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climatique de 20 ans ?
Il existe une idée reçue persistante selon laquelle ‘le climat serait bouclé
pour 20 ans et que si nous agissons maintenant, nous ne verrions que les
effets dans 20 ans. Bonne nouvelle : ce n’est pas ce que disent les dernières
recherches scientifiques, et il est important d’expliquer pourquoi afin
d’éviter l’inaction climatique. Cet article est une traduction d’un excellent
article de Carbon Brief que nous avons traduit avec Christophe Cassou, que je
partage ici avec l’accord de l’auteur.
Par conséquent, les modèles climatiques avaient tendance à être intégrés avec
des scénarios en concentration de CO2 dans l’atmosphère, plutôt qu’en
émissions, et ils ont souvent examiné ce qui se passerait dans le futur si
les niveaux de CO2 atmosphérique restaient aux niveaux actuels.
Étant donné que le monde s’est déjà réchauffé d’environ 1,3°C, cela signifie
que la limite de 1,5 °C serait dépassée si les concentrations actuelles de
CO2 se maintenaient à un niveau constant en raison de la poursuite
d’émissions résiduelles.
De plus, les terres et les océans absorbent environ la moitié du CO2 que les
humains émettent chaque année. Si les émissions sont nulles, ces “puits de
carbone” continuent d’absorber une partie du CO2 en excédent émis par le
passé, d’abord rapidement, puis plus lentement, à mesure qu’ils se
rapprochent d’un nouvel équilibre. Cela réduit les niveaux de CO2 dans
l’atmosphère et, par conséquent, le réchauffement qu’il provoque.
À très long terme – sur plusieurs centaines ou milliers d’années – les puits
de carbone deviendraient dominants et les températures mondiales finiraient
par baisser, tant que les émissions anthropiques de CO2 resteraient nulles.
La durée de vie du CO2 dans l’atmosphère est déterminée par la vitesse à
laquelle les puits absorbent le CO2 ; alors qu’environ la moitié de nos
émissions sont absorbées relativement rapidement, une partie de nos émissions
de CO2 qui s’est accumulée dans l’atmosphère sera encore présente dans des
dizaines de milliers d’années.
(ZECMIP est l’un des projets d’intercomparaison de modèles entrepris sous les
auspices de CMIP6, incluant les nouvelles versions de modèles climatiques
élaborés dans la perspective du sixième rapport d’évaluation du GIEC, qui
doit être publié en 2021-22).
Le rapport s’est penché sur le cas examiné ci-dessus – zéro émission de CO2 –
représenté par la ligne bleue. Mais il s’est également penché sur les cas
d’émissions nulles de CO2 et d’aérosols (rouge), de GES nuls (jaune) et de
GES et d’aérosols nuls (violet).
Source
Ainsi, le monde serait environ 0,4 °C plus chaud si les émissions de CO2 et
d’aérosols devenaient nulles, par rapport aux seules émissions de CO2 nulles.
Dans ce scénario (ligne rouge), le monde dépasserait probablement l’objectif
de 1,5 °C, atteignant environ 1,75 °C en 2100.
Enfin, si toutes les émissions humaines ayant une incidence sur le changement
climatique étaient réduites à zéro – comprenant a la fois les GES et les
aérosols -, les résultats du GIEC indiquent que le réchauffement connaîtrait
une hausse à court terme sur 20 ans, suivie d’un déclin à plus long terme.
Cela reflète les effets opposés du réchauffement dû à la disparition des
aérosols dans l’atmosphère et du refroidissement dû à la baisse des niveaux
de méthane.
Les études présentées dans cet article portent toutes sur les effets des
scénarios d’émissions nulles aujourd’hui ou dans les prochaines décennies.
Toutefois, si les émissions nulles devaient se produire plus tard dans le
siècle, il est possible de subir davantage les effets de certains processus
de rétroaction du cycle du carbone – tels que la fonte du pergélisol – que
dans le cas des niveaux de température globale actuels.
Un monde qui s’est réchauffé de 3°C ou 4°C par rapport aux niveaux
préindustriels pourrait aboutir à un réchauffement inévitable plus élevé que
celui obtenu dans le monde actuel – et des recherches supplémentaires sont
nécessaires pour explorer ces effets.
Pour mettre fin à ces effets, il faudra en fin de compte, réduire les
températures mondiales via des émissions mondiales nettes négatives, et non
pas simplement arrêter la hausse des températures en atteignant le niveau net
zéro.