Inventaire des techniques

de réhabilitation des sites pollués

par Yves BERNHEIM

Président-directeur général de ICF-Environnement et de IRH-Environnement
Président d’honneur de l’UPDS
(Union professionnelle des entreprises de dépollution des sites)

1. Traitements « hors site » ....................................................................... J 3 980 - 2

2. Traitements « in situ » ........................................................................... — 3
3. Traitements « sur site » ......................................................................... — 5
4. Confinement .............................................................................................. — 6
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 3 980

es contraintes réglementaires vont obliger un nombre croissant d’industriels

L à faire dépolluer leurs sites.
Pour résoudre un problème de décontamination d’un sol, il n’y a pas de solution
exclusive. Le traitement à mettre en œuvre est souvent une combinaison de plu-
sieurs techniques.
Le choix est fonction principalement :
— de la nature du sol ;
— des polluants présents ;
— des objectifs de dépollution à atteindre ;
— des délais imposés ;
— de l’espace disponible ;
— du contexte économique et réglementaire ;
— de la destination future du site.
Il existe plusieurs techniques classiques pour les cas de pollution les plus
courants.
On peut les classer en quatre familles principales :
— traitements hors site ;
— traitements in situ ;
— traitements sur site ;
— confinement.
Chaque entreprise dispose de ses propres technologies dans chacune de ces
3 - 1997

catégories et de ses spécificités de mise en œuvre.

Les techniques sont en pleine évolution.
Il est utile de les classer en catégories, mais il serait stérile de les figer
aujourd’hui.
Les techniques mentionnées ci-après ont été éprouvées industriellement ou
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ont fait l’objet d’expérimentations probantes. Le nombre de références indiqué,

correspondant aux chantiers réalisés par des sociétés membres de l’UPDS et
pouvant être déclarés, est donc à considérer comme un minimum.
Il est difficile de ventiler les opérations réalisées en fonction des techniques
car, le plus souvent, plusieurs filières sont mises en œuvre simultanément.

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1. Traitements « hors site » nérateur, centre d’enfouissement technique, centre de traitement de

terres ou d’eaux polluées).
Le tableau 1 présente les différentes étapes et caractéristiques
On procède (figure 1a) à l’excavation et à l’évacuation des déchets, des traitements hors site. (0)
terres et eaux polluées vers un centre de traitement adapté (inci-

Tableau 1 – Traitements hors site

Avantages
Type de traitement Principe du traitement Nature de la pollution Références UPDS
et inconvénients
Excavation 1. Enfouissement Toutes pollutions • Élimination totale > 110
+ analyses ou incinération en centre des polluants
+ évacuation agréé à l’extérieur du site
• Coût parfois élevé
2. « Inertage » (1) • Coût prohibitif
si obligation de mise en CET (2)
3. Lavage physico-chimique • Partie propre des sols réutilisable
en installation fixe • Résidus concentrés en polluants à
éliminer
(1) Inertage: procédé permettant d’encapsuler le potentiel polluant dans une matrice (additifs, liants hydrauliques, bitume...), évitant ainsi le relargage de ces polluants.
(2) CET (Centres d’enfouissement technique) : il s’agit de centres agréés de mise en décharge de déchets. Différentes classes correspondent à différentes catégories :
classe I DIS : déchets industriels spéciaux
classe II OM : ordures ménagères
classe III : gravats et assimilés

Figure 1 – Les quatre principales catégories de traitement des sols

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2. Traitements « in situ » Dans le tableau 2 sont résumés les différents traitements désignés
dans le vocabulaire technique par les termes suivants :
— écrémage ;
— venting ;
Le sol est laissé en place (figure 1b ).
— biodégradation ;
Le polluant est soit : — bioventing ;
— extrait et traité en surface ; — lessivage ;
— dégradé dans le sol ; — stripping ;
— fixé dans le sol. — inertage-stabilisation ;
Les eaux peuvent être traitées in situ. — traitement thermique. (0)

Tableau 2 – Traitements in situ (avec traitement sur site ou hors site des produits récupérés)
Type de traitement
1. « Écrémage » (figure 4)
2. « Venting » ou extrac-
tion forcée des vapeurs
(figures 2 et 5)
3. Biodégradation in situ
4. « Bioventing »
5. Lessivage (figure 3)
6. « Stripping » (figure 2)
7. Inertage-stabilisation
8. Traitement thermique
Principe du traitement
Pompage sélectif des produits
flottants au-dessus de la nappe
• Extraction des polluants vola- Produits volatils
tils par mise en dépression de la (p. ex. : essence, kérosène,
zone non saturée
• Traitement éventuel des gaz
(incinération, oxydation,
adsorption, etc.)
Consommation accélérée
du polluant par les bactéries
dans la zone non saturée
Combinaison
des traitements 2 + 3
Entraînement des polluants
à l’eau et récupération
par pompage
• Mise en phase vapeur
des polluants dissous dans l’eau du type solvants chlorés
de la zone saturée
• Traitement éventuel des gaz
Fixation de la pollution
dans la matrice du sol
Désorption à l’eau chaude
Avantages
Nature de la pollution Références UPDS
et inconvénients
Hydrocarbures Coût modéré > 400
• Coût modéré > 27
• Traitement possible
solvants, etc.) sous une construction
• Résultats soumis aux
aléas de l’hétérogénéité
du sol
• Délais moyens :
6 à 12 mois
Produits carbonés utilisés • Procédé lent > 53
classiquement • Rendement limité
sur hydrocarbures • Technique éprouvée sur
(p. ex. : gazole, fuel, etc.) les hydrocarbures
aliphatiques
• Performances plus limi-
tées pour les hydrocarbures
polycycliques et chlorés
Hydrocarbures volatils Réduction des durées > 13
et semi-volatils des traitements 2 + 3
(p. ex. : essence + gazole)
Tous produits Genèse de déchets liquides > 100
(métaux organiques)
Polluants vaporisables • Faible maintenance >6
• Coût faible
Produits non organiques • Site à conserver >1
(p. ex. : métaux) en mémoire
• Délais rapides
• Coûts moyens
Hydrocarbures volatils >1

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Figure 2 – Unités de stripping et de venting

(doc. UPDS)

Figure 3 – Dépollution d’un sous-sol

par lessivage (doc. Valtech Industry)

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Figure 5 – Unité mobile de venting. Oxydation des vapeurs extraites

Figure 4 – « Écrémage » par bande oléophile (doc. Valtech Industry)
par procédé catalytique (doc. Valtech Industry)

3. Traitements « sur site » La terre traitée peut être laissée sur le site ou éventuellement
évacuée.
Le tableau 3 rassemble les caractéristiques des différents traite-
La terre et les eaux polluées sont excavées et traitées sur le site ments appliqués.
même (figure 1c ). (0)

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Tableau 3 – Traitements sur site ou traitements des terres excavées

Type de traitement
1. Lavage
2. Désorption thermique
3. Biodégradation
4. Inertage-stabilisation
(1) PCB : polychlorobiphényles.
Avantages
Principe du traitement Nature de la pollution Références UPDS
et inconvénients
Extraction à l’eau + tensioactifs Hydrocarbures • Récupération d’une par- >5
éventuellement tie propre recyclable
• Résidu concentré
en polluants
Extraction au solvant Hydrocarbures lourds
[goudrons, fuel, huiles,
PCB (1)]
Extraction à l’eau en milieu acide Métaux
Chauffage direct, évaporation Hydrocarbures volatils non • Bon rendement
des produits volatils à « basse » chlorés (p. ex. : essence, de dépollution
température et traitement kérosène) • Rapidité de traitement
des gaz • Coût modéré
Chauffage indirect des produits Hydrocarbures volatils ou Coût élevé
volatils ou semi-volatils et traite- semi-volatils (p. ex. : fuel)
ment des gaz
Land farming Hydrocarbures • Durée importante >8
Traitement extensif, oxygénation (p. ex. : fuel) • Coût peu élevé
naturelle en couche peu épaisse • Nécessité de l’espace
Tertre biologique Hydrocarbures > 35
Consommation accélérée (p. ex. : fuel, solvants
des polluants par les bactéries non chlorés, goudron
Possibilité de contrôle et de trai- dans certains cas)
tement des émissions gazeuses
Fixation de la pollution Produits non organiques Devenir du produit
dans la matrice du sol (p. ex. : métaux) stabilisé

4. Confinement
La terre et les eaux polluées ou les déchets sont laissés sur le site
(figure 1d ).
Les travaux consistent à empêcher la migration des polluants
(figure 6).
Les caractéristiques techniques des différents traitements sont
résumées dans le tableau 4.
(0)

Figure 6 – Confinement de 15 000 m3 de terres polluées par des PCB

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Tableau 4 – Confinement

Avantages
Type de traitement Principe du traitement Nature de la pollution Références UPDS
et inconvénients
1. Combinaison étanchéité • Couverture de surface • Toute pollution complexe • Méthode « universelle » > 32
+ drainage • Étanchéité latérale • Toute pollution • Nombreuses techniques
par barrière étanche en grande quantité éprouvées disponibles en
(éventuellement) • Toute pollution fonction du type de terrain,
• Étanchéité du fond à grande profondeur du degré d’imperméabili-
par radier (1) injecté sation requis, du caractère
par exemple provisoire ou définitif
• Drainage des gaz et des du confinement, etc.
éluats (éventuellement) • Surveillance nécessaire
• Évacuation des déblais
• Site à conserver
dans la mémoire collective
2. Barrière hydraulique Modification du gradient Toute pollution de nappe • Système de traitement > 36
d’écoulement d’urgence, parfois utilisé
par combinaison de puits à titre provisoire
d’injection et d’extraction • Dimensionnement
en fonction
de l’hydrogéologie locale
• Grands volumes d’eau
mis en jeu
3. Alvéole étanche Excavation des terres Tout type en faible • Rapidité d’intervention >4
ou déchets et stockage quantité • Ne nécessite pas
dans une alvéole étanche de moyens lourds
spécialement aménagée • Place disponible
en surface pour l’aménagement
de l’alvéole
• Faible coût
4. Barrière électrocinétique Modification des écoule- Toute pollution • Système provisoire
ments et/ou de l’extension inorganique et organique de dimensionnement
d’un panache de pollution polaire de la nappe phréa- complexe
par application tique • Technique en cours
d’un champ électrique de développement
(1) dalle de fond permettant de fermer la « boîte étanche » aux eaux souterraines.

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A
Données techniques et économiques V
■ Pour d’autres renseignements techniques et économiques, s’adresser aux
sociétés citées ci-après, toutes membres de l’UPDS. (0)
■ Rôle de l’ADEME
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), entre
O
ANTEA
APINOR
HPC Envirotec
ICF Environnement
autres activités, a en charge la réhabilitation des « points noirs » en France,
c’est-à-dire des sites dits « orphelins », sans exploitant retrouvé solvable. I
■ Aspects réglementaires
ATE
Bachy
Burgeap
Ingexas
Pollution Service
Serpol
La réglementation concernant la réhabilitation des sites pollués est en train
de se mettre en place en France, de la façon suivante.
R
CH2M Hill SGN ● Une politique concernant le recensement, la hiérarchisation des sites
Enviromax SIMECSOL historiques potentiellement pollués a été mise en place au ministère de
Enviro Services SOCOTEC l’Environnement et des actions concrètes lancées au niveau des départements.
ERG
Geoclean
Geostock
Soletanche
Sondalp
Veritas
● Dans une deuxième étape, des diagnostics de plus en plus importants ont
été réalisés, incluant des évaluations de risques afin de définir éventuellement
les actions de réhabilitation à entreprendre.
P
GRS-Valtech Industry Ecoaudit ● Une circulaire en date du 3 avril 1996 prescrit la réalisation de prédia-
gnostics de d’ESR (évaluation simplifiée des risques) sur 2 000 sites en activité
L
concernés sur les 5 ans à venir.
Le lecteur pourra également se reporter, dans le traité Construction des Tech-
niques de l’Ingénieur, aux articles [C 5 430] Géomembranes. Utilisation en
génie civil. [C 5 580] Ouvrages enterrés et pollution du sous-sol.
● Une taxe spéciale sur les déchets traités en centres collectifs a été créée
afin de dégager des fonds destinés à la réhabilitation des sites pollués orphelins
U
(environ 100 MF/an).
S
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