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1er devoir du 1er trimestre / saint laurent / 2015-2016 (Avec clé et grille de correction)

Classe : TleABCD Durée : 4 heures

Epreuve de Français

Situation d’évaluation :
« Le gouvernement d’un pays doit être dans les mains des plus méritants, des plus capables, des plus sages » disait
Tchicaya U Tam’Si quant à la chose politique. Mais malheureusement, cette réalité est très souvent foulée aux pieds
avec des corolaires qui donnent de la sueur froide lorsqu’on jette un regard sur certains Etats. Le corpus de textes
que voici aborde cette problématique. Tu es invité(e) à le lire attentivement et à répondre aux questions qui te sont
posées.

Corpus de textes
Texte 1 : « La comédie du pouvoir », Jérôme Carlos, Chronique du 14 juin 2013.
Texte 2 : Jean PLIYA, Les tresseurs de corde, Ed. Hatier, 1987, pp.7, 8.
Texte 3 : André KASPI, « Kennedy, les 1 000 jours d'un président », Paris, Armand Colin, 1993.

Texte 1 : La comédie du pouvoir

A quoi jouent-ils nos politiciens? A un jeu codé qui a tout l’air d’une pièce de théâtre. Une pièce en quatre actes. Elle
donne de la politique une image crasseuse. Et ceci, à tous points de vue. Un fin connaisseur de la vie politique parle
de «La comédie du pouvoir».

La scène est apprêtée. Le décor est planté. Les personnages sont en place. Le rideau s’ouvre.

Acte I. Le premier blanc bec venu n’a qu’une seule obsession : créer un parti politique. Le congrès constitutif
convoqué à cet effet délivre, à l’unanimité et par acclamation, le titre foncier au nouveau maître des lieux. Lequel se
retrouve, tout aussitôt, dans la peau d’un chef de parti. Comme cela peut être enivrant de se savoir appelé, par-ci,
par-là et à la ronde, «Président». Seul un ange gardien avisé pourrait aider le nouveau chef à avoir la tête sur les
épaules.

Le parti est créé. Son chef est installé. La foule des courtisans se tient en ordre de bataille pour la seule chose qui
vaille désormais : le «mangement» comme on dit en Côte d’Ivoire. Parce que chacun croit dur comme fer qu’il a
droit à sa part du gâteau national. Mais le meilleur reste encore à venir. Et la pêche miraculeuse, c’est peut être pour
demain.

Acte II. Sans que rien n’ait annoncé l’orage, un coup de tonnerre retentit dans un ciel zébré d’éclairs et de foudre. Il
réveilla tout le monde. Il éveilla chacun à la grande annonce du jour. Le chef allait parler. Et le chef parla, en effet. Il
annonça le recentrage du parti. Pas moins. A sa création, le parti a jeté l’ancre dans les eaux plutôt pauvres d’une
opposition qui n’a d’opposition que le nom. L’intention était de jouer les méchants loups pour susciter l’intérêt et
l’attention des gens d’en face. Mais tous les signaux envoyés dans ce sens ont à peine ébranlé leurs destinataires.
Alors, que fait-on quand la rivière ne vient pas à vous ? On va à la rivière !

Voilà l’essentiel de l’annonce du chef à ses «chers militants», suivant la voie d’une transhumance qui, pour avoir été
souvent empruntée par d’autres, est bien connue de tous. Le parti a fait plus que d’aller à la rivière. Le parti était allé
se fondre et se confondre, corps et biens, dans la rivière.

Acte III. Le parti créé sous le soleil radieux d’un matin et qui ambitionnait d’indiquer et d’impulser une nouvelle
manière de faire la politique, allait atterrir en douceur un soir et s’évaporer dans les ombres de la nuit. Les dirigeants
du parti au pouvoir saluèrent le courage des transhumants repentis. On les félicita pour avoir entendus la voix de la
raison, du patriotisme et de l’amour du pays. Aussi furent-ils cités et donnés en exemple aux autres, invités à
emprunter la même voie.
Mais les jours passaient sans qu’on fît suite aux promesses. L’ancien chef de parti avait des soucis à se faire, alors
que ses ressources propres s’épuisaient à vue d’œil. Et s’il avait été roulé dans la farine? Et s’il n’avait été payé qu’en
monnaie de singe? Et s’il n’avait été pressé que comme un citron, pour être jeté, après usage, comme du kleenex?

Acte IV. Le communiqué du conseil des ministres portait mention d’une seule nomination. Le réaménagement
technique du gouvernement a ouvert les allées de la République à l’ancien chef de parti. Il a été fait ministre. Il
entrait dans le Saint des Saints du pouvoir d’Etat par la grande porte. Son sacrifice et le sacrifice de son parti n’ont
pas été vains.

Dans son village, c’était le branle-bas général depuis l’annonce de la bonne nouvelle. Elle confondait dans la joie et
dans l’allégresse les parents, les familles amies et alliées. Quel honneur de pouvoir compter l’un des enfants d’un
village perdu du pays profond au nombre des éminents membres du gouvernement. Bien sûr que cela se fête.

Dès l’aube, des tams-tams roulaient divers sons. Des prières s’élevaient des églises, des temples, des couvents, des
mosquées comme des volutes d’encens vers le ciel. Il y avait à boire et à manger jusqu’à plus soif, jusqu’à plus faim.
Mais quand tout le monde fut rentré le soir, tout le monde fut tout aussi conscient de reprendre la même vie de
chien, dans le dénuement le plus complet. Qu’avait-on à espérer de nouveau sous le soleil des imbéciles heureux ?
Fin. Rideau. Attention : ceci n’est qu’une fiction. Toute ressemblance avec des personnes et des situations réelles ne
serait que pure coïncidence.

Jérôme Carlos, Chronique du 14 juin 2013

Texte 2 :

Trabi s’est engagé dans le victorisme depuis l’Université. Il s’y était préparé avec une douzaine de compagnons, dans
des cellules organisées comme des sociétés secrètes. Au Bokéli, ils établirent progressivement un réseau clandestin,
s’infiltrèrent dans les institutions clés, creusant, ainsi que des termites, des galeries meurtrières.

L’orage révolutionnaire éclata dans un ciel serein, secoua les fondations vermoulues, dérouta les gens qui ignoraient
tout du victorisme et qui regrettaient maintenant d’avoir sous-estimé l’importance de cette doctrine planétaire. Les
initiés élaborèrent fiévreusement les textes de base qui engendrèrent du jour au lendemain un Etat tout neuf dont
Trabi se fait le défenseur zélé. A ceux qui prétendent par exemple que le gouvernement commet des erreurs
économiques, il assène férocement des arguments tirés des meilleurs théoriciens victoristes. Il approuve sans
réserve la violence qui s’abat sur les réactionnaires et ne se dérobe à aucune exigence de la révolution.

Mais de temps en temps, il fait des commentaires désabusés sur les responsables qui lèchent déjà les doigts en
voulant nourrir le peuple. Un jour, son ami Djohodo lui reprocha son franc-parler. Trabi s’emporta.

- Tu sais bien que j’ai raison, dit-il. Si les dirigeants vivent dans l’abondance alors que les masses gémissent dans la
pénurie, la discipline du Parti se relâchera et bientôt les gardiens de prison et les détenus sympathiseront.

- Tes critiques mettent le régime en danger, l’avertit Djohodo. Le « Noyau » incarne la volonté de changement du
peuple, ne l’oublie pas.

- Je désapprouve ceux qui transforment le « Noyau » en club de profiteurs.

- Tu en profites aussi.

- J’en conviens, mais je commence à être gêné. Il faudrait taper sur les doigts cupides et coudre certaines bouches.

Jean PLIYA, Les tresseurs de corde, Ed. Hatier, 1987, pp.7, 8

Texte 3 :
(Élu en novembre 1960, John Fitzgerald Kennedy entre en fonction le 20 janvier 1961. Comme le prévoient les
institutions, il prête serment de fidélité à la Constitution américaine. Son discours, longuement préparé, est le plus
court de l'histoire américaine après celui de Georges Washington en 1793. Tenu par sa promesse de conquérir « une
nouvelle frontière », Kennedy détaille son programme de gouvernement en promettant d'œuvrer pour la paix et la
liberté.)

Discours d’investiture de John Fitzgerald Kennedy

« Nous célébrons aujourd’hui, non pas la victoire d’un parti, mais celle de la liberté, symbole d’une fin et d’un
commencement, source de renouveau et de changement. […]

À nos vieux alliés dont nous partageons les origines culturelles et spirituelles nous promettons la loyauté des amis
fidèles. […]

Aux jeunes États que nous accueillons parmi les États libres, nous promettons que l’ordre colonial ne sera pas
remplacé par une tyrannie plus forte. […]

Aux républiques sœurs au sud de nos frontières, nous faisons une promesse spéciale, celle de transformer nos
bonnes paroles en bonnes actions, dans une nouvelle alliance pour le progrès, pour aider les hommes libres et les
gouvernements libres à repousser les chaînes de la pauvreté. […]

À l’assemblée mondiale des États souverains, aux Nations unies, notre dernier espoir à une époque où les outils de
guerre l’emportent de loin sur les outils de paix, nous renouvelons notre promesse de soutien, notre promesse de
l’empêcher de devenir un lieu d’invectives, de renforcer son bouclier pour protéger les nouveaux venus et les faibles,
pour étendre le domaine sur lequel ses décisions sont appliquées.

Enfin de compte, aux nations qui voudraient se muer en adversaires, nous ne faisons pas de promesses, mais nous
leur adressons une requête : que les deux parties en présence entreprennent de nouveau la recherche de la paix,
avant que les sombres puissances de destruction engendrées par la science n’entraînent l’humanité dans une
destruction organisée ou accidentelle.

Nous ne les tenterons pas par notre faiblesse. Ce n’est que lorsque nos armes seront indubitablement suffisantes
que nous serons indubitablement certains qu’on ne les emploiera pas.

Mais aucun des deux puissants camps ne peut se satisfaire de la situation présente. […]

Que chaque camp formule, pour la première fois, des propositions sérieuses et précises pour assurer l’inspection et
le contrôle des armements, pour placer le pouvoir absolu de détruire sous le contrôle absolu de toutes les nations.
[…]

Et si un début de coopération peut repousser la jungle des soupçons, que les deux camps inaugurent de nouvelles
tentatives, pas un nouvel équilibre de la puissance, un monde nouveau du droit, dans lequel les forts seront justes,
les faibles vivront en sécurité et la paix sera sauvegardée.

Tout cela ne sera pas terminé dans les cent premiers jours. Pas même dans les mille premiers jours ou pendant la
durée de mon gouvernement ou durant l’existence de notre planète. Mais commençons. » […]

André KASPI, « Kennedy, les 1 000 jours d'un président », Paris, Armand Colin, 1993.

CONSIGNES

I- QUESTIONS SUR LA COMPETENCE DE LECTURE (Obligatoire)


1- Précise le thème commun aux trois textes et dis si les auteurs l’abordent de la même façon. (2pts)
2- Indique dans quelle mesure le titre du Texte 1 peut être donné au Texte 2. (1pt)
3- Donne la fonction et le genre du Texte 1 puis la nature du Texte 2 et du Texte 3. (1pt)
II- COMPETENCE D’ECRITURE (sujet unique)
DISSERTATION (Texte 3)
Aux Nations Unies, le président Américain John Fitzgerald Kennedy, dans son discours d’investiture du 20 janvier
1961 a promis « de renforcer son bouclier pour protéger les nouveaux venus et les faibles, pour étendre le domaine
sur lequel ses décisions sont appliquées ».

Au regard des réalités actuelles à travers le monde, est-on en mesure d’affirmer que cette promesse est tenue ?

Consignes
1- Dégage le problème que pose le sujet. (2pts)
2- Construis le plan de ton corps du devoir. (4pts)
3- Rédige entièrement ton devoir (10pts)
1er devoir du 1er trimestre / Epreuve de français
Proposition de clé et grille de correction

I- QUESTIONS SUR LA COMPETENCE DE LECTURE (Obligatoire)

1- Précisons le thème commun aux trois textes et dis si les auteurs l’abordent de la même façon.
- Le thème commun aux trois textes est : la politique / l’homme politique / le politique / le pouvoir politique / la vie
politique… (0.5pt)
- Les auteurs n’abordent pas ce thème de la même façon :
. Dans le texte 1, le chroniqueur dénonce comment les hommes politiques agissent comme des comédiens / l’auteur
dénonce les machinations ou manœuvres politiciennes. (0.5pt)
. Dans le texte 2, l’auteur met en relief l’engagement d’un militant du victorisme, une idéologie politique. (0.5pt)
. Dans le texte 3, l’essayiste montre l’engagement politique d’un nouveau chef d’Etat au cours de son investiture.
(0.5pt)

2- Comment le titre du Texte 1 peut être donné au Texte 2. (1pt)


Tout d’abord, le titre du texte 1 est : « La comédie du pouvoir » à travers lequel, Jérôme Carlos désavoue à travers une
caricature théâtralisée les comportements des hommes politiques pour montrer à sa cible qu’en réalité, il y a une
différence entre la parole et l’acte du politique. Autrement, les comportements de ce dernier ont un autre mobile que
ce qu’il présente à la face du monde.
Or, dans le texte 2, le romancier Jean Pliya met à nu un mauvais comportement du personnage Trabi. Comportement
qu’il combat paradoxalement : la corruption au sommet de l’Etat.
« - (Trabi) Je désapprouve ceux qui transforment le « Noyau » en club de profiteurs.
- (Djohodo) Tu en profites aussi.
- (Trabi) J’en conviens, mais je commence à être gêné. Il faudrait taper sur les doigts cupides et coudre certaines
bouches. »

3- La fonction et le genre du Texte 1 puis la nature du Texte 2 et du Texte 3.


- Fonction du texte 1 : Persuader (0.25pt)
(Car l’auteur n’utilise aucun argument pour prouver sa thèse. Il agit au contraire sur la sensibilité et les sentiments des
destinataires de son texte à travers la théâtralisation de ses idées. Alors que pour convaincre, il faut s’appuyer sur des
arguments et des exemples clairement exprimés pour prouver sa thèse)
- Genre du texte 1 : Essai (0.25pt)
- Nature du texte 2 : Récit (0.25pt)
- Nature du texte 3 : Discours (0.25pt)

II- COMPETENCE D’ECRITURE (sujet unique)

DISSERTATION (Texte 3)
1- Le problème que pose le sujet. (2pts)
Le sujet pose le problème du soutien des USA à l’ONU / ou / Le sujet pose le problème du renforcement du dispositif
sécuritaire des USA au service des Etats membres de l’ONU

2- Un plan de ton corps du devoir. (4pts)


I- Explication du sujet
1- Renforcer le bouclier
2- Protéger les nouveaux venus et les faibles
3- La contribution des USA dans l’application des décisions de l’ONU
II- Discussion
1- Les réalités actuelles quant aux relations USA – ONU
2- Les réalités actuelles quant aux relations entre les USA et les Etats faibles, membres de l’ONU
3- Les preuves que les USA n’ont pas tenu leur promesse
3- Rédaction du devoir (10pts)
Partir du problème posé et du plan qui ne sont qu’indicatifs.

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