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LA St JEAN D’ETE…
Depuis qu’existent les francs-Maçons, les tenues qu’ils constituent en
ateliers symboliques sont appelées loges de st Jean, et partout où ils peuvent se retrouver librement, ils célèbrent à chacun des solstices la St Jean d’été et la St Jean d’hiver. Ainsi, voyons si nos fêtes solsticiales sont-elles à la fois reliées au rythme solaire et aux deux Jean :
Nous avons Jean le Baptiste à la St Jean d’été, Jean l’Evangéliste à la
St Jean d’hiver. Il nous faut les connaître, pour comprendre le sens de leur évocation, le contenu, la portée et la valeur de leur expression symbolique. Le sujet des deux Jean mériterait à lui seul une étude voir une planche approfondie car si nous les honorons, nous les confondons souvent, et le mystère qu’il suscite n’est pas élucidé, y compris par les historiens les plus autorisés qui l’ont recherché dans le dédale des Evangiles officiels, comme apocryphes. Qui sont ces deux Jean ? A peu de distance de la mer Morte, le Jourdain offrait aux caravanes descendant du Moab, un gué facile connu sous le nom de Béthabara : « La maison du passage ». C’est là que l’on pouvait rencontrer Jean, fils du prêtre Zacharie et d’Elisabeth, cousine de Marie. Il fut surnommé « précurseur » car il se voulait l’annonceur de celui qui va venir, et fut appelé « Baptiste » parce qu’il baptisait dans le Jourdain. Sans doute membre d’une communauté Essénienne, il appelait au repentir et à la pénitence, ce qui eut pour effet de lui coûter la vie puisque Hérode Antipas, irrité de ses remontrances à cause de son union avec Hérodiade, le fit jeter en prison, puis plus tard lui fit trancher la tête. Dans l’austérité de son existence, dans sa vie de pauvreté et de sacrifices, s’inscrivit le message d’un véritable initié. Celui qui sait que tout effort sur soi, toute volonté de changer de vie, ne sont que les premiers pas sur le chemin, et ne font que porter témoignage de ce qui est devant soi et non déjà présent. Jean le Baptiste l’homme vêtu de peaux, ou d’étoffes de poils de chameau, n’ayant pour aliments, que des sauterelles et du miel sauvage, prophète rugueux qui priait dans le désert, appelait les hommes au retour sur eux-mêmes par la prise de conscience progressive de l’ordre de la création, de la grande Architecture de l’Univers. C’est sans doute pourquoi il est le symbole majeur de la Franc- maçonnerie traditionnelle. Sa fête est située au moment astronomique qui en révèle le sens caché, le 24 juin au solstice d’été quand le soleil, en parcourant l’espace, parvient à son apogée de puissance et de rayonnement. C’est alors l’éveil des feux de St Jean, symbole de la lumière surnaturelle qui vient illuminer l’esprit. En procédant au baptême de Jésus, il accompli l’acte le plus hautement symbolique sur le plan initiatique en transmettant le témoignage de la lumière et du verbe. C’est à ce moment que son rôle décroit tant au plan du récit qu’au plan du symbole : « Il faut qu’il croisse et que je diminue » A partir du solstice d’été, le relais de la grande lumière initiatique passera peu à peu à Jean l’évangéliste, celui que nous fêtons dans nos loges à la St Jean d’hiver. La fête maçonnique de la St Jean d’hiver, à lieu symboliquement à minuit, quand le soleil est au nadir, réfléchi par un pâle reflet lunaire, l’initié doit alors s’éclairer à la lumière de l’esprit. A l’inverse à la St Jean d’été, c’est à midi que le soleil atteint le zénith, pour marquer son passage au solstice, l’éclat de l’astre est alors insoutenable mais n’aveugle pas l’initié, qui subira victorieusement les yeux baissés vers le Jourdain, l’épreuve de l’eau, rite d’entrée dans la vie du corps et de l’esprit. De même l’apprenti travaille de midi à minuit, afin que la lumière, qu’il a demandé lors de sa première entrée dans le temple à midi, lui soit donné à minuit, quand de « l’obscurité jaillit la lumière » Comment rendre les étoiles visibles, à midi, quand le soleil au plus haut les occulte de sa lumière éclatante ? « En descendant au fond du puits », en descendant au fond du puits, le ciel devient noir et les étoiles apparaissent. Le puits n’est autre que le cabinet de réflexion qui nous invite à visiter l’intérieur de la terre. C’est un devoir de maçon de partager ce privilège avec tous les hommes, autrement dit extérioriser sa connaissance intérieure afin d’achever à l’extérieur l’œuvre commencée dans le temple, en s’affirmant frère des hommes, de tous les hommes, initiés ou profanes, et de toutes les formes du vivant. La fête de la St Jean d’été symbolise ce devoir. C’est la fête de la Liberté de l’Egalité et de la Fraternité étendue au monde. Avant l’écriture, les légendes initiatiques transmises oralement perpétuaient la tradition, les initiés revivaient ces mystères au cours de cérémonies rituelles, ils intégraient par le vécu leur sens symbolique. Lorsque ces récits furent consignés par écrit, donc fixés et extraits de leur contexte vivants, les rites originels altérés puis oubliés, la parole vivante, transmise de vivant à vivant fut perdue. La Franc-maçonnerie initiatique fut instituée pour rassembler ce qui est épars dans les livres et les anciennes pratiques, afin de retrouver le secret de cette transmission vivante : « le secret maçonnique » Mais si l’on ne va pas du connu à l’inconnu, il faut faire un long détour par l’acquisition d’un savoir culturel incertain, ou la voie initiatique est connaissance et non savoir. Pendant la cérémonie d’initiation, le néophyte peut prêter serment sur le livre de son choix s’il a valeur de volume de la loi Sacrée, mais généralement en occident, où fut constitué la Franc-maçonnerie, le connu, c’est la tradition Judéo Chrétienne consignée dans la bible, livre qui par le fond Chrétien, comprend l’ancien et le nouveau testament, au sens originel de « Témoignage » C’est pourquoi au RER le volume de la loi sacrée est symbolisé par la bible. Puis le nouvel initié apprend que lors de l’ouverture des travaux, le volume de la loi sacrée est ouvert au prologue de St Jean. Aux deux solstices la nature nous offre l’image d’un gigantesque affrontement de la lumière et des ténèbres rythmées par des cycles d’expansion et de déclin du jour, symbole universel devenu depuis la plus haute antiquité celui de l’éternel combat des forces du mal et des forces du bien. Ce conflit lumière ténèbres, concerne au premier chef la Franc- maçonnerie traditionnelle parce qu’elle considère qu’il traverse chaque individu, qu’il est à la base de son universalité, de sa spiritualité, laquelle est d’abord le pouvoir de dominer les désirs et les passions de l’égo, pour se tourner vers l’autre, le semblable, lui témoigner sympathie et fraternité. Mais j’ai aussi l’image de cette dualité des deux Jean qui est présente dans un vitrail de l’église de Saint Rémy de REIMS, l’image représente le Baptiste et l’Evangéliste en une seule figure. La fusion des deux Jean est soulignée par la présence au dessus de leurs têtes de deux tournesols dirigés en sens opposés vers les deux solstices : « l’unité dans la dualité »
Jean le Baptiste est le témoin de la lumière, il n’est pas lui-même la
lumière, il en est le reflet, le précurseur de sa manifestation. Il met en évidence que, pour l’homme, le danger est de tout confondre, en prenant le reflet pour la lumière, et le savoir pour la connaissance. A tous les degrés du rite, nous pouvons trouver en nous une certaine lumière, mais ce n’est pas encore la source de la lumière. La lumière que l’on croit atteindre n’est souvent qu’une vérité moralisante. Pour moi, la véritable lumière c’est la parole, l’ultime réalité qui est en tout homme venant en ce monde.
La St Jean d’été marque le point culminant de la lumière, que l’on
doit associer au point zénithal le plus élevé du fil à plomb, impliquant une rétrogradation de la lumière visible. Mes frères, cette fête solsticiale d’été honore St Jean Baptiste et perpétue la tradition en transmettant la lumière, c’est cette lumière que je reconnais en vous mes Biens Aimés Frères…