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E.T.

et Terre en péril

Il y a plus de 25 ans, un extraterrestre avait déjà adressé une mise


en garde solennelle à l’humanité à propos des conséquences
probables du réchauffement climatique, de l’effet de serre et de la
surpopulation planétaire.
Jean de Raigualgue a aujourd’hui 60 ans. Il n’a rien d’un rêveur ou d’un mystique. Bien au
contraire, il a passé plus de 20 années de sa vie dans l’univers des grandes entreprises
multinationales. Par ses activités, il s’est trouvé en permanence en contact avec le côté
prosaïque et terre à terre de notre société de consommation. Et pourtant, sa rencontre, il y a
déjà plus de 25 ans, avec celui qu’il appelle « son visiteur » a profondément bouleversé sa vie et
sa façon de voir les choses.

Ce visiteur commença par affirmer qu’il venait d’un autre monde ou plutôt d’une autre région
de notre univers. Au cours de leurs premiers échanges, Jean était plutôt circonspect, mais il
dut bien vite se rendre à l’évidence : non seulement l’extraterrestre connaissait tout de son
passé, mais il était capable de lire ses pensées et de deviner jusqu’à la plus fugitive de ses
émotions.

Ses extraordinaires révélations ont été consignées en 1995 dans un manuscrit publié en l’an
2000 sous le titre : « Réflexions sur le Destin de la Terre et de l’Univers : le point de vue d’un
extraterrestre. »

Il y a 25 ans, l’écologie était loin d’être en vogue comme aujourd’hui ; elle avait même encore
plutôt mauvaise presse dans la plupart des milieux politiques et scientifiques internationaux,
et il n’était question dans les médias ni de biodiversité, ni d’effet de serre, ni de réchauffement
climatique, ni de menaces planétaires irréversibles. De même, on s'imaginait encore que les
problèmes liés à la surpopulation de certains pays n'auraient aucune incidence sur le reste du
monde.

Voici le message prophétique qui fut alors reçu par Jean de Raigualgue au cours d’une
conversation avec son visiteur, puis consigné 20 années plus tard dans son livre dont voici
quelques extraits.

L’E.T. : Certaines des choses dont je vais vous entretenir vont vous choquer.
Choquer votre intelligence, vos instincts, et même votre sens moral. Je préfère
donc vous prévenir et vous assurer que mon intention n'est ni de vous choquer
ni de vous effrayer indûment.

JdR : Je sais. J'ai confiance en vous.

- Mon rôle est juste de vous faire prendre conscience d'une situation à bien des
égards préoccupante et de vous aider à réfléchir aux moyens d'y faire face.

- Qui ? Moi personnellement ?

- Vous personnellement, mais aussi beaucoup d'autres. Vous n'êtes pas le seul
à qui nous parlons des dangers qui menacent la Terre, et surtout ses
habitants.

- Là, j'avoue que vous me faites un peu peur, dis-je.

- Il y à de quoi !

Il y eut quelques secondes de silence. Je me sentis tout à coup un peu


angoissé. Peut-être n'était-ce pas par hasard que le visiteur avait souhaité
continuer notre discussion à une heure de plein soleil.
La nuit tend à exagérer les inquiétudes.

- Votre planète est en grand péril, reprit le visiteur. Plusieurs dangers la


menacent, et tous sont liés par des relations de cause à effet.

- De quoi voulez-vous parler ?

- D'abord de l'élévation de température de votre troposphère, induite par les


activités humaines. C'est ce que vous appelez, de façon tout à fait appropriée
"l'effet de serre".

- Vous voulez dire : l'augmentation de la teneur en gaz carbonique de


l'atmosphère ?

- En gaz carbonique, mais en d'autres gaz aussi. Des gaz comme le méthane,
l'oxyde nitreux, le dioxyde de souffre, l'ozone ou les chlorofluorocarbones. Tous
contribuent à des degrés divers à cet effet de serre. La température moyenne de
votre planète est en rapide augmentation. Ce réchauffement va bientôt
provoquer de très graves bouleversements climatiques. À long terme, il risque
de rendre la terre inhabitable.

- J'avais déjà entendu parler de l'effet de serre, dis-je, mais je pensais que les
émissions liées aux activités de l'homme étaient recyclées de façon naturelle…

Le visiteur fronça les sourcils.

- La nature a mis au point des mécanismes physiques et biologiques très


efficaces pour fixer et recycler les excès de certaines substances, dit-il. Ces
mécanismes d'ajustement, parfois très complexes, fonctionnent à la perfection.
Pendant des dizaines de millions d'années, ils ont assuré à la terre des
conditions de température relativement stables et permis le développement
d'un biotope extrêmement riche et varié. Le problème est une question de
"trop", trop vite.

En moins de deux siècles, conséquence de l'industrialisation et de votre


accroissement démographique, les quantités de gaz carbonique présentes dans
votre atmosphère ont presque doublé. Deux siècles, c'est long pour vous. Pour
la nature et l'environnement, c'est très court ! En deux siècles, la teneur en gaz
carbonique de votre atmosphère a augmenté des dizaines de fois plus vite que
la moyenne des ses fluctuations naturelles. A cette vitesse là, il est impossible
à la nature de s'adapter et de maintenir ses grands équilibres.

Ce qui est vrai pour le gaz carbonique est également vrai des autres gaz
inducteurs de l'effet de serre. Bien qu'ils soient beaucoup moins abondants
(par exemple, il y a 200 fois moins de méthane que de gaz carbonique dans
l'atmosphère), ceux-ci captent beaucoup plus efficacement le rayonnement
infrarouge émis par le soleil (10 000 fois plus dans le cas des
chlorofluorocarbones).

Les effets de ces gaz se cumulent. Le résultat net de cette interaction est de
renforcer l'effet de serre.
L'ennuyeux est que, au-delà d'un certain seuil, dont vous vous rapprochez
sans cesse, l'emballement de la machine atmosphérique risque d'échapper à
tout contrôle. Ce serait une véritable catastrophe !
Au mieux, votre espèce serait éradiquée de la surface de la terre. Au pire, la
Terre connaîtrait le même sort que la planète Vénus et deviendrait une boule
brûlante où toute l'eau s'évaporerait et où tout vie deviendrait impossible.

- Là, vous cherchez vraiment à me faire peur, dis-je.

- Oh ! Je ne cherche pas à vous faire peur. Je vous accorde cependant que les
perspectives que l'évolution actuelle de votre planète rend possibles n'ont rien
de très réjouissantes pour vous.
- Est-ce irrémédiable ?

- Le processus qui peut transformer la Terre en enfer de type vénusien est


bel et bien enclenché. Il s'accélère. Si vous arrêtiez MAINTENANT de
rejeter dans l'atmosphère les quantités énormes de gaz inducteurs de
l'effet de serre que vous produisez, vous ne pourriez pas enrayer le
phénomène, mais vous en limiteriez l'amplitude… et les conséquences !
Les climats de l'ensemble de la planète vont changer de façon dramatique au
cours des deux siècles à venir. La température moyenne de la terre devrait déjà
augmenter de 3 à 4° d'ici la fin du vingt et unième siècle. Peut-être même plus.
Les bouleversements qui se produiront alors seront le résultat de mécanismes
naturels visant à ramener le climat global à un niveau d'équilibre. Ils seront de
toutes les façons violents, parce que vos émissions dépassent de très loin les
capacités d'ajustement naturelles de la Terre.

Si vous arrêtiez maintenant vos émissions, vous pourriez espérer une


STABILISATION des phénomènes d'interaction positive qui contribuent à
accélérer le processus de réchauffement, mais pas le réchauffement lui-
même. Celui-ci est inéluctable.

- Qu'entendez-vous par "interaction positive" ?

- Le fait que les mécanismes induits par le réchauffement de l'atmosphère se


cumulent et se renforcent mutuellement, et provoquent une accélération
continue du phénomène. Nous avons vu que l'augmentation considérable de la
concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère était à l'origine de l'effet de
serre. Examinons maintenant quelques-unes des implications de cette
situation :
en dégelant les immensités glacées de la toundra sibérienne et de l'Alaska, ce
réchauffement va libérer les énormes quantités de gaz carbonique et de
méthane qui s'y trouvent bloquées sous forme de permafrost. Celles-ci vont
s'ajouter au gaz carbonique et au méthane qui s'accumulent déjà dans
l'atmosphère et en renforcer l'action.

Parallèlement, le réchauffement des mers va se traduire par une évaporation


accrue, augmentant d'autant la quantité de vapeur d'eau présente dans
l'atmosphère ; et la vapeur d'eau est l'agent inducteur d'effet de serre le plus
virulent.

Le réchauffement va encore s'accélérer avec la fonte progressive des glaces des


régions arctiques. Pourquoi ? Parce que le manteau blanc de la neige et de la
glace est beaucoup moins perméable aux rayons infrarouges du soleil que le
bleu sombre de la mer (vos scientifiques appellent cela "l'effet d'albédo").
Ce n'est pas tout ! Les mers chaudes absorbent moins bien le gaz carbonique
que les mers froides, parce qu'elles sont moins riches en plancton. Si les mers
se réchauffent, cela signifie qu'une partie du gaz carbonique qu'elles
absorbaient jusqu'alors restera dans l'atmosphère et viendra alimenter la
chaudière atmosphérique.

Vous comprenez l'enchaînement ?

- Seigneur! fis-je avec consternation. C'est une véritable spirale infernale!

- Cela en est une, approuva le visiteur. Et vous continuez de l'alimenter en


rejetant toujours plus de gaz carbonique dans l'atmosphère.

- Et c'est pareil pour les autres gaz ?

- Malheureusement oui. Tenez, prenez les chlorofluorocarbones.

- Les Chlorofluorocarbones ? Les substances utilisées pour la fabrication des


aérosols ?

- S'il n'y avait que les aérosols ! Il y a des quantités d'autres applications pour
les chlorofluorocarbones.
Par exemple l'industrie du froid, le nettoyage des circuits électroniques, la
fabrication des matières plastiques…

- Je sais que les chlorofluorocarbones contribuent à détruire la couche d'ozone


qui protège la terre des rayons ultraviolets en provenance du soleil, coupai-je.
On en a beaucoup parlé, ces dernières années. Je ne connais pas les détails de
ce processus, mais il a été mis en évidence par les scientifiques.

Le visiteur approuva de la tête.

- Exact. Les chlorofluorocarbones sont des composés extrêmement stables. Si


stables qu'ils peuvent s'accumuler librement dans l'atmosphère. Lorsqu'elles
atteignent la stratosphère, les molécules de chlorofluorocarbones sont
"cassées" par le rayonnement ultraviolet et libèrent les molécules d'ozone. Le
processus qui mène à cette destruction est très complexe et fait intervenir
d'autres substances, comme les composés azotés. Quoiqu'il en soit, les
conséquences de cet amoindrissement de la couche d'ozone sont redoutables
pour les conditions de vie sur votre planète. Je ne parle pas seulement des
implications sur la santé humaine d'une augmentation du rayonnement
ultraviolet, mais de ses répercussions sur l'ensemble du biotope et des ses
effets induits. Effets induits qui contribuent, eux aussi à emballer la machine
infernale.

Savez-vous que, lorsque la couche d'ozone, dans les régions arctiques et


antarctiques, auro diminué de 40 % à 50 %, l'accroissement du rayonnement
ultraviolet qui en résultera sera suffisant pour stériliser les couches
supérieures de l'océan ?

Conséquence : le plancton en suspension dans l'eau de mer disparaîtra jusqu'à


une profondeur d'une dizaine de mètres environ. Le plancton est très abondant
dans les mers froides dont vos scientifiques disent justement qu'elles sont de
véritables réservoirs à plancton, ce qui explique qu'elles sont si poissonneuses.
Or, le plancton joue un rôle considérable dans le cycle du carbone en
absorbant le gaz carbonique de l'atmosphère. S'il disparaît ou s'il est mois
abondant, les mers froides absorberont beaucoup moins de gaz carbonique, et
celui-ci s'accumulera encore plus dans l'atmosphère. Sans compter – c'est un
autre effet induit – la destruction du premier maillon de la chaîne alimentaire
qui se répercutera immanquablement sur les autres maillons de la chaîne,
jusqu'à vous. Je vous laisse imaginer les conséquences.

- Ce réchauffement que vous annoncez va-t-il faite monter le niveau des océans
?

- Relativement peu, mais suffisamment quand même pour poser de très graves
problèmes. Je m'explique: l'augmentation de la température globale, va
renforcer le niveau des précipitations, entre autres au niveau des pôles, ce qui
aura pour effet de renforcer l'épaisseur de la couche de glace.

- Vous voulez dire que plus le climat global deviendra chaud, plus la quantité
de neige et de glace augmentera aux pôles ?
- Exact. Ce sera surtout vrai pour le pôle Sud où la quantité de glace est
beaucoup plus importante et où celle-ci s'appuie sur le socle d'un continent. Si
toute la calotte glacière Nord venait à fondre, le niveau des mers ne monterait
que de quelques centimètres. Dans le cas de l'hémisphère Sud, le niveau des
mers monterait de près de soixante dix mètres.

Ce n'est pas très étonnant si vous considérez que 90% des glaces sont
concentrés dans l'antarctique et au Groenland. L'augmentation de la
température globale de trois, quatre ou cinq degrés renforcera les glaces du
pôle Sud et du Groenland, mais finira par avoir raison des glaces du pôle Nord
qui fondront progressivement.

- Entièrement ?

- Entièrement. Les glaces du Groenland mettront beaucoup plus de temps à


fondre, en raison de la masse continentale qui les soutient. A la fin du vingt
deuxième siècle, le "paysage" de la terre sera le suivant :
la calotte glacière Nord n'existera pour ainsi dire plus, le Groenland verra les
glaces s'accumuler en son centre, mais fondre de façon accélérée sur ses côtes.
Par contre, la couche de glace du pôle Sud augmentera dans des proportions
considérables, limitant l'élévation du niveau des mers à quelques dizaines de
centimètres.

- Je n'arrive pas à imaginer la Terre avec de la glace à un seul pôle !

- C'est pourtant la situation qu'a connue la Terre pendant plus de quinze


millions d'années. Il n'y avait même pas de glace du tout aux pôles jusqu'à dix
huit millions d'années, époque à laquelle, en raison de
la dérive des continents et du glissement du continent antarctique vers le Sud,
la calotte glacière Sud s'est progressivement formée. La calotte Nord est une
formation relativement récente. Elle date d'il y a trois millions d'années
environ.

- La Terre peut donc fonctionner avec de la glace à un pôle seulement ?

Le visiteur rit de bon cœur.

- Il ne s'agit pas de "fonctionnement" mais d'équilibre. A chaque modification


des données environnementales correspond un nouvel équilibre. Cet équilibre
est fonction de la distribution respective des continents et des mers, de la
composition de l'atmosphère, de la température ambiante et du développement
de la vie végétale et animale de la planète. Lorsque la calotte glacière Nord aura
disparu et, beaucoup plus tard, les glaces du Groenland, un nouvel équilibre
climatique s'établira.
- Il n'est donc pas question que les glaces de l'Antarctique fondent ?

- Il faudrait – heureusement pour vous – une augmentation bien plus


considérable de la température globale, de l'ordre de 10 à 12°, pour faire fondre
les glaces du pôle Sud. J'espère pour vous que vous n'arriverez pas là, car cela
rendrait la situation quasiment irrattrapable.

Encore une fois, l'action de l'homme sur votre planète induit des
changements beaucoup plus rapides que ce qu’elle est capable de gérer. Il
faut des milliers d'années à la Terre pour retrouver son équilibre climatique
quand les conditions à sa surface changent. Bien sûr, votre planète est
programmée pour s'adapter à des déséquilibres lents et passagers. Elle peut
digérer certains excès. Mais, au-delà d'un certain seuil, rien ne va plus. C'est
comme un ressort qui casse à force d'être sollicité. C'est comme une bille que
vous faites tourner dans une bassine : les parois de la bassine ont tendance à
ramener la bille vers le bas ; plus la vitesse de la bille augmente, plus celle-ci
monte le long des parois … jusqu'au moment où il n'y a plus de paroi pour
contenir la bille. Quand celle-ci est éjectée de la bassine, il n'y a plus de retour
à l'équilibre possible.

Dans cet exemple, la bille symbolise les gaz inducteurs de l'effet de serre qui
s'accumulent dans l'atmosphère à un rythme de plus en plus rapide ; les
parois de la bassine sont des mécanismes naturels qui viennent contrebalancer
les effets de cette accumulation. Quand ceux-ci seront saturés, la machine à
transformer la terre en fournaise, deviendra incontrôlable.

- À quel stade de cette évolution sommes-nous ?

- Je vous l'ai dit. Même en réduisant considérablement vos émissions,


vous n'échapperez pas aux conséquences d'un réchauffement inévitable
(l'effet d'inertie des interactions positives déclenchées par ces émissions),
mais vous aiderez votre planète à rétablir ses grands équilibres. Il est
donc indispensable que vous le fassiez. C'est un peu comme diminuer la
vitesse de la bille quand celle-ci est sur le point d'atteindre le haut de la paroi
de la bassine. Si vous ne le faites pas, les conditions géo-climatiques à la
surface de la Terre deviendront telles que l'humanité pourrait bien
disparaître.

La Terre est un organisme vivant.

- Pas très encourageant, tout ça, constatai-je.

- Pas très encourageant pour VOUS, continua le visiteur imperturbable. La


Terre dispose néanmoins d'une sorte de valve de sécurité qu'elle pourrait bien
déclencher pour rétablir, malgré tout, ses grands équilibres.

- Une valve de sécurité ? Que voulez-vous dire par là ?

- Eh bien ! Votre planète se comporte exactement comme un organisme


vivant ; un organisme vivant gigantesque. En tant qu'organisme vivant,
elle n'a pas du tout envie de se transformer en une deuxième Vénus. C'est
compréhensible. Pour échapper à ce sort peu enviable, il se peut qu'elle
n'ait plus qu'une seule ressource…

- Laquelle ?

- … Se débarrasser des parasites dont la prolifération commence à lui


rendre la vie impossible. C'est-à-dire se débarrasser de VOUS !

- Là, vous exagérez, dis-je.

Il me regarda d'un air goguenard.

- Que faites-vous quand les bestioles viennent vous irriter la peau ?

Sans attendre la réponse, il se servit un verre d'eau et le but tranquillement


tout en observant ma réaction du coin de l'œil.

- Je les chasse ou je les tue, dis-je. Ca va de soi. (Oui, évidemment, pensai-je).

Je réfléchis un instant.

- Comment la Terre peut-elle se débarrasser de nous ? demandai-je. L'homme


ne dispose-t-il pas des ressources technologiques adéquates pour s'adapter à
toutes les circonstances ?

Le visiteur eut un petit rire las.

- Que peut votre technologie contre les tremblements de terre ? Contre le


dérèglement des climats et la destruction des écosystèmes qu'il
entraîne ? Vous n'avez aucune idée de l'ampleur des bouleversements qui
vous attendent !

Des régions maintenant couvertes d'une végétation luxuriantes seront


transformées en déserts ; inversement, des régions désertiques
deviendront verdoyantes.

Il y aura une redistribution générale des climats dans les deux


hémisphères. Sur la plus grande partie de votre planète, la flore ne pourra
s'adapter aux nouvelles conditions de température et pluviosité ( ou de
l'absence de toute pluviosité ) ; en conséquence, une partie de la faune
disparaîtra ; vos cultures péricliteront; les insectes nuisibles et les
parasites pulluleront à des latitudes où ils étaient jusqu'alors inconnus ;
des tempêtes d'une force inégalée secoueront les mers et dévasteront les
rivages ; les cycles réguliers attachés aux grands équilibres climatiques
disparaîtront ; les climats deviendront imprévisibles.
Vous ne pourrez vous adapter à tout ce que je viens de décrire que si cela
arrive en mode mineur. Et pour que ces événements se produisent d'une
manière atténuée, il vous faut ralentir considérablement le rythme de vos
émissions MAINTENANT !

C'était la troisième fois que le visiteur insistait sur l'urgence de réduire ces
fichues émissions. Je ne pus m'empêcher d'être frappé par la réelle inquiétude
qui se dégageait de son discours.

- Y a-t-il des signes avant-coureurs de cet emballement de la machine


atmosphérique ?

- Oui, bien sûr. L'augmentation des températures globales moyennes – un à


deux degrés en un peu plus d'un siècle – a déjà frappé votre communauté
scientifique. Vous commencez à être victimes d'instabilité climatique, surtout
dans l'hémisphère Nord, avec des étés inhabituellement secs, coupés de
violentes tempêtes, et des hivers alternant sans transition des périodes très
douces, avec de fortes pluviosités, génératrices d'inondations, et des
refroidissements brutaux.

Inversement, vous avez eu des années avec des hivers anormalement secs,
pendant lesquels vos nappes phréatiques ont accusé des déficits en eau
considérables. Les tornades et les cyclones, jusqu'alors réservés aux
latitudes tropicales, commencent à remonter vers les latitudes dites
tempérées. Cette instabilité va aller en augmentant dans les années à
venir, avec les répercussions que vous imaginez sur les récoltes et les
activités humaines. Et ce n'est que le début du scénario !

- Vous ne faites pas spécialement preuve d'optimisme…

- Devant l'évidence des faits, il est difficile d'être optimiste.

- Il doit bien être possible de faire quelque chose ! dis-je. Il doit être possible de
limiter nos émissions.

- Certainement. Mais vos émissions elles-mêmes ne sont qu'un des aspects


d'un AUTRE PROBLÈME, tout aussi considérable.
La menace de la surpopulation.

- Vous ne faites pas grand-chose pour stimuler ma joie de vivre, fis-je en


soupirant. Quel est le problème ?

- Quel est-il selon vous ?

- Je ne sais pas, moi. Je suppose qu'il y en a des tas.

- Il n'y en a qu'un qui compte vraiment. C'est celui de l'explosion de la


population mondiale. Vous êtes six milliards à la surface de la Terre ; vous
serez probablement dix milliards vers les années deux mille vingt.

- C'est trop ?

- C'est plus que trop. C'est CRIMINEL !

Il prononça ce dernier mot avec une intensité qui me fit sursauter.

- Comme vous y allez, dis-je, un peu choqué. Expliquez-vous !

- Je pense que vous pouvez facilement comprendre qu’il y a un lien direct entre
le volume de vos émissions et l’accroissement de la population mondiale. Plus il
y a d’hommes sur la Terre, plus les besoins en énergie augmentent, plus les
ressources naturelles sont mises à contribution, plus il y a déforestation,
destruction de l’environnement et pollutions en tous genres.

Imaginez ce qui se passerait si 20% - 20% seulement - des habitants de ce que


vous appelez « les pays en voie de développement » devaient avoir un train de
vie identique au vôtre (j’entends celui des Européens ou des Américains du
Nord). 20%, cela représente plus d’un milliard d’hommes ! Imaginez l’impact
sur les ressources naturelles, l’environnement, l’atmosphère.. Compte tenu de
l’état actuel de votre planète, ce serait du suicide !

- Vous devez d’abord changer votre style de vie, vous, dans les pays dits
développés. Radicalement. J’entends par là que vous devez rationaliser votre
existence, vivre plus simplement, plus en contact avec la nature, gaspiller
moins. Ce n’est qu’en changeant votre façon de vivre que vous pourrez imposer
aux pays du tiers monde un modèle de développement crédible.

Ensuite, vous devez vous attaquer TRÈS VITE au problème de la surpopulation


mondiale. J’ai dit que six milliards d’habitants, bientôt huit, puis dix, était
criminel, et je pèse mes mots ! La surpopulation est en grande partie
responsable du processus d’interactions positives qui alimente l’effet de serre.
Vous devez donc tout faire pour diminuer la natalité, PARTOUT.

- Même dans les pays développés ?

- Même dans les pays développés.

L’accroissement incontrôlé de la population mondiale peut très vite provoquer l’anéantissement


de l’ensemble de l’humanité.

- Mais les pays développés ne sont pas atteints par la surpopulation. Il paraît
que c’est même le contraire. Certains, par exemple, disent que la France est
sous-peuplée !

Le visiteur secoua la tête.

- Ceux qui disent cela sont des inconscients. Regardez : il y a environ 55


millions d’habitants en France. (NOTA : cet entretien eut lieu en 1984.) et vous avez
déjà de sérieux problèmes d’approvisionnement en eau potable ; vos sols sont
contaminés par les polluants agricoles et vos plus beaux sites naturels sont
gravement menacés !

Je fronçai les sourcils.


- Vous trouvez que j’exagère ? reprit-il. Il y a une cinquantaine d’années
seulement, votre côte méditerranéenne était une véritable splendeur ; elle
croule maintenant sous le béton, ses paysages ont été défigurés, la faune de sa
bande côtière a disparu, les ports du littoral, même les plus petits, ont été
transformés en cloaques à mazout… Pas mal pour un pays où il n’y a qu’une
centaine d’habitants au kilomètre carré ! Et vous voudriez augmenter cette
densité ?

- Évidemment, dis-je, vu sous cet angle…

- Ne comprenez-vous pas, continua le visiteur sans relever le commentaire,


que la plus grande richesse qu’un pays puisse offrir à ses citoyens est
L’ESPACE ? Compte tenu de votre niveau de technologie, vous pourriez
être infiniment plus heureux dans votre pays avec beaucoup moins
d’habitants. Vous en avez les moyens. Au lieu de cela, vous vous lamentez
sur le déséquilibre de votre pyramide démographique !

Vous devez réorienter vos priorités économiques, dans le sens d’une


DÉCÉLÉRATION DE LA POPULATION. Ce n’est pas une question de qualité
de vie, mais une question de survie. Faites-le donc à froid, pendant qu’il est
encore temps, au lieu d’avoir à le faire à chaud, dans des conditions
dramatiques. Est-ce le sort de l’Algérie que vous enviez ? ou celui du
Bangladesh ? ou celui du Mexique ? ou celui de l’Inde ? ou même celui du
Japon ? Je pourrais continuer cette énumération.

Regardez : même un pays technologiquement avancé comme la Hollande


commence à avoir d’énormes problèmes du fait de sa population pléthorique.
La Hollande a 360 habitants au kilomètre carré. Pensez-vous qu’elle va pouvoir
en nourrir beaucoup plus ? Que feront les Hollandais lorsque la montée des
eaux et les bourrasques climatiques à venir les obligeront à abandonner les
terres qu’ils ont conquises sur la mer ?

- D’accord. Soyons pratiques. Quelle serait la population optimale pour un


pays, disons, comme la France ?

- L’optimum, c’est le moins possible ! Moins nombreuse est la population, plus


riche est chaque individu. Plus riche en quoi ? En espace, en ressources
naturelles, en liberté. Quand la population est peu nombreuse, l’homme
peut vivre véritablement en harmonie avec la nature. Les sociétés peu
peuplées sont supérieures, à tous point de vue, à celles où la pression
démographique engendre inévitablement égoïsme, agressivité, violence…

Si les hommes changent d'attitude et de perspectives, s'ils font la


révolution de l'Amour spirituel, tous ces problèmes trouveront leur
solution, et nous y contribuerons.

Extrait de « Réflexions sur le Destin de la Terre et de l’Univers »


Jean de Raigualgue
ÈRE NOUVELLE – Juillet 2005

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