L'Edito
Bras de fer jusqu’au-boutiste
L
a tâche à accomplir en un seul et unique
mois est si difficile qu’il serait naïf de croire
qu’elle va démarrer à partir du néant. Un
draft au moins, sinon, carrément, un texte de Loi
fondamentale est sans nul doute déjà prêt au mo-
ment où a été annoncée la création de la commis-
sion nationale consultative pour une nouvelle répu-
blique. Le deadline fixé par le président Saïed au
20 juin prochain est trop court pour la remise d’une
proposition de nouvelle constitution par cette com-
mission présidée par Sadok Belaïd. Les attentes
des Tunisiens de tout bord dans tous les domaines,
politiques et civils, sont si nombreuses et diverses
qu’aucune commission, aussi experte soit-elle, ne
saurait bien faire ce travail en quelques jours. Dans
le cas contraire, ce serait une insulte à l’intelligence
des Tunisiens qui n’en manquent pas, dès lors qu’ils
continuent de prendre leur mal en patience pour ar-
river au bout de la traversée du désert sans causer
l’irréparable à leur pays. Un texte est donc déjà prêt,
c’est sûr. D’ailleurs, depuis des mois, Kaïs Saïed
n’a pas caché son intention d’élaborer tout seul un
projet de constitution. On l’a vu se réunir à plu-
“
Tout au long des dix derniers mois, Kaïs
Saïed a choisi la fuite en avant et ses
adversaires la course-poursuite. Aucune
des deux parties du bras de fer politique
ne compte lâcher prise : ça passe ou ça
casse. Kaïs Saïed intransigeant, reste
sourd et muet aux sollicitations, aux
accusations, aux ignominies et même aux
“ accordent aucun crédit. Après la consultation élec-
prétendus complots visant sa destitution
avec la bénédiction de pays étrangers.
sieurs reprises avec Sadok Belaïd, Mohamed Salah
Ben Aïssa et Amine Mahfoudh, tous des constitu-
tionnalistes, au Palais de Carthage, pour discuter de
ce projet, sans demander l’avis des partis politiques
et des organisations nationales. A se demander
pourquoi alors un dialogue national. Et pourquoi
maintenant. Le projet de Kaïs Saïed va-t-il, ou non,
servir de plateforme pour le dialogue national censé
être basé sur des négociations, des propositions, des
contre-propositions et des concessions ? Dans le
cas échéant, le président Saïed est-il disposé à céder
des parties de son projet, à faire marche arrière pour
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 3
Par Faouzi Bouzaiene
le système politique, pour le système électoral ou
pour les entreprises « Ahlya »? Trop de questions
en suspens, qui restent sans réponses, autour d’un
projet stratégique supposé engager l’avenir de
tout le pays. C’est là, incontestablement, une si-
tuation anormale et inadmissible au 21e siècle et
surtout après que la Tunisie eut mis les premières
fondations d’une jeune démocratie. Le projet dé-
mocratique de 2011 a été, certes, sabordé par des
incompétents avides de pouvoir et d’argent, il était
impératif de le remettre sur la bonne voie et d’en
écarter les responsables. In extrémis, le 25 juillet
2021 fut et fit renaître tous les espoirs. Cependant,
il ne donne pas le droit ni la légitimité au président
Saïed d’exclure les Tunisiens de l’étape de recons-
truction de leur pays, entendre par là l’étape de ré-
flexion et d’élaboration du nouveau modèle de dé-
veloppement politique, économique et social qu’ils
souhaitent pour eux-mêmes et pour leurs enfants.
Tout au long des dix derniers mois, Kaïs Saïed
a choisi la fuite en avant et ses adversaires la
course-poursuite. Aucune des deux parties du bras
de fer politique ne compte lâcher prise : ça passe
ou ça casse. Kaïs Saïed intransigeant, reste sourd et
muet aux sollicitations, aux accusations, aux igno-
minies et même aux prétendus complots visant sa
destitution avec la bénédiction de pays étrangers.
Ses adversaires sont revenus plus forts au-devant
de la scène nationale, à cause de ses atermoiements
et de ses menaces de reddition des comptes sans
lendemains, et se revoient de retour aux affaires et
s’impatientent de le faire déchoir de son piédestal.
Pour cela, ils ne lui laissent rien passer et ne lui
tronique, c’est au tour du référendum de faire l’ob-
jet d’appels au boycott. Ses proches collaborateurs
également sont pris pour cible des critiques et des
campagnes de diffamation. Les constitutionnalistes
et les organisations nationales appelés à mettre la
nouvelle république sur les rails subissent pres-
sions, attaques et sont même tournés en dérision,
comme c’est le cas du doyen des avocats, Brahim
Bouderbala, qui a été nommé à la tête de la com-
mission des affaires économiques et sociales. Une
seule idée sur toutes les bouches : un avocat n’a pas
vocation à diriger ni à coordonner une commission
censée être composée d’experts économiques et de
professionnels des affaires sociales.
Il faut croire que Kaïs Saïed sait surprendre et sus-
citer l’étonnement, tout comme l’incompréhension
et les moqueries. Il ne cesse de mettre tout le monde
devant le fait accompli puis attend que la tempête
u
u
passe. C’est un cascadeur. Un anticonformiste qui Sommaire
u
u

joue des règles d’usage et prend du plaisir à leur

tordre le cou. Sauf que c’est là un jeu dangereux.
Il y a fort à parier qu’au 25 juillet prochain, jour Pèlerinage de la Ghriba
du référendum, c’est lui qui risque d’être surpris Coexister dans la diversité
et emporté par la tempête. Trouvera-t-il alors qui
pour le sauver ? Pas si sûr. Ils sont près de la moi- Dans une ambiance joyeuse et
tié des Tunisiens à confier aux instituts de sondage sous le soleil printanier de l’île
que la Tunisie va dans le mauvais sens. Ils l’au- de Djerba, le coup d’envoi de
la visite annuelle de la Ghriba
ront prévenu. A moins que les « affabulations », a été donné le 18 mai courant
comme aiment les appeler les nahdhaouis, d’Abir à l’imposante synagogue sous
Moussi, présidente du PDL, s’avèrent être des très haute sécurité, comme
réalités. Moussi a toujours soupçonné Kaïs Saïed à l’accoutumée. Des milliers
d’être de mèche avec les salafistes radicaux, de les de Tunisiens de confession
protéger et de protéger leurs intérêts et prétend que juive, de hauts responsables
c’est la raison pour laquelle, dit-elle, il s’abstient tunisiens et étrangers
ainsi que des dizaines de
de donner l’ordre de fermer le siège de l’Union représentants de médias
des Ulémas musulmans à Tunis pour diverses in- locaux et internationaux
fractions à la loi tunisienne. Si Abir Moussi voit étaient au rendez-vous dans ce
juste, c’est alors le soutien, non avéré, de ces prestigieux lieu de culte.
14
adeptes du Califat qui donne autant d’assurance à
Kaïs Saïed pour continuer de disloquer les institu- En couverture
tions démocratiques et de les refaire à sa manière.
Dans le cas échéant, ces derniers iront voter le
25 juillet pour une nouvelle république. Mais la-
quelle ? Celle qui brandira le drapeau noir ? Non, Politique
Mme Moussi affabule. En Tunisie, l’islam poli- Dialogue (national) de sourds 10
tique est mort et les islamistes reviendront tôt ou
tard aux affaires au moyen d’un autre et nouveau ECONOMIE
consensus pour que la machine grippée, la Tunisie
d’après le 25 juillet 2021, puisse être dépannée et Une inflation galopante
remise en marche. C’est pourquoi plus vite Kaïs et une croissance en berne  20
Saïed lâchera du lest et Rached Ghannouchi dépo- Le dilemme de la BCT
sera les armes, moins douloureuse sera leur chute. Au secours de la politique
D’ici là, il y a peu de chance qu’un vrai dialogue 22
de désinflation
national puisse voir le jour.
« Repenser l’investissement-
L’Ugtt, dont la position était plus qu’attendue,
a décidé de ne pas participer à un dialogue na-
Reboot » P20
tional fictif, préétabli par les bons soins de Kaïs Le primat de l’action 28
Saïed, fut-il président de la République et artisan
du 25 juillet 2021. La commission administrative, Magazine
réunie lundi dernier à Hammamet pour statuer sur Propagation de l’incivilité
la question, en a décidé ainsi. Et il faut s’attendre et de l’insécurité
à ce que les autres organisations nationales, qui La responsabilité de la famille 30
attendent que la fumée blanche sorte des assises Education
syndicales, emboîtent le pas à la Centrale syn- La mort programmée de l’école
dicale et débrayent à leur tour. C’est là le gage 32
publique
d’un blocage total, tant redouté, de l’ensemble P30
du processus du 25 juillet et par ricochet celui du Agenda culturel… 34
gouvernement actuel, ou remanié, qui sera dans
ce contexte incapable de trouver des issues aux
impasses économique et sociale. Cela va donner
certainement à réfléchir à Kaïs Saïed qui conti-
Rude coup d’arrêt au pire moment 
nue à vouloir faire cavalier seul, ne comptant que
sur certains proches, dignes de sa confiance et qui Ons n’est pas Stakhanov 36

avaient été les auteurs attitrés de la « meilleure Mohamed Torkhani, quatre ans déjà
constitution du monde » de 2014. De la race des seigneurs 46
On n’est pas loin de tourner le dos à l’opportunité
que le 25 juillet a offerte, rien que par l’obstina- P50 L’album-souvenirs de…
tion du maître d’œuvre de ce même 25 juillet.n Ahmed Lamine, la guerre des Etoiles  50

4 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

Au fil des jours

L’UGTT se donne raison ! Sadok Belaïd à la tête du Haut comité

Le Secrétaire général
de l’Union générale
tunisienne du travail,
consultatif du président
Noureddine Taboubi,
n’avait cessé de le rap-
peler malgré les critiques
et analyses saugrenues
de certains. La réalité
tunisienne prouvait, au
fur et à mesure, la justesse
du choix de la Centrale
syndicale de suivre une troisième alternative. Celle
d’un dialogue national aussi large que possible et
qui aboutirait à des solutions de sortie de crise.
Certaines « forces » n’acceptaient pas cette
option et l’avaient critiquée lorsqu’elle avait été
annoncée, mais la réalité d’aujourd’hui a prouvé
la nécessité de cette option, qui refuse de revenir
en arrière (avant 25 juillet) et refuse en même
temps, d’aller vers un dialogue dont les résultats
et issues n’intéressent pas les Tunisiens.
La position annoncée par la commission admi-
nistrative lundi dernier est venue corroborer cette
approche. L’UGTT ne prendra pas part à un dia-
logue fictif dont les retombées ont été préparées
d’une manière unilatérale.
Kaïs Saïed a nommé la semaine dernière le
doyen Sadok Belaïd au poste de président
coordinateur du Haut comité national consul-
tatif pour la nouvelle République, en vertu
d’un décret présidentiel publié en même
temps que celui portant création de ce Haut
comité.
Ce Haut comité pour la nouvelle République
se compose de la Commission consultative
des affaires sociales et économiques, présidée par le bâtonnier de
l’Ordre national des avocats de Tunisie et comprend les représen-
tants de l’Union générale tunisienne du travail qui vient de refuser de
prendre part à ce dialogue, de l’Union tunisienne de l’industrie, du
commerce et de l’artisanat, de l’Union tunisienne de l’agriculture et de
la pêche, de l’Union nationale de la femme tunisienne et de la Ligue
tunisienne des Droits de l’Homme, de la Commission consultative
juridique et de la Commission du dialogue national. La Commission
consultative juridique regroupera les doyens des Facultés de droit, de
sciences juridiques et politiques, celle du dialogue national regroupera
les membres des deux autres commissions. Elle est appelée à sou-
mettre au président de la République un rapport final avant le 20 juin
prochain, soit dans moins d’un mois.
La course semble pour l’heure être mal partie.

Le PDL accuse… Que se passe-t-il à l’UTAP ?

Le PDL persiste
et signe et
continue de
tenter de faire
entendre ses
revendications
sur plusieurs
questions qui
constituent
le fondement
même de son
combat actuel.
Alors que la situation du secteur agricole est assez controver-
Sa présidente vient d’accuser le chef de l’Etat de « dérive
sée, que les prix des produits ne cessent de monter, à l’UTAP,
autoritaire » et d’une volonté de changer le système politique
on s’amuse à engager une guerre de positionnement à la tête
et électoral d’une manière unilatérale, en dehors des cadres
de l’organisation nationale. En effet, le week-end dernier, le
institutionnels élus et en se basant sur des décrets dénués de
chaos a régné au siège de l’UTAP puisque les membres du
tout fondement légal (sic).
Conseil national ont été empêchés de se réunir à titre excep-
Selon le parti, c’est une violation manifeste de la législation
tionnel, après que Abdelmajid Ezzar a convoqué une réunion
nationale et internationale.
de ce même Conseil en session extraordinaire pour examiner
Le parti accuse le président Saïed de porter atteinte à la vo-
les derniers développements de l’organisation agricole.
lonté du peuple et de mettre en péril l’intérêt suprême du pays
Sauf que l’UTAP avait récemment connu un différend quant
en s’accaparant tous les pouvoirs.
à sa présidence entre Abdelmajid Ezzar et Noureddine Ben
C’est ce qui explique la raison pour laquelle le parti a choisi
Ayed.
de saisir la Commission de Venise, un organe consultatif
Cherchez l’erreur. Ezzar est pour le moment exclu de toutes
du Conseil de l’Europe, surtout en l’absence de réaction de
les rencontres du président de la République avec les chefs
l’institution judiciaire « qui n’a pris aucune mesure pour
des organisations nationales.
empêcher la falsification de la volonté du peuple ».

6 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

 Affaire de l’aéroport 
Des peines de 3 à 6 mois
de prison
La Chambre criminelle auprès du Tribunal
militaire permanent de Tunis a rendu son
verdict dans «l’affaire de l’aéroport».
Maher Zid et Mohamed Affès ont écopé
de trois mois de prison. Une peine de cinq
mois de prison a été infligée à Seifeddine
Makhlouf et Nidhal Saoudi, alors que l’avo-
cat Mehdi Zagrouba a écopé de six mois de
prison.
On ne sait pas encore si ces verdicts sont
définitifs ou susceptibles d’appel.
Le 31 juillet 2021, la justice militaire
tunisienne avait émis des mandats d’arrêt
contre 4 députés de la Coalition Al Karama,
à savoir Seifeddine Makhlouf, Abdellatif
Aloui, Mohamed Affès et Maher Zid, dans
cette affaire.
Les USA revoient à la baisse
leurs aides à la Tunisie
La directrice de l’Agence américaine de développe-
ment international, vient d’annoncer la réduction
des aides US à la Tunisie, au titre du budget alloué
pour 2023, et ce, après le « virage décevant » pris
par la Tunisie, en rapport avec les institutions et les
pouvoirs, ainsi que la répression de la société civile
et l’éloignement de la suprématie de la loi et des
institutions démocratiques, selon ses dires.
Cela n’est pas de l’ingérence dans les affaires
internes, ce sont des conseils d’un pays ami qui
ne nous veut que du bien et essaie de mettre « la
pression » à travers cette aide dont notre pays a
réellement besoin pour rectifier le tir et le faire
aller dans le sens voulu.
On ne plaisante pas du côté du pays de l’oncle
Sam.
Pour rappel, il semble que le nouvel ambassadeur
US est un dur à cuire qui a roulé sa bosse un peu
partout dans le monde.
L’or vert primé en Suisse
L’huile d’olive tunisienne, grande gagnante en Suisse. 4 marques tuni-
siennes ont été récompensées pour leur qualité exceptionnelle à l’Interna-
tional Olive Oil Award de Zurich: une médaille d’or, grâce à Olivko et
trois médailles de bronze grâce à Terra Delyssa, Alta Olea et Domaine
Adonis. Une belle reconnaissance en Suisse et au-delà du savoir-faire an-
cestral des producteurs tunisiens d’huile d’olive!
La participation de la Tunisie à ce réputé concours international a été ap-
puyée par le Programme suisse de promotion de l’importation (SIPPO) – fi-
nancé par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) suisse et mis en œuvre
par SwissContact – dont l’objectif est d’ouvrir de nouveaux marchés aux
producteurs de pays partenaires.-
La Tunisie bénéficie de Next Med
La Tunisie vient de rejoindre la liste des bénéficiaires du plan eu-
ropéen «NEXT MED» dont l’Union européenne (UE) vient de
mettre en route une consultation publique pour élaborer à terme le
plan de la coopération transnationale Interreg. 
Ce dispositif a été travaillé ces deux dernières années et a été validé
par les émissaires des 15 pays participants dont la Tunisie, l’Algé-
rie, l’Égypte, l’Espagne, la France, la Grèce ou encore la Turquie.
Le Programme NEXT MED fixe le cadre du partenariat euro-mé-
diterranéen pour la période 2021-2027 et permettra d’apporter un
soutien financier à ces 15 pays.
Le programme dispose d’un budget de 244 millions d’euros, puisé
dans le Fonds européen de développement régional (FEDER), de
l’instrument de voisinage, de coopération au développement et de
coopération internationale (IVCDCI) et de l’instrument de préad-
hésion (IPA).
« NEXT MED » a pour objectif de favoriser un développement
intelligent, durable et équitable en Méditerranée dans les do-
maines des technologies de pointe, la compétitivité des PME, la
création d’emplois, l’efficacité énergétique, la gestion durable de
l’eau, l’adaptation au changement climatique, la transition écolo-
gique, l’éducation, la formation et la santé.
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 7
Au fil des jours

Entre la BERD et Attijari Tunisair Express revient

La Banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD) a annoncé son alliance avec
Attijari Bank pour soutenir le secteur pharmaceu-
tique en Tunisie.
Ce partenariat datant de 2020, officialisé par un
contrat de partage des risques signé avec Attijari, a
pour objectif de renforcer l’accès au financement de
la société tunisienne Laboratoires Teriak S.A. 
Attijari Bank accorde ainsi un prêt de 5 millions
de dinars à Teriak afin d’acquérir de nouvelles
machines et équipements et pour entreprendre des
travaux de maintenance sur son site de production
de Jebel Ouest où Teriak augmentera son efficaci-
té énergétique et ses ressources, en rénovant son
unité de traitement des eaux usées et sa chaudière
à vapeur, et en installant un système automatisé de
gestion de l’énergie. Ce prêt qui aidera l’entreprise à
améliorer sa productivité et à accroître son efficacité
énergétique, complétera également l’investissement
du fabricant, entraînant une modernisation des pro-
cessus de production.     gion du Sud de se déplacer plus facilement vers Tripoli.
 Soutenu par le Secrétariat d’État suisse à l’éco-
nomie (SECO) et le Small Business Impact Fund
(SBIF), Teriak bénéficiera également du programme
Skills in Business de la BERD, contribuant à
accroître sa capacité en ressources humaines pour
mieux attirer, former et retenir une main-d’œuvre
qualifiée.  réserver et d’acheter des billets en ligne, bénéficie désormais de
« L’industrie pharmaceutique est un secteur impor-
tant et en croissance pour de nombreuses économies
dans le monde et l’une des industries à la croissance
la plus rapide en Tunisie», considère la BERD.
sur la ligne Djerba-Tripoli
La compagnie Tunisair Express a annoncé la réouverture de sa
ligne aérienne régulière Djerba-Tripoli à compter du 2 juin 2022.
Le vol sera effectué à raison de deux fréquences par semaine,
jeudi et dimanche.
Le choix de ces journées a été défini de sorte à permettre aux
voyageurs libyens ainsi qu’à la communauté d’expatriés étrangers
travaillant en Libye de venir passer le week-end à Djerba.
Ce vol s’adresse également aux voyageurs libyens se rendant à
Djerba pour raisons touristiques ou médicales.
Il permettra d’autre part aux opérateurs économiques de la ré-
Tunisair Express a par ailleurs établi des horaires spécialement
étudiés pour permettre aux voyageurs d’effectuer des vols en
continuation, vers Tunis ou vers les autres destinations internatio-
nales desservies par la compagnie, notamment Malte, Palerme et
Naples.
Par ailleurs, le site web de Tunisair Express, qui permet de
nouvelles fonctionnalités et offre la possibilité pour le voyageur de
modifier la date de son voyage et, en cas de désistement, d’effec-
tuer la procédure de demande de remboursement directement sur
Internet.

Décès d’Elyes Mnakbi Ahmed Khaled n’est plus

L’ancien PDG de la compagnie nationale
Tunisair a tiré sa révérence le 22 mai,
à l’âge de 60 ans. L’ancien colonel de
l’Armée de l’air a été nommé également
ministre conseiller auprès du Chef du
gouvernement Hichem Mechichi chargé
de la sécurité et de la défense.
Paix à son âme.
La scène culturelle a perdu le 23 mai,
l’un de ses piliers. Il s’agit de l’an-
cien ministre et grand penseur Ahmed
Khaled, décédé à l’âge de 86 ans.
Ancien rédacteur en chef de la revue
“Alhayet athakafia” aux années 80, le
défunt avait à son actif plusieurs publi-
cations portant essentiellement sur de
grandes personnalités tunisiennes telles
que Tahar Haddad, Abdelaziz Thaâlbi,
Farhat Hached et autres…
Ahmed Khaled a occupé le poste de Secrétaire d’Etat auprès du ministre de
l’Education en 1990 avant de rejoindre le département de la Culture en tant
que ministre.
Ahmed Ikbel Khaled avait également une grande expérience diplomatique,
attendu qu’il a été nommé à deux reprises, ambassadeur en Russie et au
Maroc.
Originaire de la ville de Sousse, le défunt, père de l’actuel maire de cette
ville Mohamed Ikbel Khaled, a occupé ce poste en 1975.
Paix à son âme.

8 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

En couverture

Politique

Dialogue (national) de sourds

Par Hatem Bourial 

Tout en annonçant une grève générale dans le secteur public, l’Union générale
tunisienne du travail refuse de participer au dialogue national tel qu’il est envisagé
par le président de la République. 
La tension monte ainsi d’un nouveau cran entre la Centrale syndicale et le palais
de Carthage rendant encore plus ardue l’organisation du référendum prévu le 25
juillet prochain. 
Les appels au boycott du processus visant à instaurer une nouvelle république
se font également plus nombreux alors que Kaïs Saïed continue à dominer les
sondages et opérer des passages en force pour construire son projet politique. 

C’
est lors des travaux de la commission
administrative de l’Union générale
tunisienne du travail, lundi dernier à
Hammamet, que la Centrale syndicale a annoncé
son refus de participer au dialogue national dans
sa forme actuelle
Ainsi, l’UGTT refuse de participer au dialogue
national selon la formule annoncée dans le décret
présidentiel numéro 30-2022, relatif à la création
du comité national consultatif pour la nouvelle ré-
publique.
«Un décret qui ne répond
pas aux aspirations nationales»
Les membres de la commission administrative na-
tionale de l’UGTT, ont estimé que ce décret n’est
pas issu de concertations ou accords préalables et
ne répond pas aux aspirations nationales.
Par ailleurs, elle a réitéré son attachement au dia-
logue comme seul moyen pour sortir de la crise
actuelle, rejetant tout dialogue national reposant
sur des fonctions déterminées unilatéralement et
excluant les forces politiques et civiles.

10 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022


La démarche présidentielle pour instaurer
le dialogue national est loin de faire l’unanimité,
l’exclusion des partis politiques
étant le principal sujet de désaccord
Une conférence de presse devait clarifier la posi-
tion de l’UGTT face aux derniers développements
survenus sur la scène politique, économique et
sociale. La Centrale syndicale a en outre annon-
“
Le danger pour
la nouvelle
cé une grève générale dans le secteur public, tout
en estimant que les résultats du dialogue national
étaient déjà connus s’il se tenait sous la forme pré-
république conisée par le palais de Carthage.  ensemble, l’ancien doyen se demandait s’il était
actuellement Pour rappel, le président de la République avait
en cours de annoncé vendredi 20 mai que le professeur de
droit constitutionnel Sadok Belaid avait été dé-
construction
signé comme président coordinateur du comité
serait une double
consultatif pour la nouvelle République.
tare congénitale Dans la foulée, Belaid a été invité au palais de
qui serait d’être Carthage où il a eu une entrevue avec le président
bâtie sur une de la République. Le processus politique envisagé
consultation par Kaïs Saïed connaissait ainsi une accélération
électronique remarquable et semblait même s’emballer.  formations devraient aller dans la même direction.
mitigée et un En effet, durant la même journée, le décret-loi
référendum présidentiel portant création de ce comité a, éga-
marqué par boycott lement, été publié au Journal officiel. Ce Haut co-
“ mer au vu de la nouvelle situation née du refus
et abstention. mité pour la nouvelle République se compose de
trois commissions.  semblés autour d’Abir Moussi. Quel que soit leur
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 11
La commission des affaires économiques et so-
ciales, est présidée par le bâtonnier de l’Ordre
national des avocats de Tunisie. Elle comprend
les représentants de l’Union générale tunisienne
du travail, l’Union tunisienne de l’industrie,  du
commerce et de l’artisanat, l’Union tunisienne
pour l’agriculture et la pêche, l’Union nationale
de la femme tunisienne et la Ligue tunisienne des
Droits de l’Homme.
La commission consultative juridique regroupe-
ra les doyens des Facultés de droit, de sciences
juridiques et politiques. Enfin, la commission du
dialogue national  regroupe les membres des deux
autres commissions et devrait soumettre au pré-
sident de la République un rapport final avant le
20 juin prochain.
La société politique face à une démarche
«autoritaire et unilatérale»
Si le décret présidentiel de vendredi a mis le feu
aux poudres en entraînant des réactions en cas-
cade, cette dynamique était amplement prévisible.
De fait, depuis plusieurs semaines, la démarche de
Kaïs Saïed est qualifiée d’autoritaire et unilatérale.
Plusieurs voix se sont élevées pour soit dénoncer
la méthode présidentielle, soit demander une ap-
proche plus inclusive. 
Sami Tahri, Secrétaire général adjoint de l’UGTT,
avait d’ailleurs annoncé la couleur en affirmant
il y a plus d’une semaine, que le dialogue natio-
nal ne pouvait en aucun cas être organisé à titre
consultatif. La commission administrative de la
Centrale syndicale confirmera ces propos de ma-
nière tonitruante en décrétant une grève générale
dans le secteur public d’ici le mois de juin tout en
refusant de participer au dialogue national tel que
voulu par Kaïs Saïed.
Dans le même esprit, le juriste Fadhel Moussa
avait considéré que la table rase ne se justifiait
pas en matière constitutionnelle. Constatant que
Saïed rejetait la Constitution de 2014 dans son
pertinent de repartir à zéro alors que des amen-
dements pourraient suffire. Bref, les réactions de-
vraient se multiplier dans un sens et dans l’autre,
avec beaucoup de partis politiques et d’organisa-
tions qui ne devraient pas tarder à s’exprimer. 
Le Courant démocrate Attayar a par exemple déjà
annoncé par communiqué qu’il boycotterait le
processus politique visant à instaurer une nouvelle
république, y compris le référendum. D’autres
En effet, Ennahdha et ses satellites ont d’ores et
déjà annoncé leur boycott et devraient le confir-
de l’UGTT. Même chose pour les destouriens ras-
En couverture

“
Les prochaines
semaines
devraient
être riches en
enseignements.
Les questions
restent
nombreuses, car
il faut par exemple
que l’Instance
supérieure
indépendante
pour les élections Le dialogue national, selon le SG adjoint de l’UGTT Pour Fadhel Moussa, la table rase
Sami Tahri, ne peut en aucun cas être ne se justifie pas en matière
puisse être fin organisé à titre consultatif constitutionnelle
prête pour le
scrutin à venir “ poids électoral, tous les partis rejetés par Saïed national, le président de la République fait-il le
en juillet. devraient adopter à leur tour, une attitude de rejet  bon choix ? Bien sûr, ces clivages risquent d’ap-
Pour le moment, la situation est à la fois confuse profondir le malaise ambiant. Toutefois, Saïed
et ambiguë car la position prise par la Centrale considère qu’il faut tourner la page du passé et
syndicale pourrait enclencher un effet domino et rejeter aussi bien les destouriens que les isla-
conditionner la ligne qu’adopteront d’autres or- mistes. 
ganisations nationales. Ainsi, la Ligue tunisienne Les prochaines semaines devraient être riches en
des Droits de l’Homme qui accepte de participer enseignements. Les questions restent nombreuses,
à la commission consultative tout en posant des car il faut par exemple que l’Instance supérieure
conditions. Là encore, tout reste possible puisque indépendante pour les élections puisse être fin
des participants au dialogue pourraient se rétrac- prête pour le scrutin à venir en juillet. De même,
ter à terme et laisser peser des hypothèques sur il faudrait que les électeurs participent pleinement
un processus en flux tendu puisque tout doit être au référendum, car si ce dernier sera boycotté par
bouclé le 13 juin et que les rapports définitifs des de nombreux opposants, il risque également un
commissions doivent être remis à cette date au taux d’abstention qui pourrait être relativement
président coordinateur.  élevé.

“
Comme on
La clé de voûte de l’échafaudage
de Kaïs Saïed 
Des tares congénitales pour la nouvelle
république 
peut aisément Ce dernier peut se prévaloir d’un profil qui De fait, le danger pour la nouvelle république
le constater, la conjugue compétence et intégrité. Sadok Belaïd actuellement en cours de construction serait une
conjoncture est est en effet une personnalité consensuelle et répu- double tare congénitale qui serait d’être bâtie sur
plutôt nuageuse tée pour sa défense des libertés. Toutefois, un pré- une consultation électronique mitigée et un réfé-
et incertaine, jugé favorable sera-t-il accordé à Belaïd alors que rendum marqué par boycott et abstention. Ceci
à la veille d’un les enjeux sont énormes et dépassent sa simple sans évoquer, comme le font les opposants à Kaïs
référendum personne ? Le décret-loi du 19 mai organisant Saïed, l’inconsistance du dialogue national qui est
annoncé et au l’Instance nationale consultative pour une nou- prévu et l’autoritarisme présidentiel. 
lendemain de velle république n’est ni plus ni moins que la clé Alors que le débat ne fait que commencer et
l’échec patent de de voûte de l’échafaudage construit depuis le 25 qu’il promet d’être passionné, Kaïs Saïed, tout
juillet dernier par le président de la République.  isolé qu’il soit, n’en continue pas moins à domi-
la consultation
Si le dialogue de sourds est de mise pour le ner les sondages d’opinion. Toutefois, si le Parti
électronique qui
moment, il importe aussi de s’interroger sur la destourien libre reste en embuscade pour le pro-
devait poser la tournure que pourrait prendre le processus de chain scrutin législatif, les islamistes d’Ennahdha
première balise révision du régime politique. Trois semaines n’ont pas encore dit leur dernier mot et continuent
sur le chemin du“ seront-elles suffisantes pour progresser techni- à contester ce qui dans leur terminologie est un
référendum. quement tout en gérant les innombrables contra- coup d’État. Tels sont les équilibres à deux mois
dictions politiques ? En ignorant les partis poli- d’un référendum lourd d’enjeux et d’un processus
tiques agissants et en les excluant du dialogue politique qui s’annonce heurté. g

12 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

 Réalités
HEBDOMADAIRE INDEPENDANT
PARAISSANT LE JEUDI
28 Rue 8600 Immeuble El Kronfel-
1er étage  ZI Charguia 1 
Tél : (+216) 71 805 078/ 71 805 082 /
71 8050 81/ 71 805 105   
Adress E-mail:redaction@realites.com.tn
Site Web : www.realites.com.tn

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Taïeb Zahar
taieb.zahar@realites.com.tn

REDACTEUR EN CHEF
Faouzi Bouzaiene
bechirf2003@gmail.com

Rédacteur en chef adjoint

Secrétaire général de la rédaction :
Mohamed Ali Ben Sghaïer

Régions
bensghaiermohamedali@gmail.com

Conseillers et éditorialistes :
Hakim Ben Hammouda - Sami Mahbouli -

Des tensions Adel Ben Youssef - Ghazi Ben Ahmed

REDACTION

dans l’administration territoriale  * Politique

Yasmine Arabi - Hatem Bourial -
Fayçal Chérif
Plusieurs régions sont actuellement sans gouverneurs
* Société
ni délégués. Ces failles dans la gouvernance durent Khalil Zamiti - Yasser Maârouf
parfois depuis plusieurs mois sans décisions de la part * Economie et entreprises :
des autorités compétentes.  Khadija Taboubi- Mohamed Ben Naceur -
Alaya Becheikh - Samy Chambeh -

A
Nizar Mouelhi

lors que plusieurs gouvernorats compétences. La même remarque vaut * Magazine :

de la République tunisienne
n’ont pas de titulaire depuis plu-
sieurs mois, une cinquante de délé-
gués viennent d’être limogés par le
pour les délégués dont le travail de
terrain est essentiel en matière de dé-
veloppement et de remontée des infor-
mations vers les centres de décision.
Nadia Ayadi - Dr. Ali Menjour - Alix Martin -
Hédi Alouini
Iconographie : Lamine Farhat
Suppléments : Amel Ben Naceur

ministre de l’Intérieur sans avoir été Cette vacance et ces très nombreux SERVICE TECHNIQUE :
remplacés. De nombreuses régions limogeages sont un fait qui, sans être Responsable Technique : Issam Gharsalli
sont concernées et dans certains cas, spectaculaire, n’en reste pas moins Infographistes : Houda Rezgui -
la gouvernance en est relativement surprenant et aisément observable. Hajer Charchoufi- Fatma Soltani

paralysée.  À l’heure où le président de la Répu- “REALITES”

En Tunisie, l’administration territo- blique évoque la dimension locale et est édité par
riale repose sur trois corps relevant souhaite établir des relais de proximi- MAGHREB MEDIA
du ministère de l’Intérieur. Les gou- té dans toutes les régions, il peut sem- au capital de 140.000 DT

verneurs sont les agents de l’État
qui sont en haut de la hiérarchie. Ils
sont secondés par les délégués qui
agissent au niveau des délégations.
Enfin, le corps des «omdas» repré-
sente les chefs de secteur territorial et
représentent l’Administration la plus
proche du citoyen. Chaque gouverno-
rat est divisé en délégations qui, à leur
tour, se subdivisent en secteurs.  régions qui restent sans gouverneurs.
Ceci dit, lorsqu’un gouvernorat reste
trop longtemps sans titulaire, les blo-
cages administratifs sont nombreux,
car même officiellement intérimaires,
les secrétaires généraux de gouver-
norat ne bénéficient pas de toutes les
bler illogique de dégarnir à ce point
l’Administration dans les régions.
De plus, les circonstances exception-
nelles commandent de consolider la
gouvernance territoriale. Ces failles
ne doivent pas devenir la règle et il
importe de communiquer aussi bien
sur les raisons de ces vagues de li-
mogeages que sur le pourquoi des
L’opinion publique doit être informée
de ces anomalies qui persistent sans
aucune explication. C’est en tout cas
ce que rapportent les citoyens des
gouvernorats concernés.  Diffusion: Nourreddine Madfaï
H.B
Président du Conseil d’Administration :
Taïeb Zahar
Directeur Général :  Imed Mouaffak
Directeur Conseiller :  Sofiène Mouaffak
Responsable Communication et Marketing :
Amel Ben Naceur
Tél: 71 805 061
Directeur administratif et financier :
Mohamed Ali Trabelsi
Relations publiques : Khouloud Chebbi
Reportages régionaux :
Mohamed Larbi Ben Othman
Recouvrement : Hamdi Sebaï - Tél.: 71 805 078
Service Abonnements : Sarra Znegui
Service Commercial : Sami Ouni
Tél.: 71 805 082 / 71 8050 81
Secrétariat : Mounira N’hidi
Pré-presse : MAGHREB MEDIA-Tél.: 71 805 078

N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 13

En couverture

Pèlerinage de la Ghriba

Coexister dans la diversité

Un reportage de Hajer Ben Hassen

Dans une ambiance joyeuse et sous le soleil printanier de l’île de Djerba,

le coup d’envoi de la visite annuelle de la Ghriba a été donné le 18 mai
courant à l’imposante synagogue sous très haute sécurité, comme
à l’accoutumée. Des milliers de Tunisiens de confession juive, de
hauts responsables tunisiens et étrangers ainsi que des dizaines de
représentants de médias locaux et internationaux étaient au rendez-vous
dans ce prestigieux lieu de culte.

D
es milliers de fidèles de confession juive
natifs de l’île de Djerba, de différentes
villes tunisiennes mais aussi de plusieurs
pays étrangers ont afflué vers la synagogue éri-
gée à Houmet Essouk depuis des décennies pour
y effectuer des rituels religieux sacrés ayant été
suspendus pendant deux ans successifs à cause des
restrictions sanitaires imposées par la pandémie de
la Covid-19.
« J’ai pris une douche, je me suis fait beau, par-
fumé et j’ai mis ma chemise et pantalon préférés,
ma kippa et direction la Ghriba. Enfin, j’y suis de
nouveau, cette ambiance m’a beaucoup manqué
pendant ces deux dernières années», a confié à Ré-
alités D.H, un quinquagénaire tunisien de confes-
sion juive installé au Sud de la France.
Des femmes, les cheveux couverts de foulards de
couleurs vives et des hommes portant leurs kippas,
ont afflué dans l’enceinte de la synagogue pour ré-
citer des prières et allumer des centaines de cierges
sur des rangées tout en invoquant Dieu pour qu’il
exauce leurs vœux de bonne santé et de bonheur.
« Je veux que tout le monde guérisse, que tous
nos malades quittent les hôpitaux, que l’année
prochaine nous soyons tous réunis ici encore plus
nombreux à la Ghriba », a lancé l’un des fidèles.

14 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

 Pour la Cheffe du
gouvernement
Nejla Bouden
qui a assisté
aux fetivités, la
Ghriba constitue
un symbole de
tolérance et de
brassage des
civilisations et
des religions dans
notre pays

Une célébration unique dans le monde
Cette visite, faut-il le noter, est effectuée à l’occa-
sion de Lag Ba’omer, fête joyeuse juive commé-
morant la fin des désastres pour les Juifs de Judée
ainsi que les noces célestes de Rabbi Shimon bar
Yohaï. Néanmoins, la célébration de cette fête « à
la Tunisienne » à la synagogue de la Ghriba reste
exceptionnelle et est unique dans le monde comme
l’assure Perez Trabelsi, président de la Synagogue de
la Ghriba. C’est d’ailleurs ce qui explique, selon lui,
l’affluence annuelle de milliers de fidèles juifs venus
des quatre coins du monde à l’île de Djerba spéciale-
ment pour y célébrer cette fête. « Après deux ans de
suspension à cause de la pandémie, nous avons four-
ni tous les efforts nécessaires pour organiser le pèle-
rinage dans les meilleures conditions. Cette année,
le nombre des visiteurs de la Ghriba avoisine les 5
mille. L’ambiance à la fois majestueuse et joyeuse
que l’on trouve aujourd’hui à la synagogue de la
Ghriba est exceptionnelle et n’a pas d’égal dans
n’importe quelle autre synagogue du monde», a-t-il
affirmé lors d’une déclaration accordée aux médias.
Et d’ajouter : « Le pèlerinage de la Ghriba se dé-
roule durant deux journées entières et la célébration
se poursuit jusqu’à des heures tardives. »
Le pèlerinage de la Ghriba ou comment
joindre l’utile à l’agréable
Selon Perez Trabelsi, la réussite de cet événement
religieux permettra d’envoyer des signaux positifs

N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 15

En couverture
Les pèlerins
sur le démarrage de la nouvelle saison touristique effectuant plusieurs
aussi bien à Djerba qu’en Tunisie. Selon lui, outre
son aspect religieux, cet événement constitue une
occasion par excellence pour dynamiser l’activité
économique et touristique.
Les visiteurs profitent en effet de leur présence à
l’île de Djerba pour joindre l’utile à l’agréable, ef-
fectuer les rituels religieux tout en s’offrant l’op-
portunité de retrouver les leurs et de profiter des
Mohamed Moez Belhassine :
“Le tourisme tunisien est sur la voie de la résilience”
L ors d’une conférence de presse organisée la veille du dé-
marrage du pèlerinage de la Ghriba à Djerba, le ministre
du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine, a estimé que l’année
2022 serait prometteuse pour le tourisme tunisien lourdement
impacté par la pandémie de la Covid-19 depuis mars 2020.
« 2020 était sans doute la pire année jamais enregistrée dans
l’histoire du tourisme comme le confirme l’Organisation
mondiale du tourisme. Au cours de cette année, seulement
2.012.371 arrivées et 5.665.451 nuitées globales ont été enre-
gistrées, générant ainsi 1.964.6 MDT de recettes touristiques »,
a-t-il précisé.
Dans ce contexte, Mohamed Moez Belhassine a estimé que la
crise sanitaire a présenté au secteur touristique l’opportunité
de remettre en question son modèle de développement et de
repenser ses choix stratégiques pour un tourisme plus résilient
et moins vulnérable aux accidents de parcours.
Une année 2022 prometteuse
« Depuis mars 2020, nous nous sommes mobilisés, adminis-
tration, profession et tous les acteurs du secteur pour atténuer
les effets néfastes de la pandémie. A cet effet, l’Etat tunisien a
mis en place une batterie de mesures socioéconomiques et de
marketing à court et moyen termes pour soutenir le secteur tou-
ristique », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Des mesures que nous
estimons fructueuses ayant abouti à une légère reprise depuis
le premier semestre de l’année précédente et une reprise qui se
16 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
plages paradisiaques, des hôtels luxueux, des sa-
lons de thé et surtout des souks pour faire le plein
de produits du terroir.
« Avant de me diriger vers la Ghriba, j’étais ce
matin à Houmet Essouk, j’ai fait une petite balade
au Souk, j’ai acheté des amandes vertes que l’on
n’a pas encore en France, des Gnaouia (gombos),
après je suis rentré à l’hôtel, je me suis baigné, il
faisait tellement beau…», a ajouté D.H.
Le signal fort d’une saison touristique
prometteuse
Le ministre du Tourisme, Mohamed Moez Bel-
hassine, a considéré que le coming back du pèle-
rinage de la Ghriba après deux années d’absence
constitue un signal fort de la reprise de l’activité
rituels touristique en Tunisie et en particulier à l’île de
Djerba. Selon lui, après deux années difficiles
et grâce aux milliers de pèlerins et plus d’une
cinquantaine de journalistes et de VIP étrangers
venus de 14 pays, le pèlerinage juif est passé
cette année exceptionnellement du bien-vivre en-
semble au reconstruire ensemble.
« C’est un grand plaisir de vous retrouver au-
Le ministre du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine:
le retour du pèlerinage de la Ghriba constitue un signal fort
de la reprise de l’activité touristique
confirme en 2022 avec des indicateurs à tendance positive ».
Il a indiqué que cette reprise se traduit particulièrement par
la hausse de 23% des arrivées globales en 2021 par rapport
à 2020. En effet, le nombre total des arrivées est passé de
2.012.371 en 2020 à 2.475.430 en 2021. Les nuitées globales
enregistrées ont également connu une hausse de 36.8%, pas-
sant de 5.665.451 en 2020 à 8074430 en 2021. Les recettes
touristiques ont également augmenté de 12.6% en 2021 pas-
sant de 1.964.6 MDT à 2.286.1 MDT en 2021.

La Ghriba, un lieu
jourd’hui à Djerba pour célébrer le coming back
de culte ancestral
du pèlerinage de la Ghriba après deux ans d’ab-
réunissant des
milliers de pèlerins sence. C’est un événement de taille qui donne le
venus des quatre coup d’envoi de la saison estivale et marque la re-
coins du monde
prise de l’activité touristique en Tunisie, Je saisis
cette occasion pour vous souhaiter la bienvenue
et vous remercier particulièrement pour l’intérêt
que vous portez à la Tunisie en tant que pays ami
d’une part et en tant que destination touristique
d’autre part », s’est-t-il félicité en s’adressant à un
parterre de journalistes locaux et internationaux
lors d’une conférence de presse organisée la veille
du démarrage du pèlerinage.
Par ailleurs, le ministre du Tourisme a affirmé que
l’île de Djerba est le meilleur symbole du bien-
vivre ensemble où communautés juive, musulmane
et chrétienne se rencontrent et cohabitent en paix.
« Ce sont bel et bien les valeurs du vivre-ensemble
que nous comptons mettre en exergue pour recons-
truire ensemble le tourisme tunisien lourdement
impacté par la pandémie depuis le mois de mars
2020. Cette crise sanitaire sans précédent aussi
destructrice soit-elle pour le secteur du tourisme
international, nous a donné l’opportunité de re-
mettre en question notre modèle de développement
touristique et repenser nos choix stratégiques pour
un tourisme plus résilient et moins vulnérable aux
accidents de parcours », a-t-il affirmé.
La Tunisie, éternelle terre de cohabitation
entre les religions
Pour sa part, s’exprimant lors d’un discours de bien-
venue prononcé en présence de quelques dizaines
d’invités de marque dont en particulier la Cheffe
du gouvernement, Najla Bouden, Perez Trabelsi a

Des indicateurs encourageants mais toujours loin

du compte
En ce qui concerne la nouvelle saison touristique, Moez
Belhassine a précisé que les indicateurs enregistrés du 1er
janvier jusqu’au 10 mai courant constituent des signes très
prometteurs d’une bonne saison en 2022. Il a précisé que
les arrivées globales (1.120.232 arrivées) ont augmenté de
131,4% par rapport à la même période de 2021. Il a ajou-
té que le nombre des nuitées s’élève à 2.270.633 soit en
hausse de 120,6% par rapport à la même période de 2021.
Les recettes touristiques ont quant à elles augmenté de
47,7% par rapport à la même période de 2021.
« En dépit de ces chiffres encourageants, nous sommes
toujours loin du niveau de performance du tourisme tuni-
sien atteint en 2019. En effet, nous sommes à moins de 50%
par rapport à cette même année, considérée comme année
de référence pour le tourisme tunisien », a-t-il affirmé.
Dans ce contexte, le ministre a présenté les grandes lignes
du plan de relance sur lequel se penche actuellement son
département. « Nous sommes en train de mettre en œuvre
un nouveau plan de relance à court et moyen terme qui
ambitionne d’atteindre des objectifs clés pour la relance du
tourisme tunisien très prochainement. L’objectif principal
étant de réaliser en 2023 les mêmes résultats enregistrés en
2019», a-t-il fait savoir.
D’un tourisme mono-produit à un tourisme
à visages multiples
L’objectif de ce plan de relance est de redonner des cou-
leurs au tourisme tunisien à court terme, repenser pour res-
tructurer, repartir sur de nouvelles bases à moyen terme et
réinventer pour recréer de nouvelles opportunités et élargir
les perspectives de développement du secteur touristique
à long terme. Ce plan s’articule autour de sept principaux
axes, à savoir le sanitaire, l’environnement, le transport, la
sûreté, la diversification des produits touristiques, le mar-
keting et le socio-économique.
« Notre orientation stratégique pour initier et maintenir cet
élan à court et moyen terme est d’assurer une transition
touristique en passant d’un tourisme mono-produit à un
tourisme à visages multiples», a-t-il soutenu .
Et d’ajouter : « En parallèle, nous sommes en pleine
réinvention de notre stratégie et nous avons fait appel à des
expertises nationales et internationales pour nous accom-
pagner dans l’élaboration de la stratégie du tourisme tuni-
sien à l’horizon 2035. Nous avons opté pour une approche
participative pour développer un tourisme durable inclusif
et résilient susceptible d’assurer la transition touristique
escomptée. Un tourisme qui parle aux touristes aussi bien
étrangers que locaux, qui offre des expériences inédites
tout au long de l’année et qui s’articule autour de valeurs
et produits du terroir. A ce stade nous pouvons avancer que
le tourisme tunisien est sur la voie de la résilience ».
H.B.H

N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 17

En couverture
considéré que cet événement annuel constitue une
occasion pour les Tunisiens de confession juive
d’exprimer leur amour à leur patrie, la Tunisie, terre
de paix, de tolérance et de coexistence entre les re-
ligions. Il a également exprimé ses remerciements
aux autorités tunisiennes, à leur tête le président de
la République Kaïs Saïed et la Cheffe du gouverne-
ment, Najla Bouden, pour les efforts fournis pour
réunir toutes les conditions de réussite à ce pèleri-
nage, notamment sur le plan sécuritaire. Par ailleurs,
Perez Trabelsi n’a pas manqué de remercier tous les
habitants de Djerba pour l’accueil chaleureux réser-
vé aux visiteurs de l’île.
De son côté, Najla Bouden a considéré que la
tenue de cette importante manifestation religieuse
et touristique vient confirmer pour la énième fois
que la Tunisie fédère ses enfants et ne divise pas et
qu’elle restera pour toujours fidèle à ses traditions
et à ses spécificités, soit un carrefour de civilisa-
tions et une terre de tolérance et de coexistence
entre les religions.
« Djerba est l’île de la coexistence par excellence
et ce, en abritant les lieux de culte de toutes les
religions, donnant ainsi lieu à une belle mosaïque
riche en couleurs. Je me réjouis de prendre part à
cet événement religieux et touristique qui traduit
l’ouverture de notre pays et consacre les valeurs
de tolérance», a-t-elle affirmé.
Un pèlerinage sous très haute sécurité
Par ailleurs, Najla Bouden a affirmé que son
gouvernement veille à fournir tous les efforts né-
cessaires à tous les niveaux pour réussir tous les
événements d’envergure qui auront lieu prochai-
nement, dont particulièrement le 18e sommet de
la Francophonie, prévu au mois de novembre pro-
chain à l’île de Djerba.
18 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
Les cheveux
couverts de foulards Prenant la parole, l’ancien ministre du Tourisme,
de couleurs vives, René Trabelsi, a adressé au nom du président de la
des femmes Ghriba, Perez Trabelsi, ses remerciements à l’en-
allument les cierges
semble des invités de la Ghriba, à savoir la Cheffe
et récitent des
prières du gouvernement, Najla Bouden, le ministre du
Tourisme Mohamed Moez Belhassine, le ministre
des Affaires religieuses, Ibrahim Chaïbi, ainsi
que l’ensemble des ambassadeurs des pays étran-
gers ayant brillé par leur présence à la cérémonie
d’ouverture du pèlerinage juif. Il s’agit en parti-
culier des ambassadeurs de l’Union européenne,
de France, du Canada, d’Allemagne ainsi que la
chargée d’Affaires de l’ambassade des Etats-Unis
en Tunisie, Natasha Franceschi.
« Je voudrais remercier l’Armée nationale, la
Garde et la Sûreté nationale pour leur travail
acharné pendant plusieurs semaines pour sécuri-
ser l’île de Djerba et veiller au bon déroulement
de ce pèlerinage. Au nom de la communauté juive
et de toute la population de Djerba, je vous remer-
cie. Si la Ghriba réussit aujourd’hui, c’est grâce
à cette sécurité et cette efficacité. Vive la Tunisie,
vive Djerba », a-t-il conclu. g
 Économie
Une inflation galopante et une croissance en berne 
Le dilemme de la BCT
La Banque centrale de Tunisie (BCT) a
relevé mardi 17 mai son taux d’intérêt
directeur de 75 points de base, le faisant
passer de 6,25% à 7%, pour lutter contre
l’inflation élevée, marquant la première
hausse depuis 2019. Rappelons que
la dernière hausse de taux remonte à
février 2019, de 100 points de base. En
effet, la BCT s’est déclarée profondément
préoccupée par la forte hausse de
l’inflation et a appelé à des réformes
économiques dans les plus brefs délais
pour restaurer la croissance économique
et assurer la stabilité macroéconomique
et la viabilité de la dette publique.
Rappelons que l’inflation a atteint 7,5%
en avril, contre 7,2% en mars et 7% en
février.
C
onvaincue que l’actuel contexte politique n’en-
courage ni l’investissement ni la consomma-
tion, connus pour être les principaux moteurs
de la croissance, la BCT a préféré lutter contre l’in-
flation aux dépens de la croissance économique. Bien
qu’il soit incertain que la hausse des taux puisse frei-
ner l’inflation, la BCT cherche à faire passer le taux
d’intérêt réel de la zone négative vers la zone positive.
Partant, elle risque d’augmenter encore ses taux dans
les prochains mois. De ce point de vue, on ne peut que
donner raison à la BCT.
Cependant, la hausse de l’inflation n’est pas seule-
ment due à une accélération de la demande mais elle
est également la conséquence de problèmes d’offre, de
dépréciation du dinar et aussi d’inflation importée, no-
tamment sur les produits agroalimentaires. Le déficit
des comptes courants s’est établi à -2,7% du PIB au
cours des quatre premiers mois de 2022, contre -1,7%
en 2021. La hausse des taux n’aurait quasiment qu’un
impact très faible sur les prix qui devraient poursuivre
leur tendance haussière. Elle pourrait cependant limiter
la spéculation sur le dinar et empêcher une déprécia-
tion plus forte de la monnaie nationale et un épuise-
ment rapide des réserves de change. Rappelons que les
réserves de change ont atteint 23,655 milliards de di-
nars (7,76 milliards de dollars), soit l’équivalent de 124
jours d’importations au 16 mai, contre 23,313 milliards
de dinars ou 133 jours d’importations à la fin de 2021.
Il y a lieu de souligner que la situation actuelle, due à la
20 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
Par Mohamed Ben Naceur
dépréciation mécanique du dinar, encourage les opéra-
teurs à détenir des devises qui ont un rendement entre
10 à 15%, plutôt qu’à détenir des dinars avec un rende-
ment inférieur à l’inflation. En revanche, les opérateurs
économiques, très rationnels, anticipent une déprécia-
tion continue du dinar dans la mesure où ils doutent de
la capacité du gouvernement à trouver un accord avec
le FMI. Le dollar s’échangeait la semaine dernière à
3.1 dinars, un niveau jamais atteint.
La Tunisie, qui s’efforce de redresser des finances pu-
bliques durement touchées, se bat à obtenir un prêt du
Fonds monétaire international en échange de réformes
impopulaires, notamment des coupes budgétaires, le
gel des salaires, la rationalisation des subventions à
l’énergie et à l’alimentation et la privatisation des en-
treprises publiques. Le FMI a également appelé à un
nouveau resserrement monétaire de la part de la Tuni-
sie afin de lutter contre les niveaux record d’inflation.
Au vu de toutes ces remarques, nous estimons que la
BCT relèvera son taux directeur de 50 points de base
pour le porter à 7,50 % dans les mois à venir afin de ju-
guler les pressions inflationnistes, bien qu’une hausse
de 75 points de base soit également envisagée si l’in-
flation augmente plus rapidement que prévu. Toutefois,
nous pensons que la BCT se limitera à une deuxième
hausse cette année, car la faible reprise économique du
pays ne permet pas un resserrement plus agressif. Nous
prévoyons une croissance du PIB réel de seulement
2.5 % en 2022, car l’incertitude politique, l’inflation
élevée et l’assainissement budgétaire limiteront une re-
prise plus forte de la croissance. Notre crainte est qu’un
accord avec le FMI ne soit pas conclu au cours du troi-
sième trimestre, ce qui aggraverait la détérioration des
finances publiques et de la position extérieure du pays
et augmenterait la pression à la baisse du dinar, ce qui
inciterait à un resserrement plus agressif. g
 Économie
Au secours de la politique de désin
Comme redouté, la Banque centrale de Tunisie
(BCT) vient donc de relever son taux directeur
le 17 mai dernier, une décision qui aura à coup
sûr de lourdes retombées économiques, sociales
et politiques si le gouvernement ne prend pas des
mesures d’accompagnement pour soutenir les PME et
D
l’investissement.
ans la lignée du mouvement de hausse gé-
néralisée, actionné par nombre de banques
centrales à travers le monde dans le but de
réprimer les pressions inflationnistes déclenchées
par les conséquences du conflit russo-ukrainien, le
Conseil d’administration de la BCT a décidé, dans
sa réunion tenue mardi 17 mai 2022, de relever le
taux directeur de 0,75 points de base à 7% alors
que l’inflation vient de culminer à 7,5%.
Et compte tenu de l’impact de ce taux sur l’activité
économique et notamment sur la distribution du cré-
dit, alors tout le risque d’une telle mesure est la voir
casser le soupçon de relance perçu dans quelques
secteurs d’activité depuis le début de cette année.
En fait, ce durcissement de la politique monétaire
de l’Institut d’émission tunisien interpelle sur
deux aspects : son timing et son amplitude.
Concernant le premier point, il faut reconnaître
que les répercussions du conflit russo-ukrainien
ne semblent épargner aucun pays de la planète :
recrudescence de l’inflation sous l’effet combiné
de la flambée des cours des hydrocarbures et de
22 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
la plupart des produits de base agricoles et des
matières premières et des métaux, ainsi que des
perturbations de la chaîne d’approvisionnement et
de la hausse des coûts de la logistique.
Certes, augmenter le prix de prêt des liquidités ou
dans un jargon plus facile le coût de l’argent, est
le moyen le plus simple pour accroître les coûts
de l’emprunt et décourager la demande et juguler
ainsi l’inflation pour notamment atténuer la dégra-
dation du coût de la vie et le pouvoir d’achat des
ménages et des entreprises.
L’Institut d’émission se doit certes de crédibiliser
sa politique monétaire mais fallait-il temporiser
un peu, surtout qu’il y a toujours un antagonisme
entre la lutte contre l’inflation et la stimulation de la
croissance économique. La relance post-crise sani-
taire due à la Covid-19 risque ainsi d’être tuée dans
l’œuf et amener l’économie nationale à entrevoir le
spectre d’une nouvelle récession économique.
Quant au second aspect relatif au degré de cette
hausse du taux directeur, on peut s’interroger si
un tel niveau ne risque-t-il pas de différer pour un
certain temps toute velléité de reprise ?
D’abord, il faut préciser que l’inflation demeure
un phénomène psychologique et par conséquent, il
y a lieu de ne pas prendre des mesures qui puissent
altérer la confiance des agents économiques ou
provoquer une réaction difficilement contrôlable
de la part des marchés.
Ensuite, le relèvement du taux directeur amorcé
 par la plupart des Banques centrales a varié,dans
la plupart des cas, entre 0,25 point et 0,5 point.
Ainsi en Angleterre, la hausse a été de 0,25 point
alors que l’inflation est à 10%. Aux Etats Unis
d’Amérique, au Canada et au Mexique, le relève-
ment a été de 0,5 point alors que le taux d’inflation
est à respectivement 8,5%, 5,7% et 7,3%.
Quant à la BCE (Banque centrale européenne),
nombre d’experts se sont prononcés sur un pro-
chain resserrement de sa politique monétaire au
mois de juillet prochain alors que la Banque na-
tionale suisse compte relever son taux directeur en
septembre prochain.
Ainsi, concernant cette question de niveau, toute
la question est savoir comment parer à une perte
de contrôle de l’inflation mais sans que cela risque
de porter le coup de grâce à une reprise encore
balbutiante.
Certes, face à l’emballement de l’inflation, il fal-
lait une réponse musclée, mais on feint d’ignorer
que le taux directeur national est déjà à un niveau
fort décourageant pour l’activité économique et
nflation
qui dépasse de loin celui dans les pays partenaires
et concurrents (au Maroc par exemple ce taux est
à 1,5% !).
Enfin, alors qu’on reste convaincu qu’il s’agit
Par Samy Chambeh d’une inflation importée (et donc une variable
exogène puisque les causes sont généralement ex-
térieures à la Tunisie) et qui s’est muée dans une
inflation par les coûts à travers le renchérissement
des inputs :énergie (carburants, gaz, électricité) et
produits céréaliers et de la nourriture pour bétail,
ce qui est susceptible d’être directement répercuté
sur les prix finaux des différents produits et ser-
vices, d’où une spirale inflationniste autoentrete-
nue.
Dernière interrogation :N’aurait-il pas fallu pro-
céder à ce resserrement de la politique monétaire
mais avec une majoration moins prononcée et
selon l’évolution de la situation, des corrections
“
pourraient être décrétées pour ne pas tuer dans
L’Institut l’œuf la timide reprise d’une économie qui com-
d’émission se mence à sortir de sa torpeur deux ans après la pan-
doit certes de démie du coronavirus.
crédibiliser sa D’autant que le taux d’intérêt réel est encore loin
d’être positif et donc l’épargne ne peut être sti-
politique monétaire
mulée même avec la décision de la BCT de his-
mais fallait-il
ser le TRE (taux de rendement de l’épargne) à
temporiser un 6% contre 5% auparavant, sachant que par taux
peu, surtout qu’il d’intérêt réel ou effectif il faut entendre un taux
y a toujours un d’intérêt corrigé de l’inflation. Là également, il y
antagonisme a dilemme, puisque ce taux devrait, être à un ni-
entre la lutte veau tel qui puisse stimuler l’épargnant mais sans
contre l’inflation toutefois décourager l’investisseur.
et la stimulation
de la croissance
“ Un semblant de reprise terrassé
économique. Le resserrement de la politique monétaire entre-
prit par la BCT aura pour conséquence directe
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 23
la majoration des taux d’intérêt pratiqués par les
banques de la place sur la distribution des crédits
et donc limiterait la capacité d’emprunt des entre-
prises économiques et des particuliers, d’où une
maîtrise de la demande et de la consommation qui
reste quoi qu’on dise un moteur de croissance.
Parallèlement, pareille mesure pourrait inhiber
également l’investissement et ce qui s’ensuit
comme effort d’entrepreneuriat, de production et
d’exportation.
Aussi, le rôle du gouvernement est-il à ce niveau
d’une importance capitale pour galvaniser la
confiance des producteurs – investisseurs et des
consommateurs et atténuer, in fine,le préjudice sur
la reprise économique.
Concrètement, il s’agit de faire en sorte d’alléger
le poids des charges financières des PME(petites
et moyennes entreprises) et de leur permettre ainsi
de poursuivre leur activité, de contribuer à la créa-
tion des richesses et de préserver leurs emplois.
Une bonification des taux d’intérêts serait à ce titre
inévitable pour ne pas décourager les intentions
d’investissement, tout en parant à d’éventuelles
faillites d’entreprises et à l’alourdissement du
chômage, toujours à un niveau assez inquiétant.
Bref, apporter, d’une manière générale, un soutien
indéfectible à la politique économique en contour-
nant les retombées de ce relèvement du taux di-
recteur.
Cependant, le resserrement de la politique moné-
taire de la BCT est-il un mal nécessaire ?
Indépendamment de son amplitude, la réponse ne
peut qu’être affirmative.
Et il fallait en effet intervenir pour essayer d’at-
ténuer la dégradation du pouvoir d’achat. C’est
que l’emballement de l’inflation suite à la flam-
bée actuelle et à venir des prix à la consommation
va inéluctablement pousser les syndicats à exiger
des majorations salariales importantes. Cet effort
financier, une fois réalisé, va être intégré dans le
prix des biens et services des entreprises, ce qui va
conduire avec les facteurs exogènes dus au conflit
russo-ukrainien à une aggravation démesurée des
tensions inflationnistes.
Outre l’augmentation de l’incertitude écono-
mique, le grand risque d’une inflation galopante
est de voir sévir dans nos contrées une situation
qui consolidera le caractère déstabilisant et inhi-
biteur de toutes les anticipations des producteurs,
investisseurs ou consommateurs.
Jouant un rôle essentiel dans l’évolution de la
conjoncture économique et dans les comporte-
ments des agents économiques, ces anticipations
que tous les économistes s’accordent quant à
leur importance majeure sur les événements non
seulement passés mais également à venir, pèsent
énormément sur la stabilité de la vie économique
de tout pays. n
Tribune
Perversion d’un monétarisme
à deux vitesses
L
a chose et son contraire? La Banque centrale de Tuni-
sie (BCT) monte en flèche son taux directeur à 7%, pour
contrer une inflation de 7,5%, sacrifiant encore une fois
l’investissement et la croissance. En revanche et en catimini, la
BCT pousse le système bancaire tunisien à prêter des milliards
de dinars au Trésor public, pour soulager les pressions d’une
dette insoutenable et surtout pour payer les salaires des fonction-
naires. La BCT allume sa machine à imprimer les dinars, aug-
mentant la masse monétaire en circulation (M3), de 9% en 2021.
La BCT crée ainsi de l’inflation qu’elle prétend combattre par
l’augmentation du taux d’intérêt directeur. Cherchez l’erreur…
À se demander si la BCT ne pratique pas ainsi un monétarisme
à deux vitesses, un monétarisme discrétionnaire…un peu à la
tête du client! La BCT ne doit pas perdre de sa crédibilité, ne
doit pas sortir de son rôle! Parce que les faits sont incriminants!
1- Les faits sont têtus
Les faits: la BCT a surpris observateurs et analystes en aug-
mentant fortement et subitement son taux d’intérêt directeur,
la semaine dernière. Pourtant, tous ces analystes ont appelé de
leurs vœux à la prudence, à la responsabilité, espérant que la
BCT ne va pas encore surréagir, en pénalisant l’investissement
et en torpillant les premiers signes d’une reprise économique
dans plusieurs secteurs clefs : tourisme, artisanat, agriculture,
bâtiment, services, etc.
De surcroît, ces mêmes experts, venant de différentes écoles de
pensée économique ont martelé que dans le contexte, une aug-
mentation du taux directeur ne peut aucunement être efficace
contre une inflation de pénuries mondiales et totalement exo-
gènes, comme la guerre en Ukraine, la reprise post-Covid on
encore la perturbation des chaînes d’approvisionnement. Tout
augmente, les cours du pétrole, des céréales, et de nombreuses
24 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
Par Moktar Lamari*
matières premières. Et comme on dit en Tunisie, «il n’y a que la
valeur de la vie humaine qui baisse en ces temps incertains… »!
Les analystes ont prévenu qu’une autre hausse précipitée du
taux directeur sera pire que le mal qu’elle est censée combattre.
Peine perdue, la BCT a fait à sa tête, ajoutant plus de ce qui n’a
pas marché, par le passé, et ramenant le taux directeur à des
summums : cinq fois plus élevé que celui en vigueur au Maroc,
alors que l’inflation au Maroc est jugée forte, pas loin de celle
de la Tunisie (5,5% au Maroc, contre 7,5% en Tunisie).
On devine alors que les vrais motifs de cette augmentation
du taux directeur ne sont pas uniquement monétaires, mais
comportent bien de motifs politiques et énigmatiques jusqu’à
preuve du contraire.
2- La BCT s’invite dans l’agenda politique
Le timing, l’intensité de la hausse des taux et le contraste créé
par l’asymétrie entre mesures monétaires et mesures fiscales,
montrent que la BCT durcit le ton, se raidit pour faire valoir
son orthodoxie monétariste.
La manière compte et les opérateurs économiques lisent entre
les lignes. La BCT n’y va pas de main morte ! La BCT tape
sur table, comme pour se faire remarquer, comme pour com-
penser le retard (ou le refus) des réformes fiscales: réduction
de la masse salariale, ajustement des subventions, privatisation
d’entreprises publiques. Le tout pour espérer la bénédiction
politique du pouvoir exécutif en Tunisie.
Pas rassurant, et dommage! La BCT pilote à vue, sans plan
stratégique (le précédent plan stratégique est échu depuis
2021), la BCT utilise une législation de change qui date des
années 1970. Et l’actuel gouverneur veut probablement renou-
veler son mandat, qui arrive à échéance d’ici un an. Alors, ceci
explique cela…
Cela dit, la BCT s’improvise un rôle d’équilibriste et accepte
de prendre l’odieux de son approche très monétariste, et très
défavorable à l’investissement et anti-reprise économique.
«…Pas difficile de voir que la BCT se positionne comme
paratonnerre pour protéger le pouvoir exécutif qui ne veut pas
réformer et qui n’ose engager aucun de tous ces changements
socio-économiques exigés par les bailleurs de fonds. Des ré-
formes peu populaires et peu acceptables par le citoyen lamb-
da…», déclarait sous le couvert de l’anonymat un universitaire
tunisien, directeur d’un centre de recherche sur les politiques
monétaires.
La BCT ne veut pas attendre l’avènement de ces réformes fis-
cales, pensant qu’elles ne seront pas annoncées et acceptées
avant les échéances politiques portant sur un référendum en
juillet et des élections en décembre. En attendant, il faut trou-
ver un accord avec le FMI.
C’est probablement pour cette raison que la BCT a procédé ra-
pidement, sans évaluation des impacts ex ante et sans concer-
tation avec les partenaires gouvernementaux… ne voulant pas
faire pression sur le gouvernement Bouden et ultimement sur
le président Kaïs Saïed.
Mais, sans aucun doute, la BCT respecte les apparences, sans
convaincre les anticipations rationnelles des opérateurs écono-
miques. La hausse du taux directeur fait partie intégrante de la
mission principale de la BCT, comme annoncé par la Loi de
20116, votée sous la législature dominée par le parti islamique.
Par ses actions (et inactions), la BCT rend service au président
Kaïs Saïed et tient compte de l’agenda politique de ce dernier.
Le Tunisien moyen n’accepterait pas de gaieté de cœur les li-
cenciements dans la fonction publique, et encore moins l’abo-
lition de la subvention du pain et des spaghettis…
Et la hausse du taux d’intérêt directeur devient la solution qui
fait le moins mal au président et à son gouvernement. Une
hausse à impact diffus, latent et incolore donc plus acceptable,
puisque moins coûteuse politiquement parlant.
3- Le FMI en ligne de mire
Théoriquement, la hausse du taux directeur doit aussi faire
plaisir au FMI et bailleurs de fonds internationaux. Le FMI
insiste sur l’importance du ciblage de l’inflation en Tunisie et
considère que la hausse du taux directeur constitue le levier
principal de la politique monétaire en Tunisie.
Ce faisant, ce message adressé au FMI peut arranger le gouver-
nement Bouden, qui attend avec impatience l’obtention d’un
accord de financement avec le FMI.
Mais, cette décision ne sera probablement pas suffisante pour
le FMI qui a déjà conçu son kit de diktats, proposés comme
conditionnalités pour aboutir à un accord avec la Tunisie. En
plus du ciblage de l’inflation, on parle ici de flexibilité du taux
de change du dinar (dévaluation du dinar), de la vérité des
prix, de la rationalisation des dépenses de l’État et de la réduc-
tion des effectifs de fonctionnaires… Et ce kit ne me dérange
pas, s’il était mis en œuvre de façon éclairée, neutre et tenant
compte des effets pervers et mesures d’accompagnement liées.
Fidèle à l’orthodoxie monétariste, la BCT n’utilise pas tous les
instruments monétaristes à sa disposition et faisant partie du kit
requis pour mieux cibler l’inflation.
On comprend que ce n’est pas facile pour les membres du
Conseil d’administration de la BCT. Leur institution fait face à
une équation complexe et dont les variables ne sont pas toutes
monétaires. Plusieurs variables sont politiques et idéologiques.
En contexte de surendettement (dette insoutenable), d’insta-
bilité institutionnelle, d’inquiétants déficits budgétaires et de
résistance aux réformes structurelles, la BCT choisit de péna-
liser encore une fois l’investissement et les premiers signes de
reprise des secteurs économiques clefs (tourisme, agriculture,
services, etc.).
La BCT aurait pu faire modifier le ratio créance/dette pour le
baisser de 120% (circulaire de la BCT de 2018) à 100%. Elle
aurait pu introduire des mesures réglementaires pour siphon-
ner des liquidités en circulation, notamment dans le marché
informel et particulièrement dans les régions frontalières où
les agents économiques préfèrent thésauriser leurs liquidités
et épargne.
4- La planche à billets, bonjour les dégâts!
Sachant que la hausse d’un point de pourcentage du taux d’in-
térêt directeur dans le contexte de la Tunisie (post-2011) ne
baisse pas sensiblement l’inflation (IPC). Selon une étude ré-
cente produite par le FMI (2020), pour la période 2011-2019,
l’impact de la hausse du taux directeur sur la maîtrise de l’in-
flation est très faible, ne dépassant pas les 13%, selon un rap-
port récent du FMI (Working paper, IMF 20|167). Les auteurs
démontrent cette évidence de manière économétrique.
«La décomposition de la variance de l’inflation montre
qu’environ 13 % de la variance de l’inflation s’expliquent par
les variations du taux directeur (après 9 trimestres) ; un pour-
centage similaire de la variance de l’inflation (13 %) est dû
aux variations de la croissance de la monnaie au sens large
(M3), tandis que les fluctuations des taux de change expliquent
jusqu’à 40 % de la variabilité de l’inflation à long terme…».
La BCT fait fi de ce constat et oublie son indépendance pour se
contorsionner et s’impliquer directement dans les tensions ins-
titutionnelles, partisanes et politiques. L’institution d’émission
fait semblant de lutter contre l’inflation, tout en faisant tourner
la planche à billets et ouvrant les vannes de financement pour
les banques locales qui prêtent au gouvernement. Des prêts qui
permettent au gouvernement de financer les salaires d’une Ad-
ministration pléthorique et de subvenir et de rééchelonnement
des remboursements de dettes venus à échéance. Et la variation
de la masse monétaire a augmenté de presque 9%, alors qu’elle
explique aussi 13% de la variance de l’inflation.
Comme si on voulait faire de la compensation : on fait tour-
ner la machine à imprimer les dinars et on augmente les taux
d’intérêt directeurs. Ce qui arrange le gouvernement actuel, et
accommode l’agenda politique du président Kaïs Saïed, à la
veille d’un référendum constitutionnel, prévu dans deux mois
et des élections à la fin de l’année.
Évidemment, cette hausse constitue un autre cadeau
providentiel pour le cartel des banques locales.
Cette hausse du taux directeur est probablement conçue pour
financer indirectement les déficits publics liés à la consomma-
tion et à la création d’emplois fantômes uniquement pour faire
de la politique politicienne et influencer l´agenda politique et
les prochaines élections « quoi qu’il en coûte ».
La BCT bricole ses instruments, le gouvernement se campe
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 25
Tribune
sur ses positions mettant un niet aux réformes qui ne durait
que le temps de la pandémie. Comme si l’investissement et
la croissance n’auraient aucune importance. Piégée par trop
d’objectifs contradictoires, la politique monétaire de la Tu-
nisie est chancelante, voire dangereuse. Ses contradictions et
perversions augureraient de lendemains douloureux.
5 – Double discours et opacité
À tous les niveaux, les statistiques monétaires, économiques
et budgétaires ne circulent pas de façon transparente et
instantanée. L’asymétrie d’information pose un problème,
sape la confiance et suscite des inquiétudes. Trois exemples
pour s’en convaincre.
- Un: La BCT agit actuellement sans Plan stratégique qui pré-
cise ses orientations, ses axes d’interventions et indicateurs de
performance. Le précédent Plan stratégique est périmé depuis
2021.
- Deux: le vote et les conditions de vote des membres du
Conseil d’administration ayant décidé de hausser le taux di-
recteur ne sont pas connus et aucun opérateur économique ne
peut affirmer que ce vote a été unanime ou encore étriqué!
La BCT ne dispose pas de comité d’économistes experts et
réellement indépendants pour valoriser le savoir et optimiser
les décisions.
- Trois : la BCT ne publie pas ses analyses et on ne sait
pas si réellement, ses décisions sont fondées sur le savoir,
issues des données probantes, économétriques et validées
par des universitaires et organismes dignes de confiance. La
transparence fait défaut.
Des réformes structurelles sont nécessaires pour restaurer la
confiance envers la BCT et envers le système bancaire, un car-
tel qui engrange des bénéfices colossaux, alors que le pays est
techniquement en faillite. Ce chemin, douloureux et étroit, est
le seul possible.
Si la BCT perpétuait ad libitum une politique de financement
des déficits publics en augmentant les taux d’intérêt et en
poussant le cartel des banques à financer l’État, de graves
crises financières et politiques sont à prévoir, compromettant
ce qui reste de l’avenir de la Révolte du Jasmin en Tunisie,
10 ans après. La récession s’emballerait au détriment des plus
faibles et le dinar trinquera encore et encore! Les dévaluations
successives du dinar expliquent %40 de la variance de
l’inflation (selon la même étude citée ci-haut).
La confiance dans le dinar n’est pas haute et elle risque de dé-
gringoler plus, suivant la trajectoire ayant fait crasher la livre
libanaise. Les politiques monétaires de la BCT doivent ap-
prendre de leurs erreurs et s’engager dans une perspective de
décision fondée sur le savoir, sur la responsabilité collective et
surtout sur la transparence. Aujourd’hui, on est très loin de ce
paradigme et la marche est relativement haute…
*Ph. D.
Universitaire au Canada
------------------------------------------------------------------------
(1) Khatat M, End N & Kolsi R (2020). Tunisia Monetary
Policy Since the Arab Spring: The Fall of the Exchange Rate
Anchor and Rise of Inflation Targeting, IMF, Working paper
WP/20/167.
26 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
Notre Banque centrale
cause elle-même
l’inflation de notre
économie Amine Ben Gamra*
La BCT relève son taux directeur de 0,75 point pour le rame-
ner à 7% et le taux de rémunération de l’épargne de 1 point
à 6%.
Conséquences
Du côté des ménages, la hausse du taux directeur entraînerait
une hausse des taux d’intérêt des banques. Résultat, l’accès
au crédit serait plus difficile car plus cher, ce qui ralentirait
la consommation. C’est le même schéma qui s’opèrerait pour
les entreprises puisqu’un renchérissement du coût du crédit
découragerait les investissements.
En revanche, une remontée des taux serait avantageuse pour
les épargnants puisqu’ils bénéficieraient d’une meilleure ré-
munération. Alors que les ménages tunisiens voient leur pou-
voir d’achat plombé par des vagues sévères et intenses de
hausses des prix qui ont détruit aussi bien la consommation,
l’épargne et l’emploi et en conséquence le pouvoir d’achat de
la population, ce qui a creusé spectaculairement le fossé des
inégalités sociales.
Pour l’Etat, la combinaison de taux d’intérêt élevés, d’une
faible croissance du PIB, d’un taux de chômage élevé et
d’une dette publique croissante est insoutenable.
L’économie tunisienne face a une spirale
inflationniste incontrôlable
En effet, lorsque les prix augmentent, les salariés sont géné-
ralement amenés à réclamer une revalorisation de leurs ré-
munérations, auquel cas les bénéfices des entreprises vont se
réduire, ce qui va les inciter à augmenter leurs prix. Les mé-
nages réclameront alors une nouvelle revalorisation, menant
à une nouvelle augmentation des prix, et ainsi de suite.
Par erreur, notre Banque centrale ne s’aperçoit pas qu’elle
cause elle-même l’inflation de notre économie : augmenta-
tion des prix, des salaires et plaintes de tous à l’égard d’une
spirale inflationniste incontrôlable.
Ainsi, suite à la décision de faire remonter le taux directeur,
on est face au risque d’une crise de la dette, une récession et
des krachs.
La BCT a une méconnaissance profonde de l’inflation et de la
façon dont elle se manifeste sur le libre marché.
Pour stabiliser les prix et contenir l’inflation : il faut au
contraire baisser le taux directeur surtout que le taux de chô-
mage en Tunisie est très élevé.
*Expert-comptable
Commissaire aux comptes
Membre de l’Ordre des Experts-comptables de Tunisie
 Économie

« Repenser l’investissement- Reboot »

Le primat de l’action Par Alaya Becheikh

L’investissement a toujours été le talon d’Achille de la croissance économique
en Tunisie. La situation a encore empiré durant la dernière décennie sur fond
d’incertitudes politiques et institutionnelles ayant gagné le pays et ce, malgré les
initiatives de réforme mises en place. L’instabilité de l’environnement international
a, par malheur, ajouté à l’atonie de la dynamique locale, mais offre, en même temps,
des opportunités. Dans cette perspective, les autorités nationales ne cessent de

L
multiplier les efforts pour redémarrer l’investissement privé.

ors d’un atelier national récemment organi-
sé à Tunis sous le thème « Repenser l’inves-
tissement- Reboot », l’Instance tunisienne
de l’investissement (TIA) a élaboré une feuille de
route de 39 mesures pour promouvoir l’investisse-
ment en concertation avec le secteur privé.
Au-delà de la consistance de ladite feuille de
route, la question est de savoir dans quelle mesure
une telle « énième » initiative ou « réformer outre
mesure » est à même de changer la donne et créer
une grande inflexion d’orientation économique,
moyennant le reboot (redémarrage) de la décision
d’investir.
Feuille de route d’investissement : de quoi
s’agit-il ?
La feuille de route d’investissement initiée par
l’Instance tunisienne de l’investissement est une
démarche de relance de l’investissement dans cinq
secteurs prioritaires, en l’occurrence l’automobile,
l’aéronautique, les technologies de l’information
et de la communication (TIC), l’industrie pharma-
ceutique et les énergies renouvelables.
L’objectif recherché au travers de cette initiative
est de tirer parti des opportunités de relocalisation
de l’investissement étranger sur fond de la crise de
la Covid et la nouvelle donne géopolitique, mais
aussi d’attirer davantage d’investisseurs vers la
Tunisie, en mettant à profit les privilèges du site
Tunisie.
En d’autres termes, il est question de renforcer la
proposition de valeur de la Tunisie vis-à-vis des
investisseurs nationaux et étrangers en mettant en
place le cadre législatif et réglementaire néces-
saire au développement sectoriel.
La feuille de route consiste en fait à définir des
plans d’action aux fins d’implémentation de 39
mesures axées sur l’écosystème et gouvernance
(environnement, rôles et responsabilités des par-
ties prenantes, autorité de régulation, règlement
de différend…), la réglementation (accès aux
marchés, règlements, procédures, mécanismes

28 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

de financement et de garantie…), la fiabilisation
des données sectorielles (système d’information,
uniformisation de données du secteur…), les
ressources humaines (cartographie des métiers
et compétences, formations spécialisées…), et
l’infrastructure (offre foncière, zones indus-
trielles, réseaux de communication, transport,
stockage…).
La feuille de route d’investissement se singu-
larise par deux traits caractéristiques. Premiè-
rement, la concertation active, en ce sens que
l’identification des mesures de réforme a fait
l’objet d’une concertation active entre l’adminis-
tration et le secteur privé. Deuxièmement, l’éla-
boration de plans opérationnels pour la mise en
œuvre des mesures correspondantes en définis-
sant des objectifs précis et des indicateurs clés de
performance s’y rattachant, en sus des risques et
des prérequis et accélérateurs opérationnels.
Certes, l’approche de la feuille de route de la
TIA s’avère « innovante » et ambitieuse, mais,
d’autres conditions s’imposent pour produire
tous les effets escomptés, et atteindre par rico-
chet les objectifs recherchés en matière d’inves-
tissement.
Créer les conditions de mise en œuvre
Comment sortir l’investissement du piège de
l’attentisme et libérer le potentiel d’attractivité
du site Tunisie en utilisant la feuille de route de
la TIA ?
Le cadre d’action de la feuille de route d’inves-
tissement sera soumis au gouvernement pour
approbation avant exécution. Et c’est là que le
bât blesse ! En effet, l’action des différentes ré-
formes entreprises tout au long des dernières an-
nées a toujours buté sur des blocages multiples,
au grand dam de la crédibilité des autorités pu-
L’atelier organisé par la TIA a réuni des économistes de premier plan pour
l’élaboration d’une feuille de route en vue de promouvoir l’investissement
bliques.
Cette fois-ci, le grand défi consiste à prévoir les
conditions idoines susceptibles de concrétiser les
mesures de la feuille de route d’investissement.
Il s’agit essentiellement d’harmoniser et de prio-
riser.
L’harmonisation consiste à définir clairement
les frontières entre les différentes initiatives de
promotion de l’investissement officiellement
annoncées par les autorités publiques.
Tout d’abord, les mesures d’urgence économique
“L’annonce
d’ores et déjà annoncées par le gouvernement,
dont l’objectif global, selon le gouvernement, est
et surtout de rétablir graduellement la confiance des acteurs
l’implémentation économiques et protéger le tissu entrepreneurial.
effective de la Ensuite, les pactes de compétitivité sectorielles,
feuille de route dont certains ont déjà été signés. Ensuite, la ré-
doivent servir forme de l’environnement des affaires faisant
de jalon pour partie intégrante des discussions en cours avec le
la remise de Fonds monétaire international.Puis, les assises de
l’investissement engagées par le gouvernement
l’investissement
dans le cadre d’un dialogue public-privé, et de-
direct étranger
vant déboucher sur une série de réformes du cli-
sur un nouveau mat d’investissement. Enfin, le nouveau plan de
sentier de développement 2023-2025 qui se propose d’arrê-
croissance ter les réformes et les projets structurants, à même
durable. A cette de booster l’initiative privée et redonner un nou-
fin, l’action se vel élan à l’investissement.
doit d’être le “ L’évitement des confusions éventuelles entre les
mot d’ordre. différents programmes de réforme de l’environ-
nement des affaires et la relance de l’investisse-
ment est un facteur clé de succès de la feuille de
route d’investissement.
La priorisation renvoie à la nécessité de choisir
les actions à implémenter notamment sur le court
terme, sur la base de la maturité des mesures en
question. Autrement dit, il importe de s’engager
en priorité sur les actions urgentes et faisables,
immédiatement à même de répondre aux besoins
impérieux des investisseurs, en particulier les
procédures administratives, la digitalisation des
services et la disponibilité du foncier industriel.
A cela s’ajoute l’activation du système de pilo-
tage et de suivi de la mie en œuvre des différents
plans d’action de la feuille de route d’investisse-
ment et ce, pour réajuster les chemins critiques et
venir à bout des embûches opérationnelles.
L’annonce et surtout l’implémentation effective
de la feuille de route doit servir de jalon pour la
remise de l’investissement direct étranger sur un
nouveau sentier de croissance durable. A cette fin,
l’action se doit d’être le mot d’ordre. Parce que,
si l’on veut vraiment faire du Forum de l’inves-
tissement de Tunisie (TIF) qui se tiendra au mois
de juin, un tournant majeur dans l’attractivité du
pays, il va falloir faire des annonces mirobolantes.
Que ce forum soit une rencontre pour l’action et
un cadre d’action !n
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 29
 L’entreprise
« ASSURANCES CARTE »,
objet de vérification fiscale
Au cours de l’exercice 2020, la société «ASSURANCES
CARTE» a fait l’objet d’une vérification fiscale préliminaire au
titre de l’impôt sur les sociétés et des acomptes provisionnels
et ce, au titre de l’exercice 2016. C’est ce qu’a mentionné la
société dans son rapport sur les états financiers individuels ar-
rêtés au 31 décembre 2021.
La notification initiale des résultats de la vérification, parve-
nue à la compagnie le 25/11/2020, fait état d’un redressement
de 1528896 dinars, pénalités de retard incluses. La compagnie
s’est opposée aux principaux points évoqués par les services de Contestant la totalité des points non retenus par l’administra-
contrôle fiscal dans sa réponse aux résultats de la vérification tion fiscale, la compagnie s’est opposée de nouveau, dans une
fiscale du 05/01/2021. 2e réponse en date du 14/04/2021, aux résultats du contrôle fis-
L’administration fiscale a formulé, en date du 01/04/2021, sa cal en formulant, à la même date, une demande de transfert de
réponse aux différents points évoqués par la compagnie dans son dossier devant la commission de conciliation pour statuer
son opposition susvisée en rejetant la majorité des points ex- sur les résultats de la vérification fiscale qu’elle conteste. Le
posés et défendus par la compagnie. Le redressement initial a dossier est en instance dans l’attente de la tenue de la commis-
été, ainsi, retenu. sion de conciliation.

Tunis Re  Les revenus

Le résultat des opérations des sociétés cotées
techniques, positif en amélioration
La Société tunisienne de Les indicateurs d’activité des sociétés
réassurance Tunis Ré a cotées au premier trimestre de 2022
publié ses états financiers font ressortir une hausse de leur revenu
arrêtés au 31 décembre global de 10,1% par rapport à la même
2021. Le résultat des période de l’année 2021, pour se situer à
opérations techniques 5,2 milliards de dinars contre 4,7 mil-
relatif à l’exercice 2021 liards de dinars.
arrêté au 31/12/2021 est 71% des sociétés ayant publié leurs in-
soldé par un gain de 2,870 dicateurs du premier trimestre de 2022,
MD représentant 3% des soit 56 sur 79, ont amélioré leurs revenus
primes acquises nettes. par rapport à la même période de l’an-
Après intégration des née précédente.
éléments de la gestion fi- Les 20 sociétés qui composent le Tu-
nancière, le résultat de l’exercice génère un bénéfice provenant des activités nindex20 ont accaparé 3,3 milliards de
ordinaires de 18,753 MD et un bénéfice net de l’exercice de 16,724 MD dinars (ou 64% du revenu global), en
dégageant un taux de 16.72% de rentabilité du capital social. hausse de 12% par rapport à la même
Les placements totalisent au 31/12/2021, un montant brut de 452 123 246 période de l’année écoulée.
dinars contre un montant brut au 31/12/2020 de 419 269 538 dinars, soit Les plus fortes hausses de revenus ont
une variation de 32 853 708 dinars alors que les autres placements finan- été réalisées par ESSOUKNA (+268,9%),
ciers totalisent au 31/12/2021 un montant net de 327953176 DT contre STA (+194,7%), ALKIMIA (+111,6%),
un montant net de 304774778 DT au 31/12/2020, soit une variation de ICF (+89,6%) et ADWYA (+66,9%).
23178397 DT. En revanche, les plus fortes baisses
Le capital de Tunis Re est composé de 20.000.0000 actions d’une valeur de revenus ont été enregistrées par
nominale de cinq dinars chacune. Le résultat par action au 31/12/2021 est ELECTROSTAR (-90,8%), GIF-FIL-
de 0,836 dinar pour chaque action constituant le capital social. Les capitaux TER (-83,9%), SITS (-61,6%), UADH
propres totalisent avant affectation du résultat 223 916 077 dinars contre ( -48,5%), PLACEMENT TUNISIE
212 407 678 dinars au 31/12/2020, soit une augmentation de 11 508 398 SICAF (-42,1%) et CITY CARS
dinars. (-34,5%).

30- RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

Le PNB des 12 banques cotées
progresse de 11,8%
Dans le secteur financier, les 12 banques cotées ont réalisé
un produit net bancaire (PNB) cumulé de 1 447MD durant le
premier trimestre de 2022, contre 1 295MD sur la même pé-
riode de l’année 2021, soit une progression de 11,8%. Selon
les derniers indicateurs de la bourse, le revenu global net des
7 sociétés de leasing cotées a augmenté de 8,6% durant le
premier trimestre de 2022 par rapport au même trimestre de
2021, pour atteindre 12MD contre 11MD. Les 5 compagnies
d’assurances cotées ont vu le montant global des primes
émises atteindre 399MD contre 353MD, soit une progression
de 13%.
Le secteur financier dans son ensemble a amélioré son revenu ont vu leur chiffre d’affaires global régresser de 20% durant
global au 1er trimestre de 2022 de 11,6% par rapport à la le premier trimestre de 2022 pour se situer à 215MD contre
même période de l’année écoulée. Dans le secteur des Biens 268MD au premier trimestre de 2021. Dans le secteur des
de consommation, le revenu global des trois grands groupes Services aux Consommateurs, le chiffre d’affaires global de
opérant dans l’agroalimentaire (Poulina Group Holding, Dé- deux enseignes de la grande distribution cotées en Bourse
lice Holding et SFBT) a progressé de 12,33% pour passer de (Monoprix et Magasin Général) a connu une légère baisse
1222MD à 1 373MD. de 0,8% au premier trimestre de 2022 par rapport à la même
Dans ce même secteur, les cinq concessionnaires automobiles période de 2021, pour atteindre 368MD contre 371MD.

Meuble Intérieurs 
Un résultat net en croissance de 28.95%
La société Atelier du Meubles Intérieurs
informe ses actionnaires de la tenue
de son Assemblée Générale Ordinaire
(AGO), vendredi 27 mai 2022. Il s’agi-
ra de statuer sur les états financiers de
l’exercice 2021 et les rapports des com-
missaires aux comptes y afférents.
En 2021, malgré une situation inédite et
difficile liée à la crise de la Covid-19,
la société Atelier du Meubles Intérieurs
réalise un résultat net de 1 402 866 DT,
en croissance de 28.95% par rapport à
2020. La société a réussi à enregistrer
une performance considérable au niveau
des commandes qui ont dépassé les 3
millions de dinars au 31/12/2021. C’est
grâce à ces résultats remarquables que
le Conseil d’administration a décidé de
proposer un dividende de 0,200 dinar par
action, soit 20 % du nominal. Concernant ses perspectives, la société
La société Atelier du Meubles Intérieurs Atelier du Meubles Intérieurs, confiante
confirme la solidité de sa performance dans sa stratégie d’accélération de mon-
financière qui résulte de la stabilité de tée en gamme, anticipe une croissance à
son cadre de régulation, la robustesse deux chiffres durant l’année 2022 et le
de son modèle économique et sa gestion maintien d’un niveau de rentabilité res-
responsable. pectable.

BCT
Hausse du taux directeur
de 75 points de base à 7%
Après une évaluation des risques entourant la dynamique de l’infla-
tion et l’équilibre du secteur extérieur au cours de la période à venir,
le Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT)
a décidé de relever son taux directeur de 75 points de base, le por-
tant à 7,0%, ce qui se traduirait par un relèvement des taux des faci-
lités de dépôt et de prêt marginal à 6,0% et à 8,0 % respectivement.
Par cette action, le Conseil vise à contrer les tensions inflationnistes
qui se profilent à l’horizon, et à éviter une accélération de l’inflation
et une accentuation du déséquilibre extérieur.
Par ailleurs, il a été décidé de relever le taux minimum de rémuné-
ration de l’épargne de 100 points de base à 6%.

N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 31

 L’entreprise
APII 
830 projets et plus de 12 mille
emplois déclarés dans l’industrie
Durant les trois premiers mois de 2022, les investissements
déclarés dans le secteur industriel ont atteint le montant de
619.1 MD, contre 724.0 MD lors des trois premiers mois de
l’année 2021, enregistrant ainsi une baisse de 14.5 %. Selon
les derniers chiffres de l’Agence de promotion de l’industrie
et de l’innovation (APII), le nombre de projets déclarés a
atteint 830 lors des trois premiers mois de l’année 2022 contre
970 projets durant la même période de l’année 2021 (soit une enregistrant ainsi une baisse de 26.0%.
baisse de 14.4%). Ces projets permettront la création de 12710 Les investissements déclarés dans les industries totalement
postes d’emploi, contre 14007 postes d’emploi lors des trois exportatrices ont enregistré une baisse de 28.6%, passant de
premiers mois de l’année 2021, soit une baisse de 9.3%. 323.1 MD à 230.7 MD pendant les trois premiers mois de
Il est à noter que 66% des investissements déclarés durant les l’année 2022. En revanche, les industries dont la production
trois premiers mois de l’année 2022 s’inscrivent dans le cadre est orientée vers le marché local ont enregistré une baisse
des projets d’extension et de renouvellement de matériel. Les de 3.1%, en passant de 400.8 MD à 388.5 MD lors des trois
investissements déclarés dans le cadre des projets de création premiers mois de l’année 2022. Ainsi donc, 63% des investis-
sont passés de 284.5 MD durant les trois premiers mois 2021 sements déclarés lors des trois premiers mois de l’année 2022
à 210.5 MD lors des trois premiers mois de l’année 2022, concernent des projets non totalement exportateurs.

Assurances BIAT  TELNET HOLDING

Un résultat net de l’ordre de 16 MD Un résultat net bénéficiaire
Les états financiers publiés par
Assurances BIAT pour l’exercice
2021, font apparaître un résultat
net de 16 MD, au même niveau
que celui de 2020. Ainsi, le résultat
technique non-vie est passé de 7,2 à
12,5 MD sur la même période, celui
de l’assurance et de la réassurance vie est passé de 12,2 à 6,5 MD.
L’Assemblée Générale Ordinaire (AGO) de la
En 2021, les primes émises nettes ont atteint 76,4 MD, contre 65,7 MD
société TELNET HOLDING a approuvé, lors de
l’année précédente. Les charges de sinistres ont totalisé 35,1 MD, contre
sa réunion du 16 mai 2022, le rapport d’activité
32,8 MD en 2020.
dans toutes ses parties ainsi que les états finan-
Par rapport à la crise de la Covid-19, la société a mentionné que l’effet
ciers consolidés du groupe au titre de l’exercice
de cette pandémie a touché principalement la branche Prévoyance avec
2021, accusant ainsi un résultat net bénéficiaire
une fréquence de sinistres élevée, une augmentation de la charge sinistre
part du groupe de 9063508,309 dinars et un
pour la branche Santé, et un effet moindre sur la sinistralité des autres
résultat net bénéficiaire de l’ensemble consolidé
branches Non Vie et notamment l’Automobile avec une baisse du ratio
de 9 192 186,882 dinars.
S/P (compte tenu des mesures prises par l’Etat tunisien durant les diffé-
L’Assemblée a également décidé de nommer
rentes vagues de propagation du virus : interdiction de la circulation des
Nidhal Ourfelli et Slim Zeghal en qualité de deux
véhicules inter-régions, couvre-feu….).
administrateurs indépendants au sein du conseil
BIAT Assurances a également enregistré en 2021 une évolution re-
d’administration pour une durée de trois exer-
marquable du chiffre d’affaires Epargne (+67%), boostée par l’effet de
cices, soit 2022, 2023 et 2024.
l’avantage fiscal accordé par la loi de Finances de 2021 et une bonne
En plus, et après avoir constaté l’arrivée du terme
évolution du chiffre d’affaires Non-Vie (+16%), résultat d’important
du mandat des membres du conseil d’administra-
efforts commercial et technique des équipes d’Assurances BIAT.
tion lors de la tenue de l’Assemblée générale an-
L’exercice 2021 a été aussi marqué par une bonne performance du re-
nuelle qui statue sur les états financiers de l’exer-
couvrement des créances avec un résultat positif dégagé sur la variation
cice 2021, l’Assemblée a décidé de renouveler
du stock des provisions de fin d’année malgré le contexte économique
le mandat des administrateurs pour une durée de
difficile du pays, la finalisation du projet IFRS au premier semestre de
trois exercices, soit 2022, 2023 et 2024. Il s’agit
2021 (projet déjà entamé au second semestre de 2020) et la poursuite
de Sami Khouaja, Mohamed Frikha, Hikma Parti-
du projet de transformation des bureaux directe en agents d’assurances,
cipations et la Société AMALTE CH.
avec la concrétisation de 3 agences, Ariana, Nabeul et Sousse.

32 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

COTUNACE 
Diminution importante
du résultat net (-29.5%)
La Compagnie
tunisienne pour
l’assurance du
commerce extérieur
« COTUNACE »,
a publié ses états
financiers arrêtés au
31 décembre 2021.
Il en ressort que les
primes émises ont atteint 13 966 819 DT en
2021 contre 12165255 DT en 2020, soit une
augmentation d’environ 14.8%.
L’exercice 2021 a été aussi marqué par la
diminution de la provision d’équilibrage à
4185647 DT contre 5 145 946 DT en 2020,
suite à une absorption d’un montant de 960
300 DT, ce qui a donné un résultat technique
de 2143018 DT contre 3831477 DT en 2020,
soit une diminution de 44.1%, et un résultat
net de l’exercice de 4 208 535 DT, contre
5 969 152 DT en 2020, soit une diminution
d’environ 29.5%.
Les sinistres payés s’élèvent en 2021 à
8928471 DT (dont 2 534 839 DT à la charge
du Fond de garantie des exportations) contre
6481263 DT en 2020 (dont 1 539 302 DT à la
charge du Fonds de garantie des exportations).
Les provisions pour sinistres à payer consta-
tées au 31 décembre 2021 totalisent 20 755
503 DT contre 20 202 102 DT en 2020.
L’exercice 2021 s’est soldé également par
l’augmentation des placements (y compris les
avoirs en banques, CCP, chèques et caisses)
qui totalisent 169.5 MD en 2021 contre 165.9
MD en 2020, soit une évolution de 2.2% et la
diminution des produits financiers qui tota-
lisent en 2021 environ 6.1 MD contre 10.2 MD
en 2020, soit une diminution d’environ 40.2%.
Attijari Bank signe
avec la BERD
Attijari Bank et la Banque européenne pour la reconstruction
et le développement (BERD) ont signé un contrat dans le cadre
du programme de partage des risques de la BERD.
En vertu du ce contrat, Attijari Bank fournira un financement
de 5 MD aux Laboratoires Teriak S.A, pour acheter de nou-
velles machines et des équipements, et entreprendre des tra-
Le titre Tunisair s’est plié de 7,3%,
CIL, la valeur la plus active
Après avoir enchaîné trois semaines de suite dans le vert, le
marché a terminé la semaine du 16 au 20 mai 2022 sur une note
quasi stable, perdant 0,05% à 7316,41 points. Selon l’analyse
hebdomadaire de Tunisie Valeurs, depuis le début de l’année,
l’indice vedette affiche une performance positive de 3,8%.
Ainsi, la semaine a été marquée par la réalisation d’une tran-
saction de bloc sur le titre CIL pour un montant de 3,6MDt.
La transaction a porté sur 215 222 titres au prix unitaire de
16,600Dt. Le volume hebdomadaire de la cote a, ainsi, atteint
16,2MDt.
MIP a chapeauté le palmarès de la semaine. L’action de la socié-
té spécialisée dans l’affichage urbain a réalisé un véritable rallye
boursier s’envolant de 30% à 0,260Dt, et ce, dans de faibles
échanges de 3 mille dinars.
ARTES a connu un joli parcours boursier sur la semaine. L’ac-
tion du concessionnaire automobile de la marque au losange
a pris 8,3% à 7,720Dt. La valeur a drainé des capitaux de 623
mille dinars sur la semaine.
Du côté des baisses, SERVICOM a été la valeur la plus malme-
née sur la semaine. Dans un flux de 44 mille dinars, la valeur
a trébuché de 14% à 0,920Dt. La performance annuelle de
l’action bascule, ainsi, en territoire négatif (une correction de
–6,1%).
Mal orienté, le titre Tunisair s’est plié de 7,3% à 0,510Dt. L’ac-
tion du transporteur national a brassé de faibles flux de 16 mille
dinars.
CIL a été la valeur la plus active sur la semaine. Terminant sur
un gain de 1,7% à 18,200Dt, l’action a brassé un volume de
3,6MDt.
vaux de maintenance sur son site de production de Jebel Ouest.
Le financement permettra également à Teriak de compléter les
investissements de l’usine, de moderniser les processus de pro-
duction et d’améliorer sa productivité.
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 33
 L’entreprise
SOTUMAG
ARTES 
Augmentation des revenus en 2021
Désignation d’un adminis-
trateur indépendant
En se référant à la règlementation en vigueur et à la dé-
cision du Conseil du marché financier, la société ARTES
lance un appel à candidature pour la désignation d’un
administrateur indépendant au sein de son Conseil d’ad-
ministration.
Le candidat au poste d’administrateur indépendant ne
doit pas être actionnaire à ARTES et doit satisfaire aux
conditions d’honorabilité, d’intégrité, d’impartialité,
d’honnêteté, de confidentialité ainsi que de compétence
et d’expérience adaptée à ses fonctions.
Le candidat ne doit pas faire l’objet d’un jugement dé-
finitif pour infraction à la règlementation des changes
ou à la législation relative à la lutte contre le terrorisme
et la répression du blanchiment d’argent ou faire l’objet
d’une sanction de radiation et/ou de retrait d’agrément
ou d’autorisation pour l’exercice d’une activité profes-
sionnelle réglementée.
Un comité de nomination d’administrateur indépendant
sera mis en place par la société ARTES. Le candidat sera
choisi après étude et évaluation des dossiers parvenus
dans les délais fixés dans l’avis d’appel à candidature,
Une liste préliminaire des candidats admis à concourir
est arrêtée par le comité de nomination créé à cet effet
au sein de la société ARTES et ce, en vertu d’un pouvoir
qui lui est accordé par le Conseil d’administration.
34 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
 
La Société tunisienne des marchés de gros «SOTUMAG»
a publié ses états financiers arrêtés au 31 décembre 2021.
Les revenus s’élèvent à 975 396 15 DT en 2021 contre 14
680 924 DT en 2020, soit une augmentation de 295 472
DT. Les autres produits d’exploitation totalisent 090 25
DT en 2021 contre 382 28 DT en 2020, soit une baisse de
292 3 DT.
Les charges d’exploitation de l’exercice 2021 s’élèvent
à 10 691 274 DT contre 11 118 776 DT en 2020, soit une
baisse de 427 502 DT.
Les charges du personnel totalisent 7 109 776 DT en 2021
contre 7 046 505 DT en 2020, soit une augmentation
de 63 271 DT.
Les liquidités et équivalents de liquidités totalisent 1 037
631 DT au 31/12/2021 contre 695 191 DT au 31/12/2020,
soit une augmentation de 342 440 DT.
Les réserves totalisent 10 816 620DT au 31/12/2021 contre
9 272 059DT au 31/12/2020, soit une augmentation de
1544561DT.
Les fournisseurs et comptes rattachés présentent un total
de 1 208 461DT au 31/12/2021 contre 1 395 162 DT au
31/12/2020, soit une baisse de 186 701 DT.
Les autres passifs courants totalisent 2 989 407 DT au
31/12/2021 contre 2 933 548 DT au 31/12/2020, soit une
augmentation de 55 859 DT.
HUAWEI présente la nouvelle génération
de produits de haute technologie
pour une vie saine et intelligente
Huawei Consumer Business Group (BG) a présenté une variété
de produits de pointe de HUAWEI à Milan lors de l’évène-
ment « Huawei Flagship Product Launch 2022 », notamment :
HUAWEI WATCH GT 3 Pro, HUAWEI Mate Xs 2, HUAWEI
P50, HUAWEI WATCH D, HUAWEI Band 7 et HUAWEI
WATCH FIT 2. Des produits orientés pour simplifier davan-
tage la vie quotidienne des consommateurs.
Outre ses produits hardware, HUAWEI présente également sa
célèbre Health App, qui a aidé les consommateurs du monde
entier à adopter un mode de vie sain.
Huawei Consumer Business Group place toujours les consom-
mateurs au centre de ses activités. Lors de l’événement de
lancement, Richard Yu, CEO de Huawei Consumer Business
Group, a souligné le dévouement continu de Huawei à l’opti-
misation de l’expérience utilisateur afin de réaliser sa stratégie
et sa vision de l’ensemble des scénarios « Seamless AI Life ».
HUAWEI WATCH GT 3 Pro - L’élégance à votre poignet :
Un chef-d’œuvre éternel
La HUAWEI
WATCH GT 3 Pro,
disponible en édi-
tions Titanium et
Ceramic, sera dis-
ponible bientôt en
Tunisie chez les re-
vendeurs agréés et
dans la plateforme
Hmall.tn.
La HUAWEI
WATCH GT 3 Pro
est dotée d’un design
d’interface « Collection Phases de Lune», de matériaux haut de
gamme, d’un grand écran ultra-clair et d’une panoplie riche en
cadrans. La dernière smartwatch phare de Huawei permet de
soutenir facilement un mode de vie sain, et la technologie de
surveillance des données HUAWEI TruSeen™ 5.0+, permet-
tant une mesure précise de la santé cardiaque et de l’oxygène
sanguin1.
Pour garantir le confort et la durabilité, la HUAWEI WATCH
GT 3 Pro utilise une lentille en verre sapphire et un boîtier
arrière en céramique. Ces matériaux respectueux de la peau
permettent de détecter automatiquement tout changement de
température.
La HUAWEI WATCH GT 3 Pro Titanium Edition apporte une
touche de fraîcheur avec un design minimaliste. Pour garantir
l’uniformité et la délicatesse des lignes, la montre adopte un
polissage de qualité supérieure, ce qui est compliqué et prend
du temps, juste pour créer la finition haut de gamme. Elle est
équipée d’un boîtier métallique en titane, d’une lentille en
verre saphir et d’un fond en céramique. La HUAWEI WATCH
GT 3 Pro Ceramic Edition adopte un corps en céramique. Il
présente une douce brillance naturelle qui souligne son aspect
élégant. Elle est également dotée d’un cadran exclusif en forme
de fleur avec des effets dynamiques ; les cinq effets de cadran
différents montrent diverses formes de la fleur avec le temps.
L’épanouissement vif des fleurs ne symbolise pas seulement
le passage du temps de manière fascinante, mais ajoute égale-
ment une touche amusante à sa présentation.
La HUAWEI WATCH GT 3 Pro Titanium Edition offre une
autonomie de 14 jours et de 7 jours dans des scénarios d’utili-
sation intense, tandis que la HUAWEI WATCH GT 3 Pro Cera-
mic Edition offre une autonomie de 7 jours dans des scénarios
typiques et de 4 jours dans des scénarios d’utilisation intense.
Grâce à la recharge rapide sans fil, vous pouvez recharger la
montre pour une journée complète d’utilisation en seulement
10 minutes.
Les utilisateurs de la HUAWEI WATCH GT3 Pro ont accès
à plus de 100 modes d’entraînement associés à un coach de
course à pied intelligent et à une fonction de planification de
course à pied personnelle basée sur le physique, l’historique de
course et les objectifs personnels de chacun.
HUAWEI Mate Xs 2 : la perfection étendue
Présentant le HUAWEI
Mate Xs 2, le tout nou-
veau smartphone pliable
phare de HUAWEI.
Avec un poids de seu-
lement 255 g2 et une
épaisseur de seulement
5,4 mm3, le téléphone
est doté du premier de-
sign 3D en fibre de verre
pour obtenir une fusion
de couleurs et de tex-
tures esthétiques. Pour
obtenir une surface ultraplate, minimaliste et naturelle, le télé-
phone utilise le Falcon Wing Design. Grâce à cela, le mouve-
ment de la charnière et de l’écran est synchronisé avec préci-
sion via le contrôle de la liaison à longueur fixe. Pour l’écran
du téléphone, l’utilisation de l’écran composite innovant déve-
loppé par HUAWEI pour absorber tous les chocs et tampons
rend le HUAWEI Mate Xs 2 ultra fiable.
Pour améliorer encore la qualité d’utilisation, le HUAWEI
Mate Xs 2 est équipé de produits phares HUAWEI tels qu’un
écran pliable True-Chroma de 7,8 pouces pour offrir un conte-
nu haute résolution, une batterie à anode en silicium pour une
densité plus élevée et une plus grande capacité, le SuperCharge
HUAWEI de 66W4 qui permet une charge de 90% en 30 mi-
nutes, et une couche nano optique antireflet pour aider à ré-
duire les reflets.
Et pour compléter le tout, le HUAWI Mate Xs 2 intègre des
interactions innovantes avec des capacités multitâches et des
gestes de balayage de fenêtre flottante pour offrir un contrôle
transparent lors de l’utilisation de la multifenêtre.
HUAWEI P50 - L’ultime caméra avec un design
esthétique
Une stupéfiante caméra True-Form à double matrice
Il intègre la puissante matrice de la caméra principale et la ma-
trice du SuperZoom. L’appareil est intégré à l’optique HUAWEI
XD et au moteur d’image HUAWEI XD Fusion Pro, ce qui
permet d’obtenir des images haute résolution plus lumineuses,
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 35
 plus nettes et
plus détail-
lées. Huawei
a fait des
efforts sup-
plémentaires
pour mieux
comprendre
les cou-
leurs. Elle
a créé une
solution complète et a modifié plus de 2 000 couleurs dans
la gamme complète des couleurs. Le smartphone est doté
d’un nouveau système de filtres super colorés avec le mo-
teur d’image True-Chroma et la technologie Super HDR qui
améliore de manière significative les détails, les couleurs et
la gamme dynamique. Le HUAWEI P50 est exceptionnel en
vidéographie comme en photographie. L’appareil photo True-
Form Dual-Matrix prend en charge l’enregistrement vidéo 4K
à l’avant et à l’arrière, offrant ainsi des images claires et nettes
sous tous les angles.
En outre, l’objectif zoom périscopique prend en charge une
portée maximale de zoom allant jusqu’à 80 fois. Le HUAWEI
P50 prend également en charge une nouvelle génération de
technologie True-Steady Shot AIS Pro et est complété par un
tout nouveau matériel OIS pour offrir des expériences de stabi-
lisation nettement améliorées.
Une conception iconique de l’appareil photo à double
matrice
C’est la combinaison parfaite de la forme et de la fonction.
La configuration à double anneau est visuellement frappante
et immédiatement reconnaissable, tout en intégrant le matériel
photo le plus avancé des smartphones.
Il intègre un écran époustouflant et une caméra à simple per-
foration. Grâce à son écran HDR prenant en charge la gamme
de couleurs P3 complète, il peut offrir une expérience visuelle
impressionnante tant pour le divertissement vidéo que pour le
jeu. Le HUAWEI P50 est doté d’un écran de 6,5 pouces avec
un taux de rafraîchissement élevé et un taux d’échantillonnage
tactile de 300 Hz pour offrir des temps de réponse rapides.
Avec un indice IP68, vous pouvez être sûr que vous serez pro-
tégé des éléments lors de vos déplacements.
Batterie performante avec HUAWEI SuperCharge
Qu’il s’agisse de jouer, d’enregistrer, de travailler ou simplement
de naviguer sur Internet, le HUAWEI P50 offre une excellente
autonomie grâce à sa grande batterie longue durée de 4100mAh,
qui bénéficie de la fonction SuperCharge HUAWEI 66W.
En outre, l’AppGallery, innovante et sécurisée, est disponible
sur le HUAWEI P50 et permet aux utilisateurs de télécharger
un large éventail d’applications de haute qualité.
HUAWEI WATCH FIT 2 - La mode à votre poignet
Avec des caractéristiques à la mode, le HUAWEI WATCH FIT
2 associe style et fonctionnalité. La HUAWEI WATCH FIT 2
est équipée d’un écran AMOLED HD HUAWEI FullView de
1,74 pouce qui affiche 336PPI et une résolution de 336 x 480
pour offrir une excellente expérience visuelle et s’accompagne
d’un rapport écran/corps aussi élevé que 72,2%5 . La montre
est également dotée d’un nouveau design de lanceur en échi-
quier qui offre aux utilisateurs une expérience interactive et la
fonction Tap to Transfer6.
La HUAWEI WATCH FIT 2 est désormais équipée d’un haut-
parleur, en plus du microphone. Les appels peuvent être trans-
férés du smartphone de l’utilisateur à sa smartwatch via Blue-
tooth7, afin qu’il puisse discuter en déplacement, où qu’il soit.
Les utilisateurs peuvent répondre aux appels et les raccrocher
36- RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
facilement en ap-
puyant sur le bouton
de la smartwatch et
ajouter des contacts
fréquemment uti-
lisés dans l’appli-
cation HUAWEI
Heath. Ils peuvent
également écou-
ter de la musique
directement sur la
smartwatch avec la
lecture de musique
hors ligne et gérer
la lecture de musique8 via des applications mobiles. Accédez à
HUAWEI Assistant TODAY 9sur la smartwatch pour consulter
rapidement la météo, les vols et d’autres informations. Malgré
son boîtier compact, la HUAWEI WATCH FIT 2 parvient à
loger une grande batterie. Dans des scénarios d’utilisation ty-
piques, la smartwatch peut être utilisée pendant 10 jours, et 7
jours dans des scénarios d’utilisation intensive.
HUAWEI Band 7 : un bracelet intelligent ultra-fin
FullView avec une longue autonomie.
Se démarquant de ses concurrents, le HUAWEI Band 7 offre
des fonctions professionnelles dans le domaine de la santé et
du fitness scientifique. Le bracelet est le plus fin des trackers
de fitness avec une épaisseur de moins de 10 mm et un poids
de 16 grammes. Équipé d’un écran AMOLED avec un rapport
écran/corps de 64,88 % et une résolution de 194 x 368, il offre
un contenu et des images vives. Les utilisateurs peuvent per-
sonnaliser le cadran de leur montre avec différentes couleurs
pour l’assortir à leurs tenues.
Dans un scénario type, le HUAWEI Band 7 offre une autono-
mie de 14 jours10, ce qui permet aux utilisateurs de le porter
toute la journée en utilisation continue, de surveiller divers
indicateurs corporels, même en dormant. Personnalisez le ca-
dran de la montre grâce à 3 modes différents, notamment les
cadrans de montre AOD avec des cadrans par défaut pour l’af-
fichage du contenu sur le cadran de la montre ; le cadran de la
phase lunaire qui affiche les heures de lever et de coucher du
soleil ainsi que 8 phases lunaires et le changement de marée en
temps réel ; ainsi que plus de 4 000 11thèmes avec des couleurs
assorties pour s’adapter au style personnel de l’utilisateur.
Avec le nouveau système de mesure de la course à pied de
HUAWEI, l’indice d’aptitude à la course à pied (RAI), les uti-
lisateurs peuvent évaluer leur aptitude à la course à pied de
manière objective et découvrir leurs progrès en temps réel.
Pendant qu’ils s’entraînent, les utilisateurs peuvent utiliser le
HUAWEI TruSeen™4.0 pour suivre leur fréquence cardiaque
en continu, rapidement et avec précision grâce à deux LED
3-en-1 et une photodiode pour un apport lumineux plus im-
portant.
MONTRE HUAWEI
D : Tensiomètre
au poignet
Le HUAWEI
WATCH D est le
premier dispositif
de surveillance de la
pression artérielle au
poignet12 permettant
une mesure précise de la pression artérielle à tout moment et en
tout lieu pour les patients hypertendus.
D’une taille et d’un poids 1/6 des tensiomètres traditionnels, le
HUAWEI WATCH D utilise également une mini-pompe pour
mesurer la pression artérielle avec précision à tout moment et
en tout lieu. Grâce à une mini-pompe innovante, la pression de
la pompe à air peut atteindre 40 kPa, ce qui permet de mesurer
la pression artérielle jusqu’à 230 mmHg. Cela équivaut à la
gamme des tensiomètres traditionnels.
HUAWEI WATCH D n’est pas seulement un capteur de pres-
sion artérielle, c’est aussi une smartwatch qui prend en charge
la mesure de la fréquence cardiaque.
Il dispose de plusieurs modes d’entraînement et de fonctions de
surveillance de la santé. Le HUAWEI WATCH D prend éga-
lement en charge la mesure de la tension artérielle, la surveil-
lance de la fréquence cardiaque, la surveillance scientifique du
sommeil, la surveillance automatique de la SpO2, la détection
de la température de la peau, la surveillance du stress13, etc.,
Il est équipé de plus de 70 modes d’entraînement14. Combiné
au mode intelligent, il offre une autonomie de 7 jours15, ce qui
permet aux utilisateurs de le porter et de l’utiliser en continu
sans avoir à le recharger fréquemment.
L’application
santé HUAWEI
HUAWEI Health
App couvre tous
les aspects d’un
mode de vie sain,
notamment la
forme physique,
la nutrition et le
bien-être. Les uti-
lisateurs peuvent profiter d’un large éventail de fonctionnalités
de l’application HUAWEI Health App pour rester en forme,
tant pour leur santé physique que mentale. Avec HUAWEI
Health+, Huawei introduit un nouveau service d’abonnement
premium payant pour les utilisateurs qui recherchent des fonc-
tions de santé et de fitness plus avancées. Le HUAWEI Health+
sera d’abord commercialisé en Allemagne et en Italie.
Il n’est pas facile de créer un régime pour rester en bonne santé,
mais avec l’aide du plan de remise en forme de HUAWEI
Health App+, les utilisateurs peuvent créer des séances d’en-
traînement et des plans d’alimentation avec des rappels auto-
matiques en fonction de leurs jours d’entraînement, de leurs
objectifs d’exercice et de leurs aliments favoris. Utilisez l’ana-
lyse nutritionnelle pour saisir les données nutritionnelles de
chaque repas et calculer le nombre de calories avec une grande
précision afin d’aider les utilisateurs à atteindre leurs objectifs.
Enfin, pour aider à la respiration, l’entraînement à la respira-
tion de HUAWEI permet aux utilisateurs de créer et de déve-
lopper leur propre routine d’exercices respiratoires, ce qui en-
courage la cohérence et garantit que la pratique s’intègre dans
la vie quotidienne de l’utilisateur.
HUAWEI continue de s’efforcer de permettre aux utilisateurs
de mener un mode de vie sain grâce à de nouvelles innova-
tions. Avec un matériel et des fonctions nouveaux et uniques
permettant aux utilisateurs de se suivre et de se motiver alors
qu’ils s’engagent dans un voyage pour trouver le meilleur
d’eux-mêmes.
Notes
1
Le produit n’est pas un dispositif médical. Le contenu des messages est fourni
à titre indicatif uniquement et ne doit pas être utilisé pour un diagnostic cli-
nique. Ne s’applique pas aux utilisateurs de moins de 18 ans, ni aux personnes
diagnostiquées avec d’autres types d’arythmie. Veuillez lire attentivement les
instructions.
2
Basé sur les résultats des tests de laboratoire Huawei. Les mesures réelles entre
les différents produits peuvent varier.
3
Basé sur les résultats des tests de laboratoire Huawei. Les mesures réelles entre
les différents produits peuvent varier.
4
Prend en charge les SuperCharge HUAWEI jusqu’à 66 W et ne peut être atteint
que lorsque le chargeur SuperCharge dédié HUAWEI 66 W et le câble sont
utilisés
5
Basé sur les résultats des tests du laboratoire Huawei. Les mesures réelles entre
les produits individuels peuvent varier.
6
Les photos prises sur un téléphone mobile peuvent être définies comme des vi-
sages de montre via l’application Huawei Health App ou définies rapidement via
OneHop for watch faces. La fonction OneHop pour les visages de montre n’est
prise en charge que sur les téléphones mobiles Huawei qui prennent en charge
NFC et uniquement par les téléphones exécutant EMUI 11 ou une version ul-
térieure. L’édition Active ne prend pas en charge OneHop pour les cadrans de
montre. Cette fonctionnalité est disponible dans certains pays et régions.
7
La distance d’appel Bluetooth avec les smartphones Huawei est d’environ 100
m. Cette fonction n’est prise en charge que lorsque la montre est connectée à
vos smartphones.
8
iOS ne prend pas en charge la synchronisation de la musique.
9
L’assistant vocal n’est pris en charge que dans certains pays et régions et
uniquement par les téléphones exécutant EMUI 10.1 ou une version ultérieure.
10
Jusqu’à 14 jours d’autonomie de la batterie dans des scénarios d’utilisation
typiques.
Scénarios d’utilisation typiques : suivi de la fréquence cardiaque : toujours activé
; suivi du sommeil normal : activé la nuit ; séances d’entraînement : en moyenne
30 minutes par semaine ; notifications de messages : activées (50 messages, 6
appels et 3 alarmes par jour) ; écran : allumé 200 fois par jour. Les données pro-
viennent des laboratoires de Huawei. L’utilisation réelle peut varier en raison des
différences entre les produits, des habitudes des utilisateurs et de l’environnement.
Jusqu’à 10 jours d’autonomie de la batterie dans des scénarios d’utilisation
intensive
Scénarios d’utilisation intensive : surveillance de la fréquence cardiaque : tou-
jours activée ; TruSleep™ : activé la nuit ; séances d’entraînement : en moyenne
60 minutes par semaine ; notifications de messages : activées (50 messages,
6 appels et 3 alarmes par jour) ; écran : s’allume 500 fois par jour. Les don-
nées proviennent des laboratoires de Huawei. L’utilisation réelle peut varier en
fonction des différences entre les produits, des habitudes des utilisateurs et de
l’environnement.
11
Les faces de montre peuvent être téléchargées depuis la boutique de faces de
montre HUAWEI. Certains visages de montre sont payants.
12
Ce produit n’est pas un dispositif médical. Les données obtenues lors de l’uti-
lisation de ce produit sont fournies à titre indicatif uniquement et ne doivent pas
être utilisées à des fins de recherche médicale, de diagnostic ou de traitement.
13
Les données obtenues pendant l’utilisation de ce produit sont fournies à titre
de référence uniquement et ne doivent pas être utilisées à des fins de recherche
médicale, de diagnostic ou de traitement.
14
L’appareil est conforme à la norme IP68 en matière de résistance à la poussière
et à l’eau, et n’est pas conçu pour la natation ou d’autres activités impliquant une
immersion dans l’eau. Il ne doit pas être utilisé dans des douches chaudes, des
sources chaudes ou des saunas (hammams), ni lors de plongées sous-marines, de
plongées profondes, de plongées en plate-forme, de rinçages à haute pression ou
d’autres activités impliquant une pression d’eau élevée, des températures élevées,
des niveaux d’humidité élevés ou de l’eau qui coule rapidement. La protection
n’est pas permanente et peut diminuer avec l’usure quotidienne.
15
Les données proviennent des laboratoires de Huawei et peuvent varier en fonc-
tion des modèles individuels, des habitudes des utilisateurs et des facteurs envi-
ronnementaux. L’usage réel doit prévaloir.
Utilisation typique : Paramètres par défaut ; surveillance de la fréquence car-
diaque : toujours activée (mode intelligent) ; HUAWEI TruSleep™ : activée la
nuit ; mesure unique de la tension artérielle : 6 fois par jour ; mesure de l’ECG
: 5 fois ; exercice hebdomadaire moyen : 90 minutes ; notifications de messages
: activées (avec 50 messages, 6 appels entrants et 3 alarmes par jour) ; écran
allumé : 200 fois par jour. L’autonomie réelle de la batterie peut varier en fonc-
tion des habitudes d’utilisation.
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 37
Société
Propagation de l’incivilité
et de l’insécurité
La responsabilité
de la famille Par Samy Chambeh
« Nous avons peur de nos jeunes maintenant. C’est un séisme
fort, diffus, que tout le monde ressent ».
Père Guy Gilbert (éducateur français)
Dimanche 15 mai, notre pays comme le reste
du monde a célébré la Journée internationale
de la famille, une occasion pour s’interroger
sur la responsabilité de la famille tunisienne
face à la montée des dérives recensées au
quotidien dans notre société et perpétrées
notamment par nos jeunes.
P
roclamée par l’Organisation des nations unies,
cette journée mondiale peut être mise à profit
pour mieux connaître les questions relatives à
la famille qui reste la cellule essentielle et le noyau de
toute société et qui garantit la sécurité et l’éducation
des enfants.
« Groupe social caractérisé par la cohabitation, la coo-
pération et la procréation », la famille se distingue par
des missions en rapport avec la socialisation, la forma-
tion, la surveillance, le soutien et la solidarité, la pro-
tection, l’amour et la sécurité, le respect, la discipline et
l’obéissance, l’honnêteté, la confiance, la compréhen-
sion et la tolérance, le capital culturel et économique,
l’appartenance, le pardon et d’une manière générale,
l’éducation et la transmission de valeurs.
Cependant, il faut convenir que la famille tunisienne a
changé : elle est loin de celle traditionnelle connue dans
les années 1960-80 et l’âge de mariage recule de plus
en plus chez les deux sexes. De plus, de nos jours et
dans la plupart des cas, les deux parents sont engagés
dans la vie professionnelle. Aussi, une grande partie du
rôle familial est désormais assurée par les jardins d’en-
fants ou les garderies scolaires, si le revenu des parents
le permet, ou à défaut, ce sont la rue et les camarades
qui prennent le relais et occupent plus de place auprès
de l’enfant que la famille.
A l’atténuation du poids de la famille, il faudrait ajou-
ter le laisser-faire tout aussi bien que l’autoritarisme et
l’intransigeance des parents qui s’ensuivent et dont les
répercussions sont tout autant désastreuses sur la per-
sonnalité et le comportement futur de la descendance.
Ainsi, cela peut expliquer les situations d’égarement
de nombre d’enfants et d’adolescents qui sont la proie
de phénomènes d’addiction aux différents types de stu-
38- RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
Par Mohamed Ben Naceur
péfiants (chacun selon sa bourse), des jeux du hasard
et des pronostics sportifs, de l’Internet et de l’usage
excessif des réseaux sociaux, des jeux vidéo et autres
« attractions » néfastes qui contribuent à l’isolement
du jeune, biaisent sa personnalité, enveniment son tem-
pérament et pourrissent son comportement qui devient
violent et oisif, en faisant de lui un « citoyen » vivant
en marge de la société, incapable de jouer un rôle utile
dans sa communauté.
La déstructuration familiale,
une voie pour la délinquance des jeunes ?
Autre menace pour la cellule de base de la société : le
manque de cohérence de la famille qui peut altérer le
développement de ses membres, surtout avec l’explo-
sion des divorces. 17.300 cas de divorce sont, en effet,
enregistrés annuellement dans notre pays d’après cer-
tains responsables du ministère de la Femme, de la fa-
mille, de l’enfance et des personnes âgées. Du coup,
les familles recomposées ou monoparentales gagnent
du terrain. Conséquence directe : frustration et/ou pri-
vation, manque d’affection, d’intérêt et de bien-être à
l’égard des enfants, principales victimes de la désunion
des couples, peuvent leur provoquer des troubles psy-
chiques à même d’imprégner leur personnalité et com-
portement.
Cette déstructuration de la famille, ajoutée à ce qui est
communément appelé la démission des parents, consti-
tue une plaie ouverte dans toute société et une des
causes principales des dérapages perpétrés par nombre
de nos jeunes : déviance, incivilités (actes répréhen-
sibles souvent impunis, tels que grossièretés dans l’es-
pace public, jet de pierres sur des biens privés et pu-
blics, intimidation par des chiens dangereux, nuisances

sonores et nocturnes, etc.),violences, délinquance, voire
criminalité, de plus en plus enregistrés dans le milieu
scolaire ou sur la voie publique.
Il faudrait également énoncer le cas de l’absence du
père souvent plus préoccupé à s’investir dans son bou-
lot pour pouvoir subvenir aux différents besoins de sa
progéniture que de se préoccuper de son éducation et
des différents problèmes auxquels elle est exposée.
Ainsi faisant, l’insécurité est devenue un fait de société.
Face à ce constat et étant donné que la réponse ne peut
être uniquement répressive, policière ou judiciaire, la
responsabilisation de la famille devient ainsi une ques-
tion d’actualité. En clair, il s’agit pour les parents d’as-
sumer leurs obligations en matière d’éducation pour
tenter de reconstruire le bien-être et la sécurité en son
sein, à travers un fin apprentissage des normes et des
valeurs morales et sociales. D’autant que la précocité
des mineurs impliqués dans des actes de délinquance et
l’aggravation du type d’infractions laissent de plus en
plus perplexe et exigent des actions concrètes et radi-
cales pour parer à ce genre de fléaux.
Surtout que les pouvoirs publics ne peuvent en aucun
cas se substituer aux parents dans les missions qui leur
sont dévolues. Toutefois, l’adoption d’une coopération
conjointe impliquant l’association des parents d’élèves,
les établissements éducatifs, les dirigeants commu-
naux, les cadres sociaux et les services de sécurité est
de nature à atténuer les incivilités et les comportements
déviants des jeunes avec la volonté de prévenir de tels
écarts de conduite.
Entre Parenthèses
Ce dernier point requiert une importance capitale dans
la mesure où la détection précoce des jeunes à risque
et le ciblage des familles vulnérables (déstructurées ou
n’ayant pas les moyens socio-économiques ou affectifs
pour encadrer les mineurs à leur charge) peuvent, en
parant à l’insécurisation familiale, sauver nombre de
jeunes en leur accordant l’affection, la protection et
l’éducation nécessaires pour faire d’eux de « bons ci-
toyens ».
Enfin, les partenaires sociaux se doivent de se pencher
sur la question d’équilibre entre la vie professionnelle
et la vie privée en vue de parvenir à un certain équi-
libre en la matière. En accordant plus de temps libre
aux parents, ces derniers pourraient offrir ainsi à leur
progéniture la meilleure éducation possible, sans être
préoccupés par la question financière, tout en atté-
nuant le risque de dysfonctionnement, de dissolution
ou de dissociation ou simplement de démission de la
« première instance de socialisation » et juguler ainsi
la montée des violences et de l’insécurité dans l’es-
pace public.
Parallèlement, l’amélioration des cours d’éducation ci-
vique dispensés à l’école et aux collèges et lycées qui
doivent être innovants et stimulateurs ainsi que le ren-
forcement de l’action de la société civile (scouts tuni-
siens et autres organisations et associations d’activités
des jeunes) et des médias, sont autant de mesures qui,
en diffusant les valeurs essentielles pour une existence
réussie et un comportement adéquat, permettront un
meilleur vivre-ensemble. g
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 39
Société

Education
La mort programmée de l’école publique
Par Yasser Maârouf

Tout le monde en convient : l’école publique est dans un état déplorable. Le budget
du ministère de tutelle pour l’année 2022 s’établit à 7 milliards de , soit une hausse
d’à peine 1,7%. Un chiffre qui ne permettra pas une amélioration de la situation des
enseignants ou des infrastructures. Un bilan bien triste quand on sait que Bourguiba
a fait de l’enseignement et de l’éradication de l’analphabétisme une priorité absolue, y
consacrant plus du tiers du budget de l’Etat dans les années soixante.
Ce délabrement a eu pour conséquences une augmentation de 46% du nombre d’écoles
privées au cours de la dernière décennie et un exode de nombreux élèves vers le secteur
privé, où ils peuvent bénéficier d’un meilleur environnement. Une situation qui crée de
nombreux problèmes…

Ê
Explications.

tre enseignant dans ce pays n’est plus une la plupart sont signés par des psychiatres. Mais ils
sinécure et la meilleure preuve ce sont ces doivent aussi faire face à la violence des élèves
milliers de certificats d’arrêt maladie de et des parents, aux conditions d’enseignement, au
longue durée envoyés par les enseignants et dont délabrement des classes, au manque de matériel

40 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

 Et puis il y a la formation des enseignants qui
ne cesse de se dégrader et qui commettent des
fautes que l’on retrouve même dans les sujets du
bac. Quant aux directeurs des établissements, ils
doivent faire face à des élèves de plus en plus vi- “
Contrairement au
secteur privé que
olents et à des parents qui défendent bec et ongles
les frasques de leurs enfants, allant parfois jusqu’à l’on trouve dans
agresser les enseignants qui osent donner de mau- des pays comme
vaises notes à leurs rejetons. l’Angleterre ou
Un pédagogue estime qu’il faut revenir aux fon- les USA et qui
damentaux de l’école : « réussir l’éducation est d’un très
d’un enfant c’est lui faire acquérir correctement bon niveau, les
au moins deux langues pour lui permettre cette établissements
ouverture sur le monde, devenue essentielle aujo-
privés tunisiens
urd’hui. C’est aussi l’encourager à la lecture sous
intègrent souvent
toutes ses formes afin d’avoir un niveau culturel
important. C’est lui permettre d’aller au théâtre, les élèves en
dans les musées, les salles de cinéma. On peut échec scolaire.
aussi le pousser à s’engager dans la vie associa- On a constaté
tive et politique. Or ce que nous faisons générale- également que
ment, c’est le pousser à réussir ses études afin de des universités
décrocher des diplômes et de trouver un travail de privées octroient
fonctionnaire. C’est triste comme perspective… » des diplômes,
Un ancien bachelier se souvient : « dans les même à des
années soixante, le bac ça se méritait. Il fallait étudiants qui
des années de travail laborieux pour le décrocher. n’ont pas décro-
On devait assimiler un savoir qui se complétait, “
ché leur bac.
suivre les cours de manière assidue, travailler
tout au long de l’année pour réussir. C’était la clé
vers l’âge adulte et la promesse d’études univer-
sitaires de haut niveau et d’un travail respectable.
Aujourd’hui un bachelier ne sait même pas align-
er deux phrases sans qu’elles soient bourrées de
fautes et même dans les lycées pilotes le niveau
baisse… »

éducatif… Résultat : le nombre d’élèves dans les

Une ambiance malsaine
Et il est vrai qu’aujourd’hui les élèves ne travail-
“
Plus de treize
écoles privées ne cesse d’augmenter lent pas assez, ce qui donne chaque année des mille enseignants
perles du bac assez cocasses, voire affligeantes exercent ainsi
Un commerce très lucratif de médiocrité. Une situation qui fait dire à une sans statut, sans
Un enseignant estime que « la multiplication de enseignante de la vieille école : « les élèves perspectives
ce commerce très lucratif a une raison : les écoles d’aujourd’hui ne s’expriment plus que par des professionnelles
privées qui sont très chères, répondent à une de- onomatopées, une situation créée par les réseaux et sans aucune
mande pressante des parents aisés, qui veulent of- sociaux, mais pas seulement. Le niveau de cer- vision sur le
frir à leurs enfants une meilleure éducation. Sauf tains enseignants est devenu médiocre pour di- long terme. Une
que l’on constate que le niveau des élèves dans verses raisons. Il y a les grèves interminables, des situation qui
ces écoles n’est pas aussi bon que le prétendent revendications irréalistes, un bras de fer musclé
contribue à tirer
ces promoteurs d’un genre nouveau, surtout que le avec l’autorité de tutelle qui peut aller jusqu’au
le niveau vers le
niveau des enseignants laisse souvent à désirer. » refus de donner les notes à la fin de l’année. Cela
Les problèmes commencent dès l’école mater- a créé une ambiance malsaine qui dérange tous bas, alors que
nelle où 60% du personnel travaillant dans les les intervenants et dont la principale victime reste l’on est déjà
crèches et les jardins d’enfants sont des personnes l’élève… » dans des profon-
non spécialisées dans ce domaine. Puis on ac- Pour faire face au manque d’enseignants, les étab- deurs abyssales
cède à l’école primaire, que certains qualifient lissements scolaires publics font souvent appel à d’ignorance et
de « primitive », avec des programmes dépassés des suppléants qui sont peu formés, mal payés et de médiocrité…
“
et qui attendent une réforme que chaque ministre sans expérience pédagogique. Plus de treize mille
annonce fièrement, avant d’être limogé. enseignants exercent ainsi sans statut, sans per-

N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 41

Société
spectives professionnelles et sans aucune vision
sur le long terme. Une situation qui contribue à
tirer le niveau vers le bas, alors que l’on est déjà
dans des profondeurs abyssales d’ignorance et de
médiocrité…
Du côté des parents, on se plaint surtout du prob-
lème de « l’absentéisme record des enseignants
“
Il est certes dif-
ficile de rectifier
qui occasionne des situations inextricables car
il faut trouver un endroit où l’enfant peut rest-
er lorsque les parents travaillent. Il y a aussi les
une politique leçons perdues qui ne seront pas remplacées, les
éducative dans mauvaises fréquentations pour ces ados qui rest-
les conditions ent sur les trottoirs durant les heures d’absence
que vit la Tunisie de leurs professeurs… Les parents se retrouvent
actuellement. souvent obligés d’inscrire leurs enfants dans les
écoles privées, à condition d’en avoir les moy-
Mais il est urgent
ens… »
d’opérer des
Bizarrement, nous avons constaté que de nom-
changements par breuses familles appartenant aux catégories socia-
petites touches les modestes placent leurs enfants dans les écoles
afin de redorer primaires privées afin de faire face à l’échec
le blason d’une scolaire ou au décrochage en cours d’année. Un
école qui a été sacrifice qui est rarement récompensé par la réus-
performante il site, notamment à cause de l’environnement dans
y a quelques lequel ces enfants évoluent.
décennies, alors En fait, contrairement au secteur privé que l’on
même que les trouve dans des pays comme l’Angleterre ou les
“
moyens n’étaient USA et qui est d’un très bon niveau, les établisse-
ments privés tunisiens intègrent souvent les élèves
pas énormes.
en échec scolaire. On a constaté également que
des universités privées octroient des diplômes,
même à des étudiants qui n’ont pas décroché leur
bac. On reproche aussi aux écoles privées de faire
bénéficier les élèves et les étudiants d’un système
de notation généreux, sans que cela corresponde
à leur niveau réel. Lors des épreuves du bac, ils
42 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
obtiennent alors de très mauvaises notes, avec un
taux de réussite très faible.
Autre constat : l’apprentissage scolaire n’a pas
évolué depuis des décennies, ce qui fait dire à un
informaticien : « le monde s’est informatisé, mais
l’école est restée très en retard, figée dans des
méthodes archaïques. Au 21ème siècle, on enseigne
comme au 19ème avec un tableau noir et de la
craie, alors qu’il y a des possibilités d’amélior-
er l’apprentissage avec les outils informatiques.
D’ailleurs les élèves sont souvent plus compétents
que les enseignants dans ce domaine… »
Il est certes difficile de rectifier une politique édu-
cative dans les conditions que vit la Tunisie ac-
tuellement. Mais il est urgent d’opérer des change-
ments par petites touches afin de redorer le blason
d’une école qui a été performante il y a quelques
décennies, alors même que les moyens n’étaient
pas énormes. Ce qui est nécessaire et urgent, c’est
de réfléchir à la qualité du système éducatif tuni-
sien et de trouver des solutions en collaboration
avec des personnes compétentes et expérimentées.
La baisse continue du niveau des élèves dans le
public et dans le privé ne doit pas se poursuivre
éternellement. Il est urgent de repenser le pro-
blème de façon globale et non de colmater les
brèches par petites touches, comme le font les res-
ponsables de ce secteur depuis des années. Il faut
aussi se souvenir que réformer n’est pas détruire,
mais plutôt reconstruire sur des bases solides. Il
faut enfin adapter l’école au marché du travail
afin qu’il puisse absorber les milliers de jeunes
diplômés qui quittent chaque année l’université.
Un vaste débat qui agite notre pays depuis de
longues années et qui n’a toujours pas trouvé de
réponse… n
 Agenda culturel… Agenda culturel…
Manifestations

“Digital Dance Days”

Jusqu’au 29 mai à la Cité de la culture
Initiés par le Théâtre de l’Opéra de Tunis
et le Centre chorégraphique tunisien du
Pôle Ballets et Arts chorégraphiques,
“Digital Dance Days” se tiennent du 23
au 29 mai à la Cité de la Culture.
En dépit d’une crise sanitaire engendrant
l’arrêt brutal des activités artistiques et
culturelles à l’échelle mondiale, les pro-
fessionnels tunisiens de la danse ont bien
résisté en faisant preuve d’une grande
capacité de résilience. “Ils se sont mis au
travail en exploitant les moindres possi-
bilités d’allègement des protocoles sani-
taires et autres interdictions de circuler.
Le public étant interdit d’accès aux
salles de théâtre, Il fallait inventer des
solutions de rechange. C’est l’outil nu-
mérique qui a permis que les spectacles
vivent en allant à la rencontre du public.
Pour cela, ils ont filmés et diffusés en
streaming live ou en différé.
Les artistes se sont saisis du digital
comme d’une clé ouvrant sur le monde et
d’un remarquable vecteur d’inclusion”.
Le programme de cette manifestation
qui se déroule dans sa deuxième édition
est réparti comme suit :
27 mai
- Théâtre des jeunes créateurs (17h) :
Spectacle «SICK» de Zied Sellimi et
Ahmed ben Abid
- Théâtre des Régions (18h) : Spectacle
«Résurrection» de Tarak Bouzid
- Théâtre des jeunes créateurs (19h) :
Spectacle «Voyage au bout de mon rêve»
de Mohamed Ali Ben Naji.
29 mai
- Théâtre des jeunes créateurs (17h) :
Spectacle «Exit» de Houssem Eddine
Achouri
- Théâtre des jeunes créateurs (17h30) :
Spectacle «Son excellence le citoyen « Spectacle «Hanine» de Haifa Bouzouit
Kaïs Boulaares - Théâtre des jeunes créateurs (18h30) :
- Théâtre des jeunes créateurs (18h30) : Spectacle «Apple Power» de Oumaima
Spectacle «Andaloussyat» de Nesrine Manai
Chaabouni - Théâtre des Régions (19h30) :
29 mai Spectacle «We demain» de Syhem Belk-
Théâtre des jeunes créateurs (18h) : hodja,

“ Point Doc, focus sur le documentaire ”

Du 26 au 28 mai à la Cité de la culture
S’intéressant au cinéma et au documentaire, “Point Doc, focus
sur le documentaire ”, une rencontre internationale regroupant
professionnels, organisations, institutions, étudiants, structures
d’appuis et médias, se tient du 26 au 28 mai à la Cité de la culture.
Cette manifestation s’est fixé comme objectif d’aiguiser les ré-
flexions sur des questions touchant à la spécificité du film docu-
mentaire.
Cette 2e édition permettra, “à travers une série de panels, de
séances de pitching, de groupes de réflexion, de rencontres et de
projections de films, de faire le point sur des thématiques qui sont
au cœur du documentaire”.

Musique
“Concert de Zied Gharsa”
29 mai au Théâtre municipal
Le “roi du malouf
et de la musique
traditionnelle” Zied
Gharsa, se produira,
le 29 mai, en compa-
gnie de sa troupe, au
Théâtre municipal.
Exposition
“Portrait of modern life”
27 mai à L’agora
L’artiste pluridisciplinaire Khaou-
la Ben Amara débarque le 26 mai
à l’espace L’agora à la Marsa. Ses
œuvres seront à exposées à partir du
27 mai. Organisée en association entre
ARCHIVART et L’agora, cette exposi-
tion personnelle baptisée “Portrait of
modern life”, se poursuivra jusqu’au
13 juin.

44 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

Agenda culturel… Agenda culturel…
Elaboré par Mohamed Ali Ben Sghaïer

Théâtre
“ Festival Khalifa Stambouli du théâtre ”
Du 27 mai au 4 juin à Monastir
La région de Monastir vibre à partir du 27 mai, au rythme de la 26e édition du “Festival Khalifa
Stambouli du Théâtre”.
De nombreuses activités seront programmées en marge de ce rendez-vous annuel. Outres les
pièces qui seront jouées au Centre culturel de Monastir, le public de cet évènement théâtral
d’envergure assistera à des débats et des ateliers portant sur le 4e art. On peut découvrir dans
ce programme, une exposition intitulée “Le parcours théâtral au Kef : de la Troupe régionale
au centre des arts dramatiques et scéniques” ainsi qu’un colloque sous le thème “L’acteur entre
l’écran et la scène”.
Cette édition sera marquée également par la participation d’éminentes personnalités culturelles
telles que Hassouna Mosbahi qui présentera son texte portant sur la personnalité de Khalifa
Stambouli, le célèbre auteur dramatique tunisien dont le nom a été attribué à ce festival.

“24 juillet”
Les 23 et 24 mai à Beït al-Hikma
La représentation théâtrale, “24 juillet”, conçue et mise en scène
par Naoufal Azara avec la collaboration artistique d’Amel Laoui-
ni, sera jouée sur les planches de l’espace El Teatro, les 27 et 28
mai.
Produite par El Teatro et El Teatro Studio, cette représentation éla-
borée en grande partie avant les évènements de 25 juillet, évoque
l’éventualité de l’effondrement de l’Etat et la perte du pays.

Cinéma
“ Le toucher ”
31 mai à l’IFT
Le public de l’Institut français de Tuni-
sie est appelé d’assister, le 31 mai, à la
projection du dernier film de Moez Ka-
moun “Le toucher” (‫ )ملسة‬et ce à partir
de 18h30.
Résumé :
Elle, c’est Hager ! Elle avait la trentaine! noue une relation avec un brancardier. De : c’est le souci de la mère de Hager. Le
Belle et charmante, elle mène une vie l’amour, certes, de la part de la femme, du ventre prend forme, le bébé est né, le père
dans la routine quotidienne. Entre l’hôpi- viol, un crime, de la part de l’homme. Un fait sa réapparition et réclame haut et fort
tal, lieu de son travail et sa maison, Hager mariage avec un aveugle pour faire taire son enfant. La femme subit son destin et
voit sa vie se transformer, le jour où elle l’entourage et par-delà toute une société la vie continue.

“ Super-héros malgré lui ”

27 mai à l’IFT
L’Institut français de Tunisie propose à son public la projection du film “Su-
per-héros malgré lui” de de Philippe Lacheau, et ce, le 27 mai à 18h30.

Résumé :
Apprenti comédien en galère, Cédric décroche enfin son premier rôle dans un
film de super-héros. Un soir, alors qu’il emprunte la voiture de tournage, il
est victime d’un accident qui lui fait perdre la mémoire. À son réveil, vêtu de
son costume de justicier et au milieu des accessoires du film, il est persuadé
d’être devenu le personnage du film avec une mission périlleuse à accomplir.
Mais n’est pas héros et encore moins super-héros qui veut... Et encore moins
Cédric.

N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 45

Sports
Rude coup d’arrêt au pire moment 
Ons n’est pas Stakhanov
E
n toute fin de la saison dernière, nous avons sur ces
mêmes colonnes attiré l’attention à qui de droit sur le
train d’enfer mené par notre championne de tennis, Ons
Jabeur.
Et nous voilà revenir au même argument à peine deux ou trois
mois après les débuts de cette saison que d’aucuns espéraient
être celle de la maturité pour la meilleure joueuse arabe et afri-
caine de l’heure.
Encore une fois, Jabeur a péché par manque de fraîcheur au
plus mauvais moment, soit dans son baptême porte d’Auteuil
dans une compétition de Grand chelem. Et encore une fois,
nous sommes contraints d’emprunter l’analogie auprès du tris-
tement célèbre partout dans le monde, le Sieur Alekseï Grigo-
rievitch Stakhanov (1906-1977).  a laissé des séquelles
Le célèbre mineur soviétique du Donbass dont le nom fut lar-
gement exploité par la propagande stalinienne s’était rendu
célèbre lors d’un concours où il aurait accompli quatorze fois
la norme d’extraction du charbon, le 31 août 1935, soit 102
tonnes en six heures de travail pour une norme de sept tonnes
d’après les services de propagande. Lesquels allaient par la
suite faire de lui un exemple pour tous les ouvriers de l’ex-
URSS. Cette promotion du sacrifice personnel et de l’émula-
tion entre travailleurs pour le bien du Parti a reçu le nom de
stakhanovisme.
Douze combats en deux semaines
Ce à quoi s’était livrée Ons en cette fin de printemps ne peut
pas porter un autre nom que stakhanovisme. Jugez-en plutôt.
Du 30 avril au 7 mai, six matches (dont trois en trois sets)
disputés à l’Open de Madrid (1000 points), tous gagnés de-
vant l’Italienne Paolini, la Russe Gracheva, la Suisse Bencic,
la Roumaine Halep, la Russe Aleksandrova et l’Américaine
Pegula. Soit le couronnement d’un solide talent que toute la
planète de la balle jaune reconnaît à «notre ambassadrice du
Bonheur».  circuit WTA, et à gagner un tournoi WTA 1000, Ons a réussi à
Tout de suite après, du 10 au 15 mai, notre championne en-
chaînait par six autres matches (dont deux en trois manches)
au tournoi de Rome (1000 points aussi). Elle a remporté ses
sorties face à la Roumaine Cirstea, l’Australienne Tomljano-
vic, la Kazakhe Putintseva, la Grecque
Sakkari et la Russe Kasatkina, mais
perdait en finale contre la numéro Un
mondiale, la Polonaise Swiatek.
Après son triomphe dans la capitale
espagnole, assurément le plus signi-
ficatif dans sa carrière, l’enfant de
Ksar Helal aurait pu s’accorder une
pause d’une semaine, en lieu et place
Le prodige du tournoi de la capitale italienne par
espagnol Carlos des chaleurs tropicales. A 27 ans, elle
Alcaraz a aurait pu faire l’impasse sur l’Open de
judicieusement
préféré «couper»
Rome afin de récupérer en vue de Ro-
après ses exploits land-Garros, le grand objectif de cette
dans son «jardin» partie de saison.  beaucoup de forces, un tel sujet mérite la réflexion.
à Madrid Malheureusement, elle a été poussée à
46 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
Le triomphe d'Ons Jabeur au Mutua Madrid Opena
poursuivre sans relâche son effort en s’exhibant sous le soleil
torride de la Ville éternelle. 
Et elle allait le payer cher: d’abord en finale devant la rugueuse
chef de file au classement WTA, la Polonaise Iga Swiatek,
match au cours duquel Ons n’a pratiquement pas existé. En-
suite, une semaine plus tard, dès son entrée en lice aux pres-
tigieux Internationaux de France, contre une autre Polonaise
(décidément !), Magda Linette, classée 52e mondiale.
La numéro 6 WTA a laissé des plumes en trois sets après avoir
donné l’impression de faire cavalier seul durant la première
manche (6-3). 
L’exemple édifiant d’Alcaraz
Le rêve de marquer Garros de son empreinte s’envole. Même
si elle n’était pas donnée favorite pour la victoire finale, elle
aurait néanmoins pu faire un bon bout de chemin, et accéder
pourquoi pas au dernier carré sur la terre battue parisienne. Ce
qui aurait conforté sa renommée et son classement.
Première joueuse arabe à parvenir en quarts de finale en Grand
Chelem, à l’Open d’Australie 2020, à remporter un titre sur le
grimper à la 6e place mondiale.
Mais il faut accorder le plus grand soin à son plan de saison, en
l’épargnant de la fatigue qui peut engendrer de graves blessures.
Le spectacle d’une Jabeur à bout de souffle, aussi bien physique-
ment que nerveusement ne plaît assurément à personne. 
Même le surpuissant jeune prodige espagnol Carlos Alcaraz,
au sommet de son art, et qui n’a que 19 printemps a préféré
«couper» le soir de son triomphe madrilène lorsqu’il écarta
tour à tour Nadal puis Djokovic. Car la mécanique humaine la
plus puissante a ses limites. 
Ons Jabeur a dû l’apprendre à ses dépens. Pour la énième fois
! Serait-ce pour pouvoir ramasser un maximum de gains l’au-
torisant à financer ses activités ? Srait-ce pour faire plaisir aux
millions de sportifs de son pays qui l’ont érigée «ambassadrice
d’Assaâda», suivant attentivement la moindre de ses activités ?
Mais tout cela justifie-t-il au juste le risque énorme qu’elle
prend de bousiller sa santé ?
A 27 ans, soit à un âge où l’on a déjà irréversiblement laissé
T.G.  
Mohamed Torkhani, quatre ans déjà
De la race des seigneurs
Dans les années 1970, avec l’Espérance de Tunis, La passion des plantes et de la
avant un match disputé au stade olympique d’El
C
Menzah. Torkhani est premier à droite accroupi
ela fait quatre ans qu’un feu-follet du foot tunisien
du bon vieux temps nous a fait ses adieux. Comme le
temps passe vite ! Mohamed Torkhani nous avait alors
quittés dans la discrétion à l’âge de 71 ans.  un mois le pied dans le plâtre».
Né le 7 juillet 1946 à Tunis, cet ailier gauche de charme, véri-
table seigneur du ballon rond et dans la vie tout court, aura, dès
sa première apparition parmi les seniors en 1964 pour les besoins
d’un match amical où Abderrahmane Ben Ezeddine le titularisa
contre les Algériens de Sétif, largement démontré de quel bois il
se chauffait en inscrivant l’un des deux buts de la victoire (2-0).  «Lorsque je lui demande à quel poste il joue, il me répond:
«Malgré l’opposition de mon frère Abdelhamid, j’ai signé à
l’EST en même temps que mes copains de quartier, à Sabkhet
Sijoumi, Chedly Trabelsi et Wissem Hamrouni, nous racon-
ta-t-il un jour. Notre dirigeant était le célèbre homme de culture
Tahar Melligi.»
Champion de Tunisie 1969, Torkhani a disputé deux finales
de Coupe perdues contre le CA en 1969 et le CSS en 1971.
Il en a perdu une autre, mais cette fois en tant qu’adjoint de
Ben Ezeddine, celle de 1976 face au CA, passée à la postérité
avec ses deux éditions crispantes et sa série haletante de penal-
ties. Toutefois, il se consolera la même saison en remportant le
championnat au sein d’une constellation de stars: Gabsi, Gue-
blaoui, Kochbati, Touati, Jeridi, Hammami, Akacha, Meddeb,
Ben Mrad, Machouche, El Kamel, Laâbidi Farfat...
Et Baklouti s’affala, tel un éléphant vaincu...
«Malgré la défaite face au CSS (0-1), notre finale de la coupe
de Tunisie 1971 a constitué ma meilleure sortie, se rappelle-
t-il. Il y eut également le quart de finale de coupe remporté
(1-3) contre le CSS la saison d’après, match au cours duquel
Abdelmajid Ben Mrad inscrivit un but d’anthologie après avoir
dribblé toute la défense sfaxienne, écopant d’un blâme de la
part de la fédération. Dans cette partie-là, j’ai réussi un but.
Je retiendrai également une demi-finale contre l’ESS, et une
sortie contre les Algériens de Chabab Belcourt emmenés par
le chef d’orchestre Hassène Lalmas. Quant à mon plus beau
but, je l’ai planté en demi-finales de la coupe 1969 contre El
Makarem Mahdia (2-0). Le portier Baklouti, un géant, s’était
tel un éléphant vaincu affalé de tout son poids. Quoique n’étant
pas attaquant de métier, grâce à la science et au talent fécond
Mohamed Torkhani, un des milieux
et attaquants les plus doués de sa
génération
Troisième en partant de la gauche, assis,
nature Mohamed Torkhani partage un moment de
triomphe avec ses partenaires de l’EST
de l’incomparable Noureddine Diwa, j’ai terminé la saison
1968-69 deuxième meilleur buteur (9 réalisations) derrière le
Clubiste Mohamed Salah Jedidi (17). Pourtant, j’ai passé tout
 
Admirateur de l’ailier de l’Inter Milan des années 1960, Mario-
lino Corso qu’il voulut toute sa vie imiter, Torkhani s’est vite
reconverti en entraîneur, d’abord avec les catégories des jeunes
de l’EST où il vit Chokri El Ouaer débarquer un jour alors qu’il
était à l’âge Ecoles.
Avant-centre. Quant à Nabil Maâloul que m’a ramené son père,
il m’a dit qu’il aimerait jouer libero. Khaled Touati, lui, a débar-
qué un jour au Parc «B» pour effectuer un test sous ma coupe.»
DS et combinaison de mécanicien
Sur sa lancée, Torkhani va ensuite mener une longue carrière
d’entraîneur à la tête de clubs divisionnaires du fin fond du
pays: Siliana, Redayef, Jerissa, Bousalem, Jendouba, Soliman,
Jammel, Stade Gabésien... Durant son long exercice dans le
Golfe, il reste huit saisons à la direction technique de la fédé-
ration du Qatar. 
Avec son épouse Mounira Gharbi, la sœur du nageur de lé-
gende, Ali Gharbi, Torkhani a eu quatre enfants.
Il nous a avoué aimer rester de longs moments dans une ex-
position admiratif devant des automobiles de collection, no-
tamment la Citroen DS, et avoir longtemps rêvé de porter la
combinaison de mécanicien.
«Autres temps, autres moeurs: nous touchions des primes sym-
boliques, s’enorguellissait-il. C’était l’amateurisme pur et dur.
Notre titre de champion de Tunisie 1969-70 nous valut une
prime de... 25 dinars et un voyage en Allemagne. Notre vraie
prime, c’étaient l’amour des gens, le respect et l’estime dont
ils nous entouraient. Ils savaient que nous jouions pour nos
couleurs que nous chérissions par-dessus tout. Et ils savaient
apprécier ce côté désintéressé qui nous animait. L’Espérance
nous a appris les choses de la vie, et fait connaître plein de
gens. Il est vrai que le foot jouait en ces temps bénis sa fonction
d’école de la vie», conclut cet ailier gauche volant, voire ce mi-
lieu relayeur de charme, ou encore cet avant-centre d’un jour.
T.G.
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 47
 L’album-
souvenirs de…
Ahmed Lamine,
la guerre des Etoiles 
Propos recueillis par Tarak Gharbi

Avec Ahmed Lamine, il y en a pour tous les goûts: du

triomphe du rare exploit de son club, l’Etoile Sportive
du Sahel, invaincue tout au long de la saison de rêve
1962-63, à la détresse de la finale africaine qui a vu
le team national sombrer un soir d’automne 1965
au stade Zouiten, au grand dam de ses fans, sans
oublier le goût d’inachevé laissé par une retraite prise
prématurément, à moins de trente ans.
Encadrée par un Abdelmajid Chetali au sommet de
son art et à l’imagination sans aucune limite, son
Etoile a brillamment remporté sa «guerre», dégageant
un charme fou qui tient aussi pour beaucoup au
formidable tempérament offensif de son latéral
gauche international. Jamais prise à défaut, souvent
animée d’un invincible esprit de revanche, cette Etoile
scintillante au firmament du ciel du foot tunisien
des années 1950-60 tenait à un doublé bien plus
important qu’il n’y paraît. Surtout qu’elle revenait d’une
dissolution infligée suite aux incidents provoqués par
son élimination at home de la coupe par l’EST.
Ahmed Lamine dresse ici un portrait lucide de «son»
football, celui purement amateur du siècle dernier qui
constituait un véritable remède contre la morosité, tout
en revisitant son histoire et celle de notre sport-roi. «J’ai arrêté à seulement 29 ans sur un goût d’inachevé»

Tout d’abord, dans quelle mesure peut-on parler de
revanche dans le cas du doublé de l’Etoile du Sahel
en 1962-63 ?
Un féroce esprit de revanche animait notre équipe meurtrie
par sa dissolution la saison d’avant suite aux incidents du
quart de finale de la coupe contre l’Espérance de Tunis (0-2)
où l’arbitre Mustapha Belakhouas fit des siennes. Frustré,
notre public a réagi violemment: jet de pierres, envahisse-
ment de terrain, bus touristique caillassé ...Conséquence:
le 20 mars 1961, à peine rentré du sommet africain tenu
dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, le chef de l’Etat
Habib Bourguiba convoque à Monastir le bureau directeur
présidé par Ali Driss, et décide la dissolution de notre club
et la suspension de ses dirigeants et joueurs. Jusqu’au  3
août suivant, date de l’anniversaire du Combattant su-
prême lorsque les joueurs étoilés bénéficièrent d’une me-
sure de grâce, mais pas le club. Notre nouveau président,
Dr Hamed Karoui, se réunit alors avec le secrétaire d’Etat,
Ahmed Noureddine, et le gouverneur Amor Chachia. Il est
convenu qu’aucun joueur étoilé ne signera ailleurs qu’à
Sousse. C’est du reste pourquoi presque tous les joueurs
ont trouvé refuge au Stade Soussien. Il n’en reste pas moins
que, sur insistance du ministre Mohamed Masmoudi, pur
sang mahdois, je me suis engagé pour El Makarem, son
club du coeur, mais juste pour trois rencontres. J’ai été
promu à la SONEDE, et on mit à ma disposition un moyen
de transport pour effectuer le trajet Sousse-Mahdia afin de
pouvoir m’entraîner. Mais, entretemps, Masmoudi a connu
une disgrâce politique. J’ai donc fini par démissionner au
mois de décembre pour aussitôt rejoindre mes coéquipiers
au Stade Soussien, devenu une sorte d’équipe nationale.
Sinon, comment expliquer que Kanoun a dû perdre sa place
de titulaire au bénéfice du keeper Ayachi ?
N’y eut-il pas sur le coup un autre club qui chercha à
vous faire signer ?
Si. D’abord, le Club Africain, ensuite, l’Union Sportive
Tunisienne, le club en vogue et aux moyens financiers très
importants, avec la colonie juive qui se  trouvait derrière
l’association de Dr Liscia. Messaoud, un vendeur de casse-
croûtes de confession israélite originaire de Sousse nous a
fixé un rendez-vous, moi et le keeper Mahmoud Kanoun
pour nous emmener à Tunis signer pour l’UST. Malheureu-
sement, le keeper du Onze national ne pouvait abandonner
sa soeur qui vivait seule à Sousse. Notre projet échoua in
extrémis. En même temps, Hamed Karoui m’a demandé de
signer une licence «B» au profit du Stade Soussien. Fort
heureusement, l’été 1962, l’ESS reprit ses activités, écra-
sant la concurrence.

48 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022

 Avec l’équipe nationale, en 1965 contre le Maroc
(Lamine est à gauche)
Le 19 mai 1963, à proximité du Casino Boujaâfar de Sousse.
L’ESS, qui vient de remporter la coupe de Tunisie aux dépens du
CA (2-1 dans la deuxième édition), signant un mémorable doublé
puisqu’elle était restée invaincue, fête son exploit jusqu’à l’aube.
A bord et autour de la Triumph décapotable de Farouk Ghachem,
on peut reconnaître de gauche à droite Moncef Gnaba, Ali Langui
(supporteur), Hédi Sahli, Ridha Rouatbi, Mahmoud Kanoun (GB),
Laroussi Gnaba, Abdelaziz Moussa, Addelmajid Chetali, Ali
Chaouech, Ahmed Lamine et Mustapha Mougou (supporteur)
Comment était cette «dream team» du doublé ?
Deuxième meilleure attaque et meilleure défense du lot,
championne de Tunisie avec ... neuf points d’avance sur
ses poursuivants, le Stade Tunisien et l’Avenir Musulman
(actuel Avenir de la Marsa), cette équipe de rêve était lar-
gement au-dessus du lot, ne laissant que des miettes à ses
rivaux. C’est ainsi qu’elle s’imposa en deux éditions en fi-
nale de la coupe face au Club Africain (0-0, puis 2-1). Le
sélectionneur de l’époque convoquait régulièrement sept ou
huit joueurs appartenant à son effectif prodigieux.
De qui se composait-il ?
Menée par Drenovak, notre équipe alignait dans les bois
Mahmoud Kanoun, protégé par les défenseurs Mohsen
Habacha, Mouldi Gnaba, Ridha Rouatbi, Hedi Sahli et
moi-même. Devant, on trouvait Abdelmajid Chetali, Moha-
med Mahfoudh, Raouf Ben Amor, Mohsen Jelassi, Mongi
Menzli, Abdelaziz Moussa, Ali Chaouach... Tout ce beau
monde allait être rejoint par Habib Akid, Salem Kdadi, Ra-
chid Gribaâ...
Revenons à vos débuts. Vos parents ne vous ont-ils ja-
mais dissuadé d’épouser une carrière de footballeur ?
Né le 10 mars 1938, j’ai pratiqué très jeune le foot au quartier
la Corniche de Sousse. Avec une bande de jeunes passion-
nés, nous multipliions les parties jusqu’à ne plus en pouvoir.
Un jour, un supporter étoilé vint tenter de convaincre mon
père de me laisser signer pour son club favori, lui louant
les vertus de la pratique du sport au sein d’une association.
Ahmed Lamine (5e à partir de la gauche debout)
avec la sélection militaire
Ahmed Lamine avec l’équipe nationale. On peut reconnaître
debout de gauche à droite Sadok Sassi Attouga, Hédi Douiri,
Mahfoudh Benzarti, Moncef El Gaied, Ahmed Lamine et Ahmed
Sghaier. Accroupis de g. à dr.: Aleya Sassi, Raouf Ben Amor,
Moncef Chérif, Mohamed Salah Jedidi et Mohamed Mahfoudh
«C’est là le moyen le plus sûr d’épargner à un jeune les
affres de la délinquance et des mauvaises fréquentations»,
expliqua-t-il à mon père Abdallah, fonctionnaire à la mu-
nicipalité de Sousse. Il me fallut assumer parfaitement ce
choix. Seul comptait pour moi le résultat, mais j’étais ébloui
par ce jeu et cette famille suivie par tout un peuple fervent
et enthousiaste. Je bouillonnais du désir de progresser et
d’accéder au palier supérieur. C’est ainsi que ma première
licence cadets, je l’ai signée en 1952 en faveur de l’ESS.
A quel poste avez-vous commencé à jouer ?
Notre coach Hassouna Denguezli m’aligna d’emblée
comme latéral gauche. J’allais faire pratiquement toute ma
carrière à ce poste, sauf à de rares exceptions quand j’ai
occupé une place à l’axe de la défense. Par exemple, pour
mon baptême du feu en équipe de Tunisie le 8 mars 1964 en
amical contre le Dahomey (1-1), ou le 21 novembre 1965,
en finale de la coupe d’Afrique 1965 devant le Ghana au
stade Chedly Zouiten (défaite 3-2 après prolongations). En
fait, cette finale ressemble étrangement à une descente aux
enfers tellement la déception fut énorme.
Pas seulement la vôtre, au vrai, car des millions de Tu-
nisiens qui rêvaient d’une première couronne conti-
nentale durent déchanter ...
Dans cette CAN, notre sélectionneur Mokhtar Ben Nacef
m’a aligné comme défenseur axial aux côtés de mon coé-
quipier Mohsen Habacha avec devant, le portier de légende
Attouga, Mahfoudh Benzarti, côté droit et Hedi Douiri côté
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 49
14 octobre 2020, l’Etoile Sportive du Sahel honore ses anciennes
gloires Ahmed Lamine, Mohsen Habacha et Raouf Ben Amor
(de gauche à droite)
Lamine et Chetali, deux symboles de l’ESS des temps Lamine échange les fanions avec le capitaine du Maroc, le 28 février
héroïques
gauche. Devant, il y avait Abdelmajid Chetali, Aleya Sassi,
Tahar Chaïbi, Rachid Gribaâ qui a été remplacé par Ab-
delwahab Lahmar, Mongi Delhoum et Mohamed Salah Je-
didi. Vous en conviendrez: pas vraiment un ensemble facile
à manier. Nous avons même mené jusqu’à la 80e minute
de la finale.  club européen ?
Pourquoi alors le Onze tunisien n’était-il pas allé
jusqu’au bout de ses ambitions ?
Il faut croire que le Ghana était un dangereux challenger.
Mon dernier match international me laisse une blessure qui
ne s’est jamais refermée. Attouga n’y a vu que du feu, com-
mettant quelques erreurs qui ne lui ressemblaient guère. En
nocturne, sa vision baisse, c’est du moins son explication.
De plus, l’éclairage au stade Zouiten n’était pas satisfai-
sant. Pourtant, quelque part, il était écrit que nous perdrions
cette finale, laquelle devait initialement se jouer de jour.
Mais le match de classement prévu en lever de rideau a
démarré avec deux heures de retard, le Sénégal refusant de
le disputer. Il prétendait mériter de jouer la finale, d’où le
fait que la deuxième mi-temps de la finale Tunisie-Ghana
dut être jouée en nocturne.
Comptez-vous un autre mauvais souvenir sportif ?
Oui, ma retraite à seulement 29 ans, soit après une décennie
avec les seniors. Je partais l’amertume au coeur car j’ai tou-
jours rêvé de porter les couleurs d’un club européen. J’ai
arrêté en 1967 juste après le match de championnat COT-
ESS (0-1) au stade de Mellassine, alors que ma première
sortie avec l’équipe fanion, je l’ai honorée en 1957 au stade
Young Perez (el Menzah) face au Stade Tunisien. Nous
l’avons emporté 3-1. Entre-temps, j’ai brandi deux cham-
pionnats de Tunisie, en 1957 et 1963, et deux coupes en
1959 et 1963. A l’occasion de ma dernière finale de coupe,
50- RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
L’ancien président étoilé, le regretté Hamed Karoui,
rend hommage à Lamine
1965 (Tunisie-Maroc 0-0 en amical)
en 1967 (défaite 2-0 après prolongation contre le CA, dou-
blé de Salah Chaâoua), j’avais la main plâtrée.
Vous dites que vous rêviez de carrière sur le Vieux
continent. N’avez-vous jamais été contacté par un
Longtemps, j’ai dû éviter de partir à l’étranger en raison
du service militaire que je n’allais du reste effectuer qu’en
rejoignant la sélection militaire. J’y ai évolué avec des
noms aussi prestigieux qu’Abdelmajid Chetali, Taoufik
Ben Othmane, Hedi Douiri, Hassen Refaï... L’été 1963,
tout l’effectif étoilé partit en Italie en guise de récompense
pour le doublé conquis. Sauf moi qui traînais toujours cet
handicap du service militaire. Il y eut ensuite notre sélec-
tionneur André Gérard qui me suggéra à son départ d’aller
signer pour l’ex-Stade Saint-Germanois (futur PSG). Après
la CAN 1965, celui-ci m’envoya un billet d’avion et l’équi-
valent de 500 dinars. Tout cet été-là, j’étais resté dans la
capitale française à la charge du club français qui était en-
core amateur. La réglementation décrétée par le ministre de
la Jeunesse et du Sport interdisait formellement au moindre
joueur international de signer pour un club étranger avant
le déroulement à Tunis en 1967 des Jeux méditerranéens.  
Tout jeune, quelle était votre idole ?
L’ex-élégant défenseur de la Patriote de Sousse, Sadok
Bedday. 
Votre meilleure sortie ?
La première édition de la finale de la coupe de Tunisie, le
19 mai 1963, contre le Club Africain (0-0). Sur mon côté
gauche, je n’ai pas arrêté d’apporter ma contribution of-
fensive, récupérant le ballon pour aussitôt attaquer. J’ai
marqué de mon empreinte cette première édition à tel point
 Avec feu Younès Chetali, ancien joueur de
Le sobre défenseur latéral à ses débuts l’ESS, et ex-président du Comité national
avec l’ESS olympique tunisien
qu’avant la seconde, lors de la présentation des joueurs au
président Bourguiba, celui-ci fit vite de me reconnaître. Il
apostropha alors le ministre du Sport, Mohamed Mzali:
«Ce jeune joueur que j’ai devant moi, il appartient natu-
rellement à l’équipe nationale, non ?» Le Combattant su-
prême nous fit attendre ce jour-là trois quarts d’heure avant
que l’arbitre Victor Habib ne siffle le coup d’envoi. Il arri-
vait en effet tout droit de l’aéroport. 
Quels ailiers vous ont posé le plus d’ennuis ?
Le Clubiste Tahar Chaibi, un phénoménal attaquant comme
il n’y en aura plus,  l’Espéranrtiste Salah Néji qui me paraît
encore plus fort que Temime, et le Stadiste Hedi Braiek, sur-
nommé «Ajla» parce qu’il «roule» toujours comme un pneu.
Quelles sont les qualités qu’on vous reconnaissait ?
La touche offensive qui n’était pas très évidente en ce
temps-là. Je passais pour un latéral moderne et élégant qui
n’hésitait pas à attaquer, centrer et servir son avant-centre.
En réalité, un bon latéral doit à mes yeux être rapide, clair-
voyant, sûr dans ses interventions, vigilant au marquage et
disposer d’une belle détente.
Qu’est-ce qui a manqué aux joueurs de votre géné-
ration ?
L’infrastructure de pointe, la préparation et le suivi médical,
en plus des salaires et primes excessifs servis aujourd’hui.
Nous aurions sans conteste renversé des montagnes si nous
avions bénéficié des conditions et faveurs actuelles.
Quels furent les entraîneurs qui vous ont le plus mar-
qué ?
J’ai eu pour coaches à l’ESS Hassouna Denguezli, Habib
Mougou, Georges Berry, les Algériens Abderrahmane et
Brahmi, Drenovak et Paramanov, et en sélection Mokhtar
Ben Nacef et le Français André Gérard. Ce dernier et Dre-
novac sont les meilleurs à mes yeux.
Et côté dirigeants ?
Tous ces soldats de l’ombre qui ont hissé haut les cou-
leurs étoilées, avec naturellement en tête le regretté Hamed
Karoui, sans oublier Hassouna Denguezli, Abdelhamid
Limam, Hedi Mlika, le secrétaire général et le père spitituel
Lamine honoré en même temps que son
capitaine Abdelmajid Chetali
de l’association, feu Mohamed Driss sans lequel le club
se serait retrouvé dépourvu de tout moyen de subsistance.
Plus généralement, je dois beaucoup à tous ces dirigeants
éducateurs qui nous servaient de modèles. Ils nous ont in-
culqué la sincérité, le sacrifice et la rectitude. Je tiens par là
même à évoquer la mémoire d’un autre grand dirigeant que
je n’oublierai jamais.
Lequel ?
Il s’agit d’un responsable bénévole dans le giron de l’équipe
nationale, et militant mokninois de la première heure: Ajmi
Slim. Il accompagnait en qualité de membre fédéral le Onze
national partout où il se produisait. Aux vestiaires, avant
toute rencontre qu’elle soit amicale ou officielle, une fois sa
causerie tactique achevée, notre entraîneur français André
Gérard trouvait derrière lui, telle son ombre, Ajmi Slim.
Il lui demande alors: «Avez-vous quelque chose à ajouter
Si Slim ?» Et ce dernier de tirer de son sac le drapeau na-
tional, de le brandir haut et de se mettre à pleurer,  pleurer
et pleurer à n’en plus finir. Vous imaginez aisément l’état
d’esprit des joueurs après une telle scène. Cela a constitué
en notre temps une excellente préparation psychologique.
Nous descendions sur le terrain galvanisés et surmotivés.
Quinze ans plus tard, Abdelmajid Chetali fera pareil dans
les vestaires du stade de Rosario, en Argentine, à la mi-
temps du match brillamment remporté par ses hommes aux
dépens du Mexique (1-3).
Quel est à votre avis le meilleur footballeur tunisien
de tous les temps ?
Le défunt Noureddine Diwa. Chez moi, j’ai sa photo ac-
crochée au mur. Mais Tahar Chaibi me plaisait également.
Que vous reste-t-il de ces fastes années de footballeur ?
Un sentiment de plénitude et de bonheur. Grâce au foot,
je me suis fait un grand nombre d’amis, de vrais amis. En
rentrant le soir d’un match ou d’un stage avec l’équipe na-
tionale, il n’était pas rare de ne pas trouver de moyen de
transport nous ramenant, les sept ou huit Etoilés de l’équipe
nationale dans la Perle du Sahel. Nous nous rabattions
alors sur le Paparone, à Tunis, où nous passions la nuit. Cet
établissement était tenu par Hassouna, le frère du joueur
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 51

Les joueurs de l’ESS posant en tenue civile après un déjeuner
offert en leur honneur au casino de Boujaâfar pour le doublé
1962-63. On peut reconnaître debout de gauche à droite: Bouraoui
Maârouf, Aleya Ajroud, Chedly Naili (supporter), Moncef Gnaba,
Mohamed Mahfoudh et Abdelmajid Chetali. Assis de g. à dr.:
Abdelkader Ghachem (supporter), Raouf Ben Amor, Ahmed
Lamine, Farouk Ghachem (supporter), Mahmoud Kanoun, Raouf
Becheur et Mohsen Habacha
Avec le team national, en 1964 à Ankara dans un match amical
contre la Turquie (défaite 1-4)
de l’Espérance Sportive de Tunis, Noureddine Aloui. Le
lendemain tôt le matin, il nous ramenait à la place El Kher-
ba, à Tunis, où nous pouvions trouver des voitures louages
pour Sousse. Nos dirigeants nous ont éduqués aux valeurs
du sacrifice et du don de soi en faveur de notre club, et
en même temps du scrupuleux respect de nos adversaires
qui étaient plutôt nos amis. Jusqu’à aujourd’hui, chaque
fois que je me déplace à Tunis, les Hamadi Touati, Mongi
Hriga, Mokhtar Gabsi ou Abdelmajid Ben Mrad (EST), ou
encore Hassen Refaï (ST) se proposent pour m’aider à ré-
gler mes affaires, et vice-versa lorsque ces vrais «potes»
viennent à Sousse. L’ambiance dans notre foot était ainsi
faite. D’amitié et de respect mutuel. Pas comme maintenant
où l’on se croirait à la guerre !  courager ce genre d’actions de nature à réhabiliter des
Vous considérez-vous comme un homme comblé ?
Et comment ? Pour quelqu’un qui crève de passion pour le
sport, je crois avoir été gâté. J’ai longtemps exercé au ser-
vice des contentieux de la SONEDE où j’ai pris ma retraite
en 1994. Avec mon épouse Fatma, décédée en 2014 à l’âge
de 64 ans au terme d’une lutte courageuse contre la mala-
die, nous avons fondé une famille équilibrée qui compte
deux garçons (Khalil et Majed) et deux filles (Nadia et
Kawthar). Aujourd’hui, je passe des moments exquis avec
mes nombreux petits enfants.
Comment passez-vous vos journées ?
Le matin, c’est le café où je retrouve les amis et anciens
équipiers: Mohsen Habacha, Abdessalam Adhouma, Habib
Bicha, Hedi Slama dit Chalako (ex-SS), jadis Abdelmaid
Chetali que Dieu le guérisse. Je regarde tous les sports à
52 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
L’ESS posant avec le trophée de la coupe de Tunisie 1959. On
reconnaît debout de gauche à droite Abdelmajid Chetali, Nabli,
Mezgar, Kanoun, Essoussi, Denguezli, Gnaba et un supporter.
Accroupis de g. à dr.: un supporter, Menzli, Ben Massaoud, Gzan,
Mougou, Lamine et Hadda 
Finale de la coupe de Tunisie 1959-1960 Stade Tunisien-Etoile
Sportive du Sahel (2-0). Le président Bourguiba, accompagné de
Mohamed Mzali, ministre du Sport et Chedly Zouiten, président de
la fédération se fait présenter les joueurs de l’ESS par le capitaine
Habib Mougou. On peut reconnaître de gauche à droite Ahmed
Lamine, Mohamed Mahfoudh, Jaloul Lamti (semi-couvert) et
Mohsen Habacha
la télé.  Avant la révolution, il m’arrivait d’accompagner
l’Etoile du Sahel dans ses déplacements. Mais depuis, je
ne suis plus avec autant d’assiduité ses sorties. Je suis aussi
fan de la musique orientale: Oum Kalthoum, Mohamed
Abdelwahab... 
Vous consacriez également beaucoup de temps aux
œuvres en faveur des anciens joueurs dans la diffi-
culté...
Oui, l’Association des anciens footballeurs conduite par
Zied Tlemçani et Mokhtar Dhouib continue de leur ap-
porter énormément. Je ne ratais aucune occasion pour
y apporter ma contribution. Il faut impérativement en-
footballeurs qui n’ont pas eu la chance de bénéficier des
avantages matériels d’aujourd’hui, et qui ont pourtant
beaucoup donné, de manière totalement désintéressée,
au football tunisien.  
Votre devise dans la vie ?
La fameuse formule populaire pleine de bon sens: «Hlou
w mor Hatta youfa l’aâmor». Traduisez: «L’existence est
faite de moments doux, et d’autres amers. Et il en sera ainsi
jusqu’à la fin du monde !»
Enfin, avez-vous été vacciné contre la Covid ?
Naturellement. J’ai même pris au mois de Ramadan dernier
ma quatrième dose. Avant cela, j’ai été vacciné contre la
grippe. A mon âge, on ne prend jamais suffisamment de
précautions. La santé constitue en fait le bien le plus pré-
cieux que nous devons tous protéger. n
Forum

Parfum « sabba » Khalil Zamiti

A
l’heure cruciale et vitale pour l’économie du pays, la direction de la Centrale syndicale compromet
les tractations déjà bien difficiles menées avec le FMI. Applaudi par les nahdhaouis, ce bras de fer
lorgne les prérogatives étatiques, outrepasse la sphère ouvrière et surfe sur la misère populaire.
Celle-ci découvre l’un de ces volets sur le marché. Dans les grandes surfaces, les fortunés raffolent de l’huile
bio, acquise à prix élevé, en bouteilles cachetées. Mais chez l’épicier des campagnes et des villes, les clients
peu fortunés achètent en vrac, un demi-litre d’huile, non labélisée. Cependant, pour la première fois, j’en-
tends parler de parfum « sabba ». Eurêka !
Les mots énoncent le sens lexical à l’instant même où ils renvoient au contexte groupal. Ainsi, au quartier
populaire dénommé Zahrouni, Halima Toujani, souvent interviewée auparavant, part acheter les glibettes et
le parfum réclamés par son frère alité. Au chômage depuis trois années malgré son Master, elle emprunte
cinq dinars à sa voisine rapprochée.
En chemin, elle répond à mes questions et, entre autres, me dit :
- « Je vais acheter un peu de parfum à mon frangin ».
- « Comment un peu de parfum ? »
Perspicace, elle saisit vite la raison de l’interrogation étonnée, rit et dit :
-« Ah, tu ne le savais pas ? Ici, le flacon est trop cher, nous achetons le parfum sabba .
Chacun vient avec sa bouteille et le marchand y verse pour deux ou trois dinars. Kol k9dir ou 9adrou ».
Voici donc encore, un marqueur des classes et des groupes sociaux jamais embarqués sur le même bateau.
Les privilégiés des quartiers huppés acquièrent un flacon de parfum et les marginalisés des hays périphéri-
sés recourent à la sabba. Entre les uns et les autres, la pourtant faible distanciation spaciale masque l’ample
différenciation sociale.
De l’écart accentué provient l’allure intriguée du non-initié. Avec la crise prolongée, l’emprunt titille encore
davantage l’individu et la société. Pour celle-ci, le problème de l’heure cligne vers le FMI.
Certains fulminent contre lui et le gouvernement négocie vu la situation financière du pays.
Les uns ont raison et les autres n’ont pas tort. Car selon Kant, il ne s’agit pas là d’une contradiction, mais il
est question d’une antinomie où aucune des deux propositions contraires ne parvient à liquider l’autre parti
pris. Par l’instant tel est le cas en Libye, avec deux gouvernements ennemis. Mais revenons à nos oignons.
Le FMI inciterait la Tunisie à reconnaître la débâcle de son économie à la façon du Liban.
Semblable pression vexe les âmes sensibles mais en même temps, pointe vers l’une des plus célèbres objec-
tions. Prix Nobel d’économie en 2001, Joseph Stiglitz tire à boulets rougis sur le FMI, la Banque mondiale
dont il fut l’«économiste en chef » et l’OMC. De l’intérieur, il découvre, observe et décrit l’inféodation de
ces faucons aux Etats-Unis. Avec la dernière vigueur, il dénonce les pratiques de ces prêteurs. Voilà pour-
quoi, en Tunisie désargentée par l’incurie et la gloutonnerie nahdhaouies tout au long de la noire décennie,
prospèrent deux courants de pensée. Les dirigeants estiment incontournable un accord avec le FMI, vu les
méfaits des enturbannés, à l’instant où les récalcitrants boudent l’idée même du prêt, jadis liée à l’indépen-
dance bradée.
Or, de nos jours, le pauvre dinar dégringole encore davantage face au dollar. L’hégémonie du billet vert,
soutenue par la prospérité américaine, permet aux Etats-Unis d’engager leur politique monétaire sur le front
des sanctions infligées aux pays mal aimés.
Voilà pourquoi la Russie, avec la soumission de ces transactions internationales au rouble, sème le trouble
et n’a guère l’air de déplaire aux indignés par les cachés derrière le FMI. Par ailleurs, trop risquée, la guerre
nucléaire paraît passer le témoin à la guérilla financière. A l’ère des guépards succède celle des renards.
Ni l’Amérique, ni la Russie n’osent jouer le tout pour le tout.
« Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie / N’ont pas encore brodé de leurs plaisants dessins / Le canevas
banal de nos piteux destins / C’est que notre âme, hélas ! n’est pas assez hardie ».
Baudelaire a, presque, tout dit. n

54 - RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022


Chez Mahmoud Messaâdi...
un certain 1er juin !
C
e matin du 1er juin 2004, le ciel offre
un azur profond. Un collier de maisons
blanches, toutes semblables, le long d’une
rue animée. Mais y règne une chaleur d’été. La porte
s’ouvre sur un petit jardin qui mène directement au
salon. Un vieil homme tout pâle avance et tend une
main cordée de veines mauves. Mahmoud Messaâ-
di m’accueille chez lui six mois et demi avant sa
mort. Cela commence par un «comment vas-tu»
très discret. Ses envolées poétiques, ses définitions
cabalistiques et phénoménales ne devraient plus
tarder. Encore quelques secondes, le temps que la
main tremblante fasse tourner la petite cuillère dans
le café. Angélique, docile et introverti comme les
personnages d’Abû Hayen Ettawhidi qu’il admire
tant, il n’a rien perdu de son goût pour la discussion.
La voix rogommeuse d’une certaine grâce drama-
turgique, rattrapée par la glaciation des émotions, il
se sentait une dette immense à l’égard de Bourguiba
et lui vouait un culte. J’étais chez lui pour parler de
Bourguiba et son retour triomphal le 1er juin 1955.
Il s’agissait de déconstruire cet événement emblé-
matique afin de tisser une virgule entre le passé et
le présent. Il s’est récrié vigoureusement: «Faut-il
pour autant que nous abordions notre passé avec
un angélisme incandescent ?» Très vite, devant lui,
j’ai oublié son illustre nom  et j’ai répondu : «Non,
mais il est parfois des évènements dans l’histoire
sur lesquels il faut s’arrêter, puis zoomer pour sé-
parer les séquences». Quand on l’interroge là-des-
sus, il martèle que, à ses yeux,  Bourguiba venait
ce jour-là de gagner le devoir de se battre encore !
Alors, comme les dieux de la légende, et avec leur
impétuosité, Mahmoud Messaâdi salue Bourgui-
ba, combattant suprême. Cette conviction a pris la
forme d’une petite voix intérieure, qui l’a sommé
d’aller se mêler aux foules en liesse, venues de tous
les coins du pays, accueillir le Zaïm au port de La
Goulette. «C’est à cette date que s’est produit le
déclic. Par résonance, j’ai décidé de publier «As-
Sudd» (Le barrage)», écrit en 1938 et resté sous
embargo ! J’ai décidé de l’assaillir de questions
pièges :» Bourguiba, faut-il faire de lui une œuvre
A l’encre vive
Mustapha Attia 
littéraire ?» D’un ton mélodieux épousant les nos-
talgies et les illusions fiévreuses d’un Narcisse qui
ne doute de rien: ni d’être un génie, ni de constituer
une école littéraire et philosophique célèbre, ni de
mériter mieux que le reste de sa génération, sa ré-
ponse était comme une répartie qui claque : «J’étais
la seule personne à lui clouer le bec. Je suis dérai-
sonnablement impulsif. Je ne gagnerai peut-être pas
toutes les batailles, mais je les livrerai toutes». Et
d’ajouter : «Cela n’a nullement empêché Bourgui-
ba de solliciter toutes mes idées qui donnent à pen-
ser». Reste des milliers de détails à scruter et puis,
«As - Sudd» se situe dans cette ambiance-là, réelle
et fantastique, rêvée et cauchemardesque. Le héros
Ghaylane est un homme qui se reconstruit. Ses mots
où se côtoient les fées et les angoisses, sont le miroir
de ses espoirs. S’inspirant d’Ibn Khaldoun, Bour-
guiba, qui lisait aussi Homère, Virgile, Saint Au-
gustin, Heidegger, Ettawhidi, Al-Mutanabbi, soute-
nait que son combat est une construction toujours
recommencée qui, autour d’une poignée de thèmes
unificateurs, permet à son leadership d’être érigé
en incarnation de la patrie tout entière. Le premier
juin 1955, tous les Tunisiens avaient le droit de s’at-
tendre à une nouvelle Tunisie indépendante et libre.
Après tout, au milieu des ruines de soixante-quinze
ans de colonisation subsistaient de beaux restes. Il
existait un chemin étroit, dont Bourguiba pouvait, à
l’époque, devenir l’éclaireur sur la scène intérieure.
Combattant doublé d’un politicien, aussi habile à
entremêler le concrètement réalisable et l’ardem-
ment souhaité, à se jouer des frontières historiques,
qu’à dépoussiérer, sinon subvertir, les évènements
de l’histoire pour leur redonner toute leur noblesse
et leur éclat. Bourguiba disait : «J’ai réussi à faire
d’une poussière d’individus, d’un magma de tribus,
de sous-tribus, tous courbés sous le joug de la rési-
gnation et du fatalisme un peuple de citoyens». On
l’écoute et on songe à la volonté inébranlable de
Ghaylane qui s’adressait à Maymouna  : «De toutes
les limites, il n’en est pas une seule, de toutes les
entraves, il n’en est pas une seule, que la volonté ne
soit capable de briser « ( As-Sudd. page 80).n
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 55
La souveraineté nationale
dans le monde post-global (1)
L
a question de la souveraineté nationale est re-
venue dans le débat politique au cours des der-
nières années pour devenir au centre des pré-
occupations des analystes et des acteurs politiques.
Ce débat a également retenu l’attention des grandes
banques internationales et des grandes entreprises mul-
tinationales. Ce large débat public est marqué par le re-
tour en force du concept de souveraineté nationale, non
seulement dans les débats intellectuels, mais aussi dans
les politiques publiques pour devenir un grand sujet de
préoccupation des acteurs politiques et économiques.
Ce retour en force de la question de la souveraineté est
venu rompre trois décennies de consensus sur la sortie
de cette problématique suite au développement rapide
de la globalisation et qui a annoncé la fin des frontières
de l’Etat national et l’entrée avec la globalisation dans
une ère de coopération et d’interconnexion qui dépasse
la géographie telle qu’elle a été définie par la paix de
Westphalie en 1684.
Mais, ce consensus a volé en éclats avec la multiplica-
tion des crises et leurs conséquences sur tous les pays
du monde, de la crise de la pandémie de la Covid-19
jusqu’aux effets de la guerre en Ukraine. Ces crises ont
montré la montée des grands dangers et de la grande
fragilité du monde que la globalisation a cherché à
construire et la grande dépendance qu’elle a créée à tra-
vers le monde. Nous vivons depuis dans une ère qui
a rompu avec celle de l’abondance et qui est marquée
par une plus grande pénurie de matières premières et
de biens semi-industrialisés, particulièrement suite à la
crise sanitaire et à la guerre.
Ces pénuries et les grandes peurs qui règnent sur notre
monde posent un important défi aux hommes politiques
et aux politiques publiques qui essaient de parvenir à
“ L’Etat-nation va constituer l’univers et
l’ordre qui va connaître l’émergence et le
développement de la souveraineté natio-
nale dans les sociétés modernes et qui sera
durant trois siècles au centre de la culture
et de l’action politique dans le monde.
“ dont la souveraineté des régimes politiques royaux ou
Hakim Ben Hammouda
un important niveau d’auto-suffisance au sein des fron-
tières de l’Etat national comme une alternative à ces
crises qui menacent la sécurité et la stabilité des pays.
Mais, avant de proposer quelques idées sur ces grands
questionnements, revenons d’abord au concept de sou-
veraineté nationale et à ses fondements philosophiques
et politiques.
Aux origines du concept de souveraineté
nationale
Avant d’être un concept politique, la souveraineté est
avant tout un concept philosophique qui a été discuté
par les plus grands philosophes, d’Aristote à Hobbes,
Rousseau, Hegel et Marx.
Ce concept met l’accent sur la capacité des Etats à exer-
cer leur volonté et leur souveraineté dans le cadre du
respect de la loi et dans la recherche de l’intérêt général
de leurs peuples. Toutes les définitions de ce concept
mettent l’accent sur un principe important qui est la
supériorité de l’intérêt national et collectif sur tous les
autres dans la définition des grandes priorités des poli-
tiques publiques.
L’analyse du concept de souveraineté nationale ne se li-
mite pas aux analyses théoriques et conceptuelles mais
s’intéresse à sa traduction dans les réalités politiques,
économiques et sociales à travers des notions et des in-
dicateurs juridiques compris dans les constitutions qui
expriment la volonté collective et sa supériorité sur tous
les autres principes et particulièrement ceux qui pro-
viennent de l’étranger.
La plupart des définitions philosophiques et intellec-
tuelles mettent l’accent sur les domaines d’expression
de la souveraineté nationale dans la réalité, notamment
ceux de la sécurité étrangère à travers la diplomatie et
la défense nationale, la sécurité intérieure, la justice,
l’économie et les finances. Cette conception de la sé-
curité nationale a été prolongée dans les sociétés mo-
dernes dans de nouveaux secteurs, notamment la santé,
l’éducation et la culture.
La souveraineté nationale a connu différentes formes
la souveraineté populaire.
N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022 - RÉALITÉS - 57
Un autre regard
“ La souveraineté nationale a connu
différentes formes dont la souverai-
neté des régimes politiques royaux
ou la souveraineté populaire.
Le concept de souveraineté natio- “ sources législatives. En même temps, l’objectif des ins-
nale n’est pas récent et, au contraire,
il remonte loin dans l’histoire.
Le concept de souveraineté nationale n’est pas récent
et, au contraire, il remonte loin dans l’histoire. Il a fait
l’objet d’un grand intérêt de la part des intellectuels,
des philosophes et des hommes politiques qui ont cher-
ché à travers l’histoire à lui donner un contenu concret
en rapport avec les spécificités historiques des socié-
tés et de leur évolution ainsi que leur conception des
sources du pouvoir et de ses domaines d’organisation
et de gouvernance. Ce concept a toujours mis l’accent
sur l’importance de la volonté nationale dans la gestion
du pouvoir et dans la mise en place des politiques et des
grands choix de société.
L’Etat-nation va constituer l’univers et l’ordre qui va
connaître l’émergence et le développement de la souve-
raineté nationale dans les sociétés modernes et qui sera
durant trois siècles au centre de la culture et de l’action
politique dans le monde.
La souveraineté et l’Etat-nation
Les rapports étroits entre le concept de la souveraineté
nationale et l’Etat-nation remontent à la paix de West-
phalie du 24 octobre 1648 qui a mis fin à la guerre des
trente ans en Europe. Cet accord de paix a mis l’ac-
cent sur des principes essentiels qui vont constituer
les fondements de la souveraineté nationale dont l’in-
terdiction de l’intervention dans les affaires internes
des nations, le respect de leurs décisions internes et
de leurs grands choix. Ce concept sera le principe qui
va régir les relations entre les Etats au cours des trois
siècles passés. La déclaration de la création des Na-
tions unies en 1948 va donner l’expression moderne
de ce concept et en faire la règle de fonctionnement du
monde moderne en réaffirmant de nouveau le principe
de la non-intervention dans les affaires internes des
nations. Même si cette déclaration a indiqué les excep-
tions qui permettent de sortir de ce principe, elle a mis
des conditions très strictes pour justifier le non-respect
de ce principe.
La souveraineté va constituer la règle qui va organiser
les relations internationales et l’organisation des rap-
ports entre les pays. Les Etats vont alors respecter ce
principe en cherchant à dominer et à maîtriser toutes
les activités politiques, économiques et sociales qui se
déroulent au sein de leurs frontières géographiques.
Au niveau politique, le principe de la souveraineté
58- RÉALITÉS - N°1899 - Du 27 mai au 2 juin 2022
nationale va s’exprimer dans la supériorité des lois et
des législations nationales internes sur toutes les autres
titutions politiques, particulièrement des partis et des
grandes organisations de masse, sera de défendre l’inté-
rêt national et dans l’appui à l’Etat dans la construction
de sa souveraineté et dans sa défense. Les appareils de
l’Etat, particulièrement sécuritaires et militaires, vont
chercher à défendre la sécurité nationale contre les dan-
gers externes.
La question de la souveraineté ne se limitera pas aux
questions politiques mais va se prolonger au niveau éco-
nomique et l’Etat cherchera à organiser la croissance et
le développement dans les frontières nationales. Cette
prééminence nationale se fera à travers les priorités
économiques, les règles et les lois qui régissent les acti-
vités économiques. Les règles douanières par exemple
cherchent à imposer le contrôle de l’Etat sur les rela-
tions commerciales internationales pour défendre la
production nationale et la réduction des importations.
De même, les lois sur l’investissement cherchent à pro-
téger les investisseurs nationaux face à la concurrence
des sociétés étrangères. Les politiques monétaires des
Banques centrales ont également joué un rôle dans la
défense de la souveraineté nationale dans le domaine
économique.
Cet exercice de la souveraineté ne s’est pas limité aux
domaines politiques et économiques mais a également
touché la vie sociale dans les sociétés modernes comme
les secteurs de la santé, de l’éducation et d’autres
comme la culture et le sport.
Cette vision de la souveraineté a dominé le monde
depuis la paix de Westphalie pour devenir le cadre de
fonctionnement des relations internationales et d’orga-
nisation du pouvoir politique et de l’économie particu-
lièrement avec le développement du capitalisme et la
révolution industrielle dans la seconde moitié du 19e
siècle et se prolongera après la Seconde Guerre mon-
diale.
Mais, cette vision ne signifie pas l’absence de relations
internationales et l’ouverture sur le monde. Elle sup-
pose un contrôle strict de cette ouverture et la mise en
place de règles très rigides dans cette ouverture sur le
monde.
Or, si cette vision a dominé le monde au cours de trois
siècles et a fait de la relation étroite entre l’Etat natio-
nal et la souveraineté, le fondement de la vie politique
et sociale, elle va entrer en crise à partir du début des
années 1980 pour laisser sa place à la « globalisation
heureuse ».
A suivre…