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Homo sapiens
PA R LU D OVI C S:L Ile récit passionnant de son
M AK
expansion en Europe
vers l'hémisphère Nord et s'interroge sur son lien avec l'extinction des
ces populations sur le continent européen, laissait entendre que des éléments
e
La vague du 42
du continent
ne serait en réalité… que la dernière… L’ultime pulsation d’un processus bien plus
, marquant la �n d’un processus très long, s’étalant sur plus de 12 millénaires, et dont
REPRÉSENTATION DES TROIS VAGUES DE MIGRATION DE SAPIENS VERS L’EUROPE. © LUDOVIC SLIMAK, THE
CONVERSATION
La première vague
Jusqu’en 2022, il semblait établi que les premières migrations sapiens
vers l’Europe s’établissaient entre 45 et 42 000 ans, s’installant sur des territoires
notre article
millénaire.
vallée du Rhône, démontrant que toutes ces dents étaient néandertaliennes, mais
vallée du Rhône, démontrant que toutes ces dents étaient néandertaliennes, mais
archaïques. J’avais reconnu ces traditions du Néronien dès 2004, notant leur
caractère remarquablement moderne du point de vue des techniques, mais sans
méditerranéen (Moyen-Orient).
Après un séjour d’étude de plusieurs mois sur Harvard en 2016 j’avais été confronté à
séquence archéologique de Ksar Akil localisée sur les �ancs du mont Liban qui, avec
sapiens
.
DÉGAGEMENT DES NIVEAUX ARCHÉOLOGIQUES À LA GROTTE MANDRIN. © LUDOVIC SLIMAK. THE CONVERSATION
DÉGAGEMENT DES NIVEAUX ARCHÉOLOGIQUES À LA GROTTE MANDRIN. © LUDOVIC SLIMAK. THE CONVERSATION
et l’IUP levantin représentent une unique tradition technique, marquant ici une
Je publiais
cette conclusion dès mon retour de Harvard, en 2017 et 2019, cinq années avant que
nous ne publions l’analyse de ces fameuses neuf dents découvertes à la Grotte
Mandrin
, mais surtout deux années avant que Clément Zanolli (chercheur CNRS UMR PACEA)
n’ait la première de ces dents entre ses mains pour analyse. Les conclusions
anciennes, et sur une approche structurale, globale, croisant l’analyse des traditions
transméditerranéennes.
Nous avons donc ici la première vague sapiens vers l’Europe, montrant l’existence de
e
migrations anciennes qui atteignent l’ouest du continent dès le 54
millénaire.
La troisième vague
La troisième vague est reconnue depuis plusieurs décennies. Elle était jusqu’à peu
considérée comme la première grande vague sapiens vers l’Europe. Nous sommes
e
désormais quelque part autour du 42
millénaire. Cette vague concerne les traditions dites aurignaciennes dont les plus
Protoaurignacien.
Leur attribution ne repose à nouveau que sur une poignée de dents humaines mais le
ne fait ici aussi guère de doute ces industries connaissant, comme pour le Néronien,
des équivalents très précis dans le Levant méditerranéen où ces ensembles sont
corrélations établies depuis une vingtaine d’années entre Orient et Occident, entre
Ces connexions avaient été établies principalement sur des bases bibliographiques
et avec peu de retours directs sur ces collections. Ce que je voyais à Ksar Akil ne
Protoaurignacien très classique pouvait effectivement être reconnu mais dans des
niveaux archéologiques bien plus récents que ceux envisagés jusqu’alors par notre
communauté scienti�que. Bien. Admettons. Nous n’aurions ici qu’un recadrage des
Mais quelque chose de bien plus intéressant se dessinait. À Ksar Akil, entre l’Initial
l’IUP (ma première vague) de Ksar Akil des éléments archéologiques correspondant à
ma troisième vague. Dans cette séquence archéologique, des chronologies très �nes
sont rarement accessibles du fait d’une moindre qualité de préservation des vestiges
osseux dans ces régions climatiquement chaudes, mais ces huit niveaux
millénaires.
Et ces collections-là nous offrent un regard inattendu sur ce qui semble bien
continent européen.
La deuxième vague
À Ksar Akil, entre l’IUP et l’équivalent du Protoaurignacien, des milliers de silex nous
montrent des artisanats fondés sur la production de « pointes à dos abattu ». Ces
niveaux archéologiques levantins appelés Early Upper Paleolithic
(EUP, littéralement Paléolithique Supérieur Ancien) de Ksar Akil, avec leurs pointes à
SIMILARITÉS DES SILEX ENTRE LES SITES DE MANDRIN ET DE KSAR AKIL. DESSINS LAURE METZ ET LUDOVIC SLIMAK.
© LUDOVIC SLIMAK. THE CONVERSATION
lames, lamelles et parures d’os ou d’ivoire. Mais les restes humains ici aussi sont rares
et différents chercheurs ont déjà relevé que cette attribution néandertalienne était
première fois ce pont très précis entre Châtelperronien et sapiens replaçant ces
industries dans un contexte culturel bien dé�ni et propre aux populations sapiens
de l’orient méditerranéen. La proximité entre le Châtelperronien européen et l’EUP
siècle mais dont la structure historique assez simple (Néandertal, puis sapiens
avec une phase supposée d’acculturation néandertalienne entre les deux) était
e
restée inchangée dans son ossature depuis le début du XX
siècle.
montre aussi que sur le Levant ces 3 traditions artisanales levantines passent très
Protoaurignacien, nous confrontant ici aux évolutions graduelles d’un même groupe
culturel.
Les trois pulsations migratoires vers l’Europe représenteraient donc des mouvements
de sapiens
populations sapiens
dont les traditions sont bien dé�nies et de racines levantines impacte profondément
l’arrivée de sapiens
en Europe. C’est ici aussi une réécriture profonde de nos schémas et de notre
continent mais aussi, plus profondément, de nous confronter à ce que signi�e être
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