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Paléorient

La « Révolution des symboles » de Jacques Cauvin revisitée


Jean Guilaine

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Guilaine Jean. La « Révolution des symboles » de Jacques Cauvin revisitée . In: Paléorient, 2011, vol. 37, n°1.
Néolithisations : nouvelles données, nouvelles interprétations. À propos du modèle théorique de Jacques Cauvin. pp.
177-185;

doi : https://doi.org/10.3406/paleo.2011.5447

https://www.persee.fr/doc/paleo_0153-9345_2011_num_37_1_5447

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Abstract
Some of J. Cauvin’s arguments in his «Naissance des divinités, Naissance de l’agriculture » are
looked over to compare them with recent researches. The author rather sees in the beginnings of
the Neolithic a social choice secondarily associated with a symbolic iconography adjusted to new
challenges. More generally speaking, it is not possible to assert that the Near-eastern model of
Neolithisation – being the earlier one nowadays established – has an universal value. A brief
comparison with other general cradles of the Neolithic seems to show that it is not possible to
trace the stages of their emergence on those known in the Levant area. The exodus to Cyprus,
besides being early as it is now well established, shows very soon cultural similarities with the
Continent. Finally, the role of the climate in the spread of the Neolithic in Europe is discussed.

Résumé
On reprend ici quelques-unes des idées avancées par J. Cauvin dans son ouvrage «Naissance
des divinités, Naissance de l’agriculture » pour les confronter aux récents développements de la
recherche. L’auteur voit plutôt dans les prémices du Néolithique un choix d’ordre social,
secondairement encadré par une iconographie symbolique adaptée aux nouveaux enjeux. Plus
généralement, le modèle de la néolithisation proche-orientale (celle-ci étant la plus ancienne
attestée à ce jour) ne peut prétendre avoir valeur universelle. Une rapide comparaison avec les
autres berceaux mondiaux du Néolithique semble montrer l’impossibilité de calquer les étapes de
leur émergence sur celles du Levant. L’exode à Chypre, outre son ancienneté désormais bien
attestée, montre très tôt de solides affinités culturelles avec le continent. Enfin, le rôle du climat
dans la diffusion du Néolithique en Europe est discuté.
LA « RÉVOLUTION DES SYMBOLES »
DE JACQUES CAUVIN REVISITÉE

J. GUILAINE

Résumé : On reprend ici quelques-unes des idées avancées par J. Cauvin dans son ouvrage « Naissance des divinités, Naissance de
l’agriculture » pour les confronter aux récents développements de la recherche. L’auteur voit plutôt dans les prémices du Néolithique
un choix d’ordre social, secondairement encadré par une iconographie symbolique adaptée aux nouveaux enjeux. Plus généralement,
le modèle de la néolithisation proche-orientale (celle-ci étant la plus ancienne attestée à ce jour) ne peut prétendre avoir valeur
universelle. Une rapide comparaison avec les autres berceaux mondiaux du Néolithique semble montrer l’impossibilité de calquer
les étapes de leur émergence sur celles du Levant. L’exode à Chypre, outre son ancienneté désormais bien attestée, montre très tôt de
solides affinités culturelles avec le continent. Enfin, le rôle du climat dans la diffusion du Néolithique en Europe est discuté.

Abstract: Some of J. Cauvin’s arguments in his « Naissance des divinités, Naissance de l’agriculture » are looked over to compare
them with recent researches. The author rather sees in the beginnings of the Neolithic a social choice secondarily associated with a
symbolic iconography adjusted to new challenges. More generally speaking, it is not possible to assert that the Near-eastern model of
Neolithisation – being the earlier one nowadays established – has an universal value. A brief comparison with other general cradles of
the Neolithic seems to show that it is not possible to trace the stages of their emergence on those known in the Levant area.
The exodus to Cyprus, besides being early as it is now well established, shows very soon cultural similarities with the Continent.
Finally, the role of the climate in the spread of the Neolithic in Europe is discussed.

Mots-clés : Néolithisation ; Symbolique ; Diffusion ; Chypre.


Key-words: Neolithisation; Symbolic; Spread; Cyprus.

Paradoxalement, lorsque j’ai lu pour la première fois se révélait plus précise, plus analytique, introduisant de sensi-
l’ouvrage de Jaccques Cauvin, je n’en ai pas d’emblée évalué bles nuances chrono-régionales et surtout soulignant le rôle de
la thèse principale, c’est-à-dire la place du symbolique dans la l’Euphrate supérieur dans le processus évolutif (n’oublions pas
néolithisation proche-orientale. Ce qui m’a plutôt retenu, lors que le site de Jéricho a longtemps fait figure d’épicentre de la
de ce contact initial, c’est le panorama « historico-culturel » néolithisation proche-orientale).
présenté. En effet, avec ce livre, l’on disposait désormais, en Il m’a fallu une relecture de l’ouvrage pour, dépassant ces
langue française, d’une vision modernisée de l’émergence du critères « matériels », apprécier plus nettement la « philoso-
fait néolithique et de sa dynamique orientale : sédentarisation phie » qui structurait la pensée de l’auteur : place de l’imagi-
natoufienne, rupture de l’unité du PPNA dès lors subdivisé en naire dans les mécanismes de l’évolution humaine, poids du
faciès régionaux (Mureybétien, Aswadien, Sultanien), rôle culturel – dans la lignée de Braidwood –, dans les expériences
moteur du Levant Nord dans le processus menant à l’éco- néolithisantes, abandon de l’économie comme facteur déter-
nomie de production, « décrochage » du Levant Sud dans cette minant. Cette position amène l’auteur à souligner le rôle du
nouvelle perspective, diffusion secondaire vers l’Anatolie et « religieux » dans les sociétés cheminant vers le Néolithique,
Chypre, spécialisation progressive dans le pastoralisme dans idée déjà présente dans des travaux antérieurs1. Je propose
les zones arides. Face à un « Croissant Fertile » globalement
impliqué dans la course vers le Néolithique, l’analyse de Cauvin 1. CAUVIN, 1978, 1987.

Paléorient, vol. 37.1, p. 177-185 © CNRS ÉDITIONS 2011 Manuscrit reçu le 31 janvier 2011, accepté le 10 mai 2011

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d’examiner ici, à la lueur de récentes découvertes, quatre murales » seraient, plus prosaïquement, des silhouettes de léo-
points majeurs de l’ouvrage : le rôle moteur du symbolique ; de pards ou d’ours5. Quant aux bucranes, A. Testart a proposé
l’économique dans la néolithisation ; l’exode à Chypre ; « hypo- d’y voir des trophées de chasse ou des cornes de bœufs mis à
thèses pour un départ » : la diffusion en Europe. mort lors de sacrifices suivis de festins familiaux ; l’hypothèse
se fonde sur une analogie ethnographique : aux Célèbes, les
maisonnées arborent fièrement, empilés sur un mât, les crânes
de buffles sacrifiés6. Au fond, une mémoire de la maison. Si
LE RÔLE MOTEUR DU SYMBOLIQUE
ces critiques s’avèrent fondées, exit à Çatalhöyük, la complé-
mentarité des deux images dominantes, femme et taureau,
La thèse que proposait J. Cauvin d’une structuration men- symétrie suggérée à partir d’une iconographie abondante. On
tale précoce autour de deux figures dominantes (déesse et tau- conviendra que cette remise en question fragilise indirecte-
reau = féminin/masculin) n’était pas entièrement nouvelle. Dès ment les versions archétypales, moins bien documentées.
les années soixante, J. Mellaart avait défendu une telle bipola- Cauvin avait bâti son hypothèse sur l’assimilation taureau
risation à partir de l’iconographie de Çatalhöyük2. Et j’imagine = virilité, et dans les deux termes de sa théorie – la femme
que Cauvin, séduit par cette construction, a tenté d’en retrouver et le taureau –, ce dernier était censé traduire la masculinité.
les traces archétypales en faisant référence au premier dévelop- À leur façon les figurines, majoritairement féminines dès le
pement des figurines qu’il observait sur ses propres gisements Khiamien, représentaient non seulement l’image de la femme
(cf. Mureybet) et aux restes de cornes de bovins enfouis dans mais, au-delà, celle d’une possible déité féminine7. Les recher-
les murs et les banquettes des maisons, voire enterrés lors de ches récentes ont, là aussi, apporté quelques bémols au tableau.
rites de fondation, alors que l’espèce était encore peu chassée. Observons ainsi qu’à Nevalı Çori, où les figurines sont très
La nouveauté résidait dans le vieillissement du modèle jusqu’au nombreuses (665), elles se partagent à peu près également
Khiamien, c’est-à-dire à l’amont du Néolithique. entre statuettes féminines et masculines8. L’homme pouvait
La thèse d’une néolithisation encadrée par un appareil donc être directement représenté si on le souhaitait sans passer
symbolique fort n’a pas été démentie. Depuis une quinzaine par un substitut bovin. D’ailleurs ce sont des humains mâles,
d’années, de nombreux sites étagés du Khiamien au PPNB parfois ithyphalliques, que nous propose souvent la première
n’ont cessé de livrer des représentations montrant que les statuaire (ou sub-statuaire) de Yeni Mahalle (Urfa), Göbekli,
sociétés mutant vers un Néolithique pleinement caractérisé Nevalı Çori9. Et la question a été posée d’une image masculine
ont produit une riche iconographie. Celle-ci renvoie à la fois à prévalente aux sources mêmes du Néolithique10.
l’anthropomorphisme et au monde animal et, dans ce dernier Reste aussi débattue la signification des figurines. Cauvin
cas, ne se limite d’ailleurs pas aux seuls bovins. Le bestiaire était tenté d’y voir une image magnifiée de la femme, peut-être
de Göbekli, mais aussi celui de Jerf el Ahmar, fait intervenir, une déesse11. On ne saurait ici faire un tour d’horizon de l’im-
outre les aurochs, des félins, des sangliers, des serpents, des posante bibliographie consacrée au sujet12 ; des exemples livrés
scorpions, des rapaces, etc., bref des bêtes souvent dange- par ces études, on retire la grande diversité de sens et de fonc-
reuses3. Je me suis souvent demandé si le fait de figurer cette tion de ces productions. S’il est vrai que dans le Néolithique
nature animale sauvage, synonyme d’une ambiance suggérant proche-oriental mais aussi, pour partie, européen, les figurines
violence et peur, au sein des « sanctuaires » du site anatolien, représentent souvent des femmes, c’est sans doute en raison
c’est-à-dire dans un lieu fermé humanisé (puisque construit de de leur lien avec les lieux où celles-ci œuvrent (le gynécée, la
main d’homme), n’était pas une façon de la contraindre, de la maison, le « domestique »). Les figurines peuvent représenter
domestiquer mentalement. Il s’agirait d’ôter à ces espèces le des ancêtres de lignées, des aïeules vraies ou mythiques, des
sentiment de menace et de risque qu’elles faisaient courir aux objets de culte ou de magie, des aide-naissance, des portraits,
populations4.
Une critique du binôme femme/taureau est récemment
5. HODDER, 2006.
venue de la re-interprétation par I. Hodder des « parturientes »
6. TESTART, 2010.
et des bucranes de Çatalhöyük. Selon cet auteur, les « déesses 7. CAUVIN, 1987.
8. HAUPTMANN, 2004 ; HODDER, 2006.
9. HAUPTMANN, 1999.
2. MELLAART, 1967. 10. ÖZDOĞAN, 2001.
3. STORDEUR, 2003 ; SCHMIDT, 2006. 11. CAUVIN, 1997 : 50-54.
4. GUILAINE, 2003. 12. Voir notamment UCKO, 1968 et HAMILTON et al., 1996.

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des substituts de personnages féminins, des poupées… et bien sédentarisation = Natoufien ; apparition des « symboles »
d’autres choses. Elles ont sans doute joué un rôle dans les rela- = Khiamien ; manipulation des plantes = PPNA ; élevage
tions sociales au sein de sociétés sédentarisées. Il est peu sûr, = PPNB ; céramique = fin PPNB. L’économique est donc en
contrairement à l’idée classique, qu’elles aient un lien systéma- position secondaire en regard du socio-cognitif. Mais l’antério-
tique avec la fertilité. Mais il est aussi probable que leur sens rité de l’agriculture sur l’élevage qu’il affirme ne reste démon-
a pu changer au fil du temps : pourquoi les trouve-t-on plutôt trée que par trois exemples pas toujours évidents15 :
dans des maisons, des fosses, des dépotoirs dès le Néolithique – la présence de blé domestique dans l’« Aswadien »
oriental et balkanique et, à l’âge du Bronze, dans des tombes PPNA ;
(Obeid, Prédynastique égyptien, Bronze ancien chypriote, – une possible domestication en cours de l’orge à Netiv
Cycladique) ? Manifestement, leur signification a varié. Hagdud ;
Pour résumer, la place du symbolique dans le processus de – une brusque augmentation des pollens d’engrain dans
néolithisation est très forte et, en ce sens, Cauvin a vu juste. les déterminations paléobotaniques de Mureybet.
Mais deux questions restent à mon sens posées : 1) le sym- Régulièrement évoquée sur des bases archéologiques,
bolique entraîne-t-il le social ou est-ce l’inverse ? Je serais l’agriculture PPNA peine à être démontrée. Les seuls sites
tenté, ce qui ne minimise pas le rôle du cognitif, de penser retenus par une agriculture PPNA seraient, selon S. Colledge,
que le social est déterminant. Ce sont en effet des chasseurs- Jéricho, Aswad IA, Iraq ed Dubb. De fait, l’« Aswadien » ayant
cueilleurs qui dès – 12 000 (donc antérieurement aux figurines été rajeuni au PPNB ancien (fouilles D. Stordeur) ne peut plus
khiamiennes, celles-ci vues par Cauvin comme les premiers être invoqué16. Même si les premières tentatives agricoles sem-
symboles pré-agricoles) ont fait l’expérience de la sédentari- blent contemporaines du PPNA, le nombre de sites à paléose-
sation. Ils ont pour cela imaginé, même de façon tâtonnante, mences domestiques augmente très nettement lors du PPNB
un autre type de société dans laquelle il conviendrait dès lors ancien qui apparaît bien comme le moment clé de la domesti-
d’obéir à certains codes, de penser plus « collectivement ». Évi- cation des céréales et de leur diffusion puisqu’elles atteignent
demment, le symbolique a été très tôt mis à contribution pour alors Chypre17.
encadrer les populations mutant vers cette nouvelle organisa- Autre débat : l’antériorité du Levant Nord, parfois consi-
tion sociale, les aider à se conformer à des usages émergents : déré comme la sphère initiale de la domestication agricole18, a
un ferment d’intégration ; 2) les données iconographiques qui été contestée par Colledge qui voit plutôt l’émergence en plus
s’accumulent pourraient indiquer une mythologie beaucoup ou moins concomitance de deux pôles, l’un au Levant Sud (Jor-
plus riche et complexe que la simple dualité femme/taureau danie, Israël), plus innovant et fondé sur blés, orge vêtue et
dont on a vu, à Çatalhöyük même, les limites13. faible taux de mauvaises herbes, l’autre au Levant Nord, Tur-
Sur ce constat se greffe aussi la question de la « divinité » des quie du Sud-Est, Anatolie centrale, peut être plus traditionnel
figurations humaines, et notamment des statues, masculines ou avec mélange d’espèces cultivées et d’herbes sauvages19. En
féminines14. N’y verrait-on pas plutôt des ancêtres vénérés, des revanche, c’est bien au Levant Nord que semblent émerger,
héros tutélaires baignant dans l’histoire même, vécue ou ima- au moins dès le PPNB ancien, les premières tentatives de
ginée, des groupes humains ? Le concept de « divin » avancé « contrôle » des ongulés même si leur pleine exploitation
par Cauvin n’est-il pas une projection de stades plus récents de domestique ne s’affirmera qu’après 8000 BC20. On voit donc
l’évolution psychique et religieuse ? La question reste, à mon que la longue durée de l’agriculture et de l’élevage « pré-domes-
sens, posée. tiques » rend encore délicate les déclinaisons chronologiques et
les problèmes d’antériorité. La présence d’un site PPNB ancien
à Motza (Israël), dans une zone où l’on admettait jusqu’ici un
prolongement dans le temps du Sultanien, permettra de pré-
DE L’ÉCONOMIQUE
ciser le rôle du Levant Sud lors de cette étape cruciale21.
DANS LA NÉOLITHISATION

15. CAUVIN, 1997 : 77-88.


Il est certain que, dans le schéma proposé par Cauvin, la 16. STORDEUR et al., 2010.
néolithisation proche-orientale se décline globalement ainsi : 17. Voir Mylouthkia, puits 116 : PELTENBURG et al., 2003.
18. LEV-YADUN, GOPHER, A BBO, 2000.
19. COLLEDGE, CONOLLY, SHENNAN, 2004.
13. STORDEUR, 2003 et 2010. 20. VIGNE, 2000.
14. CAUVIN, 1997 : 102-105. 21. K HALAILY et al., 2007.

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Sur un plan plus général et à lire l’ouvrage de Cauvin, on a premières tentatives de sédentarisation sur ce site même et aux
l’impression que l’auteur envisage la néolithisation du Proche- plus anciennes manipulations des plantes à Guila Naquitz, vers
orient comme le phénomène-type mondial de la naissance de 8500 BC26. En Chine, la transition vers le Néolithique ne montre
l’agriculture. Considérés comme plus récents les autres foyers pas de témoins symboliques anthropomorphes qui reprodui-
du Néolithique sont perçus comme « des imitations plus tar- raient le modèle levantin. Les premières figurines sont plutôt
dives »22. La transition orientale est considérée comme emblé- zoomorphes, les productions anthropomorphes ne se dévelop-
matique du processus. Or, si le Proche-Orient présente à ce jour pant qu’au Néolithique moyen27. Dans le Bas-Yangzi, ces der-
les plus anciennes datations connues du phénomène, rien n’im- nières n’apparaîtraient que vers 5000 BC dans les cultures de
plique que les autres foyers mondiaux du Néolithique ne soient Hemudu et de Majiabang alors que la transition vers la séden-
que des répétitions de la mutation ouest-asiatique. Les contextes tarisation remonterait vers 8000 BC. Dans le bassin du fleuve
culturels et écologiques en Chine ou au Mexique par exemple Jaune, elles ne seraient attestées que dans la phase récente de
sont différents et, le passage au Néolithique s’y effectuant sur la culture de Peiligang (6000/5000 BC) avant de prendre une
des bases autres, rien n’implique une assimilation étroite avec grande place dans la civilisation de Yangshao28. Évidemment,
le Proche-Orient. Il n’y a donc pas une néolithisation à valeur cela reste à préciser et ne signifie nullement que la sédentari-
universelle mais des néolithisations, toutes finissant par débou- sation, partout où elle se manifeste, n’ait puisé son stimulus
cher sur des sociétés productrices. Celles-ci ne se déclinent dans une forme de changement mental mais la démonstration
pas de la même façon. En regard du modèle proche-oriental, archéologique de ce « stress cognitif » est difficilement repé-
la Chine propose le schéma suivant : céramique (présente bien rable. Je suis d’accord avec la belle idée de Cauvin que la
avant – 10 000 dans les groupes chasseurs) ; sédentarisation ; fixation au sol implique un choix culturel, pensé à l’amont car
animaux domestiques (poulet, porc) et céréales (millets) peut impliquant de nouvelles relations sociales, le symbolique ayant
être manipulés aussi anciennement qu’au Proche-Orient23. Au très vite accompagné cette mutation. Mais hors du Levant, la
Mexique, l’exemple de Zohapilco montre un schéma qui peut recherche des témoins rythmant ce processus me semble un
se résumer ainsi : sédentarisation ; manipulation des plantes ; champ encore à défricher avant d’avancer l’idée d’un Proche-
premières figurines ; céramique24. En Afrique saharienne Orient modèle universel de néolithisation.
(amputée de l’Égypte et du Maghreb qui semblent directement
influencés par les introductions levantines), le schéma serait :
céramique ; sédentarisation relative ; élevage (centré sur un
L’EXODE À CHYPRE
bœuf introduit ou domestiqué localement) ; agriculture tardive
(sorgho, mil). Ces quelques exemples montrent des cas d’école
diversifiés : ceci signifie que la transition au Néolithique a pu Le cas de Chypre est particulièrement intéressant car l’île,
prendre des chemins différents. Le Proche-Orient n’exprime à faible distance du continent et fréquentée dès l’Épipaléoli-
rien d’autre qu’une trajectoire parmi d’autres. thique, peut être un bon miroir des transformations qui, s’opé-
Reste alors à s’interroger sur la part réciproque du sym- rant au Levant, y étaient diversement répercutées. L’exemple
bolique et de l’économique comme aiguillons vers le Néoli- est d’autant mieux choisi qu’un amical débat m’avait opposé
thique. Ce problème semble délicat à résoudre. L’argument à J. Cauvin à propos de la reconnaissance archéologique des
archéologique clé de Cauvin était notamment la présence de processus de diffusion culturelle. Le litige concernait un
figurines concrétisant sa « révolution des symboles » dès les ouvrage portant sur le Néolithique européen et dans lequel les
temps proto-néolithiques (on pourrait d’ailleurs reculer cette auteurs abordaient le délicat problème de la part réciproque
présence au Natoufien25). Si des témoins matériels parallèles d’influx externes et de création endogène dans l’émergence des
avaient précédé l’économique, on devrait retrouver les mêmes cultures archéologiques29. J’avançais que, pour être crédible,
processus dans les divers berceaux mondiaux du Néolithique. toute transmission culturelle devait être étayée par la diffusion
Or, au Mexique par exemple, la première figurine est connue à de certains caractères morphologiques, techniques, décoratifs,
Zohapilco vers 2500 BC, c’est-à-dire très postérieurement aux etc.30 Cauvin ne partageait pas ce point de vue et défendait

26. F LANNERY, 1986.


22. CAUVIN, 1994, avant-propos. 27. BJÖRK, 1998.
23. BJÖRK, 1998 ; LIU, 2004. 28. LIU, 2007.
24. NIEDERBERGER, 1976. 29. LICHARDUS et al., 1985.
25. Voir la figurine d’argile d’Hayonim : VALLA, 2000. 30. GUILAINE, 1987.

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l’idée qu’au fil de l’espace une culture peut se renouveler fonda- d’Aetokremnos à Akrotiri (dont était âprement discuté le rôle
mentalement sans laisser nulle trace de sa base antérieure. de l’homme dans l’extinction des hippopotames nains)34. Entre
Certes, toute re-création culturelle correspond à la fois à un ces deux données, à peu près rien : un énigmatique hiatus. Or
appauvrissement en regard du substrat originel et un enrichis- ce hiatus n’était qu’un simple problème de recherche : il est
sement innovant que celui-ci soit de souche interne ou externe. aujourd’hui en train de se combler par diverses découvertes
Mais précisément le « cordon ombilical » avec la culture-mère en cours d’exploitation. De ces données, on peut d’ores et déjà
doit pouvoir, autant que faire se peut, être démontré. L’argu- tirer la conclusion que la néolithisation de Chypre ne s’est pas
ment contraire, défendu par Cauvin, résidait précisément dans opérée en une seule « vague » par transfert du « package » néo-
la néolithisation de Chypre31. La culture de Khirokitia, alors lithique mais qu’elle est probablement le fruit de contacts qui,
considérée comme la première manifestation du Néolithique depuis - 10 000 au moins, n’ont jamais cessé avec diverses aires
chypriote, ne pouvait trouver sa souche économique que sur le du continent. C’est pourquoi la néolithisation dut y être plus
continent voisin. En revanche, tous ses traits culturels essen- graduelle qu’on ne le pensait, chaque nouvelle avancée sur le
tiels différaient fortement de ceux des cultures levantines continent suscitant par contrecoup sur l’île des modifications
PPNB. Cauvin pensait que les migrants qui étaient venus s’ins- plus ou moins sensibles.
taller sur l’île avaient coupé les ponts avec leur terre d’origine En faveur de cette révision joue notamment la présence
et avaient volontairement « fait du neuf » sur l’île, y élaborant dans la couche 2 d’Akrotiri-Aetokremnos d’ossements de petits
une culture nouvelle. En ce sens, la souche était bien orientale suidés (longtemps interprétés par erreur comme des restes de
mais la culture typiquement chypriote. daim). Il faut imaginer qu’après l’extinction (naturelle ?) des
Les progrès des recherches sur l’île ont par la suite mis en hippopotames et des éléphants nains, le site a été fréquenté
évidence que cette argumentation reposait en fait sur un ana- par des groupuscules continentaux qui ont vraisemblablement
chronisme. Les fouilles de Shillourokambos et de Mylouthkia, transféré sur l’île un suiné de petite taille, dans un contexte
la réinterprétation des dépôts de Kalavasos-Tenta ont montré local dès lors dépourvu de grands mammifères35. Cet épisode
que la néolithisation de l’île était directement imputable à des est daté au C14 vers 9500 BC. Ce suiné a pu proliférer et devenir
influx du PPNB ancien en provenance du continent. Ces impacts la proie principale des groupes humains qui ont par la suite
étaient clairement perceptibles à la fois sur le plan technolo- fréquenté l’île lors du créneau PPNA. À cette phase appartien-
gique (débitage naviforme, typologie des armatures) comme nent désormais certains sites étudiés par C. McCartney dans
idéologique (félin, galets incisés, pierres à rainure, etc.). Les la partie nord-est du Troodos et, plus particulièrement, Agia
contacts sont donc dès le milieu du 9e millénaire matérielle- Varvara-Asprokremmos36. Le site d’Ayios Tychonas-Klimonas
ment démontrés. Plus tard, après - 7000, lors de la culture de entre dans le même horizon37 que les premières datations pla-
Khirokitia, les liens avec le continent semblent beaucoup plus cent entre 9000 et 8500 BC. Les nombreuses flèches recon-
distendus et les différences ont alors pris le dessus sur les res- nues dans ces gisements pourraient indiquer une chasse active
semblances, ce qui légitimait la position de Cauvin. (mais on n’exclura pas aussi des heurts entre communautés à
Ce problème de la diffusion du Néolithique à Chypre reste un moment où le peuplement de l’île s’organise et où certaines
toujours d’actualité. Quand fut mise en évidence la phase délimitations territoriales s’ébauchent)38. La présence à Aspro-
ancienne A de Shillourokambos et que fut parallèlement kremmos de haches polies, de pièces à lustré, de meules, de
démontré son synchronisme avec le puits 116 de Mylouthkia, vases de pierre, de pierres à rainure, d’une figurine souligne
nous pensions avoir découvert les premiers vrais « pionniers » les forts influx continentaux. Le statut économique de ces
néolithiques de l’île apportant avec eux l’agriculture (blé) et populations reste à préciser. Sans doute aussi des influences
l’élevage du porc, du bœuf et de la chèvre32. De ces trois der- levantines ont dû alors transmettre à Chypre le modèle de la
nières espèces, le porc paraissait être la plus modifiée par les maison ou de l’abri circulaire qui devait connaître sur l’île une
effets du « contrôle » humain alors que le bœuf avait encore une longévité toute particulière. Chypre est donc très précocement
morphologie peu transformée, la chèvre conservant, elle, des « en prise » avec le continent et son archéologie ne cesse de
traits sauvages33. Avant cette vague pionnière, on ne connais-
sait guère que les occupations épipaléolithiques de l’abri
34. SIMMONS, 2003.
35. VIGNE et al., 2009.
31. CAUVIN, 1989 et 1994. 36. MCCARTNEY et al., 2006 et 2007.
32. GUILAINE and BRIOIS, 2006. 37. VIGNE et al., communication orale.
33. VIGNE, 2000. 38. GUILAINE, 2010.

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témoigner sur les avancées qui rythmaient au Levant les étapes sode, une diffusion des communautés néolithiques qui auraient
d’un Néolithique en devenir. déjà pour partie essaimé en Europe sud-orientale, diffusion que
la péjoration aurait un temps stoppé en déstabilisant quelque
peu les communautés villageoises. La solution de cette question
– migration impulsée depuis l’Anatolie par l’évènement clima-
« HYPOTHÈSES POUR UN DÉPART » :
tique ou blocage d’une diffusion européenne déjà amorcée –
LA DIFFUSION EN EUROPE
passe inévitablement par un raffinement de toutes les datations
C14 des sites concernés. Retenons seulement que, de la Grèce à
Sans évoquer en profondeur les problèmes de la néolithi- la Méditerranée occidentale, le créneau 6200/6000 BC semble
sation de l’Europe, J. Cauvin a toutefois tenté d’en ébaucher souvent mal attesté dans les stratigraphies sur le plan des témoins
les raisons. Rappelons seulement quelques données qui en archéologiques. Cette absence engendre des processus de hiatus
scandent les prémices : à Cnossos (Crète), la présence d’un entre les divers groupes mésolithiques et les communautés du
Néolithique acéramique est attestée vers 7000/6800 BC39 ; en Néolithique ancien44.
Thessalie, les premières communautés villageoises du NA sont Évidemment, J. Cauvin conteste certains aspects « mytho-
signalées vers 6500/6400 BC40 ; en Bulgarie, les niveaux pro- logiques » dans l’engrenage de la diffusion et notamment les
fonds de Kovačevo (Ia) sont datés vers 6200-6000 BC (période légendes fondées sur de supposés évènements cataclysmiques.
II de la colonisation balkanique) 41. On pense notamment à l’amplification de la mer Noire, un
Comment expliquer ces flux est-ouest (qui s’accompa- épisode qui ne cesse d’alimenter, au-delà des cercles scienti-
gnent aussi, parallèlement, de diffusions, plus anciennes ou fiques, la presse à sensation. Les derniers développements de
postérieures, vers l’Est et vers l’Égypte) ? Les déplacements la recherche montrent d’ailleurs que ce fut là un processus de
vers l’Europe sont contemporains du déclin du PPNB et du temps long et non un brusque gonflement45.
développement des cultures néolithiques à poterie. Que les Comment, en définitive, expliquer le succès du Néoli-
conséquences de la pratique de l’agriculture, pendant un à thique venant peu à peu à bout de populations de chasseurs-
deux millénaires, aient engendré des flux populationnels et des cueilleurs ? On ne sera pas étonné que Cauvin y voit le résultat
processus de fission de villages ne semble pas une hypothèse à d’une forme de prosélytisme entrepris par des croisés, forts de
exclure. Mais cela a-t-il constitué un moteur si puissant au point leur idéologie et de leur économie performante. On peut être
d’entraîner un trop plein en direction de l’Europe ? Cauvin en moins sûr que ceux-ci aient toujours reçu « un accueil positif »,
réfute l’idée et on peut le suivre sur ce terrain. les indigènes étant subjugués par « l’arrivée de groupes
Il récuse également l’hypothèse climatique. Or, depuis humains poussant devant eux chèvres et moutons dociles, où
le temps où il rédigeait son ouvrage, les thèses déterministes l’exotisme des espèces s’ajoutait pour surprendre la maîtrise
dans la diffusion du Néolithique se sont à nouveau manifestées des bergers ». Des affrontements furent aussi possibles d’autant
avec intensité, les climatologues ayant fortement investi le sujet. que les autochtones ne se laissèrent sans doute pas spolier faci-
Pour certains, c’est l’aridité entraînée par l’effet de l’évènement lement de leurs terrains de chasse46.
6200 BC qui serait la cause des discontinuités observables dans Parmi ces diverses causes d’un mouvement historique
plusieurs sites du Proche-Orient et de l’exode vers l’Ouest42. unique, comme pour l’émergence même du Néolithique, il est
Cette déstabilisation climatique aurait engendré la disparition difficile de trancher. Et ceci d’autant que les facteurs ont dû
de certains sites (Çatalhöyük) ou le déclin de certains autres être multiples et interactifs. Privilégier une seule cause risque
(Khirokitia à Chypre ?). À l’évènement 8200 cal. BP serait impu- d’être un peu réducteur. Le Néolithique est en effet système.
table la sortie du Proche-Orient et l’Europe aurait servi d’exutoire Et F. Braudel nous rappelle que les explications historiques ne
à ce mouvement. Adopter ce point de vue, c’est faire automati- peuvent être ramenées à tel ou tel facteur dominant : il n’y a pas
quement table rase des datations de sites néolithiques qui, dans d’histoire unilatérale47.
le Sud-Est de l’Europe, sont antérieurs à 6200/6100 BC43. Une Au final, J. Cauvin aura eu le mérite de donner toute sa
autre position consisterait à envisager, antérieurement à cet épi- place au volet psycho-cognitif de la néolithisation et d’insister

39. EFSTRATIOU et al., 2004


40. PERLÈS, 2001. 44. BERGER and GUILAINE, 2009.
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La « Révolution des symboles » de Jacques Cauvin revisitée 183

sur le poids de l’imaginaire dans les mutations qui affectent « révolution ». Pour autant l’exploration archéologique ne cesse
périodiquement les sociétés humaines. Il s’inscrit ce faisant de révéler combien, de façon plus large, le recours à l’usage du
dans un courant intellectuel soucieux de pénétrer les structures symbolique a accompagné le basculement vers le Néolithique.
mentales des populations comme, dans leur discipline propre,
l’ont tenté des historiens tels Georges Duby ou Jacques Le Goff Jean GUILAINE
Collège de France
ou des archéologues comme André Leroi-Gourhan. Je ne suis 11, place Marcelin-Berthelot
pas sûr que, la recherche allant son train, « la déesse et le tau- 75005 Paris – FRANCE
reau » demeureront les figures emblématiques de cette première jguilaine@wanadoo.fr

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