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Synthèse
du Rapport public thématique
Juillet 2012
L’Etat et le financement
de l’économie
C
Avertissement
ette synthèse est destinée à faciliter la lecture et
l’utilisation du rapport de la Cour des comptes.
Seul le rapport engage la Cour des comptes.
Les réponses des administrations et des organismes
concernés figurent à la suite du rapport.
Sommaire
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Principales orientations et recommandations . . . . . . . .35
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Introduction
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Cour des comptes
Un besoin de financement
croissant
En 2011, l’investissement total de
l’économie française (entreprises,
ménages, administrations) s’est élevé à
Capacité ou besoin de financement des différents secteurs institutionnels Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
en 2011
Economie
2001,5 1640,6 360,8 411,8 -51,0
nationale
Source : INSEE – comptes nationaux
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Des fragilités sous-jacentes
dès avant la crise
Depuis 2005, le recours récurrent et (1 197 Md€ fin 2011). De même, le mar-
croissant à des financements extérieurs a ché obligataire est essentiellement animé
placé l’économie française en position par les grandes entreprises. Les PME et
financière nette débitrice vis-à-vis du les entreprises de taille intermédiaire ne
reste du monde. La différence entre ses rassemblent que 5,8 % de la capitalisa-
actifs et ses passifs financiers, qui était tion et recourent peu aux obligations. Le
positive en 2001, approchait en 2010 - capital-investissement, c’est-à-dire l’ap-
233 Md€, soit 12 % du PIB. Cette situa- port de fonds propres à des sociétés non
tion traduit sa perte de compétitivité cotées, est également limité (9,4 Md€ en
mais aussi le besoin de financement 2011) et concerne souvent les entre-
massif des administrations publiques. A prises les plus matures. Les opérations
titre de comparaison, la position finan- de capital-risque et de capital-dévelop-
cière nette de l’Allemagne était en 2010 pement, qui interviennent en début de
positive, avoisinant +518 Md€. cycle de vie, restent très faibles (600 M€
Les administrations publiques ne en 2011 pour le capital-risque et 2,94
parviennent ni à épargner, ni même à Md€ pour le capital-développement).
renouveler le capital public dont elles L’Etat, par les garanties qu’il
ont la charge. accorde, porte dans son bilan des
risques qu’il est le mieux à même de
Un équilibre apparent
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tion de NYSE Euronext Paris rablement augmenté en trente ans. De
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20,7 % du PIB en 1980, elle était passée vés, les ménages et les entreprises pour-
à 35,2 % en 1990, 57,5 % en 2000, raient spontanément accroître leur
82,3 % en 2010. En 2011, elle s’élevait à épargne. Cette augmentation se tradui-
1 717 Md€ soit 86 % du PIB, dont rait alors par un repli de la demande glo-
205,2 Md€ de dette sociale, figurant bale de biens et de services.
principalement au bilan de la Caisse La détention à hauteur de 65,4 % fin
d’amortissement de la dette sociale décembre 2011 de la dette négociable de
(CADES). l’Etat par des non-résidents constitue
La baisse des taux d’intérêt et l’ingé- une source d’incertitudes supplémen-
nierie financière publique ont permis taires. Cette part – qui a triplé en 13 ans,
que la charge de la dette n’augmente pas mais qui se stabilise depuis 2008 – est le
aussi rapidement que son volume. Ces signe de la confiance des investisseurs
évolutions, ainsi que la profondeur du étrangers. Toutefois, dans une période
marché financier en zone euro, qui a de tension sur les marchés des emprunts
évité les effets d’éviction sur le finance- publics, elle pourrait être interprétée
ment privé, n’ont pas incité les pouvoirs comme une vulnérabilité.
publics à ralentir la croissance des
dépenses, y compris de fonctionnement. Des entreprises
Le niveau de la dette publique dépendantes du crédit
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besoins de financement futurs plus éle- de 100 % en 1998 et 1999, il est tombé
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bles que les grands groupes (150 à 200 ratio entre endettement et valeur ajoutée
points de base de plus). Cet écart s’est des sociétés non financières se situait
creusé depuis 2008. Par ailleurs, si le ainsi fin 2010 à 131,5 %, en deçà des
financement des investissements s’est valeurs anglaise, italienne ou espagnole,
maintenu, les crédits de court terme se mais bien au-delà du ratio allemand
sont raréfiés avec une part dans l’endet- (82,7 %) après avoir augmenté de
tement des entreprises de 4,2 % en 2010 20 points depuis juin 2007.
contre 6,1 % en 2008.
Les stratégies mises en place par les Les problèmes d’orienta-
entreprises pour réduire leur dépen- tion de l’épargne
dance au secteur bancaire ne sont pas
sans effets défavorables. L’adossement à L’épargne des ménages est tradition-
un groupe, qui permet d’accéder à un nellement forte en France, de l’ordre de
financement interne, réduit la part des 15 à 17 % de leur revenu disponible
PME indépendantes dans le tissu entre- brut. Depuis le déclenchement de la
preneurial français. Le recours au crédit crise, son allocation reflète des motifs de
interentreprises est souvent non-colla- précaution. Les supports non risqués
boratif : le besoin de fonds de roulement ont représenté 87,4 % du total des flux
s’établit à trente-cinq jours de chiffre d’épargne de 2011. Parmi ces flux,
d’affaires en moyenne pour les PME, 32,5 Md€ ont été placés en assurance-
contre un seul pour les grands groupes, vie – dont les encours sont de
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1 375,6 Md€ fin 2011 – et 36,5 Md€ en
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stratégique d’investissement, (1,5 Md€ placements les plus liquides se trouvent
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avantagés alors que les ménages tendent pôt sur les sociétés de 39 % pour les
spontanément à y souscrire. Les prélève- PME comptant entre 10 et 249 salariés,
ments obligatoires sur les revenus finan- et 19 % pour les entreprises de plus de
ciers ont rapidement augmenté alors 5 000 salariés. Ces dispositions fiscales
même que l’investissement immobilier contribuent à maintenir un autofinance-
restait encouragé. ment faible.
Le système fiscal influence aussi les Accumulés sur une période longue,
stratégies de financement des entre- ces éléments ont, insensiblement, inflé-
prises : la déductibilité des intérêts d’em- chi le financement de l’économie et ont
prunt, alors que les dividendes sont contribué à le rendre vulnérable à un
imposables, introduit un biais en faveur choc externe, tel celui provoqué par la
du financement par endettement au crise financière internationale.
détriment d’un modèle de fonds pro-
pres. Les PME sont, dans les faits, plus
lourdement imposées que les grandes
entreprises, avec un taux explicite d’im-
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Cour des comptes
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Les conséquences de la crise
financière
Face à la crise, les Etats ont été ame- 63,3 Md€, dont 7,7 Md€ de dette
nés à intervenir pour soutenir aussi bien grecque.
le secteur financier – en France, par des Malgré les opérations exception-
prêts au secteur bancaire, des prises de nelles de la Banque centrale européenne,
participation, l’octroi de garanties ou la distribution du crédit à l’économie
des dispositifs de rehaussement de cré- pourrait être menacée. En outre, un
dits – que l’économie réelle. En France, mouvement de renationalisation des
la relance de la commande publique, la marchés de capitaux s’est engagé, dans
hausse des crédits d’intervention et celle le contexte duquel l’emprunt public
de la dépense fiscale ont atteint 34 Md€ pourrait désormais exercer un effet
en 2009 et 2010, dont 17,5 Md€ de d’éviction sur le financement privé.
mesures fiscales. Ces apports au finan-
cement de l’économie ont soutenu la Le resserrement des
croissance mais dégradé l’état des contraintes prudentielles
finances publiques.
Progressivement, l’accumulation de La crise financière a montré la
dettes publiques et privées de nombreux nécessité d’un nouveau cadre internatio-
pays, et notamment des pays européens, nal de régulation. La volonté du G20
a favorisé l’émergence d’une crise de la d’encadrer mieux l’activité bancaire s’est
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s’élevait au 30 septembre 2011 à normes comme sans risque et liquides.
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d’exploitation pour augmenter le niveau
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financière
de leur fonds propres sans recourir aux dettes souveraines. En revanche, les
aides de l’Etat et pour ne pas restreindre actions, les interventions en capital-
leur offre de crédit. investissement ou via des fonds de ges-
Ces exigences nouvelles modifient tion alternative continueront à diminuer.
les stratégies financières et commer-
ciales des banques, qui ne reprendront Des acteurs économiques
vraisemblablement pas une activité de dont l’accès au finance-
financement comparable à celle des ment pourrait se réduire
années 2000.
Sur le plan financier, les banques Les PME indépendantes ont peu de
cherchent à limiter leur consommation solution alternative à l’emprunt ban-
de fonds propres. A cette fin, certains caire. Elles sont donc exposées au ren-
établissements ont commencé à réduire chérissement du coût du crédit tout
la taille de leur bilan pour augmenter comme à une contraction de son
leur ratio de fonds propres par diminu- volume ou de sa durée. Depuis janvier
tion du dénominateur. Par ailleurs, le 2012, elles font face à un repli des cré-
mouvement de titrisation est vraisem- dits mobilisés qui leur sont accordés.
blablement appelé à reprendre, pour Malgré la volonté des pouvoirs publics
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des assureurs, y compris les titres de difficultés à augmenter le montant de
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riales versaient cinq fois moins d’aides sements d’avenir, pour financer des opé-
Les leviers d’action de l’Etat
De nouvelles formes
La contrainte budgétaire, les limites
de l’expansion des dépenses fiscales et la
d’intervention
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2020
tissement immobilier et une moitié en
d’avenir a mobilisé 34,7 Md€ en vue
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des aléas auxquels il est soumis. En indispensable à son équilibre financier,
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en raison de la marge négative sur l’es- groupe La Poste. Disposant d’une liqui-
sentiel des nouveaux prêts au logement dité importante, elle s’est adressée
social, situation qui n’est pas financière- depuis 2005 à une clientèle de plus en
ment saine et présente des risques. plus diversifiée : ménages, entreprises et,
Le Fonds stratégique d’investisse- plus récemment, collectivités territo-
ment est un investisseur en fonds pro- riales, mais sa croissance demeure à juste
pres doté de 20 Md€ de capital créé en titre prudente.
2008 par la Caisse des dépôts et l’Etat. Créé en 2001, le Fonds de réserve
Structure récente et initialement ambi- pour les retraites a été doté de 87 Md€
tieuse, il a repris certains engagements en vue de soutenir, à compter de 2020,
du groupe Caisse des dépôts (pro- le financement des régimes obligatoires.
gramme « FSI Investissement ») et s’em- Depuis 2010 toutefois, il doit liquider
ploie à augmenter sa visibilité locale, via progressivement ses actifs (36,8 Md€)
le dispositif « FSI Régions ». pour contribuer au remboursement de
L’indépendance de sa gouvernance et la dette sociale.
les synergies qu’il développe avec CDC Filiale du groupe Natixis, la Coface
Entreprises ou Oséo restent toutefois à gère des procédures publiques de garan-
consolider. ties aux entreprises qui exportent ou
Oséo soutient l’innovation et souhaitent le faire. Ses assurances inves-
apporte des crédits et des quasi-fonds tissement et ses garanties ont fortement
propres aux PME, notamment dans les progressé depuis 2007 mais restent à
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ment de crédit récent détenu par le
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Les leviers d’action de l’Etat
mique, elles peuvent faire usage de pou- Durant la crise, ce rôle traditionnel,
voirs exceptionnels. souvent informel, a été institutionnalisé
Leur action rencontre toutefois des au sein d’un mécanisme original : la
limites : la gestion des ressources Médiation du crédit. En lien avec la
humaines et les modalités de contrôle se Banque de France, Oséo, les services de
sont adaptées trop lentement à la l’Etat ainsi que certaines organisations
sophistication des techniques d’ingénie- socioprofessionnelles et consulaires, elle
rie financière, telles que les chambres de assiste les entreprises rencontrant des
compensation privées (dark pools), le difficultés pour obtenir un crédit. Entre
trading haute fréquence, la titrisation ou son lancement en novembre 2008 et la
l’intervention des fonds alternatifs fin août 2011, près de 32 000 entreprises
(hedge funds). La coordination des ont saisi la Médiation. Plus de 80 %
superviseurs à l’échelle européenne reste d’entre elles ont été aidées, 3,6 Md€
largement à mettre en œuvre et la pré- d’encours de crédits ont ainsi été déblo-
sence française dans les structures com- qués. Si le nombre de dossiers a décru
munautaires demeure insuffisante. progressivement depuis 2009, les petites
entreprises, souvent fragiles, continuent
La conciliation entre de solliciter la Médiation du crédit, dont
offreurs et demandeurs de le dispositif a, en conséquence, été
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Cour des comptes
4 Les orientations
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Les orientations
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rait d’être maîtrisée et justifiée par l’inté-
Les orientations
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seront conduites à rechercher une diver-
Les orientations
3030
nement devrait intégrer un objectif
Les orientations
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propres », et, pour ce qui concerne plus CDC Entreprises, etc.) intervenant sur
Les orientations
des segments souvent très proches, dentiel, établi par la loi de modernisa-
voire identiques, soulève la question de tion de l’économie. La Cour formule
leur rationalisation. Si elle est nécessaire, plusieurs recommandations afin de ren-
celle-ci doit s’entourer de précautions. forcer la gouvernance interne de la
En particulier, le métier d’investisseur Caisse des dépôts et consignations et du
en fonds propres, pour lequel la Caisse Fonds d’épargne. La diversité accrue des
des dépôts et consignations est activités de la Caisse et leur niveau très
aujourd’hui chef de file, et celui de prê- inégal de rentabilité justifient un pilo-
teur, rôle que joue l’actuel groupe Oséo, tage très resserré de la maîtrise des
sont distincts et doivent le rester afin risques. Enfin, la Caisse devrait procéder
d’éviter les conflits d’intérêts (qui se à une évaluation de ses filiales et partici-
manifesteraient, par exemple, si un pations afin de vendre, le cas échéant,
même intervenant était simultanément celles d’entre elles qui ne sont pas straté-
actionnaire et créancier d’une même giques ou pas rentables. En effet, de
entreprise). nombreuses filiales et participations se
sont progressivement sédimentées,
Adapter la Caisse des mobilisent une part importante des
dépôts et consignations à fonds propres et peuvent, dans certains
la nouvelle donne cas, présenter des risques et, dans d’au-
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générale et l’Autorité de contrôle pru- d’épargne qu’exerce le système bancaire
Les orientations
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Conclusion
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Principales orientations
et recommandations
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de CDC Entreprises ;
Principales orientations
et recommandations
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Principales orientations
et recommandations
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