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La Force de l’Optimisme

Martin Seligman – 1990


 
Façons différentes de voir l'existence et d'expliquer ce qui nous arrive - Optimiste et Pessimiste
 
L'explication principale, pour Seligman, de pourquoi certaines personnes réussissent mieux que d'autres,
pourquoi certaines personnes gardent une motivation intacte, font facilement fasse aux adversités de la
vie, tirent le meilleur parti des opportunités, bref sont mieux armés pour profiter pleinement de la vie et
réussir dans tous les domaines, réside dans leur capacité à ce qu'il appelle rester optimiste en tout
moment, ne pas se laisser envahir par le pessimisme.
 
La pensée ne se limite pas à une simple analyse et réaction aux évènements, elle les modifie par
l'explication qu'elle leur donne, elle change notre perception.
 
[Cela renvoie fondamentalement à la méthode d'appréhension du réel par les êtres, est-ce le phénomène
en lui-même qui est important, ou sa perception par nous. Nous n'avons jamais accès au phénomène
naturel, là où nous en avons un accès le plus pur c'est à travers nos sensations, mais elles ne durent pas
et son assez limitées. C'est l'étape d'après, la perception, qui transforme ce que nous ressentons en ce
que nous vivons réellement, par l'effet de la pensée. C'est pour nous en Europe très philosophique, c'est
aux Amériques acquis et très pragmatique, cela autorise la pensée positive].
 
Comment j'interprète ce qui m'arrive ?
 
Comment les évènements qui nous arrivent, auxquels nous ne pouvons souvent finalement pas grand-
chose, good or bad, sont-ils vus par nous, expliqués par nous, et quelles conclusions en tire-t-on pour le
présent, le futur.
 
C'est la façon de voir l'existence et d'expliquer ce qui nous arrive au présent (ou ce qui nous est arrivé
dans le passé) qui conditionne notre attitude présente et future.
 
Quand on regarde un évènement, il peut s'analyser dans trois dimensions :
 
 Permanence (durera-t-il toujours ou pas ?)
 Généralisation (peut-il s'étendre à d'autre domaines que le domaine bien précis dans lequel cet
évènement se produit ?)
 Personnalisation (cet évènement est-il dû à mon action, est-il de ma responsabilité ou dépend-il
de facteurs extérieurs ?)
 
Évidemment sur l'échelle du oui / non de ces trois dimensions, toutes les gradations sont possibles,
toutes les combinaisons entre elles aussi.
 
Le Pessimiste et l'Optimiste ont des visions totalement différentes des évènements positifs ou négatifs
dans ces trois dimensions
 

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Face à adversité
O: pense que c'est provisoire, circonscrit au fait précis, que ce n'est pas sa faute
P: pense que ça durera toujours, que ça s'applique à tout, que c'est sa faute
 
Face au bonheur / évènement heureux
O: Pense que ça durera, que ça s'étendra, qu'il est responsable de ça
P: Pense que ça ne durera pas, que ça s'applique uniquement à ça, qu'il n'y est pour rien
 
Ne remarque que les explications sont inversées. Globalement, tout ce qui est mon est de mon fait,
s'étendra et durera, tout ce qui est mauvais c'est l'inverse, ce n’est pas ma faute, ça ne durera pas et
juste ici.
 
Je ressens ce que je pense
 
Quand je rumine mes pensées négatives, je les ressens en boucle. Ce processus d’analyse
obsessionnelle, associé à un mode d’explication pessimiste, peut mener à la dépression. La tendance à
l’analyse en constitue le moteur. Alors que la tendance à l’action en est le frein.
 
Quand on est déprimé, les petits obstacles paraissent insurmontables. On dispose d’une réserve
inépuisable d’explications qui font apparaître chaque succès comme un échec ! La clé de l’effacement
définitif de la dépression consiste en un changement du mode d’explication.
 
Concept de l'impuissance acquise : P résidu de la nécessité de se protéger aux temps anciens contre les
évènements climatiques extrêmes. P = réalisme. Pas forcément adapté à notre monde actuel où ces
grands dangers qui déciment l'espèce ont disparu. Maitrise personnelle pour contrer P.
 
Conséquence d'une vision du monde type pessimiste, dans quatre domaines de la vie :
 Dépression peut guetter, elle se présente sous trois formes :
o Dépression courante, liée aux revers inévitables de la vie, passager et circonscrits. Csq:
tristesse et impuissance, devient passif et léthargique, inefficace. C'est le rhume des
maladies psychiques :)
o Troubles dépressifs unipolaires. Beaucoup plus profond, symptômes plus nombreux et
plus graves que dépression courante. Cela peut être une dépression courante qui
s'aggrave parce qu'elle n'est pas prise à temps.
o Troubles dépressifs bipolaires. Idem, mais avec des accès de manie, de symptômes
opposé à l'effet de tristesse et d'abattement de la dépression (euphorie, folie des
grandeurs, logorrhée verbale, surestimation de soi..)
o La dépression implique 4 types de changement de comportements négatifs :
 Au niveau de la pensée (transforme l'image qu'on a de soi, du monde, de
l'avenir)
 Au niveau de l'humeur (triste, découragé, désespéré, anxieux, irritable)
 Au niveau du comportement (passivité, indécision, tendance suicidaire)
 Au niveau de l'état physiologique (appétit diminue, intérêt pour sexe disparait,
mauvais sommeil)
o Voir questionnaire d'évaluation du degré de pessimisme de Seligman, utile pour savoir
où on se situe sur l'échelle de 0 à 60 et si le sujet est sérieux ou pas tant que ça !

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 Réussira moins bien dans votre vie professionnelle que nos talents ne le laissent espérer (les
pessimistes ne réalisent pas leur potentiel (« qu’as-tu fait de tes talents ?! ») alors que les
optimistes le dépassent),
 Santé, système immunitaire notamment, laisse vraisemblablement à désirer (cellules NK)
 Vie tout simplement moins agréable qu'elle ne devrait l'être.
 
Apprendre l'optimisme
 
On peut désapprendre le pessimisme et acquérir les réflexes de pensées qui permettent de renverser la
vision des choses. L'individu peut choisir sa manière de penser.
 
C'est une forme de thérapie cognitive, qui tire son efficacité de son action à deux niveaux.
o Pratique: elle arme l'individu d’une panoplie de compétences qui lui permettent de dialoguer
avec lui-même en cas d'échec
o Philosophique: la croyance que grace à des compétences apprises, on peut influer sa
transformation. On a la volonté de remettre en question ces habitudes de pensée.
 
Distinguer deux types de psychologies (Classif Seligman)
 Psychologie chaude type Freudienne (motivation, émotions, maladies mentales)
 Psychologie froide (perception, traitement de l'information = cognitif)
 
On peut faire du chaud sur l'histoire avec la méthode ACES, l'interrogation des
discours. Analyse du Contenu des Explications Spontanées). Echelle de 1 à 7 de
l'analyse par le lecteur / l'auditeur des discours des sujets d'études, dans les trois
domaines Permanence, Généralisation, Personnalisation. C'est une forme de psycho
histoire, qui permet de lire et comprendre les succès / échec des sujets par leur
discours, en politique notamment
 
Quand on a pris conscience du caractère un peu trop pessimiste de ses interprétations, deux possibilités
d'action s'offrent à nous :
 
 La distraction : détourner son attention. Mécanisme d'arrêt et de déplacement de l'attention
(petit objet, truc des comédiens), déplacement dans le temps (j'y penserai ce soir à 18h).
Empêcher l'obsession, évacuer temporairement les choses de son esprit, les noter, les exprimer,
les sortir de soi.
 La réfutation : les remettre en cause par un débat intérieur sérieusement mené. 4 techniques
o Faits à l'appui: réfuter les faits en allant chercher les faits véritables, qui peuvent des
fois être contraire à la perception subjective que nous en avions et qui était teintée de
pessimisme [fact checking très appliqué de nos jours],
o Explication de rechange: trouver d'autres facteurs explicatifs à l'évènement qui sont
moins marqués négatifs. Là encore, un examen des fiats et un élargissement du champ
de la pensée est utile
o Portée: Même si l'interprétation négative est juste à 200%, est-ce que les conséquences
sont vraiment si grave ? Relativiser les impacts
o Utilité: Même si l'interprétation négative est juste à 200% et qu'elle a une portée, à
quoi cela sert-il de s'affliger la sorte, de revenir sans cesse dessus, cela ne changera rien.
[C'est une forme d'acceptation de la réalité]

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o Finalement les 4 techniques sont à appliquer chronologiquement, si la première ne
marche pas on passe à la suivante.
 
[Cela se superpose tout à fait avec les recommandations de Goleman sur la gestion des émotions, ce sont
le même mode contrôle de soi : distraction ou réfutation. Finalement, cela revient à appliquer des
recettes pour contrôler ces forces empêchantes qui viennent de l'intérieur]
 
Dernier chapitre très philosophique sur l'avenir, le moi maximal, le besoin d'appartenance, de vivre
quelque chose de plus grand que soi, l'utilité pour soi de faire des choses pour le autres. Le moi maximal
est le père de la dépression massive qui touche femmes et jeunes (surtout) (X 10 en 25 ans !)
 
Religion, famille, projet de société, ont petits à petits disparu au profit d'un recroquevillement des
individus sur eux-mêmes, une recherche de satisfaction matérielle maximale, dument alimentée par la
pub.
Rester optimiste et se trouver un idéal plus grand que soi.
 
 

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