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de quelques intérêts stratégiques régionaux et la feuille de route » qui en organisait la mise en œuvre,
fourniture à Téhéran de missiles sol-air S-300, en Moscou avait mis en péril l’ensemble du processus en
2016, malgré les sanctions internationales, scelleraient formulant, début mars, une exigence nouvelle.
avec la République islamique une alliance sans faille. En représailles manifestes aux sanctions
Mémoire perse internationales prises contre la Russie après l’invasion
Il n’avait manifestement pas mesuré que, sans de l’Ukraine, Moscou avait annoncé qu’il exigeait
remonter jusqu’au traité de Turkmanchaï, en 1828, désormais, pour participer aux négociations avec
par lequel l’empire perse avait été contraint de l’Iran, la fourniture par Washington de « garanties
céder des territoires à l’empire russe, des contentieux écrites » que la future coopération russo-iranienne
d’importance diverse demeuraient entre Moscou et dans le domaine du commerce, des investissements,
Téhéran. Il n’avait pas mesuré non plus l’ampleur des des échanges militaires et techniques, et du nucléaire
retombées que la République islamique avait espéré civil ne serait pas affectée par les sanctions
obtenir de l’accord avorté de 2015, et qu’elle compte consécutives à l’offensive russe.
aujourd’hui retirer de sa résurrection en cours. Jugée « hors sujet » par le secrétaire d’État américain,
Il n’avait pas compris, en fait, que la diplomatie de la Antony Blinken, cette revendication avait stoppé net
République islamique avait aussi une mémoire perse. les discussions. Et provoqué la colère des négociateurs
Conclu pendant le second mandat de Barack Obama, européens. « Personne ne devrait chercher à exploiter
le JCPOA offrait à l’Iran un allègement progressif des les négociations sur l’accord de Vienne afin d’obtenir
sanctions américaines et européennes imposées pour des garanties qui n’ont rien à voir avec cet accord»,
certaines depuis plus de vingt ans, en échange d’une avaient protesté les négociateurs du « E3 » (France,
limitation de son programme nucléaire sous contrôle Allemagne, Royaume-Uni).
de l’ONU. À Téhéran, un « officiel de haut rang », expert en
Mais, trois ans plus tard, Donald Trump, influencé litotes diplomatiques, avait jugé que « cette position
par son électorat évangéliste pro-Likoud et par son « de la Russie n’[était] pas constructive », tandis qu’un
ami » Benjamin Netanyahou, avait décidé de quitter diplomate la qualifiait de « bizarre ». À la veille
l’accord et rétabli les sanctions économiques contre de s’envoler pour Moscou, le ministre des affaires
l’Iran. En riposte, la République islamique s’était étrangères iranien avait clairement indiqué, lui, que «
progressivement affranchie des restrictions imposées Téhéran ne permettrait à aucun élément étranger de
à ses activités nucléaires. s’attaquer à ses intérêts nationaux ».
Pendant sa campagne, Joe Biden, informé des Ferme mais diplomatiquement mesurée – l’« élément
retombées favorables attendues d’une « normalisation étranger » n’était pas désigné –, cette déclaration
» des relations avec Téhéran, s’était engagé en faveur semblait confirmer la décision iranienne de s’abstenir
du retour des États-Unis dans l’accord. Et il avait aux Nations unies plutôt que de soutenir Moscou.
accepté après son élection l’ouverture de négociations Comme la Chine, l’Inde, le Pakistan, l’Algérie, et
sur ce dossier, avec une médiation de l’Union une trentaine d’autres pays habituellement proches
européenne. Des négociations rendues difficiles par le des positions de la Russie, l’Iran s’était en effet
changement d’administration à Téhéran et cinq mois abstenu lors du vote, le 2 mars, d’une résolution de
d’interruption des conversations. l’Assemblée générale, exigeant que « la Russie retire
immédiatement, complètement, et sans conditions,
Exigences nouvelles de Moscou toutes ses forces militaires d’Ukraine ».
Alors que ces pourparlers, qui entraient dans leur
huitième phase, semblaient enfin aboutir à un nouvel
accord concrétisé par un document écrit et une «
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étaient stationnés à l’aéroport de Tel Aviv. Posture britannique de Chelsea. Mais il persiste à rejeter les
qui a valu au premier ministre Naftali Bennett demandes ukrainiennes d’aide militaire. Et n'a pas
une question cinglante de la sous-secrétaire d’État caché son irritation après l’intervention de Volodymir
américaine ,Victoria Nuland : « Voulez-vous devenir le Zelensky, dimanche devant la knesset. Le président
dernier paradis disposé à accueillir l’argent sale qui russe, lui, aurait fait son choix depuis longtemps parmi
finance la guerre de Poutine ? » ses « partenaires ».
Pour l’heure, Naftali Bennett semble toujours hésiter Mais le « génie des rapports de force » que décrivaient
entre céder aux demandes de son allié et protecteur ses courtisans a peut-être perdu la main. Entre ses
américain et préserver la « coordination tactique » sur alliés iraniens, enrôlés hier pour l’aider à prendre le
le champ de bataille syrien que lui offre son « ami » contrôle de la Syrie mais imprudemment traités en
russe. supplétifs négligeables, et ses amis israéliens, qui le
Il se serait engagé à ne pas permettre aux oligarques remercient aujourd’hui de leur laisser ouvert le ciel
frappés par les sanctions de pouvoir les contourner à syrien en ouvrant le leur aux oligarques et en refusant
partir d’Israël tout en accueillant ceux qui ont aussi la d’aider l’Ukraine, il a choisi les seconds. C’est sans
nationalité israélienne, comme Roman Abramovitch, doute ce qui lui a valu le revers diplomatique qu’il
qui possédait encore récemment le club de football vient d’essuyer. Et qui ne sera sans doute pas le seul.
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