Chronique, p. p. 680. Il quitte Moutier-la-Celle pour passer à l'ab-
583. Relation de l'invention du corps de saint Be- baye de Saint-Remy de Reims, ibid.; il succède à
noît, ibid. et 58i. Statut du Mont-Cassin, p. 584. Jean de Sarisbéry, à l'évêché de Chartres ibid. et ,

Commentaire sur la règle de saint Benoît, ibid. 681; sa mort, son éloge, 681; ses lettres : éditions
Traité des Règles, ibid. Vie de sainte Placide, ibid. qu'on en a faites, ibid.; ses sermons, ibid.; Vi\re
et 585. Livre des Lieux saints, p. 5S5. Livre de des Pains dont il est fait mention dans l'Ecriture
l'Origine et de la Vie des justes du Mont-Cassin, p. sainte, ibid. et 682; deux livres du Tabernacle,
585. Lettres de Pierre, diacre, ibid. et 586. Ses p. 682 ; livre de la Conscience, ibid.; traité de /a
écrits restés manuscrits, p. 586. (Voyez le tome XIII, Discipline du cloître, ibid. Remarques sur son style
p. 90.) et sur ses lettres, ibid. et 683.
PIERRE DES VIGNES, chancelier de l'empereur PIERRE COMESTOR, chancelier de l'Eglise de
Frédéric II. Différentes éditions qu'on a données de Paris. C'est à tort que quelques auteurs le font
ses lettres, p. 596. frère de Pierre Lombard et de Gratien, p. 743. D'a-
PIERRE, évèque de Sappirion, assiste aux confé- bord chanoine de Troyes, il est fait chancelier de
rences tenues entre Norsésls, patriarche des Armé- l'Eglise de Paris , et chargé de l'école de théologie,
niens, et Théorien, envoyé de l'empereur Manuel ibid.; il cède à Pierre de Poitiers la direction de
Comnène, p. 635. l'école, ibid.; il se retire à l'abbaye de Saint-Victor;
PIERRE BÉRENGER, disciple d'AbaiUard, prend sa mort, ibid.; éloges que les auteurs de son temps
avec chaleur les intérêts de son maître, p. 327. Il lui ont donnés, ibid. Ses écrits : son Histoire scho-
compose une apologie d'AbaiUard et quelques lettres. lastique, ibid.; idée de cet ouvrage, ibid. et 744;
(Voyez son article dans l'Histoire de la France, t. XII, éditions qu'on en a faites, p. 744; ses sermons, ibid.
p. 254 et suiv.) et suiv.; il y en a cinquante-un ,
quels en sont les
PIERRE DE BLOIS, archidiacre de Bath en An- sujets, p. 745, 746. Autres écrits de Pierre Comes-
gleterre : ses études, p. 764. Il se livre à l'étude de tor, p. 746. Jugement sur le style de Pierre Coraes-
la théologie, ibid.;il passe en Sicile avec Etienne, tor, ibid.
fils du comte de Perche. On le charge du soin des PIERRE II , roi d'Aragon ,
prend les intérêts des
études du jeune roi Guillaume II, ibid. Il reluse comtes de Toulouse. Ses propositions étant rejetées,
l'évêché de Naples et revient en France, ibid. Henri II, ilen appelle au pape, p. 1157. Bataille de Muret
roi d'Angleterre, l'appelle à sa cour. Il se retire au- où il est tué, p. 1 158.
près de Richard, archevêque de Cantorbéry, ibid. PIERRES. Poème de Marbode sur les Pierres pré-
La reine Eléonore le prend pour secrétaire. Diffé- cieuses, p. 228. Son explication morale en prose des
rentes négociations dont il est chargé, ibid. Il re- douze pierres précieuses de l'Apocalypse, p. 229.
fuse l'évêché de Rochester, ibid. Ses envieux lui PISE , ville d'Italie. Concile qui y fut tenu
font ôter l'archidiaconé de Bath. On lui donna celui
de Londres, qui suffisait à peine à ses besoins, ibid. PLACIDE (saint), fils du patrice TertuIIus. Sa Vie
et 731. Il meurt pauvre : son éloge, p. 765. Edi- écrite par le moine Gordien et par Pierre, diacre du
tion des écrits de Pierre de Blois, dans la Patrolo- Mont-Cassin, p. 581, 585.
yie, p. 765. Ses lettres, ibid. et suiv. Ses sermons, PLACIDE du Mont-Cassin, continue
(DOM), diacre
p. 776 - 778. Traité de la Transfiguration, p. 778. le Catalogue des hommes illustres du Mont-Cassin,
De la Conversion de saint Paul, ibid. Traité sur Job, p. 582.
ibid. Sur le voyage de Jérusalem, ibid. Instructions PLAISANCE, ville d'Italie. Concile tenu en celte
sur la Foi chrétienne, dressées pour le sultan d'Icône, ville, p. MU.
ibid. et 779. Traité de la Confession sacrameiitale, PLEINE-DE-GRACE (la), monastère do filles,
p. 779. De la Pénitence imposée par le prêtre, ibiJ. fondé sous ce nom à Constantinople par l'impéra-
De llnstitution d'un évèque, ibid. et 780. Contre un trice Irène, en l'honneur de la sainte Vierge, p. 143.
censeur de ses ouvrages, p. 780 et 781. Contre les Analyse du Typique ou des règles dressées pour ce
juifs, ibid. et 781 De l'Amitié chrétientie, ou de
. monastère, ibid. et suiv.
l'Amour de Dieu et du prochain ibid. Des tribula- , PLURALITÉ des bénéfices défendue par le troi-
tions, ibid. Contre les mauvais pasteurs, ibid. et sième concile de Latran. p. 1141; par le quatrième
782. Lettre sur le Silence, p. 782. Traité des Pres- concile de Latran, p. 1167.
. ,,

TABLE ANALYTIQUE. 1249

POITIERS, ville de France. Conciles tenus en les églises auront joui pendant l'an et jour, leur de-
cette ville, p. 1047, 1048, 1069, 1076, 1080. meureront pour toujours, mais que cette prescrip-
POLDEN, ville de Saxe. Concile tenu en ce lieu, tion n'aura lieu que contre les I.iïcs, celle d'église à

p. 1033. église devant être de trente ans, p. 1086.


PÛLYCRATIQUE ou Amusements des courtisans, PRÉSENCE RÉELLE DE JÉSUS -CHRIST dans
ouvrage de Jean de Sarisbéry, p. 676. Analyse de ce l'eucharistie. Témoignage d'Euthymius Zigabène,
traité, ibid. et 677. p. 154, 155;de Zonare, p. 158, 159; de Pierrc-le-
POiMÉRANIE, province d'Allemagne. Mission d'Ot- Vénérable en faveur de ce mystère, p. 520, 521.
ton, évèque de Bamborg, en Pornéranie, par les (Voyez Eucharistie.)
soins de Bole.'^las, duc de Pologne, p 178, 179. PRÉSENTATION DE JÉSUS -CHRIST au Temple.
PONS ou PONCE , abbé de Cluny , reçoit !e pape Discours de Zonare sur ce mystère, p. 158.
Gélase II ,
qui vient demeurer dans son abbaye, PRÉSENTATION DES CLERCS pour des béné-
p. J090. Pons renonce à sa dignité et veut ensuite fices. Le troisième concile de Latran règle sur cela
la reprendre, p. 251; il est excommunié par Pierre, le droit des patrons, p. 1141.
cardinal-légal, ibid. Le pape lui accorde une sépul- PRÊTRE JEAN, prétendu roi des Indes. Lettre
ture honorabla, p. 252. adressée à ce prince attribuée au pape Alexano're 111,

PONS DE LARAZE, gentilbomme, embrasse, par D. 922.


le du bienheureux Guignes, la vie monasti-
conseil PRÊTRES DE LA LOI NOUVELLE. Les prêtres
que dans l'ordre de Citeaux p. 305 300 il fonde , , ; qui ne vivent pas en continence no peuvent pas cé-
le monastère de Salvanoz, p. b06. lébrer la messe, p. 6. Leurs enfants sont déclarés
PORTES (les), chartreuse bâtie par Bernard des incapables de leur succéder dans leurs églises , ibid.

Portes, p. 400. Apologie des prêtres mariés, par Sigebert, moine de


POUSSINES (pierre), jésuite. Son édition de (jemblou, p. 64. Le pape Pascal II permet de pro-
VAlexiade d'Anne Comnène et des mémoires de Ni •
mouvoir aux ordres les enfants des prêtres, p. 137.
céphore de Brienne, p. 147. Son édition, avec une Doctrine du vénérable Hildebert sur le célibat et les
traduction latine , de l'histoire écrite par Nicéphore fonctions des piètres, p. 217. Hymne de Marbode
de Brienne, p. 643. sur les prêtres, p. 227. Instruction du prêtre faus-
PR^CONIUM PASCHALE. Saint Hugues, abbé de sement attribuée à saint Bernard, p. 492. Livre de
Cluny, en fait retrancher ces mots : felix culpa, Géroch, prévôt de Rcichcrsperg, touchant ceux qui
p. 54. admettent les prêtres excommuniés et les sacrements
PRÉCEPTES. Livre de saint Bernard : Du Pré- qu'ils confèrent, p. 629, 630. (Voyez Sacerdoce.)
cepte et de ta Dispense , p. 467, 468. Analyse de ce PRÊTRISE. Défense de la conférer avant l'âge de
traité, p. 468 et suiv. trente ans, p. 1139.
PRÉDESTINATION. Traité de la Concorde, de la PRIÈRE. Ce que dit Yves de Chartres sur l'utilité

Pressience et de la Prédestination de Dieu avec la de la prière pour les morts, p. 114. Traité de la
Liberté de l'homme , ouvrage composé par saint An- Prière, ouvrage de Hugues de Saint-Victor, p. 352.
selme , p. 17, 18. Doctrine du vénérable Ilildebert Différentes formules de prières dressées par Jean
sur la prédestination et la grâce, p. 21 G. Doctrine moine de la Chartreuse des Portes, p. 401. Remar-
d'Alger, scbolastiquc de Liège, p. 386. que sur les associations de prières et de suffrages,
PRÉDICATION. Traité de la Prédication, ouvrage p. 514, 515. Prières pour les morts, p. 521. Condi-
de (îuibcrt, abbé de Nogent, où il enseigne la mé- tions de la prière selon le pape Innocent 111, p. 1013.
thode de prêcher avec succès, p. 195. Traité du Pou- Traité de la prière, ouvrage de Guillaume d'Auver-
voir que les moines ont de prêcher ouvrage de Ru- , gne , intitulé : Rhétorique divine, p. 1022. (Voyez
pert, abbé de Tuy, p. 288. Sa lettre à Everhardsur Oraison.)
ce sujet, ibid. PRIMAUTÉ de l'Eglise romaine reconnue par
PRÉFACES DE LA MESSE. Le nombre en est fixé Hugues Métellus, p. 363, et défendue contre les Grecs
à dix : défense d'en ajouter de nouvelles, p. 1135. par Anselme d'ilavelburg, p. 41 3.
PRÉMONTRÉ. Différentes lettres du pape Inno- PRINCIPES. Livre de Guibert de la Porrée, inti-
cent concernant les usages et les privilèges do
III , tulé Des six principes,
: p. 343. Traités d'Albcrt-le-
l'ordrede Prémontre, p. 953, 962. Grand sur cet opuscule, ibid.

PRÉSAGES. Présages provinciaux livre de l'abbé : PRINTEMPS. Poème d'Arnoul de Lisieux sur le

Joachim sur les Présages provinciaux, p. 831 retour du printemps, p. 759.


l'RE.SCIENCE DIVINE. Traité de la Concorde, de PRISQUE (SAINTE), vierge et martyre à Rome.
la Prescience et de la Prédestination de Dieu avec Eglise de Rome sous son vocable, avec titre do car-
la Liberté de l'homme, ouvrage de saint Anselme, dinal accordée à l'abbaye de Vendôme. Les abbés
,

p. 17, 18. Différence qu'il y a entre la prescience de Vendôme ont joui de cette donation pendant trois
et la prédestination selon le vénérable Ilildebert, siècles p. 100. Elle fut accordée par Alexandre il
,

évèque du Mans, p. 219. (Voyez Prédestination.) ibid. Elle fut confirmée par le pape Urbain II, ibid.,
PRESCRIPTIONS. Canon du quatrième concile do et par le pape Hoiiorius II, ibid.

Latran sur les prescriptions, p. 1168. Canon d'un PROCESSION DU SAINT-ESPRIT. Traité de saint
concile de Beauvais, qui porte que les biens dont Anselme , archevêque de Cantorbéry, sur la procès-

XIV.
.

1250 TABLE ANALYTIQUE.


sion (lu Saint-Esprit, p. 12. Un manuscrit do Cam- brai,p. 77. Commentaire de Théodore! sur les
bridge l'atfribue par err(?ur à saint Augustin , ibid. Psaumes, abrégé par Théodore Prodrome, p. 149.
Analyse de ce traité, ibid. et 13. Traité de Pierre Commentaire d'Eulhymius Zigabèns sur les Psau-
Grossulan, archevêque de Milan , sur la Procession mes et sur les cantiques, p. 153. Commentaire sur
du Saint-Esprit, p. 148, 1 49. Austrace compose plu- les Psaumes que Trilhème donne à Anselme de
sieurs écrits pour réluter le traité de Pierre Grossu- Laon, p. 184. Commentaire d'Hugues de Sainte-
lan , p. lis. Ecrit de Jean Fernus contre le même Marie, moine de Fleury, p. 242, 243. Commentaire
traité, p. 1i9. Ecrit de Théodore Prodrome contre attribué à Abaillard, p. 339. Commentaire de Gil-
le sentiment des Latins , ibid. Ecrit d'Eulhymius bert de la Porrée, p. 343. Commentaire sur les cin-
Zigabène contre, la procession du Saint-Esprit quante premiers Psaumes, attribué à Gsoffroi de
p. 152. Traité de la Glorification de ta Trinité et de Loriole, p. 409. Dix-sept sermons de saint Bernard
la Procession du Saint-Esprit , ouvrage de Hupert, sur Psaume quatre-vingt-dixième, p. 484. Com-
le

abbé de Tuy, p. 283. La procession du Saint-Esprit mentaire de Pierre Lombard sur les Psaumes, p.
défendue contre les Grecs, par Anselme d'Havel- 567. Commentaire d'Arnaud, abbé de Bonneval, sur
burg, p. 4l3. Traité de Michel Glycas, de la Proces- le Psaume cent trente-deuxième, p. 619. Exposition

sion du Saint-Esprit, p. 642. Traité d'Andronic du Psaume soixante-quatrième, ou livre de l'Etat


Camatère sur la procession du Saint-Esprit contre corrompu de l'Eglise, ouvrage de Géroch, prévôt de
les Latins, réfuté par Jean Weccus, patriarche de Reichersperg, p. 627, 628. Explication des sept
Constantinople , p. 650. Analyse de ce traité, ibid. Psaumes de la pénitence, par le pape Innocent III,

et 651. Traité de Hugues Etérien, pour prouver le p. 1013.


sentiment de l'Eglise latine touchant la procession PSAUTIER de la sainte Vierge, par saint Anselme,
du Saint-Esprit, p. 658. Analyse de ce traité divisé p. 2i.
en trois livres, p. 659, (Voyez Esprit saint.) PSAUTIER à dix cordes , ouvrage de l'abbé Joa-
PRODROME (THÉODORE). (Voyez Théodore.) chim, p. 829.
PROFESSION MONASTIQUE. Saint Bernard re- PUISSANCE ecclésiastique et séculière. Traité de
garde la profession monastique comme un second la Puissance royale et de la Dignité sacerdotale, ou-
baptême, p. US et 470. Formule de profession vrage d'Hugues de Sainte-Marie, moine do Fleury,
usitée dans l'ordre de Prémontré, p. 688. Explica- p. 243. Analyse de ce traité, ibid. et 244. Doctrine
tion de cette formule, ihid. et 689. de Robert Pullus sur les deux puissances, p. 397,
PROPHÈTES (GRANDS ET PETITS). Commentaires 398.
de l'abbé Joachim sur quelques-uns des grands et PULLUS. (Voyez Bobert Pullus.)
des petits prophètes, p. 829, 830. PURGATOIRE. Témoignage d'Yves de Chartres
PROPHÈTES (LES DOUZE PETITS). Commentaire sur le purgatoire, p. 114; du vénérable Hildebert,
de Ruperl, abbé de Tuy, sur les douze petits pro- p. 2 17 de Robert Pullus, p. 397. Opuscule du pape
;

phètes, p. 282. Explication des douze petits pro- Innocent III, sur le purgatoire, p. 1017. Ce qu'en
phètes par le moine Hervé, p. 403. dit Guillaume d'Auvergne, p. 1024.
PROPHÉTIE. Traité de la Prophétie inconnue, ou- PURIFICATION de la sainte Vierge. Sermon d'Yves
vrage attribué à l'abbé Joachim, p. 831. de Chartres pour la fête de la Purification, p. 122.
PROSES et hymnes d'Abaillard, p. 338, 339. Deux sermons de Geoffroi de Vendôme sur cette
(Voyez Séquences.) fêle, p. 169. Trois sermons du vénérable Hildebert
PROLOGUE de saint Anselme, p. 9, 10. sur la fête de la Purification, p. 215. Le jour de
PROVIDENCE. Poëme de Théodore Prodrome sur cette fête, on portait des cierges, p. 217. Poëme de
la providence, p. 149. Marbode sur cette fête, p. 228. Sermon d'Abaillard
PSAUMES, livre sacré. Commentaire de Letbert, pour cette fête, p. 331. Trois sermons de saint Ber-
abbé de Saint-Ruf, p. 69, 70. 11 ne parait pas qu'il nard pour la même fête, p. 484. Sermon de Pierre
ait encore été imprimé, p. 70. Tétraples sur les de Celle sur cette fête, p. 681. Sermon de Guillaume
Psaumes, par le bienheureux Odon, évêque de Cam- d'Auvergne sur cette fête, p. 1027.

Q.

QUATRE-TEMPS. Traité de Sigebert de Gemblour Pentecôte, le jeûne de ceux du mois de juin,


sur le jevlne des Qaatre-Temps, p. 67. Traité de p. 1079.
Francon, abbé d'Afflighem, sur le jeûne des Quatre- nUEDLlMBGURG, ville de Saxe. Conciles qui fu-
Temps, 191. Canon d'un concile de Tribur, qui
p. rent tejius en cette ville, p. 1079, 1095.
fixe à première semaine de Carême les Quatre-
la QUENTIN, martyr. Monastère de chanoines régu-
Temps du mois de mars, p. 1047. Canon d'un con- liers fondé en l'honneur de saint Quentin par Gui,
cile de Qucdlimbourg, ou de Norlhus, qui fixe à la évêque de Beauvais, près la ville de Beauvais, p. 90.
première semaine de Carême le jertne des Qualre- QUE.STION , tourment. 11 ne convient pas aux
Temps du mois de mars, et à la semaine de la prêtres de faire donner la question, p. 213.
TABLE ANALYTIQUE. 1251

QUESTIONS. Recueil de sentences et de ques- qui leur défend de porter des reliques, p. 1170.
lions d'Anselme de Laon, p. 183. QUINTIN (jean), jurisconsulte. Sa traduction la-
QUÈTEURS. Règlement d'un concile de Paris sur tine dos coniment.iires de Zonare sur les canons
les quêteurs, p. 1155. Canon du concile de Latrnn, apostoliques, p. 157.

R.

RABUTIN (r.OGER de), comte de Bussi. Traduc- RAINAL, abbé de Cîteaux. (Voyez Rainnud.)
tion française des lettres d'Abaillard et d'Héloïse, RAINAUD ou RODULPHE, abbé de Flavigny.

qui lui est attribuée, p. 341. Année de sa mort. Hugues lui succède après une
RACHAT D'AUTEL. Ce que c'était que ce droit v:icance de sept ans, p. 80.
exigé par les évoques, p. 136. Le concile de Cler- RAINAUD DE MARTIGNÉ, évêque d'Angers. Let-
mont défend cette exaction, ibid. Lettres du pape tre où Geuffioi de Vendôme parle de lui, p. 163,
Pascal II qui le défendent aussi, ibid. Lettre de 104. Lettre de Marbiide qui lui est adressée, p. 226.
Geoffroi de Vendôme, où il en est parlé, p. 163. RAINAUD, archevêque de Lyon. Son cpitaphe,
RADEBOTON, comte de llapsbourg, p. 538. par Pierre-le-Vénérable, p. 522.
RADEGOiNDE (sainte), reine de France. Sa Vie RAINAUD, reclus. Règle que lui prescrit Bernard,

écrite par le vénérable Hildebert, évêque du Mans, prieur de la Chartreuse des Portes, p. 400.
p. 217. RAINAUD, abbé de Cîteaux. Sa morl. Gosvin,
RADULPHE, moine de CUmy, écrit la Vie de abbé de Bonneval, lui succède, p. 449.
Pierre-le-Vénérable, dont il avait été le disciple, RAINGARDE, mère de Pierre-Ie- Vénérable, p. 500.
p. 502. Elle se consacre à Dieu dans le monastère de Mar-
RAYMOND VI, comte de Toulouse, pour prévenir cigni. Sa mort, p. 501 et 508. Son fils ordonne un
la croisade publiée contre lui, demande à se récon- trentain de messes et des aumônes pour le repos de
cilier à l'Eglise, p. H50. 11 est cité à Valence, où il son âme, p. 508. ,
cuniparaît devant le légal Milon ; conditions qui lui RAINIER, cardinal-prêtre du titre de Saint-Clé-
sont imposées, et auxquelles il se soumet, ibid. Ab- ment, est élu pape et prend le nom de Pascal II,

solution qui lui est donnée à Saint-Gilles. Circons- p. 129.


tances de cette cérémonie, ibid. 11 est e.\communié RAINIER, qui se joint à l'abbé Joachim. Ils éta-
de nouveau au concile d'Avignon pour avoir man- blissent ensemble le monastère de Flore, p. 829.
que à ses engagements, p. 1151. Son voyage à Rome. RAISON. Miroir de la raison, poëme de Jean de
Le pape donne une nouvelle absolution, p. 1153.
lui Sarisbéry, p. 679.
11 est cité au concile de Saint-Gilles. Ce qui se fait RAMEAUX. Sermon d'Yves, évêque de Chartres,
en ce concile, ibid. 11 est excommunié au concile page 123. Cinq sermons du vénérable Hildebert, p.
d'Arles, et le peuple confirme la sentence, p. Il54. 214. Un sixième sermon du même, p. 229. A la
11 est dépouillé de ses États, qui sont donnés à Si- procession du dimanche des Rameaux, on portait
mon, coiNte de Monlfo.t, par le concile de Montpel- des fleurs et des palmes qu'on bénissait ensemble,
lier, p. 1160. Celte disposition est confirmée au p.217. Trois sermons de saint Bernard, pour le di-
quatrième concile de Latran par le pape Innocent III, manche des Rameaux, p. 484. Autre qui lui est at-
p. 1172. tribué, p. 492.
RAIMOND, chevalier, sire du château d'Aniboise. RAMNULFE, évêque de Saintes, élu à la place de
Lettre d'instruction que saint Bernard lui écrit sur Biison, déposé, p. 1072. Geoffroi de Vendôme lui

le gouvernement de sa famille, p. 459, 460. Celte écrit, p. 163.


lettre est exclue de la nouvelle édition des œuvras RAISUCIUS (HIGATUS). Son édition du traité de
du saint, p. 493. saint Bornard, de la Grâce et du Libre arbitre, avec

RaIMOND, moine de Toulouse. Lettre en vers un commentaire, p. 500.


élégiaqucs que lui écrit Pierre- le-Vénérablc, p. 510. RAOUL II, archevêque de Tours. Son différend
RAINALD, abbé de Saint-Martin de Nevcrs, ac- avec les moines de Saint-Martin de Tours, p. 110.
cusé d'hérésie au concile de Sens, p. 1143. Son RAOUL ou RADULFE, évêque de Rochester, est
appel au pape; il est déposé, )bid. N'ayant pas pour- nommé archevêque de Canlorbéry, p. 137 et 1084.
suivi son appel, le pape renvoie l'examen de son Son différend avec Turstain, archevêque d'York, qui
affaire à Pierre de Capoue, son légat en France, cl lui refusait la soumission comme à son métropoli-
à Eudes de Sully, évêque de Paris, ibid. tain, p. 134.
RAKîINALD, archevêque de Lyon. (Voyez rtainaut/.) RAOUL-LE-VERD, prévôt de l'Eglise de Reims,
RAINALD LE TOSCAN, abbé du Mont-Cassin, p. il devient archevêque de Reims et consulte Yves de
526. Son élection est contestée, ibid. Elle est jus- Chartres, p. Hlj.
tifiée dans une conférence à ce sujet, p. 581. RAOUL, frère d'Anselme de Laon est aussi ,

RAINALD COLLEMEZZO, élu abbé du Mont-Cas- chargé du soin de l'école do Laon, p. 182. Conjoin-
sin, devient le compétiteur du précédent, p. 526. tement avec son frère, il trivaille à un recueil do
1252 TAP.r.E ANALYTIQUE.
sentences et de questions. Idée de cet ouvrage, p. prescrit Bernard des Portes à un reclus, p. 165.
183. Son traité sur la Trinité, p. 183. 11 est encore Règle de saint Etienne de Muret pour l'ordre de
auteur d'un traité sur l'Arithmétif/ue, et d'un autre Grandmont ; elle est véritablement de lui, p. 576,
sur le Demi-ton, ibid. 577. Analyse de cette règle, p. 577, 578. Différentes
RAOUL I, comte de Vermandois. Lettres de saint éditions qu'on en a faites, p. 578. Règle des reli-
Bernard qui le concernent, p. 444, 445. gieuses recluses, dont l'auteur n'est pas connu,
RAOUL, comte de Péronne. Fondation faite par p. 623.
lui à Cluny, en reconnaissance des grands liiens qu'il REGNAUD, évèque de Barthon. Lettre qu'Ariioul
avait faits à i-ette abbaye, p. 525. de Lisieux écrit en sa faveur au pape Alexandre 111,

RAOUL LE NOIR, moine de Saint -Germer de p. 754.


Flaix. Ouvrages qu'on lui attribue, p. 739. Son com- REIMS, ville de Champagne. Prétentions de l'église

mentaire sur lu Lévitique est le seul de ses écrits qui de Reims pour le sacre du roi de France, contestée
nous reste. A quelle occasion il fut composé, ibid. par Yves de Chartres, p. 115, 116. Conciles tenus en
Analyse de cet ouvrage divisé en vingt livres, ibid. cette ville, p. 1055, 1050, 1061, 1080, 1082, 1086,
et suiv. Endroits remarquables, p. 741. Jugement 1093, 1111, 1120, 1127. Différend entre le clergé
sur cet ouvrage, ibid. de Reims et celui de Trêves sur la préséance, p. 1056.
RAOULou RODULPHE, abbé de Saint-Trond. REINARD, abbé de Reinehausen. Sa lettre de
Voyez Bodulphe. congratulation à Wibald, abbé de Stavélo, p. 529.
RAVENNE, ville d'Italie. Concile de Guastalla, où Sou opuscule sur la fondation elles commencements
la provice d'Emilie est soustraite à l'archevêché de de l'abbaye de Reinliausen, ibid.
Ravenne, p. 1079. Conciles tenus en cette ville, REINIIAUSEN, abbaye d'Allemagne au diocèse de
p. 1037, 1107. Mayence. Histoire delà fondation et des commence-

RECLUS. On distinguait encore au xii^ siècle deux ments de cette abbaye, p. 529.
sortes de reclus, p. 165. RELIGIEUSES. Canons des conciles pour le gou-

RECLUSES. Règle des religieuses recluses fausse- vernement des religieuses, p. 340. Canon d'un con-
ment attribuée à saint Augustin, puis imprimée sous cile de Londres touchant les religieuses, p. 1106.

le nom d'/Elrède, abbé de Riedval, p. 623. Règlements du deuxième concile deLatran, p. 1115.
RÉCOMPENSE. Traité du Mérite et de la récom- Canon d'un concile de Reims, p. 1122. Décrets
pense, ouvrage de Guillaume d'Auvergne, évoque de d'un concile de Paris concernant les religieuses,
Paris, p. 1022. p. 1156.
RÉDEMPTION des hommes par Jésus-Christ. Dia- RELIGIEUX. Canon d'un concile de Montpellier
logue du bienheureux Odnn, évêque de Cambrai, sur qui défend aux religieux de prendre des leçons de
l'Incarnation du Verbe et la rédeniplion du genre jurisprudence et de physique dans les écoles sécu-
humain, p. 75, 76. Erreurs d'Abaillard sur le mys- lières, p. 1129. Même défense d'un concile de Tours,
tère de notre rédemption, réfutées par saint Ber- p. 1 Canon du troisième concile de Latran qui
130.
nard, p. 442, 443. les concernent, p. 1140. Canon d'un concile d'Avi-
REDINGUE, ville d'Angleterre. Concile qui y fut gnon, p. 1152. Décrets d'un concile de Paris con-
tenu, p. 1149. cernant les religieux, p. 1155. Voyez Moines.
REDON, monastère en Bretagne. Bulle du pape RELIGION CHRÉTIENNE. Dialogue entre un juif
Innocent II qui met sous la protection du Saint-Siége et un chrétien sur la vérité de la religion chrétienne,
l'abbé et les moines de Redon, p. 276. ouvrage de Pierre Alphonse, juif converti, p. 170.
RÉGIMBERT, abbé d'Epternach, Sa mort. Théo- Analyse de cet ouvrage, ihid. et suiv. Autre dialogue
froi lui succède, p. 57. sur le même sujet, par Gislebert Crispin, abbé de
RÈGLES MONASTIQUES ou CANONIALES. Com- Westminster, p. 174.
mentaire de Hugues de Saint-Victor sur la règle de RELIGION ou état religieux. Canon d'un concile
saint Augustin, p. 350. Commentaire d'Adam, abbé d'Avranches qui statue que le mari ou la femme ne
do Case-Blanche en Ecosse, sur cette règle, p. 687. peuvent entrer en religion, l'autre demeurant dans
Observations de Rupert, abbé de Tuy, sur divers le siècle, s'ils n'ont passé l'âge d'user de leur ma-
chapitres de la règle de saint Benoît, p. 286 et suiv. riage, p. 1135.
Si tout ce qui est contenu dans celte règle est de RELIQUES. Les discours d'un Théofride, pour-
précepte, ou s'il y a quelques articles qui ne soient raient être de Théofroi, abbé d'Epternac, p. 58.
que de conseil, p. 468. Commentaire de Pierre, dia- Traité surles reliques des saints, ouvrage de Guibert,
cre du Mont-Cassin, sur cette règle, p. 584 et 586. abbé de Nogent, p. 197 et suiv. Selon Guibert, abbé
Commentaire de sainte Hildegarde, p. 590. Explica- de Nogent, il n'y a point d'autres reliques de Jésus-
tion de cette règle attribuée à l'abbé Joachim, p. 831. Christ que la sainte eucharistie, p. 197, 198. Pré-
Règle donnée par l'impératrice Irène au monastère tendues reliques de Jésus-Christ, p. 198, 199. Reli-
de la Pleine-de-Grdce ([u'elle avait fondé à Constan- ques de la sainte Vierge, p. 198. Sermon de Pierre
tinople, p. 143 et suiv. Règle de Pierre de Honestis, le Vénérable sur la vénération des reliques, p. 521.
p. 245, 2i6. Règle pour l'abbaye du Paraclet rédigée Statuts de l'église de Latran concernant les reliques,
par Abaillard, p. 324 et suiv. Règle d'Héloïsse pour p. 690. Canon du quatrième concile de Latran con-
le même monastère, p. 326, 339, 340. Règle que cernant les reliques, p. 1170. Voyez Martyrs.
ÏAIiLE ANALYTIQUE. 1253
RÉMY (saint), évoque de Reims et apôtre des saint Bernard pour le consulter sur sa conscience,
Français. Lettre du pape Callixte II qui confirme les p. 430, 431.
privilèges de l'abbaye de Sainl-Rémy en Provence, RIOM, monastère sous le nom de Saint-Amable

p. 1099. Privilège accordé à l'abbaye de Saint-Rémy dans la ville de Riom en Auvergne. Le pape Inno-
de Reims par le pape Léon IX dans le concile qu'il cent annule toutes les aliénations des biens de ce
III

y tint, p. 1056. monastère faites par l'abbé Gui, p. 954.


RÉOLE (la), monastère de Gascogne. Ce monas- RIPOUILLE, abbaye en Catalogne. Concile tenu
tère est réclamé par l'évèque de Bazas et déclaré ap- dans ce lieu. Les privilèges de ce monastère y sont
partenir à l'abbaye de Fleury, p. 1071. confirmés, p. 1048.
RÉPARATIONS. Règlement de Guillaume, arche- RIQUIER (SAINT) , abbé de Centule. Abbaye sous
vêque d'York, concernant les réparations des orne- ce vocable. Chronique du monastère de 8t-Riquier
ments, des maisons et autres dépendances d'un bé- continuée par Hariulfe, p^234.
néfice, p. 1124. RITES. Livre des cérémonies, sacrements, offices
RÉSURRECTION de Jésus-Christ. Sermon de et rites ecclésiastiques , faussement attribué à Hu-
Geofi"roide Vendôme sur ce mystère, p. 169. Médi- gues de Saint-Victor, de
p. 356 et suiv. Concile
tation attribuée à saint Bernard sur la passion et la Burgos assemblé pour l'introduction du rit romain
résurrection de Jésus-Christ, p. 491. en Espagne, p. t071. Concile de Valladolid assemblé
RÉSURRECTION future des hommes. Huit ser- en 1113 pour le même sujet, p. 1113.
mons de Pierre do Celle sur la résurrection ,
RIVALLON, archidiacre de Rennes, fiit l'épitaphe
p. 681. de l'évèque Marbode, p. 226.
RÉTINI (RENAUD). Sa traduction italienne des RIVIN (en latin Rivinus) (anduÉ), médecin alle-
livres de saint Bernard de la Considération, p. /i99. mand. Son édition du poème du vénérable Hildc-
RÉTRACTATIONS de saint Bernard, p. 475. bert sur le martyre de saiflte Agnès, p. 224. Son
BÉVÉIATIONS de sainte Hildegarde, p. 596, 597. édition des poésies de Jean de Sarisbéry et de Ful-
Celles de sainte Elisabeth de Schonauge, p. 598. bert de Chartres, p. 680.
Révélations du bienheureux fibrille, ermite du Mont- ROBERT II LE JEUNE, dit le Jérosolymitain.
Carmel, p. 830. comte de Flandre. Il fait la guerre à l'évèque do
REVENUS de l'Eglise. Doctrine de Robert PuUus Cambrai, partisan de l'empereur Henri 1\', p. 130.
sur l'emploi des revenus ecclésiastiques, p. 397. Lettre par laquelle le pape Pascal II l'en remercie,
RHÉTORIQUE. TrMé de la Rhétorique divine, ou- et l'excite à faire la guerre à l'évèque de Liège,
vrage sur la prière composé par Guillaume d'Au- ibid.
vergne, évcque de Paris, p. 1022. ROBERT D'ARBRISSELLES, fondateur du mo-
RHODANTES et DASICLÈS. Neuf livres sur les nastère de Fontevrault. Lettre que lui écrit Geoffroi
Amours de Rhodantes et Dasiclés, ouvrage de Théo- do Vendôme, et qui contient des reproches de sa
dore Prodrome, p. liO. conduite, p. 164. Raisons qu'on allègue pour faire
RICHARD, abbé de Saint-Victor de Marseille, croire que celte lettre est supposée, ibid. el 165.
légat du Saint-Siège en Espagne, est révoqué, et Raisons qui prouvent incontestablement que Geof-
Bernard, archevêque de Tolède, mis à sa place, froi, trompe par les bruits publics, a effectivement
p. 89. écrit eette lettre, p. 165. Epitaphe de Robert par
RICHARD, évoque de Londres. Sa mort ; Gilbert le vénérable HiWebert ,
qui le comble d'éloges ,

lui succède, p. 247. p. 222.


RICHARD , archevêque de Cantorbéry. Lettres ROBERT, archidiacre, est élu évêque d'Excester,
écrites en son nom par Pierre do Blois, p. 77 1 . Con- au concile de Northamplon, p. 1111.
cile qu'il tint à Londres, p. 1135. ROBERT CORÇON (ou COURSON), légat on
RICHARD 1, rni d'Angleterre, fait prisonnier au France, p. 1154.
retour de la croisade par Léopold, duc d'Autriche. ROBERT (SAINT), abbé de la Chaise-Dieu. Sa Vie
Lettres écrite^ sur ce .sujet par Pierre de Blois, p. et ses vertus, deux ouvrages de Géraud da Venue,
770. Conférence pour la reconciliation dos rois de mis en meilleur style par Marbode, p. 227.
France et d'Angleterre, entre Andelvs cl Vernon, ROBERT PAULULUS, prêtre d'Amiens. Plusieurs
p. nu. actes auxquels il souscrit, p. 356. Son livre des Cé-
RICHEU, archevêque de Sens. Son opposition rémonies, sacrements, offices et rits ecclésiastiques,

pour Yves de Chartres, p. 01. Lettres que cet évê- faussement attribué à Hugues de Sainl-Viclor, ibid.
([ue lui écrit, p. 100, 102, 104. Richer refuse de se Analyse do cet ouvrage, p. 357.
soumettre à la primatio de Lyon, p. 104. ROBERT PULLUS, Anglais, cardinal et cliancelicr
RICHES. Epigrammc de Philippe de Bonne-Espé- de l'Eglise romaine. Ses études, p. 391. Il rétablit dans
rance sur le riche, p. 687. sa splendeur l'académie d'Oxford , ibid. Il so concilie
RICHISE, impératrice, épouse de l'cmperour Lo- l'amiliè du roi Henri 1, lii'd. Il passe en France ;

Ihaire Deux lettres que Pierre, diacre du Monl- lettre que saint Bernard écrit en sa faveur ,i An-
Cassin, lui écrit sur la mort de son mari, p. ,"i.S5, selme, évêque de Rochester, qui le réclamait, ibid.
586. Le pape Innocent II l'appelle A Rome, ibid. Lucius II

RICUIN, évoque de Tout, envoie un pénilont à le fait cirdinal du titre do Saint-Eusèbe el chance-
,

1254 TABLE ANALYTIQUE.


lier (le l'Eglise romaine, ibid. Lettre que saint Ber- 217. Sermon de saint Bernard sur les Rogations, p.
nard lui écrit, ibid. Sa mort, p. 392. Ses ouvragos, 484.
ibid. et suiv. Son livre des Sentences, p. 392 et suiv. ROGER DE CAEN, moine du Bec. Son poème du
Analyse de ce traité : livre premier, p. 392, 393 ;
Mépris du monde, faussement attribué à saint An-

livre second, p. 393 livre troisième, ibid. et 394


; ;
selme, p. 21 et 134. Ce que c'est que ce poème, p.
livre quatiième, p. 394, 395 livre cinquième, p. ; 21. Ce qu'on sait des circonstances de la vie de Ro-
395, 396 ; livre sixième, p. 396, 397 ; livre sep- ger de Caen, ibid.
tième, p. 397, 398 ; liv.-e huitième, p. 398, 399. ROGER, évêque d'Oléron. Combien de temps a
Jugement sur l'écrit de Robert PuUus, p. 399. Ses duré son épiscopat, p. 69. Vers qu'il fit graver au-
éditions, ibid- tour d'un ciboire, ibid.
ROBERT, cousin germain de saint Bernard, quitte ROGER, prêtre, accusé de liaisons suspectes. Let-

le monastère de Clairvaux, et retourne à Cluny. tre que lui écrit Yves de Chartres, p. 102.
Lettre que lui écrit saint Bernard à ce sujet, p. 424, ROGER II, comte de Sicile. Ses querelles avec le

425. Il revient dans la suite à Clairvaux, p. 425. pape Honorius II, p. 251 ; avec Innocent II, p. 258.
ROBERT DE XÉTINES. Sa traduction latine de 11 est excommunié au second concile de Latran,
l'Alcoran, p. 516. p. 1114.
ROBERT, captif chez les Sarrasins, tue, dans une ROGER, abbé de Coulombes. Combien de temps
famine, sa fille et sa femme. Pénitence que lui im- il fut abbé, p. 468.

pose le pape Innocent III, p. 977, ROGER, archidiacre de Cantorbéry, est fait ar-
ROBERT, duc de Bourgogne, réconcilié avec Aga- chevêque d'York, p. 662.

non, évêque d'Autun, p. 1064. ROI (GUILLAUME LE), abbé de Haute-Fontaine.


ROBERT (Jean), jésuite. Son édition de l'ouvrage Sa traduction française des lettres de saint Bernard,
de Théofroi, abbé d'Epternac, intitulé : Les fleurs p. 499.
de l'épitaphe des saints, p. 57. ROIS. Usage de couronner les rois à toutes les
ROCHESTER, ville d'Angleterre. L'histoire de grandes soler}nités, p. 447. Canon du concile dePla-
l'Eglise de Rochester, attribuée à l'évèque Arnulphe, centia, qui déclare excommuniés ceux qui désobéis-

n'a pas encore été publiée, p. 235. Voyez pourtant sent aux rois, p. 1108.
ibid., note 7. ROIo, livres sacrés. Poème du vénérable Hilde-
ROCKINGHAM, ville d'Angleterre. Concile qui y bert sur les livres des Rois, p. 222.
fut tenu, p. 1073. ROLAND, cardinal et chancelier de l'Eglise ro-

RODOLPHE, prétendant à l'empire. Concile de maine, est élu pape, et prend le nom d'Alexandre UI,
Wirtzbourg assemblé pour discuter ses droits, p. p. 917. Voyez Alexandre III.

1070. ROMAINS, peuple de Rome. Les Romains veulent


RODRIGUE CHIMENÈS , archevêque de Tolède se rétablir dans leur ancienne autorité, p. 269. Saint

défend au concile général de Tolède ses droits de Bernard, parlant du peuple romain, en fait un por-
primatie sur les archevêchés de Brague, de Com- trait odieux, p. 464.
postelle, de Tarragone et de Narbonne, p. 1160. Le ROME, capitale du monde chrétien. Conciles te-
pape Innocent III lui donne la légation en Espagne, nus à Rome sous le pape Sylvestre II, p. 1033, 1034;
et lui accorde divers privilèges, p, H6i. sous le pape Jean XVIII, p. 1035 ; sous le pape Be-
RODULPHE , archevêque de Bourges. Voyez noît Vni, p. 1037; sous le pape Benoît IX, p. 1048;
Raoul. sous le pape Clément II, p. 1053 ; sous le pape
RODULPHE ou RAOUL, abbé de Saint-Trond. Ses Léon IX, p. 1058; sous le pape Victor II, p. 1061 ;

études, il embrasse la vie monastique, p. 239. Reçu sous le pape Nicolas II, ibid.; sous le pape Alexan-
à Saint-Trond, l'abbé Azelin le charge d'enseigner dre II, p. 1063, 1064 ; sous le pape Pascal II, p.

les lettres et la musique aux enfants, ibid. Il est fait 1078, 1083; sous le pape Innocent 111, p. H54.
prieur, et parvient à introduire à Saint-Trond les Geoft'roi de Vendôme rejette l'opinion de ceux qui
usages de Cluny, ibid. Il devient abbé de Saint- avançaient que tout est permis à l'Eglise romaine,
Trond, ibid. Son attachement au pnpe Alexandre II p. 167. Poème de Philippe de Bonne-Espérance sur
le force à quitter l'abbaye, ibid. II revient à son ab- la Rome, p. 687.
destruction de
baye; ses voyages à Rome; sa mort, ibid. Ses écrits, ROSCELIN, chanoine de Compiégne est chargé
ibid. Chronique de Saint-Trond, ibid. et 238. Vie de des leçons publiques, p. 10. Il adopte la secte des

saint Lietbert, évêque de Cambrai, p. 240. Sa lettre nominaux, dont, dans la suite, on le regarde comme
à Sibert, abbé de Saint-Pantaléon à Cologne, ibid. et l'un des chefs, ibid. Erreurs de Roscolin sur la

24i. Editions de celte lettre, p. 241. Deux autres Trinité, dans lesquelles il prétend impliquer le bien-

lettres, Son ouvrage contre les simoniaques


ibid. heureux Lanfranc et saint Anselme lettre par : la-

n'a pas été imprimé, ibid. 11 avait composé un cata- quelle saint Anselme se justifie, ibid. et 11. 11 est

logue de ses ouvrages, ibid. Jugement sur Raoul, condamné au concile de Soissons, p. 10 et 1073.
ibid. Traité de saint Anselme écrit pour le réfuter, p. H
ROG.\TIONS. Quatre sermons du vénérable Hil- et 12. Thibaud, clerc d'Etampes, écrit contre lui,

debert sur les Rogations, p. 214. Le jeiine et l'abs- p. 189. Chassé de France, il £e retire en Angleterre,

tineuce étaient alors indispensables en ces jours, p. où il met le trouble, p. 12. Ses calomnies contre
,

TABLE ANALYTIQUE. 125S

saint Anselme : il est chassé d'Angleterre, ibid. Son voyage en Italie. Il présente un de ses ouvrages
Lettre d'Yves de Chartres qui lui est adressée au pape Honorius II, ibid. Sa mort, ibid. Catalogue
p. lOO. de ses ouvrages, ibid. Traité de la Trinité ou com-
ROSCOMEN , ville d'Irlande : concile qui y fut mentaire sur presque toute l'Écriture, ibid. et 282.
tenu, p. Wil. Commentaire sur les douze petits pro|ihètes, p. 282,
ROTTENDORF (beunard de) : son édition de sur le Cantique des Cantiques, ibid., sur Job, ibid.,
l'Histoire ecclésiastique de Hugues de Sainte-Marie, s'ir l'Ecclésiaste, ibid. Traités de la Gloire du F ils de
p. 243. r homme, ibid. et de la Gloire de la Trinité et de la pro-
ROUAULD, docteur en théologie : son édition des cession du Saint-Esprit, p. 283. Commentaire sur
oeuvres de saint Bernard, p. 497. l'èvangib; de saint Jean, ibid. Commentaire sur l'Apo-
ROUEN, capitale de la Normandie. Les privilèges calypse, ibid. Traité de la Victoire du Verbe, ibid.

de l'église de Rouen confirmés par une bulle du et 284. Livre des Offices divins, p. 284. Analyse de
pape Innocent II, p. 601. Conciles tenus en cette ce traité, ibid. et 285. Relation de l'incendie de la

ville, p. 1056, i060, 1082, 1090, 1091, H07. ville de Tuy, p. 285. Traité de la Méditation de la
ROUX (ANTOINE le). Son édition de la chronique mort, ibid. Vie de saint Héribert, ibid. Vie de saint
de Sigebert do Geniblou, p. 61. Elophe, martyr, ibid. Traité de la Volonté de Dieu,
RUE (saint). Abbaye chef d'ordre sous le nom de ibid. et 286. Traité de la Toute-puissance de Dieu,
Saint-Ruf en Dauphiné. Premier établissement de p. 286. ObserV'Jtions sur divers chapitres de la règle

celte abbaye, p. 70. de saint Benoit, ibid. et suiv. Traité du Pouvoir


RUPERT (SAINT), duc. Sa vie écrite par sainte qu'ont les moines de prêcher :\ellTe à Everhard,p.288.
Hildegarde, p. 593 et 597. Traité de la Corruption de la virginité, ibid. Dialogue
RUPERT, prévôt de Goslar. Otton lui succède sur d'un Chrétien et d'un Juif, ibid. et 289. Histoire du
le siège de Bamberg, p. 178. monastère de Saint-Laurent de Liège, p. 289. Traité
RUPERT ou ROBERT, abbé de Tuy ou Duils, de la Vie aposlolipue, ibid. Raisons qui prouvent que
offert dans son enfance an monastère de Saint-Lau- Ruperl en est l'auteur, ibid. Ses ouvrages perdus,

rent de Liège. 11 y embrasse ensuite la vie monas- ibid. et 290. Réponses à plusieurs reproches qu'on
tique, p. 280. II reçoit par l'intercession de la a faits à Riipert sur l'eucharistie, p. 290, 291. Ju-
sainte Vierge, l'intelligence des Livres saints, ibid. gement sur ses ouvrages, p. 291, 292. Différentes
11 est fait prêtre, ibid. Pour éviter les reproches de éditions qu'on en a faites, p. 292. Edition de ses
ses envieux, il se retire au monastère de Sibourg ; écrits dans la Patrologie, ibid.
protecteurs que lui procurent sa science et sa vertu, RUTH, femme Israélite. Le livre do Rutli mis en
ibid. et 281 . Sa dispute pubUque avec Guillaume de vers héroïques par Marbode, p. 228.
Champeaux, p. 281. 11 est choisi abbé de Tuy, ibid.

SABAS (saint), abbé en Palestine. Monastère fondé tiques. Ce livre a été faussement attribué à Hugues
à Rome sous le nom de Saint-Sabas par le pape saint de Saint-Victor, p. 356; il est de Robert Paululus,
Grégoire-le-Grand, soumis à celui de Cluny, par le prêtre d'Amiens, ibid. Analyse de ce livre, p. 357.
pape Lucius II, p. 268. Des sacrements de la loi naturelle et de la lui écrite,
SACERDOS (saint), évéque de Limoges. Sa vie ouvrage de Hugues de Saint-Victor, p 359. Livres
écrite par Hugues de Sainte-Marie, moine de Fleury, des Sacrements de ta foi chrétienne, ouvrage de Hu-
p. 244, 245. gues de Saint-Victor, ibid. Analyse de cet ouvrage,
SACREMENT DE L'AUTEL ou EUCHARISTIE. ibid. et suiv. Doctrine d'Alger, scholastique de Liège,

Sermon du vénérable Hildebert sur la fête de l'Eu- sur les sacrements, p. 383 et 385. Doctrine de
charistie, p. 214. Pierre Lombard sur les sacrements, qu'il admet au
SACREMENTS. Lettres de Valeranne à saint An- nombre de sept dans la loi nouvelle, p. 562 et suiv.
selme, et de saint Anselme à Valeranne, sur la va- Traité des Sacrements, ouvrage de <;uillaume d'Au-
riété des rites dans l'administration des sacrements, vergne, évèque de Paris, p. 1023.
p. 18, 19. Yves de Chartres consulté sur la péni- SACRIFICE EUCHARISTIQUE. Le bienheureux
tence qu'on (lovait imposer à un prêtre qui avait Odon, évèque de Cambray, enseigne que hors l'é-
donné la bénédiction nuptiale en tournant les céré- glise catholique il n'y a point de lieu où l'on offre
monies en dérision, p. 111. Il enseigne que les sa- le vrai sacrifice, p. 73. Sentiment de Hildebert,

crements ne perdent rien de leur efficacité pour être évèque du Mans, p. 21 1. Traité de Pierre de Cluny

administrés par un mauvais ministre, p. 115. Traité sur le sacrifice de la messe, p. 524. Concile de
de la Réitération des sacrements. Ouvrage de Gcof- Ccmstanlinople où il est décide que l'oblalion qui se

froi de Vendôme, p. 168. Doctrine de Marbode, fait sur l'autel, se fait au Fils, comme au Père et au
évoque ilc Rennes, sur les sacrements, p. 226. Livre Saint-Esprit, p. 1'24.
des Cérémonies, sacrements, offices cl rits ecclésias- SAGESSE. Traité de la Sagesse de Jésus-Christ,
d256 TABLE ANALYTIQUE.
par Hugues de Saint-Victor, p. 354. Livre de l'Etude SALVIEN (SAINT) et saint FOILLAN, martyrs. Les
de la sayesse , ouvrage de Pierre de Blois, p. 783. actes de leur martyre par Philippe de Bonne-Espé-
SAGESSii DE SALOMON livre sacré. Sermon de , rance, p. 687.
Bernard, moine de Cluny, sur ces paroles du cha- SAMSON, juge d'Israël. Poëme de Philippe de
pitre VII de la Sagesse : la sagesse l'emporte sur la Bonne-Espérance à la louange de Samson, p. 687.
malice, p. 492. SANCTION, évêque d'Orléans. Lettres d'Yves de
SAINT-AMOUR (jean-milèse de). Sa traduction Chartres qui le concernent, p. 104, 105, 107.
française des Annales de Zonare, p. 157. SANDALES pontificales. En France, elles étaient

SAINT-DENYS, ville de France. Concile qui ) fut ouvertes par-dessus, en sorte qu'on voyait le pied,

tenu, p. 1059. p. 214. Adrien IV accorde à Wibalde, abbé de Sta-


SAINT-GENÈS, lieu situé près de Lucques, en volo et de Corbie, l'usage des sandales et de la dal-
Italie. Concile qui y fut tenu, p. 1067. matique dans les principales solennités de l'année,
SAINT-GILLES, ville de Languedoc. Conciles qui p. 536.
y furent tenus, p. 1059, 1153. SARRASINS, peuples infidèles de l'Arabie. Ils

SAINT-OMER, ville des Pays-Bas, en Artois. Con- avaient embrassé le niahométisme. Détails de leurs
cile qui y fut tenu, p. 1074. erreurs, selon Euthymius Zigabène, p. 150, 151,
SAINTE-MARIE, monastère en Languedoc. Un Canon du 111 concile de Lalran qui défend de porter
concile de Toulouse adjuge à l'abbaye d'Aniane la aux Sarrasins des armes, du fer, du bois, pour la

celle de Sainte-Marie, qui lui était disputée par l'ar- construction des galères, etc., p. 1142.
chevêque d'Arles et par les moines de la Chaise- SATISFACTION. Doctrine de Robert PuUus sur
Dieu, p. 1093. Lettre du pape Calliste II sur ce su- les œuvres satisficatoires, p. 397.
jet, ibid. SAULUS (PHILIPPE), évêque de Brunetto. Sa tra-
SAINTE-SOPHIE, nom de la grande église de duction latine du commentaire d'Euthymius Ziga-
Constantinople, bâtie par l'empereur Justinien. Des- bène sur les psaumes et les cantiques, p. 153.
cription de celte église faite en vers par Paul le Si- SAUVE-MAJOUR, monastère au diocèse de Bor-
lenliaire, p. 642. Dimensions qu'en donne Evagre deaux. La fondation de ce monastère est confirmée
le scholastique, ibid. dans un concile de Bordeaux, p. 1069.
SAINTES, ville capitale de la Saintonge. Conciles SAVARIE, évêque de Bath. Lettre que lui écrit

qui y furent tenus, p. 1071, 1072, l073. Pierre de Blois pour le détourner d'un pèlerinage,
SAINTS. Les Fleurs de l'épitaphe des saints, ou- p. 177.
vrage de Théofroi, abbé d'Epternac, p. 57. Deux SAVIGNI, monastère autrefois du diocèse d'Avran-
homélies attribuées au même, l'une sur le culte des ches. Un concile de Rennes ordonne que tous ceux
saints, l'autre sur leurs reliques, p. 58. Doctrine de qui étaient de l'ordre de Savigni prendraient sans
Guibert de Nogent sur le culte des saints et de leurs délai l'habit de Citeaux, p. 271. Bulle d'Innocent II
reliques, p. 197 et suiv. Lettre du vénérable Hilde- qui autorise ce règlement, ibid.
bert sur l'invocation des saints, p. 212. Doctrine de SAVILLE (HENRI). Son édition des œuvres de Guil-
saint Bernard sur l'intercession des saints, p. 456, laume de Malmesbury, p. 311 et 315.
457. Comment, selon le pape Innocent III, on doit SCHISMATIQUES, dégradés au deuxième concile
prier les saints, p. 1012. Voyez Intercession, Invo- de Latran, p. 1114.
cation des saints et Reliques. SCHISME. Schisme éteint par saint Bernard,
SALABERGE (sainte), abbesse de Saint-Jean de p. 421, 422. Traité du Schisme, composé par Ar-
Laon. Sa vie, p. 206. noul de Lisieux en faveur du pape Innocent îl, p. 753.
SALADIN, sultan d'Egypte. Ses avantages sur les SCHOLASTIQUES, nom donné aux théologiens qui
chrétiens, p. 930. Lettre du pape Lucius III pour avaient adopté la méthode de la philosophie pour
exhorter le roi d'Angleterre à donner du secours traiter les matières de religion, p. 545 et suivantes.

aux croisés, ibid. Lettres de Grégoire VIII, p. 936. (Voyez la note 2, p. 547.)
SALM.\TIA (ANTOINE). Sa traduction latine des SCLAVES ou SCLAVONS, peuples du Nord. Croi-
commentaires de Zonare sur les canons des con- sade contre les Sclaves qui ravageaient les pays des
ciles et sur les épitres canoniques des pères grecs, chrétiens du Nord, p. 527.
p. 157. SCORSE (FRANÇOIS), jésuite. Son édition des ho-
SALOMON, roi de Juda et d'Israël. Traité de la mélies de Théophanes Céraméus, p. 655.
Damnation de Salomon, ouvrage de Philippe de SÉFRIDE, prêtre, auteur d'une Vie de saint Otton,
Bonne-Espérance, p. 686. évêque de Bamberg, p. 180.
SALVANEZ, monastère au diocèse de Vabres, SEIGNORET, abbé du Mont-Cassin, succède à
fondé par Pons de Laraze, p. 305, 306. Oderise, chassé par le pape Honorius H, p. 581.
SALV?Î, REGINA, antienne à la Vierge. Quatre SELGENSTAT ou SÉLINGSTAD auparavant MU- ,

discours sur celte antienne faussement attribués à LINHEIM , monastère au diocèse de Mayence. Con-
saint Bernard. On croit qu'ils ont pour auteur Ber- cile qui y fut tenu, p. 1038.
nard, archevêque de Tolède, p. 89, 90 et 492, 493. SEMENCES. Fragment d'un discours de Gilbert de
Cette antienne était en usage dans l'ordre de Cluny, Hoillande sur la semence de la parole de Dieu ,

p. 90. Différents auteurs à qui on l'attribue, ibid. p. 490.


TABLE ANALYTIQUE. 1237
SENS de France. Lettre par laquelle le roi
, ville SIGEBERT, moine de Gemblou. Eloge que fait de
Louis-le-Gros prie le pape Callixte II de conserver lui le second chronologisle de l'abbaye de Gemblou,
à l'archevêque fie Sens sa liberté et son indépen- p. 59. 11 est chargé de la direction de l'école de
dance de l'Eglise de Lyon, p. 1098. Conciles tenus Saint- Vincent de Meiz. ibid.; il retourne à l'ahbaye

en celte ville, p. i051, 1070, 1110, M 43. de Gemblou et emploie à la décoration de l'église
SENTENCES ou maximes. Préface de Zonare sur du monastère les présents que lui avaient faits ceux
les Semences télrasliqiies , de saint Grégoire de Na- à qui il avait donné des leçons, ibid.; son attache-
zianze , p. 157. Recueil de sentences et de questions ment pour l'empereur Henri IV, sans méconnaître
d'Anselme de Laon et de Raoul, son frère, p. 183. les papes légitimes, p. 60; il est auteur de la lettre

Sentences Ihéoloyiques de Guillaume de Cliani|jeaux, très-peu respectueuse du clergé de Liège au pape


p. 193. Livre de Sentences attribué à Abaillard, Pascal II, ibid.; sa mort, ibid.; sa chronique, ibid.
p. 339. Somme des Sentences, ouvrage de Hugues de et 61; éditions qu'on en a faites, p. 61. On le jus-
Saint-Victor, p. 359. Huit livres des Sentences, ou- tifie contre ceux qui l'accusent d'avoir rapporté la

vrage théologique du cardinal Robert Pullus, p. 392. fable de la papesse Jeanne, ibid. Traité des Hommes
Analyse de cet ouvrage, ibid. et suiv. Sentences tirées illustres , ibid. et 62. Editions de ce traité , p. 62.

de l'Ecriture, expliquées par saint Bernard, p. i84. Vie de Thierry, évèque de Metz, ibid. Ecrits sur
Sentences tirées des écrits de saint Bernard, p. 485. sainte Lucie, vierge et martyre, ibid. et 63. Vie de
Livre des Sentences de Pierre Lombard : ce que saint Sigebert, roi d'Auslrasie, p. 63. Poème sur le
c'est, p. ;.49. Division de cet ouvrage, p. 580. Ana- martyre de la légion Thébéenne, ibid. Vie de saint
lyse de cet ouvrage , ibid. et suiv. Cinq livres des Guibert, ibid. Les Gestes des abbés de Gemblou, ibid.
Sentences de Pierre de Poitiers, chancelier de l'E- et 6'k Légendes de saint Malo et de saint Théodard,
glise de Paris analyse de cet ouvrage, p. 399, 569
: p. 64. Vie de saint Lambert, ibid. Prétendue réfu-
et 570. Propositions qui ne sont pas reçues, p. 570. tation d'une lettre du pape saint Grégoire VII , ibid.

Volume de Sentences attribué à l'abbé Joachim ,


Apologie des prêtres mariés, ibid. Sa lettre au nom
p. 831. Traité des Sentences de l'Ecriture, attribué du clergé de Liège contre du pape Pascal II,
celle
au même, ibid. par laquelle il invitait Robert, comte de Flandres, à
SEPTUACRSIME. Sermon d'Yves de Chartres sur faire la guerre aux Liégeois excommuniés, p. 65, 66.

le dimanche de la Sepluagésime, p. 122. Sermon du Remarques sur cette lettre, p. 66, 67. Traité sur le
vénérable Hildebert du Mans, sur le dimanche de la jeûne dos quatre-temps, p. 67. L'Ecclésiaste mis en
Septuagésinie, p. 21 4. Deux sermons de saint Ber- vers, p. 67, 68. Coniput ecclésiastique, p. 68. Au-
nard sur la Sepluagésime, p. 48i. Sermons de (îuil- tres ouvrages attribués à Sigebert, ibid.
laurae d'Auvergne sur les dimanches depuis la Sep- SIGEFROI, évèque de Gènes. Sa mort, p. 420.
luagésime, p. 1025. SILENCE. Traité de l'Obéissance et du Silence,
SÉPULCRE DE JÉSUS-CHRIST. Sermon de Pierre- ouvrage de Philippe de Bonne-Espérance, p. 687.
le-Vénérable à la louange du sépulcre de Jésus-Christ, Lettre de Pierre de Blois sur le silence, p. 782.
p. 521. SIMILITUDES. Traité des Similitudes ou Compa-
SERMENT. Témoignage d'Yves de Chartres sur le raisons, ouvrage attribué à saint Anselme, archevê-
serment, p. Il7. Canon du quatrième concile de que do Cantorbéry, p. 36 et 46.
Latran qui défend aux laïcs d'exiger des serments
, SIMON (.SAINT) et JUDE (saint) , apôtres. Sermon
de fidélité d'ecclésiastiques qui ne possèdent aucun de Guillaume d'Auvergne pour le jour de leur fête,

bien temporel qui relève d'eux, p. 1168. p. iOil.


SEFiVlTUDE. Canon d'un concile de Toulouse qui SIMON , comte ,
puis moine de Saint-Arnoul de
défend de mettre en servitude des hommes libres, Crespi, p. 200.
p. 1092. SIMON, comte de Montfort, chef des croisés con-
SIBERT, prieur de Saint-Panlaléon. Sa lettre à tre les albigeois, gagne une grande bataille près de
Rodulfe, abbé de Saint-Tron , au sujet d'un enfant Muret, sur le roi d'Aragon, p. M58. Le concile de
offert sans dot à son monastère : réponse de Rodulfe, Montpellier le met en possession de tous les domaines
p. 240, 241. du comte de Toulouse, p. 1100, ce qui est confirmé
SIBYLLES, femmes célèbres, chez les païens, par par Innocent 111 au concile de Latran , ibid.

leurs oracles. Note de l'abbé Joachim sur la prophé- SIMON, abbé de Saint-Nicolas-aux-Bois , dans le

lie de Erythrée, p. 831.


la sibylle diocèse de Laon, p. 386, 387.
SIBYLLE, duchesse de Normandie. Son épilaphc SIMON, duc de Lorraine, à qui saint Bernard écrit,

attribuée à Guillaume, archevêque de Rouen, p. 57. p. 435.


SIÈCLE. Traité de !a Vanité du siècle, attribué à SIMONIAQUES. Doctrine du vénérable Hildebert
Hugues de Saint-Victor ou à Hugues de Saint-Lau- sur les simoniaques, p. 217. Témoignage de RoLcrt
rent, p. 351. (Voyez Monde.) Pullus, p. 398. Traité de Géroch ,
prévât de Rei-
SIÈGE APOSTOLIQUE de Rome ou le Saint-Siège. chersperg, contre les simoniaques, p. 628. (Voyez
Prérogatives du Saint-Siège établies par Alger, scho- l'article suivant.)

lasliquc de Liège, p. 385. SIMONIE. Concile de Londres où la simonie fut


SIGEBERT H (.saint), roi d'AusIrasic. Vie de saint condaumée, p. 6. Ouvrage de Rodulfe, ahbé de Saint-
Sigebert écrite par Sigeberl, moine de Gemblou, p. 63. Tron, contre la siirionie, p. 241. Canon du qua-

XIV,
1258 TAliLE ANALYTIQUE.
trième concile de Latran contre la simonie, p. 1170. STAVÉLO, abbaye en France, fondée par Sige-
Concile d'Allemagne contre les simoniaques, p. 1054. bert, roi d'Austrasie, p. 525.
Concile de Rome au sujet des ordinations simo- STERCORANISTES, hérétiques. Erreur des ster-
niaques, p. 1156. Canons d'un concile de Rouen, coranistes, réfutée par Alger, p. 382.
la plupart contre la simonie, p. 1056. Concile de STÉTIN, ville de Poméranie, [convertie à la foi
Toulouse où plusieurs simoniaques sont traités par saint Otton, évèque de Bamberg, p. 179.
suivant la rigueur des canons, p. 1065. Concile STIGAND, archevêque de Cantorbéry, déposé dans
ds Dijon où les clercs simoniaques sont déposés, un concile pour son ignorance et ses mauvaises
p. 1068. Canons du concile de Reims contre la si- mœurs, p. 1066. Le roi lui donne l'évêché de Chi-
monie, p. 1055. Concile de Clermont où la simonie chesler dans la province de Sussex, ibid.
est condamnée, p. 1110. Canons du concile de Tours, SUENON, roi de Danemark. Son zèle pour la pro-
contre la simonie, p. 1130. Canons du troisième pagation de la foi, p. 201.
concile de Latran, p. 1143. Canons du concile de SUGER, abbé de Saint-Denis, ministre d'Etat et
Dalmatie, p. 1145. (Voyez Simoniaques.) régent du royaume de France. Offert dès son en-
SIPONTO, ville d'Italie. Concile tenu en cette fance à l'abbaye de Saint-Denis, il y est élevé avec
ville, p. 1058. Louis VI, p. 373. Ses éludes, ibid. On le fait prévôt
SiRLET (GUILLAUME), garde de la bibliothèque du de Toury, ibid. Il assiste à plusieurs conciles, p.
Vatican, et depuis cardinal. Son édition des deux 374. Différentes négociations dont on le charge. Il

premiers livres des lettres d'Innocent ill, p. 950. est élu abbé de Saint-Denis, ibid. Il assiste au pre-
SIRMOND (JACQUES), jésuite. Son édition des mier concile général de Latran, ibid. Le roi Louis VII,
lettres de Pierre de Celle, p. 681. partant pour la croisade, l'établit régent du royaume,
SOCIÉTÉS de prières et de suffrages, p. 514, 515. ibid. 11 met la réforme à Sainte-Geneviève et à
SOISSONS, ville de France. Conciles tenus en Saint-Denis, ibid. Son pèlerinage à Saint-Martin de
cette ville, p. 1073, 1086, 1095, 1124, 1147. Tours. Il tombe malade, ibid, et 375. Sa mort, p.
SOLILOQUES. Soliloque de Hugues de Saint-Vic- 375. Son- éloge, ibid. Ouvrages qui nous restent de
tor, p. 351. Soliloque de l'âme, composé par Adam, lui : Vie de Louis VI dit le Gros, ibid. et 376. His-
abbé de Case-Blanche en Ecosse, p. 688, 689. toire de ce qu'il fit dans le gouvernement de l'ab-
SOLITUDE. Poème de Marbode sur les avantages baye de Saint-Denis, p. 376. Livre de la consécra-
de la solitude, p. 228. tion de l'église de Saint-Denis, et de la translation
SOMME THEOLOGIQUE de Plerre-le-Chaiilre. des reliques du saint martyr, ibid. Constitution de
Analyse de cet ouvrage, p. 571, 57à. Suger, ibid. et 377. Son testament, p. 377. Ses let-
SOPHÉNE (GEHVA1S). Son édition des sermons tres, ibid. et 378. Eloges que saint Bernard fait de

d'Amédée, évéque de Constance, p. 623. lui, p. 432 et 452. Son élection en qualité de
SOPHKONE, évèque de Jérusalem. Discours de régent du royaume, p. 1119. Lettres du pape
Zonare qui contient l'éloge de saint Sophrone, p.
, Innocent II, qui lui sont adressées, p. 272, 273
158. et 276.
SORG (ANTOINE). Son édition des treize livres de SULLl (MAURICE de), évèque de Paris, succède à
Rupert, abbé de Tuy, intitulés : De la Victoire du Pierre Lombard, p. 548. Il fonde en Lorraine le mo-
Verbe de Dieu, p. 292. nastère d'Hérival, ibid.
SORTIE D'EGYPTE. de l'arche d'alliance
Traité SUSANNE, femme juive. La défense de Susanne
et de la sortie d'Egypte, ouvrage de Geoffroi de Ven- par Daniel, poème du vénérable Hildebert, p. 222.
dôme, p. 167, 168. Sermon d'Abaillard sur Susanne, p. 331.
SPARKIUS (Joseph;. Sa Vie de saint Thomas de SUTRI, ville d'Italie. Conciles qui y furent tenus,
Cantorbéry, p. 679. p. 1053, 1061.
STABILITE des évoques, des prêtres et des clercs. SWARTIUS (eustache). Sa traduction en vers
Traité de la Stabilité des mairies dans te monastère iambes du poème de Théodore Prodrome sur la Pro-
où ils ont fait profession, ouvrage attribué à saint vidence, p. 149.
Anselme, p. 35. Ce que dit saint Bernard sur la SWITHUN (saint), évèque de Winchester. Sa Vie
stabilité dans les monastères, p. 469. écrite par le moine Goscelin, p. 233.
STANDARD. Histoire de la guerre de Standard, SYMBOLE DES APOTRES. Discours d'Yves de
par ^Irède, abbé de Riedval, p. 620 et suiv. Chartres sur ce symbole, p. 123. Commentaire d'A-
STATUTS. Statuts de saint Hugues, abbé de C'uny, bailhird sur ce symbole, p. 329. Explication de ce
pour Alphonse, rui d'Espagne, et l'empereur Henri- symbole, par Hugues, archevêque de Rouen, p. 605.
le-Noir, p. 54. Autres statuts de saint Hugues, iéid. SYMBOLE QUICUMQUE. Commentaire d'Abaillard
Statuts des Chartreux, recueillis par le bienheureux sur ce symbole, p. 329. Explication de ce symbole
Guigues, p. 306, 307. Statuts de Cluny, réformés par sainte Hildegarde, p. 596.
par Pierre-le-Vénérable, p. 522 et suiv. Statuts du SYMÉON ou SIMÉON, moine bénédictin et pre-
Mont-Cassin, écrits par Pierre, diacre, p. 584. Sta- mier chantre du monastère de Durham, p. 233 et
tuts du cardinal Galon, légat en France, qui pres- 317. Son empressement à rechercher des mémoires
crivent aux clercs la continence, la modestie dans pour écrire l'histoire de son pays, p. 317. Il conti-
les habits et le désintéressement, p. 1149. nue l'histoire de l'Eglise de Durham, commencée
TABLE ANALYTIQUE. 1259

par Tiirgot, ibid. et 318. Son histoire des rois d'An- vrage sur la création, que on conjecture aussi être
gleterre et de D.inemark, p. 318. de lui, ibid.

SYMÉOlN, patriarche d'Antioche. Lettre que lui SYNODES , ou assemblées ecclésiastiques. Livre
écrivit George, métropolitain de Corfou, p. 652. de la Célébration des synodes, ouvrage de Pierre de
SYMÉON LOGOTHÈTE, ou chancelier et maître Blois, p. 783.

des offices. Sa Synapse des Canons, p. 654. Traité SYRIE, province d'Asie. Concile tenu en Syrie,
de» Mœurs de l'Eglise, qu'on lui altrihue, ibid. Ou-

TABERNACLE DU SEIGNEUR. Deux livres du retouchée par Sigebert, moine de Gemblours, p. 6i.
Tabernacle construit par Moïse, ouvrage de Pierre THÉODISE, chanoine de Gênes, accompagne le

de Celle, p. 682. Traité des Trois Tabernacles, ou- légat Milon, envoyé pour réconcilier à l'Eglise Ray-
vrage d'Adam, abbé de Case-Blanche en Ecosse, mond, comte de Toulouse, p. 1150.
p. 687. THÉODORE D'ORIENT. Actes du martyre de
TARRAGONE, ville de Catalogne, sur la Méditer- Théodore d'Orient et de Claude, attribués à Théo-
ranée. Raymond Bérenger III rétablit cette ville, et dore Balsamon, p. 828.
la donne avec son territoire à l'archevêque saint THEODORE (saint), archevêque de Cantorbéry.
Oldégaire et à ses successeurs, p. 410 et 1091. Sa Vie écrite par le moine Goscelin, p. 233.
Cette donation est confirmée par une bulle du pape THÉODORE PRODROME, moine grec. Liste de
Gélase II, ibid. ses ouvrages ; éditions et traductions qu'on en a
TEMPLIERS. Maison pour les Templiers, fondée faites, p. 149, 150.
.1 Tarragone par l'archevêque saint Oldégaire, p. 411. THÉODORE BAL5AM0N, patriarche d'Antioche,
Livre de saint Bernard à la louange des chevaliers d'abord garde des lois et des chartes de Sainte-So-
du Temple ou Templiers, p. 472. En quel temps il phie et premier prêtre des Blaquernes, p. 825. Son
fut écrit, p. 473. Analyse de ce livre, ibid. et 474. mérite l'élève à la dignité de patriarche d'Antioche;
Règle des Templiers, attribuée à saint Bernard : mais les latins étant en possession de cette ville, il

elle est de Jean de Saint-Michel, p. 473. Règle qui n'en retient que le titre, ibid. Il donne à l'empe-
leur est donnée par le concile de Troyes, p. 1106. reur Isaac l'Ange une décision favorable .lux trans-

Plaintes formées contre eux au troisième concile de lations, espérant lui-mrme être Cons-
transféré h

Latran, p. 1140. tantinople, ibid. et 826 Son commentaire sur les


TENTATIONS. Selon le vénérable Hildebert, la canons, p. 826. Exposition du Nnmocanon de Pho-
confiance en Dieu est le plus puissant remède contre tius, ibid. Collection des Constitutions ecclésiasti-

les tentations, p. 209. Traité des Tentations, ou- ques, ibid. Réponses à diverses questions de droit,

vrage de Guillaume d'Auvergne, évéque de Paris, p. 827. Lettres de Théodore Balsamon, ibid. et 8i'8.

p. 1022. Temps de sa mort, p. 828. On regarde Théodore


TERNOUE, capitale de la Bulgarie. Le pape Inno- Balsamon comme le plus habile jurisconsulte des
cent III y établit le siège primalial du pays, p. 97S. Grecs, ibid. Ce qu'on doit penser de cet écrivain,
TÉROU.\NE, ville des Pays-Bas. Lettre du pape ibid.

Pascal II aux clercs de l'Eglise de Térouane, p. 1"5. THÉODORIC, antipape, élu par le parti de Gui-
TËSCELIN, père de saint Bernard, p. 418. bert, est enfermé au monastère de la Cave (ou Gava),
TESTAMENT de l'abbé Suger, p. 377. p. 129.
TESTAMENT (l'ancien). Abrégé de rHistoire de THEODOSE, supérieur du monastère de Papicius.
l'Ancien Testament, par Pierre de Poitiers, grand Lettre que lui écrit Théodore Balsamon, p. 828.
prieur de Cluny, p. 57 t. THÉOFROI, abbé d'Epternae, au diocèse de Trê-
TESTAMENT (l'ancien et le nouveau). Discours ves, succède à Rcgimbert, p. 57. Il rétablit la paix
d'Yves de Chartres sur du
l'accord de l'Ancien cl et la concorde dans l'île de Walchre, ibid. Sa mort,
Nouveau Testament, p. 122. Epigramme de Théo- ibid. Eloge que la chronique d'Epternae fait de lui.
dore Prodrome sur l'Ancien et le Nouveau Testa- ibid.. Ses écrits Livre intitulé les Fleurs de l'épi-
:

ment, p. 149. Concorde de l'Ancien et du Nouveau laphe des saints, ibid. et 58. Vie de saint Liutwin.
Testament, par l'abbé Joachim, p. 829. p. 58. Vies de sainte Irmine et de saint
Willibrodc,
TÉTRAPLES, ou livres à quatre colonnes. Tétra- ibid. Homélies qui peuvent lui cire attribuées, ibid.

ple du bienheureux Odon, évéque de Cambrai, sur le el59.


Psautier, p. 77. THÉOLOGAL. Canon du quatrième concile de La-
TEUTONIQUE. L'ordre Tculonique, confirmé par tran, qui ordonne d'établir un théologal dans chaque
le pape Innocent III, p. 968. église cathédrale, p. 1165.
TIIAIS (sainte), pénitente. Vie do sainte Thaïs, THÉOLOGIE. En quoi consiste la théologie posi-

écrite par Marbode, p. 227. tive. Son utilité, p. 542. Moyens qu'elle emploie
THEODARD (saint), évéque de Maëstricht. Sa Vie pour prouver les vérités de la religion, ibid. Ces
.

1260 TABLE ANALYTIQUE.


moyens sont: la loi de Moïse, ibid.; les prophéties et bert en Ardonne. Sa mort ; Thierry II lui succède,
leur accomplissement, ibid. et 543 ; l'autorité de p. 55.
l'Evangile et des miracles, p. 543; les actes des THIERRY abbé de Saint-Hubert en Ardenne,
II,

martyrs, ibid.; la tradition apostolique, p. 544; lu succède au bienheureux Thierry, p. 55. Il assiste au
consentement de toutes les églises, ibid. l'autorité concile de Soissons tenu contre Roscelin, ibid. Il

des conciles, des décrets de Rome et des écrits des est obligé de quitter son abbaye pour son attache-
pères, ibid.; les arguments que fournit !a raison na- ment au pape saint Grégoire VII, ibid. Sa mort,
turelle, ibid. Avantages de la théologie positive sur ibid. ; et 56. Son apologie adressée à l'Eglise de Liège,

la scholastique, p. 546, 547. Traité de théologie du p. 59. Sa lettre àWyrède, usurpateur de son abbaye,
vénérable Hildebert qui a servi de modèle aux théo- ibid. Sa requête au pape Urbain II, ibid.

logiens scholastiques, p. 218. Analyse de ce traité, THOMAS (SAINT). Trois discours de Guillaume
ibid. et 219. Introduction à la théologie, composée d'Auvergne en l'honneur de saint Thomas, p. 1026.
par Abaillard, p. 332, 333. Sa Théologie chrétienne, THOMAS 11, archevêque d'York, neveu de Thomas.
p. 334 et 338. Commencement et progrès de la succède à Gérard, p. 18. Son différend avec saint
théologie scholastique, p. 545. Opposition qu'éprouve Auselme, archevêque de Cantorbéry, ibid. et suiv.

cette nouvelle méthode : elle prévaut, ibid.; Idée de Sa mort, p. 134.


cette méthode, ibid. et 546. Ses inconvénients, p. THOMAS DE MARLE, seigneur de Couci, excom-
547. La méthode des pères a plus de grâces et de munié au concile de Beauvais pour ses brigandages,
force, ibid. et 548. p. 1085.
THEOPASCHITES. Lettre d'Eulhymius Zigabène THOMAS, prieur de l'abbaye de Saint-Victor, est
contre les Arméniens Théopaschites, p. 153. assassiné. Ses assassins excommuniés au concile de
THÉOPHANES CÉRAMÉUS, archevêque de Taor- Jouarre. p. Ll H.
mine en Sicile. Ce qu'on sait de sa personne et du THOMAS BECKET (saint), archevêque de Can-
temps où il a vécu, p. 654, 655. torbéry Sa naissance, p. 661. Ses études â Oxford,
THÉOPHILE (s.unt), économe de l'EgHse d'A- puis à Paris, ibid. Il s'attache à l'archevêque de Can-

dane en Cilicie. Histoire de sa conversion et de sa torbéry, ibid. et 662. Différentes négociations dont
pénitence écrite en vers par Marbode, p. 227. il est chargé à Rome, p. 662. Il est fait archidiacre
THÉORIEN, envoyé par l'empereur Manuel Com- de Cantorbéry, ibid. Le roi Henri II le prend pour
nène pour conférer avec Norscsis, patriarche des son chancelier, et 1j charge de l'éducation de son
Arméniens sur plusieurs points de foi et de disci- fils, ibid. Il est élu archevêque de Cantorbéry, ibid.
pline, p. 635. Détail des cinq conférences qu'ils eu- Sa conduite pendant son épiscopat, ibid. Il engage
rent ensemble, ibid. et suiv. Editions et traductions le roi à remplir les évéchés de Worchesler et de Hé-

qu'on en a faites, p. 638. Autre conférence de Théo- reford, ibid. Il renonce à la dignité de chancelier :

rien publiée par le cardinal Mai, p. 638, 639. Con- le roi s'en offense. Un différend survenu au sujet de
férence avec le patriarche des jacobites publiée aussi la juridiction ecclésiastique augmente son mécon-
parle même cardinal, p. 640, 641. tentement, ibid. et 663. L'archevêque accède aux
THIBAUD, abbé du Bec. 11 est élu archevêque de coutumes d'Angleterre, sans restriction, puis il se
Cantorbéry pour succéder à Guillaume de Corbeil, rétracte, p. 663. Ce que c'est que ces coutumes, p.

p. 1114. Son différend avec Bernard, évêque de Me- 668, 669. Thomas est cité et condamné au concile
nève ou de Saint-David, p. 271 Saint Thomas Becket . de Northamplon, p. 663. Il se retire en France, ibid.
lui succède, p. 662. Sa mort, ibid. et 1129. Le pape casse ce qui s'était fait au concile de Nor-
THIBAUD, clerc de l'Eglise d'Etampes, professeur thamplon, et promet à l'archevêque de ne point l'a-

des écoles de Caen, et ensuite de celles d'0.xford, bandonner, ibid. Il va demeurer à Pontigny : le roi

p. 188. Les auteurs anglais le comptent parmi les d'Angleterre fait saisir tous ses revenus, p. 664. Le
écrivains de leur nation, et le font cardinal, ibid. Ce pape le nomme son légat en Angleterre, ibid. Tho-
qu'on sait de sa personne et du temps oîi il vivait, mas excommunie les détenteurs des biens de l'Eglise
ibid. Son cardinalat n'est appuyé que sur l'autorité de Cantorbéry, ibid. Obligé de quitter Pontigny, il

de Pitséus, ibid. Analyse des cinq lettres qui nous se retire à Sens, ibid. Différentes conférences pour
restent de lui, p. 189. concilier le roi et l'archevêque : celui-ci renouvelle
THIBAUD, cardinal-prêtre du titre de Sainte-Anas- les censures qu'il avait lancées, ibid. et 665. La paix
tasie, est élu pape pour succéder à Callixte II, p. se conclut : entrevue du roi et de l'archevêque pour
251. Voyant qu'on pensait à traverser son élection, la ratifier, p. 665. Retour de l'archevêque en Angle-
il se démet, ibid. terre ; le roi toujours indisposé contre lui, ibid. et
THIBAUD, abbé de Sainte-Colombe. Lettre que lui 666. H est assassiné par quatre chevaliers qui
écrit Pierre le Vénérable pour répondre à deux ques- croyaient faire plaisir au roi, p. 666. Miracles qui se
tions qu'il lui avait proposées, p. 511 font à son tombeau ; le pape Alexandre III le cano-
THIBAUD, évêque de Paris. Sa mort. Pierre Lom- nise solennellement et le met au nombre des mar-
bard lui succède, p. 548. tyrs, ibid. Punition divine de ses meurtriers, ibid.
THIERRY 1 (SAINT), évêque de Metz. Sa Vie écrite Recueil des lettres de saint Thomas, ibid. Ce qu'il
par Sigebert de Gemblou, p. 62. y a de remarquable dans les lettres de ce saint ar-
THIERRY (le bienheureux), abbé de Saint-Hu- chevêque, p. 666 et suiv. Sa Vie composée par dif-
.

TABLE ANALYTIQUE. 1261

l'érents auteurs, p. 667. Edition de ses lettres dans TOUR DES ÉGLISES. C'était autrefois l'usage dans
la Palrohgie, d'après celle du docteur Giles, ibid. les monastères, de dresser un autel dans la tour de
Thomas est élu archevêque de Cantorbéry dans un l'église, p. 531.
concile de Londres, et succède à Thibaud, mort TOURNOIS et autres combats défendus par le
l'année précédente, p. H"29. Il refuse de recon- concile de Clermont, p. 1110; par le- deuxième
naître les coutumes d'Angleterre, p. 1130. Concile concile de Latran, p. 1115; par le troisième, p.
où il est condamné comme traître el parjure, p. 1 131 1142.
Concile de Chinon louchant le différend entre le roi TOURNUS, abbaye dans le diocèse de Chalons-
d'Angleterre Henri H et saint Thomas, p. H33. sur-Sailne. Conciles tenus dans celte abbaye, p.
Concile de Londres où les évèques d'Angleterre in- 1087, 1089. Lettres du pape Callixte 11 q-ii confir-
terjettent appel au pape des sentences de Thomas, ment les privilèges de cette abbaye, p. 1098.
ibid. Concile d'Avranches où le roi Henri II est ab- TOURS, capitale de la Touraine. La juridiction de

sous du meurtre de ce saint archevêque, p. 1134. l'Eglise de Tours sur celles de Bretagne, confirmée
Lettre de Pierre de Blois sur sa mort, p. 768. Au- par le pape Lucius II, p, 268. Conciles tenus en cette
tres lettres où il fait son éloge, p. 769. Lettre du ville, p. 1061, 1129.

pape Urbain III qui permet à Baudouin, archevêque TOUSSAINT (la) ou fête de tous les saints. Trois
de Cantorbéry, de bâtir une église en l'honneur de sermons du vénérable Hildebert sur la fête de tous
saint Etienne et de saint Thomas de Cantorbéry, p. 215. Cinq sermons de saint Bernard
les saints, p.

934. Sermon de Guillaume d'Auvergne en l'honneur pour la fête de tous les saints, p. 484. Sermon de
de ce dernier, p. 10^6. Guillaume d'Auvergne pour la fête de la Toussaint,
TIRAGUEAU (edmond), moine de Cîteaux. Son p. 1027.
édition des œuvres de saint Bernard, p. 498. TOUTE-PUISSANCE. Toute-Puis- Traité de la

TIRON, monastère au diocèse de Chartres. Sa sance de Dieu, ouvrage de Rupert, abbé de Tuy,
fondation par Bernard d'Abbeville, abbé de Saint- p. 286.
Cyprien à Poitiers, p. 93. Yves de Chartres favorise TRANSFIGURATION de Jésus - Christ. Sermon
cette fondation, ibid. Accroissement de ce monas- de Pierre le Vénérable, p. 521 . Deux sermons de
tère, p. 404. Pierre de Celle, p. 681. Discours moral de Pierre de
TITELM\N (fuançoisî, franciscain. Son édition Blois, p. 778.
du livre d'Arnaud, abbé de Bonneval, des Sept pa- TRANSSUBSTANTIATION du pain et du vin

roles de Jésus-Christ sur la Croix, p. 618. changés au corps et au sang de Jésus-Christ. Témoi-
TITRE PATRIMONIAL, rtécessaire pour la subsis- gnage de Roger, évêque d'Oléron, p. 69 de Guil- ;

tance de celui qui était ordonné prêtre. Le concile laume, abbé de Saint-Thierry, p. 390 de Gilleberl ;

de Latran est le premier qui l'ait exigé, à défaut de de Hollande, p. 490 ; et de Pierre de Poitiers, p.
titre ecclésiastique, p. 1140. 569, 570. Voyez Eucharistie.
TODI, ville d'Italie. Concile tenu en cette ville, TRÉPASSÉS. Sermon de Guillaume d'Auvergne
p. 1034. pour le jour de la commémoration des fidèles tré-

TOLÈDE, ville d'Espagne. Bulle du pape Gélase II passés, p. 1027.


qui confirme à l'Eglise de Tolède la prmiatie en Es- TREVE DE DIEU. Divers conciles prescrivant l'ob-
pagne, p. 1090. La primatie de Tolède confirmée servation de la trêve de Dieu, p. 1053, 1054, 1059,

par le pape Lucius II, p. 269; par le pape Eugène 111, 1064, 1087. La trêve de Dieu est jurée pour trois
p. 274. Les droits de cette Eglise confirmés par le ans au concile de Troie en Pouille, p. 1087. Canon
pape Adrien IV, p. 915 Les droits de primatie de du concile de Clermont sur la trêve de Dieu, p.
l'Eglise de Tolède sur les archevêchés de Bra.^uc, de IIIO. Canon du troisième concile de Latran, p.
Compostelle, de Tarragone et de Narbonne, défendus 1142.
au quatrième concile de Latran , sous le pape Inno- TRÊVES, ville des Gaules. Conciles qui furent te-
cent III. p. 1161. nus en cette ville, p. 1119.
TOLLIUS (CORNEILLE), Hollandais. Son édition TRIBULATIONS. Traité des Tribulations, ouvrage
avec une traduction latine de l'histoire des empe- de Pierre de Blois, p. 781. Traité di;* Dernières tri-
reurs Jean el Manuel Comnène, par Jean Cinnaiii, bulations, attribué à l'abbé Joachim, p. 831.

p. 642. TRIBUR, lieu situé près de Mayence. Conciles


TONSURE ou monastique. Il n'appartient
cléricale tenus en ce lieu, p. 1047, 1048.
qu'aux cvêques de donner la tonsure cléricale, p. TRIGLAUS, idole à trois têtes, adorée par les Po-
1076. Les abbés peuvent la donner à ceux qui s'en- niéraniens, p. 179.
gagent à vivre selon la règle de saint Benoit, ibid. TRINITÉ des personnes divines. Monologue et

Défense de rien exiger pour la tonsure cléricale, ibid. Proslogue de saint Anselme sur ta Trinité , p. 9 el

TORTURE. Selon le vénérable Hildeberl, elle n'é- 10. Livre du même sur la Trinité contre Roscelin,
tait pas en usage dans les tribunaux ecclésiastiques, p. 10, 11. Traité de ta Trinité et de l'Incarnation,

p. 213. p. 11, 12. Lettre aux moines de Saint-Alban sur ces


TOULOUSE, capitale du Languedoc. Conciles te- mystères, p. 32, 33. Traité d'Anselme de Laon sur
nus en cette villf, p. 1060, 1005, 1091 , 1002, 1 108, la Trinité, p.183. Sermon du vénérable Hildeberl
1128. pour la fête de la trcs-sainle Trinité, p. 214. Traité
.

1262 TABLE ANALYTIQUE.


de la Trinité et de ses ouvrages, par Rupert, abbé de TROIE, ville de Fouille. Concile tenu en cette
Tiiy, p. 281, 282. Traité du même, de la Glurifica- ville, p. 1087.
tion de la Trinité et de la Processim du Saint-Esprit, TRON {Skim) ou TRUDON , fondateur d'un mo-
p. 283. Le traité d'Abaillard sur la Trinité est con- nastère de son nom au diocèse de Liège. Chronique
damné au concile de Soissons, p. 3l9. Doctrine plus de l'abbaye de Saint-Tron, écrite par l'abbé Ro-
saine du même, dans sa Théologie chrétienne, p. dulphe, p. 239, 240.
334. On peut douter si cet ouvrage est d'Abaillard, TROPOLOGIES de Guibert abbé , de Nogent , sur

p. 338. Rhythmes ou proses d'Abaillard sur la Tri- Osée, Amos et Jérémie, p. 195.
nité, p. 339. Erreurs de Gilbert de la Porrée sur la TROYES, ville de France. Conciles tenus en cette
Trinité, p. 342, 343. Son commentaire sur les livres ville, p. 1078, 1081, 1106.
de la Trinité de Boèce, p. 343. Traité de Hugues TRUCHIUS (PAULIN) , dominicain. Son édition de
Métellus sur la Trinité, p. 363. Erreurs de Guil- la traduction latine des commentaires d'Euthymius
laume de Couches sur la Trinité, réfutées par Guil- Zigabène sur les psaumes et les cantiques , faite par
laume de Saint-Thierry, p. 388, 389. Doctrine de Philippe Saulus, évêque de Brunetto, p. 153.
Robert PuUus, p. 392, 393. Ce que dit saint Ber- TLILUJES, au diocèse d'Elne. Conci'es tenus en
nard sur la Trinité dans ses lettres contre Abaillard, ce lieu, p. 1064.

p. 441, 442 ; dans son cinquième livre de la Consi- TURGOT, moine, puis prieur du monastère de
dération, p. 465. Doctrine de Pierre Lombard sur le Durham, et ensuite évêque de Saint-André en Ecosse,
mystère de b Trinité, p. 550 et suiv. Traité de p. 232. Son Histoire du monastère de Dunelme ou
l'abbé Joachim, de l'Unité ou essence de la Trinité, Durham, p. 233; continuée par Siméon, moine et
p. 831. Sa doctrine sur la Trinité, ibid. Traité delà préchantre du même monastère, ibid. et 318.
Trinité, ouvrage de Guillaume d'Auvergne, évêque TURSTAIN, archevêque d'York, succède à Tho-
de Paris, p.La doctrine de l'abbé Joachim
iO'21 . mas, p. 134. Son différend avec Raoul, archevêque
sur ce mystère condamnée au quatrième concile gé- de Cantorbéry, ,=i qui il refuse la soumission qu'il
néral de Latran. p. 831. exigeait, ibid. \l est ordonné par le pape Callixle H,
TRINITÉ Vendôme. Le pape
(sainte), monastère à qui oblige le roi d'Angleterre à le recevoir, p. 1100.
Urbain II confirme tous les privilèges du monastère Sa mort : troubles au sujet de l'élection de son suc-
de la Sainte-Trinité à Vendôme, p. 160. Honorius II cesseur, p. 445, 446.
lui confirme la possession de l'église de Sainte-Pris- TUSCULUM, ville d'Italie. Traité entre le pape
que, ibid. Cette abbaye était alors un aleu du Saint- Clément III et les Romains, au sujet de cette ville,
Siège, pour lequel les abbés payaient une redevance p. 937 et 940.
à la cour de Rome, p. 161. La fête de la sainte Tri- TUSSIGNANO (jean de), évêque de Ferrare. Sa tra-
nité célébrée à Vendôme, p. I6'i.. Privilège accordé duction italienne des sermons de saint Bernard, p. 500
à l'abbaye de Vendôme par Thierry, évêque de Char- TUY ou DUITS, ville d'Allemagne. Incendie con-
tres, p. 169, 170. Bulle du pape Innocent III qui sidérable en cette ville, p. 285. Relation de cet in-
approuve l'ordre de la Trinité pour la rédemption cendie écrite par l'abbé Rupert, ibid.
des captifs, et renferme la règle qu'il devait suivre, TYPIQUE, ou règle donnée par l'impératrice Irène
p. 966. Progrès de cet ordre, p. 967. Li ttre du pape au monastère de la Pleine-de-Gràce, qu'elle avait
Calixte II contenant l'énuraéralion et la confirmation fondé à Conslanlinople, p. 143 et suiv.
des privilèges de l'abbaye de la Trinité à Vendôme, TYRANS. Traité de la Mauvaise fin des tyrans,
ouvrage de Jean do Sarisbéry, p. 679.

u.

UBALD (SAINT) , évêque d'Eugubio. Sa canonisa- UNIVERS. Traité de l'Univers, ouvrage de Guil-
tion par le pape Célestin 111, p. 942. laume d'Auvergne, évêque de Paiis, p. 1024.
UBALD, évêque d'Ostie, est élu pape après la mort UNIVERSAUX. Dispute entre Abaillard et Guil-
d'Alexandre III, et prend le nom de Lucius III, laume de Champeaux, sur les universaux, p. 518.
p. 929. UPSAL, ville de Suède. Les Suédois y avaient un
UDALRIC ou ULRIC, évêque de Baraberg. Son temple fameux, p. 205.
recueil de lettres et de diplômes, p. 247. URBAIN II, pape. Comment ilroçoit à Rome saint An-
ULGER, archidiacre et ensuite évêque d'Angers. selme: il le laisse aller sans lui avoir rien accordé, p. 5.
Ses deux épitaphes par Marbode, évêque de Rennes, URBAIN III, pape, succède à Lucius III. U notifie

p. 220. (Voyez ce mot dans la Table des additions.) son élection à tous les prélats, p. 933. Ses démêlés
UNIFORMITÉ DE L'ÉGLISE. Traité d'Anselme avec l'empereur Frédéric ler, ibid. Sa mort, ibid.

d'Havelburg contre les Grecs, ainsi intitulé, p. 413 Ses lettres, ibid. et suiv. Son èpitaphe composée par
et suiv. Philippe de Bonne-Espérance, p. 687.
UNION DE L'AME avec le corps. Traité de Hugues URGEL, ville d'Espagne. Concile tenu en cette
de Saint-Victor sur ce sujet, p. 354, 3.55. ville, 1048.
.

TABLE ANALYTIQUE. 1263


URSION, évèque de Soissons, est déposé au con- tiques, par Gilbert, évêque deLimerick, p. 176, 177.
cile de Meaux, et Arnoul mis à sa place, p. 1071. USURE. Canon du quatrième concile de Latran,
URSION, abbé de Saint-Denis de Reims, est élu qui défend aux juifs les usures excessives, p. 1171.
évêi|ue de Verdun , à la place de Henri , déféré au USURIERS. Canon du troisième concile de Latran,
concile de Cliâlons-sur-Marne^ 1107. contre les usuriers, p. Il.i2. Loi de saint Edouard,
URSULE (sainte) , vierge et martyre. Histoire du roi d'Angleterre, contre les usuriers : il les bannit
martyre de sainte Ursule et de ses compagnes, attri- de ses états, p. 1054.
buée moine de Gemblou, p. 68.
à Sigebert, UTILE. Traité de l' Honnête et de l'Utile^ opuscule
USAGES DE L'ÉGLISE. Traité des Usages ecclésias- du vénérable Hildehert, p. 218.

V.

VAAST (saint), évêque d'Arras. Le pape Inno- titre de la Somme théologique de Pierre le Chantre,
cent 111 confirme les statuts et anciennes coutumes p. 571.
de l'abbaye de Saint-Vaast d'Arras, p. 958. VERRERIE, maison royale au diocèse de Soissons.
VALDO (pierre), chef des pauvres de Lyon, qui Concile qui y fut tenu, p. 1088.
de lui prirent le nom de vaudois, p. 931. VÉRITÉ. Traité de la Vérité, ouvrage de saint
VALENCE, ville de France. Concile qui y fut tenu, Anselme, p. 16.

p. 1076. VERNAIRE, évèque de Strasbourg, fonde le mo-


VALERANNE, abbé de Naûbourg. Sa lettre à saint nastère de Moury, en Suisse, p. 539.
Anselme, où il lui demande la raison de la variété VEROLl, ville d'Italie. Concile tenu en cette ville,
dans "administration des sacrements, p. 18, 19. Ré- p. 1117.
ponse de saint Anselme, p. 19. VERS ETRANGERS. Exposition sur les Vers
VALERl (SAINT), fondateur d'un inonaslèie qui étranyen, ouvrage attribué à l'abbé Joachim- p. 831.
subsiste sous son nom au diocèse d'Amiens. Histoire VERTU. Poëme de la Vertu, par Pierre le Véné-
supposée d'un ditférend entre les moines de Saint- rable, p. 522.
Valéri et l'évcque d'Amiens, au sujet de leurs immu- VERTUS. Des quatre vertus de lu vie honnête,
nités, p. 108-2. opuscule du vénérable Hildehert. p. 218. Traité des
VALLADULID, ville d'Espagne. Concile tenu en Vertus, faussement attribué à saint Bernard, p. 492.
cette ville, p. 1113. Traité des Vertus, attribué à l'abbé Joachim, p. 831
VAUCELLES , monastère au diocèse de Cambrai. Traité des Vertus, ouvrage de Guillaume d'Auvergne,
Sa fondation, p. 440. évêque de Paris, p. 1021.
VAUDOIS ou pauvres de Lyon, hérétiques con- VÉZELAl, ville de Bourgogne. Lettres du pape
damnes au concile de Vérone, tenu par le pape Lu- Paschal en laveur de l'abbaye de Vézelai, p. 135.
ciusm, p. 930. De qui ils tirent le nom de vaudois, On y tient un parlement pour la croisade, p. 449.
leurs erreurs, p. 931. Indulgence que le pape Innocent III accorde à ceux
VAUTHIER, évèque de Laon. Sa lettre à Géroch, qui iraient à Vézelai le jour ou l'octave de la fête de
prévôt de Roichers|)erg, p. 630. sainte Magdeleine, p. 974. Concile tenu en celte
VELLÉIUS (ANDRE-SÉVERIN), historiographe du ville, p. 1118.
roi de Danemark. Son édition de l'Histoire des VIANDES. Par les premiers statuts des Chartreux,
églises du nord, par Adam de Brème, p. 206. l'usage de la viande n'était point interdit aux mala-
VENDOiME, ville de la Beauce. Les privilèges de des, p. 307.
l'abbaye de la Trinité de Vendôme, confirmés par VIATIQUE DES MORIBONDS. On doit punir
huit papes, p. i61, 162. Concile tenu en cette ville, comme homicides des âmes ceux qui refusent de
p. 1048. donner le viatique aux moribonds, p. 135. Louis le

VENl CREATOR, hymne pour le jour de la Pen- Gros, roi de France, reçoit le viatique sous les deux
tecôte. On la chantait tous les ans à Cluny le jour espèces, p. 375.
de la Pentecôte à tierce, p. 54. VICES. Traité des Vices et des Péchés, ouvrage de
VENISE, ville d'Italie. Du temps de Pierre le Vé- Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris, p. 1021.
nérable les sénateurs de Venise donnaient, chaque VICTOR IV, antipape, p. 258.
année, cent livres d'encens blanc, à l'abbaye de VICTOR. Martyre de saint Victor, décrit en vers
Cluny. Prières établies pour eux en cette abbaye, par Marbode, p. 227. Hugues, depuis chanoine de
p. 514. Conciles tenus en celte ville, p. 1052, 1138. Sainl-Viclor, près Paris, étant A Marseille, obtient
VERBE DE DIEU. Traité de la Victoire du Verbe une dent de saint Victor, dont il fait présent A l'ab-
de Dieu, ouvrage de Rupert, abbé de Tuy, p. 283. baye de Sainl-Viclor, près Paris, p. 347.
De l'Unité du Verbe de Dieu, traité attribué à Hugues VICTOR (SAINT). Abbaye de chanoines réguliers
de Saint-Victor, p. 354, 355. Apologie du Verbe in- établie à Paris, sous le nom de Saint-Victor. Sa
carné, faussement attribuée à Hugues de St- Victor, fondation par le roi Louis VI, p. 192. Saint Ber-
p. 355. Le Verbe oh la parole abrégée sur la Itrre, nard exhorte Suger, abbé de Sainl-Denys, à rétablir
,

TABLE ANAKYTIQUE.
la discipline dans l'abbaye de Saint-Victor de Paris, VISION. Vision de saint Hugues, abbé de Cluny,
p. 456. p. 55.
VIE. Discours de saint Bernard sur l'incertitude VISITES. Règlement du troisième concile de La-
et la brièveté de la vie, p. i84. Traité de l'Ordre, tran, pour modérer les frais que causaient aux
de la vie et des mœurs, faussement attribué à saint Eglises les archevêques, évêques, cardinaux, etc.,
Bernard, p. 4.91. dans leurs visites, p. 1139. Canon du quatrième
VIE APOSTOLIQUE. Traité de la Vie apostolique, concile de Latran, qui défend aux évêques, à leurs
ouvrage que Bupert, abbé de Tuy, composa en fa- archidiacres et aux légats, de rien prendre pour
veur des moines, p. 289. frais de visite, p. 1168.
VIE MOiNASTlQUE. Éloge de ce genre de vie, VITAL (SAINT), et AGRICOLE (s.unt), martyrs.
poème de Marbode, p. 227. Eglise de Saint- Vital, disputée entre l'Eglise de Nan-
VIE SOLITAIBE. Traité de la Vie solitaire, ou tes et l'abbaye de Tournus. Un concile de Loudun
lettres aux frères de la Cliarlreuse du Mont-Dieu, l'adjuge au prieuré de Cunauld, appartenant à Tour-
par le bienheureux Guigue, p. 308, 309, et non par nus, p. 1082.
Guillaume de Saint-Thierry, p. 390, ni par saint VITAL, fondateur d'un monastère de filles. Lettre
Bernard, p. 490. Traité de la Vie solitaire, ouvrage que Marbode lui écrit, p. 226.
attribué à l'abbé Joachim, p. 83i. VITRY, bourg de France, près Paris. Différend en-
VIE SPIBITUELLE. Cours de la Vie spirituelle, tre les moines de Saint-Eloi, dans l'île de Paris, et
attribué à Francon, abbé d'Afflighem. C'est peut- les chanoines réguliers de Saint-Victor de Paris, au
être le même ouvrage que son traité de ta Grâce et sujet des dîmes de vin et de blé à Vitry, p. 568,
de la Miséricorde, p. 191. 569.
VIENNE, ville de France, dans h Dauphiné. Let- VIVIEN, cardinal, légat en Ecosse, y célèbre un
tre du pape Callixte 11, qui confirme les droits et les concile, p. 1138.
privilèges de l'Eglise de Vienne. Provinces sur les- VOLONTÉ DE DIEU. Livre de saint Anselme, de
quelles elle lui donne la primalie, p. 1098. Conciles la Volonté de Dieu, p. 20. Doctrine de saint Anselme
tenus en cette ville, p. 1061, 1084. 1091, 1145. sur la volonté en Dieu de sauver tous les hommes,
VIEBGES. Sermon de Bernard de Cluny sur la p. 39, 40. Traité de la Volonté de Dieu, ouvrage de
parabole des dix vierges, p. 492. Rupert, abbé de Tuy, p. 285, 286. Traité de la
VIGNE MYSTIQUE. Traité de la Vigne mystique Puissance et de la Volonté de Dieu, ouvrage de Hu-
ou de la passion du Seigneur, ouvrage faussement gues de Saint-Victor, p. 354. Ce docteur distingue
attribué à saint Bernard, p. 491. en Dieu deux sortes de volonté, p. 359. Doctrine
VILLE-BEP.TBAND. A l'occasion de la dédicace de Pierre Lombard, sur la volonté de Dieu, p. 554,
de cette église, on tient un concile qui ordonne 555.
qu'il y aura des fonts baptismaux, et que les clercs VOLONTÉ EN JÉSUS-CHRIST. Des Quatre volon-
mèneront la vie canonique, selon la règle de saint tés en Jésus-Christ, ouvrage de Hugues de Saint-
Augustin, p. 1077. Victor, p. 354.
VINCENT (SAINT), diacre de l'Eglise de Saragosse VOLONTÉ DE L'HOMME. Traité de la Volonté,
en Espagne, poëme du vénérable Hildeberl sur le ouvrage de saint Anselme, p. 16, 17. Voyez Libre
martyre de saint Vincent, p. 222. arbitre.
VIRGINITÉ. Traité de la Virginité, ouvrage de VULGRIN, archidiacre de Paris. Lettres que lui
Guibert, abbé de Nogent, p. 197. Eloge de la virgi- écrit Yves de Chartres, p. 112.
nité, dans une lettre du vénérable Hildebert, p. 2)0. VULGRIN, chancelier de l'église de Chartres, dé-
Traité de la Virginité, par le même. 11 n'a pas en- puté par Yves, son évêque, au concile de Troyes^
core été imp.inié, p. 217. Traité de Rupert, abbé p. 1 14. Il y est élu évêque de Dol, en Bretagne, ibid.
de Tuy, sur ce qui fait perdre la virginité, p. 288. Il se plaint de son élection à Yves de Chartres, ibid.
Lettre où Pierre-le-Vénérable fait voir les avantages VULTURNE, montagne en Italie où se trouve un
de la virginité, p. 51 3. monastère. Lettre du pape Calliste 11 qui confirme
VIRGINITÉ perpétuelle de la sainte Vierge Marie. les privilèges de l'abbaye du Mont Vulturne
Traité sur la Virginité perpétuelle de la sainte Vierge, p. 1099.
pai" Hugues de Saint-Victor, p. 355, 356.

w.

WALDETRUDE (sainte), fondatrice de Mons. Sa WEREBURGE (sainte), vierge, fille d'un roi des
Vie écrite par Philippe de Bonne-Espérance, p. 687. Merciens, sa Vie écrite par le moine Goscelin, p. 233.
WATERFORD, ville d'Iriande. On établit dans WERNER, nécromancien, dont parie le pape Pas-
cette ville un évêcbé, p. 1074. Concile qui y fut chal 11 dans une de ses lettres, est peut-être le
tenu, p. 1127. mênie que Maginulfe, p. 138.
WERBÉ, abbaye. Bulle du pape Adrien IV, qui unit WERNHER de Cattinbach, fondateur de l'abbaye
cette abbaye à celle de Corbie, p. 536. de Burglen, en Brisgau, p. 541.
TABLE ANALYTIQUE. 1265

WESTMINSTER, monastère près de Londres. Con- WILLELME (JOSEPH). Sa traduction allemande


cile où l'on confirme les biens el les privilèges do Je quelques hymnes de saint Bernard, p. 500
cette abbaye, p. 1064. Autres conciles qui y furent WILLIGISE, archevêque de Mayence. Son diffé-

tenus, p. 1113, 1117. rend avec Bernouard, évéquc d'Hildesheim, au sujet


WIBALD, abbé de Stavelo et de Corbie. Sa fa- de l'abbave de Gandensheim, p. 1033, 1034.
mille, p. 525. Ses études. Il se fait moine à l'ab- WINCHESTER, ville d'Angleterre. Conciles te-

baye de Vassor, puis il passe à celle de Slavelo, nus en cette ville, p. 1039, 1066, 1068, 1115,
dont il est fait abbé, p. 526. Il y rétablit le bon 1117.
ordre, ibid. L'empereur Lothaire l'emniéne en Italie WINDSOR, ville d'Angleterre. Conciles qui y lu-
et le charge de rexpcdition contre Roger, roi de rent tenus, p. 1066, 1084, 1136.
Sicile, proleclcur de l'antipape Anaclet, ibid. Il est WIRÈDE, intrus dans l'abbaye de Saint-Hubert,

élu abbé du Mont-Cassin, ibid. Il retourne à Stavelo, 3 la place de Thierry, p. 55. Quoii|ue excommunié
ibid. et 527. Ses soins pour recouvrer les biens en différents conciles, il s'y maintient, ibid.
aliénés, p. 527. Il est élu abbé de Corbie, en Saxe, WIRNTON, abbé de Formbach. Sa Vie écrite par
et obligé par l'empereur Conrad d'accepter cette Géroch, prévôt de Reichersperg, p. 630.
nouvelle charge, ibid. Nommé un des chefs de la WIRTZBOURG ville de Franconie. Conciles tenus
,

croisade contre les Sclaves, il y emploie le trésor en cette ville, p. 1070, IIH, 1131.
de l'abbaye de Corbie, ibid. 11 revient à Stavelo pour WOLFIUS (JEAN). Son édition des annote de Zo-
délivrer ce raonastèro de l'oppression des seigneurs nare, p. 156.
voisins, ibid. et 52S. L'empereur Frédéric l'envoie WORMS, ville d'Allemagne. Conciles tenus en
h Constantinoplfi traiter de son mariage avec la fille cette ville, p. 1095.
de Manuel, p. 528. II meurt au retour de sa seconde WULSTAN (SAINT), évêque de Worchester. Sa Vie
députatioïi, ibid. Ses lettres, ibid. et suiv. On ne écrite par Guillaume de Malmesbury, p. 313 Analyse
connaît point d'autres écrits de lui, p. 536. Juge- de cette Vie, ibid. On veut obliger Wulstan à se dé-

ment sur ses lettres, p. 536. mettre de l'épiscopat, sous prétexte de son incapa-
WILFRID (SAINT), évêque d'York. Sa Vie écrite cité, p. 1066.
par Eadmer, disciple de saint Anselme, p. 46. Sa WYNANTS (GUILLAUME). Son édition des lettres et
Vie par Pierre de Blois, p. 783. des Actes de saint Thomas de Cantorbéry, préparée
WILLEBRODE (saint), évêque d'Utreclit. Sa Vie par le père Lupus, p. 667.
écrite par l'abbé Théofroi, p. 58.

YORK, ville d'Angleterre. L'archevêque d'York il est mis au nombre des saints, p. 93. (Voyez aussi

dispute la primatie à celui de Cantorbéry : elle est la note 6 de la page 90, tirée du Dictionnaire ency-
attribuée à ce dernier, p. 8. clopédique de la théologie catholique). Sa Vie, écrite
YVES (saint), évêque de Chartres. Sa naissance, par le père Fronteau , p. 93. Edition de ses écrits
ses études, p. 90. Il embrasse la vie de chanoine dans la Polrnlogie, ibid. Ecrits d'Yves de Chartres :
régulier au monastère de Saint-Quentin, dont il est son Décret, ibid. et suiv. Dessein que l'auteur s'est
fait prévôt ou abbé, ibid. 11 est élu évêque ou abbé, proposé, p. 94. Analyse de ce décret, ibid. et suiv.
ibid.; il est élu évêque de Chartres à la place de Différentes éditions qu'on en a faites, p. 97. Pan-
Geoffroi, déposé, p. 91. Richer, archevêque de Sens, nomie, d'Yves de Chartres : ce n'est pas un abrégé
ayant refusé de le sacrer, il va à Rome recevoir ni le sommaire du Décret, p. 98. Analyse des huit
d'Urbain IL la consécration, ibid.; il est déposé au parties qui la composent, ibid. et 99. Editions qu'on
concile d'Elampes, et Geoffroi est rétabli; Yves en en a faites, p. 99. Lettres d'Yves de Chartres, p. 99
appelle au pape, ibid.; son opposition au mariage du clsuiv.;sessermons, p. 122, l23 Quelques ouvrages
roi Philippe avec Bcrtrade lui fait encourir la dis- qui lui sont attribués, p. 123, 124. Son ilicroloijue,

grâce de ce prince, ibid.; il refuse d'aller au concile ou observations sur les rits et oflices ecclésiastiques,

de Reims, ibid.; il assiste au concile de Clcrmonl, p. 124 et .suiv. Il est l'auteur de ce livre, p. 124,
ibid.; son zèle pour la discipline ecclésiastique, ibid. 125. Différentes éditions qu'on en a faites, p. 125.
cl 92; il assiste aux conciles de Troyes et de Beau- Analyse de cet ouvrage, ibid. el suiv. Jugement sur

gency, p. 92; comment il se justifie de h simonie le Microloyue el les autres écrits d'Yves de Chartres,
qu'on l'accusait de tolérer, ibid.; il assiste au sacre p. 128. Remarque sur la lettre deux cent soixanle-
du roi Louis VI, et en défend la validité, ibid.; sa dix-septièmc adressée à Hildeberl, évêque du Mans,
façon de penser sur les investitures, ibid.; il favo- ibid.
rise la fondation de l'abbaye de Tiron, p. 93; il éta- YVES (saint), évêque en Perse. Sa Vie écrite par
blit h Saint-Marlin, près de Chartres, des moines de André Lévéander, abbé do Ramscy, cl retoiichéo

Mannoiitier à la place des chanoines, ibid.; sa mort. par le moine Goscelin, p. 233.
«Il
TABLE ANALYTIQUE.

ZACHARIE, prophète. Commentaire de l'abbé circonstances de sa vie, p. 156. Ses Annales, ibid.
Joachim sur quelques chapitres du prophète Za- Editions qu'on en a faites, ibid. et 157. Commen-
charie, p. 829. taire sur les canons des apôtres et des conciles, p.
ZIGABÉNE. (Voyez Euthymius Zigabène.) d57. Divers traités de Zonare, ibid. Ses lettres, iftW.

ZINI (PIERRE-FRANÇOIS), chanoine de Vérone. Sa Son hymne sur la sainte Vierge, ibid. et 158. Ses
traduction latine de la Panoplie d'Euthymius Ziga- discours et autres opuscules, p. 158. Son sentiment
bcne, p. lo2, sur l'eucharistie, ibid. et 159.
ZONARE (jean), moine grec. Ce qu'on sait des

FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE.


TABLE
DES ADDITIONS PRINCIPALES FAITES PAR L'EDITEUR.

ABAILARD. Son sermon pour la îHe des saints ADAM DE PERSEIGNE. Sa Vie, p. 881, 882. Ses
Innocents, p. 332. Ecrits d"Abailard publiés depuis lettres, p. 882 et suiv. Ses sermons, p. SS.'i. Juge-

D. Ccillier : le li^re Sic et Noh. Ce qu'en disent ment critique de ses ouvrages, ibid. et 886.
les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, p. ADRIEN IV. Collection des lettres et privilèges
336, 337. Ce qu'en dit M. Cousin, p. 337. Dialogue d'Adrien IV dans la Patrologie, p. 917, 918.
entre un philosophe, un juif et un chrétien, p. 337, i-ELRÈDE (le bienheureux), abbé de Riedval.
338. Abrégé de la Théologie chrétienne, p. 338. Poé- Ses écrits dans la Patrologie, p. 620.
sies d'Abailard, p. 33.S, 339. Editions de quelques ^THELRÉDE, roi des Anglais. Sa constitution
écrits d'Abailard, p. 340. Ses écrits dans la Patro- de lois ecclésiastiques et le privilège qu'il accorde
logie, p. 341. à l'Eglise de Cantorbéry, p. 1036.|
ABSALON,abbé de Sprinekirsbach. Ce qu'on sait AIMERIC, patriarche d'Antioehe. Ce qu'on sait
de sa vie, p. 876. Ses sermons, p. 877. Leur édi- des circonstances de sa vie, p. 793. Son livre De
tion dans la Patrologie, ibia. institutione primorum monachorum in lege veleri

ACHARD, prieur de Saint-Victor, et ensuite exortorum et in nova perseverantium, ibid. Ses deux
évoque d'Avranches. Ce qu'on sait des circonstan- lettres au roi Louis le Jeune, ibid. Sa lettre à Hu-
ces de sa vie, p. 708. Ses écrits imprimés sont gues Etérien, ibid.
deux lettres, ibid. et 709. Ses autres écrits manus- AIMON, abbé de Saint-Pierre-sur-Dive. Ce
crits, p. 700. Edition des deux lettres d'Achard qu'on sait des circonstances de sa vie, p. 589. Sa
dans la Patrologie, ibid. lettre h ses confrères de Tewksbury sur l'association
ADAM, chanoine de Brème. Editions de son qui avait pour but la fondation des églises, p. 589,
Histoire ecclésiastique des Eglises du Nord, p. 206. 590. Editions des fragments qui restent de cette
T'"aductions de cet ouvr.ge, ihid. lettre, p. 590.
ADAM, chanoine de Saint- Victor. Ce qu'on sait ALAIN, évêque d'Auxerre. Ce qu'on sait des cir-
des circonstances de sa vie, p. 713. Ses séquences constances de sa vie, p. 784, 783. Ses écrits, p.
ou proses, d'après M. Félix Clément, p. 713, 714. 78;; et suiv. 1° Ses lettres, p. 785. 2° Sa Vie de
Ses proses dans la Patrologie, p. IH. Edition des saint Bernard, ibid. et 780. Ouvrages qui lui sont

œuvres poéticiues d'Adam de Saint-Victor, par attribués, p. 780. Jugement critique, ibid. Edition
M. Léon Gautier, p. 714, 7ii). Des ouvrages d'Adam de ses écrits dans la Patrologie, ibid. et 787.

autres que ses proses, p. 7iy, 71(i. Hymnes et of- ALAIN DE LILLE dit le Ooctei'u universel. Co
ficesde saint Victor et de saint Augustin, p. 710, qu'on des circonstances de sa vie, p. 863 et
sait

717. Summa Britonis ou des Mots difficiles de la suiv. Ses écrits imprimés 1° L'Encyclopédie, p.
:

Bible, p. 717 et suiv. Exposition sur tous les prologues 867 et suiv.; les Gémissements de la Nature, p. 869;
de la Bible, p. 721, 722. Du discernement de l'iime, 3° Paraboles, ibid.; 4" deux proses limécs, ibid. et
de l'esprit etde V intelligence, p. 722, 723. Solilo- 870 5° Commentaire sur le Cantique des Cantiques,
;

(jue sur l'instruction de l'dme ou sur l'instruction du p. 870; 6° De l'art de la Prédication, ibid.; 7° Ser-
disciple, p. 723. Atlributions douteuses, p. 723, mons, ibid.; 8° Des Sentences, ibid.; 9° Sur les six
724. Attributions fausses, p. 724, 72S. Des proses ailes des Chérubins, ibid. ot 871 ; 10° Livre péni-
d'Adam de Saint-Victor, p. 72a, 720. Du celles que Icntiel, p. 871 ; 1 1" De lu Foi catholique, ibid.; 12°
M. Gautier a découvertes et publiées, p. 720 ot »uiv. De l'un ou Des articles de la foi catholique, ibid. et
1268 TABLE DES ADDITIONS FAITES PAR L'ÉDITEUR.
872; 13" sur les Prophéties de Merlin, p. 872, 873; sermons, p. 624. Lettres d'Amédée, ibid. Pièces
14° Vie de saint Thomas de Cantorbéry, p. 873, qui le concernent, ibid.

874; 15° Theatrum chimicutn, p. 874. Ecrits non ANASTASE IV, pape. Collection de ses lettres
imprimés, ibid. et 87b. Critique et jugement, p. dans la Patrologie, p. 911, 912.
875, 870. Editions, p. 876. ANONYMES. Seize anonymes du .xii" siècle, p.

ALEXANDRE, abbé de Jumiéges. Son Epitre 908 et suiv.

théologique, p. 822. Editions qu'on en a faites, ANSELME (saint), archevêque de Cantorbéry.


ibid. Son éloge, p. 9. Editions et traductions nouvelles
ALEXANDRE III, pape. Jugement sur ce pape, de ses écrits, p. 43, 44.

p. 920, 021. Collection de ses lettres et de ses pri- ARNOUL, moine de Boéri. Son Spéculum mona-
vilèges dans la Palrologie, p. 927 et suiv. chorum, p. 4S3.
ALGER, diucre et scolastique de Liège. Son traité ARNOUL, évoque de Lisieux. Discours d'Arnoul
du Saint-Sacrifice de la Messe, publié par Mai, p. au concile de Tours le lendemain de l'ouverture,
38c. Editions de cet écrit, ibid. p. 1129. Jugement sur Arnoul, p. 753. Edition de
AMBROISE, moine de Saint-Ouen. Sa Vie de ses écrits par le docteur Giles, ibid. Autres lettres
iainie Agnès, p. 187. d'Arnoul, p. 758. Collectiou complète des lettres
AMËDÉE, évoque de Constance. Jugement sur d'Arnoul dans la Patrologie, d'après l'édition du
ses sermons, p. 023. Traductions françaises de ces docteur Giles, ibid. et 759. Ses poésies, p. 760.

BAUDOUIN, archevêque de Cantorbéry. Ce qu'on BERNARD (saint), abbé de Clairvaux et docteur


sait des circonstances de sa vie, p. 801, 802. Ses de l'Eglise. Observation sur sa lettre aux chanoines
écrits manuscrits, p. 802. Ses écrits imprimés. Ses de Lyon, p. 439. Observation sur son traité de la
sermons, ibid. Son traité de la Recommandation de Grâce et du libre arbitre, p. 479. Editions et traduc-
la Foi, son traité du Sacrement de l'autel, ibid. tions nouvelles des écrits de saint Bernard, p. 497,
BAUDOUIN, comte de Flandre et de Hainaut et 499, 500.
ensuite empereur de Constantinople. Sa Vie, p. BERNARD, abbé de Fontcauld. Ce qu'on sait des
858. Ses lettres et ses diplûmes, ibid. et 859. circonstances de sa vie, p. 803. Son traité contre les
BENOIT, chanoine de Saint-Pierre. Son livre de vaudois, ibid. et 804.
l'Ordre ecclésiastique de toute l'année et principale- BONACURSE, comte romain. Son livre contre
ment de la dignité apostolique et de toute la cour les cathares, p. 802, 803.
pontificale, p. 362.

CALIXTE ou CALLIXTE 11, pape. Autres lettres p. 939, 940. Lettre de Richard, roi d'Angleterre,
de Callixte dans la. Patrologie, p. 1099 et suiv. Let- au pape Clément III, p. 940. Accord entre ce pape
tres écrites il Calixte, p. 1102. Ecrits faussement et les sénateurs et le peuple de Rome, ibid.
attribués à Calixte, p. H 03 et suiv. CONCILE de Saint-Tibéri ou Saint-Tubert con-
CAMÊNUS (François). Son hymne sur saint Ni- tre les usurpateurs des biens de l'abbaye d'Arias
colas, p. 85. en Roussillon, p. 1058.
CÉLESTIN III, pape. Collection des lettres et CONCILE de Constantinople en Ho5. Actes de
privilèges de Célestin III dans la Patrologie, p. 944 ce concile publiés par le cardinal Mai, p. 1124.
et suiv. Jugement sur les lettres de Célestin III, Autre concile de Constantinople en 1166. Les actes
p. 946. en ont été publiés par Mai, p. 1132.
CLÉMENT III, pape. Collection des lettres et COSME DE PRAGUE. Editions de la Chroniciue
privilèges de Clément III dans laPatrolologie, p. 938 de Cosme de Prague, p. 174.

et suiv. Décrets de Clément III dans la Patrologie,

DROGON, cardinal. .Sa Vie, p. 24S. Ses écrits : premier homim, p. 249. Traité des Sept dotis du
Son traité du Sacrement de la Passion du Sauveur, Saint-Esprit et des sept béatitudes, ibid. Traité des
ibid. Traité de la Création et de la Rédemption du Offices divins et des heures canoniales, ibid.
TABLE DES ADDITIONS FAITES l'Ail LT:D1TEU11. 1269

l'XCARD, abbé de Sainl-Laureat d'Uragen. Sa ETIENNE, abbé de Saiulc-Geneviève, puis évê-


Chronique universelle, d'après Waïlz, p. 40b, 400. que de Touruay. Sa Vie, p. 877. Son commentaire
La Chronique de Wirzbourg n'est pas l'œuvre d'Ec- sur Gralien, p. 878. Ses lettres, ibid. et suiv. Edi-
caid, p. 406. tion de ses écrits dans la Patrologie, p. 881.
ELIAS ou ELIE D'OXIDA, abbé de Dunes. Sa ETIENNE (saint), roi de Hongrie. Lois reli-
Vie, p. 859. Ses écrits : il ne reste que deux de gieuses de ce prince, p. 1048, 1049. Son instruc-
ses sermous, ibid. Analyse de ces sermons, ibid. et tion à son fils sur la manière de bien gouverner,
860. p. 1049 et suiv.
EUMENGAUD ou ERMENGARD, abbé de Saint- EUGÈNE m, pape. Lettre d'Eugène 111 à Odon
Gilcs. Ce qu'on sait des circonstances de sa vie, p. ou Eudes, duc de Bourgogne, p. 273. Autres let-
807. Son traité contre les vaudois, ibid. et 808. Edi- tres d'Eugène 111 dans la Patrologie, p. 277 et
tions de ce traité, p. 809. suiv.
ERVISE ou ERNISE ou ERNEST, abbé de Saint- ELSTATHE, archevêque de Thessalonique. Ce
Victor. Ce qu'on sait des circonstances de sa yie, qu'on sait des circonstances de sa vie, p. 832. Ses

p. 709. Sa lettre à Odon, cardinal diacre, ibid. et commentaires sur l'Iliade et l'Odyssée. Son com-
710. mentaire sur l'hymne des Grecs en l'honneur du
ETIENNE HARDING (saint), abbé. Ses écrits Saint-Esprit, ibid. Deux autres fragments, ibid.
dans la Patrologie, p. 231. EUTHYMIUS ZIGABÉNE. Son exposition sur le

ETIENNE DE BAUGÉ, évêque d'Autun. Sa Vie, Symbole, p. 153. Son traité ou sa Dispute avec un
p. 304. Son traité du Sacrement de l'Autel, ibid. et philosophe sur la foi, p. 1177.
30a. Edition de ce traité dans la Patrologie, p. 30iJ.

F.

FASTRÉDE, dit aussi FASTRADE ou FLASTEH, tioii du scliisme de l'antipape Victor, ibid. et 620.
troisième abbé de Clairvaux. Circonstances de sa Edition de ses lettres dans la Patrologie, p. 026.
vie, p. 625. Sa mort, ibid. Sa lettre à uu abbé sur FRANCON, abbé d'Alllighera. Edition de son
l'observation de la discipline monastique, ibid. Sa traité de la Grâce et de ses deux lettres dans la

lettre à Omnibon, évéque de Vérone, sur l'e-xtinc- Patrologie, p. 192.

GARNI ER, chanoine et sous-prieur de Saint- GEOFFROI DE REIMS. Son écrit intitulé Som-
Victor de Paris. Son traité intitulé Grégorien ou ex- nium de Odone .lurelianensi, p. 77.
trait des livres de saint Grégoire le Grand, p. 624. GEOFFROI ou GODEFROl de Viterbe. Ce qu'on
GARMER DE ROCHEFORT, évèque de Lan- sait des circonstances de sa \\e, p. 7-42. Son Pan-
gres. Sa Vie, p. 808 et suiv. Ses sermons, p. 810, théon. Ce ((ue c'est, ibid. Editions de cet écrit, ibid.
811. Son Glossaire, p.8H. Edition de ses sermons Son Spéculum regum, ibid.
dans la Patrologie, ibid. GEOFFROI, sous-prieur de Saint-Victor, est dis-
(iAUFRIDUS ou GEOFFROI, chanoine de Saint- tinct de GeofTroi, prieur de Sainte-Barbe, p. 811,
Victor, p. 81 1, 812. Ce qu'on sait des circonstances 812. Ses écrits : son iJierocosmus, p. Slii; ses ser-
de sa vie, p. 812. Ses lettres, ibid. Voyez plus bas mons, ibid. ; le Fons Philosuphiœ, ibid. et suiv.
Geull'rot, suus-prieur de Saint-Victor. Autres écrits, p. 817, 8!8. Aucun n'est imprimé,
GAUTHIER, moine de Cluny. Son opuscule sur p. 81 j. Voyez plus haut Gaufridus.
les miracles do la sainte Vierge, p. 346, 347. (;EHALD ou Gérard, évéque de Cahors. Ce
GAUTHIER, chanoine de Saint-Victor. Son traité qu'on sait des circonstances de sa vio, p. 822. Sa
Contre les quatre labgrinlhes de la France, p. 741 , 742. lettre îi l'empereur Frédéric, ibid.
GAUTHIER DE CHATILLON. Son écrit contre GÉROCll, prévôt de Reielicrsperg. Ses écrits
les Juifs, p. 834 et suiv. dans la Patrologie, p. 627. Jugement sur Géroch,
GÉLASE 11, pape. Autres lettres do ce pape dans p. 632, 633.
la Patrologie, [t. 1091, 1092. GILBERT DE LA PORREE. Autres écrits de
1270 TABLE DES ADDITIONS FAITES PAR L'EDITEUR.
Gilbert, p. 343, 344. Jugement sur les écrits de GUICHARD, archevêque de Lyon. Ce qu'on sait

Gilbert, p. 344. des circonstances de sa vie, p. 746, 747. Ses let-


GILDUIN, prieur de Saint-Victor. Ce qu'on sait tres, p. 747, 748. Ses statuts sur l'office divin,
des circonstances de sa vie, p. 707, 708. On a de p. 748.
lui une lettre et une charte, p. 708. On lui attri- GUILLAUME DE CHAMPEAUX. Fragment de
bue le livre de l'Ordre de Saint-Victor, ibid. son écrit sur le sacrement de l'eucharistie, p. 193,
GIRARD, chanoine et curé. Il travaille à l'His- 194.
toire de l'Eglise de Compostelle, p. S42. GUILLAUME DE MALMESBURY. Edition de ses
GONDULPHE, évêque de Rochester. Sa Vie, œuvres dans U Patrologie, p. 3 H. Jugement sur ses

p. 47, 48. Ses écrits sur l'Ecriture sainte, p. 48, écrits, p. 31o.
40. Ses lettres, p. 49. Ses sermons, ibid. et oO. GUILLAUME abbé de Saint-Thomas. Sa
(saint),
GONTHIER, moine de Citeaux. Ce qu'on sait de Vie, p. 836 et suiv. Ses lettres, p. 838 et suiv. Ses
sa vie, p. 893. Son Ligitrinus, ibid. et suiv. Son lettres sur le divorce de Philippe-Auguste, p. 839

Histoire de la prise de Constaiitinople, p. 896, 897. et suiv. Ses lettres aux souverains pontifes, p. 84);

Ouvrage intitulé De tribus usitatis christiaiwrum à des cardinaux, p. 842 ; à des évêques, ibid. et

actibus, oralione, jejunio et eleemosyna, p. 897 et 843 ; k des abbés et k des religieux, p. 843, 844.
898. A
qui doit-on l'attribuer, p. 897. Analyse de Ses opuscules, p. 844, 845. Ses écrits dans la Pa-
cet ouvrage, ibid. et 898. trologie, p. 84o.

GOTCELIN, moine. Edition de ses écrits dans GUILLAUME DE CHAMPAGNE aux Blanches-
la Patrologie, p. 234. Mains, archevêque de Reims. Sa Vie, p. 845 et
GRATIEN. Editions récentes du Décret, p. 761. suiv. Ses lettres, p. 849 et suiv. Ses chartes,
Ce qu'il contient, ibid. p. 852.
GREGOIRE VIII, pape. Collection de ses lettres GUILLAUME D'AUVERGNE, évêque de Paris.
dans la Patrologie, p. 936. Manuscrits des écrits de Guillaume d'Auvergne,
GUARIN, abbé de Saint-Victor. Ce qu'on sait p. 1030, 1031. Jugement sur Guillaume et ses
des circonstances de sa vie, p. 710. Ses lettres, écrits, p. 1031, 1032. Autres éditions de ses écrits,
ibid. et 711. Ses sermons, p. 7U. Ses écrits dans p. 1032, 1033.
la Patrologie, ibid. et 7)2.

HARIULPHE. Edition de ses écrits dans la Pa- ensuite archevêque de Tours. Opuscules d'Hilde-
trologie, p. 234. bert publiés récemment, p. 223. Autres ouvrages
HENRI DE SAULTERI, moine. Son livre sur le d'Hildebert, ibid. Edition des œuvres d'Hildeberl,
Purgatoire de saint Patrice, p. 416, 417. par M. Bourassé, p. 225.
HENRI, archidiacre de Salzbourg. Son Histoire HILDEGARDE (sainte). Ses écrits dans la Pa-
des calamités de l'Eglise de Salzbourg, p. 730, trologie, p. 593. Son livre Des divins ouvrages de
73). l'homme simple, p. 597.
HENRI I", frère du roi de France Louis VII, et HONORÉ ou HONORIUS, prêtre et scolastique
archevêque de Reims. Ce qu'on sait des circons- d'Aulun, ensuite solitaire. Ce qu'on sait des cir-

tances de sa vie, p. 731. Ses lettres dans la Patro- constances de la vie d'Honorius, p. 293, 294. Ses
logie, ibid. et 732. ouvrages imprimés : VElucidarium, p. 294, 295 ;

HENRI, évêque d'Albano, cardinal. Sa Vie, p. 797 le Sigillum Mariœ, p. 295 ; l'Inévitable, ibid.; le

et suiv. Ses écrits: Ses lettres, p. 799, 800;


1° Miroir de l'Eglise, ibid.; la Perle de l'âme, ibid. et
2» autres pièces, p. 800; 3° Son livre de Peregrinante 296; le Sacramentaire, 290; l' Hexameron ih'\-i.,
p.
Civitate Dei, ibid. et 801. Autres lettres écrites par et 297 VEucharisticon,
;
297 ; la Connaissance de
p.
Henri, mais que nous n'avons plus, p. SOI. la vie, ibid. et 298du Monde, p. 298 ; le
; l'Image
HENRI SEPTIMEL. Ce qu'on sait des circons- traité du Pape et de l'Empereur, ibid. et 299 ; l'E-
tances de sa vie, p. 804. Son poème élégiaque in- chelle du ciel, p. 299 ; l'Explication du Psautier,
titulé De la diversité de la fortune et de la consola- ibid.; le Catalogue des écrivains ecclésiastiques, ih'xd.

tion que donne la philosophie, ibid. et 803. et 300; le traité de la Philosophie du monde, p. 300,
HERIBERT, moine. Sa lettre sur la doctrine et 301 ; la Summa duodecim guœstionum, p. 301 ; le

les mœurs des manichéens dans le Périgord, p. Dialogue entre le maître et le disciple, ibid. le traité

59) . Editions de cette lettre, ibid. de l'Exil et de la patrie de l'âme, ibid.; le traité du
HERMAN, juif converti de Cologne. Sou écrit Libre arbitre, ibid.; le discours sur la Vie du cloître,
sur sa conversion, p. 541. ibid. Ecrits non imprimés ou perdus, ibid. et 302.

HERRADE, abbesse de Holembourg. Ses écrits, Jugement des écrits d'Honoré, p. 302, 303. Edition
p. 634. de ses écrits dans la Patrologie, p. 303. Jugement
IHLDEBERT (le vénébadle), évêque du Mans et sur l'auteur, ibid.
TABLE DES ADDITIONS FAITES PAR L'ÉDITEUR. 4271

HONORIUS II, pape. Lettres d'IIonorius II dans HUGUES, évéque de Porto. Il travaille .\ l'His-

la Patrologie, p. 2o2 et suiv. toire de I Eglise de Compostelle, p. bil, 542.


HUGUES DE FLAVIGNY. Edition de sa chroni- HUGUES, archevêque de Rouen. Autres lettres

que dans la Patrologie, p. 82. Jugement portù par de cet archevêque, p. G07, 608.
Perlz sur cet écrivain, ibid. HUGUES DE POITIERS, moine de Vézelay. Ce
HUGUES (saixt) de Cluny. Donations faites de qu'on sait des circonstances de sa Vie, p. 691. Son
son temps au monastère de t'.luny, p. ^o. Histoire du monastère de Vézelay. Analyse de cet
HUGUES de Fleury. Jugement sur son style, ouvrage, p. 091 et suiv. Edition de cette histoire
p. 242. Edition et traduction do l'Histoire des rois dans la Patrologie, p. 693. Chronique des comtes de
de France, p. 243. Nevers qui lui est attribuée. Analyse de cet écrit,

HUGUES DE SAINT-VICTOR. Edition de ses p. 1)93, 094.


écrits dans la Patrologie, p. 348, 3'i'J. HIGUES V, dix-septième abbé de Cluny. Ce
HUGUES DE MAÇON. Ses écrits dans la Patro- qu'on sait des circonstances de sa vie, p. 8ao. Ses
logie, p. 408, 409. écrits, ihid. et 836. Ses statuts, p. 8iiG.

INNOCENT II, pape. Lettres d'iuuocent II dans clusion de l'explication des sept psaumes de la pé-
la Patrologie, p. 262 et suiv. nitence, p. 1014. Décrétales d'Innocent III publiées
INNOCENT III, pape. Jugement sur ce pape, par son ordre par Pierre de Morra, p. 1017. Règle
p. 947 etsuiv. Catalogue des largesses d'Innocent III, de l'ordre du Saint-Esprit attribuée à Innocent III,
p. 9o0. Edition de ses lettres dans la Patrologie, p. 1017. Dialogue entre Dieu et le pécheur, publié
p. 931, 932. Nombre de lettres du premier livre, par Mai, p. 101 S. Jugement sur les écrits d'Inno-
p. 932. Nombre de lettres du deuxièiue livre, p. cent 111, ibid. et 1019.
968. Troisième livre des lettres d'Innocent III, ISAAG, catholique de la Grande-Arménie. Ses
p. 973, 976. Sixième livre des lettres d'Innocent 111, autres écrits et pièces qui le concernent, p. 643,
p. 980 et suiv. Septième livre, p. 986 et suiv. Hui- 644.
tième livre, p. 995 et suiv. Neuvième livre, p. 938 ISAAC, abbé de l'Etoile. Ce qu'on sait des cir-
et suiv. Nombre des lettres du livre dixième, p. constances de sa vie, p. 694. Analyse de ses ser-
1004 ; du livre onzième, p. 1003 ; du livre dou- mons, ibid. et suiv. Sa lettre sur la nature de
zième, iLid.; du livre treizième, p. 1000; du livre l'âme, p. 696. Sa lettre sur l'office de la messe,
quinzième, ibid.; du livre seizième, p. 1007. Sup- ibid. Son livre sur le commencement du Cantique
plément des lettres d'Innocent III, par les éditeurs des Cantiques, ibid. Il n'est pas l'auteur de l'ou-
de la Patrologie, ibid. et suiv. Opuscules d'Inno- vrage intitulé Du Sacrement de Vautel, p. 696,697.
cent [Il dans la Patrologie, p. 1009. Les sermons Edition des écrits d'Isaac dans la Patrologie ,

d'Innocent III d'après Hurler, ihid. et suiv. Con- p. 697.

JEAN DE SARISBÉRV, évêque de Chartres. Ce Sa Vie, p. 626. Il compose la règle de l'ordre mi-
qu'il dit sur la foi et sur la science dans son livre litaire d'Evora. Analyse de cette règle, lA/V/. et 627.

intitulé Métalogique, p. 677. Son traité en vers sur JEAN CINNAM. Nouvelle édition de sou Histoire
le dogme des philosophes. Analyse de cet écrit, des Comnènes, p. 642.
p. 679, 080. Son poème intitulé De membris conspi- JEAN BELETH, théologien de Paris. Ce qu'on
rantibus, p. 080. Deux lettres, imprimées par Mar- sait de quelques circonstances de sa vie, p. 793,
tène, ihid. 794. Ses écrits non imprimés, p. 794. Son traité
JEAN, moine de Bèze. Ce qu'on sait des cir- des Offices, le seul de ses ouvrages imprimés, ihid.
constances de sa vie, p. 186. Sa Chronique, ibid. Analyse de ce traité, ibid. et 793. Edition dans
JEAN, diacre et moine de Saint-Ouen. Ce qu'on la Patrologie, p. 793. Jugement, ibid.

sait de sa vie, p. 180. Sa Vie de saint Nicolas, ses JEAN DE BELMEIS, archevêque de Lyon. Sa
additions à la Vie de saint Ouen. Ses sermons, p. 87. 1 Vie, p. 832 et suiv. Ses lettres, p. 834, 833.
JEA.N, moine de Saint-Laurent de Liège. Son JEAN DE COUT.VNOES. Sou Comput ecclé-ias-
écrit intitulé : Vision des âmes après leur mort et tique, p. 247, 248.
miracle de saint Laurent de Liège, marti/r, p. 117. JOSCELIN ou JOSSE, aichevôque de Tours. Co
Ses deux poèmes, ses satires, ibid. qu'on sait des circonstances do sa vie, p. 730. Sa
JEAN CIRITTA ou ZllUTTA, abbé de Tarouca. (harlc et ses six lettres, ihid.
TABLE DES ADDITIONS FAITES PAR L'ÉDITEUR.

LABORANT, cardinal. Circonstances de sa -vie, de la croix, son Aiguillon de l'ainour, ses Soliloques
p. 805. Ses écrits : ils sont tous manuscrits, ibid. ou Méditations, ses treize discours contre les ca-

Sa collection de droit canon, ibid. et suiy. thares, p. 599.


LAMBERT, évêque d'Arras. Ses écrits dans la LÉONIUS, poète. Son Histoire de la Bible en vers,
Patrologie, p. 86. p. 7U.
LÉBERT ou ECBERT ou EGBERT, abbé de LUCIUS 111, pape. Collection des lettres de Lu-
Saint-Florent de Schnauge. Ses écrits : son Eloge cius m dans la Patrologie, p. 931 et suiv.

MANASSÈS (Constantin). Edition de sa Chroni- MAURICE DE SULLY. Sa Vie, p. 818, 819.


que, p. 643. Ses autres écrits, ibid. Ses écrits, ses chartes, p. 819, 820. Ses lettres,
MARBODE, évêque d'Angers. Edition de ses p. 820. Ses sermons, ibid. et 821. Livre sur le

écrits parM. Bourassé, p. 225 et 229. Canon de la messe, p. 821. Jugement sur Maurice,
MAHTIN (le bienheureux), prêtre, chanoine ré- ibid. Edition de ses ouvrages dans la Patrologie,
gulier dans le monastère de Saint-Isidore de Léon. ibid.
Sa Vie, p. 833. Ses écrits dans la Patrologie, ibid. MICHEL GLVCAS. Jugement sur ses lettres, p.
Sermons du temps ou concordance de l'Ancien et 642. Autres lettres de Michel Glycas, ibid. Ecrits
du Nouveau Testament, ibid. et 834. Ses sermons de Michel Glycas publiés depuis D. Ceillier, ibid.
sur divers sujets, p. 834. etH77.
MATTHIEU DE VENDOME, poète. Ce qu'on sait MUNIO ou MARTIN, évêque de Mondonhedo,
des circonstances de sa vie, p. S22. Son poème sur travaille à l'Histoire de l'Eglise de Composlelle,
les deux Tobie, ibid. et 823. Editions qu'on en a p. 341, 342.
faites, p. 823.

N.

NICÉTAS DE BYZANCE vivait au ix'' siècle ; il sur la procession du Saint-Esprit contre les Latins,
parait être In même que David Nicétas surnommé p. 647.
le l'aphlagonien, p. 1174. Ouvrages de Nicétas pu- NICOLAS, moine de Clairvaux et de Montier-
bliés récemment, ibid. Livre contre le livre de Ma- Ramey. Ce qu'on sait des circonstances de sa vie,
homet, ibid. Réfutation de deux lettres des agaré- p. 732, 733. Ses lettres, p. 733 et suiv. Ses ser-
niens, ibid. mons, p. 736, 737. Edition de ses lettres dans la

NICÉTAS CHONIATE. Ce qu'on sait de sa vie, Patrologie, p. 737.


p. 1176. Ses écrits : son Thésaurus fidei orthodoxœ, NICOLAS, moine de Saint-Alban. Sa discussion
ibid. Edition partielle de cet écrit, ibid. Ses An- contre Pierre de Celle au sujet de l'immaculée
nales, ibid. conception de U sainte Vierge, p. 737. Sa lettre à
NICÉTAS, moine de Constantinople. Son écrit ce sujet, ibid. et 738.

0.

ODON (le bienbeureu.k) de Cambrai. Ses Diplô- ODON, évêque de Toul. Sa Vie, p. 821. Ses sta-
mes, p. 77. tuts, ibid. Editions qu'on en a faites, ibid. et 822.
ODON, abbé de Saint-Rcmy. Lettre d'Odon à ODON ou EUDES DE SULLY, évêque de Paris.
Wibald, abbé de Stavélo, p. 408. Sa Vie, p. 81'0 et suiv. Ses écrits : deux chartes et

ODON, abbé de Morimond. Ses sermons : c'est ses statuts, p. 892, 893.
le seul de ses ouvrages qui soit imprimé, p. 625. ORDERIC VITAL. Editions récentes de VHis-
Ses autres écrits, ibid. toire d'Orderic Vital, p. 373.
ODON, chanoine de Saint-Victor et ensuite de OTTON (saint) de Bamberg. Ses autres lettres,

Saint-Pèie. Ce qu'on sait des circonstances de p. 18), 182. Discours du même, p. 182. Autres
sa vie, p. 712. Ses lettres, ibid. Ses sermons et pièces qui le concernent, ibid.
autres écrits non imprimés, ibid.
,-

TABLE DES ADDITIONS FAITES PAU L'EDITEUR. 1273

PIE IX, pape, dùÛQit le dogme de l'immaculée PIERRE DE BLOIS, arcbidiacre de Balb. Édition
concepliou, p. i3'J ; loue le projet de la nouvelle de ses écrits dans la Patrologie, p. 76o.
édition de D. CeilHor, p. 1173. L'éditeur la soumet PIERRE, cardinal de Saint-Chrysogone. Ce qu'on
à son jugement, iliid. sait des circonstances de sa vie, p. 748, 749. Ses
PIERRL ALPHONSE, juif converti. Son écrit in- lettres, p. 730.
titulé Discipline cléricale. Editions et traductions PIERRE (le bienheureux), huitième abbé de
qu'on eu a laites, p. 172, 173. Clairvaux. Sa Vie, p. 787. Ses lettres, ibid. et 788.
PIERRE LOMBARD. Editions de ses livres des PIERRE DE RIGA, chanoine de Reims, poète.
Sentences, p. bG7. Autres éditions de ses autres Sa Vie, Ses écrits, p. 887. Son poème de rAurore,
écrits, ibid. et u6S. Son ouvrage De la Concorde ibid. et suiv. Edition des fragments de ces livres,
des Evangiles, p. SCS. p. 890.
PIERRE, diacre du Mont-Cassin. Pièce de vers PIERRE DE VAUX-CERNAY. Sa Vie, p. 904.
sur les derniers jours, p. 086, .')S7. (Voyez les au- Son Histoire des Albigeois, ibid. et suiv. Jugement
tres écrits de Pierre Diacre publiés par Mai, au sur cet auteur, p. 907. Editions de cette Histoire,
tome XIII de la présente édition, p. 'JO.) ibid. et 908.
PIERRE, moine de Saiut-Pierre-sur-Dive. Son PONCE, abbé de Saint-Ruf. Sa lettre à l'abbé de
Eloge historique, en vers des sept premiers abbés Chaumousey, p. 247.
de ce monastère, p. 590.

R.

RAIMRAUD, prévût de Saint-Jean de Liège. Ce p. 097 et suiv. DifTèrcntcs éditions de ses œuvres,
qu'on sait des ciicoustauces do sa vie, p. 184. Ses p. 099. Ses écrits dans la Patrologie, ibid. — Ecrits
écrits : ses lettres, ibid. et 185. Vers sur saint exégétiques Benjamin minor; analyse de cet écrit,
:

Mayeul, p. 185. Ouvrages manuscrits, ibid. tbid. et 700. Benjamin major; analyse do cet écrit,
RAOUL TORTAIRE, moine. Ce qu'on sait des p. 700. Opuscule De fine mundi, ou De meditandis
circonstances de sa vie, p. 77. Ses écrits sa con- : plagisquœ circa fmem mundi eveniunt, ibid. Traité
tinuation de l'Histoire des miracles de saint Benoît, du Tabernacle; analyse de ce traité, ibid. et 702.
p. 78. Actes de la vie et du martyre de saint Maur, Annotations mystiques sur les Psaumes, p. 70 1 Expli-
.

p. 79. Hymne en l'honneur de saint Maur, ibid. cations du Cantique des Cantiques, ibid. Opuscule
Livre des Choses merveilleuses ou surjtrenantes, ibid. Quomodo Christus ponilur in signum populorum
Onze lettres, ibid. Histoire de la première croisade, ibid. Traité sur Ezéchiel, ibid. Traité de l'Emma-
ibid. Jugement sur Raoul, ibid. nuel, ibid. Explication de certains passages de l'a-
REINERLS ou REIGNIER ou REINERIVE, pôtre saint Paul, ibid. Commentaire sur l'Apoca-
moine de Saint-Laurent de Liège. Ses écrits, sa- lypse, ibid. et 702. — Œuvres théologiques :

voir {"des Ecrivains célèbres du monastère de


: Traité de la Trinité; analyse de ce traité, p. 702,
Saint-Laurent, p. 790; 2° son commentaire sur les 703. Opuscule sur chaque personne de la "Trinité,
neuf antiennes qui précèdent la fêle de Noèl, ibid.; p. 703. Livre de l'Incarnation du Verbe, p. 703. Com-
3° le Miroir de la Pénitence, ibid.; 4° Victoire d'une ment le Saint-Esprit est l'amour du Père et du Fils,
vierge, ibid.; 5° Fleur du désert, ibid.; fi° Livre du p. 704. Du baptême de Jésus-Christ, p.
très-excellent
con/?iY,ibid.; plusieurs pièces devers, ibid. -,16 Triom- 704. Différents sermons de Richard, ibid. Traité
phe de Bouillon, ibid.; 9° la Vie de saint Evracle, ibid.; de l'Etat de Fhomme intérieur ; analyse de ce traité,
10° Vie de saint Béginard, ih'u\. ; H" Chute de la ibid. Traité de la Puisssance de lier et dedélier, ibid.
foudre sur le monastère de Saint-Laurent, ibid.: 12"' et 705. Opuscule sur le Jugement final et général,
sur la dédicace de la nouvelle église, ibid.; 13° sur p. 705. Traité sur le Blasphème contre le Saint-
l'incendie de cette église, ibid. M° les Larmes, Esprit, ibid. Deux traités «fe« Degrés de la Charité,
p. 797; 15» le Départ de ta mort, ibid. IC Vi- de ibid. — Mélanges : Ses lettres, ibid. Sou traité De
saint Wolbodon, ibid. eruditione hominis inlerioris, ibid. Ouvrages manus-
RICHARD, archevêque de Nai bonne.
cardinal, crits, p, 700. Jugement sur les écrits de Richard,
Ce qu'on sait des circonstances de sa vie, p. 187. p. 700, 707.
Sa relation et ses lettres, ibid. et 188, 189. Ses di- RILINDE on HËGILINDE, abbcssc de Ilolcm-
plômes, p. 189. bourg, p.n:)3, <>34.
RICHARD, chanoine et prieur de Saint-Victor de IIOHEHT DE T()RIGNY,al)bédu Mont-Saint-Mi
Paris. C(; (|u'on sait des circonstances de sa vio, cliel. Sa Vie, p. 7SS. Ses écrits, ibid. et suiv., sn-

XIV. 811*
127 i TABLE DES ADDITIONS FAITES PAR L'ÉDITEUR.
voir : 1° Gestes de Henri I", roi d'Angleterre, p. Deux autres lettres, p. 241. Catalogue des ses ou-
78S, 789 ;
2» appendice à la
Chronique de Sige- vrages, ibid.
Lert de Gemblours, p. 789 et suiv. Faits impor- ROGER, abbé de Saint-Euverte d'Orléans. Ce
tants eonlenus dans cette chronique, p. 790, 791. qu'on sait des circonstances de sa vie, p. 750. Sa
3° Lettre à Gervais, prieur de Saiut-Cénéré, p. relation de la découverte du corps de saint Euverte,
791; 4" Ti-ailé du ChaiiyemeiU Je l'ordre des moines, ibid. Sa lettre à Louis le Jeune, ibid. Sa lettre à
des abbés et des abbayes de Normandie et de leurs cons- Ervise, abbé de Saint-Victor de Paris, ibid.
tructeurs, p. 791,792; o° Histoire du monastère du RLIPERT, abbé de Tuy. Edition de ses œuvres
Mont-Saiiit-Michel, p. 792; 6° commentaire sur dans la Palrologie, p. 292, 293.
saint Paul, ibid. et 793 ;
7° préface à V Histoire na- ROSTAPSG, moine de Cluny. Son récit de l'en-
turelle de Pline, p. 793. Edition des écrits de Ro- lèvement et de la translation du chef de saint Clé-
bert de Torigny dans la Patrologie, ibid. ment, pnpe et martyr, p. So6 et suiv. Hymne en
ROUULPHE ou RAOUL, abbé de Saint-Trond. l'honneur du même saint, p. 858.

S.

SICARD, évêque de Crémone, p. 889-904. Patrolo/jie, p. 37S. Traduction française de la Vie de


SUGER, abbé de Saint-Denis. Ses écrits dans la Suger, par M. Guizot, p. 370.

TERRIC, grand-maître des templiers. Ses deux Thomas par le docteur Giles. Ce qu'elle contient,
lettres, p. 793. p. 667, 668.
THÉODORE PRODROME. Ecrits de cet auteur THOMAS DE CITEAUX paraît être le même
publiés depuis D. Ceillier, p. 1174. personnage que Thomas de Perseigne et Thomas
THEORIEN, écrivain grec. Supplément donné de Vaucelles, p. 823, 824. Son commentaire sur le
par le cardinal Mai k la conférence de Théorien Cantique des Cantiques, p. 824 et suiv. On ne sait
avec les Arméniens, p. 638. Deuxième conférence rien de précis sur le moine qui l'a composé, ibid.
de Théorien avec Nersès, publiée par le cardinal Edition de son commentaire dans la Patrologie,
Mai, p. 638 et ^uiv. Conférence de Théorien avec p. 82b.
les jacobites, p. 640,641. THOMAS RODOLIUS ou RODELIUS. Ce qu'on
THOMAS (saint) BECKET, archevêque de Can- sait de sa vie, p. 860, 861 . Il écrit la Vie du bienheu-
torbéry et martyr. Edition des œuvres de saint reux Pierre, abbé de Clairvaux, p. 861.

UDASCALQUE ou LDASCALC, moine. Sa Vie, 613. Ses lettres, p. 614. Ses chartes, ibid. et 61.').

p. 341 . Ses écrits : son livre sur la Musique, son Son testament, p. 61b. Ses poésies, ibid. et 616.
Histoire de plusieurs saints, ses Epigrammes, sa Re- Son ouvrage intitulé \enalitas disciplinarum; il est
lation de controverses, sa Vie de Conrad, évéque de perdu, p. 616. Ecrits d'Ulger dans la Patrologie,
Constance, ibid. ibid.
ULGER, évéque d'Angers. Ce qu'on sait des cir- URBAIN IH, pape. Collection de ses lettres dans
constances de sa vie, p. 611, 612. Ses écrits son : la Patroloyie, p. 934, 93S.
plaidoyer en faveur de l'église de Vendôme, p.

VIVIEN, religieux de Prémontré. Son écrit inti- Analyse de ce livre, p. 249, 250.
tuléDe rharnonie de la grâce et du libre arbitre.
TAULE DES AUDITIONS FAITES PAR L'ÉDITEUR.

Wa

WLRNER, abbé de Saint-Biaise. Son extrait WOLBERON, abbé de Saint-Pantaléon. Ce qu'on


des saillis pères sur les évangiles du temps^ p. 70. sait des ciicoustances de sa ^ie, p. fi33. Son coni-

Editions de cet écrit, ibid. mentaii'e sur le Canticiue des Cauliiiues, ihid.
WILHELME (sAi.Nï) ou GUILLAUME, abbé de
Saint-Thomas, p. 830-84^.

YVES (saint), évériue de Chartres. Edition de Débonnaire n'est pas de lui, mais elle est d'Hugues
ses œuvres dans la Palrologie, p. 93. Quatre lettres de Fleury, p. 123, 124. Les six serinons si/r /es /)e-

de saint Yves ajoutées aux anciennes, p. 121, 122. voirs des évéques ne sont pas l'œuvre de saint Yves,
Discours sur la fête d'un martyr par saint Yves, mais ils appartiennent au vénérable Hildebert, évê-
p. 123. La Chronique depuis iNiuus, jusqu'à Louis le que du Mans, p. 124.

z.

ZACHARIE, évêque d'un siège inconnu, p. 402. ZONARE (jean). Ouvrages de Zonare publiés
Son discours sur saint Georges, martyr, ibid. depuis D. Ceillier, p. 1174.
TABLE
DES NOTES PRINCIPALES AJOUTEES PAR L'EDITEUR.

CHAPITRE I. CHAPITRE XV.


SAINT ANSELME, ARCHEVÊQUE DE CANTORBÉRÏ. THIBAUD D'ÉTAMPES, ETC.

Pag. 1, not. 1. Auteurs à consulter sur saint An- Pag. 190, not. 1. Théoger : son traité de Musique.
selme. Pag. 192, not. 2. Hugues de Cleers.
CHAPITRE H.
CHAPITRE XVI.
LAMBERTj ABBÉ DE SAINT-BERTIN.
GDIBERT, ABBÉ DE NOGENT.
Pag. 54, ûot. 2. Lambert, auteur du Liber Floridus;
Pag. 194, not. 10. Ecrits de saint Godefroi, évêque
ce que c'est que ce livre.
d'Amiens, et pièces qui le concernent.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE XVIll.
SIGEBERT, MOINE DE GEMBLOU.
LE VÉNÉRABLE HILDEBERT, ETC.
Pag. 67, not. 3. Observation sur la lettre qu'il
Pag. 207, not. 2. Sur la famille du vénérable Hil-
adresse au pape Pascal H, sous le nom des clercs de
debert.
Liège.
Pag. 213, not. 1. Hildebert n'a point condamné les
Pag. 68, not. 6. Sur le martyre de sainte Ursule et
appfls à Rome.
de ses compagnes.
Pag. 214, not. 3. Deux lettres d'Hildebert publiées

CHAPITRE V. récemment.
Pag. 214, not. 4. Trois autres sermons du mémo.
ODON, ÉVÊQUE DE CAMBRAI.
CHAPITRE' XIX.
Pag. 72, not. 2. Sur le Grégorialn.
^LiRBODE, ÊVÊQUE D'ANGERS.
CHAPITRE Vm.
Pag. 228, not. 1, 2, 3, 4. Différentes notes relatives
SAINT YVES DE CHARTRES. h Marbode.

Pag. 90, not. C. Il est compté parmi les saints. CHAPITRE XX.
Pag. 90, not. C. Ou doit le distinguer d'un autre
évêque de ro-
saint etienne harding arxulphe ; ,

saint Yves, patron des avocats.


chester; clarius, moine; roddlphe, abbé de
Pag. 91, not. 3. Ecrits de Pbilippe I, roi de Frauce,
saint-trond.
et pièces qui le concernent.
Pag. 92, not. 1. Sur les collections de droit canon Pag. 230, not. 2. Etienne HarJhig a reçu de l'Eglise
attribuées à saint Yves de Chartres. le titrede saint.
Pag. 115, not. 1. Sur Raoul, archevêque de Reims ; Pag. 234, not. 6. Sur Lisiard.
lettres et diplômes de cet archevêque. Pag. 234 , not. 8. Chronique du monastère d'Ol-
denbourg.
CHAPITRE IX.
Pag. 235, not. 7. Erreur de D. Ceillier.
PASCAL n. Pag. 237, not. 2. Sur Arnaud, abbé de Saint-Pierre-
le-vit.
Pag. 132, not. 1. L'approbation des investitures Pag. 239, not. 6. Edition de la chronique de Saint-
par le pape Pascal H ne prouve rien contre l'in-
Trond, par Kœpke.
faillibilité des papea.

Pag. 132, not. 2. Pièces relatives à Jean de Marsi, CHAPITRE XXI.


évêque de Tusculum.
HUGUES DE FLEURY.
Pag. 133, not. 5. Nombre des lettres de Pascal II.

Pag. 135, not. 1. Pièces relatives à Girard, évêque Pag. 242, not. 1. 4, 5 ; pag. 243, not. 2; pag. 245,
d'Angoulême. not. 5. Différentes notes sur Hugues de Fleury.
NOTES PRINCIPALES AJOUTÉES PAR L'ÉDITEUR.
CHAPITRE XXll. CHAPITRE XXX.
LES PAPES noNOBIUS II, INNOCENT U, CÉLESTIN II, HUGUES MÉTELLUS, ETC.
EUGÈNE II(.
Pag. 362, not. 6. Notice et édition des lettres de
Pag. 251, not. 4. Ecrits de Ponce, abbé de Cluuy. Hugues Métellus dans la Patrologie.
Pag. 252, not. 2. Nombre des lettres et privilèges
d'Houorius II dans la Patrologie. CHAPITRE XXXI.
Pag. 256, not. 2. Lettres et privilèges d'Innocent II ORDÉRIC VITAL, MOINE DE SAINT-ÉVROUL.
dans la Patrologie.
Pag. 257, not. 1. Notice sur l'antipape Anaclet Pag. 372, not. 3. Projet relatif à une édition plus
;

ses lettres dans la Patrologie. correcte de ses œuvres.


Pag. 260, not. 3, 5, 6; pag. 261, not. 1, 2. Diffé- Pag. 372, not. 3. Manuscrit autographe d'une partit-

rentes notes relatives aux lettres d'Innocent 11. de son Histoire.


Pag 267, not. 1. Notice sur Célestin II et ses CHAPITRE XXXII.
lettresdans la Patrologie.
Pag. 268, not. 2. Notice sur Lucius II et ses lettres SUGER, ABBÉ DE SAINT-DENIS.
dans la Patrologie.
Pag. 375, not. 'i. Ecrits de Guillaume, moine de
Pag. 269, not. 5. Notice sur Eugène III et ses
Saint-Denis.
lettresdans la Patrologie.
Pag. 375, not. 4. Ecrits de Joslène, évêque de Sois-
Pag. 272, not. 3. Quelques lettres d'Eugène III à
sons.
l'abbé Suger.
Pag. 376, not. 2. Légende de Louis le Gros, par
Pag. 274, not. 1. Lettres d'Eugène III à saint Ber
Suger.
nard.
Pag. 277, not. 1. Nombre des lettres et privilèges
CHAPITRE XXXHI.
d'Eugène 111 dans la Patrologie. ALGER DIACRE ET SCHOLASTIQUE DE UÉGE.
,

CHAPITRE XXIH. Pag. 379, not. 4. Sur la vie d'Alger.


Pag. 384, not. 4 ;
pag. 383, not. 1, 2, 3. Sur le livre
RUPERT, ABBÉ DE TUY.
d'Alger intitulé : De la miséricorde et de la justice.

Pag. 288, not. 1. Lettres et privilèges de Frédéric,


CHAPITRE XXXIV.
archevêque de Cologne.
GUILLAUME DE SAINT-THIERRY.
CHAPITRE XXV.
Pag. 387, not. 5. Edition des écrits de Guillaume
GUIGUES, PRIEUR DE LA CDARTREUSE. de Saint-Thierry et notii lui dans la Patrolo.gie.

Pag. 308, not.3. Le traité adressé aux frères de


Pag. 390, not. 4. Son commentaire sur l'Epilre aux
Mont-Dieu n'est pas de Guigues, mais il appartient à Romains.
Guillaume de Saint-Thierry. Pag. 390, not. 8. Jugement sur Guillaume de Saint-
Pag. 310, not. 1. Deux autres lettres de Guigues. Thierry.
Pag. 310, not. 4; pag. 319, not. 7. Plusieurs traités CHAPITRE XXXVI.
sont attribués faussement à Guigues et à Guigues II.
HERVÉ, MOINE DÉNÉDICTIN GEOFFROI OU ;

CHAPITRE XXVII. GALFRÈDE, ETC.

PIERRE ABAILARD ET HÉLOÏSE OU HÉLOÏSSE. Pag. 403, not. 2. Jugement sur le commentaire
d'Hervé sur le prophète Isaie.
Pag. 330, not. 1. Le livre contre les hérétiques Pag. 404, not. 1. Opuscule de la Contemplation
n'est pas d'Abailard. d'Hildebert le jeune.
Pag. 332, not. t. En quel sens Abailard prend le Pag. 405, not. 1. Jugement sur la Vie de saint Ber-
mot Theologia. nard par Galfrède ou Geoffroi.
Pag. 339, not. 3. Ouvrages d'Abailard ,
publiés par
M. Victor Cousin. CHAPITRE XXXVH.
Pag. 341, not. 1. Reproches faits à la traduction SAINT BERNARD ETC.
,

des lettres d'Abailard par dom Gervaise.


Pag. 417, not. 2. Auteurs à consulter sur saint
CHAPITRE XXVIII. Bernard.
Pag. 420, not. 2. Notice sur Geoffroi, évéque de
GILBERT DE LA PORÉE, FRANCON, ETC.
Cliilon-sur-Marne ; ses lettres et ses chartes dans la
Pag. 343, not. 2. Notices sur Gilbert de la Porée Patrologie.
dans la Patrologie. Pag. 428, not. 1. Notice sur Etienne do Sentis,
Pag. 344, not. 2. D. (ileillier repris à propos d'une évéque de Paris ; ses lettres dans la Patrologie.
traduction. Pag. 440, not. 6. Notice sur Adalbéron, archevêque
Pag. 346, not. 6. Chronique d'AIllighem. de 'Trêves, et pièces qui !e concernent; ses trois
lettres dans la Patrologie.
CHAPITRE XXIX. Pag. 446, not. 1. Lettre d'Albéric, légat du Sainl-

HUGUES, CHANOINE RÉGULIER DE SAINT-VICTOR. Siégc.


Pag. 454, not. \. Notes sur Jossclin, évique do
ViH. 349 et suiv., not. 6. UifTércutes notes relatives Soissous, et ses lettres dans la Patrologie.
aux écrits d^- Hugues do Saint-Victor, Pag. 492, not. 2. Notice sur Oger, abbé de Lucédia,
pjg. 361, not. 7. Jugement sur Hugues. édition de ses sermon» de Laudibus sancta Maria.
NOTES PRINCIPALES AJOUTEES PAK L'EDITEUR.
Pag. 494, Dot. 1. Alain, évêque d'Auxerre ; ses CHAPITRE XLVIII.
lettres à Louis le Jeune; édition de ses lettres dans
HUGUES, ARCHEVÊQUE DE LYON.
la Patrologie.
Pag. 600, not. 1. Notice sur Hugues dans la Pa-
CHAPITRE XXXVIII.
trologie.
PIERRE LE VÉNÉRABLE, ETC. Pag. 604, not. 6. Ce que dit Hugues sur les prêtres
déposés et excommuniés qui consacrent.
Pag. 508, not. 1. Notice mr le cardinal Matthieu ;
Pag. 605, not. 9. Lettre de Hugues à Thierry au
ses lettres et ses diplômes dans la Patrologie.
sujet de la construction de l'église de Saint-Martin à
Pag. 515, not. 4. Ecrits de Robert de Rétines dans
Chartres.
la Patrologie.
Pag. 606, not. 6. Autres lettres d'Hugues dans la
Pag. 516, not. 1. Notice sur Robert de Rétines
Patrologie.
dans la Patrologie.
CHAPITRE LI.
CHAPITRE XXXIX.
LE BIENHEUREUX .ELRÈDE , ABBÉ, ET AilÉDÉE , ÉVÊQUE
WIBALD, ABBÉ DE STAVELO. DE CONSTANCE.
Pag. 528, not. 1. Jugement sur les lettres de
Pag. 620, not. 1. Pièces concernant Jîlrède dans la
Wibald. Patrologie.
Pag. 528, not. 2. Notice sur Wibald dans la Pa- Pag. 623, not. 4. Notice sur Amédée , évêque de
trologie. Constance, dans la Patrologie.
CHAPITRE XL.
CHAPITRE LU.
DISCOURS SUR LA THÉOLOGIE.
GÉROCH, prévôt; ARNONj ETC.
Pag. 547, not. 2. Observation sur la méthode scho-
Pag. 624, not. 4. Pièces relatives â Géroch dans la
lastique.
Patrologie.
CHAPITRE XLI. Pag. 633, not. 2. Pièces relatives à Arnon dans la
PIERRE LOMBARD. Patrologie.,

Lombard dans
CHAPITRE LUI.
Pag. 547, not. 3. Notice sur Pierre
la Patrologie. CONFÉRENCES DE THÉORIEN.
Pag. 549, not. 7. Sur l'abrégé de la Somme théo-
Pag. 634, not. 1. Orthodoxité de Tliéorien.
logique de Pierre Bardin ou Bandin, ou Baudin.
Pag. 638, not. 1. Ecrits de Nersès IV , dit lo saint.
Pag. 5G4, not. 1. Sur la consécration faite par les
Pag. 641, not. 1. Sur le mohie Théodore depuis ,

prêtres qui sont hors de l'Église.


patriarche des Jacobites.
CHAPITRE XLIII.
CHAPITRE LIV.
PIERRE LE CHAUTRE.
CONSTANTIN HARMENOPULE; SIMÉON LOGOTHÊTE,
Pag. 571, not. 2. Notice sur Pierre le Chantre dans MANUEL COMNÈNE, ETC.
la Patrologie.
Pag. 571, not. 5. Lettre de Guillaume, archevêque Pag. 648, not. 1. Deux traités de Constantin Har-
de Reims, à Pierre le Chantre, sur son élection comme menopule.
doyen. Pag. 654, not. 4. Siméon Logothète, le même que
Siméon Métaphraste.
CHAPITRE XLIV. Pag. 656, not. 12. Ecrits de Manuel Comnène.
SAINT ETIENNE DE MURET.
CHAPITRE LVII.
Pag. 575, not. 1 Notice sur saint Etienne dans la
SAINT THOMAS BECKET, ETC.
Patrologie; sa vie dans la Patrologie.
Pag. 580, not. 8. Lettres de quelques prieurs de Pag. 661, not. 4. Différentes vies de saint Thomas.
Grandmont dans la Patrologie. Pag. 666, not. 5. Sur les lettres de saint Thomas.
Pag. 667, not. 1. Ecrits d'Héribert ou d'Herbert de
CHAPITRE XLV.
Boseham sur saint Thomas.
PIERRE, DIACRE ET BIBLIOTHÉCAIRE DU MONT-CASSIN. Pag. 669, not. 5. Ecrits de Gilbert Foliot.

Pag. 585, not. 1. Editions de son livre des Lieux CHAPITRE LVIU.
JEAN PETIT;
CHAPITRE XLVII.
SAINTE hildegarde; sainte éusabeth. Pag. 675, not. 1. Pièces concernant Jean de Saris-
bery dans la Patrologie.
Pag- 591, not. 2. Notice sur samte Hildegarde et
Pag. 680, not. 1. Traductions françaises du Pohj-
ses Vies.
crate.
Pag. 592, not. 4. En quel sens fut conçue l'appro-
bation que le pape Eugène III donna à ses prophé- CHAPITRE LIX.
ties.
PHILIPPE DE HARVINGE, SURNOMMÉ DE BONNE-
Pag. 597, not. 4, 5, 6, 8. Différents écrits de sainte
ESPÉRANCE.
Hildegarde.
Pag. 598, not. 3. Notices sur Eubert ou Lebert Pag. 683, not. 1 . Pièces relatives à Phlhppe de Har-
dans la Patrologie. iuge.
NOTES PRINCIPALES AJOUTEES PAR L'EDITEUR. 1279
CHAPITRE LXVII. Pag. 918, not. 5. Edition des écrits d'Alexandre III

ihuis la Palrologic.
PIERRE COMESTOR ; GUICEARI) , ARCHEVÊQUE DE I."ÏON.
Pag. 928, not. 8. Lettres adressées par Alexandre
Pag. 743, iiot. 1. Notice sur Pierre Comestor. à Henri, archevêque de Reims ; lettres et diplômes
Pag. 743, not. 4. D'où lui vieut le surnom de Co- d-|b'i,ii.

mestor. CHAPITRE LXXXII.


Pag. 748, not. 1. Contre une assertion des auteurs
de VHistûire lilléraire de la France relative à la Lucas III, URBAIN III, GRÉGOIRE

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