Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
CBMH 25 2 461
CBMH 25 2 461
STEPHANE BARRY
NORBERT GUALDE
Résumé. Entre les années 1346 et 1353 une terrible épidémie a balayé l’Asie de
l’Ouest, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe, provoquant de catastrophiques
pertes démographiques partout, à la fois dans les campagnes, les bourgs et les
villes. La peste noire fut une maladie d’une telle gravité que non seulement
elle a ébranlé le vieux continent dans ses fondations sociales et économiques
mais elle a également modifié le cours de l’histoire de l’humanité. Les auteurs
ont pris en compte plusieurs travaux consacrés à la peste noire et publiés dans
différentes langues. Dans le présent article, ils rapportent les caractéristiques
médicales et épidémiologiques de la pandémie ainsi que ses origines géo-
graphiques et les routes qu’elle a empruntées.
Abstract. Between the years 1346 and 1353, a terrible epidemic swept over
Western Asia, the Middle East, Africa, and Europe, causing catastrophic losses of
population everywhere, both in the rural areas and in towns and cities. The
Black Death was a disease of such magnitude that it not only shook the Old
World to its economic and social foundations but changed the course of human
history. The authors considered and analyzed many studies on the Black Death
published in different languages. In the present paper they report medical and
epidemiological specificities of the pandemic as well as its geographical origins
and the routes of its spread.
Stephane Barry PhD, est l’ancien rédacteur en chef de la Revue sociologie santé.
Author, position
Norbert Gualde est Professeur d’immunologie, université Victor Segalen, Bordeaux 2.
manifesté sur une si longue durée, ni sur une si vaste échelle géo-
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
Peste noire car, en six siècles, tous les acteurs de cette nouvelle
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
« Tant à l’est qu’à l’ouest, la civilisation subit une incursion destructrice, celle de
la peste qui dévasta les nations et raya des populations entières de la surface de
la terre. Elle annihila le bien qui avait été créé […] le niveau de civilisation
décrut en même temps que le nombre d’habitants. La face du monde habité en
fut changé31 ». —Ibn Khaldun32, Muquaddima33
rapporte que « Chaque jour la grande ville se vide […] chaque jour notre
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
tâche consiste à porter aux tombeaux nos amis […] les hommes se fuient
mutuellement, de peur de partager la maladie de leurs proches53 ».
Schématiquement, car retracer l’itinéraire et la chronologie exacte de
l’épidémie est délicat54, de Constantinople la peste se propage sur les
côtes de la mer Noire, dans les îles de la mer Egée, en Grèce, en Crête, à
Chypre ou encore à Alexandrie, d’où, suivant la vallée du Nil, elle se
diffuse en Egypte. Parallèlement, elle gagne la Palestine, le Liban, la
Syrie. Chaque port, chaque lieu touché deviennent un foyer à partir
duquel se propage la maladie.
En cette fin d’année 1347, les galères génoises poursuivent leur
macabre périple. Après avoir accosté en Sicile, d’où la peste gagne
ensuite la péninsule par Reggio de Calabre55, les galères sont refoulées de
Gênes, mais atteignent Marseille qui leur ouvre son port le 1er novembre
1347. La maladie ravage la ville avec une violence inouïe, au point
qu’une des rues, où tous les habitants meurent en quelques semaines,
prend le nom de rue « Rifle Rafle56». Véhiculée le long des voies com-
merciales terrestres, fluviales et maritimes57, la peste atteint l’Espagne,
sans doute par les ports du Languedoc58. En même temps, la Corse et la
Provence sont touchées avant la fin de l’année. Elle apparaît en Avi-
gnon, carrefour de l’Occident où siège le pape depuis 1309, au mois de
mars 1348. Le chapelain et médecin du pape Clément VI, Guy de Chau-
liac59, apporte un témoignage essentiel sur la venue de la peste dans
cette cité qu’il a étudiée en homme de l’Art, mais aussi en tant que vic-
time de la maladie à laquelle il a eu la chance de survivre. Dans son
œuvre majeure la Grande chirurgie, rédigée en 1363, il dépeint ainsi le
mal qui afflige la cité :
« En Avignon, elle fut de deux sortes : la première dura deux mois avec fièvres
continues et crachement de sang, et l’on en mourait dans trois jours. La seconde
fut, tout le reste du temps, aussi avec des fièvres continues, et apostèmes et car-
boncles et parties internes principalement aux aisselles et aines, et on mourait
dans cinq jours. Elle occupa tout le monde ou peu s’en fallut, car elle com-
mença en Orient, et ainsi jetant ses flèches contre le monde, passa par notre
région vers l’Occident et fut si grande qu’à peine elle laissa la quatrième partie
[25 %] des gens60 ».
avril 1348 et à Agen moins d’un mois plus tard63. Le livre des Jurades de
la ville évoque alors une terrible épidémie64. Entre juin et août, ce sont
aussi Bordeaux, Lyon et Paris qui sont atteintes, puis la Bourgogne, la
Normandie, etc. La peste franchit les Alpes, frappe la Suisse et progresse
vers l’Est. Au même moment, en Europe du Nord la maladie traverse la
Manche et frappe Melcombe Regis, actuelle Weymouth, dans le Dorset
au sud-ouest de l’Angleterre65. En 1349, elle touche l’Irlande, l’Ecosse,
l’Allemagne et les Pays–Bas. En 1350 la Scandinavie est atteinte à son
tour puis tout l’espace hanséatique. En 1352, elle frappe Moscou, empor-
tant dans son sillage le grand duc de Moscovie et le patriarche de l’Eglise
russe. Puis elle s’étend dans le sud, semble-t-il, jusqu’à Kiev.
Paradoxalement, alors que l’Occident s’embrase, certaines régions
échappent temporairement à l’épidémie. Si l’isolement des vallées mon-
tagnardes du Béarn66, peut expliquer ce phénomène, il n’en est pas de
même pour une partie de la Hongrie, la Roumanie ou encore le Brabant,
le Hainaut67, le Limbourg, contrées situées au cœur des réseaux marchands
de l’époque ou encore Saint-Jacques-de-Compostelle, le célèbre sanctuaire,
qui attire des pèlerins de toute l’Europe. Sans en connaître les raisons pré-
cises, nous pouvons imaginer que la propagation de la maladie, au cours
de ces premières années d’épidémie, ralentit ou s’arrête aux frontières de
ces régions pour des raisons géographiques, écologiques et climatiques.
Cependant, elles ne vivent là qu’un court répit, puisqu’elles seront frap-
pées par la seconde flambée de peste des années 1360–1363 et ultérieure-
ment, lors des nombreuses résurgences de la maladie68.
En cette fin de première moitié du XIVe siècle, en l’espace de quelques
années, la peste, après avoir ravagé l’Italie, la France, l’Espagne, le Por-
tugal, l’Angleterre, le Danemark69, la Norvège, l’Europe centrale et de
l’est, les villes allemandes, la Pologne, la Lituanie la Hongrie, la Bohême,
la Suisse, etc70, laisse un monde désemparé et diminué. Elle progresse
généralement suivant un rythme saisonnier lié certainement à l’activité
biologique des puces. Ces dernières sont sous l’influence du climat dont
les interactions précises avec la Peste noire sont encore sujettes à dis-
cussions71. La peste régresse au cours de l’hiver, si elle ne prend pas une
forme pulmonaire, pour être plus vive au printemps et en été. À partir de
1347 la peste s’installe pour plusieurs siècles en Occident : c’est la nais-
sance de la seconde pandémie.
Figure 1
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
faire respecter non seulement à Milan et dans les autres villes, mais aussi
dans les bourgs, les châteaux forts et les campagnes. Il s’agissait d’éviter la
contagion88 ». Les podestats locaux sont alors tenus de prendre des dis-
positions afin que « chaque « ancien » de la paroisse dresse quotidien-
nement la liste des malades et que chaque medicus, ciroychus, barberius,
herborarius signalent à un inquisitor et executor désigné à cet effet les
noms des malades confiés à ses soins, en particulier ceux qui pourraient
avoir la peste89 ». Toujours dans le duché de Milan à la fin du XIVe siècle,
les premières désinfections publiques de marchandises sont pratiquées90.
En 1399, Gian Galeazzo Visconti91 édicte que la vente d’étoffes et de vête-
ments d’occasion ne sera permise qu’après avoir été préalablement lavés
et exposés au soleil ou au feu92. Trois ans plus tard, Gian Maria Visconti
ordonne les premières fumigations à base de vapeurs et de parfums93.
En 1377, Raguse94 « décrète un isolement d’un mois bientôt porté à
quarante jours à Venise, en accord avec la doctrine Hippocratique qui
considère que le quarantième jour est le dernier jour possible pour les
maladies aiguës comme la peste95 ». C’est encore à Venise qu’en 1423, des
voyageurs, venant de zones infectées sont refoulés et isolés dans un
hôpital, le lazaret96. Le Conseil majeur décide que cette quarantaine se
fera sur une île de la lagune où se dresse le monastère augustin de
Sainte-Marie-de-Nazareth. Le personnel soignant provient de l’hôpital
des lépreux situé sur la lagune. Il s’agit du premier établissement en
Europe destiné à mettre en quarantaine les pestiférés. En 1486 un second
lazaret est installé sur l’île de Saint-Erasme. Tandis que la gestion de
l’ancien, destiné à des malades, reste confiée à des religieux, celle du
nouveau lazaret revient essentiellement à des civils. Ces derniers ont
pour principales missions de contrôler les marchandises et équipages
et de pratiquer si nécessaire « l’exposition au soleil, à l’air, à des
fumigations de substances odorantes des cargaisons de laine, de soie ou
de lin ainsi que l’immersion de l’argent et des pierres précieuses dans
du vinaigre97 ».
Cette même année 1486, toujours à Venise, le magistrat de santé est
institué. Ses missions, très lourdes de responsabilités nous sont données
par S. Carbonne qui écrit :
« Les provéditeurs et les supraprovéditeurs contrôlaient les lazarets, la pro-
preté de la ville, la salubrité des citernes, les canaux antérieurs, le bon ordre et
la propreté des auberges, les comestibles, les viandes, les vins, les poissons, les
boucheries, les habitations des pauvres, les débardeurs du port, examineraient
les attestations de santé des bateaux et procédaient à la quarantaine des bâti-
ments soupçonnés et à la purification des marchandises et de la correspon-
dance, préposés à la répression de la mendicité, ils expulsaient les mendiants
étrangers et prenaient des mesures contre ceux de la ville ; ils surveillaient la
prostitution, […], le commerce des hardes et des vieux objets, l’exercice de la
médecine, de l’obstétrique, de l’art du barbier ; ils prenaient toute mesure con-
CBofMH v25 no2.qx 10/29/08 10:41 AM Page 473
Figure 2
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
cernant ma dissection des cadavres et leur sépulture ; ils surveillaient aussi les
cimetières et avaient compétence en matière de dénonciation immédiate des
premiers cas suspects, de recensement et de tenue du registre des décès99 ».
« Car je ne me rappellerai jamais sans verser une larme cette année 1348, qui
nous ravit ce que nous avions de plus cher ; la mort trancha de sa faux impi-
toyable la vie des créatures adorables. Aussi la postérité aura peine à croire
CBofMH v25 no2.qx 10/29/08 10:41 AM Page 475
qu’il fut un temps pendant lequel, sans les foudres du ciel, sans les feux ter-
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
restres, sans les guerres, l’univers entier fut dépeuplé sur toute sa surface.
A-t-on jamais rien vu, rien entendu raconter de semblables ? ».
—Pétrarque, Triomphe de la Mort112
Figure 3
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
« Le Triomphe de la mort ». « Le livre des comptes de Sienne pour 1347 rappelle le passage
de la peste de juin à décembre, dont les chroniqueurs disent qu’elle provoqua une forte
mortalité et que beaucoup de citadins en mourut113 »
Figure 4
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
Figure 5
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
duire le mal dans une communauté en souillant les portes du pus des
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
Figure 6
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
Figure 7
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
S’il est évident qu’au XIVe siècle, de nombreuses maladies affligent les
populations en même temps que la Peste noire, celle-ci, pour les con-
temporains, se distingue alors de toutes les autres maladies par sa nou-
veauté, son extrême virulence et son caractère quasi « universel ». Au
regard du cataclysme qu’elle représente, de sa rapidité de propagation et
de ses répercussions, quelques chercheurs ont voulu y voir autre chose
que la maladie due à Yersinia pestis. La nature véritable des grandes
épidémies médiévales resterait, selon eux, à établir et certains vont même
jusqu’à proposer, à la place de la peste, le charbon ou encore une maladie
de type fièvre hémorragique virale176. Pour étayer leur théorie, ils se
fondent, notamment, sur l’absence de témoignages à propos d’une quel-
conque épizootie murine précédant l’épidémie humaine, sur les saigne-
ments des malades relevés par les témoins, sur la présence non systé-
matique des bubons, ou encore sur la diffusion extrêmement rapide de
la maladie.
Il est vrai qu’ordinairement, une épizootie murine précède une
épidémie de peste. Ce phénomène, depuis longtemps repéré en Orient,
comme manifestation annonciatrice d’un fléau, a été clairement établi à
la fin du XIXe siècle. Pourtant, ce signe n’est que très rarement relevé lors
des épidémies historiques en Occident et jamais dans le cadre de la Peste
noire. Il est intéressant de remarquer que les rats, qui pourtant pullulent
dans les villes et campagnes, ne sont que très rarement évoqués et sus-
pectés. En fait, au Moyen Age et à l’époque Moderne, aucun rap-
prochement n’est fait entre le rat et la peste. Ce quasi-silence des sources
est peut-être à rechercher dans le comportement du rat noir en Occident.
Dans son ouvrage sur la peste Jean-Noël Biraben écrivait en 1975 :
« Si les hommes de cette époque n’ont pas remarqué de mortalité anormale
chez les rats, c’est peut-être parce que ceux-ci, qui étaient des rats noirs vivant
dans les greniers, vont à l’inverse des rats gris qui sortent de leurs caches pour
CBofMH v25 no2.qx 10/29/08 10:41 AM Page 484
mourir loin des hommes dans des endroits hauts et inaccessibles, c’est du moins
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
NOTES
3 Cette appellation de « mort noire » ou de « Peste noire », tardive, ne fait pas référence
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
à la couleur des cadavres des pestiférés qui n’étaient pas noirs comme on l’a trop
souvent imaginé aux XIXe-XXe siècles. L’expression se rapporte au sens figuré de
l’adjectif dans l’acception de lugubre, d’effroyable. L’expression de « mort noire »
fut, selon Jacqueline Brossollet et Henri Mollaret, employée en 1832 par un médecin
allemand, « en cette époque romantique, les auteurs l’expliquaient par « la couleur
noire du cadavre des pestiférés ». Le médecin allemand est J. Hecker, Der schwarze
Tod im vierzehnten Jahrhundert (Berlin, 1832). Jacqueline Brossollet et Henri Mollaret,
Pourquoi la peste ? Le rat, la puce et le bubon (Paris : Découvertes Gallimard, 1994),
p. 132-133. Mais sur une question aussi importante il est étonnant de constater que
tous les historiens ne sont pas d’accord sur l’origine de l’expression. Selon David
Herlihy, « La formule – Peste noire –, n’est pas attestée au Moyen Age. Ce sont
apparemment des chroniqueurs danois et suédois du XVIe siècle qui l’ont inventée.
L’adjectif « noir » ne se réfère pas à un symptôme ou à une couleur, mais a le sens
de « terrible », « effroyable ». La formule fut longue à s’imposer dans les autres
langues de l’Europe du Nord, l’allemand et l’anglais ». David Herlihy, La Peste noire
et la mutation de l’occident (Paris : Gérard Monfort Editeur, 1999), p. 29.
4 Dominique Castex et Isabelle Cartron, dir., Epidémies et crises de mortalité du passé
(Talence : Ausonius Editions, 2007), p. 95-120; Dominique Castex, « Sépultures
multiples : sépultures de catastrophes ? », Dossiers d’Archéologie, 208 (1997) : 44-47;
et Michel Signoli, Etude anthropologique de crises démographiques en contexte
épidémique. Aspects paléo et biodémographiques de la peste en Provence, thèse de
doctorat, Université de la Méditerranée-Aix-Marseille 2, 1998.
5 Frédérique Audouin-Rouzeau, Les chemins de la peste. Le rat, la puce et l’homme
(Rennes : PUR, 2003), p. 371.
6 La paléomicrobiologie a pour objectifs la détection et l’identification de
microorganismes : bactéries, virus, champignons unicellulaires et parasites dans des
échantillons humains et environnementaux anciens, le génotypage des micro-
organismes anciens, l’analyse de l’évolution génétique des microorganismes,
l’interprétation des données paléomicrobiologiques intégrant les données
anthropologiques et historiques dans une perspective évolutive des microorganismes
et des maladies infectieuses. Consulter le site : http://ifr48.timone.univ-mrs.fr. On y
trouve une abondante bibliographie.
7 Nous nous permettons de renvoyer le lecteur à notre étude : Stéphane Barry et
Norbert Gualde, « La plus grande épidémie de l’histoire », L’histoire, 310 (2006) : 38-49.
8 Henri Mollaret et Jacqueline Brossollet, Alexandre Yersin ou le vainqueur de la peste
(Paris : Fayard, 1985), p. 320.
9 Claude Chastel et Arnaud Cénac, Histoire de la médecine, introduction à
l’épistémologie (Paris : Ellipse, 1998), p. 168.
10 À l’origine, appelée Pasteurella pestis la peste ne prend que plus tard son nom actuel
de Yersinia pestis en hommage à Yersin.
11 A. Achtman, K. Zurth, G. Morelli, G. Torrea, A. Guiyoule, Elisabeth Carniel, «Yersinia
pestis, the cause of plague, is a recently emerged clone of Yersinia pseudo-
tuberculosis », Proceedings of the National Academy of Sciences (1999) : 140-147; et Léon
Le Minor, Michel Veron, Bacteriologie médicale (Paris : Flammarion, 1989), p. 455-458.
Les chercheurs ont constaté d’après la structure de la bactérie que celle-ci a évolué
à partir d’un microbe intestinal bénin, Yersinia pseudotuberculosis. Yersinia pestis a
survécu dans le sang et non plus dans l’intestin, en s’emparant de gènes, de virus
et de bactéries semblables.
12 Yersinia pestis et Yersinia pseudotuberculosis sont deux espèces « génomiquement »
pratiquement identiques. Toutefois, il est probable que certains gènes ou groupes
de gènes acquis par Yersinia pestis, lui ont conféré son pouvoir pathogène
exceptionnel.
13 Comme par exemple le rat noir, Rattus rattus, qui est abondamment présent en
Occident au Moyen Age et qui est particulièrement sensible à la peste.
CBofMH v25 no2.qx 10/29/08 10:41 AM Page 488
depuis douze ans. L’Etat le plus affecté est le Nouveau-Mexique. En moyenne, les
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
Etats-Unis recensent sept cas de peste par an. En Algérie après une période de
silence inter-épidémique de 50 ans, une épidémie a éclaté dans le courant du mois
de juin 2003 dans la banlieue d’Oran, deuxième ville du pays. Puis entre le 4 et le
18 juin 2003, 10 cas de peste bubonique apparaissent dans la localité de Kehaïlia,
commune de Tafraoui, un village de 1 200 habitants, à 30 kilomètres d’Oran. On
déplore le décès du premier cas signalé. Le village est isolé pendant 12 jours et tous
les habitants sont mis sous traitement préventif.
23 Une arme biologique est « une arme qui, délivre un micro-organisme susceptible
de provoquer une maladie chez l’Homme ou les animaux, ou de produire une
détérioration des matériaux ». Olivier Lepick, « La menace biologique », Revue
Sociologie Santé, 22 (2005) : 177-187. Du même auteur : « L’arme biologique, bombe
atomique du pauvre », La Recherche, 7 (2002) : 64-66 ; et Patrice Binder et Olivier
Lepick, Les armes biologiques (Paris : PUF, 2001), p. 127. On peut lire aussi avec profit :
Henri Mollaret, L’arme biologique. Bactéries, virus et terrorisme (Paris : Plon, 2002), p. 214.
Enfin passionnant et inquiétant est le récit du transfuge Ken Alibek qui pendant de
nombreuses années a été un des hauts responsables du programme militaire
biologique de l’ex URSS. Ken Alibek, La guerre des germes (Paris : Presse de la Cité,
2000), p. 441.
24 Dans les faits d’autres puces peuvent jouer un rôle dans l’épidémisation de la peste
notamment dans les zones chaudes de la planète.
25 Dans ce cas précis, le rat gris, Rattus norvegicus. Alors qu’en Occident au Moyen Age,
le rat le mieux implanté était le rat noir, Rattus rattus.
26 J.-H. Yvinec, P. Ponel, Jean-Claude Beaucournu, « Premiers apports arché-
entologiques de l’étude des Puces aspects historiques et anthropologiques
(Siphonaptera) », Bulletin de la Société entomologique de France, 105/4 (2000) : 424.
27 Yvinec et al., « Premiers apports archéentologiques », p. 424.
28 Jean-Claude Beaucournu, « Diversité des puces vectrices en fonction des foyers
pesteux », Manuscrit 1963/PLS14 Journée IP en hommage à Paul-Louis Simon, p. 2.
http://www.pathexo.fr/pdf/1999n5b/Beaucou.pdf. Consulté 3 août 2008.
29 Le concept de pathocénose, soit l’ensemble des états pathologiques présents dans
une population donnée à un moment précis est dû à Mirko Grmek. Mirko Grmek,
La vie, les maladies et l’histoire (Paris : Le Seuil, 2001), p. 29-33.
30 « […] aux hommes comme aux femmes, venaient d’abord à l’aine ou sous les
aisselles certaines enflures, dont les unes devenaient grosse comme une pomme
ordinaire, d’autres comme un œuf, d’autres un peu plus ou un peu moins, que le
vulgaire nommait bubon ». Boccace, Décaméron (Paris : Librairie Générale Française,
1994), p. 38.
31 William Naphy et Andrew Spicer, La Peste noire Grandes peurs et épidémies, 1345-1730
(Paris : Autrement, 2003), p. 34.
32 Ce lettré exceptionnel a perdu son père et dix de ses seize maîtres tunisois suite à
la Peste noire. Il écrit encore à propos de la terrible épidémie « on eût dit un tapis
que Dieu aurait roulé avec tout ce qui se trouvait dessus ». Gabriel Martinez-Gros
« Ibn Khaldun : itinéraire d’un lettré arabe », L’histoire, 309 (2006) : 63-64.
33 Le Livre des exemples, traduction par A. Cheddadi (Paris : Gallimard, 2002).
34 Il est vraisemblable que la peste sévisse en Inde dès le XIe siècle et peut-être en
Chine, dans la province du Yunnan dès 1165. Cité par Audouin-Rouzeau, Les
chemins, p. 19.
35 Ibn Kathima, Tahsil garad al-quasid fi tafsil al-marad al-wafid, XIVe siècle, manuscrit 1785,
Bibliothèque royale de l’Escorial, Madrid, f° 57 b. Cité par Melhaoui, Peste, p. 61-62.
36 Ces chiffres sans qu’ils donnent leurs sources, sont avancés par les historiens anglo-
saxons William Naphy et Andrew Spicer, La Peste Noire, p. 23. D’autres historiens, sans
que nous sachions les bornes chronologiques dans lesquelles ils inscrivent leur
estimation, avancent le chiffre de 13 millions de victimes. De même le cheminement
de la peste à partir de la Chine est aussi discuté. Frédérique Audouin-Rouzeau
CBofMH v25 no2.qx 10/29/08 10:41 AM Page 490
puces prélevées sur des rats à qui ils avaient inoculé la peste dans le « laboratoire
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
731 ». Il y eut 500 décès. Audouin-Rouzeau, Les chemins, p. 12, note 6; et Jean-Noël
Biraben, Les hommes, t. I, p. 409.
43 Georges Duby, L’économie rurale et la vie des campagnes dans l’Occident médiéval. France,
Angleterre, Empire, IXe-XIVe siècles, t. II (Paris : Champs/Flammarion, 1977), p. 178.
44 Duby, L’économie rurale, p. 178. Emmanuel Le Roy Ladurie, dans une récente synthèse
sur l’histoire du climat, apporte quelques compléments et précise que pour cette
même période de mai à octobre cela représente « un minimum de 2 794 morts. Le
détail chronologique suggère une mortalité d’abord très forte de mai à août 1316,
à raison de 160 morts par semaine très exactement, puis cela se calme en septembre ;
on tombe à la quarantaine, ensuite à la trentaine et à la quinzaine de morts
hebdomadaire ». Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparé du climat.
Canicules et glaciers, XIIIe-XVIIIe siècles (Paris : Fayard, 2004), p. 42.
45 Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire du climat depuis l’an mil, t. I (Paris : Flammarion,
1983), p. 17-18.
46 De nombreuses études attestent de ces débats autours de cette relation
épidémie/famine. Citons pour exemple Elisabeth Carpentier, « Autour de la Peste
noire : Famines et épidémies dans L’histoire du XIVe siècle », Annales ESC, 2 (1962) :
1062-1091. Mentionnons également que des historiens italiens et anglo-saxons ont
réfuté avec force tout lien de cause à effet entre malnutrition et peste. Certain
même avancent l’hypothèse que la « malnutrition ait souvent protégé de la
maladie ». Cité par Samuel K. Cohn, Jr., dans Herlihy, La peste, p. 3.
47 Biraben, Les hommes, t. I, p. 147.
48 Michel Vovelle, La mort et l’Occident de 1300 à nos jours (Paris : Gallimard, 1983), p. 90.
49 Alain Demurger, Temps de crises, temps d’espoirs, XIVe-XVe siècle (Paris : Editions du
Seuil, 1990), p. 17.
50 Cosmacini, Soigner, p. 21.
51 Marie-Hélène Congourdeau, « La Peste noire à Constantinople de 1348 à 1466 »,
Medicina nei secoli 11/2 (1999) : 377-390.
52 Démétrios Kydonès, v. 1324-1397/1398, a été témoin de plusieurs épidémies à
Constantinople. Ce thomiste « grec » a été secrétaire de l’empereur Jean VI
Cantacuzène.
53 Marie-Hélène Congourdeau, « La peste à Byzance », Bulletin du centre d’étude d’histoire
de la médecine, 8 (1994) : 7.
54 Seul un très grand nombre d’études monographiques poussées pourrait sans doute
répondre partiellement à ces problèmes d’identification d’itinéraire précis et de
chronologie.
55 Massimo Livi Bacci, La population dans l’histoire de l’Europe (Paris : Editions du Seuil,
1999), p. 116.
56 Jean-Noël Biraben, « La maladie », dans Jean Favier dir., La France médiévale (Paris :
Fayard, 1983), p. 81.
57 Jean-Noël Biraben, « Les routes maritimes des grandes épidémies au Moyen Age »,
dans Christian Buchet, dir., L’homme, la santé et la mer (Paris : Honoré Champion,
1997), p. 23-37. Sur la rapidité de propagation de la peste, les historiens ont pu
créditer pour l’épidémie de Peste noire, une vitesse moyenne de diffusion d’environ
75 kilomètres par jour. La maladie a par exemple parcouru les 226 kilomètres qui
séparent Lyon d’Avignon en 115 jours, et seulement 25 jours ont suffi pour qu’elle
atteigne Perpignan à partir de Narbonne. Françoise Hildesheimer, Fléaux et sociétés
de la Grande Peste au choléra, XIVe-XIXe siècles (Paris : Hachette, 1993), p. 10.
58 En Espagne, la peste se manifeste par exemple à Barcelone en mai, à Valence en
juin, etc. Un mois plus tard, la Navarre est probablement touchée, sans que l’on
connaisse précisément la voie de pénétration de la maladie. Est-ce par Barcelone,
ou par les chemins de Saint-Jacques traversant la Gascogne ? Maurice Berthe
souligne cette difficulté à laquelle est confronté l’historien pour connaître
précisément l’itinéraire et la chronologie de la Peste noire. L’auteur écrit à propos
CBofMH v25 no2.qx 10/29/08 10:41 AM Page 492
sources navarraises demeurent muettes autant sur l’arrivée de l’épidémie que sur
sa propagation. Pas d’avantage d’indication sur la date d’apparition du fléau ».
Maurice Berthe, Famine et épidémies dans les campagnes Navarraises à la fin du Moyen Age,
t. I (Paris : SFIED, 1984), p. 304, 307 et suiv. Sur la Peste noire dans la Péninsule
Ibérique, excepté les travaux de Jean-Noël Biraben, Les hommes, t. I, p. 198-219, nous
renvoyons à l’abondante bibliographie donnée par l’historien David Nirenberg.
David Nirenberg, Violence et minorités au Moyen Age (Paris : PUF, 2001), p. 287, notes
1-2.
59 A. Aimes, « Un illustre maître montpelliérain, Guy de Chauliac, le père de la
chirurgie moderne », Monspeliensis Hippocrates, 18 (1962) : 5-14.
60 Jean Schwartz, Réflexions sur l’histoire de la médecine (Strasbourg : Presse Universitaires
de Strasbourg, 2000), p. 21.
61 Richard-Louis De Lavigne, « La peste noire et la commune de Toulouse : le
témoignage du livre des matricules des notaires », Annales du Midi, 104 (1971) : 415.
62 Klaus Bergdolt, La Peste nera e la fine del medioevo (Casale Monferrato : Piemme
Pocket, 2002) 376 p.
63 « Sequuntur legata facta charitati Agenni Perpetuuus anno XLVIII tempore
mortalitatis pestifere que duravit dicto ab introitu mensis Madii ad festum Natalis
Domine Vel Urca », se qui signifie « rentes perpétuelles léguées aux charités de la
ville d’Agen en 1348, pendant la période de la peste qui règne cette année du
commencement de mai aux environs de Noël ». Louis Couyba, La peste en Agenais
au XVIIe siècle (Villeneuve-sur-Lot : Renaud Leygues, 1905), p. 394, G. Eche « La
population à Agen aux XIIIe-XIVe siècles », Revue de l’Agenais, 101 (1974) : 93-108; et
Thierry Mornet, La peste en Aquitaine au quatorzième et au début du quinzième siècle,
thèse de doctorat, Université Victor Segalen-Bordeaux II, 1988, p. 29.
64 Jurades de la Ville d’Agen, 1345-1355, « Item habeatur compotus a R. de Galapiano de
questis per ipsum receptis de avito tempore ante mortalitatem ». Couyba, La peste,
p. 10, note 1.
65 Buchet, dir., L’homme, p. 23-37.
66 Balard, « Les semeurs de peste », p. 19.
67 Dans une étude maintenant ancienne Gérard Sivery précise toutefois que « La
Peste noire a donc touché le Hainaut beaucoup plus profondément que ne le
laisserait croire les études d’ensemble. L’épidémie a frappé surtout le Hainaut
méridional et le Hainaut central tout au moins la région de Bavay-Mons. Le Hainaut
septentrional a été relativement épargné ». Gérard Sivery, « Le Hainaut et la Peste
noire », Mémoire et Publications de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du
Hainaut, 19 (1965) : 2.
68 Les études sur ces résurgences ou nouvelles épidémies sont nombreuses citons
parmi quelques travaux : Jean Glenisson, « La seconde peste : l’épidémie de 1360-
1362 en France et en Europe », Annuaire-Bulletin de la Société d’Histoire de France
(1971) : 27-38; R.-H. Bautier, « Nouvelles recherches sur les épidémies du XIV e
siècle. L’exemple de Vic en Catalogne. Aspects et conséquences des pestes de 1362,
1371 et 1384 » dans Olivier Guyotjeannin, dir., Population et démographie au Moyen Age
(Paris : CTHS, 1995), p. 111-117 et 119-142; et Ch. Guillere, « Nouvelle recherches sur
les épidémies à la fin du XIVe siècle. L’exemple de Vic Catalogne. La mortalité de
1372 à 1407 », dans Olivier Guyotjeannin, dir., Population, p. 111-117 et 119-142.
69 Les traces documentées à propos de la peste apparaissent au milieu du XIVe siècle,
entre 1349 et 1352. Malheureusement les chercheurs danois ne disposent
actuellement que de très peu de données concernant la Peste noire.
70 Plusieurs travaux récents ou en cours renouvellent notre vision des épidémies de
peste médiévales. Ces résultats seront disponibles prochainement lors de la parution
des actes du colloque international « Peste : entre Epidémies et Sociétés », Marseille,
juillet 2001. A paraître.
71 Le débat est trop vaste pour être abordé dans ce court article. Signalons quelques
travaux abordant cette question : Biraben, Les hommes, t. I, p. 134-139; Le Roy
CBofMH v25 no2.qx 10/29/08 10:41 AM Page 493
Ladurie, Histoire humaine, p. 59-64. Dans ces quelques pages, l’auteur renvoie à des
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
la peste du Moyen Age au XVIIIe siècle », Annales cisalpines d’histoire sociale, 1/4
(1973) : 56.
88 Albini, Guerra, p. 85.
89 Cosmacini, Soigner, p. 50.
90 Cité par Patrice Bourdelais, Les épidémies terrassées. Une histoire des pays riches (Paris :
Editions de la Martinières, 2003), p. 30. De même qu’en 1488 un lazaret dont on peut
encore voir les traces, est fondé dans cette ville. Pierre-Louis Laget, « Les lazarets
et l’émergence de nouvelles maladies pestilentielles au XIXe et au début du XXe
siècle », L’inventaire, 2 (2002), manuscrit en ligne : 1. www.culture.gouv.fr.
91 1385-1402.
92 Cosmacini, Soigner, p. 50.
93 Cosmacini, Soigner, p. 50-51.
94 Actuellement Dubrovnik en Croatie. Mirko Grmek, « Les débuts de la quarantaine
maritime », dans Christian Buchet, dir., L’homme, p. 39-56.
95 Bourdelais, Les épidémies, p. 30.
96 Pour Pierre-Louis Laget, « le terme lazaret vient du mot italien lazzaretto qui serait
lui-même une déformation de Nazareth […]. Dans les textes des XVIe et XVIIe
siècles un tel établissement est désigné parfois sous le nom de sanitat, qui est
emprunté lui aussi à l’italien Sanità, institution mise en place en 1486 par la
république de Venise pour administrer ses lazarets, qui étaient, depuis 1471, au
nombre de deux : le lazzaretto vecchio et le lazzaretto nuovo ce dernier destiné à
l’hébergement des convalescents. Lazaret n’a donc pas grand-chose à voir avec
saint Lazare par ailleurs patron des lépreux et non des pestiférés, mais résulte
néanmoins très vraisemblablement d’une contamination linguistique avec le nom
de Lazare Nazaretto / Lazzaretto ». Pierre-Louis Laget, « Les lazarets », p. 1. Sur cette
question on peut consulter : Françoise Hildesheimer, « Les lazarets sous l’Ancien
Régime », Monuments historiques, 114 (1981) : 20-24; et Daniel Panzac, Quarantaines
et lazarets. L’Europe et la peste d’Orient (Aix-en-Provence : Edisud, 1986), p. 219.
97 M. Brausatin, Il muro della peste. Spazio della pietà e governo del lazaretto (Venise : Cluva,
1981), p. 18.
98 L. Fozzati/Soprintendenza Archeologica del Veneto. http://www2.cnrs.fr.
99 S. Carbone, « Provveditori e Sopraprovvenditori alla Sanità della Republica di
Venezia », Quaderni della Rassegna degli Archivi di Stato, 21 (1962) : 15.
100 Carlo Maria Cipolla, Chi ruppe i rastelli a Monte Lupo ? (Bologne : Il Mulino, 1977),
p. 21.
101 Melhaoui, Peste, p. 118.
102 Jacqueline Brossollet, « Quelques aspects religieux de la grande peste du XIVe
siècle », Revue d’Histoire et de Philosophie religieuse, 64/1 (1984) : 53-66.
103 Françoise Hildesheimer, La terreur et la pitié. L’Ancien Régime à l’épreuve de la peste
(Paris : Publisud, 1990), p. 56-57.
104 Hildesheimer, La terreur et la pitié., p.57.
105 Notons que la prière et les actes de piété sont considérés comme indispensables dans
toutes les contrées où se manifeste la peste. Ainsi au Caire, dans le courant de
l’année 1348, « ordre est donné de s’assembler dans les mosquées pour réciter des
prières en commun. Le vendredi, 6 ramadan, le peuple fut invité à se grouper
derrière les bannières califiennes et des porteurs du Coran, près de la Qubbat al-
Nasr, […] ». Biraben, « La Peste noire en terre d’Islam », p. 36.
106 Institué par le pape Boniface VIII en 1300, il s’agit d’une indulgence plénière
accordée gratuitement à tous les pêcheurs repentant qui se sont confessés […] et ont
fait le voyage de Rome. Barbara W. Tuchman, Un lointain miroir. Le XIVe, siècle de
calamités (Paris : Fayard, 1979), p. 195-196.
107 Nirenberg, Violence, p. 295.
108 Tuchman, Un lointain, p. 92.
109 Tuchman, Un lointain, p. 92.
CBofMH v25 no2.qx 10/29/08 10:41 AM Page 495
111 L’expression est employée par : Emmanuel Le Roy Ladurie, « L’histoire immobile »,
Annales ESC, 29 (1974) : 673-692.
112 Pétrarque perd Laure de Noves le 6 avril 1348 en Avignon. Il compose Le Triomphe
de la Mort. Monique Lucenet, Les grandes pestes en France (Paris : Aubier, 1985), p. 88;
et Karine Trotel Costedoat, « La peste : un mal bien médiéval », Moyen Age, 10
(1999) : 13.
113 Giovanni di Paolo représente la peste par un monstre hideux lançant des flèches.
Détail d’une miniature attribuée à Giovanni di Paolo, f° 164 r°., vers 1431 ou 1450,
Sienne, bibliothèque municipale. Georges Duby, An 1000 An 2000 sur les traces de nos
peurs (Paris : Textuel, 1995), p. 87.
114 Lucenet, Les grandes pestes, p. 21.
115 Cosmacini, Soigner, p. 19.
116 Cosmacini, Soigner, p. 19.
117 Viallon-Schoneveld, « Et Venise », p. 198-213.
118 M. Brunetti, « Venezia durante la peste del 1348 », Ateneo veneto, XXXII/1 (1999) : 289-
311 et vol. 2, p. 5-42. Archivio di Stato di Venezia, Provveditori alla Sanità, Registri
decreti, reg. 17, f° 4 : liste des familles patriciennes éteintes.
119 Yves Renouard, « Les conséquences et intérêts démographiques de la Peste noire
de 1348 », Population, 3 (1948) : 459-466. A certains, ces données semblent excessives.
Ainsi, K.-J. Beloch estime que la cité comptait 55 000 habitants en 1347 et 40 000
quatre ans plus tard : soit tout de même une ponction proche de 30 %. Jean
Delumeau, La peur en Occident (XIVe-XVIIIe siècles). Une cité assiégée (Paris : Fayard,
1978), p. 135.
120 Delumeau, La peur, p. 135.
121 Carpentier, « Autour de la Peste noire », p. 1065; et Marcel Reinhard, André
Armengaud, Jacques Dupâquier, Histoire générale de la population mondiale (Paris :
Editions Montchrestien, 1968), p. 99.
122 Nirenberg, Violence, p. 290.
123 Foyers fiscaux. Selon Jean-Louis Biget les 70 % de mortalité s’échelonnent entre 1340
et 1460. Jean-Louis Biget, « Tout a changé en Occident », L’histoire, 310 (2006) : 51.
124 Hildesheimer, Fléaux, p. 143. Roger Dachez avance le chiffre certainement très
exagéré de 60 000 victimes, d’ailleurs il propose aussi 100 000 morts pour la seule
ville de Florence, soit, très probablement, la quasi-totalité de sa population. Nous
voyons donc les toutes les difficultés pour appréhender l’impact démographique
réel de la Peste noire. Roger Dachez, Histoire de la médecine de l’Antiquité au XXe siècle
(Paris : Tallandier, 2004), p. 332-333.
125 Sur la région lyonnaise : Marie Thérèse Lorcin, Les Campagnes de la région lyonnaise
aux XIVe et XVe siècles (Lyon : Imprimerie Bosc, 1974), p. 548.
126 Ces quelques estimations sont extraites de Monique Lucenet, « La peste »,
http://www.bium.univ-paris5.fr.
127 Lucenet, « La peste », http://www.bium.univ-paris5.fr.
128 Sur le nombre des habitants les chiffres varient parfois considérablement. Jean-
Noël Biraben propose un peu moins de 2000 habitants : Jean-Noël Biraben, « La
maladie », dans Jean Favier, dir., La France, p. 82. D’autres avancent une population
d’environ 1200/1500 habitants en 1348. Georges Duby et Robert Mandrou, Histoire
de la civilisation française, t. I (Paris : Armand Colin/Le livre de poche, 1993), p. 248.
Michel Vovelle, lui, retient la fourchette de 1500 à 1700 habitants. Michel Vovelle, La
mort et l’Occident de 1300 à nos jours (Paris : Gallimard, 1983), p. 93.
129 Vovelle, La mort, p. 93. Georges Duby et Robert Mandrou donnent des chiffres
assez différents « […] la moitié de la population périt cette année là ; 680 décès en août,
septembre et octobre, alors que la moyenne normale était de cinq, […] ». Duby et Mandrou,
Histoire, p. 248.
130 Ces quelques estimations sont extraites de Monique Lucenet, « La peste »,
http://www.bium.univ-paris5.fr. Consulté 3 août 2008.
CBofMH v25 no2.qx 10/29/08 10:41 AM Page 496
132 Guy Bois, La grande dépression médiévale XIVe et XVe siècles. Le précédant d’une crise
systématique (Paris : PUF, 2000), p. 81 et note 47.
133 Les taux de mortalité varient entre 50 % et 60 % pour les notaires et hommes de loi,
entre 57,5 % et 64,25 % pour les prêtres de la paroisse Saint-Jean, il oscille entre 36,6
% et 75 % pour les divers ordres du clergé régulier et, sur huit médecins, deux
seulement survivront à l’épidémie. Mais il est vrai que ce sont là des catégories qui
sont particulièrement exposées. M. Richard et W. Emery, « The black death of 1348
in Perpignan », Speculum. A journal of medieval studies, XLII/4 (1967) : 611-623.
E. Artieres, La peste à Perpignan du XIVe au XVIIe siècles, thèse de doctorat, Université
de Montpellier, 1985.
134 Robert Boutruche, La crise d’une société. Seigneurs et paysans du Bordelais pendant la
Guerre de Cent Ans (Paris : Les Belles Lettres, 1963), p. 200.
135 Reinhard et al., Histoire p. 98; Delumeau, La peur, p. 135; et Vovelle, La mort, p. 93.
136 Naphy et Spicer, La Peste, p. 29; et Tuchman, Un lointain, p. 87. En Angleterre selon
Yves Renouard la peste emporte 50 % du clergé et atteint 70 % des décès dans les
villages. Yves Renouard, « Les conséquences et intérêts démographiques de la Peste
noire de 1348 », Population, 3 (1948) : 459-466.
137 Jean Glénisson et J. Day, Textes et documents d’histoire du moyen âge XIVe-XVe siècles,
t. I (Paris : 1970), 341 p.
138 Fernand Braudel, L’identité de la France. T. I (Paris : Champs/Flammarion, 1990), p. 156.
139 Environ 30 % de la population européenne (environ 100 millions d’individus à
l’arrivée de la Peste noire) est emporté par la maladie d’après L. Del Panta, Le
epidemie nella storia demografica italiana (secoli XIV-XIX) (Turin : Loescher, 1980), p. 116.
Cité par Cosmacini, Soigner, p. 428, note 1.
140 Brossollet et Mollaret, Pourquoi la peste, p. 11.
141 Le futur roi de France Jean II le Bon.
142 Jean-Noël Biraben, « D’une épreuve à l’autre : entre la Peste noire et les troubles de
la fin du XIVe siècle » dans Michel Mollat, dir., Les pauvres au Moyen Age (Paris :
Hachette, 1978), p. 235-255.
143 Tuchman, Un lointain, p. 89.
144 Balard, « Les semeurs », p. 19.
145 Vovelle, La mort, p. 93.
146 Elisabeth Carpentier et Jean-Pierre Arrignon, La France et les français aux XIVe et XVe
siècles. Société et population (Paris : Ophrys, 1993), p. 12.
147 On ne voit plus d’épidémies majeures en Angleterre après celle de Londres en
1665, à Malmo en Scandinavie après 1712, en Autriche après 1716 et en France
après 1720 et la célèbre peste de Marseille. Toutefois, le mal persiste en Europe
centrale et, surtout en Orient où il peut réapparaître à tout moment : Moscou est
frappée en 1771, Marseille en fait la cruelle expérience en 1786. La peste frappe
ponctuellement l’Europe occidentale au cours des premières décennies du XIXe
siècle. Jean-Noël Biraben a relevé entre autres Malte en 1813, 1814, Noja, dans la
province de Bari en 1815-1816, mais ces épidémies limitées et importées sont sans
grandes conséquences. En revanche, l’Empire russe, dans sa partie orientale, est plus
souvent touché, tout comme les Balkans et l’Asie Mineure où la maladie reste
endémique. Jean-Noël Biraben, Les hommes, t. I, p. 374-449. Plus spécifiquement sur
l’Orient, on peut consulter Daniel Panzac, Quarantaines et lazarets. L’Europe et la peste
d’Orient (Aix-en-Provence : Edisud, 1986), p. 219. Collectif, Dictionnaire encyclopédique
des sciences médicales, t. VIII (Paris : Asselin et Cie/G. Masson, 1882), p. 169-170; D.
Samoïlowitz D., Mémoire sur la peste qui en 1771 ravagea l’Empire de Russie, surtout
Moscou, la Capitale (Paris : Leclerc, 1773), p. 286; et E.-I. Grigorieva Michel Signoli, A. I.
Buzhilova, « La peste à Moscou en 1771 », article présenté au colloque international
« Peste : entre Epidémies et Sociétés », Marseille, juillet 2001. A paraître.
148 Sur les conséquences démographiques, sociales, etc. Par exemple : Yves Renouard
pour qui, « seule la Peste noire de 1348-1351, parce qu’elle survint en tête d’une
CBofMH v25 no2.qx 10/29/08 10:41 AM Page 497
longue série et affecta presque tout l’Occident en trois ans, pourrait départager deux
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
177 Biraben, Les hommes, t. I, p. 335. Cité par Frédérique Audouin-Rouzeau, Les chemins,
https://www.utpjournals.press/doi/pdf/10.3138/cbmh.25.2.461 - Thursday, December 23, 2021 3:45:18 PM - IP Address:2001:861:4284:3a0:3159:d5c5:1afb:c285
p. 255.
178 Audouin-Rouzeau, Les chemins, p. 254.
179 Ibn al-Kathib, Muqni’at as-sa il’an al-marad al-ha’il, manuscrit 1785, Bibliothèque
royale de l’Escorial, Madrid, f° 44b-45a. Cité par Melhaoui, Peste, p. 76-77.
180 Ibn al-Kathib, Muqni’at as-sa il’an al-marad al-ha’il, manuscrit 1785, Bibliothèque
royale de l’Escorial, Madrid, f° 45a. Cité par Melhaoui, Peste, p. 77.
181 Cité par Dupâquier, dir., Histoire, t. I, p. 317; Carpentier et Arrignon, La France, p. 9-
15.
182 Marie-Christine Delafosse, Psychologie des foules devant les épidémies de peste du Moyen
Age à nos jours en Europe, thèse de doctorat, Université Rennes I, 1976, p. 18;
Carpentier et Arrignon, La France, p. 11.
183 Audouin-Rouzeau, Les chemins, p. 200-201.
184 Biraben, Les hommes, t. I, p. 33.
185 Audouin-Rouzeau, Les chemins, p. 12.
186 La maladie ravage alors tant l’Orient que l’Occident. Le byzantin Procope de
Césarée écrit « Ceux dont le bubon prenait le plus d’accroissement et mûrissait en
suppurant, réchappèrent pour la plupart sans doute parce que la propriété maligne
du venin, déjà bien affaiblie, avait été annihilée. L’expérience avait prouvé que ce
phénomène était un présage presque assuré du retour à la santé. Mais l’issue était
fatale pour ceux chez qui le bubon conservait sa dureté ». En Gaule, Grégoire de
Tours écrit « un vaisseau d’Espagne arrivé des ports pour y commercer comme
d’usage apporta le germe pernicieux de cette maladie [...]. On disait Marseille
également dévastée [...]. Les cercueils et les planches étant venus à manquer, on
enterrait dix corps et même plus dans la même fosse [...] un certain dimanche,
dans la basilique Saint-Pierre, on compta jusqu’à 300 cadavres [...] la maladie qu’on
nomme inguinale ». Il précise aussi que « la mort était subite. Il naissant à l’aine ou
à l’aisselle une plaie semblable à celle que produit la morsure d’un serpent, et le
venin agissait de telle sorte sur les malades que le second ou le troisième jour ils
rendaient l’âme ». Monique Lucenet, « La peste », http://www.bium.univ-paris5.fr.
Evelyne Samama, « Thucydide et Procope : Le regard des historiens sur les
épidémies », dans Sylvie Bazin-Tacchella, Danielle Quéruel, Evelyne Samana, Air,
miasmes et contagion. Les épidémies dans l’Antiquité et au Moyen Age (Langres :
Dominique Guéniot, 2001), p. 55-74.
187 Biraben, Les hommes, t. I, p. 25-48.
188 Sur ces résultats de fouilles : Dominique Castex « Les anomalies démographiques :
clefs d’interprétation des cimetières d’épidémies en archéologie », dans Castex et
Cartron, dir., Epidémies, p. 95-120. Castex et Drancourt, « D’un gisement funéraire »,
p. 191-209. Les auteurs, respectivement anthropologue et médecin, donnent dans
leur article une bibliographie plus étoffée et spécialisée sur la question.
189 E. Nuorala, « Evidences moléculaires de la Peste noire en Scandinavie », article
présenté au colloque international « Peste : entre Epidémies et Sociétés », Marseille,
juillet 2001. A paraître.
190 Delumeau, La peur, p. 145.
191 Pour le problème de l’immunité des populations, voir Norbert Gualde, Les microbes
ont aussi une histoire (Paris : Les empêcheurs de penser en rond/Le Seuil, 2003), p. 332.