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ENID

BLYTON

UNE ASTUCE
DE
OUI-OUI

ILLUSTRATIONS
RÉALISÉES PAR
JEANNE HIVES

HACHETTE


Texte : © Enid Blyton, 1958 et Librairie Hachette, 1969.
Illustrations : © Sampson Lowt Marston et C°Ltd., 1958
et Librairie Hachette, 1969.


CHAPITRE PREMIER

Une mauvaise farce



OUI-OUI, le petit bonhomme en bois, venait de finir de dîner.
« Quelle journée ! » soupira-t-il.
Il était chauffeur de taxi à Miniville, la capitale du Pays des Jouets. Et, ce
jour-là, il avait beaucoup travaillé.
« Je suis trop fatigué pour laver ma vaisselle. Je la ferai demain matin. »
Il se leva, poussa un énorme bâillement et regarda son lit avec tendresse.

Dans mon lit douillet
Sous l’édredon rond
Sûr qu’il y ferait
Doux, chaud et si bon !

chantonna-t-il.
Il se débarbouilla soigneusement, se brossa les dents. Puis il s’assit pour
enlever ses chaussures rouges. Il se renversa un instant dans son fauteuil, bâilla
encore et… s’endormit.
Sa petite tête à ressort se mit à remuer toute seule. Diling ! fit le grelot qui
ornait son bonnet bleu.
Diling ! Oui-Oui se réveilla en sursaut, ouvrit les yeux et regarda autour de
lui.
« Qu’est-ce que c’est ? On sonne à la porte ? A cette heure ! »
Il se leva, alla ouvrir. Non ! Il n’y avait personne.
« Que je suis bête ! s’écria-t-il. C’était le grelot de mon bonnet. Je me suis
endormi, ma tête a dû remuer toute seule et le grelot a tinté. »

Il enfila son pyjama, souffla la bougie et sauta dans son lit. Il se roula en
boule, bien au chaud. Puis il entonna une nouvelle chanson de sa composition :
Au Pays des Rêves
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon,
Au Pays des Rêves
Qu’il fait bon partir !

Et voilà ! Il y était déjà. Il rêvait qu’il goûtait avec ses amis, Potiron, le vieux
nain, et Mirou, l’oursonne.
Le lendemain matin, Oui-Oui fit la grasse matinée. Il le méritait bien : il
avait tant travaillé, la veille ! Il ne se réveilla même pas quand le laitier déposa
une bouteille de lait devant sa porte.
« Voilà le bon lait !… Voilà le lait frais !… » cria le laitier.
Il espérait que le pantin allait sortir sur le pas de sa porte. Mais non !
Personne n’apparut.
« Il doit dormir à poings fermés, pensa le laitier. Dommage ! J’aurais aimé
donner quelques tapes sur sa tête à ressort, comme d’habitude. Ça la fait remuer
à toute vitesse. C’est si drôle ! Voilà le bon lait !… Voilà le lait frais !… »

« Voilà le bon lait !… Voilà le lait frais !… » cria le laitier.



Le laitier, criant à tue-tête, s’en alla finir sa tournée.
Un peu plus tard, quelqu’un dévala la rue à bicyclette et s’arrêta devant la
maison de Oui-Oui. C’était Potiron, le meilleur ami du pantin. Hum ! Il n’avait
pas l’air content. Il sauta de son vélo, le rangea contre le mur du jardin et
tambourina à la porte.
« Oui-Oui !
Es-tu là ? »

Le pantin se réveilla en sursaut. Il s’assit dans son lit.


« C’est toi, Potiron ?
Tu m’as fait sauter presque jusqu’au plafond. Qu’y a-t-il ? Entre. »

Potiron ouvrit la porte et pénétra dans la pièce. Comme il avait l’air furieux !
Oui-Oui le regarda, étonné.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? questionna-t-il.
Je veux que tu me dises la vérité, répondit Potiron en s’asseyant sur une
chaise. Est-ce que tu m’as joué un mauvais tour, la nuit dernière ?

La nuit dernière ? Sûrement pas ! répliqua Oui-Oui, très surpris. J’étais si


fatigué que je me suis couché tôt. Je me suis endormi tout de suite. Et je viens
juste de me réveiller. Mais, pourquoi me demandes-tu cela ?
Voilà : vers minuit, j’ai entendu une voiture qui roulait lentement sur la
route, dans la forêt. A une heure pareille, j’ai pensé que c’était toi, qui venais me
rendre visite.
Eh bien, non, répondit Oui-Oui. Ce n’était pas non plus ma voiture. Elle
dormait dans son garage. Mais, que s’est-il passé ? L’auto s’en est allée ?
Elle est restée un moment devant chez moi. Puis elle a fait : tut ! tut !
C’était le même klaxon que celui de ton taxi. Et enfin elle est partie.
C’était le même klaxon que celui de ton taxi. Et enfin elle est partie.

Alors, s’écria Oui-Oui, tu viens tambouriner à ma porte, tu me réveilles


en sursaut, parce qu’une voiture s’est arrêtée devant chez toi, la nuit dernière ?
Ce n’est quand même pas cela qui te rend si furieux.
Attends un peu. Ce matin, je sors dans mon jardin : le linge que j’avais
pendu, la veille, avait disparu ! Est-ce toi qui m’aurais joué un mauvais tour, la
nuit dernière, Oui-Oui ?
Non ! »
répliqua le pantin. Sa tête à ressort se mit à remuer d’un air mécontent. Mais comme elle bougeait de haut
en bas on avait l’impression qu’elle voulait dire : oui ! oui !

« Je ne t’ai pas joué de tour. Et si tu dois garder cette mine-là, je préfère que
tu t’en ailles. Je vais m’habiller. »
Aussitôt, Potiron se leva et sortit, sans un mot. Oui-Oui courut à la fenêtre. Il
vit son ami enfourcher sa bicyclette et s’éloigner.
« Il ne me croit pas, pensa-t-il. Comme si j’étais assez bête pour faire une
chose pareille ! Maintenant, il faut que je me dépêche d’aller travailler. Sinon, je
ne gagnerai pas un sou, aujourd’hui. »


CHAPITRE II

Qui veut monter dans mon taxi ?



CE JOUR-LA, Oui-Oui travailla beaucoup. Sa première cliente fut la souris
mécanique. Elle voulait aller au marché pour faire ses commissions.
« Vite ! Vite !
dit-elle. Oh ! Oui-Oui, tu es assis sur ma queue.

Je n’aime pas emmener dans ma voiture des animaux à longue queue,


déclara Oui-Oui en la repoussant. Ils prennent deux fois plus de place.
Tu n’es guère aimable ! s’écria la souris.
Connais-tu ma chanson sur les queues ? demanda Oui-Oui qui venait juste
de l’inventer.
Non. Mais si elle est méchante, je ne tiens pas à l’entendre.
Elle n’est pas méchante, répliqua Oui-Oui. Elle est aussi drôle que ta
queue. »
Et il se mit à chantonner :

Qu’est-ce qui s’enroule ?
Qu’est-ce qui s’déroule ?
Qui fait des S Des O, des Z ?
C’est une queue
Une longue q…

« Suffit !
interrompit la souris mécanique. Cette chanson est stupide et pas drôle du tout.
interrompit la souris mécanique. Cette chanson est stupide et pas drôle du tout.

Nous sommes arrivés au marché. Dépose-moi là. Voici ton argent. Mais je suis trop bonne : dix sous, c’est
bien payé pour une chanson si bête. »

La souris s’éloigna, sa longue queue serpentant derrière elle d’un air offensé.
Oui-Oui éclata de rire.
« Oh ! là !
là ! Elle n’a pas bon caractère ! Ah ! Voilà un client qui me fait signe. Bonjour, madame Noé. Comment
vont vos animaux ?

Très
bien. Sauf un des éléphants, répondit Mme Noé en montant en voiture. Il s’est querellé avec les lions et il
veut quitter l’Arche. Il n’arrête pas de dire qu’il va emballer sa trompe et s’en aller.

Quelle bonne blague ! »


Oui-Oui fut pris d’un tel fou rire qu’il… faillit renverser un bec de gaz.
« Il faut que je m’en souvienne pour la raconter à Potiron. Oh ! Ça me
rappelle qu’il n’a pas été très gentil avec moi, aujourd’hui, pensa le pantin. Le
pauvre ! J’espère qu’il a retrouvé son linge. »
Oui-Oui conduisit Mme Noé à son Arche. Puis il se rendit à la gare pour
l’arrivée du train. Il y avait toujours un voyageur qui voulait prendre son taxi
pour aller en ville.
Tchouf ! tchouf !
tchouf ! Le petit train s’arrêta le long du quai et une foule de gens en sautèrent. L’un d’eux agita son
parapluie en direction de Oui-Oui. Le pantin se précipita pour prendre ses bagages.

C’était Minouchette qui revenait d’un séjour chez sa tante. Elle grimpa dans
le taxi, Oui-Oui chargea sa valise à l’arrière. Et en route !
« Quoi de neuf à Miniville depuis mon départ ? demanda Minouchette.

C’était Minouchette qui revenait d’un séjour.




Pas grand-chose. Ah ! si. Isidore Macaque est monté dans un pommier
pour voler des pommes. Il a noué sa queue autour d’une branche pour ne pas
tomber. Mais, quand il a voulu redescendre, il n’a jamais pu la détacher.
J’espère qu’on l’a attrapé ! s’écria Minouchette, ravie. Il n’arrête pas de
faire des méchancetés.
Oui. Le fermier l’a trouvé dans son arbre. J’oubliais. Il s’est passé autre
chose. La nuit dernière, quelqu’un est venu en voiture jusque chez Potiron et a
pris le linge qui séchait dans le jardin. Potiron a cru que c’était moi qui lui avait
joué un mauvais tour. Comme si j’étais capable d’une chose pareille !
Non, bien sûr. Je me demande qui est le coupable, répondit Minouchette.
Nous sommes arrivés chez moi. Voici dix sous. Au revoir, Oui-Oui. »
Minouchette descendit de voiture et, sa valise à la main, rentra dans sa petite
maison.
Oui-Oui fit demi-tour.
« Si j’allais voir ce vieux Potiron, pensa-t-il. Peut-être n’est-il plus en
colère. »
Potiron avait construit sa maison dans un gros champignon, au milieu de la
forêt. Oui-Oui s’arrêta devant la grille du jardin. Il sauta de voiture et alla
frapper chez son ami.

Soudain, il aperçut un petit mot, cloué sur la porte :


Suis parti. Serai de retour cette nuit.
« Quel dommage !
s’écria Oui-Oui. Vraiment, j’aimerais savoir qui lui a pris son linge. Je vais regarder s’il y a des traces de
pneus sur le chemin. »

Mais il eut beau chercher, il ne vit rien. Le sol était sec et trop dur.
« Eh bien, je rentre à la maison, décida le pantin en remontant dans sa
voiture. J’ai beaucoup travaillé, aujourd’hui. J’ai faim et je suis fatigué. Je
regrette que Potiron ne soit pas là. J’aurais voulu goûter et bavarder un peu avec
lui. Où peut-il être ? Il a dû partir à la recherche de son linge. »
Oui-Oui retourna donc à sa « petite-maison-pour-lui-tout-seul ». Tout le long
du chemin, son grelot tinta joyeusement.
« Je vais me préparer un bon dîner. Je mangerai. Ensuite, je ferai mes
nouveaux découpages. Et après, j’irai me rouler bien au chaud dans mon lit. Toi
aussi, petite voiture, tu pourras te rouler au chaud, dans ton garage.
Tut !
tut ! » répondit gaiement l’auto.

Et elle dévala la rue en flèche. Tut ! tut !


CHAPITRE III

Voilà le gendarme !

LE LENDEMAIN MATIN, Oui-Oui lavait son taxi quand il aperçut le
gendarme qui passait à bicyclette. Il agita son chiffon pour le saluer.
« Bonjour, monsieur le gendarme ! Avez-vous arrêté beaucoup de voleurs,
ces temps-ci ?
Non. Mais j’en recherche un, répondit le gendarme en sautant de son vélo.
Oh !
C’est passionnant ! s’exclama Oui-Oui. Qui est-ce ? Qu’a-t-il volé ?

Il est entré dans le jardin de M. Théodore, la nuit dernière. Et il a cueilli


toutes les fleurs. Oui, toutes ! Je suppose qu’il a l’intention de les vendre.
Est-ce que M. Théodore l’a vu ? questionna Oui-Oui. Au fait… c’est
peut-être lui qui a pris le linge de Potiron, l’autre nuit.
Certainement.
Car, les deux fois, le voleur est arrivé en voiture.

N’allez pas dire que c’était la mienne ! s’écria Oui-Oui, en colère. Parce
que c’est faux. J’étais dans mon lit et mon taxi dans le sien, au garage.
La voiture en question a fait « tut ! tut ! » très doucement, répliqua le
gendarme. M. Théodore prétend que c’était le klaxon de ton auto. Tu sais bien
qu’à Miniville tout le monde le connaît. Oui-Oui ! Es-tu sûr que tu ne joues pas
de mauvais tours, pendant la nuit ? »
Le pantin était si furieux qu’il se mit à trépigner. Il en écrasa le pied du
gendarme. Sa voiture aussi était furieuse. Elle klaxonna très fort : « TUT ! TUT !
TUT !

Tais-toi !
lui ordonna le gendarme. Si Oui-Oui trépigne et si toi tu klaxonnes, je vais devenir fou. Oui-Oui, est-ce
que…

Non !
non ! non ! répondit le pantin avant même que le gendarme ait fini de poser sa question.

Je te prie de rester calme et de me laisser te p…


Non !
non ! non ! » cria Oui-Oui.

Le gendarme prit son calepin et son crayon.


« Oui-Oui, je dois te demander si tu es sorti de chez toi, la nuit dernière.
Non !
non ! non ! » hurla le pantin. Et il se remit à trépigner.

« TUT ! TUT ! »
approuva la voiture, de toutes ses forces.

« J’en ai assez de vos « non » et de vos « tut », dit le gendarme d’un ton
sévère.
Au même moment, quelqu’un arriva en gambadant d’un air joyeux et bondit
sur Oui-Oui. Boum ! Le pantin tomba à la renverse.

« Non ! non ! non ! » hurla le pantin.



« C’est toi, Zim !
s’exclama-t-il. Je préférerais que tu sautes sur le gendarme. »

A ces mots, Zim se jeta sur le gendarme, la langue pendante d’excitation.


Badaboum ! Le gros bonhomme se retrouva par terre. Zim commença à lui
lécher la figure. Il ne voulait plus le quitter.
« Arrête ! »
rugit le gendarme.

Mais Zim n’avait jamais compris ce que voulait dire « arrête ». Chaque fois
que le gendarme essayait de se relever, il se précipitait sur lui et l’envoyait rouler
à terre.
« Je te mettrai en prison, maudit chien ! cria le gendarme. Oui-Oui, rappelle-
le !
Zim, viens ici ! » ordonna le pantin.
Aussitôt, Zim abandonna le gendarme pour sauter sur Oui-Oui.
Le pantin se retrouva de nouveau assis dans la poussière.

Il passa ses bras autour du cou de Zim et lui murmura à l’oreille : « S’il te
plaît !
Cours après le gendarme ! Chasse-le ! »

Et voilà ! A peine le gendarme s’était-il relevé que Zim s’élançait vers lui en
aboyant comme un fou. Le gendarme, effrayé, prit ses jambes à son cou. En une
seconde, il avait disparu au coin de la rue.
Oui-Oui poussa un soupir de soulagement.
« Je n’aime pas cette histoire, pensa-t-il. Un voleur se promène dans une
voiture qui klaxonne comme la mienne… Tiens ! Bonjour, Mirou. Ah ! Zim, te
revoilà ! Bas les pattes ! Quel chien !
Bonjour, petit Oui-Oui, dit Mirou. Zim et moi, nous sommes venus te
rendre visite. Mais qu’arrive-t-il à notre gendarme ? Je l’ai vu déboucher, au
coin de la rue, à cinquante kilomètres à l’heure. Il m’a presque renversée.
Viens chez moi, je t’expliquerai, proposa Oui-Oui en l’embrassant. Tu
prendras bien un peu de limonade et des gaufrettes ? Non ! Pas toi, Zim ! Bas les
pattes ! Oh ! là ! là ! Chaque fois que tu es là, je passe mon temps assis par
terre. »


CHAPITRE IV

Mirou a une idée



CINQ MINUTES plus tard, Oui-Oui et son amie étaient installés devant un
bon goûter. Zim était assis sur une chaise, à côté d’eux. Sa queue remuait sans
arrêt. Bidim ! Badoum !
Elle battait contre le dossier.

Oui-Oui raconta à Mirou l’histoire des deux vols : celui du linge de Potiron,
celui des fleurs de M. Théodore.
« Le voleur les a toutes cueillies, conclut-il. Potiron et M. Théodore ont
entendu une voiture klaxonner, juste comme mon taxi, mais très doucement. Et
ils pensent que c’est moi qui suis venu leur jouer des tours. Quelle idée ! Ce ne
sont pas de mauvais tours, ça ! Ce sont des vols !
Pauvre Oui-Oui ! s’exclama Mirou en grignotant une gaufrette. Il faut
faire quelque chose. Sinon, les gens finiront par croire que tu es le coupable.
Partout, on connaît le klaxon de ta voiture. Il ne ressemble à aucun autre. Peut-
être le voleur est-il venu le prendre sur ton auto ?
Impossible !
S’il n’était plus là, je m’en serais aperçu. Mais il est à sa place, chaque matin. D’ailleurs, la nuit, mon
garage est fermé à clef. Zim ! Arrête de lécher le chocolat de cette gaufrette !

Ouah !
Ouah ! » répondit le chien.
Il sauta de sa chaise et essaya de grimper sur les genoux de Oui-Oui.
« Bas les pattes ! s’écria le pantin. Mirou, as-tu jamais vu un chien plus
« lécheur »
que lui ? Je vais finir par lui nouer une serviette autour du museau. Mon mouchoir ne suffirait pas ! Bas les
pattes !

Zim ! »
dit Mirou d’une petite voix sévère que Oui-Oui ne connaissait pas.

Oh ! Surprise !
Zim s’arrêta aussitôt de gambader, se coucha, posa sa tête entre ses pattes et ne bougea plus.

« Ma parole !
Il t’obéit ! s’exclama Oui-Oui, étonné. C’est merveilleux ! Tu es vraiment maligne ! Veux-tu une autre
gaufrette, ou un biscuit ? »

Au mot « biscuit », Zim se redressa d’un bond et se jeta sur Oui-Oui en


jappant de joie.
« Arrête !
ordonna le pantin. Moi qui faisais ton éloge ! Allez, va courir dans le jardin. »
Il poussa Zim dehors, ferma la porte derrière lui. Aussitôt, le chien réapparut,
les deux pattes posées sur le bord de la fenêtre ouverte.
« Bon. Reste là, écoute bien, mais, surtout, ne rentre pas, lui dit Oui-Oui.
Et si le voleur venait, la nuit, emprunter ta voiture ? reprit Mirou. Il
pourrait se glisser dans le garage, partir avec elle et revenir la mettre à sa place,
le matin.
Non, Mirou.
Je t’ai expliqué que je ferme le garage à clef tous les soirs. D’ailleurs, si quelqu’un d’autre que moi essayait
de conduire mon auto, elle klaxonnerait très, très fort pour me réveiller.

Bien
sûr. Alors, écoute : viens coucher chez moi, cette nuit. Si un autre vol se produit, si on entend encore une
voiture klaxonner, tu pourras prouver que tu n’y es pour rien.

Quelle bonne idée ! s’exclama Oui-Oui, enchanté. Pourtant, cela


m’ennuie de quitter ma « petite-maison-pour-moi-tout-seul ». S’il y a un voleur
dans les environs, il pourrait entrer et, cette fois-ci, voler mes affaires.
Nous n’avons qu’à laisser mon chien ici », répliqua Mirou.
Elle se tourna vers Zim qui écoutait toujours par la fenêtre ouverte.
« Tu aimerais garder la maison de Oui-Oui, n’est-ce pas ? »
Zim était si content qu’on lui parle qu’il sauta dans la pièce, courut vers
Mirou et commença à la lécher.

« Tu aimerais garder la maison de Oui-Oui, n’est-ce pas ? »



« Ouah ! Ouah ! »
Puis il essaya de lécher Oui-Oui. Mais le pantin l’attendait, un coussin à la
main, et lui en donna un petit coup sur le dos.
« C’est une bonne idée, Mirou, conclut Oui-Oui. Nous laisserons Zim ici. Ma
voiture aussi, car tu n’as pas de garage. Maintenant, il faudrait que j’aille
travailler. Veux-tu venir avec moi, dans mon taxi ?
Je t’accompagnerai jusqu’à l’épicerie. J’ai des courses à faire. Ensuite, je
rentrerai chez moi, pour te préparer un lit. Ce sera amusant de coucher dans la
même maison ! Tu peux garder Zim. Tu le remmèneras ici quand tu viendras
ranger ton taxi au garage. »
Les voilà partis, tous les trois dans la petite voiture rouge ! Oui-Oui et Mirou
à l’avant, Zim à l’arrière. Le chien avait glissé sa tête entre celles de ses deux
amis. Et il s’amusait comme un fou. Oui-Oui déposa Mirou devant l’épicerie.
Puis il repartit chercher des clients.
Le premier fut Mlle Chatounette, le deuxième, Léonie Laquille, le troisième,
M. Noé, le quatrième, M. Barbet.
Tous trouvèrent que Zim était vraiment trop turbulent.

« Il m’a lavé la figure à coups de langue ! se plaignit Léonie Laquille.


Pourquoi ne travaille-t-il pas à la poste ? Il lécherait les timbres avant qu’on les
colle. Es-tu toujours obligé de le prendre avec toi, Oui-Oui ?
Non, seulement aujourd’hui », répondit le pantin.
Il aida Léonie Laquille à descendre. Aussitôt Zim se glissa sur le siège avant,
à côté du chauffeur. Là, il se sentait très, très fier.
« Je me demande vraiment pourquoi je t’aime, horrible chien, dit Oui-Oui.
Oh ! Arrête !
Il n’y a pas assez de place à l’avant pour une queue qui remue. Assis ! Zim !

Assis ! »


CHAPITRE V

Il y a du nouveau !

CE SOIR-LA, quand Oui-Oui eut fini son travail, il revint mettre sa voiture
au garage. Il l’enferma à clef. Puis il rentra chez lui, se lava et s’habilla
soigneusement pour se rendre chez Mirou.
Zim le regardait aller et venir, la queue basse. Il savait qu’il faudrait qu’il
reste là pour garder la maison.
« Ouah ! Ouah ! »
Il aboyait d’une petite voix triste.

« Je te laisse une assiettée de viande, dit Oui-Oui en la posant par terre. Oh !


Zim !
Ne l’avale pas comme ça ! Ma parole ! Tu as déjà tout englouti !

Tu n’as même pas eu le temps de la savourer. Quel gâchis ! Eh bien, tu n’auras rien d’autre. Juste un os. »

Zim se jeta joyeusement sur l’os. Il se coucha, tranquille, pour le ronger,


tandis que Oui-Oui se préparait à partir.
Le pantin lui donna une caresse et, vite, il se glissa dehors avant que Zim ait
eu le temps de le suivre.
« Ouah ! Ouah ! »
Le chien aboya tristement.

Oui-Oui passa donc la soirée chez Mirou. Et il s’y amusa beaucoup.


L’oursonne avait préparé un bon dîner pour son ami, son oncle et sa tante. Après
le repas, on joua aux cartes. L’oncle de Mirou gagnait toujours. Ensuite, il
raconta une histoire qui était arrivée à trois ours de ses amis. Pendant qu’ils
n’étaient pas chez eux, une petite fille était entrée.
« Elle s’assit sur leurs chaises et en cassa une. Elle goûta à leurs soupes et en
mangea une. Pour finir, elle se coucha sur un de leurs lits. »
Oui-Oui était indigné. Quelle petite fille mal élevée ! Mirou bâillait. Elle
avait déjà entendu cette histoire au moins cent fois.

« Au lit !
décida son oncle. Vous êtes fatigués, mes enfants. Mirou, montre sa chambre à Oui-Oui. »

C’était drôle de dormir dans une autre maison que la sienne. Oui-Oui aima
beaucoup cela. A peine couché, il s’endormit.
Le lendemain matin, Mirou vint le réveiller.
« Debout !
Il y a du nouveau. Un autre vol a eu lieu. Quelqu’un a pris les prunes de M. Polichinelle.

Mais personne ne pourra dire que c’était toi, puisque tu étais ici. As-tu entendu la pluie, cette nuit ?

Non, je n’ai rien entendu du tout, répondit le pantin, encore mal réveillé.
C’est incroyable ! Les prunes de M. Polichinelle ! Eh bien, je suis content
d’avoir couché ici. Je suis sûr que le gendarme va venir droit chez moi.
Et il racontera encore que le voleur avait une voiture qui klaxonnait comme la mienne. »

Oui-Oui prit son petit déjeuner. Puis il retourna chez lui chercher sa voiture.
Il était curieux de savoir comment Zim s’était conduit. Hélas ! Devant sa
« petite-maison-pour-lui-tout-seul », l’attendait… le gendarme. Et Potiron, et
M. Théodore, et M. Polichinelle !
« Qu’est-ce que vous faites ici, tous les quatre ? demanda Oui-Oui ébahi.
On m’a volé mes prunes ! cria M. Polichinelle d’un air furieux. J’ai
entendu une voiture s’arrêter devant chez moi. Elle a klaxonné exactement
comme la tienne.
Eh bien, cette nuit, j’ai couché chez Mirou, répliqua le pantin. Son oncle
et sa tante pourront vous le dire. De plus, je n’avais même pas mon taxi. Je
l’avais laissé ici, au garage. Conclusion : ce n’était pas moi et ce n’était pas ma
voiture.

« Ce n’était pas moi et ce n’était pas ma voiture. »




C’est vrai ? demanda le gendarme, étonné. Alors, je suis content de
l’apprendre.
Si tu as passé la nuit chez Mirou, tu n’as pas pu prendre les prunes de M. Polichinelle.

C’est évident !

D’ailleurs, Oui-Oui n’a rien d’un voleur, ajouta Potiron. Je pensais qu’il
avait peut-être emporté mon linge pour s’amuser. Mais jamais il n’aurait dérobé
les fleurs de M. Théodore ni les prunes de M. Polichinelle.
Ouah !
Ouah ! »

Dans la maison, Zim s’impatientait. Il bondissait contre la porte qui en


tremblait sur ses gonds.
« Arrête !
cria le pantin. Tu vas passer au travers ! »

Il courut lui ouvrir.


Broum ! Zim sortit de la maison avec la force d’un boulet de canon. Fou de joie, il se jeta sur Oui-Oui, sur
ses amis, et les renversa comme des quilles. Même Potiron se retrouva assis par terre. Puis Zim se mit à leur
distribuer des coups de langue. Bidim ! Badoum ! Sa queue leur fouettait le visage.

« Rentre chez Mirou ! Chien mal élevé ! » hurla le gendarme.


Il avait l’air tellement furieux que la barbe de Potiron en tremblait d’effroi.
Zim s’enfuit, la queue entre les pattes. Tout le monde poussa un soupir de
soulagement.
« Je m’en vais, dit le gendarme. Je suis désolé de t’avoir accusé, Oui-Oui.
J’espère attraper le voleur avant qu’il ne recommence. Monsieur Polichinelle,
monsieur Théodore, vous venez avec moi ? Et toi, Potiron ?
Je reste avec Oui-Oui. J’aimerais bavarder avec lui. Cette histoire est
vraiment trop bizarre ! »
Le vieux nain tenait à être très gentil avec Oui-Oui. Lui aussi, regrettait de
l’avoir accusé.
Le pantin se dirigea vers son garage pour aller sortir sa voiture.
« Tu n’as pas ta bicyclette, Potiron ? Alors, je te reconduis chez toi. »
Il ouvrit la porte et resta muet de surprise.
« Regarde mon auto ! Elle est couverte de boue ! Elle est horriblement sale !
Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Elle était propre quand je l’ai laissée, hier soir. »


CHAPITRE VI

Les deux bornes



POTIRON était stupéfait : comme elle était sale, la petite voiture de Oui-
Oui !
« Tut ! tut !
fit-elle doucement.

Tu ne klaxonnes pas bien, dit Oui-Oui, étonné. Qu’est-ce que tu as ? »


Il examina le klaxon.
« Regarde, Potiron !
Quelqu’un a entortillé un chiffon autour. C’est pour ça qu’il ne marche pas comme d’habitude.

J’ai compris ! s’écria le nain. Le voleur vient ici, chaque nuit, prendre ta
voiture. Il doit avoir une clef du garage. Il met ce chiffon pour empêcher l’auto
de klaxonner très fort : cela te réveillerait. Par contre, il s’arrange pour faire un
petit « tut ! tut ! » quand il a fini son cambriolage. Ainsi, tout le monde reconnaît
ta voiture. Et on croit que c’est toi qui la conduis.
Cette nuit, quand le voleur l’a emmenée, il pleuvait. Voilà pourquoi elle
est couverte de boue, ajouta le pantin. Oh ! Regarde ! Il reste une prune sur le
siège arrière. Maintenant, c’est sûr et certain : le voleur l’a prise pour se rendre
au verger de M. Polichinelle. Mais qui est-il ? »
A ce moment, Mme Bouboule, la voisine, apparut sur le pas de sa porte.
« Que se passe-t-il ? demanda-t-elle. La nuit dernière, j’ai entendu Zim
aboyer comme un fou. Il a réveillé toute la maison. Je ne me suis pas dérangée,
car j ai pensé que Oui-Oui était avec lui.
Quel dommage ! s’écria Potiron. Nous aurions dû vous prévenir que Oui-
Oui ne couchait pas ici. Vous seriez allée voir pourquoi Zim aboyait.
Qu’est-il arrivé au juste ? » reprit Mme Bouboule.
Les deux amis la mirent au courant. Mme Bouboule se montra très étonnée.
« Pauvre voiture ! s’exclama-t-elle. Ce n’est pas drôle d’être emmenée,
chaque nuit, par un inconnu. Au fait, comment le voleur s’est-il procuré une clef
du garage ?
J’en avais deux, expliqua Oui-Oui. J’en ai perdu une. Le voleur l’a
sûrement ramassée. Comment faire pour l’attraper ? Croyez-vous qu’il va
revenir cette nuit ?

Mme Bouboule se montra très étonnée.




Oui, répondit Potiron. Et nous le guetterons. Pas de la maison, car, le
temps que nous sortions, il s’enfuirait. Nous l’attendrons quelque part, au-
dehors.
Où ?
questionna Oui-Oui en jetant un coup d’œil autour de lui. Il n’y a pas de cachette d’où l’on puisse voir le
garage.

En effet ! » Potiron fronça les sourcils.


« Dommage qu’il n’y ait pas de bornes dans les environs. Nous nous serions
accroupis derrière.
Il n’y a qu’à en fabriquer ! » s’écria Oui-Oui, excité.
Sa tête à ressort se mit à remuer très vite.
« Pas avec du ciment, bien sûr. Mais avec du carton. Nous en construirions
deux, une pour toi, une pour moi et nous nous cacherions à l’intérieur.
Tiens !
Tiens ! C’est une bonne astuce, approuva Potiron. Il suffit de prendre deux grandes boîtes en carton. Nous
les peindrons en blanc. Ensuite, avec des feuilles de carton, nous fabriquerons deux couvercles qui auront la
même forme que le dessus des bornes. Nous les peindrons en rouge.

Sur l’une d’elles, nous marquerons MINIVILLE, sur l’autre


SOURIVILLE 3 km. Mais, au lieu de faire des points sur les I, nous percerons
deux trous, un pour chaque œil. Ainsi, nous pourrons regarder, sans qu’on nous
voie. Oh ! Potiron ! Quelle bonne idée ! conclut Oui-Oui en dansant de joie.
Vite, mettons-nous au travail. Allons chercher du carton et de la peinture. »
Voilà ! Deux heures plus tard, il y avait, derrière la maison de Oui-Oui, deux
grosses bornes peintes en rouge et blanc.
« Si nous empruntions le chien de Mirou ? suggéra le pantin. Il dormirait
dans la voiture. Et il empêcherait le voleur de s’enfuir avec, quand nous
essaierons de l’attraper. Je ne tiens pas à perdre mon taxi, tu sais.
Tu es plein d’idées astucieuses ! s’exclama Potiron, enchanté. Si tu veux,
j’irai moi-même chercher Zim, ce soir. Oh ! Nous allons bien nous amuser ! »


CHAPITRE VII

Quand la lune se leva



L’APRÈS-MIDI, Oui-Oui lava son taxi. Ensuite, il partit travailler. Potiron
alla acheter des gâteaux, de la confiture et du cacao pour le goûter. Le vieux nain
était aux petits soins pour Oui-Oui. Il désirait tant que son ami le pantin lui
pardonne de l’avoir accusé !
Ils firent donc un excellent goûter, puis ils jouèrent aux cartes jusqu’à la
tombée de la nuit.
« Dès qu’il fera bien noir, nous sortirons les bornes, décida Potiron. Peu
après, la lune se lèvera. Nous pourrons facilement observer le garage. Je crois
qu’il est temps que j’aille chercher Zim chez Mirou. »
Dix minutes plus tard, Potiron revenait avec Zim. Le chien fut très surpris de
revoir Oui-Oui. Tout joyeux, il se précipita sur lui. Mais le pantin s’était déjà
réfugié derrière un fauteuil.
« Non, Zim !
Cette fois, tu ne me renverseras pas ! Couché ! Reste tranquille !

Ne bouge pas ! Oh ! là ! là ! Tu ne comprends donc rien ?

Alors, écoute : si tu es sage, je chanterai une chanson qui parle de toi : La chanson du chien Zim. Si tu es
sage, j’ai dit ! »

Zim finit par s’asseoir, dressa les oreilles et écouta Oui-Oui.



Attention, voilà L’ouragan !
La queue qui frétille,
L’œil qui pétille,
Voilà Zim, le chien turbulent !
Le temps d’un éclair,
Vous êtes par terre.

Potiron éclata de rire. Zim aboya gaiement et bondit vers Oui-Oui. Mais le
pantin était toujours barricadé derrière son fauteuil.
« Non ! cria-t-il.
Si tu me renverses, je ne chanterai plus jamais La chanson du chien Zim. Plus jamais ! Alors, prends
garde ! »

Bientôt, Potiron s’aperçut qu’il faisait assez noir.


« C’est le moment de sortir nos bornes. »

Les deux amis allèrent donc les chercher, à pas de loup.


Potiron posa sa borne sur le trottoir, à côté de la maison de Oui-Oui. Le
pantin installa la sienne de l’autre côté de la rue. Ils se glissèrent dessous. Et
voilà ! Par les trous, percés au-dessus des I, ils pouvaient observer à l’aise.
Oui-Oui était tellement excité que sa tête à ressort remuait toute seule. Le
grelot de son bonnet se mit à tinter. Attention ! Le voleur allait l’entendre. Vite,
il empêcha sa tête de bouger.
Peu après, la lune se leva, la nuit devint très claire. Ainsi, nos deux amis
voyaient bien la porte du garage. Là-bas, dans la voiture, Zim attendait, roulé en
boule sur le siège avant. Il avait reçu des instructions précises.
Pendant un long, très long moment, rien ne se produisit. Puis Oui-Oui
entendit un bruit de pas. Sa tête recommença à bouger d’impatience. Le grelot de
son bonnet tinta.
« Chut ! »
Une voix s’éleva de la borne, de l’autre côté de la rue. Oh ! là ! là !

Même Potiron pouvait entendre le grelot !

Vite, il empêcha sa tête de bouger.



Les pas se rapprochèrent, passèrent devant la borne de Potiron. Le nain jeta
un coup d’œil par les trous. Ah ! C’était seulement M. Jumbo, l’éléphant, qui
faisait sa promenade du soir.
Tout à coup, un autre bruit de pas retentit. Oui-Oui regarda encore par les
trous de sa borne. Aïe !
C’était le gendarme. Il marchait sans se presser. Juste comme il arrivait devant la borne de Oui-Oui, le
pantin éternua : « Atchoum ! »

Le gendarme sursauta.
Il regarda autour de lui : personne. Qui donc avait éternué ? Le bruit semblait venir de très, très près. Le
gendarme examina la grosse borne, à côté de lui.

« Voyons !
Les bornes, ça n’éternue pas, se dit-il. Bizarre ! Bizarre ! »

Il continua son chemin, au grand soulagement de Oui-Oui.


« Si le gendarme s’était assis sur ma borne, songeait-il, il l’aurait écrasée. Et
moi avec ! »
Le temps passait. La lune monta encore un peu dans le ciel pour aller se
cacher derrière un gros nuage. Comme il faisait noir ! Le voleur allait sûrement
en profiter.
« Je crois que j’entends quelque chose », pensa Potiron.
Oui ! Quelqu’un venait de passer à pas de loup devant sa borne.
Cric ! Crac !
Oui-Oui avait l’oreille fine. Il entendit une clef tourner dans la serrure du garage. Zim ne bougeait toujours
pas. Il ne devait pas aboyer avant d’avoir vu le voleur.

Soudain, tout arriva, très vite.


« Ouah ! ouah ! »
Zim se mit à aboyer.

« Ça y est ! »
pensa Oui-Oui. Sa tête à ressort remuait comme une folle.

« Ouah ! ouah !…
Diling ! diling !… Hep ! Halte ! Qui va là ? »
Quel vacarme !


CHAPITRE VIII

En prison, le voleur !

QUE s’était-il passé ?
Le voleur s’était faufilé dans le garage. Il était monté dans l’auto. Mais, soudain : « Ouah ! Ouah ! »

Zim s’était jeté sur lui en aboyant comme un fou.


Le voleur, effrayé, avait bondi de la voiture, s’était rué dehors. Et il avait
claqué la porte, juste au nez de Zim. A présent, il détalait.
« Rattrapons-le ! »
hurla Potiron.

A ces mots, le voleur se retourna. Et que vit-il ? Deux bornes couraient vers
lui. Deux bornes qui avançaient, avec de vrais pieds !
Le voleur, mort de peur, prit ses jambes à son cou. Il ne savait même plus où
il allait. Il tourna le coin de la rue, comme une flèche, et se cogna dans le
gendarme qui revenait justement sur ses pas. Boum ! Ils s’écroulèrent tous deux
sur le trottoir.
Le gendarme, furieux, se remit debout aussitôt.

« Qu’est-ce que vous… ? Oh ! Je… je deviens fou ! Je vois des bornes qui
marchent ! Je rêve ! Qui m’a renversé ? Hep ! Restez là ! »
Et le gendarme se mit à courir après le voleur. Mais… qui courait après le
gendarme ? Les deux bornes, bien sûr ! Quel spectacle ! Le voleur avait peur du
gendarme et le gendarme avait encore plus peur des bornes.
M. Bouboule, qui rentrait d’un dîner en ville, vint à passer par là. Quand il
vit les deux bornes lancées à toute allure, il détala.
« Ce n’est pas étonnant que je me trompe toujours de route, pensa-t-il. Si les
bornes se déplacent pendant la nuit ! »
Le voleur prenait de l’avance. Le gendarme n’allait pas vite, gêné par son
gros ventre. Oui-Oui et Potiron étaient loin derrière : ce n’était pas facile de
courir, coincés comme ils l’étaient.
« Il nous échappe ! » haleta Oui-Oui.
Au même moment, quelqu’un les dépassa en trombe.
« Ouah ! Ouah ! »
C’était Zim.

Il avait réussi à glisser son museau dans la rainure de la porte. A force de


pousser, il avait fait sauter le loquet.

« Ouah ! Ouah ! »
Quelle poursuite !

Le voleur arrivait à la rivière. Là, un petit bateau l’attendait. Il était encore à


moitié plein de prunes. Les prunes de M. Polichinelle !
Le voleur s’apprêtait à sauter dans le bateau ! Il allait s’échapper ! Non ! Au
même instant, Zim le rejoignit. Il bondit sur lui. Le voleur s’écroula. Aussitôt,
Zim lui sauta sur le ventre et remua gaiement la queue.
« Ouah ! »
Voici que le gendarme arrivait, épuisé. Et derrière lui, les deux bornes, avec
leurs petites jambes qui couraient à toute vitesse.
« Garde le voleur, Zim, ordonna le gendarme. Je vais voir ce que fabriquent
ces bornes. Alors, mes belles, on se promène ? »
Aussitôt, le dessus d’une des bornes se souleva : Oui-Oui apparut. Puis, le
gros Potiron sortit de la sienne en se tortillant.
Le gendarme n’en croyait pas ses yeux.
« Oui-Oui !
Potiron ! Qu’est-ce que vous faisiez là-dessous ?

La même chose que vous, répondit Potiron, avec un grand sourire. Nous
poursuivions le voleur. Mais qui est-ce ? Ma parole ! C’est Barcasson, le marin.
C’est très mal, Barcasson, d’avoir pris la voiture de Oui-Oui pour aller voler des
gens. Descends de son ventre, Zim. Le gendarme va l’emmener en prison.
Oh !
non, non, supplia le marin en tombant à genoux.

Oh !
si, si, répliqua le gendarme. Lève-toi ! Et cesse de jouer la comédie. Potiron, aide-moi. Nous allons le
coincer sous l’une de vos bornes. Voilà. Qu’il essaie de s’échapper, maintenant ! »

En route pour la prison ! Sous sa borne, Barcasson le marin n’était guère


rassuré : Zim n’arrêtait pas de tourner autour de lui, de renifler le bas de son
pantalon.
La petite troupe passa bientôt devant la maison de Mirou.

En route pour la prison !



« Regarde, Potiron : il y a encore de la lumière, remarqua Oui-Oui. Ils ne
sont pas couchés. Allons leur ramener Zim.
Entendu », répondit le nain.
Il avait hâte de raconter leur aventure à quelqu’un.
« Emportons la deuxième borne, suggéra Potiron. Nous montrerons à l’oncle
de Mirou comment nous nous sommes cachés dessous. Viens, Zim. Arrête
d’épousseter mon pantalon avec ta queue. Oui, je sais que tu es fier de toi.
N’empêche que tu as failli rester enfermé dans le garage ! »
Voilà : Oui-Oui, Potiron et Zim sont maintenant chez Mirou. L’oursonne,
toute mignonne dans sa robe de chambre rose, leur a servi du cacao, des
gaufrettes et des biscuits au chocolat. Et ils racontent leur passionnante aventure.
« Oh ! J’aurais tant voulu être là ! s’écrie Mirou. Oh ! Je suis contente que
vous l’ayez attrapé ! Oh ! J’aurais aimé me déguiser en borne ! Oh ! Oui-Oui,
comme tu es astucieux !
Ouah !
Ouah ! » interrompt Zim. Il pose sa patte sur les genoux de Mirou.

« Non, répond l’oursonne.


Tu n’auras plus de gaufrette. Tu en as déjà mangé cinq. Ni de biscuit. Tu en as avalé six.

Il ne te demande pas un gâteau ! s’exclame Oui-Oui. Il veut te chanter La


chanson du chien Zim. Tiens, écoute. »
Et Oui-Oui entonne à tue-tête :

Attention, voilà l’ouragan !
La queue qui frétille,
L’œil qui pétille,
Voilà Zim, le chien turbulent !
Le temps d’un éclair,
Vous êtes par terre.

Tous reprennent en chœur le dernier vers. Zim bondit sur Oui-Oui. Et voilà
notre pantin assis sur le plancher !
« Oh ! Zim !
Tu ne changeras donc jamais ! »


IMPRIME EN FRANCE PAR BRODARD ET TAUPIN
7, bd Romain-Rolland Montrouge.
Usine de La Flèche, le 10-10-1975.
1440-5 Dépôt légal n° 1351, 4e trimestre 1975.
20 05 3421 05 ISBN : 2 01 002016 2

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