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Fabry Geneviève. L’imaginaire apocalyptique dans la culture contemporaine. Essai de typologie appliqué à la littérature
hispano-américaine. In: Revue théologique de Louvain, 42ᵉ année, fasc. 2, 2011. pp. 191-216;
doi : 10.2143/RTL.42.2.2114160
https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_2011_num_42_2_3928
Résumé
Cet article a pour point de départ un double constat. D’une part, on observe la forte présence d’un
imaginaire apocalyptique dans la culture occidentale contemporaine, de la climatologie à l’histoire
politique, en passant par l’anthropologie philosophique. D’autre part, dans la littérature
hispanoaméricaine des XXe et XXIe siècles, la référence apocalyptique est à la fois massive,
variable et difficile à appréhender : de là, l’intérêt d’établir une typologie des réécritures littéraires
dont l’Apocalypse a fait l’objet. L’on s’efforcera de distinguer des catégories de textes
caractérisées à la fois par le quoi de la réécriture apocalyptique (quels motifs sont réutilisés, quels
symboles et images typiques du genre apocalyptique sont réécrits ?) et le comment
(comment a-t-on lu les récits apocalyptiques bibliques pour arriver à cette appropriation ?).
doi: 10.2143/RTL.42.2.2114160
Revue théologique de Louvain, 42, 2011, 191-216.
Geneviève FABRY
1
Les pages qui suivent constituent une synthèse d’un travail de recherche inter-
universitaire mené par deux équipes de chercheurs des universités de Gand et de
Louvain (UCL), sous la direction conjointe d’Ilse Logie et Geneviève Fabry, et qui
a été jalonné par plusieurs séminaires de recherche et un colloque international organi-
sés entre 2007 et 2009. Ce projet a reçu le soutien de l’UGent et de l’UCL, ainsi
que du Fonds national de la recherche scientifique et du Fonds wetenschappelijk
onderzoek. Les résultats de ce travail sont exposés dans l’ouvrage co-édité par
G. FABRY, I. LOGIE et P. DECOCK, Los imaginarios apocalípticos en la literatura
hispanoamericana contemporánea, Oxford, Peter Lang, 2010.
2
F. RAPHAËL, «Esquisse d’une typologie de l’apocalypse», dans F. RAPHAËL et al.
(éds), L’apocalypse, Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1977, p. 13-14.
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3
F. RAPHAËL, «Esquisse d’une typologie de l’apocalypse», p. 12.
4
On laissera ici de côté la tripartition lacanienne entre le réel, le symbolique et
l’imaginaire. On renvoie par contre aux travaux de Durand, Jung, Bachelard, Burgos,
Chelebourg et Watthée-Delmotte.
5
M. GODELIER, «Imaginaire et symbolique», dans S. MESURE et P. SAVIDAN (dir.),
Le dictionnaire des sciences humaines, Paris, PUF, 2006, p. 598.
194 G. FABRY
6
E. WEBER, Apocalypses et millénarismes, Paris, Fayard, 1999.
7
E. WEBER, Apocalypses et millénarismes, p. 39.
8
E. WEBER, Apocalypses et millénarismes, p. 143.
9
E. WEBER, Apocalypses et millénarismes, p. 238-239. «Dans On the beach (Le
dernier rivage), le roman que Nevil Shute écrivit en 1957 et dont Stanley Kramer a
réalisé l’adaptation cinématograpique, l’hémisphère Nord a péri à la suite d’un conflit
atomique. […] L’Occident n’avait plus connu pareille atmosphère depuis plus d’un
siècle; le goutte-à-goutte des prédictions apocalyptiques se transformait en torrent.
Les prophéties avaient le vent en poupe. Publié en 1965, A Gift of prophecy de Jeanne
Dixon s’est vendu à plus de 260 000 exemplaires en édition reliée et à près de trois
millions en édition de poche. […] En 1970, la publication de The Late Great Planet
Earth valut la célébrité à Lindsey; il y prédisait la réalisation littérale des prophéties
bibliques avant la fin du siècle et le retour du Christ qui viendrait fonder son royaume
millénaire. L’ouvrage s’est vendu à 20 millions d’exemplaires […]» (p. 239).
10
Voir L. DE VIVANCO, «Entre demonios y pisadiablos:Imaginario apocalíptico
en la narrativa peruana», dans G. FABRY, I. LOGIE, P. DECOCK (éds), Los imaginarios
apocalípticos en la literatura hispanoamericana contemporánea, Oxford, Peter Lang,
2010, p. 89-104.
IMAGINAIRE APOCALYPTIQUE 195
11
P. BURRIN, Ressentiment et apocalypse. Essai sur l’antisémitisme nazi, Paris,
Seuil, 2004.
12
P. BURRIN, Ressentiment et apocalypse, p. 50-51.
196 G. FABRY
13
Y. BOURDILLON, Terrorisme de l’apocalypse. Enquête sur les idéologies de des-
truction massive, Paris, Ellipses, 2007.
14
Y. BOURDILLON, Terrorisme de l’apocalypse, p. 107.
15
Y. BOURDILLON, Terrorisme de l’apocalypse, p. 107 et 109-112.
16
R. GIRARD, Mensonge romantique et vérité romanesque, Paris, Grasset, 1961;
ID., La violence et le sacré, Paris, Grasset, 1972; ID., Des choses cachées depuis
la fondation du monde, entretien avec J.M. OUGHOURLIAN, Paris, Grasset, 1978; ID.,
Je vois Satan tomber comme l’éclair, Paris, Grasset, 1999.
IMAGINAIRE APOCALYPTIQUE 197
17
Selon GIRARD, c’est là un lien constitutif: «Pour comprendre la culture humaine,
il faut admettre que l’endiguement des forces mimétiques par les interdits, leur canali-
sation dans les directions rituelles, peut seul étendre et perpétuer l’effet réconciliateur
de la victime émissaire. Le religieux n’est rien d’autre que cet immense effort pour
maintenir la paix. Le sacré c’est la violence, […] le religieux est tout entier orienté
vers la paix mais les moyens de cette paix ne sont jamais dénués de violence sacrifi-
cielle» (Des choses cachées, p. 40).
198 G. FABRY
18
R. GIRARD, Des choses cachées, p. 279.
IMAGINAIRE APOCALYPTIQUE 199
1. Un premier aperçu
La littérature latino-américaine réserve à ceux qui veulent l’étudier
un réservoir de formes significatives d’une acuité impressionnante
pour le thème qui nous occupe. Le rapport au texte fondateur de
l’imaginaire occidental, c’est-à-dire la Bible20, perdure dans les litté-
ratures les plus contemporaines, y compris celles d’Amérique latine.
Mais, dans la complexité croissante de sociétés agitées par des crises
19
J.-P. DUPUY, Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible est certain,
Paris, Seuil, 2002, p. 144-145 (nous soulignons).
20
N. FRYE, Le Grand Code. La Bible et la littérature, Paris, Seuil, 1984 (1ère éd.
1981).
200 G. FABRY
21
Voir la fin de l’article pour la bibliographie de la littérature primaire.
22
S. COLAS, Postmodernity in Latin America. The Argentine Paradigm, Durham
and London, Duke University Press, 1994.
IMAGINAIRE APOCALYPTIQUE 201
23
Pour l’imaginaire apocalyptique au cinéma, voir les actes à paraître du récent
colloque qui s’est tenu à Louvain-la-Neuve les 13 et 14 octobre 2010: «Imaginaire
de l’Apocalypse au cinéma. Entre angoisse et dévoilement».
202 G. FABRY
24
Notre tentative n’est pas la première de ce genre. Le lecteur intéressé pourra
également consulter l’article de Danièle Chauvin qui propose une typologie tripartite:
apocalypses historiques, apocalypses intérieures et apocalypses-palimpsestes. Cette
typologie ne nous semble pas vraiment adaptée à notre corpus spécifique, ni à la lit-
térature très récente. D. CHAUVIN, «Apocalypse», dans P. BRUNEL (éd.), Dictionnaire
des mythes littéraires, Paris, Editions du Rocher, 1988, p. 106-127.
25
Voir l’article de Chauvin («Apocalypse») pour une considération de l’Apocalypse
comme mythe.
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26
B. GERVAIS, Figures, lectures, Montréal, Le Quartanier, 2007, p. 35.
27
B. GERVAIS, Figures, lectures, p. 21.
28
Cité par P-A. DEPROOST, L. VAN YPERSELE, M. WATTHÉE-DELMOTTE, «Arché-
type, mythe, stéréotype: pour une clarification terminologique», dans P-A. DEPROOST,
L. VAN YPERSELE, M. WATTHÉE-DELMOTTE (éds), Mémoire et identité. Parcours dans
l’imaginaire occidental, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2008,
p. 50.
204 G. FABRY
3. refiguration stéréotypée;
4. refiguration post-apocalyptique.
29
On se souviendra en effet que la catastrophe qui clôt le chef-d’œuvre de García
Márquez signe la fin de la dynastie des Buendía et la destruction de Macondo et, dans
le même temps, nous révèle par une mise en abyme vertigineuse l’origine des manus-
crits que l’on vient de lire et qui s’effacent à mesure même que s’achève la lecture.
Nous ne résistons pas à la tentation de citer ici les célèbres lignes finales du roman
de García Márquez: «À aucun moment de sa vie Aureliano n’avait été aussi lucide
qu’en cet instant où il oublia ses morts et la douleur de ses morts, et se remit à clouer
portes et fenêtres avec les croisillons de Fernanda, afin de ne se laisser déranger par
aucune tentation du monde extérieur, car il savait à présent que dans les parchemins
de Melquiades était écrit son destin. […] Macondo était déjà un effrayant tourbillon
de poussière et de décombres centrifugé par la colère de cet ouragan biblique, lorsque
IMAGINAIRE APOCALYPTIQUE 205
Aureliano sauta onze pages pour ne pas perdre de temps avec des faits trop bien con-
nus, et se mit à déchiffrer au fur et à mesure qu’il le vivait, se prophétisant lui-même
en train de déchiffrer la dernière page des manuscrits, comme s’il se fût regardé dans
un miroir de paroles. Alors il sauta encore des lignes pour devancer les prophéties et
chercher à connaître la date et les circonstances de sa mort. Mais avant d’arriver au
vers final, il avait déjà compris qu’il ne sortirait pas de cette chambre, car il était dit
que la cité des miroirs (ou des mirages) serait rasée par le vent et bannie de la
mémoire des hommes à l’instant où Aureliano Babilonia achèverait de déchiffrer les
parchemins, et que tout ce qui y était écrit demeurait depuis toujours et resterait à jamais
irrépétible, car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n’était pas donné sur
terre de seconde chance» (García Márquez, p. 390-391). Pour une analyse de cet
explicit romanesque, voir M. KUNZ, El final de la novela. Teoría, técnica y análisis del
cierre en la literatura moderna en lengua española, Madrid, Gredos, 1977.
30
La plupart des personnages qui suivent Antoine le Conseiller dans sa construc-
tion d’une utopie sectaire à Canudos, sont en fait des marginaux qui étaient pour leur
communauté d’origine de véritables boucs émissaires. Dans un premier temps, en les
sauvant de cette violence expiatoire, Canudos fonctionne bien comme utopie réinté-
gratrice. Mais bientôt, la violence sacrificielle refera surface au sein de la commu-
nauté elle-même, scellant ainsi, non seulement sa défaite face à la République laïque,
mais surtout son échec à réduire la violence, de par son maintien dans la sphère
sacrificielle. Pour une lecture du roman de Vargas Llosa à la lumière des thèses de
René Girard, voir G. FABRY «La guerra del fin del mundo o el relato como revelación»,
dans G. FABRY et C. CANAPARO (éds), El enigmo de lo real, Oxford, Peter Lang,
2007, p. 135-156.
206 G. FABRY
31
M. EZQUERRO, «El Apocalipsis según Bolaño», dans G. FABRY, I. LOGIE, P. DECOCK
(éds), Los imaginarios apocalípticos en la literatura hispanoamericana contempo-
ránea, Oxford, Peter Lang, 2010, p. 223-230.
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32
Voir l’analyse de KUNZ dans G. FABRY, I. LOGIE, P. DECOCK (éds), Los imagi-
narios apocalípticos, p. 67-88.
208 G. FABRY
(après, il n’y a plus rien); en conséquence, c’est cet après – after the
end, selon l’expression oxymorique forgée par James Berger33 – qui
devient l’objet d’une spéculation sous forme de fable. Les textes qui
opèrent dans cette zone frontière de l’après sont appelés postapoca-
lyptiques. Cette notion a bien sûr une valeur plus conceptuelle que
temporelle, comme l’explique Carlos Monsiváis dans Rituales del caos.
Typiques de cette refiguration postapocalyptique seraient les textes de
Marcelo Cohen (Donde yo no estaba, La ilusión monarca) ou les
romans de Pedro Mairal (El año del desierto) et de Sergio Chejfec
(El aire). Le roman de Mairal, par exemple, déploie un temps régres-
sif qui dilue les avancées de la modernité, et révèle en même temps
les apories du modèle néo-libéral argentin, tout en en soulignant un
reste non-négligeable: la seule chose qui survive au désastre est la
parole qui surgit après la mutité et l’oubli.
Finalement, comme toute typologie, celle-ci a un intérêt conceptuel
et pédagogique mais elle comporte, comme on l’a déjà mentionné çà
et là, d’amples zones de chevauchement: les catégories sont poreuses
et les textes littéraires dans leur labilité résistent à être enfermés dans
une catégorie unique.
33
J. BERGER, After the End. Representations of post-apocalypse, Minneapolis/
London, University of Minnesota Press, 1999.
34
La brève analyse qui suit s’inspire en partie des commentaires de N. BINNS,
«Una tierra cada vez más baldía. La evolución del imaginario apocalíptico en la
poesía hispanoamericana del siglo XX» et J. ORTEGA, «La alegoría del Apocalipsis
en la literatura hispanoamericana» dans le livre collectif déjà cité G. FABRY,
I. LOGIE, P. DECOCK (éds.), Los imaginarios apocalípticos, p. 53-66 et p. 107-120.
IMAGINAIRE APOCALYPTIQUE 209
faire partie de ceux qui seront sauvés. Citons également les premiers
vers, très caractéristiques de ce point de vue:
Y he aquí
que vi a un ángel
(todas sus células eran ojos electrónicos)
y oí una voz supersónica
que me dijo: Abre tu máquina de escribir y escribe.
y vi como un proyectil plateado que volaba
y de Europa a América llegó en 20 minutos
y el nombre del proyectil era Bomba H
(y el infierno lo acompañaba)35.
Et voici
que j’ai vu un ange
(toutes ses cellules étaient des yeux électroniques)
et j’entendis une voix supersonique
qui me dit: Ouvre ta machine à écrire et écris.
Et j’ai vu comme un projectile argenté qui volait
et d’Europe en Amérique il arriva en 20 minutes
et le nom du projectile était la Bombe H
(et l’enfer l’accompagnait). (nous traduisons)
35
E. CARDENAL, «Apocalipsis» dans Nueva antología poética, Siglo XXI eds.,
México-Buenos Aires, 2002, p. 79.
36
«Y dijo el ángel: ¿Reconoces dónde estuvo Colombus Circle?/[…] Y donde estuvo
Colombus Circle/ yo sólo vi un hoyo en que cabía un edificio de 50 pisos/[…]y prendí el
radio y oí: CAYÓ BABILONIA/ CAYÓ LA GRAN BABILONIA/y todos los radios del
mundo daban la misma noticia/ Y el ángel me dio un cheque del National City Bank/ y
me dijo: Cambia este cheque/ y en ningún banco lo pude cambiar porque todos los bancos
habían quebrado» (E. CARDENAL, «Apocalipsis», p. 82-83). «Et l’ange dit: Reconnais-tu
l’endroit où se trouva Columbus Circle?/[…] A l’endroit de Columbus Circle/je vis
seulement un trou où pouvait entrer un édifice de 50 étages […] et je mis la radio
et j’entendis: BABYLONE EST TOMBÉE,/ LA GRANDE BABYLONE EST TOMBÉE/
et toutes les radios du monde donnaient la même nouvelle/Et l’ange me donna un
chèque de la National City Bank/ et il me dit: change ce chèque/ et dans aucune
banque je ne pus le changer parce que toutes les banques avaient fait faillite» (nous
traduisons).
210 G. FABRY
37
J. Ortega «La alegoría del apocalipsis en la literatura hispanoamericana» dans
G. FABRY, I. LOGIE, P. DECOCK (éds), Los imaginarios apocalípticos, p. 60.
38
«Me dijo: Las naciones del mundo están divididas en 2 bloques/-Gog y
Magog-/pero los dos bloques son en realidad un solo bloque/ (que está contra el
Cordero)/ y caerá fuego del cielo y los devorará/ Y vi en la biología de la Tierra
una nueva Evolución/». (E. CARDENAL, «Apocalipsis», p. 84). «Il me dit: Les
nations du monde sont divisées en 2 blocs/-Gog et Magog-/ mais les deux blocs
sont en réalité un seul bloc/(qui est contre l’Agneau)/ et le feu du ciel tombera et les
dévorera/Et je vis dans la biologie de la Terre une nouvelle évolution/» (nous tradui-
sons).
39
J-L. DUFAYS, Stéréotype et lecture, Liège, Mardaga, 1994, p. 158.
40
J-L. DUFAYS, Stéréotype et lecture, p. 57.
IMAGINAIRE APOCALYPTIQUE 211
41
Selon Norah Dei-Cas, qui se base sur Delmaire, il s’agit d’un des motifs les
plus importants de l’Apocalypse: «La caractéristique qui se répète est celle d’un
regard particulier, décentré par rapport au monde et au contexte représenté, qui con-
duit la parole pour qu’elle révèle d’autres réalités possibles et, parallèlement, per-
mette de juger les actions de l’homme.» (N. DEI CAS GIRALDI, «Representaciones
del fin del mundo, de Lautréamont a nuestros contemporáneos», dans G. FABRY,
I. LOGIE, P. DECOCK (éds), Los imaginarios apocalípticos, p. 295, nous traduisons).
212 G. FABRY
42
«sur le plan éthique […] [le stéréotype] c’est un signe injuste, discriminatoire,
violent à l’égard des réalités et des personnes à qui on l’applique. Le stéréotype
apparaît ainsi comme un acte insupportable, car usé, mensonger, immoral, mais il
faut insister sur le fait que ces reproches concernent le stéréotypage des autres […]»
(J-L. DUFAYS “Stéréotyper, suspendre, rouvrir: le chantier sans fin de la lecture et de
l’apprentissage” texte communiqué par l’auteur, 2006, p. 3).
IMAGINAIRE APOCALYPTIQUE 213
CONCLUSION
43
W. BENJAMIN cité par I. AVELAR, The Untimely Present: Postdictatorial Latin
American Fiction and the Task of Mourning, Durham, Duke University Press, 1999,
cité à partir de l’édition en espagnol: Alegorías de la derrota: la ficción postdictato-
rial y el trabajo del duelo, Santiago, Ed. Cuarto Propio, 2000, p. 14.
44
I. AVELAR, Alegorías de la derrota…, p. 18, nous traduisons.
45
L. PARKINSON ZAMORA, Narrar el apocalipsis. La visión histórica en la literatura
estadounidense y latinoamericana contemporánea, México, Fondo de Cultura Econó-
mica, 1994 (1ère éd. 1989).
46
J-L. DUFAYS, Stéréotype et lecture, p. 158.
47
J-L. DUFAYS «Stéréotyper, suspendre, rouvrir: le chantier sans fin de la lecture
et de l’apprentissage», texte communiqué par l’auteur, 2006, p. 5.
214 G. FABRY
Résumé – Cet article a pour point de départ un double constat. D’une part,
on observe la forte présence d’un imaginaire apocalyptique dans la culture
occidentale contemporaine, de la climatologie à l’histoire politique, en passant
par l’anthropologie philosophique. D’autre part, dans la littérature hispano-
américaine des XXe et XXIe siècles, la référence apocalyptique est à la fois
massive, variable et difficile à appréhender: de là, l’intérêt d’établir une typo-
logie des réécritures littéraires dont l’Apocalypse a fait l’objet. L’on s’efforcera
de distinguer des catégories de textes caractérisées à la fois par le quoi de
la réécriture apocalyptique (quels motifs sont réutilisés, quels symboles et
images typiques du genre apocalyptique sont réécrits?) et le comment
(comment a-t-on lu les récits apocalyptiques bibliques pour arriver à cette
appropriation?).
AIRA, César, La prueba. Barcelona, Mondadori, 1998 (La preuve, trad. par
M. Lafont, Paris, C. Bourgois, 2008); La villa. Buenos Aires, Emecé,
2001 (Le manège, trad. par M. Lafont, Marseille, A. Dimanche, 2003).
48
Nous donnons les références de l’édition originale en espagnol; nous ajoutons
les références de l’édition en français, quand elle existe et que nous avons pu l’iden-
tifier.
IMAGINAIRE APOCALYPTIQUE 215