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1- Flexion élastique de la conduite aux tournants

Un pipeline passant par des zones d’habitations rentre souvent des obstacles, qu’on est obligé de
dévier soit :

- Par la flexion élastique de la conduite


- Par assemblage de tubes cintrés préalablement

Ce qu’on appellera les coudes de direction en plan horizontal.

Dans le plan vertical, on cherche toujours à diminuer le plus possible le volume des travaux de
terrassement. Cala exige de suivre le profil terrestre, la conduite doit épousée parfaitement le fond
de la tranchée.

Evidemment ; il est plus facile de réaliser un coude en flexion élastique de la conduite, car cela
n’exige pas d’intervention des engins spéciaux : Les cintreuses

Mais dans quelle limite pouvons nous varier le rayon de courbure de la conduite sans aplatir ou
détruire les tubes ?

On sait que la contrainte de flexion est en relation avec le rayon de courbure :

E Dext
σ ef =±
2R

Pour que la contrainte de flexion reste dans la limite d’élasticité des tubes, le rayon minimal doit
satisfaire la condition :

E D ext
R>
2 σe

Mais après la mise en exploitation de la conduite d’autres sollicitations s’y ajoute. Par conséquent, la
contrainte augmente et peut y avoir destruction des tubes.

Pour assurer la résistance de la conduite en exploitation, il faut que la contrainte équivalente soit
inférieure à la contrainte admissible.

σ eq < [ σ ]

La contrainte équivalent est donnée par :

σ eq= √σ c + σ a −σ c σ a
2 2

σ c : Contrainte circonférentielle due à la pression de service

σ a : Contrainte axiale due à la température, à la pression de service et à la flexion élastique :

p Dm E D ext
σ a=−α t E ∆ t +0,15 −
δ 2R

Désignons par :
p Dm
σ n=−α t E ∆ t+ 0,15
δ

Et par :

E Dext
σf=
2R

Alors :

σ a=σ n−σ f

Or à la limite on a : σ eq= [ σ ]

On déduit :
2
σ 2c + ( σ n−σ f )2−σ c ( σ n−σ f ) =[ σ ]

Ou :

σ f + ( σ c −2 σ n ) σ f −( σ c σ n−σ c −σ n+ [ σ ] )=0
2 2 2 2

Ainsi nous obtenons une équation du second degré en σ f dont la solution :


2
−( σ c −2 σ n ) ( σ c −2 σ n )
+ ( σ c σ n−σ 2c −σ 2n + [ σ ] )
2
σf= +
2 4

Le rayon minimal a pour valeur donc :

E Dext
Rmin >
2σ f

Le calcul du rayon minimal admissible est applicable pour le cas de la flexion verticale, mais il ne sera
pas toujours réalisable par la flexibilité simple de la conduite, surtout dans les zones où le terrain est
concave.

Si la flexibilité de la conduite n’est pas


suffisante, elle n’épousera pas le fond de la
tranchée. Dans ce cas deux solutions sont
possibles :

- Soit adoucir le fond de la tranchée


- Soit lester la conduite si la
résistance toutefois le permet

Figure 8

Mais comment savoir si la flexibilité de la conduite est suffisante ?


Pour mettre le problème en équation, on fait deux hypothèses :

1- L’influence des parties joignantes de la conduite est assimilée à celle de l’encastrement. Cela
favorise la sécurité de la conduite.
2- L’action des efforts axiaux est négligée, car ils sont assez faibles lors de la mise en fouille de la
conduite.

Ainsi la conduite est assimilée à une poutre de longueur l encastrée aux extrémités.

Figure 9

Le moment de flexion varie le long de la poutre suivant l’équation :

q x2
M ( x )=M 0 + R A x −
2

Le système étant symétrique alors :

ql
R A =R B=
2

L’équation de la déformée est donnée par : EIy ' '=−M ( x )

q x2
EIy ' '=−M 0−R A x +
2

En intégrant deux fois on a :


2
x ql q
EIy=−M 0 − x 3+ x 4 +C 1 x +C2
2 12 24

Pour x=0 ; y =0 et y ' =0

D’où : C 1=0 et C 2=0

l 2 ql 3 q 4
Pour x=l , y=0 ⇒−M 0 − l + l =0
2 12 24
2
−q l
M 0=
12

L’équation de la flèche s’écrit sous la forme :


2
1 q l 2 ql 3 q 4
y= ( x− x+ x )
EI 24 12 24

Pour l’équation des moments fléchissant, on a :


2
−q l ql q 2
M ( x )= + x− x
12 2 2

Le rayon de courbure de la poutre est donné par :

( on sait que≤rayon de courbure d ' une poutre e st : ρ= EIM )


12 EI
Rf=
( 6 qlx−ql ²−6 qx ² )

Le rayon de courbure au milieu de la travée (en l/2) sera :

24 EI
Rf=
ql ²

Si le calcul de R f et Rmin donne :

R f > Rmin

Il faut dons :

- Soit adoucir le fond de la tranchée jusqu’à avoir le rayon de courbure égal à R f


- Soit Lester la conduite afin de diminuer R f , si la résistance de la conduite le
permet. Le poids de lestage nécessaire par unité de longueur est donné par :
24 EI
q lest = .
Rmin l ²

VII-CALCUL DU LESTAGE DES CONDUITES SOUS MARINES

Les conduites passant par des terrains inondables ou posées au fond d’un fleuve ou encore
au fond de la mer doivent être lestées si elles sont flottantes.

La flottabilité des conduites est calculée d’après la condition d’équilibre statique d’un corps
en plongée. Cette condition pour le cas d’une conduite est exprimée par la relation :

q c + qlest = A
Où :

qc : poids de la conduite enrobée y compris le produit transporter, par unité de longueur.

qlest : poids du lestage par unité de longueur

A : poussée d’ARCHIMED agissant sur un mètre de la conduite lestée.

q c =q t +q pr + qr =q t +q pr +0,1. qt =1,1. qt + q pr

La poussée d’ARCHIMED peut être représentée par deux composantes :

- Une partie de la poussée agissant sur la conduite elle-même


2
π Dr
A0 = γ
4 eau

Dr : diamètre de la conduite revêtue

γ eau: poids spécifique de l’eau

- Une autre partie agissant sur le lestage

q lest
Alest = γ
γ lest eau

γ lest : poids spécifique du matériau de lestage

On peut donc écrire :


2
π Dr qlest
q c + qlest = A 0 + A lest = γ eau + γ
4 γ lest eau

q lest
( 1−
)
γ eau π D2r
γ lest
= γ −q
4 eau c

( )( )
2
γ lest π Dr
q lest = γ −q
γ lest −γ eau 4 eau c

Le lestage calculé par cette dernière formule ne peut assurer la stabilité de la conduite
contre la flottabilité qu’à condition que toutes les valeurs, utilisées pour le calcul, soient
exactes car leur moindre variation peut rendre la conduite à l’état flottant. Comme la
variation du diamètre des tubes, de l’épaisseur des tubes, de l’épaisseur du revêtement,
ainsi que les caractéristiques physiques des matériaux est inévitable à cause des tolérences
de fabrication, le lestage calculé précédemment doit être augmenté pour des raisons de
sécurité.
D’où :

q lest =k s
( γ lest
γ lest −γ eau )( π D2r
γ −q
4 eau c )
Où : ks – coefficient d’augmentation ou de sécurité donné en fonction des zones traversées
par la conduite.

Tableau : coefficients de sécurité

Zone traversée
Marécages et lac Oueds Mer
Diamètre des tubes

Dext < 1000 mm 1,05 1,10 1,20

Dext > 1000 mm 1,15 1,15 1,20

Quant aux poids spécifique de l’eau et du lestage, ils sont déterminés à chaque cas partculier
par des essais au laboratoire.

Mais en cas exceptionnel (travaux urgents ou faible volume), on peut se contenter des
valeurs suivantes :

- Poids spécifique de l’eau varie de 1,1 tf/m 3 pour l’eau douce à 1,3 tf/m3
pour l’eau de mer
- Poids spécifique du lestage varie de 2,2 à 3,0 tf/m 3 pour un lestage en
béton et de 7,80 à 7,85 tf/m3 pour un lestage en fonte.

La distance entre les axes des cavaliers en béton armé ou des colliers en fonte est donnée
par :

G
l=
q lest

G : poids d’un cavalier ou d’un collier

L’épaisseur de la couche en béton en cas de lestage continu est :


2
D 0 q lest D0
e lest = + −
4 π γ lest 2
VII- CONDUITES AERIENNES EN POUTRES

Généralement la majeure partie d’un pipeline est enterrée, mais dans certains cas, pour des raisons
économiques ou de constructions, il est nécessaire de construire des conduites de telle sorte qu’elles
doivent évitées des obstacles comme les ravins, les oueds et les chemins de fer.
Les obstacles sont franchis par travées souterraines ou aériennes. Certaines traversées en poutres
sont munies d’un dispositif appelé à faciliter l’allongement de la conduite dû à la dilation thermique.
On les appelle « compensateurs », car ils compensent l’effort axial par l’allongement de la conduite
grâce à sa flexibilité élastique.
Les conduite en simple poutre, sans compensateur, sont les constructions les plus économiques et
faciles à réaliser.
Une conduite en poutre nécessite l’installation d’un compensateur si :

−N ≥ N f

N : Effort axial agissant sur la conduite


Nf : Effort de flambement, il est donné par :
2
π EI
Nf = 2
lC

Où : l C =0.6 l  : pour une poutre sur deux appuis


l C =0.7 l  : pour une poutre reposant sur plusieurs appuis
l : longeur d’une travée

Pour trouver l’effort axial agissant sue la conduite, on considère la flexion d’une poutre encastrée aux
extrémités.
On considère deux cas de sollicitation :
- Avant la mise en exploitation de la conduite
Elle est donc sollicitée par son poids propre q t ; la pression de service et la chute de température
étant nulles.
L’équation différentielle de la déformée s’écrit sous la forme :
qtl q
EI y ' ' =−M 0− x+ t x 2
2 2
En intégrant deux fois :
qt l 2 qt 3
EI y ' =−M 0 x− x + x +C 1
4 6
−M 0 2 qt l 3 q t 4
EIy= x− x + x + C1 x+C 2
2 12 24

On a un encastrement donc : pour x = 0 , y = 0 et y’ = 0 alors C1 = 0 et C2 = 0

−M 0 2 qt l 3 q t 4
EIy= x− x + x
2 12 24
On a aussi pour x = l , y = 0

−M 0 2 qt l 3 q t 4
D’où on déduit : EIy= x− x + x =0
2 12 24
2
−q l
M 0= t
12

Si la conduite avait pu glissée librement dans l’encastrement, sa projection sur l’axe x aurait
diminuée à une longueur de :
l 2 7
1 qt l
uf=
20
∫ ( y ' )2 dx= 2 2
60480 E I

- Après la mise en exploitation


La conduite sera sollicitée par la pression de service et la variation de la température Δt. La charge
verticale augmente jusqu’à q. Sous l’action de la pression de service la longueur de la conduite
diminue. On exprime cette diminution par la formule suivante :
P Dm l
u p =0.15
δE

L’augmentation de la température provoque un allongement de la conduite exprimé par :


ut =α l ∆ t

La diminution de la conduite due à toutes les sollicitations est :


u=uf +u p+ ut

q l
2 7
P Dm l
u= +0.15 +αl ∆ t
2 2
60480 E I δE

Etant donnée que les extrémités de la conduite sont considérées encastrées, donc pas
d’allongement, ce qui doit être compensé par la flexion et la compression axiale des tubes. Donc il
doit exister un effort axial.
L’équation de la déformée s’écrit :
'' ql q 2
E I y ± Ny=−M 0− x+ x
2 2

1- Cas de la compression

'' ql q 2
EI y + Ny=−M 0 − x+ x
2 2
La solution de l’équation différentielle est :

y=C 1 cosξx+ C2 sinξx+


(
1 q 2 q
EI 2 ξ2
x −

2
x−
q M0
ξ
4
− 2
ξ )
2 N
Avec : ξ=
EI
Les constantes C1 et C2 doivent répondre aux conditions :

Pour x = 0 ; y = 0 et pour x = l , y = 0 (encastrement aux deux extrémités)


D’où on déduit :

( ) ( )
2
1 q 1 q ξ
C 1= 2 2
+ M 0 , C2 = 2 2
+ M 0 tg
ξ EI ξ ξ EI ξ 2

Pour l’équation de la flèche y on a :

y= 2
1 q
ξ EI ξ(2
+ M 0
)(
cosξx+tg
ξl
2
sinξx +
q x2 l 1 M0
− x− 2 − 2
ξ EI 2 2
2
ξ )
ξ EI ( )
La condition : pour x = 0 , y’ = 0 nous permet de calculer M 0 :
M 0=
q ξl
ξ 2
2( ξl
ctg −1
2 )
Finalement, on écrire la flèche :

{[ ] }
2 2
ql 1 ξl x x
y= 2
sinξx −ctg ( 1−cosξx ) + 2 −
2 ξ EI ξl 2 l l
Pour les déformations angulaires de la conduite :

( )
2
' ql ξl x
y= 2
cosξx −ctg sinξx+2 −1
2 ξ EI 2 l

L’allongement de la conduite dû à la flexion est donné par l’expression :

[ ]
l

( )
2 3
1 q l 1 3 3 1 8
uf =
20
∫ ( y ' )2 dx= 4 2 2
8 ξ E I ( 1−cosξ l )
1+
2 ξl
sin 2 ξl + sinξl+ − 2 2
ξl 3 ξ l

L’équation du moment fléchissant s’écrit :


M ( x )=−EI y ' ' =
2q
2ξ ( ξl
sinξx+ctg cosξx−
2
2
ξl )
Le moment dans l’encastrement a pour valeur :
M 0=
ql

ctg −(
ξl 2
2 ξl )
2- Cas de la traction

L’équation de la déformée de la conduite s’écrit :


q 2
EI y −Ny= ( x −lx )−M 0
''
2

La solution de l’équation différentielle s’écrit :

y=C 1 chξx+C 2 shξx− 2


q x2 x 1 M
− + 2 + 2 0
ξ EI 2 2 ξ ξ EI ( )
Les constantes C1 et C2 doivent répondre aux mêmes conditions, on a alors :
C 1= 2
1 q
ξ EI ξ 2 (
−M 0 ,C 2= 2
−1 q
ξ EI ξ 2 )
−M 0 th
ξl
2 ( )
q
M 0= 2 1− cth
ξ
ξl
2
ξl
2 ( )
Finalement l’équation de la flèche s’écrit :

[( ) ]
2 2
ql 1 ξl x x
y= cth ( chξl−1 )−shξx − 2 +
2 ξ EI ξl 2 l l
2

Les déformations angulaires sont données par l’équation.

( )
2
' ql ξl x
y= ctgh shξx−chξx−2 +1
2
2 ξ EI 2 l

L’allongement de la conduite dû à la flexion est donné par l’expression :

[ ( )]
2 3
q l 1 3 8 1 3
uf= + shξl+ 2 2 − 1+ sh 2 ξl
8 ξ E I 3 ξl ξ l ( chξl−1 ) 2 ξl
4 2 2

Les moments fléchissant sont donnés par :


M ( x )=
ql
2ξ ( ξl
shξx−cth chξx+
2
2
ξl )
M 0=
q
ξ 2( ξl
1− cth
2
ξl
2 )
L’effort axial N répondre à la condition de compatibilité des déformations d’allongement de la
conduite qui est donnée par l’expression :
P Dml Nl
u f =−0.15 +αl Δt + +u +u
δE EF 1 2
Où  u1 et u2 sont donnés par:
2 2
N τ1 N −N l
u ( l )= ,u ( l 1 +l 2 )= +
βEF k 2 π D ext τ l EF

Cette théorie nous permet de calculer tout effort et toutes déformations des conduites en poutre
encastrée aux extrémités.
Elle est applicable aussi aux conduites en poutre plusieurs travées à condition que les appuis soient
équidistants.

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