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Document 1
Pas besoin donc de longues démonstrations : si vous mettez un pull de plus (c'est l'isolant), et
si la température de la pièce reste identique, vous aurez plus chaud. Ce que vous ne savez pas,
c'est le temps que ça prendra et à quel point vous aurez plus chaud. Pour le climat, c'est la
même chose.
Un état de la science est fait tous les cinq ans par le Groupe intergouvernemental pour l'étude
du climat (le Giec). Les prévisions pour le XXI e siècle pronostiquent une augmentation de la
température comprise entre 1,6 et 6 °C. La marge d'erreur est considérable, surtout quand on
sait que 5 °C, c'est le réchauffement qui a conduit, il y 20.000 ans, du climat glaciaire au
climat actuel. Pourquoi ne peut-on pas préciser davantage, et peut-on espérer réduire
rapidement cette incertitude ?
En premier lieu, on ne sait évidemment pas ce que seront les émissions de gaz à effet de serre
(GES) tout au long du siècle. On essaie donc de faire des scénarios qui sont censés représenter
tout l'éventail possible en tenant compte de l'évolution démographique, économique et
industrielle. Et même des évolutions techniques espérées. L'éventail est large et, du coup, les
concentrations atmosphériques en GES varient de plus d'un facteur 2 à la fin du siècle. Ces
différences, à elles seules, expliquent la moitié de l'incertitude sur le réchauffement
Yves Fouquart
Document 2 :
Le 20 février 2012
Le Giec devrait publier en septembre 2013 son 5e rapport sur l’évolution du climat. Pour
alimenter les données disponibles, plusieurs laboratoires français ont réalisé des
simulations du réchauffement climatique. Dans le pire des cas, la température moyenne
de la Terre augmentera de 3,5 à 5 degrés d’ici 2100. Le climatologue Jean Jouzel explique
à Futura-Sciences l'évolution de ces modèles. […]
Les Français (CNRM-Cerfacs et IPSL) sont parmi les premiers à avoir rendu publics leurs
résultats. Les nouvelles données ont été présentées au début du mois de février. Elles
confirment les tendances présentées dans le 4e rapport du Giec. Dans le pire des cas, la
température moyenne de la Terre devrait augmenter de 3,5 à 5 degrés d’ici 2100, sauf si une
politique extrêmement sévère de restriction des émissions de gaz à effet de serre est mise en
place à l’échelle planétaire. L’augmentation ne serait alors que de 2 degrés.
Avant de revenir en détail sur tous les résultats présentés, Futura-Sciences a souhaité
comprendre les nouveautés qui se cachent derrière ces chiffres. Jean Jouzel, chercheur CEA
au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE, CNRS/CEA/UVSQ) et
membre du bureau du groupe 1 du Giec, nous éclaire.
« Les rapports du Giec sont réalisés à intervalles réguliers car beaucoup de progrès ont été
faits dans la conception et la résolution spatiale des modèles. » En effet, les nouvelles
simulations françaises intégreraient mieux différentes perturbations atmosphériques (comme
la présence d’aérosols), les effets des nuages, ou encore le cycle du carbone. Cette liste n'est
pas exhaustive.
Et les résultats ?
La température moyenne de la Terre a tout d’abord été simulée rétrospectivement, entre 1850
et 2005, avec deux modèles différents. Le premier tient uniquement compte de facteurs
naturels (variabilité solaire et volcanisme) influençant le climat. Le second considère
également les éléments d’origine humaine. Les résultats ont ensuite été comparés aux relevés
météorologiques de l’époque. Conclusion : le réchauffement climatique ne peut pas
uniquement être expliqué par des facteurs naturels. L’impact des activités anthropiques n’est
pas négligeable, comme l’avaient montré les simulations présentées dans le 4 e rapport du
Giec.
Évolution de la température moyenne à la surface de la Terre mesurée (courbe noire). Les courbes bleues ne tiennent compte que des forçages
naturels (variabilité solaire et volcans) tandis que les courbes en orange tiennent compte des forçages naturels et des forçages anthropiques
(gaz à effet de serre et aérosols). Pour chacune des courbes, les résultats ont été obtenus à partir d’une dizaine de simulations dont la moyenne
correspond à la courbe et la variation autour de cette moyenne correspond à l’enveloppe colorée (la partie colorée plus large qu'un simple
trait). Les différences sont calculées par rapport à la période 1901-2000 qui sert de période de référence et donc de passage par 0 pour les
différentes courbes. © Patrick Brockmann (LSCE/IPSL, CEA/CNRS/UVSQ)
Les résultats des projections faites jusqu’en 2100 ou 2300 dépendent du choix des scénarios
(RCP) :
le pire d’entre eux, qui correspond à un forçage radiatif supérieur à 8,5 W par m² pour
la fin du siècle (RCP 8.5), prévoit une augmentation de la température moyenne de la
Terre de 3,5 à 5 degrés en 2100. La croissance ne s’arrêterait pas au-delà puisque la
température pourrait encore croître de 6 à 7 degrés jusqu’en 2300 ;
le modèle le plus optimiste se base sur un forçage radiatif égal à 2,6 W par m² en 2100
(RCP 2.6). Ce scénario demande de gros efforts politiques pour diminuer les
émissions de gaz à effet de serre. Il faudrait même savoir capturer le CO2 pour avoir
des taux d'émission négatifs. Cette situation improbable limiterait alors l’augmentation
des températures à 2 degrés.
Résultats des modèles français concernant l'évolution, de 1850 à 2300, de la température moyenne (°C) à la surface de la Terre par rapport à
la moyenne des années 1901-2000 mesurée (courbe noire). Les résultats du CNRM-Cerfacs sont présentés en traits pointillés et ceux de l’IPSL
en traits pleins. Ils ont été déterminés à partir des différents scénarios RCP : RCP 2.6 (le plus optimiste), RCP 4.5, RCP 6.0 et RCP 8.5 (le
plus sévère). © Patrick Brockmann (LSCE/IPSL, CEA/CNRS/UVSQ)
Un travail international
Des prévisions ont également été faites pour les premières décennies du XXI e siècle. Le
réchauffement est uniforme quel que soit le scénario étudié pour l’ensemble de la Planète, à
l’exception de l’Arctique. À l’échelle d’un siècle, le réchauffement pourrait être plus intense
sur les continents et amplifié sur les pôles. […]
Les résultats français et ceux de nombreux autres pays et organismes se complètent. « Les
travaux sont coordonnés par le programme de recherche mondiale sur le climat. Les autres
groupes de simulation utilisent les mêmes quatre scénarios pour regarder l’évolution du
climat dans leurs modèles. On peut donc comparer les résultats puisque les hypothèses de
départ sont identiques. Il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte et c’est la variété
d’approche des différents groupes qui permet de cerner les incertitudes. Ce type d’exercice
souligne les failles et les convergences. »
Toutes les simulations climatiques ne sont pas réalisées dans l’unique but de fournir des
données aux différents groupes du Giec. Elles sont également très utiles pour les décideurs
politiques et servent avant tout à comprendre les phénomènes climatiques.
Document 3
www.science.gouv.fr
LE CLIMAT DE LA TERRE
L’EFFET DE SERRE
Le GIEC a établi plusieurs scénarios reposant sur différentes hypothèses prenant en compte
les progrès technologiques, la mise en oeuvre de différentes ressources énergétiques,
l’évolution démographique.Quel que soit le scénario envisagé, une hausse de température est
à prévoir, plus forte au 21ème siècle qu’au 20ème siècle.
En premier lieu, c’est le niveau moyen de la mer qui sera affecté par ce réchauffement. La
dilatation thermique des océans ajoutée à la fonte des glaciers pourrait entraîner une élévation
de quelques dizaines de centimètres, ce qui paraît peu, mais est suffisant pour diminuer
sensiblement la surface des terres émergées dans les régions basses et de faible relief, souvent
très peuplées. En second lieu, les régimes de précipitations pourraient être modifiés, avec des
régions devenant plus arides et d’autres beaucoup plus arrosées.
Ces dernières années, les effets de phénomènes climatiques tels que El Nino ont été plus
violents, l’Europe a été soumise à de violentes tempêtes et à des inondations catastrophiques.
En France, les tempêtes de décembre 1999, la canicule de 2003, ont laissé de cruels souvenirs.
On ne peut pour autant lier avec certitude ces évènements au réchauffement climatique. Un
peu de recul est nécessaire pour avoir un avis pertinent sur ce sujet.
Les conséquences d’un réchauffement climatique dont on sait maintenant qu’il risque de
s’amplifier et de se prolonger risquent d’être lourdes pour l’humanité. Scientifiques,
politiques et citoyens sont globalement conscients de la nécessité de prendre des mesures pour
limiter le réchauffement de la planète, mais souvent individuellement peu enclins à mettre
leurs idées en application.